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Huybert van Buchell (1513-1599)

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Huybert van Buchell (1513-1599)

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LE

SERMON FVNEBRE, FAIT DE-VANT LE ROY, PAR MESSIRE FRANCOIS RICHARDOT, “Euef^ue de Kicople tij Suffragantid^rra^ ; yfiis Obfeques Funérailles du Tref^randj quot;FreJutFlorieus Empereur Charles Cinquième. Célébrées àSruxelles en la^rande E^life ditteSainte Gudle. ^ar lequeleît faite, non moins eloquemment, quepieufement, ijr do^ement, ample, Israie deduction des grandes lgt;ertus, magnanimité^, hautes entreprinfes, faits héroïques, hiue foy Catholique, Chreßienne y ie, lt;isrfaintefin dudit

Seigneur Empe

reur.

AVTRE

SERMON FVNEBRE FAIT DEVANT LE ROY, PAR ICELLVY RICHARDOT, AVS OBSEOyES DE LA Serenißime Royne Marie Douairière de Hongrie, Boheme. amp;c. Célébrées audit Bruxelles en la Chappelle du Palais.

Encores,

VN AVTRE SERMON, FAIT PAR LE SVSETIT RICHARDOT, DEVANT MONSEIGNEVR LE de Sauoye: Obfeques de la ^yne Marie dMn» ^leterre. Célébréesaudit^ruxellesen ladite Eglife Sainte Gudle.

A ANVERS,

De rimprimerie de ChriftophIe Plantin:

M. D. LIX.

avec PRIVILEGE.

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EXTRAIT DV PRIVILEGE-

a AR 'Priulk^eJu Itg) nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i« f»

Majeflé.-d’immmer.oHfiire imf rimer,

' Les trois Sermons Funèbres,faits, tant aus Obleques de l’Empereur Charles Cinquième fon Pere, comme de la Roine Marie Douairière de Hongrie,amp; de la Roine Marie d Aii* gleterre. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;En deffendant à tous Libraires j Imprimeurs^autres

quels conques,d'imprimer, oufaire imprimer, ny 'ï)endre, lt;(3quot; diflribuer les-dits Sermons en quelque lan^a^e que ce foit, durant le temps, lt;(3* terme de dix ans, à compter des la ^atecy mentionnée, fus peine de conffeation des Impreßions qu’ils feront'. i3 de dix Hures d’amende, pour chacune ficelles, au proffit desdits ^is d’.Armes. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T)onnédiruxelles,le .yo«r de

lanuier, i q Si^nepar le^^

S)ouerloepe.

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SACREE, C A T H O L I QJl^ E,. R O I A L E M A1 E S T E'. Tar le contexte des faïntes efcrïtnresy nous tronuons^ que les peresde l’ancien TeßamentrendoientalDieu jpour primices de leurs fruits ,lt;isr de leurs trouppeaus, les pre» miers nais. 3n quoy j nous finîmes exprejfiment in-Jlruits J d’entreprendre isr commencer toutes chofis^fiit aufpirituel J fiit au temporel par larecon^noijfance nbsp;nbsp;inuocation du faint

ISLom de ^leu :fans laide duqueltoutes entreprinfisdes hommes^ leur font plufioîl ruineufes queprouffitables. nbsp;nbsp;CarfiS)ieune promeut ,parfijain-

te 'Benedilîion ;tout ce ,.àqsiQy Ihommemei la main.,.il ny a moyen qu’il puijfeprendre hjfué,ny bonne ny lyeureufe. Etpource quejepreten tout ce que je 'ïieus prefentement déduire, deuoir refirtir à la^loire de Dieu j lt;i^ à tedif cation de nous autres-, pour non efirefiufir^de nofire intention^ il fira bien,que nous commençons par Hmploration de l'aftfience diuine. Doncq^enfiiiuant la bonne loïiablè côufiumede lE^lfe, nous faluèrons la ficree glorieufe T^ier^e, mere de nolire Seigneur nbsp;nbsp;^âempteur le-

fuf~cbrill . Et dirons,efieue^ no^ efieritsen haut, hue gratia plena,

ACREE, CATHÔt-Tlt;iÿiî, ÄOlAtE maiESTE'. si la loiîengG des hotoïnes exccllcns peut fèruir de Ictnenceà la pofterité,pour en elle faire renaiftre, amp;nbsp;regenerer leurs ver-* tus, certainemêt l’honneur que noi*s leur repartilïbnsen leurs/nnerailles êcob/è-* ques,ne peut,qu’il ne ifoit grandement frii ftueus amp;prouffitable? (^r, où les bienfaits des majeurs amp;nbsp;aneeftfes lont ainfi re-congneus; facilement les lîiccelïèurs atti-lènteneus le defirti attàindre au fruit, amp;à iapalmede l’honneftê lâbeü t. Ce qu’ayant bien entendu les anciens Grecs, Barbâtes, La* tinsî Romains, Ebrieus, eurent ce loin'f, ddlluftrer la renomnîée de leurs deuanciers amp;nbsp;anteeelïeurs : qui par monuments lùmptueus, qui'pâr panégyriques y qui par pompes, amp;nbsp;autres teles cerimonies : cftimans, par ce moyen, tenir viuesentre eusilèurs vertust,-amp; d’vn mclme fil, leur rendre le deuoir de la gratitude lahs lâqucflé il eft malpdffiblc, que Ici vouloir dè bien’ Faire, prenne fond ny racine I' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A 2 au cœur

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SERMON F V N E B R E DE

au cœur de qui ce foit. Mais pofé que ceus qui viuoient amp;nbsp;ver/ôy« eut aus tenebresdu Paganifme, ne fuflèntmeus à ce faire, d’autres caufès ny raifons, finon du bien qui en pouoit redonder à leur Republique : certes nos peres qui eurent plus à plein congnoilïàn-ce de l’efta t amp;nbsp;condition des morts, ont célébré telles pompes fu-nebresi non feulement pour la mémoire des hommes vertueus,ains aufli pour icy bas reprcfcnter le triomphant recueil, que le ciel fait à ceus qui lailfant celle mortelle vie, arriuent au lieu des bien-heu-rcus, voire, que par teles lolennitez, les Chreftiens publiquement proteftentla foy, amp;nbsp;l’elpoir, qu’ils ont, de la lain te Relurreétion des luîtes. A quoy regardant le Patriarche Abraham,futplus loin* gneus de conltruire Ion lèpulcre,poür y repolèr mort^que de baltir pour l’ailè de là vie, ny palais,ny villes, ny chalteaus. Et comme à telles honnorables pompes l’Eglifè noltre mere, applique outre les fulfrages, amp;nbsp;deuotes orailons la haute viélime, amp;nbsp;precieus làcrificc du corps amp;nbsp;du lang de lelûf-chrill noltreRédempteur amp;nbsp;Sauueur; tant plus religieulément doit eltre entre les Chreltiens maintenue celte façon, de rendre tels honneurs funeraus,à qui les ont méritez. Lefquelles choies,toutes en general, font icy grande concurrence; à ce,que prefentement ce deuoir amp;nbsp;office lôit denotement rendu, à l’heureule mémoire de ce grand Prince, de ce grand Empereur, de ce grand Monarque. le dy grand, car fi Cyre entre les Perfes, Ale-xahd«: entreles Grecs , fi Pompée entre les Latins, Charle-maignc entre les Chreltiens, ont merite le nom de grand; tel titre conuient bien àceluy, de qui les hauts faits, les heroiques entreprinlès, les heureus progrès amp;nbsp;lùccés,ont mis en admiration,non lêulementles Prouinces de l’Europe, mais quand amp;nbsp;quand, toute la rondeur de la terre.' Pentens ,jce trelpuilfant, trelviôtorieus, toufiours augultc Empereur,Charles Cinquiéme.Lequel,eltant ilTu du coite paternel, des treshautes mailóns d’Aultriche, amp;nbsp;de Bourgongne, du maternel des Roiales races de Caltille, amp;nbsp;d’Arragon, toutes renommées de tant de bienfaits,accreues de tant de courones,célébrées de tant de vertus heroiques , print nourriture conforme à Ion extradion, amp;nbsp;tele en efFcd,qmîl.conuenoit à perlonna^e,à qui Dieu,cn temps fi perilleus amp;nbsp;difficiles,auoit remis amp;nbsp;relèruc la delFcnlè de lôn honneur , la tutelle de Ion Eglilè, laprotedion de lès enfans, amp;nbsp;l’elpou

uentc-

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LEMPEREVRCH. V. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;J

uentement des mefcreants . Ce qu’ayant bien amp;nbsp;containment exploité, apres auoir fait ce qui peut rendre l’homme immortel deuant Dieu,amp; deuant le monde, a rendu à nature le commun tribut , amp;nbsp;mourant, pour toufiours viure, a perceu amp;nbsp;receu le fruit, le làlaire, amp;nbsp;la coronne, de lès labeurs.

Et povrce que Dieu lui mites mains la principale Monarchie des Chretiens, amp;nbsp;au rang des Princes le feit Icoir au liege ti-preme louuerain, j’ay deliberé(fil vous plait me donner audience) par le dilcours que feray d’aucunes de lès a(tions,declairer,com ment il a conduit le train de Ibn Empire, de lès Royaumes, amp;nbsp;autres états, felon le delTein amp;nbsp;patron du throne de Ja diuine Maje-téjdont Ezechiel, amp;nbsp;depuis luy làint lehan, font mention, dilàns auoir veu vn fiege, à lentour duquel etoient quatre animaus, l’vn ' lèmblable à l’homme, l’autre à vn Bœuf, le tiers à vn Lyon, amp;nbsp;le quart à vn’ Aigle. Lelquels en premier lieu, fignifient les quatre principaus Myteres du Royaume eternel de lefuf-chrift. le dy l'Incarnation, dcnotée par l’homme, pource que par elle, legrand Verbe amp;nbsp;profond penlèr de Dieu, Ion infinie amp;nbsp;eternelle fapience, fut trant at ce en langage humain^ amp;nbsp;fut vérifié,ce que dit Saint lehan : Ter b um carofoElnm éîi. Par le Bœuf, animal dédié à la làcrifi- ” cature, et adumbré, le liipplice, amp;nbsp;precieus làcrifice de la mort de notre Rédempteur. Par lequel il a tollu amp;nbsp;aboly i’hypothequ^,amp;: chirographe de notre damnation, lèlon que tefinoingne Saint Paul, dilant : S)elens chiro^raphum decreti quod contrarium nobis erat. „ Par le Lyon, et entendue là puitànte Refurredion, fiiyuant la pro phetie du Patriarche Iacob : par laquelle notre Seigneur a puif-Jàmment butinéamp;làccagé,hEmpireamp; les forces de la Mort. Et par l’Aigle gt;, qui lèmble plutôt dometique du Ciel que de laTer-re,et adùmbree là triomphante Alcenlion. Partaquelle,lùrpalïànt toute creature, il monta à la dcxtre du Pere tenant la Monarchie du Ciel, de laTerre, amp;nbsp;des Enfers^. Mais, comme l’Elèriturc et de foy féconde, amp;nbsp;reçoit plufieurs amp;nbsp;diuerlès intelligences : Outre ce, ces quatre animâus nous enlèignent quatre parties principalement requilès, pour lèurement établir, amp;heureulèmcnt régir tou tes Monarchies, Prineipautez, amp;nbsp;autres Etats, de la Ibeieté des

A J hommes.

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SERMON FVN E B RE DE hommes. Defquelles parties, ce grand Emperc ur, a tresbien iceu emparer,amp; munir le throne de fonAuólorité.I’enten,par la face de i’homme,la Prüdence^ par le Bœuf, le Labeur- par le Lyon, la Ma-gnanimitc;amp; par l’Aigle, la Diligence, amp;nbsp;Célérité. Car en elfeól, li la Prudence n’eft es deliberations,^ trauail es aôtions,la Magnanimité CS perils, la Célérité aus occafions ; mal le peuuent maintenir les Monarchies,’ amp;nbsp;moins le peut garder l’harmonie de toutes les parties de la Republique.

Or, commencera y-ie doneques à la Prudence, laquelle certainement a efté à ce grand Prince des le commencement de fon âge, julques au dernier de lès jours, comme fut la colonne ardente, qui feit voie amp;nbsp;chemin aus Ilraëlites,en celle longue amp;nbsp;difficile peregrination des delers. le dy des Ion premier âge. Car luy cftant en la premiere fleur de fon adolelcence, âgé lèulement de lèize ans nouuellement émancipé, pour entrée de Ibn regne, il trouua l’E-Ipagne troublée de tumultes amp;nbsp;faôlions4elquelles il Iceut telement par là prudence reprimer, auee l’aide de lès bons amp;nbsp;fideles lùbjets en lèldits Roiaumes d’Elpagne,qu’en peu de temps, celte tempelle lè tourna en tranquillité. En quoy, tant plus en luy fut Ipeâacle admirable celte vertu, d’autant, que lônbasâgene lèmbloit permettre , que auec la fleur de la jeunelTe, il portait tel fruit, qui ne crqjt ordinairement que en vieillelfe Mais , non lèulement en ce point lè monltra il prudent alors,ainçois,comme toit apres il lè lèn tit viuement alTailly des forces du puilTantRoy François, il Iceut faire tel chois-amp;feleétion de gens idoines,pour le fait de la guerre,q tant icy qu’en Italie, l’ennemy n en remporta que perte amp;nbsp;delplai-firrqu’elt bien partie principale de la prudence. Car où les Princes, en là diltributionàJes charges, amp;nbsp;ele(Âon des miniltres, lè forcom-ptent,louuent,deteles fautes!, lùccedent incoueniens quelquelFois irrèparâbles,qu’il3ppert par la charge folement donnée au furieus jeune homme Alcibiade. C Lt,fi l’image de la prudence lè voit aus gefl:es,’amp;au parlety qu elt ce,que la Nature a formé, que la nourriture a£açonné,dejneurs amp;nbsp;geltes plus lèantes a vn PrinccîEt quant au parler, lèmbloit^il pas Vn'Salomon,amp; comme vn Agelîlae nour-ry en Sparte î tant il cltoitgraue en lès propos;, lèntcnticus en Ion ::gt;tnruod t A nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;dire,

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l’emperevrch. V. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4

dire, agu amp;nbsp;ingenieus en fes refponces. D’autrepart, fi l’efficace delà prudence le declare principalement aus choÆs douteufès, amp;nbsp;ambiguës. Certeinement les dangers qu’il a deftournez les delor-dres qu’il a r’habillez,les tumultes qu’il a appailèz, les tepefies qu’il a repoufiees, en font teles preuues, que lès ennemis, ont autant ou plus redouté Ibn cerueau, que lès forces Et quel homme trouue-rons nous, Prince, ou priué, de tant de fiecles en ça, qui mieus que luy ait lèeu anticiper les dangers,elpier les oportunitez,trouuer re-mede aus cholès delèlperées, amp;nbsp;conlèil aus precipiteulès? Mais, comme non la lèule prudence, ains quant amp;nbsp;quant l’innocence du Patriarche Iolèph,donna remede à la publique calamité, amp;nbsp;famine des Egyptiens -, ainfi, ce grand Prince, pour remédier aus inconue-niens fiiruenus en fon fiecle,a toufiours mis en œuure, auec là prudence,la bonté, amp;nbsp;colombine fimplicité : de Ibrte, que jamais il ne futapperceu, ny cauteleus, ny malicieus:bien entendu, que celle fraudulente prudence lèrpentine,violatrice de la foi amp;nbsp;verité,rend Ibuuentelfoisjau trompeur,le ciel ennçmy, amp;nbsp;propice à l’aduerlài-rcicomme alTés Ion peut veoir,par le de:^fire amp;nbsp;malheur du cauteleus perjure Sedechias Roy des luifs.

