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Huybert van Buchell (1513-1599)
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Huybert van Buchell (1513-1599)
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K. oct.
-ocr page 9- -ocr page 10- -ocr page 11-till', D n L A
VN \
LEGITIME Dy
PRINCE SVR
LE PEVPLE, ET du peuple fur Ie Prince.
Traite tref-vtile amp;nbsp;digne de leÜMre en cetemfSf efirit en Latin far EÜiene luniw Brit~ f tWiÇ^ nouttellement traduit
en Trantÿik.
Q6jô?
-ocr page 12-«RESTIONS EXPLIQVEES
EN CE TRAITE'.
1. Afauoir fi les fuiets font ten us amp;nbsp;doyuent obéir aux Princes, s’ils commandent quelque chofe contre la Loy de Dieu.
II, S’ileftloifiblederefifter àvn Prince qui veut enfraindre la Loy de Dieu, ou qui ruine l’Eglife. Item à qui,comment,amp; iufqiies QU cela eft loifible.
111. S’il eft loifible de rcfifter à vn Prince qui opprime ou ruine vn eftat public,amp; iufques où ccfte refiftancc s’eftêd.Item à qui,com-nient,amp; de quel droit cela eft permis.
IIII. Si les Princes voifins peuuent ou font tenus de droit dôner fecours aux fuiets des autres Princes,affligez àcaufe delà vraye Religion, ou opprimez par tyranniema-nifefte.
-ocr page 13-î
LES E M P E R E V R S T H E O-
DOSE ET VALENTINIAN a Volufian grandPreuoftde l’Empire.
C'Eft v»e chofe hie» feante à la Maieiléd'vti (jui domine fnr les antres^ de declairer e]M il efl Prince liéaux loix, ^nfsi noflrepniffance depend de VoMtoritédtt droit. Et d la vérité-, ce[t vne chofe pim excellente que la dignité de l’Empire me fines, d’affniettir la Principauté aux loix. Sca-uoir faijons a tous,par la declaration de cefluy no-ftre EdiS,cela que nous ne voulons fouffrtrnous e-ftre lotfible. Donnéd Rauenne,l’onziefinelourde Iuin,fi)HS le Conjulat de Florent ôquot; Denis.
IV S T l-N, AV SECOND livre, PARLANT DE LY-curgus Legiflateur des Lacédémoniens.
IL fit des loix aux Spartiates qui n'en auoyent point.fut autant renommé pour s'eflre mon-firéaufsi diligent obferuateur, qnefage inuenteur d'iceUes. Car il ne fit loy quelcSquepour les autres, d laquelle il ne s'afiiiietttfl le premier: drejfant acouflumant le peuple d obéir aux Princes, (ÿ- les Princes dgouuerner amp;nbsp;commander comme il appartient, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;quot;■
A.ij.
-ocr page 14- -ocr page 15-PREFACE DE C. S V-
PER ANTI VS, SVR LE traité d’Eftieneiunius
Brutus,
AVX PRINCES CHRESTIENS.
IE fauoybienjMeiïcigncùrSiqu’en publiant
CCS qucftions d’Efticne lunius Brutus, tou chant le vray droit amp;nbsp;la puiflance du Prince fur le peuple , amp;nbsp;du peuple fur le Prince : il le trouueroit des gens qui m’en fauroyent mao-uais grc. Car elles font manifeftement contraires aux rnauuaifespratiques , confçils pernicieux , faulfes amp;nbsp;peftifercs maximes de Nicolas Machiaucl Florentin,lequel ils ont pour guide au gouuerncment des afaircs d’eftat. l’eftimcdonc qu’ils me condamneront comme audacieux (afin de mordre en quelque for-tc)dcccquevous cftantdu tout inconu, i’ay prins la hardiclTc de vous cfcrirc,fpccialement en cctcmps,dcchofcs de fi grande importance. Mais la ferme amitié fingulicre affeétiS que ic porte au bien public, àquoy lepcnfc continucllcmét,m’ont arraché cefte peur. En apres il m’a femblé que ces difputes vous ap-partenoyent plus qu’à nuis autrestdautât qu’il n’cft point ici parlé de chofes legeres,mais de confcqucnccjamp;necclfaircs d’eftre bien entendues parmi tant de troubles publics. Ainfi dôc
A.Ëj.
-ocr page 16-6 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;PREFACE.
vousayçzmaintenantvn difçours, monftrant comme il faut maintenir la vrayeMaiefté du Prince amp;nbsp;des Rois,dcfqucls,vous eftes defeen-dxs, ßcconferuer au peuple ce droit que les bonnes loix amp;nbsp;mœurs aprouuecs des nations ont cflablid’vn mefine confentement. Mcf-mes quelques vns d’entre vous,procurans que ccfteMaicOc royale Mes anciens droits des peuples fufient remis fus es Gaules,y ont mené des armées contre certaine nation , qui fe inocquant de Dieu amp;nbsp;des hommes, appuyee fur rufes amp;nbsp;trahifons , a employé tout fon c-fprit ,,fcs moyens amp;nbsp;fa force, pour réduire en laferuitude d’vne cruauté barbare les Gau-Jois,francs amp;nbsp;libres de nature, amp;nbsp;du tout nobles fi Ion confidere leurs mœurs,Ioix amp;nbsp;cou-ftumes anciennes. Or en la deduction de ces .Queftions qui font ici examinees, nous verrons à œil ouucrt l’ancienne, c’cftàdire, la p3lfaitcƒftigie du gouucrncment des royau- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;('
mes^ comme vnechafte, vraycamp; fainftema-trone,fans aucun fard nj defguifcmenttau lieu de laquelle ces Michiauclliftcs ci n’ont point honte de nous prefenter vnc forme d’admi-nifiration,qui cft baftarde,fardcc,in)pudique
mefehante. Celle ancienne façon degou-uerner les Prouinccs,Royaumes amp;nbsp;Empircs,a efté pratiquée par vos prcdcccircurs,amp;lcsPrin ces ornez de toutes fortes de vertus royales, l’ont diligemment obferuce toute leur vie, la baillans «e main en main les vns aux autres.
A bon
-ocr page 17-PREFACE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;7
A bon droit donc faut-il que vous entendiez ce qui eft difcouru en ces Queflions. Finalement, ie me fuis perfuade, amp;nbsp;à bon droit, qu’en vous dédiant telles difputes, cela feroitcaufe que plufieurs les voudroyent fucilletcr, pour la renommee devoftre nom amp;nbsp;de voftre nation. Vrayeft que quelques vns efmeus,àcaufe des troubles amp;nbsp;partiali-tez, feront fort curieux de fauoir que c’eft. Maistous rcceuront de bonne amp;grandcaf-feélion ce liurct,à caufe de rcxccllente do-étrine qui y eft contenue , amp;nbsp;de l’équité de la caufe. Lt ce dautant plus volontiers que ces Queftions ont efle expliquées au long, fans dcfir de picquer ni fauorifer vn parti pluftoft que l’autre : mais feulement pour monflrer la vérité aux Icélcurs,l’auteur ayant efte contraint de ce faire par la confi-derationdes calamitez amp;nbsp;ruines de la France , à ce que Ion cerche quelque prompt, feur, amp;nbsp;perpétuel remède, pour empefeher que tels maux ne fe voyent par ceux qui viendront apres nous. Ce qu’apperceuront aiCe-ment ceux qui liront de près ces difeours, en tel temps qu’il leur plaira, de quelque parti, nation ou côdition qu’ils puilTcnt eftrctpour-ucu toutesfois qu’ils facent profeffion delà Religion Catholique, ou delà Romaine, ou de la reformée.
E T pourtant, commeIcScigneurBrutus, H.
A.iüj.
-ocr page 18-8 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;PREFACE.
gétilhomme dode amp;nbsp;fage, dcuifuit auec moy, il y a cnuiron deux ans des miferes de Ia France: après auoir amplement difcourudc part amp;nbsp;d’autre fur l’origine,fur leg caufes,commcnce-mens amp;nbsp;auancemés d’icelles, en fin nous con-cliifmcs, qu’entre autres caufes les liures de Machiauel aiguilbycnt fort les efprits de certaines perfonncsà trouucrics moyens de trou hier l’eftatjen s’aidant de l’autorité de ceux qui le gouuerncnt.Q^ Machiauel auoit pofc les fondcmês de la tyrannie en ces liures ficns, comme il nous apparut alTez par les préceptes amp;nbsp;enfeignemens aeteftables y fcmczçaamp;là. Qu’il n’y auoit remede plus prompt amp;nbsp;certain que de ramener la domination des Princes amp;nbsp;le droit des peuples à fes legitimes amp;nbsp;certains premiers principesique la puiflancc des vns amp;nbsp;des autres feroit par ce moyê arreftee en certaines limites, fans quoy le gouuerncment de l’eftat ne peut fubfiftcr,amp; confequemment les préceptes de Machiauel doyuent eftre reiet-tez, cfians du tout anéantis par ces principes. Depuis il m’enuoya ce liurc de Queftions, auquel ces principes font contenus, prouuez amp;nbsp;bien cfclaircis, afin que je le Icufle, pour puis apres luy en dire mon auis.Pour certain,le Seigneur Brutus a heureufemet employé leteps, n’ayant eu rie plus cher que de drelfcr à grand trauail ces Queftions pour maintenir le bien public amp;nbsp;la Religion Chrefticnne en leuren-ticr. l’eftimc donc,Mcflcigncurs,que ces questions
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ftions fuffifcnt pour réfuter les MachiauclJi-ftes 8c leurs efcrits, qui par leurs confeils pernicieux font caufe que I’cftat eft diuife en tant de diftenfions ciuües, partialitcz amp;nbsp;remnetnes: amp;nbsp;que ce font ici comme les principes tresfer-mes,ou les colomnes,ou les reigles pour bien reformer l’eftat, fpccialement en ce temps, amp;nbsp;pour redreffer Seremettre en fa premiere fplé-deur le legitime gouucrnement ; qui me fait croire que ces Queftions donneront grand contentement aux hommes fages amp;nbsp;crai-r|iansDicu.
O R combien que ie prefume que quelques j j j, Machiauciliftes ouefclaues des tyrans s’tflc-ueront contre Brutus : toutesfois damant que cefera à caufe qu’ils craignent queleursme-fehantes pratiques ne foyent defcouucrtcs amp;nbsp;detcftecs par vous, fi vous daignez confiderer les raifons principales de ces queftions,amp; que vous, Mefleigneurs,ferez conoiftre leur malice à tout le mondc:à quel propos Brutus gentilhomme de bo cœur fc foucieroit-il de leurs choleres 8c detraélions?Il a occafion de feref-iouir, quand par fa diligence amp;nbsp;eftude les in-iüfticcs, mefchancctcz, rapines Se fraudes des Machiauciliftes ontefte finalement defeou-uertes, pour le falut euident des Rois amp;nbsp;des peuples, qui eft vne chofe à quoy Ion fc doit employer de tout fon pouuoir. S’ils difét qu’il propofe doctrine fauffe, c’eft à eux à le mon-ftrer. Maisic vous prie, par quel bout corn-
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mcnccront ils? Car tout ce qui eft mis en a-uant en ces Qucftions eft prouué par tefmoi-gnages expres de l’Efcriture faindc, alléguez a propos: item par les préceptes amp;nbsp;enfeignemês tirez de la philofophie morale,politique amp;nbsp;na turcllc ; par les loix, par les auis des lurifcon-fultes , par les edits des Empereurs, par les mœurs amp;nbsp;couftumesde diuerfes nations,felon les notables cxcplcs qui enfontpropofezpar beaucoup d’hiftoriens.Quant à la façon d’en-feigner, (ic parle aux Pbiïofophcs amp;nbsp;difpu-tcurs) pour prouuer plus clairement amp;nbsp;certainement fon diic,‘il recueille des effefts amp;nbsp;con fequcnces, les caufes amp;nbsp;maximes ou reigles, qu’il propofe aux leôleurs, amp;nbsp;monte comme par degrez iufqu’au plus haut de ce qu’on peut attaindre en telles matières : tellement qu’à la façon des Geometres(qu’il femblc auoir voulu enfuiure en ccla)d’vn point il tire vne ligne, d’vne ligne la fupcrficc,amp; d’icellc le corps en-ticr-.qiii eft vne maniéré de demôfircr amp;nbsp;prou uer la plus claire amp;nbsp;briefue qu’il eft pofsible. En efpluchant ces Queftions,il s’eft porté fort modellcmcnt, defircux de recercher foigneu-fement amp;nbsp;tirer la vérité comme du fond d’vn puits.Ccux qui ne la voudront regarder eftant maintenât au iour amp;cxpofcc aux yeux de tous, font du tout mcfch5s:amp; ceux-là du tout aueu-gles qui ne pourront voir ce que tout le monde void. Ces Qucftions eftansainfi expliquées, on void aflez quel eft amp;nbsp;doit cftrc le droit amp;nbsp;deuoir du Prince enuers le peuple, amp;nbsp;du peu-
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ccnucrs le Prince: amp;nbsp;que ccs deuoirs mu-cls ÖC reciproques font diftinguez l’vn de 1Utre. Item que Dieu, nature amp;nbsp;les couftu-es des peuples ont pofe des bornes auPrince ?u peuplc:queceluiqui outrepafle les fienes tche griefuemét cotreDieugt;côtre les bônes 'ix,amp; cotre le droiôl des Gents.Qu’en outre-iflant les bornes, i’eftat tombe en côtufion, s’enfuit rupture d’alliâce ciuile amp;nbsp;humai-
lànaift tyrannie, qui engêdrefedition, 5c procédé la guerre ciuile. Au côtraire fi on traint fermemét ce lié de la focieté huniai-,hamp; qu’ô plante ccs bornes amp;nbsp;limites comme 'S Queftiôs le môftrent amp;nbsp;prouuent par prin ipes véritables amp;nbsp;équitables : il s’enfuit qucla oétrine de Machiaucl, qui n’a que babil,qui U mefehâte amp;nbsp;pcrnicicufe au gère humain,fc nine de foy-mefine,8c ne peut fubfifter en for t que ce foit.Et n’y a home qui luy puiffe four iralfcz fermes eftâçonspour l’appuyer amp;nbsp;fou ^enir.Toutcsfois,quelcs Machiauclliftcs cn-■et en châpde bataille,fi bô leur fcmble.Nous ousaiderôs de ccs vrayes amp;nbsp;Icg^itimcs armes el’Efcriturefaindcjdela Philosophie mora-t amp;nbsp;politique, des loix,dcs couftumes des peu lles,amp;des exéples que fourniflet les hiftoires: »uis nous viédrons hardimét aux mains cotre fux.S’ils neveulét ioindre,ils mSfirét leur mau ^aife côfciécc,amp; côfcflcront par cela qu’ils fôt 'aincus. S’ils s’exeufent à caufe des armes , qui outesfois font pour les vns amp;nbsp;pour les autres, ju’auons-nous befoin de nous plus arrefter
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PREFACE.
1111.
1 eux? Nous confeflbns franchemet 8c tout Ie monde que nous fommes Chreftie?^ amp;nbsp;déclarons ne vouloir auoir aucune acogt; tance auec ceux qui refuferont ces armes, me gens indignes deviure, amp;nbsp;d’habiter a^^' les autres homes. Or,pource qu’ils n’ont f le tort de leur cofté, amp;nbsp;ne fauroyent rient? pliquer qui vaille contre ce qui leur eft opp fc maintenant;peut eftre qu’ils diront Queftiôs font feditieufes, que les principes^^ celles font faux,amp; pour toute raifon voudPj^ plaidera coupsd’efpee.Maisau contraire,p* que ces principes font véritables, pourqU* taxeront- ils de fedition ces Qi^ftions? poiP quoy arment-ilsles fatellitcs des Princes cO tre ceux qui les maintienent? Eft-ce rai? que le Prince ignore ce qui cft veritable?ptr cipalementen fait de confequcnceamp; qui^^, touche fa perfonne amp;nbsp;tout l’eftat? Mais voi^^* ment les Tyrans,(quc ces Machiauelliftes fö.j^ ment amp;nbsp;enfeignent fi diligemment ) qui colf j paflent toutes chofes felon leur feule fantî fie, fans auoir aucun efgard àl’vtilité pub^j que,pcuuent eftimer que la vérité' n’engend.^^ que fedition : au contraire la vérité fera teflf|. pour vnetrefcxcellentevertu parle ChreftiSy amp;nbsp;Cage Prince enfeigné 8c inftruit par Queftions.
