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Huybert van Buchell (1513-1599)

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Huybert van Buchell (1513-1599)

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Fr o tl b : c

Rariora

S. oct 859

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ET GVERRES CIVILES

D V PAYS-BAS, tAumment la

DRE.

Contenant l’origine amp;nbsp;progrès d’icelle, les ftratage-mes de guerre, oppugnations Si expugnations des villesamp;fortereires, aufsi la barbare Tyrannie amp;nbsp;cruauté de rEfpaignol,amp; des Efpaignoîifcz.

Enfemble l’EftatSe faiét de la Religion, elpecia-lement depuis l’An i559.iufquesàrAn 1581.

^uec ce pluftetirs tJM'ißiues, Tlaccars» ContraSls de Paix, Vnions, Articles Partons, publier, e/dites Prauinces,

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AVX tlAVTSj NOBLES, HON-NORABLES FT SAGES SEIGNEVRS, Mefleigneurs les Ertats.DeputeZjPrefidens amp;nbsp;Con-feils, BourgmaiftreSjEfcoutets, Maicurs, Baillifs Sc tous autres Officiers desProuinces vniesau Pais-bas, Theophile voitre creshumble Sc obeiflant fub-ied.defire la Grace,Paix Sc Charite deDieu.par le-fu Chrift fon filz bien-aymenoftre Seigneur.

Syls (jue tout Magißrat, A/eßeigiteurf, efl de Dien ordonné, nbsp;nbsp;nbsp;non fans cauje porte le

glmue, pour garder défendre les bons,ô‘ reßfler chaßter les tneßhans malfai~ deurs^comme S.Paul aux Rons. it^.ßlaS. Eferiture en. dwers lieux nous tejmoignent ; Bien méritent eJA^eßei-gneursles Eflats tß Aßagiflrats des Prouinces vnies a» l^ais-bas tout honneur ß louenge, qui apres grades diß Jenßons ß dejvnionsd'aucunes'Prouinces ß •villes (^qui fe [ont fepare'es de la généralité', ß oubliants tout honneur ß ferment preße', auec l'ennemj font accordées) non [eulement ont continué leur vnion, mais tant plus confirmée: ß qttandieconfidere la grande confiance ß fermeté des Eflats d^ Hollande ß Zelande, außila tref grande fidelité de mon Seigneur le 'Trince d'Orenge, qui coniomElement par grande loiauté ont faiEi tout deuoir ß ofiiee en /oufienants la guerre contre les Tjrans : ie ne me ßaurois contenir de leur deferer l’honneur, louange ß loz. qu’ils mentent, pardejfus toutes autres Nations, celebreestantpar les a'nciens que modernes HißoriograZ phes . Partant außi ne ßaurois filon la capacité de ce mien petit iugement, trouver chofe plus neeeßaire aux 'Prouinces confédérées er vnies, que d’enfwpure en tous poinélsles moiens ß -vefliges de ceux d'Hollande ß Ze^

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lande, /]»a«dils ontfeuh mene'^faiS laguerrt\^fou-ßenu I’effort des Seigneurs 'Trinces des autres cjuinze Prouinces: carfaijant autrement n'aduanceront ouproußterontrtens. Car quelle chofepeut eßrepïus fa-lutaire,meilleure,proufitable (ß neceffaire,que de comba-tre O' bat tailler pour la Religion elr defenfe de la Patrie, affin que des Tyansfangutnaires ne J'ott oppreffee ; veu qu'entre les Papens ont acquis honneur équot; nom perpétuel, les defenjeurs de leur Patrie,

Denequesß la Patrie eß chofi tant bonne recommandable: eïr la Religion chofeplus excellente amp;nbsp;de plus grand pois: tlefl plus que ratjonnahle, que le Magtßrat face tout deuoir pour défendre les bons fubieUs. tJ^dais par quelmoien pourra la Republique plus commodément eßre défendue, quand entre les Jubte^s regne fi grande dtfeorde dtßenßon ? Deux -vopes bien idoines Jetrou-uen' pour defendre (fi entretenir en paix repos la République, efice entre trois eflats d'hommes, quot;Tour le premier fies tfiddagtflrats doiuent obferuer deuxmoiens, par lejqtiels ils peuuent defendre cr conjerueren repos la République: aßauoir lugemcnt nbsp;nbsp;luflice. lugement en v-

Jant leglatue à eux de Dieu donné, non temerairement, mats jeuerement pour ehaßier tous mejehans tfi malfaiteurs,afin que les bons fotent d'iceuxgardti, (fipreßeruis de toute opprefiton mture : doiuent aufit diligemment prendre garde de n'ejpandre fang innocent, aßin que le fang des mnocens ne crie -vengedee deudt Dieu, efi ne foit d( leurs matns requis; car au hure Parahpomtno efl dtbl auxiuges’. Toie:^(eque -vousfaites , vous n'exercez,pas le tugernent d'homme,mais de Dieu. Iußice,en pronun-pantarrefls amp;/entences droittes équitables: en defendant les vefuet Orphelins, leurfaifantexpeditioojde iußiee.

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iußice, ne corrompant le droit par argent nbsp;nbsp;dons^ ne

pronnnçant an dommage des parties aucune ßntece fans connoißance de caufe ou par ignorance. Parquoyefl tref-neceßatre cjue les iuges joientdocles au droiEi ciutl,ce c^ue 'Tlato Phtlofophe Ethnique tresbien a confideré, quand ildt£l,que la Republique eß bien heureufe, quand elle eß gouuernèe par gensJages nbsp;nbsp;Philofophes. Secondement^

deux moyens Jont necefaires en l’Sghfe Chreßienne, afin que nuis fcandales ou dißenfions n'adutennent entre les bourgeoistlepremier efi,la purcijr nettedotlrine de la pa-rolle de'Dieu, auecque la vraye admmißration des Sa-. cramens,Jans quelque chofi y adiouter ou âiminuen car

commeeflefcrità I'^pocalipfe^l’homme efimaudit, qui quelque chofi adioute ou ofie à la parollede Dieu.L'autre moyen ejl que la dtfiipline cenjure Joient efiroitte-ment obfiruez. en l'Eglife de Dieu, fans aucune connt -uence dijiimulation^ ou refpeU de perjonne: Que tous paillards, yurognes yfi autres perfiuerants en peche^ enormes, foyent excommuniez, q;- iettez. de l'EgUjè , afin que toute l’Egltfe neJàit par eux corrumpue cfi infeUe'e^ ejy autres par eulx Jcandalifiz,.

Ttercement, deux moyens font neceßaires en l'Economie,c'efi à dire au gouuernemet particulier des me finages: le premier que les peres meres des familles hon-nefiement entretiennet leur famille; que femes enfant ne fioujfrent pourete faute; Car qui ne prouuoit fa famille ÇdiS S.'Paul) efipire quvn payen ou Tublicain, L’autre moyen efi de ladifiipline^chafiiement des en-fans,qui doiuent efire tref-bien chaßiez.,^ tenus en bri-de;Car qui efipargne la verfe[dit Salomon'^hait font filz.. Car la ieuneße efi comparée aux ieufnes arbres, qui les veut auotr droittes, ilyfaut appojer tfr ioindre vn bafion

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kien ârotü: femklaklenjent la t!UKe^e,ßelle efl bien infli» tnee ^fotmeedes le berceait en la crainte de Dten, cß en Jestioyes^ßflentters, lemejmeenfant deviendra hontme de bien craingnant ’Dieu. Or, tJA'leßeigneurs, fl ces trois eflats d’hommes efloient bien entretenue., les affaires fle forteroient mieulx en ce monde, cß nejeroient nouvelles de tantperilleuflsguerresciuiles,effuflons deJang^, feus dejolations des ‘Troumces: carplufleurs Prouiu-ces fi voient ruinées, plufleurs wiles jaccagées, les habi^ tansmeurdris ifl entièrement jpoltez.:dont la fiulecaufle eß fiiirce efl , ejue les trois Eßats fi[dits ne fint bien iß deuementgouucrnez., pari^uoj a bonne raifin tuße-mentflentom l'ire (fl lapunttio de Dieu tomber fur nous. Or pour concluflon, tffi/îeffetgneurs, t‘ay-voulu dedier à -vos Seigß^^.ce mien h ure contenant les guerres ciutles du Pays-bas,aucjuel voirrez. la fiurce or origine de ces troubles efl guerres fingütnolentes, enfimble lesflrata^emes O- pratiques de l’Im^uifition Papale cfi d'Sflpaigne , pour extirper l’Egliflede Dieu.

I-'ous priant MeffeigneurS) prendre le tout de bonne part.

Voftre treshiimbJe amp;

obeiflantferuiteur

Théophile D. L,

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7 le premier livre des histoires des trovbles dv pais-bas-.comajant la /tgt;Mrced’iceftx,(^ let cruelles guerres depuis en/uiuies,

BE s efcritures des Prophètes amp;nbsp;Apo-llres, furlefquellesréglifedcDieu ba-ftit amp;nbsp;édifié, onteftélong tempsincon-nucs à la Chreftienté, amp;: obfufquécs par efpouentablestenebresj delbrtequeles Moynes SdPreftres les ont tenu cachées, pour tant plus confirmer amp;nbsp;efiablir leurs opiniôs concepts, comme fondement de leur richefle; amp;nbsp;pilier de leur honneur amp;nbsp;grandeur.

Or quand Martin Luther commençoit à mettre tu,],« en lumière l’efcriturefainéle, amp;nbsp;iaeutmanifcftépar autheutJe la predication del’L'uagileplufieurs fautes amp;abuz, cefte doctrine de Luther fut extrêmement hayê', non lèulementpource qu'elle fembloit de vouloir propofêrvn noüueau chemin amp;nbsp;{entier de falut, amp;nbsp;ainfi condamner nos predecefleurs amp;nbsp;ancefl:rcs,mais aufsipar ce qu’cllçcnfeigneamp;monftrelestrompe-riesjinftitutions humaines amp;nbsp;les abuZjdefquelles l’e-glife de Dieu eftoit infeôtéc,amp; non plus appellee E-glife Chreflienne,mais Komaine.

Mais principalement fut ccfle doctrine melpri- Anabaptî. fee, reiettee, amp;iugee inique mauuaife, quand au mefme temps aucuns efceruclez Anabaptifies.és vil- (ont ef» les de Munfter amp;nbsp;Amftelredam, 8c à viel Monafte-reenFrife, fefont efleuez; aflauoir en l’An 1555. comme ce verfet en Latin, engraué defi'us les portes de Munfter par fes lettres Capitales, clairement la

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s Histoire des trovbleS date de cefte année demonftre.

tCCe peCCata tl^aVenerf^nt fj^per Capf^t lefqucls Anabaptiftestendoient fbnz le prétexte de la Religion , amp;de l’£uangile,priuer entièrement le Magiftrat de fon authorité, Si auoient conceu de faire tous biens cömmuns jdifans qu’ils eftoiét poul-lezdel’efpritdeDieu, pour reformer le monde, amp;nbsp;ordonner ou drefler autre police.

7’arquoyl’ennemy de lavraye doélrine, qu’on prefehoit au commencement, lors a bien faict fon prouffit,de forte qu’on a donné à entendre au Tref-puiflà nt amp;nbsp;inuincible Monarche, l’fmpereur Charles cincquiefmede haulte mémoire, que tous ceux qui contredirent amp;nbsp;réfutent les fautes amp;nbsp;abuz de l’é-glifc Romaine, feroientinfedez de cefte herefic; amp;nbsp;d’auoirpropoféàpriuerles Princes amp;nbsp;Magihratsde leur authorité amp;nbsp;puifl'ance,d’abolir toutes polices, amp;nbsp;de confondre toutes ordonnaces ciuiles, amp;nbsp;de vouloir drefler amp;nbsp;pradifer vnc mutation horrible en toutes choles:par laquelle information la Ma.Imperiale facillementfutperfuadé d’ordonner amp;nbsp;flatuer ordonnances,mandemens amp;nbsp;edidslêueres touchât le faid de la Religion.

Qi^e ce Ibit vray,témoigne allés l’£did de fa Ma, publié à Worms.’ par lequel fe declaire que fa Ma. eft bien informé,que telle foit leur dodrine,amp; pour tat fon vouloir,que le mefme £did foit mis fans aucune dilsimulation ou conniuencc, amp;nbsp;lâns refpedcr perfonne de quelconque condition qu’il foit,à execution. De forte que tous Officiers le font mis à la mcfineinftancc, aucuns pour l’enuie qu’ils portoiét à cefte dodrine, autres pour le butin qu’ils en efpe-roient,

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D V P aW'S-E a s. LIU. I. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;9

roicnt, àoppnfnerlcsgensinnocens delà doétrine Luthérienne; plus diligens à accomplir le mandement amp;nbsp;ordonnance de l’Empereur, que le comma-dementdcDieu, qui diéb aux Tyrans, quand (bn peuple fouffrcperfecution, Pourquoy meperfecu-tez vous.^ Et combien que la doftrine des Anabap-tiftesfoitfort differente de la doftrineLiitheriennc ou Zwingliane, laquelle ne contient fedition aucune,ce non obftant les Officiers ont fi auant procédé au faiél delà confcience, pourfàtisfaireau mande-mentde fa Ma. qu’ils n’ontoublié de donner aux poures gens toute forte de paine amp;nbsp;tourment, afin que la volonté de fa Ma. eut progrès amp;nbsp;aduancemét, laquelle tendoit pourrons enlèmble les extirper amp;nbsp;delfaciner. De maniéré quededens 50. ans en ça vrayement font executez par mort violente plus de cent mille perfones, parla vertu de ces ordonnances amp;£dilt;ffs; ou ils fe font pour lacrainfte des grands tourmens retirez hors du pais.

Or comme clairement le voit,que d’vn cofté les Luthériens ont fouffert en tous quartiers d’Aile— maigne grande perfecutiô,amp; d’autre cofié les Zwin gliens ou ceux de la Religion au pais-bas, qui pour la plus part auec les Luthériens accordent, ce nRn obftant eft fort manifefte amp;nbsp;notoire, la grande fidelité amp;nbsp;obeiffance qu’ils ont prefté a leurRoy amp;Prin-cenaturel; comme ceux de Flandres fôuuentefois ontdemonftré, hazardanscorpsamp;bicns pourleur S'.quand ils ont chaffé les François deleurs limites*. D’auantage eft manifefte par quelle patience ils ont efté fùieâ; àla tyrannie, amp;nbsp;gardanslèulemét à Dieu leur confcience bonne amp;nbsp;pure, plus obeiffans à Dieu

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IO Histoire dis tro.vbles

que aux hommes touchant le faid de la Rcligiô, l’vn patiéccde a cfté bruflc.l’autre pendu,le tiers noyéen l’eauc, le J» Reiijjjô.Huarttrcnché latefte, voire ont enduré tous tourmens, ßns que aucuns d’iceux ayent proféré pa-rolle tendante à fedition, enfuyuansen ce leur mai-ftrelefu Clîrift, qui cftant iniuric, nemauldifôit point, mais ont toufiours au plus grand tourment loué Dieu, amp;nbsp;déliré au Magiftratqui Icstourmétoit amp;nbsp;fit exécuter,tout falut Si amendement de vie,priants Dieu tout puiflant poureulx. Certainement ce ne font pas choies feditieufes,ou qui tendent à fedi-tion; voire amp;nbsp;les ennemis melmes des Lutheries ou Ziiangeliques, eftoientmaugréeux contraints de confeller le mcfme, combien qu’ils dilbient que c’e-ftoit à caufe qu’ils n’eftoient afl'ez fort pour refifter. Certainement ils euflént monftré aucun ligne de leurinfolence, fi aucun poinél de fedition euft eu lieu en leur cœur. Car non oblfant la longue ablèn-ce de leur Roy, amp;nbsp;les grands troubles amp;nbsp;guerres ci-uilesdeleurs voifins,ilsfconttouiours,cn lagrandc feruitudeamp; opprclsion de leurconfcience, amp;nbsp;grade iniquité amp;nbsp;cruauté d’aucûs Officiers Si Inquifiteurs, en grande obeiflànce comme brebiz lailTés mener à la mort, amp;confilqucr leurs biens, de forte que leurs enfanseftoient contraints de prier haumolhesOu efians chafléshors du pais,ont cftécontrainâs à de-moureren pais eftrangier, amp;nbsp;endurer poureté, de forte que plufieurs cm fini leurs jours en trifiefléamp; grande calamité.

Or quand les ennemis de la doélrine Euagelique fe font apperceus que le nombre des Proteftans ou Lutheriens en Allcmaignc, Huguenots'en France, amp;nbsp;des

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DV PAYS-BAS. LIU. I. ‘ »I

Sc desGeux'S'ù pais-bas, journellement faugmen-Accroiffc-toitjilsn’ontpcu imaginer moyen plus expedient, pour empefcher le bienheureux progrès de la predi - Religion, cation, que l’Inquifition d’£fpaigne, ou le mefticr desinquifiteurs, parlequelils pourroient obtenir l’authoritéde Magiftrat;Êt nonobftantquela Ma. Royalle,ouuertcmét a déclaré à Môfieurle Comte d’£gmont amp;nbsp;autres Seigneurs Cheualiers de l’ordre,que l’intention de fa Majefté n’eftoitpas de tenir en feruitude lesRibiedls, mais de mitigucr amp;nbsp;flatucr ordonnances moins feuercs,par Icfquclles la Religion pourroit eftre dirigée amp;nbsp;mife en bon train amp;■ chemin; ce nean tmoins la chofe ed à ce paruenue, qu’àlafinparinftruftion amp;nbsp;perfuafions des Inqui-fiteurs, fa Majefté a change d’opinion, Seexprefle-ment commandé; que les nouueaus Æuelqiiesfoient ordonnés, le Concile de Trente obferué, l’inquifi-tion d’£fpaigne introduitte amp;nbsp;mile à execution, comme briefuement entendrez par les Icttrcscn-uoycesparlaDuchefledeParma Gouuernante des pais-bas, à tous les Gouuerneurs, Confèils amp;nbsp;villes, auec la copie des lettres de là Majefté, contenants mandement expres de ce faire par toutes les ‘Pro-u inces des Pais-bas. Or voiez,ie vous prie,combien peud’authoritélcRoy air en Efp,ligne,quad fespa-rolles amp;nbsp;lettres ont fi peu de vigueur amp;nbsp;efficace.

Quand ces chofes furent publiées, amp;nbsp;la forme de inqujfi,iô procéder deliurceés mains des Inquifiteurs; tellefouicc des perturbation, crainte amp;nbsp;triftefle a faifile cœur dcs®^j'quot;^’ perfonnès, coirme s’ils eulfent receu lêntence de la mortjneantmoins perfone n’a penfé oumonftré au-çpn ligne de fedition ou felonie; mais ont procédé

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12 Histoire des trovbles parvoyederequefte, comme la nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;prefcntee

par ceux d’Anuers témoigne : remontrant que les anciens Priuilcgesamp;ftatutsdonnés parlesDucsamp; Piincespredeceflcurs aux Prouinces Belgiques ne peuuent eftre cafléz; comme fè voit par celt article.

Le Duc ne changera lcsanciensftatutsamp; Priuile-ges, que par conlcil amp;nbsp;aduis des Etats gcneraulx à ce deuement afl'emblez; ne feront aufsi parlespcr-foncsEcclefiaftiquesmandez neafTemblcz, qui Ic-roitcontrele ferment parle Princeprefté, àfàioy-eufe entree : Parquoy ne vcullent que les anciens Priuilcges amp;nbsp;franchifes foient derogés, mais entièrement conferuez , comme feroientparles Actes, principalement du Koy Philippe,fur ce donnez.

Mais auant que ie procédé plus outre,ie vous de-fon cx^cci. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pli’s amplement leur intention ; afin qu’il

icn» de vous fci uc de meilleure inftruétion és chofes enfuy-Eiaband. u3ntes,amp;merucilleuxchangemens qui s’enfuyuent. Sommairement mettray icy les exccllensPriuilegcs de ceux de Braband,par fix articles enfuyuans; dont le premier eft.

4. Nul

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DV PAYS-BAS LIU. I. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;IJ

Outre la fufdittc requefte des Brabançons, fur pre- Reqmß« fentée autre requefte par ceux de Flandres; Sccom-bien qu’àeuxfutdonnéapoftille,quel’intention du di'ruices. Roy n’auoit efté,ny ne fut encores de vouloir introduire Mnquilîtiô ( ce qui dônoit au peuple trelgrade foupçon, que les mandemês amp;nbsp;fdiélseftoiëtforgés aupais-basfansle Iceu du Roy) toutelfois ontefté faieftsen tous lieux preparations grades amp;nbsp;mcrueil-leufes;caren tous Conleils,Cours amp;nbsp;Parlemês furet aucuns ordonnés, qui prendroient elgard fi les fuiets frequenteroiêt la Meffe, amp;nbsp;obeiroiêtaux ordonna-cesdel’EglilèRomaine; lefquelsofficiers eftoient obligez d’en faire chaque trois mois leur raport à la court de Bruxelles.-voire lesinquifiteurs mefmcs a-uoientplaine authorité, pour executer leur concept conlorme àl’inftrudion donnée le 51. de May en l'An 15 jo.Par laquelle leur fut donné ouucrtement plaine commilsion amp;nbsp;authorité, d’adminiftrer l’In-quifition,condamner,corriger amp;chaftier,oud’cm-prilbnner, amp;nbsp;conftituer és mains duMagiftratamp;

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14 Histoire des trovdles Officier. D’auantaige qu’ils peuuent auoir amp;vfcr horribles prifoiis, iugcr fans aucune forme ordinai-Srcictt amp;nbsp;rc deiufticc.amp;aucuncfoischoifir quelqu’vn ducô-fubtiic Jefj Ma^'^.pourprononcerlafentcnceàlcurap-deVinqui- petit; amp;: lùyuant la forme amp;nbsp;contenu de la Bulle Pa-fition d’£- pjJe. Ce iugementfe prononce contre tous ceux, paigne. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fufpccls dc la Religiô,ou comme ils difent,

d’herefie Luthérienne ou Zwingliane ; Si ceux qui lil'ent aucuns liurcs par le Pape défendus,doibuct a-ucc lefdits liures eftre bruflcz,amp; aufli ceux qui hantent lesconuêticulcs, ouefl parlé amp;nbsp;difputcdc la S. ffcriture. Outre ce font tous fubieéts delà Ma. de quelconque eftat ou condition qu’ilsfoict, foitPre-fidét,CÔfeillier,Bourgmaiftre,ou autre Officier cô-traints deuSt les Inquifiteurs,de prêdre cônoiflâncc cotre tous ceux qu’on leur prefènte, par chaffiement qu’on faira de ceux qui feront fauteurs d’herefie.

D’auantage les Inquifiteurs notent tous marchas lt;?^Arti(àns, riches amp;nbsp;pourcs, qui font aucunement fulpeds delà Religion reformee. Les Inquifiteurs fontordinairemct Cordeliers ou IreresPrefcheurs.quot; qui notent lespcrfonesàeuxne confefTans, ou re-fufans l’aumofne.'amp; donnent la copie aux nouueatis £uefques: qui ont leurs huifsiers amp;rergeants, lef-quels premièrement par compofirion trauaillent les pouresgens, qui puis apres font contraints de fuyr ' hors du pais, s’ils ne vcullenteftreempoignez, amp;nbsp;à lafin par mort executez; comme par experiécefbu-uentesfois a efté veu.

Bruit 5: lumeur dc gucrtc au

Or eftoit pour lors le bruit au pais-bas,amp; par tout tenu pour chofe certaine , que le Duc frick dc Bruynfvvijck alTembloit armee grande de gens de pied

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DV PAYS-BAS. tTU. I. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1$

pied amp;nbsp;de eheual : pour planter au 'Pays-bas par force d’armes l’Inquifition, comme par auant auoit cntreprins d’acomplir, félon le concept amp;nbsp;intention du Cardinal de Granuelles, qui par ce moyen vou-loitfaireles Prouinces Belgiqucs Fais de conque-fie, amp;nbsp;abolir tousPriuileges amp;nbsp;franchifès,amp; finablc-ment en faire vn Royaume; amp;nbsp;à celle caule fut la chofè commife aux chefs amp;nbsp;Capitaines, qui du Duc £rick auoient receu argent pour leuer les gens de guerre.

Ccsnouuelles ont engendre* telle amp;nbsp;fi grade crain* te ou paour au cœur du peuple; que plufieurs Mar- M^rctîi'ie chans, voire des plus notables amp;nbsp;riches du pais, ont retiiemen affemUé amp;nbsp;embalé tous leurs biens,amp;fc font retirés®“'“ en autre Pais ; de forte que l’Artilàn eftoit priué d’ouurage; les daces amp;nbsp;gabelles decroiflbient, plufieurs villes amp;nbsp;villages furent depeuplees; de manière que c’eftoitvnc grande pitié deveoir la calamité du Pays-bas, qui par auant eftoit vn parangon de tout train de marchandifè, amp;nbsp;n’auoit fon pareil en tout l’vniuers. D’autre cofté furent aucuns Gou' lierneursamp; Officiers de grande authorité amp;nbsp;qualité,qui confideroient premièrement l’horrible expedition des mandemens,aufquels clairement eft diéf, en cas que aucun fe vient à oppofer, amp;nbsp;ncdonncay-de amp;nbsp;afsiftence aux Inquifiteurs pour pouuoir acco-plirleur comifsion, que le mefme fera depofé de fon eftat,amp; vn autre conftitué en fa place; fecondement lêprefentoitdeuantleursyeulxla furie amp;nbsp;indignation du peuple, qui par telles charges amp;nbsp;Tyrannies

J defordonnees eftant efmeu,deuicnt fi furieux amp;nbsp;enragé , qu’il ne pardonne à Magiftrat ou Officier

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l6 Histoire des trovbies quelconque . Et außi confiderans que auec bon* ncconfcience ne pouuoiéten femblabic choie eftrc Demandeurs amp;nbsp;luges, ils ontrefoluement déclaré, qu’ils eftoient d’aduis de renoncer leur office es mains du Roy, s’il vouloit perfifter en Ion opinion amp;nbsp;intention propofée.

D’autre part les anciens ennemis delà mailbn de Bourgoigne n’ont aucunemëtlaiflépalTer cefteoc-cafion.mais diligemment fondéles cœurs des inha-bitansdecc Pais, pour feauoir s’ilspourroient par aucun moien les faire quitter la fidelité à leur Prince amp;nbsp;Seigneur, enremonftrantpar perfones à ce ordô-nés, combien eftvne telle feruitude infupportable, pariaquelle toutes franchilès, Priuileges amp;nbsp;autres droicls font déroges amp;nbsp;caflez: amp;nbsp;qu’on leur ordône-poitautres]oixamp; ordonnancesfelon lescou.rnmes d’£fpaigne, qui auroient tout pouuoiramp; authorité fur leurs biens meubles amp;nbsp;immeubles,femmes amp;nbsp;en-'fans.’voire tous les biens fi long temps par eux pofle-des, ne feroient plus leur propres amp;nbsp;à eux appartenons,amp; ne feroient autres que feruiteun amp;nbsp;efclaues. Neantmoins cefte thofe ne fortiroit à effed, deuant que la Ma. mefinefefèroitfoubmisà l’Inquifition. N’ont aufsi oubliéà remonftrerlc grand intereftamp; dommaige que le Pais receuroit, par laretraitte des Marchans, veuquclamarchandifeeft lanouricede CCS Prouinces, amp;nbsp;que par la retraitte d’icelle en autres “Pays, les habitans en ce Pays-bas mourroy-entdefaim: £tcequi pluseft, que la feruitude de la confcience, à laquelle ilsferoyent toujours con-trainfts, eftoit ja conclue. D’auantage ils com-paroyent touttes ces choies à autres Prouinces amp;nbsp;régi-.

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DV PAYS-BAS. LIV. I. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1/

amp; regions, auec leur franchifesamp; libertez, difans, que ces Prouinces furpaifoient toutes autres en train de marchandife amp;nbsp;fertilité de terre, amp;nbsp;la grande cô-modité qu’autres prouinces receuoient de cespaîs bas, amp;nbsp;qu’elles ne peuuent eftrefans iceux. Néant-nnoins la fidelité amp;nbsp;fei me loyauté qu'ils portent à leurPrince fut fi grande, amp;nbsp;a tant fait, qu’ils n’ont donné audience aucune à tels lùborneurs, mais ad-uerty le Magiftrat de \ouloir prendre garde à cc-fte menee amp;nbsp;la preuenir; toutesfois ne furent pour ce moins efpouenté, ne fach a ns que faire ou lailfer.

Or pour mieux entendre la caufe pourquoy,amp; en mwituni-quclle maniéré les nouuellesEuefchez furet érigées, il eft à fçaûoir oue les Preftres amp;nbsp;Inquifiteurs pour quei. eftre mieiix,a{reurc2, d’obtenir l’Inquifition és terres du Roy Philippe, confiderâts qu’aucuns Prelatz Ecclefiallique.s fauorifoient aucuneraét aux Prote-ftans,amp;qu’ils auoiettrop grande authorité amp;riche-ffes, en auo^a .t enuie.Parquoy les Inquifiteurs ont côceu d’eriger vn nouuel eflat de Prelats,amp; repartir les Archeueichez,E'jefchez,Abbayes,Prieuries amp;c. enpiusde parties: Etàccfiefinfuten l’an 1558.01-donné,à la requ'efteduRoy Pl^lippe,parl’eftatEc-clefiaftique,FrançoisSôniusdoéIellrenTheologie, Sonnîu» amp;enuoiéàRome:lequel aiantremôftré la grandeur du Pais bas, amp;nbsp;les grandes richelfes des Prélats Ec-clefiaftiques,a tant fait amp;nbsp;obtenu, que le Pape Paul quatrième de ce nom,par aduis de fept Cardinaux ä ce ordonnez, a donné audience audit Sonniusj amp;nbsp;luy accordé fa demande.Parquoy ils ont oftéà l’Ar-chenefehé de Coloigne, dont leDioccfe eftoit de trop grande eftendue, l’Euefché d’Vtrecht, amp;nbsp;la

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i8 Histoire destrovbles

mefine erigee en Archcuefclié, à laquelle ils ont foubmiscincq autres Euefchez; à Içauoir 1'Eueß ehe de Deue^nrer au pais TranfiflelainJ’Euefché de 4 Harlem en Hollande,l’Euefehé de Leeuvyarden en Frilè, l’Euelché de Middelbourg en Zelande, amp;nbsp;l’Euefchc de Groeninge au pais de Wedde : toutes lelquelles places lont trop efloignees de la ville de Coloigne , aufsi leurs langages n’accordent pointauec celluy de Coloigne,amp; les fentences prononcées à Coloigne ne peuuent bonnement eftre entendues de ceux du Pais-bas. D’auantage la ville de Coloigne en eftoit tant efloignée, qu’il fai-lloit quafi huit jours pour y aller, amp;nbsp;à grande incommodité, amp;nbsp;ce qui plus eft, l’Euelque de Coloigne n’auoit faiél de long temps fes vifitations ordinaires. Or pource modérer, ilz ont érigé’ celle d’Vtrechten Archeuefehé, comme afsife au milieu des autres Euefehez SulFragaincs. Puis ils ont érigé l’Euefehé de Cambrayen Archeuefehé, à laquelle ils ontfoubmis quatre autres Euefehez Suf-fragaines.’ à Içauoir, en Artois l’Euefehé d’Arras amp;nbsp;l’Euefehé de S. Orner; en Tournefis l’Euefehé dcTournay,en la Conté de Namiir l’Euefehé de Namur. Aufsi ont érigé l’eglife de S. Rumold à Majines en Archeuefehé, à laquelle ilz ont fbub-inis nx Euefehez : à fçauoir en Braband l’Euelché d’Anuers, amp;nbsp;l’Euefehé de Boiflcduc; en Geire l’Euefehé de IÇ^rmonde ; en Flandres l’Euefehé de Gand, l’Euefcîï^e Bruges, amp;nbsp;l’Euefehé de Ypres, A chafque des nouuelles Euefehez on a ordonné pour entretenir l’eftat, fix mille florins d'cntrec; ains à l’Archeuefché de Malines lafom-

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de dix mille. Or pour plus commodément aßigner ces fix mille florins , on a changé aucunes Preuoftez d’eglifes Canonicales en Euefehez, amp;nbsp;fi le reuenu de la Preuofté ne montoit aux fix mille florins fuldits, on aßignoit la refte fur les Abbayes plus proches. Mais comme la ville de Terouane amp;nbsp;l’Eglilê Cathédrale d’icelle eftoient démolies amp;nbsp;ralèes par les guerres precedentes, ce Diocelè fut reparty en trois Euefehez : car la part qui eftoit en Flandres, fut afsignee àl’Euefché de Ypres : celle d’Artois à l’Euefché de S. Omer, amp;nbsp;celle de France à l’Euefché deBoloigne.

-Or celle repartition des Euefehez SuffragaineS deflbubs les Archeuefehez, fut ainfi faitie, à fin que chafque Archeuefehé fut d’vne mefîue langue, à fçauoir, ou Vvalonne, ouFlamenguc, ou Gucl-droife. Fut außi ordonné qu’en chacune de ces Eglifes Cathédrales, les neuf prebendes premier, vacantes fèroient afsignees, à fçauoir trois à la No-blefîc, trois aux Théologiens, amp;nbsp;trois aux Cano-nifles, à condition qu’ilzfèroient afsiftans l’Euef-que au faiél de l’Inquifition; principalement les g««en tou-Theologiens amp;nbsp;Canonifles, dcfquels Théologiens c/thedra*. les deux plus anciens amp;nbsp;doéles feroientles Inqui-i««. fiteurs. Ceux cy auroient pour leur fcruice, trauail, peine amp;nbsp;auancement de la Religion,apres le Doien la premiere voix au Chapitre,amp;cent florins dégagé. D’auâtagenul Pafleurd’eglife parochiale feroit admis,s’il n’efl premieremét examiné par vn Doéleur enTheologic amp;nbsp;vn Canonifle.amp;trouué àcc idoine. ToutEuelque qui fera abfent de fbneuefché l’cfpa-ce de lt;S.mois,(s’il n’efl mandé encomißionduPapc

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20 Histoire DES TROVßtEs

ou duPrince)perdra le reuenu du mefme temps coe les autres Chanoines. Finalement l’Archeuefché de Malinesleroitfuperieur à tous les autres,amp;!’Archc uefque legatHS}}'attts,c\üi en perfonney tiendroit ft rcfidence, pour eftre toufiours proche de la court RoyalleàBruxelles.'lequel lopin le Cardinal Gran-uelle pour foymefme a obtenu. La dénomination .des Euefques demeureroit au Roy, amp;nbsp;la confirmation au Pape.

Or pour mieux entendre à quo^ toutes ces chofes fufdirestendoient, il m’a femble expedient amp;nbsp;bon d’adioufter icy 11. articles, pratiquez amp;nbsp;inuentez par rinquifition d’Efpaigne, afin de pouuoir inua-der, occuper amp;nbsp;tirannifer les Prouinces Belgiques.’ Jelquels articles furent trouviez à l’hoftel de M. I. Heflels Confèillier du Confeil desTroubles .• par lefquels vn chafeun pourra facillement connoiftre, quellebonne affeftion on porte à noftre pais Belgique,amp; àla profperité Schien denoftreRepublique, comme cy apres au concept de cefte hiftoire mani-feftement apparoiftra, par la refolution de l’Inqui-fition contre cesPais-bas,par fcntence de faMajeftc confirmee en Madrid le lô'.deFeburier

t^^rticles refilftiions de tIncjHtßtion d'S/patgne, pour initader, occuper nbsp;nbsp;tirannt^tr les Pais-bas.

Le treflacré office de l’Inquifition par tant de fois attenté es Pais bas de fa Majefté, amp;nbsp;jufques à maintenant amp;nbsp;prefènt empefehé, fera inftitué amp;nbsp;promeu par cefte maniéré trefèxpediente.

f 1. Il faudra perluader à l’Empereur fouruoiat amp;nbsp;mefehamment confédéré des herctiques,qu’il rc-figne

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figne à fon fils les royaumes, dirions amp;nbsp;la .totale ad-miniftration defdits Pais- bas. Carauec l’Empereur on a jufqucsàmaintenarit aflèz attenté la fortune en vain; mais auec fon fils adolefcent amp;nbsp;imprudent ferons à noftre plaifir pour celle fainéie Inquifitiô.

2. En apres que l’Empereur auec fes deux leurs, 22 aiants quite leurs aéiions, delaiflent le Pais-bas, amp;nbsp;fe retirent en Efpaigne auprès de nous, alléuré que ils n’en retournent pour nuire à l’aduenir.

Ceux cy dépelchez , il faudra aufsi retirer y le Roy auprès de nous,amp;le retcnir.pour jamais n’en retourner,amp; ne permettre,qu’aucuns Flarnengs ay-entacces quparolleà luy.

4. Que le Roy efcriue amp;mande aux ordres des ''f-gens d’eglifedu Paisbas, qu’auec 1’Inqnißtion ils ayent à accepter quinze’nouueauxEuefiiues, lef-quels liront affranchis de toute lurifdiâion lêfu-liere, voit e aufsi en cas de lefcMajellé.',’-

. Les lùjeéls du Pays-bas, par leur malice amp;nbsp;S petulancelh révolteront, s’jefinouuerqnt fef^itions, amp;nbsp;tumultes aggreables,à tous, excepté aux, nollres.

amp; que tous loient réduits.-en extreme poureté: par ........ .... :

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41 Histoire DES trovbles

ainfy le Royaume fera pour nous durable amp;nbsp;permanent.' '

/• Il Nulz contracts,droits,promelTes, condonati-ons,fèrmens,Priuileges amp;lôlennelles afl’ertionsdes Pais-basföientde valeur aux habitant, comme eftäs tous eoiuîpablés du crime de lefe Maiefté.

fz 12 MaisfurtoutfauJtilprendregarde, qu’ences choies tant graues, amp;nbsp;défi grande importance n'c Ibit procédé auec impetuofité ou à coup, ains moi-cnnement amp;nbsp;petitemenf,amp; auec bon ofdrejà ce que JesPrinces,noblesamp;fiTjets entre eulx fe mutinent, amp;nbsp;que l’vn perlècute l’autre, tant que'l’executeur mefme tombeaux laqs.Gar en toute la Chreftienté n’y a nation plus folle, St imprudente, Si laquelle on puilTe plus facilement abuier, que cefte flamen-gue;Dieu punilTant par ce moien leur infidélité.

le» Eflats L’an^i559.1eslnquifiteursamp;autresleurscompli-admeHie''* c^sont tàlché de mettre à execution par aide amp;nbsp;af-ksnou. fiftence dit Pape Paul 4. l’introduétion des nou-uefjucs^' ueausEuefques, mais par l’oppofition des Eftats fut elle encore différée. Requeftes amp;nbsp;doléances furent par ceux du Pais-bas prefentees au Roy,pour y ob-uier,mais aüec peu d’efficace: ce que voiantla No-

; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;bleflê

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bV PAYS-BAS. LIV. t. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;aj

blefle duPais-bas, ont trouue fort eftrange cefte mutation de I’cftat Ecclefiaftique, amp;fe font apper-ceuxqu’ellenc tendoit qu’à introduire es Pais-bas 1’Inquifition d’Efpaigne. Parquoyontde rechef fait ieur plaintes amp;nbsp;prelènté requcftes 8i doléances àlaDuchefle de Parma Gouuernante pour le Roy en ces Pais-bas,iufquesàl’an 1562. Auquel ils ont vo uluveoir la fin des troubles amp;nbsp;guerres ciuiles de France.cepcndantfiipplianscontinuellemëtladitte Gouuernate de vouloir impetrer deß Maieftéau-cune moderatio, laquelle elle a receueenl’an 156'5-Apres ils ont lùpplié de pouoir obtenir la mefine li-berté,que les François auoiét obtenu de leur Royr veu que le Roy de France iamais n’a fi fâcillemét réduit Ion Royaume en paix amp;nbsp;tranquillité,ne fesfu-Jets à Ion obeiffance, que par l’ottroy de liberté de conlcience,amp; exercice de Religion, félon le cotenu de l’Ediéljfaiâ: à Orleans; priét à cefte caufefaMa-iefté Catholique, de leur vouloir ottroier la mefme grace.Aucûs des principaux Seigneurs, apres auoir remôftrélesandêsPriuileges amp;nbsp;frâchi(es,le lermêt duRov,l’obeifrance des fùjcôts à là Ma. la concorde du pais,amp; le grad nombre des Proteftas, ont im-petré relafche des Placcars rigoureux, amp;nbsp;furfeâce de l’Inquifitiô, parquoy les troubles furet pour la plus part appaißes.Ce quedepleuft grademétaux Eccle fiaftiques,amp; principalemét au Cardinal Gi anuelle; earilz veoiét l’anneâtiflemctde leur côcept,amp;raua ccmét de la parolle deDieu,auecle grad nombre de gés qui hanterent les prefches. Ce qui fut caulè que Je Cardinal Grâuelle,allaft en Efpaigne, qui ne ceC-fà,tantqu’ilauoitmené les affaires àvn bon train, ---------------------- -

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54 Histoire DES trovbles

AmbafTa’ Outre ce Ibpt arriué en la Court d’Efpaîgne, «^au Roy Certains Ambaflâdeurs du Concile de Trente, en-du Concile uoycz par les Inquiliteurs.pour aduertir fa Majeftc ' de tout ce qui eftoit conclu auditCôcilcjdésle corn mencement jufques à la fin,amp; ce au mois de lanuier i564.LaMajefié Catholique fut perfuadé amp;nbsp;induit défaire publier lesDecrets d’iceluy,amp; de poincl en poinét les faire continuellement obferuer,amp; à ceftc fin les enuoie aux Pais- bas pour y fortir effeâ.fi bic que es autres pais de (on obeilTance, auec mandement expres à'a DuchelTe de Parma, d’eftablir en toute diligence rinquifition,amp; delà mettre en bon train comme manifcfiemcnt apparoift par la copie des lettres icy mifes.

eJW A R G V E RIT E parla ^race de Dieu DucheJ/e de7arme de 'Platjance q-c. Revente Gouuernante.

TRefchers amp;bien-aimez, combien que dés le commencement du regime du Roy, mon Seigneur, des pais de pardcça, tant par le renouuelle-ment amp;nbsp;publication des Placcars amp;nbsp;Ordonnances de feu de trefhaute mémoire l’Empereur Charles mon Seigneur (que Dieu ait en fa gloirej fur le fait de la Religion, ratifiez amp;nbsp;confirmez par là Majcfté Royalle, quecc que depuis vous en aeftéefciit par icelle, melmcs en fon dernier partiment de cefditz pais pour fes Royaumes d’Efpaigne; vous auez tou-iîours peu cognoiftrele bon zele, amp;nbsp;trelfainâe af-feéiion de ladite Majeflé à lacôlèriiation de noftre ancienne, vrayc Foyamp; Religion Catholique; amp;nbsp;à l’extirpation de toutes Icßcs amp;nbsp;herefics en cefdits ■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Pays

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Pais depardeça; Ce neantmoins, comme il a pieu à faditeMajefté pour certaines occalions nous ra-frefchir û treflainôte intention par fcs Jetties der-nieres, nous vous auons, par exprefle charge d’icelle,bien voulu reprefcnter ce qu’elle nous en aelcrit, qui eft en effect.- Que ne deGrant (aMajefté rie plus que la conferuation de lad Religion, amp;nbsp;de tenir fescV lt;nbsp;bons fujetz de pardeça,en bonne tranquillité,paix, vnion amp;nbsp;concorde, amp;nbsp;les prelèruer des inconueni-entsque Ion a veuaduenir en pluGeurs endroits de la Chreftienté, pour le changement deladittcReli gion-.SadiieM ajeGé veut amp;nbsp;enten d que lefdits plac-carsamp; ordonnances de feu faMajefté Imperiale, amp;nbsp;les Gens fe gardent amp;nbsp;s’obferucnt entièrement, corne aufsi eG l’intention de faditte MajeGé, dé faire bien amp;eGroittement obferuer ce qui eG Gatué,par le faint Concile deTrente, amp;Jes Synodes Prouin-ciaux, mefmes quant à la reformation du Clergé, fans en rien contreuenir, à Gnque le puniffans les hereGes , les mœursfoient aufsi corrigées,auGi que Ion donne toute faueur amp;nbsp;afsiGence aux InquiGi-teurs de la Foy,en l'exercice dejeurs olHcc5,amp; que l’InqûTGGon fe face par lefdits InquiGteurs, comme, elle s’cG faitejufques à maintenant par droits diuins amp;nbsp;humains, ce que fa MajeGé auGi eyrelfe-ment commande par fefdites lettresi Et fuyuanc ceGe relcription de ladite Ma) eGé, amp;nbsp;pour obeyr à icelle en chofe tant fainâe fauorable, n’auons

peu obme.ttre vous efciire ceGe, pour vous prier, requérir, amp;nbsp;de la part de ladite MajeGé, ordonner bien exprelfement, de vous reigleramp; conduire en cecy,felon l’ordonnance de fad. MajeGé, fans con«

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ig Histoire des Trovrlf.s

treucnir en aucun poinft ou article,amp; que le mefiné vous faites entendre,aux Officiers,amp; ceux de laloy des principales Villes de voftre Prouince, à lin de félon ce,eux reigler, fans difsimulation ou conni-uence;fous les peines contenues efdits placcars. Et pour tant mieux y pouuoir entédre,vous commettez amp;nbsp;députez vn Confèiller de voftre College(le-quel touteft'ois fe pourra changer de dcmy an en demy an,à fin qu’vn fcul n’en foit toujours chargé) qui ne face autre chofe, finon d’auoir regard audit Pais fur l’oblcruace des Decrets duditSaind Concile , amp;nbsp;vous aduertiffe toujours de ce qui s’offrira Êoury pourueoir lelon l’intention de faditte Ma.

t à ce que nous puifsiôs toujours fçauoir l’eftat de laditte Religion quant à ce que deflùs; Nous délirons amp;nbsp;vous ordônons comme dell'us, que de trois mois en trois mois nous en elcriuiez bien particulièrement lefuccez,prenans en cas de difficulté voftre recours deuers nous,ou ceux du Confeilpriué delàditte Majeftépour nousen eftre fait rapport, là ou pareillement commettrons quelque Conlcil-1er qui en portera foing particulierement,amp; tiendra correfpondence auec vous amp;nbsp;celuyqui par vous (èi ra commis. Et à fin que fur tout ce que delTus vous puifsieztant mieuxveoir l’expreflc volonté delàditte Majefté, nous allons fait ioindreà celles les points des lettres amp;nbsp;autres eferits de laditte Majefté, concernans celle matière, pour felon la forme amp;nbsp;teneur d’iceux vous reigleramp; conduire fans y faire faute. A tant trefehers amp;nbsp;bien-aymez, nollre Seigneur vous ait en là faincic gârdc»

E fer it

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‘E/criten Bruxelles le 18. jour de Décembre, ï5(S'5.H. yt.SouseüoiteCmtnj^argartta. Et plus bas figné d’Onerloope. Sur le dos eftoit encore eferit,

not ereßhers bienatme^, lts Prtfidens ^gens du Confed du Rojen,lt;;fc.

Extrait des dernieres lettres eßrits, entioje!^ par le Roy àma‘Damt la Dncheße,anec la dermerede-pefehe concernant le Fait de la Religion.

pKemierement,quant aus placcars amp;nbsp;ordonnaccs tat vieilles que nouuelles furledit fait de la R,e!i-gion.qu’ayâtfa Ma.entédu l’eftat auquelfe retrou-uét les affaires de la Religion par-deçà,il ne conuiét faire quataufd.Placcars amp;nbsp;ordonnaces aucû châge-mét, ains que lefd. Placcars de feu la Ma.Imperiale, amp;nbsp;ceux de faditte Ma.foiét executez.Et s’apperçoi t là Ma.la caufè du mal qu’il y a eu, amp;nbsp;de ce qu’il foit ainfi augmenté amp;nbsp;pafle fi auant, ait efté par la negligence,lâcheté, amp;nbsp;difsimulation des Iuges,Et que s’il y a quelques luges qui ne les ofent, ou ne les veul-lent executer pour crainte de quelque tumulte, que Ion aduifè (à Ma, afin qu’elle y pouruoie d’autres deplus de cœur amp;nbsp;de meilleur zele à laditte execution , dont Ion ne doit eftre en faute eldits Pais, ou y a tant de Catholiques amp;nbsp;defireux du 1er— nice diuin amp;' de fà Ma.amp; que failànt cecy, amp;nbsp;s’exc-cutans lefdits Placcars,il eft à efperer que Ion remédiera mieux amp;nbsp;plus brieuement au dommage qu’il y a que non par autre voye. Pour le fécond-quant à ce qui touche les Inquifiteurs de la Foy, là Ma je-fté enchargeàfon AltefTe de tenir la main que Icfi

Inquifiteurs foient fauorifez ç^e qui toucTîe

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18 Histoire des trovbles l’exercice amp;nbsp;adminiftration de leur charge, en taut ce qui conuient aubien amp;fuftentation de la Religion, eftant l’intention de là Majefté^queladiteln-quifition fe face par lefditz Inquifiteurs, comme elle s’eft faire jufques à maintenant, amp;nbsp;comme leur appartient par dioits diuins amp;nbsp;humains,amp; quececy n’tft chofenouuclle,puis qu’elle a toujours cité faite ainfi du temps de feu la Ma.Imp. amp;nbsp;du fien, cftas les inconueniens qui fc craindent trop plus apparés, plus voilins, amp;nbsp;plus grands, ou Ion laiflàft de pour-ueoir par lefditzInquifiteurs ce qui conuient à leur office,amp; Ion ne les y afsiftaft.Et puisque fonAltelTc voyoit ce que cecy impôrte.fa Ma'^l’enchargetant qu’elle peut d’y faire ce qui eft tant necelfaire, amp;nbsp;qu’elle ne confente que Ion y traire d'autre chofe, fâchant fon Alteflè combien fa l’aàcœur.amp;Ie plaifiramp; contentement que ce luy fera.

Pour le troifiémcjfa Majefté ordonne à Ibn Al-teflè, que puis que le S. Concile de Trente eftpit ja publié, qu’il ne refte finon qu’en ce qui touche la execution qui concerne aux Euelques, fon Alteffe leur face donner toute addrefTe amp;nbsp;afsiftence pofsi-ble,afin qu’elle s’effeétue commç jlponuient. Aufsi que Ion execute ce que ledit Concile deTrente ordonne, quant a la reformation de la vie amp;nbsp;mœurs desEcclefiaftiques, enchargeant là Majefté tant à fon Altclfe^que aux Officiers de ladite Majefté, de y donner toute la faucuramp;ayde que belôingfera, amp;nbsp;qu’en cas il fut requis, que du collé de fa Maje-flé s’v donne quelque prouifion, icelle la fera dé-pefclier incontinent, mefmes ouïes gens d’eglifene vouluflent obeyr à la Reformation à faire par les

Euefi

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Eueïques, conforme à la decretation dudit Concile de Trente. -

Et pour contlufion, que ce que ß Majeftéelcrit afonAltelTe; comme dit eft cy defTus, e/1: ce qui conuientau bien delaKeligion, amp;nbsp;des pais de par-deça, qui ne vaudroient riens fans icelle, amp;nbsp;que cecy eft la voye pour les pouuoir conferuer en lu-ftice, paix amp;nbsp;tranquillité. Et puis que Ton Altefl'e voit ce qu’il importe, fa Majefté la requiert de rechef de fuyure le chemin, par où ce que defliis le puilTe eiFeâuer, amp;nbsp;que ce fera la choie ou fa Majefté pourra receuoir plus de contentement, tantdefon Altefle; que des Seigneurs cftans lez elle, aufquels fon Altefle doitencharger le mefme, afin qu’ils s’y employent comme fa Majefté fe confie qu’ils ne faudront, fachans, le contentement qu’ilz donneront à icelle, outre ce qu’ilz y feront ledeuoir de Perfonnages tels qu’ilz font, amp;nbsp;felon l’obligation qu’ilz ont au feruice de Dieu, amp;de ß Majefté, amp;nbsp;au bien vniuerftl des Pais de par-deça, amp;nbsp;d’eux mef mes en particulier.

Plufieurs de la Nobleflc s’efpouentoient gran-1« dement de telle charge amp;nbsp;mandementde fa Maje- eQwuem« fté, amp;nbsp;prevoyans la certaine amp;nbsp;extreme defolation qui necelTairement fuvuroit l’exccution de cefte refolution de ß Majefté, amp;nbsp;de fon Alteflé,ont fi bié

• remonftré lachofeà la Duchefle deParma, que fi-nablement elle a enuovéle Conte d’Egmont de-uers le Roy en Efpaigne, auec charge amp;nbsp;commifsio de mitiguer le cœur du Roy, amp;nbsp;faire cefler l’Inqui-fition éspais de par* deçà. Le Conte retournant d’Efpaigne, a apporté lettres à la Duchefle, auecq

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JO Histoire des trovBles charge de conceuoir certains moiés amp;nbsp;conuenabJcs fgt;our Je repos amp;nbsp;tranquillité du Pais,Jàuf que la Re-igion Catholique demeure en fonentier.Etàccfte fin a elle ordonné trois Euefques,amp; trois Doéleurs tant en Theologie qu’en droits Ciuil amp;nbsp;Canô,pour decernerles caules de ceux qui feroiet accule d’he-refie.Mais comme celle moderation lèmbloit cftre trop petite, amp;nbsp;tendante à la vilipenfion des Princes entreleslubjcts, fut de rechef l’Inquifitiô eftablie, amp;nbsp;commandé d’oblèruerles Decrets du Concile de Trente, amp;nbsp;de procéder Icuereraent contre leldits fupplians. Or comme le peuple eftoit forttrou-blé.-laNoblellê délibéra de remonftrer à Ibn Altel^ feledefaftrequienpouuoitenfuyuir, auec Prote-ftation de s’eftrefuffifamment acquitez du dcuoir deloyausamp; fideles fubiets amp;nbsp;valfausde ß Majellé, fi à faute d’y auoir pourueu,fuyuant leur aduis, ad-uenoit quelque ruine ou defolation au Pais. Et à ccsfinsletrouuans iufques enuiron 200, Gentil-hommes à Bruxelles le $. d’Auril If66. prelentc-rent àfon Al teile la Remonftrance amp;nbsp;Requefte icy inferee.

L(t Tropoßtion faite par A/onfieur de quot;Srederede â t.^a-dame la ^.Dttcheße, auant qae prefenler Lt Ret^ueßeoH Remonßrance.

'N A -AdamejlesGentils-hômesaflemblez en celle ieMôamp;ut jLVxVille,amp; autres de femblable qualité en nôbre competêt,lelquels pour certains relpeâs ne le Ibnt icy trouuez.ontarrelléponrle feruiceduRoy, amp;nbsp;dubien public de les Pais-bas, de prefenteràvollre Alteire,en toute humilité, celle Remonftrance, fur laquelle

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laquelle il luv plaira donner tel ordre qu’elle trou-uera conuenir, fuppliansàV.A. la vouloir prendre de bonne part. En outre Madame, nousfommesad-uertis d’auoir efté chargez deuant V.A. deuantles Seigneurs de Confêil,amp; autres,que celle nollre deliberation a efté principalement mile en auant pour exciter tumultes,reuoltesamp; feditionsr amp;nbsp;qui eft le plus abominable, nous ont chargés de vouloir changer de Prince,ayans pratiqué ligues amp;nbsp;confpi-rationsauec Princes amp;nbsp;Capitaines eftrangers, tant François, Allcmans, que autres.- ce que iamais n’eft tombé en noftre penfee, amp;nbsp;eft entièrement con-traireànoftre loyauté, amp;à ce que V. A. trouuera par ceftcReiTionftrance,fuppliantncantmoinsàV. A. nous vouloir nommer amp;nbsp;defcouurir ceux, qui tant iniuftement ont blafmé vne tant noble amp;nbsp;hon-norable Compaignie.

D’auantage, Madame, les Seigneurs icy prefens ont entédu.qu’il y a aucuns d’entre eux,qui en particulier font aceufez amp;nbsp;chargez d’auoir tenu la main,amp;ta(chépour effecluerlafufdittemalheureu-fe entreprinfe, tant auec des François, qu’autres e-ftrangers, dont nous nousrefentons grandement. Parquoy fuppüons à V.A, nous vouloir faire tant de bien amp;nbsp;faneur, de nommer les accufiteurs amp;nbsp;acculez, afin que letortamp;mefchanceté eftantdecou-uerte,V.A.en face brieue amp;nbsp;exemplaire luftice, amp;nbsp;ce pour obuier aux maux amp;nbsp;fcandales qui en pour-roientaduenir, eftants bien aireurez,que V. A. ne permettra iamais,qu’vne telle tant noble amp;nbsp;honno-rable Compagnie demeure chargée de tat infames amp;nbsp;malheureuxades.

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3X Histoire des trovbees

Rtijuefle des Nobles dss Tais-bas, prefentee à Madame la ‘Duchejse de T arma amp;nbsp;Platjdnce lt;^c.

MAdamc.lon f^ait allez,que par toute la Chrétienté a toujours été (comme eft encores pour leprefent) fort renommee la grande fidelité du peuple de ces Pais-bas enuers leurs Seigneurs amp;nbsp;Princes naturels, à laquelle toujours la Noblefle a tenu le premier rang, comme celle qui jamais n’a cfpargnc ny corps, ny biens, pour la conlèruation amp;nbsp;accrcilTement de la grandeur d’iceux. En quoy nous trelTiumbles Vaflaux de làMajefté voulons toujours continuer de bien en mieux,fi que de jour amp;nbsp;nuiét nous nous tends prêts, pour de noz corps amp;nbsp;biens luy faire trefhumblc lcruice, amp;nbsp;voyants en quels termes font les affaires de maintenant, auons plutôt aimé de charger quelque peu de mauiiais gré fur nous, que de celer à votre Altct'e chofes qui parcy aprezpourroient tourner au prejudice defaMajeté, amp;nbsp;quant amp;nbsp;quant troubler le repos Ar tranquillité de ces pais; Efperans que l’efretl montrera auecqle temps, qu’entre tous fèruices que pourrions auoir fait ou faire à l’aducnir à fa Majeté , cetuy cy doibt etre réputé entre les plus notables amp;nbsp;mieux à propos, dont atèuré-ment nous nous perfuadons, que votre Alteffe nede fçaura prendre que de bonne part. Combien doneques, Madame, que nous ne doublions pas,que tout ce que fa Majeté a par cydeuant, amp;nbsp;mefinement à cete heure de nouueau ordonné, touchant l’Inquifition, A: l’etroite obferuance des Placeurs fur le fait de la Religion, n’aye eu quelque fonde-

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fondement amp;nbsp;iufte titre,amp; ce pour côtinuer ce que feu l’Empereur Charles de tresbaute mémoire, a-uoit abonne intentionarrefté: Toutesfois voyant que la difference de l’vn temps à l’autre ameine quant Si foy diuerfité de remedcs, Si que défia depuis quelques années en ça leldits Placcars, non ob* liant qu’ils n’ayent efté executez en toute rigueur, ont toutesfois donné occafion à plufieurs griefsin-conueniens.Certes la derniere refolution de fa Ma. par laquelle non feulement elle defend de ne mo’ derer aucunement lefdits Placcars, ains commande expreflement que l’Inquifition foit obferuee, amp;nbsp;les Placcars executez en toute rigueur, nous donne af-fez iufte occafion de craindre,que par là non feule-mentlefdits inconueniens viendront affez à s’augmenter: mais qu’il s’en pourra finalement enfuyiire vne efineuteamp; {edition generale, tendante àmife-rable ruine,de toutlePaisjfelon que les indices ma t nifeftes de l’alteration du peuple, (qui défia s’ap-perçoiuent de tous coftez) nousmonftrentà veuç d’œil. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•

Parquoyconnoiflansl’euidence amp;nbsp;grandeur du danger qui nous menace,nt.auons iufques à main tenant efperé,que ou par les Seigneurs, ou par les E-ftats du Pais, fèroit fait Remonftran.ee en temps amp;nbsp;heure à voftre Alre{re,afin d’yremedier,en oftantlà caufè amp;l’origine du mal: mais apres auoir veu, que ceux ne fe font point aduancez pour quelques oc-cafionsànousinconniics,amp;quece pendant, le mal s’augmente de iour en iour, fi que le danger de fe-dition Si reuolte generale eft à la porte; auons efti-mc eftre noftre deuoir, fuyuantle ferment de fidc'^

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54 Histoire des trovbles

lire amp;nbsp;d’hommage, enfèmble le bon zele qu’auons à fa Ma- amp;nbsp;à la Partie; de ne plus long temps attendre, ainspluftoftnoüsauancer les premiers à faire le deuoir requis,amp; ce d’autant plus franchement,que nous auons plus d’occafion d’efperer,que fa Maje-fté prendra noftre aduertiflèment de tresbone part, voient que l’affaire nous touche de plus pres que nuis autres,pour eftrc plus expofèz aux inconueni-ens amp;nbsp;calamitez qui couftumieremêtprouiennct de femblahles accidcns,ayans pour la plus grande part nos maifonsamp; bicnsfituezauxchamps,amp; expofèz à la proye de tout le mondc;conlîderéaußi que ge-neraleméten enfuyuant la rigueur defdits Placcars, ainliqueß Maiefté commande expreffement pro-ceder.i! n’y aura entre nous homme,voire amp;nbsp;nô pas en tout le pais de pardeça, de quelque eftat amp;nbsp;condition qu’il foit, lequel ne fera trouuécoulpable de confiffation de corps amp;nbsp;biens, amp;nbsp;affubjeéti à la ca-lumnie du premier ennemi,qui pour auoir parta la confifeation, voudra l’accufer (bus couuerture des Placcars,ne luy eftant laiffé pour refuge autre chofè que la feule difsimulation de l’Officier,cn la mercy duquel ß vie amp;(ès biens feront totalemêt remis. En confideration dequoy auons tant plus d’occafîô de fuppliertreshumblement voftre AÎte(re(comme de fait nous lafupplions par la prefente Requefte) d’y vouloir donnerbonordre.Et(pour l’importance de l’affaire) vouloir le pluftott que poßible (era depe-Icher vers ß Ma.homme expres amp;nbsp;propre,pour l’en aduertîr, amp;nbsp;à fupplier treshumblemcnt de noftre part, qu’il luy plaife y pourueoir tant pour le pre-fcntque àl’aduenir.Etci’autat que cela ne fe pourra

faire

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faire,en laifl'ant lefdits Placcars en leurvigueur,veu que de là depend la fource amp;nbsp;l’origine defdits in-conueniens, qu’illuyplaile de vouloir entendre à l’abolition d’iceux, laquelle le trouueraeftrc necef-faire pour deftourncr la totale ruine amp;nbsp;perte de tous ces Pais de pardeça.

Et à fin qu’elle n’ait occafion de pcnfer que nousfquinepretendons que de liiy rendre très-humble obeiflance) voudrions entreprendre delà brider,ou luy donner loy à noftre plaifir(ainfi que nous ne douotons point que nos aduerlàires le vou dront interpreterpour noftre defaduatage) il plaira à fa Ma. de faire autres ordonnances par l’aduis amp;nbsp;conlèntement de tous les Eftats generaux afTem-blez, afin de pourueoir à ce que delîus, par autres moiens plus propres amp;nbsp;conuenables,amp; fans dangers fi treleuidens.

Supplians aufsi treshumblement fon AItcfre,que tandis que la Ma. entendra à noftre iufteRcquefte, amp;nbsp;en ordonnera felon fon bon amp;nbsp;iufte plaifir, elle pouruoye cependant aufdits dangers par vne lur-feance generale tant de l’Inquifition, que de toutes executions defdits Placcars, iufques à tant que là Majefté en aitautrement ordonné.

Auecques proteftation bien cxprelTe,qu’en tant qu'il nous peur copeter, nous nous Ibmmes acqui» tez de noftre deuoir par ce prefent aduertilTementî Si que des maintenant nous nous delchargcons de* uantDieu amp;nbsp;les hommes,declarans,fi en cas qu’aucun inconuenicnt,defordre,fedition,reuolte ou ef-fufion de lang,par cy apres en aduientpar faute de n’y auoir mis remede,en temps, nous ne pourrions

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Histoire des trovbles

eftre taxez d’auoir celé vn mal fi apparent.En quoy nous prenons Dieu Je llt;oy,Voftrc Altefle, amp;nbsp;Mel-fieurs de Ion Confeil,enfemb]e 8i noftre confcien-ce en témoig.nage,qucnousy auons procédé comme à bons amp;nbsp;loyausferuireurs amp;nbsp;fideles Vaflaus du Roy appartient, fans en riens exceder les limites de noftredeuoir, dont aufsi de tant.plus inftam-mentnousfupplions que voftre Altefle y vueillc en tendre,auant que autre mal en aduienne. Si ferez bien.

Prefcnîce par M onficur Henry de Brederode, Seigneur dudit . lieu,accompaignédcs Nobles duPais-basJe j.d'Auiil.ijój. de-uantPafques.

La Refpoitce tèquot; ^pofltlle faite en Confeild' Eftat par tJÂÏadamela GonMerna»te,ft(t telle quesenjutt.

S On Altefle; ayant entendu ce qui fe requiert amp;nbsp;demande par le contenu en cefte Requefte, eft bien délibérée d’enuoyer deuers fa Ma. pour le luy reprefènter, amp;nbsp;faire deuers icelle tous bons offices que Ibn Altefle aduflera pouuoirlcruir à difpofêramp; inclinerfaditte Ma.àcondefcendre àlarequifition des remonftrans,lefquels ne doiuent efperer, finon toutes chofes dignes amp;nbsp;conformes à fa bénignité naïfucamp;accouftumée:aiant défiaf.idittc Altefle, au parauant la venue dcfdits Remcnftrans, par l'alsi-ftéce amp;nbsp;aduis des Gouucrncurs des Prouinces, Che-ualiers de l’ordre,amp; ceux du Conlèil, eftans lez elle, belbigné à conceuoir amp;nbsp;drefler vne moderation des Placcars fur le fait de la Religion,pour la reprefenter à faditte Ma. Laquelle moderation fon Altefle elperc deuoir eftre trouuee telle, que pour deuoij- donner à chacun

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chacun raifbnnable contentement. Et puis que l’au-toritédelon Altefle, comme les Remonftrans peu-uent bien confiderer ôc comprendre, ne s’eflenti fi a-uant que depouuoir furfèoirl’Inquifitiô amp;les Plac-carsjcomme ils demandent, amp;nbsp;que ne conuient de lailFer le Pais à l’endroit de la Religion (ans Loy,icelle Ibn Altellê Ce confie, que les Remonftrans le contenteront de ce qu’elleenuoye àla fin fufdite,deuers fa Ma. amp;nbsp;que pendant que s’attend fa relponce, Ibn Altefle donnera ordre, que tant par les In q uifiteurs (ou il y en a eu iniques ores)quc par les Officiers re-Ipediuemcnt lôit procédé diferetement amp;nbsp;modefte-ment endroit leurs charges, de forte que Ion n’aura caufe de foy plaindre, fe confiant fon Altellè, que les Remonftrans fe conduiront aulsi de telle façon, qu’il ne ferabefoing d’en vier autrement, amp;nbsp;fe peut bien efpercr que par les bons offices que fon Altefle fera deuers fa Ma. icelle fe contentera de defeharger les autres del’Inquifition ou elle eft, felon ques’eft peu entendre que défia s’eft déclaré fur la Requefte des Chef-villes de Brabant, qu’elles n’en feroient chargees. Et fe mettra fon Altefle tant plus librement à faire tous bons offices deuers fàditte Ma. àla fin amp;nbsp;à l’cfFedl fufdit, qu’elle tient affeurcment que les Remonftrans ont propos amp;nbsp;intention determinee de riens innouer endroit la Religion ancienne obferuee CS Pais de par deçà, ainsla maintenir amp;nbsp;obferucr de tout leur pouuoir.

Fait par fôn Altefle à Bruxelles fe fixiéme iour .auantPafques.

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5S Histoirh des trovbles

A quoj replitjuertnt ceux de la Nohhpfe, le 8. d'A-uril^ainjy que {quot;eujutt,

MAdame, ayans veu l’Apoftille qu’il a pieu à voftre AJtefle nous donner, nous n’auons voulu laifler en premier lieu de remercier treshum-blement voftre Altefle de la brieiie expedition d’icelle, mefmementde lalatisfaâionque voftre Altefle a eu de cefte noftre afl'emblee, laquelle n’a efté faite à autre occafion, que pour le leruice de là Majefté,bienamp; tranquillité du Pais: Et pour plus grand contentement amp;nbsp;repos d’iceluyPais, eußi-onsfortdefiré, queladitte Apoftillede voftre Altefle euft efté plus ample amp;nbsp;plus elclarcie, néant-moins ores que voftre Altefle n-a le pouuoir tel 3uenous deurerions bien , comme nous enten-ons, dequoy nous fommes bien marris, nous nousconftonslèlon l’efpoir 8c afl'eurance que voftre Altefle nous a donné, qu’icelle y mettra tel ordre, tantenuers les Magiftratsque les Inquifiteurs, leur enioignant de fe contenir de toutes pourfui-tesprocédantes de l’Inquifition , Ediéls ou Plac-cars,tant vieux que nouueaus, flrr le fait delà Rcli-gionjattendanfque fa Ma. en ait autrement ordon-né.Denoftre part,Madame, puis que nous ne defi-ronsfinon defuyuretouteequeparfa Majefté auec l’aduisamp;confèntementdes Eftats generaux aflem-blez, fera ordonnépour le maintenement de l’ancienne Religion, efperons de nous gouuerner de telle forte, que v. A. n’aura aucune occafion defe mefc5fcnter;amp; fi quelqu’vn cornet aucun aéle enorme ou feditieux, qu’il foitpar v.A.amp; ceux du Con-feil

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feil d’Eflat ordonné tel chaftoy, que lemerite du fait lerequerra.Proteftans de rechef,que fi quelque inconueniét en aduient,par fautede n’y auoir donné bon ordre,qu’au5s ßtiffait à noftre deuoir. Suppliant treshumblement V. A. d’auoir ceftuy noftrc deuoir pour aggreable amp;nbsp;recommandé, le receuant pourleferuicedefa Ma. Nous ofFrans de demeurer treshûblesamp;obeiflansferuiteursà v.A. amp;nbsp;de mourir à lès pieds pour Ion lèruice, toutes les fois qu’il plaira à Voftre AltefTe nous lecommander.

Le Marquis de Bergues amp;nbsp;le Baron de Monttgni furent par commun aduis du Conlêil d’Eflat envoyez vers là M aj efté en Efpaigne,ce pendant y eut quelque relafche de la rigueur accoutumée, conti-nuans touteffois ceux de la Religion réformée de s’aflembler en petites troupes,par les maifons,en at-tcndantla volonté de ß Maieflé.

OrpeudetempsauantquelaRequefte fut pre-lentee par les Nobles du Pais, fon Al telle foupçon-nant quelque deßflre par l’aflemblee de laditte No-bleflCjCufle donné la chofe à mclieur marché,n’eufl: eftéqueaucuns du Conlêil luyeuflênt donné courage amp;nbsp;confort, principalementfcomme on dit) le Seigneur de Barlaimontjqui luy dit. Non non Ma-dame,nayés pas paour, amp;nbsp;necraignés pas ces Ceux, des ceux, il y a bon remede de les ruiner amp;nbsp;extirper. Ce mef-me mot,véritablement par luy proféré, ont les con-federez accepté pour leur commun nom, amp;nbsp;fe font veflus en gris, portans au cofté vne efcuelle de bois garni d’vn cercle d’argent noircy,auquel eftoiét, ces mots engrauez,F/w les Çeux.Et depuis vn des princi paux de la troupe,a beu le 5. j our d’Auril à la ville de

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40 Histoire des trovbles Bruxelles en fcmblable c{cuclle,amp;ayant beu, crié rî-ttt les Gestx.D auantage ils ont en ligne de leur extreme fidelité qu’ils portoient vers leur Prince, porté au col l’effigie du Roy Philippe forgée aucuns en or,autres en argent, amp;nbsp;au dos d’icelle medaille eftoit la figure de deux mains s’entretenants auec rcfcuellc amp;nbsp;la belâce amp;nbsp;à l’entour celle deuilè. Fideles ast Roj istfejues 'a la Beface. Furent aufsi forgez des ieéloirs decuyure, lurlefquels eftoit à l’vn collé, EjeudeKi-a»e,amp;.ai’autrc‘Parfeu^ flammes,3.\iQC les armes de la mailôn de E O urgoigne.

Au mois de May de l’an i ^66. furent tenus, en inquißiion fouilèancc amp;nbsp;l’Inquilîtionamp;lcs Placcars,aufii delèn-*nu7Vn* du àtous Magiftratsamp;officiers l’exercice amp;nbsp;l’exe-futieance. cution d’iceux contre les fubjets,fur peine des peines auxPlaccars contenues.

Mais comme vnfeu ayant eftélong temps cou-uertjS’embrale fait grand flambe; ainii ceux de la Rcligion,ayans cell aduantage, amp;nbsp;ne le pouuans plus contenir en cachette.commencerent à lemanilèfter, s’alTemblans publiquement; Premièrement en la baffe Flandre,amp; incontinent apres à Anuers,ou on commença àprcfchçrpubli()uementle 14. deluin, jour deS. lan, de la fulditte annee; enuiron vn quart de lieue hors la ville. Ceux deTournay fjyuirent incontinent, amp;nbsp;lèmblablement plufieurs autres villes en Zelandc,Hollandc,Brabant,Flandrcs,amp; autres lieux. Le nombre de ceux quife trouuoiéraux aflémblees, croiflbit journellement, en telle forte qu’il fepeut imaginer que le peuple s’afl'cmbleroit en vn marché, fi apres longue famine on y apportoit à vendre abondance de blé*

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Ors’aflèmblerent ils àAnuers pour la premiere predication, fans armes défendues. Mais eftans ad-uertis d’aucune confpiration contre eux faite,ils ont, contre les Placcars au Roy amp;nbsp;de la Gouucrnantc; commencé à les porter pour fe garder del’enuahiflc-ment amp;nbsp;outrage des coilfpirateurs. Mais eftans retournez dedens la ville,les mettoient bas, amp;nbsp;ce pendant fupplioient Meßieursdu Magiftrat, ou de leur bailler quelque garde contre telles gens, ou de permettre qu’ils s’aflêmblafTent dedensla ville,pour n’e-ftre expolés en danger, amp;nbsp;qu’en tel cas ils polèroient entièrement les ar n i es bas.

Ccpendant,MonfcigneurlePrinced’Orange fut lePrince requis de venir à Anuers, pour obuierauxtroubles quieftoient apparens.Et a ces uns citant venu, s et- aüuc«. força par remonftrances bien inftantes de faire furfê-oir les predications trois ou quatre femaines, dedens lequel temps,il donnoit efperance que les Eftats generaux s’aflembleroient pour y pourucoir.Mais d’autant que ceux de la Religion ne pouuoyent preuoir aucun bien d’vnc telle furfeancc, ains vne certaine occafion de troifble amp;nbsp;mutinerie entre le peuple,qui ne pourroit fouffrir d’eftrepriué du bien qu’il auoit goufté par les predications,amp; que cefte furfeance fe -roit conuertie en vne abolition totale, par ce que les Eftats ne s’affemblcroient point, comme aufsi l’expe-rience l’a monftré,amp; pour plufieufs autres raifons fut remonftré à fon Excellence qu’il n’eftoit ny raifon-nablefelon Dieu ,ny expedient pour le bien amp;tran-quillité de la ville de furfèoir lefdittes predications. Ainfi fut continué l’exercice de la Religion. Et quant au port d’armes, ayant remonftré ceux de la Religio

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4i Histoire des trovblf.s

Je danger de s’aJTerabler hors la ville fans armes,, fut déclaré qu’ils s’en pourroient bien feruir eftans en leurs aflémblees.'mais les lailTeroient dehors, fans les rapporter à la ville. A quoy ils obeiren t,témoignans de plus en plus leur fimplicité amp;nbsp;intétion degaratir eux, leurs femmes amp;nbsp;enfans, contre les melchans, lorsqu’ils eftoientaflèmblés aus champs.

Noffre» Le 18.jour du mois d’Aouft furent faites les pro-dame en ccfsionsfolênellesdcNoftre-dameenAnuers,lèlon Annen, j-gneienne couftume; amp;nbsp;portee entour l’image de

Noftre-dame,ornée 8c accoutrée de drap d’or amp;nbsp;plu fieurs autres iovaux comme vneRoine.Ceftc image fut portee par les plus apparens de la ville,en changeant les perfones par quartiers amp;nbsp;carrefours des rues.-amp; furet alors fur la mailbn de la ville Mooitig-neurlePrince d’Orenge, Madame la Princefle là femme, LeConteLouyslbn frere amp;nbsp;plufieurs autres Gentils-hommes, pour veoircefte folennelle fefte. Quant cefte folennelle procefsiô eftoit accô-plie.l’ima'ge fut mife au milieu de l’eglifè comme de couftume,où elle fouloit eflre iulques le Samedi en fuyuant. Mais comme Meßieurs du Chapitre crai-gnoiét aucun futur defordi e’: à caufe d’aucuues pa-rolles par le peuple proférées durât la procefsiô,di-ftnt,Marie,Marie Charpêtiers,ccfte fera ta derniere fefte, elle fut remife le Mardy enfuyuant en fa chapelle au lieu ordinaire.

te Prince Le ip.d’Aouft Monfeigneur le Prince fe partit d’Orenge d’Anuers,pour aller à Bruxelles, à fin d’entendre a-VruxeUes. u^c les autres du Conlèil d’Eftat, à la refponce que fbn AltelTe auoit promis de faire aux députés de la Nobleflè le 2.0.ou a i,enfuyuât fur certaine Remon-, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ftrance

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firäcc par eux prefentée,tcdante à obuier aux troubles amp;nbsp;feditions apparentes au Pais. Or s’eftat continuées en la façon que dit eft, les predications publiques enuiron (j.ou y.fepinaines, aucûs de la baffe Flâdre commécerent à abbatre les images amp;nbsp;idoles. Ce qui fut pourfuy uien plufieurs villes du Pais, amp;nbsp;entre autres à Aouers,en telle alTeurance amp;nbsp;diligëce comme fi mille perfonnes enflent eu cômifsion ex-preflé du Magiftrat de faire tel exploit hafliuement. Ce brifemét d’images commêça à Anuers le lendemain que MÔfeigneur le Prince fut parti pour Bruxelles, qui eftoit mardi xo.d’Aouftenuirôles (S', heu res dufoir:Etl’occafi5 fut telle que s’eftat le Dimc-che precedent,corne deflùs eft dit,portée en procef-fiô folennelle vne grande Image de la vierge Marie, laquelle on fouloit remettre, amp;nbsp;laitier en certaine place de fon téple.l’efpace de S.iours,entour laquelle on alloit à genous deux ou trois fois, chafeû felô fa deuotiô: Des le mardi fuyuant les Preftresayans fermé les portes du têple;la remirêt en ton lieu ordi naire. L’apreftiifnéfurles deux heures font entrés au têple de Noftre-damejcomme de couftume,ptu-ficurs perfonnes, amp;nbsp;entre autres quelques matelots amp;nbsp;autresieunes garçons,amp; efmerueillez de ce qu’on auoit fi toft remis l’image,crioyent, Marie crie les Geux, nous vous laiflerôs ta place, amp;nbsp;autres tem-blables propos de plaifanterie.-demanderentaufsi à la femme qui cftoit accouftumée de védre des cier-ges,amp;recueiller les offrandes,pourquoy on auoit fi toft remis laditteimage;amp; qu’elle pouuoit bienfer • rer fa boutique, car perfonne n’achetteroit de fa marcliandife. La femme par telles paroles irritée

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44 Histoire des troveles

amp; fafchéejcur iettc aux yeux des cendres qu’elle a-uoit en vn pot.Pendant ces débats, font allé à la mai-fon de la vile deux perfônnes de qualité, amp;nbsp;ont ad-ucrti le Mqgiftrat de ces tumultes: Le Magiftrat bié cftonné de telles nouuelles eft entré au college, amp;nbsp;fbrtant apres quelque deliberation, eft allé auec le Maregraue,quatre lcrgeants, quatre halebardiers, ôi grande l'uyte du peuple au temple.-Les garçons voyants le Magiftratfbnt forti de l’eglife, ce perdant le Magiftrat difoitaflèz fobrement au peuple, Mes en-fans retirés vous; mais peribnne ne bougeoir; de forte qu’il s’eft retiré de l’eglife fans faire autre choie. Incontinent apres font retournés au temple les garçons fuldits auec vndes Capitaines delà garde des prefehes, amp;lèrrans les portes du temple,lc mirent à chanter des Pfeaumes, lefquelles chantées chacun le met à brifer les Images, de forte qu’en celle nuiél furent abbatues les Images non feulement en ce grand Temple appelle Noftre-dame, mais aulsi en tous les autres, amp;nbsp;mefmcs en toutes les Chappelles amp;nbsp;Cloi-ftres;ou furent faittes aux caues infolences fort grades, comme d’enfoncer les tonneaus devin amp;nbsp;cer-iioilc, apres auoir beu à outrance, St d’emporter les prouifions de chair amp;nbsp;autres.quot; ce qui ne fut fait que par canailles,femmesSc jeunes garçons. Mais au Collent des Cordeliers futdeliuréde prilbn vn poure Moine qui I2.ansauoiteftéenprifon, par ce qu'il auoit prefohe la vérité.quot; comme aully ont deliuré vn fournier de nation François, qui auoit efté an amp;nbsp;demy en prifon de la ville, pour la Religion amp;nbsp;confeC fion del’Euangile.

Le lendemain Mercredi amp;nbsp;leudi enfuyuans, ceux des

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DES PAYS-BAS. LIV. I.

des Meftiers amp;nbsp;Confréries,lefquels au oient chacun (on Autel ou Chapelle en laditte Eglilè deNoftre-dame, fc mirent à abbatre ce qui cftoit relié, amp;nbsp;à le porter hors de l’cglife, dont aucuns autres pourfuy-uirent au niehne temple amp;nbsp;aux autres,d’abbatre auf-ficequ’ilyreftoit, amp;nbsp;ce en telle afleurance, fins quele Magiftraty fill quelque oppofition ou de-fenlê;iufquesàce que parfortune;ou auti-ement,les armesdefi Majeftéfurentrompues. Car le Magi- lc« irmet ftrat de ce aduei'ti,eft entré en l’Eglife le ß^urgmai-ftreStralen auec certain nombre de maronniers,har quebufiers, deilcrrans leurs harquebufes ont en-rhafl’é toute la canaille,amp; ferré le temple.

Ce Mardiau foir cflans Melsjeurs du Magiftrat fort troublez deccquilecommcnçoit,requirentvn Miniftre del’eglife Flamcnguc d’aller au Temple, amp;nbsp;d’exhorter ceuxqui abbatoient les images,de ceflèr. A quoy il obéit, amp;nbsp;à ces fins cllant monté en chaire, parla à eux. Mais voyant qu’on ne luy preftoit audience, amp;,poureuiter plus grand danger, fe retira. ' Geneantmoinson chargeoit ceux de la Religion, d’eftre auteurs de ce brifement. Dont aufsi ils cfloi-ent blafmez des pilleries amp;. autres infolcnccs qui s’en enfuyuoicnt.Au regard dequoy ledit Miniflrc Hcr-mânusStrickcrde Svvolle,rnonta de rechef en cTîaire audit Temple dé Noftre-dame, le leudi matin ii. d’Aouft, amp;làfitvnebriefueRemonftranceau peuple, proteftant en premier lieu que ce brifement des Images auoit cfté fait fans le feeu des Miniflrcs,amp; autres commis à la conduite del’eglile.'defiduouant en fécond lieu, amp;nbsp;deteflant les pilleries, larrccins, amp;nbsp;au tres infolcnccs qui eftoient enfuiuies:amp; exhortant

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46’ Histoire des trovbles ceux qui auoient quelque pillage amp;nbsp;Jarrecin, dele porterauMagiftrat. Etpourconclufion, admone-ftantle peuple dcrobeiflance deue au Magiftrat,5e de la concorde amp;nbsp;paix requifè entre le peuple.

Parcefte exhortation plufieurs ontefté efineu, amp;nbsp;ont rapporté non feulement des Croix d’argent, mais aufsi plufieurs Calices dorés,amp;autres joyaux, és mains du Magiftrat, declarans leurs noms, fur-noms amp;nbsp;demeures,prelentans le conftituer,prifon-niersfi telle eut eftéla volonté du Magiftrat. Nc-antmoisle Magiftrat rcccuant les ioyaux, lésa remercié de leur loyauté.

Au mefmeiour apres midy, le peuple nonob-ftant qu’il y eut gens mis expres au?c portes du temple, qui declarailént qu’il n’y auroit point de predication,comme on l’auoitfaitentendrejS’aflembla toutcsfois en grand nombre auditTemple, requérant inftamment la predication, de forte que pour crainte de tumulte, le Miniftre qui auoit faitlaRe-monftrance du matin, fut induit de monter de rechef en chaire,pu il feit vne affez longue exhortation tendante aux mcfmes fins que le matin.

Ce dit Mardi lo'. d’Aouft fe font préparés grand nombre des bourgeois d’Anuers, tant Flamens que Walons,pour partir l’cndemain pour Bruxelles vers la Duchefle de Parma,Gouuernante ésPais-b3S,àfin de larequerir de pouuoir obtenir Egîifc publique à la ville d’Anuers,pour l’exercice de leur Religion.

littoi'è fc° nbsp;nbsp;Le Vendredi fuyuant 2 5. d’Aouft, les Miniftres

rys'nt] amp;nbsp;autres Commis à la conduite de l’Eglifè Flamen-gue amp;nbsp;VValonne,pour fe purgerforamairement de quelques

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BES PAYS-BAS. LIV. I. 47 quelques calomnies, amp;nbsp;donner affeurance à Mef-ficursduMagiftratdeleur atFe6tióamp;volonté, pre-fènterent àMonfeigneurle Bourgmaiftre Verncy-en, y afsiftant lePenfionairc VVefenbeke, les pro-politions amp;nbsp;articles cnfuiuans.

AießtcHrs les 'Sotirgm,iißrts,Efcheuins, Con-Jeildelaviüeet^nMers,

MEfsieurs nous pniteftôs en vérité comme de-uantDieii.quece quia efté fait quant à fa-bolition des Images,a cfté fans noftre (ceu amp;nbsp;adueu.

Quant aux larretins,pillages, yurongneries amp;nbsp;autres difl'olutions Si infolences qui font enfuyuies, nouslesblafmons amp;nbsp;deteftons. Etpourtant les Mi-niftres de la parolle exhorterôt, comme ils ont défia fait, les auditeurs etaleurs prédications, qu’on s’en abftienne entièrement, amp;nbsp;qu’on rapporte en vos mains ce qui a efté pillé amp;nbsp;defrobbé.

Ceux de noftre Eglife font prefts de rendre toute obeifl’ance à vo2 Seigneuries pour s’oppofer fous voftre commandement à tous faccagemens,violen-ces,voleries,amp; autres infolences.

Nous vous reconnoiftbns eftre eftablis par le Seigneur en office deMagiftrat.* Et pourtant fom-mes obligez de vous obéir, non foulement pour crainte d’eftre punis; mais aufsi pour la confcicce.Et par confequent deuons amp;nbsp;voulons fidelemét payer taillesjgabellesjimpofts, fubfides, difmes, amp;nbsp;autres charges qui nous feront impofees,ordinaires amp;nbsp;ex-traordinaires.Confeflaiis que ceux qui rcfufèrôt,ou feront fraude en ceft endroit, offenferont Dieu, 5c feront puiaiffables par vos Seigneuries.

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1^8 Histoire des trovbles

Pour plus grande aflcurance de ce que deffus, les Miniftresde la Parol]eamp;autres, commis à la con-duitede l’cglilc.font prefts,s’ileft beloin,dc faire fer» ment en vos mains de vous eftre fideles amp;nbsp;obeifl'ans entoures choies lè'lon Dieu amp;là Parolle, pour la conferuation, bien amp;vtilité des bourgeois amp;habi-tans,amp;de la ville.

Supplians que fous voftre autorité amp;nbsp;proteéfion puifsionsnous affembler en quelques Temples propres amp;nbsp;capables pour l’exercice de noftrc Religion, amp;nbsp;ne prendi'c de mauuaife part, fi nous nous lèruons de quelques vns.lèlon la necelsité prelënte,en attendant qu’y ayez pourueu.

Cependant nous ne prétendons de forcer aucun en là confcience, ou contraindre à noftre Religion, nous contentansamp;louans Dieu d’auoir moyen de le feruir lëlon la noftre,eftimans que vos Seigneuries pouruoiront a ce que les vns amp;nbsp;les autres ayent matière de contentement.

J Q^’ilvousplailè faire ordonnance qu’on n’ait à iniuricr ni outrager l’vn rautre,pour le fait de la Religion.

Pi efèntéau nom des Miniftres de la parole,amp; aun es Commis à la conduite des Eglilcs, tant Flamcngueque Ftançoi(è,le 13, d’Aouft. I 3 6 fi.

Le Pcnfionaire.au nom duditScigneurBourgmai-flrc,rcfpondit qu’ils coinmuniqueroientees Propo-fitions au College. Et que ce pendant ils aduertif-foienteeux delà Religion, de la part de Mefsicurs,dc s’abftcnirdc deux Temples, du grand, appelle Noftre dame,amp; de S. George. Le foir ledit Penfionairc fignifia que l’intention de Mefsieurs eftoit qu’on s’abftinft.

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s’abftinft encore de deux autres Temples,S. Michel amp;nbsp;S. laques, comme appert par lebilletfignéde fa main,dontla teneur s’enfuit.

Meßieurs, apresauoir fait rapport de la bonne volonté monftrce fur ce qui vous a efté propofé, cn-femble de l’eferit ce foir exhibé, comme iefuz contraint incontinêt me partir pour la caufe que feauez. Ceux du Magiftrat pour certains relpecls amp;nbsp;prai-gnantes auertances depuis furuenues, m’ont commandé que outre les Temples de Noftre-dame amp;S. George ce jour denômez,on fe veuille pareillement, pour le prefent.abftenir de deux autres, alTauoir de S. laques amp;nbsp;S. Michel. Laquelle obeiflance fera au Magiftrat trefaggreable, amp;nbsp;monftrera voftre bon vouloir. A tant me recommandant, feray fin. En trefgrandehafte,cei}.d’Aouft i ’f66.

Le tout voßre laques de fVeßnbeke^ Tenßonaired’ Attutrs.

De cefte defenlède n’occuper ces quatre temples fpecifiez, ayant ceux de la Religion conceu opinion que le Magiftrat endureroitpour le moins par con-niuence, qu’ils le feniiftent des autres.Parquoy ceuk delalangueFlamcngueprefcherentlc Samedi matin 24.d’Aouft al’Eglife du Bourg, amp;nbsp;les VValôs auoy-entintention deprefeher auxlacopins.

Mais ce mcfme matin eftans venuz deux Gentilshommes de la part de Monfieur le Prince, remon-ftrerent qu’il fe failloit entièrement abftenir des tem-^ pies, amp;nbsp;que Mefsieurs du Magiftrat endureroyent qu’on feit les aflemblees en la nouuelle ville. Et à ces fins deputerent vn des Efeheuins pour aller ordÔner aux gardes de laiflér pafler paifiblement le peuple al-

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JO Histoire destrovbles lantàla Predication audit lieu. Mais d’autant que les Flamens eftoient défia en grande partie aflem-blez efdits Temples, fut trouué meilleur de les laifi-fer pourfuiurepour ce malin,à condition de faire la Predication d’apres midy en la nouuelle villcjCom-meles Walons.Lefquels n’efians encore entrés de-dens leslacopins (car ils tcnoientla porte fermée) quand ladefenfed’y entrer vint, s’aflemblérentdes le matin en la nouuelle ville, fous l’autorité amp;nbsp;per» milsion du Magiftrat.

Or en ce temps la y auoit grand trouble àAn-uers,tan t pour le brifement des Image s, comme au regard des predications publiques quife faifoient lors en lieu de Méfiés; de forte que quafi toute la ville efioit continuellement au guet.amp; les portes de la ville amp;nbsp;les boutiques fermées. O^fut cauleque Monfieur le Prince d’Orenges (qui efioit, comme dit efi,allé à Bruxelles)retourna en diligence à An-uers le id.d’Aoufi, auec charge de Gouuerneur de parfa Majcfté.pour pacifier les troubles.

Pour à quoy paruenir,feit requérir par deux Gé-tils-hommes les deux Egtiles Flamengue amp;nbsp;'VValô-ne,de députer chacune quatre perfonnages qui en-tendroyent amp;nbsp;communiqueroient aiiecfon Excellence des moiens pour appailer amp;nbsp;afieurerlc peuple de l’vne amp;nbsp;l’autre Religion.

A cefie charge furent choifisamp; députés du cofié des Flamens.- Marcus Periz, Charles de Bom'ber-gue.Herman vader Meere,amp; CornilIedeBomber-guezEt des'VValons,FrançoisGodin, lanCarlier, Nicolas du 'V'iuier,amp; NicolasSellin.

Lelquels huit députez onteftéapprouuez 8c auto-

rifez

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bv PÀŸS-BÀS. Llü.i. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;$I

rifezencefte charge par Monfeigneur Ie Prince Ie 18. d’Aouft, amp;Mefsieursdu MagiftratIe dernier dudit mois par leursAéles dônez à ces fins.Or pour lâpremiere conferéce.fon Ex', propofaaufditsDe-putez I ).articles qui s’enfuiuêt, auec les refponles à chacu d’iceux.prcièntees parlefd. Députez,au nom des deux Eglifes,amp; les Apoftilles de fon Excellence à chacune d’icellesi

ty[io»fitg»ear,ty^onßeur le Trince d'Orange.

Monfeigneur,d’autant qu’en l’abfence de voftre Excellence, nous pourrions auoirvngfien Lieute-nât,qui ne feroit doué de telleprudéce, droiture,amp; affediô au biéamp;repos de ccfte ville, comme icelle^ nous Tommescôtraints pournofire pluigiadeafleu race à l’aduenirjd’efclarcir plus particulicremêt quel quespoints ànous propolez, quen’eftimeriôseftre befoin finouseftiôs adeurezd’aiioir toujours àtrait terauec voftre Excellence,pour la grande confiance que nous allons en icelle*

Le premier or Jtcond articles.

I De point empefeher les Papiftes de pouuoir ré»-tourner en leurs Eglifes, amp;nbsp;y f aire tel exercice de leur Religion,comme ils trouueront conueriir.

1 Qii’ilsne pourrôt prefeheren aucune Eglife,mais feulement en la nouuelle ville,es places qui leur feront defignees. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Refponje,

Combien que les téplesfovent communs àtoutc lâBourgeoific,amp; no particuliers aux Papiftes,toutef fois nous promettôs ne predreny occuper par force ne violence aucun d’iceux, ne troubler ny empefeher lesPapiftes en l’exercice deleur Religio. Sup-plians neatmoins voftre Ex',nous afsigner quelque

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52 Histoire destrovbles

gt; temple d’iceux, pour l’exercice de la noftre.-ayant efquot; gard à la multitude, amp;au droit que nousyauons, comme Bourgeois, lequel nous ne pouuons auoir perdu pour auoir embrafle la doârine de l’Euangile.

Le troißtme article.

Nous prions que le nömbre des Miniftres foit felon la multitude du peuple, amp;nbsp;que pour la neeeßite prefente nous en foit ottroyé pour le moins huyt {»ourrEglilèFlamengue, amp;nbsp;trois pour l’Eglife VVa-onne. Au refte nous accordons que les Miniftres de la parole foient natifs du pais,fubjets de noftre Roy, ou receux Bourgeois en quelque bonne ville de par-deça. Supplians toutesfois que tant amp;nbsp;fi longuement qu’il fera permis à quelques autres d’en auoir d’autres,nous aulsi iouiffons de la mefme liberté.

Le quatrième article.

Refponje.

Quant au premier point, nous croyons que fon Excellence n’entend poind qu’il ne foit libre à vn chacun de porter elpee amp;nbsp;dague, amp;nbsp;qu’il ne baillera plus ample liberté aux autres que dcldittes elpee amp;nbsp;dague. Et quant au lècond poind, qui eft de depo-fer toutes armes défendues entre les mains de Monfieur le Prince, Ibu scorredion, femble qu’vne telle propofition concernante les Priuileges de la ville, doit eftre faite en general à tous bourgeois amp;nbsp;manans de cefte ville.

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Lecin^juieme.

f Qu’ils exhiberont vn Catologue de tous Ceux de leur Eglifc,amp; que Monfieur le Prince les feroit venir vers luy,pour fçauoir d’eux s’ils auoient ledit Catalogue.

Re/poȧ.

D’autant que la liberté dont nous iouiflbns pre-fentement n’eft point confirmee parle Roy amp;nbsp;les E-ftats generaux,amp; que pourtant plufieurs ieront difficulté de bailler leur nom par cfcrit, ioint aufsi qu’il feroit fort difficile d’en faire le Catalogue, ainfi que fon Excellence defire, ' pour la grande multitude du peuplemous la fupplions ne vouloir prendre de maie-part, finelàtisfaifonsencecy audefirdc fon Ex- * cellence; mais pour eftre aucunement informé du nombre,fupplions fon Excellêce députer des Com-milfaires pour voir les alTemblees.

Ltfixième.

6 D’obeir au Magiftrat,amp; entendreàla conferua-tion delà Republique,(clon qu’il fera ordonné.

Refponfe.

Accordé,fauf lesPriuileges, amp;làns prejudice de l’exercice de la Religion qui nous eft permis.

Lefiptiéme.

Que lel Miniftres qui prefeherôt quelques cho-fes^editieufes contre le Magiftrat, ou autres, foront chaflez amp;nbsp;bannis hors de la ville.

Re/ponfe.

Accordé, moiennant que les reprehenfions delà faulfe dolt;ftrine,amp; abuz des ceremonies, amp;nbsp;des corruptions des mœurs,ne foient point tenus pour propos fcditieux,amp; que ce qui fera allcgué,foit deuemét

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Î4 HISTOIRE DES TROVBLES vérifié par pcrfonncs dignes de foy, amp;nbsp;nôfufpcâes, ôi que tous autres prefeheurs foiét fubjets à nicfinc loy. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;huitième,

pourront changer, augmenter, ne di' minuer ceux de leur Confifloire , fans le fccu de i Monfieur,ny prendrenouueaux Minillres.

Refponje,

Pour plus grande afleurance de fon Ex'.nousfup-plions qu’il luy plaifedéputer quelqu’vn du Magi- ; ftratou autre,failântprofcfiiô denoftrellt;eligiô,fur la fidelité duquel v.Ex'.fc pourra repofèr,lequel aP fiftera àl’eleéîion des Miniftres, Anciés amp;nbsp;Diacres, amp;nbsp;à tous affaires qui fç traitteront entre eux pour la conduitte amp;nbsp;reiglement de leur Eglifc, Le neuftème.

9 Quails ne pourront emjrefcher ne faire violen-r ce à autruy pour la diuerfitc de Religion, ains leur aider amp;nbsp;defendre, on leur vpuloit faire quelque outrage.

Reffenfe.

Accordé,moiennant que les autres promettent le xnefine en noftre endroit.

Le dixième.

io Qu’ils n’empefeheront la iuflice en choie quelconque, mefinemeuten l’execution de ces pilleurs d’eglilè.

Refponfe.

Accordé, bien entendu que les voyes legitimes ne leur foyent forclofes.

Le 'onz.téme.

.11 Qu’ils ne pourrôt chanter fur les rues en troupeaux,finô aux prelches amp;nbsp;exercices de leur religio.

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Reffonfe.

Accordé,qu’on ne chantera par troupes aux rues. I LedouT^éme.

iz Que mille figneront les points cy defTus. Refponfi.

D’autât que l’eftabliflemct refolu de noftre religio fè remet à la decifiô des Eftats generaux, nous efti-môs que plufieurs ferôt difficulté de figner, fi tou^-teffois les autres font prefts de faire le lemblable, nous elperons faire le mefme de noftre cofté.

Le treiz,ieme.

Refponfi.

Accordé,bien entendu que fi quelque chofe s’or-donnoit contre noftre conftience amp;nbsp;exercice de noftre Religion.ilnous (bit donné termecompetét pour nous retirer, amp;nbsp;noz biens, ou bon nous fern» blera (ans aucun empefehement.

Le^Hatorz,ie'me.

Que les autres lignent femblables articles comme diteft, amp;^]ue fon Excellence, amp;nbsp;Mefsieurs du Magiftrat prennent les vnsamp;les autres en leur fau-uegarde amp;nbsp;protclt;ftion,amp; ce par ferment amp;nbsp;publication parles Carrefours de la ville. Le cjuinz-ième.

Accordé,fuiuant ce qui cft déclaré au y.article.

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^6 Histoire des trovbles

Or Mon{cigneur,puis qu’il a pieu à voftre Excellence nous demander les afleurances cy deflus efcrit-tesjamp; que comme loyaux fubjetsamp;: Bourgeois,defi-reux de la profperité,repos amp;nbsp;tranquillité du pais, amp;nbsp;nommcemcnt de celle viUe d’Anuers, y auons libéralement con(entyamp; conlèntons en la maniéré que deflus,mefmement veu ce que nous auons offert par nollre Rcquefte,fùpplions voftre Excellence fuppri-mer le bruit qui court delà leuee de gens de guerre pour la garde de celle ville, nepouuans juger de la-ditte leuee autre chofe que la ruine amp;nbsp;deftruclion manifefte d’icelle,comme deuant peu de jours a efté rcmonftréà voftre Excellence par toute la communauté d’Anuers,en general amp;nbsp;particulier, amp;nbsp;connoif-fonseuidemmentqu’encores les Bourgeois amp;nbsp;ma-nans continuent en leur opinion, amp;nbsp;que à caulè dudit bruit, plufieurs des cftrangers amp;nbsp;Bourgeois fc voudroient retirer de la ville.

Adueitiflh nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Monlcigncur,aprcsauoir couché cesrefponces

«ux'de'ia nbsp;nbsp;nbsp;cftrit,auons entendu l’ordonnance publiée delà

Religion part du Magiftrat par les Carrefours de celle ville, «formée, laquelle punit de mort ceux qui diront ou feront quelques iniures aux Preftres en leurs Eglifes amp;nbsp;ailleurs, fans faire aucune mention de noftre reciproque aflcurance,en quoy nous nous trouuôs greuez, veu que cela mefme cftoit contenu au premier article des propofitions qu’il a pieu a voftre Excellence nous faire,à laquelle nous eftions prefts de fatisfàire, comme appert maintenant. Or d’autant que le peuple en eft grandement troublé amp;nbsp;efmcu,nousfemble qu’il n-y a autre moyen d’y pourueoir, qu’en faifànt publierincontinentfemblable defenlèamp; afleurance pour

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pour noftre cofté; Ce que nous fupplions treshum-blementvoftre Excellence de faire,pour euiter tous inconueniens.

j^foflillesde Monßeurle Prince, ï Son Excellence accepte la promeffe en ccft endroit faite parles Remonftrans.

1 On ne peut piefentemcnt plus auant accommo-dcrauxfupplians,pourplulîeursrefpeâs, aufquels il faut nccefiàirement auoir efgard, mais on leur dtfi-gnera amp;nbsp;preftera incontinét trois lieux à la nouuelle ville Icfqucls ils pourront facilement approprier amp;nbsp;accommoder pour l’exercice de leurs prefches amp;nbsp;Rc ligion, iniques à tantqueparlarefolutiondcfaMa-jeftéauec l’aduis des Eftats generaux on fçaura felon quoy le reigler.

% Onleurpallera qu’ils ayent trois prefches à la fois,deux en Thioys amp;nbsp;vnen François, à laquelle fin ils pourront tenir trois prefcheurs enfemble. A l’af-fiftencé defquels il pourront s’ayder d’autres trois, pour en faute ou maladie des autres Prefcheurs, leur féconder Afcruir es autres minifteres amp;nbsp;occurren-ces,fauf que nul nefoit eftranger:amp;en outre pourront auoir les autres officiers de leur Confiftoire.

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5? Histoire des trovbees

lo Son Excellence accepte aufsi amp;nbsp;accorde la re-fponft de ceftuy article.

11 Pareillement accepte l’accord donné fiir le prefent article.

I a Son Excellence trouue eftre requis amp;nbsp;conue-nir que les Miniftres, Anciens,Diacres, Officiers amp;nbsp;autres des Côfiftoires.enfemble quelque bon nombre des plus qualifiez de la Religion de ces fupplians,fignent,accordent amp;nbsp;promettent de faire entretenir amp;effclt;ftuer les prelèrites Apoftilles, auec les •nrticles amp;nbsp;offres en c’eft eferit accordées.* amp;nbsp;ne fera fon Excellence difficulté d’aufsi les foubfigner auec vn Greffier de la ville,au nom du Magiftrat, lequel

comme

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comme ait à commanderen general amp;nbsp;tenir en office à tous les inhabitans de celle ville; fèruira beaucoup pour la tuition, afl'eurance amp;nbsp;repos de ces fiip-plians amp;nbsp;leurs aflemblecsjauec fêuretéque pour telle leur fignature,nul des fupplians ne fera par cy a-pres noté,recerchc,ne moltfté.

IJ L’accord donnéfurccftuy article accepte Ibn Excellence, amp;nbsp;ne fait difficulté quelesfiippliansnc iouilTent, Iccas aduenanti de la liberté par euxad-ioutee.

Et touchant les autres points de la refponfe des Supplians, fon Excellence a répliqué comme s’enfuit.

I La prefente leuée ne fe fait pour empelcher quel • qu’vn en l’exercice de fa Religion, mais au contraire,pour afl'eurance amp;nbsp;repos tant des Supplians, que de tous autres, de tant plus qu’ils feront tous Bourgeois, amp;iureront de ne rien faire contre les Priui-IcgeSjUe contre aucunes des Religions,ains les egalement defendre contre toutes violences,comme ils pourront plusamplemétvcoir parles articulations d’iceux dontfon ÈxS ne refufera vn double, lef-quelsaufsi ne feront pour trauailler les inhabitans, ny empefcherleur hantifê,ainspourprefèruer celle ville de tous troubles amp;nbsp;inconueniens, amp;nbsp;affeurer le

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60 Histoire des trovbles marchant amp;nbsp;faire r’adrefler amp;nbsp;remettre, l’accouttu-me train de la traficquc.

2 A ce eft pourueu par la publication défia faite. Le tout s’accordant par maniéré de conniuence, amp;nbsp;par prouifion, iufques à ce que par là Majefié auec l’aduis de lès Eftats generaux autrement fera ordonné, laquelle refolution chacun fera tenu d’enfuiure. Leur ordonnant fon Excellence; que de tous les points le face incontinent inthimation , à ceux de leurReligion, amp;nbsp;commandement de ferenger amp;nbsp;contenir félon ce que defl'us. Fait en Anuers le 50. d’Aouft. I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;»

De cesPropofitions,R.efponces amp;nbsp;Apoftilles, les Députezrecueillerentcertainsarticles, pour lèruir de refolution, lefquels Ibn Excellence ayant receux, fit drclTer en la forme qui s’enfuit.

j4rticks accordez. ßgnez..

Aitieies Afin quc tous troubles amp;nbsp;difeords aduenus en misenfor- celle villeà caulè delà Religion,celTentamp;demeurét empcfchtz,amp; que tous les Bourgeois amp;nbsp;manas puif-fentd’orelènauatviurcenfcmble en toute modeftie, paix,amour amp;nbsp;amitié,amp; la negociatiô quant Sc quant eftreremilèen Ibn viel train,amp; que cefte ville puilTe eftre defendue de tous vlterieurs inconueniens: Si cil il que apres diuerfes communications amp;nbsp;deliberationslur ce eues amp;tenues, amp;diüerspoinds Star-tides propolêz d’vn amp;nbsp;d’autre collé, Monfieur le Prince d’Orenges,Vicontc de celle ville, amp;nbsp;commis Gouuerneurau nom défi Ma.amp; Monfieur l’Efcou-tete, Bourgmaiflrcs, Efeheuins de celle ville d’An-uersjont à ccuxde la nouuelle Religion.par maniéré de conniuence amp;nbsp;prouifion,amp; iufques à tant que par

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DV PAYS-BAS. LIU. I. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;61

faMa.auecl’aduisdes Eftats generaux de ces Pais-bas autrement en pourra çftrc ordonné, accordé, amp;nbsp;permis les points amp;nbsp;articles cy apres efcrits; lefquels ceux de la Religion ont aufsi promis, amp;nbsp;dcuront entretenir amp;enfuiuir.

I Premièrement: Qu’ils ne pourront empefeher ny troubler les feruices, fermons,amp;autrescxcrcices des Ecclefiaftiques, ny de ceux de la vielle Catholi-qucReligion, ny faire empefeher, troubler ou endommager par eux ny par autres, en maniéré quelconque,

Z Item, qu’ils ne pourront occuper nyaußi tenir leurs prefehes ou autres exercices de leur Religion en aucuns T épies, Monafteres ouautres places con-facrces, mais tant feulement en aucunes des trois places cy deflbus nommees;à fcauoir,En la Rame de Paul van Gamer derriere le monftre, fur le marché des cheuaux: En la Rame de Monfieur de Liekerc-ke au VVapper,amp;au jardin ou on blanchit des linges aux prairies de l’hofpital, pres le jardift des Ar-chiersamp; Arbaleftriers.- Bien entendu que s’ils ne pouuoient obtenirquelqu’vnedefdites places, que alors par conlèntemêt de fon Excellence,au lieu d’icelles pourront vfer de quelques autres places d’al-lèz (emblable grandeur amp;nbsp;fituation, amp;nbsp;entre tant v-férenlanouuellevilledes places aufquelles ils ont par cy deuant tenu leurs prelches.

3 Aufquelles places ils pourront tous en vn temps PrefcherleDimcnche, amp;nbsp;les jours des feftes, mais point auxautresjours,finonau Mercredi, quandil n’yaurajourdefefteàlafepmainc. Et pourront a-uoir pour chacune Prefehe vn Miniftre, amp;nbsp;ioint d’i-

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Histoire des trovbles

celluy encore vn autre, pour en temps de maladie, ablence amp;nbsp;empefehemeni, garder la place des autres,amp; leur afsifter.

J Qu’ils ne pourront en leurs prefehes amp;nbsp;aflem-blces, ny en allant ny en reucnant.auoir ny porter quelques harquebuzes.piftolles, hallebardes ou autres armes défendues, bien entendu qu’on ne fera nul empefehement à ceux qui tant feulement porteront efpeeou poignart.

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eflire quelques Minières, Anciens, ou Diacres de leurs Églifes, ou qu’ils traitterôt enfcmble de quelque autre caufe touchant leur Religion, afin qu’il puiflê toujours à fon £x5.amp; au Magiftrat,faire fidele rapport.

9 Item, queles vos ne pourront le mocquer des autres,ny les empefclrer,endommager,ny outrager en maniéré quelconque pour la diuerfité de la Religion, mais feront tenus d’aider amp;nbsp;fecourir l’vn l’au-tre,cn cas que outrage ou iniure leur foitfaiôte.

IO Item,que perlbnne qui ce foit.amp; fut il de cefte oude l’autre Religion, ne pourra empefeher la iu-ftice enl'apprehenfion, punition amp;nbsp;execution des pilleurs des Eglifes, ny des malfaiteurs, ny en autres caufes quelconques, fauf que les malfaiteurs feront traitez par luftice.

Il Ité,qu’on ne pourra chanter fur les rues ouïes gens feront allemblez,ou fe pourront aflembler.

t» Il Item, que fonExcellence amp;nbsp;le Magiftrat de cefte ville prendront amp;nbsp;tiendront en leur prôteti-

. on,non feultmentceux de cefte Religion,mais auf-fi généralement tous les inhabitans de cefte ville,vi-uans en obciflance.paixamp; concorde politique, fanS' prendre regard s’ils foient delà vielle Catholique, ou de cefte Religion.

Tous lefquels points amp;nbsp;articles.les M iniftres amp;nbsp;Predicans de leur Religion deurôt en leurs prefehes remonftrer au peuple,amp; les admonefter en diligêcc qu’ilsfè reiglentamp;gouuernentfelon iceux.

Item.que tous les points cy deftuz mentionnez, feront inuiolablement tenus amp;obferucz par maniéré de prouifion, iufquesàceque par fa Ma, auec

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64 Histoire des trovbles l’aduis de fes Eftats generaux de ce Pais,autrement en fera ordonné,à laquelle ordonnance, ceux de la Religion de là en auantdeuront eftre fubjets, amp;nbsp;des à ceft’ heure promettre la luyure amp;nbsp;entretenir.* bien entendu.que fi en icelle fera ftatuee quelque chofe contraire^àleur confcience ou Religio, qu’en ce cas leur fera accordé temps propice amp;nbsp;idoine, pour ßns empefchement amp;nbsp;librement auec leurs biens le pouuoir retirer hors de ce Pais, ou il leur plaira.

Item,que les Predicans, Miniftres, Anciens amp;nbsp;Diacres, amp;nbsp;autres feruiteurs de leurs Eglifes, auec bon nombre des mieux qualifiez de leur Religion accorderont ces articles, amp;nbsp;promettront les entretenir amp;nbsp;faire entretenir félon leur pouuoir,amp; figne-rontaufsiàplusgrandeaffeurance de ce leprefent aéie. Si eft il qu’ils ne feront à caufe de cefte figna-ture à l’aduenirnotez, moleftez ne recerchez. Et fôn Excellence auec vn Greffier au nom du Magi- -ftrat de cefte ville,foubfigneront aufsi à leur feureté le prefent aâe, duquel deux feront expédiez, l’vn pour fon Excellence amp;nbsp;le Magiftrat, amp;nbsp;l’autre pour ceux de la Religion.

En tefmoin de ce, eft le prefent aéle conclu amp;nbsp;foubfignécomme deflùs, le deuxiefme de Septembre,l’An. I ^66.Et fubfigné par Guillaume de IVajfin, amp;nbsp;Mandato Dominorum

Or combien qu’il y euft deux ou trois points eC quels lefdits députez eulfent defiré changement,ou pour le moins quelque efclarciffement, touteft'ois eftans fatifiàits de la declaration verbale faite par fon

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foil Excellence, fut ceft accord figné par les Mini-ftresamp; autres commis à la conduite del’tglifê, auec bon nombre des plus qualifieZj amp;nbsp;autres, membres d’icelle.

Le premier jour de laditte conference amp;nbsp;communication auecIon Excellence, lefdits Députez ayans entendu les calomnies dont on ebargeoit de plus en plus ceux de la Religion, amp;nbsp;que Mclsicurs duMagiftratmonftroient de les croire; premièrement que le peuple ait cfté excité amp;nbsp;poulie par les prelches à abbatre les idoles,comme ayant ellé, en-feigne qu’on doit öfter toutes idoles,non lèulement du cœur,mais des yeux,amp; nonlèulementbrilcr,mais réduire en cendres, pour à iamais eftamdre la mémoire. D’auantage que lefdits fiipplians eullènt fa-larié aucunesgens pour abljiatreles images.

Item, que les Minifttesauoycntcnlcigne qu’on n’euft plus à payer les afsilès,ou pour le moins point iî grollcs comme on a lait par ey deuant. Item,qu’ils auoyent conclu de fc vouloir failjr.de la maitbn de la ville, changer le Magiftrat, Sc chafler de la ville tous ceux qui nelèroientdclcurRcligionZttemqd’ilsfc -..f., feroient vantez qu’ilznc péVmettront 'aucunement .m;t l’exercice de la Religion Romaine en ceftè ville; êc autres lèmblables menfonges; ils lurent contratrts pour eux en pur geramp; iuftiber, de prelcntèr vne Re-monftrancetant àlbn Ex=.que au Magiftrat amp;nbsp;Com leil de la ville d’Anuers : laquelle contenoit outre laditte iuftification, ottroy d’aucuns Têples baftis de-dens laditte ville, en telle grandeur amp;nbsp;nombre qu’il fera trouué necelTaire pour la grande multitude amp;nbsp;nombre du peuple. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•

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66 Histoire des trovbles

• 1 D’auantage ont lefdits fjppüans de la Religion priéd’auoir à leur prefcntce Recjiefte bonne Re-iponle, Scdetoutaéte, auet le double d’icclle, 8c quanti quantottroyde pouuoirletout faire imprimer,pour le bicn,vnion amp;nbsp;repos de la ville d’An-uers. ;gt; uji

Or ne fut donné aucune rcfponlcfurleur Reque-fte,prctcndans Mefiieurs que par les articles, qui e-•ftoientprefts d’cHreconcluz.leroit à toutlbuffilàm-,ment pourucu. Et fur le piunt de renterrement des morts, leur fut dit qu’ils les pourroient enterrer aux Cymetieres publiques delà ville. • : r

Futaufsi en ce temps là publiée l’abolition de l’In-quilition d’Efpaigne,amp;des placcars,enla forme qui s’enfuit.

Mandement amp;nbsp;publication faite par SireChettalter Seigneur de'Boudne, Ejcoiitete,'BourgmatßreiiEjchifiius,(lt;f Conjeddela •vtUett^nuerale dernier tour d'i5(î(S'.

Ondeclaire 8i fait fçauoir à vn chafeunde la de riDqul. nbsp;nbsp;nbsp;de Monlieur le Prince d'Oreuges comme Gou-

fitioo 6c ucmeuramp;Chefcn ceftç ville d’Anuers.àce commis riatui». p3,,p3 Ji/Ia.amp; aufsidep.irlesSeigneursamp;la ville.'qne laMa.denoftrctrcfclementSirc IcRoy, fuyuant ß débonnaireté naturelle, ayanteuefgard amp;conGdc-ration au repos, bien amp;nbsp;profpcrité deles hereditai-ics Pais-bas ; a accordé, declairé confènti expref-fèn'ent,que les inhabitans 8c Bourgeois de cefte ville,amp; detoutle Pais,lêront amp;nbsp;demeureront à tout ia-mais deliurez,quitez,déchargez, 8i fans eftre trauail-lez

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lez ny moleftez de l'Inquifition, de laquelle depuis peu de mois en ça on a tant parlé amp;nbsp;murmuré par touscefdits Pais-bas.- Et qu’ils leronten outre amp;nbsp;demeureront francz, libres amp;nbsp;déchargez de toutes les Ordonnances amp;nbsp;Placcars faits furie fait des herefies, amp;nbsp;contrauentions touchant la Religion, qui par cy deuant ont aucunement efté faits amp;nbsp;publiez; Et ce pourletempsamp;iufquesàce que par nouueaux amp;nbsp;generauxPlaccars (qui pourronteftre ordonnez amp;nbsp;faits par fa Ma. aucc l’aduis des Eflats generaux de celditsPais furie fait de la Religion)y foit en general autrement pourueu amp;nbsp;ordonné; félon lefquels des lors en auant vn chafeun fe deura conduire 8i, reigler, amp;nbsp;furquoy chafeun fe peutrepofer amp;nbsp;.af-. feurer.

Et à fin de donnerplus grande aflcurance amp;nbsp;repos à ceux de VvueSc l’autre Religiofi, fut publié vng autre Edicl,par lequel Mefsieurs du Magiftratipré-nent les vns amp;nbsp;les autres fous leur lauuegardc amp;nbsp;pro-teótion,auec defenfe de ne s’eiitre iniurier ny outra -ger l’un l’autre, comme appert par la teneur d’iceluy icy inféré. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j

Mandement amp;nbsp;Publication faite deuant la. maifba de la ville, par le Seigneur Dtenck^ vaitder tJM.eerert,JoMS-El'cougt;ete, Iiourgmai[{res, Efcheuinti. elr ConÇeildela Ville d'Anuers, le troixiéme tour rit ' Septembre,l'An,i ^66, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’ q

Afin qu’il foit obuié à tous troubles amp;nbsp;diuifions E Z

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Histoire destrovbles

en cefte ville,jointaußi que la,trafique amp;nbsp;negotiation puiflc eftre reftituee à Ton train , amp;nbsp;que vn cliaf-cun fiche que d’icy ch auant il pourra afleureement fins aucun fcrupule ou crainte d’empefchement ou dcftourbier, en toute paix exercer fa négociation, amp;nbsp;quant amp;nbsp;quant l’exercice de fa Religion.- Ion fiit fçauoiramp;commandede la part de Monfeigneur le Prince d’Orenges amp;c» commis Gouuerneur au nom défi Ma. lèmblablementdc la part de Melsieurs de la ville.

Premieremennt,quc nul qui ce foit,n’entreprenne ou s’aduance d’empefeherou troubler le lcruice desEglifes, Monaftercs, amp;nbsp;de la vieille Catholique Religion,ny pour icelle meiFaireou iniurier aucun, de parolle ou de fiit, en maniéré quelconque, fur peine de corps amp;nbsp;biens,ou autrement d’eftre chaftié arbitrairement filon Texigence du fiit, pour donner exemple aux autres. ’

Item,que pareillement nul de quelque condition qn’iHoit,ne pourra empefeher ny troubler l’exercice de l’autre Religion permifi à prefint par prouifi-on, ny pour icelle mefFaire ou iniurier perlbneaucu-nement, de parole, ny de fait, fur pareille peine amp;nbsp;chaftiement.

Declarant en outre, quefon Excellence amp;nbsp;la ville prenhent amp;nbsp;tiennent en leur proteftion amp;nbsp;fauue-garde tous les inhabitans amp;nbsp;manans de laditte ville generalement, fins auoir regard s’ils font de la vieille Catholique re!igion,ou de l’autre,laquelle eft par preuifion comme defliis.pcrmifi , amp;nbsp;dont, on a défiatraitté^'accordé. A condition toutesfois que tous viuront en paix amp;nbsp;repos amp;nbsp;obeiflance du Magi-ftrat

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ftrat en toutes choies politiques, fins qu'on pourra charger,recerchcr, ny niolefter aucun, foit ac l’une ou de rautreKeligion,poiirl’exercice d’icelle.

Enioignonsamp; commandons a vn chafeun des in-habitans , de quelque des lulditcs Religions qu’il foit, de tellement s’aequiteramp;fe conduire, que de tout Ion pouuoir il aydc,lccoure,amp; défende vn chacun, encore qu’il foit de Religion diuerfe, contre tous ceux qui luy voudroient faire violéce amp;nbsp;outra-ge.feionque pour le repos, bien publique, amp;a(lêu-rance des inliabitans eft requis. Suyuant quoy,ceux de lafufditte nouuelle Religion, ont promis de le reigler, amp;nbsp;le mefmc enfuyure, Si de tout leur pouuoir aider à l’efFedner; Et tout cecy par maniéré de prouifion, amp;nbsp;iniques à ce que par fi Ma. aüec aduis des Eftats generaux autrement en léra ordonné; fuyuant quoy delàcnauantchafcunlèratenude fe reigler.

^rticulatiom dont eßfaiSl mention en la fin det arti’-des accordez,,

A Rticulations pour les Bourgeois Si manans de cefte ville d’Anuers, lelquels Monlèigneur le Prince d’Oranges amp;c, Viconte de laditte ville, amp;c. Comme Colonnel amp;nbsp;Gouuerneur ordonné par fi Ma.en cefte ville,fiit entoiler au nom amp;dela part de laditte ville, amp;nbsp;les armes pour lafeureté amp;nbsp;garde d’icelle, amp;nbsp;pour décharger les Bourgeois amp;nbsp;manans, lef. ,uelsiufquesàceft’ heure, cftoient trop chargez pour le fait du guet.

I Premièrement,ils iureront amp;nbsp;promettront d’e-ftre bons amp;nbsp;loyaux à la Royale Ma. comme Duc de

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•J,o nbsp;nbsp;nbsp;Histoire des trovbles

Brabant amp;nbsp;Marquis du fainâ Empire amp;c. Aufsi à fon Excellence,comme Viconte de cefte ville, amp;de feruiràcefte ville bien amp;lovaument,dela garder amp;nbsp;conferuei auec toute diligenceamp; foing,autant qu’il leur fera pofsible; Pareillement la défendre amp;nbsp;con-fèrucr pour le fèruic c de la Ma. le bien amp;nbsp;repos publique,pour la Icuretédes Bourgeois, ir.archans amp;nbsp;manans deladitte ville : lèmblablement dcconcre-gai der qu’aucun outrage,pillage, faccagement, ny autre inconuenient n’aduienne.

y- 2 Item, qu’ils feront obciflàns à fon Excellen-ce.parcillement fon Lieutenât: Si aux Capitaines, Sergeads de bende,Dixeniers amp;nbsp;autres ayans charges, commis ou à commettre à cela par fon Excellence, en tout ce qu’on leurpropofera ou comman-_ dera pour l’aflèurance,repos Si profperité de laditte

ville.

5 Item, qu’en tout temps amp;nbsp;heures qu’il leur fera commandé, ils feront obligez de fe trouuer -bien equippez amp;nbsp;armez, auec leurs baftons ordinaires à telle porte, rue, ou place qu’il leur fera ordonné.

4 Item, quand le toefain , tabourin,ou alarme fbnncra, incontinent vn-chafeun fe deura trouuer en fon equipage auec lès armes, deflbus fonenfèi-gne, encorequ’il ne full alorsle temps de fon guet ordinaire, amp;nbsp;pour cela fautqu’vnchafcun ait toujours fes armes preftes amp;nbsp;à main.

, 5 Item, qu’ils feront tenus faire fèruice en propre perlbnne, fansaucuncmétpouuoirliibftituer quelque autre en leur lieu amp;nbsp;place.

6 Item, qu’ils ne pourront s’ablènter ou retirer

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tirer de leur guet ou place où ils font conftituez, qu’à heure ordinaire, oudu conlêntementde leur ■Capitaine.

Bien cntendu,qu’ils ne feront employez contre aucun pou rie fait de la Religion, ne aufsi pour cm-pefeher l’exercice d’aucune des Religions , icy encore pour quelque temps par prouifion tolerees: mais au contraire.en cas qu’aucûfàcaufe de la vieille Catholique ou autres Religions fufdittcs) futfait tortjcmpefchemcnt, affaut ou force,qu’ils feront tenus del’ayder, defendreSc prendre en proteéfion, en tantqueleur fera pofsiblc.

10 Item, qu’ilsfèronttenusfclaifTerordonner en telles places, amp;nbsp;tel nombre amp;nbsp;auec dem'es ou entières dixaines ou autrement plus ou moins,amp; pour tel temps,comme à chafeune fois leur fera commande amp;enioint.

Il Item, qu’ils feront tenus faire la montre toutes les fois qu’il leur fera commandé,fans y faire aucun refus.

Il A laquelle montre, nul d’eux ne pourra fair©

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•JI Histoire des trovbles

enroRêr autre nom queceluy qui luya cfté donne fur Jesgt;fons,ne aufsi mettre autres armes ne prendre ou rapporter autre bafton que lès propres, ou ceux dcfqucls durant le temps de fonferuice il lè voudra feruir. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;- '

iç Item.qu’ils ne feront aucune iniure, force ou menace.àaucun Bourgeois,marchant,nc inhabitant de la ville, tant Ecclefîaftique que autre.foit homme ne femmc,de quelqueRcligion quecefoit, aufsi ne leur porteront dommage en façon quelconque.

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lion de tous deliâs amp;nbsp;tranfgrelsions parcux com-mifcs au guct,amp; touchant leur fulclit feruice, là ou la vie n’en depend ou aucun membre, feront à la con-noilfance defon Excellence: amp;nbsp;les autres,'à là con-noiflancede l’Elcoutete, Bourgmaiftres amp;nbsp;Elchc-uins,fousle gouuernementdefquelsaufsiCen toutes autres chofes ne concernant le fulditlêruice) ils demeureront comme tous autres Bourgeois.

19 Outre,ils feront tenus en tout, bicn-amp; loyau-ments'acquiter comme il appartient à bons amp;nbsp;loy-auxfubjetsamp;Bourgeoisde cede ville, ainlî qu’ils font obligez défaire. Et pareillement außi entretenir toutes autres ordonnances,points amp;nbsp;articles, lef-quels on eft accoutumée d’entretenir entre gens de guerre.

10 Ne pourront außi rien faire ou attenter qui puilfe contrarier la ioyeule entree, anciennes cou-ftumes.Priuileges amp;nbsp;franchifes de celle ville, ou des Bourgeois amp;nbsp;manans d’icelle, mai s les ay der à défendre amp;nbsp;garder,tant qu’il leur fera polsible.

21 Et s’ils entendoient aucune chofe tendanteau preiudice du feruice de fa Majefté,ou le repos de la ville, feront tenus d’en aduertir^iheontinent leurs Capitaines, pour le dénoncer là ou il appartiendra. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

21 Le tout à peine amp;nbsp;chaftiement, tant de corps, biens,mcmbre,qu’àbanniirement ou autre correétio arbitraire ou pecuniaire, felon l’exigence amp;nbsp;merite du fait,amp; de fes circonftances.

2? Tous lefquels articles, vn chafeun dgt;cux quand on les enroUera fera tenu de iurer, amp;nbsp;rcalement promettre à Dieu tout puifiant,de les entretenir, amp;nbsp;n'y

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74 Histoire des trovblis contreuenir en maniéré quelconque, ne le rebeller à peine amp;nbsp;correéiion lùfàites.

Outrecela,le Lieutenant,Capitaines, Portenfei-gnes,Caporaux,Scrgeâs de bende amp;nbsp;Dixeniers.iu-rerontSe proinettrôt de faire tout leur deuoird’en-tretenir,tant qu’en eux fera, tous les Soldats amp;nbsp;Dizaines en bonne police, obeiflance amp;nbsp;modeftict amp;nbsp;feront effeduer ce que à chalcune lois leur fera commandé de faire auec leurs compaignonsamp; di-zaines.'fèmblablement decontregarder amp;nbsp;preuenir tout difcord,lêdition amp;nbsp;malueuillance, qui fe pour-roientleuer entre les Soldats amp;nbsp;Bourgeois: Et en cas qu’ils ne les pourroient appaifer, d’en aduertir incontinent fon Excellence,fon Lieutenant,ouleur Capitaine.pour y mettre remede.

eflott Joubfirit,

Par ordonnance de Ibn Excellence,

Tgt;e quot;Tenants,

Km mefme temps fevendoit publiquement vn pourtrait imprimé auquel furent les Placcars amp;nbsp;MandemensdelâMajeûé, auecl’Inquifition, attachez amp;nbsp;pendans à vn arc tendu; Les Proteftans ou ceux de la Religion les tafehoient auec cordes arracher amp;nbsp;tirer bas. Le Pape auec les Moines firent tour effort pour les tenir en eftat. Les Proteftans difoient, P«Mr7laccars Incjutßtion eajjir, tratMillont tous fans eeßer. Le Paperefpondoit: Par force rß'attßi confed ho» , Retenons les Placcars (ß tln-ejSiißtion.

T Otites ces chofes fufdittes fe font pafiees durant le

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îetfemps que Monfeigneur le Prince d’Orenges fut en Anuers, mais le brifèrrient amp;nbsp;alfaut des Images fut caufe qu’aux Proteftans fut plus concede des Catholiques que ne full leur premiere intention: car la crainte de la fureur du peuple, amp;nbsp;l’ayde des Seigneurs eili angers auoit fain leur cœur; aufsi fcauoiétilsquela KoyaleMajeftéeftoit troploing d’eux pour les afsifter, parquoy furent contraints, de fereigler felon l’exigence du temps, amp;nbsp;dcneccf-fité faire vertu, bien maugré eux amp;nbsp;à leur grand giet.

Ce pendant Madame la Gouugrnantc, par con-y feildesSed^tiêursdel’ordredjToifon, amp;autres, a taiegeme concede amp;nbsp;peinais aux Proteftans les prefehes bliques, aueepromefle d’euxordôner quelque lieu^jT^ hors la ville pour l’exercice de leur ReligionrOutre nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.

ce que l’Inquilition amp;: les Placcars rigoreux cefle- / roient amp;nbsp;d’orefenauant leroient abolis,de forte que perfonneneferoitplus recerebéne pourfuiui pour i-le fait de fa confcience: toutef ois à telle condition 1'. quelesGentils hommesconfederez, 8c netenansr) aucunepartie, feroientlèrmentdeprocurerquelc h peuple depoferoitamp;quiteroit les armes, amp;nbsp;qu’aux lt;nbsp;Eglifes ne feroit plus fait aucune outrage,amp; infolcn- ' ce, oucholëquifcroitaupreiudice des Ecclefiafti-ques ou Catholiques. Brefqu’àfi Ma.feroit prefté - nbsp;nbsp;nbsp;।

toute obeifTance. De ce futfaidt vn accord au moisi d’Aqufl de l’An i ^66. Outre c^Ta Goîiuernante a 1 • procuré qûêles plus qualifiez des Catholiques avét fi iuré Icfufdit, 8i confirmé par Mandemct de fa Ma-* jefté, qui fut en diuer s lieux publié.