T O V T E s FO is, peu d’auantage eufi apporté à ce grand Em-* pereur là prudence, fi quant amp;nbsp;quant il n’eufi lupporté, les peines, amp;nbsp;les labeurs, lignifiez par le lècond animal de nofire delèription, qui efi le Bœuf. Dequoy je ne diray autre cholè,finon ce quetous lèauent, que comme la molle amp;effeminéeoifiueté, amis Ibuuent en extreme dilèrime amp;nbsp;ruine plufieurs grandes Monarchies, celle des Babiloniens, du temps de Balthazar’^ celle des Perlés, du regne de Daire^celle de Macedoine, Ibus Perlee le malheureus:ainfi le la--beur,amp; le trauail,Ibuuent les ontredrefle,amp; remis lus. Ce que Ion voit clercment par le regne de Philippes pere d’Alexandre. Mais^ entre tous, les peines amp;nbsp;fatigues d’vn lèul Dauid, monfirent alTés, que Dieu repartifiànt les honneurs, a quant amp;nbsp;quant reparty les labeurs. Voions doncq icy, fi ce grand Empereur, a efiimé, tant de Roiaumes, tant de Duchés, tant de Contez, tant de Principau-tez,melmes le grand Empire,lui auoir efié mis es mains,pour mollement repolèr,ou pour laborieulèment trauailler. Efiant arriué à ce pre-

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SERMON FVNEBRE DE

à ce premier degré des principautez Chreftiennes,voiant le befbin, qu auoit la Germanie de la prelence;tant pour drelTer quelque ferlt;« me amp;: legitime adminillration de l’Empire,que pour retenir l’intégrité de la Religion,qui lors commençoit prendre alteration; lou-dain le trouua au lieu de VVormes:amp; là donna ordre à toutes choies , ainfi que mieus iuy fut poffible. De là reuint en lès autres pays,amp; fignammenten Elpagne;pour les importans affaires de lès Roiaumes : ou, quelque temps après, il f embarqua pour Italie. Laquelle, après Ibn triomphant coronnement, il rendit telement tranquille, amp;nbsp;paifible; amp;nbsp;tous les Princes amp;nbsp;Potentats d’icelle, tant concords amp;nbsp;vnis, que je ne lèay, fi depuis le temps d’Augufte, elle a jamais lèntu,fi longue amp;nbsp;fi ferme paix. Toll aprés,la playe faite à la Religion, qui toufiours cmpiroit, amp;nbsp;autres vrgens négoces, le rappellent en Germanie.Dont lans delay,il lè trouue au lieu d’Aufi bourg.OÙ il affembla tous les Effats de celle Prouince:amp; là,le Roy Ion frere à prelènt Empereur,fut làlué Roy des Romains,en participation de la charge Imperiale. De là, il delcend en lès Pays d’-embas,là,où aiant ordonné pour Gouuernante,feue de bonne mémoire là lèur la Royne Douairière de Hongrie, print lcgt;n chemin, deuers Rhynsbourg, pour auecles Princes de l’Empire, donner or dre au repoulïèment du Turc. De Rhynsbourg, vint à vienne: devienne, en Italie; d’Italie, en Elpagne : d’Elpagne, feit voiles en Barbarie : de Barbarie, en Secile : de Secile, à Rome : de Rome en Provence : de Prouence,retourna en Elpagne. Et qu’ell-il befoin qu’icy je mette en compte,tous les longs penibles,amp; perilleus volages par luy faits? Quels font les ports, amp;nbsp;riuages de lès mers, qu’il n’ayt veu?Q4Jcls quantoiA de lès Roiaumes n’a-il vifite?La polle-ritè fesbaïra, quand elle lira, tant de cholès auoir ellé par luy, en fi peu de temps, faites: à quoy, à peine foffiroit, non vn, non deux, mais ny trois âges. Et combien, que des lors, il lèntit là per-fonne appefantie de maladies, il pouuoit choifir le repos, comme ayant par lès precedentes vièloires, amp;nbsp;autres aèles heroiques, amplement fatisfait à l’immortalité de fon nom. Touteffois,il n’a jamais elpargné peine, qu’il ait lèntu pouuoir venir en benefice aus Chrelliens,amp; notamment de lès pays, bien Içachant, que la diuine »» ordonnance, qui elt de manger le pain en lueur amp;nbsp;labeur, fadreflè au grand

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L E M P E R E V R C H. V. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;p

au grand comme au menu, fi que jene fcay, de tant de fèruiteurs qui l’ont fùiuy, fil fen trouueroit vn fcul, qui fccufl; {c pouruen-ter,d’auoir plus loufFert, ny enduré, que luy. En qùoy, il a certes mérité, d’eftre, de lès lùbjets, non lèulement honnoré comme lèi-gneur,ains aimé amp;reueré comme pere. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i

Mais, s’ i l a ellé,comme j’ay dit, laborîeus, moins n a-il efté magnanime,amp; courageux. Ains a voulu, pour paflèr les deftroits de la Lettre Pithagorique ( j’enten les difficultez, qui couftumiere--mentlùruiennent aus choies grandes amp;nbsp;ardues) que la force,figni-fiée par le Lyon, full toulîours la premiere piece de Ion Harnois. Dequoy il a donné trelcertaine experience, en toutçs les actions: mais principalement aus aótes,q prelèntement je diray. Le Turc, capital ennemy des Chredienf, enflé de lès precedentes Viéloires, allumé amp;nbsp;ûimulé d’vn furieus defir qu’il a dç perdre le nom de no-lire profeflion,vint auec multitude innumerable, amp;nbsp;qualî incroia-ble julques aus portes de la Germanie, amp;nbsp;quat amp;nbsp;quant mit Ip fiege deuant Vienne, ville fort principale, amp;nbsp;plus que trelimportat bol-leuert d’icelle. Dequoy les Prouinces Chreftiennes conceurerit tel clpouucntement, qu’autrelFois eut la Grèce, quand Xerxe y jetta les forces de l’Alie, amp;nbsp;tel que print Hierulàlem, quand Sennacherib y mena celle infinie trouppe d’AlTyriens. Mais ce grand Celàr, aiant drelTé là belle amp;nbsp;puilTantc armée, délibéré de viuement charger Ibn ennemy, luy vint au deuant, de tel front amp;nbsp;vilàge',^ue le Barbare ne Iceut autre party prendre,que de honteulèment fuyr.

Et quel courage monllra-il à l’expugnation de la Goulette, amp;nbsp;prinlè deTunesîplaces, delquelles Barberoulïè Prince deamp;Pyrates, felloit emparé,comme,de lieus oportuns, pour trauailler la Secile^ infeller la Sardaigne, encombrer les Elpagnes, moleller.lTtalie? Quoy voiant ce grand Empereur,amp; bien pefantle dommage qnen pourroit aduenir,entreprint, celle non moinsperilleulè, que neu-reulè expedition maritimc.Dc laquelle,l’ilfue glorieulè,ell plus no toirè,que ce qu’il faille, que je la dye, amp;nbsp;tele certainement qui merite d’cllre eh mémoire eternelle à la pollerité, quand bien autre fruit n’en lèroit prouenu, que la deliurance de tant de mitlierside pauures Chrelliens,oppreirez du milèrable feruage de ce languinai-» ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;B re,amp;

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* ■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;SE RM O -K F V N E B R E DE

re, amp;nbsp;cruel brigand; De quelle grandefle de cœur vla-il, quand, pour trouuer moien de quelque bone Iblide paix ; il ïè mit fi con ndamment à Aiguesmortes, terre de l’ennemy’ quand, pour le fait de fcs pays de Flandres, il pafla fi alTeurénient le trauers du Roiau» me de France ? Monftra-il point auoir le cœur affis en bon lieu, quand prés d’Ingelllat il fbutint, lans le troubler, fi grand foudre, amp;nbsp;tempéfle de Canonnades ? Mais, comme les deux principales partiesde la magnanimité font, de garder la modeftie aus cnolès prolperes,amp; de non perdre cœur aus aducrlcs.Certes,ce grand Em-pereûx^ejft tclement comporté en l’vne, amp;nbsp;en l’autre, que malailè-ment-pournoît Ion dire i duquel codé des deux, il a rapporté plus de .gloire;C^rjfilafoeu vaincre, aulîi a il foeu vier doucement de la viéîôîre.Et non content d’auoir vaincu de forces, a quant amp;nbsp;quant voulu, vaincre dé bonté amp;nbsp;bénignité. Et qu’ainfi foit, celle guerre Germanique,dequoy pay tan tod touché, print tele ilTue, par l’afo fidençG de lès General, Co Ion nels, Capitaines, amp;gens de fon armée, que les auéletirs du trouble,amp;: d’autres airés,luy vindrent cn-trelesmains. A ilfouillélàViéloiredeleurlàng ’ailencela , fait q.uelquccKolè infolemment ? a Ion lors en luy apperceu vne feule fointiHedc-cruauté ? vn lèul vedige d’ambition ? quelque note ou ful^icion d’àuarice? i Etnon en cede aéfcc lèulcmcnt, fed il moudre entier.^ magnanime : mais éu tant de ViÔloires qu’il a eues, a quabtfdbisl’enneraylùy a edé rendu,jamais iln’alailfé, jamais ob-h’é auTynde’uoir ny office de Ihumahité, amp;nbsp;chredicnne bénignité. Xenophon, attribue en lieu de premiere louenge, à Cyre, homme tant célébré par les lâintes elcritures,que de l’ennemy vaincu,il ta-choit faire vn amy. Mais de cede gloire, ce grand Celàr ne lèra pas fdrclosiCoihme tresbien il a mondré,par le traitement qu’il feit au puifiàart Roy François.Lequel,prins à la route amp;nbsp;journée de Pauie, amp;jdes là-canduit en Elpagnc prifonnier,il traitarfi doucement,vifi-tardcÊXU^tfoilèment, relachaamp; allia à conditions tant équitables, que fon hç.foaufoit finoh attribuer tel aôle ,’a finguliere bénignité. Cq qu’il a:fait lèmblablemét,à l’endroit d’autrési En quo.y il adonné) çlerenicn ta entendre, que enuers luy, toudowrs'la Religion, la pieté^amp;’ la bonté,ont plus pefe,que fès proufifitsamp;intercds.'fi’

' Qde luy doit edre certeinçment, finguliere louch'ge,foauoired, 9. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;d’auoir

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L E M P E R E V R C H. V. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lo

d’auoir tant vcrtueufcment vfé de la fortune, quand elle rid : mais trop plus grandcjd auoir toufiours monftré bon cœur, quand elle fell courroucéexari, tel peut commander à fon appétit, quant aus choies dôuces^qui ne le peut forcer y quant aus ameres. T élément, que l’excellence de la magnanimité, le voit pluftoft aus choies ad-uerlès,que prolperes. jLaquelle,ce grand Empereur monllra tref-euidemment, quand prés dlÀrgel, latormente le mit en tele extrémité,qu’il lèmbloit, tous moyens luy cftre tollus, de prendre par-ty,full: de demourer,fulî; de fembarquer. Voire fembloit-il, que le Ciel,les Ëlemens, la Terre, la Mer, les Vents, fufient bandez amp;nbsp;2r-mez contre luy. A quoy,ilmonllratel vilàge , que facilement Ion apperceut , qu’il ne Iceut jamais rien moins, que d’auoir paour, amp;nbsp;qu'il auoit au cœur profondément graué le dit de Saint Paul: nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;»

riamur (dit il) fed non deîtitnimur.deijcimurjfed non perimus. Les bons » lontquelquelFois prefTcz amp;nbsp;angoificz, mais non pas abandonnez, ny dclailTez. nbsp;nbsp;O grand Cefar, certeinement, le bon heur amp;nbsp;lliceés

de voz aduantures, ont grandement illullré la Renommée de Vo-ftre Majellé,pour la pollcrité. Mais, le reuers de celle infortune, a mis à jour vollre parfaite magnanimité, fi q les ficelés auenir, toujours vous tiendront au rang,, de ceus, lelquels alans jette l’ancre de leur elperance au ferme rochier de la Deité,lè font alTeurez con^ tre tous les efforts de la Fortune,amp; qui ont dit aucc Dauid; ^omi~ ,, nusprote^or ’Viù meæyd ^uo trepîdàbo? Diray-je,que à vollre arri- „ uée,ne vous delàmbafquailes, ne volulles jetter hors de ce fempe-llueus eminent amp;nbsp;vrgent peril, amp;nbsp;quali prelènt naufrage, que premièrement,tous cetik de vollre armée, n’en fulfent aulTi en lèureté, comme vous,amp; eulTent prins terre? le diray d’auantaige: Bonne partie de vollre infanterie ellrangere, fut tout fubitement, amp;trcf-viuemeht chargée des Barbares , lèmbloit que icelle, comme ef-froiée de la tempellen,battue de continuelle pluye,amp; quafi delcon-fite de la faim de plulieurs autres extremes necelîitez, volull deuil entièrement ployer. Mais quoy ? Comme fage amp;nbsp;vaillant Capitaine,incontinent amp;nbsp;diligemment la redrelTalles, amp;par vollre prelènce,prudence,' St’alTeurancede vollre magnanimité, leur remilles telement lecœur,quenonobllantfi grands delàuantages, filles telle à rinlôlent,fuperbe,amp; cruel ennemy de Icfus-chrill. Et

B 2 plus

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SERMON FVNEBRE DE

plus, le contraigniftes ignominicufcmcnt chauffer les elperons, amp;nbsp;vous laiflèr,pour le temps qu’y demouraftes, du tout libre la campagne Celle tempefte,comme vaincue amp;nbsp;honteulè de la.vcrtu de ce grand Prince,peu à peu fappailà. Et fut, tant magnanime, cor-diai,amp; vertueus,que auant fc rembarquer,il ne volut laîflèr vn lèul homme de tout fon camp au pays de l’ennemy. Faite voile pour fon retour,il print terre, par la Grace de Dieu, au port de Cartha-genne, làns auoir eu, en toute fon entreprinfo ( nonobftant quelconques difhcultezamp; dangers) aucune perte de gens de compte, ou de fait. En quoy,pour vray,je.trouue, que Dieu lors le fauori-là demelme faneur, qu’il feit fon cher amp;nbsp;fidele Seruiteur Saint Paul, quand au naufrage de Malte, bien que le vaiflcau.qui le por-toit,fufl; brile en pieces,il garda amp;nbsp;làuua,pour le relpeôh de luy toutes les âmes qui quand amp;nbsp;quand y nauigeoient, tant vaut il quelquefois ellre en compagnie de gens de bien. Eftant doneques retiré en Elpagne ce grand Empereur, le François, penlànt auoir de luy bon marché, las amp;nbsp;recreu, luy meut la guerre en trois collez: A Içauoir ell,vers Perpignan,à Luxembourg,amp; en Brabant.Mais il le trouua, plulloll prell amp;nbsp;debout qu’il n’auoit ellimé: Car toll après, venant d’Eipaigne en Italie,de là, defoendant en Germanie, foudain qu’il cutdrefie fon armee, après auoir Elit ami ab Ic-ment auec le Duc de Cleues, il pourfoiuit, amp;nbsp;lcrra de forte l’enne-my,qu'il le contraignit le lcruir de l’opportunité delà nuit, amp;nbsp;làns fonner trompette,lè retirer. Et qui plus ell, l’ellé fuyuant,il entra 11 auant au Roiaume de France, que le puilTant Roy François fon ennemy, fut content d’en faire fon amy, pluRoll que de l’cxpcri-menterpourennemy. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ji.J

No V s AVONS julques icy, ce me lèmble, entendu, comment ce grand Empereur, par là prudence, tolerance, amp;nbsp;magnanimité, a fuiuy le deffein des trois premiers animaus de nollre deferi-ftion,il relie qüe nous vôyonsj ril a lèmblablement correlpondu à Aigle,en diligence,amp; célérité,. .»Mais àuant que je traite ce point, j’entens làtisfaire breuementpau forupule décens, qui penlent le pouuoir toucher, de quelque \ non poin t vicieulè, mais toutelfois quelque peu dommageulè tardiueté. Pource,que l’occafiôn,comme Ion

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L E M P E R E V R C H. V. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;11

me Ion dit, fè doit recueillir, quand elle fè offre, non pas ffiuir, quand elle fuit.Il a efté vraiement tardif,fè {èmble,à prendre le glai ue de la guerre.Auquel jamais il n’a mis la main,finon force, amp;nbsp;durement offence, qui eft certes Ivne des premieres louënges, qu’il puiffe auoir, pource q toujours il a abhorré l’effufion du lang humain, amp;nbsp;la diffipation des familles, la confufion des choies facrées, prophanes,la milèrable viduité amp;nbsp;pupillarité de tant de pauures ames,ra licence amp;nbsp;abandon de tant de maus,les brigandages amp;nbsp;pii— lages,les làcrileges amp;nbsp;blalphemes,le melpris des loix amp;nbsp;de la juftice, amp;nbsp;de tant de mauspour le faire court, qui liiiuent ordinairement la guerre.A quoy,li les auéfeurs amp;nbsp;promoteurs d’icelle,auoient regard , ^uel terrible jugement de Dieu attendroient ils contre eus? Il a efte,dy-je,relpeôî:eus lôuuenteffois,à prendre les armes. Pour-ce,qu’il a bien lceu,leglaiue de la guerre, effre choie làcrée, à quoy il ne faut legerement toucher,làns grande equité,amp; expreffe necel^ lité de la caulè.Et pource auffi, que effant Chreftien,il n’a pas voulu faire ce tort à là profelîion, que de voLiloir acheter l’exploit de fès affeétions fi cher, quepour y paruenir, il ait voulu delpendre ôc clpandre tant de làng humain,aimant trop miens pfi-rp dn rang des bons Princes Chreftiens, que relèmbler les lànguinaires amp;nbsp;ambi -tiens elpandeurs de làng, comme furent Alexandre, Pyrrhe, Pompée, Iules, amp;nbsp;tant d’autres. Mais, où beloin a effé touteffois, de faire diligence, l’Aigle n’ell de rien plus loudaine en Ion vol, qw^il a efté en lès exploits. Dequoy,la guerre de Saxe, donne promet tef-moingnage,quand,de fi loin, marchant par quatorze jours, a longues journées,amp;fans ceffe,!! arriua,amp; le feit veoir àrennemy,auant qu’il en full bruit, amp;nbsp;le vainquit incontinent qu’il l’affaillit, tele-ment,que lors il pouuoit dire, ce que autrelfois Celàr Didateur a-uoit dit: V'enij'iDtdi, yiici. le vei, je vin,amp; je vainquy. De quelle di- »» ligence vlà-il, bien qu’il full fort mal dilpos de la perlonne, à Namur, a Valenciennes , amp;nbsp;deuantRenty ? quand l’ennemy fut plus content le retirer,que de jouer lors auec la fortune à toute relie? Par lelquelles choies,il efl plus que manifeffe,qu’au beloin, ce gràd Empereur, n’a eu faute, non plus de diligence, que de force, de labeur, amp;nbsp;de prudence. Icy diray-je vn mot en paffant,que,com-me il a tenu de l’Aigle, quant à la célérité, aulfi a-il, quant à la feli-lûquot; i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;B 5 cité;

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SERMON FVNEBRE DE cite:Carjainfi que cell oifeau,entre autres,felon que difènt les Phy* ficiens,eft: exempt des elclats, carreaus,amp; foudres du Ciel : ainfi,ce grand Empereur, a eftételement chery, je ne diray pas de la puif-îanee des aftres ( car là n’eft pas la matrice du bonheur amp;nbsp;malheur ) mais de la faueur diuine, qui fait par fa benediéfion , prolperer les voyes des juftes,qu’il peut eftre à bon droit tenu, du rang des plus heureus Princes de fon fiecle.Et tant plus heureus,que là vertu luy a fait fà fortune : combien que quelqueffois le Ciel a bataillé pour luijComm’il appert par la deffaite de celle belle armée,que les François enuoyerent au Roiaume de Naples, fous la conduite du fci-gneur de Lautrec.