Mai s, comme vous faueZiMelTcignci/^ que les principes 8c arrefts de ces QueftioC font trcfiuftcs; auffi tât de vos illuftres depo?
terne®’
4
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^^jRcns, le defir qii’auez toufiours tnonftrc de quot;.^curer vnc bonne paix, amp;nbsp;tant de voyages ; l’auez faits pour y paruenir, monftrent clai-■jnent que vous aprouucz par effeâ: ces prin-
^çs. C’eft doncraifon, puis que ces arrefts Snftrent le vray remede,que finalemêt vous ’’ignicz toutes vos forces pour apporter les ains amp;nbsp;guérir les difeords de ce temps, amp;nbsp;les Pf^iux qui en font iflus. Certainement Dieu ƒ utpuiifantamp;toutbon vous a donne tant de J’elle amp;nbsp;bon confei5,afufcitc entre vous tant °Ibons chefs de guerre, amp;nbsp;iufqucs àprefent ’f^us a enuironnez de la faucur de tant de na-1 ^jns, qu’il a oppofe voftrc conftance aux ru-°s desMachiauclliftes de noftrctemps,vo-S^re force à l’audace de nos Geans, la vertu de %ftre noble famille amp;nbsp;nation à la ftupiditc . e ce fiecle , parmi tant de troubles qui ont a-né l’eftàtjlcs afaires,les Prouinces amp;nbsp;les plus ’jrands de la France. Vous donc, fuiuant les Principes de ces Qi^ftios, aucz prins en main ° i defenfe du bon droit de quelques François, ’^ücz pour ceft effeétamafle amp;nbsp;amené vos for-’ ƒ s.Or ces Quçftions monftrent que non feu-’ .‘ment vous auez eu droit pour pouuoir faire T^^'cla, mais auflî que vous y efticz amp;nbsp;eftes tenus, “^ant à nous, de bonne affeftio nous prions bieu qu’il vous maintiene, amp;nbsp;efperons qu’a-tfesauoirefté honorez detant d’entreprifes ’’ic viftoires Chreftienes,vous ferezeftablir °Juclqueiour vncferme paix, pour employer
ciJ-‘
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à l’aide de Dieu,amp; par arreft commun de te eftats, (ie parle à vous tous,Princes Chrefti vos efprits,forces, fcience militaire,vertu,’ toritc' amp;nbsp;moyés contre ce cruel tyran de T» quie: afin que fousvoftre conduite, la Chi ftienté triomphe de ce puiflant amp;nbsp;orgueilk cnnemi,à la grande gloire de Dieu, au falut l’Eglifc, amp;nbsp;au repos de l’eftat public. No prions tous amp;nbsp;fupplions humblement leSlt; gneurtout puiflant amp;nbsp;tout bon qu’ainfiaui ne. De Soleurre, ce premier tour de lanui M. ». L X X V 11.
/
PR)
I I
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ST 1 o N,
ASAVOIR SI LES S V-iets font tenus amp;nbsp;doyuent obéir aux
Princes,s’ils commandent quelque chofc contre la Loy de Dieu.
E V T eftre que de prime face cc-p fte Queftion fcmblera du tout fu-* perflue amp;nbsp;inutile: veu que par icelle il femble que Ion reuoquc en doute vn axiome tenu pour trefcertain entre lesChreftiensjCÔferme partant de tefmoigni ges de rEfcriture,par tat d’excples de l’hiftoi-re de tous teps, amp;nbsp;par la mort de tât de fideles Martyrs. Car d’ou font procédées (dira qucl-qu’vn) tant d’affliélions que les Chrcftiês ont endurées, finon de ce qu’ils ont toufiours cfié d’auis qu’il faloit obéir à Dieu fimplement amp;nbsp;abfolucmêt, amp;nbsp;aux Rois auec exception, c’eft afauoir entant qu’ils ne cômandent rien contre la Loy de Dieu ? Autrement pourquoy les Apoftres auroyent-ils refpondu qu’il fauto-beir plulloft à Dieu qu’aux homes? Dauâtage, puis que la feule volôté de Dieu eft toufiours iufte, amp;nbsp;celle des homes peut eftre iniufte bien fouuct:qui doute qu’il ne faille toufiours obéir a Dieu fans exception, amp;nbsp;aux homes toufiours auec quelque exception? Mais pource qu’il y a
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pour lcioiirtlhuy plufieurs Princes,fc difans Chreftiens, qui s’attribuent audacieufement vne puiflancc dcfinefurec amp;nbsp;fur laquelle Dieu mefines n’a que voir : amp;nbsp;qu'ils n’ont pas faute de flagorneurs qui les adorent comme dieux en terre; plufieurs aufsi qui par crainte, ou par autre côtraintc femblent eltre d’auis, ou mef-mes eftiment que Ion doiuc obéir aux Piinccs en tout amp;nbsp;par tout. Dauâtage,vcu que le malheur de noftre temps eft tel qu’il n’y a rien ff fcrmc,ccrtain amp;nbsp;pur,que Ion n’esbranfle,dcf-mente amp;nbsp;pollue : ic crain bien que quiconque confiderera le tout de bien prcs,ne côfelTe cc-ftcQucftion eftre non feulement vtile, mais aufsi du tout nectflaire en ce temps. Quanta moy, lorsqueieconfidcre lacaufedetantdc calamitez dont la Chrefticté a efte battue depuis quelques ans,il me fouuient de ce que dit
Prophete Ofee, Les Princes de luda ont c-fté comme ceux qui tranfpofent la borne ;amp; pourtant ie refpandray fur eux mon courroux comme eau.Ephraim foufïre iniure amp;nbsp;eft cafle en iugemcnt,pource qu’il a commencé d’aller apres lecommandemét mauuais. Vous voyez ici le péché des Princes amp;nbsp;du peuple deferit en deux mots. Les Princes trâfpofcnr les bornes, qui ne fe contetans pas del’autorité que Dieu tout bon amp;nbsp;tout puiflânt leur a donnée, taf-chent d’vfurper lafouucrainetc qu’icduy s’eft referuee fur tous hommes; quad ils ne fc contentent pas de faire des corps Si des biens de
leurs
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leursfuietsà leurpkifir, ains aufsi fêdonncat licence de commander aux confciences,ce qui appartient entièrement à Icfus Chrift : amp;nbsp;n’e-ftimans pas la terre aflez grade pour eux, veulent cfchtlleramp; conquérir le ciel mcfme. Le peuple d’autre part fuit les cômandemcns mau uais quand il s’accorde auec les Princes qui lui commandent quelque cholje contre la Loy de Dieu, amp;nbsp;par manière de dire encenfe amp;nbsp;adore CCS Dieux de terre : amp;: au lieu de leur refifter, quand il en a les moyens, leur laifle vfurper la place de Dieu , amp;nbsp;ne fait confcicncede rendre à Cefar ce qui apartient à Dieu proprement. Or il n’y a perfonne qui ne voye cela. Si quclqu’vn n’obeit à vn Prince commandant chofes mefcliantes, incontinent ilefteftimé rebelle, traiftre, criminel de lefe Màicfté. le-fus Chrift,les Apoftres,tous les Chreftiens de la primitiue Eglife eftoyentchargez dételles calomnies.Si quelqu’vn,àrexcple d’Efdras ou Kehemie, fedifpofepour baftir le temple du ^fehe.^.y Seigneur on dira qu’il afpire à la couronne, qu’il machine quelque nouueaute,amp; veut ren-uerfer l’cftat. Puis incontinent vous verrez vn inilliS de marmoufets amp;nbsp;flattereaux venir corner aux oreilles des Rois,Si vne fois ce temple eft rebafti,c’eft fait de voftf e royaume: ne pc-fez plus receuoir railles ni imports de ces gens. Mais quelle fureur ert cela? Il n’y a ertats que Ion doyuc ertimer fermes, finô ceux au milieu defquelsle téple de Dieu eft bafti, amp;nbsp;qui font
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CC temple mefmes. On peut dire ceux là eftre vrayement Rois qui régnent auec Dicu,vcu que c’eft par luy que les Rois regnét. Au contraire quelle beftife cft-ce de penfer que l’eftat amp;nbsp;le royaume ne puifl'ent fubfifter, h ce temple n’cft dcfmoli, amp;nbsp;fi Dieu tout puiflànt n’en cft chafic?Dc là procèdent tant d’entreprinfes tyrâniqucsjtant de morts malheureufes amp;nbsp;tragiques des Rois,tant de ruines des peuples. Si les flatteurs fauoyent quelle diftcrccc il y a entre Dieu amp;nbsp;Cefar,entre le Roy des Rois amp;nbsp;vn fimpic Roy,entre le Seigneur amp;nbsp;le vaflàljqucl tribut ce Seigneur requiert de fes fuiets , amp;nbsp;quelle autorité il donne aux Rois fur iceux fuiets: certainement tant de Princes nes’ef-forecroyent pas de troubler le royaume de Dieu , amp;nbsp;n’en verroit-on pas aucuns précipitez de leur throne par le iufte courroux de Dieu, fc vëgcant d’eux au milieu de leurs plus grands efforts. Auffi le peuple neferoit pas tant foule, pillé amp;nbsp;faccage. C’cfl donc afaire aux Princes de fauoir iufcjucs où s’eftend leur autorité,amp; aux fuiets comment ils doyucnt o-bcir:dc peur que les vns anticipans fur vnc iu-rifdißion qui ne leur apartient, amp;nbsp;les autres obeiffansà ccluy qui leur commande plus a-iiant qu’il ne faut, amp;nbsp;refpondans deuantvn autre iuge,ne foyent chaftiez. Or le but de la queflion propofec, dont principalement l’E-feriturefainße donnera larefolution, cfttcl que s’enfuit.
On
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O N demande, Silesfuiets font tenus d’o-bcir aux Rcÿs,en cas qu’ils commandent quelque chofe contre la Loy de Dieu ? c’eft à dire, auquel des deux(Dicu ou le Roy)il faudra plu-ftoft obéir. Quand la queftion feravuidee pour le regard du Roy, qu’on eftime auoir v-nepuiffance abfolue, elle le fera audipourle regard des autres Magiftrats. Premièrement, l’Efcriture fainfte enfeigne que Dieu regne Preuer.9i par fa propre autorité, les Rois par emprunt: Dieu de par foy-mefmc,lcs Rois de par Dieu: Que Dieu a vnc iurifdiclion propre, les Rois font deleguez de luy. Il s’enfuit que la iurifdi-«ftion de Dieu n’a point délimités, celle des Rois au contraire:que la puiffancc de Dieu eft infinie,cclle des Roisnon: que le royaume de Dieu s’eftend en tous lieux, ccluy des Rois eft comprins en certains pays amp;nbsp;confins. Item* Dieu a créé de rien le ciel amp;nbsp;la terre:parquoy à bon droit il eft Seigneur amp;nbsp;vray proprietaire del’vn amp;nbsp;del’autre.Tousleshabitansdu mode tienent de luy ce qu’ils ont, amp;nbsp;font comme fes cenfiers amp;nbsp;admodiataires : tous les iuges amp;nbsp;gouuerneurs delà terre,font fes bcneficiers amp;nbsp;valfaux, amp;nbsp;font tenus de prendre amp;nbsp;reconoi-ftreleurinueftifure de luy. Brief,Dieu eft feul proprietaire amp;nbsp;feul Seigncur:tous hommes en quelque degré qu’ils foyent font fes ferui-teurs, fermiers, officiers amp;nbsp;valfaux , qui luy doyuent la cenfe félon le bien qui leur a e-fté commis. Tant plus haut eft leur fieges
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plus font-ils comptables :amp; felon qu’ils ont cftc efleucz en charges honnorablçs , plus feront-ils chargez deuant Dieu: ce que l’Efcri-turc enfeigne en vneinfinité d’endroits,amp; tous les fideles, mefmcs les plus fages Payens, l’ont toufiours ainfi reconu. La terre appartient au Seigneur, amp;nbsp;tout le contenu d’icelle, ce dit le Roy Dauid. Et afin que les hommes ne facrifient à leur charrue, la terre nefauroit ri en produire fans la graifleduciel. Pourtant Dieu vouloir que fon peuple luy oft'rift les pre iniccs de tous fruits (amp; les Payens mefmes les ont confierez à leurs dieux) afin de le reco-noiftre Seigneur amp;nbsp;eux fes gran giers amp;nbsp;vignerons. Le ciel eftlcthronc du Seigneur, amp;la terre le feabeau de fes pieds. Et pourtant,puis que tous les rois du monde font deffous fes pieds,ce n’eft pas mcrueilles fi Dieu eft appelle Roy des rois amp;nbsp;Seigneur des Seigneurs: amp;nbsp;fi les rois font nommez fes feruiteurs, eftablis pouriuger amp;nbsp;gouucrner le monde en qualité Z’wH.S.iç delieutenans. Par moy(ce dit laSagefTcdiui-ne) les rois régnent, amp;nbsp;les Princes iugent la Zot 11,16 terre. S’ils ne le font, iedeflie le baudrier des rois, amp;nbsp;mets fur leurs reins vne fimple ccintu-J'an.z.ii re: comme s’il difoit, c’eft à moy d’eftablir les rois en leur thronc,ou les en chafler.A l’occa-fion dequoy le throne desroiscft appelle thro ne de Dieu. Le Seigneur ton Dieu foit bénit, a.C/;r,ÿ.8 difoit la roine de Saba au roy Salomon,qui t’a eu agréable pour te mettre fur fpn throne, comme
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comme roy,au lieu du Seigneur ton Dicugt;afin que tu faces jugement amp;nbsp;iulficc. Semblablement nous lifons en vn autre endroit que Sa- i chrm. lomona efte aflîs au throne du Seigneur, ou au throne du royaume du Seigneur. Auec mef me raifon le peuple cft toujours appelle peu- ’ pic amp;nbsp;heritage du Seigneur: amp;nbsp;le Roy gouucr-J ’ neur de cell heritage,amp; conduéleur du peuple 1.^4»,. g. de Dieu: qui cft le titre donne nommément à n Dauid , àSquot;Iomon, àEzechias, amp;nbsp;aux autres bons Princes. Quant auffi l’alliance fe pafte ^ chron. entre Dieu amp;nbsp;le Roy, c’tft à condition que le 1.9, peuple foit amp;nbsp;demeure toufiours peuple de Dieinpour monftrer que Dieu ne fe defpouil-le point de fa propriété amp;nbsp;pofteflion,quand il baille aux rois le gouuernemét du pcuplc,ains les cftablit pour en auoir la charge amp;nbsp;le bien entretenir: ne plus ne moins qucccluyqui choifit vn berger pour garder fes troupeaux demeure ncantmoins toufiours maiftre d’i-ceux. Cela a cft chien conu des bons rois,Da-uid,Salomon,Iofaphat,amp; autres,qui reconoif foyent que Dieu cftoit le Seigneur des royau-mes Se nations,amp; ne laiflbyent pas de régner: mcfmcs ils regnoyent tant plus heureufement qu’ils s’employoyent alaigrement au feruicc de Dicu.Ncbuchadnefar,quoy qu’il fuftPaye, amp;nbsp;puiflant Empereur,a finalement rcconu ce-la:car comme Daniel l’appcllaft Roy des rois, auquel le Roy des cieux aiioit donné vne puif-fanccamp; gloire royale fur tous autres: maisau
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contraire,dit-il,ton Dicu,ô Daniel,eft vraye-mentle Dieu des dieux, amp;le dominateur des dominateursidonnant Ies royaumes à qui bon luy femble, voire aux plus chetift du monde. Pour cefte caufe Xenophon dit, qu’au couronnement de Cyrus on facrifia à Dieu : amp;nbsp;les auteurs profanes en plufieurs endroits magni fient Dieu tout puiffant fouucrain Roy. Au-iourdhai au facredes Rois amp;nbsp;Princes Chre-ftiens,ils font appeliez feruitcurs de Dieu,de-ftinezpourgouuerncr fon peuple. Puis donc que les Rois font fculcmct licutenâs de Dieu, cûablis au throne de Dieu par le Seigneur Dieumefine, amp;nbsp;que le peuple eft peuple de Dicu:amp;quc l’honneur qu’on fait aux lieutenâs ne procédé que delà rcuerencc qu’on porte a ceux qui les ont enuoyez : il s’enfuit fans difficulté qu’il faut obéir auxRois à caufe de Dieu, non pas contre Dieu, amp;nbsp;lors qu’ils feruent amp;nbsp;obeiflent à Dieu,non autrement.