Les Nobles pour fatisfaire à leur promeffe êt fer-

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~]6 Histoire des trovblf.s mcntjontefcriti’^ dedairéaux Confiftoires toutcc qui auoit eltc traitté; q lias au peuple de vouloir dc-pofer quiter les armes, amp;nbsp;fe porter comme bons amp;nbsp;obciflansfubjetsversleiir Piiucedoiuenitaire, ou gt;nbsp;autrement leur affaire fe porteroit mal. Le peuple lê . monftrantobeiflànt a volontairement quite amp;nbsp;de- • pofe les armes.

Ordurans ces troubles le Roy Philippe aduerti parfeslùboineurs amp;nbsp;dateurs dubrifement des inia-gcs,futmerucilleuïêment courroucé, amp;d’aduisde venircnperfonne ésPais-basà main forte, pour fe venger de la vilipenfionamp;contumelicfaicteàlàMa-jefté. Hais aiant conuoqué fon Confeil à Madrid, pour confulter fur l’appaifèment des troubles es Pais-bas,fut conclu que fa Majeftén’y viêdroitpas, amp;’quece feu fe deuoit eftaindre par force d’armes amp;nbsp;rigueur •• mais àeflire leChet de cefteexecution, furentles opinions diuerlcs. Car plufieurs eftoyent d’aduis, quele Prince d’E^aißneDon Charles filz vniqueamp;heritierdefaMajefte, fëroit ordonné le Chef.non feulement pour ce que de droit de nature il Iiiy appartenoit.mais aufsi pourla bonne atlcélion que les Catholiques du Pais-bas luy portoien t, comme efiant leur Prince naturel,amp; filz vnique du Roy leurSeigneur, auquel ils prefteroient plus d’obeiP fance Stamourqu’anulautre. Autres ne vouloyent charger ce icune Prince d’vn fi pelant fardeau amp;nbsp;cô-milsion de guerre, mais propoférent que le Duc de Duc d‘AI* Medina Ccli à ce feroit ordonné: amp;nbsp;les autres ordo-chtfde'î’at HCientle DUC d’Aluc,comme ai’.fsi finablemcnt fut nieede jcfolu. Le icuncPrincc aduerti de celle ref dution, fiandies. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;defpit.' Sc conccut à cefte caulè

vne

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vne haine amp;nbsp;cnuic fort grande contre Ie Duc d’Al-ue,amp; plulieurs autres Seigneurs; laquelle connue,a-uec la bonne affeóHon qu’il portoit aux Pais-bas, luy acaufela mort,comme cy apres plus amplemét (era declairé.

Oreependantquelespreparatios decefte guerre fe firent, la Majefteefcrit à Madame la Gouuer- Jj^*quot;“,,*** nanteamp;’autres prineipauxSeigneurs des Pais-bas, gouu«-lettres fort rigoreufes, exprellement fignifiant la douleur amp;nbsp;couroux qu’il auoit receu des infolences pairecs,auec commandemet expres de reftituerles Placcars en leur premiere vigueur amp;nbsp;cours accou-

, turne,amp; plufieurs autres chofes,comme s’enfuit.

Les Confederez pouuoyeut facilement confî-dereramp;colliger, àquoy tendoit celle preparation de guerre, courroux amp;nbsp;menaces de fa Majefté, principalement les Catholiques qui parleur inge-nieule prudence Sefubtihte deceuoientla Gouuer-nante , lefaignans de vouloir pluftoft demoùreP neutrals,ou tenir aucunement la partie de la Regéte feommeils diloient)pour lebié publicq, touteffois ils declairoient allez,qu’ils elloient fecrctement en-nemistantdel’Inquifition quedesEfpaignols; ne-antmoitisen elpoir d’obtenir la bonne affection amp;nbsp;Si moderation que la Regente donnoit à entendre de la part de fon fre re,afin que leurs entreprinfes ne fulTent retardées,le font ils difsimulez.Mais quand le bruit de l’aduancement de la guerre Efpaignolc fut entendu, non feulement des confederez, mais' aufsidcs Catholiques, chafeun d’eux a commencé à prouuoir en fes affaires; mefmes aucuns des Proteftans, ayansrefùfe amp;nbsp;renoncé ralsiftencedcs'

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^8 Histoire des trovbles Capitaines amp;foudarseftiangers, qui leurauoycnt offert, afin qu’ils fufl'ent prouueux deplus grande force,ont confirn.éleurconfcderation,amp;: faitlcuee degens, occupez aucun es villes, amp;nbsp;fait nulles aucunes pratiques des Romains amp;c. Or par ce que la fpoliation des Eglifes depleuft grandement aux Catuoliques, ilsfeirentgrandeleueede genf-dar-mes, pour ainlî le venger du brilêment des images, amp;nbsp;chaftierentplufieurs en aucuns lieux, fans contradiftion des autresProteftâs.-carla tierce partie descôfcderez nefrequêtoit aucunes afleniblecs; amp;nbsp;in erdifans les prefches.ontemprifonné tous ceux qui demeuroient conftans en l’exercice de la Religion , amp;nbsp;rebaptifoient les enfans , amp;nbsp;reefpou-fbient les perfonnes qui par les Miniftres elloy-ent baptiffz amp;nbsp;efpoufcz; puisceffans par les pref-ches, iis ont enchafle les Miniftres, amp;nbsp;fc font rendus fubjets à rinquifition amp;nbsp;anciennes Ordonnances. Parquoy plufieurs furent contraints de fe retirer en autre Pais, amp;nbsp;villes ou l’exercice de la Religiô eftoit libre.- Entre lefquclles Valenciene eftoit la mieux renommée.

Madame la Regente à cefte caulè a requis amp;nbsp;commandé à ceux de Valenciene, de rcceuoir garnifon .• aftauoir, cinq enfeignes de gens de pied, amp;nbsp;quatre compaignies de gens de cheual, lefquels Monfieur de Noircarmes, comme Lieutenant de Monfeigneur le Marquis de Bergues, Gouuerneur de Haynou euflé introduit. Mais ceux de Valenciene, les ont exprefl'ement refufé le 22. jour de Décembre du fufdit An, fè con-fians en la force de leur ville; amp;nbsp;l’afsiftence d’au

cuns

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ciinsFrançois,quieftoientà la ville.

Valcncieneeft la fécondé Chef-ville de Haynau, sUiutiSde afsife envn fcrril terroir, affez humide à caufe de valcciene. deuxriuieres qui,y confluent amp;nbsp;s’aflcmblent, afla-uoir la plus grande appellee L’efcaut, qui a fa (ource en Vermandoisauxmontaignes fituczàîEft,amp; de-ftendatpar Cambray amp;nbsp;Cambrcfi, prendfon cours par ValenciencciufquesàCondéjOu la Riuiere dite laHayne, dont tout le Pais obtient le nom, tombe en l’I.fcaut: laquellefêparant amp;nbsp;diftinguant Artois deHaynaudefccndparTournay en Flandres, iuf-ques àGand,ouc!le (èioint auecl.iLysquidefcend d’Artois, amp;nbsp;fe repartant en diuersendroitspaflè par Denremondciamp; Anuers,amp; finablement fedégorge en la mer Oceane. D’auantage eft Valencicne fort belle ville bien munie de ramparsamp;fofl’cz j mais la principale commodité qu’elle ait, eft qu’on peut, couurirla champaigned’caue, moiennant aucunes efelufesou cataraéfes à ce faittes, amp;nbsp;tmpefeher l’approche à la ville. Outre ce eft elle ville marchande, bien garnie.de toute forte de raarchandife.fèruante à la trafique dèsFrançoys,amp; ceux de ce Pais bas.

1 Madame la Kegen te entendant ce refus,elle a de Vakneieoe rechef commandé d’ouurir les portes, amp;nbsp;reccuoir 6“quot; garnifon parlettresy enuoiées,amp;yaaufiienuoyc le Duc d’Aerlcotamp;le Conte d’Egmontpour les per-fuader; mais comme ils ne pouuoienteffeébucr au-Gunemcntlcnrdcffcing.ceuxde Valenciene furent tenus, pour enhemis de fl Majefté, amp;enplufieurs lieux pour tels declaircz amp;nbsp;publiez, ce qui adonné crainte amp;nbsp;paour aux autres villes. Furent neantmoins l finablement par lefdits Seigneurs

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8o Histoire des tr'ovbles tellement perfuadez.qu’ils confentirent dereceuoit garnifo'n toutefibis contre leurs PriuiJcgesjraais afin . d’en eftrequitezfilsontaccordd quelque fomme de denierSjfous condition de certains articles. Néant-moins les Catholiques ne les ont acceptez, difans quec’efloithorsderaifon, qu’vn lùbjet preferiroit à fbn Seigneur desloix ou articles .• parquoy ils ont ; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• alsiegé la ville eftroittement,amp; fait leurs trcnchees,

J nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;amp;enuironnédegens de piedamp;decheual. LeSieur

de Noircarmes a occupé S. Amand, viJlette aflèz voifinedelà, amp;nbsp;leur ordonné Iclon ce qu’ils le doi-uentreigler.- puis eitvenu en Décembre de l’An I y66^auec tout le camp deuant Valencienes,LeS af-fiegez fe font pareillement préparez pourrefifter amp;nbsp;fe défendre des aflautsamp;inualions de Cati ohques, ils ont elcritaux villes confédérées, implorans leur ayde, mais principalement aux Gentils-hommes confederez,afin d’auoirleüi afsiftence, veùque par leur incitation,ils auoiententcrprins celle guerrea

LaNoblelTe ne s’eft aucunement méfié de cell affaire, maisaucûs du commun peuplefe font alTcm blez en la balTc Flandre,afin de leuér le camp, mais comme ils n’eftoientprouueus de chef bien c;ipcrt à la guerre, au lieu de marcher deuers l’ennemy, ils ont fait la guerre aux Preftres amp;nbsp;Eglifes,amp; ainfi pro-curéla perte de Valenciencs amp;nbsp;leur propre ruintJ Carellantle Gouucrneur de Douay amp;Orchies ad-( uerti de celle allémblee, il a enuoyé quelque gen** darmerîetantde pied que de cheual, pourdonner lurl’arriere garde. Cequ’ellant entendu par ceux' ; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;deTournay,lè font mis en armes,pour afsillcr ceux

de Valenciencs, amp;nbsp;faire leuer le fiege. ( Le Gouuer-

neur

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ncurdeDouay'atoutelanuictaffemblé fes gensamp; misen Campaigne, de forte que le matin à fix heures le fonttrouucz en armes trois cens harquebu-2iersamp; cent hommes àcheual, auecdefenfe de. ne combatte deuant la venue du Seigneur de Noircar- nbsp;nbsp;, ,

mes auec dix enlêignes de pied, amp;nbsp;cent hommes à » u-'s cheual: lefquelsarriuezontalfailli impetueufement ' amp;nbsp;foubitement la gendarmerie des Proteftans,amp; mis en route, de forte que la tierce partie d’iceux dcî défait«.

meura morte fur la place, amp;nbsp;la refte s’eft fauuéc: à force de courir dedens Tournay; L’ennemy les pourfuyuant, eft venu auec neuf enfeignes deuànt la ville, amp;nbsp;demandant l’entree,la ville luyfut rëdue, ou furent pendqzjacunsMiniftres, amp;nbsp;Icsplusap-parens ou qualiKz des Proteftans.

Noircarmesvoyantquela defaitte de leurs voi-finsn’efmeut aucunement ceux de Valencienes, amp;nbsp;qu’ils demcuroiententicrement obftinésamp; fermes en Icurpropos, s’eft retiré de Tournay vers YaleniECcarmon. ciencs.amp;auecceuxdeladitte ville elcarmouché,ou Noi'caV» fur le champ fons demöurez mort cent amp;nbsp;foixante de ceux de Valencienes.- parquby ledit Noircarmes jendene. amande tant deDouay amp;Tournay, qu’autres villes autant d’artillerie qu’eftoit pofsible: amp;nbsp;ayant fait fes trcnchees amp;nbsp;braqué l’artillerie a donné le Canon-fur Valenciene, de forte que ceux de laditte ville/ confiderans qu’ils cftoient abandonnez de la No-bleflé, lèfontaflcmblezen confeil.- amp;nbsp;apres aucuns' débats fur les lettrés de la Régenté, les Catholiques ont rendu la ville contre le gré des François amp;nbsp;plu-^j fieurs autres, lé iq.jourde Mars de l’An 1567. Ne- vaiendene antmoins ils furent fruftré de la promelfe à eux .L nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;F

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8i Histoire destrovbles

faitte; Car le Seigneur de Noircarmes tenät aucuns jours les portes ferrées,amp; faifant plulîeurs outrages pour aflbuuirfon cœur fanguinaire, a fait executer tantpar lacordc,queparle glaiue plufieurs Mini-TliMnie de f^^es fraiKjois, amp;nbsp;autres perfonnes bien qualifiez Noire«, des ProteftansjConfifqué leurs biens,les prefehes a-bolics,amp;reftituél’eftat Ecclefiaftique. Ce malheu« reux fait amp;nbsp;execution rigoreufè, a merueilleufemct cftonné les autres villes, de maniéré que Cambrefis fut abandonné, Maftrichtrendu , amp;nbsp;les autres ont en peu de temps receu garnifon Catholique.

Biiÿuif en Pendant ces chofes lùfdittes,eftarriuéà Anuers AaucH. Matthias FlaccusIIlyricus, homme affez conneu, Spangenberger amp;nbsp;autres Miniftres de la Confefsiô d’Ausbourg, amp;nbsp;prouoquerent à difputerles Mini-ftres de la religion reformée,fur le poinét de la pre-fence ducorpsdelefuChrift en la ccne,vrayement matière de trop grand poix pour ce temps tant mal idoine.Les deux parties ont publié amp;nbsp;tait imprimer ’ ' ’ ' la Confefsion de leur foy.Ce different mal entédu eft encores indeciz, amp;nbsp;ne fut alors nulle chofe conclue. Parquoy lesDoâcurs d’Allcmaigne fefbnt peu de jour apres retirez d’Anucrs,fansrien faire.

En ce mefme temps le peuple Proteftant, confi-derantla grande profperité amp;nbsp;l’adnancement des Catholiques,amp; leur declinaifon amp;nbsp;diminution.-auf-fi que la Regente perfiftant à la pourfijyte des Pro-teftans, faifoitpeud'eftimedefes promefl'es precedentes faites à laNobIefle,fémblablcmét defes Or-dônances de par elle publiées, affauoir que l’Inqui-fition ceflcroit, amp;nbsp;l’ottroy des prefehes publiques, remettant toute la coulpe fur ß Ma. Ontprefenté le

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Ie 27. lour d’Odobrc de l’An. 156^6. Requefte à Monfeigneur le Conte de Hoogftrate Gouuer-neur amp;c. amp;nbsp;M efsieurs de la ville d’Anuers, dont la teneur s’enfuit.

Au Roy.

Remonûrent en toute humilité amp;nbsp;entière obeiP fanée,les fideles vafl'aus amp;nbsp;fubjets de voftre Maje-fte partout le Pais-bas, que comme ainfi foit qu’ils ayent toujours promptement employé leur corps, biens, amp;nbsp;tous autres deuoirs pour le feruice d’icel' le, tantenl’abfencequ’en la prefence devoftre Ma-jefté fans auoiriamaisrefufé aucunes gabelles, imports, tailles, ny autres fubfides extraordinaires pour la conferuation d’icelle vortre Majerté,qu’en-cores ils pourfuyuent amp;nbsp;continuent en la mefme volonté amp;nbsp;affeâion ardente, defirans de croi-ftre amp;nbsp;en icelle furmonter amp;nbsp;outrepaffer journellement de plus en plus, efperans pareillement qu’ils apperceuront amp;nbsp;expérimenteront la faneur amp;nbsp;clemence de vortre ditte Majerté,comme parev deuant ils en ont eu indices fingulieres amp;nbsp;témoignages illurtres. Car combien que vortre Ma-Jertéaiterté toujours côfèillée amp;nbsp;induittedepour-fuyure par mort rigoureufi; amp;nbsp;confilcation des biens, tous ceux qui ne reçoiuent la doéfrine de l’e-glifeRomaine en tous fés points, comme aulsin’a-gueres elle a crté propofec par le Concile deTréte, amp;nbsp;de maintenir à ces fins l’Inquifition, la ou elle e-rtoit p]atéc,amp; de l’introduire és lieux ou elle n’auoit ertércceue par- auant: le tout contreuenant aux libertez amp;nbsp;Priuileges de vos Pais de par-deça,

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§4 Histoire de s t rov bl e s amp;nbsp;loyauxfiibjets en iceux. Si cft ce touteffois, que voftre Ma.ayant entendu,parlaRemonftrâce faittc delà part dcJa NobJeflede par-deça, l’Eftat de ce Pais-bas,a efté contente,non feulement de faire ceP fer laditte Inquifition,mais aufsi félon voftre clemê-ceamp;i bénignité naturelle, mettre en furfeancc les Placcars publiez fur le fait de la Religion, amp;nbsp;cerchcr mefmepar voyes de moderation amp;nbsp;prouifions, de contenter voftre peuple: Dont nous auonsmatière de rendre louengcs à ce bon Dieu, amp;nbsp;d’attendre toute faueur amp;nbsp;grace de la part de voftre Majefté.

Or le peuple ayant efté comme de long temps al-ferui par l’oblèruation defdits Placcars, amp;nbsp;néant-moins eftant fecretement bien fort aduancé en la vraye connoifl'ance de Ibn falut, tant par la leélurc des Eferitures fàinétes diuinement infpirees, que parles enfeignemensamp; exhortations de quelques Prédicateurs gens de bien, amp;nbsp;inftruits aux lettres tant diuines que humaines,eftant efmeu parles continuelles calomnies amp;nbsp;faux blafmes d’aucuns mal-veuillans, qui le fonteiforcez de rendre fulpeéle leur Religion, n’a fçeu ne peu plus longuement fe tenir en cachette :mais pour fermer amp;nbsp;dorre la bon-ehe aux detraéleurs.dd fatiffaire à fon zele amp;nbsp;ardeur eft venu à l’exercice publique de laditte Religion,a-fin queàvn chafeun lût notoire quelle eftoit la religion qui parcy deuantauoitefté fecretement en-tr’eux exercee.Cecy eftant fait,yn fi grand nombre de perfonnes qualifiées s’eft trouué efdittes aflèm-blees amp;nbsp;prefehes, qu’il nepourroit eftre compté ne lachofecreuë de ceux qui n’ont efté prefens à ces afFaires.-amp; encores croift la multitude iournellement î nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;d’vne

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d'vnc telle façon, que cela furmonte tout entendement humain. Mais encores cjue les Miniftres en leurs predications.ayenttoujours fait grand deuoir d’exhorter le peuple à toute modeftie,rcuerence, amp;nbsp;obeifl'ance deue au Magihrat, amp;en prelchant nom-meement de l’idolâtrie,Payent admonefié de fe cô-tenirauxbornes defa vocation, fans vfurperl’office dudit Magiftrat, en s’auançant d’abatre des I-mages,ou choies lèmblables.-Tant y a que quelques troupes do gens, menez d’vn zele trop ardant amp;nbsp;in-conhderé , aueclefquels le font entrcmcflcz quelques vns desbauchez, ne cerchans qu’à piller amp;nbsp;def-robber, accompaignez d’vne multitude de fem-mes,jeunes garçons, amp;enfans,fe font desbandez au demolifl’ement defdittes Images aux Temples amp;nbsp;autres femblables defordres, à noftre indicible regret, dont vn tel eifroy amp;nbsp;eftonnement faifitles Magi-ftrats par tout, craignans des inconueniens plus griefs, que non feulement ne les ont pointempeC chez,mais ont permis amp;nbsp;qui plus eft, commandé en beaucoup de lieux aux Meftiersamp; Confréries, d’o-fterlesImagesamp;Ornemens de leurs Autels; ce qui ma peu eftre fait en celle hafte amp;nbsp;confufion, lâns aucun froiflèment d’icelles. Quoy voyant quelques vns du peuple, y ont aufsi mis la main, penfans que c’eftoit chofe licite,aduouce, amp;nbsp;mefine commandée du Magiftrat, d’en vuyder du tout les Eglilês. A quoy tant s’en faut qu’ils ayent efté au commencement ny apres incitez par les Predications, qu’au contraire les Prédicateurs amp;nbsp;autres commis à la conduite de l’Eglilc, fe font employez pour les empof. cher,tant qu’en eux eftoit, n’ayant efté ce fait aucu-

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86 Histoire des trovbles

ncment par eux commandé,ny fceu auparauant,ny par-apresapprouué,comme il fc pourra verifier par plufieurs railons,amp; appert nommeement par le tef-moignage d’vn bien grand nombre des prifonniers, qui ont elle pour ceftc caulc rnilerablement gehen-nez.Ce neantmoins entedons à noftre grand regret, que CCS i.points, afiauoir desprefches amp;biiftmcnt d’images,lefquels touteffbis ne font aucunemét cô-ioints,ains du tout fcparez,amp; n’ayansrien de commun enfcmble,ont elle tellement rapportez à v.Ma. qu’icelle en eftat fort ofrcnfsee,auroit prins vnc ferme refolution de venir par-dcça auec forces, pour extirperindilfercmmct amp;. les vns amp;lesautrcs.Quoy confideré,auons eftimé cftre noftre deuoir.de tref-humblement fùppliervoftrc Majefté,qu’illuy plailc bien penfer amp;nbsp;à certeSjque la Religion eftant imprimée aux cœurs Sc entendemcns des hommes auf-quels les menaces amp;nbsp;forces extérieures ne pcuuêt pc netrcr ne paruenir,veu que la queftiô cft de l’eternel falut ou condénation de leurs ames,ne fera choie tat facile de l’arracher par force d’armes, que de faire par ce moyen difsimulef aucuns infirmes,pour de-uenir auec le temps gens fans Religion,Libertins,amp; Athciftes,defquels on ne peut attendre aucune fidelité ne loyauté de confcience.Iointque la lêntéce de Gamaliel doiteftrepefee, quefic’eftœuurceft de Dieu,elle ne pourra eftrc défaite:amp; que c’eft choie difficile amp;dangereufe d’entreprendre de batailler contre luy. Qui cft plus.quad voftre Majcftépourra venir à chef des entreprifes propolces par ceux qui ou par ignorance, ou par aft'eéliôs particulières, ou par crainte,donnent tels conlcils, autre choie ne

s’en-

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s’cnfuyura nv aduiendra, finon la ruine irreparable dc VOS Pais-bas,tant floriflans,amp; tat neceflàires pour la conftruation de voftrc grandeur,amp; quant amp;nbsp;qüät 1’accroiflementdcs Princes circonvoifins, lefquels eftans enrichis des defpouilles de ce pais, fe renforceront pour à 1’aduenirfairc la guerre à voftre Ma* jefté.

Or nous voz treshumblcs Vaflaus amp;nbsp;fideles lèriiitcurs,defirans toujours viureamp;mourir delTous l’obeiflance de voftre Majcfté, amp;nbsp;d’auancer la grandeur d’icelle , autat qu’il nous fera pofsible’auec noz corps amp;nbsp;biens, confiderans de bien prez toutes ces circonftances,amp; ayanscefteperfuafion.que noshû-blesamp; raifonnablesRequeftes amp;nbsp;Supplicatiôs trou-ueront quelque lieuamp; place auprès dc voftre Ma-jefté, à caulc de voftre naïfue amp;nbsp;accoutumée de* mcnce amp;nbsp;bénignité, Supplions au nom de noftre Seigneur lefuC hrift,de nous vouloir oélroyer amp;nbsp;ac corder, que ceux qui ne pcuuent en leur conftience approuuer du tout la dodrine amp;nbsp;ceremonies dc l’e-glife Romaine ,amp; ce pendant au refte vous font tré-fideles amp;nbsp;obeifl’ansfubjetsamp;Vaftaus.ayét entière amp;nbsp;allé urée liberté de s’aflembler publiquement enteis lieuxeomme feront par voftre Majcfté amp;les Ma-giftrats defignez, pour l’exercice de leur Religion, en laquelle ils proteftent en vérité, comme déliant Dieu,qu’ils pretendent croire, viure Sc mourir: felôladodrine des Prophètes amp;nbsp;Apoftres, cotenue auxliures du vieil amp;nbsp;NouueauTeftamcnt, amp;fom' mairemét côprinfe au Symbole defdits Apoftres, amp;nbsp;aux Côciles conformes à la parolle de Dieu,fê foub-mettans au refte àccquifcracv-apres déterminé amp;

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88 Histoire des trovbles

ordonnéparvn Concile libre amp;nbsp;general, ou en attendant ledit Concile, par commun accord des E-glifes Euangeliqucs de la haute amp;nbsp;baffe Allemaigne, France, Angleterre, amp;nbsp;des autres quartiers de l’Eu -rope,pour fuyure amp;nbsp;entretenir tel ordre qui le mettra généralement aufdittes Eglifes. Et afin que cefte liberté amp;nbsp;exercice eftant eftabli amp;nbsp;affeuré les traffi-quesCdorit depend tout le bien de ce pais) puillcnt auoir plus amplement leur cours, que demeuras ain-files choies incertaines par maniéré de prouilion, qu’il plailè à voftre Majefté,lèlon la clemence amp;nbsp;bénignité accoutumée, confirmer ce benefice par Octroy amp;nbsp;grace Ipeciale ratifiée par les Eftats generaux de ce Pais,à ce affemblez.Et quant aux fuppliâs,tant s’en faut que par le moyen de cefte liberté,ils pretê-dentd’alterer l’eftat politique, comme changer de Princc,refijfer tailles,gabelles.tributs amp;nbsp;aydes, ainfi que leurs aduerlàires publiquement les calomnient.-qu’au contraire, en témoignage deleur affeâion, d’employer ce qu’ils ont pour voftre feruice, en re-connoiffance de voftre grace amp;nbsp;faneur,amp; comme vn hommage nouueau, ratifiant leurlèrment de fidelité, amp;nbsp;pour donner à connoiftre que ce Priuilege de liberté amp;nbsp;exercice de leur Religion, qu’ils requierét amp;attendent de voftre Majefté, leur augmenteles cceursàdedieramp;conlâcrer amp;nbsp;leurs corps, amp;nbsp;leurs biens à voftre lèruice;ils prefentent de bailler des le jour derOttroydeladittegrace,caution Ibuffifante de trouuer.outre les impofts,gabelles,amp; autres con-tributions ordinaires, la fom-me de tois Millions de florins,qu’ils fournirqn^en terme competent, pour dcchargerTe demeine de voftre Majefté en ce Pais.-

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Promettansen cutrede n’occuperlesTemples de ceux de 1’Eglife Romaine, ne les troubler ou em-pcfcher en l’exercice de leur Religion, par force, violence, ny autre voyc de fait. Supplians qu’il vous plaife,Sire,prendre debonne part, ceft offre amp;nbsp;petit prefent de voz humbles fubjcts,procedant de cœurs qui ne délirent que l’eftabliflement du feruice de Dieu, amp;nbsp;de voftre Ma. auec le bien, repos amp;nbsp;profpe-ritéduPais.Etefperons quevottre f4a. netrouue-ra point eftrange que les fubjets, ayans rcceu quelque notable faueur amp;nbsp;mercede de leur Prince naturel,ils en facent quelque rcconnoiflànce, lèruâtd’a-étion de graces,félon leur petit pouuoir.Côme aufsi n’eft choie nouuelle que telle grace amp;nbsp;benefice foit ottroyé aux fubjets, félon qu’il appert par l’exemple de ce grand Empereur Alexandre Seucre: lequel e-ftant Payen amp;nbsp;Idolâtre, permitqueles Chreftiens, lefquels il tenoit pour Hérétiques, enflent Temples dedens Rome ville Capitale de ion Empire ; amp;nbsp;de l’Empereur Conftantin, lequel obtint le titre de Grand, par ce que contre la reigle de fes predecef-feurs, il permit qu’aucuns lieux fuflent aisignez aux Chreftiens, pour faire leurs aflemblees, comme les Payens auoientleurs Temples. Quoy faifànt,il aflb-pit vne infinité des querelles, empefeha l’apparente effufion de fmg,renditfon Empitepaifible,amp;parle moyen de ceft accord, proipera en autorité, amp;nbsp;ac-croifl’ementde tout heur.Et fi quelqu’vn remonftre à voftreMa.quec’eftautre chofede permettre aux Chreftiens l’exercice de leur Religion, qu’aux Hérétiques, comme aucuns nous eftiment; Premiere-mentjUoz prédications,prieres,amp;exercice denoftr*

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90 Histoire des trovbles Religion,monftrcnt que nous Com mes Chrtftiens, Si non Hérétiques ny idolatiesiamp; lommes prefts de le verifier plus amplement, s’il plaift à voltre Ma-jefténous donner benigne amp;nbsp;feure audience. Et d’auantage, quand nous ferions autant Hérétiques que lesIuifs,Arriensamp; Nouatiens,ficft ce que l’exemple prelèntduPape, lequel, lèdilànt élire chef de l’Eglife, 8i ne pouuoir errer, non feulement fouftientles luifs, ennemis iurez de lefus Chrift noftre Seigneur, mais aufsi leur permet leurs Synagogues,amp; exercice de leur Religionen là ville de Rome , amp;nbsp;autres à luy lubjettes. En outre, les exemples des Empereurs Catholiques amp;nbsp;orthodoxes, qui ont donné Temples aux Arriens, amp;nbsp;Noua-tiens, pourront donner appaifementà voftre con-ftience.Et finguliercment l'exemple de feu de tref-haute amp;nbsp;inuincible mémoire , l’Empereur voftre Pcre,qui concéda le femblable, par aduis des Eftats de l’fmpire.aux Proteftas d’Allemaigne,non obftat qu’il les reputaftHeretiques, comme aulsiafait le Roy de France depuis nagueres,à fes fubjets. Toutes Icfquelleschofèspeuuent donner repos amp;nbsp;contentement à voftre Majefté, pouren attendantle jour, que par commun accord delà Chreftienté, nous puilsions tous conuenir en vne mefme Religion amp;nbsp;forme de lcruice diuin, nous ottroyer cefte grace.Par le'moyen de laquelle,amp;v. Ma. amp;nbsp;ces pais receuront fans faute toute bencdiâion amp;nbsp;prolperi-té,d’autant qu’indubitablementDieu feraferui, en euitantvne trelgrandc,apparcnte amp;nbsp;p i toy able effu-fiondefang,amp; que voftre Pais fera maintenu en repos,fans eftrc expoféen proye auxcirconvoifins, amp;

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les marchans amp;nbsp;inhabitäs du pais mis en telle feurté, qu’occafion fera donnée à tous ceux qui en font fo r tis par le paffe pour celle mefme caufe; amp;nbsp;à plufieurs autres de s’y retirer auec leurs biens, ftiles amp;trafE-ques.Finalement eftant par ce moyen donné matière dereposamp; contentementaux vns amp;nbsp;aux autres, le Pais florira plus que iamais,auec accroiffement de voftre couronne, amp;nbsp;tous feront de tant plus obligez de prier continuellement le Seigneur, pour la pro-{peritéamp; grandeur de voftre Ntojefté.

St»fcrit, De vofticMajefté les humbles fubjets, Bourgeois amp;manans de voftie ville d’A nuers, faifans profeision del’Euangile, ainfi qu’illeury eftpermis, pour aurant qu’il leur touche amp;nbsp;compete comme membres des Sup-plians en cefte.

Cefte Requefte fut prefentee par les mains des Marcus Perez, aftifté de Gillis de Græue, Charles de Bombergue,Gillis vander Banderiez , François Godin,Henry vanden Broecke, Cornille de Bombergue,Thomas van Geere, Ichan Carlier, Nicolas du Viuier amp;nbsp;Nicolas Sellin, comme députez, amp;nbsp;au nom des Supplians du membre d’Anuers, A Mon-feigneurleCôte de Hoogftrate, Gouuerneurpour ß Ma.amp;àMefsieurslesBourgmaiftres,amp; Efeheuins »y en laditte ville d’Anuers, aflémblez au College d’icelle, prefensMefsieursle Maregraue amp;nbsp;l’Amman, le ly.jourd’Oâobre, l’An 1566^, entre les douze amp;nbsp;vne heure à rmdÿ.

Monfieur le Conte d’Hoogftrate ayant veu cefte requeftc,l’acnuoyetàMadame laGouuernante amp;nbsp;kcouuew Confeil lez elle,pour eftre enuoyec auRoy auec re-cômandations côucnablesamp;rcquifes,afin d’obtenir

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9Z Histoire des trovbles l’efFcd d’icelle.' Chofetantneceflaire, comme par voftre prudence amp;nbsp;difcretion(amv lecteur) pouuez iuger amp;nbsp;apperceuoir. Maïs comme la Regen te amp;nbsp;les Gouuerneurs desPais-basauoyentveu Ie contenu d’icelle 1’onteftimé pour vncfuperbeamp; arrogante oftentation de leur richclTes amp;nbsp;cheuance ; mclines a engendré au cœur de plufieurs Seigneurs quelque finiftre Ibupçon,comme fi les Proteuans eufl'ent fait cefleReinonftrance, pour attirer par icelle les Princes amp;nbsp;Seigneurs eftrangers, afin d’obtenir leur gendarmerie à leur afsiftence amp;ayde.

Monfieur 4e Brede, rode pre-fente Re-quelle.

Mais pour ce n’a le peuple defifté à inuéter amp;nbsp;cx-cogitertous autres moyens, non lèulemcnt auprès de la Duchefle,laquelle efloit inexorable,mais aufsi auprès delaNoblefle , laquelle a promife (combien qu’elle cftoitau mefme predicarrient amp;nbsp;dangier que le peuple, comme eft apparu par la fin de celte Tragedie) d’accomplir leur promelTes nouuelles, amp;nbsp;de quiter leur foy,quant à la liberté de confcience.pro-teftantneantmoinsquede l’exercice de la Religio, ils feroient tout leur deuoir pour l’obtenir, s’il fut poßibletmais puis qu’elle ne l’auoit promife,lêroiêt lesfiibjets coulpablesde touslesmauxàaduenir en cesPais-bas par ccftecaufè, Parquoy MonfieurHé-ry de Brederode, par la Nobleflè à ce ordonné, requiert le 15. de Feburier en l’An 107• à Madame la Duchefle de pouuoir obteniraudience.noo ob fiant qu’elle luy auoit interdit amp;nbsp;défendu d’entrer en la ville de Bruxelles.’ neantmoins il a fi bien befoigné que la Requefie efi paruenue aux mains d’icelle; par laquelle fut remonfii é à Ion Alteflè,que le peuple ne pouuoit plus endurer ne foulîrirla grande contu-melie

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melieSchorrible perfecution des Catholiques, amp;nbsp;queàcefte caulè ont imploré l’afsiftence de laNo-blcfl'e, afin d’obtenir l’accompliflèment de ce qui a-uoit efté accordé.Mais vcu que n ul contract ne peut fortireffeét, que par la volonté des deux parties, amp;nbsp;qu’eftantl’vnc partie en defaut, l’autre a iufteraifon de fe plaindre.-Outre ce,puis qu’ils s’eftoient confti-tués à Ion Alteflc comme pleigesamp; refpondans du peu pie Proteftant, lequel maintenant par l’infi aéliô des promefles des Catholiques, fetrouue en grand pameamp;doleur: ilsne peuuentnioinsfaire que de parler à elle, pourauoir leur contraét amp;nbsp;promefles bonsamp; fermes,veu qu-elle lèmble par forme de voie ordinaire de calTcr les contracts, de forte que tout le Pais fe met en troubles, non obftantla grande diligence par eux faitte pour ellablir vne bogne paix amp;nbsp;publique vnion,laquc!le par grade legereté de leurs ennemis eft conculquee.-Parquoy fupplient à voftrc Altefle, de vouloir permettre au peuple leurs pref-ches, amp;nbsp;faire cefler amp;nbsp;abolir les Placcars nouueaux contre icelles ordonnez; iointaufsique tous Mini-ftres,amp; autres de la Religion pour le prelcnt prifon-niers,foicnt relaxez3c deliurez de prilbn. D’auan-tage que toute leuee de gens de guerre tant hors quç dedenslepais, enlemblc les garnifons aux Villes, foient caflez amp;nbsp;licenciez, amp;nbsp;que chafeun fe retire à famailbn; Afin que les Prouinces des Pais-bas, fè puiflent gouuerner felon leurs libertez amp;nbsp;Priuile-ges; fupplions pour tant à voftre Altefle, d’en faire briefuerelblution amp;nbsp;refponlê. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;dè'lî°Goa

Le KÎ’.de Feburier i ^6-], donne la Gouucrnante uetnitefut Apoftille ou relponfe fur laditte Requefte en la for- **

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Histoire des trovbles

me qui s’enfuit; le ne me puis aflez efmerueiller, ny aufsi penfer.qui font les Seigneurs,ou le peuple, qui prefèntentccfteKequefte-; veu que plufieurs des Seigneurs confederez fontcontens, non feulement quel’Inquifition amp;les Placcars foiétobfèruez, mais aufiidel’afTeurance àcuxpromifè: prcfèntans àce-ftecaufejourncllementàfa Majefté leurs humbles fèruiccs amp;nbsp;obeifl'ance; Aufsi luy fcmble fort effrange, qu’ils Ce perfuadent, qu’oneques fut le vouloir defon Alteffc, d’ottroyer l’exercice de la Religion veu qu’elle donnoit affez autrement à entendre, par ceft article de l’accord: Combien qu’il foit contre la promefTe faiôe par aucuns Seigneurs au peuple, touchant l’exercice de la Religion, laquelle fut plainement contre fa volonté amp;nbsp;intention. Et que les Seigneurs fupplient que toute leuee de gens de guerre cefleroit amp;nbsp;fêroit cafTee, ils fe deuoyent aufsi auoir contenté de l’ancienne Religion fans introduire vne nouuelle, laquelle ne fut par elle accordée.

Outre ce, s’ils ont fouuenance auec quelle do-leur les prefehes furent permifes en aucuns lieux, fans aucunes armes amp;nbsp;fcandales,ils peuuentbiê con-jeôurer le peu de plaifir qu’elle eut à fauorifer les prefehes, je tais les autres exercices de la Religion. D’autant qui concerne à la liberté de confcience,ce feulav jeaccordé,amp; ottroyé,ce que par le contenu deleurRequefte,prerenteele 5.d’Auril dcl’Anpaf-fé,fut demandé,mais de la religion ne fut fait aucune mention, laquelle ils ont contre leur confcience amp;nbsp;deuoir permis trop auant entrer. Parquoy i’ayiufte occafîon d’eftre fafehée, puis qu’ils ont entreprins

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dc leur autorité chofe qui eft au preiudice de fa Ma- Z jefté.

Parquoy aufsi à bonne raiibnfaMajefté s’eft cfmeue amp;nbsp;couroucec.quâd il fut aduerti quefès fub-jets vfent autre exercice de religion, amp;nbsp;que par leurs nouueaux Magiftrats ils contraindcnt les Officiers delà Majeftéjdont de bref s’en rerentiront.'amp; pour refponfede cefte.la Ducheffe leur a donné cefte A-poftille: Q^ils n’ont point obferucz les conditions promifes, 8i que c’eft vne declaration faulfe amp;nbsp;con-trouuee de les parolles; car plulîeurs Magiftrats »antere-jamais n’ont voulu telle chofe ottroyer.quot; aufsi qu’el-len-eftcontreuenuc àlèspromeflcs, combié qu’au- ceux, cuns par ordonnances d’elle ont efté emprifon-nez pour leurs crimes amp;nbsp;deliéf s. Mais elle n’eftoit aucunenement d’aduisde deliurer lespilleurs d’E-* glifcs,brifeurs d’Images, principalement emprifon-nés depuis l’accord fait aucc aucuns des gt;îobles confederez. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;”?.■ i

Outre ce on continue encores Icsprefches en a aucunes villes, ou jamais par-auant ne furent pref- ’ ches. D’auantage ils ont occupé aucunes Eglifes, Monafteres amp;nbsp;maifons des Gentils-hommes, les Seigneurs de l’Ordre enchaflé, menacé les Ecclcli-aftiques,prefché es lieux ou au téps pafte ne furent prefehes, mefmc le peuple cftpar les confederez incité amp;nbsp;animé, amp;nbsp;ont occupés aucunes villes amp;nbsp;places dé fa Ma. emmenés artillerie amp;nbsp;munitions, depoles amp;nbsp;chaffez les Officiers de fa Ma. venus auec armee en chapaigne ,amp; menacé non feulement tous les Catholiques mais aufsi fon Altefl'e. Par les. lettres intcrceptes,amp; par les gédarmes deValéciencs

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X- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Histoire des trovbles

'577 on a trouué amp;nbsp;conneu leur intétion,a{rauoir fi b)icu n’y eutprouueu, depriuerfa Majefté de lès Pais. Qiiant à ce qu’ils requièrent, qu’on cafleroit la gendarmerie leuee, amp;nbsp;les Placcars nouuellemcnt publiez,par ce ils entendent de nous öfter le glaiue qui de Dieu nous eft donné. Pour le dernier,l’intention defon Alteflceft, que le Seigneur de Brederodeamp; fes confederez. admoneftront le peuple de leur tumultes amp;nbsp;rebellion, amp;nbsp;qu’ils n’accumulent de plus en plus l’ire de fa M ajefté fui leur tefte.

Apres que ces doléances amp;nbsp;rcfponfes lurent fait-tes,cnaque des coftez prouueoit à lès affaires autant qu’il eftoitpofsible,principalementles Catholiques quiauoientle venten poupe, de maniéré que les confederez les craignoient, à caufe de la grande le-uée des gens, amp;queleRoyfè tenoitdeleur partie. J-e Conte deMegue eft venu auec certains enlèi-

«“«•

gnes de foldats,amp; compaignies à cheuanl, deuant la loifleduc ville de Boifleduc, qui tenoit pour les confederez, î« u%ô- Apres a ledit Conte enuoyé douze enfèignes auprès te de Me- d’Vtrecht, pourfurprendre la gendarmerie amp;nbsp;ville de Vianc.Tous ceux qui furent prinsprifonniers en tous ces pais furent condamnez amp;nbsp;chaftiez comme

rebelles amp;fediüeiix, amp;les brifeurs d’Images furent penduz, amp;leursbiens confifquez; Outrecc, tous ceux quifurent de la Religion réformée, óu auoy-ent hantcles prefcbcs.eftoicnttenus pour rebcllesi. Parquoy grand nombre d’euxs’eft retireep Paise-ftrangers, principalement en Angleterre ; mais aucun? de grand couragefe font afl’emblez en troupes.

Cependant ont les Seigneurs amp;nbsp;Cheualiers du

Toifon

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Tpifon d’or renouuelle leur ferment, d’obferuer inuiolablernent la toy Catholique, entrej.efquels £jg„e fut fait vne fecrcte ligue par conleil du Conte d’eg- j^Yoi'dic mont; lequel cheminant paries Villes de Flandres amp;nbsp;Artois, ou encores eftoient des Protellanss feit toute diligence pour faire cefl'er lesprefches comme aufsi ont faitenAnuers le Prince d’Orange amp;nbsp;Ie Conte de Hooghftrate : A 1’entour d’Anuers (çfeit leuçé de gens aunom desProteftâsparlcSeigneur de Toloufe, qui pour l’afsiete amp;nbsp;cômodité dujieu fafl'embloient à Ooftervveel vne petittelieue d'An? tiers.La ducheflede ce adiiertie a enuoyé„le,15, lourde Mars fouslaconduitte de Hans de Qrane -a drodat de Brabant quatre cents hommes à pied, cincq cents à cheual,qu’on auoit aflemblés des garnirons tant de Brabant que de Flandres, IcCquels ont atTailly amp;nbsp;combatii les gens des Proteftans, amp;nbsp;mis en route . Leur chef Môtîeurde Toloufe y fur „'i.Vn tué ,auccbonne partie d'autres, aucuns fe ietterent ««• es fofléz des prairies cuvdans te làuuer, niai? lurent harquebuzés : aucuns furent bruflez es granges amp;nbsp;maifons d’Ooftervveel, fans aucune reliftencf. Ils eurent aiifsi vn prifonnier, qui auoit la rolle detpiis ceux qui auoiétfouzfignezla confpiration, dgnt ils ont apprins beaucoup defecretes menées,dont auf-fibeaucoup de mal eftenfuyui . O^and les Prote-flans de la villeid’Anuers ont entendu ces affaires,ils fe font mis en armes,amp; paffant par le pôt delà Meir-, rc ont ma’ ché vers la porte.pour fbrtir hors de la ville amp;afsifter leurs gés. MaisleScigneurPrince d’O-, ranges, qui encores efloit'en Anuers Gouucrneur. pour faMaiefté,de ce aduerty,cft venu auprès d’eux.

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9^ Histoire destrovbles amp;lcsadmoneftoitamp; defconfcilloit de cefteentre-prinfe, dilàntqu’il cftoitimpofsible de fccouriries foudars d’Ooftervveel, 8c que en cas qu’ils flirtent hors de la ville,ils auront la mefme fauce , 8c lèront fricafl'ez comme les autres, car ils eftoient trop foibles, pour relier aux gens de chenal. Mais s’ils demeurent en la ville, que leur corps 8c biens fe-r roient fauuez, car à pci'fbnne ne feroit fait aucun tort en fâ prefence. Ce pendant queMonficur le Prince parlât ainfy aux Bourgeois, s’augmentoit , . le tumult» de plus en plus : aucuns à chcual 8c Sedition nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;/ y r • ol

turoulteaufly a pied , ont occupe la Meire amp;nbsp;la rue ditte enAnuett.^ç Huuetters-ftrate , ou ils fc font tenuz en ar-mesiufques apres midy. Durants ces troubles, a le Seigneur Prince traittéSe accordé auec le Magi-ftratamp; Confeil d’Anuers, que les trois coinpaig-* nies de fôudars , leuez pour la leurté de la ville (comme deffuseftdit) quife tenoyent en reng de bataille fur le Marché, retoui neroient à la maifon, amp;nbsp;que l’artillerie fèroit menee en fon lieu ordinaire. Et combien que par les bonnes amp;nbsp;benignes parolles de Môfieur le Prince d’Oranges ce tumulte amp;nbsp;trou-tgt;Iefut alTopy; fy s’eft renouuellé le tumulte , par Efpaignols,amp; les Catholiques ceû^elaConïelsionauoiétoccupéle marché /, Â à cheual ; de forte q ue ceux delà Religion reformée fefbnt de rechefafTcmblez. Cefte feditiô dura deux iours, amp;nbsp;vn -chaeû doutoit d’vre malheureufe iflùe. Et comme chaque paitie defiroit fort le combat, oncraignoit fort quelque grande etfufion de läng, amp;nbsp;que la partie viélorieufe euffe faccagé les maifbns desvaineuz;defortequ’étoutesmailôns n’eftoient

que

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' que plaintes amp;nbsp;pleurs des femmes amp;nbsp;enfans .Mais ' comme les deux parties fe tenoienten rcuquot; de ba- Tuæalie taille, Monfieur le Prince amp;nbsp;lesBourg-maiitresont a.iofj. fait tout deuoirpour les accorder, amp;nbsp;ont empefehé l’apparente effuhon de fang, amp;auec tel zele intercede,qu’ils ont appai'ë les parties comme s’enfûyt.

I. Premièrement, que tous les Bourgeois tant d’une que d’autre Religiô feront ferment d'eftre fideles amp;nbsp;loyaux au Roy amp;nbsp;au Prince d’Orange,pour le commun repos amp;nbsp;bien de la ville d’Anuers, amp;la bic garder amp;defendre en toute di!igéceamp; loyauté.

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; loo Histoire destrovbles

$gt;• Quiconque ne fera du guet, demeurera à la , ’ inailôn, amp;nbsp;fera lès afraires.

IX. Toute l’artillerie qui elf aux Boullevvvards amp;nbsp;aux autres places, fera dcliurcc es mains des Gou-uerneurs.

I Tous les troubles feront par commune af-fiftcnce afl'opis, pour le commun repos de la ville, amp;nbsp;les lèditieux eirprifonnez.

Pour le dernier, ceux dè là Religion fupplientà fon Excellence, qu’il îuy p'ailc d’auoir touuours la ville pour recommiandée, amp;nbsp;de cercher le prouffit de fa Majellé; amp;nbsp;de la ville.

Eflans ces articles acceptez des deiix parties, le font premièrement retirez les Elp3ignolsamp; Italiens; puisles Ceux, (qui pour lors fe nommoyent ainfy)

amp;

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amp; pour les derniers les Catholiques amp;nbsp;ceux de la Confefsion, quitanstouscnfemble les armes.

Pendant ces troubles laDucheffe a ennoyé Secretaire du Confeilpriué au Seigneur de Brede-mde tenn rodeScfesconfurts, qui citoyent en Hollande à la P®““®*’'*' ville d’Aiiifterdam, auecinthimationde lôrtir hors delà ville amp;nbsp;pais, caufe de leur rebellion contre fa Maicfté, s’ils ne veullent élire pourfuyuis comme ennemis du pais amp;nbsp;perturbateurs de la republique. Le Seigneur de Brederode ne refpôdoit autre cho-fe au Secretaire que : Vous elles vne perfonne , qui n’cft pas digne d’aucune refponlèr amp;c.

Ceuxd’Anuers le lont apres longue refillcnce accordez auec la Duchefle, en la forme qui s’enfuyt; î Que les prelches cefTeront, mais que nulle recerchc j fe fera àcaufedelaReli^on .ŒtaceftecâùïêFut^n ' Anuers ordône amp;nbsp;publiée y.d’Auril de l’An, 1567. que tous Kl iniftres le retireront, amp;nbsp;que les prelches ctflèront, que tous Catholiques lèront rcllituczen leurs offices, amp;nbsp;que les premiers Placcars feront obferuezr bien entendu que perfonne ne fera reccr-ché pour la Religion, iniques à tant que fa Maie lté, par aduis des Ellats generaux, aura autrement ordonné. Cellechole fut accomplie apres que les Mi-nillres s’elloient retirés d’Anuers, amp;nbsp;leurs Temples furentfermés amp;nbsp;ob lignez. De la mefme manière fe font palTé les chofes, en Flandres, Hollande, Zee-lande, amp;nbsp;autres Prouinces, amp;nbsp;s’augmentoit iourncl-lement la perlècutionde tous ceux qui auoient por. té les armes, brifé les Images, amp;nbsp;s'oppolc aux Placcars amp;nbsp;Ediéts. . .

Le tS. d’Auril cil entree en Anuers Madame la r nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;G î

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lOi Histoire des trovbles

It Conte nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;le Conte de Manßeld auccq lô.cnfeig-

dt Mâffrid nés de lbudars,amp; cinq cens hommes à cheual.’aprez foreV/n Isretraitte de Môfieur le Printed Orages, qui par-■eis. tit d’Anuers le ii. dudit me is avec grand nôbre de

Bourgeois amp;nbsp;manans de la mcime ville, non fins grande mifere, pleurs amp;nbsp;plaintes de plulieurs.

Btedtrndt i-c Setgncur de Brederode, ayant reteu l’inthi-mation fulditte, eft peu de temps apres parti du Pais, auec plulieurs Nobles amp;nbsp;autres Ibudars, amp;nbsp;ce lurlaminuiét. Le Conte dcMtgue l’a pouifuyui» mais auec peu d’ctfeél.

Le 5. de May dudit an, font tombez ésrrainsdu Conte d’Arenberge,aucuns de laNoblefle ,amp; ceen ; Fl ife, eftans trahis par le Mai ônier, qui au lieu de les paflcrlamer ,lesauoitmisfur vne platte; ou furent prins parle Capitaine Mulert, corne Capitaine d’une côpaignie du Conte d’Arenberge. Les Seigneurs de Batenbourg amp;nbsp;deux Seigneurs de Fiife, aflàtoir Hermjn Galama,amp; Sieurt Bevnia,aucc plulieurs autres Gcntils-homrr.es amp;nbsp;Capitaines.

Lcio.de May font entrez en Amftelrcdam au-cünes coir paignres de foudars, amp;nbsp;peu de temps devant en Boillcducamp;Viane, delquelselloit Chef le Duc Erick de Brunfvvijck, amp;nbsp;le Pais d'Vtrccht fut deliuré aux C atholiques.

kfarfluiz Le 21. de May eft trefpafle en F.fpaigne (comme de Pergbcj on dit par poifbn) le Marquis de Bergues , dont îipa'igne nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;mcnc ion. Madamæ la Marcjuilc fa fem

me, feit autreffois baptiler plulieurs enfans,amp; de rechef elpoufer par Icsprcftrts, ceux qui auoientefté baptifez amp;nbsp;elpoufez des Miniftres .•amp; ceux qui l’ont refufe, deuoient »juiterlePais, de forte que beau

coup

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coup de gens fe font partis amp;nbsp;allez en autre Pais.

Le 24. de ce mois fut en Anuers publié par ordô-nance de fon Altcflc vn Placcart, beaucoup i)rouffitableaux Catholiques qu’aux Protcftanszpar n.nte pu-equel fut declairé,que tous ceux qui vouloient de *“* mourer au Pais, viuroient dorefenauat paifiblemét;

amp; que tous Miniftres,amp; qui frequentoient les preß nbsp;nbsp;** ’*lt;**

ches, amp;nbsp;auoientbrifé les Imagesferoientexecutez parconfifeation de corps amp;’ bien; amp;nbsp;que le pere, maiftre, oufeigneur, refpondroient pour leur filz, amp;nbsp;feruiteurs. Outre ce,que tous enfans baptifez par les Miniftres,feroiétde rechefbaptifez parlesPre-ftres lêlô la forme de l’Eglilè Catholique . Außi que nuiz Maiftresd’eftole pourront enfêigner, deuant qu'ils ieront examinez, amp;nbsp;que leurs liurcsfoient a p» prouuez , D’auantage contre les Imprimeurs amp;nbsp;Libraires qui vendét liures cenfurez amp;nbsp;contre les Officiers, qui les permettent amp;nbsp;feuffrent-Contre tous ceux, qui fans Içcu de fa Majefté, fontcolleâiô des deniers, amp;nbsp;les reçoiuent des fubiets . Contre toute aflêmblee,quife fa it fans ordonnance ou confentc-mentde là Majefté. Contre tous eftrangers qui en dedens les 24. heures ne Portent du Pais,ou n’apportent atteftation du lieu d’ou ils font venus, amp;nbsp;la cau-lêpourquoy ils y demeurent. Finalement que nul ne refifté aux Ecclefiaftiques.

La perlëcution s’eft augmentée de iour à autre qui fut caufe que le peuple a quite le Pais par milliers.

A Tournay furet en vn iour cét amp;nbsp;fix riches marchas amp;nbsp;pkificurs autres priuez de leu rs bics amp;bcau-coupmis amp;detenu2enpiifô,qui furet maltraittez.

G 4

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Histoire des trovbles

Le 18. de Juillet, Madame la Duchefleeft partie d’Anuers pour Bruxelles, le Conte de ManlFcld y cft demeuré auec fesfoudars engarnifon.

e^ppendtee d^auettnes chojis mtmorables aduenuti endttterihettx (p- Proumees.

Le 26; amp;nbsp;1-]. lourde Juin de l’An 156^6. font cômencés les prcRhcs publiques de la purepa-rolîe de Dieu, par tous les l'ais- bas, amp;. l’adminifti a-tion des Saciamens, en plulîeuis v.lles Si villages.

Enuironle id. amp;nbsp;17. d’Aouft dudit An, furent futitemét en plulicurs vüles amp;nbsp;vidages du Pais-bas, brifés les Images', demolis.les autels amp;nbsp;ormmens desfglilès-Ledatcdcceft an fe trouue par les lettres Capitales de ce verlet.-

Conclu faCra fLUIt tUAdldl CeCIdae deaflrl»

Le 6. de Septembre dudit an , furent aux trois Eglifes parochiales de Leeuvvarde, demolistousles autels amp;nbsp;les Images brilez, par ordonnance du Ma-gillrat.

Le 8. dudit mois amp;nbsp;an fufdit, furent faides les premieres prefehes en la principale Eglilé parochiale dclavilledeOldenhoue par les Miniltres de la parolledeDicu, Sc ce par confentement du Magi-ftrat. Et le 1 y. iour dudit mois ont ilsadminiftré la Cene du Seigneur.

Le 18. de Septembre dudit an , furent à la ville de Groeninge démolis par congé du Magiftrat tous lesautels au Monaflcredes Cordeliers, amp;leslma-gcs.briléz.

Le 15. de Septembre dudit An , fut mife la premiere pierre du fondement du Temple de l’Egli-• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fe re-

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fè reformée en Anuers.

Le dit iour lurent ceux de la Religion Réformée chaflez horsla ville de Nimmegue en Gueldies.

Le 3.d’Oétobre dufufdit an,fut défendu auxMi-niftresdelaparoüc de Dieu à Bruxelles, fur peine de la hart de prefeherà laditte ville, ou en aucuns lieux circonvoiiins. Celle fut la premiere dilperfiô, depuis lesprefehes publiques.

Le 17. d'Octobre fufuit,font faits fur le foir aucunes infolences, par quelques ieunes gens en l’Eglifede noftreDame d’Anuers.’parquoy Mon-feur de Hooghftrate Gouuerneur pour ce temps, à'quot;' faitenuirôner l’Eglilc parles foldats, entrant laditte Eglifc furent aucuns prins prilbnniers, amp;nbsp;lendemain au point du iour pendus fur le Marché, au nombre de fix ou fept.

Le 10. dcîanuieren l’An 15d?. furent chaflez de I la ville de Leeuvvarde en Frife, lés Minilires de la Religion Reformee.

Lcp.de Mars dudit an, furent à la ville de Aude-nardepar lestirans Papilles troublez les prelches, amp;nbsp;cinq de l’alfemblee tuez d’harquebuzes.Furent auf-fy au mefme temps les Eglifes Réformées de Flandres par tout difperlcs amp;: efgarees.

Le ly.d'Aurilde l’An lufdit, furent faittcsles dernieres prefehes à Amllelreda,quand le Seigneur de Brederode amp;nbsp;laNoblelTe auecles minillreslc fÔt partis de la ditte ville, amp;nbsp;fut la derniere difperfion amp;nbsp;égarement des£glifesduPaisbas.

Fin du premier Liute.

«Sf

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10(7

LE SECOND LIVRE

DES HISTOIRES DES TROVBLES DV

Paii-bas; a» commenctment duquel jera fatt la dejinptton de tinquißtion d-Efpatgue admt~ niflratio» d'icelle : puisaprez. comme les Princes, Seigneurs, Gentils-hommes autresdecha/ies. bannis, auec grand nombre de gens à pied cheuai ont aßadly 'es Pais-bas, pour recouurer poß^ßion de leurs biens heritages, dejquels ils ejlOtent par la tyrannie du Ducq dmydlue pri-uez. chaßtzgt;.

fi

’ Ovs auonsdifeouru amp;nbsp;eferitau pre» mier Livre tous les deporten^jens du ÿ Pais-bas, paflèz devant la venue du Ducq d’Alue ; amp;nbsp;a Lilly l’cftat auquel il

cfioit àl’arriuée dudit Ducq : D’auantage comme tous ceux de la Religion Réformée, cl tans les pref» ches défendues, furent par l’Inquifition perlècutez amp;nbsp;condamnez. Mais maintenant, fi vous voulez prefter l’oreille, ievousdecouuriray quellechofe foitladitte Inquifitiô d’Efpaigne, laquelle par toute l’Europe plus eft renommee que cognue . Celle declaration feroit par plufieurs tenue pour làble amp;nbsp;me-longe, fl la lôurce amp;nbsp;l’origine d’icelle ne lut icy ma-nilèftée • amp;c fans faute le bening LetSeur receuroit peu de contentement, fi feulement nous nommons celle Inquifition , fans declarer quelle elle eft. Par* quoypourle premier, je declareray quelle choie elle fbit, qui en lont les luges, amp;nbsp;en quelle forte, elle eft adminiftrée. Etparcc qu’il n’y a nu! ,tantpetitil eft, en ces Pais-bas, qui ne fache que la vraye fourcc eft,

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DV PAYS-BAS. LIU. II. IO7 de tous les troubles, foitccfte Inquilîtiô d’Efpaig-ne ■ ie n-ay voulu oublier d’icy expliquer amp;nbsp;mettre par efcrit toute la dedaration amp;nbsp;commencement d’icelIc.

Efpaigne eftoit au commencement gouiierncc Erp,igne par petits Koy s,amp;iut depuis par lesAfricains la plus iadts gou-grande partie côqueftce ; lefquels l’ont finalement pofledez paifiblemét, amp;affrâchis du ioug Romain. Apies fut celle Pi ou mie certain temps gouucrnee par IesVVadalcsamp; Alanes,qui parles Gotthes furent au teps des Empereurs Theodofeamp; Valentinia le tiers.dcchafl'ez de Frame.Iefquels conquefterent beaucoup de terres amp;nbsp;Pais, ruinants l’Empire Romain. Finablement furent ces gens errants ordônez par Boniface, Gouuemeurs en Afrique: lefquels auecq l’aâiô des a utres Gouuerne urs Africas, y furent n.andez amp;’ appeliez.Mais comme ils furent des Vif-Gotthspourfuiuis par deçà la Mer, font paflé la Merlôubsla conduitedeleursRoysamp;Seigneurs Gontram amp;nbsp;Genlêiicen l’an 720. enuiron huyc cent mille perlbnnes tant hommes, que femmes amp;nbsp;enfans,pourruineramp; conquefter l’Afrique. Depuis ceflc retraitre des VVandales fufdits , fut le Royaume d’Efpaigne gouuerné par les Gotthes, du confentemétdes Empereurs, iufquesau têps du Roy Rodrigues: lequel ayat violé amp;nbsp;défloré Cana, la fille du Conte lulien , futauecq tous fes parens ruiné rué.Car ledit Conte Tulien pour fè venger du tort amp;nbsp;vergoigne à luy faitte, manda les VVandales, Mrgt;i es, Africans amp;nbsp;Sarrafins foubs là con-duitte de leur Roy Mufa, lefquels ayants par plu-ficurs batailles defaiél amp;nbsp;tué plus de fept cent

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loS Histoire des trovblej

mille hommes, ontconquefté tourte l’Elpaigne, amp;nbsp;repartie en diuersRoyaumes.- aflauoir, Granade, Valence, Portugal, Toledo, Cordua, amp;nbsp;plulîeurs autres . Mais les Chreftiens de la race des Gotthes, pour euiter les outrages infupportab'es, amp;l’horri' , ble furie de ces Nations, fe font retirés aux montaig-nes d’Arragon,qui pour lors furent appeliez Cania-bri amp;nbsp;Aftures, amp;nbsp;ont efleu pour K oy vng nommé Peiagius. Ccftuy Ptlagius quitant le titre Gottbi-que a commencé amp;nbsp;mené vue guerre bien forte cotre les Mores, mais auccq peu de fucces.ParquoV fesfucccflêurs ont requis aide amp;afsiftence aux Roys de France,aflauoir Pépin, Charle-maigne, Louis amp;nbsp;plufieurs autres : de forte qu’en brief temps les pais perdus furent rcconqueftcz .-lefquelz furent repartis en Prouinces, amp;nbsp;depuis en Royaumes, les nommants des noms de leurs forterefl'es amp;nbsp;villes,par lef-ouelles furent conqueftccs : aflauoir de la ville de Leon ou Légion le Royaume de Leon.- deTaracone, Arragô.- deBarcinone, Barcelone .-Du chafteau que Peiagius auoit bafti fi tort qu’il auoit conquis Leon, contre l’aflaut des Mores, le Royaume de Caftille; Apres furent érigez les Royaumes de Portugal, Nauarre, Galice,Toledo , Valence, Cordua amp;nbsp;Granade .-aflauoir quand les Mores furent contraints d’obeir aux Roys amp;nbsp;Contes Chreftiens, au , temps que chacun en fon pais leur faifoit la guerre, donteftoient les principaux ceulx d’Arragon amp;nbsp;de Caftille.

Entre tous les Princes amp;nbsp;Seigneurs quiontfaid amp;nbsp;mené guerre contre les Payens amp;nbsp;infidèles, cftle plus renommé Ferdinande Roy d’Arragon. Mais apres

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DV PAYS-BAS. LIU. II. , lOJ apres que le pais fut afl’euré des Mores, par la tref* heureulè ifliie de la guerre Payenne, ledit Koy Ferdinande alaifle viure les Mores (comme aulTy lés prcdecclTcurs auoiet faiél) fouz paifible obeiflànce, amp;nbsp;certain tribut.- neantmoins viuans vne vie labo-rieufe , principalement entre ceulx qui eftoient libres , toutteÜbis fupportable, veu qu’ils n’eftoient trauaillez ou moleftcz pour le faief de la Religion.

Mais comme les chofes de ce monde iamaisnc demeurent en vn mefme eftat, amp;nbsp;que les coeurs des Roysamp;Pnncesfouucntfechangent, qui cft caufe que pour le temps prefent les fùbieclz tant font trauaillez amp;nbsp;chargez; Aucuns ontperfuadé audit Roy d’eflire aucunes perfonnes, qui auroiêt efgardà plu-ficursfuperftitions amp;nbsp;infidelitez, afin que la Religion Mahumetane amp;nbsp;ludaique, ne derogeroit en rien à la Religion Catholique. Neantmoins par experience fè voit , que tous ceulx qui font aux aultres des fofles, tombent en icelles ; car il leur eft dur de choper contre la pierre; quand ilstrauaillerontàre-duire les autres à leur opinion amp;nbsp;fantafie, LeRoy a ordonné à ceft affaire des plus qualifiez i en ce cn-fuyuant fes Predecelfcurs; amp;nbsp;commevng Roy ordi--nairement rend toute peine pourfurpafler en hon-» ncuramp;renommee, tousautres Roysamp; Monarches.-ainfiia cedit Roy Ferdinande propofé amp;nbsp;conclu de fe monftrer non moins vray Chreftien amp;nbsp;politique, quebelliqueuxjamp;quitant les affaires militaires, il a employé touttediligéee pour aduancer la Religion Chreftienne, qui eft vng oeuure Royal tresbon, amp;nbsp;digne de grande louenge ; comme aufly eft que le Roy qui eft l’image du Roy fouuerain amp;nbsp;tout-puif-

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ITO Histoire des trovbles fantvfevers fesfubieds deluftice amp;nbsp;vraye miferb corde. En laquelle cliofè il a efté iî trcsheureux,qiïc figne de vray tefmoignage de ce, il a obtenu du Pape,pour luy amp;nbsp;les fuccelleurs Roys des l ipaignes Is titre deCarholiquedequel le Pape Gregoire le tiers de ce nom auoitottroyé en l’an 1250. au Roy Al-fonfe de Galicedequel auflÿ auoit à tous les tlpaig' nols donné le titre de double Catholique.

Or celle choie a caulee que tous Mores,Sarrafins, Africans amp;nbsp;melinesluifs.lefquelstcomme leshilloi-res tefmoignent) depuis le faccagement amp;nbsp;dellru-ction de lerufalem, par ordonnance de l’Empereur Titus en ces Pais auoient demeurez, fe font retirez d‘fcfpaigt;ne;veu qu’ilzelloient contraints de croire amp;nbsp;confeflér que lefu Chrifl elloit le filz de Dieu, ou quirer le Pais,amp; cercher autre part meilleur lieu amp;nbsp;demeure : de forte qu’à celle caufe beaucoup de milliers felbnt retirez es limites de Gibaltar, amp;de là en Afrique amp;nbsp;diuers autres lieux. Mais les autres, aufquelspluscontentoitle Paisd’Efpaigne, y font demeurez , amp;ontauecqleurscnfansreceulelaind Baptefme . Neantmoins peu de temps apres fe font appcrccuxlesEfpaignols, combien vault l’opinion de la Diuinité en l’imagination imprimée , foit bonne ou mauuaife , amp;nbsp;ce qu’elle peut faire au cœur des hommes.quand vne ibis elle y eft enracinée,principalement quand d’ancienneté elle cil ap» prinfe fuccefiiuemcnt l’un de l’autrercar alors ils demeurent obflinez,amp; ne la veullent quitcr:Aux luifs doneques fut interdit l’exercice de leur Religion; amp;nbsp;comme üz ne pouuoicntfynccremcnt ledit exercice oublier amp;quiter, les Eipaignols ont en leur recours

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DV PAYS-BAS. LIU. II.

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cours à la pcrfecutiô, toutefFoispar quelque forme*’''ƒ . de luftice, pour les extirper ; mais il cftoit impoP-fible d’extirper gets tant obftinez en leur infidélité.

Peu de temps par auant fut inftituévng nouucl ordre de movnespar vng Efpaignolnatifau dioce* fc de Lexonie,afiauoir en Caliroga, nommé Domi-i’oidted« nicus: lequel futappellé l’ordre des Iacopins,amp; au-thorife en l’an 121 (î. par le Pape Honorius le tiers de ce nom : amp;nbsp;ce à caufe d’une vifion à luy apparue en dormant,par laquelle luy fut remonftréque l’E-glife eftät en branle de tûber, full tenue debout par le lèul S. Dominicus, combien que le Pape Innocêt le tiers l'on predecefleur , n’auoit voulu confentir l’inftitution amp;nbsp;erection de ceft ordre de moynes.

Celt ordre de Religieux eft creu amp;nbsp;moté en telle eftime, que le Roy d’Elpaigne, a commis aux Taco-pins tous les affaires concernants la confcience amp;la Religion; amp;nbsp;côbien que par auant fuit inllituee aucune forme d’Inquifition, fi fuit elle par ceft ordre deslacopins,qui eftoit eftimé plus làinét que nul des autres plus côfirmee amp;eftablie. Or quand on a veu que les lu'fs, ne pouuoiét elf re côuertis par les prières, prefchesamp; admonitions des lacopins.'ilz ont procédé par voye de rigueur, amp;nbsp;prins le glaiue, pour les contraindre à la Religion, en cas qu’ils ne vouloient fortir, amp;nbsp;quiter le Pais. Celle ver-' ge ou glaiue dont i’entens icy parler , qui a ellé par leslacopins, iufquesau temps prelènt vfurpee cotre ces pontes gens,a elfe la caufe qu’on diet que l’Inquifitiôellcômcncee au temps amp;nbsp;foubs le Roy Ferdinadejpour ce que celle maniéré amp;nbsp;forme d’In- • quifitiô eftoit plus rigoureufe que la premiere cotre

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iiî Histoire des trovbles

f ksherefies ou hérétiques, par eux nommez Ma* . . rans; lequel nom ellen vfage entre plulieursnatiôs éc^Maiis. Chreftienes,. contre ceux qui d’un lingulier defir ap-petoient vne nouuelle Religion, ouitant amp;nbsp;répudiât l’ancienne,dontl’originc des Marans eftoitpeu de temps par auant cognue. Car comme les luifs auoiét attendu le Melsias promis ,amp;toufiours eu à la bouche ce nom Maran, c’ellädire, Nollre Seigneur; Ainfi les luifs qui auoient rcceu la foy Chrefticnne ; difoient Maranatha; c’eft à dire , Le Seigneur eft venu.Peu detempsapres eft venueentre lesChre-fticnsvnedidcnfion amp;ennemitié, affauoir, entre les vrays Chreftiens amp;nbsp;ceux qui nioyent la venue dudit lâuueur,lefquclsfurent nommez Marans, amp;pour vne pernicieulè amp;nbsp;malheureulè lèéle condénez.Ce-fteeftlacpufc pourquoylesluilstoufiours diloient lefulditmot,amp; que les Élpaignols d’autre parties «ppcllerentApoftatSjheretiques, amp;nbsp;qu’ilzont vie ce mot côn e tous ceux, qui ne tenoient la vraye do-éîrine derEglife Romaine.

Aceftecaufedonequesontefte' les lacopins auteurs de rinquifition, qui ont inuenté vne forme d’icelle , meilleure que celle de deuant. Le Roy a ratifié incontinent cefte forme,amp; le Pape Sixtus Ge-neuois l’a confirmee. Sans faulte nulle le Roy auoit trefgrande occafion de ce faire, pour extirper la malheureufe amp;nbsp;reprouuee doétrine des Mahometi-ftesamp;Iuifsqui netafeh fient qu’à charger les coufei-enccs des hommes par leur attente- du Meßias promis; aufly les Sarafios 8i Arabes , que les/Mores auoient mandez en Efpaigne commettoient grand' mal. Voire mefraes les luifs furent condemnez en

l’An

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DV PAYS-BAS. LI U. lb nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ÏIJ . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;7.,

1 an 147 5. du Pape Sixtus,par ce qu ils auôiet cruci- ' fié vn enßt de deux ans, luy coupé les genitoircs amp;nbsp;Mtutdre la mamelle droitte, puis percé tout outre iufques à d’unicune la mort, 8i ietté à la riuiert: ce qui fut faift à la lèp-maine làinôe deuant Pafques,en dcfpit amp;nbsp;mocque-riede Iclù Chrift.amp;deshôneur amp;nbsp;vergoigne de tous Chreftiens; Lelquelsluifs furent chaftiez èc exécutez,apres qu’ils eurent confeflelefaiâ: àlatortureamp; examination rigoureulè.

Ces lacopins s’ont efté appeliez,à caufe de l’efti-meamp; reputation qu’auoient acquis parl’Inftitution de leur nouuelle ordre de Religion, dcfeulcurs de la doétrine 8i Religion Chreftienne, non feulcmét en Êfpaigne, mais aufl’y en Italie , 8i autres lieux de laChieftienté, ou ilz auôient planté amp;nbsp;introduit leur ordre. La premiere commifsion leur fut donnée contre les luifs amp;nbsp;Mahometiftes ; mais- depuis leur autorité fut augmentée amp;, eftendue, amp;nbsp;fe font appeliez Inquifiteurs des Hérétiques,pour p^érfecu-ter tous ceux, qui n’oblèruerqient les ordonnances amp;nbsp;inftitutions de la Religion Catholique .Or pour feauoir quelles gens font efté ces Inquifiteurs,1’experience l’a dcmonftré, aflauoirgens qui par leur mefchancetétoutperucrtiflent, car cesbonsSeig-neurs procèdent fuynans leurs affeâions, contre les acculez,par executiô rigoureufé,qui eft caufè de la havneque tout homme leur porte; principalement depuis l’appoinâement par lePape donné en -tre les quatre ordres des Mendiants: La caufe de ce proces eftoit, que Icsinquifiteurs auoient examiné fur certains articles delafoy aucûsTheoldgiës de' l’ordre des Carmelites, defquelsl’vn eftoit lulië de

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II4 Histoire des trovbles • Brefle en Lombardie, doâreur amp;nbsp;prefcheur fort renommé, amp;vng autre nommé Pierre de Nouelans, pour lequel Mantuanus a écrit vne excellente Apologie, contenant quatre Eures.

Le Pape confiderant la fin de cefie partialité, amp;nbsp;quelle ten droit au prciudiceamp; deshôneur des deux parties, voire au preiudice amp;nbsp;grand infereft de l’cliat Ecclefiafiique , veu que les deux parties cftoient fondez furcl'ofe de peu d’importance, que cefie diflenfion pourroit à l’aduenir porter trefgrand dô-mage à tous ordres Mendiants, defquck leslaco-pins efioiét les principaux amp;nbsp;le plus efiimez, Se qui le prefumoient efireles meilleurs, futordônéàl’in* fiance de Chrifiofle Martignez, qu’ils feroient en tous lieux égaux es Priuileges 8c immunitez,par eux du Pape obtenuz. Neatmoins le faid de l’Inquifitio leur a’procuré vne hayne amp;nbsp;rendu tant odieux, que plufieurs les ont grandemêt tenuz fufpeâs, veu que Iculsontadminifiré l’office de l’InquifiticMi. Fina-blementfutleRoy Ferdinande centraind amp;nbsp;necef-fité, d’appaifer cefie difeorde amp;nbsp;diflenfion : toutef-fois amiablement amp;nbsp;honneftement en ordonnât amp;nbsp;commettât en leur lieu gens Ecclefiaftiques Papaux bien doéles, qui long temps par auant auoient efié fauteurs decefielnquifition, £tafin queMefsieurs leslacopinsne prendroient en mal cefie priuation èc depofition d’efiat, le Roy les a authorilc de pou-lioir efireprefens au Conlèil, deliberations amp;iuge-mens des Peres Inquifiteurs delafoy.- deforte que l’examinationfefaiélencoirepareux pour le iour-dbuy;amp; corr bien qu’ils ayent plutofi perdu l’cfiime amp;nbsp;commandement que oublié,laquelle les auoit mis vers

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DV PAYS-BAS. LIU. II. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;115 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,(■

vers chacun en reputation tant grande; fi retiennent ils touttefl'ois le nom amp;nbsp;titre d’inquifiteurs, auecq bon cfpoir de n’efire tant efloignez , qu’encores quelque iour ils pourront recouurer le mefme eftat. le vous ay deflüs déclaré comment l’Inquifition a efte érigée en hfpaigne,amp; côbien qu'elle ne fut alors fi ngoureulèment adminiftree n’y exccutee.côme fe faict pour le temps prelênt.'fi ne l'ont les Efpaignols inefmes voulu accepter,côme aulTy n'ont faiélplu-fieurs autres des fubieéls,Car quand le Roy d’Arra-gon vouloir introduire l’Tnquifitiô en fa patrie. Les Efiats amp;nbsp;Noblefle du pais y contredirent amp;nbsp;s’oppo- ne veut te. ferentneantmoinsen toutte reuercce; premieremet nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'ônæ

par parolles amp;nbsp;remôftrances: mais quad il les vouloir à ce contraindre,ils s’y oppoferét de faiâ:,amp; ne Vont en manière quelcôque voulu accepter,par ce que les Eftats confideroient que telle Inquifition feroit dô* mageable amp;nbsp;pernicieufe à la liberté du Royaume; de forte qu’elle y fut non feulement introduitte par vine force,mais aufly par grande efFufiô de fang tant d’un cofié que d’autre, côme tefmoigne la mort de Maiftre Aepile, qui efloit auecq plaine authorité j enuoyé du Roy, pour introduire l’Inquifiiion au Royaume d’Arragon ; parquoy il fut tué amp;nbsp;maflà-créen VEglifè Cathédrale de SarragofTc.

Orrefte encore à declarer la fourme de la iuftifi- p,, catiôde ceftelnquifitiô, par laquelle toutte Nation i'in(;uiii» peut entédre par quelles ceremonies la iuftice ciuile amp;nbsp;criminelle foit à vngehaeü par les Efpaignols ad-miniftree.Quâdaucûycftaceuféd’herefie,onyen- । uovevngfêrgeatpourle citer amp;adioumerde corn- i paroir en perfone, lequel adioumé doibt obéir, car |

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ii(f Histoire des trovbles nul delay eft plus dommageable que ceftuy cy; mais quand il le nyc,amp; riens ne côfefle, on le laiffe retirer amp;nbsp;s’en aller à fa maifon ; mais vng de leurs mouches le fuyt, qui diligamment prend garde amp;nbsp;obferue fes -mines, amp;nbsp;s’il âpperçoit parles parollesamp;aftesdc l’adiourné, qu’il a quelque finiftre amp;mauuaife intention , il le declaire aux Peres Inquifiteurs, lef-quelz luy font de rechef vng procès corne s’enfuy t.

Quandl’accufé, comparoiflànt au premier iour ordonné confelfe le tout librement; ou qu’eux par longue examination peuuent aucune choie de luy tirer; alors l’acculàteur , ou mouche eft caché derrière les tapifferies, pour ouir s’il confelfe la vérité.* neantmoinsl’adiourné, s’il efthabitant, ouBour-geoisjfe renvoyé à la mailbnrmais s’il eft eftrangier, on le meine enprilbn. Apres ils mandent le Curé ouEuefquedulieu oudiocefe,ou l’accufé le tient, afin qu’ils ne mettent les mains imprudemment fur la brebiette d’un Pafteur eftrangier.' amp;nbsp;à c’efte caulc luy mädent amp;nbsp;aduertill’ent qu’ils ont en leur pnfon vng de fes ouailles .• mais fi d’aduéture le prilbnnier efehappe des prifons,ils enuoyent lettres à l’Algua-fil,luy efcriuan t la forme du vilâge amp;nbsp;autres circon-ftances du prilbnnier fugitiftlequel le pourfuyt par toutou il le penlè trouuer, tant amp;nbsp;li longuement qu’il l’ayetrouué, reprins,amp; remis en prifon.Celle pourlüyte fe faiél communément de ceux qui font de grand eftat, ou biê doéles, amp;nbsp;qu’on craint qu’ilz lailTcront la foy Catholique. L’accufé eftant confti-tué prifonnier, on luy demande les clefs de fa mai-Ibn pour les deliurer à vng Notaire publique, qui doibt faire l’inuentaire de tous lesmeubles, lettres,

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DV PAYS-BAS. LIU. ! I. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ri?

efcritures amp;nbsp;ioyauxqui fóten fa maifon:lequel In- **1 uentairefèdeliurc és mains d’ung riche VO inn ,qui^ Je garde iufques à la fin du proces s amp;nbsp;tous les biens font confifquez au prouffit du Roy,quand J’accufe eftcôndemné amp;iugé Hérétique. Carlacouftume eft,nonobftant quela fentece ne foit capitale, que tous les biens foient come vng butin départis, pour ’ caufe de l’herefie, amp;nbsp;quel’accufé n’eft digne de pof-feder fes biens, lefquels par ottroy du Pape au Roy Jbnt adiugez . Le Chipier demande amp;nbsp;recerche di- î ligemmentfi l’aceufé, fi toft qu’il eft entré en pri-’ Jbn, n’a couteau, papier, ou autre chofe femblable; j amp;nbsp;le delpouille amp;nbsp;recerche iufques à la chemifè. Huyt iours apres les Inquifiteurs fubornét le Chi-pier,qu’il confeille au prifonnier, de vouloir demâ' der inftamment audience; amp;nbsp;le prifonnier prie au Chipier delà vouloir dcmâderen Ibn nom, ce qu’il faiél. Or quant le prifonnier vient en l’auditoire, il Jupplie qu’on veuille expedier Ibn proces : alors on l’admonefté de vouloir décharger fa confeience, amp;nbsp;’ cognoiftre fes faultes, luy promettant toutte grace ;

amp; mifericorde, en cas qu’il lè veuille conuertir. Et s’il le conferte,par ce n’eft il pas deliuré,comme icy entendrés. Mais s’il ne vcultconfefferJà faulte, on Je rcmeine en prifon,amp; les Inquifiteurs difent, qu’ils feront fon procès court. L’audience derechef lè demande mais fans riens faire; auffy on ne luy declairc pas la chofe dont il eft accule, pource qu’ilz le pretendent convaincre par fa propre confefiion.

Apres on le remeine autre fois deuant les Inquifiteurs, lefquels luy difent bien rudement : Si ne voulez auItrcment parler amp;nbsp;décharger voftre con-

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ii8 Histoire des trovbles

fcicnce, on vous mettra és mains du Procureur general, quivous traittcra d’autre forte, allauoirpar examination rigoureufc. Le Procureur General ou Fi/cal, cft de l’intétion qu’il confifque premieremét les biens de l’accuféauproutfit du Roy. Mais quad les cauteleulès admonitions des Inquilitcurs ne le peuuent faire confeflerj^^' gaigncr fa perfeuerâce,ils ont leur recours à vne autre pratique;ils font appor-tervnecroix 8: vngMjflal,amp; veullét que l’accuféiure mettant la nij n furieeux; mais s’il ne veultiurer, il cft conuaincij.-amp; s’il faid le ferment,ils benquierét diligemment de fa patrie, parens, profeßion, com-paignons,amp;aultrcs choies lemblables, delquelsils prennent giandsargumens. Mais ceux qui Ibnt pru-dens i^ fins ne leur relpondent clioft qu’il foit, car ils ont veu par auant l'information amp;nbsp;l'enqueft de la chofe dontils font acculez.Finablemét on luy dôanî la dcmiandc par elcrit, pour fe defèndre par Procu« reur amp;nbsp;Aduocat,lequel appelle le prifonnier, amp;nbsp;entreprend la defenfe de làcaufe.-amp;apres quele procès cft mis en ti ain fclôlacouftume,ily adioufteles loix pareferit, amp;. l’exhibe es mains deslnquifiteurs; lef-quels le-ticrs ioiir apres ren ladét le prifonnier auccq fon Aduocat deuat eux. Lors luy cômandent de dire la vérité, veu qu’on ne demande aultre chofe en ceft auditoire; mais s’il ne veult rien confefler, on le re-meine enprifon, amp;nbsp;à la fin on luy monftre les depo-fitions,fans luy nommerles tefmoings; mais quand aucun veut depofer quelque chofe à la charge,le pri-fonnicr enqueft la qualité delà perfonne;!! adulent aufly que les Inquifiteurs accordent au prifonnier accule, quand il peut diuiner ou imaginer fon accu-fatcur.

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DV PAYS-BAS. LIU. î I. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;IT5 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.x

fatcur, en remémorant qui ce peut eftrc, auquel il ’**^***/'‘ '«^ auroit parlé des affaires de la Religion , que le mcf-meledoibt confronter, amp;nbsp;àluy parler en barbe. Ceux qui font rufez amp;nbsp;cauteleux demadét copie de la demande pour y refpondre par efcriuMais s’il y a deux tefmoings ils peuuent fans faulte iuger amp;: donner fèntence de mort au prifonnier - Si vng fcul tef-moing eft fouffifânt p!' ur le mettre à exam inatiô ri-goureufe.L’aduocat fifca! eftfà partie , Si les accufa-teurs font les tefmoings. Deux ou trois iours apres quad le prifonnier cft de rechef madé dcuSt lcsIn-quifiteurs, fon Àduocat luy déclaire les principaux articles dontilyft accuféamp; luypropofèlesraifons plus prégnantes amp;nbsp;les tefmoignagcs des accufateurs, pour confiderer s’ilz font vray femblables ou nô.'dit auffy rAduoöat au prifonnier.qu’il aduife qui peuuent eftre ces tèfmbingsspoùr les reprocher:amp; pour ce faire on donne au prifonnier aucuns iours de de- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;v

liberations, pour recorder ehfoy mefme,quiou quels ayenteftéTes ennemis, qui peuuent auoir tef-raoigné contre luy amp;nbsp;à fa charge : Sc s’il ne les peult diuiner, c’eft fait de luy, amp;nbsp;demeure fupprimér mais s’il les diuine ou peult nommer, on luy ref-pond point, qu’ils foient les mefmes, mais l’Aduo-cat en adueitit fecretement le prifonnier , amp;nbsp;on luv demande deuant les Inquifiteurs, quelle voye ou moyen qu’il ayt pour reprocher amp;nbsp;repouflér l’Accufateur. En oultre quand î! fe veuit cxcufer amp;nbsp;purger, ou qu’il peult prouuer qu’il ayt touf-iotirs elfe grand amy aux gens d’Eglifè , amp;nbsp;qu’il a obferué les Ceremonies de l’Eglife, aflauoir qu’il a efté àlaMeffe, qu’il s’eft eonfeflé,qu’il a honnorc

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Iio Histoire des trovbles la croix amp;Jcs Images; Brief qu-il a f^iâ tout au cô-» traire delà depofitiodes accufatenrs, ce qu’ildoibt faire ordinairement, en dedcns neuf iours,alorslà caufc eft fort amendée ; neantmoins nulle exeufe y eft de valeur, linon en faulte de certains tefmoings; amp;nbsp;quant les contre téfmoings font examinez par le luge, ontfaid conclufion de la caufe, àTAduocat Filcal faiû inftance de pouuoir prendre conclufion comme bon luy lèmble. Apres aucuns MoineS; amp;nbsp;Doâeurs Théologiens font l’examinatiô de fa foy, c’eft à dire, ils font interpretation fur tout ce que le prilbnniera parlé de; la foy, amp;nbsp;,s’il a félon leur opinion bien dit,on le iuge libre de francq,touteffois non fans dommaige amp;nbsp;s’enrçlèntir.coinrpes’enfuyt.

Quand on ne peut aucune çbofede luy enten-Tsamina» dre, amp;nbsp;qU’11 fe peut ejeeufer j on le met,à examinatio jeure'^°'‘ rigoureufe;amp;premierçméteftmenéleprilôiiierpar pluficurs huis des c3u.es fous terrç aulieuou Ije.lu-ge eft afsis.Le boure^u s’y prefèntc incontinent ve-, ftu d’une faye de linge noir pareille à celles que les Efpaignolsveftent leieudy blancqdeuantPafijues, quand par penitence ils fe baftent iniques, au fang. La tefte amp;nbsp;vilâge eft couuert d’un coqueluchon noir, n’ayant que deux trous deuant les yeulTTain-fy accoutré entre leboureau, pour elpanter lepri-lonnier, amp;nbsp;comme fi le Diable mefme le vouldroit chaftier de fes pechez. Ce faiéf, le luge luy faiél quelque aduertifsementamp; admonition de luy vouloir declarer la vérité, proteftant lÿ par torture luy fôit rompu quelque membre, ou iabe, que la coul-pe amp;nbsp;dômaige luy demoureroit. Puis on difpouille entièrement ce poure prifonnier, fauf qu’on cou-ure

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lire Ies parties lionteufes de quelque linge . Apres par quelque ligne il fignifie au boureau, quel tourment il luy doit donner. Orle tourment ordinaire du prifonnier eft qu’on luy lie les mains derriere le dos,amp; eftant tout fon corps par vn engin de torture cfleué en l’air, on attache à lès pieds des fers poi-làn ts vingt amp;nbsp;cincq hures; alors luy dilènt les Inqui lîteurs.’Si ne confefles la vérité fâchez qu’on vous laiflera mourir en ces tourmens; Le poure amp;nbsp;milera-ble patient pend long téps en celle peine, fes pleurs amp;nbsp;larmes n’v lèruent de rien. Puis le boureau le laif-fe auallertout d’un coup, fans toucher la terre, de forte que tous les membres dellogent de leurs ioin-^ âures. Ce faicl,le boureau luy donne la fécondé amp;nbsp;tierce charge, amp;nbsp;le retire à mont; de forte que celle inhumaine torture amp;nbsp;horrible tourment luy dure depuis les neuf heures, iufquesà les onze ou douze. Or quand le prifonnier demeure confiant fans riens confeller,on le porte à l’eglilè, ou il y a des Chirurgiens ou Barbiers,qui luy augmentent la peine trois double. Eftant le patient en ce miferable eftat, ils luy requièrent qu’il fe veuille confelTer, dont ils ap-perçoiuent de quelle religio qu’il eft: amp;nbsp;en cas qu’il fe veuille confelTer au preftre, il y a vng Notaire caché pour elcrire amp;nbsp;noter toute la confeßion du prifonnier, car il luy faiél parler haut amp;nbsp;clairement. Lors le preftre luy diél. Qu’il a puiffancc amp;nbsp;autho-ritédeledeliurerdcs mains des Peres Inquifiteurs. Aucuncfois font les poures prifonniers par ces pa-rolles deceusamp; trompez, car en confefl'ant aucune choie, ils apportent leur propre telmoignage amp;nbsp;de-uiennent puniflables. Alors les Inquifiteurs difent

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121 Histoire des trovbles publiquement tanten rue que prifbn,que ledit pri-fonnier a beaucoup confefle,amp; qu’il a declairé amp;nbsp;acculé tous fes compaignôs amp;nbsp;confreres, encore qu’il n’en foit rien. Ce qui caufe que les voilîns qui ont entenduamp;ouy les grands croix du patient, amp;quc le bruit eft, qu’il aitaceufé tous lès confreres, viennent aceufereulx mefrnesdeuant qu’ils foient acculez des autres,pour lè reconcilier auecq les Peres amp;nbsp;Inquifiteurs de la foy, pelants cftre deliurez de tout danger,quand mefmes ils confeflènt leur faulte.Les prilonniers malades lè portent à vn Hofpital, ou ils reçoiuent des Chirurgiens amp;nbsp;Minières de l’hof-pital aucun bon traktement, iufques à ce qu’on les remeine en prifon. Le Notaire amp;nbsp;Chipier vifite deux fois par mois les prilbnniers, pourlcs alsifter de leurs necefsitez, amp;nbsp;tenchent ceux qui leur oftent la viande, ou font aucun dommage.

Approchant le iour que la fentence fe doit donner amp;nbsp;exécuter, allàuoir deux iours deuant.ils mandent les prifonniers,aufquels les Inquifiteurs commandent de leur dire amp;nbsp;declarer touts leurs biens meubles amp;nbsp;immeubles, amp;nbsp;qu’ils ne tiennent cho-lè aucune cachee, afin que ceulx qui font en leurs maifons, ne loient acculez de larcin , ou que eulx mefincs ne tombent par permifsion diuine morts en terre; commeaduintà Ananias amp;Saphyra,quitombèrent morts aux pieds des Apoftres,pour ce qu’ils auoienttenuzcacnépartiede leur biens-

Au iour ordonné eftants la nuiél precedente confeflèz, leur apportent les Officiers del’Inqui-lition le matin tempre leSaint-Benift ; qui eft vng faye ou habillement de galere làns manches, fem-blable

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DV PAYS-BAS. LIU. IT. II5 blâbleaux manteaux Romains, amp;nbsp;font couverts de linge noir. Sur la teftc ont ils vne mitre d’Euefque faiôe de papier,fur laquellô eft côtrefaid vng hpm- «juet. me afsis au leu , amp;nbsp;vng Diable allant à l’cntour, qui allume le feu •• amp;; riionimelùlditalesmàinsliez au col, lequel premièrement le tire par la flamme, amp;nbsp;puis au feu. Quand on les rriene au lieu dé l’cxe-cuiion, IcsElcolicrs les precedentchantanS.- amp;les autres qui font condamnez, non à mort, mais à quelque pene pecuniaire OU corporelle; les foy tient accompaignez à deux codez des forgeants dcl’In-quifltion : aulTy de deux Moynes ou lefiiités pour exhorter ou admonefler les Bourgeois 'Oun e ce les Alguazils amp;nbsp;Officiers de ferment, luges'i-Prefi-dens, Goiiuerneurs amp;nbsp;Lieutenants duRoÿdece Pais, auecq plufienrs Seigneurs amp;nbsp;Gentils-hommes, font tous allemblez en leurs Palais/Plus y font les Preftres amp;nbsp;Chapitre de l’Eglifo Cathédrale , Abbés amp;nbsp;Prieurs , amp;. tous autres pour éfpan-dre le fang innocent . Mais l’Aduocat Fifcal amp;nbsp;Procureur General montez à cheual vont aufly au lieu del’exccntionà baniere de damas rouge dclployee laquelle eft richement brodee d’vn Cofté des armes amp;nbsp;nom du Pape; qui a confirmé amp;efta-bli les Inquifiteurs , Si de l’autre cofle des armes amp;nomdu Roy Ferdinande.- amp;pardcllùs la Baniere eft vne croix d’argent doré. Semblablement y font à cheual les Peres loquifiteurs de la fov amp;nbsp;leurs Officiers .Celletanthonnorablc troupe eft fuyuie d’vne grande multitude de peuple, qui de vingt lieues loing à celle felle eft arriuee, amp;nbsp;viennent tous enfomble iufques à la grande plaine ou pla-

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124 Histoire des trovbles

cc où font dreflez deux efcliauffauts, l’un pour ,les acculez, amp;nbsp;l’autre pour les Peres Inquifiteurs: defquelz l’un prononce vneharengue à la louenge amp;nbsp;honneur de rinlt;^uifition ,amp; vituperation ou abolition des herefies. Celleharengue finie, on commence à lire amp;nbsp;prononcer publiquement les leniences des poures patients, par ordre; commençant à ceux qui ont la plus gracieufe fentence amp;nbsp;moins feuere chaftiement. Apres la publication des lènren-ces, l’Inquifiteur maieur oufouuerein chante des coUeôes, aflàuoirdcs Oremus QutÇumus pour ceux qui font conuertis, priant ainfly Dieu de leur ottroyer fa grace amp;nbsp;mifericorde, de pouuoir perfe-uerer iniques à la mort en lafoy Catholique Romaine. Ce faiâ toutte la clergé chante le Pfeaulme, c^tferere met 'Deus, lequel eftant fini, le fufdit In-quifiteur chante aucuns verfets, amp;nbsp;tous les chantres luy refpondent en mufique criants côme des veaux, qu’ilslont.Finalcmét ledit Inquifiteurschante l’ab-folution, par laquelle les penitens font abfouls de coulpe d’herefie, mais non de peine ou amende »laquelle doit eftre incontinent executee, fans aucune grace amp;nbsp;milèricordc , voire fans aucun droit ou railon.

Celle abfolution donnée, melsieurs les Inquifiteurs font faire lèrment au peuple, qu’il viura amp;nbsp;mouraenlafoy,obedience amp;nbsp;religion de l’Eglilè Romaine; amp;nbsp;qu’il défendra la melme, amp;nbsp;les Inquifiteurs, en tousles poinâs,amp;contre tous; hazardans corps amp;biés contre tous ceux qui la voudront endommager ou inuader.Oultre ce qu’ils renoncent amp;nbsp;abiurent toutte cJiofe contraire à la doânne,amp; in-

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inftitutiûns ou ceremonies de l’fglile Romaine.* D’auantage qu’il défendra de tout fon pouuoir le fainti office amp;nbsp;tous fcs Officiers amp;nbsp;miniftrcs ou 1èr-geans.-prenan31’un l’autre àtefmoins pourlafeurté amp;nbsp;fermeté de la choie.

S’il y a entre les penitês ou conuertis quelque home d’Églile foit Moyne ou Preftre, qui foit trouué digne de moindre peine que de la mort, ceftuy fe ^et degrade lèulcment par parolles.Ccfte degradatiôlè Prcftt«« faiéî: par l’Euefque veftu en Pontifical,amp; nul autre,' par lequel luy eft interdiâ l’adminiftratiÔ de fon office, benefice amp;eftatfacerdotal, iufques à tat que le Pape l’aura ablbult amp;nbsp;réhabilite ou reftitué en fon eftat. Mais s’il eftiugé àmort par les PereS Inquifi-teurs, alors fe degrade le patient de faiâ ce mefinc iour, comme s’enfuyt; Premièrement, on l’accoutre de tous les habits d’Êfglilè,' comme s’il deburoit en quelque lieu célébrer la Mellè .Defquels on le dépouillé vfant l’Euelquefur chaque partie qu’on luy ofte, certaines ceremonies amp;nbsp;parolles,entièrement contraires à celles qu’il vfe en donnant l’ordre depreftrifê. Apres onluy racle les mains, les leures amp;nbsp;la tonfiire d’une piece de voire ou rafoir, pour luy qfterla fàincte huyle dontilfut OindtenfacÔfècra-tion. Toutes ces ceremonies fè font publiquement àlaveuedetoutle monde.

Or quand les fèntences font prononcées, amp;nbsp;les Preftres dégradez comme defl'us eft diét, l’Officier temporel reçoit ceux qui doiuent mourir félon l’ordonnance amp;nbsp;commandement par Mefsieurs lesln-quifiteurs done: amp;nbsp;les meine au lieu ordinaire pour les executer amp;nbsp;dcpelcher de ce Monde, ayans de

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iitf Histoire des trovbles

CCS Diables de Procureurs, qui ßns aucune ver-goigneinccnàmment les tachent à induire de vouloir renoncer la vraye vérité par eux conlèflee amp;nbsp;re-ceue. Maisquant les Inquilîteurs entendent que aucun n’cR vraycrccnt penitent, é^cque le Loup eft cache amp;nbsp;couucrt d’vne peau de brcby, ils le de-liurentes mains de l’Oßuier temporel, le (üppli-ansde le tiaittergracieulèment, fans luy calîerau-cun membre , ou efpandre goûte de fon fang .• cnlcurfentence capitale ils difent.- Veu quenoftre peine amp;nbsp;trauail qu’auons prins peur conuertir ce-fieperfonne de fes erreurs cft en vain, nous le dcli-urons es mains de l’Officier temporel, pour eftre chaffié felon droid amp;nbsp;iuftice; touttcffoislùpplians, en cas qu’il coignoiflê fes erreurs amp;nbsp;fe conuertifle, de luy faire grace amp;nbsp;mifcricordc.

Tous les autres qui ne font iugés à mort, on les rem.eine pour alors en priton, mais le lendemain on les meine^ar les rues pour eftre batus de verges, aflâuoir ceux qui à ce font condemnez: les autres font condemnez àla galere, autres à perpétuelle ou téporelleprifon,amp;les autres à porter le Saind-be-nift; Mais quand aucun d’iceux deuient relaps, amp;nbsp;tombe en leur mains, toutte grace amp;nbsp;mifericordc^ n’a nul lieu.

Vousauez maintenant ouy (amy Ledeur) les caufes amp;occaGons,pourquoy les Efpaignolsfont la guerre aux Pais-bas par cy deuanten Efpaig-ncont fait la guerre aux Mores; defquellcsentendrez la vraye fource des eaucs doulourcufes, dont ilseuïTentcouuerts amp;nbsp;noyez le Pais-bas ,fi le Scig-neurDieu par fa mifericorde n’y eufte pounieu. En oultic

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oultre appcrceurez incontinent chofes mcrucilJeu-fcs, aflauoir qui, par qui, en quel temps, amp;nbsp;pourquoi les Efpaignols ont cfié efpars par tous les Pais-bas . Orlcschofcs cy deuant déclarées au premier Liure, ne font ce pas aétes amiables d’vne liberale Ducheffe ; contre l'horrible rigueur de l’Inquifi -tion ? Vra vementelle nous a donné du miel, mix-tionné de grande amertume, car il eil à vn chacun bien notoire quelle cruauté amp;nbsp;immifericorde qu’ellcaaße contre les poures amp;nbsp;rriiferablcs fub- -ieéts.

Le Roy d’Efpaigne craignant que la Religio pro-teftantc augmenteroit amp;nbsp;croiftroitau Pais-bas, au grand delàuantagc amp;nbsp;intereft de l’Eglilc Catholique, amp;nbsp;perte de llnquifition , mande bien alfe-âueufement (comme defl’us au premier Liure cft eferit) à là Seur Madame Margarite Duchefle de Parma, de preuenir celt intereft amp;nbsp;decroiflement. Mais comme ilentendoit que la choie empiroit de iourà autre, que la Duchefle n’ufoit allez de cruauté en chaftiant lès fubieéls ;ilaenuoyé d’Efpaigne Don Ferdinande Aluares deToledo Duc d’Al-ue pourGouuerneuramp; Capitaine General en ces Pais-bas. Lequels’eftembarqué auccq fa gendar-'rpjnemfnt merie en Barcelone au mois de May en l’an 1567. d’Efpaigne nauiguant vers Gennes ayant vent en poupe:4^'^ Le Roy a commandé à tons les Capitaines du Royaume de Naples, Sicile, Lombardie, amp;nbsp;autres, qu’ils marcheroient auecq leurs Compaighies , vers le territoire de Milan , comme aulTy fut faiél •• amp;nbsp;ce-pendant que ledit Ducq eftoit ma- t lade des heures.futfaiétcbien grande allèmblce,

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118 • Histoire des tRovbles des gens de guerre. Chiapin Vitelli eftoit fonLieü* tenant General, amp;nbsp;Gabriel Serbcllon General de l’artillerie.

Le Dueq d’Alue eftant guery de là fleure, drelTe fon voyage par la Sauoye vers la Conté de Bourgoi-du'^v^yage auecq huyt mille Elpaignols,fept mille Sauoyés 44 Ducq amp;nbsp;mille clteuaux legers.' amp;nbsp;de la par là D uché de Lo-raine vers Lucenbourg; ou le Conte Albert de Lo-dron auecq trois rnille fotidars Allemans 8c trois quot;x-.. cens chenaux fut prins en gaige par ledit Duc d’Al-ue;amp;fbntcnfemblcdelcendusauPais-bas, iufques à Bruxelles. Le Ducq communique fa commilsion, authoritc amp;nbsp;pouuoir à laditte Duchelfc' laquelle ayant veue, demande aüRoy Ibn frere Ibn congé, pour retourner vers fon Seigneur amp;nbsp;Mary le Ducq de Parma ; amp;nbsp;ayant rcflgnée fon eftat amp;nbsp;office es mains du Ducq d’Alue, laditte Dnchefle s’eft par-’ fe*p«Vdu ' tie dcsPjis-basle lo. d’AuriL^S. non ßns gran-Tau-bai. de douleur amp;nbsp;triftefledu peuple: qui confideroit io nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;que leDucauoit accepté toutte authorité amp;nbsp;puif-

fancc pour perfèuerer en fon concept, fauorifé 8c fortifié par la force Elpaignolle,qu*ilauoit auprès de luy, àlatrefgrande amp;nbsp;milèrable ruine amp;nbsp;defolation duPais-bas.

Or quand le Ducq d’Alue euft en fes mains tourtes les villes amp;fôrtereflês, bien garnies de fes fou-darsElpaignolsîilflt publier Placcars ,del’infl:itu-tion dcl’Inquifltion, commandant de parle Roy, canfeii qu’un chacun obfcrueroit la Religion Catholique, amp;obeirÖit' à ÎEglifè Romaine. Apres a ordônévng nouueauConfeil (diéf leConfeil destroublcs) de douze Confeilliers, que auroient pleine authorité de

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•de ïèntencier,iiiger amp;nbsp;pronócer fen fences de mort, * nbsp;nbsp;nbsp;.

a auflÿ en plufieurs lieux rcnouuelléle Magiftrat, 15 2^ comme boa luy lèmbloit. Ce faiâ:, ledit Ducq à caulè des troublespaflez, fift prendre beaucoup de gens,fans ceux quelaDucbeflè de Parmaauoit fait emprifonner. Si en failbit rigoureufe iuftice. Plus il fai(2 proclamer les fugitifs, leur afsignant iour de comparoir amp;nbsp;en cas de defaut.- tiôfifque leurs biens.

CeditDucqs’eftlimulégrandement à faprcmierç venue amp;nbsp;entree, qu’il ne challicroit perfonne de -i peine corporelle à caufe des troubles pafl'ez, afin de quot;nbsp;nourir le peuple d’vn vain elpoir, amp;nbsp;que le Roy dô-neroit pardon general de tout ce qui auoit çfté cô-mis contre la Religion Catholique, pouf attirer en là compaignie les Contes d’Egmondamp; de Horne.

Mais quand l’Inquifition, Si ledit Confeildes troubles furent ordonnez amp;nbsp;inftituez, les Inquifi-teursontpour!epremier,fat(â emprifonnerbeaucoup de gens,amp; rebaptifèrles enfans des Proteftans, amp;nbsp;oereenef efpoufèr en l’Eglife Catholique ceux ■!' qui es autres Eglifès eftoîeht efpoufes. Aucuns au* très fugitifs eftansfurle prediéi vain efpoirœtourquot; nez à leurs maifons,ont efté par le Confeil des troubles emprifbnnez, amp;nbsp;condemnez à mort,de Ibrte cjuelefangy futefpandu comme eaue. Car à plu-fieurs furent trenchez les telles, plulieurs noyez en l-caue,amp; plufieurs pendus.

Au commencement de Septembre, a le Ducq d»Aiueoftlt; d’Alue de plein pouuoir amp;nbsp;authoritc,ofléaux Seig- lesdtfii neurs amp;nbsp;Bourgeois de Gand le clefs de la ville.-amp; li- gmü.' uréleChafleau és mains du Colonnel AlfonfêEf-paignoLCeux deGand font leurs plainélesau Côte

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IJO HiSTO IRE-DF.S TRÖVBIES ' . d’Egmond Gouuprneurde Flandres, lequel Conte \ elt allé au Ducq d’Alue pour la delenfe de ceux deGàiidjamp;luvrcmonftrélcstortsàeusfaiôlss Ledit Ducq luy lefpond, qu’il a cefaiä pour le bien amp;feruice de fa Majefté; combien queccfte doléance amp;nbsp;plainte faiéle par ceux de Gand, luy pclbit fort au’cœur.

Or quand tousquot; les Eftats du Pais-bas elloient toiemk âflcmblez'àla ville de BruxcHe , lü Dpcq a com-pouuoirdn muniqué aux Eftats l’autorité îfc poiiuolr, que le jo^nné , amp;nbsp;faiét emprifonner les Contes d’Egmondamp; de Horne comme s’enfuyt. Le Ducq lesauoitmamdéde venir en Confeil, y eftanWiicsa mene'enSmefalctte comme s’il eufl'é voulu parler à eux fecretcment ; endaquelle falet-te eftoit fon filz accompaigné de foudarsElpaig-nols armez, qui les ont detenus prifoonicrs. Ledit d? nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;du Ducq a faiâ quiter aux Contes leurs armes,

Btde^Hoi-aflauoir cfpees amp;nbsp;poignards , leur difant qu’ils fe ne pidon» rendiflènt prifbnniers à là Majefté .' amp;nbsp;demandant **'**' ß ces elpees eftoient celles, dont ils auoient défendu le Pais-bas , par grand couroux a ietté en-uoye ccldittcs elpees. Ce faiét le Ducq a mandé auCapitaine du Chafteau de Gand, de reccuoir des Efpaignols au Chafteau, ce qu’il a faiét. Ce mefme jour furent aufly prins prilonniers le Seigneur de Backezele , lan Calimbrot, Confcillier du Conte d’fgmont amp;nbsp;le Secretaire du Conte de Homes, amp;nbsp;peu de iours apres furent menés lefdits d’Egmond amp;nbsp;de Home au Chafteaude Gand, conduits par trois mille Efpaignols. Au mclmc iour fut auffy prins le Seigneur Stralé pres la ville d’An-uers

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uers parle Conte de Lodron, amp;nbsp;mené àBruxel-les.’ 8i fift ledit Lodron inuentarier tous lès biens amp;nbsp;fccller defon cachet. Furent peu de temps apres plufieurs prins prifonniers au Pais-bas, qui fut caufe que grande multitude de gens du Pais s’eft retiree tan ten Angleterre, que AllemaigJie amp;Ooftland©; entrelefquels eftoit vng desprincipaulx le Conte Charles de Manflcld , auecq plulieuis Gentilshommes, Capitaines amp;nbsp;autres gens de guerre.

Le 24. de Décembre, apres l’arriuçe du Ducq d’Alue au Pais-bas , s’eft commencé je bafti-p;ent du Chafteau d’Anuers , fi fort de7amparsamp; du ch»-platte fourmes, qu’en toutte l’Europe pe futfon pareil.' duquel eftoit Architetfte amp;nbsp;ingeniaire vng Sauoien nommé Pachiottq , par ledit Ducq à ce ordonné. Orquand ce Chafteaüfuten lâdefen-ce Si idoine pour y mettre garnifon , le Ducq d’Alue eft venu à Anuers atlecq quatre cens che-uaulx, laifl'ant la gendarmerie en Bruxelles : mais çomme il cheminoit vers la ville d’Anuers, lefeu s’eft elprins à Malines en la maifon des munitions. Eftant doneques ledit Ducq arriué à Anuers, il a fait baftircincq bouleuerts, audit Chafteau, donnant à chaque fon propre nom.' Le premier fut appellé Ducq, le fécond Toledo, le tiers Ferdinande, le quatriefmc à l’honneur de là race Tole-tan, amp;le cinequiéme à l’honneur de l’Ingcniaire ou Architeéle Pachiotto.

Ccmefme temps, les François dcmâderentautre- te Dorq fois lècours Sc alsiftence du Ducq d’Alue, ledit nelrnrtcn. Ducq pour continuerl’amitié entre les deuxRoys, « auxFii V a enuoyéle Cote d’Arebergueauecq douze cens

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4»; J, ijï Histoire des trovbles cheiiaulx tant du Pais-bas que Bourgoignons, amp;nbsp;deux mille foudars Efpaignols amp;nbsp;Bourgoignons. Aux baniercs des gens de cheual eltoit figurée la deuife de deux mains armees fortans d’vne nuee a-zuree, amp;nbsp;deux noires, s’entrecoüpants en croix.* amp;nbsp;au bout de chaque nuee cftoit vne couronne Royalle auecq vne croix. Et fur les deux noires cftoientdeux cœurs amp;nbsp;deux courônes entrelachez amp;nbsp;conioinéls par vng lien de foye , amp;nbsp;au milieu cftoit vne croixamp;vng calice amp;nbsp;vng pain de Melle.* lequel lien pendoitiufquesenbas, garny des ncuds bien riches. Cefte deuife fut expofee comme s’en-ftiyt.-Lcs nuees lignifient la diuinitédes deux cœurs l’amitié amp;nbsp;vnion desxieux Roys: les mains armees» la force amp;nbsp;puillancc.- le Calice la Religion Catholique , pour la defçnfion de laquelle le combatoit es deux Royaumes.

Pour le baftiment dudit Chaftéau d’Anuersfer-uant pour tenir ceux de la ville en obeiflance, furent accordez par legrand Confeil dé la mefme ville quatre cent mille florins,qui furent fournis par vng centième deux dixiémes amp;nbsp;deux vingtièmes deniers de tous les biens immeubles qui eftoicntdef-fousla iurildiètion de laditte ville, à lareceptedef-quels eftoient conftituez fuperintendens les Seigneurs Paul Schuermans efeheuin amp;nbsp;François de la Croix.amp;Gilles de Smit marchons. Eftant te Cha-fteau quafi paifaiâ: ledit Ducq fit drelïer au milieu dudit chaftéau vne image ou ftatue de bronze faict fort artificieufement de l’excellent ouurier laques longhelinck à Bruxelles, laquelle reprefentoit au ’vif le Ducq fufdit, ayant deflbubs les pieds vng corps

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, amp;V PAYS-BAS. LOT, T t. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T55 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;/

corps à deux teftes, reprefentat les chefs des Geux, V comme cy apres fera plus amplement déclaré, amp;nbsp;fortant ledit Ducq d’Anuers, s’eft retourné à Bruxelles.

Cependant a I’inftance du Procureur General fut par edid publique de fa Majefté proclamé amp;nbsp;adiourné aflauoirle dixncufiéme de Ianuicr,Guil-laume de Naflbu Prince d’Oranges, qui ja long temps s’eftoit parti de Brabant, amp;nbsp;tenu à la Conté de Naflbu, duquel Edid la teneur s’enfuyt.

Sa Majefté eflant informée par le Procureur General, comme Guillaume deNaffou Prince d’Oran- nbsp;nbsp;oa'd’

ges eftant tant par l’Empereur Charles le cinequié-ration du me de haute mémoir e (on Seigneur amp;nbsp;Pere,que par faMajefté efleuéà trelgrand eftat, comme d’eftre faid Cheualier de l’Ordre duToifon d’or,Confèil-lier du confcil d’Eftat, Gouuerneur de la Conté deBourgoigne, Hollande ,Zelande amp;nbsp;Seigneurie d’Vtrecht; dont fe peult facillement entendre la bonneaffedion que fà Majefté luy portoit.- amp;3U contraire l’ingratitude dudit Prince qui s’eft porté autrement amp;nbsp;contre tout deuoir d’vn vray amp;nbsp;hdele Vaflal. Lequel Prince ayant oublié fon hôneur, ferment, amp;nbsp;fidelité à fa Majefté promife, s’eft monftré la fburce, caufè, defenfeur amp;nbsp;fauteur des rebelles amp;nbsp;fèditieux.- Qui incontinét apres le depart de fa Majefté desPais-bas, auecqplufieurs autres a ccrché tous moyens pour s’enueftir defdits Pais, amp;nbsp;vendi-cer toutteautnorité . En outre que apres plufieurs pratiques, fans auoir efgard à promefle, foy amp;nbsp;fidelité par armes s’eft tafehé s’cfleiier amp;nbsp;s’oppofèr contre faditte Majefté, amp;nbsp;faccager fon Pais de Brabanl|lt;

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134 Histoire des trovbles

ce que n’eft forti à afFcôt pour nulle autre raifon^ que par faute de pouuoir amp;nbsp;force ; ce neantmoins il a lecretemét pratiqué dcfùbornerleslubicfts de fa-ditte Majefté,amp; les perfuader à quiter la bonne affe-élion amp;• obeilTance qu’ils auoient toufiours porté à fa Majefté : de forte que leur bonne ^ffeétion (croit conuei tie en horreur amp;nbsp;malueuillanccjfoubs le prétexté de la Religion,leur perfuadant parmenees fc-cretes,quefa Majefté introduiroit en Brabant l’In-quifition d’Efpaigne,amp; qu’ils s’y deburoient oppo-(cr.'comme auflv ledit d’Ôrenges a parauantanimé Si incité la meilleure partie de la Noblefl’e à fe confe-derer par (e.met, pour s’oppofer auxoidonnâcesamp; placcars, qui fi long têps ont efté aù Pais de Brabant obfèruez.D’auantage que ledit d’Orenges a tenu en fesmaifons tant à Breda qu’à Bruxelles côgregatiôs amp;nbsp;alTemblces (ccretes, pour avder,afsifter,amp; côfor-ter l’un l’autre, qui aufty deçà amp;dcla fefont mis en armes contre fadilte Majefté; En oultre le Seigneur de Brederode s’eftant fàiél Capitaine amp;nbsp;chef des Ceux, s’eftauancéde fortifier par côfeil dudit d’O-réges fa villede Viané cotre les forces de fa Majefté; voire que à la ville d’Anuers appartenante à fàditte Majeftéjfoit faiâeleuéede gens de guerre, non ob-ftant les mandemés de (a Majefté par auât au côtrai-re publiez i laquelle gendarmerie fut par eaueauecej tourte prouifion meneeiufques à Viane, corne aul-fy par ledit d’Orenges furent audit de Brederode enuoié aucunes pieces d’artillerie;amp; en aucuns lieux fait défendre de ne receuoir les garnifons de fa Ma-jeftéjoftant ainly l’entrée par eaue à fa Majefté.D’a* uantagécomme il eftoit enuoiéà Anuétspour ap-

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DV PAYS-BAS. LIU. Tl.

BV

paifèr les troubles amp;nbsp;feditons des Bourgeois, il s’eft auancé contre la commifsion àluy donnée, de permettre à tous hérétiques amp;nbsp;fèâaires la liberté de leur llt;eljgiô,amp; confènty de pouuoir baftir temples amp;nbsp;erigerconliftoires, qui a efié la (burce, comme à tout homme eft notoircjde tous les maulx enfuiuis; a aulTy accordé amp;nbsp;permis, amp;nbsp;d’y leuer amp;nbsp;debourfer l’argentpourpayer amp;nbsp;entretenir les toudars, auccq plufieurs autres chofes par luy commifes, que ledit Procureur General entépsamp; lieu , felon l’exigence de la choie déclarera plus amplement : touttes lef-quelles choies ne tendent à autre que pour occuper le Pais de Brabant, qui de droit appartient a faditte Majefté.’cn quoy il a enormemêt fourfait contre là À’Ia*''^.de forte qu’il n’eft aucunemet excufable ; ains digne de chaftiemêt, amp;nbsp;qu’on mette deuat les yeulx lès crimes amp;nbsp;deliéts. A celle fin le Procureur General fuplie à là Ma- qu’il luy plailèottroier citation criminelle contre celluy d’Orenges auecq la claulii-le; Carainfyilnous plaill. La Majcfté confiderant les articles par le Procureur General propofez, ordonne amp;nbsp;commande qu’un chacun done tout ayde amp;nbsp;afsillcncc àluy pofsible audit Procureur General pour rêdre prilonnier ledit d’Orégcs,amp; auecq garde fuffilàntç l’enuoier à Bruxelles au Ducq d’Alue no-lire bien aymé amp;nbsp;fidele Coufin amp;nbsp;Lieutenant, à qui celle chofe elpccialementcdlcÔmife.pour felohexi-gence descrim.es, fourfaiélsamp;rcbelliôellre exemplairement challié: Et en cas qu’il ne le pcultappre-henderamp; faifir ; que par Edicts publiques le falle citer fur peine de confifeation de tous fes biens à comparoir perlbnnellement dedens trois quiozai-

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1J($ Histoire oes trovbles

, ** nesdeioürsperemptoiremcnt, deuant leditDucq d’Alue à la ville de Bruxelles, ou quelque autre lieu du Pais-bas, pour rel'pondre aux articles que le Procureur General de fa Majetié propofeia à f» charge. Et en cas qu’il ne comparoifle au iour pre-figéamp; ordonné, que le Ducq d-AIue procède contre luv félon la declaration fufditte fi nplcment amp;nbsp;fans autre folennité de droict ordinaire.Mais en cas qu’il foit forti du Pais-bas, comme fa Majefté en eft aduerti, fa Majefté veult expreffement, que la citation foie faide en la ville de Bruxelles par £did publique, amp;nbsp;que la copie foit attachée aux portes de la maifonde la ville; amp;nbsp;aux portes des Elglifes en tout lieu ou cefte citation fera publiée, afin quil nepretende aucune ignorance. Laquelle citation aura autant de vigueur, comme fielleeuft

• efté faide à la perfdnne dudit d’Orenges.

dùTôDU nbsp;nbsp;Le mefmeiour fut pareillement cité ouadiourne

de hoojb. Antoine de Lalaing Conte de Hooghftrateà com-paroir deuantleDucq d’Alue , pour fc défendre amp;rcfpondrefur les articles par le Procureur General propofez en ceftefourme; Comme le Seigneur de Hooghftrate des (à ieunefic à grand hon* neuramp;eftat par fa Majefté a eftéefteué, efpeciale-ment de l’Ordre de la Toifon d’or, amp;nbsp;de la bende d’ordonnance de faditte Majefté; en oultre des honorables Ambaffades à l’Empereur amp;nbsp;autres Princes àluy commilès, dont ilpouuoitaftez confîdererla finguliere affection quefâMajefté luyportoit, amp;nbsp;la bonne intention qu’il auoit de la mettre à l’adue-nir à plus haut degré d’hôneur; neantmoins oubliât ces benefices,amp; dégénérant de la vertu de fes ance-ftres

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DV PAYS-BAS. LIU. IT. IJ^ ftresamp;predcceflèurs, qui toufiours come fideles amp;nbsp;loyaux vaflaulx fe (ont portez vers leur Seigneur naturel, s’eft tant oublié, qu’il a de tout fôn pouuoir afiifié amp;nbsp;tenu la partie du Prince d’Orenges, le la-uorifant de confeil amp;nbsp;autrement, pour nuancer les troubles, qui pafle deux ans Ibnt elté au Pais-bas de fa Majefté; Premièrement ledit de Hooghftrate a afiifté amp;nbsp;traitté en fon Chafteau auecq le Prince d’Orengeamp;fes adherents conlëils malicieux amp;nbsp;fc-ditieux par lefqucls les lùbieâs de là Majeftéont efté grandement ofFenfez,de forte qu’aux mefchans foit donne le moyen amp;nbsp;l’occafion de commencer pratiques nouuellcs'qui apres laprefentation d’v-ne Requefte ont eng'endré plufieurs feditions, def-ordrcsamp; témérités, comme à tout homme eftaflèz notoire. Laquelle /edition le Seigneur de Hoogh-ftrate non feulement ne l’a appailee, amp;nbsp;les Bourgeois admonefté de defilier, comme ellant contre l’authorité de là Majefté; mais au contraire à ce animé; amp;nbsp;perlbnncllcment fe trouué en tout amp;nbsp;par toutpourlesfàuorilcr, comme par apres de faiél bien a monllré, quand il leur donnoit confeil de re-nouueller la Suplication, qui elloit contraire au lèul moyenamp; chemin, qui elloit preparé pour contenir le Pais de Brabant en office amp;nbsp;obeill'ance .• parquoy aufly ils ont auecq plus grande alTeurance executes leurs côcepts amp;nbsp;pratiques. £t apres comme il elloit auecq le Prince ordonné au Gouuernement de la ville d’Anuers, pour contenir le peuple en obeilîàn-ce amp;nbsp;fidelité de là Majellé.- ledit de Hooghftrate a permis des faits enormes: amp;nbsp;entre autres pour ou-uertement defendre le Seigneur de Brederode çon-

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»jS Histoire des trovfles

tre fà Majefté, il a kicmcnt permis la leucede gens de guerre, amp;nbsp;auetq prouilîô enuoié par eaue à Via-né :Ie ne dis encore le grand faucur Si atfeôion qu’il a monftréau peuple, par laquelle il a maintenu la partie fediticule,amp;attribué àfoy mefme l’authorité par deflus faMajefte, amp;nbsp;laDucheflc de Parma là fcurbien aymee, pour lors Gouuernante desPais-bas, amp;nbsp;contre icelles’eftindeuement porté, ne luy portant l’honneur qu’à elle appartenoit.Brief il s’eft d’autant efleué voire oublié,qu’il a faiét pubhcr àla ville de Malines appartenante à fa Majefté,vet mandement amp;nbsp;Ediét,fans charge ordonnance de la-dittcDuehcflé comme Gouuernante.* qui a efté caufe que le peuple foit deuenu plus derciglé amp;nbsp;s’eft auancé de faire tout ce que leur fcmbloit bon.* De forte que par ce moyen il a animé le peuple à defobeir au R,oy , comme fpecialcment eft manife-fte par ceux deLiere, qui refufbient dereceuoir les garnifons du Roy, apres qu’il leur auoit cfèrit, amp;nbsp;a euxenuoyéaucuns delà Nobleflc. Finablement ila efté auecq le Prince d’Oranges amp;nbsp;conforts à Tcr-monde.pouraduifèr comme ilsfemettroicnten armes amp;nbsp;defenfe contre fà Majefté, pour tenir amp;nbsp;chaffer hors de Brabant fàditte Majefté, ou lôn Lieutenant h Rcgente, ce qu’entre eux long temps par auant auoit efté conclu, de forte qu’il ne reftoit que l’execution , laquelle par la feule faute de pouvoir n’eftoitfuccedee. Touttes lefquclles chofes amp;nbsp;plu-fteurs autres qui en temps amp;nbsp;heure fe déclareront, fbntaélesd'vn Vaftàl rebel amp;defobeiflànt, parlef-quel s il a commis crime de lefc Maj efté,amp; foy rendu digne d’eftre exemplairement puny.Supliant quant

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DV PAYS-BAS. LIU. II. IJÿ amp;quatà fâ Majefté, deluyvonloinottroycr'autho-rité de pouuoir en l’Auditoire criminel procéder contre ledit Conte de Hooghftrate.

Ce pendat ayant leDucq d’Alueentcdula pacifi-catiô de France, amp;nbsp;que les Allemas quiauoientefté au feruicé du Prince de Condé.auoient intentiô de venir en Flandres, comme l’Ambafladeur du Roy d’£fpaigne liiy auoit mandé amp;nbsp;efcrit; il enuoye fon armee Efpaignole amp;nbsp;Italiane fur les limites du Pais de Liege, amp;auflÿle Seigneur d’Ierges auecq deux mille VValons-' plus il donne ordônance amp;nbsp;commif-fiondeprendreenfon lèruiceles Italiens qui auoi-ent ferui le Roy de France, eftans licenciez.

Le 24. iourd’Auril ont refpôdu Guillaume Prin-ce d’Orenge , amp;nbsp;Antnoine de Lalamg Conte de d’oienge. Hoogftrate (tir la citation du Procureur General de Brabant : amp;nbsp;reiettenttoutte la coulpe des troubles, guerres,dilFenfions amp;nbsp;(éditions fur les inuenteurs amp;nbsp;autheurs de l’Inquifition d’Efpaignc, amp;nbsp;(é déchargent deuant le Confeildes troubles principalement du crim.e delefe Majefté; aceufants quant amp;nbsp;quant le Ducq d’Altie de fa tyrannie, l’ont tant couroucé qu’il declaire leurs biens cftre confifquez faifânt fai-(ir le Conte de Buren ,filz du Prince d’Orengesj qui eftudioit àLouuain ,amp; l’aenuoié enEfpaigne contre les Priuileges de l’Vniuerfité. Le contenu de la refponlc amp;nbsp;defenfe defdits Seigneurs eft telle;

Le Prince d’Oreges eftant encores en (bn gouuer-nemét.a des le cômencement des troubles amp;nbsp;diffen-fions rendu toute peine amp;nbsp;diligence, pour aflbpir amp;nbsp;pacifier tous les troubles, qui furent au Pais de Brabant ; amp;nbsp;laiffe penfer amp;nbsp;perpendre au Leéfeur

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»40 Histoire des trovbles

( J’Eftat auquel eftoit ledit Pais de Brabant dcuantamp; apres les troubles duPais-bas ;amp; premièrement dc-elaire les grandes guerres que l’fcmpereur Charles le cinequiéme de haute mémoire, depuis le Roy Philippe d’Efpaignc comme Seigneurs des Pais-bas auoient mené quafi I’efpace de dix ans contre le Roy de France, amp;nbsp;de l’effufion de lang qui eft ad-uenue en France telmoignent aflèzla defaicle de beaucoup de milliers de perfonnesr amp;nbsp;les Princes amp;nbsp;Seigneurs François, amp;nbsp;autres nations, qui ont af-hfté le Roy Henry, cmploians en lofi feruiceleiur corps amp;nbsp;biens. Comme aufl'y font les villes, forte-refles, chafteaux, amp;nbsp;autres, ruinez amp;nbsp;deftruits,ou cftanspouriieiisde garnifon, ont neantmoinsquite l’obedience de leur Seigneur naturel, amp;nbsp;faiâ: nou-ueau ferment d’obciflance à vngnouueau Seigneur; autres entièrement deftruits amp;nbsp;ruinez furent réduits à villages, les Bourgeois, habitants amp;nbsp;autres ûccagez amp;nbsp;en pouretédechaflez; de forte que tout letemps de leur vie font demouré poures amp;nbsp;gens defolcz. Ce (ont vrayement les fruits de la malheu* reufe guerre, qui (helas) trop long temps a duré.

Mais comme par l’afTopiment de la guerre en Brabant amp;nbsp;Pais voifins , le peuple commençoit à prolperer,amp;lePais à florir: les habitansduPais-bas furent gi iefuement trauaillcs par l’Inquifitjon d’Ef-paigne, qui deiour à autre s’augmentoit à caufède l’accroilfement de la Religion reformeer de forte que c’eft grand merueillc, qu’on a fi long temps fouffert cefte Inquilition. Neantmoins c’eft chofè notoire amp;nbsp;manifefte que les fubieds defditsPais-basfbntcftc toufiours pi cfts non feulement de pre* fter

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iter toutte dene obeiOance, mais auffy de bazarder gt;*^'4***»^ leurs corps amp;nbsp;biens pour le leruicede fàMajefté. \.‘^Ÿ^***'* D’autre part la NoblelTe a taiél tout debuoir, amp;nbsp;monftré leur fidelité amp;nbsp;bonne afreâion : aufly les Eftats ont richement contribuez pour l'cntretene-ment de la guerre vne merueillcufe fomme d’argêt, d’vne fi grande afFeftion , qu’oneques ne fe peut confiderer aucun ligne de regret •• de lorte qu’il eft bien vraylemblable, que ledit Pais-bas a tellement cfté afFeâionné à fa Majefté, qu’ils fe font tenuz comme fùbieôs fideles,eu ce qui touche l’obeilTan-ceamp;reuerence.deue à là Majefté, afin que lès Pais fuflenttoufiours afleurez contre toutte guerre ef-trangere.Veu doneques que les fubieâs principalement la Nobléfle ont aßifte en telle obeiflànceamp; feruice àlâ Majefté, amp;nbsp;conduits à la fin les guerres qui tant de temps ont dütez ,les fubieâs auoient toutefpoir, que là Majefté procureroit,quelerdits Paisferoienr libres amp;nbsp;franeqs du peril des guerres ciuiles. Si longuement que les fubieéts ne le Ibnt apperceus que tout bien, ils lont toufiours deinou-rez confiants en leurobcillànceamp; fidelité : amp;nbsp;combien que ceux de Brabant,qui parauant florillbient grandement en toutte lorte de trafique de marcha-dife ayent es guerres precedentes efté en grand danger amp;nbsp;peril, fi ont il neantmoins furni vne fomme bien grande de deniers.' de maniéré qu’il eft plus que manifefté que leKoy eftoit bien afleuré contre tout effort d’aucuns Monarchesamp; Princes;

amp; qui plus eft,eftant reconcilié auecq fes ennemis, ne futlèulement déchargé de tous Icsdcbtes qui furent faiél à caul’e des guerres, mais eft auffy en

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142 Histoire des trovbles

peu d’annees monté au comble de Glut amp;nbsp;honneur. Car quand fa Majefté fut monté à tel degré d’hon-neur,quc les Seigneurs amp;nbsp;Princes eftrâgersle crain-doient,par ce que fes fùbieéls luy monftrerent tout honneur amp;nbsp;reuerencc; fa Majeftéfut eftimé pour le plus puifi'ant Monarche, voire fi auant,que neceP ßiremet on doibt confeflér, que ceux qui vouloiçt cmpcfcheramp; difturber, ceftlbn grand heur, furent par celle grande vnion opprimés amp;nbsp;ruinez; de forte que grandemétontlôurfaiéltousceuxquiau preiu-dicedefa Majefté, amp;nbsp;du bien publique ontbeloig-néjamp;faiélaéles dignes d’eflreexemplairemét cha-ftiez, quand ils ont.ellants les guerres aflbpies, re-nouuellé nouuclles difl'enfsions amp;nbsp;caufé des guerres ciuiles.'Parquoy auflyle Seigneur Prince d’Oré-gc croit bien amp;nbsp;ferme, que tous ceux qui ont conduit le Pais de Brabant en celle extreme milère, calamité amp;nbsp;feruitude,deburoient femblablemêtélire ■chaînés amp;nbsp;corrigés.