Ces qvatre vertus,parlefquelles il a correfpon du aus quatre animaus, dont auons fait mention, amp;nbsp;delquelîes il fell fcruy, non feulement à la maniance des armes, ains auffi, au fait des loix, amp;nbsp;de juflice, luy ont fait vn nom, vn los, vn renom immortel. Mais vne vertu,entre autres,luy a couronné fon immortalité.l’en-tens la Pieté: Pieté dy-je,enuers fos pays, qu’il a plus aimé, que fos prouffits.enuers rEglifo,qu’il a honoré comme mere.enuers Dieu, qu’il a adoré comme Créateur, aimé comme Rédempteur, redouté comme Retributeur. Et pource,que ce point,eft comme le lieu commun de fos principales louênges, jene le puis palTer, fous en toucher quelque chofo. Ce que j e feray touteffois breuement. Et diray en premier lieu hardiment, pour faire voir fa grande pieté, que le principal fruit,qu’il a cherché de toutes fos Viéloires, a cfté, le repos public des Chrefliens,rvnion de l’Eglifo, l’honneur amp;nbsp;gloi re du faint Nom de Dieu. Lefquelles Viéloires, il a pourfoiiuies vraiement, non pour en faire paft à l’ambition,ainçois,pour làtis-faire à la j ufte affecf ion,laqucllc il a touftours porté a la totalle pacification, defenfo, amp;nbsp;protection, de l’Eglifo des Chreftiens : fi que Ton pourroit dire, le zele de Gedeon contre les ennemis du peuple de Dieu, celuy de Elie contre lesfaus prophètes de Baal, celuy de ludas Macabée contre les prophanateurs du temple de Dieu,auoîr efté en luy refufcitez:en tant,qu’il a extrêmement procuré, le bien amp;nbsp;repos public des Chreftiens,rintegrité de la Religion,amp; la reue-rencedufointNomdeDieu. Aquoy poftpolànttous autres in-terefts,

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a • • L Ë M P E K E V R ■ C H. ^v: nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;11

terefts j il a eiTjplóyé non ïèulenient fes biens amp;nbsp;lès forcèS yinais’ quant amp;nbsp;quant, ïà'pèrlônnc autant amp;nbsp;fi auant-J que le corps brilè de tant de peine^l’a peù portér:voire quafi^ulques au derniét föu:« ïpir de là vie^ lt;nbsp;-Gombien de diettèS pour la Religion ; combien dô colloques pour leTéfiabliflement de la dodlrine^conibien de pôur-fiiitespour le Concile, combien d’expéditions, amp;nbsp;par terre yamp;pâE mer,contre les TurèSî nbsp;nbsp;Que dis-tU Chrèfiienté? combien de fois

euflès-tu veu le glaiue de tés Barbares enneitiisq fiis la gorge de tés-enfans ; n’eut efié le zele,amp; la diligence de ce grand Empereur? Qu’en dites-vous, lès Roiaumés Pays ? amp;inommément, vous, Prouince Belgique?quanteffois vous a-il fait rampart de fâ pei-fon-ne ? quanteffois a-il cherché vofire repos, jniques aus portes de la mort?de quel 2elc,amp; affeétiôn enuers vous, vous a-il fait le delcom=« bre de Terouanne, amp;nbsp;de Heldin ? amp;nbsp;bordé vollre frontière de lès nouueaus forts,Heldinfort,Charlemont5amp; Philippes-vile? Qu’en dites vous le clcrgé?quels delàllres, quels mal-heurs, quels calami-teus naufrages enflions nous eu en nollre ellat , n’eut ellé là pieté, amp;nbsp;religion? Otroions à Confiantih,celle gloire, d’auoir ellé fonda* teur de la Paix en l’Eglilè : foit cell honneur entier à Theodole,d’a-uoir prins les armes pour exterminer le relie du Paganilme : donnons celle louenge à Charle-magnc, d’auoir mis lès forces, pour maintenir l’auôlorité du làint Siege Apollolique.Certes,tandis que le Ciel lèra, amp;nbsp;que leans le Soleil fera Idn cours, à ce grand Empereur lèrad’honneur rendu, d’^auoir ellé defenlèur-, protclt;fheur,pro-pugnatéur, de vous, ô làinte MereEglilè,de vonsô làinteMere Eglilè, bien le peut Ion dire,vneideux,amp;'trois fois. ; '

I c Y P A R maniéré d’incident gt;nbsp;j*entremelleray quelque cholè, qui lèruira apropos.' L’elerîture lainte menalféles Chrelliens, de deux terribles ennemis,appeliez î’vn Gog,amp; l’autre Magog,adom-brez,comme il me lèmble,par les deux cornes de la belle,dont faint ïehan fait mention en fon Apocàlyplè. Par lefipiels, j’entens les Arabes, delquels Machometh print Ibn origine, amp;nbsp;les Scytés, defi-quels eHilTuelafaôliori Turquelque.Lelquds,comme auant-cou-reurs de l’Anti-chrill, ont des long temps en çàj merueilleulèment trauaillé'ce petit anglet de la Chrellienté: voire,^que les incu'rfions des Van-

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if nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;StE R M Ö N F V N E B R È D E

des V andales,des Huns,des Oftrpgots,des Hernies, fem bien trou-fée auprès des mal-heurs qu’ont apporte ccs deux monftres.

, irMais,Dieu,qui n’obiie point de faire milèricorde aus fiens,afon-dé contre ces deux foudres, deux puiflans bollcucrts, pour la de-fenïè des,Chrefliens.La maiïbn de Cafl:ille,amp; autres Roiaumes d’E-lpagne,contFe les Barbares,{èâ:ateurs de Machomet,amp; celle d’Au-ftriché, contre les Turcs, felquelles, jufques icy, par plufieurs aéfes cheualereus ont toufiours vertueufèment repoulfé ces deux tem-peRes, fl que, je ne Icay fi Ion trouueroit en l’vn amp;nbsp;en l’autre des pays,,vne ïeulle famille noble, qui ne foit teinte du lang de lès fup-poz, autreffois elpandu pour la defenfè des ÇhrcRiens. Tel honneur ont à bon droit gaigné ces deux nobles nations. Mais,com-me les Arabes,amp; les Turcs conuindren t pour mieus nous vexer, en mefine fuperftition; auffi a voulu noftre Seigneur, que de ces deux mai{bns,fortid; vne race,en laquelle,{èroit l’attente amp;nbsp;l’expedation du fiecle doré,la defenfc de rEglifè,amp; le repos des Chrefliens. De laquelle race, ce grand Empereur a efté la louche, amp;nbsp;tronc radical, en qui Dieu, a lemons amp;nbsp;contregagé là race amp;nbsp;pofterité, pour cHre chef de les armées,comme fut jadis la mailon de Dauid.

O haute amp;nbsp;augulle maifon iDcfia auez vous eu ceft honneur,que du temps de ce grand Celàr, par vous amp;nbsp;les voftres, la trompette Euangelique a elle ouïe aus regions Barbares, aulquelles les eiloiU les noflre hemilphere, font inconneues, tant font elles lointai-nes.Defia auez vous eu celle faueur, d’auoir veu en vollrelang,tou tes les couronnes des Chrefliens, vne lèulle exceptée. Delia auez vous eu ce bon heur, d’auoir eu plus de Victoires, plus de triom-phes,plus de trophées,que d’ennemis.Touteslelquelles choies font lèmontes amp;nbsp;retenues: à fin que vous maintenez en lapolTeffion d’-cflre gardienne amp;nbsp;tutrice de l’Eglilè, amp;nbsp;de lès enfans : a fin qu’employez les deux bras de la République. l’entens les loix, amp;nbsp;les for-ces;L’vn,contre les efforts des ennemis de noflre loy: L’autre,con-tre les ciuiles amp;nbsp;inteflines commotions, amp;nbsp;toutes opinions perni-cieulès:à fin que foyez toufiours imitatrice,des vertus,amp; de la pieté de ce grand Prince. Laquelle il a declairé,par vne infinité d’aéfes vertuéus,que je ne foauroy en fi peu de temps dilcourir.Et melfne-ment,par les ediéfs amp;nbsp;ordonnances qu’il a fait contre les publiques

/ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;offenlès

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L* E M P E R E V R C H. V. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I7

ofFenfès de Dien,contre les fèlt;fteSjamp; les bla(phemeSjamp; contre toutes autres deshonnelletez infupportables.

‘ gt;nbsp;L E s E LL E s-chofès bien pefées Si confiderées, je trouuc, qü’ila prétendu en fa vie, que fonregne reflcm blaft entre au tres, celuy de Dauid.Duquel ilfèmbleauoirberitéle zele,rafFeótion, Si lamagnanimité.Voire la fortune,amp; le fuccés,coninie bien je pour-rois faire apparoir par le menu, fi le loifir le me permettoit.

” Mais, vne cbolè diray-je touteffois, que, comme Dauid, fe fen-tant brile de tant de peines par luy ftipportées, déclara fticceftèur en Ion Roiaume Salomon Ion fils, fuiuant la confidence qu’il eut de Ion haut fçauoir, amp;nbsp;figcftc; ainfi, ce grand Empereur, fè voiant débilité des peines precedentes, amp;nbsp;des maladies prelèntes, remit la charge de lès Roiaumes amp;nbsp;Pays,es mains,Sire,deVoftre Majefté Ibn fils,y aiant reconneu la prudence, diligence, amp;nbsp;les vertus requilès, pour bien porter vn fi grand faix. En quoy tant f en faut, qu’il fè îoit forcompté, qu’il a veu, auant fou trelpas, par les exploits, de la journée de Saint-Laurent,par la prinÆ de Saint-Quentin,du Cha ftelet, amp;nbsp;de Han, amp;nbsp;par la Viôfoire de Grauelines, que tele charge, n’eftoit,finon treftagement lailfée à tei Prince. Qui d’arriuée,a don né tele preuuc de là vertu. Et que, le definettant de lès eftats, il re-ueftit de ccfte roiale pourprc,perfonuagc,à qui elle fiet,amp; conuient tresbien. Ce qu’il feit aufii,en clpoir,Sirc,que,comme Salomon, après le trelpas du pere, édifia amp;nbsp;dédia ce beau temple en Hierulà-lém : ainfi, que Vôftre Majefté Roiale, après luy, emploieroit lès biens, amp;nbsp;fcs forces ', pour eftançonner les ruines du vrai temple de Dieu, qu’eft l’Eglifè. Laquelle, à vray dire, a grand befoin de puif-ûns eftançons,pour le temps où nous fômmes.

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' A'i A K T ’doncques,cc grand Prince, en cefte forte dilpoft de Ces Rôiaumes;amp; eftats,amp; conftquemment laifte l’aucftoritè de Ion Empire au Roy fon Frere, à prefent Empereur, print le repos, pour le reftè de fcs jours. Leiquels,il voulut eftre appiiquez,aus tranquilles amp;nbsp;paifibles exercices de l’oraiibn, amp;nbsp;de l’interieur fèruice de Dieu. Et pource,il choifit la folitudc,cn vn lieu de deuotion. Là ou,après Cant de choies par luy vertueufement faites, il a tpeu dire, à bon 'ah-’bf nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;C droit,

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SERMON FVNEBREDE

droit,comme feit Dauid,quand il le veit delcombré de tous les tu-» multes de guerre,dilànt : dominuspetrameajroburnieumyi^faluator meus. O Seigneur Dieu, dit ce grand Empereur, vous auezefté le , roc, le fort,amp; le donjon de ma retraitte,toufiours auez prefté l’âu-reille à ma requeïle, ouuert voflre cœur à ma demande, amp;nbsp;tendu le bras de voftre fccours à ma neceffité. ƒ • ■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i'

Finablement, voiant Theurc approcher de Ibn dernier repos,amp; bien fâchant, qu’encores auoit-il pour fon dernier chef-d’-œuure,vn combat à faire, contre les puiflances de Sathan, comme auffi tous Chrefliens, n’eut autre foin, que de bien fè preparer , ôc equipper à ce dernier duel. Et certes,non fans raifon. Pourceque nous attendons ce combat,auec quelque defàuantage: entant, que nousauonsà faire à vn ennemy trop plus rufe que nous ne fom-mes.Et que plus efl, nous n’aurons pas le chois des armes: Car nous ne fçauons fi de taille,ou d’efioc il nous aflaillira. comme auffi nous ignorons le temps amp;nbsp;l’heure, quand, où, amp;nbsp;comment,ce fera. Ce ' qu’aiant tresbien confideré ce vaillant foldat de la guerre Chrefli-enne,fortifia fà foy. Laquelle, lors il protefta tele, qu’autreffois au Baptefme il auoit prinfè amp;nbsp;jurée, dreuafon efpoir en Dieu, amp;nbsp;attifa le franc defir qu’il auoit, de paruenir au refrigere des juflés. Et quant amp;nbsp;quant fèhabilladu harnoisque Saint Paul ordonne au Chrefiien. Et puis, fo munit des faints Sacrements de l’Eglifè. Lesquels il demanda tantreveremment, il receuttant denotement, auec vn efperittant prompt amp;nbsp;attentif, qu’il donnoit admiration aus afîiftents.Et en fin, requérant la faneur des Anges, amp;nbsp;des Saints fpeélateurs de ce combat, amp;nbsp;principalement l’aide du parrain, amp;nbsp;patron de ce duel,Iefiifi-chrifl:, nofire Sauneur, entra en ce çamp clos:amp; comme nous pouuons croire, en remporta la Viéfoire amp;nbsp;la Palme,paflant heureufèmentde deflroit de la mortzlailEantàla ter re,fon corps:au monde,fa renommée: aus fiens, la bonne odeur de fon nom: amp;nbsp;à Dieu, fon efperit. , le dy le corps à la terre : lequel, dormira,amp; prendra fon repos en paix, jufquesau grandrefoèil ge-neral,que la trompette arcangelique fonnerà. Etlors,fi Dieu plait, il prendra la luifànte liurée du grand Roy fous lequel il afidele-ment guerroyé, quand il fera reformé aja fèmblan ce amp;dmâge du

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, L* E M P E R E V R C H. V. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;18

fils dc Dieu, amp;nbsp;orné des dotations de la gloire. Il a, dy-je, laifle, au monde fa renommée.Laquelle croiftra, f eïpandra par tous les quan tons de la terre, amp;nbsp;fleurira, voire durera, tandis que les hommes feront. Aus fiens, amp;nbsp;à fa pollerité, il a laifle la bonne odeur de fon nora,qui leur vaudra, amp;nbsp;tiendra lieu de benediólion, comme la mémoire d’Abraham a ies enfans,comme l’intégrité de Iacob aus douze Duchez d’Ifiaël,comme lalàinteté de Dauid à les defcen dans ôcfuccclTeurs. Et n’aiantce grand Prince amp;nbsp;vray Chreftien, plus autre choie que donner,, renditparla derniere voix qu’il pro-fera,ïon elpcrit,à celuy,dont il eftoit venu.

' c

O NOS'tRE BON DIEV a'mI A B LE,' D E Ctyl LA CLE-mence outrepaflc le jugemcnt,nous vous failbns prelèntement celle humble Orailbn, intitulée amp;nbsp;auôlorilee du nom de vollre Fils: lequel a dit : Petite ht nomine meo, nbsp;nbsp;accipieth. diélée amp;nbsp;compolee du ”

didier de vollre Elperit, lclon qu’il eû elcrit : Qui interpellât pro no-hienarrctbilihKs.^ fondée, amp;nbsp;appuyée lus voz promeflès, ” comm’ il ell dit : E^autem S)eus Iferax : ^icut fcriptum eït iuîlifi-cerhin fermonïbtts , acompagnée duvallable làcrifice du corps ’* du lang de nollre grand Sacrificateur, amp;nbsp;Rcdcmpteur iesvs-CHRIST, nollre vray propitiatoire,ainfi qu’il ell elcrit:f/yê eFipro* pit tat io pro peccath noïîrh, alnllée de priere des làints Elperits qui rc- » gncnt auec vous, comme d’vn partum amp;nbsp;encens acceptable, felon qu’il ell div.OdoramentajOrationes fanEtorum funt. nbsp;nbsp;Par laquelle orai- »

Ion, ô grand Dieu, Pere de milèricorde, humblement vous requérons, par le chef de vollre deité, par la fermeté de voz promelTes, par les infiniz torrens de vollre bonté, par les entrailles de vollre milèricorde, amp;nbsp;par la lain te Viélime du Corps amp;nbsp;du Sang de vollre Fils elpandu pour la purgation amp;nbsp;rançon de noz âmes ; que l’elpe-rit de vollre lcruiteur, loit prés de vous, en gloire couronné, re-cueilly au lèin d’Abraham, gardé au receptacle des julles. Las, nous Içauons tresbien, que pour arriuer vers vous, il faut entrer, non par le haut amp;nbsp;lùblime portail de la jullice,mais par la balTe poterne de l’humilité,baiflànt la telle, en dilànt humblement, ce que dilôit le Prophete Daniel: 'Peccauhnws nosj nbsp;nbsp;^rophetæ noîiri, (J'S a* „

cerdoteSfij Pourtant, ne voulons nous pas oller, celuy pour „

C 2 qui

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SERM. FVNEB. DE LEMP. C H. V.

qui nous vous prions,du rang, deccus qui congnoifTent auoir bc-foin du merite de voftre Fils, amp;nbsp;de paHer parla chancellerie de vo-^ ftre grace, pluftoft, que par le diftriôl amp;nbsp;{euere jugement de voftrc juftice. Pourtant,ô bon Dieu clement, amp;nbsp;veritable, monftrez en fon endroit,que jamais la confidente de vofire mi{èricorde,ra{ïèu^ rance de voz promefiès, le fruit de voftre fèruicé, ne peuuent eftre aneantiz,ne fruftrcz. Et quant à {à race,amp; poftérité,foiez à l’entoür d’elle,comme vn mur de feu, fiiiuant voftre promefte, fouftenez Ic^ throne de fon ault;ftorité:maintenez fon Iceptfe, amp;nbsp;là couronne, amp;nbsp;fortifiez le bras de fà puifiance, contre voz ennemis, mettez voftre paix au milieu d’elle,amp; toufiours l’œil de voftre di*

uinité fus elle. Veilles, amp;nbsp;furucillcs, pour la garder, conduire, amp;nbsp;gouuerner. Et à nous tous, faites

cefte grace amp;nbsp;faueur,de peruenir au vrai

port du Repos, lequel vous auez .

' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;préparé à voz eleuz, auantquot; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■

quot; i lesfondemensdu\ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

\ monde. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*gt; • nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-

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SERMON -FVNEBRE FAIT AVS 'OBSEQ_yES DE LA ROINE MARIE DOVAIRIERE DE HONGRIE,' PAR MESSIRE FRANCOIS RICHAR-DOTgt; EyÉSQVE DE NICOPLE, SVF-FRAGANT D’ARRAS.

ACREE, CATHOtt lt;Ly E, ROIALE MAIESTE'. Comme le Soleilnecejfairement communique fa hertu, â laTerreÿnonJèulementj^ourla J^lendeurde falumiere-^ ou parfon mouuement ; ainsaußi par fa Yttale influencez telement^que fansfon aj^t^ence^elle demoureràit du fout mortejlt;isr fterile'.Außtjpour conceuoir^ entreprendre^ou acheueiquot;, chofe^ laquelle nous entendons deuoir ^enir à bien j nous qui/om^ mes^au reflecî de lefuf-cbrifl noflre Seigneur,comme la terre au regard dn Soleii.auons en premier lieu,befoin defa faueur^ij de l’influence de fahret--ce-,commefle noflre quot;ùray Soleilfpiritueliqui nous meutdlluflre,lt;i^ enfemen« ce defa T^ertu. Sans laquelle fl nous ne pouuonsrien, en ebofes de petite mediocre importance: beaucoup moins, où il eîl quefiion traiter fafainte flyrdtuine TaroUe. E-tàceflecaufeytousceus^quiyieulent fruClueufement exercer ce miniflere tant important, de parler e» bE^Hft: de igt;ieu j tafehent Aarriuée,Aeflre munis defon aßiHence:non feulement pour non faillir :mais außt,pour faire prouffiter leur talent. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^exemple defquels,nous inuo~

querens l’aide du Saint Eflerit: lt;(^ falu'érons celle Mere nbsp;nbsp;l^ter^e, laqueb

le nousenfantfi noHre 'ipraySoleillefus-chriîl’.dfans humblement,

ACRtÈ, CATHÔLIQVË. ÏIOIALE MAIESTE'. Comme il aduicntquelquesfoisjque Mature produit aucuns chefs-d,œu^ures,qui furpaf-îcnt,en perfection,îordinaire des autres cho /es,de la melrne eïpece^ comme furent entre autres, les deux perles de Cleopatre : auffi, T voions nous alTés louuent,que Dieu,met en i3gt;! eftre des hommes, extraordinairement çx-^ cellens : qui, outre les vertus communes à tous^ont quelque choie par deirus:qui lèm-ble procéder pluftoll de quelques rayons de diuinité, q de puilTari« ce humaine. Lelquels il fait naiftre par failon poür le leruir d euxj C ? comme

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■' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;SERMON FVNEBRE DE

comme de fcs inftrumens quand il veut faire, cbofc de rare amp;nbsp;ex-; cellente”perfeóliön. Comme furen teens entre les gentils, par lef' quels, il fonda, amp;nbsp;mit fos les quatre principales Monarchies de ce inonde : amp;nbsp;entre les Ilraèlites lofue \ pour leur eonquefler ; Dauid, pour leur alTeurer : Zorobabcl, pour leur recouurer la terre de Canaan. Laquelle faueur diuinc, n’a pas elle faite aus hommes fou-lement:ains lèmblablement aus femmes. Defqueïles, Dieu, a tele J ment honoré le lèxe;qu’elles ont quelquefois franchy le faut,amp;: fur-monté la vertu des hommes, de leur temps : non Seulement, quant au regime de la choie domellique : mais aufli, quant au gouuerne-mentdes eftatspublics. Au nombre defquelles , Ion peut mettre à bon droit,Dclbore,du temps des luges: Iudith,du temps de Ho-loferne:Elî:er,du Regne d’Afluerc:amp;: alTés cFautres:cclebrécs,par les Elcritures,tantlàcrécs,queprophancs.

E T s I bien tels fruits ne font de toutes faifons : amp;nbsp;que la raritc,' en accroît l’admiration : toutelfoisnoftre fieclc n’a pas eflé fi mal -heureus,qu’il n’ait porté entre autres, deux cxcellcns perfonnages, venus de melme racine, qui corne plante de benedilt;ftion, ont elTez, i’vn,rhonncurdes hommes defon fiecle: l’autre, la perle amp;nbsp;le Phenix des Dames de fon temps. Tentens le trelviótoricus Empereur Charles Cinquième pour Tvn :amp; pour rautre,la trefexcellente,tref-haffre,amp; trelpuilTante PrincelTe,Ma-dame Marie Roine Douairière de Hongrie:iirue de melme extraélion, amp;c procrccc de melme pe-reRoy,amp; mere Roine,qucluy:foeur, certeinement digne, d’vn tel frere. Laquelle,a cité tclcment accomplie, en tous genres de ver-tus,qu’illèmble,que de toutes les Dames excellentes dupairé,Dieu ait trié amp;nbsp;choifi,aucunes finguliercs perfections, pour Ten reucltir, . orner,amp; enrichir. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.' .

I-.... nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;J

Et PO vr ce, que défia aus oblèqu es dernièrement célébrées, pour la recommandation de Famé dudit feu Empereur, fon frere, je fey quelque dilcoursde lès héroïques vertus ,amp; que prelènte-ment ce deuot amp;nbsp;honorable lcruice, le fait pour celle tant vertueu- nbsp;nbsp;'

fe PrincelTeije mettray femblablementicy,quelque choie en auant nbsp;nbsp;(

de lès merites,amp; bien-faits.Non que je prctcndc,pouuoir en fi peu , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;de temps

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LA R O I N E de: HONGRIE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;20

de temps, par mon dire, attaindre à la hauteur amp;nbsp;grandeur de les excellentes aôtionsrmais feulement, je esbaueheray auec le pinceau de la langue,les premiers lineamens,comme les peintres font;pour donner matière qui fera plus expert amp;c difèrt, de peindre au vif, pout exemple,à la pofterité,toutes fès rares perfections.

* E T P Ó VR donner quelque fondementà ce que j’entens déduire; je fùppofèray ce que les faintes Lettres nous tefmoingnent: Que Salomon ce grand Prince entre autres œuures de fà grandef-lè,édifia trois fiimptueufès maifons. L’vne ,pour les choies dome-ftiques,amp; priuées:ou il logeafà femme,fille de Pharaonjcomme pre mier inftrument del’econômie. La fèconde;pour les choies publi-ques.Latierce,pour les diuines. Par cela donnant a entendre, que tous Princes,amp; Recteurs de Prôuinces,doiuent,non point confon=gt; dre,ains icparer les choies priuées des publiques : les pubiques, des fàcrées amp;nbsp;diuines:amp; en toutes trois, gard er le deuoir amp;nbsp;office requis.

Or veus-je, fi Dieu plait,demonfïrer comment celle vertueuiè Princefle fell telement comportée en toutes ces trois maifons de Sa lomon ( j’entens aus choies priuées publiques, amp;nbsp;diuines ) que les plus- leueres cenlèurs de cc monde,ny feauront, linon trouuer matière de finguliere louënge: tant f en faut, qu’il y ait du forcompte.

Et p o V r commencer aus priuées, je diray en premiewlieu, que des fon enfance, elle fell trelïàgement accompagnée des vertus, gardiennes de la'pudicité : fans lelquelles y elle ell quelqueffois mal alïèurée : comme font la fobrelTe, la coieté, l’occupation. le dy fobrelïè, fi. de la langue, fi de la bouche, amp;nbsp;dc toutes autres eho-fos, delquelles la licence ell ordinairement dangereufo. le dy coieté et retrait domellique:à faute dequoy ,Dina fille de Iacob,fo« lement curieulè de foy monllrer, de veoir plus qu’il ne conue-noit, amp;nbsp;peu fouuenante du nom de la langue Hebraique, donné à la Vierge; l’appellant nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, ( c’ell à dire cachée, amp;nbsp;retirée ) mit en

proie,da .fleur de là virginité, à l’incontinence de Sichern le furieus jouuenceau. le dy aulîî l’occupation , ennemye de toute turpi-tude,comme au contraire,l’oifiueté, ell ennemye de toute honne-fleté. Aulquelles vertus,elle fell foingneulcment appliquée, des

Ci nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l’heure.

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SERMON F V N E B R E DE

l’heure,que la lampe de la raifon,commença à luire en fon efprit. £t principalement,à l’occupation,amp; tous honnelles exercices. Car, à vray dire, je ne lâche creature en ce monde, vers qui l’oifiueté ait trouué moins de recueil, q vers elle, amp;nbsp;qui en repartiflant le temps, en ait donné plus petite part au boire,au manger,au dormir, au rc-pofèr,qu’elle a fait. Que fi Lucrèce fut à bon droit, tenue des vierges Romaines,iaplus chafte, pour auoir efte trouu’cc,fus lès ouura-ges de tifiure, amp;nbsp;nlure, lors que les autres oifiuement fe recreoient: Certes celle vertueulè Princefiè, en .ion adolefi:ence ,apeu julle-ment porter la palme, entre les vierges de Ion âge : pource, que auec oifiueté elle ne feit jamais,ny paix, ny trefues : ains, la perpe-tuelement detcflée, haie, amp;nbsp;rejcôlec : comme la pelle des bonnes meurs, le naufrage de la pudicité, la lôuillure amp;nbsp;roui Hure de toute perfeélion. Et fi bien Ion premier âge ne co mp or toit, qu’elle tra-uaillall aus choies importantes, amp;nbsp;négoces ardus: toutefois, par les continuels exercices, à quoy elle fappliquoit,pour enuoier,amp; emploi er le temps, elle le facilita, habilita, amp;nbsp;endurcit, de forte pour îçauoir porter le faix des affaires importans, quand elle en auroit la maniance,que jamais elle ne jugea choie plus pelànte,amp; moins lup-portable, que d’ellre oifeulè, ny plus aifée amp;nbsp;moins penible, que d’ellre laborieule.Si que hardiment Ion peut dire d’elfe, ce que Sa-„ lomon difoit de la làge matrone: 'Panem,QÜofa non comédie nec/deno^ „ Eleedi lucerna 'eins.

Or, e s t a n t en la premiere fleur de fon adolefoence, elle fut appellee à l’Ellat de làint Mariage:Lequel certes,luy fut fort hon-norable : mais touteffois, peu heureus. le dy honnorable, pour auoir eu à mary, trelgrand amp;nbsp;trelpuiffant Prince Lois Roy de Hon grie.Ie dy peu heureus, pour en auoir fi toll perdu là compagnie. La mort duquel, luy feit certeinement, vne trelàcerbe blcffure amp;nbsp;navreure au cœur:tant pour l’auoir veu cruellement meurdrir,fon armée milèrablement défaite, fon Roiaume, qui faifoit frontière à la Chrellienté,en ce grand diforime amp;nbsp;halart ; que pour l’affeélion, amp;nbsp;fingulicr amour con jugal,qu’elle luy portoit Si ßrand en effcél, amp;nbsp;fi perdurable, que jamais ne confentit depuis, a prendre autre party ( bien qu’elle fut lors en la fleur amp;nbsp;vigueur de la jeun elfe : amp;

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LA ROINE DE H O N G R î E.

requifc, à treshautes ôc grandes aliances ) mais voulut, que la fôu-uenance du raary mort,eut en fon cœur telle place, laquelle jamais i’affcétion d’vn autre ne Iceut reftraindre,ny eftrecir. Mais,pour retourner à mon propos: comme le faint Mariage des Chreftiens, ne peut auoir meilleure reigle pour là conduite, que de reprelèntcr l’indilloluble conjunction de lelùC-ehrift noltre Seigneur, Sic de fon Epoulc l’Eglilè noftre Mere, felon ce que dit Saint Paul : Hoc Sacramentumfinagnum eîl in Chriîto Ecclefia:i^Q\i.ï vray,celle vertueu« fc PrincelïèjConnoilTant en Ibn mary l’image de Iefuf-ehrill,ra tou jours aimé comme fon amerhonnoré comme Ion cheEreueré comme lôn leigneiir : failànt enuers luy, le melme office, que feit, je ne diray pas Porcie enuers Brute, mais Sara enuers Abraham lôn Ici-gneur amp;nbsp;mary.

Diev permit toutcffois,quc ce tant aimé mary, luy fut en ' peu de temps toUu, par le glaiue des Barbares melcrcans : pour donner preuuc, amp;nbsp;claire experience, de la patience amp;nbsp;confiance, quelle garda, au lôuffrcteus amp;nbsp;doloreus cllat de viduité. Lequel cllat, elle porta julques à la fin de lès jours:auee lèmblables vertus, amp;nbsp;façon de viure, que jadis au oit fait la làinte amp;nbsp;honnorable vefuc ludith.Sus laquelle,je tien qu’elle print patron, amp;nbsp;formulaire de viure , pour le relie de lès jours. nbsp;nbsp;Car, comme nous liions es ûintes

Lettres,qu’àpres le décès du mary,Iudith print amp;nbsp;continua^p hum ble amp;nbsp;modéré vellement de viduité, làns jamais fajancer de fards, ny de belletsrainli celle vertueulè Princelïè, des l’heure de lôn vef-uage,rejettant toutes parures,dorures, brodures, recamures,vou-lut,pour le furplus de là vic,retcnir le limple velHr des femmes vef» ucs;ellant contente,de rornement in teneur, conuenable aus làin-tes femmes,lèlon ce que dit Saint Pierre : Hon in tortis crinihus. lt;i3*c. j* Îgt;our plaire, non point à l’œil des mondains regardans, mais à cc-uy, qui voit le cœur au dedans. Ce quelle a fait, comme dit ell, fùiuant la vertu,amp; modellic,de celle làinte vefue,à l’exemple de laquelle, elle planta, auant toutes cholès, en là mailon, la crainte de Dieu:quicll le vray principe, amp;fondement, de la làpience : fonda l’obeiliancc de lès làints Commandcmens:bien eonnoilïànt,qu’elle cil deuant Dieu plus preâculè,qüe la viôlimc:Introduit tous bons

D amp;loua-

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SERMON EV NE B R® DEquot;

amp; louables exercices * De maniéré,que je ne fcay, ß les feintes vierges,qui furent fi foingneufement nourries, du temps de l’a primiti-ue Eglife,es lieus,qùc les Grecs appelloient ^arthenotrophfn i çftoict mieus réglées, pour la vie : infiituces à foraifon ; micus dreflees à la continence;mieus façonnées aus bonnes meurs j qu’ont efté les filles, amp;nbsp;dames de fa mailon.Qjue fi lé loifinme perinettoit,de'declarer les particularitez du bon ordre j tenu efi fedite maifon : comme elle y a gardé toutes les partiesjde la vraie amp;nbsp;legitime econoniie: cer tes Ion y trouueroit jufie argument, de louer;, amp;nbsp;admirer fe fepien-ce, amp;nbsp;prudence : comme feit la Roinede Saba,,celle de Salomon; quand elle veit lé train, tant bien'ôrdonné,dcfe cour:$cdirejcom*-.