P E V T dire que les flateurs de Cour replir queront que Dieu a refigné toute puiflance auxRois,rcferuât le ciel pour foy,amp; leur donnât la terre pour y régner amp;nbsp;gouuerner à leur plaifir: brief que les grands du monde ont fait partage d'empire auec Dieu. Voila vn propos conuenable à quelque vilain Cleon impudent flatcur d’AlexâdrCjOu au poettMartiahqui n’a point de hôte d’apeller les edits de Domitian, les edits du Seigneur Dieu, Ce propus,di-ie eft digne de ceft execrable Domitiâ,Icquel(côme recite Suçtonc) voulut cftrc apcllé Dieu amp;nbsp;Sei-
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gneur.Mais cela eft du tout indigne des oreilles d’vn Prince Chrcfticn,amp; delà bouche des bós fuiets.Ccfte fcntcce de Dieu tout puiflant demeure toufiours ferme,le ne dôncray point ma gloire à vn autre: c’clladire pcrfône n’aura telle puiflace,que ie ne demeure toufiours fou ucrain.Dieu ne fe defpouillc iamaisde fa puifia ce amp;nbsp;autorité. 11 tient vn fccptrc en vne main Pfe.z.9. pour reprimer amp;nbsp;rôprc la telle aux Rois qui fe mutinct cotre luy.En l’autre il porte vne balâ-ce pour côtroller ceux qui n’adminillrét pas iii llicc corne il apartict.Or lô ne fauroit môftrer pl*certaines marques d’Empire fouuerain que celles là.Que fi l’Empereur en créant quelque Roy referuc toufiours la fouueraineté Impe-rialciou qu’vnRoy,corne eeluy dcFracc,en dó liât le gouucrneméc ou la poHcflió d’vne pro-uince à vn ellrâger,ou mefmcs àfon frère ou à fü fils,retiét toufiours amp;nbsp;a vers foy les cas royaux,la conoiflace de certaines chofes referuecs à fa Maiefté royale,amp; la fouueraineté,lefqucl-Ics font eftimees de droit ellre exceptées, encor que métion n’en ait eflé faite au formulai re de l’inuefliturc amp;nbsp;feautépromife: à comblé meilleure raifon Dieu doit- il auoir cefte fou-ueraine puiflancc fur tous Rois, fes feruitcurs amp;nbsp;officicrs,vcu que nous lifons en tant de paf fages de l’Efcriture qu’il les apcllcra à compte , amp;nbsp;les punira, s’ils ne s’acquittent de leur deuoir? Ainfidonc les Rois font valfauxdu Roy des Rois, inueftis par le glaiue, qui cR
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l’enfcigne de l’autorité royale, afin que par Ie moyen de ce glaiue ils maintienent la Loy de Dieu,confcruent les bons,exterminent les mefchans: tout ainfi que nous voyons que par l’efpee, le bouclier amp;nbsp;l’eftandart, ccluy qui cft Seigneur fouuerain met fcs vaflaux en poflef-fion du fief, à la charge de combatte pour luy . auec les mefmes armes,quand befoin fera. Or fi nous confiderons que c’eft de vaflaux, nous trouuerôs que ce qui peut eftre dit d’eux con-uient proprement aux rois. Le vaflal reçoit le fief de fort feigneur auec droit de iufticc amp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;charge d’aller en guerre.Le Roy cft cftabli par
leSejgneiirDîcu Roy des rois, afin deiuger fon peuple amp;nbsp;le conferuer contre tous enne-^^lt;«»»•8, niis. Le vaflal reçoit loy amp;nbsp;conditions de fon fouuerain, Dieu commande au Roy d’obfcr-uer fcs loixamp; lesauoir toufiours deuant fcs yeux,promettant que luy amp;nbsp;fcs fucceffeurs poflederont longuement le royaume s’ils font obéi (fans, au contraire que leur regne ne fera pas de duree s’ils font rebelles au Roy fouuc-rain. Le vaflal s’oblige par ferment à fon Seigneur, amp;nbsp;iure qu’il fera fidele amp;nbsp;obcilTant. Zgt;c»t.t7. Semblablement le Roy promet folennelle-ment de commander felon le contenu delà Loy de Dieu. Bref, le valTal perd le fief s’il commet fclonnie,amp; félon le droit perdfoy-mefmc tous fcs priuilcges. Au cas femblable le Roy perd de droit, amp;nbsp;quelquesfois auffi de fait, fon royaume, s’il mefprife Dieu,s’il com-plottc
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plotte auec Ies ennemis d’iccluy, amp;nbsp;s’il commet fclonnic contre Dieu. Cela apparoiftra plus clairement parla confideration de l’alliance qui fe côtraftoit entre Dieu amp;nbsp;le Roy; car Dieu faifoit ceft honneur à fesferuiteurs de lesappellerfesconfcderez. Ornouslifons deuxfortes d’alliance au facre des Roisda premiere entre Dieu,le Roy amp;nbsp;le peuple,à ce que le peuple fuft peuple de Dieu : la fécondé en-tre le Roy amp;nbsp;le peuple, afauoir que le peuple obeiroit fidèlement au Roy quicommande-roitiuftement. Nous traiterons ci apres de cefte fécondé, parlons maintenant de la premiere.
Qy A ND le Roy loas fut couronné , nous Alliance lifons qu’alliance fut contraiâee entre Dieu, le Roy amp;nbsp;le peuple; ou,comme il eft dit en vn autre endroit, entre loiada fouucrain Sacrifi-cattur,tout le peuple amp;nbsp;le Roy, à ce que Dieu i.Âoi» n. fuft leur Seigneur. De mcfme lifons nous que ’•■C’'’quot;«-lofias amp;tout fon peuple firent alliance aucc Dieu. Nous recueillons de ces tcfmoignages qu’en paffant telles alliances le fouuerain Sacrificateur ftipuloit au nom de Dieu , en termes expres, Que le Roy amp;nbsp;le peuple donne» royent ordre que Dieu feroit ferui purement amp;nbsp;felon fa volonté en tout le royaume de lu-da: nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;le Roy regneroit tellcmcnt,qu’il laif-
feroit le peuple feruir à Dieu, amp;nbsp;lecontien-droit en l’obeilTance d’iccluy: nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;le peuple
obeiroit tellement au Roy,quc ce feroit pour
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s’afluicttir premièrement à Dieu. Il appert de cela que le Roy amp;nbsp;le peuple,comme obligez à promettre, s’obligeoyent par ferment folen-nel de feruir à Dieu auant toutes chofcs.Et de faiâ incontinent apres auoir iuré l’alliance, lofiasamp;Ioas ruinèrent l’idolâtrie de Baal amp;nbsp;reftablirent le pur fcruicc de Dicu.Lcspoinds principaux de l’alliance eftoyent tels en fom-me, Que le Roy mefme amp;nbsp;tout le peuple fuf-fent foigneux d’honnorcr amp;nbsp;feruir Dieu felon fa volonté déclarée en la Loy; en quoy faifant Dieu leurafsifteroit amp;nbsp;maintiendroit leur e-ftat.S’ils faifoyent le contraire il les abandon-ncroit amp;nbsp;cxtermincroit: comme il appert par la conference de plulicurs paffages de l’Efcri-Veiu.19. turc. Moyfc venant à mourir propofe CCS con 3O-Î’ dirions d’alliance à tout le peuple: amp;nbsp;à l’in-ftant commande que la Loy,c’cll à dire les ar-tides prefentez par le Seigneur foyent depo-fczamp;gardez en l’Arche de l’Alliance. Apres Ictrcfpasde Moyfe, lofué fut eftabli chef amp;nbsp;condudeurdu peuplede Dieu. Suiuant cela le Seigneur mefme l’admonncftc de ne s’eflon rgt;ent.t7. gner aucunement de la Loy, s’il veutauoir 16. ht ureux flic CCS en fes affaires. lofué de fa part voulant faire entendre aux Ifraelitcs à quelle condition Dieu leur auoit donné le pays de Ch3naan,firoft qu’ils y furent entrez,amp; apres les facrifices dcuëmcnt paracheuez, leut la Loy en prefcncc de tout le peuple, promettant tous biens de parle Seigneur s’ils y obeif-foyent,
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foyent,amp; les menaçât de tous maux s’ils y con-trcucnoycnt.En fomme il les afleura de toute profpentc s’ils obferuoyent la Loy,amp; au contraire leur declaira par expres qu’ils feroyent du tout ruinez,faifant le contraire. Aufsi toutes amp;nbsp;quantesfois qu’ils delaiflent le feruice de Dieu ils font liurez es mains des Chana-nccns,amp; rendus efclaucs de la tyrannie.Or ce-fte alliance entre Dieu amp;nbsp;le peuple du temps des luges,eut vigueur aufsi du temps des Rois amp;nbsp;fut traittee aucc eux.Apres que Saul euft e-fté oind,eflcu amp;nbsp;du tout eftabli Roy, Samuel parlaau peuple enteis termes, Voici le Roy que vous aucz demandé amp;nbsp;efleu. Dieu l’a eftabli Roy fur vous. ObeilTcz amp;nbsp;ftruez à Dieu, tant vous que voftre Roy qui eft eftabli fur vous : autrement vous amp;nbsp;voftre Roy périrez. Comme s’il difoit, Vous auez votriu vn Roy, amp;Dicu vous a donné ceftuy-ci.Nepcnfcz pas toutesfois que Dieu vueillc qu’on rongne quelque chofe de fon droit : ains fâchez que le Roy cftobligcàobfcruerla Loy d’iceluy auf-fibien que vous, amp;nbsp;que s’il ne le fait, mefmc chaftiment luy eft apprtftc qu’à vous : brief que Saul vous eft donné pour Roy pour marcher deuant vous en guerre,felon voftre defir: maisàcSditiô qu’il fuiuc aufsi la Loy dcDieu.
Apres la reieélion de Saul, pourcequ’il n’auoit pas tenu promefle, Dauid fut efta-bli Roy à mefmc condition , comme aufsi le fut fon fils Salomon. Car le Seigneur
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î CAran. Jit, Si tu gardes ma Loy, ie confermeray auec toy l’alliance que i’ay contradee auccDauid. Or quant à celle alliance elle cft inferee au fécond liurcdcs Chroniques, comme s’enfuit. Jamais ne fera arraché de deuant ma face fuc-celfeur deralignee eftant affis furie throne d’Ifrael, pouriieu que tes fils gardent ma Loy en fuiuint ton exemple. Mais s’ils feruent aux idoles, idesch.ilferay de Iatcrrc,dont ievous i.Æoxij.ay donné la polf ffion,amp;'c. C’eft pourquoy le luire de la Loy, retrouué du temps de lofias, '7- appellé le liure de l’alliance du Seigneur (lequel cômandc aux Sacrificateurs de le bail-i.rrtw.io. 1er au Roy , fuiuant quoy Samuel le metes mains de Saul) amp;nbsp;felon la teneur d’iccluy, lofias fe rend feudatairc amp;nbsp;valfal du Seigneur.
î CAro». Auffi la Loy quieftoit gardee en l’Arche eft 6.11. appellee Paétiondu Seigneur auec les enfans d’Ifrael. Finalement, lepeuple deliurédela Nebem. captiiiité de Babylonc rcnouuelle l’alliance a-uccDieu,amp; reconoit en tout ec chapitre auoir merité tous les chaftimens paffez , pour auoir faufic promefle à Dieu. II appert donc que les Rois lurent comme vaflaux d’obferucrla Loy de Dieu , qu’ilsconfefient eftrcSeigneur fouucrain de tous. Or,fuiuant ce que nuu; a-uons défia touche,s’ils violent leur ferment amp;nbsp;tranfgreffcnt la Loy, nousdifims qu’ils perdent Je royaume, comme les vafiaux perdent leur fief en commettant fclonnie.
N o V s allons dit ^’il yauoit mcfmc alliance
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Hance entre Dieu amp;nbsp;les Roisdeluda, qu’au-parauant entre Dieu amp;nbsp;le peuple du temps de lofue amp;nbsp;des luges. Mais nousvoyons en plu-Heurs endroits, que quand le peuple a mcfpri-fé la Loy, ou fait alliance auec Baal, Dieu les a liurcz entre les mains d’Eglon, labin amp;nbsp;au- i. très rois de Chanaan. Et comme c’eft mcfmc alliance, auffi ceux qui l’enfraignent reçoyuent fcmblablc chaftiment. Saul cft fi j .q. audacieux de facrifier, contreuenant à la Loy ij 0-15, de Dieu : amp;toft apres fauuelavieàAgagroyî-'S-des Amalecites, contre l’expres mandement du Seigneur.Pour cefte caufe il eft appelle rebelle par Samuel, amp;nbsp;finalement eft chaftic d e fa rebellion. Tu as facrific,luy dit-il: mais il valoir mieux obéir à Dieu,car obeiflance vaut mieux que facrifice. Tuas reietté le Seigneur ton Dieu:luy auffi t’a reietté,à ce que tu ne régnés plus fur Ifrael. Cela a efté tellement maintenu du Seigneur, que les enfans de Saul mefme ont efté priuez du fief paternel, comme luy ayant commis crime de lefe maiefté amp;nbsp;encouru lapunition des tyrans qui afferent vn royaume qui ne leur appartient pas. Et non feulement les rois,mais auffi leurs enfans amp;nbsp;fuccefleurs ont efté priuez du royaume à caufe de telle felonnie. Salomon fe reuolte de i Xoit m Dieu pour feruir aux idoles. Incontinent le ^5-Prophete Ahia prédit que le royaume fera di-uiféfousfon filsRoboam. Finalement la parole du Seigneur eft acomplie, amp;nbsp;dix lignées
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quifaifoyent la plus grande part du royaume quittent Roboampour adherer à Icroboam fcruitcur d’iceluy. Pourquoy cela? dautant,die le Seigneur, qu’ils fe font deftournez de moy pour aller apres Aftaroth Dieu des Sidoniens amp;nbsp;Chamos Dieu des Moabites,amp;c.ie mettray aufsi cn pieces leur royaume. Comme s’il di-foit. Ils ont violé l’alliance amp;nbsp;n’ont pas tenu promeife; ie ne fuis donc plus obligé à eux. Ils vc ulent amoindrir ma Maicfté:amp; l’amoin-driray leur royaume. Encor qu’ils foyent mes feruitcurs, neantmoins ils me veulent chaifer de mon royaume:mais ie les en chalT ray eux-mefrnes par Icroboam qui cft leur fcruitcur. Depuis,pourec que cc feruiteur,craignant que les dix lignées ne retournalfcnt cn Icrufalcm à caufe delà religion , dreifa les veaux cn Bc-thcl,amp; donna occafion à Ifracl de pécher, dc-ftournant ainlsi le peuple loin de Dieu: quelle fut la punition d’vn valfil fi ingrat enuers fon Seigneur, amp;nbsp;d’vn fi malheureux traiftre? Premièrement fon fils mourut, amp;nbsp;cn fin toute fa race iufqucs au dernier mafic fut raclce du mô de par le glaiuc de Baafa, fuiuant la fentcncc que luy en prononça le Prophete,pourcc que ils’eftoit reuolté de robei/fance du Seigneur Dieu. C’eft donc la caufe fuffifantc,propofce fouucntesfoisaufiîijpour laquelle Dieu ollcau roy fon ficf,quâd il s’oppofe à la Loy de Dieu, amp;nbsp;fe deftourne d’iceluy pour fuiurc fes enne-mis,afauoir les idoles.Et comme mefmes crimes meritent mefmes fuppVccs, nous lifons éj
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hiftoires fainftcs que les Rois d’Ifrael amp;nbsp;de luda qui fe font ainfi oubliez , ont fait mefme fin,c’eft à dire font peris malheureufement. Or combien que la forme der£glifeamp; du royaume ludaique foitchangée,attendiT que eequieftoit auparauant enclos en ludec peut eftre eftendu par toutlemonde:fi eft-cc qu’il faut dire le mefme des Rois Chreftiens. L’Euâgile a fuçcedé à la Loy amp;nbsp;les RoisChre-ftiens font au lieu des Rois luifs. Il y a mefme alliance, mefmcs conditions, mefmcs chafti-mens fi on ne les accomplit, vn mefme Dieu tout puiflant vengeur de toute perfidie Sc def-loyautc. Et comme ccux-la eftoyent tenus de obfcruerlaLoy, ceux-ci font obligez d’adhe-rer à la doftrine de rEuangilc,pour l’auancc-ment duquel ils promettent tous s’employer alors qu’on les facreamp; reçoit Rois. Hcrodes redoutant lefus Chrift, le regne duquel il de-uoit auancer, amp;nbsp;voulant le faire mourir comme s’il auoit afteété de fe faire Roy au monde, périt miferablement luy mefme amp;nbsp;perd fon royaume. Iulian l’Apoftat abandonnelefus Chrift pour adherer à l’idolâtrie amp;nbsp;impiété desPayens. Mais peu de temps apres il fent à faconfufion la force du bras de Chrift, lequel par mocquerie il apcloit Galileen. Les hiftoires anciennes font remplies de tels cxem pies, amp;de noftretépsnous n’éauôs pas faute. Depuis quelques années pluficurs rois eny-urez de la boiffon que leur a prefenté la putain de Babylone,ont prins les armes,amp; pour
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l’amour du Loup amp;nbsp;de l’Antechrift ont fait la guerre à l’Aigncau de Dieu, afauoiràlefus Chrift: comme encores auiourd’huy quelques vns d’entre eux continuent ce train. Nous en auons veu certains exterminez fur le fait amp;nbsp;au milieu de leur deliâ: : d’autres aufsi emportez de leur triomphe au tôbeau.Ceux qui fiiruiuct amp;nbsp;les enfuiuent ne peuuent efperer mieux; car cefte fentence demeure toufiours ferme,quoy que tous les rois de la terre coniurentcontre Chrift amp;nbsp;tafehent de mettre en pieces noftre Aigneaujfi faut-il qu’en fin ils quittent la pla-r/ui.i.i, confeflcnt{maugi^bongrc)queceft Ai-pf.iio.i. gneau eft le Roy des rois, amp;nbsp;Dominateur des dominateurs.
Mais que dirons nous des rois Payens? Certainement, encores qu’ils ne foy'iitpas oinéis amp;nbsp;facrez de Dieu,fi font-ils fes v ifiàux, amp;ont receu de luy leur puiflancc, foit qu’ils ayentefté cfleusaufort,ou par quelque autre maniéré que ce loir. S’ils ont efté efieus parles voixd’vne aflemblee, nous difons que Dieu gouuerne amp;nbsp;adrefle où il luy plaift les armes des hommes.Si c’eft par fort,le fort eft iette au rronfît. giron,dit le Sage,amp; fon iugement eft de par le Seigneur.C’cft Dieu fcul,qui en tous temps e-ƒƒ» 4V.I. ftahlit,amp; ofte,affermit amp;nbsp;renuerfe les rois, fe-Ion que bon luy femble. En ceft efgard, Ifaie amp;nbsp;4.14- appelle Cyrus l’Oiniä du Seigneur : amp;nbsp;Daniel dit que Nebucadnezar amp;nbsp;les autres ont efté pofez en charge de par Dieu : comme aufsi
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Sainâ Paul maintient que d’iccluy tous magi- Âom.ij.i. llratsont receu leur autorité. Car combien que Dieu n’ait pas commandé en termes fi. expres aux Payens de luy obéir» comme il a. faitàccuxquileçonoilTent: fi eft-ce que les Payens doyuent auouer que c’cft par la faueur du Dieu fouuerain qu’ils régnent. Pourtant» s’il ne leur chaut de payer le tribut qu’ils doyuent a Dieu pour leur regard : au moin^ qu’ils n’attentent ni n’empcfchét point IcurSouue-rain de recueillir ce qui luy eft deu par des peu -pies qu’il leur a afluiettistqu’ils n’anticipent ni ne s’approprient en forte quelconque la iurif-diétion Diuine.Voila le crime de lefe Maiefté amp;nbsp;de vraye tyrânie,à l’occafion dequoy le Seigneur a griefuement chaftié les Rois Payens mefmes.11 faut donc que les Princes qui fe veu lent garentir d’vn fi enorme cas, dillinguent leur iurifdi«âion d’auec celle de Dieu , voire dautant plus foigneufemêt que Dieu amp;nbsp;le Prin ce ont leur droit tous deux fur vne mefme terre,fur vn mefme home,fur vne mefme chofe.