Et puis que le Seigneur Prince d’Orenge ellac-eufé duPtocurcurGeneraljCn la citatio publice, d’e-llrelafource amp;nbsp;premier moteur des changemens, en Brabat aduenus, il ell content d’endurer les peines à laditte citatio expliquées, en cas que Ibit vray, cequcleProcureurpropolc. Ledit Procureur General affirme, que le Princefoitambitieux, amp;d’vn appétit defordonné defireux de gouucrncr; dont s’enlîiyt qu’il aye voulu occuper l’ellat amp;nbsp;office des autres, amp;nbsp;qu’il n’a prétendu autre choie en tous lès confeilsamp;affaircs.Or pour confuter cell article,cô'-melafource amp;nbsp;principal poinét de la demande du Procureur General, ell fouffifant qu’il lèraporteà

tous

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tous ceux qui coignoiflent Monfieur le Princc.def- ’ quels il entédra.fi oncques il a cfté defireux de gou-uerner ,amp; auflÿ qu’il a bien gouuerné fes biés amp;nbsp;Seigneuries que parla grace de Dieu luy font ottroyés dont la reputation amp;nbsp;eftime luy eft plus augmentée qued’aucune autre charge. Il elt à tout home plus quemanifefte, quefi Monfieur le Prince euflëcer-ché fbn propre amp;nbsp;particulier proufit, qu’il aiiort bié autre amp;nbsp;meilleur moyé^ pour accumuler richelTeSj par icelles monter en eftime 8i authorité,amp; la rete* nir, que par venir à grand fraiz Sc delpensen court, pour efperer d’autres aucune authorise.* de forte qu’à vng chacun eft bien notoire, que le Seigneur Prince en tous fes actions porteratns n’a oncques cerché fon prouffit particulier.

En oultren’a aufl'y Môlieurle Prince oncques pcr Je d’attraireîes fubiefts de JàMajefté de l’obeiflànce deue àicelle,nôobftâtquele peuple luyeûoittouf* jourstrefaffeâionné .'mais au contraireitoufiours les retenir en la bonne deuotion vers fa Majeftéf neantmoins lacaufe de ccfte alienation-, n’eft autre quelarigueur des placcars nouuellemcnt publiez*. ■Celluy doncquescftlefeùlchemin amp;nbsp;moyen.parle.-quel on peut dire,que le Seigneur Prince a toufiouis iufquesau dernier môftrcla bône amp;fyncet'è affèétiô qu’il portoit à fa Majefté amp;nbsp;lés Pais-bas : amp;nbsp;fault nc-ceffairemét côfefler que ledit Prince par nulle voye n’a oncques voulu entreprédre'deirusl’authorité dé ' ß Ma^^Scl’attribuer àfoy mefîties.'laquelle, corne aucuns penfent, euffe peu eftrc plus commodément en tranquillité conferuee ' de forte que de la s’en -fuyt: Que l’intention de Monfieur le 7fiince eftoit

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144 Histoire des trovbles

■ * bien autre.quot; Carfauthoricé de fa Majefténclepou-uoit aucunement en tranquillité conferuer, en cas

1 que le Pais de Brabant fe deburoit conlêrucr en fon ancienne amp;nbsp;precedente prolperité, lî non par con-fèntirl’exercice delà criielh Inquifition .• Car fon intention ertoit de s’oppofor à ladittelnciuifition j Touteslefquelles fes aétions témoignent, qu’il n’cft aucunement ambitieux , mais Lien au contraire. Car long temps par auant il a refigné fon Eftat du I Conlèil d’Eftat, comme aufly l’EHat de Chef des Finances du Roy, qui cft le plus idoine office pour obligerles Eftatsr voire le gouuernement amp;nbsp;autho* rité de toutte chofe luy fut prefenté.s’il euflè voul u accepter ce ou les autres Seigneurs ont en toutte diligence trauaillé pour y paruenir: Mais le Seigneur Prince a eu cefte ambition en telle horreur, qu’il a refigné ces deux Eftats es mains de lâMajellé,quand il confideroit qu’il nepouuoit que bien peu lèruir dcconfeil à fa Majefté,. à caufè d’aucunes ordures qui luy ofterentle moyen . Neantmoins quand là Majefté l’eut ordonné de fon conleil, il a faiôt tout deuoir pour adminiftrer tellement ceft Eftat, comme fa confcience luy téfmoignoit eftre necelfaire au plus grand pouffit de chaque perfonne,combien qu’il s’eft depuis apperceu,quel’affeâion de fa Majefté s’eft changée, par la pratique amp;nbsp;inuention de quelque Seigneur, ou deux. Mais quand faditte Majefté confideroit à tout heure le bon amp;nbsp;fidel fer-iiice du Prince d’Orange, comme elle partift de Ze-landevers Efjiaigne, prioitbien affecieulcment au-» dit Prince, de vouloir eftre de fon Conlèil, qui apres longue exeufe l’aaccepté. Or comme le Seigneur

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DV PAYS-BAS. LIU. tl. I4J ncür Prince voyoit,qu’on procedoit felon l’ancien-ne couftume,amp; tout autrement que Ia Majcftéluy auoit commandé amp;nbsp;ordonné,deux ans apres ou en-uiron a il de rechef demâdé fon congé. Parquoy les nouueautez fe font de plus en plus auancez,qui ont Caulez l’origine des troubles amp;nbsp;feditions; par lef-quelles l’Inquifition fut aucunemétmoderee,amp; te* nue en fourfeance : mais comme en fes Pais la gen* darmerie d’Allcmaigne efloit,comme necelfaircjin-troduitte pour la defenfe d’iceux, il leur fut permis d’aiioir les prefehes tant aux villes que au champ.* mefmcmcnt en diuers lieux entre aucuns en fècret, (excepté ou la Religion reformee défia en tousles Pais circonvoifins eftoit acceptée) fut entretenu l’exercice de laditte Religion /Parlaquellelàditte Religion reformee s’eftde iour en iour augmentée en ce Pais tant peuplé, qu’en peu d’annees finable-ment le nom de l’Inquifitiô foit deuenu fort odieux veu que par icelle plus de cinquante mille hommes ont efté mis à mort en Europe, amp;nbsp;autre plus çrand nombre qui furent contraints à quiter leurs biens. Parens, amp;nbsp;tous leurs amis, amp;nbsp;confumerleurvîeen perpétuelle mifere : Lefquelles chofes n’ont feulement caiifees des changemens amp;nbsp;alterations, mais auffy vne malueuillace contre l’Inquifition , de for* te que les Officiers n’ont olé en plufieurs lieux mettre à execution publique laditte Inquifition, mais bien fêcretemcnt, touteffois non fans grand perilamp;dâger d’aucune fedition.Ce quetefmoigne-ront aucuns officiers, aufquels aucuns prifonniers furent parforceoftés des mains: Qiii futcaufèque ceux qui furent par experience apprins, de long

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146 HISTOIRB DES TROVBLES temps ont preueu, que cefte dittclnquifition lêroit caulè d’aucun trouble amp;nbsp;lêditiôjfi en téps amp;nbsp;meure-mêtn’y fut prudemment pourueuamp; donne ordre.

La Roy ne d’Hongrie Gouuernante desPais-bas, craindoitmcrueilleufcmét ce dcfaftre.' parquoy elle I fill le voyage d’Ausbourg vers fon frere l’fmpe-reur Charles cinequiéme de haute mémoire, auecq lequeiellea tantbefoigne que la rigueur du Concile de Trente J alors conclud,fcroit modérée, amp;nbsp;que ceuxd’Anuers amp;nbsp;autres du Pais de Brabant,qui ne vouloient receuoir l’Inquifition, en feroient libres amp;nbsp;francs ; comme depuis ils furent.

Or comme le Pais de Brabant eftoitalTez long temps enrepos,parl’authoritéde la Gouuernante, amp;nbsp;que toute chofe fut gouuernee par aduis du Cô-iêil d’Eftat, le Procureur General s’eft entremis de traicler incontinent apres lepartement de faMa-jeftéjoulèulou auecqaucuns Confcillierstyrans, chofes de grande importance, amp;nbsp;quant amp;nbsp;quant gnific à fa Majefté leur peruers confeil. Le Roy eftant aduerti que l’Inquifition n’auoit fon vray , cours amp;nbsp;progrès, fut fort courroucé amp;nbsp;dolent : nc-anrmoins aucuns Seigneurs débonnaires luy ont affectueufementfuplie, de vouloir prendre à cœur les lcruices amp;nbsp;benefices,que fes fubieds luy auoient faiél es guerres precedentcs.amp; lereigler félon l’exigence du temps,amp;abolirtouttesnouueautez,comme les nouueauxEuelchez amp;nbsp;l’Inquifition,félon les oriuilegesdu Pais; veu qu’aucuns mefehans auoiét jratiqué ces nouueautez audit Pais-bas , contre ’exigence du temps, amp;nbsp;tourtes immunitez amp;nbsp;Priui-leges desPais-bas : amp;nbsp;que les mefines pouuoient

eftrc

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bv PAYS-BAS. tlü. il.

tftrc abolies, veu que les troubles amp;nbsp;feditioh dé France à caufe de l’Inquifition aduenues, font ap-pailezamp; aflbpis parlacedationd’icelle.'D’auanta-gequel'creâion desnouuelles fuelchez éft infti-tuée, ' au prciudice des Archeuelques amp;nbsp;Euefques eftrangersqui ont leur iurilHióHon amp;nbsp;Diocefe eri cesPais-bas. Doncques pour ccfte amp;nbsp;plufieursautres raifbus, ceuxdu Pais-bas confiderants que les nouueautez feroient caufe de grand defàftrc amp;nbsp;dé beaucoup de maulx, fi en temps n’y futpourueùamp; remedie, l’ont remonftréà la Gouuernantcj laquelle par deliberation duConfèil d’Eftat, a depeche le Baron de Montigni Cheualiér de l’Ordre, amp;nbsp;en-üoyéen pofte en Efpaigne à fa Majcfté,auccq com-mifsion de declarer au Koy reftat,amp; generale mal-ueuü'anee des Pais-bas, qui eftpit prouenuc de ces nouueautez.’ amp;que à ccfte caufé eft aduenü, que lâ Noblcffc de Brabant, pour obuier à ce defaftre amp;nbsp;malheur,a efté preflee 8i contrainâ:e,cfpeciâlcment d’accÔplir leur defir amp;nbsp;demande,toufiours efperant, que fa Majefté latiffairoit à leur requefte , ou ait moins qu’il viendroit à modérer les chargez dont ils eftoient trop opprefl'ez , amp;nbsp;cfpecialement les Prélats amp;nbsp;Abbayes, qui par cy deuant florilîbient en Brabant, eftoient maintenant grandement in* tereflezamp; endommagez.- parquoy ils ont aulfy en-uoycleur députez vers fa Majefté, commeauflÿ ont faiéiceux d’Anuers, pour s’oppofer amp;empe(-cher l’Inquifition , amp;rinftirunon desnouueausE-uefques. Laquellelegation a quelque temps fülpen-du les troubles au Pais-bas, parce que chacun efpe-roit, que lefdits députez amp;nbsp;Ambafl'adesreceuroien’t

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148 Histoire destrovbles par le bon confeil amp;nbsp;conclufion defaMajcfté quelque bonne ordonnance à J’aduancement amp;nbsp;vtilitc du Pais, félon l’exigence des affaires. Mais que la Religion reformee eftoit partout fi enracinée, que aucuns lieux les prefches furent faides publiquement: affauoir à Valencienes, Tournay amp;nbsp;autres villes.- ce fut à caufe, que la liberté de la Religion eftant en France accordée, ceux du Pais-bas efpe-roientamp; penferent ne plus ne moins auoir méritez fjarleurfcruiccs paffezcnuers leur Roy amp;nbsp;fes Pre-idês, que les François cnuers leur Roy de Frâce,amp; que à celle caulè on leur deuroit pareillemêt accorder amp;nbsp;odroyerla liberté de confcience.

On a veu manifeftement que és Pais fufdits fut impofsibled’obferner amp;nbsp;entretenir les inftitutions anciennes delà Religion Romaine,par ce que ceux qui faifoient train de marchandife,auoientleurcô-merces amp;nbsp;trafiques auecq les nations voifines,qui eftoient d-autre Religion. Mais quand la partie ad-uerfe commençoit à opprimer amp;nbsp;extirper la Religio reformee, alors on a veu qu’elle s’eft toufiours aug-mêtee amp;nbsp;creuë.Cencantmoins le Cardinal de Gra-uellea pourfuiuy fes affaires amp;nbsp;côftituélefdits nou-iieaux Éuefques en poffcfsion . à caufe qu’il auoit pourfa part amp;nbsp;portion l’Archcuefché de Malines, en vertu de laquelle il eftoit Legatus Natus, amp;nbsp;Primat de tous les autres Euefques,outre ce qu’il auoit obtenu l’Abbayé d’Affligem, comme vne des pins riches du Pais: pouruoyanr des Abbayes reftantes aucuns lès fauorits Théologiens.

Et com bien que cotre tour efpoiramp; attente cefte noüueauté en aucunes villesfbit introduite,fi a cha

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cun fadllemcnt peu connoiftre I'enuie amp;nbsp;hayne de pluiieurs perfonnes.-carplufieurs villes n’ont voulu receuoir ou accepter les nouucaux Euefques.öt fe : • font oppofèz.' aflauoir, ceux d’Anucrs, Rurmonde, Groeningue,Deuenter amp;autres. Toutteffoispar ceft adle ledit Cardinal a obtenu l’authoritc amp;nbsp;faucur, de pouuoir diftribuer tous les Offices amp;nbsp;Benefices de fa Majefté, de forte qu’il a eu tant de fa part , que de lès Euefques grand pouuoir amp;nbsp;autnorité : car par tel moyen furent pratiquez diuerfes inuentions pour obtenir amp;nbsp;retenir au-thorité amp;nbsp;fupedntendence es Pais de fa Majefté. Et afin qu’il pourroiteftre aduerti de touttes cho-fes.qui par tout le traidercnt,auiry pour pouuoir retenir la faueur des Roys,Princes amp;nbsp;Seigneurs voi-fins, luy fut donné l’autorité de ordonner tous les Commiflàires amp;nbsp;feruiteurs de fa Majefté : amp;: entre autres a ordonné Ion frei e germain Ambalfadeur en France,qui tant y auoit procuré, que le Roy amp;nbsp;la Royne en toutte diligence mandaft, qu’on le ren-voyeroit vers leur Majefté, pour le repos publique. Qui vouldroit confiderer amp;nbsp;bien perpendre les chofes fuldittes,il pourroit facillement iugcr,qüi le-roitcelluy qui auroit vfurpé amp;nbsp;s’attribue l’autorité amp;nbsp;pouuoir deflus fa Majefté, dont tous ces griefs procèdent. Mais touttes les chofes rufdittes,^ nou-ueautez ont engédrez au cucur du Prince d’Oren-ges,grande trilteftè; moleftie amp;nbsp;cmpefchemcnts;de forte qu’il a non pas vne, mais pluficurs fois requis d’eftre abfoult de fon Eltat de Conlèillier d’Eftat, amp;chefdes finances de fa Majefté, ne demandant autre chofe , que ces nouueautez fullènt abolies.

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I$o Histoire des trovbles

Mais quand ledit Prince côfideroit, qu’on cerchoit par tous moyens d’aflùbieder entièrement le Pais de Brabant, afin qu’il n’euflê aucune occafion d’y refifter amp;nbsp;contredire ; il a inGile diligemment pour çftre déporté' des fufdits Eftats, veu que ce n’eftoit pas àpreiudice de faditte Majefté amp;: dubienpubfi-que,afin de pouuoir tant mieux vaccr en fes propres affaires, amp;nbsp;n’eftreaucunemcnt coulpabic des defor-dres qu’ilpreuoyoit à venir par le fùfdit concept. Et 3 celle caufe il a requis tant à fa Majefté, qu’à la Du-chefle de Parn a comme Gouuêrnante,d'eftre de-portéde Ibn Eftat, encores depuis que les Gentils-nommes confederezauoictprcfèntélcurRcqucfte, de laquelle des aduerfaires lè parle beaucoup amp;'di-ùerlèment. Vrayement fi le Seigneur Prince euft'e cfté fi ambitieux,amp; qu’il eufle voulu attribuera fbyr mefincs l’autoritéde fa Majefté,il n’cftpas vray fem-blable,que faMajeftéluyeufferefufdde le déporter, amp;nbsp;encores moins expreflèment commandé de perfeuerer en fon Eftat : car c’eft vn droit municipal de déporter les Seigneurs ambitieux de leur Eftat: afin que finablement ne viendroient à occuper tous les Pais du Roy ,amp; les approprier à culx mefmcs, Parquoy c’eft bien le contraire de tout ce que le Procureur General propofe: car defliis eft allez de-dairé, que le Seigneur Prince ne deuant ne apres le partement de fa Majefté aye efté lùfpeél d’ambitiô, pu qu’il le eufle voulu attribuer l’autorité de là Ma-iefté, ou le faire Seigneur de Brabant, veu qu’il eft plus que manifefte que Monfieur le Prin ce n’a procuré autre chofe que d’eftre déporté de fon Eftat-' comme bien entendront ceux, qui confidercront que

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DV PAYS-BAS. LTU. lï. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jçf

que depuis le partement de fa Majefté, toutte autorité amp;nbsp;pouuoir ait elle chez le Cardinal deGran-uelle; ce que vrayementpar plufieurs témoignages amp;nbsp;exemples fe pourroit verifier, combien ie m’en déporté pour plufieurs raifbns: toutteffois ie ne me puis palier de dire, que la Duchefle de Parma a c5-feflée depuis le partement dudit Cardinal; qu’en peu de mois luy font efté déclarées plus d’affaires des choies de Brabant, qu’en tout le temps que le Cardinal y eftoit prefent.

D’auantage quand és deniers troubles de Bruxelles la Duchefle machinoit de prendre la fuyte vers Mons en Haynant, amp;nbsp;de là vers les Alpes, pour faire place à ceux qui requeroient plus grande autorité, qu’efloit la fienne ; Le Trinceen compaignie des autres Seigneurs luy a inllamment prié, qu elle ne voudroit à foymelme faire ce tort, n’y à fa Majefté la vergoigne ; dont clercment apparoift amp;nbsp;le vérifié,que tous les aétions amp;nbsp;ententes du Prince,font efté contraires à toutte ambition : Car fi le Prince s’eulTe voulu attribuer toutte authorité amp;nbsp;puillance, meilleure occafion ne luy eufl'e peufuruenir , que le partement de la Duchefle: neantmoins il eftoit bien d’autre opinion,parquoy aufly a faiél tout de-uoir pourempefeherfon partement, amp;nbsp;preuenirce defordre.

En outre quand à fa Majefté fut conlèillé qu’il fe-roit bien prouffitable , qu’on augmenta le Confeil d’Eftat, des Nobles amp;nbsp;gens doâcs de qualité , afin de preuenir toute dilfenfiô amp;nbsp;dilcorde,amp; que tout-tes choies fuflent mieux adnûniftrees amp;nbsp;principalc-fnent afin que les ordônances dudit Confeil fuflent.

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ijz Histoire des trovbles obferuées , amp;diligen;métmifès à execution,8i brief afin que toutes oceafions fuflent retranchées à chacun de mouuoir felon fa faniafic toute diflcnfiô,ou de cerçher lôn propre proufit des biês publiques.'^ quelle fin aufiy le Prince fut requis par la Duchefle de Parma ,deluy vouloirdenoiumeraucunesper-fonnes idoines amp;nbsp;dignes de ceftEftat; Ledit Seigneur Prince afin de n’ellre fufpeété d’auoir cerché fon particulier proufit a remis cefte choie au bon plaifir delà Majcllé; qui eft vng figne euidentde n’auoir cerché fon particulier proufit : de forte que de là s’enfuyt,que c’eft bien long delà, qu’il foit efté ambitieux ou conuoiteux de gouuerner, comme il cftaccufé, veu que la condition amp;nbsp;propiieté des ambitieux eft ordinairement de dominer feuls,fans college quelconque : Or fon intention eftoit tout autre : car il fut d’opinion que le confeil d’Eltat fut augmenté, amp;nbsp;que de cefte autoritéplufieurs fuflent pa.ticipants.

Plus il a requis amp;nbsp;remonftré qu’il vouloit fe retirer en là mai'on, amp;quiter fa place à vng autre.'com-me la Duchefle amp;nbsp;autres duConfeil d’Eftat en rendront bon témoignage. Doneques il n’eft pas ne-ceflàire de produire oceafions plus certaines amp;nbsp;apparentes de ces toubles.-melmement quand on veult perpendrequeles Brabançons lôntdefireux de défendre auecq grand zele leurs Priuileges , par eux fi long temps pofledez en vertu des contrats réciproquement faits auecq leurs Ducs , amp;nbsp;aufly pour garder leurs Priuileges, qu’ils ont obtenuz partie de ces Ducs, amp;nbsp;partie des Empereurs anciennement à euxoélroyez ; efpccialement quand ils ont creinte d’en

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DV PAYS-BAS. LIU. II. 15J d’en eftre priuez par la trop grande oppreßion Sc charge des gens eflrangers. Mais comme le Cardinal de Granuelle perlilloiten Ion concept amp;nbsp;opi-nion ; amp;nbsp;que en Ton abfènce les adherens amp;nbsp;complices procédèrent plus outre en la mefme choie, incontinent toute difcoideamp; dillenfiô fut relufeitée, fans y pouuoirobuier, à caufedela dillênfion qui eftoit entre ceux duConfeil d’Eftat, Conlèilpriué, amp;nbsp;Mefsieurs des finances, qui furent tous gou-uernez par le Cardinal amp;nbsp;les Seigneurs de fa partie , de Ibrte que iamais ne pouuoient accorder enfemble.

Et par ce que celle amp;nbsp;plufieurs autres chofes lêm-blables nourrifoient grande diflenfion, on fut d’ad-uis afin d’obuieràtous apparens difordres amp;dcfa-llres, d’enuoyer vers fa Majellé le Conte d’Egmôtr parle retour duquel vng chacun fut conlblépourle bonelpoir, amp;expreire declaration d’amendement amp;remededetouttechofe, amp;nbsp;principalement pour la moderation de l’Inquifition. Et à celle fin furent en l’an 1565. aflemblez trois Euefques,trois Théologiens, troisDoéleurs en droiél ciuil, amp;nbsp;autant en droiél Canon, pour conclure vne Moderation de laditteinquifition : dont la conclufion futen-uoyee à fa Majellé, mais nullement accordée, ny déclarée. Outre ce fut par fa Majellé commandé exprelïement en la fin dudit an, d’introduirelàns nulle contradiélion les nouueaux Euelqucs, ou de publier les decrets du Concile de Trente , Sc de doner auxinquifiteurs leur autorité amp;pouuoir, par laquelle ilsauoientla connoilfanceSc autorité tant temporelle qu’Ecclcfiafliquc , amp;nbsp;que la conclufion

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154 Histoire des trovbles du Concile Tridentin feroit incontinent en toutte rigueur miiè à execution.

Les copies de ce mandement furent incontinent cnuoices en touttes les villes du Pais-bas, auecq cô-mandement expres, de fe reigler félon le mande-mentamp;Placcart delà Majefté. Celle eftla fécondé caufe amp;nbsp;occafion principale des alterations amp;nbsp;defor-dres comme cy apres fera déclaré.

Puis doneques que l’Inquifitiô principalement, fut exprellcment parfa Majefté commandée,il s’en-fuytneceffairement touchant les troubles, qu’àluy mefmcs amp;nbsp;nul autre fè doit impofer la coulpe des troubles amp;defordrcs paflèz, Parquoy n’cft conforme à la vérité ny vray femblable, que par enhorte-ment du Prince d’Orenge lesfubieéls fc fbient rebellez contre faditte Majefté, ou qu’il les auroit premièrement fouruoyé amp;pcrfùadé ,amp; la plus grade partie delaNobleffe in ci té, à fe côfederer ou mutiner amp;nbsp;confirmer par ferment leur ligue afin de s’oppofer amp;nbsp;défendre à toutte heure contre fa Majefté, amp;fes ordonnances, dés le commencement obferuées. AulTy n’cft vray femblable que cefteaf-lembleeamp; confederation foit faiéle enfes cours de Breda amp;nbsp;Bruxelles, amp;nbsp;ce cnfùyuat foit efté autheur, fauteur chef des rebelles amp;nbsp;mutins obftinez, ou perturbateur du repos publique . Cariamais n’afuf-cité fedition oudifTenfion contre fa Majefté, parquoy aulfy ne doit eftre de ce acculé : car laditte cô-fjîiration ne fut fai été par fon enhortement, mais à caufè des griefs procédants de rinquifition,amp;p3r ce qu’on a contreuenu aux promefl'es, faiétes en l’an 50,55,61,65. amp;nbsp;autresenfuyuants commedefTus

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DV PAYS-BAS. LIU. II. I55 eft declare amp;nbsp;demonftré.Parquoy le Pria ce d’Orcn -ges affirme que par lafufditte ligue, amp;nbsp;accufàtions amp;nbsp;autres chofes enluyuies, cft aduenu le mefmc que la Ducheflc de Parma par auant auoit diél en plein Confeil: affauoir, que la declaration de la rigueur des Placars de par fa Majefté publiez, caulè-rpit vne merueilleufe alteration, veu que plufieurs auoient côceu bon efpoitjpar le bon raport du Con-te d’£gmonteftant retourné d’Efpaigne.

Depuis eft auffy aduenu, qu’à la Ducheflè fut écrit, comme elle mefme aconfeffée enßrefponce, que la declaratiôdes Placcars de fa Majefté publiez, eftoit la caufe de toutte alteration.defquels Placcars (comme delTus eft dit) font la vraye fource de la ligue ; faicte contre fon Iceu amp;nbsp;vouloir. Mais quand laditte declaration fut paruenue es mains de ladittc Ducheffe, amp;nbsp;qu’elle auoit entendue le contenu d’icelle; 15. ioursdeuant que les confcderez auoient tenus fur la Maifon delà ville leur aflcmblee .• elle a dit amp;nbsp;déclarée exprefl'ement, que cefte declaration ne luy plaifoit en tous fcs points, amp;nbsp;qu’elle ne pou-uoit imaginer que la rigueur des Placcars fèroit aucun moyen de conferuerpaixamp;vnion és Pais-bas. Certainement fon AltelTe n’atenue l’intention des confederez pour feditieuiè, veu qu’elle tenoit ferme confiance que les Confederez vouldroient attenter quelquechofecontrefaMajefté,amp;leur patrie, ou chofequi fulfe au preiudice de laditte patrie; de forte que c’eft choie clere que ces alteratiôs amp;nbsp;troubles ont prins leur fource de l’Inquifition. On doit conliderer amp;nbsp;perpendreles exéplesd’AUemaigne, France, Angleterre ^Efeofle; Neantroomsilfaut

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1^6 Histoire des trovbles

* eonfeflèrqucfaMajefté ne veut declarer autre clio-{è parles placcars rigoureux, linon qu’il vcutauecq le temps deftruire entièrement le Pais de Brabant. Etau contraire, qu’es pais, ou la liberté de Religion , ou pour moins la liberté de conlcience cft oftroyee amp;nbsp;accordée, amp;nbsp;ou l’Inquilition n’a aucun lieu, foit la demeure amp;nbsp;habitation de paix amp;nbsp;vnion. Ce qui donne témoignaige qu’il y a grand difference,de viure en liberté de confcience lans Inquifitiô, qu’en toutte malice, iniquité amp;nbsp;licence, làns corre-Ôion amp;nbsp;chaftiement. Il n’eufle point aulTyaggreé aux Princes amp;nbsp;Seigneurs d’Allemaigne.qui demandent nourrir leur pais en paix amp;nbsp;cerchent le repos amp;nbsp;bien publique, aufquels la chofe autant côpete que à là Majeftéjde permettre laliberté de Religion ou confcience, s’ils cuflènt eu quelque craincte de rebellion.

D’auantage, fa Majcftépouuoit affez entendre l’intention des cÔfederez, veu qu’ils ne le font mô-ftrés obftinez,ou qu’ils n’ont voulu par force obtenir leur demande; mais ont tant leulement fupplié, que fa Majefté vouldroit entendre leur doleance amp;nbsp;lüplication, prendre fur ce l’auis des Eftats generaux, promettans de viure dorelcnauant au faid de la Religion, lelon l'ordonnance amp;nbsp;conclufion def-dits Eftats. Et fi alors quelqu’unfulse deibbeilsant, lèditicux ou perturbateur de la Republique, qu'il fuftechaftié felon l'exigence du crime. Or les con-federez ne demandent autre choie, que d’eftre ouy cnleur fuplication, ou qu’on conuoque amp;nbsp;falle af-lêmbler les Eftats generaux; amp;veu queceft affaire eftoit aduenuen Brabant, qu’il, cftoit aufsynecef-. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’ làire

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DV PAYS-BAS. LÏU. Ifc nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gt;57

faire que cefte choie de fi grande importance fèroic propoiee aufdits Eftats, qui de to ut temps pour telles occafions félon le contenu de leurs /'riuileges, furent conuoquez par l’Empereur Charles eine-quiéme : pour conclure au faid de la Religion félon les ordonnances, commecleremcnt fe voit par le texte donné amp;nbsp;publié en l’an de noflre Seigneur

ParquoylesConfederezont penfé, d’eftre licite de ce requérir amp;fupplicr, comme toufioursa eftéla couftume de requérir telles chofes.Comme auisy iê trouuét en l’efcriture fainéle: desbonnes amp;nbsp;iâinéles confederations, afsauoir es Liures des Machabees, faicïes pour auancer l’honneur de Dieu, le bien amp;nbsp;falut des Gouuerneurs amp;Magiftrats, amp;prol^rité du bien publique amp;nbsp;de la patrie. Semblablement eftime le Prince d’Orenge que la confederation des Nobles,ne doit eftre tenuepourfeditionou rebellion contre fà Majefté, pour autant qui touche,que les Confederez ont faiél compromis d’afsifter amp;nbsp;ayderl-un hautre contre l'Inquifition .• à condition toutteffois que cefte confpiration , comme deßus eft dit, prendroit fin, quandfa Majefté auroit par experience trouué, que l’inquifition feroit ennemie de tout repos amp;vnion.’ parquoy ils ont aufsy prefenté de defifterdeleurdemââeamp; propos,amp; de rendre à fa Majefté toute obeifsance,amp; de fe reigler félon laconclufion amp;nbsp;ordonnance des Eftats gene-raulx.

La Duchefse s’eft außy reiglee félon cefte intention laquelle auoit ditte, deuant l’arriuee dés Confederez , qu’elle eftoit d’aduis de modérer U con-

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158 Histoire des trovbles clufion de fa Majeüé, touchant l’Inquifition : voire «lie s’eft lîmulec au nom du Roy, de vouloir exempter le pais de Brabant de l’Inquifition:mais de-puisfonarriuce en ces Pais-bas, iniques à fon departement elle a defaiâ: monftré le contraire. Car elle a tenu celle confederation, amp;nbsp;le prefcnterdela requefte pour delobeill'ance amp;nbsp;lêdition, non obftat 3ue par auant elleauoitdifsiinulee tant defaiâ: que cparolle.Cefl:efimulatiôamp; hypocrifie luy alefci-gneurPrince voulu remôflrer,non que laditte côfe* deration foit par luy inuëtee amp;nbsp;proieâee,laquelle ne luy touche aucunement, mais pour luy parce mon-ftrer,qu’elle le gouuernelèlon l’opinion de là Ma^' qui tient les Confederez pour rebelles Sefeditieux;

Mais quad la Duchelfe auoit accordée par commandement delà Majeftéjamp;aduis de tous les Con* feilsjla requefte amp;nbsp;fuplicatiqn des Confederez, voire fi auant qu’elle auoit promife foubs là propre fig-nature amp;nbsp;lêau, que les confederez ne lcroient tenus pour coulpables, ny aceufez à caulè de cefte confederation, ne de tout ce qui eneftenfuyui ; s’enfuyt quelàMajefté, ny aufly la Duchelleont cuiufte occafion, de diffidence des Confederez •• ny aufly dedirequelaDuchellèl’aye faiâ à autre intcntiôj amp;nbsp;pour appaifer ceux qui s’auoient portc’S indeuc* ment,amp; combatu les images , ce qui fut entièrement faiâ contre Ibn vouloir Zi plaifir. Toutteftbis onpourroit bien dire que l’intention delà Duchef-fèamp;delàMajefté feroient efté diuerlès, combien qu’elles accordet amp;nbsp;ne font qu’une. Car l’intentiort de ces deux n’eftoit autre, que de gaigner l’amitié amp;nbsp;faueur des côfederez, par laquelle le bien de fit Ma-icÛ6

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ïefté(côme ils penfent) (èroitplus nuancé que poft-poß. Car la declaration de faditte Maieftéamp;deJa Ducheflèa eftéfi ample, quelleell louflißnteà les cxcuftramp; expurger de l’acculàtion dont ils eftoient chargez; parquoy conlideré que les Confederez ne font efté tenus deû Majefté, ne de laDuchcfle pour lcditicux.on peutfacillementperpcdre, com-oien font variables amp;nbsp;inconftants les cœurs 5c pen-feincns des Roys amp;nbsp;Princes. D'auantage le Roy a eferit de fa propre main à ceftemefme intentionau moisd’Aouft, aflauoir apres 5c deuant que laditte confederation amp;nbsp;rcquefte fut faicte, que ß Majcfté fe Gontentoit grandement du lèruice duPrince d’O-renges,amp;qu il n’eftimoitaucunement ce qui pou-uoit eftrepaflé; amp;nbsp;que ledit Seigneur Prince ne le laifferoit parautres raifons perfuadcr.touchätß fidelité,finon quefaMa'- fecôfioitentieremctenluy;amp; qu’il n’adiouteroit nulle foy aux railôs qui luy veul-lent ma!,dcfquels il écrit qu’ils ont tort amp;nbsp;font mal, Donequespar les raifons fufdittes, fepeutfacil-Jemétentédrc,qu’iln’yapas d’apparence que ledit Seigneur Prince fèroit appelle Chef, Inuenteur, amp;fautenrdes ftditieux , veu qu’on ne trouue qu’il ait incité, fbuftenu amp;nbsp;défendu lefditsCófederez.có-meauflyon ne peut allegucrqu’il ayt prins en là garde auens des Côfederez ou autres; pourquoy enfe-roit il docques aceufé Plus on le charge qu’aucuns des côfederez fe font mis en armes amp;nbsp;defenfe en certains lieus, fans auoircfgardà chofei,ui fôit;ceque •ne touche audit S'-Prince, amp;nbsp;n’eft tenu d’en rcfpon-» dre.ne s’exeuferdes otféfès amp;faultesdesautres;auf-lÿ on ne le deuroit charger de ce qu’aucûs des con-

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i6o Histoire des trovbles

fédérez ont efté en apres rebelles amp;nbsp;feditieux .‘veu que tout ce qui en cft enluiuy, fbit faiél non (èule-mentfansfon commandement,maisaufsy àfon grâd regret. Voire qui pluseft touttes ccschofes ontefté coinmifes en Ion abfence, amp;nbsp;à cefte caufe a faid le-uergensde guerre feulement pourladetcnfede là perfonne, combien que fes aduerlàires dilènt le con-traire;amp; que ce (bit efté pour s’attribuer toutte l’au-thoritc amp;poiioir de fa Majefté, veu qu’il auoit pour ce temps en les mains amp;nbsp;villes amp;nbsp;chafteaux.

MaisMonfieur le Prince n’auoit autre intention, que de reduîre ,Tnon le commandement de la Du-chelfe.les Pais fufdits,efpeeia!cmcnt Hollande, Zee-Iande.'amp; Vtrecht, defquels ileftoit Gouuerneur, en repos amp;nbsp;tranquillité, amp;nbsp;les côferuer fouz l’obeif-ïânceamp; fidelité de fa Majefté •faifant tout deuoir pour loyaumét adminiftrer foa eftat amp;nbsp;office. Dont donnerôt tresbon témoignage les Prefidens, Con» feils, Eftats, Officiers, Magiftrats defdits pais amp;nbsp;villes .• amp;nbsp;qu'il n’a tenu aucune partialité , mais ad-monefté les deux parties à obeiffance éV fidelité de là Majefté, comme aufly a fa id en pluficurs autres' er.droids ou il auoit fuperieurité. Ce qui le peut clerement demonftrer, par ce que le Seigneur Prince V arefifté parla grace deDieu amp;nbsp;empelché,qu’en tous cestioublesamp;lèditions,nulle ville ou village appartenant à fa Majefté, foitefté endommagée, occupée, ou retiree de l’obciffancc d’iccl'e, ou de laDuchelfe.

Et pour confuterla Citation du Seigneur Conte -^«4^ deHooghfl:rate,amp;raccufation de Ion ambition; ' èi qu’il auroit tenu aucune aftemblee en fon clia-fteau

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DV PAYS-BAS. LIU. II.

fteau de Hooghftrate, ou cnn (pi ré auecq les Con- nbsp;nbsp;nbsp;rKij-iA

tes d’Egmondamp;deHorneàDenremonde,amp;(êni-y / blabJemêtconfpiré auecq le Prince d’Orenge, defè mettre conioinélement en armes cotre fa Majefté, amp;d’empefcherdctout leur pouuoirl’entree defon armee en Brabant.' Le Seigneur Prince protefte, amp;nbsp;fê raporte aux témoignages des Seigneurs qui furent alors alfcmblez à Hooghftrate, qui pourront declarer s’y on y a traitté autres affaires, que de vi-fiter l’un l’autre, amp;'le reftouir enfemble, en receuil-lant aucuns Seigneurs eftrangers leurs parensSi ne fera oncqucs trouué qu’en ce lieu aucune choie foit conclue,qui pourroit cftre au preiudice de fa Maie-fté. Comme aufly ne fera iamais prouué ou vérifié, qu'il euffe eftc en aflcmblee fbit à Dcnremonde ou quelconque autre lieu, pour cônfuitcramp; conlpircr, d’empcfcher rarriuee delà Majefté en Brabut- Mais il eft bien aduerti, que tourtes lès aélions ont efté lî-niftrement interprétées à là Majefté, ce qui a diminué grandement la bonne affeftion qu’il luy por-toit; car il auoit rccouuert la copie d’vne lettre ef-critte par François d’Alana. Ambaflàdeur en France pourfa Majefté, à la Duchellè, laquelle contenoit, qugt;en temps amp;nbsp;lieu on chaftieroit felon leurs merites les trois, aftauoir, les Côtes d’Ëgmôdamp; dé Hornes,amp; le Prince d’Orenges s mais ce pendant on les traicleroiten toutte douceur amp;nbsp;amitié.' amp;conte-noit ladittelettre, que les troubles amp;nbsp;feditîonsde

Brabant leur furent imputeZi

Voila la principale caufepourquov ils le Ibntal-femblez à Denremonde : mais ces Seigneurs fc font confiez fur leur innocence ; ne concluants, autre

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i6x Histoire destrovbles chofe, que de propofer à la Duchefl'e le contenu de ceftc lettre, amp;nbsp;eux dece garder. Ce qui plus y peut eftre traiâé, il elpcre que les Seigneurs prifonniers l’auront, allez amplement déclaré., „

Et touchant les autres articles de la Citation, af-lâuoir que ledit Seigneur Prince auroit conlèillé au Seigneur de Brederode,delôrtifier amp;nbsp;munir fa ville amp;nbsp;cnafteaude Viane contre faMajeftc; c’eft vraye mcnfonge amp;nbsp;contraire à la vérité; mais bien eft vray que aucuns ans palIcz, le Prince eftant enperfonne à Vianç, le Seigneur de Brederode luy diét; Qiiele Seigneur Ibn pere luÿ auoit ordonné parfourrne de teftament, de parfaire les folfez amp;nbsp;rampars de Viane, ia cômcncez . Sur quoy il luy refpond, qu’il le deuoit faire, pour accomplir le teftament de fon pere: maisduKoyne fut faide aucune mention; ne aufly luy fut au cœur d’attenter contre luy aucune chofè .Cartouchant l’aduis de fortification, la Noblcllèont de tout temps eu la liberté depouuoir fortifier leurs Seigneuries à leur plaifir.D’auantage, Viane auecque toutte la iurifdiôtiô appartient proprement au Seigneur de Brederode : amp;nbsp;combien que lesanceftres en ont eu proces, fi eft toutteftôis le Seigneur de Brederode demouré en poflèfsion. Tarquoy ne fe peut de ceftc chofe conclure aucun crime de lefèMajefté; car ce qu’ils ont did enlèm-ble,n’a efte que de fortifier laditte ville, mais des affaires de faMajefté ne futfaidcaucune mention, aufl’y a ce efté long temps deuant ces troubles.

Quad à l’autre poind,que le SeigneurPrince eufiè permis au Seigneur de Brederode de leuer à fon plaifitgeps de guerre! la ville d’Anuers, amp;nbsp;fecrete-wnt

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DV PAYS-BAS. IIU. II.

mentcnuoyé aucune munition à Vianc* contre la dcfenfcdelaDuchefle; Le Seigneur Prince refpôd, qu’il ertoit venu en Anuers.pour deliurer la ville des troubles furuenus' amp;nbsp;que l’ayant entendu, en a ad-uerty le Maregraue ; lequel n’a de ce riens trouuéj finon ceux qui eftoientafsis à table, ayanscommif-fion deleuer des Ibudars, mais ils fe font focrete-ment retirez.

Bien eft vray que Monfieur le Prince a faiél pre;-fent au Seigneur de Brederode d’aucunes pieces d’artillerie faittes à la ville d’Vtrecht, mais ce fut longtemps deuant ces troubles.quot; amp;nbsp;fut aufly alors auferuice de faMajefté, de forte qu’il ne les lüy pouuoitrefufer,veu que Viane n’eftoit gueres loing d’Vtrecht,, amp;nbsp;qu’il les auoit de luy requis amp;nbsp;demande’. .

Et touchant les poinéls, que ledit Prince auroit défendu en certains lieux amp;nbsp;villes de receuoir la garnifondelà Majefté, (pecialement en Zeîande, ou il auroit mefmes enuoyégens de-guorrç pour l’occuper , amp;nbsp;empefeher à fa Majefte l’entree par mer.quot; Touchant les garnifons, dit le Seigneur Prince iamais ne l’auoir penfé, amp;nbsp;en cas qu’il fut vray, ils diroient quand amp;nbsp;àquel temps, ou en quel lieu ce feroit aduenu. Neantmoins comme il eftoit en Ze-lande , il fut aduerti, qu’pn pratiquoit d’occuper Zelande, s’il eftoit poßible , qui fut cIioÇc de grande importance .quot;parquoy il cômandoit au Seigneur de Boxtel, qu’on ne reccuroitaucunc garnifon fans fon congé,corne eft la couftume de toujLieutenäts. Mais comme depuis il fiitadi^crty par le Capitaine dcRammekens, qui elf oit de fon gouuprnemcnt^

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104 Histoire destrovbles

que deux cents fbudars de la DucEeflc y eftoient arriuez, demandans ouuerture du chafteau, ce que par le Capitaine leur fut refufé, neantmoîns qu’il craignait aucune lèdition, à caufe que lès gens n’e-ftoient payez, amp;nbsp;que le chafteau eftoit mal pourueu de viures: illuya commandé de nelaiflcr entrer perlbnne audit chafteau fans autre mandement de la Ducheflè amp;nbsp;fins Ibn congé : amp;nbsp;eftant la Duchelfe de ce aduertie,ene fut côtente, amp;nbsp;enuoya les payes.* combien que la Ducheflè fut par auant autrement informée, ce pendant qu’elle eftoit à Bruxelles, amp;nbsp;luy en Anuers? amp;nbsp;fi les fufdits foudars euflent entré au chafteau, c’eftoit à luy d'en refpondre. D’auan-tageceux d’Anuers ontfuplic, qu’on ne mettroit aucun garnifon en leur ville , promettans d’eftre toufiours obeiflans à fa Majefté, amp;den’elpargncr corps amp;nbsp;biens à fbn lcruice,voire de luy iamais donneraucun empefehement en lès alfai’ es.Bien eft vray que certainsbateauxeftoient chargez des lou-dars d’Anuers, qui pour le repos publique ne pou-noient entrer en la ville, parquoy nauiguerent vers Zelande, ou leur fut défendu amp;nbsp;empefehédedef-cendre en terre : de Ibrte qu’ils furent contrainéls par famine de retourner à Anuers : amp;nbsp;comme on difoit, qu’ils eftoient au feruice du Seigneur de Brederode, eftants à vn lieue d’Anuers, afla-uoir, à Ooftervveel, defeendus en terre, furent dcfàiôts. Ce qu’entendans les Eglilès reformées d’Anuers , ils le lont armez pour afsifter aufdits foudars; Cequi caufoit vne grande alarme dedens la ville, laquelle fut parle feigheurPrince appaifee, fans aucune effufion de fang des Bourgeois. Don

nant

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DV PAYS-BAS. LIU. H, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l6Ç .

• n nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;J

nant par ce àcognoiftie, qu’il n’a jamais prétendu // d’attenter en Zelande chofe quelcôque, qui pour-roit tendre à empefther les concepts amp;nbsp;moyens de ß Majcflt.Mais qu’il auroitrefufede receuoir gai-nifon es Pais amp;nbsp;villes.ce fut faid: poureuiter toutte diflènlion, amp;nbsp;pour conferuer paix amp;nbsp;vnion entre les fubicds. A celle caufe le Seigneur Prince cil bie csbaby de ces pcrfonnes tant dodes, amp;nbsp;qui veulent eftre de fi grande reputation , qu’ils ont mis en auant amp;nbsp;propolé choies, qui jamais ne peuuét élire neferont vérifiées.

bncores ell aux articles de celle citation déclaré, Que le Seigneur Prince fut enuoyé à Anuers pour appailèr les troubles,mais qu’il y a permis l’exercice de tourtes lesleclesheretiquesindilfereroment: Sur quoyil refpond, Qu’il a exprell'ement declairc au Confcil, qu’il luy elloit impofsible d’empefeher ceux de la Religion : neantmoins qu’il en fairoit toutfon deuoir amp;diligcce; de forte que tous ceux de la ville l’ont grandement remercié, que par fon confeil amp;nbsp;aduis les troubles furent appaifez. Le Magiftrat de la ville, amp;nbsp;pas luy,ont permis le balli-ment des temples amp;nbsp;l’exercice de la Religion,pour euiter plus grand fcandale.

Les Confiftoires elloient ordônez deuant qu’il yarriua , voire deuant les prefclics publiques.- amp;nbsp;pour obuicr delà en auant tous troubles, il leur a permis auci n moven , par lequel on pourroit trai-der toutes les circonfiances des affaires qui pou-uoyét furuenirramp;' ne en it aucunemét que par cefte occafion ßMa’ foit cfié intereflé.veu qu’il feriioit plus pour tenir fes firbieds en repos amp;nbsp;tranquillité*

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1^6 Histoire des trovbees

Pour le dernier article,qu’il auroit ordonné im-quot; po fition s amp;nbsp;exaâions, ou leué den iers pour payer la gendarmerie ; Diâ qu’il n’a ordonné impofi-tions,ne leué deniers, mais ce qui en efl: faiôl,a eflé faid deuât fon arriuee, pour entretenir les poures, amp;nbsp;les Miniftrcs,aufly pour baftir leurs templesrpar-quoy eft bien apparent amp;nbsp;probable,que ces deniers ne font efté emploiez à fon proufit. De la auffy fo peut tresbien entendre, qu’il na voulu impofer aucunes exadions,puis qu’il a refuie cinquante mille florins, qui luy lurent libéralement prefentés pour le bon lèruice qu’il auoit faid. Il eftoit impofsible d’empelcher telle choie en telle ville marchande comme efl: Anuers; veu que iournellement on y debourfe grand argent pourdiuerlês choies. Par les chofes fufdittes efl: doneques allez dcmonflré, qu’il n’a point efté autheur des troubles amp;nbsp;feditiôs.

Ces remonftrances font efté les excules amp;nbsp;de-fenfes du feigneur Prince d’Orenge.'auecq lefquel-les accordent les exculès amp;nbsp;defenfes du Seigneur de Hooghftrate, fauf qu’il a refpondu, comme auez entendu, lur autres points amp;nbsp;articles comme def-h'quot; Z lus eft déclaré.

d ” lufqucs à prelènt auons déduit amp;nbsp;déclaré , en quelle manière le Duc d’AIue, eft arriué auecq la gendarmerie au Pais-bas; amp;nbsp;comment il y a proce-dé.-femblablementcomme Monfieur le Prince d’O-renge s’eft retiré, amp;nbsp;procuré enuers tous pour obtenir foudars amp;nbsp;gens de chenal, afin de refifter la fureur du tyran languinaire le Duc d’AIue : qui pour fc défendre contre l’inuafion de fes ennemis, s’eft armé amp;nbsp;pourueu de gens de guerre, non feulement deden Sj

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DV pays-bas; LIU. ir. 167 dedens, mais aufly dehors le pais, veu qu’il prefu- '• moitaflez que lés Seigneurs dechaflez amp;nbsp;autres fugitifs attenteroient pour retourner en leurs biens amp;nbsp;heritaiges.’de forte qu’il fifl toutte diligence,pour endommager fes ennemis.

Et comraeleDuc d’Alue auoit fait toutte proui-fion d’une future guerre, il a fait confifquer tous les biens,debtes,droits amp;nbsp;a étions des fugitifs amp;nbsp;bannis, ayant à ce ordonné des Commiflaires, qui eftoient obligez dedôner refpôdant és mains du luge ordinaire,de deliurer les deniers és mains duThrelbrier des guerres, pour en paver les Ibudars amp;nbsp;gens de cheual qu’on auroit affaire en celle guerre : qui elloit le moyen d’endommager là partie aduerfe,amp; cfpargner les deniers de la Majellé. En outre il im-pofa grandes exaétions amp;nbsp;tailles, amp;leuamerueil-leux argent lùrle credit de fa Majellé, pour payer les garnilbns, ballir des Challeaux,amp;pour fortifier les villes frontières amp;nbsp;limites dupais; amp;pourauoir toufiours prouifion de deniers, à touttes chofes oc-currentes.

Dgt;autre collé Moniteur le Prince d’Orêge ellant dechalTé des ces pais,amp; priué de fes biens, ne veuil-lant faire comme les autres Contes, ne feeut autre meilleurmoyen.ques’excufcrversfon Roy amp;Prin-ce;amp; a imploré l’ay de des autres Potentats, comme intercelTeurs en cell affaire . Et combien que mef-mes l’Empereur en auoit fait fou deuoir, !c Roy n’y avoulupreflerl’oreille,nyentendre; mais a ren-uoyé le Seigneur Prince auDuc d’Alue,pour lé renner foubs luy, ce que ne Iny fembloit bon ny prou-ntable t parquoy il fut necefsité de prendre les ar-

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ilt;î8 Histoire des trovbles

mes, amp;nbsp;l’afsiftence de fcs /’arens, amis amp;nbsp;là5jteurs, tant d’AUemaigne que des Pais-bas-OuItre ce ceux delà partie quieftoient demouré au Pais-bas lous le iougdcsElpaignols ,luy ont furny autant d’argent que leur eftoit pofsible, afin de recouurerleur liberté perdue. Or quand le Seigneur Prince lut pouriieu de cedit moyen, il procura par le moyen de Ion fiere le Conte Louys vne armee de gens de piedamp; de chenal; amp;nbsp;pour pouuoir auoir quelque nicilleure adieflele Se'- Prince écrit à tous les Princes amp;nbsp;Seigneurs, faifant lès côplaintes de la tyrannie amp;nbsp;du grand tort du D uc d’Alue , qu’il luy auoit oftéfesbiens,priué de fes Seigneuries, amp;nbsp;cotre tout droit amp;nbsp;équité prins fon filz le Conte de Buren amp;nbsp;enuoyéen Efpaigne. Les Princes d’Allemaigne efioientlort mal contents del’opprefsion des Pais-bas-par la tyrânie d’vn cfiranger Efpaignolrlelquels s’affemblerent pour confulter par quel moyen iJz pourroient afsifier au Seigneur Prince d’Orenges.

LemoisdcMayenluiuant fe fill par tcutaflem-bleede gens de guerre; mais quand le Duc d’Alue en fut aduerti, il y a donné ordre , amp;nbsp;le met en cam-paigne : deforte que ceux qui les premiers s’alTem-bleientdelàla Mcufc,amp; puis auprès dcDalhem, villetteauPaisdeluillicrs, defquels cftoit chef amp;nbsp;Capitaine le Seigneur de Hooghftrate, furent dc-faiâs des gens du Duc d’Alue, amp;nbsp;tuez enuiron de mille foudars ; fans prédre efgard que ce fut faiâ lùr la terre Aiurildidion del’Empire.-mais c’eft la con-ditionamp; naturel des Elpaign-^h,amp;Italiens, d’eftre toufiourspluslùperbes, amp;nbsp;s’eftimer delfus touttes autres nations ; Car il aduint alors que le Gouuer-neur

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neur de Heinsberg amp;nbsp;fon Lieutenant, qui eftoient venuz à üalhem pour admonefter amp;nbsp;fommer les fugitifs amp;nbsp;dechaÜez de fe retirer des limites de fon Seigneur le Duc de luillcrs,furent comme les ennemis maffacrés amp;nbsp;tuôz.

Neantmoins les efehappez amp;nbsp;reftans n’ontpour ce perdu le courage.mais ont inuadé auecq le Conte Louys les Pais-bas de fa Majefté .• Sc pour animer le peuple contre les Efpaignols, ils fe font tresbien fortifié, amp;nbsp;de tous coftoz mis en befoigne, auecq intention de mener cefte guerre, pour l’exercice de la Religion, amp;deftnfedes /’riuileges des Pais-bas, amp;nbsp;pour reftituer les dechafrezamp; fugitifs en leur ancienne polfeßion.-quifut caufe qu’aucuns portèrent en leurs enfeignes, cefic deuifë: Recuperareant mort: c’eftàdire. Ourecouurerleur perte, onlaifTerla vie.

Parquov beaucoup de gens s’aflemblerent de tous coflez, de forte que le Conte Louys le trou-uantbicn renforcé, a occupé plufieurs villages amp;nbsp;places, defquellcs eftoit la premiere le chafteau de Wedde, amp;nbsp;puis le Dam au pais de Groeningue. Or quand le Duc d’Alue en fut aduerti,il enrageoit de defpit amp;nbsp;doutant que fà bonne fortune fe pour-roit changer en malheur; il n’a donné aucun temps au Conte Louys pour fortifier cedit lieu,mais y en-uoya incontinent le regiment ou tertio de Sardei-gne auecq fbn Maiftre du Camp, amp;nbsp;trois enfeignes du Regiment ou tertio de Lombardie, amp;nbsp;quatre cents Efpaignols amp;nbsp;Italiens à cheual, amp;nbsp;le Conte de Megue auec bon nombre de fbudars. Enoutre cincq compaignies duRegiraent duConte d’Aren*

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ijo Histoire des troveles bcrgue.Mais tous ces gens ne pouuoicnt nuire au Conte Louys, car fön armee s’augmentoit de tour à autre.

LeDucd’Alue y a enuoyéMefsirelan deLigny Conte d’Arenbergue , fraifehement retourné de France,auecq vng Regimentd’Efpaignols, amp;nbsp;cincq enfeignes Allemans, pouraflaillir Jes ennemis, ce qu’il a faiô,mais àfon grand dommage,deuant que le Conte de Megue arriua. La premiere efearmou-che fut fort braue, au lieu ou mille barquebuziers du Conte de NafTou eftoient attendans la venue du Conte d’Arenbergue-• neantmoins lanuiâles a lêparé,amp; les Efpaignolsfefont retiré en leur camp.’ mais le Conte de NafTou a de nuit leué Ton camp. Or quand le iourfùft venu, les Efpaignols cuyderent que le Conte de Naflou amp;nbsp;fes gens s’eftoient enfijys,parquoy les ont liiyuy.Mais quand le Conte Louys entendit, qu’il n’y auoit des gens à cheual, que la bende de Curtius Martinengo, il a aflailly le Conted’Arenbergue auecq trois censcheuaux,amp; a défait dix enfeignes d’Efpaignols amp;nbsp;cincq compai-gnies d’Allemans.Le Conte d’Arenbergue s’eft vail-larr.ment defèndu, veuillant garder fon honneur, neantmoins fon cheual luy fut tué, amp;nbsp;tombant à ter-leTixrgM furprins d’vn harquebuzier amp;nbsp;tué, non obftat •«cis. nbsp;nbsp;nbsp;qu’il crya, le fuis vng Conte, fàuuemoy la vie, mais

rien ne luy prouffita, amp;nbsp;fut ainly efpandufon noble lang. Aucuns Efpaignols s’enfuyrent en vng Mo-naftere proche du lieu delà defaidc, appelleHeyli-gher Lee,pour fc fauuer amp;nbsp;cacher; mais il fut incon-doif'd^' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;aflailly,ouauprcmieraflaultfuttuéleCon-

Nanbu'toe te Adolf de Naflou frere du Conte Louys, amp;nbsp;fon

Chan-

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DV PAYS-BAS. LIU. IT. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lyi

Chancelier.’Ies autres Efpaignols ÿi Allcmans fe fau- ’ uerent à la ville de Groeningue. Pai ceüe defaitte a fjerdu le Duc d’Alue fix pieces d'artillerie amp;totitte eur munition ; amp;nbsp;qui plus eft le Conte d’Arenber-gue, qui eftoittoutfon confort. Outre ce grande quantité de deniers, qu’ils auoient ammené pour payer les fbudars, leur vaifl'ellc amp;nbsp;autres richelTes, quivindrent pour butin és mains de ceux de Naf-fou, Ceftebataille fefill:le^. lourde May de Pan I ç68. entre Heylighcr Lee SA^Vinfchote au pais deFrifelLeConte d’Arenbergue fut enterré en I’E-glife dudit Monaftcre,amp; le Conte Adolf àVVcldé.

Le 29. de May,fut publié à Bruxelles par Ie Duc d’Alue vng mandemét : Que tous ceux qui s’eftoict retirés hors du pais, rctourneroient au lieu de leur refidence, fur peine de confifcation de corps amp;nbsp;biens . Les fugitifs de qualitélùrentexpreflêment nommez, mais peu ou nuis retournèrent, par ce qu’ils efperoientvng meilleur moyen amp;nbsp;temps plus idoine amp;conucnable pour ce faire.

Cefte defaitte a fort fâché leDuc d’Alue, mais il s’en eft vengé fur les Seigneurs, Gentils-hommes, amp;nbsp;autres bourgeois de qualité fesprilbnniers, lefquels ilafaiâexecuter. Car le premier lourde luingila faiél trencher la tefte à dixhuit Gentils-hommes Tyrannie furie marché à cheuaux à Bruxelles : alTauoirGyf- du Due bert amp;nbsp;Thierry de Batenbourg Baros, Pierre d’An- * ** delot.Philippe dcVVingIé,Maximilien Cock,Philippe Trieft Gantois , lan de Blais,Berthelemy de Val,Sieur Beyma Gentil-homme Frifon,amp;Herman Galama aufly Gentilhomme Frifon, laques de Pentan,Ferdinande Peletier, Conftantin de Bruxci-

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17Î Histoire des trovblf.s les jlan de Rumaul, Louys Carlicr de Cambray, Pitireamp;Philippe d’Altz frercs.LédcniainIe deuxieme de luing lurent exécutez le Seigneur de Vilers, le Seigneur de Due, IcfqueRfurent prins à la dc-faittedeDalhem, QuintinBenoift, amp;nbsp;vng Miniftrc de la parolle de Dieu, norr me Cornille N leen do-ôcur bien renommé i fur toutes les perlônnes fuß-dittes a 11 vomy fa cholere.

Le troiliéme iour dudit mois a il faiél ammener le Conte d’tgmond,amp; Philippe de Mommoiency Conte de Homes, Cheualiers de l’ordre,tous deux bien renommez tant pour leur lignaige , amp;nbsp;grandeur,qiehautslàiéis d’armes; efpecialemét le Conte d’Egmôd,pour le bon feruieequ’il auoit faiôt à là WajeUé à la iournec de S. Quintin, ou furent prins le Conneftable de France amp;nbsp;beaucoup d’autres de la Nobleffe; amp;puis à laiournée de Grauelingues, ou 11 vainquit vaillamment les François,aiiec grande perte de leurs gens. Mais tous fes bons amp;quot;nbsp;fideles 1èr-uicesnele feruirent nepiouffiterent aucunement. CesdeuxContes lurent doncqtiesdc Gand rar.ie-nez à Bruxelles eftants à chariot, conuoyez de dix enlê'gnesdeloudars Hpaignols, amp;nbsp;vne bende de gens à chenal ,amp; menez à Bruxelles fur le marché, amp;nbsp;logez à la n ailôn qu’on appelle le Broothuys, amp;nbsp;ce enuirôles trois heures apres midy.’Lors fut fai cl leur proces amp;nbsp;la lentence prononcée comme s’en-fiiyt.

L’alteze du Duc d’Alue , Marquis de Coria, Gouuerreur Lieutenâtamp; Capitaine General pour laMajef é, noftre redoubté amp;nbsp;bien aymé Seigneur, en fes Pais-bas, amp;nbsp;luge fouuerain au Confeil Criminel

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neldesprifonniers deß Majefté .’ayant veu la de-mande amp;nbsp;information du Procureur General,aud'y les minutes, documens,dépolirions, amp;nbsp;mifsiues par le Procureur General exhibez, amp;nbsp;efpecialement la conlefsion amp;nbsp;propofitions des prifonniers, leur reP ponce amp;nbsp;defenfe amp;nbsp;les eferiturespar eux exhibez, par Icfquelles les Seigneurs prifonniers efperoient d’eftre iugez libres amp;nbsp;relâchez de prifon.

En outre comme le Procureur General faißnt fa den)ande,chargclefdits prifonniers,adauoir leCon« te d’Eginond, qu’il s’eftoit monflrc pernicieux perfore ,feditieuxamp; rebelle contre ß Majefté, cfpecia-lement en ce qu’il a confpiré auec les Confederez amp;nbsp;feditieux,amp; qu’il s’eft faiél compaignon de la maul-ditte amp;nbsp;abominable ligue du Prince d’Orenge amp;nbsp;autres Eftats qui au Pais-bas ontconiurez; amp;nbsp;prins la gardeamp;defcnlc delà Noblefte conlcderee : Semblablement lesfaulres commiles par le Conte d’Eg-mond en fon Gouucrnement de Flandres, en l’ob-feruation denoftrefainftefoy Catholique, amp;de' fcnfîon d’icelle contre les hérétiques, lèditieux amp;nbsp;rebelles de la S. Religion Catholique Romaine.’ Touttes ces choies amp;nbsp;autres bien meurement con-fiderées. Son Alteze apres longue deliberation de semesee fes Afteircurs fur la Condufton du Procureur Ge- H« ron.« neral .• declaire que le Conte d’Fgmond a commis Crime de lefe Majefté,amp; efté leditieux; parquoy fora exécuté par le glaiue, amp;nbsp;ß tefte mife en eftache publique bien hauitefleuée, afin qu’elle foit veue de tousexemplaircment.-ouelledemoureraiufques à qu’autrement en fora ordonné. Qui fera pour document amp;nbsp;figné du crime par ledit Conte cômis.

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174 Histoire des trovbles amp;quenulfoit ß hardy d’oftcr û tefte, fur peine de vie. Declare aufly que tous lès biens meubles amp;nbsp;immeubles , aâions, droits, Priuileges, amp;nbsp;fiefs, amp;nbsp;autres biens quelconques en quel lieu qu’ils foient, confifc]uez à la table du Roy.

Ceftelèntence fut prononcée le 4. de luing de l’an 1568. Etcftoitfoubfigné/Dw d’A lue. Laquelle lèntence fut prononcée auConfeil, par le Secretaire Pratz.

La fcntence prononcée contre le Conte de Horne, eft en tous points conforme à la precedente,excepté l’article du louftenemcnt des confederez,amp; les aétes commis contre l’ancienne foy Catholique. Eftants ces fentenccs prononcées, amp;nbsp;miles par elcrit, on les a enuoyecs auxdits Contes.

Les caufesprincipales qui ontmculcDuc d’Alue cipais^d” ce faire,font ceftes' Comme fa gendarmerie eftoit i'C'c-'’quot; laditte défaite intimidée, amp;nbsp;d’une paour grade dTgmoo'd ßific, côme dcfliis eft déclaré : il propolà en perfon-Sc deHor» ne lètiouuerau camp, pour mener la guerre. Or ne fe pouuoit cefte choie bonnement executer, fans a-uoir auec luy tous fes gens de guerrermais ce faifant il eut crainte d’vnc certaine rebellion amp;nbsp;alteration par tons le Pais-bas, àcaulê des mcurdres.etfufions de lang,perlècutions Si fpoliations par luyamp; les fiens commifes.' amp;aullÿ à caufede la grande reputation de ces deux Côtes, car il doubtoit que le com-mûpeuplepourroitdeliurer ces deuxSeigneurs de firifon , pour la grande affeétion Si faueur que tous eur portèrent; amp;nbsp;combien qu’il y eullè laifle des foudars pour les garder, la moitié des Efpaignols n’eulTe efté foufiilàutc; parquoy pour chaflèr toutte crainte

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crainte amp;nbsp;peril,il n’a leen moyen plus commode que de faire mourir amp;nbsp;executerces deux Contes.

Le bruit eft.- Que le Seigneur Prince d’Orenge a- pfopjuffc uoit prédit à Monlieur d’Egmond à VVillebroec fâ du Prince mort,ayant aduertifTemét de la fortie des Efpaignols d’Ëfpaigne, par tels ou fcmblables mots .• Vous ferés le pont par lequel les Efpaignols paflërôt,mais vous lèrez le premier qui s’en repentira ; car le pont fera par les Êlpaignols deftruit. Côine aufTy le Seigneur -Dieuluy dôna depuis figneaflezeuidentfurleiôur ■ du Sacrement en Anuers, quand en retournant de la court, deuxgrandschiens feiouants enfèmble, fê vindrentdroittement deuant lamonnoyc lêioiu-dre deflbus fou chenal, de forte que le chenal fo fôdoit en terre,amp; luy de la cheute eut l’efpaule qua-fi froiflee,non fans danger de la vie. Outre ce n’a ledit Conte voulu partir, combiéqueparauantilfut aduertv^qu’il lcroit mené à la pipee amp;nbsp;prins au fillet par les bonnes parolles, grands dons amp;nbsp;promefles, à luy faites à la derniere fois qu’il reuint d’Ëfpaigne.

Mais afin que ie retourne âmes premieres erres.' Quand le Côte d’Egmödauoitentêdu celle feuere fentéce, il dit: Certes celle fentéce cfl fortfeuerefic du conte ne CKoypoin t lt;nbsp;pie de toute ma vie i’ay tellemet offe-le là Ma'^- ponrauoir meritcTentéce fifeuere rNeat- t“nce. moins fi ie puis auoir failly, ie prie le Se'- que ma mort puill'e oller tous mes pechez, afin que moy amp;nbsp;•les miens ne foyôs d’auàtage déshonorez,amp; que ma chere côpaigne,amp;mes innoeês enfans plus n’édurét quad mon corps amp;nbsp;biens ferÔt côfilquezr mes bons fcruices ont mérité, qu’on n’ufe vers moy de telle grace.- mais puis qu’il plaillaiiify à Dieu toutpuif-

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vfS Histoire des trovbles

ßnt amp;nbsp;au Roy mon Seigneur, ie veux patiamment foufFrirla mort. Depuis il écrit au Roy ccfte lettre: Icnttcto nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fèntence que voftre Majefté a pleu

Conte H'Eg décréter gt;nbsp;combié que iamais ne ay efté d’intention, mond su ou penle de commettre chofe quelconque qui fuflè au preiudice de voftre perlbnne, feruice, ou de fan-cicnne Religion Catholique : niais ie prens en grc tout ce qui plaift au bon Dieu : amp;nbsp;fi i’ay durant ces troubles du Pais-bas aucunement ofFenle, ou permis aucune choie,qu’à autres amp;nbsp;non à n oypourroit eftreaducnu,le mefineeft aduenu d’un cour loyal amp;nbsp;fidele , à l’honneur de Dieu, ièruice de voftre Majefté, amp;nbsp;félon l’exigence du temps. Parquoy ic fuplie à voftre Ma*^- de me vouloir pardoner fi aucu-nemét ie vous puis auoir oifenfé,amp; auoir pitié amp;nbsp;mi-fericorde de machere compaigne, enfims innocens amp;nbsp;de mes poures feruiteurs, me recommandât pour le preiênt à la mifericorde de Dieu. Donné à Bruxelles ce 5. deluing, en ban 1568. Soubfigné Preparé à la mort

^murathes d'Bgmond,

Quand le Conte d’Egmond auoit écrit amp;nbsp;cacheté cene lettre , il l'a deliuree à l’Eueique d’Y pre, luy friant de la vouloir enuoyer à fa Majefté, ce que Euefque fur fa foy luy promift, amp;nbsp;accomplift.

Le Conte de Homes ne voulut du cômencemét fè confefler à rEuefque,difant: le me fuis confeiTé à Dieu: neantmoins par la grande inftance del’Eueß que, il s’elt à la fin confc-llé.

La veille de Pêtecoufte au matin,rcquift le Côte d’Eg-

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d’Egmond hardiment , qu’on vouldroit auancer là fin, veu qu’il n’eftoit ne bon ny profitable, qu’un qui eft condemné alamort, demeure long temps fulpens en tourment amp;angoiire de mort. Or vers l’heure de midy fut le Conte d’Egmond amené fur legrand marche en compaignie de l’Euefqued’Y-pie, amp;nbsp;autres gens de l’Eglile: le MaiftredeCamp des Efpaignols le fuvuoit, aufly le Capitaine Salines auecdix-neufenfeignesd’Efpaignols, qui lé mirent en ordre de bataille fort bien équipez, pour empef-cher tous defordres amp;nbsp;troubles, ou fe mettre en dc-fenlè fi aucune fedition des bourgeois y fut furuc-nue à caufe dudit Conte. Le Conte ne futlié ne ga-roté ne audy gardé ne tenu desfèrgeants.'car il auoit promis en foy de Cheualier, qu’il iroit au lieu ordonné.

Sur ledit marché cftoit drclTévn efehanfauten tieremêt couuert de drap noir, amp;nbsp;dell'us deux couffins noirs. Item, deux longues pinnes de fer. £n basdefefehaufaut cftoit le Preuoft de la court portant en la main vue verge rouge, amp;nbsp;le boni eau def' fus l’efehaufaut. Le Conte fuldity eft montéauccq l’Euefque, amp;nbsp;s’eftant mis à genoux fur vng coufsin, apres qu’il auoit quelque peu parlé à l’Euefque, le boureau luv a felon la couftume requis pardon, amp;nbsp;s’eftant l’Euclque retiré arriéré le Conte, le Conte mefme a couuert fes yeux d‘vne coiffe qu’il auoit dcflbubslbn chapeau, apresqu’ilauoitmelmesmis ius amp;nbsp;deueftu fa robbe de nuict de rouge Damas,amp; fon mateau de fâmit,bordé de palTemét d’or, amp;nbsp;fon chapeau noir garni de plumes blanches. Puis ioig-nant fes mains,amp; ayant baile la croix,il s’eftrecom-

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lyS Histoire des trovbles mandé à la mifericordc de Dieu, en attendant la mort. Le corps fut incontinent mis en vng coffre, amp;nbsp;le lieu taincl de fon fang, fut couuert de drap noir.

Ce faiéf, fut amené le Conte de Home, lequel requercjità Dieu pardon de les pecheZjamp;fouhaitoit à tous les alsiftants tout heur amp;nbsp;félicité, prenant d’eulx congé; puis tirant fon cache-ne deuant fes yeulx, apres qu’il auoit mis en bas fon manteau de ßmit, fut exécuté comme le Conte füfdit.

Cefte execution accomplie,les Efpaignols fefont retirés du marché, faufdeuxenfeignes quigardoi-ent les teftes, ia miles fur les deux pinnes de fer.-lef-quellcs furent oftees à trois heures a pres midy,amp; mifes auprès de leur corps morts; mais celluy d’£g-mond fut porté auMonaftere de S. Clare, amp;nbsp;celluy de Horne à l’Eglifc Cathédrale, amp;nbsp;furent enterrez aux tombeaux de leurs predecefleurs.

Les fèruiteurs du Conte d’Egmond ont felon la couftume attaché les armes à la porte de fon palais; mais le Duc d'Alue les a faiél incontinent öfter. Tout le monde a grandement plaintla mort dudit Conte amp;nbsp;mené vng deuil merueilleux.

Ces deux Contes ont du cômencement allégué exception deluge incompetent,contrelan du Bois Procureur General, amp;nbsp;en ce perlîfté; car commeils eftoient Cheualiers de l’Ordre, ils ne pouuoient eftre iugez necomdemnez que parles Cheualiers de l’Ordre ; neântmoins le Duc ci’Al ue n’y prenant aucun efgard, a procédé auant, amp;nbsp;faief prononcer lafufdittefèntence.

Plufieursperfonnesd-authorité, gensdofl:es,amp; infinité

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infinité d’autres ont cfté merucilleuièment efton-nez de cefte rigoureufe (èntence amp;nbsp;execution, prononcée amp;nbsp;cxecutee contré les droits amp;nbsp;priuileges non feulement des Cheualiers de l’Ordre, mais de tout les Pais-bas, voire contre tout droict ciuil amp;nbsp;commun, veu que le proces du Conte d’Bgmond n’ertoit encores entièrement mené à fin amp;nbsp;furni.* neantmoins ceulx qui auoient ia la copie de la refo-Jution del’Inquifition d’Elpaigne, donnée fur l’en-quefl:camp; information prinfè par les Inquifiteursde pardeça amp;nbsp;tranfmife en Êfpaigne, laquelle refolu-tion fut donnée en la ville de Madrid le fcifiéme de Feurierde l’an 1568. amp;nbsp;plus la feqtence prononcée par fa Majeftéàla ditte ville le iourduditmois cnfuvuant connoiftia cleremcnt dont cede tyrannie amp;nbsp;iniuftice a prins fa fource ; amp;nbsp;ne s’cfinerueille-ra guercs de touttela tyrannie par ledit Duc d'Alue perpétrée. Mais ils feront fort efmerueillés, qu’on trouue encores pour le preféten cesPais-bas tant de gens qui portét !ï grade faueurauxElpaignols.qu’ils mettent en hazard corps biens pour defendre leur querelle ; amp;nbsp;les introduire autrefois au gouucr-nement defdits Pais- bas, veu que nul d’eulx, non plus que les autres, feront exemps de leur tyrannie, comme eft manifefte par laditte refolution amp;nbsp;{ên-tence, dont la teneur s’enluyt.

■ Re/olution dt ïOffice contre le peuple du Pats b^s.

L’Office delà tré-fainâe amp;nbsp;ûcrée Inquifition, . . . requisparla prefencedelàKoyaile Majefté,à direamp;refouldrefurl’abominable crime de defcétiô,

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iSó Histoire destrovbies

apoftafie amp;nbsp;hcrefie, perpetree par les fubicfts des Pais-basdefa Majefte : apres auoir veuamp;diligemment pefé l’information de la Majefte fur ces cho-■ les.' ayant pareillementveu les lettres, munitions amp;nbsp;documens autentiques amp;dignes defoy,adioutez à laditte information, Si par les Officiers de la facre-lainfte Inquifition fidelement tranfmifes des Pais-bas : Diéi amp;nbsp;refoult en ce que touche la profefsion théologale amp;nbsp;la confcience • Q^e tous ^ chacun fiibieéldefditsPais-bas, amp;nbsp;toutîecorps^’iceuxCcx-cêptëîéulëment ceux qui font feparement notez en l’Information) tant pour le refpeftde ceux qui font publiques amp;nbsp;manifeftes apoftats, heretiques amp;de-fedteurs à Dieu, à noftre fainde Eglilè, amp;nbsp;au mandement du Roy Catholique, amp;nbsp;obciflancc d’icel-luy, quej)our le refte de ceux qui fe faignenteftre Cathodiques, n’onttaiét leur deuoir, auquel amp;nbsp;à t)ieu amp;nbsp;la Majefté, pour le refped de la Religion Catholique, amp;nbsp;le lèrment par eulx prefté, ils Ibnt Sc feront obligez de refifter de toutte leur force amp;nbsp;puillance aux publiques amp;nbsp;manifeftes apoftats, he-retiquesamp;fcditicux, amp;nbsp;d’empefeher leur melchan-te amp;nbsp;malheureufe fadion, ce qu’au commencement des troubles amp;nbsp;tumultes fans nulle difficulté'il leur eftoit pofsible défaire : Mais au contraire ils le font ' I abftenus totalement de telle pieulè 8i fainderefi-

ftence Si empelchement, amp;nbsp;pour ce méritent ils ' d’eftreeftimez fauteurs amp;nbsp;adherens des publiques amp;nbsp;, manifeftes apoftats, heretiquesamp;feditieux. Ceux 1 aufly qui d’entre les nobles, amp;nbsp;au nom des fubieds f prelèntans Requeftes amp;nbsp;Remonftrances contre la

tres-fainde Inquifition ont eau tele ufcmctenflain-bé

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bé amp;animéles hérétiques, apoftats amp;nbsp;fediti’eux, amp;nbsp;'•, quot;nbsp;par ce ont tous commis au kipreme degré crime de -]e(è Majefté. Ainfi diél ôc reiolu en la cité de Ma- ‘ drid,le lô.deFeburierenl’an 1568. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;!•

LaRoyalleMaiefté,ayantveul’Information fai-été, amp;nbsp;par Ton commandement prinle fiirl’cxccra - ' ble crime de defeélion, apoflalîes, herefiesamp;fedi-lions perpétrées parfesfubieéls des Pais-has .'Ayat I' lèmblablement veu les munitions Se documens au- . tentiquesamp; dignes de foyadiouftez àladitteinfor- , i mation,amp; par les Officiers de la facree 8i fainéleln- ’• quifitiondesPais-bas fidèlement tranfmilès; Ayant J pareillement veu le fainél auifement de l’Office de ’ lafacre-fainde Inquifition auecq raifons pregnan- i; tes y inferees.* en adminifirant amp;faifânt droid amp;nbsp;; luftice, amp;nbsp;en cell endroid vfant de fa Royalle amp;nbsp;ab- • folute puiflànce. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;;

Diël amp;nbsp;decerne; Qn^e tous amp;nbsp;chacun fub- j; »d ieddcfditsPais-bas,amp; tout le corps d’iceux (ceux la tant feulement exceptez que à laditte Information (J font notez, les noms defquels en temps amp;nbsp;lieu man-derons eftre mis es fifques amp;nbsp;troneques de noz Pais- '« bas) Tant pour leurs publiques amp;nbsp;manifeftes apo* gt;. ftafie.herefie amp;nbsp;defeds à Dieu, noftre fainde mere l’fglilè , ét à Ion commandement Catholique, amp;nbsp;'* obeilTance d’icelluy : que auffy pour n’auoir ceux r qui entre eulxfc faindent Catholiques faid deuoir, duquel toutelfois amp;nbsp;à Dieu amp;nbsp;à là Ma’^’pourlere- ' fped delà Religion Catholique, amp;durerment par ! eulxprefté, ils font amp;nbsp;eftoient obligez de refifter 1 aux publiques amp;nbsp;manifeftes apoftats, hérétiques, amp;

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t8i Histoire des trovbles

i feditieux, de toutteleur puiflànce amp;nbsp;extreme force;

J amp;empelcherleurnidchancetc.‘ Cequ’au commen-cernent des troubles amp;nbsp;tumultes illcureftoit loifi-j ble défaire fans nulle d lKeulté.’ Au contraire de ce j ils le (ont abftenus entièrement de celle tant fa in ehe ; i relîftence empefehement : voiresfe font refiouis, amp;nbsp;pour autant font eftimez de droiôt fauteurs amp;nbsp;: procurateurs dcfdits publiques amp;nbsp;manivelles apo-îlats.heretiques, amp;fcditieux. Ceuxaull'y qui foubs : le nom delà Noblelî'e amp;nbsp;des lubieâsayans prelcnté ; Requeftes amp;nbsp;Reircnfiranccsiontre laties làcreç ' nbsp;nbsp;nbsp;'• Inquifitiô, on tnflambéamp;animé!es cœurs amp;nbsp;cou-

gt; rages des apofiats,heretiques amp;. feditieux foubs pre-'• j texte de p.eté : Óntcommis ledetcllable crime jde . ' lelêMajcfté, les comdemnant tous refpeâ: ou • de fexe ou d’aage, amtpeinjçsj£punitiôsordonnez de droiét contre les delinquans. Voulant amp;nbsp;ordon-’ i nant fa Majellé, laquelle pretend.par telle ferieufe ’J fcntence donner exemple, amp;nbsp;intimider pour l’ad-uenirtouttepollerité : Que les peines amp;nbsp;punitions ■ ' de celle lèntence fans aucun efpoirde grace ou dif-I fimulatiô, fortêt leur plenaire amp;nbsp;punéluaire effait, : j en tel ordre toutteffois amp;nbsp;maniéré qu’en temps amp;nbsp;' i lieulèrareueléesfifques de nozPais-bas. Ainli iu-‘ gé en la cité de Madrid le x6. de Feburier, 156^8.

Or pour retourner à nollre premiere matière; Le fîegeile Aprcs qucle Conte Louysde NalTou auoit obtenu cioemn- la viéloire contre les £fpaignols, il a ordonnéfes gue. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gens de guerre en deux troupes, amp;nbsp;de deux collez

afsiegé la ville de Groeningue.non lans grand esba-hiffement de tout le monde, de ce que fans aucune munition il olbitinuadcrvne ville fi fort de murailles

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railles amp;nbsp;rampars, amp;nbsp;fi bien pourueue de viures.

Le Conte de Megue eftoit en laditte ville de Groeningue auecq huyt enfeignes d’Allemans amp;nbsp;mille Ibudars Efpaignols.- amp;nbsp;Curtius Martinengo auecq trois cents cheuaux.Ceuxdela villeontfou-uentefiois fortis, amp;nbsp;elcarmouchez, fpecialcment le 12. iour de luing, quand les afsiegez auoient entre aucuns foflez faiôl quelque trenchee- Les gens à chenal fe font'auancez quand leslbudars du Conte de Naflbu vouloient empefeher le baftiment du lórt ou trenchee, amp;nbsp;ont viuement efcarmouché : de forte que de ceux de Nalîou fen furent occis enuiron de deux cent, amp;nbsp;aulTy vne bonne partie des Efpaignols: Aufly le CapitaineMartinengo futen grand peril de fa vie,par fon cheual qui eftoit entré ou torn been vn bourbier. Fut aufly prins vn g des Ceux, qui penfoit mettre le feu en diuers lieux de la ville, comme mcfmesil confefloit •• amp;nbsp;quand les Bourgeois eulTent efté occupez à eftaindrC le feu,que les gens de Naflou enflent fait tout deuoir pour efehe-1er amp;nbsp;gaigner la ville- Lequel fut pendu par ordonnance du Capitaine Albanez.

Durant ces entrefaites, Chiapin Vitelli aalTem-blé autant de gens qu’il luy fut pofsible, amp;nbsp;pendant queleDucd’Àluefâifoitièsappreftes, drefle aufly fon camp deuant cefte ville de Groeningue, pour la defenfed’icelle , amp;nbsp;enchafler les gens de Naflou, mais c’eftoit en vain . Alors fo firent plufieurs efear-mouches,amp; plufieurs fti atagemes amp;nbsp;rufos deguerre. LeConteLouvsprefentoit autrefois an Capitaine Vitelli de liurer bataille, mais il la refufa , difanti Qifil n’auoit encores l’opportunité, amp;nbsp;qu’il atten-

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I?4 HiSTOIRÏ des TROVBtES doit Ie Duc d’AIue auecq fon armee .

L’empcreur a mandé, à la rcquefte du Duc d’AIue,amp; commandé au Conte Louys fur peine du ban de l’Empire, de leuer fon camp de deuant ia ville, amp;nbsp;au moindre dommage qu’il feroitpofsible auec fon Refporce grmce quiter le Pais. Le Conte Louys refpond; louy«.”quot; Qu’il ne le pouuoit faire,fans premièrement en ad-Uertir le Seigneur Prince d-Orenges amp;nbsp;autres Princes,amp; Seigneurs fes côfederez,amp; que alors rendroit à fa Majefté debrief relponce. Neantmoins plufi-eurs Seigneurs de l’Empire furent intimidés par ce mandement, 'ont refournez en leur pais.

Touteffois ce liege de Groeninguc a duré iuf-quesàla venue du Ducd’Alue, lequel ce pendant qu’il le preparoit, fit executer à Bruxelles beaucoup de prilônniers, comme delfiiseft allez déclaré, amp;nbsp;au mois deluillet a prins fon chemin vers Boilleduc auec dixfept enfeignes de piétons, amp;aucuncs pieces d’artillerie qu’il fit amener de Malines,de forte qu’il eft arriuéau camp deuantGroeningue le i4.iour du-Côte leue nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Contc Louys de ce aduertileuelon

iou camp, camp, amp;faid fa retraiéfe auprès d’Embde, deftrui-fant tout en paflànt, amp;nbsp;rompant les ponts,amp; gaftant les paffages, pour empefeher amp;nbsp;retarder l’ennemy, neantmoins non fans continuelles efcarmouches. Le Duc d’Alue a enuoyé le Duc Erick auecq les gensde cheualà la ville deGroeningue, parce que le territoire aux enuirons de la ville ctfoit numide amp;nbsp;mol, de maniéré que les chenaux n’y pouuoient pafler ; amp;nbsp;auecq les gens de pied il a pourfuiuy le Conte Louys, ayant par tout fes efpies, pour l’ad-uertir en quel quartier le Conte Louys pretendoit fortir

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fortir du pais.Finablement le Duc fufdit fut aduerti que le Conte Louys s’eftoitarrefte für la terre du Conte d’Embde à Lemminge, amp;nbsp;plante fbncamp, qui eftoit lieu bien idoine pourfaire trencliees, veu qu’il eftoit d’vn cofte bien pourueu amp;nbsp;riche d’eaue, amp;nbsp;de 1’autre eftoit la belle ville d’Embdepour fur-nirfon camp de viures amp;nbsp;autres chofes necefläires.

Eftant doneques le Duc d’Alue de ce bien aduerti, il fit marcher fon armee vers le camp du Conto de Naflbu, amp;nbsp;enuoye les Capitaines Sancho d’Aui-la amp;nbsp;Mentero deuant pour attacquer l’eftarmou-che, amp;nbsp;de tirer les gens de Naflou du lieu coinmode ou ils eftoient. Apres enuoye le Maiftre de camp lulien Komero auecq cincq cents harqucbuziers,amp; trois cents Mufiquetiers. Lequel füyuoit Don Sanches de Lodoigno auecq mille harquebuziers, ordonnât pour les deux ailes de ces gens de pied, Ce-farGonzaga amp;nbsp;Martinengo auecq deux bendes de gens de cheual.'La refte de fauantgarde côduifoient Alfonlè d’Vlloa, amp;Don ConfaluodeBracamont, auecq charge expreflequenuldelês foudars aban-donneroit fa place .En l’arrieregarde furent ordonnez premièrement fix cnlèignes Allemans, füyuis de quinze enleignes de VValonstlefquels fuyuoiet les cheuauxlegers vn pourvn '.carie paflageeftoit fort eftroiél, amp;nbsp;à deux coftez plein d’eaue.

Or quand les gens du Conte de Naflôu ont veu la grande armee du Duc d’Àlue, en lieu defe mon-ftrer hardis amp;nbsp;vaillants,ils commencèrent à crier Argent .argent, amp;nbsp;nevouloient combatte, ne fê monftrants gens de valeur ne preud-hommes amp;nbsp;qui deuoient combatte, non pour argent, mais pour

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186 Histoire des trovb-les la defenfê de la Religion , n’ofoient mettre leur vie en hazard pour la Patrie, ne pour la Religion. Ce quevoyantleDiicd’Alue,amp; confiderant leur pu-lilanimité, aifaillitle camp du Conte de Naflou en-uiron les dix heures de matin, amp;nbsp;le met en fuyte, en tuant aucun nombre, leurpayoit les gaigcs que le Conte Louys leur deuoit. Neantmoins beaucoup des lôudars le font fauués par bateaux paflatla riuiere d’Ecmlë.'amp;fpccialement s’eft fâuué desmains du tyran, le trefvaillant Seigneur le Conte Louys auecq aucuns de la Noblcfle, non obftant qu’il s'efl défendu iufques au dernier .• car voyantqueleslbu-dars ne vouloicnt combatre, il s’eli faune en grand danger de fa vie, pafiânt en vne petite barque la riuiere . Le Conte de Hooghftrate eftoit deux iourlt; deuant parti du camp , niais le Conte luft de Scou-vvenbourg, s’eft làuué auecq la meilleure partie de fes gens de cheual au commencement de la bataille, quand il appeteeut que les foudars nevouloienrcô-batre ,amp; qu’ils demandèrent argent.

te Due d’AI ue éciit à l'B ucfque de MudUci.

Le Duc d’Alue ayant obtenu la viâoirea eferit le 28. ioiirdeluil’ct, les particularitcz de cefte bataille, à l’Euefquelan de Munfter,qui eftoit chcfdu Kreyts ou cercle de VVeftphale; par laquelle lettre ledit Duc fe plaind du tort qu’auoit le Côte Louvs de Naflou, qui ne vouloit aiioir la paix,amp; auoit cô-temné le mandement Imperial.' amp;nbsp;faict fesexeufes de ce qu’il auoit trauaillé amp;nbsp;endommagé la Conté d’Embde, parl’entree des foudars, rcicCianttoutte la coulpe fur le Conte d’Embde, qui auoit afsifté le Conte Louys de viures, amp;nbsp;de faiâ fov monftrc en-nemyduRoy d’Elpaigne, puis qu’il auoit faiél décharger

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charger fur les Efpaignols durant la bataille certai- /5-*; nés pieces d artillerie d aucunes nauires. Apres cefte grande vifloire le Duc d’Alue a prins Ibn chemin par Amftelredam vers Vtrecht, ou il fit trencher la tefle à quelque Capitaine du Conte Louys fbn pri-lon nier.

Lc|io. deluillet declare Môfieur le Prince d’O-renge par apologie i^clcrits publiques, l’occafion, te Prince la caule amp;nbsp;la nccelsité qui ont contraints fon Excel.

amp; fes amis amp;nbsp;Seigneurs confederez à prendre les armes contre le Duc d’Alue amp;nbsp;fes adherens; afla-uoir, à caule de l’horrible amp;nbsp;deteftable tyrannie amp;nbsp;pcrfecution qu’il exécuta contre les pouresamp; in- gt;nbsp;coulpablesconfefleursdelàparolledeDieu, amp;du S. Euangi'e ,;amp;aufl'y contre les generaux Efiats des Pais-bas à l’extirpation amp;nbsp;delblation d’iceux ; mais Veu que laditeApologie eftplufieurs fois imprimée amp;nbsp;es mains de tout le monde, nous ne l’auons icy à caufe de breueté inferee.

h Deffusefi déclaré comme le Prince d’Orenge a-uoit foudoyé beaucoup de gens tant à pied que cheual; lefquels eftants arriuez auprès d’vn Mona-fterc au pais de Treues nommé KomerftorfF, y font demourez quelque efpace de temps, afl'auoir, iuf-ques àla fin du mois, à grand intereft amp;nbsp;dommage des villageois. Les Capitaines de ceux à chenal furent Frederic de Rolnuifèn Marefchal de Helfen, qui fut bien renommé en la guerre de France de l’an 15(S'a. Thierry de Schoonbourg , Conte luft de Schouvvenbourg, Conte Albert de Nallou, Conte Burchart de Barby, Otthode Malsbourg,Herman R-iedefal, amp;nbsp;Adam Welle. Les Coronels des gens

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quot;i88 Histoire des trovbles

\ de pied furent Nicolas de HatftadthommedcNo* bJcamp; ancienne maifon, bien exercité es faiâsdc guerre,amp; pour la grande valeur fort renommé,Feyt Schooner, amp;nbsp;Balthalâr de VVoluen. Des François furent Capitaines, lenIis, Moruilüer, le Baron de Renty, Mouy ,Antricourt, Afternay, Frequiercs, la pcrlbnne,amp; autres, de douze bendes de cheuaux amp;deux mille harquebuziers. Le Capitaine Poiet cftoit aully capitaine de foudars.Aully s’y eft ioind le Conte Louys,apres fa defaiélede lemmingen.

Au commencement de Septembre, Moniteur le Prince fit marcher le camp , apres que la generale Piîau rnonftre futfaiâe, amp;paflèrleRhin àS. Vit, village de faiurifdiéfion. L’armeedu Prince eftoitde 44. enfeignes Allemans, quatre mille François amp;nbsp;VVa-lons, la plus grande part harquebuziers, fept mille chenaux bien armez'.Aucuns des piétons auoient en leurs enlèignes pour-deuife, Tro ^e^/;c’efi à dire, Pour la loy, peuple amp;nbsp;Roy. Les autres aüôient vn Pellican qui pour l’amour qu’il porte aies faons, rédoit du lang de là poitrine bief-fee, pour en nourirfes faons. Sur leur morlions e-ftoéit pointes des Rôles, ancienne demie d’Angleterre, comme fi la Royneeulle faiél afsiftence. En outre auoit le Seigneur Prince dix pieces d’artillerie fix Falconnets amp;nbsp;quatre Canôs, mais peu pourueus de munition.'aulfy eftoit ce en Automne,vng temps humide amp;nbsp;pluuicuxpeu conuenable pour marcher auecq fi grolfe armee.

Le Ducd’Aluereceutcés nouuelles à Vtrecht, amp;nbsp;fit monftrcde fes gens. Les Coronels des Aile-mans furent le Conte de Lodron, amp;nbsp;le Conte Philippe

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lippe d’Ouerilein . En outre auoit il quarante en-feignes d’£fpaignols , amp;nbsp;quarante enfèignes Wi-Ions,làuf ceux qui eftoient es garnifons des villes amp;nbsp;chafteaux, qui pour la plus grande part furent £P paignols, aux quels il fefioitleplus. Plus il auoit quatre mille cheuaux tant Efpaignols amp;nbsp;Italiens, que Allemans, Bourgoignons amp;nbsp;autres. Aucc cefte armee s’eft il campé deuant Maftricht, pourem-pcfcherles ennemis de paffer la Meule ; amp;fit aufly faire vng pont par defl’us la Meufe, pour à tous collez empelcherles viures aux ennemis.

Le Prince d’Orenge prend par aflault Arenberg Aucun» amp;nbsp;£ppen fi tués entre Coloigne amp;nbsp;Durc^aulTy Hor- lieux occu» mefon,quiappartenoit au Roy Philippe,ou fut tué lagarnilbndefaMajellé, qui fut caulèquele Duc d’Alue n’aelpargné perfone ou prins à mercy. Mais comme le Prince marchoit toufiours auant, le Duc nelçauoit s’il droit vers Frace à l'alsillence du Prince de Condé, ous’ilviendroitauPais-bas •• néant-moins l’armee du Prince colloioit la Riuiere de MeufeiufquesàStoccum, ou ilpaflbit la riuiere, pour fe prefenter deuant le camp du Duc d’Alue.

Durant ces entrefaittes, le Duc d’Alue faift publier en Anuers vng mandement; Que toutfe perfonne qui auoit ou Içauoit des biensappartenâs aux Ceux, les denonceroit au Threforier General, ou au Magillrat amp;nbsp;Officier du lieu ou lefdits biens feroient,furpeine queceluy qui lestiêdroitcachez, ouïes lailTe mener hors du pais, oayeroit lavaient _dcfdits biens.- dont l’vn tiers fera donné au délateur,

amp; la relie fera confifqué au profit de fa Majefté: mais celluy qui n’aura le pouuoir des les reftituer.

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190 Histoire des trovbles fera corrigé arbiti alement. Ceftuy mandement a efté caufè de beaucoup de mal.

A la fin de Septembre fiiyuoit le Seigneur Prince le Duc d’Alue de cofté Martricht. Les Liegois vouloient occuper quelque paflàge, pour empefi cherl’armee, mais le Prince fit palfer les gens d’vn autre cofténeantmoins les Liegois, non obftant qu’ilz auoient quelque different contre l'Euclque, ils accordèrent par commun accord de leuer fix enfeignesdefoudars,pour la defenlc de la ville.

Le 15. d'Oéiobre,fuient defatéls parles gens de Monfieur le Prince, certaines enlcignes des gens du Duc. Mais quand le Seigneur Prince fut paffe la Meufe,le 20. d’Oôobre marchantauant, laifloit à dextre la ville deTilmôt,amp; pafloit la riuiere; qui fe-pare la terre de Liege, de Brabant; cerchant tout moyen pour combatre fonennemyrmais le Duc d’Alue ne l’a voulu bazarder,amp; craignant les forces duPrince d’Orengc,s’eft tenu en fes tréchees deuat la ville de M aftrichuNeantmoins Don Federico de Toledo fon fils, eft vn iour forti du camp ,auccq fix Coleuurines,amp; quatre mille harquebuziers, amp;nbsp;cent hommes d’armes, mais riens n\ fut faift, finon que paraucuncsefcarmouches plufieurs desdeux coftez furent depefehez.

Or voyant Monfieur le Prince que l’hyuer appro-choit,amp; que le temps paffoit, fans pouuoir donner bataille au Duc d’Alue,qui le tenoit en fes trenchees dc-uant Maftricht, combien que l’armee du/ffinec l’eufl'e du commencement aifement pouueu combatre amp;nbsp;défaire l’ennemy, ce que par mauuais con-fèil ne fut faiCi , ou que le Seigneur Dieu ne l’a permis.

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DV PAYS-BAS. LIU. II. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I?!

mis,pourchaftierd'auantage les Pais-bas de fès péchez enormes. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ƒ

Neantmoins pour retourner à noftre propos: Ainfyque le Seigneur Prince vouloiteuiter lesfraiz inutiles des viures, argent amp;nbsp;munitions, il luy fem-bloit pour le meilleur aduis,d’abandonner, pour ce temps,les Pais-bas? amp;nbsp;prendre fon chemin vers Fra-ce-’Ou il futfuiuy du Marcfchal de ColTe auecq deux mille harquebuziersamp; deux cent chenaux,qui Iny portoit grand dommage. Ce que ledit Maref-chal fit à la requefte du Duc d’aVlue, fuyuant le Prince iniques à Cambrely.

Les François eufient bien voulu, quelescheuaux Allemans eulFent auecq eux delcendn en France.* mais la plus part retournèrent en Allemaigne par faute de payemét amp;nbsp;prenat leur chemin par Cham« paigne, font entrés en Loraine, amp;nbsp;venants pres de Straesbourg fc font lèparez,trefmal-contés de leur payement, amp;nbsp;ainfs' a prins fin cefte guerre entre le /’rince d’Orenge, amp;nbsp;le Duc d’Alue : lequel depuis eft perlenere plus que denant en fes tyrannies, continuant les perfecntionsamp; meurdres.faifantempri-fonner,tailleries telles, pendre,brufler, confifquer les biens, publier mandemens amp;nbsp;7’laccars, introduire les nouueaux Euelques, comme àLecvvarde en Prize,ou fut ordonné le premier Eucfque,Cun-nerns Petri, le premier iour de Feburier de l’an 1568. amp;nbsp;depuis és autres Prouinces du Pais-bas, lurent ordonnez des autres par grande folennité.

Orcertcorandeperfecution amp;nbsp;fureur du tyran fufdita duree, depuis ceftan de 6'8. iniques à l’an de 7î. quand les miferables amp;nbsp;defolés inhabitans

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191 Histoire des trovbles

des Pais-bas eurent par l’avde amp;nbsp;mifcricordc de Y i Dieu quelque allégement de leurs calamitez, àcau-feque ledit Dueperliftoit obftineement en fa demande du dixiéme denier fans auoir efgard auxrc-monftrances detous les Eflats du Pais-bas, penlànt ainfyamaflèrargent innumerable, amp;tenirvneminere perpétuelle d’or amp;: d’argent, pour refifter à tousRoys,Princes amp;nbsp;Seigneurs, qui fe vouldroient oppolêr à fa tyrannie inhumaine. Et combien que le Seigneur Dieu a permis ijue ce tyran foit efté le fléau pour chaftier cesPais-bas,qui iadis furentiant fleuriflâns, ce n’a efté que pour nous aduei tir, que au temps de noftregrande profperité viuans en tous plaiftrs mondains, auions mis le Seigneur en oubly, amp;nbsp;afin que par cefte verge amp;nbsp;chaftiement,abandonnants noftre malheureulê vie , prendrionsla fourme d’vne nouuelle vie felon les commandemens de Dieu. Carie bon Seigneur,chaftie ceux qu’il ayme; amp;nbsp;ne fut ledit Pais-bas tant feulement flagellé par la tyrannie de ce monftre cruel amp;nbsp;inhumain, mais le Seigneur Dieu les a vifitépar horrible inundation, de forte que le premier iour de Nouembre l’an 70. furent noyez tant en Hollande amp;Frife, queZelan-de, Gelreamp; autres, plufieursmilliers de perfon-nes,amp; encoresvnequantitéamp;multitude innumerable de bcftiail qui lcruoit pour la nourriture des homes. Cefte playe bening Leéfeur eft palfee .mais celle de la tyrannie du Ducd’Alue eft encores en vigueur. Parquoy prions Dieu, qu’il luy plaife nous deliurerdes mains de ce tyran, afin qu’en paix amp;nbsp;repos le puifsions fèruir amp;nbsp;honnorcr tous les iours de noftre vie.

Fin du fécond Liurc.

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, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’55

LE TROISIEME LIVRE ,5^^

DES HISTOIRES DES TROVBLES DV

T^ats-biH, aucjuel feradeclaree la fécondé inua~ fion , par les Seigneurs , Çentils-hommes, (ir autres fugitifs Q;' bannis executée»

premier amp;nbsp;fécond Liure, amy Le-(S’Ciir, vous eft déclaré ce qui eft aduenu depuis l’an de t^66. iufques à ccfluy de 157 2. amp;nbsp;la vraye fourcc delà guerre pre-fcnte : mais en ce troifiéme feront defcrit toutes Jcs chofes aduenues depuis ceft an 7 2 .iufques à la prin- ' fedu Confcild’Eflat en Bruxelles, qui futexecutee par le Seigneur de Heze Capitaine de la ville de Bruxellele 4. de Septembre l’an I57lt;î. par ordon« nance des Eflats de Brabant.

Pour continuer doneques noftre hiftoirc, Le Duc d’Alue voyant que Môlîeur le prince d’Orége auec fonarmeéauoitabandorinclePais-bas, corne triumphant amp;nbsp;viélorieuxapourfuiuy laperfecution amp;nbsp;tyrannie par luy cômencee contre ceux de la Religion reformée, comme plus amplement eft déclaré au liure precedent t combien qu-cn ces Pais-bas les guerres furent aflbpiesl’efpace de quatre ans, mande le' afTauoir, des l’an 1568. iufques à i 572. ce n’a point cfté fans grande efîufion du fang innocent par l’inhumain amp;nbsp;cruel tyran exécutée . Mais comme le Seigneur Dieu vouloir donner aucun commencement de noftre deliurance, il a permis que ce tyran fiifdit, s’eft laiflé abufer par fon infatiable auarice, amp;nbsp;a demandé le dixiéme denier de toutes les marchan-

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194 Histoire destrovbles

difes fortans amp;nbsp;entrans edits Pais-bas, amp;nbsp;aufTy le vingtième denier de tous bies immeubles qui feroi-ent vendus aufdits Pais.'amp; combien que tous les E-ftatsdesProuincesluy remonftrerentles inconuc-nicnsquipourroientlîirueniràcaufe de cedeenor-meexadion, ce ncantmoinsil a perfide en fa de-mande.eftimant que perfonne n’y oferoit contredire non obftantque c’efioit contre lesPriuileges défi» dits Pais-bas.Ce qui a fort irrité le commun peuple, amp;nbsp;furent les Bourgeoisen toutes villes fort troublez,tant pour ce dixiéme denier que le Duc vouloir auoir fans aucune contradidion, que pour la grande tyrannie qu’il exerçoit, Finablemêt il a prétendu de mettre à execution ce dixiéme denier, en la ville de Bruxelles ou il tenoit là court,penßnt que pour la prelèncc perlonne n’y oleroit contredire. Mais ceux de Bruxelles s’y oppolêrent diuerfemét.* Car les Brallêurs ne vouloient brader, ne lesfour-niers cuyrc du pain. Briefil y auoit fi grand trouble en cede ville de Bruxellcs,qucleDucmelmecraig' noir le tumulte amp;nbsp;la furie du commun peuple.A cede caufe font les bourgeois de Bruxelles dignes de tout honneur amp;nbsp;loucngc, qui fi hardiment ont défendu les Priuilegesde leur Patrie.

Durant ces troubles en Bruxelles,le commiî peuple desautres villes de Brabant amp;nbsp;Flandres furent aud'y entrouble, de forte que ceux d’Hollande amp;nbsp;Zclandele font femblablement reueillez : qui fut caulè que lesfugitifs amp;nbsp;bannis ontpenle à leurs affaires, amp;nbsp;délibéré d’inuader autrefois les Pais-bas, veuque les habitans dudit Pais, commencèrent à s’oppofer contre le tyran.

Par-

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DV PAYS-BAS. LIU. III. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;19$

Parquoy Monßeur de Lumay Conte de la Marche cftant en Angleterre, amp;nbsp;ayant aucunes nauires y, nricie àfon commandement,s’eft misenmerauec làfiy- prinfepar te, amp;nbsp;a occupé à l’impourueulaBriele ville d’Hol- 'jlV'®quot;'“' I J nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• nbsp;nbsp;^j. V IK nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Z' I J. «LBn»»/«

Jandeaupremieriourd Aunllan 1572, Car ledit i Conte fit premieremét mettre le feu à la porte Au-^y/«A ftrale , les bourgeois fetenoient cachez chaque en fa maifon ; ce pendant ont les foudars efchelee la ville à laporteduNort, amp;nbsp;gaigné la ville, puis ils Ontbrilé amp;deflruit les Images amp;nbsp;autres des Eglifes.

De celle furprinfè fut le Duc d’AIue incontinet aduerti, amp;nbsp;combien que les nouuellesneluy furet plailântes, ce neantmoins il a faiól bien peu de cas de fes ennemis,par ce qu’il les auoit toufiours viélo-rieufement chalTez hors du Pais. Parquoy ilaen-uoyé deux enlèignes d’Efpaignols d’Vtiecht à la Brielc, pour cnchalTcr les Ceux; mais les Ceux leur vindrent au deuant auec bateaux; lefqucls déchargeants leur harquebuzes furies Efpaignols, amp;rdef-cendansen terre, les Efpaignolsprindrentla fuyte, courants viftement par la bourbe amp;nbsp;fange;amp; ellan ts pourfuiuys des Ceux, les Efpaignols vindrent de-uant Dordrecht.

Le Conte de BofTu ellant ordonné chef de dix enfeignes d’Efpaignols, confiderant que les Ceux ne vouloientabandonnerlaBriele; doubtoitqu’ils dam. pourroient occuper plufieurs autres villes.'parquoy ileft venudeuant Rotterdam, demandantpaflage parla ville.* cequclesbourgeoisàlapremiere inllâ-ce, lu^ ont refufé: neantmoins à la fin luy fut accorde qu’il pafleroit fes gens par dixaincs.- mais eux forçants les portes font entrés tous enfèmble à h

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19^ Histoire des trovbiîs ville, amp;nbsp;ont villaincmcnt mcurdry grand nombre des bourgeois , ce qui fut faiâ le 9. d’Auril l’an / nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^57^- . . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. . ’

Trois iours deuant, alTauoir, le iour de Pafques, b/ s’eflreuoltéelavillede Vlifsingue en Zelande, ou Reuoitf de cftoicnt Cil gamilon aucuns VValons . Il aduint Vlifsingue. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;bourgeoiscftoiciit àl’Eglife, qu’aucun

tumulte y furuint, à caufe du bruit qui couroit que lesEfpaignolscftoicnten chemin, qui deuoientfe loger en celle ville-corne les Fouriers elloicnt à la vilicpour ordonner les logis,ils prindrent quellion à quelque bourgeois, en le voulant outrager comme bien le Içauoicnt faire . Cebruitentenduparles. bourgeois qui furent à l’cglife; ils font fortis, amp;nbsp;ont chaflez les VValonsquielloicnt à la ville, amp;nbsp;mef-mes gardé leur portes. Les Efpaignols arriuants deuant Vlißingue, l’entree leur fut defendue amp;nbsp;enten-dans quelagarnifondes VValons en cftoit chaftée ils ont prins le chemin de Middelbourg ville capi-f talc del’ifle de Walcheren, ou ils furent receus,

Efpaignols, qui eftoit ! ' parentauDuc d’Aue,arriuaàVlilsingue,ilpenfoit que les foudars Efpaignols elloicnt entrez; mais ceux de la ville luy vindrent au deuant, bien aduer-tisquctcl Capitaine elloit en chemin , amp;nbsp;luy ont donné la bien-venue, amp;nbsp;monftré trelgrand hôneur, comme on efl accoutumé d’honorer tels Seigneurs; neantmoins ccfl honneur fut depeu de durec.'car ils l’ont incontinent empoigné,amp;pendu au gibet.Ainly a depuis celle ville tenue pour le Seigneur Prince d’Orengelaquelle ell la principale clef de la mer pour entrer au Pais-bas,amp; le fubiuguer;mais elle ell digne

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DV PAYS-BAS. LIU. III. 197 digne de touttelouengc, à cau(è des haults faicls de guerre que les bourgeois ont faiôt cotre les pratiques amp;nbsp;Itratagemcs des Ëfpaignols ppur la de-fcnfe delà Patrie.

Le iq. iour de May enfùyuant,apres que le Conte Louys de Nafl'ou auoit faiôt nouuclle partie en France auecq lesconfedcrez, ilfiirprint la ville de Mons en haynauk, en celle maniéré •• Lefoir pre- ,1- mju/ cedent font entrez en Mons douze auenturiers ve-ftus en marchant, lefquelseftans lefoir à table de-manderét à l’hofte àquelle heure la porte s’ouuroit le matin. L'hofte refpondoit enuiron les quatre heures,amp; en cas qu’ils voullilTcnt fortir plus tem pre, qu’en donnantlevin auportier.illeur feroitouuer-ture. Ces gentils marchans fe font loués de matin bien tempre, amp;ont faiét ouurir les portes, pro-mettans au portier quelque piece d’argentmiais come la porte fut ouuerte, ils ont depefehé ledit portier d’vn coup de piftole, amp;nbsp;prins les clefs. Or quad la porte fût ouuerte,le Conte Louys eft entré à la ville auecq quarante perfonnes, amp;nbsp;les a mis aux coings des rues : amp;nbsp;s’il y auoit aucun qui vouloit ouurir porte ou feneftre; ils déchargèrent fur eux leurspiftoles, crians tousenlcmble à haultevoiKs Liberté, liberté vous eft donnée, le Prince d’Oren-gc vous vient ayder, amp;nbsp;ferez libres du dixiéme denier amp;nbsp;tous autres charges , dont le Duc d'Alue vousveultcharger.Ce cryer duroitaucunes heures, faißnsvng bruit fi grand, comme files foudars y fuflerit entrés par milliers. Mais comme leConté Louys, ayant long temps attendu la refis de les gens, voyoitque nul n’y venoit, il cfl en perfonne

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jpS Histoire des trovbles

forti, pourfcauoirlacaufèdeIçurretardement, amp;nbsp;ou Ies gens à cheual demouroient : mais ils furent foruoyez au bois, d’ou le Conte Louys les fit conduire à la ville de Monsiufques au nombre de cincq cents, ayant chacun vn harquebuzier encroupei lefquels eftants entrez la ville , ont pour le premier occupéla maifonde la ville, amp;eux mis en ordre de bataille. En ccfte façon doncq ont ils prins la ville I qui fut en vérité vn aâe Heroique de l’il-luftreConte, amp;nbsp;digne d’cternelle mémoire, d’occuper par pratique ville tant forte amp;nbsp;munie.

Le mefme iour fut auflÿ furprinfc la ville de Val-Valencîen« cncienes,maispeudeiours apresreprinfc duDuc ne fuiprin. d’Alue. Car ainly qu’il y auoit enuoyé Don lan de **• Mendoza auecq certain nombre de cheuaux, pour pourueoir le chafteau, qui eftoit mal furny de vi-uresamp; munitions: celluy qui au nom du Conte Louysauoitfurprins la ville, entendant la venue des Efpaignols ,3 incontinent contre l’opinion de tous, voire des Efoaignols , quité amp;nbsp;laiflé la X'ille, Ic-fqucls ne lapenferent fifacillement.nÿ^ans l’af-fieger, r’anoir.

Le Duc réceuant les nouuelles de la prinfe de Mons,nele vouloir croire,plus fe fiantfùr les lettres qu’il auoit rcccu du Roy de Francepÿr lelquelles il fut aduerfy , que le Conte Louys depuis peu de jours auoit efté en France ; neantmoins par la continuation des nouvelles, il fceutpàur vray oueladit-villeeftüit prinfe .'dontil fut tranfporte en telle raige qu’il defehiroit fcsveftimens, amp;nbsp;marchoit à beaux pieds fur fon chapeau, tempefiant amp;nbsp;criant Comme s’il eut eftéhors du fens. amp;nbsp;enragé. Mais \ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;conjgt;

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DV PAYS-BAS. LIU. Ht. 199 comme le Ducd’Alue eRqit entieremêt empefehé àrefifterlès ennemis, le Seigneur de Lumey s'cft faiôt peu à peu maiftre des villes d’Hollande lel-quellesfe lontliberalemenc données fous la proter éiiondcrilluftrc Seigneur le Prince d’Orége,com-bicn qu’il n’y fut en perfonne.’ car tout homme der firoiteftredeliuré dclaferuitudedudit Duc, amp;nbsp;des Efpaignols.

La ville d’Enckhuyfe fituee en la contrée Septenr trionelle d’Hollande futla premiere qui s’oppofoit au dixiérnedenier,amp;àlatyr3nieduditDuc, amp;ceà caufe d’aucuns loudarsdesnauires de guerre, que ceux d'Amftelredä Si Enckhuyfcauoiét armez.Car commelg 10. deluingl’an 1572. Boshuylcn,Capi-taine deldittes nauires, eftoit entréen Anckhuyfc pour furnir fes nauires de viiircs, amp;nbsp;autres munitiôs de guerre, peu à peu y (ont entrez plulicurs fou-dars, penfants ainfy occuper la ville • les bourgeois s’en apperceuans, les ont faiâ fortir de la ville, amp;nbsp;ledit Capitaine Boshuifen prins prifonnicr, qui a-pres quelque temps fut relâché de prilôn.Mais corne les bourgeois eftoienten ces troubles, amp;nbsp;toul-ioursen crainte de receuoir loudars, pour les contraindre à payer le dixiéme denier, ils ont mandé lesfoudarsdu Contede Lumey,amp; eux rengezfous l’obeiflànce de l’illuftre Prince d’Orenge-'ce qu’ont .auflyfaiét quelque temps apres les villes d’Alcmar, Hornc,Êdamamp; Mcmmelic. Or voyant ce les villes de Sud-hollande, celles qui furent les plus proches gt;nbsp;delà Briele,ontfemblablement ouuert leurs portes aux gens duSeigneur Prince, amp;nbsp;eux rengez lôus fonobeiflance, fauf ceux de Schoonhoue amp;nbsp;Ann ' N4 .......

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loo Histoire des trovbles fterdam, lefquelles ont fort refiliez • mais Schoon • houe fut afsiegé par le Seigneur de Lumey, laquelle voyantla breflefàiéles’efl: rendue.'de forte que toute l’Hollande s’eftoit rendue audit Seigneur, excepté Amftelredam , laquelle ville fut vne fois ou deux par le mefme Conte afsiegee, mais en vain amp;nbsp;fans aucun profit,car elle eftoittrop forte,amp; nepouuoit gaigner les cœurs des bourgeois, qui eftoient trop papaux amp;nbsp;obltinez.

. Ce pendant que le Conte de la Marche iouoit fa duBcrg'în farche en Hollande, le Conte de Berg beau-fi erc uade Je Jn Prince d’Orenge, a faiâ leuee des gens de guer-zu'phen. re.‘ amp;nbsp;occupéla Conté de Zutphê,les villes de Doe-tecum, Doesbourg, amp;nbsp;Zutphen : amp;: à la Duché dç Gelre Hardervvic, Ter Elberich amp;’Hattum : mais au pais deTvvent, Oldezele, Goer amp;nbsp;autres. Le Conte de Berg voyant la bonne afreélion des bourgeois des villes, pafle outre comme viétorieux , amp;nbsp;defeend au pais d’Ouerylfel, afsiegeant la veille de S. Laurens 1571. la ville de Campent mais comme les bourgeois n’eftoient pourueus de viures amp;nbsp;mu-nîtions,luy rendent la ville: comme depuis fut faiél par ceux de Svvolle, HalTelt, amp;nbsp;Steen vvijc villes dudit pais d’Ouei yflel.

Ce pendant que le Pais-bas fut de tous coflcz alîailly par les Seigneurs, Gentils-hommes amp;nbsp;autres fugitifs fc enchalfez dudit Pais, le Duc d’A lue a feulement vie toutes les forces contre le Conte Louys fon principal ennemy; amp;nbsp;a enuoyé fur les limites de France, bon nombre d’Efpaignols, pour combatte At défaire les François, qui furent enuoyez par les Seigneurs delà Religion réformée enfrance, à l’af-liften-

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DV PAYS-BAS. tiu. III. 201

fiftence du Conte Louys, qui furent de fept à huit mille homes; lefquels furent le 17. iour de luillec de l’an i572.furpnns des £fpaignols,amp; defaiâsà plat- çoiiicwe te couture par faute de mauuaifê conduite, à Chie-urain ;amp; furent prins leurs chefs Mefsieurs de Icnlis amp;nbsp;de lumelle , defquels le premier fut mené au chafteau d’Anuers, ou il fut trouué mort fur vng matin,fans aucune maladie precedente; amp;nbsp;l’autre au chafteau de Tournay lequel fut deliuré en change d’un Efpaignol prifonnicr.

Apres celle defaitte, le Duc d’Alue eft venu en Leouejf. perfonneau campdeuant Mous, amp;nbsp;l’a afsiegéefort liegemom eftroittement. Le Conte Louys s’eft défendu vaillamment, en attendant l’afsiftenceamp;fecoursdeldn frere le Prince d’Orenges.

En ces entrefaites fut aufly faite vue autre in-uafionen Prize Occidental par les Gentils-homes [„„don amp;nbsp;bannis, auec leur luytc, dciquels eftoit du corn- deFmc mencement Capitaine General le Seigneur de Ne-dervvormter, amp;nbsp;depuis le ConteluftdeScouwen-bourg jlelquels furent receus des villes de Snecck» Boelfvverd amp;nbsp;Franique. Maisla court de Prize tenait auec la partie aducriè, a appelle de Grocningue le Seigneur de Billi, pour les lecourir contre ceftein-ualmn des Gueuxdequcl eft venu auecq bonne cô-paignic de VValons bien armez , amp;nbsp;fut receu à la ville amp;nbsp;chafteau de Leevvarde, au chafteau de Har-linguc , amp;nbsp;chafteau de Stauere.

La premiere cntreprinlè des Gueux fut fur Doc-cum, car ils vindrent auecq bonne quantité de fou* dars amp;nbsp;villageois, amp;nbsp;enchallèrent les VValons qui eftoient en garnifon à Doccû.Or il y euftcincqde

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aoi Histoire des trovbles cesWalons qui féfiuuercntfurlatourdel’cgli/ç, amp;nbsp;harquebuzerent tous ceux qui ic donnci ent à defcouuert fur Jcs rues. Ce que voyant les Ceux, ont mis le feuàladittetour, pour faire fortir Icfdrts V Valons; mais il n’y eut qu’un d’iccux bruflé, amp;c les autres demourercnt fur la tour, iuGiuesau i6.iour lt;leSeptembre?2. quand les VValonschafltrentlcs GeuxdeDoccum, reprenansla ville, laquelle fut bruflée amp;nbsp;faccagée , de maniéré que les bourgeois furent en grande mifere amp;nbsp;angoilTe, qui font touf-iours ceux qui payent l’efeot.

Or quand le Seigneur de Billy,homme bien rufe de 'sunue ^agucrioié, apperceutque les loudars des Gçux fttoBiu. furet pour la plus part villagtpisamp; enfans des bourgeois, qui à peine enflent déchargé harquebouzç.* il a empefehé Icurlêconde cntreprinle.qui fut àSta-uere.ou les Geuxauoient afsiegç le chaflcau.-çar il y eft venu auecq fes VVa]ôs,amp; les a chafié de Stauere, amp;nbsp;mis le feu à la ville.Mais comme les VValons retournèrent deStauere auecq grand butin, les Ceux deSnecckjBoelfvverdamp;Franiqucfefont aflémblez pour öfter aux VValons leur butin , amp;nbsp;les défaire: maisfttoftque le Capitaine des Ceux futabatii de fon chenal d’vn coup d’arquebuze , toutte la refte a prinslaftiyte.- amp;nbsp;lurcntlarefte des Geiix enchaftez des forts qui eftoiétftir le R.ijp, amp;nbsp;autres endroits auecleurcourtehonte; n’ayans nulle profperité amp;nbsp;viétoire contre leurs ennemis.

lePrince Moniteur le Prince a de rechef alTemblé tref-çaigne plu grande armee auprès de Duysbourg , lequel eftant klquot;” pafle leRhin , aprinsd’afl'autleq. iour d’Aougftla ville dcRuermonde; amp;paflant outre en Brabant,

Lonuaip

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DV PAYS-BAS. LIU. III. 20} Louuaîn fe rend àluy, amp;nbsp;Malines fut furpnnfêamp; plulîeurs autres villes. Puis a prins le chemin de Mons en Haynaut pour afsifter Si Iccourir le Conte Louysfonfrere: neantmoins le maU’acre faiéiàPa- «fed' Paris amp;nbsp;en plulîeurs autres villes de France, cauferent æAougiîquot; vng tel changement, que ledit Prince retournant 07». par Malines, aucc fon armee,iufques au Rhin, a licencié lès gens, amp;nbsp;eft venu auecq petitte corapai-gnic des gens de guerre en Hollande, ou il elîoit mandé.

Apres la longue batterie de la ville de Mons, le Conte Louys ne voyant aucun moyen d’eftre fe- Mon» n» couru , a parlementé auec l’ennemy , amp;nbsp;rendu la ville le 21. lourde Septébre, es mains du Duc d’Al-uc, à certaines conditions, aflâuoir ,que le Conte Louys lèroit en toutte alléurance conuoyé iufques auxlimitcs de l’Empire. Ce qu’entendants lesgar-tufonsde Malines, Denremonde amp;nbsp;autres qui te-niont pour luy, ont abandonnez cefdittes villes, amp;nbsp;felônt retirez.

Le Duc d’Alue retournât de Mons auec l’armee, Malin« eft venu à Bruxelles, enuoyant lès gens pour lâcca-ger Malines;ce qu’ils ont faiél le premier iour d’O-ftobre non obftant que le Clergé amp;nbsp;aucuns bourgeois de la ville, lesont receus auec les confanons de l’Eglilè dépliées, pour mitiguer leur fureur, ce que futen vain. CarlcDucauoit donné la ville aux foudars,qui l’ontentieremétlàccagee, meurdri plu-ficursbourgeois, amp;nbsp;violé beaucoup des femmes amp;nbsp;ieunes filles.

Le Seigneur Prince allant venu en fon gouucr-ncment d’Hollande, a fait tout deuoir esaffaircsde Holland».

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'204 Histoire des trovbles la guerre; mais le Duc d’Alue au contraire a cn-uoyéle Colonnel Mondragon auecq lo. enfeigncs deVValonscn rifle deSudbeuelande, ou ils îônt arriuez auec bafle maree par la conduitte d’aucuns traiftresamp;proditeurs de leur Patrie, amp;ont faictlc-uer l’armee qui auoit aftiegee la ville deTergoes, laquelle cftoit fort prelïée, 8i Cerree.

Lezi.dcNoùembrè efl: venu l’armee du Duc am»gcequot;amp; d’Aluédeuant la ville de Zutphenjaquelle futprin-piinic, le fans aucune refiftence; caries bourgeois ouuri-rcntlcs portes. Mais y eftants entré,le Duc exerçoit ' tyrannie fort grande tant contre les bourgcois,que l’oudars, les faifints partie pendre , amp;nbsp;partie eftran-gler amp;nbsp;noyer en la riuiere ditte l’Yflel, Cefte tyrannie du Duc, a donnée fi tré-grande crainte aux autres villes,que le Conte de Berg.abandonnant tou* tes les vilte qu’ilauoit occupé, s’eft enfuy auec tous fcslôudars. Commeauflyafaiél le Conte de Scau-vveribourg en Prize , en mémoire dequoy ceux de •' Sneeck ontfait prilbnnierlcur compatriot le Sefe' neur de Nedervvormter , qui par eux auoit efte mandé, amp;nbsp;auecq grande fblennité receuà la ville.

Don Federico filz amp;nbsp;Lieutenant du Duefon pe-Maflâcre^ fc efl vcuu de Zutphcn vers Narden enHollande.ou e Naidf. -j a tïaitté les bourgeois apres s’auoir rendus, fi cru-èl!cmcntamp;inhumainement,quec’eft vng horreur d’y pcnfêr,amp; ce côtretousdroiéls de guerre,tant des / Chriflics que payens. Car eftans les Efpaignols entrés amp;nbsp;receus amiablemen'jOiit eftétraidés le mieux qui leur fuft pofsiblc ; mais tort apres fiitpublié au fon de tabôurin que tous les bourgeois amp;nbsp;habitas de la ville viendroient à la chapelle de l’holpital, ou leur feroit

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DV PAYS-BAS;. LIU. II. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;2.05

fcroîtdeclarérordpnnanccfclonlaquclleilsfedeb-uroient reigJer •• mais quand les miferables bour-i geois y furent venus, les ffpaignols les ont tous maflacrez, faccagé amp;nbsp;brufléla ville,amp; violé les femmes, voire aucunes meurdries, amp;autrcscn grand martyre laiflées en vie .Or pour mémoire des oeu-ures merueillcufes de Dieu, ne me puis paffer de declarer. Comme apres le meurdre amp;nbsp;maffacre de Narden eftant touttela ville en feu amp;nbsp;flamme; s’eft fauué vn ieune enfant de fept ans,courant hors des portes delà ville en vng petit iardin planté de chous: Le pere de ceft enfant fut mafl'acré, amp;nbsp;la mere eftant violee, fut pendue par les bras des tyrans Elpaignols, amp;nbsp;ainfy que le feu fe print à là maifbn, elle qui eftoit attachée par les bras, ne s’en pouuoit fuvr, de forte qu’elle fut bruflee en fa propre mai-fon . Ce ieune enfant n’ayant mengéde trois iours entiers, pleuroitamcrement, tant pour la mort de les parens, que pour la fain dont il futprefle : mais Dieu qui n’o.ublie les flens l’a fècouru, car la troiflé-menuief, eft venu à ceft enfant vn iouucnceaufbrC bel, veftu de veftimentsblancs, qui luy donnoit à menger,difant; Ne plourcz plus,ie ne vous laifl’eray I orphelin. Men gésamp;prenez couraige, car de ceux qui ont meurdry ton Pere amp;nbsp;ta Mere fera prinfe double vengeance. Tes pleurs feront changés en liefTe, amp;nbsp;leur rire en pleurs.* amp;nbsp;s’eft alors efuanouy le iouuenceau. Vovez bening leéfeur la grande bonté amp;nbsp;bénignité de Dieu,qui iamais ne delaiffelcs flens, mais les garde commcla prunelle defon œil- Harlem Apres le maflâcre amp;nbsp;meurdre de Narden, les aiiâeg.*-Efpaignols ont afsiegé la ville de Harlem. Les bout- -

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loóquot; Histoire des trovbles geois confiderants l’exemple de leurs voifins furent délibérés, non obftant la débilité amp;nbsp;petitte defenfe de leur ville, de refifter amp;nbsp;fouftenirl’efFort de leurs ennemis, mieulx aymants mourir honnorablement pour la defenfe de leur Patrie, que d’eulx mettre foubs le ioug de tels meurdriers. Et à cefte caufe vous fera deferitte toutte l’hiiloire du liege de Harlem par ordre , 'comme toutte choie lôit palTee depuis le commencement iufques à la fin de ce liege.

Le Duc d’Alue n’eftant encores ralfaili du fang innocent qui eftoit elpandu tant à Zutphen que Narden, ne perpendant que le Seigneur des armées n’auoit l’œillurfes concepts tyranniques, propofa de réduire toutes les villes fous Ion iougamp;feruitu-de: de forte qu’ayant execute aucune tyrannie amp;nbsp;cruauté, eftoit d’opinion de commencervne autre. Brief il a alsiegéla bonne ville de Harlem, auccq intention, de réduire facillement tourtes les autres villes Ibus Ion ioug, apres qu’il auroit cefte gaigné, cequeDieuparfaprouidencene luy a permis,

DonFedericode Toledo, filz duDuc d’Aluç, tant par leconlèilamp; aduis des Bourgmaiftresd’Am-flelredam, que (comme bien eft à prefumer) pour ne perdre lès foudars, a pratiqué aucune trahyfon amp;ftratagemc auecq le Magiftrat de Harlem, qui en partieluyportoit fitueur, fpccialementvngThier-rylcFrizoniadisBourgemaiftre, fur qui tout l’affaire delà ville le repofüit, combien qu'il n’a faift encelôn deuoir, mais pourchalfé de liurer tout le peuple es mains des tyrans fanguinaires,moiennant qu’il eulTefon pardon, comme amplement le voit parvne lettremifsiue.

- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Le

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DV PAYS-BAS. LIU. IT. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iO?

Le troifiéme iour de Décembre l’an i$7î. au matin à fept heures, fut affemblé le grand conleil de Harlem,à caulè d’vne lettre mißiuc,que Maiftre laques VVy Curé du grand beginage auoit fecrete-mentelcritte amp;adreflèeà fon frcrc qui eftoit en la ville, contenant les tyrannies par les gens du Duc commiles en plufieurs villes, mais qu’on obticn-droit pardon.cn cas qu’il fut demadé. Le Magiftrat ayant faiâ lire ceftcmißiuc en plein confeil, a demandé fur ce l'opinion 8i aduis de ceux qui furent prefens, amp;fion iroitversDon Federico , ou non.* auquel conlçil(helas)fut fuiuy le conleil d’Achito-phel.-amp; pour le mettre à eifait,font lêcretcment Ibr-tîsfurvn traineau à glace par la Spaervvouwer porte,le fufdit Thierry le Frizon, Cnriftofle dé Schagë amp;nbsp;lePenfionaire Adrien d’AlTendelft, ne dilànts au charrier autre chofe, que qu’ils vouloient cftre à Sparendam. Mais quand ils furent fur l’argineou diqueilsluy dirent, menenous à moitiévoye, amp;nbsp;de là à Sloterdique, ou le charrier les a mis à terre, fans les vouloir mener plus auan t, de maniéré qu’ils furent contraints d’aller à pied iufquesàAmftel-redam.

