-ocr page 1-

-ocr page 2-

Dit boek hoort bij de Collectie Van Buchell

Huybert van Buchell (1513-1599)

Meer informatie over de collectie is beschikbaar op:

http://repertorium.librarv.uu.nl/node/2732

Wegens onderzoek aan deze collectie is bij deze boeken ook de volledige buitenkant gescand. De hierna volgende scans zijn in volgorde waarop ze getoond worden:

This book is part of the Van Buchell Collection

Huybert van Buchell (1513-1599)

More information on this collection is available at: http://repertorium.librarv.uu.nl/node/2732

Due to research concerning this collection the outside of these books has been scanned in full. The following scans are, in order of appearance:

-ocr page 3-

-ocr page 4-

-ocr page 5-

-ocr page 6-

-ocr page 7-

-ocr page 8-

-ocr page 9-

-ocr page 10-

-ocr page 11-

-ocr page 12-

-ocr page 13-

-ocr page 14-

sr- ƒ7- c.

-ocr page 15-

DES TROVBLES DE Hongrie:


Contenant la pitoyable perte amp;nbsp;ruine de ce Royaume^ amp;nbsp;les guerres aducnucs de ce temps en iceluy,entre les Chre-ftiensamp; les Turcs.

P^R M^RT. SVMEÉ. SIEVR deGeniUé Cheualier de l'ordre dtt Roj/.


A PARIS, Chez Michel Sonnivs, ruë S. lacques à l’Efeu de Baflc.

M. D. LXXXXV.

Avic Privilege dv R

-ocr page 16-

-ocr page 17-

AV PEVPLE DE FRANCE.

Vo VS {Peuple Françoif') itutre cefte Hißoire ie de-® die’. nbsp;nbsp;nbsp;lafaii fortir en lumière

foubs la protection des mieux aduifc^, aßne^ueßantpareux receue^^ deffendue, ellepuiße demeurerßtine entierepour feruir de miroir à ceux qui ne ßepeuuent co^noijireeux-meßnes qui atteints d'une ladrerie fpirituelle ne ße ßntent aucunement, comme fils auoient perdu toute intelligence’, noyans comme impitoyables les pleurs ^emißemens des pauures afflige'?'^ a leur occaßon: ne pouuans ^oußer les frutCls fauoureux quime ßa^e aduißee prudence a-meneauecjoy ; ne pouuans ßeurer l'infcClion puanteur qui ßort de l'imbecilltte de leur cerueau : nepouuanspar leur attouchement ta-ßer quel eß le ßan^ queux-meßmes tirent du profond de leurs Deines qui ne Doyent la

-ocr page 18-

PREFACE.

mifere extremeren lacjucUcils fe fontplon^e^i^^ y dttirans auec eux la faine partie.^ tceux te prefente ce miroir, pour en femirans en ice-luy^reco^noijire (juel eji maintenant leur ejlre;

fils y peuuent 'voir ( comme ilnyenàfau-te]élesdeformite-x^lourdes, desdefeôtuofi- -te^grandes, ils doiuent croire que ce font eux ' mefmes qui ainfi fe font rendue par la corruption nbsp;nbsp;biferrerie de leurs humeurs^faban- '

donnant a leurs conuoitifes par vn mefpris de la Dtuinité.par 'vne ambitionyf^par •vne aua-rice, Qt^nd donc •voiM 'verre'x^en ceße htßoire la diuißon cb'vn peuple acharné b'vn contre bautre pour la dignité fouuerainei quand pour ceßeffeéi 'vouây lire:!:^des villes nbsp;nbsp;chaßeaux

force‘:i:^r nbsp;nbsp;nbsp;habitans fpolteç^de leurs btens^ (Is*

de leurs vies les femmes à la mercy du fol dar, les filles violées,plufieurs embrafemens des plw beaux baßiments, les fubiebls rebelles contre leurs Seigneurs, les Pay fans contre Payfans^ vous penfere^ijiien que ce font aéfes commis en vn loingtainpays : Maisceßvous, qui entre vous^ (SP fur vous aueçi^perpetre les mefmes. Q^nd pour le mefme effebl vous trouuere^ eßran^e que ces mißrables (y* mal-heureux ayent appelleparmy eux leurs vrays (y^anciens ennemis foubs couleur de fe venger les vns des

-ocr page 19-

PREFACE.

autres, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;eß encor lepltts beßial^ßfoient

fiußnn d -vnepart nbsp;nbsp;d'autred I'Eßran^er : le

fç‘^y tugement ‘votts fourre;!;^ faire alors de voui, eßans atteints, ^notoirement. conuaincuâ d'vne mefme faute. Q^nduotts y remartjuere'xj.es ruines defolattons grandes (Hvn beau riche pays, Z'ous quot;voyesi^^aprefent le voßre réduit en zgt;n pareil eßat, ^ß la calamité neß de toutpoinéî femblablepenfe^ejue ‘L/çus y touche^ti du bout du doi^t, ß la recon-^noijßtnce que t'ous pourrie\^auoir de iious meßnes ne vous conferue. En vous recognotß-fant vous vous trouueres:;^ tous parents, ncßat race, nyli^^néeparmyvousquine fait de l'vne a l’autre alliée, ficen’eß quelque eflran^er de nouueau venu’.vous vous trouueresi;^tous d’v-nemefme nations vous vous trouueres^tous ßbieiisd'vn meßne Seigneur Prince. Et vous voyans tous parents,alliez, demefme nation ; foubs vne mefme domination : Et pouuans remarquer ces conditions-là en vous, vous iugere^ infailliblement que vous ejles Coulpables de tout le defordre qui fcß veu entre vous , nbsp;nbsp;nbsp;que lafaulte n’eß venue que dt

vous ßns lareietter ßr l’Efiranger, qui par voßreperte cherche fa grandeur, entretenant fes triomphes auec les monceaux de vos ruines.

-ocr page 20-

PREFACE.

^uiluy feruent demont-iojies. Ceflefautereco~ gneue vous vous embrafere'^i^ l’vn l'autre corne parents'.vous vous/requentereçi;^ l'vn l'autre amiablement comme vrais compatriotes:

vous vous rendere':!^ tous obfequieux par quot;urie bonne concorde à voßre Prince : remettas tout ce qui pourrait fourdrede différend entre vous^ à ceux qui font commis à l adminiflra-tion de iußice : vouspropofans à vous mefmes la fimilitude qtiautrefois Menennius Agrippa Romain allégua au peuple de fa ville, qui auoit eße touché de mefme malaße que vous: accomparat vne République au corps humain^ lequel eßant compoféde plufieurs membres à befotng, pour fubßßer, que tous vnanimement facent leurs fonÊlions naturelles les vns pour les autreSypar vn deuotr mutuel nbsp;nbsp;reciproque^

ainß qu ennoßre necefsité nous le pratiquons naturellement chacun à part ßy. Si le chef ß dellt nbsp;nbsp;eß malade, nous y appliquons foudain

l’vne nbsp;nbsp;l’autre main pour le reconforter,

iceluy en fent quelque allégement', par le moyen des pieds il eß tranßorte çà^^làpour diuertir fon mal. Nous le choyons par-ce que ß perte accable tout le reße, nbsp;nbsp;neßmmesß mal adui-

fe\de le retrancher d’auec les autres. Ce que nature vous aprendpour la çonferuation de cepe~

-ocr page 21-

preface^

tit corps,vous deue^^^pefer tjue c'eß vn appren-vous prepare pour vous acheminer a [entretien de vos femblMes, qui font auec vous vntspar vnefréquentation mutuel^ le,t^ nece/faire entre vous,laquelle nous nommons focieté, nbsp;nbsp;de laquelleprouient cefl amas

de peuple que nous comprenons foubs ce nom de République î laquelle tous ceux qui font nais en icelle doiuent conferuer, nbsp;nbsp;nbsp;non tendre à fi

ruine,comme ejîans tous membres du corps d’icelle. Et du defaut quen cela vous faites, vous pourre^Z^ clairement voir la calamité, qui vous en arriuera a l’exemple de ce miferable Royaume de Hongrie , qui n'efoit pas auparauant doue'd’hommes belliqueux moins que vous, qui n ef oit moins que le vofreremply de fertilité,de richejfe, (py de toute commoditénecef faire à la vie. En vous mirant donc en iceluy remarque:i:^außi toß que le malheur vous peut arriuer pareil qu’à eux, puis que la caufe en eß pareille: faites quenfn vous foyeçt;^ plusft-qu’eux, qui voyans deuant eux vn accident pareil prouenu de mefme caufe en l’Empire de Conßantinople n’ont peu en faire leur profit, oins fie font laiße‘;z^aller'a la confcquence du mal. En ce faifant fi les premiers féconds ont faiéî tellefaulte qui leur eß irreparable,ne

-ocr page 22-

PREFACE.'

trotßefmes qui en commettent quot;vne fiiretlle.il ny a celuy qui ne foit tromféfour Im fremieyefou abuféfour nen auoirfAtt ejfay, Pouy la, fécondé on efl außt quelquefoif deceit foubs quelque fdelité:mais il ny a flut /excu~ feau fa^equandceitientàlatroifefme, Sices fremters ff ces fconds de noflre temps fe font ainft decent (y* tromfe:z^ par leur rage fu~ rie,ne permette^i^ que choquie;gt;i^ du pied contre la mefme pierre,apres en auoir vea deuxy donner deuant itous^auec vne lourde cheute. Rete-ne'Xiyous zinpeu^^y* prefeçi^l'oreilleauxrap-forts quifefont iournellement des degaßs, des ruineSy des feux, desgrandes ejfuftons defang,, des captiuite:!;^, des 'uiolemens, des miferes exécrables quijècommettëi encor tous les tours ftr le refle des habitans de ceße infortunée Hongrie, par ceux quils auoient fi indifcrette-ment attire':2^en leur pa,ysfoubs ombre d'vn fe-cours. ce bruit refrene';3^'voßre rage, repre-ne^ves eßrits, nbsp;nbsp;faites que vosfoltesfoient

fl courtes quelles enfoient enfin eßimies meilleures.

-ocr page 23-

HISTOIRE

PITOYABLE DE LÀ perte amp;r ruine du Royaume de Hongrie, amp;nbsp;des guerres adue-nuës de ce temps en iccluy entre les Chreftiens amp;nbsp;les Turcs.

LITRE PREMIER,

4 OC .

s T A N T lé ciel tel qu’il fc prefenteà noftrcveuc proportionné d’vne forme fpberique, enuiron-nant iceluy,aucc le tnOyé decefte grande concaui-te , qui eft entre luy i8c nous remplie de l’air, cc-

Jb tnachine que nous nommons Monde, peti-Lli nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;te pour le regard de ce qui l’entournCjSf grande

I à merueilles en côfideration de l’apprehcnfion I naturelle que nous pouuons auoir d’elle; ce n’a efte fans raifon qu’aucuns Philofophes anciens

-ocr page 24-

} Hifloire de Hongrie

Rttaurie ont'cftimé touces chofes auoir leur retour. Car touttifha- éftant ainfi que d’vn cercle la partie infime foie celle, qui cft au milieu d’iccluy, que fi lon les raifons naturelles cogneues, amp;nbsp;remarquées au doigt amp;nbsp;à l’œil par les œuurcs,amp; machines mc-chaniques, les parties inferieures foient par les fupericurcs raaiftrifccs : ce n’cft-lâns propos fi quelques-vns ont voulu infererdc là que ce monde eft fujtt au mouuement du ciel, amp;nbsp;que nous apperccuohs parmy nous les chofes paf-Iccs reuenir,amp; fierieprefienterà nous. Careftant ce ciel rond, fon periode n’eft autre qu’vn perpétuel recommencement âuffi prompt que la firi'.ainfi que les Egyptiens par Icuts figures hic-roglifiques ont voulu dôner à entendre par vn ferpenttenat le boutdefaqucuc^auec lesdétSi Oreftant ce monde lourd amp;nbsp;pefant de fon naturel , ferme, ftablc, amp;nbsp;immobile pat ladiuinc ordonnâce incomprebcnfible à nous au milieu de ce grand air molamp; h gier, iceluy reçoit pat certaines reuolutions en mefmes lieux Sc endroits, les mefimes amp;nbsp;pareilles paffions qu’il a vnp fois recedes de l’influence du ciel,ainfi que par fem contour ordinaire il nous touche auec fes rayons. La volubilité, qui eft en rvn,amp; la fermeté,qui cft en l’autre,cft caufe de l’tfFeft de telles paffions, eftans ces deux contraires ainfi ordonnez, à fin que le patient face l’autre agét:. n’eftant polfible que l’vn fubfifte fans que l’autre foie en eftcnce. Et comme le patient pour fouftrir doit tenir coup,amp;nef cfbranlct: l’agét . au contraire cft toufiours en aiftion nc.pouuât

-ocr page 25-

Liure premier. a farrefter. Etfi Tvn amp;nbsp;l’autre cftoient Icmbla-blcs cn folidité, amp;nbsp;fermeté : ou bien en pareil remuement, leurs qualitez feroient fans aucun cffeôt. Et pour Celle caufe Dieu voulant que ce monde fut regy cn fon naturel par le ciel, il a créé le monde ferme pour patienr, amp;nbsp;le ciel remuant pour agent .afin que ce mode receut ce bicn-faiélde Diçu aiiec le moyen du ciel par certaines rcuolutions,autant que ce grand contour demeureroit à reuenir. De là vient ce pro« uerbe ancien, qui nous dit rien nefe faire, rien ne fe dire,qui n’aye cité fait,ou dit cy deuant.' ’

Ce qui cjl a eßt, (j' celA qui doit eßre Decequieß paße doit receutirßn eßre: ' ‘ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'■

tefaiil ßera deffdiEl, puis tlßra refaiil, ' , nbsp;nbsp;nbsp;’P

Et puio eßant refaiil, ilß verra deff'ai^i.

Èt c’eft cc qui alTeure beaucoup de bós elpritij lefqucls fefponuanteroient fur la grande multitude de maux,qui enuironne (buuentefois les humains. Carferoidiflans contretekelbran-lemens ils fappuyent fur vne efperancede re-Uoirvn iouric bienfuccedé aumalzainfî que pendant la pluye on cfpére le beau temps. Ces retours toutesfois ne font pas toufiours pareils, nyfemblables entièrement, à raifon de la multiplicité des feux, amp;nbsp;aftres cclellres, lefqucls cn leurs cheminemens fpberiques ont chacun leur retour particulier plus prompt, ou plustàrdif les vns que les autres, tellement que de longs fiecles d’arinccs deux pareilles fituatiôs de mef-liaes aftres rayonnans fur nous nefe trouucnt. A celle occafion les cffcéb de tels retours ne fe

A ij

-ocr page 26-

Hifloire de Hongrie

voient du tout cotrefpondas de point en point Viittrfité aux premiers, 11 y a auHî de ces retours, qui dt retouri. n’ont pas kurcaufe plus proche de ces influences celeftes: mais fenfuiuent feulement par vnc cônexitc.ou côfcquence des chofes prccedétes: côme quad la guerre eft,beaucoup de maux in-falliblement l'accompagnent, amp;nbsp;f’engendrent d’elle. Autres retours font, qui ne font point naturels,mais prouiennent delà feule,amp; prompte volonté de Dieu, Icfquels nous pouuons nommer fupernaturels, encor que nous les voyons aduenir en fuitte de certaines caufes precedentes , amp;nbsp;auoir efte ainfi praóliquces aupar-auant pour chofes mondaines.Ces retours (ont quelqucsfois plus briefs à venir que n’eft le cours naturel des alites: par ce que la luftice di-nine, de laquelle iceux dependent, fe halle, amp;nbsp;faduanccà la punition ainfi que lagrauitédes mesfaits le requiert. Les deux premieres efpc-ces de ces retours fe pcuuent remarquer fouucc aduenir natutcllemct en ceux, qui eftas du tout abandônez deDieu font par luy lailTcz au cours de leurs concupifcenccs,comme l’on veoid entre les Barbares, amp;nbsp;en la perfonne de Pharaon. La tierce cfpecc aellépradiqucefnrks enfans d’Ifracl, Icfquels ont Icnty fouucnt vnc mcfmc iullicc amp;nbsp;punitiô diuinc, comme la faute clloit mcfmc amp;nbsp;pareille aux prcccdcntes,cllant la volonté de Dieu de challier ceux qu’il aime. La calamité aduenüc auRoyaume de Hongrie dót i’entreprens eferire l’hiftoirc fc peut rapporter àrvncdcces trois punitions. Car lots que ce

-ocr page 27-

Liure premier. ’ 3 pays fut accablé tout à vn coup il n’y auoit en l’Europe, voire peut cftre en tout le mode lieu ftmfbt it aucun où le peuple fut plus qu’en c’eftui-cy fu- vicn. pcrbe,Iafcif,amp; abbattu de courage: s’eftant lait fé aller à telles marques infames par les trop grandes richefles, par l’abondance merueillcu-re,amp;par les opulences du pays , caufes de tous vices,amp; pour auoir à la vérité fait (ouuent refte aux Turcs, amp;nbsp;les auoir rembarrez par pluficurs fois, dont leur eftoit venu l’orgueil, amp;nbsp;d’iceluy le mefpris de leur enncmy. Lefcruiccde Dieu n’y eftoit gardé qu’en pompes,amp;riches magnificences. LesMiniftrcsderEglifefaifoient l'c-ftat de Gend’armes fbubs prétexte que c’eftoit pour la defence d’icelle contre fon enncmy. La Iiifticey eftoitvcriale. LaNoblefteinfuporta-blc, amp;nbsp;le fimple peuple non plus fimple , mais doublc,pcrfide,amp; malin.Pour ces vices il y a de l’apparence (attédu ce qui s’en eft enfuiuy) que Dieu pour commencer fon chaftiment enuoya à ce peuple vn ieunc Roy,puifque le fage Salomon nous a alTcuré, que maudit eft le pays, duquel le Roy eft enfant : comme encor icuneil l’ofta de ce monde,laiflant non des alTcurez heritiers apres foy ; mais vne mal heureufeenuie de régner CS cœurs d’aucuns Princes pour puis apres côtinucr amp;nbsp;acheüer de ruiner de fonds en comble cefte mifcrablc Prouince. Mais en dif-courât ainfi du mal d’autruy qlqu’vn me pour-roit dire que i’ay du fujeôlafl'cz chez moy fans en emprûter ailleurs pour faire femblables dif-cours. 11 y en a vcritablcmcnr,5c plus que nous

A iij

-ocr page 28-

H iß o ire de Hongrie

ne dcurions fouhaitcr : mais ie rcfpondrois volontiers comme le Sage, qui did qu’il n’cft ia-mais feant de commet lut foy,ny faire des comptes de foy. Car d’eferire nos vices , amp;nbsp;les def-couurir c’eft vncpurc fottife:amp;de magnifier,amp; chanter nos loiiangcs ce n’eft qu’vne flaterie. l’a y me mieux imiter ceux, qui fe fetuent de beaux excplesd’autruy pour enrichir leur narré, amp;nbsp;les fçauent fi bien accommoder au fujeÔt qu’ils fe font pfopofé,que les efeoutans font plus attirez par iceux que par leurs principales laFraiu« raifons,amp; argumens. Bien dirai-ie que,comme mtferablt. les fimilitudes ne font en tout pareilles, il fem-ble que nous foyons en pire condition que n’c-ftoit la Hongrie: par ce que la mifere d’icelle ne prouenantqucdcl’vn de ces retours , le malheur, qui nous enuironne , peut defpendrede tous les trois, plus ce femble pour nous accabler que pour nous corriger:tcllpmét que nous ne fçaurions dire lequel cft le plus veritable, ou fi nous fommes ainfi chafticz pour nos faute? par la volôté de Dieu comme s’il nous aymoir, ou s’il nous a du tout abandonne? comme il a fait les Barbares du Peru,nous ayant lai (Te à nos concupifccnccs, amp;nbsp;par confequét au cours na-'{oniondii turel des afiresda grande conjonction defquels dfiAflres. nous cft remarquée cftrcefcheuc en ces temps miferables par les Aftrologues, n’apportant a-ueci 7 qu’vn grand changement de Royaumes amp;nbsp;cftats,3uec vne conlcqucncc de mille amp;nbsp;mille pauurctez. A la venue de telles conjon-dions nous lifons la Rcpublicquc Romaine

/

-ocr page 29-

Liure premier. 4 auoir changé d’cftat foubs Iule,Sc Augufte: có-mc aulli feit depuis ceftc Monarchie Françoife foubs Pepin, 8c Charlemagne ; 8c comme au-parauant feit l’Italie foubs Romule:amp; l’AlTyrie T Ïbubs Mcrodach : amp;dcuantceux-cy pareilles mutations aduindrent foubs lanus , amp;nbsp;foubs Moyfe. Les miferes,qui accópagncrét Ie remuement de 1’eftat Romain font alTez cogneucs. Les cruautez ne furent telles foubs Pepin comme elles furent foubs Hue Capet. Le retour de la luftice Diuinenes’eftendit que fur les trois fils de Philippe le Bel , Icfquellcsfurentconfe-cutiuement Roys de France fans enfans, amp;nbsp;le Royaume transféré à ceux de Valois pour punition de leur mauuaife vie. Auffi eft-ce vne chofe necclfairc que quand vn cftat bon , ou mauuais eft patuenu à Ion comble, iceluy auIÏÏ tort: decline pour raifon de cefte rotondité, appellee communément de tout temps roue de fortune, à laquelle Dieu a voulu attacher tou- F”’quot;*quot;«' tes les avions humaines tant aâiucs que Celles qui font paffiucs , commea vne forme la plus certaine de toutes: tellcmét que nous nevoyôs amp;nbsp;ne lifons qu'vn perpétuel retour de bicnamp; de mal , ayant vn cours ou periode plus brief, ou plus long felon la variété des choies, ou félon la difpofition de Dieu. Quand nous voyôs la Religion,la luftice, la Police eftre en plcnie-re vigueur, on fe peut bien alTeurer d’vn grand heur amp;nbsp;repos ; mais toutesfois tendît tout fou-dain à fa declinaifon. Au contraire quand la fu-perfticion amp;nbsp;l’Atheifmç, quand l’oppreflion 8c

A iiij

-ocr page 30-

H iß o I re de Hongrie denydelufticc, quand la tyrannie Sc le defor-dre font paruenus à leur dernier but,on ne doit attendrequ’vnegrande ruine, amp;nbsp;miferetmais I« »wynt aulîîvnc decadence d’icelle. le ne veux point ‘i’vntflat. particulariferladeuotion tournee en hypocti-fic:lc Minifterc facrc,amp; les biens d’iceluy commis aux Capitaines amp;Gend’armes, amp;nbsp;tourné pour le dot des feinmesdes parlions illicites, amp;C cas enormes couuerts du manteau de luftiuc, K l’exercice d’icelle baillee à des ignorans pour c-ftre k s cftars d’icelle au prix dcï’argcnt, amp;non au prix du fçauoirdes Gouucrncmens des Pro-ninccs,amp; Capitaineries de cinquante hommes d’armes réduits à prix conuentionncl: le fejout royal eftrc vne officine de toutes inuentiôs rui-neufes: amp;nbsp;les charges, amp;nbsp;exaûions du fîmple peuple eftre fans borne,amp; fans raifon. Le malheur, qui fuit infalliblement telles , ôcfimal-heureufes operations ne procédé que par la di-uine prouidence,laquelle, voulant apres introduire le bien, purge , ôcofte premièrement le mal par la punition, amp;nbsp;chaftiment qu’amcine aucefoy telle mifere. Or toutes ces violences naturelles, amp;nbsp;ces iuftes chaftimens peuuét eftre mitiguez, amp;nbsp;addoucis par quelque autre voye. L'e/prit Les premieres comme naturelles font fuiettes de

»»mort»/ auxcffedsfupernaturcls, qui prouicnnent

nofticefprit immortel, lequel par la raifon les ‘ arrefte, ou les change,cftantainfi que l’homme prudent commande aux aftrcs, non pas en leur faifant changer de cours naturel,comme on a creu autrefois de quelques forciercs , mais cri

-ocr page 31-

rendat kur pouuoir naturel fruftratoire,amp; fans aucun cfFcà, par vne bóne amp;nbsp;adiiifcc preuoyâ-cc. Quant aux chaftirnens toinbans fur nous parvnciufticcDiuinc comme ordinaire pour pareilles fautes, iccuxauiri pat vne bonne, amp;nbsp;vraye repentance,contrition,amp;pricrc5 afliducs peuuent eftre arrellez.eftant Dieu tout bon, 5c tout miferit ordieux. Quand aulTi telles vertus nous dcffaillcnt, nous pouuons bien eftre af-feurez que les cfFcâs pour femblablcs fautes, pour femblablcs,ou fort approchâs,cours cele-ftes font veus en nos temps pareils que nous les pouuons remarquer en nos predccefleùrs, depuis la premiere grande conjondion aduenue apres la création de l’vniuers. Ce pouuoir, qui cft ainfi en l’homme par la diuinc libéralité, tft caufcdcla diuerfité que nous voyons tant es chaftirnens diuins qu’es influences celcftcs,cn-cor que les caufcs,ôë les cours foient parcilstau-trementil faudroit conclure qu’aduenans tels cours cclcftcs les mutations deuflent eftre vni-ucrfcllcs enuers vn chacun;amp; que pour vne pareille faute la punition s’enfuyuroit toufiours fcmblahle. Or le mal-heur que nous voyons Mifindt maintenant en noftrc France fc redouble, amp;nbsp;kroner, s’accroift de iour en iour , par-cc qu’auec le courscelcfte,lamauuaiftic, malice, amp;nbsp;toute mefchanceté à tellement faifi,amp; occupé l’cfprit de rhommc,que toute efpccc de preuoyâcc, de fagclTe, de prudence, d’humilité, amp;nbsp;de dcfplai-fancc là abâdonné, ainfi qu’il aduint au teps du Deluge, tellement qu’il fcmblc à la vérité que

-ocr page 32-

Vnion ne-tejjMre,

jfmitié tontmant

fuy Its

Hifloire de Hongrie ccftc mal heurcufc contree, au moinspour fon particulicr,foit prcftc à rcceuoir vnc auffi lourde fctouflc que feit lors tout l’vniucrs,fi aucûs, efquels nous voyons encor reluire quelque IcinCl 11e de prudence, ne prennent le frein aux dents pourarrefterlacourfe violétcdc cc chariot celcfte, amp;nbsp;par leur moyen retirer ce pauure nauircexpolépour vn ioüct aux vents amp;nbsp;aux ondesd’vn cuident naufrage, en contemplant le mal-heur d’autruy par teftehiftoire,nous cf-forçans à leur exemple de prendre courage de noifre part, amp;nbsp;nous efuerrutr comme font les bons matelots au temps delà tcmpeftcjlefquels laiflàns alors par enrr’cux toutes noifcs,riottcs, amp;nbsp;rancunes qu’ils pourroientauoir les vns cotre les autres, s’aydent pat enfemble côme s’ils eftoient vrays frcres,amp; amis. Audi cftât l’homme pour fon excellence doué de l’amitié , laquelle ie croy contenir en foy toutes les vertus, quand icelle eft rapportée feulement à deux chofes, à fçauoir enuers Dieu, amp;nbsp;enucrsla patrie,pour laquelle nous ne fommes point tenus feulcmét de trauailler par diuerfes fortes de vacations,mais aulTi d’expofer noftre vie tant homes que fcmnics,amp; mcfme les cnfans,ainfi que on peut remarquer fouuentcfois és ficgcs,amp; af-faults des villes où l’vn amp;nbsp;l’autre fexe s’em-ploye vnanimcrncnt,amp; de grand courage; chacun, qui eft bien nay, doit tafeher de faire pa-roiftre cefte excellence» Carautrement l’homme fe declareroit pire que befte, amp;nbsp;celuy, qui feroit degarny de telle vertu ne metiteroit au-

-ocr page 33-

cunement cftre mis au rang des hommes.Nous en voyons la prcuuc par les œuurcs de charité. Charité. laquelle procedente d’amitié naturelle cft enracinée non feulement entre les Chreftiens, mais auffi entre les luift, amp;nbsp;Payons, amp;nbsp;mefmc entre les Atheiftes : nous rendant par fon moyc grandement differens d’aucc les bedes brutes. Suyuant cecy ce n’a point edé fans caufe qu’vn ancien perfonnage difoit que nous n’eftions point nays feulement pour nous, mais pour vn chacun: comme fi tout homme, qui a en foy quelque fcintillcdc telle amitié, deub félon fa puiirancc,pendant qu’il eft en cede vie, trauail-ler à faite quelque profit au Public. De ma part pour vn medicament propre à la maladie de ce temps i’ay bien voulu propofer à tous les acci-densd’vnc fortune quafi femblablc, afin que par la recognoiflànce d’iceux les vns fe puifient affermir contre le choc lourd amp;nbsp;cruel du defa-

ftrc commun,amp; particulier, fans fe laifler tomber en vn defcfpoir, lequel fouucnt procédé de vne mefcognoi(rancc,amp; oubliance de Dieu: Sc auflï afin que les autres plus (âges, amp;nbsp;plus adui-fezparle mal-beur d’autruy cuitant les maux aduenfij ou pour le moins fe préparent à les rc-ceuoit en telle forte que la blefieure d’iceux ne leur foitfidangereufe: amp;nbsp;dauantage afin que ceux,qui manient,amp; gouucrncnt l’Eftat apren-nent à l’exemple d’autruy non feulement à le conferuer, amp;nbsp;maintenir: mais aufii à prendre garde que le prochain ne foie enuahy par au-ttuy, de peur que par leur ncgligccc ,amp; nócha-

La confer^ uatïon de l‘Autmy0‘ dufimnf^ crj]'aire 4 f n Eßdf,

-ocr page 34-

Hifloire de Hongrie lance vn tiers s’accroiflant de la deffaide d’au-truy ne ruine puis apres le leur, amp;nbsp;le mette fous fa puidancc-.ainfi que ccux,qui ont tendu, amp;nbsp;a-ipiréà vnegrande Monarchie , ont bien fceu pratiquer:amp; a laquelle ils n’eufTent jamais fceu paruenir fi chafquecftatcuft voulu fc maintenir l’vn l’autre,comme quclqucsfois ils ont bié fait lors que lanccclfitclesyacontrainól, amp;nbsp;qu’ils n’eftoicnt polTcdeZjny tourmentez d’aucune maligne vengeance reciproque. Mais ce vice ne les abandonnant gucres en fin ils donnent lieu à vn grad de s’empieter peu à peu de-dans les terres de leurs voifins, amp;nbsp;puis dedans les leurs mefmes : ainfi que nous pouuons rc-marquer mefmcment en ce Royaume de Hon-griciadis riche, amp;nbsp;puiflant, amp;à prefenttombe en telle pauurctéque ce n’cft qu’vne vraye de-folation, ainfi que vous pourrez entendre par cellehiftoirc , laquelle i’ay pluftoft entreptins d’eferire que de quelque eftrange pays,afin que iccluy cftant Chreftien nous naurall le cœur It nous ay mons noftre Religion: attendu que l’imitation mcfrae.pource qui nous touche,nous cft tant rccommâdce de Dieu, amp;nbsp;des hommes: reprefentant icelle, amp;nbsp;mettant deuant les yeux d’vn chacun ce que nos prcdcccfleurs ont faiél digne d’eftte imitc,afih de les enfuyure, amp;nbsp;aulÏÏ ce qu’ils ont fait de mal,afin de l’cuitcr: amp;nbsp;à fon occafion tant de grands perfonnages, foient guerriers ou autres ont de tout temps rédigé,amp; mis par eferit les gelles bös amp;nbsp;mauuais de leurs prcdcccficurs, de ceux, qui ont vefçu de leur

k

-ocr page 35-

Jbiure premier, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;7

temps, comme mefme ont fait les Barbares de l’Amérique par leurs chanfons, afin de laifTer à leur pofteritc vn beau,amp; grand tableau,dedans lequel ils peuflent plus aylément veoit le bien, qui accompagne la vertu , amp;nbsp;le mal qu’amcine aucc foy le vice.Suyuant leurs vertiges, amp;nbsp;pour les raifons que i’ay cydeuant alléguées ic don- / ne au Public cefte hirtoirc pitoyable extraifte'^^ lt;1« memoires de Broderie Chancellicr de nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• nbsp;nbsp;nbsp;—

gric, de ceux de Cartalde Lieutenant pour Fer-dinanden iccluy pays,amp; de quelques autres.

Louys fécond de ce nom Roy de Hongrie, x, 8i de Boheme fils de Vladiflas amp;nbsp;d’Anne de /•* Candale venue de Frâce apres auoir perdu fon pcrc en fort bas aage , Si U mere des fa naiffan-ce, auoit vingt amp;vn an l’an mille cinq cens Roy/uJt vingt-fix lorsqueSolima EmpcrcurdesTurcs Hangnt. Vint artaillir la Hongrie aucc vne ttcfpuiflantc armee.Iccluy vn peu dcu.ât le decez de fon pcrc auoit fiancé Marie fœur de l’Empereur Char- Royntiit les , Si de Ferdinand Archiduc d’Aurtrichc, la-quclleilefpoufaeftantparucnuàl’aagc de puberté donnant en mcfmc temps fa fœur Anne en mariage à Ferdinand. Louysertoit vn beau icunePrince, hault, amp;nbsp;bien formé pardcHus jirid». tous ceux de fon aage, ayant vne finguliete bô-té naturelle, amp;nbsp;orné de tant de vertus que ccr-y'*quot;” quot;nbsp;taincmcntc’cuft crtc vn Prince très-excellent ‘ s’il eut peu patuenit iufques à vnc.vjc plus longue. Ilauoit vn cfptit doux , amp;nbsp;nullement re-uefehe, trcs-ayfé à tourner à tout ce qui crtoit hônefte Si equitable,y eftat enclin de foy-mcf- .

-ocr page 36-

Hißoire de Hongrie ' mc.11 Ce plaifoit grandement à manier chenaux, à tirer des armcs,à la cha{re,amp; a tous tels autres exercices dignes amp;nbsp;louables en vne ieunc per-fonne. En fes parollcs il eftoit veritable,ferme, amp;nbsp;nullement variable, amp;ncdeceloit aucune-mét ce qu’oti luy auoit dit en fecrct. Aucc toutes ces belles vertus fi eftoit-il en mefpris en-uers les plus grâds de (a Cour, Icfqucls abufans de faieunefle pilloient amp;nbsp;rauageoient tout Ton Eftat, eux viuâs en tout luxe amp;nbsp;bôbance royal-Ic.En ce mcfmc temps la dignité de Conte Pa-/«lt;». latin, quieft la premiere entre lesfeculiers a-preslaMajcfté Royalle, eftoit entre les mains d’Eftiennc Bator fils d’André Bator, amp;nbsp;nepueu B4f«rC»- j’EfticnneBator, lequelauparauantluy auoit ttealMm. . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 1 r i- • ' o

immédiatementlouy delà melme dignité, oC gouuernc Ibubs le Roy Mathias auec fon grad ithanZit honneur la Tranfiluanie. lean Zapoly Conte Vay- de Sccpufe,lc(^uel puis apres fut Roy de Hon-Hid»de grie, gouucrnoitlorslaTranfiluanicayantcn Tia/ili,»- (a polîeirion des richefles grandes à partager a-uecfoh frere George; lefquelles ils auoientre-Pf' ceués par le trcfpas, Sc par la fuccclîîon d’Eftié-nelcurpere. Ceftui-cy auoit tellement acquis la faucur , amp;nbsp;la grace de toute la Noblcfic que quafidésfon enfance vn chacun icttoit l’œil fut luy côme fur le vray heritier du Royaume, fi le cas d’auéture aduenoit qu’il demeuraft va-dt quant à faute de fils legitime. Eftienne comma-talachie. doità la grande Valachic, laquelleon nomme Moldanie, amp;nbsp;par les Turcs Carabogdanie Si Raoul à la petite nominee autrement Tranfal^

-ocr page 37-

Liure premier. ï 8 pinejcftantl’vn amp;nbsp;l’autre,toucesfoisiujeólau Roy de Hongrie. François Bathian bien ayms. Tran^Djt duRoy pour luy auoir toufiours faiâ: fcruicc dcsfonieuneaagc cftoit Ban de la Dalmatip, Croatie, amp;nbsp;Sclauonic, cBant ces trois Ptouin-CÇS regies par cede feule dignité, laquelle nous nommons autrement Admiraucé »côbien que ce mot de Ban fcpuilFe proprement adapter à tous Gouucrncurs cftablis à cliafqucProuincc adiouftee de nouucau à ce Royaume. Les Baf-fcsmarchcs, Sclaforterefle dcThtmefuar e-, ftoient loubs la charge de Pierre Peren. Ceftuy cy auec le Conte de Sccpule gardait la Couro-neRoyalle, laquelleluy auoit efté laiflee par Tlwne-Emerie Porçn fon pere. Paul.Tomorec Arche-V»'”'-uefque de (_olocenfe. Cordelier, commandoit a•Sirmic',amp; à toute cefte cftenduë, qui eft entre nbsp;nbsp;Ccloct-

les Flcuues deSaue.Draue, amp;c le Danube. Cell yj Archcciefquc cftoit grâd perfonnage, amp;nbsp;lequel «tur de auantqjuhl'print l’habit de S. François, auoit SiTmte,amp; fait preifue de. fa vertu en phificurs cndroiôts ayant combarufouuentefois contre rcnncmy.quot;i EftantVArcheußfehe de Colocenlc vacance, amp;nbsp;les poflclîîons d’iCclle ayans.non moins befoin pour là perce nagueres faite de la vtllc,amp; forte- • ’ reflè de Belgrade,d’wn bon deffen feut que d’vn ■ nbsp;nbsp;•'

miniftrc,!amp;,di(penfatcur des chofes fainâ:es,amp; facrecSj cn’^Paftcmbloepublique du Royaume fut par vntkacun requis que ce Tomorcc fe-roit tiré par force (s’ilmcvouloit) hors de fon Monafterr, 8c par l’aiithorité du Pape, pour «cwjf. , prendre la chargc de ccftc Eglife, Se deffendee

-ocr page 38-

Hifloire de Hongrie le bien,amp; reucnu d’iceilc.Cc pcrfonnage refill a long temps,en fin toutefois il fut conttainél o-beyr à la volonté du Roy,amp; du Royaume,amp; fc comporta fi fagement, amp;nbsp;d vailiâment en celle chargcparlaconfclTiondetous, amp;nbsp;mcfme de fes haineux, comme l’excellente vertu n’cft ia-mais fans enuic, qu’il n'obmill rien, qui appartint a vn grand, amp;nbsp;aduifé Capitaine, non plus qucccquitouchoitlc faiôl d’vn homme religieux, amp;d’vnbnn Archcucfquc, ne changeant rien de l’auftcritc de fa premiere vie tant en la S’’’*” perfonnequ’en toute autre chofe. Le Conte Chriftofle de Francapain citant quelques mois auparauant attiré au fcruicc du Royaume aucc belles promelTcs, par lefqucllcs on luy auoit faiét quitter la Cour de l’Archiduc Ferdinand, âulicudcrcccuoir aucuns bien-faiôts fuyuant icelles promclTes ayant rcceuvn tort grâd s’en tjlltnni c fl oit retourné vers Ferdinand. Ellicnne Brode-aodtrie rie natif en celle partie de la haute Pannonie, cfr4»K«Z- Jaqucllc particulièrement on appelle Sclauo-nie, apres auoir cllé Ambafladeur pourlc Roy vers le Pape, auoit cllé créé Chancclliet vn peu de mois auparauant, ayant plus de courage à jlltxit bien faire que de biens terriens. Alexis Thur-Tfconyïquot; zon pcrfonnage opulent grandement en biens rrlt;/intr. fçjQn fopinjon chacun clloit trcforicr, amp;nbsp;Jihâ nbsp;nbsp;nbsp;auoir défia quelque temps manié celle charge

nemijft tres-diligemment. Les ChallcauxdcPofon.ôC de Budcclloicnt enlagardcdcIcanBorncmil^ fc,lequel auoit fi grade authoritc enuers le Roy qu’il pouuoit ranger fa volonté en vnc part, ou

-ocr page 39-

ch l’autre pour l’auoir gouuerné dés le berceau: auflîeftoit-ilfort cftimé de tous tant pour la vicilleirequepourlafeuerité qu’on voyoit en luy accompagnée d’vnc extreme bóté, amp;nbsp;pout la fidelité qu’il auoitcnucrs fon Roy. Voilà qui eftoient ceux, lelquels manioicnt pour lors les plus grandes charges du Royaume. Les autres Prélats, amp;nbsp;Barons s’adonnoient chacun à leur priuccs affaires excepté Lafdilas Salcanc ,i'Ari-cheuefquc deStrigonie, Primat du Royaume, amp;nbsp;grand Chanccllicf, lequel, ou pour ne pnü-hoir plus exercer cell: office, ou pour pallet fa 5»« de vie à plus grand repos, quelques moys aupara- Stri^mte uant ayant remis entre les mains du Roy le fcèl Royal, qui fut alors baille à Eftienne Broderie, auoit neantmoins la vne bonne partie de lafu^ perintendance de toutes les affaires, lefquellcs eftoient adminiftreespour la plufpart par fort. aduis,5c côfeil. AufTi le Roy luy dcferoirfacau-coup, tant pour fa dignité, fouaage, amp;nbsp;fa prit» deuce, que pour l’expcriencc qu’il auoit, ayant manié des long temps les affaires d’Eftar. )trï ccftcfortela Hongrie eftoit gouuernee quand lanouuelleyintau Roy Louysque Soliman a-ptes auoir fait la paix pour lôgues anneesiauec tous fes autres voifins fc preparoit à faire, la gu rte contre les Hongres par terre, par eau* ayàc le chemin allez ôuuert pour ce faire à l’oc-cafion des villes de Belgrade,amp; de SabaciCjlcf-quelles eftoient foubs fi puiffance depuis queb ques années, 5c cftant la fortéreffe de Zalankcv mcn,ôi toutes les autres villes, qui font an dec«

-ocr page 40-

H iß oir e de Hongrie

du Fleuue de Sauc iufqucs à Varadin Peter, ruï^ necs, tic iettees par terre ; laquelle cftenduë eft encor appellee auiourd’huy dunam ancien de S-irmit. Sicmie. Toute ccfte ruine, amp;nbsp;celle perte don-noit telle entree en la Hógric à l’ennemy, qu’il CUC cité mal-ayfé de l’empefeher toutesfois Sc quantes qu’il eut voulu fe ietter en icelle. En celle balTe Pannonie commandoit pour lors PauLTomoree,lequel non content d’auoirad-melïàgcs delà venue ï’Dmoto. Turc en l'on Royaume,fe tranlporta en dilR gence par changement de plufieurs petits cha-riots Icgiers nommez Kotezt (à caufe d’vn lieu ■umu ce »S «lonila premiere origine d’iceux eft venuë)vers JeCoehe. Ic Roy,lequel eftoit lors à VilTcgrade le vingt-iefmc iour de Mars, auquel il donna à entendre l’cntreprinfc du Turc, les préparatifs, amp;nbsp;combien pouuoit dire grand le danger, auquel il voyoit le Royaume poiiuoir tomberduy remó* lire le peu de force qu’il auoit en fon gouuer-nement pour empefeher l’ennemy ; qu’il eftoit befoingd’vfcrde diligence; qu’il failloit pres Belgrade empefeher le paftage du Saue ; ic que telle chofe,encor qu’elle fcmblaft difficile,pou-uoit ncantmoins fe faire pourueu qu’on y don-naft ordre de bône heure. Et promet de s’y employer enluy baillant tout ce qui feroit need-faire pour cell cfFeót. Le Roy citant excité par fes nouucllcs , lefqucllcs d'ailleurs , amp;nbsp;de plu-ficurs endroits eftoient côfirmecs comme certaines, amp;nbsp;véritables, alfigne l’aflcmblce publi-igjucauiour, ßefeftedeS'.George. Enicellclê

-ocr page 41-

Liurepremier. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jo

trouuercnt tous les cftats de chafquc Proüince, amp;nbsp;ordonnèrent dc tout ce qui appartenoit à la dcfFencedu Royaume , amp;nbsp;entre autres chofes que tous les Princes tant Ecclefiaftiques , que Seculiers,amp; toute la Nobleffc, auec vne bonne partie des Païfans des plus aguerris eulTentàfc trouueràTolueleiourdcla Vification de no-ftre Dame qui elt au fecôd iour de luillet pour marcher tous auec le Roy au deuant des ennemis. Cependant le Roy aduife à ce qui cftoit ncceffaire pour la guerre. 11 enuoye fes Ambaf-fadeurs vers les Princes Chreftiens, amp;nbsp;leur re- chreflial monftre,principalement aux voifins le danger, amp;nbsp;le peril leur eftre commun.Par lettres, amp;nbsp;par hommes cxpresil folliciee les Bohemiens, Mo-raneSjamp;Sleficns pour luy enuoyer le fecoürs qu’ils luy deuoient, amp;nbsp;les fommer des promef-flt;ts, 5e afleurances qu’ils luy auoient données' autrefois pour ce mefme cfFeôt. Il pourfuyt le Pape autant qu’il peut à ce qu’il eut à augmenter les deniers qu’il auoit en Hongrie pour Ic-uerdes gens de guerre, à fin qu’il eut plus dt , nbsp;nbsp;nbsp;■

moyen de fc défendre. Il ne follicitoit autre-mcntSigifmôdRoydePoulongnc fon oncle, par ce qu’icclu'yvn peu deuant auoit faiiSl tref- confeîere ues auec le Turc,voulant par ce moyen dechaf- auec U fcc hors de fon Royaume la ruine , amp;nbsp;perte d’i-celuy,puifque autrement il ne pouuoit l’en ga-rentir à caufe de tant de differéds, amp;nbsp;querelles, qui cftoient entre les Princes Chreiliens : Louys fçauoit bidn que ce Prince tres-entief, ■^obfcruatcurdefa foy ne donneroic aucunir-

B ij

-ocr page 42-

H ! fl oirc de Hongrie ayde contre celuy, qui luy citoit confédéré. 11 auoitpareille opinion des Vénitiens. En cefte TrefirEc- aflemblee fufdite,il fut permis au Roy de pren-(Itfiaflt- dre quelque portion des trefors Ecclefiaftiques que frins s’il voyoit en auoir befoing pour le default de fon efpargne, laquelle eftoit allez petite, ayans efté les coffres vfpuifcz par ceux, qui auoient tres-maladminiftréle Public.Ccftcpermilîîon amp;■ outroy fut confirmee, amp;nbsp;donnee par le Pape pour defeharge de la confcicnce. Entre ceux qui eftoient de la Cour du Royjdeux curent la cinifitße charge de cefte guerre,à fçauoirjc Conte Chri-Franca- ftofle,lequel nous auons dit cy dclTus s’eftre rc-p4;». nbsp;nbsp;nbsp;jj|.^ Ferdinand,amp; Nicolas Conte de Salm.

Conte Je chofis,amp; plufieurs autres cftîs ainfi difpo-Salm. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;celleallemblce,le Roy apres auoir bien

aduife à tout donna congé à vn chacun de fc re-tirer,5t de fa part execute le plus promptement qu’il peut ce qui auoit cfté relolucn celle af-femblec. Premièrement il eferit à tousles Princes Chrelliens le danger eminent, auquel il fc • voyoit; demande fccours de tous, amp;nbsp;principalement de l’Empereur Charles, amp;nbsp;de Françoys Roy de France, lequel vn peu deuant eftoit de retour de fa prifon. llpriel’vn. Se l’autre de ne le vouloir abandonner en vn tcl,amp; fi grand pc-f*Ro^Je rcnict en mémoire au Roy de France ce France fe- qu’cftant cncor captif il luy promit en la ville mid Je fa de Piczigyton par fon Amball'adeur touchant fromife. ladcffencc , amp;nbsp;laconferuation delà Hongrie, pour laquelle il luy feit offre, amp;nbsp;donna alTeura-tedeluy enuoyerdes forces, Ôc du fccours fi

-ocr page 43-

i^inre premter. n

Dieu le teincttoic en (à pleine, amp;nbsp;entière liberté. 11 luy remonftre que le temps fe prefentoit pour accomplir fes ptomclTes,ayant maintenat pat la grace de Dieu la puifTancc de les mettre à execution,amp; eftant de fa part forcé pourle pre-fent dcl’cn requérir. 11 enuoye aufli en diligence vers fon beau-frere Ferdinand,amp; versies autres Princes de l’Empire , lefquels pour lors cftoient afTemblez à la Diète Imperiale de Spi-rc.ll réuoye derechef en Boheme, en Morauie, amp;nbsp;a Slefie 11 traite auec lehan Anthoine Baron de Bourg Nonce du Pape vers fa Majefté, pour fo’liciter , Ôcfupplier fa Sainteté à le vouloir ayderdeplus grande fomme de deniers pour lupporter le faix de cefte guerre.11 donne la cô- LaJiflat million de prendre la moitié des trefots des E-glifes à Lafdilas Macédonien,qui vn peu deuat d’Euefquc deSirmicauoir cul’Êuefché deCinq E^hfis. Eglifes à la faueur du Chancellier.Ôe a plufieurs autres, amp;nbsp;donne la charge à Nicolas Gcrendi Nieolti pour auoir l’œil fur la monnoyc qu’on feroit G«”quot;*!’-d’vn tel amas d’or,amp; d’argent,amp; pourle diftri-bucr feulement à l’vfage de cefte guerre auec le confentement du Nonce. On demande en outre quelques deniers aux Abbcz,Preuo(ls,Cha-pitres des villes, qui fe difent libres, aux Saxos, auxTranfiluanicns,amp; auxluifs. En fomme on cherche de toutes parts ce nerf de la guerrc,cel-lemenc qu’en peu de iours on amaffa vnc quantité de deniers non petite. Cependant de iour à autre on apporte lettres,melfagcrs viennet tant de la part de l’Archcuefquc de Colocenfe, que

-ocr page 44-

Hifloire de Hongrie du Vayuodede Tranfiluanic, pat Icfqucls on afleurc le Turc s’approcher de Belgrade, amp;nbsp;que quelque partie de fon armee, qui marchoit de-uanr, pafloit défia le Saue. Le Roy fur ces nou-uelles, amp;nbsp;ceux qui eftoient aucc luy, haftoient toutes chofcs,amp; principalement pour garder le paflàgc du Draue, puifquc celuy du Saue ne fe pouuoit empefeher. Mais puis qu’il nous faut faire mention fouuent de ces Flcuues de Saue, amp;nbsp;de Draue, amp;nbsp;d’autres lieux , il cft ncccflàirc

DitKulie flmut.

Bude ville capitale de l^onrrte.

ffongrie ^ifericure.

que nous deferiuions la fituation de la Hôgrie, amp;nbsp;entre autres des endroits,amp;païs,pat Icfqucls l’enncmy s’achemina contre les Hongres, amp;nbsp;par Icfqucls ils rpareberent au deuapt de luy, cfquels fut dopnee la bataille. Toute la Hon-gric,laquelle maintenapton tient pour certain auoir receu cefte appellation pour les Huns ou Hongres (peuple forty de Scythie) Icfqucls y font leur demeure, eft fendue, amp;nbsp;diuifee cp deux par le moyen du Danube, qui cft le plus grand Fltuuc de l’Europe prenant fa fourcc en laforeft Martianc près la ville d’Vlme, amp;nbsp;fç coulant à trauers l’Allemagne. Par cefte diuifio la Hongrie fe met en deux parts, dont l’vnc cft çitcrieure,amp; l’autre vltcrieure,qui cft à dire l’v-ne deçà le Danube,amp; l’autre dclà,amp; nous efet î-uons comme fi nous cftions à Bude , qui eft la ville capitale du Royaume. La Citericurc cft celle partie qu’on nommoit anciennement les Pannonie. Icelle eft fepareede celle que nous difons Vltericureparlc Fleuuc du Danube,pat l’AuftrichcjBauicrCjlcs Fêtes du ippnt Cæçiçn«

-ocr page 45-

Lture premier. ix LcDrauelafeparedelaSclauonie , SrleSaue Drain dc Ia Boflïnc, Sc de Rafcic. Car Ic long du Da-nubc cirant vers Belgrade iufqucs à 1’cmbou-chcure du Saue on void s’cftcndre ces trois bel-ia fepulture des Roys -.Strigonie, qui tient lieu de Prioiatic-.Cinq Eglifc,qui eft lieu Epifcopal. Plus Sopronie,Iauarin,Sabaric, Si Stridon dót des Reys. la dernicre eft remarquable pour cftre le lieu, Stngonie. auquelnafquitS.Hicrofmc, Sccnlapenultief-tne print nailfance S.Martin. Outre les Flcuues quot;sofrimie. dcDraue, amp;nbsp;du Danube il y a en icelle encor [auarm. plufteuts autres dignes de remarque. Ell’a deux Saiarie. grands lacs fort cogneus nommez Balator, amp;nbsp;Stride,i. Ferton, defquels l’vn a enuiron treize licuës de longueur, amp;nbsp;l’autre n’eftant ii longa aufti vne deuxgrüds plus grande largeur. Quand vous aucz pa(ré,amp; lacs. ioint le deflus du Draue vous entrez en la Scia-uonie, laquelle en ceft endtoiâ: coftoye cefte partie citerieure,amp; laquelle anciennement fai-foit vne partie de la haultë Pannonie, coftoy ât la Hôgrie iufques au Flcuuc de Saue, amp;nbsp;partant encor outre s’eftend iufques à ccluy dc Hune, fur lequel aboutit la Croatie,laquelle cft fuyuie Croafi». de la Dalmatic le long de la mer Adriatique, ® çftint içellc en partie foubs la puiflancc des

les Prouinces de Vvalko, Pofegan, Sc Sirmic, Boß,ne. lefquelles on nomme Contez, amp;nbsp;Icfquellcs fe- Rafce parét la Hôgrie delà Sclauonic. La principale ville de ceftepartie citerieure eft Bude, laquelle s°rmn. ' cft la demeute Royalle dc tout le Royaume.

Les plus notablesvilles d’icelle font Albcregalc Albere^a-recômandec à l’occafrô du Courónemenr, Sc de


Pofe^an,


B iiij

-ocr page 46-

Hiflotre de Hongrie

Ztgrahit viUe.

Bigthon •ville.

Seattle

' Il I lie.

ville.

Sentie,

P elgraie ville.

Jiongne vlterieitre.

Tilifeqiti Pleuite.

Zitmojje pleime. Pîanijje Pleitne.

Vénitiens, êc en partie foubs la domination du Turc.La p'us petite partie d’icelle cil fujeôte au Roy de Hongrie. Les Bosniens, amp;nbsp;Rafeians, qui eftoient autrefois dits haults Mifiens,occupent les pays,qui font au dedans d’icelle, amp;nbsp;lef-quels font plus reculiez de la met.La ville capitale deSclauonie fc nomme Zagrabie.Ccllc de Croatie eft ditte maintenant Bigihon , amp;nbsp;au temps paffé c’clloit Fumium. La partie de Dalmatte,qui obeift aux Hongres a pour principale ville celle qu’on nomme Segnie. La Bofline à Iaycza,amp; la Rafcic,ouScruie,àBclgrade.Tel-le eft lafituation del’Hongrie citerieute, amp;nbsp;des pays , qui font entre le Danube, amp;nbsp;le gouffre Adriatique. Quant à celle,qui eft delà le Danube , icelle eft parles monts Carpathes (Icfquels commencent au deffus de Pofon,amp;par vn tref-long contour s’aduancent iufqucs à la mer Fu-xine feparec de la Morauic,dc la Slcfic,de Pou-longne, amp;nbsp;de Ruiltciufqucs à cefte Prouince, laquelle nous nommons Maromatufie, auquel lieu autres montagnes , amp;nbsp;forefts s’eftendans versSeucrinlafeparcntdela Tranlîluanie, amp;C de la Valacbie Tranlalpinc. Cefte Hongrie Vl-tcrieurceftabrcuueepar le millieu d’icelle du Fleuue du Tibifeque, lequel de tous ceux, qui font en celle partie Septentrionale eft le plus abondant en poiftbn qu’on fçache.ll fourd des montagnes Maromaruficnnes, amp;nbsp;outre phi-ficurs autres Flcuucs moindres, il reçoit en foy Zamofte , Si Marode venans tous deux de la Tranfiluaniç. En cefte partie delallégric font

-ocr page 47-

Linre pt-emier. 15


fitiiccs versie Septctrioii ces plus notables villes, à fçauoirPofon, I irnauic,Trincin pres le FlcuueâcVageJeqiie! tombe vers l’ifle de Co- . mar dedans le Danube, Nitric, Biftticic, aucc


Timauit.


Trincin.

quelques autres fituees entre les inontagncs,ef- Comar quelles font les mines d’argent, de cuyure. {//f. Plus Vacchic, Pefthe, qui cft vis à vis de Bude, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,

Agrie, Caflbuic, amp;i quelques autres du Conté p/ de Scepufe. Vers le Midy font fituccs celles de Peßh,, _ Colotie,Bacchic,Zeghcdin, ic outre le Tibife-que Varadin, Dcbrccin.le Ruffeau aux Dames, ‘ aucc les mines d’or,amp; d’argent,Chenadin,amp;: la forterefle de Themefuar, qui cft vn gouucrne-ment, lequel tient le troifiefmc lieu entre tous raradm. ceux du Royaume. Seuerin cftcnccfte mefme eftcnduc, en laquelle on void encor à prefent les reliques d’vn Pont bafty par le commande ■** ment de l’Empereur Trayan,amp; plufieuts autres Mmes d’or villes, lefquellespourlabriefucté de cefte hi- d’argit ftoireienc veux reciter plus amplement. Le Tibifeque fc méfie dedans le Danuble près la ville de Tituliefituec au delà fur fon riuagc no xramn ' loing de Varadin Peter. Par delà ces môtagnes. Empereur. lefquelles nous auons dit s’ellendre depuis les T“ulgt;e. monts Carpathes iufqucs à Seuerin, cftlaTra-filuanic, laquelle anciennement faifoit portion delaDacie, amp;nbsp;pour cefte caufe on l’appclloit Daàe. aufti anciennement Pannodacic nom compo-fé de Pannonie amp;nbsp;Dacie. Auiourd’huy elle eft

nominee vulgaiiemcntOrtel parles Hongres. Saville principale cft Albcinlcainfi dite de lu- Me'mlt, les CæfatjOU pluftoft de Hiiula Prince des Plus.

-ocr page 48-

Hifioire de Hongrie

Outre ccfte ville elle en a d’autres, qui font ri-Sihim». chcs,amp; opulentcs,à fçauoir Sibinio,Bralîbuie, Sräffiiuie. Colofuar.Biftricic, amp;plufieurs autres fondées, Stjhku' habitées par des Alletnans, lefquels nous ap-Saxons. pcllons Saxons. En celle Prouince demeurent Siciliens. auHî les Siciliens , lefquels font gens auftcrcs, reuefches,amp; belliqueux. Ils n’ont parmy eux aucune diftinélion du Noble , ny du Païlân. Tous come les SuilTes font de mefme qualité. Richejfede LaTraufiluanic eft abondatc en toutes chofes Z* Tran- principalement es mines d’or, d’argent, amp;nbsp;au-filuMif. nbsp;nbsp;rrcs métaux,amp; es mines de fcl.Elle noutrill des

cheuaux généreux, amp;nbsp;produit grande quantité de vin: mais non pas fi excellent qu’cll celuy de Hongrie,ou de Sclauonie. Elle eft enuironnee F4Z4re/j;e dcsdeuxValacchiedelaTranfalpine, amp;de la Twii/âZ- MoIdauic.LaTranfalpine eft furie Danube, amp;nbsp;f‘»e- la Moldauie eft pres la mer Euxine. Toutes ces Moliauie. Jeux auec la Tranfiluanie occupent maintenât celle partie d’Europe, laquelle parles anciens Dacie. eftoir nominee Dacie.Pattant toute celle grande eftendue, qui eft outre le Danube, laquelle contient non fculemét la Hongrie Vlterieurc, mais aulfi laTranfilüanieauecl’vnc, amp;l’autre Valacchie,ell enfermée du Danube, des monts Carpathes, de la mer Euxine, amp;nbsp;derechef du Daniibe.Voilà quant à la fituation gencralledc la Hongrie. Maintenant il faut vn peu difeou^ rir plus particulièrement des licux,efqucls tomba route la force de la guerre. Au delfoubs de Bude endefcendantlelong du Danube outre quelques bourgades eft la ville de Rakos,^

-ocr page 49-

Liure premier. 14

apres celle de Tholnc,laquelle cft à feize lieués Theli^. Hongrefqucs de la ville de Bude. Apres fuyt Batha,amp; confequemment Mohaez, autrement dite Mugach, utuee fur le bord du Danube.

Il

11

J Mohaez vers la main droite regarde la ville de CinqEglifes,laquelle, auant la perte de Hôgric eftoit aflez rcnommcc.Ilt;elle eft à quatre lieues du Danube, amp;nbsp;a trois du Drauc. Vers leDrauc cftlavilledeSoclofie, amp;pardelàleDraue eft stclojte. aflifelafortcrcfle de Valpo. Depuis Mugach Faÿ». iufques au Draue on compte quatre lieues, Sc quelque peu dauantage. Au deflus de l’embou-cheure du Draue au riuage de delà cft baftie la ville d’Ezeek, amp;nbsp;en ce mefme quartier void on les veftiges de quelque grande ville edifficc autrefois du temps que les Romains iouyflbicnt desPannonics, qui pouuoit cftre vne colonie Romaine. Ces ruines fe voyoient à deux lieues de l’entrce du Drauc au Danube. A l’endroit où eft cefte ville d’Ezeek le Drauc fc referrant à l’cfttoit donna cojnmodité aux Hongres d’y faire vn Pont pour pafler leur armee lors que Belgrade fut prinfe par IcsTurcs. Apres la ville d’Ezeek fuyt le çhafteaud’Erdeund dependant Srdeuni. de la Preuofté de Thitetic. Cefte place eft toute enfermée d’y ne foteft,amp; aucc peu de trauail on la poun oit rendre trcs-fortc pour la fituation d’icelle. AudcflousdeceChaftcau cft Baroh, Sanclj. Vvalko,Zatha, amp;nbsp;auprès Bachie, qui cft l’autre v^alka. ville Métropolitaine de la Hongrie fituee en belle campagne ainfi qu eft naturellement tou-K rçftçnduc de pays,qui eft entre le Tibifeque, chi

-ocr page 50-

Vuilak.

Sirmii frouince »^ulente.

Smmona-ftra.

Varaim-Pctlt;r.

Kamaceh,

Hißoire de Hongrie

amp; Ic Danubc,laquelle pour celle railbn eft fore propre à nourrir grande quantité de bcftial. Le long du Danube au deftbus de Zatha on voit la ville de Vvilak aufc fa forterefle magnifique: amp;nbsp;là comm 'ce celle heureufe, amp;nbsp;tres-mrtile région de ùirmic, non feulement abondante en vin le plus recommande détour le Septentrio, m lis auffi en toutes chofes ncceflaircs à l’vfagc de l’homme , laquelle a clic illullrec par tant d’Empereurs,amp; de laquelle cil forty vn perfon-nage dont fut décoré le fiege Romain,amp;Papal. Les contrées d’icclle redent les lieux très plai-fansila terre y cil grafie, amp;nbsp;fruélucufc au poflî-ble:l’air y cft fi tempere qu'il ne feroit ay fe de le croircîce qui adulent pour n’cftrc celte region cfioingncedelamer Âdciaticque que de trois iournecs,ou quatre tout au plus. Il y auoit anciennement vne ville, qui portoitfon nom, de laquelle on ne voit plus que les veftiges. Quad de Vvilak on entre en celle Prouincc la premiere ville qu’on rencontre cil Banmonoftra, où ell le liege Epifcopal de Sirmie,amp;auant que arriuerà Varadin-Peter on tr-ouue en chemin Kamacch ville afiez notable. Celle villede Va-

radin aucc fon Chafteau cft fujcél à l’Eglifc de Colocen'é:amp; pour la perte de Belgrade on ap-pella depuis ce lieu Belgrade. Apres Varadin-Zalmkc- Peter cft la ville de Zalonkcmen , amp;nbsp;quelques autres,lefquclles ont efté ruinées par la dernière perte aduenue à Belgrade. Au deçà du Fleuue Zem/e». Satie eft le Chafteau de Zernlen,amp; entre ice-luy, amp;nbsp;la ville de Belgrade ell rcmbouchcurc

-ocr page 51-

Liure premier. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i ƒ

du Saue,lequel en ce lieu entre dedans le Danu-

bc,amp; l’encongncure que font ces deux Flcuues

cft occupée de la ville de Beigrade tant renom-

inee pout raifon des belles b itailles , qui en ce

lieu, amp;nbsp;CS enuirons ont efte données contre les

Turcs,amp; de laquelle, cftât preCque prinfe, lean -y

Hunîadi gouuerncur de Hongrie pete du Roy Cafifira,

Mathias chaflaauec frété lehan Capiftran A- NanJor-inutath Empereur des Turcs, lailfant par ce moyen vne gloire immortelle au nom Hon-gtcfque. Les Hongres appellent cefte fortereC- Taurin»'. le Nandor- Albc,Si aucuns Albe-Grecque. Les anciens la nommoient Tautinum, SiC du iour-d’huy s’appelle Gtiech-fuueifneburg. Du codé qu elle regarde la Hongrie elle cft fituec fur va roc taillé à pied droit, au deftbus duquel eft la ville ayant d’vncoftc le Sauc, amp;nbsp;de l’autre le Danubc.Voilà qu’elle eft la fituation de la Hô-grie, amp;nbsp;des lieux,cfquels les Hongres ont rcccu vne fl grande playe. Quant aux richefles d’icel-le,auec lefquelles à dire vray elle furpafle toutes les Prouinces de l’Europe, nous n’en voulons icy rien dire dauantage , parce qu’il fetoit be-foingd’en fairevn liilrc entier, amp;nbsp;nous nous fommes contentez de la fituation que nous en auonsd’efcritc,afin que feulement le ledeur de cefte biftoire peut mieux comprendre le pro-A,, I . grez d’icelle.Pour donc teuenir au fujeft d’icel-fj^ll le. Le Roy ayant entédu que quelques troupes J Turcquclquesauoient dcfia parte le Sauc craignant qu’icelles s’aduançartent iufques fur la

1 riuc du Drauc, Se fc faififlint auant la venue de

-ocr page 52-

Hifloire de Hongrie

la ville d’Ezcck, aduifa à confcruer ce lieu paf quelque bonne gainifon. Et celle charge fut, donnée au Conte PalâtiB,lequel pour lors non loing du Draue cftoit en vn Chafteau, qui ap-partenoie à fon ftere. Iceluy receut volontiers ce mandement, combien qu’il fut mal-aifé de fes iambeSjSe pieds,pour la goutte, qui de long temps le tourmentoit. Toutes fois ceux,qui dc-uoient femettre en cefte place, ou y enuoyer leurs gens,ne fc diligcntans comme il cftoit be-foing, le Conte Palatin ne pouuant exécuter ce qu’il auoit enuie de faire vient trouucr le Roy à Bude,auqucl il fit récit delà negligcnce,amp; pa^ reife de ceux, qui nauoient voulu luy affiftec pour mettre à fin la charge qu’il luy auoit en« uoyee. Delà cnfuyuint il ne bougea de la Cour pour accompagner le Roy en fon voyage. Enr ce temps, amp;nbsp;quafi à l’inftant mefmc le Roy fut aduerty par lettres venans de la part d’vn certainperfonnage, lequel auoit ample cognoif-fancedes confeils , amp;nbsp;des affaires de l’cnncmy, qu’il n’y auoit chofe meilleure pour luy que de faire marcher le Vayuode de Tranfiluanic auec leTrâfalpin(dela fidelité duquel enuers le Roy ons’alFeuroit ^oti pour affaillir les ennemis par derriere dont ils ne fe desftoient aucunement, ou bien les lailfant, pourfe ietter eux deux cn-rcmbleméc en la Thrace, laquelle eftait dénuée d’hommes de guerre, pendant que les Turcs marchcroierrt droit contre le Roy. Car par ce moyen ou l’cnncmy feroit vaincu cftant enfer-ntc entre deux armées, ou bien feroit contraint

-ocr page 53-

Liure premier. is tjuîtet fou cntreprinfe pour retourner deffeft-k dreleficn. Ce confeil Fut tenu au commencement fufpeâ: pour quelques caufes , lefquellcs feroient longues à deduite.Mais eftant en apres communiqué à l’Euefquc de Strigonic, amp;nbsp;ap-prouué par luy, on commanda au Vayuodc de T ranfiluanie p ar V rbain Batian, lequel dauen-ture pour lors eftoit depefehé pour aller en Moldauie, d’aduifer bien fur iceluy, Sc de faire ce qu’il penferoit eftte le plus expedient pour le Royaume. Et s’il trouuoit ce confcil bon on luy mandoit qu’il eut a tourner fes forces, SC celles de Tranfiluanie auec le Tranfalpin vers ce quartier. Cecy fut vne bonne partie caufe que le Vayuode ne peut fetrouuer au lourde la' bataille.Pendât ces aduis le téps de l’affemblce,’ amp;nbsp;du rendez-vous donné à Tholne eftoit défi» efeheu, amp;nbsp;mefme pafte, amp;nbsp;toutefois aucû ne s’y eftoit encor rangé, amp;nbsp;fembloit que tous ne vi-faffent qu’au Roy feul, amp;nbsp;qu’ils ne deuoienc point venir à Tholne auant qu’ils euffent cntc-du que le Roy y fut. Cependant les bruits de la venue du Tutc, amp;nbsp;du paflage du Saue f’augmé-toit de iour à autre, tellement qu’enfin la nou-uellc vint certaine qu’apres auoir palFé ce fleu-ne,5t mispar terre quelques Chafteaux, il te-noitccluy de Varadin-Veter aftîegc par terre, amp;nbsp;par eau n’eftant la ville gueres forte. En fin le Roy, cncot qu'aucun ne le fut venu trouuer nv de Boheme, ny d’ailleurs, amp;nbsp;qu’il n’eut auec / nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, mctaitx

fby que bien peu de compagnecs de gens de i nbsp;nbsp;nbsp;guerre, toutefois ne voulant eftrereprins d’a-

-ocr page 54-

Ofen.

Hifloire de Hongrie uoir cn vn tel peril laifïe en arriéré chofc' aucu« ne, qui fut en fa puiflànce, fortit de Bude, dite auiourd’huy Ofen,le vingt quatricfme iour de Juillet,fuyuanc le riuage du Danube pour fe ré-dre peu à peu à Tholne, efpcrant que ce pendat les autres le viendroient trouuer. Vn peu deuat que le Roy partit de Bude on auoit enuoyé EftienncBathordeSomlicverslc Vayuode de Tranfiluanie , par lequel on luy conimandoit quelaiflant les premieres deliberation^ il eut à fe harter vers le Roy aucc toutes les-forces Tra-filuaniénes puis que l’arriuee trop foudainc de l’ennemy le requeroit. Quand le Roy fortit de Bude il auoit poïir lors aucc foy 3000. hommes tant de pied que de cheual, en cóptant ceux qui ertoient à la Royne Marie, amp;nbsp;a l’Archcuefquc dcStrigonie. Le iour qu'on deflogea de Bude on feit le premier logis au village d’Ambroifc Sarkan,nommé Erd, diftantdeux lieues de Bude. En ce lieu le Roy perdit par mort foudainc le meilleur cheual qu’il eut, amp;nbsp;lequel il aymoit le plus,dont il fut fort defplaifant. Plurteurs en colligèrent vnmauuais augure. Le Roy ayant fait fejour cn ce lieu quelques iours, amp;nbsp;n’eftant venu aucûle trouuer,patra outre aucc cefte petite troupe qu’il auoit iufques à la prochaine bourgade nômee Erchij.Dclà apresy auoir cô-fommé plufieurs iours fans aucun bon cfFed,amp; y ertant fcul arriué André Bathor l’vn des principaux du Royaume auec quelque bon nombre de foldats on s achemina le long du Danube iufques à Pcntclcc,qui eft vn lieu,auquel,cô-jne

-ocr page 55-

Liure premier.

Mie nous auons dit , d’Ezeck on voit des refteS d’vne ancienne colonic Romaine. Là George Bafi vint trouuer le Roy de la part du Vaÿuodc de Tranfiluanic ayant charge de dire à fa Maje-ftéjquc le Vayuodc eftoie en grand peine de ce qu’il deuoit faire pour cefte grande diuerfité de melfagcrs, lefquels onauoitenuoyc vers luy, ayant receu premièrement lettres du Roy, amp;nbsp;puis plufieurs courtiers,amp; mcfme Gafpar Hof-Uuath de Vvimgard premierGentilhomme (cr-uant de fa Majefté,par lefquels on luy mandoic de venir trouuer le Roy: amp;nbsp;que depuis eftoit arriuc vets luy VrbairtBatian , lequel luy auoit apporté quelques aduis,pour,fuyuanc iccux.af faillir par derriere l’cnnemy aucc leTranfalpin; que depuis eftoit arriué Eftiéne Bator de Som-lic,lequel luy auoit apporté les mefmcs, ôf premiers commandemens farts luy déclarer apper-ternét, que le Roy n’entendoit que les memoi-les portez par Batian fortifTent effeift ; amp;nbsp;qu’à cefte occafion il eftoit incertain de ce qu’il deuoit faire entre tels changeméts d’aduis,ne fça-chant lequel ildeuoit fuyurc ,eftant toütesfois preft à faire tout Ce que fa Majefté luy comma-deroit ; Que ncantmoins il ne trouuoit pour le prefent rien plus cXpcdunrquede venir vers le Roy ; qu’il eftoit trop tard’ d’aller aftaillir le Turc par dcrriere,Sé qu’autant que cefte entre-prinfe eftoit dangereufe, aufli eftoit elle bien plus difficile à exécuter qu’aUparanant, parce que le Tranfalpin,auec lequel on luy eommati-doit fe ioiüdrc, auoit jà cfté contraint enuoycï

-ocr page 56-

Hifloire de Hongrie poucoftagcaiicampdu Turc fon fils vniqiie. Le Roy ayant entendu la charge de George Bafi defloge,amp;arriue à la ville de Fclduar fituec furie Danube la matinee mcfmc. Et là ayant propofeau confeil ce que luy auoit rapporté Bafi,à l’inftant mefmc commande audit Bafi de facheminer iour amp;nbsp;nuit en la plus grande dili— gcce qu’il pourvoit vers le Vayuode, amp;nbsp;luy dire que le Roy trouuoitfon confeil bon, amp;nbsp;qu’il cftoit plus que falutairc, cftant défia l’enncmy entré dedans le Royaume, amp;nbsp;marchant droic contre fa Majcfté, amp;nbsp;que partant laifiant tous autres aduiSjil eut, tant auec tous les Tranfilua-niens qu’auec tous ceux qu’il pourroit rencontrer en chemin venans vers le Roy, à fe hafter, amp;nbsp;venir promptement au Camp amenant auec foy,non feulement la NoblelTc, les fimples fol-dats.mais au (fi iufqucs aux païfans. On dépef-chc des lettres pour ceft effeiâ vers les Tranfil-uanicns,vers l’Euefque de celle Prouince nom- ' me IchanGozthan Chancellicr de la Royhc, Sc versie Vayuode àla fuafionde George , lequel le requeroicfuyuantl’aduis qu’il auoit de fon maiftre. Ces lettres clloient pregnantes, amp;C rigoureufes , amp;nbsp;cnuoyces afinquele Vayuode les monftraft aux vns, amp;nbsp;aux autres pour exciter vn chacun. On luy mandoit par icelles que fur peine d’infidelité, amp;nbsp;de trahifon il eut iout amp;nbsp;nuit à facheminer vers le Roy. Pour encourager dauantagevn chacun, on dépefehe auec George Bafi lean Statilç homme d’vn cfprit prompt, amp;nbsp;vif, amp;nbsp;bien verfé es bonnes lettres.

-ocr page 57-

Liure premier. i8 Ileftoitàcaufedclcur fœur nepûcu de Pierre Bcrizlas Eucfque de Vefprimic amp;nbsp;de Martin Ban ptrfonnage fort cftimc és affaires de paix êcdeguerte. Ceux-cy n’eftoicnt point encor partis,quand vnc mal-heuteufe nouuelle fut apportée de la prinfe de Varadin-Peter, que les Hongres nomment autrement Petrouar, aptes par le auoir efté deffendue vaillamment par plufieurs Turt. iours , tous ceux qui eftoient dedans pour la dcffence d’icelle,tuez, ayant efté la muraille du Chafteau, qui eftoit vieille, 8c ancienne, icttec par terre à grands cotips de canon , amp;nbsp;que les ennemis montoient par eau, amp;nbsp;par terrc côtr'c les autres places voifmes, amp;nbsp;pour aflîeger entre autres le Chafteau de Vylatz. Le Roy fort.eftô-nc de cefte nouuclle,commande exprefTcmét à ceux qui deuoient aller vers le Vay node de fa* cheminer en la plus grande diligence qu’ils pourroient. On enuoye aufti Icttresrpar tous endroits. On dépefehe courtiers vers George ContedcScepufe, lequel on difoit cftre non loing d’Albercgale auec cinq mille hommcsi vers François Bathian Ban de Croatie; vers le Conte Chriftofle , lequel on difoit cftre party d’auec Ferdinand,amp; eftre défia en Croatie auee fonperc , vers lequel il f eftoit premièrement ietiré,pour apres auoir tiré de là desarrncs,che-uaux,8£ foldats, pouuoir fe prefenter deuant le Roy en meilleur equipage. On commande à Ladiflas Macédonien d’aller à coutfe de cheual vers la Roync, laquelle eftoit à Bude. Onia piioit de ptefter fon frété Ferdinand, amp;nbsp;en fon

C ij

-ocr page 58-

Hifloire de Hongrie abCcnce les Gouuerneurs d Auftriebe, à ce qui fon plaifir fut d’enuoyer promptement le fe-cours,duquel il auoit cfté auparau-mt requis, 5C principalement l’artillerie,de laquelle ks Honr-gresauoient grande faute , amp;nbsp;le Turc au contraire en cftoit treibien gatny. On la prio t da-aantage de faire haftet les Bohemiens , amp;nbsp;ces troupes Bohémiennes, pourlaleueedefquel es la Royne auoit baille de fon Efpargnc grande fomme de deniers à Mczericie.On eferit aTho-mas Nadafdy qu’il eut à folliciter Ferdinand, vers lequel il auoit efté enuoyé , amp;nbsp;Itiy remon-ftrcrjla double parentellc , amp;i affinité, qui e-ftoit entre luy,amp; le Roy, amp;nbsp;le hazard commun qui cftoit entre-eux deux, amp;nbsp;que pour la eonfi-deration de ce,il ne voulut delaiflcr fon maiftre en telle,amp; fi grande ncccffité,luy donnant à entendre le peril de fa perfonne , amp;nbsp;le danger da Royaume, amp;nbsp;mefmement la perte de Varadin-Peter. Cependant Paul Thomorfe,lequel,auât la prinfc de Varadin,ay3nt quelques trois mille hommes aiicc foy auoit lai (Te dedâs le Chafteaa de cefte ville mille homes de pied , amp;nbsp;quelques chcuaux,qui furent tous deffaits, comme nous auonsdit, eftimant eftre vnc grande témérité dcfoppoferauccles deux mille cheuaux , qui luy eftoient reftez, contre vne fi grande multitude d’ennemis , auoit pafté à l’autre bord du Danube,amp; là autant qu’il luy eftoit poffible re-tcnoitl’ennemy tant par terre que par eau. Car il auoit furie Danube quelques bonnes trou-f csnauaksfur vaificaux qu’on appelle Naza-

-ocr page 59-

Liure premier. 19 dies: mais ce n’cftoit rien à comparaifon de la multitude infinie des ennemis. Le Roy apres auoir entendu la perte de Varadin-Peter fen alla le long du Danube, en ce lieu lequel nous a-uons cy deuant nomme Rakos , auquel il fc-journa deux iours, amp;nbsp;le iout delà Transfiguration de noftre Seigneur,il arriua à Tholnc ayât défia aecreu quelque peu fon armee, tellement que pour lots il pouuoit auoir quatre mille gt;nbsp;cheuaux ou quelque peu dauantage.Comme (a Maiefté eftoit près de Tholne le Conte Palatin auec ce peu d’hommes,qui cftoient défia venues, amp;nbsp;ariiuez des premiers en celle ville, alla au deuant.Pendant que le Roy eftoit à Tholne de toutes les Prouinces, Icfquellcs s’appellent Pnuineet Contez en Hongrie , tant de deçà le Danube, iiteiCott-que de delà, vn grand nombre d’hommes vin- “x drent fe ranger en eefte ville. Le Conte George de Scepufes y trouuaaudi auec trois cens cheuaux tant bons que mauuais, amp;nbsp;auec douze cés hommes de pied , ouenuiron. En ce lieu vint aufli Hînibal Carthaginois Cyprien auec rrci-ze cens foldats leuez des deniers du Pape,outrc lefquels y auoit encor autres bandes payees par faSainéleté. Icelles toutes enfcmblc faifoient le nombre de quatre mille hommes eftans tous fort bien armez. De ce nombre il y auoit quin-zc cens Poulonnois,ou Pollacqucs,lefquels en nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;_

tout ce, dont tels gens font recommandables furpaflbient tous les autres.Iceuxeftoient fous le Regimét de Leonard Gnomski, lequel auoit le bruit d’cllrc tres-expett à bien afleoir vn

C iij

-ocr page 60-

Hifloire de Hongrie

Camp ipour laquelle cxperiécc on l’auoit choi-n,amp; alloué. En ce mefme temps fe trouuerét en celle ville Paul Vardagy Euefque d’Agric,François Peren Euefque de Varadin, amp;nbsp;plufieurs autres tant Euefques que feculicrs. Durant ce fe-jourprefquetous les lours on tcnoit confcil, auquel allilloient les plus grands perfonnages, qui fulTent pour lors en l’armee. En iceluy on confultoit des affaires du Royaume,de l’aduan-cernent, amp;nbsp;acheminement de l’armee, Se de la garde, amp;nbsp;deffence du pafîage du fleuue du Dra-ue, puis qu’il n’cftoit plus quellion de celuy du Sauc,amp; aufli à raifon de la perte de Varadin-Pe-ter,amp; mefme parce qu’on difoit le Turc f’achc-yyl^\ miner à Ezcek,ayant défia foubs fa puilïàncc la frim faf for ter elfe de Vylak,amp; ruiné tous les autres cha-ItTttrc, lleaux, qui lont le long du Danube. Ondépef-che donc le mefme Conte Palatin pour fe faifir du paflage du Draue auant l’cnnemy. On commande à plufieurs des principaux de le fuyurc aucc leurs troupcs.Mais pendant qu’aucuns re-fufent d’obeyt au comandcmentdu Roy,foubs pretexts de leurs priuileges, Scdela coullumc Priu-ile^e^ Batons , qui cft de n’aller point à la guerre ^oiibsl’enfcigncRoyalle,celleentreprinfe ‘ fut delailTee, encor que le Palatin, nonobllant fa maladie,fe meit en deuoir,Sc feit dcmonllra-tion de ne refufer aucun trauail. Iceluy s’ellant mis en chemin pour aller deuant à Mugach, ou Mohacz,amp; n’cllant fuiuy de pas vn de ceux,lef-quels auoient commandement de le fuy ure, al-jeguans leurs priuileges, comme nous auôs dit,

-ocr page 61-

i^iure premier. 20 îe Roy lors en plein confeil, auquel on parloir de ceft affaire,le métrât en colcre; le voy,dit-il, (voulant bien mettre par efcritfcs propres pa-rolles) qu’vn chacun veut afleurcr fa tcftc air danger de la micnne.Quant à moy ic me fuis a-cheminé iufques icy, amp;nbsp;me fuis mis en ce peril pour expofer ma perfonnc à tous hazards de fortune pour voftrc fahrt, amp;nbsp;ceiuy du Royau-me. De peur donc qu’aucun prenne exeufe de fa lafeheté fur ma vie, amp;nbsp;afin qu’on ne me puif-fe rié imputer à l’aduenir, ie marchcray demain auccl’aydedeDieuenpcrfonneauecvous, amp;nbsp;en tel lieu, auquel les autres ne veulét aller fans moy,Ces parolles ditcs,amp;ccftc refolution prin-fe auec l’applaudifTcmét de plufieurs, mais aucc l’admiration de tous ceux qui eftoient prefens, on feit publier tout auflitoft le depart pour le lendemain. Aucuns,lefqucls n’ignoroientl’in-conuenient qui pourtoit aduenir de ce voyage, tafeherent à fuader le contraire , mais ce fut en vain. Cefte armee donc deflogee de Tholne on vint faite vn logis la veille de l’AfTomption de noftrc Dame à Zeckzard , amp;nbsp;le fécond fe feit à Batha. Sur le bruit, amp;nbsp;l’aduertiflcmeht certain qu’on auoit de ratrace du Turc , laquelle f’ap-ptochoit de iour à autre, on auoit donné charge à quelques-vns pour aller amafler les Hongres,qui eftoient efpars par les villages,amp; pour commander de fe rédre tous à Batha. On auoit auffi enuoyé George de Palinc Euefque de Bozne, petfonnage de bonne,amp; louable vie,St fçaiwnt en lalurifprudêcc, vers PaulTomotcc C iüj

-ocr page 62-

Hißoire de Hongrie pour l’aduertirà ce qu’il eut à le trouucr en ce mcfmc licu.Eftans tous arriuezen celle ville amp;nbsp;le teinpsrequcrât 1 cHcólion de quelqu’vn qui commandait à l’armec ce qui fcmbloit auoic efté diffère iufqucs à ce iout non fans vn grand Cor- malheur ) le R oy ayanfprins particulière ment detier chef l’aduis d’vn chacun, amp;nbsp;voyant que la plus grâd dt [armee, part trouuoiCt le Moyne fuffifant de celte charges déclara iceluy mcfmc chef de l’armee, luy donnant pour collègue le Conte George de Scepufe frere du Vayuode. Tous toutesfois n’approuuoient celte efleélion, amp;nbsp;principalement celle qu’on auoit faite dn Moyne. Auciis mefme n’en clloicnt pas contens. Tous néant-moins obeirét volontiers à ces chefs.Tomorec cognoilTant la volùté du Roy eftre telle en fon endroit rcfufa long teps celle charge,alléguant ! tantoll fa profeflipn, amp;nbsp;fon ignorance, taixoll l’imbécillité corporelle qui tlloit en luy pout I, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pouuoir fournir à yn fi grand trauail difant da-

uantage que le Roy auoit des Seigneurs excelles, feculicrs, aufquels celle charge appartenoit ' beaucoup mieux. Il nommoit le Conte Palatin prefent, amp;nbsp;le Vayuode abfent, tous deux bien verfez en la conduite de telles armées, Sc des é. plus expers qui fulfent en toute la Hôgrie pour vfcrdctelscommandcmens. 11 nommoit aulÏÏ le Conte George,amp; Peren,lefquels encor qu’ils fulfent ieuncs d’aage n’auoient toutefois point faute d’cntcndemct,amp;dc pcrfonncs,qui clloiét plus que luy dignes de manier, amp;nbsp;côduire celte guerre. 11 reqionllroit çn outre l’incapaçité qui

-ocr page 63-

Liure premier. xi

cftoit cn luy pour fournir au den d’vne teile charge, n’ayant iamais veu vne guerre telle que crtoit celle qui fe prefentoit maintenant deuât Icsycux de laMa,efté ; amp;nbsp;qu’en fin il ne pou-uoit,amp; ne vouloir vfer de cefte puiflancc encor que le Roy cornmâdaft qu’à faute de ce on luy trenchaft la tefte. Ayant tant en public qu en particulier fait telles rcmonfttances, amp;nbsp;vl é de telles proteftations en vain ,1e Roy pour tout cela ne laifla de le declarer chef de cefte armee. 11 luy donna, comme nous auons dit, le Conte George frere du Vayuodc pour compagnon, iceluy ne vouloir aufli accepter cefte charge,ôc. prioitinftamment qu’on ne luy feit point tant d'honneur. En fin toutesfois il fc foufmcit à y faire fon deuoir auec cefte condition,qu’on ne luy bailleroir point autre compagnon que frere Paul, ainfi le nommoit-il, amp;nbsp;qu’il luy feroit i permisde fe démettre de fa charge aulfi toft que fon frere feroit arriué. Cccyluy fut ayfémcnt accordé, parce que défia on auoit rcfoult dés le çommcncemét de faire chef de l’armee le 'Vay-irodc auec Paul Tomorce,amp;: le Conte Chrifto-fie. Apres que ces chefs furent cfleus ils allèrent rieferiftii cnfemblemét aduifer d’vn lieu propre, 5c com- deMohac-(^ mode pour fc camper près la ville de Mohaez. ‘ Cefte ville dépendoit de l’Euefehé de Cinq- * Eglifes, cft fituee fur le bord du Danube entre Batha,8c l’emboucheure du Drauc. 'Vn peu audeflusdeBatha le Danube f’cnrr’ouure , ôc fait deux courans , defquclsleplus large coule IplpngdçlaHongrie Vltericure , laquelle tfl;

-ocr page 64-

Hifloire de Hongrie plate amp;nbsp;vnie f cftendant en des plaines grandes amp;nbsp;belles.L’autre abreuue les villes de Barba, amp;nbsp;de Mohacz.Ccs deux bras d’eau fe raflèmblans cnvnaudeflbus de Mohaez enferment en ce faifant vne Irte. La bourgade ou ville de Mohaez eftoit aflez congneuè ; elle cft enuironncc déroutes parts d’vne grande plaine , laquelle n’eft aucunement couuerteny de bois , ny'de COuftaux.Vers le Couchant elle regarde la ville de Cinq-Eglifes allez renommee auant celle perte. Du collé de Septentrion elle a la ville de Batha , amp;nbsp;versieLeuantelleell baignée de çe bras du Danube , que nous auons dit cllre le moindre des deux. VersleMidy elle void les eaux de Draue,qui en eft à quatre lieues. Entre iccluy ,amp; celle ville il y a quelques coullaux chargez de vignes,amp; quelques matells en autre endroit. En cell efpacc il y auoit non loing de la ville vne eau , laquelle fembloit plulloll vn mardis que non pas vn cllang ou quelque eau de riuicre courante. Les habitans l’appellent Kralïb. Au dclîbus d’iceluy Tomorce tenoit cinq ou fix mille chenaux campez, qui elloient en partie ceux Icfqucls il auoit au commencement alTcmblcz près de foy , amp;nbsp;en partie auili autres,lefqucls auec Pierre Peren,amp; autres Capitaines il auoit faiôl venir de delà le Danube par le commandement du Roy pour fc ioindre cnlcmblcmcnt auec le corps de rarmcc.Le lieu donc cllant choifi commode pour drclTcr le Camp pres Mobaez, amp;nbsp;luyuant l’ordonnance de Lcoaard Gnomsky cllant jà drclTé amp;: fermé»

-ocr page 65-

Lïure premier. ix

amp; les quartiers d’iceluy donnez pour loger vn chacun , Tomorce fen alla auec Pierre Peren vers fes gens qui eftoient encor campez outre ce marefts,comme nous auôs dit^our les amener fl faire pouuoit au camp du Roy. Eftât par-uenucncelieu , amp;nbsp;ayant donne à entendre à tous les Capitaines des bandes quelle eftoit la volonté du Roy,amp;la fiennc,leur commandant de recullcr, amp;nbsp;de faller rendre au corps de l’ar-mec, en laquelle eftoit le Roy en perfonne , a-lors les foldats commencèrent tous à murmurer,amp; à fe fafcher,difans qu’on les vouloir faire abandonner renncray,au deuant duquel il fail-loit pluftoft marcher , amp;nbsp;auec lequel il failloit promptement manier les mains lî on fc vouloic monftrer homme, amp;nbsp;qu’en faifant au contraire (C’eftolt péfer à fuyr, amp;nbsp;non à combatte; que les Princes, quiconfeilloicntau Roy telle chofe deuoient eftre trop adonnez à oy fiueté; Que le Roy,difoient-ils,vienneprefentcment, amp;nbsp;qu’il chocque les ennemis auec nous; la viûoire cft entre nos mains;nous fçauons affez qu’ils font vn nombre infiny , amp;nbsp;qu’ils ont auec eux tant de canons qu’il n’eftpolfible de plus, mais ils font fans armes, amp;nbsp;ne font aucunement cxerci-tez à la guerre. 11 ny a pas le dixiefmc, voire le vingtiefme d’eux qui aye vn bafton dequoy nous mal faire.lls alleguoient dauantage qu’ils eftoient alTeurcz que ces braucs,amp; vaillans foldats qu’auoit le Turc eftoient tous morts premièrement au liege de Belgrade, amp;nbsp;puis à ccluy de Rhodes. Que le vaillant, Si preux chef de

-ocr page 66-

H iß: oir e de Hongrie cefte armee face (lonc,difoienr-ils,aucc (bn c5-p3gnon,ce qui dépend d’vn aduifé,amp; vertueux Capitaine, nousl’afleuronstouteschofes de-uoirfucccder à fouhait:qu’il ameinele Roy, amp;nbsp;qu’il Ie tire, amp;nbsp;tous les autres hardis combattas hors de cefteprefle fainéanté de Prebftres , amp;nbsp;d’autres refufansle combat, lefqucls tafchcnc par leurs faços de faire lafches,amp; lubtes, amp;nbsp;par leurs confeüs eifeminez corrompre amp;nbsp;abaftar-dir noftrc Roy doué d’vnc beauté corporelle, amp;nbsp;d’vn courage merueillcux , amp;nbsp;par ce moyen d’vn beau amp;nbsp;tres-accomply ieune Prince le ré-dre fcmblable à eux. Pendant que ces foldats fc vantoiét tant toute l’armec f’eftoit logee défia au camp chacun en fon quartier. Le Roy ne bougeoit encor de la Ville-ncufue des Macédoniens, laquelle eft entre Batha, amp;nbsp;Mohaez, n’ayant auec foy que fort peu d’hommes,eftant là en aflez grand danger fi l’cnncmy qui n’en cftott gueres loing l’eut peu defcouurir.Mais la fortune referuoit la mort du Roy en autre téps, auquel il peut mourir plus glorieufemcnr pour fa Patrie. Cependant fur la nuiél lors que Roy dormoit, voicyfoudainemcntartiuer Michel Podnamiczky venant du camp, amp;enuoyé de la part des chefs,lcqucl venoit donner aduertific-ment comme le Turcauoit défia pafTé le fleuue du Draue auec la plus grade part de fon armee, amp;quelcrefte pafibità grand hafte; qu’on ne poinioit différer le combat : que tous les Capitaines prioient fr Majefté de venir au camp en diligence pour aduifei auec eux de la bataille»

-ocr page 67-

Liure premier. 15 le Roy ayant entendu tout le rapport faidk pat Podnamiczky, amp;nbsp;fait appeller ce peu d’hômes de côfeil qu’il pouuoit auoir auec luy,leur pro-poCe celte affaire, amp;nbsp;leur demande ce qui eftoit Dcfôing en vne ehofe fl douteufc , Sc fi grande. Sa Majefté rcmcttoit alors dcuant fes y eux l’ad-nisqucluyauoientenuoyc le Vayuode, amp;nbsp;1« Conte Chriftofle, par ceux qu’on auoit dcpef-chez vers eux, lefquels quelques iouts deuant eftoicnt de retour, par lefquels SiVvu amp;nbsp;l’autre luy auoicnt mandé, qu’ils blafmoient grandement le confeil de ceux qui auoient conduit l© Roy en vn lieu fi proche de l’cnnemy auant qu’il en fut tcps, 8c qu’il eut efté meilleur pour le Roy d’attendre à Bude, oudcfe camper en quelque autre lieu plus efloigné de l’ennemy iufques à ce que toutes les forces du Royaume fe fuffent vnics.lls auoient auffi par ces mcfmes meflagers exhorté le Roy de ne vouloir combatte auec l’ennemy, pour le moins auant leur venue. Le Vayuode particulièrement luy man-doitpar lean Statile qu’il amenoit auec foy de Tranfiluanie des bandes de gédarmes, lefquels amp;nbsp;de force, amp;nbsp;de nombre elloicnt fl affeurez, que fa Majefté pouuoit fut eux arreftet la principale cfperancc de fa viôtoire. Cccy venoit en la penfee du Roy, 8c rcmaf choit bien ce côfeil, amp;nbsp;d’autre part pefoit ce que les Chefs auec le confeil de l’armce luy mandoient, aufquels fil n’obtemperoireftantmefmemcnt l’ennemy ft pres, amp;nbsp;les foldats ayans fi bone enuie de com^ batte, il voyOit bien qu’on rejetteroit fur luy

-ocr page 68-

H iß oire de Hongrie fcul la coulpe de tout cc qui fe trouucroit faid, amp;nbsp;la faute d’auoir lailTé paflèr vne fi belle occafion. Ayant rcfpritaflez en peine pour telles difficultcz, auant que fe refouldre il s’aduifc de faire tentet les chefs, amp;nbsp;principaux de l’ar-mec,s’ils trouueroient point bon qu’on attendit le Vayuode , amp;nbsp;le Conte Chriftoflc, amp;nbsp;que ce pendant, fi Tennemy prcflbit,on remuaft le camp en quelque autre lieu plus feur. Pour ceft effed on enuoye au camp, quafi à l’heure mcf-îne que Podnamiczkytftoit venu le Chancel-licr, lequel pour lors eftoit auee le Roy , pour perfiiader aux principaux de l’armee, mefmc-incnt aux chefs d’iccllc,à l’Archeuefque de Stri-gonic, amp;nbsp;au Conte Palatin , del’opiniondef-qucls tous les autres dépendoient , à ce qu’on trouuaft moyen de rcculler, amp;nbsp;dilayer le combat. Le Chanccllierauoit commandement de leur donner à entendre tout ce qui auoit efté rapporté au Roy de la part du Vayuode, amp;nbsp;du Conte Chriftofle , amp;nbsp;de leur remettre deuant leurs yeux combien eftoit claire, amp;nbsp;notoire la ruine du Royaume fi le Roy auce tant de Princes , amp;aucc la fleur de toute la Nobleflè du Royaume s’expofoit en vn peril fi eminêr. Car filaduient ( ce qu’on peut grandement redouter confiderant la multitude de foldats Si grand appareil de guerre des ennemis, à comparaifon du petit nombre que peutauoir maintenant fa Majeftéjque le Roy foit vaincu, qui a-il puis a-pres qui puifle retarder l’cnnemy, ou l’cmpel-cherqu’aueepeude difficulté il ne iouyflc de

-ocr page 69-

ure premier. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;2,4

toute la Hongrie’ Il leur rcmôftroit qu’il eftoic bien plus expedient pendant que le Vayuodc auecles Tranfiluaniens , leBanaueclcs Scla-uons , le Conte ChnftofleaueclesCroatiens, les Bohemiens auec les Moraues, amp;nbsp;Slefites, SC autres fecours viendroient,qu’on eut à changer le camp en quelque autre lieu plus feur, voire de rcculler en arriéré quelque peu fi l’cnnemy lesycontraignoic ; que la Hongrie receuroic moindre perte quand bien les ennemis lacour-reroiét depuis Mohaez iufques à Pofon,mcttât tout ce qu’ils pourroient rencontrer à feu amp;nbsp;a fang, que fl vue telle armee eftoit deffaifte par vnebataille, en laquelle feroitlc Roy ,amp; vn (i grand nombre de Princes, amp;nbsp;principaux per-fonnages du Royaume. Car iceux morts quelle efperace peut refter au Royaume’ Maisle Roy, amp;nbsp;tant de Seigneurs auec fi braues foldats de-, meurans lains, Sc faufs toutes chofes fe pourroient trouuer plus ayfces,principalement fous vn tel Roy , lequel amp;nbsp;pour fa parenté, amp;nbsp;pour l’alliance eft refpcóté par toute la Chreftienté. Le Chancellier ayant fait cefte mefme nuit ces remonftrances, premièrement aux principaux les ayant fcparément vifitez , amp;nbsp;parlé à eux à partjêc puis à tout le confeil,fes parollcs néant-moins eurent aufii peu d’efficace comme s’il ne leur eut rien dit, tant eftoient les courages d’vtt chacun d’entre-eux auides du combat foubs v-ne vaine cfperance de la viftoirc, eftans auffi d’ailleurs retenus d’vne crainte, qui les empef-choit de difluader la bataillc,voyans icelle cftrc

-ocr page 70-

'Hifloire de Hongrie

Tnul To-morucon-fegt;üe It (i-tat.

dcfiree fi ardément par tous les foldats.LcRoy donc vint dés la pqinte du lour en fon camp,lt;S£ parce que les vaifleaux, dedans Icfqucls on de(-cendoit par eau les tentes,amp; pauillons du Roy, n’eftoient encor arriuez de Bude, iceluy le retira pour cefte heure envne maifon Epifcopalc, qui cdoitioignant la ville , pour de là eflayer encor ce qu’il n’auoit feeu obtenir par fon Chancellier. On made à venir vers le Roy tous les Confeillers de tous les eftats.Sc nations,^lcf-quels ne faillirent foudain à fy trouuer auec plußeurs Capitaines, amp;nbsp;autres gens de guerre, amp;nbsp;quelques Bohemiens, amp;nbsp;Moraues, du nom-, bre de ccux,lefquels pouuoicnt défia cftrc arri-nez. En cefte aiîcmblce on propofe à ces Con-feillers, amp;nbsp;à ces gens de guerre ce qui cftoit be-foing de faire n’eftant encor aucun venu de la Tranfiluanicjdc laSclauonic, de la Croatie, de Boheme, ny de l’Allemagne, defquels la pluf-partdeuoicntbien toftarriuer, comme on en auoit certaine afleurancc ; que ce pendant l’en-neiny cftoit fort pres, n’eftant qu’à deux lieues du camp du Roy , lequel à cefte occafion fem-bleroit ne vouloir peut eftre remettre le combat à vn autre temps. Sur ce on demande leur aduis, amp;nbsp;ce qu’il leur femblc le plus expedienr,-GU de remuer le camp ailleurs, pour ce pendant dilayer le combat en attendant ceux qui dc-uoient venir: ou bien de tenter la fortune en donnant la bataille à l'ennemy. A ce confeil cftoit prefent Paul Tomorec,lcqucl la nuit pafi fcc on auoit mandé venir de l’autre camp pour cefte

-ocr page 71-

ccftcmefme affaire. Iceluv netrouuatmauùais qu’on combatift, le Roy ermcrucillé fous quel cfpoirilauoit vntclcôurage, le voulant bien deftourner d’vncttlle dtlib-ration, luy feit demander en prefence de tout le confeil quelles eftoient (es forces, S«quot; quelles cftoicnt celles de l'enncmy. Car on nedoutoit point qu il nè le feeut bien, amp;nbsp;mieux que pas vn autre par le moyen des defcouureurs, amp;nbsp;efpies qu’il en-uoyoit toufiours vers le camp de l’enncmy, amp;nbsp;aujft à l’occafion qu’il auoit toufiours qu Iques vns des ennemis,qui fe rctiroient vers luy. To-moree feit rcfponcC , que quant au premier poinft il nepenfoit àfon iugement qu’il y eut plus de vingt mille combatans, tant au camp du Roy qu’au fien,eftans ces deux diuifez comme nous auohs dit.Mais qu’il f,auoic pour certain que les ennemis eftoient trois cens mille. Les alfiftans eftonnez grandement d’ouyr vn nombre (î petit des leurs,en confideration delà

. multitude (î grande des ennemis, alors Tomo-rcc foudainement adioufta à fes propos que pour cela il ne fai loit craindre les ennemis,par ce que ce grand nombre eftoit pour la plufpart non armé, amp;nbsp;non exercitc a la guerre. Le R oy dauant.age luy demandant combien il penfoit y auoir d’ennemis, qui fuffenf armez , amp;nbsp;en poinét pour bien combatreiTomoree refpon-dit qu'il y en auoit bien f peante mille. Ce nô-brcfcmbloit à tous furmonter encor par trop l’armcc du Rov, mefmc chacun côfldcrant que Toraorec auoit au Ai dit que le T urc auôii troi»

D

-ocr page 72-

Hifloire de Hongrie cens forts canons. Pendant qu’on confultoit for cefte affaire, amp;nbsp;que tant p^r le confeil du Moynequeparl’enuicd’vn chacun tous ten-doient à combatre(cxceptez quelques-vns.lef-qucls, ienefçaypar quelle fotte crainte n’o-foient proférer, ny declarerappertenient quel eftoie leur aduis)furuindrent quelques-vns cn-uoyez de l’autre camp , Icfqucls eftas entrez au confeil, amp;nbsp;ayans dit qu’ils cftoient chargez de dire quelques propos de la part de ceux qui cftoient en l’autre camp, tant au Roy qu’à tout le confeil, apres auoir en lieu feparé parle au Roy,eftans apres rentrez au côfcilauccle Roy, aduertirent tout le confeil au nom de ceux qui les auoient enuoyez , de ne difuader au Roy le combat;qu’ils cftoient bien certains de la force des ennemis,encor qu’iceux fuftent en grand, nôbrc : que la vidoirc eftoit entre leurs mains,, pourucu qu'ils vouluflent (’ayder prefentemét de la fortune que Dieu leur prefentoit : En ou* I rrc ils encouragent tous CCS Seigneurs , qui c-ftoient au confeil, de fc mettre en chemin auec le Roy,amp; ioindre leur camp auec le leur,lequel eftoit plus pres de rcnncmy,amp; aftis en lieu plus cômode pour l’afTaillir. En fin ils vfent de menaces contre ceux qui voudroient confeillcr au Roy du contraire, leur denonçans la mort, Sc leur afTcuransfils ne vouloict ioindre le camp du Roy au leur bien toft , qu’ils marcheroient foudainement contre eux en quittant là les ennemis.Sur telles propofitions ainfi cxpofccs en ce confeil deuantle Roy, amp;nbsp;tous Ics-autrcs Sei-

-ocr page 73-

Liure premier, ' gncurs, amp;nbsp;mefmc eftans ceux qui tenoicnt l’opinion plus falutaire pour le public, cffroycz par fi horribles menaces, on côclud de donner la bataille fans auoir encor aucune èfperancc que le Vayuode,quc le Côte Chriftofle, amp;nbsp;que les Bohemiens pculTcnt arriucr à l’heure du cô-bat. Le Ban de Croatie François Batian, lequel n’eftoit gueres loifig pour lors de Cinq Eglifes aucc des troupes de Sclauonicns donnoit quelque efpoir de pouuoir eftre au camp dedans deux iours , comme auffi il adulnt. Il v en eue quelques-vns , Icfquels apres le confeil Icuc blafmoicnt grandement la refolution qu’on auoir prinfe de combatte fi precipitemment. François Peren Eucfque de Vatadin eftoit de ce nombre ieunehomme, brufç, amp;nbsp;d’vnefprit gaillard,lequel cfcriuoit,amp; marquoit fes lettres fl metueilleufement bien qu’aucun Hongre ne le furpafToit en ceft art fi ce n’eftoit dauenrute quot;f humas Zalahazy Euefque de Vcfprimie.Mais il eut cfté encor plus recommandé fil eut employé autant fon cfpric à quelque chofe de vertu,comme il palîoit le temps à oyfiuctc,amp; à autres chofes ftiuôles, cfquellcsles icuncs hommes de bonne maifon s’cibatent trop fouuenc .à leur ruine,amp; au dommage de leur Patric.Ice- , .. luy donc comme deuinant ce qùi aduint bien’ toft apresjdit lots au Roy,nô fans l’admiration de tous les afllftans, qu on dedietoit le iour auquel on deuoit combatte puis que la refolutiô eftoit tcllc,à vingt mille Hongres martyrs (n’c-ftant encor le nombre de l’atmee plus grandi

D ij

-ocr page 74-

Histoire de Hongrie tuez pôur la Religion de Icfus Chrift, (bubsla conduite de frère Paul Tomoree, amp;nbsp;qu’on çn-uoi croit à Rome pour les canonircr,ainfi qu’on parle,le Chanceliier,fi dauentureilreftoit de la bataille, parce qu’iccluy cftoit bien cogneu du Pape , amp;nbsp;des Cardinaux pour la charge d’Am-balladc , laquelle il auoit exerccc vers fa Sain-

Rjtifons tjutfua-dotent le tombal.

Pleuftà Dieu que ceft Euefquc eut tfte faux Prophete. 11 y pourra auoir quelques-vns, qui aceuferont les Hongres d’vnc trop grande audace,pour auoir ainfi fi ardemment requis la / bataille, amp;nbsp;dirôt celle hardiefle deuoir pluftoft dire nommée témérité, amp;nbsp;imprudencc,que nô pas par le nom de quelque autre vertu : Et certainement ie ne voy point qu’il n’y ait de la rai-fon maintenant à leur dirc.Mais ils pcuuct aulfi ignorer beaucoup de chofes, qui y incitoiét les Hongres, Icfqiicls cufTcnt peu attirer à telle ie-folution mefme les plus fagcs,amp; les plus grands Capitaines; amp;nbsp;entre autres celle ardeur mer-ueillcufe, amp;nbsp;incroyable, amp;nbsp;quafi fatale de tous lesfoldats , amp;nbsp;l’efperance de la viôloire qu’vn ehaeû tenoit en fon efprir certaine, amp;nbsp;alTcurec. Dauantageon cllimôit que Paul Tomoree a-Hoit quelques fccrcts aduiSjamp; quelques deliberations auecvnc grande partie de l’armec des Turcs, àfçauoirauccceuxqui clloicnt Chre-ftienSjOU qui clloicnt nais de parens Chrclliés, amp;nbsp;aulli aïKC ceux qui auoient la cor duitc, amp;nbsp;le gouuernementde l’artillerie, Icfqucls clloicnt en partie Allemans,amp; en partie Italiens En outre on confidcioic quela retraite, cftantl’cnnc-

-ocr page 75-

Liure premier. xy rny pres, ncfcpouuoit faire fans fc mettre en . grand danger, principalement ayant le Turc des chenaux difpos, amp;nbsp;legiers pour dôner ados fur ceux qui fc retirent de dlt; uant eux,à laquelle charge ils font plus vigoun ux qu’à vn combat. Le combat donc cftant ainfi tefolu , amp;nbsp;artefté, on donne ordre à ce qui choit nccelTairc pour iceluy. PrcmicrementToiuoreefcnvaen fon camp, lequel, comme nous auons dit, n’eftoit pas loing de là, amp;nbsp;auec quelque difficulté faiét confentir à fes gens de fc retirer quelque peu en arriéré, amp;nbsp;de fe vouloir ioindre aiicc l’armeedu Roy. Ainfi le lendemain leur camp fut ioint a-uec le corps del’armee à vne demie lieue au de-feus de Mohaez Toutesfois encor y auoit-il quelque feparation, amp;nbsp;intcruallc entre les Vns, amp;nbsp;les autres. En mclme inftant arriuerent de bude des vaifleaux chargez de canons, amp;nbsp;de pouldfc , amp;nbsp;d’autres chofes necefiaires pour la guerre Auec eux auffi eftoient defeendues neuf pièces d’artil cric, lefquellcs venoient de Vienne. Vn peu apres vindrent aufli deux cens fol-dats d’Alexis Turzon auec quelques pieces de canon. Iceluy efioit demeuré à Bude auec l’E-uefque de Vcfprimie pres la perfonne de la Roync. Ces deux auoient cfté ordonnez pour la garde amp;nbsp;pour le fcruice defaMajefté, amp;nbsp;luy feruirent à la retraite, amp;nbsp;fuitte qu’elle fut contrainte puis apres prendre, amp;nbsp;demeurèrent log temps depuis à fon fcruice. Le Ban de Croatie arriuilc Dimanche de deuant la bataille auec dettes-belles troupes. 11 y auoit en icelles trois D iij

-ocr page 76-

'forets Je Lottu JeSoti,. nan.

H iß aire de Hongrie mille chcuaux, amp;nbsp;non pas tant de gens de pied-Il eftoit accompagné de lehan Tahy, de Jehan Banfy,amp;de quelques autres des principaux fei-gneurs du Royaume de Sclauon.ie. Le lendemain matin entra aufli au camp Je Roy défia y cftant, amp;nbsp;ordonnant de fes gens, parce que ce jneJme iour on penioit que l’ennemy dôneroit la bataille) Simon Erdeund Euefque de Zagra-bie, aucc fon frère Pierre d’Erdeund amenans auec eux plus de fept cens chcuaux en bon ordre,amp; bien armez.A l’heure mefmc vint Eftien-nc Azel auec trois cens chcuaux, Icfquels lehan BornemiJTeenuoyoitpourfecourir le Roy a-jicc quelques milliers d’efeus, qui fut le dernier prefent fait par le pere à fon nourriflbn. Sur 1» loir de ce me fine iour lehan Zerechen amena deux mille hommes de pied, Icfquels il auoit a-malTc le long du Drauc, tant en les terres qu’en celles du Chapitre de l’Eglife de Cinq-Eglife. Iccux ont la reputation d’eftre tres bôs archers. Durant ces trois iours pluficurs autres fc vin-dtent rendre au camp, mcfmeraent ceux qui en eftoient procbes,entrc Icfquels eftoit Philippes Wore Euefque de Cinq Eglifes , amp;nbsp;fon trere Vladiflas More. Celle armee ainfi amafièe iuf-ques au nombre de vingt-quatre ou vingt cinq mille hommes, fans eompter les bandes qui e-ftoient fut l’eau,defquelles on ne fc feruit au cô-bat, cftant l’ennemy auec celle pui (Tante armée de trois cens mille hommes clloignc d’icelles de deux lieues ,,pn pafTa trois iours auant que donner la bataille, durant Icfquels on faifoit

-ocr page 77-

Liure premier. iS continuellement des cfcarmouchcs , efqucllcs ' les Turcs receuoit nt plus de perte que les Hoir-gres.On aduifoit aufli cependant comment, amp;nbsp;en quel endroit on combatroit auec l’ennemy, en quelle forte il failloit ordonner la bataille, en quelle place d’iccllc ont mettroit le Roy, ou on rangeroit la cauallerie, ou feroient les gens de pied, amp;nbsp;ou on planteroit l’artillerie, de laquelle les Hongres n’auoiét que quatre-vingts pieces, qui n’eftoiét à comparer à celles des en-nemis. Auparauant on auoit longuement con-fuite fur la perfonne du Roy. Aucuns auoient ferner U efte d’aduib qu’il eut à fe tenir vn peu efloignc de la bataille auec quelques milliers d’hommes ““ des plus certains. Mais voyans quel armee ne Tendureroit aucunement, parce que les foldats voudroient qu’il fut veu en icelle fuyuant la couftume anciennc,on aduifa que quelqu’yn le reprefenteroit en fa place vcftu de la cotte royale. Maisfoudain on penfa que cela ne fe pourroit faire fans eftre defcouucrt, amp;nbsp;fans vn grand bruit de toute l’atmee, laquelle en ce fai-lant perdroit cœur. En fin on conclud que puis que la bataille fembloit alfez douteufe aucuns euffcntla charge de conferuer le Roy,fi mal ad-«enoit, amp;nbsp;qu’ils euflent à l’emmener hors de la prelTc aulTi toll qu'ils vcrtoientlcs bataillons fi csbranlczqu’il n’y auroit plus d’efpcrancc de les ralTeurer, Cefte charge fut donnée à Gafpar Raskay, à Valentin Toronk, amp;nbsp;.à lehan Kalay perfonnages ttes-cxccllens, 8c fans doute tres-fidclcs au Roy. On auoit aulli ordôné de quel-

D iiij

-ocr page 78-

OrJôlinâ-ff de labil-taille.

Hifloire Je Hongrie qucs chenaux fort viftcs amp;clirpos,par le moyen dcfqu Is le Roy fcpeutcuadet fila neceffité le demnndoit.Orpour venir à l’ordonnance delà bataille , i! y en auoit pliificurs, amp;nbsp;entre autres Leonard Gnomsky, qui aiioieni opinion qu’il feroit très-bon qu’on en fer maft la bataille tout autour auec les chariots dót tout le camp tftoir. allez remply, comme Ci le combat fe deu faire entre des barrières, nbsp;nbsp;renrparts, allcguans que

parce moyen on empefeheroitl’ennemy deles cnuironner,qui cftoit ce qu’on craignoit gran-dem.nt Radich Bofich approuuoit fort cefte formCjCommcaufii faifoit Paul Bacchic,lequel djfoit f’eftrc trouué en trois batailles données par Soliman contre fes ennemis. Cell aduis fut en fin arreft ,amp; tre uué bon de tous.amp; l’execution d’iccluy fut donneeà Gpomsky,amp; à quelques autres,plus tard toutefois qu’il ne failloit, ôc mcfmcfui lefoir dont le combat fut au lendemain. Partant celle affaire fut encor negligcç comme plufieurs autres. Le vingt neufielmc ioui du movs d’Aouft, (qui eft dtdic à la decollation dcS.Ichan,)auquel fut donnée la batail-le.l’armee des Hongres fut rangée par ceux que nousauonscy deffus nommez, en telle forte qu’on eüendit autant qu’il cftoit poffible le front d’icelle , afin d’iftrc moins enfermez par l’ennemy. En apres on la diuifa en deux bataillons Au premier les chefs d’iccluy n’auoiét aucune certaine place, mais fe pouuoicnr trouucr aux lieux, qui auroict bc'oing de leur prcfencc. A l’aille droite d'iccluy cftoit le Ban de Croatie

-ocr page 79-

Lture premier. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;29

aueclean Tahy : amp;nbsp;la gauche cfloit gouucrnce par l ierre Peren en l’abicncc du Vayuode de Trarfiluantc. En ce piemiei bataillon y auoit pliificurs des principaux de l’arniec, entre autres Antoine Paloczy, FrantoE Hoin ronay, Gabriel Peren,Thomas Zechy, André B.ithor, EincricCibak,amp; pluficursautres. L’Aitillcrie eftoij: allifc apres les premiers rangs. Le fécond bataillon, lequel nous nommons communcr ment b aaillc, ic en laquelle le R oy fc mcit, c-ftoic fournie plus de cauallerie que de gens de pied, Icfqiuls pour ce peu qu’il y en auoit c-ftoient aux fl..ncs de gens de cheual Entre cefte b.rtaille,amp;; Pau r- bataillé) lequel nous pouuôs nommer Auant garde, il n’y auoit efpacc que la longueur d’vu letl de pierre.Eia la bataille au dtu.mt des rangs, efquels cftoit la perfonne du P.oy, y auoir trois autres rangs, Icfqucls pour la plus part eftoient remplis des Gentilshommes delà Chambre du Rov , amp;nbsp;de pluficurs Barons du psys, qui eftoient foubsla charge de Nicolas Thatezay peifonnagc hardy , amp;i tres fiddle a fon Prince. Là aulfi eftoient les deux maiftres dcl holtcl du Rov Pierre Kotlatkey , 8c André Ttepka Poulonnois. Eftiennc Sliik Bohemien cftoit aucc les Bohemiens, Öf Moraucs pres la perfonne du Roy, ôc au deuant d’iccllc. Apres ces trois rangs fuy uoit cc'uy du Roy,au millieu duquel cftoit fa Majefté

P’eßrtt,e:r de beauté, CT de vertu, fimblable .yf cedit dium,i^ l'ej}rtt [ècottrable eut^ileit,Dejéin.

-ocr page 80-

Hißotre de Hongrie

A la dcxtrc du Roy cftoicntl’Archcuefqné de Stngonic,amp; 1 Eucfque de Zagrabic.Ccluy d’A-gricauoit cftc cnuoyc de BathaàBude. Apres ccluy de Zagrabie cftoient ceux de Varadin, de Cinq-Eglifcs,amp; de Sirmic.Cc uv de Iauarin,amp; de Vacchie cftoient à la main gauche. Derrière le Chanccllier cftoient rangez les Eucfques de Nitric, amp;nbsp;de Boznc, amp;nbsp;le Preuoft d’Albc,apres lequel cftoientles Secretaires, amp;Ies Valets de Chambre. A cofté gauche du Roy, amp;nbsp;près de la perfonne y auoit vnc place vuidc pour le Conte Palatin,lequel en cor qu’il eut les gouttes aux , pieds, amp;nbsp;qu’à grand peine fc peut tenir à cheual failbit vaillamment fon deuoir, tantoft cftant à l’Auant-gardc,tantoft à la bataille. Pédant que le Palatin n’eftoit en fa place quelques Barons fctcnoientprczlcRoy, amp;nbsp;ces deux Eucfques que nous auons nommez. Derrière le Roy c-ftbient Czetricz, Maillart, amp;nbsp;Horuuath grand Efcuycr. TousccsScigncurs auoient derriere cilxles meilleurs hommes qu’vn chacun d’en* tre-eux auoit peu choifir pour leur garde,amp; defence. Au milieu de celle bataille on voyoit l’Enfcignc Royaile, laquelle cftoit portée par | Ichin Dragfy Preuoft de l’Hoftel, qui cft entre | les Seculiers la troilîefmc dignité apres le Roy. Celle bataille cftoit enuironnee de cheusux légers , S: de quelques piétons fur les Hancs. Suc l’aille droite apres les Eucfques, amp;nbsp;les Secrétai- nbsp;nbsp;nbsp;1

res feftoiét rangez ces trois,aufquels, ainfi que nous auons efent, on auoit recommadé la per-fqnpc duRoy. Le lieu,auquel cc.ftc armée eftou b

-ocr page 81-

Liure premier. 30

ainfirangée en bataille eftoit diftant de Mo- ri«»«!«/* batz l’cfpace d’vne licué',amp; du Danube vne de- bttaïUt. mie, ayant tout autour de foy vne longue, amp;nbsp;large pleine, laquelle n’eftoit aucunement cm-pefthee de bois, de buiffonnage, de couftaux, ny d’eaux, fmon qu’à cofte gauche versie Danube il y auoitvn marefts bourbeux. amp;couuert de roufeaux dedans lequel depuis plufieurs homes perdirent la vie. Au douant de l’armee on vo.yoitdeloingvncouftau , qui eftoit de fort longue cftendué en forme de theatre, derriere lequel Sohmâ eftoit campé. Au bas de ce cou-ftau il y auoitvn petit village auec fon Eglifc. On le nommoit Feutduuar. En iceluy eftoit plantée rartillerie de l’ennemy auec vn grand nombre de foldats,amp; principalement de lanif-faircs,Icfqucls au deçà des maifons de ce village occupoient vne grande eftcnduë de terre par leurs longues amp;nbsp;efpaifles filières. Entre iceux e-ftoit Soliman, comme on fçeut depuis. Celle artillerie eftant ainfi affife eftoit comme en vne valleejSc pour celle caufe elle feit moins de dô-mage aux Hongres que fi clic eut cfté fur la pleine, amp;nbsp;la frayeur en fut plus grande que le mal. L’artnee eftant ainfi rangée en bataille dés le matin,vn peu apres le Soleil leué,eftant celle iournec claire amp;nbsp;fcraine,le Conte Palatin ame- ze PaU-na le Roy hors de la place, amp;nbsp;le ilronftra à tous tm moit-Ic promenant le long de tous les rangs de l’ar- m mee, comme il auoitdcfia fait vne autre fois, trois iours auparauant, afin d’ofter la desfiance e„ct,ura'rt qu’aucunsauojcnt que fa Majcfté ne fut pre-

-ocr page 82-

Hißoire de Hongrie

lt;lt;ntc en cefte bataille,le monftrant à tous aueC la main, amp;nbsp;publiât tout hault que le Roy eftoit refolu , amp;nbsp;prcit a endurer toutes les extremitez, amp;nbsp;mcimc la mort pour la Partie,pour la fainçtc Religion de noftre Sauucur Icfus Chrift, pour Il urs femmes,amp; pour leurs enf nsdeur remontrant de fa part qu’ils eulTent à fe monftrcr homes: qu’ils euflent fouuenâce d’etre Hongies: amp;nbsp;mcfme cftre ceux, qui fouuentesfois comme hardis, amp;nbsp;vaillansprotedcurs delà Rcpublic-queChrétienneauoiét anciennement rapporté, tant, de fi beaux trophées de tels amp;nbsp;lem-bJables ennemis qu’etoiét ceux qu’ils voyoïét deuant eux : Q^ils ne deuoient point feton-ner pour la multitude de leurs ennemis , parce que la vidoirc ne confite point en la pluralité, mais en la feule force , amp;nbsp;au (eul courage des foldats : QueDieulcur afliteroit d’en haut, combatans iceux pour fa fainitc Religion; q^e Icfalutnon feulement de leur Patrie , laquelle le Turc vouloir enuahir , mais auflï de toute la Chrétienté e toit entre leurs mains. A pres que le Roy , amp;nbsp;Conte Palatin curent ainfi reuifitc tous les rangs des genfd’arnies , amp;nbsp;foldats pie-tons,5c fait a tous telles amp;nbsp;pareilles remontrâ-ces , le Roy fc rcmcit en fii place. On patà la plus grand part du iour à attcndrcl’cnncmy.le-qucl, ayant feulement enuoyé quelque petite troupe de fes gens pour cfcarmoucher,fc conte-noir derrière ces cou taux , cndoutef’ilattirc-roit les Hongres aux détroits de ces coutaux: ou fi faifant contenance de remettre la bataille.

-ocr page 83-

Linre premier. 51 aü lendemain,il les feroit cependant afTaillir, amp;nbsp;accabler la nuiâ: prochaine dedans le carrrp à Vimpourueu, ce qu’il pouuoit faire ayCraenr, tant pour le nombre infiny de fes gés que pout la grande quantité d’artillerie qu’il auoit : ou bien s’il les moleftcroit pluftoft pat vne longue attente du combat. On ne fçait lequel aduis de ces trois fut fuiuy,amp; côclud par l’cnncmy.Mais tout le lour les Hongres furent en grand doute de la refolution duTurc, iufqucs à ce que le Soleil défia penchant fur le loir on apperceut les troupes de l’cnnemy fapprochet par vnc vallce, laquelle eftoit à main droiéte foubs ccà couftatrx , eftans encor feulement defcouucrts par les pointes de leurs picques. Le Moyne pé-fant bien ce qui eftoit qu’iceux venoient de l’a-uant-garde pour forcer fon camp , amp;nbsp;le brifet: ou pour encernet fes gens,commande à G afp at Raskay, auec les deux autres qui eftoient commis pour la garde de la perfonne du Roy, ainli que nous auons efetit,d’aller dcfcouutir ce que ces ennemis vouloient entreprendre, Slt; de taf-chcr à leur faire prendre autre chemin. Gafpar fçaehantbien quelle charge on luy auoit aû-parauant baillce pour auoit l’œil fur le Roy,re-fufa le plus ho'nn?ftem'ent qu il peut cefte congt; miifion. En fin vovant que le Moync l’en pret— foie, amp;nbsp;que le Roy ne contredifoit à fon mandement , de peur que le refus qu il faifoit pour bonne 6c iufte caufe , neluy fut imputé à vnc pcur,oulafcheté, donne foudain de l’efperon .à fon chenal,amp; auec fes deux compagnons, eftâs-

-ocr page 84-

Hffioîre de Hongrie fuyuisdctoutcla compagnec d’hommes d’armes à laquelle il commandoit,faduancct, aucG toutesfois celle efperance ( dont ils fc tenoicnt alTcurcz ) de pouuoir reuenir à téps,amp; lors que le Roy pourroit auoir affaire d’eux. Ccux-cy e* Hans deflogez, encor cftoit-il incertain fil’cn-nemy liurcroic ce iourmcfme la bataille , amp;nbsp;c-ftoit défia trois heures apres midy. Et y auoit des principaux de l’arm ce, Icfquels s’ennuyans' d’vnc fi longue attente, eftoient d’aduis qu’on fonnaft la retraicle pour fe retirer au camp. Le Moyne en ayant ouy le vent foudain aucc fon compagnon vient versie Roy,amp;lc confcillcde ptnutu 'la ’’cdilayeraucunement le combat, luy alléguât iittatlle y 3uoit moins de danger de côbatre maia-tenant aucc vne partie derarmee des ennemis que d’attendre au lendemain , auquel iour fau-droit auoir affaire contre toute leur armee, amp;nbsp;qu’au rede il ne failloit douter de la vidoirc. Ä ccflcparollclc Roy incontinent commande de ' fbnner l’alarme , amp;nbsp;tout quand amp;nbsp;quand les trompettes,clairons,amp; tabourins font vn bruit merueillcux , amp;nbsp;tous les foldats inaoquans le Bom de Icfus fuyuant leur couftume fcfclatcnr de crier, amp;nbsp;à mcfme temps on apperçoit les ennemis defeendre de ce couflau , qui cftoit vis à vis des Hongres,àlafile,reprcfentans vn nombre infiny , entre Icfquels cftoit la perfonne de Soliman. Alors oh donna au Roy fon arrUct, inftant il bicfmit grandement, comme r«*« tu ptefageant le mal-heur prochain. Et alors le fi-r.vy, nbsp;nbsp;nbsp;gnal pour combatte donne à ceux qui eftoient'

-ocr page 85-

■gt; Liurc premier. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;3£

çn Fauantgardc chocquerenr courageufcmcnt Cammmi contre 1’ennenïy.Toute l’artillerie fut auTi def-lachec. Mais cefte premiere rceontre ne fut pas ‘° fort dommageable aux cnncmis.Toutefois il y eut plus d’icetjx que des Hongres iettez par ter-rc,amp; furent contraints de reculer eftans prelTez des Chreftiens, foit que ce fut par la force, vaillance des Hongres,ou par rufe de l’cnnemy tafehant par ce moyen de les attirer iufques à la bouche de fon canon. Alors foudain André Bator ^iccourt vers le Roy luy annonçant que les Turcs auoient tourné le dos, que la viéloite e-ftoità luy,qu’il failloit adiianccr le pas, amp;nbsp;qu’il eftoit befoing de doncr ay de aux liens, lefqucls edoiét à la chafTe des ennemis qui f’cnfuyoiét. On f aduance donc à bicn,amp; à mahmais quand on fut venu à l’endroit auquel la premiere char- ■“ -geauoit efté faite, vous eulficz veu plulicurs corps des Hongres cftendus fur le champ,amp; aucuns à demy-vifs,amp; relpirans encor. Cependât ceux de l’auant-garde pouriuyuans l’cnnemy, amp;nbsp;combatans vaillamment,la bataille des Hô-gres rapprochant d’eux autant qu’vn homme d’armes pouuoit faduancer amp;nbsp;fc halter, l’aille gauche comméça à flefchir, amp;nbsp;plufieurs la qui-terenten fe mettans en fuyte, clfroycz,.à ce que ie croy.du canon de l’cnnemy,lequel commença lots à tirer. Cccy n’eftonna pas pour vn peu’ la bataille, mcfmeoyans ceux qui elloient en i-cellcjlc continuel amp;nbsp;horrible lifflcmét des bon-lets qui palToicnt par dclTus leurs celtes, amp;def-ioi's on ne veid plus le Roy au rang auquel il'

-ocr page 86-

Hißoire de Hongrie

TtTte in ffloîfj foie qu’il eut outre-pafl’e cei premîed JUj rangs, Icfqucls cftoient au deuanr liiy, comme nous allons remarqué (ainfi qu’il auoit rfté au-parauant délibéré , afin que le Roy ne fut trop rccogncu dem uranten vnemefmeplace) foie aufii.qu'il fur enlcué de ce danger par ceux qui cftoient derrière luy.Car l’vn l’autrcf’eft peu faire. Aucuns difent qu’avant outre pafte les rangs plus proches de (oy, il ('eftoitatfuâcc iuf-qiies au front de la bataille, auqucriicu il auoit courageufementcombatuauec l’ennemy. Ce queicne voudroisafteurrr , amp;nbsp;n’oferois aiifli denier entièrement,Quant à moy ie fçay (eulc-Cefintle$ ment à la vérité qu’il nefe trouua plus en fà pla-f^rolhide c» ny au rang, auquel il cftoit au cômencement Cbacellier dcflors quc le canon des ennemis commença a iôuër,amp; quand on veit ceux qui cftoièt à l’aiflc frtftni i gauche de l’auanr-gardc tourner le dos,amp; fuyr. tefleba- Eli mefmcinftît nc compatutaulfi plus en fori ' rangl’Archcuefquc de Sttigonie, lequel cftoit cofte à cofte du Roy, amp;nbsp;aufti quelques autres' qui cftoient près fa Majcfté. le ne veux point rejetter la coulpe de la perte denoftre Roy fur ceux qui luyauoient cfté donnez pour garde, ny fut ceux qui peut eftre l’cnlcuerent trop mal à propos hors de la bataille: mais bien au malheureux deftin des Hogrcs.afin qu’auec la perte de leur Roy ils ne patifTent point feulement ce qu’ils ont enduré de l’cftrager: mais fouffrif-fcntauffi les maux infinis qu’ils ont fenty de-, puis par leurs fadions, amp;nbsp;difeordes domefti-qucspourrefledion d’vnnouueau Roy en lï ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;place

-ocr page 87-

Liure premier. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;33

place de ccluy qu’ils perdirent, eftans leurs pochez dignes de plus grande p'eine , amp;nbsp;fupplicc. Car nous fçauons que les vns, amp;nbsp;les autres, qui auoicntla charge de prendre garde au Roy e-ftoicttres-fidcllesàfaMajcfté, amp;nbsp;fotrdefircux de fa vie. Quant eft de ces trois qui deuoient a-uoir l’œil fur luy, il eft certain qu’ils ne peurent retourner de l’cnnemy, contre lequel on les a-uoit enuoyez auant que toute noftre armee fut mife en route. Mefme l’vn d’iceux fut prins,ôc foudain deliuré. Ce qui me fait plus particulièrement difeourir de ce faiéi eft à l’occafioti de l’cnnuy que ie porte, pour raifon d’vn quidam, quienvneOraifonqu’ilamife en lumière, n’a point craint d’appeller fauffement les Hongres defcrtcurs de leur Roy. Doit-on eftimer ceux-là auoir delaifle, Sc abandonné leur Roy, lefquels luy ont faift paroiftre tous les offices que de bons , amp;nbsp;tres-ftdclles fujcóls doiuént à leur Prince, Icfquels prcfque tous font demeurez morts cftendus au mefme champ, auquel fa Majefté fut trouuec ; amp;nbsp;lefquclspar leur mort ont tcfmoigné combien ils eftoient fiddles à leur Roy, amp;qnclleamiticilsportoientà leur Patrie ’ Mais ce bel Orateur qui a couché cecy par cfcritjamp;lequel iniurie tant cefte nation,fait ' en outre vn tel difeours de cefte perte, que i’ay honte de luy, comme fi impudemment il a o(c cxpofetàla veue d’vn chacun l’hiftoire d’vnd chofe qui luy eftoit du tout incongneuë. Mais retournons à noftre propos.La bataille des H ô-grcs eftant grandement troublée par ceft in-

-ocr page 88-

Stfccnfi-ture des

HilSÿrfS,

Mtfloirc de Hongrie conucnicnt que nous auons dit, amp;nbsp;tenement efbranleequ'clle tendoit fort à lafuyte, on có-batit toutefois encor aflez long teps,non point cncefte grande plaine , maisdeuantrartillenc derennemy, laquelle n’eneftoit qu’à dix pas, tellement que les Hongres tant pour la frayeur qu’ils auoiét d’icelie, que pour la fumee qui les offufquoit, furent pour la plus grand part contraints defeendre en vnevallée, laquelletftoit ioignantc à ce marefts dont nous auons parle, demeuras toutefois les autres à combatte touf-iours douant la bouche du canon. En fin ceux qui feftoient retirez en cefte vallce cftans retournez au combat, amp;voyans qu’il n’y aiioit filusmoyendefiipporterlaviolen-ce de l’artil-crie, amp;nbsp;la fumet qui en fortoit efpafile, eftant vne grade partie de l’armee défia en fuytc,iccux furent auffi forcez de tourner le dos. Tous doc prennentlafuytefélon qu’vn chacun en pou-uoit auoir la commodité,titans la plulpart vers le mefme endroit, par lequel vne heure deuant ils auoient pafle gais, amp;nbsp;gaillards, amp;nbsp;plains d’e-Ipcrancc d’auoir la victoire, trauerfans leur cap lequel auoit elle défia faccagé , amp;nbsp;rafe par les ennemis n’y efl:.rnt rien relié que les feuls velli-ges, amp;nbsp;les corps morts de ceux qui cftoient demeurez en iceluy. Le Turc voyantla fuyte des Hongres penfant qu’il y eut quelque rufe cachée Ibus icelle, oubicnfefentantlasdu com-«bar.fc conteint long temps en arrell, tellement qu’il ne voulut pourfuyure autrement les fuyards,mefme à l’occafion de la nuid,laquelle f «

-ocr page 89-

34

^andöit dcfia pardcflus route la terre.Cccy fut caufe , amp;nbsp;aufii les pluyes vehementes qui für-uindrcnt celle nuit, de la faluation de pluficurs. La force du combat ne dura gueres plus d’vnc heurc,amp; demie. Pluficurs furent engloutis, amp;nbsp;ellôüffcz dedans ce marefts. Le corps du Roy, lequel on dit aüoir flny fes iours en ce lieu , fut Roy trou-depuis trouué en vne grande roücrc ou fente de «e mort. tcrreaudcflusdcMohacz , vne demie lieue an deflous d’vn petit village qu’on nommoit Cze-lic,lcqucl endroit eftoit lors conuertd’ean plus que de conftume pat le desbordement du Danube. En ce lieu il fut eftouffe foübs l’eau auec fon chcual, eftît armé comme il eftoit en la ba-taillc.Puis que nous ne parlcrós plus de ce Roy j’adioufteray en ce lieu vne chofe de luy qui ell fort remarquable: qui eft qu’il nafquift n’ayant le corps couucrt d’aucune peau, laquelle toutefois il rccouura par l’ayde des Médecins, lef-quclspir leur art fccoururét le defaut de nature. No’auôs remarqué cy deuat vn certain prefage de la fin pitoyable qui luy deuoit arriuer : mais icelle luy pôuuoit b ic auoit efté auparauat prédite, amp;nbsp;côme préfigurée, par ce qui luy aduint durât q défia il dônoit ordre à fes affaires pout refiftet à fon enncmy,fuyuât les premieres nou-uelles qu’il en auoit receu. Car luy eftant à Bude , comme il difnoit, cftans les portes de fon Chafteau claufcs, fuyuant la couftume, vn certain phantofmc en forme d’homme, laid de vi-fage, ayant les iambes tortes , amp;nbsp;clochant vine frapper à la porte ; amp;nbsp;à haute voix demanda »

-ocr page 90-

Hifloîre de Hongrie

parler au Roy, pour luy dire chofes qui conccr-noicnt fon falut,amp; celuy du Royaume.Cc Pha-tofmc n’eftant efeoute pour le commencement parles Gardes qui ertoient pres la porte, ainâ quecouftufniercmcnr il fe praticque es Cours des Princes, f’eferia plus fort; amp;nbsp;aueevneVoix horrible demanda derechef qu’on euft à le faire entendre au Roy. En fin aucuns cfmeus par l’importunité dccefthomme,luy demandèrent ce qu’il vouloir dire. Mais iceluy replicquant qu’ilnevouloitreuelerce fccret à autre qu’au Roy : cccy fut rapporté à fa Majefté , laquelle enuoya vers luy vn des fiens,lc mieux amp;’ plus richement veftu qui fut lors pres fa perfonne,feignant , Sc comme citant la perfonne du Roy, l’enchargeantdefenquenr de cell homme ce qu il vouloir dire.Cellui- cy fe prefentant deuât ce Phantofme, amp;nbsp;luy demandant a part ce qu’il , vouloir luy dire en fecret : l’autre luy déniant celle qualité de Roy dontilpéfoitl’abufer, luy dit tour haulr,que puis que le Roy n’auoit voulu l’ouyr il periroit en brief. Ces mots profereZ’ ce Phantofme fcfuanouyt de deuant les yeux d’vn chacun , laiflant vn grand ellonncmcnt i tous ceux qui elloient là prelcns: qui eft vne hi-lloire approchante de celle de SaüLMais toutefois differente , en ce que l’vn rcquill ce qui ne foffroit à luy, amp;nbsp;à cellui-cy on foftroit fans l’a-uoir recherché, A quoy on baillera telle folu-tions qu’on voudra. Or pour reprendre noftrc hifloire , en ce lieu ou fut trouué le corps du Roy plulîturs autres y perdirent auflï la vic.VU peu plus loing on ttouua les corps de Andre

-ocr page 91-

Li ure premier. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;35

Trepka,amp; d’Efticnne Azcl.On dit que Ic Moyne mourut en l’auant-gardc combatant vaillâ-raent. Le lendemain fa tefte ayant efté feparec 4u corps fut portee tout autour du camp de l’ennemy , en figne de triomphe , chant fichée au bout d’vne lance , amp;nbsp;dit-on qu’elle fut quelque temps plantée deuant le pauillon de Soliman. Le iour d’apres la bataille quinze cens Hongres qui auoient efté prins, entre lef-quelscftoiét la plus grand part des principaux de la Noblefle , eftans tous rangez en rond furent foudain décapitez, feruant leur fang de fa-crifice aux Dieux de ces Infidcllcs. Bien peu des prifonmers eurent la vie fauue,amp; encor n’eftoit que pour f informer d’eux des choies que l’Empereur Soliman, Sc Habraim Bafcha vouloient fçauoir. Entre iceuxeftoit Nicolas furnomme Hertzek , lequel furnom en langue Hôgrefque fignific Duc,commeàlavcritéileftoit,amp; Tre-foricr du Roy ; Ichan Pilcezky, amp;nbsp;lehan Mac-zieouus'^ Poulonnois , tous deux furent de ce nombre. Iceux eftoient Gentils-hommes de la Chambre du Roy , amp;nbsp;eftans retournez vers la Rovne on feeut d’eux beaucoup de chofes, que pourlabriefueté del’hiftoircnous ne voulons maintenant mettre par eferit.Michel Fekete,Si Barthelemy Martiny furent auflî garentis de la mort, amp;nbsp;quelque temps aptes rachetez pour grofle Comme d’argent. Entre ceux qui mouru- Morti lt;» rent au combat, 5c à la fuitte outre le Roy furet 1“» ceux-cy. à fijauoir Ladiftas Salcane Archeuef-quedeSttigonie, PaulThomorccEucfque de

E ü)

-ocr page 92-

Hifloire'de Hongrie Çolocenfcjchef de’cefte armee, François Peren Eucfque dcVaradin,Philippe More Euefquedc Cinq-Eglifcs, Blaife Paxy Euefque de lauarin, Frâçois Gzacholy Euefque de Chenat, George de Palijne Euefque de Bofnc, George de Zapo-Jie Côte de Sepufe l'autre chef de l’armee, lean Dragfy Preuoft de l’HoftehFrâçois Orzagpre-piier Gentilhomme delà Chambrc,PierrcGor-lathy, amp;nbsp;André Trepka Capitaines des Gardes de la porte, Simon Horuuath premier Efchan-çon, Thomas Zcchy, Gabriel Perin, Atpbroife Zarchan, Antoine Paloczygt;Mathias Czethiny, Conté de Francapan,Sigifmond Branffy,François Hampo, lehan Batian, Eftiennc Sli)k Bohemien, amp;nbsp;quelques autres Bohemiens amp;nbsp;Mo-raues. Ceux-cy cftoient des principaux Barops de Hongrie, De la part des Nobles , amp;nbsp;autres Seigneurs du pays , on remarque François Ba-lafle,Nicolas Thâtzay,IehanPaxy, lehan Iftu-uanfy, Emeriç Vyarday, Miçhel Podnamisky, George OrlouuchiczCapitainc de Scgin,Eftié-ne Azel Caftclan de Pofon, Sigifmond Pogan, lehan Tprualy, lehan, amp;nbsp;Eftienne Kalnay, Nicolas Fprgach, 5c outre ceux-cy enuiron cinq cens autres.Quant aux gés depied il en efehap-pa de trois à quatre mille, amp;nbsp;y en auoit en tout de douze à treize mille. 11 ne relia de tous leurs Capitaines que Hannibal Cyprien. Toutes les pieces d’artillerie,tant celles qui clloicnr au déliant de la bataille, que celles qui clloicnt demeurées dedans le camp, gc fur les baftcaiix fu-fcntprinfes par l’ennemy. La charge d’icellc

-ocr page 93-

Lture premier, 3^ auoit eftc donnée mais trop tard, amp;nbsp;la nuit feulement precedente le combat , à lehan Hadcfc perfonnage hardy, amp;nbsp;bien entendu à vne telle affaire, amp;nbsp;lequel auoit toufiours frequente la Cour du Roy , duquel il cftoit fi aymé,que peu auoient fi bonne part à l’endroit de fa Majefté. La nuit, amp;nbsp;le ionr d apres cefte miferable tournee les ennemis courans tout autour d’eux dô-ncrcntledegaftàtoute la contrée voifine, amp;nbsp;meirét le feu p^r tour, ne pardonnans à pas vne perfonne, n’ayans efgard à fexe,ny a aage, ny a aucune Religion,exerçans fur le pauute peuple tous aôtes cruels,amp; inhumains,Mon efprit n’eft pas affczfuffifant pour pouuoir bien d’eferite, amp;nbsp;déplorer la calamité de cefte nuiôtee , amp;nbsp;des iours enfuyuans, laquelle fut fi grande par toute cefte partie de laHongrie,laquelle nous auôs nommée citerieurc, que ie ne me puis perfua-der qu’aucun autre cnnemy barbare aye iamais ailleurs vfé d’vne telle cruauté.Parmy telles mi-fetes il aduint vne chofe dôt on n’auoit iamais hamble, ouy parler d’vne pareille, c’eft que les pauutes, J amp;nbsp;miferables meres cnterroienc tous vifs leurs petits enfans, de peur d’eftre dcfcouucrts par leur gemiflement, amp;nbsp;ces petites creatures mou-roientenfineftouffezà faute d’air, cependant que leurs meres eftoientefcattecs çà amp;là pour cuiter cefte barbarie. L’ennemy courut iufqucs au lac de Balator, Si en palfant meit le feu en la ville de Cinq-Eglifcs,laquellc fut toute embra-fee. Si n’y eut que le Chafteau, Si le beau Tem-plc d’iccllc veferuez. Pédant l’execution de tout

E iiij

-ocr page 94-

H,floire de Hongrie ce que nous avions récité touchant celle mal-hcureufebataille, amp;nbsp;cequifen cftenfuiuy , le Vayuodeeftoit défia près Seghedin auec toutes les troupes de Tranfiluanic , lerquellcsnc jouuans marcher fi diligemmét comme il vou-oit, amp;nbsp;defirant neantmoins fe trouuer à celle îataille, laquelle, comme il auoit entendu, on ne vouloir aucunement différer,feftoit mis dedans vn coche ville.amp;leger,ellant fuiuy de peu d’hommes portez lut mefmes chariots pour aller rrouuer le Roy en plus grande diligence. Le Conte Chrilloflcclloitauffi défia arriué à Za-grabie.Vne partie des Bohemiens qui venoient recourir leur Roy,elloicnt és enuirons de laua-rin , amp;nbsp;aucuns autres non gueres loing d’Albe-regalc. George Marquis de Brandebourg, amp;nbsp;le Chanceliier de Boheme nommé Adam de Mai-fon-neufuc elloient en ce mefme quartier. La Roync ayant receu la nouuellc d’vnc telle per-ncMarte, tc fc retira foudain auec l’Euefque de Vefpri-mie,AlcxisThurzon,amp;lcNoncc du Papeà Po-fon,que les Hongres nommer Prefsburg, y fai-fant auflî tranfporter le plus bcau,amp; le meilleur de fes meubles par le Danube , ne fçaehant encor rien de la mort du Roy fon mary.Ces meubles , amp;nbsp;autres qui appartenoient aux citoyens de Bude furet fouillfz,amp; quelques-vns d’iceux arreffez par André Orbanez, lequel comman-doit au Chafteau de Strigonie, lequel fappcllc aiiiourd’hny Gran. Toutefois ccluy qui en def-ciiuant cefte hiftoirc, recite cefte extorfion vilaine,amp; infame, erre grandement, quand il ad-

-ocr page 95-

Li ure premier.

îoufte àîcellc que quelques foldats du nombre de CCS cheuauxlegicrSjlcfquels communément on nomme V iTaronSjfe foict comportez à l’endroit des filles de la Roy ne, autrement que re-quetoit leur honneur, amp;nbsp;que par mocquerie ils auoient chaufle leurs patins pour danfer auec iceux. L’Empereur Soliman apres auoir fejour-né quelques iours es epuirons du lieu ou fut nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;\

donné ce combat, amp;nbsp;apres auoir faid ramaflet en vn toutes les compagnees,lcfquelles il auoit enuoy é çà amp;nbsp;là pour ruyncr le pays,commença à marcher vers la ville de Bude,en laquelle il ar-riua apres auoir fait fix ou fept logis fuy uant la riue du Danube,faifant mettre le feu par toutes Buiepr'm-les villes, bourgades, amp;nbsp;villages, par Icfquels il fi fquot; pâflbit.lltrouuacefte ville abandonee de toute garnifon,amp;: la feit emt(rafer,ne demeurât exépt de ce feu que le Chafteau, les Efcuy ries du Roy Sclamaifondesbeftcsfauuagcs. De là le Turc Digaft enuoya encor des coureurs pourrauager toutes fquot; les cotrecs de la Hongrie citetieure. Iceux mei-rent à feu, 5i à fang tout ce qu’ils rencontrèrent entre le Danube , amp;nbsp;le lac de Balator iufqucs à lauarin.Le Chafteau toutefois de Strigonic de- Bltimciui-laiffélafehementpar ceft André Orbanez,que nous auons nommé cy defius, fut vaillamment „ deffendu , 8c conferué par vn homme de baffe, nbsp;nbsp;nbsp;p,.

Sc vile condition,Sclequelvn peu deuant auoit vilesgem. mené à la guerre les piétons du Chapitre de la grande Lgfifc de cefte ville nommé Mathieu Nagh, f y eftant retiré auec peu d’hommes. La forterefte de V viffegard,en laquelle eftoir touf-

-ocr page 96-

Maroth,

en fffitty.

Hifloire de Hongrie jours gardée la Couronne Royallc , fut auflî fauuce par les Païûns,amp; par les Moynes,eftant icellequitcce parles guerriers, tant vn chacun feftoit cfpouuanté de la venue du Turc en la ville de Budc.Ces places fortes que nous auons remarquées,enfemble celles de Thata,de Cora-mar, amp;nbsp;d’Albcregalc ne furent point forcées de Fcnnemy, parce qu’iccluy, ie ne fçay auec quel confeil, fc contentant de rauager feulement le Royaume,ne fe foucioit aucunement, d’aflaillir les Chafteaux amp;nbsp;places fortes.Comme ces barbares exerçoient ainfi par tout leurs cruautez.il n’y eut lieu en la Hongrie , auquel on leur feit plus de rcfiftencc qu’à Maroth pres de Stvi-gonic. Ce lieu cftoit vnfejourbeau.amp;'plaifant appartenant à l’A rchcucfquc de Srigome, fitué au milieu de ces forefts, leftjuclles nous nommons Vvicrtcfics.dcfquelles ii cft tout enuiron-né. En iccluy quelques milliers de Hongres fe-ftoicnc retirez auec leurs femmes, amp;nbsp;enfans, fe fians fur les dehroits amp;nbsp;paflages ferrez. Auec i-ceux l’ennemy vint aux mainspar plulîeurs fois amp;nbsp;toufiours eftoit inferieur , y teceuant grand dommage. En fin les Turcs voyans qu’ils ne pouuoient forcer l’enceinte qu’auoient faictc ces Hongres auec leurs chariots , iceux furent contraints y amener de leur artillerie , par le moyen de laquelle tous ces chariots, amp;nbsp;toutes telles autres deftenecs furent brifees, amp;nbsp;renuer-lécs par terre,amp;toutes les perfonnes mifes qua-fi au fil de refpcc. Les grands monceaux d’ofTe-lucns qu’on voit encor auiourd’huy en ce 1 ieu, nbsp;nbsp;[

-ocr page 97-

Liure premier. 38

(Jcnotcnt aflez la grandeur du maffacrc , lequel comme rapportèrent ceux qui en fort petit nô-bre peurent efehapper, fut de vingt-cinq mille perfonnes de tout aage, amp;nbsp;de tout fcxc. Et qui voüdroit compter le nombre de ceux qui ont cftétuez, ou morts violentemcnt, ou retenus prifonniers, amp;nbsp;menez en captiuité, i’ofe bié af-feurer,felon ce que i’en ay peu cognoiftre, t^u’il nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;cm»

y en a près de deux cens mille.La Hongrie cite-ïicure depuis Vembouchcuic du Draueiufqucs àlauarin, eftanr ainfirauagec, comme nous a-uons dit,non fans vne frayeur grande à tous les voifins.Sc autres plus loingtains, amp;nbsp;mcfmc aux Viennois, Soliman ayant fait faire vn Pont fur le Danube, qui f’eftendoit iufques à Pefthe, le quatorziefmc iour d’apres qu’il fut arriué à Bude palTa en l’autre partie de la Hôgrie, où il feit pareil degaft qu’il auoit fait deçà,

. LirHE SECOND.

Près que les Hongres curent receu à Mohaez cefte cruelle deffaiôle , en laquelle moururét pres de trente mille hommes,aucc pluficurs des principaux Seigneurs, Sc Gc-

tilshommcsdupays : Et apres que Louys leur dernier Roy fe fut ainfi eftouffe es palus amp;nbsp;ma-refts dudit lieu, Soliman ne craignant plus aucun qui fe peutoppofer à fes forces,cftantauçç

-ocr page 98-

lAifloire de Hongrie

fbn armee vidorieufe arriué en la ville de Bu-de,l4qucllc auec la forrerefle d’icelle fut incontinent reduiôle foubs fa puiffancc fans aucune „ refinance, pour obferuer l’ancienne coullume Cmflinne nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ii,- r gt;nbsp;i

des Ottomans,qui elt que le Prince le doit plu-^atnrum lloll fier es forces de fon armee, que non pas a

l’enclos d’vne muraillc.ne voulut y arrt Her feu-

de Sültma fier la Set-gneuTiti^ ^ei mortt ta la ba-tatU

Jcmcnt Ÿncnuid: mais incontinent fc retira en fes pauillons au millieu de fon camp, qui eftoit près amp;nbsp;ioignant la ville : où cftant parut nu 1 uy furent audi toft prelcntees fept telles d’Euef-qucs,amp; d’autres perfonnages Hôgrcs,du nombre de ceux qui eftoient demeurez Gir le chap, en celle bataille, entre lefquellcs elloit celle de Ladiflas SalcaneArcheuelquedeStrigonie.Ice-luy pour fon extreme auarice lut grandement blafmé par Soliman,à raifon de ce qu’il n’auoit ayde à fon Roy , ne à foy-mcfmc de fes trefors, lefqucls on auoit tiouué grands chez luy.Furet audi femblablemcnt blalmees celle de George Scepufcfreredelchan Vayuodede Tranfilua-nie, amp;nbsp;celle dePaul Tomoree Euefque de Co-Jocenfe: lequel en outre fut auiîi condâné pour fon imprudence,amp; témérité,d’auoir fortement amp;nbsp;fans raifon confcillé à Louys de combatte a-ncc vnc fi petite àrmee , contre vne qui elloit huit fois plus grande,amp; puifiante. Celle au cô-trairc de Pierre Peren Euefque de Varadin fut beaucoup prifce,amp; cflimcc, parce que contre-difanc à l’opinion de Tomoree, il auoit confcillé à Louys de ne donner la bataille, mais tem-porifet amp;nbsp;fortifier fes places,amp; y mettre fes gés

-ocr page 99-

Liwc jecond. 39

à fcurcté , amp;nbsp;munir la ville de Bude de bonnes garnifons; paree qu’il cut peu en ce faifantrefi-fter à fou cnnemy. Et apres les auoir veucs toutes , amp;nbsp;les auoir laiflccs en proyc à fes foldats, gt;nbsp;qui ne faillirent aulf» toft de les defeoupet amp;nbsp;defehirer , luy furent ptefentez les portraits de Louys, amp;nbsp;Marie fa femme : fut lefqucls icttant rœil,amp; cognoidant le peu d’aagc qu’ils auoiét, eut compaiiion de leur raauuaile fortune,blaf- j-gr mant extrêmement tous leurs confeillcis, qui lu foniiiK les auoient faiôl tomber en icelle; afTeurant par à fermét qu’il n’eftoit point venu pour luy öfter fon Royaume, mais feulement pour venger les fiensdesiniuresqueles Hongres leur auoient faites'.fe pleignant de la mort deLouys,laquelle luy auoit ofte le moyen de luy pouuoir môftrcc par effea la vérité de fes parolles , Icfqueiles c-ftoicnrqu il euft bien voulu le remettre en fon. Royaume paternel,foubs quelques conditions d’vn tribut honnefte. Or voyant ce Royaume defpourueu de Roy,amp; qu’il n’y auoit aucun du fang, à qui il peut eftrc donné, il fcmbloit qu’il f’inclinoit volôtiets à le mettre entre les mains de lehan Vayuode, pourueu toutes fois qu’il le fufttrouuédufangde Louys, ou au moins def-cendudefa race par quelque branche que ce fuft. Cependant qu’il tetenoit fon armee à l’entour de Bude, il enuoya par diucrs endroids la plus grande part de fes gens, pour en courant piller, amp;nbsp;dontrer le degaft à tout le plat pays, 8c lieux circonuoilins.amcnans aucc eux vne infinie multitude de prifonnlets,amp; du butin inefi*

-ocr page 100-

Hifloire de Hongrie

Jhable, donnans à toutes les Prouinccs d’cnui-ron vn incredible efpouuantcmcnt, eftanspat vnc fi cruelle, Si foudaine inondation prins ou morts plus de deux cens cinquante mille âmes. Voulant puis apres faire fa retraiébe en Thrace, , feit enleucr du Chaftcau de Bude ces trois bel-ftatuës de bronze d’Apollon, de Diane, SC teesdeBit- d’Hcrculcs.lcfquellcs auccqucs vn merucillcux de i Con- artifice, amp;iugementauoicnteftéfuétesparlc ftotmplt. commandemét du Roy Mathias Coruin pour ornemét de ce lieu. Et en outre fit auffi enleucr

jReteur de Soliman à Conflan-tmofle,

lehan Za-foly Cite de Sce^afe Vayuode ajfiireà la Couronne deJJo^rit.

certaines colone de bronze,auccaucunes grol^ fes pieces d’artillerie, qui autresfois auoiét efte au Roy de la Boflîne,?e feit conduire toutes ces chofesenfigne de viôloire à Conftantinople, amp;nbsp;en mémoire de fes heureux fuccez les feit mettre en la grande place, afinqucpubhcque-ment elles furtentveües,5e admirées,amp; nógue-tes apres il arriua en grand triomphe en cefte mcfme ville.En ce temps lehâScepufc Vayuode, ayant amené les gens de guerre de Tranfil-uanie pour donner fecours à (on Roy, Si cftant artiué Trop tard,amp; à l’heure que tout cftoit def faidt, amp;nbsp;reduiâ: en vne mifere extreme, voyant qu’il n’eftoit refté aucun du fang Royal, qui peut fucceder au Royaume , commença lors à afpirer à ce hault degré:amp; ce d’autant plus qu’il’ fe trouuoit entres ces natiôs en grandilîîmc réputation,amp;auccqucs vne attente non moindre pourla vidtoirc qu’vn peu deuant il auoit eue contre les Païfàns, quifeftoicntcfleuez à l’encontre des Gentilshommcsdcs principaux raef

-ocr page 101-

Liure feconâ.

40

mes lüy portoiét quelque faneur : ainfi fe hauf-fant le cœur,amp; courage, aiiecques toutefois vn confeil prudent,amp; aduilé,print cfpcrance d’obtenir ce Royaume , ôcdc rtn faire couronner Roy,f efforçant par tous moy ens de gagner les cœurs des Nobles, ainfi qu’il feit, amp;nbsp;de les attirer a fa deuotion , leur perfuadant qu’ils ne de-uoient ïamais endurer que tel degré, amp;nbsp;telle dignité , qu’aneicnnement auoit eltc maintenue par les Hongres,vint en la puifTance d’vn eftrâ-ger, amp;nbsp;qu’ils ne deuoient obeyr à autre côman-deinent qu’à celuy qui feroit faift par leur propre nation. Auccques telles perfuafions, amp;nbsp;rc-monftrances il gagna le cœur quafi de tous, êc achemina fi bien toutes chofes qu’à la prochaine alTcmblcc ils teferuerent de negotier,amp; traiter de ce fait du tour en fa faucur, amp;nbsp;mcfmcs luy vint bien à propos l’abfence d’Eftienne Bathor qui eftoit allé vers Ferdinâd,auquel, pour cftre Eftienne ScdeiioblefTc , amp;nbsp;de fang vn des principaux, B'ïd'orJes Vadminiftration, amp;nbsp;gouuerncmcnt du Roy au-me appartenoit pluftqft qu’à Ichan.Eftans doc-ques tous les plus grands Seigneurs Hongres * alTemblez à la Dicte, qui fc faifoit à Alberegal-le,ouon auoit jà porté le corps mort de l’infortuné Louys, lequel vn peu deuant auoit cfté ti-ré des marefts de Mugach, pour eftrc là enterré deLciitif auccques vnc pompe Royalle, amp;nbsp;mis au fepul-thre de fcs maieurs, amp;nbsp;ou apres que telles magnifiques,amp; fomptueufes funérailles accouftu-nieesd’eftrefaiélcsàvnfigrandRoy furent a-cheuecSjfutincontinét publice la Dicte fufdice.

-ocr page 102-

1-liflotre de Hongrie

iehdit Zä-foly Vay^ uodt eßen Ray de Hangrie.

£nterlcCi-latchy E-»efqne ie Varadin amp;nbsp;yayna-de de Tia-fitnanie.

amp;Icconfcildes genfd’armcs appelle, (lequel vulgairement eft en leur langage nommé Rha-kos ) par l’authorité , amp;nbsp;difpofition duquel le Roy fe deuoit cflire. En cefte aflcmblcc lehan Vayuode ne trouuat aucun compétiteur, auec-quesleconfentemcnt , amp;nbsp;contentement d’vn chacun fut efleu Roy , amp;nbsp;couronné auec l’ancienne couróne d’or,laqucllc pour lors fe trou-ua entre les mains de Pierre Peren, par Paul Ar-cheuefquc de StrigoniCjamp; par Efticnne Broderie Euefque de Vacchy qui fut depuis efleu grad Chanccllict de Hongrie, amp;nbsp;par ces deux facré. Apres que les fcftes,amp;.'icux accouftumez d’eftrC faits à tcls,amp; femblables couronnemens furent confommez , le Roy lehan feit Ichan Emcric Cibacchy Euefque de Varadin, amp;nbsp;Vayuode de Tranfiluanie, difpofant puis apres entre les autres Gentilshommes des autres degrez, amp;nbsp;honneurs militaires , amp;nbsp;feit de mefmcs enuers le peupleauec vnegrandiflimeprudéce, amp;cqua-lité , amp;nbsp;parfus tous enuers ceux qui f’eftoient trouuez à fon couronncmét,5c qui auoient cfte caufcdelefaire monter à la puiflance d’vn tel Royaume . Du nombre de ceux-cy eftoicnf Efticnne Verhetz,Nicolas Glefle, Gregoire pd chen,Paul Artand,amp; tous les Colonnels amp;nbsp;Capitaines des foldats,amp; gés de guerre,qui eftoict venus de Tranfiluanie,amp; pkifieurs autres. Cependant qu’il eftoit ententifà confirmer, amp;nbsp;al-feurer fes forces en vne telle nouucllc poflelfiu du Royaume par toutes fortes de bien-veillaO-ces,Ferdinand,lcqucl de nagucrcs comme heritier de

-ocr page 103-

’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Liure Jecond. 41

tier dcLadiflas, (qui par la fraude de Georges Prrtratioj Pogghy-Bracch^ i telle fcigncuric fut ‘ieFerdt-empoifonné Ie lourde fes nopccs) mertant en auant les raifons d’iceluy, nonobftatlt l’anöen different qui auoitefté entre Mathias Coruin, Je aigrie^ amp;c l’Empereur Fedcric fon bifaycul, auoir cfté efleuRov de Boheme, fefentantagrandy, !gt;C plus puiffint pour les forces qu’il pouuoit tirer d’vn tel Royaume, comibença à penfer à la cô-quefte de Hongrie, laquelle luy appartenoit à‘ raifon du Prince Albert d’Auftriche amp;de Anne fa femme fœut du Roy Louvs, n’ayant point faute de fecours de plulicuts autres grands per-fonnages Hongres,lefquels picquez de nouue-

' auxremuëmcns, 6c d’vne extreme auidité de chofes nouucllcs,amp; en outre d’vne enuie qu’ils portoient fecrettement au Roy lehan, f cftoiét retirez versFcrdinand, l’incitans de faite guerre à lehan, amp;nbsp;l’afieurâs qu’iccluy auoit cfté créé pluftoft tumultuaireraent que légitimement Roy,par la populace deceuë,6c trompee par fes rufes 6c finelTcs, eftans outre Bathor, plufrcurs antres dedans le Royaume au(h, voire plus nobles que luy , aufqucls appartenoit aulli bien qu’à lehan d’eftre Roy .Et ccux-cy eftoient Bal-thafat Pampht'lc, Gafpar Sered, Paul Bacchir, Ference Guena , Valentin Turcky, Eftienne Maillat, 8c lehanSalle, 6c p'uGeursautres, lef quels ils ne noramoict. Alaperfu.ifiond’iceux Ferdinand ayant amafTé vne grofFj armee, tant

, 1 de fantalFins que de genfd armes de Boheme, , t nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;d’Auftcichcjd’Allemagne, 3c d’autres liéux, tira m«,

, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i’

-ocr page 104-

t-Ji[îoire de Hongrie droit vers Bude. Afavcnuelchanquifc troa* uoicenuirôné d vne extreme prcelfitc de toutes choCes.fut grandement troublé , n’ayant gens à (urtifance pour pouuoir refifter à (bn en-nemy, voyant toutes t holes foibles, amp;nbsp;debibî pour fon fecours, à raifon de la legercté de telle nation, laquelle naturellemct cft l'oupçonneu-fe , amp;nbsp;n’ayant loyfir ny cfpace de temps à faute de dcniers.de Icuer aucuns gens de guerre,fe de-lehSqitlt- libera de n’attendre fon ennemy à Bude, mais palïà à Peftheauee tous (es gens, amp;nbsp;là exhorta je rentre en Capit-iincs de ne le vouloir abandonner dU' f Mnie’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tourbillons de fortune, parmy Icfqucls

il fc vftyoit ; amp;nbsp;ainfi à grands pas fuyant pafili la riuiere de Thylfa,anciennement nommée Thi-bifeque , amp;nbsp;l’alla logera vn Chafteau nommé Thoccay.firuc quafi lus la riue du fleuuc en vne campagne grande, amp;nbsp;fpatieufe, Telleretraiâe ayant elle rapportée à Ferdinand, incontinent feit diligenter fon armee pour occuper la ville de Bude,de laquelle fans perdre vn feul homnie il le feit maiitre. il ne demoura gucres en icelle qu’incontinent le confeil ne fuft aflcmbléjpout fçauoirfion deuoit pourfuyure le Roy lehan, ou non Entre leurs opinions fut trouué meilleur en tout euenement qu’on deuoit le pour-fuyure auant qu'il peuft accroiftre f.s forces, K ne luy donner loyfir de farrefter en aucun lieu, ny d’attendre fecours d’aucun endroit, amp;nbsp;mel-memét cependant qu’il clloit degarny amp;nbsp;d’hô- , meSjS.' de confeil,Sc quafi mi^cn fuitte. Suyuàt l.iquellcrcfolution Ferdinand donna congé»

-ocr page 105-

i^iure Jecond. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;41

fes gens de fuyurcle Roy lehan ainfi qu’ils vcr-roientbon eftrc, Iceux fc mcirent incontinent en chemin,ÔC à grandes iournees fans autremét tepofcrarriucrcntàlatiuicrc delà Chjfle, laquelle ils pafTerent auecques bafteaux qu’ils a-uoient menez aucc eux lut des chariots , amp;nbsp;fc vindrent camper à Vimpourueu pres le Roy Ichan, lequel n’euft iamais penfc telle chofe. Bftanteftonne d’vnc venue fi foudaine com-nicnça à prendre confeil auecques les Gens du moyen qu’on deuoit tenir. Us luy feirét refpó-fc qu’ils vouloient combatte, amp;nbsp;qu’il fe retitaft hors du dager, afin que fi l’yffuc fuccedoit mal, il eut temps à fe fauucc,amp; au contraire f’il adue-noit bien qu’il les peut ay der,amp; par fa ptefenec les fecoutir , amp;nbsp;faaorifet, amp;nbsp;par tel moyen fc trouucioit en tout cas en liberté , amp;nbsp;icureté. Pour lors entre cous fes Capitaines y auoit vn Wertet nommé Ference Bode de grande réputation,amp;: dt Cafi-cftime,auquel pour fes vertus,fidelité, Seexpe- uiue-pa-tience le Roy lehan auoit baillé fon enfeigne Roy aile, ôc fa Lieutenance gcncralle en fon armee. Iceluy deuinant les fuccez miferables qui dcuoicntaduenirdcceftcguctrc,delibera, 5c fe tcfolut de mourir pluftoft que de fuytabandô-nantfonRoyparvnefuitte villaine, 5c hon-teufe, Sc entre plufieurs opinions 5c aduis, qui furent propofez deilantle Roy ichan, podiblc plus neccflaircs que profitables,ce Capitaine fe tournant vers leRoy,luy dit ainfi'.Sire,la vertu, ” 5c force , qui peut prouenir d’vn confeil, n’eft gt;* point neCeffairc lors que Veffcét doit précéder

F ij

-ocr page 106-

' Hifloire de Hong

rie


” les opinions, à ceftc eau Ce puis que nos enne* quot;nbsp;mis lont pies à combatte,il nous conuient auiïï ” pour deux raifons nous appareiller au combar, ’■ L\ ne par ce que nous deuons vous conferuet ” fain,amp;cntier,amp; l’autre pour le foufticn de 1 hô-” ncur, amp;nbsp;de la gloire, d’autant plus que ce feroie ” vue chofe vilaine à nous autres Hongres, qui ” fourmes toufiours nais, Sz accouftumez aux ar-” mes, de fuyr, ou de refuier la bataille que l’en-” nemy nous offre. Et pour ce tcfpeiff il nous tft ” befoingSe de corps, amp;nbsp;de courage combatte ” auccques nos forces indomptées, amp;principa-” lement maintenant que la cômodité de fe con-” feiller dauantage nous eft oftee ( laquelle nous ” euft peu voircm- nt fecourir en tel befoingl cô-” fiderant qu'il nous doitaduenir, ou vne vidoi-” re mcmotablc, ou vne mort à tous gloricufe, ” d’autât plusauffi que la ncceflîté de cefte gutr-” re nous ofte tout benefice, amp;nbsp;commodité du ” téps par la foLidaine aduenuë de nos ennemis, ” amp;: mefnrement t ncores, attlt; ndu qu’il n’y va rie moins que de l’intercft que l’vn amp;nbsp;l’autre pre-” tend à commâdcr fur ce Koyaume,qui ne peut ” recognoiftre deux Seigneurs, amp;nbsp;n’en demande ” qu’vu. Pour CCS raifons, encores que les cnne-” mis foient en plus grand nombre que nous, il eft necclfaire à vn chacun de combatte pour la ” gloire de fa nation,amp; pour le bicn,amp; repos pu-” blic,afin qu’il ncfcmÙe pointa voir que nous ” voulions fuyr le fais amp;nbsp;pcfantcur d’vne batail-” le, amp;nbsp;aulli que pour le falut d’vn chacun nous quot;nbsp;deuons auiourdhuy pluftoftelpercrla vidoire

-ocr page 107-

Lîure jecona. parlapointedcl’efpce,qucparlafuitte,5: fila quot;nbsp;fortune nous cftfauorablc nous gagnerons vn “ repos perpétuel,ou bien nous nous acquerrons “ en mourant vnefinbonnorable : Confiderant “ que la couftume delà fortune cft telle qu’entre quot;nbsp;ceux qui combatent hardiment pour la garde, “ amp;deffence de leur pays, elle fauorife pluftoft “ ceux-là qui ont peu d’hommes, que ceux qui quot;nbsp;font fuy uis d’vne grade multitude de guerriers. ” Ces parollcs acheuees incontinent il coinmcn-ça ordonner de fon armee, donnant les coftez „«iefcx-droit amp;nbsp;gauche auxfoldatsTranfiluaniens,8f à taille. la cauallcrie du pays mcfmc,comme ayant plus grande fiance fur eux que furies autres, amp;i luy femeit au millieu de la gendirmcrie Hongref-que, amp;nbsp;d’autres foldats ramaffiz. A l encontre de ces bataillons les Capitaines de Ferdinand ordonnerét leurs efquadroos en forme de deux ailles, donnât la droite aux foldats d'Auftriebe, amp;nbsp;à la cauallcrie de Boheme, amp;la gauche aux foldats de Sririe, 8c à la cauallcrie de Catinthie, 8c Valentin fe meit au millieu de tous,auecques l’enfeigncRoyallc,cnuironné, 8c fuiuy de tous les Hongres,amp; Paul Bacchic, comme expert au fait de la guerre, 8c cognoiflànt les rufes Turc-quefqucs, auec vne bonne bande de V Tarons, qui font comme nos chenaux legers, fc meit à refcirtehlicud’otiilpourroit (comme il feit) aflaillir foudainementpat derriere l’armee du Roy lehin,8c (clonies accidens de fortune luy donner de l’ennuy. A ceft inftît les fol dats, tant d’vne parc que d’autre ,,fans eftrc trop priez de

F iij

-ocr page 108-

'Hißoire de Hongrie

Deffaiile dtlarmte

Ithan,

leurs Capitaines cnflambcz au combat, commencèrent à matcher 1’vn contre 1’autrc, amp;a-pres que 1’arti 11 eric eut fait fon ieu, fans grande perte ny d’vn cofté, ny d’autre,fcrcncontreret de telle fàçon que les S tirions ne pouuans fou-ftenir l’effort des Tranfiluaniens, commence-tent à tourner le dos,amp; leur cauallerie à fefear-tcrçàamp;là. Mais d’autre part les genfd’armes Catinthiens fouftenans le choc des efquadrons de Ference Bode, qui n’efioicntquedefoldats nouueaux amp;nbsp;ramafl'cz, pafTerent à trailers amp;nbsp;les rompirent. Cependant les Hongres, tant d’vnc part que d’autre combatoient vaillamment, a-«ecques vn mefmc art, induftric, force amp;nbsp;courage, fans pouuoir iuger en quelle part tourne-roitla viôtoirc, amp;nbsp;auec vnc telle obftination qu’il ne fembloit point qu’il y euft cnti’eux aucune difference de force,amp; de vigueur. Toutefois tout le bataillon des Hongres du Roy leha fut rompu, amp;nbsp;desfaiôlparle moien des genf-d’atmes de Bohemc,qui furuindrêt à cefte mef-lee. A ce changement de fortune Bode fesfor-çant de raffcmbler quelques compagnecs, amp;nbsp;faite tefte à l’cnncmy,amp; pourfuyurc la bataille, fut enuironnefoudainemet parles chenaux legers de Paul Bacchic, lequel iufques alors fe-ftoit tenu fcctet, amp;nbsp;caché, amp;nbsp;là fut pour vne fécondé fois rompu,amp; arrefte prifonnicr,amp; toute fon armee deffaite,amp; taillée en picccs,amp; l’en-feigne Royallc de Iclian prinfe, auecques toute rartillerie amp;nbsp;bagage. Le Roy Ichan voyant la fortune inçliper vers Ferdinand, ôc fc tourner

-ocr page 109-

L^iure jecona. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;44

contre luy , amp;nbsp;toute fon armee dcfFiide, amp;c nc luyeftrercfté aucun remède de falut, print la fuitte és confins de Sarmatie, que nous appel- mPouli-' Ions auiourd huy Poulongne, amp;nbsp;les viftoneux s»»e. courans tout le pays, reduirent la Tranfiluanie auec le refte de la Hôgrie foubs la puiflance de Ferdinand, auquel fut enuoyé Fctcnce Eode a-uccques toutes les enfeignes gagnées en la bataille, amp;nbsp;pluficurs autres perfonnes notables, dont il reccut vn grand contentement,amp; ayant fait tenter Ference, pour fçauoir fil vouloir a-

Mert ie V ermee Stie.

bandonnet le party de lehan, te luy inter toute fid .lité,amp; ne pouuant tirer de luy en aucune façon qu’il voulut quitter le ferment, amp;nbsp;la foy qu’il auoit donnée à Ichan,fut par fon commâ-dement enuoyé prifonnier en vn Chafteau, ou en grande nèceflîté,amp; non fans vn exemple pitoyable de fortune, te grand blafme de celuy qui le feit renfermer, finit fa vie, ayant efté home d’vne fingulicre vertu,amp; prudence, que iu-ftemét on le pouuoit parâgonncr à tout ancien Capitaine,^ pouuoit-on iuger qu’il n’eftoit digne d’vne telle calamité. Ferdinand ayant gai- Terimeni gné celle viéloire, amp;nbsp;ayat en incfme temps fait ceurtnné publier la Dicte des Hongres en Albcrcgalle, fut comme lehan en fcrablable façô auecques

Anne fa femme couronné Roy de Hongrie, amp;nbsp;par les mains du mefmc Archeuefque de Stri-gonie,amp; de Pierre Peren,qui auoient abandonne le Roy lehan, lequel eftant réduit en fi panure eftat feftoit retiré en Poulongne,fcftant allé loçrcr en la raaifon de Hicrofine Lasky ,hom-Ö nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Y-

F 111 j

-ocr page 110-

Hifloire de Hongrie

Hiemjmt re-fDitlehaif,

me puifïànt Hi de bicns,amp; de fuittc cn ccs pays, lequel refiouyflant grandemét de I’arriuee d'vn fi grand perlonn;.gc,lc if ccut treshumainemét, amp;nbsp;le conlola des peinc$amp; tiauauXjclqucls pour lors 11 fc trouuoit tombé J amp;lc traita cn façon qu’il ncfembloit luy manquer autre chofc que la leulc digniifc de Roy , amp;nbsp;luy feit tel honneur qu’il luy eftoit pofïîbic. Or Lasky eftant d’vn elprithaur, amp;nbsp;citant homme qui auecques vn grand iugi ment auoit manic de grandes affaires d’importance^ tant à la guerre , commcaU gonuernemét d’vn Royaunu-,amp;: tftats publics, remonftta à Ichan qu'il nc voyoirautre voye plus conucnable pourredrefTer, amp;nbsp;remettre cn bon eflat fes affaires, ny plus propte pour It rc-couurcment defonRoyaumc,que celle qui luy pourroitaduenir par Ic moié deSolyman Roy des Tures, Sf luy confcilia de ncl’abandonner, amp;nbsp;fen fcruir à fa nccclftc,parce qu’il faffeuroit que a caulc de l’ambition extreme , gloire, amp;nbsp;conuoitifed’accroiflrcles bornes de fon Em

pire. amp;nbsp;de fe rendre Monarque , il nc faudroic aucunement à luy donnet fccours, nbsp;faucur,ÔC

mclmes en offrât, amp;nbsp;aJuoüant tenir ce Royaume de luy à foy amp;• hommage, comme dépendant de fa maifon Othomanne, Si de luy payer quelque honncfle tribut, tel qu’il luy voudroit iray/t i impofer. Ccqu’tftant concmd,amp; arrefté entre Confiait- Lasky dUirant grandement fauorilcr, SC nyder.à la caiifcde fon amy , amp;nbsp;ayant rcccu de putiriehaH Ichan la charge d’Ambaflàde, femcir cn chc-J'^ifhofie. jninpourallprà Coijlfantinoplc j autc grande

-ocr page 111-

L.iure Jeconä, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;45

Si honneftc compagnce, ou cftant parucnu ne tafcha au commencement que par dons acquérir l’amitié amp;2race de tous les Bafehas, amp;nbsp;des O

Capitaines de la Porte du Grand Seigneur, amp;nbsp;de tous les autres principaux de fa Cour , Icf-quels auecques prefens il gagna fi à propos que ils luy feruirét d’efchelle pout monter au fom-met de ce qu’il pourfuyuoit. Et ayant elle faire la reuerccc au Turc, fur pat luy fuyuant fa cou-ftume renuoyé aux Bafehas, entre lelqucls Lu-flefy, Si Abrahimauoicntplusd’authorité, de puiflance,8c de crédit, l’vn cftant allié du Grâd Seigneur,pour auoir cfpoufé fa fœur, ôi l’autre pour eftre V'ifir, qui cft le chef de tous, amp;nbsp;qui garde le feel du Turc , amp;nbsp;figne toutes les expeditions. Lasky gagnal’amitié de ceux-cy par deflus toute humaine cfperance par le moyen de leurs femmes lefqucllcs il auoit corrompues aucc riches prclens, amp;nbsp;pailoit familiercment a-uec eux le langage Sclauon,amp;Turcqucfcjuc corne Pii eut efté clleué amp;nbsp;nourry parmy eux,Son bien dire le rendit à tous gratieux amp;nbsp;aymable, amp;nbsp;par telles façons commença aucc tout fon pouuoir à traiter des affaires du Roy ïehan tc-dant fpecialement afin qu’il fuft rcm.is en fon Royaume, duquel il eftoit chafle parles forces de Ferdinand', amp;nbsp;par l'enuie îx mcfchanccté d’aucuns Hongres, cftant auparauant par eux iuridiciairement ellcu,amp;: couronne Roy. pour le recouuremcnt duquel, outre quelque tribut raifonnablc,il offioit de le recognoiftre Sert nir du Grand Seigneur , nbsp;nbsp;d’eftre appelle vaflal de

-ocr page 112-

Hißoire de Honnie

la maidon Othomanne,amp;cn figncd’vnevrayî fidelité, amp;nbsp;pour mémoire pcrpi tucllc d vn benefice fi agréable il fe donnoit pour fon fuied» rcmonfirantlcdiôl Lasky qu’il cftoit meilleut àSoIimanauoirpourvoifin le Roy lehan aucC force debile, que Ferdinand, lequel pour eftre frère de l’Empereur Charles, amp;nbsp;Roy de Boheme, amp;nbsp;Archiduc d’Aufitiche, amp;nbsp;Seigneur de plufieur;. pays,paroifiôit deuoir eftre a craindre amp;nbsp;eftre redoute pat fes Voifins, amp;nbsp;rcir onftroit que fi' n’en tenoit compte,qu’il pourroit quelque iour adiienir qu’il luy donneroit plus de peine , amp;nbsp;empefehement qu’il ne pcnfoit. Et qu’en outre il feroit en cecy ce qu’on doit atte-dre d’vn Empereur magnanime.en donnant fe-cours à ceux qui (ont par autruy opprimez, H fauoriferoit la caufeiuftede cekiv qui a iam.is demcurcroit fon oblige. Ces raifons ouyes pat ' les Bafehas, amp;nbsp;rapportées à Soliman,qui parv-nc feneftre fecretteles auoitjà entendues , l’cA chauffèrent fi fort, apres la gloire qu’il cfpcroit s.ômai» d’vnc telle expedition qu’incontinent fe reCo-prfitdia lut de l'entreprendre , auecvn tel fi toutes fois, Jrjfi-ncede queIc Roy Ichan luy garderoit de poinôt cn leban. poind tout Ce qu’il luy auoit faid promettre.

Cependant Ferdinand, non lans caufe, imagi' nant ce qui dciioit aduenir, amp;nbsp;que lehan pout-roitauoir recherché le fecotirs du Turc à l’cn-

Ferdrnand

•uers

contre de Itiy.dcÜbera penfant preuenir leçon-feil de fon cnnemy , d’enuoyer pardeuers le G rand Scigncur,pour luy demander trcfues,amp; confirmer l’amitié que Ladiflas, amp;nbsp;Louys Roy

-ocr page 113-

Ltnre Jecond. 46 dc Hongrie, auoiét iuree aucc la maifon Otho-mannc, amp;dc laquelle mcfmcs iouyflbit pour lorslcRoy dcPoulongnc , ne doutant point qu’il ne luy eut accordé fa denaâdc,f’il eut voulu entcdre fcs raifons. A ccfte fin il cnuoya vers ledit Seigneur fon Ambafladeur Ichan Ober-danfch,pour pratiquer,amp; negotier telle confe-detation'.lceluy cftantarriué à Conftantinoplc fut receu affez honnorablement, comme Ana-baffadeur, mais ayant expofe l’occafion de fa venue il f’apperceut de la rigueur de Soliman, amp;nbsp;de peu de to y qui clloit entre les ficns,amp; cognent appertement qu’il auoit cfté )à preuenu parle Roy leban, amp;nbsp;mefmcmentluy ayantcfté fait rcfponfe que le Grâd Seigneur ne pouuoit en aucune façon reccuoir en amitié, ceux qui parle pafte auoient cfté fi fort ennemis de fa maifon, amp;nbsp;defqucls les fiens auoient receu infinis outrages,Scmclmc attendu que fon maiftre auoit fi iniuftemét vfurpé ce Royaume, lequel Une poftedoit que par force, amp;nbsp;en auoit def-chafte le vray Roy , les iuftes tilttes amp;nbsp;raifons duquel, à luy auparauant cachées par la recente viétoirc que fon maiftre auoit obtenué fus luy, Sc depuis cogneuës par le rapport de gens de j bien, le contraignoient de le remettre par la iu- à fticc de fon glaiue.en fa vraye pofteftion. Pour jperdmani ces caufes Soliman priuoit Ferdinand de toutes fcs demandes,comme indigne de fon amitié, Rû au lieu d’vne paix,luy dénonça publiquemét la ' guerre, faifant aduertir fon A mbafl’adeur qu’il eut promptement à fottir de Conftantinoplc,

-ocr page 114-

Hiflotre de Hongrie lequel foudainement deOogea, amp;r vint à Vienne, rapportant au confcil du Roy, quelle auo t cfté Piflué defon Ambalîàdc. Les Confeillcrt d’iccluy ne luy adiouftans foy, amp;nbsp;eftimanr fofl rapport fauxj’cnuoyerent pardeuers Ferdinâdi qui pour lors eftoit à la Dicte de Spire, lequJ fcfnieut grandement d’vnc telle nouuelle.

de P^f’tcmps venu Soliman feit publier que toU-SAnnatt- tcs Ics compagnccs d Europe, amp;nbsp;d’A fie tufTent à fie trouucr à Andrinopoly, ou fie deuoient fai-relcs monftres generallcs, amp;nbsp;luy Pacheminant derriere en grande diligence arriua à BclgradCi qui c(l en Hongrie, aucc toutes ces troupes, il ne fejourna guercs en ce lieu,qu’incontinent If Roy Ichan ne le vint trouucr accompagne de la plus grande Noblefle de Hongrie qu il peut ’T't^^ncr auecfoy,pour luybail'er les mains l'elnntM faire à tognoiftrcà luy , comme Ion fubicCi àScltnMn. tributaire. lllctrouuaalEsfiubsvn Daiz,d oU il ne feit pas contcnicc de (c remücr beaucoup aux reucrcnccs qu’il luy fai(oit,mais monftrant vnc grande majefté luv eftendit la main dioidl^ en figncd’amitié.laqiicllc il baifa, 5c apres quel' ques courroifies Soliman luy dit, qu’il ne dou-taftqu’ayfcmét il ne rcconqutftaft tout ce qu^ iniuftement luy auoit elle ollé,8c ce par la iullf ce defies armes, amp;nbsp;que libcralemér il le luy ren-droit. Le Roy lehan fieftant retiré, alla vifitet Abrahim Baficha, l’amitié duquel il auoit jà gagnée , comme nous auons cy defruquot;- d;r, parle moien de Lasky,h quel au'li auoit efté caufiede luy faire rcceuoi/: vnc telle faneur de Soliman,

-ocr page 115-

Liure fécond. 47

êr d’attirer à foy LouysGritty, qui eftoit fils de Ligt;«ilt;Grit-r nbsp;nbsp;André Gritty,pour lors Duc de Venife , amp;c qui *3

( gouuernoit paifiblemét Abrahim,Si fi familie-

, , r I 1 • nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■» 1

(S remenc qu il iembloit qu il ne pôuuoit viurc

0 fansluy.Auffilaskv comme ayant inttllig'ncc [afiuiMr, j, des affaires des Bafihâs,amp;Scigneurs delà Cour ;l de Soliinmauoicpratiquél’ainiiié dudit Grit-

5 ty.pour par l’induftrie d’iccluy obtenir du Gtâd Seigneur par le moyen d’Abtaliim ce qu’il défi-

i[ roic. Et UiRoy lehan eut rn cccv la fortune fi. j, bonne quHltrouui à la fuitte de ce fte aimcc Ic-[ d'.tAbrahim. Apres que Soliman eut laifie fe-

journer quelques iours fort atmee à Belgrade, il

J nbsp;nbsp;la Ch matebet droit à Bude, laquelle fut aban-

. nbsp;nbsp;nbsp;donnée par les cytoiens auffi toll qu’ils en ouy-

. rcntlevent,amp; ainfi vint enlapuiltaiice del en Buaefrin.. ’ nemy fans aucune refiftance. La feule forttrtfic fi . eftoit gardée par fept cens Allemans , qui fai-

(oient fort bien leur deupir de fe deftendre. Les

I Turcs voyans qu’ils men^pouuoient fi ayfémtt eftremaifttes comme ils penfoient, curent leur recours aux mines,amp; à la f3pe,pour faire lauter les dcfFences,amp; murailles, ce qu’ayans execute, le feu. Si la fumee gro(re,amp; eipcffequi obfcur-ciftbit le ciel,Si montoit au nez des alVit gez,lcf-quclspenfoient deiioir abyfmer, 8c voyoient leurs compagnons voler en l’air,fut caufe de les faire traiter d’appointement aiiec lesTucs malgré Nadasky leur Capitaine, qui commandoit à la place , foubs telle paéfion qu’en quittant le lieu ils pourroient lortirlt urs bagues faunes. Si fe retirer en lieu de f'eureté. Ce que Lut ayant

-ocr page 116-

Hifloire de Hongrie

efté accordé, amp;nbsp;conclud,rendirent le ChafteaA , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;amp;fcmcircntà fortir. Cependant ayant efté ta-

f;. porte à Soliman qu’vnc telle reditiô auoit cft’ iV faite par les foldats fans le confentemet de

dasky leur Capitaine, enuoya incontinct aptes eux fur le chemin de Poflbn , ou ils vouloiePt faire la retraite, fes lanilTaires pour les tailleren pieces,comme indignes de viure, ayâtpeu foU-ftenir encor longuement. Cefte ville, amp;nbsp;forte-refle d’icelle ainu prifes, l’armee marcha vers Vienne, Tout le Camp farrefta en chemin dc-Altebutg , qui cftoit vuc villc gardee paf Bohemiens, Icfqucls fouftindrent au commencement vigoureufement quelques aflâults» mais voyans qu’en l’vn d iceux leur Capitaine auoit fin y fa vie commencèrent à perdre courage, amp;nbsp;fe fentans las parce qu’il leur conuenoit cftrc continuellement au combat, fe trouuaof plus ferrez que deuant, amp;nbsp;aflàillis d’vnc plus grand force abandonnèrent le rempart, amp;nbsp;fei-rent place à l’ennemy , qui auec vnc telle furie entra dedans la villc qu’il ne pardonna à am« viuante. Le Gtand Seigneur ayant efte aduerty qu’il ne trouueroit plus aucun cmpcfchcmcnt ny aux villes, ny à la campagne, enuoya deuant aux enuirons de Vienne les Accanges, qui font comme cftoient anciennemét les aducnturicrs François,pour mettre le feu par tout,amp; donner le degalt à tout le pays, ces gens-cy ne font foldats entretenus : mais en temps de guerre font leuez d’entre les villageois,commc (ont les Ay-duchs en Hongrie: on ne leur paye aucune fol-

-ocr page 117-

Liure pcond. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;48

de, 8f ne font fódcz que fur le butin qu’ils p: «-lient faire,duquel toutefois ils baillent le dixief me au Grand Seigneur, comme ils font de tous

* leurs biens. Iccux fuyuant le commmdcmcnt '' qu’on leur auoit donné feirent des maux iti-croyables amenant auec eux toute forte de bu-tin.Puis fe icttetent vers Cinq-Eglifes,ou ils ne

'' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pays,lequclscraignanstelstmbrafemens, Sc

vnc cruauté lî enorme abandonnoient leurs

' uer. Ainfi ces Accanges continuans leurs pillc-lt; ries,rançonncmens, amp;nbsp;maflactes arriuerent de-- uant Vicnne près le flcuue de Lints,ou ils ne fu-, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;rent pas plus pitoy ables. Ferdinand ayant long

5 temps deuantpreueu telles courfes , auoit mis dedans Vienne tout ce peu de lecours que pout

I lors il auoit, lafaifintremparer, amp;nbsp;fortifier le I mieux qu’il peut, amp;nbsp;puis craignant pis auoit i couru toutes les villes d’Allemagne, non com-■ me Roy, mais comme courtier pour demander ; feconrs. A laquelle rcquefte, 5c fur le bruit par ; tout cfpandu de la prinfe de Bude,hs f* llemans tous d’vn accord enuoyerent le Conte Palatin fuiiiy de vingt mille Lanfqucnets, amp;nbsp;de deux mille cheuaux,afin de fe mettre dedans Vienne, auec pluficurs Capitaines de nom , pour la de- rimât. fendre , amp;empefcherquclcTiircf’impatroni-faft du refte,comme il luv euft efte ayfe de faire.