L’homme eft compofé de corps amp;nbsp;d’ame.
Dieu a formé le corps amp;nbsp;infpiré l’ame en ice-luy.Luy feul donc pouuoit s’attribuer amp;nbsp;apro prier le corps amp;nbsp;l’ame de l’homme.Si de fa gra ce il a permis aux Rois d’vfer des corps amp;nbsp;biens de leurs fuiets,à la charge aufsi de con-ferucr iceux fuiets;certainement les Rois doyuent penfer quel’vfage leur en eft tellement permis, qu’il leur eft cependant défendu d’en
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abufer. Premièrement, cuxquiconfcflefit tenir leur ame amp;nbsp;vie de Dieu,comme ils font te nus le re^onoiftre,n’ont aucun tribut à impo-fer fur lésâmes. Le Roy prend cenfc bu tribut du corps amp;nbsp;des chofes acquifes ou maintenues par leferuiceamp; trauail du corps. Dieu principalement exige fon droit de fame,laquelle befongne par le corps.Au tribut du Roy font comprins les fruiiRs de la terre, les contributions de deniers , les autres charges reelles amp;nbsp;pcrfonnellcs. Le tribut de Dieu requiert les priercs,facremcns,predications de la pure do-(Srine , brief ce qu’on apelle feruice diuin tant priuc que public. Ces deux tributs font tellement diuers amp;nbsp;diftinguez , que l’vn ne nuift point à l’autre : le fifque dcDieun’ofte rien à teluy de Ccfar,ains chafeun a fon droit tout liquidé. Mais pour dire en vn mot, qui confond ceschofes, il mefle ciel amp;nbsp;terre , amp;nbsp;j.chron. met tout fans delTus dciïbus.Dauid atresbien X6.19. diftingué cela , ordonnant des officiers pour ledroitde Dieu,amp;desautres pour le droit du 9 ƒRoy* lofaphat l’a enfuiui, cftablilTant certai-II. nés perfonnes pour le iugement dcl’Eternel, amp;nbsp;d’autres pour la iullice du Roy: c’eft à dire, les vns pour maintenir le feruice de Dieu, les autres pour conferuer les droits du Roy.
Mais fi vn Prince vfurpe le droit de Dieu, amp;nbsp;s’ingère,à la façon des Gcans,dc vouloir cf-chcllcr les deux, il cft criminel delefcMaiefté au chefjcommet fclonnic tout ainfi que feroit l’vn
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j’vn de fes vaflaux qui s’emparcroit des droits de fa couronne, Së fc met en danger euident ' d’cftredefpoui'lé defeseftats, 6c cedautant plus iuftement qu’il n’y a aucune proportion entre Dieu amp;nbsp;vn Roy terrien, entre le Tout- , puilfant amp;nbsp;vn homme m ortel: au lieu qu’entre vn Seigneur amp;nbsp;fon valfal encores y auoit-il quelque rapport amp;nbsp;conucnance. Doneques toutes amp;nbsp;quantes fois que quelque Prince fe oublie iufqiies là de dire en fon cœur,le mon-teray au ciel, i’tfleueray mon throne par def- ii. ' fus les eftoilles amp;nbsp;feray femblable au Souue-rain:mais moy au contrairc,dira l’Eternel, le m’cfleueray plus haut, ie me drefleray contre toy,ic racleray ton nom, amp;nbsp;toute ta race. T es confcils s’en iront en fumée: mais ce quei’ay vne fois arreÜé demeure ferme amp;nbsp;nefauroit eftre anéanti. Le Seigneur' difoit à Pharaon, Exod.^' Lailfe aller mon peuple,afin qu’il mefcruc,amp; amp;nbsp;me face facrifice : amp;nbsp;pource que ceft orgueilleux rcfpond qu’il ne conoit point le Dieu des Hebrieux, toft apres il périt malheureufemét. Nebucadnezar veut qu’ô adore fa ftatuc,amp; fe Dan.^s faithonnorcr côme Dieu.Mais en peu de téps le vray Dieu reprime l’audace effrenee de ce miferable. Voulât eftre eftirne Dieu il deuient befte, amp;nbsp;extrauague par lieux deferts amp;nbsp;efear-tez côme vn afne fauuagc.Iufqs à cc(dit le Pro phetc)qu’il reconoilfe que le Dieu d’Ifrael eft fouuerain Seigneur de tous.Sô fils Belfafar abu fe des vailfeaux facrez du T épie de lerufalem, quot;î ’
CJgt;
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amp; les fait fcruir à fon yurongncric;pourcc doc qu’il ne donne pas gloire à ccluy qui tenoit fon amc amp;nbsp;fes confcils en main, il cft tué en la mcfme nuift de fon feftin amp;nbsp;perd fon royaume. Alexandre le grand prenoit plaifiraux menfonges des flatteurs qui l’apelloyent fils de Jupiter, amp;nbsp;fouftenoyent qu’on le deuoit adorer; mais vne mort foudaine fauche les triom
phes qu’il commençoit à obtenir furie mon-1 JUac/ « ^'^“o^husjfous couleur de pacifier amp;nbsp;vnir ‘ fes fuiets, commande à tous dclailTerlcsLoix de Dieu, amp;nbsp;d’obéir auxfienes. Il profane le temple des luifs , amp;polluelcs autels: mais a-pres beaucoup deruines,desfaites amp;nbsp;pertes de batailles, defpouillé amp;nbsp;defnuc de forces, il meurt de rcgrct,confcflant ces maux luy eflre aucnus,pour auoir voulu contraindre les luifs 6.jip3, à quitter leur Religion.Si nous confideronsla mort de Néron, cruel meurtrier desChre-
ftiens,qu’il aceufoit d’auoir voulu brufler Ro-me:la fin d.e Caligula, qui fe faifoit adorer: de Domitian, qui fc fit apellcr Seigneur amp;nbsp;Dieu: de Commodus amp;nbsp;de tant d’autres,qui fc font voulu aproprier les honneurs dens à Dieu fcul: nous trouuerons qu’ils font toufiours amp;nbsp;tous péris malheureufement, comme ils le meri-toyent. Au contraire, Traian, Adrian, Antonin leDebonnairc amp;nbsp;autres ont fait alfez don
ce fin : car encores qu’ils n’aycnt pas conu le vray Dieu, au moins ont-ils permis aux Chre-lliçns l’exercice de leur Rclieion.
En
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E N fomme,toiit ainfi que Ies vaflaux rebelles,tafchans s’emparer du royaume, méritent d’eftre exterminez, amp;nbsp;commettent felonnic parlctefmoignage de toutes loix: aufsi ceux-là font criminels en toute forte qui ne veulent obferuer la LoyDiuine à laquelle ils font o-bligcz, ou qui pcrfccutent ceux qui défirent fc reigler félon icelle, fans les vouloir ouir en leurs defenfes. Or puis que nous voyons que Dieu inueftit les Rois de leurs royaumes, prefques de mcfmc forte que les vafTaux font inueftis du fief par leur fouuerain , il faut con-clurre que les Rois qui font valTaux de Dieu, méritent d’eftre priuez du benefice de leur Sei gncur,s’ils commettent felon nie,en mefmefa çon que les vaftaux rebelles en ce monde.
C E que deflus prefuppofé. Ion pourra aife-ment foudre noftrc queftion. Car fi Dieu tiet place de Seigneur Souucrain,le Roy de valTal: quioferoit nier qu’il ne faille pluftoft obéir au Souucrain qu’au valTal? Si Dieu commande vnc cbofc.le Roy en commande vnc contraire: qui eft l’orgueilleux qui voudra nommer rebelle ccluy quirefufe obéir au Roy endef-obeilTantà Dieu? Mais au contraire, faut-il pas condamner amp;nbsp;tenir pour vray rebelle ce-iuy qui différera d’obéir à Dieu,ou qui obéira au Roy defendât de rendre obeiffance à Dieu? Brief, fi Dieu nous apclle d’vn cofté pour nous cnrooller,amp; le Roy d’vn autre: y aura-il homme qui ne die qu’il faut laiffer le Roy,
C.iij.
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pour feruir à Dieu? Tant s’en faut donc que nous foyons tenus d’obéir à vn Roy comman dant quelque chofe contre la Loy de Dieu, qu’aucontraire en luy obciflant nous fomines rebelles à Dieu:ne plus ne moins que nous appellerions rebelle vn payfan,qui pour l’amour de quelque riche amp;nbsp;vieil vaflal porteroit les ar mes contre le Prince fouucrain : ou qui aime-roit mieux obéir aux lettres d'vn iuge inferieur que d’vn fuperieur, aux commandemens d’vn lieutenant de prouince que du Prince, brief à la voix d’vn officier qu’à l’ordonnance cxpreflcdu Roy mefme. Faifant cela nous en-Mlch.g. courons la malediélion du prophete Michee, }6. qui dctefte amp;nbsp;maudit au nom de Dieu tous ceux qui obei/Tcnt aux mefehantes ordonnances des Rois.
Par la Loy de Dieu nous entendons les deux tables baillées à Moyfe, dans lefquelles, comme en bornes immuables, l’autorité de tous Princes doit demeurer enclofe. La premiere comprend ce que nous deuons à Dieu: la fécondé, ce que nous deuons à nos prochains : brief elles contienent Pieté amp;nbsp;lufticc coniointe à Charité, à quoy la predication de PEuangile ne déroge point, ains au contraire l’autorifc amp;nbsp;conferme. La premiere table eft cftimee la principale tant en ordre qu’en dignité. Si le Prince commande quelon coupe la gorge à quelque innocent,que Ion pille,qiie Ion face extorfion, il jî’yahommç, pouruju qu’d
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qu’il ait quelque peu de confcience,,quivou-lull obéir à tel mandement. Si le Prince ayant commis quelque crime, comme vn adultere, parricide, ou autre telle mefchancçté, veut qu’on l’aprouue, voici d’entre les Payons le do ji y clelurifconfulte Papinian, qui reprendra en certampo face Caracalla, aimera mieux mourir qu’o- de beir,amp; combien queçe Prince cruel luy corn-mande de mentir amp;nbsp;d’exeufer le péché,le naçant de mort cft'royable, ne voudra pour-^Ho/r ofé tant eftrc faux tefmoin.Que fera-ce donc,fi le condSner Prince nous commande d’eftre idolâtres ? S’il veut que nous rattachions derechef lefus^^^j”^® Chrift à la croix? S’il enioint que Ion blafphe- ureîpleins me amp;nbsp;dcfpite Dieu , amp;nbsp;qu’on le chafle du ciel, d'emurs fl faire fe peut ? y a-il pas encores plus de rai-fon de ne luy pas rendre obeifiancc? Difons dauantage. Puis que ce n’cft pas affez de s’ab-ftenir du mal, ains faut aufsi faire le bien , au nauoir lieu de nous encliner deuant les idoles, nous quot;«»«/Mex-adorerons amp;nbsp;fcruirôs le vray Dieu,félon qu’il le nous a commandé ; amp;nbsp;au lieu de flefchirlc
gcnouil deuant Baal, nous rendrons au Sci- callaaa^f gneur l’honneur amp;nbsp;le fcruice qu’il requiert porte des de nous. Car nous fommes tenus de feruir damages Dieu à caufe deluy-mefme: mais noushon-
notons le Prince , amp;nbsp;aimons noltre pro- ^faires de chain , à caufe amp;nbsp;pour l’amour de Dieu./ .Emp/re, Or fi c’eft mal fait d’offenfer le prochain, fl c’eft crime capital de s’efleuer contre le
C.iiij,
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Prince , quel nom donnerons nous au forfait commis contre la Maicftc du Seigneur fou-uerain detous hommes? ,Brief, comme c’eft thofe beaucoup plus griefue d’offenfer le Createut que la creature, l’homme que l’ima-gc:amp; en termes de droit, celuy qui a bleflc la propre perfonne du Roy, eft beaucoup plus coulpable que l’autre qui auroit brife' la ftatue d’iceluy : auffi ne faut-il douter que plus rude chaftiment eft prepare à ceux qui violent la premiere table de la Loy, qu’à ceux qui pechet contre la fécondé, encores que l’vne dépende de l’autre^ dont il s’enfuit,! parler par compa-raifon, qu’il faut encores prendre de plus pres garde à l’obferuation de la premiere que de la féconde.
A V refte,les exemples de nos deuanciers nous peuuent aprendre le moyen qu’il faut fuiure en ceft endroit. Le Roy Achab,à l’in— ftigationdefa femme lefabel, fait tuer tous les Prophètes amp;feruitcurs de Dieu que Ion i-Rüm 18. peut attraper. Neantmoins Abdias, maiftre 4- d’hofteld’Achab cachcamp;nourrit cent Prophètes. L’exeufe eft toute prefte à cela.En tou te obligation, tant eftroitte puifte elle cftre,il faut toufiours excepter le Seigneur Dieu. Le mefmc Achab enioint à tous de facrifier à Baal. Elie au lieu de fe refroidir en redargue plus viuement le Roy amp;nbsp;tout le peuple, con-uaineq les preftres Baaliftesde leur impiété, amp;nbsp;en fait iuftice.-puis en defpit de la roefehante amp;nbsp;furieufe
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furicufe Icfabcl, amp;nbsp;maugi c ce Roy valet de fa femme,il redrefle de tout fon pouuoir le fcrui-ce du vray Dieu. Quand Achab luy reproche, i.tjo« 18'. ce que font les Princes de noftrc temps , qu’il 17. trouble Ifracl, que c’eft vn rebelle , vn fedi-tieux , titres dont Ion charge ordinairement ceux qui n’en font nullement coulpablcs; mais c’eft toy-mcfme, rcfpond Elie, qui par ton a-poftaGe as troublé Ifrael ayant quitte ton Seigneur amp;nbsp;vray Dieu, pour prendre parti auec les dieux eftrangcs fes ennemis. C’eft ainfi,amp; parla conduite du mcfmecfprit, que Sidrac, Mifachamp; Abednago refufent d’obeir à Ne- 6 buchadnezar : Daniel à Darius, Eleazar à An-tiochus, amp;nbsp;infinis autres. Apres la venue de lefus Chrift, eftant défendu aux Apoftres de prefeher rEuagilc,lugcz,difcnt-ils,s’il eft rai- ^5.4, fonnable deuant Dieu, d’obeir pluftoftaux’’-hommes qu’à Dieu. Suiuant cela,les Apoftres ncfefoucicnt nullcmct des penfees ni desefforts des Rois, ains s’employent à faire ce que Icfus Chrift leur a commandé. Lesluifs mef- P^^UoTuif mes nepcurent fouffrir que Ion dreffaft de-dans le temple de Icrufalem l’aigle d’argent amp;nbsp;l'ambaf-la ftatue de Caligula.Que fit fainft Ambroife, fade a lors que l’Empereur Valenrinian luy com-faw. manda de bailler le temple de Milan auxA-rians? Les Confcillicrs amp;nbsp;Capitaines me font 5. venus trouuer, dit-il,pour me faire viftement liurcr le temple , difans que cela s’cxecutoit par l’autorité de l’Empereur, pourcc que tou-
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tcschofes font cn fa piiiflancc. I’ay refpon-du à ccla,que s’il me dcmandoit Ie mien, c’cft adiré mon heritage, mon argent,ie ne liiy re-fuferois nullemct ce droit là,cncorcs que tout mon bien apartiene proprement aux pauurcs: mais que les chofes diuinesne font point aC-fuietties à la puiflance de l’Empereur. Qiie penfons nous que ce fainâ perfonnage euft refpondu, fi on luy euft demandé fauoir mon s’il faut afleruir aux idoles le temple vif du Sci-gneur?Ces exemples,amp; la confiance d’vn million de Martyrs , qui ont mieux aimé mourir qu’obéir, felon que les hifioires, qui en font plcincs,lc monfirent,pourroycnt feruir d’vnc îoy bien exprefle.