5, meelledit: nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;î nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;L

Mais soit ditafies,quant à la conduite des ebofes do-meftiques amp;nbsp;priuées : amp;nbsp;voions de quelle façon amp;nbsp;vertu celle ver-tueufe Princeflè fefi maintenue en la fécondemaifon de Salomon l’enten quant aus affairés amp;nbsp;gouuérnement public. Car en ce point principallemènt elle donne trefiexpres indice, amp;nbsp;euident argurnent d’vne raré félicité d’efprit,facilité d’aprehenfion, dextérité de con-feibmônftrant energie, ôê viuacité en toutes chofes en lès dilcours, amp;nbsp;lès aduis en Ion jugement. Mais, à fin que je traite ce point par ordre, je reprendray celte fcc on de mailbn de Sâlomon,làou il met entre^utreSj troiSrholès:Le liege judicial de fe majefl:é,le plus braue ouurage que le Soleil ait veui?le quartic rdc lès tribuz amp;c chambre des‘comptes, amp;: le bel equipage de Ion armurerie tant richemet garnie:parquoy ce grand Roy donna fegement à entendre les trois cholès principalefiient requilès ; pour bien nbsp;nbsp;hcureulèmcnt con

duire les ellats amp;gouuernemens dç;Ce mondé,;,C’ell à fçauoir, les loix,lapolice,amp; les armes qui Ibfit vraiement les trois colonnes qui loufiiennent toutes principautez,foient Monarchies, Seigneuries, ou Republicques. Garjeomme lecorpis humain pour lè maintenir, a befoin, non lèulemcntde garder Tärmonye intérieure desquatre humeurs,ains auffi de nourriture?pour loy louffenir: amp;.non lèule-ment de nourriture, mais quanttamp;rquaht deyeffure'pour lôy munir. Ainfi laRepubliequc pour Ibyentrctenir, a neceliaireinent befoin de garder par le benefice des loix la çoncoxdc intericure.deitès fuppoz

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LA R OI N E DE HONGRIE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;16

/ûppoz de pourveoir, par la police, à toutes choies necefTaircs, amp;nbsp;repouflèr par les armes ihollilité foraine quand les ennemis enua-ïlîcnt. - -Cccy prelùppole, il fera bon, que nous voions comment par laconlèruation accès trois choies tant necelTaires, celle ver-tuculc Princclîè a emploie lôn lçauoir,là dili^ence,amp; Ion affcdlion. L’Empereur,de recommandée memoire,apres le trelpas de feue ma Dame Marguerite d’Auftriche, ayantconneulà prudence,toute jeune qu’elle eftoit, amp;nbsp;bien conlîderé de quelle vertu elle vlà pour remédier à latotallc perte, amp;nbsp;eminente ruinede ce Roiaume de Hongrie, lors qu’ellant frelche la plaie qu’il receut de la mort de fon Roy, le Turc, pour fruit de là Viéloire, pretendoit femparer dudit Roiaume : aiantaufli bien pelc de quelle affedion cllccm-ploialon Içauoir, Ion pouuoir, amp;nbsp;auoir, pour mettre ledit Roiaume en la lubjeélion du Roy Ion frere à prelènt Empereur: aiant,dy je confideré toutes ces choies, luy mites mains le gouuernement de les Pays,amp; Prouincc de belge, lequel gouuernement comme elle lèntitellre de telle nature que malailementle pourroit elle conduire droitement, làns auoir enticre connoilïànce des affaires deC-dits pays, le mit apres, auee vne folicitude incroiable, fi qu’en peu de temps elle Iceut amp;nbsp;comprint toutes les particularitez deldits affaires , voire plus perfeélement que tous ceus qui lors en eurent la maniance.Qjji fut certeinement choie en elle des plus admirables: que de tant de diuers négoces, Ibitdes finances, prouifions,^ages, tribuz,coulfumes, priuilegesde loix,de jull:iee,d’offices,de traitez, amp;nbsp;infinies autres cholcs,il n’y a points, ny articles qu’elle n’ait Iceu, amp;nbsp;retenu, comme fi elle eut fait l’anatomie de toutes les parties de la Republique,amp; que jamais elle n’cull autre choie fait que de feuilleter amp;nbsp;vifiter les archiues, les chartes amp;nbsp;papiers de celle Prouince. Dont cUe a acquis'telle promptitude ,amp; experience de toutes diffi-cultez miles lus le bureau,quelles quelles fuirent,qu’il ne fell trou-ué homme en colèil auec elle, qui mieus ait Iceu toucher amp;nbsp;debatre tous les points du pro amp;nbsp;du contra, ny conlèquemmcnt en tirer plus lèure relblution qu’elle, parquoy elle gaigna celle reputation par toute Europe,d’auoir eu l’elprit autant prelènt, la connoilTan-cc des choies d’ellat autant grande, qui perlonne quivelquit de Ibn temps. le diray d’auantage,que comme ludith feruit de confeil

D 1 aus

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SER WON FVNEBRE' DE’

ausReéleurs de fa. patrie,amp; dorade à fa nation.Ainfi cefte vertucu-fèPrinceflc fouuentaellé la confèilliere de Ion conlèil ,amp; comme l’orade de la Republicque pour pourveoir de,loin à ce que le temps amp;nbsp;lalàildn pourroient apporter. Aiant gaigné ce point d’entendre les affaires de ce grand amp;nbsp;laborieus gouuernement,elle donna telle diligence amp;nbsp;vigilance à l’exercice de fa charge, de tous autres négoces importans, qu’elle n’a jamais trouué miniffre qui ait ffeu luy correlpondre en la continuelle meditation, amp;nbsp;perpétuelle aétion quelle mettoit auldits affaires, voire, que quiconque l’a voulu féconder en cela, aeffé en fin contraint de laifferœuure, amp;nbsp;demou-rer en my-chemin. Et fi eft ce touteffois que outre le particulier gouuernement de fes pays, elle a tenu correfpondance à l’Empereur en toutes entreprinfès, amp;nbsp;demeflé vneinfinité d’affaires particuliers de la maifon d’Auftriebe de fès amis amp;nbsp;fèruiteurs, voire a eu part en tous notables amp;nbsp;importans affaires de laChreftienté. En quoy, combien quelle ait amplement fatisfaità l’expedation des Majeftés Imperiale amp;RoiaIe, non point touteftois à fon affedion, laquelle a efté telle enuers elles ,que toutee qu’elle a fait pour leur fèruir,a efte toufiours moindre que le defir qu’elle a toufiours eu de correlpondre à leur volonte en toutes chofès,Ac principalement, quant au fait desloix,amp; de lajuftiee,delapôlice,amp;desarmes.

E T Qjv A N T aus loîx commé elles fèroient pluftoft pernicieu-fes que prouffitables fi elles n’eftoient traitées par gens aians les mains nettes qui ne fuffent, ny mefebans, ny ignorans , elle fçeut donner tresbon ordre à ce que les fieges Confàux amp;nbsp;Magiftrats dc les pays fuffent toufiours fournis de perfbnnages entiers, amp;nbsp;entendus , pour fçauoir amp;nbsp;quant amp;nbsp;quant vouloir diftinguer le blanc du noir,ledous de ramer.I’entcns comme dit Effie,le bien du mal, lef-quels elle a fèmblablement authorife,à fin que eftans a caule de leur preudbommie hors du danger d’eftre corrompüs,ils fuft'ent aufti af fèurez de la crainte par l’affiftence de fon audorité, amp;nbsp;que ainfi le pupille, la vefue, amp;nbsp;l’orphelin tant recommandez deuant Pieu, euffent moien de manger leur pain en repos amp;nbsp;fèureté,, fans crainte de l’oppreftion des grans. Ce quelle afait, bien fâchant que les Prin ces amp;nbsp;Redeurs des Prouinces,portent le haut nom de Dieu Eloym felon

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LA R O I N E D El H, O NG RIE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;2/

felon qu’il eft dit: E^o dixt dij non pour autre chofe pfineipa-leincnt,dinon à fin qu’ils foient fimulacres viuans de la jufticede Dieu J amp;nbsp;que par le benefice des loix ils maintiennent la concorde amp;nbsp;equabilité de toutes les parties de leurs efi:ats,tout ainfi qucDicu par l’infallible loy delàdifpofition garde l’harhionie de l’vniuers, îaifànt que les chofis fiiperieures donnent, influence aus inferieures corrcfpondante les vues aus autres mutuellement, fus laquelle harmonie les fàges du .pafle ont philofophé amp;nbsp;regardé comme vn vray patron amp;nbsp;deflèin pour former la concorde de la fbeieté des hommes tout ainfi que feit Archimedes quand il fabriqua la machine de fà fphere. Mais fi celle vertueufè Princeflèaeu l’œil au train de là jufl:ice,clle n’a pas pourtant laifle d’auoir regard à lapo-lice : dequoy fà finguliere pourvoyance donnera bon tefmonage fi lonconfidere le foin qu’elle amis à toutes choies ncceflàires pour l’entretien du bien public comme au train des commerces,à la fèu-reté de la nauigation,aus viures,aus munitions,amp; à tout ce que con cerne le fait de la police, telement que Ion peut juflement luy attribuer le dit de Salomon: Fa^a eH (juaßnauis inîthoris delon^èpor-^ ’gt; tans panem fuwn. Et comme la provoiance de Kvn des yeus regarde à » laconicruation de la fburcc dont procédé l’abondance a la chofè publique.De l’autre tache d’empecher tout ce qui la peut faire Ici— cher, amp;nbsp;tairir, comme font les fecrets monopies, les exccffiues de-penfès, les fumptuofitez fuperflues les infupportables vfii^s qui fuccentlefàngdelaRepubliquc,amp;Ia.minent,telementqu’ilneluy refiera que les os. Certes celle vertueufe Princeflè a toufiours fong-îieüfèment veillé amp;nbsp;donné remede à tous tels inconueniens le plus amp;nbsp;le raieus, amp;nbsp;auec moins de foule au pauure peuple que,pofnble luy a eflé. Et fi bien fbuuentefois les fàifons ont elle trefdifficiles, amp;c les perpléxiteztrefiirgentes amp;nbsp;prefèntes, fi efl-ce toutefois qu’elle a tant viré amp;nbsp;torné en cerueau, que fut d’vn confèil, fut d’vn autre, elle a fait de neceffité vertu. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, v ;

Et tovchantIc fait des armes, je ne veus dire qu’elle les ait traitées comme les fabuleufès hifloires des Grecs dient des Ama» zones auec l’arc amp;nbsp;l’efpée en la main : mais bien diray-je qû’elléy a rendu tout le bon deuoir amp;nbsp;office que l’honnefleté bieri-féancc

J nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;D 5 defbn

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SERMON FVNEBRE DE

de (bn fcxe Ic pcrmettoicnt par confeil vigilance, correfpondancc, prouifion de toutes chofès necelTaires a la guerre, telement que les ennemis du temps de fbn gouuernement ont bien fentu quefès pays d’embas n’eftoient pas vn corps fans ame. Dequoy les places de Saint Paul amp;nbsp;de Montreul feront prompte foy, lefquelles auce la bonne affiflence des cheualereus perfonnages de fèfdits pays ont cfté prinfès Si gaignées fus les ennemis par fà diligence amp;nbsp;vertu plus que virile. A laquelle ny les efforts des ennemis, ny leur puiffancc, ny leurs armées tant de fois drelfées de tant de coflcz,emploiez cou tre elle ne peurent jamais donner eflonnement.Combien que quelquefois la fortune luy a monflrc vifàge peu gracieuSjamp; afïcs rigoureus, Efloit-ce pas matière de perdre coeur pour vne femme,quand les ennemis aus entrailles de fès pays exerçoient tous genres d’ho-flilitc J quand d’vn mefme temps les forces des François fè jetterent auec tel effroy au Duché de Luxembourg, lors qu’il fèmbloitque fèfdits pays fufïènt venus à vn prefènt, amp;nbsp;irreparable naufrage? Mais, comme il efl difficile d’eflonner vn .cœur accompagné d’vn fàge cerueau, tous ces efforts amp;nbsp;mutinemens de la fortune, jamais ne peurent ébranler la magnanimité de cefle vertueufè Princefïè, ny la garder qu’elle n’ait toufiours mis bonne prouifion, non feulement pour fè defendre, ains auffi pour offendre. Et tant fen faut que les trauerfès des ennemis luy aient fait perdre l’efpoirde garder c^qu’elle auoit en fès mains, qu’elle a bien penfe parmy tant d’encombreSjde gaigner amp;nbsp;remettre fous l’obeifïance de la Majeftc la puiffante amp;nbsp;magnifique Ville de Groeninghen en Frilè,amp; l’aiant penfe,l’a entreprins, l’aiant entrepris l’a acheué, comme auffi elle a fait d’aucunes (Doutez amp;nbsp;Seigneuries. Lefquelles auec les pays ap-pertenans qui font de grande eflenduc, elle a perpétuellement annexez au patrimoine de ladite Majeflé. Et d’autrepart a faitrenger aucunsfèigneursduditpaysde Frifè àcepoint: a quoy jamaisn’a-uoient voulu confentir,de tenir amp;nbsp;reprendre du fief de fadite Ma-jefté. (^ifontaèfes vraiementdeperfonnesquine laiffentrienà faire pour quelque temps,qu’il face.Etpar lefquels elle a viuement donnéàconnoiflrequc fi bien Dieu a défendu à la femmel’vfàge de l’habillement viril, il ne luy a pas pourtant tollu le cœur, ny les vertus viriles. Defquclles elle a eflé telemcnt doueé, amp;nbsp;accornplie, que par

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LA R O I N E D E HO K G R^IE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;28

que par laleóluredefèsaótiórïs la poïlerité^prendra là mefinc ad-mifarion, que nous autres prenons de celles^ dont l’antiquité nous fait fl grand felle. Entre toutes lelquelles , je la veus bien comparer à la trëlvertueufe Dame Delbora, pource que fi comme elle fou-llint entre les Ifiaelites laperfonne de luge,de Gouuernante)amp; de Capitaine. Ainfi celle vertueulê Princelfc a tenu main à ce que toujours la jullice full deuëmentadminillrée, la police diligemment procurée,les armes magnanimement traitées.

» . . t. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.'1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t

Et combien que les affaires qu’elle acondûir en toutes ces trois parties de lôn gouuernement fuflènt grandes afl'és, pour totalement occuper le cerueaü d’vn Pericles, amp;nbsp;d’vn Cefar, touteffois en lupportât ce pelant faix,clle apeu repartir quelque temps à toutes honnelles amp;nbsp;indullrieulès(mais non point oifeulès) recreation s, lèlonque lôn cfprit elloit vniuerlàl à comprendre toutes choies bonnes,de façon quelle fell dele6tée,amp; lèmblablement appliquée à rarchiteélure,à l’agriculture,à la Mufique,à la painturc,à la con-noiirance,amp; emulation des cholès de l’antiquité auec tel jugement amp;nbsp;intelligence,qu’cn toutes choies de plaifir honnelle,elle fell tou jours monllrée grandement ingenieulè, aimant amp;nbsp;fauorilànt les bonnes lettres, amp;nbsp;auànceant les hommes fçauans amp;nbsp;lettrez, qui ell la partie vraiement entre autres qui donne fingulier lullre à la ver-tu,amp; Iplendeur des Princes,amp; grand ornement, amp;nbsp;plulgran^ vti-lité à leurs ellats,amp;pay s.Mais,a fin que Ion ne Iceüt pcnlèr,quc celle vertueulê Princeire,aiant mis en œuure en la coduite de là charge les vertus deüànt dites,eut laifïe derrière l’innocence amp;nbsp;rectitude , elle voulut faire le mclme, pour cloilôn de lort gouuernement^ que feit Samuel, quand l’ellàt populaire des Hebrietis fut mué en Monarchies. Lequel après auoir affemblé les ellats d’Ilrael,ellant là charge expirée, demanda publicquementàtous, fi quelqu’vn le pouuoit plaindre d’auoir ellé par luy outragé, opprelTé, faccagé, amp;nbsp;violenteiïient tyrannifé, à qui la publique vois de tous, donna lors treshonnorablé telmoinage de lôn innocence. A l’exemple duquel, elle lèmblablement à la veüe de tous les ellats de ces pays en prelènce des Majellez Imperiale amp;nbsp;Roialc,prelènta de donner com pte par le menu des fes adiós en fondit gouuerncmét pour ouir amp;nbsp;quant

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SERMON FVNEBRE DE quant amp;nbsp;quant refpondre fi quelqu’vn pouuoit ou vouloit dire a-uoir contre eUc quelque jufte refentement. Qui fut le plus louable amp;nbsp;prifàble congé de ladite charge quelle Iceut choifir ny prendre,amp; où là vertu fut grandement attellée,li par la fatisfadion del^ dites majellez, fi encores par le commun jugement, amp;nbsp;priuée con-fcicnce de tous ceus deldits cHats.

IV s Qjy E s icy nous auons veu comme celle vertuculc Prîn -celTe fell conduite en la maniance du gouuernement public. Il relie que nous entendons de quelle vertu amp;nbsp;pieté elle fell maintenue en la troifiéme maifon de Salomon : c ell à dire,en l’Eglilê de Dieu, adumbrée par le temple de Hierulàlem,en laquelle lefuf-chrill no lire Rédempteur a inllitué trois choies correlpondantcs à trois autres que Salomon mit en lôndit temple: la doélrine lignifiée par le chandelier d’or à lèpt lampes,ellant au tabernacle: l’orailon dénotée par le deleélable parnimquilc failbit journellement lus l’autel a or alîîs au Sanduaire : amp;nbsp;la precieulè Vidime de Ibn Corps amp;nbsp;de Ibn Sang,reprelcntée par le propitiatoire amp;nbsp;oracle tellamentai-re des ancicns.Or doiuent tous ceus qui fontprofeffion du nom de Chrellicn,amp;principalement les Princes,non point par vlùrpation de lurildidion :mais par alïillence de leur audorité mettre peine qu'en l’Eglife jamais les lampes de ce chandelier ne Ibient eftaintes: mais^ue la dodrine toufiours y Ibit laine amp;nbsp;entiere,que le parfum de rorailbn,amp; diuin lèruice y foit religieulcment entretenu,amp; que l’honneur de ce haut Sacremét amp;nbsp;journelle vidime des Chrellicns, qui eft noftre vray propitiatoire,lbit reueramment maintenu. En quoy celle vertueulè PrincelTe fell toufiours monflréc, non point ignoramment fuperllitieulè, mais dodement religieulc. Car elle a en premier lieu toufiours aimé, embralTé, amp;nbsp;fuiui la vraie amp;nbsp;fin-cere dodrine,tele quelle a elle donée par leluf-chrill nollre grand Prophete amp;nbsp;Dodeur, publiée par les Apollres, confermée par le lang des faints Martirs, illullréepar les laints Dodeurs, limitée, amp;nbsp;declairée par les làints Conciles,aimant mieus boire de la clcre Fon taine de celle vraie Dodrine Ecclefiallicque, que des boueulès, amp;nbsp;bourbeulcs eillern CS des hcrctiques, ne voulant auoir part aurc-»J proche,que Dieu fait aus raelchans par Ibn Prophete,diûnt: Tgt;e're-

Ult;iue~-

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LA R O I N E DE HONGRIE.

liquerunt mefontem l)iuum,foderuntßbi cißernas non potentes continere aqu(ts.Q\itre. ce,elle a deuotement frequente, accru, amp;nbsp;orné le faint ’* Seruice diuin, gardant toutes les parties de l’orai/ôn,qui {c)nt,lou-cnges du Nom de Dieu, aélion de graces pour les biens receus, amp;nbsp;demande pour obtenir de luy ce que nous fait befoin.Et quant aus Sacremensde l’Eglifè, mefmement au precieus Sacrifice amp;nbsp;vailla-ble Offrande du Corps amp;nbsp;du Sang de lefiis-chriïl noftrc propitia» teur. Certes elle l’a toufiours reueré, amp;nbsp;honoré comme le Simbole amp;nbsp;lien de noftre Charité,le fignacle de noftre Redemption,comme le lèéldu Tellament de noftre Seigneur, amp;nbsp;la communication amp;nbsp;participation de là chair, amp;nbsp;de fôn fang, comme la pâture de no lire immortalité,amp; le fàufconduit de noftre peregrination.