Entre autres y allèrent libcraleinent Guillaume

I Roccandolph Grand Maiftrc de la maifon du Roy Ferdinand, Ichan GaziancrSclauon, Hc-

-ocr page 118-

lAiflóire de Hongrie

amp;OX RaGch,Nicolas Salm, lequel fut à la prin-f-‘ du Roy de France à Pauic, Leonard Vclfch,3lt;: Nicolas Turian, amp;nbsp;pluficurs autres renommez par toute l’Allemagne pour leur vertu,proüefTc / amp;vaillancc. Us meirit dedans la ville cent pieces d’artillerie grofle, amp;nbsp;bien enuiron deux ces de petites,qui toutes furent ailifts entour la ville par vn bon ordre, Cependant l’ennemy ne ayant peu faire telle diligence à marcher comme il appart. noir,à l’occafiô des grades pluyes, qui au moys de Septembre furuindrent en ces quartiers, amp;nbsp;mcfmepourraifondupaflàgcdti fltuue du Danube, lequel feftoit defbordé, en ƒfin fc prefenta le trezicfnc dudiôl moys deuant • tenant ’Vienne, laquelle auec toute fon armee il enui-ronna , la diuifant en quatre : amp;nbsp;l'cftendue de I’armcceftoit fi grande qu’on ne voyoit que le terroir couucrt de pauillons amp;nbsp;tentes, iufqucsà quatre lieues à la ronde. A brahim Bafcha eftoic campé foubs vne montagne,vis à vis de la Cite pour mieux la remarquer,amp; rrcognoiftrc, ayât Ion logis dedans vn périt Chafteau ruiné , qui cfioit là auprès, ou il feit loger tous fes gens Si de pied, amp;decbcual. De l’autre cofté vers la porte de Purgatoire , visa vis de l’Eglife de S. Vvldcric, eftoit le Bclerbey delà Natolie auec tous les plus braues foldats de l’armcc.Le troif-iefine ficge eftoit vers fainil Vit, foubs la conduite dcMicaloglv dedans le village deSmirég, au deftus duquellùr les pendants d.s couftaiix eftoit logé vn gros efquadon de foldats.Le qua-tticfme eftoit vers la porte des Efcollbis, ou eftoient

-ocr page 119-

Littre Jeconä. 49 «ftoient en fort grand nombre les Afapes, qui font archers tres-expers, amp;nbsp;parmy eux eftoienc auflî quelques lannifTaircs le long de la nue du Danube. Iceux de ce cofté ne fouffroient aucû dedans paroiftre fur les murailles,qui ne fut incontinent porté par terre, amp;nbsp;enuoy^ rent quelquefois telles grefles de flefthes dedans la ville que ceux qui cneminoient par les rués fe fen-toient gnefuement naurez fils n’auoient fala-dc en telle, amp;nbsp;le corps couuert. Le dernier cf-quadron,quieftoit des plus belliqueux,amp; vail-lans de I’armeCjScou eftoit Soliman,clloit loge vis à vis de l’Eglife de fainôl Marc, en vn grand clos fermé de brique , ou eftoit fiché le principal eftendart du Turc. De ce cofté les Afapes commencèrent a remuer la terre pour renuer-fer les murailles dedans le fofle , par le moyen des mines ,amp; autres inuentions : mais n’avans

artillerie de batterie, leur trauail ne leur venoit à grand profit.Durant telles approches,comme vnc autre partie de l’armee de Soliman venoit à rames contrc-môt le Danube.Volfang Oder, lequel commandoit à Poftbn, ayant aduertifle- , ment de ce, feit forth aux champs bon nombre j de Lanfqucncts,quelques pieces d’artillêric, amp;nbsp;i quelque peu de caualleiie,amp; fe vint embufeher cotre les riues du Danubc,cn lieu couuert,pro- • pre, amp;nbsp;commode à ceft effebl , d’où foudaine-ment, amp;nbsp;à l’improuifte aflaillit l’armee Turc-quefque, amp;nbsp;fi à propos qu’il meit à fonds plu-) nbsp;nbsp;fleurs vaifleaux chargez d’artillerie,amp; de muni

Volfanr Oder Jtf, fait tar, mee naua-le d» Turc furie Danube,

tions , faifant rougir l’eau du fang d’vn grand G

-ocr page 120-

Hifloire de

Hongrie

jfjpuräce tlti Vien-tuis.

nombre de foldats, amp;nbsp;Capitaines Turcs, mcttat eefte armee en tel dtfordre amp;nbsp;confufion , que pour la crainte de fon artillerie clic fe dcsfcic,5C rompit toute , qui fut vnc des eaufes de làuuer Vienne. Par vne telle furprinfe les ennemis perdirent de galands hommes, amp;nbsp;fort eftimez cn-trc-eux,5lt; Volfangaucc vue telle viâoire, fans perdre aucuns des fiens fe retira fain amp;faufà Pofibn. Le reftc de celle dcffaidlcpourfuyuant fon chemin vers Vienne , à fon arriuce rompit tous les Ponts des lUcs, que faiél le DanubeaU deuantdela ville , fur Icfqucis on palloit pont aller plus commodément en la vi le, amp;nbsp;cc faid:, farrcfla déliant le Ch jfleau , afin que par cell endroit aucû ne peur aller ne venir fans fe mettre en extreme danger, ou d’eftre tué, ou d’eftre arrefté prifonnicr.ainfi qu'il aduint à la comoa-gnee de lehan Ardech , laquelle fortant par ce collé pour aller à refcarmouchc, peu fen fallut qu’elle ne fut toute dclfaiéle par la feopeterie des Accanges, amp;nbsp;des laniflaircs: celuy qui pot-toit la cornette fut prins,amp; depuis renuoyé pat vue rufe,vcllu à la Turcque, d’vnc robbe faióle d’or amp;nbsp;de foye , afin que par telles apparences cxtcrieuVcs,il petfuadaft aux Viennois de fe tendre. Mais la conllance,amp;r courage d’vn chacun clloit tel, qu’ils culTcnt to’ voulu plulloll mourir qu’ouyr parler de telle cliofe,ayâs celle cfpc-rance de non feulement garantir la ville , mais de portée aulTi dommage (comme ils feirét depuis) à Soliman. Les Viennois voyans que le plus grâd effort des ennemis pour cflrc priucï

-ocr page 121-

Lture Jecond. 50 â’artiUcriCjConfiftoit aux mines, commencerêt • ƒ à y veiller , amp;nbsp;v prendre garde (bigneufemenr» * auec diuers inftruments,pour defcouurir les en M.a’jOK droits ou elles fefaifôient,amp; à ceftefin vfoient pomdtß-de baflins pleins d’eau, dez fur le tabourin , amp;nbsp;coHurtr v-de plufieurgt; autres inuétions , par Icfquelles on fcognôiffbit ou on minoit, amp;nbsp;par ce moyen re- l/i? medioierit incontinent à l’inconueniét qui en pouuoit aduenir, faifans des contre-mines, lef-quelles rendoient vain , 8c inutilh le trauail de Vennemy, amp;nbsp;fortifians par derrière les murailles auec des traînes amp;nbsp;arbres , de façon que les alTaillans en receuoient pluftoft perte que les aflaillis , amp;nbsp;remparoient par derrière auec vne telle promptitude,que par icelle ils preuenoiét le iugement de Vennemy ,alnfi qu’il adumit. Cac ayant mis le feuaux mines, amp;nbsp;cftant t^mbe vn grand pan de la muraille, Vennemy penfa pat i-celle ruyne poUuoir fans grand danger donner VafViult, Si fur telle opinion courut incontinent à l’affautd’v ne grande ardeur Si velu mé-cc. Mais les Viennois remparez, Si retranchez par dedans, contrel opinion des ennemis, leur feirentreceuoirvneperte incredible, les ten-uerfans du haut en bas,Si les conttaignans auec vne grande tuerie rccullet en arrierc,Sf confef-ferla force Si vigueur qui eftoit es cœurs des afliegez. en melme inftant vers VEglife. de S.Claire, tomba vne partie delà muraille, fî large amp;nbsp;G hault que Vennemy vovôît facilemét

i les Allemans rangez en bataille, pour fouftenit ! Vaffault, qui itrconthîeùt apres fut dôné par les*

-ocr page 122-

mflotre de [Hongrie

? nbsp;nbsp;' nbsp;nbsp;Tures, aucc vnc mcrueilleufc cnuie de fc faire

' maiftres de la ville, mefprifans tous les accidcts qui fc prcfcntoientjfcsforçans du tout de monter , amp;nbsp;d’attacquer ces foldats qu’ils voyoicnt il bien arrangez. Mais ils furent repouiTcz vailla-ment par ceux qui auoient ceftc orcchc en gar-de, leur faifant aclvetcr bien cheremct leur nat-dielTe, amp;nbsp;combien que ceftc multitude d’aflail-* lans fut quafi fans armes, fi cftoient-ils toutes-fois fi audacieux amp;nbsp;temetaires, que mcfptifans nos gens, Ä combattant fortement, ils les fai-foient quelquefois reculer,encor qu’ils euflent tous le corps couucrt, amp;nbsp;en lieu de ceux qui tô-boientpar terre , autres accouroient prendre leur placc,aucc vnc furie incredible, tellement que leurs rangs ne fc voyoicnt iamais vuydcs; amp;nbsp;en ceftc façon fut d’vnc part amp;nbsp;d’autre plu-ficurs fois cruellement combattu , amp;nbsp;entre autres à la porte de Charintic,ou aufti cftoit tombée vne grande partie de la courtine,à la cheute de laquelle les ennemis incontinent liutcrent l’aftàulqaucc l’cfpec feule,amp; le rondachc,ayant quitte l’arqucbuzc amp;nbsp;l’arc, y accourans en telle multitude , comme fi ce fuflent fauccrellcs , amp;nbsp;commencèrent vn aflault plus cruel, amp;nbsp;fanglât que les prcccdcns, ou des deux parties, fut aucC vnc telle haine , amp;nbsp;aucc vnc telle conuoitife de gloire combattu, que les vns, amp;nbsp;les autres en fc choquans ainfi rudement, fc repouflbient fou-uent, cftant ceft aftàult vn des plus fmglât que on ouyt iamais parler, mais en fin la force croiftàntauxAllcmans, les Turcs furent coa-

-ocr page 123-

Liure fécond. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;51

trainéls ceder, nonobftant les remonftrances, prières,exhortations, amp;nbsp;menaces des Sangiacs, amp;nbsp;autres Capitaines, qui mcfrac à coups de cy-Bietcrte les contraignoient de retourner derechef à l’alFault, ne pouuans autrement les cm-pefehet de tourner le dos. Ainfi pendant que l’ait rctentifloit, amp;nbsp;la terre tremblait, pour le merueilleux tonnerre,qui fottoit de l'artillerie, amp;nbsp;pour le bruit,amp; fon des clochesamp; des tabou-rins , l’ennemy retournaà l’aflault, lequel fut foufttnu longuement, non (ans vn meurtre incroyable des deux coftez, ayant duré côtinuel-Icmcnt plus dequatre heures.Durant lequel furent tuez aucc A mbuft Otting colonnel tres-renommé, plufieurs Capitaines , Aepetfonnes de marque,amp; de ceux de dehors infinis capitai-des Ianilïaires,amp; d’Afapcs,amp; plufieurs Sâgiacs, lefqucls pour leur vertu, amp;nbsp;renommee eftoient fort eftimez parmy leur nation ; iceux picquez de courroux , amp;nbsp;d’ardeur f’eftoient mis à pied auec l’cfpce 8c le rondache feulement,pour animer les autres , Scies encouragerdauantageau combat. A la fin les Turcs ne pouuans plus refî-ftet à la proût (Te,8c vertu des alfiegez, abandô-nans toute hontc,mefprifans toute iniurc,ne fe fouciansdes coups qu’ils reccuoient de leurs Capitaines , fc laifibicnt rouler parmy les ruy-ncs en bas ,fuyans droit à leurs logis. Soliman indigné de voir vnc telle boucherie des fiens, picqué d’vnc vengeance , délibéra de mettre à execution tout (on derniercffott.pour deftrui-ic entièrement la villes Ôcàccfte fin feit venir

G iij

-ocr page 124-

Hifloire de Hong

rte


deuant lay tous les Capitaincs,amp;principaux de fon armee, les reprenant en grande colcre aucc vne parolle aigre, de ce que h vilainement, amp;nbsp;auec vne infamie amp;nbsp;honte grande, par vne laf-chete plus qU'- feminine,ayansquafi îaviôtoire en la main ils fcftoiét lailTez aflommct, Se mettre en fuirte , leur faifant commandement de fc

general donné à

ytfnM»

tenir preft pour renquuellcr l’aflault aucc vne ' plus grand, hardi, fle prenant chacun refolutiô d’y m urir, ou d’en rapporter la victoire , ainß qu’il leur conuenoit plus qu’a pas vne autre nation. A ce commandement cruel, amp;nbsp;prononcé non fans vne extreme peur de tou-., chacun cô-mença à fc preparer amp;nbsp;d’armes,amp; de toutes autres chofes nccelTaires pourlc combat,amp; citant venu le temps prefix pour liurcr ceft horrible alTault, qui fut le trczicfmc d’Odobre mil cinq cens vingt amp;nbsp;neuf, les Turcs aucc toute leur puiflancc, amp;nbsp;dernier effort par diuers endroits, amp;nbsp;fpccialement vers la porte de Carinthie, co-mcncerentalTaillir toute la ville, aucc vne fl grande multitude, amp;nbsp;furie de foldats qu’il fem-bloit que le monde deuil finir, péfans par voiX amp;nbsp;cris efpouuâtablcs entrer dedans, amp;nbsp;obfcur-cilTans le iour par grandes nues de flefehes, def-quclles ils rcmplilîoicnt l’air. Mais les Allcmas quitenpict le dclTus, fc mettoient au deuant de l’infolencc, amp;nbsp;hardiclTe des ennemis, oppofans leurs cfquadrons efpais à leur force amp;nbsp;niuhitu-dc, amp;nbsp;par ce moven rendoient vain leur effortj faifms grade boucherie d’eux à coups de main, de canomee qui rendoit vne mcrueiilcjamp; vn

-ocr page 125-

Liure jecond. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;51

effroy à ecux qui pouuoient contempler Vinfi-ny nombre de ceux qui d mouroiéc ou morts, ou blcirez. Sc toutesfois n’y poui cclarcfioidif-foit le courage des Turcs,ains au contraire met-lâs en oubly toute crainte de mort, plus hardis, temeraires, amp;nbsp;plus enflez d’orgueil que deuant redoubloient l’aflault, Sc fi vigoureufemét que pluficurs fois nos gens furent contraints retirer quelques pas en arrière. A la fin par la tempefte des arquebufiers, 5c violence de l’artillerie, qui parvn bon aduis eftoitdifpofce autour des murailles, 8c mefmement ou on auoitvcu la plus grande force desTurcs combatans,les ennemis Furent contraints fe retirer,tombans mifcrablc-ment à la foule par les rny nés delà brelchc,rcn-dans de foy vn fpeéiaclc pitoyable, demeurant le fofle tout plein des corps de cesinfidelles, 8c toutes les pierres teintes deleur fang Ainfi ayas perdu toute leur force, 8c cfpcranco de pouuoir plus conquérir la ville, ôc ne craignans plus les menaces,ny les coups des leurs, aymans mieux eftre tuez par leurs capitaines , que par ceux de la ville, fe retirerét en grande confufion de ceft a(rault,fuy âs à la foule vers leurs logis. Par cefte retraiclc voylà comment print fin la fanglantc bataille de ce iour , qui coufta infiniment cher au Turc,pour la tnort de fes plus braues 8c vail-lans Capitaines. Pour cefte caufe Soliman fe voyant auoir la fortune contraire, confiderant la gaillardife des aftiegez, 8c ne voulant eflayer vne plus cruelle perte fe délibéra de partir. Et deuant feit veftir de tobbes de velours, 8c de

G iiij

-ocr page 126-

Hißoire de Hongrie

Saliman fe rairt dt denttnt yimne.

drap lt;î’or,quclqucs prifonnicrs, lefquels il ren-’ uoya libres cn la ville , afin qu’ils euflent à rapporter aux cy toiens comme il n’eftoit point venu pour prendre Vienne. Mais feulement pouf fe venger des iniures qu’il auoit rcccuës de Ferdinand, amp;nbsp;meimeà caulc de ce qu’il auoit voulu occuper des Royaumes qui n’eftoient point fiens,amp;qu’il f’i fioit fafchc dauantage de ce que /on ennemy f’eft-nt retire au fond de l’Allemagne , ne l’auoit attendu cn Hongrie pour là fc venger mieux des torts faidls au Roy Ichan foil amy ô^que fils euffent voulu fe rendre,il les aC fcutoit qu’il n’cufl voulu entrer cn leur ville, amp;nbsp;qu’ii l’t ufl; laiffee cn la pleineliberté,promettat aux foldats qui cltoiét dedans de fe poimoir retirer cn (cureté la part ou ils eulTent voulu , SC quepuis apres il f’cn fut incontinent retourné. Ccs propos recitez cn grade alTcmblce de tout le peuple, amp;nbsp;gens de guerre par ccs prifonniets donnèrent à cognoiftrc à tous que les forces du Turc lt;nbsp;ftoient grandement affoiblics , amp;nbsp;par là iugerent la tuy ne qu’il auoit reccuë , amp;la rufe de laquelle il vfoit pour les gagner. Ainfi ne fai-fans qu’cnnrcmcircnt ccs patollcs cn tel ou-bly qu’elles meritoiét,fçachans bien pourl’hy-uer, qui ell oit quafi venu, que le fi genepou-uoirplusfecontinuër. Audi deux iours apres, qui eftoit le trcnticfmc du fiege, le Turc fc leua de deuant Vienne , diuifantlon camp cn trois, amp;nbsp;print le chemin dç Côftantinople,rvne partie allant par Strigonic,l’autre parle Gran,amp; la tierce vers la boflinc. Auec vn tel ordre,amp; aucc

-ocr page 127-

Liure fécond,

55

vnc quantité innumerable de butin , amp;nbsp;depri-(onniers , fe retira Soliman de dcuanc Vienne, ii Abrahimbafcha demeura derriere pour (ou- nbsp;' J

ftcnir fl on euft voulu donner quelque retraite fur 1 efquadron du Grand Seigneur,cheminant le long du Danube, fur lequel audi flotoitvnc autre partie de Varmee lentement,pour donner fccours de viures,de munitions,Ôf d’homnws à ceux de terre, f’il en euft cfté befoing. A la départie d vn ft grand, amp;nbsp;pvuflant i nnem' , toute l’Allemagne, amp;nbsp;la Hongrie (e meit en grande refiouyflanec. Mais apres qu’on euft rapporte comme les Turcs emmenoient plus de loixan-te mille âmes prifonnietes,amp; efclaues,que tous les villages, 8c maifons champeftres eftoient bruflccs.ßc defF,iiftcs,leurioye fut incontinent tournee en tnftf flè,vovans auec vnc grande co-paflîon toutes les campagnes dégarnies d'hom-ni! s,de belles.J’arbres,8c de maifons, 8c n’cftrc demeuré aucun pour cultiuer les terres , cftant vnfpectâclc nii!crable,quidonnoit à vn chaeû. occafton de foufj^iirer amèrement. Le grand Turceft ntarriue àBude,voulâtgarderlapto- Je Ho^n tnelTe qu’il auoit faifte confirma lehan Roy de parSoU^ Hongrie, auec priuileges eferits en lettres d’or, *”'”*• ßcdenouueau l’inucftit de ce Rovaume l’ap-pellant fon amy, amp;nbsp;valTal de fa maifon , 8c luy laifla Louys Giitty pour luy donner confeil, 8c Griity it-ayde en toutes choies neceftaircs à l’afleurance, me»rt a-8c fouftien de ion Royaume , 8c puis poutfuy-want fon chemin à grades lourncesà l’occafion de la rigueur de l’hyuer, qui auec neiges, ôc gc-

-ocr page 128-

Hifloire deHongrie lees luy donnoitjà à dos,arnua à Conftantino* pie, OU auccgrandes ^llegrcfTcs fut bien reccU

' des fi ns,ainfi comme f’il tuft conquit l’Auftii- ' Je ehe. Or Louys Gritty ayant feiourne quelque Gritty Je tempsauec le Roy lehan , en l’adminiftration la part Je amp;nbsp;gouucmcmcntdu Royaume de Hongrie,fut Sahntan. rappelle par Soliman, iceluy aiioit receu'ceft honneur par le moyen d'Abrahim Bafcha amy du Duc Ton pere, par le moyen duquel aulf) il feftoit rendu fi priué.êc familier an Grand Seigneur, qu’vn iour il l’inuita à vn feftin chez luy ou ledict Seigneur luy daigna faire cefte ftucut d’y aller, pour le grand efprit, amp;nbsp;jugement en toutes chofes qu’il cognoifibit en luy,en confi-deration dequoy il l’auoit fouuent enuoyc exécuter grandes entrcprinfes,comme cefte cy, en laquelle auec vnemcrucilleufc prudence il feftoit comporte fi fagement, que fa puifiancc ne atioit efte enuyee deperfonne. Or ne fut il mâ-felleaCo- déà Conftiintinoplc que pour difeourir aueC Jlatineple, luy de plufieuts affaires qui n’eftoient de petite Crpitu re importance, aufqiielles apres qu’on eutaduifé, uoye en futaudîtoft rcuuoyc en Hongrie à fa charge auec ample commillîon, amp;aucc vneauthorité, Sc puiffance grande , ayant entre autres chofeS charge de faire fa demeure à Bude , amp;nbsp;de con-lèruer en ces quartiers la gloire, amp;nbsp;renom de la niajfon Othomanne, luy eftant enchargé de fe ttouucr toufiours prefent à tous les confeils, qui fc ticndroicnt.tant pour la guerre que pout la paix, ne voulant au refte le Grand Seigneur qu’on innouaft choie aucune en ce PxOyaume

-ocr page 129-

pédant qu’il iroit faite la guerre contre les Per-fes. Dauantagconlc chargea de fçauoir fi le bruit qui couroit eftoit veritable,à fçauoir, que lehan a l’inftancc, amp;nbsp;rcquclle des Hegres vouloir faire accord auec Ferdinand, pour auoit paixauec les Alletpans» amp;nbsp;Bohemiens, lefqucls tous les iours couroient lur fon paysiaucc telles conditiôs.que tant qu’il viuroit il iouyroit pai-fiblcmenc de la Hongrie, amp;nbsp;qu’apres fa mort il en laiflctoit la poflelhon, amp;nbsp;tout tel droit qu’il y pouuoit prétendre aux enfans de Ferdinand, comme nous dirons cy apres. Ainfi que Soliman f en alloit en Arménie , Gritty arriua en Valachic, ayant pour fa garde quelque cauallc-licTurcquefque , amp;nbsp;quelques compagnecs de laniflaireSjmefmc delà garde duGrâdSeigneur, fort expérimentez, auec quelques fiens familiers , amp;nbsp;autres compagnecs 1 taliennes , qui de leur volonté eftans bien armées le luyuoient, amp;nbsp;auoit encor auec luy deux grands Capitaines Hongres Vrbain Batian, amp;nbsp;lehan Docc auec leurs compagnecs, le tout faifant enuiron fept mille hommes, tant de pied que de thcual. Il , eftoit en outre en apparëce de guerre bié four-ny,dc chameaux, mulets, chenaux, lumcnts, amp;nbsp;autres munitions pour le feruice de (on camp. Et auec vn tel train, qui mieux reftmbloit vne armee, meit autant fes amis que fi s ennemis en Pierre Vay grand {bupçon,amp; auant que partir de Valachie feit alliance auec Pierre Vay node de Moldauie (lequel auparauant f’eftoit fait amy de Solimâ) luy ayant enuQJ’é pluficurs dons nbsp;nbsp;prefens ri- de Graty^

-ocr page 130-

Hißoire de Hongrie

filmant t.

Sment

Vayutit

ches, pour en allant en Hongrie luy cftrc fauo' rablc, amp;nbsp;luy ayder d’hommes, de viures, amp;nbsp;de tout autre fccours dont il euft eu peu auoir be-foing, iu^ques à ce qu’il euft accorde les différends de Ferdinand, pour l’amour defquels il auoit entrepris ce voyagc.Cefte amitié ainfîiu-trtprnT' recentc’cuxdeux, Grirty feftimant cftrc aftc2 furUTra- fort cn CCS quartiers, pour manier telles affaires à fa volonté,entra incontinant en la Tranfilua-nic, faifantpartoutpublier que toutes les villes, communautez, amp;nbsp;Seigneurs de ce Royaume cufTcnt à auoirrecours à luy corne à vn arbitre ,amp; Lieutenant par toutes les Prouinces de Hongrie de l’Empereur Soliman , amp;nbsp;comme cftant le luge fouuerain de tous leurs differéts, noircs,procez,amp; difeordes: Cccy ne pleut guc-res au Roy lehan , amp;nbsp;fut puis apres caufe de la ruyne de Gritty.En ce temps viuoit Emeric Ci-bachy Eucfqucdc Varadin, amp;nbsp;Vayuode de Tra-lîluanic , homme à caufe de fa Noblcftc , de fa

filumttamp;' puiftance, amp;dcfavertu, fort illuftreparmy les Gritty m fiens , amp;nbsp;cftant à caufe de fes dignitez la fecon-fiKfue. depcrfonncaprcslc Rôy, contre iceluy Ichan Doceportoit-vnerancune, amp;nbsp;haine nondiflâ-mulce , pour auoir reccu de luy vn coup de poing fur le nez en vnc certaine queftion,amp;de-bat meu entr’eux. Iceluy aubruirdc la venue de Gritty à Brcfouuc , nefefbranflapeut cftrc pas fl toft, comme ledit Gtitty euft bien voulu pour aller au dcu3ntdcluy,amp; luy faire hóneur. Mais failant le lent, fcmbloit pat là qu’il ne fc /ôucioit pas gucres de ceux qu’cnuoyoit le

-ocr page 131-

Ltare jccona. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jf

Grand Seigneur. Cc qui le rédit odieux cnuct» Gritty,lequel ne demandoit qu'accroiftte l’au-thorité qu’il auoit,ôc faire paroiftre comme douant tous autres les Tranfiluaniés l’auoicnt ho noré,amp; teuere. Là deiTus vnc opinion couroie qu’Emeric vfoit de telle façon , comme bon Chreftien, ayantenfon cœur vn grandilTime dcfplaifir de voir des Turcs en fon pays, ou ia-mais ils n’auoicnt entré , amp;nbsp;de confentit loue ouurir le paflage, par lequel ils peu (Tent auoir cognoiffancc de l’abondance des villes, bourgs amp;nbsp;villages,de la quantité infinie de chenaux,de la fertilité de la terre, amp;nbsp;des gras pafturages qui y font, par Icfquels ils feroicnt alléchez d’vn iourf’cn faite mai lires. Mais toutes telles opinions fe trouucrent fauffes, parce que fans aucun foupçon il alla comme amy le rcccuoir, amp;nbsp;vifitcr,lors que Gritty eftoit jà artiué à Brefou-ue , amp;nbsp;de là vouloir tiret à Megeft, ou par plu-fieuis melTiges, luy fut rapporté comme Emeric le venoit voir, amp;nbsp;qu’il marchoit fort bien accompagné , amp;nbsp;qu’il n’cftoii logé qu’à cinq lieues loing de lny,auec vne grade compagncc, garnie de plufieurs troupes de cauallcric,cftans venus vers luy tous les principaux de la Prouin-cc, pour luy faire honneur en ce voyage, comme àleur Vayuode.amp;Eucfque fuprcme,amp; met memét ayant fccu que c’eftoit pour aller au dc-uantdeGrittv Iccux aucc le train de Emeric arrangez au millieu delà campagne, reprefentoit la forme d’vnc bonne armee. Cecy elmeut grâ-ienïét l’efprit tyrannique de Gritty,lequel afpi-

-ocr page 132-

Hifloire de Hongrie nbsp;nbsp;♦.

• toit à chofes grandes, 5c peur eftrc à l’vfurpatio de ce pays, confiderant que la grandeur deceit Euelque pouuoit troubler la plus grand part de fcsdclleins, 5c voyant qu’il luy eftoit beloing parlera luy en pleine campagne,auec armee ordonnée comme fi c’cftoit contre des ennemis. Pour ceftecaufe apres auoiv difné ne pouuant pluscôtenir fon courroux,print fon chapeau de dcilùs fa teile, qui eiloit pointu fait de martres febcllines, àlafcmblanccdeceux des Turcs, 5C le ietra en terre, difant,que ce chapeau ne pouuoit feruir à,deux teftes, ôc qu’il eiloit necelTai-rc qu’on l’accommoda II feulemét à vne, 5c mc^ naçant tous ceux qui n’obeiroient à ics com-,, _ mandcmens.leremcit fut ia teile. Par telles pa-ce^i^rtt toiles Ichan Doccprint occaiion de le venger CO- d’Emcric, 8c luy rcfpondit: Certainement Sei-treEmeric. gneut Gfitty on ne fçauroit mieux rapporter ce ” que tu as dit qu’à ce Royaume, lequel fembla-” blcment ne peut auoir deux Seigneurs, ny deux ” Gouuerneurs, 8c iet’aiTeurcparle Dieu viuanr, ” que tu ne pourras iamais vfer de ta puiiTance ” tandis que Emeric y fera, contre lequel il faut quot;nbsp;qu’auiourd’huy tu maintienne l’authoritc, SC quot;nbsp;pouuoirdeSolimâ,8cletien. l’apperçois main-“ tenant que i’ay bien par cy deuât cogneu quel--“ le eiloit celle belle cruelle d’Emeric, l’audace,-' “ 8c orgueil duquel, fi tu veux, feront prompte-“ menteilcints,8c le feray trefbucher à Das,com-“ me il mciitc.pour ne vouloir obeyr à Soliman, 8c pour vouloir mefprifer ton nom, donnant

* par là à iuger qu’il afpirc pluftoll à fe faire Roy/

-ocr page 133-

Liure fécond, ^6 qu’à fc maintenir Vayuodc zPartatilcftbcfoin “ de l’oftcrdccc monde, afin qu’vn chacun foie quot;nbsp;deliuré de fon infolencc, amp;nbsp;outreeuydancc. Ce quot;nbsp;conleil fut grandement loué par Gritty »lequel luy donna courage de l’cxecutcr,amp; pour mieux amp;nbsp;en plus grade alfcurance venir à bout de telle cntreprinfe,luy feit dônerpar Vrbain Batian bonne compagnec de cheuaux Hongtcs.Et encor qu’on die que Gritty n’auoit point donne charge à Docc de tuer Emeric, mais feulement de leprendre prifonnicr, pour puis apres l’cn-uoyet cnchaifné à Conftantinople vers le Grâd Seigneur , voulant en fa place faire Hieroime Lasky Vayuodc, ( lequel cftoit pour lors aucC luy.Si qui, comme nous auons récité cy de (Tus, auoit par cy deuant fort fauorife les a fiai rés du Roy Ichan:) Toutefois le bruit commun cftoit que Gritty par enuie, 5c par faufte imprefiion qu’on luy auoit donnée, auoit commâdé à Docc de le tuer , feignant l aller vifiter de fa parc. Ainfi Docc deflogcant fccrertement la nuift,-vint a l’impoutueu au camp d’Emcric, ayât cfte vn peu deuant aduerty par fes cfpies,comme ledit Emeric cftoit fans garde , ôcifans aucune crainte , logé ioignant certaines campagnes à l’ombre de quelques arbres , pour eüiter le chaut, qui pour lots regnoitj amp;nbsp;qù’il auoit ac- . couftumé de couchcrfeol en fa tente, anec fes valets de chambré, amp;nbsp;pages feulement, cftant tout le refte de fes gens cfpars par la plaine logé comme vn chacun auoit trouué fa Commodité, Kc fc desfiants d’aucune chofe,5C penfans tpi’il»

-ocr page 134-

Hifloire de Hongrie

luroient encor le lendemain matin de Tefpacc aflez'attcndu la dillance des lieux ) pour (c raf-femblcr deuant qu ils fe peulTcnt rencontrer a-ucc Gritty. Tellemcsfiance accreurk courage de Doce,amp; luy donna eiperance de l’execution telle qu’il defiroit. (.'cpendant l’Euefque E meric ne fongeant à la malheureufe, Ôc miferable fortune, qui par la mcfthâcctc d’autruy luy de-uoit aduenir.feftoit iette en fon 1 iôt pour prendre fon repos, amp;nbsp;lors tout incontinét apres fon fiauillon le trouua plein des foldats de Doce, equcl auant qu’il full cfucillé.ou pat fes domc-v»y,ttie Itiques, OH du bruit, amp;nbsp;hannifTcment des che-Je Tran- uaux,le faifit promptement au corps,3f fans au-fihtanit (-jjfj rclpeól du degré qu’il tenoit, amp;nbsp;lans porter aucune rcuerence à la qualité qu’il auoit, oubliant toute pitié luy fepara la telle d’auec le * corps, donnant puis apres congé à quelques

Turcs quil’auoirnt fuiuy, de lâceager, amp;nbsp;piller tout le meuble 8c bagage de ce pauure Euefque amp;nbsp;emmener fes cheuaux : Tout le relie d’vnc ß belle compagnee, comme ellonnee d’vn accident fi abhominablc,fc meit en fuitte. Ce faiél Doce fc retira a Brefouue,amp; portât le chefd’E-meric pendu pat l’vnc des oreilles, le prefenta a G ritty,lequel auec vne rifee le contempla, ayât pour lors auec foy Hierofme Lasky. Iceluy pi-taikyfaf- 9WC d’vn aôlc fi vilain, amp;nbsp;infame,côçeut en foy tbtiie la vnc indignité grande, pour la fortune aducnuC martd'E- à VU hoinmc fi vcncrablc:mais feignant la dou-leur qui le touchoit griefuement au cœur, SC d’amy fc rendant cnnemy, feit femblant de ne fen

-ocr page 135-

Lture Jecond.

fen foncier. Gritty fe tournât vers luy,luy dift : Cognoiflez VO* celle telle rafe’Sçachez qu’elle ell d’vn grand perfonnage, mais au relie ambitieux. amp;nbsp;fuperbe. A ces parolles Lasky furmori- “ te dedefpit, de douleur tout à coup, refpodit quot;nbsp;qu’elle ne luy auoit point femblé telle lors que ‘ ill’auoitvcué'viue , amp;C attachée à fes efpaules. quot;nbsp;Ces mots touchèrent Gritty aii vif, lequel aufft toll répliqua, comme fe repentant de fa faulte, amp;nbsp;ne pouuant fe contenir de honte, qu'il elloit certainement iniullement mort,amp;qu’il n’auoic commandé qu’on le tuall, mais feulement que onl’arrellatlptifonnier ‘.puis enuova quelques chenaux Hongres, aUcc quelques Turcs, pout fe faiftr d’vn chafteau , auquel il elloit bruit qu’il faifoit la retraite de fes trefots. Défia l’if* P nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Lit» 4

lue de celte piteulc, amp;nbsp;lamentable mort elloit ßiuamtm pirucnué aux oreilles d'vn chacun, 8c à l’occa- en armti fton d’icelle toutes les nations de celle Prouin- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l“*,

ce,commeSaxons,Sicilicns,Tranfalpins,amp;Po-doliens,qui font és confins de Poulongne,indi-gnees au pofliblc, fe fentirent grandement ou-

. trees de douleur,8c alfemblees en vn pour venger la mort d’vn perfonnage fi honorable fef-

lcuerét toutes contre Gritty, amp;nbsp;en peu de iouts fe trouucrcnt enfemble enuiron quarante mille perfonnes, defqucls eftoienr chefs Gottart Saxon,amp;: Efticnne Maillat, qui auoit touftours porté grade amitié, amp;nbsp;honneur à Emeric, amp;nbsp;en leur Diete publique , condemnans vn afte ft enorme, amp;nbsp;vne cruauté ft execrable, iugerertt Gritty digue de toute efpccc de mort vilaine, 5«

Gattart. EHiennt biailUf^

H

-ocr page 136-

amp;ritty fe retire i

Me^efl.

}Aifl oire de Hofi^r/e infame, amp;nbsp;les fiens,comme meurtriers,volleufS amp;aHàlIîneurs,deuoircftrepourruyuis, amp;nbsp;punis. Gritty ayant ouy 1’efuieutc des Tranfilua-nicns,amp; l’?.flcmblec de tant de gens, amp;nbsp;les préparatifs qu’ondrefloic contre luy fort trouble, amp;nbsp;quant amp;nbsp;quant bien incertain de fçauoir cc qu’il failloit faire pour fa deffcncc, à grand pas fe retira vers la ville de Megeft : les habirans de laquelle voyansdeloingdcsTurcs à fa fuitte, amp;nbsp;que fa compagnecpouuoit monter iufqucs à quatre mille hommes, luy fermèrent les por-tes,en fin par prières,amp; perfuafions de Doce SC de Batian, luy accordèrent de loger au bas de la ville, fe referuans le haut en vne montagne, oil il y auoit vne Eglife fort fpatieufe, enuironnec de muraille, amp;nbsp;bien fournie de maifons, en laquelle ils feretircréttous auccle plus précieux, de leurs meubles,fe fortifias la dedans le miciii qu'ils peurcnt:amp; corne il fut feeu depuis, quâlt;l Gritty print le chemin de cefte ville,il auoit iæ tention de fe faifir de cefte montagne,amp; la fortifier fi bien qu’il la peut deffendre , amp;nbsp;garder, iufques à ce qu’il euft eu quelque peu de fe-eours,par le moyen duquel il euft peu fe fauuet ou le lôg d’vn petit ruifteau, qui ne couloir pas loingdelà, ou par lariuicrcd’Alutc, laquelle pafle a main gauche, amp;nbsp;de là fe letter d’vn code en laMoldauie, oude l’autre en la Valachic, defquels pays il euft peu gagner fans crainte aucunelcpays du Turc. Cependant que fort j cerneau eftoit empefehé à tels difcours yfin« «hommoit-il pasàfe temparcr, amp;nbsp;icnferine’

-ocr page 137-

»:fcsbien,amp; donner courage à ceux qui eftoient auec luy de trauailler, amp;nbsp;de les employer à tout ce qu’il voyoit eftre requis à vne et lie foudainc neceflîté, enuoyans lettres amp;nbsp;mefTages de foutes parts pour le fccourir ainfi qu’il auoic de bc-foingi Mais les Tranfiluanicns qui dcfiroient prcucnir,cfmeuz d’vnc vengeance, par vne iu-fteindignatiô de voir leur Vayuode tuéatoirt, amp;nbsp;des Turcs leurs capitaux ennemis en leur |)ays,auquel ils n’auoicnt iamais entré, vindrét a fi grande diligence,qu’il fe veit pluftoft aflail-ly que enuironné, mais pour telle foudaineté il ne perdit courage , ains encourageant les fienS fedeffendit tellement qu’il feit reculler fes ennemis , dcfquels vne bonne partie fut tuee, ou bleffee par les flefehes , Se atcqucbulcs des la-niflàircs.MaillatjÔr le Saxon voyans les afiaults' eftre trop rudes pour eux , ne voulurent les ef-fayer dauantage, amp;nbsp;voulâs elptouucr vne ineiU Icure fortune,leirent retirer leurs gens d’aupres la ville,Sc les rengerét autour d’icellé,d’vnc tel-le façon qu’homme viuant ne pouuoit entrer,-ny fortir. Durant ce liege, Gritty attendant lt;lc iour à autre qu’onluy enuoyaft lefecours qu’il? auoic demande, amp;c voyant qu’il n’en veooic, point autrement,que les vinrcs luy failloiét/, Si les forces de deffendre la ville ,àftoibliflbrérk'i que mefme les habicans fe declaroient fes ennemis , tomba en extreme dcfefpoir, Si ehcoi qu’il ne fuft pour lors gucres fai.i), fi ne l.ailfoic’ il neantmoins de tafeher d’adoucir par dôws.amp;r pcoraelTcs les cœurs de ceux qui le cenoiefit af-quot;

M q

-ocr page 138-

PJifloire de Hongrie ïîcgc. Mais il trauailloit en vain, car l’ire, it la rage , quiefeumoit en leur courage pour les choies paiTccs, cftoit fi grande qu’ils ne le vou-loicnt efeouter.Ainfi fe voyant delaifle des offi* ciers de Soliman , qui difoicnt nepouuoir luy enuoyer fecours fans le mandemét de leur mai-fti c, iV abandonné du Roy lehan , qui en fon cœur eftoic bien ayfe de voir vne telle efmotió, du Moldaue, duquel il auoit plus d’efperan-cc que de pas vn autre, pour l’alliacc qu’il auoit faire aucc luy, amp;nbsp;quant amp;nbsp;quant d’Vrbain Baria lequel craignît ce qui aduint f en cftoit fuy amp;nbsp;fauuc.par le moyen de quclquesHongres feS amis, pratiqua fecrcrtcmcnt par vn courrier Ifl Moldaue, afin qu iccluy commédaftà fesMol-daues.lcfquclseftoicnt en ce fiege aueclcsTrâ-filuaniens,qu’ils luy feiftent large, amp;nbsp;qu’ils luy aydaftent à fc fauucr , lors qu’il feroit effort de forrir. S’aiTeurant en vain fur vne telle promei-fc,amp; cftant contraint par fa fatale deftinec,ain-fi que tous les cytoiens de Mcgcft f cftoiét cile-uez en armes contre luy, it auoient ouuert vnc porte à ceux de dehors , il fut forcé à en oiiurif vne autrc.d’où voulant,comme il auoit efté accordé, palfcr à trailers des Moldaues , il ne veil perfonncqui fe rcmiiaft à fa faueur, amp;au contraire en foy de barbare luy denians toute pro-mcffc,maftacrercnt fes gens, 5c comme par edit

Gritp/rru^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;mort, )c laitlcrent aller

farlesJra _____i ____xi;__i

luaim UC xv.ivuia , uc i

fuut' t-hendy, 5c deMaillat, coufin du ConteTno-mas Nadafdy, pour lors Palatin de la Hongrie,

-ocr page 139-

au deuant defquels eftant amené, Muy ayant cfté ietcé par terre de deflus fa tefte, par vn def-pris.ce chappeau qu’il portoif de raaitresfebel-lines,faitàlaTurcque.futparvn commun ad-uis laifle entre les mains de Chcndy,pour le faire exécuter à la mort. Ayant efté promené tout autour de l’armec, fut artefté au milieu d’icelle, amp;nbsp;eftant interrogé pour quelle raifon il auoit fait mourir Emeric, amp;nbsp;ayant faiôt rcfponce n’a-uoir commandé telle chofe, feruit deuant tout le monde , à l’exemple de Polyxenne facrifiec fur le tombeau d’Achilles, de viélime pour ap-paifet les manes d’Emctic , amp;nbsp;en luy couppant la telle ne dit autre chofe q ces mots ; ah noftrc Dame à quelle fin fuis-ie maintenât réduit ! de fon fâg, pour mémoire d’vne telle vcgeance,vn Cmiflumt chacun abrcuua fon habillemét de tefte, ou au- *1« Tm»-tre piece de fon harnois. De mcfmc monnoye fut payé lehan Docc , lequel ne fut pas feule- ce'iefch’iri ment décapité, mais fut comme vne befte fau- nbsp;nbsp;f uces,

uage,tellement defchiré,amp; mis par pieces, qu’il ne Icmbloit point qu’il euft iamais cfté au mode. Celuy qui les auoit exécutez, defpouillant Gritty , trouua dedans fes chauffes d’efcarlate, qu’il Couloir toufiours porter, vne bourfe pleine de pierreries, comme de rubis, de diamans, d’efmeraudes.lcfquelles pouuoict valoir vingt-cinq ou trente raille ducats : icelles puis apres furent baillées au Roy lehan. Ce fait Chendy Eerencevn des principaux , amp;nbsp;plus riche Seigneur d’entre les Hongres, amp;nbsp;rranfiluaniens, qui feftoit trouué comme les autres prefent à

HJij

-ocr page 140-

lAiflûire de Vïon^ric

ia mort de ccux-cy, fai Tant incontincf marcher fes gens, vint aflaillir les fils de Gritty, demeurez à Segheluarauee cinq cens Turcs,qui toufi-iours les accompagnoient, lesquels aduerns de îa mort lamt ntable de leur perc, amp;nbsp;côme Ché-dy Ference les pourfuyuoit, compenccrent en toute diligence de chercher les chemins de fc fauucr, mais furent en fin attrapez en vnc cam-T r pacnc, amp;nbsp;prins, difans l’vn à l’autre: nous nous fjsenfans r o ’ h

Je Gritty douTions dcs Tiitcs, Of maintenant nous mou-Jccajgt;iti\. rons par les mains des Chrcftiens,Sf furent fans aucune compalfion decapiiez,5f tous ceux qui les accompagnoient tuez. Voylà la mifcrablc fin qu’eut l’orgueil infupportablc de Gritty, lequel par fon mauuais gouuernemcnt luy feit perdre en peu d’heure, ce qu’il feftoit efforce d’acquetir par longues années. Plufieurs auoiét en opinion,encor que ie la tienne faufic, que le retour de Gritty en Hongrie , parlecomman-dement du Grand Seigneur, luy auoiteftéper-J'^bra. 5 moyen amp;nbsp;induftrie d’Abrahim Baf-hmBaf- chailcqucl péfant tuer Soliman, Sc fe faire Em-dw. perçut de Conftantinoplc , auoit déclaré vnc partie de fes dclTeins à Gritty, afin qu’il faccor-daftàfcspenfecs; parcequ’aduenant tel cas, il penfoit par fon armee retenir en paix toute la Hôgrie:amp;: dit-on que c’eftoitlà l’occafion, qui mouuoit Gritty de faire mourir tous ceux qu’il cftimoitjOU par grandeur,ou par réputation luy pouuoir cftrc conttfiircs, amp;nbsp;qui euffent peu cm-pefeherfes entreptinfes. N4ais fouuctcfois nous voyons que les pratiques humaines, encor que

-ocr page 141-

Liure feconâ. 6q

cHes ne portent prciudice à quelqu’vn , fucce- : dent rarement felon le de fir de la perfonne qui les manie, amp;nbsp;combien moins deuroient venir à fin celles qui font mefehantes, amp;nbsp;abhomina-bles ; lefqucllcs pour la plus grand part retOut-ncntfurledoîdeceuxqui les inuentent, auec leur grande honte,amp;confufion,ce que difoit le Roy Ferrand d’Aragon, qu’vn mauuais confeil le plus fouuent apporte autant de dommage à ccluyquile donne, qu’à celuy qui l’exccute, ainfi qu’il adnint à ces deux , bien loing de ce qu’ils auoient pourpenfé ; car I vn mourut mi-ferablemcnt,comme nous auons dit,5c la mort de l’autre n’cuft point occafion de porter enuie àcefte-cy, parce que non long temps apres A-bralrim Bafcha fut aceufé par vn Eunuque,fort domeftique du grand Turc, auquel il auoit def-couucrt fon intcntion,eftiraàt ne pouuoitl’exe-cuterfansluy,amp;: lur telle aceufation, encor que on dit pour lors que c’eftoit pour auoir mal manié les affaires de la guerre de Perfc,ou pour l’occafion feulement d’vn carcant de pierreries qu’il auoit achepté à fa femme,pour l’enuie duquel Rofie femme de Soliman f eftoit picquee, amp;nbsp;enflambee contre luy, difant que ceft achapt auoit efté fait par vn defpris d’elle,l’ayant voulu achepter premièrement qu’il luy full mon-, fl;ré,fut de nuit cftranglc,comme il dormoit en l’vne des chambres du Grand Seigneur,lequel auff, toll; commanda de luy öfter tout ce qu’il auoit en ce monde,lai (Tant à grand peine le dot qui appartenoit à fafcmmç.Eftant donc Gritty

H iiij

-ocr page 142-

'Atari en-irtFerdinand Cl“ 2eban,

Mirt il

Hifloire àe Hongrie tînfi dcffaiâ,lcs Tranfiluaniens arreftcrent entre- eux de n’admettre en leut Royaume pas vn de CCS deux Roy/çauoir cft,le Roy Ithan, amp;nbsp;le Roy Ferdinand,amp; de fc maintenir neutres,efli-fans vn Capitaine, qui les tegift, amp;nbsp;gouucrnaft iniques à tant qu’on feeuft, qui d’eux deux fe-roit Roy legitime, amp;ainfircxccuterét quelque t( mps. Mais le Roy Iclian les rcmeit vn peu a-pres ioubs fa puiiTance. Cependant ces deux Princes fe faifoient toufiours la guerrc,cftant la fortune tantoft pour l’vn, tantoilpour l’autre, amp;nbsp;iamais leurs differens ne cefferent, iufques à ce qu’il fuft arrefte cntr’cux,que Ichan tant que il viutoit iouyroit de tout ce qu’il poiTcdoit pour lors, amp;nbsp;apres fa mort le toutretournetoit à Ferdinand,ou à fes iuccciïcurs,aucc telle condition toutesfois , que laiflànt lehan quelques fils legitimes, Ferdinand fut obligé leur donnet en reconipcnfc autant de reuenu de fon patrimoine en villes,amp; chafteaux, qu’il leur en con-uie ndroit pour entretenir leur tftat honorablement, amp;nbsp;en outre la charge de Vayuodc de Tra-

in aupi lehan.

IfabeîU fille duRoy de Polon^ ^netdf'me^ re d'Pfite-nr.

Ichan Roy filuanic. Vn peu de iours apres l’occafion d’exc-lt;/f cuter vn tel accord , fe prefenta par la mort dti Ichan, lequel laifla vn feul fils , nay onze loiHsauant la mort, nomme Eltrcnnc, qui depuis parle commandement du Turc fut appelle lehan,en mémoire du pcre.lccluy nafquit de la Roynelfabelle, fille de Sigifmond Roy de Polongnc, laquelle fut tutrice, amp;nbsp;gôuucrnante du Royaumc,aucc George qu’on nommoit cô-muntmcntlcMoync, parce qu’ilcftoit tel de

-ocr page 143-

Liure Jecond. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;6i

pvofeiTió.CcGeorgc cftoitCroané,amp;extrait dc George noble maifon, mais extrememét panure,amp; cf- Moyne tu~ Icuécnlaraaifondelamcre dclchä,ou iltftoit employe en affaires baffes,amp;(ordides,amp; n’y cut iamais durant fa ieuneffe office plus bonneftc, £gt;,ƒ««« que la charge de porter du bois , ou charbó aux delà wede poifles, dcl’allumcr. Voyant qu’il ne pouuoit George. monter plus hault,pouffe d’vn dcfefpoir,ou incité par la deftinee, qui peut eftrc l’intitani à ce faire, f’alla rendre moyne, de l’ordre dc S. Be-noift,au monaftere de S.Paul près Budc,auqucl durant les premieres années ne Ictuoit qu’à di-ftribuër les aumofncs aux panures,à la porte dc rAbbayc,amp;: comme luy mcfmc quelquefois rc-citoit, en faifant meilleure part à les amis que aux autres. Or ayant l’efpvit gaillard,Se le courage grand, coçnoiffant là fortune n’cftre fuffi-fantc pour acquérir quelque honneur, amp;nbsp;tenir vn rang parmy les hommes, iugea en foy-mef-mc, que pour le certain il ne fc venoit ramais cfleué à quelque chofe dc bon , tant qu’il feroit en fl bas eftat. Pour cefte caufe voulant com

mencer à exécuter les conceptions qu’il auoit imprimées en fon entendement f’tftudia à bien cfcrire.amp;àaprendre autant dc latin,qu’il luy en faudroit pour chanter vne Meffe. Ce qu’ayant execute affez pour fon contentement, 8c par le moyen dc ce,ayant acquis le degré dc Preftrife, feit tant qu’il entra au fcruicc du Roy lehan, pendant qu’il cftoit en Polongnc,chaffc de ion Royaume,pour les affairesduqucl il alla en plu-fleurs lieux,Se teuint toufiours aueç vne própte

-ocr page 144-

Hifloire de Hongrie

Scfidelleexpedition, faydanrgrandement de Ion froc, foubs prétexte duquel il pafloit librement par tout, parce qu’aucun ne (oupçonnoit qu’il peut faite (bubs ceft habit telles faciendes» amp;nbsp;mcfnie luy aydoit encor beaucoup à fefeha-perdegrandsdangers, amp;trauaux. Apresque Jehan fut retourne en Trâfiluanie, amp;qu’ileuft rccouucrt fon Royaume, fc fouuenât des ferui-ces qu’il auoir reccus de ce Moyne,amp; combien il luy auoit cfté fidcllc en Tes aduerlîtcz,amp; con-gnoifîant que tous les perils clqucls il fefloit lûufmis, 5c que toutes les fatigues qu’il auoit fouffcrtcs,n’clloicnt procédées que d'vn grand amour,amp; bonne affcâ:ion,comméça à le fauo-ri(cr,amp;l’attircrprcs de foy. Et encor qu’au corn-mencemet le Roy lehan ne luy donnaft inoyé Jî grand comme l’autre eu.ft bien voulu, toutefois par multiplication de feruides, cftant homme qui ayfcment fc pouflbit foy- mcimc, amp;nbsp;qui auoit l’efpritfubtil : amp;nbsp;qui naturellement afpi-loit à chofes grandes,gagna tellement la faueut du Roy, que remarquant en luy vne prudence, amp;nbsp;fagefle grande, le feit de fon confeil, amp;nbsp;luy donna l’cftat de Trcfoiier, Sinon long temps apres fut edeu Euefque de Varadin. Par telles dignitez il paruint lt;à vneauthotité fi haute que il fut de tous en general fort eftiiné, ßc honore, amp;nbsp;ainlî continuant fon deuoir, le Roy lehan a-prochant de la mort, ne voyant deuant luy au-tun qui fut plus prudét,amp; aduifé que le Moyne George,IclaiHàpout Tutcurà fon fils,Se coadjuteur en J’adminiftiation,ßigo'juerncr3ent du

-ocr page 145-

Lture jecond.

Royaume auec la Roync Ifabellc fa femme. Mais luy qui eftoic d’vn efprit turbulent, amp;nbsp;fin, qui ne ie contentoit de pcu,difpofa des affaires en telle manière qu’en peu de iours il les feic tôber toutes entre fes mains, amp;nbsp;ne dcfpcfchoic on rien que par fon ordonnance. Ainfi que les affaires femanioient par fonfcul aduis, Ferdinand enuoya dcinâdcr à la Royne celle part du Royaume quelle poffedoit encor au nom d’E-fticnc Ion fils, amp;nbsp;legitime heritier de Ichan, offrant luy doncr de Ion patrimoine, tout ce que viuant le pere il auoit promis, amp;nbsp;le tout fuyuSt les accords palfez entre-eux. La Royne rcccut ces offres de bonne volôté, difant qu’elle cftoir contétedcfatisfaircàtoutcequiauoit efte ar-reftéentreluy, Scie Roy fon mary. Mais le Georir? Moync George, comme Tuteur, n’y voulut ia- tmigt;e/clgt;e mais confentir,pour ne perdre la réputation en l'cxecutinn laquelle il eftoit, confiderant qu’il ne deuoit fi aylément defpouiller fon pupille d’vn tel Roy-aume, amp;nbsp;voyat aufli que par vne telle reddition Je leban. il abbaifl'oit grandement fon cftat,amp; fa dignité. Pour cefte caufe il fe retira dedans Bude,aucc la Royne,amp; fon fils, entretenant deparolles Ferdinand,amp; alléguant tous les iours à fes Ambaf-fadeurs nouucaux cmpefchcmcns, amp;nbsp;cepedant G.-omJ«-donna aduertiflement atiTurc de tout ce qui fc pairoit,luy demandant fccours Scayde, pre-quot;quot;“ J* uoyant bien qu’en fin ce négoce le tcrmmcroit pcrJmâi. par vne guerre. Ferdinand voyant comme aticc Vaines cfperances on le remettoit de iour à aune en longueur, Sc cognoiffant toutes çcs chp-

-ocr page 146-

Hifloire de Hongrie

fes cftfcdcla trame du Moyne, ne voulut plu» tcmporifcr,mais aflcmbla quarante mille boni' meSjiSc quarante grofles pieces d’artillerie, (ouS

Seigneur Alternant nomé Guil* dalphLim l^ume Roccandolph Grand-maiftre de fa mai-tfu.it fon, lequel, comme nous auons cy deuant dit, TerdiiMnJ. fcftoic trouuc aucc Ic Conte Palatin dedans

Vienne,lors qu’elle fut adiegee par lcsTuics,fii l’enuoya,comme fon Lieutenant General, aucC cefte armee alfaillir la ville de Bude, luy commandant de faire tout ce qu’il feroit poGible, pour auoir le Moync qui eftoit dedas, amp;: le luy enuoyer pour fe venger fut luy des mocquerics dcfqucllcs il auoit vfe en fon endroit. Roccan-dolph eftant party feit marcher fon camp droit 5« par à Bude, ou eftant venu mcit le ficge tout autout faifant deux batteries, ou l’artillerie battoir de-quot; fefpercmét, trouuant la ville toute rcnouuellc«

Si. bien autre qu'elle n’eftoit au precedent. Cat Ichä par l’art. Si induftric d’vn ingénieux Bou* lonnois , l’auoit fi à propos fortifiée de boule-uards,amp; ceinte de murailles,amp; fermée de foflex profonds,qu’ellc paroifibit fort difficile à prendre à ceux qui la contcmploient. Vers vn coft« delà ville y auoit vnc montagne quelque peu haute , Si qui venoit à la hauteur des murailles, ayant vn vallon,qui doucement fcftendoitiuf-ques fur le bord du lolTc de la forterefte de la ville.Du hault de cefte montagne,ou eftoit ba-ftie vue Eglife furnômcc de S .Girard,on voyoit | Jes couuerturcs du Palais Royal, Si les porti- ■ ques dorez. Sur icelle Roccandolph pour efto-

-ocr page 147-

Lture jecond, ' 6y ncr dauantagcla Roync,feit braquer quelques pieces d; fou artillerie, auec laquelle feit battre le Palais amp;nbsp;mcfniement vue tour, laquelle il cf-branla fi fort,que fi le lendemain il euft fait cô-tinuërla battèric elle fuft tôbee, ôi par fa cheu-teeuftbrifé, amp;nbsp;ruiné tout le Palais. Mais craignant la perte d’vn tel œuure,feit cefler le cano ayant efgard à la defpéce infinie qu’il euft cou-fte à le refaire.Et cepédant enuoya vers la Roy-ne pour l’inciter à tenir, amp;nbsp;exécuter l’accord, amp;nbsp;à fuyt comme peftilétieux les confeils du Moyne George , qui foubs couleur d’vne tutelle ne tendoit qu’à la ruiner , luy aficurant que pat la libéralité de Fcrdinâd, il y auoit vne belle Principauté ordonnée pour elle, amp;nbsp;fon fils, ou tous deux viuroient fplendidement en paix, amp;nbsp;amitié auec tous leurs voifins,luy rcmonftrant que fi elle n’eftoit refolué d’accepter ces conditions fi honneftcSjil (croit contraint drclTcr plus grade batterie contre la ville , amp;nbsp;renuerfer tous les plus beaux edifices qui eftoient dedans.Sur telles perfuafions,lc MoyncGeorge feit rcfponce, que la Royne auroit bien peu de iugement, fi elle vouloir changer vn Royaume à vne Principauté Scpufianc,amp; de Roync deuenir Dame. Ainfile Moyne fe moquant de Roccandolph, le feit tellement defpittr,quc iurant de abifmer la ville, feit mettre toute la force de fa batterie, au lieu bu on enterre les luifs , vers la porte de ludec, entre l’Orient amp;nbsp;le Midy, près la porte de Sabatie;ou cftoit le nerf des I-îongrcs,amp; vne bonne partie des Bohemiens , foubs la charge

-ocr page 148-

Hifloîre de Hongrie

Geni/ge Xîoy ne Capitaine dilirent.

de Peren, amp;nbsp;commanda que fans cefle on draft le canon, amp;nbsp;luy auec fes Allcmans feit faire vnc autre batterie à la porte des Iuifs,vcrs la muraiV le du Chafteau , derrière laquelle eftoit les iat-dins de la Royne. Cefte batterie fut continuée auec vne fi grande violence, que la plus grand part delà courtine tomba dedâs le fofic, ce qui cftonna tellement les affiegez, qu’ils Ibngeoiét pluftoftà fe rendre qu’à fe dcftcndre.Toutcfois la nuiôl eftant venue , le Moyne George voyât les Allemans retirez, amp;nbsp;fe preparer pour le matin à donner l’afiaulr, feit faire durant la nuidt derriere la brefehe quelques tranchées rempa-rees afiez fuffifammét,pour cmpefchcr,amp;: oftet à Roccandolph l’occafion de la victoire , que fortune luy auoitmife deuant les yeux. Aulîi tort que l’aube du iour fut venue, les Allcmans auec des efchelles courufent à la brefehe,amp; dô-ncrenc l’afl'ault,eftant fait le fcmblable du codé delà porte de Sabatié par Peren, cotre Icfqucîs ceux de Bude foppofans ftanchem en t,fc portèrent fi brauement qu’ils contraignirent leurs ennemis de reculer , defquels en demeura futla place enuiron neuf cens, amp;nbsp;bien deux mille de bleifez. Par vnc telle difgracc eftant Roccandolph fafché au pofliblc.voulut qu’on feit tout eftort de la conquérir par art, amp;nbsp;aftuce puifquc la force n’y auoit rien faiôl, 5c à cefte fin eut recours aux mines: mais les Budans ayans efte ad-Hcrtis.dc ce confcil , y donnèrent fi bon ordre que tout leur ouurage reûfiiftbit à néant. Il y auoit en ce téps dedans Bude, vn Hongre afiez

-ocr page 149-

pour quelque tort qu’il pretédoit luy auoir fait. Iceluy pour fe venger feit fcctcttcment

ópulent en biens , nommé Bornemifie, lequel Barmmif-couuoicvnc haine contre le Moyne George, ƒ«««'ƒ» efté

W €xecut9, en-

tendre à François Riual fon amy , qui eftoit au camp de Roccandolph, que Pii vouloir il luy li. urctoitla nuiôt entre les mains la porte , qui eftoit près l’EgliPe des Allemans, nominee S. Marie.Roccandolph ayant entendu cefte mar-chandife par Riual, approuua le faiôt, amp;nbsp;ayans accordé cnfemble de la façô qu’on deuoit vfer, la nuicl de laquelle ils auorent conuenu entre eux , Bornemifl'e ne faillit d’ouurir vne fanflc porte, qui eftoit en la muraille, par laquelle les '• ennemis entrèrent dedans la ville; mais léguée cheminant autour des murailles f apperceut de cefte furprinfe,amp; fc print à crier l’alarme, tellement qu’vn chacun en fut aduerty. A ce bruit, amp;nbsp;tumulte Vrbain Batian,de Pierre Vicchy.lcf-quels pour celle nuiéb coinmandoieat aux gar^ des,accoururent incontinent, ou il fut comba-tud’vncpart, amp;nbsp;d’autre, auec vnegrandeopt-^ niaftreté; mais à la fin les Allemans feircnt con-^ traints tourner le dos, amp;nbsp;fe fauiicr parla mcfmc porte,par laquelle ils auoient entré. En la pref--lt;e furent atreftez quelques prifonnicts , entre lefqucls furent recogneus quelques familiers deBornemiftê. Iceux apres laqueftiondefcou-urirent la trahifon, amp;nbsp;Bornemifie fut aullî toft faifi, lequel apres auoir eonfefic tout le fait par diuers tourmens, fut par le commandement du-Moync George ecuéllcraenttoutmcirtégt;Sc cxc'-

-ocr page 150-

. Hiflotre de Hongrie

enté comme traiftre à fa patrie. Roccandolp^* voyant tontes fes delibcratiôs ne venir à aucun effect, amp;nbsp;la fortune d’heureà autre fc change^ de profpere en aduerfe, conclud aucc fes Cap*' raines d’euitet les occafiôs de venir aux mains, mais fculemét par vn long fiege tafeher ce que par force d’armes il n’auoit peu faire. Cependât Soliman ayant entendu le manuals traittemenf qu’on faifoit à la Royne, amp;nbsp;combien Ferdinâd f’esforçoit de luy öfter le Royaume, lequel il a-«oit done à fon mary,apres anoir mis ordre au:* affaires qu’il auoit contre les Perfcs,laiflànt Ar-chane Eunuque en laMefopotamie, pour Iciit faire tefte fils vouloient rien entreprendre, cn-Af lt;amp;ow,ft uoya Mahomet Bafcha pour fcconrir la Royne auec tous les gens de guerre d’Europe, Icfqucls quot;tomirU nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;communemét font nommez Ru-

Rtyneifi- milar, amp;nbsp;Rumiler, ôc vulgairement Vrumilar, telle. de cc mot Romanie,duquel ils nomment toute la Grcce. Ifabelle ne f’affeurant d’vn tel fecoiirs eftoit réduite en vne grande peur, ne penfant point qu’il luy en deuft venir, fçaehant bié que fans icelnv toutes fes aôtions prendroient vue mauuaifc fin.JC qu’elles n’anroicnt iamais bonne y ffuë, fi elles crtoiét demefiees par les armes, amp;me(mementvoyant que Ferdinand par les chofes palfces eftoit griefuemét offenfé,amp;qu’il prenoit grandement à cœur cefte matierecôtre elle,ce qui ne l’cftonnoit pas pourvn peu,d’autant plus qu’elle cognoiffoit qu’elle fouftenoit vne caufe iniufte, n’obfcruant la capitulation faite auec luy^viiiant le Roy fon mary. Ces cô-fiderations

-ocr page 151-

LAure fécond, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;6^

Irderations l’auoientfouucnt incites à rendre la ville, amp;nbsp;mefme pour lors cognoilTant Ferdinand eftre Prince n clement, amp;nbsp;bening qu’il n’cuft voulu faire ade qui n’cuft elle plus'quc pour elle digne , auoit delibcté de fc remettre entre fes bras. Mais le Moync George ne voulut iamais fy accorder j attendant de iour à autre lefecoursduTurc, delà venue duquel ayat ouy nouuclles luy fcmbloit que les ebofes ne bafteroient fi mal, amp;nbsp;que fes affaires feroient bien conduites ainfi qu ibles auoit acheminées. Ainfi donc durant ce fiege Soliman vinf à An-drinopoly pour eftre plus près fil en cftoit bc-foing, retint auec foy Roftan Bafcha , enuova MuftafaenlaTranfiluanic contre Maillât, amp;nbsp;WcU

cmtoye en TranfiL*

nanK.

Commanda à Pierre Vayuode de Moldauic,à te quiluyaydaftderoutle (ccoiirs dont il ferait

requis par Muftafa. Pierre incontinentapreS a Forces de uoir rcccu ce commandement, ne faillit en fa faneur de mettre en câpagne trente mille ehe-uaux. Mahomet cepédant que Soliman venoit à Andrinopoly ,amp; Muftafa tiroir vcrslaTran-filuanic,haftant fon voyage auec la plus grande diligécc qu’il peut gagna Belgrade. Auquel lieu ilfeioignitaueclcSangiac de cefte Ptouineci lequel fappelloit auifi Mahomet. Auccieux fc ttouuctent.aulfi les gens de guerre de .la Bolli-nc, defquelscftoitSangiacOlimanPerfe : Ce nom de Sangiac,ou Sanzac.fignifie propremet vnt Enfeignc de guerre, compofec d’vnc pomme de cuyurc doté , fichée au bout d’vnc hampe,de laquelle pédent à gros floccùns de longs

1

-ocr page 152-

rt.

'[Aiflüire.de ]:A^ngric cheneiix,fTU queues de chenal, amp;nbsp;au haut de cc-ftcpnrauicyaquclqiusfois vn croilïânt attache. Mahomet .ayant auec toutes ces troupes fait vnc bonne armee ,■ tira à grands iournccs vers Bude. De fa venue les Ailcmans de Roc-candolph.cftans bienacertenez, coramcnccrét entr’euK a prédre aduis de ce qui cftoit befoing défaire; les vns confcilloient d’abandonner le fiege , amp;nbsp;les autres d’aller au deuant des Turcs, amp;nbsp;leur donner la bataille. A près telles, amp;nbsp;autres opinions, celle de Roccandolph fut fuyuie, qu* cilort, qu il efloat plus expedient de conferiiet entière l’arm'c que raducnturcf, faire aôlf quiluy tournaft a deshonneur. Suyuant ceftt opinion il remua fnn camp de l’autre cofté la villeau pied du mont de S. Girard , ayant h flcuuc du Danube à co(lc,amp; de l’autre part veH l’Orient vnc grande plaine,en laquelle il fc fet' ma treihien,ayant prcmrcrcmct occupé le haut delà montagne, y ayant accommodé dcl’artil' leric , amp;nbsp;en celle façon actendoit fes ennemis, auec vn tel dclfcin , fils eulTent voulu l’alfiillit de les combatte, amp;nbsp;les molefter du haut de ceft“; montag.ne,par le moyen de fon artillerie, amp;nbsp;ciift clic le plus foible,de fc retirer par le fleiHic» fiir lequel il auoit défia pluficurs baftcaux,poigt;'’ cell eficól,amp; pour aller, amp;nbsp;venir à Pelthe, d’oü auec autre bon nombre d’hommes il pourroïc renforcer fon camp, amp;nbsp;entretenir les Turcs p^t petites clcarmouches, ôc cepédantparvn long liege trauailler la ville. Eftant Roccandolpl* ajïifi empefehé , les Turcs conuncncîreiuàsf'

-ocr page 153-

Liure ßcond. 6 S iiüétjfii Mahomet enuOy a tccognoiftrc l’affict-te de fon camp , amp;nbsp;quelle contenance auoient fes géSjRoccandolph enfeit autant enuersMa-homet,qui fapprocha fi pres de luy, que lt;cs pa- ß camf/e uillonsneftoient tendus qu’à demy lieue des ;»r« Roc-Allemans, faifant enuitôner par les Àfapeÿ tout •^‘•»dolfhi fon camp d’vne trenchee, ôc de quelques rcra-f arts. L’autre Mahomet de Belgrade le ietta fut es prochains couftaux, qui enuironnoict cede plaine, en laquelle eftoit campé Roccandolph, amp;nbsp;fe logea vis à vis du mont de S. Girard , près les Hongres de Fcrdinad, qu’on auoit logez ch ccquarticr.Aprcsquc les ennemis furent logez les deux Mahomets enuovetent par leurs Anx- , , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,■ , .. , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' r , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Prejenf

badadcurslalucrlaRoyne , Si luy donner vnc grande quantité de moutons , amp;nbsp;d’aigneaux, qu’ils auoient fait enleucr par le pays. Ces Am- a R^ytti balTadcurs entrans dedans BudePefincrueillci-rent infiniment des grands préparatifs amp;nbsp;fortin fications qu’ils voyoient faites en la ville, pour la deffcnec d’icelle, amp;nbsp;loùans la force,amp; côftan-ce des Budans,pour auoit fouftenu fi bragardc-ment contre Ferdinand, leur diient qù’ils euf-fent toufiours bon vouloir, amp;nbsp;que quant à eux ils n’eftoient venus que pour venger tous des torts ,ôc iniurcs qu’on leur auoit faites; Sc ayanî communiqué àlaRoync tout ce qu’on leur a-uoit donné en charge f’en retournèrent, ayans tcccu des prefens plus riches au double, que

I ceux qu’ils auoient apportez, amp;nbsp;ayans cllé foré’ ' honnorez, 8c carefiez. Parpluficuts alTaültsleS

Turcs ne laiffoicnt Roccandolph en repos,pê^

i ifji

-ocr page 154-

Hffloire de Hongrie dant que d’vne amp;nbsp;d'autre part il cftoit empef' ché à drclTcr des bafteaux, amp;nbsp;barques, pour tenir ferme au deuant d’vne partie de l’arme® Turcqucfquc, qui venoit contremont l’eau dH Danube, amp;nbsp;eftoit jà atriuee à vne Iflenomme® Chcp, proche de la riue, laquelle par raifon, lùyuant l’aduis que les Hongres luy auoient dôncjdeuoit auoir elle par luy fortifiée, amp;nbsp;munie d’artillericjdciiant que les ennemis fen fuf-fent faits maiftres , parce que par tel moyen il euft peu empefehet leur armee,amp; ay Cement défendu qu’elle n’euft campé, à raifon qu’ils euf fent cfté contraints à viue force abandonner celle plaine,amp; fc retirer en arriéré, attendu que de celle Ille on pouuoit aucc le canon rafet h plaine, en quelque part que ce fuft. Mais l’inique, amp;nbsp;aduer(édt llin,qui vouloir que Budepsf quelque façon que ce full tomball en la puii* fancc de Soliman,amp; que l’armee de Ferdinand, par la nonchallance des chefs full fracaflee, detfaite , contraignit Roccandolph de ne Ce foucicr autrement de la fortifier. Il y auoit mis dedans feulemct quelques foldats aucc des pieces de campagne. Mahomet qui n’eftoit en aucune chofenegligentjayantappcrccu d’vne autre montagne, qui cftoit près de 1*1 fle, comme les Allcmans qui en auoient la gardc,cn cftoiét fort mal foigneux,fc délibéra de l’aftaillirà l’ii* poutucu, cependant qu’il feroit donner l’abt-mc tout autour du camp de RoccandoIph.Suy liant celle deliberation feit auât l’aube du iouf voguer fes vaifleaux droit vers l’Idc, amp;nbsp;donnet

-ocr page 155-

Liure’ßcond.

fut ceux de Roccandolph, lefquels eftoiét pres rifle, amp;nbsp;contre le pont qu’il auoit faiól baftir, pour en tout euenement fe pouuoir fauuer, amp;nbsp;le retirer à Pefthe, Les laniflaires entrans fou- L'ißti, dainement dedans ceftclfle, commencèrent à Chcp frf. couper gorge aux foldats qui en auoient la gar-de, defqiiels auât qu’ils fulfcnt cfueillez de leur pelant fommcil, amp;i qu’ils fuflent quelque peu afleurez de la peur qui les auoit faills, en dc-meuretet eftendus fur la place bien fix cens. Le bruit feftant efpandu, les noftrcs qui eftoient d’vn autre cofté,fe mettant en ordre, commen-cerét à lafeher quelques pieces d’artillerie, qui cftoiét à l’ombre d’vn taillis,fur lé bord du lieu-ue, amp;nbsp;feirét fi grand dommage à l’armee Turc-quel'que,qu’ils là mirent toute en defordre,tel-lement que fi ceux de l’armee de Roccandolph euflent voulu en ce iour f’acquiter de leur de-uoir, ils euflent mis en pieces tous leurs ennemis, lefquels en fin pour le defordre qui furuint parmy les noltves, amp;nbsp;par la vertu des aiqucbu-fiers lanilTaires relièrent viélorieuXjCftans tous

les vaifleaux de Roccadolph rompus, amp;nbsp;la plus grand part des ponts coupez, amp;nbsp;Ville foubs la puiflance des Turcs, En mefrne temps Mahomet cômanda qu’on aflaillill par deux endroits le relie du camp de Roccandolph, lequel pour lors par la proûcfle, amp;nbsp;vaillâtife des Bohcmics, des Hongres , 8c de quelques Capitaines Allc-mans, fc tint pour ce coup furies pieds. Mais tous les iours les forces de Ferdinand man-quoientjSc celles des Budans pour raifon du fe-1 hj

-ocr page 156-

. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Hi flot rede Hongrie

SolttuM cours du Turc croiCToient. Soliman ayant cftc faclujtiiite aduerty de tout ce qui feftoit pafle iufqties à tnHoirie, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;partit d’Andtinopoly à grandes iouinces,

«uec deux cens mille hommes,pour venir à Bu-dc,amp; marchant en grande diligence feit entendre à Mahomet (a départie, laquelle ayant efte aulfi cognepë par Peren, qui eftoit vn des principaux de l’armeede Roccandolph.feit incontinent alTcmblcr le confcil, perfuadant de fe retirer promptement à Pefthe, amp;nbsp;n’attendre l’at-riuccduTurç. A cede opinion Roccandolph feit rcfponce qu’il ne pouuoit partir (ans le çô-mandement de Ferdinand , ôcfurccfte refolu-tion fut dépefehç Salpi pour aller à Vienne , pendant que dedans vn btigandin il alloit le 40lphquot;ieui nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1^3nube,la peur amp;nbsp;la neceflité contrai-

finCamf. gnirentcn fin Roccandolph de partir d’où H eftoit pour fe retirer à Pefthe, commençant en cefte façon faire marcher fes gens: Il enuoya dC' uant tous les Hongres , auec l’artillerie groflf» amp;nbsp;les charettes, amp;nbsp;autre bagage , qui euft pei* empefeher par le chemin fon armee , apres fd^ marcher toute la cauallerie d’Allemagne, amp;nbsp;de Boheme, apccvnebonnebande d’infanterie» amp;nbsp;pour le dernier marchoient tous les gens de pied,auec le refte du bagage. Défial’auantgat-dc, amp;nbsp;bataille par la plus grande obfcurité del® nuit eftoient arriuez fur le Danube,amp; faifoicn^ des ponts fur des barques, quand les deux M®* bomers aduertis de ce par deux chenaux legierS Vfaron$,qui fen eftoient fuys du camp de ç^pdqlph J l’aftcmblans en vpfçirent marchai

-ocr page 157-

Lime fécond^ 68

Deffai(îi de t'armee deRocca»-delfh.

par deux endroits leurs gens,pnuovans d’vn co- ; fté les laniflaireSjauec vne bonne troupe de ca- ‘ uallctie, amp;nbsp;de l’autre co tté tout le refte de la ca- ‘ uallerie, aucc.tout le demeurant des gens de pied.Le commencement de leur aflault fut pat cns,amp; hurlemens horribles, donnans droit dedans les logis des Allemaos , efqucls àl’inftant ils mettent le feu.Les Alleraans,amp; Bohemiens, qui défia eftoie.nt fui la riuc du fleuue, eftonnez grandernent d’vne chargefi loudaine , fesfor-çans de celer leur fuitte, commencèrent vaillâ-ment à faire tefte.Mais dedans les tentes tout le refte de l’armcc eftoit fans deftus deftbus , amp;nbsp;nacfmemcntlclongdes riucs du Danube , ou chacun (ans ordre , amp;nbsp;fans honte tafcholt à fc fauuer,cn fe iettant dedans les barques, 'amp; n’en pouuoit-on retirer pas vn,ny par coups,ny par menaces, ny par prières, amp;nbsp;moins de leur faire» tourner vifage, tant eftoit grande la peur qui a-uoit faifi leur courage, pour l’cftonncmcnt que^' leur caufoit durant cefte nuiót l’efpouuantablc' tonnerre que failoit l’artillerie, d’vne part, Si d’autre ; amp;nbsp;chacun f eftoit fi abaftardy , amp;nbsp;def-couragé que l’on n’eftimoit plus Roccandolph ny fes commanderaens,lequel au (fi, outre l’en-nuy nompareil qui le preffoit grandemét,eftoit fort bleCfé , amp;nbsp;pat fon indifpofition le refte des foldats,qui deuoient encor combatte, aduertis de cefte peur generalle, fe retiroient peu à peu, cherchans par vne fuitte la voye de fe fauyer le mieux qu’ils pouuoient. Ainfitout fen alloit CO proyc de la fortune. Les foldats de Peren fu-1 iiij

-ocr page 158-

Hifloire de Hongrie

rent les premiers opprimez par ceux de Bcigra* de:amp;lcs Aik mans qui tcnoicnt le mont de S. Girard,reniierfez par les laniflaircs, amp;nbsp;par la ca-uallerieTurcquefqucfurent précipitez en bas aucç vne grande boucherie. Les Budans fortâs . dehors par la porte de la tour de l’eau (ainfi nô-mee pour eilte toufiours baignee des ondes du Danube ) amp;nbsp;luyuans vn chemin couucrt, faiâ: ; par cy deuant par le Roy lehan { chargèrent fut le flanc des Bohcrniês, renuerfans tout ce qu’ils trouuoicnt deuant eux. Les Turcs qui eftoient à la garde de Fille deChep,entendans ce tumulte feirent flotter leur vailleauxfoubs la charge de Caflbn leur Capitaine, contre ceux de Roc-candolphjlcfquels apres auoir longuement cô-battu contre leurs ennemis , amp;nbsp;voyans la dif-grace de fortune, laquelle de tous coftez fcfpâ-doit fur les noltrcs, fe dcfuclopas des mains des Turcs , comme eilans plus legiers fe meirent à fcndrel’eauà forced’auirons , amp;nbsp;d’vne vifteflè fe fauuerét en l’Ifle de Comar.Lc Moyne Geot- ! ce donnant cependant d’vne autre part.meit le j feu cscftables du Roy,lefquclles eftoient occu- i pees pat les gens de Roccâdolph, amp;nbsp;qui eftoiét j pleines de foing, ou le feu f enflamba fi ardcui“ i ment, que la lueur delà flamme f eftendoit iuf- i ques à Pefthe , amp;nbsp;fembloit que le Danube fort j tout en feu. Par vn tel incfpcrc changement de fottunCjtout le refte de l’armee de Roccâdolph ayant perdu amp;nbsp;l’efprit, amp;nbsp;les forces, fen alla en route,5c trois mille foldats de toute nation, Icf-qucls fuyans la cruauté de l’ennemy, f eftoient

-ocr page 159-

Lturc Je co nd. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;6^

retirez en I’Eglifc de S.Girard, furent tous taillez en pieces (ans en relerucr a^cun en vie, que ceux qui fe pouuoicnt vendre , ou garder pour cfclaues. Caflon pourfuyuant auec fes gens, Sc vaifleaux les fuyards, amp;nbsp;abordant près Pefthe, J’fflJ’* donna telle frayeur aux foldats,amp; cytoiens,amp; à ceux qui f cftoict fauucz,qu’abandonnans tou-te chofe , luy laiiTcrent le pouuoir de fen faire raaiftre fans aucun empefehement. Entrant en celle ville commit le plus horrible malTacre des pauures, 8c mifcrablcs habitans qu’on ouyt ia-mais, parce que de toutes parts on voyoit courir le fang pat les rues en guife de ruifleaux d’eau J ne pardonnant ny à degré, ny à fexe aucun. Cependant Roccandolph voyant fon armee enticremét defeonfite, fut contraint fe ict-ler dedans vnbrigantin, amp;nbsp;fc lauucrcn l’iflede Comar , ou vn peu de iours apres il finit fa vie ßotf*»-en la ville de Samar,laifTant auxTurcs auec vne dulph. fl grande perte de fa nation , laviéloire en laquelle , outre la perte de trentc-fix grolTcs pieces d’artillerie, 8c de cent cinquante moyennes 8c petites, furent tuez vingt-cinq mille homes, fans vn nombre infiny de ceux qui furent emmenez efclaucs.Soliroan qui defiroit beaucoup fe trouucr en tel efchec, foubs couleur de donner fecours à la Royne, ôc au Moyne, chemi-noit auec telle diligence qu’il pouuoit,8c fe ha-ftoit dauantage,fc Tentât defehargé du foupçon qu’il auoit d’Eftienne Maillat,lequel en ce téps tcnoitla Tranfiluanic au nom de Ferdinand, çonvtc lequel,ainfi que nous auôs dit cy dcÛus,

-ocr page 160-

guerroyé en Tran-filimnie.

MaïUnt Lteutenat fDnr Fer-JiiMnd tn Traußb vante.

Fagareaf fie-yré jtar

Huflafn.

Hißoire de Hongrie pour ne laifTcr derriere foy vn tel ennemy.auoit enuoyé Muftafa.Jcekiy f eftant ioint auec trente mille cheuaux de Pierre Vayuodede Molda-uic, amp;nbsp;auec les Vayuodes de Tranfalpine, amp;nbsp;de Valachie, amp;nbsp;auec les gens dV chômât SangiaC de f^Icopoly, f’eftoit auec cede armee, laquelle (outre l’infanterie) montoit à cinquante mille cheuauK.aduancé contre la Tranfiluanie,en laquelle il entra du codé du pays de Sicile, donnant à entédre auxT ranfiluaniens qu’il n’edoit pointvcnupourlcsdedruirc, mais feulement pour negoticr,amp; traiter de quelques affaires de grande d’importance lucc le Vayuode Maülat, contrelequel toutesfois fait marcher fes gens. Maillat fe voyant enuironné d’vne fi grande multitude d’ennemis, amp;nbsp;fe fentant inferieur, amp;nbsp;de force, amp;nbsp;d’hommes, amp;nbsp;n’ayant plus d’cfpe-rance d’auoir le fecours que Fcrdinâd luy auoit promis,à raifon de la dcftaiôfe de fes gens deuat Bude, fe doutant de ce qui aduinr depuis, fere-folut de fe retirer à Fogarc, qui ed vn ChadeaU dclaTranfiluanie, par fa fituation, Separate merueilleiifcment fort, lequel fut incontinent enuironné par Mudafa, amp;nbsp;battu furieufement auec l’artillerie. Mais l’cnnemy voyant que ny par mille adaults qu’il y auoit donnez, ny pat force aucune il ne pouuoit le gagner, print có-feil auec A chômât d’vfer de trôpcrie, amp;nbsp;de deception, amp;nbsp;à cede fin enuoy crent vers Maillar, pour luy perfuader par viues raifons , qu’il eud a fe rédtc à Soliman, amp;nbsp;à auoir cede reputation 4’cdtc pludod du nombre de fes amis que de

-ocr page 161-

Lture jecond. 70 fes ennemis,duquel il ne pouuoit cfpeter qu v-ne clcmcnce infinie, amp;nbsp;vn bien-fait grand, l’af» feurans qu’il luylaificroitlibrcmét ce degré de Vayuodc,auec rentiere (cigneuric de cefte pro-uincc, amp;nbsp;qu’il neluy demanderoit autre chofe qu’vn certain tribut honnefte ; amp;nbsp;en outre per-uiadcrent à quelques Tranfiluaniés d’aller vers luy traiter de ce négoce, fils vouloient voir en-' tr’eux vne paix,amp;: repos, amp;i que fur tout ils feif-fent tant qu’il vint parlementer auec eux,parce que fil faifoii autrement, ils leurs feroient la guerre à feu amp;nbsp;à fang,amp;du pis qu’ils pourtoiét. Ceux- cy cftans entrez dedans Fogarc, tappor-terétàMaillattoutcequilcurauoic cfté commandé, Icpriansfilaymoitlcfalut de tout le pays, qu’il n’cuft à refufer desxôditions fi bon-neftes, amp;nbsp;aduantageufes, ny aauoit en mefpris l’amitié qu’au nom de Soliman on luy offroit. Maillat encor qu il ne fc fiaft trop pour leur infidélité aux parolles de Muftafa,amp; d’A chômât, ny à celles du Moldaue,lequel faifoit femblant d’eftte moyenneur, ny femblablement aux offres qu’on luy prefcntoit,eftima toutefois qu’il ne deuoit du tout dcfptifer les conditions de la paix, amp;nbsp;promeit de fortir dehors, amp;nbsp;aller vers ' Muftafa fi A chômât vouloir bailler fon fils pouroftage. Mais il fut refufé par A chômât,disant qu’il l’auoit donné à Soliman, 8c qu’à cefte occafion il n’eftoit plus en fa puiftance, 8c qu’il n’en pouuoit plus difpofer (ans fon commâdc-ment, 8c qu’au lieu de luy pour le contenter il bailleroit quatre Capitaines de fa caualleric dç^.

-ocr page 162-

lAifîoire de lAongrie principaux dcfon camp pour oftagcs, Sc pout gage dc(a fovjlaqucllc offre Maillar ne vouloit accepter. Mais les prières des Tranfiluanicns, lefquels luy perfuadoicnt d’y aller, eurent tanC de pouuoir fur luy,que,comme bon Capitaine, amp;nbsp;fîdellc à fa Patrie, oubliât tout le mal qui luy en pouuoitaducnir, pour le bien commun de tous accepta le party , amp;nbsp;comme ignorant fa mclchante amp;nbsp;mal-hcurtufc fortune,amp; la trahi* fon qui fourdifToit cotre luy, apres auoir rcccu les oftagcs, fen allaaufcvnc be.'lccompagnce au camp des Turcs, fc faifant côduirc vers Mu-ftafa amp;nbsp;Achomat, par lefquels il fut receu hon-norablcmcnt:amp;pour plus commodément traiter entr’eux des chofes qui fe deuoient conclure fur les conditions qu’on luy auoit offertes, le parlement fut différé iufqucs à vn autre iour,amp; à ceiourleMoldauel’inuitaàdifncr chez foy, 3c cependant fen retourna à Fogare. Le iour prefix cftant vcnu,lcMoldaue fcit apprefter vn fijpcrbc banquet, amp;nbsp;commâda â tous ceux qui fy deuoient trouucr, qu’àl’cntrccdc table ils commcçafTènt à mettre en auant quelques propos plaifans amp;nbsp;facétieux, amp;nbsp;que de là ils vinf-fent à parollcs outrageufes , amp;nbsp;puis aux armes, 3c que fur tel tumulte on vint à Maillat, Sc quc^\ on i’arreftaft prifonnier,. Ce qui fut execute de pointf en point, comme il auoit efté ordonné. Car Maillat cftant arriuc en la tente du Moldaue,fur par luy receu auec grandes carefleSjSc venue l’heure de difncr.il fc mcit à table auec tous Icsinuitez, qui apres l’auoirrçfiouy auec pro-

-ocr page 163-

pos ioveux fcircnt fi bien cc qu’on leur auoir donne en charge,que metcans les mains aux ar ynßtprt. mes, vouloient charger fur Maillat, en tel aAe Maillat voulant f’efcriereftretr.ahy.amp;fcdefcn-drc(cftant homme fort amp;nbsp;robuftc,)amp;accufcr le «ralxf«». Moldaucdc ce fait, fut incontinent faifi, Si lie.

amp;: voilé des chofes plus pretieufes qu’il auoit apportées auec foy,amp; criât qu’il auoit elle ainfi vilainement, amp;nbsp;foubs efpece d’amitié trompe. Achomat furuint,lequel feignant reprendre ai-erement le Moldaue pour vn tel ade, luy con-îcilloit de ne vouloir rompre cefte foy, laquelle pour fa feurcté on luy auoit donnée; amp;nbsp;qu’il ne fut point caufe de la mort des oftages c|u’on a-uoir-enuoyez à Fogate, Auquel en façô de mef- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;।

pris,le Moldaue fit rcfponcc, qu’il l’auoit faiét nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.

prendre pour quelques iniures qu’il auoit re« \ ccuësdeluy ,amp; qu’il vouloir le garder en vie, pour l’cnuoyer à Soliman,lequel puis apres iu-geroit f’il auoit elle prins auec raifon . Ce faicl non long temps apres le Chafteau de Fogatc, (apres que les oftages eutfent cfté mis en liber-té)par lamelehanceté Se trahifon de ceux qui y commandoient cnl’abfence de Maillat, fut rendu auxTurcs , encor qu’on dit que c’eftoit pour la dcliutancc de Maillat, amp;nbsp;de ceux de fa fuittc.Par ce moyen Maillat,Se fcmblablemcnt ( comme nous dirons cy apres ) Valentin , les deux principaux des Hongres , Sequi eftoienC fculs demeurez des anciens Huns, paruindrent cnmefraetépscnlapuill'ancc de ces ennemis, Icfcjuels les feirent mourir en prifon à Conftâ-

-ocr page 164-

H I flot re de Hongrie

** tinople, amp;nbsp;ne pouuant cftre vaincus par les armes, demeurèrent en fin fubiuguez par la frau-Z(j Trttn- Je Je Pierre le Moldaue. Muftafa, amp;nbsp;Achomat pofTefiion de Fogare,amp; ne voyant plus ^^4 £~ aucun qui foppofaft à eux , feirent iurcr à tous fiuDM. les Tranfiluanics fidclitéà Fftiennefils du Roy Ichan , foubs la puiflance duquel vn chacun fe rangea paifiblcmcnt,ayans efte auparauant pat l efpace de trete ans foubs l’obeiflàncc du pere, duquel ils eftoient tres-afFeôlionnez fubieds, amp;nbsp;vaflaulx. Eftans les chofes ainfi pacifiées en Tranfiluanie , ces deux Mahomets prindrent leur chemin vers Soliman, lequel cheminant à grand hafte reccut les nouuelles de la vidoirc , J qu’auoient obtenus les deux Mahomets deuat ’ Bude , qui fut eaufe de le faire marcher lente-i •l’y nbsp;nbsp;ment, amp;nbsp;acheuer fon voyage à l’ayfc, amp;àfa

comnioditéj en fin il arriuaau commencement d’Aouft l’an mil cinqccjis trente amp;nbsp;vn , à deux Salimitn Üeuës amp;nbsp;demie près Bude , ou il feit afteoir fou 4rr,«e/,r« camp , eftant venu non tant pour reftituer la Roync,amp; fon fils à leur premier repos, amp;nbsp;trän'-quillité {ainfi qu’il dormoit à entêdre à vn chacun) comme pour reduirë foubs fa tyrannie ce-fte ville, amp;nbsp;pour f y annicher fans qu’il luy cou-* ftaft beaucoup , cognoidant la commodité. Si le fecours qu’il en poiirroit receuoir aux guerres, lcRjuelles il efperoit mouuoir contre Ferdinand. Eftant l’armec des deux viôlorieux Mahomets ioinifte à fon camp , il les loua grandement,5c fcmblablcmcnt Muftafa,^ Achomat, pour auoir fans cfFufion de fang mis fin à rex-f

-ocr page 165-

pedifion dcTtanfiluanie , amp;puisluy far pre-fcnté prifonnier Maillat, qui vn peu apres fur quot;“''J' * rt nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,, 1 -T C»iiftan~

cnaoyciConftantinoplc, auec Valentin Inr-ky. Furent en apres deuant luy , amp;nbsp;deuant les Sangiacs amp;nbsp;Bafehats amenez tous les prilbn, Majftcrt niers, qui auoiét efte prins à la deftaite de Roc^ j/nfoii. candolph i liez auec longues cordes quatre à ■ quatre, ôcpouüoicnt'eftrc enuiton hui A cens, “* entre lefquelseftoient quelques Capitaines de tw«. renom,comme Baltafar Pocan, Tailch, Burfic-chy BohemienJSc autres,aufquels la vie fut donee,à la requefte de la Royne, Sc'tous les autres comme ayâs eu en defpris la paix. Si amitié que par fes Ambaffadeurs il leur auoit fait offrir,furent pat luy condemnez à la mort,ce quifutin-continent execute pat les laniffaites, tellement qu’en vninftant on les veidfans telle , qui fut cettainementvn fpcftaclc mifcrablc. Ce faiél Soliman enuoya en don au fils du Roy lehan SolyniMi trois beaux cheuaux , auec leurs harnois garnis f/i'«« ©quot; d’or,deperles,de pierreries,Si de tres-richespé-

1 nbsp;nbsp;nbsp;* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 n nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i gt;nbsp;J* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nnfurhiir

naches, ôc desveftetnens de dxap a or; enuoya anlfi aux autres Seigneurs Hongres, Si prmci-* pauxdc fa Couc,quelques belles tobbes lógucs àlaTurcque, Si quelques chaînesd’ort-Ces Ambaffadeurs attiuez vers ta Roync,!ptcf®nre-rent au nom de leur Seigneur à vn chacun les prefents qu’ils auorent apportez, Sc prierét hu- ' ïuainementlaRoyncd’enuoverauec les prin-cipaux de fa Cour fon fils à Solimâ,lequel mer-aeilleufcmcntdcfiroitlevoit, amp;nbsp;qu’elle ne fc

nef ouf li desfiaft d'aucune ebofe, f’afleurant que le tout veir^

-ocr page 166-

ifltennt fur le can-

fed de Geari^e efl mené À StltmM,

H I fl Oir e de Hongrie {ûcccdcroit hcurcufcmcnt,amp; aucc fon cohten-* tement, cftantfa couftumenon feulement de maintenir,amp; accroiftre les Royaumes, amp;nbsp;eftats de (es amis; mais aulîî de les defFcndre, amp;nbsp;con-feruer: amp;nbsp;que pour la mefme caufe il defiroit de cognoiftre, amp;nbsp;voit le fils de ccluy qui luv auoit efte fi grand amy, amp;nbsp;renabrafler, amp;nbsp;en figne de perpétuelle amitié, en donner cognoillanceà fesfils, amp;nbsp;quant à elle qu’il ne luy portoit pas moins de rclpcét,amp; d’honneur que fi c’eftoit fa propre fille,où fa bruz,amp;.’ qu’il feroit venu vers elle la vifiter, fi il ne luy cftoitdefFcndu par fa Ioy,amp; qu’a 11 (îî pour garder fon hôneur, amp;nbsp;cm-pefeher tout foupçon,il ne vouloir point qu’elle le vint falucr en (es pauillons, fc contentant feulement que l’enfant luy fut amené auec fa nourrice. Soliman ne failoit telle inftancc, que pour auoir le moyen de f’emparer plus ayfémet de la ville de Bude, ainfi côme depuis aucc vne certaine rufe il feit, amp;nbsp;auflî pour voir fi ccd enfant eftoit fils, ou fille, parce que le bruit cou-roit que c’eftoit vne fille , à l’occafion que la Royne ne vouloir permettre à vn chacun de le voir, amp;nbsp;que pour cefte caufe elle le faifoit ainfi nourrir fccrettcmcnt. Ainfipour efclaircir vn tel bruit,il voulut qu’on luy ariicnaft. La Royne troublée grandement par vne telle dem.indc auoit volonté de rcfpondrc rcfolumcnt qu’elle n’en feroit rien quand le Moync George l’in-tcrrôpit, amp;nbsp;la pria que pour ne mettre en doute l’cfprit de ces Turcs barbares, elle ne feit faute dele luy enuoyer, offrant de l’accompagner,

-ocr page 167-

i^turejecond, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;75 . _

amp; dele ramener fain amp;fauf. Par telles parollcs ' laRoyncfeftanc appaifce , feit orner (on fils pompeufemenr, ainfi que l’eftat d’vn Roy por» te, amp;. le feit mettre dedans vn beau coche doré magnifiquemenr.ayant aucc foy fa nourrice, 5c quelqucsDames,amp; en ceft equippage l’tnuoya accompagne de tous ceux qui auoiêt receu pre-fent du Turc. Arriuant près du Camp,quelques troupes de cheuaux, mcrucilleufemcnt bien en ordre,fuyuis de plufieurs bandes de laniflaires, qu’on auoitenuoycz au deuant pour luy faire honneur,le rencontrercnt,amp; le mettant au milieu d’eux, le conduirent aucc vue telle pompe iufqucs à Soliman, lequel auec toute douceur, amp;nbsp;couttoificlc rcccut amiablcment, comme vafTal de fa maifon , amp;nbsp;fils d’vn Roy qui luy a-uoit cfté fi grand amy,voulant en outre que fes enfans Sclim, ScBaiazet naisdeRolTefaftmf-me, luy en ftKTent autant. Ces deux enfans ftoient feuls au Camp aucc leur pere, iftât Mu» ftafafori filsaifné.Sc forty delà Ccrcaflc fa premiere femme,pour lots comme relégué enl’A-mafic,fur les frontières de Perfe, par l’aftuce de ladite Rolfe,laquelleafpiroit à faire graitds fes enfans,amp; abbailfcr les autres. Or ayât Soliman carelfe cell enfant, amp;nbsp;faiôl enuers luy toutes les dcmonlltations de bien-veillancc qu’il clloit polTible , commanda que les Bafehats inuitaf-fent à difneraucc eux tous ces Seigneurs Hongres, amp;nbsp;leur preparalTcntvn banquet garny o-pulemment de toutes viandes , Se delicatelfes. En apres donna charge à certains Capitaines,

-ocr page 168-

{7 î * Hißoire de Hongrie qucduranc ce feftin feignant d’arllcr voir la vrf-Sudtprln- le deBudc, ils rrouualTent moyen de fcn lâifir, Je par le fahsfairc aucun btuit, faifantfemblant les vns fauuiie'^^^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■'»utrcs dc fortif, afin que les BudanS’

ne fe dcsfiafient de ce trait ; cela fut exécuté ia-gement. Car plufieurs entrans pat la porte Sabatié, par troupes, auec fcHleri-icnt contenance telle que pcuucntauoir gens eftrangers, voulas contempler les fingularitcz d’vne ville, peu re-Ibrtoient, amp;nbsp;en demeuroient beaucoup dedas, tellement que pour vn qui en fortoit, il en ren-tioit fept, amp;■par telle rufe fc {entant lors eftrc aflez'bon nombre, forcèrent foudainementlc? gardes de cefte porté, qui ne fe desfioient au'eu-neriiçnt dcfclFc'cntreprinfcjScfcn faifircntjdô-nan'r pat icelle ehtree à vn bon nombre de fol-dsit^iqui cftoient là auprès cmbufchcZjattédatiS l’yBaë dececy.fceuxeftans dedans incontinent rrcetiperér les places,Palais du Roy, amp;nbsp;le Ca.' Îtitainedes lanifiaircs feit fiiire vn cry par toute âMllc , qu’aucun n’euft à fortîr de fa m3ifott) rirais que cha'cû euft ày demeürer paifiblemétj que fi les cy toiens vouloicn’t viure en repoJ, qu’ils euflent à mettre entre fes mains toutes leurs armes. Ce qui fut incontinent execute pat vn chacun , amp;nbsp;piüis'en figne de fidelité chafque cytbicn print quelque Turc à loger chez foy.^t le tout fe porta fi doucement qu’il ne fcmbloit f)oint que iamarsaucun cnnemy fhft entré en a ville,n’ofant aucun Turedire à fon horte pa* Ttufe'iti 9“’^tift plus qu’honefte. Solimanayàt entendu que Bude cftoit prinfé, amp;nbsp;que toute

-ocr page 169-

tiurt ßcond. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^4

thö^e cftoit paifiblc cn icclle, reuoya à la R oy- Eflirnnt ne fon fils,encor qü’il fuft jà nuit,retenant tous quot;««‘'.■y« 4 les Princes, Sc Seigneurs, lefquels l’auoicnt ac-compagne, quicftoiêt Ie Moyne George F uef-quedc Varadin, Pierre Vicchy proche parct du ^-«»arr«-Roy Iehan,amp; lequel la Royne rdfpcókoit gran-dement, Bacian Vrbain gouuerneur de Bude, Eftienne Vcrbet2 grand i hanccllier de Hon^ grie, amp;nbsp;Valentin Turky Lieutenant General pour Ic R,oy en I armee , anecpluheurs autres.

La Royne voyant pat vne telle tul ,amp; trómpe-fie fa ville ptinle.par ceux defquels eile eliaeroic fecours, amp;ayde, amp;nbsp;dauantagc tous les grands petfonnages, qui eftoient alle« accomp'gnct lón fils,eftre retenus ptifonniers.ne fçauoit que faire , cftancanpolliblefaified’vne crainte de pis,amp; d’vne douleur caufeepat vne telle aduer-fité inopinée : amp;nbsp;craignant que tout le refte ne luy fut ofté , efcriuit a Soliman lettres pleines de toute hiimanitc, amp;nbsp;humilité ,1c priant qu’il ne vouluft rompre, ny faire tort à la foy qu’elle auoitmifeen luy, amp;nbsp;laquelle il luy auoit afflu-rce par vn bon nombre de fes lettres , 3c paten« tes, amp;nbsp;que fcmblablcment il euft fouuenincc de fa naturelle cleméce, Sc magnanimité à l’i n-droit de l’enfant de celuy , qui de fon bon gré f eftoit fait amy , amp;nbsp;valTal de fa maifon, amp;nbsp;qu’il luy plcuftluy tendre les Seigneurs qu’il tendit ptifonniets lefquels l’aooicnt G bien feruie, Sc deff-ndué dutantles guerres paffees, puis que foubs fa foy elle les luy aoort enuoyez auec fotlr Gis. Ccôy eftoit aflcïfuffîfàftt pour adoucit 1»'

K ij

-ocr page 170-

Hifloire de Hongrie

Cife'd fur coufagcfelon du Turc,qui a cçftcoccafion fcit les frifon- tcuit coufcil pour dcÜbcrer là dcfTus. Les opi-nions cftoient toutes diuerfts , 8e ne f’accor-doienr enfcmblc. Mahomet Gouuerneur de Belgrade, auec pluficurs autres, vouloir qu’on fift couper la tefte à tous ces Seigneurs,lelqiicls ils auoient en leur puilTince, amp;nbsp;qu’on enuoy ad à Conftantinople la Royne,amp; fon fils,amp; qu’on meit vn Bafcha à Bude, auec bonnes garnifons poutlagouuerner, amp;ladcfFendrc des aflaults des Chreftiens. D’autre codé Roftan Bafcha, auquel la Royne auoit enuoyc de riches pre-fens, refutoitl’opinion de Mahomet, Sf de fes adherents, difant que Soliman fuyuantleurad-uis donneroit vne attainûe grande à fa renommee, amp;nbsp;que fa foy ne feroit aucunemet cftimee parmyles autres nations, qui verroient icelle n’eftre point gardée,à ceux mefme aufqucls elle auroit cfté donnée pour fccours a leur requefte amp;nbsp;priere,amp; que à l’exemple deBude iamais aucun ne l’appclleroit à fon fccours craignât qu’il ne lu y en aduint de mefme, amp;nbsp;partant il trou-uoit meilleur qu’aucc quelque augmération de tribut on laiflaft la Roy ne en paix,amp;quc par ce moyen on euitaft l’infamie d’infidélité, en laquelle vn chacun tombcroitaucc vne hontev-niucifelle. Pour vne tellediuerfitc d’opinions ne pouuans les Bafehats faccorder, Soliman fans faire aucune refolution rompit le confcil, voyant le temps venu,auquel felon faloy il de-uoit faire facrificc à Dieu,qui eftoit le trentief-mciourd’Aouft, amp;àcefl:cfia enuoya dedans

-ocr page 171-

i^ture jecona.

Bude fes Preftres, pour luy confacrer à l’vfance Sacriftt Klahometaine la grande Eglifc.Tcciix renuerfe- ƒ*”■ rent tous les autels , amp;nbsp;meirent pat terre toutes les images,amp; repurgeant l’Eglife à leur modela Confacrcrcnr.Ce qu’cftant acheué Soliman en- Uimt. tra en la ville aucc fes Sacrificateurs, prenât lut ce occafion de rompre le fufdit confcil,nc voulant rien faire de ce que les Balchats luv auoiét confeillé;mais prenant vnc voye plus douce, amp;nbsp;moyenne feit entendre à la Royne qu’elle euft SolimAn incontinent à fortir du Chafteau, aucc (on fils, amp;nbsp;qu’elle fe retiraft à Lippe,outrelcTibifcque, pour gouucrnct le Royaume de Tranfiluanic, j;i,£ß,-en» où elle pourroit viure en plus grande feureté,amp; rt^nerm repos qu’à Bude , Sc où elle feroit voifine du /«Tm»-RoyaumcdeSigifmôdRoydePoulongnefon ' fere, Si ce iufques à ce que fon fils euft attainôt

aage de pouuoir gouuetncr ce Royaume »duquel il foffroit tuteur,amp; protcfteur.promettât luy enfaitcreftitutionence temps , alléguant pour fon exeufe, qu’il n’importoit pas moins à fon fils d’auoir de bons tuteurs pour gouuerncr l’Hongtic , que d’autres petfonnes pour laluy defFcndre,amp; côferuenà celle fin il déclara Pier- P'«« F/r-re Vicchy gouuerneur du Côté de Themefuar, amp;nbsp;des autres pays adiacents,amp; voulut qu’Eftic ne Vetbets homme vieil, fage, amp;nbsp;prudent de- „ame. meura dedans Bude pour exercer laiuftice, amp;nbsp;auoir cfgrrd fur les Hôgres.Et afin qu’elle peut pluftoft dedoger, Si faire fon voyage aucc fa cômodiré,il luy feit offrir chariots,chenaux, tant qu’il en feroit befoingpour porter fon ba-

K iij -

-ocr page 172-

ViißotredeHongrie

gage amp;nbsp;autres meubles,amp;qu’il luy bail■ croit en outre garde fuFFlance dccauallcric, amp;de lanil-faircs, pour l’accompagner tufqucs au 1 ibife-que ayant nonobftan telles promeffes,vnc aune rciolurion Iccrettc en luy , de fc faire Seigneur puis apres auec le ti mpsj non feulement oe la 1 tanfiluanie, mais auin de tout le rtftgt;. de la Hongrie,qui (.ftost de l’autre collé du Danube vers Vienne , ne pouuant pour lors mettre à execution te le deliberatiô, à l’occafion dcplu-ficurs,amp; d ucrscmpcichemens,qui lors l'cn de ftournoient 11 nomma puis apres le Roy t ftic-G’orire ne Ion Vayuode, 6c confirma la Royne pour c-lire fa tutrice , ßcgoiiuetnante en laTranfilua-fl L.j,,enne fcitle Moyne George fon coadiutlt; ur, 6£ fiîiyiie. grand I hrefotier , fuyuant la volonte dernière du Rov lehan, porteeparlon tcllamét, duquel il fe difoit,Ôr vouloir tfitre executcur.La Royne ayant entendu vn fi cruel 6c inopiné comm n-demcntjbaignant toute fa face de larmes, blafr moit ixtremcment, amp;nbsp;l’efetioit hautement cotre le mefehant naturel d’vn fi damnable,amp; in-fidelle Seignepr , qui contre la foy donnée, H iM'S.qyne nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fou Royaume , 6c de tout cequ’ellc

d'ßugtdt auoitle plus cher,amp; cedant à la fortune fon en-neojie, lortit hors la fortcrefic , de laquelle les Tui es ne voulurent qu’elle feit tirer hors aucune artillerie, ny munition; mais feulement les meubles , 6c fc mcit en chemin hors la ville de Pude,auec telle commodité de chariots,5c chf'? vaux que tes viélorieux luy en permettoient, §yrfon dcllogcmcnt le Turc feit incoopnenf

-ocr page 173-

Liure fécond, ' ’ y 6

mettre en liberté tous ces Seigneurs qu’ilâuoit I-m. Sei. ~ retenus,excepté Valentin Turky, lequel, coin-ine a efté dit, fut pour lors enuoyc aucc UcprifonnieràConftantinoplc , ouvn peu a-! je' près tous deux moururent. Les autres encor,Ma,Hat. qu’ils fulTcnt fort dcfplaifans de .li voir priuez de leurs biés, fi cftoient-ils plus ioyeux fc-v.oyâs, libres,amp; feurs de leur vie,de laquelle ils auoienf eu grand doute. Iceuxferctirerétaufli tpftyecs. laKoyne , laqucUeauec eux , amp;nbsp;le Moync quelques liens autres domcftiqucs,print le ehe-' min vers Tranllluanie, cftant bien louucnt par. faute de cheuaux contrainte de faite tirer Ion chariot par desbœufs.Ce qu’elle enduroit auçc vn courage inuinciblc,amp; généreux,voyat dpfia Cottyirtwei bien comme toutes fes affaires aboient en de- d!:laRoj-. çlinant, Si fe fentant d’ailleurs^ fuyuant le fcxC, ”'*, • quot;nbsp;; feminin,femme debile, ötinfirnae, pour pou-- «e uoir rcfifler à des coups fi orbes,8c fi pcians,pat Icfquels la fortune jà commcnçoit à la toutmé-7 ter. Orfcftantrcfoluëdefaircpeu de compta de tous les infortunes qui luy poutroient aduc-, nir, print ncantmoins toufiours bié garde aucc fon honneur de conferuer pédant toutes telles aduerfitezjfon authoriic, Sc puiffance Royal le, de façon que tant quelle a xefeu clic a efté. cot tinucllemcnthonoree, 8c rcuefec, pinfi que fa dignité le requçroit. Cependant que la Roync aucc telles plcintes,8c doleâces tiroir pays, Ferdinand ayant reçeu foubs la conduite de Roc-candolph cefte fanglanre dcffaiôtc, Sc perte in-çftimable de gens, d’artillerie, de n^unitiops 6c

K hii

-ocr page 174-

tnuayevert Soliman foar le re-quérir Je

f refont ri-the fait 4 Solimon

Hfßot-re de Tdon^rie de villes d’importance,fc desnant quelesTurcî n’amenallcnt toute leur armee deuant Vienne» depeftha promptemét Leonard Vtlfch en l’if-ledeComàr, apres la mort de Roccandolph» pour rallier le relie de fon armcc,amp;le conduire a Vienne, amp;nbsp;fortifier ladite Illclc mieux qu’on pourroit. Voyant d’autre cofte fon frere l’Em-pcieut Charles fi empefehe és affaires d’Allemagne, qu’il ne liiy pouuoit pour lors cnuoycf aucun fecours, fedeliberapatlcmoyen d’Am-baflitdcs , en requérant paix , de tenter quelle pourroit eftre la volôté de Soliman enuers luy. A celle fin il enuoya vers luy Nicolas Salm, Ü Sigifmond Litcflan auecprefens riches, amp;nbsp;cx-ccllcns, entre lefquelsy auoit vnc couppe d’ot embellie, amp;nbsp;enrichie de pierreries de valcurin-fnr FerJi- finie, garnie de couuercle, fur lequel eftoit alli-»lt;«»lt;/. pç yp, J liQvloge, qui ne contenoit pas feulement

en foy le cours des heures, de la Lune, amp;nbsp;du So-leil, mais aulTî de toutes les autres Eftoilcs, Ü Pianettes. C’eftoit vn œuurc fait auec vn art fi

Cànjlnme four pre-fenter vn

Ambaffa-ieur deuü le Turt.

mcrueilleux qu’il fembloit vn miracle de nature à ccluy qui le contcmploitàloifirt il eftoit venu de la fuccelTion de l'Empereur Maximilian.Ces Ambafiadeurs arriuczau câp du Turc, fc prcfcntcrcnt premièrement à Roftan Bafcha, ii puis au Bafcha CalTon , qui les logea en deS pauillons honnorablcs, amp;nbsp;le lendemain furent difner auec les Bafehats, en leur mefme table. Le feftin achcué apres leur auoir fait öfter leurs armcSjiufqucs aux couftcaux,fuyuant leurcoù-ftume , furent par les Bafehats, cftant chacun

-ocr page 175-

Lîure ßcond.

77

d’eux mené entre deux Bafchats les bras pafTcz l’vn dedans l’autre, prcfcntczdcuant Soliman, ’ la main duquel ils baiferent, amp;nbsp;puis offrirent leurs prefens, Icfqucls luy pleurent grandemét. Si par fur tous ce vaifl'eau d’or, qui portoit ceft horloge admirable,lequel il contcmploit fi aui* dément qu'il ne f en pouuoit affez faoullct,fou-uent le viütoit dedans, Si dehors, par le moyen de celuy qui le fouloit gouuetner, que les Am-balTadcurs auoient mené aucc eux,lequel deuât Soliman, démontant, Si remontant vn tel ou-urage , luy feit voirie grand artifice qui eftoit dedans,Se combien l’ouurage eftoit elmerueil-lable Soliman apres auoir par quelques heures peu fa veuë d’vn tel œuurc,donna à Nicolas, Sc Sigifmond conge de pouuoir expofer tout ce qu’ils auoient en charge de dite.* Iccux deman-derent qu’il donnaft à Ferdinand aucc Bude le demundt Royaume de Hongrie, aux charges, Se condi- Cifiueßitit* tions, aucc lefquellcs il l'auoit accordé par cy ’■«lt;/» deuant à lehan, promettes que l’Empereur fon Wo?r.lt; trete,pour la plus grade Icurete enuoyroit Am-baffadeurs pour cftre comptins en cefte racfme paix, Si fc foufmettre aux conditions, quT fc-roient portées par icelle, afin que plus librement Sc fans aucun foupçon il peuft par fes armes eftêdte les limites de fon Empire vers l’Orient. Et pour l’induire à ce, ils luy remonftrc-rent comme lehan rccognoiffant polTedcr ce Royaume iniuftement, auoit de fon viuant accordé auec leur maiftte qu'il luy fcroit reftitué apres fa mort, en donnant à fon fils reuenu tel

-ocr page 176-

Hiß oir ede Hongrie qu’il cóuenoit pour entretenir fon eftat, fe fen-tant auoir efte eficu Roy, pluftoft par fortune que pat fes inerites.Partant ils lupplioicnt Soliman d’accepter pluftoft en ce Royaume leur maiftrepourfonamy, amp;nbsp;vaflàljquedcl’auoil pour voifin,amp; ennemy,attendu mcfme qu’il c-ftoit jà créé Roy de Boheme,amp; efleu par les Al-lemans Roy des Romains,amp; qu’ileftoitparles Hongres mcfmes defiré plus que pas vn autre pour cftrclcur Roy,Soliman ayant bien entendu leurs demandes,apres auoir grandemét Iodé les prefens, leur feit rcfponce que dedans trois jours il leur feroit declarer fa volotc. Apres que deux iours furêt pafTcz, il leur feit entendre Ion intetion par Rolla Bafcha,qui leur dit que Ferlt; dinand euft à rendre toutes les villes,qui auoiét efté en la polTclïion du Roy Louys,leïquellcs il auoit occupées,amp; qu’il renonçaft au Royaume de Hongrie, amp;nbsp;que Soliman pour les iniurcs qu’il auoit rcceuës deliiy, à raifon defqucllcsil auoit cfté'contraint de prendre les armes fi loii-ucnt.efloit content les luy pardonner aucc vnc legere peine, c’eft à fçauoir, en payant à l’aduc-nir tribut pour le pays d’Auftriche. A uec tilles conditions Roftan Icurdifoit, queSoliman e-ftoit contét d’entrer en paix,amp; amitié auec leur maiftre, amp;nbsp;où il ncvoudroitlcs accepter quÜ necefteroit de luy faire continuellcmét lagucr-rejôc enuoyeroit dcfttuirc,amp; ruiner entieremet tout fon pays d Auftriebe. Les Ambalfadcurs voyans bien qu’ils ne pourroient obtenir clio-fequeceluft, amp;q«eletout fe icfouldroit en

-ocr page 177-

Lture fécond.

vent, demandcrent temps pour refpondre à ce-fte refponcc fi indigne, amp;nbsp;fi hors des termes de paix, amp;pout l’enuoyer à Ferdinand: ce qui ne leur fut oétroyé. Ils eftimoient bien que les Turcs, en déniant tout ce qu’ils leur deman-doient,tacitement fembloicnt vouloir fe laiffer aller aytemenr à quelques trefues, attendu que l’hyuct approchoit, amp;nbsp;que pour euiter les incô-ueniens d’iceluy, il leur eftoit force de reprédre le chemin de Conftantinople-.mais ces Ambaf-fadcurstaifoientfemblantdene l’entedre pas, amp;nbsp;au lieu d’en propofer quelque chofe,demandèrent qu’on leur donnaft Bslchafar Taifch,lc-quelauoit cfte prins à la deft'aide de Roccan-dolph,- amp;nbsp;mis à la chaifne auec les autres cfcla-ues. Roftan leur feit refponce qu’on le leur ren-droit fans aucune rançon,lors qu'ils gardcroiét les conditions propofees pour la paix , amp;nbsp;fila guerre aduenoit, que lors aufh il fc pourroit prefenter occafion de l’elchanger auec quelque autre des fiens- Ainfi cftans forclos de tout accord furent en cefte façon renuoyez vers Ferdinand priviez de toute efpcrance. Pendant que ccux-cy fen retournoient à Vienne,Soliman a- Salimare-pres auoit fait fortifier toutes les frôtiercs, def-logea de Bude auec fon armee, prenant le ehe- ,, mm de Conftantinople,ayant lailfé dedans Bude bonne gatnil'on toubs la conduite d’vn Hô-gre.qui f’eftoit faitt Tutc,nommé Soliman,lc-qucl pour les affaires de guerre deuoit detfen-r dre,amp; gouucimt laville;ßc ayant oidone poui;

le maniinét de la iuftice Eftiçnnç Vcrbeis,voUr

-ocr page 178-

Vïifloire de Viongrie lantpnr là gratifier aux Budans, lefqucls cou* gnoifibicnt tous ce perfonnsge eftre de fineer’ vie. Comme ces affaires fe démefioient à BuJ’ parSolimanJa Roync cheminant toufiours Cf pendantcomméçoit jà à approcher de la Tran-filuanic,quäd elle fut aduertic par tousles priO' cipaux de ce Royaume,qu’ils ne vouloient qu’ elle entraft en iceluy.afin qu’il ne leur aduintc’ Lu Royne Qi” eftoit aduenu à Bude ; ce qui la contraignis reaiit e» aprcs vn fi long vovage de farrefter à Lippe.oH U Ttâfd- eftantarriuceaucc fon fil5,enuoya incontinent uaniepar Je Moyne George, afin que par la faueut moyen d’aucuns des principaux qui eftoient affectionnez à fon party , ôc de plufieurs autres fes amis elle peuft entrer au Royaume , Icelu/ par l’aide des fiens feit tant que les Tranfilua-niens furent contés de la receuoir comme Iciif Royne,amp; d’obeyr à fon enfant,non moins que fic’citoit le propre Roy lehan fon pere , le tenant comme leur Roy,amp;fa mere come fa tutri' cc,amp; gouucrnante.11 feit en outre fi bien fes af faires qu’il fut derechef confirmé par le pays grand Treforicr.amp;gouuerneur general de celle Prouincc, amp;nbsp;puis l’en retourna vêts la Royne, laquelle auffi to ft apres fon arriuce ne faillit » partir pour gagner la Tranfiluanic, laiffant à Pierre Vicchy le gouuernement du Conté de Lippe, amp;nbsp;de Themefuar, afin que le receuant d’elle elle ( ud plus de confiance qu’il le tien-droit au nom de fon fils : Mais ce gouuernemét luy haufla tant le cœur ancc le temps qu’il fut lî hardy d’oferpoffeder ces places comme fiénes,

-ocr page 179-

r e e

H *

é

I' e

( I

1 [

Uure jecona.

amp; non comme mouuantes, ou dépendantes de la couronne de cc Royaume , amp;nbsp;ce toutesfois auec quelque volonté fccrcttc de la. Royne. Eftmtarriuce en ce pays, clic print la régence, amp;nbsp;adminiftration du Royaume, en telle façon quelle n’en auoit feulement que le nom , amp;nbsp;le tiltrc,eftint toute la puifTaiicc, amp;nbsp;authorité entre les mains du Movnc , lequel foubs' couleur de fon cftit de Tteforier,rcceuoit tous les reue- maviAt nus^dcfquels il en diftribuoit fi peu à la Royne, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;«-

qu’à peine en auo;t elle affez pour fon ordinai-IC, amp;nbsp;en diftribuoit à qui bon luv fembloit; amp;nbsp;ayant délibéré de manier toutes choies f’aydoit de tousles plus rufez moyens qu’il cognoilToit fioy*». luy eftrc profitables pour commander aux plus puilfans du Royaume, f esforçant au commen-

• 'j-cernent par le moyen d’infinies care (Tes d’attirer tous les Gentilshommes de fa part Jcfquels, apres les auoir ainfi gagnez,amp; attirez à fa volô-téiltraitoit comme clclaucs, 6c fil aduenoit qu’ils f en pleigni(rent,inconiin'‘nt il l’cxculoir entiers eux,ôc Ven dcfchargcoit,difant qu’il n’c-ftoit pas befoing d’vfct de telles courtoifics, 8c carefles auec ceux qui luy eftoient bons amis, defquellcsilluy côucnoitvfcr enuers ceux qui ne luy eftoiêt obligez auec vnc amitié fi eftroit-te: ôc f’il en cognoifibit quelques vns, qui ne peuft par aucun de fes moyens ranger de fon cofté.ÔC qui fuflent plus enclins au feruice de la

1 Royne qu’au ficn , il les poutfuyuoit iufqucs à I la mort. Tous tels comportemens du Moyne eftoient aficz congneus par la Royne, laquelle

-ocr page 180-

'n iß o ire de Hongrie enporroitvn grandilîiinedcfplaifir, maisctl-cor que mal ayft'menrelle pcuft fupportcr vn tel loug, amp;nbsp;vn fi grand trauail d’efprir, cllccn-duroit toutcsfois le tout aucc vnc patience nô-pareille, eipcrant toufiours que le temps « (clon fa couftumc,rcmedicroit à tour, eftâs tous Em-pircs,cft3ts,richcues,honneurs,pauuretczjgloi-res,triomphcs,amp;toutes chofes profpcresjamp;ad-uerfes , fuiettes à fon inconftantc mutation, amp;nbsp;n’ayant chofe foubs le ciel, qui, ayant dure pat quelque longue cfpace en vn mefmc cftat, ne foit contrainte en peu de temps chager de forme,amp; de couleur, amp;nbsp;qui ne monftrc l’inftabili-* té des actions humaines eftre conformes au naturel müablc de fon cours.

i LirKE TR.OISIESMË. ƒ

A Royne If»belle voyat qoe les affaires d’entre-cllc, amp;nbsp;le Moync George alloict toul-iours de pis en pis , amp;nbsp;qu’il pctfcucroit delà traiter mal, amp;nbsp;plus que fa patience nC

poinioir porter, amp;nbsp;qu’ellen’auoit aucun moyc de luypouuoir faire changer fa volonté obfti-nce, cftat toute dcfpitcc n’eut autre recours que d’eferireau Turc.fecompleignât à luy du mau-traitemét qu’on vfoit enuers elle, amp;nbsp;le fup-pliant, puis qu’il auoit efté content de la laiffct en ce Royaume,que fcmblablcmcnt fon plaifis

-ocr page 181-

Litire troißefme. 8o

fu!t del’oftcrhors d’vncfi mifcrablcfiijcdion} en laquelle elle eftoit tombée, amp;nbsp;principalement en endurant la cruelle tyrannie du Moy-he, laquelle luy eftoit plus griefue à potter que celle de fes ennemis defcouiierts, amp;nbsp;laquelle, fi on n’y prcuoyoit, pourroit cftrc caufe de quelque finiftre euenemet, amp;nbsp;n’ayant mis fon elpc-rance qu’en fa faneur, elle le prioit affeûneufe-ment de donner remede à vne fi grande calamité, afin quelle peuftiouyr de la paix que plu-ficuTsfois il luy auoit promife, aucc vne bonne amp;nbsp;fincerc volonté. Soliman ayant entendu ces , ■ plcintes, ne feit pour lors antre dcmonftration , qu’eferire au Moync, que, comme il eftoit rai- ' fonnable, il euft «à bien traiter la Roy ne, amp;nbsp;ce d’autantplusqu’elleluyauoitefté recommandée, amp;nbsp;qucfil faifoit autrement il luy monftre-roic comme il deutoit viure, amp;nbsp;peut cftre le fc-roit fernir d’exemple aux antres, pour apprendre à mieux faite. Ces lettres au lien de luy faire changer fa façon de faire, le côfirmcrent dauî-tage en vne plus mauuaife volonté que deuét. Cognoiffant toutesfois qu’il luy conuenoit vi- . ure plus fagcmét,amp; plus en fccrer, voyant mef- » me toutes fes aóliós eftre defeounertes au Tutc, ' délibéra, perfeucrant toufiours en fon mauuais confeil demal traiter la Royne, defaydcrdcla faueur de Ferdinand jà couronne Roy des Ro-mains, en intention de pouuoir par fon moyen Fcrdm^, en quelque occafion, qui fe prefentaft, tcfifter, en fc deffendant feulement,au Turc; eftanrà ce principalement induit par le continuel cnnuy

-ocr page 182-

Vïifloire de Viongrie qu’il reccuoit de Soliman,cftanc par luy fouué-tesfois , outre le tribut qu’on luy payoit chac» J an, ordinairement rechcrcht tantoftde viurcs, ! tantoft de munitions, amp;nbsp;tantoft d’autres fubfi-des extraordinaires,lefquels coudoient vn mode, pour l’amour defqucls ne pouuantyfatis-faire,letreforeftoitfouuentcfpuifc, amp;ncluy reftoit chofe aucune, tellement qu’il.c doit contraint pour conteter fes appétits barbares charger le Royaume de nouuclles impofitions, Ü gabelles, amp;nbsp;tomber en l'indignation, amp;nbsp;haine d’vn chacun. En ce temps cdoit en Hongrie Lieutenant general pour Ferdinand le Conte imat fifr Nicolas Salm, lequel, comme vn peu deuanta TtrJiiiand cdc dit, auoit edé en Ambailade vers Soliman, pour traiter de paix auec luy. Beaucoup deuant le Moyne George l’auoit reccrché de pourpar-Twfamp;aji. Icrcnféble au Chadeau de Tocchay,ou le Roy

Icha comme nous auôsefcrit au premier liure, fut dedait par le Lieutenant de Ferdinâd, amp;nbsp;ou fe diuife par le moyen du fleuue ,1a Hongrie de la Tranfiluanie.Or ne f edant jamais trouucela Inde Geer nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;de fc voir l’vn l’autrc,vn iour, ainfi

leejf d» que tous les deux le defiroient, aduint,( fansy Centede penfcr toutefois,ains l’vn amp;: l’autre tendant ail-leurs) qu’ils fe trouuerent au milieu du chemin, pour venir de Hógrie en ce lieu, ayat toufioui'S fans celle le Moyne follicité le Conte de le venir trouuer pour le fcruice du Roy, amp;l’cn ayat indammentpourfuiuy.à quoy leConte n’auoit | jamais voulu entendre, ne fe fiant pas trop en I luy, le cognoiflant müable, incondant, amp;nbsp;bien ' peu

-ocr page 183-

Liure troifieÇme, 8i

Îieu afleuré amy. Toutcsfois remettant pout ors deuant les yeux la follicitation gnnde , amp;c frequente, de laquelle il auoit vfé pour le faire venir à ce pourparler, amp;nbsp;fc voyât accompagné de quelques bandes de gens de pied, amp;nbsp;d’vne bonne cauallcric, ne voulut refufer d’efeoutet le Moync,amp;ainfi(’en alla loger à Tocchay aucc George, lequel durant la nuit tint vn artez long difeours, en fccret auec luy, touchant fa deliberation , difant, qu’il auoit entendu que Pierre Vicchy gouucrneur de Lippe,amp; de Themefuar auoitintelligenceauccle Turc, amp;nbsp;que foubs couleur de remettre ces Contez, defquclles il feftoit accommodé,côme de fon proptc,foubs la couronne du fils du Roy Iehan.amp; de donner côfort.Ôc ayde à la Royne, vouloir luy enlcuet enticremét le foing, amp;nbsp;admmiftration du Royaume, amp;nbsp;le réduire en vne extreme calamité, amp;nbsp;le tranfporter , ainfi qu’il en vovoit défia quelque chofe, foubs la puiffance du Turc. Ce qui ne luy dcfplaifoit pas tant pour fon faid particulier , comme pour le çrand dommage qu’en receUroit la Chreftiente , eftant tout notoire que la Trafiluanie eft la porte par où on la peut endommager , laquelle eftant entre les mains d’vncnnemy fi puiflant, Ferdinand pourroit lors clairement voir quel appareil, amp;nbsp;quel chemin ce feroit pour entrer en fes pays d’Auftri-che,amp; d’Allemagne, lequel ilnepourroir cra-pefeher, ayant des forces trop debiles, amp;nbsp;eftant l’Empereur Charles fon frere fort embrouillé, par les difeordes d’Allemagne ; pour l’amout

L

-ocr page 184-

Hifloire de Hongrie deCquclIcs il ne pourroic luy enuoyer tel cours qu’il fetoit befoing, amp;nbsp;que de fa part il (e voyoit (à vieil, amp;nbsp;le fentoit maladif, amp;nbsp;fan» moyen de pouuoir defFcndrcvn tel pays , contre la puidancc infinie d vn tel ennemy, qui no fculemct parforce,maisaiifiî parrufe,amp; moyés o.iliqucs ne cciTeroit qu’il ne l’ciift réduit foubs fa puilTance, amp;nbsp;qu^à cefte occafion douant que voir vne telle indignité , amp;nbsp;receuoit Ci grande perte,amp; mcfmcmcnt ne pouuant, pour les grades obligations qu’il auoit au Roy I ehan , faire autrement que ce Royaume ne demeuraft libre amp;nbsp;paifible a Elticnne fon fils,auoit délibéré,Si refolu en foy mefmc d’auoir recours à la Maje-fté de Ferdinand, pour le fecourir à rompre, Si empefeher telles entreprinfes, chargeant le Côte de luy en faire ample récit, amp;nbsp;le priant de ne faillir à le vouloir fiuorifer en vne execution Ü fainéle, amp;nbsp;fi luftc, I’ylfue de laquelle doit tftrc non feulement pour le feruice de Dieu , amp;: fe-cours de toute la Chrcftienté.maisaudî pour le profit, amp;nbsp;vtilité de fa Majeftc, à laquelle il fof-froit de faire tout ce eju’il feroit ponîblc,afin que ce qu’il auoit autresfois negotie auec elle fortift effeéf, à fçauoir, de perfuadet à la Royne de lailfer ceft cftar,fuyuant ce qu’en auoit or done le Roy Ichan par fon teftament : f exeufanr, amp;nbsp;fedefehargeant grandement, par le moyen de telles offres , de tout ce qui f’eftoit pafTé, Si promettant de luy faire fcruice fidcllemcnt à î’aduenir, amp;degarder, amp;nbsp;entretenir toutes qu’elle luy plairaluy mander. Le Conte Salin

-ocr page 185-

Linre troißefme. 8i luy fcitrcfponce, que très-volontiers ilprcn-droit la charge d’aduertir Ferdinand de toutes quifeftoitpalTcentr’cuxdeux, amp;nbsp;pourIcconfirmer dauantage en cefte bonne deliberation, luy promeit dele fecoutir de parolle, amp;nbsp;de fait, l’aflcurant que Ferdinand ne faudroit de luy ac-j corder tout ce qu’il demandoit, auec vnc telle condition toutefois,qu’il perfeueraft toufiours en telle foy,5cqu'il gardaft en effet tout ce qu’il luy auoit promis. Auec vne telle côc'ufion tous deux fc departirét, tirant le Moyne vers laTrâ-filuanicjSc le Conte vers Vienne, pour reciter à Ferdinand tout ce difeouts qu’ils auoiét tu cn-tt’cux.La Royne fut incontinent aduertie de ce pourparler,amp; ayant fccu que leMoyne fondoit tous les moyens à luy faire le plus de mal qu’il pourroir,entendit qu’il cherenoit fecrettement d’exccuter fes penfecs,pour luy donner tousles trauaux,amp; peines,qui luy fembleroiét propres, amp;nbsp;idoines pour la chalfer de fon Royaume, cô-gnoilFant que pour cela, amp;nbsp;non pour luy faite fcruice, ny pour occafion autre que celle qu’il f cftoit fauflcment,amp; mefehamment imaginée, il praciquoit de Pallier auec Ferdinand, pour Payderdefafaueur, amp;fefcntant eftre Royne debile de force, amp;nbsp;femme fans ayde d’aucun Prince Chrefticn, amp;nbsp;mefmc de Ferdinand, de» moyens duquel clic eftimoit fc prcualoir en fes neceliitcz, en eftant priuee par les cautclles, 8c aftuces du Moync,fut contrainte, pour ne voir vn homme, à qui elle vouloir fi mal, triomphée d’elle, ôc de fon fils, fc feiuir de la ptoraelTc,

L M

-ocr page 186-

Hifloire de Hongrie

Sgt;!. ofFrc du TurCjf ftimanc luy cftrc meilleur en

durer tout ce qui luy pourroit aduenir par cefte voyc de grand dcfaftrc , que le mal, encor qu’il fuft petit, lequel luy pourroit venir par la main du Moyne. Sur cefte refolution elle depefeha incontinent Ichan So.'anze grand perfonnage, illuftre en ces pays,6c qui luy cftoit bien versSiiU- afteéfionnc pour aller à Conftantinople, 6c reciter à Soliman les pratiques que le Moync George ourdiftbit contre elle.Iccliiy cheminât en grande diligence arriua en brief temps vers IcTurc, auquel il donna à entendre toute fa charge, Soliman qui auoitjà efté aduerty pat les fiesdetoutcequifefaifoiren Tranfiluanie, Sc mefme des pratiques du Moyne,fut à ce nou-ueau récit irrite dauantage, 6c enuoya auflî toft vn ficn Chiaufs au Bafclia de Budc,aucc vn cô-mandement qu’il euft à prédre Ic'Moyne mort, ou vif; efcriuant fcmblablcrnent aux Tranfilua-

man dtrt lafrati-^uet dt Gtar^f-

niens, qu’ils cuflènt à fauorifer ce Chiaufs en tout ce qu’il auroit affaire d’eux, 6c luy donna charge, que f’ilvoyoit qu’on ne peut exccutcf ce qu’il vouloir, qu’il euft lors à ptefenter autres patentes, par Icfqucllcs il priuoit le Moynt de fon dcgré,dignitc, 6c eftat, 6c commandoit qu’vn chaeû n’cuft plus à luy obeyr, mais qu’en f’oppofant contre luy, félon la couftunie du pays,on f efforçaft de le tuer,comme traiftre, Ü volleur, 6c fî on ne vouloir exécuter ce côman-demcntjles menaçoit tous de mort,6c de ruinet le pays de fond en comble. Il efcriuit pareille-métaux Vayuodes de Moldauic, 6c de Trâfîd-

-ocr page 187-

Liure troißefme. S5

pinc,amp;au Bafcha de Budc,qiic routes amp;nbsp;quâtcs fois que la Roync les requerroit, ils cufsét prô-ptcment à prendre les armes contre le Moync, amp;nbsp;luy donner fccouts.auec la plus grande force qu’ils pourroient. A peine le Chiaufs cltoit party de Conftantinople, amp;nbsp;tels commandemens dépefehez parSoliman, que le Moync George en fut incontinent aduerty fecrctienict,amp; bien particulièrement de tout: àToccafion dequoy cftant bié aduifé fc retira de la Cour de la Rpy-ne,en vne ville forte nórnceSafTcbelTejlaquclie il feit foudain bien cnuitaillcr,amp; munir.mcttat '/ /* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Tntrifijt de*

force gens de guerre dedans,faifant curer, amp;nbsp;a- dansSajJi-profondirlcs tofTcz.rehaulTanr les ramparts,rc-faifant les murs où ils cftoiét endommigcz, amp;nbsp;métrant de l’artillerie dedans,autant qu’il en c-ftoit befoing pour fouftenir vn liege, amp;nbsp;cependant il n’oublioit pas les meilleurs moy és qu’il pouLioit de fe defeharger aucc bonnes parolles enuersleTurc. Durant qu’il cftoit ententif à mettre à fin vne chofe,fi eft- ce toutesfois, comme tres-vigilant,il n’obmcttoit de faire en l’autre ce qui luy eftoit necelTaire, ne voulant eftrc prins au defpourueu. Il appclla tous fes amis, Îtincipalemcnt les Siciliens, qui eft vn peuple

c plus belliqueux quifoit en ce Royaume , amp;nbsp;en print quatre mille à fa foulde, les ayant faidt premièrement iurcr qu’ils luy feroient fiddles. Par ceux- cy, 8c par d’autres, il accrcut tellcmét fes forces, qu’il comméça à eftrc craint de pres, 8c de loing. La Roync ayant entendu tous ces préparatifs, amp;nbsp;cognoiflant fermemet par telles

L iij

-ocr page 188-

Hijloire de Hongrie jiouuelletcz qu’on luy rapportoit, que le Mayne deuoit elUf certain de tout, amp;nbsp;que pour lor* il n’y auoit plus moyen de le prendre que pat force, amp;nbsp;craignant quelle ne fuftchaflèe hors defon Royaume , auantquelefecours luy fuft Roÿ»« venu , efe iuit en diligence au Bafcha de Bude, timaßedei amp;nbsp;aux dciix Vayuodcs, quefujuantl’ordonna-foTcii lotre qu’ilj auoient rcceuc du Grand Seigneur, ils luv enuoyafsét fecours, les aduertiflant en brief en quel eftat eftoient les affaires du Moync. iceux fans perdre teps feirent mettre leurs gens en ordre, amp;nbsp;cependant qu’ils venoient la Roy-ne fit Icuer fepr mille hommes,lefqucls elle cn-uoya atlieger les Chafteaux de Brancich , Ü Vincky'lelquels le MoyneGeorge auoit dés les fondements fait baftir fur le fleuue de Marofle* Pierre Vicchy ayant entendu tout ce qui fc fat' fo)t,tant du cofte de la Royne, que de celuy du Mov ne, affcmbla tout ce qu’il peuft d’hommes de fon gouuernemcnt de Lippe, amp;nbsp;de Theme-fuar, amp;nbsp;par fes perfuafions attira à foy Serpictre Vicchy,lequel eftoit Rhatian, amp;nbsp;des plus grâds de fon pays,amp;qui autrefois auoit cuidé en effr® fitrreVicr Roy. Iceluy amena huicl mille Rhatians, Stf® fhy ioignant aucc Pierre Vicchy , allerer enfcmblc' ' ment affieger le Chafteau de Senath, dépédant de l’Euefehe de Varadin, firué en la baffe Tran-filuanie, lequel eftoit gardé pour le Moync E' ucfque de Varadin, par Gaf lar Pciuficchy fou Capitaine,lequel ne faillit lt;à c deffendre vaiH®' ment, encor que Serpictre feit tout fon dcuoit i le battre,iufqucs à ce qu’il futfccouru dcThO'

-ocr page 189-

Liure^troiejme. . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;8 4

mas Varcoccc. Ceftuy- cy eftant bien accrtcnc cn particulier de tout 1’eftat de cc fiege, fut en-uovc en la plus gr-nd hafte qu’on peut, par le Nioyne, en I’Euefchc de Varadin, pour aftem-bler promptement toutes les perfonnes, qui fc trouucroient aptes à porter armes, afin qu auec iceux il peuft fecourir Senath. Varcocce ayant diligemment mis ordre à tout, amp;nbsp;ayant amafle nombre furfilant de gens de pied, amp;nbsp;de chenal, tant de fouldovez, que d’autres qui font tenus à tel deuoir, amp;nbsp;fc voyant non moins gaillard, amp;nbsp;puiflant que Ion ennemy pour le combatre,côquot; me vaillant, amp;nbsp;aduifé Capitaine, qui pat fa negligence ne doit laifler efcouler aucune occa-fion fauorable de fortune, apres mille confeils, amp;■ mille autres moyens pourpenf z, fc refolut d’aflaillir au defpourueu les Rhatians par plu-fieurs endroits,amp; par la vertu de fes mains,amp; a-uec la faneur des aftîegez fe faire vn chemin a la viéloire. Sur vne telle refolution, il tnuoya de nuitl quelques cfpies incogneues, auec charge de diligemmct confideter l’ordre de fon enne-iny,les gardes,le guet,lc nombre, 5c finalement leur qualité, fils cftoient fouldoyez, ou fils c-ftoient du nombre de ceux qui doinent tel deuoir , fils cftoient plus de gens de pied que de cheual,amp;en quel endroit ils cftoient logez,afin qu’il peuft auec moindre perte des fiens les cô-batre. Ces efpies eftans entrez de nuiét dedans

^^arcocce pourGeor-

le cap des Rhatians n’apperceuiet cntr’eux que S‘ derordie,amp; par fur tout vne confufion,amp;.’ non-çhallancc 1Î grande, qu ils eurent incontinent

L iii)

-ocr page 190-

ïii/loire de Hongrie opinion que Varcoccc les pojjrroit furmonter, amp;defFaiicauecvnegrande facilité. Iceux retournez vers Varcocce, luy donnèrent à entendre tout ce qu’ils auoient feeu, amp;nbsp;vcu. Cclà luy haufla le courage, amp;nbsp;redoubla le défit de don-r ner la bataille. Ainfi ayant donné aduertilTemct à ceux de Senath, de ce qu’il auoit délibéré de faire,meit tous fes efquadrons en trois,mettant au premier vn bon nombre de cauallcrie , aucc plufieurs gens de pied ; amp;nbsp;en l’autre, qui eftoit vers vne colline, faifant l’aiflc gauche, meit le refte de l’infanterie, flanequee d’vn plus grand nombre de cheuaux, afin que corne le premier efquadron donneroit dedans les flancs de l’cn-nemy,ceftuy-cy euft à f’eftendre en forme d’vn croiflant, amp;nbsp;auec vne des cornes frapper fur la queue de l’cnncmy, amp;nbsp;de l’autre enfoncer le flanc gauche, amp;nbsp;quant à luy aucc la meilleure caualleric, amp;nbsp;infanterie qu’il euft, feftât mis au milieu, fedélibérad’aflaillirledeuantde l’en-nemy . Ayant difpofc fes gens en celle façon à vn matin deux heures deuât le iour, les fit marcher auec vn filcee fi grand, que fon arriuee fut plulloftfentic, que l’on euft nouuclles de fon deflogement, amp;nbsp;arriiiant iuftement à la pointe du iour fur les Rhatians, quiiamais ne ftn e-ftoient desfiez, donna en vn inftant fur eux pat trois endroits,auec vne telle rudefle, amp;nbsp;furie,Sc auec fi grand bruit de trompettes, tabourins, fiffrcs,cletons,amp; cris,qu’il Icmbloit que le mode deuil abyfmer.Lcs Rhatians fe voyans outre leur efpcrance alTaillis pat trois lieux, amp;nbsp;choc-

-ocr page 191-

Liure troißeßne. 85

quez viucment,amp; nc çouuans fi toft,comme la neceflîté le requeroit,lc mettre en bataille pour fe dcfFcndre cômencetcnt à fe rompre entièrement, amp;nbsp;chercher leur falut profitable par vnc fuittc ignominieufe,laquelle ne lailFa pas à leur cftre bien cher véduc par Vatcocce, qui en fai-fantd’euxvne grande boucherie les pourfuy-uit iufques en leur pays, amp;nbsp;courant comme vi-étorieux par la campagne , fe retira puis apres menant auec foy quatre mille prifonniers, auec vn bon amp;nbsp;riche butin de fes ennemis, defqucls y en eut deux mille cinq cés tuez en cede iour-ncc. Ayant par celle deffaifte remis cede contrée foubs fa v raye, 8c ancienne obeilTance , 8c l’ayant adeurcc de tous aflaults de guerre,8c dc-liuté ce Chadeau d’vn tel fiege, il l’en tetoiitna triomphant à Varadin. Nicolas Serpictre chef, amp;nbsp;condudcurdetousces Rhatians, ayant cf-chappé à demy nud de cede tempede, fe retira fain,8c fauf en vn fié Chadeau, ou edoit fa femme,à laquelle quafi pleurant il racompta tout le fuccez d’vnc telle difgrace qui luy edoit adue-nuë, attribuant auec la perte des ficns à fortune tout ce qui edoit aduenu par fon mauuais gou-uerncment,8lt;: par fa ncgligcnce.Sa femme oyat cedifcours,au lieu de pleurer auec luy fon malheureux dcfadre,8c le confolet,commcça, non comme femme,mais comme vn homme hardy à l’iniuricr, 8c le reprendre de fon courage par trop pufilanime, luy difant qu’il retournad ic-couurerl’hôncur,qucdefonfang,8lt; defon an- f^meRh4. cicnnemaifonilauoit perdu, autremét quille ne»»»,

-ocr page 192-

YMfloiredejAongrie I ne voudroit iamais accorder d’eftre appellee ' femme , d’vn pire que la plus vile amp;nbsp;couarde feme qui foir, amp;nbsp;qui ne merite auoit heritier de fon lignage , puis que fi vilainement il feftoit monftré en tel adc. Le mary voulant pour rc-fponce alléguer quelques exeufes , elle plus in-« dignccquedeuant, adiouftafoudain : P leu fi » Dieu que pluftoft on t’euft apporte deuât moy ” en pieces,Sc que par ainfi tu fulîcs mort auec ta ” gloire,que non pas en vie,amp; plain de fantc,cô-« meietevoy, rapportant auec toy vn des-hon-” neur, amp;b!a(me fi grand, fçaehantbien quetU « n’as prins cell exemple de tes majeurs, lefquelj « ne tombèrent iamais en vne teile coûardife, en ’’ laquelle tu CS maintenant cheu. Etqueleftce-luy, qui denoftre temps par vn courage fi vil à « commis vne fi grade faulte? amp;nbsp;qui, comme toy, ” à iamais veu mener (es heritiers auec vn outra' ’’ 8*^ grand à la mort fans eftrc vengez? Ne pen-” fes tu pas que ic dcuoisdefircr,amp; eftreplus co-** tente fi de tes propres mains tu eufles tue nos ” ennemis,amp;quc i’eufle fuccé de ma propre bou-•• ehe leur fang , que non pas de voir qu’eux en ” tuant les noftres, fufçaficnt premièrement le « làngdes miés? amp;nbsp;toutefois toy laifTànt là main-« tenant tous les tics morts fur la place,tu es bien ” fi hardy de venir deuantmoy pleurant comme quot;nbsp;vnefemmelette , ainfi fain , amp;nbsp;difpos comme ” quand tu partis de la inaifon.Va t’en auccDieu, ” 5c fais que mes yeux ne te voyent iamaisicarils , •’ auroient aufTi grand honte de te voir pour mô quot;nbsp;mary, comnîc de me voir pour ta femme, puis

______.

-ocr page 193-

Liîire troißeßne.

que ma condition, amp;nbsp;la NoblcfTe de mon fang “ abhorre l'indignité de ta perfonne , laquelle, “ (pleuft à Dieu ) ic voudrois pour le rcfpcót d’v-ne nature fi honteufe n’auoir iamais cognué,amp; ie me fentitois plus gaillarde que ic ne me trou ue maintenant, amp;nbsp;au lieu delà vie, ic ne fetois contrainte,comme ie fuis dcfia^dc foushaiter la mott. Ayant acheué ces parollcs toute bruflan-te d'ire,amp; de defpitfc retira de dcuantluy, cftat pluficuisiouts amp;nbsp;moys fans vouloir le voir ny fentir. Cependant que la fortune fauovifoit en ceft endroit les affaires deVarcocce , le Moyne f’eftoit renduàMegcft, non pasà caulequ’il ne fe fentift à feureté à Saflebefle , mais pour cftre plus pres des Siciliens, fur lefquels il fe fioit entièrement, f’eftant les principaux du Royaume tengez du party de la Roy ne,à laquelle ils furet fauorables, iufquesà ce que le Chiaufs, duquel nous auons parlé cy deflus, ayant perdu l’efpc- ^ußdt U rance de pouuoir plus abufer le Moync, amp;nbsp;l’a- fartdeSf uoir par quelque fineffcjlcur déclara le céman- Simone» dement du Turc; leur difant,quc,fi tous ne pre-noient incontinet les armes contre le Movnc,

il fetoit venirle Bafcha de Bude , 8c les deux Trtmfd-quot;Vayuodcs de Moldauic, 8c deTiâfalpinepour »ameiu. Icschafticr, commedcs-obcylfans, amp;pourles traiter, en deftruifans leurs villes, At donner le deguaftàtoutleplatpays, ainfique leur cou-ftumele requeroit. Mais ccsmenaces n’appor-terent aucun profit à la Roync , ains irritèrent tellement les cœurs de ceux qui felloicnt rangez de fon çofté pour la fccouiir, que, voy ans

-ocr page 194-

Hifloire de Hongrie

que le Turc fentre-mettoit pour luy donner ayde,fe départirent de fon feruice,amp;rabandon“ i« Ttan~ nerent enticremét, pour la haine naturelle que ils portoient aux Turcs. LàdefluslcMoynene * nbsp;nbsp;nbsp;' perdoit point temps, mais pat ce moyen don-

nent la

noir couleur à fes affaires, faifant entendre à ces

Seigneurs, que fils fauorifoient plus la Royne qu’ils f afl'euralTent pour certain d’eftre vn iout caufe manifefte de leur ruine , puis qu’ils voy-oyent clairement,que foubs couleur de fecours elle tafchoit d’introduire parmy eux les Turcs, afin qu’iceux cognoilTins la forterefle , amp;nbsp;chemins des lieux di rH cil es, la condition, amp;nbsp;fcrtili-

té du pays,amp; recherchons le pouuoir, la cômo-dité, amp;nbsp;leurs autres adions , cufTcnt vn iour le moyen defimpatronilerdetoutcla Tranfilua-nie,ainfi que par femblables faids ils f’eftoient fait maiftresdu relie de la Grèce. Par ces perfua-fions,amp; par telles, amp;nbsp;autres raifons , cftans ces Seigneurs gagnez,laifiànt librement la Royne, felmcurent fi bien qu’ils l’vnircnt aucc le Moyne, de façon que par leur moyé en peu de iours il afTembla vnc bonne armee, auec laquelle il fe campa autour de Albciulc,ouleplusdutemps

fe ieHMt I T» nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r • nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j’I

Meiule Royne te tenoit, auec ce peu d hommes que elle auoit eu du pays,defqucls eftoit chef,amp; Capitaine general Pierre Vicchy. Eftansles deux parties ainfi quelques iours fans faire chofe qui fuft notable, les Siciliens fe mutinèrent, difans

qu’ils vouloient retourner en leurs maifons, Si qu’ils ne vouloient plus fatrefter en ce lieu cotre la Royne. Le Moync ne fçaehant l’occafion .

-ocr page 195-

Liure troißefine. 87

d’vne telle mutincric,prét la cuyiaflc fur le dos, êceftant monté fur vn bon chcual, fen va au milieu de ces mutinez, defqucls ayant entendu la caufe qui les auoit piquez,leur feit refponce, qu’ils ne f’eitonnafTent d’vnc fi grande lôgucut laquelle ne fe faifoit fans quelque grand my fte-rc, amp;nbsp;que d icelle il fortiroit vn plus grand bien amp;nbsp;repos à vn chacun,parte qu’on ttaitoic cepé-dant entre luy, amp;nbsp;la Koync vn bon accord, lequel eftoit défia bien acheminé. Et pour celle caufe il les pria d’auoir encor vn peu de patience pour quelques iouts, durant lefqucls on con-cluroit ce négoce, amp;nbsp;que puis apres ils fen rc-tourneroient chez eux auec vn plus grand contentement,amp; ay fe.Par tell es, amp;nbsp;plufieurs autres douces parolles, defqucllcs il fçauoit bien vfet en temps,amp; licu,quand il vouloir, appaifa tout ce tumulte, nô fans toutefois y trauaiilcr beaucoup.Mais voyant que ce n’eftoit pas vne cho-fe trop ayfec de les entretenir de parolle, amp;nbsp;que en fin faudtoit venir au fait,amp; que tous ces dif-fetens pourroient durer long temps,Sefinir pat vne guerre, amp;nbsp;bataille, laquelle les Siciliens ne voudroientaucunement endurer, commença (fçaehant comme il y alloit grandemét du ficn, parlavenuëduBafchadcBudc,du Moldaue,amp; du Tranfalpin , amenant auec eux trois armees contreluy)à diligenter l’accord entre luy, amp;nbsp;la RoynCjlaquelledcfirantau poffible la paix, amp;nbsp;Accaticn-fedesfiant du fecours,lequel elle n’attendoit *''*^*^-plus, accepta à la hafte tout ce qui luy fut offert par le Moync,mefmcmct fe voyant auoit faute '

-ocr page 196-

Hiß aire de Hongrie des chofes qui font ncccflàircs pour le fouftiert dclaguerrc,fetrouuantfans hommes, fansar-gétjfans faueur, amp;nbsp;en fin abandonnée du Turc» auquel elle fe fioit peu. Et fc cognoifiant femme, amp;nbsp;feule, amp;nbsp;fans auoir aucun fur qui faficu-xer , il luy cftoit bien aduis que cefte paix feroit de petite durée, mais pour euiter vn plus grand matamp; farrefter fur le moindre ayma mieux accepter ceft accord, lequel eftant conclud , tous deux d’vnc mcfme volonté cafTerent tous ceux qui tiroient la paye. Cependant que le Moyne George.amp; la Roync reconci'iez cnfemblc ma-nioient leurs affaires,le Bafcha de Bude par vne part, amp;nbsp;les deux Vayuodes par vncautre,follici-tez foigneufement pat la Royne,durant qu’elle penfoit en auoir affaire , feftoient défia mis en chemin,amp;chacun amenoit vne armee affez fuf-fifante pour la fecourir , amp;nbsp;combien qu’elle en flirt: aduerrie,au lieu deles faire venir plus auât, elle leur eferinit qu’ils fc rctiraffènt,parce qu’cl-Je feftoir tellement accommodée aucc le Moyne, qu’elle cftoir tombée d’accord aucc luy , de façonqiiclcur venue n’eftoit plus neccflairc. Mais ny l’vn ny l’autre ne voulut rcfcoutcr,ny obeyr , parce qu’ils auoicnt conclud entte-eux d’entrer premièrement cnla Tranfiluanic, que de fc retirer. La Royneneprefumanr rien que du mal de cccy,amp; craignant qu’il ne luy aduint durant la paix , ce qui ne luy auoir peu aduenir durant la guerre, à fçauoir, de fe voir prince de ce Royaume,enuoya en diligence vers le Moyne,pour luy dire qu’il euft à donner ordre à ceft

-ocr page 197-

Liurf troi/ieÇme. 88 inconuenicnt, amp;■ faire tant que ces armées f en recournafset en leurs Prouinces, qu’elle ne fau-droit à leur enuoyer quelques prciéns pour les faire retirer de meilleure vo onté. Le Movnc faifant femblant de ne fen foueier guercs, amp;nbsp;ne fen troublant aucunement, refpondit froidement , que celuy-la les feit retourner qui les a-uoit fait venir , amp;nbsp;quant à prefens qu’il n'auoit accouftumé d’en enuoyer aux Turcs, mais bien aux Chreftiens. Et encor qu’il euft faiâ: vnc re-fponcc fi feuere à la Roy ne, pour la tourméter, ainfi qu’eftoit fon uatutcl, fi ne laifla-il toutes-fois,encor que ce fuft en vain, d’eflayer tout ce que la Roync luy auoit mandé. Mais le Bafcha, ny les Vayuodes ne feirét pas grand compte de fes parollcs,ny de fes prefens,amp; ne laifloient de marcher, voulas auec leurs arméesenuitonner le Royaume. Sur telle obftination le Moyne George voyant qu’il ne failloit point perdre tempi,feit incontinent leucr des gens à T orde, la Tura. amp;nbsp;àEgneth.qui font deux grands villes dcTrâ-filuanie,amp; commandant puis apres à toutes les Prouinces,amp; pays, que chacun euft à prédre les armes pourladeffence commune, parce que le Bafcha de Bude, le Moldaue , amp;le Tranfalpin vouloient entrer, chacun par fon cofté, dedans le Royaume,pour le piller, amp;nbsp;ruiner, en peu de temps meit fi bon ordre, qu’en peu de iours il amafla cinquante mille hommes, auec Icfquels il fen alla à Safrebefle , pour de là 1: s conduire luy-mefine contre le Bafcha de Bude, duquel, pour eftre bora foldat,Sc bien cxcrcité à la guet-

-ocr page 198-

Vitfloire de Hongrie rc, encor qu’il euft moins de gens, il fc desfioit plus que des deux autres, qui n’eftoientfifort expenmétez. Ce Bafeha arriuoit défia aucc fon camp à Deue, lequel eft vn Chafteaii afiez fort, fis fur la riue de Marofic, qui eft vn des principaux flcuues de ce pays,quand le Moyne defio-geant de SalTcbeflc,commcnçoit à marcher cô-, tre luy, ayant fur le chemin depefehé lehan heutaut Chendy grand perfonnage, amp;nbsp;de maifon fort »/f üforçf illuftreentre les Hongres, auecvncbônctrou-•tet enrûit pe de c3nalleric,amp;: d infantcric,contrc le Tranf tcleTrâf. alpin, polit deffendre les paflagcs,par lefquels il luy eftoit force de pafier, fil vouloir entrer en la Träfiluanie, aullî pour empefeher qu’il ne feioigniftauBafeha. Chendy diligentantfon voyage,amp; ramafiant,outrc le nombre qu’il me* noitaucefoy, des villes prochaines , iufquesà quarre autres mille hommes, arriua aucc tous fes gens tacitement, ou l’cnncmy eftoit campé fans crainte aucune, amp;nbsp;cftît accttcnc par quelques efpics quel ordre il tenoit, ayant drclTe fes gens en fort longue eftenduc: tcllcmét que fon armee paroiiroit infinie, au leucr du iour commença à affaillir les Tranfalpins, aucc plus grad bruit de trompettes,clairons,amp;tabourins, que aucc nombre d’hommes, donteftans faifis de peur, amp;nbsp;mefme voyans les longues filières de Icurcnncmy, qui dcfcendantdcquclqucs collines,amp; fe régeant en bataille,fe monftroit trois fois p'uspuilfant qu’il n’eftoit, croyans en outre que le Moync fuft là en perfonne, aucc toute fon armee, perdirent incontinent courage, tellement

-ocr page 199-

Littre troiftelme^

tcllement qu’ils ne voulurent autrement attendre la bataille , mais en ce defbandanr commé-cerent à fuyr, auec vn tel defordre, que les fol-dats de Chendy prenans courage amp;nbsp;fuyuans U vidoitc,lcs pourfuÿuirent de fi près,qu’en telle confufion defuitte,ilsentuerentplusde cinq

mille,Scarrcftercnt autant de prifonniers,raine-nans de leur pourfuitte trois mille cheuaux , amp;nbsp;plufîeurs enfeignes. Paf cefte vidoire Chendy eftonna fi bien le Tran(àlpin,que fuyant de cefte deffaidc, par la coüardife des fiens, il ric fut de long téps apres fi hardy de prédre les armes contre lesTranfiluaniens. Ayant chafle de ce cofté l’enncmy , il f en retourna promptement ■vers le Moyr.c George , riche de plufieurs pri-fonnierSjd’infiny butin, amp;nbsp;de tant de defpouil-les,que c’eftoit vne mertieille à le voir.Le Moyne apres qu’il eut dépefehé Chendy contre le Tranfalpin , en mefmc inftant commanda aux Siciliens qu’en grande diligence ils Pen allaf-fent deffendre leurs villes, lefquelles le Molda-ue deuoit aflaillir, amp;nbsp;qu’ils fortifiafiènt les paf-fages,qui de leur nature, pour l’amour des mô-tagncs,amp; precipices, eftoienttres-difficilcs, ÔC quife pouuoient garder auec peu d’hommes. Les Siciliens, qui naturellement eftoient ennemis des Saxons , eftans continuellement ces

Sieüies È?'

Saxo! m-

. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, 1 , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;- nmù nu-’

deux peuples aux prinfcs,voyans qu ils deuoiet parter près de Sairebcfte, ville principalle def-


dits S axons, amp;nbsp;de là à vine

eur pays,

laiflans ceft honefte defir.qui les deuoit efpoin-çonner à la deftenee de leur Patrie, fe taifl’erenc M

-ocr page 200-

Hfßoire de Hongrie' aller à vnc vengeance, tellement qu’auffi tóft qu’ils furent arriiiez à Robet, commencèrent a faccager toutes Içs maifons qu’ils trouuoient appartenir aux Saxons, bruflans, amp;nbsp;ruinans les villes,parlefquellcsilspaflbiét, de façon qu ils ne gaftcrent,ny n’endommagerent pas pourvu t peu ce peuple, amcnans aucc eux tout ce qu’ils r ItMoliit- auoicnt butiné. Cependant qu’ils cHoiétoccu- j »csntMf» pez à vne cruauté fi cnoime,ils donnèrent loy* ■ laTranfil- ßj. gy Moldauc d’entrer en leur pays,amp; fans au- : »lt;«»«. empefehemét ruiner leurs villes, les piller, amp;€n deftruifant,amp;.bruflanrtGUslcurs villages, renuerfer tout fans deflus defibus , qui fut vue chofe, àdirevray, iuftementpcrmifedcDicib afin que laifonnablement ils endurafienc leurs ennemis les mefmes calamitez, amp;c maub» qu’ils auoient fi iniuftement fait fouffrir à ceuK qui,en confideration du falut cômun,dcuoiens pour le moins alors efire reputez leurs aæis-Durant que les Siciliens,amp;c leMoldaue faifoiét tels exploits, le Moyne George à grandes iout-neesauoitfaiétaduanccrfon camp , contre le Bafcha de Bude, ayant enuoyc deuant ThoiuâS VarcocceauContédeVaradin, pour amafle’ encor le plus d’infanterie, amp;nbsp;de caiialleric qu’il pourroit, afin que fi le Bafcha vouloir parauen-turepalTerleflcuuedc Marofic , cftant rcceua demy pafle,ilfuftaflailly, amp;nbsp;combattu par de-uant,amp; par derriere, ou bié qu’il fuft contraint’ rompu. Mais le Bafcha fedef- i

ne venoit en per fou ne pour le combatre,

-ocr page 201-

Liure troißepne. 90 crâignaftt que,fil pafToit plus auant,il pourroic eftrc ( comtirte il auoit cfté auparauant bien a4-uife) prins au milieu, amp;nbsp;charge fur l’arriercgar-de, parles compagnees que ,à VarcoCce ame-noit j Se fafleurant pour certain qu’il eftoie de-teu par la Royne,fe retira en arrière, amp;nbsp;paflant, à la plus grande diligence qu’il peut, vn petit bras de Matofle feit en vn feul iour tout le voyage qu’il auoit fait en fix, amp;nbsp;f en retourna à Bude , non fans auoir rccéu quelque perte, la-?[uelle fut de trois cens eheuaux, qui furent de-aits parTureby lehan, Icfquels auant que foti auintgarde deflogeaft.il auoit enuoyez deuant au pays de Deue # pour chercher à recouurer quelquesviures,amp;pour dcfcouutir fil n’y auoit petfonne, qui peuft empefeher la retraite qu’il faifoit. Ce Turchy auoit cfté enuoyé par le Moÿne,pour luy empefeher le paffage, amp;nbsp;pour luy donner des affaires fut l’arriere-gardc. Mais laviftefleduBafchafcicqu’il artiita trop tard, Sc luy oftal’oecafiô de fepouuoir ioindre aucc Vareocce , amp;nbsp;encor moins d’endommager fon arricregatdc, laquelle pouuOit ayfémcnt eftrc ronapuë , amp;nbsp;deffaiéic n ces deux fe fuifent vnis cnfcmble. Oî cftant le Moyne acertené par ces deux comme le Bafcha f cftoit retiré, en la plus grande diligence, amp;nbsp;promptitude qu’il peuft tourna fon camp contre le Moldaue,qui(com-me nousauons dit)gaftoit, amp;nbsp;brufloit le pays, amp;nbsp;les villes des Siciliens, aucc vn courage de’ venger cruellement contre luy eefte iniurc, laquelle il cftimoit intollcrable par fut toute arf-

M jj

-ocr page 202-

Retraite

Mul-dain.

Hißoire de Hongrie tre qu’il pouuoit auoir rcccuc. Mais le Mol da-* ue cftant aduerty de l’entreprinfc du Moync,8f ayant aulîi entendu ce qui eftoit aduenu au Tranfalpin,ne trouua point par fon ton feil que il fuft bon de l’attendre,de ainfi apres auoir donc grand degaft en ce pays, il fe retira promptement auec les gens,qui tant de pied que de chc-ual pouuoient cftre iufques à trente mille, emmenant auec foy vn riche butin de meubles, Si dcbeftial, auec plus de mille prifonniers, Icf-quels furent prins pat vn Chiaufs du Turc, qui y eftoit venu en fa faucur, auec quelques com-pagnccs de cauallcrie Turcquefque, Âpres que le Moync George eut ainfî achcué de chalfet tous les ennemis de la Tranfiluanie, il fc retira

vers la Royne,ou auec le confentement de tous en confideration de fes aâes, amp;nbsp;proücfles, qui cftoient à la vérité grandes,fut derechef conrir-Raix ten- mee la paix entr’eux deux, auec telles conditiós /rnwe en- qu’il leur fcmbla, entre Icfqucllés il voulut quc treURey- j^Qync efctiuit au Turc, amp;nbsp;le defehargeaft de tout ce dot 11 auoit cite accrue enuers luy pour le paftè. Laquelle chofe, eneftt que ce fuft contre fon cœur,cllc feit incontinent.Mais le Turc

cftant bien inftruit de la vérité du fait, Sc coin-me le tout f eftoit pafte, amp;nbsp;voyant pour lors cô-bien le Moyne eftoit puiftant, amp;nbsp;qu’il auoitla plus grand part du Royaume fauorablc à luy, diftimulant toute chofe , amp;nbsp;referuant le chafti-ment à meilleure occafion , feit entendre aii Moyne qu’il fe tenoit iatisfaiét de fa fidelité, H qu’il fçauoit fort bien qu’il n’eftoit point coul-


-ocr page 203-

Liure troipeßne. 91 pab’edetoutccquicftoitaduenupar le pafle, Solima» Sc enuoys. vn autre Chiaufs, auec lettres, Sc pa-tentes adreflees à tout le Royaume,pat lefquel-les 11 mandoit qu vn chacun eult a luy obey r,amp; à le teuerer, comme eftant derechef confirmé George. en tous fes honneurs,amp; degrez. Mais auec tout cela la paix ne dura guereSjCar la Roync voyant en fin que le Moyne ne luy gardoit chofe aucune de tout ce qui luy auoit efté promis par le dernier accord, à l’occafiô de fon abfcnce, eftat pour lors en fon Euefehé de Varadin pour fc re-crcef,amp;refrelchir,commençafoubsmainàfai-

• n nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 nbsp;1 T, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. La Koyne

rceileuertous les plus grands du Royaume, oC fxatelet nacfmement ceux quelle reputoit luy eflre fi- Tranfil-déliés contre le Moy ne, afin qu’ils l’ay dallent à uaniensci~ chalTerentiercmét le Moyne dehors celle Pro-uince, leur remonllrant combien fon naturel mûable eltoit cruel,amp;comme illatraitoit mal, ne voulant luy garder aucunes loix, paóls, pro-melTes.ny foy,mais qu’afpirant à la tyrannie v-niuerfellc de ce pays, il ne fe comportoit point auec elle ainfi mal, que pour challer elle amp;nbsp;fon fils hors d iceluy, 8c demeurer feul Seigneur de toutjfafleurât que pour l’amour,amp; fidelité que. parcy deuantilsauoientmôllreeau Roy Icha fonmary, 8cdepuis toufiours gardée, nonob-ftant toute fortune, à l’endroit d’Ellienne fon fils, 8c d’elle, ils ne voudroient iamais erfdurer celle iniure.ny voit vnc telle cruauté par dçlfus toutes les autres cruelle elite cxercee en fa per-fonne, en tombant d’vn fihault, 8c fi eminent degré de Roy ne, en vne marche balTe de petite

-ocr page 204-

Hißoire deHon^rie

George f'Hicorde auei Ferdinand.

Dame, Sc cn voyant leur Roy de Tranfîluanie dcuenirfcrf, cftimantqu’auecplus grande rai-fonilsdcuoient defircr pluftoft auoir vn fien fils pour Seigneur,amp;patron,qu’vn Moync fans foy,maisremply de toute ambition. Par telles remonftrâces elle cfpcilla fi biê les cfprits d’vn chacun,que tous gencrallemcnt conclurcnt(ne voulâs fe foufmettre à autre Seigneur qu’à leuE Roy Eftienne,amp;à elle)dc prendre les armes cô‘ tre le Moyne, amp;nbsp;le mettre hors du Royaume. George ayant entendu cecy, amp;nbsp;pareillement tout ce qu’on braflbit contre luy,(e voyant de-bile d’hommes, Sc priuc des forces, qui luy c-ftoientnccclTaircspour poquoir refifter à tels fléaux inefperez de fortune, Setompre vnc telle deliberation, apres aupir longuement fongé en fonefprit, en fin fe refolut de f’accorder auec Fcrdinâd,amp; acheuer auec luy les pratiques que fouuentesfois fans aucune conclufion il auoic mifesenauantauecluy, eftantàce induit, quafi contraint par fon extreme ambition, SE parfonefpritturbulent, amp;cnncmy de repos, luy eftant aduis, que fi par ce moyen il chaflbic la Royne, il auroit facilement mené à bord fon intention, qui eftoit de fc voir fcul Seigneur de la Tranfiluanie,laquelle il auoit en telle eftime qu’il difoit ne fc foncier d’eftre Papc.ny Empe-reur.nc voulant fortir hors d’icelle. Par là pon-uoit on manifeftement iuger l’infatiable cupidité de fon naturel, qui ne ten doit à autre choie qu’à celà. Or eftant mort le Conte de Salin, auec lequel il auoit dclja commencé à traiter de

-ocr page 205-

Liuretroißeßne. 9 t

CM affaire,amp; ne voyant aucun moyen, qui fut a propos pour mettre à effeft fa deliberation, fc fentant d’ailleurs preffé pat la ncceffité, en laquelle pour lots il fevoyoit , conclud en foy-mefme de manier ce négoce par Ambaffadeuts, enuoyant fecrettement à Ferdinand vn fien Gentilhomme, par lequel il luy faifoit entédre qu’il dcfiroit grandement que d’vne part, amp;nbsp;d’autre on executaft ce qu’il luy auoit ja mandé fiar leConte de Salm,le priant derechef qu’il ne uyvouluft manquer de fecours, amp;nbsp;qu’il luy plcuft luy en enuoyet tel, qui fuft fuffifant pour refifter à la Royne,laqucllc auoit recommencé à (c bander contre luy -, amp;nbsp;dauantagcluy remó-ftroit.que fil ne fatisfaifoit à fes prières,on verrok en brief toute laTranfiluanie foubs la puif fance des Turcs, luy mandant auffi que cependant il luy enuoyaft perfonnage tel,qui fuft capable , amp;nbsp;euft puiffancc de manier tels accords, parce que pofliblc ce qu’il auoit plufieurs fois foushaitéfottiroit'effeâ:,c’eftàfçauoir, que la Roy ne Ifabellc luy eederoit entieremet la pof-fcllîon de ce Royaume, auec condition toutes-fois d’obferuer ce qu’auparauant luy auoit cfté offert,amp; auoit efté accordé auec le Roy lehan. Ce que fil executoir,il ne promettoit pas feulement, mais oft'roit liberalemct (en luy donnant la poffeftîon de tous ces lieux,amp; fortcrcffes,qui eftoient en fa puiffancc) de faire tellement qu’il en dcmeurcroit Seigneur abfolut, amp;nbsp;iurant de ne luy faillir iamais en cccy , le follicitoit de fc rcfouldtc bien toft. Fcrdinand,encor qu’il con-

M iiij

-ocr page 206-

Hfßoire de Hongrie

TerijitMd fnuoye fe-çottn à

gneuft bien la Icgeretc du Moyne , amp;nbsp;qu’il ne pouuoit aucunement fe fier en fes parollcs , fc fouuenant combien de fois auparauant il luy auoit failly , amp;nbsp;qu’il veit apertement qu’il n’e* ftoic point cfmcu à luy faire vn tel biê-fait pout le refpeâ: du but, lequel il luy donnoit à entendre,mais feulement pour fon propre intercft,amp; pour pouuoir monter à la cyme de ce qu’il l’c-ftoit )à imprimé au cerucau,amp; executer fes def-feings; toutesfois voyant que d’autre-part fil n’adiouftoit foy à fes parolles, il le laiflcroit cf-coulcr de fa main, ne voulut aucunemét le def? dire, mefmemét ayant roufiours en recommen-datiô qu’on ne luy peuft iamais reprocher qu’il n’euftfait toutledcuoir, qui appartenoitàvn vtay Koy Chreftien , pour empefeher que ce Royaume ne paruint foubs la puilïàncc des Turcs amp;nbsp;qu’on ne peuft dire de luy,quc par fon fait, ou par fa rtcgligence on euft veu les portes ouuertes aux In fiddles, pour fubjuguer nô feulement l’A uftrichc, Scie tefte de la Hongrie, mais auftî pour ruiner, amp;nbsp;brufler toute la Get-manie.auec toutes les autres Prouinces. Ainfl à l’occafion de ces confiderations, fe laiftà aller à prendre la charge de cefte entreprinfe honno-rable , amp;nbsp;preuoyant non fur l’inconftance du Moy ne Gcorge,mais fur le trauail, amp;nbsp;peril, qui lepourroientenuironnerfiltardoit trop, cn-uoyafoudaincmcntau Moyne mille cncuaux Hongres payez pour quatre moys, amp;nbsp;quelques pieces d’artillerie,pour fe pouuoir maintenir lufques à ce qu’il luy euft cnuoyclcperfonnagc

-ocr page 207-

Liure troißeßne. 93 qu’il demandoit aucc vne armee , ralTcuranc qu’il n’auroic faute de tout ce que pardeuant il luy auoit fait promettre, amp;nbsp;offrir, amp;nbsp;l’enhortâc à petfeuerer en l’opiniô,dc laquelle il luy auoit fait faire ouucrture.Voilà Peftat auquel e ftoit la pauure,amp; milerablcTrâfiluanic,Laquelle,ainfi. qu’on à peu voit depuis la mort du Roy Louys iufqucs icy ,1a fortune à tourmentée par tant de difeordts,guerres ciuiles,amp; affaults qu’elle ren-doit vn piteux fpeftacle à ceux qui la contemr ployent, voyans d’vn cofté le Turc , de l’autre Fcrdinâd,amp; puis les propres Seigneurs du pays les vns bandez auee l’vn,les autres au contraire exercer en icelle continuellemét toute forte de cruauté, amp;nbsp;vfer contre elle de telle rigueur que fouuentesfois on la veu quaff perdue par fou propre malheur, fans compter les grandes pertes, amp;nbsp;dommages qu’elle à receué pat toute fou cftenduë, tant pour fauorifer le party de lehan, que celuy de Ferdinand,ainff que fouuent il adulent en telles guerres,ou la faneur qu’on porte auvidorieuxn’eftpas moins dommageable à vn chacun, que la difgrace, en laquelle tombe le vaincu,parce que ny l’vn, ny l'autre n’aduiét iamais qu’auec la perte , amp;nbsp;dommage desmef-meshabitans,amp; naturels du pays. Ferdinand a-uec vne ferme deliberation,voulant donner re-mede à tant de maux, amp;nbsp;fe defueloppet de ceux qui en auoiét efté caufe,amp; ne perdre l’occaffon q fortune en le fauotifant luy prefentoit pour la conquefte de ce Royaume,qui iuffement par fuccciffon, par election, Sç par conuention luy

-ocr page 208-

H iß oire de Hongrie appartcnoitjfe rcfolut deprendre cn main ceûe entreprinfe, amp;nbsp;y employer tout fon bien , aucc toute fa puiflance. 11 parce que cefte expcditió demandoit vn homme qui fut fort fage, amp;nbsp;qui euft longue experience de la guerre , amp;nbsp;qui fut fi prudent,amp; aduife qu’il peuft cn refiftant f’op-poferaux embufehes des Turcs, amp;nbsp;les cuitet quand il feroit temps, amp;nbsp;qui peuft fcmblablc-raent fe comporter auec vnc grande modeftic en ceft affaire auec le Moync, pour ne luy donner occafion d’vfer de nouueau encor vnc fois du vice de fon inconftancc,amp;: voyant que pout lors il n’auoit près de foy perfonne, qui fut telle qu’il demandoit, fc délibéra d’eferire à l’Empereur Charles le Quint fon frété, que ce fuft Ion plaifir de ne luy faillir en affaire de telle importance, amp;nbsp;de luy enuoycr vn perfonnage fi fuflî-fant, quipeuft auecvncbonne dextérité conduire cefte guerre à vnc fin gloricufe telle qu’il la defiroit, fçaebant à la vérité qu'il auoit auec luy abondance de grands, amp;nbsp;renommez Capitaines. Ayant arrefté cccy en fon cfprit.il dcpel-cha vn Gentilhomme aucc fes lettres, amp;nbsp;cn outre ^minandaà fon Ambaffadeur, qui cftoit à Aufbourg à la Cour de l’Empereur, qu’il euft à luy faire entendre entièrement tout le difeours de cefte guerre , amp;nbsp;qu’il feit tout ce dont on le chargeroit. L’Ambaflâdcur, aufli toft que le Gentil homme fut arriuc exécuta diligemment le commandement de fon maiftre. L’Empereur ayant entcdu bien au long cefte entreprinfe, amp;nbsp;Gonfiderant de quelle importance cftoit cefte

-ocr page 209-

Liure troißeßne. 94

' juerrCjamp;la dcsfiancc qu’il auoit pour raifon du DucFcdcric dc Saxe, amp;nbsp;dc Philippe Lanrgraue^'.'Xo»!-*-*, dc Hefleu, lefquels il tenon encor prifonnieri, J ncfepouuoitbonnctnentrcfouldrc, nevoulat abandonner ces chefs qu’ilcognoiflbit en tout V k remuement,amp; tumulte luy eftre ncceflaires, fic tnefme ayant entendu quelques efmotions de guerre,que Henry Roy de France braflbit contre luy, 8c en outre le defdain du Duc Maurice, duquel il auoit grande desfiance, pour ne luy a,-uoit voulu delinrerfon beau-petc, fuyuant la promefle laquelle il luy en auoit faite, qui fut v-ne chofc,qui en peu de temps,comme nous dirons en fon lieu, luy engendra vn tel cnnuy, 4C trauail qu’il n’en eut iamais de fi grad en fa vie. Ayant bien confideré,ôc pcle toutes ces chofci, amp;nbsp;ne voulant faillir à la neceffitc de fon frété, fpecialemét contre les Infidelles , arrefta en fin deluy enuqyer Ichan Baptifte Caftaldo Conte ca-de Piadene,8c lequel vn peu deuant il auoit fait JîalJo eßt» encor Marquis de CalTan, 8c qui pour lors c-ftoit fon Maiftre dc camp general,ôc du confeil delà guerre, 8c fort cxcrcité en toutes les guet-respaffecsfoubs le vieil Marquis dc Pet'eaire, dwand. l’ayant fait appellcr à foy luy dôna charge qu’il ac faillift à aller feruir Ferdinand fon frere en cefte cxpcdition,lc faifant Lieutenant,8c Capitaine general de Maximilian Roy de Boheme fon ncpucu.Caftaldo acceptât celle charge que l’Empereur luy donnoit, 8c feftant monté dc quelque quantité dc bons chenaux, 8c armes qu’il eut çn don de pluficurs Seigneurs de la

a

-ocr page 210-

IcMfioire de Hongrie Cour,dcfqucls il eftoit bien voulu,amp; aymé,entre autres du Duc d’Albe, de l’Euefquc d’Arras, du Marquis lehandc Pefeaire, amp;nbsp;du Duc de Sefle/e racit en bon equippage, ?£ ayant prins congé de l’Empereur, femeit en chemin peut aller à Vienne, ou cftant arriué à grandes lour-nees, aucc honnefte compagnee fut rcceu pat Ferdinand,en grande allegre(re,amp; chety, amp;nbsp;ca-refle par le Roy Maximilian, aucc Icfquels ayat pafle quelques iours, il fut induit d’eux de tout ce qui eftoit befoingpourccftc guerre, amp;nbsp;delà façon comme il fe deuoit comporter aucc le Moync, amp;nbsp;comme il deuoit régir cefte Prouin-cc,amp; y commander, amp;nbsp;des moyens pour entretenir en amitié, amp;nbsp;fidelité les Seigneurs d’icel-Ic. Puis Ferdinand luy promit pour fon eftat huit mille quatre cens florins d’or par an, outre l’cftat qu’on donnoit en fa faucur particulièrement à plufieursperfonnes de marque, amp;nbsp;au-thorité , lelquelsl’auoicntfuiuy : amp;nbsp;afin qu’il n’eu ft aucun empefehemétau payement de ces deniers, il luy donna vn ample amp;nbsp;fcuraflîgnat. Luy ayant ainfi arrefté fon eftat, amp;nbsp;fon author!-té, il luy commanda fut tout qu’il maniaft fes affaires paifiblcment aucc le Moync George, felon fon naturel, mais aucc prudécc,afin qu’au commencement il euft bonne cognoiflàncc de fes conditions,felon lefqucllcs, amp;nbsp;felon l’cxpe-ricce des chofes,qui puis apres fe prefenteroiét, il fegoupernaft.amp;qu'cn ne luy contredifanr en çhofe aucune, ains accordant tout ce qu’il luy demandetoit, il fcmonftrafttoufiours liberal,

-ocr page 211-

Liuretroißeßne,

amp; gratieux, fçachant bien comme il cftoit ambitieux,amp; auarc.eftant là la voyc,par laquelle il failloit cheminer aucc luy. 11 luy cômanda aufli qu’il euft à Faire vn mémoire de tout Ce qui c-ftoit neceflaire pour cefte guerre , tant pour la commodité, deffenfc, tant des gens de pied, que de cheual, afin qu’on en feit prouifion , SC que le tout fuft preft lors qu’il faudroit fc mettre en chemin. Ce qui fut incontinent par luy faic,amp; prefenté à fa Majefté, fuyuant les articles quif’enfuyucnt. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

Qik premièrement on fc doit pourucoir, amp;nbsp;Inflrultia', faire efleftion d’vn bon amp;nbsp;entendu Maiftre de Camp general, lequel euft autresfois pratique cell: ofnee , qui feeuft ce qui eft de fa charge, „tntâ tant à loger,amp; difpofcr vn Camp, comme pour d’idllt. adminiftrer iuftice , amp;nbsp;mettre prix aux viures. Q^il faut qu’iceluy ayç deux bons auditeurs a-uec fes Secretaires, Notaires, Sergens, Archers, maiftres de iuftice, amp;nbsp;gardes de prifonniers , Sc tels autres officiers , comme font reuifitcurs de camp,amp; furintendans des vlutes,5cfemblables, parlefquclstoutle Camp doit eftre gouucrné, amp;nbsp;rédu fubieâ:,amp; obeyflant à la crainte des or-donnances,lcfqucllcsiourncllement il conuiét faire. Que femblablement tous les autres Maiftres de Camp , de quelque nation que ce foir, foient tenus de prendre du fufdit General fes ordonnances, 8c commandemens, 8c les executer en leurs quartiers, afin que toute chefe aille felon fon droit chemin,nc fouffrans aucunement que les reuendeurs fe logent au Camp, de peur

-ocr page 212-

Hißoire del^ongrie / qu'ils ne l’afFamcnt, amp;nbsp;le reduifent à ncceflitc,-qu’ils n’cnchcriflcnt les viurcs,amp; autres mar-çhandifcs.furquoy il faut auoir efgard.

Qifil faut auoir vu Commiflaire general des viurcs, qui foit expert, lequel aye la charge de les dffpcnfcnqui aye auce foy boullangcrs pour faire, amp;nbsp;cuyre le pain, bouchers pour bailler à vn chacun de la chair a fuffifance, viuandiers, tauerniers, hoftellicrs, amp;nbsp;autres qui ont accou-ftumé de mener vin,chairs, poulailles, œufs,fa-leures,fromages, ris,fel,Icgumes,amp; autres telles marchadifes. Aufquels on doit députer certains lieux,places,amp; marchez, Je adiufter leurs mefu» rcs,amp; poix,amp; moderet leur prix.chaftiant feue-remét.ceux qui outre-paflcroiétlcs edits,ou qui Icurferoient violence , ou leur emporteroient leurs marchandifes outre le prix mis par Icmai-ftre de Camp general.

Qifil faut auffi eftre garny d’vn fiddle , Sc fubtil rhreforier general, lequel fçachc des ex-pediens pour trouuer deniers quand il y en au-roit fuite, amp;nbsp;ncgotierancc les marchands, ou autres pour en auoir à moindre intereft, afin q parce moyen on puifTc entretenir les foldats non moins auec parollcs,amp; efperance, qu’aucc l’effeót, euitant par là les mutineries, amp;nbsp;tumulgt; tes, qui pourccfteoccafionfexcitent fbuuent en vn Camp.

Qu’il faut auoir vn diligent Secretaire, lequel aye les liures,cornptcs,amp; regiftres de toute farmee , amp;nbsp;qui face les roolles des payemens fairs' aux Gencraulx, Maiftres de Camp, Colonnds,-

-ocr page 213-

Liure troißeßne.

Capitaines,Enfcignes, Gomnaidàires, Sergens* amp;nbsp;autres officiers.

Q^on doit auffi c fl ire vn fin, amp;nbsp;rufe Com-miflàire,qüi aye la charge de fçauoir, amp;i entendre fi tous les Colonncls, Capitaines, tant de Îicd que de chcual.ont autant de payes comme c roolle en porte d’obligez, afin que le Roy ne loic fraude, ny la paye defrobee aux foldats, 8C que les Capitaines ayét à faire garder leurs En-feignes par les foldats, qui leur feront baillez, chaftiant ceux qui en cccy feroict faute, amp;nbsp;que aufdits Secretaire,amp; Commiflairc on doit bailler autantd’officiers, amp;nbsp;clercs qu’ils en auront bcfoing,afin qu’ils puident fournir à vn chaeû, amp;nbsp;eftre ptefts en tout amp;nbsp;par tout felon leur charge.

Q^il faut auoir vnbon,8c expérimenté General de l’artillerie, lequel aye la charge de l» faire conduire où 11 fera mefticr, amp;la planter, amp;nbsp;accommoder aux lieux qui luy feront mon-ftrez. Iceluy doit auoir des officiers tels qu’ils luy apparticnnét, amp;nbsp;à chafque piece vn canonnier auec fes pionniers, amp;nbsp;lürintendans pour la gouuerner, tât par les chemins qu’aux lieux ou on deura l’alTcoir, amp;nbsp;chafque nombre d’artillerie doit auoir fon Capitaine, auec autant de pionniers qu’il ferabefoing pour le voyage, 8c pour l’occafion du temps,

Qu^outre-ce,il faut ordonner vnc garde fuf fifante à l’artillerie, tant de gens de pied que de gensde eheual foubs deux Capitaines, Icfquel» ayent le foing de l’aller fouuent vifi'tcr,afin que

-ocr page 214-

}Aifloire de ïAongrie elle fte (bit cnclouee, ou qu’on ne mette le feu aux munitions.

Que les Canonniers doiuenteftre tous Serruriers, Marefehaux,Charpentiers, amp;nbsp;Maçons,' par-cc que ces meftiers font neceflaires à vn Camp pour ferrer l’artillerie quad il eft befoin, pour les cheuaux,amp;pour baftir ponts,rempars, amp;nbsp;murailles,amp; autres engins.

E t parce que fouuen tesfois il aduient par les chemins que l’artillerie par la faute des roues, amp;nbsp;de leurs lits tôbe,amp; demeure là, amp;nbsp;que pour tels inconueniens elle retarde beaucoup vne armee, afin qu’on puifTe euiter tels empefehe-mens, ilfauttoufiours auoir, amp;nbsp;mener quant amp;nbsp;quant autres inftruments amp;nbsp;engins, lefqucls foient propres pour monter, amp;nbsp;demonter l’ar-tilletic,afin de f en pouuoir ayder en telle necef lîtc.

Eftant la couftume qii'apres l’artillerie on meine fes munitions, amp;nbsp;fes inftruments, il faut faire prouifion d’autant de chariots, amp;charct-teSjtirces par chenaux,ou bœufs qu’il en faudra pour porter les pouldrcs, les boullcts, lescor-des.les outils pour racouftrer les roües.les lids, c(rieux,curoirs,vcrges, vinaigres, plomb,doux, êcautres chofes neccflaireSjCommc aiz,doubles roiies, doubles lids, c(fieux, barils, iantes, rais, marteaux, mafles de fer, enclumes, tenailles, ôT autres tels inftruments pourtoufiours les aUoir incontinent à la main.

Q^il faut auoir fur lefdites munitions vn fa* gc Comraiftàire,lequel aye particulièrement la charge

-ocr page 215-

Liure troißefme.

charge de les difttibuer felon l'opportunité du temps,amp; vn autre bon falpcttier,ou pouldrier, amp;nbsp;autres, qui puiflent faire, amp;nbsp;inuenter toutes fortes de feux artificiels, amp;nbsp;battre dclapouldtc pourl’artillerie,amp;pout les arquebufes,afin que pat faute d’iceluy il n’aduiéne aucun inconuc-hict,amp; qu’au contraire par fon abondance l’ar-niec n’en aye pas feulement affez pour foy,mais quelle en puiffe enuoyer aux forterefles voifi-ncs.

Et attendu qu’il eft a fiez notoire combieri apportent de profit en vn Camp les Pionniers pour faire tranchées,rcmparts,mines,amp;contre-mines,pour explancr,amp; accouftrer les mauuais paflages, amp;nbsp;chemins , fapper les murailles , amp;nbsp;tours des villes , ou chafteaux qu’on aHicge, pour coupper arbres, amp;bois neceiraites pour la fortification de quelque place,pour creufer des puys,poiir l’vfage des foldats, tât pour auoir de l’eau, que pour ietter en iceux toutes les immô-dicesd’vn Camp’-pourcefteoccafiôil fautf’en pouruoir du plus grand nombre qu’il fera pof-fiblc, aufquels il faut donner vn Capitaine , Zi autres chefs,amp; faut qu’ils ayent quelque entendement pour pouuoir fortifier vn Camp,amp; faire des baftions quand il en fera befoing, eftanc tels gés vnc des principales prouifions, qui fort neceflaire en vnc armee.

Q^’il faut eflire vn Capitaine, qui aye le foing des efpies, amp;nbsp;vn autre qui aye cfgard fut les guides, cftans tous deux fort necclTaitcs, Si entre autres chofes pour mener amp;nbsp;conduire les

N

-ocr page 216-

Hifloire de Hongrie truchemens Ceux- cy auront la charge de def-pefcher tous les expies,amp; guides, defqutls on fc voudra feruir, pour f’enquerir , amp;nbsp;fçauoirpat leurs voyages , amp;nbsp;menees ce que l’ennemy en« treprêt contre fon Roy,ou fon Seigneur. AucC ëeux- cy ne doiucnt eftre coprins les efpies que aura le Lieutenant general aucc foy.

Qvfil faut ordonner certains afficiers pouf fiire nettoyer tout le Camp des ordures amp;nbsp;vf-lanies qui fe font tant par i es hommes, que pat les belles, lefquclles caufent fonuerrt vne mortalité gencrale'.amp; ce afin que l’air ne fe corrompe, amp;r que les foldats ne tombent malades,amp;ks deuront faire porter par chariots à la riuierc.oa les letter dedans des foliés profondes, faideS pour cell effect.

CJ^’il faut faire prouifion d’vne bonne qua-tité de charettes , tirees par cheuaux ou bœufs» garnies de leurs cailTes pour mener du pain,bif-cuit,farines,chairsfalces,poiirons fakz, fromages,huilles, legumes, amp;nbsp;autres fortes de viurcs, auecrin, vinaigre, amp;nbsp;Tel, pour fen feruiraiiX lieux Ou on en auroit faute , amp;nbsp;fcmblablemcnt pour mener de Tauoine.

Qu’il faut aulfi auoir des charrettes pour porter peflcs,tranchés,pics, haches, fies, poinl-fons de fer, amp;nbsp;autres inftruméts à vfage de Pioniers , amp;nbsp;vne grande quantité de manches de bois,pourarnancherpcfles, tranches, amp;nbsp;autres fcrrcmens,ou,amp; au cas qu’on n’euft la commodité d’en faire fur le lieu.

Qif 11 faut porter fur des chariots des moib

-ocr page 217-

Littre troißefme, 98 lins pour moudre le blcd,amp;auflî des fours pour cuire le pain fur les chemins , ou on n’en trou-ueroit point, amp;nbsp;pour les lai fier aux Chaftcaûx, amp;nbsp;places fortes, ou il n’y eh auroit point, Sc pour f’en aider en la necetricé,laquelle pourtoit furuenir fans y penfer.

Q^il faut eftre gatny de barques,amp;de pots portatifs, defohucs, d’ais, amp;nbsp;cordes pour en drefTer.lefqucllcs chofes il faut Icmblablemcnt porter fur des chariots, pour Pen ayder a paflir quelque riuicre, ou foffe, marais, ou quelque mefehant paflage-

Qtf il faut aufli faire mener bone prouifion de piques,lances,arcqutbufes,cfpccs, morions, bourguignotcs,8c corfelcts, amp;nbsp;aulfi vnc bonne quantitéd’arcquebulesrenforcées, auec gens qui puirtcnt les manier , amp;nbsp;f’en feruir à temps. Ces armes doiucnt cltre menees par charrettes apres le camp. Il faut aulFi mener bonne quantité de feiles,brides,mords,eftricrs,cfpeVons amp;nbsp;de toutes telles autres chofes qui (ont neceffai-rcs à vn camp.

Q^il faut auec l’armee anoir quelques bós Medecins,Chirurgiens,Batbiers,amp; quelque A-poricaire,pour panfer, amp;nbsp;guarir les malades, amp;nbsp;blelTez.

Q^il faut cftablir vn Maiftrc de Pofte diligent , lequel aye charged’eftre toufiouts garny de bons chenaux, amp;nbsp;(üvurc le camp, pour pou-uoit d’heure à autre en diligence porter les ad-ucrtilFcmcns , amp;nbsp;rcfponfcs , qui fc prefente-tont.