Mais encores n’auons nous pas faute de loy formellement efcrite.Car toutes amp;nbsp;quan-tesfois que les Apofircs admonneftent les ' Chrefiiens d’obeir aux Rois amp;nbsp;Magifirats, ils , exhortent premièrement, amp;nbsp;comme par fait d’auisjVn chafeu de s’affuiettir au preallable à Dieu,amp; luy obéir premier qu’à nul autre: fans qu’on puiffe trouuer cn leurs eferits vn feul trait de ccfic obeilTancc defreglce que les flatteurs des Princes exigét des gens de petit fens. T oute amc,dit S.Paul,foit fuiette aux puiflan-ces fupcricurcsrcar il n’y a nulle puiflance finô de par Dieu. Il fait mention de toute amc,afin 3UC Ion nepenfe qu’il vucille exempter aucun e ccfic fuiettion. On pouuoit alftz recueillir dételles paroles, qu’il faut plufioft obéir à
Dieu
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Dieu qu’au Roy. Car s’il obéit au Roy à caufc amp;nbsp;pour l’amour de Dieu , certainement cefte obeiflance nedoitpascftre vne confpiration contre Dieu. Maisl’Apoftre vcutcoupcrbro-chc à toute ambiguité, en adiouftant que le Prince eft feruiteur de Dieu pour noftre bien, afauoir pour faire iuftice. De cela s’enfuit ce que nous venons de toucher, c’eft qu’il appert alTez qu’il faut pluftoft obéir à Dieu qu’au icr-uiteur d’iccluy. Encores cela ne contente pas S.Paul: car il adioufte pour la fin,Rcdc2 le tribut, l’honneur, amp;nbsp;la crainte à qui ils apartic-nent: comme s’il difoit ce qui fut allégué par Icfus Chrift, Rendez à Cefar ce qui elt à Ce- Mttti.vt. far,amp; à Dieu ce qui eft à Dieu. A Cefar,tribut “• amp;nbsp;honncur:à Dieu crainte.S.Picrre dit le mef me, Craignez Dieu, honorez le Roy. Serui- gt;nbsp;leurs obcilTez à vos maiftrcs,non feulemct aux
, bons amp;nbsp;humains, mais auffi aux rigoureux. Il faiït pratiquer ces préceptes fclô l’ordre qu’ils font propofeziafauoir que corne les fcruitcurs ne font tenus d’obeir à leurs maiftres,s’ils com mandent quelque chofe contre la volonté de Dicu'.lcs fuicts parcillcmét ne doyucnt obeif-
gt; fance aux Rois qui leur veulent faire outrepaC-
• fer la Loy de Dieu.
’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Certains gamemens obic(ftent,Qu’es i. oWe-
1 chofes mefmes qui concernent la confcience
I il faut obéir aux Rois, amp;nbsp;font effrôtcz iufques ' là de produire pour tcfmoins d’vne opinion fi i mefenâte les Apoftrcs,Sainlt;ft Pierre Sainéf i Paul. Çoncluans de çclà qu’il faut acquiefeer
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à tout ce que le Roy ordonnera, amp;nbsp;embrafler fans répliqué telle fuperftition qu’il luy plaira cftablir.Mais il n’y a homme,tant foit-il grof-fier,qiii ne voyel’incptie amp;nbsp;impiété de telles gens. Ils répliquent que S.Paul dit en termes expres, qu’il faut eftre fuiets aux Princes, non point feulement pour l’ire, mais aufsi pour la confcience enuers Dieu. En oppofant la con-fcience à l’ire, c’eft autant comme fi l’Apoftrc difoit,que l’obeiflance dont il parle doit procéder non point de crainte d’eftre puni, mais de l’amour de Dieu amp;nbsp;de la rcucrcce que tous font tenus porter à fa Parole. Encemefme fenSjS.Pauleniointauxferuiteursde feruirtcl lement à leurs maiftres, que cenefoit point par crainte de leurs yeux ou de leurs coups, mais en confiderant qu’ils feruent à Dieu mef-mes : non point fimplement pour acquérir la bonne grace des hommes, lefquels ils peuucnt tromper, ains pour porter la charge mife fur leurs efpaulcsparceluy que perfonne nefau-roit deceuoir. Brief,il y a manifefte difference entre ces deux maniérés de parler, obéir pour la confcicncc,amp; obéir es chofes qui touchent la confcience : autrement ceux qui ont mieux aimé perdre la vie parvneinfinité detourmés que d’obeir aux Princes qui leur comman-doyent chofes côtraires à la volonté de Dieu, ne nous euflent pas enfeigné ce que ceux-ci veulent que nous ficions.
Ils ne fcmonftrcnt pas moins impudens en ce
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en ce qu’ils ont acouftu me d’obicôer à ceux 3..obit^ qui n’ont aßtzd’adrefle pour leur refpondre, Q^obeiflance vaut mieux que facriftee : car il n’y a texte en l’Efcriturefainfte qui les confonde plus euidemment que ceftuy-là, contenu en la rcprcbenfion de Samuel taxant le *Squot; Roy Saul d’auoir defobey au mandement de Dieu,amp; de facrifier mal à propos.Si donc Saul, tout Roy qu’il cftoit, a deu obéir à Dieu ; il s’enfuit par toute bonne confequence que les fuicts ne font tenus d’obéir au Roy pour of-fenfer Dieu. Enfommc,fi ceux qui (à la façon des barbares Galecutiens)veulcotquelcfcrui-cc de Dieu dépende de la volonté del’hom-me, amp;nbsp;la Religion du bon plaifir d’vn Roy, comme fi c’eftoit quelque Dieu enterre, ne tienent pour alfcz ferme le tefinoignage de l’Eferiturc fainéle: au moins qu’ilsaprenent d’vn orateur Pay en qu’en tout eftat public il y cicm» a quelques degrez du deuoir de ceux qui y conuerfeot , dont on peut conoiftre ce dont Icsvns font obligez enuers les autres: tellement que la premiere partie de ce deuoir touche les Dieux immortels, la deuxicfme concer ne la patrie, la troifiefme ceux qui font de no-ftre fang,les autres parties fuiuantes de degré en degré nos autres prochains. Or combien que le crime de lefe Maiefté foit atroce, tou-tesfois il va apres le facrilcgc,oftenfe qui tou-ehe proprement le Seigneur Dieu amp;nbsp;fon fer-uicetee que les lurifconfultes conferment,tel-
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lernet que faire effort à vn Temple eft par eux eftimé plus grand crime que de côfpirer contre la vie du Prince. Voila quant à la premiere queftion , où nous eftimons auoirfatisfaità tout homme, s’il n’eft entièrement defpouille de la crainte de Dieu.
S T I O N,
A S A V O I R S’IL EST L O I-fiblcdcrcGftcràvn Prince qui veut cn-fraindre la Loy de Dieu, ou qui ruine rJEglife. Item à qui,comment,amp; iufques où cela cftloifible.
CE s T E Queftion de prime face fembic eftre haute amp;nbsp;difficile, en ce que n’eftant befoin d’en parler aux Princes craignas Dieu, au contraire il y a du danger d’en battre les o-reillcs de ceux qui ne reconoiflet autre fouue-rain qu’eux mcfmes: à l’occafion dequoy per-fonne n’en a parle , ou fi Ion en a dit quelque chofe,ç’aefte‘ comme en palfant. On demande de fait, s’il eft loifible de refifter à vn Prince enfraignant la Loy dcDicu,ou ruinant l’E-güfe, ou cmpcfchantla reftauration d’icellc. Si nous nous en tenons au dire de l’Efcriture faindc,elle nous enrefoudra. Car fi tel cas a efté
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efté loifible au peuple des luifs (ce qu'on peut aifément recueillir des liurcs du vieil Tcftament) voire mcfines ficela leur a efte enioint , ie croy que Ion m’accordera qu’il faut en accorder autant à tout vn peuple Chreftien de quelque royaume amp;nbsp;pays que cefoit.
E N premier lieu, il faut ici confiderer,qHe Dieu ayant choifi Ifrael d’entre tous autres peuples, pour luy cftre peuple peculier, fit alliance aucc,à ce qu’il full peuple cU Dieu. Gela eft eferit en plulieurs endroits du Deutéronome. Lafubftance amp;nbsp;teneur de celle allian-ce cftoit,quc tous fulTcnt foigneux en leurs li- 14,1 gnees, tribus amp;nbsp;familles en la terre de Cha-naan, de feruir purement à Dieu, lequel vouloir auoir vneEglife dreffee à iamais au milieu d’eux: ce que Ion peut recueillir de plu-ficurs tefmoignages , nommément de ce qui eft contenu au vingtfepticfmc chapitre du Deuteronome. Là Moyfc amp;nbsp;les Lcuites, fti-pulans comme au nom de Dieu, aflcmblent tout le peuple , 8c luy difent, Auiourdhui, ô Ifrael, fois le peuple du Seigneur ton Dieu. Obéis donc à la voix d’iceluv’, amp;c. Et Moy-fedit. Quand tu auras pané le lordain , fix lignées feront en la montagne de Gariziin d’vn collé , 8c les fix autres en la montagne d’Hebal , 8c alors les Leuites liront la Loy de Dieu -, promettans toute félicité
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auxobferiiatcurs amp;nbsp;menaçansde toutes fortes de maux aux infraéleurs d’iccllc.Et tout le peu lofué'j. pie rcfpondra,Amen: ce qui fut depuis exeçu-i4 tb'i4. té par lofué entrant en la terre de Chanaan, amp;nbsp;quelques iours auant fa mort.Nous voyons par cela que tout le peuple eftoit obligé à maintenir la Loy de Dieu, conferuer l’Eglifc, amp;nbsp;au contraire exterminer les idoles du pays de Chanaan: ftipulation qui ne peut aparte-nir aux particuliers, ains feulement à tout le corps du peuple. A quoy aufsi femble fc rapporter ce que toutes les lignées campoyent autour de l’Arche du Seigneur, afin que tous conferuaflent ce qui eftoit commis à la garde de tous.
OyANT à l’vfage amp;nbsp;pratique deceftealliance , nous en pouuons produire des exem-îBjfc 19. Les habitans de Gabaa de la lignée de ôrio. Beniamin forcent la femmed’vn Leuite, la-quelfe meurt par leur violence. Le Leuite fait douze pieces du corps de fa femme, amp;lcsen-uoyeanxdouzelignccs,afin que toutle peuple cnfcmblc efface ceft horrible forfait commis en Ifrael. Tout le peuple fe trouue en Mafpha amp;nbsp;demande aux Beniamites qu’ils ayent à li-urer les coulpables d’vn tel crime pour en c-ftre ch alliez, iceux font refus de cela, àcaufe dequoiy, du confentement de Dieumefmes, les eftatsdu peuple ordonnent d’vn commun confe ntement que Ion fera la guerre aux Ben-iamit es: amp;nbsp;par ainfi lafeconde table de la Loy
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fut maintenue en fon autorité, aux dcfpens amp;nbsp;à la ruine d’vne lignee entière, qui l’auoit en-fraintc en l’vn de lés articles. Quant àlaprc-miere nous ch auons vn exemple tout mani-fefte en lofué. Apres que les Rubenites, Ga- joÇui n, dites,amp; Manafléens , fe furent retirez en leurs demeures deçà le lordain,ils drelTercnt incon tinent vn riche autel en Galiloth près du fleu-ue.Cela lémbloit contreuenir au mandement du Seigneur,qui defendoit de facrificr ailleurs qu’au pays de Chanaan : amp;nbsp;pourtant Ion pou-uoit craindre que ceux-là ne vouluffent feruir aux idoles. L’afaire ayant elle communiquée au peuple habitant delà le lordain,on afsi-gne les eftats en Siio,où cftoit l’Arçhc du Sei gneur. Tous s’y trcuuent, amp;nbsp;le Sacrificateur Phineesfils de Eleazar eft enuoyé vers les autres , pour traiter aucc eux touchant ce péché commis contre la Loy. Et afin qu’ils fceulTcnt que tout le public befongnoit en cela,lon cn-uoya des principaux de chafque lignee pour fe plaindre que le fcruice de Dieu cftoit corrompu par tel artificezqucDieu feroit irrité de tcl-lerebellionamp; feroit ennemi non feulement aux coulpables,ain$ à tout Ifrael aufsi,comme auparauant en Beelphegor : brief que guerre ouucrte leur cftoit dénoncée, s’ils pefe depot toyent de telle façon de faire. Il s’en fuft aufsi enfuiui beaucoup de mal fi ces lignées deçà le lordain n’euffent protefté d’auoir drelfc l’autel pour vn memorial feulement,que les Ifrae-
D.j.
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lités deçà amp;nbsp;delà le lordain aiioycnt toufiours fait amp;nbsp;faifoyentprofcfsion d’vne feule amp;nbsp;mef-me Religion. AuTefte, toutes amp;nbsp;cjuantesfois qu’ils fe font monftrez' lafchcs à maintenir le leruicedeDibu , nous voyons comme ils en ont efte cliafticz. C’eft la vrayccaufe pour-quoy ils perdirent deux batailles contre les Beniamites,felon qu’il appert par la fin du li-ure des luges ; car en voulant fe méfier de punir vn rapt amp;nbsp;l’outrage fait à vn particulier, ils eftoyent conuaincus d’ailleurs d’eftre fi la-fehes à maintenir le droit de Dieu, que tous les jours ils Faifioyent impunies vne infinité de paillardifes corporelles amp;nbsp;fpirituellcs. Il y eut donc premièrement telle alliance entre Dieu amp;nbsp;le peuple.
^lliaiue O R apres quelcs Rois curent efté donnez au peuple, ce pad au lieu d’eftre refeindefut rcnouucllcamp;confermé pouriamais.Nousa-1. Ä0K1I. uons dit qifau facre du Roy fetraitoit double 2,3. alliance, afauoir entre Dieu amp;nbsp;le Roy, amp;nbsp;en-tre Dieu amp;nbsp;le peuple; briefalliancefc traitoit lt;^ntrc le Souuerain Sacrificateur, le peuple, (qui cft nommé le premier an 2^. chapitre du i.liurc des Chroniques)^ le Roy. La fin d’i-ccllc cftoit que le peuple fuft peuple de Dieu, c’eft à dire,que ce peuple fuft l’Eglifc de Dieu. Noiisauons monftré ci-deuant à quelle fin Dieu traitoit alliance auec le Roy. Confide-yons-tnaintenant pourquoy il s’allioit aufsi a-ijcc le peuple. C’eft chofe toute certaine que Dieu
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Dieu n’a point fait ccJa en vain: amp;nbsp;fi le peuple n’cuft eu quelque autorité de promettre amp;nbsp;de tenir promelfe, c’eftoit perdre temps amp;nbsp;paroles de contraâer alliance. Il femble donc que Dieu a fait comme les prelteurs qui ont afai-re à des emprunteurs non alfcz feables» amp;nbsp;en font obliger plufieurs enfcmblc au paypmenc d’vnc mcfmc fomme, tellement que deux ou plufieurs font liez l’vn pour l’autre, amp;nbsp;vn feul pour le tout au payement du total, amp;nbsp;le peut on demander à qui Ion veut de chafeun d’eux. Il y auoit danger de commettre la garde de l’Eglifeàvn feul homme : amp;nbsp;pourtant Dieu s’en fie à tout le peuple. Le Roy cfleuccnvn lieu fi gliflant pouuoit aifement fc corrompre. De peur donc que l’Eglifc ne trcbuchaft auec,Dieu a voulu quele peuple Cnrefpondill aufsi. Enlaftipulation, de laquelle il s’agiftj Dieu, ou (en fa place) le Souucrain Sacrificateur ftipulc : le Roy amp;nbsp;tout le peuple, afauoir Ifrael,promettent,tous deux pour vne mcfme caufc,amp; volontairement obligez enfemblc.Le Sacrificateur demande s’ils ne promettent pas que le peuple fera peuple de Dieu, amp;nbsp;qu’ils donneront ordre que Dieu aura toufiours fon temple fon Eglife au milieu d’çux, où il fera purement ferui? Le Roy refpond, auf-fi fait le peuple , non point fepatément, ains enfemblc , comme les paroles en font foy , incontinent amp;nbsp;non point par in-teruallc , ni l’vn long temps apres l’autre-
D.ij.
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Nous voyons donc ici deux rccs, le Roy amp;
Ifrael, qui par confequent font obligez l’vn r-morfBc. pour l’autre, amp;nbsp;vn fcul pour le tout. Par ainfi, quand Caius amp;nbsp;Titius ont promis cnfemblc payer à Scius créancier ftipulant ccr „„„ taine amp;nbsp;mefme fomme,chafcun d’eux eft obli-gepour foy amp;nbsp;pour fon compagnon, amp;nbsp;la ficert.pet. peut-on demander entièrement auquel des ^Dd^d' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;voudra:aufsile Roy fcul, amp;nbsp;Ifrael à
de bien prendre garde que 3§.i.zz codim.
l-. cum pojf.V.de cenfib.^ ibi Do-flores,
î’Eglifc ne rcçoiuc aucun dommage. Sil’vn ou l’autre n’en tient conte,Dieu peut demander le tout auquel des deux il luy plaira, amp;nbsp;encores plus du peuple quedu Roy, en ce que pluficurs ne s’clcoulent pas fi aifement amp;nbsp;ont mieux dequoy payer qu’vn feul. Item,comme de deux hom'mesrcdcuablcs,fur tout au fifque public, l’vn eft tellement lie pour l’autre qu’il ne peut s’aider du benefice de diuifiô oftroyé par la nouuellecôftitution deluftinian :fcm-blablcment puis que le Roy amp;nbsp;Ifrael promettent de payer tribut à Dieu qui eft le Roy des Roisd’vn y eft oblige pour l’autre. Et comme deux rees en promclfe, fur toutes contrats, dont l’obligation met les promettans en coul-
1. c»ngt;
pe,telle qu’eft celle ci: la coulpe de l’vn nuill à appmba l’ântrc;tellcmct que fi Ifrael abandonne Dieu, coulpablc c.eoiem. dc la rcuoltc d’Ifrael. SembJablcmct,fi le Roy prend parti auec les dieux eftranges , amp;nbsp;non contet d’y adherer, y àxtirc aulfi lès fuicts,s’efforçant
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forçant par tous moyens de ruiner l’Eglifc: fi Ifracl ne le tire de cefte fuite, s’il ne le réprimé,du péché de fon Roy il en fait le fie. Brief, tout ainfi qu’il y a danger que l’vn de deux rc-deuablcs en diffipant fon bien amp;nbsp;ne pouuant cftre foluable, l’autre ne rcfpondc pour foy amp;nbsp;pour fon compaignô, au créancier qui ne doit fouffrir dommage, encores que l’vn de fes debtes fc foit mal gouucrnc : le mefme faut-il craindre d’Ifrael enuers le Roy, amp;nbsp;du Roy en-uers Ifrael,aucnant que l’vn d’eux fetue aux i-doles ou rompe l’alliance en quelque autre forte, que l’vn ne paye la folle enchère amp;nbsp;foit chaftic pour l’autre.