Cedit iour furent adiournez les fermens de la ville de Harlem,de comparoir deuantles deux heures apres midy au nouueau iardin des arbaleftriers, ou eft aufly comparu le Capitaine VVcybout Ripperda,le Sieur Lancelot de Brederode, Adrien lan-fens Elcoutet de Harlem, amp;nbsp;le Bourg-maiftre Stu-ner. Quand ceux du ferment furent alTcmblez, le Capitaine Ripperda a commencé fon harengue, di-ünt/Honnorablcsbourgeois, lacaulè decefte vo-

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2o8 Histoire des trovbles

fire aflemblcc en ce lieu,eft vne lettre enuoyec à noz bourgeois, contenante que la grace eft encores ou-iierte auprès de Don Federico, à quellefin Thierry leFrizon amp;'autres font allez à Amftclredam. Mais mes bon bourgeois ft vous voulez bien confiderer amp;nbsp;perpendre la grace que deuons de luy efpercr, amp;nbsp;aufly leßrmentque vous auez prefte au Seigneur Prince d’Orenge, ie ne doute nullement, que vous autres ferés li bien que moy,tout deuoir pour l’ob-Jerucr. Carie fuis entièrement dclibeiciufques à la derniere goûte de mon fangdehazarder ma perlô-ne pour la defenfë des bourgeois de cefte ville, fi vous autres eftes d’intention de faire le mefue, par-quoy déclarez.hardiment voftre intention ; Sur quoy ceux du ferment relponderent vnanimement, de vouloir hazarder corps amp;nbsp;biens pour la defenfë de la Patrie, de forte qu’ils font apres plufieurs autres cxhortatiôs amiables, feparez amp;nbsp;retirez en leurs maifbns. Mais lefdits Capitaine amp;nbsp;Efeoutet ont incontinent eferit au Seigneur Prince d’Orcnges,amp; remonftrez l’eftat de cefte ville.

Semblablement ils ont eferit au Colonnel Sieur Lazarus Muller, qui eftoit au nouueau Dam auecq dix enfêigncs de piétons, de vouloir enuoyer à Harlem aucunes de fes côpaignies : parquoy ledit Mul-Icr eft party dudit lieu auecq tout fon Regiment, amp;nbsp;paffant par la bafl’e Hollande, venu au fècoursde ceulx de Harlé. De maniéré qu’il y eft aniué l’en-demain le 4. iour dudit mois auecq dix enfeignes, defquelsles quatre font entrés à la ville •• dont eftoi-ent Capitaines Steinbach Lieutenant Colonnel, Chriftofle Vader, Lambert de VVirtéberg amp;nbsp;Mar-

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DV PAYS-BAS. LIU. III. ÏO^

tin Pruys. Et furent ce mefmeiour abatus les idoles amp;nbsp;iettés hors des temples amp;nbsp;egliles,pour les nettoyer de touttes ordures amp;nbsp;y'prcfcher la pure pa-rolledeDieu. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'■ nbsp;nbsp;'•

Le cincquiéme de Décembre font retournés d’Amftelredam Chriftofle de Schagen amp;nbsp;le Penlîo« naire Adrien d’Aflcndelfr.lelquels furent incontinent comme prilbnniers enuoyés à l’Excel.du Pi in-ced’Orenges. Cemefine iourfutamenéà la ville d’vn lieu appelle les Cincq-maifbns, vng Mefl’iger d’Amftelredam, qui auoit apporté vnc lettre écritte à Amftelrcdam par Thierry leFrizon, au.x Bourg-maiftres de Harlem; neantmoins ledit meflâger approchant la ville n’a ofé en perfonne ent er laditte ville, mais a enuôyc laditte lettre par vn g villageois, qui l’apporta ; Lequel Meffagier apres examination rigourculê fût pendu. '

Ledquot;, iour dudit mois, les ennemiv font venus! Spervvouvve, ayans quelque efcarmouche de peu de faiâ contre ceux de Sparendam . quot;Parquoy lei Bourgmaiftres amp;nbsp;Capitaines ont enuoyéle lendemain fècours detroix cents foudars à ceux de Sparendam , defquels fut Capitaine Martin Pruys. Ce melme iour y Ibnt retourné les ennemis fâilants quelque efcarmouche, mais ceux deSparendam les ont falués de grofle artillerie.

' Le 8. dudit mois les Bourgmaiftres amp;nbsp;Capitaines fentenuové à Sparendam des bourgeois de Harlem autres, pour percher fargine ou dicque qui tft entre Sparendam amp;nbsp;Spervvouvve, afin que l’eaue pourroit couôrir les terres, mais il ne fut fouy ne perché aflèz bas amp;nbsp;profond. Ce mefine iour ont les

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tio HiSTOIRB des TROVBtES

* Elpaignols aufly faid leurs trenchees fur la mefme argine contre ceux de Sparendam, amp;nbsp;parles villageois remply la lulditte folle. £ft auffy arriué audit iour à Harlem le Sieur de S. Aldegonde Commif-faii e du Seigneur Prince d’Orenge, pour y renou-ueller le Magiftrat, amp;nbsp;y conftituer des gens de bien amp;nbsp;vray Patriots, comme il a laid.

Le 9. iour à dix heures de matin font autrefois aflcmblezles formens au iardin deflùfdit, ou fom-blablemcnts’cft trouué le Sieur de S. Aldegonde, homme fort eloquent, declarant à ceux du ferment la bonne amp;nbsp;naifue affedion que le Prince d’Orenge portoit auxT’ais-bas, amp;nbsp;fpecialementàlaConté ce Hollande, comme par diuers exemples a demô-flrê.Déclarant pareillementl’eftat de lavüleparl« retraidc de Thierry leFrizon, comme defluseft did,monftrant quant amp;nbsp;quant la Commilsionde fon Excellen. parlaquelleluy donne authorité, en-charge, amp;nbsp;commande de cafler le vieil Magiftrat de Harlé,amp; d’ordonner autre,aflâuoir, d’eflire Bourg-maiftres, Efeheuins amp;nbsp;Confeil; ce qu’il difoit n’e-ftre faid pour faire deshonneur ou diffamer le vieil Magiftrat, veu que plufieurs d’eux n’auoient mon-ftre que toutte fidélité amp;nbsp;amitié à leur communauté; ains tant feulement pour plus alfourer prefentc-ment cefte ville. Did aufly que fon Exccllen.ne fai* foit ce pour aucunement diminuer les Priuileges de cefte ville, ains pour preuenir le mal î requeroit pourtant amp;nbsp;prioit bien affedueufementà tous ceux ou forment,que chaque dizinicr iroit collcder let voix de fes côpaignons, fur l’eledion de 8. Bourg-Cnaiftrcs, £feheuin$amp; zo.ConfeiUiers, pour gou»

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DV PAŸS-BAS. tl«. ïtt. »II gouiierncr l’an prochain. Laquelle election les di“ zinicrsluy donnèrent ce loir par écrit, à lamaifon de Pierre Kies, ou le fufditCommilTairc ordônnc-roitnouueau Magiftrat, ce quifut accomplÿ.

Le I O. dudit mois, deimid fut la froidure fi extreme rQue les riuieres le Sparc amp;nbsp;Tie furent fi fort congelées à Sparendam,que les ennemis l’ont affail-li de tous coftez. Mais apres que ceux de Sparendâ fe furent vaillamment défendus , amp;nbsp;déchargé par plufieurs fois leur artillerie, les ennemis les ont fi viuement de tous coftez aflaillijquela garnifon qui y futeftoit contrainéle de prendre la fuyte, ayant premieremét fort eradommagé lesEfpaignoIs,tout-telFois non fans perte de leur vaillat Capitaine Martin Pruys, amp;aucuns de leursprincipaux foudars.

Or quand les Bourgmaiftres,Capitaines Chefs delà ville virent de loing que les ennemis aflaille-rent lefortdeSparendam, ils ont enuoyé Iccoiirs de d eux enfeignes de foudars ; mais corne ils eftoiét en chemin , les nouuclles vindrent que Sparendam cftoitgaigné des ennemis,. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i '

Le II. dudit mois font venus les Efpaignols à pied amp;nbsp;à chcual, amp;nbsp;ont cifcui la ville de Harlem, contre lefquels ceux de la ville font fbrtis ,amp; ont auprès des Malades cfcarmouché , mais à caufó qu’aucuns Efpaignols cfloient montez fusleclo-chier,ceux delà ville n’auoient aucun moyen de combatte l’ennemy. Cedit iour furent aucuns dit vieil Magiftrat,eftants fufpecfs à caufè qu’ils auoiêt confèntis enlacômifsion de Thierry leFrizon, gardez cnleurmaifon. Et furent par leSieur deS.Âl-degôde ordônez au Magiftrat ceux qui s’enfuyuét,

O X

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T T ;

îii , Histoire des trovbles

-gt; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■ ^ourtmaißres.

' Nicolas deLaen.'Sleur lan du Vliet, Girard Stu-uSr,P,ierre'K1e's.

, ÈfiheuiHJ.

.^Güiltâ^me Adriénfens, laques de Huefden, 'ÖórnilïéXijcken, Pierre Bad, Nicolas Matthieu, 'Adrieh'dé Berkel, Matthieu Auguftin. ^^X,c\ïi'ê,dûdit mois, ilifques au 17. ont faid leS cnncfhi^lcufs approches amp;nbsp;trcnchces, fauorilës des broullârfs éjüf lurcntiournellemcnt d’autre part ceùx'dc la ville Ont fait toute diligence de fortifier làVille.Ôù il eftoit plus neceifaire.

Le 18. de Décembre à 8. heures de matin, les EfpaighôlsontcomméCc la batterie fur l’interieure portç de Sainft Croix, amp;aï!fly les‘deux flaneqs d^ÇcÛè,'âuccq boulêts de 40. amp;46. libures,déchargeants 14. Canons d’un coup: amp;nbsp;ceux delà ville ne furent oyfvfs, ains de grand courage ont fortifié leui’ rampars de bois, terre, pierres, facqs de laine amp;nbsp;auftès chofes. EnuifÔn midy ceux du ferment amp;nbsp;foudars de la ville, abandonnèrent leur corps de gardé , qui eftoit fur le boulleuert de laditte porte, Veu que la premiere porte eftoit la plus part abatue, Je forte qu’il n’y aüôit aucun accès du boulleuert â la ville; neantmoins Fur le loir les foudars amp;nbsp;ceux du ferment font rentrez audit boulleuert, préparants par nuiél vn chemin defl'oub la porte abatue çc iour par les ennemis à d’So. coups de Canons.

Le 19. dudit mois les ennemis ont continué leur batterie furla porte de S.Ian, amp;nbsp;tiré fur ledit boulleuert 675. coups de Canon .-neantmoins ceux de la ville ont réparé la brefle par boulleuerts amp;nbsp;autrement

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DV PAYS-BAS. till. III. IIJ ment faifant noiiueau rampart dés Ja porte S. Ian gt;nbsp;iufquesau pont S. Catherine.

Le io. de ce mois ont les ennemis continué la batterie fur le bolleuertiufques enuirô midy,amp; tiré .

fois, amp;nbsp;Jorsontfaifl. appareil de dôncr afTaulù parquoy la cloche lonnoitalarme.Les ennemis ont de tous codez ordonné garde deuat les portes tant de gens de pied que de çheua!, amp;nbsp;font enuiron vnc heure apres midy venus à enfeignes dépliées des Malades versla ville, portansfur lcs_efpaulcs des ponts préparez, pour letterpar.dçffus les fbflcz ■pafler iulè]ues au boullcuert; Outre ce leurs tren-*chees eftoient furnics d’harquehuziers, harquebu-ßnts continuellement les murailles amp;nbsp;ranipars, afin que ceux de la ville feroient priuez de leurs courtines. Or comme raJTaultfe donnoit fur le boule* uert ceux de la ville les ont fi viuement reqibarrez des coups d’artillerie chargé de chaînes de fer^ amp;nbsp;auflvdes courtines fi bien ferui d’harquebufes, qu’ils furent contraints d’abandôner l’aflaut :.;ce.queyoy-ant l’cnneroy a rcnouuellé l’afTault aueçq.geiïs fraisj neantmoins furent repoufies bien vîuemcpt ,■ de forte qu’à leur grand deshonneur fe font rejtires à leur trcncliees , ayants laiflc .pour gaiges es ^oßes grande quantité d’Efpaignbls amp;nbsp;autres^ naurez amp;nbsp;entre autres deux Port enfeignes Eß paignols , qui vaillamment.furent modtez » mais plus viuement rembarres,amp; beaucoup des mqrlips. harquebuzes, piques amp;nbsp;rapières rctirCjZ defquels ceux de la ville fe font tresbién feruy.,. i « Sur le foirçftap t .fini l’alTault , fut trouuéj.yp fol— datquifur le pied fut prins amp;nbsp;mené à la' ville^ux .J nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ö3

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«4 Histoire des trovblbs Bourgmaftres amp;nbsp;Capitaines.' qui par torture con-fcflôitque Don Federico y eftoit en perfonnelogé àlamaifon ditte te Cleef, le Conte de Boflù à la métairie deNicolas de la Lane,amp;Noircarmes chez Pierre Nicolas Lonlgé, amp;nbsp;plufieurs grâds Seigneurs Gentilshômcs amp;nbsp;Capitaines à l’hofpital des lepreux ou malades. Difoiten-outreque le camp eftoit en tout dej^o. enfeignes de Ibudars, amp;nbsp;800. cheuaux.' aflauoir, 3 ^Tcönipaignies d’ffpaîgnols, 11. enfèi* gnes de VValons, amp;nbsp;16. enfeignes Àllemâs defquels eftoit Colonnel le Conte de Euerftein, qui auecq lefdits Allemans auoit (on quartier au bois amp;nbsp;à Hemftede.

Le XI. iour dudit mois fut pendu le fufditfou-dart; amp;les ennemis furent long temps fans fair« autre chofe que miner, pour ruiner le bouleucrt fufdit. Ce mefine iour ceux de la ville feirent forger pieces ou deniers de fin argent de jx. amp;: de lôquot;. (ôulz.

De 14. de ce mois fut pendu à Delft àcaufè de fes trahilons, Maiftre Adrien d’Aflendelft fiifdit, amp;nbsp;la tefte fut mife fur vn pâli l’elpace de deux heures.

Le 27. du mois fut prins par ceux de la ville vn VValóri'èftant dehors la porte deScaelvvic, amp;nbsp;incontinent pendu. Ce mefme iour receurent ceux de Harlem lettres du Prince d’Orenges, qui leur mandoit qu’il enuoyeroit à leur fecours aucuns VValons harquebuziers.

La 28, fut harquebufe Pierre lanfens ingeniaire de la ville, aînfy qu’il eftoit empefehé à reparer 1« boulcuef t amp;nbsp;mourut lendemain.

Le

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BV FATS-BAS. tra. III. ilj

Lezp. de ce mois, eft entré de nuiéè le Sieur lerome SerratsCommiflâirc, âuccqtroix enfeignes de VValonsjdefquels furent Capitaines.le Capitaine Michicl, Coufin amp;nbsp;Verni.

Le 30. dudit mois fut l’air obfcur, plain debroul-liars, donnant grand faueur aux Efpaignols pour pouuoir fouyramp; miner iufques à la ville.

Le dernier de ce mois font fortis la Sylporte aucuns à cheual, en intention defurprendre ceux qui eRoient au guet, mais en vain , car le temps fut trop clair, amp;nbsp;les ennemis prindrent la fuyte , de forte qu’ils n’eurentque partie de leurs armes. Sont auffy fôrtis aucuns de la ville la porte deScaelvvick, qui tuerent trois des ennemis,leurs oftans 11. barque-bufes.

lin

Le premier de lanuier l'an 157?. ont ordonné «eux de la ville vne cami(àde,amp;îbnt fortisla Sylporte, furprenansles Efpaignols en leurs trenchccs,qui les abandonnèrent .’Mais l’ennemy retournant en plus grande troupe,ceux de la vil le retou ment,amenants deux villageois amp;' vn icune garçon.

Le X. de Ce mois font entrés à la ville douze traî» neaux chargés defourment, amp;nbsp;vn chargé de pain parla porte de Scaelwic. Mais le $. de ce mois y font entrez xy. traîneaux chargez de bled, amp;nbsp;vne compaignie de foudars,dont eftoit Capitaine Man. dares.

Le 8. dudit mois ceux de la ville, ont pendu vn foudartfur le boullcuert.-amp; les ennemis qui auoiènt ceffé des le xo. de Dccébre iufques à ce lourde batte la ville, ont recôraencc la baterie, par X4. coups de Canon.’ maislcp.ontils tiré encores 13 3.coups?

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îï(î Histoire des trovbles

amp; cependant font entré la ville par la fufditte porte fept traîneaux chargez de poudre amp;nbsp;bled.

Le lo.iourfurent enuoyéde nuiôenuiron deux mille foudars Efeoflbis, Anglois, VValons Aile-mans pour entrer la ville, mais par les broullars qui furent grands ils lèlouruoierent, de forte que plu* fleurs \ indrent auprès la maifon ditte te Cltef, autres aux dunes, autres au bois, combien que la plus part s’eftoientretirés au camp du Seigneur Prince, par faute de pouuoir trouuer la ville , non obftant qu’ilyauoit fur la tour vn flambeau allumé, amp;nbsp;que la cloche fonnoit, ce que fit aucuns entrer la ville.* entre lelq ucls fut vn Alleman des ennemis, qui dc-mandoit à ceux de la ville, eftants fortis la porte de Scaelvvick pour efcarmoucher , s’il cftoit auprès d’Amftelredam ; auquel fut refpon du, ouy, amp;nbsp;l’ont amenéprifonnierà la ville, qui comne entendrez de brief fut pendu • cedit iour I’ennemyatiré i4. coups de Canon.

Le 11. iour fut par deux fois fonné alarme, à la ville, àcaiife que les Afpaignols amp;nbsp;VValons fepre-pa'oient pour donner l’affault; La melrne nuiô font entrez cB.H;arlem 48. traîneaux chargez de bled amp;nbsp;poudie de Canon, auecq vne compaignie de foudars, dont eftoit Chef le Capitaine Gafpar.

Le 12, dudit mois les ennemis ont fort endommagé parleur battcric,Ic bouleuert, parapetti,m,ai-fons, floifli es amp;' eglifes, voire quafi ruinés par 150. coups de Canons ; neantmoins ceux de la ville ont réparé de nui cl lahrcflc, de bois amp;terie,amp; rendu plus-fort que deuant-Outre ce,les ennemis ont faiél tout deuoii de produire leur minerc iufques au def-fous

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DV PAYS-BAS. tlU. HT. 217

fous Ia maifon de la rue S. Croix en la ville.

Le i^.iour y font entrez ßx traîneaux chargés de bled en farine, fut aufly à la ville fbnné alarme,quad les bourgeois virent les preparations de l’ennemy; Ce mefnie iour furent deux hommes mengeansà table tués d’vn coup de canon amp;vne feruante : mais d’vn coup de harquebufe fut emportée à vne ieune fille l'une treffe de lès cheueuxamp; lecouurechef fans eftrebleffee. •

Le I , iour ceux de la ville font fortis, amp;nbsp;ont a-mené prifônniers trois viuandiers amp;nbsp;deux Allcmas: mais le 15. iourl’ennemy a donné alarme à ceux de la ville, mais perdu vncnlêigne quifut apporté à la ville.

Le K?. de lanuier douant midy les Efpaignols ont ietté de leur trenchees.au boulleuert de la ville vne telle, auquel fut attaché vn billet, difant.’C'eft la te ft e de Capitaine Philippe le Koy: en recompë-fe de celle vilennie ceux de la ville ontfaiélpendre douzeprifônniers,all'auoir troixviuandiersd’Am-flerdam,vn'V’Vâlon,amp;huit Allemans. La.nuiélcn-fuiuant ellants les pendus ollez du gibet, ont em-paqué onzeteftesd’iceux en vn tonneau, a vans les cheueux amp;nbsp;barbes coupés à la maniéré des Gueux, amp;nbsp;ainfy iettéduboulleuertaux trencheps des ennemis. Sur lequel tonneau futattachévn billet contenant : Porte ces teftes au Duc d'Alue , en paiement du dixiéme denier , fi longuement demandé amp;nbsp;point payé; parquoy il alsiege celle ville: mais afin qu’il n’eutaucunerailon defeplaindre du long retardement, il y a Tonziéme pour fou interefl.

Le 17. de ce mois font entrez 65. traineaux char-

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ai8 Histoire des trovblf.s

gcsdebled,auecqvn cnfèigncdcfbudars, defqiiels clloit Capitaine Schram de Brunfvvic. Cemefine iour font les foudars amp;nbsp;autres forti la porte de Scaelvvijc pour efcarmoucher les Allcmans qui s’a* uoiét fortifiés à la maifon de Kuftêbourg: amp;nbsp;pour le premier ontgaigné le moulin d’eaue que les ennemis abandonnèrent ^uis font touscnfemblc fâilly CS trenchees enchaflants les ennemis, enuoyants çn l’autre monde tous ceux qu’ils pcuuoicnt atrap-per; ou le Port-enfeigne de la Bride print vaillamment l’enfeignc hors des mains du Port-enfeigne des ennemis, amp;nbsp;l’occift : de forte qu’ils apportèrent àla ville cefte enfeigne amp;nbsp;troixtabourins, ayans fri-caflez la plus part des foudars. Fut aufl'y ordôné cedit iour que de nuiâ on abandôneroit le bouleuert qui eftoit finie hors de la ville, à caufè que tant de gens y furent iournellement occis.

Le 18. de ce mois ceux de la ville ont commçn* céà fortifier la porte S. Croix,amp; renforcée dç terre, fagots, fiente de chcual amp;nbsp;autres chofes,entrelaché$ de poutres comme vn gril, de forte que cefte porte fut beaucoup plus forte que le bouleuert fufdit. Ce mefme iour font ceux de la ville fortis la porte de Scaelvvijc pour efcarmoucher les Allcmans, mais a peu d’effait. Apres midy furent renuoyez au eâmp du Seigneur Prince certain nombre de traineaux, Icfquels furent par leconuoy de joo. foudars, menez à trauers des ennemis.* de forte que les ennemi» recommencèrentl’efcarmouche, qui parla viucrc-fiftcnce des foudars de la ville furent mis en fuyte, à leur grand dommage; car ceux quinepouuoicnt nager outre la Sparé,Turent noyez. Des foudars de

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DV PAYS-BAS. nu. III. tl, la ville n’y eft dcmouré mort qu’un foldat Anglois. Surlefoir eut Monfieurde Verni vaillant Capitaine François d’vn coup de harquebouze percé le bras quot;c-ftant au nouueau bouleuert de la fufditte porte.

Le 19. ioiir apres midv cft parti de la ville vers fon Excellence , Adrien de Bercquerode, Efeheuin, auecq certain nombre de traîneaux, pourauoir du bledjcftantconuoyéde quelque nombre de che-uaux,amp; enuiron cincq cents harquebufiers, lelquels furent des ennemis rêcontrés,à Scaelvvijc, Harlem-mcrvliet,amp; cincq maifons, mais non obftant que les ennemis furent en plus grand nombre, ils furent f à leur courte honte contraints de prendre la fuyte auec la perte de plus de deux cens homes.' de forte que les foudars de la ville obtindrent honnorablc vi-(ftoire.

Le a i .iour font cqtrés la ville j .traîneaux chargés de bled, poiflbn amp;nbsp;poudre à canon. Ce mefine iour font forti de matin par la Sylportepour alTaillir les Efpaignols qui furet logés dcflbus les murailles, fix cens Allemans, ce pendant que les VValons foroiêt paflesPeaue par barques, amp;nbsp;au pont S. Catherine mis à terre, pour a fia ill ir les Efpaignols par derriere amp;enclouer l’artillerie. Mais parce que les Allemans ne marchèrent conioindement auecq les VValons qui parlesbrouillarsncfoauoicntconnoiftrecc que lesAllemans executerent, non obftant que par le coup d’vn harquebuze leur fiit faid le figne de la ville, de forte qu’ils n’airaillercntl’ennemy conioin-dement.’ils furent contraindsde retourner à la ville , auecq la perte d’aucuns foudars tant d’vn cofté que d’autre.

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lio Histoire des trovbles

Le Z î. dudit mois font entrez la ville 15. traîne* aux chargés de bled amp;nbsp;autres viétuaillcs. D’auanta-ge ceux de Delft, Leyden, Goude amp;nbsp;autres villes | de Sud-hollande firent demander d’vne charité fraternelle,à ceux de Harlem s’ils voudroiéteftrc qbi' tés des gens debiles, vieux amp;nbsp;inutiles à la defenfe de la ville, chaque de ces villes en receuroit amp;nbsp;entretien droit là part.

Le zj. iour font autreffois entré à Harlem iz. traîneaux chargez de bled. Et les foudars font forti la porte dcScaclvvijc efcarmouchans leurs ennemis, lefquclsils chaflcrent outre la Sparc en leur loge-1 mens : puis bruflerent entièrement Ruftenbourg, amp;ayansfaifisfix oufept barques des ennemis, les ont mené à la ville. Plus ils nanigerent vers vne navire qui eftoit à la Spare pour faire effort fur ceux xle la Ville,-amp;-ayants y bouté le feu, amp;nbsp;nau.rcz amp;nbsp;oc- | lt;is aucuns des ennemis, font retournez triumfants j à la ville, aucc deuxprifonniers.Surlefoirenuiron I lesfêptheures, laclocheauffy les tabourinsfonne- | rent alarme, mais rien ngt;y cft enfuiny. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,

Le Z4.,delanuicr font entrés à la ville ; 5.traîne- ' ciux chargez de bled*, fourment, poiffonamp; autres viéfuaillès J Les ennemis ont alors braqué deux pieces d’artillerie fur leboulleuert, pour commode-■mentbatrelavillc.

- Le zj.de ce mois font entrez autres 55. traîneaux chargez de bled amp;nbsp;viur.es .• amp;nbsp;le z6. iour jy.trai-ncaux chargés de viàuailles. Ce rçefme iour fut bleflé.par vne efcaillure des pierresl’vn des fept.Ca-piuiines de-la ville nommé Pierre Vlafman , qui en mourut bien toft apres. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;‘

/ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Le

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DV PAYS-BAS. tIU. II. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;221

Lexy, jour fut emporté latcfteàla lêruantedu logis diélJa teile de Cerf, ainfÿ qu’elle ojloitles poulets roftis de la broche, par vn boulet de fer paf-fint par la cuifine.Cc iour ont ceux de la ville abatu la tour de S.Ian: car ils craigniont qu’elle tomberoit esfoflcs parla batterie des ennemis, qui eut efté grandauantaige audit cnnemy. Fut auffy alors fon-néral!arme,envain.

Le 28. iour, les Bourgmaiflres,Chefs amp;nbsp;Capitaines receurent lettres de fbn Excellence par la pofte, qui fut incontinent r’cnuoye. Ce mefme iour font forti par la Sylporte fept hommes d’armes pour ef-carmoucher, Icfques font retournez fans rencontre. Sont aufl'y ce iour entré 8o, traîneaux chargez de viurcs, amp;nbsp;aucuns tonneaux de poudre, conduits d’enuiron 400. VValons , Anelois amp;nbsp;Efcoflbis, gens bien difpofts amp;nbsp;bien en ordre, qui furent menéen vnMonaftere, amp;nbsp;bien traiélés par les Seigneurs.' leur Capitaines furent, affauoir, des Anglois, Capitaine Simmador des Efcoflois, Capitaine Balfour, amp;nbsp;Capitaine Marottin garde defon Excellence; Capitaine Varduer garde du Conte de la Marche.

Le 29.iour futpublié vnmandement, quêtons bouchiers nevendroient la meilleure chair de beuf que patartamp; demy la libure ; amp;nbsp;la chair de vache vn patart amp;nbsp;vn quart, fur peine delà mefme chair, amp;nbsp;correélion arbitrelle.

Le 50. iourfontfortislesfoudarsde la ville d’v-ne grande furie pourcnclouerou gaigner l’artillerie de l’ennemy; mais comme ceux de la ville ne furent à vn coup egallcmentprefts à ce faire, rien n’y

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321 Histoire des trovbles

fut exécutés amp;d’autantplus que l’ennemy fe tenoR preftaux trencheespourdbnneraflàult: de maniéré que ceux de la ville eftoient contraints de fe retirer, 4 plufieurs d’eux furent naurez , aflàuoir ,1e Capitaine Michiel à la main , Couchijn au genoux d’vne j picque, fon Port-enlcigne d’vncoup de harquebu-fe au bras, amp;nbsp;Capitaine Lambert de VVirtcnbcrg d’vne lance en la poitrine ,1e melme iour, ceux de la ville ont mis le feu à la minere du bouleuert. Si mis à mort grand nombre des ennemis.

Le dernier iour delanuier les ennemis fefbnt appareillés, pour parviue force aflaillir la ville com* meauffy il aduint.* Carainfique les foudars Alle-mans ayans celle nuiâ la garde près de la porte S, I Croix amp;nbsp;la porte S. Ian,n'aiioicnt tenus bonne garde: les ennemis furent preftsdeuant Taube du iour, amp;nbsp;auoient ordonnez tous les enlèignes entour la porte de S. lan , defquels plufieurs foudars eftoient défia entrés aux chambres amp;nbsp;autres places de la por^ te à demy abatuc, deuantqueceuxdc la ville en furent aduertis. D'autre part furent plufieurs des ennemis pallèz par defl'ous le bouleuert abatu à la porte S. Croix , amp;nbsp;cachez fous la haye d’efpines tout aU Jong des follèz, des la porte S. Croix, iufques à la porte de S. lan, par ce que les folTez furent engelés. plus ceux dubouleuert amp;nbsp;du fort de la porte Sainte Croix, furent mis en bon ordre auecq Tenlèigne defplice: amp;nbsp;toutte la refte fe tenoit es trenchees de la porte S. Croix outre celle de S. lan, iufques à la tour du Reuclin, en tresbon ordre, de forte que rien n’y fembloiCdcfailIir de lavidoirej amp;nbsp;forent prefts pour commencer Taflàut i8. ou ip.enfeignes tant

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DV PAYS-BAS. LIU. II.

tant Efpaignols que VValons amp;nbsp;Allemans • Furent aufly ordonnez pres rHofpital des Lépreux dc cincq à ßx cent cheuaux , amp;. aufly aux Venes en» uiron deux cens cheuaux , amp;nbsp;encores vne autre partie accompaignédes foudars à l’entrcc dubois, attendans la vidoire de ceft aflàult , pour maf-facrer tous les Bourgeois amp;nbsp;foudars ,qui apres la f*rinfe de la ville le voudroicut làuuer amp;nbsp;en-

Cell alTauIt fe deuoit faire par les Elpaignols, VValonsamp;Allcmans.'airauoir,par les Efpaignols amp;nbsp;Allemans des la porte S, Croix du long les abacus rampars, iufques à la porte de lâinâ lan. Et par les VValons, laditte porte de làindlan, lefquels luoicnt-défia occupé l’auantage de laditte porte amp;nbsp;rampars, deuant qu’aucun de la ville s’en fut ap-perccu.

Or comme les ennemis auoient ce grand auan-taige fiirceux de la ville, qui fans grande effufion de fang ne pouuoit cftre rccouuert, fi Dieu par fa grace n’y eufl’epourueu , leslbudarsamp; ceux du fermcntquicn ce quartier eurent celle nuid la garde, s’en font,comme ileftoitiour,apperccus :par» quoycinequante ou foixantc d’eulx les ont viue* ment aflàillis entre les deux portes, amp;falués de har-quebufades vaillamment, criantalarme, ce qui a efueilléles autres de là entour, amp;nbsp;laid courir bien armez aux rampars , comme aufl’y firent tous ceux de la ville, afl’aillansles ennemisd’vngrand cou» raige.de forte qu’ils en tuerent beaucoup,amp; chaflè-tent les autres de haut en bas les murailles amp;nbsp;rapars; le furent ainiy en peu de temps Efpaignols, VVa»

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îî4 Histoire des trovbles

Jons amp;Allemans defpechcz en grand nombre:car ils relîfterent les ennemis fi vaillamment, queperfon-ne ne mét'toit la telle par dcfliis les rampars qui ne , fut tue'.

Le plus fort aflàult des ennemis amp;nbsp;ou ils furent en plus grand nombre, eftoit au viel bouleuertdc la porte S. Croix que les ennemis auoient occupe, tout auprès du nouueau fort, que ceux de la ville auoient fortifié, amp;nbsp;les ennemis pour faire ceft af-ûult auoient minez, afin de Je pouuoir gaignerpar force de gens.Mais ceux de dedens auoient contre-miné, amp;faiôl Comme vne cauedefloubleurbrcflè, amp;y misaucuns tonneaux de poudre amp;nbsp;autre matière, y donnant le feu quand les ffpaignols auecq c'nJeignes dcpliez, y f irent en plus grand nombre defi'us pour monter par dcfl'us les murailles ; ou fut fi bien befoigné que la mine amp;nbsp;tous ceux qui y fu-rcnrdcflùs amp;nbsp;à l’entouisfirtnt le grandfault iufques en l’air- de forte que fort grand nombre des ennemis furent enuoyez en Paradis fansteftes,bras,iam-bes, voire lacerez en loupins amp;nbsp;morceaux,lànsceux qui y furent enterrez. C’eftoit vn horreur de veoir voler en l’air, telles,bras,iambes,voirc corps entiers, harquebufes,hallebardes,rapieres amp;nbsp;tabourins.Ou' trece,fe letterent ceuxde la ville aux trenchéesdes ennemis, fàifants grand maflacre de ceux qui ne pouuoient s’enfuvr • Déchargèrent aufly vne demy ferpentine amp;nbsp;autres pieces de tèr,fur ceux qui furent en ordre de bataille deuant la porte S. lan , faifans grande boucherie entre les ennemis s qnifut'cau-» fe que les Efpaignolsamp;VValons non fans leur grade honte fe font retirez en leur trench^'es, empor-

tans

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DV PAYS-BAS. nu. III. 325 tants de leur morts qui furent de qualité autant que leur eltoit pofsible. En ceft aU'ault fut nauré mortellement de ceux de la ville, Capitaine Lambert de VVirtzenbourg, qui peu de temps apres a rendu àDieul’efprit.

Ce pendant que les Efpaignols firent Eafiaut à la porte f Croix amp;nbsp;de f lan, font entrez par la porte de Scaelvvijc 170. traîneaux chargez de bled amp;nbsp;autres viduaillcs, conduits du camp du Seigneur /'rince de 00. harquebufiers Si enuiron 70,chenaux, par la glace : qui furent pourfuiuis iufques aux portes de Harlem de loo. cheuaulxSc aucuns harquebu« fiers, pour leur öfter les viures, mais ce fut en vain, combien que le porte-cornette des gens du Prince, amp;nbsp;vn autre de la compaignie y furent tuez.

Surlefoirles Bourg-maiftres ontenuoyé deux meflagiers auecq lettres à fon £xcellence, lefquels furent incontinét de retour, amenant quant eulx vn Alleman àcheualleurprifbnnier, qui eftoit en chemin d’aller à l’entrec du bois auprès de lès coin-paignons. Ces deuxmefEtgicrsfurentrcnuoyezau Seigneur Prince parSceuelingue, luy portansl’eftat de la ville.

Le premier de Feurier, fontforti par la porte de Scaelvvijc 17. hommes àcheual pourefcarmoucher mais ils n’y ont trouué perfonne, linon vn fbldat Alleman, qu’ils amenèrent à la ville.

Le a. lourde ce mois ceux de lavillc furent ad-«erris,queles ennemis faifoient vn pont de barques auprès les Bernardins,pour y pafler les gens de chc-ual qui donneroient empefcliement aux traîneaux de la ville qui apportèrent les viures; parquoy 3 à

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Î16 HistOirm des trovbles

kJ cheual amp;nbsp;600. à pied fönt fortis Ia ville de matin à la faueurdesbrouillars.' mais quand ils ne trouucrent aucun pont, s’en font retournez, amenants auecq eulx vn,VValonamp;vn ieune garçon , qui furent en vne mailbn prés de Scaelwijc. Ce mefine iourfut donné vn alarme.

Le 3.dudit mois,fut publié à Ibn de cloche,qu’un paindefixliburesnelè vendroitque deux patars, amp;nbsp;vne libure de fourmage de vache demy bralpen-ninck, vn pot de laid doux vn gros amp;nbsp;demy, amp;nbsp;vne libure de bure deux fouis. Les hommes d’armes auec aucuns harqnebufiers font le matin fortis par la Sylporte pour efcarmoucher, Si ont trouué aucuns eheuau;tEfpaignols{defquels furent emportés d’vn coup d’artillerie, qui fut tiré du fort de laditte porte vn chenal amp;nbsp;deux hommes d’armes des ennemis, qui lèpara l’efcarmouche.

Leq. dcFcurier font fortis par laditte porte le? hommes d’armes,auecq aucunsfoudars harquebu-fîers, convoyants iniques au lac aucuns traîneaux vuydcs, qui s’en allèrent quérir du bled •• ou ceux -de cheual s’attacquerent aux ennemis, neantmoins fèparez d’enfèmble fans perte ou dommage. Ce mefmeiourpcnfoitl’ennemy mettre le feu à la mine pareuxfaitte, àlaportel. Croix, amp;nbsp;endommager grandement la ville ; mais par la grace de Dieu on y auoitponruéu par contreminer, de forte que ceuxdelavillemircntmefmeslefeità la mine, ou Lurent depefçhez bonne quantité des ennemis tant foudars que pionniers, iàns aucun dommage ou perte de ceux de la ville.

. Le J. de Feurier apr^sniidy font entrez àlayille

■..... S.trai-

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DV PAYS-BAS. ITU. III. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ÎZy

8. traîneaux chargez de bled amp;viiires, venants du camp de fon Excellence, 8i le 6. jour eft parti vers le Prince leCapitaineVemj,homme bien aguerroié, auecq Adrien de Berquenroede, pour y enuoyer des viures amp;nbsp;autres choies neceflàircs. Fut aufly fon* né alarme à la ville , mais rien n'en cil enfuiuy.- '-r Le S. dudit mois, y font entrez loy. traîneaux chargez de bled, amp;nbsp;les ennemis ont donné-alarme fans autre pouf cefte fois. Mais à la féconde alarme, ceux de la ville leur firent faire le fault.

Lep. de Feurier,les ennemis ont commencé de-dens le boulleuert de la porte f. Croix, par ceux de la ville abandonné-, de terre amp;nbsp;poutres leurplate-fourme.pouryplanter leur artiirerie,amp;battre à leur ayfé les murailles, rämpars, boulleuerts, maifons amp;nbsp;rues de la ville. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j

Le lo. de ce mois, comme les ennemis ne ceffe-rent de miner, ceux de la ville ayants contreminez y mirent lè féu, enuoyants grand nombre des ennemis en l’autre monde. Ce mefméiour futparaduis' des Bourgmaiftres amp;nbsp;Capitaines de la ville ordonné, de faire nouueau foflé amp;nbsp;rampart en fourme de demy lune : car ils eurent dôubte que les ennemis viendroien t à miner ledit fort ou boulleuert, qu’à la fin l’abatteroient : lequel foffé amp;nbsp;iampart fut vnani gt;nbsp;mement amp;nbsp;par grande diligence commencé amp;nbsp;parfait : de forte que perfonne n’y fut ablcnt, tant Bourgmaiftres amp;nbsp;Chefs, que Capitaines, Lieutenants , bourgeois amp;nbsp;foudars,femmes des fbudars amp;nbsp;go U j arts, tant de nuiét que de iour-' parquoy fut bientoft acheué.

Lei i.dudit mois,vn Alleman venant de î’entree - nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;- P a

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»18 Histoire destrovbles

du bois cft pafle à barque la Spare, amp;nbsp;donnant figne auecqfon chapeau,eft venu versla ville, demandant d’y entrer ; amp;nbsp;eftant à la ville demandoit le Capitaine Steinbach, monfti ant des lettres qui luy furent eferittes. Parquoy il fut mené àl’hoftel dudit Steinbach, qui l’a incontinent conduit à la mailbn delà ville,, ou il fut tres-bien examiné amp;nbsp;puis mis en prifon.

Le 11. de Feurier, y eft arriué vn bateau chargé deviures, venant de Lcyden , amp;nbsp;lendemain leij. dudit mois, y eft entré vn meflagier apportant lettres defon Excellence au Magiftrat.

Le 14- dccemois y font entrez 4O. fondaishar-qucbulîers . convoyants 1140. ralieres de bled amp;nbsp;autres victuailles; amp;nbsp;lendemain y eft entré vn bateau d’Alcmar chargé de tourbes, matière dont on faidduFeu au Pays-bas.

' Le l ô'.ioury eft entré vne grande barque chargee de pain ôepoifibn. Mais lendemain le i7.yfonten-trez z8.barques chargez de viurcs,amp;’ 400. Ibudars, la plus part de double gaige, defquels fut Capitaine Chriftofle Gunter- Cc mcfmeiour fut dônél’a-lai me quatre ou cincq fois,parce quel’ennemy fc prefentoit pour donneraflault, donnant le feu à la mine, ce pendant qu’ils furent à enfeignedefployéc en ordre de bataille auprès l’Hofpital des lepreux, combien qu’ils ne firent que bien peud’efFaiétpar fcfte mine , quifutaufly caufeque l’aflault ne fut commencé.

Le 18. de Feurier, la premiere galore auccq fê$ foudars eft entrée le Lac de Harlem , longue de 84. pieds.Ce mcfmeiour y font entiez 4.ou 5. barques char-

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DV PAYS-BAS. LIU. Hi. lîp chargez de viures, amp;nbsp;vne antre chargée de deux pieces de bronze, venants de Leyden.

Le 19. de ce mois y eft arriué vn bateau , charge de I O. pieces d’artillerie de fer, poudre amp;nbsp;boullets, amp;viâuaille.Ccmermeioureftarriuéc à Penninc-ver la petitte galere d’Amftei dam auecq quatre ou cincq barques, en intention de percer l’argine ou dicque, amp;nbsp;entrer au Lac deHarlem; ce que la galere de Harlem amp;nbsp;autres barques ont empefehé. Ce pendant ceux de la ville donnèrent le feu à vne mi* ne làitte defloubs le boulleuert, qui a caufë vne bra* ueefcarmouche. Lendemain s’efteftfuy de la ville au camp des Allemans vn VValon , qu’autreflôis auoient prins prilbnnier.

Le 21. dudit mois, font ceux d’Amftelredam retourne à Penninever auecq leurs bateaux pour par-acheuer leur œuure commencé ; lefquels ont com-batulapetittegalere de Harlem. Furent aufly en-uoyédeHarlêaucunsàcheual, qui en pontes font fortis la porte deSparvvouvvcr, amp;ont prins vn bateau des ennemis chargé de gens, qui furent la plus part tue2,amp; la refte fut pendu au Fuyek.

Le 14.de Feurier, ceux de Harlem ont enuoyé leur deux galères au Fuyek; amp;nbsp;le »5. ont ils receu deux pieces d’artillerie de bronze enuoyés par ceux de Dordrecht, defquels l’vne tiroit boullet de 44. libures de fer , amp;nbsp;l’autre de treize, amp;nbsp;aufly 4. ou ferpentincs de fer. Cemcfme iour y font entrez cincq bateaux chargez de viures amp;nbsp;grain, aflauoir, fourment, bled.orge ,lebuesamp; poix.

Le 26. de ce mois, la grande galere de Harlem s’eft auancée deuant tous autres bateaux de guerre

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ijo Histoire des trovbles

amp; entrée au lac, ou elle fe trouua entre douze bateaux d’Amftelredam; paï quoy l’ennemy l’a aflailly auecq4. oh 5.nauires deuantqu’elleappcrceutque c’cftoient les ennemis .• de forte qu’elle perdit partie de fes gens .• mais le Capitaine Girard le ieune eftât bleflé,s’eftfauué auecqfon Lieutenanten vnebarque ; laiflantfes gens au dangier.qui furentinconti-nentlurmontezdel’ennemy. Vn heure ou deux apres la perte de la grande galere.’ eft venue la petitie galere de Harlem (dont eftoit Capitaine laques Antoine)auecq autres bateaux de guerre qui vaillâ-ment ont reconqucftez la grande galere, amp;nbsp;gaignés fur l’ennemy vn Crauel tout noeuf, en tuants tous les ennemis qui y furent, fauf trois qu’ils prindrent prifonniers amp;nbsp;amenèrent à Harlem, delquels l’vn eftoit vn gentil-homme de Louuain nommé Ranft cot, amp;nbsp;ceux de Harlem font retournez auFuyck, ayants tres-bien faiét leur deuoir. Ce mefine iour font entrez à Harlem aucuns bateaux chargez de viures.

Le ly.dudit mois les fufdittes galeres ont autref-fois aflailly l’ennemy, amp;nbsp;mis ceuxd’Amfterdamen routc.'parquoy ceux de Harlem ont eftoupé le trou qu’auoient-faid ceux d’Amfterdam, de barques, pierres amp;nbsp;autres chofes.

Le dernier de ce mois bien matin,ceux delà ville ont donnéle feu à vne petite mine faitte à la porte f. Croix, auec la perte d’aucuns des ennemis.

Le 5.iour de Mars, ceux de Harlem ont mis en oenurela grofl'e artillerie, dontdelfus eft elcrit.-car comme les ennemis auoient faid vne platte fourme deuant le fort ou boulleuert, le Lieutenant des Ef-cof-

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DV PAYS-BAS. tIU. III.quot; Jjt coffois nommélan Coningam a fait fi bien ibn de-noir de la battre, qwelle fut rafee en vn demy iour. Ce melme iour font entrez en Harlem, deux barques chargez de viures amp;nbsp;poudre.

Lc4.de Mars les ennemis ont donné vne alarme ce pendant font entré des viures à la ville • amp;nbsp;le lendemain le bateau nomméla ChafTe de Harlem bien armé cft entré au lac.

Ley. decemoisceuxdelavilleontbattulaplatc-fourme des ennemis, amp;nbsp;mal traitté l’artillerie des ennemis, amp;nbsp;la platefourme. Ce mefme iour fut pu-bliécn Harlem que toutte choie fcroitfrancq d’af-filè, ou entrée.

LeS.iour font entrez à Harlem deux enlêignes de foudars VValons amp;nbsp;Anglois, qui de brief furent renuoyez, à caulè qu’on prefumoit qudl y auoit en-uiron quatre mille foudars à la ville.

Le 9. iour s’eft embarqué auec lès gens à chenal le Capitaine Enchuife : parquoy ceux de la ville ef-carmoucherent contre les ennemis du bois- comme aully firent le ii. iour, neantmoinsàpeu d’effaiét.

Le 12. de Mars, font entrez en Harlem viures, amp;nbsp;s’eft donné vn alarme. Mais le i4.dudit mois ceux de Harlem donnèrent le feu à vne mine, depefehats aucuns des ennemis: delquelsvn Efpaignol couuert delà terre fut retiré, qui fans former mot, bien toft mourut. La mefme nuiél y cft venu vn VValon venant du bois, qui fut incontinent mené au Seigneur •Prince d’Orenge.

Le 18. de ce mois,les ennemis ont faicl appre-ftes enuiron le midy d’alfaillir la ville, amp;nbsp;ceux de la ville ont fonné l’alarme, mais rien n’en eft enfuiuy:

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iji Histoire des trovbies

Mais lendemain les ennemis ont donné le feuâvne ■ mine, touttclîoisGns aucun dommage ou perte de la ville . Comme aulïy d’autre part fut faiét le jo. iour par ceux de la ville, donnant enuiron les onze heures demidvlt fcuà vne mine pour endommager l’cnnemy. Fui ent aufly d’intention de mettre le l'eu à la platefourme, ce que n’auoit bon fiicces.

Le J 2. de Mars, qui fut lourde Pafques, les en-nen isfefimtmis en ordre de battaiile tant auprès de rholpitaldes Lepreux, que és venes luperieures, ôc au bois: parquoy les Bourgmaiftres amp;nbsp;Capitaines ont cômandé de (ônneralarme,mais riens en eft enfuiiiy. Ce mcfme iourfont fortispar laSylportc cincq ou fix Iiommt s à cheual amp;nbsp;120 . fondai s liar-quebufiers pourcfcarmoucher cotre ceux du bois, maisfurentrepouflèzen perdans deux deleurfou-dars, amp;nbsp;aucuns blefièz. Sont auflÿ entrés en Harlem cedit iour 70. laft de bled, qui font razicres, en trois nauircs.

Le 24. de ce mois, Marinus Brand Ammiral du lac a amené deux prifônniers ,]efqucls furent api es examination rigoureufe pendus auprès du Fuyek.

Le 2$. dudit mois le matin à 9. heures fimt fortis par la Sylporte enuiron idb.VValons, pour efear-moucher contre les ennemis qui furent àl’entrcc du blt; j's, amp;nbsp;gaignerent la premiere trcnchee de l’en-nemy •• ncantmoins par faute de n’eftreafléz forts, font retournez à la ville, fans faire grand chofe, ayants perdu deux foudars. Mais quand les Bourg-maiflres furent aduertis de l’eftat dudit quartier, fut ordonné par aduis des Colonncls amp;' Capitaines de furprçndrç ledit quartier apres le midy auec 9.

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DV PAYS-BAS. LIU. III. iJJ

OU IO. enfeignçs dcfoudars,cequi fut execute en-iiiron les 4. heures par fix compaignies de foudars amp;plufieurs bourgeois qui fortirent par la porte de I’eauc, amp;nbsp;enuiron ioo. ioudars François amp;nbsp;VValös quilbrtirentparla Sylportc pourattacquerTefear-rnouche-Cependant, (ontfortisles fufdits,amp; aufly la Chaflè auec aucunes barques, Sc ont furprins les ennemis en troix ou quatre endroids, lefquels ayants vne fois déchargé leur artillerie, ont prins la fuyte : mais furent ceux de la ville bien pourfuiuis, en les tuants amp;nbsp;pourfuyuans iufques par delà la vaert : de forte qu’ils en ont bien maflàcré vn mille fbudars, entre lefquels furent plufieurs de qualité, comme bien apparut parlesioyauxamp; veftemensde grand pris qui furent apportez à la ville, d'auantage furent par ceux de la ville bruflé plus de trois cent tentes amp;nbsp;pauillôs, amp;nbsp;amenée leur artillerie de cam-paigne, affauoir, cincq Falconnets amp;nbsp;deux pieces de bronze, auec grande munition de poudre, amp;neuf enfeignçs, qui furent fur le foir par les foudars pour faire honteamp; defpit aux ennemis, par maniéré de triumphe portez auec flutes amp;nbsp;labours de long les nouiicauxrampars,amp; finabletTicntmis furiespara-peds. Outre ce furent amenez à la ville enuiron jo* cheuauXjgrand nombre de vaches, veaux, habille— mens, man tea ux, tafles d’argent, anneaux, morlios dorez, amp;nbsp;corfelets fans nombre, harquebouzesamp; cfpees. Brief il n’yfutfoldat à la ville, qui n’auoit grandamp;bon butin.Caril y futvn tabourin , qui a» uoit ioo. ducats pour fon butin. Laquelle viÂoir» fut obtenue à petitte perte de gens, car ceux de la ville n’y perderent que huiâ perfonnes, defquels

P S

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«54 Histoire, des trovbles eftoit vn Capitaine Walon, nommé, Derdeinde» homme fort vaillant amp;nbsp;prudent,qui auoit faid grâd fèruieeà fortifier la ville, amp;nbsp;brauement en cefte vi-ôoireauecfesfoudars aflàilly l’ennemy.

Le 16. de Mars de bon matin ont ceux de la ville planté fur leboulleuert onze enfeignes, qu’ils auoient tant le iour precedent que aux autres, gai-gnees fur l’ennemy. Mais le 27. fut tué de la plate-fourme d’vu coup de mufquet Thierry Braeuemaa Lieutenant de Lancelot de Brederode. i

Le 28. de ce mois les bateaux de guerre s’en font allez de l’autre cofté à moitié voyc de Ofterp.

Le 29. dudit mois, font entrés au lac de Harlem 3 J. nauieres amp;nbsp;feptgalefes des ennemis qui nous priuerét dulac, ayants percé la dicque auprès de la maifon ditte Ter-hert;EtceuxdcHarIconten toute diligence.fauorifés du vent,mis au lac la troifiéme galere,de laquelle fut Capitaine vn nômé Binchorft amp;nbsp;aufly Capitaine lan Manregnault, qui auecq aucuns bourgeois ont faid voile vers la Cagh e ou furent leurs autres nanires.

Le 50. de Mars,l’cnncmy a cÔmencé vn fort pres du Fuyek, pour afleurer leurs nauires : amp;nbsp;le dernier lourde ce mois, les ennemis ont donné le feu en vne mine, fans touttefibis endommager la ville, linon qu’il fut fonné alarme à caufe de la batterie.

Le premier d’Auril eft entre à la ville vne barque-chargee de poudre venant par les champs inondez. Ce mefme iourfut par les foudars deftruitleMo-nafiere de f. lan, qui iufques à prefent eftoit de-mouré entier.

Le 2, de ce mois font venus tous les nauires amp;nbsp;gale-

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DV PAYS-BAS. nu. III. ÎJJ galeresd’Amftelredam,qui furent 38. deuant le Fuy ck ou ils ont des le matin iufques au foir ne faid quecanonner. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1

Le 4. dudit mois furent pendus dehors la porte de Scaelvvijckpar ceux de la ville onze Ibudars prilonniers, amp;nbsp;vnefemme noyee. Et le«?, de ce mois eft entré par la Sylporte vn pofte, qui incontinent eft retourné. Ce mefine iour les ennemis ont faidfaillir vnemine, neantmoins ßns endommager la ville.

Le y. d’Auril,les Ibudars de la ville fortans la porte de Scaelvvic ont attacqué quelque efcarmouchc mais de peu d’effaid. Mais le 8. fut par ceux de la ville donné le feu à vne mine,à peu de profit.

Lep. de ce mois, font venusles nauires du Seigneur Prince du Caghevers leFuvc,quafi en nÔbre de cent .'amp;ceuxde Harlem ayants douze nauires équipées , ont premièrement faid voile auecq vn grand amp;nbsp;large bateau iufques au pont qui eftoit auprès du bois,ou il s’eft arrefté fans pouuoir pafler ou bouger : amp;nbsp;le fécond qui eftoit vn karauel s’eft arrefté contre la baffe argine ou dicque . Mais comme enuiron de 200. foudars fortans par la porte de l’eauepour afl'aillirrcnnemy,furent viuement re-pouffés; ceux qui eftoient au grand amp;nbsp;large bateau, faillirent hors du bateau, comme auffy firent ceux du karauel, defquels aucuns vindrentà terre en vne barque, laiflânts ainffy les deux nauires au pouuoir des ennemis.Les autres voyants que le pont ne vouloir bouger , ont femblablement abandonnez les deux bateaux, amp;nbsp;fè font efcarmouchants retirés à la ville auec la perte de fixoufept de leur compaignie:

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a}lt;y Histoire des trovbles

Ce pendant efcarirouchcrcnt noz bateaux contre ceux de Amftcrdam deuant Jefuyc, maisàcaufcdu vent de Norteft, amp;nbsp;par le fort auFuyc ou les Efpai-gnols eftoicnt pourueus d'artillerie,ne fe pouiioiêt attaquer à l’cnncmv: parquoy les nollrcs Imglerent furie loir de là le tonneau, ou ils s’arrefterenteefte nuiél. FutaulTy furlefbirercarmouché fur le chemin d’Efté, amp;nbsp;la nuift fut fonné deux fois l’alarme.

Le lo. d’Auril fôrtirentparla porte de Scaelvvic quatre portes, qui furet enuoyêsverslesnauiresdu Prince. Ce mefme iour les ennemis ont fait vne longue trenchee, s-ertendant du bois iufques au fuyeq» defortequeperfonnene pouuoitfortir de la ville, (ans tomber en leurs mains.

Le 11. dudit mois, furent les naiiires du Seigneur Prince à Hemrtedc, qui firt penfer à ceux de la ville, qu’ils metti oient gens à terre.' parquoy pour Jesartifter font fortispar laSylporte enuiron 150. foudars,amp;parlapQrtcdcrcauecnuirô 5oc.foudars amp;nbsp;parla porte de Scacivvijc too.foudars. Mais comme les bateaux ne firent l’approche, amp;quelesfou-dars furent chaudement rechaflez , deux de leur Capitaines furentbleffez de leur propres (ôudars, Cemelmeiour ont (ept ouhuitrt des ennemis te-merairemétaueedeuxenfeignes montez fur le fort ou boulleuert, criants, Vidoire, vidoire , la ville crtnortrc. Mais furent de la garde fi viuementre-pouflez, que l’un des Port-enfeignes y demour» auec Ibn enfeigne mort.

Le 14.de cemoisdenuid font parte à trailers du camp trois meflagiers, amp;nbsp;entre' par la Sylportc' comme aufly firent trois au très meflagiers la nuid enfuy-

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DV PAYS-BAS. LIU. II. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ZJT

enfuyuante. Auiç. four, ceux de la ville ont mis an lac leur quatrième galere longue de io8. pieds. Mais le 17. iour furent enuoyez trois mcllagieri vers Mon Geur le Prince.

Le 1 8. d’Auril font entrez à Harlem lerome Scr-ratSjamp;les Seigneurs Rofoni, Bordel, Dorhem, Milig3u,amp; autres, quinze en nombre, amp;quantamp; eux aucuns hommes chargez de poudre.

Le 19. iour, les nauires du Seigneur Prince ont mis à terre au coing des cincq mailons, deux mille foudarspour efcarmoucherl'ennemy : mais parla trop longue attente de ceux de Harlem n’y fut rien faia. Ce mefme iour fut enuoyé vn auenturier vers les nauires du Seigneur Prince, lequel non obftant qu’il fût en toutte diligence pourfuiuy des ennemis maugré eux a trauerfé leur camp amp;nbsp;rcuenu fain amp;nbsp;ßuf. Le mefme iour de nuièl, Capitaine Balfour amp;nbsp;fes Efeoiffois, auecq aucuns bourgeois ont laid vne camifade fortans parles portes de Scaelvvijcamp; Spar-vvouvver, amp;nbsp;ont prins par force la maifon de Ru-ftenbourg, depefehants bon nombredesTnnemis.

Le 20. d’Auril font venuzles Efpaignols, partie auec la galere, amp;nbsp;partie par terre, du fuyeq, pour reprendre Ruflcnbourg, mais furent par ceux de la ville Gviuemét repouflez, qu’ils furent côtraints de fe retirer. Cedit iour font autreffbis enuovez de Harlemvers le Prince quatre portes ou Melfagicrs» Lendemain 1*21. de ce mois futfonnéalarmeàla ville.

Le 22. de ce mois furent pendus dehors la porte deScacIvvijc, ceux qui furent prins aux trenchccs de Riiftenbourg. Le oiefme iour fut faidc vn bra-

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148 Histoire des trovbles ueefcarmoucheparles nauircs au lac, neantmoins , auec peu d’cffaid, Etlendcmain font rentrez parla porte de Scaelvvic quatre poftcs; amp;nbsp;autres réuoyez ! parlaSylportc. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

Le 24'. dudit mois font entrés parla Sylporte 24, bourgeois de Harlé apportas delà poudre,8e Hità la ville(onéalarme. Ceditiourde nuid fontlbrtisen * bon nombre,desVValons,Efcoflbis,Anglois ôi pioniers 8e allez vers le trou de Spiquerbort, mais font retournés fans rien faire,8e ont aplany l’œuure commencé. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;!

gt;■ Le 2 5.d’AuriIde foira cincqheures,font venuz les ennemis en trois parties efcarmoucher furRu-ftëboürg, mais furent contraints de le retirer.Cedit jour ont les ennemis donné deux alarmes, auec la Jrerte d’aucuns d’eulx. Lcdemain font parti de Harem quatre poftes en vne barque verslesnauiresdu : Seigneur Prince : mais le 27. font venus en Harlem deux barques chargés de poudre à trauers les chaps ' Si foffés. Incontinent apres fut donné vn alarme.

LezS.-de cemois,ceiixdela ville firent faillir vne mine;lefoir enuirôles 8.heures, dont aucuns Efpai- gt;nbsp;gnolsamp;autresfurétfricaflëstquifut caufe qu’ils tira nbsp;nbsp;•

rét 1 S.coups de CanOjmalTacransle Capitaine Héry Ianirens,amp; vn gentil-hôrae nommé Chrifloffle Sca- nbsp;nbsp;I

gé.Cedit iour font fort is 4. fondais pour firrprêdre aucunes fentinelleSjalfauoir.l’un près dubois,StPau-treau chemin du Syl : mais corne lefdltes fentincHes ne vouloiêt marcher auant.ils furet tués.Lendemain font fortis en barque par la porte de Scaelvvijckau-cuns melTagers, amp;nbsp;ont nauigué vers les nauires du feigneur Prince, ou ilz arriuerent fans empefehe -ment.

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• DV PAYS-BAS. : LIU. II.

mét, comme apparut par le figne du feu qu’ils donnèrent.

Le dernier de ce moiseft forti la garde: du Seigneur Prince pour écarmoucher ceuxdubois,ou leur Capitaine Margotin fut tué. £nuirôce temps ceux de la ville ont forgé des pieces d’or, ayants d’un collé les armes de Harlem amp;nbsp;d’autre codé leur deuilê;

vtm vir.tut. gt;

Le i. iour de May font entrez à la ville deuxhô-mes, lelquelsparlapôurlùytc des ennemis auoienC abandonnez deux barques chargez de 800. liburcs de poudre lefquelles ils penfèrent mettre en laville. Mais le z.iour de ce mois ellentré de foir vn garçon deiî.ânsparlaSylporte, comme mçfTagier.auccq 8. libures de poudre, difant.'Qif il fut enuoyépar lesBourgmaiflres de Leyde,amp; que deux mefl'agers debtioient retourner quant amp;nbsp;luy. Ce garçon fut detenu prifonniercomme enuoyé de l’cnncmy.

•Le 3. dtîditmois futfaiélrecerchedct.outtjfsles mailbns des bourgeois tantriclies qui pourcsj pour inuêtarier les viures.qui ne furet de granddmportâ- f ce,amp;lefauon amp;efpices. Lefauon lèvendoit lalib-'^ ’'J' urefixoulèptlbuls.vneliburëdebure quinevaloit gueres, quatre foulz, amp;nbsp;vn œufdemy patart, ,

Le ^.decemoisfefontlesVValos mutinez;,par ce que le Capitaine Verni faifant iufiiee, auoit faiét pendre dénuiél vnVValon; amp;nbsp;à celle caulèvindrét lesfoudarsau Seigneur de Dotein luy mettans fur la poitrine leur harquebuzes, en grand danger de fa vie ; Car ils vouloient de luy feauoir l’autheurde celle iullice: neantmoins la tumulte fut à lafinap-paifec,en rendât yn autre foudart qui fut prilonnier.

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340 Histoire des trovbles

Le 6. de May les ennemis du Fuyek fuerent en harquebiilànt lîxou iept vaches de la ville, à caulê qu’elles les approchcrét plus pres que de couftume; mais en recompenfe de ce, ceux de la ville harque-buferent troix des loudars ennemis . Lendemain ceux du bois firent vne faillie pour prendre les vaches de la ville ce qui leur fut empefehépar les fou-dars lôrtans la ville . Celle nuiÀlbnt fortisparla petitte porte du bois cincq ou fix loudars, qui tuèrent vne fentinelle.

Le 8. de cemois, les ennemis ont tiré de leur artillerie à trauers le grand clochier de l’eglilè, ioig-nantl'horologe; mais celle nuiâlbnt allé quatre mclfagiers vers les nauires, auecq conuoy df 20.ou }o. harqucbuficrs,qui donnerentl’alarmeauxtren-checs des ennemis, cependant que ces polies lont palfez , emportans auecq eux trois coulons, qui fc-roientles mefiagiers dclarefponce.

Le 9. dudit mois, qui fut la veille de Pcntccoullc les ennemis ont ietté vne telle d’homme auprès du boullcuert par les murailles à la ville, auec l’inlcrip-tion : C’cfl la telle du Capitaine Oliuier. CcTnef-me jour furent prins amp;nbsp;mis en fenre garde, M. Oui* rin amp;nbsp;fa fille auecq M. Lambert jadis Bourgmaillrc de Harlem , pour ce qu’ils elloient fulpeéls de tra-hilbnLendemain font venus les ennemis fur les quatre heures du foir, pour enleuer le belliail de la ville, duquel ils ammenerent enuiron ;c. vaches.* neantmoins huiél ou dix foudars de la ville les ont reprinlès, non obllant que les ennemis furent 150. loudars.

• Le j2. de May enuiron huid heures de matin, cil

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DV PAYS-BAS. LIU. III. 24I retournévn pofte volant, ayantà fâiambevnepetite lettre. M ais le 13 .dudit mois eft entré tout nud à la ville vn qui auoit efté prins par les ennemis für le Demerdicque.Ce iour à matin eft arriué vn autre pofte volant,apportät vne lettre,mais für les quatre heuresfontles ennemis desDunes amp;nbsp;ceux dubois, defeendus pour enlcuer les vaches des prairies hors de la Sylporte, mais jo.foudars fortans la ville pour les efcarmoucher, empefchcrentleur concept.

Le 14.de ce mois,eft fondue vne des mines de la ville, à caufe que les ennemis ne cefterent de miner, amp;nbsp;par l’abondâce despluyes, de forte que trois foudars y furent accablez .• amp;nbsp;à celle caufe füefonné alarme àla ville.Le 15.iour,ceux de Harlem ont derechef cniioyévers les nauiresvn pofte, qui fut co-uoyé de 30. harquebuziers, lefquels donnèrent alarme aux ennemis, ce pendant qu’il fc mit en fàu-uement.

Le I (T. dudit mois, les foudars de la ville faifants vne faillie , ont chaflé les ennemis de leur trenchee pres du bois: apportans auecq eux trois morlionsamp; deux harquebufes, apres auoirtué vne fentinelle. Lendemain ont les foudars qui auoient la garde à Ruftenbourg , prins la trencheepres du Fuyeq, ra-portans pour butin trois picques amp;nbsp;vn mufquet.. Celle mefme nui cl fit la garde de Ruftenbourg vne courfeiufquesà la mailbn de lan Pittamen, ou ils tuerent deux lentinelles, ayants pour butin troix manteaux, vn coufsin amp;nbsp;vnefarge. Mais le iour en* fuyuant ceux de là ville ont de leur mine harquebu-' fé vnEfpaignoI.qui fcmbloit élire home de qualité, veu qu’il auoit au col vne chayne d’or. Ce mefme

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24^ Histoire des trovbles iour ceux delà ville firent faillir vne mine, qui faî-foit tresbien fon deuoir aux defpens de l’cnnemy. Cedit iour fut aufly ordonné, que toute la terre qu’on portoit fur les ram pars, feroit iettee outre les ■dits rampars, à caufe que l’ennemy s’eftoit logé def* foubslesrampars, qui fut tresbien auifé, car ceux de la ville les renforcèrent de plus de deux bi aflées. Futfèmblablementcedit iourpublié, que chacun homme fe côtenteroit par iour d’vnc liburc de pain, les femmes amp;nbsp;icunes filles de demye libure, amp;nbsp;troix enfans d’une libure; mais lesputainesamp;rgoujartslè pafferoient des gaficaux de bi afsin . Et ceux qui ne ièroient làoulcz d’une libure de pain, fepourroient faoulcr defdits gafteaux debrafsin, car il n’y auoit plus de pain de feglc. Auffy les brafléurs ne pou-uoientbraifer ceruoife que de 20. fouis le tonneau.

Le 19.de May font montez fùrlebouleuertde la ville quatre ou cincq des ennemis, harquebufants troix hommes, amp;nbsp;vne ieunc fille, qui portoit de la terre; parquoy les tabourins fonnerentalarme. Ce mefmc iour les fbudars de la ville ont faiél vne faillie pres du bois, y tuants deux des ennemis, amp;nbsp;amenants le tiers prifohnicr. Lendemain ceux du bois, des Lépreux, A: du chemin du Syl ontfaidexcurfi-ons, pourenleuerle beftiail de la ville, ce qui lut empefehé par ceux de Harlem, qui tuerent deux hommes d’armes, amp;nbsp;perderent vne foiidart. Cedit iour,ceuxde la villeont renuoycleprifonnierqui fut amenéla nuid, au camp des ennemis, luy donnants en bourle deux demy Dalders de Harlem, amp;nbsp;vn pain amp;nbsp;vne lettre pour faire prefent à lôn Capitaines laquelle lettre contenoitj qu’il feroit furprins

ou

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OU aflailly deuant qu’il auroit mengé ce pain. Luy donnant par ceadiiertiflèmcnt, afin qu’il n’eut oc-cafion de fe plaindre de lafurprinfe.

Le ij. de ce mois, les ennemis montants fur les rampars, ont depefehép. porteurs de terre: mais le jour enfùyuant ils ontauecq des mortiers ietté à la ville huiét boulets ardants, de forte que le feu s’ef-piind àlarueduKoy,fur le coing delaruedeseftu-ues, mais il fut incontinent efteincl.

Le zj.deMayapresmidvjIesennemisdu Fuyeq amp;nbsp;autres qui furent enuiron de cincq cents, ontvi-uementçltarmouchénoftretréchceamp; fort dcRu-ftenbourg, ou du commencement ne furent que huiét ou dixfoudars, carplufieurs furent entré la ville.’oules ennemis firent tel effort qu’ils prindrent la premiere trenchee à codé voire toute iufques au pont du principal fort, ou fut tué quelque Seigneur ou Capitaine ffpaignol de qualité, amp;nbsp;vn autre Ca-pitaineguereslongdclà, amp;nbsp;fixoufept autresfbu-darsEfpaignols,defque!s aucuns eurent la telle trenchee. Et furent ce foir les telles des deux Capitaines amp;nbsp;de deux autres Efpaignols mifes fur deslong ballons au bouleuertà laveue des ennemis, les y lailTantiufques à lendemain. Furent aulTv en celle efcarmouche blelfez quelques 50. ou 4o.ennemis amp;nbsp;aucuns morts, delquels vne partie fut en vne barque portee en leurs trenchees. L’un des Capitaines auoitau coi vnechayne d’or, amp;nbsp;de deux ou trois cents efeusd’or, bon butin pour Icsfoudars delà ville ! mais comme les ennemis firent la retraitte, le feu fe prind à la poudre quelePort-enlêignelan Scatter y auoit apporté, le tenant encore entre fis

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244 Histoire des trovbles bras; de forte que luy amp;nbsp;Serrats furent fort efchau-dez, amp;nbsp;aufly fix ou fèpt des autres, defquels aucuns ne furent gueres bleflê.

Le 24. dudit mois, vindrent les ennemis de tous endroits, emmener le beftiail de la ville; dont ils en auoiét défia fept ou huid à leur comandemét, mais furent fi valeureufemét pourfuyuis, que l’ennemy fut côtraind de les abâdonner,y laiffan ts pour gage 6- ouy, de leur fbudars. Ce mcfme iour les armées du lac ont ioué de l’artillerie, mais à peu d’cffaid.

Le 2y.de May apres midy y eft entré vncoulôb ou pofte volant auecq lettres ; Le foir fut allumé le flambeau furie plus bas circuyt ou pinnacle de la tour; parquoy à ii. heures de nuid eft forti de la ville vne multitude de peuple,pour afsifter ceux qui auecq poudre vindrent de noz nauires. Tourte la nuid fut horriblementouy tirer de grofl'e artillerie; mais la plus grande anxiété aduint par les noftrcs. Car comme ilsouyrent les clameurs amp;nbsp;les crysdes noftres qui furentfortis delà ville, les voyants pen-ferent que c’eftoient les ennemis ; de forte que plu-fieursperderentla vie , iettant la poudre en l’eaue. Celong crier duroit tourte la nuid, corne aufly fit le tirer de groffe artillerie; de maniéré qu’en tous endroits de la ville fê donnoitl’alarme. Ceux delà ville amenèrent deux ou trois pnfonniers, defquels l’un, felon la propre confeßion des ennemis, fut Çapitaine.Difoient aufly ceux qui auec eux furent allé vers les nauires, apportans de la poudre à la ville, qu’ils auoient perdu de 16. à 2 o. hommes quad ils fortirent pour aller aux nauires.

Le dudit mois, les ennemis ont attenté vne cfcar-

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DV PAYS-BAS. LIU. III. 245 cJcarmouche, pour enicuer le beftiail de Ia ville* mais ils trouuerent rencontre, y laiflànts pourgaigc vnfergcant de bende amp;nbsp;deux ou trois Ibudars;mais de ceux de la ville furent trois blelTez. Au mefine temps vn home de village auquel les ennemis auoi-entoftés vne vache, eft alléauboisyprenatvnchc-ual en contrechange, amp;nbsp;l’amena à la ville-

Le 27. de ce moisdufoiràS. heures les ennemis ont dreflë vn gibet (ur la plattefourme, amp;nbsp;pendu aucuns bourgeois amp;nbsp;foudars qui furent prins la deuxieme nuiâ deuant, quand ils cuyderent entrer la ville auec poudre, amp;nbsp;tombèrent en leur mains. Aucuns furent pendus parle col, amp;nbsp;autres par les pieds, ce qui a tellement irrité amp;nbsp;efmeu noz foudars qu’ilz ont aufly dreflë fur leur bouleuert vn gibet, à la veue des ennemis, ou ils ont fai(â pendre M. Lambert, M. Quirin, amp;nbsp;vn preflre, Adrien Groenenthuych amp;le ieune garçon qui cHoit venu du bois, non obftant que les deux derniers ia furent condemnës d’eftre batu de verges, amp;nbsp;outre ce le garçon d’eftre cautherifé au vifàge; lefquels tindrét compaignieautres cincq foudars,qui furent prins au bois.quot; mais la fille de M. Quirin, amp;nbsp;vne VValon-neamenee du bois, furent noyez au folfé dePake-niflè. Ces douze furent executez fans congé du Magiftrat ou Capitaines. Outre ce, ils ont prins la mefme nuiét, Sirelafpar, fire Renier Root hooft, DoâeurElfen, amp;Ieprefcheur del’hofpital.

Le 28. de May, les ennemis venants auec 65. na-uires, ont combatu au lac de Harlem les nauires du Seigneur Prince, amp;nbsp;mis en route, qui perdirent 11. bateaux, de laquelle viéloirc les ennemis ont faiâ:

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146^ Histoirh des trovbles

le foir^rand rriumphe. Ce mefme iourles erincmîs ont aflailly le fort fur le bord du lac, ou ils furent partroix foisbraucment rembarrez: neantmoins quand ceux du fort veoyent, qu’ils furent abandonnez desnauircs, n’ayans viutcs ne munitions de poudre,le font rendus faiif corps amp;nbsp;biens.

Le JO. de May, les ennemis firent faillir vnc mine, de forte que trois de la ville y furenttiicz amp;]esCapitaincs Verni amp;nbsp;Cochijnfurent en grand dangier de leur vie. Lors fut fonné alarme .• amp;nbsp;Ca-pitain Verni qui efloit qualî enfeuely , fut par j’ayde des pioniers recouuertauecq vnautrefou-dart.Et vnautrefoudartquiparla force delà poudre fut ictté outre les parapets, efl: retourné à la ville fans ellre bleflé par faueur de la fumee, non obftant que plufieurs harquebufades furent vers luy déchargées.

Le premier deluing les ennemis ont derechef fiirleur plattefourmc pendu dix ou onze perfbn-ncs.MaisIendemain font fortis de la ville 40. fou-dars harquebufiers pour efpier ceux du bois, mais voyants trop grand nombre des ennemis, font retournez fans executor leur entreprinfe.

Le 5. de ce mois ,1’enncmy a tiré à mont vne cage quarrée, attachée à quatre matz de nauire.- eftat ouucrte en haut amp;nbsp;derriere, amp;nbsp;plain de trous pour pouuoir tirer de harquebufesmeantmoios comme ils auoient deux fois tiré,ceux de la ville abattirent les cordes dont elle efloit liee -• de forte qu’elle de-mouroit pendant d’un cofté, amp;larefte tomboit de hauten bas auecq deux ou trois des ennemis, priants horriblement pour la grande defeente . Au

raef-

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DV PAYS-BAS. LIU. UtJ 247 mcfme temps fut enuoyévn bourgeois auecdeux meHagiersau ScignieurPrince, portans quant amp;nbsp;eux aucuns coulons qui raporteroient .lettres.

Le 4. de luing, l’ennemy a fàiôfc faillir ceux de la ville au boulleucrt, dontiîxy laiflerentia vie; Si lets', iour fut ordonné que tous les bourgeois ne mengeroient que gateaux debrafsin; mais les Ibu* dars mengerent pain de fourment comme deuant.

Le 1. dudit mois, ceux de la ville trouuerent vne mine de neuf brafèes faiéle foubs le boulleuert de S. lan , pour le faire faillir ; ou fut f rouué vn horn*-memor.t,vnmorlion amp;nbsp;vn pain blanc. Mais le 8. iour y eft entré vn coulonenuoyé du Seigneur de Batenbourg, lequel elcriuoit qu’il eftoit bien ef-merueillé qu’on n’auoit receu des lettres par les deux coulons precedens , amp;nbsp;que le Seigneur Prince donneroitdebref fecours, cequi donnoitpeude confort aux bourgeois.

Le 9. de ce mois, ceux de la ville donnèrent aux ennemis à defiuner hors de la Sylporte, par ce qu’ils difoient, qu’à la ville ne fut ne pain ne ceruoife.

Le I O. de luing furent eficus fix hommes de ceux du ferment, pour entendre toufiours le contenu desjcttres apportées par les polies de l’air: à caufe que les bourgeois furent de ce mal-çontcns. Ce mefine iourfurenttués d’vncoup d’artillerie Pierre laufens Architeéle , amp;nbsp;Simon Score amp;nbsp;deux en-fans. Les ennemis firent ce iour faillir vne mine, neantmoins fans endommager aucun.-mais ceux de la ville ont par faueur de là fumeegaigné vne autre mine des ennemis,-i l

Le II. de cç mois, Le Doyen des Chanoines de Q_4

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»48 Histoire des trovbies

Harlem amp;nbsp;plufieursautres bourgeois eftans au camp des ennemis demandèrent à parlementer auec ceux de la ville, ce qui leur fut refufe.Mais lendemain les ennemis font venus en grand nombre dubois, pour prendre les vaches de la villemeantmoins ayants perdu hui fl: de leurfoudars, amp;nbsp;tué vn des no-ftres le font retirez. Cedit iour apres midy, les ennemis font retournez pourexecuter la mefme en-treprinfe .quot;mais comme ils en auoient fix des vaches çjuaficnleurpouuoir, fix des foudars de la ville les ont deliurez,parquoy lefdits ennemis enragez har-quebufarent lefdittes vaches.Eft aulTy venu ce iour vn VValon des ennemis à Rufienbourg, pour parler au Capitaine, ce que liiy fut refufé.

Le I j.dudit mois,lôntentrezàla villedeuxeou-lons fans lettres.’ auquel iour les foudars delà ville ontgaigné vne mine, ou les Efpaignols tenoient la garde, defqucls trois furent occis, amp;nbsp;la refte faune par bien courir. Ce m efme iour le Magiftrat fit forger argent de 20. amp;:de lo. fouis la piece ; néant-moins nevaloienten argentque lamoitié.

Le 1$. de Tiling l’ennemy s’eft monftré de tous coflez preftde donner aflàult; faifantfaillir vne mine, amp;nbsp;bondir en haut de jo. à40. foudars delà ville, fans qu’un d'iceux y fut tué. Et durant la fumee, les ennemis font montez viuement aucc boucliers pourdonnerl’aflàult; mais voyants que ceux de la ville furent prefts à les reccuoir, firent incontinent laretraitte. Lendemain y eft entré vn coulon, qui fembloit efehappé des mains des ennemis. Ce iour les ennemis ont autrefois drellé vne maifonnette çheuelleefusles quatre matz de nauire, ou ils entrèrent

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DV PAYS-BAS. LIU. III. X49 trerent amp;nbsp;fbrtirent par derriere.

Le 17. de ce mois,furent le Sieur Serrais,amp; Sieur Goutin conuoyé de pliilieurs harqucbufieurs vers Je Fiiyck pour de toutte choie informer le Seigneur Prince , portans quant amp;nbsp;eux des Coulons en vn pannier •• amp;nbsp;fut conncu par le ligne de feu , qu’ils paflèrent fans empefchcment. Lendemain le SeigneurSerratsa renuoyé vn des coulons auecq lettres contenants que le Seigneur Prince eftoit à Leyden, amp;nbsp;le Seigneur de Batenboiirg entre Vtrechtamp; Amftelredam pour empefclrerles vi-ures ; amp;nbsp;quant à luy qu’il auanceroit l’affaire autant qu’il feroit polsible. En ce temps fut commencé pouueau rampart amp;nbsp;folle par dcdcnsla ville,s’cften-dantdepuisS Margarite, iufquesà laporteS.Ian, qui fut aulfy parlàiÔ.FutaulTy en ce temps grande milêreamp;pouretéàlavillc, car on y commençoit à menger peaux des cheuaulx amp;nbsp;des vaches.

Le 19.dudit mois eft rentre vn autre defdits coulons auec lettres du Prince elcrits à Leyden contenants, qu’il eftoit bien efmerueillé de ce qu’en fi long temps n’auoit eu aucunpofte de la ville, veu qu’il y auoit enuoyé poftes par eaue amp;nbsp;par tcrre,lef-qucls ne furent entrez en Harlem.

Le 12. de luing, eft venu du bois quelque lieutenant ou autre officier,demandantauoir relponce fur fa demande, ce qui lùtfaivl. Mais le 24. qui fut iour de S. Ian,y eft retourné vn coulon auec lettres _ du Seigneur Prince, contenants que Ibn Excellence leur doneroit de brieffecours; Alors n’y fût à menger en la ville que cheuaulx, chats, pain de nauettes amp;nbsp;de lèmence de chanurc.

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350 Histoire des trovbles

Le a 5. de ce mois, ceux de la ville ont tiré d’un courtautroisouquatre fois àtrauers delà maifoii-nette attachée auîdits arbres de nauire :amp;liir le foir s’eft venu vn yValoti harquebufier du Fuye rendre fur Ruftenbourg, amp;nbsp;de là arriue' en la ville.

Le 27. dudit mois de nuift fut faiâe vne camila-dedecineqà fixcents hommes pour aller auFuyc, en efpoir d’auoir afsiftence des nauires du Seigneur Prince, mais en vain, de lorte qu’ils retournèrent fans rien faire. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gt;.i .? :

Le 28. deluingà cincq heures du matin eft de rechef arriuévn pofte volant,auec lettres.dont ceux de la ville furent confolez ; La nuitâ enfumante fut autrefois faiâe vne camifade de plus de mille hom^ mes pour aller au Fuye , mais l'entreprife fut vaine à caufequeles nauires ne donnèrent aucune afsi’ ftence,ce qui a fort deftonforté ceux delà ville. Ces deux nuilt;3:sles ennemis donnèrent alarme en diuers endroits de la ville.

Le 29. fut publié, que tous bourgeois delà ville monftreroieutaux cômis àce ordonné leurs viures, par ce que les Ibudars fous ombre de les cercher, defroberent amp;nbsp;fpolierentlecômun peuple. Lendemain fur le foir eft retourné vn pofte de l’air auecq deuxlettres, dont toutte la ville fut refiouye pour les bonnes nouuelles qu’elles contenoient.

Le i.de lui lier à u. heures deuant midy, Capitaine Pellican Capitaine Gornille Mathieu auec vn Ibudart ou deux, ont parlé en vn chan'p dehors^ la Sylporte aux ennemis,leurs monftrants la femme d’un Porb^cirfeigne leur prifoniere,laquelle parloir à fon marry: puis diél le Prou oft des ennemis, que f “ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;leur

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DV PAYS-BAS. LIU. III. 2^1 leur Colonel deman doit à parler au Tuperieur delà ville, ce qui aduint le loir à cincq heures. Car deux Capitaines aptes la fcurté promife, parlèrent enfem-ble. Puis vcnoit le Conte d’Ouerftcin en compaig-ne de quatre autres ; amp;nbsp;apres la feureté donnée des deux ,coftez,le Bourgmaillrelan de Vliet, Capitaine Steinbach, Kofiini amp;nbsp;Pellican, ont auec Juy parlementez entre la pctitte porte du bois, amp;cclledc rcaueiRefpace d’vne heure, par trois fois de chaque codé fe delibci ans auant féfeparer .'puis lont partis auecq grande reuerencc.

Enuiron les quatre heures, vn goujart VValon de I S-à 19. ans, accourut des trenchees del’ennc-my versla ville, amp;nbsp;fut par noz foudars amené par la porte de Scaelvvijck en la ville'• lequel difoit qu’ils auoicnt au camp faute de viures, comme auP fy y auoicnt à la ville. Lendemainles ennemis ont planté toutte l’artillerie qui eftoit par tout éstren-checs deuant la ville ; amp;nbsp;battu û Pyntoren amp;nbsp;Raueftein , de forte que la tour amp;nbsp;la muraille tombèrent à terre ; ont aulTy tiré à trauers de plufieurs maifons amp;nbsp;beaucoup ruinées ; mais par le vent d’Oëft qui eftoit violent, fut abattu la maifonnette qui eftoit attachée au bout des quatre arbres de nauire , drelTez fur la plattefour-me; amp;nbsp;ce que par artillerie ne pouuoit eftre a-battu, fut deftruit par la grace de Dieu du vent. Apres midv fut abattu amp;nbsp;ruiné la tour près du pont de Sainâ: Catherine . Ce mefme iour l’ennemy fe tertoir en ordre pour dôner l’aflault.parquoy la cloche fonnoit alarme, mais rie eneftenfuiuy.Lanuiét furent aux foflèz par les ennemis apportez deux

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25i Histoire des trovbles ponts pour commodément donner l’aflàultt mais ceux de la ville les attendans, tuerent 20. des fou-dars ennemis . Leme/meiour fut par ceux de la ville mifefùr la tour vne banderolle noire , pourad-uertirles nauiresdela grande deftrcfle en laquelle la ville eftoit.

Le 3. iour de luillet, l’ennemy a merueilleufemét canonnc la ville; mais furies cincq heures dulbir, ceux de la ville ont autrefois au lieu fufdit parlcmé-té auec l’ennemy. Lendemain fut autrefois mile lur la tour la banderolle noire, pour fignifierà ceux des nauires, leur grande angoilTe amp;nbsp;deftreffe. Ce mefme iour eft retourné vn des portes volants auec lettres du Prince, contenants aduertilfement qu’il ertoit d’intention de les reviétailler la nuiét enluy-uante. Lamelincnuid tousles foudarsde la ville fontfortisparla porte de Scaelvvic encamilâdc, attendans d’heure à autre que les gens des nauires prendroiét terre pourfecourir la ville, mais en vain. Ccmelme iour ceux de la ville ont de rechefparlementé auec Fen nemy, aflauoir, fix de chaque corté: ou fut le Conte de Bofl'u amp;nbsp;le Conte d’Ouerrtein auec quatre autres delà part des ennemis, amp;nbsp;Steinbach, Ian du vliet, Rofoni.Sohey, Pellican amp;nbsp;Cor-nille Matthieu, de la part de la ville; mais ils ne pou-uoient accorder: caries foudars ne vouloient fans armes fortir.

Le 5. de luillet à midy , les nauires du Seigneur Prince fe font monftrees à ceux de la ville ; parquoy les bourgeois amp;grâd nombre des foudars Ibntlbr-* tis de la ville pour les afsirter; Ce que voyantl’en-nemy, a donné l’alarme deuant le boulleuert;amp; fon-noit

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DV PAYS-BAS. LIU. II.

noit aufly la cloche alarme, de forte que l’cnnemy fut contraint de fe retirer, amp;nbsp;furent alors tiré par les ennemis les 8. derniers coups d’artillerie des 10256. qui furent donnez fur la ville des le commencement du fiege,iufques à ce iour.

Le 6. de ce mois, fut mis fur la tour vne bande-rolle blanche, amp;nbsp;aufly par force enuoyé amp;nbsp;fait paf. 1èr en vne barque vers les nauires du Seigneur Prince vn Capitaine de la ville nômé Nicolas Bernard, ayant quant amp;nbsp;luy quatre coulons, amp;nbsp;vne lettre au Seigneur Prince d’Orenge, l’aduertiffant amp;nbsp;priant de vouloir enuoyer viures par barques iniques au Ton pour le mardy au foir,car ils ne pouuoient plus endurer la famine.

Ley. dudit mois eft arriuee vne lettre du Prince d’Orenge, laquelle futaufly lôubfignee parle der** nier pofte; contenant qu’ils eulfen t vn iour ou deux la patiéce,il feroit, par l’ayde de Dieu, leuerle camp des ennemis. Ce qui refiouytgrandemét les bourgeois amp;nbsp;lôudars de la ville, combienque chacun s’a-uoit appareillé pour abandonner la ville,amp; plufieurs auoient donné leurs biens amp;nbsp;veftemens à d’autres; amp;nbsp;aucuns par les Ibudars priuez de leur meubles, de forte que la ville redondoit de mifereamp; calamité. Ce mefme iour les fbudars ont forcé lamailbn du L5-bardouVfuricr,amp; prins tous les meubles qui y furent, car ils penferent d’heure en heure abandonner la ville.

Le 8. deluilleteft retourné vn pofte volant auec lettres du Seigneur Prince, contenantes qu’ilefpe-roit la nuiél: enfuyuant donner fecours à la ville, amp;nbsp;que fes nauires donneroiét vn faux alarme au Fuye

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354 Histoire des trovbles neantmoins toutte la force vicndroit fur ceux lt;Ja bois. Lefquelles nouuelles efueillercnt la plus part de la ville, amp;nbsp;plus de deux mille tant füudars que bourgeois les attendans fefont veftus de chemifcs blanches pour faire la camiiàde , amp;nbsp;ainlÿ d'^nner aux autres Iccours : laquelle entreprinlê ne fut accomplie, qui donna grand defconfôrtàceuxdela ville, veu qu’ils furent par la famine amp;nbsp;faute de vi-uresfort débilitez. Laditte nnid firent les nauires duSeigncur Prince vn faux alarme au Fuyek tirants merueillculemcnt de leurs artilleries fans faire autre chofe. La famine fut alors en Harlem fi extreme, que plufieurs font morts de fain.

Le 9. de luilleteft rentré vn pofte volant, appor-tantnouuellesquelesgensduSeigneur Prince furent delàifts à Mannepat.- parquoy aucuns Capitaines furent d’aduis que chacun fèprepareroit de fortiramp;d’abandonner la ville, laiftans femmes amp;nbsp;enfansen icelle, ce qui ne fut execute? Car les femmes en tendant qu’on lesvouloit auec leurs cnians laiflêr à la ville, fe font incontinent en tel defordre amp;nbsp;grandes lamentations alfemblez , qu’on n’y pou-uoitdonner ordre.

Le 10. de ce mois, ceux de la ville fe font autrefois préparez pour abandonner la ville ? amp;nbsp;fut ordonné que pour afleurer le chemin fopt enfoignes feroientl’auangarde, qui foroient pour la plufpart liarqucbufieurs ? Icfjuels fûyuroient le Magiftrat, ceux du ferment, amp;nbsp;les bourgeois auecq leurs femmes amp;enfans •• amp;nbsp;pour l’arrieregarde furent ordonnez neuf enfeignesdesfoudars. Mais cefte entre*' prinfe ne foruit de rien à caufo d’vne lettre quel’en-nemy

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nemy cnuoyoit du bois »laquelle côtenoit que tous ceux qui eftoient à la ville feroient prins à mercy: qui fut caufe que les Capitaines Allemans amp;nbsp;les fou» dars donnants foy aux dittes lettres, defiftercnt du concept. Ceditiour les Elpaignols monftrarentfiir leur boulleuert, en ligne de vidoire neufenfeignes parcuîxleiourprecedentconquifcs fur les gens du Seigneur Prince.

Le ii.de luillet au loir quelques 4. ou j.cnleig-nes des vvalôs harquebuliers côcliirent de Ibrtir par la porte de Scael vvic,dont la plus part furet ia lords auecpluïicurs bourgeois amp;nbsp;de ceux du ferment, de forte que quali perfônc n’eftoit demouré pour defé dre la brclle,cc que fut fait fans ordre quelcôque,amp; par côfuliô.- mais à caufe que nuis de ceux qui mettent les ponts pour pafl'er n’y furêtprells,chacûs’eft retiré aucc grâd trouble entre les bourgeois amp;nbsp;fou • dars en fon quartier,Et fiDieu n'cufle de fa grace fpe ciale garde la ville , l’ennemi l’eufTe peu furprendre, veuqueleslbudarsnefuretalabrcfTe, qu’éuirôles onze heurcsamp;demy delà minuid. Cedit iouront ceux de la ville écrit refpôcc à l’ennemy, de maniéré que le raellâgier valloitamp; retournoit deux fois. Au quel iour les fôudars ont par grande cruauté maffa-créla fille de M.Quintin,amp;la femme du CouPtrede a l’eglifè.quot; exemple pour ceux qui fe penfènt fâuucr apres la calamité de leurs vovfins amp;nbsp;con-bourgeois.

Le IX. de ce mois fur le foir, Steinbach, Rolbni, Criftoffle Vader amp;nbsp;deux Bourgmaifires, fè font ac-cordésauecrennemv de rendre la ville par accord.* mais cell accord ne pleuftgueres à Rofoni,amp;l’ad-uertit incontinétaux autres Capitaines vvalons,qui

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25(5’ Histoire des trovbles s’oppofêrent incontinent, amp;nbsp;tirans à mont le pont leuis, ne voulurent les perfonncsfufditteslaifler entrer.- neantmoins fontà la fin entrez donnans bon courage aux bourgeois 8i foudars, dißnts.- Don Federico nous fera plus de grace, que n’en cfperons.

t y/ *gt; •

Le I J. duditmois, futpublié par fon detabou-rin, que toutes les côpaignies s’aflembleroiêten cer tain lieu; ou leur fut propofe' amp;nbsp;demandé, s’ils vou-Joient demourcr à la grace oud^race du Duc d’AlueàlavilIe.ou fans armes fôrtir ; Sur quoy fut refpondu, qu’ils aymerent mieuxàdcmourer à la voulonté dudit Duc en la ville , qu’en lôrtir fans armes.- d’autât plus qu'aux foudars Efcoflôis amp;nbsp;Oder-lins fut donné à entendre, qu’ils furent receu en graoe.-parquoy les autres foudars fe rcccmmendans à la milèricorde de Dieu,ont attendu leur fortune.

Certain °} Seigneur Bordet parler de grace, a in-foudatt nbsp;nbsp;continent coirm.andé à l’un de fes foudars, qu’il le

piu'ntpar ^ticToit d’un coup de harquebufe, difant.- Et toy fco coin, mon amyquim’auez faiéf plufieursfcruices, faiâes «nandemfi j^oy àceft Ecuie le deinier, me donnant vn coup d'harquebeuze, ceque le foudart aprcslong refus accomplit.Lacaulè de celle ade Romain , fut, que l’ennemy auoii déclaréexprelfement à l’accord, que tous ceux quiauoient efié en Mons en Haynault n’auroientaucune gracc.Le matin doneques â neuf heures ils font Ibrtis la Sylporte , pourcôfirmcr ceft accord; amp;nbsp;furcntceuxdu fermentmandezàla mai-Ibn de la ville, pour feauoir d-eulx fi ledit accord leur contentoit, veu qu’ils deuoient fournir la fom-me de deux cent quarante mille florins, que les Bourgmaiftres auoient promis pour le rachat de la • nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ville

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ville, à payer en deux payes; aflauoir cent mille flo- quot;nbsp;rins dedens douze iours, amp;nbsp;la reftededens les trois mois prochains; duquel accord ceux du ferment fè debuoient contenter.

Or quand la ville fut rendue es mains du Duc d’Allie, fut incontinent publié aufondeJa grande due^u du* cloche, que tous les bourgeois amp;foudars apporte- d’Alun roient leurs armes à la maifon de la ville, amp;nbsp;que les ƒ hommes iroientincontinent au monaftere de Syl, les femmes à l’eglifc Cathédrale , 8c les foudars à l’eglife de Bakenifle; Mais les Efcoflbis amp;nbsp;Allemans ont garde les rampars. Cefaiél, eftvcnu Philippe Matins, iadis Bourgmaiftre, au monaftere deSyl, priant les Bourgmaiftres, de vouloir incontinent îurnir les deniers que chafeun eftoit taxé de donner, à fin que la ville ne futfaccagee, amp;nbsp;qu’il eftoit comme Commiflaire àce enuoyédu Duc. Fut außi alors vnc boule de deux liures de pain départi à fix perfonnes.

Le 14. deluillet, eft autrefois venu au monaftere le fufdit Commilfaire auecq lulien Romero, qui donnoit aux bourgeois bon courage,difant;Que la vie leur eftoit ßuuec en fürniflant les fufdits deniers. Ce dit iour comme les Efpaignolsfurent entrez,fut commandé aux Efcoflbis amp;nbsp;Allemans,d’ap' porter leurs armes à la mailbn de la ville: d’ou ils furent conduits aux monafteresdeS. Catherinc,amp;S. Vrfele, ou ils furent par les Efpaignols gardez. Lors ïbntaufti entrés Don Federico,amp;le Conte de Bof-fu auecplufieursgétils-hommes;Et furet cedit iour les Capitainesamp; Port-enfeignes,ayants le iour precedent prefentésleurs enfeignes, mené prifonnierJ

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»Sj HiSTO IRE DES TROVBLBS

Ila maifbn dittc Te Cleef; Mais ce pendant que les bourgeoisamp;lbudars furent gardés en l’eglile, les tfpaignolsfaccagerentlcs mailons d’aucuns bourgeois.

soudatspé Le IJ. dc cc Hiois furent pendus êi trenchez VJÎ ^3 telle cnuiron trois cents VValons . Ce mefn.e RcîHatlé. ioureft venud’Amftelredam le Ducd’Alue, pour vifitcr par dehors la ville de Harlem; parquoy a chc-uauché tout a l’entour, amp;nbsp;ayant veu la platte fourme amp;nbsp;autres forts amp;nbsp;trenchees, s’eftretourne à Amllel* redam.

Leid', duditmoisle Capitaine Ripperda amp;nbsp;fon Lieutenant eurent la telle trenchée, amp;nbsp;le Minilire ou preftheur de Steinbach fut pendu, amp;nbsp;247.fou-dars furent noyez au lac ou n cr de Harlem. L’en-demain furet furny les deniers de la premiere paye; amp;nbsp;vne partie des Ibudars eurent la telle trenchee dc-, hors la portedeScaclvvicq.Le iS.iour furet exécutez par le glaiue plus de 300. foudars dchorsladitte porte,entre lefquels furent pluficurs bourgeois,qui penlerent pafl'er auec les foudars, amp;nbsp;puis le fauucr. Ce mefmeiour le Minilire Simon Simôs eut la telle trenchee.

Le zo.deluil.furent prins Lancelot de Brederode, Rofoni,amp; le Receueur de la Bride,quicurét la telle trenchee à Scooten. Mais le 24. iour furent prins tous les hommes, qui iadiselloient fugitifs pour la Religion, Scaufsi le BouigmaillrePierre Kies, le Threloi ier laques Girard, ArnouIdThierry, Floris willés Cordcnier, Arnould Thierry Coemanfurle torrent, Hagueman Marglifeur, Adrien plateelma-ker,Scagen amp;nbsp;Michiel filz du VValon.

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Le 2 j.deluilletfut corcmandé à fon dc4-ta-bourinsqu’on decelaft tous ceux qui aunient efte fugitifs, fur peine d’eftre pendu en fa porte de rr.ai-fon.Maislc ly.fui éf prins Adrien laufens Efeoutet, lan du vliet amp;nbsp;Girard ftuuer BourgrrâiftreSjIan Albert Secretaire, landevoreCo'ónnel, laques Barthelemy Capitaine, fierrebal Eicheuin, amp;nbsp;laques BernardCapitainc,quibiêtoft apres mourut en pri-fon,amp; fut enterré à la ville. Furent aufli prins lan A-drienfên le ieune Lieutenât Colonel,lan Thicrry,amp; PierreThierryPort-éfeignes,amp; lan zael fbub-Efeou tet; Exéplc deplorable feruant de miroir à tous Ma-giftrats,Capitaines, Bourgeois amp;nbsp;autres,de ne fê fier iamaisou bien farrefter aux promelfes amp;nbsp;bel les paro lesd’vn Tyranpcruers,malitieux,amp; cauteleux. /

Le xô.iour deltiillet, les Efpaignols fômmarent^^' r- ■ la ville de Alcmar.mais comme le Capitaine Rucha-uer y eftoit entré , ils ontrefiftéau camp Efpaig-nol, parquoy ont faict la retraitte vers Harlem, ou ils fe font n utinés : ce qui feruit tres-bicn pour ceuxd’Alcmar, pour ce pendant fortifier leur ville .pour fouftenir l’effort de ces Barbares, amp;nbsp;Tyrans inhumains.

Le 29. de ce mois de nuict,v eut grands troubles Mutinerie entre les r.fpaignols du camp, quivouloient eure a Etpaigaols. la ville pour eftre participants du butin comme les autres: de forte qu’il y auoit grande difficulté pour aflopir ces troubles, veu que défia furent ordonnés autres Capitaines, Lieutenants, Sergeants, amp;nbsp;Po:t-enfeignes , amp;nbsp;font auffv entrés la Ville.

Certes amy Leéteur celle difl'enfion amp;nbsp;defbrdre ne lut autre qu’vne ceuure de Dieu, veu le grand

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llt;Sb HiSTO IRE DES TROVBLES profit.bicn amp;nbsp;viilité que ces pais receurent par cefle diflènfion qui duroit enuiron fix fèpmaines? Car ce pendant ils ne pouuoient attenter aucune chofe fur les autres villes amp;nbsp;places; amp;nbsp;les villes voifines ce pen-dät fe font munies de boulcuerts amp;nbsp;forterelTes pour attendre l’effort de l’ennemy.

Le 30. dudit mois,, grands troubles amp;nbsp;diflenfi-ons furent entre les Efj^aignols auec vn alarme; par-quoy entra à la ville vne Cornette de cheuaux, laquelle incontinents’eftretirée; amp;nbsp;le dernier de ce mois furent par les Efpaignols amenés à la ville 15. ou iq.pieces d’artillerie.

Le 6.d’Aoufteft entré en Harlé le Seigneur Chia-pin Vitelli pour contenter les foudars, ouaccorder auec eulx de la part de faMajefté de leurs payes; dont les ffpaignols furen t bien refiouys.

Le y.de ce mois furent menés hors de la ville, les foudars de Lazarus Muller auecq leurs Capitaines, conduits d’aucuns foudars amp;nbsp;gens de chenal; mais comme ils arriuerent pres de Nievverkerckc, furet deliurez par les foudars du Capitaine Broeckhuyfe amp;nbsp;autres.Lendemain de nuiâ fut par les Efpaignols donné vn alarme, amp;nbsp;Simon Scorl, qui par celle rumeur penfoit efehapper, fut prins prifonnier. Ce mefine iour furent les bourgeois amp;nbsp;tous les Capitaines VValons conduits à Scooten, dont leurs amis eurent grand dueil.

Le 11. dudit mois furent les £fcoflbis, Anglois, VValôs amp;nbsp;François enuiron trois cents, qui iufques alors auoient efté en prifon, decapitez;amp;le iour en-fhyuant fut Don Federico Capitaine general du camp,des Efpaignols en grand triumphe introduit à

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Ia ville.'car ils eftoient accordé de leurs payes, à jo. efcuspour homme.

Le I ç.d’Aoueft, lourdenoftredame, Geofrov ,,,, , O Amerlede huelque de Harlem a conlacre reglile deHaticm deS.Bauonfortfolennellemcnt. Plusilchantoitla (» MeflcjOufut prcfentDon Federico.-maiseftât chan- le. tél'fuangile, le Secretaire de l’Euefque apropofé ^.articles audit Don Federico.lefquels il a promis d’oblèrucr en tous points, amp;nbsp;confirmé par ferment en prelènce del’Euel'que.

Le i6.de ce mois, les £fpaignols vindrentenl’e-glife Cathédrale de Harlem, pour palfer monfire.’ mais par ce qu’ô leur vouloir rabatre les prefts qu’ils auoien t receu, s’cn font partis fans faire autre chofe. Mais fontleiourenfiiyuant retournés à l’eglife; rc-ceuants argent, amp;nbsp;puis partirent de la ville pour af-fieger Leyden. Neantmoins apres longue deliberation, le camp fut planté deuantAlcmar, d’ou ils partirent à la fin à peu d’honneur.Ce mefme iour incontinent que les Efpaignols furentfortis, entrerct les foudars Allemans. Lendemain furent décapités à Scooten i8. tant Capitaines que P-ort-enfeignes V Valons.

Le 19. iour furent décapités aucay del’hofpital aucuns foudars gifans audit hofpital malades amp;nbsp;les bourgeois qui fuient menés à Scooten font r’entrés à la ville.

Le 21. iour fut publié vng Pardon general pour tous les bourgeois, excepté 57. lequel Pardon amp;nbsp;les noms de ces bourgeois cy apres fera déclaré.

Le 12.de Septembre, les Chefs des confréries du

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H I STOIRE DES TRO VBLE s ferment, ont aflemblés tous ceux du ferment,amp; a-lors efleii de chaque confrérie douze hommes, pour ePere pionniers au camp d’Alcmar, des ennemis afhcgé.

îefifge Le Ji . d’Aou^’ft, fut pîanté le fiege deuant d'Akmit. jj yi]]e(],ALmar par les Efpaignols,amp; lut li eftroit-tement alhegee , que perfonne n’y pouuoit entrer ny forrir. Outre ce baftirent Rir diuers jours plufeurs forts ou trenchees, donnants diuerfesa-lannestant de ioni que de nuiét, parquoy les fou-dars amp;nbsp;bourgeois les ont par plufieurs fois efear-moucliez.

Le I 5.dc Septembre de nuiâ furprindrent ceux de la viile, les trenchees des Efpaignols dehors Groenenberg.amp; ont amené à la ville vn riche butin, S vng Efpaignol nommélan Ieronimo,quileur de-couurit plufieurs fecretes entreprinfes, lefquelles ceux de la ville trouuerent par apres ePre véritables.quot; amp;nbsp;entre autres difoit, prenez cœur amp;nbsp;courage, car nos gens batteront la ville amp;nbsp;donneront l’alfault enuiron le 20. iour de ce mois, mais s’ils ne la gaignent, ils feront appreftes pour s’en retirer . La nuiél fufdittè , les ennemis fbm-nerent la ville par deux fois, à la porte des pri-fonniers.

Le 18. dudit mois commencèrent les ennemis à battre la ville auecq vingt pieces d’artillerie , tirans boulets de 40. libures, depuis le matin iufqucs au loir iufques au nombre de 20^6. A troix heures apres midy fut commencé l’alfault à la porte poilTonnicre amp;la tour rouge, durant l’cl-pace de troix heures; Mais furent viuement rembarrez

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barrez à coups d'artillerie, harquebouzes gt;nbsp;hallebardes, cercles ardants amp;nbsp;pierres, tant par hommes, femmes queenfans.- de forte que grand nombre des ennemis y turent fricaffez.- amp;nbsp;qui pluseft,ceux de la ville ont tiré dcdens la ville les deux ponts d’aflault. Ce mefme iour donnèrent les £fpaig-nols vn autre affault auprès desfàlines, ncantmoins ils firent la retraiâe auecq grand perte de leurs gens.

Le 20. de Septembre, les ennemis ont de rechef canonné la ville, tirants plus de 800. coups, eftants en ordre pour recommencer raflault.-mais les bourgeois mirent par l’effort de l’artillerie leur pont d’aflault en pieces. Aufsi les bourgeois, femmes amp;nbsp;enfans leur auoient preparé lafoupe plus chaude qu’au premier affaulr. Or lanuiélenfuyuante donnèrent les ennemis deux autres alarmes, amp;l’autre nuiét enfuiuante, troix alarmes, fans faire autre chofè.

Le 22. de ce mois fc firent des braues efear-mouches auxdelpensde l’ennemy.- Carvnfoldat 'VValonducamp des ennemis venoit à la ville, di-fant.-Qu,’à l’affault precedent furent morts plus de lt;?oo. foudars,amp; bien 300. naurez.-, commeauffy qu’ils confulterent de leuerlecamp, à caufede la grande pluye.

Le 25. iour dudit mois amp;nbsp;les quatreenfuy-uants, les Efpaignols embarquèrent leur aitille-rie, amp;nbsp;dcfpouilles, excepté fix pieces. Ce iour la ville fit forger 10500. tailers d’eftain, pour payer les foudars.

Le 3. d’Oélobre furent oftés les trois tentes

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2lt;34 Histoire DES TRovBLES principales du camp,amp; les ennemis bruflerent Boc-kelleerhuyfe.Lendemain fut embarquée la relie de l’artillerie. Et le 5. du mois, ceux de Alcniar fortans de la ville,ont prins des ennemis vne grande barque chargée des defpouilles, amp;nbsp;les ennemis bruflerent Coedique.

Le6^.decemois, les ennemis abandonnèrent aucuns forts ou trenchees, lefquelles ceux de la ville làccagerent apportons le butin à Alcmar. Mais le 8. iour les ennemis bruflerent la maifon fitueepresvn moulin appellé le Rintmeule, amp;nbsp;prindrent le chemin d’Outdorp, amp;nbsp;delaàBergue. Les bourgeois pourfuiuirent les ennemis,amp; à la fuyte leur ont faiél grand dommage.

Le 10. d’Oétobre apres midy abandonnèrent les ennemis leur principal quartier amp;nbsp;trenchee, qui fut pres de la porte nœufue, qui furent par les bourgeois pouriùyuis iniques à Heylosamp;Co-ftel, leurfaifans grand dommaige, amp;nbsp;r’apportans grand butin à la ville . Ainfi fut la bonne ville d’Alcmar par l’ayde de Dieu amp;nbsp;leur bonne defence deliuree de l’ennemy : dont foit donné la gloire, honneur amp;louenge au Seigneur Dieu en c-ternitéjAmen.

Or pendant le liege d’Alcmar, alTauoir le 4. iour ’573- d’Oétobre l’an 157?. fut rendu le Chafteau de Rammekensen Zelandeés mains du Seigneur Prince d’Orenge, à caufe que ceux du chafteau curent grand crainéte qu’on dôneroit le feu à la mine, qui eftoit faitte dcllbubs vne des grandes tours dudit chafteau, amp;auflyeftonnezde l’alTault, qu’ils leur veoyentpreparé.

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Leii.de ccmoisl’an fufdit, le Seigneur PoietGertruden Lieutenant du Prince aux affaires de la guerre, /urprins par merueilleufe pratique la ville de Geer-trudenbergue amp;nbsp;mafl'acrél^/VValons, qui y furet engarnifon. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;//

Durant ces entrefaittes.le Duc d’A lue a dreflë à Amftelredam vnearmade de mer laquelle Ibus lap*traer. conduite du Conte de Boffu,afaiâ: voile pourcô-battre Parmee de Nort-hollâde.'la nauire Ammira-le ou cfloit le Conte de Bofl'u, fut nomméInqui-fition. Ces deux armées fc rencontrants ont horriblement ioué de leur artillerie,amp; fè ioignants mer-ueilleulcmétcombattu; amp;nbsp;combien qu’au premier la viâoirefembloitencliner ducofté duContede Boflù, eurent touttelfois ceux de Nort-Hollande, fortifiez parnouueaulêcours, laviétoire-' car comme ils auoient enuironné lanauire Ammirale, iet-terent furies Elpaignols inceffament des gabions de la chaux viue, de i or te qu’ils ne feeurent ou lé fauuer; ce pendant les autres ont fi viuemen t allail-ly l’ennemy, qu’il fut contraint le rendre par a-poinétement, combien que par auant les Efpaig-nols furent d’opinion de donner le feu à la poudre, craignants qu’ils ne trouueroiet aucun mercy chez ceux de Nort-hollande. Ce que voyants les autres nauires ontreprins le chemin d’Amfterdam à force des voiles, excepté la nauire de Capitaine Vefl-hen, qui fut mife par coup de Canon au fond. Puis ont menéle Côte de Boffu amp;nbsp;fès Efpaignols à Horne,auecqle grand butin quieftoit en la grandena-uirenommeelnquifition.demenantsgrand trium-phe amp;nbsp;ioyeen laditte triumphantc ville de Horne.

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266 Histoire des trovbxes

Parquoy auflÿles villes de Nort hollande, aflauoir ■y-l ùtC Enchiifeamp;^rne, font dignes de toutelouengeà tdîilîours parleurs valercuxaétes faiâs pour la dcfenlè de leur Patrie.

Or comme les tfpaignols ne veoyent aucun Eege'de'quot; ^loycn pour gaignerAlcmar, entcndansquela vil-LeidcD. le dcLeydcneftoit mal pourueuede viurcs amp;nbsp;munitions, ont planté le fiege deuant Leyden le der-, nier iourd’Oélobre,en cfpoir de gaignerla ville par *' npitiAy* faute de viurcs .• 8i fut celle ville afsiegccli cllroit-tement, que perlônne ne pouuoit fortir.

Cependant que le Duc d’Alue fut frullré de ye°R.eque* nbsp;nbsp;nbsp;intention,amp; que Don Federico fon filzs’elloit

fcnsvicnt àfon grand deshonneurretiré d’Alcmar, amp;nbsp;que 'e aUjPais- Comte de Bofluauoit perdu la battaille'de manière que la chance lêmbloit eflre tournee; Les nou-uelles pollerent en Efpaigne que le Duc d’AIuc par là tyrannie amp;nbsp;obftinee demande du dixiéme de-nier,auoit mistoutle Pais-basen reuolte, amp;nbsp;qu’il n’yauoitaucune apparence deviéloire. Parquoy fut enuoyé Don Louys de Kequefèns, grand Cô-mandeur de Callille,pourGouuerneur és Pais-bas, ! arriuant à Bruxelles le 17. de Nouembre l’an fufdit.

Le Duc d’Alue cllant reuoqué en Efpaigne,pen-d^Aïuetâit fant à fon profit , a leué des marchans vrie bien baneque- grande Ibmme de deniers, afin d'apporter grand butin en Efpaigne. Mais veuillant partir d’Amllel-redam, ellant logé à l’Hollel de lan Perlins, fit par deux fois crier à fon de trompette, que quiconque demandoit ellrepayé viendroit à Ion logis reccuoirlbn argent. Parquoy plufieurs y font venus,

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BV PAYS-BAS. LIU. III. 267 nus,1’un demandant deux mille cfcus, d’argent pour nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;5

luy debourle, l’autre deux mille cincq cent amp;ainli plulieurs autres. Le Duc leur afsignoitiour le lendemain à huiól heures, alors il leur feroit com-ter argent.-neantmoins ilfutplus matineux qu’eux, car il cdoit le matin bien tempre parti, fans leur congé. Etayant ledit Duc gouuerné lesPais-bas, en toute cruauté amp;nbsp;tyrannie comme deflus eft diét, amp;nbsp;réduit à poureté, mifere amp;nbsp;defolation, il s’en eft retourné en ffpaigne , y laiflant grand nombre de vefues amp;nbsp;orphelinspriuezde biens, parens amp;nbsp;amys, Ibrtant de Bruxelles le lo. de Décembre 1575-

Le grand Commandeur eftant receu pour Gouuerneur, eftarriùé en Anuers, ou ilfitprepa-rervncarmadedemer, pour reuiélailler éScafsiïler viif»ingue. lavilledeMiddelbourgenZelande, afsiegce bien eftroittenient par les gens du Seigneur Prince d’Orenge; amp;nbsp;comme ledit Commandeur atten-doitd’iin grand defird’auoirlabattaille, il a auiïy ' voulu eftre tcfmoingdufaift -parquoy s’eftantretiré à Bergnes fur le Zoom, s’eft mis au iour de la battaille furl’argine oudicquepour laveoir.’ou il veit manifeftement amp;nbsp;de fait, au lieu de la victoire qu’il auoit à luy mefhae promifè, fes Efpaig- • nols amp;nbsp;VValons vaincus , plufieurs plonger en l’eaue amp;nbsp;autres emmener prifonriiers, cftantainfi eftreinélei. dclanuierl’an JJ74. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^574*

Or puis que ceuxde 4^1iddelbourg eftoientpar Midaei-trop trauaillez parce long, eftroicl, amp;nbsp;dur fiege Si dclnué de tfgt;nt efpoir d’ayde amp;nbsp;fècours , par l’jince. ce que ceux de Vhfsingue aiioient par diuerfes

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268 H I s T o I R E D E s TR o VB LE s fois obtenus la viftoirefurlamer, amp;nbsp;prins tant de nauiresmunies d’artillerie,amp; autre munition, amp;nbsp;gaignez grand butin, le courage leur faillit, de forte qu’ils furent necefsitez, apres auoir enduré toute poureté,milère amp;nbsp;famine, d’eux rendre es mains dudit Princejles gens duquel y font entrez le i i. de Fcurier,amp; fon Excellence le 24. dudit mois, de l’an fufdit.

Durants ces entrefaites le DucChriftoffle de Bauicres, filz d u Conte Palatin Eleteur.accompai-gné de ContesLouysamp; Henry de NalTou freres, font venuz auec bon nombre de gens à pied amp;nbsp;che-ual à deux lieues dcM aftricht au milieu de bhyuer.' quot;^4 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;parquoy lesEfpaignols qui tenoient le liege deuant

* Leydé,furent necefsitez de leuer le liege le zi.'iour de Mars de l’an fuldit, pour le refifier.

L» Hattail- nbsp;nbsp;Les Seigneurs fufdits ayants aduertiflèment que

Ijucrteydc lesEfpaignols lesvindrcnttrouuer,marcherétauât, amp;nbsp;les rencontrèrent fur Moker-heyde, ou bonne partie de leurs foudars criants argent, argent, refu-ferent de combattre, parquoy ces vaillats Seigneurs furent necefsitez auec larefte de leur gens foufte-nir tout Telfort de Tennemy, y perdants la iournee amp;nbsp;la vie enfemble, apres auoir vaillamment combattus le 14. d’Auril r 574.

Les Efpaignols ayants obtenus cefte vitoirefo MnOneie autrefois mutiné pour leurs payesmeantmoins noU«gt;*An furentparl’aduis de Sancho d’Auila conduits à An-i]ers,ou ils entrèrent ioignantle chafteaule aô.iour d’Auril, receuants auec contentement du grand Commandeur par cxtorlion des bourgeois d’An-uers, la fomme de quatre cent mille florins, vfants de

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detoutte cruaulté,amp; licence militaire. Plus fut le Seigneur de Champigny Gouuerneur de laditte ville par eulx contrainél de fortirauec Tes foudars VValons;amp; comme ils curent crainde des nauires de guerre qui furent près de la ville à la defenlê d’icelle tresbicn pourueues de touttc munition, les ontfaiâ:retirer loing arriéré de la ville. Parquoy ceux deVlifsingue eftants de ce aduerti,lcs ont fur- victoire prins fur vn iour de Pentecoufte, pendant que les Efpaignols furent en toutte volupté, plaifirs, amp;nbsp;fc- ' fies, tourmcntans amp;nbsp;maiftrifantslespouresbourgeois de la ville.

Apres la défaite des fufdits Seigneurs, les Efpaig- Leyden nolsaduertis que la ville de Leyden,depuis leurde-parlement n’oftoit pourueue de viures ne munitios, afiiejee. ils y ont pour la fécondé fois planté le camp le 1.6. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;k-Â

iour de May, amp;nbsp;beaucoup plus eftroittement lêrree qu’à la premiere. Car les Efpaignols baftirent en ‘ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;‘

diuerslieuxà l’enuiron furies bords des eauesii. boulleuerts, pourueus de deux ou trois pieces d’artillerie .• duquel fiege l’hiftoircs’enfuyt.

Orauantquc toucher la matière principale le be-ning Lefteurne^endraàmaljfi ie declare fommai-rément celle guerre d’Hollandeamp; Zelande encores qu’elle foit cy deflùs dcfcritte. Le Duc d’Alue voyant apres la prinlc de Mons en Haynault, amp;nbsp;le mi- • raculeux departementdu Conte Louys de Nafldu, la grandeur amp;nbsp;force de fon armee, amp;nbsp;que l’horrible mafl'acre de Paris, luy auoit tant bien preparé amp;nbsp;ou-uert le chemin à fa tyrannie fanguinolete/a corne vn Iccond Antiochus, plein de toutte arrogance amp;nbsp;fu-perbité , pourfuyui fa victoire amp;nbsp;premièrement fait •

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270 Histoire des trovbies

faccager la ville de Malines au mois d’Oâobre. Puis monÜrant fa fureur amp;nbsp;cruautéinfatiabJej a fait incurdrir, pendre amp;nbsp;trencher la teftc amp;nbsp;noyer à la ville deZutphenle i6. de Noucmbrc plus decincq cent perfbnnes tant hommes que femmes.' amp;peu de temps apres a commis vn autre beaucoup plus cruel amp;nbsp;horrible mallàcre à la ville de Narden, ou il fit quafi tout maflâcrer, apres plufieurs belles pro-mefles, amp;nbsp;la priuation des armes, pourfuyuanten apres fa tyrannie fur les villes d’Hollande. Mais le Seigneur Dieu tout puiffant, dont la mifèricorde efttoufiours plus apparoiflantc en temps de necef' fité, les a prinsen fà garde, leur enuoyantmira-culeulèment Monficur le Prince d’Orenge comme vn fécond ludas Machabeus pour refifter au fàn-guinaire tyrant. Or par les Hiffoires precedentes cft afl'ez notoire qui ont effé le pont par lequel ledit tyran eft entré au iardind Hollande deuant la ville de Harlem , pour commettre les meurdres exécrables delTus amplement déclarez , apres auoir fouftenu le fiege l’cfpace de huietmois, ou lut ge-ît neral du camp Don Federico fils dudit Duc,lequel fùyuantlc naturel de fon pere (ayant perdu durant Je liege plus de douze mille homm es par la vaillan-

oecéüirje Harlem) apres que la ville luyfut ƒ rendue, pour la deîàidite dé l’armee du Prince, amp;nbsp;extreme famine, a làiéî:exécuter parleglaiue, cor-' de amp;nbsp;eaue plus de deux mille, trois cent foudars, { qui auoient vaillamment défendu celle ville; de ' forte que le bening Leéfeur peut manifellement î confiderer, qu’alorslcsHollandoiselloientiulcfucs i au menton en l’eaue, prells d’cllre noyez amp;nbsp;d’al-

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DV PAYS-BAS LIU. III. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lyi

1er en fond : Carparlapcrtcde Harlem, Alcmaramp; Leyden furent en extreme peril. Neantmoins le SeigneurDicu qui communément deliureles fiens d’opprclsiô, priuoit les Elpaignols de leur bon fens, quand par leur mutination ne pourfuyuirent leur victoire • qui fut caufequelcs Hollandois reprin-drent courage, fortifièrent leurs villes, amp;nbsp;de commun accord conclurent de fourtenir vnc guerre de-fenfiue , defendans leurs femmes amp;nbsp;enfans, amp;de mettre en hazard corps amp;nbsp;bien pour le bien amp;falut de la Patrie. Ce qui apparut clerement par ceux de Leyden,Icfquels lèlon la vraye couftume de guerroyer , brillierent amp;nbsp;démolirent vne demy lieue à l’entourdela ville , toutes les maifons, chafteaux, bourgades, monaficres, amp;nbsp;tous les arbres, afin de fortifier leur ville, amp;nbsp;débiliter l’ennemy. Comme aufly firent ceux d’Alcmar.

Pour dire la vérité giand.cfut la perte pour les Hollâdois.la rendition deHarlemmeantmoinsqui veult confidercr amp;nbsp;perpendre ce que le Seigneur Dieu d’autre part leur a donné amp;nbsp;liuté des villes amp;nbsp;forterefles de l’ennemy, il trouucra que laconque-ftef'it plus grande quela perte. Car ils conque-ftercntlechafteau de Kamekens en Zclande nommé Zeebourt», par lequelnon leulement deuindrêt maifires de toute la Zclande, mais obtindret la clef de la mer amp;nbsp;de tous les Pais-bas, Et peu de temps après le St igneur Louys de Boifiat, Ammiralen ce qua'tier deiner pourleSeigneurPrince d’Orenge, obtint la belle viéfoirc contre l'armee de mer qui fut équipée à Anuersrou dix des plus grandes naui-res auec l’Ammiral des ennemis furent prinfes.

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272 Histoire des trovbles fans celles qui furent miles au fond, amp;nbsp;les foudars iettez enl’eaue, excepté leur Capitaineluliê deRo-mcro,quifefauuaànaige,y perdatplus de 1500.des meilleurs foudars tantÊfpaignols qu’autres.

Semblablementla belle viâoire en Nort-holla-de, lt;jue le vaillant Capitaine Nicolas Ruyehauer d’Harlem obtint contre l’armce d’Amfterdam, ou furent prifesnniers le Comte de Bollii, amp;nbsp;plufieurs autres des liens tant £lpaignols qu’autres, qui furent furla nauire Ammirale, eftimeeinuincible.

le pallê encores le liege d’Alcmar, amp;nbsp;l’honteulc retraitte de Don Federico, apres auoir donné fept all'aults. Semblablementla retraidedu Ducd’Alue en Elpaigne, amp;nbsp;comme à fa honte la fuperbe image fin oftee amp;nbsp;démolie au chafteau d’Anuers. Plus l’ar-riucc du grand Cômandeur de CaftilleDon Louys de Reciuefens, amp;nbsp;la fecôde bataille de mer. Et pour faire vne fin, ie lailfe à l’Hiftoriographe, la furprin-lè de la ville de Gertrudëbergue,amp; plufieurs autres elcarmouches, amp;nbsp;choies, pour retourner au fufdit afsiegement r,.'’Leyden.

Doncquesla ville deLeydéfutpourla premiere fois alsiegee des le dernier d’Oâobre de l’an 1575. iulquesau 21. de Mars 74. car lors elle fut deliurce du fiege par la venue di i Conte Louys de Naffou,au Pais-bas;de forte qu’en ce temps Hollande fut quafi deliurec de tous Ibudars. Car l’Illuftre Prince d’O-renge vint auec Ibn armee à Gouiccj.pres de Bômel, quand le gland Cômandeur n’eftoitauec la fienne guereselloigné delà .L’occafion principale pour-quoy le Seigneur Prince y planta fon cap, fut par ce que leCôte Louys fon frere,luy auoit écrit d’auprès

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KV PAYS-BAS. LIU. Iir. 275 de Maftricht qu’il eftoft d’intentiô le lendemain par tir de là auec Ion armee, örfe trouuer entre le Rhin amp;nbsp;la Meufe à Hervverdc.pour illec pafl'er les gens de chenal, amp;nbsp;fe ioindre auec fon frere .• amp;nbsp;à cefte caufe requeroit que Ibn frere le Prince le viêdroitrencô -tier auec gens,nauires,barques amp;nbsp;bacqs.£t combien qu’à fon Excellence ne pleurt gueres ccft âduértilTe-men t, veu que pour la briefueté du temps cftoit im-» pofsible d’cnuoyer en la riuierc ces equipages de guerre, eftneantmoins venu auec fon armee au lien fufdit, difànt touteffois fort prudemment ces où femblablcs parqlles.‘Combien que la venue de mon frere m'eft trcfigfeable, fi voudroy ie qu’il fufle auec fon armee à cent lieues d’icy; carfon Exccllececon-fideroit que cefte venue n’eftoit fans vn extreme dä-gier, comiTiC finablemêtriflùe à clerementdemon-ftré. Neantmoins comme deffuseft diéi) ceux de Leyden curent ceft âduantaige.

Le Commandeur fufdit,qui apres la viûoire obtenue à Mokerheyde furie Duc Chriftoffle de Ba-Uieres fils du Conte Palatin,Conte Louys amp;nbsp;le Con teHcnrvfon frere, fembloit fè tenir fort quiet, ne fut touteffois auec fon confeil de Bruxelles oyfif, mais auoitconceu trois entreprinfès.La premierede fubiuguer Nort-hollande; La fécondé de fe faire MaiftredelaMeufe; amp;nbsp;latroifiéme d’afsieger autrefois la ville de Leyden, caril eftoitbicn informé pârlesfugitifsPapaux , amp;autresleurs fauteurs qui furent encore à la villc,qu’e]le n’eftoit pourueueny de gàrnifon.ny de bled,amp; que les villages en furent deftiuezpar le continuel achat d’aucuns malueuil-lans. Or en quelle forte premiere entreprinft de

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374 Histoire des trovbles Noit-hollandeluyfoitfucccdee, eft notoire à tout le modcj qu’il y a perdu plus de deux mille foudars. plus le fucces de fon armee d’Anuers (qui fe deuoit faire maiftre delaMeufe) deuat Lillo, eftamplemêt déclaré par les foudars morts amp;nbsp;noyez amp;nbsp;les nauires qui furent amenés en Zelande, amp;la prinfe du Vice-ammiral Adolph deHamftede. Refte maintenant la troifiéme cntreprinle, alfauoir l’afsiegement de Leyden.

Leiß', de May à deux heures de matin cft venu deuanteefte ville Francifquc Baldez auecqvnc armee de_fept à huid mille homnaes, tant Efpaignols, que VValons amp;nbsp;AHemans.'Sôn premier arriuer fut d’Amftelrcdam parle lac de Harlem, auec nauires, crauelles, amp;nbsp;barques chargez de gens amp;nbsp;viures, juP ques au pont de Leyerdorp.ou ils calèrent leurs voiles. fnuiron la mynuid fut forty certain Capitaine de la ville nommé M.Andricu, auec trente foudars.quot; lequel eftant tombé és mains des Efpaignols,fut apporté mort deuat la ville.Les bourgeois l’ont enleue amp;nbsp;porté à la ville,amp; honorablement cnfeuely.-neant-mcins ont remis au mcfme lieuvn £fpaignol mort, qui fut leur prifonnier.

Or comme les ennemis arriuez à Leyerdorp commencèrent à refaire leurs premieres trenchees amp;bouleuerts, les bourgeois qui furent fur les rem-pars virent à l’aube du iour marcher deux outroix enfeignesde foudars vers Zoetervvoude, delquels partie eftdemouree audit lieu, amp;nbsp;la refte eft allé j à la trenchee ou fort de Leyderdam, lequel fort » | par negligence de ceux de la ville, fut encore entier. Ceux de Leyden enuoyercntmeflàgiers à la (

Haye,

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bV PAYS—BAgt;. LlÜillt. 275

Haye, Delft, Rotterda amp;nbsp;Dordrecht, ou pour lorS ’ 7 eftoit atriue le Prince d’Orêge, ayant leué fon camp d’auprès de Bommeljafin de pouuoirpfeuenir l’en-nemy amp;nbsp;l’empefcher, mais le vaillant Capitaine Ruychauer,ciui tüoit à la Haye,rcceut ailes tard les nouuclles; Ncantmoins procura tant par trenchees amp;nbsp;elcarmouches aü pont de l’elprit, que ceux de la Religion qui fe tenoiènt à la Haye, fauuerent la plus part de leurs meubles, combien que les Papaux vin-drentceioür furlejbir nqn feulement à la Haye* maisaufiiàLcyderdam. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-

Mais quand ja_refte dç l’armee de Bàldci peu de iours âpres arriua en deux troupes, l’vnc d’Vtrecht vers l’efclufede laGoude, amp;nbsp;Alfen; amp;nbsp;l’autre de Harlem, par Nortvvicq à Vaickebourg, cfquels lieux les gens du Prince auoiènt deux forts, amp;fur chaque fort cinq enfeignes d’Anglois, def-quelsfutColonnel Adoart Cefter, leldits Anglois ontfouftenu le premier chocq. Car le fôrtdel’cC» clufè de la Goude fut furieufement aflailly des Papaux venants d’Vtrecht, mais parles Angloisfoü« uentefois viüement repoufl’ez à leur honte amp;nbsp;grand perte, amp;nbsp;ce par la vaillance du Capitaine des Anglois nommé Genfort. Neantmoins comme là cauaillerie n’auoit autre paflage pour venir en Hollande, que par ces forts, ils ont à force de coups contrainéHesfoudarsà continuer l’aflault, de ma- . j niere qu’à la fin les Anglois furent necefsitez d’a- chafkz de bandonner ledit fort : ce que ne fut efté fi legere- •««fo«» ïnent fi leurcompaignons qui furent à Alfen, qui eft à vne demye lieue de là, euflent fi bien faift leur deuoir que ceux qui eftoient audit fort; car

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Z-jÇ HiSTO ire.des TROVBIES comme ils vindrent pour les fecourir, le fort fut ia gaigné, parquôy prindrent tous enfemblelafuytc. Blief celle viftoire de l’Efpaignol luy couftoit cher, car il y lift emmener beaucoup de chariots chargez de corps morts. En celle forte doncques le 2 7. de May s’efl venu ioindre en partie la premiere troupe venant d’Vtrecht, au camp de Baldez à Ley-eidorp, amp;nbsp;la relie pallànt les Venes eft allee à la Haye.

