LETTRES
ENVOYEES AV
ROY DE FRANCE,
P R Le ROY DE NAVARRE.
M. D. LXXXV.
-ocr page 2- -ocr page 3-Onfeigneur,
•*'■‘Des que les autheiirsdc ces nouueaux remuements eurent faift paroiftre les elFcfts de leur mauuaifc volonté cnuersvoftre Maieftc amp;nbsp;voftrc cftat, il vous pleuft m’efcrire Ie lugemcnt que Vous faifiez à tresbon droiét de leurs intentions que connoifsiez quelque prétexté qu’ils prin-fent, qu’ils entreprenoyent fur voftrc perfonne amp;nbsp;fur voftre Couronne, qu’ils vouloyent f’acroi-ftre amp;nbsp;agrandir à voz defpcns amp;nbsp;à voftre dommage,amp; ne pretedoyent que la totallc ruine amp;nbsp;dif-fipation de voftre Eftat. C’cftoyctlcs mots de voz lettres,Monfcigneur,amp; me faifiez c’eft honneur en recognoiftant la conionftion de ma fortune auec celle de voftre Maicfté.d’adioufter expreft’ement qu’ils pourchaflbyent ma ruine auec la voftre; la mienne à laquelle il cftoit mal-aifc(dependant de voftre grandeur comme ie fay)dc paruenir que par la voftre. En cefte qualit’é doneques Monfeigneur, il vous aiiroit pieu commâder à voz Gouucrneurs amp;nbsp;Licutenans gcncraulx,Baillifs,Senefcliaulx amp;nbsp;autres officiers de leur courir fus.comme à rebelles amp;nbsp;perturbateurs du repos public ; à toutes voz Cours de Parlement aufsi furent cniioyees voz declarations vérifiées en icelles, par Icfquclles ils font déclarez criminels de Iczc Maiefté. Et de là font enfiiiuis plufieurs arrefts folcnncls,amp; en con-fequenec defdiéts arrefts quelques executiôs tref-importantes en diuers endroifts de ce Royaulme, pour marque exemplaire de leur rebellion amp;con-fpiration contre l'Eftat, amp;nbsp;du lugement que voftre Maieftc,voftre Confeil amp;nbsp;voz Cours de Parlement auroyentfaift de leurs defteings. Ce nonobftant, Monfcigncur.voftre Maiefté félon fa clcmence naturelle auroit trouué bô (Sc m’auroit faid ceft bon nçur de (ncrcfenre)dc les ramener à leur debuoir
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par douceur,in’auroit auffi commandé de me con tcuiren patience, pour vous donner Icloyfir de mieux dilbnguer Sc taire counoiftre à voz lubiets cóbien eftoyent differentes les catife^ gut les mou u^ent Sc leurs prçtcxtes, chofc à votrrc Maieftc allez coiigneuc : mais gu’il eftoitneceffaire de Ic faire cônoillre à voftre peuple, lequel fouz le faux ombre dç Religion, ils auroyent voulu defuoyer de fon dcbuoir. A voftre commandement Mon-feigneur, voftre Maieftéfe peut reftouucnir auec quelle patience i’ay acguicfcc Si obey iufques à prefent,Sc n’ignore toutesfois, felon fa prudëce Sc équité les iuftes occafions qui folicitoyent Sc im-portunoientma paticce.me voyant pris à parti par les ennemis de voftre Maieftc, qui declaroyet tout ouuertementn’auoir autre but que ma ruine en leurs attentafts Sc entreprifes, fans ofer, pourla re-uereneequeie vouloys rendre à voz commande-nicçs.tât (oit peu me remuer,les voyât pafferôc dc-uât mes yeux Scprefqiics entre mes mains armez contre vous, animez contre moy, tous les iours tentas quelque entreprife.ou fur les places de mô gouiiernement, oulurmes maifons ou fur moy-mcfmcs,fans vous pouuoir taire le feruice q l’occa fîon me prefcntoit,fans aufti m’en leffcntir, côme la nature Sc la railon euffent voulu. I’ay pris, Mon-fcigncur,pour toute raifon Sc toute loy voftre feule volonté ; i’ay ployé ma nature Sc mon coeur Sc prefqucs ma reputatiô fouz voz comandementz; Kt d'autant plus Monfcigncur, que voftre Maiefté me faifoit ceft hóneur de me promettre touliours Sc par toutes fes lettres d’auoir en recômandatipn mon intçreft CQmme le lien,de n’accepter n'y ot-troycr rien au preiudicc de fon Edict de pai.x quelle vouloit cftre itreuocable.de maintenir en iceluy Scfélon iceluy indifferemment tous voalubieflz-
Ce