N i)

-ocr page 218-

Hiftoire de Hongrie

Et afin que les foldats par l’auidité de gagner amp;nbsp;par voiler, amp;nbsp;piller le bien d’autruy, n’ yenC à oublier ce qui appartient à vrays Chreftiens, il faut choifit quelques Preftres pour fuyure le camp, auec leurs ornements propres à chanter publiquement la Méfié, afin que fe fouucnans de la Religion, ilspuifienc apprendre à guerroyer pour l’honneur, amp;nbsp;pour la gloire, amp;nbsp;non pour le butin, amp;nbsp;pour f’entichit iniuftement du bien de fon prochain, puis qu’en chaque armee la crainte de Dieu, le refpeôt de la Religion, Se l’obferuance de iufticc,font les vrays fondemés de toute vertu loüable.

Que les fufdids Prcfi:rcs doiuent auoir la charge de 1 Hofpital, lequel pour le bien com-inû des pauurcs foldats fera député en trois, ou quatrepauillons, amp;nbsp;aux defpens du Roy, amp;nbsp;du camp pourueu de Médecins , Chirurgiens, Se Barbiers, pour mcdicamenrer tous ceux qui fc trouucront malades, amp;nbsp;blefiez en iceluy, amp;nbsp;lequel fera aufii garny de feruiteurs tant qu’il en feranccefiaire. Et fi quelqu’vn des malades fe trouue touche à la mort, les Preftres feront tenus de le confefièr.ôc le communier, amp;nbsp;luy dô-ner tous les facremens que les vrays Chreftiens ont accouftume de receuoir,amp; f’il meurt le faudra enterrer auec le plus d’honneur qu’il fera poflible.

11 faut aufii doncr la charge à quelqucs-vns de ne laifier delbander aucuns de leurs rangs,amp; princip ilemét quand le camp marchera,5c que ils ayent la puilTancc de les chafticr amp;nbsp;punir.

-ocr page 219-

Li ure troißepne. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t)()

Qu’cn fin il faut eflire vn Capitaine pour le bagage,qui foubs vne Enfiigné le conduira, en forte que parle chemin il ne fcmbaralTc auec l’atmec.

Pay d’eferit icy amplement ce mémoire,afin qu’il puifleferuir à tous Roys, amp;nbsp;Princes qui vculét manier la guerre, pour par le moyen d’i-celuy f^auoit comme ils doiucntfc poutueoir, Reconduire par les chemins leurs armees; qui aura enuye d’en voir dauantage, faut qu’il aye recours aux cinq traitez que le Seigneur Afca-gneCétorio à faits de la guerre, dedans Icfquels ilvertale toutdiftinftemét d’eferit. Ferdinand donna ordre de faire exécuter ce mémoire par-ticulicremêtjfinon en tout, amp;nbsp;par tout, pour le moins en ce que pour lors on pouuoit le plus. Cependant qu’on eftoit empefehé à cc,le Moyne George craignant que par trop long tarder du fecours qu’il attcdoit,la Roync n’afi'cmblaft tant de forces, que l’appareil de Ferdinand ne full vain, amp;nbsp;inutile à le fccourir, ne celToit par courriers fur courriers à le foiliciter, amp;nbsp;le pref-fer de faire marcher fon armee vers luy, auec la plus grande diligence que faire ce pourroit,par ce qu’en tcmpotifant il craignoit que la belle occafiondelaconqucftcde ce Royaume ne fc perdift. Ferdinand citant aduerty de ce, 5c elti-mant qu’il ne failloit perdre temps , apres l’ac-côplilTcment du mémoire qu’on luy auoit baillé , amp;■ qu’il eftoit meilleur que Caftalde partift auec les gens, 5c munitions telles, qui pour lors fe trouuoient en eftat, fit dépefeher à Caftalde

-ocr page 220-

Hißoire de Hongrie

(pour ne perdre plus temps) des lettres bien an»-pies, p.irlefquelles illuy donnoit puiflance, Si J J gt;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;authoritédefcfaire obeyr, amp;nbsp;décommandera

chacun, non leulcment en la Hongrie, Sc Dalmatic mais auili par toute la Croatie, amp;nbsp;aux autres parties de Sclauonie, Scenlabafle Auftriebe, voulant qu’il prefidaft en tous les confeils, amp;nbsp;aflcmblees qui icferoicnt en ces pays, amp;nbsp;luy donna charge qu’auant fc rédre au camp, il euft à reuifrter l’i fie de Comar,amp;.' autres lifux.amp;fça-uoirçn quel eftat les places frontières eftoient pourypouruoirdccequ’il verroit y eftre ne-ceflàirc, par- ce qu’elles eftoient mal munition-nces pour lors, par la faute, amp;nbsp;parefle de ceux ' qui en auoientcu la charge. Suyuant ce commandement, le premier iour de May mille cinq CaflaUt cinquante amp;nbsp;vn,Caftalde partit de Viëne, fachtmine prenant le chemin d’Agtic ou eftoient les gens wHo^rie. de guerre, lefquelsildeuoitmenercnTranfil-uanie, fc tranfportant premièrement aux places frontieres(commenous auons dit) Icrquclles il commanda eftre réparées le mieux que faire fc pourroit, preuoyant qu’il viédroirbien toft vn réps lequel monftreroit cuidemment combien jl auroit efté vtile de n’auoir cfté negligent, ne parefteux en ces chofes, qui au femblât fôt efti-mees peu, amp;nbsp;de petite confcqucnce, amp;nbsp;Icfquel-lesàlafin couftent puis apres bien cher àuec l’honneur,l’cftat, amp;nbsp;la vie, qui bien fouucnt fy perdent. Eftantartiué en Agrie, il trouua en i-cclle Bernard Aldcnc Maiftre de Camp de fept ççmpagnces d’Efpagnols, lefqucllcs Ferdinand

-ocr page 221-

Liure troijießne. loo

fes dcfpensentretenoit en ces quartiers. Iccux 155 pour l’attendre fcftoient logez pres delà ville. 11 confomma là quelques iouts , tandis qu’il a-malFoit tous fes gens de guerre,amp; cependant fe occupoit à fe pouruoir de tout ce qui luy pour-loit eftrc de beloing pour vnc bataille, Sevoyat Cttflalie cefte ville cftrevne des plus importantes de la fait fortin Hongrie, amp;nbsp;qu’elle n elloit forte , ny de fitua-tion, ny de muraille , amp;nbsp;qu’il n’y auoit aucune induftric qui euft remédié à ce defaut,amp;que les murs tels qu'ils eftoient n’eftoiét encor gucres flanequez , eftans baftis plus à l’antique qu’à la moderne: pour remédier à tant d’inconueniens donna charge de la fortifier à Erafme T eu fl, amp;nbsp;n’abandonner la fortification d’icelle,par le cô-mandementde Ferdinand , iu'qu'cs à ce qu’il l’euft acheuce entièrement.Ayant amafie toute fon armee,amp; voyant qu’en attendant les canôs de batterie , lefquels par la faute de ceux qui a-uoient la charge de les luy enuoyer , n’eftoient encor arriuez.celà pourroiteftre caufe de quelque inconuenient, fe délibéra nçantmoins de partir fans iccux,en en donnant aduertiflement à Ferdinand , afin qu’il commandaft qu’on les enuoyaft; en la plus grande diligence qu’on pourroit. Suyuant cefte deliberation il partit d’Agrie le vingt-fixiefme de May, faifant marcher fon armee en cefte forte : il fe meit en l’a-Uantgardc auec fept enfeignes d’Efpagnols, lefquels firifoientle nombre dedouze cens,plus y auoit cinq cens foldats Hongres appeliez Ai- xiilwc/«. duçhs, amp;nbsp;mille cheuaux legers Hongres nom-

N ni)

-ocr page 222-

Hißoire de Hongrie

VfarDin. tncz vfarons, Icfqncls à la façon des Turcs co-Armetdt batcnt aiicc targcs, i;U)cesTui cquefqucs, maflcs Caßaldt. defet,cimctcrrc,amp;morions: ilscftoient foubs la coduitc d’vn Seigneur Slcfien nommé le Capitaine C hriftofle puis fuyuoient quatre pieces de campagne. La bataille eftoit menee par le Conte Félix d’Arco, amp;nbsp;le Conte Ichan Baptifte d’Arco. Iccux auoient foubs eux vn regiment de trois mille Allemans, tous bons foldats , amp;nbsp;bien armez , auec quatre autres pieces dé campagne, amp;nbsp;deux moyennes couleurines, plus a-uoient auec eux quatre cens chenaux,trois cens portans lances longues, amp;nbsp;centpiftoliers. 11 fit puis marcher pour l’arricre garde , l’infanterie Hongrcfquc,auec trois cens cheuaux legers, SC le bagage, auec trois pieces de câpagne, faifant le tout, le nôbre de cinq mille (ept cens foldats, amp;nbsp;dix fept cens cheuaux. Auec cefte armee tref-f»etite,Caftalde pourfuyuit fon chemin pour al* er conquérir la Tranfiluanie,contre vn fi puif-fant Prince,comme eftoit le Turc,amp; d’elle peut on dire ce que le Roy Tygranes difoit de far-mec Romaine, laquelle venoit contre luy pout le combatte, foubs la conduite de Lucullus, à fçauoir qu’ils cftoict trop pour Ambafladeurs, amp;nbsp;bien peu pour combatans,corne fc moquant d’eux,par- ce qu’ils ne luy fcmbloict qu’vnc petite pognee de gens , au regard des fiens qui c-ftoient deux cens cinquante mille. Caftaldc c-Tildfetjue ftântartiuc aucc ccft ordre militaire iufqucs à e» Tiffi la Tilîe, anciennement appellee Tibifeque, qui cft vn flcuue fort large, amp;nbsp;profôd,lequel trauet-

V

-ocr page 223-

Liure troißeßne. loi

fant toute la Hongrie fourd en Poulongnc, au ï$5l pied de la montagne de Carpatus , de laquelle f clloignant f’eftend vers le Midy , iufques à ce qu’il entre dedans le Danube entre Belgrade,amp; Cencdin.ou lors il peit fon nom.ll a en aucuns endroits huit mil de largeur, à raifon des palus, amp;nbsp;matais qu’il fait, félon qu’il ttouue les terres plates, amp;nbsp;coule fi doucement qu’à peine le voit on mouuoir. 11 a fon eau fort belle, amp;nbsp;claire, amp;nbsp;abondante mcrueillcufemcni en poilTon . Ca-ftaldefurcefleuue fit fejoutnet Ion camp, amp;nbsp;voulàt le pafler le premier pour encourager fes Capitaines,Se foldats, on dit qu’il leur fit à tous fut la liue de ce flcuue vnc telle harangue ; Si ic « n’eulTc cogneu f mes bons, amp;nbsp;vaillans foldats) »« que voftte cfprit defirepluftoft la gloire que le « falut p, opre, ie ne me fiiffe iamais redu iufques « icy foubs voftte fiance. Et parce que ie fuis cer-tain que larenômce de ceux qui vous ont pre- « cede , amp;nbsp;qui en ces pays ont acquis tant de vi- lt;« ôoircs,vous hauffera le courhgc pour enfuyurc « leurs pas,amp; que la mémoire de leurs faits,amp; ge. « lies glorieux pourra autant enuers vous , corn- «, me elle a peu fur vos prcdcccireurs, en confide- 'lt; rant feulement les chofes qui vous peuuét eter-nifer; ie ne doute aucunement que vous ne fa- e» ciezparoit voftte vaillance, amp;nbsp;vertu cogneuëà « tout le monde, amp;nbsp;principalement en ces quar- « tiers , ou nous voyons plus grande abondance « d’ennemis , que multitude d’amys, amp;nbsp;ou pour « l’amour du commun enneiny, il nous faut aucc « le iréchani nous drclTerlc chemin cftans en vnç «

-ocr page 224-

i-îiflotre de Hongrie

»» Prouincc que nous n’auyons jamais veue, ny » recherchée, amp;nbsp;ou il n’eft pas trop feur de Ce fier, « amp;oucft vnechofenouuclledevoir commen-« ccrà eriger vn regne,amp; ou infinis dangers abô-w dent,la necefiité prcire,amp; les guerres qui jà f’ap-« pareillent contre les Infidelles nous menacent: » qui font chofis encor qu elles fcmblent efpou-« uentablcs , Iciquellcs nous doiuent (cruir pout gt;• faire à çognoiftrc la prudence,fagelQ, amp;nbsp;dexte-» rite de Tefprit, (qui font vertus plus que les au-•gt; tres deficees) par-ce que par la on cognoiftra U » hardie{re,amp;courage de vous autres mcsfbldats, sgt; amp;nbsp;la fov, amp;nbsp;fin du ferment inuiolable que nous M auonsfaitànoftte Roy. Nous voicy fur le Ty-bifeque , le pallage duquel nous doit tous ref-» iouyr, eftans nous hors de l’Italie, vous hors » d’EfpÂgnc, amp;- les autres hors d’Allemagne, non » pour fuyure Icsplaifirs corporels, qui rendent » î hommedebile, malade, amp;nbsp;efféminé, mol, w lafeif, mais pour acquérir honneur, richeffe, S{ » viftoire, amp;nbsp;pour auoit le loyer de nos faids tel •» qu’il nous fera accordé parvne fortune profpe-« re,laquelle i’efperc deuoireltre telle enuers no* » que de terreftres elle nous rendra celeftcs, amp;nbsp;« efpandra par l’air vn bruit fi honnorable de no-» ftre nom, que ny le temps, ny la mort ne pour-» ront iamais empefeher que ne viuions eternel-gt;gt; lemét. Et parce que nous auons à negorier aueç » gens qui font diuers de nos couftumes,^ façôs w de faire, dcfquels il conuient gagner l’amitié a-M uec rufe, amp;nbsp;fineflTe, Sc aufquels à cefte fin noftrç w façon de viurc, amp;nbsp;noftrc port doit feruir d’çjcç»

-ocr page 225-

Liure troißefme. loi pîe, amp;nbsp;de miroir, il m’a fcmblé n’eftrc indigne, quot;nbsp;mais pluftoft louable ( difeourant de cccy auec quot;nbsp;vous, amp;nbsp;rapportant le tout à la premiere gloire « delàvrayedifeipline militaire) vous aduertir « qu’apres que nous aurons pafle ce flcuue,amp; cô- « mécerons à entrer dedans le pays, (qui par no’ •« aunomdcnoftrcRoy doit cftre dcfFcndu,amp;: « conquis'pour attirer les cœurs des habitas (leC- « quels font diuifcz en trois Prouinccs, fçauoir “ cft des Siciliens, Saxons, Sc Subalpins) à noftre « deuotiôn, volonté, amp;nbsp;amitié, il faut cftre auec « tousmodcfl:cs,tcmpcrcz,amp; froidsjquitterl’aua « ricc,mcfpriferlesvoluptcz,abandôner les plai- “ firs du corps,amp; par fur tout fuyr toute cyfiucté « laquelle côbien cft dommageable à vne ai mee, « amp;nbsp;comblé de maux elle apporte auec foy, vous « cognoiflez aflez. Dauantage, il faut cuiter les ” vollerics , garder l’honncut des femmes, auoir quot;nbsp;refpeft aux vieilles perfonnes, auoir foingdes « pauurcs enfans, cftre entre vous comme obfer- « uateurs d’vne fainétc Religion, fauorifer fes a- « mis, 5c pourfuyure fes ennemis, 5c penfer cftâs « nous autres en pays eftrange,5c en maifon d’au- « truy de faire ce que vous feriez en vos maifons, « voyanspar experience que chaque befte tant « petite foit ellc,eftant en fa cachette,deuient cô- « me vn lyon, pour fe deffédre du tort qu’on luy « fait,Sc par la iugeans combien dauantage ceux- « cydeuiendroient en leurs maifons courageux, “ 5c hardis, fefentans par nous outragez, llfaut « en outre auoir toufiours en toutes vos aélions Dieudeuant vos yeux, pour l’amour duquel k

-ocr page 226-

Hißoire de Hongrie

Tranfil^

IMme.

** nous dcuons expofct noftrc vie auec le corps, ” amp;nbsp;en fc monftrans debonnaircs,amp; clcmcs aueC *’ vn chacun,amp; auec (es ennemis fàcrs,audacicux, *’ horribks,efpouuantablcs, prompts, amp;nbsp;hardis, ” fe faire par là cognoiftre courageux, fans peur, ” prudens,amp; fages, afin que par ces moyens voaJ 1 ” ayez toufiours auec le (alutjlavove de vertu ou- 1 ” uerte,amp; que chacun de vous autres puifiTc auec i ” moy remporter en fon pays vn renom , amp;nbsp;me- ; ” moireetetnelle, ne refufans aucune peine, ny trauail, par-ce que ny les fatigues, ny aucunes : ” incommoditez, ic dommages ne doiuci iamais ” en des efptits efueillcz, obfcurcir, ou effacer le ” défit, amp;nbsp;conuoitife, qui prouiennent d’vn honneur, amp;nbsp;d’vnc vtaye gloire , dr principale-»» ment moy eftant auec vous,qui vous feray non »’ comme Capitaine General, mais comme pere, ” Si. £[Cïe,8c compagnon,tant en aduerlîté.com-’» meenprofpcrité. EtafinquecognoifTiezcftrc ” vrav ce queie vousay dit, ie veux le premier »’ pafTcr delà l’eau , amp;nbsp;nerefufepointquele pre-” mier danger ne m’aduienne, afin que par ceft ” exemple chacun de vous apprenne à auoir en ” plus grande cftimel’hôneur que fa propre vie, ” amp;nbsp;la mort honnorable, plus qu’vne vie vilaine -* Ätdcshonneftc. Ayant achcué de parler il fc fit CAflalie ’^continent paffer à l’autre bord du flcuue, fai-«jfre enla. fuit puis apres paffcr tout Ic tcfte dcl’armec,laquelle demeura huiôl ioursà pa(fcr,pour la largeur de la riuierc. Apres que tout fut delà l’eail, cheminant toufioursen bataille , il vint à Dc-brezen,ville petite amp;nbsp;non fermée,ou fc trouue-

-ocr page 227-

Liurc troißefme. 105 têt André Battor, amp;nbsp;Thomas Nadafdy.lcfquels cftoient des plus grands amp;nbsp;riches Seigneurs qui fuflent en la Hongrie, amp;quiauoient jà acquis vnc grade réputation pat tout le pars. L’vn d’i-ceux cftoit General de toute la cauallerie Hon-grefqucjôc grand CommilTaire, amp;nbsp;l’autre eftoic Lieutenant General. Ces deux f’eftoi' nt icttcx dedans cefte ville.auec cinq cens cheuaux pour receuoit Caftalde, amp;nbsp;le conduire en Tranfilua-nie , fuyuant les moyens, amp;nbsp;pratiques qu’ils a-uoiét en ce Royaume. Caftalde fçaehant qu’ils vouloient voir à l entree de la ville quelle pou-uoiteftre fon armee, commanda au Sergent Majeur, amp;nbsp;au Maiftte de Camp , qu’ils euiTcnt incontinent à faire marcher l’armec aucc le meilleur ordre qu’il ft roit poffible , en telle façon qu’il fcmblalt auoit en icelle plus d’hommes qu’à la vérité il n’y en auoit. Cecy fut exécuté G dextrement que ces Seigneurs iugerent l’armec beaucoup plus grande qu elle n’eftoic, amp;voyans tous les ibldats bien en ordre,amp; mar-chans auec vne contenance graue, amp;nbsp;ancurce, louèrent grandemétlcur ordonnance. L’armec feftant rafrefehie quelques iours en cefte ville, pourfuyuircnt tous cnfemble leur voyage, iuf-quesàce qu’ils arriuerentà Zalnoch Chafteau Za/B,cb7 enfermé d’eau tout autour,ou pour la garde d’i-celuy,auant que partir laifterét cinquante Elpu-gnols. Cependant que cefte armee marchoit,amp; qu’on fe haftoit d’arriucr au lieu où cftoit le faittmtr Moyne George, la Roy ne auoit fignifié vne ■untDiett-Diete à Egneth, qui cft vnc des grades villes de «

AitSri Butttr, Th»au4

-ocr page 228-

quot; Georef tvmf/t Ijt Igt;tete di

E^neth.

'iAißotre de Hongrie la Trafiluartic, pour délibérer cn icelle par que! moyen on pourroit challcr Ic Moyne de cefte Prouince. Iceluy pour lors(comme nous auons dit)cftoircnfon Euefcliéde Varadin. Ayant entendu où la Royncfacheminoit, amp;nbsp;à quelle intention, laifTant toutes chofes cfquelles il cftoit alors occupé, fe meit cn fou coche pour fachc-mincr en la plus grande diligéee qu’il pourroit^ prenant le chemin de Chcrefuanic. Sur le chemin voulant paCTcr vn petit ruifTeau qui couH® par vne vallce,aduint que fon coche réucrla.df façon que fi promptement il n’cuft elle fccou-ru par fes gens il fe fut noyé.Quelques Gentilshommes dcfafuitteprcnâs mauuais augure df cell accident , l’exhortèrent de fen retourner: mais fe moquant d eux leur fit i clpôce, que tels augures qu’on alTeoit fur des chariots ciloient bien miferables.fçachant qu’ils auoientau Ciel vn autre chariot qui le garentilToit par fon influence ; voulant par fa rifee inferer que le chariot d’Eriôlonius colloqué au Ciel,entre les autres lignes luy feruiroitde guide:amp; fuyuant fort chemin auec vne telle diligéeequ’il l’auoit cô-mencé arriua à Torde, d’où il eferiuit à tous les Seigneurs qui ciloient auec la Roync, amp;nbsp;parti-culicrcmcnt à tou§ fes amys.quc fils vouloicnt voir leur patrie fauuc, amp;nbsp;que tout le Royaume ne fe pcrdill, amp;nbsp;ne tombaft cn la puillance des Infidcllcs, ilsncfailhHentàlcvenir trouucr la part ou il e(loit,ou il les attédoit pour pouruoit promptemét au falut commun de tous. Incontinent apres luy arriuerent quelques bandes de

-ocr page 229-

Liure troißefme. 104’ foldats» amp;nbsp;compagnees de gens de cheual, lef- * quelles il auoit faid partir de Varadin quant amp;nbsp;luy , faifans cnfcmble vn alTez bon nóbrc d’hó-mcs, auec lefquels il fe délibéra d’aller à ccftc Dicte , foubs couleur qu’il ncmenoit ces gens que pour fa garde , amp;nbsp;non pour autre effc«3:. Ainfi contre l’opinion, amp;nbsp;volonté de tous f’en vint à Egneth , ou cftant paruenu , rompit fi à propos ccftc Dicte , qu’aucun fi grand amp;nbsp;puif-fant fut-il n’ofa y demeurer dauantage , de peu d’entrer en inimitié aucc luy , amp;nbsp;par ce moyen deffeit tous les defleins delàRoyne, les faifant tourneren fumée. Icelle ayant entédul’arriucc du Moyne, amp;nbsp;voyant qu’elle ne pourroit plus venir à bout de ce qu’elle auoit commécé aucc vnc fi grande peine, deflogca foudainement de la ville aucc fon fils,Sc fe retira à Albeiule, aucc le plus de gens de guerre qu’elle peuft, dcfquels cftoit Capitaine general Pierre Vicchy , amp;nbsp;feit fortifier la ville. Mais puis apres craignant d’y cftre aftiegeeparle Moyne, lailfantautât d’hô-mes qu’il luyfembloit cftre neceftairc pour la dcffcnce d’icelle, trouua meilleur de faire fa retraite à Saflebefte , lieu pour fa fituation beaucoup plus fort qu’Albeiule , ou elle fe délibéra d’attendre quelle fin prendroit fa fortune. Le Moyne ayant cftéaduerty de tout cccy, amp;nbsp;ayât auffi.jà ouy nouuelleScertaines, commelc fe-cours que Ferdinand luy enuoyoit cftoit par les chemins, amp;nbsp;que Caftalde ne venoit point auec petite puiftance, refolut promptemet d’aller er» diligence fut cefteoccafion mettre le ficgc de-

-ocr page 230-

V\tß öire de ]Aongrie

Uint A Ibeîulc.eftitnat fil en pouuoit cftre mai* ftre auoir mené à bord la plus grand part de fes pcnfccs. Eftant arriué aucc celle deliberation,il l’aniegea fort cllroiôlement, amp;nbsp;la fit battre pat plulîcurs endroits, aucc grand nombre de forts canons. Mais ceux de dedans qui pour cela n’e-ftoient aucunement cfprins de peur ,-fc deffen-doient vaillamment, amp;plus courageufement quelcMoyncn’euftpcn'c. Orvoyant la congt; ftâce des atfiegez eftrc telle,5c que Caftaldc tar-doit beaucoup parles chemins,encor que tous Icsiours par lettres, Sc par courriers fur courriers il luy mandait qu’il fc diügenr.all, d’autant plus qu’il renoit celle ville afliegee , laquelle fc delFendoit tcllcmét qu’il luy clloit befoing d’a-uoir fon fecours,print derechef opinio de chercher les moyens pour faccorder encor vnc fois aucc la Roy ne. Pendant que ces accords fe trai-toient, Gallaldearriua aux confins dcTranfil-uanie, Mais puis qu’il vient maintenant à propos , ic lailTcray vn peu la continuation de celle Hilloire, 5c d’eferiray amplement la firua-tion.lcs habitanSjla force, la qualité, 5c l’abon-JfefenfitiS dancc de ce pays. La Tranfiluanic doncell vnc JelaTr^ Prouincc du Royaume de Hongrie , 5cfaifanc ßluMH partd’iccluy,enuironnecdc tous collez de tref hautes montagnes, rcfemblant vnc ville bit“ cmmuraillec, ayant toutes fes entrees difficiles, 5c cllroittes , qui me fait dire qu’elle en à prins fon nom, ellanr anciennement nommée Dacia du Roy Docus, qui fut Seigneur 5c Roy d’icelle. Vers la partie de Septentrion elle ioinôl a

Poulongnc,

-ocr page 231-

Liure^raifeÇme. ioj

Poulóngne,amp;a vtlc partie delà Mo'd''uic,ayat äu millieu les Monts Carpates Vi rs le C ouch 't elle fc confine à la Hôngrie,amp; vers l’Orient,l’c fti ndant iufqucs aux riues du Oanube.elle prêt fin contre la Vvalachicjes habitans de laquelle rappellent Vvalacchicns, defeendus anciennement d vne calonie Romaine extraiôte de la famille des Flacchicns, qui furent enuoyez pout fubiugucrccpays , dclquels puis apres la Pto-uincc print fon nom Flaccic j qui maintenant eft corrompu en ccluy de Vvalacchie, laquelle contient aulli en foy la Moldauie, eft int toutes CCS deux Prouinces, qui pour le lourd’huy font ftparces, comprinfes !e téps pafte foubs ce nom de Flaccia. Vers le Midy elle tombe IcsTrantal Tranfab , pins,amp; Scruiansnommei Sclaüons amp;nbsp;les Raf cians.vulgairrment dits Rhatians.lcfquels font quafi vrays VValacchicns, par ce qu’i's viuent tous auec vncmcfmeloy,amp; fcmblabk s couftu-mcsàls font Chreftiens, amp;nbsp;cnfuyucnt les cora-mandenaés amp;nbsp;cerenaonics de l’Eglife Grecque, amp;nbsp;obeyftent au Patriarche de (. Onftantinoplc, ils vfent de 11 langue Italienne mais fi corrompue qu’a grand peine fe peut elle entedre pour telle : ÜS vfent d’armes pareilles à celles des Turcs,ils ont efté, amp;nbsp;font cncot perfonnes bcl-iiqueufeSjCrucllesiSc plus que pas vne autre nation,fupportent les trauaux , amp;nbsp;fatigues de la guerre,eftansnaturellement fortrobuftes. Dedans la Tranfiluanie il y a vne Prouince, comme attachée à la montagne, qui la fepate d’aueC la Moldauie, qu’on nomme Ccculie, les babi-

Kvalaf* cb/e.

Q

-ocr page 232-

lAißoire de Hongrie

Cecnhens. tans de laquelle fc nomment Ccciiliens, amp;nbsp;ail-Sicitiens. iourd’huy on les appelle Siciliens,IcfqueE font de nation Hongre, amp;nbsp;font de mefme naturel» viuans félon les loix,amp; couftumes de Hongrie. L’autre partie du Royaume,qui eftlaplusgra-Saxtns. dc,eft habitée pat les Saxons, îefquels depuis le temps que Charlemagne les vainquit, par le nioyé de celle grande bataille qu’il gagna contre eux prez le mont d’Ouege font roufiouts icy demeurez. Car Charlemagne les ayant def-faits, en fit mener en la Gaule vn bon nombre, amp;nbsp;contraignit les autres qui ne vouloicnt ob-ferner les loix, lefquellcs il leur vouloir eftablir, d’aller chercher demeure ailleurs. De eeux-cy vne grande partie entra en la Trâfiluanie pout la côqucrir, amp;nbsp;f en cftans faits maiftres par force d’armcs,y arrefterent leur demeure, amp;nbsp;y édifièrent fept villes,ou challcaux,qui par vn long temps donnèrent le nom à la Prouince , ce qui mefme encor auiourd’huy dure , amp;nbsp;fappelle i celle occafion en leur langue Sibemburgen. Ceux cy viuentàlamodedcs Allemans , amp;v-fent de leurs couftumes,parlent l’ancienne langue Saxonique. Ils font perfonnes affables. Si de grande vérité. Ils ne lont gueres bons amys des Hongrcs,amp; ne veulent permettre qu’ils ba-ftillènten leurs villes. Leurs montagnes font toutes habitées par des Vvalacchiens, aufquels ces Saxons qui ont la plus grande puiflâncc ait Royaume , ne veulent donner congé d’ediffict aucuncmentleurs maifons aucc chaux, amp;nbsp;pier-re,ny famafler trop auprès d’cux.Et par ainlî ils

-ocr page 233-

Liuretroißeßne. lotf

HcMcurcnt cndcschaumincs,amp; maifonnetccs, lefqucllcs nc font couuertes que de paille , dc ionCjOu roufeaux,amp; lefqucllcs ils font eux met mes fans aucun maçOn, ou charpcntict. Us nc labourent point les chaps pour en cfpcrer quelque gaing, mais feulement pour en cueillir autant qu’il leur cft ncccflaire pour nourrir amp;nbsp;fu-ftenter leur famille,amp;lcs efclaucs qu’ils gagnét. Ce Royaume cft tres-abondani en bled , vin, chair, venaifon, amp;nbsp;de toute forte de fruits : il y naiftde fort bons chenaux , ôc en tres-grande quantité.On trouue en la plus part de fes montagnes des mines d’ot,d’argcnt, amp;nbsp;dc fer, amp;nbsp;en tirc-on du fcl en fi grande abondance que qua-fi toute la Hongrie , amp;la Pdulongne en font fournies, amp;nbsp;eft vne marchandife fort riche , amp;nbsp;qui apporte vn grand profit au Roy .Ces mines ne font pas loing dc lfembcrgh,Claufcmburgh amp;nbsp;Saltzburgh. Les viurcs f y vendent ordinairement à fi bon marché que c’eft vne chofe incredible. Les marchâds dc cefte Prouincc durât la paix , outrefucs, peuucnttraficquer de leurs marchandifes par toüt le pays du Turc, amp;: continuellement traficquent par l’Allemagne , la Hongrie,Poulongnc,amp; l’Italie. L’air bien fcu-ucntycftfort intépcrc pour le froid extreme, amp;nbsp;la chaleur cxccihue qu’on y fcnt.'lc froid tou-tesfois fi horrible n’y dure gueres , amp;nbsp;n’y vient que par certains iours,lefqucls paffczje chaut y regne pluftoft que le froid.Tout le pays eft bof fil, amp;nbsp;la plus grand part cft comme la Tofcanc, ottl’Efpagnc montueufc,Sc cft reueftu de gran-

O ij

-ocr page 234-

J^ißoire de Hongrie

dfs forefts.qui le red copieux en bois,rant pöuif baftir que pour autre vfage humain. 11 a deux graudslleuues nauigables. L’vn coullc par le MAnIft millhu-du Royaume, amp;nbsp;fappcllc Matofî’c, le-quel fourd des montagnes de Moldauie vers le Septétrion,amp; court d’vn bout à l’autre de celle Prooincc, iniques à ce qu’il entre dedans le Ti-bil'eque, pres les villes frontières, qui font Lippe, ScThemefuar places fortes, amp;nbsp;ainfi nrmees pour eftrefiruees par delà les montagnes veri l’Occident, l.’autrefc homme Alto, amp;nbsp;adiour-cltertt d’huÿles habit ms l’appellent Cherès. Iceluÿ fi“****' naill au bas du Mont Carpatus,à l’endroit ou il feioinôtaucc les autres montagnes de la Mol-dauic.lly a fcmblablcmcnt d’autr'espctits fleu» uesjefquels on tronue des grains â’or de grande valeur,amp; prix,amp;mefme paimy lefablon. Vers IcMidy demeurent certains peuples nommcii Rhâttiâns,qui font des reliques des aheics Raf-ciahsjlefquels durcrcncor iufques auiourd’huy drpiiis'le temps qu’ils filter chalicz de leur propre pa'ys de Macedoine par Lyfimach’. Ils font à qdi plus leur donnè.tantolî ils fouftiennent le party de Ferdinand, tantoll ils prennent la foui-duTurc Ils Ibntgens-inconftans, êedepeude foy.Ils font Chrcllièns, viuent à la Grecque: ils font panures,nlayans aucunes villes propre? à eux,amp;font en horreur enuers toutes les autres nations pourleurinconftance,amp; infidélité. Ils demeurent entre Ici Bulgares, Scruians par deux endroirs, amp;nbsp;de l’autre collé pres les Tran-filuanicns entre les montagnes,lefquelles f cfté*

-ocr page 235-

Liure troißefme. 107

dcntversla Vvalacchic.Cc Royaumcdc Tran-

iiluanic après qu’il fut réduit à la foy de Icfus Chiiftjfut fubicólalacouronne deHongrie,;u gouuerncmct duquel on dcputoitvn des prin-tipauxdelaCouraucc tiltre de Vayuode. La principale ville fappelle hibinium, prenant cc nom d’vn flcuuequipalTe contre ellc;ccOc ville eft nommée par les Allcmans Hermcnftat, l’autre fappelle PrclTüuic autrement Cronen-ftat,amp; cft fort marchande; en icelle on apporte force marchandifes de toute la Grèce,lefquclks puis apres fcdifttibucnt par toute la Hongrie. 11 y a encor plufieurs autres villes, comme Co-ronc,Torde,Caflbuic amp;nbsp;Albeiule, laquelle fut

Sibinium ditte Htr-menfldt,

Frrjjiui» tlittt Cra-nenßat.

edifice par les Rornains,amp; eftablie pour vnc de leurs colonies. Celle Prouincc n’a point eu de R oy propre que lehan apres la mort de Louys Roy Hongrie:amp; apres lehan, elle a eu Eftiéne, quiàcaufcdefonpcrc fappelle lehan , lequel pourleprefentcn cft Roy , amp;nbsp;en iouyft paifi-blcment foubs lafaueur du Turc, amp;nbsp;par fou fe-cours. Nous l’appellerons dorefnauant lehan, Sc non Efticnne. Eftant donc ( comme vn peu deuant il a efté dit ) Caftalde arriué en la Tran-

Eßitnna Roy de Tranfil-^ «mit dit icban.

filuaniCjil enuoya deuât André Battor,8c Thor-mas Nadaldy pour rccognoiftrc les palTiigcs de la montagne, par lefqucls il failloit pafl'er, leur donnant bonne troupe de chcuaux,amp; bon nô* brcdefoldats. Ce qu’ayant efté preucu par la Royne.elle enuoya le Marquis de BalalTc grad Seigneur en Hongrie , ( lequel vn peu deuant felloitmis au fcruicc d’cllc,par vn defdain cau-O iij

de Balajje.

-ocr page 236-

Hißoire de Hongrie

fc Je ce que Ferdinand luy auoit ofte certains Chiftcaux fituez en Hógrie, foubs ombre.ainfi qu on difoit, de rebellion commife contre fa Majefte ) pour occuper fes paflages auec fept cens chenaux,5c grand nombre de foldats. Ca-ftalde lt;nbsp;liant afleuré de cecy fut par le côGeil des deux, encor que ce full v ne choie fort fafeheu-fe,contraint a faire chercher autres patTagrSjlef quels cllanttrquucz, il commanda deles faire accoullîcr,qui fut vn œuute long, mais toutes-fois execute fi commodément que mefme on y pouuoit faire palTcr toute l’artillerie fans grade peine. Et cependant que le Marquis gardoit les palTages plus frequétez, Callaldc par ce pas tout nouucau , amp;nbsp;non accoullumé, entra aucc toute fon armee en la Tranfiluanic fans aucun empefehement, amp;nbsp;marchant le lendemain en bataille fut forcé de palfer par deuant vn Cha-fteau de la Royne nommé Dalmas, fitué furie Dulmu chemin,amp; fut vne croppe de montagne, d’où il faille à bons coups de canon,amp; ne pouuant fupporter telle brauade, alla luy-mcfme rccon-Ifrdinad. gnoillte la place , pour voir fi elle fe pourroit f»rendre d’alTault, afin de ne laifler rien derriere uy qui peuft par apres luy donner quelque cn-nuy. Mais voyant qu’elle eftoit plus forte qu’il ne penfoit, amp;nbsp;qu’elle n’eftoit pas de petite im-Eortâce pour raifon de ce pa(rage,amp; qu’il eftoit efoing de gros canons pour la battrc,dcfqucls il eftoit defpouhieu.fut contraint fans faire autre chofe pafter plus outre,laiflànt le Conte Felix,amp; le Conte Ichan Baptifte d’Arco, (Icfqucls

-ocr page 237-

Lture trüißepne., io8 menoicnt pour lors l’arricrc-gardc) pour l’aflic-gcr aucc leurs Allemans , amp;la battre auec les quatre pieces de campagne,amp; les deux moyennes couleurines qu’ils menoicnt aucc eux, afin d’eflàycrfi aucc vnc peur les affiegez fc vou-dtoient rendre. Ce que le Conte exécuta en ferrant de fort pres ce Chafteau aucc tous fes gés, amp;nbsp;le battant ainfi qu’il luy eftoit commandé. Cepédant que le Conte Félix eftoit ainfi occupé apres cefte place , Caftaldc f en alla aucc le reftede l’armcc loger près vnc ville nommée Colofiiar, d’où il enuoya au Conte trois cens arcquebufiers Efpagnols pour eftrc à ce fiege de Dalmas. La Roync pcrfuadcc pat le Moync de faccorder aucc luy, ne refulbit aucû accord, paceurdt mefmemcnt apres auoit entendu qu’il luy vc-‘«»«lt;’«gt;''-nôitfccours de dix mille Efpagnols ,amp; grand nombre de cauallcric de plufieurs endroits.ain-fi que la renommee mcflagctc, autant du faux comme du vray à accouftume de faccroiftrc,amp; fe multiplier par la bouche des hommes, eften-dant aucuncfois les choies plus qu elles ne doi-uent. Et fçaehant commeil eftoit jà arriuc en fon Royaume, amp;nbsp;que fon Chafteau de Dalmas eftoit afliege, fut par cefte nouucllc grandemét troublée fc voyant defgarnic de gés de guerre, amp;nbsp;craignant eftrc defehaftee de Ibn Royaume auec le Moyne, amp;nbsp;perdre ce qu’elle auoit plus en ce monde tombant de Roync en ttes-mile-rablc Dame.eftant aflertencc qu’Albiulc(en laquelle eftoict fes loyaux, amp;nbsp;meubles, amp;nbsp;la couronne des Roys de Hongrie, laquelle eftoit par

O iiij

-ocr page 238-

rtndue a Cttrrt,

l:ii/loire de Hongrie furtouteçhofedefirec du Moyne, amp;nbsp;cllimcc grand met d clic) ne pouuoit plus gucres tenir, accepta tout tel accord qu’on luy voulut pre-fenter, amp;i fuyuant iccluy commîda à ceux d’Al-bciulc de fe rendre ,les biens faunes , amp;nbsp;tout cc qu’elle auoit de bon en icelle. Aquoy ics gens ob V y rent, contentans le Moyne en tout amp;nbsp;pat tour, qui ne voulut iamais permettre qu’aucun foldat entraft dedans , lufquis à ce que tous les m ublcs de la Royne fuHcnt tirez dehors. amp;nbsp;a-fin qu’ils fufT nt pkiftoft rédus ou elle dcfiioit, accommoda Tes gens de plufieurs chariots Incontinent qu’il eut en fa puilTincc cefte vil e,il ne faillit de donner aducttilTement en grande diligence a Caftaldc de tout ce qui cftoit adue» nu lufqucs alors, amp;nbsp;luy enuoya vn certain Cô-tniflaire pour le guider par les palTages du pays, amp;nbsp;pour 1 acheminer auec fon armee vers Eg-neth, où il pourroit à fon plaifir loger tout fon Camp, amp;nbsp;ferafrefehirquelques iours , tftantlc Caflaldei beu plaifant, ôr abondant de tous viures. Ca-£^ntth. ftalde y eftât arriué fe logea auec les Efpagnols dedans la ville,amp; mcit toute la caualleric, amp;nbsp;le relie des foldats à l’entour,pour retenir vn chacun auec vne plus grande fcurcté, attendant en cc lieu quelque temps pour auoit moyen de fe joindre auec le Moyne , lequel apres la prinfe d’Albciulc cftoir allé voir la Royne,amp; luy rendre compte de la venue de Callaldc,luy perfua-daiiten outre de commandera ceux de Dalmas qu’ils eulirnt à fe rendi c,amp; ne fe delfendrc plus contre ceux ^ui les afliegeoient, ny contrel’air

-ocr page 239-

LïW( troiße^me. roÿ tillerie,laquelle les endommageoit grandemét, atudu meime qu’elle (çauoit bien que fiiyuant leur accord celle fortcrelTe deuoit demeurer fitnne. La Roynelc cteut pour deux caulcs,l y-nc pour ne voir ceux de dedans dauantage op-prclFezpour l’amour d elle. Se le lieu tomber en ruine; l’autre afin que le Conte (pour l’efperan-cc que le Moyne luy donnoit)ne receut auec la moi t des fiés aucun dommage,amp; qu’a celle oc-cafion il ne fe rendit trop cruel enuers les g*ns. Ainfi à raifon de telle peur elle cômanda à tous les (oldats de Damas defc redre. Iccux fuyuant ce commandement ne raillircnt a mettre la pla- cafiaide. ce entre les mains du Conte Felix , amp;i à i’heurc mcfme que défia on auoit achcué vne mine pour parle moyen d’iccllc , au lieu de gros canons leur donner quelque dur afiault. Comme ceChafteau fcrendoit,S: Callalde fejournoit à _ Ecncth, le Moyne vint pour conférer auec luy, amp;nbsp;combien qu on luy conlcillall damner a l'impourucu en la maifon ou il ( doit logé,!! ne ßalde. le peut-11 faire fi Iccrettemcnt qu’il ne fut vne demie heure deuant qu’ariiuer defcouucrt. Ce qu’ayant entendu t aftalde, fortit incontinent de la ville bien accompagné, pour aller au devant de luv,ôc le rcceuoir,venant le Mq' ne dedans vn chariot, tiré par huicl grands cheuaux, ainfi qu’il louloic ordinairement marcher, amp;nbsp;menantauecfoy plus de quatre cens cheuaux pour fa garde,la pluCpait defquels i (loient tous Gentilshommes,Chcualiers, Se des principaux du Royaume, ayant en outre deux cens arque-

-ocr page 240-

Utfloire de Hongrie buficrs.En ccft equippagc commençant apprO' cher de Cartaldejdefcendit foudaineraét de foi» chariot,Semonta fur vn fort bon cheual de pas» lequel toujours il faifoit mener auec foy , amp;nbsp;te approchant de Caftalde l’cmbrallà fort efttoit-tement.monftrant receuoir vn infinv plaifir de fa venue , relpendans entre-eux mille parolles pleines de toute courtoifie amp;nbsp;honneftctc, ôt fc failâns l’vn à l’autre vn hôneur extreme. Et puis le Moyne fctournant vers Aldcnc Maiftre de Camp, amp;nbsp;autres Capitaines Efpagnols qui c-ftoientla prefens, aptes auoir vfé enuers eux de pluficurs parollcs amiables , leur fit cognoiftre qu’il receuoit vn grand contentement, en les voyansconduitsiufqucs icy. Apres toutes ces careflès entrèrent cnlemblemcnt dedans la vil

le,amp; allerer droit au logis de Caftalde,ou apres f eftre rafrefehis, amp;nbsp;auoir difeouru enfcmble de

pluficurs chofes, Caftalde luy môftrales lettres de Ferdinand, luy donnant à entendre l’autho-rité amp;nbsp;pouuoir que (à Majefté vouloir qu’il eut au maniment des affaires de tout le Royaume,

, prefledeluyobevr,cofidcrequaiaduenittou-dtcrGetr- nbsp;nbsp;cnoles dcuoiet palier par les mains, comme

elles auoient fait par le pafte , remettant en luy toute puiftance de faire, ou dcffairc à fa volonté, fçaehant que tel cftoit le vouloir ztefolu de

Ferdinâd, duquel il auoir amples charges pour le contcter,amp; gratifier en tout ce qu’il luy plai-roit. Dequoy le Moyne fut fort ioyeux , amp;nbsp;fc trouua bien fatisfait,tant de la perfonne de Ca-

-ocr page 241-

Liure troißeßne. no ftaldc, que des honneurs qu’on luy auoit faits, amp;nbsp;des bonnes parolles qu’au nom de Ferdinâd on luy auoit rapportces.Carcftantdc fon naturel fuperbe, amp;nbsp;enflé de gloire amp;nbsp;renom.ne vouloir endurer qu’aucun rut fon fupcricur: amp;nbsp;cô-fideranr la grande authoritc , amp;nbsp;puiflàncc que Caftaldc comme Lieutenant du Roy de Boheme auoit, amp;nbsp;la rcuerencc, honneur, amp;nbsp;fubmif-fion, de laquelle neantmoins il monfttoit vouloir toufiours vfer enuers luy , eftima que c’e-ftoitvn bon commencement pour continuer fon orgueil amp;nbsp;grandeur, amp;nbsp;qu’en toutes les af-flires il pourtoit commâder à fa volonté. Vou-lant donc iouyr à fa mode accouftumee dc telle Îgt;rccminencc,amp; authotité, amp;nbsp;monftrcrlapuif-ànce qu’il auoit parmy la Tranfiluanie. Deux iouts apres qu’il fe fut departy d’auec Caftaldc il print incontinent Albeiulc pour fon logis pourluy fcul,amp;fansen communiquera Caftaldc , difant que ce lieu cftoir le plus commode pour le venir trouuer quad il en feroit befoing, le plus conucnable pour traiter de tous négoces qui fe prcfenteroicnt.Cclà fait,il f’en alla George aulfi toft vers la Royne à Saflebefle, pour luy reciter tout ce qui f cftoit pafte entre luy amp;nbsp;Ca-ftaldc. Durant que le Moyne cftoit en chemin, la Royne qui ne dormoit point, enuoya par vn autre chemin vifitct Caftaldc par vn Seigneur de fa Cour,lequel eftoit Poulonois, amp;nbsp;grand en fon pays. Par iccluy, amp;nbsp;par les offres qu’elle luy faifoit Caftaldc congneut amp;nbsp;pronoftiqua que l’iftuc de toutes les affaires de cefte Prouince^

-ocr page 242-

Ca/lnllt va trouuer Ci9r^e.

Hißoire de Hongrie principalement de celles qui touchoient à It RoynereûlTîroientàfondéfit, amp;nbsp;prendioicnt telle fin que Ferdinand auroit occaûon de l’cn contcntcr.Eftans quelques iours pafiez que le Moync ne rcuenoit point, ny ne inandoit aucune de fes nouuelles, en fin arriua vn courrier, lequel donna aduertiffement à Caftaldc qu’il ne faillit à fc trouucrlc fixiefme de luillet à Al-bciulepourdifcourir cnfcmble de leurs affaires. Ce ioiir venu Caftalde fans aucune garde, amp;nbsp;feulement accompagné de quelques-vns de fa maifon fen alla au lieu a(f gnc. 'J elle départie fut contre le confcil d’André Battor, amp;nbsp;de Thomas Nadafdy, amp;nbsp;de plufieurs autres, auf-quelsil Icmbloitn’eftre bon de fe fier fi ayfé-rrient à ceft homme, lequel pour k cognoiftre fi miiable en fes opinions, amp;nbsp;(i variable en fis effeths, auroit peu depuis le temps foubs couleur de quelque occafion que ce fuft fiifciret quelque nouueauté, nbsp;nbsp;eftre plus hardy à l’cxe-

cuter voyant lors Cafialdcfcul. Et pour cefte caufe ils eulfcnt bien voulu qu’il ne fuft parry qu’auec vne bonne compagnee. Mais Caftalde fc fouucnant bié qu’encor qu’il euft mené pour fa garde tous les gens de guerre qu’il auoit, c’e-ftoitpeu pourrefifterau Moync, au cas qu’il voulut vfer à l’encontre de luy de quelque tta-hifon, jugea eftre beaucoup meilleur en l’allant voir ainfi fe«l,luy declarer extérieurement qu’il fe fi oit grandement en luy,que non pas par vne garde de plufieurs gens de guerre luy donner hifpicion, amp;nbsp;occafion de fc garder, chofe qu’il

-ocr page 243-

Liure troifiefme. lit ne trouii^it aucunement bonne pour le com-nichceiTient de relies affaires, amp;nbsp;fpeciâlrmcnt voyant qu’il auoit à ncgotieraucc vnc perfon-ne fi legere de ccrucau, amp;nbsp;qui eftoir qoafi de la condition d’vn enfant, lequel pour la moindre chofe du monde fe cönrrónce, concluant qtic fil faifoitauttf ment, facilement il loy efehap-peroit des mains , amp;nbsp;toute fon enfreprinfe fc trouuvroit rompue. Pourfuyuant foh chemin arriuaà Albeiule, ou fnyuantradu'crtiflfmcnt donné il ne trouua le Moyne, parce qu’il éftoif encor à Saflebf fie auec la Royne, pardeuers laquelle il eftoit allé fans l’en auoir aduerfy. To’ ceux qui l’auoient accompagne eftimans quil ne feroit point hors de propos puis q le Moyne amp;nbsp;la Royne cftoient encor cnfemblc, qu’il les allaft là trouucr,ou il'pourroit plus commo-dcment,6f en la plus grande briefucté detheflet pluficurs affaires particulières , Icfqucllcs au-roient befoing de prompte,8c foudairïe refoln-tion;luy concilièrent d’aller à SafTebefle, ou il ^“flalîe arriua fur les trois heures de nuit, trouuant Royne feulement accompagnée de fa Cour, parce qu’vniourdeuant Pierre Vicchy voyavija (har^r. qu’il ne fepouuoit'côclure aucune amitié auec le Moync, f’eftoirretiré pour aller en fon gou-ucrnemétdc Lippe,amp;deThcmefnar auec tous les gens de guerre, lai flan t ainfi la Royne feule àSairebcfTc, auquel lteu deux iours aprt s Ca-ftaldc entra au confeil auec le Moync George, 8c pluficurs autres grands Seigneurs delaTran-filuanie, auquel heu il cxpolafoccafion de f»

-ocr page 244-

Hifiotre de Hongrie venue, qui cftoit tédant afin que la l^ync euft à reftituër cefte Prouincc à Ferdinand, fuyuant les capitulations parauantfaides aucc le Roy lehanfonmary, cftanttoutprcft d’accomplir tout ce que fa Majefté aiioit promis, remon-ftrantquederaccompliflemencde telles con-uentions il ne pouuoit aduenir, outre le conté-tcment general qu’on en rcceuroit, que toute chofemeilleure, plusexpediente, êcmcfmeà elle plus qu’à pas vn autre profitable amp;nbsp;vtilc, fi elle voploit bien côfidcrer aucc quel trauail, K ennuy elle poflcdoit çcs pays,amp;aucc quel foup-çon amp;nbsp;doute elle Pentretenoit en iceux, ne dependant que de la volonté , amp;: di/pofition du TurCjlequcl pourroitla depofTeder quand bon Juy fcmblcroit,amp; par confequét eftre toufiouts en dàger de perdre amp;nbsp;l’vn amp;nbsp;l’autre, amp;nbsp;que partant cognoiflantlaTranfiluanie dire la clef de laChrcfticntc, comme par cfFeâ: on pouuoit voir, parce qu’eftant icelle perdue, non feulement ren enfuyuroit la ruine totale du refte de la Hongrie amp;nbsp;de l’Auftrichc, niais auiïi de l’Allemagne, amp;nbsp;de toutes les autres régions Chre-fticnnes, elle deuroit pour cefte confideration defirerque cefte Prouincc tôbaft foubs la puif-fanced’vn Prince Chreftien, grand amp;puiftàn8 comme cft Ferdinand, lequel feruiroit de frein contre la force amp;nbsp;violence du Turc, amp;nbsp;l’cmpcf chcroit de venir plus auant, amp;nbsp;qu’elle deuroit auoir cefte volôtc, d’autant plus qu’elle fe pou-aoitvoirRoynedu tout impuiflantc pour cC faire, amp;nbsp;qu’elle ne pouuoit fc promettre de de-

-ocr page 245-

Liure troi/teßne. iix fcndrc,amp; maintenir cc Royaume fans mendier le fecours d’autruy, amp;nbsp;que par ainfl toutes ces chofes confidcrecs il luy cftoit meilleur accepter ce que luy offroit Fcrdinâd comme le plus leur, amp;nbsp;plus paifiwlc pour elle, encor qu’il fuft moindre, que demeurant en continuels dagers, amp;nbsp;trauaux, vouloir régner en vn Royaume,’lequel il n’eftoit cnfapuiflancc pouuoir confer-uer.Outrc les accords precedens Caftaldc pour . ,, plus grade afTcuracc des deux particsjhc lembU’ blemcnt offre à la Roync au nom de fa Majeftc caflald, de l’Infante Ichannc fa fille dernière, aucc cent «* »«quot;» d* mille efeus de dot pour la donner à femme à lehan fon fils,auec ooligation de la conteter de tout ce qu’il luy promettoit,amp;dc payer tous les interefts qu’elle pourroit prétendre,amp; parcillc-mét de fatisfairc à toutes les debtes qui fc ttou-ueroient ctcccs depuis le temps.Ces offres fem-blcrcnt gcncrallcmcnràtous bonnes amp;nbsp;bon-neftes, amp;nbsp;fpecialcment au Moyne George, qui monftroit femblant d’en eftre affez content, amp;nbsp;apres plufieurs aduis, fut conclud qu’il failloit faire entendre le tout à la Roync,amp; tirer tcfpô-fe d’elle, amp;nbsp;la charge en fut donnée au Moync, lequel volontiers l’accepta, amp;nbsp;cftant allé trou-uer la Roync, luy récita tout ce qui auoit efte propofe au confcil. Icelle avant entedu tout ce qui cftoit pafte, amp;nbsp;outre côfidcrant ce que Ferdinand offroit dauantage, amp;nbsp;corne ce luy cftoit vn moyen pour fortir hors de la fubiedion en laquelle le Moync la rctcnoit,luy fit incontinét tcfponcc qu’elle tiédtoit pour fait tout cc qu’iï

-ocr page 246-

Hißaire de Hongrie nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'■

éh fcroit, rcmcttinr toutes fes adions, amp;nbsp;afFaP res entre fes mains,defquellcs' particulièrement amp;nbsp;parle menu ils trairerétcnfemblc par l’efpa-cc de quinze iours Mais le Moyne demeurant toufioursfâns tefolutiort, tantoft difant d'vn,

Zlt;« 'Royne ttmnumi-

çoe auec C,tflalde e^-fe pleint dt Georgt.

tanroftdc l’autre, monftrô'it clairement quil n’aûoit efgird qu à fon intereft propre.lequel il coulouroirpar ccluv qu’il feignoit contempler en ccqui touthoit feulcmét It particulier de la Rovnc,amp; le bien de fon fils, lequel il afFermoit aymer plus que foy mefmeà caufe des grandes obligations qui le contraignoient à cc,lèfqucl« les il auoit rcCtüësdu Roy lehanfon pcic, duquel il eftoit la creature , amp;nbsp;duquel dépendoit tout ce qu’il pofiedoit en ce monde, ayant elle cficué par liiy de terre , amp;nbsp;häufle à ce degré, anquelilfc voyoit, amp;nbsp;ainfi finement recülloit le plus qu’il pouuoit. Comme les choies al'oict en cefte forte fans auciiftc refokition , aduint qu’vniour la Royne, fans que le Moyne en fçcut rien,eut commodité de pouuoir parler fe-crertcmétaucc Caftalde,amp; en lieu ou tllepou-uoit librement defcouurir les conceptions de fon cfprit,luy difant comme elle n’auoit pas rc-ceu petit contentemét ayant entendu que Ferdinand Roy des Romains auoit enuoye pour ceft affaire,vn tel homme comme il cftoit, de 1» vertu amp;nbsp;renommee duquel elle auoit aupara-uant jàouy vn bon récit, Sc ferefiouyflantgra-dement de fa venue,loiioir extrêmement l’cfle-élion qu’on auoit fait de luyle iugement du Roy, en luy ayant done plein pouuoir de faire ou

-ocr page 247-

Liure troißefme. 115 oüäefFaireenfon nom tout cc qu’il luy plai-roic, eftimant par cela qu’elle auroit occafion de mettre bic toft fin à fes calamitez amp;nbsp;ennuis, Icfquels iufques alors l’auoicnt détenue enuc-loppee , le priant affedutuCement d’adioufter foy à la finccrité,amp; clairtc de fon cœur , qui a-uoit toufiours dcfiré,amp; procuré de faire fcruicc à fa Majefté; amp;nbsp;puis iniportunoit fort Caftaldc à ce que pour fa defeharge il aduertift amplement fa Maiefté, comme par le pafle elle ne f c-ftoit retiree des accords faiéls entre eux , rirais que le tout eftoitaduenu par la faute du Moyne, lequel ïamais n’auoit voulu côfentir qu’on paflaft à l’execution d’iceux, la traitant au contraire pour lors fi mal, comme encor il faifoit, que n’ayant à qui auoir recours en telles necef-fîtez,elle auoit efté contraintc,coinme défi fipe-xce,demander le fecours du Turc,duquel elle a-uoit efté plufieurs fois importunée , amp;nbsp;incitée de luy laifler paifiblcmcnt ce Royaume en cC-change d’vn autre grand eftat, lequel il luy of-froit,puis qu’il cftoit en fa puiflancej ainfi qu’il difoitjdelc luy öfter;Secombien que ce fut vnc crainte amp;nbsp;vn doute qui luy deuoit donner bien àperifer, li eft-Ce toutesfois qu aucc tout Cela elle n’auoit iamais voulu faire ce defiplaifirà Ferdinand, mefme qu’elle cófideroit cftant ncc Chreftiéne, qu’il ne luy conuenoit pas bien de faire aucun accord auec Prince Infidcllc, cftant aiTez fafehee de ce qu’elle auoit fait par le pafle* Ainfi pour fiortit hors la fubiedion du Moync (laquelle clic reputoit pire, amp;nbsp;pP dure que celle

P

-ocr page 248-

La S.oyoe fi Jiufinct a Ferdinand,

Hiftoire de Hongrie du Turc^ flic auoit cfté forcée de fc laifïêr aller, comme parcillemét pour fcmblablc cfE t elle fc lailToit encor aller, aucc vnc volôtc rtfoluëdc faire auec luy tcllcmét qu’outre la côfidcration qu’clk auoic du (truice qu’elle vouloir faire à Ferdinand, elle auioic vn grand contentement de laiifer librement par fon moyen, amp;nbsp;ûns aucune côdition cefte Prouincc, laquelle par force d’arm s clic n’auoit ïamais voulu ceder à aucun; amp;nbsp;remettant toutes thofes entre les mains de fa Majcfté, elle la fupplioit qu’elle voulut a-uoir cfgard a fon fils, quieftoit Roy, enfant, amp;nbsp;orphelin , pourlcfquellcsqualitczilncdeuoit refufcrdcluy fcruirdcperc, amp;deSeigncur, amp;nbsp;tenir tel compte deluy à l aduenir qu’il feioit de fon fils naturt 1, n’ayant quant à fon regard paiticulier te! foing comme clic vouloir, amp;nbsp;de-iioit auoir de luy,principalement remettant de-uantfes yeux les peines, amp;nbsp;tourments, cfquels clic clloit tombée, amp;r prenant en patience de fc voirmcneràccpoinôt , oude grande Royne, (comme parauant elle fchoit venë, ) elle choit contrainte deuenir pauurc Damc,amp; mendicn-ne,n’ayantiamais depuis le téps qu’elle fe veid chahee hors de Budc,aucc fon enfant gifant entre fes bras,amp; accôpagnce d’vn fort petit train, (laiflant cehe ville par les trames du Moyne en la puiflance des Turcs ) fenty iufqucs icy aucune loyc en fon cœur, que celle qui ores luy cau-foit vncconfolation extreme , fc voyant maintenant prehc à fortir de la Trâhluanie,laqucllc elle laiflbit lous la puiflance d’vn telRoy,côme

-ocr page 249-

Liure troi/tepne. 114 eftoit Ferdinand lequel la dclFendroit, ne la perdioit iamaiS; amp;nbsp;qui deuröit reputer pour vn heur non petit, voyant qu’elle fc laifloit par luy priuer de Ion Royaume auec vn fi peti' nombre d’hommes,amp;auec fi peu d’artillerie,duquel autres auec grandes armées n’auoiét peu la (po-lier.Caftaldc au nô de Ferdinand luy fit tcfpon-ce qu’il reputoit amp;nbsp;eftimoit plus qu’aucun riche Royaume le bon tœur amp;nbsp;volonté qu elle roonftroit en ces affaires, luy promettant qu’en toute fidelité , Si finccritc il cxecuteroit de point! en poinól tout ce qui auoit efte nai-té auec elle , amp;nbsp;qu’il PafTeuroit fermement (luy en donnant fa parolle pour gage ) que fa Majtfté de la en auaht aüroit tel rePpett amp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;7'

cfgard au Roy Ichan qu’à fes propres enfans: amp;nbsp;quant à fon particulier, ilf’oft'roit a elle en toutes occurrences, pour luy demeurer obey f-fant feruitcur,8c protedeur de fa caufe,defiranc non moins luy (atis-faire, amp;nbsp;agréer qu’à Ferdinand mefmc,qui i’auoit là enuoyé. Apres tel difeours il prindrent congé l’vn de l’autre,fe retirant la Royne en fa chambre, amp;nbsp;Caftaldeen fon logis.Cependant le Moyue commençoit jà à rompre tous les partis qu’on auoit propofez, Uaymi dt amp;nbsp;fc desfiant de la difpofition, amp;nbsp;volonté de la Royne, pour faire mieux reuffir ce à quoy il Vouloir paruenir, ne vouloir iainais venir à cô-clufion , amp;nbsp;remettant de iouT à autre ne faifoit Rujynee« autre chofcqu’vfet de delais. Et pour n’e fuctet de fondefleing, amp;nbsp;afin que chacun cftimaft qu’il

P

-ocr page 250-

iAifloiréêe {Hongrie

Steals ac-cvriii entre dinand

O' Itt Hayne IJabel-

n’eftoir pas tant poiifT poutfonintetfft particulier, que pour le bien de la Roync , amp;nbsp;de fon fils,voulut qu’auant toute autre chofe on com-naençaft à traiter ce qui les touchoit, pour voir à la fin quelle refolution 11 fetoit pout ie tout, voulant qu auant faire aucun acte de renonciation du Royaume à Ferdinand , fa Majcftc fut tenue bailler premièrement à fehan fils de la Roync vingt cinq mi le efeus de reuenu par an fiourtoy fes heritiers amp;defccndans ainfi qu’on uy auoit là offert,amp; tn tels cft.its qui fuflent libres,paifib!es,6r feurs: Cequifut incontinent accepté par Caftidde , Sc promis ( nonobftant que (puand on luy fit telles offres Bude n’eftoit cncot perdue , ny aunes principales places du Royaume,pour la perte dcfqucllcs la couronne n’eftoit pas pour vn peu affoiblie) qu’on It s luy bail 1er oit, amp;nbsp;affigneroit fur le Duché d’Oppo-lie,^ deRhatibor, lefqucls font pays plaifans, fertiles,amp; abondans en toutes chofes que l’hô-me fçauroit defi-ier, amp;nbsp;fituez en la Proumee de Slefic. Le Moynefe fentant fatisfaiôt pour ce poinéf , en mcit en auant vn autre , qui eftoitj qu’outre le party offert, amp;nbsp;arn fté pour le bien du Roy Ichan , il failloit pàycr à la Roync les cent cinquante mille efeus, qui pour fon dot a-uoicnrefté comptez au Roy Ichan fon mary, amp;quciufques3 ce qu’elle en fuft entièrement rembourfec , Ferdinand fut obligé luy bailler quelque ville en gage , ou elle fc peut retirer a-iiccfonfils, amp;nbsp;y demeurer iufqucs à ce qu’on leur cuff configné, amp;nbsp;mis entre leurs mains les

-ocr page 251-

Liure troißepne. iiy cftats offerts, Sc paye la fominefuiditc auec les înterefts conucnables, amp;( aulïi Gmblablcment le reuenu des vingt cinq mille efeus promis. Cefte demande luy fut auifi accordée, amp;nbsp;fur le champ luy fut alfignee la ville de Caflbuic, qui cft vnc des plus grades,amp;plus riches de ce pays, en laquelle elle pourroit aucc fà cômodité demeurer, amp;nbsp;cependant procurer l’accomplifTe-mrnt ab!oîut de tout ce qui luv auoit efte pro-rots. Apres qu’on eut côclud,amp; arrefté en cefte façô tout ce qui appartenoit au particulierde la Royn' ,amp; de fon fils, le Moyne commeça à ne-gotier pour fon fait,demandant qu’on luy don J« Tran-naft l’office de Vayuode , auec le mefme cftat lgt;luanuamp; que fouloit donner le Roy lehan, qui eftoit de quinze mille efeus par an,ce qui luy fut comme il defiroit accordé, auec cefte condition toutefois qu’il auroit pour collègue , amp;nbsp;compagnon Andre Battor, Mais il ne voulut admettre cefte condition, alléguant qu’il auoit toufiours ac-couftume de commander feul, amp;nbsp;non accopa-gné, amp;nbsp;ne vouloir receuoit en fô gouuernemét f m efgal,parce que ce luy fcroitpluftoft charge qu’honneur.En fin pour ne le mefeontenter en aucune chofe,fallut faite ce qu’il voulut. Ayant obtenu cefte dignité, il demanda encor l’office fé exercé auec les gages ordinaires de quatre mille efeus par an, amp;nbsp;outre qu’on luv entretint

. t , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ƒ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;cms che-

tant en paix qu en guerre quinze cens cncuaux pour fl garde,amp; pour celle du pays;amp; dauanta- u^arieda gequ’onluylaiflaft les falines de Torde, qui

P iij

-ocr page 252-

Hifloire de Mongrie cftoient de tres grand profit,amp; deCqucllcs pouç lors il iouv flbit. 11 adioufta C( fie dernière demande auec vne rufe amp;nbsp;fineflè penfant pat là a-uoir caufe legitime de rompre tout ce pourpat-lé, croyant fermtmcnt qu’on ne la luy accordc-roitpoint Mais il fut deceu de fon opinion, SC n»* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;croire le contraire,d’autant plus que luy

” mefmefouloit dire, qu’il efloitbcloing a celuy qui vouloir tegner -, encor qu’il n’euft la puif-lance de les accomplir de donner à vn chacun belles parolles, amp;promcflcs, amp;(. en garder peu, ce qu’il dcuoitpcnferdeuoireftrc par luy pratiqué par Ferdinand,puis qu’il voyoit que fi ay-fément on luy accordoit tout ce qu’il deman-doit. Ayant obtenu tout ce qu’il defiroit, fi ne , pouuoit ilpourcelàefleindrela grand foif de , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fon auarice, amp;nbsp;la conuoitife d’auoir : amp;nbsp;chan-

.. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;géant à chaque heure de propos, fe repentoit

fouuét d’vn momét en l’autre, de ce qu’il auoit vne fois fait, n’attribuant celle inconflàcc à aucune honte.Caflaldc f’cfmerueillant vn iour a-uec luy de telle ficnne incertitude, amp;nbsp;comme il efloit ainfî m'iiablc, luy dit qu’il ne falloir point qu’il f eflonnafl de celle nouueauté, par-ce que l®n naturel efloit de dire pour vne mefme cho-fe,vne fois fi,vne autre fois non,amp; par ce moyé faifant bien fouuét chacun demeurer fufpéd, amp;nbsp;fans refolution faifoit couler le temps,amp; atten-dpit l’occafion telle qu’il defiroit ,amp; qu’il luy ■ fembloitbonne pour fes affaires, Cependant qu’ils continuoiententr’eux deux ces appoin-temens, vn iour il fit entendre à Caflalde qu’il

-ocr page 253-

Li ure troi/tepne.

iilt;ï


defiroit grandement d’cftre Cardinal, amp;nbsp;qu’il euft bien voulu que pour ce faire Ferdinand en cuftelcritau Pape. Cadaldc luy ayant promis fon moyen, en aduertit promptement (a Majc-fté, luy donnant entendre plainemct l’cnuie du Ivlovne,amp;lc défit qu’il auoit du chappeau. Ferdinand pour ne perdre temps depefeha Coudai-nemétvn courrier,efcriumt au Pape Iules tiers pnelePi-àecqu’ilpleuftàfaSaindeté reccuoirlc Moy- fepourfdi ne George au College des Cardinaux , luy fai- quot;nbsp;lant ample récit de fa vertu, amp;nbsp;comme par Ion-gués années auec fes forces,amp; fon indullrie il a-iioitdcffendu amp;nbsp;maintenu le RoyaumedcTiâ-

'filuanie contre la puiflancc du Turc » auquel il auoit donné plufieurs atteintes, le loiiant extrêmement de ce que d’vne pauureté incredible (encor qu’il fuft de bonne maifon)il auoit fccu par fa vertu amp;nbsp;eCprit acquérir ces degrez d’honneur efqucls il eftoit maintenant colloqué en f’oppoCant pour le bien de la Chreftienté contre les Infidelles ( ainfi qu’il apparoilToit à tout le monde) comme vn bon, amp;nbsp;vaillant Capitai-ne,remonfttant par là à fa Saincleté,qu’en cou-fideration de tels ades il meritoit bien qu’on le rcceut à cefte dignité. 11 cfctiuit aulîî à fes A m-balCadeurs qui eftoient à R,omc,pour faire telle inftancc qu’ils verroiét eftre ncceiraire,amp; auoit refponce du Pape felon fon défit. Durant que cell affaire Ce pourfuyuoit à Rome, l’Archeucf- Geor^t que deStrigonie vint à mourir, par la mort du-quell’Archeuefché vacqua, lequel valoir cent cinquâte mille efeus de rcuenu par an : le Moy-

P iiij

-ocr page 254-

' Gtor^e deßourne la Royne des accords faits auec Caßalde.

ne ne faillit auHi toft de la demâdcr,amp; aulïî toft luy fut conferee par Caftalde au nom de Ferdinand. uquel il en eferiuit en diligence, le priât qu’en mcfme diligence il luy en enuoyaft la de-pefehe, voyant qu’aucc vn homme fi variable, amp;nbsp;inconftant il eftoit befoing côclure en brief, par-ce qu’en prolongeant de luv bailler, amp;nbsp;octroyer ce qu’il dcmandoit , c’eftoitaduanturet par trop les affaires. En fin ne luy rt fiant plus chofe aucune a demâdcr finon que d’efire Roy amp;nbsp;cfiimant auoiraficz bien accommodé toutes fes affaires,fut contét de confirmer amp;nbsp;auoit pour agréables les capitulations faites entr’eux amp;nbsp;deles fouli.-gner. Or le conclure Scie repentir de ce qu’il auoit faiôt fut tout vn , tellement que quafi à l’infiant mcfme il alla vers la Roy-ne , pour l’induite à ne fc laiffer aller ayfément aux articles qu’on auoit jàaccordez, luy remó-ftrant que cela fe pouuoit ainfi faite fans char-gerfon honn ur, en difant qu’elle ne voudroit lortir du K oyaume iufqucs à ce que Ferdinand eufi accôplv tout ce qui luy auoit promis, prenant puis apres le demeurât fur foy, Sc luy promettant de trouuer moyé d’enuoycr toute Farmee de Cafialdc hors de Tranfiluanic, Sc la de-liutcr (de cefie fubielt;fiiô,cn laquelle il la voyoit entrer, l’afTcurât par belles parolles de luy eftrc tOufiours fidcllc, Sc ne luy contrarier iamais en choie aucune, luy remettant en outre deuât les yeux , que ce Royaume pour auoir cfié iufte-jnent acquis appartenoit pluftofi à Ichan fon fils qu’à Ferdinand. La Royne ne luy dift ouy,

-ocr page 255-

Liure troißeßne. 117 . ne non , luy voulant donner par là à entendre qu’il n’eftoitny iufte , py licite de nianquer lî fouuentde faparplle, amp;nbsp;d’autre.codé elle luy dit qu elle laifl'oit toutes fes affaires entre fes mains, dcfqucllcs clic dcfiroit infiniment plii-ftoftfortirqdece'lesdtiTurc. LcMoyncnc fc fcntantafafantafictrompc, Se côfidcrant qu’il pe poiinoit faire auec Ferdinâd ce qu’il failoit auecla Royne,amp; qu’il ne feroit pl’ en ces quar-tiers fi grâd Seigneur corne il auoit cfté,cômcn-çaàtnonftrervn grandillime coptentcmcnc de tout ce qu’ils auoiétpar cnfcmlîlc accordé, feignant par apres que la Roy ne ne vouloir fc cô-defeendre à tel accord. Mais la Roynefc doutât bié que le Moyne ne faudroit d’executet le plus finement qu’il pourtoit ce qu’illuy auoit dit,fit vnc autrefois venir parler Caftaldc à elle , l’ad- la Roj«« uettiffirnt de tout çc qui cftoit interuenu entre elle amp;nbsp;le Moync depuis , luy difant appertemét que ceux lefquels Ferdinand auoit eileu pour moyéneurs de ce négoce, eftoient les plus con- ' traites qu il eftoit pollible de penler, amp;nbsp;par fus tous le Moync George, lequel brafloit de nou-ucau quelques moyés pour rompre tout ce qui auoit elle conclud entre eux , de luy récitant quelques particulariicz de fon naturel, luy en-feigna ce qui cftoit befoing qu’il fit à l’aduenir pour traiter de ces affaires auec luy, iniques à la prochaine Dicte,par-ce qu’outre ce qu’il auoit jàpeu fçauoir de la condition,amp; de fes tromperies,amp; rules, il enfentiroit encor dauâtage tant , plus qu’il iroit en auant, non pas toutefois tapt

-ocr page 256-

Zei a(^ cords ar-

rinhy »t ft fie à

Geerde.

l-lißoirede Hongrie comme les autres, qui par l’experiece qu’ils en ont eu en ont cftcmaiftrcs.Enfin laRoyncad-ioufta pour conclufion qu’il ne fc deuoit fier en luy en aucune chofe, parce que d’autant moins qu’il y penferoit, d’autant plus fc ttouueroit-il ' dcccu amp;nbsp;vcdu.Lc Moyne voyant que Ces pout-penfez nereüllîflbicntainfiqu’il vouloir , demeura finablement forcé d’accepter, amp;nbsp;auoit pour agréable tous les articles contenus en leur traitcic eft à fçauigt;ir,cntrc autres poindls que la Royne fortiroit hors de Tranfiluanic dedâs fix iours,amp; fe rctircroit à Calfouic. Ce qu’ayât cfté ainfi conclud, on efcriuic à Pierre Vicchy comme la Royne vouloir quitter le Royaume, 5C qu’elle vouloir femblablempnt lailTcr à Ferdinand le pays bas, oufontfîtucz Lippe amp;nbsp;Thc-mefuar, amp;nbsp;qu’on luy donneroit en Hongric,ou ailleurs,ainfi qu’il luy plairoit bonne rccompc-fc.Et afin qu’en plus grande bricfuetc ceft affaire fexpediaft, on luy enuoya faufeonduit pour le faire venir à la Cour aucc plus grande feurc-té, 5c fans ancun foupçon. Vicchy croyant que ce fuft vne menec du Moyne pour l’auoir entre fes mains, n’eftimât que la Royne fc full fi toft aduanccc de rcnocer au profit du Roy des Ro-. mains à fon Royaume , lequel iufques alors a-uec tant de fatigues,ôc de peines elle auoit con-ferué, 5c ne f'affeurant de venir en perfonne enuoya deux Ambaffideurs,pour entédre en quel pflateftoicTit les affaires de la Royne. Iceux c-ftans paruenus à Saffebeffe eurent ample intelligence de rout ce qui f cftoit paffe iufques huy,

-ocr page 257-

Liure troißeßne. ii8

ê^fut cSclud aucc eux,que puis que Piene Vic-chy ne vouloir autrement venir , pour fa plus grande feurcté, Sraufli pour öfter aucc vnccc^ lcritc tout dtftourbicr, on enupyroit André Batthor pour manier aucc luy telles affaires. Ainfîilsven allèrent enfcmblcmcnt, menant toutesfois Battor deux mille chenaux pour fa garde, amp;nbsp;auflî par-çe qu’on auoit entendu que Vicchy deiouràautre attendoit, pour rompre tout ce traité,fecours du Turc, lequel auffi tofh qu’il euft aduertiflement de ce que brafibit le ^oyncauec Ferdinand , auoit commandé au Bafcha de Bude de ne faillir à le fecourir, amp;nbsp;véritablement fi tel fecours fut arriué auant que Battor euft p'’rlcmcnté aucc Vicchy cefte paix n’cuft iamais efte faite,amp;n’cut-on plus parle de CCS accords.Battor cftant arriué à Lippe cepen- Baiter ô-dant qu’il traitoit aucc Vicchy de ce qu’on luy auoit donné en charge,il fortit de Satlcbcffe vn Gentilhomme François,qu’on nommoit Mon-fleur de Santon,lequel Ferdinand auoit enuoyé ijpiSpra-pour cftrc entretenu parmy les bandes Efpa- fo‘lt;m l'ar gnollcSjluy cftant iccluy rccommâdé par l’Em-percurCharlcs fon frere. Ccftuy cy côme cltoit ƒƒƒƒ,, le bruit auoit efté Capitaine en France,ou il di- Turc des foitne pouuoir retourner iufqucsàcc qu’il fe négoces dt fuft vengé de quelques iniurcs qu’il y auoit re-ceucs, pour la mémoire dcfqucllcs il portoit fes ‘ cheueux fi longs qu’ils dcfçcndoient iniques à fes cfpaulcs,difoit qu’il ne les feroit iamais cou-per,que premièrement il ne fc fuft vengé d’icel-Ics.Caftaldc auoit grand? dcsfiancc de luy pen^

-ocr page 258-

J-Jifloire de Hongrie fantqu’il fuft efpic duTurc , amp;là enuoyé pJf Henry Roy de France, afin qu’il apnnt toutes quifefaifoicen Tranfiluanie, pourenaduertic le Turc. Et combien qu’il eftimaft mayuais de Jaifler pratiquer entre fes foldats vn de qui il lé desfioittant , ne voulut toutesfois en aucune maniéré f en dépe.ftret, pour luy auoir efté fort recommandé par Ferdinand. Incontinent qu’il fut patty de SalTebelTe, on feeut claircmct qu’il cftoit efpic, amp;nbsp;quelque diligéce qu’on peut fire pour le rccouurer, fi ne le peult-on iamais trouuer , amp;nbsp;en melmc teps artiua vn commandement de Ferdinand pour luy faire trancher la tefte, ayant efté aduerty par l’Empereur qu’ile-fioit efpic du Turc. Cependant qu’on en atten-doit nouuelles il fe fauua à Lippe vers Pierre Vicchy,auquel on l’auoit addrclTe. Vicchy ayat entendu l’arreft, amp;nbsp;le cry publié à l’encontre de luy, amp;nbsp;comme on le chcrchoit par tout, donna incontinent aducrtifi'cment à Caftaldc,comme

il eftoit arriué à Lippe,amp; fil le voiiloitqu’il luy enuoyroit, mais durant ce mtflage il le ht conduire feurement auec bonne garde iufques à Belgrade, d’où 11 printlechcmin droitaCon-'* ftâtinoplc, pour aduertir le Tui c de tour ce qui eiZtfRc^- le railoit en ce pays. En ce melme teps clcheut ne feie- le iouf auqucl on auoit aflîgné vnc Dietcà Corn« iti or- lofuar, où Ce deuoient ti ouucr tous les princi-Royaume,amp; où,ainfi qu’il efioit dcli-bcréjla Roynedeuoit renoncer à Ferdinand ce d« Cafini- Royaume , amp;nbsp;le rccognoifire pour Roy d’ice-Jpy- Apres que tous les députez des Prouinccs,

le$ matns

-ocr page 259-

Liure trotßefme.

119


amp; des villes furent arritiez, la Roync le vin^t-huiél d’Aouft fortit hors de Saffebede, accompagnée de tous les CheualicrSj amp;c Gentilshommes du pays, amp;nbsp;pareillement du Moyne George, amp;nbsp;de Caftaldc,l’vn cheuauchant à la dioite, amp;nbsp;l’autre à gauche. Deux iouts apres qu ils furent partis, ils arriucrent à vne Abbaye diftantc huit mildcColofuar,ou ilslogerét,amp; lafut accordé t ntr’cux d’cxccutcr tout ce que pat le paf-fé on auoit conclud , amp;nbsp;le commencement fut par les otnemens Royaux,qui cftoiét vne Cou Uungne, ronne faite de placques d'or montant en haut, en forme d’vn thappeau pointu, toute couucr-re de pierreries , amp;nbsp;perles , ôe ayant vne petite croit d’or au bout ; vnScept e d’yuoire garny d’or;si vn manteau de drap d’oi anticfi fait a la façon d’vne chafuble chargé d’vnc infinité de

pierreries, mais de peu de valeur; vne robbe, ÔC vne paire de fouliers d’or, amp;nbsp;faiCts par ouuragc relfcmblas ceux qu’on fait al’Apoftolique. Sur tous ces loyaux le Movne demanda à la Roync qu’elle milt en fa puilTmce cede Couronne, ce qu’elle ne voulut fairc,di(ant qu’elle ne confen-tiroitiamais qu’vn Movne ftift Roy de cede Prouinee , de laquelle elle dépodedoit fon fils, mais elle vouloir qu’ils fufTcnt portez à celtiy, à

tteurs de leha vot~

qui de raifon le Royaume efchcoit, Sc les ayant fait apporter dcuant tous elle print la Couron-

ant fa

ne en fa main,en ptcfcnce du îvioyne,8e de plu- re hatîler fleurs grâds pcrfonnages,amp; apres plufietivs lar- c»»«-mes efpanducs de fes yeux,amp; de ceux de fon fils “ C“quot; qui eftoit prefent à tout, fc retournant vers Ca-

-ocr page 260-

H iß: oire de Hongrie nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

ftaldcjdit en Italien tcllisparollcs. Encor que « 1’inconftantc Fortune fuyuant fes cruelles mu-» tâtions, retrenchant, amp;nbsp;brouillant à fonplaißt Icschofesdeccnionde , ayc tourné tellement [ les miennes, que maintenant mon fils amp;nbsp;moy | « foyons contraints quitter ce Royaume , cefte » Couronne, amp;nbsp;tous ces autres ornemés Royaux M qui furent autresfois à Monfeigneur amp;nbsp;elpoux •gt; le Roy Ichan de tres-heureufe mémoire (mais » maintenant pour nous trcs-malhcurcufc) amp;nbsp;de les mettre en autres mains : fi eft-ce toutesfois » qu’elle n’empefeherapoint pour cclà que ie ne ; « prenne aumoins en mes trauaux ce feul conté- ! » temétjles voyant tomber en la main d’vn Prin-« cc non feulement Chreftien, mais fi puifiant,amp; » fi beningeomme eft le Roy des Romains, le* w quel ic repute pour mon Seigneur amp;nbsp;Pere, qui w cognoiflra auec quel zcle amp;nbsp;bô cœur on lesluy w donne, amp;Iequcl de noftre bonne volonté nous « rcftablifibns en ceft eftat, priant Dieu qu’il en « puificiouyrauec vn plus grand repos, 8e plus » long temps que nous n’auons fait. Ainfi iclcs « configne entre vos mains Seigneur lehari » Baptille Caitaldc, afin que de ma part les cn-» noyez à fa Majcftc, luy faifant entédre comme nous ne luy dônons cc Royaumc,5f celle Cou-* ronnefoubs aucun lien de quelque condition * que cc foit,mais libremet. Et nous iettans moy * 8e mon fils entre fes bras auec toute noftre for-tune,le (uppliôs qu’il vucillc auoir elgard a no'-lire mifcrable deftin, qui outre que nous fom-* mes Clircfticns, nous à faiôls de fang Royal: Si

-ocr page 261-

Liure troißepne. no luv plaifc fuyuanc fa bonté, laquelle le réd quot;nbsp;' aymé de tout le monde, nous rcceuoir pour fes “ enfans,amp; ne nous denier le fecours,la faneur, amp;nbsp;quot;nbsp;* i laproteftionque nous efpetons deluy, amp;nbsp;que “

I tant de fois en fon nô vous nous aucz promife. quot;nbsp;Apres ces parolles le fils cftant encor en bas aa-’ ' ge 8c cognoiffant toutesfois combien luy im-® ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pottoit de fe voir priuer de fon eftat, ôc de cefte »non/lre nlt;

'• 1 Q Courônede laquelle fon pereauoitjàefté cou confmtiri • ronné , faifant quelque rtfiftincc monftta à la

Roynefamerelepeudecontcntemetquilrc-ceuoit de ce fait, 8c fit vne demonftration alTcz claire de n’y vouloir confentir. Mais la Royße « fe retournant vers luy vfa de tels propros : Puis « ! nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;que ie cognois, ô leban mon fils, ta fortune, 8c «

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;la mienne n’eftrc fuffifantc pour deffendre ce «

Royaume fans le'ccoursd’autruy, à l’occafion « du grand nombre de ceux qui ou par enuie, ou « par certaine malice , ou par vn mefehat naturel lt;lt;nbsp;de fe faire maiftre de l’autruy, cherchent conti- « nucllcmcnt auec la perte d’iceluy noftrc ruine, « tu ne dois trouuer mauuais fi ayant efgard plu- « ftoftaufalut public qu’à noftrc profit particu- « lier, lequel nous ne pouuons maintenir contre « la puiflancc du Turc, qui iourncllcment à Vin- « ftigation de nos ennemis nousmolcfle,8c nous « priuc quafi de tout ,i’ay eflcuccfte voyc paimy « tant d’aflaults que fortune nous liure , pour la « meilhure,qui cft de dôner ce Royaume auRoy lt;r des Romains,lequel le deffendra, 8c le di liure- lt;lt;nbsp;ra de la main des Turcs, 8c t’adignera tels cftats « qu’ils m’a promis par la tcnôciation que ie luy

-ocr page 262-

Hifloire de Hongrie

” ay faite , afin que tu puifie viure pour le moins comme grand Prince, fi tu ne peux viure comme Roy.Et mefuislaifleeallerà ce, nevoulani ” 3UCC la perte commune eftrc obftinec à la gucr-” rc,5^ laillèr le certain pour l’incertain en la di-quot; fpofition de fortune.Confiderant auifi l’incon-” fiance amp;nbsp;variété d’icelle,laquelle à accoûftumé ” de minier, amp;nbsp;goiiucrner prcCipitcmmcnt les ” maifons des Roys qui font tombez en dilgracc ’’ du monde, amp;nbsp;laquelle (ouuentcsfoisimpriidé-

mcnr,amp; fans y penfer les priue de leurs Royaiï-” mes, 5e les enuoye en exil perpétuel : pour ne ” voir de ma part telle in félicité, amp;nbsp;pour ne tom-” ber en telle indignité 3c miCetc,(citant abandô-” nee de tout fccours)aucc la perte du Royaume, ” ie me fuis perfuadee ayfément de te referuer à ” vne perpétuelle paix auec moindre eftat,amp; t’o-” fier hors de tant d’ennuis,parmy lefquels encor ” ie rie me dcfefpere point, que pour vn Royau-” me que tu laifïc il ne foit en la puiflànce de ce-” luy qui te l’oftc de t’en donner vn autrc,amp; pof-

liùle plus grand. Qu’il ne te femble point eftrâ-” ge de laiflerceRoyaumc auquel tu as efte nouï-” ry,amp; cfleué, cftant vnechofequi ffiaduenueà

pluficurs : mais tiens pour certain qtie par le ” moyen delà vertu vn cœur illuftre ne fera ia-

mais tant abandonné de fortune, qu’il aye fui-” te de quelques eftats,ou Royaume Partat pour ” 1.1 deliurance du pauurc peuple aftligc, amp;nbsp;de-firuit par nos guerres, pour le commun repos, 5e pourlacôferuationdenoftrefoy, tunedois ” reculer : mais en confirmant tout Ce qui a cité

pat

-ocr page 263-

Liure îroifiepne. n i par moy pour ronb'.êarrcfté accorder lt;juc ces orneiTicns Royaux foiétenuoyczà fa Majcftè, Et combien qu’à bon droit ic me doiue plein- ‘‘ dre en donnant cc manteau,ce fccptrc, amp;ctftc “ Couronne Royale, laquelle nagueres à orné le “ ebefdeton perc, amp;: quideuoit enuironner Ic “ tien , fi nc laiilètai-ic pour celà de me confolcr, “ puis qu’ils tombent en la puifTancc d’\ n Roy, “ qui t’cmbrafTera comme Ton fils propre, amp;nbsp;te “ maintiendra contre ces ennemis , quioceuke-nient par l’alienation de ton cftat refteront maintenant contens, amp;nbsp;qui peut eftre à l’adue-nir ne fen fendront gucres aife-., rcceuahs prtur le moins de Dieu en l’autre monde auec vne iu fte peine , le chaftiment qu’ils ne reçoiucnt en ccftui-cy,ainfi toutesfois qu’ils ont bien mérité pour leurs iniquitez amp;nbsp;tromperies mefehantes; amp;ccpédantnousauonsbc(oingau millieu de celle mer de nauiguer auec patience, félon que la fortune ordonne du vent,amp; fe conformer au vouloir de Dieu,puis qu il n y a aucune félicité durable aux mortels , ny aucun Royaume, ou ** Principauté éternelle. Ayant acheue tels pro- --pos, qui cftoient aflez forts pour amollit vn cœur de pierre , amp;quin’auoientcfté proferez fans eftre interrompus de grandi''u-nes foufpirs amp;nbsp;fanglots,amp; non fans grande commifleration amp;nbsp;pleurs de ceux qui cftoient prefcns,amp; principalement du Moync George, elle me it la Couronne amp;nbsp;les autres ornemerts en la main de Ca-ftaldc , lequel auec bonnes parollesluy rendit gticcs infinies, tant pour la bone volonté qu’il

-ocr page 264-

Mißofre de Monrrie voyoitcn elle, comme pour la magnanimité qu’elle auoit inonftrce , pour fa tres-grandc libcralité,par laquelle clic donnoità Ferdinand cefte Coutonnc,amp; lercintcgroit en ce Royau-mc;amp; la confoLnt en fes aduerfitez.luy remon-ftra de n’attrii'ucr la renôciation de ce Royau- ' me à fon infortune, puis qu’elle ne pouuoit pas proprement dire qu’elle le perdoie, le laifllmt à Ferdinâd,lequel elle attiroic à (oy amp;nbsp;Icgagnoit pour fon pci c perpétuel, qui ne l’abandonnc-ro'.t iamais en fes neceifitez , amp;nbsp;luy donnant meilleur courage l’alTura qu’on luy garderoit cnticrcm nt,amp; luy bailleroit-on tout ce qu’on luy auoit promis, Aucc celte efperance la Roy-ne partit pour aller à Colofuar. Caftaldc ayant en cefte façon reeen la Couronne la fit garder foigneufem.trayant cfte fur toutes chofes gram Ofiniim dement cftimee par IcsRoys de Hongrie,à cau-cômune opinion qu’on tiét en ce pays, Hoirie lt;/lt; eftant le bruit tel, qu’vn Ange l’a apportée du la Couri Ciel àS.Ladiflas Roy dcHôgrie,amp; quelc Roy neRoyalle. qui n’en ioüift ne peut eftre vray Roy, nv gou-uerner iuridiquement le peuple, ny leur adini-niftrer iuftice. On adioufte encor dauâtage que fl dauenture cefte Couronne fc perdoit,amp; fe rc-trouuaft entre les mains de quelqu’vn , encot qu'il fuft le plus pauurc du monde, incontinent fans autre preuuc on le créeroit Roy, amp;nbsp;luy iu-reroient fidelité comme à leur Roy legitime. Mais que cçcy foit vray ou non,fi cft-cc que fut cefte opinion le Turc à fort defiré de l’auoir, amp;C le Moync George aulTi : mefmes tous les Sei-

-ocr page 265-

Liure troipeÇme. itz

gneurs amp;nbsp;Gentilshommes qui eftoient ptefens à la deliurancc de celle Couronne, iug rent ce que la Royne auoit fait n’eftre de petite importance,eftimant la Couronne autant que le propre Royaume.Pour celle conlideration Callal-dc la faifoit toufiours garder en fa chambre,iuf-quesàcequ’ill’cullenuoycefoui’isbonne gar-de à Ferdinand par le Seigneur lehan Alphon-fe Caftalde Pefeaire fon nepueu. La Royne e-ftant arriuee à Colofuar,Caftaldey arriua incô- rtrdinaii tinent apres,ou il fejourna quelques lours arte-danteeuxquify dcuoiéttrouuer.ôcqui eftoiée appeliez à la Dicte , poutfçauoir d’eux quelle pourroit eftre leur volonté entiers le Roy des Romains, amp;nbsp;pour les confirmer en leur bonne deuotion , amp;nbsp;en fatis-faifant à la Royne de ce qu’on luy auoit promis , appaifer tous les tumultes qui eftoient entr’eux, amp;nbsp;pour le inciter à prendre les armes contre les Turcs, amp;nbsp;les def-chafler des enuirons,ayant ente ndu qu’ils vou-loicnt encor vne fois y entrer. A près qu’ils furent tous arriuez amp;nbsp;alîemblez Caftalde leur fit entédre tout ce qui feftoit jà palT ,dont chacun fut fort content, Scfidaucnture il y en auoit quelques vns des principaux aufquels il ne fern-bloit bon ce que la Royne auoit fait,fi n’ofoiét ils toutesfois en faire femblant, eftant le party de Ferdinand pour lots le plus fort. Etparainfi tous vnanimeraentiurerent fidelité à la Ma|c-fté, monftrans vne grade allegrcirc pour fc voir perdmâil retournez fous la puilTance de leur Roy amp;nbsp;Sci-gneut naturel, auquel de droit appartenoit ce

-ocr page 266-

Î-Jtfloire de Hongrie

Royaume, Et encor que Call aide euft defeotï-uert le courage de pluueurs, Icfquels inclinoict filus à l’amitié du l urc qu’à cdle du Rov,finiu-anttoutesfois le tout pour les réduire à fa dc-uotion,amp;pour leur nionftter combien lamitié du Turc leur feroit dommagcablcjauec ' ne pa-rolleautant elegante comme fon maintié eftoit graue , vfa enuers eux d’vnc telle harangue. ’gt; ï’ay toufiours eftimé, Seigneurs 5c Chefs de ce

Royaume, eftre vne chofe bien conucnablc ne sgt; parler iamais pour quelque grace ou amitié que 3» nous ayons acquifed’autruy, ny pourlafaucut »gt; que nous en ayons , ou cfpcrions rcceuoir , ny 3» pour quelque inftineque nous ayons vers luy, ’3 mais (culemenr pour donner à entendre ce que 33 l’on eognoift eftre bon amp;nbsp;louable, tantpourlc 33 particulier que pour le fakir public, amp;nbsp;ne per-gt;3 fuader iamks enofe qui ne foit tât enuers Dieu 33 qu’enuers les homes taifonnable, iufte amp;nbsp;fain-35 (âe.Cc que i’ay pratique tant qu’il m’a cfté pof-35 fible , Sêpratiqueray toufiours aimant pluftoft 33 outre le bié amp;nbsp;la gloire duRoy voftre Seigneur 33 amp;nbsp;le mien , le bien public amp;nbsp;le repos vniuerfcl, 3’ que laviepropre, ainfi qu’auiourd’huy iepre-33 tends vous monftrer, ne voulant faire que l’of-3» ficcd’vn amateur du repos amp;nbsp;bien public, le-33 quel ne doit laiflcr en arriéré aucun propos qui 35 foit neceflaire pour le falut de ce pais , amp;nbsp;du 35 Royaume , encor qu’auee fon propre fang il le 33 faille fouftenir. Or confiderant l’cftat prefent SS auquel eftes tombez pour les haines occultes 33 qui régnent entre vous autres, amp;nbsp;pour les diC-

-ocr page 267-

Liure troißeßne. 123 feations nets entre vous amp;nbsp;vos Seigneurs pre- « cedens, àl occafion deiquellesauez ppelléen „ voftre aide le Turc , amp;nbsp;l aucz introduit en ces « pais, aucc la ruine nô fculemét du peuple, mais « de vous autres aullî,i^ luy aucz monllre le ehe- » min ouucrt pour à l’aduenir en peud’efpace de „ téps (ê faire maiftre de vous , pratiquant en vo- „ ftrcendroiôlcequ’ilàfaitkenuers les Paleolo- „ gués, Coinins, Buccales, amp;nbsp;autres des princi- „ paux de la Grèce, lefquels pour leurs haines cô- „ ceuës, penfans auec le fccours des Turcs exter- « miner entièrement leur Empereur, ruinèrent lt;lt;nbsp;non feulement l’Empire , mais perdirent leurs biens , leur honneur , eux-mefmes amp;nbsp;leur vie, « cftans les Turcs alléchez par la bonté amp;nbsp;beauté « du païs,amp;cn feignant fauorifer Si fupporter les « difeords d’vn party, ou d’autre, feftâs aprins de „ guerroyer à leur mode , amp;nbsp;ayans aucc ce telle- « m?t cogneu la fituation amp;nbsp;palTages de leur pais, « qu’en moins de rien ils fe iederent fur eux en fit « grand nombre, Si aucc fi grand force qu’apres « auoir veu leurs pauures enfans , leurs chères „ fœurs,leurs femmes bien-aiinccs, 5i leurs parés „ en proye, amp;nbsp;cftrêfaiéts Cerfs enchaifnez, leurs « villes bruflees 8c deftruites, le pais en degaft, amp;nbsp;« la populace tendue çfclaue.il leur conuint fuir, « Si chercher autres Prouinccs pour demeurer, « çlquellcs viuans en calamité furent contraints “ pour acheuer leur vie mifcrablc , de Seigneurs “ Ce rendre Ceruiteurs, amp;nbsp;de liberté Ce laifler choir « enCubiedion , qui cft la plus grande de toutes « Içs autres miCcrcs amp;nbsp;calamitez,amp;qui au monde « QJ’J

-ocr page 268-

Viißoiredelrloügrte

if

»

re

if if

if »

if

if

»

if

n’a fa fcmblablc, eftant vne chofepar trop penible amp;nbsp;infupportablc, qii’vn home libre, heureux amp;nbsp;riebe,deuienne lerf,mifcrabie,afflige Si mediant les neceihtez. Touslcfquels malheurs vous aduiendroienc fi la clcmcnce Diuine,amp; la bonté du Roy n’y euft pouvueu , ouurant les yeux de voftie efprit pour auoir fouucnance de la gloire palTec que vos Roys vous ont acquife parles viéloires amp;nbsp;triomphes obtenus contre les Turcs.C onfiderant,di-ie,ce pauure eftat vo-fti'c, amp;nbsp;fçaehant que vous n’ignorez auec quel pouuoir ie fuis icy venu , amp;nbsp;comme là Majefte m’a enuoyé auec vne armee pour prendre le foing de celle Prouince , amp;nbsp;pour la fecourir en fes aftliélions, par voftre aide la deliurcr des mains des Infidellcs nos communs ennemis, i’ay eftimé eftre neceflaire vous remóftrer que deueziurer fidelité à Ferdinand voftre Roy amp;nbsp;Seigneur,auec tel hommage qu’elles tenus pre-fter , amp;nbsp;vous perfuader de vous confirmer da-uantage en fa douceur amp;nbsp;clcmcnce , laquelle vous cmbralTera non comme fes îubieôls, mais recueillera en fon fein comme lès vrais enfans, tellement que vous pourrez dire que vous aurez pluftoft acquis vn perc qu’vn Seigneur, lequel ne faudra de vous alfiftcr en vos necelfi-tcz,amp; ne vous abandonnera es accidens de fortune fe môftrant heureux f’il font tels, amp;nbsp;fe fen-tant au contraire malheureux auec vous fil ad-u'cnt autrcment(cc que Dieu ne vueille)eftant la fortune des hommes variable , amp;nbsp;plus müa-blcqucrondcdelamcr, amp;nbsp;fubicéle à infinis

-ocr page 269-

Liure troi^eÇme. 124 hazards. Mais vous cftimant ainfi comme fes “ jrébres: 11 nc faut point aulTi que vous adiou- “ fticz foyauxpromeiTes des Infidelles, ny aux “ pcrfuafionsdeccuxqui aiment peu voftre fa- “ lut,amp;cncor moins voftre repos,nv que par l’in- “ ftigation de ceux qui occuitcment braftent vo- “ ftre ruine , vous vous fcpariez du corps duquel “ dépendent lefalut amp;nbsp;la vie commune:Ains plu- “ ftoft vous eftbcfoing de vous vnir en vn mcf- “ me vouloir, amp;nbsp;en redoublant par fon moié vos « forces, vous rendre tels , qu’en vous oppofans “ courageufement, vous puiftîez chafter de ce “ Royaume ces ennemis qui violent noftre Reli- “ gion,dcs-honnorcnt vos Templcs,forcent vos « vierges,amp; diffamétauec toutes telles mefehan-ectez qu’ils peuuent imaginer vos femmes, amp;nbsp;vos enfans,ne gardas iamais aucune foy. A pres « faut que vous délibériez aucc moy pour la li- “ berté publiquc(encor que ce foit vnc chofe qui “ femble dangercufe^dc leur dénoncer la guerre, «« laquelle la maniant iuftement nous prométtra « viâioire , amp;nbsp;triomphe eternel enuers ceux qui « viendront apres nous, lefqucls iapprenans de “ nous d’auoir l’honneur, amp;nbsp;la gloire plus chere « que leur propre vie,e(lirôt libcralcmét pluftoft “ mourir pour la foy 8f la liberté corabatans,quc “ de feruir de proye à ces inhumains barbares vi-uans en deshonneur Et fr ces raifons ne font af-fezfuffifantcs , ny aflezviues pour efmouuoir “ vos courages, fi doiuét-ils f’cfbranlcr au moins “ pour les horribles cruautez , lefquelles, quand “ bicnlcTurcferoii voftre Seigneur, vousrccc- “ QJbj

-ocr page 270-

Hijloire de fiongrie

” lirez. Car vous ne louyrez pour cela 4’vn plus ” grand repos, ains de iour en iour vos ennuis amp;nbsp;douleurs croiftront,auec les charges lourdes

” falchcufcs,parce qu il ne le contentera d’vn tri-” but ordinaire, mais par vn commandement ab-” folut vous fera enleuer le plus cher de vos en-fans, amp;nbsp;iuy faifant renier noftrc foy, Ôf oublier ” le perc amp;nbsp;la mere qui l’auront engendré, nout-ryamp;efleuc ,1e mettra parmy fes lannilTaircs, ” pour accroiftre par tel moien leur mefehante ” foy, amp;nbsp;tenuerler la noftre, laquelle eft fondée fur le lang de lefusChtift. Eten outre fi auez ” quelque oclle fille, qui foit de beau corfage, amp;nbsp;douce de quelque vertu , elle vous fera foudai-” ncment arr.ichceamp; mife au ferrai!,pour faoulct ” rinfatiablclalciucté Üc paillardife dcceft abho-” minable Tiran,qui toufiours ne fera qu’afpircr ” à vous exterminer amp;nbsp;ruiner enrierement, peut vous rendre en fin fes ferfs amp;nbsp;efclaues à perpe-” tuitc, vous defrobant tout ce qu’aurez de mcil-leur, amp;nbsp;tout ce qui vous aura efté lailTe par vos ” ancellres, amp;nbsp;dont ne pourrez aucune chofe di-’’ rcj amp;fi en faites lefemblant vous ferez en dan

ger de la vie. Parla confiderez quelles font ces ” calamitez, amp;nbsp;comblé font ces ctfeds horribles.

Efucillcz,cfucillez donc maintenât vos efprits, *’ amp;nbsp;ne vueillcz pour vn vain appétit, amp;nbsp;pour vn ” orgueil enflé vous réduire fi volontairement ” foubsvne miferable feruitudc beaucoup plus ” pire que la mort. Mais oppofez vous de toutes quot;nbsp;vos forces contre telles cntrcprinfes,amp; ne don-” ticz occafion qu’autruy vous appelle tyrans.

-ocr page 271-

Liure troißeßne. 1x5 par-cc que non feulement celui-là cft tyran qui. “ met autruy en feruitude , mais aulfi ccluy qui “ polluant f’oppofer à la violéced’autruy n’y tait “ aucune tedftance. Appeliez auec vous tous les Siciliens amp;nbsp;tous les Tranfalpins, faifans vne li- “ gue auec vos voifins,amp; auec ceux dcfquels aucc “ le temps vous pouuezefperer fccours amp;nbsp;aide, “ amp;cn vousdeftendantoftenfer l’cnncmy , n’e- “ ftant deshonnefte, ny digne de blafmc, pour fe deifendre faire ligue aucc quelque nation cftrâ- “ gere que ce foit. Et vous refoluez promptemet en vn,confiderans qu’es occurences de la guer- “ rc vne ttop lôgue remife apporte plus de dom- ‘ mage que de profit. Et par vne telle foudainc ‘‘ deliberation,faifans ce que de taifon fe doit fai- “ rc.vous monftrcrcz à voftrc Roy vne prompti- “ tude de courage , Slt; combien voftte cœur eft “ clair amp;nbsp;net tant es choies propres qu’és aducr-fes,meritans ceux-là fculs vrayment eftrc repu- “ tez courageux, amp;nbsp;auoir le cœur afiîs en bô lieu, “ Icfquçls cognoiflans appertement les chofes rc-uefehes, amp;nbsp;celles qui font plaifantes ne redou- “ tent aucunement aucun peril, amp;nelc retirent “ du fetuice deleur Seigneur, comme ic m’afleu- “ te que vous ferez, te nant pour certain qu’ay ans deuant vos yeux I’experience des maux paflez, “ amp;nbsp;penfans bien és trauaux prefens, vous eflirez “ pluftoft vous perdre aucc vne iufte amp;. honno- *' table guerre, que viure auec vne vilaine paix 8c ‘ vn repos infame. Ces parollcs furent caufe que ‘ le Moyne George , auec tous les autres principaux de Tranfiluanic, fe rendit (cognoifL'ant U

-ocr page 272-

lAißoire de Motigrie

vérité dufaiól ) prompt au fcruicc du R.oydeS Romains, amp;: fe meit auec iccux du tout à fa dc-uotion,l’acceptât pour vray Seigneur, Les premiers qui iurerent fidelité, furent les Saxons SC les Siciliens , aueccefte condition toutesfois, qu’on leurgirderoitamp; confiimeroit leurs pri-uileges. Leur chef nommé Ladifias Endcf fut lors fort recommandé, pour les auoir induits à telle recognoifiance. Et dcliberans enfcmble fur la guerre qu’on deuoit entreprendre contre le Turc, lequel on difoit deuoir les venir alfaü-lir,fut conclud qu’on cnuoyroit comme de fait on .cniioya par toutes les Prouinces lt;nbsp;pour publier qu’vn chacun t uft à fe tenir preft au premier mandement qu’on feroit de marcher contre le commun ennemy. Durant ce temps , Si pendant qu’on traitoit de ces chofes, atriua le dnta„dquot;rûr P^quet de Ferdinand , par lequel il confirmoit luaccords. amp;nbsp;ratifioit tout ce que Caftalde auoit promis, amp;nbsp;capitulé auec la Royne amp;nbsp;le MoyneGeorge. 'Fiançail- £f dopnoit en outre pouuoir à Caftalde, que fi faire feponuoit, on celebraft par Procureur les ne’filled'e cfpoufailles dc l’Jnfante lehannefa fille , auec Ferdinand Ichan fils de la Royne, Ce qui fut en ce mefmc auecicha. lieu exccuté auec vne grande allegre(re3amp; contentement de tout le Royaume , eftant aduisà vn chacun que cefte nouuelle alliacé, amp;nbsp;accord Dejiartie fait entre ces Roys,produiroic entr’eux tous vn Jf/a Roy- repos vniucrfel. Tout cccy eftant arrefté en cc-nehorsdn ftg forte, le lendemain, qui fut !c ncuficfmc de ^'iHc‘*’e‘ Septcmbre,la Royne partit dc Colofuar,amp; Ca-rnij]a‘eiis. lt;laldc luy donna quatre cens chenaux Hongres

-ocr page 273-

Liure troißepne. ii6 pour fa garde, l’accompagnât de ce lieu iufqucs à deuxlieuës, qui en valient quatre Fran^oiles. La Roync ainfi accompagnée eftant dedans vn coche aucefon fils,lequel eftoit tout malade,Si faifant fon voyage monftroit bien ce iour le grandennuy amp;l’extremedefplaifirquellefen-toit, de fe voir priuee de fon R oyaume , Sc luy conucnitlaiflantle fien propre chercher Tau-truy.Cc qui fut aflez appert a vn chacun par les longues plaintes , foufpirs Sc fanglots qu’elle pouiroithorsaucc vncabôdance de pleurs qui fortoientdcfcs yeux , vrais ufmoings de fon dueil Si deftrefie. Eftans tous arriuez a vn chemin qui fe fendoit en deux,la Royne Sc fon fils prindrét congé de Caftaldc, non fans vn grand tedoublcmét d’ennuy amp;nbsp;de larmcs,l’vn retournant à Colofuar, Sc les autres dreflans leur chemin vetsCafl'ouie.A peine la Roync eftoit partie qu'on apporta nouuellcs, corne Pierre Vic-chyl’eftoit accordé auec André Battor , entre les mains duquel il auoitjà configné Lippe 8c Themefuar,auecBecch, Bcchcrcch 8c Chinad, tor. Sc tous les autres Chafteaux , Icfcquels cftoient foubsfapolTelfion , n’ayant voulu iamais ati-parauant venir à ceft accord,iufqucs à ce qu’il euflj cfté acertené par les lettres de la Royne, de tout ce qui f’eftoit pafte iufqucs alors. Et apres auoir ainfi tout rendu ce qui eftoit en fon pou-uoir , il fe mcit incontinent en chemin vers la Roync pour l’accompagner à Caflbuic.Ccpen-dant que ceftuy faifoitee chemin, Battor entra és villes fufdites , Sc prenant ample poflcftioiv

-ocr page 274-

J-Ji flaire de Hongrie d’icelIcs fit entrer dedans pour 1 garde d’icel-' les les gens qu’il auoit tirez de que'quts forte-relîcs.à Icfquels pout ccft etfeól il auoit menez Jliiliffhs. auec foy, qui cftoient huitl cens Aiduchs , qui font gens de pied portans halebardcs^cuiraflès, arcSjHefcheSjarbalcftes amp;nbsp;cimeterre,amp; trois ces cheuaux. Auec telle compagnee ilafleura grandement cefte contrée, mefmementa caule que les CaranfebcnlTcs, les Lugaiiens amp;nbsp;les Rathiés peuples puilïàns, feftoient réduits fous l’obeif-fance de Fcrdinand,amp; auoiét declare eftre con-tens de viure fous la deuotion de fa Majefte, amp;nbsp;delà fetuiren toute occafion de guerre qui fe prefenteroit. Eftans ainfi les affaires de L ippeSf de Themefuar expédiées , Caftaldeeftima lois auoit conduit à fin fonenrreprinfe, par ce que pendant que ces deux fortetefles n’eftoiét fous la puifTance de Ferdinand , on iugeoit peu oil rien tout ce qui auoit efte négocié parauant, (if pour eftre ces deux places de grande importan-ce,amp; (pecialemét Lippe, laquelle eftoit eftimcc amp;nbsp;réputée la clef, amp;nbsp;la porte de toute la Tran-tiutee. filuanic.IcellcjOutre ce qu’elle importoit grandement,eftoit profitable extrememet, ôc eftoit neceftaire qu’elle fuft gardee foigneufement, à raifon des grands rcuenus qui en prouiennent, pour eftre le port ou fe chargent tous les vaif-feaux de fel qu’on meine par le fleuue Marofte, par toute la Hongrie , qui eft vne marchandife la meilleure amp;dc plus grand trafic qui le meine par toutes ces régions. Le Moyne George auoit demande au Roy cefte gabelle, pourluy cftrç

-ocr page 275-

Liure troißeßne. iiquot;f donee par fa Ma jeftc,mais ayant cnicdu quelle valoir par an pres de trois cens mille florins, il ne voulut là luy donner purement, mais bien à ferme,ce quel autre ne voulut accepter, amp;nc voulant luy donner occafion de fe pleindre luy en donna libéralement la tierce partie. Eftant pan,, Jt tout ceft eftat de Tranfiluanic réduit loubs l’o- ia^ab,Ut beiflancc de Ferdinand, amp;nbsp;eftans le Marquis de Balaflc amp;nbsp;François Chendy, perfonnages de grade authorite,entrez en amitié auec luy,Ber- semari nard AldeneMaiftrcde Camp des Efpagnols^ AlitutE-rechercha Caftalde à ce que , puis qu'il deuoit «» enuoyer autres Capitaines pour la garde de Themefuar amp;de Lippe,illuy plcuftl’y enuoyer defitant plus y aller, d’autant qu’il auoit enten- juar du qu’il y vouloir auflî bié y enuoyer des Efpa- Lipfe, gnols. Caftalde en fut content amp;nbsp;le dépefehant promptement luy donna trois cens E fpagnols, amp;nbsp;enuoyaauecluy le Capitaine Rodrigo Vi-gliandtando, lequel pour lots eft oit jà venu au fetuicc de Ferdinand , durant cefte expedition amp;nbsp;qui fut parle mefme Aldene à grande inftan-cc demandé pour l’auoir en fa compagncc , amp;nbsp;afin qu’il peuftf’aider de fa vertu bon con-fcil, fur ce qui pourroit aduenir en fait de guerre, pour cftrehomme afl'eurc , expérimenté amp;nbsp;fort conuoiteux d’honneur. Eftans ainfi licen-liez , menans auec eux deux pieces d’artillerie, ils fe mirent en chemin, amp;nbsp;pattans de Colofuat tirèrent à la ville de Themefuar, laquelle félon leiugement detouseftoit de plus grande importance, menans auec eux des ingénieux pour

-ocr page 276-

Hißoire de Hongrie

tf reuen» des Euef^

ployé a Lt forttficatio d» pitn,

Ïa fortifier Si povjrrepaïçïltS autICS bttiX p^“’ foiblts. D’autre cofté on fit fortifier amp;nbsp;rempa-rer Sibinio, Albeiufe amp;nbsp;Sa(fèbe{Iè,qui Concvil-les ficuccs fur des couftaux au milieu des grandes plaines,amp; qui aucc peu de dcfpcnce fc pou-uoient rendre imprenables.Caftalde ne Ibllici-toit CCS foitifications que pour atrefter le Turc au cas qu’il euft voulu entrer dedans le Royaume , amp;nbsp;pour cependant auoir temps à fe pout-iioir , amp;nbsp;commodité d’attendre le (êcours que Ferdinand,en cas de ncceflité, luy pourroit cn-uoycr. Et par-ccqu’en la Diète de Colofuar, ayans e(lè,pour ce faift particulier, les Tranfib iianicns requis d’aider Ferdinand de quelque fomme de deniers , ils f’eftoient exeufez pour beaucoup de pauurctcz du pais, qui les empef-choient d’y contribuer, par commandemét du Roy fut ordôné que tous les reuenus des Euef-chez dcTranfiluanic , auecccluy de l’Euefché d’A gric feroient employez pour la dclpenfc de relies fortifications. Pendant que ces chofes fc fiiifoient le Moyne faifoit paroiftre qu’il en c-ftoit fort ioyeux , amp;nbsp;fpccialcmcntà caufequ’il auoitoücla Roynededeuantfoy, amp;eftimant que fes delTeins auoient prins bon commancc-mcnt.il cfpctoit(ainfi que fouuentcsfoisil aac-. couflumé d’aduenir aux hommes qui bien fou-uent fabulent en leurs propres affaires ) que le milieu amp;■ la fin , fuccederoient aufli heureufe-ment comme il imaginoit, amp;nbsp;comme il fc l’c-ftoir défia promis, ürcognoiflant qu’il auoit giicfucmcnt offenfe le Turc, pour auoit intro-

-ocr page 277-

Liure troißeßne, 118 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

duitTcrdinîd en cefte Ptôuincc,ïltafckoytyat tijuics voyes de Ücn def havger, Sc de fe remettre covnnicauparauât en fa grace. Ainfiparccs tales Cto^antlenvt Ferdinand en vnc manche, jjo-ebeU amp;'c Turc en l’autre , amp;nbsp;contenter l’vn SeV-iu- Turc. tte,voulut cmbtaffcr ce que depuis à la fin il ne peut efteaindre. Et pour execucer fon intention 11 partit de Cololuar pour aller à vn Gen Cha-ftrau aflez bon,lequel il auoil bafty dés les fon-demens, amp;nbsp;nommé Vviuar. Il auoit donné ordre qu’en iceluy fc trouuaftlc Chiaufs,lequel le Turc enuoyoit pour receuoir le tribut que cc-fteProuinceluypayc tous les ans afin de dc-meutet en paix. Ce Chiaufs eftoit p atriué à ce Chafieau durant qu’on negocioit toutes ces affaires fufdites, amp;nbsp;le Moync Vauoit fi bien fait entretenir que iamais aucû ne peut parler à luy, fit auoit ce faift de peur qu’il ne full aduerty de tout ce qui auoit cfté pafle. Pour cefte caufe il Vauoit faiét loger amp;nbsp;chtrir en ce lieu comme plus commode,eftant p’us que pas vn autre qui

i fuftau Royaume folitairc, amp;nbsp;moins frequente l de chemins.Le Moyne edit arriué en ce lieu fit ' incontinét infinies careffeSjSt ptefés riches à ce 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Chiaufs,amp; le traita fomptueufemet amp;nbsp;puis cn-

■, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;uoya quérir Caftalde , lequel fy trouua prom-

I ptcment,amp; de leur commun accord ?lt;confcn- Trilm 1 tement fut payé le tribut au Turc , eftant ptef- f“',* '1 que finy le terme auquel Icdiclttibutfe deuoit

payer,amp;duroit encor la tiefue, durant laqueVe il ne fcmbloit bon i Caftalde ( amp;nbsp;mcfmcmcnt pour le téps'j de donner autre occafion au Tutc

-ocr page 278-

Zfj Turcs tn camfiit-^ne pour fre/uJre llt;t Royne.

Mifert Jf la Rfiyne Jfabeile.

Htfloire de Ydongrie delà rompre, que celle qu’il luy auoit jà baille«! en luy enleuant de fait la Tranfiluanie. Ce qu’il ne vouloir faire pour beaucoup de refpcâs, Si principalement voulant entendre haftiuement aux fortifications des lieux quomous auons nô-mez cy deirus,amp;gagncr cependant les cœurs de tous les plus Grands du pais , amp;nbsp;faccroiftre amp;nbsp;d’hommes amp;nbsp;de deniers pour le maintenir Si garder : Mais la fortune ne voulut permettre qu'il demeuraft ioüiflant de fon défit. Car demeurant auec le Moync à foupper, on apporta nouuclles comme par le commandement de Achmeth Bafcha eftoient fortis de Bude trois mille chenaux , pour tafeher à prendre la Roy-ne, fon fils Sc la Couronne du Rovaume qu’on deuoit enuoyer à Ferdinand, penfans qu’elle la deuft porter auec foy comme vnc chofe pte-cieufe. Mais elle comme fa bonne fortune voulut auoit prins le chemin vers Cafibuie, allant le plus pauurcmét amp;( malaifcment qu’on pour-roit iamais dire, ne celant aucunemet la douleur qui l’opprcfToit.En tout ce qu’elle pouuoit elle donnoit à cognoiftre, amp;nbsp;mettoit en cuidé-ce cefte affliction demefuree, laquelle d’heure à autre luy rongeoit l’cfprit. Ainfi vn iour paffànt la montagne, qui fepare la Tranfiluanie de la Hongrie, amp;nbsp;defeendant par vne cofte fort rude amp;nbsp;fafeheufe, pat laquelle fon coche, pour offre Icpaffagemauuais, ne pouuoit paffer, fut contrainte fe mettre à pied durant vnc groffepluie, amp;nbsp;defeendre toute cefte coff;c auec fes filles Si Dames, non fans grand trauail. Cheminant en cefte

-ocr page 279-

Liure troiße[me. 119

ceftc forte elle le pieignoit extretnemet de fou inique fortune,laqueUc ne fe contentant de luy cftre contraire es chofes gtandes,vou'oit encor l’affliger és chofes petites amp;nbsp;baffes, amp;. attriv uât cell cnnuy qui luy aduenoit à la force maligne de fon deftin,print vn coufteau,amp;auecla pointe, pour fou’agervn peu fon cruel marnflbn, efcriuit en l’efeorec d’vn grand arbre, foubs lequel elle f cftoit retiree pour vn peu fe repofer, amp;nbsp;tuiter la pluie qui tomboit en grande abondance, CCS mots latins ; Sic valùnt, amp;nbsp;puis dclTous ifdhelht qui vculêt dire en noffre langue : nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;It vettlent les Dcßins^l[itlgt;elle l^ojne.

Aptes auoir entaillé ces mots elle reprint incó-tincnt fon chemin , Scarriuaà fauuete dedans Caflbuic, rendant vainc amp;nbsp;inutile la faillie que les Turcs auoient faite de Bude, n’ayans f^eu

rien faite, par- ce quelle auoit prins vn chemin fort effrange Sc non accouffumé 8c bien different de celuy qu’ils auoient opinion qu elle dcuffprédre,ayant la Roy ne,comme fage, prudente 8c fçaüante , pteuculcs rufes Tutequef-ques, pour ne tomber en leur main, amp;nbsp;ainfi. ayant changé de chemin, elle rendit Achmeth moqué de fon cnttepiinfc, Ô£ les ficns peu con-tens de leur défit.

I

-ocr page 280-

Hifloire de Hongrie

LÎHKE

P ’’^ ® l’accord fait cn-f^°y

Royne ifabellc, acheiié de m; ctr^ à cxccu-tion, amp;nbsp;que la R oync laiflant lt;nbsp;le Royauitic paifible, fut dei-logce hors d’iceluy, les Tr'filuanics pour deux caufes cftimoicncdeuoir viurclonguement en paix , amp;auoirmisfinà toutes les aflli(aionsamp; miferes qu’ils auoient fouffcrtcsparlepalTé.Lâ premiere cftoit pour voir le fils du Roy lehan accômodé aucc le Roy,amp;auoir prins en mariage l’Infante lehanne fa fille. Laquelle alliance amp;nbsp;amitié donnoit efgallemcnt à tous vne ferme efpcrance d’vn repos perpetuel,amp;qu’encot ' aucc le temps par la bonté amp;nbsp;clémence de Ferdinand il ne feroit du tout ofté à Ichan le moié de rentrer quelque iour en ce Royaume. L’autre eftoit que pour le nouueau appuy qui pat ces accords leur aduenoit, ils fe fentoient tellement afleurcz, que le Turc pour crainte de la pu,(Tance de Ferdinand, amp;nbsp;dcTEmpercurChar-les fon frère, n’oferoit plus ou pour le moins fi fouuent comme il failoit, les mokfter amp;nbsp;facca-ger, ains au contraire qu’en côfidcration de cc-cy 11 les craindroit amp;nbsp;redouteroit, amp;nbsp;que par ce moyen ils auroient temps amp;nbsp;loifir de fortifier lespaflàgcs, amp;nbsp;munir les villes du pars bas en

-ocr page 281-

Liure quatriepne nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;130

teUc façon qu’ils n’auroict plus peut de la violence Ottoinaniquc. Mais la foitune ne voulât fatisfaite à leurs difeours brouilla toutes les cartes en la main, amp;c fit ch mgev ce défit de paix en vne gtandilfime crainte Sc foupçon de guette. Car eftant arriué à Conftantinoplc ce tran-çois duquel par cy deuant nous au ms parlé, Sc cômeilf’en'eftoitfuy deSaficbelTe pour auoir eftérecogneu efpie du Roy de France, l’cftat retiré vers le Grand Seigneur, luy raconta tout Ce qui feftoit pafle entre Ferdinand amp;nbsp;la Roy- Solimim nc.I|Celuy cognoifTant cilrc vtay ce que iufques fmtdrejjir alors il nauoit voulu croire, commanda qu’in- «rquot;«« continent on dtelTaft vne armee pour enuoyer en Tranfiluanic,foubs la conduite du Bcletbcy de la Grèce, auquel il donna charge qu’en toute diligence il euft a fe tendre auec douze malle cheuaux près Belgrade, ou fe deuroat ioindtc toutlereftedel’aimee , laquelleluy fetoit cn-uoytepatlcs Sangiacs des enuirons,amp;.qu’ii en-tiaft en cefte Prouincc par deux coftez-.par l’vn auec l’aide du Vavuode de Moldauic,amp; par l’autre autclcfecours du Bafcha de Bude . amp;nbsp;qu'il f’esforçaft du tout à la conquérir,amp; que pat dé-pefehefut dépefcheilfollicitaft tant l’amas de fes gens,que Ferdinand n’euft loifit de fc pout-uoir, ny de fc fortifier en icelle. Caftaldc ayant eu aduertiflement de cecy ,cn la plus grande hafte qu’il peut amaffa gens de guerre, JSr tafeha à

i perCuader au Moyne qu'il euft à preparer les \ forces à l’encontre de l’ennenry,ôc remédier an mieux qu’il pourroit aux finifttes cuensmens

i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;R ij

-ocr page 282-

J-Jiflotre de Hongrie qui pourtoiét aduenir pour n’y auoirpeu pouf-uoiràtemps. Le JVioync ayant grand peur da T ure, par-ce qu’ü Ic voyoir irrite contre lu y* pour raifon de ce qu’il auoit faiél cy deuant, fit rcfponle (celant fa péfec) à Caftalde qu’il ne lu/ Georgine- manqueroit en aucune chofe. Mais d autre co-fié il nraflbit fa paix auec l’enncmy,auquel fei-^7 Rnanrcfcrirc pour le bien de Ferdinand,il eferi-(bats, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 /•' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;/- 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;O nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I

uoit pour le lien (culement, amp;nbsp;enuoyant quelque prefensà Rodan Bafcha, amp;nbsp;à celuy de Bude, pour les attirer à fon amitié, tafehoit à rejet-ter la coulpe de delTus foy le plus qu’il.pouuoir, difant que fi le Turc enuoyoit vneaimeccn Tranfiluanic pour la conquérir , à raifon de ce qu’onauoit mis le Roy des F omains en pof f-fiond’icelle, que pour cela il ne la deuoit en-noyer,attendu que le tout auoit cfté faid par lâ Roync amp;nbsp;non par loy, amp;nbsp;laquedcauoit jà marié Ion fils Ichan aueclafillc de Ferdinand, auK Lieutenants duquel elle auoit abandonné toUt fon pais libre , ßefedoit retiree à Cafibuie. Et que pour ces raifons il n’eftoit bclbing enuo) et vne armee pour ruiner le R oyaume amp;nbsp;deftrui-re le panure peuple, lequel n’edoit en rien coul-pable, amp;nbsp;qu’il feroit fi bien qu’il mettroit hors tous ces foldats amp;nbsp;gens de guerre que Fcrdinad y auoit enuoyez , amp;nbsp;qu’il payeroit toufioutslc tribut ordinaire, amp;nbsp;felon que par le pafTé on l’a-uoit promis, amp;nbsp;comme on auoit défia comme-cé a paycr;amp; efirriuant en outre plufieurs autres chofes pour fexcufer,fit femblabh ment eferire en fccret aufdits Bafehats par aucuns des princi-

-ocr page 283-

Liure qudtrieÇme. 131 paux du Royaume,lefquels approuuoicnt tout ce qu’il difoic Mais tout cela ne peut induire le L'amn Be'erbcy à lailT.r de cheminer auec les troupes qu’il amenoit auec foy de ( onftantinople. Ertant arriué à Belgrade i! comme nça a amalTct fon camp , amp;nbsp;puis ayant faict dreifer des ponts furie Danube palîa de l’autre cofte, amp;nbsp;falla loger pres le fleuue de Tibifeque , furl. quelil fiti femblablcmêt faire vn autre pont,amp; de là coulant le long fe vint rendre bien près 4’''0 Gha-fleau nommé Becche , fitué quaG fur la riucdu fleurie. En la pleine qui cft prochaine il fij: af-, feoir fon camp, amp;nbsp;delà donna aducrtilTcracnt à toutes les Ptouinces voiflnes qui font fubieéles, au Turc , qu’elles ne faillilfcnt à luy enuoycr promptement les gens amp;nbsp;cheuaux qu’elle^font tenues enuoyer en fcmblables aftaircs.Pcndant queleBelerbey famufoit à amalTer le refte de Ion camp , Caftalde commanda au Maiflrc de Camp Aldcne, lequel eftoit pour la defféce des Pals bas .qu’Efticnne Lozonfe Chcualier fort Loxonfe renommé entre les Elongres, euft auec George Lieutenat Sotede à fe mettre dedans Themefuar, auec nx cens cheuaux pour la garde d’icelle , amp;nbsp;encor pout plus grande alTeurance d’icelle, comman- fuar. da qu’Aldene mcfme y entrait auec tous les Efpagnols qu’il auoit pres de luy.faifant Lozô-fe gouuerneur de tous ces pais , amp;nbsp;general fut toutes les affaires de la guerrc.Iceluy auec Aide-, ne auoit fait remparer Theinefuar, amp;nbsp;quelques autres lieux, le pluftoft qu’il auoit peu , Slt; fça-chant que l’cnncmy eftoit défia en campagne,

R iij

-ocr page 284-

Balt or à Lippe,

Hifloire de Hongrie trauailloit i faire fortifier la ville de bons rcm-^; parts amp;nbsp;baftions allez forts, donnant de toutes thofes qu’il oyoit, ou qu’on faifoit, aduertifle-ment a Andre ßattor lequel eftoit à Lippe.Bat-tor voyant la neccflite qui preflbit vn chacun, commença à aflcmblcr le plus d’hommes qu’il peut,frdicitant tout le peuple de (a Prouince,5£ l’admoneftant à ce qu’vn chacun cull à le fc-courir cotre le commun ennemy. Il attira fem-blabl ment à foy les principaux Seigneurs des B hatiàns,non pour raider de leur fccours,mais afin qu’ils ne fc tetiraflcntau feruice de Belcr-bey, cognoiflant leur inconftâce eftre telle que ilslcioindroientaupartyqui auroit du meilleur. Les ayant attirez à foy, amp;nbsp;les ayant fait iu-rcr fidelité à Ferdinand , pour les gagner encor dauantage il en fouldoya quatre mille fans plu-fieursautres Capitaines, Icfquels libéralement vindrent demander qu’on leur donnaft la foul-de comme aux autres : amp;nbsp;ayant en grande diligence amafle iufqucs à quinze mille hommes cnfemble, defquels la plufpart cftoient de chenal, il fe meit incontinent auec ces troupes en campagne , amp;nbsp;falla loger au deflbus de Lippe, eflant la ententif,à fçauoir ce que l’enncniy de-fignoit de faire , qui eftoit encor campé entre les deux flcuues (ufdits.Caftalde en mefmc teps faifoit diligenter toutes les fortifications de toutes les villes de Tranfiluanie,corne il voyoit eftre necelTairejamp;ayant efté acertené que le Be-lcrbey venoit à Themeluar enuoya vne autre compagnee d’Eipagnols pour entrer dedans,

-ocr page 285-

Liure quatripÇme.

des deniers pour paver les Rhatians.lcfquels il fçauoit cftre muablcs amp;nbsp;inconft ns, Sr iclquels il eft'^it bc'oing entietenii par plufieurs payes, afin qu’ils ne fe reuoltaficnt. De l’autre part, il tnettoit toute peine a inciter le Moyne George à ce que promptemét, comme Vayuodc, il lult à afiemb er tous les gens de guerre du Royau-mc, pour aller aucc iceux fecourit 1 hemefuar, fiiuamen-mandanti André Battor qu’il enuoyaft à Lo tnajjijon 2on(e le plus d’hommes qu’il pourroi t,afin que ilpeuftempefcherle paflage du Tibiicquc au Bcletbey. Le Moync cltoit fort lent amp;nbsp;craintif à amaigries gens du pays , ayant auparauant commandé qu’aucun n’cuft à fc mouuoir Lns fon ordonnance amp;nbsp;expres commandemét,faf-fcurantqueleBeletbeync pafieroit le Tibile-que,5c qu il 'ne feroit befoing de tel amas, pour l’amour des lettres qu’il auoir enuoyces au'I urc amp;nbsp;aux Bafehats . Mais apres qu’il eut entendu pour le certain qu’il auoit fait dn (Ter deùx pots fut le Tibi leque, il f en alla incontinent à Deuc amaflant des enuirons trois mille chenaux , amp;

auec iceux fe logeant en la campagne, clcriuit à toutes les villes quelles euffent en diligence à enuoycr les hommes quelles cftoict tenues de fournir par la couftume. Ce qui fut aucc vne grande célérité execute. Or quand on veut af- fduamt fembier par les Seigneurs fupeticurs cefte in- faura-fantetic amp;nbsp;cauallcrie, telle que chaque ville cft ’quot; ’Iprï« tenue de fournir, amp;nbsp;principalemétpour la tui-tion amp;nbsp;dcffence generale de tous, la couftume de cefte Ptouince cft d’enuoyer vnelace Sc vne

R üi)

-ocr page 286-

Hißoire de Hongrie

elpee cnfanglantcc, Icfqu Ues lont portées à ch. ual par vn des principaux ofticicts de chacune ville, ou lieu, amp;nbsp;clleuces en haut, Öfen ligne d’vnetrcs-grandeneceirité, monftrccpar tous les enuirons, auec vn autre homme à pied qui va criant : l’ennemy commun vient contre nous tous , .'ppreflcz pour lefalut vniuerfel vn homme pour chaque maifon,amp; l’cnuoyezptô-ptement celle p ut qui vous a efté fignifitc. ce erv chacun fiir diligemmét partir tous ceux qui (ont aptçs amp;nbsp;fuffifans à porter les armes, amp;nbsp;les enuove on au lieu qui cil ordonné : Etainfi en peu de temps on allcmola grand nombre d’hommcs tant à pied qu’à cheual ,'iaidant à ce grandement le Coing qu’en auoitCaftaldc , lequel l'ur tout faifoit haftet les hommes qu’il a-uoitfaitleuerparle Royaume , d’autant plus

’“°'' foupçon fur le Moyne,lequel ne cef farCn- foittamaisdcfesforceràle chaffer hors de ces fiätde. paysjdontileftoitfortbiéaduertyparlc moié d’vn qui eftoit fort familier du Moyne, lequel luy en donnoit tous les aduettiffemens. A cefte caufe Caftaldc cheriffbit le Moyne George pat tous moiens qu’il luy eftoit poflîble, amp;nbsp;f’esfor-çoit toufiours à luy gagner le cœur, amp;nbsp;ce d’autant plus qu’il le cognoiflbit leger amp;nbsp;inconftâr, amp;auoit crainte du Turc , ayant toufiours def-fiance que pour fon inconftance il changeaft le party de fes amis,pour fuyure ccluy de fes enne-^ßitsco- nais. A celle caufe il le fit confirmer Theforiet gencral,auec quatre mille florins d’eftat par an, amp;nbsp;encor Vayuode du Royaume, auec quinze

-ocr page 287-

Liure quatriepne. 135 mille florins par an, ainù qu’il auoit demandé, Se auccpuiflance en temps foupçonneux d’a-uoir huit cens cheuaux ôccinq cens hommes de pied pour fa garde, amp;nbsp;outre deux cens autres cheuaux qu il deuoit teniràDeue, amp;nbsp;àGher-ghe Châftcaux 8c places fortes qu’on luy auoit baillez à gatder.Eftant par tels bienfaits vaincu il vint à la Dicte de Sihinio , qu vnpeu deuant on auoit affignee,ou edit vn chacun arriué, ou tequift toutes les nations du Royaume, fçauoit eft les Sicilicns,lcs Saxons 8c lcsTtanfalpins,de côtribuër quelque Comme de deniers pour fou-ftenir les frais de la guerre , ce qui fut accordé pour la plus grand part. Et cependant que le Moyne lemonftroicfcruitcur de Ferdinand, il ne laifioit de traiter aucc le Turc fccrcttcmcnt, pour faccorder auccluy, 8c en recompenfe du bien qu’onluy auoit fait il faifoit toufiours venir les gens de guerre defquels il Ce finit le plus, aucc le'quels (oubs couleur d’.iller chafler le Turc, ilvouloit de fait mettre hors du Royau

me les gens de Eetdinâd.En ce temps vint nou- Maximl-uellcs comme Maximilian Roy de Boheme e- Uanejpou. doit retourné d’Efpagnc , aucc Marie fille CharlesEropereuv,Sc qu’ayant pafle par l’Italie il eftoit arriué à Vienne ,où à l’occafion de ce il impcrew. f’eftolt faicl force f (les Se- tournois, 8c comme


on auoit apporté de Rome lettres à fa Majefté, par Icfquclles à la premiere creation des Cardinaux qui fc deuoient créer, le Pape promettoit de mettre en ce nombre le Moyne George.Ferdinand ayant entendu que le Bafeha de Bude

-ocr page 288-

Hißoire de Hongrie trauailloitàce qu’il ne peut accroiflre fon cap, fit outre les gens qu’il enuoyoit en Tranûlua-nie,ren forcer les garnifons qui eftoient es fion-ticres de Hongrie, de peur que le Baicha fc jetquot; tant fur ce quartier ne ft. n fift fi toil maiftre cô-SffOBrsf». mcilfelepcrfuadoit. 11 dépefeha AndréBran-UDfé far dayeaucc vn regimet de trois mille Allcmans, Terdmand SiC Charles Seherettin Seigneur Slcficn aiicc 4 Cafial- quatre CCS chenaux, la p'us grand part dcfqucls eftoient hommes d’armes, amp;nbsp;le teftc piftoliers, le tout fous la conduite du Marquis Sforcc Pa-lauicin lequel pour lors eftoit CommilTaire general du Camp. Eftans tous arriuez à Varadin ils firent là fejour,attf dans ce que Caftalde leur voudroit commandcr.Iccluy voyant qu'en aucune maniéré il ne pouuoit partir hors du Rpyquot; aumefans donner au Moyne grand loupçon de foy, enuoyadireau Marquis Sforce qu’auecles gens qu’il aiioit amenez d’Allemagne , il euftà fc venir ioindreau lieu ou il eftoit: amp;nbsp;cepédatit laiiTant en Albeiulc vne côpagnee d’Allemans, vnc autre à Saircbefte,amp; deux à Sibinio pour e-ftre la plus grande amp;nbsp;importante ville de Tran-filuanic , auec le peu d’EfpagnoIs qu’il menoit aucefoy , ôcaucc le refte des Allcmans partit pour fe venir ioindre auec le Moyne. Et lors il entédit que défia le Belerbey auoit paifé le ,Ti-bifeque, auccvne puiiTante armee de quatre vingt mille perfonnes tant d’infanterie que de cauallcrie,ainfi que les efpics rapportoient, amp;nbsp;ceux qui diligemment auoient recogneu fon camp : amp;nbsp;qu’il faifoit mener cinquante pieces

-ocr page 289-

Liurequatrie/me. 134 d’artillerie tant grofle que moyenne,pour mettre en batterie,amp; qu’auec ceil appareil il tenoit le chemin de Themefuar.Le Beletbcy ayâtainfi Thtme-pafléleTibifeque,manda incontinet à Lozon-lequ’ilcuUau nom du Grand Seigneur à luy rendre cede ville,8lt; qu’autrement ( il n’en vouloir rien f,ire , ilproteftoit de la renuetfer de fond en comble,amp; cnfcmblc faire perdre la vie à luy, amp;nbsp;à tous ceux qui (e trouuetoiét aucc luy, amp;nbsp;qu’il cxccuteroit, fuyuant le commanderaét expres qu’il en auoit, le tout fans auoir milcri-corde ny pitié d’aucun, Et au contraire fi fran-chemét, amp;nbsp;de bonne volonté il vouloir la mettre entre fes mains, qu’outre le guerdô amp;nbsp;vraye rccompenle, il vferoii de toute la courtoific amp;nbsp;grace de.laquelle à 1 vfance de bone guerre on aaccouftumé vfer enuers les vaillans amp;nbsp;bons foldats , amp;nbsp;que parla il acquerroit l’amitié du Grand Seigneur, de la faneur duquel il n’auroit jamais faute,Lozonfe à cefte fommation luy fit refpôce que cefte ville appartenoit au Roy des Romains,Siqu’en fon nom il la vouloir garder amp;nbsp;deffendre , ne reco2,noi(rant autre Roy ny Grand Seigneur de cefte Prouince que luy , amp;nbsp;qu’il fetoit beaucoup mieux de fc retirer en ar-licrc , quede venir aucc vne cruauté diftruirc ces pays qui n’eftoiét point fiens,amp; fur lefquels il n’auoit aucun droid, ny que voir fur eux, Sc que partant il laiflaftviurc en paix ceux qui ne luy portoient aucun dommage , amp;nbsp;ne luy fai-foient aucun ennuy. Le Beletbcy ne luy fit autre rcfponcc , finon que luy enuoy et par cfctlt

-ocr page 290-

Vïifloire de Vlongrie

CCS quatre vers tirez des œuures de Virgile. 1 .^rtte leurs er^opajeentur in aichere cerui,

Et fréta deßituent nudos tn littorefifies, K^Tntefererratis-amberumßntbus exul ^../îut ararim Parthus bibet,ii»t Germania Ty^ 'im.

Stahe friHi par It Turc.

Secherech friiti.

Voulant par iccuxdemonftrcr, que pluftoft les ectfs brouteroient en l’air , les poilîons Ic-roient abandonnez de la mer,ou vn banny ver-roit les fins du monde, ou vn Parthe beuroit de la Saone , ou l Allemanidu flcuue de Tygris, qu'il retournaft atrieic. P infi pourfuvuant fon chemin vint deuant vn petit Chafteau , qui eft quafi fut le pafijgc du flcuue, amp;nbsp;fc nomme (come ilacftéditcy deirus)Bccchc, Sifleflant cape deuant iccluy , Si vovant qu’il ne fc vouloir rendre commença a le faire battre rudement a-uec dix gros canons, tellement que la plufpart de la muraille cheut par terre. Dequoy eftâs les alfiegez fort eftônez, Si fe fentans perdus pour cftrc tout le Chafteau rompu Si ouuert, fe rendirent au Belerbey la vie fauue feulement, laquelle en ne leur gardant aucune promefrc,lcut fut ncâtmoins oftec par les lanilTaires, lefquels apres qu’ils furent fortis n’en laiflerent pas vn en vie de deux cens qu’ils eftoient, excepté le Capitaine,auquel le Belerbey auec grande difficulté fauua la vie. Partant de là auec vne partie de ratmcc,amp; deux doubles canonsvint deuant vn autre Chafteau nomme Becherech, lequel cftonné de l’infortune aduenuëà Becchc , fans vouloir attendre autrement le canon fe rendit incontinent. Ce Chafteau rendu le Belerbey fit

-ocr page 291-

Litire quatriejme. y marcher en diligence route fon armee droid à vn autre Ch «fteau nommé Senath, autrement Chinath J an deuant duquel il fit faire arreft à tous (es efeadrons, pour voir fil (è voudroit ré-dre.S: cependant qu’il cftoit en ces attentts,les Rhatians du party de Ferdinand, voyant que k Rha. Camp du Turc apptochoir aucc grande force puiirancc,0c cftimans que celuv de Ferdinâd cltoit trop long temps a (e mettre en campagne péfans tous qu’il n’eftoit inconuemét de manquer de parolle, amp;nbsp;du ferment qu’ils auoiét fait au Roy,encor qu’ils cufTcnt touche la fouldc,fc retirèrent d’vn comun accord vers le Belcrbey, luy enuovans pour fa plus grande aflcurancc leurs femmes amp;enfans, amp;nbsp;ce à caufe que les Turcs n’ont accouftume de fc fier trop d’eux, cognôtlFans leur 1 gereté extreme. Aptes qu’il eut rect U ces Rhatians, il fit tenter ceux de Senath de quelque accord, leur promettant qu’en fe rendant il leur conferuercit l’honneur amp;nbsp;la vie, amp;nbsp;les lairroit iouyr de tous 1 urs biens pai-fiblernét. Auec ces conditions ce Chafteau vint Senath foubsfapuiffmcc , amp;nbsp;laiflant en iceluy bonne garnifon , il chemina à grand hafte vers l ippe, laquelle eftoitloingde dix lieues , laiftant derriere la ville de Themefuar,laquelle pour lots il ne vouloir allitger, mais fe la referuoit pour v-ne meilleure commodité , amp;nbsp;ne fit autre chofe que la remarquer toute, amp;nbsp;puis pourfuyint fon chemin.Chacun lugcoit qu’il n’auoit voulu cn-treprendie fur cefte ville pour autre raifon, que parce qu’il eftoit bien informe qu’il y auoit de-

-ocr page 292-

Hifloire de Hongrie

dans icelle de bons hommes , 5c en allez grand nombre, amp;C qu’elle eftoit fuffifaramet munie amp;nbsp;remparee, tellement qu’tl edimoit l’entreprin-fe difficile,amp; que peut « ftre il ne l’auroit iamais gagnee. Ainfilajffiintce fiegepour vne autrefois, iugea cftre plus profitable luy öfter toutes les fortereffis d’alentour,amp; fpecialcmct l ippe, qui eftoit le vray paftàgc pat lequel Caftalde eftoit contraint luy enuoyer toUt le fecours qui luy eftoit ncceflaire, amp;nbsp;qu’aptes fc voyant prince de toute efperance, il n’y auroit doute qu’il nel’cmportaftouparForce , ou par compofi-tion.Or cftant vne iournee pres de Lippe,il en-noya foudain fou auant garde pour reengnoi-ftrcle camp d’André Battor,lequcl en fut inco-tinent adueity par lesfentinelles qu’il auoit mi-certains endroits, pour eftrc acertené ^uitieLip. quand le Bclerbcy approchcroit. Icelles en dili-/quot;■«nef gence au commencement delà nuit apporterét nouuellcs à Battor,qui pour lors eftoit à 1 ippe, comme les Turcs approchoiét de cefte ville, amp;nbsp;qu’ils auoict défia defcouuert leur auantgirde. Battor fur cefte nouuell,e, durant cefte meftne nuit,fe retira fi confulementaucc fes gens,que quafi tout fon camp fur dcffaiól,parce que chacun de fon cofté cherchoit les moyens en fuvat de fe fauucr. Deflogeanr auec vne telle confu-fion il laifià dedans le Chafteau pour gouucr-ncurie Capitaine Pete Hongre , tant pour les armes que pour autres charges fort renommé, auec trois cens chenaux amp;nbsp;quelques Aiduchs, qui comme nous auons monftré cy deuât font

-ocr page 293-

Littre quatrießne. 136 gens de piedjcfquels auec îcurs armes amp;nbsp;façon de combatte imiter les Turcs, amp;luy commanda qu auec ces gens il gatdaft au mieux qu’il poutroit la ville Si Icchaftcau. A peine cltoir L« Bo«»*-patty Battor,quand dés le matinlc Bourg-mai- maiflre (i» ftre de Lippe , quicftle premier officier de la ville , amp;nbsp;qui d’an en an eft cv:c. Si efleu , pour ' l’adminiftration d’icelle, allattouuer Vete, luy difant ouuettement qu’il vouloir rendre la ville auBcletbc v, puisqu ilncvoyoitperfonnequi la p: uft deffendre eftant abadonnee par Battor, Si qu 11 n’y auoit pas vn des citoiens qui fe vou-luft perdre auec fes enfans,femme, fœurs amp;nbsp;tc-uenu, fçaebans tous que fils vouloient fe mettre en detfcncc.quc le Beletbcv les feroit pafTer tous au trenchant de l’efpee , Si que pour celle, crainre ny eux, ny les autres Rhatiâs qui eftoiér reftez en la ville ne vouloient encommencer chofe qui en peu de temps leur appottaft perte 6c ruine,ny experimenter follement cefte mife-rable fin , laquelle ils voyoient ja leur dire ap-prefl c fils fe deffendoiët, cftans alTeurez qu’ils n’auoiét force nv pouuoir de luy refi(ler,5c que ^our ces confidrrations il cfloit refold de porter les viefs de la ville au Bc'xtbey, Si que quîd à luy il fit du Lhaflcau ce que bon luy femb'e-roit.Pcte voyant vnc telle rcfolution, Si iugeât bien qu’eftans les Turcs en la ville , ilpourroir malaifcmét detfenchc le Chafteau eflima dire meilleur amp;nbsp;plus vtüe pour le fetuice de Ferdinand , en fl unities fold.rts qu’il auoit aucefoy, i fe retirer que d’attédtc Si fe perdre tout enfem-

-ocr page 294-

J-Jifioire de Hongrie

si dmot ’ Jeffe, tontre le Ture.

bic ; Ainfi abandonnant Ic Chafteaii amp;nbsp;la plus grand patt dc la ville fortit hors auec tous fcs gens de guerre , amp;d’vn autre collé le Bourg-miiftrc alla incontinent trouuer le Belerbcy» auquel en luy rendant la ville amp;nbsp;les clefs , il fit tous lignes d’obeïlîànce, amp;nbsp;en recompenfede ce le Belerbey le rcccut fort amiablcmcr, vfant enuets luy deforce ci reifes , amp;luy faifant des prefens , Sc bien toll apres fen alla auec luy à LippCjOU il fe logea auec toute Ibn anuee , amp;nbsp;'f fejournadix iours, fe relîoüillànt dc cc que fans perte defes gens toutes chofes fcrendoiétàluy pailîblcmcnt, Si imaginant en foy-rncfmc que tous les autres lieux en deuroient faite dc mef me, f esforça de tout fon pouuoir dc prédre vn petit Challeau fort à merucillcs, nomme Soli-mos, qui cil lîtué fur vnc montagne, dillantdc Lippe feulement la portee d’vnc couleurine. Les foldats qui clloient dedans clloicnt Hongres , Si ctlimans peu le camp des Turcs fe de-fendoient vaillamment, f’alfcurans qu’en peu de temps Callaidc leur donneroit fccours,comme à la vérité il leur en donna, amp;nbsp;môftrans leur vaillantifc Si courage , faifoient tous les iours des faillies furl’cnnemy, Si endommageoirnt Si trauailloicnt le Belcrb y le plus qu’ils pou-uoient : tellement que voyant qu’il ne les pou-uoit auoir ny par promclfcs, ny par bonnes pa-rollcSjUy par offres plus queraifonnablcs,ilfuc contraint les lailfer en paix, fe perfuadant qu il les aurait à la fin,ou parvn logiiege, ou dcleut propre volôté. Aiuû lailfant dedans Lippe cinq mille

-ocr page 295-

Liure quatriefme. 137

mille cheuaux.amp;dcux cens tanilfaircs des meilleurs , quifulFent en (on camp foubs la charge d Oilman Bech Pctfi.an { qui vn peu deuant pour quelque indignation qu’il audit contre le Sophy, f’eftoit retiré de Perfe au feruice du Turc)f’cn alla aucc tout le reite de l'armec pour aliiegcrThcmefuar , eftimanr qu’apres l’auoir conquife il ne lairroit rien derriere , qui ne fut alTeuré , amp;qu’i n’auroitp usoccafion d’.iuoir peur d’eftre arreft '■ par le fecours qu’on cfpe-roitdeuoir eftie cniioyé par Ferdinand The-yj^^^*' tnefuar eft vnc petite ville enùirônee d’vn fleurie nommé T hemes .duquel elle prend le nom. La moitié d’icelle eft fermée d vne murailh faite de terre amp;nbsp;de bois en forme de baftiott , iS. à deuant foy de grande fofles , marais amp;nbsp;pains

' pleins d’eau lt;qui la rende nt en ceft endroit tellement forte quelle ne peut en aucune façon éftte batuë ftc encor moins allîegee. L’autre moitié eft ferm ed’vne murûlle de quartiers à 1 antique, laquelle on commet a à renforcer incontinent qu’on feeut que le Belerbev la vouloir venir aifteget, en faifant par le dedans vne tre nehee longue de cent cinquante pas. amp;nbsp;large de la portee d’vne picque ùi auih profonde, auec festrauerfes Si detîcnces nece(riites,amp; de-fous vne tour qui eftoitau m lieu on fit vne cafe- matte pour deftendrele fafT. de tous cofttZ, qu’on auoitjà fortifié aucc les flancs propres pour le )cu de la feopeterie. Cefte ville eft ms ainfi fortifiée,on retira dedans icelle tous les vi-mes qui cftoicnt aux deux faUx-bourgs de 1*

S

-ocr page 296-

f-lißoire de Hongrie

ville,amp;■ brufla-on le plus grâd d iccux, afin qutf l'cnnemy nefy logeaft, amp;nbsp;l’autre quitftoit en-uitonne de deux bras du flcuue dlt; meura entier iufqucs à ce qu’on veid ou Ce camperoit le Be-lerbey,en intention dcledcfFtndic,tancpar ce qu’il eftoit afl'c z deffenfable, que pour la commodité qu’on en receuoit, amp;nbsp;tous fc delibere-rét de garder celle ville contre la fureur des Bat-Theme- bares,OU de mourir gloricufement. Eltans ainfi aßie- tous cn ccftc fctmc deliberation voicy artiucr l’auant garde des Turcs le quatorzitfme d’0-ôlobrc pour recognoiftre le lieu , amp;nbsp;pendant qu’ils eftoient empefehez, Si attentifs à ce Lo-zonfe, fortit dehors auec quatre cens cbeuauX quafi contre la volonté du Maiftre de Camp AldeneîlcCapttainc Vfgliandrando fortit audi auec cinquante arquebuziers, pour efearmou-eher contre l’cnnemy , Sepourfuyuant l’cfcar-moucherlfitcncc iour les aôles d’vn bon vaillant guerrier, comme de mcfmc fut remarqué vn Cheualier Efpagnol nomme Alphonce Ferez de Sajauedra, auquel vn peu deuant Ferdinand auoit donne vnc côpagnee de cheuauX Hôgrcs. Lozonfe d’autre part auec fes cheuaux fit en ce iour tout ce qu’homme l^auroit faite contrevn cnnemy »tellement qu’eftant ainfi bien accompagné delà vigilance , fubtilité amp;nbsp;dextérité de ces arcqucbuzicrs, il côtraignit les Turcs qui eftoient deux mille,fc retirer iufqucs à leurs gros efquadrons : Si cefte efcarmouche dura iulques à ce que le Maiftre de Camp leur «nuoya commander la retraite, craignant qu«

-ocr page 297-

Liure quatriepne. 138 pouvlcur trop grade h-.rdi (Teil ne leur aduint quelque encobre,pour cftre les Turcs en trop grand nombre , amp;nbsp;confiderant qu’ils auoient donnéaVennemy atTcz fuffifant tifmoign. gc de leur vaillantifc Suyuant ce commandement ils feretirctet (ans perte d’aucun de leurs g ns, encor qu’ils fulTent chargez vigoureufement iufqucsdedans l’ehtree du Faux-bourg, ouVi-gliandrandoprcuovahtbicn cccy , auoit laific, quelques arcquebuziets pour le fouftenir quad il feroit fa retraite, amp;nbsp;C‘.fte preuoyance luy (eruit de beaucoup, 8c endommagea grandement l’ennemy, lequel pour la crainte de la fcopetc-rie de ces arcquebuziets fut contraint f’arreftet amp;fe retirer en arriéré. Le iourd’apics celle ef-carmouche le Bclcrbcv comparut deuant la ville auec tout fon camp en bataille , lequel à rai-fon des Rhatians qui f eftoient dclbandez de noftrepart , 8cf’eftoientrangez versie Turc, cftoit creu iufques au nombre de quatre vingts dixmillehômcs;8cparvnete le móftreil efti-moit faire peur aux no (lies feulement par la veuë de fon atmeciSc voulant commencer à rc-cognoitlrcla place, fut parles faillies d s a*Fie-gez tellement empefehe qu’il ne peut pour lors taire ce qu’il pourpenfoit. Le Maiftre de Camp cependant enuova cent arcquebuziers dedans le fauxbourg, pour le deffendre cotre les Turcs iufques à ce que les munitiôs qu’on auoit trou-uees en iccluy 8c gagnées fulTent mifes dedans la ville pour f’en aider durant ce fiegc Le feeôd iout d’apres cellui-cy, le Bcleibey tir alTeoir de

S ij

-ocr page 298-

J-lißoire Hongrie nuit fa batterie, amp;nbsp;du cofté ou de bonne forta-ne Lozonce amp;nbsp;le Maiftrc de Camp auoient cô-mcncé à lu fortifier dauantage Ce qu’cftant en-tédu par les noftres, par la confefiion d’aucuns prifonniers, lefqucis ils auoient prins par le moyen de b urs faillies incontinét firent en diligence eftendre en celle nuit cinquante pas da-uantage le retrenchement qu’ils auoient encô-mencé, ti llcincnt qu'ils fe fentoicut afTcz forts le lédemain. Et l’tnncray avant bien rceogneil le lieu,commença dés le fin matin à battre aucc deux canons , deux moyennes amp;nbsp;autres petites pieces,aucc Icfquclles ils tiroienr contre ks défi nccs pont les rompre Les noftres voyans vne batterie fifoiblc [ encor qu’Aldene euit défia mandé à Caftalde , que fi dedans vingt iours il n’eftoir fecouru il feroit contraint rendre la ville) eftimoii nt autant comme rien l’effort des Turcs,par- ce qu’ils iugeoient bien que par vne tel e batterie ils ne pouuoiét eftre perdus, fi da-uenturc iis n’cftoiét battus de fi grand nombre d'artillerie qu’à viuc force les murailles fuftent ouuerres de toutes parts, dont ils auoient quelque desfiance , craignans que le Belcrbey ne fit conduire autres fept doubles canons qu’on de-uoir tirer hors de Belgrade pour cefte gu^re, ainfi qu’on auoit entendu par les fufdits prifonniers, Or pendant que ces chofes fe palloient à 1 hemefuar, Caftalde ayant premièrement mis , en routes les fortereffes garnifon d’Allemans, 'îr'aûomt* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;auoir remédié au defordre faid à Braf-

' fouie par les foldats, Icfquelsf’cftoienï efmtuî

-ocr page 299-

J iure (juatrtejme. 139 contre les cycoiés,amp;leiir aiioient fait degrands outrages, amp;nbsp;pour laquelle mutinerie elleindrc ôc appaifer,il fut de nicftier vier d’vne feuere lu-ftice contre ceux qui en auoient cfté autlieurs, (ionnerpar icelle vn ex mple aux autres de bien ■ iure car les aucuns furet execute z, autres bannis , amp;nbsp;autres condamnez pour quelque temps à tenir ptifon. Apres,dis-ie,que Caftaldc eut misotdrcàccsartaires, il fe vintioindre a- Cajialit. Qec le Moyne, lequel auec vne grande diligence amp;nbsp;promptitude,auoit défia amafle enfemulc tant de gés de cheual que de pied vne armee de foixitc amp;nbsp;dix mille hommes, laquelle encor de iour en iour croifibit, amp;nbsp;mcfmement par l’arri-uee du Marquis Sforce Pallauicin auec trois mdle Allem -ns , amp;nbsp;de Charles Scetettin auec quatre cés cheuaux, 8c finab'cmct par la venue d’André Battor auec dix mille hommes, lequel apres fa retraite de lippe, auoitainfi redrefic fon armee,laquelle fi Itgeremcnt 8c par vne cô-fufion f eftoit delbandee. Par tel accroiflement Caftaldc 8c le Moyne auoiét en leur camp bien ' quatre vlngts dix mille hommes tant de foul-doyezqued’enuoycz , 8c auoient auec ce cinquante pieces d’artillerie.Mais combien cyie ce nombre fuft grand fi eftoit il neantmoins petit pour faire quelque cho*c de bon , par ce que LaTran-c’eftoient gens peu expérimentez , Icfquels ftoient enuoyez de chaque maifon, ainfi corn- ■S'quot;’ me en ce Royaume on a accouftume de les en- J* uoyer pour telle necelTité , mal armez 8c fans ^ourl^pl' aucune expettife de guette, tvllemct qu’ils font fart,

S iij

-ocr page 300-

YMfloire de Vïongrie plus aptes pour ne faiie que du trouble amp;nbsp;ftiyr qu pour combatte amp;nbsp;pourfuyurc l’enncmy. Pour ces confidcrations Caftalde n’auoit grande cfperance fur eux , ains feulement fur ce peu d'hommes qui eftoient fouldoyez du Roy,dcf-quels amp;nbsp;non d’autres il faifoit copte pour quelque bonne necelfité, Se pouuoicnt monter iuf-ques au nombre de quinze mille tant de chcual que de pied de toute nation, fc cofiant fur tout en cinq cens Eipagnols qu’il auoit toufiours a-ucc foy, au quartier defquels tant en campagne comme ailleurs il faiioit toufiours drefler fon logis. Et par- ce qu’entre tant de n tions qui de diuerfes parts (’cftoict la rendues, on ne voyoit fias grand ordre nv obferuace de dift ipline mi-itaire, mais pluftoft pour les haines, querelles amp;nbsp;inimitiez priuecs amp;nbsp;publiques, qu elles ont les vncs contre les autres, vnc confufion extreme. par-cequ’vne Prouince ne vouloir fe ioin-dreauee l’autre, mais chacune vouloir faire fa monttre Sc fe rager à part, ny profitans rien les prières de leurs Capitaines , nyde leurs Superieurs, Caftalde dt firant abatte toutes leurs dif-fentions particulières, amp;les réduire en vn,pour ne laifler croiftre parle moyen de tels tumultes amp;nbsp;defordtes, l’efperance de l’enncmy, amp;nbsp;affoi-blir les forces de Ferdinand: faifant conuoquer tous les prinçipaux d’iceux, leur fit vnc telle rc-inonftrancc : Vos Anceftres anciennement flo-rifl'oicnt par bonnes amp;nbsp;louables couftumes, amp;nbsp;abondoient en toute vertu, fpccialcmcnt és affaires de la guerre , ou parle pafte ils acquirent

-ocr page 301-

Liure quatriepne. 140

Ic dernier comble d’vne gloire etemelle •. telle- “ ïBtnt que par là ils furent en grande admiratiô quot;nbsp;enuers toutes nations,Roys amp;nbsp;Prouinces.M ais quot;nbsp;depuis que ce chemin de veitu a cfté del ai (Té quot;nbsp;par ceux qui font venus apres eux,ôc qu’il a ifte “ couuert de toutes parts, ôcobfcutcy de vices, cefte fplendeur amp;nbsp;lumière de vraye gloire , en “ delaiflant à l’efcirt l'ancienne difeipline mili- quot;nbsp;taire eft demeutee entre vous autres Daciens quot;nbsp;tellement offu'quee, qu elle a engendré parmy cefte Prouince vnc perte êc dommage infignc. “ Cequcconfiderantmaintenâti’ay eftimé n’c- quot;nbsp;ftrt moins neceflaire que louable,reformer ce- “ ftc armee , ôc la remettre en tel eftat que porte “ noftte aneténe touftume amp;nbsp;obferuance; ce qui quot;nbsp;ne fe peut faire fans vous. Partant ie vous ay “ bien voulu aduertit Si rcmonftrer , que dclaif- “ fans toute auarice , abandonnanstousplaifirs, “ defdaignans toutes les delices du corps amp;nbsp;chaf- “ fans en toutl’oifiuetcaucc vos haines Sediflen- “ tions occultes, vous vous efforciez à vous re- “ duirc Se remettre foubs l’obey (Tance 8c bon or- “ dre.foubs lequel vos anciens fouloient viure amp;nbsp;“ guerroyer, afin que fuyuans cefte reiglc, par le “ moyen de voftre bras vous ayez la voye de vo- '* ftre falut libre amp;nbsp;ouuerte,amp; que peuffiez eftans “ tous vnis enfemble remporter en vos pays, par ** la fuitte amp;nbsp;deffaite des Turs,des triomphes me- “ morables, amp;nbsp;non pas par le moyen de vos hai- “ nés dommageables accroiftre leur puilTancc; amp;nbsp;quot;nbsp;en ce faifant vous vous pouuez alTcurer que “ VOUS m'aurez non comme Capitaine general, quot;

S iiij

-ocr page 302-

Hifloire de Hongrie mais comme plt; r amp;nbsp;compagnon, tant pour le bien tomme pour le mal. Par la vertu de tcl.es pavollcs tous ces peuples qui eftoient li difcor-dans falTemblcrcnt en vn , ayans plus de rcue-rcncc a la petfonne qui parloir, que d’efgatd à leur particulier , amp;nbsp;furent contens d cft c ran-g Z amp;nbsp;défaire monftre auec les autres. Laquelle tliant faite Caftaide ôc le ^lor ne George a-licc telle aimee amp;nbsp;artillerie commencèrent à marchera grandes tournees,defirans donner fc* cours en diligécca 1 ozon!camp; ?ldene,lcfqucls eftoient albegez aTliemeiùar.Fn theminant 'c K' oync voulut mener l’aiiant garde,ayant tous fcsgtnsauccloy. Aiais quand fc vint à approcher l’rnncmy, Caftaldccn print la conduite a-utc les meilleur«, foldats qu’il euft.laiflant la bataille a l’autre. amp;nbsp;chiminant en celle fat on fai-foit luy-mc(me le.s logis pour toute l annee, chôilîlTanr roulîours les lieux qui luy fcmbloiét plus forts amp;nbsp;commodes que les autres, afin que de pas vn colle fes gens ne receulTcnt aucune perte,faifant continuellement marcher fon câp en bon ordre,encor que ce full auec grand peine pour eftre 1 armee grolle,8clc chemin par ou il conuenoit palferalTcz cllroiramp;fafchcux, amp;nbsp;principalement en quelques endroits, lefqucls le trouuoient entre la montagne amp;nbsp;la riuicrc,e-llans quclqucsfois d cftenduè de douze à Icizc mille, amp;nbsp;eftoient fi ferrez qu’à peincy poiiuoit palier vn chariot. Et à celle oeçafion les ioiir-necs eftoientpetiteSjCe qui fafehoit fort Caftai-de voyant que par là taidoit le fccours,lequel il

-ocr page 303-

Liure qu At rie [me. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;141

deUberoit faire entrer dedâsThcmefuar.laqucl-le 11 fçauontcftrc rudement battue par le Bcler- .. bey.Or pédant que leCâp marchoit les cheisde eefte armee dilcouroient entr’eux, fi on deuoit Zej ch,fi allcrà Lippe,ou àThcmefuar,amp;: apres p’ufieurs nbsp;nbsp;lAnnet

aduis d’aucuns qui vouloicnt que pn micrcmét on allait atîîeger Lippe, amp;nbsp;d’autres quieftoient d’opiniô qu’on fecouruft Themefuar, amp;nbsp;qu'on vint puis apres afl'aillir l’autre , contre icfqucls le Movnc Gcotge rtmonftroit fort amp;nbsp;ferme qu’il failloic pluftoft aller droit à Lippe, difant pour fes railbns, que le Belerbcy pour fccoutir^ Oilman leutroit fou camp de deuant Ihcmc-fuar,amp; qu’il viendroit droit a eux, amp;quot;nbsp;que par ce moyen on euiteroit la fatigue d’vn chemin fea-breux, amp;nbsp;pourioit-onpuis apres ayfémcnt cn-Uüyer tels fccours qu’on voudtoit aux aflicgcz: Caftaldc ne trouuoit CCS opinions bonnes, amp;nbsp;piouunnt fon dite pardiuerfes raifons,fit en fin à vn chacun prendre telle refolution qu’on laif-feroit deuât Lippe vn Camp qui feroit fuffifant f-our y tenir vn fiege, amp;nbsp;pour empefeher qu’O-iman par des faillies ne leur donnait trop d’affaires,amp; qu’il ne pcult efehapper, amp;nbsp;qu’aucc le xefte de l’atmee,puis qu’il y auoit des gens afl'cz onf’achcmincroit vers Themefuar , amp;nbsp;qu’on pttndroit le chemin de Caranfcbcfl'e,qui elt vn . lt;nbsp;hafteau fitucaux confins dcsTranfalpins, nô loingdeT hemetuar, d’oii on ponrroit en peu d’heure enuoyer fccours à l ozôlc amp;nbsp;à Aldene, que faifant autremet rien ne viendroit à profit gt;nbsp;amp;nbsp;celte entreptinfe ne leroit fub.cftc qu’à

-ocr page 304-

Hifloire de lAon^rie vnc inconftantc fortune abandonnée de toute raifon. Aprcs,dis-ic,tclsaduis prins amp;.arteftcï, le Moyne tout à l’heure appellant à foy B ittot, afin qu’il fuft prefent à ce qu’il vouloir proférer dit à Cafialde qu’il auoit change de fant-fic, amp;nbsp;qu’il ne trouuoit point bon d’aller auec Cvfte armee fecourir Themcfuar,tenant pour certain que pour cftre compofee plus de gens ratnafleï amp;nbsp;mal armez que de bons foldats , ( dont les Turcs en deuoiét eftre aduertis) elle feroit rencontrée foudainement par rennemy,amp; que ces deux armées fentre- chocquans , noftrc Camp fans doute,par le bon ordre,longue exercitatiô amp;nbsp;experience de l’cnnemy, feroit rompu amp;nbsp;défait,amp; auec plufieurs autres raifons fnuoles pat luy mifes enauant, conclut en fin qu il eftoit müable,amp;que fon naturel n’eftoit point d’eftrc trop longuement ferme amp;nbsp;arrefte à vn propos. Caftaldeluy fitrelponce qu’il auoit raifon de reftrc,mefmcment és affaires d’importance, cf-qucllcs eftoit befoing prendre vn bon confcil, amp;nbsp;vfer d’vne grande preuoyance, n’eftant peu louable changer fouuent fon opinion de bien en mieux : mais feulement luy vouloir il per-fuader d’aller iufques à Lippe, ou apres felonie fuccez des affaires ils accorderoient entr’eux d’alfaillir Lippe, ou de fecourir Themefuar. Le Moyne répliqua qu’il fçauoit encor bien com-meThemefuar eftoit vne place qui n’eftoit gue-res forte,amp; que par vn Pollacquc, lequel il y a* uoit enuoyé, amp;nbsp;lequel apres auoir diligemmet fopfideré tout ce qui Py fajfoit dedans amp;nbsp;de-

-ocr page 305-

Liure qttatrießne. 142. hors.cftoit de retour pardeuers luy, il auoit entendu que les Turcs attendoient plus grand nô-bre d’artillerie , ic que les affiegez , combien qu’ils fulRnt courageux, i:. euÜcnt bonne volonté de combatte, ne pouuoicnt plus longuement endurer le fiege, pour les trauaux amp;nbsp;fatigues infupportablcs qu’ils cnduroientnuiâ Sc jour auec la paile amp;nbsp;la befehe pour fc rcmparec amp;nbsp;fortifier. Caftaldc oyant ces chofes auec autres raifons plus couloureesrepoulTant les fié— nés,luy remôfttoit qu’il fe deuoit fouuenir que fouucntesfois il luy auoit dit que n’eftant Lippe rccouuerte la Tranfiluanic feroit perdue, Sc que fon plaifit fuft de ne frauder la Chreftienté de l’efpetôncc qu’elle auoit conceuë de luy , Sc de la gloire qu’elle acquerroit par le tccouure-ment de cefte ville amp;nbsp;par la retraite de l’enne-niy , voulant en cela qu’il commandaft fcul, amp;nbsp;qu’il luy obeyroit comme Capitaine ptiuc. Par cesraifons il f’esfottoit de luy petfuadcr de f a-cheminer àLippe, amp;nbsp;mefmement attendu que le terme approchoit auquel on deuoit donnet fecours à LozonfeSc Aldene,ainfi qu’ils l’auoict demandé , ayansprotefté que fi durant vingt ioursils n’eftoient fecourus ils ne pourroient plus tenir, 8c feroient contraints fc rendre au Bcletbey. Le Moync foit que ce fuft de peur de donnervnc bataille auecle Belcrbey.ou que ce fuft pour côfidetation des pratiques qu’il auoit auec luy,pour pat fon raoyé fc réconcilier auec Soliman, ou bien par- ce qu’il cftimoit fon câp n’eftrc foutny d’hommes tels qu’il apparunoiti

-ocr page 306-

\Aifloire âe V[oK^Y{e pour vn iour de combat, ne vouloir dauenturî pourfcsrailons aduenturer fa perfonne, amp;nbsp;le Koyaume, ny cheminer plus auant, Se cncot moins fccounr Themefuar , ains fe monllroit aller vers Lippe d’vne fort mauuailc volonté Si pour fen efchappctpuisqu’autrcmentnepoU' uott-il faire , il ntreccnoit le chemin en longueur,amp; peut eftre pour d«âncr loifir a Oh man de fe retirer, par-ce qu’il ne penioit iamais qu’il euft voulu l’attendre d dans vne u mauuaÜe

te Turc f« rttire dt deuatTbt-mefnttr.

place Or vienne celle fctardifc du Moync c^e quelque caufe que ce (oit ; Cependant que l’vn eftoit fur les difputcs d’aller plus auant, amp;nbsp;l’autre de ne le haftet, on apporta nouucllcs comme le Bclcroty aptes auoir hatru Ihcmcfuat huiôl iours entiers , f’eftoic retire nonofcftant qu’on luy euft amené nouuelle artillerie , Ü nouuclles munitions, n’tftimant eftre (on plus feur d attendre là dauantage, ayant entédu que le Moync George Si Caftalde (’approchoient de luy auec vne grande armee. Et ainfi le iout que les noftrcs cuidoient receuoir l’allault des l’aubc,appcrccurcnt que les Turcs auoiet abandonne leurs tranchées amp;nbsp;les auoient laiffecs dégarnies de leurs gardes accouftumecs , amp;nbsp;qu’ils auoient retiré leur artillerie dedans ces Cha-fteaux, lefquels auparauant ils auoient gagnez, amp;nbsp;l’auoient la nuiâ: defplacee, auec vn fi grand bruit, que les noftrcs croyoient qu’ils en plan-taff nt encor d’autte pour les endommager davantage.Lozonfe Si. Aldencayans efté aduertis de ce dcllogcment, ne voulurent qu’aucun for-

-ocr page 307-

Li ure quatrießme. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;145

tic dehors, ne croyans que 1’cnnemy fc fuft entier ra ntretiré ; mais feulement firent foitir quelques Aiduchs pour aller recognoiftre les tranchées, ürdefcouurirl’occafion de tels rc-rnuëmcns. Ic' ux fonis virent que les Turcs fe-ftoicnt véritablement rci.irez,amp; à fi grand hafte amp;nbsp;aucc vn tel d fordre, qu’en figne de ce ils a-uoient laifle en leurs propres tranchées plus de deux cés boulets de fer d’artillerie, lefqm:1s furent foudaincmentenleuez par les noftteSj 8c portez en la ville. Le Moyne ayant prins cœur î pirvnteldeflogcment, fit apparenc'- d’en '.ftre fort ioveux,amp;. faifant le lendemain alT mbler le confeil, fut conclud en iceluy qu’il eftoit plus expedient ater àffàillir 1 ippe, pour ne la laifler derrière , que pourfuyute l’ennemy. L’armec prenant ce chemin , on entendit comme Üly-nian fe dtlibeioit de la deffi ndre tefoluemenf. lii comme on marchoit, amp;nbsp;qu’on eftoit jà arri-ue à quatre mil! de Lippe , arriua de nuift vn fa,t Car^ courtier le vingticlme d’Oôtobre , lequel ap-portoit nouu' lie, comme le Pape Iule tiers à la requefte amp;nbsp;inftance de Ferdinand auoit créé Cardinal le Moyne George, 5c luy apportoit le Chappeau rouge amp;nbsp;eniemble p'ufieurslettres des Cardin lux.lefquels fans le cognoiftre, ains feulement incitez des bons rapports qu’on h ut auoit fait de luy,luy mandoient cefte nouueilc, 6c vfans enuers luy de falutatios amples amp;nbsp;magnifiques , l’aduertiftoicnt aucc quel accoid 6s amont de tout leur College on luy auoit dorô U Chappeau ,lafl'cutans que non kuhmen«

-ocr page 308-

Hiflotre âe Hongrie

Cf ftc dignité luy cftoit deuë iuftcmcnt, mais aufli vne plus grande,pour cftrchome fi Çhre-ftien,amp; fi grand protecteur de la foy, dcfFcndat aucc vn tel trauail, amp;nbsp;auec vne fi grande indu-ftr» ce Royaume contre les Turcs, dont ils rc-ceuoienten general vn extreme eontentemet. Comme ceux cy 5c Ferdinad luy euffent eferit telles particularitez,amp; mefmcs fuyuant l’information grande qu’on aaoit fait de fa vertu,gra-deur amp;nbsp;courage, voyant telles chofes cftre gra-dement à fa louange, ne peut tant fc contraindre qu’il ne dedaraftappertement à tous en fa face quelque figne de ioye voyant qu’on tenoit fi grad compte de luy par tout, amp;nbsp;mefme à Rome ou tout le monde afiluoit. Mais d’vne autre part il n’eftoit pas bien content, craignant que le T Lire apres auoir eu aduertiflèment de ces bienfaits qu’il receuoit tous les iours de Ferdinand, n’cuft pour telle chofe à l’aduenir foupço fur luy,5c que pour CCS raifonsil euft occafion de ne fe fier plus à luy,commc iufques alors il a-uoit fait. A caufe de ces deux corttrarictez qu’il auoit en l’efprit, à ceux qui non pour vn peu fçauoientjôc entendoiét fes traits, il leur faifoit fcmblant de ne tenir compte de ce Chappeau, amp;nbsp;aux autres qui eftoient de plus grand calibre f esforço.it par quelques autres inuentions leur faire paroiftre qu’il en eftoit tout refiouy.Cefte mefme nuid en figne de rcfiouyfiancc Caftal-de commandaqu’on fit vne faluè de toute l’ar-tilleric,afin que le Moyne piqué par tek fignes fc rcfolull de fuyutc entièrement le party de

-ocr page 309-

Liure quatrießne. 144 îctdinad. auec vnc telle fincctité comme ïl de-uoit, 6c qu’il fc laiflaft du tout aller à fon fetui-ce , amp;nbsp;n’auoir les mains empefehees en tant de lieux. Mais tout cela ne fe falloir qu’en vain. Car auec fes rules amp;nbsp;finefles il tafehoit touC-

iouts de couurir fes trornperies,nc faifant compte, ou peu de cas d’aucune perfonne , qui fut vne chofe qui dcfpleut grandement autant à Caftalde côtne à tous les autres chefs , Icfquels fuyuoientle party du Roy, Cccy amp;nbsp;l’ambition des gardes amp;nbsp;qualitcz caufetent le commence- J, caftal, ment de la haine qui f’engendra contre luy , amp;nbsp;J«an(r« furent caufe en fin de fa mort, par-ce que tous ces chefs voyans qu’ils n’elloicnt aucunement eftimez de luy ,.ains au contraire tenus en mef-pris,commencèrent auoir peur d’eftte trahis 8c d’eftre en quelque lieu malTicrez. Or comme le Moync George par fa malice, en celant fa pen-fcc diflimuloit vnc chofe , Caftalde auec vne plus grade rufe 8c induftrie en ftignoit vne au-ttc.cnipefchanttoufiours qu’aucun n’cuft con-gnoifsâce du dcfdain qu’il portoit en fon cœur, fie ayant défia regardé aux mains du Moy ne,cô-inc-on dit, ne fe finit pour aucune chofe à luy, mais fc tenoit toufiours vigilant, 8c prenat foi-gncufcmentgardeàfesaftions.Ainfiquelesaf-faiicscftoicnt en tel cftat,deux iours apres arri- ƒ

A 1 i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;11 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;11 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Jementdt

ua YcrsCaitalac vn Gentilhomme de la part de Ferdinand, nommé Iules Salazar, lequel eftoit â caflal-venude Vienne en grande diligence, auec let- po«r très de créance, qui eftoit telle que fi pour lors Caftalde n’eftoithors de Tranfiluanie, il n’cuft

-ocr page 310-

'ir^tßoire de }^dngrie

à en bouger, amp;nbsp;qu’il euft à fc maintenir en icelle,tellement que le Moync n’euft commodité de le mettre dehors, amp;qu’auec le meilleur moié qu’il pourvoit il i’cuft à le faire tuer, par-ce que non feulement il anoit veu par fes lettres, mois auoir entendu de certain , par quelques aduet-tilTcmens venus de la porte du ï'urc, amp;nbsp;du Roy dePoulongne , amp;nbsp;d’aucuns fiens Secretaires, qu’il brafloir de f’accoidcr auec les Turcs, amp;nbsp;le faire perdre auec toute fon armee, 5f fc faire Seigneurabfolut de Ttanfiluanic, amp;quedeuat qu’il euft mis à execution ce qu’il deliberoit, il l’adoertiHoir d’auoir l’œil fur luy, amp;nbsp;qu’il fill en forte qu’il ne fentift aucune irahifon tomber fiirluv , amp;nbsp;qu’il rcmettoit en fa prudence le» moyens defquels il deuoit vferpour ce fait.fça-chantfegarentir du danger ou il poinioit voit fa perfonne amp;nbsp;les gens. Ayant donc Caftaldc entendu ce que Ferdinand luy mandoic,il ne trouua cela nouueau, par-ce qu’il vor oit délia bien que le Moyne vloit de peu de finccrité es affaires qui rouchoient leferuicedu Roy. Mais cela luy feruit de confirmation de la défiance qu’il en auoit. Or pout ne luy donner occafion de foupçonner aucune chofe, il luy fit entendre auecnouucllcs inuentions ce que le Roy luy mandoitz-Sc manioit ces affaires auec luy fi pru-demmen tque iamais il ne luy donna occafion de fe desfier, luy faifant entendre quelle enuie auoit Ferdinand de voir à fin cefte guerre, Sc eo v.bien il fc promettoit de luy, pour obtenir par fon moyen quelque belle viétoire, remet

tant

-ocr page 311-

Liurf (judtriepne. 145

tant à fa vertu amp;nbsp;ptoüefTc toute la gloire qu’il 15 S l pourroit acquérir d’icelle. Aucc ttlies couleurs amp;nbsp;feintiles il l’entretint toufiours, iufques a ce-luy temps qui lots luy prefenta les moyens de exécuter fon entreptinfc, ainfi qu’il cfperoic en venir à bout fans perte ny danger, 5£ de telle façon qu'auec l’execution d’reel le il n’cuft à perdre ce Royaume,ny fon armee. Cc qu’il fçeut fi bien ourdit amp;nbsp;conduire auec vne telle aftuce amp;nbsp;fi fccrettement, amp;nbsp;le mettre à fin que iamais le Moyne n’en peut auoir aucune eomcfturc, laquelle luy euft peu donnet que’que trouble en l’entendement. Cependant le camp approcha affez pres'de Lippc,amp;lors pour ce iour le Moy-nevoulut conduire l’auant garde , eequeCa-ftalde ne voulut empefehet, ams le gratifioit en tout ce qu il demandoit. Le Moyne eftant arti- amp;nbsp;ué en vn licu,ou il fe logea la nuiâ, trouua que Caflalie le patTage cfloit fort mauuais pour l’aitillctic» cftantle chemin etandemét eftrelfi par la mo-tjgncamp;lanuictçquilecoftoyoïcnt Ivn laUr derarmtt. tre ; mais toutesfois non pas fi feabreux qu’il peut eftte caufe d’empefeher ce qu’il auoit cn-uie de faire,amp; mefme le trouuoit aflezfuffifant pour exécuter fon intention. Var ainfi voyant qu’il cftoit temps de commencer d’exploiter ce qu’il auoit imaginé, ayant eu amp;nbsp;teuifité ce paf-fage, mâda à Caftalde qu’il eftimoit qu’il feroit impolfible de pafTcr la grofic artillerie par ce lieu, amp;nbsp;qu’il luy cftoit aduis qu’il la failloit laif-fvr en ceft endroit, aucc toutesfois telle garde d’infanterie Sc de caualleric qu’il faudroit povre

T

-ocr page 312-

Hiflotre de Hongrie

la defFendre , amp;nbsp;que luy feul aucc les pieces de j camp gnepourfuyuift le chemin, .Caftaldc ne ' trouuant bon ce que le Moync luy mandoit alla recognoiftre cepaflàgc , amp;nbsp;vid qu i! n’eftoit point U mefehant qu’il peu H: arrefterny cinpef chef que rarcilleiie ne paflàft , Sc n’vftimant le Moync fi mal entendu qu'il ne fccut que cepafi lage fc pouuo'it aiCément accouftrer,iugea bien en foy mefmequ’il ne mettoit en auant ces dif-ficulfez, que pour retarder les defleins de Ferdinand. La delTus Caftaldc fit incontinent venir grand nombre de Pionniers,amp; fit apporter force pic, par le moyen dcfqucis le chemin futra-coùftré, amp;■ tellement cflargy que deux chenaux de front auec vne charrette y pouuoient pa(ïer, amp;nbsp;peu à peu on couppa tant du roc, qu’il fut fi large qu’on y pouuoit pafler l’artillerie fans aucun empefehemét. Caftaldc auec les autres Capitaines mirét pied à terre pour mettre la main à rœuurc,amp; y trauaillcrcnt fi longuement qu’il cftoit jà bien auant en la nuiôt, amp;nbsp;à raifondecc il lôgea là fa bataille amp;nbsp;arrière- garde, amp;nbsp;donna charge à quelques Capitaines Elpagnols.quic-ftoient lors aucc liiy,qu’cncor qu’il nefuftiout ils euflent à faire marcher le refte de la nuitl’ar-xiliefie , nonobftant que ce fuft le temps ou on fe deuft repofer pour la lalfitude du iout prece-dét: amp;nbsp;luy fans eftrcapperccu auec fit feule garde fortit de fon camp , amp;nbsp;Pen alla fccrettement iufqucs au lieu , ou deux lieues près de Lippe. Peftoit logé le Moync,amp; eftant entré en fa tente accompagné de plufieurs Gentils-hommes

-ocr page 313-

Liurt qUatrtefme. * 145 Efpngnols amp;nbsp;Italics,entre lefquels eftoit Tulian de Catleual.il luy dit qu’il ne f cftonnaft fil ve-noit vers luy à telle heure, amp;nbsp;a la façon qu’il voyoit pour parler à luy : que ce n’eftoit que pourfçauoirdeluyla caufe qui l’auoit efnicu îâns aucune occafion de luy mander qu’il cuft à laifTcr l’artilletic grolîc, cftans fi pres del’enne-my,cótre lequel neantmoins marchans on de-uoit eftre certain d acquérir vn honneur incredible, Scfcfaifansmaifties de Lippe, gagner v-ne telle amp;nbsp;fi honorable réputation qu’on fçau-loitefperer de toute cefte guerre , amp;nbsp;d’autant plus que l’enncmy auoit Icuc fon câp de deuat Themefuar au feul bruit qu’ils alloicnt fecou-rir les aflîegez, ce qui leur auoit apporté défia vnc grande gloire,amp; à l’cnnemy vn grand eftô-nemét.LeMoync luy fît refpocc,que l’occafion qui l’auoit meu de venir iufques en cp heu au ce l’armeeeftoitpenfantquelc Beierbey le deuil rctiter enticrcment,mais que depuis il auoit entendu qu’il n’auoit encor pafle le Tibifeque, ce qui luy donnoit bien à penfet, voyant qu’Ûli-man ne bougeoit de Lippe, refolu de fouftenic tousles inconueniens d’vn fiege , ne croyant point telle refolution procéder d’ailleurs que de la confiance que Icdiót oilman auoit fur le prochain fecours du Beierbey, amp;nbsp;que fi ainfi c-ftoit il ne trouuoit afTeurance de paiTet plus outre,par-ce que par cy deuant il ne f eftoit iamais rencontré contre vne armee fi grande, amp;nbsp;com-pofee de tant de foldats fi aguerris corne choit celle des Turcs , amp;nbsp;que pour cefte occafion, ÔC

T ij

-ocr page 314-

Htflotre de Hongrie aufîi pourl’efgard q on deuoit anoirauT gcs de guerre lefquels il coduifoit,il eftoit très certain de ne pouuoir refifter,ny reconquérir la moitié de eeque les Turcs auoient enuahy,amp; que partant il ne vouloir fl inconfidcrcment aduentu-Terfaperfonne amp;nbsp;le Royaume enfemblemcnt, amp;nbsp;qu’il penfoit pluftoft eftrc expedient faire quelquttri fucauic l’cnnemy fans bouger du lieu ou ils eftoient, puis que cclà eftoit leur ad-uantage , amp;nbsp;nefe pouuoir faire qu’aucc l'honneur de tous. Caft.dde !uy rcmonftra qu’auant toute autre chofe , il enft à confidererla faute qu’on rejetteroit für eux bien grande fils fc re-tiroiét fans propos, la renommee cftant efpan-duc par tout le monde comme ils eftoient eux deux en campagne,amp; auec vne armee tant puif-faute comme eftoit celle que iufques icy ils a-uoient conduite pour chafler les Turcs hors ce Royaume, amp;nbsp;qu’en fc retirant amp;nbsp;laiflànt Lippe entte les mains des ennemis , on pourroit dire que cela auroit cfté fait auec quelque intclligé-cc fecrette que nous aurions eue auec eux, amp;nbsp;mcfmcméteftantcefte ville cftimcc amp;nbsp;cognuc pour vne clef la plus importante de la Hôgric, amp;delaTranfiluanic,amp; fcmblablemét déroute ^autre Prouincc Chreftienne , cftknt en la puif-fancc des Turcs tous les iours faire courtes de cefte villeauec grands rauages, pillerics amp;'toute forte de dômage fur tous les pays Si vaflaux de Ferdinand. Partant pour cuiter cefte tache il le pria le plusinftâment qu’il peut qu’au moins il vint iufques à Lippe, laquelle auec l’ayde de

-ocr page 315-

Liure qudtriefme. 147

Dieu iUuy promettoit rendre entre fes mains dcdàs fix lours. En fin il luy perfuada tant cefte pourfuiite SiC entreptinfe, qu’il fut content d’aller iufqucs à Lippe,encor que neantmoins il al-Icguaft fouucnt le grand inconuenient qui ad-uiendroit pour n’auoir l’artillerie , laquelle de bonne fortune par la diligence des Capitaines Efpagnolsjatriua ce iour au Camp auec grande admiration du Moyne , qui penfoit qu’elle ne pourroit arriuer là de huiél iours. Cela fait Ca-ftalde alla incontinét auec trois mille cheuaux Hongres,amp; quatre cens hommes d’armes reco-gnoiftre Lippe, laquelle d’vn cofté eft carrée 8c de l'autre tient forme ouallc, tellement qu’elle eft plus longue que large. La longueur eft de fept cens vingt pas, Sclalargeur de trois cens osante,eftant d’vnc-part, d’autant que le fleu-ue Maroffe la mouille, bien forte, amp;nbsp;de l’autre elle femonftre foible pour vne montagne qui luy cómandeamp;empefchcfortladeffencc. Elle eft toute ferme« de muraille faite à l’antiquefâs deffences,8c auec peu de tours. Elle a en la partie baffe delà ville vn petit Chafteau carre gar-ny en chaque encogncurc d'vnc tour , 8c enui-rôné d’vn fort bon fofle afîcz profond,amp; plein d’eau. Incontinent que Caftalde en eut approché il fc mcit à pied, 8c entrant par certains iar-dins accompagné de Iulian Carleual, 6c deux autres Capitaines Efpagnols alla recognoiftre le foCfé, ayant premièrement enuoyé vne bonne partie de ceux qu’il auoit amenez pour dref-fet l’efcarmouche auec les Turcs , lefqucls ne T iij

-ocr page 316-

XAifloire de Hongrie voulurent iamais fortir hors pour combatre, f’employans tous feulement à tirer force arc-• I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;quebuzades pour empefchcrquela ville ne fut

recognuë. Caftaldc ayant bien remarqué tour, apres auoir fait retirer tous fes gens l’en retourna celle mcfme nuiét au Camp, ou il trouua les Capitaines Roderic Vigliandrando, amp;nbsp;Frâçois Henrv Tefcieda.lefquels cftoienc fortis deThe-' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;mefuar, pour fe trouucr à l'alTault qui fe pour-

roit donner à celle ville. Il aprint d’eux au vray ce qui l’cftoit palTe en ce lieu, amp;nbsp;comme le Bc' lcrbey Pt lloit retiré , n'ayant peu auparauant ceux cy en fçauoir aucune chofe de certain. lifjrtapH Sur ces nouuelles tous marchèrent vers Lippe quot;nbsp;le dcuxiefmc de Nouembre , ou citant tout le *’ Camp arriuéCallalde fit patoillre en belle or-

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;donnante dtuant les Turcs tous fes bataillons

amp; artillerie aucc vn merueilleux cry amp;nbsp;tintamarre de toutes ces nations barbares , amp;nbsp;ayant cité quelque cfpace de téps en telle contenance fe failît de la montagne , amp;nbsp;le Moyne fe campa de l’autre collé vers le Chafteau aucc fes gens. Caftaldc ayant occupé toute la montagne qui commandoit en forme de cauallicr.fit loger au plus haut tous ceux qui cftoicnr ftipendicz par Ferdinand,corne Efpagnols,Allcmans amp;Hon-gres, amp;nbsp;fit drclTer fon pauillon au milieu d eux. Cependant que le Camp fe logeoit, les Turcs fortirent dehors pour mettre le feu dedans vn fauxbourg , lequel cftoit bien muny de viurcs, amp;nbsp;principalement de vin qui croift en ce quartier,le meilleur qu’on fçauroit defirer.Caftalde

-ocr page 317-

Liure quatriejme. 148 ayant ouy ceftenouuelle commanda au Capitaine lchan Viglioa, que foudain il print cent arcqucbuziers Efpagnols, amp;nbsp;allaft faire retirer l’cnncmy amp;nbsp;qu’aptes auoir fait cllcindre le feu qui jà commcnçoit àardrc bien haut amp;nbsp;f eften-drepar les maifons,cuft à conferuer tousles vi-urcs qu’il poutroit pour le feruice du Camp, 8c qu’il empclchall qu’ils ne fuHcnt faccagez par ces nations. Mais ils ne pcurét cflrc fi bien gardez,amp; n’y peuft on mettre fi bon ordre que les /iduchsdu Moyne ne fc vùilTent ictter fur le vin de telle façon que la qualité qu’ils en prin-drent leur fit efehauffer fi fort le courage, que cinq cens d’entt’eux poulTez de cefte furie bac-chaualle curét la harditlTe d’aflaillir la ville (ans cfihclles,8c fans aucun ordre, penfans par leurs parolles jetter les murailles par terre. De celà vint l’alarme par tout le camp , vn chacun efti-mant que IcsTurcs enflent faiél quelque faillie pour f’cfcatmoucheraucc les noftres. De l’au-tte-pan les Turcs par ce bruit horrible croy ans aulh eftre aflaillis aucc efchclles 8c artillerie fe meirent incontinét aux deffcnces,couurans les murailles d’hommcs,8c aucc leurs atequebuzes firent grand meurtre de ces Aiduchs, qui comme beftes eftoient dcfcouuerts, 8c attachez à la muraille, penfansfautet pardcfltis, difans,aux Turcs, comme cil: leur couftume force iniures, Icfquels eftans couuerts 8c attentifs derriere la muraille,leur rendoient fort bien des deffenccs IcurfaSut au double,tellcmcni qu’ils en tuoient tant d’cnir’cux que c’eftoit trop. D’vn autre co-T üij

-ocr page 318-

Hifloire de Hongrie ftcauHi quelques nombre de cheuaux poulTeX de mcfmc humeur,accourutent aucc leur cime- nbsp;nbsp;i

terre nud en la main,iniques fur le fofic, brauât , amp;nbsp;menaçant les T lires , îefqucis voy ansgt;« fin ' leurbrdonnance lt;nbsp;lire fi defordonnec firent vn grand maflacrc d’eux, tant de defîus la muraille i comme du dedans du fofre,amp; à viucforcelesfi- f rent retireren arriéré. Mais cefteretraiteeftoit t foudainarrcftecparlc courage que leur don- i noit leurs compagnons, amp;fercprefentansaux 1 coups, fcmbloient ne vouloir aucunement ce-der.Cc di fordre efloit aller plus auant que l’on j ne fe l’imaginoit au commencement,!! le Moy ne ne l’euft empefehé,lequel fe fourrant prom-f»tementparmy eux les fit tous retirer. Cefte a-arme prouenuë du vin eftant appaifee, l’armec CjpiL’tne achcua lors de fe loger. Durant ce temps arriua au Camp vn Seigneur Hongre nommé Patoc-chc aucc quatre cens cheuaux amp;nbsp;fix cens hommes de pied , lefquels ilamenoit à fes dcfpcns pour f’employer au fetuice de Ferdinand durât | cefte guerre de Lippe. Ilamenoit en outre quatre bonnes pieces d’artillerie, auec laquellepaf-fantprcsd’vn Chafteau quetenoient les Turcs non gucres loing de Lippe,luy fembla eftreexpedient de tenter la fortune , amp;nbsp;voir fil ne le pourroit point prendre de force. Ainfi arriuant deuantàl’improuifte , l’affaillit aucc fi grand courage, amp;nbsp;auec fi bon ordre que durant la ba-tcric fes gens fe portèrent fi vaillamment, que । ayans gagne vnc porte, amp;nbsp;mettant le feu à l’autre ils entrèrent dedans tiians amp;nbsp;alTommans au; •

-ocr page 319-

Liure quntrie(me. 149 tant'dcTutcsquilscn trouucrcnt, n’cn cCpat-gnans pas vn que le feul Capitaine. Eftât ce lieu jaccagéf^bruflcPatoccheauecfes gens pour-foyuit fon chemin,menant auec foy ce Capitai-ne , duquel ayant entendu quelle 5c combien grande cftoit fa qualité, faifoit deliberation de le donnet à Caftalde.Mats ny rvn,ny l’autre ne iouyft pas longtemps de luy, par ce que le lendemain comme ce Capitaine marchoit au milieu des troupes,vn des foldats qui f cftoit trou-uéàfaprinfe, ayant entendu qu’il eftoit de telle condition qu’il pouuoit payer grande rançon, amp;nbsp;qu’il ne luy en appartiendroit rien, pour luy auoir efte ofte pat Patocche, cfmeu d’vn defe-fpoir, luy lafehafon arquebuze entre les efpau-les , tellement que foudain il tomba mort par terre, ne voulant qu’aUcun autre iouy fl; de ce dont luy-mefme ne pouuoit iouy r. Ce Capitaine, comme on entendit depuis, cftoit de telle qualité,amp; de telle parenté, que la ligne des Ottomans faillant, la fucceflîon de l’Empire n’ap-pattenoit à autre qu’à luy. Patocche eftant arri-ué au camp fut honnorablement rcceu par Ca-ftaldc, amp;nbsp;grandement careflé pour le bon fuc-cczdc la ptinfe de ce Chaftcau,Sc non fans cau-fe, puis que de fa propre volonté amp;nbsp;à fes dcfpcs fans aucun profit particulier , 6c en confidcra-tion feulemét de l’honneur il cftoit venu lcruit fon Prince. Le mefme iour on eut auftî nouucl-le,comme fur la retraite que faifoit le Belevbcy, eftoictfortis dcThemcfuar deux cens chenaux, auec fix vigtsarcqucbuzicts à cheual, pour dó-

-ocr page 320-

fitau fnm far lefHo-£res def.