Or que la ftipulation , de laquelle nous traitons maintenant foit de cefte nature, il en appert par d’autres tefmoignages de l’Efcri-ture faimâe.Saul ayât efté cftabli Roy d’Ifrael, ’ Samuel Sacrificateur amp;nbsp;Prophete du Seigneur, parle'ainfi au peuple. Et vous, amp;nbsp;voftre Roy qui eft fur vous , fuiuez le Seigneur voftre Dieu : mais fi vous perfeuerez en malice (il les taxe de malice , pourcc qu’ils auoyent préféré le gouuernement d’vn homme à celuy de Dieu) vous amp;nbsp;voftre Roy périrez. Il adioufte puis apres laraifon:car il a pieu à Dieu vous faire fon peuple.'Vous voyez là Jeux rees con-ioints euidemment en la ftipulation de mefme chaftiment. De mcfmcs,Ai'a Roy deluda,par le confeil du Prophete Azarie,aft'cblc en Icru-falcm tout le peuple, afauoir luda amp;nbsp;Benia-
D.iij.
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i.Chrtfii. rji3-
i.Roii 13, a.
Z.Cbron.
4-1-9.
min,‘pour traiter alliance aiicc Dieu ? 1 !îec fc trouücrcnt pluficurs des lignéesd’Ephraim, de Manafl'é Sc de Simeon , qui y eftoyent venus jiourferuir purement au Seigneur. Apres les fâCrifices faits félon la Loy, l’alliance cft contïaiSee en cestermes,Quiconque n’inuo-quera point le Seigneur Dieu d’Ifi acl, foitle plus petit, foit le plus grand , qu’il meure de mort.'En faifant mention du plus grand, vous voyez que le Roy mcfmen’eft pas exempte de lapunitiom decernec. Mais qui pourroit cha-fticr le Roy(car il ert ici quclUon de punition corporelle amp;nbsp;temporelle) fi ce n’eft tout le peuple,à qui le Roy iurcamp; s’obligc,ne plus ne moins que le peuple au Roy? Nous lifonsauf-fi que le Roy lofias, maicur de vingtcinqans, cnfemble tout le peuple , traita alliance a-uec le Seigneur: le Roy amp;nbsp;le peuple promet-tans garder les Loix amp;nbsp;ordonnances de Dieu, comme dés l’heure, pour acomplir en quelque forte la teneur de l’alliance, l’idolâtrie de Baal fut mife bas. Si quelqu’vn veut plus exa-ftement fueillcterl’Hilloirefainélc, peut-e-ellre poiirra-il y trouuer encores d’autres tef-moignages.
Mais à quel propos auroit elle requis le confentement du peuple, pourquoy Ifrael ou luda fe feroit-il oblige d’obfcrucr la Loy de Dieu, à quelleofcafion auroit-il promis fi fo-lennellcment d’eftre à ianiais le peuple de Dieu,fi Ion veut nier que par mefme moyen il n ait
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n’ait CU de Dieu l’autorité ■amp; puiflancc de fc garantir de periurc 8c d’cinpcfchcr la ruine de l’Eglifc? Car dequoy feruiroit de faire promettre au peuple d'cflrc peuple de Dieu, s’il endure, ou s’il eft tenu d’endurer que les Rois le tirent apres les dieux cftranges? Si le peuple n’eft autre chofe que ferf, pourquoy luy eft-iJ commandé de donner ordre que Dieu fait purement adoré, fi ainfi eft qu’il ne puilfe s’obliger à Dieu ? Et s’il ne luy eft loifiblc de te-nirla main a 1 cntrctcnemcnt de la propit.nc, dirons-nous que Dieu ait fait allianceaucc («r, ccluy qui n’a eu droit de promettre ni de tenir promcirc?Maisau contraire en traitant allian ce aucc le peuple, amp;nbsp;pourchaffant ceft afairc. Dieu a voulu monftrer tout ouucrtcment que le peuple a droit de fairc,tenir,8c entretenir promelTc. Car H Ion fc moque,8c filon ne veut ouir en iufticc ccluy qui aura contraéïé aucc vn cfclauc ou vn fils de famille : feroit- ce pas auoir perdu toute Honte d’imputer à Dieu qu’il euft voulu contraâer aucc ccluy qui ne auroit puiflancc quelconque?
Mais de là vient que quand IcsRois ont enfraintl’alliance , les Prophètes s’adreflent toufiouts à la maifon de luda 8c de Iacob, 8c à Samaric , pour les auertir de leur deuoir. Outrcplus ils requièrent le peuple qu’il nefe déporte- pas feulement de facrifier à Baal, mais aufsi qu’il brife l’idole 8c extermine les fxcrihcatcursBaalitcs, maugré le Roy mcfmc.
D.iiij.
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Pour exemple, Achab ayant tue les Prophètes I Rois 18. de Dieu , le Prophete ElieafTemblc le peuple, amp;nbsp;pgr maniéré de dire tient les eftats, tance, reprend amp;nbsp;redargue vn chafeun. Le peuple à fbn exhortation empoigne amp;nbsp;fait mourir les preftres de Baal.Pourcc que le Roy ne fe fou-cie de fon dcuoir,il faut qu’Ifrael s’acquitte du lien,fans tumulte ni à rei}ourdic,ains par autorité publique,les eftats airemble2,amp; l’equitc dclacaufc ayant efte debatue par ordre, amp;nbsp;bien conucauant que mettre la main à aucune execution.
A V contraire toutes amp;nbsp;quantesfois que Ifrael a failli des’oppofer à vn Roy qui ren-uerfoit le fcruice de Dieu, ce qui a efte dit des deux rcdcuables, dont le mauuais mefnage de l’vn preiudicie à l’autre, cft lors auenu. Car comme le Roy a efte puni de fon idolatrie amp;nbsp;defloyauté, aufsile peuplea efte chaftic defa parefT;, conniuence amp;nbsp;ftupidité : amp;nbsp;cft auenu que les Rois ont decline beaucoup, plusfou-uent que le peuple, dautant que d’ordinaire les plus grâdsfc moulent aux moeurs du Roy, amp;nbsp;le peuplcfe Conforme à ceux qui le gouucr-nent: brief tous pechentpluftoft à l’exemple d’vn,quc ce feul ne s’amende aucc tous les autres. Ce que nous difons paroiftra encores lyjjciix par exemples. Quepenfons nous qui a efte eaufe de la desfaite amp;■ route de l’armccdc Ifrael auccfon Roy Saul ? Dieu chaftic-il le peuple pour les péchez du Prince? L’enfant cft-il
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eft-il batu au lieu du pere? C’eft vn propos mal aifc à digérer,difcnt les lurifconfultcs, de fouRenir que les enfans portent la peine deuè aux pechez de leurs percs.Les loix ne permettent point que quelqu’vn fouffre pour la mef-cliancetcd'autruy. Or, ia n’auienne,qucle iu-ce«.i8.i$ gc du monde, dit Abraham , deftruife l’innocent auec le coulpablc. Au contraire,dit le Sei De»t.i4. gncur,comme la vie du pcre,aufsi la vie du fils . cft à moy. Le pere ne fouffrira point pour le ' forfait du fils, ni le fils pour le forfait du pere. La perfonne qui aura pèche mourra.Ccftc defio. faite donc cft-ellc pas procedeede ce que le peuple nes’oppofoit pas à Saul violant la Loy de Dieu, ainsluy aplaudiffbit lors que ce mi-ferablc Prince perlccutoit mefchamment les gens de bien , afauoir Dauid amp;nbsp;les Sacrifie» leurs du Seigneur?
De plufieurs autres exemples produifons^ j^^, en encores quelques vns.Le mcfme Saul,pour u.i. agrandir les pofTcfsions de la lignée de luda, rompit la foy publique donnée auxGabao-nites dés l’entree du peuple en la terre deCha -naan, amp;nbsp;fait mourir tous lesGabaonitcs qu’il peut attraper.Par telle execution Saul contre-uenoit au troificfmc cÔmandement, car Dieu auoit efté tefmoin de l’accord : amp;nbsp;aufixiefme aufsi, dautant qu’il tuoit Icsinnocens. Il faloit maintenir l’autorité des deux tables de la Loy, amp;nbsp;cft dit que Saul amp;nbsp;fa maifon ont commis cefte mcfchanceté. Cependant, apres la more
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de Saul, amp;nbsp;Dauid cftabli Roy, le Seigneur c-flant enquis refpond,que c’elloit ia la troifieC-meanneequctoutle pays d’Ifrael eftoit afflige de famine à caufe de cefte cruauté , amp;nbsp;la main du Seigneur ne cefladefrapper iufques à cequefept hommes de la maifonde Saul curent efté donnez aux Gabaonites qui les firent mourir.
Z mnuit. V E V quc chafcun doit porter fa charge,Sc i6.D.tle que nul n’efl; cftimé fuccefleur du crime d’au-triiy, pourquoy direz vous que tout le peuple d’Ifrael merite d’eftre puni pour Saul,lequel e-floit défia mort,amp; qui auoitfce femble) enterré le proces quand amp;nbsp;foy: finon dautant que le peuple n’a tenu conte de s’oppofer à vne mef-clianceté publique amp;nbsp;toute aparentc , quoy T s.inri- qu’il Je deuft amp;nbsp;peuft faire? Voudriez vous mm.c.de qu’on chaftiaft quclqu’vn,s’il ne l’a mérité? Et çp quoy a ici failli tout le peuple, fiùon en ce qu’il a toléré le péché de fon Roy? De mef-mes, lors que Dauid commanded loab amp;nbsp;aux 14.1. gouuerneurs d’Ifrael, de nombrer le peuple, il i.chron. cft charge d’auoir commis vne grande faute.
Car tout ainfi qu’ifracl auoit prouoqué Pire de Dieu en demandant vn Roy,furla prudence duquel il fembloit apuy cr fon falut, fcmbla-bl ment Dauid s’oublioit par trop, en efpc-raiit victoire par vnegrande multitude defu-iets.Pourcc que cela cft proprement (félonie MMUi: dire du Prophctc)facrihcr à fes filez,amp; encen-ius. fer aux hameçons,efpccc d’idolâtrie abominable.
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bic. Quant àuxgouuerncurs, voyans que cela attircroit quelque mal fur le peuple, ils rettif— lient quelque peu du commencement ; puis ils font cefte defeription comme par maniéré d’aCquit. Cependant tout le peuple efteha-non feulement Dauid,mais aufli les an-« ciens d’Ifracl , qui reprefentent tout le corps du peuple , veftent la haire amp;nbsp;fe couurcntde ccndrcsxe quitoutcsfoisn’eftoit auenu ni n’a-uoit efté pratique lorsque Dauid fe fouilla d’vn horrible meurtre amp;nbsp;d’vn vilain adultere. Qui ne void en ce dernier fait que tous auoyct péché amp;nbsp;deuoyent fe repentir, amp;nbsp;que finalement ils ont clic chafticz tousîafiuoir Dauid, qui auoit irrité Dieu par inique commandement,lesGouucrneurs,qui comme Pairs amp;nbsp;af-fefleurs du royaume deuoyent s’oppofer au Roy au nom de tout lfracl,par leur conniuen-ce ou trop molle rcfiftance, amp;nbsp;tout le peuple aufli qui cftoit comparu pour fc faire enrool-1er. Pourlc regard de Dieu,faifant en ceft endroit comme vn fouucrain chef amp;nbsp;general de quelque armee, il a chaftié la faute de tout le camp par vn alarme donné par tout, amp;nbsp;par le fupplicc de quelques particuliers qu’il a prins entre les autres , pour tenir en bride tout le refte.
Mais dites moy pourquoy, apres que le Roy Manaffes euft pollué le temple de lerufa-lem, nouslifons que Dieu tança non feule- jç, ment .Manaffes , ains aufli tout le peuple?
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cftoit-ce pas afin d’auertir Ifrael, l’vn des re-fpondani, que s’il ne contcnoit le Roy en de-uoir, ce fcroit au dam de tous? Car que veut dire le Prophete 1ercmie,que la maifon de lu da eft afleruic aux Aflyriens à caufe dcl’impic-té amp;nbsp;cruauté de Manafles, finon qu’elle a efté coulpable de tout cela,pour ne s’y eftre pas op pofee. Pourtant S. Auguftinamp; S.Ambroife di fent, Herodes amp;nbsp;Pilate condamnent lefus Chrift, les Sacrificateurs le liurent à la mort, peuple en a quelque compafsion, amp;nbsp;néant-moins tous font punis. Pourquoy cela? Dau-tant qu’ils font coulpables de la mort de celuy qu’ils pouuoyent tirer d’entre les mains des mefehans iuges amp;nbsp;gouuerneurs. On pourroit adioufter ici pluficurs autres chofes recueillies de diuers auteurs pour verification de ce que defliis, n’eftoit que les tefmoignagcs de l’E-feriture fainéle doiuent fuffire auxChreftiens.
Av reftc,pourcequele deuoird’vn bon po litique eft d’empefeher amp;nbsp;preuenir le mal à venir plus que de punir le pcchc commis, comme les médecins preferiuent pluftoft vne dicte pour chalTer les maladies, que des remedrs pour les reprimer: certainement vn peuple af-fedionné à la vraye Religion ne fe contentera pas fi mplemcnt de réprimer le Prince qui voudroitabolir la Loy de Dieu, maisaußi prendra bien garde que rien ncfoit introduit qui porte nuifance parla malice Se mefehan-ceté d’iceluy,amp; qui par trait de temps puif-
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fe corrompre le pur fcruice de Dicu:amp; au lieu de fupporter les crimes commis publiquemet contre la Maicfté diuine, il ofterafoigneufe-ment toutes les occafions dont lesperfonnes fc pourroyent couurir pour exeufer leur faute. Nous lifons cela auoirefté pratique par tout Ifracl par arreft des cftats de tout le peuple pour fe plaindre à ceux de deçà le lordain touchant l’autel qu’ils auoyent drelTc, amp;nbsp;par le Roy Ezechias qui fitbrifer Icferpent d’airain. Et pourtant il eft loifiblc àIfracl de faire te-fte au Roy s’il veut renuerfer laLoydcDieu amp;nbsp;abolir l’Eglife : amp;nbsp;non feulement cela, mais aufsi doit il fauoir qu’a faute de le faire il fera coulpable de mefmc crime, amp;nbsp;en portera les coups aucc fon Roy. S’il elf aflailli de parole, ilrcfitterade parole, fi par armes, il prendra les armes, combatant de la langue amp;nbsp;de la main:voire mefmcs par embufehes amp;nbsp;contre-mines,fi on le veut furprendre,n’y ayant inte-reft en guerre legitime, de combatte à defeou Tofuam. uert ou à couuert:en telle forte que Ion diftin gue toufiûurs foigneufement le dol d’auec la perfidie laquelle eft toufiours illicite. dàlomalg.
Mais ie voy bien qu’on me fera ici vne obieâion. Qiioy, direz-vous? faudra-ilque toute vne populaire, ceftebefte qui porte vncequiefi million de telles, fc mutine amp;nbsp;àccoure en de- entend» fordre pour donner ordre à ce que delTus? i’‘*rleno Quelle adrelTe y a-il en vne multitude desbri-dec ? quel confeil amp;nbsp;quelle prudence pour
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pouruoir aux afaircs? Quand nous parlons dd tout Icpcuplc, nous entendons par ce mot ceux qui ont en main l’antorite de par le peuple , afauoir les Magiftrats qui font inferieurs au Rov, amp;nbsp;que le peuple a deleguez, ou efta-blis en quelque forte que ce foit,comme conforts de l’empire amp;nbsp;controllcurs des Rois, amp;nbsp;qui reprefentent tout le corps du peuple. Nous entendons aufsi les Eftats, qui ne font autre cliofe que l’cpitome ou brief recueil du royaume, aufquelstour afairespubiies fe rapportent. Tels cftoyent les Septante anciens au royaume d’Ifrael, defqucîs le Souueraiii Sa crificatcur efloit comme Prcfidcnt,amp; qui iu-geoyent des chofes de plus grande importance, ayans efte premièrement prins amp;nbsp;clioifis feptante teffes, fixdechafquelignee des douze qui elfoyent defeendues en Egypte.Puis a-pres les chefs ou gouuerncurs des Prouinces. Item,les luges amp;nbsp;Preuofts des villes, les capitaines de mille hommes,les Centeniers amp;nbsp;autres qui commandoyent fur les familles: les plus vaillans, nobles amp;nbsp;autres perfonnages no tables, defquels efloit compofe lecorpsdes Eftats , afTcmblez beaucoup de fois , félon qu’il appert par les mots de l’Hiftoire fainélc. j.S.im. Quand il eff queflion d’cllire le premier Roy, 8.4. afauoir Saul, tous les anciens d’Ifrael s’affem-blerent en Rama. Item , Et tout Ifrael fut af-fcmblé:ou,tout luda amp;Bcniamin,amp;c.Orn’cfl il pas vray- femblable que tout le peuple vn
par
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par vn fe foit trouuc là.