En fin, pour faire le fbmmaire, amp;nbsp;recueil de ce que j’ay de-duit,amp; à fin que je face conclufion à mon dire:fi nous mettons de-uant les yeus l’intégrité de celle vertueufè Roine en tous les eflats de fà vie,de virginite,de mariage,amp; de viduité: fi nous confiderons û reôlitude,promptitude,amp; prudence au gouuernement des choies publiques,fbit au fait de juflice, de police, amp;nbsp;des forces: fi nous regardons fà pieté, amp;nbsp;deuotion en tous les points de noftre Reli gion : fi nous remémorons la grandeur de fbn-fçauoir, amp;nbsp;la félicité amp;nbsp;dextérité de jfbn efprit : fi nous propofbns les exterieurs admini* cules des vertus intérieures, comme font la doefte plume ^e bien parler,le bien négocier : Et comment elle ä toufiours gardé enuers Dieu la pieté,enuers les hommes l’équité, enuers foy l'honnefteté: fi nous pefons pour le faire court, que fon cœur ne fefl jamais ab-jeéfé à chofes baffes, mais toufiours a taché aus hautes amp;nbsp;ardues : fi nous penfons à ce quelle a eflé en fa vie capitale ennemie du vice,amp; amie,noürrice,amp; tutrice de la vertu;fi,dy-je,nous remettons toutes ces chofès en auant, nous trouuerons, que fi fon fiecle a porté Femme, Damc,ou Princeffe, en qui Ion feeut ainfi reconnoitre les perfeélions des grandes Heroines du pafte, comme en l’image de Zeufis Ion reconeutles beautez des plus excellentes vierges de Co-tonexertes elle eft du nombreifi quelqucfvnes peuuent à bon droit cflre mifes au Catalogue de celles dont Plutarque amp;nbsp;autres font tant de compte, vraiement elle ne fera des dernieres, fil fen treu-

E ueen-

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SERMON F V N E B R E DE

UC entre toutes qui puiHent juftementcftre nommées du premier nom que les làintes Lettres donnent à la fernmc,qui eft Jjjdytn langue Hebraique: j^ndrisj en la Grecque: nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, en lanoftre Latine,

c’eft elle : voire mieus que la Min crue d’Athenes.

Finablement, la bonne amp;nbsp;vertueufe Princelïè, apres auoir dextrement joué amp;nbsp;acheué le perfonnage, que le grand maiftre de la Icene comedie de celle vie prelènte luy auoit donné,elle lortit du teatre de cc monde,amp; delpouillant la vielle robe de no lire mortalité , amp;nbsp;quant amp;nbsp;quant les habits de la luélueulè tragedie de ce mortel fiecle,elle a efté (comme nous poUuons conjedurer amp;nbsp;croire) reuelluedu nouuel habillement de l’immortalité, laifiant de fon trelpas à tous les bons qui ont eu connoilTance de lès vertus vn regret,amp; vn confort. Vn regret, dy-je, pour la perte que les lùrui-uans font, quand Dieu leurolle perfonnagesde qui les vertus amp;nbsp;bien-faits peuuent apporter tant notable vtiJité. le dy vn reconfort, pour ce quelle a par'dela,comme jetiens,reccu de la plenitude de lelus-chrillgracepourgrace. l’entens grace de glorification, pour grace de jullification.Pource que les perles,amp; pierreries de lès vertus à prefentenchalTées en l’or de la gloire eternelle, lôntlafius, comme j elpere, plus precieulès, amp;nbsp;mieus alïeurées qu’elles n’elloi-ent cy bas parmy la Boue de noftrc mortalité. Pource qu’elle voit ce quelt;ous croions, quelle tient ce que nous prétendons, qu’elle jouïlt de ce que nous délirons.

Et que là charité eft au ciel trop plus perfaite quelle n’eftoit en ce bas territoire, d’autant que là lus elle a plus claire connoilTance du bien Ibuuerain que nous n’auons parmy Toblcure nue de nollrc intelligence. Or entre ce regret que nous portons de nollre part, amp;nbsp;le reconfort que nous auons de vollre gain,ô vertueulè PrinceT-lè,nous entremettons prelèntement lapieteulè, amp;nbsp;fruéfueulè orai-Ibn de lEglilè. Laquelle lôrtàt de Tardente alFeétion du cœur,mon-tera,fi Dieu plait, droit au ciel, comme la fumée du làcrifice des ju-ftes Abraham, Ilàac, amp;nbsp;Iacob, amp;nbsp;fefoandra deuant luy, comme le parfum de l’encens lus le charbon viL Par laquelle nous le prions tous humblement, amp;nbsp;denotement qu’il vous range comme û bre-biette éleue au bercail heureus, duquel il cil amp;nbsp;pafteur, amp;nbsp;pafture, qu’il

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LA ROINE DE HONGRIE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;24

qu’il vous paiße amp;nbsp;rcfafic de la manne qu’il a relcruce au julle,felon qu’il dit : Vincenti dabo manna abfeonditum du fruit de vie, ellant au ” milieu du paradis, comme il dit : T)abo edere de U^no nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;quod eß in

medioparadiß^ qui vous abbreuue du torrent des voluptez celeftes, ” comme il elt diit^Torrentequot;yfolu^tatistUttpotabù^OLamp;c.qu’il vous rem ,j flilïè telemêt, qu’il Ibit la vie de voftre viede cœur de voftre cœur: efprit de voftre elprit nbsp;nbsp;nbsp;que par le luftre de là face, il vous déifié,

amp; tranftbrme du tout en Iby. Et fi pour totale purgation de voftre ame, il refte quelque choie à nettoier, qu’il luy plailè purger celle macule pluftoft en la fontaine de ß milericorde, que au feu de là lèuerité. Et fi de voftre coftéil refte quelque dette à làtilfaire, qu’il le paie de lès biens pluftoft que de vos peines,amp; du làng amp;nbsp;fiipplice de Ibn fils,noftre Redempteur,que de vos tormens.Et fil refte cho le qui différé, amp;nbsp;delaie voftre couronne à vous acquife par la rançon du merite de voftre elpous, amp;nbsp;le noftre, à vous ƒ reparce par e-ternelle dilpofition diuine, à vous promilè,amp;gardee par vos bienfaits,quil luy plailè parla priere que luy failons, abréger le temps, anticiper l’heure, amp;nbsp;accclerer voftre coronnement, à fin que laflus vous foiez Roine de plus excellent Roiaume,quc n’eft celuy qu’a-uez icy laiffé. Ce que luy, qui eft pere de milericorde, amp;nbsp;Dieu de toute conlolation, luy vueille ottroier, amp;nbsp;à nous faire celle grace, que puiflions garder amp;nbsp;reporter deuant

Ion jugement, lapremiere eftole delbn innocence,telement que lors nous receui-ons de luy celle de gloire amp;nbsp;cele-fte joïlfance au nom du Pe» re, amp;nbsp;du Fils, amp;nbsp;du

Saint Elprit.

A M E N. •

• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i - V nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j .

■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■■ E î Ser-

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SERMON FVNEBRE FAIT AVS O B S E Q_y ES DE MA-DAME MARIE R O IN E D’ANGLETERRE: PAR MES S IRE FRANCOIS RICHARDOT, EVES Q_y E DE N I-COPLE, SVFFRAGANT D’ARRAS.

W.RESHAVT PRINCE, ET EXCELLENS SEIGNEVRS. doit principalement tafcherl’Ora^ 0 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;deleter,mouuoirjlt;i^perluaderjl’au»

diteurdlmefemblej que lel)ray artifice j de bien lt;7fru-^ Elueufiement haranguer i depend pluîioîi^de tafitàence du Saint Efiperit-,lequeljpour celafiappelle Taraclet,eeîl à direfiortateur : que des rei^lesjartj préceptes,imitation,ne de Cicéron, ne de T^emofibene j 0« de Gor^ie,Jfiocrate, lt;1^ autres^ pour ^rans,lt;i^ excel» lents qu’ils/oient, nbsp;nbsp;nbsp;(àr,en efi/et,now ')?oiohs,que les 'Propbetes/e/quels,d

mon aduis,fbnt les premiers,pins Yifs Orateurs, que jefache-, fefont con^ te^e^, d'auoir ceïl EJ^erit diuin. IDuquel,comme d’itne fontaine toujours 'ï)ine/ls ont puise les arguments ; pour inciter, ftsquot; mouuoir, cens, à qui s’ad» dreffoit leur dire fans, qu’ils eujfent autre ^etoriqne -, que ceîle 'ïiertu, du Saint Efierit, iDray ^oCleur,lt;ijr Orateur des ChreTiiens. Et certes,il eH malfaijable,fans icelluy-, que Ion paruienne,aufruit, auquel doit prétendre tout homme-, qui fait profej^ion, de parler en l’Eglife de Tgt;ieu. Telement, quen lieu,que les autres ^etoriciens,lt;iyr‘ Orateurs de ce monde,ont mis line diligence infinie,pourfe façonner,ist accommoder,par l’art de bien dire: ce» luy, qui traite la parolle de f)ieu : en quelque genre que cefoit, pour donner nerff^ y)igueur,àfon Oraifon-,doit,fns tout,procurer lafaueur, lt;7 le mou^ uement de ceïi Ef/erit diuin. nbsp;nbsp;Et pour ceîie raifon ; à fin, que de ce,

que j’entens déduire, reforte quelque fruit falutaire :

n' 7 enpremier lieu, requerrons ceîlegrace : falu'è--rons humblement, la facreéh^ierge, Mere de noîire Seigneur lefuschriîi.

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SERM. FVN. DE LA R. D’A NGLETERRE.

RESHAVT PRINCE, ET EXCELLENS SEIGNEVRS-Si Ion demande les caulès, pourquoy les hommes naturellement abhorrent amp;nbsp;re-fuient le mourir : les Philofophes diront, que, pour ellre la liailbn du corps amp;nbsp;de l’a* me enlèmble, tant arête, amp;nbsp;fi jointe, l’on ne /çauroit trouuer focietc en nature,plus proche, ny plus ferme . Ce n’eftdonc de merueille, fi les hommes le détournent le plus qu’ils peuuent, du peril de la mort : comme de la vraie diffipation, amp;nbsp;dilTolution de leur eftre : lequel, toutes choies veulent garder, amp;nbsp;conlèruer. Les Chrefiiens, à celte queftion relpondront autrement, amp;nbsp;diront : qu’citant la mort ( vray làlaire du péché ) donnée aus hommes, en titre de malediction, pour le fourfaitdu premier des viuans comme dit Saint Paul : ^er l)num hominem j lgt;eccatum intrauit in mundum ; perpecca- ” turn, mors. Il ell mal polfible, que non lèulement làprelènce, ains ” auffi le Ibuuenir d’elle, ne mette aus cœurs des humains, vn certain tremblement, amp;nbsp;terrible elpouuentement, quand Ion confi-derc la mort en loy,comme le cautere de la tranigreffion,amp; la mar^» que de l’indignation de Dieu. nbsp;nbsp;Les lcrupuleus diront d’auanta

ge,que, comme l’ilTue de celte vie elt douteulè, amp;nbsp;ambigue : amp;nbsp;que pour ne pouuoir feuilleter le lècret volume delà prelèncc diuine: par laquelle, Dieu choifit l’vn, amp;nbsp;lai fie l’autre nous ne Içauons, à quel lieu,la mort nous auoiera. Les hommes,pourtant ont tres-julte raifon, de fuir ce palTage, amp;nbsp;d’en auoir horreur, comme de choie redoutable,amp; qui elt de foy,abominable.

Mais, si bien ces railonsnuêmentconliderées,lèmblent donnercaulès fuffilântesà tous hommes mortels,deviure, non lèulement en crainte : mais en haine de la mort : touteffois, fi nous contemplons toutes choies au vray, amp;nbsp;fi au julte pois de la railbn, nous pelons bien le tout ; nous trouuerons le vray Chreltien bien viuant, auoir plus de caulè, pourquoy il doiue, auec humble gaieté de cœur,attendre la mort,amp; fur ce foy confoler ; que, auec mef-fiance, amp;nbsp;anxiété d’elprit, le refuir, amp;nbsp;fur ce foy deconforter.

E J Pour-

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SERMON FVNEBRE DE

Pourquoy ? Pource, que i e s v s - christ, a, quant aus cfleus, delàrmé; amp;nbsp;non feulement Hefarme, mais fànétifié : non feulement fànélifié,mais viuifié; celle mort,que tant nous abhominons.

le dy dcfirmc : Car ellant le péché, quant aus lulles par le Sacrifice , amp;nbsp;fiipplice de la Croix, aboly, lequel, ell droitement l’ai— 3, guillon de la mort,comme dit Saint Paul : Stimuluspeccati,mors ; amp;nbsp;fans lequel,elle ne peut faire picqueure,ny blefïèure,mortelle:Cer» tainement. Ion peut à bon droit, donner celle gloire à l’Aigneaii, qui a tollu le péché du monde, d’auoir butiné, rompu, amp;nbsp;froilfe, les forces de la mort : telement, que ceus qui meurent incorporez en luy, pourront chanter ce beau Cantique : V^bi efl, mors, 'Iptbîoria tua ? l)bi aculeus tuus? le dy fèmblablement, quelle a ellé, par no-llre Redempteur,lanélifiée; quant aus éleus:de laquelle,il ell elcrit: ” T^retiofa^m cof}J])ebîu S)ominiymors Santorum eius ; pour feruir, à tous les lulles,de portiere,amp; amiable melïàgere, de leur làlut: telement, que làns elle, il n’y a moien, de paruenir au Repos, amp;nbsp;vray Sabbat » des Saints:duquel parle Saint Paul,diûnt: ^linquitur Sabbatijmus, » populo ^ei : ny d’arriuer, deuant la face de nollre Pcrcj ny d’attain-dre à la couronne,préparée aus Iufles:finon par elle. Et, li bien, la mort,nous olle l’vlàge du Solcil,que nous voions ; de la terre,où nous habitons^des plaifirs, amp;nbsp;voluptez,que nous lèntons- amp;nbsp;qu’elle nous fèpare de la Ibcieté des amis, amp;nbsp;proches, que nous auons en ce moi^erSi bien, dy-je,elle nous delpouille de l’habillement mor tel,que nous portons ; Touteffois, nous ne perdons rien au change ; quand elle nous met en la joîlTance d’vn autre Soleil, trop plus parfait,que n’efl celuy, qui flamboie là fiis au Ciel: quand par elle, nouspofledons la terre des viuansjfertilede biens;infiniementplus grande, que n’efl celle qui vraiement efl habitation des mourans: quand,par elle nous venons en la joïflànce des vraies voluptez,fàns amertume : amp;nbsp;laifTons celles, qui portent plus de fiel, que de miel: quand, par la mort, dy-je, en lieu des amis mortels, amp;nbsp;caduques, nous venons à la compagnie des vrais amis immortels, qui font regnans auec i E s v s-c h R i s T, leur chef,amp; le noflre. Que,fi Socrate beut gaiement le mortel bruuage de la cicute ; pour l’efpoir, qu’il auoit, foy trouuer auec les grans perfbnnages, Solon, Lycur-ge, amp;nbsp;autres tels : quel courage doit auoir le Chreflien, quand, parla

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LA R O I N E D* ANGLETERRE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;2Ö

par la mort, il trouiie entrée, au noble fcnat, amp;nbsp;diuin confiftoire des Princes de l’eternelle court, du grand Roy des cieus, amp;nbsp;de la terre ? Vray eft, que la mort, comme dit eft, nous deveft de ce mortel amp;nbsp;corruptible habit de noRre corps : mais, ce, ne doit eRre tenu en compte de perte,amp; dommage, à qui par elle, eR donnée la belle robbe d’immortalité; qui ne vieillit point, qui ne change point:amp; là,Où il ne faut,ny retailler,ny recoudre.