Titra.

Htßoirede Hongrie ncr fur ceux qu’ils vcrroiét defbadez duCap du Turc,amp; q rctournans fans rien faire,ils f’eftoiét trouucz pres vn Chaftcau nommé Gala, occupé par les ennemis, contre lequel dteflans leurs nbsp;£

pas pour voit fils pourroient le conquérir, l’a-noient cnuironnc, SiC cftans dcfcouuerts par la Wj fentinelle, voyans que les Turcs ne leur tiroiét aucune piece de canon,amp; ne f.ùfoiét autre con-tcnancc, feftoient délibérez de luy donner vn aflault, amp;nbsp;de forcer la porte, amp;nbsp;eflayer fi par cc , moyen ils le pourroient prendre. Ce qui leuta-uoit aufli bien fuccede côme ils l’auoient pour-penfé : Par-ccqueles Turcs, à la bonne heure pour nos gens, attendoient ce iour mcfmc certain nombre d’homes, qu’ils auoiét enuoyc dc-mâder au Beletbey, pour pouuoir fe maintenir contre l’armee de Ferdinand , laquelle ils fça-uoient deuoir bien toft marcher contre Lippe, amp;nbsp;voyans nos gés, penfoiét que cc fulTcnt ceux qu’ils attendoient, tellement qu’ils ne fen e-lloient efmcus aucunement , amp;nbsp;mefmcment pour l’amour de la fcmblancc des habits, f cftâs nos gens vertus des accourtremens des Turcs qui crtoient morts au Camp,amp; par ce traiôl de-ccus amp;nbsp;trompez, pen fans que les nortres vinf-fent à leurfccours, ne feftoient mis autrement fur leurs gardes, mais auoient donné lieu, amp;nbsp;la commodité aux nortres de fapprochcr du Cha-rteau , iSc entrer paifiblement en iceluy par la porte, les gardes de laquelle auant que d’ertre reengneus, ils auoient rompu , amp;nbsp;puis fertant l’cnncmy apperecu de la tromperie , amp;nbsp;mis la

-ocr page 321-

Liurequatriefnte. ijo main aux armes pour fe dcffcndre vigoureulc-mcnt, auoicnc cfté contraints forcer le refte de ce Chafteau main à main,amp;empörtet la viftoi-rc non fans peine,trauail amp;nbsp;hazard, ayanscon-traints les Turcs fc retirer au bout d’vne rue, en laquelle ne pouuans plus fe detfendre, auoient cfté en fin fiitmontez par les Efpagnols, amp;nbsp;Hó-greSjlefqucls f’eftoient mis à pied, nrànt autant de Tûtes qu’ils pouuoiét rencontrer,fans auoit rcceu aucun dommage que la mort de deux Efpagnols, Icfquels à la premiere furie auoient cfté frappez des arcquebuzades de l’ennemy, amp;qu’aprcs ce meurtre ils auoient mis le feu par tout,amenans tous les habitans prifonniers, amp;nbsp;que puis apres ils f cftoict retirez à Themefuar. Cefteprinfe encor qu’elle fuft petite donnai vn chacun grand contentement, f’en rcfiouyf-fans les Capitaines, non tant pour l’impoitan-ce du lieu, corne pour voir la fortune leur eftrc fauorable en tout 8e pat tout. Apres telle ref-iouyftanceslanuiéi eftani venue , fut ordonné que durât icelle on iroit recognoiftre Lippe de plus pres pour faire les approches, 8e drclfer la batterie. D’vn cofté fut enuoyé le Capitaine Ichande Viglioa , Don Antoine Azinetta , 8c Thomas Varcocche ; de l’autre fut dépefehé le Capitaine Vigliandrando , amp;nbsp;l’Enfeignc de LouysBarientos. André LopesSergét Majeur, luliâ de Carlcual 5c quelques autres Efpagnols curent la charge d’vn autre endroit. La diligence fut grande d’vn chacun à la recognoiftre , 5C le rapport en eftant fait à Caûalde,cu la mcfmc

-ocr page 322-

Hift oir e de Hongrie

’nuiélil fit affcoir quelques petites pieces J artillerie fur la montagne qui eftoit au delTus de la ville,allez près du lieu ou eftoit la iuftice, a-ucc Icfquellcs le lendemain on tira plufictirs coups pour empc'chet que l’cnnemy ne le for-tifiaft, amp;nbsp;pour luy faire quitter les rués amp;nbsp;adiie-nués d’entour les murailles , lefquelles de cefte liiontagnc on defcouuroit ayfément. L’autre nuiét eftant venue Caftalde commanda qu on fit la batterie du cofte queVigliandrando auoit remarqué, comme ayant efte iugé de tousle plus foible amp;nbsp;plus ayfé à rompre. Ce qu’ayant cfté fait, aptes le départ de la btoiiee qui vers le

( KO matin à accouftume fc leuer fur ce fleuue, on commença le quatriefme de Nouembre à bat-* nbsp;nbsp;nbsp;tre la ville auec quatre doubles canons, amp;nbsp;deux

moyennes couleunnesréforcccs, aueclefquels elle fut tout lciour,la nuiôt enfuyuant amp;nbsp;lekn-demain battue. Caftalde voyant que l’artillerie auoit alTez bien opéré , fe refolut qu’on luy de-uoit donner ce mefme iour l’aflaiilt, pour ne donner loyfir aux Turcs de fe fortifier dauanta-gc,amp; ne le voulât dire à tous, le dit neantmoins à quelques vns , aufquels il fc fioit de tout ce qu’il deliberoit faire; Mais là deflus on defeou' urit le fort que les Turcs drelToicnt par dedans, tellement qu’il fut contraimft changer d’aduis, amp;nbsp;commander aux canonniers de le ruiner, ôc réforcer la batterie, difant qu’il ne vouloir perdre fes gens à la furie d’vn aftault, mais les con-ferucr pour vn combat., La batterie eftant renforcée de deux canons, on commença à battre

-ocr page 323-

Littre (juatriepne. ip ces remparts fi cruellement qu’à voir chacun cgt; ftimoit qu’ils futîent du tout ruinez. Cepédant que ceux cy trauailloiét, amp;nbsp;que Caftaldc cftoit allé vers le Moync George, pour donner ordre àccquiferoit necelTaire à l’alTault, cinquante Espagnols qui eftoient hors du quartier des autres , dedans les tranchées pour la garde d’icelles, amp;nbsp;pour voir ce qui fe faifoit par la batterie, commencèrent à dilcoutir, amp;nbsp;tenir propos en-» tt’eux d’icelle, celle leur fembloiî allez bonne, amp;nbsp;la brefehe alTez comode pour liurcr l’aflault: prenans refolun’on,pour auoir eux feuls la gloire d’y aller les premiers, f aduiferct qu’il failloit premièrement la rccognoiftrc, amp;nbsp;que la retrou-uans telle comme ils la croyoient eftre,ils marchèrent alors droit à labrefehe fams autre com-pagnec , fil plaifoit à Caftalde qu’ils allaffent feuls à l’affault Comme ils difeouroient entre eux de cecy, vn foldat cupide amp;nbsp;conuoiteux de gloire foffrit de l’aller recognoiftre : mais il là rccogneut fi mal qu’il fut caufe d’vn grand def-ordre,comme nous dirons tantoft, amp;nbsp;rapporta qu’elle cftoit fort raifonnablc, n’ay ât apperceu le retranchement que les Turcs auoient faiét haut de demy picque,amp; large d’vnc entière, rc-i haulTé de deux rangs de barricades les vnes fut les autres pleines de terre,Scgarny de fes deffen-

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;CCS, fur Icfquclles ils auoient braque deux peti-

1 tes pieces d’artillerie, cfpcrant par ce moyen fc 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;garentir co’ntre l’affault qu’ils attendoict d’heu-

te à autre. Au rapport de ce foldat les cinquante Efpagnols encouragez eftoiét attentifs au ligne

-ocr page 324-

H iß oire de Hongrie

qu’on donneroit, pour eftre les premiers fur I» brcfchc.CcpédantCaftaldc eftanc auec le Moy-ne,amp; eftant en leur prefence tous les Colonels, Capitaines, principaux Seigneurs, amp;pluficurs folJats de l’armce, conclud qu’il failloit allcrà l’aflaulr, iedonnanr généralement courage à vn chacun, ôc promettans à tous des prefens hon-» neftes,leur dit en cefte façon'.S’il cft vray(cora-»’ me la vérité eft telle) que la bôté diuinc ne faut n iamais à ceux qui pour lafoy.pout la iuftice, amp;nbsp;» pour le Glut de plufieurs cmployét leurs adiós, »» ie ne fays doute ( mes foldats ) que combatans gt;gt;nbsp;aujourd’huy pour la deifence de noltreKeligiô »gt; amp;nbsp;pour la iufte caufe du R.oy noftre maiftre gt;gt;nbsp;Seigneur, amp;nbsp;pour la dcliurancc de Lippe, amp;nbsp;»gt; pourlc rccouurcment, amp;nbsp;conferuarion de ce »gt; Royaume, que nous ne rcceuions de Dieu non « feulement la vidoirc , qui fapprefte heureufe » pour nous, mais au!li apres noftre mort vnefe-» licite éternelle en l’autre mode. Et aujourd’huy jgt; fera le iour(cnçor qu’il fe môftrc périlleux) qui nous couronnera d’vn honneur infiny en coin-» batant couragculemétjamp;donnera vnxcl eîpou »gt; uanccmcnt à nos ennemis, qu’accroi/Tint la rc-ïgt; puration de nous, fera que les autres trébletont gt;gt;nbsp;autant à noftre feul nom , comme à nos faids „d’armes. Partant qu’vn chacun de vous autres « fc difpofe vitilcmét pour l’aftault, amp;nbsp;qu’il n’aye

peur de l’horreur d’iceluy. Car il conuiét à tous J, ceux qui dcGrent la gloire fe fourrer parmv les « chofes difficiles amp;nbsp;dangereufes , amp;nbsp;ne (èlaiflct »gt; aucunement rebutter. Quelle honteferoit- ceà

-ocr page 325-

Liureqummelmc 151

vous’, ô foldats, ayans en temps de paix accou- « ftumé d’apprendre à combatte, amp;nbsp;tn temps de « guerre de vaincre, eftre maintenant lurmontez lt;lt;nbsp;Si vaincus par la force amp;nbsp;hardiefle des Turcs, » lelqucls vous voyez defra tous tntimidcZjamp;pat lt;c labatter,c,8c pat la ruine de leurs murailles? Et » ic P comets à ceux qui fautetôt les premiers def- » fus, ou qui feront quelque belle pteuuc de leur « gentilcflc , de les temunerct comme leurs œu- « Utes loùables fen monfttcront dignes. Ainfi « ptenans courage n’ayez point peur d’y aller, «lt; pat ce que vous voyez que Dieu eft de noftrc „ P itt, amp;nbsp;contraire i nos ennemis, lefquels corn- « mcncét défia a fentit Ion ire que l’on void cou- » tir fur eux parleurs murailles rompues , par le lt;lt;nbsp;fiege qu’ils endurent auec vne fi grande peine, rlt; pour la faim qu’ils fouffrcnt.pat les cfquadrons lt;■ que nous faifons marcher à l’encontre d’eux,amp; tlt; par la mort qu ils tccenront dedans peu dheu- „ te, qui les tendra perpétuellement morts, Se on n nous mourans auec vnehardiclTc, nous fêtons « éternellement viuans. Et cependant que nous „ voy ôs l’occafion pour nous fauotable, vn ch a- „ cunfedoit efforcer de vaincre fanimant l’vn „ Vautre: ayanteftetoufioursvnechofelouable «

1 que les bons amp;nbsp;vaillans foldats és grandes en- « tteprinfes,amp; paflages difficiles, ayentà exhor- « ter, amp;nbsp;encourager l’vn l’autre à bien faire , afin «

' queled-. faut de vaincre par negligence ne leur “ fait imputé à deshonneur, amp;nbsp;que pat ce moyen « vn chacun n’aye faute de faire , au moins vne “ fois,experience de fa vertu contre l’cnnemy. Et ««

-ocr page 326-

Hifloirede Hongrie

s» vous foldats Hongres, aufqucls ce fiege touchlt; f plus qu’a pas vn autre, efforcez vous de mon-»» ftter aujourd’huy voftre vertu amp;nbsp;vaillantifc, * par ce qu’en ce iour vous pourrez dedâs le fang « des Turcs nos communs ennemis venger la » mort de vos parens tuez par cux,aucc horribles » meurtres,amp; prendre vengeance du raaiflement « de vos filles,de la prinfe de vos fils, amp;nbsp;de la rui-» nede vos temples, amp;nbsp;profanation de vos Mo-»gt; nafteres.le ne doute que vous portans vaillam-»» ment n’emportiez la vi(£toire,amp; que par la tue-»» rie de vos ennemis, vous n’aficuriez la vie des » voftres, amp;nbsp;reconqueftiez l’honneur perdu de »» vos villes. Or donc eftans tous enfemblemcnt »» vnis amp;nbsp;liez d’vnc concorde pareille, ne refiifez » ces perils qui vous peuuentTaire heureux, amp;nbsp;»gt; vous rendre libres de fubieds.puis que comme »» ie penfe vous aucz vn courage tant efloignc de ï» peur:amp; retenez fculcmct qu’auoir le cœur bon « és grands perils, donne grande efperâcc à ceux, »gt; de fc fauucr.qui mefprifans la mort mettét tou-» te leur gloire en vne bataille honorable. Incontinent apres qu'il euft acheue ces parolles,apres duoir ouy le récit de ceft Efpagnol qui cftoital-lérecwnoftrelabrcfche , comme nous auons cy deflus dit lequel auoit rapporte que fans beaucoup trauailler à monter elle cftoit fort ay-fee à allàillir , amp;nbsp;vn chacun feftant offert de la gagner ou d’y mourir , ordonna que les Enfei-gnes marchaffent vers les tranchées, Icfquclles il auoit commandé eftrc faites par tout , amp;nbsp;en çhaque palfagc.afin que IcsTurcs nepeuffent fe fauuct

-ocr page 327-

Littre quatrießne.

fauuct,ny tcceuoir fecours d’aucune part. Eft at I' I là vn chacun atriué, il leur fit dire par vn Coin-miftaire , tant de fa part que de celle du Moync George , quequiconquesenttetoiile premier les fiUatt en Lippe, fil eftoit Gentilhomme on luy don- « taffaiflt, neroit deux cens ducats de reuenu par an , amp;nbsp;deux cens vafTaüx amp;nbsp;filn’eftoitGentilhomme, que le Roy l’anobliroit, 54 luv donneroit cent efeus de reuenu par an aueC cét vaflauxj A cefte publication ceux qui eftoient en la tranchée voyans que défia les enfeignes defccndoictic vers eux pour aller à l’aflault j defiteux de gagner la gloire d’eftre premiers, cOtîlrilencèrent à marcher droit à la brefehe. Les autres qui ve-noientapres auecles enfeignes , voyans fortit ees Efpagnols de la tranchée, penfans que ceux cy auec vne vifteffe leur euffeht cnleué ceft ho-neur, doublèrent foudain le pas pour les ioin-dre , Scainfiles vus 54 les autres à la hafte fans aucun ordre couroient à l’affault fans que leS Capitaines y peu(L nt iam )is remedier, amp;nbsp;mef-mement arrefter ceux qui eftoient fortis de la tranchée, Icftjuels arriuetent beaucoup deuant les autres. Eftant toute l’auant-garde atriueef Dom Antoine de Enx nellia , 54 le Capitaine Vigliandrando , fans autrement auoirefgard à la qualité du lieu , approchant de la batterie fe poufterent dedans,5f ay ans auec eux trente fol-datsbicncogneus, amp;nbsp;di grande fiance, appet-Gcurcnt comme par dedans les Turcs f eftoient retranchez. Ô4 combien leurs baftions eftoient fotts.Cc qui les empefeha de donner plus ai»t'

-ocr page 328-

Hißoire de Hongrie êcconfidcrans leurs ramparts cogncurenr que les Turcs auoient defbandc leur artillerie, jette flefehes amp;nbsp;donné des arcqnebuzadcs fut ceux qui y auoient voulu entrer des premiers. Et de tout cecy en vouloient bien donner aduis à Caftalde pour faire renforcer la batterie auec plus de pieces d’artillerie, amp;nbsp;fait e la brefehe pl* ample, lors que le Capitaine Aldcne y arriua a-uec fesenfeignes, auce lelquellcs (ans donner temps à ceux cy de faire ce qu’ils auoient deli-bercjrcnforça foudain l’aUaulr, amp;nbsp;auec certains Gentilshommes Hongres, qui pour eftre reco-gneus d’auec les noftres en combattant, auoict attache à leurs cafquets quelques marques, entrèrent auec les Enfeignes dedans la brefehe, fc 5 ' icttans vigoureufement fur leurs ennemis,cou-_^ rant le bruit que ceux-cy auoient elle les pre-miers à monter fur la muraille,amp;entre les Efpif gnols amp;nbsp;Allcmans la gloire en fut donnée à Iulian de Carleual, pour f eftre le premier planté fur la muraille, amp;nbsp;mefme Caftaldc luy en don-narhonneuramp; le loyer. Mais le Moyne vouloir rapporter la louange à la faueur des Hongres. A ceft aflault on commença vn horribleSC ûnglant combat, auecvnc grandiflime perte des noftres, amp;nbsp;auec vn grand aduantage des Turcs, lefqucls cfl:oicnt feulement trois mille a deffendrecefte petite brefehe , Scquicombat-toientfi courageufement qu’ils ofoient fortir leur fort,amp; fe mefler par dedans les noftres cô-batansmain amain. 11$ tuèrent premièrement le Gapiuine Aldcne^ gc Dom Antoine d’Enai-

-ocr page 329-

Liure quatriefme. 15 4 acllia, amp;nbsp;plufieurs autres bons Scvaillans fol-dats. Lt Capitaine Vigliandrando fut bleffé aa piedd’vnpaiTeuolant, quilcfit tomber entre les morts,amp;tout foudain fut encor atteint d’vn boulet plus gros, lequel luy emporta la crefte de fon motion, amp;nbsp;fi vn foldat ne l’euft tiré hors de là 11 cuftfaiôt pareille fin que les autres. Hs luerent femblablcmcnt vn Sergent du Capitai-lie Pierre d’Auila nommé Ferrant Botto,lequtl pour l’abfence du vray Portcnfeigne,portoit ce iour Ion Enfcignc,laquelle il auoit défia fichée , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fut le haut du fort des Turcs, amp;nbsp;vn Turc l’ayant

\ i fait choir à terre pat vne arcquebuzadc,amp; vou-l làtfesforcer delay attacher des poingts iamais -..l ne peut, lufques à ce queftant fecoüru d’autres ■ [ illuy euft couppélatefte,enlcuant par ce moic

1 fonEnfeigne toute teinte de fon fang cfpandit ,t fur les coulcuts,lefquclles eftoient de bleu celc*

fte 8c de noir. Ils tuèrent encor vn peu apres ; ' ÏEnfeigne du Capitaine Aldcne , 8c blelTerenC U ceux des Capitaines Diego Y elez, amp;nbsp;MandoZ-, zc, du poingdefquelsils arrachèrent les Enlei-. gnes. Ce que voyans ceux qui auoiétofté hors de la ptefic, les blclTez furent contraints fc riteree, 5c apres leur retraite les Turcs faillirét hors amp;nbsp;coupperent les teftes d’Aldene,8c d’Antoine amp;nbsp;Je quelques autres qu’ils penfoient deuoit c-ftre des principaux,ou pour les auoir veus combatte vaillamment,ou pour cftrc mieux que les 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;autres veftus d'armes Sc d’habillemcns. Et fe

'I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;voyans auoir entre leurs mains quatre de nos

Enfeignes, deuindrent pat cefte victoire fi en-

Vij

-ocr page 330-

Hifloire âe Hongrie

fiez amp;nbsp;fuperbes ‘ qu’ils ofercnt bien fortir hors la brefchc pour combatrc nos g ns, amp;nbsp;les chif-» fer fl vilainement hors de leurs murailles,amp; fof-fez , aucc * ne telle bouehcric que c’eftoit vne chofl incredible, gardas neantmoins toufiours leurs rangs. Cependant que les gens de Ferdinand eftotent ainfi m ilheureufeinent battus, amp;nbsp;que les Turcs rtfiftoient fi courageufemétà ces aflaults , Caftaldearrcftadu tout qu’il failloit que Lippe fut prinfequoy qu’il deuft coulter, pour euitcr le peril qui prouiédroit de la venue duBclerbey , qu’on auoit entendu approcher pour donner fecours à Oliman. Eten confide-ration de ce ayant fait conuoquer tous les Capitaines en fa ptefence , amp;■ de celle du Moyne, reprenant leur coüardife, amp;nbsp;les encourageant à renouucllcr l’affaultjleur remit le cœur au ventre aucc telles parolles , parlant ainfi à eux-» Si oneques la mémoire des hauts faits amp;geftej w glorieux d’autrny à eu la force d’cfmouuoir les M cœurs des hommes, amp;nbsp;les picqncr d’vne loiia-n ble cnuic.C’cft aujourd’huy qu’à plus forte rai-M fon , mcsfoldats , la retraite vilaine amp;nbsp;infame n que contre toute cfperâccvousaucz faite, doit gt;, auoir puiflance amp;nbsp;vertu fur vous. Pour laquelle n ie VOUS vamp;y aucc vn dommage inopifié fi aba-» ftardis qu’à peine fans vn extreme crcuc-cœur

ie puis jetter mes yeux tur vous. Et encor que fous noftre arbitre nous ncpouuions toufiours ” auoir cnflmbleroentvnis les dcfirsamp;la foitu-” ne , fi ne deuons nous pour cela fouffrir que le ’3 courage qui doit eflrc en nous inuincible de-

-ocr page 331-

Liure cjuatrießne. i meure abbatu par cefte fortune pour quelque quot;nbsp;adüttfitéqurccfoic.Ccttainemcntqui verrolt “ maintenant ces chofes en vous ( qui auez touf- quot;nbsp;jours efte par cy deuant viâ;orieux,comme fi le quot;nbsp;vaincre vous eftoit particulier ) ie ne f^ay que quot;nbsp;1 on fçauroit dire,hnon que confiderant vos vi- quot;nbsp;ôoires paffecs, imaginer que vous les auez ac- quot;nbsp;quifes pluftoft par vn defaftre de fortune que '• par voftre vertu puis qu’aueevn deshonneur fi “ grand vous vous eftes laiflez vaincre, amp;nbsp;chaflet quot;nbsp;au milieu du combat pat les Turcs en guife de “ femmes ou petitsenfans.Vous pouucz bien pat quot;nbsp;la penfer, corne la gloire de vos precedent faits quot;nbsp;d’aimeSjlefquels iniques huy auez fait paroiftre quot;nbsp;pat le monde auec voftre grand triomphe, fen ** vabruniftante amp;obfcurcie par cefte perte igno- quot;nbsp;minieufe, auec laquelle donnans courage à ces quot;nbsp;ennemis,que tant de fois vous auez rompus amp;nbsp;quot;nbsp;fubiuguez, vous eftes caufe qu’à l’aduenir ils ne '* vous craindront plus voyant voftre courage, “ voftre force amp;nbsp;vertu perdus. Il me femble que ** c’eft vnc grande infamie que le victorieux aye quot;nbsp;peut du vaincu. Et croyez moy, foldats, qu il quot;nbsp;n’y a point au monde vnc plus grade ruine que quand Vnc armee fancantiflant foy mefmc dó- quot;nbsp;ne courage à fon ennemy,amp; fe laifle atTujettit à * vne peur.Car lors en quelque façon que ce foit • il faut qu’elle mefme fc rompe amp;nbsp;dilîipc, parce ' qu’aux guerres fouucntcsfois les forces de l’e-fprit valient mieux que celles du corps. Si au-iourd’huy amp;nbsp;durant ces aflaults vous penfez bien a l’honneur,amp; à la fin de cefte gucrtc,vous

-ocr page 332-

Hijioire de Hongrie

* verrez que cc fera afTez pour vous cfmouuoir à rccouurcr voftrc premiere hardieffe perdue, ” amp;nbsp;pour remettre en mémoire que peu ou point ” proffitent amp;nbsp;feruent les rufcs,amp; prudence,ou le ” courage amp;nbsp;la hardiefle defFaillcnt. Partant il vouseftforce, amp;laneccifte vous contraint *’ aujourd'huy de vous monftrcr vaillans amp;nbsp;vertueux foldats, par ce qu’il ne vous faut point *’ maintenant combatre pour vnc petite chofe, *’ mais pour la vie propre, pour la patrie commu-*’ ne , en laquelle vous elles nourris , amp;nbsp;clleucz, ” pour vos femmes amp;nbsp;enfans, pour vos fœurs, amp;nbsp;*’ parens , amp;nbsp;finablement pour toute chofe diui-ne, amp;nbsp;humaine, amp;nbsp;pour vos biens, Icfquclsen ” demeurant viôloricux demeureront vollrcs, *’ tomme ils ont ellé par cy deuanr, amp;nbsp;au côtrairc *’ feront à l’cnncmy li vous vous laiflez perdre, ” Vous fçauez défia çôme le Belcrbcy de la Gfe-ce, amp;leBafcha AchmcthfontcncheminaueC ” vn nombre infiny de cauallerie , amp;dc gens de ” pied pour venir fecourir Lippcif’ils arriuent,amp; ” ne l’ayons ptinfc,ou en ferons nousîParquoy fi vous dcfirez(commc il eft raifonnable,amp; le de-UC2 faire) cuitcrauecvneviôloire ces dangers, }’’ Sc accroiftre voftrc reputation, amp;nbsp;non pas l’at-terrer,elforccz vous de vaincre,amp; de combatre ” aucevn courage afteuré amp;nbsp;viril, tournanstouf-' ’’ jours le vifage à l’cnncmy, par- ce que ceux qui *’ veulent vaincre ne tourner iamais les efpaulcs. ” Et penfez-vous cherchant le falut de voftrc vie ” le pouuoir trouuer à fuyr?non,non: qu’ainfi ne ■*' foitvouscnverrczparexpcricnccplus de tuez

-ocr page 333-

Liure (juatrie/me. 156 àlafuittc qu’au combat. AlTcutez-vous donc “ que quand vous ne vous cfforccrcx de vaincre, “ vous ne trouucrez ny lieu,ny montagne,ny fo- “ reft qui vous puiffefauuer , mais toutes chofes “ vous feront contraires , 8c laifferez en fin en “ ptoyc de vos ennemis tout cc qu’aurez le plus ** cherCe que neantmoins par le moyen d’vne “ viéloire pouucz conferucr,8c gagnant cefte vil “ le il n’cft doute que les ennemis perdans cœur “ ne commencent à f’abaifler , Sc en leur retirans “ ne vous donnent moyen de recouurct tout cc “ qui a cfté perdu , amp;nbsp;eft occupé par autre mal- “ heur,8c acquérir auec vn nom glorieux (leur o- “ ftant toute cfpetâce de vous pouuoit plus mai- ‘‘ ftnfer) cefte liberté, ce repos, Sc cefte paix que “ vous defirez 8c appeliez tant, fortans hors de “ cefte leruitudc perpétuelle , en laquelle pour “ exemple vous voyez vos voifms. Car il n’y a “ chofe qui eftonne plus vn ennemy qu’vne rou- “ te foudainc , ne thofe qui refiouy(Te plus vn a- “ my quercceuoitvneviéloire inefpctce , corn- quot;nbsp;mcaujourd’huy ilvonsaduiendrafivous vou- “ lez. Ketoutnez-donc, mesfoldats,àl’aflaulta- “ ucc vncenuied en rapporter vne viéloirc , 8c non de fuyr,8c vueillez pluftoft mourir honno. quot;nbsp;rablement pour icelle, qu’en la perdant furuy- “ urc auec vne honte, cognoiflans que le mourir “ eft commû à tous, mais que le mourir glorieux “ fe donne à peu. Et ic m’afleure que prenas plus “ d’efgard à cc que ic vous ay dit,qu’aux promef- ' * fes liberales que ic vous ay faites, vous demeu- “ tetez en peu d’heures vnftorieux auec vofttc ”

V iiij

-ocr page 334-

Hißoire de Hongrie

»gt; gloire,amp; aucc vnc perte cxccflîuc denor „ ennemis, amp;nbsp;verrez en fin qu’aucune force cor-,, poreilencpoui taiamaisfurmôter cefte vertu, „ laquelle au lourd huy vous rédra auec moy éternels. Cela dit,ayant premièrement fait renforcer la batterie auec force artillerie , fit incontinent fonner l’alarme par tout le Camp. Au fon de laquelle tous accoururent en ordonnance à la muraille auec efchclles,amp; autres engins pour môter fut icelle,amp; for la brefehe,laque lie cftoit jà fort cflargie, enuironnans tous La ville auec plus de quarante mille hommes. Ilyauoit dedans pour la iculedeffcnce de la brefehe trois mille Turcs,amp; cent laniflaires, amp;nbsp;en tout auec les gens d’Olimanypouuoit auoit cinq mille hommes diuifez par les places ou il eftoit de befoing. Ainfion commença très cruellement à combatte tant de dedâs que de dehors, amp;nbsp;fort brufqucment, amp;.auecfi grand cry de ces nations barbares, amp;nbsp;vn tel tonnerre de noftrc artillerie, amp;nbsp;retentiflement des tabourins, trompettes amp;nbsp;clairons, qu’il fembloit que le monde deuft abyfmer. Et ayant efté rapporté à Caftal-de le grand defordre qui fe commettoit en plu-fieurs lieux de l’adault, fit incontinent marcher auec foy tous les hommes d’armes , ic toute la cauallerie,ordonnant les vns amp;nbsp;les autres ou ils fc deuroient tenir auec leurs efquadrons, confi-derant qu’il y auroit moindre mal amp;nbsp;danger en laiflàntpaflcrvn tel defordre que de retirer fes genSjà la retraite defquels il eftimoit deuoir ad-wenir plus grand inconuenicnt.Et fcHant apres

-ocr page 335-

Littre quatriepne.

approché dclabrefchc , vcid qu’Oliman auon mis fix cens chenaux en vne place pres , amp;nbsp;ioi-gnant icelle,preuoy ant la fin qui luy deuoit ad-uenir , ne les ayant oidonnez là pour fecourir feulement labtcfche,mais auec ferme deliberation de fc (auucr auec iceux , voyant délia qu’il ne pouuoit plus tefifter,amp;qu’il ne pouuoit em-peG-herque les noftres n’entraflent par force dedans la ville, fe Tentant abandôné du fecours qu’il attendoit de Bude,amp;auec iceux pour mef-ine confideraiion auoit mis quelques bandes de laniflaircs. Caftalde ayant apperceu cecy, pour luy öfter toute efperance amp;nbsp;de falut, amp;nbsp;de fecours, enuoya Icban Tutky auec quatre mille chenaux, amp;nbsp;Charles Scherettin auec fes quatre cens hommes d’atmes pour occuper l’autre riue du fleuve Marofle, par ou enft peu venir le fecours qu’il attendoit du Bafcba de Bude,Sida Bclerbey,amp; par ou il pouuoit fe fauuer.Et ainfi auecle Moyne, lequel en ce ioui fit tout ce qui ceer^« appattenoit à vn bon amp;nbsp;vaillant Capitaine, vaillant poutueut à tout ce qui eftoit neceffaitc , allant Capnai-tantoftd’vncoftéjantoft de l’autre, amp;nbsp;comme ccluy qui parfaitement entendoit toute affaire de guerre , ne manquoitde fonger à tous les accidens qui luy pounoient aduenir pour quelque caufe que ce fut, penfant aux moyens propres pour y remédier, De l’autre-part Oliman ne perdoit temps,mais animant les fiens fit que combatans courageufement ils foufteindrent plus d’vna(raulf.amp; y auoit jà quatre heures que Vaflauli duroit fqrt fanglant des deux parts, au-

-ocr page 336-

Hiß oire de Hongrie

quel les Turcs ne cedoicnt aux noftres aucunement. Quelques Capitaines de ceux qui premiers auec Julian de Carlcual auoienj: montéà la brefehe, voyansqueles Turcs Ce defFcndoicc fî brauement,amp; qu’il cftoit jà bafTe heure, amp;nbsp;ne voulans plus voir perdre tant d’hommes comme il fen perdoit, enuoycrent dire à Caftalde qu’ils eftoient d’aduis qu’il fit Conner la retraite puis qu’il y auoit fi long temps que le combat duroit, auquel les Turcs faifoient grande boucherie de nos gens. Caftaldc leur enuoya dire qu’ils euflent à tenir coup, amp;nbsp;qu’ils eufient fou-uenancc que l’afiault qu’ils auoient aup^rauanf donné à Dure auoit femblablcment duré quatre heures,amp; qu’en toute façon il failloit que la ville fut prinfe cefte nuidec, par-cc que fils n’y entroient celle nui cl, outre la perte de leur réputation , qui cil vne des chofes la plus importante en fait de guerre, ils fe mettroient en dan- i ger d’y laifler auec la vie celle gloire, laquelle ! en refillant les pouuoit rendre alfeurez de tels finillres accidens : amp;qucdauantàgeil voyoit appertement que la retraiôle clloit plus dange-reufcqucrentrec.En ce temps le Moyne George couuert d’vne cafaque verdc, laquelle luy ca-choit fon habit de pcurd’eftrerecogncu des ennemis . amp;nbsp;le Conte ThomasNadaldy vindrent enrembleàl’aflaukjamp;Japartou clloicntles Al-lcmans,amp; Efpagnols mefiez auec autresnatiós, aufquels donnans courage ils dirent qu'ils fcf- । forçalTent d’entrer courageufement dedans la ville pour venger le fang de leurs amis,qui fref-

-ocr page 337-

Littre quatrießne. ij? chement dcuant leurs yeux auoicntcfté par les Turcs tuez, blcirez, amp;nbsp;en pluficurs lieux efpan-dus. Pendant que CCS dcux-cy d’vn coftc ani-moicntles combatans,de l’autre coftc Caftaldc appcrccut que la cauallcric qu’Oliman auoit inife en cfquadron près la brefchc comméçoit à reculer,ou bien fe retirer en arrière, qui cftoit (îgne qu’ils ne pouuoient plus rcfiftcr, amp;nbsp;qu’ils feroient contraints fuyr, ou fc rendre bien toft. Ce que voyant, commanda incontinét que les deux CCS hommes d’armes d’Oureftolf miflent pied à terre, tz qu’vnc partie d’iceux prenans le rondache amp;nbsp;le coutelas, amp;nbsp;l’autre la pique, euf-fent à forcer la brefehe. 11 auoit aufti auparauât ordonne que tous les gens inutiles du camp armez feulement de hache à la Hongrcfque le rc-titalTcnt fur cefte montâgne,laqucllc comman-doit à la ville en forme de caualiier, amp;nbsp;que là a-uec vnc rufe ils euftent à faire vn front de fol-dats,afln qu’eftas veus des Turcs, ils fuffenr par eux iugez vtays foldats, mis en ce lieu pour venir aflàillit la muraille qui cftoit au deuat d’eux. Ces gens faifoiét vnc monftre d’vn nombre in-finy d’hommes.Caftaldc lors enuoy a promptement dire au Capitaine qui leur conamandoit, qu’incontinent qu’il vciroitl’aflault renforcé il euft à defeédre auec tous fes gens de cefte montagne,amp; auec les cris ôt hurlemés accouftumci à cefte natiô il euft à marcher droit à la muraille de la ville,pour donner,fi non en effcft.pour le moins en apparence,crainte à l’cnncmy d’vn ttes-cruel aflault.Cclà fait,ilf’en alla ou il auoit;

-ocr page 338-

'Hißoire Je Yîongrie fait démonter ces homm s d armes, îcfquels ftoient défia pres pour aller à la bicfche, amp;nbsp;Icut dit,dedans,dedans,mes frères, l’heure cit venue qui nous rendra tous auec la vidoire glorieux. Ces parolles hauflerent tant le cœur amp;nbsp;courage à vn chacun , que les Turcs lors qu’ils penfoiét que nos gens fe deuflent retirer, les voyans venir à la brefehe plus frais que dcuant,amp; fentans encor d’autres , en mcfmc inftant auec grands cris dcfccndrc de la montagne droit à eux,corn-tnenccrentfia coup à abbaiflcr leur courage, que perdans toute force amp;nbsp;v crtu laifierent m-trer en la ville nos gens les vns par la brefehe, les autres pat autres lieux,auec vne grande foule amp;nbsp;preflè de noftre auant garde,laquclle pout iooreftoir condoide pat le Marquis Sforce Pallauicin , lequel en mefme heure fe portant aufii vaillamment au combat comme en toutes fes autres adions.auoit faid defeharger contre la ville toute l’artillerie fi à propos que c’eftoit vne chofe incredible. Le Capitaine lehan Vi-glioa fauta le premier fur la muraille , amp;nbsp;auHi toil fut fécondé par François de ôalcede,lequel portoit fon Enfcigne , amp;nbsp;qui eftoit feul refté, ayans elle tous les autres enleuezparles Turcs l'ifife prin premieraflault. Carlcual fut auflî des pre-ft d'affaut miers fur la brefehe,amp; entrèrent femblablemét ^rCtßal en la meflee dedans la ville plufieurs Hongres, ■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;amp;nbsp;autres foldats qui Peftoier aduancez les pre

miers à la brefehe, fur laquelle furent veus pIuS de douze censTurcs morts. Tous les faniflàites qui efioient demeurez les derniers à fe retirer,

-ocr page 339-

Littre (juatriefme. 159 iclcs autres qui eftoient reftez en vie auec Oli-mart commencèrent auec vnc telle frayeur,8c(i aucuglémèt à f enfuyr au Chafteau, que c’eftoit mcrueillc i voit ces hommes efeamper fi vilainement, f’eftins fl hardiment detfendus par Vc-fpacc de plus de cinqhcures Lcs gens de Ferdinand cftans entrez dedans on ne trouua aucun

T urc qui euft l’cfpee leucc, mais fc laiffoient af-fommer comme bettes, 8c le bruit cttoit fi grâd dedans 8c dehors, que l’on n oyoit autre chofe qu vn douloureux gemiffement de ceux qui rc-doient l’efprit, amp;nbsp;qu’vne meflange confufe des autres qui ne trouuans auec qui combatte , 8C ctiansvlà:oite,'.'iâ:oire, tue, tue, couroient pat toute Lippe comme foicenez , fe metians puis âpres à faccager la ville. Les Turcs qui ettoi' nt à cheual penlans fe fauuer, faillirent hors la ville. 8c vindrent tomber dedans fes chenaux,lef-

quels,comme nous auons cy dettus dit,auoient etté enuoyez pour cett effcéi par Cattalde pour la garde du ftcuue,8c là furent par iceux mifera-blement en la campagne mis en routc,8cla plus grand part tuez-. Le rette voulant euiter ce peril tomba en vn autre femblable ou plus grand, ÔC pour vnc mort en rcceut deux,pat ce que fe jet-tans dedans le flcuue pour fc fauuer en nageant à l’autre tiue,les Hongres,les Allcraans, 8c Bohèmes , fc mrttans au deuant d’eux , les per-çoicnt aucc leurs lances eux 6c leurs cheuaux de part en part,tcllcmét que ccluy qui ne mouroic de fer ettoit contraint finir piteufemet fa vie en Vcauamp;fc noyer,baignantlcflcuac parvnlong

-ocr page 340-

il

H

}Aifloire de Viongrie temps de fon (ang.Les autres voyans aînfileutS compagnons fi mal traitez , rcto'ürnans à toute bride vers la ville pour fc fauuet dedans le Cha-fteau.eftoient par les noftres de toutes parts at-trappez amp;nbsp;tuez, fi qu’aucun ne pouuoit fauuet fa vie. Olyman,lequel pareillement auoit quitté la ville , aucc vne bonne troupe de cheuaux, pour fe fauuer, vo yant ce qu’on faifoit aux autres , print pour dernier refuge que fortune luy donna lors pour conferuer en ce iour fa vie(au-quel quafi tous les fiens Fauoient perdue) refo* lution de fc fauuer au Chafteau. Courant à icc-luy il trouua vne foullc infinie des fiens, qui e-ftoient demeurez entiers de cefte tempefte fu-rieufe,lefquels à grand prelle pour fc fauuer taf choient à entrer dedans , tombansplufieutsde dclTus la bacullc du pont dedans le fofic, tous brillez amp;nbsp;rompus : amp;nbsp;y auoit défia plus de cinquante cheuaux reuetfez dedans, Icfquels auee leurs matftres elloient tous morts. Olyman c-ftant arriué à temps fe méfiant parmy cefte foule, encor qu’il fc vid pluficurs fois quafi renucr-fé en bas par celle multitude, entra dedans le Chafteau , fut le pont duquel il y auoit mefmc des noftrcs méfiez parmy eux;amp; fi on fc fut ad-uilé de charger vers ce cofté,facilcmcnt on euft ce iout.qui cltoir le fixiefmc de Nouébre, print le Chafteau,amp; Olyman ne fc full ianrais fauuc. Mais l’cnuic de gagner ofFufqua tant vn chacu qu’on n’y peuft penfer. Or cftant toute la ville faccagee, ou on fit vn grand butin, amp;lanuitt Tenue Caftaldc fit enuironner tout le Chafteau

-ocr page 341-

Liurequatrießne.

fc y mettre de bonnes gardes, de peut que Ven- te dm-nemy parVobfcunté dt la nuiél (e fauuaft,8c ce #“«• d’autâtqu il Içauoit pour certain qu’on nauoit mené dedans grande quantité de viures, pat-ce que le confians de pouuoir garder la ville, amp;nbsp;de ne la perdre,8c d'eftre feeoutus,les Turcs ne Pe-ftoient autrement fonciez d’y en faire porter: amp;nbsp;cftoitaffcurc qu’ils ne Peftoiét iettez dedans qu’à fin de garétir pour l’heure leur vie de celle furie,ôc non pour louftenir dauantage. Caftal-de cllant affeuré de cecy ,fc délibéra de faire batte le lédcmain ce Cbafteaupat trois endroits, amp;nbsp;côinanda au Marquis Pallauicin que la nuit venue il cull à faire planter l’artillerie, 8c qu’on fin trois batteries, l’vne par dedans la ville , ôC quafi douant la porte du Challeau, 8c l’autre du €o(lé du flcuuc, de laquelle particulièrement a-uoit charge ledit Marquis, quiy allalogcr auec mille Allcraans,8c cinq cés chcuaux.La troifief-me fut vers le couchât près le folTc, en vne plaine qui elloit vis à vis , 8c en toutes y auoit fix doubles canons, auec fix moyennes pour rompre les delfenccs. Auec CCS pieces le Challeau fut battu, depuislchuifticfmcdc Nouembre, iufqucsau dix-fcptiefme , fans qu’aucun Turc parull pour appcllcr aucun des nolltcs à parlc-mctcr,ou traiter d’accord En fin le dixhuiélicf-mc lesTutcs forcez pat la necelfité commencèrent à demander commodité de pouuoir pariet cnfemblc , amp;nbsp;négocier quelque compofitiort honnctlc. C’clloit alors que le Moyne George (ainfi que iullemcnt,ou iniullement on padoiS

-ocr page 342-

Hiflotre âe Hongrie

de Iuy)fc repentoit de ce qui f’eftoit fait amp;nbsp;paf ««»X« fé iiifqiies à l’heure, amp;nbsp;cherchoit les moyens de /tffarctde jeftjbljr Je dommage que les Turcs auoient fouffert, eftimant cc ftuy- cy en eftre vn, de laif-, . nbsp;nbsp;fer aller libre Olymâauec tous ceux qui eftoieC

' * aflîcgezauecluy- Pour executer ion intention il inuentoit mille rufes, péfans qu’elles ne peuf-fentiamais eftre defcouucrtcs, 8c mcfmemcni quand il faifoit venir des perfonnes , qui rap-portoiér, corne chofe certaine, que le Belerbc/ venoit fecourir Olyma. Pour la crainte duquel il difoit qu’il Pen vouloir aller, 8c qu’il ne vouloir l’attendre aucunemét, afteurantfermemét qu’il ne deuoit point venir chercher ce hazard, finon auec doubles forces, amp;nbsp;auec plus d'hoffl* mes qu’ils n’en auoient en ce liege . Or voyant quececyne profStoit rien pour la deliuraiict d’01yman,il fit venir d’vn autre cofté quelques autres, lefquels il difoit eftre cfpies, par 1 (ly «gt;'' tretenus entre les Turcs,amp; qui luy auoient efte lenuoyez par quelques ficnsatliis, lefquels ns fiilloient par iceux à luy donner aduertilTeniet de tout ce qui fe prtfentoit,amp; lefquels pour cc-fte heure luy donnoient ce particulier aduis, a: fçauoir,que le Bafcha de Bude , 8c le Bdetbey marchoient vers eux fuyuis de deux grolTcs armées. Auec autres couleurs amp;cnfeigncmensrc‘ cens du Moyne,ces efpies couuroiét leurs feintes menfonges En fin le Moyne voyant l’obfti-nation de (?aftaldc à continuer ce fiege,amp; eftre plus chaut à la ruine 8c deffaifte des Turcs, fit d’vn autre cofté côparoiftte les Bourg-maiftres des

-ocr page 343-

Liure quairießne.

des villes, rappottans comme tous les gens fc I 5 ) mutinoient pour ne voulo ir attenddrc là fin de cefte guerre,à raifon des neig' s amp;nbsp;froids txccl-fifs qui pour lots tegnoicnt, amp;c qu’a cefte occa-fionpourVinteteft de leurs vies ils vouloient bien leur faite entendre librement, comme ils voulaient rompre leurs bandes, amp;nbsp;f’en retourner en leurs pays. Ilfaifoit aufti que les viures ne f’appottoiét plus au camp en telle abondance comme on fouloit, amp;nbsp;qu’ils le retenoiét aux pays.ôe ordonnoit que c ux lefqucls dauenture onyportoitfultentvendus chèrement , amp;nbsp;en telle façon que les foldats ennuyez de tel prix fc fafthaflent, amp;nbsp;f’en allaflcnt.Mais tout cela ne feruoit de tien contre celuy qui l’entédoit m'H bien que luy,amp; qui auoir tcfo u en fon cetueau d’auoit entre fes mains Olvman , ou de le faire mourir de faim en ce Chafteau : El comme il commandoit qu’on continuaft en diligence ce fiege, 5c qu’on tenlorçaftlabattetie, vue nuick

. quinze Turcs fottitenthors du Ch ftcau, deli-1 berez de demeurer pluftoft ptifonnicts que de l fe voir ainfi mourir miferablement de faim.On I entendit d’iceuxVextteme pauuteté, ôc defttef-i fe ou eftoient réduits les aftiegez, amp;nbsp;comme ils i n’auôient mangé aucunemét de pain, ny autre ; chofc,maisfeulemvntvnpeudegraincuyt, 8C

di farine detrempee en Veau, 5c qu’aptes auoir conforarné cecy ils auoient commencé à manger leurs cheuaux, amp;nbsp;boite de leur fang à faute

. d’eau,Sc que fut tout pour eftre le chafteau foré I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;petit, Sc non capable de beaucoup de gens, il»

X

-ocr page 344-

Hifloire de Hongrie endufoiét la plus grande incommodité du wo-* dc,amp;la plus grande foif qu’il eftoitpofliblede penfcr,amp; qu’ils eftoient quafi réduits à leur extreme ruine,eftans bien près ou de fe rendre,ou de mourir tous là dedans. Incontinent apres le rapport de ceux-cy les Turcs donnèrent la pa-rolle, difans qu’ilsfe vouloient rendre en bonne guerre, à tel fi toutesfois, de les laiflet forcit horsaucc leurs armes ôf cheuaux fauues.Caftal-de leur dénia tout,pat-cç qu’il cognoifloit clairement qu’ils ne pouuoicnt plus fe maintenir, mais qu’ils cftoiét tous morts,amp; defirantf comme chofe qui importoit le plus ) auoir vifentre fes mains Olyman, il ne voulut vfer enuerslu/ d’aucune grace, ny accepter autre capitulation, finon que de le receuoir à fa diferetion , amp;nbsp;en-uoyant d’vn cofté vn Gentil-homme Hongre, lequel entendoit amp;nbsp;parloir fort bien la langue Turcqucfque amp;nbsp;Coruatre,poutmoycnner ceft accord, le Moyne de l’autre cofté enuoya fem-blablcmct par vn Efclauon dire à Olyman qu’il negotiaftbicn fes accords, amp;nbsp;comme il conuic-dtoit à fon honneur, par ce qu’ils feroient acceptez, amp;nbsp;cxccuteroit-on ce qui auroit cfté cô-dudauecluy. Cccy ayantcftérapporté à Ca-ftaldc par le moyen de ceft Hongre, lequel finement feignant fentendre auec le meflâger du Moyne,cntendit ce qu’on braflbit,voyant qu’à raifon de ces pratiques l’occafion de la vidoite fe perdoit, amp;nbsp;que les Turcs ne fe rangeoiét plus à aucun accord, il fit pourfuyure la batterie, H plus fort que deuant. Le Moyne cependantne

-ocr page 345-

Lture quatrießne, l6t laifïoit pas à fonder toutes les voyes pour fau* uer Olyman, difant publiquement qu’il eftoit hônefte qu’on vfaft enuers les Turcs de bonne compoficion felon la couftume de bons,amp; parfaits foldats, à celle èn qu’vnc autrefois ils ren-diflent la pareille aux nolhes, amp;nbsp;que le Turc e-ftoit grâd feigneur, amp;nbsp;fi puilfant que pour cefte confiderationilnc vouloir endurer que pour celle heure on dcfdaignaft fa grandeur en celle façon, ains que pluftoll il dehroit qu’on ne luy doniiallplus occafion de f’irriter cotre ce pavs, en fc contentât de celle qu’on luy auoit jà baillée en icpienant par force celle ville , amp;nbsp;ayans cfté tuez en icelle de fi vaillans foldats liens, ôc en ayant contraint le Belcrbey fc retirer auec fa courte honte. amp;nbsp;qu’au contraire il eftoit maintenant plus expedient l’adoucit, amp;nbsp;que pour ce faire il iugeoit elite bonlaificr aller en liberté tous ceux qui f elloient retirci en ce petit Cha-fteau. Callalde en répliquant, luy dit, qu’il ne failloit laiffet aller aucunement vn tel cnnemy comme eftoit olyman .puis qu’ils le tenoient |à en leurs mains, amp;nbsp;qu’autre que Dieu ne le pouuoit tiret delà, amp;nbsp;qu’vfant de telle rigueur en fon endroit l’orgueil amp;nbsp;audace du Turc cô-mcnceroit à f abailTer, amp;nbsp;qu’il ne failloit aucunement laiflet couler telles occafions, lefquel-Its ne fe trouucnt iamais de long temps fi heu-leufes , 8t qn ils n enautoient peut élire àl’ad-uenir de fi profpcres comme maintenant celle cy ie prefentoit.Le Moync toutesfois contredi-fant toufiou.5, amp;nbsp;fouftenât qu’il failloit fauucr

X ij

-ocr page 346-

Hiftoire de Hongrie

Ólyman, amp;nbsp;cftant manifcftc à tout le Camp fa fin ou ii tendoit, amp;nbsp;ce que l’Efclauon auoit co-fi.flî,lcquel vn peu deuantauoit efté prins, fut en fin contraint dcfcouurir fa mefehante volô-té , ôc dire franchement a Caftalde qu’il ne fe vouloir point rendre ennemy du Turc, mais qu’il vouloir mettre Olyman en liberté, amp;nbsp;le la 1 (Ter aller librement auec fes armet, cheuaux» amp;nbsp;gens qui eftoient auec luy,amp; que fi ctlàncfe faifoit il luy cftoit force de le derfendre contre quilevoudroitempcfcher. Caftaldeluyfit rc* fponce, que puis qu’il auoit délibéré d’en faire ainfi, fon aduis cftoit, auant en conclure autre chofe , de faire appcller en afttmblee publique tous les principaux Seigneurs amp;nbsp;Capitaines de rarmec de Ferdinand, amp;nbsp;de celle de Tranfilua' nie, afin qu’vn chacun en diftfon opinion, amp;nbsp;que par ce moyen ils n’euftent à fc pleindre que on leur euft ofté ceft honneur, amp;nbsp;profit qu’ils a-uoient gagné auec leur fang Öe vne peine extreme fans leur en auoit fait entendre aucune chofe, amp;nbsp;qu’ils n’eu lient à fe fafehet d’eux deux.Le NI oyne en fut fort content, croyant fermemét qu’aucun n’cuft ofé contredire à fa volonté, Âinfi eftansen fa tente aflèmblcz auec Caftal-de, André Battor, Thomas Nadafdy, lequel de nagueres eftoit Palatin de la Hongrie , Percin Peter, Ichan Turchy, le Marquis de Balaflc, 8C autres Seigneurs amp;nbsp;Capitaines, tant Hongres, Bohèmes, qu’Efpagnols amp;nbsp;Allemans, amp;auec eux tous les députez des villes, amp;nbsp;Prouinctsdu Royaume, le Moyne George en prefence de

-ocr page 347-

Liure quatriefwe.

tous commença ainfi à parler à eux en langue Latine. Mellieurs.iecroy que vous cognoiHcz, ô£ fçauez combien eft à craindre la force du Grand Seigneur,amp; combien eft grande fa puif-fance,laquelle ie fçay auoir t fté par vo^ efprou-uee auecl’expctience de voftre dommage, amp;nbsp;a-uec la ruync de vos villes,amp; mort de vos parés: fcmblablemeni auez cognoilTance des ven’-geances cruelles , defqucllcs pour la moindre colere il fçaic vfer iuftement, ou iniuftement contre les hommes amp;nbsp;femmes, ne pardonnant ny aux petits enfans, ny aux vierges , vfant du feu amp;nbsp;du fer, non feulcmct contre vous autres, mais aulT» contre les temples , contre vos mai-fons, finablcmcnt contre les arbres mcfmes, plantes amp;animaux,qui ne font aucunement af feurez de fon ire barbare. Pour celle caufe i’efti-me eftrc plus que falutaire, que nous n’ayons Îlus à attirer fur no’autre bay ne que celle que es Gens nous portent naturellemétàraifon de noftrereligion , amp;nbsp;desiniurespaffees ; ainsau contraire que nous tafehions pat toutes voyes amp;nbsp;manières de Vappaifer , amp;nbsp;le rendre douxamp; clement,afin qu àl’aduenir en fe contentant du tribut accouftumé il nous laifle viure en paix, amp;iouyr de nos biens fans crainte de guerre. Et pour paruenir à ce ie me fuys aduifé d’y employer ceft Olyman Bech, maintenant tenu af-fiegé par vous dedans le Cbafteau de Lippe, le-

' quel en luy donnant amp;nbsp;aux Gens liberté de for-' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tir à fauucté,fera récit au Grâd Seigneur de no-

' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fttebonne volonté,qui par telle deliurâce met-

’ ; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;X iij

-ocr page 348-

gt;» »gt;

» » »

SJ

» »gt;

9gt;

SJ » ii

99

»

Hißoire de Hongrie tfâ en oubly la vengeance dont il pourroit vfef àTencôtrcdenouspourles offences qu’il a rc-ccuëscn cefte guerre , amp;nbsp;nous laifferaiouytd« cefte tranquilite , amp;nbsp;repos qu’vn chacun fou-haitte tant. Partant ie vous prie que pefans bic mes mots vous fuyuiez mon confeii amp;nbsp;embraf fiez cefte mienne bonne intention, laquelle cft du tout pourle bien public , amp;nbsp;que ne voulieï pour quelque ambition faire mourir ou retenir en prifon Ôlvman amp;nbsp;tous les fiens, par-cc qu' quand vous les aurez tous tuez, vous ne forte* point pour cela d’ennuy,de peine,amp; de trauail, attendu que le Grand Seigneur n’a faute d’autres hommes, ny d'autres forces, quand on luy fera perdre ceux-cy, ayant à quinze lieues d icy plus de quarante mille hommes prefts à venget cruellement leur mort. nbsp;comme i’ay eftcacct-

tone par vn quidam , qui tout à cefte heure cft venu à moy de leur Camp je Belerbey amp;nbsp;le Baicha de Bude doiucnt bien toft venir nous aflail-lir,5c fi ainfi eft ou en ferôs nous? Quelleafleu^ rance pourrons nous auoirn’ayans vfc d aucune courtoifie à l’endroit des leurs ? Nous logerons eftrc meilleur de ne nous trouuer deuant eux.fçachans qu’aucc toute forte de morts horribles amp;nbsp;cruelles , ils voudront venger fur nos tcftcs,amp; fur nos parés le fang des leurs par nous efpandu. Nous pouuons euiter ces cruautezpat vne clemençe,amp; bonté de cœur,amp; rendreaucc icelle vn ennemy doux, traitable amp;nbsp;gracieux» n’eftanten ce monde aucune gloire plus célébré amp;nbsp;recommandée que celle qui fc peut ac-

-ocr page 349-

' Liure cjuatrießne. 4 ' I quetii en ayant pitié amp;nbsp;compalTi on de Venne- “ I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;my ,qni fent réduit à Vextremité de fon bon- “

1 neut, ftc de fa vie, amp;nbsp;n eftant raagnanunité au- “ l cune plus grande , que de donner la vie à ceux “ 1 aufquels onia peut öfter quand on peut. A ces “ patolles Caftalde,comme chef de tous,fit cefte “ refponcct 11 n’eftoitpoint de befoingque vous “

. l MonlieutlcRcuerendilbmeenuoyaibiz.iln’y quot;nbsp;i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;a pas beaucoup de moys paffez , vers VEmpe- “

, I leur Charles cinquiefme, pour luy promettre*' I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fur voftrefoy,quc vous feriez toufiouts autantquot;

l nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fauorable aux Cbreftiés,comme tres- cruel en- **

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nemy des Turcs,amp; n’eftoit pareillement nccef quot;

i faire que vous priaflicz Eetdinâd Roy des Ro- “ 1 mains pour vous enuoyer fecours,amp; pour deli- ** l uter ce Royaume dcTtâfiluanic de la malheu-“ 1 teufe oppreflion du commun cnnemy , fi vous “ l vouliez vfet de ces façons ,dcfquelles mainte-quot; 1 nant auec mauuaife teputatiô ie vous voy vfer. quot;nbsp;1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Eteneorqueîetdinandncfuftendoutedevo-quot;

, 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ftteinconftance,l’ayant défia efptouuce autre-quot;

1 fois,neantmoins ne prenant cfgatd à cefte fou- “ I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;dainctéjàbienvouluaffemblerceftearmee, ôc‘*

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;contreVopiniondepluficursl’enuoyer commequot;

. I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;àvoftrcfecouts.Etccfccoursa cftételqucnon quot;

1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;feulement il a garenty ce Royaume, amp;nbsp;vous de “

l nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;la main des Inhdelles , mais aufli il a tcçouuert quot;

, 1 infiny pays, qui pat force amp;nbsp;trôpctic auoit efte quot;nbsp;. i pareuxvfurpc.Ormaintcnantquclleoccafionquot; . vous meut eftant viftorieux, amp;nbsp;ayant mis enquot; ' toute amp;nbsp;en fuitte vos ennemis, de vous mettre*'

en ruine , Si auec vnc bonté faire que nous, Ôc quot;nbsp;X lii)

-ocr page 350-

»

»

»

»

»

9gt;

93

9) »

9’gt;

93 »gt;.

99 »9

gt;gt;

99

99

93

99 »

gt;9

»9

99

99

P

}r{iftoire de Vïongrie tou? vous autres foyons fubiciäs à ceux que nous tenons d’aflcurancc prifonniers, amp;nbsp;contrains de fe rédre a noftre difcrction,amp; de nous prier que nous ayons à nous recommâdcrà ce-luy qui eil capital ennemy , non feulement de noftre liberté, mais aufti dp noftre faincle foy, amp;nbsp;de monftrct vne fi grande lafeheté par faits, amp;nbsp;parpatollcs timides à ceuxlefquelsauecno-Itre grande gloire, monftrans la vaillantife de noftre cœur nous auons vaincus domptfX, amp;nbsp;mclmfmentà celle heures que côme du tout perdus, ils fe laiftent aller à des compofitionsfi deshonneftes qu’iis fe tendent eux mefmcs indignes delà vie comme ils cftimcroiét de vous fi vous eufiiez efté par eux vaincus, monftrans par icelles qu’ils ne font aucunemet dignes d’e-ftre ouys par perfonnages fi nobles, cômefont tous ces Seigneurs cy prefens, amp;nbsp;toutes ces na-tionsqui nous enuironnent, lefquels pour leur pays,honneur,vie,amp; pour la liberté,amp; deliurâ-ce d’vne fi horrible captiuité, l’autre iour ont cfpâdu tant de fang que le Marroftè en couloit tout teint? Que deuicqdra cefte bonne réputation qu’auec tant de trauaux, tant de fortunes, amp;aucclamort dc tant de perfonnes auez ac-quife, fi maintenat par vpc coiiardifc vous voulez la laificr perdre ? Ne voyez vous pas qu’en vous rendansàceux qui font vos prifonniers vous perdez entieremet la hardiefle d’ofer plu? les attaquer en combat, amp;nbsp;n’aurez plus le pou-uoir de leur faire guerre, par-ce qu’ils prefume-rpnt toufiours vous tenir en fi grande iubiciâiô

-ocr page 351-

Liure quatriejme, 165 amp;fipcud’eftime,qucdix d’cntr’eux nc crain- quot;nbsp;dront d’aflaillir miilc des voftrcs,amp; cc d’autant “ plus que vous voulez les aneurcr pat voftre ti- quot;nbsp;miditc ,amp; de victorieux vous rendre vaincus. “ Je voudrois bien fçauoir qui incite amp;nbsp;encoura- “ ge les (oldats,fi ce n’eftoit la gloire, amp;nbsp;pour ga- ” gnerauec icelle par Icurstrauaux,honneur, rc- quot;nbsp;nommeeamp;recompcnteî Et maintenant qu’a- “ uecvne grande admiration vous l’auez acqui- “ fc,8i qu’auez mis fin à cefte guerre,vous voulez “ auec voftre grande honte amp;nbsp;dommage, laifter “ aux ennemis ce triomphe, amp;nbsp;cefte reputation “ qui vous peut en quelque endroit que ce foit “ cflcuçr au comble de tout honneur ßc loiiange. quot;nbsp;Que diront entr’eux les Chreftiens J finon que quot;nbsp;vousauezefte cfpouuantez de voir en voftre “ puiflance les Turcs, qu’eftes pluftoft fuys quot;nbsp;qu’auoireu le courage de les arrefter ptifon- “ nietsjNc penfez-vous point vous aiirres Hon- quot;nbsp;grès,Saxons,amp; Siciliens, qu’on donnera la pal- ” me de la victoire aux Efpagnols, Allcmans, Si. quot;nbsp;auxBohemiens, amp;nbsp;au lieu on vous notera d’in-famied’auoir fi vilainement laift’é aller l’cnne-

my, amp;nbsp;d’auoit receu fi lafehement l’accord , Si “ compofition qu’ils vous à demandé , donnans par là à vn chacun clairement à cognoiftre la “ peur que vous auez de luy î Helas ay ez fouucna- ” cede vos pereSjCnfans,frétés amp;nbsp;parens, qui ont “ eftémifcrablementoccisparccsTurcs.ou mis “ à la chaifne,amp; de vos femmes,qui non fans vo-ftre grand deshôneur ont efté pat eux enleuees, quot;nbsp;6c violeçs, Icfquels maintenant vous tenez en n

-ocr page 352-

Hifloire de Hongrie

« Toftrepuiflancc, amp;fipoutlescaufes fufdiÆeS »’ vous ne voulez vfer de cruauté en les faifant »’ mourir, ou en les retenant ptifonniers , ainfi ’’ qu’ils retiennent vos enfans,frétés amp;nbsp;amis, fai-*» tes au moins qu’ils congnoiffent que leur vie, gt;» leur liberté, leurs arm es, cheuauxamp;cnfcigncs » fontfoubs voftrepouuoir , amp;nbsp;que fi vous leur J» voulez donner ils rccongnoiflent ces chofes de »» vous leur eftrereinifes par vne grace amp;nbsp;cour-n toific,amp; non par vne obligation forcée, ou par 5» vne crainte.Et ne vous foucicz d’aucuns aduer-j, tifTemens faux amp;nbsp;controuucz , ny des menaces gt;» qu’on vous faid pour la venue du Bafcha, amp;nbsp;du »» Belcrbey, par ce que fuyant il a jà paflè le Da-» nubc aucc toute fon armee, amp;nbsp;quand il teuien-ï» droit,vous verrez appcrtement que nos gens a-» breuuez des heureux fiiccer du pafle, feront »» plus difpos pour le côbatre qu’il ne fera à nous J» attendre, tcllemétqu’en l’vn amp;nbsp;en l’autre nous gt;gt;nbsp;pouuons franchement nous promettre la vi* gt;gt;nbsp;doire certaine , amp;nbsp;ce d’autant plus que la har-» dic(rc,pour les routes qu’il a receuës, luy defaut gt;» amp;nbsp;f’augmente en nous pour les conqueftes que »« nousauons faites. Par celle rcmonftrance tous

ceux du confeil commencerét à Ce tourner vers ne George, amp;nbsp;à châger d’opinion,voyas que c’elloit vne trop grade vilainie,amp; vne trop grande faute de lailTer aller, ainfi que le Moync vouloir, Olyman impuny de ces mefchancctcz amp;nbsp;exccz.Etla conclufion fut qu’on ncluy don-ncroit aucune liberté, mais qu’on feroit de luy Ci qu'il cull fait d’cux.Lc MoyncGeorge voyât

-ocr page 353-

Liwe quatrième. i66 que ny fecrcttcmcnt, ny appettemét ilnc pou-tioit faire cc qu il vouloir,8c que fes raifons n’e-ftoient point admifcs,dit foudain en fort grande colcrcaCaftalde,qu cncor qu il nele voulut il vouloir neantmoins pour lelalut public, 8c pour la tranquilitc de la Tranfiluanic fauucr Olyman. Caftaldencluy voulut faire aucune refponcc, maisaccrcut enfoy rocfmclabaync qu’il luy pottoit, 8c l’emuie de le faite mourir le pluftoft qu’il pourtoit, cognoiflant manifefte-ment combien il fauorifoit les affaires du Turc amp;nbsp;auoit celles def crdinand en difgrace.Incontinent que ce confcil fut Icué,le Moyne enuoya vers Olyman pour luy dire qu’il dépefebaft I. deux de fes principaux Capitaines, pour traiter aucc luy de la compofition qu’il demandoit, ayant artefté 8c concluddclc lauuer. Iceux venus le Movne fuyuant l’accord qu’il auoit dcfia fait fectettement auec eux ,leut donna vn fauf-côduit pour fortir,8c fc retirer leurs armcs,cbc-uaux,cnlcignes,8c bagues faunes,les accommodant de chariots 8c chatrcttcs,pour mener aucc eux lesblecez.Et à celle fin qu’ils cheminafTent en plus grande feureté, demanda que Caftaldc cuftàleut donner vn autre fauf-conduit, afin qu’Olyman ncfuftaucunemétoffence par ccç nations,aufquellcs il commandoir.Ce que Caftaldc nc voulut aucunement accorder, 8c en fc cxcufantluy dit, qu’il ne vouloirluy dónerpa-lollc en payement, ny fatisfaire à fa demande, pourcaufede la cruedle inimitié qu’il fçruoic efttc entre les Turcs 8c les fiensjcfqucls nc pou-

-ocr page 354-

gt; Hifiotre de Hongrie voient trouucr bon qu’on laiflaft aller Olyman Si qu’il le dtsfioit qu il (croit impofllblc d’em-pefeher qu’ils ne le pourfuyuilTcnt. En fin le Moyncleprclîàtant qu’il fut contraint promettre pour tous ceux qui eftoient à la fouldc de Ferdinand, amp;nbsp;puis fit donner bonne garde à Olyman pour le conduire lufqucs en lieu de iiy fortitdu Chafteau aucc mille Turcs de refte des autres treize cens, qui auoiét Je moytn cmpottcz pat 1 artillerie,amp; taifant condui-deGmr^t. re tout le bagage, amp;nbsp;les blefTez à l’auant garde, commença à matt hcr vers le Chafteau de Ver-cherez,(oupourccftcnuiâ:lcBelcibcy fetroU' ua,) amp;nbsp;f’eftant logé à douze mil de Lippe, vin: de Id durant la nuiû fccrcttemcnt voir le Moyne, lequel auoit enuoyé au deuant de luy mille chenaux pour le conduire plus feurtment, amp;nbsp;ayans efté cnfcmble quatre bonnes heures en la tente du Moync , fc retira ou fes gens Fatten-dotent, amp;nbsp;ayant demouré là lerefte de la nuid, fit au poind du iour ranger fes Turcs le mieux qu’il peut en bataille,amp; ainfi fe partit cheminât vcrslcBctcrbey. Comme Olvman foitoit de Lippe, le Marquis de Balafife faillit fecrettemét du Camp aucc fes deux cens chenaux , fans en communiquer nen à perfonne. Aucc luy fe ioignirentenuiron deux autres mille chenaux, fortis auflî à la dcfbâdade del’armce, pourl’cn-uic qu’ils auoient de maftàcrcr ces Turcs,par ce qu’on ncfeplaignoitpas pour vn peu de l’accord qu’auoit fait le Moyne,en les lailTant ainfi «lier à fauueté, amp;nbsp;les garcntiflanc des mains de

-ocr page 355-

Liurc quatrießne 167 tes nations,qui auoiîc tcccu d’eux tant de bruf-lemens,de pcites amp;domm.’gcs.Pout cemcfmc efEcÄ eftoient fouis hors de Themcluat deux cens autres chcuaux,aucc lefquels eftoit AlphS* ce Perezde Sajanedra, lequel fe joignit auecle Marquis. Eftans tous en cefte façon aff mblez, amp;nbsp;chcuauchans Icgeremrnt atteindrtni Oly-snan en vnt campagne rafe, lequel de tout l’cn-uiron n’edant d’aucun arbre,ou buiflbn empef-ché pouuoit eftre retogneu amp;nbsp;miré. Quand il eut dcfcouuert nos gens , il commença a marcher ferré , cftantla plufpart de fes gens à pied, amp;nbsp;auoit au milieu de fon efquadron quatre ou cinqchariots , furlefquels aueclesblefltzd a-uoit mis trente cinq atqucbuzicrs qui luy e-ftoiét reftez en vie.Le Marquis pour l’attaquer meit fes gens en ordre , Sc quand il fe veit pies d’Olvman, amp;nbsp;à propos fit donner des efperons aux fiens. Cedant mis au premier rang, penfant à ce premier choc enfoncer les Turcs , lefquels pour ne perdre leur coup ne fe hafterent de laf-chet leurs atcqucbuzes,ains tirerent fi à propos que du premier coup le Marquis fut blcffé , Sc fon cheual tu\tellement qu’il fut contraint tobet à terre.Les fiens le voyant cheut, craignans quclcs cheuaux paffans par fur luy Vacheuaf-fent, fouurirent, en façon que d’vnfort elqua-dron ils en firent deux foibles; amp;nbsp;courans de furie contre Olyman fans fe pouuoit referrer , les vns donnèrent furl’auant garde des Turcs , SZ les autres fur l’atriere-garde, lailfans la b.rtaillô d’Oly man fainc,5ceniicie fans la rompre. Les

-ocr page 356-

Hifioire âe Hongrie

Turcs prcnans cœur dccecy, amp;nbsp;voyansOlyma combatrc courageufemcnt, fc diligentèrent de marcher ainfi ferrez, amp;nbsp;combatiicnt toufiours /î brauemet que les noftres »’eurent la hardicf-fede retourner les alTaillirjmais les laiflerent aller fauues , ouleBelcrbcy les attendoit. Apres qu’Olymanfut deflogé on commença dés le lendemain à donner conge aux enuoyez du Maynuit Royaume,amp; Caftalde demanda au Moyne que Ibuldoycz de Ferdinand fulTent logez en la qu’au-it. cune de ces nations entrai! en ces pays , amp;nbsp;que pluftoft ils logeaflent dedans le Conté de Vara-din , f exeufant fur les charges qu’auoit défia porté ce Royaume , amp;nbsp;qu’en mettant ces fol-dats dedans(eftantpourceflc heure paifiblc,5i en repos) ce feroit vn commencemét de le vouloir ruiner, eftimant eftre meilleur qu’on les mift en garnifon és places de fon Euefché,ou félon fon iugement ils feroient plus vtiles amp;nbsp;ne-cc(raircs,eftansces lieux plus commodes,amp;voi-fins de la frontière de l’ennemy, que de les mettre en la Tranfiluanic, ou Ferdinand n’en auoit pas tant d’affaire comme és places fufdites. Caftalde voyant que ce trait fe defcouuroit foTt,SC qu’il luy cftoit befoing de manier ces chofes a-uec plus d’aftuce qu’il n’auoit fait iufques alors dit au Moyne qu’il luy fembloit eftre bien con-uenable qu’on remenaft l’artillerie dedans le Royaume d’ou on l’auoit tiree,amp;aucc telle garde qu’il appartenoit. Le Moyne en fut content mais aucc telle condition qu’il n’y autoit pa»

-ocr page 357-

Liure quatrießne.

plas de cét Allcmans pour la conduite. Ce que Caftaldc accorda St enuoya incontinent dite a fes Capitaines qu ils fiflent marcher 1 artillerie deuant que le Moyne lefccuftiôt qu’auec icelle allaffent cinqEnfeignes d’Allemas, ayans charge d« fe mettre dedans Albciulcvnc partie , ic Vautre dedans les places voifines. Et cependant au mieux qu’il pouuoit temonftta au Moync George qu’il eftoit plus que neceflaite de mener les foldats dedans le Royaume non tant pourl’afTcuranccd’iccluy que pout les careflet en recompenfe des trauaux qu’ils auoient fouf-ferts, 8c pour la vaillantifc qu’ils auoient moa-ftteecsalTaultsdeLippc , comme il auoit vea luy mefme, 8c encor, afin qu’on leur mondt ad: quelque figne qu’on en tenoit copte, 8c qu’on en auoit memoire.Le Moync à ces temondran-ces fêlai (Ta aller ayfémcnt, croyant aufli bien qu edans en fi petit nombre ils ne fctoict afTcz tuSifans pour dedourner ce qu’il delibcroit faire en fon efpcit. Durât que l’attillcric fe menoit leMoync 8c Cadaldc commencèrent à donner ordre aux affaires de Lippe , lafaifans nettoyer des corps morts dcsTurcs , qui cdoienr efpan-dus par les tues de la ville, dedans les foffez, 8C auxbrefehes , 8c principalement au Chadeau, commandans que les muraillesfudent reparees au mieux qu’on poutroit. Et par ce qu’en cede ville il y auoit plufieursperfonnes , qui volon-tairementjOU par contrainte des Turcs auoient prins les armes pour leur deffencc contre le c5.p de Ferdinand, le Moync les ptiuatous de leurs

-ocr page 358-

Hißoireäe Hongrie biens , amp;nbsp;les donna en rccompcnfc à plufieur» de fes gens de guerre amp;nbsp;Capitaines, entre le(-quels furet donnez ceux d’vn marchand lequel auoit cfté tué à la ptinfe de Lippe, qui eftoit vu homme allez pourueu de bien,amp; qui auoit vue femme outre la beauté amp;nbsp;ieunelfe, autant ver-tmimt tueufe, amp;nbsp;de bonne réputation comme pas vne autre qu’on euft peu trouuer en ce quartier. Icelle voyant auoit perdu par le fac de celle ville ce qu’elle auoit, amp;nbsp;ne luy elite demeuté autre chofe que la robbe qu’elle auoit fut elle, amp;nbsp;que pareillement on luy auoit ofte toutes fes pou-f lîons , amp;nbsp;que le Moyne les auoit diftribuees à deux de fes Capitaines Hongres , Icfquels l’a-uoient chalT c hors de fa propre maifon, fc voyant tres pauure amp;nbsp;mendiante,amp; ne fçaehat plus que faire , fut confeillce d’auoir recoursa Callalde.Ellant donc venue à fiente, amp;nbsp;voulant y entrer amp;nbsp;parler à luy , fut enquife parles gardes que c’eft qu’elle vouloir. Elle fit refpofl-ce qu’elle ne vouloir autre chofe que pouuoit parler au Lieutenant General. Les gardes la voyat trefbellc,amp;: de corps,amp; de vifige, croyas qu’elle ne venoit que pour monftrer La beauté, amp;nbsp;pafTcr encor plus outre, amp;nbsp;mefmement con-fiderâs l’heure qui eftoit hälfe, amp;nbsp;pres de la nuit ne la firent guercs attédrc,amp; la lailferent incontinent entrer. Icelleexpofià Caftaldela caufe de fa venue , le priant qu’il ne vouluft fouffrit qu’elle allaft chercher fa vie , luy remonftant , que fi fon mary feftoit trouué contre fon vouloir à la muraille de Lippe contre luy , qu’il eu auoit

-ocr page 359-

Liure «j« utriepne. 1C9

ftuoit ià payé la faute pat la mort, amp;nbsp;que pout 1 S 51 I celà eftant femme,8c L.hreftienne elle n’en de-

uoit cftrc coulpec , 8tqu cllenc deuoit porter

fur çllclespech{zd’autruy,cftaniinnoceritc de

cefte faute, ôc que partant il vouluft auoir ef-gatd à fa condition, ôc à Ion honneur, 6c qu’il ncvouluftpcimcttrcquc pour enrichir deux, qui n auoient oefoingdu fren, elle fut entièrement mince , 8c contrainte pafTcr les louts en perpétuelle mifere.dônt il t( ceutoit peu d’honneur. Elle profctoit ces parolier auec vne ft bone grace, 8c gelles ft proprement accommodez à fon parler, quelle monftroit bien qu elle n’a-uoit moins ïcfprit beau au dedans, que paroif-foit par dehors le vifage,6c le corps Caftaldc fit foudaincraent appellcr ces deux Capitaines, aufquels donnant autant 8c plus de ce qui ap-partenoit à Ferdinand, en rccompenfe desbiés de cefte. femme,leur commanda qu inconiinét ils tcndilfent ce qu’ils auoient euz du (ten. Cc qu’ils executerent, 8c l’v n deux, qui eftoit celuy quil’auoit fpolice plus de (on bien , la print vn peu apres pour efpoufe,voyant la ftngulicre beauté 8c venu, qui eftoit en elle. Encetcmpslc

‘ Maiftve de Camp Aldene requift Caftalde de luy vouloir donner le gouuevncmcnt de Lippe, auec tel eftat qu il auoit charge de donner à vn autre. Ce qui luy fut incontinent accordé , Sc LiffeVail ainfifutlai’lelt auecfacompagnee pour gou- lettngar-tietneur, 8cluy fut enchargédelàfottifiet, 8c tepater le Chiftcau , luy recommandant cefte “P*-’ place , comme eftant fort importante à tout ce

-ocr page 360-

Hifloire de Hongrie pays,amp; mcfmc pour cflre la porte, amp;nbsp;la clef lt;1* ce Royaume , amp;nbsp;qu’à cefteoccafion ilcuft à la remettre en tel cftat, amp;nbsp;aulîi forte qu’elle eftoit auparauant,amp; qu’il donnaft ordre que les habi' tans, qui Pen eftoict fuys rt tournaflent en ied' le,amp; que lur toutes chofes il euft à caiciTcrtous fes voifins, faifant le fcmblablc à ceux des enui-rons du Chafteau de Solimos, dedans lequel il auroità mettre fon Enfvignc iuTques à ce que 1^ Chafteau de Lippe füft bien remparc amp;nbsp;forti-fie: Si luy ayant laiflc vue bonne prouifion d® viuresjamp;tclle qu’auec icelle il pourroit fe main-G.tfj,ar tenir plufieurs moys , Caftalde pour pouriioif Ca/itUina d’autre cofté à Tbetnefuar, y enuoya Dom Ga-fparCaftelluio auec fa compagnee d’Efpagnols Tbcme- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;dc ccux qui à rafEiult de Lippe auoiet

f»4r. perdu leurs Capitaines, cy delTus nommez, dót Ferdinand nagueres l’auoit pourucu,amp; luy dô-na chargede fortifier celle ville,amp;mettre ordre qu’elle n’eull faute de tout ce qui feroit ncccf-faireen tout euenement. Ayant pourueu à cc$ deux villes, il logea à l’entour de la ville dc Va-radin toute fon armee,amp;l’ayant fait accommoder, fit marcher d’vn code dufteuucde Marof-fe les bandes Erpagnolles,amp;Allemandes,amp;paf l’autre pour ne dôner aucun foupçon au Moyne , alla feul auec luy , n’ayant que vingt-cinq arcquebuzicfs à cheual pour fa garde , faifant marcher d’vn autre collé deux mille chenaux, Si cinq cens arcquebuziers , amp;i en celle façon commencèrent à dcllogcr, allans eux deux en-fcmblemcnt dedans vn chariot pour plus gran-

-ocr page 361-

Liure qùatriefîne. 170

dî afleutancc. Défia le temps f’apptochok,au-

quel il penfoit faite mourir le Moytre Geote,e,

amp; ce d autant plus c^u il en cltoit lollicite gran-dementpar Ferdinand nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lorsluy a-

uoit encor enuoyé vn courtier de Vienne pout diligenter ccftaffaite,Jlt; pourluy oficr la .’ie,8c mcïmemcnt pour auoir entendu pat les lettres de Caftake^cc qu’il auoit fait auec Olyman Et afin qu il ne Ce desfiaft d’aucune chofe pour la venue de ce nouueau courtier ,il luy du qUe Ferdinand cftoitttefioyeux de la prinfc de F ip-pe , 8c qu il le rcmercioit infiniment du fcruice qu’en cela il luy auoit fait , dont il ne feroit ia-mais ingrat enfon endroit, cfpetant luy faire patoifirc en etfett telle fatisfaôtion 8c recom-penfe qu’il en Ictoit perpetuclE ment content.

Par telles trames déguifant ces ftratageraes .Ça Biufe o» ftaldecnfinattiuaaueclc Moynea Uinfe , qui C“* cfi vn Chafteau par luy édifié pour la plaifantc fituationdu lieu. Là Cällaldc remarqua que îoccafion attédu'c, 8c tant pat luy défit ce eftoit nbsp;nbsp;f ri

I arriuee,tenant tout pour fait.Et encor que plu- p,..» i» l nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fleurs fois il cuti pourpélé de le faire maltacret .

l en pleine campagne diemmani par le Rovau-l nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;me,il n auoit ttouué neantmoins ce pattv boni,

l 8c pour ne fc mettre nv fes gens inconfideré-l ment foubs l’arbitre de fonune auoit dift'er'c

cede execution jiufqucs à ce que le Mot ne fuft venu en ce Chafteau , lequel il teputoitlc p'us propre ôc commode lieu qui fut ailleurs , pour pouuoir plus ay femét fans hazard le faire mount,Aptes donc qu’ils furent tous deuxlogezcn

-ocr page 362-

Vli/loire de Y\ongrie iccluy,Caftalde voyant l’infanterie Efpagnolle n arriuoit fi toft comme il vouloir, fans laquelle 11 ne pouuoit rilt; n frire de bon, amp;nbsp;principal-leraent voyant te peu de demeure que le Moyne vouloir faire en ce lieu,lequel faifoit fon copte d'en partir à deux iours de là, eferiuir à grâd nafte par vn lien fidelle au Marquis Sfotee Pal-lauicin , amp;a tous les autres Capitaines Efpa-gnols , qu’en quelque lieu qu’ils fuflent ils euf-fent foudainement à deHoger auec leurs foldats amp;nbsp;fans fejourneren aucun endroit, ils euflenta le rendre à Binfc.Si la diligence du mefTagerfut grande celle de ces Capitaines ne fur pas moindre, faifans en vn iour ce qu’à peine euffent fait en deux. Ce iour Caftaldc fe comportant doucement ,amp; entretenant finement le Moynede parolles, qui ne faifoit que fonger à fon dedo-gement, pour aller à vnc Diete, laquelle il fai* loit afit mbler à Vvafracl, en laquelle il vouloit traiter auec ceux du pays.des moyens qu’on de-uroit tenir pour challcr hors de ce Royaume Caftalde auec toute fon armee, qui cftoit foul-dovee par Ferdinand, amp;nbsp;mefine (comme on en pouuoit auoir quelque foupçon ) afin de la défaire, amp;nbsp;tailleren pieces, imaginant par là fc pouuoir faire Seigneur abfolut de to’ ces pays. Le Moyne cftoit logé dedans fon Chafteau,come il auoit de couftume de loger toutes les fois qu’il V alloit, amp;nbsp;femblablcment Caftalde, Le bourg proche du Chafteau, cftoit le logis des gardes du Moync. Et comme elles (’y acconi-modoient, IcsEfpagnolsarriucrcntceftemcf-

-ocr page 363-

Liure qu^Atriefine. 171 nie nuiâ;,aurquelsle Moyne commanda qn on donnaftlogis en Vautre bourg,fituc dciàlc deu-ue,lequel entre ces deux bourgs pafle, ôc coul-lc,n’eftit fort large,ny ptofond,mais fort clair, luvfant, nommé Sebeffe, amp;nbsp;jettant fes eaux ^''“*** vn peu au deffbus dedans le MaroiTe. Ce flcuuc à vn pot de bois, pafTant d’vn bourg en Vautre,, pour la commodité du Cbafteau.Eftans ces fol-dats accommodez Caftaldc requiftlc Moync à ce qu illuy pleuft ordonner du lieu ouïes Alle-mans pourtoientbvuerncr , ce qu’il ne voulut aucunement rcfouldre , ne voulant qu’aucune compagnee Aliemandelogeaft envn feul lieu, mais bien feparce parles maifons,8£ par les villes,! fçauoir, vingt en vnc, quarante en l’autre, amp;nbsp;ainfi fucccfliuemét félon la capacité du lieu, afin queicomme difoicntles Couitifans de Ca-ftaldc , St comme depuis on a entendu d’eux) cbafquc ville prenant les armes peut facilemét au temps prefix tuer tous les foldats qui fe ttou-ueroient en icellc.Cc qui ne fut celé par aucuns à Caftalde.Mais il pottoit tout patiemment, 6c 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;dillimulantauvifa^e ce qu’au dedans il auoit

t nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;autrement délibéré, meittoutfonfoingfeom-

me en cftant fort enuieux ) à faire que l’execu-tion, laquelle plufieuts mpys aup itauXt il auoit refolu’ê pour le falut d’eux tous,vint à bone fin, cognoiffant que fi ce fait fucCedoit bié, que fes gens logeroiét pat tout commodément,amp; fans crainte de telles trahifons fccrettes. Ayant donc arrefté fetmemét cede refolution en fon efprit, il fit venir'a foy le Marquis Sfotee Pallauicin, I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Y iij

-ocr page 364-

'Htßoire de MoK^rie

aurc lequel il auoit commandement de Ferdinand communiquer de ce fait, lequel luy auoit ncantmoini tenu cache iufques à cefte heure,amp; luy récitant ic qu’il failloit faire , amp;nbsp;luy enfei-enant le moyen qu’il failloit tenir.luy dit au nô de fa Majefté, qu’il cftoit necelîaire que luy melrnc fe trouuaft en petfonne à vn faià de fi grande importance,^principalement le temps cftatit venu qu’on ncpouuoit rçculler,amp; ayant la fortune apporte l’occafion , laquelle il auoit df longtemps attendu'*, cftant le Moyncen ce cbalteau d’où il ne vouloit plus qu'il fortill vif, Si luy remonftra qu’encor qu’il vift cefte cnttC’ prinfc difficile amp;nbsp;hazardculc, la fin de laquelle ne fe pouuoit bonnement iiiger , il ne deuoit neantraoinspout le feruice de Ferdinand la rc-fufer, cftant plus que nccclFaire qu’elle fepara-cheuaftcefteniiiétprochaine. LeMarquisof-frât auec fa perfonne tout fon pouuoir, amp;nbsp;aucc vne telle volonté qu’on deuoit cfperer d’vn tel perfonnage,fans contredite à chofe aucune qui luy fuft dite,fit refponceà Caftaldequ’ileuftà donner ordre à ce qu’il deuoit faire,Si que quât à ce qui touchoit fpn fait qu’il ne failleroit aucunement, Si prenant le foing de cecy, fen alla incontinent pouruoic à çe qui y cftoit ncctlTai-re.E t lors Caftalde foubs couleur d’açluifcr des garnifons de fes foldats, fen alla voir le Moync lequel il trouuaprcft à ouyt la Melle, amp;nbsp;Iclaif-fiintalleràfesdénotions, l’arrefta en vn autre lieu pour deuiferaucc quelques-vn. La on luy vint reciter, par ceux qui auoient eftéprefeps.

-ocr page 365-

Littre quatriefme. 171 qu’cAant le Pic foc à la Confccration du faincl Sacrement,oubliant de ptédrc l’Ho(lic,il auoit prins le Calice, amp;eflcuc en hault, qui cftoitvn ‘ prclagcdelamortdu Moync , ôc du fang qu’il deuoit refpandte en terre. Ccftc faute fut bien appcrccuèd’vn chacun, mais non pas du Moyne,amp; n’en dcuinoit-on rien, ains pluftoftattti-buoit-oncelà à la negligence du Preftrc , qu’à pas vn figne cnuoyc de Dieu. La Mefle finie ils fc retirèrent cnferable pour deuifer, amp;nbsp;ne pou-uant faccotder pour les garnifons,chacun fe retira chez foy, ÖC Caftaldc fit incontinent venir à foy le Capitaine André Lopez , auquel il dit comme il cftoit force que cefte nuiôt on tuall le Moyne, Scquele Roy vouloir que cela fuft fait fans aucun delay ,amp; que pour la bonne cfti-me qu’il auoit de fa pcifonne il l’auoit edeu a- Je h mort ucc le Capitaine Monin,lc Chcualicr Campeg de George. ge amp;lc Marquis Sforcc,pour en toute diligence mettre ccflcentreptinfc à execution , Si n’y faillit, par-cc qu’en faillant outre que le Roy perdtoit entièrement ce Royaume , amp;nbsp;fa reputation , ils feroient tous en danger d’eftre tuez, amp;nbsp;au contraire cnl’cxecuiant il ne pourroit ad-uenir que bicn,Sccncor qu’on fuft pour cela en danger de voir quelque reuolution des Tran-filuanuns, ilcfperoity donnervn prompt te-mede ; ralîcurant au refte que Ferdinand le re-rompenfetoit fort bicn,amp; luy cnleignant comme il f’y deuoit comporter, luy commanda que de toutes les bandes Efpagnollcs il efteut vingt quatre aicquebuzicts des plusliatdis, 8c moins y iiij

-ocr page 366-

Hißoire deV{ongrie cogneus des gens du Moyne,amp; qu’à 1’ouuertu-rc de la porte duChafteau,il trouuaft moyen de les mettre dedans le plus fagemcnt qu’il pout-roit, amp;nbsp;qu’eftans entrez ils euflent à fe faifirdes quatre tours, (c difpcrfans fix pour chacune, amp;nbsp;que là ils euflent à fc tenir quois iulquesàce qu’on leur euft commandé ce qu’ils auroientà faire. D autre-part il appclla le Capitaine Pierre d’A uila,amp; luy donna charge que quatre heures deuant que le bagage fuit preft à marcher,il euft a aller à laporte de Safl- befle ramafler fans tabourin, amp;nbsp;bins bruit les foldats qui eftoient dedans, amp;qu’apres au poinâ: du iour ils euflent auecluy à fetrouueràlaportc du Chafteau de Binfe auec leurs enfeignes defployees,amp;rangeî en bataille, Sequela deuant ilsattendiflent le commandement qui leur feroit donné, ce qui fut incontinent faiôt. Or la nuiôt eftant venue elle fut fort obfcurc amp;nbsp;tenebreufe. Durant laquelle le Ciel mefme vouloir encor rédre quelque figne de la mort du Moync. Car en icelle les vents furent fi horribles, amp;nbsp;la tempefte amp;nbsp;la pluy e fi cftrange, que de mémoire d’homme il ne Pen eftoit veu vne pareille. On n’oyoit que vn bruit inaccouftume en l’air, vn battemét de fiortcs,amp; de feneftres par tout le Chafteau, tel-cmét qu’il fembloit que tout voulut abyfmcr. En Ibmmc tant par l’air que par ces vallées, ce-fte violence fupcrnaturclle mettoit en rcllefor-tc tout fans deflus deflbus, qu’il fembloit que les Diables d’Enfer fuflent defehainez en teft endroit. Cefte tempefte ccflec, amp;nbsp;le lour eftant

-ocr page 367-

venu, quin’aççaïoiffoit guercs clair àVoccaûo delatouimenic paffee,§lt; comme le Moyne dc-uoit çattn,ce iour les Aiduebs, lefquels cftoiét à la garde du Cbaftcau ouurirét la porte vn peu pluftoft que de couftume, afin que fes chariots fortrffent dehors. T out à l’inftant le Capitaine André Lopex exécuta tout ce qu’on luy auoit commandé , faiiant entrer fort finement fes vingt-quatre arcquebuziers,dc fa^on qu’a leur cnttee,poutlafotticdes chariots, amp;nbsp;pour le défit de defloger aucun ne print garde à eux , f’c-fianstousvcftusàlaTurcque auec desrobbes longues amp;nbsp;larges,Itfquellcs ils auoient gagnées àlaprinfe de Lippe ; auec icelles ils couuroicnt leurs armes, 8c leurs arcqucbuzes.tftans par ce moyen entrez , Lopez les difpofa aux lieux, ou ils deuoient fe tenir, 6c puis f en alla incontinct

, ou Caftaldel’attédoitauecle Marquis Sforcc, lequel effort chef de l’entreprinfe , 8c fçauoit l’ordre qu ily failloit gardcr,ayât auec foy quatre Gentils-hommesltaliés,l'vnnommcle Capitaine Monin , l’autre le Cbeualiet Campeg-giOjletrorfiermc Scaramuccra,8c le dernier Pia-centino, hommes hardis 8c de grande confidc-ce , 8c tels qu’on pouuoit requérir pour vn tel fait. Outre ceux-cy il y auoit encor quatre autres foldats Efpagnols , que Lopez entre plu-ficurs auoit choifis pour les plus vaillans. Auec tous ceux-cy le Marquis Sforce Pen alla vers la chambre du Moyne, comme le poinél du iout . croiffoit, quitffoitlc dix-huiélie!mc de Decé-1 L' bre,8clc Secretaire du Moj ne,lequel auoit fen- ‘'quot;ó

-ocr page 368-

Hifloire de Hongrie ly le vent de cefte rumeur alloitauffi pout l’en aduertir.mais il fut deftourne par ceux cy.Auat tous marchoit le Secretaire de Caftalde nommé Marc Antoine Ferraro d’Alixandrie auec quelques lettres amp;nbsp;patentes feintes en la main, comme pour les monftrer au Moync,amp; le prier d’en voir les vnes , amp;nbsp;figner les autres, amp;nbsp;luy voulant donner a entendre que c’eftoit pour le Marquis Sforce, lequel deuoit ce iour partit pour aller à Vienne,amp; lequel nevouloitrenal-lerfansfçauoir deluy f’il ne luy plaifoit point luy dôner charge de quelque affaire en la Cout de Ferdinand. Ce Secretaire auoit accouftume de tout temps,tant de iour que de nuiôl de continuellement traiôlerquelques affaires aueclc Moyne, amp;nbsp;inefmes tout a propos à des heures dcfrtglees, amp;nbsp;le Moyne luy portoit vne bonne volonté,amp; le careffoit toufioursjuy faifoit grade faneur, luy donnoit plulîcurs prefens, amp;nbsp;ft fioit grandement à luy.Pour ces caufes il fut envoyé auec eux , afin que les valets de chambre du Moyne fans aucun doute luy ouuriffcnt la porte , fçaehans l’amitié que leur maiftre luy portoit, amp;nbsp;incfmcs que quatre iours auparauat ilcftoit venu à heure fcmblable vers luy pout quelques affaires qui pour lors fe prefentoient, Caftalde l’ayant enuoye tout expres à telle heure,afin qu’au temps d’executer cefte entreprin-fe on ne trouuaft cefte venue eftrange , ioinâ aullî qu’il pourroit eftre celuy qui le tucroit. tftans donc ainfi tous arriuez pres la chambre duMoync, ils cnfcruicrcnt foudainement U

-ocr page 369-

Liure quatriefme. 174 garde des Aiduchs en vne falie prochaine de là, lcfqucls n’y penfoient aucunenaét, f’tftans tous rangez près la chcnainec pour (e chauffer,amp;tef-fuyer àl’occafion dclanaauuaifenuiâ: qu’ils a-uoient endurce, amp;nbsp;puis le Secretaire frappa à la porte, amp;nbsp;ayant cftc rapporté au Moync quic’e-ftoit,ille fit incontinent entrer,marchant apres hiy le Marquis Sfotcc,lequel le vallet de chambre ne voulut lailfer cntrccimaisluy dit qu’il attendit à laporte-.l’autre mettant le picd,amp; le gc-nouil entre deux, empefeha qucle vallet ne la peult fermer. Le Marquis le tenant ainfi ferme le Secretaire cependant f’apptocha du Moyne George , quieftoit en chemife , couuert d’vue lobbe fourrée , ne faifant que fortir du lift , 8c cftant pour lors appuyé fut fa table,fur laquelle y aiioit vn horloge , vn bteuiaire à l’vlage de Rome,8c vn liute de fis mcraoites,auecl efcri-toireauprès. Le Secretaireluy dit que le Marquis Sforcc deuoit aller à la Cour de Ferdinad, 6c quauant que partit il cftoit venu pour luy baifctlcs mains,Sefeanoir de luy f’Ü ne luy vou-loitrien commander, 8c cela dit, il luy mcit en la main lesletttes 8c patentes fufdiftcs pour les figner. Apres quelc Moyne les cutleucs,8c pte-ïiant la plume , 6c l’encre pour elcrire fou nomt»- »-m. audeffous , le Secretaire ne perdant point tépsL-mcit la main à vn poignard qu’il portoit cache, h i aucc lequel il luy donna vn coup entre la gor-! gc 8c la poiftrine , nonpastoutesfoistel qu’il ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fuftmortel.l.eMoynetcuenantàfoy,8c difant

l nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'ViergeMarie luy donna de fou poing en la poi-

-ocr page 370-

mßoire de Hongrie élrine , amp;nbsp;comme il cftoit fort amp;nbsp;brufque le fit recullcr iufques au bout de la table. Le Marquis oyant ce bruit faute incontinent dedans la cha-bre,amp;mettant Icfpee au poing donna au Moyne fi grande taillade fur la telle qu’il luy fendit toute.Lcs autres entrans puis apres tous,amp; mef-mement le Capitaine André Lopez dellalche-rent leurs arcquebuzes contre luy , aufquelsle Moyne les voyâs, ne dit autre chofe que ces pe-fartlies de folles en langue Latine:qu’eft ce cecy.mes fte* Gearde. res.St difant Icfus Maria,tomba mort. VoylàU fin qu’eut le plus fupetbe homme du mode, amp;nbsp;le plus grand tyran couuert qui iamais eull vef-cu , permettant Dieu qu’il finift fes iours en ce mefme lieu, lequel il auoit fait édifier fur les fô-demens d'vnc Églifcancienne amp;nbsp;Monafterede Religieux , lequel pour celle occ ifion il auoit LdwortJ» dcmollit,amp;pout la ruine duquel celle mort George à luy auoit ellc pronolliquce pat l’Abbé; fa puif-luy feeds- fance, fon fçauoir, amp;nbsp;fa grande richclTc ne pou-uant rien pour luy faite euiter celle fin mifera-ble.cn laquelle il tomba au dernier de fes iours. Le bruit courut que cefte mort luy elloit aduc-nuë plus par enuic, amp;nbsp;perfecution des fes hay-ncux.que pour faute qu’il eull voulu faire,parce que la dctfencc qu’il print d’Olyman pour le fauuer.ne tendoit à autre but (comme on à veu depuis,amp; corne nous dirons cyapres)quc pour par vnc telle courtoifie.dc laquelle on vfoit en-uers cell Olyman,amp; enuers tous les fiés, adoucir le Turc,amp; qu’en confideration de ce ilvou-lullfabilenirdepIusgreuerlaTranfiluanie, amp;

-ocr page 371-

Linre quatriepnß. 17 5

laiffet vn chacun viutc en p aix. P out le moins Vtngt^ aucclc temps tous ceux qui fc font trouuez à fa mott font tombez en de grands infortunes. Le MatquisSfotce bien toft apres fut mis en rou-te,amp; prins par les Turcs, lefquelsluy firent en- J durer de grands tourmensde Capitaine Monin ƒ eutlatcfte tranchée à fainft Germain en Pied-mond •. Marc Antoine Perraro Van mille cinq ( nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.

cens cinquante amp;nbsp;fept fut décapité pat le corn- ‘ mandement du Cardinal de Trente en Alexandrie ; vn autre fut efcartelc enProuence pat les îtançoist leChcualierCampeggio Van mille cinqcens foixante deux , fut en la prefence de l’Empereur Tetdinand ctcuc pat vn fanglier en Boheme SilaTtanfiluaniene demeura gueres foubsVobcyffancede fa Majefté , amp;nbsp;retourna' ƒ!-**gt; [ foubs c lie duieuncRoy lehan •. tellement que'

i nbsp;nbsp;nbsp;la mort du Moyne George fut plus dommagea- put f ,

blc qu vtile aux Chreftiens , ainfi que nous cf-ctiïons en fon lieu.Retournant dontàlapout-fuittedemonhiftoire, cependant que ceux-cy eftoient empefehez à faite leur execution, Ca-ftalde eftoit à le poutmener fur les murailles du Chafteau pour donner couleur à tout , amp;nbsp;là attendre Vy (Tué de cefte entreprinfe. Eftant alVcu-ré que le Moyne eftoit mort, il defcend’.t incô-tinent à bas, amp;nbsp;f’en alla à la porte du Chafteau, d’où foudaincmétauccfesfoldats qmy cftoiét entrez, amp;nbsp;autres Gentilshommes qu il auo t a-utcluy,{itfortir tousles Aiduchs ,quieftoient àla garde d’icelle, lefquels oy ans le bruit qui fc faiCoit de toutes parts la dedans , êc voy ans les

-ocr page 372-

Trttiifiit Clitnay,

fttul Sac-thy.

Hifioire de Hongrie £/pagnols en bataille par dehors ; qOek Moync leur Seigneur cftoitmorB, perdirent fu coup cœur amp;nbsp;courage que fans prendre les armes au poing fortirent tous comme fuvans, en fc rctirans en ceflc façon aduertirent les gardes du Moync, qui eftoientau bourg de l’autre coftedu Chafteau de ce qui eftoic aduenu. Et tour foudain Caflalde forcit dehors pour aller trouuer François Chédy Ferenze, lequel eftoit dcfia party dedans vn coche pour fen aller, le prenant par la main l’arrefta. Et certainemét fil n’cuft arrefté ceftuy-cy pour l'heure il tom-boit en vn grandillimcdanger, par-ccqucc’c-ftoit vn des plus grands amis que le Moyne George euft, amp;nbsp;auoit Ci grandepuiflancc dedas le Royaume , qu’il l’euft peu efmouuoir contre les foldats de Ferdinand , pour venger la mort du Moync. L’ayantainli atrefte il l’amena auec foy,ou les Efpagnolsjôc Allemans eftoient, de-uant lefquels il Ce meit pour voir quelle fin celte cfmcute prendroit.laqucllc les Gentilshommes amp;nbsp;feruitcuts du Moync faiforent, amp;nbsp;prin-cipallcmcnt fa garde,lefquels montoient tousa cheiral, amp;nbsp;famaiïôiét tous enfcmble en la campagne, ayans pour leur Capitaine Paul Banchy, lequel au fiege de Lippe auoit cité Lieutenant du Moync. Et eft ins tous rangez en bataille au milieu d’vue plaine, commencèrent ener euxa délibérer ce qui eftoit de faire, amp;nbsp;eftansacerte-nez de la mort du Moync,nc firet autre demon-ftrarion contre Caflalde, le doucans qu il auoit vn nombre inßny d’hommes auec luy, Si que

-ocr page 373-

Lwe (judtrießne. 176 ce meurtre n’auoitefté fait fans vnc grande itt-teWigence , pour 1 amour de laquelle eftimans ne pouuoir pas grandement profiter, mais plu-ftoft leceuoir quelque perte,8c dommage,fe rc- ■ folutentdc mettre pour lors cede vengeance foubs fil nce,5cla refetuer à vn temps meilleur, 8c ainfi cefte aflemblcc fc desfir, prenant chaeû fon plus court chemin , 8c biffant le corps de leur maiftte fans fepulturc, 8c en proyc. Iccluy demeura la beaucoup de iours fut la terre effen- s,f„!ture du tout nud,8c fans lumière,n’eff ant aucun qui de Geoi^«'. fe fonctaft de le couurir, ny de l’cntcrrcr,cff at fi ïoidy de troid, qu’il fcmbloit a voir que ce fuff vn homme de raarbre,ayantlatcftc, lapoiiffti-ne, 3c les bras mutilez de coups, futlefqucls e-ffoit encor le fang tout glacé; ce qui eff oit véritablement vn fpcélaclc d’vn enfle digne de co-paffion , 8c de l’autre collé fort execrable , 8C enorme, pour voir vn fi grand perfonnage de-laiffé fi V ilain em ent fans (epultur c,p ar ceux qui (Dieu fçaitauec quelleraifon') auoient machiné fa mort. En fin par quelques-vns de fes amis ilfutportèenl’Eghfc d'Mbejule , ou Caffaldc aux defpens de ¥erdinand le fit enfcpultutcr en vn tombeau de pierre an milieu de la nef de la grande Eglife,pres celuy duRoy Xehan Hunia-des Coruin. Ces Aiduchs , 8c autres gens du Movnef’cftans ainfi retirez , Caffalde voyant qu’en ces changemés de fortune il ne luy aduc-noit aucun deftourbier, ny empefchemétpour la mort du Moync, fe meit à pied deuâtl’efqua-dton des Efpagnols , tenant François Chendy

-ocr page 374-

Hißoire de Hongrie

In meu-itts dt Gior^t fa.ßK

par Ia main , amp;nbsp;commença à marcher auec luy vcrsSaflcbefIc. II n’eftoir encore gueres loing qu’on ! uy vint dire que tout IcChaftcau de Bin-fc cftoit faccagé par ceux qu’on y auoit laiflèz en garde , amp;nbsp;que le Secretaire du Moyne auoit cfté prins par Ichan Alphoncc Caftalde, amp;nbsp;ga-renty de morc,amp; corne en la chambre du Moyne on auoit trouuc vnc caflette, dedans laquelle y auoit douze mille ducats de Hongrie, laquelle le Capitaine André Lopez aucc quatre autres foldats auoit prinfe amp;nbsp;rompue,amp;derpar-ty les deniers entr’eux,fclon leur qualité, tefet-uantlaplufpartpourluy. Ayant entendu celle nouuelle, il enuoya incontinent le Capitaine Diego Vclez,pour faire celTcr ce dcfordte amp;nbsp;o-lier les deniers à ceux qui les auoient voilez, amp;nbsp;defrobbez, amp;nbsp;faire rendre tous les meubles du Moyneamp;les remettre en tel ellat qu’ils eftoiét, en attendant qu’il enuoyroit vn CommilTaire, lequel receuroit tout au nom de Ferdinâd. Pat ce moyen il fit cefler cefte pille, amp;nbsp;on rccouura beaucoup de deniers,amp; autres chofes valâs plus de quatre vingts mille ducats , lefqucls furent tous mis CS mains des Treforiers de fa Majefté. Et marchant ainfi fort courrouce amp;nbsp;fafché contre ceux qui auoient faccagé la châbre du Moy-ne,arriua puis apres à SalTebcire, d’où il enuoya foudainement vers les Capitaines Si gouucr-neurs des chafteaux Sc fortertlTes qui clToicnta la deuotion du Moync, à ce qu’ils euflent à les rendre à Ferdinand, les menaçant que fils n’o-bey llbicnt à fon commandement il leur enuoy-toit

-ocr page 375-

Liurequatrießnc. lyy

toit fon armee,amp; Var tille tic. t ntre ces places il y enauoitvncnommee Vviuar, ou le Moync auonfonttcfor , amp;nbsp;y tcnoit fccrettemcnt vu Ambaffadcur duTutc,lequel Caft-ilde aullitoft que le Moyne euft rendu l’efprit enuoya pten- ,, die par le Capitaine Diego Velez, ôc l’amener ouilfetoit,pout voir (ion pourroit f(;auoir de luy quelque nouucllc des affaires du Moi ne,5c f’il y auoit quelque inielligécc entr’eux contre ïerdinand ainfi qu’on fe doutoit,amp; principalement pour caufe delà Diète de V afrael, ou on attendoit les Siciliens, 6c en laquelle felon le bruit commun,6c le dire des noftres, on deuoit traiter des moyens aUec lefqmls on pourroit chaffer hors deTrâfiluanie Caftalde, 8c tous les Efpagnols,AUcmans,Bohemes,8c Hongre',lef-

V quels fe ttouuerolent en icelle fouldoyez par l Terdinand. E liant cell Ambaffadcur conduit foubsla puiffance de Callaldc , SiC bien 8c diligemment examiné,on ne peut fçiuoir,ny trou-' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;uer chofe cia luy qu’on defftall, finon quelques

lettres de creance addteffecs à Solyman, à Ro-ftan Bafcha, auBelcrbcy , 8c à quelques autres des principaux de la Cour du Turc , eferitesen langue Turcquefquc , 8t cacbettees du cachet duquclle Moync fouloit vfer és affaires qui cô-ccrnoientlc Royaume, lefquelles il auoit faitt dépefeher fans en communiquer rien à Callaldc, Iceluy demeura à Saffebeffevniour entier pour donner aduettiffement, parle moyen de Iulian de Carleual à Eérdinand j de tout ce qui clloit aduenu, 8c pour cfcritc àtouicsles villes

-ocr page 376-

ÈlHf i

lAifloire de }Aongrie ifs cntreprifes,amp; la mort du MoynCjSc les pfïrf df continueren ladeuotiondu Roy.Lclendemain craignant que les Sicilies, comme grands amis du Moyne ne fefleuaflent contre luy, qu’il ne Elften fa puiflance d’euiter le remuc-mét qu’il voyoit défia en l’air, délibéra deferetirer à .Sibinio, pour eftrevne ville forte, amp;b plus fiddle à Fcrdinâd,amp; moins amye du Moyne,de toutes celles qui fuflent en ce quartier,en laquelle il penfoit temporifer, tant qu’il ptuft aucc là feureté voir quelle fin les choies pren-droknt,amp; laiflànt en Albejuleles AllemanSen garnifon, amp;à Sairebcfle, amp;Binfclc Capitaine Diego Vclez, aucc fa compagnee d’Efpagnols, fen alla àSibinio,oucftantarnué fit loger hors lavillclcreftcdclon armee: mais fi près qu’à toute ncccftitc , Se au premier figne il les pou-noit mettre dedans en quatre heures, retenant feulement aucc foy cinquante arcquebuziers pour fa garde. 11 fut reccu fort amiablemétpat les cytoicns, lefqucis fe refiouyrent grandemét aucc luy de ce qu’ils les auoit deliurez de la fujc-élion, amp;nbsp;de la crainte de ceft homme fi aufteie, amp;nbsp;luperbe, luy promettans de ne luy faillir aucunement en toutes chofes prolpctcs,amp; aduet-fes , amp;nbsp;luy offrans tout ce qui luy fetoit de be-foing.Caftalde les remercia grandement, amp;: fut infiniment ayfe d’auoir trouué en tel temps les Sibinicns fi bons,amp; fi parfaits amis, amp;nbsp;voulant puis apres partir pour aller à Seghefuar, pour cftre plus pres de Vafraèl, ou les Siciliens fe-ftoient aflcrablcz, attendans le Moync à venir/

-ocr page 377-

Liure qudtriefme 178

Sc auffi pout entendre , Içauoir d’eux quelle

pouttoitefttclcut intention , amp;c fl aptes auovt

cntcndulamottduMovne ils vouloierit continuer enl’amitié amp;nbsp;dcuotion de Fetdinand,lcs habitans de Sibinio ne voulurent aucunement permettre qu ilfottifthors'eut ville fâs garde, luy remonftans que pour aller à vnc telle Dicte il eftoit ncceffiiic qu’il menaft auec fov plus d'borames qu'il n auoit,amp;qu’il tic deuoit fe fier en aucune façon auxSiciliens,iufques à ce qu’il cuft veu en quelle forte ils prendroient la mort duMoyneJuy perfùadâs de n’aller à ccftc Diète auec moins de quinze mille hommes. Pour ces ConfidctationsCaftalde enuoyaquerit les homes d’armes de Charles Sccrettin» amp;nbsp;quelques î.fpagnols,Sc Alleraans, iufqùes au nombre de dix-huiél cens, 8c C’en alla auec ccftc trouppe à Seghefuat,mcnanttoüfioatsaueclôy François Si^efuttr, Chendy »lequel il auoit jà gagné, amp;nbsp;l’auoit atti-

, lépatofftcs.Sccarefl'esfencotqu’ondoiuecroi-icqueccfaiteftéplutloft par force que par a-moutl au feruiCe de Ferdinand. Eftans atriuez en ccftc ville, ils le repoferent pour le premier

' ïourdelcndem.i n Caftalde enuoya Chendÿ à Valtacl,oucftoientdéfiaconuenusles princi- r.«SiciI(«s pauxde Seculicjcherchansenfembleles moyés f'

, qu’ils deuroient tenir pour venger la mort du Moyne. Chendyf’cftantpreCcntcdeuanttous leutditaunom deCaftalde,qu’ilscù(lentàcm font ap-braft'et Fetdinatid , diicjuelilbteceatoient plus

, nbsp;nbsp;nbsp;de foulde, de ptefens , SC de gratîeufi-té en vne

heure , qu’ils n’euftént receu en vingt ans du '1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Z h

-ocr page 378-

Hiß01 re de Hongrie

Moyne,la mort duquel eftoit aduenue poutfcî mauuais comportemens, ayant délibéré en fon efprit d’introduire les Turs en cespays,amp;fcfiii reSeigneurabfolutdelaTranfiluanie. te qui cuft ellé non feulement leur ruine patticuÜcic, mais autli le dommage irreparable de toute h Chreftienté. Auecces remonftrances amp;autt« raifjns qu’il leur allégua, il eut tant de pouuoit fur eux, qu’il les conuerrit iufqucs à iurcr toute obeyflance à fa Majcfté,amp;luy offrit dcluy elite fidcilcs prompts par cy apres à toutes fes af' faires,faifans tout ce que Caftalde leur côman-deroit.Lcs principaux d’entr’eux vindrent noa long temps apres cnfcmble vifiter Caftalde dedans Seghefuar , pour luy donner en ptefence l’afTeurâce de la vraye amitié, laquelleauec[«• rollcs par Chendy ils luy auoientpromife. Caftalde les rcecut auec vne i nfinité de carefles, demonftrations de bonne volonté , promenât groftès penfions à ceux qui eftoient fouldoyez du Moyne,Ôf donnant cftat à d’autres, leut fit encor aux defpcns de Ferdinand, tant aux panures qu’aux riches plufîcursprefens,aux vnsdes chenaux, des robbes de foye, des habillemés de drap,aux autres de l’argent,reccuant vn chacun auec V ne bonne amour, amp;nbsp;auec douces paroi-Ics: amp;nbsp;les affeurant auec grades, amp;nbsp;amples efpc-rances d’vnc future amp;nbsp;bviefue rccognoiffancc, il fe les rédit de façon fi fauorablcs qu’il péfoit biefe pouuoir fier à cux,amp;de f’en aider en quelque entreprife q ce fut. Obfcruât en cela la coB-ftume des ancics Romains, lefquels par la vo}«

-ocr page 379-

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Liure quatrießne. 179 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;- ’

esl dî gTaûcufeté,amp; de benefice rendoicnt toute ifi nbsp;nbsp;forte de gés tant fupctbes Sc indomptables fuf-

i I nbsp;nbsp;nbsp;fent ils,amis amp;nbsp;traitables, Sc par la -v oy e des ar-

4'1 nbsp;nbsp;nbsp;mes,Cede crainte fubieóts Sc obeyffans.Les Si-

A-. ciliens eftans extrêmement ayfes de telles deli i monftrations femonfirerétfimerueilleufemét eS I nbsp;nbsp;nbsp;contens de cefte nouuellc amitié que cc doit v-

'll I ne ebofeincredible , St à peine le pouuoit on it i croire , confiderant comme en fi peu de temps (tl on pouuoit auoir gagné vne nation fi barbare, U 8c fl fiere comme eftoit cefte cy ,8c de laquelle 5 yt auecraifon on fepouuoit grandement desfier.

141 nbsp;nbsp;Cn peut voir par tels manicmens combien va-

t' lentl’induftrie 8c gouuerncment des hommes, Ctl 8c combi^nla prudence de îrançois Chendy y 1 feruit à réduire ceux qui pour noftrc perte fei' 1 ftoient vnis enfemble, amp;nbsp;qui auoient faiû fer-y 1 nbsp;nbsp;met de tuer tousles gens de Ferdinand,8c chaf-

ÿ 1 fer Caftaldehors de toutes ces regions ; ÔC au (fi •tl combien fa prcuoyancc fut grande en maniant ÿ 1 nbsp;nbsp;fi dextrement çe pcuple,que depuis il f cft louf-

jours monftréeftreamy de Ferdinand. Aptes 5$ 1 nbsp;nbsp;donc que ces nations furent appaifees, Caftai-

le ' de comméça à départir toutes les compagnees lit nbsp;nbsp;nbsp;pat les lieux du Koyaumeles plus commodes, gt;nbsp;■-

À' afin que fesfoldats par labonté des logis corn- * mencaffent à fereftaureten partie des trauaux * ’ c, 1 endurez, 8c qu apres fcftre refaits ils fappreftaf- , ,il , fentplusdifposalagucrrc future,laquelle on voy oit défia venir de la part des Turcs.Et com-ÿ bien que tout tumulte femblaft pour lors cftre ƒ . bié pacifié 8c eftainft, il n’y auoit pas toutefois

I

-ocr page 380-

oirede Hongrie qui occultement allumoicntfe


faute d’aucuns, feu en dtu .rs lieux , amp;nbsp;bralfansauec vnchayne inteftinc plufiturs chofes , iefqiielks aueclt temps nous deferirons , apportèrent vngranJ dttnm. ntés aifaitesde Ferdinand,amp;vDegran’ de peine amp;nbsp;ennuy tant à fes gens qu’és paiticU' îiets de ce Royaume.

LirRE ClNê^riESME

EnDiNAND.êScfes Lieutf' nans au commencement J® fefte annt e mil cinq cens ci”' qualité amp;nbsp;deux,pcnfoicntpaf la mort du Moync George a-uoiracquisàlaHongrie,amp;àli 'i lanlbuanic vn long repos, amp;nbsp;vne paix perpe* tuellc, voyansqu’ayeun de ceux defquelsonft doutoit grandement ne fe rcmuoit,amp; ne faifoit aucune dcmonftration de f’elbranler, de façon qu’on iugeoit que la fortune par ce moyc auoH apporté a tous vne viç beuttufe , vne douct tranquilité,louant vn chacun l’cftat prefent, blafmant extretnement le pafle, ne çppiidcraof aucunement ce qui poüuoit aduenir d heure» autre; Ainfi durant celle efperance d’vnemeil' leurc vie, il ne fut gueres que la fortune fuyu»^ fon naturel ri’amadaß tant de venin,amp; n’efpaæ dift tant de peines amp;nbsp;tourmens,qu’elle donna» çognoiftre vniuerfellcmcnt de cobien de màiiS plie ellbit caufç. Apres donc que l’clmeutedei

-ocr page 381-

Liurê'cinquiefine. iSo

Siciliens fut aççaifee, ic que chacun f en fut al-

le delà Dicte dcVafraeljLaftaldc retourna à SI-

biniojors que tousles chafteaux amp;nbsp;forterefles,

qui au nom du Moyne auoient tenu bon quel- Georg, n- ’ quesiouts , cnuoyctcntçardcuctsluy au nom cognoi/)«»* de Ferdinandluy offrir toute obcyffancc,ôc ré- FndiMil. dre tous les trefors qui en iceux (e trouueroicnt auoit appartenu an Moync George, ^y ant accepte leurs offres, amp;nbsp;reliably les mcfmcs Capitaines aux mcfmes places,il en enuoy a incontinent la nouuclle à Fcrdinand, afin qu en diligé-ce il dépefehaft quelques CommifTaires pour icceuoir par compte tout ce qu’on trouueroit en ces places auoir efté au Moync pour le di-

lt; fpéfer puis apres ainfi qu’il en ordonneroit. Ce jt j^endant qu’il attendoit ceux-cy, amp;nbsp;qu’il eftoh gt;' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;aSibinio jtouslcsipurspatlemoyendesmat-

çbans deTergouifte ville principalle des Trâf- Tergouifli c' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;alpins, on luy apportoit aduertiflemés certains

(t de ce qui Ce faifoit en Conftantinoplc , amp;nbsp;du

grand appareil que le Turc, çourroucé Semer-

9O ueillcufement cnflambé pour le meurtre du contreFa-)it nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Moync,faifoit dreffer pour Venuoy er cotre les

iCt Tranfiluaniens , commandant qu’on fit deux 51 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;groffes armees, aucc lefquellcs il vouloir qu on

lO' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;aflaillit en vn mcfmc tçmps cefte Prouincc par

c* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;deuxcoffcz,l’vnpatlaMoldauic, SeVautrepar

iV nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;laBafre-Marcbc.SurcesnouucllcsCaffaldepar caßulJe

iJi lettres, S{ pat meffages preffa Ferdinand à ce.föhnt« J« iff qu’il euft à pouruoit en temps commode des Acomm. j’ gens nccefTaltcs, 8c des cboCcs qui luy fçroicnt 0^ de befoing pour le fait de la guerre, amp;nbsp;qu’il euft;

Itói nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Z iii

-ocr page 382-

Hifloire de Hongrie à tirer dtl’Empereur Charles autât d’Efpagnols qu’il pourroit. 11 enuoya encor depuis vers f» Maj lié le Marquis Sforec, afin qu’il luy fit«' cit de tout, Sx. que fadiétc Majcfte luy donnai! moyen d’amailcr vn bon nombre d’Italiens, amp;nbsp;ccau' c vne telle diligence Seprompritude qu’il peuft fe trouuer en Tranfiluanie au temps de 1® neceffire , amp;nbsp;qu il euft à luy faire entendre que fon plaifir full que fur toutes chofes on luy en-uoyaft grande quantité de grolle artillerie, à U conduite de laquelle on n’vfaft de telle negligence amp;nbsp;parelïc qu’on auoit vfc à mener l’autre , afin qu’auec tels fecours amp;nbsp;préparatifs on peuft refifter à vn fi puiflant ennemy, lequel ne le monftroit aucunement parclTeux, ny endot-my à preparer la ruine amp;nbsp;perte de ces pays, amp;nbsp;de ce pauurc amp;nbsp;mal heureux peuple. Le Marquis arnué à Vienne fit incontinct fon rapport à Ferdinand de tout ce qu’on difoit en Tranlil-uanie,amp;di ce dont il auoit charge. Sa Majefte le depeftha foudain pour aller en Italie leuct quatre mille Italiens, Scamener auec loy autant d’Efpagnols qu’il pourroit,amp;efctiuit puis apres à Caftalde qu’il ne faudroit à luy enuoyer quad il feroit teps tout ce qu’il auoit demandé, efpe-rantneluy enuoyer moins de cinquante raille hommes,à fçauoir,cinq mille hommes d’armes Bohemes, vingt mille chenaux Hongres, vingt mille Lanfquenets amp;nbsp;plus de cinq mille tant Efpagnols qu’Italiens, Icfqucls feroient tous le nombre fufdiô! amp;nbsp;dauantage, defquels il feroit vne bonne armee Ipt le Tibifeque, pour la dç-

-ocr page 383-

Liure cinquiefme. i8i

fence des çaffages, de tous ces lieux, amp;nbsp;lt;^uc I $0^

tous ces gens fcioientpaycxpour quatre mois,

C c que fiFetdinand euft fait, la Hôgtie fe pou-

uoittccouurcràccfte fois. Mais cecy ne peuft ,

fortiteffeftpout les malheurs qui arriuerent,

amp; que le Duc Maurice apporta en l’Allemagne

àïoccafron defquels il fut contraint prendre

garde aux affaires de fon frère Charles Quint,

qui eftoient en mauuais eflat, amp;nbsp;aduifer a corn-

pofet ce difeord aduenu pour là non deliuran-

ce du Lantgtaue,amp; du Duc de Saxe, eftant fort

empefehe de toutes parts pour vn tel remué-

tnët inefperé, lequel l’incommoda fi bien qu il ne peuft enuoy cr les deniers Sc les hommes ne-cefl’aires pour vne telle cntreprinfc,5lt; ce defaut fut en partie caufe des fuccez infortunez qui aduindrent cefte annee enTranfiluanie, beaucoup diffetens de ceux du pafTé.CepcndantCa- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;J

ftaldeaucclaplu^grande diligence qu’il pou-f* uoirfaifoitaduancer les fortifications de The- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.‘p.

• mefuar, de Lippe, de Colofuar, de Sibinio, 8C 1 d’autresheux, amp;nbsp;ne petdoittemps , ainsl’em-l ployoir foigneuhment à pouruoit à tout ce qui l luyiouchoit. Durant qu’il foccupoit à telles I munitions les Commiffaires artiucrét, lefquels 1 Ferdinand auoit dépefehez à fon inftancc pour 'T«/»’’«!« i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;teceuoir tout le bien du M ovne, lequel apres fa

l nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;mort auoit elte mis en garde pour ente confer-

1 ucàfaMajefté , ne voulant Caftalde y fourrer Cammif-1 fes mains (. encor que le bruit fut qu’il en auoit P»«s, 1 décimé laméte,amp; le cumin) fçaehant combien j tellcsaffaires font perillcufcs,8c propres à don-

-ocr page 384-

Htfl oire de Hongrie

I?# I «et occafionaux mcfchatcs langues de calom-ïHcr vn chacu, encor qu’il fy portaft mille fois ■}« j plus fîneerement que lacob, amp;; principallemét quad il y a quelque couleur qui les inuitc. Pour » * cefte confideration il fen abftint, amp;nbsp;ne le vou-** lue auoir pres de (oy. 11 les fit bailler à cesCom-m ilia ires par inuentaire, ouyrant de fa main quelques lieux qui eftoient encor clos, comme le Moyne les auoit laiiïcZjlefqucls n’auoiét elle ouucrt, amp;nbsp;aufquels pour plus grande feureté il auoit fait mettre des clouz, amp;nbsp;des gardes de to* collez. En iceux on trouua en malle amp;nbsp;en verges tât d’or, qu’il y en auoit iufques à mille fept cens quarante quatre marcs, amp;nbsp;d’argent quatre mille fept ces nouante amp;nbsp;trois rnarcs.milleme-dalles antiques de Lyfimachus , lefquelles va-loienrtrois ou quatre ducats chacune, vingt pierres d’or de celles qu’on trouue en ces fleu-ucs de Tranfiluanie, lefquelles valient plus que fi elles eftoient toutes d’or, amp;nbsp;pefoient trente quatre marcs,verges d’argét de mine neuf cent trente quatre marcs, fix vafes très-grands d’argent dorc,quclqucs chaifnes d’or lesquelles pefoient en tout fix marcs amp;demy , trente deux grandes couppes d’argent dore à la Hongref-que enrichies de bel ouurage,foixante anneaux d’or garnis de diuerfes pierres precieufes, vn trcfbcau collier d’or fait en façon de croix cnrv chy de force rubis amp;nbsp;dian^ans, prente fix couppes d’argent grandes amp;nbsp;doubles, tellement que. vneçn fàifoit deux,toutes dorées,douze bocals douze balfins d’argét doré grands Sgt;ç oqures

-ocr page 385-

Liure cinquiefme. i8x. tt teUcf, •vne grande quantité amp;nbsp;nombre infiny de taffes d’aigét,grands plats amp;nbsp;moy ens, coup-peSjcfcu'ellcs, amp;. affACttes,partie doree amp;nbsp;partie blanches, paille cinq cens trente quatre ducats de Hôgtic,plufieuts balles de tres-riches peaux de martres febelhnes , ayant en chaque balle quatre vingt ou cet peaux, plufteurs autres balles de diuetfes peaux de grand valeur, quelques faphis, amp;nbsp;autres loyaux en ch 2 fiez en or, diuers ornemens de drap d’or ôc de foye , amp;nbsp;autres beaux meubles de maifon comme draps, tapis, amp;nbsp;tapifleries , pour vne tftiroation incrcdibx. 11 y auoit ailleurs vn harat de plus de trois cens cheuaux amp;nbsp;iumens. En fes tfcuytics on troupa grand nombre de chcuauxTutcsSc d’autre for-te,Sc des mulets,lefqucls puis apres furent tous donnez par Ferdinarrd à fon fils Maximilian Roy de Boheme , Sr en fon nom dcliurez entre les mains d’André Battor , Si outre toutes ces chofes on ttouua vne quantité infinie de viurcs Si de munitions,tellemciat que toute chofe en-] fcrahlei^ians compter ce qui fut voilé a Binfc, à Varadin,a Vvluar,à Deue,8i autres lieux par les Capitaines, qu’on cftime monter à plus de ein- ifibcVer^ quante mille efeus-le tout valloit deux CCS ein-

I quante mille efeus. Cepédant que ces meubles Je femettoientpatinuentaite, laRoyne Ifabellc

1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;efcriuit à Ferdinand qu’il euft à commander à dcmunde

i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Caftalde à ce qu'il luy fit rendre ^out l’or. Si ar- riccopfi/-

1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gent du Roy lehan fon mary , qui auroit efté

1 tiouuéparmy celuy duMoync , lequel l’auoit

' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;prins,Si vfurpé par force,Si fcmblablifi^ti'^ vn pTomw«

-ocr page 386-

H iß o ire de Viongrie bon nombre de iumens qu’elle vouloir incontinent kiy eftre réduës,amp; qu’en outre il luy gar-daft tout ce qu’il luyauoit promis en luy cedat ce Royaume de Tranfiluanie.Ferdinand luy fit relponce qu’il n’y auroit faute de fon cofté, amp;nbsp;commanda à Caftalde qu’il euft à luy rendre tout ce qui fe trouucroit luy appartenir;Ce qui fut incontinent exécuté, amp;nbsp;luy fut rendue la moitié du liarat,amp; autres chofcs.Ferdinand cô-oyîaü» manda aulT, aux CommifTaircs qu’ils donnaf-

■„ fent à Caftalde deux cens marcs d’areent doré ieGeor^e (afin qo 11 cuft part a la robbe du Moyne Geot-CO tcls vaifleaux les mieux clabourcz qu’il (/(5 m«- voudroit choifir, amp;. huit grandes couppes d’ar-gent doré à la Hongrefque . amp;nbsp;certains grands * ■ plats du nombre de ceux qu’on auoit trouurzà Varadin , quatre balles de martres , amp;nbsp;autres meubles, amp;nbsp;en outre quatre cens mcdallcsd’or de Lyfimachus , defquclles il f’eftoit défia fai fi, J outre les mille qui elfoicnt entre les mains des /’ Cômiflaircs. 11 fit aufli donner à tous les meur-' '' tries du Moync fi bonne portion de fon meuble Sc argent qu’auec le reuenu qu’il leur donna leur vie durant, ils demeurèrent bien contés amp;nbsp;fatisfaits. Le bruit coutoit que le Moync a-uoit vn treforinfinv.mais à la fin on ne le trou-iia tel comme on le prefehoit, amp;nbsp;ne vint iamais iufques à la troificfmc partie de ce qu’on l’cfti-moit par tout, amp;nbsp;rilTuë fit voir q le bruit cftoit plus grand que la chofe mcfmc, amp;nbsp;beaucoup plus la renommee que l’effcâ:. Les CommilTai-tes l’en retournèrent bien contens, ayans entre.

-ocr page 387-

L'mre cin(juießne. 1S5

les mains toutes ces richeffes, amp;nbsp;vnc bone pat-

tie des deniers qu’on auoit ttouucz à Binfc en

ia cbambte du Moync,iefqucis auoient efté te-

couuettspatiadiligence qu’on en auoit faiStc eftansàroccaftond’iccux arteftez prifonniers

le Capitairre André Lopez, Guy do Gozio mai-

ftre d’hoftel de Caftalde, amp;nbsp;quelques autres fol-

dats , lefqucls puis aptes furent contraints ten-

dre tout ce qu’ils auoiét prins, amp;. Ce mettre fous

latnifericotde de Ferdinand, qui par lamain de

iuftice ne les voulut faire cbaftier, mais aucc v-

ne douce cleroenceleur pardonna. Or pat-ce

que les foldats deuoiét auoit douze payes,pout

leur fatisfaire ou fit barre tout ceft or amp;nbsp;argent

qu’on auoit trouué en verges, amp;nbsp;par ce moyen

ils furent payez de la plus grâd part de leur foul-de,amp; retint on foubsle ferment de toute fideli— téleurs volontez, Icfquelles à faute de pay emét cftoreni d’heure à autre preftes d le changer 8c mutmer. Comme ce payement Ce faifoit on ap-, porta nouuellcsque les noftres auoient prins

Zeghcdin, qui eft vnc ville de Hongrie non loingdc Lippe, conienaiat enuiron mille feux, garnie d’vn fort chafteau bafty fur le bord du Tibrlcque pres l’endroit ou il entre dedans le D anubc. Celte ville eCt riche 8c’ de grand trafic, amp;nbsp;fort frequenteeàl'occafion de ces deux fleu-( ucs. La prinfe en fut relie. Caftalde eftani aucc i fon armee campé deuant Lippe,vint lors parler i âluycnlaprefcnced’AndréBattOr vn Hongre i nommé üttomial, lequel en ce temps eftok O'“”quot;“«-i B.ourg-maifttc de Debrecen ville de Hongrie,

-ocr page 388-

}Aifioire de '[Hongrie l’ayant cfté auffi. de Zcghedin deuant que lè Turc en fuftmaiftre, amp;nbsp;luy dit que f’illuy vouloir donner Eitieür,amp; aide il trouueroit moyen amp;nbsp;façon de fc faifir de Zcghedin, ayant à la volonté les habicans Chreftiens, Icfquelsfcnrcn-doient auec luy,amp; en outre ayant a fa deuorion tout le voifiné, lequel ne defirant que fottir de la fubiedlion amere du Turc,ne faudroit aucunement à fon entrcprinfe,ayant défia rcceu lettres d’eux, parlefquelles ils luy mandoicntque fil auoit la hardicirc d’exccutcr cefte entreprin-fe, iln’euft aucun doute qu’approchant près d eux auec bon nombre d’hommes ils ne mif-fent la ville amp;le Chafteau foubs fa puifïànce. Caftaldc fçaehant combien celle place eftoit forte eftiiïioîtquc ce fuft vne mocquerie, toutefois ne le voulant rebuter,amp; auec bonnes pâ-rolles feignant fuyure fon confeil le remefeia auec vne grande affection d’vn fi bon défit, d’vne telle offre , amp;nbsp;le pria d’entretenir celle pratique,cfperât aprcsl’ilTuc de Lippe luy fournir tout ce qu’il deniandoit, amp;nbsp;que lors il n’aii-roir faute de tour le lecours qu’il voudroit, Si auec celle refponcclercnuoÿa chez luÿ. Apres que Lippe fur prinfc Ottomial retourna derechef vers Caftald,c pour luy demander ce dont il l’auoit jà requis vne autre fois. Caftaldc voyant qu’il pcrfcucroir en cefte opinion, amp;nbsp;a-uec vne fi bonne volonté de faire feruice à Ferdinand, comme il auoit dcmonftré auparauané amp;nbsp;qu’il ne cclfoit, Se par parolles, amp;nbsp;par ctFecTs' do le monftrcr fort prompt à toutes chofes, cft-

-ocr page 389-

Liure cinquiefme. 1^4 tor qu à la premiere vcuc il neuft eu telle reception qu il fepcrfüadoit ,luy dit qu’il ptilït aueefoy autatit de gens qui luy feroient necef-faires pour fon execution, l’admoneftant qu’au cas qu’il euft gagné la ville , amp;nbsp;qu’il ne peuft a-uoitle Cliaftcauil ne perdift point temps à le batte,Sc qu’aptes auoir factage la ville il mifllc feu par tout, amp;nbsp;puis fe tetiraft auec le butin la part ou il ferait, de peut qu’il ne fuft charge par’' les Turcs, amp;nbsp;qu’auec fa vie amp;nbsp;de fes foldats il ne ncidift ce qu’il aüroit gagric, n’eftimât pas peu la ptinfe d’icelic, amp;nbsp;la bonne execution de cefte cnircprife. Ottoraial ayant prins congé affem-bla des foldats qu’on auoit licentiez à Lippê, iufqucs à deux mille hommes de pied , amp;nbsp;cinq cés cht ual, amp;nbsp;leur celant la caufe, qui le menoit leur offrit par moys quatre efeus de foldc pour l’homme de picd,Sc pour celuy de chcual fix,8c lesayât ainfifouldoycz ,lcs fit venir tous en vn lieu commode nonloing de Lippe. Le Maiftre de Camp Aldene,lequcl, comme nous auôs cy deffus dit,cft.oit demeure pour le gouuctncmét de Lippe,voy ant cefte affemblee, ôc ne fçachât la caufe en donnaincontinét aduisà Caftaldc, lequelluy fit refponce qu’il etift à leslaiffer, 8c ne f enquérit del'occafion puis que tout eftoic pour le fctuicc de Ferdinand. Aident ayant eu cefte refponce f’en alla incontinent ou eftoic Ottomial,duquel ayant entendu la particularir-tédel’entreprinfe , fit tant auec luy que fi cllè fottoit effeû illuy en donnaft foudainemét ad-uis, afin qu’il allaffluy-mcfmc en petfonne 1»

-ocr page 390-

lÄißoire de Vlongrie

/ccourit. Ottomial ayant mis tous ccs gens en poind, amp;nbsp;eftant Ia moitié de Zcghedin à fa faneur , fit entendre fccrettement aux habitans d’icelle comme il auoit mis ordre à fon faid, amp;nbsp;qu’ils mandafient quand ils vouloicnt qu’il let allaft trouuer. Ils luy donnèrent incontinent jour pout mettre fin à celle pratique. Ce terme approchant vn iour deuant il fit marcher fes gens toute la nuid, amp;nbsp;le iour les teint cachez dedans les bois , amp;nbsp;en deux nitidsarriua fi fccrettement qu’il ne fut iamais dclcouuert, amp;nbsp;fe trouuantdeuant Zcghedinà l’heure préfixé, a la pointe du iour il roeit la plus grande partie de fes gens en embufeade dedans les plus prochains bois, amp;nbsp;par vn autre collé enuoya quelques foldats donner l’alarme à ia ville Cequ’c-ftant entendu parles Turcs, incontinent plu-fieurs fortirent du chafteau amp;nbsp;de la ville pour vcoir que c’c{loit,amp; voyans le petit nombre de CCSfoldats, amp;nbsp;nefçachansrien de l’embufchc faillirent hardiment fur eux , Icfquels feignant fc retirer de peur, amp;nbsp;combatans toufiours quelque peu les amenèrent iufques dedans l’embu-fcadc,ou alors ils furctst fi bien enuitonnez, amp;nbsp;battus qu’il n’y auoit moyen à eux de fc dclFcn-dre, amp;nbsp;voolans faire retraite à la ville, c’cftoit i quiy feroit le pre mier. Mais les habitans enten-dans la rufc,avans défia prins les armes leur f t- | fncret les portes aux vifage, amp;nbsp;fc ioignans auec les gens d’Otromial, leur firent vne telle reception que de tous ceux c^ui eftoiét fortis il n’en ; ïc*fta.vn lêulcn vie. Les autres Turcs qui cfioiét j

dcmcurix

-ocr page 391-

j^iure cine^uiefhie. 1S5

demeurez pout la garde du ^.hafteau, voyans ^5 ce carnage le retitetent enlcmble , amp;nbsp;Icuans le pontfe raffeurcret en iccluy, mettans ordre di-ligcraraét i ce qui cftoir neceflaire. Les nofti es eftans entrez en ia ville- Si n’avâs peu par celle façon prendre le Ch fteau,fe rcfolurrtrt de fac-cager routes les maifons des Tut CS , Si melme-incnt desmitchands qui eftoient fort riches, y cllans venus plufieurs ConHantinopolitams hahittr.Ainfr ptenans leurs meubles,leurs femmes Si enfanSjSi mettans le tout en vnc grande maifon pour puis apres les partager entre les foldats,Ottomial fe fit raaifttc de Zeghcdin, Si voulat en aptes affaillit le Chafteau irouua que lesTurcs qui eltoient dedans te dcffcndo'cnt btauement. Car le lieu de fa nature eftoit fort. Sien outre bien gatny d’artillerie. Si eftoit rel-

' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lemét en deffence qu’il fit demeurer Ottotmal

court fans le pouuoir conquérir. Partant voy ât qu’il ne le pouuoit auoir fans autres forces , ef-ctiuit incontinent au maiftre tic Camp Aldenc tout ce qui auoit elle faid.. Iceluy ayant receu

I celle nouuellc fans attendre autre commande-in' nt de Caftaldc,fc fouuen.'nt feulement delà piomclTe qu’il auoit faite à Ottomâal de Vallet fecouvir.lc délibéra de l’aller ttouuet, amp;nbsp;prenât

1 auec foy deux cens Efpagnols de Lippe , 8i de 1 ThemeluatjSi quatre pieces de Campagne,co-1 mcniaà m-uchctiyafliucment vers Zeghedin, 1 l* petfuadant qu auec ce r?fort de gens de d'at-l nbsp;nbsp;nbsp;tillerie q'u’il menoit on poutroit auoir la railon

1 de ce Chafteau. Cependant qu’il marchoit il fic

Aa

-ocr page 392-

Hißoire de Hongrie certain Caftalde de tout, amp;nbsp;comme il fy aebs-minoit,amp;lc pria qu’il ne faillit d’enuoy et aptes luy en toute di'igencegcnsamp;artillcric,poiirn{ lailfer Ottomial au befoing , fcftant défia faiâ maiftre de la ville, ôc f’alTeurant du fecouis qu’il dernandoit auoi Chafteau.üeuant ceft aduertiilei en auoit défia reccu vn autre pat ceux qu’il 3' uoit enuoyez auec Ottomial pour l’aducttK foudainemét de tout ce qui aduicndtoit, ayant cepêdant fai6t mettre en ordre vn bon nombtt d’hommes,amp; tout ce qui feroit neceflairepout au cas que le Chafteau fut prins enuoyct proffl-ptement (ccours.Mais ayant entédu qu’il eftoit encor entre h s mains des Turcs, amp;nbsp;qu’il n’ya-uoit que la ville prinfe , laquelle il iugeoit im-pofhble de pouuoir garder fans la fortereffe, manda à Ottomial qu’il euft à mettre le feu e» la ville , amp;nbsp;que fe contentant de ce qu’il auoit fait, amp;nbsp;fauuanrcrux qui luy eftoient amis il fn retiraft incontinct auec le butin qu’il auoit gagné, reputan t à grande vanité perdre le temps a ropiniaftrer à la conquefte d’vnc chofe impof fible,(amp; mefmcment ne l’ayant peu furprendre àl'improuifte) laquelle meritoit vne armeepl’ grande que celle qu’il auoit, ne pouuant fournir tant à pied qu’a cheual plus haut de quatre mille hommes, amp;nbsp;n’ayant aufli aucunes pièces de batterie pour luy enuoy cr,luy commandant en fin qu’il n’cuft à tarder dauantage en ce lieu, par-ce que ne defiogeant viftemét il auoit peut que tes Turcs par le fccours qu’ils appreftoient

parle moyen r ayfcmentb

-ocr page 393-

ts

)t ft

it y

tt

)t

(1-

it

't

Liurecinquiepuè. iSS défia ne le Minirent cependant charger fans y penfet Stic rotnptc,ôt par ce moyen perdre en-femôl ment auecl’acquis l’honneur St la vie. Comme 11 auoit dépefehé ce commandement ■vintlecourrier d’Aldcne,par lequclil entendit qu’il cftoit patty de Lippe auec tel nôbre d’homes St d artillerie que nous auons dit, pour fc-courir Ottomial; Var ce courtier il le prioit in-ftammentdeluy cnuover dauantag' degensSc d’attillerie, Vaffemant que ia pnnlc de ce C ha-ftcau eftoit fott aïfectCaftaidc ne Vé pouuoii fa-eiietnent evoire,ayant cfté bien anipV ment informé de la qualité , alTieite Sc fotterclT d ice-luy , amp;nbsp;que dedans il y auoit encor cinq cens Tûtes, dureftedcctuxquiauoientefté tuez à laptin(edelaville,quilcftoitgarnv de grande quantité d'artillerie amp;nbsp;que fes murailles eftoiêt fottlargesfouftenuésparlcdetcicvc d'autât de terre qu elles eftoient hautes,tellement qu il ne voyoit moyen qui en peuft rédre les noftres vi-ftorieux.Et encor qu il cogneuft manifcfteméc qu’enuoycria gens c’cftoitautatde temps perdu eftimantimpo ’ blcquonpeut prendtc ce thafteau en celle façô. fe délibéra ncantmoins d’enuo'vcr en tout cas le feccnirs , ôc artillerie

qu’Aldenedcm.indoit. Ce qu’il ht, encor qu’il iugeall cede chofe vaine,afin qu’on ne lèttaftla coulpc fut luy f ils ncle ptenoient, 5lt; qu’ils ne difcut que celle belle occafion f’cftoit perdud pourneleitr auoit enuciyé à temps le fecours pat eux demandé.Par ainfi a la plus grande dili? gêce qu’il peuft, encor que te full contre favo-A


-ocr page 394-

Hißotre de V[ongrie lontc,cfcriuit àThomas Varcocce à ce qu’ikuft à prédrc deux canons à Varadin,où il eftoit, SJ deux à Albcjule, auec quelques pieces de campagne , amp;nbsp;les enuoycr aucc toutes leurs munitions amp;nbsp;chofes neceilàircs à Aldcne,qui clloiù Zeghedin: ce qui fut foudainement faidparle moyen du fleuucMaroffe. En apres mandai Oureftolph,lequel eftoit en garnifonau Conte de Varadin, qu’il euft incontinent à marcher a-uec la gendarmerie pour fccourir Ottomial, SJ Aldene. Le femblable fut madé Pierre Vacchy, lequel eftoitColonnel de l’Infanterie,qui pout lors auoit aufTi fa garnifon à Varadin, amp;nbsp;Albe-julc,amp; qu’il enft à marcher auec Oureftolph. A ce commandement, l’vn ayant aucc foy deuï mille hommes tant de pied que de chcual, SJ l’autre deux cens hommes d’atmes, fe mirét en chemin vers Zeghedin ne laiflans repofer leurs . troupes. Apres que Caftaldc eut donné ordre» tout ce que dcflus,il cfctiuitaulfi à Aldene le re-■ prenant de la faute qu’il auoit faite pour auoit laiilc Lippe,amp; en auoit tire hors, amp;nbsp;de ThcfflC-fuarlesgarnifons, Pcfnicrucillantdefa foUic, comme il aye peu fe'fonder fur vne cnttcpnnfe qui auec toute raifon ne peut fueceder heiircu-fement, amp;nbsp;de penler prédrc auec fi peu d'hommes ceChafteaUjlequclpour fon alliettc amp;nbsp;fot-terefle en requeroit fix fois dauanrage: qu’il luy enuoyoit tout le fecours qu’il luy auoit demandé , lequel il n’auoic dépefehé qu’afin qu’on ne l’accufaft qu’à faute de l’cnuoycr on n’auoit peu conq^ucrir cefte fotterefle, fafleurant qu«

-ocr page 395-

V nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Livre cinquießne. 1S7

le temps portetoit tefmoignagc de ce qu’il ptc-uoyoit, amp;nbsp;fcioitpatoiftrcle dommage qui en deuoit pïouenir, amp;nbsp;ce d’autant p’.us qu’il fc voyoit pour lors en ncceflité amp;nbsp;d’hommes ôc d’argent ,tellemét qu’en perdant ceux qu’il en-

i, uoyoit d fe ttouueroit hors d’efperancc d’en ® ■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pouuoir bien rod amafler d’autres. Cela faift il

» 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;parut de Sibinio,amp; alla fc mettre dedans Mbe-

5 \ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jule pour cftre plus pres de Zeghedin,amp; au mi-

' J nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lieu du Royaume, afin de pouruoir plus ay fé-

t 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nient en tous lieux , 8c files chofes daucnturc

1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;d’ÀlbejulCjVigucuràl’cnttcprinle.Maisilia’en

t 1 nbsp;nbsp;nbsp;dcplaifirquiltcceutdeccftedeffaiûcfutgrâd,

' i nbsp;nbsp;nbsp;fi n’eftima-il ce rapport chofenouucllc, par-cc

, \ nbsp;nbsp;nbsp;que desle commencement iufques à la fin il a-

$ uoitpreueutoutcequidcuoitaduenir,8cprin-cipallemeni voyant la faute commife desle cô-menccraent, qui ne pouuoir amener autre fin que celle quelle eut. Or apres qu’il eut encor vn autre aduertiflemét que pour le certain tous ces gens auoiét efte deffaifts 8c perdus, de peur

® t quclaperreaulfideLippeScdcThemefuar ne * 1 f enfuyuit, lefquçlles Aldenç auoit laiftccs fens M nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Aa iij

-ocr page 396-

P^iflnirc de Hongrie foldats Si fans chcf,enuoya en pofte vers le Capitaine Rodeiie Vigliandrando , loy mandant qu’il euft a le mettre dedans Lippe, amp;nbsp;qu’il Hiy cnuoyroit autant d’hommes qu’il luy en fau-dtoii pour la garde d’icelle. C ommanda aufli s DiegJ Vêlez de Médoza qu’il l’cnallafta Ihe-mcluar aucc (a compagnee,menant en outre a-uccfoy trois cens Aikmans , S: trois cens che-uaux Hongres, amp;nbsp;que de cefte troupe il en cn-uoyaft » ne bonne p utie à Lippe , amp;nbsp;qu’il euft Vucilàtoutcc quartier. Ceux cy marchans a grandes louinees rencontrèrent grand nombre de petlonnef de toutes natiós, lefquels fuyoiet des inuirôs des villes de la Baflc-Marche, pout la crainte qu’ils auoient delà cru-utc dclaqucl’ lc,ainli qu’ilsauoient entindu, le BafchadcBu-de diioit vlé , en taillapt en pieces vnc infinite d’hommes , fc rctiruns pour ce bi uit précipité' ment, amp;nbsp;en grande coniufion amp;nbsp;tumulte vers Icsmôtagnes. Mais voyons qu’on enuoyoitdü fetours vers leurs quartiers d’où ils eftoiét partis, f arrefterent Si reprindrenr vn peu de contage , amp;nbsp;cftans perfuadez par ces Capitaines de h’auoir point de peur , amp;nbsp;de retourner à lents maifonSjfe rafteurerent grandement,amp; laifLin* la fuitte, amp;nbsp;prenans cœur plufieurs tetournerét chez cux,amp; plufieurs autres allèrent à LippCj^ àThemcfuar, ou cftans tous arriuez on fçcut tlts^ensJe côme Aldcnefcftoit fauuc auec tous les Efpa* Flt;Tii(H(ind pnols,amp; aucclcs gcnfd’armesd’Oureftolph, amp;nbsp;farkTufc

auft) tout ce defaftre cftoit arriué, lequel

a Zwie-dm,

aduint en cefte forte. 11 y auoit jà huiift joyU

-ocr page 397-

f

5 !

I

'i

Linre dncjutejme. 188 qu’Aldcne eftoit à l’entour du chafteau de Zeg-hcdin , amp;l’auoit tout autour enuironnc d’vnc bonne tramhee (attendant que l’artillerie arri-uaft,qui jà f approchoit tort ;quand vn lour douant Pierre Vacchyarnuaauec CCS deux mille foldats que nous auons dit cy detTus , amp;nbsp;quand femblablemcnt arnucrent de Canoth cent arc-quebuziets Allemans, amp;nbsp;trente Efpagnols , amp;nbsp;centcheuaux. Ledixicfmc iour Aldcne des le fin matin fit fortir tous fes gens en campagne pour faire monftrc,Sc fy trouucrcnt trois mille Dons chenaux, deux cens trete Efpagnols, cent Allemans,amp; deux mille piétons Hongres, fans les deux cens hommes darmes d’Oureftolph, lefquels à l’heure mefmc arriucrcnt.Ccpendaat qu’Aldene eftoit occupé à les loger, amp;nbsp;auant qu’ils euflent mis pied à terre, les Turs fe mon-ftretent en vnc campagne près Zeghedin , à la veuë defquels l’alarme fe donna incontinct par tout, 5c nos gens fe ferrerent. On en fit fortir quelques-vns pour les aller recognoiftre.lceux defcouurirét vn efquadton de quinze cens chc-uaux 8c pluGeurs coches, dedans lefquels on y voy oit des hommes,8c c’eftoit le Bafcha de Bude , lequel venoit pour clîay cr à faire entrer dedans le Chafteauquelque fecours, 8c non pour combatte les noftres, n’eftant aftez bie accompagné, 8c fefentant défia defcouucrt,auoit faiét alte en ce lieu,ou nos gens l’appcrccurcnt,8cde tous fes gens en fit deux cfquadrons , l’vn plus grand que l’autre, faifant entrer dedans les coches îops les laniflaircs , defquels à main gau-

A a üij

1

I

-ocr page 398-

Iriißoire de Hongrie ehe l’fît vn fort, auec Icl'qucls il fe mit, amp;nbsp;auf^^ le plus gros efquadron , amp;nbsp;mit le moindre a U main droictc , faifant couurir amp;nbsp;l’vn amp;nbsp;l’autre par cescoebes ou chariots, comme d’vn rcm-pirt,amp; n’eftant vi nu que pour fccourir les fiés, non pour combatre auec les noftres.farrefta là pour voir ce que nos gens voudroient faire. Iceux voyansles T urcs rangez en bataille firet de toute la cauallerie legere Hongrpfquc vn efquadrô, Sr Üureftolph en fit vn autre de tous les genfd’armes vis à vis de celuy du Bafcha.Ot-tomial amp;nbsp;A Idcne en firent vn autre fort gros de toute l’infanterie,lequel ils laiflcrent pres la ville fans leur donner charge de combatre,ny kut dire ce qu’ils auroict à faite. Comme ces efqua-drons de caua leric eftoient deuant les ennemis auec vne aflez bonne diftance Pierre Vacchy dit à A Idcne : Que voulons nous maintenant faite ’ Aldcne luy fit refponce, que ne fçaehant la façon de combatre des Hongres, il remettoit le tout en luv,afin qu’il fit ce qui luy femblcroit bon. Puis que,dit Pierre Vacchy,vous ne fçauel noftre façon de combatre laiifcz moy faire, Oureftolph voyant qu’Aldenc general de celle armee ne doutoit pas pour vn peu de ce qu’il a* uoit à faire eftant cupide d’honneur, amp;nbsp;conuoi-teux de n’eftre le fécond qui donneroit dedans les Turcs,fans y penferdauantagepicqucroide auec fes genfd’armes contre le gros efquadron du Baftha, mais lt;à raifon que ceux qui eftoient en tefte prindrét plus à leur gauche qu’à la droite, ilsn’attaquerentl’cfquadronau milieu, amp;

-ocr page 399-

i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Liure cinquiefme. 189

I ainfi nc donnèrent que le long d’vn codé de \ nbsp;nbsp;nbsp;2

l l’elquadtonauccvne telle violence qu’i'iS rom--

* I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;çirent tout ce qu’ils toucltcrcnt. Les Hongres

1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;luyuitent açtes, amp;c ne donnèrent qu’au melmc

' I cndtortouauoientclrocquélcs hommes d’at-I 1 mes n’en tompans pas dauantage. Cede faute ' I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fut le commencement deleur delordrc,fc heut-

‘ \ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tansl’vnl’auttc fort indiferettement,St voyans

( nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;çlufr:ursTutcstetra(rcx,qui non par eux,mais,

' ! nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pas les gens dOureftolphauoienteftcainfrict-

’’ tta, ic grand nombre de «.heuaux en fuitte pat

la campagne,cftimans dt fia auoit la viéloirc, Sc ’’ , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ne ptenans garde à l’antre efquadton qui e(lolt

\ encor entier aueclcs coches,ne Ce foucierét autrement dele conabatre, ny d’attendre la fin de cede bataille, ains pluficurs d’entt’eux mettans pludod pied à terre commencèrent à fouiller CCS Turcs qui edoiét edendus fur la place bleffet ou tuez. LcBafcha ayant veu ce qui fedoit farta ce premier choc, pcnfantlaviàoire edre aux Chtediens , commença à faire retirer fes cfquadrons 8c clratiots en arriéré pour fc fau-i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ucr, voyant puis aptes qu’aucun nc le pourfuy-

i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;uoit,8c qucles Hongres nc couroient par la câ-

\ pagne quauecvncconfufronfetrauerlans l’vn 1 l’autre fans aucun ordre , edans plus attentifs à i la defpouillc qu’à la pourfuitte delà vi£toire,8ç \ confiderant qu’vnc bonne partie de fon cfqua-\ drô edoit encor enttere,fc refo'.ut de faire rede, \ 8c de retourner en auant,faifant premièrement l aduancerttois censTutes aucc quelques lanif-1 faites, 6ç autres foldats qui deuoicut entrer de-

-ocr page 400-

Hifloire de Hongrie

dans le Chafteau(ce qu’ils firent fans aucun env pefchemcnt)amp;puis fe ferrant auec fes autres ei-quadrôs en vn fort bataillon, commença d’vne roideur amp;nbsp;viftetfe grande à donner dedans ces Hongres, lefqucls eftoiét défia tous delbandcz amp;nbsp;efparts p .r tout, dcfqucls il fit vn des plus grâds efchecs qu’on fçauroit imaginer, les tail-lans tous en pieces fins aucune pitié, tellement qu’on voyoit plus de cheuaux fuyr que d’hoin-mes, cftätla campagne fi rafe qu’il n’y auoit en icelle aucun lieu pour fc cacher. Les hommes d’armes cependant fc referreient cnfcmblc en vn fort cfquadron, amp;nbsp;voulans encor vn coup palier à trauers ces Turcs appcrccurent comme ces Hongres par leur beftife,amp; par vne conuoi-tife de butiner auoient efté tous rompus, défaits 5c tuez, Si que le refte eftoit en fuittc.Pour celle caufe ne voulans fc mettre au hazard de fortune,ny faduenrurer fi légèrement,prindrét fiout meilleur expedient de rallcr joindre auec es Efpagnols, lefquels n’auoicnt bougé pres la ville toulîours rangez en bataille, 5c cllant tous vnis cnfemble, commenccrét tous à grands pas à fe retirer vers autres lieux plus forts. Le Baf-cha de Bude voyant la viôloirc élire fienne, amp;nbsp;f eftncrueillant grandement de ce que fans y pé-1er tuy clloit aduenu ne le pouuat à peine croire, fans reprendre alaincf. mit à courircomme vidloricux toute la campagne, ne laillànt la vie à aucun qu’il rcncontraft , commandant cftre fait le femblable en la ville parles Turcs qui c-fioientau challcau , 5c par ceux qu’il auoit en-

-ocr page 401-

Liure cinfjuießne. 190 UoyczUeur fccouïsJcCquósC’y employ er« de telle forte, que fur ceux qu’ils cogneurcr f’cfttc decbrexlcuts ennemis,ils efpandirenr rcllcmét leur ra^e qu’ils ne pardonnèrent ny à hommes, ny à femmes, ny aux petits en fans , faifans tout palferparlefilde l’efpec. Le Balclia apres ra-maffanttom ces gens, 5c en faifant vn oros bot fc remit encor à count la campagne pour tout Ictcftcdcceiour, 5cpourfuyuitlercftcde ces foidats qu’Ottomial auoit auec foy amenez, dcfquels il en deffit Sc laiffa efttndus fur la terre Î'ius de quinze cens tant morts que hlclfcz, tel-etnent que pour ce iour tant dehors,que dedâs la ville il y eut pV de cinq mille âmes efteintes, 5c f’atrctlanr puis apres comme las d’efpandrc tant de fang, 5c pour voir Vil ne fe prefenteroit i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;plus rien, il appctçoit venir deloingverslavil-

le trois cens Aiduchs,qui font gens de picd,lcf-quelsdeuxioutsauparauant que nos gens rc-ceuffent cede perte f’eftoient defhandcz pout aller courir le pays du Turc, 8c en rapporter du butin chctchansleuT fortune; ce qu’ils auoient fort hic execute auec vn grand meurtre des ennemis , ôcf’cnrcBcnoient pour lois bien chargez , penfans trouticr les chofes comme ils les auoientlaiffees, ne fongeans point qu’en vn fi brief temps, amp;nbsp;fi miicrablement la fortune les cud conduites à vne ruine vniuetfcllc de tous. Ainfi pourfuytians leur chemin ioycutement, ' ftchaftansle pas vers Ztghedin , comme l’iis 1 euffent voulu aller en leurs maifons, defcouurv jentl’efquadton duBalcha dont ils f’cUonvc-»

-ocr page 402-

Hißoire de Hongrie xcnt,amp; doutèrent fi c’eftoient ennemis, toutes-fois fe perfuadans que f cftoient des noftres qui eufiènt efte la enuov cz pour quelque bon eftet, fe rafleurant, 6c recommençansa pourfuyutc leur chemin ne marchèrent gueres auant qu’ils ne fuflent apperceus par le Bafcha, lequel reco-gnoilfant que feftoient de nos fi iducs, amp;nbsp;qu’ils eftoient en petit nombre, amp;nbsp;qu’ils n’auoiét aucuns bois pour fe fauuer, finon feulement vnc petite Eghfe qui n’eftoit pas loing d’eux, fe ferra pour marcher contre eux, lefquels fe voyans aflàillis fi à l’impourueu, amp;nbsp;enuironnez contre leur opinion , ne feftonnerent aucunement: maisprenansvn courage de lyon commencèrent à combatte fi hardiment amp;fi courageufe-ment, f’approchans toufiours pres de l’tglife, qu’encorcs qu'il n’en efebappaft aucun,ils vendirent neantmoins leurs vies fi cheres,amp; de telle façon qu’il n’en mourut aucû d’entr’eux,que premier il n’eult tué vn ou deux Turcs, amp;nbsp;plu-îîeurs trois amp;nbsp;quatre,amp; ceux- cy firent deux fois plus demâlauxgensduBafcha, quen’auoient fait tous ceux qu’Ottomial auoit amenez contre eux auec trois mille chenaux.Eftans ceux-cy deffaids,alors le Bafcha demeura vray feigneut amp;nbsp;maiftre delà campagne amp;nbsp;delà ville , en laquelle cftant entré donna en figne de vidoire à tousles fienstant en deniers qu’en açcouftre-niens ce qu’il luy fcmbla bon, amp;nbsp;apres auoir remercié la fortune d’vn fi heureux luccez, fe mit à faire réparer la ville , amp;nbsp;racouftrer ce que les poftrcs auoient gaftc.Çepcpdant que le Bafcha

-ocr page 403-

Linre cinquielme. 191 cftoit cmpcfché à deffaire les Aiduchs, Aldcnc fc retira auec fes Efpagnols,amp; aucc les hommes d’armes,en fi grande diligence,amp; en aulfi grande haftiuetc comme fil euft eu le Bafcha à dos, ou comme fi toute la caualierie Turcqucfquc l'cuftpourfuiuy , eftantluyfeul caufe de cefte perte par fa negligence , amp;nbsp;pour fon peu deiu-gemcf,pour n’auoit fait combatre les Aiduchs. Ainfi fe retirant de Zeghedin amp;nbsp;fuyant, fit en vn iour amp;nbsp;vne nuiôt feizc lieues, qui en valient trête-deux de France, amp;nbsp;fc retira à vn Chafteau Carnath. nommé Cornoch nonloingde Lippe. Durant la bataille aduint vn caseftrage a vn foidat que ien’ay voulu lailfer foubs fi!ence,l’eftimant di- Lafehtté gnede mémoire. Quand Aldene palTa le Tibi- d’vnfol-feque pour aller à Zeghedin,il laifia vn cap d’ef-quadre nomme Higueras aucc quelque foldats, i“* lequel cftoit eftimé pour homme de bien, vail-lant amp;nbsp;bon foidat, amp;nbsp;ce pour la garde des ba-ftcaux, furlefquels il anoitpaffé la riuicre, afin qu’il les tint toufiours prells, amp;nbsp;comme il ap-partenoit pour telle neceffité qui eut peu fur-uenir. Or eftant ce foidat en perfonne à la garde de ce paflàge le iour que la deffaiôle (ufdiôle aduint, voyant venir vn grand nombre d’hommes vers luy fuyans, amp;nbsp;leur demandant ce qui pouuoiteftreaducnu , amp;nbsp;pour quelle caufe ils accouroient fi haftiuement: ils luy firent refpâ-ccquelcsnoftresauoicnt eftétous deffaicls, amp;nbsp;taillez en pieces par le Bafcha de Bude, amp;nbsp;que pour fegarentir de fà main viélorieufe ils fuy-oient le plus haftiuement qu’ils pouuoiét pouE

-ocr page 404-

Vil flaire de Hongrie fc Ginicr. Ce foldat oyjnt cela fans vouloir da-nantage finformer du furplus, croyât que tous les Efpagnols y furtent demeurez paiß inconti-nét delà l’eau, amp;nbsp;deftacha toutes les Barques de peur d’eftre fuiuy. Ces autres (bldats qui eftoiét aucG kl y firct le fcmblabic, 5c fe jettans enfem-blemcnt dedans vn bois, prindrentlaroutcdc Themefuar, ayant le Cap d’efquadre vn goujat aueefoy. qui mirchoit vn peu apres luy:amp;ayât cheminé auec les autres vnc bonne cfpace de temps,reprint incontinent fes efprits,penfantâ ce qu’il auoitfaiél, amp;nbsp;remit deuantfes yeux le peu d’eftime qu’on auroir de luy pour auoit a-* bandon né ces bafteaux, Icfqucls Aldcneluy a-uoit baillez en garde,fans f’y cftrc prcmicrcmét enquis comme toutes les choies f’eftoient paf-fecsà Zcghedin:amp; conlîderantquc fidauentu-reles Espagnols cftoient fauucz,il n’auroitpius la hardielTc de fe trouuer deuanr eux. amp;nbsp;(î d’au-tre-part ils eftoient perdus qu’on luy pourroit demander par ceux qui l’auroient veu reuenit ainlî feul, frin amp;nbsp;difpos, l’occafîon amp;nbsp;la façon par laquelle ces compagnons auroient cfté ain-il rompus , aiïfquellcsil ne pourroit fatisfairc, ne rcfpondre , commeneça a brouiller fon ccr-ueau fur telles conlîder3tions,amp; ayant fanscef fe deuant foy celle honte de fen cllrc fuy fi vilainement , fe dcfpleut tellement qu’il print rc-folution de fe tuer, amp;nbsp;tirant fon efpce pour cell cfFcél fut empefehé par Ibn goujat, lequel craignant que fon maillrc ne continuait en fa mau-uaife fancafic, pour luy afieurcr la vie luy olla

-ocr page 405-

Liure cinquießne. ï5gt;x fon cfpce nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;dague, cc que l’autre permit vo*

lontiers faire, dillimulant ce qu’il auoit volonté d’exccuter. Le goujat ne penGnt à autre cho-fe,amp; f’alTcurant de la vie de fon maiftre pour l’amour de fes armes,Icfquclles il luy auoit oftccs, ne fe foucroit plus de prendre garde à luy. Mais cefoldatfappcrccuantdupeu de compte que fon valet faifoit de luv,feignant de f’aller repo-fet vn peu à l’cfcart, luy commanda de l’attendre. Cependant le goujat ne f en fouciant plus autrement, nemitguéres à (’endormir eftant laflè du chemin : amp;nbsp;alors fon maiftre fc voyant fcul chargea foudainement fon arcquehuze, amp;nbsp;mit la bouche du canon contre fon cftomach, amp;nbsp;la faifant deflafeher auec le pied , fc perça de part en part, de façon qu’en peu d’heure il finit fa vie: amp;nbsp;durant fa fin ne faifoit autre chofe que prier fon goujat, qui au bruit cftoit accouru, qu’il voulut acheuer de le tuer, n’eftant raifon-nable, difoit il, qu’vn homme vefcuft, lequel fi honteuferaent f’en feroit fuy, amp;nbsp;principalcmét fans fçauoir pour quelle caufe occafion , amp;nbsp;auec tels propos l’amcluy partit du corps.Voy-là donc quelle fur la mal-heureufc ioutncc que nous auons defetite cy deflus, laquelle fut le cô-mcncement 8c mauuais augure de tous les mi^ fetablcs fuccez qui aduindrent en ceft an mille cinq cens cinquante amp;nbsp;deux. Enuiron ce temps la nouuelle de la mort du Moyne George fut apportée à Rome , à l’occafion de laquelle le Pape Iules tieis, ôc tous les Cardinaux faifoient de grandes plaintes contre Fetdinand,ôcconttc

-ocr page 406-

Hifloire de Hongrie

i' £cux nui l'auoicnt tué, les cxcommunians tous »,lt;/« 4»- ac la plus grande excommunication qui fuit. theuritle Et eficores que Ics A mbafladcurs de fa Majeftc h mort de fiflent entendre au Pape la caùfe pour laquelle Qp l’auoit fait mourir ; Iccluy neantraoins ne

r/r

vouloit pour cela fappaifer, demandant fi le Kîoyne George eftoit de ß mauuais naturel corne ils le dépeignoient, pourquoy leur maiftre l’auoit fait faire Cardinal, amp;nbsp;l’ayant efté,pout-quoy il auoit enduré qu’on le fill mourir : amp;nbsp;ce d’autant qu’il auoit donné alTeuranceà tout le College des Cardinaux de fa bonté, fidelité, amp;nbsp;du bon deuoir qu’il auoit monftré contre leS Turcs,au profit amp;nbsp;vtilité delà Chreftiété pout lefqucls rapports bons ôc vertueux la Saindeté I .#1 nbsp;nbsp;nbsp;, ne pouuoit croire qu’il full tombé en la faute

■ ,dôt onl’aceufoirimaisauepluftoft ilauoit efté f nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• rt nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1*11/“ nbsp;nbsp;nbsp;r a

tue par cnuie, amp;nbsp;pour luy voiler Ion trclor, fes meubles,qui valoient plus de trois cens mil' , leefcus. Lefqucls à caufe qu’il eftoit Cardinal,

XfeutiltS

d'vn Car'

dînai mort

ôi mort fans teftame nr, appartenoient de droit fans tefltr au Siege Apoftolique. Dauantage le Pape amp;nbsp;les apparticn- Cardinaux ne pouuoient fe taire de ce qu’aucc vne telle ignominie on anoit mis la main de-dans le fang d’vn Cardinal. Ce qu’ils ne vou-loient fupporter aucunement pour le refped d vn tel degré amp;nbsp;honneur, Ôr pour donner exé-ple aux autres. A ins prenans grandemét à cœur celle caufe cotre Ferdinand, le Pape ne vouloit en aucune façon fufpendre l’excommunicatiô; mais en hn à la très grande inllance de fes Am-baflàdcursilfccontenta, amp;nbsp;fut d’accord que

«ois

-ocr page 407-

Liure cinqttîefms.

trois Cardinaux auec le Doyen , qui eftoit le I Cardinal de Trany,auroicnt la cognoiflanec de ce fait, amp;nbsp;verroient fi la mort du Moyne Geor-qu’on cnuoyroit des perfonnages députez à Vienne amp;nbsp;en ces pays,pour informer du deliôt, amp;que cependant les meubles du Moyne fc-roiét faifis au nom de la chambre Apoftoliquc. Contre cefte dernierc demade du Pape les Am-balfadeuts, firét refponce que Ferdinand auoit défia difpofé dcfdids meubles, tant pour payer fes foldats, que pour autres chofes necelTures à la guerre, laquelle il auoit iournellement contre les Turcs, amp;nbsp;qu’iceux n’elloient de fi grande valeur, ny fi beaux comme on les difoit, mais bien plus moindres. Ceft accord amfifaiél on dépefeha incontinent quelqucs-vns pour aller a Vienne,informcr amp;nbsp;mettre le procès en eftat. A iccuxles Agens de fa Majeftc ne failloient de inonftrer 1 infidélité du Moyne, amp;nbsp;comme il nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.

auoit voulu faccorderaucc le Turc, amp;nbsp;öfter la „»ort J* Tranfiluanie dcdefrousleChriftianifmc,amp;(’en Geor^‘‘ faire Seigneur abfolut,en payant tribut aux In-fidellcs , amp;nbsp;( comme il fut defcouuert par plu-ficurs ficnneslettres eferites à diuets Seigneurs de la Cour du Turc ) faire malfacrer tous ceux qui au nom de fa Majcfté cftoient foubs la conduite de Caftalde. Mettoient en outre pluficurs autres faids horribles , amp;nbsp;la mort de quelques perfonnes. Contre telles aceufations. Le Pape pour la deffcncc du Moyne mettoit en auant pluficurs ebofes, amp;nbsp;entre autres quelques les-

. Bb

-ocr page 408-

}Aiß:oire de ]Aongrie tres du grand Vicaire d’Albcjulc , amp;C d’aucunes perConnes, lefquels aflèuroient qu’il auoit elle tué par l’cnuie, amp;nbsp;pat la mefchanccté des Capitaines de Ferdinand , lefqucls dourans qu’il ne VQuluft remettre dedans le Royaume le fils du Roy lchanlt;lt;S.ne pouuans fupporter qu’ilfuftfi bien gt;-oulu amp;fi bien fuiuy par le peuple, amp;nbsp;que cntr’euxils fuflent en fi peu d’eftime, amp;nbsp;qu’il difpofaft de toutes chofes, comme Seigneur du pays, fans leur en communiquer : poutl’ofter d’entr’eux,amp; pour rlurper le fien, amp;nbsp;auoit feuls le commandement, l’auoiét aceufé çnuers Ferdinand de trahifon, lequel adjouftant foy trop Icgerement à eux, auoit confenty qu’il fut ainfi cruellement tué, ayant efté puis apres tout cui-dent que celle trahifon n’auoit efté inuentee que pour faccager fes threfors amp;nbsp;fes meubles, n’ayant efté trouucechofe qui peuft contaminer en rien fou honneur. Cependant que fut telles particularitcz on faifoit pluficurs aflèm-blees en la maifon du Doyen , amp;nbsp;que les Com-miftaires alloicnt à Vienne pour fenquerir du André fait comme il eftoit aduenu , André Battot fut Sattor créé Vayuode de Tranfiluanic, amp;nbsp;Eftienne Lo-mynode fonze Conte de Themefuar , lequel ne voulut r«»- pjenJre charge de celle ville, fi Ferdinand ne Lofôn^'e iuyaccordoitvnebônecompagnee de foldats Cuntht Espagnols , pour demeurer dedans icelle aucc Themt- Juyxe qui luy fut incontinent oélroyé, amp;nbsp;pat-/»«r. ce qu’ils eftoient hors le Royaume, fur les confins vers la frontière des ennemis, iceux furent foudaineract mandez, amp;nbsp;eftans arriuez Lofon-

-ocr page 409-

Liurecinquiefme. 194 te fen alla à Themefuar pout faite acluancct la fottification du lieu,Se le Vayuodc print le foin des affaires du Royaume. Défia les nnuucUcs coutoientdc toutes parts que Soliman auoit Mahonni faitfon Lieutenant General Mahomet Bafcha, ‘’•'f f/our venir affieger les villes de Themeluar, amp;nbsp;nbsp;nbsp;i^Tra-

de LippCjSc qu’il cftoit à Bellcgrade.ou il amaf jiinmne. foit vne trefgrâdc arrnec pour enuahyr ce pays. Le bruit aulli eftoit partout certain que le Vay. node de Moldauic faifoit le femblablc pour entrer dedans le Royaume vers Btadouic. En cc temps mefme arriua en Tranfiluanie le Conee de Helfeftain auec quatre mille vieux Allemâs amenans auec foy dix pieces d’artillctic.Par icc-luy Ferdinand cfcriuoit à Caftalde qu’il luy en-ùoyroit bien toff quinze cés hommes d’armes. Si fept autres enfeignes d'Allcmans, ?lt;. que le Marquis Sforce Vallauicin , feroitaulTi en peu de temps vers luv auec trois mille 1 taliens,^ a-ucc deux autres mille foldatsHongrcs, S: auec le plus de cauallelie qu’il poutroit enuoycr. Cc pendant que ces préparatifs cc drcflbicnt de cc collé, CaftalBc de l’antre , Si le Vayuode firent vne ordonnance, par laquelle il cftoit commâ-dc que tous lesGcntilshommes du pays euH’ent ' r nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 -Il -r- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, ■ Vielt a

a l’y allembler, en la ville de i orde, pour adui-fer de la deffencc d’zceluy, attendu que Mahomet le delibcroit d’entrer en vn inélmc temps dedans iceluy pat plufieurs endroits auec deux armées, àfçauoir, auec la lienne par la BalTe-Marche, Si auec celle du Moldane pat la Braf-fouie.Eftant toute laNoblefl'c fuy uant ce conS-

Bb ij

-ocr page 410-

Hifloire de Hongrie

* mandemét afTcmblee, on donna ordre à ce qui cftoit ncccflaîre pour la côferuation du public, amp;nbsp;fut côclud que les villes de Lippc,amp; de Thc-mefuar fcroiêt munies d’hommes amp;nbsp;de viures, amp;nbsp;que la fortification lcroit aduâcec le plus diligemment qü’onpourroit , afin que l’cnnnc-my la trouuaft en dcffencc, amp;nbsp;qu’on fit aflem-blet tous les gens du Royaume , comme cftoit l’ancienne couftume en telle nccefliré,amp; qu’on les meilaft auec ceux qui feroiét fouldoycz pat I’erdinâd,amp; qu’on ne fit qu’ vnc armee de tour, auec laquelle on euft à marcher droit contre le Moldauc, pour luy empefeher l’cntrce de ce quartier, ou il n’y auoit aucune place forte qui Se^hefitar. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;arreftcr excepté Seghefuar, laquelle

toutesfois n’eftoit fi pui(Tante qu’elle peuft luy refifter , amp;nbsp;retarder qu’à la premiere vollcc de Sra^ouie. canon 11 nc fe fift maiftre de BrafTouic, ville autant d’importâce que pas vne autre qui foit en Tranfiluanie , amp;qucfemblablcmentilnetnift le feu par toute la Prouince de Ccculie, polTc-dcc par les Siciliens, amp;nbsp;en la moitié du Royau-me.Ce bruit Si efpouuantement, encores qu’il n’euft amené auec foy autre inconuenient que vne vaine renommee , fi cftoit-ilaficzfuffifant i)our mettre vn tel eftonnement parmy touslcs labitans qu’vn chacun auec vnc trefgtâdc perte commençoit défia à fe retirer ailleurs, amp;nbsp;laif-fer à l’abandon leurs terres amp;nbsp;leurs biés. Et par-ï»rdf. ce que Torde cftoit fituce en lieu fort commode Si abondant en toute forte de viures, fut re-folu que toute l’armcc f amafleroir en icelle, Si

-ocr page 411-

'Lture dnquiefme. 195 quclàviendroitle Vayuode pour rcceuoir les foldats à mefurc qu’ils arriuctoicnt. Eftans les Gentishommes partis en diligence aucc charge amp;nbsp;commiflion d’amener autant d’hommes corne vn chacun eftoit tenu, amp;nbsp;eftât arriuez chez cux.auec vne grande promptitude fuyuât leurs commilhons executerét leurs charges, amp;nbsp;commencèrent à faire marcher leurs gens au temps prefix amp;nbsp;limité. Cependant qu’ils f alTembloiét aduint vn cas bien memorable que ie n’ay voulu oublier. Il y a à Torde vne vieille couftume, amp;nbsp;laquelle dure encores à prefent, que fi le mary trouuefa femme en adultere, il là peut faire mourir publiquement,en la façon que ie diray, îcaulfi au contraire la femme trouuàt fon maty de mefmeluy peut faite ce que l’autre pour-toit faire contre elle. 11 aduint donc en ce teps qu’vn Coufturier, qui eftoit de Varadin, nommé Paul,trouua fa femme couchee auec vn fien Couflume amy,amp;fuyuant la couftume de ladite ville l’ai-la accufcr d’adultere,amp; ayant prouué le fait luy fut permis de luy trancher la tefte , auecvn ci- touchant mecerre,au milieu de la place.Eftant là condui- l'aiuhtrt. te pat fon mary,amp; par la iuftice,amp; l’heure eftât venue,qui eftoit otdônee pour la deffairc. 1 celle auec chaudes larmes fe mit à genoux deuant luy , Sc auec grands gemiflemens commença à le prier de luy vouloir pardonner, luy promettant qu’à l’aducnir elle auroit fon honneur en finguliere recommendation , amp;nbsp;qu’il n’auroit plus occafion de f irriter contre elle,amp;: qu’il luy plcuft luy donner la vie,en confideration de l’a

li b iij

-ocr page 412-

Vltfloire de Hongrie mour qu’il luyauoit porté ce-prudant qu’elle auoit vefcu auec tourc honncftctt,amp; qu’elle le fcruiroit toufiours non coinme marv, mais come Seigneur. Paul retenu par telles parolles, amp;nbsp;cfincu de pitié fut content de luy pardonner, l’exhortant d’eftre femme de bien, amp;nbsp;luy ayant remis tonte cede faute, la remena chez foy, ou peu de reps apres aduint que cede femme trou-nu en adultere Ibn mary couché auec vne ieunc garce,amp; l’alla aceufer à la iudicc,laquellc l’ayat fait prendre, otdonn.a qu’il feroit mis entre les mains de fa femme, pour le tuer à la façonfuf-dire Icelle l’ayant auec les fergents conduit au lieu député.le fit mettre .à renoux. Si le mary la jLtrcT^vf^ • nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*1 ! nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 • nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;»1

fl priant de luy vouloir pardonncr,pcn(oitqu ci-•votuy le neluy feroit fi cruelle , mais qu’elle vfetoit mittra. enuers luy en contre-change de mifcricorde.dc laquelle il auoit vfc anparauant en fon endroit. Mais elle n’en voulut rien faire , ains oubliant tourc amour, amp;Ics graces qu’elle auoit rcceucs, n’edant cfmeuë d’aucune pitié fiiyuât la loy du lieu. Haudanr le bras en l’air auec le cimeterre luy donna fur le col,amp; comme vne chienne enragée le tua. Pour cede mort toute la ville fcf-meut grandemét contre cede femme, edimant qu’elle auoit edé par trop ingrate, amp;nbsp;trefcruelle contrôle bien faitd qu’elle auoit reçcu de fon mary,amp;fi elle ne fen fut fuycfoudaincmcrelle eud receu quelque finidre inconuenict,amp; fern-blaàplulîeuisccd.udefi vilain , qu’il v en eut be,auconp qui fe/forccrcnt défaire cader cede (CDudumc fi laide amp;nbsp;infame. Mais clic ne peur

-ocr page 413-

Liure cinquießne. ïç)6 l’cftrepoureftre trop ancienne en ce lieu. Ce lehanBaji pendant Caftalde enuoya le Conte le han Bap-tifte d’Archo en la place du Conte Fœlix d’Ar-cno , auec vne compagnee de Lanlquenets a BralTouie , pour prendre le gouuernemcnt de cefte ville, en laquelle foubs la charge il fit aufïï aller Charles Scerettin auec deux cés hommes d’armes, amp;nbsp;vne autrecompagnee d’Allemans, leur commandant qu’ils n’euflent à bouger de là iufques à ce qu’il fuît là arriuéauec le camp, enchargeant expreflèmét audit Conte qu’auec vneautrecompagneed’Allemans , il euft à fe faifir de la fortereire,laquelle il auoit commandé eftre faite fur le haut d’vne colline qui mai-ftrifoit la ville, amp;nbsp;qui n’eftoit gueres loing d’icelle, dedans laquelle il euft puis apres à mettre de l’artillerie grofle amp;nbsp;moyenne,auec autant de gens qu’il verroit eftre neceflàire pour la pou-uoir deffendre contre le Moldaue, amp;nbsp;pour em-pefeher qu’il ne fe campaft à l’entour , par-cc qu’en ce faifant ce feroit la faluation de la ville, amp;nbsp;la ruine euidente du Moldaue , lequel pour luy eftre oftee par ce moyen la commodité de fepouuoirloger en la plaine , feroit contraint marcher parles montagnes, parmy lefquelles il fouffriroit degrades incomrnoditcz,5ctrauail-Icroit beaucoup àpafter,amp; poflible feroit forcé de fe retirer. Sur ces entrefaites la ville de Sibi-nio capitale des Saxons,offrit à Caftalde tout le fecours, amp;nbsp;viures dont il auroit befoing contre le Belerbey,amp; mefme de foldats, amp;nbsp;de deniers, dequoy on les remercia fort gratieufement, amp;

B b iiij

-ocr page 414-

Vlißoire de Hongrie fuvuant leurs offers on leur commanda qu’ils fe tinfTent près pour la neccflîté qui fc pourroic prefenter. Comme la fortune rcnucrloit à fon plaifirlesconfcils Se entreprinfes des Lieute-nans amp;nbsp;Capitaines de Ferdinand auec vn extreme Duc jTic danger,elle faifoit encores pis parmy l’Aile-jnagne , ou lors eftanr l’Empereur Charles le aü é^du QP**^*^ ’ Ferdinand R.oy des Romains en la Roj de Ville d’ifpruch, le Duc Maurice de Saxe Ele-Tracej’tf ôleur dc l’Empirc, indigné contre ledit Empe-liue contre tcur poum’auoir voulu iceluydeliurerlc tant-graue ion beau pere, lequel cftoit en prifon a-r«rc7w uccleDucFedcricdeSaxe, eftimant qu’on ne luy auoit tenu parolle, amp;nbsp;fefentant grandemet iniui ié, feftoit refoult en quelque forte que ce fut de le mettre en liberté, citant à ce dauanta-gcincité Ó laifon que fondid beau-perc cftoit venu a la Cour (oubsfaparollc, fuyuantlafoy que l’Empereur luy auoit donnée de le mettre cnlibctiéen peudeiouts : ce que voyant n’a-uoir efté exécuté en vn an ny plufieurs moys,fc fentant ainfi moqué amp;nbsp;abu(e,auant que venir à ce qu’il fut contraint puis apres exécuter, cftoit aile trouucr Ferdinand à Linz,pour le prier que il pleuft à fa Majcfté tant faire auce l’Empereur que fon plaifir fuft de luy tenir f^foy, amp;nbsp;de remettre fon beau-perc en liberté. Ferdinand c-ftant pour celle occafion venu à Ifpruch , amp;nbsp;ayant deuife auec l’Empereur fdn frère fur la re-queftedu Duc Maurice , il ne peut tirer dc luy autre chofc,qu’vue bonne cfpcrançe d’vne prochaine deliorance. Mais Maurice eftimant cefb

-ocr page 415-

Liure cinquîefme. 197 «rpoirvain, fit incontinent fes pratiques auec ) Guillaume fils dudit Lantgraue, amp;nbsp;aucc le Duc deMechclburg amp;nbsp;autres Princes amp;nbsp;parens tant de fon beau-pcrc que du Duc de Saxe: auec lef-quels ayant fait vne certaine confederation amp;nbsp;refolution, puis que par amour ils ne pouuoict mettre ces prifonniers en liberté, de les deliurcr par le moyen des armes, fit par le fecours de fes confedereZjamp;d’autres fecrets ennemis de l’Empereur vne bonne armee, ayant premièrement negotie amp;nbsp;faift vn accord auec Henry Roy de France,tel,que ledit Roy entreroit en l’Allema-gne pour maintenir fes affaires.Suyuant ceft accord le Roy de France defireux de donner fecours au Duc , amp;nbsp;afpirant grandement à l’Empire, ne faillit de comparoiftre au temps promis auec vne grande puilTance, amp;nbsp;d’autre-parc Maurice amena couuertement fon camp vers vne petite ville, qui n’eft qu’à vne lieue de Spire,d’où il partit en diligence vers laChiouze,amp; versie ChafteaU d’Ambergh , lequel apparte-noit à Ferdinand , amp;nbsp;par les montagnes amp;nbsp;au- ' tres paflages, rudes amp;incogneus en temps de nuiià, amp;nbsp;en mcrueilleux filcnce chemina fi auàt qu’il luy fembla lots auoir le moien de pouuoir donner à dos aux gés de l’Empereur amp;nbsp;luy couper chemin pour l’empefeher de fe fauuer. Ain-fieftantarriué à l’impourueu à la Chiouze fc faifit de la porte d’icelle, qui eft entre deux mô-tagnes , en vne profonde vallee , de laquelle ayant chafle la garde voulut occuper le Cha-ftcau.Mais eftant dclfçndu brauement par ceux

-ocr page 416-

Htßoire deH.on^rie

‘ * dc dedans nc peut f’cn faire maiftrc, amp;Iaiflànt quelque gens deuant f’en alla aiiec vne diligence incredible vers Ifpruch, ou eftoient l’Empereur amp;Fcrdinand,lc(quels aduertis d’wnefi fou-daine nouueauté, amp;nbsp;tous eftonnez ne fçaehans que faire fur tel accident intfpcté de fortune,fe voyans defarmez prindrent refolution pour plus grande feurctc de fe retirer vers la Carin-thie: amp;nbsp;ainfi l’Empereur partant de nuit en vne liôticreàdcniy malade , amp;nbsp;auec des torches, firint auec Ferdinand le chemin de Villach,vil-efitueefur le Draue,ou eftâs arriuez ils fejour-nerent quelque iours pour voir la fin ou tcdoit le Duc M aurice : lequel eftât arriué en 1 fpruch, amp;nbsp;n’ayant trouué l’E mpereut, qui la nuid au-parauantf’eneftoit fuy de ce lieu, ne voulut qu’on y fitaucune violence, nyàpas vn autre lieu appartenant au Roy des Romains. Eftant quelque peu loing d’Ifpruch vint pardeiieurs luy vn Gentilhomme de la part de Ferdinand, J T pour fçauoir l’occafion qui l’incitoit à prendre y nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;armes contre l’Empereur, amp;nbsp;quelle volonté

I , il auoit, Sfpourquoy ilauoit occupé quelques fi fiennes places,amp; entré en icelles comme enne-’ * my,amp;non comme amy. A ces demandes Maurice fit rerponccRju’il n’eftoit venu pour ofFen-ccr l’Empereur, ny pour retenir aucune fienne ville, ou feignenrie, amp;nbsp;qu’il n’auoit femblable-jnent prins les armes contre luy, mais fculemét contre fes cnnemisamp;aduerfaires,entre lefqiicls eftoient l’Eucfque d’Arras, amp;nbsp;le Duc d’Albc, SC quelques autres Confeillers de 1 Empereur, Ici-

-ocr page 417-

Liwe cinquiefine. 19S quels onluy auoit dit efttc en ce quartier,amp;lcf-quelsilvouloitpourfnyure , amp;nbsp;prendre Vil luy eftoit pollible , amp;nbsp;qu’au refte il n’auoit vets la facree Majefté autre qu’vnc bonne volonté, amp;nbsp;que t’il ne pouuoit rencontrer cefdits ennemis dedans le vingt-cinquiclinc iour du moys de May , iltctircroit fon armee fans l’offcnccr en la moindre chofe que ce fut, amp;nbsp;qu’il auroit cf-gard à fes fubiefts comme aux fiens propres, 5c que puis apres il fc trouucroi't à la Dicte que fa Majcftc auoit fait publier,cfpeiantqu’cftant là auec plufieurs autres Princes Sc Eftats on pour-toit faite quelque bonne paixamp;' reconciliation entreI’Empcreur amp;nbsp;luy. Durât que cell accord U fe traitoit entre Ferdinand amp;nbsp;Maurice, le Roy Ftwiie iode France faduançoit toufioùrs plus auât pour fauotifet les affaires de Maurice, lots qu’on luy rapporta que Martin Roftaneftoit entré anec vne grande armee en faVîcardic, amp;nbsp;en Cbam-pagnc,ouilfaifoit vn grâd degaft, amp;nbsp;auoii mis

le feu en trois villes , auoit bruflé près de vingt Cbaffeaux , mettant tout à feu 8ç à fangy amp;nbsp;qu’il mareboit vers Paris à grandes ioutnccs. Al’occafiQndeceftenouuelleleRoy fut contraint bien contre fon gré, pour la fortune qui luy cftoit fauorable retourner en arriéré pour deffendre le fien. Ainfi celuy qui penfoit fe faire maiftte dcl’auttuy fut en danger de perdre le ficn propre, amp;nbsp;ayant laiffé l’Allemagne, amp;nbsp;fe-ftant retiré contraignit Roftan de fen retourner,amp; laiffer fon pays en liberté , lequel cftoit dcfiafottcftonné J Sc mefmemcnt la ville de


-ocr page 418-

tiifloire de Hongrie

Paris, laquelle de peur f eftoit mife en grand dcfarroy. Maurice n’ayant rien gagné de tout ce qu’il defiroit, partant d’Ifpruch auecfon armee,amp; du Côté de Tyrol, amp;nbsp;lailTantla Chiou-2e f’en alla à la Dicte, ou Ferdinad fe trouua incontinent. En icelle fut traité de pluficurs cho-fcs, Si principallcment de la paix de Maurice a-nuret'Em nec l’Empcrcur, laquelle par les prières de Fer-dinand amp;nbsp;de pluficurs autres Seigneurs, fut cô-clud en cefte façon, que l’Empcrcur de fa bon-ne, amp;nbsp;franche volonté rendroit le Lantgraueà Maurice, amp;nbsp;le Duc de Saxe à fes enfans, Si que Maurice feroit obligé aller feruir Ferdinand contre lesTurcs auec douze mille Lanfquencts Si trois mille chenaux tout le long de l’Efté. Ceft appoinôlement finy, auec pluficurs autres articles, Maurice licentia fcsfoldats, amp;lcsen-fiins du Lantgraue fen allèrent auec leurs gens cotre vn certain Capitaine nommé Hcndfl-iin lequel au nom de l’Empereur cftoit entré dedas le pays de HclT, amp;nbsp;lequel auoit deffaiét amp;nbsp;rompu en bataille le Comte d’Oderabeurg , quia-ucc feizeEnfeignes d’Allcmans feftoit mis en campagne.Mais pour icelle route les enfans du Lantgraue furent contraints fe retirer en leurs places plus fortes. Si le Duc Maurice enuoya le refte de fon armee pour faire Icucr le fiege de dcuantla villcdeMagdcbourgfituee en Saxe, laquelle cftoit aftîcgee par le Marquis de Bran-debourg,5c par le Duc de Brunfiiic. A 1 approchée des gens de Maurice le fiege fut incontinent leuçj demeurant la ville en liberté, auec

-ocr page 419-

Liure cinquießne. 199

«juclques conditions, amp;nbsp;alors le Dac de Brunf-

aie amp;nbsp;le Marquis Albert prindrent le party de

l’Empereurjauecle Comte de Mansfcl, amp;nbsp;vin-

dientferuirfaMajefté contre la France, auec

quinze Enfeignes de Lanfquenets, cinq cens

homes d’armes,amp; autres cheuaux legers,V oylà

la fin de ces tumultes, lefquels blefferent gran-

dement la renommee amp;nbsp;gloire d vn G grand

Empereur, tellement qu’il fera prefquc impof-

Gble à ccluy qui conGdercra fa puiffance, amp;i les vidoites pat luy auparauant obtenu’cs,de croire qu’il ayeefte contraint fuyr à Villach. Mais on ne f en deura autrement cfmerueiller,quand on voudra penfer aux cffeéls de eefte müable fortune, leftpels fouuent caufent des aduentu-rcs ainfi effranges, amp;nbsp;font bien fouuét que l’on tombe en tels labitintes , pour ne vouloir efti-merautruy, amp;nbsp;celuy-là cft réputé heureux, qui fçaitbien f’y gouuetner Se maintenir. Eftant donc tous ces difeords appaifez en Allemagne, on comméça d’en faire naiftre d’autres en Trâ-ûluanie,non moins fafeheux que les precedets.