La troilîéme troupe elt aulfy ce 27.de May, paf-farit par Nortvvicq,arnuec ÏÏciiant le grand fort qui eftoitimparfaiélrmais lescincq compaignies d’An-gloisl’auoiêntabrndonnéfànsauoir veu l’ennemy, non obllant qu'ils auoient le loir precedent requis à ceux de Leyden aucuns cheuaux; pour decouurir l'cnnemy, lequel ils difoientn'auoir encores apper-ceu.-combicn qu’ilsfelloient retirés pres de VVad-dinge, oul’£lpaignollespre(lantdeprcslcs elcar-mouchpit.Ce que les bourgeois virent des rempars, amp;nbsp;qui plus ell que d’vne ny d’autre part ne tomboit perfonne mort, non obllant qu'ils narquebuzerent long temps, ce que fut grandement lùlpeél aux bourgeois.

Ellant celle faullcelcarmoucheacheuee, les An-glois approchèrent plus pres de la ville, aflauoir en-trelatrenchce desbourgeois qui elloit entre le pont de Boshuvfeôc la ville.- de forte que le Capitaine auecq aucuns des fiens entra à la ville, failànt ce contraâ: auecq les bourgeois.- Que quand ledit Capitaine feverroit vaincu auecq les liens des Ef-paignols;, qu'ilferetireroit delToubs la porte de la Haye,ou la plus part de l’artillerie elloit.' mais quad

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il vçrroit öfter l’enfeigne de la porte, quç luy amp;nbsp;fes gens feretireroient de cofté, car alors toutclartil-lerie le dcfchargeroitfur les ennemis. Neantmoins . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.

le temps a déclaré que celle conclufion delplaifoit aux Anglois. Car fi toft qu’ils furent lortis la , ville, ils font allés à enlèignc defployee vers l’cnne- /ngioisf« my, ou ils furent à certaine condition auec reue- rendent rence reccus. M ais le plus dur leur furuiot inconti-nent,car y eftants arriuez, leur fut commandé d’e-ftaindre leurs mcches, amp;nbsp;la cauaillerie venant de.

Vorfeoteles chaflerent auant versies £/paignols;fie que voyants aucuns iufqucs au nombre de 32, ou 33« entre lefquels furent aucuns Officiers tant Flamengs -que Anglois, fe font autrefois retirés delloubs la ville, qui peu de temps apres y en-trarent. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i

Les autres furent conduits à Valckebourg, ou les armes leur furent oftees deuant la mai- .... , fon de Torenvliet, amp;nbsp;lendemain eftants delpouil-lez de leurs beaux accouftremens furent conduits à Harlem, defquels aucuns furent faids pionniers, amp;nbsp;les autres paflants par Flandres font retournez en Angleterre. Mais icy ne doibt eftre mis en oubly qu’aucuns de ces foudars n’ayants le moyen d’entrer à la ville , ont mieux aymé de fiil-lir de l’elclufo en l’eaue amp;nbsp;le noyer, que tomber fi vilainement és mains de l’ennemy.

Par ce moyen fut doneques la Ville de Leyden en quatre ou cincq quartiers afsiegee, defo' teque l’ennemy auoit faiél à l’entour d’icelle, 6’2. forts, defquels les noms feront icy apres déclarez. Ore-fiant Leyden en cefteftat, les bourgeois en ont in-

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,, 178 Histoire des trovbiïs continent aduerti fon Excellence qui fut à Dor-drecht.Mais comme Monfieur le Prince en fut aduerti deuant de receuoir leurs lettres, il confultoit auec les députez des £ftats d’Hollande qui y furent pre(èns,amp; eferit le 17. de May à ceux de Leyden ce que f enfuyt.

Son Excellence auec deliberation des Eftatsfiif-: dits,auoit trouué pour le plus expedient, que le Colonnei’Chefter qui eftoit à Valckebourgauec fix cent foudars ou enuirQn,entreroitenLeyden, moyennant qu’il fut polsible, pour par ce moyen priuer l’ennemy de tout efpoir amp;nbsp;occaliô de l’afsieger plus long temps,ou d’alTaillir. Outre ce que le Magiftrat fêroitincontment partir de Leyden tous lesmen-dians amp;nbsp;perf^jnnes debiles, qui leur pourvoient à la Aduis lt;3e nccefsitéplus greuer,qu’ayder. Plus qu’ils donne-soient ordre que leurs viürcsferoient reparti fi fo-i-cyden. brement qu’elles leur pourroient feiuirl’elpace de trois mois; les exhortans de mefme de le porter va il-; lamment, comme entièrement on efperoit: ce pendant fon Excellence Si les Eftats n’oubliroient de cercher tous les moyens pofsibles pour les fccourir amp;deliurerdel’ennemy. Etcombienque ne fe pourvoit fi toft effeftuer, que pour ce ne perdroi-ent le courage, maispluftoft perfideroient confiant menten vnebriefue angoifl'e amp;nbsp;defireffe, que de fe rendre à perpétuelle lêruitudç amp;nbsp;milêrc. Et à cefic fin confulteroient cnlemble, meurement perpen-dans fils pourroient,en eus de necefsité, ledit temps ’ de trois mois refifier, pour ne tomber au mefme delâftre de ceux de Harlem; Si en cas qu’ils le peuvent foiiftenirl’efpace defdits troix mois, qu’ils do-neroient

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DV PAYS-BAS. LrU. Ht. 2^9 neroient deux nuids enfuyuant à minuyd fignc' de feu, afin que cefte refponce ne tombe es mains deJ’ennemy.

Le jour orecedent qu’ils receurent cefle refpon-fe, ceux de Leyden auoient iapublié, que toutes les femmes, enfans, amp;cftrangers pafTants pouuoi-ent fortir la ville. Le heure, laid, chair,pain amp;nbsp;fèm-blables choies necelTaires furent mifes à pris raifon-nable. Fut auflÿ défendu de ne brafler ceruoilc tneilleure que de 2 5. fouis le tonneau, ce qui fut, helas,mal oblêrué. Le 30. dcMay,. elcriuoient refponce fur laditte lettre, afies comme fenfuyt. Quant à ce qui touche le Colonnel Cheftre amp;nbsp;lès Ibudars, lachofe eftoiten autre eftat, cpmmeils a-uoient eferit à Ibn Excellence par les lettres precedentes interceptes. Quant aux viures ils feroient tout leur deuoir, pour les faire eftendre le plus deceux de qu’il feroit pofsible , amp;nbsp;ne leslaiflcr confumer patio'J'tXt gens inutilles , fifairefepouuoit. Neantmoins neuacc. pourroientparuenir ne durer iufquesau temps luP-dit.’touteffois il luy en elcriroient plus amplement, amp;nbsp;ce pendant le confieroientlùr la deliuranceamp;af-fiftence de Dieu, de fon Excellence, amp;nbsp;leur Confreres amp;nbsp;Confederez. Qœils ne monftrercnt les figues de feu, fut à caulè que l’cnncmy n’en pour-roit prefumer leur extreme necefsité, amp;nbsp;de tant plus les ferrer de plus pres, pour empefeher les chemins desMeflagiers encores libres. Plus demandèrent de la poucire, amp;nbsp;efcriuoycnt qu’ils efioient aflez délibérés de tenir la ville, amp;nbsp;qu’à cefte fin, ilspren-droyent leur bourgeois en gages.

Enuoyerentaufly àfon Exe. la copie d’aucunes

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i8o Histoire des trovbles

lettres par l’ennemy à euxefcrittes, defquelles con-fîderent que l’cnnemyeut peu d’cfpoirde faire par force aucun auancement. Finablement fuplient à Ion Excellence, qu’il luy plàilc paternellement a-uoir foing d’eulx, comme en luy feconfioyent, de haftcr leur deliurance fans toutelFois la précipiter.

Autrelettte Le Seigneur Prince d’Orenge grandement riipc'ed’o- empefché pour la ville de Leyden, à caufe qu’cl-leag«. le eftoit fans foudars, amp;nbsp;qu’elle ne fut feîôn Ion mandement, Ibuffifâmraent pourucue de bled amp;nbsp;autre munition de guerre; craingnant aull'y que fa lettre du ^7. ne fut intercepte par l’enncmy, cfcrit le ap. la fécondé, quafide la mefme teneur, yadioutant; S’ils confideroyentbien la force de leur ville, encore que les Anglois n’y furent entrés, qu’ils pourroient bien refiner l’ennemy l’cfpace detroixmois, car demourants vnanimes amp;: d’ac-ford, il eftoit impoßiblc que l’enncmy lespren-droit de force . D’auantage qu'ils penferoyent qu’en cas ils ne failbycnt entièrement leur de-Tjoir, que non feulement le pourroit par ce moyen perdre la ville de Leyden, niais aulfy toute la refte du pais, qui fèroit à eux amp;leur fuccefl'eurs vn perpétuel vitupéré amp;nbsp;reproche. Parquoy re-lifteroyent l’ennemy obftinément, qui feroit caufe que non feulement fe confèrueroyenr euxmeft mes, mais tout le Pais , amp;nbsp;gaigneroient nom amp;nbsp;reputation perpétuelle. Et pour affeéluer ce, ils repartiroient cfcarchcment leurs viures, pre-nans exemple à ceux de Harlem amp;nbsp;de Middel-bourg,

La

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DV PAYS-BAS. LIU. III. i zSi

Larefponcede ceux de Leyden fur cefte lettre ekrittele premier de lü'ing, fut teile : Combien. .4 que leur bled ne le peut eftendre iufques au temps en fä lettre nomme, efperoient toutteffois derelîfterdu tout à l’effort de l’ennemy le terme prédit .• voire furent relblusplus toll endurer l’ex-. treme famine, quedeuenirefclauesdcleursenne-mis.Ce pendant requirent qu’à ceux deDelft,Kot-, terdaiti amp;■ Goude foit defendu-'de laifler fortirpar rerreaucüns viures, Car par ce lèroit l’ennemy fort débilité. Proîcftans contre eux, que fi autrement; faifoientgt; qu’ils cerchoientplus leurpropreamp;par-ticulier profit, que de vouloir empefeher le dom-maige de ceux, qui ne tafehent qu’à diuertit les ennemis de leurs portes, amp;c. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’

Or voulons nous retourner aux entreprinfes de gt;. FrancifqueBaldez. Si tort qu’il eut en cefte forte afsiegé la ville de Leyden, toutteffois defpourueu d’artillerie.- bien fachantcombien l’artillerie auoit coufté deuant Harlem,amp; le peu de profit qui en fut faiél,auffy que'beaucoup moins profiteroit fur cefte ville pourueue de forts rempars, a excogité autres fubrils moyens, pour la fubiuger ou par parol-les amiellces amp;nbsp;lettres trômpereffes,ou par menaces (eueres:amp; comme plufieurs desHollandois fugitifs furent enfà compaignie amp;nbsp;à fon commandement, qui alors en langage hollandois furent nommez Glippers, les a voulu à ce employer, peut eftrc à ƒ■'ƒ»» leur propre pourftiyte amp;nbsp;requefte; veu qu’aucunsj'^yy^n*^ eftoient par trop foigneuxpour perdre leur patrie amp;nbsp;la liberté d’icelle •’ Doneques par leur diuerfès letti e^ dë diuers lieux eferittes à ceux de Leyden

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iSx Histoire des trovbles

Jesapenfe piper amp;nbsp;deceuoir .• lefquelJes lettres au-■ ‘ cunes feront icyinfèreesentieres,amp; d’aucunes tant feulement le fommaire du contenu,

Pour le premier, lan Adrienfens le Wilde amp;nbsp;E-vvout Arent filz deGirardjont enuoyé le i8. de May,de Harlem, au Magifijat amp;nbsp;tout le corps de la villelettres enfuyuantes, qui furent de leurs mains fbubfignees, non pas e'erites i ce q,ue donne grand foup-çon que ce n’eftoitpas chofedeleiiriiiuentio» Mefsieurs la grande amp;nbsp;finguliere affeélion Si a-mour que nous auons à noftre Patrie, accompaig* nee d’un horrible tcrreuramp;creue-cœur,.fonteiié Jacaule de vousaduertir,que nous preuoyons que Mefsieurs font en extreme dangier dç tomber en ■^j^ere , fi vous perfiftez en îîfs Hoi- voftreintentiô de defendrela ville de Leydé con-ux'hb vouloir amp;nbsp;l’honneur de fa Majefié,noftre treft icydcm. clcmétSèigneuramp;Prince naturel; veu que femmes plus qu’informez de l’innumerable gendarmerie ia aften:blee, amp;nbsp;qui encores s’aflêmble tant à pied qu’à cheual, en intention de deftendre en noftre pourc amp;nbsp;defc)léPaisd'Hol!ande:defquelsaucunsiafefont acheminez,amp;iourncllement s’achemineront, principalement pour vous,Mefléigneurs, aftai]]iramp; outrer. Outre cela grande quantité des nauires Efpaig-nolles,iourncllcmêt approchans, qui font équipées à ce mefmeeffeâ-.Parquoy Mefleigneurs vous fù-plions trefaftedueufement, qu’il vous plaife bien amp;nbsp;meurcment auoir efgard à cefte chofe, prenant dc-uantlcs yéul.x de ne vouloir fi long temps délibérer fur ceft affaire, que par voftre obftince intention le moven vous foit entièrement ofté. Car à vous

Mcf-

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DV PAYS-BAS. LIU. III. 283 Mefl'eigneurs eft afl'cz connue l’intention des (bu-dars, qui tant feulement font inclins aux laccage-mens pour leur particulier proufit; Supplions pareillement de vouloir auoir efgard à vos poures f femmes amp;nbsp;enfans, amp;nbsp;raiferables anciens, peres amp;nbsp;parens, qui ne vous peuuent ayder ne fecourir : amp;nbsp;ne veuillez eftre caufe de laifler perdre amp;nbsp;mal-traittcr, ce qui vous doibt eftre tant recommandé, entre autres aufly ce peu de biens amp;nbsp;che-uance qui vous reftent, des infupportables ex-aétions , par vous Mefsieurs quaiî l’efpace de deux ans fupportees, ce qui nous verlè iour amp;nbsp;nuict deuant les yeux. A cefte cau(è,nous nous fommes à voftre contemplation enhardis, de pre-fenter certaineRemonftrance à Monlîeurde Lic-ques Gouuerneur de Harlem , Seigneur fort a'cort, ciuil amp;difcret, amp;nbsp;natif de ces Pais-bas de fa Majerté , ou tous les biens font lîtuez , lequel eft trel-incliné àvnion, paix amp;nbsp;tranquillité: qui nous a relpondu , que s’il eftoit afleuré que Vous autres vous voudriez renger penitents foubs I l’obeifl'ance de fa Majefté, qu’il feauoit moyen de vous faire donner toute telle afl'eurance decon-feruer vos corps amp;nbsp;biens , que vous ftauriez demander , pourueu que le melme fe falle , deuant que VOUS foiez plus lêrrezamp; enuironnez des garnifons de fa Majefté. Nous enioignant à ce-fté fin Melfcigneurs , de vous aduertir , que Meffeigneurs mefmes pourront conceiioir aucuns poinâs amp;nbsp;articles, furies conditions que voudrez demander voftre Pardon , l’extendant comme vous lêmblera plus expedient, amp;Ietranfmettre en

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384 Histoire des trovbles

toute acceleration audit Seigneur de Ligues, qui vous procurera fauorabJereiponceamp;bonneadref-Ic au grand Commandeur de CaftiJJe, ores Gouverneur General aux Pais-bas de fa Majefté. Car nous ne vous pourrons confeiJler d’auoir meilleure adrcfl'eque par luy , qui pareillement a faidlla-Poinâementdevant Monsen Haynault, lequel en tous fes poinéis fut entièrement obferué felon les promeffes : ce que nous efperons que encores mieulx fera obferué auecq vous autres. Priants le Seigneur Dieu qu’il luy plaife vous inlpirer ß di-uine grace, afin qu’ayants le vray iugement, nelaif-lez paflèr par obftinee confiance l’occafion qui à cefie heure vous efi tant auantagieufe.

Autre let- Le 29. de May, eferit Girard de Hoogfirate de ne des Lcycrdorp deux lettres, l’vne à ceux de Leyden, Eipngno' qui efioit lettre ouverte fans fuperfeription, 8i l’au-lizcz. trédemçfine teneur à fon coufin Girard laufens.

Les Bourgmaifiresinfinuoitil, que par ordonnance des Capitaines qui efioient à Leyerdorp, nommément,le Diofl'at de Wedde,amp; Girard de Siehe, ' leur advertifl'oit de la finguliere grace , qui fèroit oôroyce à ceux de Leyden, en cas qu’eux fe veuillent raifonnablementfoubmettre à ß Majefié, amp;nbsp;qu’ils feroient iouyfians d’vn gracieux amp;nbsp;louable pardon . Parquoy s’ils fufl'ent de telle intention, pourront enuoyer leurs Députez, amp;nbsp;pour la fèure-té de leur perfonnes, prefe,ntent ledit Capitaine amp;nbsp;Droflât d’efire ofiagiers amp;nbsp;venir à la ville, iufques à lt;e qu’ils auront conféré aucc le General du camp FrancifioBaldezquieftoitàla Haye,amp;c.

Ceux de la ville ont donne à ces trois lettres, ce-fte

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DV PAYS-BAS. LIU. II. 18$ fie briefiiércfponce à la couftume des Romains amp;nbsp;Grecs.

Ftfluladukecanit volMrtm dunt decipit ancepsi C’eft àdire : L’oyfeleur par le doux chant de là pipe. Trompe l’oylèau amp;nbsp;au filet l’intriquc.

Ledit Hooghftrate eferitee mefmeiour vnc autre lettre à foncoufinj’aduertiflant qu’il auoit doute que là premiere lettre,par vne feruante enuoyée, ne îeroitadrefleeen fes mains,veu qu’il auoit receu lettre, auec la fuperferiptionr A Maiftre Girard de Hooghftrate, mais le contenu n’eftoit autre que, dulce canit, làns aucune fublîgnation: qui fut caufe qu’il luy a voulu refraichir le contenu de la premiere lettre, l’aduertilTanr que ce nelêroit fable ne ieu, ficeuxde Leyden contemncntle par* don de û Majefté, menaflànt en outre grandement ceux de la ville, du grand equipage ia faief amp;nbsp;encores à faire pour challier les rebelles obftinez, amp;nbsp;plu* fieurs telles amp;nbsp;femblables raifons.

Le 29. iourfufdit,efcrit de la Haye aux Bourg- le Hue maiftres de Leyden Ian le Hutter, quafi lemefme tet Efpaig-contenu de la lettre de Hooghftrate. Elcriuoit que partie de la gendarmerie de fa Majeftc eftoit re- Leyd«. tournee au Pais, afin defoulager amp;nbsp;deliurer les pai-fans des grandes charges amp;exa6tions, amp;nbsp;fcmbla* blement ceux de Leyden , amp;nbsp;leur offrir vn pardon-general, tant des crimes de l’an 6^. que du temps prefent.' amp;nbsp;certifie (comme celuy qui a veu la lifte des exceptez) que perfonne nulle de Leyden fbit exceptéaudit pardon, à caufe qu’ils ont refuie paffê vnmoisl’entree à la gendarmerie du Prince, voire encores deux jours pafTez. Acefte caufe lesammo-

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1^6 Histoire des TROVßtES nefte d’accepter la grace de fa Majefté, pendant qu’il efttemps, afin que ne tombent par la force du camp qui approchoit,en l’extreme mifere amp;nbsp;calamité. Le Seigneur Baldez intercédera pour cuX par fês lettres au

grand Commandeur, qu’ils puif-

fentcomme les premiers venants iouyr du pardon; parquoy s’ils font d’intention de l’accepter, qu’ils enuoycnt leur Députez, pour parlementer; Car ayansreceu le pardon, feront chargez dé peu de garnilon d’Allemâs;leur promettant à ce faire toute avdeamp; afsi (fence.

Le mcfme iour écrit lêmblablement à ceux de Leyden lan Gautier de VVybefma, vrgeantfort la matière au commencement de (à lettre, amp;nbsp;louant grandement leur fidelité, de ce qu’ils n’auoient re-ceu aucune garnifon du Prince, eftimantlemefraé leur eftre tre-grand profit, amp;nbsp;vn fingulicr feruice à fa Majefté. Leur propofe comme les autres le grand Pardon,amp; que le Roy ne demande aucune effufiotl defing en fes villes. Leur confcille de tenir leurs portes ferrees tant aux gens de là Majefté que dû Prince,iufques à ce qu’ils ayentobtenu leur demande amp;nbsp;foubfignee de la propre main du Roy; leur promettansde demourer cependant coy làns aucunement nuireà leur ville , amp;nbsp;qu’ils commanderôt que tout leur beftiail pourra libremétdemourér aux prairiesamp; pafturages. Offre de venir en perfonne à Leyden, amp;nbsp;bazarder auec eux corps amp;nbsp;biens ; promettant en outre qu’ilz n’auront delèptânsj voire de fon viuat,garnifon à la ville,car il feauoit la charge exprelTe qu’ilauoit de fa Ma'- Netraiiftés(dit-il) auecpcrfone,amp; ne laiflez aucun entrer,iufques à ce que

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DV PAYS-BAS. LIU. III. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i?/

ipei’ayc cÓmuniqué auec vous amp;nbsp;écriuez moy fur ce refponce, amp;nbsp;(oyons l’un l’a une loyaux amp;nbsp;fideles. Pay bien voulu infcrericy les lettres des Hollan-dois cfpaignolifèz pour môftrer la côftance des bôs bourgeois, qui non obftat ce doux amp;amiellé écrire, amp;nbsp;menafl'es rigoureufes,rememorans leur confederation amp;nbsp;ferment prefté, (ont demourés fermes amp;nbsp;conftätSifaifans leur profit defdites lettres. Seruirôt auffy ces lettres amp;nbsp;bourgeois d’exemple à toutes autres villes, qui pourront eftre afiiegees, à cefte ou femblable occafion.de fe tenir fermes amp;conliants, amp;nbsp;garder la foy promife à leurs compatriots.

Or apres que les Papaux deflufdit auoient efté en confeil à Zoetervvoude,amp; illec comme es autres lieux contraint les pailàns à charger bateaux amp;nbsp;barques de glafons ou motes de terre,voyans le peu de profit qu’ils auoient faitpar leurs lettres, amp;nbsp;n’auoir fait autre chofe que decouurir leur intention,amp; encourager les bourgeois ,onteftroilt;âement ferré la villeparleurstrencheesamp; forts,alTauoir,au pontde Pocle.pontdulac deHarlê, de forte que d’orefen-auât ne (è pouuoit aucune chofe porter àla ville qu’à grâd peril,ce que parauantfutbien à faire amp;nbsp;attenté en celle Ibrte le 6. de luing par ceux de Goude.

Aucuns bourgeois qui par le foudain afsiege-ment de la ville, furent bien maugré eulx, fermez hors de Levden ont fait charger par congé de fon Exc.amp; afsiilence du Gouuerneur amp;nbsp;Bourgmaiftres de la Goude jo.barqucs de fourment amp;nbsp;(bilge, par ce que deux pailàns amp;nbsp;vn Efeoutet s’elloicnt vantez de les conduire par vn chemin fecret par la Coppie-rcka qu’ils perceroient, amp;nbsp;qu’apres fe mettroient

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188 Histoire des trovbles dedens les barques pour les guider iufques en Leyden. Or cftatsles barques bien pourueues de matelots amp;nbsp;de deux foudars en chaque barque ,• ont na-uigué de nuidt iufques audit Coppiereka, qu’ils trouuerent bien profond percee.mais le paifan qui les tftuoit conduire n’y eftoit point, parquoy naui-guerent outre prenants le chemin à main droitte en lieu d’aller à gauche , fe fourupyants ainlî iufques au point du iour; amp;nbsp;prefumerent que le paifan les auoit trahv , qui du grand trauail qu’il auoit faict s’eftoit endormy arrière du chemin. Parquoy s’en retournèrent à la Gaude, fans executer cefte entre-prinfe.

Ceux de Leyden cftants aduertis de cefte entre* prinfe firent tout leur deuoir pour les receuoir.caf ils attendoient lefdittes barques au Rhin auec les bateaux de ceux qu’ils appellent Vributers,ou bien enfans perdus, mais quand à ce en vain , combien que leur Ibrtie ne fut entièrement vaine, car ils prindrentpar force pres du pont de Heyman deuxnauires de conuoy, depefehants ceux qui, e-ftoient efdittes nauires. Ce faift ont déchargé la prouifion amp;nbsp;toutl’equipage de ces bateaux, artil-lerie,munition,viures,pain,ceruoife, drapside foye amp;nbsp;vclour.pafl’ementsd’or, d’argent amp;nbsp;foye, quinze pieces d’artillerie nommées Baffes, troix tonneaux de finepoudre, fort grande quantité des bouHets amp;nbsp;porté le tout en leur bateaux. Puis ont pcrcél’un bateau des ennemis l’enuoyant au fond, amp;nbsp;l’autre bruflé,retournans le matin auec leur butin à la ville. Les Efpaignols campés àLcyerdorp, auoientfaiét leur compte d’arrefterau pont deSyl ces bateaux aueC ,

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DV PAYS-BAS. nu. III.

auecJe butin .• maisles bourgeois eftantsarmez amp;nbsp;attendanslavcnue de leurs bateaux auec les viures delTufdits, font forti la porte de Hoogvvoert bien courageufemet, Si ontfaitl vn alarme contre le fort de Ltycrdorp, efcarmouchans li viuement leurs en -nemis,pendant quclesnauires auec lebutin pafla-rent, amp;aufsi depuis pour la dcfenledu beftiail,que l’enncmy tafehoit d’emmener, qu’ils font retournés tous cnlêmble auec ledit butin, amp;nbsp;fans perte du be-ftiail à la ville; ayans prins prilbnnier fur les fufdittes naturesvn traifire de là patrie’Pierre Qpacgelaet; lequel fut incontinent execute amp;nbsp;efquarté, amp;nbsp;lés quartiers mis fur les portes de la ville; ce que ceux de Leyden ont fignifié à fon £x'. par leurs lettres, datées du y.deluing.

Les bourgeois fexercerent iourncllement de plus cnplus auxefcarmouches, tantles plus ieunes que les anciens; amp;nbsp;entre autres vn louuenccau de i f7.ans nommé Lyon,amp; à bon droiél; car au premier fiege nomtyon dcLeydcn,ilfefl:oitportén5 comme iouuenceau, mais comme Lyon, contre leurs ennemis, à leur fe. grand dommage Ce ieune Lyon fut depuis en vne efearmouche; eftant couché fur l’herbe prins des Efpaignols; amp;nbsp;luy ayants coupele néz Si les oreilles, fut pendu par les orteils; neatmoins comme ileftoit fort babil amp;dextre,afaify ,la corde Si monté en haut du gibet, ou il fur des ennemis harquebuzé.De ce- ' fitly Lyon amp;nbsp;quelqu’vn autre qui fut prins quant amp;nbsp;luy, a ledit Baldcz beaucoup aprins des affaires Si. efiatdelaville.

Maifirc Thierry de Brdnchorfi comminàire pour fbn Excellence à la ville de Ley de,amp; ores fai ét Gou-

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t9O Histoire des trovbles ucrneur deladitte ville, le Magiftratamp;laNoblcflc, conliderans que le fiege pourroit long temps durer, amp;nbsp;tendre à vnc opprefsion par lamine, ont durant ce mois de luing faict toutes les ordonnances quipourroientferuir amp;nbsp;eftre les plus ntceflaires à la plus longue duree de leurs viures, amp;nbsp;auffy pour la fortication de leurs rampars amp;nbsp;portes pour plus longuement conferuer la ville. Eftant faiél inuen-tairede tout le bled qui cftoità la ville, furent trou-ué4i2 J. rafercs. Or eftoicntalois encores 14000. perfonnes à la ville; parquoy fut ordonné pourïes deux premiers mofs à chaque perfonne demy lib-ure de pain,qui ne feruoit lôuuentefois à aucûstra-uaiüeurs que d’un dcfiuner. Lebening leâcur peut faire Ion compte de quelles vyandes ils furent plus nourris. Fut aufl'y faiét ordonnance des herbes de ( iardinou pottagieres, amp;nbsp;de ne vendre laiéldoulx, lequel deuoit eflre buré.

Cependant que la ville de Leyden fut en telle maniéré afsiegee, amp;nbsp;que ceux de la ville furent entièrement occupés à faire prouifion de ce qui leur feroit le pliisneceffairc à leur defence, la principale ' force del’armee dudit Commandeur eftarriueeau quartier de Bommel,Gorcumamp; Louueftcin .-Ne-' antmoins le Seigneur Prince amp;nbsp;les Eflats n’en fi- I rent grand cas; Car à Bommel, qui fut bien prou-ueuede toute chofènecclfaire,efl:oit leScigneurBal-fûur Collonel des £fcolfois, auec fept enfêignes d-Efeoffois, qui firent iournellemcnt leurs faillies auec aucuns bourgeois amp;nbsp;gentils-hommes Hollan-dois, pour efcarmouchcrbrauement l-cnnemy ;amp; ©utre la bonne garnifon qui eftoit à Gorcû amp;nbsp;Lou-uettein.

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DV PAYS-BAS. LIU. Ht.

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Ueftein.furéttoufioursmoyenspourfccouriramp;de-liurer Ja ville de Gorcum , cômc depuis bien eJî ap-paru parle percer amp;nbsp;roupture des ciieques.

Les Efpaignols ont depuis ordonné leur entre-prinfe !uf V Vorcum , oueftoient engarniloncincq compaignies des gens du Pi ince,pourempcrcherlc mieux qu’il leroit polsible les Efpaignols, qui vin-drent d’Anucrs,ou ils aiioiêt par contrainâe amp;nbsp;force receu leurs payes des bourgeois,iufques à lafoni-mc de quatre cent mille florins,excepté le commun dommage amp;nbsp;intereft des defpens qu’ils auoiét fbuf-fert.Cefte villette fut batue d’artillerie,mais comme le Prince d'Oréges ne vouloir perdre lès gens pour ladefenfc d’une place ruinee amp;de cincq familles, p,if7p7X amp;nbsp;qu’il auoit commandé à ceux qui y furent de l’ai. Elt;r’‘snois bandonner, il fut ainlyfaiéi.quot; toutefois ne fepou-uoientfibienamp;fi tofl embarquer, qu’ils n’y laillè-rent plus de 150. perfonnes.

Or commeles Efpaignols commenceront le 8.de Illing,à faire Icurfort amp;nbsp;trenchee pres de Lammen, qui efl: enuirÔ vn quart de lieue deLeydé,fur vn paf. lage des caues qui coulét vers Delft, Zoeterv voude amp;Levderdorp, ceuxdcLevden en furent aduertis lelquels confiderants le mal amp;nbsp;intereftqui leuren pouuoit aduenir, font fortisle 8.de ce mois auec6. bateaux pour l’êpefcher. Mais cômc iis furet pres de Lâmen.furent fi viucmétdes ennemis aflàillis que no obftant leur extreme defenfè, furent contraints de fe retirer amp;nbsp;retourner à la villc.’ce qui ne fc pouuoit faire fibaftifuement, qu’ils n’y lailTcrent les quatre derniers bateaux, amp;nbsp;ce à caufe qu’un d’iceux qui touchoit de la pointe à la riue de l’eaue, ne fe pou-

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tpi HrSTO IRE DES TROVBLES uoit bonnement tourner; parquoyles ontabadon-nez fauuans tous les gens aux autres,excepte quatre oueineq. Ceux de Leyden, onticp.duditmoisde ceaduertile Seigneur Prince,amp;efcrit; Que lid’auc-turel’ennemy leur empcfchoitde venir auec leurs bateaux, (ce qu’ils efperoient que nonj que néant-moins à ceux de Woerden,Oudcvvater amp;nbsp;autres, fut commandé de toujours molefter le lac de Harlem, quant de leur part ils monflrcroient ce pendat defaiti dcdensla ville, le grand zele qu’ils eurent, amp;nbsp;leur grand deuoir, dont ils eftoient obligés àl’af-fàircamp; bien publique.

D’autre part l’ennemy n’eftoit endormy, qui ne ccfloitdecercher tousles moyens pour les eppri-mer,amp; gaignerparfineffes: de forte qu’aucuns des Zdpaignolifez liifdits, qui furent au cam.p des ennemis, cuyderentque les premieres lettres elcrittes à ceux de Leyden pour les elmoiiuoiramp;gaigner, n’e-ftoientaflez fuffifantes ny affez affeélueufementor-donnees:ou peut eftre qu’ils penlêrent que le temps donnoitmovens plus idoines par I’eftroid aflîege-ment, amp;nbsp;lafruftration del’cntreprinlèfufditte. Par-quoy vcuillants faire leur deuoir,ont le i y.de luing écrit à ceux de Levden, fans toutefibis foubfigncr la lettre, peut eflre doutans qu’ils auroient la mefmc refponfe qu’eut Hoogftrate; dont le contenu fut tel.

Ainfi qu’à nous, amp;nbsp;tous autres qui confiderent l’eftat auquel fe trouue prefentement la ville de Leyden amp;nbsp;tous les habitans d’icelle, yioinételade-folationamp;mifere qui vous incombent defluslate* ftc,lî par vous ne foit bien toft acceptée la grace fou * uentefois

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DV PAYS-BAS. LIU. UI. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ipj

uentefois piefentec amp;nbsp;fermement proniife, grandement deplaift Sc ennuye 5e merueilleufements’ef^ bahiflent fur quel elpoiramp; par quels moyens vous pouuez vous mefmes amp;nbsp;tous les concitoyens, femmes amp;enfans plus longuement tenir en la milèreamp; angoifle,aulquelsàprefent vous elles, citants de toutes parts enuironnez amp;nbsp;afsiegcz, amp;nbsp;priucz de toute communication des hommes, maljrrouueus dcviures, amp;nbsp;de beaucoup moindre efpoir d’en re— ceuoir de dehors pour fou lien ir le liege fuldit qui en vérité ne fera leué, amp;nbsp;fülle d’icy à deux ans, de-Uant que vous vous aurez rendu,-ou que lêrcz contraint par ville force(que Dieu ne veuille) comme de bref verrez de vous rengerfous l’obeiflànce du Roy d’Efpaigne vollre Seigneur naturel. Ne pouvons laiflèr d’une vrayepitié amp;affeétion , combien que n’ayons en vollre ville à nollre efeient qui nous foit aucunement parent, devons exhorter tous, de vouloir bien amp;meurcment délibérer fur vos affaires, amp;perpendre combien foit belle amp;nbsp;aggreablc l’occafion d’cllre receu abfoluement en grace, ce quinon feulement à aucuns, mais en general à tous de quelconque qualité ou condition qu’ils foient, encores à prelènt s’offre amp;nbsp;prefente, laquelle, peut ellrc,de bref (qu’à Dieu ne plaife) ne pourrez obtenir. Quand vous vouldrczle toutbien conliderer amp;nbsp;ruminer, que vous autres elles en la difgrace du Prince d’Oréges amp;nbsp;autres villes rebelles à là Ma^’veu que par vous ils font privez de quatre enfeignes d’Anglois »quicllans fermé hors de vollre ville, le font rendus à la mifericorde de là Majellé; de forte que peu de lècours amp;nbsp;afsiHence avez à efperer def-

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294 Histoire des trovbles

dittes villes. Et comblé qu’ils cuflcntk vouloiramp;in-tention de vous donner aucun fecours, fi pourrez vous afies confidererle peu de moyen qu’ils ont pour ce faire, veu qu’ils ont comme pouuez auoir entendu, la gendarmerie qui eftorcs àleurferuice en diuers quartiers grandement affaire : comme à Gorcum, laquelle pour le prefènt eft afsiegee par plus grande armee que vous eftcs,amp; contre l’inuafiô de lapuiflantearmeedefa Majefté qui vient d’Ef-paigne.quot; d’autant plus qu’outre la perte des gens du ComteLouys, defquclsperfimne plus s’auancee-ftants pres dcNimmeguenfiviucmenteftrillés, ils ayent perdu en peu de temps dixfept enfeignes des plus braues foudars de leur troupe; aflàuoir les 6. enfeignes qui furent defaicls à Alphen, les 4. fufditcs qui fe font rendues à la veuede vous autres, amp;nbsp;autres 7. quiVendredy dernier au fort deVVorchum, miferablementiufqucsau dernier fontfricafléz.

le Roy lt;i*E fpaigne doibten* gager fes

D’auantaige quand vous perpendrez que les moyens qui iufques à prelent vous ont ferui à entre-tenirla gucrre,commc calices, ciboires amp;impofiti-ons capitales, grandement vous défaillent, amp;nbsp;qu’il n’y a plus de quoyf’aydcr.’d’autre part que les contributions quotidiennes vous font la plus part oflez par ce que le plat pais eft occupé.Outre cela grande puifldnceamp; forccdefaMa.noftrc trefclementSeig-

Rôyaumf» ueuramp;’Prince naturel, qui pluftoft engaigera vn jour cous de fes Royaumes, foit Naples, Sicile, Sardaigne, gueiie, 0'1 autre à ceux femblable, qu’endurer cftre pri-ué de ces pais fon plus ancien patrimoine. Quel pied ou moyen pourrez vous auoir, pour plus perlé-

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DV PAYS-BAS. LIU. Til. SpJ perfcucrer en vos erreurs amp;nbsp;grandes angoifles, là ou vous elles cnuelopeZ,auec grand danger du def-afire qui incoinbe fur vos telles. Ne vaudroit il mieux vous conformer à la volonté de fa Majcllé, amp;nbsp;en temps amp;nbsp;heure accepter la grace, qui généralement à vous tous encore cil offerte? Or qu’aucuti d’entre vous vouldroit dire, qu’on vous ne gar-deroit la promeffer n’ell que friuole, amp;nbsp;vn lînillré Concept d’aucuns d’entre vous, qui en ces troubles fçauent faire leur proufit; aux defpens d’au« truy.

Carquelleplus grande affeurance voulés vous plus, que ce que nous auons entendu par la bouche de Monlieur de Licques, ce qu’il vous a li aflèuré-ment faiél prefenter: lequel ellant gentil-homme des meilleures amp;nbsp;anciennes maifons decespais-bas, amp;nbsp;de grand appennage, ne promettra chofe, comme bien pouuez penfer, fans en eftrebien aflèui é, de la vouspouuoir fermement tenir amp;garder:veu qu’il a autant de credit en court, qu’autre qui lôit; Comme pouuez auoir entendu des loudars An-glois, qui deuant voftre ville le font à luy rendus: tous lefquels à l’interccfsion de luy font cltésbien, traidés, amp;en bon poinélenuoyésen Angleterre. Parquoy addreffés vous plufioll à luy qu’à autre e-llrangcr,amp;ce le plufioll le mieulx; car nous fommes tresbien aduertis, que de brief fe retirera, pour dire employé en plus grades affaires de là Majcllé. Nous auons entendu de fa propre bouche, qu’cfmeu de pitié amp;nbsp;de bonne affeélion vous euffe autrefois é-crit, fi à fa premiere lettre eufsicz donné la moin-? dre refponfe du monde.

T 4

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1^6 Hi STOIRE DES TRO VBLE s

J^onc fi vous le vroudrez employer en ceft affaire, il eftneceflaire Que fans aucun diîay nous aduertif-lesEfpalg- ftz de voftre intention; laquelle par nous entendue noiiiez vous aflèiiions de bref lettres dudit Seigneur de ledTbel ' Licques de toute bonneaffciuanceamp; prefèntation, 1« pro» N’attendez pas la copie du Pardon le 6. de ce mois ’ publié à Bruxelles, vous obtiendrez fans faute meilleures conditions pour chaque de vous en particulier, tant enorme foit fon offence, fi ne voulez par le fufdit Pardon, combien qu'il foit bien ample. Euitésia grande playe amp;nbsp;deftrcffe qui vous eft tant proche ; fi'vousn’auez aucun pitié de vous melines, ayez la donc de vos concitoyens qui font beaucoup . Ne vous lailfez plus abuler de bourdes, Si d’vn vain efpoir, comme allés elf apparent qu’cfies par aucuns des voflres confolé amp;nbsp;conforté. Veu qu’aucuns crient iournellement à vos portes,cora-mc nous entendons. Ou cft voftre Roy ? voulans parce fignifierleRoy de France qui par le lourde Pcntecourte dei nier eft trefpaffé ; duquel vousvié-dt a maigre ayde amp;nbsp;lecours, veu qu’en France les troubles foient ia plus grands, qu’aux Pais-bas. Et encoireque fi les François vous voudroicnt fecou-rir, ilstrouueroient en chemin àqtii parler,comme firent ceux quivindrent auec le Comte Louys amp;nbsp;le Duc Chrifioffle filz du Comte Palatin, qui par l’avdc de Dieu furent fi bien fricaffés, que les Alle-mans. NoftrcRoy a ia plus de 250. enicignesde fbudars , fans la cauaillerie ; quelle plus grande armee s-y peut oppofer ? Parquoy délibérez amp;nbsp;per-pendez la chofe meuremcntjamp; enuoyez nous fur ce aucune relponce, car nous auons cecy eferit d’vn vray

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DV PAYS-BAS. LIU. III. iQf vray zcleamp; bonne affcótion. A tant vous re com-mandons à Dieu, luy priantqu’il veuille amollir voz cœurs, amp;nbsp;vous illuftrer de là grace, à la conlèr-uation de vous tous. Efcrit au camp de là Ma jede dcuant Leyden le ly. deluing 1574. Deflbubs 'It-H'iicf eftoit écrit.'

Par trois hommes de bien i dont les noms ne vous peuaent encores eßre connus. Lefufdit Matenes de VVibcfma clcrit du fort à Pocl, le iz. de luing 74. à ceux de Lcydcn : Il pri-foit fort le Fardon qui fut public à Bruxelles le 6. deluing; il eftoit encore pareux acceptable, non pas toufîours. Il fit fort grand cas de la force, tren-chees amp;nbsp;forts de fon camp ; il demon droit par tous les forts qu’il nommoit iufques à douze,qu’il efioit impofsible de reviélaillerla ville. Il oflFroit fortie libre à ceux qui le plus s’eftoient rebellés à fa Maje-fté. £t en cas qu’ils eurent doute d'eftrc trompez, comme du Duc d’Alue, luy amp;nbsp;autres viendroient à la ville pouroftagers, ou ils le tiendroient iufques à ce que les fortans lèroient non feulement à Catvvyc embarqué, mais tant qu’ils, (cftans aucune partar-riuez à fauf) en auroient efcrit nouuellcs, amp;nbsp;alors le feroicntles articles de l’accord.

Le Seigneur Prince eftantaduerti du contenu de 'ceslettres, a efcrit le 18. de ce mois, de Rotterdam à ceux de Leyden :amp; entre autres, les remercie de leur conftance, amp;nbsp;lesadmonefte qu’ils nes’efpou-entent dcceuxquifehontifléntd’cicrire leurnom; puis confute les bourdes de la premiere lettre: amp;nbsp;les aducrtiflbit que les ennemis malicieufemét celèrent la perte de leurs nauires, amp;nbsp;fpecialement leur

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zÿS Histoire des trovbles perte de deux mile foudars enNort-hollande.

Le Se igneur de Licquesamp; fes fauteurs, delqucis on prefumeque feroitenuoyee la premiere lettre, ou peut eftre Baldez les fens, voyants que celle lettre amp;nbsp;celle de VVibifma, auancerent aiifly peu que les premieres, amp;nbsp;qu’ils receurent moins de refponce que des premieres, ccrcherent tousles moiens d’opprimer les Lourgei is , amp;nbsp;recompenlcr lepisquepouuoient leur vertu amp;nbsp;confiance. Par-quoy confiderants que les bourgeois curent grand auancement de viurcs de leurs iardins, par ce qu’ils auoient au mois de May beaucoup feme , dont ils eurent leur principale nourriture, ontballivn fort entre le 17. amp;nbsp;18. de Inillet, pres delà porte de Rijnsbourg , au bout de la chaullee , pour em-pefeher les bourgeois de Ibrtir la porte à leur jardins pottagiers.

Neantmoins le fuldit Maiftre Thierry de Bronchorft gt;nbsp;qui vaillamment s’efl tenu iniques à la mort durant ce ficgc,ordonnoit auec aduis du Ma-giftrat, certains pris pour cel'uy des, bourgeois qui le premier entreroit audit fort. Parquoy font en grande troupe conioinélement fortis la porte,aflàil-lansliviucment l’ennemy, qu’il fut contrainéf le i8.de Juillet à grande perte amp;nbsp;fa courte honte d’abandonner la place.

Le grand Commandeur amp;nbsp;fes adherens, voyants que plufieurs de leurs entreprinfes ne fbrtirét effeél, amp;nbsp;qu’en Hollande amp;nbsp;Zclancie autres villes fut tellement pourueu, que ceftEfié ne fè pourroit que bien peu executer, fe font entièrement confiés fur la grande armee de mer venant d’Elpaigne, de laquelle

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quelle de plus en plus la faire s’eftendoit, amp;nbsp;par auenture defaiâeuflèenfuyui, lï Je Seigneur Dieu n’y euffe par Jès iugemens fecrets j tant par pelle qu’autrement prouucu.

Neantmoins à fin de monftrcr quelque adle de diligence , amp;nbsp;que tant à Rome au Pape amp;nbsp;fes Cardinaulx,qu’en Elpaigneaux PeresdelaSaincte Inquifition , pourroit apparoir aucun de leurs faits amp;prouéÜcs,amp; que lesfufdits fainâs Peres pour-toient vcoir , en quoy leur argent fut employé, / nbsp;nbsp;lt;

Chiapin Vitelli mift le liege enuiron ce temps auec quinze enfeignes de Svvyflès, amp;nbsp;aucunes enlêig-nes Efpaignolles , amp;nbsp;douze picches d’artillerie terdam déliant Lerdam villette appertenante au Comte de Eure.’ laquelle lût battue d’artillerie continuelle-mëtdés les deux heures de matin,iniques à vne heure apres midy,principalement le rondeau du Cha-fieau , qui lut entièrement ietté à terre. Enuiron midy fut parlementé, demandèrent la villette fauf corps amp;nbsp;biens. Les deux compaignies des ^ens du Seigneur Prince y eftants en garnifon, fortiroient auecq les armes, comme à la fin fut accordé amp;nbsp;fait, au commencement deluillet.

Le dixiéme de luillet, forgerent ceux de Leyden pieces d’argent de 28. amp;nbsp;14. fouis. D’vn cofté y auoit, comme fur celluy de papier, qui lut forgé au temps du premier fiege, Hlt;ec hbertatis ergo. de l’autre , ItcIjoCamp;elLepöCll. Nummus obquot; /‘/fe vrbis LugAunenßs Jftb Çitbernatione tlluflrißi-tnt Principis zAuriaci enfus. Le petit denier; Lug-dttttunt 'Batatiorutn.

Le 29. iour de ce mois fut ordonné que la meil-

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jco Histoire DES trovbles

Jicurcceruoife ne vauldroitque34.1bus le tonneau. Cependant tut la ville de Leyden afsiegeede bien pres, principalement à la porte de la Haye, ou vn Capitaine Efpaignol nommé Carion auoit faiél tes trenchees à la V Vaddinghe, amp;nbsp;faiâ pluGeurs trous pour harqucbuzer es dicques, amp;nbsp;fa premiere tren-cheepres de Boshuilen: faifant grand empelche* ment à ceux de la ville • Parquoy les bourgeois, encore qu’ils n’eurent aucuns Ibudars, conclurent de faire faillie en ceGe maniéré.

Girard de la Lane eft forti en vne galere biê pour-ucue d’artillerie , amp;nbsp;de bourgeois la plus part muf-quettiers. Le Sieur lan delXiuenvoordc Capitaine desauenturiersou Vribuiters, eft forti par le vliet.’ fes gens furent armez l’vne moitié de long baftons appeliez'Veriagers ,amp; l’autre moitié d’harquebou-ziers.Andrieu Scot le trouua hors la porte de Rijnf-bourg. Les deux compaignies du Sieur lan de le Does Seigneur de Nortvvijcq, auec Barthelemy Hauics, eurentleur entreprinfe cotre le fortamp;tren-cheedupontdeBoshuyfe.Surlelieu ditlafable turent ordonnez aflez bon nombre de pioniers. Or eftant toute chofe ainty ordonnée, amp;nbsp;préparée, amp;nbsp;des pris ordônez pour le premier entrant au fort,amp; pour chacune telle Efpaignolle ,G toftquele Ggne de feu fut donné, ont auec grande clameur de tout codé, amp;nbsp;conioindement alTailly le fort, principalement les compaignies du Seigneur deNortvvycq amp;'Barthelemi Hauics. Les 6o. foudars Efpaignols eftants au fort fe défendirent vaillamment de leurs mufquets, mais ceux de la ville eftoient G près du fortqu’ilz poulferent auec leur fufditslongbaftons au

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DV PAYS-BAS LIU. XI T. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;JOI

au fort, amp;ayans déchargé leurs harqucbouzes, en ont donne fur l’ennemy. Ce pendant approchèrent les bourgeois auecleurfeu artificiel.- aîlauoir, de Les bon» phiales de voiri e emplis de poudre amp;lôufie, auec des mcchesallumées par dehors .-lelquelles phiales piennem ietterent au fort des ennemisdont les Efpaignols furent contraints d’abandonner leur trencheeou fort ou les bourgeois entrerêt ,tu3ts leurs ennemis, lefquelsen ruinant le forty furent, roftisdu amp;nbsp;feu encore viuants, enterrés par les bourgeois,fans pré-dre aucun à mercy, non obflant qu’ils criarent bien pitoiabîement, Milericordc,milericorde. Les Pioniers fufdits qui furent en befoigne contre l’ennemy àvne trenchee près du pont de Poclcnevindrentà temps pour applanir le fort, car lesbourgeois firent leurdeuoir.

Duranteesentrefaittes, à caufedufigne de feu fufdit, fut fonné alarme par tout le camp de Baldez, de forte que ceux de Lammen vindrent au fccours de ceux de VVaddinge comme aufly ceux de Ley-crdorp,de Vorlcote amp;nbsp;VValTenar à cheual.- Icfquels auec le peu d’efehappez firent trois alTaults fur leur fort perdu, mais furent à leur honte amp;nbsp;dommage viuement repouflez. Or comme l’intention des bourgeois, n’eftoit de tenirledit fort.maisdelc ra-fer, en cas qu’il fut porsiblc,amp; pour môfi:rer,qu’en-cores qu’ils nauoient foudars à la ville, que lanecef-fitéamp;iournelle experience fait le Ibudart, eftants auflÿ necefsitez de le retirer pour la force de l’enne-invquiapprochoit, fefontapres celle braue efear-mouche de deux heures retiré vers la ville. Des Efpaignols amp;nbsp;Italiens furent depefehezenuiron cent.

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joî Histoire des trovbles Ce qui fut faift le 2^. de luillet.

Ceux de Ce kroit ciiofc trop prolixe d’eferire les contJ-itydenpirnuclJescfcaiTnouchcs quilè firent, tant au 14. ou »jh«ähef35’dc Juillet que depuis , à caufe des vaches qui lt;»jB;ouihepour cc temps furent pres de 700. Car les bourgeois eftoient ia fi aguerroiczamp; volontaires à l’ef-carmouchc, queleMagiftratfutcontrainâ del'in-hiber à fon de cloche . Et eft à feauoir , que le camp de Baldcz , ne prindrent vne feule vache,fans la payer par la perte de leurs foudars, fpecialement deuant la trenchee hors la porte du Syl, eftantspaf-kz par des planches , ouïe chemin leur fut coupé.’ de forte que le S.d’Aougfty furent tué huiâ £fpai-gno!s,amp; trois prins priionniers; Voire durant tout le temps du fiegene leur furent oftés, qu’une vache amp;;tioisicune veaux. Et fut vne chofefort admirable; que cebefiiail fe fauuoit quand il fut neceflaire lous la ville, amp;; par vfance auoit apprins à cognoiflre If fon de l’harquebouze amp;nbsp;artillerie.

ïmieprife Durantccsenirefaiites, les gens de Baldez qui lui la viik furentàla Haycamp; à l’enuiron, firent quelqueen-treprinfc fur la ville de Delft, laquelle ils penforent obtenir par aucune intelligence amp;nbsp;correfpondence auec aucuns delà ville; mais ils furent deceits .-parce que ceux maniants fidellement celle mienee; en aduertifl'oientleMagiftrat.’ de forte qu'à l’Efpaig-nol fut preparé vn banequet de poudre; car s’il cufTc entré à la porte, plufieurs enflent defor-mais efté exeufez de menger, Mais commelesclefsdela porte ne furentfi bien prefts n'y àla main, comme il cftoit bien requis, auffy lepontleuistardoitàdef-cendre,pcutefireparlagrande paour de ceux qui auoient

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DV PAYS-BAS. LIU. III. JOJ auoientla commifsionjes Efpaignols fc font retournez, pourfùyuiz de i*aitülcrie de la ville; mais afl'cz tard, amp;nbsp;fans cftrc endommagez.

Or non obftant toutes ces entreprinfès, ny aulTy que ceux de Leyden furent en grande deftrelTc, li fut il peu de temps parauant, commencé de traiiâer de paix;amp;furent à cede fin enuoyez premièrement à Vtrccht(combien que ce fut fous aurre prétexté) le Sieur lan de Matencs Seigneur de la Riuiere, amp;nbsp;l’Aduocat Trelon;amp; depuis le Seigneur Philippe de Marnix, Seigneur de S. Aldegonde Portant de pri” fon,amp;ceparconlèntementduSieurde Chapigny. Maisveuquecetraiété eftdefcritamp;imprime, ren-uoyerons le bening ledeur à icelluy, s’il en veut auoir plus ample connoiffance.

Apres auoir aucuns iours conPumé en ce vain efpoirde paix, amp;nbsp;que les Députez d’Hollande amp;nbsp;Zelande auec le Seigneur de Saind Aldegonde , qui fuyuantlefermentparluy preftéeftoit retourne en prifon, eurent donnéleur demande en four-medelfequelteàfa Majedé , contenant ces deux poinds; GuPefiant les cftrangiers,partis du Pais-bas, les Eftats d’Hollande amp;Zc!an Je?c leurs adherens le foubmettent aux Afiats generaux;amp; aufly que les autres Députez s’eftoient retirez à Vtrecht, amp;nbsp;que le liege de Leyden fccontinuoit, amp;nbsp;Icurviduaille fortamoindriflbit.-Futparfon Exc.amp; F.ftatsmcure-mét délibéré,par quel moven Lcydépourroit eftre plus comodementlecouruê. Neantrrioins veu que le fecourspar terre ne fepouuoit faire qu’à grande difficulté à caufe de l’eftroid afsiegemét amp;nbsp;force de plufieurs tréchees ou bouleuerts,amp;Iamultitude des

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504 Histoire des trovbees I ennemis,lâns bazarder beaucoup degens,d’autant plus que la plus part du plat Pais cftoit ruiné, amp;nbsp;que les ennemis des Hollandois furent entretenus des pais moins ruinez, amp;nbsp;receurent les cotifations. En outre que beaucoupde bled amp;nbsp;foin par vn Ediét ' publié en luillet fut amené és villes qui efloicnt de ! la partie du Prince, fut refolu parfon Excellcnceamp; les Eftats, qu’on n’auroit aucun elgard à ce qui pouuoitcncoreeflre decruauplat-pais, amp;legafter pour deliurcr les oppreflez en Leyden, amp;nbsp;pour son Excel, monfti cr à bennemy quelle puilfance amp;nbsp;vouloir ils

6c ksHtais . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• J 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,

concluent auoicnt.'allauoir, de plus toit mettre tout le pais d’inonder fonj cauc, amp;nbsp;dc porter celle perte de ; 00000. d’e-eus d’or (félon l’opinion d’aucunsj que delaiflêr leur confreres amp;nbsp;membres fuccuinber, amp;prtucr de la liberté de leur Patrie. Fut doncq, dis-ic, exprelTe-mét conclu amp;dcclaiéd’un commun accord.'Micux vault pais gallé que perdu : amp;nbsp;confenti l’ouuerture desefclufes, pour mettre Sud-Hollandepartout ou féroit pofsible (bus eaue, tant par celle ouuertu-re, que par percer les argines ou dicques de la Meu-feamp;YlTelc.' procurant de celle lorte vnemerauec flux amp;nbsp;reflux pardelfus la terre fermc,pouren apres ellant l’eaue allés baultc nauigucr à Le^ den pour reviélailleramp;lècourirla ville.Èt h celleffeél furent gt;

nielde VVingarde, Icfquels ayants pleine commlf-fion de cc faire, fontincontinentpartis de Rotterdam aucc bon nombre de Pioniers, Si 1’ont mis à execution.

Son Excellence au ec M. Paoul Buys Adupeat du Pais d’Hollande font allez le 5-amp;4' d’Aouft en

corn-

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DV PAYS-BAS. nu. III. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;}0$

compaignie d’aucuns des fiftats, furl’argineoudic^*^ que de l’y ffclc à Capçllc,ou cftoit vn fort bien pour-ucu de foudars, yperçantfargineen 16. endroits, de forte que le dernier trou correfpondoit à yfTel-monde. Entre Rotterdam Delfshauen fut pareillement laid vn grand trou, quidonnoit grande quantité d’eaue.Lesefclufèsà Rotterdam,Sciedam, cincq efclufes,amp;c. furent tou tes enfembleouuertes, de maniéré que l’efclufc de Rotterdam rédoit abondance d’eaue.

Or cftants les dicques pcrcees, amp;nbsp;les efelufes ou-uertesjfon Excellence a mandé de Zelande l’Ammi-ralLouysde Boilbt; amp;nbsp;ayants délibéré amp;nbsp;confulté auecles Ertats, amp;nbsp;bien confideré tous les moyens, pAmmiraJ amp;nbsp;par quelle manière, aucc quelles gens, amp;nbsp;quelles soifbt »‘en namres cc artillerie Leyden pourroit pour le plus pourfecou. expedient eftre Iccourue amp;nbsp;deliuree de l’cnnemy, il t-eyd«. s’efl parti vers Zelande ,pour ce faiét. Ce pendant furent préparées dcsnaiiircs à plat fonds amp;galeres.

Durant CCS entrefaites, Baldezayant enuironné Leyden de fes gens de guerre, ne dciiftoit de fes eau telcufes amp;nbsp;menaçantes exhortations, tant par paroi* les, quepar cefle lettreécrittele 30. deluillet de la Haye, dont le contenu fommairement s’en-fuyt.

Que ceux de Leyden fclaiflérentabufêr vileine-ir.ent deparolles vaines. Firent auffidiuulguer entre leurs bourgeois le tort de la Icuerité amp;nbsp;appétit de vengeance deß Ma. quiau contraire ne monftroit que toute grace amp;nbsp;mifericorde, comme à ceux de Lerdam.amp;à centperlbnnesà Vtrechtamp; ailleurs fut demonftréjSc que celle porte de raifericordc eftoit

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Histoire des trovbles

encore ouuerte,fi eux mefmes la demandenf. Si au-tremcntjadifgrace, chaftiemcntamp; cruauté eftoitia preße. De forte que la conclufion de cefte lettre,fut quafi femblable à celle de Rapfaces quand il vint devant lerufalem. Efeoutez, dit il, lesparolles du grand Koy Afsirien, afiauoir du grand Comman-dcur.Ne.vous Iniflêz abufèr ne fèduire de Hiskia.aP iàuoirvoftrc Prince d’Orenge.* ne vous fufientez fur vn rofeau croqué,caril ne vous peutdcüurer.Ne prenez efgard à ce qu’il vous mande, le Seigneur donnera moyen àvoftre dcliurance, amp;nbsp;la ville de Leyden ne toir.bcra es m.ains du grand Comman-deur.N’efcoute pas le Prince,mais croyez moy.d’in-tention de fa Ma eft de ne partir de deuant celle ville, tant qu’il Paye reduitte à fon obeilfance, comme aufl'y alsiegera Delft amp;nbsp;les autres villes, lesreduifant à toute extremité,amp; comme ceux de Delft affez s’en appeiçoiucnt. Parquoy ne vous fiez fur le fccours du Prince d’Orenge, car vous vous trouuerez abufé d’vn vain efpoir. Mais faiéles moy cefte faueur de vous rendre en mes mains, foies les premiers, amp;nbsp;obtiendrez grace amp;nbsp;mifericordc.

CeuxdeLevden U'ont refpondii mot à ces lettres, au ßy n’en furent efpouuentés, ny perdirent couraige, maisfuyuant l’exemple des Betliuliensamp; la doélrinc de lohel, curent leur recours aux prières amp;icurnes,aueccommandemét expres du Magiftrat, que perfonne ne penlcroit auoir aucun merite de ce ieufher. En outre firent des bonnes ordonnances, amp;nbsp;fut commandé le z.iourd’Aouft, qu’on retireroit des prairies à la ville les cheuaux, amp;les nourriront à l’eftable, à fin que les vaches de laiéh , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;eulTent

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' enflent plus long temps dequoy paiftrc;amp; corn- '-^7 ƒ-iiiencercnt alors à tueries vaches qui ne donnèrent plusdelaiét; amp;nbsp;furent faitles le5. iourtoutes leurs ordonnances lur lefaiclde la chair, amp;nbsp;gafleaus de l^rafin qu’on con-imençoit à cuyre,laquelle viande, combien qu’elle futmoinseflimeequelepain,cou-floit touresfois plus que le pain de foigle, caria lime coufta 13.deniers d’Hollâde. A chaque perfon-nc en fut ordonné pour iour demie liure.

Comme les Levdoisfurentenl’eftatfuldit, ilst«fre de ont écrit le 21. d’Àouft à fon Excellence dont le^Vyjçn'h fommairefcnfuyt. L’eftat auq’ielilsfuient, eftoit r»nïscep parleur dernieres allez conneu à fon Excellence,les gateaux de brafsin nepourroient pour le plus durer que quatre iours, dont apparut qu’ils auoyent tresbienfaidleur compte des troix mois, aflauoir, les deux mois premiers de pain, amp;nbsp;letroifiémede mifere amp;nbsp;poureté. La plus part du commun beuuoit j de l’eaucjà caufe que du brafsin fut cuyt du pain. Ils a i*. furent fort efmerueillez qîîeiamais nauoient reccu lettres des Eftats leurs confederez, amp;nbsp;fembloit qu’ils furent allés mis en oubly, combien que leurs lettres augmenteroientgrandement l’infirme couraige de leurs bourgeois, priants pour la conclufion de ces lettrcs,que D ieu leur vouloi t donner bonne patience, à Ion Excellence prudence amp;nbsp;courage pour les dcliurer amp;nbsp;lècourir.

Mais deuantque ces lettres furet depefchees.ccux de Leyden receurent lettres de Ion Excel, par lef-quelles leur aduertifl’oit de tout ce qui efi dcfl'us diéljamp;de quelle hauteurl’eaueeftoit défia, païquoy eftants grandement refiouys, remercierct fon Ex®.

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joS Histoire DES TROVBLBS

luy fignifianten outre ce qui leur fembloit pour le miculxdebuoireftreprcmieremét percé, amp;enuoy erentees deuxlettresle 2 2.de ce mois.Or ce percer Diuenpro dcs dicquesfembloit non feulementeftrange à au-fudepeicer nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;mocqueicnt du concept,amp; non feu-

desôcques Icmêt Ics ennemis du Prince, qui en diuers endroits crièrent diuerlèment deuant la ville en mocquant; mais aufly aucuns des principaulxqui en ce auoient conlënti, car il leur fembloit impofsible; amp;nbsp;qui plus eft à aucuns de Ley den, cuydans quel’eaue le tien-droit ferree contre les argines, ou pour le moins fc-roit par force retenue. Aucuns qui iulque alors a-uoient difsimulc,dirent en mocquant: Orauatmes geuxmontésfurla tour, amp;nbsp;par la voue allés au deuât de l’eaue de la Meule, amp;nbsp;plufieurs autres parolles contumelieulës indignes de mettre par écrit:de forte que plufieurs de peu de courage non feulement deuindrent pufillanimes, mais peu à peu fe nourrif-fbit quelque dilfenfion.

Le Magiftrat amp;nbsp;autres du Gouuernement cer-cbansàpreuenircefl inconuenient, Ôi à fin que le courage de leurs bourgeois f augmentai!:,amp; fur tout à fin que leur fecours amp;nbsp;deliurance en extreme diligence fe pourroit auancer, ont enuoyé le 27. d’Aouft trois de leurs bourgeois auec deux lettres, l’vne eferite à fon Excellence amp;nbsp;l-autre aux Eftats d’Hollande leurs confederez. Le contenu d’icelles touchoit principalement les Eftats, lefquels ils am-ir.onefterent aircz,mais à tort,de leur negligence,dc ce que durantlc liege n’auoient eferitmot de lettre, amp;qugt;ilsfetindrentfi coy, comme s’il n’y eufle efte entre eux aucune confederation, amp;nbsp;plufieurs autres

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autres chofes. Ils deciarerent qu’ils auoient accom-ply en grande milere amp;nbsp;deftrefl'e les trois mois de ion Excellence prefix, amp;nbsp;qu'ils n’apperceurent gueres autre chofe qu’vn vain efpoir .• parquoy protellercnt douant le Dieu tout-puiflàntamp; tout le monde.d’auoir fatisfaiót à leur office amp;nbsp;deuoir, que la faute n’eftoit point de leur codé, mais

de la part des Eftats, qui pourroient veoir comme en ternps opportun ils s’on pourroient excu-fer: A ceftç caufe requirarent, qu'en cas que les moyens leur défaillent, ou fi des moyens commencez n'y auoit aucun efpoir, de le leur vouloir mander, amp;nbsp;déporter de leur ferment amp;nbsp;confederation.

Le Seigneur Prince d’Orenge fut en ce temps vifité d’vne maladie fort dangereuie : ce qui n’eftoit vne menace petitte du Seigneur à fon peuple, qui en fut fort trifte, parquoy aüfly n’a aucunement rçipondu à ces lettres. Ce pendant les Leydois ont mis à execution leur ordonnance par leconieil des 40. accordée, amp;nbsp;faid inuentaire de toutes les vaches, bœufs, moutons, brebis, veaux amp;nbsp;pourceaux, amp;nbsp;furent toutes les rues amp;nbsp;maifbns eferittes ou on lestrouueroit. Furent aufTy deputes Cornille Nicolas d’Aix. amp;nbsp;lan Liucas de VVaf-. fena CommilTaires tant fur celte, que la rcUelde inucntaire chair,Iardamp; autre pour iclon raifon amp;nbsp;équité atioir efgard, à fin queperfonne fi longuement qu’il fe-^ roit pofsible d’empefeher, ne mourriroit de faim.Et s’il fut rrouuc qu’aucun cachoit aucunes beftes ou viandes, ledit fuftconfifquéamp;eux punis. Toutbe-ftiail fut taxé, amp;nbsp;le Magiftratdonnoit aupofleflèur

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jio Histoire des trovbles leur obligation félon le taux de la valeur.Et fut d’o-refenauant iette le fort de quatre en quatre iours peur tuerautat de befliail,que fcroitneceflàire pour CCS dits iouf-s,aflauoir, à chaque telle demy liurc de chair par iour. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’

Pendant que les Leydois eftoient en eeft eflat, l’eaue entra peu amp;nbsp;peu fur le plat pais, amp;nbsp;futfaitte toute la préparation pour fecouriramp; deliurer la i ville.- amp;nbsp;font arriue's à Kotterdam les Ammiraulx de Vlifsingue amp;nbsp;de Zicriczee, aflauoirLouys de Boi’-fot Seigneur de Ruart, amp;nbsp;Adrien VVillcms; qui eurent leurs gens enfept nauircs appellees Cromlle-uc gt;,équipées amp;nbsp;armées de groffeartilleriejamp;de 800. matelots. En outre amenèrent aucunes nauiresauec moyenne artillerie, pour vfer fur les bateaux aplat fond, affaiioir plus de cent pieces de fonte tant de bronze que de fer, amp;. grand nombre de doubles amp;nbsp;fimplesbaflesamp; au tres petittes pieces, quiinconti-t’oHre nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tnuiron de JOQ.

i-cquip?gc bateaux à plat fond équipées, Icfquellesen cefte *'* manière furent ordonnees.-Chaque nauireauoitâ la 1 guene. poincte de deuant vne pièce ä aucunes deux de bronze, «S’ de coflé fix baffes. Furent encores prou -ueuês de demy piques amp;mafl'cs, nbsp;nbsp;ramees de dix,

douze,quatorzc,fcizciydixhuilt;5t rames.

L’airiuee de ccshommesZelandoisdonnoit grad efpouuentement aux ennemis , car c’eflvn peuple fort vaillant fur l’eaue, comme leur grands faills d’armes aircztefmoignent.Etcorribien queplufieurs d’eulx font fort farouches,fi fc font ils toutesfois ver tueufemêt portés fbubs les bons Capitaines, amp;nbsp;mô-ftreZ fort vaillants, imprimants en leur efprit deux chofes,

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chofcs, aflauoir, la liberté de la patrie,amp; la tyrannie des Eïpai^nols amp;. de l’Inquilïtion. Parquoy aucuns d’eulx eurent pour deuife vn Croiflant d’argét,auec ces mots.- ‘PiufloßTurc qui Pdpau: car ils eftimerent la tyrannie du Pape amp;nbsp;des Elpaignols plus grande, * que celle duTurc,qui laifle viure fous tribut le peuple en liberté de Icurconfciéce, Si qui aufsy bien ou inieulx que le Pape garde les pro me fie s. Furêtaufly d'autat plus crains, à caufe qu'ils ne prindrét peribn-ne à mercy,quel grand Seigneur qu’il fut.- voire oie-rent dire exprefl’ement, que s’ils trouuoient aux navires le grand Commandeur, Pape, Empereur, ou leur K.oy propre; venants comme ennemis contre eux pour les tyrannilcr, amp;nbsp;ofler la vie 8d liberté de lapatrie,ou de les réger foubs le ioug duPape,qu’ils ne les efpargneroient ne plus ne moins que le moindre Efpaignol. Ce dis-ie des farouches amp;nbsp;par trop animez non des Capitaines, pour les paindre au vif, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;_

afin que chafeun qui les veoit pourroit iuger, quel- ƒlt;•ƒ 4* les gens ils eftoient.

Or commeàla fin d’Aouft tous les prairies àl’en. ^5quot; tourdeRoterdam Si deGaude, furent couuertes tout.h d’eane, de forte qu’vn plat bateau chargé de foin y pouuoit palier par defllis Sc arriuer à Roterdam de- gable», liant le port d’Y{relm5de.-amp; que neantmoins l’eaue s’arreftoit contre les fufdittes argines ou dicques, delbrtequ’cllene pouuoit prendre Ibn cours vers Leyden; Lesauenturicrsdela Gaudeauec aucuns pionniers font Ibrtis par ordonnance de leur Gou-uerneur le Seigneur de Wingardc, amp;dcM. Girard de VVingarde Confcillicr lez fon Ex'.illec c5-mis, Scontpcrcélc 3. iour de Septembre l’argine

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}IX Hl STOIRH DES TROVBLE S appellee Ie Hildam. Mais ne proufHta gucres, veu que les Efpaignols eftouparent lc iour enfuyuat de foin amp;nbsp;bois Ies mefines fèpttrous.

Balde2amp; lès adherens eftantdeuant Leyden ne ccflbit ce pendant de gnerroierauec la plume, cer-chant de rechefa conquefter ceux de Leyden par douces amp;nbsp;aulTy menaflantcs lettres, fpecialement par vne lettre de Matenes de VVibifma, ecritte Ie 5. iour de Septembre de Ibn fort à Poele, amp;nbsp;par deux lettres ccrittes en Efpaignol amp;nbsp;foublignces de Baldez mefme.

Lefommairede la lettre de VVibiftna fufdit, c-ftoit comme (’enfuyt : Qu’enuiron deux mois t)a{lesleurauoitefcrit des lettres, quicontenoient eur proffit amp;nbsp;falut, combien que liar icelles n’a-uoit receu gucres de rcfponcc. Toutelfois par ce que luy amp;nbsp;les adherens furent bienaduertis, qu-il n’y ai’oit plus de bled à la ville, amp;nbsp;que le peuple vi-uoitamp;fe nourrillbit de gateaux de brafsin,racines, carottes amp;nbsp;autres viandes,ce qui caufoitgrade mortalité en la ville; amp;nbsp;de plus en plus cauferoit, en cas qu’il n’v fut prouueu; car leur affaire fe porte-roit def ormais de mal en pis,veu qu’il eftoit impof-fibledelalccourir .• amp;nbsp;que l’eaue qu’on auoit laiét entrer portoitplusde dommage que de proufit,\eu que le pais lur Rijn eftoit plus hault quecelluy de Scie ou de Delft, de forte qu’il eftoit impofsible de faire monterl’eaue.

Outre cequelefècours du Prince de 30.^40.60-foignes de foudars ne pouuoit avder, à caulè que les paffages furent tellement gardez qu’il eftoit im-pofsible de venir à Leyden; Auffy arriuarent à

Ley-

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Leyerdorp Soo. Efpaignols harquebuziers vieulx foudars, de forte qu’alors y furent trois mille fou-dars vieulx Efpaignols,refcrué 27. compaignies Allemandes , amp;nbsp;18. cnlêignes de VValons ,amp; toute la ' cauaillerie , amp;nbsp;beaucoup d’autres qu’on pouuoit mander. Neantmoins non obftant tout ce que dit eft, fa Majefté fut Contente de receuoirla ville en grace fans aucune exception; amp;nbsp;eux laiffer iouyr de leurs anciens Priuilegcs, ny auflÿ charger de garni-fon. Aux défiants,lî aucuns en y a, fera donné (àuf-conduitd’aller ou bon leur femble : amp;nbsp;s’ils veullent auoir les articles foubfignez du grand Commandeur, luy mefme les apportera.Qu'ils parlementent auec luy, ils obtiendront plus qu’ils ne penfènt. Mario prefente défaire leur accord. Qu’ils ne fe fient trop fur chofes impolsibles, afin de ne procurer leur are ruine, amp;nbsp;celle de leur femmes amp;nbsp;enfans. Fi-;ment demande fur ce qui eft dit, auoir ref-ponce.

La premiere lettre de Baldez écrite le 4. de Septembre de Leverdorp, commençoit d’vnc fort a-miable falutation Efpaignolle, en cefte maniéré.' Levdois obftinez contre Dieu amp;nbsp;contre voftre Roy amp;nbsp;Seigneur : contenant plus amp;nbsp;fômmaire-ment ces points amp;nbsp;articles ; Qug la grace laquelle le Roy par luy prefentoit à eux qui furent obftinez amp;nbsp;rebelles contre Dieu amp;nbsp;leur Roy , eftoit encores ouuerte, moyennant qu’ils fe veuillent conuertir, amp;nbsp;confeflér leur faute.Leur promift à tous pardon, tant au Commiffaire Bronenorft , au Seigneur de Nortvvijcqamp; Pierre Adrienfèns, qu’à tous les autres. Leur donna terme pour refpondrc,amp;enuoyer

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}î4 Histoire des trovbles leurs Députez auec procuration , iufques à lundy j cnfùyuant, leur enuoyant à celle fin vnpaHeport ! écrit en £fpaignol.

La deuxieme lettre eferitte en ffpaignol, datée du 6. de Septébre commençoit : Seigneurs Bourg* | maiftrcsi’ay receu voftre lettre, amp;c. amp;: requeroit comme de'fius les députez auec procuration pour traiâer auec eux. Ces trois furent foubfignees;

FraM. de Fitldét.

lettre du Comte de b Koche.

Don Ferdinande de Lannoy Comte de la Roche, qui pour lors fe difoit Capitaine general en Hollande, Zelande, Prize amp;nbsp;Vtrccht, enuoya le 6, de Septen »bre par Ibn Trompette, vne Ictti-e à ceux de Leyden eferite d’Vtrecht, quafi du meline contenu; Frclèntant de venir en perlbnne à Leyden, pour aùancer l’affaire en toutte équité, afin qu’ils pourroienteftre preferuez dcl’imminent dangcramp; horreur. Proteftant deuant Dieu amp;. le monde qu’il auoit faiéf fbn debuoir, amp;nbsp;qu’ils pourroiét imputer la coulpe de leur extreme ruine, à leur mauuaife amp;nbsp;obfiinee opinion. Parquoy leur enuoya cefte lettre pour ladernicrc, amp;nbsp;qu’ils n’auroient qu’attendre autre chofe deluy,finalement leur fouhaittoit vn vray entendement. amp;nbsp;bonne volonté, depouuoir accepter leur propre fdlut.

Le dit Trompette auoit vnc autre lettre de la mefmedatc.efcrite d Vtrecht par di.xbourgeois fugitifs de Leyden •• Laquelle contenoit,comme par grandes prières ils auoient obtenu laditte lettre du Comte de la Roche. Encores à prelcntpouuoi-entceuxde Leyden efire reccus en graces’ll leur plaifoit ; mais en c s qu’ils la refufênt, qmeuxpro-tefierent

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tcflrent d'auoir aduertv leur Patric des grands amp;nbsp;horribles dangers qui leur panchoyét tant en corps qu'en biens fur la telle. Finablemen t leur fouirait-tansla connoiflanpe depouuoir eftre réduits d’un Cxlatmifeiab’een li rerté-Cesprefentcs furentfoub-ligncespar Cornille delà Hoogh filz de Nicolas, Girard Kqclois.NkolasOom fils dcIanBuyten-vvecn, Barthelcrnj Aievvijns, Gerbrand Mecs-, lan Adricalcns de Wilde,Kene fils deJaques,!,Thierry. Ceux de Lcydçn donnèrent le 6.de ce rooisref-pppcç.lùr icelles .' Qifils auoient faidl ferment au Seigneur Prince d’Orenge comme Lieutenant amp;nbsp;Capitaine general pour (a Majeftéen Hollande, amp;nbsp;(èm.biablemenc aux Eftats duditPais. Si long temps qu’ils n’eftoient de ce ferment quitez , il efperoient d’ofilèruer Icurditlêrmcnt. Pour le fécond, demande,!eutpafleport, auant devcniràparler^nfêmble, afin depouuoir enuoyer aucuns de leurs bourgeois version Excell-.amp;Çftats, promettans de retourner ded.enshuicHours.

Ceux deLeyden demanderétcepafleport, pour foûbs ce pretexte enuoyer leurs meffagers en autres affaires auec plus de feurté : amp;c fut vn ftratageme contre leur ennemis, aufquels ils mandèrent cecy, pQur les tenir en telle opinion; car ils feeurent fort bien, qu-un Lieu re ne pourrait bonnement, fortir de la ville de Levdenamp; paffer leur camp, à caulê dereflroiéfafsiegement, encore moins doncq les meffagers pour aller vers Ion Excellence fans leur congé; combien qu’ils feeurent au contraire trois autres chemins : voire que la mefme nuiâ: , que leurs ennemis penferent eft» bien alfeurez , en

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^16 Histoire DES trovbles font fortis , paflez amp;nbsp;ou on cuyda que moins cüft elle polsible . D’autre part la foy Papale gt;nbsp;8c promcfl'es Efpaignolles leur furent alTcz connues,amp;aiil]ÿ dequelle maniéré le Commandeur auoit traiâé les Grenadois.

Les fugitifs de Leyden cftans 1 Leyerdorp, qui ia firent leur conte d’entrer en leurs maifons, donnèrent le mefme allez à en rendre, quand ils dirent auxmeflàgers.' Quelle exculc pourries vous autres auoir ? ceux de Harlem auoient aucune exeufe, dé dire que par la force des foudars ils furent cbh« trainéisderefiller fi longtemps: mais vous autres n’auez aucuns loudars, de forte que n’auez aucune exculc, amp;nbsp;nulle grace vous eft ouuerte.' ne penfans qu'ils immortaliferent les noms de leurs concitoyens par leur propre tefmoignage gt;nbsp;8c déclarèrent leur honte perpétuelle . Car depuis fut connu, qu’en premier lieu la ville de Leyden enfle eflé con-trainôie de payer toute la gendarmerie du camp. Aucuns des fugitifs ont depuis la deliurancecon-fefle exprellcmcnten la ville d’Amftelredara : Qt^e nonobftant toutes les promefles des flpaignols, fut conccu,que s’ils enflent entré àla ville, demaf-facrer tontes perlônnes de defenlè, voire les femmes mariées. Les jeunes filles enflent pouueu auoir grace, pour eftre mefufeesdes Hpaignols amp;feruir à leur lubricité.

Ccftclcrire de tant amp;nbsp;diuers lieux commençoit à engcndrerquelqueialoufie: car chacun le vouloir monftrer le plus diligent,pour obtenir la plus grande louenge apres du'Commahdcur de la rendition de Leyden, ce que aucunement apparoir des lettres

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tres de Ian lcHuiter, datées du 9. de Septembre, Z»'«'A*» cfcrittes de Leycrdorp au Seigneur de Nortvvijcqj j •' quand il dit : Qinnd voftrc tabourin vintau camp, l’eftoyprefent.maisàce queie puis confiderer, le General du camp eftcouroucé auColonnelamp; Capitaine, pour ce qu’ils ont laifle paffer le trompette îuec quelques lettres.Parquoyie vous confeilleroy comme amy, fi vouseftes d’intétion de trai£fcr,que ce fbit auec Baldez,lequel vous feauez eftre mifèri-cordieux: amp;nbsp;à la fin tout debura palier par fes mains comme General du camp. Car fi vous nè lefaittes il le prendra en mal, amp;nbsp;vous nuyra. Moy comme amy de la ville oui’ay demouré cincq ans en fleur d’aage,n’ay pouucu laiflèr de vous en aduertir.

Les fiifdittes lettres ne furenttotallementinutil-Jes ou fans fi ni01 au cœur d’aucuns inconftans.- amp;nbsp;comme fi la ville de Leyden n’eufl; efté aflez chargee destroixplayes amp;nbsp;fléaux, qui communément fè ioingnentenlèmble,airauoir, guerre, pefteSt fami-ne.la quatrième peine fy eft adioinôle.'car plufieurs bourgeois quiiufques àprefènt auoyent difsimulé, difoientd’auoirr’achettéleur langue du Lombard; par ce que leCommiflàire Bronchorft lirfdit fut tré-paflèle 6, deSeptcmbre,qui,s’ileune vefeu, eutfiût telsbraues parleurs attaquer au gibet, veu qu’il ob-feruoit à la ville bonne amp;nbsp;feuere iuftice,dc forte que luy viuantfut craind detous fut PapauouGcux. Neantmoins de cefte inconftancc, qui fut aufly chez aucuns du Magiftrat fera cy apres parle plus amplement.

Or quand les Ammirals fufdits s’eftiont par la grande diligence de ceux d’Hollande,dont eftoient

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jiS Histoire des trovrees chefs M .Cornülc de Brôchorft, M .Henry D vyfi Sc M.Leninfclôla ncceßitc railonnable.: ëi équipez, tSrqucJe j.iourdeSepîéb- fut auecbarques decoii-iiert, que les bords amp;nbsp;diuüions des champs n’ePcoi* cnt (iirpafl’ans l’eaue que de pied amp;nbsp;dcmy : fut ordonne par fon Excel. de percer les dicques qui fu* rent entre Soeternieir amp;nbsp;VVilfvene,pour defccndre par la au lac deSoetermcir,qui eft à vn quart de lieue des diuißons des chaps fufdits : de forte que les Am-miraulxprédits fe font partisle i i.iour dudit mois, auec plufieurs autres Capitaines Hollandois, amp;nbsp;de* putez dcs£ftatsamp; Ammirauté,par le Rot.ayans 50. galeres, amp;nbsp;quelques autres qui vindrent de Delft amp;nbsp;Gaude; amp;nbsp;lesnauircs viuandieres, deux cnfeignes de Pioniers, amp;nbsp;autres chofes ncceflaires, nauigants vers les diuifiôs des champs defTufdits. En outre fon £xce.auoit ordôné quelques cnfèigncs de foudars, afiauoir, François, le Sieur de la garde, Durant, amp;nbsp;Catteville,pour lë munir de trenchees au lieu fùfdit à deux collés,vne heure dcuat le iour,amp; s’il lut pol^ lible,avant qucVennemy s’en apperceut, ce qui fut par grande diligécc execute.- amp;lcsdeux Ammiraux fcmirêt auec leurs nauires.pour ces deux coftcs de-fendrcla tienchee par leur artillerie . Demie heure apres que la tréchee fut acheuee,vindrct les Efpaig-nclsdcSoetermeir vers le lieufufdit pour efcarmou* cher, ordônanrs de collé lur le haut champ,aflauorr le champ du mellicr, enuiron cincq branes compai* gnies Aliemans. Les François du regiment dudit Collonnella Garde,amp; autresde la garde de fon Excellence qui de leur bon plailir y furent venus, non obllantque leur fut prié amp;nbsp;commandé de l’Ammi*

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DV PAYS-BAS. LIU. III. Jij» ral Boifotde hifler approcher l’ennemy iufquesamp; au deflbus Ia force du Canon,(ont d’une vehemence d’ardeur courus h auant hors de leurs trenchees, que l’Ammiral amp;nbsp;fes nauires ne pouuoicntiouer de leur artillerie à leur pLiifir: combien que l'artillerie tant feulement de fix ga'eres les touchoitde codé fi viuement, qu’ils , non feulement n’olcrent marcher auant, mais furent par deux fois côtrainéls à!eur dÔmageamp; courte honte de retourner à Soe-termeir amp;nbsp;fut feulement le Pilote de l’Admirai d’un coup d'harquebouze nauréau bras, amp;nbsp;aucuns de fes matelots furent bleffez.

Or de l’autre cofié,afrauoir,du quartier de VVilP vene ou Leyderdam vindrent fur le foir des Efpaig-nols tant à pied que chcual, ou fut faiebe vne braue efcarmouche.Et à caufè des harqueboufiers 8: groP fe artillerie, laquelle fi viuement les touchoit des galeres,furent ils contrainds bien honteux s’en retirer ; de forte que les galeres qui les pourfuyuirent à force de rames, tuerent aucuns chenaux Si maifircs. Mais il aduinticv vn aère afTez cruel d’un desZcIandois, qui merucilîeuîcment font acharnés fur les Efpaignols, comme auflv les ffpaignolsfur eux.quot; CarleZelandoisapprinspar prccedens ades r-, mate, des Efpaignols , qui l’ont apprins des Mores Turcefeombiéqu’il ne foit à loueren vn Chreftien) fpaigaoi.* prind vn des Efpaignols tués amp;nbsp;luy tira le cœur du ventre, eftan t a demy mort; amp;nbsp;l’ayant mordu de fes dents, le iettaenuoyc. Ce cœur mordu aucclcs marques des dents fut depuis veuà Delft de beaucoup de gens dignes de foy; auffy y eut depuis aucuns vers Latins publiés,comme afl'ez fcmble,fur le

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52.0 Histoire des trovbles mefine faiÄ par le Seigneur deNortvvijcq ; ce qu’ils font dignes d’eftre bien remarques les ay icy mis en deux langaiges.

Lugjunum Satauorum miles ibems, Batauo contra cin^itur elle mari.

Non ofius efl gladijs, ferroque rigentibus armis. Solo pro Batauo belUg-rtntur aqua.

laSlurampécaris Batauus quam fecit ©■ agri, Humana decies fanguine lhere lues.

'Mercator fapiens tarnen baud mercabitur mtt Htfpani generis corpora mille bout.

Macra cara eft, nuper cum car gußaffet Ibtri Refpuit, in- canibut nauta vorare dédit, Deferuere agras Bataui, Naftouius héros Nullus enim fixas abflulit boflis

Zniwnfr ratio fine fanguine pellere longé Hoftiléfque maiius, Heftpenumque lugum.

Toile motus, Htfpane fuge , (y ne reftpice terras Pro quibus Oceanus, pugnat cz spfi Deus,

Lcfquels vers fepeuucnt traduire en cefte forte.' ctrcNtt Leyde» d'ttn cœur felon, oJMais d’f/ollande lamer l'Efpatgnol enuironue, Les armes latße^ donc, du tabour le fin, Car c'efl Peau ^ut pour vous la battatlle leur donne, La perte du beflail, des champs Hollandois De fang humatn payre^ Efpaignol a dix fois. Car le fige marchant autant vn beuf eflime, Üoire plus ifue la chair maigre d’Efpaignols mille^ far en ayant gouflé vn matelot la mine eyfux chiens tl la ietta, tant la tenait il vile. D’Orenges le Seigneur allait les champs cfuitant ./duec les Hollandois aflèuri fe tenant Que tamais l’ennemy l'emporterait pour flen. Pour les moyens trouue^par efprit a fotfin, De chajfer tennemj amp;nbsp;loug Hejperten^

Puis

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DV PAYS-BAS. LIU. Til. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;JU

Puis donc, vat-enfans pltuveotr ce fie région^

Que tOctân defend, bras ether ten.

Or comme ceux de Leyden auoyent écrit aduerti par lettres du 4. de ce mois Ion Excellence, par aucuns de leurs bourgeois, aflauoir, lan Frecq, Lubert Chaudronnier, George flot, Rofsignol amp;nbsp;autres, qui pardiuers chemins font paflés, Icpourc cftatde leurs bourgeois débilitez parla famine, amp;nbsp;la petite force de leur guet, requirent amp;fupliarent que leur fecours deliurance (bit auancé amp;nbsp;accelc-ré.-car ils eurent crainte queles diuifions des champs fufdits ne furent encore percc,àcaufe qu’ils n’apper ceurent aucun accès d’eaue.Parquoy Ibn Excellence amp;nbsp;Eftats generaux d’Hollande leur ont r’eferit le 12.de ce mois de Septembre, ce que fommaircment s’enfuyt.

Qu’il eftoit à tous notoire, combien de defpens amp;nbsp;quelle diligence ils faifoientpour leur fecours amp;nbsp;deliurance, commeaufly n’auoientaucune double que ceux de Les'dcn de leur cofté demonftreroient toute conftance, fe maintenants comme confederez fideles, amp;nbsp;reieâ'is toute cauteleufe pratique amp;nbsp;pro-mefles amiellecs,par lefquellesrcnncmy les elperoit gaigneramp;fubiuger. Feroienten-outre leur deuoir de retenir leloz,qu’ils aüoicntiaacquis partout l’v-Uiiiers. Plus leur fignîfient que Icsmcfl'agersparcux enuoyés, auoient veu de leurs propres yeuls percer les diuifions des champs le iourprecedent, commç bien de bouche plus amplement le déclareront. Leureniioyentla copie deslcttres par eux enUoy-ees 4.amp; 7.de ce mois, par lefquellcs verroyent leur grand foing, concept amp;nbsp;confeil qu’ils leur donnent*

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^ii Histoire des trovblks enfetnble la proinefl'e des Priuilegcs amp;. franchifès pourl’aduenir. Dcfl'ouz eftoitécrit. Voftres bons Confederez les Cheua!iers,Noblcsamp; villes de Hollande repicfentans les Eftats dudit pais, enfemble le Confeillez fon ExceIlence.-amp; Soubfigné

Otto d'Eomond. Adrien de la tJ^jle. (jttillanme lancent de Hëskercke.Cor utile de 'Boftchorfl.Guil lanme de Loo. CorntUeÇantier. Et vnpea^lüS bas Soubügné par le Secrctairc.C.d« Rechtere.

Ceux de Leyden écrirent refponfe fur ces lettres le 16^.du mois. Louants Dieu d'vn cœur ioly,cnfem-blcles Eftats du percer fufdit.Plusremonftieretleur grande neceftite amp;mifere , requerantsque l’entre-prinfe commencée pour leur deliurance foit accélérée. Le mefme iour furent femblablement leurs lettres depefehees amp;nbsp;écrites en Cifre à l’Ammiral Boi-fôt. Luy remonflrentleurexîremedeftrefle, Si prient de vouloir faire toute diligence. Demandent feauoir (êlon quoy ils fe deuroient reigler, on trou-Ueroit qu’ils ne feroient négligeas.

Or pourrçuenir à nos erres; Quelques vns qui penfoientauoir fort bonne connoiftance decesdi-uifions des champs auoient perfuadé à fon Excellence,que fes gens eftants palTés lefdittes limites delcé-droient fans empefehernét audit lac de Soetermeir; neantmoins l’expericnce demonftroit bien le contraire. Premièrement y auoitleverdchemin quigi-foit vn pied plus haut que l’eaucdceluy deuoit lem-blablement eftre occupé , amp;nbsp;y faift trenchee auant quel’ennemy enfutaduerti, ce que fut faiél fans perdre vnc perfone feule,non obftant que l'cnnemy n’y eftoit de laqu’vn traiél de mufquet.Secôdemét

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DV PAYS-rSAS. LIU. III. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;/

ilscuideretdedeßdeßedreenSoetermeirpardiuer Tombes, fes foflès ou on auoit fait les tourbes; mais il n’cn fut qu vn qui pana outrer amp;nbsp;ce par dcllouz le pont de teire, donc Soctcrmeir qui elf au chemin de deuant, ou les Ef-paignolzeftoientàdcuxcoftez, aflâuoir aux mai-fons prés du pont,amp;fur le pont fortifiés, auecq 50. enfeignes de foldats, occupans toutes les mailbns du longle chemin. De forte qu’on n’y pouuoit palTer, ßns les faire defloger par grofl'e artillerie.

Son Excellence qui fut à Delft,de ce aduerti, en-iioya incontinent par le Commiflaire general de l’artillerie,quatre demy Canons dreflez fur desba- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;;

tcaux idoines, enfemble le brilê glace de Delft. Ces bateaux qui furent fort efpés, furent accoutrés par deuantdeplances fort großes, remplis entre deux de rets mouliez, pour la conferuation du Canonnier. Ces bateaux arriuâts le ly.iour au camp,l’Am- . niiralaenuoyé incontinent toutes lès galeres vers ledit pont par diuers canals.Mais luy nauigua le Ca- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,

nal qui mena au droiéf chemin du pont.approchant fi pres qu’on le pouuoit endommager d’harquebou

fe.Acolfé gauche de luy, en vn autre canal elfoient

deux des demy Canons fufdits;amp; à main droiéle e-ftoit l’Admirai deZiericzeeauecles deux autres de-

my Canons; Et partie des galeres furent venues par

vn autre canal fort pres del’ennemy,quileurtuarét quatreoucincq matelots, amp;en bleflèrentaucuns.

Ceux cy firent labatcric au pont dés le matin iuf.

ques à midy.Mais commel’vn desfùfdits bateaux lè creuapar la force du boulet quifortoit, amp;nbsp;que l’autre eulTe faiéf le mefme, enfemble qu’on voyoit que l’ennemy, non obftant la grande perte de fes gens»

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324 HiSTO I RE des TROVBLHS ne vouloit bouger,l’Ammiral fit fonncr la retraite. Or cefterctraiôte nefe fift pas fans perte des gens du Seigneur Prince,aflàuoir de ceux qui furent auec l’Ammiral de Zicriczee.

Les Capitaines Cattcuille, Durant amp;nbsp;Guilerefl'c Gentils-hommes François,S’eftoient auec quelques foudarstrop auancés,entre les ennemis:car ils eftoi-ent venus auec des barques derriere des monceaux de tourbes guercs loing des trenchees amp;nbsp;maifons de leurs ennemis,efperants d’y mettre le feu. Or comme l’Ammiral feretira fans fonner mot, ignorant qu’ils s’efloientfourrés fi auant,l’ennemy qui les ap-perceut y eft venu auec plufieurs barques fi viue-menqquc CatteuillejGuilereflè, amp;nbsp;feptfoudars,par lerenuerfcment deleur barque furent noyés. Mais Duranramp; quelques autres fe fàuuerent à naige:Ne-antmoins la perte des ennemis, comme depuis fut feeu, eftoit beaucoup plus grade receue par la groP fe artillerie. Carils furent menés chargés en barques à Vtrecht tant morts que bleflêz ; de forte qu’aucuns mocqueurs dilbient enr3illant,que le gris drap rencherifl'oit, par ce qu’ils dcuoienteftreenlcpuelys en cappesdes freres mineurs,s’ils voudroient entrer le Paradisde leur Pape, amp;nbsp;full qu’on les mettroit a-uec le coffre dedens la cappe, quand on les apporte du camp par trop puants, comme publiquement eft aduenutantàAmftelredam qu’à Vtrecht,ou ils font enterrez au cœur de l’efglifc.

Or combien que l’armee du Seigneur Prince a-uoit parla groflé artillerie fort endommagé l’enne-my, comme aufsi aüoient lesvaillans foudars des Colonels le Baron deNoielle, amp;nbsp;le Sieur de la Garde

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DV PAYS-BAS. tIU. III. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Jij

de,lachofè toutesfois ne fèmonftroitpointà leur M74-aduancaige. Carheaue ne troiflbit pas tant comme ils defiroient à caufe de la grande capacité de tant de mille bonnieres de terre : amp;nbsp;le vent ne les feruoit pointàpropüs.' aufly les ennemis vfêrent plulicurs nioyenspour conduirel’eaue décofté. /‘lusle pont fufdit cftoit par trop fortifié, amp;nbsp;les bateaux auec les demy Canons deuoient eftre autrement équipés.* de forte qu’il fembloitquafi que tous les dclpcns 8c peine furent perdus,voire qu-on fut au bout de con-fcil. Mais le Seigneur y pourueut par deux moiens.* iflauoir premièrement par le vent de Nortoéft, qui _ t*— fouflaimpetueufeméties 18.19. amp;nbsp;lo.ioursdeSep-tembré.* 8i fecondement par le Bon conleil qu’il in-fpiroitauConfeillier deTon Excellence M. Pierre VVaftel „.qui fut en ceft affaire fort diligent amp;lbig-neux.-lequcl confultant deux villageois,luy fut diet qu’il n’eftoitpas neceflairede paffer Icditpont, veu qu'On pouuoit paffer entre Soetermeir:amp; Bcnrhufè parle chemin diél deSegvvart.Lc Confcillier Waffel déclara ceft aduis à fon Excellence,8c retournât au camp a prins fur ce deliberation auec fAmmiral, Noielles,la Garde; amp;aucuns des Eftats amp;nbsp;Ammi-raulté, lefquels conclurentcomme deffiis. Parquoy l’AmmiralBoifotjaccompaignédc Waftelfufditjla Garde,8.Galcres.amp;7o.foudars, s’eft acheminé celle nuiâivcrs ledit chemin de Segvvart , ou ils vin-drentfans que l’ennemy s-enapperceutrcarle Vice-' ' ’ . Ammiral cftoit demeuré auec l’armeedeuant ledit pont de Soctcrmcir.Or ayants occupé ce chemin,le Sieur delà Garde pria la Citadelle gentil-homme Italien,amp; Lieutenant du Baron de Noielles, qu’il fc

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326 Histoire des trovbles voudroit fortifier amp;nbsp;faire trenchce auecVaugîraut amp;nbsp;la moitié des foudarsdu coftéde Betwhuife.-Et le Sieur Bochart auecq le Capitaine Ladrierc amp;nbsp;l’autre Ikî nioytié des foudars du cofté de Soetermeir. Ce qui - fut raidi a telle intention,toutcffois que fi l’effort de l’ennemy les.eufTc furuenu, de pouuoir reculer vers leurs nauireSj mais en vain:car l’ennemy fè voiat de-ccu, n’auoit aucun appétit de Icstrouucr.- mais au contraire les Allemans qui furent à Benthuife prin-drentdenuiclla fuyte, amp;ceux de Soetermeir abandonnèrent lendemain Icurtrenchee, reculansvcrs .Leydcn,aflàuoir versies maifons de NortalTce, Soe-icrvvouvve, Kerckvveg, Sc VVeyport, emmenants leur artillerie amp;nbsp;fè fortifians en plufieurs maifons. Orlestfenchees duchemin deSegvvart'ne furent -parfaictes fans grand trauail des gens du Seigneur Prince,qui furent toute celle nuiâ iufquesaux ge-.-noux enl’eaue, auecvn impétueux vent de Nord-,oëft.- Lendemain l’AmmiralBoifot enuoyala Gar--de quérir l’armee,laquelle parla grace de Dieu y cfl arriuee fans perdre perfônne. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■

Les Allemans fufdits ne furent fi toft partis de Ben thuife,que le Capitaine Ladrierc n’occupa leur trenchec.OreftantsIes gens du Prince pafl'és le chemin de Segvvart, ayants mis le feu es maifons qui furent fur le chemin de Soetermeir, le Capitaine Cret Orengois vint en Soetermeir auec trois com-L'arche depaigniçs de foudarsamp;l’arche de Delft. Ceftearchc cfioit vn bateau efirangemêt équipé, bien pourueu d’artillerie, mais auoitfaid à l’armee grande fâcherie, pour lepeud’eaue qu'ilyauoit, de forte qu’il futaflçzcondemné d’çftrebruflé.- maiseflant de-; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;chargé

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DV PAYS-BAS. LIU. Hl. Jiy chargé de quinze à vingt pieces d’artiJlerie.fut trou ué moyen de l’amener au lieu fufdit, pour en repo-fant garder lepaflage. Cefte arche eftoit vn bafti-nient dedeux nauires ioinâes enfemble, amp;nbsp;ne fut conduicle ne par longs bartons, ne rames ou voiles, mais par roues par dedens. Et ertoit fermé tout à l’entour, voire de telle forte équipé, qu’on ne le peut palier d’vu mulquet. Contenoit5o. hommes de defence,amp; douze qui tournèrent les roues.

Lendemain fut délibéré s’on palferoit outre, ou qu’on attendroit quelque efpace.L’Ammiral Boifoc ertoit d’opinion de pourfuyure l’ennemy qui recu-loit; amp;àfinqu’iHè pourroitdecouurir de loing à ceux de Leyden, amp;nbsp;aufiy decouurir l’ennemy, fut refolu qu’il le feroitauec lo. Galeres, amp;Iarcrtcde l’armecle fuyuroit. Cydefl’usert déclaré que les bateaux auec les demy Canons furent crcr.es par la force du Canon.Mais par ce qu’on en anoit belbing ils furent à Delft hartiuement recalefutrez,amp; ertan ts garny deplombamp;peaulxde beufs contre la force delà poudre,ontluyuisl’armee le troifiéme iour a-pres. Ertantl’Ammiralnauiguévne lieuepar de là Benthuife, luy futdiél par foupçon, qu’aupres les cauesqui coulent versie Nortal’ennenay fe pouuoit tenir fortifié en aucunes maifons, toutefois l’ayant faiéf enquerter fut trouué le contrairc:parquoy fa-chemina vers le Norta, iniques à vn traiâ de MuC quet de là. Ou il apperceut que de deux à trois cens Ibudars Allemans bien armés abandonnèrent deux maifons , prenants en toute harte la fuyte vers l’autre corté du petit lac de Norta.ou les Efpaignols eurent leur trcnchee.L'Ammiralles fuyuoit à force

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318 Hi STOIRE DES TROVBLE s de rames, amp;nbsp;ïè mettoit en ordre de bataille en ce petit lac,àvntraiû d’harquebouze de l’ennemy. De ccftetiencbeeés maifons deNorta fut brauement tiré de mufquets, mais les Orcngoisfe défendirent de große artillerie, de forte que l’Efpaignol ne fceut ou fe cacher.

Les Allcmans fufdits s’ayants caché derrière deux monceaux de foin pourfc fauuer de l’artillerie, le Jlbnt retirés vers Soetcrvvoude; laquellefufdiéie ef’ carmouche dura depuis midv iufques au foir. Mais enuiron rainuiét l’Ammiral leur feit donner l’alar* me.par aucuns harquebouziers,aufquels les £fpaig-nols rclponderent quatre ou cincq fois, pour mon-ûfer qu’ils ne furent partysmeantmoins doutas d’e-flfe furprins ,à viueforce,fe font fans dire mot reculés vers Zoete,rvvoude, de forte que l’Ammiral ne s’en appereeqt que le lendemain.

Or l’empefchement eftoit grand aux Orengois, par ce que les Efpaignols auoient boucbé l’eaue qui couloitversSoctcrvvoude, amp;nbsp;auiont grandement failly, qu’ils n’auoientfaid trenchee à hentree du petitlac.'car s’ilsl’euflènt faiél,le paflageeùtefté aul-fidifficillcàl’Atnmiral, que fut celuy du pont de Soetermeirmeantmoins le Seigneur Dicu,yeuillant a,ugn enterß gloire, lesaueuglift amp;priua de leur bon lèns. Êlfat donc la relie de farmee arriuçe auec l’artillerie, l’Ammiral s’cll mis auec toute farmee en r vneeaue fortlaree tirant vers Suiten,dechargeantla téd un chef nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• nbsp;nbsp;, r nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j r T ,

rcfnfnte lis grolle artillerie; a im que ceux de Leyden lepour-Tdemyquot;^* toient veoir amp;ouyr, amp;nbsp;reprendre courage, car de muncs. lept iours n’auoicntreceu nouuèlles d'eulx. Ceux de Leyden donnèrent ligne de Jeur bon courage, ‘ '' refpon-

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rcfpondans de grofle artillerie , combien que leur nourriture n’cftoit guercs . autre que chair de vache amp;nbsp;de cheval. Il y auoit enuiron po.cheuaulx, Si des le 14. de Septembre-on commençoità diftribuer vne demie libure de cefte chair de cheual pour iour àchaqueperfbnnc. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

Les Colleges amp;nbsp;adherens du fuperbe Baldez vin-drent iournellement deuant les portes de la ville, proférants menaces, mocqueries,bourdes, amp;auflÿ parolles amiellces. Aucuns fiens Capitaines amp;nbsp;Officiers difoiét à vn jouuéccau qui de la ville fut enuoié à Leyerdorp.’ Il eft à voftre Prince autant pofiîble de fecourir amp;: deliurer la ville, qu’à vous eft poffible de toucher de la main les eftoilles du ciel. Ce furent les calônies,amp; hautaines amp;fuperbes parolles deceft infidèle Maran, amp;nbsp;de fes adherens, qui penfoitfi bien auoir pourueu au camp amp;nbsp;liege à l’entour de la ville, que ne ceux de la ville, ny perlbnncviuateluy pour-roit rçfiftcr, ou cmpelcher fou conceptincpenfant qu’il y futvn Dieu.quipeutdeliurer.lepoure affligé de la main amp;nbsp;glaiue du tyran. Mais ces parolles menaçantes , amp;nbsp;aufly les belles promefl'es ne furent entieremét fans aucune vigueur Sc fruiél, veu qu’elles trouuerét quelque lieu es cœurs d’aucuns incon-ftans amp;nbsp;mal fondez.' par lelquels, efmeus de la grande famine qui les preflbit, aucune diflènfion eftoit apparente dedens la ville,fi le SeigneurDieu n'y euf-lè prouueu par les prudens amp;nbsp;lâiges CommifTaires les Sieurs laques de la Does, amp;nbsp;Ian de la Does Seigneurs de Nortvvycq. Carenuiron le tcmpsquece-fte choie aduint,s’en allcret quinze bourgeois (qui comme dilbient eurent des adhçrés plus de 500.) à

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'jjo Histoire des trovbles

la maifbn delà ville, deman dans viures, ou moiens d’en auoir.-ou aufsivn des Bourgmaiftres proteftoit, Diffeniîon qu’il ne vouloiteftrecaufede la mort de ceux qui îcâufc'de pcriflbicàtdefàin,lequelauoitCcomme on diétjen-liftmine. core lêpt pourceaux en fa maifon: de forte que ces paroles enflent eu plus d’efficace, fi lefdits Çpmmifi-jâires,amp; la refte du Magiftrat, aucc les Capitaines amp;nbsp;autres bourgeois d’authoritéh’eufient efté plus cô-ftans, amp;nbsp;mieulx gardé leur ferment, amp;nbsp;aufl'y eu me-lieurcfpoiramp; confiance en Dieu. Car ceuxey en lieu qu’aucuns du Magiflrat rendirent toute peine de perfuader au peuple la;grande mifèricorde de Baldcz, amp;nbsp;l’excellent pardon, enfèmble les promeP lès contenues aux lettres defliis écrites, ont d’autre part propofe aux Amples ôc pufillanimcs bourgeois» tousexcmples du contraire. Car cedit Pardon, fut d’aucuns fi: viuement fouflenu, qu’ils n'eurent honte de dire iniures à leurs bons concitoiens, amp;nbsp;d’vneperucrfe aflFeétion les démentir, amp;nbsp;dire que tous ceux quinefeconfioient au pardon, auoient par trop defiobbé, ce qui leur feit craindre; amp;nbsp;cri-oient librement que leurs langues furent rachetées du Lombard, amp;ceàcaufè, comme deflùsefldiô, qucle CommiflàireBronchorfl: eftoit trefpafle, qui les cufTe bien tenu fur bridé, amp;nbsp;faiél executer par la corde.

Outre ces iniurieufèsamp; contumelieufes parolles nefurentaufsi de peudcpoidsles confcils cachez qu’ils y eurent fbuucnt, ncantmoins le Seigneur Dieu efmeut le cœur d’vne vertueufe dame, laquelle aduertifl’oit toujours les fideles de leur concept; de Ibrte qu’ils fe mirent toujours en armes deuant

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DV PAYS-BAS. LIU. III. JJt deuant que leurs ennemis cachez peurent effectuer aucune entreprinfè, amp;nbsp;ce auecq telle grâce, qu’illèmbloit ehre faiót à autre occafion : ce qui fut caufè que les fimulateurs n’oferent effectuer leurdeflein, eftants intérieurement confuz amp;nbsp;ef-pouuentez. Furent aufsi aucuns qui alors vin-drent au Bourgmaiftre Pierre Adrienfèns, luyde-teBourg-clarant leur grande poureté amp;nbsp;famine tant parpa-rollcs lamentables que menaces, pour l’cfmouuoir hômecon-par tel moyen à cerchcr les moyens d’apointer auecq l’ennemy . Mais leur refpondit à peu de parolles s Mes bons concitoiens i’ay faidvn ferment lequel i’efpere par la grace de Dieu fermement garder; Si ma mort; vous peut aucunement fèruir, veu qu’vne fois il me faut mourir, ce m’eft tout vn fi ce foit par vous autres ou par l’ennemy; Car ie procède diredement; Parquoy fi ma mort vous peut ayder, prenés ce corps, taillés le en pieces, amp;nbsp;repartifles le fi auant qu’il eft pofsible, i’auray la patience. Par cefte refponce furent les bourgeois fieftonnés, qu’ilsfe retirèrent fans répliqué quelconque.

Or pour plus nourir cefte diflenfiÔ,amp; couragerles peu fideles en leur diftord, amp;nbsp;pour décourager les vertueux,enfèmble pour demonftrer que les parolles deffufdites de l’impofsibilité de la deliurancefuf. fent véritables, le fufditde Wibifma, amp;nbsp;aucuns des fugitifs de la ville ont pour la dernierc fois eferit à ceux de Levdcn le zx. iour de Septembre, dont le . tertre des lommaire s enfuyt. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fugitifs rr.

La trefgrande affeÂion amp;nbsp;amour leur con-traignoit d’eferire autrefois à ceux de Leyden, îe^den.

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jji Histoire DES trovbles de prendre efgard de ne réduire la villeàl’cxtreme milere amp;nbsp;calamité,amp; eftant tout eipoir de grace fail-ly. Parquoy nevouldroyentpar trop s’eftimer pru« dents,eux par trop fe confiants au fecours amp;nbsp;afsifté-ccduPrinced’Orenge.ftafin qu’ils pourroient vc-oir, qu’on les vouloir deliurerde toute angoifle Sc mifere, ils fè firent forts de leur enuoyer Paflèport pour troix ou'quatre perfonnes, qui viendroient vi-liter le camp de fa Majeftc, à .fin devenir s’il eftoit pofsiblcdclesfecourir amp;nbsp;deliurer foit parcaue ou parterre, amp;nbsp;offrirent ce pendant d’enuoyer aucuns d’eulxàlavilleen oftaige. Ou s’il leur plaifoit d’enuoyer aucuns pour parlementer, on y trouueroit auflymoyen; amp;nbsp;les afiiftera-ondefàiél amp;nbsp;confèil en tant qu’il fera poßible. Parquoy aduifafl'ent de ne négliger,ceft aduertiflèment; amp;nbsp;enuoyer refpon-cc par le porteur de cefte. Pour conclufion prians Dieu deles vouloir confcruer:amp; tellement infpirer, qucletoutpourroit venir à bonne fin . Deffous e-floit écrit,voftres bons amis de tout noftrc pouuoir:

I. t^Mateneßi de nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Qrntlle de la tioog

fil^ de Nichas.I^icelai Oom lanfins.'Butevvegh. quot;£ertheleuty t^ilevvijns. Ger brant Aieeßens. René fil^e lacjues.

Auxfufdittes parolles contumelicufes, à ces lettres, amp;nbsp;calomnies qui chaque iour parles ennemis magnànT, fui'cnt dittcs, fut finalement par aucuns bourgcois me de cet- eftans aux rampars refpondu à la Machabee, difans;

''“^r^ifbns entièrement furnoftre fa' ceux an mine,amp; qu’il foit impofsiblc de nous fècourir amp;nbsp;dc-. Jiurer. Vous nousappellésmengeursde Chiens

Chats. Nous n’auons pas encore faute de viurcs,

vous

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DV PAYS-BAS LIU. III. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;JJ} nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.

VOUS oyez en noftre ville Chiés,Vaches amp;Cheuaux. Et fi à la fin auions de tout cecy faulte, chafque de . nous a encore vn bras gauche,que nous mengerons, /rr A'»» feruant le bras dextrc pour repouflcr de nos murailles le Tyran amp;nbsp;vous autres lès miniftrcs fanguinai-res.'mais fi à la fin voftre force nous foit trop violente,amp; que le Seigneur Dieu pour nos dementes nous veuille chaftier par vos mains,ce que,confiants en fa diuine bonté,efperons qu’il ne fera,ne voulôspourtant delaifl’erfa faincie parolle, ne defilier de la defence de la liberté de noftre patrie; aymans mieulx cnl’cxtremc nccefsité de mettre le feu à noftre ville* qu'elle vous viendroit à proufit, amp;nbsp;que ferions vos elclaues. Car il nous cft plus tollerable d’eftre aucc les Machabees occis en bataillant,que de vcoir la calamite de noftre peuple, amp;nbsp;endurer voftre tyrannie en nos corps amp;nbsp;confciences; relponcc vrayemcnt digne d’eterncllememoireià laquelle amp;nbsp;autres lèm-blables furent lesbons bourgeois animés par leurs femmes. Car il y en eutplufieurs,quimieulxayme-rct mourir de fain en leurs mailcgt;ns,quc defe rendre és mains des tyrans; veu que les Tyrannies de Narden, Sutphen,Malines, amp;nbsp;Harlem eftoient encores de trop frefehe mémoire.

Maintenant le faut il parler de l’armee duS'.Prin-ce laquelle auonslaiftee à la Norta, ou elle fut contrainte de farrefter quelques iours par fuite d’eaue; veuquel’ênemyeftoitfiirlecanal versSoetervvou-deamp;aulTy à Soetervvoudc amp;nbsp;auoit eftoupé ccJit canal. Ce repos de l’armee ne plailbit gueres à plu-fieurs gens oyfifs, qui communément de bouche veuillent adminiftrer tout, amp;nbsp;fi n’ont aucune expe-

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554 HiSTOIRE DES TROVBLES riencedes chofcs militaires; Icfquels calomnièrent amp;: crièrent, pourquoy les Ammiraulx ne pafferent outre, ce qu’eut eftéfaifable, li les nauires enflent ertéfurniesd’aifles, veuqucl’eauene furpaffbitccs derniers champs que de neuf poulces, amp;nbsp;les galères alloient pied amp;nbsp;demy ou deux pieds profond. Par-son EïccI. quoy les Capitaines ont requis que fon Excellence r«mee°na» îa cftoit guary, viendroit à l’armee, ce qu’il a oalc. faiél enuiron ce temps. Sa venue relîouit fort l’ar-mee, non pas l’cnnemy, qui l’apperceut par le triomphe du Canon. L’ordre del’armee plaifc.it mer-ueilleulèmentàfon Excellence, amp;nbsp;donna incontinent ordre de cercher le chemin qui deuoit effre percé, aflauoirlekcrckvvcg, cequefut faidpar vn gentil-homme Orengois nommé Bultran,amp; le Vice-ammiralCornille Claeflèns, accompaignédeluftle Moor amp;pluficurs autres, qui en firent leur raport à fon Excellence, Ammirauxamp;CoIonnels. Puis fut ordonné le moien de le percer. Mais file Seigneur nevouldroitottroierl’auemcntation deseaues, amp;nbsp;jion a« autre vent qui! ne ventoit pour lors, lequel dimi-Seigneurs nuoit Ics caucs, fut refolu de faire entrer furtiuemét pouAWe- ala ville lio.ouqo.barqueschargésdepain, à quoy i Capitaine Grenu offroit fon feruice. Puis ville. nbsp;nbsp;nbsp;ayant fon Excellécc commande aux Ammiraux,Co-

lonnels amp;nbsp;Capitaines de faire toute diligence'poßi-ble,eft retourné à Delft.

Combien que les bourgeois de Leyden auoient conceu quelque efpoir dedeliurance, tant par les lettres desEftats du ii.decemois, queparouiramp; veoir l-cfreél de l’artillerie; nean tmoins par ce qu’en long temps n’auoient reccu ny enuoyé lettres quelconques.

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conques, à caufe de la grande garde qui eftoit tout à l’entour de la ville, ont enuoyé deux meflagers, qui arriuarent le i6. de Septembre auprès del’Am-miral: pour luy declarer l’extreme necefsité des* bourgeois, laquelle fut bien grande, mais non pasfî extreme comme ils difoient : amp;nbsp;außi pour veoir la condition de l’armee.de laquelle eux mefines en fc-roieoti-aport à leurconcitoiens s’il eftoitpoßiblc,fi nonenuoieroient lettres par des coulombs ou po-ftes de l’airtcar à cefte fin les meflagers fufdits porte-rentquantamp; eux fix vieux coulons. Or commelef-dits meflagers cuiderent retourner vers la ville auec quot;nbsp;lettres del’Ammiral.trouuenttous Icspaflâges occupés,p^rc^uoy furent necefsités deretourner:Mais l'Ammiral Boifot, a enuoyc le zy. iour de Septem- Pnuéui* bre les lettres par le pofte volant, ayan t écrit a ceux nbsp;nbsp;nbsp;to«»

de la ville; que par la Grace de Dieu il leur procure-roitfecoursamp;deliurance : Icurpriantde clemeurcr conftans, ny außi vouloirlegerement accepter aucuns viures.fans auoir veu ou fa perfonne, ou aucune afleurançe de luy.* car il doubtoitque les £fpaig-nolslcs poun oient abufer par quelque ftratagemc fousfon nom. Le premier meflager volat,eft arriué à „,^4-Leydcnle 28.iour de ce mois, ce queleMagiftrata gervoiant fignifié par fbn de cloche au peuple, amp;nbsp;publiquemét LcÿdeB. leu les lettres le 29.iour. Leur déclarant comme fon fxcellcnccauoitefté à l’armee en perlbnne, pour donner tout ordre à leur deliurance.* amp;nbsp;qu’il les fà-luoit tous,leur priant de demeurer encores quelque peu de temps conftants, car le Seigneur désarmées donneroit les moyens de leur deliurance. Ces lettres oot fort refiouy le peuple, amp;nbsp;augmente

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^^6 Histoire des trovbles leur courage .'.ils ont loué Dieu, amp;nbsp;inccfTaniffient comme les autres villes confédérées au Seigneur a-dreflés leurs prières.

Merucîlleu fe façon de viandes «(ueccux de Leyden Aiangcicnt»

» Or cefte ioy e ne fut pas fans cftre meflce de douleur, veu que amp;nbsp;deuantamp; ce mefme io'ir le vent e-ftoitauNordoéft, qui plus fitdiminucr l’-caue que croiftre.- de forte quel’armeedu Seigneur Prince Icmbloit de perdre quaii tout elpoir de la deliuran-ce,fi les moyensinuifibles de Dieu, aflaüoir le grad flux del’eaue, qui deuoit commencer ce 29. iour amp;nbsp;durer iufques au fécond d’Oéiobre, ne les afsiftoit. Parquoyl’Ammiral Boifotauoit écrit à fon £xcel-lence, que fi Dieu de fa mifericorde ne donnoit ft-cours par le vent amp;nbsp;haut flux dé l’eaue,amp; moiês non encore apparents,qu’il ne veort ordre de reviétailler la ville au moins pour ce temps, amp;nbsp;craingnoit qu’a-pres viendroit trop tard, veu qu’à la ville ne furent plus de beftes,que pour difiribuer deux fois, ce qui eftoit pour huit iours fans plus.De forte que la calamité amp;mifêreefloit fort grande (excepté la pefte, maladies Sediffenfion'en la ville comme des meffa-gersauoitentendu;comme aufly depuis fut trouué veritable. Carplufieurs n’auoient defeptfemaines goufté pain,amp; ne beu que de l’caue. Aux plus riches eftoit la chair de chenal auffy familière,que maintenant eft la chair de M outon.Chiens amp;nbsp;Chats furent desfoudarsauenturiersamp; autres aux portes delà ville,amp; mengez pour viande fort delicate. Il eft im-pofsible d’cfcriretoutes les façons de leur cuifinage combien queplufieurs m’ont efté déclarés. Aucuns mangèrent feuilles des vignes meftez defel amp;nbsp;fleur d’Amel; Ils trouuerent grande difference entre les

■feuilles

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feuilles d’arbres,parquoy des feuilles deporriers furent faits diuerfes viandes. Kacines, baftons des choux, amp;nbsp;feuilles des choux qui furent tombés à terre, eftoitfortbonne viande ordinaire. Racines en laiétburé cuits amp;nbsp;peaux menu chiquetés, cftoit viande ordinaire à plufieurs. Les damoifellcsmcn-gerent leurs petits chiens dont elles eurent parauat Jcurplaifir. A la place ou fe feit ladiftribution de la chair, vindrent les poures enfans.qui mengeret tout crud,les piecettes du chair quitomberét. Les peaux des feules lëichcs qui eftiont en la rue,furent prinlès hors de la fange,amp; incontinent mengecs. On a veu que les poures femmes tirants leur manteau pardef-fusleurtefte, fefont afsifès fur les monceaux d’or-dure,cerchanrs les meilleurs os, qu’elles portèrent à la maifon. Si toft qu’elles trouuerent quelque petit ballon de choux, l’ont incontinent mengé. Les os qui des chiens furent rongés, furent depuis par les ieunes garçons fouucntfois lùchez^ La femme en couche fe deuoit contenter d’vn quart de libure de Bifeuitpariour. Aucunes femmes furent fi exténuées de fain, que l’enfant efloit prefque confumé au ventre.Le fang des animaulx futreceuilly des ordes amp;nbsp;puantes goutieres de la rue, amp;nbsp;mengé. Touchant le btuurage, efloit plus fupportablc; car rclerué l’eaue ils auoient de la ceruoife braflee d’auaine d’vn denier d’Hollande le pot. Aucuns bralTerét melmes fur les filiques du brafsin, vlànts Aluyneamp; Rue au lieu de Houblon. Autres mellcrent du Vinaigre a- lavilem uec l’eaue, delbrtequ’apresl’ouuerture de la ville, n’y fut à grandpeine trouué du vinaigre.Vne libure teyde«. de bure, qui la pouuoit auoir valut quinzelbuh;

Y

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35? Histoire destro vbles

vne carotte iauncvnfoulz. Le bafton d'vn choux

demy foulz. Vne poire ou pomme trois gros. Pour . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;vn faede fourment fut preienté cent florins.

Outre cefte grande mifere y graflbittantia perte, que prefquc fix mille perfonnes en font morts. Les ' enfans mourants de fain difoient comme dit lere-mie enfes lamentations; Ou ert le pain,ou eft le vin, amp;: tombèrent morts en la rue, ou entre les bras de leurs meres.-parquoy furent depuis plufieursieunes enfans nourisde chair de chenal. Les hommes qui calamité 3 peine pouuoient pafler vn pont, allèrent defnués amp;nbsp;miferc de force à la garde, qui à leur retour trouuerct mort t'’b?e5r* ^euameamp;enfans. Q^fouloient allerleur cixie'meà ceux de la garde,rcuindrent à huiél, à fix, Sc depuis à trois, leydcn. pemmcs amp;nbsp;enfans nobles,qui par auanteftoient accoutrées de foye,amp; mengerent les plus délicates vi* andes,fbnt morts de fain.F ut apporte vn mort deuât la porte d’vn des Bourgmairtres, pour tacitement (comme on prclùmoit) amp;nbsp;aufsi expreflèment luy remonrtrer, qu’ilenertoitlacaufe, amp;nbsp;qu’il deuoit cercher moven pour le preuenir. Bref la miferc amp;nbsp;calamité y fut fi extreme, qu-il m’ert impoßible de l’écrire-Ceux qui apres la dcliurancc ont veu les vi-fages maigres, amp;nbsp;iambes dcfailiâtes en pcuuent rendre tcfmoignage.

Orretournons àl’armcedu Seigneur Prince. La longue demeure à la Nortan’eftoit pasbtfôing, fi on eulfc erté afleuré, que ceux de Leyden s’euflent pouueu pluslôg tempsfourtenir.LeSeigneur Prince amp;nbsp;fuperieurs del’armee feeurent fort bien, que tant plus approchoitl’hyuer, tant plus y auroit de eauc. Au general del’armee eftoit afles notoire qu’il falloic

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falloir paffer entre SoetervvoudcSf la maifbn de Sui- ’^7^ ten, ce querennemyfcauoittresbienaußi, qui y a-uoit ordonné toute ß garde. Ce pendant furet plu-fieurs d'opinion de tenter le chemin du lac de Soe-tcrmeir vers le chemin de Stompvvycq, ce qui fut faicfdenuiâ, mais en vain, car toutes les foflès 8c canalsfurcnt courbes amp;nbsp;obliques •• aufsi l’£fpaignol y auoit fa gardc.Les Papaux deffufdits eurent à Ley* erdorp au Khin cincq grandes Galeres, 8c cqui-percntdes bateaux , mais ils eurent faute de ma-

Oreftantsles chofês fîdéplorées, le Seigneur ‘ tout puiffant dcsarmees,quicn necefsité extreme ne delaiffe les liens, ayant mifericorde de fon peuple affligé, a voulu monftrér fa main forte, amp;nbsp;deliurer le peuple defolé des mains du tyran . Parquoy a en-uoyc fes miniftres les vents, qui foufflerent fi impe-tueufèmentquc les eaues augmentèrent ens’erten-dans merueilleufêment. Car auec le grand flux des veaue i eaues,a venté fort impetueufemét lèvent de Nord-Dëft,reduifantl’caue decoulee furla terre; lequel fe- LaDdift condoitlc vent de Sudoêft, qui chafla celle eaue ton-vers Leydentde forte que l’armee du Seigneur Prince, quipremierement, comme defl'us eftdiél, n-a-uoit que neuf poulcesd’eaue, en eut alors plus de deux nieds amp;demy, amp;nbsp;affés pourpremieremêt paffer les hauts champs iufqucsàKcrcvvcgfufdit, ou en cas qu’ils n’eurent affez d’eaue, dix ou douze hommes iroient hors de chaque nauire,pour les décharger amp;nbsp;faire flotter, amp;nbsp;puis paffer par deffus le KereWegh; Parquoy ont prins leur chemin vers ce quartier, la nuiét entre le premier amp;nbsp;fécond iour.

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340 Histoire des TRovBtss d’Oâobrc, apresqu’i's eurent donne vnfaulx alarme vers Je chemin de Stompvvycq.

L’Ordre de celle armee nauale du Seigneur Prin-ce,paflante par dcflus ledit haut territoire, fut rangée comme s’enfuyt. Les Ammiraulx deViifsingue amp;■ Ziericzee furent chaque d’iceux fuyuis de i5,ga-r °made^' Icres,qui s’eflargirent comme deux ailles. L’Amimi-nauale du ral Boifotconduifoit l’aille à main gauche du collé SeiRn«! dc Zoetcrvvoudc, par ce qu’on ellimoit que le plus PJM«- nbsp;gfan J effort dePennemy y fut,amp; elloit accompaig-

né du Colonnel la Garde.’l’Ammiral de Ziericzee a-uoit en fâ compaignie le Sieur de Citadelle,Bultran, Capitaine Paul, Duyant amp;nbsp;autres.Le Vicc-ammiral elloit au collé, droiét de Suiten, accompaigné du Barô de Noielcs, des Sieurs dc Cornes amp;nbsp;Bouchart, des Capitaines Henry amp;nbsp;Grenu, /’hilippe d’Afle-Jiers Cemmillàire general de l’artillerie amp;nbsp;munitiôs deguerre, futordonné àdemoiireraucc l’artillerie grolle,amp; huiél ou dix galères fur le Norta, pour la garde des viures, iufquesà ce que lefdits Amimi-raulxferoientmaiflresduKercvvcghfufdir, 8: lors il fuyuroit, pour brauement faluer à groflé artillerie ceuxdeSoetervvoude, laquelle artillerie fut chargee de petits lacs plains de boulets de plomb , alla-uoir en chaque fac 300. ingenieufement ordonnés, pour s’efperdre entre la multitude des ennemis.

Or ellant tout en tel ordre conllitué, l’armec le part enuiron la minuiél au iourfufdit, les galeres amp;nbsp;nauircs elliont arriéré l’vn de l’autre leparets le traiéld’vneHarqueboulc, ayants au milieu 18. ou vingt barques chargees de pionnicrSjamp;tout appareil à faire

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DV PAYS-BAS. LIU. III. 34t à faire trenchees,pour fe fortifier le pluftoft qu’il lê-roit poßible auditkercvvegh ou chemin de l’eglifè. Mais les Elpaignols v auoient ordonné lentinelle tant grande en petites barques, qu’elle eut efté fouf-fiîântc pour vn corps de garde: Ceux cy crièrent af-fez quand les nauires de l’Ammiral approchèrent. Qui eil là,Qui cil là,mais rien ncleurfutreipondu, iufques à ce que les bateaux de l’Aramiral furent à moins d’vn traiél pres d’eux ; amp;nbsp;alors furent falués par l’orage amp;nbsp;foudre de l’artillerie de telle façon que la nuiél iembloit eftre conuertie en iour. Cefle fen-tinclle tira aucuns coups de Calibres, Mufquets amp;nbsp;Falconnets, en abandonnants leurs barques, amp;nbsp;reculants peu à peu en harquebufant, tant qu’ils vin-drent à leur corps de garde,qui auoit (es trenchees à chaque coingduchemin.Lorsfortoientbrauemcnt te» oren-de deux codez tirans furieufementauee leurs muf-quets vers les Orengeois-’mais les Zelandois les refa- brauemeo« laerent de telle grelle de boulets, qu’ils furent con-traintsauec grand perte fe retirera leurs trenchees, ylaill'ants tant feulement aucuns foudars pour fou-ftenir l’efcarmouche.-lelquels aufsi firent bien tort la retraiélctcar les Capitaines François,la Garde, Bul-tran amp;nbsp;Bouchart dedendirent en terre ; amp;nbsp;firent leurtrcnchee du collé deSoetervvoude,amp; Grenu, Ladriere,amp; autres du collédroiél. Ce pendat qu’ils firent leurs trenchees fansempefchementdeuant le iour, les Zelandois ont canonné de leurs nauires fur ceuxdeSoetervvoude, principalement ou ils veoi-ent feu ou lumière, amp;tirarent außi le feu en quelques mailbns. Les matelots amp;nbsp;foudars François qui fusent en terre, mirentfemblablementlefeu enau-

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54% Histoire des trovbles cunes maifons.Lcs Capitaines fufditsretournans de l’efcarmouche à deux coftez, femcrent tout au long le chemin trapes de fer, afin que l’ennemy cftant vne fois chaflé de ce chemin, n'ypourroit retourner.