• De ce rang font en tout royaume bien goii uernc, les Princes, les Officiers de la couronc, les Pairs,les grâds Seigncurs,les plus notables, les députez des Prouinces, defquels eft côpofc le corps ordinaire des Eftats, ow vne aflcblec cxtraordinairc,ou vn Parlentcnt, ou vne iour-nce,ou autre aflemblce, félon les noms vfitez CS diuers pays du monde; cfquelles alTcmblees il faut pouruoir que la République ou l’Eglife ne reçoyue aucun detriment. Or comme les officiers fufnômcz font inferieurs au Roy,auffi eftans cSfiderez tous enfcmble en ce corps fus mentionne ils font fes fuperieurs. Car comme les Conciles de Rafle amp;nbsp;de Confiance ont de-tcrminé(amp; bien determiné)quele Côcilevni-uerfcl efioit par deflus l’Euefquc de Rome, tout ainfi que le Chapitre efi par deflus l’Euef-lt;}uc,rVniucrfité par deflus le Relt;ficur,laCour par deffus le Prefident, brief ccluy à qui toute vnecôpagnie donc autorité eft toufiours infe rieur à la côpagnic,encorcsqu’il foit par deflus vn chafeû des mébres d’icelle : auffi eft- ce vne •chofe hors de doute qu’Ifrael,qui a demâdé amp;nbsp;cftabli vnRoy,côme gouucrneur du public,cft par deflus Saul eftabli à la requefte amp;nbsp;pour l'amour d’Ifrael, côme il fera dit encores plus am plement ci apres. Et pourtant,puis que l’ordre eft requis en toutes chofes qui requièrent d’e-ftre bien acheminées,amp; que ceft ordre ne fau-roiteftre gardé parmi vn fi grand nombre de
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peuple: amp;nbsp;que fouuentdescasfeprefentcnt que Ion ne fauroit faire entendre à vne multi-* tude fans peril amp;nbsp;danger pour tout le public: nous difons que tout ce qui a cfté dit des pri-uilegcs oâroycz amp;nbsp;du droit commis au peuple , fe doit rapporter aux officiers amp;nbsp;députez du royaume: que tout ce qui a efte dit d’Ifrael s’entend des Princes amp;nbsp;Anciens d’Ifrael,à qui ces chofes ont cfté accordées amp;nbsp;commifes, comme aufsi l’vfagc l’a vérifié.
i,.Chron. »i-
L A Roine Athalia,apres la mort de fon fils Oçhozias Roy de luda, donna ordre de faire mourir toute la race royale, excepté le petit loas, qui cftant encores au berceau fut fauué par la pieté amp;nbsp;prudence de lofaba fa tante. A-thalia s’empare du gouuerncment, amp;nbsp;regne fix ans fur luda.Pcut-eftrc que le peuple mur-muroît lors entre les dents, amp;nbsp;n’ofoit à caufe du danger dire ce qu’il retenoit en fa penfee. Finalement le Souucrain Sacrificateur loia-das, mari de lofaba , ayant fait fecrettement vue ligue amp;nbsp;coniuration auec les principaux du royaume,fait facrer amp;nbsp;couronner Roy fon neuen loasaagé defeptans. II nefe contente pas feulement de chaffer la Roine mere du throne Royal,mais aufsi la fait mettre à mort, amp;nbsp;racle incontinent l’idolâtrie de Baal.Le fait de loiadas eft aprouué amp;nbsp;à bon droit ; car il plaidoitpourbonnccaufe, amp;nbsp;affailloitla tyrannie,non pas le royaume:Ia tyrannie,di-ic, qui n’auoit point de titre, comme parlent les lurif-
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iurifconfultes modernes. Car la Loy n’appel- Sartol.di loit pas les fcmmcsau gouuernement du roy-aumedeluda. Dauantagej cefte tyrannie e- ' ftoit en vigueur amp;nbsp;exercice: car Athalia auoit ' par vne mefchanceté du tout desbordee cn-uahilacouronnede fesneueu3t,elle commet-toit vne infinité de maux,amp; qui eftoit le pis a-uoit reietté le vray Dieu pour adorer amp;nbsp;faire adorer Baal. Ainfi donc elle a efté iuftement punie, amp;parceluyqui auoit legitime charge amp;nbsp;autorité de ce faire. Car loiadas n’eftoit point vn homme priué amp;nbsp;particulier, ains foii uerain Sacrificateur, à qui tors apartenoit la conoiflancedescaufcsciuiles. En apres il ai— uoit pour adjoints les principaux du royaume,les Leuites, amp;nbsp;eftoit parét amp;nbsp;allié du Royi Or quant à ce qu’il n’aflemble lesEftatsen Mizpat, à la maniéréacouftumee,il n’en eft pas rcprins,ni d’auoir confulté amp;nbsp;confpiré fc-crettement : pource que s’il euft tenu quelque autre procedure,l’afaire n’euft pas bien fucce-dé, ains s’en fuft allee au vent. Vne Coniura- BarioZ.dri tion eft bonne ou mauuaife, felô que la fin où elle vife eft bonne ou maUuaife, amp;nbsp;felon aufsi que font affeélionnez ceux qui la font. Nous/,„^, difons donc que les Princes de luda ont bien fait, amp;nbsp;qu’en fuiuant vne autre procedure ils euflent mal fait. Car tout ainfi que le tuteur doit prendre garde que les biens de fon pupille ne deperiflent,amp; s’il n’en tient conte, on luy en peut demander amp;nbsp;faire rendre conte:
E.j.
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aufsi ceux à la garde dcfqucls le peuple s’eft commis, amp;nbsp;qu’il a conftituez fes tuteurs amp;nbsp;procureurs , doiuent le maintenir fain amp;nbsp;entier auec tous fes droits. En fomme, comme il eft loifible à tout vn peuple de faire tefte à la tyrannie , aufsi les principaux d’vn royaume , reprefentans le corps du peuple, peuuent comme chefs, amp;nbsp;pour le bien de tout le corps, fe liguer amp;nbsp;aflb-i.iso. cicr cnfemble. Et comme ce qui eft fait en D.dereg. public par la plus grande part eft attribue »«rx. à tous: aulsi faut-il dire que tous ont fait, ce que la meilleure part des principaux a fait : brief que tout le peuple y a mis la main.
ZffMeirp Mais il fe prefente ici vne autre que-ainefmr- ftion, laquelle merite d’eftre confiderce amp;nbsp;neJMroji- amplement debatuepour la circonftance du refiidL“** Poloiis le cas que quelque Roy vueil-le abolir la Loy de Dieu ou ruiner l’Egli-fc : que tout le peuple ou la plus grande part y confente : que tous les Princes , ou le plus grand nombre d’iceux , face fem-blant de rien; que ce pendant vne petite poignée de peuple , afauoir quelqu’vn des Princes amp;nbsp;quelques Magiftrats vueillcnt conferuer la Loy de Dieu entière amp;nbsp;in-uiolable , amp;nbsp;feruir purement au Seigneur: que fera-il loifible de faire, fi le Roy veut contraindre ceux-ci d’eftre idolâtres , ou leur veut öfter l’excrcicc de la vraye Religion ?
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gîon? Nous ne parlons point ici des pri-uez amp;nbsp;particuliers confidercz vn par vn , amp;nbsp;qui ne font cftimez parties du corps entier, comme les aix, les doux, les clicuil-les ne font parties d’vn baftcau: ni les pierres , chcurons , la blocaillc , ne font parties d’vnc maifon : mais nous parlons de quelque ville ou Prouince , qui face vne portion du royaume, comme la proue, I2 pouppe , la carene amp;nbsp;autres telles parties font le baftcau : le fondement , le toiél, les murailles font la maifon. Nous parlons aufsi du Magiftrat qui gouucrnc celle ville ou Prouince. S’il faut combatte par e-xcmples , encores que nous en ayons pcu£x^/ft en main, à caufe de la nonchalance des hommes quand il cft queftion de maintenir le feruice de Dieu: toutesfois fienauonsnous quelques vns, que nous propofons,pour cftrc pofez amp;nbsp;receus felon qu’ils le méritent.
L O B N A , ville des Sacrificateurs , fe Lolna. fouftrait de l’obeiflance de loram, Roy luda , amp;nbsp;quitte ce Prince, pource qu’il uoit abandonne le Dieu de fes pères, lequel cefte ville vouloit feruir , amp;nbsp;peut-eftre crai- i.c/n-o», gnoit aufsi qu’on ne la contraignift de facri- «•lo-fier à Baal.
Semblablement, alors que le Roy Antiochus commanda que tous les lu ifs adheraffent à fa religion, amp;nbsp;quittalfent
E.ij.
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SECONDÉ
Matha-thm.
1-43,«Sr a.ii.ô-
3-43-
J.Macha,
celle que Dieu leur auoit enlèignee, Matha-thias refpond, Nous n’obcirons point, Sc ne ferons rien contre noftre Religion. Il ne fe contente pas de parler,mais aufsi cftant efpris du zele de Phirtees, il tue de fa propre main le luif qui contraignoit fes citoyens de facrifier aux idoles,puis il prend les armes,fe retir e aux montagnes,amaüe des troupes,amp; fait la guerre contre Antiochus pour la religion amp;nbsp;pour la patrie, auec tel fucces, qu’il regaigne Icru-falem, rompt ôf anéantit la force des Payons amaflez pour ruiner rEglifc,amp;rcftablit le pur feruice de Dieu. Si nous confiderons Matha-thias,il eftoitpere des Machabcesde la lignee deLeui : tellement qu’il ne luy eftoitloifiblc, félon le droit de là race,dc preferuer le royaume de la tyrannie d’Antiochus. Ceux de fa troupe eftoyent gens réfugiez aux montagnes,auec les habitans de Modin,aufquels s’e-ftoyent ioints les luifs voifins amp;nbsp;autres acou-rus de diuers endroits de ludce, qui defiroyct le rcftàblilTemcnt del’Eglife.Prcfques tous les autres,voire les principaux,obciiroyent à An-tiochus,mefmcs apres la route de fon armee, amp;nbsp;que ce tyran fuft mort miferablemét,encores qu’il y euft lors belle occafion de fccouer le ioug, les luifsallèrent cerchcr le fils d’Antiochus amp;nbsp;le prièrent de s’emparer du royaume , promettans luy eftre obeilTans amp;nbsp;fideles, lepourroye ici mettre en auant l’exemple de Vebora. Debora.Le Seigneur Dieu auoit alTerui Ifrael à la-
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à labin Roy de Chanaan, amp;nbsp;cefte feruitude a- /»gfs 4^ uoit ia duré l’efpace de vingt ans » ce qui auoit î-acquis aucunement preFcription de droit fur le royaume, ioint aufsi que prcfquetout If-rael feruoit aux dieux eftranges.Les principales amp;nbsp;plus puiflàntes lignées, afauoir, Ruben, Ephraim,Beniamin,Dan, Afcr amp;nbsp;quelques au tres adheroyent à labin. Ce nonobftant la Prophetefle Debora, qui iugeoit Ifrael, fait prendre les armes aux lignées de Zabulon , de Nephtali amp;nbsp;d’Ifrachar,ou du moins à quelques vns de ces lignées fous la conduite de Barac, met en route Sifara lieutenant de labin, deli— ure Ifrael,qui n’y pcnfoit pas amp;nbsp;eftoit content de demeurer efclaue, amp;nbsp;l’arrache de delTous le ioug des Chananeens,puis remet fus le feruice du vray Dieu.Mais dautant que Debora fem-ble auoir eu vne vocation extraordinaire: que l’Efcriture n’aprouue pas en termes expres le fait de ceux de Lobna,encores qu’en fc taifant ellefemblele troMuerbon : amp;nbsp;que l’hiftoire des Machabees n’a pas eu grande autorité en VEglifc anciene : amp;nbsp;que Ion dit communément qu'il faut prouuer fon dire parloixamp; tefmoignages, non point par exemples ; examinons par le fait ce qu’il faut iuger félon le droit en la matière dont eft queftion.
No V s allons dit, que le Roy iuroit de gar-der la Loy de Dieu, 8f promcttoit,autant que fes moyens fepourroyent eftendre de maintenir l’Eglifeique le peuple d’Ifrael, confideré
E.iij.
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en vn corps , faifoit la mefme promefTe à Dieu , ftipulant par le Souuerain Sacrificateur.
O R nous difons maintenant que toutes les villes, amp;nbsp;tous les magifirats d’icelles villes, qui font parts amp;nbsp;portions du royaume, promettoyent chafeun d’eux pour fon regard, amp;nbsp;en termes expres faire le mefme: ce que toutes villes Sc communautez Chreftien-nes ont fait aufsi, encores que ç’ait efté fans parler. lofuc éftant fort vieil amp;nbsp;prochain de la mort, aflembletoutlfrael en Sichern en la prcfence de Dieu, c’eft à dire deuant l’Arche de l’Alliance du Seigneur qui clloit là. lieft dit que les Anciens du peuple, les chefs des lignées, les luges amp;nbsp;gouuerneurs, amp;nbsp;tous ceux qui auoyent quelques charges publiques es villes d’Ifrael s’y trouucrcnt, où ils iure-rent d’obferuer la Loy du Seigneur, amp;nbsp;acceptèrent volontairement le ioug de Dieu tout-pui/Tant. Dont il appert aflez, que ces Magiftrats s’obligèrent au nom des villes amp;nbsp;communautez qui les enuoyoyent de donner ordre que Dieu feroit ferui par tout le pays félon ce qu’il auoit dcclairé par fa Loy. Quant à lofuc, ayant contrade cefte IJ. faimftc Alliance entre Dieu amp;nbsp;le peuple, amp;nbsp;drefle afte de tout ce qui s’eftoit fait, pour memorial perpétuel de lachofe, efie-ua incontinent vnc pierre. S’il faut faire venir
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venir l’Archc du Seigneur , on appelle les j.chnn. principaux du pays amp;nbsp;des villes , les Capi- ’3-
■ nbsp;nbsp;‘1 nbsp;nbsp;y-.'quot;'- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 -n n.0*^ l.Chnn,
taincs , les Ccnteniers, les Preuolts amp;au-^ très , par le decret amp;nbsp;mandement de Da- i.RuUy, nid amp;nbsp;de la Synagogue d’Ifrael. S’ileft que- i.chron. ftion de baftir vn temple au Seigneur , on obferue le mefme. Et afin que Ion nepen-fe quelque changement cftrc furuenu apres i.c/,«». la création des Rois, du temps de loas 8e ij, de lofias, lors qu'il fut queftion de renou-ueller l’Alliance entre Dieu 8e le peuple, tous lesEftats s’y trcuucnt, 8e tous font a-ftraints 8e obligez particulièrement. Aufsi non feulement le Roy , mais le Royaume: 8e non feulement tout le Royaume , maïs aufsi toutes les parties du Royaume promettent chafeune pour foy fidelité amp;nbsp;o-beiflance à Dieu. le di derechef que non feulement le Roy 8e le peuple , mais aufsi toutes les villes d’Ifrael 8e leurs Magiftrats s’obligent à Dieu, 8e luy faifans vn hommage lige s’aftraignent d’eftrefiens à iamais enuers 8e contre tous. Pour prcuue de ce que delTus ie prie le leéteur de fucillctter diligemment l’Hiftoire fainélc, fpecialemcnt es liuresdcs Rois 8e CS Chroniques. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Exempts
P O v R cfclaircir encores mieux cela,
1 J nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• n. • deljmcit
prenons vn exemple de ce qui clt amour-d’huy en vfage. En l’Empire d’Alema- d'^uma-gne, quand il faut couronner l’Empereur
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Ies Eleâeurs amp;nbsp;Princes de I’Empircjtant laiçs qu’Ecclefiaftiques, s’y trouaentenpcrfonne, ou y enuoyent leurs ambafl'adeurs. Les Prélats, Comtes, Barons, amp;nbsp;tous les députez des villes Imperiales y viennent aufsi, auec mandement Ipecial. Lors ils font hommage à l’Em pereur,ou pour eux-mefmes , ou pour ceux qu’ils reprefentent, auec amp;nbsp;fous certaines con dirions. Or maintenant, prefuppofons qu’vn de ceux-là qui a fait hommage volontairemét tafehe puis apres de degrader l’Empereur, pourfe mettre en fa place: que les Princes amp;nbsp;Barons dénient à leur Souucrain lefecours amp;nbsp;tribut qu’ils luy doiuent, amp;nbsp;que mefmes ils s’entendent auec l’autre qui con/pirc pour fc emparer du throne Imperial ; eftimez-vous que ceux de Strasbourg ou de Nuremberg, qui ont obligé leur foy au legitime Empereur n’ayent droit de reprimer amp;nbsp;forclorre ce brigand-là? Mais au contraire, s’ils ne le font, s’ils ne donnent fecours à l’Empereur en telle necefsité, penfez-vous qu’ilsayent fatisfait à promelfe ? veu que celuy qui n’a conferué ne deiM, fon gouucrneur, lors qu’il auoit moyen de ce vit. D, fair c,doit eftre tenu aulsi coulpable que celuy derenul. qui a commis la violence.
S I ainfi eft ( comme chafeun le rcconoît aflez) cft-il pas loifîble à ceux de Lobna de Modin, amp;nbsp;leur deuoir leur enioint-il pas d’en faire autant, fi les autres Efiats du royaume ont
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ont delaifleDieii,auferuice duquel ils conoif-fent eftre obligez de fe ranger? Imaginons donc quelque loram ou Antiochus quiabo-lifle la vraye Religion , qui s’efleuepar def-fusDicu ; qu’Ifracl difsimule amp;nbsp;en foit content j que doit faire la ville qui defirc feruir purement àDieu ? Premièrement, elle doit dire aueclofué. Quant à vous autres, regar- tope 14. dez à qui vous aimez mieux obéir, ou au vray Dieu , ou aux dieux des Amorrheens. De ma part, moy 8f ma famille feruirons au Seigneur. ChoifilTez , di-ie, fi vous voulez o-beiren ceft cndroitàccftuy-ci qui fans droit quelconque vfurpe vne puiflance quineluy appartient nullement: de moy , quoy qu’il en doiue auenir,ie garderay mafoyàceluy à qui ie l’ay promife. le ne doute nullement que lofué n’euft fait tous fes efforts de con-feruer le feruice du vray Dieu en Tham- ’?* nath Scrath ville d’Ephraim, où eftoit fon'®quot; bien amp;nbsp;fa maifon, fi tous les Ifraelitcs enfem-ble fe fuflent oubliez iufques là de vouloir adorer le Dieu des Amorrheens en la terre de Chanaan.