La Roynelfabelle fe complaignant contre Fer-dinand,dccequclcspromeflcs amp;nbsp;conditions à farJoiaX. elle oéftoyecs en l’accord qui auoitefté fait fur en«'ii. la celfion quelle luy auoit fait du Royaume de Tranfiluanicn'cftoicntaucunemét gardées ny obfcruecs,follicitoit fort le Roy dePoulongnc amp;nbsp;la Roy ne Bonne fa merc,pour requérir l’execution d’icelles, amp;nbsp;incitoit tous les principaux de cefte Prouince.àce que fon Gis fuft remis en

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fon Royaume, f efciiât de ce qu’on ne luy auoit

-ocr page 420-

}r\ifloire de Hongrie baillé la pofTelIion libre du Duché d’OppoIic, de Monfterburg , amp;nbsp;de Rhatibor , auec vingt mille efeus de teuenu par an côme on luy auoit promis , par-cctju’on vouloir pour Elire cefte fommeluy compter quelques reucnus.lefqucls confiHoicnt en bois, en oy (èauXjSc en la pefchc de quelques cftangs, amp;nbsp;lacs , lefquels eUe efti-moit incertains lubieébs au hazard du temps: fe pleignant en outrede ce qu’on ne luy pay oie cét cinquante mille efeus pour fon dot, amp;pout fes debtes, pour lefquels Caffbuic luy cftoit engagée , amp;nbsp;fur les pleintes enuoya vers Ferdinîd Mathias Lobosky , pourfolliciter la dernierc expedition. Par iccluy Ferdinand luy fit enten-drccommcfbn intention auoit toufiours cfté delà contenrer, fuyuantcc qui luy auoit efte promis, amp;nbsp;de luy donner, amp;nbsp;à fon fils plus qu’il n’effoit contenu en leurs accords, amp;nbsp;que fi on ne luy bailloit le Duché de Rhatibor,amp; les autres , il n’auoir tenu à luy. Mais la faute eftoif procedec du Marquis lehan de Brandeburg,lequel efîoit fous 1.1 tutelle des Electeurs de SaxCj amp;nbsp;de Brandebourg, du Marquis Albert, amp;du Duc de PrufTe, fiinsgt;lc confentemet defquels on nepouLioit rien faire, amp;r.nielniement pour la lègue diftance de leurs demeures, ôcauffi queles troubles furuenus pour le Duc Maurice, auoiét retardé ceft affaire, à l'occafiô defquels il cftoit necclfaire qu’elle attcndift,amp;que fi elle ne vouloir auoir cefte patience il luy bailleroit autres Ducliez, amp;nbsp;autres domaines à fon choix , auec tel reuenu qu’il eftoitportc par leur accord,f sf

-ocr page 421-

Lfure cin^uieftne. loo incrueillant bien fort de cc qu’elle ne fc conté-toitdureucnudu Duché d’Oppolie , amp;nbsp;de ce qu’elle réuoyoit les oyfcaux en l’air, amp;nbsp;les poif-fonsàl’eau, lefqucls il tftimoit vndes bons reuen us de tout le pays, pat ce qu’ils fc fouloicnt affermet tous les ans à dix ou douze mille dalles , reuenant cefte fomme à d x mille efeus ou * enuiron.Quant à fon dot il l’aflcuroit encor de le luy payer content, en luy donnant quelque peu de commodité, amp;nbsp;que ce pendant il luy en feroit quelque intereft, félon qu’on le trouue-roit honefte amp;nbsp;qu’en outre il l’cftimeroit comme fa propre fœur, amp;nbsp;tiédroir fon fils en tel degré comme le lien propre,l’exhortant aucc bones amp;nbsp;amiables parolles de viurc auec vn grad contentement. Auec cefte refponcc Lobosky feu retourna plus riche d’efperance que d’effet. Cependant le Roy, amp;nbsp;la Royne de Poulongnc ne ceflaient de faire leurs efforts à ce qu’elle fut fatisfaitc, amp;nbsp;fectettemét à cc qu’elle demeuraft Darac,amp; Roynecomme auparauant. Alors le bruit faugmentoic fort du grand appareil des Caftjüt Turcs,pour la crainte duquel Caftaldc confide früiatA rant le peu de force qui eltoit au pavs pour leur refifter manda à Ferdinand la neceifité ou il e-ftoit, le priant de ne faillir a luy enuoyet le fc-'* cours de cinquante mille hommes lequel il luy auoit promis,amp; de fane diligenter le Pallauicin à ce qu’il eut à le venir incontmét trouuer auec les gens qu’il pouuoit auoir, amp;nbsp;auec l’artillerie. Ferdinand luy fit refponcc que pour lots il ne pouuoit luy enuoycr le fecours, lequel il luy

-ocr page 422-

Miflotre de Hongrie auok promis, pour diuers cmpefchemens qu’il auoit cuz en Allemagne: mais qu’il folliciteroit lePallauicinàcequ ileutà mener fcs gens en Tranfiluanic, amp;nbsp;autres lefquels il poutroit felô la neceflîté du temps cnuoycr, amp;nbsp;qu’il cfpcroit que le Duc Maurice iroit bien toft en perfonnc à celle guerreauec douze mille Lanfquenets,amp; trois mille chcuaux fuyuant fon obligation, amp;nbsp;cependant l’exhortoit de faire tout deuoir pour . reraedicrauxdifficultez de celle Prouince,laquelle il luy recommandoit fort, amp;nbsp;que fe confiant fur fa prudence , 11 f’alïcuroit qu’il autoit donné ordre ou il y en auroit befoing, amp;nbsp;qu’il auroit pourucu à tout, comme il appartenoit à vn vaillant amp;nbsp;accord Capitaine, tel qu’il l’cfti-moit, luy commandât de f’avder du rcuenu des Eglifes de ce Royaume, lefqucllcs feroientfans pafteur , pour la cognoilTancc duquel il dépu-toit I’Eiiciqiie de Vcfprimic, amp;nbsp;George Vetuc-ry,lefquels deuroient faire vn roolle de leur valeur, amp;nbsp;enuoy er iceluy vers fa Majellc pour ordonner de la dillribution , luy donnant en outre charge de faire rendre à tous les officiers, amp;nbsp;feruireurs du Moyne George leurs meubles, amp;nbsp;fpecialement ceux qu’on auoit trouucz à Zal-noch,amp; que des autres il fit faire inuentaire, amp;nbsp;dauantage qu’il cull à fouldoyerlcs quatre cés Vllarons (qui font chenaux legers , montez SC armez à la Hoqgrcfquc lefquels elloicnt au fet-uicc du Moyne pendant qu’il viuoit, de peur ., qu’ils n’allalTcnt fetuir les ennemis, amp;nbsp;qu’il les jjjjj. foyljj la charge d’Opetllolph,lequel eftoit le

-ocr page 423-

Liurecinquießne. xoi

Ic premier Capitaine de caualleric qui' fuft en Tranfiluanic, amp;nbsp;lequel depuis naguercs tenoit lepaity dcfaMajefté : ce qui fut incontinent exécuté, Lofonze eftant à Themefuar auec fix ccnscncuaux, amp;nbsp;ayant auec luy Dom Galpar amp;lacompagnccdeDicgoVelcz,compofecde mer«ar fi trois cens foldats,à laquelle commandent feule - munitd’hi mcntl’Enfcigne,amp; trois ccnsBohemes,amp;dtux conipagnees d’Allemîs, faifant le tout le nom-brede feize cens hommes, (ans les habitans qui eftoient aptes à porter les armes, lefejucls pou-uoiét monter iufques à neuf cens, Caftaldc luy enuoya vne paye pour tous les foldats, amp;nbsp;deux cens autres arcquebuziers Allcmans, luy mandant par vn Elpagnol,qu’il ne file faute de mettre dedans la ville la plus grande abondance de viures qu’il pourroit, pour fouftenir longuement tous les fieges qui fe pourtoient prelen-tcrdeuantluy àl’impourueu, A: outre luy enuoya autant d’artillerie amp;nbsp;munitions qu’il en pourroit auoir âfFairc,pour tous les alTaults que les Turcs luy pourtoient liurer. Il luy fit fim-blablementfçauoirpat Dom Gafpar, qu’il ne pouuoit pour lors le fccourir dauantage pour le peu de gés qu’il auoit,auec lelquels il ne pouuoit fortir en campagne contre vne fi puiflantc armee,comme cftoit celle de Mahomet, à l’oc-cafion que le fecours de Ferdinand luy man-quoit,à raifon des troubles aduenus en Allemagne, amp;nbsp;qu’il n’auoit autre infanterie fur laquelle il fe peuft fier, que de peu d’Efpagnols lef-quels luy eftoiét reftez, auec quatre mille Allc-

Cc

-ocr page 424-

'Hißoire de Hongrie mans, Icfqucls nouuel'tment luy cftoientartîquot; uez aucc milL homes d’armes , amp;nbsp;ncantmoins le ptioit qa’il cuit à fc remparer , amp;nbsp;fortifier le mieux qu’il pourroit, amp;nbsp;fe preparer à la defren-ce de celte vite, laquelle en fin (croit la foutee, amp;nbsp;caufe de toute fa gloire , ôc de tout fon hon- . neur ôf réputation , amp;nbsp;qu’il n’cfpetaft cftre fc-couru de ceux du pays qui le deuoient bien toft ' ademblcr, par ce qu’on ne lespouuoit eftimet tels qu’on peut fc fier (ur eux,amp; partant luy nW‘ doit qu’il eftoit beioing qu’en tout cas il fill d« ncceilitc vertu,amp; ce d’autâtplus qu’il fevoyoit contrâinôt de marcher auec ce peu d’hommes Contre le Vayuodc de Moldauic,lequel vouloit entrer cnTranfiluanic par la voye de BrafTouie» ou il n’y auoit aucune fortcrclTc pour l’arreftcfi cftimans ceux du pays le dommage qu’ils pour roient rcccuoir par ce cofté, plus grand que ce-luy que Mahomer luy pourroit apporter pat le code de Thcm(;fuar,pour raifon des places fortes qui font en ce quartier, amp;nbsp;pour la commodité qui cftoit de luy refifter : pour lefquelks confiderations il luy cftoit force d’aller contre IcMoldaue, pour cmpcfchcr qu’il n’entraft en ce pays, amp;nbsp;qu’il n’oecupaft cefte ville, amp;nbsp;fortir 1 en campagne le mieux qu’il pourroit, amp;nbsp;qu’en ' outre il cftoit contraint à ce faire fil ne vouloir voir le R oyaume du tout perdu, pour caulé du peu de contentemet qu’il appcrceuoit és cœurs d’vn chacun,Icfqucls il voyoit plus enclins are-uoltcmcns qu’à la deffcncc,amp; aufli qu’il fçauoit que ce quartier cftoit plus commode, amp;nbsp;aduc

-ocr page 425-

Liure'cinejuièfme, lOl ugeux pour fc tenir en campagne aucc peu de gens,par le moyen des bois,montagnes, amp;nbsp;autres paflages difficiles,que n’eftoit ccluy de Lippe amp;nbsp;deThemefuar, pour lefquelles difïîcultez il ne craignoit le Moldaue, amp;nbsp;encores moins fa cauallerie, laquelle il penfoit bien auec fon infanterie rompre amp;nbsp;faire reculler •. Et ou il ne pourroit le venir fccoutir fans vne armee fem-olableà celle de Mahomet, que luy amp;nbsp;Doin GafparfefforçalTent en fe deffendant vaillamment atrcfterl’cnnemy en ce quartier , cepen-dantquedefapartil fetoit rcfiftance au Moldaue , l'alTeutant que fi fon entrepnnfe reülhf-foit bien(comme il cfperoit en Dieufil viédroit incontinentie fccount auec telle armee.qu’il pourroit auoir,amp; encores qu’il ncpeuft feioin-dre à Themeruar,pour eftre l’cnncmy trop fort qu’il fc logeroit près de Lippe, ou faifant creu-Icr vn foifê amp;nbsp;vne tranchée,tirant d’icelle a So-limos, il n’auroit peur pour telle fortercflè de rarmecTurcquefque,penfant bien aflcoitfon camp en tel lieu que la bonne fituation d’ice-luy le deffendroit de l’ennemy, ayant à gauche le fleuue de Marofle , amp;nbsp;à la droite des hautes montagnes, amp;nbsp;d’où il efperoit doncr tant d’en-iiuy à l’ennemy, qu’il le contraindroit fc retirer ou bien alentit le fiege, de façon qu’il pourroit le fecoutinLcs priât auoir tous deux bon cœur, amp;: perfuader le fcmblable à tous les Efpagnols, Icfquels il prioit à ce qu’ils enflent à fe (ouuenic quels ils eltoient,amp; ce qu’ils auoient accouftu-mé d’executer genereufemée quand ils fc trou-

Ce ij

-ocr page 426-

Hifloire de Hongrie noient en fcmblables guerres, lefquelles leur s-uoietic fait gagner par rout le monde ce nom de vaillant,lequel ils deuroient maintenant cô-feruer hors de route tache, n’eftimâs pas moins à eux glorieux ce fuccez que les autres paflez, f’afleurant de fa part qu ils ne laifleront de faire vertueufement c ■ que roufiours ils ont execute en tels aôles honorables. 11 leur enuoya en outre certains aduertilTcmens fort vtilcs Ôcnrcef-faires , amp;nbsp;comme ils fe deuoient comporteramp; gouuerncrneraux côbats amp;nbsp;aflaults qu’on leut pourroir bailler : 5cpourcftre iceux ieuncs amp;nbsp;peu expérimentez, les pria toufiours feulement en mémoire,que, qui combat courageufemtnt à la fin fe maintient en fe deftendant. Cepédant qu’on donnoit ceft ordred’vn cofté,Aldenede l’autre enuoya dire à Cafialde qu’il eftoit en raauuaifc difpofition,amp; en tels termes, qu'il ne pouuoit plus demeurer à la garde de Lippe, amp;nbsp;qu’il enuoyaft vn autre en fa place, pour prendre celle charge. Caftalde entendit fort cecy à regret, pour le temps cftrc fi brief qu'à peine y poüuoit-il pouruoir, confiderat que cela eftoit donner courage à l'ennemy, amp;nbsp;abaifler le cœut des liens, voyans deuant leurs yeux fottir d’vne forterclTe vn tel chef, amp;nbsp;y entrer vn autre pout dclfendre, ce que cclluy-cy eftoit venu garder amp;nbsp;conferuer pour fon honneur. Toutesfoisil luy fit refponce , que fil ne f’alfcuroit dedans Lippe pour la crainte du Bafcha ( encores qu’il full bien tard)il eull à luy faire entendre,par ce qu’il y cnuoyroit vn qui là dclFcndroir. Aident

-ocr page 427-

Liure ctnquie/me. 2,03 fc fouucnant de la faute qu’il commcttoit, châ-geant d’aduis luy renuoya dire, que puis qu’il l'cftoittrouuépout lors dedans celle ville , il n’euft doute qu’il ne la detfcndift. Ces cliofes ainfi arti ftccs,Caftalde partit auHî toll de Torde, amp;fenallaà ColofuatpouralTeniblerlàlcs gens de guerre que Ferdinand fouldoyoit , amp;nbsp;qu’illuy auoit enuoyez , donnant femblable-mentaduertifleraent au Comte de Helfellain à ce qu’il eull à ^e trouuer là promptement aucç fon Kegimét de quatre mille Allemansjuy en-uoyant deux payes de quatre qu’ils deuoiét rc-ceuoir, llenuoyaauflî vers Zena General des gens de guerre de tout le pays , à ce qu’il eull à venir vers luy le plus diligemment qu’il pour-toit, par ce qu’il n’attendoit plus que luy pour . J marcher en campagne. Comme ces préparatifs que nous auons d’eferits cy dclTus f apprclloiét enTranfrluanic. Mahomet cependant lailfant ArmeeJi derriere foy Belgrade,clloit entre deux flçuues,, Mahigt;mtt amp;nbsp;auoit fait drellcrvn pont fur leTibifeque. Il auoit en fon camp cent mille hommes aucc foi-Xantc pieces d’artillerie, entre lefquelles y auoit trente doubles canons. Auecluy vcnoit au(h le Bclerbey de la Grecc,lcquel l’an palTç ellroic venu en ce pays Lieutenant general pour le Grad Seigneur, amp;nbsp;amenoit auec foy foubs fa charge vingt mille cheuaux. Il y auoit aulTi vn autre grand Capitaine nommé CalTombalTa, lequel fcmblablement conduifoit quinze mille cheuaux,amp; deux mille Tartares.fefquels anciennement on appclloit Scythes, qui font gens belli- æ'*’’*'*quot;**

Ce iij

-ocr page 428-

Hißoire dç Hongrie queux, cruels amp;nbsp;fort redout ez par ces nations. Ils font la guerre à cheual auec arcs, flefehes,cimeterre amp;nbsp;malTe. Eftans les ennemis en ce lieu, les gens de guerre du Royaume eftoient quafi airemblcz quand le Conte de Hclfcftain arriua auec fes Allcmans à demy mutinez, amp;nbsp;fut loge ceftenuiélen vn des faux bourgs de la ville, Icfquels font fort grands.Le lendemain Caftal-de voulant partir ceux-cy ne voulurent dello-ger,ains fe mufinans fe faifirent de l’artillerie, comme eft leur coullume, ne voulans prendre vne paye-pour deux qui leur eftoient deucs,l3-feule pour lors on leur vouloir payer, amp;nbsp;les Me- puis fe mirent en bataille pour fe faire maiftres mans mit- delavillcjamp;lafaccagerîamp;furceftcdeliberatiô tiiteti. commencèrent à la battre par le hault des murailles. Ce que voyant Caftalde, amp;nbsp;que l’effort paflbit toute faintife, enuoya dire aux habitans qu’ils euflent à fe deffiendre. Iceux prenans les armes, amp;nbsp;fe mettans fur les murailles commencèrent à tirer auec leur artillerie, amp;nbsp;belles arc-quebuzes fur ces Allcmans, faifans vn grand meurtre parmy eux , lefqucls fc voyans mis en confufion,fc délibérèrent de prendre Caftalde, dequoy eftantaduerty fe retira à grand haftea Torde, leur faifant dire que fils ne fappaifoiet C^flMe incontinét il enuoyroit contre eux l’armee, qui /«'«üwrt nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;d'-'fiâ à Torde,pour les tailler en pieces,Si

Terdejsour puis aprcs Commanda que la caualleric fortift /4 mutine- aux champs,amp; fift contenance de marcher vers riedesM- Colofuar pour donner à trauers les Allcmans, Z»w4wt, icfquçls entendans cefte nouuclle, amp;nbsp;cognoif-

-ocr page 429-

Liurecinquießne. 104 fansquils eftoient enlicuou ils ne pouuoicnt Mutinefi» faydet, ny defFendrc , amp;nbsp;que cefte {edition ne leur cftnit aucunement pofitablc, mais au con- i / traire trcs-petnicieufc fappaifcrcnt foudainc- 3 ment,amp; fans qu’aucun parlaft à cux,amp; condui-fans l’artillcric auec leurs enfeignes defployees vindrent à Totdegt;ou pour toute leur mutinerie ne gagnèrent autre chofe, finon que le Comte fit deffaire cinquante des leurs, tellcmct qu’outre la mort de plufieurs qui furent tuez à Colo-fiiar,ils receutent ce digne chaftiment qu’ils a-uoicnt merite par leur témérité. Voylà cornent cefte annee commença la difeorde entre nous, comme fi la venue de deux armées fi puiflantes n’eftoit aflez lùffifante contre nous , nous def-

faifans nous mefmcs par vue autre guerre pire que la premiere. Caftaldc cftant empefehe à

1 orde à amafler tous fes gens pour marcher co- Zn»»e J»»' trele Moldaue, lequel auoit défiapaffé les mô-tagnes auec quarante mille hommes,amp; entroit au pays de Brafibuie, on luy apporta nouuelles comme Mahomet, ayant pafTéle Tibifeque nô Thnnt-fans grande difficulté, f’eftoit campé auec toute frar afie-fon armee deuant Theinefuar,dés le iour fainâ: X“ Pquot; lehan iufqucs alors , il la battoir auec leptante ’®quot;’* pieces d’artillerie pat trois endroits, amp;nbsp;comme ceux de dedans fe deffendoiét brauement ,mô-ftrans auoir bon courage, amp;nbsp;qu’il y auoit défia douze lours pafTcz que la batterie ne ceflbit ny iourny nuiéf, amp;nbsp;quelleduroit encores. Cefte nouuellcluy fut apportée par vn Efpagnol accompagné d’vn foldat Rhatian veftus l’vn cô-

Cc iiii

-ocr page 430-

Hifloire de Hongrie

me l’autre , amp;nbsp;eftoient partis de nuid de The-mefuar,ayâs charge de venir versCaftalde pour a luy demander renfort d’hommes , par-ce que l’artilIcrie en auoit beaucoup rué. Caftaldc in-Ottonwa/. continent fur ce rapport fit venir à luy Otto-mial,qui pour lors eftoità'Iulc, ville tres-fotte Glide, amp;nbsp;enuironnee de riuicrcs , amp;nbsp;le pria qua-uec quatre cens Aiduchs il f efforçaft d’entret dedans T hemefuar, luy promettat que fil pou-uoit mettre dedans ce fccouts, il en feroit telle-

ment rémunéré qu’il fe fentiroit content à ia-. , mais s amp;nbsp;cela fait il fe mit en chemin pour aller contre le Moldauc , n’ayant en fon armee pas

Armee de Caflaide,

lehan Ba-ftißed'Ar (hoarreße * le Molda

ve.

plus de douze rnillc hommes, tant d’infanterie que de cauallerie.Le Moldauc cftoit défia campe à deux lieues de Brafibuie à vn paflage, ou le Comte lehan Baptifte d’Archo rentretenoit a-ucc belles amp;nbsp;furieufes efcarmouches, amp;nbsp;le cha-ftioit de façon qu’il ne luy laifloit fortir aucun foldatdcfon bataillon qu’incontinent il ne fut mort:amp;l’cmpcfchoît de telle forte qu’il ne poU' uoit marcher plus auant, ny faller joindre aucc leBafcha, qui ne fut pas peu de chofe pour la mifere de ce temps. £c Comte auoit fi bien di-fpofe fes gcns,amp; ceux qui luy eftoient reftez du Comte f œlix d’Archo, lequel au moys de lan-uier dernier fen cftoit allé à Viennc,que toutes les fois que les ennemis venoient courir en ce lieu ils n’en laiftoient retourner pas vn en vie, amp;nbsp;combatans viuemcnt leurs donnoient tant déroutes qu’ils n’ofoienr quafi plus les venir ainfifoudainemctaftàillircommc ils fouloict,

-ocr page 431-

Liurecinquielme. 105

amp; entre autres defFaides que les ennemis rece- l uoient, il y en eut vne qui fut quafi par la vertu du Comte caufe que le Moldaue fc retira en arriéré, laquelle aduint de telle façon. Le Comte IchanBaptifte auoit bié cfté aduetty qu’vn bon nôbre de Moldaucs,entre Icfquels y auoit trois cens Turcs,amp; autant de Tartates,vouloient aller rccognoiftre Bra(rouie,amp; deuoiét paflerpat certains paflages , qui d’vn coflé auoient plu-fieuts marets.amp; de 1 autre des collines allez roi-des amp;nbsp;fafeheufes, parmy Icfquels il fit drefler v-neembufeade d’arcquebuziers Allcmans,amp; de quelque eauallcrie, lelquels apres que les Turcs auroient pafle donneroient delTus eux à leur retour , lots qu’ils auroient entendu que ceux de la ville feroient fottis à l’cfcarmouchc contre eux. S’eftant donc celle multitude de Barbares prcfcntec fur ces paflages,amp; les a^.ns paflez allèrent courir tout autour de la ville, amp;nbsp;furet incontinent aflaillispar vnebonne troupe de ges de cheual amp;nbsp;de pied, lefqucls fottitét hors pour

. les efcarmouchcr, amp;nbsp;furent chargez fi vigon-reufementeju’ils furét contraints le retirer plus qu’au pas,amp; airiuans en ces lieux que i’ay dit ils furet aflaillis par deriicre fansy pcnfcr.par ceux quieftoientlàen cmbnfcade , tellement qu’e-ftans enferrez au milieu ils furent fi bien battus qu’il ne demeura ne Moldaue , ne Tartare , ne lurcenvie,ny mcfme aucun qui en pend porter la nouuellc au Moldaue , crtanstoLiscn ces dcllroits morts ou arreftczprifonnicts-.amp; en fi-gne de celle viftoire ceux de Btaflbuic enuoyc-

-ocr page 432-

Hißoire de \Aongrie rét trois charrettes plaines de ttftes de ceux qui auoient clic tuez,A Caftalde, lequel felloitfort approché du Moldauc, amp;i fi hardimét que l’en-neiny penfoit qu il cuftplus d’hommes qu'on ne luy auoit rapporté, ne (c pouuant pctfuadet qu’vn homme de la qualité telle qu’eftoit Ca-ftaldeofaftfemtttrc en campagne fil n’auoit vnc armee plus puifTanrcjOU pour le moins auf-fi grande comme la ficntie. Sur cefte opinion il Xfrr4jfe ne fut aflez hardy de 1 ’attédte, mais fc retira hâ-Mol. fliyemcnt, auec vn fi grand defordre qu’il per-dit beaucoup de gens a cefte rctraide, amp;nbsp;en eut encores perdu dauantage, en faifant pafier Ion artillerie par la montagne , file Comte Ichan Baprifte euft eu plus de gés pour le pourfuyurc, puis que cinq cens cheuaux , qui feul le pout-ïuyuoient, furent aflez fufiîlans pour le mettre en defordre, amp;nbsp;en tel hazard que peu f en fallut qu’il n’abandonnaft toute Ton artillerie au gre de la fortune: amp;nbsp;fi les Sicilies euflent voulu lors faire leur deuoit, amp;nbsp;fc monftrer comme ils de-uoient, certainement le iour eftoit venu auquel le Moldaue eut iodé fon armee, fon Royaume, ic fa vie cnfcmble,amp; laTranlîluanic n’eut plus efté molcftcc de ce cofté : amp;nbsp;cefte dctFaiôlc eut donné exemple aux autres de n’y venir plus.La notiuellc de cefte retraite fut rapportcccommc Caftalde vouloir defloger de Seghefuar , ou il farrefta , ayant entendu que l’ennçmy n’auoit rompu fon camp , mais qu’il eftoit auec iceluy campé de l’autre cofté des montagnes , à caiifc de qiioy il fut côtraint fejoutner quelque jours

-ocr page 433-

Littre cinquießne, en cefte ville, amp;nbsp;attendre là pour voir ce que le Moldaue vouloir dire , patrcc que fil fen fuft party, l'autre fut incontinent retourné dedans la Tranfiluanie, comme il auoit entedu de certain, amp;nbsp;pour cefte peur amp;nbsp;foupçon il n’ofoic partir, tellement qu’il ne pouuoit marcher vers Themefuar. Eftant ainfi atrefte tous les iours luy venoient adiiertiflemens parla voye de Ca-ranfebede amp;nbsp;de Lippe , comme les affaires de Themefuar fe portoiét mal,à l’occafion de ceux -fquot;'”’ qui eftoient dedans,Icfquels auoient patlcmcn-té auec les Turcs,qui leur auoienr dit comme le fecours de quatre cés Aiduchs que Caftaldc luy OttomMÎ enuoyoitfoubs la conduite d’Ottomial, auoit cfté mis par eux en pieces. Pour cefte nouuelle ondtpefeha incontinent François Henriquex vers Lippe, pour faire récita fon retour de la vérité du fait, amp;nbsp;en quel eftat cftoit la ville de Themefuar,amp; comme tout f y portoit,amp; fi elle fc pouuoit deffendre plus longuement, amp;nbsp;auffi pourf’infotmcrdcl’cftat, foçmc amp;nbsp;condition de Lippe, afin d’y pouruoir, tellement qu’elle peut demeurer entière fans cftrc atteinte de la fureur de Mahomet. En ce mefme inftant on rapporta que les Turcs auoient tué le Capitaine Dom Gafpar, la compagnee duquel fut donee à Roderic Vigliandrando , auec charge de tafeher , amp;nbsp;feftbrcer d’entrer dedans Themefuar , confidérant qu’ils eftoient en danger d’e-ftre perdus,amp;ce non pour autre caufe que pour n’auoir aucun qui les gouuetnaft. On enuoy^ aulliauccluylc Capitaine André Lopez aucç

-ocr page 434-

Hifloire de Hongrie

fa compagncc, amp;nbsp;deux cens arcquebuziers AL lemans, aufquels Caftalde dit qu’il fçauoit bien combien cefte entreprinfe eftoit difficile, amp;nbsp;principalement faifans les ennemis foigneufe garde, pour empefeher qu’aucun fecours n cn-traft en Themeluar, amp;nbsp;eftans très ioyeux pout auoircesiourspaflezmisau fil de refpcc tous les Aiduchs qu’Ottomial menoit pour fecourit cefte ville , amp;nbsp;que toutesfois ce qu’il en faifoit n’eftoit q pour ne laifler en arriéré aucune cho-fe qui fut de fa charge,amp; qu’il ne donnaft occa-fion à des langues mauuaifes de parler mal de luy, amp;nbsp;qu’à celle fin pour fecourir cefte ville en vne façon ou en l’autre il les cnuoyoit, fe confiant grandemet en la bonne eftime qu’il auoit de leurs petfonnes , fafteurant qu’ils f croient tout effort pour y entrer, amp;nbsp;que tous deux vfc-roient de cefte loliablc prudence , laquelle iufi ques alors auoit cfté remarquée en eux , leurs promettant qu’t n brief temps auec telle quantité d’hommes qu’il pourroit auoir il iroit fe loger près du Chafteau de Lippe,afin que fi les affaires de Themefuar fuccedoient mal, celles de Lippe fuftênt au moins confcruecs,amp; que cefte ville qui importoit tant pour le falut d’vn chacun fuft maintenue amp;nbsp;gardee. Ces Capitaines ainfi dépefehez partirent auec leurs gens ; mais la diligence amp;nbsp;foing de Caftalde ne ï'eruirét de né pour ce coup:car au mcfme iour qu’ils prin-drent congé de Caftalde, François Flenriqucz, qui vn peu deuant auoit cfté enuoyé pour voir comme Lippe eftoit cnuitaillcc,munie,amp; rem-

-ocr page 435-

Liure cinquiepne. 107

paree arriua 8r apporta la nouuclle de la ptinfc Tfgt;tme. dcThemefuar. Ceftc perte rendit vn chacun fort fafchc, tant pour l’amour des bons ioldats qui cftoient dedans,qu’à caufe qu’elle cftoit ad-uenuë par le mauuats gouuernement des Capi-taines.Sur cell ennuy Caftaldc le conloloit tellement quellement, ayant entendu qu’Aldcnc monftroit auoirbon courage de vouloif def-fendre vaillamment Lippe,ôrque les foldats ne defiroicnt autre chofe , linon que le Bafcha les vintfalucr pour luy faire cognoiftre qu’elle c-ftoit leurhardieflejamp;laconuoitifc qu’ils auoiét d’acquerirvn très-grand honneur , contre luy, amp;vncrenommee perpétuelle,amp;qu’ils eftoient refolus de mourir tous là dedans auant que fc voir réduits à telle fin,à laquelle eftoient paruc-nus ceux de Themcfuar,la perte de laquelle no’ . „ voulons bien d’elcrite. Eftant Lofonze dedans

ceftc ville, aucc tel nombre d'hommes qu’au ós Thant-dit cy deftus, amp;nbsp;femployât au mieux qu’il pou- fuar. uoit à la fortification du lieu , lequel pour les conttarictez, amp;nbsp;haines procédantes de la con-currance des qualitez , amp;nbsp;de la precedancc n’a-uoit peu cftre fi bien muny comme il apparte-noit,par-ce qu’Aldcnc pour l’occafion iufdiéle auoit tourné to’ les «feniers aux affaires de Lippe,laiffant celle autre forterefle foubs fa miferi-corde de fortune. Comme vniour au Icucr du Soleil,ccftuy-cy alloit autour de la ville pour la reuifiter, Mahomet lors fe prefenta auec fon a-uant-gardc,laquelle cftoit de quinze mille ehe-uaux,conduite par Caflombaffa, le vingt-qua-

-ocr page 436-

Yiifloire de Hongrie tricfme iour de luing, dédié à la fcfte de faind lehan Baptifte.Iceluy fieauffi toft rccognOiftre la lituation de la vil!c,cn laquelle on auoit dreC le cinq boulleuars de terre , aucuns defquels e-ftoient jà Icucz iufques au cordon de la niurail-Ic,mais celuy qui eftoit plus bas n’eftoic efleue de terre que de la hauteur d’vne halcbatde amp;nbsp;demî^Sc de tous il y en auoit deux en delFence, amp;nbsp;les autres l’cftoient médiocrement. Il y auoit aucc Mahomet le Belerbey de la Grèce, lequd auoit fort pratiqué celle contrée. Comme ils fuient arriuez à la veué de Themefuar , iceluy dit à Mahomet : voylàvne partie de la ville, les Efpagnols qui font dedans, vous monllreront le telle,amp; cheminans à l’entour, Alphonfe Ferez de Sajancdraforritincontinét dehors aucc quatre cens cheuaux, amp;nbsp;cent arcquebuziers E-Ipagnols, amp;nbsp;commença à fefcarmoucheraucc les Turcs, les entretenant iufques à ce qu’ils furent contraints fc retirer. Le vingt-feptiefrae iour tout le camp arriua aucc fi grand cris, hen-nificmens decheuaux-cliquetis d’armes, teten-tilTcmens de tabourins amp;nbsp;de trompettes , qu’il fembloit que le monde deuil abyfmcr,amp; fcprc-fenterent deuant les nollres en grands efqua-drons amp;nbsp;cffioyables,auec vnc infinité d’artillerie , dont ceux de dedans firent contenance de fen foucierpeu,3insrcceuasccs ennemis aucc vne faillie tres fanglantcleurfirétfentirle peu de compte qu’ils auoient de leur puifiiince or-gucillcufe amp;nbsp;fuperbc.Mais pour celà Mahomet aclaillàdc fc camper logeant fes gens tout à

-ocr page 437-

Liurecinquiefme. loS Vcnuiron de la,ville,amp; drcITant ion ficgcrcnui-ronna de telle façon qu’il ne pouuoit y entrer aucunhomme viuant, Gnon par certains marets, ou elle ne pouuoit fi bié cftrc afficgec que les noftres n’y cntraifent. Aux approches nos gens foppofetent aucc vnc grande hardieffe, faifans pat l’elpace de fix lours des forties continuelles fut l’cnnemy non fans grande ç/Fufiô de fang,durant lefquelles ils gatentirét les faux-bourgs.Mais en fin Mahomet fit planter trente pieces d’artillerie grofle amp;nbsp;plufieurs autres moyennes, qui cftoient pour battre les deffen-ces, amp;nbsp;fit faite trois batteries , 1 vne contre le Chafteau, l’autre contre la porte de la ville, laquelle n’eftoit point murée, amp;nbsp;la dcrnicre contre le boulleuar,qui pour eftre moins fort eftoit gardé par les Efpagnols. Hs battirent en ctfte lotte huiéi iours entiers la vide, fans qu’aucun des alhegez monfttaft figue de foible (Te, amp;nbsp;iuf-ques à ce qu’ils vivent euidemment le grand ef-chcc que l’artillerie faifoit,Sc comme la ville en plufieurs parts eftoit quafi toute ouuettc , amp;nbsp;Îqu’ils auoient perdu force (oldats en deux af-àuks que les Turcs leurs auoient donné, def-qucls en eftoict demeurez dedans le fofle plus de deux mille,amp; vne infinité de blelTcz. LoG'n-ze alors cognoifiant qu’ils ne pouuoient durer long téps, amp;nbsp;que toute la ville eftoit britee pat le canon , amp;nbsp;qu’vne bonne partie des boulle-uatts qui fouftenoient toute la muraille, eftoit flar terre, appella à foy tous les Capitaines , amp;nbsp;eut lemonftra le danger ou ils cftoiét, amp;nbsp;corn-

-ocr page 438-

Hifloire de Hongrie

tncƒ n peu de temps il failloit tomber fonbs le glaiuc, ou la mifcricorde del’cnnemy , amp;lcur dit, qu’auant que Mahomet eut palFc le Danube, le Vayuode des Tranfalpins luy auoit eferit de lapart, que ce camp ncluy fut venu fur les bras , fi Ferdinand euft voulu payer à Solyman le tribut que Pierre Vicky luy iouloit bailler toutes ans pour le Comté de Themefuar, auquel il n’auoit voulu rédtc refponce, ny en ad-uettir.Caflalde, croyat que feftoiéc inuentions amp;nbsp;brauades du Bafcha, comme il auoit accou-ftumé de faire, penfant en foy mcfme qu’il n’e-ftoit venu auec fi grande puiflànce pour fe contenter de ce que l'autre luy raandoit: mais fc voyant deceu de fon opinion, amp;nbsp;confiderant foubs quel fort mifcrable ils tombèrent continuant la batterie, leur dit qu’il eftoit d’aduis qu’on cnuoyaft vers le Bafcha pour impetrer de luy vne trefuc de quatre tours , durant lefquels ' on aduertiroit Caftalde de tout, amp;nbsp;qu’on lefo-liciteroità ce qu’il eut à confentir de payer le tribut au Turc , à la charge qu’il leucroit fon camp, amp;nbsp;fe rctireroit, amp;nbsp;que par ce moyen ils donneroient rcmede à leurs fortunes. Ceftad-uis fut approuué de quelques-vns, amp;nbsp;réfuté de pluficurs autres, ainfi comme couftumieremét il aduient en vn confeil, ou l’on void toufiours naiftre fur les opinions quelque difeord , pour les raifons qu’on allègue d’vne-patt amp;nbsp;d’autre, amp;nbsp;pour cede mefineoccafion on ne peut rien refouldre pour ce iour là,-L e trnificfinc iour de luillet, le Bafcha fit du codé du Chadeau , ôc

vert

-ocr page 439-

Liurecinquiefine. 109 vers la porte de h ville donner vn mcrucillcux affault,lequel dura quatre bonnes heures, auec ' la mort de plus de quinze cens des a(làillans,8c plus de cent cinquante de ceux de dedans. En i-celuy Lofonze auec les autres Capitaines Efpa-gnols,Sc Allemans fc deffendit vaillamment,amp; contraignit les ennemis de fc retirer fous leurs tentes. Apres cefte retraite, amp;nbsp;que tous Ics’ho-fttes furent penfez de leurs playes, amp;nbsp;vn peu rc-fraifehis, on fit derechef appellet tous les Capitaines au confcils pour les mefmes raifons fuf-dites,amp;lors il y en eut plus que deuant de l’opinion de Lofonze. Ainfienvoyantplufieurs de fon aduis, fans plus attendre dauantagç enuoya par vn homme fidelle faire entendre au Bafcha fon intention , lequel luy fit refponcc que le Tranfalpin auoit voircment manié ce négoce pat fon commandement, mais qu’il entendoit que ceft accord fe deuil accepter auSt qu’il euft a lie mb le fon armee,5e paffe le Danube amp;nbsp;le Ti-bifeque,amp; non pour celle hcurc,eftant défia en campagne,5c campé deuant celle ville,en con-fideratlon de quoy il ne vouloir que celle affaire eut plus lieu, ne voulant autrement leuer fon camp, ne partir de là que premièrement il ne fe fut faidl maillte de celle ville amp;nbsp;du Challeau. Lofonze ayant entendu celle refponcc , amp;nbsp;ne trouuant moyen d’accord , ne voulant auffi fc rendreàladifcrctiondu Bafcha , fc refolut de combatte iufques à l’cxtrcmité. Là deffus les Turcs commencèrent de nouuèau à renouucl-let la b arterie bien plus furieufement qu aupat-

Dd

-ocr page 440-

mfloire de Vlongfie ' auant, nc cefTans tous les iours dcliurer nou-ueaux aflàults , ôc faire tout du pis qu’ils pou-üoicnc,amp; cftimans que la grande quantité d’ac-tillcrie qu’ils auoient n’eftoit affez fuffifante pour faouler leur cruauté infinie, vnc nuit plus de deux mille pionniers le jetterent dedans les foflèz, amp;nbsp;commenceicnt à miner le boullcuart que les Elpagnols gardoient, amp;nbsp;lequel cftoit jà tellement endommage qu’on pouuoit monter furiccluy parles ruines, parce que toute les defences , amp;nbsp;flancs quipouuoicntrempcfchetc-ftoient tous rompus. Les Efpagnols voyans ce danger, pour y remédier firent en diligence pat le dedans vne cane allez ample amp;nbsp;profonde, en laquelle ils dreflerent quelques deffences,ou en chacune fc pnuuoient ranger aflez commodément huiâ: arcquebuziers fans cftre offcnccî par l’enncmy .Iccuï au plus fort de la befongne de ces pionniers, ôc comme ris cftoientprcllsà mettre le feu, commencèrent à tirer tant d’atc-quebuzades entre ces gaftadours, que ce futva cas merueilleux, tombans les vns fur les autres en fi grand nombre que le monceau des morts cmpefchoitlereftedcs viuans , qui pour cede occafion furent contraints abandonner l’œu-ure,îSc Ce retirer fans plus ofer y retourncr,telle-ment que les Turcs voyans qu’ils ne pouuoiet parcelle voye venir an bout de leur attente, pontfuynirent l’autre , les recherchans tous les jours auecptomelTcs amp;aflcurances , à ce qu’ils eulTent à Ce rcndrc,amp; voyans en fin qu’ils ne le» pouuoicnt flcfchir ny par lettres, ny par dons,

-ocr page 441-

Liître ctnquteßne. il o hy pour quelques grandes offres , amp;nbsp;que tous tels efforts ne leur feruoiét de tien.fitent du co-fte du Chafteau deux grands caualliers de charpenterie larges de dix brafles en tout fens,8c les conduirent, pouHcrcnt Vis à vis du boulle-uart,ouïesEfpagnölseftoicntföubsterre , iùr lefquels ils montèrent quelques pieces d’artillerie , àl’occaGon defquelles aucun ne fe pou-uoit tenir à defcouucii fur ledit boulleuart, ny eftrc aux dcftences,ttUemcnc que les Efpagnols furent contraints pour marcher d’vn lieu à l’autre à couuett faite des tranchées,amp; quelques té-patts pour fc couurir lors qu’ils fetoient à 'a de-fcce de cefte ville, laquelle pour lors eftoit fort ouuette. Dom Gafpar fut en ceft inlfét tue d’v-ne atcqüebuzade qui Vattei gnit au front, Sc le ƒ perça de part en patc,8cy auoit peu d’Efpagnols teftex, 8c auffi peu d’Allcmans, 8c de Hongres, tous ceux toutcslois qui reftoient ne perdans aucunement courage , fc deftendoient en telle forte , comme f’ils euffent efté grand nombre.

l MaislcsTurcsnclaiflbient pour cela de faire 1 tous leurs efforts pour entrer en la ville , 8c les 1 noftres n’en faifoient pas moins pour la deffen-1 dre. Ainfilesvns 8c les autres prenoient atten-1 tiucmentgarde à eux f’endommageans cönti-* , 1 ïiuellementl’vn l’autre par diuerfes efearmou-1 ches. Mahomet fe deffiant de pouuoit plus cô-1 quérir cefie ville par armes, Sc par force, penfà l vn lourde faire parler à Lofonze , Sclerechcr-* 1 cher de patleraentet, pour luy pctfuadcr de fai-I re quelque accordanceluy , ce que LonlofiïO

-ocr page 442-

Hißoire de ]Aongrie

ne vouloit refFufer, mais les autres ne voulans y confennr furent caufe que de ce parlement ne fortir pour lors aucun effeÆ. Les Turcs néant-Aroins ne laifToient de iour à autre à continuel leurs alfaults, lefquels ils renouuelloient touf-iours auec plus grande force que deuant.n’ayâs point faute de gens plus frais que les nofttes, defquelsyen auoit peu de fains, amp;nbsp;plulituts ctucllemcntblelTez, amp;nbsp;principallemcnt parle moyen de ces deux machines qu’ils auoient faites, à la femblance defquelles ils en faifoiét faire encores d’autres,au lieu que nos boullcuards amp;nbsp;murailles, par la violence de leur artillerie fe ruinoient ; Sê d’autant que les viuves amp;nbsp;munitions abondoient en leur câp,les noftres d’heure à autre en auoient faute, ainfi comme fouuct il aduient pour vn long fiege. I e Daft ha las a ce queie croy de voir vn h grand meurtre des fiés, amp;nbsp;qu’il failloit combatte fl longuement, dtfi-rant grandement que nos gens enflent à fe rendre, vfaenucis eux d’vnc telle rufe. Le lourde déliant Ottomial auoit efté deffaiôt auec ces quatre cés Aiduchs, lefquels il menoit auecfoy pour les metttededans Themefuarjcommcno’ auons dit cy deflus, amp;nbsp;auoient t fté par vn gros cîquadron de cauallerie Turcquefque tous taillez tellement en pieces qu’aucun d’entre eux n’eftoit efchappé,cftant ce chamaillis appetccu parlesfentinelîesdela ville. Le lendemain de celledeffaicirc le Bafeha pour les raifons fufdi-tesvoulantellonnerles noftres, fit mettreiuf-ques à cent telles de ces Aiduchs les plus vilai-

-ocr page 443-

Liure cinquiepne. xii

nes amp;nbsp;difformes qui fufTcnt, à Ventour des murailles , auec lettres qui fignifioient que c’eftoit le fecouts qui leur venoit.ôt qu’ils n en cfpetaf-fent plus d’autre, par ce qu’il feroit le fcmbla-blc à tous ceux qui viendroient. T out foudain que’ques-vns de la ville fottirent dehotSjamp; cô-templans ce fpeftacle horrible,amp; voyans comme leurs affaires fe portoient mal, eurent peut de tomber en cefte fin miferable, en laquelle e-ftoient tombez ces pauures Aiduchs. La nuiôt enfuyuant dcuxEfpagnols fortirét dehors, def jjgt;agneli. quels l’vn auoit fa femme, Sc fes enfans à Con-ftantinople,où il feftoit marié, apres auoir efte prins à Caftelnouo,8c renié fa foy,l’autre cftoit Morefque amp;nbsp;natif de Granate. Iceux ayans le cœur lalche.^pour la peur qui couftumierement domine en telles petforrnes , aymans pluftoft conferuer leur vie auecvne honteufe amp;nbsp;mifera-blc feruitude , que delà perdre foubs vnc hon-nefte liberté,auec vnemortgloricufc , comme ont de couftume finir les vaillans amp;nbsp;magnanimes efptitSjf en allèrent vers le Bafcha,amp; luy fi-

1 rent ample récit de Veftat deThcmefuarjVaffeu-l rant qu’il y auoit peu de gens dedans , amp;nbsp;qu’ils 1 auoicnt tous le courage teffioidy ,amp;qu’enco-l res qu’ils combattiffent vigoureufement que 1 neantmoins ils eftoient fort eftonnez, amp;nbsp;que la 1 ville eftoit par diuers endroits fr ouuettc qu’il l eftoitimpoffible qu’ils peuffent plus fe main-l tenir fil faifoit continuer les affauts Sc le fiege, I amp;nbsp;qu’il leur eftoit force de fe rendre. Ceft ad-1 uettiflemér donna au Bafcha vn peu d’efpetan-1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;D d iij

-ocr page 444-

Hifloire de Hongrie çp de gagner cclîc place, combien qu’il eut cq-mandenienidu Grand-Seigneur de retirer fon çaQ;p àBclgtade,voyant qu’il cftoit fi longtéps a la P rédre, amp;nbsp;qu’il auoit perdu tant d’hommes deuam,dont on difoit que Soliman eftoit courroucé contre Mahomet;ce que fi ceux de dedas eufientpeu fçauoir, amp;nbsp;fe maintenir fix iouts pour le plus,ils n’euflent clprouué celle finiftte 5e maiheureufe fortune qui Icuraduintauccv-ne fi grande effufion de lang, amp;nbsp;le Bafcha fe fut retiré aucc fon armee, ainfi que depuis on feeut alTeurément. Mais Lofonze voyant que Mahomet perfeuerojt opiniaftfement à luy dôpnet beaucoup d’alFaitcs iour amp;nbsp;nuiôl, traita aueC tous les loldats pour fe rendre,confiderant,corne tous elloient lafiez amp;nbsp;peureux pour le dernier aflault qu’ils auoiétreccu depuis la départie de ces deux Efpagnols, lefquels feu eftoient fuys,durant lequel vers le collé du Challcau ils felloient veuz en très-grand danger, ellansles Turcs entrez dedans, lefquels fen fulTcntfaids maillrcs à ce coup , fi ce n’eut ellé quelques Efpagnols amp;nbsp;AUemans qu’on enuoya foudain pour fecourir celle brefehe,lefquels à leur abordée les firent retirer en arriéré,amp; les poutfuyui-rent iufques au bout de leurs tranchées, en fai-fant d’eux vn grand meurtre. Ce qu’ayant elle entendu par toutes les nations, chacune d’icelles fe rangea à l’opinion de Lofpn?c pour fe re-drela vic, armes amp;nbsp;bagues faunes, excepté les Efpagnols qui dirent qu’à leur aduis aucun ne deupit chercher quelque aççord,mais hié adyi-

-ocr page 445-

Li^re cinquiefme. nx

fer comme on pourroit clcampcr de nuiót par ’ ’ * 5. les marefts prochains du Chafteau , lefquels c-ftans paffez on trouucroit puis apres incontinent les bois, quilcs rcndroicnt lains amp;nbsp;faunes iufques à Lippe, amp;nbsp;qu’il n’y auoit aucun qui les peut cmpcfchcr de fortir,amp; d’arriucr en ce lieu, amp;nbsp;ce d’autant plus ayftment que vers ce cofte il ny auoit perfonne de logé à caufe des grands marefts qui eftoient en ceft endroit, qui eftoit vne thofelaquelle fc pouuoit exécuter facilement , amp;nbsp;qui eftoit meilleure que fc fier aux pa-rollcs des Turcs, fçachantvn chacun par plu-fieurs experiences, que peu fouucnt ou iamais ilsnclcsobferuent, ce qu’ils feroient encores moins maintenant, fe fouuenas que les noftrcs auoient manqué de parollc à Olyman quand il fortit de Lippe, n’eftant ceft afte caché au Baf-cha,ny tombé de fa memoirc,dcquoy ils auoict bien voulu les aduettir,afin qu’ils ne fe trouuaf-fent deceuz ny trompcz.Lofonze leur fit refpó-ce qu’ils ne fe doutanent aucunement, amp;nbsp;qu’ils le laiftalfent faire,qu’il feroit en forte que fa cô-pofition feroit fi claire que tous fottiroiét aucc leur honneur: ce qui fembla bon à plufieurs,di-fans que par vingt-fept iours entiers ils auoient tous courageufement combatu, amp;nbsp;auoient cfté offcncez continuellement par rartillcric,amp; rc-ccu tant d’affaults, amp;nbsp;tue tant de Turcs qu’ils pouuoient bien auec leur grand honneur amp;nbsp;louange fe rendre. Sur telle rcfoluiion Lofonze fit derechef figne aux Turcs qu’il vouloir parlementer, 8f leur dit qu’il auoit enuic de rendre

D d iiij

-ocr page 446-

» tAifioiredeHon^rie

lofoitx; Ia ville, amp;nbsp;qu’il leur vouloir enuoy cr pour trai-ter ceft accord vn foldat,amp; vn Hongre. Mahomet fut fort ay fe de les ouyr, par-ce qu’il fe de-fioit grandemét de fon pouvoir,amp; f eftoit défia refolu entièrement de ne mettre plus fes gens ainft à la boucherie , ains pluftoft de f’en aller, amp;nbsp;fit par eux rcfponcc à Lofonze,qu’il luy gar-deroit 5c tiendroit de poinâ en poind tout ce qu’il voudtoit demander de luy, amp;■ les renuoya habillez de certaines robbes longues de foyca la mode des Turcs , ce qui fut par ces foldats prins pour vn bon figne, aucc lequel furent re-iioyez,fc trompans ainfi cux-mefmes, comme eft naturel aux hommes de fabufer en fes propres amp;nbsp;particulières affaires, eftimans fouucn-tesfois qu’en icelles toute chofe leur doiue fuc-ceder à fouhait,amp; faucuglcnt eux- rnefmes, tellement qu’ils ne peuuent difeerner le mal qui leur peut aducnirinconfiderément. Eftans ces foldats retournez en la ville , firentà tous récit des grandes amp;nbsp;belles pro méfies amp;nbsp;offres que le Bafcha leur auoit fait. Lofonze fc fiant fur icel-

Artlclesle la capitulation.

Icscfcriuitcn vn papier toutes les conditions qui luy fcmbloient bonnes,amp;qu’il imagina ho-neftes à demander , lefquelles cftoient telles: Qu’il luy fufl permis d'emmener toute l’artillerie qui fe trouueroit dedans Themefuar , amp;nbsp;h faire conduire ou il voudroit:Qu^ tous les foldats pourroient fortirauec leurs armes amp;nbsp;enfei-gnesdefployees , amp;nbsp;auec tout leur bagage, 5^ que le Bafcha feroit tenu leur dôner garde poiit les conduire à feureté: Que la ville feroit tenue

-ocr page 447-

Liure cinquiefme. 113

auecquelquercfpcót, amp;qu’iln’yauroitaucun .’j

deshabitans d’iccUc molcfté , que finable-

ment tant au foitir qu’à allci il n’y autoit aucû

offence pat fon armee. Tous ces articles furent

fort volontiers acccutcz pat le B'afclia.amp; accor-

dez auec fcimct de les exécuter, amp;nbsp;les leur ten-uoyafigncz amp;nbsp;fcellcz , fans iamais répliquer à aucuns des demandes de Lofonze,eftimant(c5-me celuy qui n’en vouloir rien garder ) ces pa-éliôs pcu,ôc le promettre, amp;nbsp;dtptomettre tout vn. Or eftant ces négoces expédiez,Slt; tous ces accords concluzamp;arrcflez le vingt-quatrief-me 1 uill et la vigile de fain£tlacqucs,dcux iouts aûxTurcf. apres enuiron leshuidl heures du matin on cô- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■»..f W»**

mença à faire fortir le bagage, amp;nbsp;l’artillerie, amp;nbsp;gt;nbsp;J Lofonze fuyuoit apres auec toute la cauallerie, * parmy laquelle marchoit ce peu d'Infanterie qui cftoit reftee,marchans tous en bataille auec leurs armes 8c enfeignes. Comme ils commen-çoient à forth ils apperceurent deux grands cf-quadrons de cheuaux 6c de ges de pied,lcfqucls pouuoientefirc au moins cinquante mille , tc.-nans ôc ttauerfans le chemin, par lequel ils dc-uoient pafier, quieftoit vue colline bad'e deçà, 8c delà. Les Efpagnols qui marchoicntlcs derniers,voyans tant d’hommes fut leur pa(l'agc,ÔC l prenans cela à mal, prefageant enl'efprit ce qui I leur deuoit aduenir en brief, enuoyerent dire I Lofonze qu’ils ne vouloient fortir de la ville, fi 1 le Bafchane faifoit retirer fes gens hors du che-l min.Dequoy eftant aduerty le Bafcha,fit tefpâ-j ce qu’ils cuireni à fortir feurcment à peine de fa.

-ocr page 448-

oire de Hongrie

tcßx,S( qu’ils ne reccutoient aucun dommage, ** qu’il n’auoit enuoyé ces troupes en ce lieu qu’afin que fes foldats les v oyâs tortir prinflent f»ar eux exemple de fc potter à l’aduenit vail-aroment, confiderant comme vn fi petit nombre d’hommes Peftoit fi merueilkufemcnt bien deffendu contre vne infinité de petlonncs, amp;nbsp;que puis qu'ils cftoiét tous foldats amp;nbsp;viuans de la guerre , il eftoit ncccilaite qu’ils appnnfTent d’icelle félon les occurrences Soubs telle alTeu-rance tous fortirent dehors, amp;nbsp;commencèrent à marcher par le milieu de ces cfquadrons, eftâs cfioignczdelavilletroiscens pas, lefquels ils n’eurent pas fi toft acheuez que le fignal fe dô-* naauecvn coup d’arquebuze,ainfi que Maho-tfifm-nt met auoit ordonné. Ä ce fon vne partie de tes tout fis cfquadrons fubitement enuironna l’artillerie, gmt dt- ceux qui marchoient deuant,Ôtl’autre partie fatds. Icrefte, amp;tenansainfilcsnlt;ftres enfermez au milieu d’eux,commencertnt à les tailler en pieces, Sc principalement ceux qui fe vouloient défendre, amp;nbsp;qui aymoient mieux pour plus grande liberté,mourir en combatant,que demeurer en vie efclaues foubs vne fi mal-heurcufe, amp;nbsp;cruelle nation. De ce nombre furet la plus part des Efpagnols , amp;nbsp;quelques Hongres amp;nbsp;Allc-mans,amp; ceux qui nefe voulurent deffendrefu-rent promptement cnleucz menez prifon-frins. nbsp;nbsp;nbsp;niets,amp; entre autres Lofonzc,lequel fut côduit

vcrslcBafcha. En ce maiTacre il y eut vn ade lequel je recîtcray, encores qu’il femble fabu-leux , amp;nbsp;pluftoft digne des liures des Romans,

-ocr page 449-

Liurecinquießne. X14 que d’vnc vraye hiftoirc, cftât comme incroyable qu’vn homipe feul peut efehapper à trauçrs tant dç milliers d’hommes, amp;nbsp;toutesfois c’eft vnc chofe vcritable.Comme lesTurcs vouloiét ainfi chai penter nos gens, amp;nbsp;que pour ce faire ils auoient commencé leurs haults cris accou-ftumci, le Capitaine Alphonec Ferez de Saja-nedrahomme brufe amp;nbsp;dilpos, eftanç monté fur vn bon chcual, mit foudainement l’efpee au poing,amp; au premier bruit des ennemis fc fourra patmy eux, amp;nbsp;à grands coups fe fit faire place amp;nbsp;cheipin tout au milieu d’eux, amp;nbsp;corne les vnseftoient empefehez àaflbmmcr les autres, fe fauua courant vers Lippe fans reccuoir aucune bleflcurc , eftant bien artnc amp;nbsp;monté fur vn chenal qui l’emportoit merueillcuftmét ville. LesTurcsvoyansqu’vnhommcfeul les auoit enfoncez fi furieufement, amp;nbsp;qu’il feftoit fauuc pafiant malgré tant de cheuaux,efmcus de honte amp;nbsp;d’ire,fc mirent plus de cinq cens à le pour-fuyure, Sc encores que leurs chenaux ne fulTent pasmoirislegcrsàlaconrfc, iamais toutesfois ne l’cuflcnt peu rejoindrc.Mais de malheur come ce Capitaine marchoit, défia quafi alTeurc, payant guctes hanté le pays, tomba en vne fô-dtiere, qui font fort abondantes en cede regio, amp;nbsp;f empatrouilla en icelle de façon que le cheval fe trouva fur luy , tellement qu’il ne pept fe rauoir fi toll comme il luy eftoit befoing, amp;nbsp;de? meura cftoufté,amp; les Turcs furuenas luy çoup-perent la telle,amp; l’apportèrent par grande mer-Veille au Bafçha, lequel demanda à Lofou^c dç

-ocr page 450-

l^ißoire de Hongrie

Mart it hfau-cr.

quel pays il cftoit, auquel ayant cftc refponJti qu’il cftoitEfpagnol, adiouftaquefes ueuures Tauoicnt aflcz dcmonftre , amp;nbsp;faiól cognoiftre qu‘il nepouuoitpas eftre autre.Lcmarfacrefuf ditacheué, Mahomet fc retira vers fon pauilló failànt mener Lofonze apres foy, amp;nbsp;luy faifant par moquerie de grades carcflcsjefquelles l’autre eftimoit peut eftre vrayes, amp;nbsp;fansluy dónci plus long terme, luy fit cn fa prefence tailler la tcftc,amp;la mettre fur la porte de la ville,amp; jettet fon corps par pieces parmy les champs. Voyh quelle rut la fin miferablc amp;nbsp;douloureufe de Lofonze Capitaine vaillant amp;nbsp;hardy, qui cn fa ieuneircauoit fait paroiftre au mode fes adiós grandes amp;nbsp;admirables , lequel foubs vne foy, n’ayant peu eftre furmontc pat mille aflàults, demeura trompé amp;nbsp;deccu par Mahomet, perdant auec (es foldats Themefuar, amp;nbsp;la vicen-fcmble: aduenant cela cn toute chofe ou il n’y a con(cil,par- ce qu’il ne fuffit pas peur l’cntrctié des guerres qu’il y ait des foldats hardis amp;nbsp;courageux,fi en outre il n'y aquelqucs-vnsdccciix qui pour la maturité de leur aage amp;nbsp;de leur co-ieil fçaehent aucc prudence gouucrncramp; régir, amp;auccvne difcrction félon l’opportunité du temps diipofcr, ordonner amp;nbsp;prcuoirîescffcds qui autant bien que mal pcuuent aduenir, atté-du qu’il fe voit par experience que les armes ne valent rien fans confeil. Or apres que le Bafcha fefut faiél Seigneur par vne fraude fi deshone-fteamp; damnable de la ville de Themefuar, il fc tcfiouyt tellement de ccftcviéloirc que ce fut

-ocr page 451-

Liure cinquießne. iiy

Vnc chofc incredible , amp;nbsp;comme il a accoullu-mc d’aduenit à celuy qui obtient vnc chofc , 1 laquelle il n’auoit iamais penfé, amp;nbsp;laquelle luy acquiert honneur, lequel il n’auoit aucuneméc efpcrc. Iccluy eftant entré en la ville y fejourna cinq iours pour raffraifehir fon armee qui fc-ftoitfortharaiTecà prendre cefte foible ville, laquelle à reffeâ: f edoit monflrcc G forte contre vn G puiflant ennemy, comme la gaillaidifc des aflîcgez l’auoient fait paroiftre, fie comma- • da qu’elle fut fortiGce,amp; les ruines des maifons refFaites amp;nbsp;reftaurccs.Apres ccfteprinfela ville de GaranfebefTe qui cft fort peuplée , Sf qui Cart»fi. toufiouts attendoit l’ifluë de Themefuar, four- nbsp;nbsp;nbsp;fitU

niflant cependant au Bafeha le plus de viurcs “ qu’elle pouuoit, craignant que Mahomet ne voulut tourner fon camp cotre elle,luy tnuoya offtir vn tribut,lequel il accepta volôticrs, prenant celle ville foubs faproteôlion, confiderat la fertilité amp;nbsp;le proGt qu’il efpcroit tirer d’elle, pour les guerres qu’il vouloir continuer en ce pays. Caftalde ayant foudainement entendu la nouuclledc cede perte , partit incontinent à grandes iournecs pour f’approcher plus pres, pour dóner ordre que ce qui teftoit full mieux deffendu amp;nbsp;gardé, llapperceut par le chemin que tous les Cheualiers Hongres,qui pour lors le fuyuoient eftoient fort attriftez, amp;nbsp;cfpcrdus, tellement que lafehans la bride de tout le rede à la volonté de fortune , ne fe foucioient plus d’aucune chofc, amp;nbsp;fe tournant vers eux les reprint modeftement aucc parollcs les plus accô-

-ocr page 452-

lAifloire de Hongrie îrtodces dont il fc peut aduifer , amp;nbsp;leur donna cœur amp;efpoir que bien toft celle perte fc rc-couuriroitparle moyen du fecours de Ferdi-nâdjlequclortcfperoitch brief, amp;nbsp;par leur force amp;nbsp;vertu,amp; les exhortant à deffendre le refte; fit tant qu’il chafTa hors de leurs cœurs le defe-fpoir,amp;fit croiftre en eux le courage amp;nbsp;hardief-fc de penfer plus que iaraais à véger la mort de Lofonze aucc celle de fes foldats amp;nbsp;Capitaines, * Mais la fortune qui toufiours ne demeure en vn mefme eftat, amp;nbsp;qui couppe les dclTeins des hommes au plus floriflànt de fon A uril,amp; hauf fe,amp; abaiffe comme bon luy fcmble Icsadions humaines, voulut qu’Aldene ne pcrfeueraftlô-guement en celle braue refolution, en laquelle iufqucs alors il feftoit maintenu pout deffen-dre amp;nbsp;garder Lippe contre toute armee fotte amp;nbsp;puiflantc, ellant icelle d’auffi grande importance à Ferdinand que la perte d’vne armee d’vnRoyaumc,ainfi que nous dirons plus auât. Durant que Mahomet alfiegeoit Themefuaf, ^Üene qu’j j eftoit fur le point de capituler aucc Lo-fonze, Aldene cllimantparaucnture que celle ville ne feroitiamaisprinfe, ne feftoit gucres foucié d’vfcr delàdiligéeequiluy eftoit requi-Ijpions fc pour le deu de fa chargc,ny d’auoir des efpies pour l’aduertir : Sc y auoit défia quatre ou cinq iours qu’il ne fçauoit rien de ce que faifoit l’en-neray, amp;nbsp;n’en fçauoit autres nouuellcs finô pat les Rhatians, ou autreSj lefqucls d’aucnturcluy amenoient quelqucTurcprifonnicr, lequel luy en comptoit ce qu’il vouloir,amp; quand le Capi’

-ocr page 453-

Lfurc cinejuie/me. iiö taine des Vfatons nomme Dcmctre Vzarenky luy icmonftroit de faire plus grande diligence, amp;nbsp;qu’il luy amenoit des perfonnes qui VculTent fide.ilernet feruy en telles affaires, il ne Pen fou-cioit,amp;nc tafchoit à les retenir auec prcfcns,ou falaircs.ny mefrae auec quelques bonnes paroles,tellement que de iour en iour les affaires de Lippe alloiét de mal en pis. En fin cftant venue la nouuclle comme Themefuar cftoit reduiôlc foubs la puilfance des Turcs, amp;nbsp;comme toutes chofes f’y eftoient paffees, Aldenc penfa que le camp de Mahomet feroit incontinent deuant luy, amp;nbsp;eftimant que le Chafteau n’eftoit fi fort comme il euft bié voulu pour refifter à fon en-nemy viftorieux, ßc voyantl’occafion conforme à fon opinion , amp;nbsp;fe perluadant que le peu d’efperancc qu’il auoit de fe pouuoir deffendve pour amp;nbsp;à raifon de la foiblcflc de la ville, 8c du Chafteau,feroit affez fuffifante pour le delchat-gcrd’vnechofe fi vilaine , comme cftoit celle qu’il pourpenfoit faire,fe refolut en fov- mcfme de fortir. Et afin que les Turcs ne faydaffent du Chafteau, délibéra de le bruflcr auec toute l’artillerie amp;nbsp;munitions, fans en rie communiquer à perfonne, fînô alors qu’il voulut exécuter len entreptinfe , comme il fit, encores qu’il ne vid autrement le camp du Bafcha, nonobftant que quelques-vns luy diftnt que Mahomet auoit dit, que puis que Themefuar luy auoit donné tant d’affaires , encores que ce fut vne place fi peu forte,il ne vouloir marcher vers Lippe,f’af* feurant qu’il n’y feroit rien, f^acbant l’exttemc

-ocr page 454-

Hifloire de Hongrie diligence, amp;nbsp;foing, defqucls on auoitvfcpout . la fortifier, amp;nbsp;les bons loldats qui de toutes nations cftoicnt entrez dedans,amp; quelle quantité d’artillerie, amp;nbsp;de munitiôs Caftaldc y auoit fait conduire, amp;nbsp;le grand foing qu’il en auoit, pout toutes lefquellcs raifons il cftoit en dcfcfpoit d’y pouuoir mordre. Ce rapport routesfois ne peuj: aucunement deftourner Aldcne de famef chante refolution, encores qu’il vid que Ichan Turky amp;nbsp;Barthelemy Coruatte ne fillent aucune contenance de fe mouuoir du lieu , ou ils c-ftoiér,qui cftoit vne Abbaye de Moynes, fituec à trois lieues de l’cnncmy , d’où durant le liege de Themefuar , iis auoient auec mille cheuaux continuellement donné autant d’ennuy, amp;nbsp;de dommage à l’enncmv qu’il leur auoit efté pof-fible : ce qui à cckiy qui n’cuft eu les yeux plus que fermez , deuoit feruir d’argument fuffifant pour luy faire voir que le Bafcha n’eftoit pout venir encores contre luy, amp;nbsp;aufti que quelques autres des noftrcs,lefqucls cftoicnt logez à quarte 5c fix lieues loing, ne faifoiét aucun ligne de bouger,attendans d'heure à autre, amp;nbsp;de momét en momét ce que le Bafcha deliberoit de faire. Nonobftant cela routesfois Aldcne perfeueroit toijfiours en fa fantafie infame amp;nbsp;honteufe. Et comme la puillance 5c maiftrife ne peut durci longuement ou la peut ôc coüardife régnent, déclara fix heures auant qu’il vouluft partir fa côception à quelques vicils Efpagnols,lefquels blafmans grandement cefte deliberation , luy dirent qu'il ne deuoit aucunement bouger iuf-ques

-ocr page 455-

Li ure cinquiefme. 117

titles à te qu’on vift file Bafcha vcnoit,ou non, amp;nbsp;qu il confideraft cn quelle eftirac il fe mct-troit f’il abandonnoit Ccfte place fans voir l’en-Retny,laquelle luy auoit efté rccotnmadec fous fon afleutance, amp;nbsp;que fi en cela il ne vouloit a-uoir efgard à fa reputation, qu’au moins il euft refpcót à celle de fa nation, 8c que puis qu’aucû Efpagnol n auoit encores lufques nuy commis adle {î lafehe, ilnevotiluteftrclc pteirtiet, au cœur duquel tombaftvnc infamie fi honteuffc ôc vilaine, laquelle retomberoit cfgallcmét fut tous, 8c fpccialcmcnt en telçndroit, ou l’honneur deuroit le plus prcualoir qu’aucune volo-té qui fut enluy, pour n’eftrc enuers ces natiôs Barbares noté de pufillanimité 8c coüardife,a-üccvnc tache perpétuelle. Ces remonftrahces ne furent affez fuffifantes pour le faire retiret de fa fiere deliberation, amp;nbsp;continuant en icelle autres foldats en curent la cognoiffancc, ôc cn-

1 nbsp;nbsp;tte autres le Capitaine Paul de 2araz Colonncl

1 des Allcmans,lcquclfutvoit Aldcne, le priant l nbsp;nbsp;de le laiffer entrer aucefes foldats dedâs le cha-

I ftcau, ?gt;i aucc pluficurs autres Efpagnols , plus I nbsp;nbsp;curieux de la gloire que de la vie,8c y faire met-

1 tte tout ce qui ferait neceffairc, deuant que les 1 ponts qu on aüoit fait dreffer pour les maneu-1 lires qui befongnoiét aux rempars fuficnt rom-I pus. Aldeneluy fit rcfponcc qu’il l’y feroit en-I tterlors qu’il en feroit temps. Les foldats cotrï-I mt rteerent à muntiutet, ôc dire qu’ils n’y votfii i loietit entrer fi premièrement ils ne fçauoicnf-1 quelle quantité de viuxcs il y auoit dedafiS.

-ocr page 456-

Hißaire de Hongrie lendemain matin on le pria d’aller trouuct lrt | foldats, amp;nbsp;comme chef les appaifcr,amp; prendic le fermet d’vn chacun pour viure amp;nbsp;mourir au fcruicedc Dieu amp;nbsp;de Ferdinand, ainfiqu’ikC' ftoient tous obligez , amp;nbsp;de ne partir iamais d' Lippe auant que les Turcs f’en fiiHent allez. Ce qu’ayant efté fait,amp; le ferment prins, quelques loldats entrèrent au Chafteau pourreuificetl'^’ munitions amp;nbsp;viutes, lefquellcs furent trouuces en aflez bonne quantité, à raifon dequoy ils redoublèrent derechef le fufdiél ferment, amp;puU apres chacun fe retira en fon logis, ou ilsnefu-rent gucrcs qu’incontinent ils n’entendirent le. commandement que le Maiftrc de Camp Aident faifoit publier,qui cftoit qu’vn chacun print fes armes,amp; fe mit en ordre pour marcher, dequoy toutes les nations qui eftoict dedans cede ville commencèrent, non pour vn peu à fe mutiner , amp;nbsp;le Capitaine Paul de Zaraz alla derechef vers Aldcne pourluy perfuadcrdcnc farte vnc telle choie,îuy difant que luy ny lesfieus ’ n’auoicnt iamais penfé de faire vnc fi mal-beu-reufe trahifon à Ferdinand, amp;nbsp;que fil fen vouloir aller qu'il fen allaft,parce que luy feulaucc fes gens deifendetoient le Chafteau contre Mahomet, ou qu’il y mourroit dedans. Tousles Fdongres l’afleurerct aulfi qu’ils fcroict le fem-blable, aufquels il refpondit qu’ils ne l’cntci'.-doient pas, amp;nbsp;qu’il fçauoit bien ce qu’il failoir» amp;nbsp;que le Roy reccuroit plus de feruice de ce qu’il auoit délibéré faire, que de tout ce quib mettoient ca auant. Les foldats Efpagnolsco-

-ocr page 457-

Linrc cinquießne. ii8 mencercntàcllreparcntr’eux de diuers aduis, la plus grand part cllimant qu’on faifoit vnc f55-S; grand faute de deflogerainfi comme Aldenc le commandoit ,amp; la moindre elloit d’opinion nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,

t

i'

s

s

qu’on fin ce qu’il auoit délibéré, perfuadät aux autres de fen aller auec eux,8cdc ne vouloir démeurer pour fepcrdrc.cc que les Allemans, Sc Hongres ne trouucrcnt bon, 5c le firent entendre à Aldenc, lequel leur dit qu’il ne fçauoit qu’y faire, mais qu’il penferoit à y pouruoit.Ot il y auoit entour de Lippe enuiro dix mille chariots de Hongres, Sc de Rhatians , dedans lef-qucls ils menoiét leurs femmes,enfans amp;nbsp;meubles plus précieux, f’eftans retirez en celle forte de leurs villes 5c maifons, lors que le Bafcha pallalc Tibilcque,ôc feftoient venus fauucr dedans laTranfiluanie,amp; àla faueut de cellepla-

_ ce forte, au dcllbus de laquelle ils Peftoicntlo-gez en plaine campagne foubs leurs tentes 8c -pauillons en guyfe d’vne armee, attédans la fin de ce qui aduiendroit à Themefuar. Les principaux d’iceux ayans ouy qu’Aldene vouloir aba-donner celle ville,ôc dclloger auec fes gens, al-

I lerent incontinent vers luy , pour le prier qu’il [ ne vouluft fortir^ 8c le fupplier que fil cfloit re~ 1 folu de quirter le Challcau, il ne le fit dcfmolir, i maisqueplulloftil le mill entte leurs mains, I qu’ils f efforceroiét de le deffendte, ou de mou-

lit dedans.Mais toutes telles prietcs.remonllra' cesSe proteftations n’auoiét aucune force pour le difmouuoir de fa penfee dcsbonnelle, 8c cô-, I manda que tous fulTcnt prclls 8c appareillez 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ec ij

-ocr page 458-

Hiß oire de Hongrie pour marcher au premier fon. Les Allcmans H ) Hongres voyans quelamcrvlianteamp;'malheU* rcufc volonte d’Aldcne pcrfeucroit,luy fit dirt« qd’encorcsqu’il y en euft beaucoup ragez pour luy obeyr, ils ne vouloict pour cela laiflcr àluy faire entendre qu’ils fcdeliberoicnt de dcnicu-ter pour fuvr,amp; euitcr celle honte, laquelle il* receuroient en dcllogeant ainfi vilainemenr.^ Paul de Zaraz renforçant les gardes , print le foing de la ville, pat laquelle marchant la nuiiïl vid vnebonnepartie des lbldats, qui pat l’or* I donnancc d’Aldcne eftoient for le poinâ lt;1® raarchcraurclcurs cheuauxfellcz, ficlesariuts j bagages picfts.aufqucls donnant couragf ® leurs perfuadant de ne bouger, f en alla au loggt;’ d’Aldcne, lequel il trouua couché fur vnlilt;âi^ deuifantaucc luy, luy demanda pourquoy il*' uoitcommande que les Efpagnols fc tinfleft ainfi prclls: Parce quc,dit- il,il aiioic rcccu noU-uellcs que les ennemis feftoient approchez deux lieues pour venir à Lippe aucc quinze pit' ces d’artillerie, amp;nbsp;qu’à celle occafion il f rciolu de ne les vouloir autremet attendre,po^ n’ellre ce lieu alTez fort, ayant conclue! dent*' loger promptemét. quoy Paul répliqua qui* vouluft attendre iufqucs à ce qu’il euft cnuoyt pour en fçauoir la vérité , amp;nbsp;fit tant que trois heures auant iour il enuoya deux de les fbldatf à cheual vers Themefuar pour defcouurir fi 1 oant-gardc de Mahomet l’approchoit ou Hol’' Ces foldats cheminans en grande diligente at' ïiucrentaolicu oucftoicntlogcz IchanTuw

-ocr page 459-

Liure ctnquJefme. 119

amp; Barthelemy Coruattc.ê/lcs voyans à tequoy nefentansaucuneefmotion des ennemis, C’en retournèrent fur leurs pas,pour rapporter à Al-dene qu’il n’eftoit aucû bruit, ny nouuelle que le camp du Bafeha fe leuaft d autour de Theme-fuar. Pendant que ceux-cy faifoient cefte deC-couucrte.Aldenc fit venir à foy tous les canon-nicts^Sclcur donna charge qu’ils eufient à charger tous les canos iufques à la bouche pour les taire creuer,amp; qu’ils miflent toutes les poudres dedîs les caues des tours pour les faire tomber par terre quand bon luy Icmbleroit, nbsp;nbsp;eftant

puis aptes à attendre le retour de fes deux fol-dits,auec certaines nouuellcs de tout, vnc fen-tinelle qui eftoit au hault d’vne des tours,au le-uct du Soleil defcouurit deux hommes à cheual qui venoient courans à bride auallcc. Ceux-cy eftoient ces deux foldats que nous auons nom-i mcz , lefqucls cheminoient ainfi à grand hafte 1 penCans que fils tardoient trop Aldene feroit I mettre le feu au Chafteau auât qu’ils fuflent de I retour , amp;nbsp;qu’au contraire la nouuelle certaine ' l nbsp;nbsp;qu’ils luy apportoient luy ofteroit hors de fort

1 cfprit cefte damnable deliberatió, 8c à cefte fin 1 piquoientlcplus qu’ils pouuoient. Vnc autre ; l fentinclle en mefme inftant, n’eftant guercs i l nbsp;nbsp;loing de l’autre , dcfcouuroit vnc grande pouf-

) 1 fiere , laquelle eftoit cfleuee en l’ait pour vne . \ multitude de vachcs,qui effarouchées couroiét , l cnfemblcmét par ces campagnes fans eftre cô-? « l duites d’aucû. paftcur,8cccs deux foldats cftoiét 1 l bien près delà ville crians , encores qu’on ne

-ocr page 460-

Hifioire de Hongrie peuft cntédrc leurs voix, amp;nbsp;difans qu’on atfen-dift,amp; que l’on ne mit le feu aux munitions, ny au Chartcau. Les autres foldats croyâs parl’ad-uertilTcment de la fcntinelle, que celle pouffie-re full caufee par quelque gros bataillô des ennemis, amp;nbsp;que ces deux foldats venoient deuant fuyans, l’allerent foudainemcnt dire à Aldenc, Lijipeejui- lequel montant premièrement fur vn fort bon ttefirbruf cheualjcnuoyadire auCapitainc PauldcZaraz let far Ai- qu’il euft à ouurir la porte de la ville , amp;nbsp;laiflcf d««. fortir les chariots, qui cftoient pleins des meubles des fiens,amp; de quelques marchands. Icelle cftant ouuerte les Efpagnols commenccrcntà marcherdouccmct, lerangeans tous fousleurs enfeignes , amp;nbsp;puis commanda aux canonniers d’aller mettre le feu au Chafteau, amp;nbsp;à toutes les pieces d’artillerie. Ils y firent telle diligéee que en mettas le feu aux caues des tours, deux d'en-tr’cuxaueuglezdcpcuramp; de fumée demeurèrent foubs icelle ars 5i brûliez. Par ce feu deux grandes tours qui eftoict à l’enlrce du Chafteau fâuterent par terre , amp;nbsp;y eut cinq ou fix pieces r d’artillerie qui donnèrent contre les murailles, eftans chargees iufqucs à la bouche, amp;nbsp;le Cha-fteau cômença a brufler de toutes parts,amp; fem-blablement la ville, ce qui caufa vne très-grande compafiîon parmy toutes ces nations, lef-quclles plaignans vne telle perte , amp;nbsp;blafmans vn adle fi vilain , vfans de grands blafpbcmcs contre les Efpagnols amp;nbsp;Allcmans , maudifans Caftalde qui les y auoit mis, ne fçaehans ou fc tourner,ny ce qui leur pouuoit aduenir par cell

-ocr page 461-

Liurectnquießne. 210 inconucnient pitoyable,cftans aucc grands cris amp;nbsp;lamentations des-vnis,amp;auec la plus grande conEifion du monde comnienccrcnt à charger leur chariots de leurs femmes , enfans amp;nbsp;de ce qu’ils auoient pour lors de bien aucc eux , amp;nbsp;à prendre tel chemin que la fortune leur mon-droit,amp;tafchans à fc fauucr,lcs vns alloicnt par vn codé amp;nbsp;les autres pat vn autre , amp;nbsp;Aldenc hiflànt derriere foy Lippe , qui miferablcmcnt brufloit,comme vneautrcTroyc, print aueeds foldats fon voyage vers la Ttanfiluanie,cheminant aucc vne fl grande hade, amp;nbsp;auec vn tel ordre, qucl’vnn’attcndoitpasfon compagnon, f efforçât vn chacun à fe mettre à fauueté, amp;par entr’eux ccluy cdoit eftime le plus vaillant 5c le plus afleuré qui mieux que les autres ioüoit des iambcs,5c leur voyage edoit aufli des-ordonné comme la départie auoit edé incofidcrce, amp;nbsp;en telle forte que les Pay fans qui demeuroiét par-my ces môtagnes.par dcfpit d’vne faute fi cnor-amp; execrable, eurent la hardiede de fe jetter fur eux amp;nbsp;en tuer bon nombre ,5c voiler pluficurs marchands de Lippe, tellcmét qu’ils furet qua-fi tous perdus, demeurans les vns morts, autres bleflez ôc naurez, en vengeance de la ruine 5c perte de Lippe.Barthclcmy Coruattc,qui comme nous auons dit,cdoit a quatre lieues de Lippe, voyant le grand feu qui fottoit de cede ville reda fort edonne de cede nouucautc, ne pou-uant imaginer que ce pouuoitedrc , foupçon-nant pludod autre chofe que ce que f cdoit à la vérité,5c montant incontinant à chcual picqua Ec iiij

-ocr page 462-

Hifloire de Hongrie la part d’où venoit cefte flamme, amp;nbsp;arriuat près de Lippe , demeura tour hors de foy pour ce bruflemét, amp;nbsp;ne pouuant penlèr qui peut eftrc çeluy quiauoitcaufe vnc fi grande perte,ny comment cela pouuoiteftre aduenu , fe defha de quelque trahifon , par le moyen de laquelle Aldcneeufteltéconfommé auec tous fes fol-dats dedans ce feu , amp;nbsp;demandant à quelques vns.qui ne faifoient encores que tourner à l’entour de celle ville , qui auoit commis vnaólefl mefehant, luy comptèrent cnticrcmct comme le tout fclloit palTc. Ce qu’ayant entendu ne voulant comme fage amp;nbsp;aduifé Capitaine manquer à aucune choie qui touchall le feruice de fon Prince,amp; la gcntillclTc de fon cfprit,fans e-ftre contraint par aucun commandcment,mais fculcmcc efmeu par vne vraye compaffion d’v-nc calamité incllimablc,amp; d’vnc ruine fi inopinée , commença au mieux qu’il peut à donner ordre de faire retirer l’artillerie qui elloit reftee enticre delà violence de ce feu, voyant qu’il ne pouuoit remédier à autre chofe , pour eilte le tout tombé en vne mcrucillcufç defolation. 11 demeura trois iours dedans Lippe, amp;nbsp;iufqiicsà ce qu’il eut veu toute l’artillerie qui elloit efpar-Ic par la ville , amp;nbsp;demeuree entière au nombre de quinze pieces,conduite en feuretc, dcfqucl-lesy en auoit quelques vnes defliees, amp;nbsp;p'u-fieurs autres rompues amp;nbsp;fendues,amp; auec icelles Si tous fes gens fe retira vers Iule, faifant premièrement mettre le feu par tout ce qui elloit relie entier de la ville,afin que l’cnncmy ne fen

-ocr page 463-

Liurecinquiejme. m

peuft fetuir en aucune façon. Ce qu’ayant eftc faid, 11 en donna incontinent aducrtifTemcnt à / Caftaldc,lequel auoit dcfia entendu cefte mile-table ruine fort defplaifantc à toute l’armcc, 8c àtodtelaTranfiluanie, Se principalement aux Efpagnols , aufquels elle touchoit plus qu’aux autres , attendu que l’eftoit vn Efpagnol qui a-uoit commis vue chofe ft infame amp;nbsp;honteufe, pour l’amour de laquelle ils cftoient à toutes heures grandement blaftnez amp;nbsp;mocque? par toutes les nations de cefte Ptouince, fans pou-uoir alléguer aucune exeufe, ce qui donnoit vn très-granddefplaiftr amp;nbsp;ennuy à Caftalde, parce qu’il auoit mis toute fon efperacc fur cefte for-tetefte, cftimant qu’en la gardant bien toute la puiflance du Bafcha n’eftoit aftez grande pour gagner vn poulce de terre. Et comblé qu’il efti-mart le Royaume pour perdu , amp;nbsp;aufti fon armee amp;nbsp;fa reputatiô, G ne fe troubla-il,ny fit apparence en vnefi grande perte d’auoir en fon cœur aucune crainte, amp;nbsp;encores que la lafchetc d’autruy luy euft rôputousfes defleins , Sc que Icschofes foudaincs couftumierement apportent plus de trouble, amp;nbsp;d’çffroycmcnt que celles qui font preucuës , ôcparvn long difeours préméditées, ftnelaifla-ilpout cela d’aduertit Ferdinand de tous ces aceidens,amp; du danger on ■ il eftoit, eftant par la nonchalance d’autruy la porteouuerteàVcnnemy , pour entrer en ces pays fans la luy pouuoir empefeher auec vnc autre armee,fi elle n’eftoit pareille à celle dcMa-homet, ou au moins de moitié, 11 donna fern-

-ocr page 464-

Tint».

Monnöjt lieLyßma-chut.

Tref or troMué,

}Atfioire de }Aon^rie blablc adiiertiHcmcnt à Rodcric ViglianJran-«io , amp;nbsp;3 André Lopez, afin qu’ils n’enflent a marcher plus auant, parce que(comme nous a-uons dit cy deflus)ilsauoict cfté enuoyezpôur, par quelque moyen qu’ils peuflTent entrer dedans Themefuar , amp;nbsp;commanda au Capitaine Lopez de fc mettre aucf la compagncc dedans le Chafteau de Deue, lequel apres Lippe cftoit la meilleure fortereffe qui fuft en ce quartier,!C de plus grande importance pour l’cntree du Royaume , donnant femblabkmcnt chargea Aldenequ 11 euft à retenir dedans la ville auec les compagnees qu’il auoit amenées de Lippe, amp;CC iniques a ce qu’il luy euft enuoye autre mandemt nr.La ville de Deue eft fort bonne amp;nbsp;riche, amp;nbsp;fituce en In u qui participe du plain amp;nbsp;du couftau, ayât vn Chafteau aflez deffcnfable, auprès duquel vn peu d’annccs auparauant fut trouuc,partcl moic,vn treforgrâd par des Pay-fans foubs vn vieil amp;nbsp;ancien Chafteau , ou Palais,tout ruiné amp;nbsp;dcfinoly. Ayans les pluyes duré long temps , amp;nbsp;les eaux courans fort impe-tueufemet, par la violence d’icelles fut defeou-uert vn nombre infiny de Medalles d’or, furvn coite defquellcs y auoit cnleuee l’image de Ly-fimachns,amp; de l’autre vnc viâ:oirc,pefant chacune de deux à trois efeus. Sur icelles le Soleil donnant, apres que l’orage fut cefte , cllesren-doient vnc merueillcufc lueur , laquelle cftant appcrceuc par quelques Pay fans; iceux courans pour voir ce que pouuoit eftrc demeurèrent e-ftonnez de ioyc,confidctans vne fi grande quâ-

-ocr page 465-

l.iure cintjuiejme. iix tité dc Medallcs dor , Si (’approchans pour en prendre trouuerent vn Serpent d’or, lequel fut depuis enuoy é par Caftaldeà Ferdinand, Fayat CU à la mort du Moync George, aucc vnc pat tie

de ces Mcdallcs antiques, cftant anciennement couftumierà ceux qui enterroient leurs trefors d’y mettre en Ggned'vncgardcfidcllc des Serpens : amp;nbsp;apres que ces Payfans en curent prins tant que l’on ne fçait combien, on en retira en-cotes valiant plus de vingt mille ducats , Si le bruit eftoit qu’il y en pouuoit auoir plus dc cet mille , par-ce que cc lieu auoit cfté la demeure de Lyfimachus , dcfquellcs Ferdinand en eut (comme nous auons dit par cy deuant)millc Si Caftalde enuiron trois cens. Entre les autres

Coitflnmt dtiAncia.

chofes notables que l’on y trouua furent deux Mcdallesd’or, l’vncdeNinus, amp;l'autrcdcla RoyneSemiramis, lefquclles deux furent en- os«»«-uoyees à l’Empereur Charles le Quint, amp;nbsp;n’y à mwm, perfonncpartoutcccfteProuinccde fl moin- . nbsp;nbsp;■

dre authoritc Si rcputatiô,qui n’en ayt eu quelque quantité,tant fut trouuce cefte fomme grade, Or ayant Caftalde mis ordre aux chofes du Royaume les plus importantes, f’en alla ayant ancefoy le VayuodcdcTranfiluanic vers Seg-hefuar, d’où depuis il fe rédit à Saflebefle, Eftât là artiuc il fe logea le mieux qu’il peut dedans la ville, eftant icelle afliffe au milieu dc tout le pays, d’où il faifoit haftcrles fortifications dc CCS villes qui eftoient jà commccccs à fortifier, amp;nbsp;ou 11 deliberoit mettre fes gens pour les défendre contre le Bafcha, cognoiflant n’auoir la

-ocr page 466-

Hifloire de Hongrie force pour l’attédre en campagne,amp; efoiuit de nouucau à toutes les villes,qu elles euflent a luy enuoycr autres foldats, leur faifant entendre le mal-heut qui cltoit aduenu vers la Bafle-Mar-chc : amp;nbsp;encores qu’elles ne failliflent à luy en enuoycr, fi n'en peut-on iamais aficmbler que iufqucs au nombre de feize mille. En ce temps arriucret de s quinze cens hommes d’armes que Ferdinand auoit promis à Caftaldc mille feule« métjfoBbs la charge de Fabian Schinach,cftaB$ les cinq cens autres demeurez auec le Marquis Sforcc Palauicin lequel amenoit trois mille Al* IcmansôC autant d’Italiens,aucc quelques troU' pes de cheuaux Hôgrcs, amp;nbsp;quelque pieces d’artillerie pour fecourir Caftalde,ayant délia pafle Papau, qui cft vne forterclTc furies confins de Hongrie amp;nbsp;près de Vcfpnmie , amp;nbsp;matcboicà grandes iournecs.On trouue fur le chemin que l’on fait plus court de Hongrie cnTranfiluanie vn Chafteau nôme Drigal, fitue iuftemet furie palTage, amp;nbsp;pour lors cftoit garde par les Turcs, tellement que l’on ne pouuoit faite ce chemin qui eftoit beaucoup meilleur, amp;nbsp;plus certain pour conduire vne armee en ce pays. Pour dôc en auoir quelque ration, Fcrdinâd donna charge au Marquis Sforcc qu’arriuant près d’iccluy il f y arreftaft aucc tous fes gens, amp;nbsp;qu’il fit tout effort pour le gagner.Cc qu’ayant entendu Caftaldc , amp;nbsp;fçaehant parpluficurs rapports combien cede place eftoit forte, pour le refped du peu d homes que IcMarquis auoit aucc foy,luy cfcriuic incontinent qu’il ne famufaft à cefte

-ocr page 467-

Littre cinqttießne. 115 tnttcprinfc pour lors, amp;nbsp;iufqucs à ce qu’ils fuf-fcni joints cnfemble, pat- ce qu’eftans eux deux cnfetnblcmét ils pourroict faire quelque bonne choie,laquelle au contraire ne poutroit teüG fitàvnehcureufefinfilscftoient eux deux fe-patez, n’cüant vn feulfuffifant pour faire cefte canquefte, mais que leur vnion feroit caufe de quelque bon cffe , Si le temps ne fe perdioit point en vain , comme il poutroit aduenir fil vouloir f y opiniaftrer fcul, auec danger de l’y perdre ; luy donn mt en outre aduertilTemenr, qu’au cas qu’il vouluft perfifter à cefte entre-prinfe , amp;nbsp;qu’il vid que le Bafcha de Bude vint fccoutir ce Chafteau, qu’il n’euft à côbatrc au-i cunement,parce qu’il perdroit la bataille, mais qu'il l’cfforçaft de fe retirer le mieux qu’il poutroit,n’eftant le temps de bazarder fes hommes, mcfmcmcnt qu’il pouüoit bien f^auoir clairement la grande necelTité qu’il en auoit. Il efeti-uit femblablement de ce faiôt à Ferdinand , le priant qu’il fit öfter le Palauicin de deuant Dri-gal, fie qu’il luy commandait de marcher vifte-mét pour fe joindre auec luy, citant ce plus ne-cclTiire que prendre ce Chafteau. Celte raifon. toutesfois encores qu’en foy elle fuit bonne amp;nbsp;vraye, fi ne fut elle goultce par Ferdinand, ny reccuë auec obey (Tance par le Marquis , tellement que pour n’auoir embraffe ce confeil il tomba en vne calamité telle que nous dirós cy apres. Mahomet qui n auoit la hardiefle d’aller atliegcr Lippe, fçachani qu elle eftoit forte, amp;nbsp;que dedans icelle y auoit des Efpagnols , Aile-

-ocr page 468-

Hijtoire de riongrie

mans amp;nbsp;Hongres,tous foldats efleus amp;nbsp;choi/îs» ) ayant en ceft inftant eu nouuellc que IcMaiftre , de Camp Aldencl’auoit abandonnée,amp; misk feu au Cnafteau,ne pouuant,croire qu’vn Efpa-gnol euft faid chofe femblable amp;nbsp;indigne de foy, enuoya pour la recognoiftre le iour mefmc que Barthelemy Coruatte acheuoit d’en faire tirer hors l’artillcric.Les Turcs qui y ail prêt fen 7«r»r« approchèrent de fl près qu’ils apperceurét que ßfaifijfint ville amp;nbsp;le chafteau n’auoient receu trop grad । dommage ,amp; commencèrent au mieux qu’ils , peurent à efteindre le fcu,amp; aduertirent incontinent le Bafcha, comme ce feu n’âuoit porte grand degaft à ce qu’on auoit fortiffié de nou- ' ueautqu’cncores que le chafteau fuft tout rora- j pu amp;nbsp;fendu de toutes parts, les bouleuards amp;nbsp;les courtines eftoiét neantmoins debout,amp; cn-liercsôc en dcffcnce: qu’il y auoit bic deux vieilles tours qui cftoient tombées: mais qu’il n’y a-' iioit rien endommagé de ce qui auoit cfté fortifié amp;nbsp;remparé par le dedans, ôc que mefme le Chafteau le pouuoit facilcmét remettre en fon premier cftat,amp; fort bien fe deffendre. Le Baf-cha par ceft aduertirtcment fut auftî ayfe comme fil euft conquis la moitié de la Trîfiluanie, amp;nbsp;depefeha promptement Cafibmbaflà auec cinq mille cheuaux pour faller mettre dedans. Auftî toft que ce Capitaine y fut il donna char-S»lnnti gç quelques Turcs d’aller recognoiftre Soli-atm nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;péfanr pour certain qu’il deuroit plus tra-

uailler à le prendre qu’il ne fitj amp;nbsp;que ce luy de-uoit eftrcvneplace fi raauuaifc qu’à peine pour-

-ocr page 469-

Liure cinquießne.

tok-il retenir Lippe en paix , pat ce que combien que ce Chafteau fuft bié petit,il eftoit tou-tesfois inexpugnable, ne pouuât eftrc battu pat le canon, ny ailailly, amp;nbsp;y auoit dedans vn Cap d’efquadrc d’Atdene auec vingtciuq Efpagnols Scenuiron cent Hongrcs,qul cftoict affez pout le deffendre contre tout le monde,ay ans des vi-ures pour deux ans,amp; de l'artillerie amp;nbsp;munitios autant qu’il leur en failloit. Mais la peur eftoit dtfia entree dedans le cœur de tous, tellement qu'eftant la nouuelle venue la dedans que Caf-foinbaffà eftoit à Lippe,ce Cap d’efquadre ctai-gnantquel’ennemy ne vint droit àcc cbâftcau . penfa de l’abandonner au hazard de fortune, e- j, (limant qu’auec les fautes d’autruy il autoit ex-eufe de mal faire, amp;nbsp;perfuada à tous ces foldats qui eftoient auec luy de fortir dehors Jcfqucls e-ftans des-coutagez pour les accidens paftez, 8c pour le peu de cœur qu’ils voyoient en ccluy qui leur commandoit,furent bien toft d’accord de le croire, 8c commencèrent à fortir lors que CairorabafTa auoit enuoyé deux cens chenaux pour les Commer à fe rendre, Icfqncls eftans ar-riuez deuant ce Chafteau.Sc le trouuâs ouuctt, encores qu’ils fc doutaffent de quelque rufe,entrèrent hatdimét dedans, amp;nbsp;f en firent maifttes, l 8c côfiderans que la gatnifon ne pouuoit eftrc 1 gueres loing,ay ans entendu que la nui£t prece-I dente clic eftoit encores dedans, fc mitent fou-l dainement aies pouifuyurc,8c ne coururct guc-1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;rcs qu’ils les atttappercntgt; Scieur donnèrent vn

1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;alTault tel que les loups donncntàdcs panures

-ocr page 470-

l^ißotre de Hongrie

fcrcbis mifes en fuitre , amp;nbsp;les taillèrent tous efi pieces, excepte ce Cap d’efquadrc qu’ils menèrent prifonnier à Caflbmbafla, amp;nbsp;ainfi payeréc la peine de leur fi grande lifcheté,amp;meinicmél lors que cherchans leur (a!ut, ils trouucrcnt la Wort, laquelle ne leur eut faiék finir leurs iours filsfufiènt demeurez dedans ce Chafteau, amp;nbsp;qu’ils euflent employé à la dcffcnce d’iccluy ce qu’on pouuoit attendre de bons amp;nbsp;vaillans fol-dats, par ce qu’en gardant Solimos on deffen-doit fcmblablement Lippe. Caftalde en ce téps eftoir toufiours loge près de SaflcbelTc, auec ce peu de gens que nous auons dit,attendant toufiours que le Marquis S force arriuaft, amp;nbsp;croyat affeurémét que le Bafcha ne laifieroit d’clfaycr l’entree du Royaumc,amp; ce d’autant plus hardiment qu’il le voyoit Seigneur fans aucun em-pefehement de la place, eftimee la plus importante d’iccluy,efioit attentif à voir ce qu’il dcli-bctoitde faire , pat-cequcrufqucs alors il n’a-uoit peu iamais entédre la fin de Ibn intention, mais feulement lors qu’il cftoit à Themefuara-uoit entédu qu’il n’ofoit entrer en la Tranfilua-nicjparcc qu’on luy auoit rapporté que Caftal-dc cftoit en icelle auec bon nombre d’homme» amp;qn’il en attendort de iour en iour dauantage, amp;nbsp;que fil y entroit il n’en pourroit pas fortii ayfcmcnt commcil voudroit bien. Cefte opinion qu’auoit te Bafcha cftoit fondée fur les ru-/cs amp;nbsp;ftratagemesdcfqucls CaftaIde,AndrcBat-toramp; Thomas Nadafdy auoient iufqucs alors vfé, trompanspariccuxlcs clpies, failâns faire

tOBS

-ocr page 471-

Liure cinquiefme. iij

tous les iours nouuclles monftrcs, amp;nbsp;cftendans les efquadrós fort en long, afin qu’ils parüffi nt plusgrandsaudouble.’auecdegrandilTimesfa- i'’• lues d’artillcrie Sc d’acquebuzadcs, ayans faidl loger leut cap au large,afin qu’il femblaft beaucoup plus grand qu’il n eftoit, faifans courir le bruit qu’ils attcndoient d’heure à autre du fe-cours, amp;nbsp;que le Duc Maurice deuoit bien roll artiuer auec vingt mille hommes, amp;nbsp;Ferdinand en perfonne aûec vne grolTe Amee.Par telles amp;nbsp;autres inuentions Caftalde f’aydoit grandemét en la neceflité en laquelle adonc il fe ttouuoit, fiipplcant en icelle par fon induftric ce qui luy manquoit pour la petitefie de fon armée, amp;nbsp;ne pouuant auec icelle refifter au Bafcha, tafehoit de foppofer à luy pat la fubtilité de ces faulccs apparences, amp;nbsp;Mahomet les cftimant vray es e-ftoit en doute de ce qu’il deuoit faite.Mais ay ât en fin,Caftalde,entéduqu’vn ioutil deuoit entrer à l’improuifte dedans la Tranfiluanic , amp;nbsp;d’enuoyet dcuantlcBelcrbey delà Grcce auec vingt-cinqmillechenaux , pour pouruoiracc laiflànt le VayüodcBattor auec tous les ges de guerre du Royaume en leur mefme logis , afin qu’il retint la reputation de camp , amp;nbsp;afin qu’il parufttoufiours vray ce que les efpies auoient rapporté à Mahomet , lefquels iuCqües alors pour ce bruit que nous auons déclaré, l’auoient retenu en crainte Sc doute , partit auec fon infanterie , amp;nbsp;gendarmerie, fur ce ferme propos

1 de fc mettre au deuant du Bclcrbcy , amp;nbsp;le com-1 batte, amp;nbsp;encores que cela fuft vne exptefle te-

-ocr page 472-

Hifloire de}Aongrie merité , toutcsfoislaiilàntl’ifluéenlamainde D icujil n’cut aucune fraycur.ny pcur,amp; ne perdit aucunement courage, fe délibérant rcfolu-mentjOU de rompre le ßclcrbcy, amp;nbsp;par ce moie donner occafion à Mahomet de n’ofer entrer dedans ce R oy aume plus auant,ou bié de mourir glorienfcmcnt, par-cc que fil aduenoit qu’il perdit cefte bataille, il ne f’eftimoit pour cela tout rompu,niais aulli frais que deuan-t, poura-uqirlaifTe dcrriOc foy vne autre armee quali pareille à celle qu’il tenoit douane les Turcs. Comme les chafes alloiét ainßen combuftion il all-i rccognoiftrç vn logis entre Deueamp;Sal-febelTe,lequel il trouua fort à propos,amp; propre pour f’y fortifier aueevn grand aduâtage pour l’amour de fon infanterie , laquelle fe pouuoit fort bié accommoder fur certaines petites collines plaifantes, amp;nbsp;laquelle par ce moyen feroit comme vn cauallier contre la cauallcrie du Be-Icrbey, ordonnât puis apres vne garnifon pout Deue, en laquelle il mit le Conte Helfeftin, amp;nbsp;deux compagnees d’Efpagnols, aucc la eaualk-riedu Vayuode Battor , afin qu’en vn mefæe temps ils donnaflent fur l’arricre-garde , amp;nbsp;fut les flancs, f eftant aucc fes genfd’armes tellcmét accommodé , qu’il pouuoit ayfémentofFcnkt l’enneray , amp;nbsp;n’eftrc par iceluy offence. Mais toutes ces fâtafics amp;nbsp;chimères qui fc baftiflbiét en l’entendemét de Caftalde, plus par neccllite que de franche volonté n’euret licujpar-eeque le Bafcha changeant de confeil fit mieux de pre-dre vn autre parry, amp;nbsp;fen alla par versIaHon-

-ocr page 473-

Liure cinquießne, 126 gtie,luy cftant aduis que f il prenoit ce qu’il y a“ uoit de places fortes en icelle , la Tranfiluanie fctoitfacilemét ficnne aucc moins de peine amp;nbsp;danger,amp; fans mettre fon amree en hazard, come il y eut mife pour lots fil fut entré crt cefte Prouince. Et véritablement ce fut vn faiôt de Dieu, de ce que le Bafcha demeura fi aueuglé, amp;qu’ilnc peut cognoiftre vn ehe min fi ayfé pour conquérir ce paySjpar-ce-que n’eftant Ca-ftalde aflez puidant pour l’attendre en campagne, il luy eftoit necclTaitc de fc retirer par force dedans les places fortes, attendu que tout le lallias qu'on pouuoit auoir faiôt de routes les contrées duRoyaurae.n’eftoit tel qu’on le peut mettre au deuant de ce Barbarc,amp;ores qu’il eut cfté fuffifant pour le tenir en bride, fi n’euft-on feeu pour cela tant à l’entrec qu’à la retraite du campennemy euitetcnce pays la tres-grande dcfolation , qui tant pour l’vn que pour l’autre fut aduenuc, amp;nbsp;principallemeni fi vne telle armee eut campé longuement en iccluy cftanc compofee de plus de quatre-vingts dix mille hommes,fans les aduenturiers amp;nbsp;autres canailles , qui pour voiler ont accouftumé fuyurc vn camp. Cepédant que Mahomet eftoit délibéré d’entrer en la Hongrie,8c q le ebafteau de Dri-gal eftoit aftiegé de pres, 8c furieufement battu ÇalMici», par le Marquis Sforcc.Sc par Erafme Teifcl cotre la volonté de Caftaldc, comme nous anons dit par cy deuat,8c n’ayant peu eftre prins, Ach meth Bafcha de Bude ayant entendu cefte batterie, ôc que ce fiege f entretenoit conrre le cô-

ƒ f ii

-ocr page 474-

Vïifloire de Viongric

feil amp;nbsp;vouloir de Caftalde, fe refolut de fccou-rit les ailîegez, amp;nbsp;ayant commâdé quçtoutela caualleric qui cftoit fur les frontières , faflim-blaft en vn lieu par luy ordonné, fe trouuereni là quinze mille cheuaux , aucclefquelsil marcha droit contre nos gens,amp;à l’aube du iour at-riua pres le camp du Marquis, enuoyant cinq cens cheuaux deuant, auec charge de donner incontinent l’alarme, amp;nbsp;luy auec le refte de fa troupe paflà vers l’autre codé du Chafteau fans que iamais il fuftapperceu d’auctin, poiirdon-ner fur le derriere des noftres fils fottoient de leurs tranchées,pour combatte ceux qui les de-uoient mettre en alarme. A la veuë de ces cinq cens cheuaux nos gens commencèrent à faite quelques faillies fur eux, amp;nbsp;de peu à peu l’alarme f’efehauffa fi bié que la plufpart de nos gés, ou par ncccflàtc, ou par enuie de combattefor-tirent hors leurs tranchées, amp;nbsp;fe rengeans en bataille donnèrent fur les Turcs fi furieufctnel qu’ils en mirent la plufpart par terre , amp;nbsp;firent fuyr le refte à toutes brides, fe jettans plufieuts aptes à la chafle.Et comme fouuent il adulent, nos foldats penfans pour la deffaidc de ce peu d’hommes, auoir en leur main la viétoirc défia afleuree , ne preuoyans ce qui pouuoit arriuer, commencèrent à quitter leurs rangs amp;nbsp;count ZePalnui- apres les Turcs, l’vn pour gagner vn cheitaljdi f/ff Jfffait l’autre pour débrouiller les morts, lors que le par le Baß Bafcha,apres auoir veu l’occafion telle qu ilde-äuec vne fi grande roideur amp;nbsp;furie, meth^ qucnosgensnepcurentrcfifteràvne chargefi

-ocr page 475-

Li ure cinquießne. 127 , impctueufc , tant pour cftrc en defordre , que pour fc voit hors amp;nbsp;efloignez de leur fort, qui les eut peu garentir de cell effort. Les Allemans d’EtafmeTeitel, qui faifoient la bataille amp;nbsp;le nombre de trois raille, furent fi à coup rompus qu’il fcmbloit que ce fuffent des lyons qui ruf-fent entrez dedans vn parc de moutôs.Lc Marquis Sforce qui cftoit armé deuantle bataillon des Italiens,voyant que noftre caualleric amp;nbsp;gé-darmetie f’enfuyoit toute , 8c que fcmblable-ment tous les Allemans eftoientdcffaits,Sf que

dececoftélàtouteftoitperdu, commefage amp;nbsp;prudent Capitaine ne voulut, pout le mieux, mettre fes gens en hazard, mais les conduire en feuteté Scieur faire prendre vn bois qui eftoit là auprès , ôc penfant par ce moyen les fauuer, fut fonentreprife rompue par le Bafcha, lequel luy couppa chemin,Ôc le contraignit à viue force de combatte. Par ainfi difpofant fes gens en bataille,Sc encourageant fes Capitaines , Sc les Capitaines leurs foldats, fc mit comme vaillant Capitaine au plus dangereux lieu, Sc commença le combat,lequel à peine fut commencé que fes gens pour la multitude de la caualleric de l’cnnemyfc mirent tellemét en defordte qu’ils ne peutent plus fe referrer,ny fe ranger au com-l bat, mais prindtcntla fuitte (i dcfcfpetément, l comme fi le comble de leur falut eut côfiftc en 1 icelle, Scies menaces Sc prières du Marquis n’y ' 1 proffitoient tien, Sc plufieuvs Capitaines met-’ 1 tans toute honte en oubly ,laiffans leurs compa-'. 1 gnees combatte à pied foubs leurs enfeigncs, M nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;F f iij

-ocr page 476-

Hißoire de Hongrie montèrent fur les premiers cheuaux que daué* tureils trouucrent deuant eux, defquels y enî-uoit beaucoup par la câpagne dcfpourueus de leurs maiftres,amp; auec iceux abandonnanslcuts foldats en proyc.fe mirent en fuitte de telle forte qu’il y en eut quelques-vns qui fans regarder derriere eux ne f’arrefterent qu’ils ne fulfentà Vienne. Le Marquis Sforcc fc voyant ainfifcul amp;nbsp;abandonne des fiens,amp; perdu, encores qu’il eut peu le fauuer corne les autres, ayant le cœur généreux amp;nbsp;le courage indôptable , cfleutpiu' lloft mourir là auec vn hóneur amp;nbsp;gloire, qu’en fuyât fe fauuer auec vnc honte amp;nbsp;infamie. Pat- j tant voyant qu’il ne pouuoit efehapper feffor- ' ça de Vendre fa vie bien chcre aux Tutes, amp;nbsp;w-batant cruellement ne voulut iamais fc rendre» encores qu’il fut fort nauré , tuant amp;nbsp;blelTant grand nobrcdcceuxqui l’enuironnoicnt,nwis comme il vouloir aualler le col à vn, vn autre le blclTa en la main dextre, tcllemét qu’il fut con* traint lailTer tomber fon cfpec,amp;par confequet ZePaUni- perdre courage, de façô que ce luy fut force de enfrins. fe rendre pluftoft de corps que d’efprit. Eftanc fait prifonnict fut mené incontinent au Bafcha non fans grande admiration de tous ceux q«* l’auoicnt veu combatte fi hardiment, lefquels eftoient eftonnez de fa valeur, amp;nbsp;des proueffes qu’ils luy auoient veu fairc,n’ayant efté iufque’ alors iamais par eux cogneu pour general, mai® bien pour homme de grand pouuoir 5c autoti-té,amp; commetcl futgrandementrcfpeâéparle Bafcha, Auffi toft qu’Erafmc fut prins iceluy

-ocr page 477-

Liure cinquiepne. 118 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1

pout cftrc recogneu pcrfonnagc de qualité nó nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I

petite fut cnuoy é à Cóftantinoplc, auquel lieu à fon artiuec il eut la tcfte tranchée. Il mourut cncefte deffaide pluficurs petfonnes de marque , amp;nbsp;entre autres l’Euefque de Vaccia qui c-ftoit Comraiffaite general 5c plufieurs autres Capitaines Allemans. Les prilonniers furent Hyppohtc Palauicin , le Capitaine Albert de Caftcllo Boulonndis,le Capitaine Bambino de Carpi,le Capitaine Maria de Tiuoli,lc Capitaine Vincent Antiuory Florentin , ôc des autres qui f’enfuyrent ie n’en fetay aucune mémoire pour n cftre chofe louable. Apres cefte route le Bafcha rafraifehit ceux de Drigal à fon ay fe cô-me il voulut,5c ayant mis fin à cefte malhcurcu-fe iournce,qui aduini le huitiefme iour d’Aouft •J mille cinq cés cinquante 8c deux,enuoy a à Bu-de toute la proyc amp;nbsp;buttin qu il auoit gagnée, 6c f’en alla par vn autre chemin rejoindre auec ’5 ' Mahomet, lequell’auoit mandé pour difeourit auecluy fut-ce qu’il auoit enuie de faire en Hô-gtic,comme ayant Achmeth plus de cognoif-

l lance de ce pays. Caftalde ce-pendant receuoit 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;à toute heure nouuelle de quelque aducnturc

1 malheureufe pour n’auoir efte creu au lieu du l nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fecours qu’il attendoit en cefte grande nccefti-

l nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;té ou il eftoit, 8c durant quelques iours tenoit

l pour certain que le Marquis Sforce auoit efté

' l nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tué en la bataille, mais depuis fccut qu’il eftoit LtPaBi«-

’ l nbsp;nbsp;nbsp;'en vie,5c foubs la puiflance du Bafcha de Bude,

' I duquel quelques moys apres il fut rachapté'^*’*^“^^'’quot;^

1 pour quinze mille ducats. Or cftant Achmeth ' fl nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;F f iiij

-ocr page 478-

Hifioire de Hongrie

arriué vers Mahomet, qui eftoit en deliberatiô de marcher en Hongrie,mais froidement, efii-mant qu’il auoit aflez faid cefte annee en con-querât Lippe amp;nbsp;T hemefuar,l’exhorta de pout-fuy utc chaudemét fon premier confeil,luy pro-mettât de luy mettre entre les mains en peu de iours le Chafteau de Zaluoch , amp;nbsp;la ville d’A-grie,luy remonfttant que la plus grand part des ( villes de celte Prouince ne faudroientà fc rendre , pour la peur qui leur auroitefté apportée par laprinfc de CCS places, amp;nbsp;parladcfFaiûedu Palauicin, amp;nbsp;que par ce moié il acquerroit vne gloire infinie,ßc non iamais cfpcrce, amp;nbsp;qu’à ce faire il deuoitpluftoft eftre incité maintenant qu’il voyoit Ferdinâd trauaillc es affaires d’Allemagne,amp; oppreffe par plufieuts autres reuo-lutiüs, amp;nbsp;par la perte d’hommes amp;nbsp;de chenaux qu’il auoit faite, ßclefquels il ne pouuoit remettre fus fi toft, amp;nbsp;eftre en extreme neceffité d’argent,tellement que pour icelles incommoditez lelquclles il fçauoit cftrcvcritablc,ilauroittout moyen de fe faire Seigneur de plufieurs villes fans aucun empefehement, amp;nbsp;d’emmenerinfi-nis prifonnicrs,amp; gagner du butin incftimable. Mahomet alefcht de telles cfpcrances,print in-continét le chemin de Zaluoch auec toute fon armee marchant à grandes iournees. Ce Chafteau eft aftez fort, amp;nbsp;bafty depuis trois ans pat Ferdinand des les fondemens pour l’amour de Z^tluDch nbsp;nbsp;nbsp;commodité du lieu,qui à caufe du naturel du

igt;lt;tr fieu gt;nbsp;amp;dcs tiues du Tybifeque fembleroità Mahomet, voir cfttc fait à la main.Fcrdinand fut à ce inci-

-ocr page 479-

Liwe cinquießne. 1x9

té fçachantquc Solytnan vouloir fc faifir de cc 1 nbsp;nbsp;nbsp;2

lieu pour mclme efFcd,amp; pour labôté du pays, amp;nbsp;ainfi preuenant le confeil de fon cnnemy print premier cefte afliette auant que nul autre, amp;nbsp;iugeant cefte place cftrc digne d’vite forte-rclTe, fit en grande diligéce édifier ce Lhafteau, qui certainement eftoit eftimé imprenable, amp;: vne des belles œuures qui fufTent en ce Royaume , ayant à l’entour cinq grands cauallicrs fort haultsatroufezduTybifcquc parvn cofte , SC par vn autre enuirônez d’vn autre fleuuc nommé Zagiua, amp;nbsp;aux deux autres endroits y auoit vnfofle fort profond qui f’emplifi'olt de l’eau de fes deux fleuues, amp;nbsp;auoit au dedans vne place grande pour y ranger quatre mille hommes en bataille, en fomme ce lieu eftoit réputé vne des plus fortes places qui fuflent en toute la Hongrie, amp;nbsp;comme telle Ferdinand la tenoit toufiours fort bien pourueuë d’hommes, d’artillerie , viures amp;nbsp;toutes autres fortes de muni-tios pour dix ans, mais fi lors elle eut efté pout-ueuë d’auffi bons hommes comme munie d’autres chofes elle n’euft receu telle fin corne elle receutparlalafchetédeceuxqui y eftoient eit garntfon.Outrc ces chofes fufditcs Ferdinand y faifoit tenir cinquante longues barques Sc e-fttoites, defquclles on fe fett fur ces riuietcs pour auec icelles pefeher amp;nbsp;combatte quand il enferoitbefoing, amp;nbsp;dedans y auoit pour lors fait mettre pour la gatnifon ordinaire trois cés Allemans fans leur Capitaine quilors eftoit ab-fent,5c cent Bohemiens,amp; deux cens Aiduchs,

-ocr page 480-

oire de Hongrie

amp; cinquatc Efpagnols, amp;nbsp;y auoit encores deux cens chenaux Hongres , qui faifoient en rout huit cens cinquante hommes. Caftalde ayant entendu que Mahomet marchoit vers la Hongrie faffeura pour le certain, comme depuis on vid , que fl lors il fe retiroit de Themefuar il n’auroit plus femblableoccafion amp;nbsp;commodité d’entrer en la Tranfiluanie , amp;nbsp;encores qu’il fut ayfe de le voit hors cefte Prouince , fi clioit lien grand peine, craignant qu’il ne marchaft droit vers Agrie , par-ce que c’eftoit vnc ville peu forte amp;nbsp;de grande importance. 11 auoit ne-antmoins vnc cfpcrancc fut ce qu’il failloit que Mahomet farreftaft premier que de venir à elle deuant Zaluoch,pour ne le lailTct derriere,amp; e-ftimoit que ce Chafteau le garétitoit de fa peut pour eftrc bien muny amp;nbsp;imprenable,tellement qu’il fafleuroit que Mahomet confommeroit la plus grande partie de fes forces,durant le fie-ge qu’il y metttoit deuant, amp;nbsp;que fi ceux de dedans faifoient leur deuoir il flt; toit contraint fc retirer pluftoft aucc fa honte amp;nbsp;perte , qu’auec aucun profit amp;nbsp;honneur. Auant que Mahomet approchaft de Zaluoch il enuoya deux mille cheuaux deuant pour courir amp;nbsp;dcfcouurir la campagne, amp;nbsp;faire amas de viurcs pour fon armee qui en auoit bon befoing pour auoirpafle par des pays ruinez , amp;nbsp;d’où pour la crainte de la venue tout le peuple f’eftoit retiré en diuers lieux. Q_uclqucs-vns de ces coureurs fe prefen-terent deuant Zaluoch,amp; cftans recogneus, les noftrcsfortircntpourcfcarmouchcr aucc eux.

-ocr page 481-

Liure cinquießne. 130 amp;nbsp;en prindrenc aucuns qui cftoient à l’cfcart, dcfquels ils entendirent comme Mahomet ve-noit les aflieger auCc toute fon armee. 11 aduint au mefme iour que l’auantgarde du Turc arriua qu’vn Allcmant affinant en fon logis vn peu de pouldre le feu fe print dedans, amp;nbsp;btufla la mai-fon amp;nbsp;quafi tout le Chafteau, par- ce que la flame pouflee par le vêt, qui pour lors eftoit grâd, volloit de toutes parts, amp;nbsp;fenflamboit foudai-nement, eftant la plus grand part du lieu baftie de bois, amp;nbsp;remplie d’autres nratietes qui atti-roient le feu de bien loing,5c fi on n’eut en grade diligence remédié à ce feu, certainemét tout fut allé en cendre,amp; comme l’auantgarde en laquelle eftoit AchmcchBafcha, acheuoit d’arrr-ucr,cc feu demeura tout cftaint,8lt; lors to’ ceux de dedans fe mirent en bataille , amp;nbsp;autour des murailles en bon ordre,amp; aucc force canonnades , amp;nbsp;arcquebuzades commencèrent à faluer l’cnncmy d’vne telle violence qu’ils rompirent cetcfquadron , de façon qu’il fut contraint fc retirer amp;nbsp;n’approcher fi pres, faifans quand amp;nbsp;quand vne faillie', ou ils firét.vn grand meurtre des Turcs. Le lendemain Mahomet arriua aucc tout le refte du camp fe logeant aflez loing , amp;nbsp;en lieu ou l’artillerie ne le pouuoit offencer, amp;nbsp;incontinent apres auec grande compagnee de cauallerie alla recognoiftre ce chafteau vers les deux coftez qui n’eftoient enuironnez d’eau, mais feulement de folfez fees, amp;nbsp;le iour enfny-uant fit approcher toute fon armee deuît cefte place, la faifant camper vers ces deux coftez, 8c

-ocr page 482-

V\ifloire de Hongrie cftoît en fi grand noiftbre que toute la terre en cftoitcouuertc , amp;nbsp;puis enuoya par quelques vns des fiens dire à ccluy qui commandoit dedans qu’il deuoit bien fçauoir que le lieu ou c-lloitbafty ce Chafteau appartenoit au Grand Seigneur, amp;nbsp;que Ferdinand l’auoit deffic en vn endroit, qui n’eftoit pas fien, amp;nbsp;que pour cefte raifon il vouloir qu’on luv redit, luy faifant offre en ce cas de quelques honneftes prefens, amp;nbsp;delelaiflcrauectousfes foldats aller en toute feureté leurs armes amp;nbsp;bagues faunes, amp;nbsp;qu’il ne vouluft attendre que le canon fuft braqué, par ce que fil attendoit cela, il auoit iuré amp;nbsp;protc-fté qu’il ne feroit plus aucun accord aucc luy, ains pluftoft mettant tout à feu amp;nbsp;à fang le feroit cruellement mourir, amp;nbsp;tous ceux qui totn-beroiét en fes mains. Le Callellan luy fit refpó-ce qu’cllantnay valTal de Ferdinand, amp;nbsp;par luy mis en ce Chafteau , luy ayantiuréfidelité, amp;nbsp;donné aflcurance de le garder amp;nbsp;deffendre, corne il cftimoit faire , il ne pouuoit luy bailler, mais qu’il failloit qu’il fen fit maiftre aucc les armes au poing , amp;nbsp;qu’il ne luy enuoyaft plus aucun meftage pour c'eftefFe(ft,par-ce qu’il n’a-uoit peur de fes parollcs,amp; ne f eftonnoit aucunement de fes faiéls , mais qu’il fit tout ce qu’il pourroir,amp; que femblablement il feroit de fon cofté ce qu’il feroit en fa puiflancc, pour fe def-fcndieSc mainrenir, aymant pluftoft mourir feruiteur de Ferdinand, que viure amy de Soly-man.Lc Bafcha ayant eu cefte refponcc fit le lé-demain faire les tranchées iufqucs auprès des

-ocr page 483-

Liure cinquießne. 131 folTez pat les deux coftez que nous auôs dit, Sc ce non fans grand peine 8c trauail, par- ce que les pionniers eftoict,contraintapporter de fort loing la terre , à raifon que le lieu eftoit fee , 8c pierreux,Si du tout incommode pour vn tel ef-feôk. Et apres qu’elles furent acheuees à vn matin deuant l’aube du iour il fit par dedans icelles conduire fon artillerie,8c l’accómoder contre le Chafteau , commençant à le faire battre fort rudement, mais le canon ne portoit pas grand dommage , pour eftre le Chafteau quafi tout enfermé amp;: entiitonné de terre 8c de fafci-

fureur de la balle.Au bout de trois iours que les . , Turcscontinuoiétceftcbatteticjks Allemans 4, f’affemblerent, amp;nbsp;parlèrent au Capitaine des yiücoMMf.

® quelques autres foldats,leurs di-fans que la plufpatt des Hongres cftoient défia à chcual, amp;nbsp;que lors qu’on n’y penferoit moins ilsfortiroientcnvne nuid Se les abandonne-roient, Se qu’en ce cas vn chacun pouuoit voir appcttemcnc qu’ils ne feroient aflez forts pour fe maintenir Si garder contre vne fi grande armee comme eftoit celle du Turc , Si que pour ceftccaufeilseftoientd’aduisque tous enfem-ble eulfent à dc{logcr,8i tafeher à fe fauuer,pcc-fuadans à ce Capitaine d’en parler à celuy qui commandoit à la place, qui eftoit le Caftellan, lequel comme eftantfonamy ne refuferoit de l’cfcouter,8c peut eftre de fe laiftcr aller à fon o-pinion. Les Efpagnols firent refponce qu’ils ne voy oient encores occafion qui les deuft mou-

-ocr page 484-

ïAi/îoire de Vïongrie

uoir à Pen aller ainfi vilainement, amp;nbsp;leurs diret qu’ils n’eufTent plus à leur tenir propos de cho-fe fi infame amp;nbsp;deshonnefte.ayans le courage de mourir pluftoft que commettre vn ade fi iaf-che, amp;nbsp;que de leur part ils fifient ce q bon leur fembleroit,ne voulans aucu nement prefter l’oreille à tels difeours. Voyans donc les Allemans que les Efpagnols n’auoient tenu compte de leur rcmonftrance, allèrent aux Bohemiens cx-pofet leur deliberation, amp;nbsp;la leur firent trouuer li bonne qu’ils les attirèrent à leur opinion, amp;nbsp;fïuis tous cnfemblément allèrent vers le Caftel* an luy dire en peu de parolles qu’ils veuloient Pen aller, par-ce qu’ils voyoient que les Hongres auoient troufle tout leur bagage en leurs chariots, amp;nbsp;tenoient leurs chenaux tousprefts amp;nbsp;Peliez, dequoy ils ne fçauoient la caufe, fi cc n’eftoit pour fe retirer Sclaifler tous les autres enlaproyedes Turcs, par ce qu’iceux defio-geans, qui eftoiét le plus grand nombre amp;nbsp;force,il n’eftoit en leur puiflànce de fc garentir des afiaults de Mahomet, amp;nbsp;de fc deffendre contre vne fi grade multitude d'hommes, à l’occafion dequoy ils eftimoient meilleur de Pen aller, amp;nbsp;fc retirer à fauuctc que demeurer au danger d’v-nepertefieuidente , laquelle on pouuoitvoit prefte à tomber fur eux auecvnc mort cruelle. Le Caftcllan les voulant appaifer leur donnai entendre que les Hongres n’auoient ferre leur bagage,amp; ne tenoient leurs chenaux Peliez que pour la crainte du feu , amp;nbsp;pour pouuoir en ce casplusayfcmcntlc tran (porter d’vnc place à

-ocr page 485-

Liure cinquießne. 132, autre, amp;nbsp;que fils penfoicnt autrement qu’ils fc iromperoient, amp;nbsp;que fils auoict cefte opinion luy-mcfmcpout le premier feroit brufler tout fou bagage, amp;nbsp;rendroit tous fes cheuaux eftro-piats, amp;nbsp;feroit que les Hongres cxecuteroiét le fcmblable chacun en fon endroit,leur promet- 7quot; tant delcsrccompcnferenfin de toute chofe, afin que plus volontiers ils y mifient le feu, les deZaluoch aficurant qu’auant que partir de ce Chafteau il « cftoitrefolud’y mourir pluftoft dedans.Les Al-Icmans voyans que par ce moyen ils ne pou-uoient rien faire,ils adjoufterent qu’ils ne vou-loient demeurer fi on ne leur payoir la fouldc, qui leurs eftoic deuë. LcCaftcllanla leur promit libéralement, amp;nbsp;cherchant par les bourfes de fes amis eut autant d’argent qu’il en failloic pour les contenter de tout ce qu’il leur cftoit dcu. Ce pendant le Bafcha ne ceflbit de battre continuellement, mais c’eftoit en vain , nefai-fant le canon aucun effeôt, pour laquelle chofe lesnoftresaulieu de prendre courage le per-doient tous les iours,amp; ayant cefte batterie dure huid iours entiers , fe délibérèrent de fortir vne nuid dehors, amp;nbsp;par le moyen des barques fefauucr de l’autre collé du fleuue.Dequoy fe-ftans apperceus les Efpagnols,en aduertirét in-continét le Caftellan, lequel leur dit qu’il auoit fait enfondrer les barques , afin qu’ils ne peuf-fent par le moyé d’icelles fuyr, ne.pouuans for-tir par les autres endroits, pour cftre enticreraét enuirônez de rcnnerny,lcq.uel leur empefehoit totallemcnt le paflagejCe qui ne fe trouua v ray.

-ocr page 486-

lAifloire de Hongrie

Zatimch abandon' né lafcbe-ment aux Turcs.

hi les Efpagnols allans la nuiôt pour faire la rode à l’encour du Chafteau, amp;nbsp;rcuifirct les fenti-nelles, virer les Allemans en arme aucc leur bagage plié pour l’en aller,amp; venans à la porte re-contrerent les Hongres qui eftoient défia tous à cheual, amp;nbsp;le Caftellâ qui les prioit de ne vouloir fortir dehors, amp;nbsp;ne lai (Ter cefte fortcrelTe a-uec vnc fi grande vergongne amp;nbsp;infamie de leur nation,amp; auec vnc fi grandeperte du Roy Ferdinand: par Icfqucilcs parolles ils virét fembla-blcmét qu’il ne profitoit pas beaucoup en leur endroit, par-ce qu’ouurans iccuxla porte pat force fejettetent tous hors d’icelle. Les Turcs qui eftoiét en garde dedans les tranchées oyans premièrement le bruit qu’on faifoit dedans le Chafl:eau,amp; vn peu apres n’en oyansplus,amp;nc appcrccuans figne d’aucune garde , comme ils auoient accouitumé de fentir toutes les nuids, allerent.incontinent-romprcla porte, qui eftoic à l’oppofite de celle part, par laquelle les Hongres amp;nbsp;Allemans eftoient fortis, amp;nbsp;entrans de-dans,amp; ne ttouuans perfonne f’efmerueillerent grandement, amp;nbsp;regardant par tout rrouucrent près la porte le Caftcllan fcul , qui achcuoitde fermer la porte apres fes gens,n’ayant voulu aucunement partir aucc eux,mais pluftoft demeurer pour mourir la dedans,ou eftre rédu cfclauc auât que commettre vnc faute, amp;nbsp;vne trahifon fi execrable à fon Prince.Les Turcs le firent incontinent prilbnnier, amp;nbsp;l’ayant lié le menèrent vers Achmeth Bafcha de Bude, lequel apres a-uoir entendu comme le tout feftoit palfé , luy porta

-ocr page 487-

Liure cinquießne. 13} porta grand honneur, amp;nbsp;le traita graticufemét, n’cftimant pas cftre chofc moins vertueufc vfei de clcmence enuers fes ennemis que de graticu-fetc enuers fes amis',encor que l’on aye puiflan-ccdelesdcftruirc, ou efleuer, amp;nbsp;mcfmemenc quand ceft à l’endroit de ceux qui n’ont point commis chofc indigne d’eux, mais au contraire ont fait ce qui eftoit conuenable à leur hóneur. Aulfi toll que les Allemans furent dehors tournèrent vers les barques, lefqucllcs pour eftrc moitié en la vafe,moitic en Veau,ils rrouuerent affez engagées, amp;nbsp;auant les auoir du tout tirées hors de la bourbe,ôtmifes en l’eau,ils les emplirent tellement de leurs hardes , 8c de leurs per-fonnes,qu’ils ne pouuoient les efbranler,amp;per. dans ainhle temps, ce-pendant que d’vn autre cofte les Hongres fc fauuoient , ayans paffe fut leurs cheuaux la riuierc à gué, les Turcs arriue-rent fur eux comme ils eftoiét amfi empefehez, ôc les taillèrent en pieces, tellement qu’il n’en efehappa aucun en vie. Durant que les Turcs faifoicefouffrir à ccux-cy telles peines, Icfquel-les ils auoient iuftemét méritées, les Efpagnols fe fauucrcnt quafi tous les vns par l’eau , les autres par terre.Mahomet ayant en cefte forte gagné ce Chafteau auec moins de peine Sc ttauail qu’il n’efpcroit(ne l’ayant conquis auec fa pUif . fancc,maispat lalafchcté 8c coüardi'edes Allemans 8c Hongres qui eftoient dedans, lefquels auoient pluftoft aymé f’enfuyr, abandonnant leur Roy,que demeurer pour en combatant acquérir vnc gloire amp;nbsp;honneur, pouuahs reffftsj

Gs

-ocr page 488-

Hifloire de Hongrie fans leur perte ) fe repofa quelques iours aiiec toute fon armee en ce lieu, amp;nbsp;puis apres laifFant en iceluy bonne garnifon print le chemin d’A-grie, en intention de l’allicgcr, péfant que crut qui feroient dedans fiflent comme auoient fait ceuxdeZaluoch amp;nbsp;de Lippe. Mais Dieu,comme ennemy de ceuxquife fiet plus en leurs forces qu’à fon fccouts, voulut que tout ce que ’nous eftimions imprenable fut perdu, amp;que ce qu’on pcnfbitauec bonne raifon foible öc debile, abandonné de tout fccours, amp;nbsp;nullement fortifiépar l’induftrie humaine,fe maintaintîi gardaft'.ainfi qu’il monftra en celle ville laquelle les Turcs trouucrent fi forte qu’ils eurent oc-cafion de fe plaindre pour y auoir elle auffi mal traitez comme fils eufiènt receu en plaine campagne quelque fanglante deffaicccliantcfmct-ueillable comme celle ville fe peu 11 fauuct, amp;nbsp;comme elle endommagea l’cnnemy. La perte donc de Zaluoch engendra au camp de Ferdinand vne grande admiration, amp;vniuerfellcmet vn grand eftonnement à tous , pour elite celle place,ccrmme nous auons défia dit, eftimeein-uincible amp;nbsp;imprenable qu’en celle façon auec laquelle elle fut perdue : amp;nbsp;Callaldc en portoit au dedans de fon cœur vn dcfplaifir infiny , encores que pat dehors il fefforçall de monfttet vne très-grande vigueur, amp;nbsp;fçachantquepat-my lesaélions humaines il n’aduienriamaisvn malheur feul, qui ne foit accompagné d’vn autre fuyuant de pres, ellant le propre de fortune de Bc comraéccr iamais fes jeuz pour vn petit,

-ocr page 489-

Liure cinquiefine. 154 fcdeffiöitqucceftc difgracc nc fuft fuyuic pat vne autre, d’autant qu il voy oit vn ennemy ft Ïuiffant appateillé à la ruine non feulement de aTranfilüanic 6c de la Hongrie , mais auffi de route là Chteftiété ; amp;nbsp;n’eftimoit auoit fait peu âe choCe fil fc pouuoit cotte-garder en tel eft it Ou pout lots il fe trouuoit,aÿant peu de force amp;nbsp;vne armee fort petite,laquelle inefintc il nepou-uoit pour cede hciire payer, Si voyant touslei iours les fottereffes abandonnées amp;nbsp;laiffees vilainement foubs la puiffance des Turcs,Se d’alitte-part fentant continuellement la guerre ap-ptoeber fut luy , mefmemcnt pat ceux delqucls il cfpcroit faueut Si ayde pour maintcnit le patty de l'crdinand.Si pour alfcurer ces pays foubs fon obeyiTanec , lefquels au contraire ourdil-* foient vn rcuoltemcnt dangereux , amp;nbsp;fecrette-roent tafehoient de priuer te Roy Maximilian déroute cedePtouince pour laredre au fils du Roy lehan, amp;nbsp;pour remettre la Royne fa mere en Ion premier cdat,nc pouu.ins plus iceux fup-Î'ortet les guerres Si malbcutctez que iournel-emetit ils enduroiét, faifanS tout ce qu’ils pou-uoient pour cXccutor leilrs intétions. Pour tels , foupçons Cadaldc cdoit ett trefgrand peine. Si ennuy,craignant qu’il ftcluy aduint ce que pat i cy deüarit ilauoit toufiours doute, princii^alc-ment cognoiffantla nature des Ttanflluanicns ' edtc tort encline à nouueaütczSi ebangemens, amp;nbsp;plus que pas vne autre Prouincc voiline , Si i que défia fouuentcsfois les priricipaux d*cùtrê I eux, foubs couleur d:e diuctS enqaefcbemc’bi fi

-ocr page 490-

Hißoire de Hongrie rctiroienr en tel endroit d’ou ils donnoiér plu’ defoupçon, dcrcuoltemcnt qu’afleurance vraye amitic.auec tout cela toutesfois il ne laif foit de confultcr amp;nbsp;délibérer auec le Vayuod« amp;nbsp;autres de tout ce qui eftoit necelTairc , ôt de pouruoir à ce qu’il pouuoit, ne voulant qu’aucune coulpcluy fut attribuée par ncgligcncCi ou par fon imprudence, ny eftre reptins de n’a-uoir comme fage Capitaine preueu à tout in-conuenient, ainfi qu’il ordonna prudemment, comme nous dirons plus amplement en foil lieu.

LIHRE SIXIESME,

»

E PE ND AN T que Caftalde eftoit occupé à remédier à ces accidens de fortune, lefquels défia fc gliffoient parmy le Royaume , amp;nbsp;que Mahomet marchoit auec 1Ó armee vers

Agrie , la Royne Ifabelle voyant qu’on ne lay tenoit rien de tout ce qui luy auoit efté promis ifaheût ft au nom de Ferdinand , amp;nbsp;qu’elle n’en pouuoit de rien tirer que des parolles , cftant grandement £fr (»4 . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fc plajgtjQjt à Ferdinand.au Roy dePo-

longue fon frere , amp;nbsp;à la Royne Bonne fa mere du tort qu’elle rcccuoit.amp; comme par vnc trop grande fiance elle fe trouuoit maintenant hors de fon eftat,amp; en cefte façô trompee, amp;nbsp;priuec de tout fccours humaia , amp;nbsp;aullî qu’on denioiî

-ocr page 491-

Liure/ixteßne. 135 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lt;

àfonfihl’lnfantc lehannc pour feme amp;nbsp;cfpou-fe,Sc les eftats qu on luy auoit offerts,amp;; le payement amp;nbsp;rembourfement de fon do’ûairc amp;nbsp;de fon dot.Pour ccs caufes elle ne vouloir que l’accord amp;nbsp;ceflîon faite de laTranfiluanie f’exccu-taftplusauât, difantquellen’eftoitobligee de obfcruer aucune ebofe à celuv qui ne luy gardon rien de fes promeffes-.qu’il cftoit raifonna-ble de manquer de parolles à celuy qui luy en tnanquoit. Auec cefte colère amp;nbsp;ennuy elle pra-tiquoit les moyens de pouuoirrctrer encor vn coup dedans cefte Prouince amp;nbsp;attirer des principaux d’icelle pour fauorifer la caufe de ion fils, fe voulant ayder des offres que Mircé Vay-uode des Tranfalpins luy auoit faiâs, luy pro- rrxnpî-mettant fecours d'bommes amp;nbsp;de deniers, amp;nbsp;de fins. faire tout ce quiluyfcroitpoffible pour remet-ttc le Roy Icban en fes premiers eftats.Et allant que defcouurlfaucunc chofe de fa deliberation ipf.ell» auoit faiôt fecrettement prier Solyman pour la reebmbe vouloir en cecy fauotifer, luy faifant remettre en mémoire comblé grande auoit efte l’amitic amp;nbsp;l’affcdion que le Roy lehan fon mary luy a-uoit portee, 8c la fiance que depuis fa mort elle auoit toufiours eue en luy,8c que ion plaifir fut de ne luy vouloir denier fon fecours en fi grande neceffitc,en laquelle pour lors elle cftoit, 8c i mefmement eftant fpoliee de tous biens , pout f’cftre trop fiee à autruy,8c que fil n’en vouloir 1 rie faire pour l’amour d’elle, qu’au moins il eut 1 pitié de leban fon fils , lequel eftant enfant or-1 pheliUjSccbaffé de fa raaifon,clle mettoit entre

G S “j

-ocr page 492-

rßifnnt

Viiyuodf Af Molda-

Utf.

Viehy Cbendy four belle.

Hifloire de Hongrie fes bras, fçachant que de la courtoific de fon cœur elle ne pouuoirefpercrqu’vn remede digne de fa magnanimité amp;nbsp;grandeur , n'eftant chofeplusloiiablc entre les Princes amp;nbsp;grands Monarques, que de prendre en main la dcfFcn-' ce de la iufte caufe des veufues affligées amp;nbsp;paumes orphelins, comme elle amp;nbsp;fon 61s eftoicnr, pour l’amour defquels il enrichiroit fa renommee d’vne gloire perpétuelle, amp;nbsp;adioufteroit à fes tiltres le furnom d’vn pitoyable amp;nbsp;clement protedeur de eeqx qui iniuftemet font oppref-fczparla mèfchanceté amp;nbsp;çonuoitife d’autruy, eflant plus expedient pour fes affaires les auoic pluftolt pour voifins amp;nbsp;confederez, que Ferdinand,duquel il ne pouuoit attédre qu’vpe guerre continuelle,amp; vn trouble perpétuel. Par ces parollcs amp;nbsp;pour autres raifons qu’elle 6t alléguer deuant luy, elle gagna par le moyc d’Ach-meth Bafcha tant le cœur de Solyman, qu’auff tort il cfetiuitau Vayuode de Moldauie nôme Elbenne, àcequ’ileut toutesfois amp;nbsp;quantes qu’il en feroit requis pat la Roy ne de Tranfil-uanie, à l’aller fecourir auee la plus grade armee qu’il pourroit, amp;nbsp;commanda le femblable au Bafcha de Bude. Caftalde durant ces mences a-uoit de6a entendu comme Chendy Fetéce.l vn des principaux de ce pays, alloit fouuent vifitec Pierre Vichy, qui fe tenoit en vn fien ChafteaU fituc és conHnsde Poulongnc,amp;qu’ils feftoict accordez amp;nbsp;joinéls cnfcmble , amp;nbsp;que défia ih amaffoict gens en intétion d’entrer en ce Royaume, amp;nbsp;le réduire fous la puiffance de la Royr

-ocr page 493-

Liure ßxie[me. 136 ne, alleguans pour leurs raifons que Ferdinand n’auoit lien obferué de ce qu’il auoir promis. Ce que Véritablement ils mettoient en auant, non tant feulcméc pour l intereft de la Royne, que pour venger la mort du Moy ne George,laquelle amp;nbsp;les autlicuts d’iccllc, Pierre Vicchy a-uoit en grande recommendation,amp; en vouioit bien auoit la raifon foubs la faucur amp;nbsp;puiflan-ce de Chendy,lequel aptes la mort dudit Moyne eltoit dtuenu puiflant en ce pays. Et cftans ainCi joinûs enfemble, amp;C ïc^oteez de plufieurs Gentishommes, qui fccrettement fe retiroient vers eux, l’attcndoient de brouiller grandemét les affaires du Royaume, à l’occafio dufecours qu’ils efperoientafleurcment du Moldauc , lequel n’auoit encor licentie fon armee, amp;nbsp;qui toufioursTcntrctcnoit par le commandement de Mahomet en campagne,ayans accordé aucc luy d’entrer en vn mcfme temps dedans cefte Prouincc : joinftaufli qu’ils auoient conuenu auecle Vayuode , que faiCans reuolter tout le pays contre Caftalde,il euft auec tous les autres gens de guerre, qui fe ttouueroicnt pour lors a-uec luy à donner fur ceux de Ferdinand , amp;nbsp;les tailler tous en pieces en la mefme campagne ou Caftalde feroit campé. Mais toutes ces chofes furent vaines par le foing amp;nbsp;futueillance deCa-ftalde , ne pouuant cefte conjuration fortit ef-fcôl,amp; principalement pour la mort du Vayuode, qui aduint au meilleur temps qu’on eut peu dcfircr, eft-ant icelle par plufieurs iours aupara-uant machines, amp;nbsp;laquelle fut en cefte forte, G g liij

-ocr page 494-

Hifloire de Hongrie

Sntrefrife Eftant Caftaldc à Seghefuar,lors qu’il alla con-four tuer ttc le Moldàuc, vint en ce temps pardcucts luy /er^Ho- vn Gentilhomme Maldaue, homme de bonne gratifié amp;nbsp;entédu. iceluy fc retiroit d’aueeleVayuode Efticnnc , craignant d'eftre tué pour auoir cfté grâd amy de celuy qui cftoit vray fuccc fleur de celle Prouincc , laquelle e-ftoitparlefijfdit Vayuodc tyranniquement v-furpee. Cclluy-cv amenoit auec foy enuiron vingt cheuaux,aucc lelquels il Poffroit faire fet-uicc à Ferdinand , amp;nbsp;ainfi fut receu à fa fouldc, amp;nbsp;ceux qui fontferuicc en cefte façon amp;nbsp;aucc tel nombre d’hommes, font appeliez en Mok Jauie Bugerons. Quelques peu de iours apres ceBugeron trouua la commodité de poiiuoit longuement difeourir de fes affaires auec Ca-ftalde,auquel faifant ample récit de fon eftat amp;nbsp;qualité,dit que le Vayuode n’auoit encor entièrement rompu fon camp,amp; qu’il entretenoit 11 plus grâd part d’iceluy en opinion d’entrer encor vn coup en ce Royaume, lors qu’il le ver-roit plus embrouillé en la ncceflîté de la guerre amp;nbsp;que fil vouloir luy promettre faucur il fe de-libereroit de le taér, aucc cefte condition tou-tesfois,que fi le casaduenoit il feroit Capitaine de deux cens chenaux,foubs la foulde de Ferdinand. Caftalde le luy promit liberallemcnt, amp;nbsp;outre ccqu’il demandoit, l’aflcura de luy donner encor mille cfciis,fil retournoit ayant ache-ué fon entreptife. Lç.Bugcrô affriandc de celle cfpcrancc fen retourna en Moldauie , ou il ef-fjyaparpluflcursfoisd’cxccutcrfon entreprife,

-ocr page 495-

Liure ßxiefme. 137 mais il n’en peut pour lors iamais venir à bout, ainscftant dcfcouucrt fut contraint f’cnfuyr en Poulongnc , d’oùilcfcriuit àCaftalde tout ce qui feftoit parte , amp;nbsp;que f il vouloir que ccftc pratique allaft plus auant, qu’il deuoit efetire à deux domeftiques du Vayuode, Icfqucls luy c-ftoient fort familiers , fans le moyen defquels cefte entreprife ne pourroit fortir effed, amp;nbsp;que la fubftance des lettres qu’on leur deuoit eferi-rc fut telle , qu’ils fe haftartent de mettre à execution ce qu’ils luy auoient promis, amp;nbsp;dequoy ilsauoicnt conuenu enfemble, amp;nbsp;que fi le tout fuccedoit bien il leur promettoit de leur donner tout ce qu’il leur auoit enuoyé offrir,amp; beaucoup dauantage qu’ils n’cfpcroient, amp;nbsp;qu’ils fetinrtent alTeurcz qu’il ne leur manquetoit aucunement de ce dont ils auroiét bc'oin. 11 vouloir que céfte lettre full enuoyee à tous deux^ tafehant par cefte aftuce les mettre en foupçé, nonobftant qu’ils en furtent innocens, amp;nbsp;n’eufi finten eux aucune tache de cefte trahifon , amp;nbsp;par ce moyen les rendre ennemis du Vayuode, amp;nbsp;irritez contre luy. Ce confèil fut incontinct exécuté, amp;nbsp;de façon que le Vayuode fut auffi toft aduerty qucCaftalde auoit çCerit à ces deux ficns familiers, lefqucls ne peutent cacher cefte lettre,leur ayant efte baillée en prefencc de plu-ficurs.ll aduint dauantage que quand cefte mif-fiue leur fut apportée ils fe trouuerent de fortune enfemble, l’ouurâs amp;nbsp;la lifans cnfcmblcmét, demeurans iceux pour le contenu , 8c pour la nouucauté d’iccllc extrémemét eftonnez, d’au-

-ocr page 496-

Hi fl oir e de Hongrie tant plus qu’ils n’entendoiet ce qu’elle vouloit lignifier, comme perfonnes qui n’auoiét aucune intelligence aucc celuy qui leur cfcriuoit,amp; péfanspuis apres entr’eux mefmes ce q pouuoit cftrc, amp;nbsp;tenans encor cefte lettre en la main,il iê trouua de hazard pres d’eux vn ieune enfant parent du Vayuode, duquel pour eftrefort icu-nc ils ne fe doutoicnt.Iccluy ncantmoins ayant entendu doucement tout ce qu’ils auoient dit enfcmblc, alla incontinent vers le V'ayuodeluy reciter par ordre ce qu’il auoit ouy amp;nbsp;veu. A ce recitees deux furent mandez , amp;nbsp;le Vayuode ic faifant môfirer la lettre que Caftalde leur auoit eferite l’interprcta ainii comme il voulut, amp;nbsp;ks eftima comme trahîtes, amp;nbsp;les fit (oudainement priucrdctouslcs honneurs amp;nbsp;dignitrz qu’ils auoient en fon pays, auec intetion de leur faire trancher la telle , amp;nbsp;extirper entièrement leurs mailbns amp;nbsp;leurs biens, pour par l’hortiblc cxc-ple de ceux-cy dôner crainte aux autres, amp;nbsp;afin qu’vn chacun fe gatdall d’entreprendre vn ade fl mefehât amp;nbsp;vilain. Comme le Vayuode cftoit lêir telles enqueftes le Bugeron reuint de Pou-longne, amp;nbsp;ayant entedu que la lettre de Caftalde auoit produit l’effcôl tel qu’il defiroir,amp;que ceux aufquels elle auoit efté eferite, eftoiét fort irritez contrôle Vayuode Efticnne , poureftre par iceluy hors les. bornes de toute raifon bien niai traitez,amp; chargez à tort de trahifon,5cquc ilsncpouuoientfupportercefte indignité, amp;nbsp;que tacitement ils afpiroient d’en faire vne vé-gcancc cruelle, amp;nbsp;par ainfi cognoiftanr que les

-ocr page 497-

Lîure ßxiefme. 138 chofcsfuccedoicnt felon fon dcGr , ne voulut point perdre cçftc occafion que la fortune fa-uotablc luy incttoit en auant,mais l’embrafiant efcriuit à ces deux,que fils youloient fc joindre auec luy pour venger les iniurcs qui leur auoiét efte faites par le V ayuode, volontiers il f accom-pagneroit auec eux, amp;nbsp;principallemét fçaebans entt eux comblé l’autre l’auoit offence,amp; comme il l’anoit pcrfecuté iufques à la mott,lcur remettant deuant les yeux qu’il elloit beaucoup meilleur de l’ofter hors de ce monde , que d’at-tedre qu’il leur oftaft la vie.Ces deux le rcGouy-tent de cede offre, Sc fe dcliberetcnt de faite ce que fauflemcntleur auoit efte impofé , amp;nbsp;de fc venger des honneurs qu’on leur auoit oftez, Sc dclahontcqu’enfernblémentils auoiét rcceue contre tout droit 5i raifon.Vluûeurs de leurs a-

mis amp;nbsp;parens qui n’auoiét trouuc bon ce qu on auoit fait contre coniuretent auec eux, pireillemcncquclqu.es autres qui eftoient parens de celuy qui legitimeraét deuoit effre V uode. Iceux tous cnfcrablc faccotdcrét auec le

Bugeron du moyen qu’ils deuoient vfer pour mettre à execution leur conjuration , qui fut d’afTaillir à l’impourueu leur cnnemy Çc le tuer, comme en brief ils fjrcnt entrans futieufement

vn iour dedans la tente du Vayuodc, lequel fc-ftoit couché fur vn liét pour fe repofer,n’imagi-nant qu’aucun euftiamais la hardieffe de l’of-fcncct- ils luy donnèrent tant de coups de poi- ‘'f' gnard qu’ils luy Grentfoudainement tendre la vic,amp; puis auec ceux qui les auoieni fuyuis mj.

-ocr page 498-

Hifloire de Vlonvrie rent les armes au poing cotre deux mille Tufö amp;nbsp;Tartares qu’il auoit toufiours pour fa garde, les taillas tous en pieces,eflifans pour Vayuode celuy qui véritablement le deuoit cftre,amp;apres tournèrent leur rage contre les parcs du tyran, tuanslamercjîcs enfans,amp;; les amis, ainficomme ils font couftumiers de faire en ce pays, ne lailîàns aucun en vie de leur party contraire,dü' quel ils puiiTent auoir à l’aducnir quelque doute.Cede mort fcmbla a tous falurairc,amp; princi-pallcment aux Tranfiluaniens , lequels par ce moyé fe virét deliurez d’vnc trefgrande frayent amp;nbsp;peur d’eftre par luy vnc autrefois aflaillis, Si au contraire voyoiét ce nouueau Vayuode faire quelque dcmôftration de defirct l’amitiéde Ferdinand : ccqui Icurdonnoit vn clpoird’vn long repos,amp; d’vnc paix pcrpctuclle.Mais tous ces penfers curent vne fin contraire , comme nous dirons plus commodément,par-cequecc nouueau Vayuode de Moldauic ne dura gueres en cefte amitié, laquelle il rompit incontinent, pour fcconferucr en la grace du Turc. Cefte mortauffi fut la principalle caufe qui empef-cha la coniuration qui feftoit ourdie en Tran-filuanic contre Caftaldc , amp;nbsp;auffi qu’en ce téps elle vint à eftrc derçouuerte,tcl!cmét qu’onfça-uoit tous ceux qui fen eftoient méfiez,quia-uoient promis d’y entrer, ce qui mertoit Pierre Vicchy, amp;nbsp;Chendy en très- grand doute, amp;nbsp;pareillement tous ceux qui y eftoienr comprins, defquels Caftalde n’en voulut chafticr aucun, cognoifTant que ce n’eftoit lors le temps,eftaiit

-ocr page 499-

d’vn cofté retenu pour la crainte de la gucnc future,amp; d’autre fc voyant tourmenté plus que jamais des peines ôc ennuis que fcs gés met mes d’heure à autre luy donnoient, qui cftoiét plus

grads que ceux qu’il receuoit des ennemis. Car les Allcmans pour n eftte payez faifoient les plus grands delordres qu’il eftoit poffible, cou- „^,„5, tans Ô£ rauageans tout le plat pay s, tu ans Icsha-hitans des villages , amp;nbsp;commettans choies incroyables fins aucun refpeét, faifans des cxcez indignes 6c non conucnables à vn Chrtftien, lequel eft obligé de donner pluftoft vne rciglc, ic forme d’vne vie exemplaire, amp;nbsp;modefte que d’vnemefchante 5i malheureufe, puis que pat I vne il prüft gagner beaucoup , amp;nbsp;par l’autre pctdreinfiniment. De cesrcnçonnemês fi exc-

I crables vint la caufe principallc,laquelle puis a-pres cfraeut tous les habitans du Royaume de tesTra»-

1 le reuoltcr, amp;c fpccialementles nobles, lefquels filuaniens I voyansque leur premiere entreprinfe n’auoit «n»«»«»» point rculli foubs couleur de bien faire,propo-

1 e - nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' A 1 , »in - t»rco!»tre 1

I icret vn lour en auant a Caftalde qu il eitoit ex-\ pedient, puis que tous pour lors fc trouuoicnt

en campagne , aller auec tous fes gens alïicget

\Lippe,6c tafeher à la reprendre, ayant efte rapporté que Caffombafra n’auoit dedans icelle beaucoup d’hommes, en ayant enuoy é la pluf-pattà Mahomet au hege d’Agric,lc priant qu’il n’eutàlaiffcr cefte occafion Sc commodité ce

1 pendant qu’elle fe monftroit fan or able , crai-i gnansqueiamais le temps ne vint fi à propos, I f'offtans tous fortvolontiers a cefte guette, ils

-ocr page 500-

Hifloire de Hongrie difoiéntcccy auccvncrufe amp;nbsp;fincflc,ponr faitt fortir toute l’armcc de Ferdinand hors le Royaume,amp; ne la laiffcr puis apres rétrer. Mais Ca-ftjlde qui entendoit fort bien ces menées, Icf-quelles ils tentoient foubs couleur de bien, amp;nbsp;qui en cffcCl auoiét apparcce de vérité, ne voulut aucunement confentir à leurs prières, ains diirimulant, amp;nbsp;leur donnant efperance dckut agrccr,dilïcroit le plus qu’il poüuoit leur denw-de,amp; ce d’autant plus qu’il cognoiflbi'tla grande importance t^ui eftoit de farrefter ou polit lors il eftoitjd’ou il pouuoit à fon grand aduan-tage pouruoirde toutes parts, amp;nbsp;principallc-met aux neceflîtez quideiourà autre pouuoict arriuer, amp;nbsp;aduifcrla fin ou pourroiét tendre les affaires de Mahomet conti e Agrie.Eii ce temps Informa- arriucrent à Vienne le Nonce,óiCommiffaircs mort Je nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;articles faits Sc propoCez pat

1« Cardinaux députez fur l’in formation de la mort du Moyne George,fur Icfquels on dcuoit examiner des tefmoings,amp; Pinformer d’eux fil cftoit vray qu’il eut voulut braffer quelque tra-hifon contre Ferdinand en la faueur des Turcs, amp;nbsp;luv faire perdre le Royaume, Si pat-ce rooie voir fi la mort du Moyne cftoit iufte ou iniuftc. La deffus Ferdinand amp;nbsp;le Roy Maximilian cf-criuitét à Caftalde qu’il leur enuoyaft l’examen des tefmoings qu’i'1 anott fait ouyrjant en Tra-filuanic qu’ailleurs , afin que par là on peuft a-uoir tel efgar J que la qualité de la frute , amp;nbsp;du cas requeroit. Caftalde auoit fait examiner viV Secretaire du Moync nommé Einericgt;amp; vnaa

-ocr page 501-

L'twe ßxießne. ^40 tre fieu Chanccllicr nommé Adam, Icfquets a-uoientdépofé aucunes chofcs qui pouuoicnt donner quelque ombre de (bupçô, mais en leur examen tous eftoiét differens les vns des autres, amp;nbsp;ledit Emeric pour quelque indignation qu’il auoitconceuë contre le Moync n’cftoit tenu pour tefmoing fans reproche.Caftaldc fut bien en peine pour rrouuer qui verifietoit ce qu’on auoit impofc au Moync , amp;nbsp;quelques moys a-pres furet enuoyez à Vienne les ptocez que fur cela on auoit fabriquez,amp; puis apres mis entre les mains dcfditsCommifTaireSjlefqucls les emportèrent à Rome en pofte. Comme ceux-cy fcnalloicnt Ferdinand ayant eu entière con-gnoifilmcc de la perte vilaine ôc infame de la ville de Lippe, amp;nbsp;côme elle cftoit aduenuè' par la faute d’Aldcnc, afin que cefte honte amp;nbsp;ignominie ne demeuraft impunie,commanda a Ca-ftaldc qu'Aldenc fut mis en ptifon, amp;nbsp;que auec lacognoiftanccdu Vaynofdcfonprocczluy fut fait,pat le moyen duquel il entédoit le faire punir rigouteufement, afin qu’à fon exemple les autres apprinftent à fc maintenir plus vcrtucu-femcntquc n’auoitfaiél ceftuy-cy. Suyuanr ce commandement Aldenc fut examiné amp;nbsp;enquis pourquoy il auoit faift mettre le feu aux rmini-tions amp;nbsp;viutcs, amp;nbsp;pour quelle caufe fans auoit veu aucunementl’enncray il auoit abandonne filafchement cefte fortereffe amp;nbsp;fait brnflcr. Sur telles interrogatoires il aîleguoit pour fes excu-fes qu’il y auoit efté contraint, à raifon que la; plus grâdpaiE des foldats f’en eltoit fuys,8i que

-ocr page 502-

}Atfloire de Hongrie pour n’auoir eu le temps commode pour pou-uoir conduire amp;nbsp;mettre hors les viures, artillerie amp;nbsp;munitions, il les auoit faiôt ainfi ardre âi brufler, aymant pîuftoft les faire ainfi confom-mer , que les laificr tomber entre les mains des ennemis, amp;nbsp;que pour mcfmc confiderationil en auoit autant fait du chafteau amp;nbsp;de la ville, e-ftimant que les Turcs voyans vnc telle ruine ne f’en voudroient iamais accommoder, amp;nbsp;ne lé fouciroient de la fortifier, ayant de là part inte-tion apres qu’ils en feroiét partis d’y retourner, amp;nbsp;la remettre en fon premier cftat, amp;nbsp;la rendre plus forte que deuanr, amp;quepour telles raifons il auoit elle incité amp;nbsp;contraint faire ce qu’il a-uoit frit. Pour fçauoirplus amplement la vérité de tout, amp;nbsp;afin qu’il ne fepcuft plaindre aucunement qu’on hiy fit tort,quelques luges fuquot; rent députez pour entédre à fon procez,amp; examiner les foldats qui feftoiét trouuez auec lu/ dedans Lippe. Durant toutes ces procedures qu’on faifoit à Vienne fur la mort du Moyne George, amp;nbsp;en Tranfiluafinie fur le fait d’Alde-nc,Mahomet voyant comme toutes chofesluy cftoient iufques alors heureufement fucccdces, amp;nbsp;combien la fortune le fauorifoit en fes con-queftes, lefquelles il auoit faites fans grand tra-uail, amp;nbsp;comme en outre clic luy anoit faid acquérir vnc gloire laquelle il n’auoit iamais pe-le auoir, fe fentant pour tels heurs grandement redoutable , n’eftimoit la ville d’Agtic vn denier, fc perfuadant de l’auoir plus ayfémét qu’il n’auoit eu les autres villes, amp;nbsp;en fin encor que

ce

-ocr page 503-

Liureßxiepne. 141

ce fut par force marcha vers icelle,donnant cô-g'^ premièrement à vnc bonne partie de fon armée, penfantn’auoirplus befoing de tant de gens, ny de fi grande eau 111 cric comme iufqucs lors il auoit eu, congnoifiant cefte place cftrc foible,amp; n’eftre telle qu’elle peuft longuement luy refifter,Scenuoya deuant le Bafcha de Bude auec quelques troupes de cauallcrie pour reco gnoiftre le pays,amp; afl'curer fes frontières, ayant eu aduertiflemet que le Duc Maurice eftoit ar- / riuéàlauarin , où il eftoit logé auec dix mille arrmeet» LanfquenetSjôc cinq mille cheuaux, fuyuantla Hon^rrit proinefTe qu’il auoit faite a Fcrdinand,auqucl il aotc yxiz»-auoitafteuré qu’il feroit en Hongrie quelque

V- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;* nbsp;nbsp;1. nbsp;nbsp;nbsp;-11° nbsp;nbsp;*1* nowmej

Donc execution vtile oc proncablea tout le pu-blic, ainfi corne il auoit efte accorde à Ifpruch, dmand. entre l’Empereur amp;nbsp;luy.Ce Duc auoit défia fait alToirvn pont fut le Danube , faifant courir le bruit qu’il vouloir aller allieger la ville de S tri— gonie. Mais combien qu’au t-ommcnçcmét les Turcs en euflent quelque crainte amp;nbsp;doute , ce fiege ne fe trouiia en fin qu’en vnc ruine amp;nbsp;dc-folation partie liiere de ceftePvouinre , amp;nbsp;fut caufe de dôner mille ennuis à Ferdinand, amp;nbsp;!uy fit contommer tout fon argent, lequel il auoit amaffe pour paver l’armcc qu’il entretenoit en Tranfiluanie , 6: cela fut caufe qu’on ne fit ny d'vn coftc,ny d’autre aucune chofe de bon Le

Bafihade Budefe mit au deuant de Maurice, non pas pour le combatte, car il n’eftoit pas af-fez fort, mais feulement pour voir fa contenance nbsp;nbsp;nbsp;en quelle part il voudtoit marcher, afin

Hh

-ocr page 504-

l^ißoire de Hongrie d'y cnuoycr foudainemcnt fccours,amp; cep?däßlt; Alahtm/t tenir en bridc.Durancquc CCS deux fcntrctc-forte,Mahomet fc campa à l’en-' tour d’Agric aucc foixantc mille homes amp;nbsp;cin-quantc pieces d’artillerie. Cefte ville cft quaamp; toutcouucrtc, amp;à vn Chaftcaufaitdemurail' les à l’antique fans deffences, amp;nbsp;(ans aucuns boulleuardsjn’ayant que quelques tours, amp;nbsp;cft commandé d’vnc montagne, la defeentedek' quelle arriue à vn jed de pierre près la muraille, Ce defaut de rempars , amp;nbsp;celle foiblefTefut fupplee par le courage inuineible de ceux quifc trouucrent dedans ,lelquels elloient Hongres, iufqucs au nombre de deux mille, dcfquels y en auoit cinq cens Gentilshommes de bonnemat fon, amp;nbsp;fort eftimez amp;nbsp;recommandez pour leur vertu par tout le pays,lcfquels f elloient retireï là aucc leurs femmes,enfans amp;nbsp;meubles, n’ayas au pays autre place forte que cclle-cy , ou ils pculTcntlàuucr leurs biens amp;nbsp;leurs vies. Ceux RefeiKtion cy aucc Ics habitans de la ville amp;nbsp;autres loldats dti^^ria. firent vn ferment amp;nbsp;promeffe par entr’eux que aucun fur peine de la vie n’eut ramais à parler d’accord,ny de fc rendre foubs aucune compo-fition , ny de rcfpondrc aux parollcs des ennemis qu’auccl’arcqucbuzc amp;lc canon,qu’au cas que la longucurdu liege les reduifillàvnc nc-cclfitc de viurcs.ils culTent à fc manger premièrement amp;nbsp;l’vn amp;nbsp;rautrc,que fc lafeher à fc vouloir redre, 5c que tous les iours apres l’Oraifon laite à Dieu,amp; la Meile ouye,lcs hommes 5: les femmes làns intcrmilfion traaaillcroient aux

-ocr page 505-

Li ure ßxiefm e. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i, 4 i

tempars amp;nbsp;fortifications,amp; pour cuit« à toute trahifon ils firent dcffcnces qu’on ne pôurroic faflcmblcr plus de trois ou quatre. Ils ordonnèrent en outre que tous les viurcs tant de la munition que des maifons particulières , fc diftri-buëroient égallement au poix, êlt; tant pat iour, amp;nbsp;que les pigeons,poqHes, chappons, poullets amp;nbsp;autres bons viurcs , feroient gardez amp;nbsp;refer-uez pour les malades dcblcflez , amp;nbsp;que toutes les defpouillcs qu’on pourroit gagner fut l’cn-nemy (croient mifes en vn lieu à part pour les diuifer amp;nbsp;diftribuër cgallcmcnt entre ceux qui auroient le mieux deffendu fa Patric{en y comprenant auffi les femmes ) lefquels de iour àau-rreeftoient marquez Si cottez par vn certain Prefclicurs, lequel durant ce fiege fc monftra faillant combatant, amp;nbsp;fut caufe principallc par fes exhortations de trcfgrâdc cfticacc, que ceux d’Agrie foultaindrcnttreize affault bien cruels amp;nbsp;Gnglans, Sc qu’ils fc monftrcrent fi hardis belliqueux,comme ils firent, ainfi tque nous dirons. Eftans tous en cefte refolution de mautiC pkiftofi que de !c rendre fous la mifcricor.de'du Bafcha,ils Ce tenoict tous prefts pour luy tefpô-i drc,aucc armes pareillesà celles auec Icfqüclles ils fe fentiroient faluëz. Mahomet auant.qu’cn-treprendre aucune chofe autour de la ville,, cn-uoya dite à ceux du Chafteau, que fils fe vou-loicnt rendre à luy il les traiâicroit doucement, amp;nbsp;cri bonne guerre , les laifTctort aller en toure feureté,leurs baq.ucsfauûçs,; amp;nbsp;leur en ne.qdtoiÉ iels falaite qu’ils auroiët oepafion de le conten-' fïh ij

-ocr page 506-

Hifloire de Yïongrie tcrdcluy, amp;nbsp;que fils n’en vouloicnt rien faire, il les alTeuroit de les faire mourir amp;nbsp;cmpaller, fils tomboiét en fes mains. Ceux de dedans ne voulurent aucunement ouy r cede fommation, ny rendre aucune rcfponccjfinon par fignefai-fans mettre fur deux laces vne bière,ou cercueil couucrt de noir,le faifant monftrer en ceftefot-te par delTus la muraille , au trompette lequel parloir à eux,fans luy dire autre chofe, luy don* nans par là à entendre que ce Chafteau deuoit cftre leur fepultureauant que iamais fc rendre, ayans celle couftume de faire telle ceremonie lors qu’ils ne veulét accepter aucun party .mais pluftoft mourir en liberté que viure foubs b puiflance de leurs ennemis.Mahomet entedant celle determination,amp; voyant qu’en vain ilre* eherchoitdecompofer, enuoya celle nuiélte-cognoiftrele Challeau , amp;nbsp;puis apres ordonni deiixbateries, l’vncvers l’t glifeamp; l’autre vers la mótagnc, amp;nbsp;en chacune fit alToir vingt- cinq pieces, Icfquellcs tirerent continuellement pat i’efpace de quarante iours: tout le haut du Châ-fteau fut entieremér ruiné,,amp; fi defcouucrt que les alfiegez ne pouuoiét plus demeurer dedans, pour le dommage que leur faifoit l’artillerie, principallemct celle qui elloit fur la montagne, amp;nbsp;pour fen garentir firent par le dedans vne grande tranchée le long des murailles, fort profonde amp;nbsp;large, ou ils lerempargient, amp;yfai-foient la nuiél garde fort foigneufement, fans iamais la lailTer deloing, nypour manger, nY pour dormir, iufqucsàccquelcs auttcsy fui-

-ocr page 507-

Liure /txiepne. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;145

fentvenus, fcrclcuansles vnslcs autres de fix en fix heures. Incontinent apres le Bafcha Ach-meth amp;Mahomet firct donner en vn iour trois alTauts en diuers lieux, cfq^uels ils perdirét huiû mille Turcs, lefqucls auoientgrauy iufqucs au haut des muraillcs,5c monté fur la brefehe aucc pluficurs de leurs principaux Capitaines, pour la mort dcfqucls les Turcs feftant enflambc2amp; irritez dauantage , ne celToient fans aucune in-termifiion de trauuaillcrles affiegez aucc nouveaux a(raults,amp; renfort de canonnades: amp;nbsp;vn iour leur donnèrent pat quatre endroits vn des plus horribles affàult qu’on ouyt lamais parler, auquel accoururct tous les hommes amp;nbsp;femmes de la ville JefqucllCS nô moins que les hommes courait defefperémentcombatoient comme lyonnes, infimes auec armes, pierres amp;nbsp;eaux bouillantes, faifans vn meurtre fi grand des ennemis que c’eftoit chofe cfpouuantablc,horrible amp;nbsp;digne de corn-miferation à voir. Durat ces aflaults il fc fit des aftes fort remarquables, amp;nbsp;dignes certainemet d’eftre célébrez par tous les liures , dcfqucls le premier fut qu’eftans la mere, la fille amp;nbsp;le gendre à corabatre fur la muraille, le mary de la fille vint à cftre tué, 8c la mere difant à fa fille que ellel’allaft enterrer,elleluy fit refpôcc qu’alors il n’eftoit pas temps d’aller faire des obfcqucs, ny preparer vn conuoy funeral, mais bien de faire vnc vengeance tres-crucllc , 8c prenant l’cfpce de fon mary 8c le tôdache au bras fc mit en la place du deffunt,ou elle fit chofe incroyable,amp;nc voulut iamais partir de là qu’elle n’eut

. H h iij

-ocr page 508-

iAiß oire de Irion^rie venge la mort de fon mary par la dclFaiâe dJ trois Turcs, ce qu'ayant faiét elle print le corps de fon mary entre fes bras amp;nbsp;le porta à l’Egliit, luy failant donner telle fcpulture qu’il luy con-uenoit. 11 aduint femblablcment à vn autre co-fté qu’vnc femme portant vnc grand pierre fui fa telle , pour la jeôlcr de la muraille en bas fui les 'I urcs.vn boulet d’artillerie luy vint rmpoi' ter la telle, tombant morte aux pieds de fa laquelle ptenât ctftc pierre toute faigneufe fui fa tefte,fans autrement perdre le temps à plorct la mort de fa mcre,dif3nt que le fang de fa æ«' nemeritoit d’eftre cfpandu fans vengeance, qu’il ne conuenoit point à fa fille de viure ûns venger fa mort fur vn autre, amp;nbsp;ainfi enflambec amp;' comme enragec f encourut auec vne furie oU clloit la plus grolîc meflcc des Turcs, amp;nbsp;en tu» dcux,amp; en blcfla plufieuts autres , rclTcmblani vne vraye Amazone,ou Laccdemonienne,amp;fi mouuant de lieu à autre exhortoit vn chacun» bien faite, amp;nbsp;leurremettoit enmemoirelefei-pient qu’ils auoient faid, amp;nbsp;la reputation glo' rieufe qu’enuers Dieu amp;nbsp;le monde ils deuoient acquérir, amp;nbsp;par ce moyen fit tant que les ennemis furent vilainemér repouflez, amp;nbsp;contraints fe retirer en arriéré, Sc abandonner leur artilk-rie,dc telle façon qu’il y en eut deux pieces des plus grolTes encloüees. Et le courage des adie-gez clloit mctucillcufcmcnt grand,amp; fpccialle-ment des femmes, Icfqucllcs auec leurs maris, pcres,cnfans amp;nbsp;frères,combatoient fi hardiniét qu’elles ne craignoiéc aucun danger tant grand

-ocr page 509-

L.iwe fixtejme. 144 fut-il. Et comme vniour les Tures donnoient vn aflault à la ville, elles eftans comme de cou-ftume fur la muraille atmees des armes des morts, aduint qu’vn coup d’artillerie en jetta trois ou quatre par terre de celles qui cftoient plus aduancees, amp;nbsp;plus promptes à jetter d en-hault des pierres lurl’ennerny , amp;nbsp;come le fang amp;nbsp;les pieces de celles- cy euffent done à trailers les joues des autres qui eftoient leurs voilînes, elles n’en firent toutesfois aucun femblant, ny ligne d’auoir peur.ains pluftoft au lieu de fe cacher fe ptefenterent plus enragees que deuant au comoat pour véger leurs compagnes,6c pre-nanslcs mefmes pierres toutes enfanglatces du fang des mortes, monieret fur le haut de la muraille faifâs chofes nô iamaisouyes.Par ces actes onpeutcognoiftrecôbieneft gradTamour de la Patrie, amp;nbsp;quelle puiffance il a puis qu’il donne courage pour la deffendre à vne chofe fi foible amp;nbsp;debile come eft vne femme, faifant voi-rement par là entendre à tout vn chacun qu’il n’y a chofe au monde plus chere , ny plus pre-tieufequela Patric, pour le falut de laquelle nous fommes obligez expofer auec nos biens noftre vic,amp;: mefme noftre honneur.Ceux d’A-grie demcurcrét en ccfte façon fi conftans pour leur dfFence, ne voulans aucunement parler,ny prefter l’oreille à aucun Turc, nonobftat qu’ils en fulTcnt fort importunez,qu’en fin ils mirent en dcfefpoir Mahomet amp;nbsp;le Bafcha de Bude de pouuoirlesaiioir foubs leurpuiffance. Et ainfi ces deux chefs dcl’armceTurcquefque voyans

H h iiij

-ocr page 510-

Mahimet leut lefie-^t ieieuat

’Hißoirede Hongrie qu’en aucune maniéré les aüicgez ne Ce voii-loient rédre, amp;nbsp;que par force on ne les pouuoit auoir, ny forcer la ville à caufe de la perte qu’ils auoient faite de leurs gens es alTaults precedens amp;nbsp;que k temps leur vcnoit contraire, cftantle froid défia fort aduancé, amp;nbsp;la terre fouuét cou-uerte de neige, amp;nbsp;auec ce leur camp infcd d’v* ne grande mortalité d’hommes amp;nbsp;de cheuaux, dclibcrercnt de defloger, amp;nbsp;fc i etiter plus viftc que le pas. Suyuant cefte conckifion Mahomet cnvnenuióHc dix hiiifticfme d’Câobre mil cinq cens cinquante amp;nbsp;deux, fit Icuer tout fon camp , amp;nbsp;laiftant aller Achmeth Bafcha vers Bude,print le chemin de Belgrade, quittant pat ce moyen rentreprinfe d’Agrie non fans vue grande vcrgongne.Lcs aHiegez ne fc contétans de fc voir en liberté par vne telle départie, le ioiir mcfmc que le Bafcha dcflogca firent faillit mille hommes hors du Chafteau, Icfquels donnèrent fur ceux de l’arricrc-gardc qui ne fe te-noient ferrez, amp;nbsp;en malTacrctent beaucoup d’i-ceux, amp;nbsp;puis f’en retournèrent chargez d’habil-lemcs Turcquefqucs, emmenans auec eux plu-fleurs chameaux, amp;nbsp;autres beftes chargees de butin,ÿc pluficurs prifonniers pour vn trophée de leur pavs bié deffédu, amp;nbsp;de la gloire qu’ils a-uoient acquife, digne vcritablcmét d’vnc glo-rieufe renommee, amp;nbsp;d’vnc mémoire éternelle pour feruir d’cxcplc aux autres, lefqucls pour-rôt par vn afte fi vcrtiieuxamp; honorable les cn-fuyure amp;nbsp;imiter,rapportans à la fin de leurs travaux vntriophe pareil a ccluy des Agriés,amp;vnc

-ocr page 511-

Liure fixießne. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;145

louange commune entre tousles viuans.Durât qu’Agtietftoitainfi battue par IcsTurs,Caftai- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.

de auoit confeillé Ferdinand de donner charge au Duc Maurice qu’aueefon armee il euft par vn cofté à marcher contre Mahomet, cepedant que de l’autre il raflailleroit aucc la frêne,lyant bonne opinion de luy donner la chade par ce moven , attendu le pauurc cftat ou pour lors il cftoit.à raifon de la grand perte qu’tl auoit faift d’hômesauxaflaulxd’Agric , amp;nbsp;de la pitié que on voyoit entre ceux qui eftoient reftez , pour raifon de la famine , laquelle eftoit patmy fon camp,cftant mcfine en tel lieu réduit quclanc-ceflitcfaugmcntoitde plus en plus , tellement que pour ces confidcrationi il eftoit fort ay fe à Caftaldc amp;nbsp;à Maurice joinéks enfemble,aucc le fccours des aftiegez d’obtenir vnc des plus belles viâoirts du monde, amp;nbsp;afioiblit en telle for-te le Turc, que de long temps aptes il n’eufTcnt rcccude luy aucun dommage. Mais ce confçil ne fut teccu comme il deuoit,amp;; par ainfi fe perdit vne des belles occafions que iamais vaillant Capitaine euft peu defiret.CarCaftaldc n’eftoit point feulement preft d’alTaillir l’enncmy ,mais auoit pour lors le moyé de luy liutçr la batarlle en pleine câpagne, pourucu que Ferdinand luy euft enuové vne bonne troupe de chenaux le-giers, à faute defquels il empefeha Maurice 8c ' Caftalde de donner la bataille, pour ne tomber trop imprudémet en la temetite de fortune. Au lieu de ce confeil on cômanda de courir le pays d’AlbcrcalcSi de Vcfprimie , pour diucuir I5

-ocr page 512-

Yïffioire de Hongrie

î,ts Haltères reeller client la faix nuec it Tare.

fiege d’Agric, cc qui ne fc peut exécuter pour 1» contrariété du temps. Cc-pendant que Mahomet cftoit campé deuant Agric IcsGcntilshom-mes du pays, amp;nbsp;toutes les villes auec le confen-tcmcHt de Caftalde auoienr recherché Ferdinand pour auoir pcrmiflîon de luy, de pouuoir par le moyen d’Aly Chiauls traiter de paix amp;nbsp;concorde auec le Grand-Seigneur. Ce Chiaufs cftoit pour lors auec MircéVayuode des Trâf-alpins , amp;nbsp;eftoitlà venu au nom de Solyman, pour pacifier ce peuple qui Peftoit reuolté contre fon Seigneur. Ferdinand fut contée de cefte requefte amp;nbsp;la leur accorda, pourucu que ce fut auec les conditions accouftumccs, amp;nbsp;articlcsa-uçclcfquelsilauoit jàpluficurs fois fait la paix auec le Roy Ichan, amp;nbsp;auec le mcfmc tribut, amp;nbsp;aufli à la charge qu’on rcftitucroit les villes, chaftcaiix Sfplaccs de Vcfprimie,Drigal,Lippc, fhemefuar, Zaliioch amp;nbsp;autres, Iclquellesa-uoient efté prinfes par les Turcs. Il demandoit cccy afin qiicla trefue , ou paix qui fc braflbit apportaft à fa qualité plus d’honneur que d’infamie. Le commandement cftant venu Caftal-dc leur donna congé d’aller negotier tout ce qu’il leur femblcroit pour le meilleur, leur defendant ncanctnoihs de nommer en aucune façon en ce traité Ferdinand, ny luy, n’eftimant cela cftrc conuenabte à la réputation de fa Ma-jefté , ny mefriieà fa qualité. Les députez du Royaume ainfi expediez allèrent ttouuer le Chiaufs, auquel ils expoferent toute leur charge. Aly ay.int eiltcndu leur propofition,leur fit

-ocr page 513-

LAureßxieJme, 146

•refponcc, que volontiers il traiteroit de ceft at- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t

faire aucc le Grand-Seigneur,ßcqu’au plus tard ilsauroicnt refponce le vingt-cinquiefme iour । ƒ X, d’Odobre, amp;nbsp;refolution de tout, qu’à cefte occafiô ils fafTemblafl'cnt tous pour lots à Vaf-racl, amp;nbsp;nebougeaffent delà iufquesàce qu’il fut de retour, ou qu’il euft enuoyé par deuers eux.En mefnre téps Caflbmbafl'a faifoit à Lippe vu amas d’hommes le plus gtâd qu’il pouuoit, amalTant toutes les garnifons des fiontieres, en intention d’entrer en laTranfiluanîe pour courir le pays , amp;nbsp;faite fur le chemin d’entre Lippe amp;nbsp;Deue vn fort, qui à l’aduenir lüy faciliteioit fes courfes, pat le moyen d’vnc bonne garnifon qu’il entretiédroii là dedans.Caftalde pour cm-pefeher vn tel delfcing penfoit à pluficurs cn-treptinfes, amp;nbsp;voulant renforcer la garnifon de Deue, commanda que trois Enfeignes d’Alle-mans du regiment d’André Brandis y allallent. Mais pour trois payes qu’on leur deuoit fe mutinèrent, amp;nbsp;f’aflcmblans tous rnlcmble le faifi-rent de l’artillerie Si la plus grand part d’entre /tmwnnit. eux vindvent pour faccager les logis des Efpa-gnols. Si celuy de Caftalde mefmc, donnans a entendre qu’ils voulqichtl’arreftcr ptifonnicr. Si le retenir iufques à ce que tous les Allemans fulîent fatisfaits entieremét de leur den.Caftalde ayant efte aduerty de cefte entreprinfe montant fur vn trelbon chenal femit en campagne, enuoyant vers eux puis apres le Comte Ichan Baptirte d’Arco pour les appaifer. Iccluv parlât àcuxlcs reprint afprement d’vn ade fi vilain

-ocr page 514-

Vlißoirede Vlongrte

qu’ils vouloict commettre, amp;nbsp;mefme de ce que touscgallemcnt eftoient tombez pour iccluy en pareil fbupçon, amp;nbsp;blafmant grandement les autheuts de cefte fedition , fit tant qu’il les appaifa, amp;nbsp;les rendit obeyflàns comme deuant à la charge toutesfois qu’ils receuroient de l’argent,lequel leur fut incontinent compte. Mais pour cela fi ne voulurent ils point marcher, amp;nbsp;Futon contraint y enuoyer trois autres Enfci-gnes du Regiment du Conte de Helfeftain.lef-quels efioient mieux difciplinez amp;nbsp;obeylTans. /ucciccuxon enuoya quatre cens piftolliers, amp;nbsp;tous enfcmblc fen allèrent à Deue,ou Ithan Turky amp;nbsp;Paul Banchy les attendoiét auec cinq cens chenaux des leurs , amp;nbsp;autres compagnees que Caftaldeleur auoit jà cnuoyccs,amp; ayâtfait vn amas de tous ces foldats , marchèrent vers Lippe auec bonne enuie de récontrer Caflôm-bafia , ScpouiTcrcnt iufqucsà Perias qui cft vn fort Chafteau garde par les Turcs, fituc à huid lieues de Lippe,5ccoururét toute la campagne, ruinans ce fort que les Turcs auoict entreprins de faire entre Lippe 5c Deue, tuas tout ce qu’ils trouucrent dedans, 5c feftendans plus outre n’apperceurct aucun cnnemy viuât, par ce que Cafibmbafià ayant entendu que Caftalde n’c-ftoit aucunement endormy , ny mal foigneux pour la garde de cefte Prouince, n’auoi t oît* entrer plus auant, craignant qu’on ne luy trâchaft la retraite , fc desfiant que la hardiefte de ceux qui feftoient tant aduancez fur fes limites n’c-

\

-ocr page 515-

Littre ßxießne, 147 ftoit que pour le tromper,amp; l’allccher de venir plusauint pour puis apres l’cnueloppcr. Pour cefte confideration il fe contint, amp;nbsp;les noftres f’en retournetent fans faire autre fruid qu’endommager les terres de leurs amis, amp;nbsp;confom-niant leurs viurcs , amp;nbsp;cnlcuantcc peu de bien qu’ils auoient, laitTans par vn tel defordre vnc mémoire perpétuelle à ces pauures villages des effefts malheureux de la guerre. Eftans tous de retour le Capitaine general de toute la gendarmerie du pays ne voulut plus f’atrefter dauanta-ge en ce Royaume, amp;nbsp;f’en alla demander fon congé à Caftalde, lequel ne luy voulut donner, difant que c’eftoit mal faiét à luy de l’abandonner en cefte forte feul en la campagne auec (i peu de gés, lors mefme qu’il cftoit notoire que le Bafcha ne f eftoit encor du tout retire le priât d’auoir patience, Ô£ attendre encor vn peu que Icdicf Bafcha fut pour le moins efloigne de ce pays , d’où il cftoit afteuté qu’il deuoit en brief partir à raifon de la guerre de Perfe que Soly-man auoit délibère faire contre le Sophy, pour rccouurer les pays qui auoient efte occupez fur luy,. amp;nbsp;pour le garentir de fon fils aifnc Mufta-pha, duquel il auoit vnc défiance grande, craignît qu’il ne voulut fe faire maiftre de fon Empire. Mais toutes ces rcmonftrances amp;nbsp;prières ne feruirent de rien pour le retenir, par ce que les raifons defqucllcs vfoit Caftalde pour pen-fer le retenir luy fcruoict auffi d’argumet pour f’en aller comme il fit au bout de huiift iours c-ftant fuiuy de toute fa caualleric, ne fe fouciant

-ocr page 516-

YXtßoire de Hongrie aucuncmct de toutes les proteftations dcfquef-IcspouuoitvferCaftaldc pour Je difmouuoir. Nonobftant ce, la deliberation de Caftaldcfut de ne bouger aucuneinét de la campagne, amp;nbsp;de n’en partir iamais iulques à ce qu’il euft eu certaines nouuelles que Mahomet euft paflelc Ti-bifeque amp;nbsp;le Danube,parce que depuis la Icuce de fon camp de deuant Agric, il auoit eu aduer-tiircmcnt qu’il auoit vfé de grandes longueurs pour ks pajrcr:amp; attendant cefte ifTuc Caftalde endurbit de grandes incommoditeZiSc degrâds froids , pour les haultes neiges qui tomboient d’heure à autre en grade abon dancc,ec qui met-toit les foldats e» grands alccrcs,amp;mefmcpout n’eftrc payez. Ayant donc cfté amplement certifié que Mahomet eftoit du tout hors de la Hongrie licentia incontinent tous les gens de guerre du Royaume , fit loger les AlJemans Si Efpagnôls près de Sibinio , renforça les garni-fons de Deuc, y enuoyant quelque nôbred’Ai-duebs pour cftrc mefiez parmy les Allcmans Si aucclacauallericqui eftoit dedans, afin qucles vns pour l’amour des autres fufient plus vigilâs à la garde d’icelle : donna la charge de toute la cauallcricà Ichan Turky , amp;nbsp;à Paul Banchyle gouiicrncraentdela ville,amp; dcl’infantcric.En-uoya femblablcment quelques cheuaux à Bran* chich,amp;commanda que Deuc fut tout à l’entour fermée d’vnc muraille faide de terre amp;nbsp;de bois méfie cnfcmblcpar égallcs diftanccs , afin que la caua'Ierie ne peut fi ayfémenr en approcher, Sc que l’infanterie ne Japeuft o/fcncer.0®

-ocr page 517-

Li ure ßxie[me. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;148

toyaiu que tout le peuple de la Tranfiluanic commcnçoit fort à f’cftnouuoii pour les fub-uentions, lefquclles continuellcmét ilspayoiét pour fouftenir les frais delà guerre , tant pour donner temps aux liens de le fortifier,8c de relifter àtclles e!motiôs,qu’aufli pour fçauoir clairement fi le Turc vouloir entreprendre la guerre de Petfe,fit pour adoucir cepédantles cœurs d’vn chaeû, publier que tous les principaux du payseufsctafalTcmblerà Vafracl pour attédre làlarefponce dcSolyman,8c fçauoit filfe con-tentoit d’accepter auec les conditions fufdiôtcs le tribut qui eftoit de vingt mille ducats par an, ß. amp;nbsp;faire trefue auec eux , laquelle il confideroit Tmt far eftre plus cxpedientc pour les affaires de Fcrdi-nand,quc pour l’amour de ce peuple, eftans les chofes cnbranlle, 8c fort douteufes, 8c principalement à l’occafion qu’il fe voyoit defpout-ucu d’hommes 6c de deniers, 8c hors d’efpe-rance d’aucun feeours, conliderant en outre que quand icelle ne feiuitoir à autre choie que pour apporter auec foy vne grande commodité de temps pour ce pendant faire aduancer, 8c acheuer les fortification's encommcncees pat les villes , elle feroit neantmoins caufe à Ferdinand d’vn grand profit, tant mefinc pour accommoder fes affaires en l’Allemagne , que pour demander fccouts d’hommes 8c d’argent, êcauffi pour teraedier aux grandes ncccifitcx qui pour lors cftoiét efpanducs de toutes parts par celle Ptouince , laquelle tendoit plus à vne 1 ïcaoluti^n qu’a maintenir l obeyllancc , 8c la

-ocr page 518-

H I fl oirc de Hongrie

fov qui auoit cftc donnée à Ferdinand.Suyuant »« .t»4 ces confiderationSjpar le moyen d’aucuns il fo-lici toit fort que ce négoce fortift effed,ne voulant fen meflerappertemét.de peur que IcTurc cogneuft en luy quelque relafche,amp; les nccedi-tez qui l’enuironnoienc de toutes parts.Ainsau contraire faifoit extérieurement vne contenance telle comme fil n’cuft aucunement redouté

dit Paffe en faneur de

fon ennemy , vfant de cefte façon afin que le Turc ayant peur qu’on luy couruft fus pi ndanC qu’il feroit empefeht en la guerre de Ptrfebien efioigné de ce pays, fe lafehaft plus volontiers à la paix. Apres cede publication 11 Palla logera Albejule, d’où il pouuoit mieux pouruoir en tous 11 eux, menant pour fa garde cinq cens arc-quebuziers Efpagnols , Sc vne compagnee de deux cens Aiduchs.pour mettre en garnifon dedans cefte ville. En ce mefme temps furent apportez àRome les procedures faites fut la mort du Moync George , amp;nbsp;à la follicitation conti-

Ftr tinani nuclle des Ambaftadeurs de Ferdinand les Car-/oMr le dinaux deleguez pour ce fait faftemblerct pour 'cTor^e ‘ furiccluy donner vnefentccefinale, eftâtdcfia cefte caufe fort cnnuyeufe à la Cour Romaine,

amp; nonobftantqu’ils trouuaftent pluficurs cho-fes, amp;nbsp;allegations dignes de bones oppofition, neantmoins pour n’engédrer plus grand incô-uenient, amp;nbsp;pour pluficurs autres raifons que ie ne veux mettre par cfci it ne laifterent (attendu que c’eftoit vn fait qui ne pouuoit pl’ tftrc autrement que faid) d’abfouldrc Ferdinand aucc tous les confpirateurs, adiouftans toutesfois cefte

-ocr page 519-

Linre pxießne. 149

ceftc claufe en leur fcntcncc ; fi les deffrnees Sc allegations piopofccs par Ferdinand eftoiét véritables. Ce que les folliciteurs de fa Majefte ne trouucrent bon,lefquels importunèrent tant le Pape qu’ils la firent faite pure amp;nbsp;fimplc fans aucune condition. Et encor que le l-'ape refufaft d’abfouldte les compltces de cefte mort, en fin toutesfois par les prières deldits Ambaffadeurs ceftc affaire print fin , amp;nbsp;fut enuoyec à Vienne l’abfolutîon pour tous. Ce qui ne fut acheuc qu’auec vn grand contentement de Ferdinand, auquel iufques alors on auoit prohibe la Meflc Slt; tout autre leruice Diuin,amp; mcfmemcnt l’en-ttee de l’Eglifc. Durât ceftc nsefme faifo aduinc Vue chofe que ic ne veux oub'ier de racoinpter, encor qu’elle foit vn peu eftoignee de mon fu-ie£F. Il y auoit défia quelque temps palfé que Hacül Raoul GentilhommeTranfalpin,auoit efte dé- ehafjéiefa potTcdé de la Vayuodie des Tranfalpins,laquel- ^ayuodn

1 le pataiiantluy auoit efté maintenue amp;nbsp;gardée l patfô pcre,amp; qui pat droit fücccftif luv deuoit I appartenir.!ccluy fe voyâtdechafle par forceSc reMMure 1 tromperie de ce Royaume, par la cruauté mef- defiit l chante de Marc,qui en leur langue fe dit Mirce, Mirté. \ tyran fier 5c fuperbe,lequel f en cftoit fait Vay-l uode,6c qui Vauoit contraint de prendre la fuit-1 te vilainement, amp;nbsp;chercher party ailleurs pour l entretenir fa vie.laiffant la maifon Sc fes pofl’ef-1 fions fous la puiftancc des plus grands ennemis I qu’il euft,pcnfant en foy-mefme fut cefte mife-1 table fortune plufieurs deffeins 5c faifatit mille l deliberations en fort efprrt pour pouüOit tétrei

-ocr page 520-

J-ïtfloire de Hongfie

en fa maifon, iugeant qu’il n’y en auoit aucune qui fuft aflcz forte poBt le pouuoir aydcr,cn fin faduifadcfepreualoirdcs moyens Sc faueurde Caftalde,pardeuers lequel il fcftoit deßa retire, amp;l’auoit fcruy durant les guerres paflces ault;c cinq ou fix fcruitcurs feulement, Sc quelques bons chenaux ; amp;nbsp;combien qu’il fut aifez bien chery , amp;nbsp;entretenu au mieux qu’on pouuoit, toutesfois cela n’eftoit rien en comparaifon de fa grandeur paffee, ayant efté refpecfé comme Roy,tellement qu’il ne faifoit compte de ce petit entretenement non plus que d’vne roiferc. Ce qui caufoit entre toutes les nations vne tref grande commiferation, voyans vn homme qui auoit gouuerné vn Royaume,comme fié, eftre par le malheur de l’inique fortune réduit en fi extreme pauureté , que d’auoir fi peu de fcrui-rcurs,aufquels plufieurs fois il n’auoit que donner à manger. Et chacun voyât cefte mifetedurer fi longuement on l’eftimoit homme de petit courage , amp;nbsp;qui ne pouuoit auoir en foy aucunes penfees haultes. Mais fe fentant à la fin piqué d’vne.tellehonte, amp;nbsp;luy ayanteftérécite ce qui eftoit aduenu à Eftiénc Vayuode deMol dauie,print auec cell exemple courage,amp;commença à penfer comme il poutroit tuer fon cn-nemy,amp; recherchât Caftalde dequelquenom“ bre de gés de pied amp;nbsp;de chcual, amp;nbsp;que fon pbf fit fut de le vouloir fauorifer de fes moyens en l’entrcprinfc laquelle il vouloir exécuter fur h mort de Mirée, ne pouuât plus fupporter cefte mdigcncc, cniaquclle il eftoit tombé par fon

-ocr page 521-

Li ure fixieÇme. iço malheur,fadrcITant vn iour à luy comméça aitl-fialüy dire;lly aquelquesans, Monfieur, que “ ic fuis hors dc mon cftat hereditaire, ch »(Té par ƒ la fraude amp;nbsp;trahifon de cc cruel amp;nbsp;inhumain « Mircé,lequel maintenant pat 1’appuy amp;nbsp;faueur cc duTutclepoflede , vfant à toute heure en ice-lüy dc ctuautez qui font cfloignecs de tout hu-main effeft , amp;nbsp;Icfquellcs mefme outrepaflent toute couftumc barbarcfque , ayant ces iours paffez, de peur que ic ne fuiTe fccouru pour rc-couurcr le mien perdu , faióf mourir par diuers tourmens plus de trois mille hommes, amp;nbsp;outre infinies femmes auec vne hottiblc cruauté ,• ne voulant ïamais manger que premicremet pour fon plaifit il n aye faid trancher la tefte à quelque grad Seigneur. Et auec tels cruels compot-temés il domine fur ce pauure miferablc peu- ‘ pie mien, qui dc peur de perdre la vie eft contraint ,ou abandonner fes maifons paternelles, crratït pcrpetuelkment çà amp;nbsp;la, ou bien dc faire ce qu’il commande. Or confiderant ces mal-heutetifesamp; abominables aftions, ncpouuant plus me côtenir ic me luis délibéré d’ellaycr ma ' fortune,! quelle me rendra l’cftat auquel rc fuis nay'ou ptiucra mon corps dc celle vie, nC pou uant plus foulftir aucunement telle mefehan-

I cetè. Et pour cede caufeie vous prie par la foy de lelus Chtill,felon laquelle nous viuons, 8cà laquelle mon innemy ne Croit, amp;nbsp;laquelle au contraire il defprife, que vous ne vouhez m’a-bandonuCren cede necelfue , ainsme donner tout le fccours tpui fera en voftre puilFanee, afin 1 i

-ocr page 522-

lAißoire deVlongrie

„ que par le moyen d’iceluy ic puifTc rccounreï mon Royaunse , amp;nbsp;venger le fang efpandu de „ tant de nobles Gcntilshômcs,quipourramout ,, de moy ont cfté vilainement contre tout droit, „ amp;raifon maiïacrcz.Et fi la viôtoire fc tourne de J, ma part ce lera pour le bien de tous les Chre-„ ftiéSjamp;pourleferuice de Ferdinand. Etf’dad-uientautrement i’aymcpluftoft mieux mourir combatant dedans mon propre pays,que viutc en ceft exil chafle par ce mtîchant monftre de Mircé, Caftalde le confolant amp;quot;nbsp;l’exhortant a pourfuyurc cefte entreptinfe , luy fit rcfponce, qu’attendu les iuftes caufes qu’il alleguoit, amp;nbsp;defquelles il cftoit a fiez in formé il n’cuft aucu doute d’en auoir bonne iflîië pour le fecours qu’il luy promettoit, amp;nbsp;premièrement celuy de lefus Chrift, qui eftoit le plus certain amp;nbsp;afleurc pour eftrc par luy, amp;nbsp;non parfon cnnetny adoré, feconderaét celuy qu’il pourroit gagnerpar la force amp;nbsp;vi rtu de fon propre bras, amp;nbsp;vaillan-rife de fes combarans, amp;nbsp;pour le dernier luy offrant bon nombre de foldats,amp; de deniers; luy remonftrant de diligenter cefte execution pen-dât que lé Turc eftoit occupé és affaires de Pet-fc,amp; de ne vouloir perdre cefte occafiô laquelle (e prefentoit tant fauorablc, par-ce qu’auant que le Turc fut venu donner fecours à Mircé il feroir défia iouy fiant de la Seigneurie plus d’vn an,amp; auroit moyen d’afieurer tellement fesforces qu’il feroir bien ayfc de l’auoir pour amy. 11 luy accorda tout ce qu’il demandoit amp;nbsp;plus par «empafiion qu’ilauoitdcluy, que pour croire

-ocr page 523-

Liure ßxiejme. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;151

lt;^u’îlpeuft far tir victorieux d’vne telle entre-prinfc. il luy donna (ept cens chenaux amp;nbsp;quin- ' 5 ? 2e cens Aiduchs des meilleurs foldats qu’il eut, amp;nbsp;qui auoienc fort bien monftré leur vaillance durant ces guerres,ayans toufiours cfté és enui' ronsdeThemefuartenans inccflammentle cap de Mahomet en alarme,amp;le mettans en grande deftrefle : le Capitaine d’iceux fc nommoit Nicolas fort vaillant homme pour combatte, encor que bic fouuét il f’enyuraft fuyuant la con-ftume de ces nations.Raoul print congé de Ca-ftaldc,amp; auec ces foldats amp;nbsp;autres qui f'eftoient ioinéts auec luy fe refolut de vaincre , ou de mourir. Comme ceux cy marchoiét Mircc eut aduertiflement de 1’armee que Raoul amaffoit de toutes parts, Si commeille venoittrouuer. Si auec quelle intétion. Ce que confiderant fit incontinent, pat le moyen de fes amis, araatîer le plus de gens qu’il peuft, faifant vne armee de quatre-vingt mille hommes,auec lefquels,Si a-ucc tréte-fix pieces d’artillerie il fc mit en campagne,fc logeant à l’cntout de Tergouifte pour nbsp;nbsp;,

attendre là fonennemy , comme eftant le lien plus commode pour difpofct Si ranger fes gens enbataillc. Raoul au contraire quelque effort ou diligence qu’il euft peu faire ne peut iamais amaflet auecles gens de Caftaldc plus de douze mille hommes, encor qu’il cuftplufieuts amis. Si qu’il fut le bien venu en general patmy tous lesTranfalpins •• car aucun ne luy oloit porter faueut le V oy ant auec fi peu de force,Si fon cn-nemy fi braue , craignant vn chacun que cefte

Il iii

-ocr page 524-

Hifloire de Hongrie cntrcptinfe ne peut rcülfi r à fon honneur, amp;nbsp;de toinbcrcnrindignation .de Mircc , la cruauté duquel horrible amp;nbsp;execrable on redoutoit grâ-dcincnt. Aueccepeudhornmes toutesfois ne laifla de marcher pour aller rencontrer fon cn-nemy, lequel auoitpourlon auanrgardefixcés Turcs a chenal cftanc rclolu de donner la baquot; taille,amp; de ne l’eftonner aucunement du grand appareil de fon ennemÿ,cftant vn matin à l’aii-be du iour arriuc fur certaines collines, fut def-Sutaillim couucrtparjes (cntinclles de Mircé , lequel a-trlt;K4()»Z lors foudainement fit ranger fes gens voyant O Af/r«. qu’il ne pouuoit aucunement refufer la bataille , amp;cognoiirantque fes ennemisrefolument la luyvouloicnt donner, Sgt;c encor qu’ainfi fut qu’il euft peu reuitcr,fi ne voulut-il point fc retirer,combic qu’il eut quelque crainte de combatte , ayant eftéadiicrty que Raoul menoita-uec (oy des Efpagnolsamp;r Allcmans,lcfquels Ca-ftaldc luy auoit baillez , fafleurant bien que ce peu de Ipldats qu’il auoit eftoient fort vaillans, amp;nbsp;non ayfez à deffaire, amp;nbsp;mefme fc défioit de quelqu’autre fecours. En fin durant tels penfe-mens Raoul fit deux cfquadrons de fon armée, cftant chacun de cinq mille hommes de pied amp;nbsp;de mille cheuaux, la plufpart defqucls eftoient arcquebuzicrs,amp;lcs ayant fait marcher iufques à la portee de l’arcquebu^c farrefta fur vn haut faifanr eftendre fes gens en façon qu’ils faifoiét monftrc de quatorze à quinze mille hommes. Ce qu’ayant efté apperccu par Mircé, 5c croyat ce nombre cftrc plus grand qu’il ne f cftoit mo-

-ocr page 525-

Liure ßxiejme.

lyz

Arc auparauant, commença à fe défier de quelque tromperie, amp;nbsp;de n’auoir pas eu au commé-cement des aduertiflemens certains, commandant à fes gens de (è referrer plus que de couftu-me,lors que les aiquebuzicrs de Raoul plus cô-fufément que par ordre,fans attédre autre com-Kiandemét ou fignal,refo!us lt;comme ils auoict auparauant promis)de vaincre ou mourir, don- ’ netent auffi furieufcment en vn efquadton de Mircé, comme feroient des loups dedans mille troupeaux de brebis, amp;nbsp;rompans les premieres filières, amp;nbsp;tetraflans vn grâd nombre de Turcs, lefquels comme plus vaillans tenoient les premiers rangs,Scfurlefquels Mircé fe fioit le plus, les autres commencèrent incontinent à reculer amp;nbsp;en fenfuyant firent par tout vu tel defordre qu’il n’y eut celuy qui n’eftimaft la fuitte pour fon meilleur. Raoul d’vn autre cofté en mefmc heure auec fon infanterie amp;nbsp;cauallerie entra fu-lieufcraét dedans v n autre efquadron de caual-letie de fon ennemy,auec non moins de coura-j gc que les fufdits arcqucbuziers,amp; rompant les premiers rangs contraignit les autres de tourner le dos , eftans de tous coftez percez de l’e-fpefle grelle de celle atcqutbuzerie, laquelle ne tiroir coup en vain.Cede fuitte fut de fi grande efficace pour Raoul, que l’efquadton de Mircé voyant ces deux rompus, fans attendre autrement l’ennemy fe mit tellement à vau de route qu’heureux elloit celuy qui fuyoit le mieux . 6c celuy fe fentoit bien fortuné, qui fe péfoit élire ploltofl fauqé que les autres; cecy efiat aduenu 1 i iiij

-ocr page 526-

Hifloire de Hongrie pour cftrc la plus grand part de ceftc armee có» pofec de gés t nuoy ez par les villcs,amp;Seigneurs du pays , 1 cl «quels font plufto'.l propres à faite nombre , amp;nbsp;ombre qu’a gagner vne bonne vi-ôtoirc. Audi fouuétesfois void on qu’vn grand nombre de tels eniioyez font toufiours vaincus amp;: batuspar vn petit nombre de foldats bien dilciplinez amp;nbsp;excrcitez, lefqucls pour la gloire ne refufent le fer, le feu , ny la mort mcfinc, amp;nbsp;par là peut-on iuger combien la peur amp;nbsp;coüar-dile font peftiiencieufes en vne armee, amp;nbsp;combi« n au contraire eft louable la valeur,amp; la vertu d’vn franc courage joint! aùec la force du corps, iuec Icfquelles parties on cuite l’infamie de ce mondc.amp; acquiert-on ceftc vraycgioire, qui orne amp;nbsp;embellift vn chacun , amp;nbsp;qui cflcua grandement Raoul, acquérant auec icelle fifacilement ceftc vidoire, qu’il fcmble que ce foit vn vray miracle de lefusChrift,lequel pour punir ce tyran cnnemy de fa foy, aye permis que cefte ruine foit tombée fur luv. Voyâs donclcs foldats de Raoul que toute l’armee de Mircé e-ftoit deffaide, amp;nbsp;qu’il n’y auoit plus aucun qui fe deffendift le laftans d’aftommer,^ tuer leurs ennemis , commencèrent à fouiller tous ceux qui tomboient en leurs mains , amp;nbsp;firent fi bien leur profit que chacun en deuint riche. Tous ceux qui de la part de Mircé eftoient reftez cri vie fc rangèrent foubs les enfeignes du vido-rieux côme eft la couftumedu vulgaire de fuy-urc toufiours nouuclle fortune, defirer con-tinucllemct nouucaux Seigneurs:^ faifans en-,

-ocr page 527-

[.iure /txiepne. 155 ferablément vne große aimcc, fe dclibcrcrét dc poutfuyure Mirce , lequel Peftoit fauué auec Is rede des cinq cés Turcs que nous auons cy de-uant nômez,amp; auoit paffe le Danube. Il mourut en cede bataille defepe à huiét mille hommes du party de Mirce , amp;nbsp;Raoul en perdit cn-uiton fepteens. Cede notable vidoire edant acquifeparRaoulg ignafoudaincmét tous les meubles dc fon cnnemy, Icfquels valoient à ce qu’on difoit plus dc deux cés mille ducats, aucc Icfquels il remedia à la ncccffité paffee , ôc rc-couura tout fon Royaume ; les principaux duquel aucc tous fes parens amp;nbsp;amis vindrent le re-ccuoir.Sc le rccognoidre pour leur vray 8c legitime Seigneur, 8c apres le menèrent en pompe àTcrgouidc, ou amiablemcnt tous luy iurerct fidelité,8c luv firent tels honneurs qu’ils luy de-uoient. Voyla les mutations 8c changemens de Tranjtl-fortunc , aucc Icfquels elle efleue en hault 8c a- ?”«• baiffequiluy plaid, 8c donnecxcmplcaux Potentats de ce monde, en quelle façon ils doiuét difpofer leurs afltions, 8c comme ils doiucnt fc fier en elle , puis qu’au mittan de la terre on ne peut nommer aucune chofe ferme 8c dable.Vn Bugeron pourfuvuit Mire«, 8c loignant vn autre Bugeron, qui cdoit bien vedu 8c richement armé le tua,crovant fermement que ce fut Mir-cé , 8c rapportant cede nouuelle fit gencratle-raent refiauyr vn chacun,Mais incontinent ort entendit que cela n’edoit vray , 8c qu’il f cdoit fauué en la façon que nous auôs dit. Quelques tours aptes ayant Raoul pacifié toutes chofes

-ocr page 528-

H iß oir e de Hongrie

cn fon Royaume, dépefcha fes AmbafTadeuts vers Caftaldc pour Ie remercier de routes les faneurs qu’l 1 luy auoit fait par cy deuât, amp;nbsp;du fe-cours qu’il luy auoit donne,auec lequel il auoit gagné cefte victoire , laquelle luy auoit rendu fon Royaume amp;nbsp;confcruc la vie, f offrant à luy entièrement, amp;nbsp;l’afTeurânt de fe tenir toufiouts preft à quelqueoccafîon que ce fut pour l’accompagner , luy iurant en outre toute fidelité, amp;nbsp;que de fa part, amp;nbsp;de fon pays luy feroit touf jours gardée bonne paix amp;nbsp;amitié. Pédant que cefte dtpefehe fe faifoit arriua à Vafracl cb Chi-aufs, lequel deuoit negotier la paix entre Ferdinand, Solyman amp;nbsp;les Ttanfiluaniens, comme

nous auons vn peu douant récité. Iceluy eftant de retour de Conftantinople amp;nbsp;venu cn ce lieu il y ttouua fuyuant l’ordre qu’on y auoit dôné, quafi la plus grand part des principaux de celle Prouincc affemblez, qui l’attcndoicnt aucc vn Htjponct gr^nd défit de la paix. On luy fit grand hôneur, desolyma amp;nbsp;aprcs f’cftrc tcpofé vn iour fit conduit en

aux itoiir-chiu gîte l(s

Honores ^onr lit

ra(Icmblcc,ou au lieu de paixamp; de trefucs il apporta tant de frayeur amp;nbsp;d’efpouuanrement cn l’efprit d’vn chacu que ce fut chofe incredible, parce qu’au lieu d’accepter le tribut il dit à tous au nom de Solyman,qu’il vouloir qu'ils rcceuf font le fils du Roy lehan amp;nbsp;de la Roy ne Ifabel-le fa mere, comme cftansleurs vrays amp;nbsp;legitimes Seigneurs,chalfaflcnt hors deTraufilua-nie Caftalde, amp;nbsp;milicnt en pieces tous les gens de guerre qui eftoient fouldoyez par Ferdinâd, Si qu’alors il reccuroit le tribut ordinaire,ôc les

-ocr page 529-

Littre ßxießne. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;154

cŒimeroit dignes de fa grace, 5c quand ils vou-jdroient faire autrement qu’il leur feroit voir combien fon irc,amp; fon pouuoir ont de puiffan-ce pour (c véger contr’eux tous, en faifant mettre tout à feu amp;nbsp;à fang, 5c faifant pafler fes chc-paux par defliis leurs corps , reduifant leut pays cnvnemiferable deftruûion. Et cela dit leur bailla vne lettre en Latin addreflec au Vayuodc Eattot,5i à tous les autres Seigneurs de ce Royaume, laquelle de mot à mot i’ay Hdellcment efetite fans changer ny corrompre aucune ebo-fc. Icelle eftoit elcritc en lettres dot à la mode Turcquefque,dedans vn parchemin luifant corne verre en affez gros latin.L’infcnption eftoit tellç.