Or quand les Orengeois eurent occupé ce chemin del’eglilè,amp;faiél leurstrenchees,enfemble y ordonné la garde, ils hont percé en trois cndroiéls, pour y faire paffer les galcrçstce pendant furet mandés les naujres chargees de viures, qui furent enui-ron cent,amp; arrjuerent toutes près del’armee,refer-ué deux,qui eflans fouruoiez du droift chemin, fur Je fée,tombèrent és mains des ennemis. Certes c’efi chofebien à confiderer, qu’en tel faiéf d’armes de fi grand poids,faidala vçue amp;nbsp;au milieu de touteles forces del’ennemy, ne furent tuéquecincqou fix hommes des gens du Seigneur Prince; neantmoins ce fut vn œuure diuin non humain; car le bon Dieu garde amp;defendles liens aux plus grands dangers amp;nbsp;perils quand il luy plaift, à fin de monftrer aux ty’ rans amp;fuperbes qu’il peut anéantir la puiffance amp;nbsp;force dont ils fe vantent, pour agrandir fa magnifia fence,gloire amp;nbsp;louenge.

Or cftant toute i’armeenaualeamp;les nanires chargees de viures, paffe ledit chemin, l’Ammiral de Vlifsingucs’eft acheminé vers le pont du lac; tou-teffois ayant quelque peu nauigué au lieu qu’on prefumoit eftrele plus profond,fut il bien fcc. Mais JesZelandoisfèmonftrerent gens de grand cœur, lefquels pour décharger leurs nauires faillirent en J’eauc, comme s’ils enflent pluftoft tranfporté les oawirçs fur leurs efpaules, que de les abandonner.

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DV PAYS-BAS. LIU. III. JIJ amp;lbntainfî venus en Meirbourg. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-

Les Efpaignols amp;nbsp;autres qui furent campez à l’en-, A’ tour del’eglifedeSoctervvoude en plufieurs tren-cheesjvoyans lendemain le deuxieme iour d’Octobre de matin que 1-armee du Seigneur Prince ne s’a-cheminoit encores vers Leyden, cuiderent à caulê qu’ils veoient derrière eux tout en feu,qu’on Icsvou loit enclore enSoetervvoude. £t qui plus les efton-noit.fut qu’ils veoientl’eaue en fipeude temps d’vn pied creuc amp;nbsp;haucee.’ Parquoy confiderant Baldez leur General du camp, fauantaige que ia les Oren- nbsp;ß”

geois eurent,perdant courage,a en telle diligence a- met en bandonnéSoetervvoude, qu’il n’auoit loylîrd’em-^“’quot;’ mener quant amp;luy Ion artillerie. Mais fi toll: qu’il a-uoit prins la fuyte, AlonleLoupes Gallio auec fes fept enfeignes de foudars l’a fuiuy,amp; prins le chemin de Vorfeote, par quelque chemin qu’il auoit à celle fin fait haucerde branches amp;nbsp;fagots.

Quand doncquesl’Àmmiralamp;fa fuyte eftoit en Meirbourg, il n’apperceut celle fuyte, qu’aflestard, amp;nbsp;quand la plus part s’efioit retiree. Toutefois aucunes galeres leur coupans le chemin, iourent fi brauement de leur artillerie entre les fuyarts, que plufieurs furent contrainéls de retourner; amp;nbsp;eftans ainfilêparés l’vn de l’autre, leamp;Zelandois faillants en reaue,feruerent fur la queue de.ceux qui fuyrétvers Vorfeote, les tuants de leurs longs poingnarts enrouillez; amp;nbsp;les pourfuiuirent fi viuemcnr, que plufieurs des ennemis courans droiél deuanteux fans fcauoirle chemin,le noyèrent es foliesamp;canals.Les autres qui ne pouuobnt prendre le chemin de Vor-fcote,pour crainte de rarûllerie des galeres qui leur

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344 Histoire DES trovbles auoient coupé le chemin, prindrent la fuytc versie chemin de Stompvvicq, iettasleui sarmesauloing, amp;nbsp;courans ainfi vers Lcyerdam amp;nbsp;Vorbourg.Or en ccfte fuite,enfemble par la baterie de la nuict precedente,furent fricaflèz enuiron 200. desfoudars de Baldez. Furent aufsiprinfcsauaines barques chargés de vin,viurcs amp;nbsp;hardes de Baldez, lefquelles furent deîiurees à l’Ammiral.Mais icy eft grandement àconfidei er, que non obftantque le Seigneur auoit aEiHé aux Orengeois par le grand flux de l’eauCjamp;le bon côlèil qu’illeurauoitinfpiié,pour vier dcsmoi-ens à cclci plus idoines, tout n’euflc proffité moins que rien, veu que Je grand nombre des ennemis, amp;nbsp;leurs forts, fembloicnt inuinciblcs, s’ilneleseufle remplis de crainte amp;nbsp;efpouentement. Car à celle mefme heure la grande paoiir amp;nbsp;crainte faifirent les cœurs de ceux qui furent à Leyerdorp amp;nbsp;Lammen, de forte qu’ils tremblerent de paour amp;nbsp;elpouentc-ment voyants que leurs compaignons auoiét prins la fuite, neanrmoins ceux de Lammen, combicque refpJife amp;nbsp;maifons de Soetervvoudc furent toutes en feu amp;nbsp;flainme, tindrent encores bon,fans bouger pied.

Or pourretournerà ceux de Leyden, deflus eft diéi que les meflagerS venants de Lcydcn au camp naualdn Seigneur Prince apporterent,quant amp;cux des Coulons,defquels en eftoitvnrenuoyé, qui fi-» delement tranlporta fes lettres : aufsi les bourgeois n’attendirent autre chofe que nouvelles amp;nbsp;aduer-tiflemêt quand il leur.faudroit fortir la ville pour af-faillir le fort amp;nbsp;trenchee de Lammen.-ce que leur fut écrit le premier jour d’Oélobrc,mais le pofte volant

ne

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DV PAYS-BAS. LIU. III. 54J ne fit pas fon deuoir, amp;nbsp;vint premièrement lendemain à h ville; de forte que les bourgeois n’auoient donné le ligne qui leur fut ordonné de faire : Par-quoy l’Ammiral Boifot qui premier arriua au pont des Dames, cuyda que la ville f ut rendue, à caufe que les bourgeois fc tenoient fi coy.Mais quand les Citoiens veoient le feu deSoetervvoude, amp;nbsp;principalement l’eglife brufler,bien lâchants que l’Êfpaig-nol s’y tenoit dedens amp;nbsp;a l’entour bien fortifié en fes trenchees, tous trelTaillirent de ioye fur les ram-pars, non obftantqu’ils veoientencorel’cnnemy au fort de Lammen bien fortifié,amp; de la trenchec bra-uement iouer du Canon contre l’armee Orégeoife; cnoutre qu'ils veoient encores apres midy joo.lou-darsà lamaifon ruinee deCroneftein.-parquoy portèrent leurs enlèignes auxrampars, les attachas aux ailles des moulins en figne de leurbon courage amp;nbsp;ailcgrcffe. Puis firent publier ces quatre poinéts fur grande amende.

Que toutes les femmes,ieunes cnfans,amp; gens non idoines aux armes, ne viendroientaux rampars: amp;nbsp;qtietoutcequiportoit armes fetrouueroit aueefes armes accoutumées chaque en fon quartier amp;nbsp;lieu ordonné.

Q^i auoient faiét la garde la nuift precedente, le trouueroient autresfois à leur corps de garde.

Lelquels tous ne partiroiét des rampars tant que le Magiftrat les vint quérir.

Qi^e tous bateaux amp;nbsp;barques le retireroient des grands canals amp;nbsp;eaues.és foll'ezquilbntâ cofté.à fin que les nauires qui deuoient entrer la ville n’auroi-ent aucun erapefehement, amp;le pallàge libre; amp;nbsp;que

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34«’ HISTOIRE DES TROVBLF.S les bourgeoisies pourroient aßifter,foitd’cn haalt, decoftc, ou en fortan tlèlon qu’il feroit befoing amp;. nccelTaire.

Les Bourgmaiftrcs monftraient à leurs citoyens les nauires, difans; Voyez mes bourgeois, derriere ce fort là eft maintenant le pain, que vous en foin--ble, le laiflèrons nous là? Les bourgeois crièrent d’vne voix, Pluftoft romperons le Fort de nos ongles, que d’endurer qu’il foit arrefté deuant Lam

men,

Or quand l’Ammiral auoit fa tel amener 1» grofle artillerie par SoetervvoudeenPapen-mcir, amp;nbsp;ce pour deux raifons; premièrement par ce que d’icy à collé gauche de plus en plus approcha le Fort de Lammen; focondement à caufe que les navires auecq les viures empefoherent l’vne l’autre. enMcirbourg, amp;nbsp;qu’eilesy pouuoientauoirgrand cncombrier, fi les ennemis, (comme deflus eft diét) n’eiill'enr eflé priués de courage. Les Efpaig-nols louèrent menicilleufement de leur artillerie

contrel’armee Orengeoife, tant du Fort de Lammen, que du Fort de laques Claelî'cns à. Wedde, de forte que d’vn coup de Canon tucrent fopt hommes de l’Ammiral, monftrans le fomblant, comme s’ils euflént voulu tenir cefdits forts.Mais par ce que celle trenchec de Lammen elloit la principale amp;nbsp;plus redoubtee des gens du Seigneur Prince,à caufe quele terroir y elloit plushault, il m’afombicbon de deferire aucunement la fituation d’icclle. Ce duVort de hcu cll fitué cu vn plan terroir ou champ, n’ayant Liramcn. aucune hauteur à l’entour , ny aucun canal qui ne fut clloupé amp;nbsp;bouché, enuiron vn quart de lieue de la

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DV PAY5-BAS. tiu. III. 347

1« vilIe.L’eauc qui coule vers Delft, paflepardeuant ^ 57'^ cômc vn bras courbc.Iaiflant d’vn codé quelque canal qui s’eftendiufques au Rhin, amp;nbsp;d’autre cortévn canal vers Soctervvoude ; la rede de ce lieu le pou-UoitfacilJemcnt fermer de folles amp;nbsp;rampars, car il fut bien pouruèu d’arbres.

Le rampai t de cede trenchee édoit moyennement efpés, touteffois point ades pour redder au Canont Futaufsi bien pourueu d’artillerie,foudars. Si de tout ce qui ed neccflâire à vne trenchee, de forte que (parfant félon l’entendement humain) fi les Efpaignols eufientbien garde cede lèule trenchee, l’armee Orengeoife iamais n’y eude padec qu’à grande perte de gens.JToutedbis non obdant t’Ammi-laforcede celbrt,l’Ammtralfutrefolu del’adàillir; ^„14 Jg’ parquoyenuoya cci.d’Odtobre furlefoirleCapi-battele taine Grenu, Àdeliers, amp;nbsp;CapitaineHcrry,pour vi-fiter ou fe pourroit bracquer l’artillerie à moins de perte.- lefqnelstrouucrentqu’on pourroit planter deuxdemy Canons au coing d’vn canal, toutes-fois non fans trauail amp;nbsp;peril.

Cede nuid écrit l’Ammirpl à Ibn Excellence tou -telafiifdidefituationdulieu, enfemble comme il cdoit d’intention debattrelendemain lefort deLa-men; Mais fi la chofè nereufeità finefpcrce, qu’il faudroit anoir la patience tant que l’eaue auroit plus de profondeur,pour nauiguer decode pardedus les terres. Son Excel.comble qu’il auoit remis tout l’affaire CS mains dcDieu.ne fut trop contét de ces non uelles, amp;nbsp;doubtoit grandement delà deliurance de I-xyden, craignant qu’on ne pourroit gaigner ledit -fort de Lammen, tanta caufedes raifonsfufdittes,

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54? H iSTO IRE DES TRO VBLES que pour crainte qu’on n’y pourroit faire fbuffißn-tebreflè pour, donner 1‘aflault, d’autant plus que le nombre dcfes gensn’eftoit grand.Mais à toutes ces difficultés amp;nbsp;peu d’efpoir a voulu pourueoirfeul le Seigneur des armcesamp; approprier l’honneur à fon bras trop puiflantjpour monftrer aux hommes, que combien qu’ils feauent pratiquer plufieurs chofes pour vaincre leurs ennemis, que touteft vainamp;in-vtile s’il n’y prefte la main,^^ que de luy fcul vient la viûoire. Car apres que les deux Ammiraulx le J. d’Odobre de bon matin auoient faiét l’ouuerture

donnent Lammen.

des canals, qui merueilleulèment furent cfloupez depalis,pour planter,comme defl'useft diéljeur artillerie amp;nbsp;battrele fort de Lammen, ils apperceufent que le Seignpur Dieu les auoitpreuenu, amp;nbsp;qu’ilne vouloir que l’ennemy (croit dechafle par la force des tejEfpsig. hommes; car il auoitemply les cœurs des ennemis noh aban- jç paouramp; efpoucntcmcnt,qu’ils auoient prins vne fuite honteufeamp; vituperable; icttans leur artillerie ausfofresamp; canals; de forte que cede nuicl fut

abandonnée la forte trenchee de Lammen. Mais de celle fuite amp;nbsp;retraite ne fut aucun aduerti, ne dehors nydedens la ville; combien lt;juc de nuid fut ouy quelque bruicl, quand vne grofle piece d’artillerie fut mile au fond du canal deuantlediél Fort;

mais quelque iouucnceau eftant furies rampars, a-vnieuns uoitla nuidl prins garde; que plufieurs mechesallu-gaiçoncte- mces s’eftoicnt partys du fort, amp;nbsp;nulles retournées; «ouureau nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r

Magiftrat p^rquoy prelumojt,lt;omme rut vray,que les htpaig-^ue^e fort ,;oi5 auoient abandonnélc fort de Lammenice qu’il eftahan- remonftrc, amp;nbsp;demandé Congé pour y aller; cè que âoBnlt;. luy fut accordé auec promcfl’e de fix florins, amp;nbsp;foui

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DV PATS-BAS LIU. HI. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;J4gt;

prétexté,fibennemy y fut, de dire, qu’il auoitaban- A'w.-rA» donne la ville par famine. Lequel ellant ainfi arriué aufort,n’y trouuantpcrlbnne, fitfignede Ion chapeau, maisceux delà ville n’y adiouterêtfoy, dou-tans que l’Elpaignol par finefl’c luy auoic ce commandé, neantmoins comme ilfut veu qu’vnautre qui l’cftoit fuiuy,paflôitdeuantlc fort vers bAmmi-ral, allant iufques aux genoux en l’eaue pour le û-luer, y cuftioyeamp;allegrefl'egrandcàdcux coftez. Parquoyle vaillant Capitaine Girard de la Lane, iaeheminaaueefes foudars auenturiers vers le fort de Lammen, iulques au lieu premier qu’il trouua fermé de paliz,ou il receut auec grande allegrefl'e les deux premieres galeres del’Ammiral. Carî’Ammi-ral qui ne creoit de leger, auoit enuoyé deuant ces deux galeres, lefquelles trouuerentcftre vray ce que luy futdiâ,afl*auoir, que le fort eftoit abandonné, amp;nbsp;deux pieces d’artillerie groflè miles au fond du Canal.

Or apres que les paflâges furent ouuerts amp;nbsp;af- L'Ammt. franchis des palizd’Ammiral Louys de Boilbta fait ni Boîfot auec allegrcflé amp;nbsp;en louant Dieu l’auantgarde vers les portes de Leyden, ou il eft entré fans autre em-pefehement à huiét heures de matin. L’Ammiralde Ziericzee Adrien Guillaume côduifoitl’arriercgar-de.Mais c’eftoit chofe fort pitoyable à vcoir le milè-rable peuple affamé deuorcr les harens tout cruds, qucl’Ammiral iettoit à fon entree au peuple, fem-blablement le pain,qu'aucuns mengerent fi gloutc-mentjCornme fi iamais ne le pourroiét affouuir.dont a plufieurs qui ne tenoient mefurc prind mal,amp;peu ipeu plufieurs en font morts.

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jjo Histoire des trovrees

De l’autre collé delà ville vers le lac de Harlem furent troisgalcrcsd’Amllerdam,qui par foisauoi-ent canonné fur la ville.-mais apperceuans le It-cours enfèmble l'artillerie de la ville, la paour les fâifit aulsi Iccoeur, amp;: le font retirees auec leurs compai-

gnons.

Q^and les Ammiraulx furent à la ville, s’en allèrent auecq leur fuyte, amp;!cs bourgeois à l’efglife, louants le Seigneur Dieu de tout leur cœur, de ce qu’il leur auoit accommodé l’eane par dellus les ebampsamp; le (èc terroir, amp;nbsp;conduide aulieu amp;nbsp;port defiré.

Les gens de Baldez qui le iour precedent aban-donnans leurs forts, auoientmis le feu en Soeter-

vvoude, principalement à VVeyport, faifis de paour,abandonnerent ce 5.iour d’Odobre leurs ca-, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;banes,fans les brufler.principalcmét au fort de Ley-

iij nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;erdorpamp; àl’enuiron; carcombienqu’ils furentplus

'SfM.W'de trois contre vn desOrcngeois,lefquelsncfurent tous enfemble tant loudars,mate!ots,qu’autres por-tansarmes,referuéceuxquiconduifoient les viures, pas plus de deux mille cincq cens, où ceux de Bal-desfoudin dez furent,felon leur propreatteftation, plu^’pn-

amp; mat«, ze mille, commeaufsi aflèz appert par leur lettres lots Oren» JeJfus rnçn^jonnecs ; ou pourle moins neuf mille;

geois n’clk eo tout qvc2$OO, boinmcs.

mais le Dieu tout puiflànt, comme delfuseft did» lésa cftonné, donné vnc fraveur fort grade; pour deliurcr fon peuple,comme iadis il deliurafon peuple d’Ilracl de la main de Sennacherib.' A penfë lî ces Leydois Êfpaignolilcz vouldroient confefl'er la ve-rité;ce qu’aucuns d’euLx ont affez faidà Leyerdorp) qu’ils donneroientfèmblable tefmoignage, que ce fut

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! nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;DV PAYS-BAS. LIU. III. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;5$!

f«t pour la crainte amp;nbsp;paour dont ils eftoient ßilys. ƒ ƒ 7 CariesOrengcois ne fehontiflent de Icurcofté de confefler, que li leur elpoir Si confiance n'eut efté

■ aufecoursinuifible, amp;nbsp;qu’au par auant euirentveu, ce qu’ils vcoient depuis, alfauoir que la ville eut efté

j de tous collez enuironnec, de tantdetrencheesamp; ! boulcuarts, que iamais n'eulTent oie attenter de re-viôlailleramp;recourir la villeaueefi peu degés. Mais le Seigneur Dieu a voulu môftrer fi puiflante main, à fin que toute la gloire fülle attribuée à fa diuine fageflèamp; bonté.

Or ne peut icy eftre oublie vn accident bié grand

amp; merucilleux, allàuoir, qu’en cefte nuiél que fEf-paignol abandonna le fort de Lammen, eft tombé'

! Vn pan de mur amp;nbsp;parapet de la ville entre la porte Vachicre amp;nbsp;la tourde Bourgoigne, de la longueur

1 de 16. verges, de forte que fins aucune batterie fut faiél brefche.Si les ennemis euflènt par auant eu cell j aduantaige,anàuoirvnenuilt;âou deuxdeuant,quad denuiétils pcnlèrentparefchelles furprcndrela vil-

I le 1,1a porte de Hoogevvoert, laquelle ils elchelle-rentpour la gaigner, par ce qii’vne beginne leur a-

I uoit donné à entendre qu'il n’y auoit que bien pe-■ tire garde, combien qu’ilstrouuerentlecontraire , ' de forte que par trois coups ôharquebouze Icreti-rercnrrfans fauteilsreulTenteftimé nômoins admi-rable;qu'’ uiuintenant ne font les bourgeois,rclèrué ledomage-'^c crainte.’ car leur brelclie euteftéfaiéte

I finsbatterie.Tnais il pfiifoit autremét auSf.amp;enlieu ! dedômagefiiiftproufirjcarparle grad bruit.ilaug-) mentoit la paour aux ennemis, quicuiderétque les bourgeois fortirét la ville pour les aftaillir par deuant

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35t Histoire des trovbles amp;lcsOrengcoisparderricre;pai-quoy lesbourgcoif font tenus d’autant plus louer Dieu.

L'Ammiraldoncq efiani à la ville de Leyden, eP crit incontinent à fon Excellenccqui cftoità Delft, comnieDieu auoit cnuovc vne fi horrible crainte amp;paouraux cœurs des ennemis, qu’ils abandonne-rentle fort de Lammen, qui fut caufe de fon entree en Levden.Celle lettre fut apportée à fon Excellence lediâj.iourd’Oé^rcàdeux heures apres mi-dy ainfi’qi?iTêîrdit3u prefche,qui furent certes bien autres nouuelles que celles du matin, parquoy les prefehes en François finies, feit parle Miniflre lire publiquement les lettres, amp;nbsp;louer le Seigneur d’vn cœur ardét amp;nbsp;ioyeux: ce qui fut aulsi faid aux deux grandes eglilès, ellans les nouuelles par tout efpan-dues, en trefgrande multitude amp;nbsp;congregation du peuple,d‘vnc allegrcireamp; ardeur merueilleufe, en la prelencedefon £xcellence, ce qui fut lèmLIable-mentfaid entoures les autres villes d’Hollande, faifans feus de ioye, amp;nbsp;tous autres lignes d’alle-grefle.

Or apres que les Ammiraux eurent amené les vi-urcs en Leyden, remercié amp;nbsp;loué le Seigneur defa grace,amp;lesbourgeoisencouragé, amp;foulagéde vi-ures, ilsontpouilùiuy laviâoire, pourluyuansles ennemis qui auoicntclié aux trenchees à l’enuiron de Leyerdorp. La trenchee de Leyerdorp elloit mcrucillcufemcnt forte, aufsi ceux qui y furent s’e-lloient fort vantes aux melfagers qui y vindrent de leur grande force, ce qui tend maintenant à leur plus grande honte amp;nbsp;plus grande louenge du Seigneur: amp;nbsp;ont encores plus vilainement abandonné les forts

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DV PAYS-BAS. LIU. III. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;35?

forts amp;rrcnchecs de la Haye amp;nbsp;Oudevvateringue» ouilss’ertoiéttcnusan Sc loûr.-carpetit nombre des auant-courcurs du Seigneur Prince, amp;nbsp;comme on diâ douze, donnèrent la fuite à deux enlcignes de foldats ennemis.' defquels aucuns fuirent de telle bafte; qu’ils ne cefferent de courir tant qù’ils furent deuant les portes d’A mllerdam,diftns pour s’excu-fer, que tout le camp elloit enroute amp;nbsp;dcfaidl. Ce mefiue temps furent fen.biablcment abandonne des gens de Baldez les trenchccs non feulement de l’Efelufe de la Gaude, mais toutes les autres iufques au nombre de vingt 8f dcux.rcferuee celle deVVad-dinghc.ou aucuns foldats demourerent pour affra-chir le paflage. Or les morts de la part du Seigneur Prince en fout ce voyage amp;nbsp;expedition ne furent plus de quarante, mais des ennemis, comme eux mefmeS confeflent furentplus de mille. Maisicy ne doibtcftrc oublie cé que ledit Baldez auoit laide en fon logement, aflàuoirld ville de Ley dèn painte a-uec tous fés chemins royaiilx, fentiers'amp; canals de eaue, tout enteile manière qu’ils furent gardés amp;nbsp;munis de forts. Et comme il fut contrainét de Icuer fon camp,aùoitécrit deli’éubs ce pourtraiéf.' Fit^eci-uitas, Valetecafielliparui, tjuia reliait eßitpropter a- vers laimt ^uaw,(jrrgt;onpervi»tifiigt;rncorum; C’eft akfitejAdicu Leyden, adieu touSlcs petits chafteaus qûifortt à l’cntölti‘,vou5 cftes abandonnées à caufe des ëaucs, amp;nbsp;non par la force des ennemis. le confeffe'bié que l’eaueertoit l’vn dèsprincljjauxmoyénsi ’lt;^1 feit à ■Baldez abandonner amp;nbsp;la ville Sélesttcnvheésî mais s’il etifl'evoulu difcÂû vérité il enfle diéf'Vöus éftes abandonnez pav la puiflânee amp;nbsp;-fort-br-as de Dieu,

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35 Histoire des trovbles

' qui d’vne fi horrible paour a eftôné mon cœur, que iamais Antioche ne s’en luyoit à plus grad deshôneur de Perfc, ne Thimothee vers Gazara, ne Lyfias des Machabees,que moy amp;nbsp;les mies fuîmes côtraints,O Leyden, de t’abandonner amp;nbsp;toutes mes forterefl'cs. Son Excel. Son Excellence ayant rcceu lefditcs nouuelles lejîicn. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;le lendemain à Leyden,remerciant grandement

les bourgeois, de leur fidelité amp;nbsp;de ce qugt;ils s-elloi-ent tant vaillamment fans foudars défendus contre l’ennemy, Sc qu’eux amp;nbsp;leurs enfans en feroict rémunérez.Puis a donné ordre en toute chofe,tant és affaires de la ville,que de la guerre, afin que fon Excellence lairoit fon proufit de la viâoire que le Seigneur luyauoit donnée. Mais ne doit aufsi eftre palléfoubs îîlence; pour plus manifefter les œuures merueilleufesdeDieu, que ce4, d’Oétobrele vent foulfloit duSudéft, amp;nbsp;apres fi impetueufement du Nortéft trois ou quatre ioursenfuyuant, qu’à grand peine on pDuuoit de Delft venir à Leyden; de lôrte que l’eaue ayant faiét fon debuoir, abandonnant les champs.retournoit versla mer.

Outre les fufdi tes viures qui furent amenés à Lcy-den,lèmbla bon à fon Excellence amp;nbsp;lôn Confeil.quc de toutes les autres villes lèroit donné commun fe-coursaux pourcsaffamezqui furent à Lçyden, à fin que les apouris, qui de fi long temps n’auoicnt rien gaigné,amp;dépendu touts leui s meubles, feroientaf-fiftés, amp;nbsp;que les viures des riches pourroiét tant plus durer.Et à cefte fin ontles députés àDelft aucc chariots amp;nbsp;barques allé par toute la ville de Delft, ou fût donné des bourgeoiis beaucoup de pain, bure, chair,fôurmage,r4rd,poiflbn,amp; argent,bien à la va-

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DV PAYS-BAS. LIU. TU. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;JJÇ

leur de plus de trilleflorins.Ce qui non feulement a , »^ 4. aUiltéles poyrts, flt; u'agéles riches renie;aillé la-ta. ville,maisengendré plus grande amitié amp;nbsp;plus ferme alliance entre les villes.

Or commeà tous eft plus que notoire que non Iculement celle guerre de Leyden, mais de tout le Pais-bas, en partie foit meneepour defendre la liberté delà pati ie,cc qu’aulsi appert par aucunes pieces d’artillerie, quia celle fin furentfaiél faire par les ennemis de la liberté de la patrie; pour abolir toute la liberté d'icelle: ainfi entendra maintenant qui ce foit, que ceux de Leyden ayants eflé en telle angoilfe amp;nbsp;deftrelle pourla liberté de leur patrie, amp;nbsp;ceiourdeliurésont auecqla libertérecouuert vne bien grande piece d’artillerie nommeeLibcrtas,que les £fpaignols auoient mis au fond du canal. Le Seigneur leur oéiroyc qu’ils la puilTent enlcmblc celle de h patrie conferuer amp;nbsp;en vier à là gloire.

Le S.d’Oél. fon Ex'.s’ell parti de Leyden vers la Haye,ou il a dôné ordre pour côferuer le lieu amp;nbsp;le te nir s’il full polsible; comme la clef du lac deHarlem.

Le 9. icureftfon Excellence venu à l’elelufè de la Gaude; pour y ordonner cequifèroit neceflaire, ou eftoitvnebien forte trenchee. Mais comme 1 caufe de la dangerenfe maladie de fbn E xcellence fiant à Rotterdam fut prefumé des ffpaignols, que la guerrefe feit fur Ibn nom amp;nbsp;corps mort, fbntarri« uésàLevden deux Efpaignols auec Paflëport, en-uoiésde lulien Romero, pour veoir s’il efloit encore en vie: amp;nbsp;le trouuant efire ainfi,de parler à fon Excellence delà dcliuranceduSieurdeS- Aldegô-de,en contre-change du Colonncl Mondragon ce

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^^6 HisTO IRE DES TKOVBLBS qui fut accordé.- amp;nbsp;ayant fon Excellence fait depef-clier leurpaflèport amp;nbsp;lettrcs.lcsa deux heures apres itsicntde renuoié. Et comme fbn Excellence pour caulêsdef-s.r.idtgô- fusaflés déduites,auoit changé le grand Confeil de ce de'pu't’’Leyden le 14.de ce mois, s’eft acheminé le 15. vers ion. Ja Gaude; ou le Sieur de S. Aldegonde,qui enuiron vn an auoit efté prilbnnier,libre amp;nbsp;franc eft retour-né;amp; de pliifieurs gens de bien receu auec allegreflê.

Peu de temps apres.eut ledit Baldez, s’cftant retiré à Harlem, ou il deploroitamp; lamentoit iournel-lemcntlon grand defaftre, grand tumulte entre fcs Ibldats.- carilfutdesfiensforthay, lefquels diuul-guelcnt partout, qu’il auoit eu intelligence auecq ftmuuDci ceux de Leyden, Sî-receu deux tonneaux d’or, afin de n’endomfnagcr la ville.-deforte que ce bruit, en-lèhible leur arricrage de beaucoup de mois, occafi-onHoit qu’ilsl’eurent en teldcfdaing amp;nbsp;defeftime, qu’ils le prindrent prilonhicr, amp;nbsp;ayants en fon lieu brdonné vn Eleélo,quicommanderoitrureux, luy firent écrire lettres au grand Commandeur de Ca-ftillc,qu’illeur enuoieroiten dedensdixiours leurs payes,ou qu-ils eftoient d’intention de fe retirer ailleurs amp;ccrcher argent ou ils l’efperoient trouuer. Les dix iours efias expirés,qui fut enuiron vn mois apres la deliurance de Leyden.abandonnans l’efclu-fe deMaeflandé, Ley'erdarn, Vorfeote, Valcken-bourg amp;nbsp;autres places ', fe fontalTcmbléZ tant à pied qu’à chenal dèfix à fept mille hommes, tant Efpaig-nols, queAllemans amp;nbsp;yValoris, lefquels quitants tout le plat pais deSud^hollandè, prindrent le che-^ min de Harlem amp;nbsp;Amfterdam, mais y trouuans les poftesjerrees, allèrent versVtrecht ou ils efperoiêt

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DV PAYS-BAS. LIU. III. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;JP

le faire payer .• de forte que le pais de Hollande fut cédaiw pour ce temps, parla diuine bonté, dcliurc de fes merie de ennemis. Or comme ces Êfpaignols amp;leur compa-gniefureat arriucsle S.dcDecébre deiiât Vtreçhtj Vuecht. iùrentpar le Seigneur de Hierges, Floion amp;nbsp;BaldezZ'/■ declares rebelles à fà Ma. amp;fut loilîblc aux bour-,t gt;nbsp;geois, de tuertous ceux qu’ils pourroientatrapper, -7^ dequoynelesfalutgueresprier : Parquoy les paignois ont apporté cedit iour de la poix, eftrain amp;nbsp;poudre pour brufler la porte de VVeerd, mais les bourgeois fortans vaillamment de la ville,les repouf-fereiLtbrauement, en tuantenuiron cinquante Ef-A paignois. Neantmoins eux non contens de ce, font J |Venus par dehors les fofles, le 17. de ce mois, auecq leur Elettolan Bianco, fur le poind du iour pour efcheller la porte deS.Catherine,defquclsaucunsy Efpaignai« eftantsentrés deuantleiour, tuerentquelques vps de la garde. Ledit Ian Bianco ayant iuré d’entrer^ Vtrecht ou mort ou vif, apres s’auoir long temps vaillamment défendu contre les bourgeois, qui en grande multitude s’cftoientaflemblcz, y fut à force d’armes tué, amp;nbsp;tous fes compaignons repouflés amp;• ' ' ' ' chaflés des rampars. Car les bourgeois furent fi a-çharnezamp; animés contre iceux, que ceux du Cha-fteau pour donner aux Efpaignols iaucun fccours empefeherent par l’artillerie les bourgeois, de forte qu’iln’en furent que zoo. paignois fricaflez.

Or apres que ceux de Ley3^ eurent remercie premièrement Dieu, amp;nbsp;puis fon Excellence comme deflùs eft did, ils ont remercié l’Ammiral Boifot,amp; ■ luy faid prefent d’vne chaîne d’or garnie d-vne grof fe-mcdaille d’or.Commc aufsi les £ftats d’Hollande

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jjg Histoire des trovbles

7 , donnèrent audiét Ammiral vncchaine d’or de ßx cent flo) ins.Lc grand Cômandeur vo) at que la ville de Leyden fut lecourue contre l’opinion de tout le monde, amp;quefêsgcns furent trefmal contens, a • ' enuoyéfes Députés au mois de Décembre de l’An

7 4.à ion Excellence amp;nbsp;Eflats d'Hollande amp;Zclan-de, pour communiquer enfcmblc de la paix: cecjue luy eflantaccordé, fut remifel’aflemblcea Breda. Traitté de L’Empcreui de ceaduerti; a enuoié au mois de P’quot; Feburier l'an 2 5 e Comte de Svvartfenbourg.pour ^575. ’ eftreprefenten ce traiélé de paix, ou lediéfComte comme médiateur f eit toute diligence à deux coflés pour la pouuoir conclure. Mais ainfi que Icfdits Prince amp;£ftats d’Hollande amp;nbsp;Zelande perliflerent de vouloir retenir l’exercice de la Religion réformée, amp;nbsp;que lediéf Commandeur n'y vouloir con-defeendre, ce colloque amp;nbsp;l'aflèmblcés’çft départi fans rien faire.

Biirenaf- La vülc amp;nbsp;chaflcrude Buren afliegee des Elpaig* ic'naue^ no!s,fût par Te Gouuerncur du meflne lieu fans au-cune batterie rendue; parquoy les Ëftats d’Hollan-voulu faire exécuter A: mourir; neant-

mzoins lediéf ScigneurPrinccl’enuoiaprironnier au chafteaudcla Gaude, amp;nbsp;lefittenirenfeure garde.

Mariageda Lc II. iour de luing,fon £xcellence efpoufa àla ville de Bi iele, la trefilluflrePrinceflè Charlotte de Bourbon,fille de Monfieur le Duc deMontpen» fier,vray miroir de toute vertu.

Eftantla ville d’Oudevvatcr afliegeedes Efpaîg-Mr'prinfe uolsle 8. iour d'Aoufll’An 75. fon Excellence eft d'aÆiult. arriuéà la Gaude pour faire percer les dicques, inondejles champs, qui euffe faid déloger le camp

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DV PAYS-BAS. LIU. III.

JSfpaignol. Mais cftantl’cnnemy deccaducrti,adc grand furie canonné'la vilJe; faiftbrcfche; amp;donne ■ incontinent l’aflault, de forte qu’au tiersaflauk a nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i

quot;X prinsla ville;amp;en entranttue' tous]esBourgeoisamp;

fbldats.amp;brufle la meilleure partied'icellc. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

Lc li. dudit mois, comme l’ennemy planta ha-ftiucmcntfoncamp deuantla ville deScoonhoue. fon Excellence y enuoia le Sieur delà Garde Colonneides François, homme bien expert tant éi ' , choies de guerre,qu’auxafFaires d’eftat,lequel a fiiiét aufdits Seigneur Prince amp;nbsp;Eftats d’Hollande amp;nbsp;quot;Le-landepluficurs bonsferuices en toute fidelité. Ce-ûuy Colonnel,non obftant que ladide ville n’eftoit aucunement tenable, tantàcaulê des foibles rapars que parle mauuais cœur de beaucoup des bourgeois, a fi bien gardé Ton honneur, qu’il a attendu toutle iour l’aflàult, y cftant faiél brefehe, parla force de 25. Canons de 500, pas. Mais lendemain àfautc de gens, tant pour combatte, qu’à reparer les ramparsamp; la brefehe,a faiét honnorable appoincle-ment, fauuant fes gens auec leurs armes amp;nbsp;biens.

Le grand Commandeuralsifté par la trahifon ïntreprint d’aucuns Hollandois,a palTé contre l’opiniô de tout lemôdc, aucclabaflcmaree,parlesiflcsde S.Annc,fgt;it leVai» Philipflantamp;puuelant le 28. de Septembre l’An“*® fufdiél, ou fut tué le Gouucrneur Boifot : puisa prins par aflault amp;nbsp;de force le fort de Bommené, no fans merucilleufe perte de fes Efpaignols, amp;nbsp;lors planté le camp deuant la ville de Zicriczee.

Le 11. de Feburierl’an 1576. le Seigneur Prince agaignéle fort de Crimpen, quiluy impoitoit beaucoup,car par ce fortil aconferué amp;nbsp;gardé Svvyn-

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Hi stotrb des tkovblïs

-, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;diccht amp;tousautreslieuxcirconuoilïns de Rotter

dam amp;nbsp;Dordrccq.

Mortdu Durant CCS entrefaittes, Ie Commandeur eft / commao- jnort dc la pefte à Bruxelles le 5. iour de Mars.* ■/* “ * parquoy lé’Gouuernemctdu paisTîîitreraisparor-donnace de ß Majefléds mains du Confèil d’Eftat.

2iericzcc Au moisde Maÿl’An fîildit, s’eft rendue la ville rendue Ziericzccàcaufedela famine, aux £fpaignols, 1^7^ combien que ceux d’Hollande amp;nbsp;Ze'ande auoyent faiâ: toute diligence pour la fêcouriramp;reviâailler, mais en vain. Et commic alors les ffpaignols fe mutinèrent pour leurs payes, ils fircntleur entreprinfe furla ville de Bruxelles, de forte qu’ils prekimoy-entia eftre tout alTeUrésdu butin. Ncantmoins les bourgeois de ce aduertilt;,ôntfi bien pourueu àleurs affaires, que l’Elpaignôl futfruftré defon entente: Efpsignois Parquoy flrfndrent le chemin d’Aloft, ou ils entre-Fnu'deiuia îcntfans refiftence^ quelconque à la ftn deluillct, ville d’A- traittas les bourgeois comme fi la ville eut efté prin-le d’affaült, Its fàccagearis amp;nbsp;outrageans comme ennemis. Les Eftats de Brabant confiderans les outra-Efpai^oiî ges, infolences, rebellion de la gendarmerie £f-paignolleèn ontfaift remonfliaceauConfeil d’E-fiat,mais au lieu de les chaftier , furent plus fiippor-tes par lediéi Confeil , combien que pour mieux a-bufèr Icfdits £ftats, ils furêt par ledit Confeil déclarés rebelles de fa Ma. amp;nbsp;du Fais bas, fans y donner autre ordre, ce que cauß la reuolte generale dc tous les Pais bas, amp;nbsp;la vniOn d’Hollande amp;nbsp;Zélande auec les autres prouinccS, comme plus afoplemét fera déclaré au quatrième Hure de ces Hifioires.

Fin du troilicfme liurc. : • • - ;

LE

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î6i

L E QVATRIE SME LI-

VRE des histoires des trov-» nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;bles auquel/ira tie'clare Idrenolte ehitere de tosti

let Pats-bas,^Cvniondes Eßais auec la Hollande Q- Zelande, nbsp;nbsp;autres cbo/es qui e» jout esijujf^*

Utes. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Z

R les Eftats de Brabant, comme au ceux(fu liure precedent eft dié't, mal contés des outrages des Efpaignols, 8t du peu de (onnxe«. debuoir du Confeil d’Edat, fut ordonné par aucuns des f'relatsle4. iour de

Septembrel’An 1576. que le Seigneur de Heze, Capitaine de la ville de Bruxelles, amp;nbsp;dimes aueç l’alsiftcnce des bourgeois failiroient ceuxduCon^ feil d’Æftateftansaffemblcz à la Court, amp;nbsp;prendre prifonniers de par les hftatsdcBrabandice qui lut incontinent exccuté,principalementfur ceux qu’on fùfpeâoiteftre ennemis de la patrie, amp;fuppofl:sdcs Efpaignolsznommément les Comtes de Manffeld amp;nbsp;Barlaimont,le Confeillier Afldnvi!le,lesSecretaire,s , Berti amp;nbsp;Scharenberg, lt;^i furent tous enferable emmenés prifonniers.

Cede apprehenfion exécutée, fut Monîèigneur le Duc d’Anjou filz de France amp;nbsp;frere vnique du Roy, requisparaüeunes perlbnnes d’authorité au, nom des Eftats de Brabant, deles vouloir accepter amp;TCceuoir enlaprotcéèion contre la tyrannie des Æfpaignols, comme aufsi a faiét, amp;nbsp;à celle fin faiùl fesapprefts de guerre, en bonne intention de les alsiftcr. Ce pendant lefdits Eftats de Brabant ont

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HISTOIRE DES TROVBLES grandement (bllicité Ies autres Prouinces du Pais-bas,d’eulx vouloirioindrc aucceux, pour conioinc-tement chaffer les Efpaignols amp;nbsp;autres loldats amp;nbsp;gé-darmes eflrangcrs dcfditspais.Ccux deHaynau furent les premiers quifeioingnerent aucc eiilxparle confeildu Comte de Renneberg, amp;nbsp;du Baron de f Frezin. Ceux de Flandres, Lille amp;Doiiay, Artois amp;nbsp;autres Prouinces ont faiél le fcmbJable, amp;nbsp;onttrai-üé cnfemble vnc perpétuelle Vnion.

Or comme les Êfpaignols allèrent deçà amp;nbsp;de là au pais de Brabant faifàns plufieurs outrages, fut cniioié Glimes aucc quelques enfèignes de fbudars amp;nbsp;quelque fix cens cheuaux faifts à la halle, pour furprendrcles Efpaignolsqurfurent entre Louuain amp;Tielmont, mais il fut mis en route par les Ef-paignols, ou fut tué le Capitaine vander Dilft, qui vaillamment fedefendoit aueclès fimdars, de lórre que celle viélomecoulloit allés chere aux £1^ paignols.

Tyriprie Pcu après font Ics Efpaignols allez vers Mallricht ae«£(pâ.g ou ils font entrez parl’infidelitcamp;lalchctédcsCa-Ädthi^^^pifäines AlJemans.quife monllrerent cfclaues delà tyrannie fcfpaignollc,m.ettaTis en oubly l’ancié honneur du nom Allemanîou les £lpaignols ont lâcca-gcamp;félon leur accoutumée façon de faire, commis toute tyrannie outrage.

„ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, Ala find’Odobreeftant leSieUr de Champigni

Sie« mai* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i i n i* * nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i/ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i

iacud’Ant Gcuvcrncur cc h Ville G Anucrsaccordé auccq les

I Ëllats, amp;nbsp;fcmblablement le Comte d’Ouerftein a-Allemans, v furent enuoié par les Ellats le S' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Marquis de Hàuré,le Côte d’Egmond amp;nbsp;le Sieur de

Beercele auctbon nôbrede fbudars, pour côlcrucr

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DV PAYS-BAS. LIU. III. J«??

Ia ville d’Anuers, la défendre contre l’elFort des Êp paignols qui furentau chaltcau.Mais lesifpaignols tant ceux qui furent en Aloft, qu’à Maftricht eftans mandez parSancho d’Auila Capitaine du chafteair , d’Anuers,(êlont tousaflèmblezauditchafteaule j lourde Nouembre l’An » 576’. amp;: puis d’vne'grande furie all'ailly la viBë, ou les bourgeois firent tout-'^*^* debuoir, pour la conlerualion d'icelle, mais par la Jalchecé des Allcmans,amp; la trahifon de Cornife van £yndc qui eftoit à la ville auec quatre enfeignes d’Allemans, amp;aufsipar la negligence, pcult eftre volontaire des conduéfeurs, futàlafinfàccagee la fleur des villes de toute I’ßurope, grand nombre de gens mafl’acré, amp;nbsp;mis le feu à la triumphantemaifon de la ville,dont tout le quartier a l’entour fut mis en cendres, oufutconfumé vn threforineftimable de toutes (oi tes de marchandife, fauf encores les autres énormités amp;nbsp;outrages perpetrees tant par les £f-paignols que les trayftres Allemans.

Ce qu’entendu par les Eftatsdes i y.Prouincesia vnies, qui allez cognurent à leurs propres dcfpcns^^^^ labayncinuetereedes £fpaignols controles bas,onttraiftéla paixaucc Monfeigneur le Prince d’Oiengesamp;lesÉftats d’Hollandeamp;Zelande le S* jour de Nouembre l'An 1576. à la ville de Gand,de laquelle Pacification Ta copie s’enfuyt.

Philippe parla grace de Dieu Roy de Caftillc, p,cificitiâ Lccn,Arragon,Nauarrc.NapIcs,Sicilië, Maiorque, «1« Sardaigne, des Ifles, Indes amp;nbsp;terre ferme de la mer Oceane;Archiduc d'Auftrice,Duc de Bourgoiane, Lothier,Brabant,Limboiirg,Luxembourg,Geldrc,

Milan; Comte de Habsbourg, Flandres, Artoisi

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3lt;S4 Histoire DIS trovbles Bourgoignc,Palatin amp;nbsp;dç Hainault, Holläde,Zclan-lt;lc,Namuramp;Zutphen! Prince de Suaue, Marquis du Sainét £mpirc;Seign€ur de Frize,Salincs, Mali-nés,de la ville.villes. Si Pais d’Vtrecht,Tranlÿfl'eIain . vquot;' amp;nbsp;Groeninguc.-Dominatcur en Afie amp;nbsp;Afrique, A ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tous ceux qui ces prefcntes verront falut. Comme

en celte noftre ville de Bruxelles ont remonltréànoz chers amp;nbsp;bien amez les gens de noltreConlèild’fflat, par nous commis au Gouuernement general de nous Pais-bas, comme foit entre les Députés desPrelats, Nobles,villes amp;nbsp;membres de Brabant, Flandres, Artois, Haynau, Valenciene, Lille,Douay amp;nbsp;Orchie, Namur,Tournay,Tournely,Vtrechtamp; Malines,re-prefentans les fftats defditsPais:£t les Deputez du Princç d’Orëges,amp; fftats amp;nbsp;villes deHol|âdeamp; Ze-lande;. amp;nbsp;leurs alfocics, desdeux coïtez refpeéliuc-menc deputez,drelfé amp;nbsp;faiél certain traiâc pe Pi^cï-lrcatron,ont aufdits requis d’en vouloir faire depef-cher icttçes patentes lotis noftre tiltre amp;nbsp;feau, auec

. , ' ^VinlêrtiondesprocurationsdefditsDcputcZjCnfem-Tjale la claulùle,que touslesftibicéts desPaisen ladit-

'X quot;t ' quot;nbsp;te Pacification cornprinfa,. feront tenu d’obfcrucr Vf» içcUc en tous lès poindts. £n-outre aux Gouverneurs,. Brefidens, Confeils, Si Magillrats de noz dits Pais, commander amp;nbsp;ençhar^f de faire publier laditre Pacification : duc(iiel traiâé le contenu de mot à mot s’enfuyt, auçe lcfdittcs Procurations.

A tous ceux qui cesprefentesverront,amp;oyront lire fàlut-.Comme.le^ Pais de pardeça, ces neuf ou dix ans derniers, par les guerres ciuiles, .liiperbe amp;nbsp;rigorfiwx gouucrnemept,t liqencc Si autres difordr^s des

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dV PAYS-BAS titó un? 3lt;îy des Efpajgnolsamp; leurs adherens, font tombez en grande raifère amp;nbsp;calamité, amp;nbsp;ijue pour y pourueoir, amp;nbsp;faire ceflêr tous vlterieurs troubles, opprefsions amp;nbsp;pourctez defdits Pais * par moyen d’vne ferme paix amp;nbsp;Pacification, furent au mois de Feburier en l’AniJ74. députez amp;aflremblez à Breda, lesCom-niifliiires defa Majel1:éamp; du Prince d’Orenges, £-flats de Hollande amp;nbsp;Zelandc amp;nbsp;leurs affocicz.- par Icfquels furent propolcz diuers moicns Sgt;c prclènta-tions.fortferuanspourl’àuancement deladittc Pacification,fi a ’y eft touteffois point enfuiuy le friri ft cfperé, mais au contraire durant Tefpoif de lacon-folâtion, amp;nbsp;moicns de bénignité de (à Ma. fêfont lefdits Efpaignols iournellementauancés d'oppri-nicr, gafter amp;reduirecn perpétuelle feruitude les poureslubiefts, Scigneurs'amp; villes menacer, amp;ho-ftillement inuader,faccager S: brufler.- parquOy furent par les Commis déclarés ennemis d'eßMajefte amp;nbsp;de la République. Les Eftats de pardeça par congé defdits commis contrainfts de prendre les armes, amp;nbsp;enfèmble pour prccauer toute vltcrieure amp;nbsp;perpétuelle ruine, amp;nbsp;que les habitans damp;$ou$ ces Pais-bas eftans vnis en vne ferme paix amp;nbsp;accord,cô-ioinftement feroient retirer lefdits Efpaignols amp;nbsp;leurs adherensdeftrufteurs du Pais, amp;nbsp;les réduire à l’vfaigede-leurs anciens droifts,Priuiteges,Coufiu-mesamp;LIbèïtez, parlefqucllcs les trafiques'amp; pro-fperitc 'pôùrroient eftrc reftftuez en iceux; Pour ce cfl il què'par aggreatidn precedente defdits Seig-neurS'Gôînfnis au gouuernemcnt des Pais; fuyuatit letraifté de In paix à Bréda commencé, à l’hoiâueur 'de Dieu, Si'leruicc de fàMajefté entré les-Prelats^

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3^6 Histoire des trovbles

V- ■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Noales,Villes amp;nbsp;membres de Braband, Flandres, Ar-

'« nbsp;nbsp;r., ,! tois.Haynau,Vaicncicncs, Lillç.Douay ôt Orchics,

a» Namur,Tourna}',Tourntly,Vtrechtamp; Malines,ic-prclcntans les Ellats deldits Pais : £t Mon (leur le 'Prince d’Orengcs, hnatsamp; villes de Hollande amp;nbsp;Zelande, amp;nbsp;leurs aflociez, par Çommiffaires des deux coftezrtfpcéliuement dcputezzAllauoirRe-ucrens Seigneurs, Sire lan \ander Linden,Abbé de S.Gertrude à Louuain,Sire Gillam AbbédeSPier-reàGand,Sire Matliieu.AbbédeS Gillain,eleu ue)qucd’Arras;Seigneurlan dc MolSicurdcOélin» guc. Seigneur François d’Alevvijn Sieur de Sueuc-gem Gouuerneur amp;nbsp;Capitaine dAudenarde; Si Comir.iflàîredc renouucllemcntdcs Magiftratsen Flandres, Seigneur Charles deGaureSeigneur de Frezin, Chcuallicrsî Seigneur Elbert Léonin Do-denr és droiâs amp;nbsp;ProfelTeur en l’Vmuerlité de Louuain, Maillre Pierre de Beure Confeiller de ß Xlajefté au Conlcil de Flandres, amp;nbsp;Seigneur Quintin du Prietz premier Efeheuin à Mons en Haynau, auecIandcsPcnants, aulsi Conreillieramp; Maiftre de la Chambre des Comptes de ß Majefté en Brabât, leur honnorable Secretaire de la part deldits ffiats de Braband,Flandres, Artois, Haynau amp;.C. Et Seigneur Philippe de Marnix Sieur de S. Aldcgonde, Arnoultdc Dorp, Sieur de Teemficq, Guillaume de Zuilen de Nycueld, Sieur d’Heexartbergue EC-cuicr,Sgt;. Adrien de la Mile DocleurésDroiéls, amp;nbsp;Confeillierlczfon Excellence, amp;nbsp;au Confeil Provincial de Hollande, Maiftre Comillc ConincxLi-cencié és droiéts, enfemble Ccnlcillierlezlbn E’x-cellcncc. M, PaoulBuys Aduocai du Pais de Hollande,

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DV PAYS-BAS. nu. nil. 567 nbsp;nbsp;nbsp;|z- nbsp;_-

lande,M. Pierre leRichcBailly de Vlißingiics, An- * nbsp;nbsp;nbsp;.

thoine de Zickel Côfcillier de Zelande Si Andrieu p de longe Bourgmaiftre de Middelbourg.de la part dudit Seigneur Prince, £flats de Hollande, Zclan-deamp;aflociez,(cloniecontcnudcleur Commifsion v à la fin de cefte inferee.ce prelènt tranâé eft drefTé 8c

I faict. Concluant entre les parties amp;nbsp;Pais fufditsvne perpétuelle amp;nbsp;ferme Paix, confederation amp;nbsp;Vnion^r^^^z (bus les conditions icyenlûiuans, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;quot;

Premièrement que toutes offences, iniures, cri- Artidesrfe rues amp;nbsp;dommages, faiâes à caufè des troubles,entre les habitans des Pronin ces en ce prefènt traidé com-prinfes, ou amp;nbsp;en quelle forte que ce (bit, feront pardonnez, oubliés amp;nbsp;tenus comme non aduenuz; de (orte qu’à caufe d’ieeux iamais n’en fera faidmenti- * on,ou perlbnne quelconque aceufe.

1. £nfuyuantcc, promettent lefdits £ftats de st, Braband, Flandres, Artois, Haynau, Scc. en(èmble Monfeigneur le Prince, £ftats de Hollande amp;nbsp;Zelande amp;nbsp;leurs affociez, fansfaintifeamp;en bonne foy ! d’obfèruer d’orefenauaut, 8c faire oblerucr par les habitansdcfdits pais, vnc ferme amp;nbsp;inuiolable amitié ( amp;paix, amp;teliementen tout temps amp;nbsp;en toutes occurrences aïsifter l’yn l’autre, de confèil, faid.corps amp;nbsp;biens, amp;nbsp;(pecialement à chaffer des pais-bas, amp;nbsp;y tenir dehors les foudars £fpaignols,amp; autres eftran-gers, qui ont tafehé fans aucune fourme de droid, de priuer devie les Seigneursamp;Nobles,d'appliquer »u à euxlesrichelfes du pais,amp;plus,de réduire amp;nbsp;tenir nbsp;\

I le peuple en perpétuelle feruitude; pouràquoy amp;nbsp;; nbsp;nbsp;nbsp;toute autre chofcjfurnir tout ce qui fera neceffairei .

la refiftcce de ceux,qui de faid s’y voujdroycnt op-

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jéS Histoire des trovbles

k pofêr, les fufdits Confedercz amp;nbsp;alliés promettent * d’eux trouuer prefts à toutes neccflàires amp;nbsp;raifonna-bles contributions amp;nbsp;impofitions.

- £n outre eft accordé,que incontinent apres le departement des Mpaignols leurs adherens, quand touteschofcs feronttranquilles amp;aflénrees, feront les deux parties ten us de procurer amp;nbsp;diligen-■ tejs la çQnuocatiô 8i afièrnblee des £ftats gencraulx, J en tenefourme amp;m.'iniêix qu’a elle faiél, au temps • que l’fmpereur Charles cinquième de treshaute mémoire cedoit amp;nbsp;tranfportoit ces Pais-bas és mains de fâ Maj efté noftre redoubté Seigneur,pour donner ordre és affaires des Pais en general amp;nbsp;parti-, culier, tant au fait amp;: exerci^de la Religiô en Hol-lande,ZeIande,Bommel amp;nbsp;lieux alTociez, reflitutiô desTorterelîes,artilleries,nauires amp;nbsp;autres chofes appartenantes à fa Majefté, durant Icfdits troublespar ceux de Hollande amp;nbsp;Zelande prinfes ou autrement, ainfi qu’au feruice de fa Majefté profperité amp;nbsp;Vnion des pais fctrouuera appartenir, en quoynedel’vn coftény de l’autre aucune contradiélion.empefche-rnent, ne dilay pourra eftre fâiâe, nonplusen re-fpeéf desôrdonnances,fèntences amp;nbsp;refolutions, qui illecferont faiétes 8i données, qu’en l’execution d'icelles, quelconques cllcspeuucnteftre .• à quoy les deux parties enticrementamp; à bonne foy fe' föub« mettent. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■

- 4. Que dorefènauant les habitans amp;nbsp;fubieéls de l’vn amp;l'âütreeoftc, de quels pais depardèÇa-ou de quel eftat,Qualité ou condition qu’ils foiêt, pourront partant banter amp;vcnirdemourer amp;nbsp;traftquer tant en faiél de marchandife tju’autrement en toute liberté

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1

nV PAvs-BAS. tiu. iTir. 3^9 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;„

Jicerte amp;’feurrc. Bien entendu qu’il ne fera licite ne permis à Ceux de Hollande, Zclande, ou autres de quelconque Paigt;. condition ik quali'équ’ilsfôient, d’attenterpardeç^, horslefdits Pais de Hollande, Zclandeamp; lieuxalfociez, contiele commun repos ô'pa’Xjfpecialementcontrela Religion Catholique Romaine, amp;nbsp;l’exercice d’icclleiniurier, imiter de faiftonde pa ro He; ny parafes femblableslcandali-fèr.-lur peine d’cflre cliaftics commequot; perturbateurs tf du coin run repos à exemple d’autres.

Et à fin que cependant nul ne puiflè facile- ‘“•7*quot;/**** mcnteflre reprins, oùîub'eâ: à captiuité ou peril, È-ront tous les Placcars, par cy deuantfaidts amp;nbsp;publiez fur le lai ef del’herelic, cnfemblcles ordonna-ces Criminelles faifts par le Duc d’Alue, amp;nbsp;l’enfui-uy, amp;nbsp;l’execution d’i ellestenuz en f-urfeanec, iniques à ce que par les £ftars generaux en fera aufe-ment ordonne; Bien entendu que nul fcandalc n’aduienne comme deffus efl: diéf.

6 sZ^ue MonfîeurlePrince dcmourcra Ammi. rai general de la Mcr,amp;' Lieutenant pour fi M ijcfté d’Hollande amp;nbsp;Zelande,Bommel amp;nbsp;autres lieux allb-çiez, pouren tout commander, comme ilfaift pre-fentement, auec lesmefmes lufticiérs, Officiers 8c M.igiftrats,fans aucun changement ou innouation, s’iln’cftparfonvouloir amp;nbsp;confenrement; amp;nbsp;cefur les villes amp;nbsp;lieux que Ibn Excellence pour le prelent tient iulquesà cequeparles EŒatsgeneraulx,apres le departement des Êfpaignols.en fera autremét ordonné.

, 7. Maistouchantles villes 8c places comprinfes y fous la Commifsion de fa Majelté par luyreceue,

A a

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370 Histoire des trovbles

qui maintenant ne font fous le commandement amp;nbsp;obeiflàncedefon £xccllencc. Sera tenu ce poinét en fourlêancc iufques à ce que Icfdittes villes amp;nbsp;places s’ayants ioinftsaucc les autres êftats en cefte v-nionamp;accord, fon Excellence leur aura donné là-tiftaétion fur les points defquels fe trouueroient in-tcieffez foubs fon gouuemement foit en refpeél de l'Cxercice de la Religion, ou autrement, à nn que lesProuinces neloientdémembrez, Si pour euiter

• tout difeord Si diflenfion.

■ -8. £t ce pendant ne prendront lieu nuis Plac-. cars, Mandemens, Prouilions ne exploits, efdits pais amp;nbsp;villes par ledit Seigneur Prince gouuernees, que ceux qui parfbn Excellence ouConfeil, Magi-firats ou Officiers,illccferont approuuez ou décernez, fans prciudiceau temps futur de Reflbrt du GrandConfèildefà Majeftc.

nez

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DV PAYS-BAS. LIU. 11II. 37r

nez,en tel cftat que Icfdits prefentement fe trouuét, ’-^7' amp;: à ccftefl-'eö font tons les defautes, contumaces, , ai-rcfts,fentence5,fail)flcmensamp; executions données amp;nbsp;faidtes,depuis le commencement des troubles en l’An 15 66.tant pour le laid' de laKeligion.quepour la prinie désarmeslt;S: eequien cftcnruiuy,caircz,re-uoquez,mortsamp;: anéantis.£t feront lesmefiTics,cn-lemble toutes les procedures par clcrit, adcs, adi-tats, faid tniccilcs, anéantisamp;royezauxregiftres; ßnsqu’i! foitbefoing,de prendre ace autres docu-mcns, ou d’impetrerpiouifionautrequc ce prefent traide.- Non obltant quelconque incorporation, droids, coulhimes,Priuilcgcs,Prelcriptions,tant legales, conuentionelcs,couftumieres que locales, nc autres exceptiös quelconques au contraire, Icfquel-les en celle amp;nbsp;toutes autres chofes concernantes lef-dits troubles,ceircront,amp; n’auront aucun l!eu,com-ine eliants à ce (s-il fut befoing} Ipecialement dero-gees, enfemblcle droid difpoftnt que derogation generale eft nulle, fans fpecincation precedente.

iouyrontduprefentbcneficc,Madamercfpoule du trcl-illullre Comte Palatin ÊledeurduRhin, iadis vefue du Seigneur de Brederode, pour autant qui touche le pais de Vianc amp;nbsp;au tres biens, aufquelsla-ditte Palatine ou autre ayant fonadion peut auoir droid.

I J.*£t feront dellruits ruinés les Piliers, Tro-

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37^ Histo 1 RE Des trovbibs phccs,Infci iptionsamp; autres memoires, queleDuc d’Aliie a faiét crigcrà deshonneuiamp;bjafmcjiantdes fufditsque dctousautres.

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DV pays-Bas. liu. tui.

t

aliénez, les £ftatsgeneraulx députeront en chaque Piouince,amp; des fltats melmes, des Commifl'aircs, pour prendre connoiflance des difficultez, lî aucu-nés va,pourfaireraifonnable ßtifiadtion, tant aus vieux proprietaires, qu’aux acheteurs amp;nbsp;vendeurs des biens amp;nbsp;rentes fuldits,pour leur regres amp;nbsp;euiÂi-on refpeCbiicment.

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574 Histoirk des troybles priuecs parlefquclles les vrays Heritiers à eaufc défaits troubles,ou de la Religion lontdeftourbcz,di-ruinués ou disherités de leur deuc fucceflioiferót cn vertu de ccftestenes pour caflcz amp;nbsp;de nullevaleur.

Lequeltraidé amp;nbsp;Facjficatiô apres le rapport, ag-grcation

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BV PAYS-BAS, LIU. ï nt. 57^ greation amp;nbsp;adueu tant des Seigneurs commis au Gouucrncmentdu Pais,que des Eftatsraefmcs, en-fembie de Monfieur le Prince, fftatsdc Hollande, Zelande amp;nbsp;aflbciez en tous les poinâs amp;nbsp;articles fuf-dits, enfembletout ce quiparlesEftats gencraulx en ce qui diâeft, amp;nbsp;autres fera décrété amp;nbsp;ordonne; lefdits députez ont en vertu de leur commißion amp;nbsp;pouiioir, promis amp;nbsp;iuré; promettent amp;nbsp;lurent par celle d’obicruer inuiolablement entretenir amp;nbsp;accomplir, amp;le tout réciproquement faire refpcéli-uemet ratifier,iurer.foublîgner feeller par les Prélats, Nobles, Villes amp;nbsp;autres membres defdits Pais, Ipecialementpar le fufdiói Seigneur Prince, tanten general que particulier, en dedensvn mois prochainement venant au contentement de chafeun. Et en tcfmoing de toutcc qui cftdefTus diél, ont lefdits députez foubfigné celle prefente à la mâilbn £lchc-uinaledelavilledcGand,le8. dcNouébre. 1576L

Soubfigné.

la» va» Lindenyi^bbéde S, Çertrurt, Gißai» v/4bbi\ de S.Pterre.F.eJ^aihieu ^-îhbe'de S.(ßißai» ^c.la» de Adol. François d'^lctvin.Char les de Gaure^ Eiber», tus Leo»i»us. Q.d« 'Freds. F. 'Beuere.Phi.de t^lar-»sx,'y^r»eult de Dorp.f^F.deZuilen tfe Mettelt.yi. 'U.Mjle.’l^ierre le Riche. la» Censnex.P. Buys. Z»» drieu leieune,DeZtchele». nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;prejent

‘ lan àe^T^ennantSa

' . ■ ■ ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;! 1 ;

La Comniifsion desEftats

Lgeneraulx.

Es Prélats, Nobles amp;nbsp;Villes, Reprefentans le«

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57(5 HiSTOTR« pes TROVBLt?

f flats des Pais de pardeça,p’‘efcntcmeiK’âncmblés à la vi'lc de Bruxelles. A tous ccuxqi.i ces prefenres verront,(alut. C omii c pafielong temps leStigneur Prinec d’Orenges, amp;nbsp;ceux de Hollai'.de amp;Zelande furent determines amp;nbsp;refolus,d’entrer en communication auec les Commiflàircs denoflre Se:gncur le Roy,amp;qu’cn!'uiuant Cl au mets de Ftbnricrcn l’An 1574.fclon l’ancien ftile de Brahand. Ltfdits Com* miflùirésdefi M ajcHé ont elle afl'emnlés à Breda, a-uec les Dépurés dudit Seigneur Prince , amp;nbsp;cepx d’HolIandeamp; Zelande, auec leursadheieus amp;nbsp;aflo-c,iez,amp; iliec tenu plufîeurscongrégations amp;nbsp;traiélez fur le faiél delà Pacification , A que ncantmoins la mefme ne fut effeéluee , au grand regret defdits E-flatS; Góftftderansles longues miferes, ôôii)etésamp; affliétion^ des ‘Pais fiifdirs, amp;: qu’ilefl nccefluire, pour GuiWrihi'totalle ruine amp;’ dcfolation de tous Itf-ditsPais, d'vfemedierprorriptcment, s’efi trou jé necefiaire-d’çWtrerderecl.efen communication, amp;nbsp;procéder à JadjttePacitrcation.- Faifonsfçaùoir, que regardans lesextremitez delditspais tanf lefldés, dcfirans^n|'Uliercmenf la réduction de la tranquillité, patx ^'ancienne prolperité de tons les habirans dépardcca'cAccommodâs les chofès parles meilleurs amp;nbsp;plusicfo’fles rfoiens^üe faite fe petit, pour faiie acquiefcér'amp;rcflèr tous les troubles, dimfions, guerres ciçiijc^à rhonqçur de Dieu, de (à Majcilé Se bien public । defdits Pais. Auonsdi putes amp;nbsp;commis , Deputops A commettons à la contmuation Sc effeéluation cfeladitte\*o'i*nmunicatibn amp;nbsp;pacification. Rcuerens Peres en Dieu lan de la Linde, Abbé de S. Gertruit àLouuaÎB, Sire Giflain Timmer-

r man,

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DV P AYS-BAS. LIU. IT IT. V7 inan,Abbéàe S. Pierre à Gand, ouen fgt;n Heu. Sirc Bucho Ayta Archidia ]ue d’Yyres. dire Mathieu Abbcdc S.Gillain.cflcu Quelque d-Arras-deigneur Ian de Mol,.'leur deÜeiingue. SeigneurFrançoys d’Alcvvin, dieurdc ducucge n. Seigneur Char cs de Gaure, deigncur deFrezinCheualicrs Seigneur £1-bcrtus Leoninus, Doóleur dr Proitfleiirés d oidts enl’vniuerhte de Louuain. M.PiCrre dcBeuere, ou M.IocIlHuyfman, ConfeiUier en F an Jres.dzSeig-ncurQniniin du £ret,Chef des bithcuinsde Mons en Haynau,auec tel Secretaire qu’ils denoininerôt; Aufqueis tousenltmole ou àfixd’iceux luonsdon-ncamp;donnons plein pouuoir,aiirh «ri éamp; coTimâ-dement, Ipecial amp;nbsp;general par ceftc, d’eux trouuer auecq les députez dudit dcigneur'Prince amp;nbsp;ceux d’Hollande de Zeiandtamp; leurs adherens amp;nbsp;aflocicz à la ville de G bld,le i z. le ce inoisd’Oét )bre,pour procéderoultre à ladittecommunication de pacification, fuyuant les points amp;nbsp;moyens, défia propo-fôs.ou autres venants à propos. amp;nbsp;généralement amp;nbsp;fpccialcment en ccque deflus éil diétamp;cn depend, dire amp;C faire tout ce qu’ils trouueront conuenir.fpc-cialement pour concerter amp;nbsp;accorder de tous diife-rcns.qui pourront élire propofés,pourparucniràla réduction,pacification amp;nbsp;repos publique. £.00161-tans s’il cil befoing de leur dôner plus ample amp;nbsp;Ppe-cial mandemerit.pourle deuement effeclucquot;. Promet tans en outre en bonne fov amp;nbsp;fiius o'iligati n denoz,amp; de chaque denous: de de nos fiiccelfeu-s, en particulier amp;nbsp;general, de de tous nos biens, ou Is ils foient prefens amp;nbsp;à venir. De tenir'pouraggre-able; fermeSidevaleuren tout temps, chaque amp;

• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Aa s

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Histoire des trovbles

tousle? pointsamp;articlcs,queJcfdits Commilîàireîy ou lix d’iceux, en noftrc nom conlcntii ont amp;nbsp;accorderont: Et tout le inefme ratifier, amp;nbsp;inuiolable-ment obfcrucr,furnir 8i accomplir, fans iarnais v cô~ treuenir direétementou indireßement,en maniéré quelconque. En figné de vérité y auons faiéf appé-dre le lêau des £ftats de Braband au nom amp;nbsp;à.la re-qucftc de tous les autres £flats. Paid à laditte ville de Bruxelles le lo. d’Oétobre 1576. Deflbubs fut clcrit, par Mandement expres de Mefiieurs les Deputes desfflats des pais-bas aflemblez à Bruxelles, amp;nbsp;Soubfignc Cernille VUtellema»s. Et fu-rentlefdittcslettres feellees du grad feau defdits E-ftats de Braband en cire rouge à double queue pendante.

Cemmifste» des Députez, du Peinced'Orenge, des Eß at s d'Hollande (ß- Zelande,

CnwîT.îfs; en dfJdC' J vtcx Hu Pril ccd’o KPgf.

X?Ous Guillaume par la grace de Dieu Prince d’Orenges, Comte deNaflou, Catfenellebo-ge, Vianden, Diets, Buren, Lcrdam, amp;.c. Seigneur amp;nbsp;Baron de Breda, Dicfi, Grimberge, Arlay, No-zcjon Ac. Viconted’Anuers,amp;Befançon : Lieutenant amp;nbsp;Capitaine general d’Hollar!de,ZcIâdc,Prize occidental amp;: VtrecEt,erifen’bIc la Cheualcric, Nobles amp;nbsp;villes d’Hollande amp;nbsp;Zclande.Failonsnotoire à tous que comme Dieu toutpuifiant d’vne fingu-liercgracca pieu prelênter les occafions Amoiens, par iclquelslcs Pais-bas, villes amp;nbsp;habitans d'jcclles, qui parles eftrangersZfpaignols,amp;lcurgouuerne-menî tyrannique, parquclqucsanneesamp;iufques a maintenant ont efté mifes amp;nbsp;tenuz en milêrables

9 trou-

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DV PAYS-BAS. LIU. IIII.

troubles, difcordejdiiïenfion amp;nbsp;guerre ciuilc,pour- ’ roient eftre reunies, enfemblereftitué l’ancienne a-mitié, trafique amp;nbsp;profperitc entre les communs fub-ieâs deldits Pais, amp;nbsp;qu’aufly les mefmes Pais Icroy-

1 tnt dorefènauant cftabliscn leurs droiâs, Liberté amp;prorperité,à!’bonneurdeDieu, fèruicc delà Ma-jellé, repos amp;nbsp;profperité des habitansde ces Pais, à quoy tous bons fubieâs, amp;nbsp;amateurs de lapa-i trie; àbondroiâ; fe oflFrent, amp;nbsp;tant plus,le mon-ftrent prefts, parce qu’àvn chafeun eft notoire amp;nbsp;manifefte , le peruers confeil amp;nbsp;concept defdits Efpaignols amp;nbsp;leurs adherens,Comme tendant apres la longue patience de leur infupportable outrage, à la fin à l’entiere ruine, defiruciion amp;nbsp;perpétuelle feruitude de toutes les Prouinces des Pais bas, amp;nbsp;fideles habitans d’iceUes, à laquelle icelles cftoient apparentes de venir, fi fur le depart amp;nbsp;enchaflèr des Efpaignols amp;nbsp;leurs adhcrensnefutauanttou-tc chofe par autre remede conuenient, fpecialer ment de commune puilTance amp;accord des Pais-bas, tempre pourueu, amp;nbsp;qu’apres aucunes amiables interpellations amp;nbsp;admonition par fon Excellence amp;lefdits Eftats d’Hollande ;amp; Zelande , atibc autres Trouinccs d’iceux, à ce faits; les Prélats,

f Nobles amp;nbsp;Villes, reprefentans les £ftats de Bra-:. ■ band, Flandres amp;nbsp;autres Prouinces, fèmlgt;lans\à. ce s’encliner amp;nbsp;entièrement eftre affedionés, dé forte que pour auancer le bien , repos amp;nbsp;Vnion defdits Pais-bas, fon Excellence amp;nbsp;les Eftats fuf,

i dits des deux coftez font accordés des’aflcmbler amp;nbsp;entrer en communication. Eftans fôn Excellen-, ce amp;nbsp;les Eftats d’Hollande amp;nbsp;Zelandc' contents.

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jÇo Histoire des trovbiis enfemble comprenants amp;nbsp;fe faifânts fort en ceft affaire pour ceux de Bommel, amp;nbsp;tous autres leurs aflociez.’ U’cnuoicrà cede fin leurs Députez à certain iüur à la ville de GandiPour ce eft que fon Ex-ceUenceenfèmblelefdits fiftats de Hollande amp;nbsp;Ze* lande en la deflufditte qualité ont commis amp;nbsp;commettent par cefte le Noble, Honnorable amp;nbsp;bô Seigneur Philippe de Marnix , 'Sieur de S. Aldegondc Arnould de Dorpe, Guillaume de Zuilen de Nie-uelt, Adrien de la Mi)e,Cornil!e Coninex, Andrieu leiéune,pourdcla partamp;au nom de fbn Cxcellen' ceamp;dits Efiars, (e trouuer conioinâeinent ou la plus part d iceux àladitte communication à la ville de Gand , amp;nbsp;auec lefdits £ftats autres Prouinces despais-bas, ou leurs Députez legittiiTics yeftans prefens, traicter, aduifer amp;nbsp;conclure ce qui leur mi-cux ferniraamp; nuancera pour la paix, amitié amp;vnion defdttspaisamp;habitansd’iceulx, prenans efgardà la déclaration precedentc,amp; vertueux offre , plufieurs fois de parfon fxeeHence amp;nbsp;deffufdits £ftats d’Hol-landéamp;Zelandeamp; leurs ailôciez, amp;nbsp;principalement aûjdcrhiertraiéW de paix,auec IcS Députez du Koy àBreda, amp;nbsp;ceoiue illec fur lefaiâde la Pacification peuteftre traiflé ôi faiél.-fur quoy lefdits Députez, pourront procéder outre s’il eft requis ou neceflài-re.ßonnans aufdits Commis ou la plus part d’iceux plÜne authortté amp;nbsp;mandement general amp;nbsp;fpecial de faireamp;accordcrcnce auec lefdits £ftats des autres prouinces,ce qn’ils trouueront aucunement vtile amp;nbsp;proufitabk à' l’auancement amp;nbsp;feuretc du bien pu-blicq,amp; fpecialementà la refiftence, debilitation amp;nbsp;enchaflément defdits ffpaignols, comme ennemis publiques

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DV PAYS-BAS HU. I I I T. jSl I public,s de la patrie amp;nbsp;tranquillité publique; âcellc bn aufsi de s’obliger auec les autres Prouinces fous telles raiibnnablcs conditions amp;nbsp;articles qu'aucune-mentfclon Dieu amp;nbsp;honneur taire fè pourra,au repos j amp;nbsp;proCperité des p.iis.-Pi omettant fon Excellence amp;nbsp;Eftats d’Hollande amp;nbsp;Zelande fulHits en foy amp;nbsp;honneur de tenir bon amp;en valeur, amp;pour autant que leur touche obferucr irreuocaolcment amp;nbsp;inuiolable-nientce que parlefdits leurs Députez, commedef-tuseft mentionné, amp;nbsp;en ccquedefluseftdiét, tera traiélé, fins aucunement y contreuenirou laiflér contreuenir, direétementouindireélement, obligeants à ce par cefte leurs perfonnes amp;nbsp;biens amp;nbsp;ge-neralement de tous les habitans d’Hollande amp;nbsp;Zélande amp;nbsp;leurs atTociez , prcrcnsamp; à venir, nuis exceptez. En tefmoingdece eftla prefente par fon Excellence amp;nbsp;par ordonnance defdits Eftats de Hol-

I lande amp;nbsp;Zelande Soubfigné, amp;nbsp;par leurs féaux confirmé. Faiél à Middclbourg le i i.d’Oélobre , amp;nbsp;à Delft le 14. de ôeptembreen l’An 157^. Soubfigné QuiUaume lt;ie NaßoK.

Par Mandement (pecial des Eftats d’Hollande, foubfigné. T.'Swyj.

Par Mandement expres des Eftats de Zelande ibubfigné Taymon , amp;nbsp;feelé des trnix féaux en cire rouge à double queue de parchemin pendants.

! nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Commifiion du Secretaire.

1 Commeauferuicedes Seigneurs lesCommilTai-Commif-1 tes deleguez par Mefsieurs des Eftats des pais de

pardeça aflemblés à Bruxelles ; pour de rechef en-

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jSz Histoire des trovbles lieren communication de la Pacification auecq les Députez de Monficur le Prince d’Orcnge, amp;nbsp;des £ftats d’Hollande amp;nbsp;Zclande amp;nbsp;leurs aflociez, e' ftoit requis amp;nbsp;neceflâire, leur adioufter vn Sécrétai' re,pour depefeher, ligner amp;nbsp;autentiquer en leur nom toutes les lettres, ades, copies amp;nbsp;autres eferi-turcs de leurs bcfdingnes, lequel a efté par mes dits Seigneurs remis à l’option des Commiflaires fuf-dits.

Mes dits Seigneurs desÆftats, fiiyuansl’eleâion amp;nbsp;denomination faidte, de la perlonne de lan de Pennants,Confeilk-r du Rov noftre lire, amp;nbsp;Maiftrc en fa chambre des comptes en Braband, amp;nbsp;l’ayans pouraggreablc,eurentamp;ontleditdePcnnants,auc-toriféamp;auâorilênt de faire amp;nbsp;depefeher, ligner amp;nbsp;autcntiquer,du fceu,au nomamp;parordonnance defi dits SeigneursCommilTaires toiwaâes, lettres, copies,efentures ôi autres chofes befoignees, ce qui fera necelfaire, pour les mefnies faire donner fov amp;nbsp;credit, cftre receu amp;nbsp;admis pour veritable amp;nbsp;de valeur en tout leur contenu.Bien entendu qu’il en fera tenu de prefler le deu ferment es mains deldits SeigneursCommilTairesàleurcontentement. Faict à Bruxelles en vertu des Pftats de Braband, au nom amp;requeftedc tousles autres, amp;nbsp;lignature de leur Greffier,le 15. d’Odobre 1576. Deflbubs eftoit eferit.' Par Mandement expres defdits Seigneurs des Eftats. Et fbubfigné Cornille'ü'Veellemans, £t cacheté du feau lècret defdits fftats, en fourme de Placcart,

Faifonsfcauoir,qu’àlapriereamp;rcquefte de nos ditsfftatSjamp;fuyuantl’aggreatron amp;nbsp;confirmation dtfdits

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DV PAYS-BAS, LIU. IIII. ■ jSj deficits denoftreCcnfeil d’Eftat, en Ja forte amp;nbsp;maniéré qu’elle eftfaifte le s-iourde ce prefent mois.quot; Mandons amp;nbsp;commandons nos chers amp;nbsp;fealz les Chefs Prefidcns amp;nbsp;gens de noflre fecrct amp;nbsp;grand Confcih Chancelieramp; gens de noftre Confcil en Braband: Gouuerneur, Prefident amp;nbsp;gens de noilrc Confeil en Flandres amp;nbsp;Artois,grand Bailly de Hay-nau, amp;nbsp;gens de noftre Conlèil à Mons ; Preuoft de Valenciene, Gouuerneur de Lille, Douay, amp;nbsp;Or-chic$.quot;Gouuerncur,Prefideniamp; gens de noftre Cô-feil à Namur.'Noftre Gouuerneur, Bailly amp;nbsp;Confcil à Tournay.- Lieutenant, Prch'dcnt amp;;gens de noftre Confeil à Vtrecht,amp;£fcoutct de Malines.quot; qu’ils fa-cent ledit traifté de Pacification aucc infertiô corn-inc defl'us.publier, chaque es limites dcleur iurifdic-tion,au lieu ou on eft accoutumé de faire les publications. Et la mefme entretenir amp;obfèruer felon fa fourme amp;nbsp;teneur. En tefmoing de ce, y anons faiél appédre noftre feau.Donnccn noftre ville de Bruxelles le I ^.iourdcNouembreenrAn i 576.De nos Koyaulmes, afl'auoird’£fpaigne,Cicilc amp;c.le 2 i.amp; dcNapIcsle 25.

Far le Roy nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;£» fin Canfiil.

d'Ouerlôepe,

Apres l’accord amp;nbsp;pacification d’vne amp;nbsp;d’autre part chift«»» côclue,lc Comte de Keux,Gouuerneur de Flandres nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;«

a afsiegé le chafteau de Gand , tenu parles Efpaig- tendu, nolsrlequel avant obtenu feconrs amp;afsiftécc de gés, artillerie amp;nbsp;munitions de Monfieur le Prince, l’a faicl par plufieius iours battre. Menfieur le Comte

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384 Histoire des trovblbs

de Lalaing, Capitaine general de l’armee en abfen* cedii Duc d'Aifcot, amp;nbsp;leMarquisde Haurech y font venus,amp;• ont faiâ batti e ledit chafteau en deux diuersendroits, Oreftansfaidts les brefebes, (Siquot; que les fifp.'.icnolsdemaiidoient à parlementer , Je Colonel de la Garde.fut député parles ôcigneurs.pour faiclcr avec eux.- inaiseoinmeilsnepoutioient ac-cordcr.touchartleursarmes, leSicurdela Motte, ** a promis aux afsiegez la valeur d’icelles.- parqiioy ils fcrendirtTfaiifcorpsamp;bicns, le 1 i.iourdcNouem-bre l’An i çtô'.

'~Cê^pcnda’n les Ablemans commencerét à fèpre-pai er.noui fbrtir de Vaicnciencs, amp;nbsp;ti aiâcrentre-iitii». nbsp;nbsp;nbsp;prinfes fècretes amp;f ibtiles Si nouuelles trahions aiiec

les Efpaignols cflans au Chafltau. Pour à quoy obuier les EÜats generaux y (,nt enuove Monlîeur leCointe de I’enneberg; B.t'on de Ville, Gouucr-ncur A'Capitaine General de Haynau, en abfcncc de Monlîeur de Lalaing : lequ 'l combien qu’il n’a-unir auprès de luy que huieb «nfeignes VValonncs de Ion Regiment,a îîvail'ammcntpourfuiuy l’affaire,que lefdits Allemans 'ont partis de la ville par a-pointemeiitle i 2-iour de Noucmbre.receuant chaque fo”dart vn taller. Ore,tant entre la ville auecq lefdits VValons,a incontinent auccl’ayde des bons 1 ourgeois afsicgé'e chaGcan, auquel ell- icnt 140. Flpaipno’s, lefqueh il contraignit de fc rendre, amp;nbsp;par appointcmentd’abandônncrla place. Ce qui fut faiâ au mois amp;nbsp;an fufd t.

Le 2 2 .de Nouem.brc, lesWalcnsellanscngar-nilbnàGroeningue, femettansde lapart des E-flats, ont eu queftion amp;nbsp;debat contre le Sieur de

Billy

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DV PAYS-BAS. LIU. IIII. jSj

Billy leur Capitaine dont Ie fûcces fut come s’êfuit.

Quand les hommes confiderent amp;nbsp;perpendent meurement lesfecrctsiugemens de Dieu, ils peu-uent bien prendre à cœur les fèntenccs du Royal PropheteDauid,di(ânt; SileScigneurnegarde la ville, en vain veillent qui la gardent. Mais combien queiournellcment en voions diuersexemples, fi a-uonsicy à prefentvn exemple bien manifefteaduc-nulei3. deNouembre l’An 1576. amp;nbsp;autres iours cnfiiyuansjà Gi oeningue pays de Prize. Car apres que les auares amp;nbsp;fanguinairesElpaignols auoiét qua-fi l’elpace de dix ans vfés en tous les Pais de pardeça, leur arrogance,tyrannicamp;petulance,amp; les bons ha-bitans d’icenxmanacré,fpolié,delrobbé, violé leurs femmes,amp; filles, par enormes exaélions efpuifé leur cheuanccjles trafiques amp;nbsp;mainouurages,amp; qui eft le plusvituperableStdommageable, enchafledupais la plus part des gens vertueux, amp;nbsp;maintenant furent d’intention de fapproprier tousles pais, maiibns, ifpajgnois villes, bourgs, chafleaux, or, argent amp;nbsp;tous autres meubles, amp;nbsp;qui plus eft les hommes,. amp;nbsp;les faire ef- pay,=bas. claues,fe vantans que toutes les ly.Prouinces amp;nbsp;tout leur contenu leur eftoit donné à butio.-amp; que maintenant lê trouue que le Seigneur tout puiflant par fa grace amp;nbsp;milèricorde a ouucrt les yeulx d’aucuns des £ftats,qui leur trop grade petufance.tyrannie amp;nbsp;arrogance n’ont plus voulu fouffrirjmais foppolèr à icellc.Les Efpaignols.Allernans amp;VValons À’fpaig-nolilèzfqui lèfbnt veftusdela brutale tyrannie, pc- tügendir. tulance arrogance Efpaignoleamp; aueclcs Efpaig-nols confédérés) fe fontioincls tous enfemblc en s’afscbiem Braband.à Anuers, Lietc, Maftricht amp;nbsp;aucunes au-

■..... nbsp;nbsp;nbsp;' B b ----

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jSó Histoire des trovblbs tres places, auec intention d'intimider les Eftats du pais,amp; les faire difeords; neantmoins voiants qu’ils neprouifiterent gucrcs, ils ont vomy, toute leur a-viariceamp; tyrannie fur la ville d’An tiers, ou la plus part eftoit desthrefors, amp;nbsp;riclieflêsdetousles Pais* bas,lauf encore les threforsineftimables que les mar chauds Allcmans,François,Anglois,Italiens, Êfpaig-nolsjOfterlins amp;nbsp;autres y eurent,ou ils ont perpétré vn tié-cruelmaflacre, amp;nbsp;prins tant de richefle; fai-fantsparccàfaMajefté d’Elpaigne enfes pais-bas plus de dommage, qu’ils ne luyfcauriont faire de Ici u:cc en vingt ans. Lequel exemple le Colonnel Cafpardelvobles Gouucincur de Groeningue Si-Prize occidentale,pi efumant que perfonne ne luyo-feroitrefifterjpenlbit enluyurc- premièrement à la ville de Groeningue,amp; puis au mcfme pais de Groe ningue amp;Frizc Occidentale y faifantfcmblablc maf-{àcrcjfeusamp;fpoliations, amp;àceftcfin eftoitentréàla ville de Gi oeninguc: Maislebon amp;mifericordicux Seigneur,/a regarde de fes yeux de grace amp;nbsp;inifcri-cordeladitte ville de Groeningue, amp;mcrueilleulè-mentamp;milcricordieulèment deliuré les bourgeois amp;nbsp;habitans, Si la tyrannique arrogance amp;nbsp;concept dudit Colonnel empefehé, comme cy apres fera décrit.

Ledit Gafpar de Robles Seigneur de Billy, a faiél prefter ferment de fidelité à Ferdinande Lopes, amp;nbsp;paignci autres Capitaines, comme Monceau amp;nbsp;Champi, amp;nbsp;^€urs fergeans,Corporals amp;nbsp;Officiers,amp;iurer deluy ifes gen«, eftre au nom de fa Majefié l’efpace de trois mois bôs jamp;loyaulx,, en tout ce qu’il les vouldroit employer, difant; C^e ce pendant il enuoieroit vcrs Elpaigne à fa

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àfiaMajefté pour eftre certifié fi c’cftoit le plaifiramp; vouloir de fa Majelléou non, Q^e les pais amp;nbsp;villes s’eftoientaccordcsaueele Prince d’Orenge: amp;nbsp;en cas que ce fut le vouloir de fa Majefté, qu’alors il fairoitaulfy comme les autres pais amp;nbsp;villes de par-deça, efpcrant ce pendant fe faire maifire duthrelor amp;riche{fesdctoucle pais de Groeningue amp;nbsp;Prize Occidentale,en leficcageantamp;robbant.Lequel ferment ledit Colonnel Gafpar de Robles a propofé le z3.de Nouembicl’An 1576.au CapitaineLofy,de luy cfire fidele amp;nbsp;l’avder accomplir tout ce qu’il Iny dir oit. Le Capitaine Lofy y trouuant grande diffi-culté Juy refponditiQu’il ne pouuoitprefter tel feri ment, fans en auoir parlé à fesfcrgcansamp; Corpo-raulx.Ce qu’entendant le Colonncl fut fort marry, amp;nbsp;a incontinent mandé les deuxfergeansamp; les Cor-poraulxdela compaignie de Lofy, amp;leurpropofé tesgehjulè ledit ferment, lefquels aulTv n’y voulurent entedre, difans,qu’ils auoient faiéf ferment àfa Majefté, paf- deiuvpre-féneuf ans, lequel ils furent d’intention de loyau-ment garder, fi longuement que là Majefté ne les en auoit quitér Parqnoy ledit Colonel fut merueil-leufementfafché, amp;nbsp;demanda au Sergeant maieur, appellé Gautier, quelle lêroit fon iritention,luy dô-nant la plume à la main pour Ibubfigner ledit ferment. Maisledit Sergeant iettant la plume au feu, luy dittqu’ilaymoit mieux mourir, que defoubfig-ner vn te! ferment, commeauftv difoiët l’autre Sergeant amp;nbsp;Corporal, defquels l’vn fut nÔmé fan Mobil. Le Colonel de cefte refponce fort troublé, lent dit. Allés, le verray ce que ie doy faire de vous au-tres.ùls refpondirent Patience par forcé.

Bb i

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j88 Histoire DES TRovBLES

Apres cefte refoluiion lefHits deux fergeans amp;nbsp;Corporaulx, ontaflèmblé tous les autres Corpo-raulxdu CapitaineLoly,amp; conclu que chaque pro-poferoit à fes loudars tout ce que le Colonel leur a-uoitpropolê,pour entendre fur ce leurintention.-amp; alors s'aflèmbleroient autrefois, pour conclure ce qu’ilsauroientdorefcnauantdefaire;cc que les corporaulx ayants recité à leurs foudars, leur fut refpo* du de tous, qu’ils elloieut aufly refblus de ne faire autre ferment, amp;nbsp;de bazarder tous enfèmble corps amp;nbsp;vie pour l’vn l’autre, Laquelle refponce par les corporaulx rclatee, ils ont mandé auprès d’eulx les Ser-geans de la compaignie du Capitaine Villers qui a-uoient la garde du iour, aufquels ils declarerét tout ce quele Colonel leur auoitpropole, amp;nbsp;quelle con-clufion ils eurent de tous les foudars de leur enfeig-ne,demandans en outre leur intention amp;nbsp;ce qu’ils en vouldroient faire.A quoy refpondirent les Sergeans du Capitaine Villers, qu’ils elloiêt delà mefmeopi-nionamp;dc vouloir viure amp;nbsp;mourir auec eux. Lors ont conclu d’apprehender le Colonel amp;nbsp;le preuenif, bien fachans que le Colonel ne dormiroit point, en cas qu’apres la garde faiâe ils fe feparent, amp;nbsp;qu’il les preuiendroit. Parquoy ont commandé à tousles foudars, queperfonneen allant à la garde de nuiéf ne dechargeroitl’harqueboulè, deuat qu’il fut commandé par leurs Sergeans amp;nbsp;Corporaulx.

Ce pendantle Colonel n’a point dormi, mais a faict charger l’artillerie de grefil,amp; faiét mettre en la rue ou les foudars pafl’ent en allant à lagarde: amp;cô-mandé à Ferdinande Lopez, qu’il feroit preft auecq les foudars amp;nbsp;en ordre de battaille, pour fe ruer incontinent

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DV PAYS-BAS. tIU. IIII. j8p 7e» continent für Icsfoudarsdu Capitaine Lofy, quand ta com-l’artillerie auroit faiö fôn deuoir. Mais ce concept “‘'-o* entcdu parl’vndesSergeâsduCapitaine Villers,en po(e au aduertitl’enleigne deLolÿ allât à la garde; parquoy ont prins autre chemin, amp;vcnäsdeuantle logis du Colonel nul desfoudars a déchargé l’hatqüeboufej ne auflyfaiét au Colonel la reuerence accoutumée, de forte que le maiftre de la garde criaft; qu’ils décharger oient leurs harqueboules, mais les foudars refpon dirent qu’ils ne le fcriont.fi premièrement ne leur fut donné argent pour acheter poudre amp;nbsp;plôb.* parquoy le maiftre de la garde vouloir à l’accoutumé batre les foudarstee que voyanslesfoudars,Crie-rent Arme,Arme,amp; le maiftre de la garde s’eftmis à fuyr.Lors le Capitaine Lofy frappa fur fa poiclrine, dißnt; Mes chers foudars acheuez maintenant vo-ftre cntrcprinle : ceque.voyant lacompaignie du Capitaine Villers qui eftoit venu de la garde du iour,s’cft incontinent ioinde auec les autres, criats; Prenez courage nous voulons viure amp;nbsp;mourir auec vous autres, amp;nbsp;ont en hafte iuré d’ayder l’vn l’autre; amp;manifeftéqu’ilseftoient d’intention d’apprehen-der le Colonel.

Ferdinande Lopez qui portoitfoing_ en fesaffai-res.vcoit que les foudars venants delà garde ne vin-drent leur chemin accoutumé, quifut caufe defon entreprinfe ne fortit à effclt;ft;amp; oyant le grand bruit, yefthaftiucmentalléàcheual, criant amp;nbsp;demandant quelle chofeil y auoit,penlànt d’appailèrles foudars; Mais eux le (àluerent fi brauement d’harqueboufà-des, qu’il retourna à telle hafte que le chapeau luy tomba de la tefte, amp;nbsp;vcnantàla rued’Ebbingou les

Bb }

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59© Histoire des trovbles loudars eftoientcn ordre de battaille.'cftdefcendu dücheual, amp;cuydant conduire fès gens

ce du Gofonel,eftantveni! iufqucs au coing d’icelle rue, fcs Ibudars voyants lev deux compaignics de Lófy amp;nbsp;Villers en ordre debattaîilc,amp;bien encouragés, crioient. Tout heau mes comfaignons ne nous chargez pas, nous voulons vnanimement £àiré comme vous autres. Ferdinande Lopez voyant ce négoce s’eftfiuué à la maifon d’vn fournier, en vnef cftablc de pQurceaux;amp;fès loudars ont defehiré leur enlcigneamp;tiré delà lancette, fe ioignansauecq les deiixenfêignes de Lofy amp;nbsp;Villers, amp;nbsp;iürerentfur le piedamp;delaift de viuréamp;'mourir auétqculx. Puis inouuants vn grand Alàrmc^font venus tous enfem-r ble au logis, du Coionelj en Fappellant hors de Ibn logis. Ld^Côlonelquî fur fort cftonné de ce trouble amp;nbsp;tumulte éft venu à la porte,amp; aj ant le chapeau en la main leur dit bien airiiablcmët.'Mes chers amp;nbsp;loyt aux foudars foiez contents, amp;nbsp;ditfés'rnoy ce que de-mandésdî vous demandez argent,ieîè’'VÔUs donner ray d'icy à trois jours. St plufieurs autres femblables parolles,

pe cplond Les foudars rcfpondirent; Nous aurons bien no-Ertbks pri- lire paiement, mais vous ferez noftre prifonnier, amp;. luydilant beaucoup d’iniures, l’appellant melchant vilain amp;nbsp;trayftre, l’ontménéàlamaifbn delà ville, ou de coutume fê tenoit la principale garde. Puis Tont en allé au logis du Seigneur de Ruisbroecq genre du Colonel, lequêHIs ont auec beaucoup de parolles iniurieufes pareillement conftitué prifon-nier. Ledit Ruisbroecq voyant ce difordre; fitfon ^ebuoir d-appaifêrlesfoudars, difant. Mesfoudars foies

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DV PAYS-BAS. tlU. HlX. J?!

foies contens, mon beau pete vous payera: mais cc fut en vain, amp;nbsp;l’ont mené tenir compaignie au Colonel. Ce fiiét ont encore prins quatre Capitaines, aflâuoirLofÿ, Villers, Monceau amp;nbsp;Campi, amp;nbsp;leurs Robles pn« Poruenfeienes. Puis font allés au oois,ou de contu-me furent tourmentez Si chaftiés quand ils auoient mefufé ou commis quelque crime, amp;a forced’har-queboufades, amp;nbsp;coignees ontabbatu les cordes amp;nbsp;inftrumés dontonleur donnoitlaftroppe-de- cor- ’ de, amp;lesapportansfurlcmarchié, lesontbruflcamp; crié d’vn grand courage:

U tue le Prince d'Orenge,ZJiHe les Eßati» lufques alors furent les bourgeois fort eftonnez amp;nbsp;cfpouentcz , craingnants le mefme defaftre de ceuxde Maftncht, d’Anuers, amp;c. Mais oyants ce cry,ils furent mcrueilleufêment aife amp;nbsp;rclîouy.

Cc faiéblesfoudarslbntallezàlamailônau Pre- tedeput^ uoft ou le Depute des Eftats du Pais-bas, nommé Fraçois MaEtirii.ftella,qui dir Colonel mefme auoit ' efté gehenné, amp;nbsp;en donnant la torture bieflé, cÜoit encore prifonnler: mais coinme ils ne peurent àla chaude trouuer les clefs des ceppes de ferf les ont à force de limer orté de fosbras'amp;iambes, amp;nbsp;l’amené au logis du. Contrerolleuf;'puis ki/ayans mis la rouge efeharpe au col, l’ont amené au marché au cercle des foudars, ou tous ont fai ft ferment audit François Martini comme député amp;nbsp;au nom dcs£-ftats, de viure amp;nbsp;mourir auecq les Eftats s £n outre ont enuoié ledit Député accompaigné d’aucuns bourgeois de lapart delà ville, amp;nbsp;d’aucuns de la part des foudars, à Bruxelles, pour declarer à la Cour ladittcHiftoireamp; requérir ordonnance,félon

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59X Histoire DES TRovBLES laquelle dorelênauantfèdeuroient reigler.

CeFaidontenuoié 50. foudarsau logis du Seigneur Fafcusffpaignol, Colonel de Zutphen; mais Colonel ainfi qu’il n’y fut trouué ils s’en allèrent au Conuent eoiit’A en nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Cordelicrs ou il fut cerché diligemment par plu-

habit de fieurs ayants chandcIlcs cu la main; toutelfois ne Coidclier. peqt eftre trouué, par ce qu’il auoitveftu vne cappc de Cordelier, ayantla barbe amp;nbsp;poil coupés amp;nbsp;rafez , amp;nbsp;melînes vne cnandelle en main,cerchant foy mef-nie aufly diligemment, qu’il fut cerché des foudars, iniques à ce qn’vn autre Cordelier Alleman mon-ftrantfurFafcus, difoit; Voila vn moyne de noftre ordre, non pas de noftre Conuent: ce que n’eftant encore entendu par les foudars, difoit autrefois, Ip/useß tentteenm: c’eft à dire, c’eftluymcfine, tenez le ferme. Lors l’ont faify, amp;nbsp;veftu de fa cappc ratens à Cprdeüereamenéau marché, ou il fut mis exem-fonhablt plaircmcntàlavcucdetoutlemondeidifantsqu’ils ooaneau auoyent recouuert vn' nouuel Auefque; amp;nbsp;plu-â'iouHe^' autres propos iniurieux amp;nbsp;mocqueries. Puis monde, ils ont pour ce fbirordonnéla garde, amp;nbsp;lendemain faift crier par tout à fon de tabour,quiconque auoit logé amp;nbsp;caché le Capitaine Ferdinande Lopez, le 7’reuoftamp; le Maiftre de là garde; les declareroitfûr peine de corps amp;nbsp;bien, amp;nbsp;qü’on mettroit le feu en fâ maifôn ; de forte que par ce moyen ont trouué le /’reuoftàl’hoftel du Curé, à lacheminee, amp;nbsp;amené prifonnieramp;mis en vnefoffede prifbn; mais comme le Maiftre de la garde ne pouuoit eftre trouué, ils l’ont cerché au bordcau ou il fut pour la plus part logé,amp; ainfi qu’il n’y fut trouué, prindrent vne pu-taine nommée longue Alijt, StTayanslyee de leurs , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;mefehes,

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DV PAYS-BAS. LIU. Ilir. 59} mefchcs, luy dirent, Ribauldequetucs, monftre Houston mary, luy difinsplufieurs autres parolles iniijrieiifes.-Puis font ainfy allé à 1’hoftel des Fraters, ou le maiftre de la garde auoit eile la nuiél precede- m, dêî» te;amp; ainfi qu’ils voulurêtfçauoir du Moyne,ou il c- amp;nbsp;ftoit,amp; que le Moync ne leur en pouuoit rédu cop-te,ils ont lié ledit Moyne à Alijtfu(ditte;amp;ainfi me- enfembie. né enfèmble parles rues pour vn fpetâacle; mais come finalement le Moyne n’en fccut rien dire, il fut découplé amp;nbsp;laiflé en aller,amp; la putaine fut abandonnée aux ieunes garçons,defquels elle fut fi vilaincmét accoutrée de fange amp;nbsp;ordure, que de long temps n’eftoit à foy fcmblable.

Apres ils ontfemblablemcnt faify le Doâeur VVeftendorpjionobftant toutes lesproteftations par luy faiâes aux Ibudars, difant qu’ils regarderoi- vveftMotp ent bien à leurs affaires, en conftituat prifônnier luy qui eftoit feruiteur de fà Majefté; amp;nbsp;fut par eux me-néà la tauerne.luy rcfpondâs.Si le Colonel cit Roy d’Efpaigne,aufly eftes vous fêruiteurduRoy.autre-mentvouseftes feruiteur d’vn mefehant amp;nbsp;trayftre du pais : tout tel Roy amp;nbsp;M aiftre que vous ferués, tel loyer receurés.

Ce pendant font venus les autres fbudarsauecq Ferdinande Lopez, criants; Nous vous amenons le bouncau boureau de Groeningue,amp;l’ont premieremétme-

.. • nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;* nbsp;nbsp;nbsp;* % 4 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 Dinguv»

ne a la maiion delà ville, «puisait Monaltere des lacobins, ou les autres Capitaines furent detenus prifonniers. £tle tiersiouront ilstrouuéle maiftre delà garde veftu en preftre;amp;l’ont misenlafoflè de prifbn pour tenir compaignie au Colonel de Groe-ningue, amp;nbsp;àFafcus.

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Histoire des trovbles

Com* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Le lundy y eft venu la compaignie qui eftoit 1

faquot;’»!!''!!«'L'apitaint Sierck, Si dr unn (« fon Port'cnfeigne,amp; eflantvenu de nuift,eft encré rc’ùTdt*'*^enGroeninguelendemain du matin,ouïes foudars cioenin- fefontioinôtsaueclesautrcsaulèrmcnt desEftats.

Lemcfmeicmr, leslbudars ont prins le Lieutenant de Groeningue nommé Mepfque;amp; faiét garder en fa propre maifon par jo.fnudars.

Le mardy au fôir, apres que la garde fut ordónce, lesfoudarsdeDelfsyflcvindrentà Groeningue a* menants prifonnier leur Capitaine Barnicourt amp;nbsp;leiforde.fonPort-cnfeigne. Ceditiourvindrent deux Cor-’'*’ndent' elcliers demander au Lieutenant la cappedont Faf-l’habit nbsp;nbsp;eus eftoitvcftu quand il fut plins. Le Lieutenant

leur dit, qu’il n’y auoit que dire. Parquoy s’en allèrent aux Ibudars, qui refpondirent aux Moynes, lacappeeft là ou elle demourera, car nous n’olôns mettre les mains fur c hofe tant fa in de : aul-Jÿdebuoit il ouyr la confefîion du Colormclamp;:autres, Si auecq cefte cappc aller à Bruxelles.

Le Mercredycft venule meffager du Lieutenant au commis des billets, demandant paflê-port pour pouuoir forfir de la ville; ccquedon-noit füupçon au commis; parquoy fut prins, amp;nbsp;eftant examiné, furent trouué furluy des lettres é-crittes par le Lieutenant Mepfquc, contenants plufieurs fècrets de grand’ importance.

Ce faid toutes chofès furent mifes en fourfean-ce, iufqucs au retour de ceux qui furent enuoiés à Bruxelles ÿ pour faire par apresainfique les Eftats trouueront eftte neceflaire pour le repos amp;nbsp;tranquillité du pais.

Leÿ

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DV PAYS-BAS. MU. Hit. JÇJ

Les Eftats vpouruovants, ont donné au Com-comte de te de Rennenberg l’fftat de ce Robles, amp;y en-Uoyé pour donner ordre aux affaires, ce qu’il a faict lîprudemment, qu’eftans payés les (oudars, la ville dcGroeningue amp;nbsp;tout le pais de Prize, (è lont rengé fous l’obeiflancc des Eilats. Et le chafteau eftint ia en defence; fut par les bourgeois de Groeningue, par ordonnance du Comte de Rennenberg entièrement dcllruilt;3:amp; ruiné.

Au ipois de lanuicr l’An 1577. les Elcof- vzr. fois qui fuient aux gage,s des Ellats, fous la con- cnc P tes duitcd,eleur Côloncl Baifour, rencontrans à lou-pilé à vnc lieue delà ville de Liege, les Elpaig-nolj, les ont fi brauement cfcarmouché , que beaU' coupd’icèux depiotirerenr morts prenaritlt;les au-treslafuytç. . '

Ce pendant qup les £ fiats firent la guerre aux ffpaigndls, le Roy .d’ffpaigne enuoye auneiit au Pais-bas pour Gouuerneur Don lan d’Auflriche.quot; *’quot;»'1*“' lequel démourant quelque temps au pais de Lu-xenbourg, confirmant amp;nbsp;ratifiant la '/Pacification de Gand deuant qu’il venoit en Braband , fut faiét de ce yn accord à Marche en Famine, entre pon lan amp;nbsp;lefdits £ftats, le 11. dePeburier, l’An

Le i?. dudit mois dePeburier le font rendus parappoinélementles ffpaignolsduchafteaud’V- d'vtredit trechtalfiegez par le Comte de Boflù amp;nbsp;Seigneur «quot;**“• de Hierges, parfautede viures, amp;nbsp;ce és mains du Comte de Bofi’u.

Ledit accord faidauec Don lan, futen fourme

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59Ö Histoire DES trovbles d’fdid perpétuel, finalement publié à Bruxelles le » 17.amp; à Anuers le ay.iour de Feburier.'Dont la copie (Q’^^T'^s’cnfiiyt.

Philippe par la gracede Dieu, Roy de Caftille, ôetMid” Leon,Arragon,Nauarre,Naplcs,Sicilië, Maiorque, Don Un. «îardeigne, des Ifles Indes, amp;nbsp;teixe ferme de la mer Oceane.-Archiducd’Auftrice,Ducde Bourgoigne, ®*'®^’”‘^’Linibourg, Luxenbourg, Gelte amp;nbsp;Milan; Côte de Habsbourg,Flâdres, Artoisamp;Bourgoignc, Palatin de Haynau, Hollande, Zelande,Namuramp; Zutphen.-Prince deSuaue, Marquis du lt;S. Empire, Seigneur de Frize,5alines,Malines,de la ville, villes amp;nbsp;Pais d’Vtrecht, Oueryflel amp;nbsp;Grocninguc,Domi-nateur en Afie amp;nbsp;Afrique. A tous ceux qui nos pre-lentes lettres patentes verront amp;nbsp;oiront lire, lalut. Comme depuis le moisdeluillct dernier à noftrc grand regret amp;nbsp;delplaifir en nos Tais-bas, font ad-uenus àcaule des alteraties aduenus entre noz fou-darsEfpaignolsamp; autres fondars eftrangers illecc-' Hants,les changemés des affaires publiques amp;nbsp;troubles, lefqucls enfemble les difordres, in’conueniens, mauuais traidcmens nbsp;nbsp;milères,qui a noffre ßmbla-

ble defplaifir Si regret iufquesà ores en'font enfuy-ui,à tous fbn t notoires. Nous pour la réconciliatio, vnion, paix amp;nbsp;tranquillité de nofdits Paff-bas, Siï l’adminiffration amp;nbsp;general GouLierncnicnt d’iceux, efdits nous Pais-bas allons enuoyc noHre trelcher amp;nbsp;bien aimé Frère Don lan d’Auftriche, Chcualier de noftrc ordre du Toifon d’or: Ainfi que ledit no* lire bon frere apres fon arriucecnnolHits “Pais-bas, a traiôé. Si conclu premièrement en noftre ville de Luxenbourg.auecnoftre tref-cher,fealamp;;bicn aimé le

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DV PAYS-BAS LIU. 111 T. JJT leReucrend Pere en Dieu, Ä’ire Mathieu Abbe de r/ ' 'S. Giflain.eleuEuefque d’Arras, Charles Philippe * ‘ de Croy Marquis de Haurechamp;c. noftrecoufin'amp; j Gentil-homme de noftre chambre, Charles de Hâ- ’'J I nart Baron de Liekerque, Viconte de noftre ville de ‘ Bruxelles, amp;nbsp;Adolf de Meetkerque Confcillier Sc Receueur de noftre pais du Francq en noftre Comté duFlandres,Commirtairesamp; Députez des £ftats generaulxde nofdits Pais-bas, Et depuis à noftre ville de Marche, amp;nbsp;apres à la ville de Huy au pais de Liege; Par intcruentionamp; intereeßion à laditte ville de Huy des Seigneurs cy deflbubs nommez,Am-bafladeurs amp;nbsp;Députez de noftre trefdigne amp;nbsp;trelài-méFrere Rudolfle fécond de ce nom, elcufmpe-rcur des Romains,toufiours Augufte,amp;c.pour moi-enneramp;auancerladitte reconciliation, vnion, amp;ac-cord,parladittelmper. Majeftéfpccialemétordonné Si enuoié; Aflauoir le Reuerendifïîme Perc en •'^ieu,noftre cher amp;nbsp;bon amy ô’ire Girard de Groef-beke, Eucfque de Liege, Duc de Bullion, Marquis de Franchimont, Comte de Loo, amp;c. Prince du S. Empires Seigneur Philippe le Aide, Francq Baron deVVinenbcrgPrefidcnt, amp;nbsp;Andrieu Gaile Do-fteuren droiifts Côfcillier de ladittelmp. Majefté, Werner Seigneur deGimnich Droflàtdu paisde Iuliers,amp; lan Louvverman licencié en droiéls, tous deux Confeillicrs de haut amp;nbsp;puiflant Prince noftre tr«fchcramp;bicn aime oncle Guillaume Duc de lu-liers,Cleue,amp;c. amp;nbsp;Prince du S. Empire,comme Députez dudit Prince amp;nbsp;Duc, amp;nbsp;Ambafladeur de la-dittelmp. Majefté à ce que deffus eftdiâ par ledit Prince amp;nbsp;Duc en fonablence fubdelegué auec hoz

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398 Histoire des trövbeej trefchersamp;fealsceuxde noftre Confeil d’Efiat, par nous commis au gouuernemcnt general de nofdits pais-bas,amp;piiuc. £t ledit Sire Mathieu Abbe de S. Giflainjcleu Êuefque d’Arras, Sire Bucho Ayta Archidiacre d’Ypres, Seigneur FredcricqPerenot Baron deRenay,Sieur deChampigniîGouuerneur de noftrevilicd’Anuei s.-lan de S. OrtierSéigneur de Moibeque, Gouuemeur denollrc ville amp;nbsp;chàfteau d’Aile.'François d’AlcvvinSieurdeSueucgem, grâd Bailly amp;nbsp;Capitaine de nortre ville amp;nbsp;challeau d’Au-denarde,Cheualiers;amp;!cdit Adolf de Meetkerque commis amp;nbsp;Députez defdits £ltatSjamp;’ dernièrement en noftre ville de Bruxelles, ou pour ledit traidéSi accord continuer amp;nbsp;finir, auecq ceux de noftre dict Confeil d’£ftat amp;nbsp;lefdits Eftats fe font trouué amp;nbsp;prefênté lefdits Seigneurs Ambaflàdcurs amp;nbsp;DeputeZ derEmpiic, amp;nbsp;les fubdeleguez du fufdit Prince Duc de ïuliers,auec noftictrefchtr amp;nbsp;bie feàl Seigneur Oôtauio Gonzaga Cheualicr^ noftre Conféil-lierlez noftre diél bon frereà ce commis, amp;nbsp;parluy enuoiediuers pointsamp; articles,rendants ^rferuants àladitte reconciliation, accord amp;nbsp;vnion, amp;nbsp;à bonne addrefl'c A'dircftion d’icelletNous par deliberatie, confeil amp;nbsp;adu’s de noftre diét bonfrere Don lan d’Auftriche, amp;deftîifsde noz Confeds d’fiftat 8t Priué Allons en conformité amp;nbsp;félon la teneur deft-dits pointsmoiensentre nous d’vncofté, amp;nbsp;lefdits Eftats d’autre enflé traiéfé amp;nbsp;accordé, pour nous, nos heritiers amp;’ fuccefleurs ftatué ordonné* ftatuons^ ordonnons par maniéré d’ediél perpe-,tuel,amp; àiamaisirrcuocablcjles points amp;nbsp;articles en-fuy liants.

î. Pré*

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DV PAYS-BAS. LIU. IIII. 599

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400 Histoire des trovbles

que félon l’eftat des affaires de nofdits Pais-bas, auquel pour alors furent, ledit traiße de paix fembla-blement ne contenoit chofé qui fût au preiudice de noftrc grandeur, autorité amp;nbsp;obeiffante à nous deuc par nofdits/’ais-bas, amp;nbsp;fpedalement ayants lefdits Seigneurs Ambaffadeursamp; Deputezde l’jEmpire, amp;nbsp;fiibdelegués dudit Prince amp;nbsp;Duc de luliers, tef-moigné amp;nbsp;certifié ce que dedus eft diß, en conformité dcfdits Euefques, Abbez amp;nbsp;autres Prélats Sc perfbnnes Ecclefiaftiques, amp;de ceux de noftrediß Conlèil d’£ftat. Nousauonsaggrec, approuué, amp;nbsp;ratifié.- aggrcons, approuuons amp;nbsp;ratifions par cefte noftre prefénte ledit traißd de paix, en tous amp;nbsp;chaque fespoinßs amp;nbsp;articlcs.Promettonsenfoy amp;pa-rolledeRoy amp;Princeledit traißd de paix, pour autant qu’il nous peut toucher amp;nbsp;concerner, d’ob-ferucramp;entretenir àtoujoursinuiolablement, amp;nbsp;à tousamp; chaque qu’il peut touchcr.fairefcmblablc-incnt entretenir amp;nbsp;obféruer, amp;cnfuyliant ce nous accordonsamp;ordonnonsquelaconuocation amp;nbsp;af-fcmbleedes Eftats gcneraulx de nofdits Pays-bas, mencionnee au troifiéme article dudit traißd de Paix, fera faiße en telle forte amp;nbsp;maniéré, amp;nbsp;auecq tel effeß que ledit article plus amplement contient.

J. Item accordons,ftatuons amp;nbsp;ordonnons que tous amp;nbsp;chaque de noz gcndarmes,£fpaignols, Alle-mans. Italiens, Bourgoignons amp;nbsp;autres cftrangers, tanta chenal qu’à pied, cftans prefentementen not dits pais-bas, fe retireront amp;nbsp;départiront par terre,’ libres,francqs amp;nbsp;non empefehez de nofdits pais-bas, fans y pouuoir retourner, ou qu’autres y pourront eftrc

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DV PAYS-BAS. LIU. Till. 4.0t eftrcrcnuoies,Gns auoirguerreeftrangerc, J5i généralement n’y eflans de befoing ne proprementne-ceflaires, amp;nbsp;li non par congé amp;nbsp;approbation des £-flats generaulx de nofdits pais-bas.

4. £t touchant le temps amp;nbsp;terme du départe-ment de noftrefufdittegendarmerie, nous accordons, ftatuonsamp; ordonnons, que tous les Elpaig-uols, Italiens, amp;nbsp;Bourgoignons deuront partir amp;nbsp;partiront en dedés lo.iours de l’infinuation qui leur en fera inêontinent fai de par ledit noftrc bon frère, denoflre chafteau amp;nbsp;ville d’Anuers, amp;nbsp;de tous autres chafteaux, villes amp;nbsp;fortereffes de nolcjîts Pais-bas,qu’ils tiennent amp;nbsp;occupentprefentement,ou au lieu ou ils fe trouuent, de tous nofJits pais-bas, amp;nbsp;nommément denoflre Duché de Luxcmbourg,en dedens 10. autres iours,ouplufloft fi faire fi; peut: à quoy noftredit bon fiere s’accommodera amp;nbsp;emploiera de tout fon pouuoir. Et durant ledit temps de quarante iours to us amp;nbsp;chaque de nos gédarmes, fe deuront tenir amp;nbsp;porter honneflement amp;nbsp;paifiblc-ment fans rançonner, piller, faccager, ne en manier« quelconque nofilits Pais-bas opprimer ou endommager, ny auflî les pais circon-voifins ou inhabitans d’iceux.

J. £t quant au temps amp;nbsp;terme du departement f defditsfoudarsAllcmans, iceux deurontpartir Sc S'cn iront de nofdits pais-bas incontinent lefdits E-flats feront auec eux accordés, fur ce qu’on trouue-ra (comme cy apres au ilt;î. article de n oftreprefen-te lettre plus amplerrentfcra difpofé amp;pourueu)a-pres le copte amp;nbsp;dedudiô,amp; deu rabat auec eux faid, en toute raifo amp;nbsp;équité, leur eflre encore redeuablCf

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4Oi Histoire des trovblej

£ttoute noftre ditto gendarmerie,Efpaig-nols,Allemans,Italiens, Bourgoignonsamp;tous autres deuront laifler amp;laiflerontàleur departement denofditschafteauxamp; villes, tous les viuixs, Pro-uandes,artillerie amp;nbsp;munitions de guerre illec eftatsf • lefquels nos chafteauxamp; villes aueclefdits Viures, Prouandes, Artillerie amp;nbsp;munitions de guerre nous mettrons par aduis de ceux de noftre dit Confeil d’£ftat,ésmainsdesper(bnnages natifs de nofdits pais-bas, Stfuyuantlc Priuilege de nofditspais-bas, qualifiezamp;pourceftefoiseftans aufdits £ftats ag« grcables.

' pofitions qui par aucuns de nofdits gens de guerre quiconquesilsfoicnt, en nofdits pais-bas peuuent eftrc faiâes, durant le temps qu’ils y ontefté amp;nbsp;le font detenus.- nous laiderons en ce faire, comme lè-lon droid, raifbn amp;nbsp;équité appartiendra, amp;nbsp;ainfy qu’il fera poflîble de l’accompliramp;executcr. Aufsi fairons faire enquefte tant fur les fuperieursamp; chefs de nofdits gens de guerre,que fur tous amp;nbsp;chaque def dits nos gendarmes, qûi en aucune forte amp;nbsp;manie-je, quelconque qu’elle foit en nofdits pais-bas ou paiscirconvoifins pourront auoirmefufé,delinqué, % ou péché , amp;nbsp;en làirons droid amp;iuftice, foit en ' ^'nofdits pais-basou en nos Royaumes d’£fpaignc, ou ailleurs ou nous le trouuerons le mieux appartenir,

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ߥ PÀYS-BAS. Liu. Itll. 4ÖJ j rart^on; Bien entendu que touchant le rcnüoy amp;nbsp;retour de noftre Coulîn Philippe Guillaume de NafloUjComtedeBurcnennofdits pâis-bas, nous . •, procurerons amp;nbsp;fairons que ledit Comte lira remis libre amp;nbsp;francq en nofdits pais- bas,lî toft,amp; inconti- ' ncnt qu’eftant laditte aflemblee des eftats generaux achcuce, ledit Prince d’Orenge aura defapartreau-rnent amp;’de faiélaccomply ce qu'en laditte aflemblee fera arrefté amp;nbsp;conclu.

9. Item nous accordons, ftatuons, amp;nbsp;ordon-hons quelaqueftion, difference amp;nbsp;difficulté fur le reftabüflèment amp;nbsp;reftitution,ou non,d’aucuns Seigneurs amp;nbsp;Officiers en leur Gouuerrtcmens, £flats amp;nbsp;Offices,defquels ils font eftédepolez à l’occafion du ‘ changement, alterationsamp;troublesfufdits, fera tenue fufpens amp;nbsp;en fourfèance iufques à la fin de laditte aflemblee defditsEftatsgencraulx; amp;fèra adonc laditte queftion, difference amp;nbsp;difficulté pofee en droiél,amp;commifleaux Confèils âcluftices ordinaires de nofdits pais- bas refpeéliuemcnt; pour la con-noidànce prinfe, eftrc félon raifon décidée amp;nbsp;de* termineei

lOi £n oiitré promettons en foyamp; ’pàrolle de Roy amp;nbsp;Prince d’obfèrueramp; maintenir , amp;nbsp;par no-ftrediél bon frere, amp;tous autres Gouuerneurs, amp;nbsp;chaque d’iceux,tancgeneraulx que particuliers, qui cy apres par nous, ou par nos fuccefleurs font ou feront en nofdits pais-bas commis faire obléruer amp;. maintenir,tous amp;nbsp;chaque Priuileges, droiéls, vfan- ‘ ces amp;nbsp;coutumes dcfdits pais-bas. £t que ne nous fairons feruir fous nous,noftredit bon frere, nbsp;nbsp;autres

Gouuerneurs de nofditspais, enConfeil ncautre^j,

Çc X

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404 HiSTO I RE DES TROVBLBS

ment, au vray gouncrnemcnt amp;nbsp;adminiftratio publique de noldits pais-bas, que tant feulement de ceux qui font natifs de nofdits pais.

I î. Item ont lefdits Eftats en fcmblable forte amp;nbsp;maniéré promis de renoncer, doiucnt renoncer, Sc renonceront tous amp;nbsp;chaque alliance amp;nbsp;confederation, qu’ils pour leur Icurté amp;nbsp;defence puiffent auoir faiéitaucceftrangcrs, depuis le changement, alterations amp;troubltsfufdits.

vrayeamp;naifueafreôion qu’ils portent à noftrc lër-uice, libéralement prefcntcamp;accordé la fomme de lix cent mille Übures de 4o.gros monnoye de Flandres laliburc. De laquelle fomme donneront con-tantla moitié és mains defdits Seigneurs Ambaflà-deurs amp;nbsp;députez dcr£mpirc,amp;: fubdelcgucz dudit Prince amp;DucdeIuliers; à fin que laditte moitié foit

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DV PAYS-BAS» LIU. ÏTIX. 40$ foil par lefdits Seigneurs AmbafTadeurs,Deputez Zc fubdeleguez mife amp;nbsp;proportionellemcnt deliuree esmainsdenoftre diétbon frere, oudefon Com-^ mis, à la dilcrctiort amp;nbsp;arbitrage defdits Seigneurs Ambafladeurs amp;nbsp;Deputez, pour nofdits gendarmes £fpaigno!s,Italiens,Bourgoignons autres eftran-gers ftire départir de noltre chafteauamp; ville d’An-ucrs,amp; de tous amp;nbsp;chaque nos autres chafteaux',villes fortrcfles,rcferué lefdits Allcmas,iufqucs à ce qu’ô aura entièrement compté aucc eux, comme cydef-fbubsfera dit; amp;nbsp;l’autre moitié* remettront lefdits £ftats par change à Gennes.par lettres lôüffilântcs, pour illec cftre deliuree dedens deux mois après que lefdits Efpaignols,Italiens, amp;nbsp;Boutgoignons feront partis de noftredift chafleau amp;nbsp;villeH’Anuers, és mains de ceux, qui à ce par noftredit bon frere auront plain pouuoir.

15. £t en outre ont lefdits £ftats, en la forte amp;nbsp;maniéré corne delTus cft diél, promis de prendre,amp; ont prins à leur charge de contenter nofdits gendarmes Allemans de leurs gages amp;nbsp;fbuldes, ainfî qu’a-pres le compte amp;iufte dcduélionauet euxfaiéîjon trouuera en toute raifon amp;nbsp;equitéleur douoir 8c e-ftreen arriéré; A quoyhous 8c noftreditbon Frere promettonsaufdits £ftats d’avder, amp;äydefonsft:lö tout noftre pouuoir, auéloritéamp; crédit tant enuérs ceuît qui ont ledit compte amp;nbsp;regiftres és mains pour les dcliufér, qwaufdits Allemans pour les induire'amp; perfuader de fe vouloir laifTer coritcHi'ér, àuecqce amp;nbsp;ainfi'quclèra trouueràifonnable.Cômmeaufly volontairement óntprefentélcfdits Seigneurs Amb'aî-fadeurs Deputez aér£nïpire,amp; fubdeleguez dudit

Ce î

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4CI6 Histoire des trovbles

« Piipceamp;Ducdeluliersdefairelefemblablccnuers ** lefdits Allemans.' Et qu’ils prieront à laditte Imper.

Majellé qu’il luy plaife vfei amp;nbsp;cmploier l’on autorité àladitte fin fur lefdits Allcmans.' Et iniques à ce qu’auldits Allemans laditte fatiffaélion lèra faiâe, ils pourront dcmourer en noldits'Pais bas paifible-ment en tels lieux,que nous par aduis de noftredict Confèil d'Êftat leur monftrerons amp;nbsp;fignifierons à h defenfp S{ aû'eurance de nous amp;nbsp;defdits Eftats.

i6. Itcmlefdits£ftatSj,ontcnlafourmcamp;ma-pjerefufditte promis,amp; feront tenus-apres le departement defdits £fpaignols,It^licns,amp; Bourgoignôs de nofdits Rais-bas,de receuoir noftre diâ bon fre* re,l’exhibition amp;nbsp;tradition par luy faicle de noz lettres patentes de Commiffion.à ce lèruantesfur cç ^expédiéesEt faifant le fèrrrient à ce appartenant amp;nbsp;accoutumé, enfemble l’adhibition oblêruation • d’autres folemnitez, qui à cç doibuent eftre vie, -faiéls oblerué, cpmme Gouuerneur, Lieutenant .amp; Capitaine general pour nous,en nofdits pais-bas: _£t pour tel luy pourront lefdits Eftats porter amp;nbsp;, faire, amp;nbsp;porteront amp;nbsp;fairont lerefpeél, honour amp;nbsp;o-.beiflânee cÔme appartient; Demourât touteffois ledit traiclé de paix,failt;ft ep noftreditteville de Gâd, , en toutce qui defruseftdi(â,amp;,cn depend,en fa for-ce amp;nbsp;vigueur,

ly. Item nousftatuonsamp; ordonnons,quenox fuccelTeursà leur ioyeufççntrce, amp;noftrediâ: bon frere,amp; à chaque de noz autres Gouuerneus à com-mettre par npus op nofdits fucccITeurs en nofdits pais-bas, tantGeneralque; particuliers, enfemble aufly tous amp;nbsp;chaque noz. Prefîdens, Conlèillicrs, J J nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*

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PV PAYS-BAS. LIU. ïlll, 407

Officiers amp;nbsp;lufticiers deuant leur venue, entree amp;nbsp;commencement de leur adminiftration Si charge en leurGouuernemensj £ftatsamp; Offices, deuront fo' lennellement iurer, Sciiireront d’entretenir amp;ob-feruer, amp;nbsp;pour autant qu’en eux eft, faire obferuer Si entretenir noftrc prefente ordonnance amp;nbsp;ac* cord-

-, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;C e 4

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4o8 Histoirh des TROvbles

part tant de noiisamp;dc noftredid bon frcre, que defdirs frtatsfur ce faidc:ontlcfdits Seigneurs,Am baflàdeurs, Députez de J’Ampire; Si fubdeleguez dudit'T’rinceamp;Ducdeluliers, en telle qualité, amp;nbsp;comme intcrucnteursamp;intercefleurs, pour laditte reconciliation, accord amp;nbsp;vnion en noltre prefente ƒ comprinfe moyenner amp;auancer, de leurs propres ma ins laditte noftre preien te Ibubfignee: Ayats auf-deleurbon vouloirprelènté, laditte parl’Imp. Ma-jeftcleurcommittent, faire lauder, confirmer, ap-prouuer amp;nbsp;ratifier, amp;nbsp;tout ce qu’à l’auancement de cefte ditte reconciliation amp;nbsp;vnion ils ont amp;nbsp;auroy-ent faiâ amp;nbsp;traidé, en cas qu’il Ibit neceflaire.Dôné en noftreville de Marche en Famine le iz. de Feb. en l’An de Noftre St. 1577. De noz Royaumes, af-fauoir d’flpaigne, vieille,amp;c. le 2 j. £t de Naples le aj.Soubfigné, Ardefloubseftoit eferit; Tar ordonnance de fon A]tete,Si (igné P. le Gaffeur. £tà lautre cofté eftoit encore efcriuDônc en noftre ville de Bruxelles le 17. deFeburier, enl’An de noftre Seigneur 1577.De noftre Royaume, aflauoird’f» ïpaigne, Vieille, amp;c. le 25, £t de Naples le 25. Et defl’oubs eftoit eferit: Par ordonnance de Mefiieurs du Conreild’£ftat du Roy noftre Sire, par fa Ma-jefté commis au Gouuernemcnt general de noz pais depardeço; Siügnc D'ouerloepe, £ncore eftoit ef-crit.'Par fpecial Si expres commandement amp;nbsp;ordonnance de Mefsieurs les £ftats gcneraulxdes bas. £t figné, Cornelius Weellemttns,Si plus bas.* Girard fuefque de Liege. Philippus Senior,Baro in Winnenberg amp;'c. Andréas Gail D. Werber tzo G iinmich amp;. lohan Louvverman.£t encore plus bas

* - nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;eftoit

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DVPAYS-BAÎ. LIU. IIII. 40J / y .

cftoitefcrit: Publiéà Bruxelle Je xj. de Feburier 15 77. à la prefcnce de Mefsieurs du Confcil d'fftat Commis par le R.oy au gouucrnement general des pais-bas. Et du Conlèil Priué,amp; de Monlèigneur le Reuerendifsitr.e£uefqueamp; Prince dé Liege, amp;nbsp;autres Seigneurs Amba{radeursamp; Députez de 1‘Imp. Majeftéjamp;deMelsieursdes £ftatsgeneraulx dcfdits Pais.Par moy Secretaire delà ville de Bruxelle : Et Soubfigné Aerßens. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'■

JUonfiigntur le T^rince ttOrenge let Sßatt tîHollande cß Zela»de^ ayant recett la Copie dudiS S~ dtEl perpétuel, ontprotefléfur let poinUt;^ clet de la ‘Paix de Don ïan,egt;uißenfuiuent, ■ nbsp;nbsp;nbsp;lt;nbsp;y

MOnfieur le Prince d’Orenge amp;nbsp;les £ftats deproteft d« Hollande amp;Zelânde,ayants veu les lettres de

Credence, lefquellesdela part deMeffieursles flats generaulxdes pais de pardeça, - parle Seigneur de VVilerual amp;nbsp;M, Paoul Buys Aduocat de Hollâ-de,aecompaignés de Meflieurs les Ambaflàdeurs dé r£mpereur à ce grandement requis, à fbn Excellence, font monflrez; par lefquelles Meflieurs les £ftats demandent aduis amp;nbsp;refponce fur aucuns articles faiéts en fourme d’£dit} perpétuel au nom duRoy, tendant à vnion des Pais de pardeça, Scauecq Don lan d’Auflricheiàciix à ce deliurcz; Ont refponduj comme aufly refpondent parccfte : qu’ils,pour autant que concerne lefdits articles, louent amp;prifent grandement le fâinft zcle,le bon propos amp;nbsp;intention, que lefdits Seigneurs Eftatsdemonftrent aiioir, pour vne fois réduire noftre poureamp;mlferable patrie, à vne tant deliree tranquillité amp;nbsp;vriion.leur bié

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410 Histoire des trovblf.s

aflcurans quelefdits Seigneurs Eftats en cela nc cer-chent qu’à deliurerles poures habitans affligez de la grande pouretéamp; milère, en laquelle font quafi noyez,par la cruelle amp;infuppoi table tyrannie delà fuperbe nation Elpaignolle, amp;mal ordonnéGou-uerneroent par icelle introduiâ, amp;nbsp;pour par oblèr-uation des anciens Priuileges, droiélsamp; franchilès conftitucr bon amp;nbsp;certain ordre; à fin qu’en apres ne tombent en femblables inconueniens, amp;nbsp;principalement pour entièrement par lefdits articles approcher à la Pacification dernièrement faitle à Gand le ?.iour de Nouembre dernier paflë: De Ibrte qu’ils ont en tous leurs chofes amp;nbsp;proteft toujours promis, amp;nbsp;auffifaid des ades louables amp;nbsp;dignes de perpétuelle memoif c.’ Mais apres que les mémorables Seigneurs Prince. amp;nbsp;Eftats d’Hollande amp;nbsp;Zelande, ont prins en main lefdids articles de poinfl: en poimâ felon l’exigence des chofes amp;nbsp;extreme ncccf-fité, laquelle les contraint: aflës de bien ponderer les melmes , fcomme aufly nos predeceffeurs en choie femblable, n’ont omis d’obtenir tous nou-ucauxamp; louables Priuilcgevde leurs Seigneurs Si Princes) iîsîfè perfüadent que: par lefdits articles n’eft encore fatilfaiëlplainement lé zele amp;nbsp;dcfirdefdits Seigneurs Eftatsdélfus déclard. Car premièrement femblequelcfditsanciens Priuileges du Pais, left-quels ils veuillent en tous endroiéls défendre par vnfouruoyéchèmin font fort preiudiciez, tant par ceque la liberté d’aflêmblcr les£ftatS gencraulx y eft oftec à.ccuXjà qui d’ancienneté ce appartiét, que auffy les£ftats dupais fontcontraindsà nouuells •bligationamp; fermensqui ne font à vier. Et qu’on

gt; - ^-1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;peut

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DV PAYS-BAS. tIU. HIT. 41 I

peut venir nouuclle infradion des priuilcgcs, en «i l’iniuilc detention dn Comte de Buren, que tout le J-mondefcaitefireenimenécontredroiét, raifon amp;nbsp;ï^riyilegesduPais.' ce qui le doit tant plus confide-rer, veu que lefditç priuileges en vnli beau commencement amp;nbsp;traiâé qui deuroit expreflèmét tendre à la,confirmation amp;ereiâion d’iceux, font diminuez à vne perfone particuliere qui en nulle cho-fe ait offenfe. Ce qui donna peu d'efpoir, que les Priuilegesfcroientobferués au peuple Si villes en general, contre lefquels facillement fe trouueroit occafipn, pour les charger de rebellion amp;nbsp;crime de IclèMajefté. Comme auffi outre ce pour Icfdicfes caulès la ‘Pacification dernièrement faicle à Gand s’enfraind, laquelle enfrainûe d’icelle, eftl’cnticre ruine, a quoy il lèmble que lefdits articles manife-ftement amp;nbsp;clairement tendent, par ce q ne l’appro -bationamp; ratification deladittePacification n’efi pas faiâe fi clairement ne perfaidlement comme le poix amp;nbsp;difficulté de telle chofe requeroit, mais depend entièrement à certaines reftriélions amp;nbsp;interpretations,dont pourra procéder beaucoup de fraude amp;mal engin, veu que les articles font entièrement lèmblables à ceux qui au temps Madame de Parmafontefté caufe de tant horrible efFufion de fangrcôtre quoy les députez de Môf. le Prince d’O-renge amp;nbsp;fftats d’Hollande amp;nbsp;Zelande apertement ont protefté,amp; auffi faiéf faireaâe publique de l’acception d’iceulx, parle Confeild’Eftat femblablc-ment faiéfc. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;a

Aufly puis que Môfieur le Prince amp;nbsp;Eftatsd’Hol-laudc amp;Zelande,y trouu^nt aucunspoints,qutleut

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4IX Histoire des trovbles fcmblcn t tant preiudicables à l’honn eiir de leur Patrie , qu’ils doubtent d’encourrir vne perpétuelle honte, deeequenon feulcmentnous nous remercions de ceux qui nous ont fi vilainement traicle' amp;nbsp;faccagé,mais que nous accordes encores aucc ceux, que nous auons par Placcart publique déclarez par authorité de fa Majefté amp;nbsp;des £ftats, aufly d eu at les Eftatsdu S. Empire acculez pour mefehans amp;nbsp;rebelles,auec tous ceux,qui auoient faid alliacé amp;nbsp;c5~ Ipiration auec les Elpaignols.- amp;nbsp;qui plus eft qu'auós endure à noftrefeeuSt playfir noz ioyaulx, or, argent, deniers, marchandifesamp;extorfionsdeçotifa-tionsemmener hors denoftre Patrie, làns aucune contradiâion. En outre fe perfuadent Monfieurle Prince amp;nbsp;Eftats d’Hollande amp;nbsp;Zelande.n’auoir afles quittéleur honneur amp;nbsp;gratitude efdits articles à la gradeur de la Royne d’Angleterre, amp;nbsp;de Monfeig-neur le Duc frère du Roy de France, qui nous ont enlanecefiité monftré leur bonne affeélion pour nous affranchir de l’opprelfion amp;nbsp;lèruitiide en laquelle nous eftions, veu que la railbn amp;nbsp;l'occafion affes requeroit les y comprendre auecq articles plus expres Sc honnorablcs.Finalement ne trouuent que par lefdits articles foit donné affcurance aucune aux nabitans d’Hollande amp;nbsp;Zelande,puis qu’au traiété à Breda leur fut laite prefentation plus commode amp;nbsp;Sc railbnnable; ce qu’on eut auffy dernicremét bien requis à la Pacification de Gand, n-eftoit que leurs Députez déclarèrent de bouche Sc par eferit, qu’ils ne vouloient aucunement traiéler auecautre qu’a* ucc les mefines Eftats, monftrantspar ce combien rondement pourJors ils procédèrent de leur cofté.