-ocr page 5-Ce que vortre Maieftc m’auroit répété fouuent en les lettres (que te garde) cl'crittes de fa main,£c qu’cllc auroit promis aux Sieurs de Cleruât ôc de. ChallîiicCTrrt,^ autres faifantnies affaires auprès de fa perfonne.comme auffila Royne vofttc mere, , tant de bouche q par lettresi Etmaintcnant.Mon-feigneur,que i’oy dire tout à coup quevoftre Mi-k ieftea traittevnc paix.aucc ceux quifcfontefle-l; uez contre voftre feruice, à condition que vortrc'j Ediftfoitrompu, voz loyaux fubietz bannis,les p tonfpirateurs armez , amp;nbsp;armez de volhc force Sc i • de voftre authoritc, contre voz tres-obeiftants amp;nbsp;(, fidcllcsfubictz,amp; contre moymcfmes,qui ayc’cft ' ' honneur de vous appartenir:Qui defpuis le temps ’ quei'ay penfé participera voftre bonne grace, ne peuxl’aiioircfloigneequeparma patience amp;nbsp;par mon obciflance, lelaiiTe àpenferàvoftre Maieftc en qiiellabirintheiemetrouue amp;nbsp;quelle efperan-ceme peut plus refter qu’au defefpoir.bay taift ou uerture à voftre Maiefté,en la declaration qui liiy eftéprefentec de ma part, des plus équitables offres qui fepourroyent faire pour la paix publique amp;nbsp;gencralc,pour voftre repos, amp;nbsp;pourlc foulagc-ment de voz fubieûz. S’il ell qiiellion de la Religion ( mais quelque bouclier qu’ilz en facent ceft le point qui moins leur tou'che le cœur ) i’ay ac-quiefcé à vn Concile libre: fi des feuretez (qu’ils n’ontpas certes fubieû de demander) i’ay offert de quitter amp;nbsp;mon gouuernement Sc toutes les pla CCS que ie tiens, à condition qu’ils facent le fem-blablCipour ne retarder la pai.x de cell: eftat ; Si ceft moy qu’ils cherchétou fi fbuz mon oncle ils trou blent ce Royaume, fans que voftre Maieifé en Ibit en peine : I’ay requis que cefte querelle foit deba-tue d’eux .à moy ; amp;nbsp;pour abréger la mifere public-que,dc fapcrfonncalamienaï.lemefuis eu font-
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me outre toute apparence lt;leraifon,amp; contre tou» fentiment de nature accommode à tous les com-niandcîjicns de voftre Maiefté. bay voulu, outre I« debuoir amp;nbsp;nonobftant la difproportion de noî degrez Scqualitez, m’efgaller à mes inferieurs pour racheter de mon fang tant de malheurs, iuC-lt;]ues à ceux que voftrc Marefté auoit prononccas lebelles. Si i’ay ce malheur (que le ne veux encores croire) que voftreMaiefté palTe oultre à la con-clufion de ce traitté, nonobftantlefdiftes condl«» tiens amp;nbsp;fubmiftîons, rompant fon Ediél, armant fes rebelles contre fon eftat, cotre fon fang amp;nbsp;contre foy mefmcsfte dcplorcray de tout mon coeur la condition de voftrc Maiefté, vous voyant forcé (pour ne vo’ vouloir feruir de ma fidelité) à la tota le ruine de voftrc Eftat, amp;nbsp;calamitcz aulfi de ce Royaume, aufquelles en vain pourra on efperer-fin qu’en fa fin propre, eftant tout cômun à vn cha cû parla preuuc de vingt ans 5c plus, que ce qu’ils pretendent eft vn vain ciïbrt, ôc leur baftiment voftrc ruine.Me confolcray cependant en mon innocence,en mon intégrité, amp;nbsp;en mô aft'eélion enuers voftrc Maiefté 5c fon Eftat. qu’il n’aura tenu à moy cjueien’ayc fauuc par mon peril de cc naufrage, jn'aflcurant tant au Dieu protefteur de ma iufticc amp;nbsp;loyauté qu'il ne m’abandônera à cc bcfoin.ains C|u’ilmc doublera le cœur amp;nbsp;les moyens contre tous mes ennemis qui font les voftres, amp;nbsp;ie le fup-ply Monfeigneur qu’il vous doint vn bon confcil, vous aftifte de fa force çn fes affaires, 5c me doins lagrace de vous rendre le feruice queie yousdoibsSc deburay toute ma
ViCjÔc conferuc voftrc Alaicftc,
'* Monfei-
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Longuement amp;nbsp;tresheureufcment en parfat-« ÄC fanté. A Bergerac cc zi.de lullict. ijS j.
Vafire treshitmbt«, trtiobelßant tiy IreißiieSt
JitbitÛ amp;• finitettr
HENRY.
Et en la fuperfeription eferit
A»Rojr
Mon fouucrain Seigneur.
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