MAnddtuminttiEltßimi Imfxrxtaris Turc^A-rum dd Dominum Battorem Undream Cd-pititneuminTrdnfiluanid,dcdd altos illiM Begnidominos^^c,

I D E L I s ƒ de chrißiyCr inter clirl-ftiAnos tnregn» Tranfiluania frudens^CT generpfi domme Batter ^ndreoi^ CT ca-terial'^ Demmt nebis dileBißimt,(y^c, deTran-Ex mandate celfitudmisneßratntellt^ettsquod vobis filuanu. multettes netificauimw ejued peßquam frater Geer-gitts Theßturarius neßer crudeltter,acpertnßdias mer-tuus futt antequam Germanes,quts ^trefter dißerdias veßrof intreduxeratis^expellerepoßet^ves, er al'if do-mtnt TranßlMnia cemmttni cenßltc, erauxtlie ijgt;roi

-ocr page 530-

Gerntitnn ex nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;veflm femndumfideüutem,

exceljle Perta ntflrx debetif^eifcere debeatif, Perumc^ hec hdäenM^ frilum nenfit, vts nunc lt;td td execfiundu ^dhert4rt placutt, quenum vebif emnepecctud remit-tend»,Cf dehilumhuevfquectmmijfium, omnemli~ bert4tem,quAm nntet, in regn» Trunfiluaniee htibutfib, tterum c»ncedere,0' cenfieruAre p»lltcemur,Cfv»s fid-ditt,Cf Demtni apud nesfimfer tn honore,fi»b ru-firA pratecisone eritts. pegnum Autem TrAnfiluAmt quemAdm»dum Antefub pege loAnnetCf fih» iuofiub-tilths, Cffideltbuinofirù, inUbertAte, Cf tjutetefuit, fie, er nune rjfie dtfionemtu, CT tpfium Pegie loAnnit filtutn tnter vos regnArefro eert» promtttemue. Cum entm tpfie Rex 1 »AnnesfubdituA, CTfierutter noßernt’ bis fineer e,erfideUterfierutret non ftlum À nudo molt-fiurt pAfit no JumtuJed poß etus morte fils» fut pertsu-lo Adhue,pAternAm pAtrsam,er regnum exprAttA, (T tlementtA noßrA concefismM,cr TrAnfiluAnufictem-poribus lUu pAetfieA fuit. Sed pofimodum tntroduBit GermAnis mAxtmA dtfieordiA mter vos ortA eß, ob ^UA, er Ad tntrodueendum Pegis loAnntsfilsum , CT mA-trem fpJiuA,Ae Ad liberAndAm TrAnfiluAniAm Ab tnimi-eis fiuts nAturAUbtu peigrAttA mAxtmum,cr pstentifi ßmum exereitu ordtnAn, CT eon^egArs mAndAuimUS. Neeefii eß pro fidehtAte veßrA diUgentem vos eu-rAm habere vt GermAnos regno veßrogladio propulfe-

gt;Gr doneefiltus pegis IoannissntroducAtur tn Um tpfiiss, snter vos dignum, CT honor At um hominem in generalem itlius regni Capttaneu eligatis, e'tque omnes obediAtis vtinimicum veflrum naturalem apud vos eße non permittatis,fied illos,qui tant a difeordia in tpfio regno fiunt caufit,communi eonfiUo expedite, cTregnu

-ocr page 531-

L,iUre jîxiejme, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;2^^

ßl'ij I^egis Domini veßriddi^enter gubernart titrabt~ tif.Q^dßßgnum tfiudßdelittitii, nbsp;nbsp;nbsp;ebedieti^ i v»~

bii tccepertmit«,non folum tn regne Tr^nßlmni^ Über-tatemveßram antnjMam,fedmaximamgrt(ttam, bonirem tib Imferiali Ctlßtudine noßrtt »btinebttif. Nos interim exercitum noßrum innumembtlemfr» regne,(j- fihe nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;cenfenMbtmM,(y tarn nunc f re li-

bertate ifßm « muntbits intmicerum metteri erdtniiui-mtu, quilt nulle mode aßentire veluimw vt inimict in eit Preuincia regnent. Et cum leannem R^egemßtbdi-tum,crßdelem [iruum fuum neßrum,acfiUum etiam idem ejß nouerimw, decreuimu« emntne vt in regnum reuertatur , m tn ipßim per nes reßitutuf regnet, ij* Dee cencedenteinimicum fuum auxilie neßre fimper debellet (X vincat. idcirce nunc lamgratia Omnipe-tentis Del mitgntßcum,i^ maxime potentem,(X ‘'bedientem fubditum, ßdelemqueferuiterem Cilßludinif noßra llluflrißimum ^chmetem Baßam feiundum Conßltarium Majeßittiinoßrie ,tum multos noßrof, tum proprtos aulicos , lannißerefque Imperialis poten-tißima, acinutÜißtma Porta Celßtudinis noflra, O' “lt;mmAXime exercitude Gracia , CT Pndaßmul cum Capitaneisgeneralibuf , nbsp;nbsp;cum omnibus Sanfiacchif

mauere fectmus, adee quedcum dtêîo Coßliarto noßro, antequam cotra hoßem perßna noßra meueatur,exer-citum ducenterum mtlltum hominum bene inßru^leiti habebtmus. Praterea mandautmus ferenißtmo Prtnci--pt de Tartaria, faiuodtCque DalacchiayCT Moldauia, cum omnibus Sangiaccnis, qui fun tin lUis partibus vitra,cura Danubium,vtcum omni eorum peditatu, CTequitatuß cum diHo E'eferto noßro coniungant,(j' l'es etiam neceße eß fecundumfidelitatim veßram dt-gt;

-ocr page 532-

Hifloire de Hongrie

Û» Sajpeferuiattf , cr »«««« tam aâ excelßi/n Tir-i tant nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ai eum iecernittif.Q^iß maniit-

to noßro hüte inobedtmteStCr' cum mtmteii noßru cö-‘ tories eritis,cruielttatem, (xflr*gem, quam Tranßl-uanta ré^numvsiebst, ex iementss veîîrts preeeßiße creiatss. Nam^ratia Creatorts omnipotentts Des ßc‘ ramm chrsßtanss, ct' re^no rranßtuansa trans , potetttsam noflram oßeniere. Etfi spß Tranßluarttai pnßinam obeisentsam, er fiielstatem nobts aiiuuan-tsbus reuerts recufabunt^ nujquam Ms erunt, Cf ff' totum munium iebstas luent panas, lurautmw enm Omstspotents Deo quoi sn Tranßluansa lapisßipra la-ptiem nd relsnquetur, homines omnes in ore^lais/ it-ri, pueros, (xfamtnas in capttuitatem, omntäqtoe lit* filo aquari faciemsso. Propter quoi vti inuidlißssnstint, er potentifsimum Imperatoremiecetnetantarum a-ntmarum exitum fiper norlram animamßat,vosons' nes prsiu monenios ejfe cenfiiimm. lam multotsetvt-bis maniata talia mtßmsMyqup ne^lextslts,fcißmais' dato hisic vltimo obeiientes non erttts,aeerbttatem,C' rittnam,quam videbitss non nobts fii vobts tpßs attri-buite^ Omnia igitur cum tempore bene conßilite, nans' eptera prudentiç venire examtnania relinqutmtU, Datum Conflantinopolt fipttma Lunp Odlobris.

Voicy cc que cefte lettre veut dire en noftre langue.

Mandement de l’Inuinciblc Empereur des Turcs au Seigneur André Battör Capitaine en Tranfiluanie , Sr à tous les autres Seigneurs d’icelle,amp;c.

-ocr page 533-

Ar le mandement de noftre grarr^-deur amp;nbsp;AlteflcjVous entédrez,vous fidele en la foy deChrift, Andre Bat-tor entre tous IcsChreftiés habitans leRoyanaumedeTrâfiluenie,prudct amp;nbsp;cheua-leurcuxSeigneur, amp;nbsp;tous vous autres Seigneurs nos bien-airnez,côme plufieurs fois nous vous ayons fait fçauoir (apres que le Moyne George noftre Treforier fut cruellement amp;nbsp;en trahifon tue, auant qu’il euft peu chafter les A liemans que vous auicz introduits en ce Royaume par vos difeordes) que vous douiez vous amp;nbsp;tous les ƒ autres Seigneurs de Tranfiluanie, par vn commun confcil amp;nbsp;fccours chafter Icfdits Allemans hors de voftrc p^ys, fuiuant la fidelité que vous deuez à noftre Porte.Ce que n’ayant efté encet par vous faiél .nous auons bien voulu maintenant vous inciter à ce faire , en vous quittant toutlc péché amp;nbsp;faute que iufques huy vous a-uezeommife, amp;nbsp;vous prç/mettant de vous dô-net derechef,amp; garder tôutc la liberté,laquelle par cy deuant auezeuc en ce Royaume de Trâ-filuanie, amp;nbsp;vous Seigneurs amp;nbsp;vaftaux ferez toufîours fous noftre ptoteâion amp;fauucgarde, amp;nbsp;vous tiendrons en tel honneur qu’il vousap-partiét.Et quant au Royaume de Tranfiluanic, comme fous le regne du Roy Ichan , amp;nbsp;de fon fils nos fideles vaifaux il a efté en repos amp;nbsp;liber-te , nous ordonnerons que maintenant il foit ainfi, amp;nbsp;vous promettons d’aftiurance que le-dit fils du Roy lehan régnera fur vous. Carpe-dâtquele Roy Ichan,noftrc vaflàl amp;nbsp;feruiteue,

-ocr page 534-

I^ifloire de Hongrie ilous femoit fidcllement amp;nbsp;fincerement, flou* n’auons point ibuffert qu’aucun vous aye mo-Icftc ou trauaiHc, ains dauantage apres fa mort nous auons de nortrc grace amp;nbsp;clcmcncc fpeciî-le donné àfon fils cftant encor en fort basaage fön pays paternel, amp;nbsp;ce Royaume, amp;nbsp;alors la Tranfiluanic à toufiours efté pacifique. Mais a-I»res que vous aucz appelle parmy vous les Al* emans, les dificntions grandes fcfont efleueeff entre vous pourlefquelles, amp;nbsp;pour remettre le fils du Roy lehan amp;famerc,amp;pourdeliurctla Trafiluanie de fes ennemis naturels, parla grace de Dieu nous auons commandé d’aficmblel vne tres-grande amp;nbsp;très puiffante armee. 11 faut donc en eófideration de voftre fidelité que vo-ftre foing diligence foit de mettre hors de ce Royaume auec vos armes les Allemans, amp;nbsp;en attédantque le fils du Roy lehan foit remis en fa place,que vous efiificz vn Capitaine general en ce Royaume,auv.ycltousvo’obei(fiez,amp;ne fouffriez plus voftre enncmy naturel cftre pat-my vous: mais par vn commun aduis déchaflèz ceux qui font caufe de fi grands difeords entre vous,amp;quc chacun f’efforce filon fon pouuoir de bien amp;nbsp;diligcmmét gouuerner le Royaume du fils du Roy voftre Seigneur. Et fi nous rece-uons de vous cefte marque de fidelité amp;nbsp;obevf-fance, vous n’obtiendrez pas feulcmétdenous-en ceftuy RoyaumcdeTranfiluanie voftre ancienne liberté, mais receliez en outre de noftrc Majcfté vn très grand honneur amp;nbsp;grace. Cepe-dant nous entretiendrons noftrc armee infinie pouf

-ocr page 535-

Li ure /ixteÇme.

pour ce Royaume,amp;lèfiIsduRoy,amp;auons jà 1 ^5 commandé qu’elle marchaft pour la delioran-cc d’iceluy d’entre les mains de fes ennemis. Carnousncvoulôsaucunemét permettre que fes ennemis régnent en cefte Prouincc,amp;ayan8 efte affez acertenci combien le Roy lehan no-ftre vaftal nous eftoit fidele feruiteur, fon fils auffi,nous auôs délibéré de le reinftaller en fon Royaume, amp;lefairercgnereniccluypar no-ftre moyen , amp;nbsp;luy donner tel fccours qu’auec lapermilTion de Dieu il puifte vaincre fur-monterfon ennemy.A cefte fin nous aüonsfait marcher auec la grace de Dieu tout-puiftànt le magnifique amp;nbsp;puifiant, amp;nbsp;noftre obeyflant fu-je(ft,5i fidele feruiteur de noftregrandeur amp;A1-teflcile tres-illuftre Achmet Bafcha fécond Cô-fciller de noftre grade Majelté, 5c plufieurs autres nos fujefts Sc couttifans, auec grand nom-hredes lanniftairesde’atrefpuiftante Sc inuin-ciblcPorte de noftre grapdeut ôc Alteftc, ayant àuTiniandéà tousles Capitaines généraux5c Sangiachs , de faire fortir de Grèce 6c de Bude vne groffe armee, tellcrncnr qu’auec noftrediók Conleiller nous aurons vne armee de deux ces mille hommes bien en ordre , auant que nous marchions en pérfonne contre l’cnfiem^ Da-nantag- nous auons mSdé auSerenilfime Prince deTartarie , auxVayuodesdeyallacchie 5c Moidauie , 6cà touslesSangiachs' qui font en ces contrées deçà 6c delà le Danube , qu’auec toute leur infanterie 5c cauallctie, ils ay ent a fc joindre auce noftredit Vi^ir : ôc cft aulfi neeef^

Kk

-ocr page 536-

quot; mfloire de Hongrie faire fuyuant voftre fidelité que vous obeydîei audit Baftha , amp;nbsp;qu’enuoyez tant vers noftre Porte que vers luy vos Ambafladeurs. Mais fi vous cites des-obey flans à noftre mandement, amp;nbsp;vous vous accordiez aucc nos ennemis, efti' mez que la ruine , perte amp;nbsp;cruauté que fenri» le Royaume de Tranfiluanie n’aduiendra que pat vos démérites. Car par la grace de Dieu Créateur tout-puiflant nous cfperons donnetà cognoiftreaux Chreftiens , amp;nbsp;au Royaume de Tranfiluaniequelleeftnoftrcfureur, amp;nbsp;puif-fancc, Et fi les Tranfiluaniens en leur offrant K liurant noftre fecours ne veulent retourner à leur ancienne obcyflancc amp;nbsp;fidelité, iamaisne feront en aucune part afteurez, amp;nbsp;fouffrirot pat tout le monde les peines qu’ils aurôt meritees. Car nous auons flit ferment à Dieu tout-puif-fant qu'il ne demeurera en Ttanfiuanic pierre fut pierre, que tous les hommes fcrôtmisaufil de rcfpccjquc les femmes amp;nbsp;enfans feront menez en captiuité , amp;nbsp;que nous ferons tout def-mollir amp;nbsp;mettre parterre. Dequoy nousauons bien voulu prcmictcmcnc vous aduettit tous, comme il appattiét à vn tres inuinciblc amp;nbsp;tref-puiftant Empereur , afin que la perte de rit d’a^ mes ne tombe fur la noftre, Nous vous auons défia plufieurs fois enuoyé pareils mandemens defqucls vous n’auez pas tenu grand compte. Alais fi à ce dernier vous n’eftes obeiflàns,attri-buczàvousamp;nonà nous la cruauté amp;nbsp;ruine que vous vcrtcz.Pcfcz bien donc toutes chofes auec le temps, car nous laiftbns le refte pour cC

-ocr page 537-

Liure fixießne. x/8

Jilüchcr à voftre prudence. Donné à Conftan-tinople le fcptiefme de la Lune d’Oótobrc. Ceftc lettre eftonna tant Vefprit d’vn chacun (Huantms quepeuf’en fallut qu’il n’aduintvnc generalle eflonnn^ icuolution.tant pource que le Vayuode Battor Iff* n’y eftoit (eftant abfent pour maladie) qu’à rai-fon qu’on parloit du retour du Roy lchan , 8c , i delà Royne fa mere. Caftaldc qui eftoit encor en Albcjulc, où il f’eftoitlogé pour pafler vne bonne partie de l’hyuer,ayant receu lettres, par lefquclles on luy donnoit à entédre toute cefte affaire,amp; le confeilloit-on de venir en diligence pour Y donner ordre , luy mandant que les Ttanfiluanics n’auoient plus gueres bonne volonté entiers luy ,8cque la plus part d’iCeux vou-loient agréer auTurc, 8c t’appellcr lehanpour cfttcleut Roy, partit foudainement d’Albcjulc le deuxiefmc de Décembre, fans auoir efgard à

1 la violence de l’hyuer, lequel pour lors eftoit l horrible, 8c fc rendit à grandes ionrnecS à Vaf- * 1 raël, atriuât le matin mefmc que la Dicte fe de-1 uoit conclure, 8c qu’vn chacun deuoit declarer 1 fon aduis. Son arriuce mift en fort grand ttou-1 nbsp;nbsp;blel’cfprit des principaux , 8c les tetaint pour

l lors quelque peu, empefehant que la côclufion 1 ne fc fit fi toft, laquelle toutesfois eftoit défia I toute rcfoluc entr’eux, 8c les confeilla d’y péfer I dauantage. Le lendemain pout leur öfter cefte l ctaintc,les r’affeurcr 8c confirmer en la deuotiôquot; i êcamitié de Fcrdinand,cntcptouuant l’orgueil 1 8c vanité de cefte lettre fufdiic,lcs ayât tous fait 1 nbsp;nbsp;appellet àlxDietc ,lcnt fit cefte remonftrartC«

Kk ij

-ocr page 538-

Wißoire de VXongrie

” Icnefçay, ô Seigneurs Hongres, Saxonsamp;Si-J*' ciliens, pour quelle occafion vous vous elles ß ” toft laiirczeftonner,amp;tcllement intimider que quot;nbsp;ienc puis finon dcce m’tfmcruciücr extrétne-” ment, voyant fi pour parolles vaincs vous eftes ” fi dcfcouragcz amp;nbsp;demy-morts,que iedoiuepé-• ” fer de vous 1 il falloir venir au fanft, depeurdu-” quclvo’ncfaudnczàfaircpis,amp; poutlacrain-” te des maux que le Turé vous denonce,vous te-” driczaucc vnclafchctc grande le col foubs le ” ioug de fon Empire tyrannique , voulans pout ” vne fi legere eaufe vous defrauder vo’ tnclmes ” de celle gloire , qui fell veuc en partie acquilc ” par vous lufqucs à celle heure , amp;quiparplu-’’ fleurs armées à relplendy par tout, ne confidc-” rans point qu’on dira que voftrc peur aura elle 5’ en partie caufe de ce que tels eferits iniurieux ” menaces horribles auront' eu là force enuers

« vous de tuer , amp;nbsp;faire mourir ainfi les homilies' » fans voir aucun glaiue. Mais fi vous ne voulez « qu’on eftime cela de vous , amp;qucdefaictaulli vous n’én vouliez donner aucune occalîofl, 5» pourquoy en guife de femmes, ou d’enfansvo lailTcz-vous ainfi effrayer;N’eftes-vouspashó-M mes comme eux ? H’auez-vous pas la incfme 3, gaîllardifc,force nbsp;nbsp;vigueur qu’ils ont? Et qu’flt

33 ils plus que vous? Qu’auez-vous à craindre »3 ainfi foudainement i vous qui parle palTé les 33 aucz tant de fois battus amp;nbsp;vaincus ? Ne portez 33 Remaniez vous pas les mefmcs armes ?Et ne n chcuauchcz vous pas les mclmcschcuaox,aucc n lefqucls vous leur auez donné tant de trauailamp;'

-ocr page 539-

Liure ßxiefme. zçlt;) cTcnnuy, qu’ils ont plus d’occafion de vous te- quot;nbsp;doutcr,que non pas vous de perdre ainfi le cou- « rage pour l’amour d’eux? Quel blafme amp;nbsp;honte quot;nbsp;vous fera ce,à vouSjdi ie, qui tant de fois auez “ eftéviôlorieux, Sc auczfouuentdeffaiôl amp;nbsp;def- « chr fie le Turc hors de ce Royaume , deluy ac- « corder, pour la brauade d’vnc fimplc lettre, ce “ que par les armes vous n’auez iamais voulu ? amp;nbsp;“ vous jetter corne fimples aigneaux en la gueule « duloup’Nevousfeta-cepasàvousvndes hô- “ neur perpétuel ? 11 vous conuient donc auoir “ cefte ferme opinion qu’auant que tomber en fi « grande indignité, amp;nbsp;enteile calamité vous ex- “ pofiez voftte propre vie pour laReligion,pour “ voftre pays,enfans,frères,femmes,fœurs amp;c pa- “ tens, pluftoft qu’en demeurant en vie vous 1er- '* uiet de moquerie à tout le monde. Car ceux-là « feront toufiours eftimez glorieux, amp;nbsp;dignes de “ 1 nbsp;nbsp;nbsp;toute louange , lefquels combattant pour la li- “

i bette de leur pays,amp;pour le falutcômunn’au- “ 1 nbsp;nbsp;ronttefufévncmortnonorable.pourcuiterv- “

1 nbsp;nbsp;ne vie malheureufcamp;deshonefte. Vous voyez quot;

1 defiaque le Turc à fondé tous les moyens , amp;nbsp;1 nbsp;nbsp;n’ayant peu vous vaincre par force , il tafehe “

1 maintenant par ces autres ficnnes rufes de vous “ 1 fubiuguct amp;nbsp;dompter, afin que vo’ cfprouuicz ' 1 nbsp;nbsp;cefte fiénehorriblc cruauté en laquelle fespro-

1 nbsp;nbsp;presenfansfont tombez, Et croyez moy,celuy '

1 qui eft cruel contre fon propre fang, ne peut c-1 lire doux humain enuers autruy , ainfr com-1 me il ne fera enuers vous aucunement. Maisfc l portera tel, voyant vos diflentiôs de vous tous 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Kk iij

-ocr page 540-

mfloire de Hongrie mal vnils cnfemble, comme luy amp;nbsp;fes predccef-feurs fe font portez lors qu’ils voyoienc les dif-cordes entre les Princes Chreftiens , Icfquellcs leur ont accreu ceft Empire tel qu’on le void auiourd’huy. Et alTcurez vous qu’il fera auec vous comme il à fait en la Grèce, laquelle pour fon dernier refuge print pareille refolution à la voftre , la fin de laquelle vous doit eftre plu» claire amp;nbsp;notoire que iamais pat l’cxpcriéce des maux paflez. Au contraire fi vous voulez eftre en vnc bône vnion cnfemble,ces parolles hautaines amp;nbsp;furieufes ne vous pourtôt aucunemet nuire. Car vne vnion amp;nbsp;concorde generale fait toufiouts pcuràTcnncmy , amp;nbsp;là difeordeluy donne cfpoir de vaincre, amp;nbsp;par le moyen d’vne mutuelle intelligence amp;nbsp;amitié, vouscognoif-fez qu’il n’aura la puifiance de f’acharner en vO' ftte fang , ny fe faoulcr parmy vous auec toute forte de lubricité, comme fes predccelTeurs ont faiâ és principales maifons de la Gtece. Oc voyant le copimun eftre naturcllcmét plus enclin à cflire le pire que fon meilleur, i’ay bien voulu vous aduertir auec les plus graticules re-monftranccs qu’il m’cft poiTiblc,q vous n’ayeï à nôchaloir ainfi voftre rorec amp;nbsp;vertu pour des brauades faintes amp;nbsp;pleines de vent. Confideras en quel repos maintenant vous eftes iouylfan» du voftre en pleine liberté, amp;nbsp;paifiblemcnt, amp;nbsp;foubs l’ombre de voftre Roy qui cft fi element, amp;nbsp;fi luftc qu’aucun autre ne fe peut appareiller à luy, icimaginans au contraire , que vous ne trouuercz: iamais ny repos,ny falut,fous lapuif

-ocr page 541-

Liùre ßxießne. 1.6 a ßce de ce cruel amp;nbsp;barbare Seigneur, tenâspour “ tout certain que c’eft chofe vaincà des cftran- “

gets, tels que vous ferez cftimez enuers luy, de “ pcnferpouuoir trouucr quelque clemcnce Si “ pitié en celuy qui enuers les fiens propres f’cft “ declare cruéLPartant vous deuez prendre cou- “ rage, vous defFendre amp;nbsp;fupporter auec vne af- “ fcurance digne de vos premieres prpûefles, ces accidens de fortune,pour gagner vne vie glo- “ rieufe. Car les chofes faiôtcs par fcmblables ty- “ rans fedoiuent tollerer comme maux qui ino- “ pinément viennent de nature. Et vousafTcurcz “ furie Roy Monfeigneur , lequel ne vous man- “ queraiamais devonsenuoycr tous les fccours “ qui feront en fa puiffancc , aueclcfquelsil fed “ jàfaitmaiftre d’Albcjulc,Ahnas,Engcdin 5c de “ Lippe, amp;nbsp;à fait reculer amp;nbsp;leuerlecap des Turcs “ dedeuantThemefuat, le contraignant de vui- “ der en grand hafte ce Royaumc(lcquel ils vou- “ loient deftors réduite en vne miferable Si per- “ pctuclle feruitude ) Si vous conferuant cefte li- “ berté, auec laquelle maintenant par fa grace “ vousviuczjôi pourlaquclle vous amp;nbsp;vos enfans “ luy deuez eftre obligez à iamais. Et en attedant “ qu’on donnera aduertiflement à nsftre Roy de “ toutes ces affaires,oftezamp; déchaflcz de vos fan- quot;nbsp;tafics ces peurs Si ces craintes, ne redoutez au- “ cunement ces pillarts amp;nbsp;coureurs,lefquels auec vne fi grade fureur on vous menace d’enuoyer. “ Les armées n’ont pas des aifles pour voiler, 5c ne fepeuuent fi promptement aftcmblcr corn-me-il cfctit:5c corne vne fois auecnoftrclt;;ran- “ 1 ®

K k iiij

-ocr page 542-

}ÄiJ}oire de lAou^rie

5, de gloire nous I’auoschafle hors de ce Royau-,, me,auccvne perte des fies telle quelle ne fc peut dire, i'ay cfperance qu’à l’aducnir nous en terós encor de mcfmcauccnoftre plus grade lo'ùan-” ge,amp; alors cfprouuant à bon efeient l’aflcuran-ce,amp; hardied'e de voftre courage, amp;nbsp;voftrein-uincible v ertu, vous laitfant là en paix il chan-95 géra comme la fortune,de vouloir,cognoiflant 53 appert', ment n’auoir à manier la guerre aucc gens cfFcmincz, mais auec hommes experimé-tez autant en icelle comme en paix , amp;nbsp;qui en 5 tous lieux amp;nbsp;endroits liiy rendront compte de ” leurs perfonnes, faifans comme ont accouftu-me faire les vaillans, Icfquelscftàs oifcncczins’ iuftemct,amp;fe refentans de l’outrage receu pout » lapaixembrafsétlagucrrc.Tous ces Seigneurs X« Tran r’aflcurcz par ces parollcs enuoycrent r’ajjiurn grand Turf,à Achmet Bafcha, auMol-contre le' daue,amp;au Bclcrbcy dc la Gtccc,qu’ils n’cuflcnt Turc. àvcnirplusauant,par-cequ’ils eftoientdclibe-rez dc marcher au deuant d’eux, amp;nbsp;leur rcfiftct autant qu’il leur fctoitpoirible , ayans enfem-blémct concliid amp;nbsp;arrefte de mourir en bataille pluftoft que dc viutc foubs leurs loix.Ils firét aulîî rcfponce au Chiaufs qu’ils eftoient con-tens dc luy bailler le tribut ordinaire, ö le Grâd Seigneurie vouloir accepter tel qu’on luy a-uoit offert, amp;qucf’il ne le vouloir prendre il euft incontinent à dcflogcr. Le Chiaufs ayant receu tefte refponcc, amp;nbsp;voyât qu’il ne pouuoit faire pour lors autre chofe print le tribut ordinaire, qui cfloit dc vingt mille efeus par an, amp;

-ocr page 543-

Liure ßxteßne. i6i fc retira à Belgrade, amp;nbsp;de là à Conftantinoplc, laiffantle Royaume dcliurc d’vne tres-grande peut. Caftalde ainCi, amp;C non du tout gagné les cœurs des Tranliluaniens,amp; confirmé en la deuotion de Ferdinâd fc retira à Albejulc à fou logis accouftumé , ou il ne fut gueres qu’il cru nouuclle corne Achmet Baf.laa de Bude auoic eferit vne lettre fort amiable amp;nbsp;pleine de mille offres à Patoccliv,contenant quelques par olles cachees amp;nbsp;fccrettes,comme fil y auoit quelque mm lt;{(

grande intelligence entt’eux deux. Ce que le Bafehafaifoit, afin que Ferdinand Se Caftalde euffent à cefte occafiondéfiâcc de l’autre. Mais

le tout eftant bien vérifié il fut toufiours tenu

Çc teputé par eux pour trefloyal, amp;nbsp;luy rendit on le Chaftcaudeluleaueclc gouucrncmét de la ville, pour le garder corne deuant fidelem et. Se pour y tenir la femme Se fes enfans. Les cba-fteaux de Iule, de Panchotto Se dô-Varadin, Sc autres commençoient à auoir faute de viurcs. Se fut necefftire d’y pouruoir, non fans grande incommodité,parce qu’on fut contraint y employer les deniers qui pour les monftrcs cftoiét ordonnez,pour le payemée Se la foulde des fol-dats,tellement que le temps de faite la monftre eftant venu il ne fut poffible d’eia rccouurcr d’autres, amp;nbsp;cela fut caufe, comme nous dirons cy apres de grands tumultes , amp;nbsp;mcfme par ce que le Vayuode Bartor,pour fon indifpofition, ou poutee qu’ainfi luy plaifoit, ne vouloir plus faire l’office de Vayuode , amp;nbsp;demandoit qu’on enpouïucutvn autre , cncot que Caftalde Iç

-ocr page 544-

'iAiflairet^e Viongrie

priaft de continuer en cefte charge, ce qui Ju ƒ donnoit grand peine. Durant tels troubles on apporta lettres de Ferdinand, par lefquclles il commandoit qu’on fit amp;paracncuaft le procci au Maiftrc de Camp Aldcne, lequel eftoitpri-Tmrfititts Jonnier,amp; que puis apres on la luy renuoyaft»-t»ntrtAl- uec toutes les procedures. Aldcne reprochant quelques iuges comme fufpcds, rcquift fa Ma-jefte que fon procez fut donne à d’autres. Ce que luy ayant elle accordé,on comméça à examiner pluficurs tcfmoings, amp;nbsp;côclurc fon procez,par lequel en fin on le côdamnoit à la mort amp;mcfmementpourladcpofition de pluficurs qui prouuoicnt la lafeheté grande, amp;nbsp;coüardifc dont 11 auoit vie en abandonnant Lippe , amp;nbsp;U pouvant deffendre, lefquclsauflî monftroient appertement la perte amp;nbsp;dommage grand qu’il auoit faid à Ferdinand, en faifant conforomet par fcu,aucc le chafteau toute l’artillerie amp;nbsp;munitions, qui eftoient des moyés Icfqucls le con-duiloicnt à la mort. Le procez cftant ainfi faift amp;nbsp;parfaidljOn l’cnuoya à Vienne aucc la fentc-ce des iuges , laquelle cftant approuvée par fa Majcftc, manda que foubs bonne garde on luy enuoyaft Aldcne,lequcl incontinent apres fuy-uant ce mandement fut mené bien enchaifnéà

La 'R.iynt Ifahelle fratiaut fon retour en la Tra-filuanie.

Vienne, ou il demeura fi longuemét prifonnier que cefte lôgueur fut en fin caufc,comme nous dirons de fa liberté. Cc-pendant la Roync Ifa-bclle ne dormoit pas , mais faifoit toutes les pratiques qu’elle pouuoit, pour rétrer chez foy âucc fon fils, faydant grandement des moyens

-ocr page 545-

Liureßxießne.

de Pieire Vicchy.de Chcndy Ferécc amp;nbsp;d’autres vicchy principaux ,.lc(qucls fecrettcmét la fauorifoiét. chmiy Et encor q Ferdinand luy euft efcrit qu’il eftoit preft de luy bailler ce qu’il luy auoit promis, amp;nbsp;en outre de luy donner la Duché de Monfter-berg, elle ne vouloir toutesfois plus rien accepter , difant que puis qu’au temps prefix on rie luy auoit gardé les conuentions accordées, elle entendoit encor moins les obfctuer amp;nbsp;garder de fa pattjamp;qu’elle vouloit rauoir le ficn.Et fur cela on auoit nouucllcs que les Siciliens braf-foient quelques mences aucc les Turcs en fa fa-ueur, amp;nbsp;auoient enuoyé vers elle occultement quclqucs-vns d’entr’eux pour reftituér Ichan en fon Royaume. A l’ocçafion de tels remué-mens fut alîigncc vne Dicte à Poflbnie , en la-quelle les peuples du Royaume de Trâfiluanic, fc plaignirét fort des griefs 6c torts qu’ils fouf- Ttifilun-froient iourncllcmcnt tant pour la guerre, for- mein dm tlfications, que pour les inlolcnccs qu’ils rcce-Voient des foldats de Ferdinand,voulans qu’on y pourueuft, amp;nbsp;qu’on leur oftaft telles impofi-tions , promettans en ce faifant de ne faillir à prendre les armes contre les Turts,8c fe deffen-dre vaillamment contre eux,amp; de maintenir le vaflcllage amp;nbsp;hommage qu’ils auoient iuré à fa Majcfté. Sut telles plaintes amp;nbsp;demandes Ferdinand leur fit rcfpondrc qu’il ne faudioit à les defehatger le plus qu’il pourroit, amp;nbsp;de leur faire paroiftre que fa volôté n’eftoit autre que de les fccourir toufiours amp;nbsp;deffendre cotte la violence dcl’ennemy commun, contre Icfquclils

-ocr page 546-

Hifloire de Hongrie ne deuoient pour cela faillir à prédre les armes, comme de fa parr il ne vouloir manquer à kut enuoyer des armées, amp;nbsp;de venir en propre per-fonne filaneceflîtélc requeroit pour les ddi-urcr,ou d’y enuoyer le Roy de Boheme fon fils: gue bien toft il donneroit ordre à tous ces in-conueniens defquels ils fe douloient, amp;nbsp;que ce pendant ils ne laiflafTcnc ncantmoins de perfi-fter en la foy amp;nbsp;deuotion en laquelle ils auoict iufques alors continué, amp;nbsp;qu’il n’y auroit faute qu’il ne les traitaft comme bons Sc trcs-fidelks fujeâs.Chacun C’en retourna chez foy auec telles promefles. Mais pour cela les humeurs ne f efcouloient point de leur ccrueau , ains ctoiP foient de plus en plus,amp; mefmcment eftant pat tout manifeftc comme Barthelemy Coruatte, lequel auoit la garde de Iule auec deux Enfei-gnes d’Allemins, fe comportoit mal en cefte ville,voilant, meurdrilTant amp;nbsp;alTadinât les pau-ures habitans , amp;nbsp;leurs prefehant la Religion Jrvhij'ict Luthericne, de laquelle il eftoit frappe iufques irtS-t». nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Pour à quoy remédier Caftalde fut cô-

traint députer Paul Banchy en ce quartier pout Viccuayuode,amp; faire fortir de Iule Coruatte,amp; Penuoyerauloing , laiflàntla charge de cefte ville à François Patocchy , lequel fe comporta tellement auec les habitans qu’ils fen fentirent grandement refiouys 5c confolez.Si de ce cofté îes (bldats de Ferdinand auoient donné beaucoup de peine Sc d’ennuy à Caftalde, ils kiy en donnoient encor plus tous lesioursd’vn autre pour n’cftrc payez, ayant cfté raeracilleufcinét

-ocr page 547-

Linre /txiefme. 163

tourmenté parle Duc Maurice pour la fouldc nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•

de fes gens, qui leur eftoit deuç dés que le fiege fut Icuc de deuant A grie , fans iamais auoir rc-ceuaucun feruice d’eux, mais pluftoft vn dommage amp;vne ruine infinie pat tout le Royaume. Pour fc depefehet duquel encor que l’hyuet fut venu,voulut bien le contenter entiei ement, amp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;n

rompre fon armee,laquelle fut licentiee à laua-tin, amp;mife en ce lieu autre garnifon. Cccyfut caufe que voulant garder fa parolle à ce Duc, il ne peut fatisfaire à fon camp qu’il auoit en Trâ-filuanie,duquel, corne eftantcompofe des vaf-faux amp;nbsp;fujefts de fon Roy amp;nbsp;du pays,il prenoit plus d’alTcurance que des autres qui eftoient c-ftrangers amp;nbsp;non fubjcéls à luy , Icfquels à leur dépattemétencot qu’ils fuflent bien payez ne laiflerent pour cela défaire de grands maux. Et combien qucCaftalde fit tout ce qu’il luy eftoit

- pollible pour retenir fes (bldats en paix, leut ordonnant de bons logis, amp;nbsp;Icurfaifantdiftti-buët pat le pays des viures ordinaires plus qu’à fuififancc, fi ne peut-il tamais faire tant enuers eux qu’ils vouluffcnt laifTcr , amp;nbsp;fc départir de leurs mutineries, coniurations amp;nbsp;autres horribles infolenccs,qui ne nuyfoient pas feulement au particulicr,mais aulTi à tout le general, parce que les habitans du pays rcceuans telles iniutes les auoient en grande haine amp;nbsp;horreur, amp;nbsp;ne cryoient autre chofe , finon que l’occafion fc prefentaft pour pouuoir prendre les armes , 8c leur donner à cognoiftte leur faute pat le meut-tte qu’ils cfpetoiét faite d’eux, defirans tous in-

-ocr page 548-

‘ta Ramifia Je Défit met en route qnel-^ues eom-fa^net! Turcquef-Ques,

Wfloire de Vïongrie ünimcnt, pour fortir de telles calamitez, le retour de lehan en fon Royaume. Pour tels mef-chefs plufieurs Capitaines amp;nbsp;Principaux ou paysjlefquels elioient amis de Ferdinand, fe ré-dans fecrettemet fes fiers ennemis, fe rangeoicE du cofte de la Royne Ifabellc, accroiflans non pour vn peu fes forces amp;nbsp;fon party, ce qui don-noit à Caftalde vn defplaifir infiny. Or comme la fortune manioit en cell endroidt les adions des mortels, elle les difpofoit en meilleure façô qu’on ne péfoit vers Deue, par-ce que ceux qui eftoient en garnifon en cefte ville,ayant entendu que par le commandement de Gaflbmbcch deux compagnees de cauallerie Turcqucfque eftoient forties de Lippe pour entrer, courir Ü piller en la Tranfiluanic,fc mirét en ordre pout Icurdreftcrvnccmbufche , amp;les combatte au paifage de quelques lieux difficiles,par lefquels ils deuoienr paffer , avant ainfi difpofc leurs gens,la cauallerie deCaflbmbech fcprcfentaen bonne intention de piller amp;nbsp;brufler quelque place voifine,amp; eftant arriuee au paflage ou on les guettoit , clic fut foudainement chargee de toutes parts,amp; combutans tous quelque temps lànsfçauoirquiauroitdu meilleur, en fin les Turcs fetrouuas au milieu d’autres foldats qui iufques alors f eftoient tenus cachez, commencèrent à fe retirer , amp;nbsp;à laifter la viftoire à ceux de Deue, lefquels ne laifleret de lespoutfuyure iufques à la veuc de Lippe , amp;nbsp;en tuèrent trois ccns,amp;en arrefterent plufieurs prifonniers.Lcs noftrcs encouragez d’vn tel heur, amp;nbsp;ne fe con-

-ocr page 549-

tcntans de cc qu’ils auoient fi hcurcufcmct execute,palFcrét plus outre courans le pays de Fen-nciny, faccageans quelques villages, amp;nbsp;pillans tout ce qui venoit à leur maiii, nifans tels exploits de guerre qu'outre Ic gain des prifon-niers, ic le buttin qui n’eftoit pas pctit,ils mirét tout ce quartier en tel effroy que les Turcs de longtemps n’oferét plus venir porter dommage aux Tranfiluaniens, fc défians toufiours de quelque rufe. Par cefte defFaite qui fut tout ce qui aduint de bon en ceft an mille cinq ces ein- | nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

quantc Se deux, l’outrccuidacc amp;nbsp;témérité des ennemis fut tcfcrrcc,mais non pas celle des fol-dats de Fcrdinâd,laqucllcde iout en iour croif-foit,n’ayans refpct au General, ny aux Colon-nels,ny aux Capitaines, ny àaucunc chofe Di-uine ou humaine, fc voulans par leur defloyau-téfaire maiftres delcur fâtafic, amp;nbsp;f’en aller fans attendre l’ordonnance de fa Majcftc,ny le congé de Caftaldc, comme plus amplement nous traiterons es fuccez qui aduindrét l’an mil cinq cens cinquante amp;nbsp;trois, r

SEPTIESME

.1 -J' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•*

,E s I A l’hyuer eftoit quafi réduit àfon extrémité, amp;nbsp;eftoit versla fin du moys de Feurier l’an mille cinq cens cinquante amp;nbsp;trois, 1 lors quéles Principaux des Trâ-filuaniens ne voulans plus fouffrit parmy eux

-ocr page 550-

Hifloire deY^ongrie '■^^5 les armes des Alle.mans amp;nbsp;des Espagnols, amp;nbsp;ri« ayant plus les moyens de leur adminiftter vi-urcs,comme ils anoient toufiours fait,comme-eexent fecrettement à enuoycr Ambafladeurs laTrm- la Royne Ifabcllc, pour ncgoticrauecelle fiLuameni touchant fon rctout en cefte Prouince. A quoy Pierre Vicchy Chendy S ijdltèlie îlutres. Caftaldcayant cognoiflaiTccdétour,amp; fiur me. cn ayant efté bien acerteflé, en donna inconti-•“ren la ncnt âduertiflcmcnt à Ferdinand , lequel audi Tran/ii. n’oublia de fon cofteà vfer de toute dilisé-

1- I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Al

ce pour empelcner ces pratiqucs,cnuoyant Af* fonfe nepucu de Caftaldc vers le ROy de Pou-'■jf -4.// longnc , Sc la Royne Bonne fa mere amp;nbsp;vers la Royne lehanne, pour diuertir pat leur dextérité ces nuages, lefquclsalloiéttonnansparraif. Ferdinand enuoya de Viéne lettres à la Royrtc Ifabcllc , par Icfquelles il luy offroit de gardef tout ce qui auoit efté accordé entr'^eiix, k fpe-ciallemcnr quelques autres articles, ou demandes faites par elle, lefquclleS fa Majcftén’auoit voulu parauant accorder . Et pour acheminer ccd affaire il cn cfcriuit cncorà Françoys Chc-dy,amp; à'Thomas VarcoCchy, les priant de faite tant enucrsla Royne qu’elle fc vouluft contenter de ce qu’on luy accordoit , puis que le tout n’edoit qu’à fon profit amp;nbsp;dcfonfijs lehan,amp;à l’augmétation de to’ deux. Ces deuxScigncurS firent fcinblant de Ictrouucrbon , amp;nbsp;faignans faire tout leur pouuoir pour Ferdinâd, faifoict tout le contraire. Et la Royne d’vn cofté don-noit de bonnes parolles , amp;nbsp;de l’autre elle dili-gentoit

-ocr page 551-

Liure feptteßne.

gentoit fes affaires au mieux quelle pouuoit, ayât dcfialeTutcmadcau Vayuodc de Molda- O' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;»i

diequilfepreparaft pour auectousfesmovens entrer en la Ttatrfrluanic, amp;i à Caflbmbcch de faire Ie femblablc amaffant Ic pl’ d homes qu’il pourroit des Bas pay s,Scde fauorifer lts affaires de la Roy ne, Si tinu tour ce qu il pourvoit à cc que le Roy lehan fon fils fut remis en fou R oy-aume , adiouftant à fon mandement que fil ne pouuoit venir à fus de cette entreprinle,il chet-chaft. au moinsles movens d’accroiftre vers cc-fte Prouincc fon Sangiaccat, luy promettant le fecours de Bude. Caftaldc cftât aduerty de toutes ces menées pour v remédier, amp;nbsp;ne les laiffet prendre pied plus auant, donna ordre à ce que les principaux du Royaume euffent à fe trou-uerlequinzicfnaedeMarsàlaDiete de Colo-

fuat pour leur faire entendre ce que Ferdinand nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;/

i leur commandoit. En attendant cefte Dicte l André Battor ( qui derechef auoit efté confir-1 nbsp;nbsp;méenl’eftat de Vayuode , quant amp;nbsp;quant

I nbsp;nbsp;nbsp;fait Conte de Zalmat amp;nbsp;de Zalboc ) ayant af-

1 fcmblèvnebônetroupe d’hommes des villes, I chaft-caux Si places votfincs , Si ayant entendu l que quelques compagnees de eau '-l'cric Turc-1 quelque couroiét la campagne, pillant Slt; bruf-l lant tous les villages, voulâty pouruoirfitfor-l tir aux champs fes gens,3t marcher vers Venne-l luy. Mais vifnans aux mains non gueres ioing .

I d’Agtie il fut chargé fi viuemcnt, que des fiens l les vns quittetet la place, amp;nbsp;les autres v demeu-l lereni morts ou prifonniers , 8c entre autres

El

-ocr page 552-

Hifloire dè Hongrie quelques ßcns domeftiqucs amp;nbsp;fauotis, poutk recouutcmcnt defqucls Caftalde fut contraint bailler au ßafcha de Bude vnChiaufs,amp;vn Pre-ftrc Mahometan,lefqucls auoiétcftcprinsàla mort du Moyne George, Scrctenus prifontiicts ÿv au Chaftcau de Vviuar , amp;nbsp;les contre-changct parle commandement de Ferdinand, aiieclef-dióls domeftiqucs.qui par cefteforte rccouurc-rent leur libcrté.Pour vn tel defordre , le Vay-uodc voulut que Ferdinand luy donnait move de pouuoir entretenir mille cheuaux legiers du nombre de ceux qu’il fouldoyoit en Tranfilua-nie. Ce qui luy fut cnticren^ent accorde, amp;nbsp;en outre mille homes de pied pour pouuoir mieux rembarrer en ces quartiers les forces du Turc. Ferdinand luy dónaaulTi charge de mettre vne fin fur vn différend de ce peuple dirs Cumans, lefquels ayans cfté foubs la iurifdiâion de Zal-uoch ne vouloient, depuis que cefte forterclîc auoit elle réduite foubs la puiflance des Turcs, cftrc mis foubs celle d’Agrie , mais bien foubs b*»*«quot;)* celle de Varadin. En fin par l’entremife de Ca-

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ftaldc.Sc du Vayuodc, ils demeurèrent contens

d’obeyrà Agrie. Or pendant que le Turc cftoù fort prelfc par le Sophi, amp;nbsp;qu’il auoit fes forces tournees pour deffendre l’Amafie, ou les Perfes eftoient entrez. On commença derechef pat le moyen,amp;cntrcmife de ITalyChiaufs à negoner Renoawl-^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;entre Fcrdinand, amp;nbsp;Solymàn, cftatit

donné départ, amp;nbsp;d’autre laufeonduit pour cn-flelafaix, uoyerAmbafTadeurs vers l’vn,vers l’auttc.Eftas pour cell effedt quelques-vns deleguez des

-ocr page 553-

Liure Jeptießne.

deux collez,on f’apperccut à la fin qu’on ne fai-foic qu’entretenir les Tranfiluaniens en efpe-rance, pendant que lesTurcs fe delmeflcroient des affaires ou ils eftoient, pour puis apres les affailliràleurmode accquftumcc. Cat on eut aduertiffement comme Caffbmbcchà l’tnftan-cedelaRovneauoitaffcmblcptes de foy plu-fieurs Sangiachs, amp;nbsp;qu’auec les troupes, qui fc tendoient de iour en tour à luy, il vouloir marcher droit à Deue, pour fe venger des pertes 8c dômagesqu’il audit tcceu des noftres , amp;nbsp;pout fc faite maiftre de cefte place , afin de n’auoic plus aucun empefehement, qui peut réprimer fes coutfes. Cafialde là deffus fit follicitcr lâ Dicte , amp;nbsp;diligenter tous ceux quif y deuoienC ttouuet pout donner ordre qu’vn chacun euft à prendre les armes amp;nbsp;donner fccours à cede ville,5c autres, Sc principallemét pour marcher versies fcontietcs.lefquelles fcparent la Poulo-gne d’auec la Tranfiluanie, ou on difoit qu’il y audit douze mille Pollacqucs bien armczj'cn-treprinfe defquels n’eftoit autrement cogneuë, finon qu’on fçauoit affeurément qu’ils eftoient là pour la Roync Ifabellc. Eftant donc venule

I iour affigné pour la Diete , Caftaldefe trouua 1 incontinent à Colofuar, ou il trouuatous Ceux I qui y auoientefté appeliez,excepté le Vayuode quiàl’occafiondcfamaladiefcftoitcxcufc, Sc là, par I’expres commandement de Ferdinand, demanda aux Tranfiluaniens fccours d’hommes,pour empefeher tous ccstumultcs.lefquels couuettement f cfpandoient par tout, 5i pout

L1 ij

-ocr page 554-

Hifloire de Hongrie

dcffcndrc Dcuc amp;nbsp;autres lieux, enfcmblc dtf

I V $ deniers amp;nbsp;viures pour faire vnc arrace,au mois mediocre,amp; telle qu’auec fes gës, Icfqucls po'Jt lors il auoit, il peuft refifter en pluficuts endroits aux ennemis. Il leur demanda en outre des pionniers pour faire acheuer les fortifications de Sibinio,d’Albejule amp;nbsp;de Saflebcflc,les admoneftant d’cflàycr cc-pendant les moyens pour pouuoir obtenir du Turc quelque trefue. Sur telles demandes on luy fit rcfponcc que pour eftre le Royaume par longue guerre afflige amp;nbsp;trauaillc, amp;nbsp;chacun réduit à vnc extreme mifcrcjon ne pouuoit le fecourir de deniers, ny de viures, pour auoir çfté dés i’hyucrpaiTe tous confommez parlcsfoldats, amp;nbsp;que quant au fe-cours d’hommes on hiy en baillcroit le plus qu’on pourroi t, eftat toutesfois neceflaire que Ferdinand cnuoyafl: quclqu’autrc fccours d’Allemagne , où de Hongrie pour refifter au Turc, n’eftant cefte Prouincc allez puiflantc pour fe maintenir feule cotte tant d’aftàult, Icfquclsde toutes parts on luy donnoit,amp; principalement vers la partie de Lippe, de Brairouic,amp; de Hongrie, ou en chaque lieu meritoit bien auoitvne puilfantcarmee, vn monceau infiny d’argenr, amp;nbsp;vne abondance dcmefutec de viures pour l’entretenir. Coquine fc pouuoit rrouuer en et pays pour fô exttcmcpauureté, amp;nbsp;nicfniepout le default des laboureurs, qui à raifon des continuelles guerres eftoient morts, ou fugitifs: amp;nbsp;que quant à tout ce qu’ils ponuoient, il fçauoit bien que tout eftoit en fa puillàncc; n’eftimans

-ocr page 555-

Li ure fèptiepne. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;z6i

au reftchors dc propos pour donner quelque repos à cc peuple mal-content d’cmbralTcr la trefueaucc les Turcs.àquoy volontiers ilsfof-froient, amp;prometroienrcflirc AmbalTadeurs de leur part pour en traiter aucc le Grand-Seigneur, parlcmoycn du Vayuode des Tranfal-pins, lequel pour mefme cfFeft Peftoit pluficurs fois otfert à eux;amp; que quant aux fortifications des lieux défia cncommancecs ils en parlcroiét auxBourgrtiaiftrcs des villes , amp;nbsp;feroieut tant qu’on y enuoyroit autant de pionniers qu’il fc-roit befoin. Aucc cefte refolutiô print fin cefte Dietc,lorsquclesEfpagnols pour deux payes qu’ils deuoient reccuoir f’cftoient plus qu’au parauant aigris amp;nbsp;mutinez,?uec vne auffi efttâ-gefaçô qu’on ouyt iamais parler. Carfefufans le payement nbsp;nbsp;ne voulans attendre pour eftrc

contente Z en ce Royaume de tout cc qui leur cfioitdcu , arrachèrent par force les Enfeignes des mains de ceux qui les portoient, amp;nbsp;auec icelles prindrent leur chemin vers Vienne, paC fans par la Hongrie, ou ils firent des maux infinis, commettans les plus grands cxcez du monde. Et encor que Caftaldc pour auoir mis fin à cefte guerre , fut de lour en tour fur fon patte-ment de la Tranfiluanic,fi ne peut-il iamais,ny par prières, ny par offres, ou perfuafions faire tant enuers eux qu’ils le vouluftcnt feulement attendre pour vingt iours, afin de ne laifl'cr le Royaume dcfpourucu, amp;nbsp;pour cc pédant donner ordre aux places, Icfquellcs auoient befoin de gàrnilôns, 6c generallcmcnt faire auant fon

L1 iij

-ocr page 556-

’Hißoire delriongrte parlement tout ce qui appartenoit à la confer-uation de ce pays. Ainulansauoir efgardàlciit General deflogerent amp;nbsp;paflcrcntpresdcColo-fuar, menaçans de faccager celle ville, laquelle en auoit aflez peur, encor que Caftaldc fut dedans. Et eftans arriuez (qr le flcuue Marcque,

Ferdinand colleté au polfiblc voulut enuoyct le Marquis S force Palairicin , lequel défia fe* ftoit racheté de la prifon des Turcs,pat le woie de quinze mille ducats, aiiec tous fes gens pour les tailler en pieces, amp;nbsp;chaftier feuetement les autheurs de telle amp;nbsp;fi grande fedition. Mais e-ftant appaife par quelques-vns , enuoya dire a CCSEfp gnols qu’ils eufient à fe rédreàPapaU) ou ils feroient fatisfaits de toute leur foulde,co-

Aldtnt mené à Vienitt.

me non long temps apres ils furent. Vn peu au-parauant on auoit amené Aldene à Vienne, auoit efté mis prifonnicr en vne tout,ne voulîÇ Ferdinand que fa condemnation fut exécutée iufqucsàla venue de Caftaldc , auquel il auois donné licence de partir de cefte Prouince.amp;tl' f en venir le trouucr à Vienne, où à Soproniu-Caflnlde Cc qu’il fit laiflant cc Royaume au moys d ƒ' fe retire de uril,amp; arriua à Vienne à la fin dc May, euil*^^ Tréfilua frrnnfî iovp Fip’n rrrmi r-irpftp nar Fctdi me (y ft-toumeuen Ftrdinâd.

en grand ioye bien receu amp;nbsp;carefle pat Fcrdi-nand,amp; par le Roy Maximilian, aulquclspu'^ apres il fit vn long récit de tout ce qui M®'* pafTéjles rendant fort contens. Et par-ce que“ vertu amp;nbsp;la gloire ont toufioursTcnuiepoutco' pagnes, qiiclques-vns femerenr parmy les py grands delà Gourde Ferdinand que Caftai auoiiamalTcvnc grande quantité d’or

Caflalde fiilomnié i tort.

-ocr page 557-

Liure feptiefme. ’ i6S

gét, amp;nbsp;qu’il nc Peftoit pas pour vn peu cnrichy n«* des trcfocs du Moyne George, amp;nbsp;des prefens quclcsTtanfiluanicnsluy auoient faits,amp; qu’il. CH auoitenuoyé grande fomme chez foy. Ce bruit le fafcha grandement, par-ce qu’il eftoic paruenu lufqucs aux oreilles de Ferdinand , amp;nbsp;encor plus de ce qu’on difoit qu’il auoit retenu quelques penfions amp;falaires que fa Majcfté a-uoit accordez à quelqucs-vns qui luy eftoient bien fcruitcurs,amp; qui l’auoicnt fidcllcment fer-uy durant cefte guerre. Sur cede mauuaifc Sgt;C faulTe reputation on adiouftoit plufieurs autres chofes fort vilaines amp;nbsp;infames.Par eferit amp;nbsp;par patelles, il fit Ton effort de chaffer telles fauffes opinions de la fantafie de Ferdinand, de tous les autres principaux de faCout,lcfquels par vn tclobieôtdifferoicntlarecompcnfc qui luy e-ftoitdeuciuftcment pour la peine qu’il auoit prinfeàbien facquiter de fa charge, Sicft-ce ' îv qu’en fin il en fut rémunéré de trois mille flo-i ^quot;'**^5^**** rins d’or de reuenu par an pour foy amp;nbsp;pour fes heritiers, auec quelques conditions de les retirer pour quelque fomme. Incontinent apres La fortiedcCaftaldchorsdc la Tranfiluanie , on eut nouuellcs qu’vn certain Clement Athanafe auoitauecvne bonne troupe d’hommes affo-ciez auec luy prins de nuidl le Chafteau de To-ch.ay,qui de fa fituation, amp;nbsp;par art eft tres-fott, Les Trj amp;ofé par çfchellesfurprendre la ville d’Agric, ßlunnsd de laquelle parles habitans il auoit cfté repouf-fé, de façon qu’il nc peuft rien entreprendre fur elle, ayant cfté cecy execute par le commande-

Ll iii]

-ocr page 558-

Hifloire de Hongrie menrdela Rovnc Ifabclle, amp;nbsp;dcichanfonfils, On tut auiîi aduertifTement comme PicrreVic-chyl’fftoit accordé aucc les Turcs, amp;nbsp;coininc f’eftant accompagné de tous fes adherens il a-uoïc prins le chemin vers Lippe, en intétion de furpredre au nom de la Royne la ville de Deue, amp;nbsp;Iule, amp;nbsp;faire tout fon effort à cequ’ellepeuft retourner chez clic, ôc rentrer en ce Royaume. Ceftuy-cy auoit de grands moyens, amp;nbsp;fous ion ombre plufieurs grandes chofes fe braflbient qui donnoict bien à penfer à Ferdinand, lequel mefmement eftoitafléz informé comme tout le Royaume inclinoit vers le party de la Roy-nc. Les Saxons pour auoir quelque prétexte de remuer mefnage , firent demander .à fa Majefte le Chafteau de Aluins,lcquel ils difoiet fuyuant leurs priuileges leur appartenir, amp;nbsp;demandoiet qu’il leur fut confirme par luy.Pour ne les mal-' contenter de celle requefte, ains plulloftpout les afleurer en quelque fidelité bonne amp;nbsp;ferme, amp;nbsp;pour ne leur dôner occafion de f efmouuoir on leur accorda leur demando, amp;nbsp;quad amp;nbsp;quad fut mandé à ceux de Iule , d’Agric amp;: d’autres lieux, à ce qu’ils fufient vigilans amp;nbsp;non endormis , depeurd’cllicfurprinsàrimpourueupar les partilans de la Roync, laquelle ne cefloit de faire tout fon pouuoir à ce qu’vn chacun print lesarmèseontreles Officiers, Gouucrncursamp; quot;fondamné Lîcutcnàns dc Ferdinand. Durant ces entte-«Zj mort ptinlôs fut ordonné que le procezd’Aldene fe-fdUHé roit reuen,St que la fentence Ibrtiroit Ion plain tdr grace. Sgt;c entier clfcôl fl les charges fc trouuoicnt veti-

-ocr page 559-

Liure [èptiepne. 169

tables. Ccfte rcuifion eftant vn iour acbcuce la .’VS fentencc première fut pat cede feconde confir- -4lï . mee, amp;nbsp;par confequent Aldenc condamné à a-uoir la tefte tranchée. Eftant Ic iour venu qui luy eftoit preterit pour le dernier delà vie, fut à la veué de toute Vienne conduift cnchaifnc au.

milieu de deux Moynes, Icfquels le confoloiét, iufquesaulicudclaiuftice , ayantle bourreau apresfoy,amp;l'a fut monté fut vn efehaffaut pour y eftre décapité.LaRoync Marie Roync deBo* hemeSf fille del’Empcreur Charles le Quint, pour cfttc ceftui-cy Efpagnol 6c fubieci de fon petc,fit tant auccle Roy fon mary qu’il demanda pour luy fa graccà¥erdinand,aucc ctftê cô-dition toutesfois qu’il dcracurcroit toufiours prifonnier. Cefte grace ainfi accordée Aldenc eutlavicfauue , 6’ quelque temps apres par le mefme moyen fut mis en liberté entièrement contre la volonté de Caftalde,lequel pour donner exemple aux autres, 6c pour les faite apren-dte par la lafeheté 6c coùardifc d’Aldchc, com-

1 me il faut eftre hardy, refolu 8c courageux 'a Vi-

1 mitation de Torquatus, follicitoit qu’il fut pu-

1 bliqueraent puny. Or ce pendant que Caftalde

1 eftoit auec Ferdinand à repos, eftant tantoft a-

1 ucc luy à la cha(rc,tantoft pourfuy uant les cctfs

1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;le long du Danube, lefquels pour fe fauucr des

1 chiens (c jettoienten iceluy à fauueté , on luy

1 apporta lettres de la part de l’Empereur Char-

1 les, pat Icfqùelles âluy mandoit que puis qu’il 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;auoit mis fin aux guerres de Tranliluanie, il eut

1 incontinct à pat tir de Vienne, 6c l’allér ttouucr

-ocr page 560-

H iß o ire de Hongrie

en Flandres , ou il eftoit fort preilc par les genJ de Henry Roy de France , pourfe lcruirdeluy HeJin/irn ^n ccftc gucrrc.L’Empercur auffi efcriuit à Fer-/4r lEm- dinand côme il auoicreprins Hedin furie Roy Charles dc Ftancc , quicftvne place fitucc es confins farlesErâ- d’Attois és Pays-bas , contre laquelle il auoic pu- mené vne puifTantc artnec, amp;nbsp;l’auoit enuirônee de fon carnp,amp; battue de tous coftez, amp;nbsp;qu’en fin il l’auoit prinfc, nonobftant la mcrueilleufe dcffcnce des aliiegez,ayant fai6t faite vne mine grande, en laquelle auoit elle enleuely Horace Farncfe Duc de Cadres , amp;nbsp;qu’il l’auoit fand a* cheuer de ruiner amp;nbsp;defniolir iufqucs au fondement, redans priionniers le Duc de Bouillon Marefchal de France,Lieutenant en icelle poui le Roy , le Seigneur dc Riou Gouucrncur, le Conte dc Villars,le Seigneur de Prye, le Baron dc Culan, Scplufieurs autres, Ôcedans demeurez fur la place morts, le Seigneur de Magny.lc Vicontc de Martigues, le Seigneur dc Monin-uille , le Seigneur de Cizieux , le Seigneur de Dampierre,le Senefchal de Cadres amp;nbsp;pluficiits autres. Pour cede nouucllc amp;nbsp;pour la prinfc de Teroüanne,qui peu auparauant auoit edé affie-gce,furct faites à Vienne dc grands feux dc ioyc ÖC plufieurs celles allegrcfles, à la fin defquclles Cadaldc pour obeyr à l’Empereur print conge retournequot; Ferdinand, amp;nbsp;apres atioir edé par luy beau-■um Z’Bw- coup honoré dc plufieurs priuilcges,amp; cnrichy pereure» depluficurs dons, pour la vertu grande qu’ila-fhtndre. dcmondrec en Tranfiluanic contre les

Turcs,fachemina vers l’Allemagne au téps que

-ocr page 561-

Liure Jeptießne. 170 la guerre de Sicnccommcnçoit à f’accommo-der par le moyen du Vapc Iules tiers. Es parties d’Orient Solymann’cftoit p^s moins enflam-bé à la guerre qu’eftoit Charles le Quint contre laFrance.lceluy comme nousauons dit l’an mille cinq cens cinquante amp;deux auoit fait pu- la mort Jt blicr pat tout ( pour auoir entre fes mains Mu-ftaphafon fils aifné'quelesPerfescftoict entrez fip enl’Amafic, SccnlaSyric , Scauoientfaccagc plufieuts villes, Si rauagé vnc grande cftcnduc du plat pays, emmenas prifonniers les pauures habitans d’içcluy, amp;nbsp;ruinans tout ce qu’ils ren-controient. Pour ces nouuelles il fit naiftre vn bruit qu’il cftoit forcé d’aller en perfonne en l’Araanc,Si d’enuoyet Roftan Bafcha auec vnc bonne armee vers la Syrie pour les faire retirer. Mais cccy n’eftoit que pour auoir par vnc plus grande dextérité ledit Muftapha en la puifl'an-cc , Si falTcutcr l’Empire Si la vie en le failant mourir. Or auant que venir à ce narré il eft ne- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t

ceflairc que ie recite quelque chofe du paffe, pour dcfcendtc à ce qui fc prefente maintenant amp;nbsp;pour donner mieux à entendre la caufe qui mouuoit Solyman àhayr. fi cruellement vn fi vertueux Si magnanime fils. Ayant donc Soly- 2i{„ßai,1n man eu ce Muftapha fon fils aifné d’vne efclaue ßh alt;ßii dcCircaffic , illuy donna le gouucrncmcntde ieSol^tni laPtouince d’Amafic,pourf’cBtrctcnitluy5c fa pierc. Ce ieunc Prince croiffant auecles forces corporelles,Siaucc les vertus d’cfprit,donna de foy vnc grande attente à tous ceux qui le voy-

1 oient, f’affeurans qu vn iour il feroit ttcs-vail-

-ocr page 562-

Hifloiredelrlongrie

lant Capitaine amp;nbsp;Seigneur magnanime. Eftant ccft enfant party de Conftantinople , amp;nbsp;rendu en ccfte Prouincc, Ie Grand-Seigneur comtné-ça à femmouracherd’vnc autre fienne efclaue Jto//;Mn’te nommee RofTc/iardément qu’auec l’aiTiduelle deSolyma. conuetfation qu’il eut aucc elle il fe vid d’elle Mnhomtt qtiatre enfans, l’vn nommé Mahomet, qui cut la Prouince de Carmanie, l’autre Bajazet, à qui ZtZ/n», on dôna la Mechorefie, le tiers Selim,qui apres mort de Mahomet eut la Carmanie,amp;le qui-triefme Zeangir.autremrntditle bolfma railon deRojJi, deux bodes qu ilauoic en I cipaulc , amp;nbsp;en la poitrine, amp;nbsp;ceftuy-cy eftoit de fort gétil efptit. c/Mwer»« ij çQt audî vne fille nommee Chametie, laqucl-donnce pour efpoufe à Roftan Bafcha,le' de dcpuis la mott d’Abraim Bafcha fut pre-RafldBdf- mierVifir. Iceluy fe rendit fort odieux en cefte ttid. charge à tout le monde,pour auoir retranché la foulde des Ianni(raircs,lcs gages des officiers de la maifon du Grand-Seigneur, la defpcncc des armées, amp;nbsp;l’eftat des Sangiachs, ellans tous ces frais infupportablcs 5e exceffifs. Mais au lieu il eftoit fort agréable à Solyman,5c eftoit biena-uant en fa grace , pour auoir fait telle efpargne, 5c non pas en celle de Muftapha , duquel il fc défioit grandement pour la fuitte qu’il auoit,amp; pour l’amour que les foldats luy portoient. Cefte défiance 5c crainte furent caufe qu’il entve-print auec PvofTe fa belle mere vne confpira-tion fur la vie de Muftapha, parla tromperie 5C mefchanceté que nous dirons.La Roftè voyant combien elle eftoit aymeepar le Grand Turc,

-ocr page 563-

pour agrandir fcs cnfans aucc vne rufc,amp; foubs vnzelefimulè de Religion enuoya vers Mu- Muflety plcty, propremét nômé par les Turcs Muphty, qui eft entre les Mahometan^ comme ctl le Pa-pe encre les Chtcfl;iés,luy faire dire comme elle u»«. auoitvndcfirmerueilleux de faire baftirvn té- (gt;, ...«jT-t, pie amp;vnhofpital pour les panures pèlerins en vH« l’honneur de Dieu 8û du Prophete,mais qu’elle ne vouloir point entrepredre ceft Œuurc,(î pte-micrcmct elle n’eftoit afleuree de luy h tels œu-ures feroient pour le falut de fon amc agréables à Dieu. Muplcty luy fit tefponcc que cefte en-tteprinfcferoit bien agréable à Dieu, maisnon

pas à fon falut,pour elite icelle efclaue du Grâd nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;re-

Seigneur, lequel elloit maiftte Si feigneur de tout ce quelle auoit, amp;nbsp;que pour cefte puiftan-

» Il c nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;büTtunt

cetouceequ clletcroit en cecy ne tourneroit point qu’au falut de luy, amp;nbsp;non d’elle. Sur cefte ji,«. refponce elle fit contenance d’eftre fort contri-fteeamp;ferrcecn fon cœur d’vne extreme douleur, de façon ( fe monftant en fon efptit eftrc fort affligée ) que le Turc en eut cognoiffance, lequel efmcu de l’amour Se du defplaifir de la fafeherie, luy fit fçauoit qu’elle reprint cœur, l’afleurant qu’en brief il luy donneroit occa-fion de fc confolcr, amp;nbsp;ayant fait faire vne lettre pour fa liberté la luy enuoya. Cefte femme fine amp;nbsp;accorte, ayant receu ce don, fçaehant bien prendre le temps amp;nbsp;l’occafion, le remercia autant qu’il luy fut poftiblc , Sc auiTi toft mit ou-utiers apres fcs baftimens, fabftcnantde con-jonékion charnclle.Cc pendant quelle couloit

-ocr page 564-

Hifloire de Hongrie àinfi le temps il print cnuie au Grand-Seigneiit de coucher auec elle, luy mandant que la nuid fuyuant elle l’actendift pour coucher auec lup Elle luy fit dire qu’encor qu’il fut feul fcigncuf delà vie, de fes biens ht de fon corps, il aduifaft, Pfif rte fi- puis qu’il l’auoic rendue libre, denecontreue-meUbreefi niràlaloy,ny commettre vn peché,nelny cftat loifiblcvfcr d’vnc femme libre , ainfi comme plusamplcmétilpouuoitfçauoir de Muplety. Celle refponcc fut fort ennuyeufe au Grand Seigneur. Car l’aymant extrêmement,d’autant que la deffcnce clloit difficile, d’autant plus le defir luy croilToit d’eftre auec elle, amp;nbsp;fe rongeât le coeur auec mille péfcrs,cnuoya quérir le Muplety, auquel il demanda Pii pouuoit vfer charnellement d’vne efclaue qui auroit efté faite li-bre.L’autrc luy refpondit que non,Pii ne la pre-noit pour efpoufc, par-cc que faifant autreract il commettoit vn tres-grand péché, à raifonde laloyquilc vouloir ainfi. Celle difficulté ac-creut encor dauantage l’enuic au Turc deiouyr de Pa Rolfe. Et par ce moyen ne pouuant plus fupportcrla paffion qui le tourmcntoit,fe délibéra de fatisEiire, non à la raifon, mais à fes ap-petits, 8c (e refolut delà prendre pour efpoufe, tj^Qufe ie comme il fit publiqu emenr, luy donnant par le Sülyman. contrad dc mariage cinq mille ducats de reue-nu par an pour fon doûaire,non fans l’cllonne-

Jequot;' tnentdc tous,quifçauoictcelaeflrecontrel’v-Turcquie ^^ncc dcs Ottomans, lefquels pour n’auoit au-nefem.t~ cun Compagnon cnl’Empirencfcmarioict ia-mais, mais au lieu d’clpoufcfcferuoictdcfctn-

-ocr page 565-

Liure feptießne. zyi nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;«

tncs efclaacs ttcs-belles,lcfquellcs on leur amc- Z*»' noit de routes les parts du monde, amp;nbsp;les enfer- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i

moit-onau fcrrain ,fuyuant la couftume des Seigneurs Turcs,OU elles eftoient traiftccs magnifiquement , amp;nbsp;inftruites en diuerfes chofes vertueufes, amp;C d’icelles les Grands-Seigncurs Turcs auoient leurs enfans , nbsp;nbsp;celles qui en a-

uoient eu vne fois eftoient plus que les autres honorees amp;nbsp;mieux fermes , amp;nbsp;puis mariées à grands Seigneurs deleutfcéfe amp;nbsp;religon, comme font Bafchits.SangiachsjBelerbcysêc autres femblables.Or eftât cefte RofTe d’cfclaue deuc-nuëpar la faneur du ciel amp;nbsp;benefice de fortune efpoufe d’vn fi grand Roy, il ne luy reftoit plus quetrouucrlemoycnqu’vndefes fils apres là mort deSolyman demeuraft betitier amp;nbsp;fuccef-feut de l’Empire. La grandeur amp;vaillantife de Muftaphaeftoit fort contraire à fes defteings, amp;nbsp;pour abatte ceft empefehement elle penfa quilluyeftoitbefoingdefa^derdel’appuy de ch,„eia, RoftanBafcha fon gédre, comme de ccluy qui mort Je l deuoitpluftoftdcfiret fonbeau frereeftre Sei-\ gneur, que non pas Muftapha, lequel luy por- f*’*' 1 toit -vnc mauuaife dent,pour auoir retranché le 1 nbsp;nbsp;nbsp;reuenu qu’il fonloit tirer defaProuince. A l’oc-

1 cafion de quoy il ne pouuoit douter que mou-l nbsp;nbsp;nbsp;rant le Turc,amp;fuccedant en fa place ceftui c-j,

l ilnefutnonfculementpriuédel’eftatdeVifir, chacon,»-l mais auffidefes biens amp;nbsp;delà vie.L’ayant donc rc 4«fc l attiré à fa deuotion , amp;nbsp;cftanr d’accord enfem-1 blc elle fit tant auec leGrand-Seigneut que fon l gendre autoit la charge de toutes les affaires 5c

-ocr page 566-

Htfloire de Hongrie expeditions de la Prouincc deMuftapha,inipti' mant puis agaces en rcfprit de Solyman, auec v-nc inuccion propre amp;nbsp;rufec, vnc grande défiance de perdre fon cftac amp;nbsp;fa vie , fpcciallement a caufede la grandeur de Muftapha, amp;nbsp;amitié qu’vu chacun luy pottoit. Pour confirmation de ce Roftan auoit donné charge a tous ceux qui eftoient efleus pour aller aux Prouinccs, amp;nbsp;principalement à ceux qui alloict en Ionie voi-nne de l’Aiuafie, que pour le contentement dd Grand-Seigneur,ils culTcnt à eferire amp;nbsp;mandei par le menu les actions de Muftapha amp;nbsp;fes gra-deurs, afin qu'il y print plaifir , amp;nbsp;qu’ils le lu/ loiiaftcnt grandement,en mandant tout le bien qu’ils pourroicnt de luy. Ce qu’ils faifoient, ne fçaehans la tromperie, fort volontiers amp;nbsp;bien fouuent, tellement que par leurs lettres on co-gnoiftoit clairement l’cnuie que les foldats a-uoient qu’il fut vn iour, pour fa libéralité, Iciif Empereur. Roftan apres auoir receu telles lettres les bailloit à Rolle , afin que fuyuant l’opportunité amp;nbsp;occafion du temps elle les raon-ftraft au Turc.Icelle en les luy monftrant,comme caurc amp;nbsp;maligne , faifoit vnc grande apparence d’eftre fort ayfc de la gencrofité 5c vailla-tife de Muftapha , amp;nbsp;d’eftrefort curieufe de fa vie ôi de fa dilpofition, amp;: puis d’vn autre colle commefoigncufcdcla conferuation delapuif fancc de (bn Seigneur amp;nbsp;cfpoux,par fins amp;nbsp;fub-tils moyens elle luy propofoit l’exemple de Selim , qui par fcmblable rufe Sc induftrie priua fon perc de l’Empire de la vie , le priant de troua«

-ocr page 567-

Li ure fèptiefme, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;zj }

troimcrlesmoyés dc dcfcouurir les defleins de

Muftapha. Mais pour cc coup fes trames n’cu-lét pas grand puifTance fur Solyman, amp;nbsp;voyant quelles venoient à rien , penfa de le faire mou-rirparpoifon , 5cluy enuoyant au nom de fon nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' nbsp;nbsp;'

pere quelques ptefens, dôna charge à quelques vnsdelcsluy porter. Mais pour n’cftrc encor l’heure de fa fin venue il n’en voulut autrement tafter,que premièrement le porteur n’en fit l’cf-fay , lequel aulfitoft mourut tout roidc mort; pour lequel cas il les fit ietter, amp;nbsp;ainfi efehappa delà mort. Cefte mefchanccté eftant reùlhc au contraire delà volonté de RolTc, elle ne perdit point pourtant courage. Elle en trouua vn .autre,priant fon Seigneur qu’il luv fit cefte faucut quetantoftl’vn , tantoft l’autre de fes enfans peut venir à la Cour amp;nbsp;le voir , amp;nbsp;puis Pen retourner en fon gouuerncmcnt, pour continuer dâuantagcvne amitié reciproque entre luy amp;nbsp;fes enfans. Cefte rufe tédoir afin que Muftapha y venant fut aucc plus grande commodité dc-pcfchécn quelque façon que ce fut, amp;nbsp;n’y venant fut appelle. Car les fils aifnez des Empereurs Turcs n’ont accouftumé partir de leurs 1« fils Prouinces pour venir à Conftantinople,fils ne lt;i f»‘\lt;lfs font mandez pour fc faire Empereurs aucc for-te amp;nbsp;puiftantc armee. Ce qui eftoit vne chofe non accouftumcc de faire viuît le pere. Néant- »ent à h» moins elle obtint q deux de fes enfans y pour- Cour. loient venir, amp;nbsp;ainfi il y en auoit toufiours vn ou deux pres Solym3n,ou en la ville,ou en Par-mee,ou quelque part qu’il fuf.Zcangir le bofti»

M ni

-ocr page 568-

Inßruflia d'vn fils de l’Empe-ri-ur de Tureqifit.

Hißoire de Hongrie y eftoit plus fouuct que pas vn, pour eftreplai' faut amp;nbsp;récréatif, 5c qui rcncontroit fort bien a propos,dont le Grand Seigneur prenoit gran plaifir.Or apres quelques années,la fortune en-uieufe fur la magnanimité de Muftapha, amp;»*' uorifant la mefchanceté de cefte femme, fit ap' porter vne lettre du Bafcha gouucrneurdcMu-Itapha amp;de rAmafie,cftant la couftume quand vn fils du grâdScigncur va en quelque gouuer-nemcntde luy donner vn Bafcha pour luy ap* prédre l’art amp;C difciplinc de la guerre,amp; vn Do' ûeur pour l’inllruirc és arts liberaux, Sc e^, bones lettres. 11 cftoit porté par celle lettre qu on bralîoitvn mariage entre ledid Muftapliaj^ vne fille du Roy de Perfe, dont ce Bafchaauoit bien voulu aduertir la Porte, amp;nbsp;le grand Seigneur,à fin qu’on ne luy en imputait rien,coni me f’il eull participé à ce traictc. Celle lettre C' ftant venue entre les mains de Rollan, eftimat que ce luy eftoit vn fubieél fort puilTant pool ruiner Mullapha, feit entendre le tout à Roffti auec laquelle ayant confulté de ce qu’ilsdeb' uoient faire fen allèrent enfemble versleTuie, luy monllrans l’ambition de Mullapha élire de vouloir f inucftir de l’Empire, amp;nbsp;par l’affinitc contenue en celte lettre, ioindre les armes Pet' ficnnés auec les fiennes pour le chalTer de Con-ftantinople, adioullans au bout le peudefoy qu’on pouuoit elpcrer des lanniflaires, pour a* uoir elté corrompuz par fa grade libéralité: ces raifons fi euidentes furent par eux prononcées auec paroles pleines de fi grande efficace qucl-

-ocr page 569-

Liwe fèptie/me, 174

les efmcurent tellement Soliman, que pour aC- K i’4' so/l-n., feurer fon Royaume amp;nbsp;fa vie, il fe dtlibera de faire mourir fon fils,8c fuyuant telle refolution feit marcher deuant Roftan Baicha aucc vnc grande armee vers la Syrie, auec commandement amp;nbsp;charge expreife de fc iaifir, (oubs vm-bre de chaffer les Betfes, de la perfonne de Mu-ftapha auec quelque rufee dextérité,amp;r«mcnci vctsluy. Eftant Roftan arriue à l’cntree de ce-fte prouincc,êc ayant Muftapha entendu fa venue fachemina incontinent vers luy auec fept mille des plus vaillants foidats qu’il eut. Roftan voyant que pour lors fon entreprife ne pour-toit prendre bonne yffuë, femant le bruit qu’il auoit trouué toute choie en paix amp;nbsp;en repos tc-brouffa chemin fans vouloir attendre autremét la venue de Muftapha, ny vcoir la poulhctc de fes foidats,amp; f en retourna plus vifte que le pas àConftantinople, ou eftant arriue il recita au grand Seigneur tout ce qui luy eftoit aduenu, donnant couleur à ce qu’il auoit défia bien

I ourdy auec Roffe luy feit redoubler la peur, en luy difant qu ay ât trouué l’armee qu’il menoit aucc foy en Syrie fort prompte à la faueur de

1 Muftapha, Sc ne defircr autre chofc,finon qu’il I fut Seigneur abfolur.il n'auoit voulu à cefte oc-1 cafion fc fier en icelle pour donner vne batail-1 lc,ny hazarder aucune chofe pour raifon de l’in credible amitié que tous les Uniffaires luy pot-

I toient, mais qu’il auoit trouué plus expedient 1 f en Tcucnir pour remettre le tout foubs l’aduis 1 6c bon iugemet de fa Majefté comme il faifoit.

M ra ij

-ocr page 570-

Viißoire de Hongrie ''

Ces paroles engendrèrent dedans le cœur Je Soliman vnc indignation grande,Je furet caufe de mettre à fin la trahifon ainfi braflee cotre ce ieune homme innocent. Eftant donc cefteannée mille cinq cens cinquante amp;nbsp;trois corama-dé que tous les gens de guerre s’aflcmblalTent, amp;nbsp;qu’Achmetb Bafcha de Bude auec toutes les ordonnâces de HongrieVachcminaft vers VA-mafie pour mettre fin à la guerre de Pcrfc,eft5c par tout cxpreircment le bruit efpandu que les Perfes eftoient denouucau rentre« en la Syrie auccplus grofles trouppes, Soliman fe meit en chemin auec route fon armee, amp;nbsp;eftant là arri-uc, feitincontinéteferireà Muftapha qu'il eut à le venir trouuercn Aleppe, amp;nbsp;tafchantcou-nrir la haine que pour la mefihancetcd’autruy ilportoirà fon fils, fi ne la peut-il tant diflîmu-1er qu’Athmeth Bafcha corne plus aduifé que tous les autres Bafehats ne la defcouurift, a-yantà grand dcfplaifirque lepere fur ainfi en cholerc, amp;nbsp;enflambe contre le fils pour eftre trop généreux, aduertit fccrctemcnt MuftapM qu’il print garde à fa pcr(bne,amp; à fa vie, Je qu’J ne s’y fiaft trop. Cecy rendit merucillcufeircnt cftonné ce paum e ieune homroe,amp; mefmcmct confiderant la venue de fon perc auec vnc af' mec fi puiftanteen ce pays fins aucune occafiu raifonnablc, eftaspourlors les Perles chez eux fliiojs,amp; de feiour. Si entrant en grand foupeu Atparplufieurs iours en merueilleufepeine,en fin encor qu’il fut extrêmement troublé Sid’d-prit,amp; de corps, s^’afteurani furfon innocence,

-ocr page 571-

Litire J ept iel me. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;175

amp; de n’âuoiriamais offence fonpereen faióts, '5*55 ny en paroles, ny mefmes de penfee, fe icfolut, iaçoitccqu’ilcongncuft famortrres certaine, d’executerauec route obey (Tance Ic mandemvt nmuttdt defonpere, iugeantfamortdeuoir eftre plus Mufta-glotieufcamp;honotablemourant obeilTantjque non pas finifTant Tes iours en rebelle,amp; contrai-reàluy. Et l’ayant ainfi délibéré trouuant Ton Dodleur près de luy, aptes pluficurs penfemés, il luy demanda , lequel appartcnoit mieux à l’homme choifir, ou l’Empire de tout le monde,ou la vie heureufe.Ce Docteur luy fit refpô-ce, que qui d’vn vray œil contcmplcroit l’Empire du monde,il trouueroit qu’il n’apporteroit auec Toy aucune fidelité durable,mais fculcmét vaines apparences, amp;nbsp;qu’il conuenoit viurc en iccluy continuellement auec infinis trauaux ôc défiances, amp;nbsp;eftre contraint cômetttc plufieurs excez, meurtres, deftruôtions de villes amp;nbsp;citez, amp;nbsp;ruines de plufieurs miferables petfonnes, pour Icfquellcs mefchancetez on perdoit la vie heureufe. Mais qu’au choixdelavicbien-heu-reufeoneuitoit toutes ces malheuretez , amp;nbsp;à ceux qui auoient cefte grace de cognoiftrc la fragilité humaine, amp;nbsp;la briefueté de noftrc vie, en renonçant aux vanitez de ce monde , eftoit préparé de Dieu au ciel, corne à fes bien-aymez vn lieu doux amp;nbsp;deleôtable, plein de toute ioyc immortelle,ou auec les bicn-heurez ils deuoiét demeurer perpetuellcmét. Cefte refponcc contenta fort ce ieune homme, amp;nbsp;vn peu apres, en grande diligence, atriua ou eftoit Ton pere, Ic-

M m il)

-ocr page 572-

Hifloire de Hongrie

quel cftoit campe trois iournecs loing d’Alep-pe en vnc belle campagne. Par vnc fi loudainc arriucc Soliman fc troubla encor dauantage,amp;: ItMîifaires eut vnc defiance plus grande, ne penfant point tbeyjjans qu’il deuft fi toft venir. Roftan ne faillit dctc-«»xÿîgnes chef a ccfteoccafion, êc commanda pat figncs rquot;quot; principaux de l’armce , amp;nbsp;aux laniflaires d’aller au deuant de M Hft.»pha, 8c luy faire hô-ncur. Iceux cftans fuyuant leur couftume bien difciplincz,amp; obeyfians à leurs chefs, dcfqucls par fignes feulement ils font conduits amp;nbsp;goü-uernez, allèrent à la prefle (penfant faite chofe qui fut agréable au Turc ) pour faluer Mufta-pha, amp;nbsp;iuy faire la reuercnce , amp;nbsp;pour ce faite tout le camp fc remua. Roftan faifant femblant d’eftre grandement cftonné de cccy , s’en alla à Solyman pour luy faire entendre comme tous les laniflaires amp;nbsp;principaux de fon armee fans fon congé cftoiét allez au deuant de Muftapha le rcceuoir, auec grandes acclamations 8c alle-grefles dcmcfurecs , amp;nbsp;qu’il ne luy reftoit plus rien que d eftre Seigneur , le priant de prendre garde à foy. Solyman changeant de couleur amp;nbsp;deuenant tout pafte,fottit hors de fon pauillon amp;nbsp;vid appertement eftrc vray ce que Roftan luy auoit rapporte. Plufieurs récitent que Muftapha trois iours auant fa mort eut en dotmat Vi/îon à vnc telle vifion vn peu deuant le Soleil Iciié: Il Atiflajiha luy futaduis qu’vn Prophete reueftu d’habits f rj.tûfiic jeluyfans comme les rayons du Soleil, le pre-Jamtirt paj la main,amp; le conduifoit cn vn lieu fort plaifant 8c dclcdablc , ou il y auoit vn riche amp;

-ocr page 573-

Liure ßptießne.

fompnieuxPalais.auccvn fort beau iardin , amp;: qu’alors ce Prophete luy dit que Lt deincuroiét amp;nbsp;perpétuellement iouyflbimt de ces délices tous ceux qui s’eftoient oppofez aux vices, a-uoientfuy l’iniiaftice, amp;nbsp;vertueulcment ditpen-cé toutes leurs aâionsiSc puis le tournant d’vn autrecofté,qu’illuy monftra,deuxtres-g;rands fleuues, lefquels auorent de l'eau de couleur de fer amp;nbsp;de poix, amp;nbsp;fcmbloit qu’ils bouilliflcnt, dedans lefquels y auoit vn nombre infiny d’hô-mes, qui defeendoient au fond amp;nbsp;puis fe rJe-uoicnt,crians pardon, amp;nbsp;que lors il luy dit encor que là eftoient punis ceux,lefquels pendant qu’ils auoient efte en vie, auoient toufiours fui-uy l’iniuftice amp;nbsp;fauorifcles mefehans , Sc qu’il feeut que ceux qu’il auoit là veux cftoiét Princes,Roys amp;nbsp;tres grands Empereurs. Et cela dit lavifion fefuanouyt. Etpar-ccque les Turcs fonthommes les plus fupcrftiticux du monde, amp;nbsp;principalement les Mufulmans, qui ne boy-uentiamais vin , Scadiouftentplus que les autres foy aux fonges, interprétèrent par celle vi-fion qu’il deuoit aduenir à Muftapha quelque grand danger ; 8c l’ayant racomptec à fon Do-fteur, il luy dit, apres auoir bien pcfé fur icelle, qu’il défioit beaucoup de fa vie, 8c que partant il le ptioit de prêdre garde à foy .Ce icune hom-me,neantmoins all'euré,luy fitrefponce; Pour- « quoyeft-cequeie me dois lailTer vaincre par « vne vaine peur, 8c par la deception d'vn fonge, « 8c n’aller au deuant de mon pcrcm’.ayant faiôt lt;■ appelleràfoy auecvne lî grande douceur, 6c « M m iii]

-ocr page 574-

J)

Î)

gt;5

55

35 ?)

3) ?)

53

3gt;

3)

lAißoire degt;l-{ongrie ayant eu, comme il eft raifonnablc, amp;nbsp;comme mon dcuoit le requiert, toufiours la M aj elle en grande rcucrcnce , n’ayjnt jamais tourné la race finon la part ou la lîcnnc inclinoit, amp;' ne Payant aucunemét offence, ny afpirc a fon Empire,fmon lors qu’il plaira àùieu l’attircràfoy, que l’atmee m’en cftimcra digne amp;nbsp;capable, pour louyr de la gradeur d’iccluy nbec mes frères en vne paix perpétuelle, amp;nbsp;auec vne côcor-de ■ tcrnellc,mc contcntanr,quand pat ce voyage ic deurois mourir,de finir plufloft mes iours auec vne innocence amp;nbsp;martyre, que viuanten Ptmpircplufieurs années, demeurer defobeyf-fant au vouloir de mon perc, par- ce que ne me mettâten chemin le ferayparlcs enuieux de fa Cour condamne comme rebelle,amp; pat mes ennemis infiniment noté amp;nbsp;remarque. Auec celle deliberation il atriuapres les pauillons amp;nbsp;têtes de fon pcre,aucc fa fuittc, amp;nbsp;là fit tendre les fic-nes , amp;nbsp;fc veftant d’vn nouucau habit blanc en figncd’vne vraye fidelité , amp;nbsp;ayant mis en fon fein certaines lettres amp;nbsp;milliues, amp;nbsp;oftant toutes fortes d’armes d’alentour de foy, pour oftet toute occafion d’en vfer contre fon pere,fc mit en voye de luy aller baifer les mains, amp;nbsp;entrant en la premiere falle fut fort gracieufemet reccu par les Encucqucs,amp;t ne voyant en icelle qu’vn lieu dreffé amp;nbsp;apprefte, comméça à pallir amp;nbsp;l’cf-moauoir,amp; cftant quelque peu fiifpcnd.dcraa-da ou cftoitlc Grand Scigncur,amp;kiy futrefpó-du qu’il le verroit incontinent. A l’inftantil vid entrer par vne autre part les lept muets,Icfqucls

-ocr page 575-

Liure Je^tie[me. 2.77 »5^5 j continuellement font pres lapcrfonnc du grâd Seigneur, amp;nbsp;entendans feulement par figncs ««««»'«•« exécutent fes fccrcttes commilTions. Muftapha Toyât telles petfonnes marcher droit à luy 1’ef- slt;i^»ci»r. fraya grandement,amp; fe tournant vers eux, leur dit; voylà’mamort manifclic. Si voulant f’en-fuyr, fut tant par ces muets que par ces Encuc-ques atrefté hors le pauillon Se remis dedâs, ou les muets luy iettetent vne corde d’arc Turc-quefquc au col pour l’cfttanglcr; mais cftât fort amp;nbsp;vigoureux fedeffendant le mieux qu’il pou-uoit,en jettant tantoft l’vn,tantoft l’autre arric-redefoy , les priant pitoyablement qu’ils luy laiflaffent dite deux mots à fon Seigneur Si pc-re. Pendant que les vnsfcfforçoicnt à luy öfter la vie,Si luy à fc deffendre, le tres-cruël Se abominable père, qui cftoit 'a vn cofté du pauillon fort attentif à voir la fin d’vne fi horrible Si in-huraainettacedie , monftrantlatcfte dit auec „

1 s ® nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;»•gt; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ParoUrt

vnecolcteatousccs bourreaux; N auez-vous pas encor ofté la vie à ce traiftre , qui depuis quelques ans ne m a iamais laifle dormit en repos gt;nbsp;A ces patolles les muets Si Eneucques rc-l prenans couragele jetterent en terre,amp;pat for-l ce ferrèrent Si eftraignercnt cefte corde,laquel-1 Icl’efttangla, mourant en cefte façon le plusli-l bcral Si magnifique Seigneur qui fut iamais en l la maifon des Ottomans, homme certainemét 1 Si d’cfprit Si de corps fort généreux. Si qui par 1 fesvcttueulcs qualité Z ne meritoit de donner l aux autres vn fi horrible fpcâacle de foy , qu’il 1 donna par la fraude Si mefchâcctc de fes cnne-

-ocr page 576-

y Hiflaire^e Hongrie ' mis. Cc fnal-hcurcux ade ainfi commis,lcTurc fit incontinent prcndie le Bafcha de l’Amafie, amp;nbsp;vn Vénitien delà maifon de Michcly,lequel auoireftépnnsenfanstnlaiourncedc la Pre-ucla,amp;lcqucl pour lors aucc vnc grande eftime portoitl’Enfeigne Colonnclle, amp;nbsp;incontinent leur fit trancher la telle publiquement, faißnt puis apres appellera foy Zeangir le bolTu, Ic-tuëvoyant quel ne fçauoit encor rie de celte cruauté enor-ƒ«» frere pig auquel il commanda d’aller voir Ion Itère qui cftoit en ce pauilion , amp;nbsp;qui ne failoit que d’arriucr. Celluy cy ayant entendu la venue de fon fccrc f’cncourut auec vnc face ioyeufe pout l’aller embralTcr, amp;nbsp;entrant ou le pauure fortuné amp;nbsp;mal heureux Mullapha giloit ainfi mal traité,amp; cllcndii contre terre tout cltranglc, le regardant aucc grolTes larmes,Soly man iuy ma-da foudainement qu’il eut à prendre les trefots, tentes amp;nbsp;pauillons , amp;nbsp;la Prouincc de Mufta-pha,les luy dônant en pur don. Mais au lieu de ' remerciement à ceux qui luy firent ce meflage, „ il leur dit ces parollcs: O Can traillrc mal-hcu-» rcux.non perc,ainsTygrc trcs-cruël,iouysplu-,, ftoll toy-mefme des trefors,meubles,pauillons „ amp;nbsp;de la Prouincc de Mullapha ; qucf’ilellpcu „ tomber en ton cœur enragé de faire mourir vn „ fi vertueux fils, amp;nbsp;de fi grande cfperance, Sc tel „ qu’il n’eut iamais fon femblable, amp;nbsp;n’en fera de „ pareil en la maifon Ottomanne , jà à Dieu ne ,, plaifc que moy pauure bolTu i’attende que tu m’en faces autant, amp;nbsp;tirant vn petit poignard qu’il auoit à fon collé il fc le fourra en la poitti-

-ocr page 577-

Liure feptießne. 17S

ne, amp;nbsp;mourut incontinent. Le Roy ayant entendu vn cas fi inopiné tomba en vne merueil-leufe triftefle. Voylà à la vérité le fait duboffu, nonobftant que pour ne remplit le mode d’vn adle fi vilain, amp;nbsp;pourlateuerence dclamaifon Ottomanne.lcs Turcs difent qu’il mourut ain-fifoudainemétpar vnefquinancie. Ayant puis Thw»!« apres le Gland-Seigneur commâdé que les pa- grand m uillons amp;nbsp;meubles de Muftapba f uffent portez gt;1« aucclesficns, comme ceux à qui il auoit fait ce commandemét vouloicnt l’executer, pluficuts f’efmeurent amp;nbsp;f y oppoferent, péfans qu’on les vouloirfaccager,ne içaebans encor ces vaillans foldats ce qui cftoit aduenu à leur Seigneur, 8c voyansvenirvers eux vn grand nombre d’iiô-meSjCraignans quelque foudaine infolence mirent la main aux armes,8c tepoufletent en arriéré ceux qui f’eftoiét les premiers aduancez,non

1 nbsp;nbsp;nbsp;fans vn grand meurtre. Ceux du camp du Roy

1 fentans la rumeur qui fe baulToit d’heure à au-I ttc,courans pour fecourir les leurs, amp;nbsp;les autres I faifantlcfemblabledcleurpart, ferenforçans i de part amp;nbsp;d’autre les deux camps,aucc vn terrible bruit fe mitent aux armes amp;nbsp;fe donneret vn

1 merueilleux affault, auquel demeurèrent fut la I place plus de deux mille hommcs,amp; cefte mef-1 lec ne fe fut fepatee fi Achmeth Bafcha homme 1 graue 8c d’authotité pour fa vertu cogneu'c par tout, Sc fort eftimé entre les foldats, n’eut faict 1 retirer en arrière les laniffiircs , amp;nbsp;fe tournant 1 vers les foldats de Muftapha ne leur eut vfé de 1 telles parolles douces-, Doneques mes frètes 8c «

-ocr page 578-

’’ mßoiré de Hongrie cnfans, voulez-vous eftrc de fi mauuais courage que de prendre celle hardieflc de refifter aux commandcuiens du Grand-Seigneur, lequel veucquelcs trefors de fon fils loient enleucz hors de les pauillons, amp;nbsp;portez auxficnsî le ne puis croire que vous qui de fi longue main vo cognois trcs-vaillans amp;nbsp;bons Mulùlmans, come a la vérité vous eftes , vueillcz maintenant vous monftrcr fi infolens amp;infidellcs à noftrc commun Seigneur, ayans fi long temps aueev-ne telle fidelité guerroyé paimy les atmees Ot-tomanncs.fans auoir efté contaminez ou fouillez d’aucune infamie pour fa conferuation,ain-fi comme par vos aôlions très- vertueufes vous aucz fait paroiftre à tout le monde pour fon fit-uiccjcftant voftrc Seigneur amp;nbsp;le mien? Partant mettez maintenant vos armes bas,lcfquellesne fe font que trop aîguyfee pour vne occafionfi vilaine. Lesparolics de ce courageux Bafcha eurent telle puifiànce lur eux qu’ils fappaifcrét, amp;nbsp;comme bien obeyfians laiil’erent emporter aux tentes du Turc tout ce qui eftoit en celles de Muftapha.Mais eftantvn peu apres entre les lanilftires amp;nbsp;tout le camp diuulguee fa mort, l’occafion d’icelle,la défiâce de luy, amp;nbsp;ce qu’on luy impofoit, tous prindrét derechef les armes, amp;faifans vn gtâd tumulte méfié d’infinis pleurs amp;nbsp;larmes, donnèrent iufqucs bien pres du pa-uillon du Grand-Seigneur. Celle fécondé ef-meute luy donna telle frayeur, que perdant l’e-Iprie il vouloir f enfuy r , mais eltant artefte pat lesfiens, non fans danger d’ellre malTacré en

-ocr page 579-

LiuYe feptiepne. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;179

ccflc furie,print refolution,contraint pat la nc- t ccffité de faire ce qu en lieu aflcuié il neut voulu,amp; fc mettant fut l’entrce de fon pauiUon,encor qu’il eut grandement pally, leut dit néant-moins hardiment ; Dites moY, quels tumultes “ font-ccicyîquelefmeutceft ce’ quelles infolé- “ CCS me faites vous lî inconfiderément Nc me “ cognoiffez-vous point daucnturc ’ Nc luis ie “ point vofttc Seigneur , 5c celuy qui vous doit ” régir Scgouuerner’ Quclqucs-vnsluy rcfpon-dirent qu’ils le rccognoiffoicnt bien pour Sei-gneut tel,qui pat eux auoit des long temps efte efleu,lequel Us auoient rcucré, 5c l’Empire duquel ils auoient pat leur vertu accreu fi grandement, à cede fin toutesfois qu’il eut à dominer auec iuftice, 5c non pas pour fans aucune occa-fion fi inconfiderément 5c cruellement cfpan-dre le fang des bons, 5c faite tueries innocens, 6c que ces armes auoient efté prinfe par eux iu-ftement pour venger afprement la mort dcMu-firpha, Sc pour eux purger de la trahifon qu’on leur iraputoit,6c qu’ils nc les mettroient iamais bas iufques à ce que VaccuCateur eut comparu en iugement, 6c qu’il les eut conuaincuz eftrè 1 coulpables, 6c qu’alors auec toute humilité , fi 1 ainfi fc trouuoit,ptom‘cttoient, comme dignes 1 d’vn feuere chaftiment, foufmettre leurs vies à 1 la plus cruelle 8c vituperablc mort qu’on pout-I roittrouuct , 6c que pour toute refolution ils I vouloiét que cela fut aucré en cede mefme câ-1 pagne. Ceux-cy parlans 11 brauemenrpour la 1 douleur quilsfentoient, nclailToicnt aulfi ds

-ocr page 580-

Hifloire de Hongrie

baigner leurs ioucr de larme s amercs , amp;nbsp;IcUtS pleurs amiables, amp;nbsp;affedionnez contraignirét le Grand-Seigneur (lequel pour la peur qu’il a-Stlyma en rcceuë,amp; pourl’horreur du fait eftoitqua-Jan^er Je fi hots de foy)dc leur promettre, auec douces amp;nbsp;fa ferfoa- attrayantes paiollcs , qu’il eftoitpreftsdefatif-faire à tout ce qu’ils demanderoient, Si parce moyen appaifa vnc grande partie de ce tumulte, ncantmoins toute l’armeeauec les armes au poing ne laiflà de faire tres-foigneufe garde de peur qu’il fe redraft du camp , amp;nbsp;qu’ils fetrou-uaftcntdeccuzde la promefle qu’il leur auoit faite d’vn defirc iugement. Roftan apres auoit par le commandemet du Turc remis le feel entre les mains de Achmeth , Sc f’eftre priué de l’office amp;nbsp;cftat de Vifir,tour reply de peur pout tels tumultes f’enfuyt au pauillon de Achmeth» le priant comme fon amy intime, amp;nbsp;aucc grande inftancc, que fon plaifirfutdcluy confeillet ce qu'il luy fi mbloit qu’il peut faite en vn danger fi foudain. Achmcthluy fit rcfponcc qu’il deuoit prendre confeildu Grand Seigneur, amp;nbsp;fuyure fa volonté , amp;nbsp;non pas d’vn autre. Cela pleut à Roftan, amp;nbsp;foudainement par vn melTa-gc futfifant exécuta le côfcil de fon fidellcamy, amp;nbsp;ayant eu refponce que le Seigneur luy com-mandoit que fans perdre temps il euft à fe retirer de deuât là face, il luy fit encor dire qu’il ne pouuoit partir, ny fe retirer fans fes pauillons, fanscommiffion, ny fans deniers. Le Turc luy fit répliquer que la necelfité ne requeroit, ny pauillons, ny deniers. Sur cefte refolution il

-ocr page 581-

Liureßptießnc. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;180

monta à cheual aucc hui€l de fes plus fiddles a- ï 0 oh mis, Si en trois iours fit autant de chemin qu’il *■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;***‘*

eut feeu faire en hunâ pat la pofte, Si fc retira à »«»njK'p!)*' f Conftantinople,où il demeura en grand cfmoy pour fes mefauentutes. Le Grand Seigneur fc mit apres à tafeher d’appaifer prudemment la coleicdefesfoldats , ôi ne pouuant en venir à bout par leur obftination, fc fentani priué d’e-fperance, Si en doute de faperfonne, chercha

pat trois fois auec peu des flensde fc fauucr dc‘ èlt;Vilt; leurs mains. Maisilneluy futpolTible, ainsau * contraire aucc plus grande inftance,amp; infolen-ce demandoiét qu’en cefte campagne leur Seigneur comparut,Sique le iugemeni fut donne. Si qu’on ne dilayaftla iufticc, amp;nbsp;qu’on ne per-mift qu’il fcfauuaftés villes amp;nbsp;fotterefles , ne voulans tous aucunemét endurer que fans cau-fe on malîactaft ainfi les innocés,leut imputant fauffemét des calomnies, Si les chargeant à tort de ttahifon,à laquelle ny Muftapha,ny eux n’a-uoiét iamais pcnlé, fopiniaftrans au refte de ne partir aucunement de là, fils n eftoient vengez

1 dufanginnocent,amp; fi on ne leur faifoit iufticc, 1 Le Grand Seigneur voyant qu’aptes auoitpta-1 tiqué cnleut endroit publicqueraent Si fecrct-l tentent toutes fortes d’expericccs,il ne pouuoit 1 ncantmoins les contenter, Si qu’il y auoit défia

Îluhcurs iours paflez, Si cognoiffant leurs vo-ontez eftre plus que deuant chaudes à la ven-

1 geance-, Si voyant qu’auec fon authorité il ne 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pouuoit faire d’avantage,voulut bien encor cf-

I layer la vieille prudence de Achmeth , lequel

-ocr page 582-

ttifloire de Hongrie

SalymSfi fccut fi dcxttemct Ics iiianicr qu’il fit tant qu’cn fMue d’en payant mille afptcs par iour a chafque foldac trefeifil- pour ttois ioumces à quatre mille foldacs de la furent d’accord d’accompagner leur Seigneur iui’ques en Aleppc, laquelle eftoit trois lournees loing de la, leur cftant toutesfois promife, inuiolablementpatle Turc, lafoyde chaftier le calomniateur, amp;nbsp;de venger le fang innocent de Multapha. Auec tes conditions il fe retira en Alcppe , fortant hors des mains des foldats , ayant auât que partir de fon camp mis ordre aux corps de fes enfans, amp;nbsp;commande

Burptvil qu’ils fuflentportcz à Burfic,ou font les ancié-leoiteß la ncs fcpulturcs dcs Ottomans. Ceux qui encu-fipuiiitre nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;charge dcfpouillans le mifcrablc Mufta'

re»rf Je*' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’ IcfqUcllcS , COmllie

Twrfjw/e. nous auons dit,il auoit mifes en fon fein,quand il bougea de fon pauillon pour aller bailer les mains de fon pere, amp;nbsp;les ayans prefentees au Grad Seigneur ne les voulut pour lors ouurir: mais apres que ces cfmotions furent vn peuap-

Innocence paifees, il fe les fit apporter, Ics Icut, amp;nbsp;trouua deMufla- qu’cn iccllcs cltoicnt dc poinôl cn poiiiôt cou-/gt;/m def- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;defleins amp;nbsp;machinations de Roftan Si

tomterti, [lt;olle Contre iMuftapha.donc il Ce fâifit tellement le cœur, qu’il fut plufieurs iours fi efprinS de douleur qu’il ne vouloir parler à perfonne, amp;nbsp;fil n’eut eu refpcui à la dilpofitiô des chofes, . qui pour lors cftoient, il n’eut pas faidl mourir Roftan de la mort qu’il meritoit,ains l’eut fiict manger vif aux chiens. Mais ce qu’il ne fit lors il le referua pour vnc autre fois, 3c puis que le faiift

-ocr page 583-

Liure feptießne,

fait edoit irrémédiable, tourna fa fantafic à fa-

aovifer amp;nbsp;agrandit Mahomet fils de Mudapha,

ficd’vnc Dame de la Bodine aagé de quatorze ..-»*• ans,lequel durant ccd inconucnicntauoitedê— '. ; ... .* cnlcué par l.i mere de Mudapha en vn autre pays , craignant que la fureur du Grand-Seigneur tombad aufli fur luy. Et tout foudain re-uaquavn certain Capitaine , lequel il auoit jà depefehé pour l’aller tuer, amp;nbsp;ayant rettouuc ccd enfant, amp;nbsp;fait reuenir, luy donna pour fon entretien le Sangiacchat de Butfie. A près cela il nbsp;nbsp;,/ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,

fc partit de ce heu, 8c f’achemina vers Hicrufa-' Icnï, ôc n edant qu’à quatre iournecs pour au-très accidens furuenus fut contraint retourner en Alcppc pour poutuoir aux affaires de la Syrie, 8c dedors f’edoit défia defiié du mariage de la Rode. Il y eut vnChiaufs, lequel en diligen-

Selim tus celuy qui vfent lt;lt;ƒgt;-

ce partit du c”mp,pcn(ant pour la mort de Mu-ftapha porter vue bonne nouuclle à S dim, qui pour lors eftoit en Carmanic. Mais Selin Ce co -rtida fl fort de cede mort qu’il voulut en laiffer au mode vn teCmoignage perpétuel,faiiant tail purger letlatcftcàcemeffagetaulicüdelabonné re- ie compenCequilattendoif, quifutveritablemct ’»»»•« dt Vn able célébré pour dire rédigé par eferit, amp;nbsp;non digne de ced homme qui cd ennemy de nodrcfoy,qucf’ilplaifoità Dieu le réduire à fa f’excnft faindc foy, certainement on le pourroit com- «»»quot;sFo--parcr à tout autre tant ancien que moderne. Enuicon ce temps pour le remuement du Roy aume de Tranfiluanie edant Pierre Chendy Tranfd^

ttouuccoulpible, comme feu eftantmcfté, ic »«nu. Nn

-ocr page 584-

}Atßo!re (leVlon^Yte voulant fen defeharger en efctiuit à FerdihâA fexeufant, raffeurant queiamais il n’auoit J CM f^^i, voulu y cntcndic. Ses exeufes felon la neccllite r««*» ïVhH'^Idu temps furent receuës Mais vn peu de temps apreslaRoyne enuieule de lecouuret ce quî de fa propre volonté elle auoic laifle fit fi bien • fes menées que faifant cfmouuoir tout 'e peuple du Royaume elle fc vid en brief Dame H i-ccluy, Se en chaflà les gens de Ferdinand ; naif-fant en mefme temps vne pelle fi horrible en celle Prouincf qn’Jle dura iufques en l’an nul-, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' le cinq cens cinquante amp;nbsp;cinq, amp;nbsp;fit mourir fi

grand nombre d’hommes, de clieuaux amp;nbsp;d’autres animaux que c’tlloit chofe incroyable. A jilK'itili l'occafion de celle perte les Turcs encouragez i-TO.iwf à prindrertt lesarmes contre Ferdinand,amp;entrâs cepays alliegercnr Albejule,contre laquelle (^toutiia ilsbaflirctvn f»rt,amp;cllanslcsalliegezaubout Tranfil. de 1( urs viurlt; S furent tontrainôls le rcndteàh naitK. Foyne, laquelle en les fauilanr fe fit par ce moyen Dame de celle ville , amp;nbsp;vn peu apres au nom de fon fils du relie de la Tranfiluanie, amp;nbsp;ne luy relloit plus à conquérir que quelques challeaux fituez aux colins de l’Euefché de Va-fadin,amp; celuy delocchay, qui eft tresfort. Et attendant le temps commode pourles aller af-fieger ne fit ce pendant autre chofe que alTeu-rerlcs volontez des Principaux du Royaume en la deuotion d’elle,6c de fon fils,faifantpout cell cffcól publier vne Dicte gcncrallc pout ïoupes les nations du p'gt;ys à Sibinio.cn laquelle Icurmonftrant le tort qu’elle auoit rcceu pat

-ocr page 585-

Liare jeptießne.\ IcsMinifttcsdcl’Empercurpour nc luy auoir obfcruélcs conditions, amp;nbsp;capitulations accordées par entre eux, Ôc la perte amp;nbsp;ruine qui leur eftoit aduenue pour auoir voulu fuyure fon patty,8c au contraire le bien 8c proffit qu’ils rc-ccuoict pour f eftrc retirez vers elle, afl'cura tel-lement fes forces en cefte l’rouince , que refu-fans tous entièrement l’atnitié de Ferdinand,8c embtaffans celle de lehan comme de leur S«»-gneut naturel nc cefferent iatnais qu’ils n’euf-fent nettoyé la Tranfiluanic des reliques des Impériaux, eftant la Roy ne pour ce faiü fauo-lifee du Roy de Poulongne amp;nbsp;de la Roynç Bone fa mere, lefqdcls tacitement (outre le Turc, lequel ctaignoit que Ferdinand ne print pied en ce pays, 8cquauccletcmpsneluy donnaft beaucoup d’ennuy en ce quartier ) ne luy man-quoicntdetouslesconfeilsScfecouts qu’ils c-ftitnoient luy cftrc necelTaires Sc vtilcs Iclon la condition du temps. Elle tecompenfoit ceux quin’auoicnt abandonné fon patty, 5c comme fige 8c prudente rcfctuoitàvn autre temps la I commodité de fe venger des iniures qu’elle a-Uottteceués de ceux qui tant de fois f’eftoient I nbsp;nbsp;rebellez contre elle,5c auoient cfté occafion de

toutes fes defeonuenués. Et eftant confédérée 1 auccles VayuodcsdcMoldauie 5c deValachic, 8c par l’exprclTe volonté du Türc,ayant faitf e-1 ffroitcalllance ScamiiiéaucclcBafcba de Bu-'dc,le Sangiachde laBolTine ôc de Belgïade,cô-mença à donner ordre aux.affaires de fon Royaume , Sc àrc-ccuoirlcscbniptesdureùcnud'i-’

-ocr page 586-

a-

i. Roy Je Rottlon^ne en maugt;' u^ah mef-na^e attec ßt mere 0* lei Pettlon-non pottr fa femme,

quot;La Royne Je Ronlon-' ^nefe retire en îta^ lie.

Ht foire de Hongrie ccluy pour f’acquitcr , amp;nbsp;payer ceux qui luy â-uoicnc donne fecours pour rentrer chez foy, au 111 pour faire prcfcns à ceux qui pour diucrfo cailles le meritoicnt,fc rendant par ce moyen a-grcable à vn chacun. Enuiron ce temps fon frère Sigifmond Roy de Poulongnc ayant refufe pour efpoufc vnc fille du Roy des Romains, f eftant emniouraché d’vnc fienne fubiefte Gc-til-femme, icunc ÿi douce d’vnc finguhctc beauté,l’auoit prinfe à femme amp;cfpoulc contre la volôré delà Royne fa merc,amp; de tousles Principaux de fon Royaume, à l’occafion dequoyil aduint que la mere fut long temps courroucée contre luy , iufquesàlamortdcccftcnouuclle Royne.laquelle foudainement mourut nô fans fufpicion de poifon, amp;c par la mort d’icelle toutes les dilTentions duRoyaume fappaiferent,5î le Roy fc réconcilia aucc la Royne Bonne fa mere , laquelle ayant auparauant fort trauailU pour auoir fon congé , de fe retirer de Poulongnc amp;nbsp;faller repofer en Italie,amp; finirlc demeurant de fes iours en fon Duché de Bar, fituéau Royaume de Naples, fut en fin par le moyé de l’Empereur Charles amp;nbsp;de Ferdinand Roy deS Romains liccnticc par fon fils,amp; f’en venant en Italie palTapar Vcnifc,ou par cifte République elle fut rcccuë dedans le Bucentaurcaucc gran-difiimc pompe,amp; honoree par toutes les Gentil-femmes de celle ville , lefqucllcs magnifiquement veftuës amp;nbsp;parces de pierreries amp;nbsp;loyaux allcrcntau deuant d’elle,amp; la mencrcntlo-gerau Palais du Duc de fcrrarc , vfans enucts

-ocr page 587-

elle des courtoifies les plus grades qu’elles pou- ,rƒ r uoient imaginer , eftant au refte continuelle-ment vifitee d vu chacun. Et apres fut accompagnée de quelques galeres armées, qui luy furent baillées par cefte République,pour la conduite feurement, de peur de Saala Rays Corfai-rc,lequel pour lors couroit ces mers:amp; aucc bo vét arriua au port de Bar, où elle ne vefeut gue-res,n’ayant efté tenue en bonne reputation, ny ayant gagné bon renom àl’occafion d’vn cer-tain Pappacoda, auquel oubliant fon fils amp;nbsp;fa Jatntrt-fillei'tantcft grande la chatnalitc de ce monde) elle laifla tout ce qu’elle auoit de bon , demeu-tant pour ceft adte infiniment blafmee, amp;nbsp;bien “ peu louée entre les viuans. Cccy aduint lors qu’entre l’Empereur Charles amp;nbsp;Henry Roy de Trefuetn-Ftance.il fut accordé apres plufieursdifputesamp; controuerfes, entre les médiateurs, vne trefue pour cinq ans; Laquelle fut publiée en France, en Italie amp;nbsp;en Flandres. Et pour fe refiouyr 5c fc côgratuler à l’occafion d’icelle auec ces deux grands Princes , le Pape enuoya versl’vn pour Legitsle Cardinal Mottola , amp;nbsp;vers l’autre le Cardinal Carafa. L’Empereur ayant donné re-lafche aux armes,par celle trefue, auec efperan-ce qu’icelle en fin engédreroit vne bonne paix, ferefolut de renoncer entièrement à toutes les

Charles

Empereur renonce à

affaires amp;nbsp;bombances de ce monde , tellement que fuyuant cefte refolution luy eftant à Gand Empirta dépefeha vers les Eledeurs de l’Empire, Severs Ferdinâd fon frerequelques Seigneurs, par lef-

quels il leur mandoit fa deliberation ,enuoyanr N U iij

-ocr page 588-

Hiflôire de Hongrie pareux-mefmcsà Ferdinand la Couronne,le Sceptre amp;nbsp;les autres otnemens impériaux. Pat eux il cfcriuit au Cardinal de Majcnce Elcôteur

99

3gt;

gt;5

lalettrc qui l’cnfiiytiMonfieur le Cardinal puis qu’il à pieu àDieu me faire tapt de grace à la fin deines ioiirs,qùedcm’o(ftroyervn repos path trefuc que i’ay faiâcaucclc Roy de France, du fruit de laquelle i’efpcre vne bonne paix entte les fujeûs de l’vn amp;nbsp;de l’autre, ic me luis rcfolu d’acheuerlercftedcmesans auec vue vie plus

55

douce amp;■ tranquille, pour pédant içtlle vaqiict à la contemplation des chofcs diuincs,defquel-les à mon grand regret i'ay efte plus diftrait que ic ne youlois par les affaires que i’ay eu fut les bras des ma icupefle en fi grand nombre, que fi laDimnc clémence ne m’euft prcflé la m^iiu pour me foulager, ie fçay qu’il m’euft cfté iæ' pollible de m’en dcfuclopper. LarccognoilfaUquot; ce que i’en ay outre les autres bicpsrcccus d’en-» hault m’a le plus excité à faire cefte retraite que ” aucune autre confideration que i’culTe peu a-5» noir; à laquelle ncantmoins ie ne me fufte laifif

55

55

»gt; aller fi i’cufTc veu que ma prcfcnce,amp; l’admini-ftration commife entre mes mains eut peu af' porter encor quelque commodité au, public. Mais apres tant de viéloircs que Dieu (notiob-ftanr que d’icçlles ic fufte indigne) m’a dôncfS, i’eftime encor plus cefte grace qu’il pi’a faite de m’auoir tant fauorifé que de voir vnc paix, op au moins vnetrcfuegcnerallc, non feulement entre mes fujcôfs amp;nbsp;autres Princes mes amis Sî

çonfçderez: mais aufïî aucc ccpx qui fc difoiçat

-ocr page 589-

Liwe [èptieÇme. 2.S4 mes ennemis, laiflantvn chacun maintenant à « iepos,8c en patience tellcqu’aucun n’abefoing lt;c de mon fecours. Confiderant ce bien faiét de Dieu, Si l’imbécillité que la vieilleflc m’appor-te,8ciugeant que l’vnamp; l’autre m’exempte ay-fénacHt de manier plus le timon de cefte République Chreftienncji’ay aulTi toll prins cc party “ de quitter aufll du tout toutes autres moindres “ aff-ures,8c pl ùfirs de cc monde ; Sc d’employer quot;nbsp;cc peu de temps que ie puis auoir encor çà bas “ à des vâceations (pitituellcs,pour parle moyen “ d’icc'lcs repurger les fautes que ic puis auoit “ commifes contre 8c outre le vouloir de la Ma- quot;nbsp;jcftcDiuinc, ainGq ceux qui ont pareille char-ge que nous, faillent d’autant plus lourdement quot;nbsp;que le fardeau qu’ils portent fur leur telle Ce trouue lourd 8c pefant.lc n’ignorc que comme “ nousfommes fujeôlsà cftreabufez.ic n’aye dû- quot;nbsp;, né occafion à quelques vns de fc mefeontéter 1 nbsp;nbsp;demoy.tellementquecencm’eftairezdcvou- “

1 nbsp;nbsp;nbsp;loir par ma retraite appaifçrl’ivcDiuine,laqucl' “

1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;le ic puis auoir attirée fut moy , fi aufll d'autre “

I fepourroient plaindre. Cede mienne affcâiion ” 1 m’apouffeàme condefccndtc plus aifémcntà ” I l’accord que i’ay faiôl des conuentions portées ” 1 patlatcc.fuc,parlcfqucllcsi’ay tclafchcauRoy ” l de France non feulement plus qu’il ne deman- “ 1 nbsp;nbsp;nbsp;doit,mais encor plus qu’il n’efpcroit.'Sccomme “

1 fait enuers fa Sainftctc, voulant par là conten- “ 1 nbsp;nbsp;nbsp;ver premictemençles Eftcaiagets , ôç puis auoit “

1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;N n hij

-ocr page 590-

Hifloire de Hongrie

. ” foingdemesfujcóls; pouraufqucls fatisfairede ” mon pouuoiri’ay mandé la plus part des Seigneurs qui font maintenant par deçà,pour leur ” donner à entendre cefte mienne volonté, afin qu’iccux ne l’ignorans me déclarent librement “ ce qu’ils penfenr cftre bon pour l’accomplifli* ” ment d’icelle: ayant aufli enuoyé quérir mô fils pour exécuter en ce pays de Flandre amp;nbsp;BoargO' gne ce qu’on m’aura defcouuert pour le foula-” gement de ma confcience , pendant que moy ” mefme,apres cftre arriué en Efpagnc auec l’ay-” de de Dicu,i’cfpcre en faire de mefmc^amp;en mes ” autres Royaumes. l’euflc cité tres-ayfe de pou-uoir me tranfporter en l’Allemagne , amp;nbsp;à vne “ Diete faire moy-mcfme cefte mienne declara-“ tion pour l’honneur que ie dois à vnc telle Pro-” uince. Mais l’hyuer qui approche, m’empefehs ” de reculer mon voyage. Et puis quclaneccffite ” me contraint, ie vous prie d’aflîgner la Diète i Francfort, amp;nbsp;y conuocquer tous les autres Elc-” (fteurs amp;nbsp;Princes de l’Empire;amp; vous trouuant en icelle remonftrcr à tous en mon nom l’indi-” fpofition prothe du temps, laquelle ne me per-” met d’cxccutcr la bonne volonté que i’auois de ” les aller tous trouucr pour les remercier dere-” chef de l’hôncur qu’eux, ou leurs prcdccclTeuts quot;nbsp;m’auoient fait en l’eflciftion de leur Empereur, la bonne affetftion que leurs dcuanciers auoiét ” toufiours monfttce par effed à ceux de noftre maifon, ainfi comme auftî ils ont voulu conti-” niicr en l’cftedion qu’ils ont fait depuis de œô ” frère , le conftituant Roy des Romains, amp;nbsp;la-

-ocr page 591-

quelle iç les prie d’entretenir. Et auffi de leur ‘LOf/’ vouloir declarer comme mon inteiion cft, puis que toutes chofes font maintenant en paix, de remettre entre les mains de mon frère Roy des Romains la Couronne, amp;nbsp;tous les autres otne-mens Impériaux, afin qu’iceluy prenant entièrement le foing amp;nbsp;la charge de l’Empire , mon ‘ abfcncc ne fut caufequ’aucû trouble y arriuaft, * les priant tous deluy vouloir alfifter, 8c de vouloir auccluy viure vnanimement, Sc comme vrays frétés germains. Etdauantageleurdon- * net à entédic que la départie que ic fais d’auec eux encor qu’elle foit lointaine n’eftpoit pour ‘ les dclaiffer ou abandonner; mais qu’au côtrai-re ils me trouuetôt toufiours garny 8c pourueu d’vne auffi bonne affeôtion en leur endroift que Veux iamais. Et que f’il y à aucun fujeâ: de “ l’Empire , qui fe puifle plcindrc que i’aye vfé d’aucune iniuftice contre luy,i’ay prié mon fre- “ ïc d’y donner ordre, auquel pour telles pleintes ‘ chacun fe pourra adrefler. Et pour le dernier “ foingque ie puis auoir par deçà du bien de ceft Empire , ic vous prie les perfuader qu’ils ayent pour agréable Sc ratifient la dimiffion que ic “ fays,8c qu’en brief ils couronner pour leur Em perçut ccluy qu’ils ont jà cfleu Roy des Romains , afin que cede grande Prouincc fe voy c pourueuë d’vn chef, qui ay c l’œil par tout comme chacun l’aye auffi furluy,ôcquc par ce moic onfcrmclapottcàl’entrccdcnouucllcs entre-prinfesquifepourroient efleuer à faute delà prefence du chef qui y peut tcfiftcr. Auffi en

-ocr page 592-

Hifloire de Hongrie outre ides prie de ne vouloir mancquer de fe-cours à raondic frere, pour la confcriiation de fon Royaume de Hôgne, qui cft le rempart de toute l’Allemagne contre l’cnnemy commun. Et en particulier ie vous prie. Moniteur le Cardinal d’y tenir la main,comme aulfi particulièrement ie vous recommande contre quelques raalueillans la deffence de tout ce que l’ay géré amp;• negotie entre les Eledeurs , Princes amp;nbsp;Seigneurs de l’Empire amp;nbsp;villes Imperiales, fçaebât que voos n’ignorez aucc quelle lincerité ie me fuis comporte en mesaótions, defqucllesicté-dray toulîours bon compte, amp;nbsp;deuant Dicu,amp; deuant les hommes : combien que ie ne vucille pas nier qu’il ne f’y foit quelquefois mcllc quelque cbqfc de 1 humanité, ne voulat m’attribuet telle pcrfcdion, que i’ayeefté exempt de ce vice naturel.Mais l’vn eftant balancé auecl’autre ie m’alTcure que les plus aduifez n’vferont d'vn feuere iugement à l’encontre de moy; amp;nbsp;remettant à vollre prudence le fouftien de celle mié-nc caufe icnc vous en feray vn plus long dif-cours. Et pourfin de la ptefentc ie vous prieray croire que quelque part que ie fois i’auray touf-jours mémoire amp;nbsp;fouuenâcc pour m’crnpioyet amp;nbsp;enuers les miés à tout ce que ie Içauray vous eftre nccciraire,dont ie vous prie ne craindre de m’aduertir êede m’en follicitcr. Ce-pendantie me recommande à vos bonnes graces amp;nbsp;prières , 8c fupplie Dieu vous donner Monficur Iç Cardirial en fanté longue amp;nbsp;heureufe vie. De Gand ce deuxicfmc de Septembre mille cinq

-ocr page 593-

Liure ^eftielme, 186 «ns cinquante amp;nbsp;fix. Suyuant le contenu de ceftemiûiue Philippes hls vnique de l’Empe- ■y«»»quot;»-rcurvinttrouuerlonpcreaScutbouigen Lz-lande, où de Gand il eftoit venu pour fembat- . quer fur met. Làleperel’inftruifitcommeil fc deu'oit gouucrner es affaires de fes Eftats, amp;nbsp;cô- ' me il fc deuoit comporter enuers fes fujefts, amp;nbsp;entiers fes Confederez; apres luy auoit donné fa benediftion, amp;nbsp;cmbraCfc pour la dernière fois,St donné congé à tous les Princes,Ambaf-fadeurs, Gentilshommes ßc Capitaines ejui cr ftoient là ptefens, fa Majclté monta le quator-zicfmede Septembre vn peu deuant le Soleil Icué dedans le vaifleau qu’on hiy auoit préparé aucc les deux Roy nés, Elconor Sc Marie fes fœurs; amp;nbsp;eftant accompagne de foixante voiles print la route de Bifcayc , en laquelle aucc vn vent fapotablc il arriua en peu de iours , ayant paflcatiparauant celle grand mer par fix autres EJl’o^ne, fois.11 defembatqua à Larcde port de cede Pro-tiincc , amp;nbsp;là fut teccu auec grand honneur par les Seigneurs amp;nbsp;Gentils hommes d’Efpagnc. On dit qu’aullî toll qu’il eut mis pied à terre il f’agcnouilla temeteianr Dieu de ce qu’aux der-

I niets iours de fa vie il luy auoit faiél eefte grace .•, 1 de le conduite en ce pays,lcquel par delTus tout 1 autre il auoit roufiours tenu chcr,5lt; par le moié 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;duquel il eftoit paruenu à ce hault degré de

1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l’Empire, luy attribuant apres Dieu quafitou-

I tes fes viéloircs Se honneurs,vlant de ces mors'.

1 Dieu te faune,ô mere trefehete S: di-fitee; corn- '« I jne nud ic fuis forty du ventre de ma mctc,aiufi

-ocr page 594-

Hifloire de Hongrie

gt;, nud, ic retourne vers toy comme à ma féconde JJ mere, amp;: en recompenfe de plufieurs meiitcs JJ dont tu as vfc enuers moy, ne pouuant pour le JJ prefenr autre chofe , ie te donne ce mien corps - JJ malade, amp;nbsp;ces miés os foibles amp;nbsp;debiles. Apres auoir profère ces parollcs, non fans efpandre quelques larmes , faliiaauec toute douceur 8e courtoific tous CCS Seigneurs qui f’eftoienta-cheminci en ce lieu pour luy rendre l’honneur qu’ils luy deuoient : amp;nbsp;apres fcftre mis en fali-j, - 1 .. «âicrc fût conduit vers la ville de Valladolit,où cftoit le Prince Charles fon petit fils. En celle ville,laquelle apres celle de Tolcdc, cft la prin-L’Emjfer. cipalc d’Elpagnc, fa Majcftc fit quelque fepur, „ pédant lequel il exhorta ce icunc Princcàimi-velligcs de fes ptcdccclTeurs,8c a bic gar-c/?ar/f5. obferucr la Religion Chrcfticnnc amp;nbsp;Catholique: Puis il f’achemina de là en la Prouin-Lieit ou ce de Eftrcmadurcjvcrs vn Monaftere de fainft

fe rtttra. l'Emper. Charles fourfinir fies tours.

cly’Stl*»;

Hicrofmc, dit des frères Hermites, fitucenvn defert fort folitaire, amp;nbsp;commode pour mener vnc faindc vie. Ayant en ce lieu donne conge aux deux R*yncs fcsfœurs,amp;renuoyeesa Val-ladolitjCC grand Empereur choifit lî fa dernière demeure, y acheuant le refte de fes iours auec fort peu d’Officiors domeftiques , fadonnant du tout à vncalîiducllccôtemplation des cho-fes Diuincs, Acquittant toutes les affaires du monde p.iiroic le temps en oraifon,auniofncsamp; autres œuures pitoyables. Ce-pendant Ferdinand Roy des Romains apres auoir rcceu par {es mains du Prince d’Orange les patentes de

-ocr page 595-

Liure [eptießnf. 187

l’EmpcrcUi, (. parlefqucllcs il rcnonçoit en fa Ferii»a„4 H faueur à la dignité de l’Empire) amp;nbsp;le Sceptre ôc

la Couronne,aueclc manteau Imperial, f’en al-

laàla Dicte de Francfort, accompagne dudiék I5J

Prince, de George Sigifmond Sille Vice-ehan-

cellier, ôi de Yvolfang Haller Secretaire de nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;quot;nbsp;' ■ '

l’Empire , cnuironlemoys de Mars. En cefte *• ••■gt; 1 Dicte tous les Eldâearsfetrouucrcntjôc les ce- . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

teraonics accouftumees en tels aftes tolcnncls

faites ôc accomplies , fa Majcflc aucc tous ces Princes f’achemina à Aix , où il fut couroanc Empereur, nonobftât le refus que le Pape Paul quatriefmefaifoit de vouloir ratifier cefte efle-âion, alléguant n’cfttc legitime, par-cc quclcs Electeurs Hérétiques, ainfi qu’il les appcllon,y

, nbsp;nbsp;nbsp;eftoiét intetuenus. Maiscccy ncptoccdoitpar

l nbsp;nbsp;nbsp;fafainftctcqu’àl’occafion d’vnc trame ourdie

\ entre luy,lc Roy de France 8c autres,à l’encon- Trtfue rï-ï trede la maifon d’/^uftriche •. Suyuantlaqucllc I le Duc d’Albc cftoit défia venu aux mains aucc l les Capitaines de fa Sainfteté t ÔC vnqteu apres p|,i. l f’enfuyuitlarupturcdclatrefucfufdide,à l’oc- hppei Rey l cafion de laquelle aduint aux François cefte l grande perte qu ils fouffrirent le iour de fainft l nbsp;nbsp;nbsp;Laurent,au moys d’Aouft.ptcs la ville de fain£t

y Qucntin.Enuiron ce temps le Grand-Scigneut -furet U ' l vnandaàlaRoyncdcTranfiluanic, qu’ilauoit Roymifa, \ entendu que quelques (eâes f’ôftoient intro- (’«liepowr I duites patmy VaRcligion qu’cllc tcnoit.lcfquel-I Icsilne vouloir aucunement qu’elle fouffrit fi I elle vouloir demeurer en fa grace,fçaehant que te, l telles nouucautcz n’appottoient à elle que du »««»eUn-

-ocr page 596-

Hifloire de Hongrie rcmucmet amp;nbsp;perte à fon Royaume, amp;nbsp;à luy la peine : amp;nbsp;pour ceftccaufc luy commandoit d’extirper du tout ceux qui en eftoient caufe,amp; I les efteindre fi à fait qu’il n’en fut plus aucunes I nouucllcs.Ce mandcniét ne futfans caufe. Car iigt; V.' Jes Hérétiques feftoiét défia fourrez en ceRoy-jjume , amp;nbsp;par leurs predications auoicnt enfe-^'7^’ mccé bien auant leur zizanie, Si. defbandcplu-fieurs d’auec l’Eglifc vniuerfelle : amp;ficc coni-inandemét ne leur euft donné vne grade crainte tout le Royaume en cull edé rempiy. Mais fiiyuant la volonté du Turc, amp;nbsp;en obcylfantà icelle ils furent incontinent bannis amp;nbsp;chaflez. Par ou on peut voir combien vne fondaine Sc prompte preuoyance , delaquclle'on vfeaucc ïagefTe CS chofes fufcitecs otitrc amp;nbsp;contre l’ordre ancien,peut proffiter infiniment à Tvniiiet-fcl,amp; ne nuire aucunemet au particulier. Si cela fe fut gardé en rAllemagnc quad les hcrefies ÿ ont pullule,cede Prouincc n’euft pas tantdó-né de troubles comme elle à faiól, auce la perte dommage de toute la Clireftienté. En cefte Mort Je naefiaaefaifon Charles Roy des Efpagncs amp;nbsp;na-Empereur.cftant tombé malade au Mo-naftcrc des frères Hieronimitcs, apres auoir recela tous les Sacreniens dcrEglifcparlcs mains del’Archcnclquc de Tolède, nommé Barthcle-nay.Miranda,amp; non fans les larmes de ceuxqui y cfloientprcfcns,le vingt-vnicfnae de Septembre rendit l’ame à Dieu, mettant auce fa mort fin à lès grands ttionaphes amp;viCloite,amp;: lai/Iànt ccûe naenaoireperpétuelle defoy , qucdclon-

-ocr page 597-

Linre fèptiefme. 188

gucs années auparauant luy il n’y an oir eu Empereur plus vaillant,courageux,Cage amp;heuicux queluy.Sô corps fut inhume en la ville de Gra-nade, au lieu ou couftutnteremét font enterrez tous les Rovs d’Efpagne.Son fils Philippes feul heritier de tous fes Royaumes amp;nbsp;Seigneuries, aptesauoit fccu fa mort, luy fit vn fuperbe ap-pareil pour fesfunérailles en lEghfc de fainéle luleaBrulfelles. Et entre autres magnificences ily auoit vn grandnauite qu’on faifoit chemi Phibfpes ner par artifice par dedans les rues,lequel ertoit R'3 tout autour remply de beaux tableaux repre-fentans fes viftoires, y eftâs du codé droit efetis ces mots; Afrique ruinee,Gueldre prinfe,la mer fertur feüre,Trcrnifente(l,ibly,Solymâcha(re, Au co- cbzir/es. fté gauche on lifoit ces diélôs;Monde nouueau ttouué.Mila rceouuert,l’Allemagne ôiBohemc appiifees,Moron SeCoron forcez,T unis prins amp;nbsp;rcftituc amp;nbsp;les captifs ramenez, la Foy platée en Indie. Apres ce gtâd vaifleau fuyuoicnt deux colonnes alfifcs fur deux roches cftans couron

nées Si tirees par des Tritons. Enl’vne d’icelle y auoit ces vers eferits;

bon droi^pour deuiÇe tirnne

Prens Ia Colonne flercultenne.

Et en Vautre eftoient ceux qui f'cnfuyucnt; ßumptänt le Monßre en ce temps tiet^

Comnte Hercules j-'Asfoitßen.

En apres cftoient portées toutes les EnfeigneS de fes Royaumes Sc Seigneuries , lefquellcs c-ftoicntfuyuies par les Gentils-hommes de fa maifonauec vn bel ordre, lequel ic ne veux

-ocr page 598-

Hiflotre de Hongrie d’cfcrirc plus au long pour cuitcr l’ennuy qut pourroit prédrc le Lcôtcurjcn rclifant vnc cho-Ic qu’autres par eferit fpccial ont défia cy deuat expofé aux yeux d’vn chacun, Sculenyntiedi-ray qu’en celle ceremonie marchoit le Roy Philippes,le Duc de Sauoyc amp;nbsp;tous les Cheua-licrsdela Toifon , aucc les Ambafiadeurs de tous les Potentats del’Europe.En l’Eglifc fufdi-te on voyoit de code amp;nbsp;d’autre ce qui fenfuyt eferit en belles amp;nbsp;grofles lettres:

A l’Emper.Cæf. Charles V. Religieux, Heureux, Aug. dés Gaul. Grand, des Ind. grand, de Tun. grand, d’A ffr. giand,dc Sax, grand, Viâ®' rieux Sc Triomphant dcpluficurs narions.Co-bien que les chofes par luy faitespar mer terre, fa fingulierc Humanité, fon incomparable Prudence, fa tres-fetuente Religion foient allez cogneuës au inonde.’Toutcfois la Repub* Chreft. pour la mémoire de fa luftice, Pieté amp;nbsp;Vertuàdedic ce Nauire. Pour auoir à noftte Monde defcouuert vn nouueau Monde: amp;ad-jouftéau nom Chrellicn plufieurs Nations c-ftrâgcs,amp; accreul’Empire d’Efpag. de plufieurs Royau.Sc Prouin. Pour auoir preferucl’Alleni' contre trois cents mille cheuaux, amp;nbsp;cent mille homes de pied, auec lefqucls Solyman Emper* des Turcs vouloir enuahyr cefte Regioa: Pour auoir entré auec armée naualle dedans la Mo-rec, amp;nbsp;prins Patras amp;nbsp;Coron villes Turcquef-qiies: Pour auoir furmóte le T y tan Barberouf fc en bataille pres Carthage,lequel cftoitaccô' pagne de deux cens mille hommes de pied,

-ocr page 599-

Liure Jeptiefme. 189 dc fcize mille cheuaux ; Pour auoir chaflc , deux cens Galeres, amp;nbsp;plufieurs autres vaifleaux V® dc Corfaires, amp;nbsp;prins Ie fort dc la Goulcte,auec ”• o* Tunes amp;nbsp;Hippone la ncuue.l’Hippone la Roy-allc : Pour auöit prins Ic Royaume dc Tun. d’iceluy fpolic l’Empitc dc Lib. reftituc à fon legitime Roy, amp;nbsp;rendu tributaire à la Couronne d’Efp.Pour auoir de là tamené libres en leur pays vingt milles âmes captiues : Pour auoir rendu le Royaume de Ttemif. à fon Roy aptes auoir dompté la Maurit : Pour auoir par armee nauallcdomptel’Affrique Haute très renommé delà Barbatic,aucc les ville dc SufcjMona-ftaire amp;: Clupec,amp; autres maritimes, amp;nbsp;les Seigneurs d’iccllcs faits tribut. Pour auoir rompu près la Maurit. amp;nbsp;pres l’iflc de Sic. par dcüx fois deux armées des Turcs coutans nos mets; Pour auoir rendu la mer fcurc contre les afliduelles CQutfcs des Pirates'.Pour auoir remis la Repub. de Gennes en fon ancienne liberté; Pour auoit aptes auoir chafle fix fois les armées ennemies, amp;nbsp;trois fois en bataille deffaiâ: les cnncmis,re-mis par deux fois à l’Empire le Duché de Mila, amp;par vne fois teftitué au Duc; Pour auoir auce vnc promptitude incroyable forcé la ville dc Dure, amp;nbsp;réduit foubs fa puiffance le Duché dc Gucld : Pour auoir réprimé plufieurs Princes d’Allem. amp;:Prouinccsefraouuanslc pays à tumulte amp;nbsp;fedition , forçans leurs villes amp;nbsp;cha-ftcaux,amp;pour auoir apres la prinfe des chefs dc leurs armeès pacifié l’Allcmag. Pour eftant luy Etnpcr.anoir palfe le flcuuc Albis, Captes auoiï

O or

-ocr page 600-

Hifloire de Hongrie vaiftca en bataille fescnncmis.amp;lcurs villesff* duitcs foiibs fa puiflance, amp;nbsp;leurs chefs rendus captifs,citre de la reuenu vilt;îloricux:Pourauoit de fon bon grc contre les ennemis du nô Chre-ftien , ôc contre les Chreftiens finon a force amp;nbsp;en fe garctiffiint de fes outrages,prins les armes: A tres-puilTant, Catholique amp;nbsp;trelbon Prince eefte incfme Repub. Chrcft.trcs affcâionnecà fâ Majefté à apposecesTiltres amp;nbsp;Trophees,ad-jouftant à fon Tombeau les marques amp;nbsp;Enfei-gnes de fes Royaumes,5f les Tableaux des Nations fubjuguccs:amp;: a Noftrc Scig.Emper.Cæf Charles Rclig.Heur.Aug Rsv de pluf.Rüyau. Triomphant depluf. Nat. Viôboricuxdcs Ind. Viâ.dc Lib.Vicl.dcs Maur.Viôt desTur.Libc-rateur d’A llem. Libcr.d’1 tal. Lib.de la Mer.Lib, des Captifs: Pacificateur de l’A ilcmag. Pacific, de l’ital, Pacific, de l’Elpag. Pacific, delà Mer: Reftablilîèurdc pluficurs i^rinc.Arbitrcdeplæ ficuts Princes,amp; a très glorieux Prince des Ca-eholiqucs, la Repub. Chreft. à dédié cecy pont pour exemple de lufticc , de Clemence, amp;nbsp;de Force à fon tres-religieux fils. Dieu trelbon, amp;nbsp;tres puilfant vn ßc fcul en Trinité , le peuple Chrcflicn vous confacre ces tiltres amp;nbsp;trophées pour la mémoire des gelles de Charles Caf Aug.lcquel vous auez fait Empereur des Romgt; amp;nbsp;Roy de plul.Royau.la Picrc,Iuftice,Clcmc-ce,Prudcncc,Magnanimité,amp;Forcc duquel eft admirée pat tout le monde, iceluy par vofttc conduite à augmenté cell Empire, amp;nbsp;fes Roy-aumeSjlailIànt i’vn à fon fiere, amp;lcs autres à fon

-ocr page 601-

Liure huicließne. 190 fil$,auec vn exemple de fes vertus, lefquelles en mourant il remporte vers vous. Ce grand Empereur meritoit bien que tels. amp;nbsp;fi grands honneurs luy fuffent faits, n’ayât efté depuis Charlemagne aucun autre qui en force, puilTance amp;nbsp;heur l’eut furpalTé. Vn peu apres mourut fa fœur Marie, qui auoit efté efpoufe de Louys Roy de Hongrie tué en la bataille de Mohacs.

l/riCTlESAdE.

’Emperevr Ferdinand, Empereur, enuiron la mcfme faifon du frère, eut aduer-

tifiemet que le Bafcha de Bu-deamp; le Moldaue,outre toute

efperancc, fc mettoient en campagne lors que fa Majeftc tenoit la Dicte en la ville d’Auf-bourg, en laquelle feftoient trouuez tous les Elcacurs,amp; quafi tousles Princes de l’Empire, tant pour les atfaircs d’iccluy, que pour ouyr v- jlmhal}*-neAmbafladc enuoyce de la part du Roy de France, de laquelle eftoient chefs l’Euefquc de nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;d ƒ

Vienne nommé Marillac , amp;nbsp;le Sieur de Bout-dillon, ce qui fut faiôl le vingt huiôlicfmc iour de Mars eftant l’Empereur en la grand falle de Stancedi Aufbourg en fon trofnc Imperial foubs le poif-le, ayât à fa droite l’Euefque de Majence, l’Am-balfadeur de celuy de Colougne , l’Archiduc ,lt; aux Charles,l’Euefquc de Salsbourg,le Grand Mai- Dia».

O O ij

-ocr page 602-

HifiatretJ? Hongrie, ftrcdePruflcauccpIufieurs autres grands Sei* gneurs. A (àgauchccftoicnt 1 EuefquedcTreues, l’AmbafTadeiardu Duc deSax?, l’AmbalH* deur du (..onte Palatin du Rhin, le Marquisds ßrandcboui g,le Duc de Bauierc.lc Conte Pab' tin non Eleôleur, le Duc de Miihclbourg, b Duc de Virtcrnbcrg,amp; les trois Marquis de Ba-de,auec autres Seigneurs : Au deuant de ceftî grande amp;nbsp;augufte compagnee cftoient honora' bleinét aiils les Ambaßadeurs de I tancc. IceuX offroict au nom de leur Roy tout fon pouüoit pour le fci uicc de l’Empire,amp; fon amitié, amp;nbsp;re-chcrclioicnt vue perpétuelle confederation a-ucc l Empctcut amp;nbsp;les Elcdlcurs. La refponce leur fut donnée que quad on verroit les clfeds par la reßitution de la \ ille de Mets corrcfpon-dre à leurs parollcs, on croiroit que véritablement Icurmaiftre feroit leur amy.amp;qu’alors ils letoiét tous prefts à confirmer vne bonne ami-ticaucc luy. Cefte Dicte achcuée l’Empereur pour la crainte du danger qui pouuoit arriuerà ion Royaume de Hongrie,fur l’aduertiflcrtcnt O fufdit eut foudain recours à l’aydc de fes Eftats, /îruje J Scdel’Empifc La Boheme,laMorauie,laStitic, ferdigt;ta»d amp;c la Charintic oirrirét fur mille efeus de valeur contre le leur bié douzc cfc’ pour fecourit fa Majcftc. Et l’Empire fit tiffrc d’hommes, de cheuaux amp;nbsp;de deniers , en cas que la guerre fallumaftplus auant: amp;nbsp;ce- pédant qu’on verroit quel chemin prendtoient ces rumcurs,on accorda à fa Maje-Jlc fix cens mille dalles, pour trois moys, pour tibe cefte fonime employée où fa Majefté v«t'

-ocr page 603-

Li we huiclicpne. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;191

roitboncftre. Ces rumeurs nc furent point cn ny/’b*“ vain Carla guerre encre Ferdinand Si Ie Roy lchan(autrcmct nomméEftienne^ f’enflambé-rent de plus fotr.ayant leRoy lehan prins dcGa futl’Empeteurle fort ChaftcaudeTocchay, Si f,;ni plufreurs autres, voulant toufioursf efforcer de le Roy le-recouurerlcfurplus de Ion Royaume-, Si de fe venger du tort qu’il penfoit auoir receu en ce ' ql Empereur nc luy tenoit promefTc touchant l’Infante lehannc, laquelle il luy auoic pcomiie pour cfpoufc, auec vn dot conuenable a fa grâ-deut : Si auec telles raifons citant fauorifé des

Hongres, lefquels fe pleignoicnc cftre par trop gteuez par l’Empereur : Si ayant auec l’ayde du Tutcamaffé vnc grande armée,occupa vn grâd pays. Si fe fut fait maiftre de toute la Hongrie G l’Empereur n’eut enuoyé au deuant vn camp fulGfant pourl’arrefter, Si empefeher de courir plusauant, nonobftant les forces duBafeha de Bude, lequel f’eftoit mis en campagne à fa faneur : Mais àViiiftance du Roy de Poulongne Pourjuir-d’autres Princes,qui foffroientd’cftrcmoié-neutsde quelque bon accord, pour le defir que ilsauoient d’cllcindrc ce feu, de peur q le Turc l'Em-foubscefteoccaGon fannichalt dauantage cn pereurrer^ ce quartier,il Ht retirer fon armee, comme auflî Gt le Roy lehan,lequel pat l’aduis defdits moié-peurs fut reduiétà ce poinct qu’il enuoycroit AmbafTadeurs vers la Majeftc Imperiale, pour mettre à cffeéi leur accord , Si pour demander vne Gêne Elle cn mariage. Ce qu’il Ht; Si cltans fes Amballadeuts aruuez à Vienne, Si leut ayä«

VOo iij

-ocr page 604-

oiredè Hongrie

cfté l’audience accordée , voulans dire que Jehan Roy de Hongrie amp;nbsp;de Tranfiluanicks enuoyoir par deuers luy, l’Empereur ne voulut les ouyr dauantage, difant qu’vn fien Vayuodc ne le dcuoitappeller Roy de Hógrie, eftantee Royaume ficn,hcrcditairc, non vfurpé connue il auoit cfté par le pere de ccluy qui les enuoy oit; amp;nbsp;que fils vouloict auoit audience ils n’ap-pellaftcnt plus Ichan Roy de Hongrie, ny de Tranfiluanic,mais feulement Vayuodc de celle Prouincc.Lcs Ambafl'adeurs ne voulans accorder ces qualitez dcpefchcrct foudain des courriers en Poulongne amp;nbsp;en Tranfiluanic, pour faire entendre le tout au Roy.Sur celle dimcul-te le Roy de Poulongne fut d’aduis que le Roy de Tranfiluanic Ion nepueu ne fe nômall lors Roy de Hongrie,mais fculcmétdccequil poU'cdoit, n’eftant polhble de luy pouuoir iu-ftement dénier le tiltre de Roy de Tranfiluanic y ayant cftéappelle parle confcntemêtdc tout le peuple, amp;nbsp;rcinftalé parla force defes armes, apres neluy auoir gardé, ny obfcruélcspaóliós promefles faites pour luy, entre la Roync fa mere amp;nbsp;l’Empereur , du temps que Caftaldc y cftoit. Les Ambafladeurs fuyuant cell aduis al-Icguanslcsraifonsdu Roy de Poulongne , amp;nbsp;parlansdc Caftaldc fcplaignoicnt de luy gian-dcment,dilàns que laRoync auoit cfté plus trô-pccparfcspcrfuafions amp;nbsp;vaincs parolles, que n’auoit cfté le dcffunôl Roy Ion mary, par ceux qui l’auoicnt couronné Roy de Hongrie,amp; Ici-qu cis feftoict rcuoltcz contre luy.L’Empereur

-ocr page 605-

Linre hui^ießne. 192 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’

ne voulant accorder ce tihrc de Roy de Tran- . filuanic , mais feulement de Vayuodc , reccut j ncancmoins ces Ambaffadcurs.lcfqucls en trai- 1 f» tant de leur charge ne furet gucres contcns. Ils demandoicnt que l’Empereur quittaft tout ce fy qu’il ptetendoit en la Tranfiluanic , ôc qu’il fit paixauccleut Roy, cnluv donnant vnc ficnnc i fille en mariage auec cent mille clcus , 8c à lal charge que tout ce qui cft fitué delà le Tibifc-1 quciuthcH , ôc ce qui cft deçà demeuraft à fa Majefté ; amp;nbsp;qu és guerres qui pourroicnt four- ^ dre entre icelle amp;nbsp;le Turc il fut réputé neutre, ! ne voulant en ce cas fe départir de l’amitié du» Grand-Seigneur , nv luy manquer delà foy 8c hommage laquelle illuy auoit faite:ne voulant aulfi cftte obligé de fc joindre auec fa Majëfté ( toutesfois 8c quantes que le Turc luy voudroïc faire la guerre en Hongrie, Us demandoicnt en' outre que fur ce que VEmpcrcur poffedoit dul icfte de la Hongrie il eut à fatisfairc au dot 8c

1 debtes de la Roync Yfabelle,lefquclles elle pre-l nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tendoit depuis la mort duR oy lehan fon mary. 1

I A ces demandes l’Empereur fc laiflant aller en' 1 partie, en partie aufti ne voulant côfentir à ccl-1 nbsp;nbsp;nbsp;les quiluy importoientle plus, 8c mefmcmcntl

l touchant l’alliance pour ne femblcr parla vou-l l loir ceder à fon droit prétendu fur la Tranfilua-I nie , efpcranrqueluy oùfcs enfans vn lour la\ 1 pourroicnt recouurer, fit tant qucl’entrcprinfe^ 1 des Ambaffadeursde Voulongne, ôc desautres l Princes fen alla à néant : 6c par ce moyen IcSi 1 Ambalïadcurs de Tranfiluanic f’en retournetét

-ocr page 606-

Hifloire de Hongrie I fans aucune refolution.Ccqui fat caufcpuisa-; pres d’vne grande guerre entre luy amp;nbsp;le Roy de TranfiluaniCjfoubs lafaucut du Turc, àl’occa-(ron de laquelle il cogneut bien quelle perte amp;nbsp;dommage ce luy fat de n’auoir voulu lors accorder, Quelque temps apres le Vayuodc de Valacchic fut aduerty qu’vn autre Vayuode taf choit à le dépoifedet de fon Eftat eftant afleuic du fccours de Ferdinand,Sc de la faueur du ncp-ƒ ueu de ce Lasky qui brada l’amitié, laquelle fut entre Solyman amp;nbsp;le Roy lehan. Ce pepucu fe nomoitauili Lasky. Iceluy pour quelques cas dont il fut atteint auoit efté auparauant contraint vuidet le R oyaume de Poulôgnc; A Toc-cafion dequoy il f clloit retiré fous le crédit de fon oncleversleT urc, duquel il fut fi bié reccu qu il fut Colonncl de quelques troupes de ca-uallerie amp;nbsp;infanterie Turcqucfques. Mais oubliant à quelque temps de là tous ces honneurs amp;nbsp;faneurs,il auoit quitte ce party êeprint cekiy de l’Empereur Ferdinand : au feruicc duquel il eftoit lors qu’il bradoit celte menée, amp;nbsp;entre-prinfe au defeeu de Ferdinand,contre IcVayuo-de de Valacchic au profit d’vn autre,à la (.»Âur duquel il auoit jà amalTé deux mille chenaux, lelqucls il auoit ioind aucc l’armee de l’autre, qui edoit de huiôl mille hommes de pied, amp;nbsp;de quatre mille chenaux, iceux to’ enfemble mat-çhoient en grande diligence, pcnlàns furpredre le Vayuodc à l’impourucu, amp;nbsp;eltoiét jà arriuez fort près, attédans la nuiét propre pour le maf-facrcr,amp; fc faifir de fon Eftat, en vne ville plai~

A

-ocr page 607-

Liure hujclicfme. 193 fantc,amp; foiblc , cn laquelle pour lors il cftoit. Maisie Vayuode fe tenant défia fur fes gardes, amp;nbsp;fuyuant les premiers aduertiPTemés ayant af-lêmblé.fort fecrettemét, iufques au nombre de quarante mille ho'himes, partie à pied, partie à cbeual,attendant le progrez de cefte entreprin-fe, eftant aduerty du lieu où fes ennemis eftoict logez, fit cefte nuiôl marcher tous fes gés cn diligence, amp;nbsp;furprint luy-mefme fon cnnemy cn telle façon qu’il n’eut loifir ny commodité ds fe ranger en bataille,fe voyant aflailly de toutes parts fl foudainement amp;nbsp;furieufement qu’il fut contraint aucc fon Lasky de f’enfuyr es côfins dePoulongne , Sclaiflerlaviâoirc aux Valac-qucs,lefquels auec petite perte des leurs amp;nbsp;grade de !’ƒ nnemy,f’cnrichirent de la defpouilleamp; butin d’iceluy, demeurât puis apres Lasky pri-uéde plufieurs villes amp;nbsp;chafteaux qu’il auoit pres Caffouic, eftant fpolié d’iceux à l’occafion dudit Vayupde.Et par ce malheur à luy aducnii ft inconfiderément, tombant cn l’indignation de Ferdinand, quilelicentiadcfonferuice , fe retira,en Moldauic, pour ne tomber entre les maiffefluRoydePoulongne , de l’Empereur, ou duValacquc, nevoulans ces Princes par la conniuence d’vn tel aâe attirer fur eux dauan-tage les forces de Splyman,lequel toutesfoisdc fon codé n’eftoit pas pour leur en demander plus grande fatisfaftion,ayant icçluy pour lors grande deffiance du gouuerneut d'Ægypte,cô-ite lequel il enuoya grand nombre de lanifl'ai-ïç? 5c autres foldats de fa Portç,craignant t^ucl-

-ocr page 608-

YMfioire de Mon^rie^

Salymien que cfmotion en icelle Prouince:amp; d’aillcUBil tranble ûquot; auoit quelques aduertifTcmcnt des entreprinfes Bajazet fon fécond fiL,lequel on difoit vou-T^tßnfili loir enuahyr la Syrie, auec le fecours amp;nbsp;faucut du Sophy, tellement queSolymaneftoiccncot contraint d’enuoyer nouuelles gatnifons en ce quartier là. A l’occafion de ces troubles luy mcfme auoit bonne enuie de rechercher Ferdinand de paix, ou trefuc, combien que fes Lieu-tenans de Bude amp;de la Bô(rine,aucc les Vayuo-des de Valacchie, Moldauic amp;nbsp;de Tranfalpinc, à la faucur du Roy lehan porraflent grad dommage à l’Empereur, çourans amp;nbsp;rauageans la Hongrie, ôc enleuàs d’entre fes mains pluficuts places d’icelle, ne pouuant fa Majeftc tirer aucun fecours des Seigneurs de ce pays, tant pour les fortifications des places,que pourl’cntictie de (à gédarmcrie:amp; n’eut efté les nouuelles gatnifons qu’il mit és meilleures places, pat lay de queluy firétfesfujcfts d’Auftrichc, la perte eut cftcplus grande au pays. Solyman nonobftanc le gain que faifoiét fes gens en la Hongrie,con-fiderant le peril auquel il pouuoit tomber fil auoit affaire en racfnie temps contre deux ennemis fipuiflans qu’eftoient l’Empereur amp;nbsp;le Sophy , fe refolut de rechercher pluftoft les Chreftiens que fes fu jeéts. A cefte fin comme à iJaximi- vnc Dicte qui fe tenoità Frâcfort, oncelebroit iianfili Je folcnnité de l’cleftion que les Electeurs a-^enRey noicnt fait de la pcrfoiine de Maximilian J(s Ro- de Boheme, fils aifnéde Ferdinand, pourefttc tssaini. Roy des Romains, de fon couronncm,cnta-

-ocr page 609-

Liure huicliefme. 194 pres les promefles accouftumces par luy faiólcs d’eftrc fils obcylTantà la fairûc Eglife, fuyuant Vvfance de fesprcdcceficurs, vn Ambafl'adeur cnuoycdcla part de Solyman fc prclcnta en cefte grande afl'cmblcc, lequel fit ptefent à Fer-dinand, cftant en icelle, de quelques riches ha-billcmcnts, êc de quelques animaux eftrangcs; -z'quot; tvt iv*!' amp;nbsp;apres auoirvuidé quelques difterens aueefa iktaiefte, qui importoiét à la Hongrie, la trefuc fut coucluë par entr’eux ■. en confideration d’icelle ceft AmbaCTadeur fit rclafcher Semettre en liberté plufieursprifonniers de guerre, lef-qucls oneques auparauant on n’auoit peu retirer par argent, ny par efehange d’autres qui c-ftoient foubs la puiflancc de Ferdinand. Apres celle trefue, Ferdinand fc fentant vieil Se indif-pofé de fa petlonnc, céda à fon fils Maximilian le Royaume de Hongtic,auec le contentement de tous les Barons amp;nbsp;Seigneurs du pays, ente- non^it. cognoiflance de quoy tous ces Seigneurs furet gratifiez par Maximilian en tout ce qu’il peut. Delà à quelque temps Ferdinand furprins d’v-ne grande maladie fina fes iours, ay ai cfté Ptin-cedcfingulicrebontc amp;nbsp;valeur; amp;nbsp;n’eut cfté i fon exemple Se fa prudence, l’Allemagne qui fclloignoit grandemétdel’Eglife Catholique, fe fut du tout fcparcc de l’vnion des fidellcs, amp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

des ceremonies Eeelefiaftiques. Iceluy côbien qu’il fut fils de Philippes Duc de Eourgongne, Côte de FladreSiSc Archiduc d’Auftriebe, amp;nbsp;de Ichannc Roync d’Efpagnc, SiC d’autres Royaumes,Toutcsfois il n’eut de toute fucceflion pa-

-ocr page 610-

}Aißoire de Hongrie ternclle que l’Arthiduchc d’Auftriche auec Irt Eftars qui font fituez en Allemagne : qui eftoit l’ancien patrimoine de fa maifon,eftant les lois d’Efpagne de telle difpofition que les aifncï ont feuls la fuccelîion entière. Ncantmoins pat le moyen de fa vertu il accreut la fuccelîion hereditaire de fa maifon, y adiouftant les Rayau-mes de Hongrie amp;nbsp;de Boheme laugmétant pat l’addition d’iceux la grandeur d’icelle bien plus qu’elle ne luy eftoit efeheue de fes prcdeccf-feurs. Par fes aétions il ât toufiouts paroiftre comme il eftoit doué d’vne grande conftancc, principalement enuers la Religion, de laquelle il fe tendit proteéteur, en forte que mettantat-riere tout autre fien intereft particulier, veilla grandement fur les peuples à luy commis, fel-forçant de les conferucr contre les here fies : amp;nbsp;mcfme ne lai fia pafter aucune occafiô ny moye pour réduire à la vraye cognoiflance ceux qui fcftoientdefuoyezdc l’ancienne Religion. Sa bienueillancc fut aufti grande enuers tous les Princes de l’Empire,qu’auecvne reciproquea-mitic il eftoit fi bien voulu d’eux , que mefme ceux qui eurent beaucoup d’affaires à démeflec auec l’Empereur Charles fon frere ne craignirent de le prendre pour arbitre, entre fon trete amp;nbsp;cux,tant teluyfoit en luy cefte diuine iuftice, qui en foy contient toutes les autres vertus. Audi non fins caufe de fes bien-faitfts , tant au general qu’enuers les Princes particuliers, les Eleôleurs de l’Empire ont continué leur elle-iftion en fa famille de perc en filsjciidaos quad

-ocr page 611-

LiHrehui^ießne. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;19 f

tncefaifant cede fucceffion non point com-

me clc6liuc,mais comme hereditaire, line faut ‘

douter que fondecez n’apporte vn grand en-

nuyéscœursd’vnchacun» ainfi qu’il apparut

aflez euidcmment par la déploration qu’on fit

vniuerfcllemét de fa mort. Son fils Maximilian Maximi' qui auoit efté défia efieu Roy des Romains luy hanfiut

fucceda à l’Empire. Iceluy apres auoir prins la

Couronne , le manteau amp;nbsp;les autres otnemens

Impériaux fut confirmé Empereur par le Pape

Pie:amp;fc voyant accteu de cefte belle amp;grandc

dignité,auec augmentation de biens amp;nbsp;moyes, ayant dés long temps nourry en foy vne haine

mortelle contre le Roy l ehan de Tranfiluanic, voulut foudain entreprendre la vengeance de plufieurs torts amp;nbsp;pertes receuës de luy. amp;nbsp;pour Max'mû-ce faire fe relolut de raflaillir à l’impourueu. Et hanfait U pour ceft effeôf ay ant amaffé vn grand nombre Xquot;'quot;' de gens de pied foubs la conduite de Melchior Ballafli, ôefaift marcher en diligence vers la Ttanfiluanie occupa foudainement quelques fottctefics. Ichan indigné grandemet de ce que contre les conuentions faiétes auec Ferdirrand

i il eftoit ainfi oiutragé par vn nouueau Roy, fait I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;autfi toft mettre fes gens en campagne , Sc fans

1 tarder les meine droit contre Sachmat place prim p«/ 1 forte appartenant a BallalTijlcquel n’y auoit au- M'a». 1 treraent pourueu.,, fe défiant pluftoft de toute I autre entreprinfe que de cede-cy. Cede place 1 fut prinfed’emblec ayant I ehan rangé tous fes l gens auprès d’icelle fur le foir en vne embufea-1 fi couuertc,que fans edre apperceus ils curét

-ocr page 612-

lAifloire de Hongrie commodité de fc jetter à la porte, comme on l’auoit ouucrtc pour receuoir IcsPaftrcs qui des champs ramenoient en la ville leurs troupeaux —dcbtftcs.Ballafli dcipitd’vne telle perte fenal-Deinden lafejctter dedans vne grande ville non forte brujlee far nommcc Dcbrczcn.cn laquelle ordinairement Iis Imftr, paffembloicnt grand nombre de marchands de diuers pays , amp;nbsp;y ayant mis le feu donna le de-guaft à tout le contouf.Ce pendant que le Roy deTranfiluanie ayant réfocé fon armée de quatre mille Turcs que le Bafcha de Bude luy cn-uoyoit par le commandemet de Solyman, vint Haitis O- forcer la ville de Hadao, amp;nbsp;par compofition le Atauiar fitaufli maiftrc de Celle de A tauiar:amp; emmenât frinftsfar dcs cnuirons grand nombre de prifonnicrsalla ZfA/i», aflicgcrlaplacedcVngar. L’Empereur n’ignorant que fon ennemy (c fortifieroit foudain a-uec le renfort qu’on luy enuoyroit de Bude, a-uoit auin dépefehé grand nombre de Lanfquc-nets, amp;nbsp;quelque cauallerie foubs la charge de Purchaftaler Capitaine amp;nbsp;Gouucrneut de Vn-gar.Vne bonne partie de ces troupes eftoient jà entrées en celle place, quad lehan y arriua auec fon armee ; amp;nbsp;ce fecours y vint fi à propos que l’ennemy nonobllanttous fes efforts fut contraint leuer le fiege, y ayant perdu quatre mille hommes à vne charge que luy vint dôner Pur-chaftalct pendant qu’il n’eftojt attentif qu’en-uers les alfiegez , ayant ce Capitaine vfé d’vne telle rufe, que plâtant fon canon fur le flanc de l’ennemy , amp;nbsp;le couurant de fes gens pour n’c-ftre apperceu, quand ce vint aux mains au pre-

-ocr page 613-

Liwc huiéîie/me. i 9 mier fignal fes gens comme fuvans fc retirerct de deuanc l’artillerie, laquelle alors cftant dclla-chée à propos fit grande boucherie des enne-misj^f les mit en tel defordte que les Allemans eurent bon marché de ceux qui f’eltoient jettez hors des trachées du camp pour les venir com-batre. Tout cecy ne feruoit qu’à attirer le feu diuantage entre ces deux Princes, voulant l’vn amp;nbsp;l’autre fe vanger,cftant Ichan fecoutu par les Turcs, qui aymoiét mieux auoir vn foible voi-fm leur amy , qu’vn voifin qui fut fort amp;nbsp;puif-fant. Maximilian penfant aufli qu’il y alloit de fon honneur pour le commencement de fon Empire fiifoit tous les tours nouuellcs leuées de gens de guerre : amp;nbsp;voyant qu’il auoit affaire à partie plus forte qu’il n’auoit penfé , fit fon Lieutenant en cefte guerre Lazare Schuendy vieil amp;nbsp;très expérimenté Capitaine , lequel Lmtmat auoit acquis vne grande prudence par les gucr- gtntral f» rcs paffées foubs l’Empereur Ferdinand au mef-me pays de Hongrie, comme nous auons eferit cy deuant. Pour le refte de l’annéeSchuendy ne peut rien entreprendre fur le Trannluanicn à caufe qu’il eftoit venu en cefte armée trop tard eftant défia l’hyucr furuenu , tellement que le ftoidlc contraignit de loger fesgés par les gar-

1 nifons iufqucs au rcnouueau , le garniffant ce pendant des chofes neceffaircs à la guerre prochaine, Sigifinôd Roy de Poulongnc oncle de Ichan, à caufe de fa fœur, confiderant que tels préparatifs n’amenetoient qu’vne dcfolation à laChteftienté , amp;nbsp;defitantpour cuiter ce mal

-ocr page 614-

■ Vlifloire de iAongHe pacifier ces deux Princes, f interpofa pont tta^ ter accord entre deux : amp;nbsp;pour cell clFcót en* voyant à l’vn amp;nbsp;à l’autre fes AmbalTadeurs, fit tout effort de les réduire à vne paix; mais cftans tous deux fort irritez il ne peut rien effeducr. Partant le rcnouueau approchant, Schuendy Lieutenant general pour l’Empereur fait forttt des garnifons fes gés, amp;nbsp;met l’armée aux chap tirant vers la Tranfiluanie, afin d’effayer à pre-dre le Chafteau de Tocchay^ qui eft vne forte-reffe fort renommée ficuée fur la frontière de Hongrie, entre les fleuucs de Thilfe amp;deVuo-drog,laquelle ne peut cftre ay fément aUtcgeefi CCS deux fleuues ne font gelez , comme ils le-ftoient pour lors.Ccfle place fut pat Cazziancr autrefois prinfe pour l’Empereur Ferdinand, Nmethy lequel d la fuafion de quelques-vns la donna lors d vn Baro Hongre de la famille des Schere-lujin mi- dy, pour recompenfe d’aucuns bons amp;nbsp;grands nw de feruiccs qu’iccluy auoit faiclàfa Majefté. Ce Tihï/mj. 5çigr,cur eflant décédé laiflà vn fils,qui pour e-flrc en bas aage efloit gardé en ce Chafteau fous la tutelle de François Nemcthy, lequel de tuteur deuint Tyran : amp;: vfurpant la place pour foyjdclaifla le party de Maximilian amp;nbsp;embraflà celuv delchan. Ccftuy-cÿ eflant bienacertene qu’on le venoit a(f)cgcr,auant que I’cnncrnyfe prcfentaflfit tranfportcr tous fes meubles,fa femme amp;nbsp;fon pupille , donnant ordre à ce qui Siege Je conuenoit pour ladeffcncé dc celle fôrtercfle. tocchay J celle cft baftic à la façon de la plus part deed* de Flongric, n ayant pour toutes courtines qu’vB

-ocr page 615-

Liurehuiäiteßne. 2.97 qu vnloHgrcmpart de terre flancquc de quelques tours , aucevn bon amp;nbsp;Varge folTé plain (ƒ d’eau,lequel pour lors, amp;nbsp;à la ruine de la place fe trouua tout glacé, amp;nbsp;d’vnc glace fi forte que fut icelle on pouuoit marcher à l’affaut comme en plaine terre,amp;n eftant du tout l hyucr pafle, mais ayant fon cours pour lots encor alfez taf-cheuxàraifon que ce pays eft de temperature froide; amp;nbsp;quand Schuendy fitfes approches ce fut le quattiefme de Feurier. Il auoit tant de canon qu’aueciccluy il fit fa batterie telle que de tous codez la ville eftoit canonnec- Mais cede furie n auoit aucune puiiTance contre la terre tellement qu’il fallut par dclTus la glace venir àlafape. Pendant icelle les affiegez firent vne fortie , amp;nbsp;donnèrent fu'r leurs ennemis fi viuc-inent qu’ils en jcttcrcn't cent par terre qui y demeurèrent morts. Mais le grand nombre fur-palTantleur courage furet contraints fe retirer, Sevoyans leurs remparts éboulez,la crainte de fe perdre les fit parlementer amp;nbsp;promettre de fe tédre auec quelques côditions, lefqucllcs pour elite trop aduantageufes pour eux , Schuendy fie voulut accorder ; mais fit planter les clchel-les, pat le moyen defquelleslc rempart fut gagné amp;nbsp;la ville forcée; 8c d’vne prôptitude grande le chadeau fut afiailly. Ncmethy n’oubliant chofe aucune qui fut pour la deffence de la place,ainfi qu’il edoit braue guerrier,5cvaillant,8d Courageux Capitaine, pat fa vaillance maintint longuement l’effort de fes ennemis iufqucs à ce que allant amp;nbsp;venant çàamp;là pour encouragé?