Ainsi, eR il aRes maniïcRe, que le vray ChreRien, a cauR, de prendre cœur pluRoR, que de le perdre, quand il appréhendé la mort.Laquelle, i e s v s-c h R i s T, comme dit eR,a en foy, ûnôti-Rée;amp; quant amp;nbsp;quant viuifiée;d’autant,qu’il a mis en elle,la lèmen-ce de la vie eternelle.Pource que, comme le grain de froment, ne peut eRre viuifié, ne faire nouueau germe vital, fil n’eR mortifié: Rlon qu’il eR elcriten Saint lehan : ainfi, noRre nature, ne peut eRre rcRablic en nouuelle vie,amp; glorieuR immortalité : fi premièrement, elle ne paRepar l’eRaminede lamort:Telement,que le germe de noRre refiirreélion, prefiippolè noRre mort ; comme le nouuel elpi, neceRairement fuit le mourir de la Rmence,dont il naiR.Et à ce propos dit Saint Pzni'.Seminatur mortale,lt;7 refurgit inu »gt; mortale. nbsp;nbsp;Pour ceRe railon, l’Eglife appelle le jour du trel^as des «

Saints,nouuelle naiRance. Car à vray dire, en mourant, Rlon vnc forte de viure, ils commencent vne autre nouuelle vie. Si q^e le ChreRien,bien adiierty de là condition,ne R doit angoiRer,ny mi-Rrablement R lamenter de la mort; comme de Ipe^acle hideus: mais, auec refpeél, R preparer, pour la receuoir, comme chofe de bon-heur pluRoR, que de mal-heur. nbsp;nbsp;Et lus le trelpas de ceus,

qui ont louablement amp;nbsp;chreRiennement vcRu:doit,fiaiuant le con Ril de Saint Paul, non point R contriRer, comme ceus qui viuent fans foy,ny efpoir,mais,R)y confoler, amp;nbsp;religieuRment confier, de leur Rlut,comme nous deuons. Signamment, fils le décès, de tref-haute, trelpuiRante, amp;nbsp;treRxcellente PrinceRe, Ma-Dame Marie, Roine d’Angleterre : attendu, quelle a toufiours gardé l’innocence en Rs aélions, la force aus choRs ardues, lacoiïtinence en Rs af-feéhions, la foy amp;nbsp;efperance en Rs affliélions, amp;nbsp;en tous les exercices de R vie,l’intégrité, vérité, amp;nbsp;charité . Laquelle, eRant procrée des

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SERMON FVNEBRE DE

crée,des Roialles maifons d’Angleterre,quant au colic paternel: amp;nbsp;de Caftille, quant au maternel, a tresbien fccu, par tous offices, amp;nbsp;deuoirs, corrclpondre au merite, amp;nbsp;à la Iplendeur de la race, dont elle eft ilTue.

Et c o m m e, en recommandation delôn ame,rEglilè faitpre-fentement,ce pieteus,amp; religieus fulFrage,j’ay deliberé,icy toucher briefuement,quelque chofe de fes grandes amp;nbsp;heroiques vertus:non tant pour illuftrer la mémoire de fon nom,q pour propofèr à nous, autre vraie matière d’imitation. Ce que je feray, comme j’aydit, brieuementj amp;nbsp;certes, modérément : Bienlàçhant, que, comme la fleur n’a belbin d’autre couleur, ny odeur j que de celle, que nature y a mile : auffi, celle Rolè éleuée, creue, amp;nbsp;naie au roial, amp;nbsp;plan-tureus Rofier d’Angleterre ; n’a que faire, du fard, ny embellilTe-ment,desRhetoriqueurs.Etn’emprumpteray arguments,des cendres , ny des lèpulchres, de lès ancellres, pour ce faire : ains Icule— ment,la peindrai de lès couleurs:c’ell à dire, la louerai de lès meurs.

Mais, pour donner quelque ordre a mon dilcours, je met-tray en auant,pour fondement j que, comme nous trouuons trois differences de mondes:rvn corporel,amp;vifible;l’autre, Ipirituel: amp;nbsp;le tiers, diuin amp;nbsp;ideal : auffi, auons nous trois diuerlès nailcenlès: l’vnupar laquelle nous naiffons hommes : la lèconde,par laquelle, nous deuenons Chreftiens:la tierce,par laquelle nous prétendons, d’eftre celeffes,amp; deifiez. Aulquelles trois naillènces, correlpon-dent trois perfeôlions, à quoy tendent tous hommes vertueus. Delquelles, je nommeray la primiere, Ciuile : la deuxieme^ Chre-ftienne:la tierce,Celcffe,amp; diuine.

La civile, pour entendre le tout diffinlt;fl:cmcnt,correlpond à la naiffance,lèlon laquelle,nous Ibmmes hommes. Car,combien, que tous naiffons louillezde la commune deprauation amp;nbsp;corruption de nature, amp;nbsp;que tous, rapportons du ventre de la mere, la coulpe originelle : Touteffois, nous auons naturellement, en ce monde,vne lampe,que nous appelloms lumière naturelle : laquelle,auec le temps,fallume,amp; jette là lueur, en nos elprits: fi que,par

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elle,nous pouuons aucunement paruenir,à cefte, teile quelle per-feôhion ciuile. nbsp;nbsp;Laquelle, je decluiray, Iclon que Socrateprince

de la philolôphie morale ,amp; Platon Ion dilciple, l’ônt.trailée. Lelquelspolènt en l’ame,trois principales facultés: amp;nbsp;nommétl’v-ne,rElpfit:l autre,le Couragc:amp; la troifiémc,Concupilcence.Et lo^ gentl’Elprit au cerueau,comme vn flambeau diuinemétalumc,au plus haut lieu de la machine humaine, pour la conduite de nos a-élions. (Xyant au Courage, ilsluy affignent place, au cœur^ comme en la viue fornailè de nature. Lequel courage,luy jfèrt, de donner force amp;nbsp;confiance à la raifon : pour virilement fuiure le bien,amp; fuir le mal. Mais quant à la Concupilcence, qui efl:, comme le li-monneus bourbier amp;bourrierde noftre nature feus la logent, à bon droit, en labaflè fèn tine amp;nbsp;inferieure portion, de l’humaine creature. nbsp;nbsp;Or, à ces trois facultés de l’ame, ces fàges Philofophes,

attribuent trois excellentes vertus : la Prudence àl’Elprit:au Courage , la Force ; au conuoiter la Temperance. Dcfquellcs trois vertus cnfèmble,re{ulte la quatriéme,que nous.appelions Iuflice;com me vne parfaite harmonie,appellée par les Pitnagoriens Diapafon: en laquelle, confifle celle perfedion ciuile , que nous cherchons. De ïbrte, que l’homme, lors peut eltre tenu humainement’parfait, amp;nbsp;accompiy :.quand ces trois facultés, faccordent enluy. De maniéré,que la raiibn'jdomine par Prud.enee:llt;eCoürage,par la Force, la féconde: amp;nbsp;par Temperance, le conuoiter, ,,çfl: tenu coy ,^rrefléi fujet Laquelle çerfeélion, bien qu elle ait là louenge, entre les fages de ce monde : touteffois » elle ne peut, deuant Dieu, tenir le lieu démérité : finon, qu’elle lôit accompagnée de ladeùliéme^ que j’ay appellée perfection Chrellienne: laquelle, fait correlpon-dance a la natiuité,lèlon laquelle nous Ibmmes enfans deDieumon Seulement par creation, comme les autres hommes : mais;par adoption :non feulement par adoption ;mais auffi,par regeneration, 6c renouation : qui fe fait en nousipar le mefine Elprit, qui fut au-éleur delageneration de nollre Seigneuri e s vs-c h ri s t, faites entratHesde la vierge. Laquelle perfection Chrellienhe, âînlî que laCiuile,procéde de trois vertus diuines: de Foy,Elpcrancc,amp; Charité. Par la foy nious nous congfioiflons par l’elpoir ,nous at-tendôn.Sipar la charité, nous approchons,amp; fpirituellement attou« : r nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;F chons,

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thons,ia vcrité,beriigiQité/amp; bonté de Dieit '■ Defquclles vertus, ainfi jointes enfemblc, procède vfaiêmcnti celle entière perfeôHon Chrelliénnc. Laquelle Ion veut en deux mots diffinir ; loji peut appellerjconformité,' amp;-eonïèns de toutes les parties amp;nbsp;facultés de no lire vie, àlavolohtédiuine : qui'ell lavraicregle infallible, de toutes nos aélions. Gar,cômnie le làge mondain,pour loy^de tou-r tes lès œuures,' prent amp;nbsp;fuit l’oracle de la raifon : ainfi, le Chrcllien, pour fè perfaire en'fàjprofeffion j doit-auoir , pour patron de lès faits,penlèmens, amp;nbsp;affeôlidns, la volunté déDieuylêlon laquelle,!! réigle Ibn !èns, Ibn l^uoir, fon vouloir, lès affaires, lès négoces, Sgt;c toutes autres choies : ne cherchant autres préceptes de bien faire, linon la voluntédiuine, lùiuant Ic conlcil de Saint Paul, dilànt: ” Probantesj quneßt 'Volunta^^eijfanbld^peffebia^tije. Mais, quant ell de la tierce perfection 5 corn bien ^qu’elle ne lètrouue point en ce monde : ny pendant, que nous Sommes aggrauez-, du pelant amp;nbsp;la-borieus faix de celle'vie mortelle : toutelfoisf, elle luit ordinairement,lâdeufiénie^de laquelle j-ay parlé, teleinent, quelvnejcll la matrice de hautre: amp;nbsp;correlpond celle perfection celelle, angeli-que,àla n'ailfence : félon laquelleÇnousprétendonsd’ellre vn jour, „ comme les anges: ainfi que dit nollre Rédempteur : In refurrebliane, „ nequenubent ; nequeitwbèntKr Jederuntßcut an^eli T)ei : amp;nbsp;non lèule-mentee, mais auffiij conformes à l’image, du fils de Dieu, qui lors refori^ra le corps^de^v'ollre petitelTe, 8gt;c bafTeflè : amp;nbsp;le f habillera, à la lèmblance de la claritude, lélonle dit de Saint Paul. Laquelle perfection, confille on trois prerogatiucs dés bien - heiireus : qui font,claire \^ifion,apprehenfiOO,amp; deleCtablefruition, du bien fou ueraih.'Gar,’en liehjqu€ icy bas, nous croionsjamp;connoifïons, non point eh pleineveue,'ains par enigme, amp;nbsp;com'me,par le trauers d’v-nc oblcure nue îles bien-heuteus; voient àplein , amp;face aface: en lieu,que nous elperte; amp;nbsp;attendons, ilspqlïcdent, ôc font en lài-fine^ du bieni, q^ùénouspretcndôns î amp;nbsp;en lieuf;que nous'aimons auec defir, ils ijoïlfent aueccontentementfi noDelquelles éhofès, naill celle inénarrableperfeCifionde gloire eternelle- : par lacjuclle, les làints cfprits-',ilt;qui régnent là'lvfs, en ce tùonde ideal, etérnèl, amp;nbsp;fup€rcelelle,lônf tötdlemeftt!bcätifiez,tranfförme2, v oire,- déifiez.

' Gar, comme lé fet ardént, lèmble pluftoU feu yque fer 'tàinfi,'lont - nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’ fi nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ils par

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LA ROINED* ANGLETERRE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;22

ils par participation amp;nbsp;prefènce de la diuinitc,admirablemet tranß formez : amp;nbsp;comme lame, remplit toutes les parties du corps, luy donnant c/lre, vie,amp; vigueur : ainfi, en eus,la deité,eft comme lame, qui les remplit totalement: félon que dit Saint Paul : Et erit omnia in omnibus. Et tele eft la vraie, amp;nbsp;abfoluc perfecftion, la fin,amp; accompliftement de toutes autres,: amp;nbsp;le retour de Tarne à Dieu:auquel elle eft vnie, indiflblublement, voire, plusperfede-ment,quc n’eft le corps auec Tame.

Ces trois perfeétions ainfi groftèment,amp; non parle menu, declairées: retournons à noftrepropos : amp;nbsp;monftrons, comment la yertueuft Princeflè, de qui nous parlons, a toufiours, en toute là vie,principalemêtpretendu,d’attaindre, amp;dcparucnir, aus points d’icelles perfeétions : amp;nbsp;a tant fait, que Ion la peut, à bon droit, nommer ciuilement, juger Chreftiennement, amp;nbsp;elperer diuine-ment,perfelt;fte. Aulquelles perfeôtions, toutes relpeéliuement :1a nature,la nourriture, amp;nbsp;la literature, luy ont fait la voie, amp;nbsp;le che-min,trcffacilc,auec Tinfluencede lagrace,amp; faueur diuine:làns la-quelle,nous ne pouuons, ny bien entreprendre, ny heureulèment acheuer,cholè quelle quelle Ibit. le dy notamment la nature,la-quelle,ene a eu facile ,amp; docile, pour receuoir toutes bonnes amp;nbsp;vcrtueulèsimprelfions. ' le dy lèmblablement, la nourriture, en laquelle, par le loin amp;nbsp;diligence des pere amp;nbsp;mere,amp; elpecialement, par la prudence de treshaute Princeflè, Madame Catherin^e Ca-ftille là mere, elle a efté fi bien inftituée, amp;nbsp;façonnée, qu’il lèmble, que Ion aitprins le formulaire de Ion education amp;nbsp;inftitution, fus ce que SaintHierolme elcrit à la Sainte matrone Lete,pour Tinfti-tution de là fille Marcelle. Mais l’érudition,qu’elle print des Ion enfance,luy a grandement accommodé, amp;nbsp;poly Telprit, pour affi-fter la félicité de là nature, amp;nbsp;diligence de fa nourriture. Laquelle erudition,elle puilà,non des bourbeus ruiflèaus,des hommes lour« dement ignorans : mais de la claire amp;nbsp;belle fontaine de Ibn précepteur Lois Viues,homme tresdolt;fte:qui, àvray dire,a apporté très-grand honneur aus lettres, amp;nbsp;à là nation d’Elpagne. Sous la dilci-pline duquel, elle fenrichit du trelbr des bonnes lettres : duquel, comme d’vn promptuaire, elle a bien feeu trier les dits,amp; exemples

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SERMON FVNEBRE DE

des perfonnages ûges, amp;nbsp;fçauans : pour le munir contre les flateurs de la fortune,quand elle leche,amp; contre lès mutinemens,quand elle le courrouce:Tclemcnt,que,fi nous mettons en compte,les trois vertus,qui caulent la perfedion ciuile SiC humaine, qui lont Prudence,Force,amp; Continence : Certainement nous trouuerons quelle a gardé tous les points,amp; accomply le cerclc,dc celle premiere per feétion.

Q_v E s I Ion veut commencer à la Prudence, je diray hardi-ment,que les fortunes, amp;nbsp;infortunes de là vie; les trauerlcs amp;nbsp;tem-peftes quelle a palTées : les dilcrimes 6c difficultez quelle a fuppor-tezimonllrent clairemct, qu’elle a cllé guidée, en toutes les aétions de là vie, par celle vertu de Prudence. Sans laquelle, la vie des hommes, le peut dire, non lèulement louche, amp;nbsp;debile : mais, du tout tenebreulc,amp; aueugle. Car,ß le nautonnicr, donne claire experience de Ibn art : non pas, quand la mer ellcoie amp;nbsp;tranquille: mais, quand, parmy les alpres rochers, amp;nbsp;dangereus dcllroits, il conduit lôn nauire à bon port,contre la fureur des vens, amp;nbsp;orages: ainfijla Prudence,donne prcuuc de Ibn energie : non point certei-nement, quand les choies coulent à louhait : ains plufloll, quand elles viennét de droit fil, à rcuers: amp;nbsp;quelles objectent à l’oppofite, amp;nbsp;que la fortune forge les dangers, amp;nbsp;difficultez, de tant pres, que Ivne luit toufiours l’autre. Comme en effet, fi nous voulons con lidereïT, le cours, de la vie de celle vertueulè PrincelTe, Ion trouue-roit tant de dilcrimes, tant de delàllres, tant de difficultez : que,fi nous auions vn Homere, il en pourroit faire vne Odiflee. Et tou-telfois,parmy tous ces empclchemens,elle a, par fi prudence, toujours conduit le fil de lôn nauigage:de forte,quelle a cuité en tout amp;nbsp;par tout,le naufrage.

Et qvant à la Force, deufiéme vertu, de la perfection ciuî-lc:le long amp;nbsp;angoifieus martire de lôn cœur,qu’elle à fi long temps comporté,auec tant d’ennuisda conllance,amp;fermeté,qu’elle a gardées, amp;nbsp;la patience, dont elle a vie : donnent telle foy de fi magnanimité , que Ion pourroitdire, que Nature, en ce corps féminin, auoit mis en forme,le cœur d’vn Hercules. Laiflôns Camille,Pen-talilée.

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LA R O I K E Û* A N. G t E t E R R E.

■ tafilée, Portie, amp;nbsp;tant d’antres, defquelles l’antiquité, a vainement célébré la grandefle de cœur, amp;nbsp;le courage. Car, la victoire qiie celle Princeflea reportée, liirmontant l’edbrtde tant d’aduerfîtez, làns delmarcher d’vn lèul pas, luy donne la palme, entre celles, qui font renommées,de celle virile vertu de force.

Et s* IL eft quellion, de la Continence, de laquelle,l’office de tenir en arrell, les pallions amp;nbsp;aficélions, lelqiielles, ordinaire -ment oppriment,amp; clloufFent, lalumiere.de la raifon : a Ion jamais conneu,ou appcrceu,que les comunes turbations humaines, aient peu tantgaigner lus elle, que de la faire lôrtir des limites, amp;nbsp;bornes de l’equité? Les Sereines,G’ell à dire,la doliceur des prelèntes vo« \luptez,l’ont elle jamais enchantée? Les brUuages de Cy rce (j’en-tens les deshonnelles amp;nbsp;brutaus plaifirs de celle vie ) l’ont elle peu jamais abjeôler, amp;nbsp;abcllir? La pomme du bois de Icience du bien amp;nbsp;de mal,la elle peu jamais mener à ce pôint,que de trelpalTér la rc:» gle des commandemens de Dieu? Il lemble choie alTes difficile à faire,que touliours,parmy l’abondance amp;nbsp;opulence des chofcs,qui peuuent deleôler, parmy la lplendeur,amp; hauteur des honneurs, qui nouspcuucntattirer : parmy lapuilïànce, amp;nbsp;lupcrioritc, qui nous peuuent enflerdon puilTe garder la inôderation,amp; continen-ce.Il lèmble mal poffible, de viure au jardin de volupté, fans,qucl-quefois lèntir la venimeulê morfure du lcrpent tentateur. Il fem-ble du tout impolfible, de rendre tant coi amp;nbsp;paifiblc, ce dcwiclli-que monllre de la concupilcence, que Ibuuent, il ne face force, amp;nbsp;violencc,à la railbn: foit,quand elle flatc,loit, quand elle firritè. Mais toutelfois, celle vertueufe PrincelTe ,a monllré en foy-mef-mes, combien peut, par la diuine grace, le bien de la Continen -ce,contrc tous les effors,des humaines affeélions,des brutalles paf* fions,amp; des tumultuaires perturbations: fi que,par celle excellente vertu,auec la Force,amp; la Prudence,elle a facilement obtenu,le noble pris de laperfedlion ciuilc,dequoy j’ay faiticy mention.