Pra-

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DV PAYS-BAS LIU. IIII. 415 Proteftantsqu’en cas on cutefté d’intention de re-ceuoir Don Ian d’Auftriche,amp; detraider auccqluy en la manière comme fc faiâ: maintenant,qu’ils euP-l'cnt demandé autre affeurance, comme l’occafion aflez requeroit. £n outre n’cft en ces articles, non feulement rien mencionne d’aucune afleurâce, mais n’eftaufly rienauancéde mettre vn chafeunenfon entier amp;nbsp;droiél touchant fes biens, eftat amp;nbsp;gouuer-nement, qu’ilsonten plufieurslieustantésPaysde pardeça,qu’aufry à la Comté de Bourgoignc,ce que toutesfoisfuyuant la Pacification (laquelle adonc trainee auec IcsEftats generaux de p3rdeça,ce point ne le pouuoit expreflèment declarer) deuoiteftre conditionné.Et qui plus eft, il ne s’y trouiie aucune afleurance pour les autres paisamp; Prouinces.ny aufiî pour le pourc commun peuple d’icelles, puisque nulle mention y loit faitte.de démolir les Citadelles ou chafieauXjdefquels font procedus innumerables maux, comme à chafeun eft allés notoire, ny aufsi d’aucune explication d’oublier ce que par auant eft aduenu, amp;nbsp;ce dont lefdits articles font mention.Ce qui eft fufpeél au peuple, lequel eftant apertement menacé en ladernierealTcmblce àHuy,biêdebuoit pourraduenireftrcalfcuré, puis que les Pais cftans delàrmés,feroit Don lan d’Auftriebe conftitué pour Gouuerneur, veu que les exemples precedens telle chofeaflezdemonftrent. Maisau contrairelèmblc, que pour cefte fois feulement Ion le veut ioindre âuxÈftats generaulx comme Gouuerncurs, pour priucr le peuple de tons les moiens, defquelscy a-pres ils fe pourront afleurer contre le mauuais vouloir de celluy qu’on leur vouldroit donner pour

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414 Histoire des trovbles

Couiicrncur. Bref il y àuroit encore pluficurs --«*/ poinéts, lelt]iiels Monlicur le Prince, amp;£flatsde

Hollandeamp;Zc!andeeftinient neccflàiresd'cftrebié pondérés amp;nbsp;conlîderés.-parquoy eftoient d’intention iceux mettre particulieremcntamp; chaque à part en écrit,amp; les cnuoier à Mcfiîeursles £ftats,leur déclarant que fon £xcellence les Eftats de Hollande amp;nbsp;Zelande fe pcrftiadent qu’il eft maintenant temps d’enlùvure les exemples de noz prcdcccflèurs a fin que les Priuileges, dvoiéts àfranchifes, qui nous pareux font dclaiflez, pourroientvnanimement amp;nbsp;a celle bonne opportunité qui eft maintenant à la main eftre augmentés.pour cy apres plus ne tomber en fémblablesinconucniens.Mais ce pendant qu’ils furent empefehez à mettre par eferit cefdits articles, leur fût apporté copie delà lettre queles Scighëur4 Eftats aiioient eferit à Don lan d’Auftrichc, par laquelle ils ont veu qu’aux Seigneurs Eftats, fans attendre la refponce de Monfieur le Prince 8c Eftats de Hollande amp;nbsp;Zelande , a pieu de conclure auecq Don land’Auftriee, luyrequérants de les vouloir foubfigner, auecq proineflé de les publier, amp;nbsp;de reccuoirDonland’Auftriccés T’ai s pour Gouucr-neur.Dont Monfieur le Prince amp;nbsp;Eftats de Hollande amp;nbsp;Zelande, voyants vn tel changement, furerit fbrrelrneriicillésiCÔfideréqueladatede ladittelet-treflaqueileaufti leurfut en hafte aportce)fut quafi de incline date, que leSeigneurde VVilerual fut ar-riué. Car fans la contrariété, qu’ils y trouuerenr, fè perfuaderent, qipauec vn traiéfé de telle confequê-ce, de laquelle depédoit en tieremét le faltit ou ruine de tous les pais-basji 1 s s’eftoient trop précipité. Ne-antmoinS

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JDV PAYS-BAS. LIU. IIII. 4I ƒ * antmoinsvcu qu'ilspenfcnt amp;nbsp;croient fermement, . t que cela foitfailt;â, pour d’autät plus toft deliurer Ie* / pais des £fpaignolsamp; autres eftrangers opprclTeurs de noftrc Patrie, ils n’ont pouueu laiflcrdcfouhait-ter,comme de tout leur cœur louhaittent, amp;nbsp;prient àDieu.que la fin pourroit eftre telle,corne tous bôs Patriots efperent. £t d’autant que leur touche, puis qu’ilfcroitmaintenat en vain de dorter raftons contraires fur choft ia conclue amp;nbsp;farde, ils promettent amp;afrcurent à Mefsicurslcs£ftats,qucpar tous moi-ens ils fuyuront amp;nbsp;maintiendront la Pacification conclucà GandjCe qu’aufTy efperentque foit l'intê-lion de M efsieurs les £ftats,ce qu’aufTy prient Met fieurs les Eftats le vouloir de faiét par tout môftrer, comme ilsfontpreftsdefaire àleurcofté.

£t à fin qu’vnchacun puiflè veoir defaid, qu'ils ne cerchent que de faire retirer les £fpaignols amp;nbsp;autres eftrangers, aufsi de procurer la paix, amp;lêrcfta-bliffement des anciens Priuileges.droidsamp;frachifcs dupais,îlsfontcontëtsdgt;accepteramp; foubfignerlef. dits articles,fi Meflîcurs les £ftats leur plailent premièrement promettre fermement amp;nbsp;irrcuocable-ment,amp; de ce paffer acled’obligation^par eux,amp; les Gouuerneurs de toutes les Prouinces,Chefs amp;nbsp;Colonels fôubfignec.que eftant le temps auec Don lan d’Aufti'icc accordé de faire retirer lesElpaignols,expiré.- à copter d’vn tel iour de ce mois qui leur fera parles Eftats oftroié.lcfdits ffpaignols ne font alors entièrement partis des pais dqpardcç3,Mcfsieurs les £ftats;pour vne fois euiter tous delays qui iufques à noftre temps ont cfté tant preiudiciables, rctrcche-ront amp;nbsp;fufpendront toute vltei »eure comm'jnicatiô

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Histoire des trovbiei

amp; traidé auecq Don lan d’Auftrice,amp; confequem-mcntpourfüyurontbraiiement Jes infolens £fpaig-nols d’armes amp;nbsp;de force, làns oncques entendre de rechef entrer en quelque traidé oucommunicatiô aueceux en maniéré quecelbit. Outre ce qu’il leur plaife palier amp;nbsp;non communiquer femblable ade amp;nbsp;obligation en fourme d’accord, que apres le departement des eftrangers, neeulx ny lefdits Gouuer-neurs,Chefs amp;nbsp;Colonnels n’accepteront Don lan /d’Auftrice, ou aucun autre pour Gouuerneur, de-uant qu’il aura reftitué en fon ancien £ftat, tout c« qui eft faid contre les anciens Priuileges, droids amp;nbsp;franchilcs des Pais,ou aucunement contre la Pacification faide à Gand.par lequel tous amp;nbsp;chaque fèrôt reftitués en leurs biens tant en Bourgoigne qu’aux Pais de pardcça.-amp; que tous lefdits Priuileges amp;nbsp;fra-chifcsfoyentconfirmezr ainfiqueMelfieurs les E-flatsàlafin deladitte Pacification de Gand es lettres du 2 8. d’Odobre de l’An i çytî. drittes à leurs Députez, ont folennellement promis. Faid à Mid-dclbourg le 19. deFcfcuricr 1577. Soubfignc, fjudlaume de JVaßou ; vn peu plus bas. Par ordonnance des Eftats d’Hollande amp;nbsp;Zelande. 5oub-figné.C. Tdjmo».

RefpOKCedes Eflatsgeneraulx fur le protefl duSeig/-r,eur Prince d'Ortnges, (f^c.Et desEßats de Hollande Zelande.

Renonce  Viourdhuy leprcmicr de Mars, Anno 1577.

Zgt;.MeffieurslesÉftatsgeneraulxdespais-bas,ay-auquot;pro!eft’ antsveurcfcriturede Monfieur Ic Prince d’Orége, 4uscig’ Eftats de Hollande amp;nbsp;Zelande exhibee fur l’ac-cord

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BV PAYS-BAS. LIU. IHI. 417 nbsp;.

cord faid entre Don Ian d’Auftrice Clieualier du t -Toifond'or, amp;les Eftats generaulxdes /’ais-bas, le i9.du moisdeFeburicr Anno 1577. déclarent dits Aftatsgencraii'x, que leur intention a toujours cfté, amp;nbsp;eft cncores,de i'nainteniramp; ooferucr de faiét la Pacification faide à G an d a u m o i sjIè^ N o u emb re dernier entre l’fxcellencc dudit Seigneur /'rince, les Eftats de Hollande amp;nbsp;Zelande amp;nbsp;leurs confede-rez,amp;leldits Eftats gcneraulx.-amp; entre autres de fai* re rc dre fier to ut ce qui fera trouuéeftre fai ft amp;nbsp;con-ceu contre amp;nbsp;deflus les Priuilegcs,droifts,franchifcs amp;nbsp;vfanccsdespais-basjtanten gcneralque particulier; amp;nbsp;qu’ils entendent faite retirer des pâis-baspar forced’arjnesles foiild.^ sEßaaignolsjltalidsamp; Bour quot;nbsp;\ goignonS.æn conforhaitéduditaccord, en cas que , ■ ƒ. Icldits fôuldarts ne dont partis de faift des pais-bas, dedcnsle temps prefigé;Ciyuant l’expres commandement à eux faift de par fon Alteze, fans entendre vlterieuremcntàaucun traifté ou communication pour différer aucunement la retraifte defdits Ef-paignols: amp;nbsp;conlideréqueles Lieutenants desPro-uinces, Chefs amp;nbsp;Colonncls delà gendarmerie font tenus felon ce eux rcigler, on les requerra qu’ils veuillentfèmblablemcnt foubfigner pareille refolu-tion : de laquelle cefteprefenteAfte eft depefebee amp;nbsp;par ordonnance defdits i'ftats generaulxfoùb-fignee par le Greffier de Braband,iour amp;nbsp;an comme deflus.

Or enfuyuant ledit accord font les Efpaignolspar ordonnance de Don lanfquine pouuoit autrement quitcni le eftrc receu en fon Gouuernemcnt) forris de la ville chafteau d’Anuersjcharges de grand butin amp;nbsp;def-

Dd

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4x8 Histoirb des trovbles pouillcs,le lo. de Mars 1577. Lequel chafteau fut li-uréaMonfieur Je Duc d’Arfcot, qui y conftitua pour fon Lieutenant M onfieur le Prince deChimay Ibn filz, auec grand contentement de tout le monde, par ce qu’il eftoitieunc Prince fort noble amp;nbsp;dc grand elpoir. Mais eftant le chafteanamp; ville d’An-uers libre des £fpaignols,Italiens,amp;Bourgoignor!S, fut ncantmoins encore tenue en fubieâion; Carles foudars Allcmans du Roy,amp; aßiftens des £fpaig-nols au faccagement d’Anuers, y font demourez foubs les Colonnels Focquer amp;nbsp;Fronsberg attédans leurs payemens, combien que ce fut chofeafTez in’ fupportable pour les bourgeois.

tcRoy Le iour d’Auril an fulcfit, le Roy a ratifié JJ^^’’Py*r£dift perpétuel, 8i l’accord que Don lan auoit faid auec lesfftats. £tleii. d’Auril, lesEfpaig-nols font partis de Maftricht, auecq leur butin amp;nbsp;larcin.

rentree de Don lan ayant caché Ibubs vn fimple femblant le •»ujtèîiti.* fi’’ Renard, a faid fon entree à Bruxelles le premier iourdcMayl’Ani577. ou il futreceu en grande pompe, triumphe amp;nbsp;allegreflc, tant des Seigneurs, que du commun peuple amp;nbsp;a receule Gouucrnemét du pais,le 4.iourâuditmois,faiftntlelèrmcnt, qui depuis parluy futenfraind.

Leii.deluingeftil parti de Bruxelles vers Mali-son la» nés pour parler(comme il difoit^aux Colonnels amp;nbsp;Capitaines Allemans, lefquels eftans payés le rctire-roiét apres lesffpaignols du pais.'M ais en lieu de ce faire, il a traidcauec eux, qu’ils tiendroyent pour luy la ville d’Anuers, pour s’aflèurcr du chafteaurdc forte qu’il les a retenu,à Ion feruicc,ainfi que depuis

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DV PAYS-BAS. UU.nn. 4T? futdccouucrt parplufieurs lettres interceptes, amp;nbsp;par les aâes qui en font enliiyuis. A celle fin ail made' au Prince de Chimay devenir deuersluy à Malines, foubs le prétexté qu’il demandoit là compaig-nie, pour gratulcrlaRoyne de Nauarre à la ville de Namur.-ordonnant fur le pied fon Lieutenant audit chafteau le Seigneur de Terlon.

Don lan doneert parti de Malines accompaigné Dont« de plufieursSeigneurs, qui le furent, comme Gou-uerneurconuoycr à Namur; ou il s’ert ßify hoftille-ment ducharteau,le a^.dcIuilletVAn 1 577.en paf-Tant fous ombre d’aller à la chafle. MôficurdcFroy-montGouuerneur delà Comtéde Namur, Seigneur faige amp;nbsp;vertueux , ayant rcmonftré à Don lari Ibn tortamp; fa faute, confiderantqiiec'crtoiten vain, amp;nbsp;aulsi que les fondai s n’y vouloient donner remède par force d’armes, s’ert départi de luy, amp;nbsp;Venu auprèsdefdits £rtats. MonfîeurleDucd’Arfcot, amp;nbsp;le Marquis de Haurech freres, Seigneurs de grande authorité.aulquels Don lan auoit bo.a cfpoir, voy-ans fon inique propos,amp;que les bonnes remonrtrâ-ccsn’v eurent lieu pour le dertourner de fbn pro-pos,ne font plus entrés au Conlcik Don lan doub-. tant de les perdre,amp;d’en crtre abandonné,les a faiél efpieramp; tenu comme arrertés; mais nonobrtantla bonne garde, ils font fans fon fccu ingenieufement partis de Namur le î o. iour dudit mois, y laiflànts tout leur bagage. Lefquels crtants arriués a Bruxcl-les,font entrez en Conleil comme bons Patriots a» ucc les Ertats,pour guarir certe nouuelle playe.

Don lan eftantà Namur, acommuniqué pariet-tres amp;nbsp;traiéléauecTerlon amp;!cs Colonels Allcmas,

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410 Histoire DES TROVBLES pourdefaifl; accomplir ce qu’à Malines eftoit entre culx conclu. Mais ce futen vain, par la fidelité du Sieur de Bours, amp;nbsp;la grande diligence amp;nbsp;peine qu’il rendoit au çhaftcau d'Anuei s. Car il feit tant par là prudence amp;nbsp;magnanimité, qu’il enchafla les tray-ftres,S; prind prifonnierTerlon, lequel il liuraaux £ftats,le premier iour d’Aougft l’An 1577.

Les Colonels Foucquer amp;nbsp;Fronsberg de ce fort eftonnés, ont fait armer leurs gens, quifurlefoir fe lont retirez au grand marché de la ville d’Anuers, mais craignans qu’il n-y faifoit trop feur pour eux amp;nbsp;leurs gcSjfe Ibnt apres la mi-nuiéiretirez à la nou-uclle ville,vn endroiét le plus fort d’icelle à caufe des canaux d'eauequi y Ibnt.-làou feftans munis amp;nbsp;fortifiez,s’y font tenus; fans riens faire; iufques à lendemain apres midy, qu’ilsontveu ariiutr les nauires duSeigncurPrinccd’Orange, qui les feirent telle paour, qu’ils ont abandôné la ville amp;nbsp;s’en font fuis amp;nbsp;retirez, a ftauoir Focquer à Bergues furie Zoom, amp;nbsp;Fronsberg à Breda.

Chaftcan lt;(t V Vau rendu.

Le chafieau de VVau, auquel eftoient les foudars Allemans du regiment de Focquer, lut par les £-fiats afsiegé, mais le 4. dudit mois rendu par appoin-rement au Sieur de Chanipigni, qui y efioit general ducamp pour les Aflats.comn.e aulTy- lurent les villes de Thole amp;nbsp;Steenbergue.le ÿ.dudit mois amp;nbsp;an fufdit. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■ ..

rhifteau

Le jc.iour d’Aougft l’An 1577. fut vn alarme à

df i.eevvar Leevvarne autbafitau, ou Ie'Capitaine Mattenes dvitndu. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;auoit reccu plus de foudai snouueaux

cue de fes propres; penlànt ainfy lailîr aucuns du Magiftrat. Maislesnouueauxfoudars, dcfquelse-ftoit

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DV PA Y S-B AS. LIU. ITU. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;421

floit Capitaine VV\be de Goutum,fefbntfaict par nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

force maiftrcs du chafteau , de forte qu’il y fut vn grand alarme, par ce que Ies foudars s’eftoient mis en armes les vns contre Ies autres : parqiioy auffy Ies bourgeoisfen-.irenten armes, craingnans que la ville fut furprinfe; amp;nbsp;ont afsiege'le chafteau, qui leur fut depuis rendu parles foudars, a condition qu’ils fuflentpaycs.Les bourgeois font entrez au chafteau le 2.de Scptëbrc,amp; gardé iufques à la venue duGou-uerneur Monfteur de Ville.

Don lanvoyantque le grand camp des Eftatsap-prochoit de Namur, ou il fut mal pourueu de gendarmerie, a faiftfemblant, qu’il vouloir de rechef traitter auecq Icfdits Eftats, à fin que ce pendant fa force fe pourroit affembler,requérant à celle fin des Commiflaires.Les £ftars ont à ce depute l’Abbé de S.Giftain,VVilerual, Grobbendoncq amp;nbsp;autres, left quels apres plufieurs delays amp;nbsp;colloques fans auäccr rien qui fbit,font retournez, veu que ledit Don lan toujours tendoit à guerre.

Lechafteau d’Anuers quieftoit vne fpelonque cii-ifie»a demeurdriers, futdemoli par les bourgeois le 28, d’Annen iourd’Aougft l’An 1577. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;demoy.

Le p.de Septembre enfuyuant, les Eftats ont publié leur iuftification,de ce qu’ils ont prins les armes contre Don lan à leur defenfe, enfèmbic aucunes lettres interceptes de Don Ian,aufquelleseft contenue (à trahifon, amp;nbsp;par ce qu’elle a cfté imprimée à part ne l’auons icy inferee.

Le io.de Septembre fut Charles Focquer, cftant àBerguesaftîegéparleSieur deChampygni Baron lendua. de Renay general du camp pour les Eftats, prins de

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o 411 Histoire des trovbees

fes propres foudars Allcmans, Si liuré prifonnicr audit Sieur de Champigny.-parquoy (è font libres amp;nbsp;francs partis de la ville.

Boineduc Lesfoudars Allemans du Comte d’Ouerftcin qui tendue, furent à Boifleduc,furent aflîegés,amp; finalemct contraints d’en fortir parappointement,amp;de liurerla ville au Comte de Hohenloo general du camp, le ii.iour de Septembre 1577.

le PiîDce Les fftats mandent à leurafsiftence Monfieurle d’otenge Princc, qui eftoit en Hollande.luy priants de venir Btaband. aupres d’culx, ce qu’il a fait pour l’amour de la patrie; Et eftfinalementapres fa longue ablcncc arri-ué en Anuers le 18. jour de Septembre, ou il fut re-ccu auecq grande allegreflè amp;nbsp;plaifir de tout le peuple. Les Trelats de Vi!crsamp; de Marolles, a-uecq le Baron de Frezin amp;nbsp;le Seigneur de Câpres furent enuoyés par les Eftats generaulx pour gra-tuler le Seigneur Trincc, le receuoir amp;nbsp;amener à Bruxelles, ou il fut receu en grand triumphe amp;nbsp;allegreflè de tout le monde, le xj.iour dudit mois amp;nbsp;an.

Les Allemans s’eftants retirés à Breda, furent par les Eftats aflîegez lefquels liurats prifonnicr le Co-lonnel Fronsberg, font forty par appointement francs amp;nbsp;libres le4.ioiir d’Otobre.

te Prince nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;il. iour d’Oftobrc Monfieur le Princc

d’Otenge fut cflcu Gouuemeur de Braband, au grand plai-ncrneJi'’dê fi«quot; Contentement de tout le Pays, parquoy fc Huband, feirent à Bruxelles en figne d’allegrefle, des feux de ioyc.

Monfieur !eDucd’Arfcot,eflantdefigné Gou-uerneur de Flandres, eftallé à Gand, ou il fut re-eew

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DV PAYS-BAS. LIU. litt. 41?

ceu amiablementparlesbourgcoisamp;habitans, liiy eftants allé au deuant auec x }. enlcignes de pfetons, amp;nbsp;joo.cent chcuaulx monftrans tous figncs de ioye amp;allegrefle. Or troisioursapres qu'ileftoitrcceu re Dae pourGouucrneurjaflauoirle i8. d’Oiäobre, ay-«•’Arfchot ans aucun tumulte amp;fedition entreeux, ils font allé de leur propre authorité à fon logis, amp;nbsp;l’ont faily amp;nbsp;ceux Je mené prifonnier, au grand regret tant de Mon«®*““** fieur le Prmce amp;nbsp;Conlcil d’fiftat, que des £rtats ge -neraulx. Maisle 14, de Nouembre reconnoiflànts leur faureamp; grandtort, l’ont qui tté libre ârfrancq, toutelTois à condition qu’il oubliera (bn maltalcnt, amp;nbsp;pardonnera le tort qui luy cfloitfaiél, fans plus y penfer.

Au mefme temps furent lêmblablement par eulx prins les Euelqiiesde Brugeamp;d'Ypres, le Baron de Rafsingem, le •S'icur de Cnampigny, le Sieur de Moucron amp;nbsp;fon filz, le ligueur de Sucuegem amp;nbsp;d’£ycke.

Lepremierjour deNouembre 1-An nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lesPrelanSe

bourgeois amp;nbsp;habitans de la ville de Groeningue en Prize, ont conftitué prifbnniers aucuns Prélats amp;nbsp;Bi«s à Gentils-hommes du Tays de Groeningucr à caufe deleur ancienne querelle amp;nbsp;difside, que la ville long temps a fouftenu contre les pailàns.- Parquoy yfutenuoyélc Sieur de S. Aldegondeamp; Sille, par ion Excellence Confeil d’Eftat, amp;nbsp;des Eftats gene-raulx, mais ils ne peuuent rien gaignerfur le commun peuple; neatmoins aucuns desprifbnniersfont depuis par grande finefle efehappez de prifon amp;nbsp;de la ville.

Le$.ou io,deNoucmbicl577.s’cft apparu

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424 Hi.STOIRB DES TROVBLES

IS77 fort horrible Comète aux pais-bas, laquelle cft en-fuiuie grande cfrufion de fang, amp;nbsp;la mort de Don lan. I

l’archiduc Lcs prificîpaulx Seigneurs de pardeça, efperans wathut nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;]g ccÉur du Rov-en prenant pour Gouuer-

»icntau nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 / nbsp;nbsp;■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;/i c-

pair bas. neur general aucun de Ion )ang,ontenuoye Je Sieur

d e M a Iftcde a u treû 1 Juft r e A rc hi d u c M a t h i a s d’A u -ftrice filz amp;nbsp;frère de Empereurluy priant de vou-Jniràcellenn venir pardeça.Maisainli queléditx4r-chiduc apperceut que l’Empereur, craignant de dcfplaireau Roy, n’y vonldroit confentir, il eft fe-cretement parti de Vienne,n'ayant auec luy perfon-ne quefon premier chamberlan le Sieur de Dan-vvytz. Et finalement efiarriué en Anuersleii. de Nouembre l’An 1577.

Le 7. de Décembre; Don fan fut déclaré auecq adherens ennemy du Roy amp;nbsp;de fcS'Pais, amp;nbsp;«nneœy. pour tel publié,dont Ic PJaccartf'cnfuyt. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;_

Par le Roy. ■ ’

jSQOftre clier.amp; féal Cheualier Seigneur George de Lalaing,Comte de Renneberg, libre Baron deVille,Gouuerncuramp;Gapitaine general de noftre pais de Frize.Oueryflel.Groeningue amp;Lingé;falut.

Comme aucunes villcs,chafteaux,fortereftes,villages amp;nbsp;autres places d’aucUncs Prouinces de pardeça,efpecialement aucuns Seigneurs ..Gentillionimes, amp;per{bnnesprinces, ont faiéf amp;nbsp;fontencôre,'con-trela deue fidelité,qu’ils doibuent à nousamp;leur Patrie, ouitrepallàns Si contreuenans directement la •Pacification faiéte à Gand, amp;nbsp;l’Edi et perpétuel la deflus

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DV PAYS-BAS. LIU. irir. 4,2^ deflusenfuiuy, par nous aggreé.- £t violansl’Vnion parIcsEftarsgcnerautx dc nofdits Pais de pardcça faieie, amp;nbsp;paraucuns d’iceuixfoubfignec, adherent aux Efjaaignois par nous nagueres diäs amp;: déclarez icbclicS, amp;nbsp;ont teil us amp;nbsp;tiennent la partie dc Don Ian d’Auftrice amp;nbsp;defdits ffpaignols amp;nbsp;leurs adherens,fauorifans, aydansamp;afsiftans iceuxde Côfeii, Gens,munitions,viures,deniers Si. autres chofes ne-ceflaires,lcurmonftrans aduerfairesamp; contrepartie, amp;nbsp;prenans les armes contre nous,lefdits Eftats genc-raulxamp; leur propre patrie, parquóy commettent crime de rèbcl]ion,amp;méritent pour Ce èftrechaftiés pour tels en corps Atbiés.-Êftansen outre informez' amp;nbsp;aduertis.que lefdittes villes,placesamp;perfônnes fa-«orifins noftre partie ad tierfe, corne deft'us cft dift, cerchentpartous mdiènsde changer, aliéner. Teuer amp;nbsp;rccouurer leurs biens, reuenues, rentes. S: dcotes qu’ilsaùoientamp;encore ont en nofdits pais depar-deça, pour s’en ayder, amp;nbsp;les cmploier contre nous, amp;nbsp;leür ditte patrie, amp;nbsp;plus fcroient.fi dénoftre part n’y fut promptemént pourueu.- Parquoy cft, que nous ayans confideré les choies fufdittes, amp;nbsp;de-firansfurce remedier, auons paraduisdcnoztref-chersfcbien aimez les Prélats, Nobles amp;nbsp;Députer des TroUiftccs amp;nbsp;villes, rcprelcntans lefdits Eftats generaulx de nofdits pais depardcça,à prefentadem-blezen cellenoftre ville de Bruxelles, ordonné amp;nbsp;ordonnons parcelle à,tous nos Lieutenants, Gou-uefrtëtiri,Officiers,Ammans,Droll'irts, Baillifs,Ef-coutets, Preuofts,' Receueurs de noz dcmcines, chaque enfonquartier, amp;autres à qui ce pourra toucherjde noter amp;laihr tous biens, meubles amp;im-

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416 Histoire des trovbies meubles, allions, amp;nbsp;credits de nolHits aducrfâires, leur adherens amp;nbsp;fauteurs, tant ceux qui appartiennent aux Villes, Villages, Communautez, qu’aux perfonnes priuecs, poureftre gardez amp;nbsp;conferuez au proufit de ceux qu’il appartiendra,pour en apres cncftrefaict amp;nbsp;ordonné comme fera trouué bon: Ordonnans amp;nbsp;commandans en outre à tous ceux qui pofledent,tiennent en déport, ou feauent à parler d’aucunes bonnes debtes ou addons, appartenäts i ceux qui tiennent la partie de nofdits aducrfàircs, amp;nbsp;des £rtats generatrix, de quelconque qualité ou condition qu’ilsfoyét, qu’incontinent ou au moins en dedenshuiéiiours apres la publication de certe, dénoncent, fignifient, donnent à connoiftre amp;de-clarétau premier Officier deleurrcfidence, enfem-blc au Reccueur de nos dcmcines illec,tant ce qu’ils auront en deport amp;nbsp;pouuoir,enfemble ce qu’ils doi-uétaufdittes perfonncsfauorilâns nofdits aduerfii' res,ou ce qu’ils pourrôt feauoir qu-autres ont en déport,ou poflédent,ou léur puiflent debuoir. £n outre ayants inhibéamp; défendu,inhibons amp;nbsp;défendons aulfy par certe à tous nos fubicéts, ou antres habitas amp;nbsp;refidensen nofdits Pais de pardeça, de quelconque qualitéou condition qu’ils foient, de payer ou iaireliuraifon à aucuns defdits ennemis ou adiicramp;i-res du pais, ouleiir adherens, foit à villes, villages, bourgades, communautés, ou autres perlbnnes pri-üces,furpeine de autrefois paierie mcfme, amp;nbsp;à ceux qui auront ce que deflùs ert diél tenus fccret, ou feront en defautc de ladittedeclaration amp;nbsp;dénonciation,de faire paicr la valeur de ce qu’ils auront celé; à conuertirÂ: appliquer les amendes fuldittes, vn tiers

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DV PAYS-BAS. LIU. lilt. 427 tiers à noftre proufit,pour cftre employe à la defence de noz pais contre lefdits ennemis amp;nbsp;rebelles.* l’autre tiers au proufit du dénonciateur,letroilîc-metiers, au proufit de l’Officier, qui en faira l’execution. Defendans finalement à tous amp;nbsp;quelconques defdittes villes.villages.bourgagcs,places, c5-munautez, amp;nbsp;autres perffinnes priuecs,cleneayder amp;nbsp;afsifter audid Don lan d’Auftrice, amp;autres noz aduerßires, amp;nbsp;de nofdits Aftats generaulx.de Con-lèil, gens, viures, munitions, armes ou deniers, ne par aduertiflemens ou autrement les tauorilér dirc-étementou indircâementen manière quclcoquer £tcelur peine d’en eftrechaffiéamp;puni comme fauteurs des rebelles, amp;nbsp;ennemis des pays, amp;nbsp;pour tels cftre corrigé en corps amp;nbsp;biens. Et confideré que pluficurs ayans Eftats amp;nbsp;Officesen nofdits pais,de-puis la retraiéle dudit Don lan au Charteau de Namur, lé font fans congé amp;nbsp;conlentement abfentez, defaillans amp;dclayansl’adminifiration defditsleurs Eftats 5:Offices, tiennent leur refidence hors de nofdits Pais.* Commandons amp;nbsp;enioignons à chaque de ceux qui s’abfêntcnt, cnlêmble ceux qui a-pertement eux ont monftré parties amp;nbsp;aduerßires de laditte Patrie, de retourner en perfonne, pour faire leur deuoir, au plus en dedens quinze iours a-pres la publication decefte prefente, fur peine de perdre amp;nbsp;cftre priuez de leurs dits Eftats amp;nbsp;Offices , amp;nbsp;en outre d'eftre tenuz pour fauteurs amp;nbsp;afsiftens des rebelles amp;nbsp;ennemis defdits Pays en la maniéré comme deffus. Et à fin que de cefte noftre ordonnance , inhibition amp;nbsp;mandement nul en prétende ignorance, Mandons amp;nbsp;com-

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418 Histoirb des trovbles mandóns bien cxpreflcmenr, que vousfaidesincontinent amp;nbsp;fans dilay lefdittes publier par toutes les villes, bourgades amp;nbsp;villages denoldits pais de Prize, Oueryflèl,Grocningueamp; Lingen,ou coutumièrement les publications fè font; £t à l’entrctcne-ment amp;nbsp;obfêruation d’icelluy procédés amp;nbsp;faiâes procéder contre les trafgrefleurs amp;nbsp;defobeiffans par execution des amendes amp;nbsp;peines fufdites,fans aucune gracc,fauear,difsimulation oufupport. A. ce faire amp;nbsp;ce qu’en depend nous vous donnons amp;nbsp;à tous autres Olfitiers à qui il appartiendra plain pouuoir amp;nbsp;authorité, amp;nbsp;mandement fpecial, Mandons amp;CÖ-mandonsen outre à tous amp;nbsp;chacun, qu’ils en ce fai-fant vous amp;nbsp;eulx bien entendent amp;nbsp;obcitïcnt,car ain-fi nous plaiftil.Done en noflre ville dcBruxelles,fous noftre contielcaucy mis'ettplaccart le lourde Dceembrc î 5 77» DclToubeftoitefcrit. Tarie Roy amp;nbsp;puis foubligné MefclMh.

DechrattonfatElepär lesSjlatigenerauix del Tait de par deçà, contre Ton lan d'.dußrtce, nbsp;nbsp;let na

tifs. naturels lefkin ins cfquot; ajstfiants.

Déclaratif. T Piçlats, Nobles amp;nbsp;Dcputcz des Prouinces eo'ntieOon Villes y” rcprefenians les fftats generaulx lui. des Païs de par de ça prefentement'vnis amp;nbsp;aflemblez cnla villede.Bruxclles, aians entendu , qu’aucuns mettét en doiibtes’on doibttraiélerou tenir Don lan d’Auftricecommeennemy duPays,ou non:non obftantque par fes concepts amp;nbsp;aâes il s’a pour tel monftré , depuisfaretraiéiteauchafteaudcNamur: Cequ’aufsi leiditsEftats parleur luftification aper-tement declarenqpar lequel le trouuc,que plulieurs inconuc-

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DV PAYS-BAS LIU. I I II. 4I51 inconuenientsfourdent.' £t pourfiir cc pourueoir, / ont lefdits £ftats gcperaulx bien voulu à.vn cbacyu declarer amp;nbsp;publier par çelle; qu’ils n’ont,ledit Dpn^gt; lan d’Aullricc tenu, amp;nbsp;ne tiennent pour Lieutenat, Gouuerneur ne Capitaine general defditsPajS, au nom de là Majellé- Mais pour infraâtêuramp; cqmme, ayant enlraind la PaciHcation par luy iurec,cnncmy de noftre patrie depuis fa retraiclç à Nasiur fufdit:amp;, toutcslcs perfones natifs amp;nbsp;naturels defdirs pais, qui le fuyuent,afsiftent amp;nbsp;ay dent, pour rebelles deldits pais.amp; qu’en tout amp;nbsp;par four on les f|udra tenir pour, tels, amp;nbsp;les traider en leurs corps amp;biçns félon les /’laccarsdeparfaMaj.edéfur ce faid§ amp;nbsp;publiez, . Faiû à Bruxelles le 7- lourde Décembre 1577.. Deflous cftoit eferiUj Pii ordonnance, de rqefdits. «Seigneurs le$ £ftats .gcncraulx CarneUus Weill^^

Le io.de Décembre l’An i 577. ljcs.£l'l:ats gene-;

raulx des pais-bas,airernbJezàliruxe!!cs,.ontconceu^^^.^^^^-^ amp;nbsp;fard vne vnion, amp;nbsp;ço-nfederati- lt;r^ çim^l,ne.llt;f,9.det . lanuierenfuinant.de laquelle la copie Vçoluyt. nbsp;nbsp;- gt;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' nbsp;nbsp;7

Nousfoubfignez, Prélats, Gens d'.Ëglife,

neurs,G'entîls-noipmes, Magiftrats dçs loix,villes, «nctiuix. chaftclcnics,amp;autres,faifants amp;reprefentants les E-^ flats des pais-bas, çn cefte ville de Bruxeiles'à pre-sj fent aße,mb]cz,amp;aultfes, eflansfausl'obcillance du treshauit, trefpuiflant trelilluftre Prince le Koy Phi 11 ppc, no(lrelou,ucrainSeigneur amp;nbsp;Prince.natu-, rel^lcapoirfaifonsa tQusprefenstamp;..à venir que voy-ansnoftrç commune patrie ellre affligée par vneop-^ prefpon des Efpaignolz, plus que barbare amp;nbsp;t^ran ƒ-nique.auont cfté meuz,poulfez,^contraindz,, ; Je

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4;o Histoire des trovbles

nous vniramp;ioindreparenfemblc, amp;nbsp;auecqarmes, confciljgens amp;nbsp;deniers aflïfter l’vn l’autre,contre Ici-dits ffpaignols, Sc adherens déclarez rebelles à fa Majellé,amp;noz ennemis.- amp;nbsp;que celle vnion amp;nbsp;con-iunttion a depuis efté confirmee par la Pacification dernièrement ƒ ai ôte, le tout par auftorité amp;nbsp;aggre-ationduConleild’jEftat, par faditteMajelle commis au Gouuernement general delHits pais. Or comme le but prétendu de celle vnion , requiert toute fidelité,confiance amp;nbsp;aflîfience mutuelle amp;nbsp;reciproque pour iamais, amp;nbsp;que ne voulons aucunement par quelque mal entendu, y auoir matière de foupçon, amp;nbsp;moins de finiftre volonté en aucuns de nous.- maisau contraire les affaires d’iccllc vnion c-llre procurcz,diligentcz amp;nbsp;exécutez en toute fincc-fité, fidelité amp;nbsp;diligence, delôrtequepcrfonncdcs fubiecls amp;nbsp;habitans defdits pais, n’ayt occafion rai-lonnablede fc mefeontenter ou doubter de nous; pour ces raifons, amp;mefmes afin que riens ne foit faiô infidèlement au preiudice de nollre commune patrie,amp; iufie defence, ou obmis par negligence ou conniuencecequepouricelleiufiedefence, cil, ou fera requis: Auons en vertu de nollre pouvoir amp;nbsp;commiffion refpeôiuemcnt amp;nbsp;autremét, pour nous amp;nbsp;noz luccefleurs, promis amp;nbsp;promettons enfoyde Chrcfiiens.gensdcbien, amp;nbsp;viays compatriots, de tenir amp;nbsp;entretenir inuiolablement amp;nbsp;à iamais,ladit-te vnion amp;nbsp;aflbciation: ßns qu’aucun de nous s’en puifledifioindre ou départir par difsimulation, lè-crete intelligence , ny autre manière quelconque, amp;nbsp;ce pour la conlèruation de nollre fainéle Foy amp;nbsp;Religion Catholique Apolloliquc Romaine, ac-

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DV PAYS-BAS. LIU. IIII. 45 X accompliflement de la Pacification : ioindemcnt pour l’expulfion des ffpaignols amp;nbsp;leurs adherens, amp;nbsp;la dcué obeiflance à fa Ma/efié.-pour le bien amp;nbsp;repos de noftrePatrie : enfemble pour le maintienc-mentdctous Sc chalcun nos Priuileges, Droiéls, franchifes, Statuts.Couftumes amp;nbsp;vfances anciennes. A quoy expolerons tous les moyens que nouslcrôt poflibles tant par deniers, gens, confeil amp;. bies,voire la vie s'il fut belbing. £t que nul de nous ne pourra en particulier donner aucun conlèil, aduis oucô-ftntenient,ny tenir communication fecretc ou particuliere auecq ceux qui nefontdccefte vnicn; Ny? au contraire leur reueler aucunement ce qu’eft ou fera en noftre aflcmblce traiété, aduifé ou refolu.* ains le debura en tout conformer à ce que portera noftre generale amp;nbsp;commune relblution. Et en cas que quelque Prouince, £ftat, Pais, Ville, Chafteau ou mailbn,fuft affiegee, aflàillic, enuahie, foulce ou oppreflee, en forte que ce fuftrmefmes fi aucuns de nous, ou autres s’eftans efuertuez pour la patrie amp;nbsp;commune defence d’icelle, contre lefdits Efpaig-nolSjOLi autres affaires en dependans, tant en general qu’en particulier,fuft rcchercc,cmprifonne, rançonné, intereffé, moleftéou inquiété, cnfapeifon-ne,biens,honneur,eftatou autrement; promettons ydonncralfiftencc, par tousles moyens fufdits, 8i mefmes procurer la deliuracc desemprilbnnez, foit par force ouantrement;A paincd’efircdegradezde nobleflè,de nom, d’armes amp;nbsp;d’honneur;tenuz pour periures, defleaulx, amp;nbsp;ennemis denoftreditte patrie, deuantDieu amp;nbsp;tousles hommes, amp;nbsp;encourir note d’infamie amp;nbsp;lâcheté à jamais. £t pour valider

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Histoire des trovbles ccfte nçftre fainftc vnion amp;nbsp;aiïociation, auons ceftc prefcnte Ggnee de noï inaiqs, amp;. fignes manuels ce neufiéme.iüur de lanuier, PAnxv^. foixantc dix-

Deflbubs font les fignaturcs en particulier,

. £taubasd’i,ccllcs, ceftc aggreationde mefdids Seigneurs du Conlèil,d’£ftat.

Ayan^J.çsDéputez des £ftats gcncraulx cy deP fusfoubfjgnezi requis ceux duCôfeil d’Eflat, commis par fa,Majefté au gouuçrnement general des pais dç,par(Icça, de vouloir aggreer le contenu de I’j^nioncydçflu$efcrite, içeuxdu Confcil, attendu laditte reqnifition amp;nbsp;Içs raifonstcy, deflùs contenues, Ónten tant qq’en eulx ell^ aggr^é.amp; aggreét par ce-fte. lafùfdittc,vnion,;fèlon.fa forme Si teneur. Faift à Bruxtllesien' la.maifon de la ville; en rafTemblee dcfdits fftats, le lt;j. ipur:de lanuier xv^. foixantc dixfcpt- . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-J-..

. £n bas cfipit;cfcrit.- .■

T^ar ordonnance de mefdin Se teneur J dn Çonfiil diE~

\ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' L ■

Signé_ 1, ri- •

^erti,

Lciy. du rtaoisde DccembrerAn isyy.Les Prélats de S.Gertrudamp; MarolJes,le Duc d’Arfeot, amp;le Baron de Frezin,Députez par les Eftats, font venu-z prelènter au trtGlluftrc Arebuduc Mathias, le Gou-iicrnemcntdcs pais-bas,f,ur.ccrtainecondition,amp;ar-ticles.lcfquels il a acceptéamp;.foubfigné.

La ville d’Àmftelredam, laquelle ne vouloir re-connoiftre

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EV'PAYS-EASJ LIU. llll. 435 ^^7?^ fonnoiftrc Monfipur Je Prince pour Gouuerncur, ainli qu’ildebuoit cftic fuyuant la Pacification de ftdejoie. Gand.fut du Colonnel Heling, qui d’vn gradcou-rage enircpi int Ic failt;S,pour la cótraindrc furprinfe amp;nbsp;occupée.Ce que voyans les bourgeois,princi. ' ”1 les armes, amp;’fe mirent vaillamment en defence; de lórteque ledit Colonel y fut tue combatät vaillamment,^ fes gens chafléz nors. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■'

Le »8. defanuier 1578. le trefillufire Archiduc ,57g. Matthias feit Ion entree en Bruxelles, où ayant le lo.dudit mois faiél folenncllernent le deu ferment, à Emxeiie« fut conftitué auec grande magnificéce Gouuerneur despais bas. Monfieur lePrincefutefleu IbnLieutenant general, lequel acceptant la charge, fit fern-' blablement le ferment.

Audit mois efi arriué pardeça le Seigneur de Sel- P”“ Icscnuoie ouRoy d’r.ipaignc,pourdonnerrclpon- duRoy. ce fiir les lettres des £flats du 24. iour d’Aougft, amp;nbsp;du 8.dcScptébrc,parlefqueiïes ilsfiipplioieni qu’oii remanderoit Don Iarf,amp;:cnunieroitvn autre Gou-uerneurenfa place. On a commécéà communiquer auec ledit Selles, pour conceuoir aucuns moyens de paix.'maisàinfy qucle Roy cönfirmoit ledit Don , Ian enfon gouucrnement, amp;nbsp;ratifia la guerre par luy ' ' ' commencée, fut cefte ccmmunicatiôn fans aucun proufit. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.. ƒ

Le dernier de lanui'er ainfi que lé camp des E- . , fiatsfe delogeoit, amp;nbsp;que l’ordre des foudars futrô- d'lt;wu»-pu parla cheuallerie de Don lan, fut totalement lé camp mis en route àupres de Giblou ; Dont le pays efiantfort eftonné d’vne telle perte inéfperec (ainfi qu’en tels defafires communément adiilentj l’criné-

£e

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t 4}4 Histoire des trovbles

my a occupé les villes de Giblou, Louuain, Arlcot, Tielniont, Dicftamp;Sichern; maken Sichern fut par luyc()tnn?.ifevne cruauté plus que barbare, contre les Officiers dudit lieu-

»»cnfîfui K'îonficur le Duc d'Anjou eflant aduerti de cefte ^‘■^^iétc ,enuoya le Sieur de la Fougcre,amp;' fon Sec re-eni cyT taire aux tlfais, pour leur prefs, nter fa peifonnc; 8c fy.Qj ens,pour les aflîficr. Cequ'eftant accepté il a cnucié pardeça les Seigneurs de Roi hepot amp;nbsp;des Pruneaulx.veislclquelsfontvenuzle ComtedvLa-laing, le Baion deF’-ezin, amp;nbsp;la ConfciliierL’effeit, des Aftatsgcnerau'x députez, pour traicicr tant de l’afsiflcncc, que de l’aiTeurancc, à la ville de faint Gi-fiain.

Ainfi qu’apresccftc.defaiéle la ville de* 5. Giflain eftoiten branle amp;' furie poinél de tomber es mains

de Don Tan par intelligence fècretede J’Êueîquc d'Arras; le Sieur de Heruüart y cft entré par pratique, empefehant cefte entreprinfe : amp;nbsp;ayant bien prouueu la villeau proufit ce la Pairie, l’a nnfe es mains du Comte de Lalaing Gouuei ncur de Hay-nault,!e i.iourdeFeburier.vS.

. LeS.iourduditmoisamp;an, la ville d’Amflelredl accordée par appointement, auecq le Seigneur *u«u Princeamp;£ftats de Hollande. amp;nbsp;fc reunie auecq les autres villes dudit Pais, foubs le gonuernement de fon Excellenrç, furcertains poinétsamp;articlcs; mais

rrigt;’ce

d'Oiatii;«.

ainfi que les Catholiques n’ontobfcrué lefditsarti-t’csdcTaccordjcerx delà RcHgiô réformée ont enrôlé hors l’ancien Magifl^ar AdesCordeliei-sipar ce qu'ils ne voulurent ai cordei aux Reformez aucune hbeitc.'amp;ontauHy enframd le poinô de l’accord, faiéi

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pv PAYS-BAS. LIU. 11 H. 455 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;8

faiól fur leftist Je ceux du ferment. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•

AinfîquiJes Efpaignolsauoientafsiegéla villcde

Niuellc, Monfieur de Villers Gouucrneurdela vil- «ndue, le,a attcndule Canon, amp;nbsp;non obftat qu’ellen’eftoit pas tqnablejfî a il vail'ammét reliftó quatre aflaults, aflauoirdcs les 11. heures de æidy iniques à 7. heu-, resdufoir, quel’cnnemy fitla retraictc fansordres puis l’a tenue encores deux iours fans parlementer, enattédant fecours. Ce pendant Monlieur le Prince amp;nbsp;le Comte de BoiTu luy ont eferit, qu’il s’en re-tireroitfauuantfèsgens au mieux qu’il pourroitjee qu’il a faid , amp;nbsp;en eft forti par appoinedment fauf corps amp;nbsp;biens auccq cfpces amp;nbsp;poignals,amp;les Capitaines amp;: chefs àcheuahle ij.iour de Feburier l’Ati-1578.

Durant ces entrefaides fut ordonnéà Worms vne Diete Imperiale, ou futenuoyé le 5icur de S. p«i3ie a AldegondeContèillierd’£ftat,parfon Alteze amp;nbsp;E,. ftats, pourj'remonftrerlaiufhfication desalraires depardeça, cniemble pour requérir l'afsiftence de l.Êmpireamp; Princes Allemans, comme voifins, let-quels deburoient auoir aucun fentiment de celle mifere amp;nbsp;calamité.

Les Êftats veuilla,ns aufly faire laditte remon-ftrace amp;nbsp;requerte à la itoync d’Angleterre,ont à ce deTtnaij député le 9. iour de Mars Monfieur le Marquis de »_*» Boyni» ' Haurech lequel y befoigna fi bien, qu’il a obtenu de o ■ ; la Royne aflêurance de gens amp;nbsp;deniers,ü fafsiftcncc defdits £ftats; auquel aud’y en fon priué nom fut faid grand honneur, receuât en outre vnbeaupre-fent defa Majefté. gt;

Le 21. iour de Mars 1578. fut prinsle grid Con* £e Z

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Histoire dï* trovblb»

feil delacoiiitdeFrizeàLeevvarde, aifaiioirle Pre-

fidencYgrammes Achlum, ConlcilliersIiiliusDe-' .1.4, kema,PierreFritzina,Focco R.ommaerts,Anthoine

Leualy,amp; pkifiein s autres,amp;: en leur place furen. or-donnés iiQuueaux Confcilliers,anauoir,M. Frâçois Éyljnga,M.Fecco Ralda,M.fandcSteueren,amp; plu-ficurs autres bonsSeigneurs.En outre fut Ie premier l^uefquc de Lcevvarde cftant mande au chafteau (comme aufïy aucuns Confeillicrs) laify.- amp;nbsp;aucuns furent confinez en leur maifons.

M tiiietie Le y.iour d’AuriJ an fufdic les 7. enfeignes VVa-foHadef- lonnesjdes neufqui fm eut à Mafiricht en garnüon, lt;)ucà Ma. iiîutincrent pour leurs payes, prenants prifonnier Monfieurle Baron de Hezeleur Colonel amp;nbsp;Gou-uerneur deladitcc ville,A; tousles Capitaincs,Licu-. tcnantS)Port-cnfeignesamp; Officiers de fbnKcgimct. . £n outre firent confpiratiô de liurer la ville es mains del’cnncmy. Maisainlî qu-ony enuoyale Seigneur Nicolas Salmicr, CheualiciS Sieur de M clroy auecq ledit payement, A: ayant contente les foudars, feit Îjour le premier relâcher les prifbnniers , amp;nbsp;puis par on bon efprit feit maiftre des confpirateurs, def-' quels aucuns furent exccutez par eaue, amp;nbsp;autres par la corde; amp;yayantintroduicit''autre garnifbnj s’eft ■ affcurépartel moyen delà ville au nom de la Patrie. eHoDMo Lexa.jour.d’Auril futen Anuers public ordon* Pac'ficiUô nance nouuelle, furFobferuation de la Pacification dfamp;and. de Gand, amp;nbsp;qu’on là feroit lurcr a tousles habi-tans amp;nbsp;bourgeois de pardeça, de quelconqiiccondition ou Eilat qu’ils fuffentijA: tenir pour ennemis tous ceux qi'i refulêront de faire ledit feritient. Vn chacun a faid ledit ferment tant perfonnes Ecclefi-afliques

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DV PAYS BAS. LIU. IUI. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4J7..

aftiquesqucfcculiercs, relêruéles Icfùites.-Iefquels nevcuillauts obéir, furent merucillcufcmcnt tenu . ■ fufpeds: parquoy le eominup peuple s’élt mutine' contre eux.quot; neantnoins riens ne leurfut mefîaiéljjcotdeiiert par Je bon ordre que les Co’onnels delaville y

renr, Jînon qu’on les a taicl honneftement fortir la . ville; tantpourleurpriueeaJcuran^e^ c©:nme aufsy! - '-ir: (eftants Jufpeâs)pour lebicn publique. Cequifut faiét le iour de PcnteconlL.Les Cordeliers deuiai»! derent temps pourfe délibérer,mais voyants àla fin qu’autres ordres mendians, Prélats, Eglifes Cathea dralcS,amp; tous les perJonnes Cecleliaftiqües fu ent oX bciJTansaudit mandement, fc font refokis de taire lé mefiné; rctèrué le Gardien treize autres de Ton conuent, demouransobftinez, qui fcmblablement furent feomme fufpecfs) mené hors delà ville. Ce pendant que ces Cordeliers furent en deliberation', le peuple qui auoit prins les armes, eftant mal con-tcnt,s’y font aucuns aduancés,pour les forcerree qui fut par le Bourgmaiftre,du routempctchc.- deforte que deux de lacompaignic eftans foudarsleur oublièrent fi allant, qu’ils Juv meirentlapoincte de l’efpeeau deuant, dontilsportjerentla peine, eftans décapitez. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;f nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’

)Monfeigneur le Duc d’Aniou enuoya tagen-ljgcndir-darmeric fur les limites dcHaynault, qui de l’en nemy fut fort oppretTé. Le Colonnel Combelle ouc entre cft entré au diet pays par ordonnancedes Eftats, amp;nbsp;s’efi logé ailec tes gens àLcnscnHaynault, village apparténantà Monfieurde Barlayinont; ouïes Êf-paignols, venus pour I’atlàillir,brauemcnt furent repo uflTés amp;nbsp;bien frottés, de forte qu’ils furent con-

£e J

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^^8 His TO IR Tl des trovrees trainéls de reciilcrle 21. jour de May de i’An 1578. Philippe. nbsp;nbsp;nbsp;La ville de Philippeville ayant eftc long temps aP

ville afûe-ßegeedes t’feamnols, futiontiainâe defercndrc peefii: i(D nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. j ■ o

lt;!8c. par faute de viuresamp;munitions, par appointcmcnt ledit 21.lourde May.

limboutg pendant que l’cnnemy fc preparoit pour af-aiiicgé k fieger Limbourg, le Gouucrncur amp;nbsp;les louldars ont demande viuresamp;munitions, amp;nbsp;ayants ce proroi' rent de tenir la ville amp;nbsp;chafîcau.L’Arcbiduc Matthias amp;nbsp;les Eßats les ont prouueu de tout ce qui eftoit ncceflàirc. Ccncn obftantont paikmcnté auccq l’cnnemy, amp;luy rendu laditte place le 15, deining l’An fufdidb.

Monfcigncurlc Duc d’Anjou pourmieulx accomplir ïbn concept,eft venu à Mans enHaynault Je 11.lourdeluillct, aueepetitte compaignie, mais fon train le fuyuoit.

LcsfouldarsAllemans du Regiment de Polvvy-»iskp^re”amp; Jer,lelqucls devant la 7^acificat'on de Gand furent undue, en garnifoD au pais d Overyflcl en Campen amp;nbsp;Denen ter, refuferent dé fortirivoire ent tant amp;nbsp;fi longuement faift connincnceSc difsimule', qve laditte paixfut rompue, fe declarans adonc de tenir cefdit-tes villes pour Don lan. Parquoyles Eflatslcsont afsicgc,amp; prem.iercment Campen, par le Comte de Ktnnenberg,Baron de Ville amp;nbsp;Gouucrncur deFri-2e,quiillccfutdcclarcgencralducap: lequelpour ne perdre téps,a faiß ferner la ville; 8: le refus faiß, l’a fort horriblement faiß battre iniques auoir faiß brefehe.- ncantmoins les Allemansvoyansl’aflâult prcft,ont parlementé, amp;nbsp;finalement en font fortis le Ao.de luillet l’An fuldit. c ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■

Le

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DV PAYS-BAS. LIU. II IT. 4^9

LechafteaudeHjurechafsicge3i:battu des Fran- chi^e«« çois,de lapart du Duc d’Anjou,s'elt rendu le 26.dc luillet. Maisies Efpaignols ouipaiauanty eftoient venuz, pour faire leuer le camp, t irent repouffez a-ucc grand perte deleurs gens. Au mdirc ten.psledit Duc a mis garnilonFrançoife, cs villes deSoig-ny, Maubuge amp;nbsp;Reux, eftans des ennemis abandonnées.

L’Archiduc Matthias amp;nbsp;les £ftats ayants dreflez vnegrande 8: puid'ante armee Ibusla conduire gOLiuernen.entdu Comte deBolTu, homme vaillat, E iatj pte$ hardy amp;nbsp;bjenaguerroyé, a mis fon camp auprès Rimenant en Braband • ou Don lan veuillant iouer a quite ou double,cft venuaflaillir ledit camp. Mais ceftedeuxîémeentreprinfe fucceda toutau côtrairc de la premiere.'car grande partie de fes Efpaignols y laiflcrcntla vie;de forte qu’il fut contrainétdefe retirer, par le bon debuoir amp;nbsp;diligence de tous ceux que ledit Comte enuoyoit au combat, ou le Seigneur de Norits Colonnel Anglois, amp;nbsp;le Seigneur Stuart Colonnel £fconbis,ayans refîflé amp;nbsp;pourfuyut la plus grand force del'ennemv, felbntmonftrez G vaillans aux armes,courageux amp;nbsp;hardis,qu’ils ont eu le pris amp;nbsp;loz deceftevidoirc, obtenue le premier jour d’Aougft l’An 1578.

Le Seigneur de la Noue, réputé vn des plus vaillans Capitaines de noftre temps, 3c en France fort renommé par fes haults fiiéls d’armes, fut mandé des EftatspourcQrcMa'cfchal du camp.Leque! acceptant cefte charge, eft arriué à Anuers au grandcon-tenteinent de toute la gendarmerie.

Au mois d’Aougft an fufdit le Seigneur d’Archie»

Ee 4

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440 nbsp;nbsp;nbsp;Histoire; dis trovbles

Tumulte à enuoiépar fonAlteze t\ Confcil d’ÊftatàVa-vaieftcitne ]écicne,pour faire cnqiieftejiiraucuneschofes par-patifie. ticulicres, touchanslc bien publique tic latiirte ville, s’cftcfmeuc grande fcditinnentie Icconimiin peu-plc.-cari’vne partiçtenoitlapartiedudich Archies,amp; l’autre tiu Magiftrat. M; is pour y rcætciier h t par fon A'tezecnuovéleÂigncur RichardojtxCpnieil-iier du Coijfci! priuc, homme frrt docic, r.ccom-paignéd’vn autre Commifl'aire, ou pari.ntc’itcnîon d’icelluy,apres p'ufieurs communications,ïuttenue aflemblce communeamp;gencraledu peuple^ dcibrtc quele 17. iour d-Aougll, les troubles fure'nt appai-fecs, S; les bourgeois s’en allèrent incontinent chaque fous fon enfeigne, en dcpofansles arimes, apres auoir tenuz huiét ioufs amp;nbsp;nuicts garde l'vn contre l’autre, non fans grand danger d’vne miferabjeamp;la* mcntablceifufiondefang. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■ nbsp;nbsp;nbsp;'-.r- nbsp;nbsp;/ 1

Les £llats generaulx faifans toutecholc pourvu

'

feigneut le plus grand force, onttraiéfé auec Monlcignci r 'c Duc d’Anjou en celle maniéré. Lç Duc s’oblige de leuér dixmüle piétons amp;nbsp;deux mille chcuaulx, payez amp;nbsp;gagez à les dcfpens l’clpacc de troix mois, ief-quels expirez,fi la guerre n’elloitencores finie,qu’il con tinucroit Ibn fecours auec troix mille Ibuldars amp;nbsp;cincq cent chcuaulx, amp;nbsp;qu’il le déclarera cnnemy de Donlan amp;; les adherens,pourquoy les Ellatsluy dô-nentletiltre de Defenfeur de la Patrie, ptqmettans en outre de lepreferer à tous autres, cnjcas qu’ils fulTent contrait!(lis à changer de Prince amp;nbsp;Seigneur, en outrcluydonnanslâDuchédc Luxembourg amp;nbsp;laComtcdc Bourgoignc, amp;nbsp;pour la retraidtç.de-fes . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gens*

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DV P AY S-BAS. LIU.HIT.: nbsp;nbsp;nbsp;44»

gcns,ôi fbnafl'eurancc les villes dcLanJercy, noy amp;nbsp;Bauiis,amp;.’ plufieursautres articles, coiitcnur cn l’accord fürccfaicl àp'jbliéen Anuers, ala prefence de Mon deur Ie Prince amp;nbsp;cllats, aucclcs Am-balTadeiirs dudit Seigneur Dueje ip.iour d’Aougll 1’An 1578. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;;

Lc Camp des £ftats n’eflant que deux lieues de^fermou« Louuain, le Conirc de BolTii eft parti du camp auec

'deux mille harqucboiiziers.amp;dcux mille cheuaulx, £•!: venu près de Louuain ou l’ennemy fe prefentant, *• fut attaqué vne braue eicarmouchc. LcVicomtcdc Gand amp;nbsp;la Noue, auec les bendes d’ordonnacc ont afl'ailly l’ennemy^ ^'cbalfé iufquesaii deßbubs des rampai s de la ville: de forte qu’aucuns y tombèrent , a la rcriuerfe.comme aufly firét aucuns François.Lc-dit Comte auoit grand défit d’afsieger cefte ville, mais par faute de trois ou quatre mille Pionniers, amp;nbsp;?o. ou 40. Canons, qui luy furent nccefl'aires pour gaigner vue villetant grande amp;nbsp;vague,pourueue do 'b ’.-cincq millefouldars, ïl-defifta dcccftc entreprinfe, comme hors de toute raifon. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,

Laditte armee tirant en campaigne, a prinfê les Chafteaux de la Mote amp;Sart, le premier d’aflaut apres eftre canonné, amp;nbsp;l’autre par appoindement. . Genap amp;Niuelles fe font rendu-fans attendre le Canon. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■

Ceux de la Religion llt;eformec,iprefcntent Rç-

quefte pour auoir exercice publique, Ipecialcraent pour auoir pour le premier ceux d’Anucrs,-?é deräandent àfbn Alteze l’Archiduc Matthias amp;nbsp;Confeil d’L’ftatcer - giou. taines Sglifes, deqiioy lesScigneursfurent fort e-fl:onaez:ncant.moiqsdes5uppliantsfuret en fi grand

5 .. ! . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;E c J

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441 Histoire des trovbles

«C-rt nombre,amp; vrgerent fi fort, voire eftoient fi impor~ tuns,que Ton Alteze, ayant l’aduis des ffiatsgenc* raulx,trouua cftre necellaire pour le repos publique, amp;■ pour pi ccancr tout inconuenient, o'cuJx accorder la tbapclle du cbafieau(nommée les Moabites,a caule des klpaignols qui l’ont baflie) l’eglife des le-fuites,la moitié de l’egliie dcsCordelicrs.des faeo-

pins, Sc de l’eglife de ßint Andricu; de forte que par congé lurent commencez lesprefthes publiques le ^r/ ^derniei iourd’Aougft PAn ijy^.Depuispar la con-ptefeiTtâtion dtsRcqueftes de tous les pais-bas, futpeimileft publiée la paix deReligion, ou Rcligions-'vrtde, dont la Copie fenfuyt.

Il eft à chacun allez notoire, que le; Placcars ty-


fti'drla II eft à chacun allez notoire, que le; Placcars ty-RtlUioD. ranniquesiadis publiés fur le fai ft de la Religion, CO par la perluafion, tonfcil amp;nbsp;aduis des tfirangers, yu' elpecialement de la nation Efpaignolle, fans la def-L nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;(us cuir Icshftats du pais, amp;nbsp;depuis er.trctcnuz 8i

obfcruez auec plusde rigueui amp;nbsp;infuportablclèue-' lité.fcntla fouice de tousnozdilfictiltez à prelent, quand à l’occafion d’iceuxen pluficursfortes Ics/fti-uüeceSrDroifts, amp;nbsp;louables ccAîtt mcsdu paisfbnt cnli aints, ft’ mis dcflbubsle pied, finalement eft

caiiftevnclamentable gùerrc, commencée parles ennemis delà Patrie , ànofire cxtrerr.eferuitude amp;

iuinc.£'tainfi qu’il n’y auoit à ce autre remede, que f de faire entre tous les Prouinccs de pardeça vue alliance amp;nbsp;confcderation,cft que de là eft fortic la Pacification de Gand,laquelle apres plufieurs délibéra tionsSrconfultationsfur ceprinfes, tant par les £-uefques, Théologiens,que par le Conlcil dTiftat, ft: autres de pardeç3,eftapprouuee, confirmee; amp;nbsp;par t nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fer inent

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nV PAYS-BAS. LIU. Uil. 44Î

fcrmcntfolcnnclpubliquementiuree,nonfculemct I par les Eftats de ces pais-bas, Ecclchaftiqucs Si tem- • porcls,en genera! amp;nbsp;particulier, mais aufly par Don , Ian, duquel l’office eftoit principalement, comme ■ cftantcommisauGouucrnemenc amp;nbsp;bonne direâi- ' ondefditspais-bas, d’obfcruer icelle en paix, repos ' amp;nbsp;tranquillité.-neantnnoins taifant au contraire, a-uoit ladittePacifitation en plufieurs points enfraint, i amp;parp’uficuis chofès demonftrc, contre Ibn fer-' ment, qu’il ne le vouloit tenir àicelle; de forte que laditte guerre fut derechef par lu}' renouuellce, ce qui nous a contrainéf à la confèruation amp;nbsp;defenfion ( de la liberté naturelle, conioinâcment prendreau- ( trefois les armes, eftans aufii par icelle, amp;nbsp;par les ex- î tremitez aufquelles laditte guerre,mere de tous dif ordres amp;nbsp;inconucniens.nous a reduiâs.contrainfts de faire amp;nbsp;fbuffrir,contre nofire gré amp;nbsp;intcnti5,plu-fieurs chofcsprciudiciablcsà laReligion amp;obeiflan4 ce delà Majeflé.chofesqu’autremcntn’eufsiôsvou-' lu penfêr,?c à prclèntne pouvons cmpclcher, comme par plufieurs fois deuant le commencement de cefte guerre auons remonfiré amp;nbsp;protefté, tat par let-trèsqu’AmbaflàdeurscnuoyésàraMajefté,amp;aufiy t audiéî Donlan. Et combien qu’il eftainfÿ queny pouvoir ny vouloir nous default à nofire defence, toutesfois combien que la diuerfité des Provinces amp;nbsp;opinions des hommes mettent ce faiél grandement en arrière, fi eft il à doubter, que nofire bon vouloir amp;nbsp;pouvoir n’y pourront ay der, s’il n’efi que nous î entrons conioinélement en'Vne autre ligue; accord inuiolable Si vnion,lpecialemét en rcßrccl de la Rc-ligiomCar veu que non feulement à l’occafion de la

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H;ISTO IRÈ DES TRO VBLBS

guerre, mais 2ii(ly ck l’ineuitable fréquentation amp;nbsp;conferuation des marchants, amp;nbsp;autres habitans des Rovaumcsamp;pais circonvoifins commeFrance.An-glcierie,AL’cmaigncamp; autres,ayans acceptés la Religion reloimt e pretcnduejladittc Religion en plu-ficurspais de pardeça foit enfuiuie amp;nbsp;fort prinfe à cœur;ll elf grandement à craindic; fi on n’y permet la liberté amp;nbsp;exercice d’icelle, aufiî bien que de l’ancienne Religion pai vnan-iiab!c accord ArReligions-vrede, prenant exemple â l’Allcmaigne, amp;nbsp;France, qui panel inoien (ont accordez , amp;viuansen paix amp;■ profperité,ou parauant ncpouuansnullemêt lùp-poi ter i’vn l’autre, fort hoflül.ementfe traiéferent, que par faute d’icellcaduiendrontdes dangers bien grands,effulion de fang amp;nbsp;plnfieurs autres inconue-nicns; par lelquels fera deplusen plus aux ennemis, de nous touseflansau pais, laiéi ouuerturc amp;nbsp;donné moicn, ou nous au contraireeff ansauec vhe vni-on amiableenfembleconfedeiezamp; alliez,nous pou-uonsdefèndre de tous imininens inconueniens amp;c lioneurs, Toutçs lefquelles-choies confiderees, 8c fpccialemétquel’ennemy ne craingnant autr.e choie,que de nous veoirvniz cntcfpçctde laReligion, cerche fonos icellny pretext de tous collez nous mettreS;tenir en difleofion? fts’iladuiét, qu’il entre au /’aispar finiff.es praéiiques,amp; fubtiilesinuen-tionsouparfbrce.il irefoargnera nyEcclefiaffiqucs, ny Catholiques,nv a’itrcSiConfid?réatiflw que lef-ditsdela Religion reformée prétendue ont parplu-ficursrequeffes tres-inflammcnt fupplié, que leur feroit permis le libre exercice d'icelle, auccq Sefouz telle reigle^ Ordonnance qu’il appartiëjdroitjnous

auons

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,nv PAYS-BAS LIU. IHM 44J auons pour la paix amp;nbsp;repos publique ;, apres meure * deliberation fur ce prinlè, non Içuîcment auecq les Députez des fllats gencraiiix, mais auflyen particulier, furceouysJes £rtatsde chaque Aouince, ordonné amp;nbsp;ftatué, ordonnons ôc Ita^uons par celte les poinéis enluyuans.-Êi ce fans prciudice de l’vnio des Prouinces de pa.rdcçidelquellcs ne fe deburoiét nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;/

älterer, nefeparerrvnedelkiutre, àcaufede cefte quot;7^ ordonnance, principalement confideré, que nulluy t S n’eft coptraind de çhinge( fiKe!igion,n’auiry d’act cepter cefte liberté, yi,l ne trouue bonne. , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,

' Premièrement,-que tous les oiîenceS'Sc ind iuresraduenuzdepuis laditte Pacification de Gand» I , à caufe de la Kcligton, feeem: pardonnez.amp; oubliez « comme non aduenuz: de forte qu’à caufè d’icelles* j nulluy lèraaccufable , ne pourfuiuy par iuftice ny autrement, amp;nbsp;n’en fora faid mention ne recerche p' nulle,for peine que lesTranfgrçfTeuryferont corri* j ‘ gczcommeinfradeurs. amp;'.pcrturbatçjjrs delà paix* jS, amp;nbsp;repos publique. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ci ji

X. £t à fin qu’ënfuy«antce,en refped de la di-uerlîtéde Keligion (’aquellenepeut.-eOieparforcÖ amp;nbsp;armes entretenue,platee,ny aufîi foppcimeeln’sd.» j uiennemy querePe nv diflènfion? Êfi ordonncctud chacun touchant'efoittes deux Religions peut de* ,* mourcrlibreamp;francq,. ainfiqu’iten veutrefpondre ƒ \ deuant Dieu,de tellefo-te,que l’vn ne pourra ofTen-. tj, fer l’autre, mais que chacun foit Ecclefia (tique ou r temporel aura amp;nbsp;retiendra la fienpe enpaix amp;rep.os, / « . amp;'feruir Dieu folon l’entcndementqni luy elt don- U né,amp;ainfi qu’il en vouldra refpôdre, au dernier iourr I-au moins tat amp;nbsp;iufqucs à ce que pat general ou Pro- h

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446 Hïstoirï des trovbües üincial Concile les deux parties librement oyes» en fera autremcntconeluamp; determine.

'' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;3. £t afin queladitteliberté de Religionfoit

desdcuxcoftezreiglee de conditions conüenablcs I Si paflàbles au repos amp;:afl'eurancc dechaciin.-Eft or-? donne' que la Religio Catholique Roniainejcrarc-' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tantes villes amp;nbsp;places cf’Hol'ande^Zeiande,

51^7 qii’cn autres villes amp;plac’èr desp.ris'Srpardcça ou

■ elle eft abandonnée,pour illcc paifiblcment Si libre-Ut met cfl:recxercee,làns aucun trouble ou cmpefchc-n ent pour ceux tjui le demanderont, faufqu’ils.Qe foientmoins en nombre, que cent menages en cha-qûë ville oil village,valants commucllemetdcmou-rez.aumoinslctcmpsd’vn an,amp;àlapluspartdcsha. bitans parle menu déclarez.

■ nbsp;nbsp;nbsp;4. Comme anflv femblablemcnt laditte Rcli-

f gion,qu’on dit laReFormec,pourraeftre publiquement cxcrcce, en toutes les villes Si places des pais de pardeça, ou le mefmc fera par les habitans en pa» ‘ reilnombre requeru. S*-/»O

Bien entendu que tant ceux de l’vnc que de l’autre Religion fè deburont prefenter au Magi* lt;nbsp;J ftrat, ou ils demanderont refpcftiucmcnt chafeun lt;gt;nbsp;Tcxercice de leur Religion cntrelaifl'ec; Icfquels ' ft. leur deburont incontinent defigner des lieux à ce ' idoines.- Afl'auoir, en Hollande amp;Zc!ande, pour J r~- ceux de l’ancienne Religion telles ^lifes amp;nbsp;Çha-, ! pelles ejui f’ytrouuerôt idoines, amp;nbsp;en faute d’icelles J aucunes fieux ou ils ont autrefois efté, ou les Ca-, 1 tholiques pourront reedificrleur£ çIiappellesamp;T-f ^iles .- R és autres Prouinces teîs licu.x idoines que .'•’ 4c Magiftrat leur defignera, fauf qu’ils feront afquot; M nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;5 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fe's

, t ■

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DV PAYS-B^S. LIU. UII. ' nbsp;nbsp;nbsp;447

fés disants des Eglifcs Catholiques, G faire fè peut? àfinqiicparlâvoi(iiieté amp;trop voihnehtuatió nulles querelies amp;nbsp;diffenfions ne fouident, ainlî que communément on voit aducnir.

6. £fquels lieux ils pourront chaque (èlon ß couflume reipcdiuement, oofei uer, ouyr amp;nbsp;célébrer les lcruiccs diuins, Prefehes, Prières, Chanter, bapti(èr,la cene, enfeuclir, marier, tenir Æfcolcs, tous autres chofes appartenants refpcóliuement à leur Religion. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

-J. £tou lediâexercice ne (è fiiâ: publique- y ment, ne fera perfonne pour lefaîftde la Religion recherchéne moleftéen manière quelconque à eau-, v lcdecequ’ilfairaenla maifon.

I fer.

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448 Histoire des trovbles leur biensjdifmes autresdroiAs.

11 . II. £tcelànspreiiidice des ProuincesdeHol-Jandcamp;Zclandcyqui touchant les biens icclefiafti-qucstfiantsülec, ferciglcrontfùiuantle 11. art: le qe laditte P^çification de Gand, tant qu;. par les £-ftaisgeneiaulx enlèraatitrenicnt ordonné.

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DV PAYS-BAS. LIU. IlII. 449 nbsp;’ ƒ

riagc mi(e en double ny aufii priue de la fucccfsion ° Jes enfans procréez ou à procréer dudit mariage.

Ff

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450 Histoire des trovbles

par la diuerfité des Religions,amp; autrement,en plu-fieurseftfupprimec, à grande opprefsion amp;nbsp;iniure desinnocens, amp;nbsp;antresrequcrantsdroiól; Et pour en ce,amp; contre tous calomnies auiourdhuy par trop regnans, pouruoir, interdict fur peines fùfdittes, tant aux Magiftratsamp; luges, quepcrfonnespriuées, d’o)c(ênauant d’apprehender ou prendre aucun, ßns l’obferuaîion de trois voies accoutumées; L’v-

ne, aflauoiren prefentmeffaiôt, ou par ordonnance du luge, ou, la ou eft partie formele, le ont faiél ef-crirc.

iz. £t pourront les perfonnesprinfês par aucun defdits troix moyens, incontinent eftre mifes amp;nbsp;de-liurees es mains de leur luge competent, pour eftre faictenquefte fur fon faiét, amp;nbsp;adminiftree iuftice comme il appartient.

15. Et ncantmoins à finquelesmauuais Iiu-meurs des républiques pourroient eftre mieux purgez amp;chaflez,eft à chaeû permis, voire fans y auoir aucun intereft particulier, d’aceufer vn autre quiconque cefoit, ßufque cclafèfaceaiiecdeucinfor-mation,S: deuantlugecompetent/quifera tenu de-dens liuiét iours,ou p!uftoft,fuyuant la coutume du lieu,demander l’acculedeuant iuftice, amp;nbsp;puis de procédera toute diligence à condemnation ou ab-folution, comme trouuera en bonne iuftice appartenir. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;:l

24. Sans toutesfois qu’à aucun fera licite de ca-' lomnier vn autre, ou legerement amp;nbsp;fans fondement aceufer, amp;nbsp;de faire tort à là fame amp;nbsp;renommee, ou detraéter,fur peine comme dclfus,

2.^. £t touchant l’cxecuticn, tant Ciuileque quot;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Crimi..

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DV PAYS-BAS. Uli. 11II. 45quot; 'h-fè Criminelle pour donner àchacun raifonnablc con-lentement! £ftordonne, quedorcfenaiiâttousloix Si Magiftrats des particulières Villes, Cliaftelenies, Villages amp;nbsp;Seigneuries des pais de pardeça, feront -ordonnez amp;faiâ:s des perfonnes les plus qualifiez, amateurs de la Patrie, lans diftinclion de la Keli’

—~

g!^- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,

16. Lefquels Loix amp;nbsp;Magiftrats fe méfieront feulementpartout du faiftdela iuftice, Politie, ou Gouucrnement des villes amp;nbsp;lieux ou ils font ordonnés.

iq. Sans qu’aucun leur pourra en cefaire aucun 'S ƒ empefehement,trouble, ou obftacle, nyaußi aucunement eux s’entremefler en maniéré quelconque, amp;1ÖUS quelconque pretext que cefoit. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gt;

28. ftveu que les Magiftrats, font depuis peu de temps en ça renouuelles, ceux qu’on appelle les dixhuid, ou autres conftitucs en leur authorité en moindre ou plus grand nombre; ferontpar tout de-pofez, Si leur fera défendu de ne s’ingérer ny mefler des choies publiques, ny mefme de la fortification Si garde des villes, fi ce n'eft qu’ils Ibn t Ipecialement efleus amp;nbsp;députés parlefdtts Magiftrats à icelle fortification Si garde.

19. fttouchant ce, nepourront donner aucu-ne ordonnance d’importance,que par communication precedente auec ceux du Magiftrat des villes ou ils font ordonnez, él: par leur cxprefl'e ordônan-ce.fur peine comme deffus.

50. Etàfinque cefte noftre ordonnance foie mieux obferuee, feront par lesCommill'aircsamp; autres Députez, ou ayans authorité de renouueller les

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quot; 4$^ Histoire DES TROVBLBS

Magiftrats, commis quatre notables amp;nbsp;vertueux perfonncs, bien qualifiez, pour à toute occafion en vertu de leur Office, voire fans eftre requeruz de partie, s’enquefterfur l’infradion amp;contreuention deladitte ordonnance.-amp; icelle tnquefte faiâ:e,mifè par eferit, amp;nbsp;figneepour le moins par les troix d’entre eulx,fera incontinent prefèntecés mains du Ma-giftrat, pour en eftre fommairement prinfeconnoif-ßnee, contre lestranlgrefleurs procédé par parate execution defdittcs peines.

'I 31. Bien entendu, que l’Office defdits Nota-* blesouperfonnesvertueufes,nedureraqu’vn an, amp;nbsp;qu’ils ferontaueclefdits Magiftrats renouuellez ôc changez.

X. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Etainfi que la defobeiftànce d’aucunes vil -

• les de pardeça contre leur Magiftrat, donne occafio de grande diffidence, ayansen part iufques à maintenant retardez la permifsion delà liberté deKeli-gion,amp; que fans reintegration de laditte obeiftance, ne peut eftre trouué aucun fondement d’aftèurance.* £ft diet,ordonné amp;accordé,que non feulemét tous Magiftrats, mais aufsi tous autres de quelconque e-ftat, qualité ou condition qu’ils foiét, feront doref-enauant tenuz amp;nbsp;obligez d’obeir amp;enfuiuir tous ordonnances, Placcars, Mandemenst^: Commande-mens.tant defaditte Alteze l’Archiduc corne Gou-uerncuramp; Capitaine general, que defditsSeigneurs Eftatsgencraulx,tantà lcuer,caflêr,entrerenir,pren-j dre en gages amp;nbsp;licencier gendarmes amp;' Garnifbns, qu’à colliger, emploier ou diftribuer les deniers à l’cntretenement de la prefente guerre, amp;nbsp;généralement en toutes autres chofes, comme vn Gouuer-neuramp;

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DV PAYS-BAS. LIU. IUI. 453 neur amp;nbsp;Capitainceft accouftume amp;nbsp;doibt ou faire oulaifl’cr.

} 5. £t touchant les prifonniers,de quelconque, qualité,ou condition qu’ils foient,amp; ou ils font de-tenuz,lans exception aucune d’iceux, feront incontinent mis en droiâ, deuant leur luge ordinaire; ou en faute de ce,eftre relâchez fous telles conditios, motification amp;nbsp;cautiô, que pour le repos publique, amp;nbsp;fèurté d’vn chacun,amp; de la Patrie,fera trouué co-uenir, fur peine que les tranfgrefleurs tant en particulier qu’en general feront abandonnez comme ennemis amp;nbsp;perturbateurs du repos publique, amp;nbsp;leurs biens appliquez aux necefsitez de la Généralité, fans prciudicedesintereflcz.

Keferuantfon Alteflcjamp;lefdits Eftats generaulxà Ff 5

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4J4 Histoirh des trovbles

€ux 1’interpretation, declaration,diminution, aug-■ mentation ou mutation de ccfte ordonnance,amp;ciia-gt; quot;nbsp;que point d’icclle.-comme au ialut amp;nbsp;repos de la Patrie cy apres fera trouué appartenir.

EtàpleineC9nfirmationamp; affcurance detout ce quieftdeiTufdit, font de leur bon elcient amp;nbsp;vouloir en ce traiûé comprins les haults amp;nbsp;puilTantsPrinccs, lefquels amp;nbsp;chacun d’eulx comme garand amp;nbsp;pleigc de la fidelité, tant de l’vne que de l’autre partie, amp;: de l’entieraccomplilTement, amp;punctuelle obieruation de tout ce qui eft fufdit,ont promis amp;nbsp;iuré en parol-

les dePrince.parla foy amp;nbsp;religion qu’ils ont receu à leurBaptefine.dedefendre.garantir, amp;faircreftitu-

, er, tant d’vncofté que d-autre,celluv qui çy apres fc ' pourroittrouuerintereflé, endommagé, oudimi- i nué, en quelconque maniéré qti-il foit, par la ti anf- ; grefsion ou contrauention deeequi eftfuldit, en J tout ou en partie• amp;d’auoirenfinguliereprote6tiô les Prélatsautres perfonnes Ccclefiaftiques, s’il leureftpofsible,qu’àiceulx ne foit faiél; aucun trou.' bleoumoleftation, cnleurs perfonnes, exercice de leur ditte Religion, ny en la paifible pofléfiion amp;nbsp;nbsp;nbsp;■

iouifiancc de tous leurs biens, tant difines qu’autres. '

Ainficonceuamp;aduifé, tantpar le Confeil d'E- , ftat,que fPtats genei aulx des Pais de pardeça,a(lém-‘ blez en Anuers, le 12. de luillet, l’An xv^. foixantc dixhuiét.

ytefchej Apres la publication decefie paix de Religion, Mi'touUe plufieurs villes des pais-bas publiquemét ex^ Pais-ba». ercee la Religion reformée,amp;fpecialemcnt à Lee-vvarde en Prize fut faiâela premiere prefehe publi-quclexj. iourd’Aougfil’An I578.âl-£glifcdesla- । ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;copins, ;

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DV PAYS-BAS. LIU. Illl. 455

Copins, par confentcmet amp;nbsp;accord des Moines mef- ƒ j”“/ mesauiquelsl’Eglifcappartenoit.

Les villes de Quefnoy amp;nbsp;Landrccy à Monfeig-neurle Duc d’Anjou parles £ftatspromifès, refu-fent amp;nbsp;ne veullent receuoir les François. L’Abbé de Marolles lut enuoiépour les faire condelccdrc,mais cnvain.’parquoyleditDucarequeru autres places.

L’fmpereur man doit aux Elîats par le Comte de Svvertfenbcrg.combiêluy dclplaifoitamp; pclbitla calamité amp;nbsp;guerre de pardeça, preien tant s’il y auoit moié d’accorder auccleRoy,d’en faireIbn mieux amp;nbsp;d’eftre intcrcelfeur.’voire promet à celle fin toutay- , de amp;nbsp;fe ruice. Le Roy de Frace par le Sieur de Belle- J ƒ ure;amp; la Royne d’Angleterre par le Sr.MÜord Cobba Fiance, amp;nbsp;amp;nbsp;le S'.de Malfingan Secretaire des £ftatsamp; Côlèil-lier duConfcilpriué, lefquelsen vn melînetempste enuoiét furent enuoyé à fon Altefiè, à Monfieur le Prince,amp; {,j“rjdeu7s* aux £ftats, font la mefme declaration amp;nbsp;prefentatió, aux Eftan. voire d’aller auprès de Don lan, pourl’ouyr parler fur ce qu’on pretend auoir de luy.-cc qu’ils font, amp;nbsp;fachemincntvcrsluy auec les articles dcfdits £ftats, amp;bcfoignent fiauant en l’affaire, que les députez des deux collez fafl'emblerent à Louuain.Mais ainfi que l’affaire fut bien auancé, le Roy écrit audiél Don lan, qu’il defillcroir de cell affaire',la remettät ésmainsdel’£mpcreur.- Parquoy chaque retourne d’ouil elloit venu làns rien auancer ou conclure.£t celle chofe fut traiéfceàla fin du mois d’Aougfl amp;nbsp;commencement de Septembre l’An 157S’.

MonlieurleDuc Cafimire, s’ayant repofe qucl-ca(îmire que temps au pais de Zutphen,pour faire la monllre''*'’quot;’^^“ de fes gens, aflauoir fept mille piétons, defquels les eIuk.

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Histoire des trovbles quatre mille furent harquebouliers François, amp;nbsp;fix mille àcheual, eft arriuéen Braband, feioignantau camp des £ftats,lc i(?.iour d’Aougft.

Aucuns Prélats amp;nbsp;Gentils-F.ommes du pays de Groeninguc, qui en Groeningue furentdetenus ?Gm'en'i'n- ptifouniers, voyans qu’ils ne pouuoient eftre rela-gue efehap-chez par que'conque mandement desÄigneursfu-*’“■ pericurs, aflàuoip, defon Alteflè, fon Excellence amp;nbsp;£ftars,ny aufsi parlesCommiflàires cxpicircmcnt il-lecenuoyés.trouuerent moyen d'cRhapper; amp;nbsp;Ibnt le 17, lourde Septembre tous efcliappez par pratique, rclèrué trois Prélats amp;nbsp;trois Gentils-hommes, qui ne l’oferent halàrdcr,craignans d’eftre furprins à leur departement. Car entre la ville de Groeningue amp;nbsp;ceux du pais fut grandepartialitc,à caufe d’aucuns droiéls amp;priuileges, parquoy lefdits furent prins prifonniers,fefouuenanrsque la noblcfles’eftoit par auant armee contrela ville , en leuantamp;afl'emblant gens de guerre, lefquels furent par les bourgeois de Groeninguechafie du chafteau deCouerden, prenants prifonnier leur Capitaine Bartel Eynts, qui par apres fut relâché.

Si tort que la force de Monfeigneur le Dued’An-eftoit au pais,ila aßiege la ville de Bins, laquelle d’Anjou, eftant battue d’artillerie, alfauoir de dix Canons amp;nbsp;fix ferpentineSjS’eft rendue le y.iour d’Oâobre, à la diferetion dudit Duc, lequel receuant en grace ies IbuldarSjy a mis de fes gens en garnifon.

Le premier d’Oftobre mourut Don lan de la pelle DoTi/n camp qu’il auoit presde Namur , au lieu duquel eft venu Alexandre Princede Parma, auquel tout le camp prefte le ferment de fidelité,en l’An 1578.

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DV PAYS-BAS. LIU. HU. 4^7

Le 15.d’Olt;Sobre3nfiifditfurcntäLeevvardeen • Prize à 1’efglife ditto Nicvvenhoue amp;nbsp;des cordeliers, brilezamp;fricaflez tous les images, lelquelles furent depuis reftituces par mandement du Lieutenant le Comte de Rennenberg.

Le 17. d’Octobre i 57S. futle Magiftrat d’Arras te par vne partie des bourgeois, amp;aßillencedu Capi-taine Ambroifè Ôi fesgens,prinsamp;gardéà la maifon p,ironniec. de la ville, amp;nbsp;ce fous le pretext de quelque rumeur quiyfùtlemé, qu'ilauoitquelque intelligence fe-creteauecl’ennemy. Maisfutle u.iourduditmois par le peuple deliuré; amp;nbsp;aucuns des autres furent faiéts prildnniers,qui depuis furent en partie exécutez,amp; en partie bannys.

Or comme ceux de Gand auoient enchafle tous otigme leurs gens d’Eglife, amp;nbsp;caOc tous les Images des Egli- conuni, {ès,àcaufe queDonlan amp;nbsp;fes adherens auoiét rompu la Pacification de Gand.-aucuncs enfeignes VVa -lonnes,fbus le pretext de leur payement, amp;nbsp;de refii-tuer à Gand la Religion Romaine fe font déclarez Malcontens., veuillantsqu’on reftituaft les Ecclefi-âïtiques en la poflefsion de leurs biês, amp;nbsp;que les pri-fonniers qui eftoient detenus à Gand depuis le 20. iour d’Oétobre de l’An J fuffent relâchez; par-quoyaußi ont occupé la ville de Menin.- lefquels a-pres s’y eftre fortifiés,amp; leur nombre augmenté, ont Montigny. commencéauec leur chef le Seigneur de Montigny de faire la guerre ouuerte amp;nbsp;publique à ceux de Gand, pour les railbnsfufdittes : Mais le Duc Cafi-mire àcemandéfanslefccu des£fiats,efl: venu Ronner afsiftence à ceux de Gand, auec aucunes bendes de cheuaulx Allemans.

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458 Histoire des trovblf.s peuentet LcsAllcmans qui furent afsiegez en laville de »fsiegee amp;( Deuenter,ont rcfifté fi long temps que leur fut pol-

' fiblc.’voireiufquesau 20.iour deNoucmbre,quele Comte de Rennenberg Baron de Ville j ayant ca-nonneladitte ville trois iours durant, les a côtraints de rendre la ville par apoindtement,comme ceux de Campen auoientlàidt.

Le Sieur de S. Aldcgon de, amp;nbsp;apres luy aucuns autres, furent enuoyes vers ceux de Gand, pour decider leur querelle auec les V Valonstmais ils trouue-le Piincc tcut les âflaiiescn tel poincf, amp;nbsp;les parties tant a-d’orangtàcharncz, qu’il fut iugé, pour lesappaifer, que la cand. prefence du Prince y eftoit nccellàire, qui à celle caufe chemina vers Gand le 24. de Nouembre,rAn

Ï578.

Le premier de Décembre an fufdit, le Comte de Svvcrtlenberg Ambafladeur de l’Empereur,s’eft autrefois prefentéaux Êftats, auecql’aduis de l’Empereur amp;nbsp;des Eleâcurs fur la dernière communication delà paix, dcmandantfurce refponecdes Eftats: a-ueclaquclle il seft incontinent tranfpoitc, par la grandeaffeftion qu’ilauoitpouralfopir cefte guerre,amp; àces milerablcs pais basreftitucrla Paix.vers le Prince de Parma.

Mort itu Comte de Boßu.

Le 21. lourde ce mois, le Seigneur Maximilian Comte de BofTu, Capitaine general du camp des Eftats, grand Maiftre d’Hoftel de Ton Airelle, amp;Confèillierd’Eftar, eft trefpaflé d’vne fieure chaude, en Anuers: à grand regret Si douleur, non feulement de tous les gens de guerre, maisauffy de tousles Seigneurs du pais amp;nbsp;de toutlepçuple.

Les 25. jour de Décembre MonlèigneurleDuc d’Anjou

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DV PAYS-BAS. Lin. Illi. 4$9 d’z\njou, Dclenféur de la liberté des pais-bas, man- Le duc da par le Sieur de Dampmartin aux Eftatsles caufes, J' pourquoy il retournoit en France amp;nbsp;abandonnoit pianca. cespais-ba's: amp;nbsp;entre autresI’atfedionnee requefte dultoy fon frere; par quelque fediiion qui s’cRoit el'meue en Frâce.-£t par ce qu’on a perfuadé au peuple de pardeça, que fa prefencenuyfoit a la generale paix, amp;nbsp;qu’il le vouloir faire maiftre des villes de pardeça ; Ce qu’il veut monttrer n’eftre vray, en reftituantàfon departeaient toutes chofes es mains des Êftats; en outre prelèntanc, qu’en quelconque lien qu’il foit, qu’il leur demourera amp;nbsp;fera toujours bon amy; amp;nbsp;finalemét prenant congé,requiert qu’à lencontre de ce on auroit mémoire de les grans fraiz.parluy faiäs pour les afsifter, lailfant pour Ion Ambafl'adeur ordinaire pres defdits Aftats le Sieur des Pruneaux-

Les Ellats fort efmerueillez d’vn fi fubitamp; inopiné departement, ont depefehé vers ledit F)uc, le Seigneur de Froimont, amp;nbsp;Gilles Martini Doéleuriemcrcicr enbroid, Secretaire de lavilled’Anuers, pour lyy declarer combien leur poife fou departement, Inv priant de vouloir detelleforte diriger fes affaires, qu’il po.urroit demourcr pardeça, amp;nbsp;rcconnoilfans les benefices,qu’ilsont de luy rcceus,luy offrét tout lcruice, auccq promeflé de fatill'action contentement digne à fon Altefl’e.

Monfeigneur le Prince a fi bien belbigné à la ville de Gand, que la paix delaRcligiony futpu-blice, auecq autres articles concernans les ceremonies de la Religion Romainc,le xy.iour de Décembre 157S.

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Le i9' de lanuicrl’An 1579. Les £ftatsd’Hollande,Zélande,Vtreclit, Gclre, Fnzeamp; autresProiiin-ces, conGderSs que 1’ennemy tafchoit à demembrer amp;:fèparer les 1’rouinces,comme cy apres fera dccla-, ré,amp; que les Malcontens Pauancerent de fupprimer ‘^'entièrement ceux de la Religion reformee,ont con-clu vne meilleure vnion à la ville d’Vtrecht, dont la teneur s’enfuyt.

Ainfiqu’ontrouue que depuis la Pacification de ■tech”/ Gan3(par la qu elle toutes lesPrOuinccs des pais-bas ûh iS’eftoient aflez obligees, d’alsifter l'vn l’autre auec pout thaflèr de ces pais, les Efpaig-nolsamp; autres nations eflrangercs,auecq leurs adhe-, rensjlcldits £fpaignols auec Don lan d’Aufirice,amp; (autres leurs chefs amp;nbsp;Capitaines ont cerché amp;nbsp;cer-jehent iournellement tous moyens, pour lefdittes Trouinces, tant en tout; qu’en partie, réduire fous leur fubieftion, gouuernement tyrannique amp;nbsp;ferui-tude.- £tdcfeparcramp; demembrericellesProuinces ( tant par armes que pratiques, amp;nbsp;de anéantir amp;nbsp;fub-iuertirl’vn’on faifte depuis laditte Pacification, à i l’extreme ruine amp;nbsp;dcfolation defdits pais amp;nbsp;Prouinces,ainfiqu’on trouue de faiél;, qu’ils perfeuerans au fûfdit propos,depuis nagueres,ontfollicitez par lettres aucunes villes amp;eudroits , aflauoir du pais de j Gelre, amp;nbsp;aucunes furprinfes pararmes.'Ainfieft que ceux de la Duché de Gclre amp;nbsp;Comté de Zutphen, cenxdela Comté d’Hollande amp;nbsp;Zelande, Vtrecht, amp;• pais circonvoifins deFrize,cntre la riuierc d’£ems amp;nbsp;Lauvvcrs,ont trouué vtile amp;nbsp;proufitable de s'obli ger amp;vnir de plus pres amp;plusparticulairementen-I Ccmble, non pour (èdifioindre de laditte vnion generale

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DV PAYS-BAS LIU. I I 11. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;461

neralcfaiâe par la‘Pacification de Gand; mais pour / icelle plus roborcr,amp; de le pourvoir contre tous in- j conueniens aulquels ils pourroient tomber par au - ' cuns llratagcmes.entreprinfes, ou force de leurs ennemis,amp; pour fcauoir comment amp;nbsp;en quelle manie- , re les fufdittes Prouincesle pourront porter en telles occurrences, amp;nbsp;contre 1’efFort^de leurs ennemis defendre; Pt pour euiter vlterieuÆ leparation def-dittes Prouinces amp;nbsp;membres particuliers d’icelles, i demourant autrement iaditte vnion generale amp;nbsp;i Pacification de Gand en valeur, fôntenfuyuant ce ! par les Députez defdittes Prouinces plaincment j parles leursrefpeéliucmcntaceauthori(ez,arreftcz i 8c conclus les poinâ:samp;articles qui s’enfuyuëtlans i en toute occurréce eux vouloir par celle feparer du j fàinft Empire Romain. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;)

I. Et premièrement, que lefdittes Prouinces! l’obligerontconfedereront, amp;nbsp;fvniront enlcmble, i comme ils s’obligent, confederent amp;nbsp;vnientpar celle à toujours,de le tenir enlèmble, en toute forme amp;nbsp;maniéré comme s’ils ne fuflent qu’vne Prouincc, I fans qu’icelles lèlailTerontà iamais d’enlèmblefepa-' rer,diuilèroudifioindre parTellament, Codicille,! Donation, Celsion, changement, vente,traiélé de' Paix, oudemariage, neparaucune autreoccafiom qu’il pourroit aduenir, fans diminuer toutesfoisà chaque Prouince, villes particulières,membres amp;nbsp;ha-1 bitansd’icelles,leursPriuileges, Franchifes, Exemp-) tions,Droiéls,Statuts,louabIes amp;nbsp;anciennes couflu-: mes, vfances, amp;nbsp;tous autres leur droids fpeciaulx amp;) particuliers.’ elquels ne feront l’vn l’autre non feule- ; ment nul preiudice; empelcheraétou obHacle, mais

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^6z Histoire des irovbies

ayderont en ce Tvn l’autre par tous moyens deuësamp; pofsibles.-ivoii e par corps bien (s’il eft neceflaire) maintenir contirmer amp;nbsp;roborer, garder £c défendre contre tous amp;nbsp;vn chacun, qui amp;nbsp;quel il pourroit e-flrc, qui de faiéljcsvouldroitaucunement enfiain-dre.- Bien entendu que les differences, que aucunes dcfdittesProinnces, membres, ou villes efians de celte vnion, ont cnfcmble, ou cy apres pourronta-uoir.touchantleurs particuliers amp;fpcciaulx priuilc' ges,lranchires,cxemptions.droiéts,ftatuts, louables anciénes coutumes,vfances,amp; autres leur droiâs, qu’icelles fe décideront par iuftice ordinaire, arbitres, ou amiable accord, fans que les autres paysamp; Prouinces, villes ou membres d’icelles (en tant que les deux parties fe fubmettent au droiéijs’en auront à n;cflcr,n’cftoit qu’il plairoit d’intcrceder à accord-

2. ïtem que lefdittes Prouinces en conformité, Si àTaccompliffcméi dcladitte \ nion amp;contedcra-tion,feront tenusd’afsifterl’vn l’autre, auecq corps, bienst fmg, contre toutes fo: ces amp;nbsp;violëcesqu’au-cuns leurpourroict faire,fous pretexte amp;nbsp;au nom de fa Ma. ou de ß part, frit a caillé de la traiélcdePaix faiét à Gand.ou pour ce qu'ils auroient prins les armes contre Don lan d’Auftrice, rcceu l’Archiduc Matthias pour Gouuerneur , amp;nbsp;tout ce qui en depend, ou en efl enfuiuy, ou pourra enfuyure.enco-’c qu’il fuflè Ibus ombreleulement de vouloir relîa-■ blir,reftaurerou induire la RcligiôCatholique Romaine, ou aucunes nonucautez oualtcratiôs, qui en aucunes delditrcs Prouinces, villes ou membres d’i-ccIlrSidepuisl’An i $ lt;8.font aduenuz.ou aulsi à eau le de celle prefente vnion amp;nbsp;confedei atiô, ou autres occalioEJ

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DV PAYS-BAS. LIU. ITlIi 465 occafiös femblables,amp; ce tant en cas que fi on voul-cJroit vferdcfdittesforccsamp; violences, furvnc dcf-dittes Proiiinces,£ftats, Villes ou membres feuls d’i-ccllc,quc fur toutes en general.

J. Que lefdittes Prouinccs feront obligees en maniéréIcmblabled’afsifterl’vnl'autre, ayder a defendre,contre tous Seigneurs, Ducs ou Princes, Pais,Prouinces,villes, ou membres d’icelles, qui en general ou particulier leur vouldront faire aucunes forces, violences, ou iniures, ou faire guerre; refer-ué que l’afsiftcnce de la généralité de cefte vnion fc -radecernee, auec cognition amp;nbsp;felon l’exigence des affaires.

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^6^ Histoire des trovbles impofez, donnez, amp;nbsp;publiquement au plus offrant, de trois mois en trois mois, ou aucuns autres temps idoines, mis afermc ou colleôtc, par tout aufdittes Prouinccsvnies, villes amp;nbsp;membres d’icelles, certaines impofitionsjfur toutes fortes de vins, ceruoifes, braflees dehors ou dedens icelles, moulture de bled amp;nbsp;Grain, Sel, Draps d’or, d’argent, Soyeamp; laine, bœufs amp;nbsp;vaches, terres lemees, beftiail qu’on tue, çheuaux, bœufs qui fe vendent ou contrechangent, biens venans au poix frétons tels autres qu’on trou-ueracy apresbon par commun aduis amp;nbsp;confente-ment, amp;nbsp;ce enfuiuant l’ordonnnance qu’on con-ceuraamp; fairarurce.-amp; qu-on emploiera à ce les reue-nus des Demaines de ß Maquot;*, les charges y cftans delTus dedinttes.

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DV PAYS-BAS. LIU. Ulf. 4lt;î$ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,

inferéen leurs articles.-Qiron tiendra aufsi tel ordre amp;difcipline entre les löuldats, que les bourgeois amp;nbsp;habitans des villes amp;nbsp;plat pais, tant £cclefiaftiques que (cculiers, parce ne feront aggraués, ny aucun / outrage endureront: amp;ne feront lefdittes garnifons de nulles afsifes ou imports non plus exemptes, que les bourgeois amp;nbsp;habitans du lieu, ou ils feront mis;

amp; qu’aiilTy aufdits bourgeois amp;nbsp;habitans fera donné par la généralité argent du logement, comme ques à pre lent en Hollande a crté vfé.

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4^6 Histoirk des trovbles

mun aduis de ces cófcderez,fâufque s'il aduint que lesProuinces en chofès de trefues,«paix, guerre, ou contribution, ne pourroient accorder enfemble, le different fera référé fubniis parprouifiô aux Seigneurs Lieutenans defdittcs Prouinccs vnics cftants àprefent: qui égaleront ledit different entre parties, ou en prononceront félon qu’ilstrouueront en e-quité appartenir. Bien entendu que fi les Seigneurs Lieutenans en ce ne pourroiét accorder,prendront amp;nbsp;eflirontaleur afsiftence tels neutrals afsiftcns amp;nbsp;adioinéfs, que leur fèmblera bon;amp; feront les parties tenuz le reigler , félon ce qu’en fera par lefdiéls Seigneurs Lieutenans,en la maniéré que defl'usprononcé.

IJ. Et quant au poind de la Religion , ceux d’Hollande amp;Zelandcfè porteront félon que bon leur

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DV PAYS-BAS. tIU. nil. 467 leiirfcmblc: amp;nbsp;Ies autres Prouinccs deccftc viiion, lè pourront rcigler felon le contenu de la paix de Religion par l’Archiduc Matthias Gouuerneur Capitaine general de ces pais.auec ceux de lôn ron-fcil,paraduis des Allatsgencraulxia conccuo ou en ce mettre gcneraleinent ou particulierem'’^^ t^cl ordre, qu’ils trouucroncaurepos amp;nbsp;falut‘^s Prouin-ces,villes amp;nbsp;membres particuliers d’iodes, amp;nbsp;côfer-uation desbiensamp;droiétsd’vn chamn, Eccleliafti-queou temporel, appartenir : fais qu’en ce pourra par aucune autre Prouincc eftre faiéi aucun obfta-clcouempefchemét, veuquechaque perfonne prince pourra demourer libre en là Religion.' amp;nbsp;qu’on ne pourra reprédre oureccrchcraucunàcaule delà Rcligiö,enfuyuät laditte Pacification öiólc à Gand.

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^68 HiSTO ire DBS TROVBLES autre raifbnnableoccafion.lesveuillentabandôner, ou ont abandon né,fera donné des reuenues de leur ^.onuentou Colleges,leur vie durant,deuêalimen-tai'on, felon la qualité de leurs biens. Bien entendu que cu^x qui apres la date de cefte, fc rendront en aucuns w onalleres, amp;nbsp;iceux autrefois abandonner; ne fera donzee aucune alimentation.- mais pourront à leurproufily retirer ce qu’ils y auront apportée Q^aufly ceux»ui àprefentfont,ou cy apres entreront, aux Conuerts ou Colleges, auront liberté de Religion,amp; aullÿ d? veftements amp;nbsp;habillemés : lauf qu’ils feront en toutes autres chafes fubicéts au fu-perieur du Conuent.

Ilt;S. £t s’il aduint (ce que Dieu ne veuille)qu’être lefdittcs ^^ouinces quelque mal entendu.diffen-fion oudifcordcfourdoit, en laquelleils ne voul-droiententendrel’vn l’autre, qu’icelle,en cas qu’elle touche aucune éesProuinces en particulier, fera all'opieamp; decile , parles autres Prouinces, ou par ceux qui en feront à Ct députez i Et fi l’affaire concerne à toutes les Prounecs en general, il fera decis parlesLieutenansdesPrcuinces en lamanieredef-fusauneuxfiéme article dedaré, lefquels ferontte-nuz de faire aux parties droid^ou de les accorder en dedensvn mois(ou pluftoft fi lanecefsité de l’affaire lerequiert) apres interpeliation, ou requifition par l’vne ou l’autre partie à ce faitte.-amp; ce qui par lef-aittesautresProuinces,ouleursDeputcz,ou lefdits Seigneurs Lieutenans fera prononcé,fera obferiié amp;nbsp;fuiuy, ßns que de cela vlterieure prouocation y ou autre prouifion de droiéf,fbit d’appel,relief,rcuifiô, nullité, ouaucunes autres querelles, quelconques qu’elles

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DV PAYS-BAS. LIU. IIII. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4^î *

qu’elles pennent eftre, pourront eßrerequerues ou vlees, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i,

s Gß 3

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470 Histoire des irovuibs ceder à la conclufiondc ce qu’ils troiiueront fcruir an bien publique de ces pais amp;nbsp;Prouinces vnies;amp; ce qu'ainli fera conclu, fera obfcrnéaufG par ceux qui ne feront coiuparuz : n’eftoitqneleschofcs fùflcnt degrand pois, amp;pouuoicnt((Hifïiiraucun delay,en quel cas on mandera autrefois ceux qui ne feront cô-paruzspour à certain autre ionr Comparoir,fur pene de perdre leur voix pour cefte fois, amp;nbsp;ce qui adonc fera*conclu par ceux qui v font prcfens.fcra tenu ferme Si de valcirr,non obftant l’ablènce d’aucunes des autresProuinces, faufque celle à qui ne fera cômo-de à comparoir, pourra enuoycr en écrit Ton opini-on,pour àlacolledation en eftre prins tel regard, comme appartient.

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DV PAYS-BAS. LIU. IIII. 47lt; OT?

fte vnion,confederation ou ligue en aucuns poinds nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;»4

ouarticles, celafera aulîifaid par commun aduis amp;nbsp;conlentementdefditsconfederez,amp;nonautremét.

25. Tous lefquels poinds amp;nbsp;articles, amp;cbaque d’iceulxen particulier, lefdittcsProuincesont promis,amp; promettent par celle d’oblerueramp; enluyure, laireobferueramp;cnfuiure, fans y contreuenir, faire contl «uenir,ne fouffi ir d’y eRrô contrtnenu direde-mentouindiredemet, en quelconque forte ou maniéré. £t en cas qu’aucune chofe lôit par quelqu’vn faid ou attenté au contraire, déclarent icelle comme nul amp;nbsp;de nulle valeur, en ce obligeas eux mefmes amp;nbsp;tousleshabitansde leurs Prouinces refpediue-ment villes amp;nbsp;membres d'icelles,perfonnes amp;nbsp;biens, pourpouuoiriceuxen cas de contrauention pour l’oblèruation de celle amp;nbsp;ce qui en depend, ellrear-rcllez,detenuz amp;nbsp;encombrez, entouslieux, amp;de-uat tous Seigneurs,luges,amp;Iufliccs,ou on les pourra trouuerou attiapper:Et renoncent à celle tin de toutes exceptions,graces,priuilegcs, releuemens, amp;nbsp;généralement de tous autres benefices des Droids, qui leur pourroient aucunenænt au contraire de celle feruir,amp; fingulierementau droid,difant,que renunciation generale n’a liçu, fi la fpeciaje n’efl précédée.

24, Et à plufgrande fermetc.Ics Seigneurs Lieu-tenansdefdittesProuinces qui font à prefentou a venir,enlcmble tous les Magillratsamp; chefs officiers de chaque 7Jrouincc,ville ou membres d’icelle,lerôt teniiz celle vnion amp;nbsp;confederatiô, amp;nbsp;chaque article d’icelle en particulier par fermét promettre d’obfer-uer amp;nbsp;entretenir,faire obferucr amp;nbsp;entretenir,

Gg 4

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471 Histoire des trovbles V nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;zç. Semblablement deburont par ferment pro

mettre d’cntretcniriceulx,tousceiixdufèrmêt,Cô-frcries, amp;nbsp;Colleges, quifonten quelconques villes ou places de cefïe vnion.

x6. £tde ce ferôt faidslettres en forme deuê, IcfqLicIles feront parles Seigneurs Lieutenans, principauls rerembres amp;nbsp;villes des Prouinces à cc fpe-cialementparks autres requifès, feellees. Si parleur Secretaire refpediuemcnt loubfîgnees.

SoubCgn»- Ces poinéls amp;nbsp;articlesfufdits font foubfignez par «ion dH’ï- les Deputez du pais de Gelre,amp;: Comté de Zutphé, dcNaf-par les aeig fou Lieutenant defdits pais .pour foymefme amp;nbsp;auec Deputed nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;commune Cheua-

deiyiUes. IciicdeladittcDuché deGelre amp;nbsp;Comté de Zut-phen,enfcmble par les Deputez d’Hollande.Zclan-de , Vtrecht amp;nbsp;paiscirconvoifinsà Vtrechtaffem-blés,amp;authorifèz, comme deflüs finalement arre-flézamp;conclus.* £t ont Jefdits Deputezdu pais de Gelre amp;nbsp;Comté de Zutphen, pour faire plus ample declaration des Barons,grandes amp;nbsp;petittes villes de ladittc Duché amp;nbsp;Comté, prins terme iufques au 9. deFeburierprochainementvenant, amp;ceen la ville ’ d’Vfrecht, aux Commiffaires des Eftatsillcc. Ainfi faiéfà Vtrechtlez;. iour de lanuier i 579. Entre autresfutpour plufgrandeaffeurance , deffoubs la fignaturcdeMonfieurleLieutcnantfufdiâ:, amp;nbsp;lef-dits Deputez,foubfigné/ô/7lt;ï» (jratff' x.KN(ißou,Cat-x^ftelleboghe i^c. De la part des Cheualiers de la Du-ch'de Gelre amp;nbsp;Comté de Zutphen, lt;!gt;ilexa»dre de 7elicht,Gtllis Ptec, loachimde Liere,iy4lexandrequot;SeH~ tific. Delà part de ceux d’Hollande. G.'PoelgeeflfP.

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DV PAYS-BAS. LIU. IIII. 47?

Buys. René Cunt. De lapart des £flats de Zelande, / Cudlaume Roefins,l^iColas’Blancs,Pterrele Rtshefiaf-par de rosbergen.tithpAît des £ftatsd’Vtrecht,gt;4«-fontus de Galama, De mandato Capituli fui Scores laques f^erbaer vicedecanus fandti Petri;de mandato Capituli.du Bottrg.Ci-pitulo iubentc; {quot;'.de wten Eng, Renard d'syf^ttsyne, Bariholomef(sdelaïdVae(,NicolasdeZuylen, Leyden, Lubert de Cleuei. Delà part des £flats des pais circonvoifins Egbert Clanf,E.Ierges.

Comme aucuns femblent faire aucune difficulté furie 13 articledelavnion,le2?,dccemoisarrcftee entre les Députez des pais de Gelre amp;nbsp;Zutphen, Hollandcj Zelande,Vtrechtamp;pais voifins entre la Eems amp;nbsp;LauvverSjComme fi l’intention euft efté, de receuoirnulluy en icelle vnion, que ceux, qui per-mettroient la paix de la Keligion par l'Archiduc d’Auflrice,amp; Confeillez luy,paraduisdes£flatsge-neraulx conceuë, ou au moins qui les deux Religi-J^ ons,3ffauoirlaCatholique Romaine amp;Refôrmee;A . cefte caufe efl: que lefdits Députez q ui ont befbigné en cefie vnion,amp; icelle arrefté, pourofler tout mal entendu amp;nbsp;diffidence, ontpar cefie voulu declarer que leur intention n’a efl:é,ny eltre encore , ded^ou-loirTorclorede laditte vnion Aligne aucunes villes ouTrouinces, qui fe vouldront tantfeulemét tenir à laditte Religion Catholique Romaine, amp;nbsp;ouïe nombre des habitans d’icelle Religion Réformée n’eft fi grand, qu’ils pourroient en vertu de laditte paix de Religion iouyr de l’exercice de la Religion Réformée; mais qu’ils feront, nonobftantce, prefts dereceuoiren cefte vnion telles villes amp;Prouinces,

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474 Histoire des trovbles qui tant feulement (è vouldronttenirà ladittc Religion Romaine, en cas qu’autrcmct ils le vouldroi-ent obliger aux autres poinôls nbsp;nbsp;articles deladitte

vnion, amp;eux porter comme bonspatriots,vcu que l’intention neIbit, quel’vneProuince ou ville, ne s’entremeflera du faiêl de l’autre au faift de la Religion, amp;nbsp;ce pour tenir meilleure paixamp; concorde, entre les Prouinces, amp;nbsp;d’euiteramp;: öfter les plus principales occafions de diflenlion amp;nbsp;dilcorde. Faiét à Vtrecht le premier iour de Fcburier.i ^79,

/» Ainfi qu’icy defliisau 15. article, eftprouueu à l’alimentation amp;nbsp;cntretenement des perfonncs Ec-clcfiaftiques qui ont efté en aucuns Monaftercs ou Collegcs,amp; àcaufedcla Religion les ont abandon-né,ou cy apres abandonneront,amp;qu’il fort grandement à craindre,qu’à caulè de ce pourroient naiftre aucuns proces, ainfi qu’ils entendent que défia font en train, à caufe que telles perfonnes vouldront prétendre d’auoirdroidt en la fuccelsion des biens de leurs parens, freies, feurs, amp;nbsp;autres confaiiguins amp;nbsp;affins, par leur mort dclailTcz, ou encores à delaiP fer, amp;aufti ceux qu’ils ont durant leur vie par tilti^ de donation tranfporté, ou aucuns autres pourroict tranfportcr, aliénez ou apres leur mort auoir afleuT-rez.’A cefte caufe quelcfditsconfederez,pour preca-ucrlefdits procès amp;■ difficultez qui en pourroyent fourdre,ont trouuc bon de fiilpendre amp;nbsp;tenir en E-ftatamp;’fourfoance tous les proces à caufe fulHitte ia inftituez amp;cy apresà inftituer,iufquesàcequ’autre-ment parlefdits confederez Ôi autres qui en cefte vnion

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DV PAYS-BAS. LIU. UH. 4/$ vnion amp;nbsp;ligue (c pourront loiiulrCjlur ce (parautlio-riteaufsi du Magirtrat s’ilcÜbeloing) (era ordonné amp;nbsp;declaré.Faiél ainß parlcfdits Députez le premier jour de Feburier 1579.amp; fut figné,L4»tt«’«ri/lt;r.

Aujourdhuy le4.de Feurier 1579. fontenl’alTem-bleedefdits Députez à Vtrecht, comparuz les Députez de Gand fous eferits; amp;nbsp;ont déclaré qu’ayans vifité les poinétsamp; articles de laditte Vnion, amp;nbsp;ce qu’en vertu d’icelle plus allant a efté befoigné, l’ont trouué bî-m.-St les ont iceux en vertu de leurslettres de credence,procuration (pcciale amp;; inUruéliô, datée du 27.de lâuieri j79.aduoucz^approuuez,amp;ratifiez,promettanscomme lesautresconfederezlef-dits articles amp;nbsp;chaque poind d’icculx d’entretenir, obferuer amp;cnfuyurc. En tefmoingde cc ontlefdirs Députez mis cy dclfous de leur mains ligné, le iour, mois amp;nbsp;an comme defliis.-Et fut Ibubligné de la part de ceux de Gand, '^JolfcieGrntere, Lem» Tajart, Crtßoffle de la 'Becijue, Lucas Aiayart. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^^70

Auioiirdhuy le j.deMars 1579. font comparuz en l’aflcmblec delHits Députez à Vtrecht.lcs Députez delà Cheualeriecômune auquartierde Nymc» gue,enfcmbledclavillede Nymegue , qui Ont déclaré d’auoirvifitez les poincts amp;nbsp;articles de laditte Vnion, amp;nbsp;ce qu’en vertu d’icellecH vlterieuremcnt befoigné,amp; le trouué bon; amp;nbsp;les ont iceulx en vertu de leur inftrudiô, lèellédu feau cache de laditte ville de Nymegue,en date du 12.lourde Feurier 1579-aduoue,approuue,ratifie, Â:c.par cefte; Promettans comme les autres confederez iceulx poinds S: chaque d’iceux en particulier entretenir, obferuer amp;nbsp;cnfuyuir; En tefmoing de ce,ont lelHids Députez

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.47Ö HISTOIRE DES TROVBI.es

(* de Ia Cheualerie com mune de la ville amp;nbsp;quartier de Nymegue, de leurs propres mains ce foubfigné, au jour, mois amp;nbsp;an comme defliis: £t fut foubfigné, Gilles Ptec,Ian Kelfk$»,-Arnostldde Zeller,TTsurryUe-tntngiLarnhert lanjens,lande Hane.

Aujourdhuyle9. jour de Mars, fbntcomparuz en l’afl’emblee defdits Députez à la ville d’Vtrecht, • les Députez de la Cbeualerie commune au quartier de Arnhem.-qui ont déclaré d’auoir vifité les poinéts Si articles dcladitte Vnion,amp; ce qu’en vertu d’icelle vlterieurementfut beroignc,amp; ce trotiuc bon; amp;nbsp;les onticeux en vertu de leurs lettres de credence, datées du 18.amp;de certaine inftruâion en date du 16. deFeburier 79.tousdeuxfeellcesdufeaufecrct delà ville d’Arnhem, apres longue amp;nbsp;meure deliberatiô, aduoué,approuué amp;nbsp;ratifié,aduouent,amp;c. par ceftc. Tromettans, en la qualité comme defTus, iceulx amp;nbsp;chaque point d’iceulx en particulier entretenir, ob-feruer amp;nbsp;enluyuir.£n tefmoing de ce ont lefditsDe-putez delà cour de la cheualerie commune au quartier d’Arnhem,cy en bas figné de leur main,au jour mois amp;nbsp;an comme defî'us;amp; fut foubfigné, Alexandre 'Bentincij,

Aujourdhuy le 15.de Mars 1579. fbntcomparuz en l’affemblec defdits Députez desTrouinces vnies, allèmblezà Vtrccht; les Députez des villes de Lee-vvarden, Sneecq,Franiqucr, amp;nbsp;de certains' Griedt-mansamp; Grietenié, auecaucuns Gentils-hômes particuliers du pais de Frize,nommcz en leur procura-’* tion;£t ont déclaré, d’auoir vifité les poinéis amp;nbsp;articles de ladi tte vniô,amp; ce qui en vertu d’icelle a efté vlterieurement befoigné,amp; qu’ils le trouuent bon;amp;

ont

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DV PAYS-BAS LIU. 11 11. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;477 '

ontlefdits en vertu de leurditte procuration en date nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ß

du I i.deMars.i579.iceuxaduoué,approuué, amp;ra-tifié,aduoucnt,approuuêtamp; ratifient par cefte.'pro-mettans comme les autres confcdercz,iceux amp;nbsp;chaque poinûd’iceuxen particulier, entretenir, ob-ferueramp; enfuyuir : fntefinoing de ce ont lefdits Députez defdittes villes de Leevvarden, Sneecq, Franiquer, amp;nbsp;de certains Grietmansamp; Grietenicn, aucuns Gentils-hommes particuliers du pais de Prize,cy deflbus figné. de leur main, au jour,mois amp;ati corne deflus.-amp; fut [o\x\iü^’aé,'B.[di^erde Jelle Stbeß.

Aujourdhuyle ii.jour d'Auril i J79. font com-paruz en l’aflèmbleedefditsDeputez desProuinces vniesà VtrechtaflcmbleZjles Députez de la ville de Venlo, nommément. Girard de Lohn, Herman de Laet Corneliflen ffeheuins, laques Goris Conleil-lier, amp;nbsp;lan de Groot,comme Députez du commun illec.*£tont declaré,qu’ayants vifité les points amp;nbsp;articles de laditte vniô, amp;nbsp;ce qu’en vertu d’icelle a efté vlterieurementbefoigné,ront trouuébon.*amp; les ont tels, en vertu de leur inftruéiion, en date.du 5. d’A-uril I579.aduoué,approuué amp;ratifié.-aduouent,ap-prouuent Gratifient par celle.- Promettans comme les autres confederez iceulx, amp;nbsp;chaque poinéld’i* ceux en particulier d’entretenir, obferuer amp;nbsp;enfuy-uir.-£n tefmoingde ce ont lefdits Députez deladit-te ville de Venlo,cy defl’oubs figné de leur main, au jour, mois amp;nbsp;an comme deflus; Et futfoubfigné Girard de Lohn, Hermande Laet Cornelißen, laques Go-rts Jan de Groot.

Ainfi que fon Excellence à la confèruation amp;nbsp;maintenement de la republiquè, droi éls amp;nbsp;franchi-

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478 Histoire des trovbles ies des pais bas, toujours a trouué vtile amp;nbsp;neceflairc que toute bonne amitié', vnion amp;nbsp;concorde entre les Prouincesdefdits pais,villes amp;meinbrcs particuliers d’icellcsfoit entretenue, par laquelle non leulcment l’cnnemy commun peut auec plus grand’ force, cô-mune puiflànce,amp; mutuelle afsiftence non feulemét cltrc rcfiftéamp; repouflé.'maisaufsiluy öfter les moy~ ens de ferner ou procurer entre icelles Prouinces villes ou membres d’icelles quelque malentendu on diftenfion àcaufctantde la difference de la Religion qu’autrement; A ccftecaufeeftquefon £xcel-lencc ayant veucertaine vnion amp;nbsp;ligue taiâe amp;ar-reftec àVtrechtcn fanuierdernierementpaffe,entre J'Illuftre Seigneur Comte lan de Naffou, Lieutenat de la Duché de Gelre amp;nbsp;Comté de Zutphen,cnfem-blc ceux d’Hollande, Zélande, Vtreclit amp;nbsp;des pais voifins de Prize fîtuez entre l’Cems amp;’Lauvvers, a laditte vnion amp;nbsp;ligue trouué bonne,amp; louee.neant-moins à fin qu’icelle pourroit tant mieuxamp; auec oc-cafion idoine amp;' commode eftre propofee à la généralité des Prouinces de pardeça, pour eftre acceptée amp;nbsp;arreftee vne vniucrfelle paix, vnion amp;nbsp;concorde par tous les pais,auec commun confentement, aiufi-quesà prefent defifté amp;nbsp;tardé de fbubligner icelle vnion; amp;nbsp;ainfi que fbn Altcflé amp;nbsp;grande partie def-dittes Prouinces depardeça ont dec]aré,qu’ils trou-uent bon vtile, qu’vne telle vnion feroit conclue amp;nbsp;acceptée, poui la meliture conduiéle des affaires de noftie commune Patrie; Son£xcellencc a bien voulu maintenat declarer, comme declare par cefte, queladitte Vniô, ainfi qu’elle a cftéfaide amp;nbsp;arreftee à Vtreclit entre Icfdittcs Prouinces,luy femble bon

ne,

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DV PAYS-BAS. LIU. nil. 479 nbsp;.

ne,amp;: pour telle la tenir, comme il l’accepte amp;nbsp;tient pour bonne, comme s’afleurSt qu’en icelle n’eft de-rogee ny diminuée la fupcrioritc auâorité de l’Altefle de l’Archiduc: amp;ainfi qu’en bref Icfdits v-niez s’afl'embleront pour vlterieuremét de tous particuliers poinclsamp; articles d’icellcvnion conclure amp;nbsp;arrefter ce qui pourra feruir à plufgrande amp;nbsp;ferme concorde d’icelles: A cefte caufe cil que fon £xcel-lerrce declare auffy par celle,de vouloir accepter amp;nbsp;entretenir lefdits poinds amp;nbsp;articles, ainfi qu’ils feront parlefdittes Prouinces de Gclrc,Hollande,Ze-lande, Vtrcchtamp;autres,lcfquelless’y vouldrontad-ioindre, conclu, arreflé, amp;pour bons accepté. En tclînoing deceafon Excellence foubfigné de fon propre nom , fai d cacheter de fon Icau fecret en Placcart en la ville d’Anuers,le ? .j our de May 1579. Soubfignc GutUaume d« /^aßou . Plus bas eftoit ef-crit, par ordonnance de fon Excellence, Soubfigné. N^Bruninex.