-ocr page 616-

Hifioire de Hongrie

ÏJtmithy lts ficns , il fut attaint d’vnc arcqucbuzadcqO *quot;'• krcnucrfa mort par terre. Celle mort fit aulli toft perdre courage à fes foldats,Icfqucls fc refl' dirent auec celle capitulation que chacun d’efr «nJ». tre-eux emporteroit l’cfpce amp;vn accouftreintt feulement. Les Impériaux entrez en celle place ' fenrichirétde bon buttin, amp;nbsp;y ttouucrétquan* tité de bon vin amp;nbsp;délicat. Schuendy cnuoyale corps de Ncmcthy à fa femme, laquelle f’eftoit retitéc a yn lien challcau nommé S'erentfehin, lequel fans coup frapper fe rangea fous la puif-fance de l’Empereur. Vnpcu apres les Impériaux de la gatnifon d’Agrie ellans aduertisque les Turcs elloient fortis de Solnok,qoi n’clloit gueres loing du camp,leur drclTerent vn appas, amp;c vne embufeade, laquelle fortit efFeôtfî bien que trois cens Turcs y demeurerét ptifonnicts. D’autre-part la garnifon de ïauarin f ellant rai-le aux champs en mit en pieces bien autant; lehan voyant comme le tout fucccdoit à Pad-uanccmcnt de Ion ennemy, amp;nbsp;qu’il ne luy pou-uoit reuenir aucun profit,ny commodité enre-tenât le chafteau de Sachmar,lequel auoit défia cllé prins 5c reprins par deux fois, commandai

Ssiitiw.rr ceux qui elloient dedans d’y mettre lefeu, retirer par chemins cachez amp;nbsp;couucrts,ce pendant que Shuendy faifoit palfer laThilîc,autre met Tibifcque,à fon arméc.Ccllc palTéc ellon-, na tant ceux qui gardoiét la forterelTe d’Eiden-, XJottc»- qu’ellant feulement alfiegée par l’elpacc d’vn rtux 'Ij rendirent fans aucune delfence,ayant ‘ autrefois Ferdinand faidl tout effort pour-fera

-ocr page 617-

, Liure hui^iefme. X9^ ïcuei à raifon des grands reucnusamp;: profits qui jijaittmlh*»'’ en viennent. Cc bon-hcur dc l’Empereur eftoic grandement fauorifé par les inondations amp;nbsp;dé- ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t

borderaens dü flcuüc du Danube, 8e ?utrcs dc la Hóngric,amp; par la rigueur de l’byuct, lequel enceftc année fut fi alptc que les oyfcaux fe bj»«-. trouuoicnt par terre morts de froid; amp;nbsp;les Pay-fans fut qtielquesfumiets cfpandus en prenoiét en grand nombre à demy morts, lefqucls ptc-fcntez deuant le feu rcprcnoient leur viuacitc hatiirelle. Et à la fin les pluy es furent fi abondâtes , que les glaces fe fondans àleurslauemcns

I tout le pays en fut quafi tout noyé , tellement l que de toutes parts, hors-mis les conftaux , on l ncvoyoitqu’cau,amp; fembloit la terre cftrc ton-I hcrtic à cefte grand met Occeanc. Ces accidens 1 Acrueillcux iticommodérét fort les entreptin-1 fesdclehan, par-cc que le fecouts quidc tous 1 coftez à la file fc tangcolf des Ptouinccs du 1 Tutc.amp;decellesdefestributairescnlavillcdc 1 Bude pour luy, fut retardé longuement par ces 1 inconueniens. Solyman, qui auoii délibéré de I fecourir amp;nbsp;d'aydet Ieban,amp; d’hommes amp;nbsp;d’ar^ 1 gcntjamp;mcfmcs auec fa petfonnc,toutcsfods fur 1 telles ihcomtnoditez voulant critreten'ir Maxi-1 fhilianenuoyavetsluy vn AmbafTadeur noiu-1 me MatcLibiniefeTranfiluain Chreftié renié, 1 lequel autrefois auoit cfté a Vienne auec mef- itrdtfnix I me dignité.Sa charge eftoit d’exhorter en appa entre Ma-1 rence l’Empereur à cohfcrricr les parlions^ aC-I cords de la paix iurée; pat fon pere. Il y atioit

1 aWftï auecluy, pour racfmè effeél, George Ba-^ vifraand: P P B

-ocr page 618-

Hifloire de Hongrie óór Ambafladeur de khan:amp; pourincfmeoc eafion le Roy de Poulongnc y aiioit cnuoyc auffi vn fien Ambafladeur. Cc-pendantScbué-dy fur telles Ambaflàdesaduettitpl’d’vne fois l’Empereur à ce qu’il eut à bien pcfst tout auat que faire aucune conclufion tendant à accord, de peur d’eftre trompe par le Turc fous ce nom d’accord. Maximilian fc doutoit bien des achc-minemensdu Turc, fçaehant que ce n’eftoit qu’vnc ourdifleurepourle dcccuoir.Tourefois pour ne fembler qu’il voulut troubler ce traite de paix,command,! que les garnifons aflîfes fut les frontières delà Hongrie n’euflcfit à molc-fter les Turcs, encor que de leur part telle patié' ce ne fut gardée comme eUc ne Ait. Carpedant qu’a Vienne on traitoit de pacifier les differéts, amp;nbsp;de venir à quelque honnefte amp;nbsp;raifonnablc accord,les Turcs endommagèrent grandement la Sclauonie, amp;cn Hongrie vers Iule firent plu-fleurs courfes , f’eftant mis aux champs auec lî Gouucrneur de Themcluar, lequel auoit aucC foy fix mille hommes, deux grolTes pieces d’artillerie , amp;nbsp;huid fauconneaux : ruinant iceluy tout le pays d’autour. Auec ces pieces ce Goii-nerneur battit Sc print le chafteau de Pancor ft faifant maiftre aufli de deux autres nômezSeuc amp;nbsp;Deonec fituez près Iule, voulant parla faciliter le fiege, auec lequel il pretendoit cnniron-ner ledit lieu de Iule,vers lequel feftoient acheminez huid mille Turcs par autre endroit. Pédant ces traits de Vienne , iladuintquelesfol-dats delagarnüon de Sighet firent vnc fottie

-ocr page 619-

Liure huicfießfie. 2ç)ÿ fut deux cens Rhatians.lefqucls ils mirent au fil de re(pée,amp; prindrcnt deux Aga leurs Capitai-nes;amp; comme ils f en retournèrent en leur gar-nifon auec leurs prilonniers, ^rriuerent lut eux deux cents cheuaux qui les enuironnerent amp;nbsp;chargèrent de celle forte qu’ils les rompirct, amp;nbsp;les pourfuyuirent fi vigoureufement que de fix cens qu’ils eftoict il ne f en f.’.uua que deux ces. Cecyarriua en l’abfence de leur Capitaine Nicolas Efdrin Conte de Serin,lequel pour lors e-ftoit allé à la Cour pour quelques ficnnes affai- j, tes vrgentes ; amp;nbsp;eft à prefumer que fa prcfence eut empefehe vu tel defaftrc.Quant àSaclmiar, lequel eftoit à demy bruflé, amp;nbsp;du tout abandô-né par les Tranfiluaniens, Schuendy le fit repa-retjiugeant que ce lieu luy apporteroit quelque commodité pour pluficurs confiderations. Ce pendant que fes foldats trauailloicnt affiduellc-nient pour le mettre en deffence , les ennemis vindrent vers ce quartier pour prendre vn certain ebafteau voifin de là, S: qui eftoit v ne place fort propre pour donner de l’ennuy à ceux de Sachmar. Contre iceuxeftans les Allcmans

dudit lieu de Sachmar fortis hors en grand filc-cc chargèrent à l’improuifte leurs ennemis , amp;nbsp;leurenleucrent fept Enfeignes apres en auoir * maffacré la plus grande part, amp;nbsp;f eftant quafi le refte noyé dedans le fleuuc, auquel ils fe précipitèrent inconfiderémentSc à la foule pour fc fauuer.Sachmar eftant rcftably,amp; Erafme Merger laifle dedans pour y commandcr,Schucndy print le chemin de CalTouie ayant quelque dç-

Pp iij

-ocr page 620-

CäntfUt coittre Ici codnClturi d'anillerit

Hiflûire de Hongrie fiance que les Turcs y vinHcnt mettre le ficgÇi comme il y en auoit quelque apparence ; amp;nbsp;voyant que les forces du Turc faugracntoicnt dciouràautrefollicitoitfans cefle l’Empctcur pour luy enuoy et nouueau fecours, ne Ce trou-uant garny de ce qui luy eftoit befoing à l’entretien d’vnc telle guerre, amp;nbsp;contre vn ennemy fi puifTant. L’Empereur luy enuoya cinqEnfci-gnes de gens de pied, defqucls cil oit Colonnel khanBcrnatdRothman,aueccinq pieces d artillerie , {ftâs tous les cheuaux d’icelle marquci d’vne lettre M, afin eque les chartiers amp;nbsp;condu-élcurs d’icelle pc peufient par tromperie, comme c'efi; leur couftume,vendre les bons, oufen feruir à autre vfage. Ce-pendant les Turcs qui couroient le pays amp;nbsp;y faifoient grand degaft, fî délibéré rent de prendre le fort d’Erdeu proche de Sachmar , lequel pour lors eftoit en la puif-fancc de Schuendy : 3cy ayant mis le fiege ail commencement de Juin y tirèrent plufieiirs canonnades, amp;nbsp;finablcmcnt y prcfentcrentles cf-chcllcs pour y entrer de force. Les afliegez fc deffendirent vaheureufement, amp;nbsp;repouffansles ennemis par pluficuts fois en tuèrent plus de buiCt ceps : amp;nbsp;faifans vne faillie fur eux fort rude amp;nbsp;afpre emmenèrent deux pieces de leur artillerie. Toutesfois les Turcs ne feftonnans point pour ccla,ains continuaps la batcricplus obftinénient, en forte qu’auant que la pouldre leur faillit ils firent vne grande brefthe en la muraille.Le Capitaine Laubcinberg.quiconi-mandoitcnceftc place , voyant l’obftination

-ocr page 621-

Linre hui^iefme. । 300 des Turcs enuoya plufieurs fois demander fc- . . coursa Schuédy, iceluy dépefeha vers Iny trois '' ® cens foldats; ic conGderant qu’il n’eftoit poili-blc qu’ils peuflent entrer fans vn grad danger, voulant neantmoins eflayer quelque moyen qu’il auoit inuenté pour les mettre dedans à quelque prix que ce fut, leur cômanda de marcher toute nuid en diligence amp;nbsp;fans bruit iuf-ques à vne foreft, qui n eftoit efloignée gucres loingd’Erdeu, amp;nbsp;où eftoiét adiftslcs gardes du campTurcquefque:amp; quant à luy marchant en pareille diligence fe vint rendre en vn autre endroit , d’où foudain donna l’alarme au camp de l’ennemy, lequel aulfi to ft f’effroya de cefte venue inopinée : amp;nbsp;fur cefte rumeur les Turcs ne faillirent de fc ranger promptement fous leurs Enfeignes,tirans tous la part d’où venoit le tintamarre des tambours amp;nbsp;trompettes ennemies: ôece-pendant par cefte rufe de guerre le rëfort qui eftoit aux efeouttes eut commodité de fe jener dedans la place. Ce fecours eliât entre les aflîegcz furent plus courageux , amp;nbsp;ne fc foucy-oient plus de rien,encor que le fiege duraft plus d’vnmoys. Les Turcs toutesfois poutfuyuans le fîege chaudement donnoient bien des a flaires auxa(riegez,amp; y fut blccé entre autres Lau-bemberg. Vn peu deuant on y auoit fait entrer vn vaillant amp;nbsp;fort experimété Capitaine nommé Vueller pour féconder Laubéberg, amp;nbsp;commander en fon lieu fi dauenture fortune luy ar- • riuoit. Auec Vuellet y eftoit auflî entte le Capi-faine Go fiel, lequel en combatant vaillammêç

P P ni)

-ocr page 622-

Hifloire de Hongrie y mourut. Iccux le delFcndans courageufcrncnf le oiaintindrtnc longuement contre l’cnncmy, lequel continuant aiiiiî le fiege auec vn mefrac courage tous les tours venoient aux murs donner des all'aulx; amp;nbsp;ayans vnenuiâ reply lefolTc de fafcines pour le iour enfuyuant monter plus ayfénicntàlabrcfche, les afltegczfcmcttntdc la poudre à canon a bon efeient dclTus amp;nbsp;def-foui s ces bots. Le matin cllant venu les 1 urcs fejettans auec vnc efperance d’emporter la place de ce coup dedans le fofle, amp;nbsp;le feu aufii foudaint ment prenant à ces fafcines parle moyen de quelques dards fulphutez amp;nbsp;cnllani-bez lancez parmy la pouldre dont eftoient ces bois faulpouldrez , aufli toft vit-on en l ait vn bank embrafcnient,lequel rompit entièrement l’cntreprinfe des ennemis, y demeurans toftis ceux qui penfoient obtenir le premier honneur ou le meilleur butin , Peftoientaduancez trop tofl pour cux.Les autres fc retircrét à leurs tranchées, maisnon pas du liege : ains au contraire f’opiniaftrcrent do telle façon que faifans ioiict leur baterie iour amp;nbsp;nuit la fortereHe fe yid toute à defcouuert lans aucun à la delFence , combien que les aHîegczfiflcnt tous leur dcuoir.Fi-nablement iccux le voyans en proye,amp; iugeans bien qu’il n’y auoitplus d’efpoir de fc maintenir,tant à faute de viurcs que d homes, qu'aufli pour raifon dcl’infcftion amp;nbsp;puanteur horrible ► qui proccdoit de la charongne des corps morts des Turcs qui eftoient reliez dedans les foftez, yindrent à parlemétcr,5c le quatricfme d’Aouft

-ocr page 623-

Liure huicbejme. 301 fe rendirent aux ennemis , demeurans prifon- rrJfwn-niets les Capitaines , Icfqucls aufli toft furent du-aux conduits à Bude, amp;nbsp;de U à Conftantinoplc. Le lquot;'*' Capitaine Vueller voyant quon parlote de le rendre, ayma mieux mourir en combatant que de venir foubs lapniffance, 8c à la diferetiô des Turcs; Cefte ûéne refolution fut fuyuic de plu-ficurs autres foldats.L’Empeteur ayant eu nou-uclles de cefte perte , 8c voyant que le traité de paix mis en auant ne produiroit aucun bon fruit, manda à Schuendy qu’il eut à bien munir toutes les places de peur d’eftre furprins. Et pourccftcffeôtfaMaicfté luy enuoya d’autres troupes tant de caualletic que d’infanterie, pédant qu’à Vienne il faifoit célébrer les pompes funèbres en l’honneur de Ferdinand fon perc, cfquclles fe trouuale Duc Alphonfc de Ferrate. Aptes Icfquclles il ^t jettet parmy le peuple quelques pieces d’arget, 8c autres ebofes de valeur en lignedelargclTe , vfant de plufieuts autres gratieufetez entiers le peuple. Etfeftant fa , Majcfté acquitéc de relies ceremonies fon c-fptit cftoit tout ententif à la guerre que luy fai-

I foit le Tranfiluanien aydé 8c fecouru par les I forces du Turc; 8c pour y remédier fit lors af-1 fembler tous fes gens de guerre,8c particulicrc-I ment la cauallctie àThefchin , les faifant mar-I cher de là vers Schuendy , lequel fe trouuoità 1 l’heure embefongné contre les habitans de De-1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;brezen fuicéàs da l’Empereur, eftant fort irrité

1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;contre-eux de ce que pour la crainte du iurc

j nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ils auoiét par pluficurs fois liuré des v lûtes aux

-ocr page 624-

Ui flaire de Hongrie ennemis. Pour les chaftier de telle lafchcté,ûn$ declarer fa volonté il fachemina vers eux auee fon armée, amp;les ayant furprins fit faccagerpremièrement la ville, amp;nbsp;puis y fit mettre le feu re-duifant le tout en cendre. Les vaifieaux amp;nbsp;orne-mens facrez furent portez à Tocchay. Delà il print fon chemin vers Moncat appartenant a lehan. Autour de ce lieu l’armée del’Empeieut auoit efte par plufieurs fois mal traitée, fe jettat hardimét la gatnifon d’iccluy fur les pouruoy-cursamp; viuâdiers de l’armée,lefquels ils pilloiét, dcftrouflbicnt amp;nbsp;emmenoicnt.Schuendy pour f en venger leur drefia vne embufeade, amp;nbsp;puis faignant vne cfcarmouche les attira au combat amp;nbsp;peu à peu en recullant les fit tomber où il hs dcmandoit,amp;par ce moyen eut quelque raifon d’cux,demeurant la plus part d’iceuxfurlc chap taillez en pieces, feftant la moindre partie fau-uée à la fuitte.Schuendy vidorieux auec les dépouillés de fes ennemis fe retira à Sachmar. Auquel lieu pour diuers accidens furuint tant de maladies entre les foldats 8c habitâs,que f aug-métans icelles de iour en iour on fut contraint mettre Pahnée au^ champs amp;nbsp;quitter la ville, A celle occafion Schuendy Pal la camper fur le Ti-bifcque,fe fortifiât de plufieurs tranchées.Mais il ne fut guercs en ce logis qu’il ne fut furprins d’vnc forte fifbute, qui le tourmenta pat plur fieurs moys.nor) fans vn grâddefplaifir àPÈm-percut, lequel l’ayraoit grandement auec iufte rai fon.fe repofant entieremét fur luy pour l’eXr pci tifct|u’il cognoilToiteftrccn luy és affaire^

-ocr page 625-

Liure huiöließne. 30t àe la guerre. Nonobftant qu’en Tranfiluanie la guerre le maniaft en cefte forte le négoce de la paixfc manioit toufiours en Conftantinoplc. Mais l’Empereur preuoyant bien que cefte négociation n’eftoit que pour le tenir en fufpend, pendant que le Grapd-Seigneur difpofoit ailleurs fes affaiicsiSe en cftant dauantage acette-né par Cornouuicchy, qui ne faifoit qu’arpuer d.eîaCour duTurc.aflcurant ce Gentilhomme qu’il ne falloir cfpercr aucune paix , encor que depuis fon pattemét on luy en eut donné quelque efperancc , fa Majcfté comraida qu’on eut à redreffer fon armée, ßc ordonna que cinq En-feignes d’infanterie Allemande feroient mon-ftre à Letpanto, amp;nbsp;trois cens Vallacques à Pof-fon , 8c auprès de lauatin trois cents ebeuaux Hongres. Toutes ces compagpées cftoiét nou-ucllcmentleuécs.lcellesauoient chargélamô-ftte cftant faite de f’acheminer au camp: vers lequel auffi prindrentlcur chemin les Capitaines Ada Iule, 8c Romer Chctialier de Malthc aucc cinqautrcs Enfeignes de gens de pied. A iceux fc ioignirent quape cens chenaux Allcmans,8c le Capitaine DçrlTi aucc trois cens autres fol-dats. De ce renfort on munit toutes les places principales. Vnpeuapresyatriuercntfix cens cheuaux Allcmans, 8c autres cinq cens foubs la conduite de Hofehirher. Allèrent auffi à V iéne le ContcGonther Sçhuartsbourgftç Conte Otting, le Conte de Mansfttt, Chtiftofle Liech-1 tenftain , 8c pluficurs autres grands pcifonna-I ges J Icfqucls offtirenfàfaMajcfté leur fciuiçc

-ocr page 626-

y[ißoire de V[ongrie

ïiiaflia tnrichy de minei de diners me-

tMX.

paur cftre employez en cefte guerre. La maladie de Schuendy donnoit ce-pendant commodité aux Turcs depouuoir courirplus libremét qu’ils n’auoient faiót, amp;nbsp;gafterent fort le pays d’autour Sachmar, amp;ccluy de Neuftat dit le Ruilïcau aux Dames où on void des mines de diuers métaux. Durant telles courfes le Roy lehan, amp;nbsp;le Gouuerncur de Themefuar appro-chans trop pres de Sachmar furet quafi atteints d’vnc baie d’artillerie, ainfî côme ces deuxSci-gneurs cheuauchoient cofte à code. Les Turcs non contens encor de faire tel rauage prindret bien la hardiefle d’aller affaillir de nuiâ: Sebué-dy en ion camp. Mais iceluy ayant eu aduis de ccdefreinleurdreiTavne embufeade, laquelle futpoféefifecrettemcnten vnc foreft proche de là que les Turcs ne f en doutans aucunement fc vindrent à frapper droiét en icelle , amp;nbsp;eftans chargez inopinément fe mirent incontinét en route, y en demeuransneantmoins fur la place non gucres moins de quatre mille,non fans dager que le tout ne f’y fur perdu fi la nuiôt n’euft fauorife la fuitte des mieux montez,côme auffi icelle feruit grandement aux Impenaux pour faire leur retraite iâins Scfaufsenleur camp a-presvntel efchec. La caiiallerie Turcquefquc pafTa plus outrc,amp; fe prefenta iufqucs deuât les murailles de lauarin , amp;par-ce qu’il eftoit encor nuiél il ne fut permis à ceux de dedans de fortir hors: mais le lour eftant venu amp;nbsp;la garni-fon eftant fortie les portes,lesTurcs auffi toft fc retirèrent. Comme telles cfçarmouchcs amp;nbsp;en-

-ocr page 627-

Linre hui^liefme. 30J trcprinfcs fe faifoiétles vns furies autres, Graf-fucn Capitaine de cent cheuauxHongtes ayant rencontré mille Turcs, amp;nbsp;Peftanslesvns 5c les -'M autres prins aux mains , deux cens Turcs y per-direr la vie, entre lefqucls cftoitleGouuerneur de Lippe,dit en leur langue Bcg.Ccux qui furet mort. blcfTcx de coups d’arcquebuzades, eftans conduits au camp ne peurent cuitet la mort, par -ce que les baies cftoicnt oinftes de lard. Ce-pen-dant les foldats Saxons oyans cefte efeatmou-ebe vouloient en route forte fortir dehorstmais leur General ne leur voulut permettre , Sc les empefeha à grand peine.Ceux-cy cftoicnt nou-ucllemét artiuez au camp fott bien armez fous le Colonncl Henry Glafenthal, qui auoit pour compagnon Dom Sibotendorf tous hommes de valeur,amp; d’vne hardiefle nompareillc.Entre iceux il en auoit mille vingt fix de cheual, qui c-ftoientfouldoyezparl’Eflcótcurde Saxe pour cinq raoys. A iceux f cftoieni joinûs trois cens cinquante cheuaux, lefquels fuyuoicnt le camp à leurs dcfpens. Les deux armées n’eftoient câ-pées qu à vnc lieue tout au plusVvne de l’autre, eftant l’Impériale logée au deffus du Tibifeque pres vn village nommé Kizar fitué fur la riuc du fleuuc, és maifons duquel cftoicnt logez les principaux du camp , le tout eftant fortifié de fortes tranchées. Celle du Turc cftoit plantée audertbus dudit fieùue,amp; iceux auoient fait vn i pont furie fleuuc de Somos. En ce mcfme téps' l l’Archiduc d’Auftriebe Charles eftant cnlaSti-1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fie tenoit fes gens en Campagne contre l'enne*

-ocr page 628-

Htfloire de Hongrie

my,lequel eut fait vn grand dommage au payf» a ce Prince n’y eut remedie. D’autre cofte le Bafcha de la Bodine , le Gouucrncur de la Bof-chegue,amp; le Berbatbcrg f’eftant vn iour aflèm-blez pour courir la Sclauonie, amp;cnlcûcr les villageois du pays, ayans rencontré Pierre Eborcc Ban,qui fignifie Gouucrncur, charge fut telle f[ue les T tires furent mis en füitte auec vne grade occihon'd’iccux , laquelle on dit aùoir elle iniques à cinq mille, amp;nbsp;le Bcrbatbergy fut bien bielle. En vn autre lieu trois cens vingt Turcs ayans voulu de nuiéladaillirThrin la caualle-rie de Jacques Sach auec quelques fantaflins Hongres f eftant jettée hors au deuant d’eux en rendit fur la place foixante de morts, amp;nbsp;foixan-c«»»;»««- te amp;nbsp;cinq autres qu’ils arrefterent prifonniers. ii»n dit Durât CCS rudes cfcarmôuchcs d’vn autre cofte de on traitoit à Viénè de là paix, y cftans encor les Âmbaiïàdcurs fû(dits:Et l’Erripercur auoit faiél appeller pour fy trouuer les Gétils hommes de liongriepour côfultet auec eïix fur tes poinéls PMlveid. de l’accord qu’on propofoit. Et corne Schuen-nermede- jy fj. pomjoit rauoir de fa maladie , l’Empe-*faù ehre nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^uuoya Paul Veidner Doôtcur en me-

d'ecineperfonnage fort excellent en fa profef-fion. Iccluy de Juif feftoit rendu Chteftien. Nonobftant fa maladie Sehuendy n’ouhlyoit rien de ce qui appartenoit à l’entretien'de fon arm ce, voyant que les T tires ne fe defiftoicnt de leurs courlis, amp;de prouoqtier les noftres au cô-bat auec notiuelles iniutes. Les Impériaux n’en' faifoientpas moins. A ceftcoccafion il y eur

-ocr page 629-

Liure hnicliefme. 304 èntre-eux vnc rencontre aflez rudc, en laquelle , furent tuez pluficuts Turcs amp;nbsp;deS principaux i des ennemis gt;nbsp;dont les côrps furent gratieufe-ment tendus par Schuendy à ceux qui pour les demander auoient efté enuoyez vers luy par l’ennemy. Vnc autre fois comme quelques fol-dats eftoient allez auec chariots au fourrage pour amener pailles amp;nbsp;foings, iceux furent ar-reftez par quelques T arcs qui les rencontterét. Celle deltrouffc fe fit lors qu’vn Chiaufs cftoit arrmé au camp,enuoyé par IcTurc pour continuer les traitez de paixencommcnCcz.Schucn-dy le rcquift qu’il eut à faire rendre fes foldats amp;nbsp;bagage que les Turcs auoient arrc(lcz,nc de-monllrant cede façon de faire aucûs lignes, nÿ aucuns effcâs d’vné paix. Le Chiaufs luy fit tc-fpôcc qu’il cnuoyaft foudaifi quelques troupes aptes pour recouurer ce qui auoit efté pris, n’e-ftant l’intention de fon Prince de rompre les Conuentions de la ttefue. Sur celle relponce Schuendy faiél promptement monter à cheuat le Capitaine Ruebert auec fa compagnée dó cheuauxlegers, pour amufer amp;nbsp;entretenir Ic^ Turcs, amp;nbsp;faire tant qu’ils ne fe retiralTent iuP ' ques à ce qu’il fût fécondé d’autres qui le de-* noient fuyurc.La diligence fut fi bonne desvns

1 nbsp;nbsp;nbsp;amp;nbsp;des autres, qu’ayanS attrapé les ennemis ils

1 eurent tous leurs chariots qui eftoient deçà le 1 Ponf.mais ceux qui auoient défia palTe le Pont' l nbsp;nbsp;nbsp;acheucrét leur voyage en feureté.Celte rccoùt-

I nbsp;nbsp;nbsp;fc fi braue amp;nbsp;fi foudainemet exécutée fit dello-

I getlcsTurcs de leur camp , lequel ils tenoieno

-ocr page 630-

' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Hißoire de Hongrie

pfcs des Impériaux,lefquels en firent de mefine fachcminans vers Caflbuic pour auoir des vi-urcsplus commodément, lefquels commen-çoient à faillir en leur camp.auec ce que les fol-dats cftoiét fort trauailicz de diuerfes maladies: amp;nbsp;entre autres de difenteries amp;nbsp;de fieures pefti-Icntiales. Vn peu deuant f’eftoit aulfi retiré le Tranfiluanicn , amp;nbsp;ayant mis fes gens hyucrncl CS garnifons fell oit retiré en fon Royaume,auquel ayant trouuc qu’aucuns de fes fujeds amp;nbsp;habitans fauorifoient fecrettemét Maximilian, il les fit tous pendre. Pour lôrs fut rclafché a Vienne fon AmbaCfadcur,lequel ÿ auoit efté rc-tcnu plus long temps qu’il n’auoit vouluà l’in-ileurs ne fiance de Ballalll, lequel continuellement ini-/ontflrc portunoit l’Empereur pour rie le lailTet aller femme amp;fes enfans,qur Je frifi». auoient efié enleucz à la prinfe de Sachmar. nters Je Mais ccfi Ambafladcur fe plaignant de fa rcte-X'*«''quot;. nue , fa Majefic ne voulut qu’il fût dauantags retenu contre fon gré , difantque cefcroitvne rupture amp;nbsp;violence faite au droit des gcns,n’c-ftant raifon'nable d’vfer de telle vcgeancé,pour des prifônicrs par droit de guerre. Pour mefme Confideration fut aulfi renuoyé Alexandre Kc-dy Secretaire du Roy Ichan,lequel venant vers l’Ambalfadeurdefon maillre auoit efte prins en vne efcarmouche faite contre quelques Ttâ-filuaniens qui le conduifoient amp;nbsp;tafehoient à le rendre en lieu de lcurcté,6c lequel cftantainfi prins auoit efté amené à VRne par lehan Vuol-gazen. Ce pendant Schuendy vigilant en fa charge

-ocr page 631-

Liure huióliepne. 305

clurge ne ccflbit de folliciter l’Empereur à cd que fon plaifir fut de drclTer nouuclles compa-f,nées 8c crcucs, encor queVenncmy procurait a paix, luy remonftrant pat viucs raifons que les pratiques duTurcn’eftoientqu’ent apparé-ce feulement, ôc pour couurir fes entrcpiinfes, amp;nbsp;fes deffeings, leachant qu’iceluy faifoit tous les iours nouucaux amas d’hommes pour aflàil-lir l’armée de fa Majcfté auec le plus de force qu’il pourtoit. Les Chefs del’armceTurcquef-que cognOiflansla desfiance qu’auoit ce grand Capitaine de leurs rufcs,luy eferiuirent vnc lettre par laquelle ils luy mandoict qu’ils feCmer-Ucilloient grandemet de luy de ce qu’il vouloir troubler la paix qui fe traitoit entre ces deux très puiflans Empereurs,laquelle deuoit apporter à tous deux vne grande commodité. Mais Schuendy adiouftant auflî peu foy à leurs pa-rolles qu’à leurs rufes ne Cefloit auec les principaux de l’armée d’embrafler toutesles occafiôs quif’offroiétpourleferuicedc fon Prince. Suc cefte tefolutionle Conte Ecchie de S aim Capi- o tki lt;r laine ttes-renommé le voyant auoit comman- i» Conté dement fur vn bon nôbrc de foldats eftoit par- «i« ty de lauarin le douziefme d’Octobre, 8c auoit pvins le chemin d Alberegale nommée en lan-gne du pays Stuluucijlfuburg , diftante du lieu d'où il eftoit bougé huiét lieitës Allemandes, ayant efté aduertyaflcurémét quen cefte ville y auoit fort peu de gens pour la deffencç d’icelle , penfantpat ce default la prendre ayfément* Eteortimc il f’en eftoit efloigné que de trois

-ocr page 632-

H iß o ire de Hongrie lieues feulement furuint vn courrier dtpefcliï de par l’Empereur, luy apportant expres commandement de retoutnet aulfi to ft aucG fes ges à lauarin. Le Conte fort à de-cœur laiifa Ion voyage , atiec vn grand mefeontentement de tous ceux qui le fuyuoient, pour la bonne oph nionqu’ils auoient tous de (é. voir à chef de cc-fte entreprinfe pour le peu de foldats qu’ils fça-uoienteftreen cefte ville. Vnefectette intelligence qu’auoit le Conte auec le luge de cefte place donnoit vnc ferme efpcrace de la viâoi-re,mefme que ce luge pour alTcurance de fafoy auoit baillé fa femme amp;fcs enfans en oftage, ayant iceluy donné ordre que la nuiôt vne partie de l’artillerie feroit oftéc,amp; le refte cncloiie, afin que les Turcs ne peulTcnt fen feruirau be-fbing,amp; le matin comme on mcttroitlebeftial dehors pour pafturcr, le Conte auecfis ges de-uoit donner l’afTault aux portes de la ville, amp;fi les Turcs qui eftoiét en petit nombre fe fuflenr mis en deffenceles citoiens incontinent fc dc-moict bander contr’eux, amp;c par ce moyen la vil-1-c eut elle prinfe lans grande refiftcnce. Celle menée eftt-int delailTec par le commandemét de l’E mpcrcLir , ce fut vnc belle occafion perdue a ifcouurcr celle place qui eftoit de fi grande importante. Le luge fcfauuaà Pallotaayant peur de fî perfonne,voyant les Impériaux auoir fail-ly a leur pratique. Les Turcs ayans dcfcouucrt celle entreprinfe firent empaler quarante des fiabitans de la ville, entre lefquels furent com-p-rias aucuns innoccns de tout Icfàiôl. Cefte

-ocr page 633-

Liwe hui^ließne. 306 «ecution fut empefchéc pat-cc que pour lors on ttaitoit à bon efcicnt de la paix auec les Am-bafladcurs qui pour ccft cffetl eftoicnt venus à Vicnne;5c mefmc fa Majeftc auoit cnuoy é vers le Grand Scigncurpoùr Ambafladeur George Geerde Hoffute Confeiller du Roy en la Chambre de Hojjwte Hongrie , perfonnage bien cntendii amp;nbsp;verfe és affaires des Princes. A l’occafion dequoy il ne fcmbloit point à l’Empereur qu’il fût bon d’ci- i/,w veri tnouuoir aucun trouble iufqucs à ce qu’ori eut le Turc. veu quelle fin prendroient les chofes que l’on voyoït en efperance de bon accord; amp;nbsp;pour ce-fte mefme confideration il auoit aüifi comma-dé qu’aucun n’eut à molcftet les Turcs, amp;que

1 feulement on fc teint fur la deffence, Ceft Am-baffadeur partant de la Cour auoit mené auec foy vingt perfonnages Turcs de grande qualité, lefquels auoicnt,cftc prins en guerre vn peu dtuant, amp;C eftoicnt prifonniets entre les mains j de diuets Seigneurs Hongres. Eftanstousarri-uez à Bude le liafeha les recent auec beaucoup d’honneur, amp;nbsp;auec grandes careffes, amp;nbsp;leur dô-r nale faufcôduit. Cefte negotiation de paix fut caufe qu Augufte Eleôfccur amp;nbsp;Duc de Saxe’ con-ttemanda fa caualletic, puis que fur la ferme c-fperancequ’onauoitdela paix il voyoit qu’icelle ne feruiroit de rien en Hongrie. Scmbla-

I blemens phifieuts autres Capitaines amp;nbsp;foldats' Allcmans furet liccticz par fa Majefté, croyant n’en auoit plus que faire. 'Mais à peu de ternps de là telles compagnees furent bien deftrées, la' necelTicéeftantfuruenuë de faire nouucaux a-

-ocr page 634-

K(uß,tt fTinftpar Ici Turcs.

Hifloire de H or.gr ie mas d’hommes ; par cc que les Turcs ne dchif-foientàfairc leurs courfes ordinaires amp;nbsp;d’en-

dommager grandement la contrée, l’augnicn-tans de iouren iour de forces nouuclles. Vnt bonne partie d’iceux vindrent mettre le fiegc deuanr Neuftat, amp;nbsp;enferrerent fort amp;nbsp;ferme

ceux qui cftoient dedans, tellement que le Ci-‘Y* ' pitainc commis à la garde de celle place nommé Gleifmuncr voyant ne la pouuoir defFendre fc rédiià l’cnncmy, fortantdehors auecfcsfol-

dats le bafton blanc en la main. Incontinenta-

pres ce lieu fut repritas par les Impériaux,amp;vnç autrefois reperdu , amp;nbsp;finablement rccouiicrt, tant quil eft aujourd’huy encor en la main de l’Empcrcur.Les Turcs d’autre part courans iuf quespresde lauarin emmenèrent huiâ cents chefs de bcrgcail , Icfquelsaufl) toll furent re-cours parla garnifon.Dctffi gouucrncnrdcNi' trie voyant des Turcs courans le pays approcher allez pres de luy fortit dehors, amp;nbsp;affrontât l’cnncmy au defpourucu en tailla beaucoup rquot; pieces, amp;nbsp;emmena aucc foy en fe retirant deux Äga prifonniers , qui font deux des principauit Capitaines des lanilîàircs. Vn peu aiiparaïunl auo-it elle audl prins vn Turc pres Sighft,quie Boit venu cfpicrccftc place amp;nbsp;autres lieux du pays. Iceluy cftant mené deuanr l’Archiduc Charles entre autres chofes afleura que fonSeigneur deuoit venir en perfonne en Hongrie,amp; qu’en peu de temps Sighet amp;nbsp;Iule feroient pat luy alliegcz, amp;nbsp;que fon armée feroit de lîx cenî EftiUe ho-mmesjlans compter ceux qui voguent

-ocr page 635-

IA ure hui^ließne. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;307

àlarame. Le Conte de Salm aiioifauffî prins quelques autres efpics qui l’aiioient affeuré de mcfmc. Vn autreTurc nômé Scafir Vayda premier Confciller du Bafcha de Bude, amp;nbsp;afl'cz bié cogheu de tousles Hongres pour eftre homme de fingulierc vertu au maniment de la guerre a-uoit cftéprins, amp;nbsp;difeourantauee Frâçois Peft-hy , auoit confirmé le dire amp;nbsp;la confcll'ion des autres , de façon qu’il ne fe voyoït plus aucune efperance de paix ou trefue, mais toutes aparc-ces de guerre. Et ce qui fit le croire dauantage cefut que les Pay fans qui font demeurans (ur payamU les frontières cntrel’Empcrcut Si le Turc , lef- rquot;'//« « quels fouloient payer le cens à l’vn oc à l’autre, auoient eu expres commandement foubs grief-ces peines de ne payer aucune chofe aux Impériaux ; Ellans aulfi arreftez pres le Chafteau de Papa quatre vingts de nos foldats pat IcsTurcs, qui ne faifoient autre chofe que iournellcmcnt courir autour de lauarin , amp;nbsp;autres lieux de I«

1 Hongrie,faifirns des maux infinis; qui eftoit vn figne euident que la haine ctoifibit de iour etr iour,amp; que toute efperance de paix eltoit retra-chee.Maximilian aduerty par diuerfes voyes de tous ces accidens, 8c des apparcils'grands qui fc

I dreflbiét en Conllantinople, dqnna ordre que I lauarin fut fortifie, comme cftant de grade im-1 portance. Sc auquel lieu il vouloit faire amas de l tous fes gens. Et par toute Auftrichc fit publier ' 1 qu’aiicû n’eut à védre vin ou bled hors le pays, t l amp;nbsp;que celuy qui auoit efté védu, Sc iPcftoit ett-; cor ttanfportéfuft retenu. 11 enuoya à Sighet

Q^qi’i

-ocr page 636-

Hifiotre de Hongrie pour la defFencc de la place quelques Bobe? mies amp;nbsp;Hongres, aucc fix cens ioldatsdefqucls fftoient Capitaines le VicontcMilanois, Seigneur Allemand. 11 fit aufli dépefeber dtS commi(fions a des Capitaines poutleuct nou-uellts côprgncesdefoldats. Confideransdauquot; leurs la puilïance de Solyman , à coinparaifofl de laquelle tous ces préparatifs de guerre ne pouuoient gueres feruir fil n’eftoit fecopru des forces de l’Empire , comme auoient cfte en tel cas fes predeccfTeurSjpour rcpicdier à vn fi dangerfitpublietvnc Dicte generale de tout l’Empire en la ville d’Aufbourg, pourimpetret de tous le fccoprs necc^aireàvn peril fi etni-nent.Ccfte publication fe fit par toutes les Pro-uinces d’Allemagne, pourhafterdaoantageh çonuocation. Cefte grande région eft diuiféc £flatie cp trois Eftats , à fçauoir des Seigneurs Ecçlc' lAllemtg. ßa(|jqi,cs tics Seigneurs fcculiers, Sc des villes-tombant nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;\ Ht- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Le

Diete$ payent letiicinept a 1 Empereur tous KS ans vn tribut qui n’eft de grand valeur: amp;nbsp;quad

Xleltefirs £ccl(/îa~

la ncteflité le requiert ils contribuent extraot-dinairement foldats, armes amp;nbsp;deniers : ceS contributions f’accprdcnt en telles Dictes, cf-quclles ordinairement interuiennent les Ele-âtuisdiuifcz en deux ordres , à fçauoitlcsEe-clcfiaftiques amp;nbsp;Seculiers;Lc premier des Eccle-fiaftiques cftrArcbcucfquc deMajcnceChan-cellicr de la nation Allcmande:amp; tous les regi-ftres des Dictes (c gardent en fa Chancellerie. Apres ceftuy-cy cft Archeucfque de Coulon-gne Chanccllicrderifalic : amp;nbsp;apres ceftuy-cy

-ocr page 637-

Liure huiclie/me. 308 tftccluy lt;3e Treues auflï Chanccllicr peur la France. A ieeuxfe ioignent quelques autres Ar-cheucfques riches amp;nbsp;puifTans, comme celuy de Salzbouvg tres-ancien , lequel pour raifon des 5^/^. mincs dcfeljd’or,amp; d’argent qu’il a en fon pays 6wr^rgt;-eft riche de ceut cinquante mille Horins de re- ‘'’‘• uenu par an. Celuy de Magdebourg cft appelle * Primat de Germanie.11 y a aulTi ceux de Brcmé, ScdcBizonce auec enuiron vingt-cinq Fuel- rntU de ques tous riches en grands rcuenus annuels,lef Germanu. quels tous font appeliez Princes de l’Empire à tailbn des chafteaux, des villes, SedesProuin-ces qu’ils tiennent. Q^ant aux Seculiers il y en afcmblablemcnt trois qui tiennent le premier lieu d’honneur amp;nbsp;d’authorité.lefqucls font nô-mcz Electeurs.Iceux ontaufli quelques otïices particuliers au fcruice de l’Empereur. Le Palatin cft le premier de tous,amp; porte la viande. Le Duc de Saxe cft. le luge fouuerain de La Cour a-uec tiltre de Marcfchal : amp;nbsp;le Marquis de Brandebourg cft premier Chambellan. A ceux fc ioignent plufieurs autres grands Princes ,lcf-quels font forcis de la maifon amp;nbsp;race des Ele-fteuts, comme le Duc dçBauierc-aucc les autres Palatins qui font d’vne mcfme famille; Les Ducs de Saxe , les Marquis êc les Burgraues de Brandebourg,ôr puis les Ducs de Brunfuuic,5c de Lunebourgtrcs-noblcs Sc de la plus ancien- Eifflew 1 ne maifon de Saxe, auec plufteurs autres Ducs, '

Marquis,LantgraueSjBurgraucs,Contes cc oa rons. Detousceux-cylcplus riche en reuenu chesßtr cftl’Elcókcrir de Saxe ayant plus de cinq cens tout.

-ocr page 638-

Villts Im-feri4lei.

Petit tri-tut deu far lel ville! Imft-riales à Ï£mft-rw-

}:Aifloire de Viongrie mille dales de reuenu pat ap,amp;peut leucrdefcs pays fix mille cheuaux , 8c quinze mille hommes depied. Apres ctftuy-cy on remarque le Duc de Bauiere ayant vn pays aflez grand, amp;nbsp;décote de trefbellcs villes,dcfquelles outre l’ordinaire reuenuil a tiré autrefois fix cens mille florins. 11 y a encor le Duc de Cleucs Prince fortpuiflant, lequel par cy deuant fit la guerre à l’Empereur Charles oncle de Maximiliâ. Les villes franches amp;nbsp;de l’Empire, font comme aucuns comptent feptanre-deux, amp;nbsp;aupatauanty en auoit odante-cinq. Icelles ne recognoilTans autre fupcticur que l’Émpercur,Iuy payent certain tribut par an; mais fi peu que le tout ne te-uient quafi à quinze mille florins chacun an. Il y a aucunes villes du tout exéptes, finonquand en general elles contribuer es leuées qui fe font fut tous pour la nece(î)té,ayans leurs îoix parti-cuheres-.8f toutes fuy tient pour la plus part l'E-flat populaire, ou méfié. Quclques-vnes toutefois, entre autres Noremberg, fontgouuer-nces pat les Nobles. Ces villes fc font affranchies par argent achetans leur liberté, 8c ame-lioransleutcôditionparlâfaueur qu’elles ont peu tirer des Empereurs, ou des Princes qui les feigneutioient: de façon que les citoiens d’icelles par leur indtiftrie,par leur trafic,8cinttodui-fans en leurs villes nouueaux arts,achetans cha-fteaux 8c Seigneuries voifines, 8c faifans quelque fignalé feruice à leur Seigneur, ont no feulement eftendu leurs murailles, 8c agrandy leur territoire : mais aufli aptes auoir acquis leur If

-ocr page 639-

Liurejepttefme. 309

bcrté ont tellement accrcu leur force amp;nbsp;puif-fancc qu’ils ont bien puis apres ofc rcfiftcr contre les pluspuiflans Princes d’Allemagne,com- , me on a veu es citoics de Magdebourg.qui ont fouftenu plus d’vn an continuellement la gucr- fante. re, amp;nbsp;le fiege mis deuant leur ville par les plus grands Princes de l’Allemagne aucc vn camp Imperial, ayans prins ptifonnier le Duc George de Michelbourg : amp;nbsp;en fin la ville n’eut pas pire condition qu’euret les autres apres la guerre Smalchadique. Autres villes ont aufli fouftenu de grandes guerres,comme celles de Brcme, Noremberg, amp;nbsp;Lubec , laquelle eft fi tuée fur l’Occean, amp;nbsp;tant puiflante fur la mer amp;nbsp;fur ter-te, qu’icelle à quafi toufiouts à fon plaifir chaf-fc amp;nbsp;remis les Roys de Dannematc. 11 y a aufli outre icelles plufieuts autres villes fort célébrés comme Coulongne amp;nbsp;Aulbourg.Cefte demie-te à les plus riches citoiens qui (oient en Allemagne. Il y a aufli de ce nombre Spire,Vormes, Vlm,Roftoc, Ratflbone, auecpluficurs autres grandes que ielaiffe pour briefucté . Il y auoit encor d’autres qui de prefent font démembrées du corps de cefte grande Ptouince,amp; occupées par autres Princes,ou Eft at s voifinaux, comme Mets,Thoul,Verdun, Bade, Geneue, Lucerne, Rotcuille,Moluze amp;nbsp;Cambray,le(quellcs font foubs la puiffance des François, des Efpagnols, SidesSuifles. Lavillc de Dan?iic fituéeàl’em- Dam^e. boucheute du fleuuedc Viftule dedans la mer Occeane très-riche, amp;nbsp;eftant l’abord de la plus grande partie de tout le Septentrion, amp;nbsp;la ville

-ocr page 640-

Hifloire de Hongrie d’Eluincfe font réduites auec la P ru (Te depuis l’an mille cinq CCS vingt cinq, foubs la couronne de Poulongne. Confiance cft foubs le Roy des Romains, amp;pluficursautresfoubs diuers Princes.Tous ces Princes Ecclefiaftiques amp;nbsp;Seculiers , amp;nbsp;ces villes franches compatoilTcntà ces Dictes publiées par l’Empereur , lequel ne pouuant leur commander abfolument procure ces alTcmblces , afin qu’en icelles on aduife ce qui cft vtile amp;nbsp;profitable pour tout le general.

î«» A CCS Dietes ainfi qu’il y a trois Eftats qui fy Confcils diuers.

’ Au premier n’entrent que les fix Eleâcurs, en l’autre les Princes tant Ecclefiaftiques que Seculiers; Et en l’autre de tous les Abbez de l’Empire n’y en entrét que deux, amp;nbsp;de tous les Contes amp;nbsp;Barons deux autres : amp;au(li y cntrenrles deleguez des villes franches.A tous cft propofa par l’Empereur, ou par le Roy des Romains tout ce qui luy fcmblc deuoir eftre décidé ;amp; chaque Confeil diuifé , amp;nbsp;retire apart délibéré fur ce qu’on à propofé. Il eft bien vray que les villes ne difent leur opinion que par voix de Confeil,n’ayans aucune voix pour la refolutiô. Tous ces Eftats furet ainfi conuoquez par Maximilian en la ville d’Aufbourg, afin de tirer d’eux en vnc fi grande amp;nbsp;vrgente occafion Pay-de amp;nbsp;le fccours qui fc trouueroit ncceflàirc pour le falut du general, amp;nbsp;comme fes prede-celTèurs l’auoicnc requis, amp;nbsp;obtenu par le pallé pour fcmblablcs occurrences. Et afin qu’à fon exemple tous les conuoquez fulTcnt plus dilj-r

-ocr page 641-

Liure hui^ießne. 31 o gens, il fachemina à la Dicte le premier, con-gnoiiTant bien que les remifes apporteroiét vn danger eminêt, amp;nbsp;que le Turc aucc vnc promptitude preparoit fes forces pour le venir charger. Et combien qu’à peine on peut croire que Solyman eftàt jà vieil amp;nbsp;mal fain fut pour exécuter luy-mefmc en perfonne celle entreprife: Toutesfois les grands appareils qu’il failoit e-ftoient tels qu’ils donnoiét aflez d’occafion de penfctqu’il en cftoit quelque chofe. Partant le dciioir amp;nbsp;la neceflité rtquttoit que Maximiliâ fcprcparaftpour au moins fe deffendre de la violence de fonennemy. Eftant donc arriué à Aulhourg, ilfollicitoit les Eleâeurs amp;nbsp;autres Princes amp;nbsp;Eftats de l’Allemagne pour les haftet devenir. Mais au commencement ces Princes alleguoient quelques empefehemés qui les rc-lardoicnt amp;nbsp;rctcnoicnt.La principale exeufe c-ftoit fondée fur la guerre qui cftoit entre les Roys de Dannemarc amp;nbsp;de Suede,pour lefquels sueie o« il le braflbit es confins des territoires , 5c pays Danut-des vns Sc des autres pluficurs pratiques. Et fembloit qu’à celte occafion ccftcDicrc fc deut du tout rompre, ou au moins re mettre en autre temps fans ordonner autre chofc.Ccs tumultes de guerre eftoient dés vn peu auparauant fufei-tez entre deux frères Ducs de Michelbourg en Saxe pour la ville de Roftoch , laquelle citant occupée aucc grandes forces par l’aifné, cftoit alfiegéeparlepuifné. L’vn cftoit fauorifé du Roy de Dannemarc pour auoir prins fon alliâ-çc,amp;l’autre cftoit fecouru par le Roy de Suedç,

-ocr page 642-

Lt'Roy Jt Sutiitft rapportt it I’Emfe-rtur Ma-Kimilian.

Hiß aire tie Hongrie lequel aiicc belles promefles amp;nbsp;argent entrete-noit cn guerre ccs Princes,pour toufiours tenir la Prouince en trouble. L’t mpercur voyat que CCS guerres apportoient grande nuyfance à les cntrepnnfcs,amp;grad pte)udicc à I’Ernpirc, auoic enuoye vers ccs deux Princes quelques Seigneurs de fa Cour.pour leur lignifier qu’ils cuf lent à tomber d’accord. Celte négociation fut lî bien maniée qu’en peu de temps tout fut pacifié à la louange de fa Majcfté,amp; au bien amp;nbsp;repos du pays. Cell accord ayant ainfi fuccedéà propos, l'Empereur fe propofa d’accorder aulfi CCS deux Roys.Ccluy de Suede remerciant Maximilian d’vne fi bonne alFeótion qu’il demon-ftroit à la paix amp;nbsp;tranquillité vniucrfcllc , f’of-fritdcfcfoufmctttcàttxitcs honneftes amp;nbsp;rai-fonnables conditions. Et pour cell cfFed expédia vers l’Empereur le Duc de Pomerauie, amp;nbsp;le Duc lehan Fcdctic deSaxe fon oncle maternel, aufqucls il remit tous fes droits amp;nbsp;taifons pour cn décider auec Maximilian. L’autre difficulté qui rctenoit aucuns Princes Eledeuts de ne l’acheminer à celle Dicte , cftoit pour raifon de certain different cfmeu entre deux autres frétés Ducs de Viuaric gendres du Palatin, à caufe de leur partage, amp;nbsp;principalement pour quelques places fortes, Icfqucllcs eftoient cn la puillàncc de raifné,aucc perte cuidentc du puifné:par-cc que de trois frères ellant le dernier mort les autres deux,qui eftoiér lehan Fcdcric amp;nbsp;Guillaume , fcllans accordez de manier l’Eftat du dé-fund vn an entier l’vn apres l’autre,l’aifné ay5ç

-ocr page 643-

Liure huicließne. 311

commencés; gouucrnéparVefpacc du temps

limité, ne\ouloitnexntmoihs ceder à fon frète

cfmeu de la douceur de commander.L’Eleélcuc

Palatin eftoit fort empefehe à les accorder, CÓ-

me aulE eftoit VEleéïcur de Saxe , lequel en a-

uoit efte requis par le Palatin ; amp;nbsp;pour ce faire

cftoient conuenus à Lipfe, où f’eftoit trouué le

frété puifnc Et par-cc qu’en leurs allegations il

fe prefentoit plufieurs difficultcz qui ne fe pou-

«oient ayfément refouldtcjc tout fut remis à la

Dicte. D’autre part Philippe Lâtgtauc de Hefs

f’excufoitdepouuoirfctrouuer à cede affem-

blée,à Câufe des nopces d’vn Gen Gis auec la Gl*

leduDucdc'Virtcmbcrg.Cemelrncfuicûcm-

pefehoit treize autres Princes Proteftans de fy Pr»tf/f4n« trouuet, de façon qu’à cefte occaGon le corn- e» mmw mencement de cefte Diète eftoit reculé.On ce-lebtoit ces nopces àMafpurgjôc pourl’aflem-bléc de tât de Princes l’Empereur eftoit en pei- ^«0,^1«-ne de fçauoir quels dilcouts on feroit en icelle, (»7 craignant qu’vn tel amas n’appottaft quelque temuément es affaires de la Religion , qui cm-pefchaftfesdeffelns contre le Turc. Ce qui en faifoit défter fa Maiefté, eftoit qu’on fçauoit af-fez que tous CCS Princes auoientfaidf tout lcurpi^«“|'“7 effort à réduire le Conte Palatin, qui laiffant la ƒ * Confellion d’Au (bourg auoit prins la RcligîS deGeneue,n’y ayans tiéfccu gagner.CesPrin-ces eftoient Philippe Lantgrauc de biefs, auec Guillaume Sc Louys fes enfans , Philippe Duc de Olft,Herncft Duc de Brunfuuic, Chriftofle DucdcVivtcmbergpcrcdelamariéc , Si deu*

-ocr page 644-

J-Jifioire de Hongrie

de fes enfans,amp; deux du Côte Palatin,Volfang Palatin Duc des Deux-ponts aucc ion fils, K lehan George fils du Marquis de Brandebourg, lequel pour l’indifpofition amp;nbsp;maladie de foi) perc Pen retourna incontinct chez fûy. Ces affaires tenoiétrcfprit de l’Empereur en grande pcniee, attendant en vain ces Princes à Auf-bourg,n’ayan t aucc foy que 1’1 mperatrice, amp;nbsp;le Duc de Bauiere auec la Dueheirc,amp; Ferdinand fils d’eilc : amp;nbsp;d’autant plus Pen tourmentoit-il qu’iloyoitdeiouren iour les bruits croiftrc de l’appareil de Solyman : amp;nbsp;auoit auiîî aduis certain que le Tranfiluanié amaflbit des hommes, de forte qu’il ne doutoit plus qu’il n’eut à la prochaine année la guerre fur les bras.Les Princes d’Allemagne entendans ces nouuclles,amp; voyans qu’ils ne pouuoient fi tort fc trouucr à laDiete,ainfiquclcurdcnoirlercqueroit, cn-noyèrent leurs deleguez vers l’Empereur aucc entière puiflànccdc ncg-ocicr en leur nom, iuf-ques à ce qu’ils enflent moyc de fe trouucr eu» mcfmescnpctfonncàla Diète. Mais l’Empereur ne voulut rien cncommchcer, defifant en affaires de telle importance la prcfcnce de leurs perfonncs.Pour cefte caufe il les enuoya follicî-ter fouucnt par courriers fur courriers. On nc-gotioit en mefmc temps aucc fa Majcfté vne ah liintpoitr jjanec aucc le Roy de France , amp;à cefte pour-eftoit vcnu en Cour l’Eucfquc de Renés, ÿRoyJt lequel ayant laiflé vn ficn Agent amp;nbsp;Secretaire /rantf. Pcn retourna en France en deliberation de re-uenir bien toft. Comme l’Empereur chcrchoK

-ocr page 645-

LturehüiSîieJmf. 311

Sigifmond Roy de Poulongnc d’autre cofté talchoit de pacifier auec luy (on nepueu lcRoy lchan.Mais cefte bonne œuurc fut deftournéc, pfie amp;nbsp;tecullée au grand dommage de la Chreftien- J« Mtfc»-té,cftant contraint ce Prince employer toutes ««“(«P»-fespcnfcesàladeffence de fon pays contre le Duede Mofeouie , lequel nonobftant la paix faite par entr’eux luy auoitcnlcuévne partie de URcy laLiuonie. Les Bohemiens amp;nbsp;les Hongres fol- fc«»« licitez ce pédant pat l’Empereur leur Roy, luy offrirent de le ftcourir en cefte guerre felon la nccclTiiéamp; felon leurs moyens. Autant luy en promirent les Roys de Dannemavcamp;de Suede , lefqucls auoient remis tous leurs differens entre fes mains. Par ces pratiques fa Majefté ex-pedioit toufiours quelque ehofe tendant à fin de fon intention attendant l’execution de cefte Diete,’ laquelle il defiroit eftte confirmée pat la ptcfence de tous les Ordres amp;nbsp;Eftats de l’Empire: pour laquelle neantmoins on ne fit rien pat vn long temps,pendant lequel arriua le iour du Mardy-gras . Plufieurs Seigneurs de la Cour pour ne faire paroiftre qu’icelle fut eftonnée pour les nouuelles qui couroient des menaces

l du Tutc,n’obmirent à feftoyer ce iour à la mo-l deaccouftumécauecmafcarades amp;nbsp;jeux plai-1 fans. En fins les Seigneurs commencèrent à fe 1 mettre en chemin pour venir à la Diète, amp;nbsp;le 1 premier qui fy achemina fut le Marquis de 1 Brandebourg; mars fc trouuant dcrcchifmala-* I de par le chemin , fut contraint l’en retournée

-ocr page 646-

Mißoire de Hongrie ta Vrin- chcz (by amp;nbsp;y cnuoya fon fils George amp;nbsp;fes ncp «J Je CEm ueux auec trois cens cheuaux , quot;pour ne bouge»

tt.

ƒgt;»« am- fiç Cour iufqucs à vn nouueau mandement. D^ete^'* y arriua l’Elcéteur de Majence , lequel Z’Emft- l’Empereur rencontra vndemy mil hors la vil-reur-vaau Ic, amp;nbsp;l’accompagna fort courtoifemet iufqucs Jeuant Je en fon logis.En mefmc temps f y trouua le Cal-Commendon y eftant venu en pofte en-uoyé par le Papcimais en qualité priuéepour le commencement, iufques à ce qu’vn peu apres y vint Ichâ André Calligny fon Auditeur auec la Croix amp;nbsp;authorité de Legat. Iceluy fut tref-bien rcceu par l’Empereur amp;nbsp;car€fle,ne fy eftas trouuez autres au nom du Pape, en telle qualité , encor que deux autres Cardinaux y fulTent prefens , à fçauoir celuy d’Aufbourg, amp;nbsp;celuy d’Alremps, lefquels y eftoient comme Princes de l’Empire. Cc-pendant l’Empereur confide-rant l’importa ce de ceft guerre, outre le fecours qu’il efperoit de l’Empire, voulut bien aufti en impetrer du Pape , amp;nbsp;pour ce faire en donna la charge à Reumillcr fon Chambellan , lequel il cnuoya à Rome pour fe congratuler auec le Pape, qui eftoit nouucllcment paruenu à la dignité Pontificale, amp;nbsp;enfcmblcmcntpourlcrcque-

rir d’aydc Sc de fccours en la guerre de Hógricf Le Pape luy promit tres-volóticrs toute faueut luy adignant cinquante mille efcus pat an, Si luy cnuoyant des lors deux payes , dont la dernière fut portée par le Sieur de Billy , qui alloit vers fa Majefté en qualité de Nortce. Durant c6 Garcfme Maximilian allant fouuentcsfois aux Sermon»,

Stcours Ju Pafie entiers l’Em-ftur.

-ocr page 647-

Littre hui^ießne. 513 Scrmons,amp; à la Mcffc à l’exemple de fes picdc-ccflèurs donnoit prcuue comme il cftoit tref-Catholiquc. Allant à ces aûcs les Proteftans ne laiflbient de l’accompagner , mais à l’entrée fc p„„„j rctiroicntàl’cfcart, en attendant que la Mefle Pme^^ns fut dite pour le recôduire en fon Palais; auquel “(‘»quot;•j’*-, lieu il les fciloyoit fouuét en banquctsRoyaux, y cftans les Princes Ecclefrafliques amp;nbsp;Seculiers çnfemble , f’alTcoyent les vns amp;nbsp;les autres à table felon leurs degrcz,3cfelon les qualitcz d’vn chacun. Puis que cecy vient à propos ce ne tera point chofe eftrange, mais plaifantc pour l’em-belliflcment de l’hiftoire fi le d’efetis la façon ^leélèurs de la feance de ces Elefteurs en tels conuis, amp;nbsp;m a^ti principalement en ceux qui font folcnnels , publics. qui dépendent des grandes ceremonies Imperiales,cfquelles l’Empereur, ou le Roy des Romains tenant fa Cour folcnnellemcnt les Princes Elcólcutsdoiucnt exercer leurs charges amp;nbsp;offices.En ce cas l’ordre eft tel; L’Empereur,ou le Roy des Romains feant en fon trol ne Imperial,le Duc de Saxe commence le premier à fai-

gt; rç fon Office en ceffe forte; Dcuantlcbaftimct , de la feance Imperiale on met vn grand monceau d’auoinc de telle haulteur qu’il puifTc toucher à la poitrine d’vn cheual, fur lequel le Duc (fera monté , tenant en fa main v n bafton d’argent , amp;nbsp;vnc mefure auffi d’argent, pefans les deux douze marcs,amp; de delPus fon cheual cnle-uera de ce lûonccau vne m'efurc d’auoine, amp;nbsp;la baillera au premier valet d’Efeuy rie qui fe pre-tcntcta;ôc celafait, amp;nbsp;fichant fon bahon dedâs

Rr

-ocr page 648-

lAtßoire d e Hongrie

Ic monceau ,fon Vice-marcfchal de Papeheyn, Oll autre exerçant ccfte charge cn fon abfence, eftant Marefchal delà Cour.diftribiiëralc tefte de l’auoinc.L’EmpereurjOu le Roy,tftant entte au dedans de fa falle , amp;nbsp;f eftant aftîs à table les Eledeurs Ecclefiaftiques eftans debout deuant icelle auec les autres Prélats feront la benedi-dion accouftumcc félon leur rang , à fçauoit chacun felon l’antiquité de fa conlêcration en dignité Archicpifcopalc.Vn fcul toutesfoisfait la beUedidion pour ce iour, amp;nbsp;le lendemain,fî • la ceremonie continue, le fccôd cofifacré à ceft honneur; amp;nbsp;au tiersiour le troifîcfmebeniftU table. La benedidion faite ces trois Archeuef-quesEledcuts prennent de la main des Chan-celliers de la Cour les feels Impériaux : amp;nbsp;celuy cnl’Archichanccllcrie duquel ccfte ceremonie amp;nbsp;folennité f’exerce, marchant au milieu, amp;nbsp;bs deux autres eftans à fes coftez Ibuftcuent tous trois auec les mains vn bafton, auquel font pc-dus les feels,amp; les portent en ccfte forte reueté-mét deuant l’Empereur, les pofans fur la table'. L’Empereur, ou le Roy, les leur rend incond' nét, amp;nbsp;celuy qui pour lors fc trouue cn fon At-chichanccllcric, prend le plus grâd de ces feels, amp;nbsp;le tiendra iufqucs à la fin de table pedu àfon col, Aeiufques à ce qu’il foit de retour en fon logis. Le bafton auec lequel ils portét ces feels eft d’argent, amp;pcfc douze marcs. Le prix d’iceluy tant cn matière qu’en façon cft aux dcfpens des trois Archeucfqucs, Si fc baille puis apres par h ceux aucs les feels aux Chanccllicrs de la Cent

-ocr page 649-

IA ure huiSlie/me. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;314

pour faire d’iccluy à leur volonte. Ccluy d’eux Unn* trois qui aura porte iufqucs en fon logis Ie gtâd '' feel pedu en fon col, Ie renuoyeraaulfi toft pat quot;T'J’ff vn de fes domeftiques au Chaccllicr de la Cour fur vn cheual, lequel demeure en don audit Chancellicr. En apres le Marquis de Brandebourg Archichambellan vict à cheual portant en fa main des baflins d’argent pefans douze marcs, amp;nbsp;de l’eau auccvne belle feruiete: amp;apres aüoir mis pied à terre done à lauer à l’Empereur , ou ail Roy. Le Conte Palatin du Rhin entre fcmblablement à cheual tenant en main quatre efcuélles d’argent pefant chacune trois marcs,dedâs lefquelles y a de la viande, laquelle,ayant mis pied bas,il prefente fut là table d e-uant l’Empereur. Apres vient auifi à cheual le Roy de Boheme Archiefehançon portant en main la riappc,ou vnc couppc d’argent couuer-tepefant douze marcs pleine de vin abreuuc d’eau: amp;nbsp;aprèscftrcdcfcendu de cheuallapre-ftntcil’Empereur pour boire. C^atàtous ces VaifTeaux d’argét, l’Office eftant acheue par ceS Eledeuts Seculiers, le SoufchambelLan de Fal-kenftein à le cheual, amp;nbsp;baffins du Marquis : le Maiftrede Cuîfihe de Nôrembergà le cheual, amp;nbsp;les efciuëlles du Conte : le Vicefehançon de Lyraburch àpour luy le cheual, 8cl a couppe du Roy de Boheme ; leVice-marcfchaldePapen-heyn à le cheual,le bafton,amp;la mefurc du l)uc. La table Imperiale eft cfleuée plus haùlt que les autres de fix pieds;amp; en icelle à tels iours folcn-riels aucun ne fefied que l’.Empetcuf. A coftê

Rr ij

-ocr page 650-

Hifloire de Hongrie d’iccllc cft celle de 1’1 mperatricc plus baffe q« celle del’Empcreutde trois pieds, Si trois pieds pl’haute que celles des Electeurs, pout Icfqucis * y en à fept dteflees, à fçauoir trois à la droitede la table de l’Empereur, ôc trois à gauche : amp;h dernière cft vis à vis de la face de l’Empetcur.EB icelles aulh ne faffî cd aucun autre q les Princes Elc6tcurs;amp;chacû d’iceux Ce tient deuât fa table debout iufqucs à ce q tous ayent mis fin à faite ce qu’ils doiucnt dclcur Office comme nousa-«ons d’eferit, amp;: puis chacun f'affied à fa table. L’ArcheuefqucdcTrcucsà pour fa table celle qui cft au deuant de l’Empereur. La premiere table du cofte droid eft pout l’vn des deux autres Archcucfques , en l’Archichanccllcrie duquel fc fait cefte folennité. La fécondé du mef mccoftéeftpour le Roy de Bohême: amp;nbsp;la tierce cft pour le Conte Palatin. Lapremietede l’autre rang qui cft à gauche,cft pour l’autre At-chcucfque: la féconde cft pour le Duc de Saxe; amp;nbsp;la tierce amp;nbsp;dernière appartient au Marquis de Brandebourg, Et combien qu’il foit loifible à vn de ces Eledeurs , detenu de maladie, ou d’autre légitime inconueniét, enuoyer vn Am-baffadeurauec toute charge en telles folenni-tez amp;nbsp;aflemblccs , toutesrois ccluy qui cft en-uo-yé ne fc fied pas au fiege ny en la place de fon maiftre. Ces folcnnitcz parachcuées le Maiftre - de la Cour à pour foy tout le baftimctôc appareil de bois , qui auoit cfté drefle pour le liege Imperial. Le difnc aeheué amp;nbsp;graces dites parle mcfmc qui a bcnift la table. Si tous ces Prince»

-ocr page 651-

Li ure huiéliejme. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;315

feleuans pour conduire la Majcftc Imperiale, 1’Archcuefque de Treues marche feul dcuant l’Empctf ur, amp;entre luy amp;nbsp;1’Empercur tiet rang Ic Duc de Saxe. A coftc droit du Duc cft Ie Có-tePalatin , amp;nbsp;à gauche eft Ie Marquis de Brandebourg. Des deux autres Archeuefques celuy qui eft en fon Archichancellerie, fe met au co-fté droit de 1’Empereur, amp;nbsp;l’autre prend le gauche ; amp;nbsp;derriere l’Empereur immédiatement marche le Roy de Boheme. Celle faço de marcher entre les Eleôtcurs eft feulement quand en telles folennitezles Eledeurs Seculiers portent les marques amp;nbsp;Enfeignes Imperiales, à fçauoit le Duc de Saxe l’Epée Imperiale, ou Royale: le Conte Palatin la Pommc:amp; le Marquis de Brâ-debourgle Sceptre. Mais quad ces marques ne fc portent le Duc de Saxe nefemet entre l’Empereur amp;nbsp;l’Archcucfque de Treues, lequel lors immédiatement precede amp;nbsp;marche feul deuât fa Majefté;amp; en ce cas les autres Seculiers marchent en mefme rang que nous l’auons d’eferit en leur feance. Cell ordre de f’alTeoir fe gardoit ordinairement es feftins amp;nbsp;banquets que Maximilian faifoit aux Eledeurs amp;nbsp;autres Princes de l’Empire : mais non pas les ceremonies fuC-dites. Et celle feance ell obferuée lî exadement ?u’aucun autre Roy qui puilTe attiuer en la 'our de l’Empereur,iceluy ne précédera en aucune façô le Roy de Boheme. Or pour reuenir à celle Dicte d’Aulbourg, apres l’Archcucfque de Majencc arriua ccluy de Coulongne,amp; aufli tollceluy de Treues. Le Duc de Clcucs vin^

-ocr page 652-

Hiß aire de Hongrie apres, amp;nbsp;l’Archcucfquc dcSalsbourg, amp;nbsp;ques autres Princes. Iceux furent fuyuis par ** Duc de Saxe , lequel artiua accompagne grandement. Apres vindrent le fils du Roy de DaO* ncmarcjles Ducs de HQlftain,amp;dc Liftres aufC enuiron neuf cens cheuaux. En aptes fy prefep' ta George Federiç de Enifpach fuiuy d’vncbelle caualleric,alors mefrne que l’Empereur à 1 in-ftancede l’Elcôlcur de Saxe faifoit mettre en prifon Albert Rofemberg homme fedi tieux, amp;nbsp;compagnon de Grompach,lequel eftoit bann/ dcrËmpire.Le Duc lehan Guillaume de Vcni-march gendre de l’Eleftcur Palatin, amp;nbsp;le Conte François Philippe du Rhin auec vne longue fuittede cheuaux y arriucrent. Vindrent apres le Cardinal d’Aufbourg, amp;nbsp;le Conte Palatin E-leéleur, lequel cfioit fuipy d’vne grande troupe de cheuaux, Guillaume de Gonzague Duc de Mantouë fort bien accompagné vint à celle Diete ttouuer Si faluër l’Empereur, lequel luy Zf Dwede fittrcfbonnechere : comme auflîy vint Enia-Aiantouë flucl Philebctt Duc de Sauoye, lequel f’offtit •vimnmt (Je fç trouuer en la guerre qu’on feroit en Hon-

FEmpire.L’Empereur faifoit à tous bonne chère,voulant bien les gratifier,afin que tous le fe-couruflent gratuitemét en çefte gucrrc.S’cftans ainfi tous comparus en celle Dicte confoipic-ment félon fon defir, fa Majcfté le xxvi, de .Marsles fit conuoquer, Si Icurcxpofalaneccf-fitc qui le contraignoit de farmer cotre le Turc lequel failânt grands appareils de toutes fortes

-ocr page 653-

Li ure huf^lteßne. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;316’

de gens da guerre auoit délibéré de monter en la Hógrie aucc la plus grofle armée qu’on n’eut point encor veuë, en intention d’adieger Vienne,à laquelle pour eftre vn fiege Imperial, amp;nbsp;de tres-grandc importance à tout l’Empire , amp;nbsp;à toute l’Allemagne il failloit ncceüairemcnt pouruoir: par-ce qu’outre le dommage qui en pourroit refulter incomparable à tous , on en rcccuroitvnc honte infinie quand on temar-queroitàlapofteritéquc l’Allemagne fi puif-lante en vn danger û eminent me fe fut employée à y donner ordre de faifon , auant le temps de fa ruine.Pour à quoy remédier fa Ma-jefteles auoit fait tous appcllcr en cefte prefen-tc, amp;nbsp;gcncralle affcmblée. Et pour cefte caufe les exhortoit de mettre en arriéré toutes paftiôs amp;nbsp;de vouloir entendre feulement à la prefente neceflîtéjdf à donner vne briefue refolution fut ce poinôl, lequel pteftbit maintenant plus que pas vn autre. En apres le DucdeBauicreaunS de l’Empereur propofa aux Elefteurs amp;nbsp;autres Princes les articles qui fenfuyuent; Qifoneut jjtmunitt à traiter du moyen qu’on pourroit tenir pour chafler les hetefies non comprinfes en la paix de la Religion, Sc qui par icelle auoict efte prohibées : nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;le.fecoutsdemandé contre Içsaf-

faults du Turc fut de huiét mille chenaux, amp;nbsp;de quarâte mille hommes de pied fouldoyez pour huiôlmoys ; amp;nbsp;la moitié d’iceux fouldoyez cy apres pour fit ans cotinuels-.mais le tout en deniers pour cftrc employez puis apres félon les affaires vrgençcs de la guetre-.Qu^on eut à adui-»

Rr iiij

-ocr page 654-

reurfar les Printes

Je rpm—

f,re.

Hifloire Je Hongrie fer de la reformation de la Chambre Imperiale, quicftcftablieàSpirc, amp;nbsp;de faite obfcruet entièrement tout ce qui y feroit refolu : Qu^oquot; procuraft r.entrcticn de la paix, amp;nbsp;l’ordonnance des monnoyes , amp;nbsp;d’accorder les differents quieftoient entre quelques Princes touchant leur ptefcancç:Et en outre qu’on fit mettre à cf-fccl le commandement fait au nom delEiTipc-rcur auxfujeéfs de final à ce qu’ils eufset à mettre les armes bas ; amp;qüepour cefte execution oncnuoyafivn des Confcillers de fa Majcfte vers eux aucc le Capitaine de Trete, Ce dernier article fut execute ihr le champ, amp;nbsp;fuyuant ice-] U y on dépefeha le Dodeur Parthin Confcillet de rEmpercur. De tous les fufdits articles le pl’ important, Se le plus ncccflàire cftoit celuy du fecours contre le Turc. A icelle demande on penfoitquedc tous les Princes là prefens, le Ojfrtiit Conte Palatin Eledeur fy oppoferoit le plus fecouri^ pour certaines confiderations dépendantes de à ]a fin qui fe poutroit conclure fur le premier at-y Fmht. propofev lequel notammet le touchoit de près à raifon du changemerit qu’il auoit fait de la Religion. îvlaisvn chacun fe trouuadcçcude fon opinio. Car ce Prince fut fi prompt à con-fentirce fecours qu’incontinent il fit offre de toute fa puiflance,amp; de toits fes moyens. A fon cxcmpléjMuficurs propiirétde marcher en pet-fonne en céffe guerre : amp;nbsp;tous les Princes firent refponcefurcctarticlcqu’ils vouloicnt accordera l’Empereur pour cefte expedition trois fecours Romains pour huiâ: moys , à fçauoit

-ocr page 655-

Ltnre huicttejme. 317 dome mille chcuaux. L’Empereur fc contcn- | tant de cede offre rcquift feulement qu’au licu7j,^ du dernier fccours pour deux ansamp;demy il luy ’ fut prolonge pour trois ans , f cnrendans huiét tpoys pour chacun an:lcs priant de vouloir accorder la moitié des trois fccoursauant le téps efeheu. Cccy fut oôfroyé à fa Majefté fort volontiers dont il remercia grandement tous ces Princes,amp; leur promit d’en auoir toufiours me-moite. On pourueut auffi fur les autres articles, » nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1

iBfnc reftoit plus qu’à traiter de la Religion;^'* Mais en confidcration du temps amp;nbsp;de la necef-fite de l’Empire, on refolut de différer ceft article en vnc autre faifon plus córaodc. En apres on traita des accords des Roys de Suede, amp;nbsp;de Dannemarçh;amp; fut faiôfà tous deux comman-dcmétfoubs griefuc peine de mettre les armes Jtmtnt J« bas,amp;ordonne qu’aucun autre Prince de l’Em- timpereur pire ne leur dopneroit fecours. Sur cefte ordon nance le Roy de Spede, qui fi volontiers auoit promis d’obeyt à l’Empereur fc retira de l’ac-cord,f’apptcftans tous deux plus fort que deuat ànouucllc guerre. 11 y eut auffi quatre Ambaf-fadeurs qui fe prefenterent dé la part des treize Cantons des Suilfes , amp;nbsp;des quatre y en auoit trois Catholiques , Sc l’autre cftoit du pays des u Grifonsenuoye delà ville de Coire, laquelle d'Aitf-cfloit en différend aued’Eucfque d’iccllc. Les fujefts du Marquis de Final furent fcmblablc-ment puys, Icfqucls incitoient que le Marquis futptiuc de fon Marquifat. Le Duc de Màh-touc rcquift auffi l’Empereur de vuider vn dif-

-ocr page 656-

Hifioire de Hongrie

fcrcnd qu’il auoit auec le Duc de Sauoyc pouf ' rai fou de Çafal fituc dedans le Marquifat de ƒ ' Montfçrac. Tous ces ditFerents vuidez cnpai-fnofßiture tiçifaMajefté donna folenncllemét à quelques ft donne Piinccs Ics Inucftituies de leurs fiefs, ainfi que far /’£/»- par eux il en eftoit rCquis.Le Cardinal de Con-/«rearjO itancc eftoit l’vn d’iceux , 8c le Lanrgrauc de Hefs,lequel les receut par fes deleguez. L’Abbe four icelle. Kenipte y eftant prefent les receut de fa Ma-jefteen perfonne ; comme aulfi firent le Marquis Ichan Fcderic de Enifpach, 8c le Prince ( d’Analth. Le Duc de Saxe print la fienne aulfi auec les ceremonies accoulîumées, faifant vnc monftre magnifique 8c fuperbe, eftant accompagne de quinze cens chenaux bien equippez 8crichcmcnt enharnachez,faifant porter treize Enfeignes.Lc Conte Palatin Eledeur auecplu-ficurs autres Seigneurs reccurent ces mefmes inueftiturcs.comme fit aulfi l’Ambaftâdcut des Duc de Viuatic au nom de fes Princes: prenans jous par ce moyen confirmation de leurs ptiui-Icgcs. Ceux qui prennent telles Jnucftiturcs, fils font Eleôleurs , iceux ne doiuent rien, aux Officiers : m^is fils font autres ils doiuét payer foixantç 8cxrôi^, marcs d’argét,chacun, Icfquels fonçdifttibq^jjar le Maiftrc de la Cour aux Officiers cn^efte^/ortc : 11 en repent premicre-mçntppur fqy dix marcs, 8c puis en donne dix autres auCbancçllier de la Cour Imperiale,aux Maiftres, Notaires 8c Doàeurs trois marcs, à l’Efchançon de Lymburgdix rnarcs,au Maiftrc tje C.uifine d c Noremberg dix marcs, au Vice-

-ocr page 657-

Lture huicitejme, 318 marcfchal dcPapenheyn dix mates, amp;nbsp;au Chä- . ƒ bellap dc Falkcftcin dix autres marcs; pourucu quetels Officiers fe trouuent pout lots prefens àlaCourcxcrçanslçutschaïges; Sccnlcurab-fence ceux qui font leur office prennent cc pro- /* J fit.Le cheualjOU quelqu’autrc befte que fe puil-fc eftre furquoy eft môté celuy qui requiert fon lnueftitute,eft deu au Duc de Saxe,f’ily eft pre-fcntjOuauVicemarcfchal, filfy trouue; amp;nbsp;en l’abfenccdcl’vn 8c del’aptre , il eft pour celuy qui exerce pour lors leur officc.Toutes ces cho-fes expédiées en cefte Diete l’Empereur donna ordre pour fin d’iccllc que tout ce qui auoit efte refolu pour la guerre fut bien toft pteft.’amp;aptes auoit licentie vn chacun , ôc auoit prins conge de tou? il f achemina à Vienne où il auoit afli-gné vne Diete aux fu jefts de fes autres Eftats au( vingt-troificfme d’Auril. EniccllefaMajeftéy Orionna^ cftant prefente, fut otdôné que cl^quc^naifonjƒ« P«'' payaft vn fiorin; Que le Gentil^mme qui au-toit plus de cent florins de reuenu par an, tienJ \ droit vti bon cheual preft à fes defpens;Quçles „„„ cen-Payfans feroient enuoy ez pat certaines bandes] tr« leTttrç, amp;nbsp;certains iouts à Vicne polit fortifier la ville; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i,'

QiTaucun n’euft à reçeuoit feruiteut fans,auoit i îcfmoignage de fa vic,amp;dc fon dernier maiftre; Y pour chaque roaifen le cinq,uitfmc,lc dix-1 icfme,8c le trentiçfvnc (fi tant y eh a) fuflent te-\ nus de marcher à la gucrre;Que par tout le pais l d’Aufttiche , de Motauie , 8c des confins de fa Hongrie feroit faite dcffencc à tous de prendre | la foulde dç rennemy ; Et que tous les citoy eps^

-ocr page 658-

Hifloire de Vïongrie

amp; habitans dc Vienne euiTcnt à fe pouruoii de „ Yiurespourvnan, amp;qucceluyquin’aiiroitlc moyen cut à fortir du pays.L’Archiduc Charles here dc l’Empereur pour nicfmc occafió aiioit aflcmblé vnc autre Dicte à Poflbn en Hongrie, en laquelle il trouua tous les Barons amp;nbsp;Seigneurs Hongres tellement dilpofez qu’ils luy , ofFrirét tout le fccours qu’il dcmandoit,amp; pro-r*')’ ÿiôu/ mirent de marcher en cefte guerre tous en per-fonne quad l’Empereur ou l’vn de fes frétés fy • Nous auons cy dclTus eferit que le ^ott- Conte Palatin Eledcur cftoit tenu en opinion uoitftire que malayfémét il accorderoit le grand recours que demandoit Maximilian. L’intcrcft qu’il telles forces ne fvnif-ß^ranJ. îcnt cnfcmblcparle confcntcmcnt dc tous les tpparül Eftats de l’Empire cftoit pour fon fait particu-^‘luerre. lier, craignant que cefte aftembicc des Princes,

1, Si cede armée ne fc fit à fon prejudice fous pre-texte, amp;nbsp;Ibubs fauftès nouucllcs des entreprin-fes du Turc : ou qu’iccluy changeant dc delTcin

1 pour fc voir cmpcfchc par le Sophy , ou d’ail-leurs.ou par le moyen de quelque paix, ou tref-’ i UC faite aucc l’Empereur fe conteint d’aflàillir h Hongrie, il veid toutes ces forces fc tourner, amp;nbsp;fejetter fur luy, pourauoir changé de noq-ucau fa Religion,qui cftoit conforme à la Con-feftîon d’Aufbourg,amp;prins celle qui eft fuyuat ■ l’opiniô dc Zuinglc,amp; dc Caluin: Ce qui cftoit vn ade formellement contraire à ce qui auoit

çftéordonné amp;nbsp;conclud l’an mille cinq cens çinquantc-cinqauparauant en la ville d’Auf-

-ocr page 659-

Liure hui^ie[me. 3/9

bourg pat les Eftats de l’Empire,en ptcfcncc de OrJoimX-Fctdinand Empereur dernier dcccdc, qui y af- quot;nbsp;f^‘** fiftoit pout lots comme Rov des Romains , Si comme Lieutenant de l Empereur Charles Ion frète. Cefte ordonnance fut faite le vingt-qua-ttiefme de Septembre, amp;nbsp;la teneur d’icelle cft telle; L’Empereur,amp; Ferdinand Roy,pour rai-fondc la Doôtrine,Religion amp;nbsp;Foy dépendant de la Confeffion d’Au(boutg,amp;lcs autres Princes , amp;nbsp;Eftats ne contraindront, ny forceront aucuns fujeéls de l’Empire à quitter leur Religion,leurs ceremonies, Scieurs loix, lefquellcs en leurs territoires ils ont i'a inftituez, ou infti-tuëront cy aptes , eftans aflbeiez à icelle Con-fclfion-.Scpar aucuns mandements, ny par autre voye ne les contraindront à ce faire , Si ne les mefpriferont aucunemét; mais leur permettront cefte Religion libre auec leurs biens , fa-cultez,tributs,pcages,po(rcftions, 8c droifts.en forte que paifiblemcnt ils en puiflent iouyr. La conttouerfe, qui eft pour la Religion, fecom-pofeta auec douces, amiables amp;nbsp;paifibles rai-fons.Ceux qui fuyuét laditeConfelTion fe corrf-porteront en pareille forte enuers l’Empereur, Ferdinand Roy,8c autres Princes Si Eftats con-fédérez enfcmblc en l’ancienne Religion tant'

i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Eccleftaftiques que Seculiers,8c enuers tous les

1 autres Ecclcfiaftiqucs,amp;;lcursColleges en qucî-j que part qu’iceux fc foiét retirez pour Elire leut 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;demeure,moyennant que bien amp;dcuëmenton‘

procure le miniftereainfi qu’il fera dit cy aptes;

I A iceux ils permettront en toute liberté leus

-ocr page 660-

Hifloire de Hongrie Religion,leurs ccremoiiicns,amp; leurs loix,lciirlt; pofTeflîons, tributs Sc tous autres droits ; amp;nbsp;p»f aucune voye n’empefeheront qu’iceux n’en jouyflcnt paifiblemcnt.Tous lcsprocez,difpu-tes amp;nbsp;querelles qui pourroiét fourdre entre les vns amp;■ les autres feront vuidees, fuyuant les vs, couftumesamp; loü de I’Empirc.Ccux qui ne font de l’vne ou l’autrè Religio, rie font point corii-prins en celle paix. Celle rcllriélion auoit elle Elite pour empefeher nouucaux troubles , lef-quels volontiers fenfuyuét par l’introduâion d’vnenouuellc Religion. Celle toutesfois de Zuinglcpour ellre plus pleine de liberté, amp;nbsp;plus efloigneedel’ancienne , à cllé depuis plus etnbralfee, nbsp;nonobllant celle Ordonnance a

trouuc place és pays amp;nbsp;terres de l’Elcôlcur Palatin, comme aulfi elle à fait en Poulongnc, en Suill'e,cn Angleterre, enEfcolTc, amp;nbsp;en France, jaçôitccqucïcs ceremonies d’icelle ne foient partourparcilleSjamp;qu’ilyaitdesopinionsdi-uerfes entre les Doéleurs d’icelle. Et cotribieri rigueur

gardee pour la

qu il y ait vnc grande

1. opiniûtt de Zutn^le CAl»in dtittei^ttee t^Ef^a^ne ii ptenttio J. attcum feCÏAteitrs d'/celie.

conferuation del’ancicnneen Elpagne,lî cftcc toutesfois qu’cnùirori ce téps en celle Prouin-ce aucuns furent apprebendez , lefquels furent conuaincus par leur Confelfion tenir amp;nbsp;fuyurc celle nouucllc doôlrine de Zriingle: amp;nbsp;la punition qui leur fut donnée ellant accompagnée de grandes ceremonies qu’on y adioulle pouf vnc terreur plus grande aux alfillans , i’aybicn voulu d clcrire celle formalité, encor qu’icelle foit hors le difeours de celle hifloire: mais pu if

-ocr page 661-

Liure hutSlteßnS. 310

^ue cccy cft venu à propos, Sc qu’cn autre cri- î« f« droit peut eftre ie n’aurois îa commodité , ny nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;

l'occafiô de la mettre par efcrit,ic prie le Icftcurjv* »,'ƒ!lt; ««.«i prendre cccy en grc, amp;nbsp;penfer que i’adioufte Sc .’j-»., entremets quclqucsfois des narrations eftran-ges plus pour recréer fon cfprit que pour me contenter,ainfi qu’vn œil fc delefte plus à voit cnvnbcauprcvnc diuctfité de fleurs , qu’vnc feule cfpecc de couleur en vne campagne de bleds. Cefte punition exemplaire fe fit en la vil- Cenmfnii le de Valladolitjcn laquelle pour iceile fut dref- «»‘“tie fé vn grand efehaffaut pres la maifon duCôfcil, f’quot;“* «lorgnant vne autre, en laquelle le dcuoient fcfaittn trouucr les Princes. Autour furent aufli leuez Ejjgt;a^nt autres efebaffaux , furlcfquels fe deuoient pre- •outreIn fenterlcsConfeillcrs Sc perfonnes de qualité, Oflîcicts de luftice ScGcntilshommcs non feu

lement delà ville,mais quafi de tout leRôyau-mc. L’affluence du peuple qui fy trouua fut fi grande quC de mémoiredbomnac fie f’en trouua de telle. A l’heure de dix heures le vingt-vni-cfmc de May la Princefle Tehanne Goüticrnan-ted’Efpagnc,ôcle Prince Dom Charles fottiréi du Palais accompagnez de l’Archeucfquc de S. lacques, du Grand Conncftablc amp;nbsp;Admirai de Caftillc, desMatqüis d'Aftorgue, de Denigue, Se de Satmie Gtâd Maiftre d’Hoftcl de la Ptin-ceffe, Se des Contes de Mitandc, d’Orfen , de Nicuc, de Modccquc, de Sardeigne, de Ziba-dée, de Andrade, de Dofn Garzia de Toledc Gouuerneur du Prince, 5c de plufieurs autres grands perfonnages. Audeuat d’cuirhiar'chcnéii

-ocr page 662-

Htfloire de Hongrie

. .. deux Hüîfficrsaucc leurs maflcs,deux Hcrautó , auec les armoiries d’Efpagnc, Sc le Conte de Jîondie portant l’Efpce en main ; amp;nbsp;toute cede compagnée conduit les Princes au logis qui c-ftoit préparé ioignant le fufdiót grand efehaf-fault.Sur les cfchafFaults eftoient défia l’Arche-uefquc de Sèuille Inquifiteur General auec ’ ceux qui eftoient du Confcil de l’Inquifition, Roderic Euefquc de CiuidadJeConfcil Royal, les InqùifiteurSjl’Eucfque d’Oran,amp; l’Euefquc de Faïence. Les Prihees feftans prefentez aux feneftres de leur logis , on commença à porter vne Croix couuertc de noir, auec l’Enfcigne de l’Office de l’Inquifition : amp;nbsp;apres matchoit le Clergé,amp; les prilonnicrs, lefquelsauoientefté f eceus à penitence,amp; puis ceux qui eftoiét condamnez à la mort. Ccfteproceflion partoit de la maifon de l’Inquifition par vn chemin hault cfteuc,amp; dreffe expres, tirant iufques furlediéï èfchalFaultioù eftans tous 3rtiuez,amp; eftant chacun alfis fur iceluy, Frere Melchior, qui depuis fut Euefquc de Canatic , eftant de l’Ordre des lacobins,commença vne Prédication; amp;nbsp;icelle finie l’Atchcuefque de Scuillc fc louant Pen alla vers la Princcflc,amp; le Prince, amp;nbsp;leur fit faire fur' vne Croix vn ferment tel qui fenfuyt : Eftant

» ordonné parlesDecters Apoftoliqucs, amp;nbsp;pat •I les fainéls Canons, que les Roys doiuent iurct lt;» de porter toute faueur à la Foy Catholique, » amp;nbsp;Religion Chrcfticnnc , vous conformans A à cefte laindtc Ordonnance, vos Altcflcsiu-Ä rem au nom de Dieu , au nom de la Saindc Marie,

-ocr page 663-

Liure\hui£ließne. 311

Marie , par les fainäes^Euangiles”, amp;’ par le • figue de fa Croix , ïur laquelle aucz vos mains “ * ‘*^‘**1 poféeSjdeprcfter toute faueur,amp; dedônertout « îecours ncceflaite au S. Office dcl’lnquifition “ !gt;: aux Minières d’iccluy contre les Heretiques “ amp;nbsp;Apoftats, amp;nbsp;contre tous ceux qui les fauori- « fent, amp;nbsp;les deffendent, amp;nbsp;contre toutes fortes « de perfonnes , qui diredement, ou indirede- “ ünentempcfchentleprogrczdccefaind Ofli- “ ce ; amp;nbsp;de contraindre tous vos fujeds à obeyr « amp;obferuetles C.onfticutions ,amp; lettres Apo- “ ftoliqucs , données amp;r publiées pour la tuition “ amp;dcfFenccdenoürefainde Foy Catholique, “ contre les Heretiques , Se contre ceux qui les “ croyent, les reçoyuent amp;c deffendent. Sur ces parolles ces deux Princes firent rcfponce que ainfi le iuroient. Et l’Archeucfque adioufta ces mots.'Pour l’amour de voftre faindfermétno- “ ftre Seigneur face profperer vos Royales per- •• fonnes,Scies Eftats de vos Altelfes par plùfieuts “

Si lôguesannées.En aptes vn des Rapporteurs, qui cft là ptefens , demanda à toute la compa-gnée fils ne iuroiét pas de mcfme.Tous refpon-dirét qu’ouy. Alors on comméça à lire les condamnations amp;nbsp;iugements donnez contre tous, amp;nbsp;principalement contre ceux qui eftoict condamnez au feu. Etceux-cy eftoientle Dodeue Auguftin Cazagia Chappcllain amp;nbsp;Prédicateur de fa Majcfté, Françoys de Viucro, Dame Beatrix de Viucro,Dame Alienor de Viucro,Alon-fePcrezPreftre, le Bachelier Antoine de Her-rczuolo, Chtiftoflcdc Occampo , IcLicenti«!

Sf

-ocr page 664-

rtrni ie i’iie lui/i-»'o»

Hifloire de Hongrie quot;nbsp;Françoys de Herrera, lehan Garzia, Chriftofle de Padillia, Ifabelle dc Straba, Ichanne Vclaf-quez,Gonzale Vaez Portugais, Catherine Roman, Dame Catherine d’Üttegua. Iceuxaufli toft que leur iugement fut leu furent jettez aü feu.Mais n cftant pas poihble qu’aucuns ne Ht-firent ftj'auoit quelle façon dc procedure c’eft cefte Inquifition , voulant bien fatisfaiteàvn chacun, principalement en ce qui peurappot-ter quelque vtiliré auec le plaifir au Ledeur, ic vous en d eferiray comme icelle fc pratique en Efpagne , cftant icelle moins cognuë que n'cft fon nom es autres Royaumes. Premicrement ceft Office fut inucté par Ferdinand Roy d’At-ragon, lequel apres auoir chafTé , ou au moins fubiugue le Royaume dc Granade , lequel dc quafi tous les autres Royaumes d’Efpagoe c-ftoit auec longficclc d’années refté feul entre les mains des Mores , ou Sarazins, lefqucls a-uoient dompte l’Efpagne du téps que le Conte Iulian les y appellapour fc venger du rapt,amp; forccmcnr dont le Roy Roderic d’Efpagnc.de Religion Gothicque auoit vfé enuers fa fille Cana. Ferdinand ayant par vnc guerre de dix ans réduit ce Royaume foubs fa puiflànce, amp;nbsp;ayant laiffcviurc les habitans d’iccluy en leur Religion Mahometane,depuis craignant, fuy-uant l’aduis des plus fages de fon Confcil, que cefte pcrmilfion apportaft quelque nuifanccà la Religion Chrcfticnc par la communication frequente que ces habitans auroient auec fes autres fajedsjfe refolut dc repurger entictemet

-ocr page 665-

'Liwc kuiL^iefme. 311

ceRovaumcparpredications.ou patforce.Lcs nbsp;■

Vnsaymercnt mieuxpalTerla mcr .amp; feretiree

en Afftiqucquede thanecr de Religion : Au-trcsattirez par viues rations, ou bien preferans

leur bien à leur Religion receurcni le Bapref-i-Hc. Cefte charge de les conuertir fut donheC auxlacóbins. Iceux l’y employèrent aucc vn grand foing.Mais voyans que leur peine le mô-ftroit entiers beaucoup inutile, trouucrent vnc façon de recherche fur les moins croVans pour par crainte les contenir en l’obferuation de la Foy Chreftienne , laquelle autrernent ils n’ay-rnoient gueres. Cefte façon fut auihotifee par leRoy,amp; confirmée pat le Pape Sixte. Depuis le Roy mefme ayant entendu que ces Moynes ■vfoient d’vne rigueur trop feuere , amp;nbsp;que mef-tne ils y commet'oiét vn abus.Ceftlt; recherche, autrement dite Inquifition , venant de ce mot enquérir, leur fut oftée 8c mife entre les mains des plus füffifans Ecclefiaftiques Seculiers. A icetix fi aucun eft déféré comme mal fcniant de la foy, iceluy eft aulfi toft adiourné pat vn Sergent qu’ils appellét Familier; 8c comparoiflant au ioui(a quoy ne faut faillrr)fil n’adûcnic tien de ccquonl’accufejil eft téiioyeimais on donne charge fcctettcment à vn mouchart de prendre gatd futluy,d’cfpierfesaéfions, Scdefça-üoir quels proposil tient en compagnéc. Si on defcouure quelque chofe de mauuais, avxftî toft

I le rapport ch eft fait aiiX Irtquifitt urs, lefqucls luy donnét derechef aftignatió. Quand il compare le délateur eft caché dettiete vO-è tapiffetitf

Sf ij

-ocr page 666-

Vlifiotre de Hongrie ' pourrccognoiftrc fi c'cftl’accuic, amp;cftantre-eogncu f il tonfeflc librement ce dont il eft déféré,ou que par (ubtils intetrogaroiics on en tire quelque chofe , fil eft cftranger il eft retenu: mais eftaht du pays on le tenuoye le plus fou-uent. Puis on appelle le Curé, par-ce qu’ils ne veulent plus auant entreprendre contre la brebis fans le feeu de fon Pafteur , auquel ils mon-ftrent l’information. Sur laquelle tous, ou au moins trois Inquilîteuts ordonner loubs leurs fcingsvneprinfc de corps. Si l’accufe fuyt on enuoye apres luv vn Sergent de l’Inquifition, auquel on remarque l’aagc,la grandeur, la facC) le poil,amp; autres telles circonftanccs.Ce Sergét, fi le fuyard eft de qualité, amp;nbsp;duquel on craigne la do(âtine,lc pourfuyura par tout, amp;nbsp;fera tant qu’il l’attrappera: Contre les autres la pourfuy-tc n’eft 11 chaude.L’aceufé eftant prins on le dé-faifit auili toft de fes clefs, amp;nbsp;les baille l’on à vn Sergent,amp; à vn Notairc.qui vont en fa maifon inuentoriertous fes meublcs,papiers,ioyauxSt autres t( lies chofes,lcfquelles ils fequcftrent, 34 mettent en déport CS mains d’vn des voifins le plus riche, pour en refpondrc en fin de caufe. Tout ce meuble va au f ifeque fi l’accufe eft cô-uaincu. Le Geôlier mettant ce pauure malheureux en prifon recherche f’il n’a rien fur luy, amp;nbsp;luy ofte tout fors l’habit. Il demeure là huiél iours, iufques à ce que le Geôlier embouché luy confcille de demander audience.Eftant déliant ces Melficurs il eft par eux prié de recon-gnoiftrcfon faitl, de defeharger fa confcicncc,

-ocr page 667-

Liure hui^ießne. 323

ScconfefTcrfon mal,luy promettant tome gra- ■ 4,,-a ce moyennant qu’il vienne à repentance. S’il confeflcjOn ne laifle à 1 uy faire fon procez : Pii ne dit rien, il eft renuoyé en prifon, l’admone-ftans de penfer à fon faiét. On luy baille à fa re-quefte plufieurs telles audiéces fans autre fruit;

amp; ne luy communique-on ce dequoy il eft ac-eufé , par ce qu’on ayme mieux le conuaincrc par fa propre bouche fi d’aücnture entre tant d’interrogatoires il luy aduient de dcfcouurir fans y penfer quelque chofe de fon faiâ.Si l’on ne peur rien tirer de luy par celle voye,on l’ap-pelle,amp; le menace l’on de luy dôner le Fifeque, c’efteeluy que nous nommons Procureur du Roy,pour partie: amp;nbsp;qu’on procédera cotre luy par toutes voyes de dtoiôl. Outre ces menaces on luy prefente vn Crucifix, amp;vn MelTcl pour le faire iurer defius.S’il ne iurc il eft conuaincu, amp;nbsp;fil iure alors on fenquiert de luy, de fon paySjdefes parés,de fes compagnons, amp;nbsp;autres telles chofes dont ils penfent tirer quelques ar-gumens amp;nbsp;prefomptions.Les plus rufez, amp;nbsp;qui Içauent leur façon de procéder, ne refpondent qu’apres auoir veu l’information faiôle contre eux. Enfin on luy communique raccufation poury refpondre : Sciceluy choïfit yn Procu-reur,amp; Aduocat pour ce faireilefquelsprennct fes deffences en main, amp;nbsp;les couchét par eferir, y adioullans des raifons, amp;nbsp;textes de’droiôl : amp;nbsp;puis les baillent aux I nquifitcurs, qui les voyét durant trois iours ; amp;nbsp;apres font venir deuant Cuxl’accufé, S^l’Aduocat, lequel luy confeille

' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;S f iij

-ocr page 668-

Miß o ire de Hongrie

de dire vérité 5 il ne dit ricn,i' cft remis en pti’ fon. I uis A (a rcquefte on luy lit l’information; mais c’tft fans nommer les tefmoirgs, lefqucls illautqliil deuine fil veut les reproch(lt;. En qrioy aduient (ouucnt ce qu’ils cherchent ; qU' crt qu'en fc voulant purger il en nôme,amp; chat-g d’autres, auec iclquels il a eu communicatiô delà 1 oy l.csmi' uxaduilezdemandétcoppie de 1 information , Si temps pour y refpondre. Deux tcfmoins de veue font fuHîfans pour faire conclure à la mort,amp; le Geôlier feul. Vn fuf-fit a la torture, amp;nbsp;chacun peut acciifcr. Le I ro-cureur du Rov eft partie , amp;nbsp;les délateurs font telmoings. Trois iours apres qu’il aura cucop-pie de fon information il fera appelle. Son Ad-uocatluy dcfcouure les plus gricfucs charges, les plus fortes dépofitions,celles qui faccordc't amp;nbsp;qui non;luy dit qu’il faut t^u’il deuine les tcf moings pour les reprocher. Sur ce on luy donne quelques ipurs, durant lefquels ilfongequi font (es ennemis. L’inimitié elt receiiépourre-proche, amp;nbsp;la contradiéfion des tefmoings, amp;nbsp;atrlh fi l’aceufe preiiuc auoir fouuét refifte pour le fait dont il t(t aceufé contre ccluy là mefmç qui l’accufc.Ces iours palTez il prie les lugesde voir fi tç)s Si tels fes ennemis ne font pas ceux qui l’ont déféré. S’il deuine mal,il eft conuain-çuimaisfil deuine hic, on ne luy aduoucrapas: fon Aduoçatfeulemét, lequel n’ofe parler à luy que deuant eux, luy demandera quel reproches il peut donner contre ceux qu’il à noinmcz. J.’Adupçat met les reproches en formelle d’ail-

-ocr page 669-

Liure huiciiefme. 314

leursluy demande fil n’a moyen de fc purger nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ir*

par preuues contraires, cômed’auoirtoufiours efté amy des EcclcfiaHiques , obferuc les ceremonies de l’Eglife.ouy les McflcSjefté à confef-fe, honoré les Croix, amp;nbsp;Images, amp;nbsp;faift autres tels aftes Celle preuuc, qui luy eft accordée, à fçauoir quand il n’y a prenne concluante contre luy,fe doit faire en neuf iours; amp;nbsp;fes contre-tcfmoinsouys on concludle procez apres que le Procureur du Roy à ptins fes conclufions, 5c auant que iuger faut que les Théologiens, qui pour ce fait examinent fort curieufemét, alTcu-rent la doftrine,5c foy de l’aceufé cftre confor- f me à l’Eglife Catholiquc;5cfi la preuue eft bonne on l’abfoult.' Pour le foupçon neantmoins, lequel ne fc peut pas öfter ay fément,felon qu’i-ccluy demeure on aggraue, ou addoucift-on le iugement : 5c nonobllant fon abfolution on le garde encor en prifon iufqucs aptes l’aélc de la ïoy,afin qu’on ne prefume que les Officiers de Vlnquifition Payent fait prendre fans occafion.

Or (1 l’aceufé ne fc iuftific affez, on le condamne à la gchcnnc'.puis auec fon Curé, ou Vicaire on le fait entrer par plufieurs huiftets foubs ' n certain lieu foufterrain fort obfcur ôc hydeux, auquel il trouuc les luges atfis. Là incontinent icprcfcntcle Bourreau couucrt d’vnc longue robbe de toile noire fort cftroite, côme vn lac, ayant la telle ôc vifagc couucrt d’vn chaperon noitj n’ayant que deux trous deuant les yeux. Cecy ce fait pour effrayer dauantage le patient, comme fi vn Diable fe prefentoit à luy pour la

S f iiij

-ocr page 670-

Hifioiretif Hongrie punition de fes fautes. Adonc ces luges luy per-luadent de dire vérité, autremet proteftent que fi on luy rompt, ou diflocque quelque mébre, ou fi fa vie cede à la violence des tourmens que la faute n’en redondera que fur luy.Cela fait on le dcfpouille tout nud fors les parties hontcu-fes,amp; par fignes les luges font cntëdre au Bourreau de quels tourmens il doit vier. Durant i-ceux il clt fouuent admonefte de dire vérité, amp;nbsp;ne voulant iccluy rien declarer ce mattytedute quelquefois plus de deux heures. En fin on le reporte en ptifon , où fe trouue le Chirurgien, lequel en le médicamentant le menace d’endurer encor au lendemain peines plus grandes. Souucnt on met aucc eux en la ptifon des mouches pour efclairer lents aftions, amp;nbsp;mefineon f’enquiert des autres prifonniers fi l’accufé ne leur à rien defcouuert de ce dont il eft aceufe leur promettant en cas qu’ils le vueillent declarer impunité de leurs mesfaits, pour lefquels ils ont efte conftituez prifonniers. Si ce déféré eft de qualité , ou qui le meße de ptefeher amp;nbsp;d’in-ftruirCjOu qu’il aye du fçauoir, ces Officiers fét ferner le bruit qu’il a déclaré en la gehéne tous ces côplices , amp;nbsp;autres qui ont deuifé de la Foy aucc luy , mcfme font tefmoigner par des voi-fins de la prifon,commc ils l’ont ouy crier en la torture. Et fur celle rufe fes confreres voulans preuenirj amp;nbsp;penfans auoir vne peine plus legere , comme les Inquifitcurs promettent à ceux qui volontairement confclTciitleur faute,vicn-ncntcux-mcfmcs fc defcier. Pendant que ces

-ocr page 671-

Liure huiéïiefine, 325 ptifonnicrs font ainfi detenus, fi aucun d’cnttc V' “■ eux tombe malade, on le tranfporte à l’Hofpi- j tal qui eft ordonné pour eux,où il eft bien traité iulques à ce qu apres auoit rccouucrt fa fanté ilfoit remené en la ptifon. Et de peur qu’on leur face faute les Inquifttcurs vont deux fois lemoys aucclc Geôlier amp;nbsp;vu Notaire les vibrer enlaprifon, pour f’informer de leur traite-métjamp;pout furuenir àleurs neccllitcz, amp;nbsp;font punit le Geôlier fil leur derobbe leurs vlurcs, ou fil les incommode en quelque ebofe. En fin cftant venu le iour folcnncl,auquel ils prononcent 8c exécutent leurs iugernés, nommans ce-çy l’Aftc de la Foy, le foir d’auparauant ils font confeffer ceux qui (ont repentans, aptes leur a-uoitfaift declarer deux iouts aupatauant tout ce qu'ils ont debié en ce monde, 8c font veftir des le poinéF du iour deftiné pour l’execution

I laSambenitc à ceux quidoiuét cftre exécutez, qui eft vne robbe iaune fans manches toute

1 peinte de Diables noirs , 8c fur leurs teftes leur 1 mettent vne mitre de papier faite en forme de 1 nbsp;nbsp;nbsp;tour,fur laquelle eft figuré vn homme btullant

1 6c des Diables autour de luy attifans le feu , 8c 1 les bâillonnent d’vn bafton pour leur empef-1 chetlapatolle,j8c aucc vne forte corde leur fer-1 rcntlc col 8c les mains. Aucuns d’entr’eux encor qu’ils ne foitnt du nombre de ceux qui font 1 condamnez à la mort, nclaifîcnt de porter la 1 Sambenite félon la rigueur dont on vfc qucl-1 quesfois contre-eux , pour marque feulement que leur vie a cfté fujetfe à l’lnquifuion,8cnon

-ocr page 672-

Hifiotre de Hongrie

à la mort. Eftans ccs condamnez ainfi vcftus ils font conduits en la place, comme nous auons eferit cy defliis. Ces luges ne fe peuuent aydcf en leurs iugemens que derAnatherne,amp; de Tir-régularité. Et pour celle c.'ufe apres auoir prononcé leurs iugemens, fi c’t H contre vn cóuet-ty adiouftent et s mots,que d’autant qu’ils doutent que celuy-b pour la peur ne face bonne minc,amp; qu’il ne foit faintemét conuerty,crain-tedelailTcrleloupfoubslapcau d’vne brebis, nonobllant fa cóuerfion ils le laiflcnt entre les mains du brasfeculier, lequel ils prient d’vfer enuers luy de mifericorde, ne luy rompreaucu membre, amp;nbsp;de ne tirer de luy aucune gouttede lang.Si c’eft contre vn obftiné qu’ils ayentpro-noncé leur fentéce, ils difent en outre que puis qu’ainfi eft que leurpeincn’a de rien feruy à le çonuertir, ils le Eurent au bras feculier pour le punir Iclon le droit, lequel ils prient toutefois, i’il fe recognoift , de luy eftre mifcricordieux. Ces luges n’ofent ordonner la torture contre perfonnes de marque, amp;nbsp;le Roy d’Efpagne fait grace de toutes peines, qui ne font à la mort. Par ce difcours que ie vous ay faiôl de cefte In-quifition, aucuns aymas la liberté tant en leurs adtions qu’en leurs parolles trouueront eftran-ge celle forme, autres la voudroient en cor plus rigoureufe, voulâs vn chacun cllre comme eux aullere.Mais fi les vns amp;nbsp;les autres confideroiét bien les euenemens périlleux qui arriuent à la fiibuerfion d’vn Eflatparleremucmctdcscho-fçs cllablics pour le maintien de la Religion,la-

-ocr page 673-

Uure huiSlicßne. 316 quelle ordinairement maifti ifc, amp;c excède toutes pallions humaincs,amp; les attire à foy auée v-ne vehemence merueillcule, iceux trouucioiét que le plus expedient feroit pour fe garentir de telle Inquifition de tenir la bouche clofc, amp;' ne difputer, ny parler pat forme feulemct de deuis des préceptes que nous deuos fuyute par com-mandemét. Ce que les anciennes Républiques ont bien Iceu pratiquer à Rome, Se à Athenes; amp;nbsp;comme il eft encor obferué foubs la domination du Grand Seigneur, non fans vn grand cftabhflement Sc foufticn de (on Empire , n’c-ftantmefme permis en toutes fes terres amp;nbsp;Seigneuries à aucun foit Turc, foit Chteftien, foit luif de prcfchcr,ou dogmatifer,mais feulement deviureenfaloy.ainficomme la République de Venife par tradition fecrette garde Sc obfer-uc.Ce n’cft mon fujeét d’extrauagucr plus auât en telles râlions Politiques- Mais me faut retourner àla fait« de mon hiftoitc.

LITRE NETFIESAIE.-

I

'Endant que l’Empereur Maximilian le prepatoit pour fe deftendre,contre les eftorts dcfqucls il cftoit menacé par j le 1 utc, le Roy lehan le mu- If niftani aufli à bon efciét, aug-rnentoit tous les lours Ion armce,tant par nou-welles leuées de foldats , qu’aucc phifieuts Sei- quot;nbsp;'

-ocr page 674-

9S

99 »

99

99

3J

Hifloire de Hongrie gneurs Hongres , amp;nbsp;Tranfiluanicnsquife ve-noient ofFrir àluy volontairement pourlc (et-uir en celle guerre auec bonne compagnée. lehan en auoit gagne ainfi plufieurs par lettres particulières enuoyées aux vns amp;auxautrcs:amp; pour en attirer dauantage fit publier des lettres en qualité de Roy de Hongrie addreflees à toute la Noblefie, amp;nbsp;à tout le peuple du pays, pat Icfquelles ilfcftorçoit deprouuerque fa caufe eftoitiufte, amp;nbsp;les exhottoit à vouloir fuyure fon party, adiouftant ce qui fienfuyt : Le tref-puiliant Empereur des Turcs noftre biefadeur tres-clcmcnt nous à commandé parfes lettres, amp;nbsp;par fon Ambafladeur Zeufic que nous euf-fions à exhorter tous les Eftats de nos Royau-m'es 5e pays,à nous cftrc fiddles, amp;nbsp;à nous rendre l’obcyfTancc qu’ils nous doiuét; nous ayant mandé que ce luy feroit chofe tres-plaifantc amp;nbsp;trcs-agreable quand il fçauroit les Hongres fembrafler l’vn l’autre d’vne finecre affe-” dion, 8e eftre par entr’eux cupides de la côfer-« uereftroitement. Partant fi vous craignez def-” plaire à ccluy qui auec vne puiflance infinie ” peut chaftier ceux qui l’irritent: 8c fi vous auez •’ en quelque eftime la fidelité que vous nous de-” liez, nous vous confeillons tous de nous rcco-” gnoiftre pourvoftre Roy 8c Seigneur. En ce ” faifant ce fera vn moyen pour conferuer 5? ” maintenir ce Royaume tant affligé , de reraet-« tre à repos tous les Eftats d’iceluy, 8c de donner i» à vn chacun particulièrement vne afleurée de-V meure en fa propre maifon : retranchans tous

-ocr page 675-

Liure neufiefwe. 32.7 parlàl’occafionquimeutfi fouuent Solyman « de mettre aux champs vne armée pour les rui- « net; Si de venir luy-mcfme en perfonne faite ce « degaft auec frais infinis lans fc foncier des peni- '• blesjlongs Si ennuyeux voyages,Itfqucls il cô- « uient qu’il face. Pour cefte caufe vous deuex « tous bien prédre garde à vous cc-pendant que quot;nbsp;Ictemps Sclafaifon Si eft encor opportune a- « uant qu’ayez fur vos bras cefte fienne grande « armée,laquelle eft jà partie de Conftantinoplc. « Car alors voyans vos champs tauagcz,vos mai- “ fons brullées, vos enfans captifs. Si vous fepa- “ tez par violence d’auec vos femmes,vous pour- « riezdefiterlapaixcnvain. Poureuitercestui- « nes miferables nous auons bien voulu vous fai “ le expteflement entendre la volonté du Grand « Seigneur, Si fur icelle tcmonftrcr à tous en ge- « ncralquel eft l’Eftat prefent des chofes corn- « munes; Si vous prier en confidcration d’kcluy ” auoit efgard à la paix, Si au repos d’vn chacun, «

I Si vous deliurer par le moyen d'icelle du peril “ 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;de la guerre,Si du danger prelent Si aduenitjlc- “

l quel pend fur les teftes d’vn chacun.Pat ces rai-l fons Si plufieurs autres lehan talchoit à exciter l nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;les Hongres à fuyure fon patty,Si à fe trouuet à

l la Diete, laquelle il auoit aflignée en la ville de \ nbsp;nbsp;nbsp;Torde au moys de Mats, auquel lieu fc deuoiét

l aftemblertouslesEllatsdcfon Royaume pour l aduifet enfemblemcnt à ce qui cftoit nccclfiiivc 1 pourla conferuation d’iceluy. lt;es lettres eftâs l diuulguces, Si en cftant venuéla cognoiffincc • l pardeuaiit Schuendy , lequel pour lois cftoit à

-ocr page 676-

il gt;«

Ki w

Ui

Hißoire dè Hongrie Vngharaucc fon armee : iccluy aufli toll crat* gnant que ces lettres efbranlatTent l’affeôtioB d’aucuns, amp;nbsp;que les trienaces de la grandeur du Turc coiTiprinfes en icelles ne filTent peur aux autres, fit publier celles-cy foubs fon nom du quatricfme de Mars, l’addrcfiant aux Barons amp;nbsp;Seigneurs de Hôgrie; MefiieurS on m’a enuoyé de pluficurs endroids là coppie d’vne lettredî-uulgéefous le nom de lehan Vayuodc deTrari-filuanie pleine de couleurs apparentes,amp; de deceptions notoires amp;nbsp;euidentes: auec Icfquellcs il fefForcc d’eftonner les lujeôls de l’Empereur, comme fi Solyman'eftoit fort curieux du falut.

” amp;nbsp;de la confcruation des Hongres,lefquels de-•’ puis cent ans luy amp;fcs prcdeceflcur-s ont talchc ” auec toute leur püifiance de ruiner entieremét, ’• tant par leurs forces,amp; pat leurs armes, comme ” parles diuifions ôc guerres ciuilcs , Icfqücllesil ” cntretict par entre vous. Et combien que ie ne ” face aucun doute que auec Voftre fidelité, auec quot;nbsp;voftre prudence,amp; pour la grandeur du danger ” proche amp;nbsp;eminent vous ne fçaehiez bien con-” fidercr aquoy tendent telles fubtilitez amp;l trom-’• peries. Toutefois pour vous en efelaircirdaua-* ” tage i’ay bié voulu vous aduertir comme l’Em-” pereur auec toute diligcce, indufirie n’auoiC quot;nbsp;rien cherché plus quela paix auec les Turcs, amp;nbsp;” auec le Prince de Tranfiluanie: de laquelle il c-fpcroic vne bonne fin, au contentemét de tous « vous autres, fi la négociation d’icelle n’eftoit quot;nbsp;cmpefchéeparlcs calomnies , Sc continuelles *’ enuics duVayuode.Etpourvo’en fairepteuuc

-ocr page 677-

Lture neufiefme. 318

11 vous fouuiéc que ccfthyucr dernier fa Maje « ftc commanda que la trefue fe gardaft amp;nbsp;H cxa- lt;c âemcnt que pour en öfter route rupture il fit «e leuetle fiege de dcuant quelques chaftcaux amp;nbsp;fortcreftcs, qui pat nos gens eftoicnt défia fort empreflcz, amp;nbsp;ne voulut que la Tranfiluanie fut forcée par nos armes, amp;nbsp;ce pour le repos amp;nbsp;fa- “ lut de ce Royaume. Or quand la paix, laquelle “ fe traite encor auec les Turcs,ne le pourroit fai “ rcjvous ne deuez pour ce mal douter que l’Em- “ perçut n entreprennevoftredeffence, attendu “ que les forces de l’Empire,Sede plufieurs autres “ Princes Chreftiens zélateurs de voftte falut ne quot;nbsp;lu\ manqueront non plus que , ie croy , vous '* voudriez deffaillir à l’obfcruance de ce qui dé- “ péd de voftve fidelité cnucrsfaMajcftc-, au nom '• de laquelle en faiCmt ce qui eft de vous,ie vous “ puisaifeurerd’vnc paix, amp;nbsp;d’vn repos futur; quot;nbsp;vous priant amp;nbsp;exhortant de fuyute pluftoft ce “ qui eft d'equite , qu’en vous lailTant aller corn- “ medescnfans àdes eftonnemensdeceptifsem-

I brairercequicfthafty fut vn fondement faict “ I nbsp;nbsp;nbsp;contre dtoici. amp;nbsp;raifon ; remettans tous dcuant “

l nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;vos yeux que Dieu en punilfant l’iniufte amp;nbsp;fa- »■

1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;uotifantlc iulle vous aftiftera, puis qu’en cefte ’

1 nbsp;nbsp;nbsp;guerre outre le maintien de ce qui appartient '

l par legitime fuccelfion a Maximilian, il eft autïi 1 nbsp;nbsp;nbsp;queftiondv l’entretien de fa Religion,amp; de no

l lire liberté, lefqucllcs nous voyons eftre aflail-1 lies auec l’ayde du Turc pat ceux qui fauftemét 1 veulent porter le nom de Chrcll ien, lefqucls fe 1 confians iufques icy a leurs armes auront fina.

-ocr page 678-

Hißoire de Hongrie blcmct vnc fin niilcrablc amp;:tragique félon leurs démérites. Aiicc iceux ie vous prie n'auoir au-cune communication, amp;nbsp;vous deffens au nom de l’Empereur d’auoir aucc eux aucune intelli-gcncc,amp; de n’cnuoy et à la Diete que le Vayuo-de pretend faire tenir à Torde , fur peine d’encourir la peine dcué à ceux qui fe rendét rebelles à leur Prince.Enuiron ce temps eftant le Capitaine de Ainathfchcn allé pour quelques fié-

• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, i -l -l

far Iti ncs anaircs en la ville d Agric, ayant pnnsaucc Turcs. foypourluy feruir d’efcortc les meilleurs fol-dats de fa garnifon, les Turcs voifins delà eftàs aduertisparleurs efpions du partement de ce Capitaine, le lendemain qui eftoit le iour de faimâ George, des l’aube du iour fc trouuercnt aucc les efchcllcs fur la muraille, amp;nbsp;enttans par force en celle forterede tuerent tout ce qu’ils trouuerent dedans. En mefme temps les Turcs penfans que leConte de Serin fut encor abfcnE de Sighet vindrenr mettre le fiege deuant cefte place. Mais iccluy cllant de retour de Vienne, où il eftoit allé pour conférer auec rEmpereur deplufieurs chofes concernantes la fotcificario de celle fortereft'e, les Turcs trouuercnt plus grande refiftance qu’ils nepenfoient: amp;eftans venus aux mains ils furent repoulTez fi chaudement, 8c aucc vn tel abbatis que d’entr’eux il en demeura deux chartées de telles, qui lurct portées à Sighet : amp;nbsp;au bruit d’vn fi dur chamaillis ceux qui cftoicntà Cinq-Eglifes ayant entédii vne perte élire aduenué fi grande des leurs fen-fuyrent,8c abandonneret le lieu.Tous les jours

-ocr page 679-

Liure neufießne. 31g

vers Iule,tantoft vers lauarin,Slt; autres heux de la Hongrie, faiCans des maux infinis. Ccr pen-dantl’Empereur eut aduertiflemét certain que Solyman eftoit party de Conftantinople pour f acheminer en petfonne àcefte guerre, amp;nbsp;qu’à grandes ioutnées aucc foixante Sedix mil-'e pet-lonncsileftoitvenu à Sophie , ^ic par Mille cfi Bulgarie, ayant faieft marcherauant luy lîortan Bafchaauec vne partie de l’armée , Si pliiftciits SangiachsiÔc que dauantage il auoit cominan-déauBcglierbcdcla NatoltedepalTer par, 6a-lipoli, nbsp;nbsp;fc venir loindre a luy a Si que défiiil

f’eftoit acheminé aflez pres de Bude, où le l^oy deTranfiluanicl’cftoir allé ttouuer auec,cinquante coches, cinq cens cheuaux bien aiiracz, amp;nbsp;trois cens arcqutbuzicrs à chcuahpoitancq-Uec foy de beaux amp;nbsp;très-riclics ptefens en bagues amp;nbsp;(oyaux. Lors que Solvmanarriua aucc ceftequippage en Hongrie Schuendy rcnoit lc fort de Huft afliege , lequel il auoit cn(cttégt; de plus pres, voulant preuenir vn effort duÆura;

amp; d’autre part au moys de luing le Baftha de Bude feftant mis aux champs auec huift mille hommes de pied,amp; vingt cinq pieces d’artillerie alla mettre le liege deuant Ballotta,qui eft fi-tué près d’Alberegile à huift.llcués de l auarin.

La batterie fut fi ^tieufe par l’eCpacc de huift Paflofaliî iours que toutesles murailles furcht jettées par terre , demeuranslcs aftiegcz en extreme peril ƒ George Tury Capitaine courageux , amp;nbsp;de fin

-ocr page 680-

9 « ? Hifioife de Honnie chant aütoür d’icelle pour fairé rcparer les bref ches,amp; y donneiiclordrcquélébcfoinglere-queroit, fut atteint parle coftè-d’var cfclat de pitrff rompue amp;nbsp;bnlec par vigt;e- balle d’artille-iie'amp; le coup fut fi'violent qü il y t-uida perdre .'lA Vic;dont c’cuftxftc vnc treS‘grandc perte, avant iccluÿ plofieuts feus fouûrau repouHe la violence dcj’pnncmy , comme il aunit faiâ cncôt vn peu deuant ce fiege, quand potitfuy-oant les Turcs de la garnifon •d’AIbci egale, en-femblc le Beg il i^s auoit battusquot;iuiques aux portes de leur villes amp;nbsp;tclicment contr-intque le CSouuerneur d’iccHc aao it üfti forcé de jettet en terre fon rnrb; npourfe fauuer à grand pei--neai eftant recogneu. Ür combien que la piayc tfurdangereufe. toutesfois ilxn guaritvn peua-•pres 5 amp;nbsp;durant ce fiege fit plufieurs faidies fur -les Turcs, Icfqueis apres auoir donné fixalf uts gt;nefai(bient encor que tirer Coups de canon: amp;nbsp;en tirèrent tant durant ce fiege qu’on en ram if-fà dedans la villefcpt cens balles. Les habitans ■ cftoicntquafi en proyc aux ennemis,amp; comme ils penlbient ne pôuuoir plus rcfiltcr, inconti-snent amp;nbsp;en vnanftant ils fc virent deliurezde ce - danger à caufe de douze Enfeignes de gens de fgt;iéd arriuczfrefchementà lauarin foubsleCo-onnel George. Hélfenltain,lequel des le Icnde-■’main defon arriuéc,ayantfait(ortir hors quatre-vingts dix chariots, auec neuf tés hommes de pied, f acheminoit pour entrer en ceftcpla-cc. Let coureurs de l’atmce Turcquefquedcf-couurans celle trouppc,amp; la lugcans plus gran-

-ocr page 681-

Liur^neußefme, 330 de de beaucoup qu’elle n’i ftoit a caufe des chariots,qui tenoient grand place entre les foldats, Icfqucls Icscouuroicnt amp;nbsp;enfermoiét.enuove-rétquelques-vnsd’cntr’cuxcn aduettir II Baf-cha. iceux faifans par leur rapport encor le loup plus grand,foudain le Bafcha prenant l’cf-pouuantc fit retirer fes gés craignant de perdrei foncanon.lly cnlaiffa toutesfois vne piece bri-fcc amp;nbsp;calTce auec quarante caques de; pouldre, amp;nbsp;autres quarante Ci es de farine. U y demeura auüi grand nombre de tentes amp;nbsp;bagages. Cccy fut tiré en la ville. Les brefehes eftoient fi larges qu’i grand peine la portée d’vne atcquebuzc eut atteint d'vn bord à Vautre, rtu leuct de ce fiegclesTurcs fe campèrent près Albétcg.alc,amp; ce pendant le fecours entra en la villes Pour rc-tiaedicr .lUXruinesd’iCellc, 8c adu’fcr àla confe-. quence, on y enuoyadesitigcnieux pouj iugec Il icelle fe pouuoit réparer,ou fil cftoït plus expedient de l’abandonner, amp;nbsp;acheuer de là mettre toute pat terre. Ces accidens arriuans lour-, hclkincnt en la Hongrie firent hafter en plus grande dili^éce tous les préparatifs delà guct-1 rc, fuyuantlefqucls il y auoit pour icelle cinq 1 Regiments de Lanfquenets. Le ptemict enoic foubs la conduite de Renier ; le lecond cfloit mené pat Balderdnn: au tiers comandoit Claus de Hogaft'.le quatricfmc clloit au Conté George de Hclfenftain ; 8c le cinquielme rajicboit fous Volbel. U y auoit au!h vingt mille Rciftrcs amp;nbsp;quatre mille Hongres. Quatre cens atxquc-buziers àicheual eftoierit venus de Sauoyc

Tt 1,

-ocr page 682-

Stctursve-ntt 4 i'Em ferrur pM It' Prtncii tßran^cri.

Stcouri d'ltalit.

Hifloire de Hongrie trouuer l’Empcrvur pour le fei uit en ccfte guet-rc;tommcaulli y eftoiét venus grand nombre de Seigneurs amp;nbsp;Cheualicrs de pluficurs endroits de la Chrtlbencé a leurs defpens, amp;nbsp;en contemplation de la Religion C hrefticnne.S» Majefté les receut fort coin toifement, amp;nbsp;commanda à tous fes Barons amp;nbsp;autres Seigneuis de fon armre d’ainfi en vieren leur endroit,confi-deraris tous comme ictux pour la feule affedio d; luy faircfcruice l’eftoienr venu trouuer de regions iilointaines fans auoir efgard à la def-pcncc,amp; a la peinc.Plufieurs Princes, amp;nbsp;Républiques d’I talie luy enuoyerét fccouts. Le Duc de Mantoue,Gennes, amp;nbsp;Lucques le fecoururét d’arg nt. Le Duc de Florence luy enuoya trois mille hommes de pied fouldovez. Le Duc de Ferrate outre ce qu’il luy delailTa le dot amp;nbsp;mariage de là f mine la Duchefle fœur de fa Maje-fté,.h quel eftoit de i^oooo. florins , pour f'en feriiir , l’allaluy mefme trouuer auccvne tref-belle compagnéc de quatre cens Gentils-hommes,trois cens arcquebuziers 1 cheual, centfa-ladc$,amp; cent hommes d'armes; amp;nbsp;n y auoir pas vn de ces Gétils-hommes qui n’cuft mené auee foy trois ou quatre bôs foldats. Alexandre Bâillon auec quatre Capitaines vint vers fa Majefté. Apres ccftuy cy y arriua lehan Alphonfc Caftalde auec fes troupes. Quelqueptu douant feftoiét aiilli prefentez deuant fa Majefté pour luy faire fl-ruice , amp;nbsp;pour acquérir gloire entre tant de nations quelques Seigneurs amp;' Gentilshommes Anglois : entre lelquels cftoicnt les

-ocr page 683-

Liure neufiepne. quot;nbsp;331

Seigneurs dc Smithc,Richard Greyaevillc,Hc-Chambcinon , Philippe Budshal, Thomas

Conon,5c Guillaume Gorge Capitaine de fin-guliete vertu . De toutes parts on voyoit ccftc atnaêef’augmcnter parla venue de tant de Seigneurs. Albert LasKv Poulonnois pour raifon ^aulinw', de plufieuts chafteaux c^u'il pofTcdoit en Hongrie ne voulut faillit à vne fl belle occafiô, Ice-luy amena auec fov douze coches, amp;nbsp;trois mille Pollacqucs tousveftus à la Hongrefquc pour ne pr ei udicicr.fils eftoient recogneus en habit de leur pays , au Roy de Poulongne qui eftoit en ttefucs auec le Turc.Le Duc de VolfangPa- ^îUmaiw. latin de Ncubourg,ôc Richard fon parét y vin-drent auec fix cens chenaux Le fécond fils du Duc de Bauierc y en amena quatre ces. Ptofpct Colonne, Ange Cæfis, amp;nbsp;quelques autres Sei-

1 gneuts d’Italie fuyuirent incontient ceux qui y 1 cftoictvenusdelapaitdu DucdcSauoyccon-1 duits pat le Duc de Camerin,comme aulTi fit le 1 nbsp;nbsp;Conte Nicolas Gambara ayant a fa fuitte dou-

1 te Gentilslximmcs. Du codé du Royaume de l nbsp;nbsp;Prance fy trouuerent Henry de Lorraine Duc

l de Guyfe , le Conte de Briffac , le Seigneur de l Lanfac, le Seigneur Sttozzy 8c plufieuts autres 1 nbsp;nbsp;Gentilshommes François tous bien armez,lef-

1 quels eftoient partis de France amp;nbsp;venus à Mal

te en faneur de la Religion, par- ce que de plu-

1 fleurs endroits on afleuroit que l’armée Turc-1 quefqne y deuoit retourner. Mais ces bruits fc 1 nbsp;nbsp;ttouuans faux ces Seigneurs apres anoir veu l’I-

talie prindrenc lent chemin vers la Hongrie, l nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T t iii

-ocr page 684-

Hifloire de Hongrie pour fc trouuer en cefte gucrrc,amp; laluerfa Ma-km fit grande dcmonftration du qu'elle receuoit de leur venue. M-ximi-»rt».. e}'uT auoit faiôt dreflcr vnc arm e nauale fur le leDwtt- Danube compofec de douze Calées,amp; detréte Nazâdies, autc autres grol'es Gabarres, fi bien accommodées que les Ibldats qui (floicnt dedans le pouuoicnt garentir des flelches cnne-tnres En ces vaifl'eauxy auoit pluficuts pieces de g, O (Te artillerie, auec les poudres amp;nbsp;boullets neteflairrs, amp;nbsp;trois mille hommes la plus p^rt ItalicnSi Blach Alh piund Cheualiet de Malte, vaillant homme de faperfonne, amp;nbsp;fottexperi-mété iurlamatine,commandoità crfteaimce. L’armée de terre l’achcminoit le long duDanu-be vers laiiarin , auquel lieu le corps de toute rarniéçfedeuoitarrcftcrpourdiuertir le Turc de la Tranfiluanic.ôc le mettre en doute de perdre Strigonie , amp;Budc. L Empereur auoit en mcfme temps commandé à toute la Nobleflc d’Auftriche de monter à cheual, amp;nbsp;démarcher à la guette a leurs dcfpens,fc préparant ce-pen-d..nt pour fc trouuer en perfonne en ion camp puis queSolyman cncorqu’ilfut vieil fc trou-uoit au ficn. Comme ce grand amas d’hommes amp;nbsp;de toutes munitions fc faifoit, les Turcs qui cftoient en campagne vers Albcrcgale, amp;nbsp;vers Sighet, où onattcndoitleBcglcrbedcrArme-nie, qui dcuoit venir mettre le fiege dtuât cefte placcjcommc il fit depuis,couroiét tout le pays-Contre iceux fortit dehors le Conte de Salm, lequel commandoit a lauatimamp;auecleplus de

-ocr page 685-

Liuye neuftrfrne. 33^ gfnsqu’il peut mettre aux champs, fen vint droit I Pallows amp;nbsp;ayant mis cn icellc des viures amp;nbsp;tefraifehv la gatnifon fachemiaa auec vne . . ■bonne troupe dec^ua'lerie vers Vefpnmin,qui eft vne ville grande, amp;i non gucres forte, à deux nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;dt

lieutsdcPallota , faifant fane vn grand rauagc Salm fttr tout autour,fans toutefois f’amufer à aucun bu-tin.pendant que fon infanterie approcboit.Les Turcs qui eftpient dedans, voulans fc preparer àfcdettendre amp;pout ceftcffctl donnansordre proraptemét a beaucoup,de chofes, comme ils déplaçoient deux canons pour les braquer ailleurs en lieu plus commode, vn pan de muraille tomba pat terre.Le Conte en ayant Cu aduer-. tiirement,pi;er)Ant cela pout vn bon augure, SC comme fi Dieu luv ouutoit le palTagc, fait dili-, genter les gens. 1 ceux arriuez quant amp;nbsp;la nuiôfc j la batterie fut differéc au l(endcmain.r Ce-pen-r dmtles Turcstr,uiailloiçnt à rcp.irèr la ruine aduenuë'.amp;^ulTi toft que l’aube du iour f’appa-rut le Cotitcfit chaudement aflaillir la. ville de toutes parts, faifant mettre le f u aux portas, SC les efchcllcs contre les murailles, parle moyen defquellcsen repouflant Vennemy ort jetta le fcufurlestoUtsdcsmaifons, quipourla plus part ne font que de bois, à la mode commune dupaysiamp;lcsvnscntransparlabrtfphesSiles „ autres fejettaBs en bas h^dwiaeut du haut;des .j efchellcsforccrentles ennemis, amp;nbsp;enimirentla P’'** Porten pieces, fereticans les ptinci- ' paux d'entr’euxauchafteau- : mais pour cela nç furent gatétis nonplus que,les auttçs,Cac;voU'

T t iii)

-ocr page 686-

'}Aiflo{rede Vlon^rie lans parlementer furet foudain forcez amp;nbsp;tuez. /. celte pnnfe fut trouuc 5c arrefté vif le Gou-uerneur d’AIbercgale,lequel on enuoya au cha-fteau de PolTon. Furent auffi prins autour de ce-fte ville cinq cfpions Turcs. Ce faid, le Conte fçr chant que dedans Pallota cftoicnt entrez fiou h gainilon d’icelle quelques bandesd Alemans l .ida en celle-cy peur y commander Çi-orgc Tury,lequel auoit fi bien delfendu l’autre. luy baillant des hommes fuftîfammct pout la garder: amp;nbsp;puis fe retira à lauarin, pédant que le ßafcha de Bude pattoit d’Albercgalc,amp; fere-tirnit à Êude pour aduifer à fes affaires. D’autre code lesToldats qui efloiét en garnifon dedans Lcuentefitucaupied des montagnes , f’eftans mis aux eh imps pour affaillir les TiiVcs, furent par iccux mal menez,amp; y en eut d’entr’euxplu-ficurs qui y dt meurerctit prifonniets, 5c entre autres Barthelemy Horuate homme de grande valcuri A cinq lieuts de lauarin . 5c à deux de Comar cft la forterefie de Tara. D'icelle les fol-dats I mperiaux qui cftoiét es places circonuoi-fines receuoiét tous les iours de grandes pertes, citant ce lieu bien muny 3c biê gardé. Le Conte dé Salm defirantd’enleuer ce Fort, Partauec Tautri» fesgés dé^^lauarin de bon marin le vingt-vniel-ftfarlt liie dcFüillét, 3c arriue fur le foirdeuant Tara Ctnteie bien dclibcrcdcnc fè départir de celle entre-Salmfur prjfc fans l’àuoit conquis. Eftant là arriué il ma-2« nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;venîr^deuant foy ( apres la foy donnée ) vn

TurCjleq'ucl il cognôifibit.lceluy par la permil-fion dé fon Capitaine le vint trouuer,3e IcCob-

-ocr page 687-

Liure neufießne. 333 te luy voulant perfuader que tous fes compagnons feroient bien de fc rendre, leur promet-tans à tous de leur donner la vie fauue, ce Turc fit refponce qu’ils auoient pluftoft. bonne volonté de fc deffcndtc vaillamment, cftans d’ailleurs afleutez q le Bafchade Bude ne faudroit à les venir fecourir fils en auoient befoingique toutefois il le rcmcrctoit de cefte honefte offre qu’il luy faifoit, dont il aduettitoit fes compagnons; amp;nbsp;luy promit d’eftre de retour dedans v-ne heure,fi iceux eftoient deliberez de fe rédre, le priant de n’entreprendre rien ce pendant, l’affeurant que de la part de ceux de la ville il ne-luy feroitfait auffi aucun dommage.Aucc cefte promeffe reciproque le Turc f en cftant retourné dedans la ville, dcVhcurc cftant paffce,le Côte ne voyant perfonne venir vers luy de la part de ceux de la ville,fit planter fon artillerie pout commencer fa baterie,contrc laquelle IcsTurcs ayans quatorze pieces de canon ne cefferent de tirer l’vn contre l’autre iufqucs à la nuiû;amp; durant icelle le Conte fit remuer fix de fes pieces en lieu commode pour faire brctche , Se des le matin les fit ioucr fi furieufement qu’incontinent ouucrture fut faite en la muraille. M ais les Turcs aucc vnc extreme diligence repatoient tellement le dommage qu’ils ne laiffoient commodité aux noftrcs de venir à l’affault. Tontes-fois le Conte ordonna pour aller à la brefehe le Colonnel Villardun aucc fes compagnées, cô-mandantàtoutlcrcftedel’armcede fe ranger en bataille. Mille foldats deuoicnt liurct v n af-

-ocr page 688-

Hifloire de Hongrie fault a Of des cfchellcs en paflant l’eau iufquesî la ceinture , ic mille autres eftoieot ordonnez pour aller à la brefehe, pédant que tousenfem-bledonnans hardiment le Conte auec deux autres mille aflailleroit la porte du Chafteau. Les Turcs:fe rangeans aux dcfFcnces tant । labrefehe que contre ceux qui l’cftoient ainfi jettez dedans le folTe, fe defrendirct vaillammétpout vn temps contre eux. Mais la porte fut faulfce: amp;nbsp;le Conte entrant par icelle dedans, les Turcs faifantle deuoirque hardis amp;nbsp;vaillans foldatt fçauroit nt faire en telle neceifité.fut/t tous pat luy taillez en pieces hors mis cinquantc,lef-qucls feftans retirez en vne tour, le rendirent fous quelques conditions. Entre ueux eftoiclc Capitaine de Tara , amp;ccluy qui comm.ndoit dernièrement à Vcfpnmin.ô vn patent du Baf-cha de Bude, tous trois fort eftimez.lceux furet enuoyez à Vienne. Celle prinfc 5c celle de Vc-fprimin refiouyrent grandemét l’Empereur. Le Ghe/lriçi’' Contc Continuant vn fi heureux fuccez fit mat-Vithitin cher fes gens fans les laifler fejourner vers le frmi fur Challeau de Ghcftez, d’où les Turcs ayansap-Iti Turcs. l’mjjutgardcf’enfuvrent incontinent a-bandonnans auec le lieu toutes leurs munitiôs, amp;nbsp;artillerie. Pourpareillc peur ceux qui eftoiéc dedans les Challeaux de Vithain, Hcholchin,amp; autres villages,prindrcnt la fuittc,amp;fç retirerét à Strigonie apres auoit mis le feu à leurs munitions de peur que l’ennemy Pen preualuft. La prinfe.de CCS Challeiux pour eftre fituez fur le chemin qui va de Comar à Strigonie apporta

-ocr page 689-

Liure neufießne.^ 334 grande vtilité aux affaires de Maximilian, parce qu’on pouuoit ayfémcnt f’aduancer iniques en celle ville fans laitier en arrière aucun lieu , qui fut CS mains de l’enncmy; amp;nbsp;mclmenient par ce qu’en ces lieux hault efleuez ordinairement fc retiroiêt vn bon nombre de Mattclos,qui font Payfans larrons, amp;nbsp;fans foy, Icfquels par leurs payfam. ■voleties ruinoiét toute cefte contrée, cftans ces gens icy de force fl robuftequ’auec le courage ils ne fc foucknt d’aucune peine, ou fatigue,ny d’autun peril L’Empereur, lequel ne l'cfloit point encor mis en campagne fi toft comme il auoit deliberé,tant à taifon des préparatifs auf-quels il donnoit ordre encor tousles iours,quc par-cc que les troupes ordonnées pat tous les Eftats de l’Em pire n’eft oient toutes attiuées, amp;nbsp;aulfi par-cc qu’il auoit cfté depuis au vray acer-tenc que le 1 urc n’auoit patfé Belgrade, amp;nbsp;que là il deuoit faire fejout attendant le refte de fon armec , confiderant que les ordonnances tant belles puiffent elles eftrc font vaincs, amp;nbsp;que les hommes traiiaillét pour néant à oeffcndtc leurs villes,fi Dieu ne les veut garder, pour cede cô-fideration ordonna qu’on eut a prier Dieu fans ceffe , commandant foubs gricfucs peines qu’à certaincsbeuies députées au fon d’vnc cloche chacun eut à Vienne à le mettre à genoux, amp;nbsp;prier Dieu, pour le lalut amp;nbsp;confetuation du public, de façô que tous les Seigneurs de quelque grade, ou qualité qu’ils fuflent ne failloicntà defeendre de chêual au fon de la cloclc fe trou-uans lois pat la ville. 11 fit en outre deffendtc

-ocr page 690-

Hi flaire de Hongrie toute forte de jeux.Se autres cfbats plaifans'.ex« hortanc vn chacun à fcfForccr par bonnes œu-urcs à appaifer Pire de Dieu. Ce pédant les Impériaux defirans exécuter l’entrcprinfe de Stti-gonic,amp; mettans et ftc deliberation au Confcil enuoyctent à Maximilian pour fçauoir de luy fon aduis. La tefponcc fut, comme auifi en fut la refolution,qu’il ne failloit (’adrefler auec vne lî petite armée à vnc ville de fi grande importance,laquelle cftoit non moins forte,amp; auf fi bien munie que Bude. Au contraire l’Erapc-reur manda auConte de Salm que poureftrele lieu deTataefloigné du Danube, amp;nbsp;mal-ayfeà renuitailler,amp; y conduire des viures, ileuftàfe retirer de là vis à vis de Comar le long du fleu-ue,amp; l’attendre là efperanr en brief (’aller joindre auec luy.Les Turcs nechômans point d’ailleurs couroiét le pays,amp; à Carpon, où eftoit le Capitaine Brufehitty, prindrent amp;nbsp;amenèrent quarante Payfans,qui meftiuoicnr les bleds, amp;nbsp;furent prins pres la porte du Chafteau, comme ils beuuoient amp;nbsp;prenoiét leur n feftion.Le C a-pitainr picqué de voir deuant fes veux faire vn afte fi hardy, fort foudain dehors amp;nbsp;attrappc trois de cesTurcs,amp; eut arrefté le refte fi fes fol-datsl’eufièntfuiuy. Mais fans comparaifon la perte qu’ils rcceurcnt par le Conte de Serin fut bien autre, iceluy ayant eu aduertiff ment pat fon efpion que HallaSangiach,amp; Gouuerncur de Cinq-Bglifc eftoir venu pres Sighet auec fes troupes,ne fçaehant toutes fois fon delTeing, amp;nbsp;que là il fcftoit campé fc mit foudain aux chaps

-ocr page 691-

Liure neuß^pne. 335 jour le rencontrer; amp;nbsp;l ayant trouuc endormy Caffaillitau defpourueu,amp; ne pouuâs les Turcs ainfiprinsenlutlault fc ranger en bataille , la plufpart d’eutr’eux furent arteftez prifonniers, Sc Its autres jettez en l’eau, amp;nbsp;de ceux qui furet tuez en fut porté à Sighet nouante amp;nbsp;quatre tc-ftes , auecleize mille ducats plufieurs beaux barnois, plufieurs chameaux, mulets, vaifTellc d’argent.pauillons SiC autre telle defpouille. Le Sangiach en fe deffendant vaillamment y perdit vne main ,Sc fut contraint fc rendre. Enfin «O*!!' l’Empereur ayant receu le fecours qu’il atten FerJiiMni doit, déclara Ferdinand Archiduc d’Auftriebe L»ewfi«4i fon ftere fon Lieutenât general en cefte armee, duquel eftoit Lieutenant le Conte de Schuart- f zemburg ; amp;nbsp;donna la charge de l’artillerie à Mdximïl. Paul de Zata; amp;nbsp;le douzicfmc du moys d’Aouft fanfnn.

fa Majcfté partit de Vienne auec VE nfeigne Imperiale,à laquelle commâdoitle Seigneur d’A-tachayant foubsloy pour'.ieutenant le Marcf- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,

chald’Vnghemad, amp;nbsp;dót le Guidon eftoit por-y'quot;“'***'»' té parle Duc de Pomerauic. Sa Majeftéf’achc-minavers Altcmburgdiftant dcuxlicu’és de la-uatin pendant que toute là cauallctic de Boheme fe rendit à PofTon,laquelle eftoit compoféc de fept corncttcs;amp; en outre y auoit mille ehe- Mara»€s, uauxmarchansàleursdKfpensfoubs la charge deTcufcl, 8r douze cens autres conduits pat le Conte Gonthet de chuartzburg. Les Mora-ues, Slefiens, Lufatiens faifoient encor vnc

belle cauallerie. Vratiftauie auoit enuoyc trois

censcheuaux. Toutes ces troupes auec autres

-ocr page 692-

î-îongrie

rule«

Sohmiin tmut en Uen^TU.

qui fuyuoicnt Maximilian faifoicnt bien diX mille chcuaux fans ceux qui cftoient defia à la-uarin amp;nbsp;a Comir. Toute I’armce 1’eftant redufi à Altcmburgl’Empereur Pacheminaa lauarin, eftant cn mefme téps arriuée à Comar Parmee nauale dcfcédant le long du Danube. Aulïï tort fc dreflèrent pkificurs eicarmouches, cfqiiclles pour la plus part les Impenaux auoiét du meilleur. Pour fortifier dauanrage l’armée, fa Maje-fté fit venir les autres troupes qui cftoiétàCo-mar,efperant entreprendre fur Strigonic,amp; par la prinfc de cefte ville diuettir le fiege qu’on craignoit deuoii cftre mis parl’ennemy deuant Sighctamp; Iule. Cardedonnervne bataille, encor que la neceflîte y fur,il n’eftoit raifonnable pour ne mettre en hazard le total de l’Empire loubsvnfaiâ d’armes qui eft tqufiours incertain amp;nbsp;douteux:amp; d’autre-part J’Empereur n’a-uoit point tant de forces qu’il fe peut afleurcr d’vne viôtoire. L’entreprinfe toutefois de Stri-gonic fut encor lors dilFcrce pour quelques bons refpcôls. La delTus nouuellcs vindrét que Solyman auoit pafic le fleuuc de la Tifle, amp;nbsp;ce-, luy du Danube, amp;nbsp;qu’il eftoit defia au deflus de Sighcc,ayant faid faire cn grande diligence auprès de celle ville vn Pont fiirlc Drauc pour le paflàgc de fon armee. Pour lequel faire il auoit enuoyé deuant vingt cinq mille hommes. Ce Pont fut drefié cn feize iourscncor qu’il fut lôg de cinq mille cinq cens bralTcs, amp;nbsp;large dequa-torze.’ amp;pour la fabrication d’/iceluy on vfa d’v-ne infinité de barques liées auec chaifucs de fet

-ocr page 693-

, Liure nettfiefîne. 5^6 aulieu de pillotis , defqucls on ne fe pouuoit feruir pour raifon de la profondeur du flcuuc. Quelques iours .uparauant Soliman auoit dô-nélaihargc du frege de Sigbet au.Bafcha de là solyman BoiTine,amp; a celuy d’ArmenicrMais ayant enté dulapcrtedeTata , amp;nbsp;dc'Vefpriminil les en- !’«»• uoya au fccours du Bafcha de Budc,amp; donna la

conduite de ce fiege au Beglctbe de rArrocnic. Iceluy f’y achemina promptement, amp;nbsp;fe campa à vnc lieue près la fortcrclTc. Soly ma f’y ttouua vn peu apres. Cefte ville eft fituée en Hongrie fur les confins de Croatie au milieu des eaux ÔC AfCn'iw

U

matctsqui 1 enuironnent pour les nois parts par Vefpacc de plus d’vn mil, amp;nbsp;du Cefté de terre ferme elle n’a qu’vne aduenuë , laquelle eft dcffenduëdc deux gros boullcuards faiôs de terre, ôc de bois bien lié, amp;nbsp;cheuillé enfcmblc. Elle eft compofee de deux Bourgs réduits en forme d’vnc bone fortctcfle,aucc s n Cbatleau clos de quatre courtines en quarréj Entre l’vn Sel autre y a de bons fofttz profonds pleins d'eau courante. En cefte place commandoit ; poufl’EmpercurNicolasEfdrin Conte de Sei rin.duqucl nous auons cy deuant^patlé fouuét. Iceluy cftoit nepueu du Seigneur Torquat à caufe defa fœur , Sceftoit pourucu de l’Office

Sicola/ £fdrin ci te de Stnn {omtnandt

dcBanamctés Royaumes de Croatie, Dalmatic amp;Sclauonic,qui vaut autant comine Baillif, ou Scnefchal; amp;nbsp;en outre il eftoit Mundfchéc-ken de Hongrie, c’eft à dire Gtand-Jlouteiller'-amp; Capitaine General pour l’Empereur ésenut-rons du Danube, llauoitcftc prtfent au fiegc

-ocr page 694-

Hißoire de Hongrie

de Vienne, lequel cy deflus nous auons d’eferit es premiers liurcs : amp;nbsp;pour fa vaillance qui fut en ce fiege cognuë amp;nbsp;remarquée d’vn chacun,, il fut recopefé d’vn beau cheual,amp;d’vne chaif-ned’or, il feftoitauffi alTez fait cognoiftreaux “ guerres de Pefthcamp; de Bude.CeCapitainc Hó' gre de nation auoit cnlceftc place douze cens foldats pour la dcffcnce d’icelle. Le Turc pour empèfchcr fort Maximilian outre le liege de celle plate auoit enuoye trente cinq mille hô-mestâcTartarcsqucTurcspourraettrc le fie-ge deuant Iule. Mais les eaux les cmpclchcrent de ce faire:amp; à leur retraite ceux de dedans lïrét vnc fortic, amp;nbsp;donnèrent fur la queue fi chaudement que plufieurs des ennemis y demeutetet. Quelques iours aptes les Turcs y ellans retournez alfiegerent celle place fort ellroitemct ca-nonnans la ville auec grofics pieces: mais fe rc-fi oidiHàns amp;nbsp;fanngnchali fians,ccux de dedans voyans leur contenance firct vnc faillie la nuit: amp;nbsp;furprenas ainfi l’cnncmy en tucrét plufieurs amp;nbsp;firent rcculler les autres, tellemenr qu’ils demeurèrent maillres de leur artillerie, laquelle ils cncloucrcnt ne pouuans l’ennemy l’cmmc-ncr.Lcs Tartares qui pouuoicnt lors facillcmet alIaillirSchocndy , lequel pour lors n’auoitpas beaucoup de monde auec foy, ôc qui a celte oc-cafion importunoit iournellemcnt l’Empcreuc pour auoir du renfort, ayans iceux prins quelques villageois,amp; ayans fccu d’eux par parolles fuppofecs que Schuendy auoit auec foy vingt mille homes, fur telles parolles pnndrcnt telle

ment

-ocr page 695-

Liureneufießne.

ment l’cfpouuantc que foudaincmcnt ils Icuc-^^ rent le ficge;amp; courans par le pays d’autour nit-rent le feu à cinq villages, vfans d’vnc merucil-Icufc cruauté pat tout, fans auoir cfgard à aucû fexe, ny condition, ains fuyuans leur coultume batbarefque mirent tout à feu amp;nbsp;a fang,Ce-pédant les Turcs apres les batteries, amp;nbsp;brefenes faiétes àSighet , par le moyen de haults terre-pleins que Mehemet Bafcha, commandant à toute l’armée, auoit faiôk leuer, auoient donné huift furieux aflaults ; amp;nbsp;le vingt neufiefmc d’Aouft.ils en donnèrent vn general qui dura vingt-quatre heures.M,ais les ailiegez fe deffen-dirent lî couragculement qu’apres auoir tué grand nombre des ennemis, amp;nbsp;prins le Capitaine des lanilTaircs, touftours les repouflbicnt vaillamment. La puanteur des corps morts e-ftoit fi grande que Solyman fut contraint fc reculer à quatre licuê's loing Serin vovant auoir perdu en ces .aflauts beaucoup de fesges fit mettre le feu au premier Bourg, amp;nbsp;fc retira és deux autres fotts.Ceftc retraite donna oecafion aux Turcs de prefenter encor »n autre aflaut le iout delà dccoiation de fainft Ichan , fc fiant Solyman à ce iout, lequel il cftimoit pourfoy bien heureux en toutes fes batailles, ayant en iceltiy obtenu celle notable amp;nbsp;infigne viftoirc qu’il eut Contre Louys Roy de Hongrie, amp;nbsp;ayant en f areiliour conquis la ville de Rhodes,amp; la. vil—

e de Budc,5lt;: deffait en bataille l’armée du Roy de Perfe. Ccd heur toutesfois faillit aux Turc» pour ce coup, amp;nbsp;furent encor vaillamment ic~

V V

-ocr page 696-

Hffloire de Hongrie pouflez. Le lendemain qui cftoit le trentieffflt iour du nioys, ils retournèrent encor à l’afTaiilt auec vue plus grande furie, amp;nbsp;aucc vn tel courage que leurs fcnfcignes furent vcucs fur le repart : mais neantmoins ils furent rebouttcz de mclme auec vn grand carnage d’entr’eux.Soly-man confiderant la longueur de ce fiege, amp;nbsp;1» vaillance de Serin fit ofirir à ce Capitaine vn trelbon patty fil vouloir fe rendre à luy. Mais ccsofires ne pcurcnt clbranler la foy que ce Conte auoit iurée à Maximilian,Ce-pcndantfi l’Empereur eut eu de bones efpics qui l’culTent informé de là vérité de tout, ou qu’au moins il eut voulu adioufter foy aux rapports qu’on luy fit.il eft fans doute qu’auec vn grand heur il eut mis fin à celle guerre : par-cc que lors fut prins vn Turc d’honefte côdition, lequel apres auoir demandé liberté iura amp;nbsp;afferma fur la tefteque Solymanelloitmort. Ce quielloit confirme -par quelques autres indiccs.L’Empereur toutefois n’en voulut rien croire, cftimant qu’eftant telle chofeaduenuë il ne feroit polfibie q l’armée Tutcquefquc fut en tel repos , ny fi bien gouucrnéc. Mais la prudêce amp;nbsp;l’indullric mer-ueilleufe de Mehemct Bafcha Seigneur très ad-uife fçcut fi bien conduire ce fait, que non feti-Icmcnt il cela la mort de Ibn Seigneur: mais en-corafleura l’Empire à celuy à qui il apparte-noit: amp;nbsp;ce qui n’cft encor moindre cóteint vne fl grande armée en l’obeyllànce militaire,retint la fureur amp;nbsp;fedition des lanifiaires, conferuale trcfor,amp; obtint vne fignalec vidoirc.Solynian

-ocr page 697-

Lture neufießne.

338


tftoit venu en Hongrie auec vnc puiflantc ar- 1 's mée de cent cinquante mille hommes, laquelle •’,v il auoitfcparéc en pluGcurs parties , dont l’vnc nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;«

eftoit vers Iule es conftns de Hongrie joignant laTtanGluanie, Sc vne autre vers Sighet fur les marches de la Croatie. En icelle eftoit (a plus grandeforce, amp;nbsp;y eftoitluy mcfme en perfon-ne, ahn que fa prefcncc encourageaft dauanta-geles foldats a laprinfe de celle vide.Mais ay't ^ort de )à attintl’aage de loixante amp;nbsp;feize ans, amp;nbsp;eftant Solymarti cafte pour les fatigues d’vn G long vovage , 6c dauantureayantle courage abbattu pour voir fesgens en tant d’aflaults repouflez auec vne grande boucherie d’entt'eux, n’eftant plus en luy (poflible) cefteaccouftuméc vigueur d’e-fprit,auec laquelle il auoit auparauant mis a Gn heureufetant 6cde G belles entreprinfes,lcshumeurs de fon corps fe corrompans , vn flux de ^nglefaifit, lequel en peu de .oursVcnleuadc ce monde. EtparainGontrouuaeftre aduenu veritable le pronoftic,qui au moys de May precedent auoit efté fait fur la teuolution annuelle

de ce Prince, à ceux qui auoienr efté curieux de fçauoir ce que le Ciel promettoit de cefte guer-re.Ccftc pronoftication contenoit que l’E mpe-leur des Turcs y mourroit, Gdauenture il n’e-ftoit deffait amp;nbsp;rompu par les Chreftiens, non- Solyman. obftant le grand amas qu’il faifoit contre eux.

MchcmecBafclia voyant fon Prince mort, amp;nbsp;la P’’»’««» place de Signet cncot en ion entier, ÖC entre les mains d s Chtcfticnsjugea foud.iin qu il eftoit

Vrenofli-cation de la mort de

«xpcdicnt de tenir cefte mort Cccrccrc, amp;ce tant Biißlz».

-ocr page 698-

mßoire de Hongrie pour la continuationjdc cc ficgc amp;nbsp;prinfc du lieu,que pour la conferuation de l’armée, amp;nbsp;du trelor , qu'auffi pour mettre en poflèflîon de l’Empire le nouueau Sultâ Sclin, à qui de droit il appartenoit. Sutceftetefolutionil depefeha promptement vers le Eafcha de Conftantino-ple,pour l’aducrtir de la fortune qui eftoir arri-uce;amp; luy manda ce qui cftoit bcfoing de faire. Puis auec vnc finguliere rufe, fçaehant que les foldatsf'ennuyoicntfilsnevoyoient leur Seigneur , il fit veftir le corps de fes habits accou-Aumez , amp;nbsp;l’ayant mis en vn fiege haut dedans fon pauilîon, en fit méftre de lomgà tous,fans qu’aucun peut recognoiftre qu’il fut mort. Cela ainfi bien inuentc Mchemet fortit hors du pauilîon,amp; prenant la parolle commença à encourager les lantfl'aites, les exhortât à faire leur dernier effort à l’affault de Sighet. Mais durant fis propos le refouuenant que fon Seigneur e; ftoit mort ne peut pour la douleur griefue qu’il fentoiten Ion amc fe contenir de pleurer. Et comme cefte paflion cftoit poignante, fa prudence pour la couutirfutaulîi prompte , tellement qu’aduifant foudain que fes larmes don-noientaux loldats quelque apprehenfion, Si quelqueafleurance de la mort de leur Prince fur quelque petit bruit qui en auoit défia couru par le camp, vfant d’vn braue ftratageme en dilfmulant prudemment fa douleur intérieure aejoufta à fes propos qu’il ne plcuroit point la mon de Ion Seigneur, comme il fi mbloit qu’il leur cftoit aduis,Jcquel, graces à Dieu, cftoit

-ocr page 699-

Littre neufiefme. 339 plein de vic Schors de tout danger. Mais bien qu’il pleuroit la mifcrablc amp;nbsp;piteufe condition de toute Tarmcc , par-ce que leur Prince auoit fait vn fermét inuiolablc,cn fc touchant la poitrine Sc la tefte, quclîdcdanapeudciours Sig-hctn'cftoit prins 11 les vouloir tous faire mourir fans remiflîon, aucc vne cruelle Sc eftrange forte de mort.Mchcmct par ces parollcs Ôc p!u-fieurs autres animant vn chacun,vne enuie fin-guliere de combatrCjSc de retourner aufli toft à l’alTiultjfaifit tousles földats,Sc par fus tous les laniflaires.f'opiniaftvans tous d’y faite leur dernier effort,ou d’y l’aiflct la vie. Sur telle refolu-tion,apres auoir donné ordre à ce qui apparte-noit à vn tel aflautjtous les foldats courans d’v-nc grande ardeur à la brefehe, amp;nbsp;à l’efcalladc le fixicfmc de Septembre furent ncantmoins re-i pouffez, auccvncgrande perte d’vnc part Si d’autre. Mais les ennemis ayans moyen de leur refraifehir, Sc continuans leurs coups vindrent encor le lendemain à la brefehe pour la dernière fois, aucc vne mctucillcufc furie , amp;nbsp;auec la plus grande force qu’ils n’auoicnt point encor faitjSé combatans les vns Sc les autres entre l’c-fperance de vaincre Sc peur de mourir,on voy-oitvn terrible efbranlcmcttantoft d’vn cofte, tantoft de l’autre. Le Côte de Serin faifantlors le dcuoird’vn tres-aduife Sc trcs-vaillant Capitaine,cncourageantles liens couroit çà Sc là,3C ne dcffaillât ny à foy, ny à fes foldats paroilf )it plus grand quefoy mcfmc. iceluy voyant que l’artillerie de l’cnnciny auoit pouffé le feu en la

V V iij

-ocr page 700-

Hiflûire de Hongrie

fortci cffe cftonné de cela fait ouurir la porte,Si ayant braque vn canon charge de pluficurs menues balles à l’entrée d’iccllc, amp;nbsp;faid nicttrclc feu J plus de cent Turcs furent terraflez de ce coup,amp; foudain le Conte f aduance fur le Pont le coutelas au poing, amp;nbsp;le rondachc au bras, e-ftantfuiuv des ficus, klqucls cftoient de douze cens réduits à cinq cens leulement, amp;fc jettans tous parmy les ennemis combatoict valcureu-fpnient Serin ne voulut ianaais fc rendre, encor que les Turcs le priaflent de ce faire , defirans l’auoir vif entre leurs mains ; ains combatant

Jlfai-t iu Conte de

$erin.

Trinfe Je

toiifiouts courageufement au milieu des ennemis , engendroit defoy vnc vaillance incroyable: amp;nbsp;maniant ainfi les mains auec vnc telle ardeur démefutée, fut attaint en la poitrine d’vn coup de pique. Mais craignant d’abbailTer le courage des fiens cclla celle blcfTeurc le plus qu’il pcut,iufqucs à ce qu’il fut en fin blcflé grâ-dement en la telle d’vn coup qui le redit mort. Et combien que les foldars ne fe relafchalTent, toutesfois iceux ne peurent plus faire telle rcfi-ftance qu’ils faifoient auparauant, tant peut es Sf fcrt tgt; cœurs des foldats la prcfcncc du capitainc,d’ou InTurfs'^ aduintqueSighetfuraufli toll prins, amp;nbsp;tous ceux qui elloicnt reliez , Icfquels à quelques jours de là furent tous cruellement malTacrez par les Turcs. La telle citant arrachée du corps de cc vaillant Conte , icellc fut enuoyée par le Bafcha de Rude au Côte Ecchic de Salm cnuc-lopée en vnc piece de velours noir, auec lettres niilliucs, par lesquelles il luy mandoit qu ayant

-ocr page 701-

Liure neufiefme.quot;* 340 enté Ju que ce braue guerrier qui auoit fi fidcl-leroét fouftenu le party de fow Empereur, eftoic-fon parent amp;nbsp;amy , il auoij bien voulu luy en-uoyer fa telle,afin que ce fut vn commenccmét d’obligation de mutuelle amitié pat entt’eux, luy mandant qu’il auoit faiâ: inhumer le corps honorablement. On croit que le Bafcha fit cell aóle plus pour luy donner de l’ennuy , amp;nbsp;quelque ellonnement, que non pas pour aucun office d’humanité , ou courtoific qui fut naturel-Icmét en luy. Cefte telle fut portée par vn Pay-fant à Comar,amp; de là à lauatin au câp de l’Em-pereur-.vets la Majcllé duquel fe vint lors pto-llerncr à genqux vn fils de Serin , pour le fup-plier de luy vouloir tenir lieu de pcrc,amp;: à toute la famille.L’Empereur le rcleua de fes mains,amp; luy promit de luy ellre bon tuteur , amp;nbsp;feruit de pcrcà toute famaifon..Ce fils apres auoir prins, congé de l’Empereur,cllant fuiuy d’vn bon nô-bre de Gentils- hommes, f’en alla à la fortcrtiTe d’Iskachaturn, amp;nbsp;y faifant conduire la telle de fon perc, la fit enfepulturer honorablement a-ucc vne grande pompe. La ville de Sighet par-uint en celle forte és mains des ennemis, cllant icelle ouuctte de toutes parts par la violence de l’artillerie. L’Empereur y perdit iniques au nô-bre de cent pieces de canon , Icfquellcs Serin, voyant qu’il n’y auoit plus d’efpcrancc , auoit fait charger iufques à la bouche,amp; en iccllt fait mettre le feu, en forte qu’elles furet toutes caf-ftes amp;nbsp;brifccs. Si ce Conte eut eu des loldats à fullifance,iamais ne feut veu réduit à ce poinâ

V V iiij

-ocr page 702-

l/ißoirc de P/on^ie

n’ayât faute ny d’armes,ny de viurcs. De Jouie cens foldats qu’il auoit au commencement du ficgc, il n’y en eftoit refté plus de cent dix lors qu‘11 fut attaint du coup mortel. Par cefte perte la porte fut ouucrte au Turcs pour trauailletlc ri lie de la Hongrie. Car de ce lieu ils pcuuent courir fans aucun empefehement iufques à la ville de Sopron dite Odemburg,êc iufques aux murailles de Polfon Entre les plus ftgnalez qui moururent en ce fiege de la part des Turcs on remarque Alipartu Balcha, lequel pourlefaid de la marine eftoit tenu en fon temps pour tref-expert, amp;nbsp;pour vn des plus vaillans de tous les Capitaines Turcs. Apres celte prinfcles Turcs f’efpandirét par courtes en tout iepays, nref-me à la veue de l’Empereur, defplaifant au pof-fîble de cefte perte, amp;nbsp;de la mort de Serin. Pat ces courfes le pays fut fort endommagé, eftant la fortune entièrement fi fauorable à l’enncmy que n’ertant icelle contente de luy anoir apporte vn tel heur, elle y adjoufta cncorlegaingde la ville amp;nbsp;fortereftede Giule,laquellecn latnef-me femaine vint foubi la puiflance du Turc,en-cor que cefte place fut eftimee inexpugnable. Chcr^r Capitaine Ladillas Cheretsken y comman-doit.Iceluy fe voyant alfiegé par vn long amp;nbsp;da-»«»w il gereux fiege, amp;nbsp;pou fie d’vnc deffiancc de pou-Ctult. uoir plus louftenir, ou pluftoft (corne l’on dit) pour les grandes promeftes que luy fit Portau Ciulepri- Bafcha , fe rendit à luy par compofition telle, f, parles qu’11 pourroit fc retirer armes amp;nbsp;bagUes faiiues, Tifres. auechoftages pourafleurâce de la capitulatiô,

-ocr page 703-

Liure neußepne. 341 lcfquclsraccom|)agneroictamp; les fiens iufques en heu de feurete, êc que l’artillerie Turcquef-queferoit déplacée amp;dcftoutnéc en lieu d’oà elle ne pouuoit l’endommager.Soubs telles cô-ditions le Capitaine eftant (orty dehors, iceluy fut mené deuant le Bafcha , amp;nbsp;pendant que les autres f acheminoient,n’eftans pas encor à mille pas deux grandes compagnées de Turcs les vindrent charger. Iceux fcvoyans ainG deceuz fe raagetet tous enfcmblc entre leurs chariots, amp;nbsp;fe deffendirent pour vn peu de temps vailla— ment, ôcmcfmemeivles Allemans , lefquelsà coups d’arcquebuzades tuerét pluGcurs des ennemis. Maiscnfineftansfurmontezd’vn plus grand nombre, ils furet contraints ceder àl cn-nemy, qui les tailla quaG tous en pieces , exceptez quelques-vns qui fe fauuerent, entre lef-quels fut Bernard RotenauCapitaine Allemâs, lequel feftant puis apres prefentedeuât la Ma« jefté Imperiale, aceufa Cheretsken de trahifon ayant iceluy fait accord fans le feeu de fes compagnons. Toutesfois pat le rapport d’vn foldat Hongre,venu puis apres au camp, on feeut que le Capitaine auoit conféré de celle reddition a-uec les AHcroans,amp; qu’iceux à la vérité ne vou-loientpasau commencement fc rendre : mais . que puis apres vaincus par les pTomeflrcs,amp; grades pctfuaGons des Turcs,ils f’y cftoiét confen-tis. Auprès d’Alberegalc il y auoit vingt mille Turcs campez amp;nbsp;réparez de bonnes tranchées, lefquels faifoient pluGeurs courfes vers le camp Imperial. L’Empereur voulant réprimer cefte

-ocr page 704-

Hißoire de Hongrie infblence, choificquclques-vnsdc Ton armée, amp;aucc que Iquc peu de foldats, les enuova def-couurir. Puis ayant premièrement enuoye au camp du Turc des efpics pour fçauoir comme l’ennemy fy comportoit, iccuxmarchans dc-uant, amp;nbsp;ayant rencontré ceux qui cftoient en garde, amp;nbsp;les ayant veu bien armez f en retournèrent pour faire récit de ce qu’ils auoient veu, amp;peu cognoiftiedc la contenance des ennemis.Les Impériaux nonobftant toute autre difficulté, eftans fortis.facheminèrent vers eux, amp;nbsp;marchans diligemment les furprindtent, amp;nbsp;les aflàillans à l’impourueu les mirent en fuitte, tuans quelques autres qui eftoiét allez aufout-rage. Cefte nouuelle eftant portée au camp de l’Empereur,les Hongres, les Bourguignons^^ les Auftriens fe mirent courageufement aux champs,amp; pourfuyuans les Turcs, qui fuvoict, en tuèrent aucuns,êeprindrent les auttcs.Geor-gc Tury ayâtrccogncu entre iceux le Sangiach d’Alberegalc Grand Confcillcr duTurc, lequel il pouuoit bien rccognoiftre pour ce-pendant qu’il eftoit à Pallota auoir efte fon voifin,amp; l’a' uoirpourfuiuy fouuentcsfois pour le prendre, fe lança hardimét au milieu de tous, amp;nbsp;le pour-fuyuit défi près , que combien que fon cheual 1 uy fut tué foubs luy,toutcsfois eftant remonte promptement d’vn autre, le print vif amp;nbsp;le mena prifonnicrà l’Empereur: De la main duquel pour vn-aéle fi valeureux il fut faiél Cheualier, amp;nbsp;leSangiachfut conduira Vienne , où il demeura long temps priionnier. Vne autrefois

-ocr page 705-

ure neufiepne. 34t cftans fottis du camp quinze cés cheuaux pont । ƒ rencontrer quelques Turcs , iceux pouflerenc iuiquesà Ifcocaky appartenant aux ennemis, deux mil loingd’Alberegale, Mais ils ne firent aucun exploiâ, ne fc failant entre les deux caps que des legeres cfcarmouches.efqucllcsGcorgc Tury plus d’vne fois donna la cfiafle aux ennemis,amp; rapportad’eux de bon butin,En ce mef-mc temps l'Archiduc Charles eftant à Babolca mit en routte vn Bafcha,auec quatre mille che-uaux , pres le fieuue de Slcuuc , 8c fans doute l’cuft prins n’euft efte la proximité de l’armée qui eftoie à Sighet, fc retirant au Chafteau de Carotua, place tres-forte, qui eft fituée cnl’iflc qucfaitleDraue 8c la Murc.Toutes ccscourfes f’augmenterent fort depuis la ptinfe de Sighet, 8c les Turcs pilloicnt, brufloient 8c gaftoient tout iufques auprès deSabar, diftât deux lieues du camp Imperial. Par ces couvfes plufieursCa-pitaines expérimentez és façons de guerroyer / duTnrCjCroyoient que Solyman fc vouloir reutet en Conftantinoplc,8c ce d’autant plus que ils auoient entendu qu’en fon armée il y auoit grande cherté de viures, 8c qu’on en auoit tiré de Bude Sc d’Albcregale pour y conduite. Davantage ils difeouroient que Solyman cftoit mort, 8c que le Bafcha donnant au pays celle dernictc ruine,vouloir partir auec le comble de faviéleire. Toutesfoisilfembloit que ce fut çhofcnouuellefil ne futuenoit queique fedi-. tion en cefte armée , fçaehans qu'en cas pareil . 1rs Turcs font aflez ayfez à fc mutiner. Mais

-ocr page 706-

Hißotre de Hongrie

Mchcmctcntretcnoit ces courfes auec vne in-dultric pour retenir fon armée , amp;nbsp;celle des ennemis,attendant de iour en ionr la venue deSe-lin leur nouueau Empercur,amp; filsdeSolyman, auquel il auoit mandé qu’en la plus grande diligence il eut à partit de Conftantinople. Lors Sihmßli que Sclim receut la nouncllc de la mort de fou ©• fitecef- pcrc, il eftoit en la plaine de Saraiflà trois ioiir-nées loingde Conftantinople , en vn lieu dit ** Chiefredy, lequel appartenoit à Sinan Bafcha.

Ayant en ce liea receu les lettres de Mchcmet, fbubfljgnées des Capitaines A ga,amp; du premier Médecin, il partit le dix-feptiefme de Septembre pour aller à Conftantinople auec tous les gens qu’il pouuoit auoir lors auec fov, amp;nbsp;eftant arriuc à Scutari, Boftangy Baffi Chef des lardi-Cfrwo- niers , qui a la garde du Palais du Roy, alla au *7* douant auec vne fufte ordonnée pour la feule il perfonne du Grand-Seigneur, eftant icelle fort S«^»»ri»r bien amp;nbsp;richement parée , ôc accompagnée de , mCmfli. plufieurs beaux icuncs hommes magnifique-mentveftus. Sclim auoit premiercmct enuoyé plufieurs lanifiàires vers Scander Bafcha Gou-uerneur amp;nbsp;Lieutenant de Solyman en Confta-tinople, pour l’aduertir à apprefter toutes cho-fes ncccfTaircs à fon entrée. Et eftant monté fur ceftefufte arriua à Conftantinople, amp;nbsp;ayant defeenduau Serrai!, Boftangy le print par la main,amp; le conduit en la chambre ordinaire anciennement députée pour tous les Roys : amp;nbsp;en icelle eftant aftis dedans vne chaire dédiée aux Empereurs Ottomans, fit publier vn cry par la

-ocr page 707-

Liure neufießne. 343 ville aucc les mcfmcsparollcsdcfqucllcs on nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;p f

uoitaccouftumé vfercn l’clcdió de nouucaux^ ' Einpcrcuis : ayant vn peu apres cnuoyc la mef-me publication par tout fon Empire en grande nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

diligece, afin que la mort de fon perc ne fut pas pluftoftdcfcouuctte que fon eftabliflcment en l’Empire, Sortant puis apres du Palais il fc mô-ftra pat la ville à tout le peuple allant à la fcpul-tute de lob, qui eft vn lieu ioignant les murailles , auquel les Roys ôc Grands-Seigneurs ont accouftumé de faire leurs facrificcs en immolât

des moutons, amp;nbsp;autres animaux, Icfquclspuis apres font difti ibucz aux pauures en remuneration des graces receuës de Dieu. Et ayant là offert grand fomme de deniers, amp;nbsp;fait fes prières, f’en retourna en grand pompe amp;nbsp;allegrcfTc en . fon Palais : d’où il partit le vingt-fixiefmc de^^ Septembre pour aller en fon camp, faifant de O grandes ioutnees , Cefans l’arrcfter en aucune patt,artiuafinablemcnt à Belgrade,ayant faiôk ce voyage en grande diligence,amp; fifccrettcmét que les peuples f efmerucillans de le voir ne fija-uoientfoccafiondefavenuc , finon aptes fon départ. Ce qui çmpcfcha qu’aucun tumulte ne aduiut, dont chacun fut fort cfmctueillé fça-chant puis apres comme le tout f cftoit palfé.Et eftant party de Belgrade, amp;nbsp;f’eftant jà aduancc de deux iournées, par les lettres de Mchemet il retourna en arriéré , par-ce que ce Eafcba luy mandoit qu’il n’auoit que faite de f’aduancer puis que l’armée n’eftoit aucunemet troublée;

amp;cn cuitant la fatigue d’vn fi long chemin Mc-

-ocr page 708-

Hifloirede Hongrie hemet le pnoit de l’attédre à Belgrade. Ainfi fâ I MajeO^éfejoarnuen ce lieu atrendant l’aimée qui cftoit conduite par vn corps mott.portcen vn coché tout Couucft, crovât vn chacun qu’il fut plain de vie; parce qu’eftant en ce vieil aage depuis quelques années fuieét aux gouttes il auoit accouftume de fe faire porter par les Crew»«»;« champs en Cefte façon.Le iour que ce corps de-faurledu- uoit Critter dedans Belgrade Sclim feftoit mis eüfimebre fur la têftc vn turban fort petit, nbsp;nbsp;f citant vertu

Emfe- d’honeftes habits aucc vnc cappc noire de drap rftfw de naonta à cheual, Sz alla au deuant du corps de 3T»r2lt;«e. pere iufques à la porte ; cftant ce corps accompagné d’Enl'cigncs dcfployécs,amp; auec trô-pertcs,amp; autres telles marques d’vn triomphât. Làeftant.leuéelacouucrturcdu coche, Sclim mirt: pied à terre, amp;nbsp;fc print à pleurer fur lé corps. Tous les Balchats, les Cadilifchicrs,qui fontlcslritendansde la luftice , duec tous les principaux du camp , apres auoir defeendu i^e chenal ptindrentaurtî de petits turbans , amp;nbsp;én figne detrifteflè furent par tout le camp les Eit-feignes tcnucrfccs l.r poinôte contre bas:amp;re fit pour vn quart d’heure vn filencc mcrueillcux. Apres celte ceremonie,cftant apporté vn turba trelblartC cnrichy de pierres prccieufes , iceluy fut mis fur la tefte de S'elim, Sc eftat vcftu de fu-perbcs,amp; magnifiques habits monta fur vn autre cheual,amp;tous les autres en ayant autant fait le coche du mort fut rccouuert, les Enfeignes rclcuécs, jettans tous les foldats des acclamations grandes au nom de leur nouucau Empe-

-ocr page 709-

Liure neufiefme. 344

teut. Enceftefaçononl’accompagnàiulqucs

au Palais, amp;nbsp;là les deputez de l’Empire-lilô leur

grade luy allerct baifer les mains. ÀuHi toft Se-

lim donna ordre au gouucrnement de la lufti-

fit la largclTc accoufturriée aux laniflaires,

leur donnât a chacun dcüx mille afpres.En mi f

me inftât fut ordonne que le corps de fon perc ucm £m~

fut conduit à Conftantinopic, pour eftre inhu- pereur.

mé au Cepulchre lequel il auoit fnd baftit des

fon viuât nommé pat les Turcs Marata, qui eft j

TT r ■ nbsp;nbsp;1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1

comme vn Hofpital pour les pauures. On dit qu’iceluy eft le pi’ fuperbe qui Ce puifle aujour-d huy trouucr, eftanc en la grande Mofquée. Il donna la charge de cefte conduite à Hamant Bafcha.qui auoit elpoufé vne fienne niepee, amp;nbsp;à Fcrraat Cap Aga, commandant que'ce corps fuft en outre accompagné de tous les lanidai-res qui cftoiét pour lors au camp auec plùfieurs autres notables perfonnages, portansaùec eux l’Lnfeigne Imperiale. Selim demeura à'Bclgta'XX de auec le refte de l’armée pour marcher puis a-presplus commodément Le corps deSolyman entra en Conftantinopic le vingt dcuxicfme de Sulymaa à Noucmbtc,eftant prcmicrcmct forty audeuât Conyiu«-pourlereceuoir Muphty , autrement dit Mu- »'»»/'U. piety,qui'cft le chef de leurs Preftres, amp;nbsp;lequel on dit eftre defeendu de la lignée dcMahomcr, cftanticeluv fuiuy de tous les Dodeurs de leur Loy , letquels pouuoient eftre lors en la ville. Scander Baftha Gouucrncur auec tous les Trc-foriers, amp;nbsp;autres Seigneurs de qualité , qui e-ftoient demeurez en Conftantinopic , auec vn

-ocr page 710-

Htfl oire de Hongrie

Aombrc infiny d’autres fortes de gens vindrent autîi audeuant. Tous eftoient vcftus de noira-iiccpetits turbans de laine en tefte pour ligne de ducil Ceux cy ayant tire le corps hors du coche les principaux le prindrent amp;nbsp;l’cnlcuercnt fur la palme de leurs raain$,Ic portât ainli haiik ellcuc par la ville , en changeant de main,amp; de porteurs parfois; marchanslcs Codeurs de U loy deuant,amp; hfans à haulte voix iufqucs en la fcpulture , en laquelle il fut mis aucc toutes les ceremonies amp;nbsp;folénitczaccouftuméesamp; deuès à tels Princes. Defl'us la fcpulture fut pofe vn drap de camelot fort fin auec fon cimeterre pour ceftifier qu’il auoit finy fes iours en la I . guerre; amp;nbsp;au bout d’enhaultd'iccllc y auoit vn '««(il» turban pareil à ccluy qu’il auoit accouftuméde ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;porter en vie.Or pour reuenir a noftre difeours

ï’Empereur Maximilian fçachât la nouuellc au vray de la mort de Solyroan,amp;lc couronneraét de Selim,qui fut fept femaincs apres, luy cftant icelle mandée de Venife par Guy de Noreberg fon Ambafiadeur, tefidant en la Seigneurie de Venife pour fa Majefic , tous les Capitaines furent fort crtonnez, confiderans comme amp;nbsp;auec quelle prudence ces gens barbares auoient peu tenir fectet vn accident fi notable,en telle forte que leur armée mefmc n’en auoit rien peu co-gnoifttc.Laquellc cho(e(fi elle euft efté dcfcoit-uerte) euft efté occafion fans doute que les fol-dats fe mutinans pour faccager le trefor euffent ouuert à ffinipercur vn chemin pour paruenir à vnc tres-cuidente amp;nbsp;fingulierc vidoire. Mais

-ocr page 711-

Liure neujießne. 345 leBafcha Mehemet difcourant cri foy-rtiefinc tout le defotdrc,amp;fçach.int tomme de la vie de fon Seigneurdépendoit le falut de toute l’ar-tnée, voulut y pouruoir à temps : amp;nbsp;pour cefte caufccelala mort de Solyman.afin que l’armée ne fe Icntit priute de fon Seigneur, amp;nbsp;qu’en fe diuifant foy-mcfme elle n’ouunt par ce moyen àVennemylc chemin d’vne fignalée viéloire. Apres donc que l’armée Turcquefquç fut par-tic de Hongrie, il aduint vn nouueau maUheut à lauarin, oùèrtoitlaforcedu camp Imperial, f'eftantle dernier de Septébremislefeu au logis d'vn Seigneur Hongre,par la negligence de fon cuifinier.Ce feu peu a peu accreut telle met, pat le moyen d’vn grand vent qui foufïloit de la part du Couchant, qu’eftans toutes les mai-fons à la mode du pays faiétes de matière com-buftiblc, aucune maifon ne fut exempte de telle inflammation excepté le Palus amp;nbsp;l’Eglife, lefquc's eftoient baftis de pierre,amp;cntiiron dix-fept petites mailonnettes'.St ce fut vn grand hazard que ce feu ne penetraft lufqties dedans TE-glife,en laquelle eftoit toute la munitiô; ce que fil fut aduenu il fut arriué vn grad efchec, pour eftre la villc(encor qu’elle foit petite)toute occupée, amp;nbsp;remplie de gens de guerre, amp;nbsp;de toutes autres fortes de gens, lefquels auoient fuiuy celle armée : amp;nbsp;de peur de cell inconuenient l’Empereur monta foudain à chenal, amp;nbsp;à grand courl'c le retira loing de la ville. Ce qui ne fut côfommé par le feu feruit de proyeaux foldats, dcfqucls aucuns mJheureufemét mirent le feu

Xx

-ocr page 712-

Hifloire de Hongrie en quelques maifons pour pouuoir plus librement piller,comme ils fircnt.L’Empereurfutü attriftédeccdcfafttcqueiamaisnc fentit telle douleur en toutes ces guerres , ayant toufiouts referuc ce lieu pour la (cureté de fes armées ; voyant qu’en iceluy tous les voifins fouloicnt retirer tous leurs meubles amp;nbsp;leurs perfohncs,S mcfmc de tout le pays d’autour, fa Majcfté cô-manda que cefte place fut rcftablic par les foi' dats amp;nbsp;par les payfans. Et l’hyuer eftant proche l’ennemy reculé,il licentia fon armée, amp;nbsp;tc-. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;merciarrcs-affcducufcment tous les Seiencuts

mtt, qui d vne h bonne volonte 1 eftorent, venu Ic-courir : nbsp;nbsp;ce fait print le chemin pour fc retirer

à Vienne, laiffant à lauarin vne bonne amp;nbsp;forte garnifon des plus braues amp;nbsp;vaillans foldats de l’armée tant de pied que de chcual,fous la charge du Conte de Salm. Iceluy fit foudain dilige-ter la reparation du lieu auec argent que l’Empereur luy enuoya de Viéne. Les troupes d’Au-fttiche furent enuoyées à Odemburg pour fet-uir de barrière contre les courfes ordinaires des Turcs.En Canifa forterefle plus proche de Sig-het fut enuoy é pour y cômander le Capitaine Thay auec mille cheuaux, Si autant de gens de picd.Cc-pendant l’Empereur appella les Eftats d’Aufttiche en la ville de Vienne pour aduifer à nouucaux préparatifs pour l’année enfuyuante tant en la Hongrie qu’en la Tranfiluanie,cn laquelle continuoir toufiours la guerre entre luy Si le Roy Ichan , au fecours duquel cftoit de-meuté Portau Bafcha auec grand nombre de

-ocr page 713-

Liure neufießne. * 54«?

Tattarcsjcfqucls furpaflans les noftrcs en mul Barbarît j titude amp;nbsp;cruauté, maflacroient tous ceux qu’ils /

, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;\ r O Kres.

rcncontroicnt,ncpatdonnans a aucun lexe, amp;nbsp;fans aucune diferetion de l’aagCjtaillans les en-fans par le milieu du corps,les roftiflans amp;nbsp;puis Icsmangeans. Le Tranuluanien ayant l’année precedente perdu la place de Tocchay,laquelle 5”^”^ Schuendy luy auoit enlcucc auec trente pieces xr«-d’artilletie, si grand nombre de munitios qu’il (lluitmen, ttouua leans, amp;nbsp;voulant la tauoir vint auec ces Tattaresmettre le fiege deuant icelle, la faifant battre de neuf canons. Les affiegez fe compor-tans vaillamment ne manquèrent aucunement à leur deuoir.Schuédy ençor qu’il fut pour lors mal difpofc ne voulat neantmoins faillir à l’office d’vn prudent amp;nbsp;aduife Capitaine enuova demander fecouts à l’Empereur , ne doutant point de pouuoir chalTer l’cnncmy. L’Empereur luy enuoya incontinét mille chenaux con-

it auec fix Enftignes de 1 gens de pied , amp;nbsp;auec aux enuoya fon premiet Médecin pour mcdecincr Schuendy II enuoya aulTi trente chariots chargez de pain amp;nbsp;d’arget pour pay et les foldats.Eftant lehan auec fon armée deuant Tocchay,011 il auoit défia efté huit iours, amp;nbsp;efperant de venir 1 bout de fon entre-prinfe, onluy vint dite que dix milleTattares, lefquels guerroyant auec les Turcs en fa faueur f eftans mutinez enfemble,amp; fepatez du camp, f’eftoient fffpandus par fa Prouince.commettâs des maux infinis, 8c bruflans plufieurs villages, lehan fur celle nouucllcleuale fiege , amp;nbsp;ayant

Xx ij

-ocr page 714-

Mutitttrie min lel Taitares amp;nbsp;Ie Roy lelraih

Hifloire de Hongrie mandé à ccs mutins qu’ils cuflènt à leur retirer paifiblement, clTaya tour moyen de ne les attaquer. En fin voyät que les prières toutes pci-luafions n’y fcruoieni de rien,amp; que continuas leur cruauté ils ne fc vonloient aucunemét ab-

ftenir, cfmeu d’vne iufte colère les aflaillita l’impourucu , S: en tailla en pieces plus de fe mille.Ceux qui cftoiét rcfttz,amp;les Turcs ioints aucc eux voubns faire la ^engeance de leurs compagnons vitTdrct aiïieger Ichan a Varaditii qui cit vn lieu peu fort, ôe d’où ils l’eulTentpcu prendre vif (ils eud'ent eu quelques pieces d’at-tillcne. Toutesfois lehan craignant pis, amp;nc voulant auoir cefte hôte d’eftre afliege par telle canaille,euada fccrettement de la Ville, amp;nbsp;fc retira en autre lieu plus fort. Là ayant amafle vnc plusgrofle armée les alTaillit derechef, amp;nbsp;en ayant fait d’eux vne grande boucherie, iitfqucs à enuiron vingt mille , outre les blelTcz qui furent en grand nombre , fiiuua de leurs main? plulieurs milliers d’ames , Icfquclles ils emme-noient en vnc mifcrablc fcruitude.Entrc icelles y aiioit plufieurs gentils-femmes, lefquelles ils aiioicnt enlcuées du Cbafteau de Beregras, auquel elles feftoient retirées pour plus feuteté, demeurant cc-pedant toute la contrée, qui cft vers Caifouic,!! dcfolée pour les grandes amp;nbsp;horribles cruautez dont ccs gens auoicntvfe qu’il n’eftoit podiblc de plus. Pédant telles mutineries quatre cens lanilTaires pallèrét iufqucs bien pres de FiIcch, lieu proche de Sepufe, fai-fans par où ils paflbict des maux infinis,amp; exet

-ocr page 715-

Liure neufießne. 347

çans des aftes du tout inhumains; amp;nbsp;ayans tiré des montagnes plus de quatre vingts dix mille âmes donnoient vn grand cfpouuantcmentà tous les peuples voifins du Danube , de la Va-gne,Scdel’Arabon.LcsTurcsvnpcudcuanta-noient prins deux forts tels quels nommez Co-mar.Sc Calambach, comme aulTi auoient faiél bach,G.ft-ceux qui eftoient en garmfon en Alberegalc, fe faififfins par force de Gefthez, Si de Vican, Si faugmentans ainfi de iour en iour on cftoit à Palotta,Vefprimin amp;nbsp;à Tara en grand douce de l’enncmy. Les Tartares aptes la route qu’ils a-uoient receu du TtanGluanien , fe ioignans de nouueau auec autres Turcs , entre lefqucls y a-uoit bón nombre de lanifTaircSjamp;pluneuts Va-lacches, fe jetterent en robbant, amp;nbsp;pillant par tout dedans la Roffie,amp; dedans la Podolie, qui font pays appartenans au Roy de Poulongne, excrçanstousaôtcsd’hoftilitc , mettans le feu pat les villages amp;nbsp;chafteauXjmaflacrâs les vieilles pcrfonncSjSi les impotens,amp; rendans efcla-ues plus de cent mille âmes; Finalement voulât rartara aiheger le Palatin dc’Rolïîe en vn chafteau.ice- dtjfateis luy faifantplufieurs faillies fur eux , auec bon nombre de foldats les meitquafi tous au fil de refpce,amp; leur ayant ofté douze pieces d’artillc-ticjiceux furent contraints fe retirer. L’Empe- Diete en teur fe trouuant à raflcmblée de fes Eftats d’Au- -^»flnebe, ftriche, lelquelsilauoitfaiétappeller, comme nous auons efctit cy dellus , ptopola^tous les

Prélats amp;nbsp;principaux de la Noblefle, comme il Maximi. auoit befoing de fecours pour fouftenir l’effort ban.