Delà qjv elle toutelfois, elle ne fell pas contentée, mais a voulu attaindre, quant amp;nbsp;quant j à la deuziéme, que j’ay nommée Chrellienneperfe6lion:Bien fachant,qüe fans elle,la premiere,de-F 5 uant

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SERMON F V N E B R E DE

, liant Dieu, ne peut eftre acceptée : puis que, fans foy, il n’eft poflî-ble de luy eftre aggreable. Etpource,que les vertus,qui produilènt cefte excellente perfedion Chreftienne,font dons de Dieu,pluftoft qu’œuures des hommcs;amp; que,pour les auoir,il faut les demander, amp;nbsp;impetrer;amp; non pas les forger,chacun de Ibn lèns amp;nbsp;cerueau: el-le,bien informée de lalburce, dont elles procèdent ; les a humblement demandées, amp;nbsp;receu la plenitude de ce grand pere de lumière: de qui,tout bien, amp;nbsp;toute perfedion, prennent origine : le dy, Foy, Ëlperance, amp;nbsp;Charité. Lelquelles vertus, ont certeinement monftré en elle,leur cfficace,amp; viue energie : en mclme lorte,amp; façon,que nous lifons,de pluficurs làints perfonnages du paflè.

Ce que facilement le peut veoir, ft nous conftderons en premier lieu,que là foy,n’aefté,ny morte,ny fterile,ny oilèulè ; comme elle eft vulgairement en la plus part de cens qui fontprofeflîon du nom Chreftien:mais,viue,frudueulè,amp; officieulè,comme elle feft mon-ftrée en ceus, à qui les faintes Lettres donnent telmoinage, que la foy leur a efté réputée à juftice. Laquelle foy, en cefte vertueulè Princeftè,aefté non leulcmententiere,lànseftre farcie,ny corrom=« pue, des faus paradoxes des hérétiques : non feulement ardente de charité; amp;nbsp;abondanté de bonnes œuures : non feulement liable, amp;nbsp;immobile;aiant la certaine parolle de Dieu,pour leur appuy ,amp; ferme fondement: mais,que plua eft,grande, admirable, amp;nbsp;heroique. ” De laquelle parle Saint Paul,difànt : Safi^îi^perßdemj'\gt;icerunt rej^na, ” obturc^erunt oïa leonum^extiuxerunt i^nis. Et certes, bien pelc,amp; conftderé les affaires quelle a conduit, elle a eu bon befoin, d’vne vraie foy vidorieufè; pour fortir de la dure fornaifè, de tant de tribulations,qu’elle a portées,pour reprimer la fureur des lions, qui contre elle fè leuerent du commencement de fbn regne, pour mettre en fuite les bandes amp;nbsp;auantgardes de l’antichrift,qui fè vou* loient empiéter en fon Roiaume. Et pour, a l’exemple de Dauid, abattre le fort des infidèles ; amp;nbsp;reftituer en ce Roiaume, l’honneur de Dieu, amp;nbsp;de l’Eglifè : pouf dompter tant de tumultes ; appaifêr tant de fèditions ; amp;nbsp;remettre fus, la doélrine amp;nbsp;difeipline Chrefti-enne. Ce qu’elle a fait, par la vertu de fà foy:comme feirent loftic, Gedeon,Barac,Samfbn, Daniel, amp;nbsp;tant d’autres grands perfbnna-ges illuftreSjpar les fàintes Efcriturcs.

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LAQvELLE foy,n’apasefté,ny ïèulc,nyfolitaire,cnellcrmais fidèlement accompagnée,de l’elperance.-par laquelle, elle a merité, que Ion diCc d’elle, comme Saint Paul dit d’Abraham: J«J^em^con-tra JfenijCredidit, Car,contre toutes conjectures, amp;nbsp;apparences hu- ” mainesjes choies ellans hors d’clpoir,de pouuoir venir,comme clics ont fiiccedé ; Dieu a monllré en elle, ce que dit Saint Paul, eltre trelveritable:S^es^nonconfundit.LaquelleE^erance,bicnquelle fc fonde principalemét,à l’attente des biens eternels : Toutelfois,c]le a l’œil conlèquemment,à tout ce generalement,que nous polluons juftement demander,amp; dcfirer,comme faneur de la dextre,amp; libéralité de Dieu. Et ainfi, je dy, que l’elpoir qu’elle a eu, que après la tempelle viendroit le lcrain ; n’a pas ellé frultré, ny vain ; parce, que comme nous liions, que ce grand patriarche Noe ; lèntant le vaillèau qui le portoit, agité des vagues ça amp;nbsp;là, ne perdit pourtant relperance;ains,lè tint coy en l’arche qu’il auoit fabriquéequlqUes à ce,que la Colombe mellàgere de la Paix, luy rapporta le beau rameau d’oliue.Ainli,cell:e vertueufe Princelîè,ellant vne fois entrée^ par le baptelme,en l’arche de l’Eglilè militante:pour vents,orages, ny tempclles qui l’aient voulu faire renuerlèr; elle n’en ell jamais voulu lortir.-mais,gardâtla patienccilàns laquelle,lon ne peut heri^« ter les promelïesielle le y cil conllamment,amp; confidemment main-tenuc:en eïpoir,que quelquelfois celïcroit ce deluge,amp; qué la belle Colombe (j’entens la diuine faueur amp;nbsp;grace) la viliteroij^: comme elle a fait:telement, qu’elle a peu dire, ce dit, du Cantique de la vicrge,dc laquelle elle portoit le nomiFecit mihima^na,quipotenseß. j,

DIR A Y-l E quelque cholè,de là Charité,de laquelle elle a monllré tant de lignes,amp; fi euidens argumens? Vray cll,que celle vertu , ell comme vn brafier, caché es entrailles du cœur humain ; le-quel,ell aus hommes inuifiblc. Mais,celle flambe toutesfois, don-ne,dc là prelcnce amp;nbsp;force^quelques indices,par lès effets exterieurs: amp;nbsp;ne peut l’amour tant le cacher au dedans, qu’il ne forte quelque choie au dehors, qui le mette à jour, amp;nbsp;reuele. Quand Ion voit, l’homme, prendre, amp;nbsp;fupporter tant de peines, perdre le boire, le manger,ledormir,le rcpofcr,expofcr,delailfcr tout^melprilèr tout; entreprendre tout; elperer tout ; ne craindre rien; ne trouuer rien;

F 4 nytrop

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ry trop haut,ny trop ardu;pourlachofè, parluy aimée: faut il autre preuue,pour j uger,qu’il foit viuement amoureus? Ainfi,la charité,eftänt au cœur de laperfonne Chreftiéne,donne quelque vail-lable preuue delôy ; quand. Ion voit faire le mefme, ou fèmblable, pour rhoneur de Dieu:à qui elle regarde, comme à fon propre ob-jetrainfi que font les mondains amoureus,quand l’amour les tranf-porte. Telement, que celluy, que Ion voit faffliger, du déshonneur, fe deleder de l’honneur, fait à Dieu ; amp;nbsp;qui ne trouue labeur trop pefant,ny peril trop vrgent,ny diferime trop prefènt ; pour a-uanccr,pour garder,pour défendre, la gloire de Ion làint nom: Ion nepeut, finon penler, que dedans, il y a quelque maiftre des œu-ures;qui l’enfeigne, amp;nbsp;le meut interieuremét à faire tant de choies.

Po vRT AN T, fi nous voulousremettredcuant lesyeus,le zélé, l'affedion, les labeurs,le courage,la conftance,que cefie vertueu« lè Princefle a toufiours monftré, pour faire, que en Ion Roiaume, leNom de Dieu fuft illufiré, les faints Commandemens gardez, la crainte de fes jugemens maintenue : la teneur de fà veritable parole fainement entendué:la Foy, la Pieté, la Religion, amp;nbsp;tout ce que concerne l’honneur de fà fàinte maifon, y fut reueremment obfèr-ué, les vices chafliez, amp;nbsp;tous abus abolis ; les vertus honnorées, amp;nbsp;toutes honnefietés mifes fus : certeinement, toutes ces chofes, font fiiffifà^e foy, d’vne vraie amp;nbsp;ardente charité, qu’elle a toufiours portée a noftre Seigneur;amp; tele en effet,qu’il femble,qu’elle ait peu »» dire,auec Saint Paul : Qw nos fe^ambit à Charitate !Dei ? anfames an quot;nbsp;nuditashn^laJin^?

Ces trois vertus,qui font l’homme entièrement Chrefitien; luy ont produit, la féconde perfeélion: laquelle, nous auons diffi-nie,Conformité de toutes nos allions, à la diuine volonté. A laquelle , elle feft toufiours telement rengée ; que pour fby refondre, entons affaires, occurrences, amp;occafions, elle n’a voulu autre argument,pour cflre pcrfuadée,amp; conduite, que l’infallible regle,du vouloir de Dieu,bien connoiffant,quc cefle obedience, amp;nbsp;fubmif-fion,vaut micus,que les graffes viôl;imes,amp;fàcrifices,de Saul:amp; que le pere Abraham,a plus eu de merite, voulant félon le commandement de

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LA ROINED’ANGLETERRE.

ment de Dieu, mettre ion fils vnique à mort, que Saul, contre fon ordonnance, voulant efire folemcnt milèricordieus, au Tyran des Amalecfiites. Et combien que les vertus ont quelque temps efte cachées en elle ; comme la beauté de la Ro/è quand elle çft enclolè en ïon bouton : touteffois,ainfi qu a la venue de la belle Aube, elle fe/pannit,amp; lèpare, jettant hors les beaus fleurons colourez, ôc fon odeur tant fiiaue: ainfi cefte vertueufè Princeflè, arriué que fut le forain de la Fortune ; amp;nbsp;eflant la nuit de fos affligions acheuée, amp;nbsp;le lourde fon exaltation aduenu : aiant la claire eftoille matutine, donné changement aus tenebres paflees,amp; commencement à I heu reufo journée de fon regne; toutes fes vertus, fcfpandircnt, amp;nbsp;monftrerent, en benefice amp;nbsp;vtilitétre/grande de tout fon Roiau-me;lors que a la venue de fon foleil,comme la Rofe bien fleurie,elle monftra fos rares perfections : qui au parauant, en fon eftat priuc, cfooient moins connues, fo declarant auec admiration de toute fa nation. QjJe,fi Ion demande, quel foleil î l’entens la Majefté du Roy,fon mary. Comme le foleil,eft mary de nature,appellé elpous par les foin tes Eforitures : ainfi,le mary, efl: le foleil 4e la femme. le diray d’auantage : que, comme i e s v s-c h ri s t , efl: foleil de fon Eglifo ; ainfi, le mary, efl: foleil de fopartie. Ce qu’aiant tresbien cntendu,cefte vertueufo Princeflè ; a toufiours fingulierement honoré , amp;nbsp;relpeCté, ladite Majefté Roiale : l’aiant en mefine compte, que l’Eglifo tientnoftre Seigncur,fon vray amp;nbsp;legitime Elpous.

Mais, (lt;y e je ne m eflongne trop de ce que j’ay propofé du commencement : le retourne au point de la deufiéme perfection, que j’ay nommée Chreftienne. Laquelle, j’ay, fo me fomble,fiiffi-fomment monftrée, auoir efté finguliere, en cefte vertueufo Princeflè: felon que fo Foy viuante, amp;nbsp;fruCtueufe, fon Elperance ferme, amp;nbsp;du tout immobile;fo Charité officieufo,amp; ardente;en ont donné four, amp;nbsp;expres tefinoingnage.

Par lesqvelles, elle a laifle bonne confidence, aus fijr-uiuans;quc, par delà, deuant Dieu, elle a receu la tierce perfection diuine ; comme folaire, amp;nbsp;ornement, des deux premieres. Tele-ment,qucnouspouuons raifonnablemcnt croire,amp; confier; qu’en lieu

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SERMON FVNEBRE DE lieu de la Foy, qu’ici bas eile auoit ; la haut aus cieus, eile a pleine connoilTance de Dieu; contemplantjfaperfaite beauté non adum-,3 bree,face à face, amp;nbsp;en fa propre nature ; comme il eft efcrit : Videhi--mus eum jficnti efl. En efthange, de I’elperance, qu’icy la Ibufte-noitjclle a plein amp;nbsp;entier contentement,de tous defirs,de toutes at» tentes, amp;nbsp;de toutes affedions. nbsp;nbsp;Et pour perfedion totalle, de fà,

charité;de laquelle,!!eftdiïV.Charitas nunquam exciditiEXïç. fttrouuc, comme j’elpere, totalement vnie à Dieu ; par vn attouchement,du y, toutinexplicable;commeil efteftrit: Quiadhlt;eret dominofli--ritui efficitur. Et ainfi, en pleine jo'iflance, ScpolTeftion, de la tierce perfection, degloirc^non caduque, ny defaillante ; maisperdura-blc,amp;cternelle:obtenantde Dieu,le pris amp;nbsp;le but de ftcourft^ qui eft la fin,à quoy,tous prétendons.

Mais, cobien que nous aions tant d’argumens,pour bien clpe« rer du ftlut de cefte vertueuft Princeftè, fonde en là precedente façon de viure:toutefibis,l’Eglift, voulant pluftoft vftr de caution, q de preftimption: bien lâchant, de quelle mafte lont faits fts en fans; bien entendant,qu’il n’eft homme tant jufte,qui n’ait pluftoft cauft de demander grace, que de vainemêt jaCler Ibn merite; quand il eft queftion de venir au paragon du jufte jugement de Dieu: elle,corn me bonne amp;nbsp;pitoiable mere,faitpreïentement,ce deuotftifFragc,amp; Iblennelle recommadation ; affiliée du faintlacrihce du corps amp;nbsp;du lang dÇ noftre Seigneur lefus-chrift, pour l’ame de cefte vertueuft Princeftè. Ce qu’elle fait ordinairemét; pour tous ceus,qui laiftTent ce monde preftnt;amp; qui Ibrtent de cefte vie,auec fignaclc de la foy: A fin que par tele comemoration desmorsjes fiiruiuans ftient tant plus aduertis,dc leur condition,amp; mortalité: amp;nbsp;que par cóftquent, ils ft preparent,amp; mettent en ordre,amp;apprennét,en toute leur vie, à bien mourir, pour vne fois; amp;nbsp;ftmblabiement, pour confermer, en nos cœurs, la foy, que nous deuons auoir, de la futurereftirre-Ctiomle jour,auquel lefuschrift, reftabUra ce cors mortel,pafsible, fragile, peftnt,amp; corruptible; amp;nbsp;le rendra,immortel,impalsible,a-gile, lui{ànt,amp; glorieus. Etconftquemment,cefte,bonne,amp; ftn-gneuft mere, fait fts accouftumez fuffrages pour tous fideles de-funts:à celle fin,q,par deuote oraiftn;amp; autres biéfaits,de fes mini* ftresamp;

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LA R O I N E d’ANGLETERRE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;16

lires amp;nbsp;enfansi les âmes des anteceflèurs fôientïôulagées, amp;nbsp;aidées, par acceleration de leurs repos. Et, liiiuant la façon amp;nbsp;louable coullume des anciens,lefquels,de tout temps, ont gardé celle pie-téide prier,amp; fairelàcrifice,pour le làlut de cens qui ne le trouucnt, par delà forclus, ny déboutez, du fruit amp;nbsp;efficace, de la precieulè Viétimede iesvs-christ. Lequel a obtenu la primogeniture, entre les mors par là triomphante relurreélion. Deuatit qui, teles orailons, nepeuuentellre linontrelàgreables, amp;nbsp;trelàcceptables: puis que, c’eA,pour lès membres, quelles le font; pour lefquels,il a loulfert ce terrible, amp;nbsp;tant acerbe lupplice de la mort : afin que le corps milliquc,dont il ell chef ; toulîours croilTant, prenne là per-faite grandeur, largeur, amp;nbsp;hauteur. Duquel, puifijue celle ver-tueule Princelïè, en la laborieulè peregrination de celle vie, a ellé vray membre làin entier:certes,comme en fa vie,elle a eu part au làcrement,aus dons,aus biens,aus priuileges, aus immunitez, de la Republique Chrellienne : Aulsi, meritoirement le doit elle lèntir, du fruit de lorailbn de là mere : loit pour illuflration de là gloire,lî défia elle en a la joïiranee;lcgt;it,pour relâchement de lès peines,fi elle ell en ellat de penitence.

Or soit conçoives nostre oraison presen-tée deuant vollre face, acceptée, ô vray Palleur: puis que,c’ell pour vollre brebis, que nous prions. Soit deuant le tribunal de vollre jugement, aggreée, ô grand Aduocat, des pecheurs : puis que c’ell pour vollre clientule, que nous requérons. nbsp;Soit deuant vos yeus

nollre fupplication aduouée,ô milèricordieus Rédempteur :puis que c’ell pour vollre acquell que nous fupplions. Puis que cell pour vollre creature,laólure, nourriture, lignée de la marque, amp;nbsp;marquée du fignacle, de vollre croix;faites luy lèlon la teneur,amp; vérité,de

vos promelïès. Car vous elles verita* ble, bon, amp;nbsp;clement; à tous ceus,qui mettent en vous, leur confidence.

AMEN.

FIN.

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