Aujourdhuy le premier de luing 1579. Eftans affemblcz les Procureurs des villes au Monaftere des lacopins à la diete en Leewarden, apres qu’ils eurent ouy la propofition des Députez de la plus proclieVniond’Vtrccht, amp;nbsp;aucuns leur Procureurs defdittes villes, à la rcqueftedcfdits Députez , ont député,pour amp;nbsp;au nom de tous,decommunicerde plus pres auec lefdits Députez, amp;;vifitcrles poinds 1 amp;nbsp;articles deladittc plus proche vnion: ce qu’eftant

faid, Si ayans ouy le raport de leurs côprocureurs: nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j

déclarent tousles Procureurs des villês, qui ont , foubfigné ccfle en vertu de leurs procuratiös,qu’ils ontaduoué, approuuéamp; ratifié,tous lefdits poinds

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480 Histoire des trovbles

amp; articles de laditte ynionjaduoiient, amp;c, par cefte» Promettans comme les autres confederez, iceulxamp; chaque poinâ d’iceux en particulier, tant de ce qui a elle faiâ en celle par auant,amp; encore en vertu d’icelle lèrafaiôt,d’entretenir,obfèruer amp;nbsp;cnlùyuir.-En telmoing de ce, ont lefdits Procureurs des villes, de leur main celle l(aubfigné,au j our,mois amp;nbsp;an comme dcl)ùs.'£tfnt loubligné, ItflinsdeBothMys /Procureur de Fia niquer. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Z/ewr/tx Procureur deFrani-

quer. Htnrj letnchs comme Procureur deLeevvar-den. la» lanjens comme fubllitué d’Adye Lamberts qui auoit procuration, amp;elloit hors de la ville, l^i-colas Hotthyß de la part du confeil de la ville de Sneecq.P/errr Lteuenjs de la part du cômun de la ville deÂeqcq.. lacjues Situerp comme Procureur de Bolfvverd. François lasjues FreriCjS de la part de ceux de BoUvveTd,Faudoin Peter fs comme Pi oenreur des Bourgmaiftresde la ville d’Illl.Æ/r/eÉl« ^arlama.,cô-me aulTy Procureur d’Ilft. RenéOlfreJsde Stauere. ÇutllaumeSippejs Procureur deSioten.'/o.ej Bot-tegh Bourgmaillre de VVorcum comme Procureur, Deutve ^ddejs Procureur de VVorcum.

Ainli que nous George de Lalaing Comte de Rennenberg,libre Baron de Ville Seigneur de Vil-leroe,Imbrechies, Lieutenant amp;nbsp;Capitaine genei al en Frize,Oueryflèl,Groeningue,Om!anden, Drente amp;nbsp;Lingen,Chefdes finances de Fa Majcfle'.auons trouué vtile Se tresnecellàire à la cölêruatiö amp;nbsp;main-tenemétdu bien publique droid's amp;nbsp;franchifes des pais-bas, que toute bonne amitié, vnion A’concorde entre lesProuinces dudidpais,amp; ellansfous no-llreGoiiuernement, femblablemcnt entre les villes amp;mcm-

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amp; membres particuliers d’icelles foit entretenue» par laquelle non ïèulemcntle commun enncmy fera par plus grand’force, commune puifTance, amp;nbsp;mutuelle aftiftence relifté, amp;repoiiflcf mais luy lèront auflÿ ofte les moyens , de ferner ou procurer entre icelles Prouinces, villes ou membres d’icelles,aucun mal entendu ou difcordc.tant à caule de la difference de la Religion , qu’auti ement, en quelconque maniéré ce pourioit aduenir. A ceftecaulë clique nous ayans veu certaine vnion 8c ligue,cell £fté paffe,en noftre prelênce, 8i par nolfie aduis à Arnnem conceue, amp;en lanuierdernier à Vtrecht faicie amp;ar-reftee, entre l’Illuftre Seigneur Comte lan deNaf-fou,Licutcnantdela DuchédeGelre, amp;nbsp;Comtéde Zutphen, 8i ceux d’Hollade.Zelande. Vtrecht,Om-melandes de Prize amp;nbsp;autres, enlêmblecertainc aefe d’approbation amp;nbsp;acceptation dcladitte vnion, par Monheur le Prince d’Orenge, tieutenant general de l’Archiduc Matthias, Gounerneur general def-dits pais-bas, en date du y. de May 1579. auons icellevnion ratifie, approuué,aduoué, amp;nbsp;acceptons par cefte, ratifions, approuuons 8c aduouons: nous bien allèurantqu’en icelle, n’efl derogéne diminué à l’auôorité ôc fuperiorité de l’Altcflè de l'Archiduc ; Promettât comme les autres confederez,d’entretenir icelle, ôc chaque point d’icelle, obferuer amp;nbsp;enluyuir.quot; £n tefmoing de ceauons de noftre main cefte foubfigné, amp;de noftre feau fecret faire cacheter en forme de Placcart. Paiéf a VVinfe és Omme-landes le 11. delurllet 1579. DelToubs eftoit écrit. George de Lalatng.

Aujourdhuyle lo.deluillet ij79.fontcomparu! H h

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481 Histoire des trovbles cnraffemblee defditsDéputez affemblésà Vtrecht, les. Députez de la ville d-Ypres, nommément le Seigneur lan de Languedul £fcheuin, amp;nbsp;M. Pierre Baelde Penfionairc de laditte ville d’Ypres , leP-qucls déclarèrent d’auoir vifitéles poinéls amp;nbsp;articles deladitteVnion, amp;nbsp;ce qu’en vertu d’icelle vlterieu-rcment cft befoigné, amp;nbsp;lemefme trouuébon.- amp;ont ieeux en vertu de leurs lettres de credence.amp;procu-rationendatedu 25. dcluing. 1579. aduouc', ap-prouué amp;nbsp;ratifié; aduouent, amp;c. par celle: Promet-tans comraeles autres confederez, iceulxamp; chaque poinétd’iceuXen particulier, d-entretenir, obferuer amp;nbsp;d’enfuyuîrlt;En tefmoing de ce ont lefditsDéputez delà ville d’Ypres celle de leur main ligné, au jour, mois amp;ancomme deHùs. Soubfigné lande Langedul,v^}d.Tierre'Saeliie.

ies«om. 1.' Aujourdhuylc 19. deluillet font compa-ladittealTemblee des Députez de la plus pro-ttcK. cheVnion des Prouincesvniesatl’emblés à Vtrecht, les commis de la ville d’Anuers, nommément Seigneur lan de Stralen premier Bourgmaillre,Seigneur Philippe de ScoonhoueSieur de VVaroy Efeheuin, lan de Brecht vieil Efeheuin, Adam verhult Colon-nel,ValeriusdcDale,amp;Ian Gylêls Doyen; Iclquels déclarèrent d’auoir vifité les poinéls amp;articles de laditte V nion, amp;nbsp;ce qu’en vertu d’icelle eft vltcrieure-mët befoigné,amp; le mefme trouué bon; iceux en vertu de leur procuration en date du 2 2. de luillet, amp;nbsp;lettres de credenceendatedu 2;. de luillet 1579. pour tels aduôué, approuué amp;nbsp;ratifié; aduoucnt,ap-prouuentamp; ratifient par celle; Promettans comme lesautres.confederés,iceuxamp; chaque poind d’iceux

en

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DV PAYS-BAS. Uli. int.. 483 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,

en particulier d’Gntretcnir,obferueramp; enfiiyiiir.- £n tcfmoing deceontlefdits Députés de Jaditte ville d’An U ers , de leur mains ceftcfoubfignce, au jour, mois amp;nbsp;an comme deflus. £t fut (bubfignc.- lanâe Straten. Philippe de Schponhone. Ian de Brecht, Adam l'erhult. ÜalertHSvan Dale.IanÇpfels.

Aujourdbuy le i j.deScptembre î579.{bnt corn-tes Depui parus en baflcmbleedcfdits Deputes aflcmblés àV-trechtjes Deputes delà ville de Breda nommément Godart deLuebteberg Bourgmaiftre d’icellcville, Geoffroy Montens flcheuin amp;nbsp;Lieutenant duCo-lonnel amp;nbsp;aufTy CapitainejNoel Back maifiredes orphelins, amp;nbsp;dixenicr; lefquels déclarèrent d’auoir vir iité,lcspoinfl:samp;articlesdeladittevniop,amp;cequ’ê vertu d'icelle vlterieurementeftbefbigné,amp;le mef- ... metrouué bon ; amp;nbsp;ont les mcfmes en vertu de leur procuration en date du io.de Septembre i jyp.pout tels aduoué,approuué amp;nbsp;ratifié: aduouent, amp;c. par cefte; Promettans comme les autres confédérés les mcfmes amp;nbsp;chaque poînél d’iceux en particulier,d’é-tretenir, oblèrueramp;enfuyuir; £ntefrnomg dece ontlefdits Députés de laditte ville de Breda de leur mainceftefoubfignee,au jour, mois amp;nbsp;an cÔmcdeP 91^ fui.So\i\ifi^né,Godartde Litchtenberg,(jeofroy Ihion- g tens,N'oel'Sackfi^z de François.

Aujourdhuy le premier de Feburier 15 80. eft c5- tes cami, paru en l'affemblee deladitte Vnion des Prouinces vnies, aflemblésà Vtrecht, le Seigneur Guido du Bruecq£fcheuin de la ville de Bruges.- qui dccla-roit d’auoir vifité les poinûs amp;nbsp;articles de laditte V-nion, amp;nbsp;ce qu’en vertu d’icelle vlterieuremét eft be-Ibignéjletrouuantbon, a pour tel, outre telle ap-

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484 HISTOIRE Des trovbles probation d'kelluyleScigneurLeuin Steppcffche-uin, amp;nbsp;M. laques YmanPenfionairc deladitte ville de Bruces, en vertu de leur procuration feellec, en datedu7.de Nouembre 1579. Faietc à Anuersle 16. dudiétmois: en vertu de leur lettres de Credence, amp;nbsp;procuration feellees toutes deux le 15. de lanuicr 15So.Jaditte Vnionaduouee,approuuee. Si ratificc;aduouent,amp;c.parcefte;Promettant comme les autresconfederez icelle,amp; cliacun poinft d’i-cclle en particulier d’entretenir, obferuer amp;nbsp;enfùy-uir: £n tcfmoing de ce, a lediél Député de laditte ville de Bruges cefte de fà main figné,au jour, mois J amp;an comme dedùs. Soubiîgné Guidodu Breuaj.

ifootrirls Aujourdhuy le premier de Feburieri58o. efteô-Huriätqenparuenl’aflembleedefdits Deputes des Frouinces Handit». ypjgj, aflèmblésà Vtrccht, Sieur Gautier d’fckc Ef-cheuin du paisduFrancq ; lequel declairoitd’auoir vifitélespoinétsamp;articles de laditte Vnion, Sc ce qu’en vertu d’icelle eft vltcrieurementbefbigné, ce qu’il trouua bon; amp;nbsp;pour tel, outre telle approbation d’icelle par M. Ifebrant Prouyn Tenfionaire du-diôpaisdu Francq, en vertu de fa procuratie fèel-leeendatedu t7. d’Odobre 1579. Faide en Anuersle 2(î. de Nouembre en vertu de fa piocuration fcellee,en date du 1 j.delanuicr de l’An courant, amp;nbsp;lettres de credence en date du 25. d’icelluy mois, a laditteVnionaduoué, approuuéGratifie; aduoue, approuueamp; ratifie par cefte.- Promettant con me les autres confederez icelle , Si chaque poind d’icelle en particulier d’obfcruer amp;nbsp;enfuyuir. fntefmoing de ce a ledit Depute du Pays du Francq cefte foub-figné de fa main, au jour, Mois amp;nbsp;An comme deftiis.

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DV PAYS-BAS. LIU. Iirl.

dcfTus. SoubfignéC74«z»erlt;/-Ecj^ff. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ff^9

Les Eftatsd’Artois, Haynault, Lille, Douay

Orchies, font accordés amp;nbsp;ontfaid paix,le 17. jour Hayuau de May 1 579. auecqle/’iincedeParma, abandon-nants la Pacification de Gand , amp;l’Vnion generale päimj. qui en eft enfuvuie,laquelle ilsauoientfoublignéSc nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.

iuré.Et leT’i incede Parma tient pour bon amp;nbsp;ferme, aunomdefàMa. ce qui entre Sire Matthieu Mou-lerdtEuefqucd’Arras, lc5ieurlan deNoircarmes Cheualier Baron de Selles, amp;nbsp;Guillaume le Vaflêur de Valuen Députés,amp; vers icelluy enuoyés;amp; entre ceux defdits pais à la ville d’Arras en l’Abbayé de S.

Vaft.a eftéarrefté par certain efcritcomprins en iS. articles, lignés des deux parties, enfèmble du Marquis de Richebourgje Comte de Lalaing,amp; le Seig neurde Willerual, Gouuerneurs defdits paisrefpe* diucment.Defqucls articles le fommaire eftl’oblèr-uation de la Religion Catholique Romaine, amp;nbsp;l-o-bciftàncedc fa Majefté : mais parce qu’icelle n’accorde auec la Pacification faiéle à Gand , Panons à caufe de breueté obmife.

Le ii.d’Auril l-An 1579. LePrincede Parma a Maedrichi afsiegéla villcde Maftricht, amp;nbsp;la ferrant de bien ’‘’■•'g« pres y a faid tel effort, amp;nbsp;donné tant d’aflaults, que de lôguc mémoire on n’a ouy parler de pareille op-pugnation, car combien que par canonnades amp;nbsp;force de miner les ennemis auiont ia gaigné amp;nbsp;portes amp;nbsp;rampars, fingt;ont ils pourcela perdu courage, mais j luyontrefifté vail'ammentamp; en gens d’honneur, amp;nbsp;de guerre , qui de faid monftrarentleur loyauté amp;nbsp;confiance enuers leur patrie, reprenants en ce la lafcheté delanobleffe VValône laquelle pourauoir

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4?6’ Histoire 'DES trovbles

part au Lopin,s’eft oubliée iufques à là, que defer-uir de pa^es à l’ennemy ffpaignol, amp;nbsp;luy donner fecours pour ruiner amp;nbsp;eux,amp; leur pouure peuple.Or çonnbien que les vaillants bourgeois eftiont en treP grande niîfere amp;nbsp;calamité,à caufe de la frequéte batterie des ennemis amp;nbsp;de leurs continuels aflaults, fi n’ont ils pourtant cédé à la pufillanimité, mais ont foufienu ce terrible fiege; cfperans d’eftre fecourus; tant amp;nbsp;fi long temps, que à vne matinee ilsontefté airaillis,amp; par dehors amp;nbsp;par dedans,car l’ennemy a-uoit miné en forte qu’il venoitàfqrtirdans vn Mo-naftere de la ville, de maniéré que les pauures bourgeois amp;fouldatsfe voyants inopinecment afiaillis de toutes parts, n’ônt eu le moyen de fe défendre contreï’cftortd’vn en'nemy, qui les atiacquatant furieufement, y laiflans la plus part miferablcment leur vie, tant hommes, femmes, Si en fans Hes femmes fe noyans pluftoft a la Rîuiere de Meufe, que d’efire desBonnorecs d’vn BarbaréMaran amp;nbsp;perfide VValon.

If grand confcil de îtize ban.

ny.

Le4. deIuillctrAn 1579. fut commandé au T’refideritamp;Confeilliers de là Cour de Prize (lef-quelspar auant furent prins prifonniers,amp; priués de leur Eftat) de partir de la ville en dedens Soleilcou-chant,amp;puis banriys du pais.

Le 5. de May l’An 1^79. Le Comte de Rennenberg,Lieutenant du pais de Prize, tenat la partie des Omlandes,a afsiegéla ville de Groeningue, auec vn Regiment de fouldars, duquel eftoit Capitaine amp;nbsp;fuperieur Bartel Ents, homme exercité és affaires de la guerre; de forte que ceux de Groeningue furent contraints de faire accord auecq le Comte de

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DV PAYS-BAS. LIU. niT. 48/

Rennenberg amp;nbsp;les Ommelandes, -

Au mois de luingjuillet, Si Aojjgft l’An 79. fut ArtamWe* à Coloi^nè vnéairemblce.de pJuîïeûrs,Seigneurs de J’Empire, afl'auoir, Ambaflâdcurs duPape,del’£mr perenr,amp;du Roy d’ArpaignCjSc autres £uefquesamp; Seigneurs d’vn COfté, amp;de lapartdespais-bas, le ^^’*******P Ducd’Arfcotamp; autres Seigneurs, amp;nbsp;Députez de ‘/i/ ’ chaque Prouince d'autre cofté; mais comme ceux du pais-basne pouuoient condelcendre au traiâé, qu’on conccuoit à Coloigne, chacun s’eft retourne dontileftoitvenu; Neantmioinsles Seigneursillec alTemblez, ontarrefiévne paix, dont eltle(bmmaiw retl’obleruation de la Religion Cath.Qjjque Romai,. ƒ gt;nbsp;ne, amp;robciflançcdeîàMajcfté. Outre ce qiic tous ‘*|’‘**J anciens OfficierSjfèroient remis en letlr eftat,amp; que I ' faM'ajcîîé ne veut en manière quelconque admettre/ ' ou permettre ceux de la Religion Reiorrnee; voire'}.' que ceux delà Religion Reformee, A.’i}sine fe; venir lent contenter de la Religion Ronja^hfljdeparurdir '..... ent du pais,pouuans vendre leurs bienst en iouyr? 1 laquelle paixn’eftqu’vnpiege, pour ruiner amp;totaT / lement extirper ceux qui font de la Religion Refort- » mee, oudeleschaflerhorsdupaisn mais nulle de? ' Prouinces a voulu accepter icelle paix{qu.c Artois amp;: / HaynaultjComme defl’us eft diéf; cOmn^çiauflVi ôntc / «, faiâ Malines amp;nbsp;Boifleduc; Mais lesfepp aProuinces )-« .. vniesauecq ceulx de Flandres, Anue/îcJtJBruxe.lle'Sj fi ayment mieux d’hazarder corps^tBien po,ur laPai-U-.: trie, que de fe laifler réduire ert feruitude, amp;nbsp;aufly /« leursenfansoufucce(reurs,àtoujours^iamais., .:•} P

Lea. de luing l’An 79. fut à Lee,warde fondcclaP nouuellê porte, appellee porte de Nqftre-dame,

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488 Hi STOIRÏ DES TKOVBIES futGcmcfmean parfaifte, paraduis del’honnora-ble Confcil de la ville de Leevvai de:afl'auoir Aedge Lambert, Adeynart VVicbers, lelie Sybcs Bourg-maiftres, cequieflvn chef dgt;ocuui efort excellent, comme chacun le voyant peut iuger.

Aumois de Septembre l’an * 9. fut vnetrahifon contrefaireentreleCapitaine delaßriele, les Brieie. nbsp;nbsp;Malcontensd’Artois amp;nbsp;Haynaiilc, à conditio qu’ils

viendroientparmer,les nauircs équipées amp;aufsi les gens comme font ceux du V^rince, nbsp;nbsp;le Capitaine

leur ouuriroit les portes de laBiicle; mais comme les Malcontents f irenten chemin pour heîferuer, ceux d’Hollande furent auccq leur armee amp;nbsp;nauires en mer; leur donnans la bien venue, en maflacrant aucuns, amp;nbsp;la refte furent noyez par temperte amp;

orage.

Menin te- Le x6'. d’Oâobre de l’An fuldidl, les frtats de fcttiùu! nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;P3gt;' furprinfe occupé la forterefle de

Menin,laquelle crtoit tenue par les Malcontcnsi De forte que ce pendant que les Malcontens penlèrent entrer les portés amp;nbsp;ville de Courtray,comme leur e-Hoit promis de les tenir ouuertes, font les ffcoflois par furprinfe entrez en Menin. Dont ert venu le prouerbe, Menin penfoitgaigner Courtray , mais ---Menin feit perdre Menin.

ch’ii*°ij premier de Feurier l’An 15 8o.y eut vne grorte de Lcfvvat alarmcau cEartcau de Leevvarde en Frize, en la lorde aftie^é tequis’enfuyt.Iladuintqu’vnmatinenuirô lesfèpt heures lesfouldats delà ville tenoient la garde près du charteau; parquoy le Capitaine craignant que le charteau luy feroit orte par force,feit fonner alarme.quot; mais comme ce fonner des labours ne cefl'oit, les bourgeois

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DV PAYS-BAS. LIU. IIII. 489 bourgeois amp;nbsp;fouldats ont prins les armes, amp;nbsp;cnui-ronnéle challcau, cominenchants à faire leurs tren-chees. Les Bourgeois dreifans quatre enleignes.fans leurs propres (ouldars, defqucls furent Capitaines Arnould Herdenberg,VVybc Oboes, Douwe £g-bcrts amp;nbsp;£bbe Douwes. Ces Capitaines ontbraue-mentconduift leurs bourgeois amp;fouldars, failans la mine de vouloir donner l’afläult,comblé que premièrement ils feirent leurs trenchees,amp; emplirét de terre les fofles du Chaflcau. Or pour faire ces tren-chees,amp; emplir les foflès.ont ils ordonné les femmes des fouldats du chafteau, lefquelles fe tenoient à la ville, amp;nbsp;beaucoup de Moynes amp;:preftres, lefqucls ils mirent deuant pourpionneramp; faire lesdicques des folles. M ais eftan t l’vn cofté de la folle en les tré -checs, lesfouldarsdu cliafteau eurent grand paour, tant pource que la plus partelloiêtenfans des bourgeois,amp; ne voulurct endommager la ville, qu’à cau-lè de Icurpropres femmes amp;nbsp;bourgeois, Iclquels ils vouloient efpargner,amp; plulieurs autres chofes d’im-portance, qui feroient trop prolixes à reciter. Tar-quoy le Capitaine lan de Scagen,lc voyant abandô-nédelêsfouldars, fut efpouentctde forte qu’il rédit le chafleau lauf corps amp;nbsp;biens. Furent encore deux compaignies de fouldars, au Flie es Faubourgs de Lee warde, lelquels le tenoient coys.iufques au bj-foing,dcfquels furet Capitaines Sieur lan Bouma,amp; lan Veruw ; Fut aufly preft Oene Groueftins auec fa compaignie.Oreftas les bourgeois au chaftcau,amp; le faiél maiflres, demolirétlcsramparsen emplifant les folTes, amp;Jes enfansont amené toute la grofle artillerie à la villcjcholèmerueilléulè à veoir, veu que

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490 Histoire des trovblf.s beaucoup dechcuaulxeneuflènteuaflczàfairc. Ce pendant que les bourgeois furent empefchez àde-molirlechaftcau.les deux compaignies delan Bou-maamp; lan Veruvvfcfontmonftrés, venansauectri-umphe comme viôlorieux, à l'honneur des Jouables bourgeois de Leevvarde qui auoient gaigné le cha-fteau, à enfèignedcfployee. Et qui cfloit bien pour rire,auoient mis entre les Jbudars amp;nbsp;entrelachez de-rierel’cnfcignetous les Cordeliers de la ville; de forte quelespoures Moynes, qui nefurentaccoutumez d’aller en ordre de battailie, furentbié ehon-ne2,amp; ainfi mené hors la ville. £n celle maniéré fut ruinéamp; extirpé le chafteau de Leevvarde,ayant efté yp.ans.'Car il fut bafty en l’An de 1501.qui fut comme delfus eh diél ruiné amp;nbsp;rafé Je premier de Feurier rAn.80.

ch«fl«u nbsp;nbsp;nbsp;Le 2.de Feurier de l’An fufdit, les Capitaines lan

de Haiiin#Bouma,Ian Vefuvvamp;Oenc grouedins ontfommé “ amp;nbsp;afsiegelechafteaude Harlinge, neantmoinsceux du chafteau ont certains jours refifté, amp;nbsp;aucuncfois tiré d’artillerie en la ville, de forte que trois hommes y font demoui é morts; toutesfois voyans certaines lettres à eux elcrittes,amp; entendans le conteuu d’icelles, ont rendu le chafteau le 5. deFeburierdc l’An lufdit. Leqrlcl fut par les bourgeois demolyamp; les ffflesreropJy. Ce mefmc an fut commencé amp;nbsp;par-faiftlenouueau port de Harlinge auec fes Elclufes; puis fut la ville fortifiée de bouleuerts, laquelle par auant n’en auoit nuJz.

chafteau Audid an amp;nbsp;mois fut demoly amp;nbsp;rafé le chafteau destauei de5tauere.Toutes ceschofésonteftéexecuteespar le bon confeil SiC ordonnance des Honnorables amp;

Nobles

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DV PAYS-BAS. LIU. HII. 49I

Nobles Seigneurs lesDeputez de Prize; aflauoir, Ie Seigneur Kienich Caniminga,Seigneur Sippe Mec-kema, DodeurBaerte Ytzerda.lan Oedzinga, amp;nbsp;pluficurs autres delaNoblefle, à fin que les pais de Prize, pourroient contre toute trahifon mieux eftre conlcruésen paix, amp;nbsp;que , à l’ennemy feroient ofte tousles moyens pour entrer audit pais ; veuqu’ils-^*'*** , confideroient, que leur propre Lieutenant auoit ^***/***^ conccuenfon efprit de rendre les pais à l’ennemy par trahifon, comme cy apres fera plus amplement déclaré.

Le 19. jour de Feurierl’An So.fut de recheffaid Deftiuftis la guerre aux Images amp;nbsp;Eglifes en la ville de Lee-warde, amp;en tousles Monafteres d’icellc. Furentde. aufsi chaflédela ville quelques preftres; neantmoins cefte guerre aux Images n’eft pas tant feulement faide en Leevvardc, mais en toutes les villes amp;nbsp;villages de Prize, fuyuans en ce les vertiges amp;nbsp;exemple de ceux d'Hollande. Les biens amp;nbsp;meubles des Mo-narteres furet vendu,amp; employé au faid de la guerre pour la liberté de la patrie.

Le 3. de Mars l’An 8o. au matin enuiron les qua-comte de tre heures s’eft ef neue vnegrandcamp;miièrable fedi- 5i'’dècim^ tion à la ville de Gróeningue. Car George de La- de la pat» laing Comte de Rennenberg, acceptant la partie des Malcontens, amp;nbsp;renonçant la Vnion d’Vtr^ht, laquelle luy mefmesdcfa propremain a foubfignee, comme manifertementfe voit parla fufditte Copie, a déclaréalors de faid,cequelongtempsil auoiten fon efprit conccu. Or ert que ce jour tous les bourgeois de Groeningue, quitenoient la partie des Malcontens, port oient au bras gauche des blanches

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491 Histoire des trovbles cfcharpes, amp;• font vtnuz au marché au temps prefix, apres que lesTainbourinsfonncrent J’alarme, amp;nbsp;vnc harqucbouze fut dechargeer ou ils trouuarent le Gouuerneurà cheual, auecPefpee nue en main,di-faiïtTÂisiftés n,oy mes bons bourgeois, ôc accom-plifl'ons aujourdhuy ce qui tend au feruice de Jà Majefté, amp;nbsp;à nofire propre defence, àfinquenos ennemis puiflènt eftre vaincus amp;: furmontez. Ce dit font courus tous les Malcontens aux maifons des bourgeois oui furent de la Religion Réformée, en-fondiansles portes, amp;nbsp;prenants les bourgeois pri-fonniers; ce pendant lesgensà cheual duGouuer-neur allèrent parles rues, de forte que perfonne ne pouuoit mettre la telle aux feneftres amp;nbsp;portes, qu’il ne fut harqueboufé : Si entre autres vn homme de qualité, qui autrefoisauoitelléConlèillier,nommé laques Hillebrants.lequel did au Gouuerneur .• £ü ce le fa161 d'vn leal Seigneur, qui fi inciuillemét trai-«Se les firbieds? Ayant did cela le bon homme fut par derriere ha rquebouzé à la telle, de forte qu’il mourut du coup. Furent auflv en celle feditiôtucz vn autre homme Si vne femme. Le Gouuerneur perfillaen Ion mefehant concept, pallànt outre en prenant prifonniers ceux de la Religion Reformee, Re^giln** nbsp;nbsp;^ortc qu’il y auoit grande mifcre,calamité,lamcn-

piiibnnicis tation amp;nbsp;pleurs des femmes amp;nbsp;enfans : Car comme prefume, furent alors prins enuiron trots cent bourgeois de la Religion Reformee, aucuns gardez auxEglifes, amp;nbsp;autres en ellrotdeprifon . £n celle manieres’ell reuolj^e la ville de Groeninguccontre tout le pais, amp;deuenuede lapartiedes Malcontês, qui fut caufe que la ville fut de tous coftez enuiron-nce

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DV PAYS-BAS LIU. 11 11. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;495

nee amp;nbsp;afsiegee. Or ayans ceux de Leevvarde de ce ß O certaines nouuelles, leMagiftrat amp;nbsp;tous Ies bourgeois lurent merucilleufement animés contre les Catholiques, deforte qu’ils lurent d’intention de les traitter de la mcfme manicre.quc ceux de Groe-ningueauoientfaiélccux delà Keügion Reformée.’ neantmoins aprcsquelque deliberation ontdefifté de tel propos,ne veuillans vier de telle ou lèinblable tyrannie, mais ont tant leulement confiné quelques Catholiques en leurs propres mailbus,amp;puis banny le y.amp;S.de Mars l’An 15So.

Or parce que ledit Comte de Rennenberg, s’e-ftantfaify delà plus part delà Prize; s’ell venu camper deuant la ville de Steenvvij eau territoire trans-Iflelain, ne vousauonsamy Lefteur, voulu fruftrer du fucces de ce liege , vous declairant le progrès d’icelluy, comme pourrez veoir par rHitl aire fui-uante.

Æftantl’armce des Prouincesvnics foubslacon- m«o» duite duComtedeHohcnIoo.mife en route, Ar de-faideparlesMa!contens,roubsla couduitede Martin Schcnck,le 17.de luingl’An i tSo.auxIandcs de Hardenbergue ; futfecourueamp;deliurce la ville de Groeningucamp;leurGouuerneurle Co nte de Ren-Benbergue.’amp; combien quelcdit Comte de Hohen-looeutautresfois aflcmblébonnequariréde gens à Îied amp;nbsp;àcheual, amp;redreflélbn armec.li fut elle pour afeconde foisdefaittepar leldits Ma!contens,Ie 4. jour de Septembre,auprès de Lingen: qui fut caufe que plufieurs villescraignans l’effort des ennemis, lurent contrainâs dereceuoir garnifon à leur de-fenlê. Le Comte deRennenbergUen’eftant allez

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494 Histoire des trovbles fort degens de guerre, pour aflâillir aucunes villes fignalees amp;nbsp;d’importance, futr’cnforcéde H» cn-feignesde piétons, amp;nbsp;certaine quantité' de gens à chcual, foubsla conduyte deHans5troyfFd’£m-/ f nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;marcher Parmee vers la ville d’Ol-

y denzecl, laquelle ne voulantattendrelefiege; s’eft rendue audit Comte de Rennenbergue le i4. jour de Septembre. Ceux deStecnvvijck de ccaduertis ont receu garnifon amp;nbsp;fouldars pour fè défendre cô-t) c l’ennemy, amp;nbsp;ont fortifiéleurville rampars, en attendant l’armce des ennemis, qui onTplanté le X» fiegedcuaticcllele iS.jourd’Oâobrefurle midy, ÿucDvvijc. zo.compaignies d’Allcmans autres,amp; 1500.

cheuaulx. Tarquoy furent le mefmcfoirfcrrees de terrc,amp;: arbres,deux portes de laditte villetnommc-ment la Gieftporte amp;nbsp;Onnigerpoortc, pour refifter à l’artillerie de l’ennemy.

Ce mefme jour ont par deux fois fâiet faillie les fouldars pour efcarmoucher l’ennemy, comme auf-fi futfaiôllc I9.jourcnfiiyuant,amp; ont amenéquatre prifonniers à la ville, f nuers le loir l’ennemy a paffe la riuiere ditte l’Ae, auec onze compaignies de Fri-20ns,amp; faiélfestrenchees auprès de la chapelle ; amp;nbsp;au Steendije.

Le 20. jour Ibntfortisla ville aucuns fouldars par la porte du bois, amp;nbsp;ont gaigné amp;nbsp;rompu la pe-titte trenchee auprès de la chapclle,apport3nslebii-tin àla ville, laquelle trenchee fut refaiftela nuiél cnfuyuanti Ledit jour apres midy font de rechef fortisparla porte Orientale, amp;nbsp;ayanscfcarmouchés l’ennemy ont amené trois prifonniers, amp;nbsp;deux ehe-uaulx.

Le

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Lei?. d’Oäobredenuidmarchoitl’ennemy versiekuynder, pourbatreles deuxcompaignies de Ian d’Efchedeamp; Roeloff de Langhen, comme aiifly fut execute.'car le iourcnfiiyuant retournants au camp, trainoientàqucuede chcuall’vnedcsen-lèignes pardeuant la ville.

Le 2^. jour futfaiâevnebraue efcarmouche,ou l’ennemy receut notable perte, tant de Ibuldars que de cbeu.auls, fè retirants les noftres ßns aucune perte à la ville; amenants deuxprifonnicrsamp;troixchc-uaulx.

Le î8. jour dudit moisjLe Comte George de Lalaing comme Gouuerncur pour fa Majefté en Prize, a enuoyé vne trompette pour fommerla ville de fc rendre; auquel fut rcfpondu parle Capitaine Contact de Steenvvijc, qu’il tenoit la ville pour là Klajeftc,amp; les fftats, amp;nbsp;le Prince d’Orenges,amp; qu’il la defendroit contre tous aultres .• commandant au trompette de le retirer,s’il ne vouloir cftre làlué d’vn coup de Canon.Lc Comte de Rennenbergue irrité decefterefpence, a faiclbraquer trois pieces d’artillerie grofl'c, qu’il auoit ce mefmejourreceu, amp;Ie mefmc foir fift tirer trois coups d’icelle artillerie fur la ville.

Cedit jour fut à l’inftancc d’aucuns bons bourgeois, faiâ:e ordonnance fur le pris amp;nbsp;valeur des vi-ures,enla maniéré que s’enfuyt;laquelle fut publiée amp;nbsp;attachée à la maifon de ville. Et premièrement qu’on ne pourroitbraffer ne vendre autre ceruoifè, qucd’vndemy patartlepot, à la mefure deSteen-Vvijc.

Lelard àtroixfouz laliure.

Le

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^96 Histoire des trovbees 4^0 Le bure quatre foulz la liburc.

Le fourmaigc de crefme, deuxfoulz la libure. Le grosfourmaige j.foulzamp;j.lyardlalibure. Le poiffon fee dît ô’tocfifch ij.foulz.moins vn lyard.

Le pain de foigle pefant i z.libures, vj. foulz, La inefuredebrafsind’Oort!ade,xviij. foulz, La mefure de brafsin du pais.xvj.foulz.

La mefure d’Orge, xv.foulz. La mefure de boecvvcy t.xiiij. foulz. La mefure defèl, xij.foulz.

Le pot de ceruoife ditte lupcnbierc.vij.foulz. Le pot du vin de Rhin,ix.foulz.

Le pot du vin de France, v.foulz.

Laquelle fut publiée amp;nbsp;commandée d’obfèruer par les liabitans de la ville bien eftroittement.

Le 29. d’Oôobie furent amenés au camp des ennemis encores fix groflès pieces d’artiHcrgt;e,amp; platées pour battre la ville; ce qu’aufl'y fut faiéf leiour enfoyuant, de forte que les deux moulins de la ville furent rendus inutilles amp;nbsp;gaflez. Ce metinc iour fut la villeaduertieparlc lèruiteur du Capitaine Herman Oltbolf, que l’enncmy efloit d’intention d’af-faillir viuement la ville,parquoy chacun s’eflbien e^ ZiHefepK* quipé pour le repouflerchaiidement:amp; furent ame-Mtcmà né aux rampars tousles chaudrons des brafleurs, hflault. furent emplys d’eauc amp;nbsp;chaulx,pour lauer la telle amp;nbsp;corps de l’t nnemy d’eaue bouillante : furent aufly préparés toutes armes necelTaircs pour fe pou-uoirdefendre contre l’ennemy : de forte que les *fouldarsamp; tous les bourgeois cftoient fort délibérés de rcceuoir amp;nbsp;refifter l’aflàult de l’ennemy, qui en lieu

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DV PAYS-RAS. LIU. IIII. 4.97 licud'aflaillirh vülc, fiftfes trenchees des JaGieft-portedul'ques à l’Oiinigerportc.

Le premier jour de Nouembrc fut enuoyé vn mefl'ager aux £fl:ats,pourlesaduertirdel’eftatde la ville. Etlefoir enuiron les lo.heures fontIbrti 2lt;î. vaillants fouldars.foubs la conduite de lan Vorberg Lieutenant du Capitaine Cornput, lelquels ont aP failly le Corps de garde, qui eftoit entre la Geeft-porte Onnigerporte, amp;nbsp;fricaffé laditte garde, de 34.hommes, delbrtequeles io.furentmallacrés fur la pl3cc,amp; troix amenéprifonniers, dcfquels l’vnnc voulant marcher fut nauré à la mort, laifle dehors la ville, ouilmourutlamefmenuiél; mais celluyqui tenoit la (encinelle s’efl: fauué par bien courir.

Le 2. jour dudit mois de nuiél l'ennemy a haul-céla trenchcc entre les portes fuQlitces,comme s’il y euflê voulu faire quelque Cauallinr parquoy ceuxi de dcdensontfemblablemènt commencé à faire vm cauallin auprès de la Geeftporte.- amp;nbsp;furent ordonné les quartiers des Capitaines fur le s rampars,pour les défendre. Furentaufly cedit iour faièt deux folTes parfondesàlaGeeftporte, fi d’auenture l’ennemy eufle voulu miner la ville.

Le^.jourdufoir font fortisaucuns fbuldars gt;nbsp;Sc furprindrent les pionnicrs.aucuns villageois amp;nbsp;foul-darsjdont plufieurs furent maflàcrészpuis fe font retirés à la ville aucc leur butin.

Le y.jour fuft faiélevne faillie parrOofierportc, amp;nbsp;amenèrent prilbnniers deux fouldars amp;nbsp;vn viuan-dier, laiffans en chemin fort naurez plufieurs aultres qui ne voulurentmarcher. Ontaulfy maulgré l’ennemy amené ci ncq vaches, amp;la femme d’vnfoul-

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49? Histoire des trovbles dart. Cemcfme jour apres midyfuftfaittefembla-blefaillie, àlaquellefutviuementcfcarmouché, de forte que le Port-enfeigne du Capitaine Oit hoff, amp;nbsp;le Capitaine Herman OIthofffai/ànt la retraitteju-rentblcflcs.FutauffvIe Port-enfeignedu Capitaine Cornputeftantfurlcsramparsdela ville, d’vn coup d’artillerie tiré à mort lùr la place.

Le 9. jour eft retourné le meflàgcrà la ville apportant lettres de Monfieur le Trince amp;nbsp;les Eftats, auec promeffes de fecourir la ville ; amp;nbsp;faire leuer le camp des ennemis.' comme auffy la nuiél enfuyuant font entrés deux bourgeois,declarans que le fccours raarchoit pour afsifter ceux de la ville.

Le 11. jour,la Caualleriedel’cnnemy marchoit de Onnen par V Veftvvij c vers le bois,lefquels furet brauementforuydes coups d’artillerie par ceux de la ville,auec grand perte de leurs gens.

Le li.diiditmoisfutfaitte vnefàillieamp; efoarmou-chéaudommaige des ennemis, à laquelle futbiefle à mort Guillaume de Dorth fèrgcantdu Capitaine OIthoff, qui mourut le lendcmain.-auqucl jour durants les prefcheseft arriué deuant la porte vn home d’armes à chenal bien armé,lequel fut receu à la ville : mais voyans les fouldars qu’il n’efloit des plus ßiges, l’ontfaiélapres lesprelchesfortirla porte amp;nbsp;tué de coups d’harqueboufè, retenans fon cheual amp;nbsp;armes.

Le iff. amp;nbsp;17. jour les ennemis battoient la ville, êccefoiren figne de la viâoire obtenue forlcsgens de Hcgeman, fut par l’ennemy trainé vnc enfeigne à la queue de fon cheual , amp;nbsp;furent faiéts feus d’al-Icgreflè autour de la ville, comme s’ils cullént voulu

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bv PAYS-BÀS. tlÜ. Itïli 49^ lu parfcuzaflaillir icelle.

Le i8. jourl’cnncmy droit le feu eri plufieürs fg endroiJsdela vülé, de forte qu’à vn mefmè temps prend i.. la ville fut embrafee döhtenuiroh7ö. mäifdris furêt bruflees. Par cc feu furent brufléplufieurs viures Sc autres munitions, à grand dommaige des habitans. Aucunes maifons à la rue dicte de Onnigerftrate fu-rentpargrande diligence des bourgeois fauuees du feu.- comme auify es autres lieux bic euffe elle faiét* lileslbudars n’euflent gardé lesrampars, àcàulèque 1’enncmy coftoyoit 1’vn cofté de la ville auec erlfeig' ncsdefployecs, comme s'il euffe voulu donner l’af. faultccqu’aifementilpouuoit faire; àcaufe que les foffes furent fort engelés en pluficurs cndroiéïs. Cc mefme jour vers Ie foirl’ennemy enuoya deuxtrö-pettes, fommants Ia ville de par fa Majcflé.dc fe rendre au Prince de Parma comme Capitaine general, êc au Comte de Kennenbergue comme Lieutenant ville, amp;nbsp;Gouuerneur de Prize, faulfs corps amp;nbsp;biens, amp;nbsp;de pouuoirfôrtirauecq tous leurs armes. Le Capitaine François Platte; leür rcfpond au nom de tous les autres Capitaines, qu’on gardoit la villcdch part de fa Majcfté,de l’Archiduc Matthias d’Auftrice, comquot;^ me Capitaine general, du Prince d’Orégefön Lieu-tenant,amp; desEftats; amp;nbsp;qu’ils n’auoiet autre chofe au comman dement du Comte de Rennenbergue.que boulets amp;nbsp;pouldreà canon: parquoy fepourroyent en aller s’ils ne vouloicnt eftrcfaluëzdes coups de Canon. Lamefmenuiâfut depefehevn mcflagcr vers Campen pour y declarer la perte qu’aiHont re-^ ccu par le feu.

Le IJ», jourl’cnnemy faifo it toute diligence deti^ lia

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500 HiSTO IRE DES TROVBLBS

rei'autrefois Je feu à la ville, mais en vain . Cefte nuiiâ eftrentré à la ville vn meflager; lequel diôt ■ d'auoir ietté en uoye les lettres des Ellats, depaour qu'il auoir(c9mme il dicl) qu’elles necontenoyent bonnes nouuelles: lequel font lîiiuy vne heure apres troisaultrpsbourgeois, difansd-vnaccord qu’iln’y auoit aucun fecours preft.-car les gens de Hegemans furentdefaiétsd’efclufè abandonnée auec Bloczec-TtKnvv'ijc. le.'dont le iourenfùyuant ell: furuenu vn grand trouble amp;nbsp;fedidon: plufieurs bourgeois Papiftiques amp;nbsp;aucuns autres crioyent, qu’on debuoit enuover vn tainboiirin vers l’ennemy amp;nbsp;luy rendre la \ illc. A cede opinion fefontoppofés aucuns fouldars amp;lcs bourgeois reformez, tant par bonnes parolles que menaces, dilâns qu’ils tueroient pJuftolt l’vn haut! c, quelèrendreainfi àlgt;enncmy,veu qu’il n’y auoitau-cune faute de viures: de forte que plufieurs bons amp;nbsp;conftantsbourgeoisportoientceiourlesarmesdef-foubsleurmanteaus.-les autres aceufoient griefue-ment le Prince amp;nbsp;les £fl:ats, de ce qu’ils n’auoict Ic-couru aucunes villes afsiegccs, comme Dopflach, Delffzitj, Couerden,Macftricht, Hailem amp;Zieric-zee donnoyenf ample tcfîroignage, neantmoins les aultresperfifterent en leur propos, de forte que ce trouble amp;nbsp;fedition fut affopv.Incontinent apres cft arriué à’a porte vn tambourin, apportant lettres du Capitaine Gedeon Pameren, contenants qu-il dc-mandoitqu’f n deliureroitfcs fouldars prifonniers pouraultres prifonniers,ou pour le gaige d’un mois, ce que luv fut accordé. Du foir a faiél l’ennemy grand diligéee de tirer le feu à la ville; mais en vain. Cede nuiâeft entré le fidele amp;nbsp;vertueux feruiteur

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de la ville amp;nbsp;patrie Matthias Kies, apportant bonnes nouuelles; difant queles £ftatsfaiibient toute dili-gence amp;nbsp;preparation pourfêcourirla ville, co.'nme auflÿ futveu par les lettres des Eftats.ce qui refeit le cœur de tousles puhllanimes; amp;furcntcelle nuiél enuoyé hors la ville Herman Henriex amp;nbsp;George VVtervvijck auecqvnfouldat de Hans Vraneque-bourg.

Le il. iour deNouembre au poindl du jour font fortisparl’Oolterporteyo.harqueboufierSjlelquels fe font cachés en vn lieu fècret, tant qu’aucuns y vin drent du camp de VVeftvvijck; Lors les ont afîâilly auecl’afsillcnce de cculxdela ville à cheual amp;nbsp;ont amcnépoiirbutin ii. chtuaulxauccqvriecharrette amp;nbsp;vng chariot, amp;nbsp;vn viuandier, ayants maifacré aucuns qui ne voulurent marcher. Ce viuandier afsort furluy en orenuiron io. florins ; amp;nbsp;citant exam .né, dirt que i’ennemy felon fon aduis, ertoit d’intention de planter l’artillerie en Oortvvijck , amp;nbsp;de battre lavilledccccorté, oud’yietter le feu pour la plus endommageramp; deftruire, maiscc ne fut riens.

Le 2 2. l’ennemv enuoye vng tambourin à dema-der aucuns prifonniers, ce que le Capitaine delà ville luy refiife pour ce iour, à caufe qti’il ne fut ad-uerty de lafeditióqivaUoit erte 'a la ville par les mau-uailes nouuelles,amp; leu precedét. Le tambourin dift que le Comte à caufe de ce refuz, fairoit pendre les prifonniers qu’il auoit des nortrcs,amp; que de briet ils auroientautresnouuelles.’ maisluy fut rcfpondu, qu’on traiéleroiten la mefme forte les prilonniers qu’ils auroient faicl.

Lei}, jour commence I’ennemy à faire la grade

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501 Histoire des trovbies

amp; forte trencheede l’Ooftvvijck, auprès la colline du Moulin.- amp;nbsp;vers le foir y a côduit, trois compaig--nies defouldars; maiscorr.mç les gensde Cneual marcEoient du codé de la ville, furent aucuns tuez à coups de Moulquets,amp; ce mefmc iour on commé-çoit à emplir de terre l'Ooftporte , amp;nbsp;renforcer les ramparsamp; parapeôs entre laditte porte amp;nbsp;l’Onni-r gej porte. Le foirl'ennemy a faidl vn faulx alarme amp;nbsp;tiré fur la ville; comme s’il cuflê voulu donner l’af-fault, mais riens n’eftenlùiuy.’ on eftipre quecc fut faiél à caufe qu’on ne fè rucroitlùr les pionniers, Jc pour pouvoir mettre fon camp en Ooftvvijc.- comme aufsilc 24, jour a renforcécefte trcncEee,amp; ayant ordonne le guet, afaiâ venir fcsgensdu bois, faifântenuironles 11. heures vn faulx alarme ; mais comme ceux de la ville iouoient de l’artillerie, rien n’y eft enfuhiy,

LÇ29. iour l'argent fut haucéà double valeur, pour en payer les foudars. Lendemain aucuns font fortis la porte du, bois vers le pont dit l’Oollerbrug-gbe.pour attrapper vn fouldart.lequel fut prins char géd’auçuns iambons Se bure : amp;nbsp;eftant interrogué, dift.-quelc Comte de Rennenbergue eftoit allé à Groeningue pour lever argent,à fin de pouuoir ap-paifer fes fouldarsmutins. Dift aufsi que noftre fc -cours s’afl'embloit a’VVinfüm auprès de Z wolle, amp;nbsp;que leurs gens de chenal aucc fix enfèignes de foul-dars marchoientvers Hauelt pour empefeher le fe-» çours.

Le i.jour de Décembre; le temps qui longuement auoitfauorife aux ennemis fc changeoit.-amp; çommé-ça à plouuoir, venter tempelier. Ce loir font forty Çtiuirop

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DV PAYS-BAS. LIU. llll. JOJ

enuiron 4.0. fouldars par la Gccftporte,pGur furprc-drc Jes pionniers, mais comme nuis pionniers y fu-rcnttrouué, fontfortisenuiron 50. iôuldars parla porte du bois, pour fonder la parfondeur de l’Ae; amp;nbsp;ont harquebouzé aucuns des ennemis eftants afsis auprès du feu,les tuants par derriere; amp;nbsp;aucuns mortellement blelfants. Aucuns desnoHjes font au (si retournés bleflë; ayans perdu deux des fouldars de Hans de Tlatte, apportants toutesfois quelque butin.

Le jour, le matin à S.hcuresfutfaittevne fail- t’enormy lie furl'enncmy, lequel fut chafféauec perte de l’es gens des trenchees de Wcftervvijc,amp; font rentré les pMfeu. noftres auecq le butin,des armes de 40. fouldars, Si aucuns manteaux amp;aultrcsveftemens. Celle nuiéh futl’enncmy cbafl'édesfoflcsde fatrenchee, parvn cercle brullant ietté par ceux de la ville àladittc trê-chee.

Le 4. jour,!’ennemy a abandonné fa petittetren-chee qui edoit tout auprès de la ville .• amp;nbsp;ce mcfme foiron a commencé à ouurir la Onnigerporte, qui elloit emplie de terre. La nuiÔ enfuyuantfontau-tresfois forti enuiron zo. fouldars harqucoouziers, harqueboufantviuement le Corps de gardetcc pendant 50. autres ontaflailly la trenebee, laquelle fut mal pourueue de gens , ou aucuns furent par eulx tuez. Cédé nuiél font entres à la ville deux denos meiragers,apportans bonnes nouuelles de nodre fe-cours.

Led'.jourfutrOnnigerpoortetantouucrte que I JO.fouldars amp;nbsp;cbeuaulxen font forty, ou fut faitte vne chaude efcarmouche auecrenneray,lequel aba-

I» 4

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504 Hl STOIRB DES TRO VELES

8 a nbsp;nbsp;donna fcs trenchees, de forte qu’il fut chaflëdetous

lestrentheesqui eftoient entre l’Onnigerporte amp;nbsp;«Ile du Lois; laquelle futointerte à coup de marteau,pour fâuuer les nollres de l’artillerie del’enne-my. Cefie nuideutrcnnemy par les noftrcs trois alarmes , au premier defqucls a tiré deux fois fur l’Onnigerporte ncantmoins fans l’endommager.

Le y.fut,commencée la contrefcarpe deuât l'On-nigerporte : parquoy font du bois venu deux Cornettes de cheuaulx, amp;nbsp;vne bende de cheuaulx Allc-mans ; mais quand ils eftoient au camp meridional, l’ennemy s’eft mis en ordre,comme s’ileufle voulu dÔner vnealarme: lors fcfont plufieurs harquebou-ziers mis aux contrefearpes de la ville, amp;nbsp;inuadans les trenchees, ont chafte l’ennemy. Cefteniuél eut l’ennemy fix alarmes, de forte qu’il n’eut gucrcs de repos. Les noftrcs ont veu vn figne de feu comme leur fut promis fur la tour de Colder-vene. Mais quand noftre fccours fut pafte l’eaue noire, l’ennc-my a l'aiél vn pont de barques deflùs l’Ae, amp;nbsp;empiy labaftechampaigne de fagots amp;nbsp;autres chofes, de forte qu’il pouuoit venir de l’vn quartier de fon camp à l’autre.

Le 9. jnurdumatin font fortisaucuns fouldars, quiofterentà l’ennemy deux gras beufs. Lors fut fonnéalaime au camp, parquoy l’ennemy monftra tefte: auoitaußi mis vne bende de cheuaulx Alle-mans derriere le bois d’Ooftcrvvijc,parquoy ne fu-Ceuxdc la rent pour ceiour faiét plus nulles faillies. Les fbul-viiiefont Jarsdela ville ont aufsifaift vne compaignie de gés à cheuai.pour iournellemcnt faire leurs faüliesjdei-4cchcual. quels fut faid Capitaine Girard Holten de Gelte puor

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DV PAYS-BAS. LIU. IIII. 5OJ pour fà grande vaillance,amp; Lieutcnät le ieune Conrad Coenrats de Steenvvijck.

Le 10. jour futfaitte comme deuant vne faillie; amp;nbsp;ont prins trois prifonniers, defquelsl’vn ne veuil-lant marcherfuttué,amp;l’vn des autres fut deliuré par rançon le meßue jour.Mais comme nos Capiraines deliuroient aü Tambourin ledit prilonnier.fjt donné vn coup d’artillerie parceuxdu camp fur iceulx deliurans, de forte que la fange leur donnoit à late-fte,amp; furent en grand peril de leur vie ledit taboii-rin amp;nbsp;prifônnier deliuré.

Le 11. jour les gensàcheualdela ville fe fontaf-famblés au marche, amp;nbsp;font aucc la banicre monté aux rampai s, comme fi vne bende de cheuaulx fut entree à la ville .• parquoy l’ennemy a commencé à rompre le pont vers Nieflecck, mais fut chalTc de là par aucuns Ibuldars qui fortirent de la ville ; qui ont apporté aucc eux les inftrumcus dont ils violent, a-pres quelque petitteefcarmouche. Cerrielme jour hennemy mift de cofté de la ville deux vaches, aux prairies,penfàntpar ce moyen attrapper les n offres, carplufieurs à cneualamp;autres furent en embulche, ce que fbupçonnantsles no(lrcs,crioient à l’cnemy que les vaches cfioient trop maigres,amp; qu’on y me-neroit d’autres plus grades.

Le lî. jour dudit mois au point du jour, l’cnne-my a tiré fur la ville trois coups d’artillerie; qui eftoit Je mot du guet.- parquoy tous les gens à cheual lanciers amp;harquebufiers fèfontmonftrez, aficmblees en lachampaigne, oufontaußi venus de VVeficr-vvijckdeux compaignies de gens de pied. Lorsfut commencé auprès de Onnen vnetrenchec, pour

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jo6 Histoire des trovbles cmpefcher noftre fccours,mais en vain. Le loir fiirét enuovédeux mcfl’agers aü confeil de guerre,pour a-uoirfecours Si declarer 1’eftatde noftre villeamp;aufsi celluy des ennemis. Lcsfouldarsayansconuoyé leS meflagerSjlè font incontinent rué 1 ur les ennemis,amp; ont tué trois fentinellcs,faifant àl’enncmy vn grand amp;nbsp;long alarme.

Le 15. jour furentfaittes deux faillies pourquel-qu’vn attrapper, mais finalemêt fut par Girard Holt prins vn harquebouzicrrauquel niant ofté l’harque-bouzele menoitpar la main prifonnier, lequel fut recoux par deux bendes à chenal amp;nbsp;deux enfeignes à pied, portant neantmoins à la ville l’harquebouze. Cefte nuiét deuant la min uiél furet veu deux lignes de fcu,amp; encore vn autre apres niiniiilt;ft,ainli qu’aux meflagersauoit efté cnioinétdcfairesdont nos Capitaines f^auoien t la fignifiancc.

1« Con te Le 14. iourl’ennemys’eft monftréauecq aucuns de Renne- efeadrons de gens de chenal, Icfquels finalement le veoiiU font mis en ordre debattailler lors y eft arriué le Caualicrie. Comtc de Rennenberg, Icquellcs ayant circuy.s'eft en alléjdcchargeans les ennemis,pourluy faire honneur, tous leurs piftolles. Ceux de la ville ont tiré d'artilleriegrolfe vers laditte troupe, comme aufsi fut faiél vers le camp de VVeftcrvvijck amp;nbsp;quartier de Hans Stroyff, ou ilcftoitdefccndu de fon Chc-ual. Fut de rechef veu ce foirvnfigne de feu vers l’efelufe.

soudaride 5.jourcommcl’eauedesfofl’ezeftoitfortcn-bviiie rfi« gelee, les fouldats font fords pour rompre la glace; gU«* ce pendanty font palTé quatre des ennemis menants vn bœuf vers Ooft v vijc. Ce que voyants les noftres qui

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DV PAYS-BAS. nu. HII. JOJ

«jui löpoictla glace,ontofté leditbeufaux ennemis, amp;nbsp;nonobftantquepluGcurs fouldars ennemisfoiét venuz pour Je rçconqucfler,fi n’ont ils rien failt;â,car IcsnoUrcsrauoyent en toute diligence chafle à la ville.Ceftenuictenuironlest {.heures a fonnél’en-nemyvn grand alarme auecq tambourins Ä: trompettes. Lors futfonneà Giçthorn au feu,amp; furet in-continens apres veubrufler amp;nbsp;ardre plufieuis mai-fbns, de forte que l’enncmy fift tirer trois coups d* Canon pour le ir.ot du guet que les gens de cheual auroient à s’aflcmbler. Fut aufsi ouy grand bruit de chariotsamp;chcuaulx. £tquandilfutiour, on veoit le fort faiâ: des chariots: lefqucls eftoient plus de cent venuz du pais de Drenthe; raaisdu jour fe font retirez tant les chariots, quelescheuaucheurs: car vn fort ae ceux qui auoient rais le feu en Giethorn, ne font ap- ''““°“-proches. Lendemain fur le foir fut la glace rompue parla compaigniede Stuper entre Onnigerportc amp;nbsp;Gceflporte,amp;puisiufquesa la porte du bois. Cefte nuiót fut parcillemét grand bruit de chariots amp;nbsp;chc-uaulxau campdesennemis.

Le 17. fontfortisy. fouldars pour attrapper aucuns des ennemis apres deL’oofterbrugge.defquels les trois lurent fur la terre de Frederyc Lutgens, amp;nbsp;les autres quatre au folle de la dycquc.M ais comm» deux des ennemis du camp d’Oofterwijc furent afo faillisdestroisfuldits, il le penfoicntlàuucrà force de courir. Ce que voyansles autres quatre font fail-Ivsdcleurcmbufche, ont prins l’vn; amp;nbsp;l’autre s’eft lauué faultant en l’eauc di ttc rAe.Lc prifonnier eftat à la ville fut examiné,lequel diftque nos gens auoiét «fté à Giethorn, amp;nbsp;prins prifonnier le Capitaine.

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JO? Histoire des trovbles

CluiBté deTcune-my.

Ottho de Santen Droffat de Hardervvijc ; tué fon filz, fon garde corps griefucment naui e, amp;nbsp;inisfes foudarsen route. D-auantaigc queles noftres eftoi-ent arriueà Mepel auec 13. enfeignes de pictos, let quels I’cnncmy penfoit faire defloger y allant auec 10. enfeignes degens de pied, amp;nbsp;certain nombre de cheuauchcurs, mais en vain. £n oultre did que le Cheualicr deNieuoorteftoitauccq grand nombre defouldars au pais de Groeningue. Vn tambourin futenuovcàI’enncmypour ftauoirs’il vouloitr’a-uoir fon fouldat en payant Ia rançon.II dirt que ouy, neantmoinsic menaçoit de pendre; en cas que ceulx de la ville ne le veuillent faire; ceux de la ville fuyuSt leur couftumeamp; precedente promefl'e ne l’ont pas voulu faire, non obltantquela caufeque l’enncmy le vouloir faire pendre,fût qu’il eftoitparty du camp contre leur commandement. Ce mefme iouront deuxlbuldars qui rompoient la glace des foliés af-failly vn fouldat cnnemy qui les irritoit,n’ayants autres armes que leurs inftrumens à rompre la glace; defquedsrvn nommélan Montieu fut tout ioincla l’enncmy tué d'vn coup d’harquebouze: amp;puisre-ceut par les ennemis maint coup de poignals apres ß mort.- qui crioyentà haultevoix, Nous fommes les fouldars de Snater, en cede forte traitterons tous vousaultresmcngcursdc chcual. Celle cruaulté a fort aliéné les cœurs de plulieurs amp;nbsp;encouragé plu-fieurs à refiller iulques à l’extreme. Cede nuiét Ibnt entrés la ville enuiron les i i.heures nos trois melTa-gers des bourgeois,apportans nouuellcs qu’ils auoi-entlaiiréàl’ffclufc noire compaignies delbul-dars,amp;joo. cheuaulxaupontdeBergmer, venants pour

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nV PAYS-BAS LIU. X I 11. JO?

pour nous aßifter. Fut auRi donné fur la tour vn ligne de feu,ce que voyantl’ennemy tiroitvn coup d'artillerie, neantmoinsfans faire aucun dommage, amp;nbsp;fut trouué lebouIJetau cimetière.

Le iS.iourfailantbrouillarts fut faide vne faillie, pourlçauoirfil’cnnemy, quife tenoit fort coy, eftoic fort; amp;ayans fait quelque petitte efearmou-che, fe fontà deux coftez retirez àcaufedes brouillais; mais le Ibirenuiron les 8. heures fiftl’ennemy vn faulx alarme,amp; tira deux fois.

Le 19. tira l’ennemy trois fois, qui eftoit comme on eftime quelque mot de guet, car trois à cheual font venus du bois,l’ennemy fonnoit alarme; amp;nbsp;on vcoit plulicurs fouldars marcher fans armes deVVc-ftervvijck vers le bois. Cefte nuidenuiron la mi-nuid Rrnt entré a la ville aucuns mefl'agersauecq charge amp;nbsp;lettres du Colonnel Anglois Norits, ad-uertiflânt que l’ennemy auoit efté le 18. iouraiiecq I i.cnlêignesdepicd amp;fix Cornettes àcheual à l’ef-tlnlc noire; quand l’armee des Eftats s’eftoittetiree à Meppei, cuvdansbatre amp;nbsp;défaire les troiscom-paigniesquifurentlaificesauditlieu.-maisily auoit trouuétel rencontre, que deux de leurs Capitaines y furent tuez.prins deux enfeignes, amp;tiiez enuiron joo.fouldjfs,!ai!Îe les armes de 5oo.hommes,amp;pri-fonnier vn Port-enlêignc; 8c comme apres l’êtree de à 1» noiti cesmfflâgersfutdonné vn figne de feu de la tour, **‘'“*®’ l’ennemy tira vn coup d’artillerie.

Le zo. fut ouy grand tumulte au camp des ennemis, veircii grandqu’onlesentendoitauxrampars de la ville crier argent, argent; mais comme aucuns Capiiiinesfbnt Ibrtisaucc aucuns lôuldars iufques

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ƒ!© HiStoirb dés tRovbLès a leurs trcnchees abandonnées, pour entendre pres ce tumulte ; aucuns des enncmisles ont apper-ceus.Furent tiré d’vn coRé amp;nbsp;d'autre certains coups d’harquebouze;amp; par l’ennemy vn coup d'artillerie* Alors commcnoerentaucuns Capitaines de là ville, la contrefearpe deuant la porte du bois, chofe bien perilleufe à faire* Les ennemis crioient, allez quérir Gaultier Hegemans: ceux de la ville refpondirent, qu’ils auoientpeu d’honneur de fer ni r tels traidrss, amp;nbsp;qu’ils iroient à l’efclufe noire amp;nbsp;Meppel querit leurs enfeignes amp;nbsp;armes, auec leurs payes. Apres mi-nuiéh tira autresfois l’ennemy trois coups amp;nbsp;les gés de cheual du bois marchoient, amp;. fut fonnéarme ail camp.

Leii. iour fut faidvne faillie amp;nbsp;prins vrt gou-giart, lequel eftant examiné, ne fçauoit dire aucune choie: parquoy luy ontfâiél tondre vne couronne de moine, amp;nbsp;chaiTé hors de la ville. Apres midy enuiron trois heures, tira l’ennemy premièrement fept coups d’artillerie, puis fix boulets ardans, def-quels l’vn tomboit fur la plaine deuant la ville, amp;nbsp;vn aultre fur la grange de l’ffcoutetTongeren, lequel futefiaind par lagrande diligence des bourgeois. Futaufsicejourparlcsbourgeois amp;nbsp;fouldarScon-ceuequelque entreprinfe fur Ooftervvijc, mais par IcsCapitaines empefchcc. Ce foir fontfortisdelà ville quatre meiragcrs,amp; leur conuoy qui ont donné grande alarme auxdeux camps.

Le I a.iour fut con tin ucc lad it te contrefearpe,amp; fut par l’ennemy payé la rançon d’vn prifonnierqui auoitefiéprefquc vn mois prifonnier,on eftime que sefutfaidàfindepouuoir entendre aucune choie de

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DV PAYS-BAS. LIU. H«. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;511

de 1’eftat de la ville. Ccfte nuiÄ enfuyuäte fon t r’en-tré les deux meflagcrs amenants 4o.fouldars,portäs furlcurdosyoo. liburcsdepouldre àcanôenfacqs de cuir, amp;nbsp;vne enfeigne que l’ennemy auoit perdu i l’clclufe noire.

Le îj.jour apres midy aucuns de Meppelfeircnc vnccouifè deuantSteenvvijc, mcttansle fcuen aucunes maifons à Onnen. L’ennemy le voiant, marche versce lieu en grande troupe; amp;nbsp;ceux delà ville font fortis brauément efcarmouchants contrel’en-nemy,ou furent tuez bon nombre degens tant d’vn cofté que d’aultre; amp;nbsp;entre autresde ceux de la ville le Capitaine François 'Platte. L’ennemy emportoif fes gens morts fur cheuaulx,charettcs amp;nbsp;chariots, amp;nbsp;auoit aufsireceu perte de quelque nombre de chc-uaulx. L’enfeigne apportée de la noire Efelufe fut portee en delpit de l’ennemy deuant la ville amp;nbsp;fur les rampars.Cefte nuiél font aucuns meflagers fortis de la ville ; rentrés à caufe delà claireté delà Lune, de paour d’eftre appcrceus.Fut aufsi cefte nuiél par l’é-nemy commencée latrenchee fur le chemin d’IlTee-nc, laquelle fut le lendemain rompue amp;nbsp;deftruitte par ceux delà ville.

Le 24.iôurdufoir font fortis delà ville Capitaine Conraet de Steenvvijc amp;nbsp;M. Ziger ter fteghe fè-creraireamp; autres, auecq lesfouldats qui auoientapportée pouldrefufdite.auecintentiô d'aller à Mep-pel pour conceuoir amp;' conclure auecq le General de 1'armeeÄ: Confêil de guerre rentreprinfeamp; moiens dclcur deliurance amp;nbsp;fècours.* mais comme ils eftoi-ent apres de la petitte trenchee fur le chemin fufdit pour paflervne plance eftroittc, qui eftoit demon*

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5iî Histoire des trovbles Vennemy. rcç-fur Ic paflagc du pon t dit Ooftcrbrugghc, l’en-trenchec•* amp;nbsp;lenccnirët approchants l’vn l’autre furent à deux codez elpou-avnpada.cnteZjamp;harquebuzcrentl’vn contre l’autre.L’enne-my fonnoit alarme; parquoy les noftres fe font rcti-rez arriéré; nefàchats le nombre des ennemis; mais en paflàntla fufditte plache,trois Anglois fonttum-bésen lariuieredel’Ae amp;illcc noyés. Incontinent fut donné de tous codez vng alarme à l’ennemy, à fin qu’il n’apperceuroit le concept amp;nbsp;intention des nodres.

Le 2 5. dudit mois fut enterre' le Capitaine François Platte àhefglife de Nodre-dame,amp;: le 26. furet enuoiez aucuns medagers pour declarerl'edat delà ville.

Le 27.iour de nuiél fut par l’ennemy commence la trencheedeuantlaOnnigerporte;pourempefcher les faillies. Furent aufsi cede nuicl desmaifonsbru-flees à Onnen. Semblablement l’ennemy, a faiét ce I jourvnpadage, ducampd’Oodervvijck pardefTus l’Ac, versla petittetrenchec d’Ifveniger dicque.

Le 28. jour deipatin furent autresfois veu bru-fier des maifons à Onnen, onedimeque l’ennemy raefines Paye faift pour oder la commodité d’edre à couuertâ nodre fecours. L’ennemy y fid aufsi emporter des longues pieces de bois;amp; apres midy en-iioia à la porte du bois vne trompette, pour fbmmer v Bntin nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;rendre és mains de George de Lalaing;

fomnieU auquci fut rcfpondu.qii’en gardantlcur honneur amp;nbsp;jwill». ferment, ne le pounoient faire y Sc qu’ils n’auroient telle intention tant que goutte de fang fut en leur corps. Les Capitaines retournants de laditte trompette,

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DV PAYS-BAS, tIU. IUI. JIJ pette, craignans qu’aucun trouble pourroitfurue-nirparcefte chofeentrcles bourgeois, leur dirent quel’ennemy auoitperdu deux gentils-hommes, amp;nbsp;penfànt qu’ils feroient prifonniers en la ville, fift demander leur deliurance en payant leur rançon.

Le 19. du matin fut faiélevne faillie par Onni-gerporte, mais fans aucun effeél, car perfbnne n’y vint du camp. Le foir furent mis deuantlaportedu boisles Mufquettiers, qui endommagèrent affez les gens de cheual en allant amp;nbsp;reuenantde la garde.

Le 30. jour furlepoinél duj nur font entrés à la tcFfta,, ville aucuns melTagiers apportants des Êftats la fom- enuoyent mede 1600. florins pour payer les fouldars. melmejour eft venu deuât la Onnigerporte vn des fouldars de l’ennemy fort irritant parœuuresigno-minieufes,ceux delà villc,lequelyfut tué.Par les lettres ce matin receuesdu general du camp amp;nbsp;Colonel Stuyper, fut déclaré Capitaine le Lieutenant de lan 5tuperappc]lé lan van Beerenbroeck.en lieu du Capitaine François Platte naguerestiié,amp;reftat dudit Lieutenant fut donné à MichiclHaghen d’Em-bric.

Le 31. dudit mois, ainfi que noftre fècours auoit donnévnealarmeàNicvene, fut faitte vncbraue faillie par Capitaine Conrad deSteenvvijc,Ian verberg Lieutenant de Cornput,amp; Lazarus d-Auftrice Lieutenant de Oithoff.- lefquels attacquarent vne viue efcarmouchejde forte que des deux coftez plu-fieurs y laiflerentla vie; car de la part des ennemis furent tué vnPort-enfeigne, aucuns à cheual,amp; beaucoup de fouldats, amp;nbsp;de noftre .cofté furent tué Hans de Drees amp;nbsp;aucuns fouldats; en cefte cfoarmouche

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I p4 Histoire des trovbles VJoeefcai.ceuxde la ville combattoient vaillamment com-roouche me Lyons, carils chafferentl’ennemy hors de tou-tes fes trenchees de VVeftvvijck, brilcrent vnc piece d’artillerie,amp;enclouerent vnc autre.-en oultre prindent deux fournées de pain chaud, amp;nbsp;fut ledit pain porté à la ville. Fut aufsice foirparceuxde la ville commencée vnc trenchee prés dela Onniger-portc, s’cflëdantiufques à la trenchee de l’ennemy, laquelleeftoitfort commodieufeauxfouldarsdelà ville pour faire faillies,au grand regret de l’ennemy.

,jg,. Le premier delanuicrl’An ijSi. futfonné de matin par l’cnneihv vn faux alarme,ordonnant toutes fes forces,fur la champaigne labourable deflbubs Onnen, ou le feu fut mis en vne maifon;amp; tira deux coupsd’artilleriefurla ville.' penßntparcemoicn amp;nbsp;aide de la bruine , attirer les noftres hors de la ville pour le venger de la perte du iour precedent, comme nous fut déclaré par vn tambourin, qui ce mef-me jour vint demander deux prifonniers. Néant-moins le Seigneur Dieu qui garde les fiens, y mon-ftra vn œuure merueilleux.-car fi toll que les nofires furentfortisde la ville; lesbrouillarts celTerent, amp;nbsp;l’air deuint fort cler,de forte que les noftres pouuoi ent veoir amp;nbsp;apperceuoir tous les embtifches qui leureftoientdred'ecs.- de forte que l’ennemy recent plus grand perte de gens,que les noftres n’auoient faiél le jour precedent, retournants pour cefte fois à la villefans aucune perte.

Lei. jour l’ennemy tira deux coups d’artillerie ftrr les pionniers befoignans en la contrefearpe amp;nbsp;trenchees. Mais cefte nuiél furent donné par le Ma-giftratamp;aduis d’aucun^ Capitaines deuxfignes de feu,

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DV Pays-Bas. liu, iiii. jij feu,ce qu’aux autresCapitainesdcpleuft,àcaufc que nbsp;nbsp;nbsp;f

par ce fut donnéaucune chofe à connoiftre,laquelle ils enflent voulu eftre (ccrcte.

Le 3. joiirfut fiiâevneaultrctrenchce entre VVeftvvijc^cl’Ae.a caille qu’ils auoiét louffert vne telle peitede leurs gens le dernier jour du mois pre cedent. Celóirenuironles8.ou9. heures, fut ouy bien fort canonner vers Bloczil, puis d’vne grande multitude d’harquebouzes amp;nbsp;Mufquets; puis apres fut faid vn ligne de feu au moulin de Bloczil.

Le 4. jour du matin lont arriués à la ville quatre meflagers, apportansnouuelles que ledit canonner amp;nbsp;harquebouzer à Blockzil futfaiôf d’allegrefle Si triumphe par Thierry Snoy de Northollande , qui s’efloit làmisen lès trenchees, à caufede la vidoirc deHattemerbourg. OuleDroflat, letrayftre Ion perc, amp;fonmaifl:re d’efcolc.'amp;plufieurs autres furent prins piifonnicrs. Qii’aufsi Gaultier Heghe-mansamp;deuxdefes Capitaines furent deliurez .• Sc que les reiftres des Eftats eftoient à Gclumuyde venants au lècours. Fut aufsi faiâ ce iour vne faillie,a-uec la perte de deux ou trois chenaux amp;nbsp;vn Ibldac des ennemis. £n oultrefutdelàittelapetittetren-cheedes ennemis deuantl’Onnigerporte; fans que l’cnnemy s’oppofaft.Furent aufsi ce iourveu plus de cent chariots vuydesfortir de Drenthe , lelquelse-ftoicnttouschargez party du camp.

Le j.deccmoiss’eftcfmeu fort grand trouble Sc quafi vne feditio.tant entre les bourgeois que foul-darsparvn mal entendu, àcauled’vne efchelle de cordes qui fut faitte par le feeu des Capitaines amp;nbsp;Magiftrat, amp;au défi eu d’aucuns qui enprindrens

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^l6 HtSTOIRH des TROVBtES

j mauuaislbupçon. Ceftenuiélà ro. heures font fords le Capitaine Conrad de Steenvvijc, leLieutcnât de OIthofF,amp; Lazarusd’Auftriceauec 30. fouldars, pour allera Meppel , amp;auancerl’approche de no-fti e fecours. Lefquels donnèrent la nuift enfuyuant vnfignedefeu, demonftrants qu’ils y eftoient venus à lauf.

Le 6. jour, lesnoftresbefoignans àlacontrefcar-pe; ont tenu guet fur lachampaigne, àfindepou-uoir librementtrauailler; contre cefte garde fe font oppofèz aucuns a cheual tant lanciers qu’autres,auec la perte de trois ou quatre de leur chenaux. Cefte nuiâ tira l’ennemy deux coups d’artillerie deuant minui (ft amp;nbsp;vn apres minui(ft.- on eftime que ce fut le mot du guet.-car il fut cefte amp;nbsp;la nuieft enfuiuantc tenu debout pour plufieurs amp;nbsp;diuers alarmes,tant par ceulx delà ville.quede la Veene.

Lcy.iourl’ennemy receut deuant leiourdiuer-fes alarmes, parquoy tant ceux de VVeftvvijckque d’Ooftvvijc le mirent en ordre de bataille vers Onnen, dont ils eftoientparles noftrcs tourmentez.* toutesfois fans aucun dommage.

Le 8. jour du foir font arriuez deux meflàgers, declarans que noftre fecours fuyuroit en dedens 10. jours,amp; s’attaqueroit à l’enncmy,mais ce ne fut encore riens. Cefte nui(ft apres hentree des melTagers fut done le figne de feu.-parquoy l’ennemy tira trois coups pour mot du guet,amp; tous fes gens tant à pied que cheual fe mirent en armes.

Le 9. jour de lanuier l’ennemy fift de rechef fom-merla ville, offrant par fèslcttrcsla derniere grace, dcpouuoirfauuer corps amp;nbsp;biens. Cefte lettre fut eferitte

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D V PAYS-B AS. LIU. IIII. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;JI?

efcn’tte aux Capitaines, Bourgmaiftres, fouldars amp;nbsp;bourgeois, contenant au commencement des pa-rolles amiables, mais apres menaçantes de vouloir tueries enfans quifontau berceau. A laquelle fut relpondu au trompette verbalement .• £ncores que nul fecours des £ltats fuflè à la main, qu’on ne pou-uoit, pour fauuer l’honneur, rendre la ville àcaufè dcfditteslettres;amp; qu’il deburoit plus couder qugt;vn tel efcrirc : auecq cede refponce cft retourné laditte Trompette. Ccfoirenuiron 8. heures fut vn grand feu au camp de VVeftervvijc. Sont aufsi fortis la vil-leaucuns mefl'agiers portants aufsi lefdittes lettres de GeorgedeLalaingàceuxdu Confeil de guerre; lefquelsyeftantsarriuezàfàuf, donnèrent Je figne delèu fur Coldervene, L’enncmy auoit cede mef-me nuiét planté l’artillerie en autres lieux de fon camp: comme s’il euffe voulu entreprendre aucune nouuelle chofe.

Le io.decemoisfidl’ennemy demandervn pri-fonnier à fin de pouuoir Içauoir l’edat de la ville; mais comme on demada trop grande rançon ne fut deliuré.Nodre fecours de Giethorn donna alarme à l’ennemy , parquoy fut tiré trois fois pour mot du guet.Ceux de la ville firét fur le foir vnc (àillie, mais en vain.

Le II. de ce mois tantdenuiéf quedejourles nodres de Giethorn ont donné à l’ennemy diuerfcs alarmes.-renncmy tira fix coups d’artillerie,amp; fe mô-dra auec fix côpaignies de fouldars amp;nbsp;aucunes Cornettes à cheual en ordre de bataille enuirôles haults molins d’eauc.

Le 12. jour comme les Ibuldarsdela ville rom» Kk }

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518 Histoire des trovbles poientia glace; furentmolcftezpar quelquesrei-fti e:.- parquoy certains harquebouziers marchèrent àl’efcarmouche.futauffil’enncir.y tantduiour que de nuidt desalarmes par ceux de Giethorn:amp; lont la nuidtenfuyuanteentres deux meflagiers apportans promelTes de deliiirace tant par lettres que de bouche, amp;nbsp;aucune authorifation pour Herman Olt-hoff.

Le 15.jour futfaidle delciiptionde touttes les vaches,cheuaulx, poiirceaux,b!cdsamp;autres vîmes: furent aufly les noftrcs de Giethorn veu efearmou-cher contre l’ennemy. Du foir furent veu à Giethorn deuxfignes de leu;amp;eutl’ennemy la nuicien-fuyuante deux alarmes. Sur le point du jour l’enne-mycrioit à noftre garde, s’ils n’auoient encore mangé tous les chiens amp;nbsp;chats,amp;que debrict ils viédroi-eut en la ville, amp;nbsp;pendrcientles fouldarsdeO'thcff fur les rampars.'amp; que noflre attéte de fecours eftoit vainc, car il n’y en viendroit point: amp;nbsp;(croient deli-urez comme futDelfzijl, ou le fecours fut encores plus apparent,ce qu’ilsdifoient pour décourager les fouldars delà ville.

Le 14. delan.fontfortis de la ville par lesbrouil-larts enuiron 30.3 chenal, premièrement marchants vers la tréchecd’Ooftvvijc,puis vers celle deVVeft-vvijck pres de l’artillerie de l’ennemy, mais en vain, carl’ennemy fetint coy en (estrcchces. Cefte nuiél enuiron9, heurcsfurent enuoyésfixmeflagiers,af-ßuoir4.foldats amp;.’deux bourgeois.pour auoiraucu-neaffcurace de (ècours du confêil de guerre. Eut depuis l’ennemy trois diuerlès alarmes par ceux de Gicthorn.-comme aufsi eut la nuict cnfùyuante.

' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Le

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DV PAYS-BAS. LIU. 11 II,. 5I9

Le 15 .de ce mois,George de Lalaing enuoya vue lettre iniui icufc au Capitaine lan Cornput parvng 7'abourin, amp;nbsp;aufsi aucunes lettres en François écrit-tes par le Prince d’Orenge au Duc d'Alençon lesquelles auoicnt eflé interceptes, auec les Commentaires defliis icelles compofez. Ces lettres firét mutiner plufieursfôuldars mutins, amp;nbsp;vouloientfçauoir le contenu d’icelles.

Le jour deuant difiier font Ibrtis aucuns à cheual amp;nbsp;certains harquebouziers, amp;nbsp;ont amené vn villageois du pais dcHcflcn, lequel ne fçauoit riens de l’cftatde l’ennemy. Enuiron le midy, l’ennemy vint irriter ceux qui brifbicnt la glace: parquoy aucuns fbuldars s’oppoferent en efcarmouchant, bief, fants aucuns des cnncmis:amp;; fut entre autres vnWa-lon qui de trop pres fe hazardoit, tué, amp;nbsp;piteufemet traitté en vengeance de lan Monticu de Nordije-que. Apres midy fut faitte vne aultre faillie, comme deuant,amp;futamencprifonnicrvngougiart, quiaS-fez manifefta l’cllat de l’ennemy. Futaufsy ce jour grande difficulté entre le Magiftrat amp;nbsp;les Capitaines touchant le preft des Ibuldars. Celle nuiélfonten-trélesfixmeflâgersfufdits, apportans bonnes nou-uellcsque vendredy prochain nollre fccours vien-droitaubois.

Le 18. LecampdeGiethorn s’efi leuédumatin deuant le point du jour,amp; cft venu au bois mettant le feu en plufieurs maifons, ou quelques reifires amp;nbsp;le camp de quatre compaignies de fouldars furent enchalTés. Lors ceux de la ville font fortis en grand nombre, efcarmouchantsbrauement des deux collez; ou plufieurs des deux parties furent morts amp;

Kk 4

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5io Histoire des trovbles

AngloSs prifonnier. L'ennemy marchoit à grand folt;ce vers po“r3flàilliramp; défaire les Ànglois: mais fut Tjlie. contraint auec grand perte de fe retirer,non ob fiât qu’il iouoit braucment du Canon tant fur la ville quefurceuxdu bois; car il tiroir 6o. coups d’artillerie. 11 euflê eu plufgrand perte lî ceux de la ville amp;nbsp;leürfècours eurent eu vn mefme mot de guet. Le temps degeloitamp; fi fl vn obfcur brouillart au grand aduantaige amp;nbsp;prouffit des Anglois amp;de ceux du bois. Lefquels enuiron la minuiâ: fe font retirez du boisàBloczyl, nous en aduertiffant par figues de feu.

Le 19. de lanuier l’ennemy fift de rccheffommer la ville par lettres contenantes que les effrangers les bons bourgeois auroient corps amp;nbsp;biens faunes.* mais les pariures vouloir auoir liurc en fies mains, pour en faire iuftice. 11 fe vantoitdepluficurs men-fonges, difant que noftre fècours l’auoit aflailly au plusfoibleendroiéfdefon camp, mais à leur courte honte cftoyent rèpouflés amp;nbsp;enchaflèz, abandonnais beaucoup de leurs arrr.es,amp; qu’il auoir perdu beaucoup de fes viures, amp;nbsp;aucuns Capitaines. Fift aulsy demander les prifonniers, auecq menace de faire pendre nospriibnniers des iours pafl'es; Maisluy fut de rechcl rcfpondu verbalement par Capitaine Conrad de Steen vvijcamp; aultres 'a ce ordonné, qu’il neleureftoit licite d’ainfi oublier amp;nbsp;enfraindre leur ferment; carils auoientiuréaux Prouinces vnies de garder la ville tant que vie feroit en eux; parquoy vouloient le mcfineobfèruer,en attendant ce que le Seigneur Dieu leur vouldroit donner. Mais touchant les prifonniers ont refpondu par lettres qu’ils efloient

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DV PAYS-BAS. LIU. IIII.

eftoient contens d'obferucr la couftume de guer- f re, parquoy demandaient en eferit la fpecification des ptifonniers, qu’ils n’auoicnt foif du fang des prifonniers ; neantmoins en casqu'il enfift aucuns pendrejqu’ils feroient le mefme. Laquelle lettre fut enuoicepar vn prilonnier, quilurfon fermetfuten-uoyédel’enncmyà ccuxdela ville, qui depuis fut deli ure auec les autres prifonniers.

Le xo. jour font rentrez à la ville deux mefla-gers, apportans certaine nouuelle; du certain fe-cours. Ce mefmc iour a prefênté l’ennemy d’ob-feruerla couftume de guerre, comme il eftoit con-uenu, aflàuoir de deliurer vnprifonnier pour vn moisdegaige; ou prifonnier pour prifonnier, La fufditte lettre iniurieufe de l’ennemy fut copiée, amp;nbsp;mife fur vnbafton dehors la ville deuantfon camp, à fon peu d’honneur amp;nbsp;plaifir. Ces dits meffagiers declaroyenr la caufopourquoy noftre fecourss’e-ftoit retiré du bois, qui eftoit par faulte de viures amp;nbsp;pouldre ; les afleurant que leSeigneur de Nye-uortmarchoitauecq dixhuit cents hommes, pour lé ioindieaiiec les Anglois à noftre fecours. L’ennemy fift dire à ceux de la ville, que s’ils vouloient défendre à leurs fouldarsl’iniurier, qu’il fairoit le mefme auxfiens.

Le 21 .jour l’ennemy a rançonné amp;nbsp;aufiy deliuré aucûs prifonnierspour vn moisdegaige. Cfcritaufsi quelques lettres aux Capitaines, dont on pouuoit aftez confiderer qu’il cerchoit par pratique faire discorde entre les compaignies.

Le 2 2. jour l’ennemy a comme douant par vn Tambourin deliuré defesprifonniers. Cefie nuiâ

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51Î nbsp;nbsp;' Histoire DES TRovBtES

furent de rechef aucuns meflàgiers à declarer la ne-celsité de la ville, lelquelles le lendemain donnèrent le ligne de feu, pour lignifier qu’ils eftoyent à lauf arri jez.

Le 24. jour, furent ouy quatre coups d’artillc-rie,amp; beaucoup d’harquebouzades versie camp de ô’.Ianjparquoy les noftres lontlbrrisde la ville.mais en vain. Or furie (ôir firent vneautre (âillie, attrap-pans la femme d’vn viuandier de Groeningue, laquelle racompra rhiftoire amp;nbsp;fucces que l’enncmy a-uoit eu contre le Seigneur du Nieuort,amp;qu’il eftoit retourne au camp auec grand perte de gens à fa grâ-dehonté : eequivinttresbien àpoint tant à nous qu’aux Anglois, Icfquels furent tenuz de l’ennc-AngloB my en telle deftrcllè qu’ils eftoient contraincls de manger leurs cheuaulx. De forte que nofire cas fut «Kfieiiu en poure eftat, file Scigneurn’y euftpourueu par «heuaulx j’afjjßgnec du Seigneur de Nieuort amp;nbsp;lès Fri-20ns.

Le 2$. de lanuierdu matin fut faitte vne faillie amp;nbsp;prins deux villageois, qui confermoient ce que ladittefemme auoit déclaré. Touteejour fut ouy fort harquebouzer par delà Giethorn,comme auoit eftéfaiâ le jour amp;nbsp;nu id precedéts.L’ennemy auoit aully mis le feu en deux mailbns auprès les haults molins à l’eaue. On le veoit aufsi le retirer du bois auecq fès hardes.* amp;nbsp;fut ouy celle nuid grand bruit de chariots, mais le matin fut veue grande quantité des chariots des reiftres, auprès de J’artil-« Jerie.

Le 16. jourlefiftvnefailliejmaisenvain.* caries reiftres de l’enncmy vindrent trop fubit les aflaillir.

Sur

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DV PAYS-BAS. LIU. II11. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;5^5

Sur Ie foir on vit marcher vers Giethorn vne com-paignie de foiildars; amp;nbsp;de nuiét furent veu les fignes de feu.Fut fcmblablcment à diuerfes heures ouy ca-nonner amp;nbsp;harquebouzer tanta Bloczyl qu’au camp de S.Ian.

Le 27.jour forent faittes de matin amp;nbsp;du foir des faillies amp;nbsp;fut prins vn gougiart, lequel déclara amplement comme l’ennemy auoit cité mal rraitté au camp S. lan : que fes fôuldars mutinoient pour leurs payes, voire qu’aucunsvouloyent defehirer leurs enleignes. La nuid fut veu à Giethorn grand fou.

Le 18. jour ceux de la ville ont enuoyé vn Tambourin pour deliurer aucuns prifonniers, mais en vain; car l’ennemy auoit autres affaires. Ce iourfo-rcntfaittes4.faillics,dont les ^.furent vaines.-maisà , la quatrième fut prins vn mufquetier.dequel dit que les fôuldars auoient tenu Confeil à caufe de leurs paves, Icfquelles leur furent promifes en dedens le 4. jour, oude les mener en meilleur endroid. On vit marcher beaucoup des fouldars deçà amp;nbsp;delà chargez de leurs hardes. Celle nuid font entrez deux nieflàgiers amp;nbsp;trois fortis, defquels on vit les fignes de feu ; les nouuelles furent bonnes qu’ils apportoient du camp S. lan : aufsi que le Chcualier de Nieuortviendroit auec 300. chariots chargés de viures.

Le 29. furentdeliurésaucuns prifonnierspour vn mois de gaigejamp; aucuns fans rançon, mais defpouil-lés de leurs habillemens; la nuid enfuyuante font fortis deux meflâgiers ; amp;nbsp;le dernier j our de ce mois futpar l’ennemy commencée la premiere trcnchcc

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ƒ24. Histoire des trovbles

i fur la commune du Nom lors fê firent deux ßillies, l’vncparla porte du bois, amp;nbsp;l’autre par l’Onniger-porte ; on fut vu des ennemis tué, amp;nbsp;vn amené pri-îonnier. Cefte nuiét font reuenus les deux derniers meflagiers auec le Lieutenant du Seigneur de Me-rode Gouuerneur de Prize; nommé Adrien Men-nicx.

«A»*»»« Le i.deFeburier, l’ennemys’eftmonftréanccq dix compaignics defouldarsen VVcftvvijc, amp;nbsp;auec vnc enfeigncen Ooftvvijck : ou il fift changer de place amp;nbsp;mener autre part aucunes pieces d’artillerie; rompoitaufiiies huttes de bois, amp;nbsp;les fift mettre fur la champaigne labourable apres de VVeftvvijc,tout , enhault tenant la parfondeur de l’Ae. Cefte nuiél font fortis deux meflagiers, mais rechafles à la ville parl’ennemy.

Le 2.jour de ce mois, aflauoir la nuiél enfuyuatc cft retourné le flifdit Lieutenant du Seigneur de Merode vers Oldemcrd,affeurat que noftre lècours lèroit bien toft veu.

Le 5.jour, l’enncray a commencévneautretren-chee.ioinfleal’autreaucommunduNoru Cejour lt;nbsp;futfaid vifitation de maifons amp;nbsp;tous les viuresin-uentaries : mais à ceux qui difoient n’aiioir aucuns viures, leur furent ofte les viures qu’ils auoient nié;

amp; donné aux fouldars. Ce jourlbntdcfccndus au marché troix pertris, qui des fouldarsIjirent prins, amp;nbsp;mangés a la ville .• ce que fut vn ligne notable envoyé de Dieu, lignifiant le temps de la deliurancc de la ville.’car trois fepmaincs apres nous fufmes de-hurez,ainliquc parle Capitaine Cornputauoit efte cxpolé.

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DV PAYS-BAS LIU. IUI. p5

Le4.Joureft arriuelefecours, ainfi que ledit A- gt;nbsp;drien Mennincxauoit promis,d’oldemerd au bois.* £.1, amp;nbsp;fut par nos gens de chenal enchaflë l’ennemy.* ' Apres eft venu toute la force de noftre armee. L’ennemy tira deux coups d’artillerie fur la ville. Ce fait afaiâ planter l’artillerie en la trenchee au commun du Nort. Dix fois a il tiré vers noftre fecours (ans faire aucun dommage.*mais l’artillerie des noftres les toucha d’autre forte, non làns grand perte de leur gens.Cejour fut commencée au rampart la nouucl-le porte du Nort, par laquelle noftre fecours nous vouloir reviftailler ; car il eftoit campé au pied de l’Hyddingberg ducoftéde la ville deSteenvvijc.

Le 5.jour,qui eftoit dimenche fe fift vnc làillie amp;nbsp;en l’efcarmouchefutharquebuzé lejcune Coérad, filz du Capitaine Conrad. D’autre cofté ceux du bois eurent contre l’ennemy vne braue elcarmou-che.-l’ennemy montoitdcfl'us l’Hyddingberg, auec grad courage contre les noftres, mais il fut viuemêt reccu amp;nbsp;rechafteafon granddommage.Ce pendant que l’ennemy eftoitau bois, les Capitaines Cocn-radamp;Ian Berenbroeck firent vne fiillie,mettants le feu au camp d’Ooftervvijck, amp;nbsp;font retournez auec bon butin. L’ennemy tira 6û. coups d’artillerie fur noftre armee.

Le 6. j our l’ennemy fut contraint de faire garde côtinuelleauec toutes les forces.* àcaulè que les noftres luy firent des frequentes efearmouches.

Ley.futparnoslbuldars amené vn prifonnier,lequel nous dift,queCapitaine Snater auoit efté tué le dimenche palTé, ainfi qu’il conduilbit les gens cotre noftre fecours. Mais à ceftelàillie, peu fallut que

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5id Histoire des trovbles

l’ennemyne gaignanoftre potteditteOnnigerpor-te, mais par grande refiftcce amp;nbsp;coiiraigefutrepouC-fé. Ce mefme jour fut faid de rechcf recherche des comme defliis, par les Capitaines amp;nbsp;Magi-Steenvvi)clb at:amp; furtnt cejour plus des viuresconfifque aux tiic'de“' ’ïi3’^ons pouresque riches,acaufedelesauoir ca-Times, chc-Cclte nuiól fontr’entres à la ville quatre bourgeois, apportans bonnes nouuelles de certain fe-cours amp;nbsp;dcliurance.

Lep.jours’cft attacquevne braue cfcarmouche entre noftre lecoursamp; 1’ennemy, qui receut aucune perte de cheuaulx.

Le 11. jour de ce mois le fill vneaultre efearmou-chc-,ainh que les noftres receuoiêt trois compaignies de fouldars. Lendemain les noftres pjrvn alarme ont mis le feu aux huttes qui cftoient à la mote du moulin amp;nbsp;au commun.

Leij.jour, fiftPennemyvneaultre trenchee au-diét commun du Nort,tenant la trenchee de Steen-dycque.à combien que cefte trenchee fut dommageable à nous amp;nbsp;les noftres, n’y fut toutesfois con-rredid ny oppofé: de forte que l’enncmy comméça lanuid enfuyuante vne aultre trenchee au chemin d’YfvccnCjtout tenant le Ae, laquelle nous donnoit grand empefehement, car Icsmeflàgicrsquilbrtoict la ville, furent contraihóls de retourner.

Le 14. jour,cculx de la ville donncient de jour ù latourvn (ignedefeu , qui fut bienappcrccu par ceux du bois, amp;nbsp;entendu que les viures eftoient faillis à la ville.D’auantage furent contrainds d’abbatre des maifons pour brufler par faulte de bois. Ceux de la ville firent aufsi vne faillie fur la dernière tren-chcc

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DV PAYS-BAS. LIU. till. JIJ ctiee faiâe au chemin d’Yfveene, mais en vain; car ils furent repoufles des aukres trenchees, à caufè queceuxdu bois ne donnèrent fecours; de forte ^^4 qu’ils furent contraints de(ê retirer fans etfetuer ' leur concept.

Le 1 s-jourfontr’entrésenla ville quatre bourgeois fans aucun empefehement,qui fut grand mer* ueiller car l’ennemy auoit ordonnéfèntinelle à l'entour de la ville à vn iecl de pierre l’vne arrière de l’autre. Ce jour fut donnélefigne de feu, que ceux de la ville eftoientprefts auec leurs ponts pour paf^ lcrrAc,ainiî que le general du camp auoitcomma-dé. Furent aufsifait par ceu.x delà ville destien-cheesésfoll'esdesjardins à la partie Septenfrionele de la ville, dclquellesles fouldars de la ville efear-moucherent contre l’ennemy : ce pendant furent les ponts hartiuement mis par deflusl’Ae , afin que noftrefecours n’eufle occafion d'attendre. £n fai-fints ce pont.eft aduenu vn cas notablc.-car à 9.heures du foir comme les bourgeois efioient befoig-nans à ce pont, quatre fui ent attaints d’vneharque-bouze par ceux delà plus prochaine trenchee, def’ quelsl’vneftoit CapitaineConrad, ßns qu’aucun d’iceux fuflenauré.

Le 16. jour, l’ennemy a fait vn fort de chariots contre noftre trenchee des iardins; lendemain fut faite vne faillie par l’Onnigerporte; amp;nbsp;amené pri-fonnier vn fouldardamp;vne femme; lequel eftät examiné; fut inccntinentenuoyévn Tambourin vers l’ennemy pour demander s’il vouloir deliurer (bn prifonnier, cequ’il refufa. La nuit enfumante fut donné vn grand alarme àl’ennemy comme fi noftre

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5i8 Histoire des trovbles

fccourseuflc voulu marcher , mais en vain; à caufe quel’cnnemy en toute diligence fe monftra auecq toutes fesforces furie commun du Nort.

fenneroy Le I p.jourd’ennemy s’armoit.pour au point du «U» du i®“’’ 3^a’hir ceux du bois de toutes fes forces.-amp; fut toil. fi viuement repouflé; qu’il fut contrainâ de faire la retraite.

Un.ya Le 2c.jour, vindrent enuironioo. perfbnnesà p'u’d« lamaifondelaville;deroandansdupain;amp; futdon-* ne à chafeun, qu’vnc piece pour eulx amp;nbsp;leur famille; par ce qu’il n’y auoit plus de pain. Ce jour apres midy en plain jour font fortis quatre bourgeois amp;nbsp;trois fouldars, qui eh defpit de l’ennemy font pafles entre la fentinelle amp;nbsp;fes tréchees, amp;nbsp;combien que l’ennemy fortan t de festréchees les pour-fuiuoit, ne fut aucun d’iceulx attaintny blefïc, lequel aéle donna tel courage à noftre fecours, qu’il pretendoit le lendemain au matin reviétailler la ville.

ta ville le. Leii. jour dudit mois, ceux du bois ont chargé vifladice d aucuns fouldarsde pain amp;fourmage, Se enuoyé le Pennemy' n^cime chemin que les fufdits cftoient venu.’ Se non obftantquc l’ennemy efcarmouchoit pour empe-feher leur paflâge; fi fon t ils paffé en defpit de luy, ayant receu l’ennemy plus de perte que les noftres, amp;ontapporté en la ville enuiron 550. pains amp;nbsp;150. fourmages. La nuiôenfuyuant fut commencée par ceux du bois vne autre trenchee plus pres de la ville. L’ennemy fèmift de jour auec toutes fes forces fur la commune pres de la Steendycquc;mais la caufe ne fut connue; Trauailloit aufsi grandemét à mener l’artillerie par derriere Oofterwije mais en vain.

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DV PAYS-BAS. LIU. II11. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;5 IJ

Ce jour vers le fnr eft venu àla ville vn poftevolant auecvne lettre; amp;nbsp;la nuiâ enfuyuant l’ennemy fift vn fort de chariots au pafl'age par ou noftre pain amp;nbsp;fourmage eftoit venu.

Le 22.jour le temps fedegele, amp;ceuxdela ville ont commencé vne autre trenchee tenant le nou-ueau pont hors de la nouuelle porte du Nort. £nui-ron niidy s’eft attacquee quelque efcarmouche par les reiftres du bois amp;nbsp;ceux de l'ennemy.De forte que 9.des noftres fontlbrtis de leurs trenchccs amp;nbsp;venus iniques à la commune du Nort, chaflàns de là vne meilleure partie de lanciers; qui futcaulc que l'cn-uemy fonna arme par tout fon camp,8f vint fondai-nemen t a uec toutes lès forces lùr la commune; mais ceux du bois ne fevouloient retirer combien qu’ils n’eftiont que bien petit nombre de reiftres amp;nbsp;quelques d’harquebouziers, amp;nbsp;firent telle d’vn grand courage à l’ennemy,tirants le chemin de la ville;par-quoy les Ibuldars de la ville Ibnt forty donnants fe -cours amp;nbsp;ayde 1 ceux du bois, de forte que l’ennemy fut alfez endommage, ftcombien que l’ennemy par la multitude de fes reiftres gaigna vn pafl'age, fi fut il de ceux de la ville par dcrriere,amp;de ceux du bois par deuantharquebouzé brauement; amp;nbsp;fut tellement traitté que les fouldarsquiterent vn peu leur ordre, de maniéré qu’il relTambloit plus à vne bataille qu’elcarmouche; amp;nepouuoientlesreiftrcsautrer-fois faire venir leurs Ibuldars au combat; Car plu-fieurs Officiers hardis. Capitaines des gens de chc-ual amp;nbsp;autres de nom y furent tués;de forte qu’ils le Ibntàcaulède la pluye retirés en leur ordre deba-taillc.-fui aufsi ce iour ioué du Canon tant d’vn cofté

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'53® Histoire des trovbées que d’autre; amp;nbsp;le fort des chariots que l’ennemy â-. uoitfaiâ: la nuift precedente,fut rompuamp;apportéà techefie-- lavillc; fnuiroii quatre heures ainfi quel’ennemy viOiiillee. s’cftoit mis à lepos, cculx du bois ont rcuiétaillc |

quelque peu la ville auec 7 J. rafieres de bled, de la faiine,fourmagesamp;pouldrc. L’ennemy nel’a vou- ' lu empefeher, àcaufequeceuxdcla ville aflàillirent la plus prochaine trenchee de ce pafl'age, en laquél-le eftoitnt deux enftignes, d’vn fi grand courage, qu’ils gaignercntla trenchee, prindrent l’artillerie, en tuant 17. fouldars, amp;nbsp;menants auec eulx plu-fieurs autres naîtrez; voire euflent emmené l’artillerie fi par la force des lanciers n’euflè efté cmpelché/ car ils ne furent alTez pourueu depicquessamp;furue- * nantlanuid chafeun s’eft retiré en fes forts. Mais comme l’ennemy auoit ce jour mal combatn , la nuiélenfuvuantilquitafesy. trenchecslurlacom-A-yiviF. mune duNortamp;5teendicque emmenant auecluy

l’artillerie.

Le aj^.dc Feburier,qui futlciourdeladcliurance leuè'Xdc. de la vîlTc,du matin au point du iour, trois fouldars paflés entre lestren-'■ ■ chees: mais ainfi qu’ils appcrceurent qu’il n’y auoit Icntinclleny aufsi gardeéstrenehees, le font venus declarer àceux de la ville; lors font forty beaucoup degens,amp; vifitanslcs trenchees n’y trouucrent per- , fonne; que les I7.moi ts qui eftoient à la trenchee, amp;nbsp;3. morts des noftrcs deuant la trenchee. Peu apres l’ennemy mift le feu en fon camp de VVeftervvijck ' ayant deuant le jour enuoyé l’artillerie auec les | gens de pied deuant. Scs gens de cheual fe font te» • nus en ordre iufques apres midy fur la champaigne s labou- I

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BV PAYS-BAS. LIU. IUT. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;55I 3

labourable de là Onnen, amp;nbsp;tant que le Colonel An-glois general du camp vint auec fes Colonels, Capitaines amp;nbsp;Officiers, amp;nbsp;ancun petit nomore de gens à chenal pafler par Steenvvijck fur la quçuedel’en-ncmy,qui lemonftra encorebraiiement. Alors fut tefiege de la ville reuiÂaillee entièrement de tout ce que luy steenyyîjc cftoit ncceffaire, amp;fut deliureedel’cftroitafsiege-*’ ment qui auoit dure'4.moisentiers,dontonne peut . aflczlouerDieudc laquot;grandc milèricorde qu’il nous ’ a monftré.

Le Z 4. lourde Feburier l’armee des fftats s’eft partie du bois, marchant vers Oldemerôt, pour chafler la garnifon que l’ennemy auoit mis en la Kuynder, Lemmer,Sloten amp;nbsp;pluiieurs autres lieux, comme depuis fut execute. De forte que toutes ces places furent remifes es mains des fflats amp;nbsp;Prouin-cesvnics. Aufquels Dieu, par fa grace; veuille eflar-girfagelTe, prouidenceamp;force, pour toujours de mieux en mieux continuer leurs heureufes entre-prinfes, à fin de pouuoir refifter aux ennemis par îorce.conduire les affaires par prouidence, amp;nbsp;main -tenir ce débonnaire peuple en toute prudence amp;nbsp;équité. A tant amy Ledeur concluans amp;nbsp;ftifans fin delaprcfente Hiftoire .• relèruerons la refte des af-faires qui fuccederont pour commencement d’vn »*»-autre liure , mais qu’à Dieu plaira nous dônnerla grace de vous en faire part.

F I N.

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TABLE ALPHABETKTVE;

CONTENANTE LES CHOSES PLV5 notables de ccfte Hiftoiredes troubles’

amp; guerres ciuiles du Pays-bas*

A

fol- 441’ II.

ijy--214’ ylt;î.

^19. 28I. 26j.

264. 16}, 326.

327.

244 3Oî. 547-

474-434» 230.

7-^75. ^Ti, ni, n-}16.

20-

ABolttu» âe l’Inijuiptitn nbsp;nbsp;Phtcttirt,

Accordfatâ auec Aitnßeur le Duc ^ccreiffe/nment de ceux de l» Belegten, uiccerd fxtâ de rendre la ^tUe de Hurtem, uidrten d',i4ßendelfr fendu it Delft, utduertifement de ceux de le Religion Refermee, ^dutt du Seigneur Prince à ceux de Lejdea, uilcmar a faillie dei Efaignali. atlcmar ainegée dei Efa/gnelt, uilcmar dehurée du camf Efatgnel, ^lemarforge menneje_t d'Efam, aiUtmatti ijuHent Bent-hujfe, aallemans i^uttent Ncrta, aimhaffddeun enuojez,auRty. almmiral Betfot leuegent four feccurir Lejiden, a! n,entrai je refould de hatre le fort de Lammeu. aimmtralBetlctt entre en Lejden. atmfliation du article de t'^niond’yirecht, aimftelredam accordée auec le Prtnee d’Orenge, a^tnffetredameumti enreute, ainaltaftifetendiuertlteux fe font eftneui, aingloK chafix. de leur fort, jSngtou lajchement fe rendent à bennemy-, ainglcta mangent leurs chenaux far necefité, atfoßtlles de At on feue le Prtnee. atrehe de Dtlft.

atreheueicke de Mahne s fuferieure des aultret, l'ritchiduc Mfitthint fttrifie nu Pati-tai.

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tablgquot; n^s trovbles^

Urenberg nbsp;nbsp;Epfiert frinut’ajpiult.

fel.l'ic).

jirmeede mer du P rtnte mije enroute.

i4f-

..Irmec du Prmee d'Orenge, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■■

ns.

u1rn.lt;et du Roj rombuei.

4Ï«

u^rmee du fecoun mnrehe eentre l'EjJ)aignol,

^rragon ne ^eut reeeuoir l'intjutfîtton.

ï I P

.Articles ï Z- de l'la^uißrien d'Eljsaigne.

zo.

a^rtichi de ta gacsjication de Cand.

367.

adrtteles rnsfes en ferme.

60.

a1rliciesigt;refrnle^au Jriagsfrat d' .Anuers ,far ceux de la

Religion,

4^.

^jfault df,nnéfur Harlem^

213- 224-

^isthoritlp.tstte duRo) en P/paignz^,

I !•

B

g? lespenjfetent en fuyte.

Baron tie Selles enncyé’el» Boy au Pats baj^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4 ? J •

Bataille a Motjuerheiiie, BatatÜe de Mer en fioUandé»

Baß-tn\cnt duChafleau d'^nuers,

Belles promejycs des Elpat^nolife^»

Bergnes fur le 2oom rendue t

Btnspinfepar le Duc d''j4n]Qtt.

Botßeducajftegee dtoCon^te deMegue,

Betßeduc rendue aux Efiats,

BoisrgeofSd^ Harlemfatils pionniers,

de E‘ydenfitrprenKent le fortdei Eßfaignol^. ^OI • Bourgeois de LeydenS-^olontaites a Pejctsr»iouihe. 302« Bourgeois de Leydcn prennent deux »autres de conuoy^ 288»

Brederode prefente la rs^uefle des Bioblei, Brederode tenu pour rebcUe, Bredtrode prend lafuyte, Brtfètnent des Images à j^nuers» Brteue reßfoKce des Ley dois.

9^-

102.,

4P iSj-491. 194quot; £z/eZ*

Bnfement des Images d Leerxtarde,, Bruxelles s^oppeÇe au dtxtétne denser

-ocr page 551-

DV PAIS-BAS.

Brie le prin(e par le Seigneur de Lar^aj, tSrutt run/eurdeguerre au Pau bai, Bare» a^ftegee rendue.

To ■ *sgt;y.

*T.

3î8.

Calamett nbsp;nbsp;mifere infappertabledeceuxele Bejden^

338, 18.

439. *38, 196. ^39. ii8. 391.

16la

Cambraj ertgee en .^rcheuefehi, Camp da E/latt presi de Riminant.

Campen aljtegec rendue.

Capitaine det Eßiaignol:pendua Klljfingue, Capitaine Pdargott» tue.

Capitaine Schram entre en fJarlem.

Capitaines de Rekles prifcnnierj. Capitaine Snater tué.

Captmire fe leinét au camp des Ejiatt.

Caufe dt l'ajj'emkiee des Seigneurs a Denremonde.

Cauleprincipale de ^execution des Cemtes d'Egmond jjy

Herne. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jyj.

Certain foudarttae fin Capitaine par fan cemandement. Ceux de la Rehgian[e mamfejient.

delà Rtligian prisonniers a Gracningue.

Chapinl'itelli Lieutenant general deDucd’Alut.

Chafleau it^nuers demolj,

Chajieau de Harlingue rendu,

Chafléau de Haurechpnns.

Chafléau du Leewarde rendu,

Chaficau de Leevsarde ajftegi rendu,

Chafleau de Stauere rajé,

Cha/ieaude StauereSecouru.

chafleau d'ytrecht rendu,

Chafleau de H^au rendu, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4* ® .

ChriflafleSchage tue'.

» du Camte de Hoogflrate,

Caltnnel faflus accautrêen ctrdelier,

Colonnel Eaeepuer Eronfberg abandonnent ^nuets,

CalonnelIrmcntut Muller donne Jecauni Harlem,

-ocr page 552-

TABLE DES TROVBLES ColonneI Robloi ^rt^onnter, Comefe nu ctel.

Commencement Je l’OrJre Jes lacofim,

Cemmts Je Sru^ej nrrt»ts à Ktreiht, Commis Je In ^tUe Jlt;Anuers ^enifi à Utrecht, Commis Ju Fran^ en f landt es nmuis n Utrecht,

48j. 48igt; 484-3*7. 378. ?7ï. 38?.

'• 39'4. 170.

170. ióy.

139-493« loz.

200.

395. JOl.

491-170. 169. 184. 186.

184. 130. I7X.

177. 361. 304.

I 28.

CommiJlaife Bronchorfl trijj/alfi.

Commifsion Jes Pefute^ J'HollnnJe ZeUnJe. ' Communion Jes Efiats generaul».

In Comfat^me Je Lo/y s'oofofe tut Colonnel Rshles, ht Comfai^nie Ju Dam (e somit n ceulx Je Groensngue, Comte ndJolf Je Naffdu tué.

Comte J’^renber^ occis.

Comte Je Rolfu nbsp;nbsp;s'Eßsaignoh frifonniers.

Comte Je Euren fuilji.

Comte de Hohenloo Jeftctil,

Comte Je Muni fett meß garnifon en einuers.

Comte Ju Berg mua Je le pan Je Zutfhen, Comte Je Renneberg arriue en Fnoije.

Comte de Renneberg teue argent à Croenmgne, Comte Je Renneberg malcontent.

Comte Leys defatß les Eßiaignols,

Comte Lojs JefeenJauec armée enFriz.^,

Comte Loys ieue fon camf.

Comte Loys mss en toute.

Comte Loys Janne reffonji à I'Fmfereue.

Comtes J’EgmanJ Çf Je Horne pnfonniers.

Comtes J’EgmonJ Hortae amenez, n Bruxettes,

Comtes J'EgmonJ (y Je Horne exeentez,» ConfetlJ'E/fat fatly.

ConclußonJ'monder le plat-fais en Hollande, Confetl Jes troubles ordonné.

Conßfloiresordannez,enHnuers JeaantFarriuée Ju Pein. Si's’ Confiance Ju Bourgmaifire .Jdnenfens i l.eyden. 33*’ Cordeliers demandent Ihabit montchal Je Fafeus, 3 94* Cnnmté Je Pou Federico is Hurle en.

-ocr page 553-

DES PAIS-BAS.

Cruttute tie l'ennemj deuant Steemr^c,

Io«.

D

Deelartetiondej Efltttt contre Don la».

DeftuSe der Pranf^on d Chieurain.

Degradation det f re fleet en Ejjiatgne. Celiierationdet Seigneurs fur te ficours de Lejden, Demande de ceux d'Hollande en forme de re^uefle. Depute des Eflats dehuré de pnfon a Groeotngue, Deputez^de Breda arrtue:z,ù Ktrecht, Defcrlptiondes^iures en Slcenwictj.

Deuenter aftegee rendue.

Dsete imperiale à If'orms.

Diligence grande du Confetlher Waflel,

Dtjue entre Sparendam Spcrmouwe percée, Difpute en .dnuers.

d^tfltnflon à l ejdend caufe de la famine, Dtuert propo i tenus fur le percer des disques, Dolleurs en Theologie en toutes EghfesCathedralet, DoUeur If'eflendorp prifonnier,

DoUnne de Luther monftre les abus:, tromperies de l’Eghfe Romaine.

Duchejfe de Parma fe part du Pais-bas, Duc d^ Alue aff \ege Mons en Hajnault, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i

Duc d' Aine Continue fes tpranntes.

Duc d'^lue craint les forces du Prince d'Orenge.

Due d'A lue demande te dtxiefme demer. Duc d’A lue donne afiflcnce aux Eranpois, Duc d-Alue fatff bancl^rotte.

Duc d'Alue fatS conflÇcjuer tous les biens des fugitifs.

Duc d'A lue fatll proclamer les fugitifs.

Educ d’Alue fatll publier mandement d Anuers. Duc d'Alue ordonné chef de l'armée de Elandret, Duc d’Alueimpofegrandes exaihons nbsp;nbsp;nbsp;tailles.

Duc d'Alue ofte tes clefs i ceux de Gand. l^uc d'Aalou enuoje aux Ejlats.

418. ioi.

354.

S91*. 48J.

ÎI8. 4J8. 4îî. 3^f. 209.

Si. 330. 308.

19. 393-

7-128. »01. 191.

190. 193. 131« 2lt;îô. 167-119, 139-

76-i«7

129-434-

3

-ocr page 554-

TABLK DES TROVlîLES

Duc Danjou retourné en France.

Duc d'Arf :hot falfj pttr ceux de Gund, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;41 j.

Eaae xlentourds Lejden s'Agrandijt fart fur les petits,

■ 339.

Edict perpétuel.

396.

Enne/nss chuffccz, des trenchees par feu,

ÎOJ,

Enchufi reuohee.

199-

l’Empereur rnandeauComte Loysdtcjuiterle Pais bas.

184.

l'Empereur, le Ray de Prance,la Rayne d’ .Angleterre en-

uesent leurs .Ambafadeurs aux Ejiats,

Entree de Don la» à Bruxelles.

418.

Entree de l'Archiduc Matthnu a Bruxelles.

433-

Enireprinfe des Orengeau fur Amfitlredam.

Entreprsnfe fur la Erse le,.

488.

Eatreprinfe fur le pais de Scoutfen par le Commandeur,

3Î9.

Erstreprini'e fur la ^sUe de Delft, Efcarrrsouche braue deuant Steennric^,

301.

5H-

Efcarmouche auprès de Liege,

39^-

Efcarmouche aupresde Ltuua-n,

44’*

Efcarmouche entre Notrcarmes Çf ceut de f'aleneiene,

81.

^Ipuignegouuernee tadss par Roytelets,

107.

Pffiignegouiternce par les Getthes.

107»

E/paigne repartie endsuers Royaumes,

108.

Efpasgnols abandonnent le fart de Lammen,

‘348'

Efpasgnals commencent ta batene fur Harlem,

1IZlt;

Elpasgnols déclarez, rebelles.

360.

Efpasgnols mutsaez, en Harlem.

2-i9^

Efpasgnols mutinez,entrent Alaf,

360.

Efpasgnols mutsnez^ entrent Anuert,

268.

Efpasgnols montent fur la hooghetBoertporte,

3ÎI«

Efpasgnolsprodutfent leur msne fouz, Harlem.

Efpasgnols ijuttcitt le ChafleauePAnuers,

Efpasgnols s'efiment masfres du Pais- bas.

38P

Efpstrde fccoursaStetntpicaj,

foi.

ffafs declatrent Don lanennemy.

4^4« £ƒlt;«

-ocr page 555-

PES PAIS-BAS.

I-fiatstnutjent argent à Steenwictf. ''

£■ flatsnt 'ventilentadMettreles nentteartx Eaefjues. l'/lats remereteat If Duc d'^atou.

t-fats ‘voient le tonaotr da Duc.

Emjijue d'Utrecht fatä^ .^tchmeftjue.

Eaefçfue d’Harlem confacre la grande Eghfe,

Examinatieurigriureufe,

£A«t«zclt;, four la Religion en jo, .«wz flttelie cent tKille. ‘ p'

P

Famine extreme en H.irlern,

Fanne de bled entre en Harlem,

l'a feus fert a tous denfee, à caufe de fonnouueau habit, 392,. Fautedepatn,! Steenwicij, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;liS.

Ferdinande Lofe nommé houreau de Groeningue. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iSl}»

don Fedenco pratnjue trahifon auec aucuns d'Harlem. 2OÖ.

Ferdinande Roy d’Hrragon laifje vsure les Mores fouse^^t-fible obeiljanct^.

Eeu tiré en Steentvieif, ftnefj'es russes des IncjUifteurs. Eidelitégrande des Pass-bas^ers leur Prte^ch Forme de l’biifulfltion. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

Fort de Lammen fallt par les Efpxtgnels. Fort fallt de Chariots.

Fortreffe fur le borddu lac rendue. Forts tls.a Pentour de Eej/den.

lo?.

499.

G

Gabriel Serbellon general de P artillerie. Galere premiere d Harlem entre au lac. Gendarmerie Efpaignole s'affemble en Brabant, Gendarmerie du Duc d'Hmou entre au Pau bat. Cens de Robles font difficulté de luj pre fier ferment. Gens da Seigneur de Hoogflrate defaiéts, Gertruden Bergue furprmfe. Ceux dïfaicîs mis en route.

1^7. ï’y. »91. Î07. »46. »77.

ItS. z»3. 38î. 437. 387. 168. »6;.

97.

4

-ocr page 556-

Gliffert J'ElallanJe,

la Gauuernante permet letprifchet, la Gauuernantefublte flaccart en ,^nuert, la Gauuernante retette la JemanJe Jet Gueux. Cauuerneur Je Heinfberg Çe fan Iteutenant tsee^. GranJ CanfetlJe Friede bannj, CranJe authartti Jet Inçiutjiteurt,

.....'-K, - 47*

Harengue Ju Setgneur Je BreJeraJe,^

Harlem aftegee,

Harlem afiatHie Çiuement, Harlemrec^attÇturet. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;XlO.llj

Harlem renJueau Duc J'Hlue.

75. loj.

91.

•fiÿ.

4S«.

3°. »oj. *14.

I

litctj/inututheurt Je tlmjuifitien. feteopins Jepojen Je leur Eftat J'ln^uifition, lan Bianca Eletta Jet Efiiatgnalt tui, lanCafimbrat fei^neurJe Bacl(e:c^eeleprifatfnier. Jan lan entte au fatt-bat.

Jan lan entte en Bruxellet.

Jan lan t'en Ça a Maltnet, Jan lan t'enÇa a Namur, lerame Serratt entre en Harlem auec ficaurt. Je fuite 1Car Jeh rt firtent la Çtlle J\4nuert,


III.III.


3 5 7. 130. 39;. 418. 418. 41?.


437-image au ftatue Je Branz,e ertgee au chafieau J’ainuert. I J 1.


Inclut fitten ttEfinigne fittree Je tttu let treublet la^utfitte» ftnecnrt en fieurfennce, Inijutfitien octitfion Jet guerret eitttlet, Infolcnte Ju fofulnire.

IntreJuUten Jet nettuenux Euef^uet, iauafien JeErtzfifnr letCueuts»


107.

40. II.


17.

201.


Lanfifitt tlf BreJeraJe,Rafani nbsp;nbsp;nbsp;aiitrettrêchen^ltt tefic.i$S.

-ocr page 557-

DV PAIS-BASi

Leyden aßiegeefour la fremiere foia.

fol. i66gt; l6^.

309. ^99»

Leyden aßtegec four la fecondefots. Leyden /atll trtuentatre du beßatl. Lerdam aftegee (ß rendue.

Lettres d'aucuaa Eßsatgnoltfeza ceux de Leyden,

Lettres d‘aucuna Hotiandots fugtttfs à eeux de Leyden 282' Lettres de Ealdeii, i ceux de Leyden,

LettreidetanGauherde IVybe^mte.

1^6. iSj. 14. i97.

l.ettreide tan ie Hutter d ceux de Lejden,

Lettres de Madame de Parma à Mejjieura du Ctxfeil, Lettre ade Mateuea:^ de tyjbefma.

Lettres des fugtttfs Eßiatgnoltfesc st ceux de Leyden.

iil-

Lettres des Hoäandots Eßgt;atgnolt[e^ st ceux de Leyden, 2S4. Lettres des Leydoss a fon Excellince^j.

x-/b.

3H-186. 280.

i7-77-

26lt;Î.

7'

Lettbea du Comte d'Egmonda» Roy.

Lettres du Comte de la Roche à ceux de Leyden. Lettres du Duc d' A lue a l’Eueftjuede Munjier. Lettres du Prance aceux de Ley de. Lettres du Roy !t Madame de Parmte. Ltberalite de ceulx de Delft.

Ltgue des Cheualters de l'Urdre, Ltrrshourg aßtegee rendue, don Loys de Re^uefns’itent au Paat'bat. • Lutherautheur de la Lumtere,

M

Mags fr at d’airrsta fatfy frifsnnter.

Magtjlrat Confetl affernble a Harlent.

sMagtflrat nouueau ordonné à Harlem.

Malcontent affatUent ceux duboia. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ƒ 2 8.

Malcontent affatUent lea Hnglota.

Malcontent defatclt al'Efclufe neire,j.

Malanet faccagee.

Mandement fubltè en Hnuera ,

Marchant flußeurt [e retirent en aultre fais,

Marefchalde Coffe forte dommage au Prtnctj.

Af(«ttstgedu Prance d’Orenge^j,

-ocr page 558-

table des trovbles

Mttr^uh de Bergues nbsp;nbsp;le Baron de Montt^nt enuoiè^i^ eu

39.

Majuti de Berguei mort en Eßaigae, Ma^acre fac d^ Anuen.

Maffacre de Narden, Maffdcre de Paru. Majfacre de Botterdam. Maflncht ajfiegec gaignee. Matelotjacharnez, fur l’Efpatgnol, Menacer dej Efpaignohfez., Menm occupetpar Moutignt. Menin rcprtnfe par lei Eflati.

MeruetUeux braftn de Stande rnangèe en Eejden, '^oiant arnui d L ejden.

Meurdre d’9n teune enfant par les lui fs. Middelhourg rendue au Prmee d’Orenge. Mine fatSe par tEfpatgrsol decouuerre.

JOZ. 362. i04. 205. i9y-48;. 319-294. 4f7« 488. 33lt;î-??ƒ•

267:

Minißrei confißotre, fepurgent deuant le Magtßrat. ^^6.

Miracle aduenu à Narden. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;20$.

dMons en Haynault ^rtnle par Comte Lojj, Mans en Ha^nanlt rendue parcompoptton» Mort de Don lan, Mort du Commdhdeur.

Mort duComtede Bojfu, Mutineite deiÇoudars a Majîrtcht^

^lt;^1-

4yö-360.

43^-

N

Nauires des ennemis entrent au lac de Harlem,

134.

Necefttemuentriee de toute fubtilité.

33Î-

Niuelle rendue.

Nombre de foudars Matelots Qrenoeoii.

35^'

0

officiers font difficulté d'exécuter les plaecars.

2^-

Officiersprefis dperfecuter ceux de la Religion,

SI-

Oldcnz,ele fe rend au Comte de Renneberg,

494-

Ordonnance a Steermicci fur le prie des biuret.

■-49y-

-ocr page 559-

DV PAIS-BAS. «

Ordonnante en Harlem fur iufage des^iures, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iÀX

Ordonnance f/ubbee en Harlem fur le fatädes^iuret.

Ordonnance fur la Pacifcaiioa de Gand, Ordre de L'armee nauale du Pnnce d'Orenge, Ordre de l'e^uttage des bateaux de guerre, Orengeaù efcarrr.ouchent krauementl’Efpat^nol, Ortgsue des Gueux, Ortgsnedes Malcontent, O) sgs ne des Marans ■ Oudewater fnnje d'affaulf, P

Xil. 43 6. 340. JIO.

341.

Î9-457-

Paetficat'ton de G and.

P.ttn Jourmint entre en Harlem,

Patx d'^IrtoK Hainault auec le Prince de Parma,

Paix de Religion,

Partement d'Efaigne du Duc d'^dlue.

Patience de ceux de la Religion,

358.

3^3« iiP 4«I. 441. 1^7' 10.

Perfuaponfecrese fubtile del'/nijuiftiond'Efpaigne.

14.

PhilippeRèiUe aßiegee rendue.

4j8.

Poudre bled entre en Harlem,

U^.

Pourfujte du 'voyage du Due d’Hlue,

128.

Prairies auprès de Rotterdam nautgables.

3'1*

Prélats nbsp;nbsp;Gentiljhommeiptifonniers dGreeningue,

Prefchespubh^uespar tous let Paie-kiu,

4ƒ4.

Prince d'Orenge part peur Bruxelles,

Pnnce d'Otenge ^lent d G and.

4î8

Prince d'Or enge Utent enrinuers.

41.

Pnnce d'Orenge'vienten Brabant,

41Z.

Prince ga tgne plufieurs Utiles,

102.

Prince paffe la Meufeà Stoccum,

J 8 g.

Pnncepublie[adefenfe Çp apologie.

187.

Pnnce 'vient en Hollande,

lOî,

Prsxce^ient en Leyden.

354.

Prince 'iient 'veoir l'armee nauale.

334.

Prtutlegesde Brabant trefexcellens.

II.

Procepon de Nofre Dame en rinuer^.

4*.


-ocr page 560-

TABLE DES TROVBLES

fr»eU»i4titn eu çit^eieu du Prince it Or enge, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fee. IJ }.

Prophetie du Prince d’Orenge-e,

Proteß du Pnnted’Orenge^,

P uturne Çn mejne couplet:, enfemble.j

S^untiti du bieden Leiden,

R

Ruifonpour^uej let pluccart furent fui3i.

Ramrnehensenïelunde fe renduu Princes,

Recetchedei'iiures fuiü à Sleenmictp,

Reitrei ..iilemuni retournent en .dllemu'gne.

Relufehe feurfeunce dei Pluecurs rigoureux.

Religions-^redepubhee ù Gand.

Remonflruncei de J Princei eflrunger» u ceux du Pdit’but, 16,

Rentontre de lenn mj Çÿ ceux de Steemvicc/,

Rcpb^uedelu tJobleffeà Mudume de Pur nia,

Re^uefe det Efutià lu Rojne dt Hngleterre, Rer/uefle degt; tfobieia Madame de P arma . Retjuefle dei reformes:, au Roy d'Efpaigne. Re^uefepour uuoir l'exercice de la Religion. Ree/utfle prefentee par ceux de Eland,et. Refponce auxurticleipropofezd ceux de la Religion, Refponce braue det Lejdois a ceux du camp. Refponce de ceux de Leyden à fon Excetl:nce.

43y-JX. 8î-441.

13«

332.

279-î8i.

Refponcede hnyulftion contre lepeupledu Pais.bat. lyÿ, Refponce de Madame de P arma fur la Retfuefte, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j

Refponce det Efutsgeneruuxfur le Protefi dei E fi ait d'Hollande Zelande,

416. I7î.

239-36.

Refponce du Comte d'Egmond fur fa fentence, Refponcedu Prince d Orenge fur lu citation, Reff once apofille de A^adame de P arma,

Refponcc pour le Comte de Hoogflrute,

RohlerColonnel Efpuignolfaia preß er ferment a fejoeni It Ro^ ralttfl0 huou Ju rtmuu ! ^aa. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;® nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•

Pej rut ife tu paix de Don lun.

418.

*7î.

J ■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.

lra,fg Sfgt;g»euf

Rujehauer defend le pont del'efprit, Ruflenbourg guigné par ceux de Hurlent.

-ocr page 561-

DV PAIS-BAS.

S

Seignfur Jt S. jlldegonde deliurè de frifim.

fel.iiô.

Seigneur de S, ^Idegende entre enUurleiet,

110.

Seeonheue rendue a fjierget.

5î9-

Sceenheue rendue à Lumuj.

100.

Secourt de Lejdencemmence,

318.

Sedition tumulte en ^nuen.

9'i.

Sedition nfgatfee.

99’

Sentence des Cemteid'Egmend nbsp;nbsp;Herne,

^73’

Sentence des Herett^nes ferme d’execntien.

1*3.

Sentence du Roj) contre le peuple du Pnil-liitt,

181.

Serm ni d- Harlem ajfemblee;..

»07.

Siegede Greeningue.

181.

Steur de f'emj hlelfe'.

iip.

Situation de P'alenciene.

7P-

Situation du fort de Lammen,

346.

Sommaire de la guerre d’idollande.

26^.

Senmus enuojié à Rome,

Soudais de Raide -{Je mutinent.

Seudats de Baldej^ je tetirent^ers f'trecht.

3'!7-

Seudatsde Steemeicu rompent la glace.

^06,

Seudatspendue decapite:z,a Harlem.

Suhfignattun dt l'dmiend'Klrecht,

Sparendamprmjepar k j Efpatguels.

ZII.

Sleenmicij ajliegee.

41* 4*

Steenwicj dchuree du fîege.

'ƒlt;*

Steenwic^faiiH compaignie de gens de cheual.

304,

Steenwicj reuiâaillee.

ƒ 18. lt;30.

Sleemvic^fommeeperle Comte de Rennenberg,

* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i

497.

t ■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;CL Oa ! nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r ■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A99gt;

Seigneur 9an Stralenpripinnier, •p nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^31«

Tirannie de l'Efpaignel à Mafinekt,

4 di»

Tiranme de Neircarmes,

3°*o

Tirannie du Ducij d'ailuo,

8x.'

Tournißeiti defutâs.

*71.

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TABLE.

Ttarbet certaine matière de brußer.

* ol, JIJ

Traiéié de Den tan.

419.

Traiiléde paix à Breda cajfé^

35».

Trailtédepaix à Couletgne

487.

Triemph d’ategreffe a Bloc3i.ile,

5IΫ

quot;Trouble de Steenwicij.

joo. $'!•

Tumulte à Kalenaenne pacifié.

440.

V

f'aillantifie d'^n ieune garden de Lejden,

xS9gt;

l'ale ncienne refiufe garni fin.

79.

Falencienne rendue.

81.

Falencienne rendue aux Bfiati.

384.

Kalencienne furprmfe.

198.

yaleur d'aucuns ^iures en Lejden.

337-

yersLatms de Baldes:.,

yers Latins du Seigneur de Nortntic^,

310.

yiileirenauale en Hollande,

yilloire nauale en Zelande,

zGj,

yiâotre par ceux de Harlem,

^33’

yiHoire per ceux de yhfiingue. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

Z6ÿ.

y turcs défaillent en Harlem,

249.

yhfiingue reuoltee.

196.

ymon des Bjiatt Ceneraulx,

4'^9.

ymon diytrecht.

460.

Walom mutines^ en Harlem,

»39.

jyercumprinfi par les Bfiaignols,

Z

Stirics:.e rendue.

360.

futphen affitegee prinfie.

Z04.


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