Xx iij

-ocr page 716-

Hi flaire de Hongrie des ennemis. Et pour ceft efFed leur detnand* le mcfme fecours de l’an paflTc, lequel fe niôtoit peu moins de trois cens mille florins pour l’entretien de neuf cens cheuaux , Icfqueis ils fe-ftoient obligez de fournir. En outre il leur demanda’que celuy qui auoit cent florins de reue-nu par an payait vn cheual, amp;nbsp;celuy qui en au* toit daiiantage en fourniroit ainfi vn par chaque cét. Et par ce qu’cncor que fa Majcfté mal-chaft en perlonne à la guerre, il ne vouloir que la noblclTc du pays y allait auee luy,au lieu d’vn tel Irruice perlonnel il demâda qu’on luy fout-n 1 It la paye de mille cheuaux Si de cinq compa-gnées de gens de pied. En outre il vouloir que iulques a 6, ans côtinuels vn chaeû cuit à venir trauaillcrà Viéne ô.ioursl’an A ces demandes,

comme trop exccfliucs, ne voulans les Auftrié» condefeédre farrcltcrct fortà leurs opiniôs,di« Ecrans par pluficurs iours à faire relponce,don-nansappertement d’ailleurs à entendre qu’ils . nbsp;nbsp;vouloient quepremierement on leur accordait

l’exercice de la ConfclEon d’Aulbourg. L’Em-gt;»•(.4«quot; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;percur ne ponuantlcquot;contenir'd^fc courrou-

' cer, leurfitremonltrcrqu’ilncleurauoitpro-pofe aucun article touchant la Foy Si la Religion, amp;nbsp;qu’ils deuoient rcfpondre à fes deraan-dcsjfils ne vouloict encourir fon indignation. En fin fe rallcmblans enfcmble accorderét ces articles, à fçauoir qu’ils cltoicnt contens dcluy donner par chacun an cent trcntc-huid raille iflorins, amp;nbsp;trente millcpourla fortification de Jauarin : Que celuy qui auroit cent florins de

-ocr page 717-

Liitre neufieÇme. 348

teuenu par an.cntrcticndroit pour le fcruice de nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^^»4

la guerre vnchcual pour trois moys à fes def-. , pens : Que ccluy qui auroit plus de rcuenu en ’ fourniroit auflî dauantage-.Ç^e voulant fa Ma-jefté facheminet fur les confins de la Prouincc pour les affaires d’icelle ils feroient tenus de quinze perfonnesluy en fournir vne ; Que fil fortoit les confins on luy en bailletoit vne de ttéte.Ceftc dernierc offre eftoit au lieu des mille cheuaux qu’il demandoit pour f en feruir au licudelaNobleffe. A pres ces accords voulans les Auftriens remettre en jeu l’article de la Co- ixtreict feffion d’Aulbourg, n’eftans contens du deny deUCon-que leur en auoit tait l’Empereur, vouloiét de-techef répliquer. Mais il leur fit entendre que ceux qui ne voudtoiét viure, ny croire comme méaux luy peuffent vendre leurs biés, amp;nbsp;fortir hors du pays, amp;nbsp;par cefte conclufion il les fit taire. Ce pédant fefforçant d’affeurct fes pays contre les courfes des Turcs qui eftoient reliez auec le Tranfiluanien, depuis la mort de Solyman, ne tafehoit qu’à fc remettre en paix auec le Turc, fçaehant comme Selim aptes eftre patuenu à l’Empire auoit confirmé la paix auec les Vénitiens, lefquels entre tant de guerres qu’auoit eu p fou pere n’auoicnt iamais voulu prendre les ar- /„d«« de mes contre luy,encor qu’ils en fuffent pluficurs Florne, de fois requis. Les Princes d’Italie fefforçans d e-lire les bien venus enuers Maximilian luy en-noyèrent nouueau fecours, entre autres Cofme de Medicis eftablilTantpat-cc moyen dauanta- L'Emue» ge fon Ellat. Le Pape, le Duc de Sauoy c, amp;: ce- rci»r.

X X iiij

-ocr page 718-

'iAtfloire de }Aongrie

Giarge Hoffute ^inbajja-deitr de l’Empereur voit Sebm.

Extufti pare fint lie Keret-

luv de Ferraro le (ecoururent aulS d’vn bon notre d hommes. Sa Majefte auoitquelquetcp$ auparauant enuoye vers le Grand Scigneut pour Ambadadeur George Hoflutc, pelant pat iceluy négocier quelque paix auec Solyman,lequel il penfoit dire encor en vie:Mais ceft Aro-balTadcur ayant entendu au vray fur le chemin le decez du Turc, en fen retournant rencontra le nouueau Empereur Sclim, lors qu iceluy fa-cheminoità Conllantinoplc apres le corps de fon pere , comme nous auons dit cy douant. A celle rencontre il luy fut permis do voir fa Ma-jelle, mais non pas de luy tenir aucuns propos de paix,luy remonftrantMchcmot Bafchaqu’il auoit elle depefehé vers la Majellé de feu Soly-inâ, amp;nbsp;que puis qu iceluy elloit mort il n’auoit que traiter auec Ion fuccelfeur, ôc q fi fon Roy vouloir quelque chofe de Selim , qu’il deuoit en enuoycr vn autre , ou bien luy-mcfme. Ce Bafcha particuliercmet luy confeilla de demander la paix à Sclim,amp; qu’auttement il n’aduien-droit à Maximilian que du mal. Lors que Hof-fute arriua à Belgrade,Koretfehen iadisCapitaine Sc Gouuorncur do Iule y elloit auec les fers aux pieds. Cclluy-cy fit de grades ptomelTesaU Turc qui conduiloit Holliitc , pour auoir per-milfiô de parler à luy.Mais ïamais nopeutl’im-pettcr.Et ne pouuant auoir celte faucur il eferi-uit vne longue lettre, par laquelle il luy mâdoit ^a'rquot;dditii nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;auoit fouflert à Iule , amp;nbsp;comme il

amp;pertede nuoitcllé dcceu do l’cfperace d’vn vain (ecours, Ciule. alléguant entre autres chofes, qu’il auoit fou-

-ocr page 719-

Liwe neufießne. 349 ftenulcfiegepar LXX.iours , qu’il auoit vcu pour vn iour quatorze Enfeignes 1 urcqucf-ques fur la muraille ; Qif eu outre il luy eftoic furuenu durant ce fiege v ne très grande,amp; ttcl-dangereufe maladie; Qif auec tout cch apres a-uoir longuement attendu le fecours qu’on luy auoit promis, lequel ïamais ne fc prefenta, il a-uoit efté contraint prédre patty. En fin il ptipit tous fesamis à interceder pour luy enuers la Majcfté de l’Empereur,remonftant qu’il pour-toit cftre remis en liberté toutesfois amp;nbsp;quanfcs queleSangiach feroit deliurc en elcbange de luy : amp;nbsp;eftant en liberté il offroit de demeurer en telle prifon qu’il plairoit à fa Majcfté , pour en icelle attendre le iugement qu’on voudroit donner fur fa caufe, ne fe fentât en aucune cho-fe coulpablc. Keretfché efcriuoit à Eioftiite toutes CCS chofes afin qu’iceluy les rapportaft à l’Empereur. Cc-pédant on tenoit pour certain en la Cour que le Seigneur d’Arrach poutroit mettre en liberté le Sangiach d’Albercgale , lequel il tenoit prifonnier en vnc ficnne fortcrcl-fe nommée Zetipont, pour racheter Keretfché, ayant efté faiôl aupatauant ce mal-heur par en-tt’euxvn traité de mariage, ayant ce Seigneur promis à Keretfchen vnc fîenne fille. Mais vu peu apres eftant la fortune nullement fauora-ble à ce pauurc prifonnier , on ouyt de luy vne miferable fin. Car plufieurs fe pleignâs à Selim pourauoirreceudccc Capitaine plufieurs in-iurcs atroces, ayans les vns par fon commandc-mét perdu le ncz,aux autres ayant efté les orcil-

-ocr page 720-

H iß aire i^e Hongrie les couppces,aux autres la bouche, amp;nbsp;alléguant tous contre luy autres telles cruautcz,ScIim et-meu d’vn tel rapport le donna à ceux qui l’ac-eufoient, leur permettant de prendre vengeance de luy comme ils voudroicnt.Iceux prenans vn tonneau tout cloutté par dedans de grands Mart cru- doux dont la pointe eftoit au dedans,Sefayant tUede Ke- porté à la cimc d’vn haut couftau, enfermèrent retfehen. Kcretfchcn dedans, amp;nbsp;puis le précipitèrent du haut en bas, amp;nbsp;par cefte cruelle amp;nbsp;horrible peine le firct mourir. Le Seigneur d’Artach receut vn grand dcfplaifir de cefte mort, pour ne l’a-uoir peu fecourir,amp; vn peu apres il eut cinqua-te mille efeus de rançon du Sangiach , amp;nbsp;conr-bien qu’iceluy demeuraft debteur d'vne autre grande fomme,l’Empcreur neantmoins voulut qu’on le lailîàft alleren liberté. Iceluy feftant mis en chemin accompagné de Ichan Suizen Confeillcr de Hongrie , amp;nbsp;cftant arriué fur la frontière. Suizen à fon retour comptoir chofes merueilleufes des ioyes amp;nbsp;allcgreftcs que les Turcs faifoientpour le retour de ce Seigneur. Outre les deniers parluy defbourfez on donna encor liberté au Capitaine Gorger, qui auoit efté prins à Iule, amp;nbsp;lequel auoit cfté taxé pour fa rançon à quarante mille efeus. Or cft.ins Schuendy reuenu en bonne conuafcfcenccd’v-ne il longue maladie, amp;nbsp;ayant rcceu de bonnes troupes de renfort, fortit en campagne aucc fes gens, amp;nbsp;fe mit à allieger le chafteau de Zatnar, bienmuny déroutes chofes hors-mis dhommes. Iceluy appartenoir au Becennemy capital

-ocr page 721-

Liure neufießne. 550

de l’Empereur, amp;nbsp;principal autheur de l’inimi- Z4»|j»lt;r n tié amp;nbsp;difeorde qui fe nourriffoit entre fa Ma je- f«’” f“'

ftcamp;leRoylchan.Ceftuy cy voyant qu’on le

venoitaflîcgerfefcoula fectettement de cefte

foitcreffe, laquelle eftant au fil toft afiiegée af-

fez eftroittementjCn fin les foldats de dedans fc

rendirent la vie amp;nbsp;bagues fauucs. Celle prinfe

futfaiftelequaiotziefmedelanuicr , amp;en ce lieu fut trouuc force butin: amp;nbsp;ayant Schuendy renuoyé librement la femme du Bec aucc tous fes meubles , retaint feulement pour foy toute l’artillerie. Maximilian elloit ce pédant à continuer les Dietes de fes Eftats, 8c auoit jà cfté à Brune,8c puis à Troppe,pout l’acheminer de là à Prague en Boheme,aufquels lieux il fit fes dc-mandes,ôc à Brune fut conclud qu’au lieu de la ï^oblefle on luy bailleroit douze cés cheuaux, IcfquclsfaMajelléenuoyroitoubon luy fem-blcroit, amp;nbsp;que dauantagelaNoblefl'e fetoit tenue de garder les limites des pays quand il en fcroitbeloing.Ellant atriué à Prague il y fit fon entrée folennellement, ayant elle rcceu par les citoyensfoubslepoille auec grand pompe 8c i «vk* magnificence.Delà il enuoya à la Diete deRa- ùvp tilbónele Duc de Bauiere,amp; le Doôtcur Inuch ' fon Confcillier auec quelques autres. Les Bo- 1« Bofc«-heraiensàlaDiete faite à Prague accordèrent

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;que le fecours oûroy c cy deuant pour trois ans nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lcroit réduit en vn feul paycment,pourueu que

I les derniers ordonnez pour cell efteél feroient comm à j misenreferueenvn certain lieu , 8c qu’iceux nentreroient es coffres de fa Majcllé , fiuon

-ocr page 722-

Hifloire de Hongrie pour eftre employez contre le Turc. Dauanta-gc tous IcsEftats accordèrent durant l’efpaccde deux ans le fccours qui f enfuyt : à fçauoir, que toutes les maifons eftans (oubs l’eftendue des

►’••'ft«' {»îu fiefs appartenansaux Princes, Barons, amp;Gen-Ai’ÇI tilshômes tant Ipiritucls que feudataires, paye-roientpour vn an vnc demie dale, exceptez les bains publics, les maifons des Pafteurs, amp;nbsp;les boutiques des artifans : Que la ville de Prague

•• JaU' amp;nbsp;les autres fubiedtcs à l’Empereur, amp;nbsp;qui font


le tiers Eftat du Royaume payeroient trois dales pour chaque maifon. Toutes les Citez, j Bourgs amp;nbsp;Villages baillcroict cent ducats pour ! chacune, les laboureurs neuf, les feruitcurs amp;nbsp;' mercenaires vn gros blanc: Que ceux qui baillent argét à interelt tant fpirituelsque feculiers,

: monte fi l’Em-

faycroicnt autant à fa Majcfté que fe intcreft porté par leurs cótraóls; Que i

percuralloitcn perfonneàla guerre contre le Turc,iceux feroict tenus ayans dix mille dales à

ÜMcheT^ tn Bohe-tnt.

interefts entretenir a la guerre vn homme de cheual bien armé pour quatre moys : amp;nbsp;que les plus panures contribueroiét au pro rata de leur bien ; amp;nbsp;le mcfme fe deuoit pratiquer le cas ad-uenant pour la defFcnce des quinze Duchez du Royaume de Boheme, à fçauoit en entretenant vn cauallier bien armé pour chaque rcuenu de fix mille dales, amp;nbsp;dix hommes de pied pour cét fubiets qu'on auroit fous fon fief. Par ces moiés l'Empereur fut fccouru de toutes parts d’hommes, amp;nbsp;d’argent pour empefeher de n’eftre plus furprins au defpourucu par l’cnncmy quad ice-

-ocr page 723-

Li ure neuße/me. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;3/1

luy cuft voulu fe jcttcr derechef en la Hongrie. D’autre codé Schuendy apres vn liege auoit eu Mturach par côpoficion vie amp;nbsp;bagues fauues le chafteau de Mourach firué en Tranfiluanie. Tous ces 3' prcparatifsjSJ cefte perte donneret bien à pen-fer auTranfiluanicn: par-cc que cefte fotteref-fc luy eftoit de grande importance eltant fur le paffage de la Poulongne, amp;nbsp;de Rouffie, d’où à cefte occafion il ne pouuoit plus tirer aucun fc-cours , fl ce n’eftoit auec vn long circuit par la Moldauie , qui eftoit vn chemin fort long amp;nbsp;dangereux. Apres cefte ptinfc Schuendy alla aC fiegcr Huft lieu de non moindre importance que l’autre. Ces entreprinfes amp;nbsp;executions dô-noient à iuger qu’entre l’Empereur, amp;nbsp;le Turc ne fortiroitiamais aucun accord , encor qu’on fut apres à le traiter d’v ne part amp;nbsp;d’autre-, attendu que les années precedentes pour le ir.cfmc lieu de Mourach tout le négoce de paix auoit cftérompu entre Ferdinand 8c lehan ; cftant vray-femblable que le Tranftluanien pour la perte de ces deux places auroit remonftrc au Grand- Seigneur la pure perte de toute la Tran-filuanie ; amp;nbsp;quant amp;nbsp;quant l’auroit excité à luy donner fecours , comme il parut incontinent. Car le Bafcha de Bude ne faillit de mander à l’Empereur qu’il cuft à faire retirer Schuédy de deuant Huft , ôc ce- pchdant print conlcil auec les liens pour aduifet au fecours neccll'aire pour le Roy lehan, donnant ordre aux affaires de la guerre.En cetéps cftant de retour de Conftan-tinople Edouard , que l’Empereur y auoit en-

-ocr page 724-

Seoitn »-flroyépar les H ogres i lEmpereur,

H iß oir € de Hongrie uoyc pour traiter de la paix , rapporta que le Turc auoit donne charge à Portau Bafeha amp;nbsp;au Bcglctbedc la Grèce de fe preparer pour f acheminer en la Hongrie; mais qu’ayât iceluy Turc entendu pour le certain que l’Empereur en-uoyoit fes AmbalTadeurs vers luy pour négocier, ôcarrefterlapaix, il auoit efperance que . ccux-cynehaftcroiétpasleurvoyage.Ces Am-J, bafladeurs eftoient Antoine Vcrance Euefque l’Emjit- d’Agric , lequel auoit demeuré cinq ans en la reitr vtrs Cout de Solymâ en qualité d’Ambaflàdeur or-Selimiaur Jinaire, amp;nbsp;TijffempachConfciller de l’Empereur , tous deux perfonnages douez de bonnes lettres,amp; ayans la cognoiffancc de diuerfes langues. Iceuxauec bonne amp;nbsp;grande compagnéc partirent de la Cour pour aller à Conftantino-ple,ne delailîànt pour cela l’Empereur à continuer fes Dietes , afin de fc tenir toufiours plus preft fur la dclfencc contre l’ennemy. Alors fc celcbroit celle de Pofon, en laquelle apres plu-fieuts plaintes faites par les Barons de Hongrie contre quelques Capitaines des garnifons, fut en fin arrefté d’vn commun conîcntcment,que pout cefte année on payait à l’Empereur cent cinquante mille clcus, laquelle fomme ne fc ti-reroit d’ailleurs que de la demeure des Payfans, en payât pour chacune deux dalcs:amp; qu’en outre chaque demeure feroit tenue de trauaillcr douze iours aux places frontières : Mais qu’en l’année en laquelle il ne fe tiedroit aucune Dicte la taille feroit au moins réduite à la moitié:

jK l’Empcrcut cnuoyroit des Commiflairc»

-ocr page 725-

Liure neufiefme. 551 partie Hongres,partic Allcmans deçà amp;nbsp;delà le Danube,pour f informer des biés amp;nbsp;pofTclîions^^ occupées par des Capitaines, amp;nbsp;Officiers de ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

l’Empereur, afin de les reftituer aux premiers pofTefreurs: Q^on feroit chaftier reus ceux qui auoient commis des vollerics, amp;nbsp;qu’on donne- i^}***^*’’ roitordre à ce que ces voleurs n’eufTent plus à molcftcr les laboureurs,amp;qu’on annuleroit les impofitions griefues amp;nbsp;extraordinaires mifes à fusparSchuendy, tant fur le vin que fur le be-ftial: Q^lcs Hongres n’eftans point receuz és pays d’Auftrichc,ne es autres Prouinccs, pour-roict retirer les cbafteaux amp;nbsp;villes engagées au-parauant par les Roys de Hongrie Que l’Em- । perçut confereroit les Prclatutcs, amp;nbsp;autres di-1 gnitezEcclefiaftiqucs aux Hongres feulement, 1 amp;nbsp;autres perfonnes capablcsiQue fi fa Majefté l vouloir retenir pour foy des biés rccouuerts de ' la main du Tranfiluanié, Icfquels appartcnoict auparauant à des Hongres, il en donnetoit aux Hongres rccompenfc ailleurs: Que le Gentilhomme qui autoit cent villages foubs foy four-niroit félon l’anciéne couflume de dix chenaux amp;nbsp;de huift piétons, quand l’Empereur iroit en petfonne à la guerre, amp;nbsp;la moitié moins quand il y cnuoyroit vn ficn Lieutenant, rcuenant le tout à dix mille chenaux amp;nbsp;huit mille hommes l de pied; mais qu’en téps-depaix il ne feroit te-1 nu fournir que trois chenaux à la garde de lal fronticrc.T ont cccy fut ainfi arreftè en laDietc | de Pofon,dont VEmpeteur le monftra fort con-1 rent. Et pour appaifee vu chacun il maintint la \

-ocr page 726-

}Aifloire de Hongrie ludice au pays,amp; fit chafticr pluficurs Capital' nés des garnifons qui defrobboienc la paye aux foldats : amp;nbsp;outre monftraà tous beaucoup de dcmonftrations d’amitié. Ce qui contenta fort , tollt le peuple, amp;nbsp;mcfmeraét pour le dcfir qu’il leurfaifoitparoiftredclc voir viurc auec vne paix,laquelle il pourfuyuoit inftamment, ayant pourparuenir à icelle enuoyé par les fufdiéls ZZ A« ƒ' ^mbafiàdeurs pluficurs beaux prefensauxprin-cipaux delà Cour de Solyman. Ces AmbalTa-

thats ^•Turc.

drurs arriucrent à Conftantinople le vingt-deuxiefme d’Aouft, amp;nbsp;aufh tort: en peu de iours vifirerent les Bafehats deli Porte, que nous di-fons entre nous Cour,à fçauoir Mehemet,Pot-tau, l’ialy, A ch mat amp;nbsp;Mahomet: amp;nbsp;le quatrief-me de Septembre , eftans derechef aile tiouoct

Mahomet ßafcha (upenntendant de toutl’Era-pire, f’en allèrent aucc luy iufqiies à Anderno-

?Cintre

polvjoù eftoir pour lors le nouucau Empereur, En ce lieu les conditions delà paix furent mifes en auant, apres pluficursdifputcs, en fin elle rut conclue aucc tes mcimes conditions, auec Ÿ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;eâé auparauâr arreftée en-

l- httr Ferdinand amp;Solyman. Les Ambaflàdeurs edans de retour à Vienne on lelaiiTa amp;nbsp;quitta ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l’on beaucoup de eboCes d’vne part amp;nbsp;d’autre:

ôc furent mifes nouuelles bornes entre les pays dcl’vn amp;nbsp;del’autre . Etfurcefaiét l’Empereur enuoya Sebuendy auec quelques autres députez pour voir les diderents qui potiuoicnt eilre fur eels limiteSjIay donnant en outre charge de trouuer moyéd'cmpefcbcrics cour/cs amp;nbsp;liblc-

[les I

-ocr page 727-

Liure neufießne. . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;35)

ties que faifoicnt les Turcs, fans aucun refpeóh delatrcfuefraifcheraent faiótc. George Tury Capitaine pour l’Empereur f’ennuy ant de telles façons, aptes en auoir fait plainte au Bafcha de Bude, en fin fc mit pat deux fois aux champs, I vne fois auprès de Canifa, amp;nbsp;Vautre auprès de lauatin ; amp;nbsp;aflaillit de telle forte les Turcs que ayant teprim« leur folle témérité ils n’oferent plus troubler le pays. Ce-pendant l’Empereur pour quelques foupçôs prins fur quelqucs-vns des principaux de Hongrie, fit requérir les Hô-grcs(pour les deftourner des pratiques,dcfquel-Ics lehan vfoit en leur endroit pour les attirer à foy)à ce qu’ils euflent à corutibucr à la foulde de cinq mille chenaux pour la conferuation du pays : Mais iceux expteffement denierent cefte contribution , eftans irritez de ce que les biens vacquans ne fc vendoient plus par entr’eux, Sc eftoient donnez à leurs ennemis,amp; à des cftran-gersjfaifans inftancc que puis qu’il ne pouuoit plus alfifter en perfonne à tontes Ici affaires de confequcncc du Royaume il dcclaraft Licutc-nant general pour fa Majeftc le Palatin,amp; l’Ar-chcuefqucdeStrigonie Primat du Royaume, L’Empereur rompit pour lors cefte Dicte, Sc la enmat de recula en vn autre temps. D’autre-pari le T ran-filuanien recherchoit le Bafcha de Bude,pcfant

1 impetret deluy fccouts, amp;nbsp;auoir de luy moyen 1 dcpouuoirrecouurcrcequiluy auoit efte ofté par fes ennemis , defquels il pcnfoitlots auoir meilleur marché, pour eftre iceux occupez aux guettes d’Allcmagnc,amp;diuifez pat entt’eux. Le

-ocr page 728-

Hnfl rendu au Roy leban.

Hißoire de Hongrie ' Bafcha luy fit relponce qu’il ne le pouuoit faite fans expres commandement de fon Seigneut, l’exhortant de demeurer ce-pendant en pair-Mais Ichan continuant fa deliberation recou-nra quelques forterefles ; amp;nbsp;ayant attiré à foy Guilafle Baron de Hongrie , lequel eftoit mal content de l’Empereur, il eut de luy Hull cha-fteau très-fort litué és montagnes de Salcmc, n’ayant peu induire le Turc à rompre la ttcfu« auec l’Empcreur-Sa Majtfté ayant entendu que Sclira auoit enuoyé vne armée vers la Mofeho-

Cejle trachte efloit de cefliuue Volira de--

uic , pat laTodolie , amp;nbsp;Kianic , Prouinccs du Royaume dcPouIongnc,côtrcle DucdcMof-chouicjlcqucl empefehoit la tranchée que voir loit faire le Turc au flcuuede Vvolga, craignat quefoubs vn faux donne à entendre icelle fe d^DtnJt t°‘J''^31^‘:o’’trcluy , cnuoyavnfien Ambalfa-deur à Conftantinople, pour par iceluy donner à entendre à Sclim comme le Tranfiluanien

’StUian , four tirer lesiomodi-tn^ qui vie neut de ce ficuue, par

contre les articles de la trefue feftoit rais en armes , amp;nbsp;faifoit courir le bruit qu’il vouloir venir aflàillir la Hongrie : amp;c fur cela fit prier fa Grandeur de ne trouuer mauuais Cil fe dcficn-

ledit flenne

Je Dou, doiz, l’alîcurant que quand il n’auroit donné lufqueià aucun conlcntcmcntà telles nouuclles entre-


Conflan-tinof/ie far la mir Maiour. Maximi-

aucun confcntcnicntà telles nouuclles entre-

plaint à Sehm du Roy lehâ.

prinfes il eut eflez bié donné ordre à cequi luy curpeueftfc beloing pour l’oppo/èr à lehan: intiisû celle cnrreprin/êertoitfaiteaueefa vo-lonte.n’en fçaebant de là part aucune occalîon illeprioitdeluy en vouloir dire vn mot, afin qu’il cura iuftifiicrfacaiifc, ou aacceptcrlibre-nicnt la guerre. Sclim fit rclponcc qu’il n’auoit

-ocr page 729-

Liure neufießne. 354 donné aucun aduis ny confentcmcnt, ny pour rvn,ny poucrautre'.amp; lny promit fi IcTranfil-uanien , ou le Moldaue f'eftoient cfleuez pour l’olienccr,que l’vn amp;nbsp;l’autre feroiét par luy punis. L’Empereur fatisfaift par cefte refponce fc trauailla puis aptes à faire tant que quelques vns des principaux des Hongres ,qui eftoient malcontensdeluv , pour n’cfttc tenus en telle cftitne vers fa Majefté comme ils penfoiét bien mériter, ne padaflent plus auant ch la rebelliô, laquelle défia commençoit à f’cibourrer vers Cafibuie , amp;nbsp;Tocchay ,’cftans à ce poulîcz ces Seigneurs par le Tranfiluanié(ainfi qu’on feeut dcpuis)lequcl les follicitoit auec belles promef-fes,faifant de fa part autres grids appareilspoor fe faifit d’aucunes autres places d’importance. Mais le Turc luy efcriuit qu’il euft à fe defilier, Se/lw ôc le menaça de le priuer de fon Eftat fi en ce téps il entreprenoit quelque chofe cotre l’Em-

1 pereur. Les Hongres eftansainfiramoderezSc 1 pacifiez aucc leur R.oy,donnercnt ordre à repa-1 rcr leurs fotterelTcS.En ce temps l’Empereur ne 1 voulut iamais condefeédre aux perfuafions des 1 Vénitiens , ny du Pape pour faire la guerre au 1 Tutc.difant qu’il fçauoit bien qu’aucc le temps I leschofesfe pacifieroienr, amp;nbsp;queluy feul de-1 meuretoit chargé du faix de la guerre. La caufe àttfarle 1 quimouuoitles Venitiés à exciter l’Empereur

1 aulli bien que les autres Monarques Chreftiés,^f’Pi^”‘*'‘'r eftoit pour fc pveualoit contre le Turc ,

1 auoit enuoyé vets eux vn Chiaufs demander le auT»rt, 1 Royaume de Cyptc,eomme dépédant de ÏEra-

-ocr page 730-

I^ißoirc de Edon^ie pire de l’Oriét;amp; fçaehans bien qu’ils n’auoiéf pas les forces fuflifantes pour cmpcfchcr vn fi grand Seigneur, auoiét follicitéle Pape de leut vouloir donet fecours,amp; enfemblc d’craployet fa Sainâcté enuers tous les Princes pourvu mefmc cfFcdl, pour lequel ils auoient dépcfchc vers fa Majefte Imperiale lacquesSoranze Vénitien, perlonnage fort eftime, aucc charge de palTer outre,amp; aller trouuet le Roy de Poulon-gne.Mais les belles amp;nbsp;apparentes raifons de ce-Iluy-cy ne peurent tien cfteduër enuers Maximilian pour la feule confideration que nous a-uons dite:amp; faignant fe troinier mal donna edge àSoranzc,rompant toute cfpcrancc deioin-drcrAlIcmagnc à celle ligue.Selim d’autrepatt ayant quelque doute que le Tranfiluanicn f’ac-cordait auec l’Empereur encor qu’il fut bié af-feuré de Maximilian à l’occafion de la Ercfue,amp;: pourpluficurs autres négoces vuidez par en-femble , fit fortifier la ville de Bude , 5c autres ficnnes places de la Hongrie. Le Pape ne voulant fefeonduire pour le premier coup fur les remonftrances qu’auoit fai A Maximilian. aux difeours ôc perluafions dcfqiicllcs fon Nonce auoitvfé enuers fa Majellç : l’Empereur pout complaire à fa Saindeté fit côuoquer vne Diete à Spire,où ayant fait expofer bien amplemct les demandts du Pape , 5c des Vénitiens, auec plufieuts offres faites à laMajellé par les liguez, apres plufieurs aduis fut rclolu qu’on n en fc-loit autre chofe encor qu’on aye f^cu a la veiite deplusd’vne perionne qu’il y auoit plufieuts

-ocr page 731-

Linre neußefme. 355 des principaux des conuoquez , qui libremc nt iSclibcrakincntf’accordoiécaux demandes du PapCjleur eftant aduis que c’cftoit vne trefbcllc occafion pour prcfemer la Chreftienté,amp; mcf-rac l’Allemagne amp;nbsp;la Hongrie de tant de perils cmincns qui les cnuironnoicnt. Auec celle re-folution la Ditte fut leuée, en laquelle ne fc fit autre chofc que la cclïïon que l’Empereur fit à Maximin fon fils Rodolphe des Royaumes de Hongrie, Zm» uie amp;nbsp;de Boheme , aucci-e confentement des Sei- /« Roja»-gneuts del’vn Si de l’autre : dont on fit à Vicn-ne,amp; Ifpruch force fcftes amp;nbsp;refiouiflances. Vn nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ƒ«»

peu apres Sigifmond Roy de Poulongne en- fiisRoial-uoya fes Ambafladcurs vers lediôl Rodolphe fhe. pour fc congratuler auec luy fur tels honneurs rcceus de fon pere ; 8c fort peu de temps apres de ce Roy qui eftoit de l’ancienne maifon des la- Sigifmund gellonSjl’cn alla hors de ce monde.Iccluycftoit Roy de fils de Sigifmond premier de ce nom,8cdc Bon Rouloone. ne fille du Duc de Milan,§c n’auoit aucuns frétés finon quatre fœurs. 11 auoit cfpoufc vne des filles de l’Empereur Ferdinand, laquelle eftant morte il efpoufa en fécondes nopccs vne fiéne

1 fujette Gentilfémc douce d’vnc beauté exquife 1 nbsp;nbsp;8c d’vnc grace nompareillc, de laquelle il n’eut

I aucuns enfans. llnefefitpaspatoiftrefibelli-1 queux que fan pere contre les Turcs, Mofeho-1 uites 8cTattarcs;mais feeut neantmoins main-I tenir fonRoyaume en paix.Pour le defaut d’en-I nbsp;nbsp;fans procréez de luy,les Princesamp;Scigncurs du

1 Royaume , quiontl’authorité pour Veleólion I d’vn nouueau Roy f’aflemblcrcnt pour en cfli-

Yy iij

-ocr page 732-

7

}Aifloire de Hongrie re vn autre,nVftät demeure des lagcllons quV* nc (ceur du dernier dccedé non encore maricf*

La fucceflion de ce Royaume nc tombe pas of-dinaircment es pareus du detfunôl : mais vient quelquesfois parélcótion, pour laquelle fefâH vne grande alTcmblce, appellee par entt’eux par les Allcmans Dicte.En icelle interuiennent quinze Prélats du Royaume,à fçauoirl’Archt' uefquc de Gncfne premier de tousSc Legat nay en Poulongne pour le Pape, l’Archcuefquedc Leopolde,PEuefque de Cracouie, celuy d’Vta-tiflauic, les Euefques de Chelmen, de Poloçen, de Varnicjdç Cluncm, de Prcfmilie, amp;nbsp;de Ca-mcncré, Icfquels dix Eucfqucs font du Royaume. Il y en aquatre autres de la Lituanie, qui ont fcmblablemcnt voix à telles Dietes, à fça-, uolr rEucfque de Samogithic, de Vilne, de Chronicn amp;nbsp;de Lutturienfe. Apres ces Prélats fy trouucnt les Chaftellains, entre Icfquels le plus fignalc eft celuy de Cracouie,lequel eftlc plus fauorit duRoy,pour auoir entre fes mains la vie de fa Majeftc. Iccluy precede les Palatins de Poulongne, qui font celuy de Cracouie, de PofnanicjdcColofcnfc, deSiradienfc, dcBre-ftcUjdc Lanticienfe,dc Roulîic, d’innoaibleuic, de Iublincnfc,de Bclcenfc,dc Plocen,de Raiié-fc,amp; celuy de Mall'ouic. Auecccux-cy viennét les fept Palatins de la Lituanie , à fçauoir celuy de V ilqcjdc Kioky,dc Samogithic, de Trocen-fe,dc Vitilienfc,de Poloccle,ôc celuy deNouo-gradic. Les Palatins ont pluficurs Prouinccs ioubs eux , amp;nbsp;chaque Piouincc y enuoyc deux

-ocr page 733-

Liure neufießne.

Nonas. Le Chanceliier,le Vicc^chancellicr,le en ccfteaffemblée place es premiers râgs. Tout ce qui fe refoult en cefte Diete par la plus grand part de tous ceux cy cft tenu ferme amp;nbsp;ftable. Et 11 en icelle on traite de quelque matière qui ne appartient à l’eleftion d’vn nouueau Roy , il peuteftrerefoluen cefte airembléc encor que ce foit contre la volonté du Roy .Et de la aduict que les Roys font moins belliqueux en cftecl qu’en courage, par-cc qu’iceux ne pcuucnt cn-trependre aucune guerre fil ne leur eft accordé par telles afTemblécs.Ceftc Dicte dont nous ef-criuons maintenant pour l’eleétion d’vn nouueau Roy fut alîignécà Varfouie.En icelle y c-ftoiétvenuspluficuts AmbafTadeurs de la part ) des plusgrands Princes de l’Europe,les vns portulans amp;nbsp;briguas pour leurs maifttes,amp; autres follicitans à la faucut de ceux qu’ils rccomman-doient. De la part du Roy de France Châties y ertoit premièrement venu le Sieur de Lanfac, ƒ* bien entedant la langue Sclauonique fort pra-tiquée en ces pays Scptétrionaux,amp; puis y vint en l’Euefque de Valence de la maifon de Monluc Poulongne bon Orateur , comme aufll le Sieur de Ram- l’eleciiide bouillet. Ceux-cy parleur beau parler, amp;par

, I 11 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;/v O nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;‘1 dAniou.

leurs belles promelles , amp;nbsp;mettans en auant la reputation grande que le Duc d’Anjou R’cre de Charles’fcrtoit défia acquife par tout le monde , pour les grandes armées qu’il auoit jà conduites en telle icunefle qu’il auoit encor, firent fl bien que ccluy pour qui ils parloiét fut efleu

Y y iiij

-ocr page 734-

Hiftoire de Hongrie

Roy dcPoulongne : amp;nbsp;l’clctlron publiéeaufli toft fut dépefehévn des Seigneurs de Poulon-gne vers lediól Duc d’Anjou, lequel pour lots . comme Lieutenant general pour le Roy Char-Rtclielle. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tenoit la ville de la Rochelle aftïcgée.Ayant

ce PriiKC reccu cefte gratieufe nouuclle qui ne cftoitqu’à l’augmentation de fa gloire, pout voir icelle eftre cftéduc iufques aux extremitez du mon de,tant par fa propre nature, qui eft de voler iuef la renommée d’vnc région à l’autre àtrauerslesmers, qu’auffi à raifon de tant de Princes Septentrionaux, contre lefquels en iu-gemét contraditoire il auoit emporte la palme, amp;nbsp;l’honneur d’eftre réputé le plus vaillant amp;nbsp;belliqueux Prince de tous, confiderant que ce ftege pour la forterefte de la ville, amp;nbsp;vaillantife des foldatslt;jûi cftoient dedans, cftoit pour durer vn téps fi long qu’iceluy apporteroit quelque preiudice à fon Eftat nouucau, eftant tnefr me ftimulé a ce faire par ce Seigneur Polacquc qui eftoit venu vers luy, lequel en auoit efte fo-licitc par ceux qui fauoril'oicnt les allicgez, foi) Altefl'epriale Roy fon frère de luy vouloir doner conge, amp;nbsp;licencier fon armée , apres auoit fait quelque accord auec les Rochelois, afin de aduiferà fes affaires particulières pour diligenter fon voyage en Poulongne. Eftant artiué à Paris,amp;pat la perfuafion du Roy ayant accepté cefte eledion , amp;nbsp;iurc entre les mains des Am-lîtnryfgt;A- bafladeurs qui cftoiét défia arinucz en cefte vil-le, deleguez par I’aflcmblce generalle du Roy-Roulogm. aume de Poulongne, de garder amp;nbsp;obfcrucrlcs

-ocr page 735-

Liure neufießne.

557

conditions aucc kfqucllcs il auoi

Icsloix du Royaume , fans préjudicier routes- j' y fois à fon droit lucceffif en laCouronne de Frâ- V ce le cas aduenant,apres auoir amafle grand nô-bre de deniers iuCques à deux milliôs,tant pour contenter ceux qui l’auorét efleu, que pour faire fon voyage,fe partit de la Cour accompagne de la Roy ne fa metc,amp;dc plufieuts autres Princes amp;nbsp;Seigneurs de France , dont aucuns amp;nbsp;la plus grand part l’açcompagnerent iufques en Poulongnc . Paffant pat les terres du Conte lniifcrt~^ Palatin ily recent quelque indifcrction par ce Seigneur , enluy monftrant les effigies de feu I’Admiral.deFrancCjdit de Coligny,autrement deChaftillójtucauecplufieursauttesScigneurs de la Religion prétendue reformée en la ville , dcParislevingt-quatticfmcioutd’Aouft Van-' née dernicrc precedçntc, lequel Admirai auoit efte toulîours affifte de gens de guerre amp;nbsp;de cô-feil.enuoyez pat ledit Seigneur Conte es guerres qui depuis dix ou douze ans f cftoiét entretenues enlaFrancc pour le fait delà Religion. Comme ceftuy-cy penfoit brauet ce Prince, d’autre codé le Duc de Saxe fut eftonné de la venue de ce nouueau Roy paflant par fes terres voyant pres de foy les Poulonnois en atmes.En fin Henry au commencement de l’année entra en fon Roy aume,y efiant receu aucc grands ap- ce» Ro^ Jç plaudiffcmcs;amp; aptes auoir derechef iuré l’ob- P«»iôx”** feruance des loix du pavs, il reccut les marques amp;nbsp;enfeignes Roy ailes felon l’vfancc ancienne. Qinfi en mefme temps, vn peu deuant toutes-

-ocr page 736-

Hifloire de Hongrie

Mort de foîs trcfpafla, amp;nbsp;f en alla hors de cc mode Eftie-lehan Roy ne,autrement dit Ichan,fils de lehan Vayuodc, y^oy de Tranfiluanie, fansauoirlaiffedcfoy filuanie, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;enfans legitimes. A raifon de cc dccezil

lus* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Jnouueaux troubles en

Prettnßos de Maximilian au Koyaume de Trau-filuanie.

la Tranfiluanie , par-cc que Ic Ture procuroit que cefte Prouincejaquellc luy eftoit commode pour le paflagc en la Hongrie, fc maintint a-uec luy, amp;nbsp;foubs la mefmeconfederation quia-uoitefté entre luy amp;nbsp;Ichan. D’autre part Maximilian afpiroit à ce Royaume, tant par le droit hereditaire de feu fa mere,laquelle auoit fucce-déau Roy Lonysfon frère, que pour raifon du teftament d’Eftiennc , lequel à fa mort l’auoit nommé fon heritier , amp;nbsp;auoit ordonne que cc Royaume luy fut rendu, pouffe par aduenturc d’vn remords de,confcicncc,ou craignant qui-celuy tombaft entre les mains du Turc , lequel luy en faifoit grande inftâce : cc qui ne pouuoit aduenir qu’au grand dommage de la Chreftien-té. Mais les Barons du pays ne fc refolurentpas fi promptement fur ce qu’ils deuoient faire,par cc que d’vn cofte ils craignoient les forces du Turc,lcqucl n’cuftfailly aies endommager fils fefuffcnt donnez à l’Empereur. D’autre cofte ils craignoient pis fils cfliloient vnRoy à fa dc-uotion.Sur telles craintes pluficurs moysfepaf feront fans aucune refolution. Quelques per-fonnages de qualité ayant peur d’vn iufte courroux de l’Empereur contr’eux, pour fiftrepen-dant la vie du Roy Jehan comportez contre /à Majcfté Impériale en forme d’hoftilité , rclî-?

-ocr page 737-

Littré neufießne. 358 ftoicntfort amp;nbsp;ferme contre ceux qui fauori-foicntlepatty de Maximilian , Si qui deman-doientquclctcftamentdudeffunôl full mis à execution. Ces pœurs engendrèrent paimy euif vne grande diuctfitc , qui fut vnc occafion de ' retarder longuement leur dernière refolution. Mais apres pluficutsmoysfinablcmét fut con-clud pat entr’eux qu’ils cilireient particulièrement vn Roy de leur nation, voulans en icelle conferuer leur Royaume, amp;nbsp;que pour demeurer en paix auec le Turc on luy payeroit le tribut accouftume , 8i que celuy qui feroit elku Roy femaintiedroit en paix aueç l’Empereur, iugeans tous par là que le Turc autoit ocCafion de fc contenter d’eux, amp;quc l’Empereur ne f’en irritetoit pas tant. Pourccftcconfideration ils Efliams cfleurent pour leur Roy Eftienne Battor le pre- 'ƒ■ miet Baron d’entr’eux. Enuiron ce mefmc teps * ,gt;r- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r 11-, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gt;1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• Twnjtl-

1 Empereur ht publier la celiion qu il auoit rat-te du Royaume de Hôgrie au profit de fon fils aifnc Rodolphe,lequcl l’année auparauant il a-uoit fait reuenir d’Efpagnc,où il auoit fejourne ' quelque temps pres le Roy Catholique ion oncle. Le couronnement d’iceluy auec plufieurs c««™»-magnifiques amp;nbsp;fomptueufes ceremonies fut nemeti'-u» faift enla ville de Pofon. Etpar-cc que telles chofes font notables Si dignes de fçauoit pour ’ ceuxquifeplaifcnt en la congnoilTance de ce * qui leur eftefttanger, i’ay bien voulu les reciter amp;nbsp;les efctirc en celle hiftoire. Eftant ce lieu de Pofon,qui anciennement f’appclloitPifonium pour auoir efté fondé pat Pilo Romain,otdon-

-ocr page 738-

ne pour cede pompe, les Eftats du pays y eftanî tous appeliez. Iceux aflcmblcz le iour prccedct celuy de l’entrée , l’Empereur amp;nbsp;l’Impératrice entrèrent en la ville de nuiét dedans leurs coches auec pluficurs lumières amp;nbsp;torches,accompagnez des Princes Mathias amp;nbsp;Maximiliâ leurs nls puifnez le vingtiefme de Septebre, ne vou-lans non plus que les autres Seigneurs de leur Coury entrer de iour publiquement. Le iour cnfüy uant partit d’Amburg, dit autrement So-pron, Rodolphe accompagne de fon frere Er-ncft,amp; de plufieurs autres Princes amp;Seigncurs. Au douant de luy fortirent hors de la ville vnc lieueloing(es deux autres frétés Mathias, amp;nbsp;Maximilian , en la compagnee defquels eftoit rArcheucfque deStrigonie Primat du Royaume , lequel auoit auec foy fix Euefques fuyuis des autres Seigneurs, de la Noblcflc amp;nbsp;de la ca-uallcrie Hongrefquc. A la recontre l’Archeucf-que , à qui apparrenoit cede charge , auec vne briefiie amp;nbsp;elegante Oraifon Latine, apres auoit prie Dieu qu’il luy plcud rendre cede entrée amp;nbsp;fa venue pro(pcreamp; heureufe pour la paix, SC pour la confolation défis fujctds, luy promit au nom de tout le Royaume obcydànce amp;nbsp;fidelité. Le Princcluy fi't rc/ponce auec vnc mo-dedie accompagnée d’vne douce grauité, qu’il remercioit le Royaume d’vne fi bonne affedio en fon endroit, amp;nbsp;qu’il prioit Dieu qu’il luy fit cede grace de fupporrer tellement cede charge que fa Diuinc Majcdé en fin bié firuic, amp;nbsp;qu’il luy plcud lerendre tel que toutes les Prouinecs

-ocr page 739-

Liure neufießne. ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;35g

Si tout le peuple du Royaume n enflent iamais occafion de fc repentir de luy auoir obey , ains pluftoftqu’ils fiâTcnt trcs-contens de fon ele-v' thon, promettant employer toutes fes forces aufalutjàlaconferuation, 8c à l’augmentation de tout le Royaume tant en general qu’en particulier. Cela dit on commença à f’acheminer vers Pofon auec cefte pompe, marchant deuat la cauallctie Hongtelque iufques au nombre de trois mille chenaux diuiféc foubs quarante deux Enfeignes , auccvncGbelle ordonnance amp;nbsp;fl bien gardée que c’eftoit chofe mcrucillcu-fc à voir,paigt;ce que ces gens de guerre portoiét en tefte de treibelles Slt;. luyfantes faladcs enrichies d’or, auec beaux ouuragcs grauez deflus. Si fut le front auoient de grands pcnnachcs cf-pais fairs de plumes de paons blancs , lefquels leur couutoicnt tout le corps,lequel ils auoient armé de cuirafles claircsà mctucillcs.ou de chc-mifes de maillc.Sur le bras gauche ils portoient des targes à leur mode , aucunes dcfquclles a-uoient autour trois oilutcs de mcfmes plumes, amp;nbsp;en leurs mains 8c à l’arçon de leurs chenaux ils tenoient lances, cimeterres, cftocs 8c maffes de fcr.Us cftoient tous montez fur de trclbeaux chenaux,lefquels fe rendoient plus dignes d’e-ftre rcgardez,d’autant que leurs harnois eftoiét

I enrichis d’or , ôc leurs teftieres fournies de be-1 aux 8c grands pennaches auec plufieurs pierres 1 ptecieufes 8c perles de grand valeur, tellement qu’il femble que ces gens icy portent auec eux 1 tout leur vaillant, qui eft vn moyen pour leur

-ocr page 740-

Hißoire de Hongrie

«lonner courage de fc dcfFcndre plus couragcu-fcmenc contre leur cnncmy. Ce qui tendon encor celle cauallerie fupetbe eftoient les peaux d’Ours,SedeTygres,que ces cauallicrs portoict à trauers les efpaulcs, amp;nbsp;fur le cnn de leurs chenaux, Apres celle ordonnance marchoient les Gentilshommes delàfuitte des Princes de Ba-uicrcj de l’Archiduc d’Auftriche, des deux puif-nez de l’Empereur,amp; pluficurs autres de la mai-fon de fa Majeftc fi noblement vellus , amp;nbsp;leurs chenaux fi proprement équipez qu’ils rendoiét celle pompe fort magnifique, portanstous au col de groHcs chaifnes d’or. Le Prince Maximilian marchoit apres ceux cy, ayant à fa gauche le Prince dcClcucs. Apres luy marchoit le Prince Ernell,qui auoit fonfrère Mathias à gauche, amp;le Prince Ferdinand de Bauierc à droite. Derriere venoit le Prince Rodolphe au milieu de l’Archiduc d’Anllrichclbn oncle, amp;nbsp;du Prince Guillaume de Bauierc. Apres ces Princes on voyoir le fufdit Arebeticfque auec fes Prélats au-milieu de la garde de l’Empereur. Ce nouueau Roy auec celte pompe fut rcceu hors le Pons par l’infanterie Allemande, laquelle cHoir rangée en bataille iufques au nombre de cinq mille , amp;nbsp;d’autres cinq cens foldats qui elloicnt pour la garde de la porte , amp;nbsp;pareillement de tout le peuple , lequel de toute forte, d'aage 5c condition l'elloic laamafic pour voir amp;nbsp;rece-tioirce nouueau Roy auec vn grand aplaudif-fement , amp;nbsp;pour le conduite iufques au Palais-Archiepilcopal, qui auoit elle préparé pout ,

-ocr page 741-

Liure neufiefine. 360

luy. Uallafurlefoirbaifcrlcs mainsàl’Emptf-rcur.Scàl’lmpcracricc, lcfquelsl’embraflercntl'px*(,lt;».„gt;• fort amiablcment.Le vingt cinquielmc de Sep- tî/ tembre les ebotes neceflaites pour fon couronnement cftans préparées l’Empereur alla à l’E-glifc Catbedrale en grand pompe auec Ion habit Imperial accompagne de fes Hetaults, efti porté en vne chaire arabon que pour lors il e-ftoit faifi de fes gouttes qui le tourmentoiét or-dinaitemét. Dcuant luy marchoit le grand Ma-refchal de l’Empire ayant en main l’efpée nue. Apres fuyuoient les Ambafladeurs des Princes, amp;nbsp;les Gentils-hommes de fa Cour. S’eftant fa Majefté albfc au bault du cœur oùfon fiege c-ftoit préparé foubs vn poifle , 8c celuy de l’Im-peratticc , à fa main droite feoyent l’Archiduc Charles , le Prince Guillaume de Bauiere , les Princes Erneft,Ferdinand de Bauiere, Maximilian , Mathias Sc le Prince de Cleues. A main gauche cftolent leban DolfinNonce du Pape, VAmbafladeurduRoy Catholique,amp; celuy de Venife.Aprèsarriuale nouueau Roy accompagné des Princes que nousauons nommez, 8cde toute la Noblefl'e de Boheme , 8c de Hongrie. Ces Princes cftans entrez en l'Eglifc , amp;nbsp;ayana fait la reuetence à l’Empereur prindrent place

1 en leurs Geges ordonnez pour eux. Mais Ro-1 dolphe entra au teueftiairc,d’où incontinent a-1 près il fotttt auec la tefte defcouucrte.eftant vc-I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ftu d’vne cotte blanche,laquelle on dit auoir e-

( ftéautresfois à fainélEftienne premier Roy de I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Hongrie,8c deuant luy precedoient dix Barons-

-ocr page 742-

Hiflotre de Hongrie

Hongres magnifiquement vertus portans chacun vn Eftcndard en la main.cfqucls cftoictrc-prefentees les dix Prouinccs fujettes à ce Royaume , occupées toutesfois pour le jourd’huy pour la plus grand part par le Turc. Icelles font Hongrie, Dalmatie,Croatic,Sclauonic,Scriiicgt; Galitic,Rafcic,Bulgaric,Bortinc,amp; Lodornirif-Apres ces dix fuyuoiét cinq autres Barons, l’vn defquclsportoitvnc Relique en figne de paii cnchaflcc en or en forme rôde. Le fécond por-toit vne efpéc enguainée en vn fourreau de velours cramoifi garnie d’argent. Le troifieftnea-uoit leSceptre en fa main.Le quatriefme tenoit vn petit monde d’or : amp;nbsp;le dernier portoit la Courône. Tous ces joyaux comme l’on diront appartenu audit fainôt Efticnne , amp;font entre les Hongres tenus en telle opinion qu’ils n’efti-ment pour Roy légitime celuy qui n’en feroit jouifiànt. Ces cinq Barons eftoient fuyuis du nouucau Roy , lequel auoir à fon cofté le Ma-rcfchal du Royaume qui tenoit en main l’efpée nue. Auec celle fiiittcamp; compagnée venant le Roy versie Cœur, deux Euefques vindrentau déliant de luy au milieu de rEglife,à fçauoit celuy d’Agric,amp; celuy de Zagabric,lefquels apres quelque peu de paroles le conduirent cftant ail milieu d’eux deux dcuancl’Archcuefqiie,lequel eftoit reueftu folennellement. Aupied d’iceluy feftant mis Rodolphe à genoux,l’Archeuefquc lebenift amp;nbsp;l’oincnit auec les ceremonies ac-

O

couftumees. Là l’Epiftre acheuce d’eftre dite L’Archcucfqueluy ceingnitl’cfptc , luy faifanc tirer

-ocr page 743-

LAure neufießne. 3lt;gt;i tirer hots du fourreau, amp;nbsp;leuer par trois fois en ' hault,dénotant pat là qu’ilfobligcoic à deffen-dre par les armes la Foy de Icfus Chrift contre J,, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;»r,.

les lnfidellcs,amp; cotre les Hérétiques, Puis l’Ar-* cheuefque demanda tout haut au peuple qui e-ftoit prefent à telles ceremonies , fil acceptoit ce Prince pour fon R oy. Alors vn chacun auec infinies acclamations f’eferia qu’il le defitoit amp;nbsp;vouloitauoitpourfon Roy. SurcelaVArche-uefquc print le ferment de luy , Sc luy mift la Couronne fut la telle,Sc le Sceptre en main.Lc Roy fc rcleuant on luy ofte l’cfpéc de fon cofte laquelle on baille au Marefchal du Royaume pour la potter toufiours en apres au deuant de la Majelté. Puis l’Archeucfque mena le Roy portant fa Couronne en la telle , Si tenant fon Sceptre en la maioj dedans fon Troine. A toutes CCS ceremoniesl’Archeucfque vfe de certaines prières amp;nbsp;admonitions ordonnées pour tel cffedl. Puis l’Archeucfque f’alTicd près le Roy pendant que l’on chante le Te Deum,lequel fi-nyl’Archeuefquc retourna à l’autel acheuer de dire la Melle. Icelle finie le Roy en mefmc habit fottit de l’Eglifcfaifant)etter au peuple des pieces d’or amp;nbsp;d’argent monnoyez , amp;nbsp;forgées nouuellemcntfoubsfonnom-.S: de ccllcEgli-fc auec la mefmc GÔpagnéc l’cn alla à celle des Cordeliers , en laquelle il fit pluficurs Cheua-licrs tant Hongres qu’cllrangcts; ôè de là il f’en alla monté fur vn cheual richcmét enharnaché, encor qu’il pleut à bon efeient, à deux lieues de la ville pour accomplir aucunes ceremonies dé^

Zz

-ocr page 744-

Treue entre Selim (y Maxt-mileanex-firee.

V\ifloire de Honj^r/e pendantes du ferment que les Roys doiuct faire en tels facres. Cc-pendant l’Empereur apres auoir remercie fort afFcétucufcmét les Ambaf-fadeurs pour leurafliftancc, amp;nbsp;leur auoir donné licéce de fe retirer fe fit reporter au chaftcaii-Le Samedy enfuyuant on fit plufieurs feftes : amp;nbsp;le Dimanche cent btaues cauallicrs firent vb beau tournoy.Entie iceux felon le iugcmétdcs affiftans f’y porterct vaillammct les deux Princes Maximilian amp;: Mathias. L’vn combatit cotre vn Efpagnol fils de l’ArnbalTadeur d’Efpa-gnc.amp; l’autre contre vnDuc de Poulongne.Au foir l’Empereur donna le fouper tres-opulcnt amp;: tres-fomptueux àtous les Princes , Icfqucls tous pour la rcuercncc de l’Empereur eftoient nues teftes,exceptez lcRoy,amp;l’Archiduc Charles , lequel preccdoit le Roy cftant afiîs près 1’1 mperatrice. Deux iours apres on reprefenta vn aflault donné contre vne villefaitc de bois, pour la deffcncc de laquelle cftoient quelques Cheualicrs fort cftimez. Celle mcfme année fi-nilTbit la treftic entre Selim 8c Maximilian. L’Empereur fentant la vigueur n’eftrc plus en luy telle qu’elle auoit eflé auparauant, 8i. con-gnoifîànt fes forces petites, ou bien pour quelque autre cofideration tccherchoit Selim pour obtenir de luy vne prolôgation dctrcfuc. Niais Selim ne fe condefeendant point fi promptement comme Maximilian eut bic voulu,la tref-ue ce pendant expira; 8c aiilfi toit les Turcs des prochaines garnilons ne faillirent à fe mettre aux champs, amp;nbsp;à courir 8c aflàillir les frôticrcs,

-ocr page 745-

Lture^neufießne. 363 tctnpottans'forccbutin. Rodolphe aucfcMaxi-milian fon perc f’aduifa de drcfTct vn fort entre Pofonamp; Alberegalc pour retenir en bride tels coureurs. Les Turcs preuoyans bien ce qui ad-uiendroit d’vn tel baftiment fe tcfolurent de ne laiffcr acheuer douant leurs yeux vnc place qui leur fetoit de trop grande importante j amp;nbsp;pat mcfmc moyé d’empefeher les defleings de Rodolphe. Pour cefte fin ayans amalTc enfimblc leurs forces, qui fc pouuoicnt monter iulques à vingt mille hommes, afl'aillircnt à l’impourueu ce fort quafi acheuciSt entrahs de force dedans mirent à mort la garnifon amp;nbsp;tous les ouuriers qui y trauailloienf.Cc apres auoir renuerfe tout ceft edifice emmenerét de U bon nombre d’artillerie amp;nbsp;autres munitions de guerre. Rodolphe enuoya à Conftantinoplc faire plainte à Sclim pourvnctclle entreprinfe faidc par fes gens pendant vn pourparler de paix, amp;nbsp;fans a-uoir efté faiûc d’vne part Sc d’autte prcalable-blemct aucune declaration de guerre, redemandât ce qui luy auoit efté enleué de ce fort. Mais la rcfponce fut vn deny de tout ce que fa Maje-fté dcmandoit,amp; auquel On adioufta des mena-* ces f’il perfiftoiten telles dem.âdes. L’Empereur nonobftantladimidîon qu’il auoit faiékc à fon fils Rodolphe de la Couronne de Hongrie, ne ayant pas moindre foing de ce Royaume qu’il auoit auparauant, 8c confiderant combien luy eftoiét dommageables les pertes que le peqplc d’iccluy fouffroit par telles courres.Scqu’a cefte occafioillaneccmtélc contraignoit de prcdtc

Z Z ij

-ocr page 746-

Secotri 0-fjrcyé à l'Empt-reur pttr les JUt-m.tns,’

Hifloire de Hongrie les atmes pour le deffendre de la violence de fa ennemis, amp;nbsp;pour rccouurer ce qu’on luy auoit enleué,fit publier vne Dicte à Ifprucb , y con-uoquâs tous les Princes d’Allemagne; amp;nbsp;là leut propofant le peril eminent à toute leut nation, 5c combien on fe deuoit fier aux promefles des Infidel 1 CS, les exhorta de prédre les armes aucc luy pour la dcfFcnce de la nation commune.Lcs Princes cfmcus par fes perluafions conclurent d’entreprendrecefteguerreauec luy, iugeans tous qu’il eftoir plus expedient de faite la guerre ouuertcment, que de demourer toufioiirs en

fufpcnd amp;nbsp;en doute. Et fur celle conckifion on donna ordre aux chofes nccclîàircs pour icelle. eUf/Ù Ce-pendant Charles Roy de France ennuyé de Xoj ie longue main de tant de troubles continuels en Eranct. fon Royaume,OU pour auoir faiél trop d’excez .H gt;nbsp;*' .en ces exercices ordinaires, cfquels il paflbit le a*' temps trop violcntcmcnt, ouparquelqucpoi-'m, fon,commcaucunsontvoulu dite, mourut en peudciouts,lorsqucfavieclloitplusncceirai-re à la France , ne lailîànt apres Iby qu’vnc fille legitime de luy amp;nbsp;de fon efpoufenomméc Eli-

fabeth filledcl’Empercur Maximilian. Henry aduerty de gnefedef. fa uiort, fit foudain inllancc aox Seigncurs de robbe (Sy Poulongne poutluy permettre de venir en Fra-«««„t en jcc prendre poflelîîon d’vnfi grand Royaume, poury donner ordre, leurpromcttantdcte-tourner en peu de moys. Les Pollaques ne vou-Joicntayfcmcntluy accorder ce qu'il deman-doit, toutesfois luy firct rclponcc qu’ils le con-

-ocr page 747-

Liure neufießne. 363 fcntiroient moyénant que pour ccft cfFcót vnc Dietc futaflcmblcc , fans laquelle on ne pou-uoit rien luy accorder. Cc pendant là Majcftc donne ordre à faire fetter fes meilleures hardes, amp;nbsp;joyaux pour partir eh diligence, amp;nbsp;fccrette-mcnt.'amp; apres auoir enuoye deuant l’AmbalTa-deur de France loubs touleur que fon pouuoir » cftoit expiré par le dcccz de Ion Maiftrc, voyâr que d’attendre dauantage latcfolution de celle Dicte, laquelle les Pollacques dilayoiét-dc iour à autre pour le retenir,feftant refolu de pattit'il fait efetire en fon nom par le Sieur de Pibrac v-ne lettre Latine au Senat de Poulongnc, par laquelle fa Majcfté donnoit aduis comme l’occa-hon plus qu’apparente,amp; le befoing de la France le contraignoient de partir de leur Royaume pluftoft qu’il ne péfoit, fans attendre autremet-l’ilTuë de la Dietc , citant follicitc par courriers fur courriers de ce faire par les Princes amp;nbsp;Seigneurs de France, amp;nbsp;particulièrement par la Royne fa mere fans attendre autrement l’ilTuc de la Dicte. Ayant lai fie ces lettres fur fa table,' Sc comme ledit Sieur de Pibrac les acheuoit, fa Majcfté fortit de nuidl de Cracouic par vnc porte fecrctte,dc laquelle il auoit ordinaircmêc les clefs pour aller à la challc, amp;nbsp;cftant monté à chcual fit fi bonne diligcce qu’en peu de temps il fut hors les limites du Royaume de Poulon-gne ; amp;nbsp;cftant paruenu és confins des terres de l’Empereur, fut rcceu par fa Majcfté Imperiale, amp;parfcsenfansauec toute demonfttation de grajidc amitié, ÿc par eux conduit à Vienne, où

Z Z iii

-ocr page 748-

Hifi oir ede Hongrie il^ut honore amp;nbsp;ttaitcaucc toutes fortes d’ho-neut. be la il Pen vint à Vcnife,où la Seigneurie Juy fit vne entrée magnifique. Puis palTa par Ferrate,par M antoué,Ôc par Turin, cftant grandement cartfle par les Princes d’Italic.Vn Am-bafiadeut de l’oulongne le vint rencontrer à Fcrrarc,lequel fe pleignoit fort de fa Majeftc,amp; ptorefion que Pilncrctournoit en peu de ttps les Pculonnoisauoicnt refolu d’efiirc vn nouveau koy , ne polluant ce Royaume fubfifter fiiqs laprefenccd’vn Roy. SaMajeRclcpriadc fupcrlcticrcefterclolution , luy prometrantde retourne; bien tollt.De 1 urin en peu dcioorsil an^iua en France au temps rnefin- que les Hongres donans ordre a leurs affaires, amp;nbsp;inunifTans leurs places frontières contre les Turcs fe pte-paroient à la guerre; amp;nbsp;encor d’autant plus volontiers qu’ils voyoient défia parmy eux plu-fii ursdclordrcs , amp;nbsp;comme en la Tranfiluanic auoit efte déclaré Roy par le vouloir du Turc Eftienne ßattorperfonnage de grande experié-ce , duquel ils auoient quelque pœur non fans caulc.Sur telles dcfliances, amp;nbsp;aucc tch préparatifs on commença d’vne-part amp;nbsp;d’autre à f endommager grandement, Mais pendant telles craintes qu’auoict les Hongres à l’occafion du Turc , iccluy fe préparant défia à bouleuerfcr tousles Chrcfticns, fclcntant merucillcufcmct enflé de gloire pour les heureux fuccez qui luy efliüicnt arriuez en rAfFriquc,amp; pcfàntcnleticr d’entre les mains des Vénitiens l’i/le de Candie comme il auoit faidl celle de Cypre,mourut cp

-ocr page 749-

Liure neufielme. 364 peudeiours. II auoitcftcvn Prince par dcfTus tous les autres de Ion temps grandement petiu-1 re,barbare, amp;nbsp;cb tour amp;nbsp;par tour coblé de per-/ fidic, n’eftant paruenuàceft Empire que pat J fraudes amp;nbsp;tromperies ; ayant induit fon pere à , faite maflacrer fes frere , côme il f eft ancré par aprcs;amp; ayant ainfi rcmply fa maifon d’homicides,amp; de meurtres n’obfcruoit ny loy, ny teli-gion aucune, amp;nbsp;cftoit abyfm'c en tous les vices j, fales amp;vilains autant qu’il eftoit poffible.Cefte mort arriua lors que les Poulonnois voy âs que *«•« leur Roy Henry eftoit paifiblc poflefteur de la Couronne de France , amp;nbsp;que le temps pat luy prefix f’eftoit efcoulé, il y auoit défia plufieurs inoys,comrncncerét à traiter de l’clcdion d’vn autre Roy, Henry eftant aduerty de leur intention pria les Eleôtcurs5lt; Barons du Royaume de vouloir attendre iufqucs à vn certain temps, dedans lequel il promettoit de retourner vers eux , ou bien leur enuoytoit vnc pleine faculté d’en eflirevn autre tel qu’ils iugeroient leur c-ftre plus commode, A cefte t’equefte cftans ioin-tes les menaces du Turc Amurath,les Poulon-no.is fc contenterçt de fuperfedet encor iufqucs à vn temps prcfixllceluy paffcjSc expiré finablc-mçnt la Diete fut affignécàCracouie.L’Empe-reut Maximilian des lors qu'il fut aduerty que l’intention des Poulonnois n’eftoit de demeurer fans la prefence d’vn Roy commença à nc-•’gotier auec eux pour fe faire cflire Roy d’entre-eux: D’autre codé Amurath.,qui auoit fuceedé à Selim,ayantentedu les pourfuytes que faifoit

Z y üij

-ocr page 750-

Viißoire de Mongrie

Atnurnth 1’Empcreur manda aux Pollacqucs qu’ils adui-filsdtSt- faflcnc bien à ne faire chofc cn teile affaire, qui hmfillitt fnt hors de fon contentement ,amp; qu’il vouloit !

qu’ils cfleuffent pour leur Roy 1’vn d’cntr’cux, eßmBüt- oubicn EftienncBattorRoy de la Tranfilua-nr fiauT nie. Et pour eftonner dauantagc cefte ncgocU-ItKrRcy. tion de Maximiliail luy efcriuit par vn Chiaufs

acc que luy amp;nbsp;(csfrcreslcs Archiducs eulkntà luy payer tribut de tont cc qu’ils pollcdoicnt, autrement qu’il fachetrincroit en Hongrie, amp;nbsp;en Aurtriche aucc vnc puiffante armee pout mettre tout â feuamp;à fang , Icmenatantcn fin que fi pour foy ou pour autre des fiens, il prati-quoit le Royaume de Poulongne il l’en feroit repentir. Nonobftant ces menaces l’Empereur par le moyen de ceux qui tenoient fon party fut cfieu Roy de Poulongne à l’encontre du Maximi- Roy de Tranfiluanie, amp;nbsp;du Duc de Mofeouie, ha» efleit Icfquels deux fc fentans defdaignez par trop de-Roj ie libcrcrct d’endommager aucc toutes leurs for-fowZojMe. Royaume. Maximilian en eftant aduerty

amp; preuoyant qu’il attiroit fur foy tant d’ennemis amp;nbsp;fi puiffants , amp;nbsp;confiderant qu’il n’anoit les forces lufïifantcs pour foppofer à eux, Si mcfme contre le Turc, qui fc preparoit pour fe I jetter en la Poulôgnc colère de ce que les Pou- j îonnoisauoient fairfipcud’eftatdc fes aduer-tiffemcns,amp; mandemés, craignant de febrouil- j leren vnc guerre trop dangereufe pour luy Si pour les ficnsjd’oùmal-aylcment il fepourroit defueloppcr, ne fit pas grande continance de fe refiouyr de cefte cleâion: ains en dclaiffant at-

-ocr page 751-

Liure neafiefme. 365 ïierc Ic foing qu’il deuoit auoir d’icellc , fai-. gnoitdcn’cnfçauoirricn , prolongeant par cc moyen lapvinfc depofTcflîon de ce Royaume Idubs vnc efperancc qu’apres ces premieres bouttades de tels Princes il n’en aduiendroit en fin autre chofe. Toutesfois les Poulonnois ayâs poeurdclapuifTancedu Turc qui le preparoit aux armes, ne voulurent perfiiter en cefte elc-ôion , ptenans leur exeufe fur le long rctarde-L^^^^ ment que faifoit Maximilian. Ainfi l’Euefquc | i ƒ ' de Cracouie,pluficursSeigneurs l’ollacqucs,amp;: )** Lituans craignans le Turc, amp;nbsp;les aunes Princes leurs voifins,clleurct Eftienne Battor pour leur R„y Je Roy , clpcrans par cefte elcdlion appaifer le Poulô^ne. Turc,,le Mofeouite, amp;nbsp;autres Princes, Icfquels hayflbict la grandeur de la maifon d’Aufttichei amp;nbsp;d’autre-patt ce Battor cftoit vn Prince de grand valeur. A cefte elciftion nouuellc Albert Lasky Palatin ne voulut iamais conlcntir, ny faire l’hômage qu’il deuoit à ce nouueau Roy. amp;aymant mieux abandonner fon pays amp;nbsp;fes biés fc retira hors du Royaume aucc tous ceux qui auoient fauotife le party Impcrial.Or Bat-torfçachantauoireftéêlleufenalla en diligé-cecnPoulongne, amp;nbsp;apres auoir cftécoutonné im^„e. enuoya en diuerfes Pto,uinces notifier ion de*-âionÿSc mefmemcntvcrs l’Empereur Maximi-lian,luy mandant que fi par le pafte iLluy auoit efteamy, de fauoriféfcsaôlions, qrfà raduenir il l’honoreroit encor dauantage ; amp;nbsp;qu’il le re-fpcâ:eroitamp; commeamy comme Empereur amp;nbsp;qu’il ne deuoit'prendre à dcfpiaifir fi cefte

-ocr page 752-

Hiß aire h Hongrie Couronnccfloit tôbéc entre les mains de ccluy qui luy auoit eftt toufiours fauorablc,Je priant que puis que par les difTcntions des Barons amp;nbsp;Eledheurs Poulônois, amp;nbsp;par quelques mauuais offices de quelques Princes, lefqucls portoient enuie à la grandeur delà maifon d’Auftrichc,amp; qui pardiuers moyens auoient cmpciché fon clcdion , 11 fe concentaft que ce Royaume fuft paruenu en la perfonne d’vn qui reucroit fa Majcftc,amp; raymoitgrandemcnt,amp;: principalement confiderant que cefte dtrniere eicâion feroit caufe d’amortir beaucoup de troubles quipourroicnc cftrc caufe de renuerfer l'Eftat de ce Royaume. Maximilian pour fi belles rai-fbns amp;nbsp;offres fi honeftes ne fe voulut appaifer: ains fe métrant en colère monftra affez que cc-fte clcólion luy defplaifoit fort,adiouftant qu’il feroir tant qu’il en feroit repentir les Poulon-Sur ce courroux le Mofeouite, amp;nbsp;le Da-Danne- nois ioindls cnfcmble auec quelques forces de marct^rle J’Empercur, endommagèrent grandement par Majeowte mer Ics riuicrcs delà Liuoniejamp; ayons mis pied à terre à Plefcouie coururer bien auint dedans füulogne. pays.ßaccor routcsfoisxftant rcccu amp;nbsp;çouro-ne Roy dePoulongnefitpublicr vne Ordonnance, par laquelle il permettoit à tous ceux qui feftoientretirez du Royaume pour auoir fauorifë le party de l’Empereur, de reueniren leurs madbns aux mefmcs .Effats., dignitcz Sc prerogatiues qu’ils auoiétauparauanc.'amp; au cas qu’ils ne voudroient recourner amp;nbsp;luy hirer le fcrmentdcfidclitamp;tclqu;il:51uy deuoient, il les

-ocr page 753-

Liure neufießne. ^66 feroit'declarcr rebelles à fa Ma)cfté,8c ennemis de la Couronne. En ce temps de l’eledion de Battor, l’Empereur auoit ordonné vnc Diète à Ratifponepout aduifer aux moyens aucc lef-?iUcls on poutroit empefeher que les fiens ne uflcntainft expofez lournellcmentàlamercy UAximi-des ennemis communs ,lcfqucls continuelle- liAndem»-ment moleftoicnt la Hongrie. En apres fa Ma-jefté tcmonftra aux Princes qui eftoiét prefens en icelle , amp;nbsp;aux Ambafladeurs de ceux qui c- guerroyer ftoientabfens , comme il auoit efte cfleù Roy les PouH-de Poulongne, amp;c que par ce moyen la Liuonic amp;nbsp;la Rouflie cftoient retombez foubs l’Empire , amp;nbsp;que les Poulonnois pour vnc crainte du Tutcauoicntvarié en leur elcftion , amp;nbsp;depuis cfleu vn autrcjdont il cftoit tres-marry,leur déclarant que fon intention n’cHoit point de fen taire : amp;nbsp;pour cefte caufe les pria de luy donner fecours,afin parle moyen d iceluy de conferuer à l’Empire ces deux grands pays. Et pour mieux fe preualoir de leurs forces il les exhorta tous de fe maintenir en paixlcs vns auec les autres,' leur commandant qu’al’aduenit ils ne permif-fent plus à leurs fuiedts d’aller fetuir les Eftran-gets a leurs gucrrcs.Ccfte Diete futtransferée à Aufbourg, en laquelle il fit tant que le fecours

,0’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Setours «-

ordinair- pour la guerre luy (croit connue. Les Bohemiens luy otfrirét outre l’ordinaire quinj Maxims^ zc cens theuaux; amp;nbsp;les Hongres trois cés pifto- haa. liers-amp;quatre censarcquebuziers àcheual ; 8ç les Slcficns fix cens cheuaux, cens piftoliers, amp;nbsp;huit cens arcquebuziers à cheual. A çes fcçouts

-ocr page 754-

contre le Pou-loaitoii.

Maximi-ha enuoye /otlmler le Sophy titre Amtt-rath.

Hißoire de Hongrie fofFrirét encor le Roy de Dannemarc,Ics Ducs de S axe,de Pomcraiüc, amp;nbsp;de Brandebourg. Et en fin farrefta vnc ligue entre l’Empereur, les Roys de Dannemarc,amp; de Sucdc.lc Duc de Saxe, le Duc de Mofeouie amp;nbsp;les Ducs de Brandebourg, amp;dc Pomeren pour la dcfFence de l’Empire,amp; pour renuahilTemcnt de la Poulongnc: le complaignâs cous pour l’elediion de Battor, lequel pour afpirer à la couronne de Poulôgnc contr’eux tous auoit tant prefiimc foubs la pro-tedion du Turc. En outre ils auoient pœurque ieeluy pour l’obligation qu’il auoit à Amutath print les armes contre l’Empereur ; lequel non content de celle ligue enuoya tant en fon nom qu’au nô du Roy d’Efpagnc des Ambalfadeurs en Perfe pour exciter le Sophy Roy de Perfe à faire la guerre au Turc. Ce mot de Roy cft dit en PerficnScach , amp;nbsp;les Turcs le furnomment Sophy, que nous penfons communément procéder de ce mot Grec Sophie,qui lignifie fagef-fc,lequel cnlangage Turcqucfque lignifie de la laine. Et les Turcvfercnt de ce brocard contre

lfmaé'1 cy deuant Roy de Perfe, par-ce qu’ice-luy fuyuant fon opinion ou hctcfic, cnfeignoic qu’il falloir couurir la telle de laine pour cftrc plus vile que le lin , duquel les Turcs font leur {.urban. Bactor ayant dcfcouuert le voyage de y, cfs Ambafladcurslesfitfurprcndrccn chemin,

amp; malTaeret: amp;nbsp;enuoya à Amurath leurs lettres de creance, amp;nbsp;leurs inllcuûions, par lefquelles hîy furent defcouucrrs les dcllcing, de les ennemis. Ce qu’ayant clic rapporté à l’Empereur il

-ocr page 755-

Litire ncufiefme. ^6/ en fut fort dcfplaifant,amp; fit arreftcr les Ambaf-fadcurs de Battor,8ôpluficuis autres Pollacques qui pour lots eftoient par l’Allemagne,amp;à Vié-ne : amp;nbsp;enuoya vers tous les Princes Chreftiens pour les requérir de fccours voy ât que les Pro-teftans de l’Allemagne luy auoient dénié tel ay-de que metitoit le perd eminct, pour n’auoir fa Majcftc voulu fe condefeendtc aux demandes qu’ils luy faifoient pour les affaires de la Reli-gion.Encefte Dicte nonobftancla reclamariô, amp;nbsp;cmpcfchcment de quelqucls Elcdcurs de l’Empire,faMajcfté fix declarer fon fils Rodol- ximiltan phe Empereur apresluy,amp;luy fit impofer le né iedariRoy de Roy des Romains. Ce fut alors que les Am-baffadeurs du Mofeouite arriucrent à la Cour pour confirmer la ligue faidc auec fa Majefté Imperiale, eftant leur maiflre grandement irrité contre les Poulonnois , pour auoir cfté ainfi par eux defdaigné.Iccux ayans ptefenté à l'Empereur pluficurs beaux prefcns.offntct au nom de leur maiftreàfa Majefté tout fon pouuoir pour fubiugucr la Poulongne. Maiimilian acceptant CCS offres remercia les Ambaffadeurs de la bonne affcékion de leur Prince, rcfeiuant de fen pouuoir preualoit lors qu’il feroit teps. Commeilordonnoitdctoutce qui cScemoit

l’Eftat de la guerre prochaine, eftantfa Majefté foudain furprinfc d’vn vehement ttemblancnt Maximf de membres, amp;nbsp;d’vn grand battement de cœur Uan, il mit fin à fa vie. C’auoit efté vn Prince qui a-uoit bien fccu conferuer fa dignité Imperiale, amp;nbsp;la grandeur de fa famille. Ayât rcccu l’admi-

-ocr page 756-

Hifloire de Hongrie niftration de l’Empire des le viuant de fon perc^ le foing qu’il eut toufiours le plus en fon cfprit fut de contenir l’Allemagne en paix, amp;nbsp;de faite en forte qu’icelle ne fentift plus les calamiteï ,Ayprecedentes elquellcs elle fclloit laifle tomber. Pour cefte caufe aucunsvoyans l’Allemagne en tel amp;nbsp;fi grand repos faifoient vn finiftre iuge-mentdeluy , comme fil euft par trop fauorife les Proteftans. Mais iceux ne confideroient pas qu’entre tant de diuifionsamp; de hazards qui e-ftoient parla France,amp; parla Flandre,amp;autres pays, iln’eftoitvrileau party Cathohque dy adjoufter rAllcmagne,de pœur que le refte des Catholiques ne fe vid aulii en pareil peril. Ce Prince en fes ieuncs ans eftoit fort ardent de la guerre. 11 aymoit grandemét les profcfTcurs des arts liberaux, amp;nbsp;mcfmc des mécaniques. Il fut agréable à vn chacun.Il parloir fort facilement plufieurs amp;nbsp;diuerfes fortes de langues, de façon qu’il fembloit qu’il fut nay auec icelles : amp;nbsp;encor qu’il cuftl’efprit rufe amp;nbsp;caut, ayant fouuent l’intention autre que l’operation , il fut néant-moins doiie de beaucoup d’autres qualitez vet-tueufes. A cefluy cy fiicccda à la dignité Imperiale Rodolphe fécond de ce nom fon fils Roy de Boheme,amp; de Hongrie, Prince très-Catholique amp;nbsp;religieux. Iceluy en la mcfine DietC d’Auibourg, en laquelle il auoit eftcefleuRoy des Romains, rut receu pour Empereur ain» . que la Dicte duroit encor. Soudain fa MajeftS ’ ' commanda pour öfter toutes efperances de re-rauëmcnt à tous les fujeds de fes Eflats lieredp

-ocr page 757-

Linre neufiefme.^ 368 taircs qu’ils cuflcnr à viurc Catholiquement; St fit faire des executions feueres contre ceux qui ' entreprenoient de prefeher autre doftrinc que Catholiqiie,8c par Ion exemple,amp; patpatollcs petfuada à tous Princes Catholiques amp;nbsp;Prote-ftans de bien amp;nbsp;foigneufement obfcruet les co-mandemens de Pieu. Aulfi toft qu’il fut proclamé Empereur il fit rclafcher les Ambaltadcurs Trtfuim-dcPoulonguc : amp;nbsp;enuoya vers Amurath pour treAmu-demander vnetrefue , laquelle fans grande di-ficulté luy fut accordée : Par ce que le Turc ayant eu aduertifTement de la guerre que luy preparoit le Roy de Perfe, Sc de la refolutiô des Allemans,lefqucls auoiét fait vnc grande leuée de gés de guerre, amp;nbsp;de deniers fur chaque EftaC de l’Empire pour maintenir la guerre cotre luy, ne falTeuroit aucunement de pouuoir refiftet en tant de lieux, eftat d’ailleurs fon Empire fort affoibly par les fléaux de Dieu, pefte, guerre Sc famine : En confidcration de quoy il accorda fort ayfémcnt les demandes de Rodolphe : En mcfmc temps tous les Princes Chreftiens envoyèrent vers fa Majefté pour fc congratuler a-uec luy de fa nouuellc promotion en la dignité lmpetiale’.amp; entre autres Battor nagueres efleu Roy de Poulongney enuoya pour cet eft'côl fes AmbalTadeurs, fçachât la rclafchc qu’auoit fait Rodolphe de fesAmbafladeucs cc-pédant qu’il .. tenoitairiegêc la Riche ville de Danzit fituccà rcmbouchcurc de la Viftulc fur la met de Prüf- gatur. fecftantdu domaine de Poulongne , laquelle tenoit pour lots le party de Maximilian,ne ica-

-ocr page 758-

Hifloire de Honp-ie chahs rien encor pour lors les habitans «le la mort d'iccluy'.niais aufli toll qu’ils en furent af feurez capitulèrent aucc leur nouueau Roy, amp;nbsp;ferendirentà luy foubs condition que la ville ne (croit pillée, amp;nbsp;que la peine feroit conuertie en argent, lis liiy donneret en outre douze pie-ces d’artillerie grolTc aucc autres moindres, amp;nbsp;quelqucs-vns d’entr’eux pour hoftages, afin d’afiTcurer dauantage fa Majefté de leur fidelité entiers elle. Ce faidl Battor foudain fit tourner

tefte à fon armée vers le Mofeouite pour rccou-nrer les places que ce Duc luy auoit cnleuécs vers la Liuonic. Pendant cefte occupation il ne iaKorw- laiflad’cnuoycr vers le Pape pour le rccognoi-comme fouucrain Prélat de l’Eglife Catho-quot;p^jieamp;re bquc : amp;nbsp;par mcfmc moyen fit rechercher par cherche en^ l’I talie plufieurs Capitaines de valeur,amp; autres Italte Ifs perfonnes de fçauoir, leur offrant de grands fa-de let- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nchcs rccompcnfes , ainfi qu’il fit pa-

roiftre à plufieurs qui d’vne Sc. d'autre vacation l’allèrent trouucr,c(lanr ce Prince autant adonné aux armes qu’il cftoit doué de la cognoifiàn-cc des bonncslettrcs amp;nbsp;fcienccs, amp;nbsp;particulièrement de la Theologie, amp;nbsp;de l’Hiftoirc, ayant palTc fa iciinefiTc à l’exercice des armes,amp;des lettres par l’Allemagne amp;nbsp;l’Italie.En peu de téps il SMorra- rccouurit tout ce que les Mofeouites Se Tartane/«aï.,/- tes auoient vfurpe fur luyprint plufieurspla-(oHites amp;nbsp;(-Ç5 fm. eux'.les ayant tant de fois battus qu’il les T.irt.iresd côcraignît enfin de requérir la paix de luy,ainfi de’paî'ié'quot;^ 9^^ Dcmettic Duc de Kdofeouie pour ceft effet ‘ ' en follicica le Pape Gregoire treziefmc de ce

noJB

-ocr page 759-

Liure neufießne.

ftóra pour luy fcruir dc moyen cnuets cc Prin- i cçafindcparucniràicclle. Les Hongres nc-ix ftoicnt pas plus cc-pendant à repos. Cat non- J»* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;/

obftant Ia trefue Amurath ( comme font ces Princes barbares,fuperbes amp;nbsp;aüatcs)fit arreftet à Côftantinoplc l’Ambafladeur de l’Empereur lequel à fa nouuclle arriucc ne luy auoit apporté le prefent accouftumé. Rodolphe fc voulant véger de cede iniurc commanda à fes gens qui eftoient en Hongrie de courir furies Turcs, tc d’entreprendre fur quelques vncs de leurs places, au lieu de deut qu’iceux auoi'crtt furprinfes en la Croatie, Voulans les Hongfes fc jetter fur quelques chafteaux près Albercgale, furent en chemin attrapez par les Turcs , amp;nbsp;taillèz pour la plus part en pieces. L’Ertipçrcur confideranc V, que ces efcarmouchcspourroicnt en fin -attirer ’ quot;nbsp;.

vncguerre plusgrandc,fitconuoqUcVvncDiC‘ ■ te en Boheme,follicitant en icelle Ics^Bofièmiés de le vouloir fecourir contre les Turcs lefqucls fans auoir efgard à la trefue couroient Si raua-geoient continuellement les frontières de fes pays.Iccux luy accordèrent vnc bonne tomme de deniers.Pour mcfmc cfFc£t il connoqua auf-fl les Hongres à Pofon, amp;nbsp;ne pouuât fc trouuct en icelle pour fon indifpofition il leur fit remó-ftrer par le Prince Etncft fon frété la ncceflîté qui le contraignoit de les follicitcr d’auoir cf-gard à la deffencc commune contre les Turcs, defquclsiournellcmétilsrcccuoient tous tant d’oppreflions. Mais fa Majcfté ne peut tien tirer d’eux pour lors, voulans que luy mcfmc fe

AA

-ocr page 760-

l/ifloire de F/ongrie

, trouuaften pcifonnc à la Dicte, amp;nbsp;à la guerre. » r» 'i En fin tourcsfoisfentaiis de iour à autre les ef-li Ht *lt;’. fcdsde la-violcncc de leurs ennemis , Icfquclî nonolpftat la guerre de Perfe, en h quelle Amu* rath eftoit fortempefehé, ne laifioi-tpasneât-moins deles moleflcrgrandement, amp;nbsp;de leur donner bien des affaires,accordèrent à l’Empe-reut la plus grand part de fes demandes, St pre-nans tous, courage l’oppolerent fi vertueufe-ment aux Turcs que par pluficurs fois ils les contraignirent d’eux retirer, amp;nbsp;mefmc quitter beaucoup de pays qu ils tenoient vfurpe. Rodolphe pour fi heureux fuccez à fes ges, ne biffa d’enqoyçr vers Amurath pourfe plemdre de la témérité des Turcs, qui n’auoient aucun ef-gard à la trefue faite entr’eux deux. Amurath fe firmee m- VoyantfoTt cmbrouillé auccle Pcrfc accordai lt;«/’£»». Rodolphe que d’vnc part 8c d’autre on com-dct pctfbnncs pour aduifer à pacifier les jimunitb, a • flp 1 nbsp;nbsp;nbsp;* nbsp;nbsp;• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;* nbsp;nbsp;nbsp;• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gt;

diftercnds qui poüuoicnt lurgir par entreux fur leurs fiontiercs à taufe de l’cftcndué di-

-ocr page 761-

TABLE DES CH OSE S' E T M A T 1 e’R t s P L V S 'SIGNALEES contenues en la pretente Hiftoire de Hongrie.

K, ■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;- A--

^^{gt;femtere nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;du./ueilletib^la'.ltcoadei

. . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A , - gt;nbsp;’ A ;v

îigt; t i ' ■ - nbsp;nbsp;nbsp;'-

If PAlituùlfi iiS,4 î fr.isint me Mahomet iv. 118. 4 V4 4“ di'uant dit iJuc Maurice'i .a ad-'^•'■iuerftt Mußaph» delà tra-.yr 'htftt} qu’on bày drejfoit - ‘Ci74.b appiufè lei Turct

'Safeha (y 'fes dejjein^s i7.b Bßran^l^

ijyè'^nîr .gt;o.4\'wv ^bloluhon du Pape pour Fer-diva'nd cy“-^meurtriers de George 14^^b\4lt;).a

-^fccamrrs^ducnturiers 47 .b ^ccatcfentrr charlet- -Empe-

t'our (y- Maurice ■'Ouc de

. muitne’X^pour la mort de Mujlapha 178.4 confe--drrè auec ifabede nbsp;nbsp;nbsp;J 81.4

y^teie valeureux de George

Tury nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;7- i^i.b

^yfiles memorablerde fern-'■ -mts d'^grte durant leur

ßege r^^a.'b I44.4 fiege dquot; .efgfiele’ié la^.b ^jtduu'déÈeaTiard Gnomsky., ßur l’ordonnance de la ba-fatdt ■ '• i-^.b

Saxt ?' , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iç)8.amp;

iAccord, mire Ferdinand l-ehan g^ny de HonTTif bü.h K^ccor-âyntre ffibrlle'-^ Fer-dinan-d ii4,A'''ii7.t t^rhtnerh BaCcha enuoye traie rtal/e cheuaux de'Bude pour prendre la Xeyne i fahelle

Jetourt Dti^al aßit-i.

A igt;

-ocr page 762-

table.


de I^dtch Boß ch ßr I'erdonnante de la hataide i^.b

^dun diuersßrla conférait-tioji da I{oy en la bataille lila ' ‘ ‘

,gt;fga, capitaines de laiiiffilil rts, pris par Dersfy '^a6,lgt;

K^grtefortifie'epar CaßaUe iGo.a - aß^^e par Jrläßoi. met nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i^i.a.b

iAgriens refolw à foußenirli fiegc ii^i.b i^i^.a

■t^idfichs , nbsp;nbsp;nbsp;de pled Hongres nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;loo.a iiG.b

iKCCiduchs defaiclspar le Ture 1^0,a io6.b rd ^-ifiduchs rtpres boire afaidcnt

Lippe , CC J fent tùeTl^ en ^rand'nombre 4.148.4 i^inachfehe pris parles Turcs }iÿ.b

les ^ifr elides Empereurs des Z Tares ne f ttennet à la cour

f^bbé prtntßiquant la mort de George nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;174-^

^Ibe Gre^ue,forterefe,ancie-

nementTaurinum : IJ.a ^Ibeiulevillecapitale d’Or-t(l -ész nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-

^Ibeiule feiour die U R»}ne

l'fabélle^ inuellle par Gtotf

Moyne . ib.l' •^Ibemlefcrtißbe par falell^

10^.4 afiegéepar Gesrpt hiy eß renddè ^Ibeiule rendue à I[abelle

igt;Tlberegale,couronnement fepulture des Rtjs de Ho»'

40. bourgeois d’\cTlberegdo empalefparleTurc jOj-^ i^flbert Lashp pourquoy fu^i' 1 ' tifde Petdongneti ^i.b (T tnafé asefi par ferdinand

Albert Laskp Palatin i^^te mieux abandonner fa patrie juede cenfintir à l'elelltoit de Battor Roy de Ptuloitgne

^Iben Refrnberg » homme Jed/tieux nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;}tp b

K^rldene maißre de camp ß-court Ottomialf Zegheii»

^.0: en efl repris par Ca-ßalde lüii .b fe fautte e» grand faitte 191. 4 peu joucteux ee de grande laf chité:ioi.b 11^.b ii6^ f délibéré de quitter lippe, ce la brußer aaec le Cha- j


-ocr page 763-

TAB fi eAn z\S.A ne peut efire deßiurne'de fin entreprifi pAr Aucune remonfirAnce

—HJ.aI) nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;119.4

vuitte Ltppe, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ia fai^l

brufier Auecle chefleAucr' fee munitttns 119.^ fu)At en TraßluAnKflA plue pArt des flens font defiAiEispAr les pAjflAnts tio.A fin prcceT^luyeflfAit 140.4 î6i.t Wfzieâ Fjfneiôy,/» ctndAmné À mert,puis fltu-uépAt^rAte nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;16^,A

flexie Thurlfin rhrefirser .8.fc

^llemAnds defixi^ls deuAnt \ nbsp;nbsp;- t-Li.A

^llemAnds en ^Armfon dAns ' Ia citAdeSede Bude^cApitu^ ■ lent Aucc le 7'urc 47.4 /onf f4i//e'^f» pieces,Ia TAtfin nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^7.h

^llemAnds mutine'fyeulent fefltiflrde CA^Alde lop'.b fint AppAifeT^Gt' cinquAnte d’eux deffiitis 104,4 Je

1 mutinent derechef

' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;146.4 quot;

1 ^llemAnds fildAts lAphes

\ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;131.4 defiAlfls 153;

I A^e metwiilcux d’^lphence

LE.

Pe rc'î^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;114.4

^Iteburg prtnfè pAr les Turcs

chtAufienuoye'pAr Soly~ ngt;An pourpAcifierles TrAfi Alpins 143.^ meyenneIa pAtx des Hengres Auec le Turc

i^mbAffadeurs de FrAcepeur-fuyuAnts en Peuh/ngne l’e-leElion de Ifery Duc d’^n-'leu nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;356.4

^tnbAffAdeur de MAximtliAn

■pourquty Atrefié À ConßAn-

tinople' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;5ff9.4

^ml/AflAdeur de Pouien^tie

vers ffenty } : tvueiiAnt en ■

FrAnce'''

^mbAjfAdeursdeXlÂxùntliÀ

wrsSelttn *35i.amp;

^ytmbAjfAdeurs de MAXimiltA

AU Sephy MAfAcre'if pAr

Batter '^:3 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^66;b

^^mbAfladeurt-de PerdtnAnd

À SeliniApeuf l'a paix 7S.h farclosdel'eùrsdeniad.yi'H

^mbAjfadeUi’td'e jsrance À Ia

Dieted’.yCCesbeurg 7.^'0'^

^nbdffAdxurs de Leuy's -Aux Princes chreftiens IO';4

^mbaffAdeur de M AximiliAn vers le Turc ^06.4

K A Üj

-ocr page 764-

table. eyfmbajfadeur du Turc tenu

ßtrtttenient à ^vtuttr

l^4r CttßaUe J??-*

^mbajßdeurs de siftßnind é Miixtmi'un Itban 2^6.b

i^mbAjßdeiir de Seljmdn i, Dicte de pmncfort

i^tub^ßtdenn ne dnuent ç-Jirerettnw enßace de prt~ finniers de guerre nbsp;nbsp;iO-^-b

^rnbaßi/deurs vers Maxime Ititn en f/tueur de /eh4n 2^^,4

vefrnbuß Otting Celonnel tue' il’»ßitultde Tienne 'initié ccnf tent en fej teûtes vertin nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jd,

l’^me-tr de I4 P4trie eß de gr4nde efficace.

/gt;fmur4th fils CT frccejfeur \de Silim 364. 4 félicité les Pouleiitteis 4 eßireEßte-ne B 4t fer peur leur Koy iô^.b fait arrefer à Co-ßitinople l'y^imbaffadeur de Maxinuliati ; CTpeur-confirme la treueauec [{odelphe ^0().b

•.y^ndréBatter amène feras 4

Leuj/s’'i6.b fê ieinél auet Caflalde centre ifabelle JO).a

/yi'ndréBaiter (T Pierre Tt-fhj j arlemeotent erfimble 118.4

^ndrè Batter entre tn pofef fien des l’aj/s bas de Tran-filuante pour Ferdinand 126.b ijuitte Lippe en grage cenfufien i).j.b (jitreé Tayuedede J'ranfiluanie i^-..b drmaded'efire def-charge de l'Lflat de Tayue-de 261.4 efi difiatél par leTurc

eyfndré Brandaye enueyépar Ferdinand 4 Cafialde auec feceurs nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;J)), b

eAndréOrbaclf C4pttaine du chafieau de Stngtnte, fa lafeheté )6.b )y.a e^ndrinepoli rendefvcus de l'armee Turcipuefcpue allant enFlongrie . y 6. b eyfntome Baren de Bourg Bld-ee du Pape vers Leuys ii.a eArmee de Ferdinand en ffo-

gne Ot.b deffaifilepar Se-lyman A 68.4 ^rmeede Mahomet Bafeha tn Hongrie


-ocr page 765-

TABLE.

.Xrwfe Je nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;en Tri- ■ ttrail

ß^»*nie nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;6^.b ^ytHillerieperdue à Sighet, en

-(trmeede FoUäques peur I^à- nbsp;nbsp;nbsp;nombre de cent pieces 340.4

i66,a ^ptpes Archers Turcs

lt;/trmee de Hongres nngee en 49.4'

bitisille nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i^.b lt;-^tß'Mltgenereil donne èi f'ie-

^rmeeTurejueßiueen Hon- ne nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, e^\,b

grietiu fecours de la I{ojne ^ßaults des allemands i' If^belle a, i^6.b 66. Bude vmllttmmît Joußentu 150.4 mtfe en deferde nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;6^.b

•lt;* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^ßaults donne'i^i Vtene pAr

^rmeeduBoylehandeffaite nbsp;nbsp;nbsp;le Turc 50.4./» JT.«

45'^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;treize Kgt;Tßitults ßoußenus 4

^rmee nAUAÏe «it« Twre de- sighet nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ii^ b

fAÎte furie Danube nbsp;49’^ l’^4 fyrte changea d'Eßat par

^rmeenauaiefurle Danube nbsp;nbsp;nbsp;lagrandeconion^iondes a-

pour l'Empereur nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;f^es nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;a^.a

^rmees de Louys CT de Solji ~ nbsp;nbsp;les ^flres ont leur retour plus

^7.b nbsp;nbsp;nbsp;propt ou plus tardif les vnt

Artillerie arr'tue au cap Hon- cpueles autres ; z.b grtfiue nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1.7.a lagrande conionElion des A-

ArtilleriedeR^occadolpheper- ßresefcheui en ces temfs C^.a ^^b

Artillerie du Turc enclouee Arautar pris par Iean''i^^,b par les Agriens ^4} b Augure fur la mort foudaine

Artillerie du Turc enfonße du meilleur cheual de toi^s dans le Danube 49.t nbsp;nbsp;nbsp;16 b

Artillerie Hongrefqui prinß Ausbourg viSe riche 569.4 parleTurc nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iS-b nbsp;Außriens demandent excrci-

Artillerie menee de Bude i ce de la Confef ion d’Auß Conftantinople nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;bourg i47-b qui leur'-eß

Artillerie d'armee CT fonat. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;déniée

AA iüj

-ocr page 766-

TABLE?

s. -

B^cloie, ville Metrofûli-tuinede Hengrte 14.4 ttimidetßli de Selymun Cfquot; de

SAM^et fußeBaSelytfiAnfin ^9il’

SAlatorlac nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;11.4

S Aies 0 mile s de Urd c^uffnt Ia wort

ßAlthsfir TAtfch Sei^eur a.1-lemAnd, mis 4 Ia chAifiie A-uec les Autres efclaues du Turc nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;y S-A

S An,quelle dignité en Htngrie S.4

le BAn de CrsAtie Amene fe-' ceurs ÀLouys nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;2.7.A

lA^.b

B_Anmonoflra, ^eg deSirmie

B Anns de ffangrie , (y' leur ' frtuilege nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i^,b

S Anns morts en Ia bAtAfUe co-treleTurc

Barthélémy Coruatte iefmis far CafiAlde defingauuer-nement nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;z6z,h

JeBafchA de Bude au fecours r'. d’lßthelle 87.4 fait retrai

te df deuant George 8ÿ.h fecourt Zeghedin 187.^ 188.4

Bafehas pratique1(^ par Laskj enfaueur duRgy lean Of^.a

Bataille refolué z6.a raifns qui lafuadoient

Bataille commencée

Bataille perdue pour les Hongres

Bataille des Hongres contre

Ferdinand

Bataille entre Bgoul Cf Mircè

L'ayuodcs

Batha, rendelfvous des Hongres

BeccheCf Becherech chaße-aux prtns par le Beier ber

Le Bcicrbey de Grèce.

le Belerbey de Grece vient en Hongrie auec vne armée pour Solyman contre Ferdinand i}o.a femme The-mefuar 154. 4 predBec-che Cf Becherech 1^4-b reçoit bs femmes Cfenfans des B hatians pour oflages, Cf prend Senath par com-poftton i^ç.a Item Lippe J^6.a aßtege Solymos, Çf


-ocr page 767-

TABLE.

^letfuitte 1)6.b fuit The-meßuar 1^7.a leueleßege l^l.b arrtue à Hcrchere'^ fourßecourir olyman aßie-gé a Lipfetmau trof tard i6C,b reuientauec Maho-metBaßha XO3.4

Belgrade ville cafitalle de la Raßie \i.,b ßaßtuationCT

rcnowwc'e

15.4

Bernard Aldenc.Voyez Aldene.

le Bien ßiccede au mal, CT le mal au bien nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i.a

Bigihon ville cafitale de Croatie nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tt-b

Btnfe,oufuttuéle moyne Geor ge nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lyo.a

Bonne, S^yne de Foulengne,fe retire en Italie nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;x8i.t

meurt en mauuaiße reputa-

tion

Bornemljfe tratßre auxBudas, execute nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;6^ .a

Beßine ßfareede la Hongrie farleSaue nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;li.x

Bourgmaiflres des •villes de Hogrie fratique'i^far George four rompre les deßetngs deCaßalde »614

Braßouie •ville tres-tmfortan~ teenTranßluanie l‘j^,b Breme,ville puißante 309.4 Broderie chancelier de Hon.

7.lt;t 8.amp;

BttcentMrede !^enife Bude prinfè brußee par le

Y! • abandonnée par le R_oy lean , fnnßepar ferdtnand a^i.b reprtnfe parSolyman -^j.b aßie-gee far Ferdinand 6i.b frije far le Turc far cau-telle nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;y^,b

Bugeron,mot B'IoldauCjqueß-gniße nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;vi^C.b

Bugeron, fourluyuant BHrci Hayuode Tranßalpm deffait far Raoul

Bugeronconßurantlamort du Moldaue,eß deßcouuert, CT fuyt en Ponlongne t-YJ.a reuient l'aßactne 138.4 ^‘*rfie , jefulture des Empereurs de Turquie iSo.b

C,

C'-^dihfchiers, intendats delà lußtce en Tur-^iayb Calamite'^cs chreßies ßuiets au Ture nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;M-\,b



-ocr page 768-

TABLE.

Cttnomert Jt ^uel meßier doi-uenteßre nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^6 .b

CaptAine du en vne aemee,(x fa charge

C^l^lt^tnes des ptenniers , des tßies, des^^uides, neceß-ßisres ett vnearmee

Capitaines mtrts en la bataille (»ntreleTurc nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;b

Capitaines pris par le Turc de-uant Drivai nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ii^.a

Carabe^daniet autremet Mol-dauie nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;y, b

Caran/êbejfe ßerenda Mahe-met nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Zip.a

Carintbiens ßldatsde Ferdinand mettent en nutte ceux dul^oylehan j^^.b

Carpathes ments M,b Cts catifants la ruine d’vn e-ßat nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^.b

CaJJin Baßba pourlujt le reße de l'armee de fer dîna d (Pçf.a Cajfimbaßa prend Lippe abandonnée nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^^ifb

Caßombaßd ß prepare pour entrer en la rranßluante 246. rf

Caffimbech deßait parla^ar-ntfonde Deue ^^i,b

Caßfute accordé 41 ßbelle pour ß demeure czßurete deßs

deniers

VfJt

Caßellan de Zaluoch di^ne de remarque i^i.a.b Cautelle centre les ccnduclfurs

d’artillerie ^99-^

Cecultens,oH Siciliens lo^.b

Cercueil ceuuert de noir, mon-ßrepardes aßiepel^a l’efi-nemji,que jigniße t^ib

Ceremonie pour le dueil funèbre des Empereurs de Turquie

Certmonies pour la reception du^rand Seigneur en Cm-ßantinople

Ceremonies obferuees en Eßa-ffte es executeT^ pour leur K^h^ton

cbameriefille de Soljman O' de foße nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i~o,b

champ de bataille centre le .

/■«rc

18.4

chante' noue rend differents d’auec les beßes brutes 6.*

Charles le eiiuoye vn chef d’armee à Ferdinand pour fe teindre auec George centre ißtb.pt^.a lerapelle lôçt.a

Charles Empereur o' Ferdinand fe fauuent d’lßruch ^97-b

Charles Emp, renonce à l’En,*


-ocr page 769-

table.


ftrecnfuueitr de Ferdtnad 185,4 4m«f f« Fßii^ne, (y lit falu'é 186.4 mexrr 187.^

Charles petit ßls de Charles inflrus^ par luy nbsp;nbsp;nbsp;186. b

Charles Archiduc dejßait quot;un Bafcha nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;341.4

.cl?4r/(j Scherettin efiuoye' par Ferdinand à Caflalde auec fecours nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i^^^b

trtif charrettes pleines de te-ßes de Moldaues Cf Turcs enuoyees à Caßalde ioy,b chaßiments de Dieu commet fe peuuent arrefler

chendy Ference ßauortfe ißt-belle 16i.a b

Chepße prinfepar Mahomet (sy .a

cheresfleuue nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;\a6b

Cheuauxgenereuxde Tranfil-i.i,.b cheuaux ordonne'^pour ßau-

«fr le J{oy en caa de neceßiti z^.b

yn chiauß de la part de Soly-

man en faueur de la Ryiyne menace lesTranfiluaniens 86.4

chiauß donné au Turc en ro-

1 treßchan^e des ^ens de Bat

ter

chiaußenuoyé du Turc peur traiter de paix auec l’Empereur nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;504.*

chiaußportât nouuelles à Se-Itm de la mort de Mußapha eß execute à mort 181.4

cl:*4i^rf»»4oj)e f» Tranßlua-nie en faueur de George 91.4

chrißophe Francapain,Centte malcontent, quitte la Honnie

chrtßephe Francapain chef de l’armee Hon^refi^ue 10. b mort en bataille ^Sf.b

le Ciel proportionné de forme ßhtruiue

le Ciel regit le Monde

Cinq-Eglißs,ville epifcopale

11.4 1,^.4 brußce par le

Turc

clement ^lhanafi feßeue pour ifabelle 168.4

eß venu le nom de Coche 9-1'

Colonie F,ematne en Hongrie i^.a 17.4

Co/sranesiJf nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;de

Beide à Conßantineple ^e),b Celomnes tirees par des Tritos

aux funeraißes de Charles

-ocr page 770-

table?

Ier. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i^S.a

Ctltfrttr battuepitr let .allemands mut tneT^ nbsp;nbsp;lo^.b

Cemar tße nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;n^.a

Cemmcrfurfiy,n’eßpas fiant

Cemmtßatregeneral desvinres J; en vnearmée^ fit charge

^j.lf atetreCdm/fiatre^6.a Cemmifidtre fur les munitttns d’artillene.cr fa charae

Cemtfiaires enuoye'^ par Ferdinand pour receuttr les tre-firs de George J 8 1.4 Compaßion de Solyman fur la for tun ede L ouys nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^y.a

Comte de Helfeßhem arriue en Tranfduanie auec armée pour Ferdinand ly 4 .a dianite de Comte Palatin y.b affechen du Comte Palatin à la confiruation du R^oyaume ly.a.b

Comte Palatin ^CPfin deuoir en la bataille zy.b Comte Palatm monßrant la perfinne du Roy , encourage les Hongres nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^o,a

le Comte de Salm entreprend fiir .ytlbercgale nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^oÿ.a

frendplufieiirsplaces furie

Turc nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;}^,b

Concauttl entre le ciel canota

Conditions de paix propofiesà Ferdinand par Solyman '77.b

Confiil de l'Incjuifitio d'Efia-

Conferuation de l'autruy cT du ften necejfaire à vn cßat (iA

Confiderations induifants Ca-ßaldea demander trefue au

r«rf

148.4

Couppe d’or de prix ey mer-ueilleux artifice f enuoyéeà Solymanpar Ferdinand yC.b

Couronne Royalefauuée j7.b Coufiume eßrdge à Torde entre le mary (y la femme touchant l’adultere ly^.a

Coufiume des anciens enterrants leursthrefirs izi.a

Coufiume des anciés Romains 178.^

Coufiume des afiifge^ refolus 241.^

Coufiume desEmpereursTurcs i^.b

Coufiume desTranfiluanies en mémoire de végeance ^y,a


-ocr page 771-

Cttijlnme ie Trafiludnie peur dmitßir les ^ents de guerre

»51.4 Côujtume pour firefenter vn ^mè4jflt;tdeurTurc

CruMtè mhumtime de Mtrce Tquot;Ayuode Tranfalpin i^o.4 Critdute'inhumaine des Turcs 4pres lit butatlle gte^èt }(gt;.4 ^■p.a.b 39,4

JO.

D limits aßtege p4r les gens de Ferntntind loy.b efirendu ïoÿ,a P^lmatie

PdHois (X Moßoustes ßnt guerre en Poulen^ne ^6^.b P4nubefleuue,Cf'ßi fiurce

P‘in'i(iCfVtlletreßiehe. Pitn'il^k^aßiegee par Eattor

brußee par les Tm-p'ersaux (y pourquey^oi^a P effaiêle de l’armèe'dt Ferdi-nanden Hongrie 68.4 PefßaiEle de Hongres par les Furcs nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•r^ô^.a.

^^ffai^e de Tioldaues

Twçi • nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;205.«

'Peffaite de quatre vin^s mille ^our le Turc par dau^g mille chrefltens i^i.a

DeffatHe de Turcs mu ßege £lt;ATrie nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;24^.b

'Peffailte de Turcs 2 4’6,^

D égaillé de Turcspar la gar- \ tstfinde Deue 16^. b

PeßaiffedeTurcs jO2.b io}.b ii^.b i^t.a 35J.4 ^^S.b ^^i.b 342.4

Pejfat^edes ^ents de Ferdinand à Zegbedm ï^-j.b ICfO. b

DeffatÛe en T'alachie par le

Ha^utde nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;2^ y a

Pfff^enß auxPayfans de payer taille à Maximilian ioy.a

P tgaßßait en Hongrie par le Turc }6.a 57.4 47.b 48.4

PemetrieHuc de Moßouie requiert la p4ix à Battor ^C^.b

Pejeonßturedes Hongres ^^.b P eue chajlcaii tres-important 20'l.b

Pt^ facitieiix (y ßrieuxde

Fr.in^où Peren nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;26.4

Ptete 4 ^lberegale pour l'e-' iellion ù'in Kyy nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;40.4

-ocr page 772-

T A B t E.

Ptetea ^lbere^4le Fer-‘^‘nanil

Ptett 4 ^usbourg 4 Dteteen ^ußrt^e pny xmtlun nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^4t7-*

Piete 4 Ctltfudr , t». I4 [(^„g fidcmctdes trntn^tj j{fy^ 4UX entre les mams de Cd-

Piete à Celefaarpar^ Caflalde zC^.a 166.a

Piet! à Craco’diepeurprtceder 4 l’elellten d'vn i{ej de Peu-

3Ó4X Ptete tenue a Egneth par la ^ynelfabelle 103.4 «»»-puëpdrGeor^^e J04.4 Ptete d Francfort peur l’ele-^lion du l{oji des l^omains i.9Vb

piete dtßruchpdr APaximi-Itan nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^61.b

PieteaPeßeuiepar leS'Frats-filudins nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i6i.d

Ptete d I^dtisbone par Maxi-msliars transferee à ^uf-bourg nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t^hó.a

Pitte d Sibtni» par Cafialde

Ptete d SibinioparlfabeSe i3l.b

Ptete d Spire par Maximtlian

Ptete à Torde par Caflalde Cf Fatter 194-^ par le Pjf Iehan nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;3 ry. i

Piete a F'afraelpar Caflalde 248.4

Piete à tienne par f Empereur 318. 4 4 Peflen par I’^rchiduc Charles ji^.b

Pute des Tranflltsantens centre Gritty

Pieu chdflie ceux qu’il ay me i.b

Pieu puniflaitt le mal en tire le bien nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t^.b

Prattefleuue nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ji.4

Praue paffe par l’armee PJtn-erefque nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;n.b

Primai,place forte iii.a af Plt;ir le Marquis Pala-uicin nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ii6.a

quirl'^ Puchef^en Boheme }]0.b

E.

V

EClife cathédrale de Bude confaeree par Soly man

E^neth, l'vne des principales 'viHes de Tranffyluame IGj.b


-ocr page 773-

Etdenrendue MX Imperunx 197.^

Elecleurs d’.^'fllemd^ne Eccle-Seculiers

iO7 lgt; s

fednce des Electeurs de l’Em~ fire en alles Dublics-.ey leur “ffice

Enteric Cibacchy Euepjue de y‘CrAdin nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Kayusde de

T'ranßluame ^o.h

Émertc Equot;syuededeTranßlua-nte (X Louys Gntty en fie-que va receuetr vifiter Cntty ff.a Sue par Iehan Pace nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j6.i

Emmanuel phtliherS Duc de Saucy eßeßßre d’aller en Ho-g'ie contre le Turc

les Empereurs de Turquie neß marient nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lyi.h

Enßetgne Hçyale far qui portee 29.4

Enfiignes gaswees far les Turcs ßur Caßalde IJ4.4

Epitaphe de I’Emg. Charles

EraßmeTeißel deffaiä deuant Dngal izy.a prins enuoß 4 Conßantmople 117.b decapiie'' zi8 a

Erdeu aß lege par le Ture

L E.

299 ƒ rendu par eemptß^

tton nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;itgt;\.as

Eßcarmouches deuant la ba~ taille nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i^.a

Eßclauon enuoye par George à (Slyman aßiege'à Lippe,prif par Caßalde nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iCi.le

Eßagmls mutine'Tl^, rauagent la Hongrie nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;267.a

deux Eßagnols renégats eau-fes de la priß de Themeßar zii.a

Eßies pris deßouurent les deß. fimgs duTurc foC.b Eßion François en l’armee de Ferdinand^ aduertit le Turc ï des négoces de la Tranßlua-nie II S. 4 ß ßuue par le moyen de Tifchy nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iiS.b

Eßrtt immortel no fuiefl aux aßres nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4 b

Eßac d'.yillemagne touchant les Dietes fei7.b 50S.4 les trois Eßats de Hongrie corrompus

Eflat paruenu à ßen comble, decline außttoß 4.4 Eßienneßlsdelehan K^y de Hongrie, nomme hhatipat le commandement du Turc 6o.b 107.a

Eßiennepar le confed de Ceof-


-ocr page 774-

TABLE.

Mtyne efl mené à Soly-man yi.h renwyi à. fli mere

Efltenne au fecours de Liuys ly^b marten ba~ tAille

Eflienne^ouuerneur de VaIa-ehie nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;y.b

Eflicnne SAtbar Comte PaIa~ tin nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j.b

Efltenne SAtbor enuoye vers le Kayuode nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i6.b

Eflicnne PAthor enuoye PAf Louys en l'Armée pur flgt;n~ der les chefs nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i.'^.b

Efltenne BAtbar des premiers Princes de Hongrie 40.4

Eflicnne Bathor.

Efltenne BAthor efleu Poy de TrAnfiluAnie 3j8. 4 de-clAré !{oy ^6^.b efleuBoy de Poulangne, Cr receu yGp.A eflrttÀ MAximiitAn ibid, enuaye con^rAtulef Bodalphe pourflÀ promotion À l'Empire ^6^. a Aflteoe T)Anyth,qui luy efi rendue ibid. fAitguerre au Mafl-cauite, CPPArtAre ^Ci.b enuoyc recognoiflre le PApe,

Ct' recherche en ItAlic lei ^ents de vAleur Ct fcAuttr I bld.

Efltenne Lo’^ofife Lt ent en Ant pourPerdinAdÀ PbemeftAr 131,4 ry? flammé pAr leBe-l‘tbey

Efltenne Laflan'^ créé Comte de ThemefluAr b fle munit d'hommes 101.4 efl Afltegé lOi^.A pArle-mente ziz.b quitte fhe-^ mefuArAux Tures zi^.A fl ^effdit Auec tous fes^tSi Ct' emmené AU BafehA, cotre JÂ cApitulAtion zij.b flu mart nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ziïf..b

Efltenne MaiUaC Ctquot; GottAr( chef r fZf l'Armée contre Grit

ty yy.A Gy.b fe retire À Po^Are 6y b firtdeFo^Are pour cApituler Auec BtuflA-^ ph A,CP ce qui luy en Adutnt 70. b meurt en priflon e» CanfAntinople y\.A -y6,a Efliëne PAyuade de MoldAuie voulAntflecaurir iflAbelle, efl ttte,AueC touteflt fAce^cPfls gArdes z^G.a z^^.A.b Efltenne Perbets lAtffé pArSo-lymAn À Bude pour le mAni-metit dé lAïuflice nbsp;nbsp;nbsp;78.4

Éflre-


-ocr page 775-

Eßremudure Prononce oit fire-tim l’Emf. Charles pour finir fis tours nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l'è6,b

Euefehel^^rsches en Allemagne nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Î08.4

Executeurs de la mort deCeor-ge lyi.a falarieT^far Ferdinand nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t'èx.b

F,

FAbian schinach ameine mil eheuaux pour Fer- ' dinandà Cafialde tli.b

Femme 4 T orde fùrprenant fon mary en adultere fiuy coup-pelecol , felon la cou flume du heu, nonobfiant le pardon quelle auoit receu de luy pour pareil crime 195.4

Femme de Lippe vertueufi a-pres auotr efié pillée par George nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ï6i.b

Femmes d'Agrie courageufes i^ya.b

Ferdinand.

FerdmAnd^^ujlrtche re 4 lit Couronne de Hon^rte 41.4 entre en Hongrie Kuec 4rmée 41. t fourfij/t le

L E.

Hayuode 41.4 couronni de Hongrie ^^.a demande trefues (x L'amitié -deSolyman 45.b fecourt F lenne d'hommes nbsp;nbsp;48.4

Ferdinand CF lehan font accord 6o.b fommelaEoy-

ne jfabelle des accords paf-fiT^entre lu) le feu lehan 6t. a afiiege Bude 61, b demande la paix à Soljman y 6. b demande l'inueflituredu I{oy de Ho-grteaSolyman yy.a accepte les offres de George, luy enuoyefecours i.b efcrii à Charles le F', pour auotr vn chef d’armée auee George contre ifabelle Çi^.b prie le Pape pour faire Geor ge Cardinal n6.a eßfait

de Hongrie 111.4 r4-’ tifie les accords faits auec !• fabelle sl^, b enuoye fi- ' coursa Cafialde s^.b fol-licite le meurtre de George 170.è fait redre à la Eoy-ne Ifabelle ce qui luy appar-tenoit des meubles de George i^i.b reffod aux plein- ' tes d’Ifabelle faites par Lobo sky nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;b manque dt

BB


-ocr page 776-

TAB


L E.


■ promejfe i CaßalJe touchât lejecoursprotitif XQo.a.b ab foult fiarte'Papepourla monde George Zj^S.b en-uope vers le S,ey er' Heyne de Poulongne pour contenter ißibelle leurfide 160^.b eß couronné Empereur 2^7at obtient fecours des Efiats de l’Empire contre le Turc 2^0. b refufè audience aux ^mbajfadeurs du Hoy [ean pour l’auoir appelle Roy 2lt;)i. b meurt

Terence Rode Lieutenant general du Roy lean , fit valeur CT propos tenus audiél Roy deuan t la bataille cotre Ferdinand ^2,a-b prinspri-finnier ^^.b meurt ^-^..a

Pue de Ferrare au fiecours de l'Empereur ■ 548.4 Fertonlae nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;11,4

Feux de toye à Tienne pour les prinfès de Hedin CT Te-rouanne nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;26 y.b

Fiançaides de ïeanne fide de

Ferdinandauec lean iiy.b t'efi Flatterie de chanter nos

louanges nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j.A

FlfUHcs notables de Hongrie

S2.a.b i}.4

Fleuues deTrafiluanie \o6.b Fogare afiiepfipar Mufiapha

6y.b rendu nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yï-t

Forme de l'eleélion d'vn Roy de Poulongne nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^^y.b

Fortune jauorifi ceux epui co-battent pour la deßenfe de

Zf«r pays

Tcortune ne commence tamais

fies leuxpour vn petit 2^p.b franpois 1. «Zr lèrance fie-mond de fia promeße nbsp;lo.b

François Bathian,San deScla-

uonte

8.4

François chendy Fefence, des plus grands amis deCeorge, retenu par Caftalde 17 p. b François chedygagnépar Ca-fialde , appaije les Siciliens mutinefi^pour la mort de George nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;178.4

Fr4»f«M Patocchy gouuerneur de Iule nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;262.b

François Peren Euefipuede T a-radinprédit le malheur de la bat aide 26. a mort en bataide

François Hemethy traifire CT perfide àfionpuptde 2y6.b efi tué aTocchay nbsp;nbsp;2ç)7.b

Fumtum vide nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;11.^


-ocr page 777-

TABLE.


tuner4illes magnißques faites « Charles le f^.par phtiip-ffsfinfils nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;188.4


G.

G^la chafed» fris par les Hon^res^defguife^ enTwcs nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;S ^9, b

Cardes d’artillerie à pied (X à chenal en vne arme'e , leur charge nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^6.a

Garnifiin d’E^cehne^ls^ente

Gafar Caflelluie ^ouuernéur deThemefuar nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ï6^.b

tué nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;xio.a

Caßgt;ar iÇashay, l’vn des commis pour coriferuer le Koy en la bataille nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;z^.a

General de l'artillerie en -une armée, fa charge ^6.a

George Moync.

Oeorge Moyne, efl eße» tuteur d’Eflienne fils du feu Rjy Jean ; auec vn efirange difi-,(i)»rs delà vie dudit Moyne -61.4 porti bots (X char

bon deuient Confeiller d» ■ J{oy Jehan , Thrtforier (y'

- Eueßiuede Karadin 6\i b empefche î’executto de l'ac-tard de Ferdinand de


Jean , (y demande ficours auTurc Ci.a faitaliede Capitaine diligent 65.' b empefehe la reddition de Sude 6^.a met le feu és cflables du J{oy Jean,où fe-fioit retiré grand nombre d’ennemtf â^.b mene le petit E/ltenne à Soliman, qui defiroit le vair yz^b efi retenu auec les autres

Seigneurs Hongres prißn-nier y a^.a reuoye (yrconfirmé en fies cfiatspar Soliman y^.b fait recette ir la l{oyne ifabelle en Tranfitl-»anie,lt;!yquot; fiy fait confirmer enfesefiats y amp;nbsp;b maniat les finances comence àfiou-

~ blicr^Cy' monflrerfionaua- ' rice,ambition, cr ingratitude enuers llabelle y 9.4 apres les pleintes d’ifiabelle à Soliman,cr lettres dudit

sßiman audit George,quitte le party d'ifàbellt,!^ recherche l'erdihand fin en-nemy So. a fies impofi».. res zy calomoites 8 h b


B B ij



-ocr page 778-

TAB pratiijue les Seigneurs Tra~ ßluimens,cr fe campe devant ^tbeiule,Jeiovr d'l-ßibclle 86. b ßatEl accerd auecelle 87.4 ßn arragd-tc a f’arme contre les Tures appelleT^ par ifabeUe parau.int leur acord 88.4 deffatll par Cbendy ßn Lieutendtle rayuode Traß ^lpin ^S.b marche contre leßafchade Bude ^cf.b tourne ßon camp contre le Kayuode Moldaue yo.a confirme la patx entre luy er Ifabelle^ (y' la cotraint d’ejcrsre à Solyman en fa faueur Ç)n,b efiparSolyman, dißtmulant les insures fastes à I fabeüepar luy, confirmé en fes efat s c)i,a negarde rse de l'accord fuf-dst, crf accordeauec'Fer-dsnandcontre {fabelle cyi.b fautàfenoyer ioi.b ropt laDsete à £gneth tenue par la Boyne 104.4 aßse^e ,y(lbesule,(;r fe veut repa-trser auec ifabeUe pour la trosfsefine fou 10^. b faccorde derechef auec Ifabelle J O S.4 prend ,^lbeiule à

L Ë.

compofitson Î08.A Kaci-fer er auec Caflalde Lseute-nand de, Ferdsnand contre Ifabelle loy.a fin mau-uais naturel 110, 4 va trouver la Boyne lio. a mande à Caflalde e^u'il le vsenne trouver à ^Ibeiule pour coferer enfimble iio.b fast fimblant de trouver les offres de Ferdsnand à ifi-belle bines I12.4 fis moyts pour rompre les accords de la B?yne CT de Caflalde 114.4 fi fast donner l’eflat de Tayuode de Tranfllua-tttt, CT Threfirser, (T autres exceflsfues demandes 115.4 veulteflre Cardinal UC,a efl faiél ,^rcheuef-^ue de Strsgonst, puis de-flourne laRoynedes accords fasts auec Caflalde 116. b les accorde derechef, CTfl-ÿae iiy.b demande impudemment à la Bsyne ijue elle luy mette la Couronne Bjyaleen fàpusffance 11^.a rectgnosfl Ferdinand pour vray Seigneur li^.b obtiet la tierce partie de la gabelle du fil iiy.a recherche le


-ocr page 779-

TABI

rwre nS. 4 negotie auec les Bufihdt \^o.b nmujfe vne armée centre le Turc 151.4 fiuj^eçennè par Caßalde, derechef confirmé en fis eflats nbsp;nbsp;i^i.b

va à laDiete de Stbtnie,CT msnflre fininconflance 'î5« lt;nbsp;reçut premejfe dit ^‘tped'eflrefaiél Caldinal 155.«* «oinfƒ«» 4Wff 4»ff celle de Caflaide 159.4 f» veult mener l’auantgarde lao.b monflrel'mflabili-té de fin eflirit le^l.b fa fetardife firefiult d'afieger Lippe tenue par leTurc^CT efifatélCardi-nal 143.4 p4r fin ambition (X autres vices fi rend odieux à Caflalde 144.4 cenfitlle a Caflalde de faire tref ues auec le Turc iiç6 a va par ^ande importunité influes à Lippe 1^7. a fi monflre à l'affault braue CT vaillant Capitaine 157. 4 flefforce de fauuer Olymaaflieeédans le cha-fleau t6o3 161. 4 pratique les Bourgmaiflres des Villes de Hongrie ,pour ro-

pre les deffiings de Caflalde l6\.a defiouure tout à fait faniefihante volàré \6i.b ajfimble les principaux Ses-eneurs CT Capitaines de l’armée, cries harangue, tenddtàfin de fauuer oly-man 16 j. 4 166. 4 luy donne moyen de fi fauuer, CT parle de nuiél à luy fi-crettement i66.b machine contre Caflalde 168. a donne aux fiens les biens de ceux de Lippe qui f’tflotint trouue'f^ 4 la deffenfi d'i-eeüe iG^.b fimetencoche auec Caflalde,cT arri-ueaBtnfi iC^xb lyo.a veult aller tenir Dtete à r’afra'él , pour chaffer Ca-flalde CT fin armée 170. b fa mort fi machine par Caflalde i7\.b efl tué , (X par queUefaçon ly^.a fa mortvangée fur fit executeurs 17ç.a fafipulture 176.4 fit meubles ptlle'f^ par fis meurtriers,puu rendue CT mu és mains des Threfiriers de Ferdinand t76.b tous fis threfirs 180.4 ƒ«»! mis en maint B B iij

-ocr page 780-

TABLE.

de Csmmijptires eauoye'7^ par Ferdinand jSi.rf- la nouuellede Jamorteßap-portèe à i9t.a let autheuri de fi mort excom-munte'Tfiparle Pape i^i-b lequel fi tÜ infirmerfiar fia mort nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^i9 b

Çeorge Pafi enuoye 4 Lauyt parlep'’'ayuode peur enten-drefiawlonté •. 17. a George de Palme Euefiue de Po'^^e f enutyi vers Paul Tomorèe zo.a mort en bataille nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-^ÿb

George de Scepufi collègue de

Paul T.omorée en l’armfi

lo.b mort en bataille'if .b George de Scepufi blafiméopar

Soltmah r

George Hejfite^mbaffddt ur ^..de Maxirtnltan vers levure

jo6.a\\i '

George-ffofiute ^^fmbafiadeur pour l’Empereur vers Selim ^^S.b n\ i

Poggfiy-Pracclrf fiailî empoifonner Ladtfias 41.4

Tuty defend vaillamment Pallota contre le Turc }i9‘‘* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;quot;• valeureux aÛe de George Tu-« ry b pourlequelilefl fiait cheualierpar l’Empereur nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ibid.

Ghefie'i(^prinspar le Comtede Saim fur les Turcs

Gottart CT Maillai chefs de l’armée contre g ritty yj. a

Gran chafleau ou furet fouil-lel^ip^ arrefi elfes meubles dela-EoyneMarie fi.b delaijfeparfin Capitaine i7.a

Griechafiueifineburgfirterefi ß ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^5'‘^

Cuillaurne de Gonfigue P)uc de MantouÉ viet au ficours deËEmpereur yyb

Guillaume filt du Landgraue feßeue'- contre l’Empereur . châties nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i97-‘^

Guillaume Eoccandolph afiie-' ge Sude pour Ferdinand

61.b remue fin camp- èpb Guillaume Ecccandolph efl af fiailly de toutes parts par Mahomet 67. a leue le Jiege Gy.b efi dejfaiél

GuillaumeEoceddolph meurt en l’tfie de Comar 69.a


-ocr page 781-

H.


HAly chiAußf entremet de Ia pAix entre FerdinAnd (yf le Turc nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i6lt;^.b

HAnnibAl Cyprien fui des C'a-pli Aines degens de pied refié de Ia bAtAïue contre le Turc

HAr»nÿ*e (Le CAßalile À fes fildAts nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iOl.A

HArAn^e de CAflAÏde À ßes feldAts AllAnts À l'A^Aitlt de

Ltppe

151.^


Autre ffATAngue dudit CAßAl-de,tedAnt de redoubler l’Aß-fAult nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;154-^

HArA^e de CAßAlde aux Ho-^res^receuAnt ferment de fidelité d’eux AU nom de Fer-dwAnd nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;M.i.b

HArAÿte de George aux prin-cipAux Seigneurs CApi-tAines de l’Armee de Ferdi-nAndfourfduuer oljmAn i6^.A

fledin prini pAr cb/Arles le f', fur les FrAni^ou 1.6^,b

Henry i.iointAucc les Prott-ßAnts i^y.A fe retire 198.4

Henry Duc d'^niou eflett Roy de Poulongne ,fy Achemine ^^6, A, b efi receu

357'‘* defrobe , ck renient en FrAnce t^Gz.b promet aux Poulonnoif de

refowrwer i^Cyb^Cj^.A Henry StAmpir Colonnel’\n-uoye ÀSchuendy pAr l’Em-

ferew

HermenflÀt, principAle ville de TrAnßltiAnie lay ,a

Hierefme LAsky reçoit le Roy le An fuyeint' '’■(ÇAt.b vA 'én.

ConflAnttnfple en ^mbAf-Çade polir lu^ a,^.a affir-e À Ia TrAniîluAnie ^6 .a

Hifioirede Ia mort de Mußi-pliAfils Aifnè de SolymAn

Hißoire memorAble d'vn phÄ-tofme AppArucliAfleAU duRoy Loujs ■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;54lt;»t

Hifioire fert de doélrine 6js

Hongres dec’Apite'fiuJques au

nombre de quinfi^ cens 55.4

Hongres de^Aits pAr les Tufs ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;569.4

B B iüj


-ocr page 782-

TAB fjon^ei turent^J.elttè i Ferdinand nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;izi.a

injures lufqites an nombre de deux Cens miUeperdw tant en la bataille que depuis }S.a ffon^res recherchent la paix auecleTurc nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^45-h

flongres tafchent à remettre le Flaume entre les mains de lehan O' d'lfabeäe

defiriptien generale O' dttti-fton de la Hongrie

de/criptiin particuliere de la

Hongrie

Hongrie O' France comparées _ pour leurs mifiret

ffon^rie remplie de vices de-■ uaotfesguerres

Hoj^ital en vne armée foubs la charge des Preßres cjS.b Hunefleuue

Hufl pris par Schuendy rendu à lehan

fJjuer extreme i^i.a

I^nnijfaires obejijfants aux ßgnesde leurs chefs

L E.

lauarin ville nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ji.lt;lt;

lauarin bruflépar accident

a repare'epar le Cirn-tedeSalm

layc'Tla vtüe capitale de Bof t' ne nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ïi.b

lehan Roy de Hongrie.

lehan Boy de Hongrie dißri-bue les honneurs O'tßats du Royaume ^o.b quitte Bude , O' fe retire en U, Tranßluanie j^.i.b fuy( en

Poulongne 44.4

receu par Hierofine Laslg 44-1^ eßi-e tribut O ho-mageasolyman 45.4 en-uoye Lash'p Seigneur Pou-lonneis vers Solyman aufe-cours 4y.4 baifi les mains

Solym^in ^6. b confr-me de Hongrie par Solyman ^^.a entre enfiuf-fon contre Louys Critty 5^-b

lehan O' Ferdinand f accordent nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;6o.b

mort de lehan Boy de Hongrie 6o,b


I

-ocr page 783-

Ichan fils du fufdiä:.


Jch»n flture voyant ßt mere huilier la Couronne a Ca-

ßalde 119.4 »»«„/?« ne cofentir 4 la Rejne fa mere 1X0.4fiance l’Infante lea-ne fille de Ferdinand izf.lr reflituèen fin Royaume x8i.fc fait guerre à Ferdi-nad z^i.a enuoye^m-hafiadcurs à Ferdinad pour accorder leurs différends^ et’ demäder l’Infante leant 1^1.a ne fe veut départir de l’amitié du Turc lyi.a prédplufieurs places fur Ferdinand 4 l’aide duTurc 195.295.4.^gt; en prend d’autres lÇ)7.b efl retarde en fis deffiin^s par vnegrande inondation 198,4 enuoye ^mbajfa-deurauec le Turc vers Ma

ximilian pour traiter de la paix ibid. fe trouue en danger d’eflre atteint d’v-ne balle d'artillerie joi,b faitpédreplufieurs efui fa-uorifiient Maximilian 504. attireàfoyles Ud-

516.4 vne

Dtete à Torde 517.4 V4


au deuant de Solyman aiiec richesprefints 319.4 lt;*ƒ-fiege Tocchay prins par Schuendytpuis leuele fiege a l’occafiô des Tartar es mu-*‘nef 346.4 les dejfaiéli puis efi afiiegé par eux toints auec les Turcs ie^.6.b reprend quefiuesfortereffis fur l’Empereur 353, /gt; fa mort nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;}57.^

Ichan Baptifte Caftaldc.

lean BaptifieCafialde efi efieto par Charles le K. pour aller en Hongrie auec George Moyne cotre ifabelle 94.4 efi infiruiél par Ferdinand comme'il fe doibt comporter auec ledit Moyne ^4-^ donne infiruélion pour la conduite d’vne armée yf.a f achemine en Hongrie ^y.b fait fortifier ^grie 100. a entre en laTranfil-uante toz.b to-y.b trope indufirieufemét le Marquis de Balaffe ioy.b afin


-ocr page 784-

tab tmtt ch^ße^n de la }{oyne 107. b prend Dama^ par redditten 10^. a conféré anec George 109. b leva tronner à ^/fibewle mal ßtnty lïo.b delà fenva troituer la I{oyne , luy expofè ft charge ni.4 parle à elle an. dtfceu de ' George 111,b efcrtt à Ferdinand pour faire George Cardinal ii6 a répitd’F fabelle la Couronne CT lt;*«-tres ornements Royaux au nom de Ferdinand 111.4 l*enuoye àîerdinand 111,4 répit fèrmet defidelité des Hongres Ht.a. b fait fortifier les places iiy.b payer le tribut deu au Turc 118.4 amajfegensdeguer-repourfoppojerTurc

a Ja diligéce,iCr’Jôup-pn enuers George i^z.b tient vne Diete à Sibinio ti^.a réprimé iy'punit le tumulte aduenuà Brajfouie 138. Harangue les Seigneurs ce Capitaines de fin armee 139 b fe mofire accort cepatiétà l'endroit de George lyl.b conçoit

E.

wf mortelle haine contre luy 144.4 répit mandement de Ferdinand pour le faire mourir 144.4.^ va de nutFi trouuer George en Jàtéte 1-^6.a aßiege Lippe 147.b faiéibrefche iyo.b fait donner l'ajjault 153.4 efi repoujfi auecgrid perte ipj-b fait redoubler Cajfault ip6.b emporte la ville t^^.b afiiegelecha-fieau ï6o.a fobfiineàfe fiege contre la volonté de George \6o.b ne veut re-ceuoir oilman ^uà fi dif-cretion i6l.b cotreditCf foppofi à George voulant fauuer oilman i6v. a Je délibéré de faire mourir le Moine George i6C.a vfe de courtoifie (yquot; libéralité enuers vne honefle femme pillée par George 169. a arriue à Binfi 170.4 »4-de en diligence S force Pala-uicin-, ce autres Capitaines Ejfagnols ijo.b luy communique fin entreprife fur la mort deGeorge lyi.b lejaittuer 174.4 pulsen-Jepulturer \7G.a fattren-


-ocr page 785-

T A B L

Jr« les meubles He George pille'^parfes meurtriers 176.b fAit^rcdrel'^m-bajfideur du Turc tenu fe-cretemëtfar George à Tut~ uar 177.a va a Seghef-UAr ^our fonder Ia volonte des Siciliens fur Ia mort de George I78.it reçoit d’eux ferment de fidelité 17^.b reçoit en l’obetfance de Yer-dinAnd toutes les places qut Auoyent tenu pour George 18o. 4 follette VerdinAnd pour Auoir fecours contre le Turc^ut feprepArottiZo.A fAibl fortifier fies places 181. A met les threfors de George en main deCommi f faires 181,4 efl fort bien ftlarie pour le meurtre de George 181. b pouruoit iippe (gquot; Themefuar de nouuellesgArntfins 187.t «»Mflje/« Cowt« lean Bap-tified’^rcbo commander À Braffiouie, (X la munir t^è.A fellicite Ferdinand pour auoir fecours contre le Turc loo.A faitfes préparatifs pourluy refifier içya fe retire de Colofuar

F.

À Torde pour euiter la fu^ ne des ^yfUemands muti-tieT zoi.b enuoyefecours à Themeftar afiiegé , (yT marche contre le Moldaue 10^.b le faiél retirer en defirdre 105. enuoye nouucau fecours à Themef uar le premier deffaiél io6.A encourage les Hagres efferdw pour la perte de Themefuar 2.\^,a ejl aduerty de Lippe brufléesyrquot; ejuitée par ^Idenecce qu'il fait fçauotr a Ferdinand Z II. a feretireà Sajfebeffe CT la fortifie zzz.a ra-chepte le Falauictn pour quinTgmille ducats 118.lt;t reçoit vngrad defflaifir de laperte de Zaluoch Z^^.b preuoit vne reuolte des Hagres CTTrafiluains 134.4 à laque^e li remedie 156.4 confient à la mort du Moldaue z^6.b defcouure vne conjfiration contre luy z^'i.b fon confeil nefiant treu, fe perd vne braue oc-, cafionde defiÀirele Turc I4Ç. 4 feconfnt àlapaix aucc le Turc I4Ç. fe

-ocr page 786-

table.

fe vinldnt oppofer mx tief-feinst tie C4jf»mbtijfa, les ^ytllemisds [e mntsnent co‘ trehsy 146.4 eft 4b4n. denne tli* CtUnnel de I4 ^d4rmerie du pays 147.4 donne moyen fecours 4 Äitrce J's4nf4lpin pturre-touurer Jon S^yaume 450. t 4rrtue4l4 Dietede yvaftAel, or les r4ftiure fotreleTurc i6o,l/ pour-fry t le procs'^ d'.^ldene x6i.lgt; Itcecse le Duc Maurice 1(j5.4 4duerttt Fer-dinand du pourchas des Tr4nßlu4niens pour f4ire reuenir iftabelle

tient vne Diete 4 Ctlofrar x6^.4 1.66,4 retire des mams du Furc les^entsde Sattor 16^. b retourne vers Ferdin4nd i6j.b eft t4ltmnie\ puis recompenfe de fis feruices par Ferdinand 16^.4 eft rappelle en Flandres par Charles le Quint,(X le va trouuer i6y.a.b

ƒ«» ,.,^lphonfi Pefiaireporte la Couronne de Hongrie a perdinand nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;il 2., a


lean ,y{rdech forty de f'ientte pour efiarniouiher , perd fi cornette nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^y.b

lean Baptifte d’,.^rcho C orn-te,commande dans Fraftiuie iy6.a arrefte le Moidaue par efiartnouches 10 4. b défait troupes de Moldaues

Turcs nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ioj.^

lea Fernemijfi ^ouuerneur du ]{oy Louys nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'i.b

lean chuendy Lieutenant de

George défait le Tranfilpitf

28 Jr

lean Doce ennemy du Vayut-de deTranßluanie , raifion ^4.b aigrit Gritty contre Emeric ^y.b tué le yayuode de Tranftluante mefihament ^6,b eft defi chiri en pieces j^.a

Jean Dragfty Preuoft de l’iio-ftel,porte l'Enseigne Eoyale ly.a mort en bataille ^i^.b

Jean f]adek._ Commifaire de l'artillerie

Jean jpalayfi’vn des commis pour confiruer le Pgy en ba- ' taille

Jean oberdanfch ,^'mbafta-deur pour Ferdinand vers Solyman


-ocr page 787-

TABLE.

JtA» Solttrfi^ d'ißtbelle vers SolymM cotre les^r/Htqttes de Gar^e ^i.b

lean Statile enuoyè vers le rayuodeauec George Bafi 17.«

Zc4» Tahy, zyquot; lears Ban(y^ prsrsctPaux Sesgrseurs de Stlauorsse , au fecours de

L»uys

^7.b

lean ZapolyComte de Scepuß, Zy depuis l{oy de Hongrie y.b aß ire à la Couronne ^^.b efieuEoy ^o.b

lean Zerechen au fecours de

Ltuys

i7-lgt;

JrrdtgnsteTfdes Turcs enuers les Frouinces clorefiieisrscs qu'slfajfubsettiß iiOf.b

Informatsors fur U mort de George

Itsquißtiim Eßagnole par qui

irsuentee^cy fa forme 5 ii.fc

Irsfruélsond'vn fils del'Em-! nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pertur de Turquse nbsp;nbsp;lyi-b

l nbsp;nbsp;nbsp;Infiruélson pour la conduiéle

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;d'vrse armée , nbsp;nbsp;nbsp;entretsers

d’scelle

Inueflitures de fiefs données fur r Empereur aux Princes d'^llema^ne: zy ers ce qui

eß^deufmr icelles Jiy.t

J-lMwrewf 187.4

Ifabclle.

ißabelle fille de Sigißmond de Foulongne,mere d’Efiie-

ne, tutrsce (y gouuernante de Hongrie, apres la mort du Eoyleanfon mary 60 Jr eß Jomtnée par Ferdinand, des accords pajfelÇentre luy (y le feu Eçy lean nbsp;6i .a

au refus eß àßiegée par ledit Ferdinand dedans Bude ji.fc fe délibéré de rendre Bude 6^. a eß fecourti'é 65.4 re^oit,zyfaitprefens auTurc G6,a luy enuoye fonfils Eßienne yi.b luy eßrit en faueur des Seigneurs Hongres qu'il rete-noitprißnniers y^.b eß enuoyée par Solyman en Tranfiluanie, (y forcée de quitter la Hongrie yt^.a fa confiance y6.a efi a peine receue en Tranfilua-

me y^.b apres longue patience fe pleine de George à Soliman yy.b aduertie du pourparler de Georgequot;


-ocr page 788-

table.

4itec Ntcolat Saltn, renunye ■vers SoUmun centre leurs frittinues St.ä.b eimaffe des forces cotre George eßitbitndonneedes Tr/tnfil-iiAniens,C^ fourquoy fis^l accord auec George Sj.a le confirme,(sr contre fongréefirtt à Sobman en faueur de George ^o.b fufcite les Tranfiluaniens contre George ^t.a faiil tenir vne Diete à Egneth Jo^.a icelle rompué ^ar Ceorge , elle fi retire auec fin fils à ^Ibetule , puis à Sajfebejfe 104. lt;lt;nbsp;enuoyele Alarefuis de Balajfe four tmpefiber le paffageà Ca~ fi aide venant fiiomdrea-^ uec George ioj.a f accorde derechef auec George J O8.4 #»«17^ vifiter Ca-fialde 110.4 parle ficret-tement àluy, et' fipleint de George ut. b fiefiufi-metà Ferdinand b fie accorde auec luy nbsp;nbsp;114.

parle derechef à Cafialde, (Xaeeufe George enuers luy iiy.a fie demet du Royaume (y' des ornemés l^oyauv

entre les mains de Cafialdt iu^.a fort du Royaume 116. a fia mifiere nbsp;nbsp;itÿ.b

arriue à Cajfouie nbsp;nbsp;iip.

apres la mort de George répété de Ferdinand des meubles de George ejuil auoit prins du goy lean J on mary, CT demdde l^accomplif-fiement de ce qui luy aunt eflèpromis i^i.a fipleint au F^y (y E^yne de Ftulo-gne de Ferdinand i^^.a t^i{.b accepte l'ofire de Vayuode Tran fiai fin , (yquot; recherche le Turc efifiecouruè de luy, (y des principaux du pays ijj.b prattique fion retour en la Tranfiluanie t6i.b efi fiolicitéepar les Tranfiluaniens à rcuenir i6if..b faiPl Jurprendre quelque! places i6i.a fie refiablifi en fion Royaume , (y en cbaffe les gents de Ferdinad iSi.b recompéfie ceux qui nauoient point abandonne' fin party lit. a bannit par le commandement du Turc les feiles nouttedes 2 87. 4


-ocr page 789-

TABLE.

/»le dßiege pitr Si liman i^6.a frinfi

/»les excemmunie les meurtriers de George 191. amp;

Salazar enuoyéfiar fer-dmand a Caßalde four faire tuér George ^44''* /»lian de Carleual fe fiante Ie fremier à l’affault de liffe, en emporte le guerdon farCaflalde

/»flice venale en Hongrie

KEretfihen fexcufe far efcrit de la reddition de luleif^Z.h. eßcruellemet mis à mort far ceux qu il a-uoitmaltraitte'lf^ 548.amp; ainfi nommé 9-1’

/{raß eßang ou marais n. b

I.

Ladißas Macédonien Euefque de cinq Eglifes 11.4 Ladißas Salcane^rcheuclque de Strigonie,Primat de Ho-gtie^e^grand chanceliierj t^end leJeelRoyal lt;).a mort en bataille ^ga blafméfar Soliman pour [onauarice

Ladißas emfoifonné le lourde fesnofces nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;41,4

Largeffè deuë aux lanißaires far le nouueau Empereur

Sacre de Ro-dolf lie Roy de Hongrie j6i.a

Lafchete'«ie foldats ^llemads deffatéls 2.35.*

Lafchete defildats Eßagnols Z14.4 deffaicls parle T urc

Lafchete ^vnfildatEjfagnol, qui enfin fe tua nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i^i.a


Ladißas chretfchen réd

Iule far comfoßtion au

1 Lure nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;340.t

Ladißas Endef induit les Sa-

1 xons nbsp;nbsp;nbsp;Siciliens à recognoi-

ßre Ferdinand

Lazare Schuendy.

tal^re Schuendy Lieutenant general en Hongrie four Maximilian 1^)6. a met ßn armée aux ch am fs iÿ6.b aßiege (yquot; frend -


-ocr page 790-

TABLE.

7 occnay, (y' autres places 1^7.a.b nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;reçoit

nousteauficours de l'Empereur ^Qo.a, 501.4 bruße Debre'^npour auotr Hure des vfures au Turc 5OJ.4 deffai^l la garnifin de Mo-cat ^oi. b efi furprins de ßebure ibtd. tue quatre mille Turcs 5 01. A efirit aux Seigneurs de Hongrie centre les lettres du Ejy lehan ^17.b aßie^eCT prend Zathnar j^o.a puis ■Mourach, CT aßiege ffu/l

du Pape vers Charles le Z. CT le de Prance z^^,a

léonard Gnomskp Poulonntis Marefihalde Camp ï^.a

Leenard (Pnornsby, opine fur l'ordonnance de la bataille ii.b

lettres dePoliman à ^ndri

Sattor 154.a x'^Ci.a lettres de Charles Empereur au Cardinal de Maience li^.b nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l

lettres de Sohman à George

Moyne fur les plantes d’Ifa-belle nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;7^‘h

Lettres du ppy lean aux Sei-‘ gneurs Hongres CT Trari’ filuatns nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;y 16.b

Lettres de Schuendy de co trat-’^‘fff'ebl nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jzy,b

Ligue contre le Poulonnoif i6(gt;.b nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,

Lippe CT Themeßar vtHes d’importance nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;116.b

Lippe rendue au Turc 1^6. à LippCj CT fa ßtuation 10^7,a aßiegtepar Caßalde 14^7,b foußient brauemet l’aßault i^i-b prinfe d’aßault par Cafalde ly^.b batllte en garde à ^Idene nbsp;nbsp;16^. a

quit ee lafchemcnt, CT bruf letpar^ldene my.b re-prinfepar le Turc iiyb

Louys 11.

t-.Koy de Hongrie CT de Soheme: crfanaiffance 7.4 mœurs de Louys 7.a,b

louys aßemble les Eftats pour aduifera la defenfèdu Pop aume contre le Turc 10.4 demandefecours aux Princes chrefliës lo.a.b femet aux champs 16.a renuoyt George Saf vers leTayuode aprti


-ocr page 791-

TABLE.

ApresmßmEltons 17.t en-uoye lettres courrters en dtuers beux pour hAßer le ficours 18. 4. b Arrtue À Tholne nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;19,4

en cholere en plein con-Jetbcrquot; fA brAue refolution ïQ.A enpetnelurlArefelu-tioude lAbAtAiUe 15.4 wJ-detow les Confeillers pour fe refouldre 4 Ia bAtAille , où À défi Amper • i^.b forces de Louys contre SoUmAn

Ij.b

louys donne en cloArge À trois not Ables perfinnAges pour Ia b At Aille

perte du Roy Louys

Louys trouuemort

Louys riAyftnspeAU

ioKjs enferre

ürnty Duc de f'enifi Auec SoltmAn Ayde le Roy leAndefiifAueur demeure 4 Rude AueC le R^y le An 53.4 efl rAppellé pAr SobntAn , puis renuoyeen Honme ^^.b fAitAlliAn^ ce Auec le CAyuode de Mol-dAuie ^^.A entrepred fur lATrAnßluAnie '^■i^.b rit voyAntlAtefle d’Emeric

f6.b confcietice le redar-^uAnt,confefe Ia mortd'E-mène innocente \y.A fi retire 4 Me^efl . b efi dfiicgè pAr les TrAnfiluA^ mens ^^.A dbAndennéde fis Amis, Pepenftnsfituuer efi prins,C^ IturèÀ FrAçois chedy pour le faire mourir S9-A

en fans de Louys Gritty decApi~ te\ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^y.b

Lubec, ville opulente ioy.A monnoye de LyfimAcbus trou-

uéepAr des PAyfans ils.b

M.

'N Æ ^yF^debourg , ville jLVjL puiffinte 309.4 MAbomet BafibA enuoyè

fecoursdelA Royne ifabelle contre Ferdin And 6i\.,b fi CAmpe pres RoccAndolph 66.A prend rifie de chep 6y.A

Mdbomet BafibA LieutenAnt General de Soliman contre lAFranßluanie 194.4 4r-riueAuec puifante armee. XCiii.A afiie^eCbemefiiAr 104.4 capitule Alice L»~

cc


-ocr page 792-

TABLE.

ßn'^ iii.t luyvßitvne tres-grande perfidie, apres aueir rendu Themeßar

2.1^. a prend Caran/ehejfie enfaprote^lien xiy. «lt; eß aduerty de Lippe abanden-nee,(yenuigt;yepourßen ßat-ßr zi^.b prend ßn chemin vers la Hongrie zz6.a aßtege Zaluoch ii^.b z^o.a leprend eßanta-handenné par ßagarnißon ZjZ.b aßiege ,^grie 2.^}. b z.^1. a ßmme le chaßeati z^i. a apres treizeaßaults leuelefie^e 244.^ yê retire hors du

l{tyaume 2s 47-b Mahomet ßls de Mußapha aduancé en recompenße de la mort innocente de ßon pf^e nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;281.4

Maiflre de cap general en vne

armée,que s eßats il doit a-

Hoir aueejoy nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;95.^

Maißre de poße neceßaire en vne armée nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ÿl,a,

Malheur n arriue iamais ßul

Pue ß Mantoué au ßecours de

l'Empereur nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i4^-a

Marata,ßpuhhre de Soliman

344

Mrfrf Antoine Ferrare Secret taire de Caflalde, tué George nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^7i-^

Marießeur de l’Emp, charles H.B^oyne de Hongrie y. a Marie baille des deniers de ßn tßargne pour leuer gents lü.b

rètraiéle de la Fjyne Marie i6.b

Marie ßlle de Charles Empereur mariée à Maximilian

Roy de Boheme

Marie I^oynede Boheme obtitf lagrace d’^ldene z6ç).a Maromaruße Frouince tz.b Maroßeßeuue nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iz.b

Maroth, nbsp;nbsp;le grand meurtre

d H ongres arriué en iceluy i7.^

Marquis de Balaße au feruice d ißabelle ïo7.a pourßiyt' oilman fie fauuant de Lippe ï66.b eß bleße d’vne quebu7(^ade nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;167.4

Martclos, meßhants Payßans

ßreß Martiane ii.b

Martin I{oßan en France auec armée pour l'Emp. Charles

Jp8.4


-ocr page 793-

table.

Àl4tthiM Lelrtsk]! «»«oje par Ia Rtyne Ijitbelie à ïerdi~ nAnd

MAtthieuNA^h, de bA]fe condition , dejfend le ChAßeAn deStrtgonie contre le Turc i7-*

idAurice Duc de SAxe feßeue centre l^Empereur chArles lÿô.b

MAurtce vient À ifprncl} peur ßtrprendre l’Empereur er“ FerdinAnd, iyy.b font ac~ cord

idAurtee Duc de SAxe Aniue en Hongrie Auec Armée pour FerdinAnd nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;241. *

le Duc MAurtee licentie

z6yA

Maximilian’.

MAximiliAnfils de FerdinAnd eßeu Poy des EemAins f‘*‘^ K«y de

Hongrie 194.* fiprepA-re pour fAire Ia guerre Aie Eoy /eAn 295.4 fr4/fe Ia pAix AuecleTurc 298.4

les funerAilles de finpere ibid. drefe nouuelle Armée contre le Turc t^oi.A en-uoye^mbAffitdeur vers le grAnd Turc pour continuer le trAiélè de pAix ^06, 4 publie vne Diete À ^us-tmpetrer fecours contre le Turc yoy.b l'A luy-mefme au deuAnt de l'Eleéleur de MAicnce venAnt ÀIa Dicte ui.b fes demandes en Ia Diete ^16, A les offres qui luy font ^Atéls pour lefecours il6,b commAde AUX Eoys de Suede (/r Dannemarc de mettre les Armes bas iiy.A donne aux Princes l'inuefliture de leurs fiefs iiy.b liiencielA Diete,CT fi Achemine À vne Autre Diete A Tienne u8.4 les ordonnAnccs qu'il faiél /bld. commAnde les prières 4 certAines heures au fon de Ia cloche, defend toutes fortes de leux 3^4, A.b declare fon Lieutenant general en fon armée, Ferdinand fon frere 355. 4i GG ij

du fecours À Schue-dy lÿof.b joi, A célébré

-ocr page 794-

tab

reçoit certaines nouuelles de la mort de Solyma couronnement de Seltm 344.^ licencie Çon armée,Cf/è retire^ tienne con-Mc^ue les eflats ibid.j^y.a fait fon entrée à Pra^»e,iCr‘ ebtiétfecours centre le Turc enuojie^m-bajfadeurs à Seltm four la fatx 351.^ l'obtientb fe fUint à Selim da l{oy Jean i^^.b ejl félicité far les Vénitiens ey- far le Pa-fe four faire guerre aaTurc 3J4.4 les Royaumes de Hongrie (y' Boheme à-finfls Rodolfhe fretcdla ficcefton du Royaume de Tranfluante afres lamort du Roy Jean ^jy,b recherche Selim four obtenir frolongatton de tréue: cequilnefeut iôi.b obtient fecours des^Uemads contre le Turc ^61.b brigue la Couronne de Poulon-gne 364. 4 efl efleu Roy far fes fartifans nbsp;nbsp;j^^.b

nefrendfojjeßiondu Royaume four certaines eenfi-dcrations ^6j.a eß tndi-

L E.

ayant l'eleblion de Sat-tor ^CiÇ.b demadefecours aux K^illemands contre les Foulonnois 56(3.4 enuoye' foliciterleSofhycotre murath ^66.b fes ^m-bafadeurs mafacre'f far Rattor, ilfait arreßer ceux dudit Battor yCF’flußeurs Follaq^ues }6y,a meurt ibid.

Medalles d'or de Lyßmachuf trouuées fardes Payfans iit.b

Medalles d'or deNinui(y' Se-miramus nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;211.4

Megeß ferme les fortes àlouys Critty,iy'fourquoy ^y.b MehemetBafcha, tres-aduifé CT'' tres-ßdelle au fuccejfeur de Soliman b cele la mortdeSoliman 338.4

Melchior Ballaßyfour Maximilian contre Jean lyç. a Meubles de Mircé de grand friXjgagnef far Raoul iî3-4

Meubles d’in Cardinal mort fansteßer affartiennentau Pafe nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t^l.b

Meurtriers de George excom-murite7 jyz.b abfoutsfar


-ocr page 795-

TABLE.

le Pape nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;2.49.4

Mines deßiuuertes jo.4

Mmes des allemands à Bude

peur finir fes ieurs iZ6.b le Mende efi immebtle au milieu de l’air nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ï.b

eueatées nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;6}.t

Mmes d’erjiTar^'et O' de cuy-ure en Hen^rie ij.4 e» Tranfiluante

Mmes £er,d'argent O' defer enTranfiluanie 106.4 de fel, d'er O diargent en l’Euefehe'de Salsbeurg

Mefcouites O' 'Daneis font 'guerre en Peulengne }6^.b Meurach prms par Scbuendy

Meyen d'encourager lesfeldats àl’afidult nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;15 î-“*

pour defcouurir vne mine nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^Q.a

)o8.4

Minijlres de l’Egllfi,genfdar-mes en Hongrie

Mircé Hayuode des Tranfal-pinsf’effre alfabelle pour la remettre en fon Royaume ij^.a défiait O' chafe par E^oul nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;149.4

dejcription de Mohacfi, O'

Iteudelabataille nbsp;nbsp;nbsp;zt.a.b

fept Muets executeurs de la volonte du grand Seigneur ^11-^

Muphty,ou Muplety^ chef des Prefires Turcs 1.71,0,

Mujlapha fait guerre enTranfiluanie nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Gy.b

Mujlaphafils aijhéde Solima relegueen l'^mafie 7^.0, hifloirede famort 170.4

Mohacf^lieu de la defiaite des Hongres nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j8.4

Moldauie O’ ^rfialpine,par.

ties delà Halachte nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;15.t

2Wo/(!i4Mw»owce parlesTurcs

Carabogdanie nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;y.b

Mtldauie,colonte Romaine ioy.4

Monafiere d’Hermites ou Je retira l’Empereur Charles

Mujlapha au mandement de Jonpere , le va trouuer i.7S^.a efiejlranglé 1.77.0 recognu innocent 180.i

Muflapha Bafcha enuoyè en Tranfiluanie au fecours de la Royneifabelle 6^.a

Mujûlmans fort Juperfiitieux 176.0

GC iij

-ocr page 796-

TABLE.

ßirte-rejpf anciennement Tanrinum nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ij 4

autre cheminant par artifice és rues de Bruxelles aux funérailles de Charles le

188.4

B^a^adtesvaiffeaux 18.^ 2gt;Jeuflat prtnfè (y' reprtnfe plufieursfiu nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^06.h

Ilt;ltcoliu Capitaine des ^t-duchs, vaillant homme

lp.4

Hictlas EfdrinComte de Serin ^99’^ ggt;nuerneur de Stehet pour l’Empereur j^6.a tué 4» 15. afptult deSi^het

Nicolas Cerendji commis fur la monnaye faite de la mottle du threfor Ecclefiafli^ue ii.a

Nicolas Cornte de S aim chef de l’armée Hon^refiue i o ,b

Nicolas Salm fi^mbaffadeur pour Ferdtnad vers Soliman f6.b

Nicolas Salm tieutenitnt pour Ferdinanden Hongrie par

lemente auec George Moyne

Nicolas Serpietre loinéî auec Pierre Kicchy contre George iy.b efi défiât^ par Farcocce 84.4 tance aigrement par fa femme 83.4

Nicolas Tharc^ay , hardy (y fideleà fon Boy 2C).a

Nobleffe tnfupportable en Ho-

Noremberg , ville Imperiale, gouueméepar tes Nobles 3o8.A

O.

OEuures charitables faites par efelaues en Turquie,imputées aux mai-fires nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;îyi.a

Ofen nom moderne de Bude iC.b

officiers neceffatres en vne armée

offres de Ferdinand 4 la Boyne ifabelle 6i.a 112.4 oilmanPerfèau fecours delà

Boyne ifiabctle 6y.a oilman commande 4 lippe, foufiient l’affaur,^^ repouf fie Cafialde ij^.b commf


-ocr page 797-

table.


ce èt reculer 158.rf ß ßcuue das le chdßeeiu endure vne extreme famtne dans ledit chaßeau de Lippe i6i.a ße veut rendre à compeßtien iGl.b fe ßau-

I ue par le meyen de George 166. h pourfuiuy par le J^arijuisdeBalaße \6-j.a ßietn^lauecle Belerhey tSy.b

Operßolp premierCapitaine de cauallerie de T ranßluanie

2.01,4

commune en Hongrie touchant la Couronne R^a-le

0r4feMrf4/8gt;MZMeMj; 55.4 Ordcnnxzireƒ4t^e en ytUema-^e fur la diuerfitède peli-y\9.b Ordonnances faiéles en ^u-firiche pour tirer fecours eo-

treleTurc

518.4

tous vices

Ornements des Po J s de Hon-

119.4

Or»fweff Impériaux enuoyeT^ à Ferdinand par Charles zi^.b

ßrtel Prouince

15,“

Oßemens és ßreßs f'vieteßeSy teßmeings de I'enorme maß ßacre faiéi ßtr les Hongresquot; 38.4

Ottomial Hongre prend Zeg-hedin ßurle Turc 185.4 fecourupar ^ldene tZj.a deßaitparles Tures io6.4

Oureßolph fecourt Ottomial à Zechedin nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i86,t

P.

P pilota bien deffenduë cotre le Turc

Fannonie^partiede Hongrie

U.b

Pannodacie,anciennemetain(i nommée laTranßluanie 15.4

Papau fortereffe iZX.b le Pape donne ßcours 4 l'Empereur contré le Turc HZ.b le Pape folicite l’Empereur pour faire guerre au Turcquot;

Paul IIII. faiél refus de ratifier l’efleélton de Ferdinand z^y.a

Pappadoca entretient Bonne popne de Poulongne, en

I fcmff nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;185.4

C C iiij


-ocr page 798-

table.

T dralles cruelles d'vn Tyran ^77-'«

Fdl9cche,Se^»eùr Hongre reforce à propres dej^ens l'drmée de Ferdinand de çents de chctieîl de pied

Fatocchygouuerneur de Iule \ liai.a

fdul iacchy, amp;nbsp;fin adnis fur iord.dela bataille i^.b

Faul Baihy Capitaine desgardes de George ^7S.b

Fdul Fanchy Kiceuayuode z6i.b

liàul Tomorce K^^rcbeuefque ~de Colocenfe,Cordelier,gou-uerneur de Sirntie , ery fa ■ valeur 8. a tire par force dêfinConuent ^.b efifait

, chef de iarmc'e Hongrefiue ZO.b confeille le combat

^^^■b efl tue en bataille

Faul Timorée blafinipar Soliman pour fin imprudéce cyr temerifi^ , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,, ,b

Paul FeidncrMcdecin,de luif fait chrefiien i^r-b

Paul de Zarod entreprend de garder Lippe contre le Turc

' ^ly.b Zi^.b

Ferius chafleaufort 1^6.b Perfonnages confiruer en la bataille z^.a enuoyeT^ defcoutirir iennemy, nere-uiennent nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jj.rf

Fejlegrande en Tranfluanie z^i.b

Fefihe prtnfeparles Turcs 6y.a

Fetrouar, autrement Haraditi Peter , prins par le Turc 13.a

phantofine apparoijfant prédit la piteufe fn de Louys

Philippes Comte Palatin fi met dedans Vienne contre le Turc nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;48^

rhilippes More Euefipue de

Cinej-Egitfis , mort en bataille nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j^.b

philippes va trouuer iEmpe-

reur Charles fin pere z36.a

philippes failî fi/perbes fune-_ raiU.es à iEmpereur Charles fin pere 288.lt;lt;

Pierre chendy fexcufi enuers ' Ferdinand , fur le remuement de la Tl-anfilttanie i3t.a

ordonnef pour laperfinne dupoy r


-ocr page 799-

table.

Pitrre Teren Gouuerneur de

Themeluar nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;S.«*

Pierre Peren prije plt;tr Selintan

Pierre P'inynode de Afoldiittie, amy de Selimd-tCP’ de Louys Critty 54.* Je met MX champs enfauettr de la


^ents

pïuyes arrefiants la diligence de Soliman

Podolie rauageepar les Tarta

ros nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;347-^

Police tenue aux Dictes d'Allemagne

Pont baßy par TraianaSeue-


ne Isabelle nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;6^.a

valeur de Pierre ricchy à re-

poiijferles Allemands entrans dans Bude par vne faußeporte 64.4 jafrau-


de


pierre Ticchy Ctuuerneur de Tranßluanie fen ingratitude CT orgueil enuers ifabede y^.b farmecontre George 83.t efldeff^ait 84.4 parleméte auec André Battor h8,4 luy cede les Pays-bas iy.6.a fecourt

. Oltomialà Ze^edin i^6.b eß taidéen pieces par leTurc



15.4


Porta» Bafcha au fecours de lean

Pofegan [epare la PJon^ie de laSclauonie

Poßon , retraille de la poyne Marie

Pofon vide de couronnement des P^ys de Hongrie 3y8,4 Pojfinfortereffèßgnaleepar la deffdi^le de l'armée nauale


187.4 fecourt iftbede

Z^^.b z6z.a ßaccorde a-uec leTurc,ii:yf’eßeue pour ifabede nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;z6i.b

Pionniers en vne armée , leur charge nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;97.4

places quittées par les Capi-taines, CT fauuéespar vfles


duTurc nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;49quot;'^

poulonneis au [ecours de louys

ty.a pour ifabelle 166.a Pourparler de paix entre le

Pjiy lean (x Ferdinand

X()'i.a dement à néant . ' iyz. b entre Maximilian s’CZ le Turc 298. 4 tourne à néant nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;içf^.b

Prattiques mefchantes iamais


ne fuceedent


60.a


Prefages delà ßn pitoyable de ^Touù nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^i b ^o^.a


-ocr page 800-

^resbutgforterelfe ou fie retire Ia Boyne Bi Arie nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;36. b

Prefiheur ^grien cAufe de fiufientr treîlg AfAults

J-A^Z-A

Prefint riche ftibi À SolimAn pAr FerdinAnd nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;y 6. b

Prefints de SolimAn À Efiten-necCAux Seigneurs Hon-

Prefints reciproifues de MAho-met Cf de Ia Bpyne ifibelle 66.A

Prejfiuie, dille CronenflAt iO7.A

Princes d’.^llemAgneplus riches puijfints entre les

Autres nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;308.lt;t

les Princes de l’Empire Arriuet

A Ia Diete d’.^usbourg lii.b ïiy.A ojfrent leurs ficours À l'Empereur }i6.b

Princes ProteÜAnts en rumeur contre le PAlAtin ; pour-^uoy nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;311.4

/« Princes fi doiuent pluflofi fier es forces de leur Armée tpu'en l’enclos d'vne mur Aille nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;38. i

Prifinniers de guerre des trou lgt;es de BoccAiidolph, execu-ftfÀmort nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-y 2, A

L E.

Prißnnien emnientfpAr S)-ItmA» AU partir de fienne

Prtfenniers ès mAins du Turc,

Prifinniers frins À Hedin fAr ch Arles le H. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;2.6 b

Prifinniers frins fAr le Turc deuAnt Drs^Al nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;2x8.4

Priuile^e des B Arens de Hongrie

Prognojlsc de Ia wert de Mu-fiApisA ( nbsp;nbsp;nbsp;.. iy^,b

Pngnoflic mAlheureux AuRgf ^i.b }4.« Pregnofitcs precedents Ia mort de George nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iji.A.b

TrogneflscAtion de Ia mort de SolimAn

PrOHinces dibles Comtef en Hongrie iç).a trois fortes de punitions i.b PurehAfiAler Colonnel pour MAXimiliAn defiAit epuAtre mille TrAnpluAniens i95.b

RKy/fdich Boßch tbtne fur l’ûrdonnAnceacIa b^-

t Aille


-ocr page 801-

table.

Raißnsßiadans les Hongres à la bataille iG.b j\i.b

Raoulgouuerneur de Transalpine y,b chajfedefaf'ay-uodie des Tranfalpins par Mircé, la recouure amp;nbsp;def-faitMircè 149.4 i^\.b reßably en fon Royaume, remercie Caßalde , luy sure amitié

Randans, ou Rhatians 205.4

io6.lgt; dejfiti^ls

J^halians prennent le party du Turc contre lafojt donnée éi Ferdinand

l(aßcie Jeparée de la Hongrie parleSaue nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;11,4

^monßance du Comte Palatin à l'armée Hongrefque iO.b

I{emonßrances du chancelier aux chefs de l’armée

la République Romaine changea d'Eßat par la grande conionéîion des ^yTßres

4-“

des ^griens nota

ble z^t.b 244.4

Resolution memorable de M.u-

^felutio remarqtiMe d» C4-

ß ell an deZalutch iufques

alaßn

X3X.4

Reuenu des Euefche't^de Tra-ßluanie employé à l’a fortification du pays nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ity.b

Rhakos,que ßgnifie 40.t Richejfes nbsp;nbsp;nbsp;orgueil,caufes de

fOW Wfff nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;5.4

Rodolph couronné Roy de Hoirie 558.4 déclaré Roy det Romains ^Gy.a receu Empereur ^Gy.b conßrme la trefue auec ^mmurath

Roße ficonde femme de Soly-man , luy faiél releguer fon filsaifié nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yya

Roßeefclaue ,amtedeSolimä, conßire la mort du fils aifhé d’iceluy 270.t 271.4 nfftanfhie zy\- a faiéle eßetiSe^ de Soliman 271.b

Roßterauagée parles Tarta-res nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^4^7. a

Roflan Bafcha gendre de Soli-man , conßire la mort de Aluflapha 170.t 171.4 efi chaße par Solyman 179.^

^ué de Furtiine



I

-ocr page 802-

TABLE.

faulteßitiLitne eßonneles en

nemis nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1^6.4

ienne Key -ißgne de U matedi-

Uten de DietsJiir vn Ke^4u-

me nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j.4

Kÿsned’vnEflitt

Kttmiler , gents de guerre

64.

Kußes de guerre nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;2.i^.a

S.

S^ahiK^jis Corßire

Sabitrte Ville,nittiuite de ßint

Mdrtin nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;12.4

Sachmar prins p/trlehttn iÿy. 4 bruflé b re-fttiblj/ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iç}^.4

Sacrifice fatcl par Soliman en la grande Dglije de Bude

Sangtac,ou San'l^c, quefigni-fi^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;6 5. a

Sangiachdela Bofitne de

Belgrade conféré' auec libelle nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i^z.a

Sangtach d'.^lberegale prins

C^meneàfienne ^^.i.b mis en liberté' par rançon

Safiebejfe, vide principale des

Saxons fortifiée izy.b

Saue fleuue pajfé par l’armée

Turqueffise u.b ij.a

Saxons habitants des villes d’Ortel, Proutnce de Hogrte

Saxons CK' Siciliens ennemis naturels nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;85. lt;

Saxons habitants en Tranfil-uante nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;loç.b

'' les Saxons CKsiciliens de Tra-filuanie luret fidelité à Ferdinand nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;us-b

Scacn mot Ferfien, quefignifie }ô6.b

Sclauonte, partie de la haulte

Pannonie nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tl.i

Sclauonie fiparée de la Piogru parleDraue nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ibtd-

Seance CT office des Eleéleurs de l’Empire en aclespublics

5^5-^

Sebeffefleuue

Secours arriué 4 Louys fur

bataille refelu'è zy.a.b

Secours de Soliman à la Ksjsie iflbelle

Secours du Pape à Louys

\y.a

Secours oflrojé a

contre le Turc zyo.b


-ocr page 803-

table.

auoit maltraitte\^ î4^.^ ƒ4zf auec Maximilian ^^z.b enuoye vne armée contre le Mofeoutte ■ menace le Poy Iean 35'4,lt; rffswwfwce la guerre aux Hongres ^61.b meurt ^6^.b ßs vices d’ejerits ^6^.a

Senath ajiiegée par Vicchy ^}.b ejl fecouruë 84.4 rendue auTurc

Sepulchre de Solimanßuperbe

Sepulture de lob , lieu desß-crißces en Conßanttnople 545-*

Sforce Falautcin , Marquis^ Commiffaire general du camp de Ferdinand 133.^ 158. Il ‘tß'cge Drtgal con^ tre le confetl de Caffalde Z16. a efl deffaiéi par .Nehmet 116. b prins combattant vaillamment iiy.b racheté pour ijuin-7,0 mille ducats 118,4 , principale ville de

Tranffluanie nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;107.4

Sibinio jortifiée nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tiy.b

Stbinto ville amie de Fcrdinad ennemie deCiorge lyp.b

Secmrs vtnw * l'Empereur par les Princes efir^n^ers

SecretAsre en vne armee^c^j^ charge nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;9^-^

Seignte viUe capitale de la Dalmatte fabte^e auv Hagres nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iz.b

Seigneurs allemands fe tet-tants dedans Hiennepour la deffendre nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;48.1*

Seigneurs Hongres coduifants Elitenne à Soliman, retenus parluy 74.'* rewwen/t-berte nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;y 6,a

Seigneurs Hongres tmttans Ferdinand à faire la guerre au Poy lean nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;41,4

, Seigneurs morts en la bataille

1 contre le Turc ^j.b

l Selim par rufe ei' indußrte

I priua fon pere de I'Empire

1 CT de la vie zyz.b

I Selim faid mourir le meffager

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;delamort de Muflapha

i8[,4 fuccede à Soliman

1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;54^.b entre en Conßanti-

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nople ibid, faitfes facri-

1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fices CT offrandes 34V‘*

1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;effaluè Empereur 344.lt;(

1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;abandonne leeretfehenà la

1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;la vengeance de ceux quil

-ocr page 804-

TABLE-

Sibinit e^e ho Mmes vi-wes centre le Ture iç)6.a Siciliens, CT leurflt;içtn de inure nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;IJ. b

siciliens 4 lu ftlde de Geerge

siciliens du p^rty de George fe mut ment “èé-b fontappai-^7.lt;»

Siciliens, ou Ceeuliens, quelle nation nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;10 b

Siciliens fe mutinent pour ta mort de Geerge,^ßntap-paife'^par chendji 178.4 les siciliens veulent reflituer lem enße» Royaume 3.61. a

Sighet aßiege par Soliman }]6.a prinfeau treßeßne ^ifault

^f^ifinond J{oy de Poulongne confédéréauec le Turc 10.4 efl en mauua 'it mefnage a-uecfa mere i^T les Totilon-no if pour fa femme i.^i.b fentremet d’accord entre Maximilian lean 3.^6. a empeßhe par le Vue de Mofctuie de faire ceflepatx nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;511.4

mort de Sigifmondpoy de Pou-

in-*»

Sigißnond Lichtßein^mbaf ßdeur pour Ferdinand vert Siliman nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ytj.b

Signes d’vngrand heur CT repos 4,4 CT d’vne grande decadence cr ruine ^,b

Simon Erdmnd Euefque de Zagrabie,au fecours de lean 17-^

Sirmte, eflenduî de pays ruine'

Sirmie feparela Hongrie de la

Sclauonte nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;n.a

fertilité de Strmie

Seldats murmurentßr le ma-dement de Louys il.a.b demandentlabataille i^.b

Soldats de Ferdinand retire^^ en vne Eglife,taille'^npie-Ces au nombre de trois mille 6^.b

Soliman.

s!oilman en Honnie auecpuif fante armée nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;7.4 c) a

forces de Soliman contre Louys

^7.b

Soliman drßaict les Hongres jy.b donneiiigemetßrles tefles des Euefques morts en la bataille }^.b pleint


-ocr page 805-

table.


f^rtunt du I^ty Louys, de U l^tyne a retourne en Confljintinofle 59-Ir prend la dejfenfe de lehan 45, dénoncé U guerre à Ferdinand 46’,4 nrriue cn ffon^rte auec ar-fffee ^6.h deuant Ktenne reprend auec colere fis Capitaines pi.b leuele fic^ede Ftenne pi, b en-wye fecturs à la I{oyne ifia-bede contre Ferdindd 6^.b I'teta ,^ndrtnopoly en faneur de la Foyne Ifabede 6p,a fachemineen ffon-grie 6y.b amue pres Bude yi.b-enuoye prefints à Efltenne,(j' aux /ei^neurs H ongres,demandant qu'on luy mene ledifl Fjltenne y I. a renuoye F.ßienne à fi mere, «yy retient les Seigneurs Honores 74..a tiet confeilfur les priftnniers 7a--b les rela[che yS.a faifi confacter la^rande E-glife de Bude, (p~y facriße 7P.a retourne à Conßantt-nople 78.4 efcrit à George Moyne en faueur d’ifa-

y y,b

Soliman irrite contre Geer^è, le declare ennemy (y' trai-ßre nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;8}.a

Soliman en faueur de laS^oyne menace les Tranßluansens 86.4

Soliman reffond auec fraude aux lettres d’Jf»belle efcritei en faueurde George ÿo.b mande aux Tranßluansens d'ebeyr à George yi.a Solim n dreffe vite armee contre la Hongrie, par le Beler-beydeGrece nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ipo.a

Soliman fi prepare à la guerre contre Ferdinand nbsp;nbsp;nbsp;loS.rf

Soliman made au MoldaueGT au Bafiha de Bude qu’ils fi-courent ifabede ipj. b Soliman fi refouit de faire mourir Muflapha fin ßls atfne 17 a eßen grand danger apres auoir fatfl e-firangler fin ßls aifnè 178. b X79.4 eßroifle-ment aßtege par fin armée 2 8 0.4 fe fauue d’entre les fildats mutine'f 180. b aduance Mahometßls de Mußapha, en recompenfi delà mort innocente de fin

281.4


-ocr page 806-

tab

Soltman en trouble üquot; doute parSxiti^et fonßls recherche ferdniand de paix a fachemtne en la

Hongrie auec puijfante armee enfaueur du lean 319.4 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;af.

C7' l^lf meurt 558.4 efl mené à Conßanttnople 344-lt;*

Sohman Hongre faiél Turc gouuerneut de Sude y S. a

Selunos défendu cotre le Turc 1^6,b

ielimos forterefe mutité peur deux ans quittée lafche-ment par les Efagnols ZZOf.a lesquels font défaits par le Turc nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;214.4

Sophy [urnom du Roy de Serfe par brocard nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^66.b

Sopronte vtUe nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;12.4

Jf4f«ëj de bron’î^e porte'es de

Sude à Conßanttnople ^^.b Sttriens foldats de Ferdinand mû en routtepar leRoy lean

Stratagèmes des Turcs en Ho-grie 18.4 19.^1 35.36.4 37.4.b i^.a y^.a.b ^7. a.b 48.4 66.4 67,a.b C^.a.b 6^.a.b yo.b 71,

L É.

a.b yi.a.b 7^.b 74.lt;lt;.lt;* ye^.a 130.4 154.4. b 155. 4 i^6.a.b 157.4 14!.^' 166, b i^y.b iS^.a.b tyo.a.b 206. a zoj.a iSy-b \^ç).a.b ïc)o.a.b 206.4 207.4 115.^ 214.

iiç.a 225.A 124.4^ 226.A ziy.a.b zi^.a.b ijz.b a.b i^i.a.b 243.4 298. A 500. 4. b joi.b ^o^.b jo6.b 318. b tfiJ.a.b ji^.a.b a.b j^t.a iy6.a.b a z6i.b ^6i.a

Strtdon natiuitéde S. Hterof-me nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iz.a

Strigonie, Frimatk en Hongrie nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;12.4

Strigonie, ^reheuefehé riche 116. a

les Suyfes enuoyent à la Dieté d'.yFusbourg

T.

TySrtares barbares if cruels i.^6.a femutinent contre lean , qui les defaiél nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^^^.b

Tart ares defaiéls en Poulon-547-'‘ Tartans


-ocr page 807-

TABLE.

Tartares redoute'ilfiles Hogres

i.O}.b

Tata prinfie par le Comte de

S aim fiur les Turcs nbsp;nbsp;nbsp;^^i-.b

Taurinum forterefie s^.a Tergoufle, ville principale des

Tranfialptns , donne aduer-tifiement à Caflalde de ce qui fiepaßoitaConßanttno-ple nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;180.4

, nbsp;nbsp;Tergouiße, vtHe principale des

Tranfialptns

Terouanne prins par Charles le f^.lùr les François 269.»

Teßes d'Euefiques morts en bataille,prefientles à Soliman 58.^

Themes fleuue donne nom à Themefiuar nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;137.4

Themefiuar forterefie i.a

Themefiuar Cquot; Lippe , utiles d'importance siG.b

Themeßar,cr fia deficription ijy.a afitegée 1^7.b de~ liuréedufiege s^t.b baillée en garde à Gafiar Ca-ßelluio 16^.b afiiegéepar Mahomet 104, 4 parlemente iQ6.a prifi lo^.^a

Thttetie Freuoflé nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;14.4

Lhomaa Lladafidy enuop vers

FeriinMd

Thomat f'ttrcacce pur Gor^e dejftiilî l'armée de Ktcchy

84.4

rl^tm/u f^'uitrceccefecettrt Ot‘ tomial à Ze^edm i^6,b eß tMÜe eapecespr leTure 187.4

tare

zb9W4i Zalaha'^j recomma-dé pur fin excellente efiri-16^.4

Threfior Eccleßaßipe prins pourlapserre nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;10.b

Thefior trouué par des payfint apres vne grande rautne d'eaux nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;izï.b

Threfirs de Geir^e treuuel^a-pesramert nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;181.A

Tnrefiriergeneral en vne ar~ mèe,crfia charge ç)^.b Thyfia reutere anciennement nommée Ththifieque

Ttbtfiecfue fleuue pifienneux^ fiafiource ïi.b 13.4

Tifie,ou Tthifipe, rtutere lOO.t

r^fcfcxj chafieau furpinsen faueur dé ifiabelle i68.a Tocchay chaßeaufort l'iï.b

print par lean fiur Ferdtnad 191.4

Tocchay afiiegé parles lmp-

DD


-ocr page 808-

tab riaux 6, y rend» Z97. h

Tocchay prins far Schuendj 346,4 ißttge far lean ibid.

Ttlue, rende^vottt de lagen-darmerie ffengreßjue four marcher centre le Turc

10.4

Terde,rende'^viifS del’arme'e ffengrej^ue ^9'^‘h Teurnoy fait au Sacre de Rt~ dolf he nbsp;nbsp;nbsp;de Hongrie

361 ƒ

leTranJalfin enuoye au Turc fen fils vniefue en oßage 17.1»

Tranfa!ftne,autrement Hala-chte la petite nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;7.b

Tran/àlfine Moldauie, fartiesde Halachie i},b Tranfialf ins nbsp;nbsp;nbsp;Seruians

io^.a

Tranßluanie^fa ßtuatiencr richejfè nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ij.a.b

Traßluanie réduite en la futß. ßince de Ferdinand 44.4

Tranßluanieenfiteux eßat

defiriftion de la Tranßluanie 10Of.b fesricheßes iotj.a Tranßluanie rendue à ifabelle

LE.' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*

z3i.b

Tranßluantens en armes feur la mort d'Emertc frayuode 51-^

arreßdes Tranßluantens de n admettre four E,oy ny lean ny Ferdinand éo.b

Tranßluantens turent fidélité à Eßienne fils du Foy lean 7ï.b menaceT^far Sûltma, abandonnent leur Eoynt S6,a,b confiirent à chaßer George

'Tranßluantens agents de ftu dl^eâ four la flw fart

'Tranfiluaniensfie reuoltent cotre Ferdinand

Tranfiluaniens eßonne'l^ far les lettres de Solyman à Sat-tori^S.a raßeure'^ar Ca-fialde i6t).a fie reuoltent derechef contre Ferdinand 161.a.b folicitent ifabelle feurreuenir en 'Tranfilua-nie iG^.b ßeßeuenten fa faueur z6Ï. a refufitit à Caßalde deniers CT vtures i66.b

zrefue entre l’Empereur Charles cr le Fyy de France zÿj.a romfuë 187«*


-ocr page 809-

TABLE.

T re fut entre ferdinand

SeltmAri’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i94.lt;t

’Tribut payéÀuTurc pgt;ur la

Tranjiluinte nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ix8.lt;t

Tribut payé au Turc par let

Htngres nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;248.4

Tribut payé a l’Empereur par les villes Imperialet ^Q^.b

Tumulte grand en l’armee de Stlyman apres la mort de Mußapha lyi.a.b

Turch^ lean enuoyépar Geof-ge contre le Bafcha de Bude, luy deffaiél trois cents che-

Ç)6.a

Turcs plui duits à donner à dos fur ceux c[ut fe retirent, qu’à vn combat i.y.a

Twr« 4 l'affault de t'ienne re-poujfe'^ SO.a.b 51.4 jx.4

T»!'« e» campagne pour prendre la R^ynelfabelle 128.amp;

Turcs morts fur la brefche de lippe, au nombre de plus de doufe cents nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tj^.b

Turcs dejfatéls 501.fc 303,t

318 .fc 351.4 335.4 356.^

341.^342.4

T«gt;'« fort fuperßitieux t-!(gt;.a

defcriptionduTyran iiy.a

V^ge fleuue nbsp;nbsp;nbsp;13.4

aißeaux chargel^ de canons munttios deguer-re arriuent au camp ‘i.'y.a ralentin Teronk^ß’vn des co~ mis pourconferuerle libyen la bataille nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i^.a

Valentin Maillai, principaux entre les Hogrfs,morts en prißn à Conßaniinople 71.4 76.4

f^aradin Peter ditemaintcnat Belgrade

Varadin Peter pnnfè par le Turc

le rayuode Mildaue ruine la Tranßluanie iy.b faiéi retraiéle

lenouueau fayuode de Mol-dauie quitte Ferdinand, recherche le Furc 238. t

le rayuode de Tranßluanie en peine de la volonté du Pcy 4 taufe de la diuerfité des meßaf^ers nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;17,4

f^ayuodede t^alachie deßaiEl ßonennemy nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^95-*

les rayuodes Moldaue

D D ïj


-ocr page 810-

table.

rr4nfälpin,au /ecMrsd’I-JabeUectntre George 87.b le Kayutde Tr^njid^in deffait

Sÿb

y4yugt;ilei de Mtldauie de y4l4cl}ie, cenfedere'^Àuec ifibede nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;z3i4.

f'enge4nce diuine centre les meurtriers de George vy^.4

accueil des Vénitiens 4. la nede Peulengne iSi.b

Vénitiens ft licit et l’Empereur pour faire la guerre au Turc

Vej^rimm prins par le Comte deSalmfurles Turcs ^^i.b ViHiire memorable de l{aoul centre Mtrcè Z^l.a

Vi^loires de Charles le V.

2.88,4

Vienne aßiege'e 48.^ ajjeurance des Viennois ^y.b

Vlenne deliurée dußege

Vtdes notables tnHongrie iz.a.b i^.a.b

Villes principales de Tranftl-^ante nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;loy.a

Villcs Imperiales d’Allemagne, comment affranchies ioi.b

vin de Ho ngrre,de Tranßlua-idauemt ii.b

Vißona Mußapha,pregnoßte de fa mort

Vithainprins par le Comte de S aim fr les Turcs

vladißas Mote au fecours de Loups nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;zy.b

Volfang oder deßaiß l’armée naualeßr le Danube 49.'lt; valeur d’Vrbain Batian à re-poußer les Allemands entrans dans Bude par vne fauße porte 64,*

Vrumiler,gents de guerre Ce^.b

Vf er de femme libre eß péché aux Ottomans zyi.b

Vßarons^cheuaux legers yj.a \oo.b

Vualachie diuifeen deux 15.

Vualachie, colonie Kjmaine, iyV d’ou ainft nommée iop,a

Vualhoßpare laffongrie de U Sclauonie

Vuierteßes fforefs ^y.b Vuilak.,cvjdfortereße ma^i-fi^i*e

f^fjfcgard fortereße fauuée parlespatfans (y Moynes 37-lt;»

Vuiuar chxßea» bafly pat Ctorge


-ocr page 811-

table.

le ruktlrefuyt tmßturs neu- Zithnitr f rifts ^Àr Schttendj 1

wliefertune 1^1.,h JJO-*

ryUk^prmsfttrleTurc J^.lgt; ZeM^irfilsdeSelymant^de

Ksjß nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i-yo.b

Z. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ze^hedin f rifts fitrlcTurc


Z^yfrrttiie vtlle cttfiule de Sclstuenie it-.k

Zttluteh fertereße lo^.tt 165. t

Zttluech chtfleM fert, ^fßie^^ f4r M4hemef hruß U en fi4rt(e f4r CMfertuit 2}0.4 4h4ndenné Ußehe-nsentf4rl4g4rrtißen z^z.ls

Z4mi)ßefieuHe nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iz.b

i8;.4

Zeghedsn feceuru fir le Turc iuec^nnde deff'iflle 1S7.4

Zehm fils de S«hm4tt cr de Aî/Rî/* nbsp;nbsp;vejint fien frere

Muflafhiefiringlé lyy.h

Voyez Sclitn.

mi^eneril desserts de guerre de Trinfiluinie 2OJ.4


FIN DE la table.

-ocr page 812-

i EXTRAICT DV PRIVILEGE DV Roy.

Ar graceamp;PriuilcgcduRoy,ileft permis à Michel Sonnius , Libraire iurcenEVniuerficc de Paris, d’im-primer,OU faire imprimer,amp; mettre en vente vn liure intitulé, Htßtireptijable de l* ferte nbsp;nbsp;ruine du Rjjitume de fftn^rte, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;En fai-

iânt defFenfes tres-exprefles à tous Libraires Si Imprimeurs, ou autres de quelque eftat Sc condition qu’ils foient,d’imprimer,ou faire imprimer ledit liure, le vendre, faire vendre, débiter nydiftribuer par noftrc Royaume ne ailleurs durant le temps de fix ans, à cômencer du ioô*^ qu’ils feront acheuez d’imprimer, fur peine aux contreuenans de confifeation des exemplaires» amp;nbsp;d’amende arbitraire, amp;nbsp;de tous deipens, dé-mages amp;nbsp;interefts. Comme il eft côtenu es lettres données à Paris le iz. iour d’Odobre i;^4-

Signé, Dechampotaïs.

Acheué d’imprimer le zo. iour d’Odobre i;94.

-ocr page 813-

-ocr page 814-

-ocr page 815-

-ocr page 816-

-ocr page 817-

-ocr page 818-

-ocr page 819-

-ocr page 820-