Mais fi le Roy paffe outre, amp;nbsp;enuoye des lieutenans qui nous contraignent d’eftro idolâtres, amp;nbsp;s’il nous commande de chaffer Dieu du milieu de nous , fermerons nous pas la porte au Roy amp;nbsp;à fes officiers pluftoft que chaffer hors de noftrc ville le Seigneur
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Dieu qui cfl le Roy des Rois? Que les bourgeois amp;nbsp;citoyens des villes , Que IcsMagi-llratsamp;gouuerneurs du peuple de Dieu demeurant es villes confiderent ici qu’ils ont traité deux alliances amp;nbsp;fait deux fermens. La premiere amp;nbsp;la plus anciene auec Dieu, à qui le peuple a iurcd’cftrefon peuple: la fécondé amp;nbsp;prochaine enfuiuante auec le Roy, à qui lepcuplea promis obciflance commeàceluy qui en gouuerneur amp;nbsp;conduéieur du peuple lo.CotUi. Dieu. Ainfidonc, comme fi vn Viceroy déforma coniurant contre fon fouuerain, encores que il euft receu vue trefgrande autorité, s’il nous liurer le Roy qu’il tien droit firm. ' afsicgé dans l’enclos de nos murailles, il ne faudroit pas luy obéir, ains luy refifter par tous moyens felon la teneur de noftre ferment de fidelité: fcmblablcmcnt, cftimons que c’eft vne mcfchanceté du tout detefta-ble, fi à l’appctit d’vn Prince , qui cft vaf-fal amp;nbsp;feruiteur de Dieu , nous chafTons Dieu habitant au milieu de nous, ou leli— urons , entant qu’en nous eft, es mains de fes ennemis.
V O v s direz , peut-eflre , Qu^c les villes aparticnent au Prince. Et moy, iercfpon, que le? villes ne confident point en monceau de pierres, ains en ce que nous appelions peuple: Que le peuple cft peuple de Dieu, auquel
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auquel il eft oblige premièrement, Sefecon-dement au Roy. Quant aux villes , combien que les Rois ayent puiflance fur icelles, toutesfois le domaine en apartient aux citoyens amp;nbsp;bourgeois. Car tout ce qui eft en sentent. vn royaume eft bien fous la domination du7-lt;iefce. Roy, mais non pas de fon patrimoine. Dieu à la vérité eft feul Seigneur proprietaire dc^'* toutes chofes, amp;nbsp;c’eft dcluy que le Roy tient fon domaine, amp;nbsp;le peuple fonpatrimoine. C’eft donc à dire , répliquerez vous , que pour le fait de la Religion il fera loifibleaux fuicts fe reuolter de l’obeiffance du Roy. Si Ion accorde vnc fois cela, fera-ce pas ouurir la feneftre à rebellion?
O R efeoutez ici patiemment, amp;nbsp;confi-derczlachofc de près. le pourrois refpon-dre en vn mot, s’il faut de deux chofes en faire l’vne, qu’il ennuient pluftoft fc deftour-ner du Roy que de Dieu : ou, auec fainél Au-guftin , au quatricfme liurc de la Cite de Dieu , chapitre quatricfme, amp;nbsp;au liure dix-neufuicfme»chapitre vingtvniefme , C^c la où il n’y a point de iuftice,iln’y a point de République. Qu’il n’y a point de iuftice, quand l’homme mortel veut arracher l’homme d’entre les mains de Dieu, pour le rendre efclaue du Diable, puis queiuftice eft vne Vertu quirend à chafeun ce qui luy apartient;
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amp; que ceux qui fe fouftrayentde telles dominations fe garantiflent de la tyrannie des malins efprits, amp;nbsp;abandonnent vne multitude de brigands, non pas la République. Mais, pour reprendre le propos de plus haut, ceux qui fe porteront comme dit a efle ci deflus, ne fem-blent nullement eRre accufables du crime de reuolte. Ceux là quittent le Roy ou la Repu-blique,qui d’vn cœur ennemi fe fouftrayent de l’obeiflance du Roy ou de la Republique : au moyc dequoy ils font tenus pour aduerfaires, amp;nbsp;fouuent font beaucoup plus à craindre que tous autres ennemis. Mais ceux dot nous parlons n’ont rien qui aproche de cela. Premièrement ils ne refufent point d’obeir, moyen-nant qu’on leur commande ce qu’ils peuuent mi- de droit, amp;nbsp;que ce ne foit chofe contre l’hon-, «eur de Dieu. Ils payent volontiers les tailles, péages,dons,amp; charges ordinaircs,moyennât que cela n’abolifle point le tribut qu’ils doy-uent à Dieu. Ils obeiflent à Celàr,tandis qu’il commande en qualité de Cefar : mais quand Celâr pafle fes limites, quand il veut vfurpçr vne domination qui n’eft pas fiene , quand 11 tafehe d’enuahir le throne de Dieu,quad il fait laguerreau Seigneur Souuerainde luy amp;du peuple,cux eftimét que ce n’eft pas raifon d’obeir lors à Cefar. En apres,à proprement parler, ils ne font point d’ades d’hoftilité. C’eft pftrc ennemi, quand.on irrite, quand on pro-uoque
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uoque autruy, quand de gaycté de cœur on drefle amp;nbsp;cómence les parties de la guerre. Eux ont efté agacez, aflaillis par armes dcfcouuer-tes amp;nbsp;par trahifons: la mort les enuirônanc de toutes parts ils prenent les armes , amp;nbsp;parent aux coups qu’on leur tire. Vous n’auez pas paix auec les ennemis quad vous voulez: car fi vous pofez les armes, fi vous ceflez de guerroyer ils ne fe defarmeront pas pourtant pour fe repo-fer du premier coup.Mais quantàceux-ci,de-firez la paix amp;nbsp;vous l’auez : ceflez de frapper» ils quittent la place amp;nbsp;les armcs:ceflcz d’aflail-lir Dieu,ils ne voudront plus combatte. Voulez vous leur tirer les armes des poings? abfte-nez vous feulement de les frapper. Puis qu’ils ne iettent pas les coups ains les reçoyuët, rengainez l’efpee,ils ictteront incontinent le bou clier à terre : ce qui eft caufe que bien fouuent ils font furprins par embufehes amp;nbsp;perfidie,cô -me les exemples de noftre temps le monft rent affez. Or comme on n’appellera pas fugitif le feruiteur qui met la main au deuant de l’cfpee dont fon Seigneur le veut frapper, qui fe tire arriéré amp;nbsp;fe cache pour euiter la main de fon maiftre lequel eft en furie, qui ferme la porte de fa chambre fur foy» iufques à ce que la cho-lere fort refroidie: moins encores doit on efti-mer feditieux ceux là qui (tenans nom amp;nbsp;place de feruiteurs.amp; fuiet$)ferment les portes d’vne ville a leur Prince tranfporté de courroux, e-ftans prefts de faire ce qu’il leur commande-
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ra, apres s’cftrc repenti amp;nbsp;auoir reprins fon bon fens.
Il faut mettre en cc rang Dauid chef de farmee d’Ifrael fous Saul roy furieux. Dauid opprimé de calomnies amp;nbsp;faux blaftncs,aguctté ■ de toutes parts,fe retire amp;nbsp;conferuc es montagnes inacccfhbles, amp;nbsp;s’apprefte pour oppofer les murailles de Ceila à la fureur du Roy.Mcf-mcsil attire à fon parti tous ceux qu’il peut) non paspourofterlavieàSaul, comme il eft bien aparu puis apres , ains pour conferuer la ficne.Voila pourquoy lonathan fils de Saul ne fait difficulté de traiter alliance aucc Dauid,amp; la renouuellcr de fois à autre: ce qui eft appelle f Alliance de fEtcrncl.Et Abigail dit en ter mes cxpres,quc Dauid eft aftailli à tort,amp; qu’il flit la guerre de Dieu. Il faut auffi mettre en ce rang les Machabccs qui ayans beau moyen jg faire la guerre, rcçoyuent la paix du Roy Demetrius amp;nbsp;d’autres, qu’Antiochus Icura-uoit offerte auparauant : pource que la Religion leur demeuroit faune. Nous auonsfou-uenancc que ceux qui de noftrc temps ont combatu pour la vraye Religion contre f An-techrift, en Alemagne amp;nbsp;en France, ont pofé les armes fi toft qu’on leur a permis de feruir purement à Dieu, amp;nbsp;fouucnt ayans autant de moyens de s’auancer, amp;nbsp;continuer la guerre à leur auantage, comme curct Dauid amp;nbsp;les Machabccs , quand les Philiftins contraignirent
Saul
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Saul de quitter Dauid pour penfer ailleurs, amp;nbsp;que les ennemis voifins qu’Antiochus voyoit fondre fur fesbras l’empefchoycnt de pour-fuiure les Machabees. Voila donc les marques qui diftinguent Sc feparct aflez ceux dont nous parlons d’auecques les rebelles.
Mais voici encores vn autre tefmoigna-gc bien cuident de leur bon droit, c’eft qu’ils fe fouftrayent tellement, que fi toft que la caufe de ce dcfpart eft leuec, amp;nbsp;fi quelque extreme ncccffitc ne les empefehe, ils retournent à leur premier cftat. Lors il faut dire qu’ils ne fe font pas fouftraits arriéré du Roy ni arriéré de la Rcpublique:ains qu’ils auoycnt quitté loram, Antiochus , amp;nbsp;en fômme la tyrannie amp;nbsp;puifTince illegitime d’vn feul, ou de plufieurs particuliers , qui n’auoycnt autorité ni droit de commander comme ilscomman doyent. Les doéfeurs de Sorbonne nous ont aprins cclamaintesfois, dequoy nous alléguerons ici quelques exemples. Enuiron l’an mil trois cens, le Pape Boniface huiticfmc fe vou-loit aproprier les Regales apartenantes au Roy de France. Philippe le Bel, lors Roy, le tançabicn rudement, amp;nbsp;luy elcriuitdeslet-tres bien afpres, de telle teneur, Philip- JelacbS-p E , par la grace de Dieu Roy des Fran- bre des çois, à Boniface foy difant Souucrain Euef- •* que , peu ou du tout point de falut. Soit a-uertie ta grande folie amp;nbsp;efgaree témérité qu’aux chofes temporelles nous n’auons
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que Dieu pour fuperieur, amp;nbsp;quclesvacquaoS de quelconques Eglifes amp;nbsp;prebendes nousa-partienent de droit royal, amp;nbsp;que c’eft à nous d’en perccuoir les fruits, amp;nbsp;nous defendre au tranchant de l’efpec contre tous ceux qui nouS envoudroyent empefeher lapofleflîon : efti-mans fols amp;nbsp;fans ceruclle ceux qui penfent autrement. En ce temps là tousreconoifloyent le Pape pour vicaire de Dieu en terre, amp;nbsp;chef de l’Eglife vniuerfelle: tellement que (comme on dit ) l’erreur commun eftoit au lieu de loy • Ce neantmoins, la Sorbonne eftant aflemblee amp;nbsp;cnquifcifit refpôfc,quc fans danger ni coul-pedcSchifme,leRoy amp;lcroyaumepouuoit s’exépter de ce que le Pape demandoit amp;le luy fefufcrtoutà plat:pource que ce n’eft point la feparation, mais la caufe qui fait le Schifme. i Et que s’il y auoit Schifme,ce feroit feulement fc fcparer de Boniface, non point de l’Eglife ni du Pape,amp; qu’il n’y auoit offenfede demeurer ainfi, iufques à tant que quelque homme de bié feroit efleu Pape. Chafeun fait en quelle perplexité tomberoyent les côfcicnces de tout ; vn royaume, qui fe tiendroyent pour feparees de l’Eglife,fi cefte diftinéfion n’elloit vraye.Ie ’ demande maintenât, s’il n’eft pas encores plus loifibled’vfcr de cefte diftinâion , quand vn Roy enuahira les droits de Dieu amp;nbsp;opprimera de dure feruitude les âmes rachetées par le , fangdcIefusChrift? Adiouftonsvn autre c- ■ xemple; L’an mil quatre cens amp;nbsp;huit, comme :
le Pape
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lePapeBcnoift trcziefmc greuaftPEglifeGal-licane par tributs amp;nbsp;exactions, le Cierge con-uoque par le Roy Charles fixiefmc , arrefta, Que le Roy 8c les habitans du royaume ne dc-uoyêt point obéir à Benoift,qui eftoit vn hérétique, fehifmatique, amp;nbsp;du tout indigne de fa dignité: ce que les Eftats du royaume aprou-uerent , 8c le Parlement de Paris le conferma pararreft. Le mefme Clergé ordonna aufß que ceux qui auoyent efté excommuniez paf ce Pape,comme defertcurs 8c ennemis del’E-glifc, feroyent promptement abfous, iugeanC nulle toute cefte cxcommunicationzchofc qui a efté non feulement pratiquée en Frâcc,mais ailleurs auffi,comme les hiftoircs en font foy. Ce qui fert pour faire toucher au doigt Sevoir à l’œil , que fi ccluy qui tient lieu de Prince fe gouucrne mal,on peut fc fouftraire de luy fans eftre coulpable de reuolte:8c que ce font cho-fes direélement contraires de quitter vn Papa qui ne vaut rien,8c l’Eglife : vn Roy mefehant 8c le royaume. Pour reuenir à ceux de Lobna* ils femblent auoir fuiui l’expedient fufnxp-tionné : car apres le reftablilfemcnt du ferui-cede Dieu , nous voyons qu’ils font mis au nombre desfuiets du Roy Ezechias. Et fi cefte diftinâion à lieu quand vn Pape eniambe fur les droits de quelque Prince qui le reco-noit fon fouuerain, eft-cllc pas beaucoup plus receuable, fi le Prince qui cil vaflal en cell ef-gird,s’efforce de r auir ôc s’apropricr les droits F.j.
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'■ de Dieu? Concluons donc pour la fin de ce propos que tout le peuple, par l’autorité de ceux qui ont fes droits entre les mains, ou par pluficurs d’eux, pcuuent amp;nbsp;doyuent reprimer le Prince qui commande choies contre Dieu. Item, que tous, ou du moins les principaux des prouinccs amp;nbsp;villcs,fous l’autorité des prin cipauxMagiftrats, eltablis premièrement de Dieu, puis du Prince, pcuuent felon le droit empefeherque l’idolâtrie n’entre en l’enclos de leurs murailles, amp;nbsp;y maintenir la vraye Rc-ligiomdauantage pcuuent eftendre les confins dcl’Eglife, quin’eftqu’vne: à fautedequoy, s’ils le pcuuent faire ils font criminels delcfc Maiefté diuinc.
I^fauoirft I L refte maintenant, que nous parlions Zesparhf» Jcs particuliers, qui font perfonnes priuccs. f’ï'cmicrcmcnt, les particuliers ou perfonnes fnnnes nbsp;nbsp;priuccs ne font point tenus de prendre Icsar-
«w nbsp;nbsp;nbsp;mes contre le Prince qui les voudroit con-
traindre d’eftre idolâtres. L’alliance entre Dieu amp;nbsp;tout le peuple, qui promet eftrc peu-z.jîfwf 7 pie Dieu, ne les aftraint point à cela : car §.\.D. tout ainfi que ce qui eft deu à tout le corps v-quodci^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;point deu aux particuliers : auf-
x-ß nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;|ç (-orps n’cft pas deu par les
particuliers. Enaprcs,Icurdcuoirnc Icsyo-bligc point ; car chafeuneft tenu de feruir Dieu en la vocation à laquelle il eft appelle. Or les particuliers n’ont point de puif-fancc} ils n’ont point de charge publique, ils n’ont
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n’ont domination quelconque,ni aucun droit de defgainer l’cfpee. Et pourtant , comme Dieu n’a point mis le glaiue en la main des particuliers,auffi ne requiert il pas d’eux qu’ils le facent trancher. Il leur eft dit. Remets ton efpee au fourreau. Au contraire, l’Apoftfedit des Magiftrats, Ils ne portent pas le glaiue Âow.ij.f fans caufe. Si les particuliers le defgainent, ils font coulpables ; fi les Magiftrats font paref-feux à le defgainer, quand il en eft temps, ils commettent vnc grand’faute. Mais vous me direz, Dieu a-il pas fait alliance auec les particuliers auffi bien qu’auec le general? auec les plus petis autant qu’auecles Magiftrats? A quel propos a-il ordonné la Circoncifion amp;nbsp;le Baptelme ? que veut dire cefte frequente repetition de l’alliance en tant de paftages de l’Efcriturefainélc? Tout cela eft vray, mais la confideration en eft diuerfe en toutes fortes. Car tout ainfi que tous les fuiets d’vn bon Prince, en quelque degré qu’ils foyent, font tenus luy obeinmais quelques vns d’entre eux ont vn deuoir particulier en cela, comme les Magiftrats quidoyuent procurer que les autres obeiflent : femblablement tous hommes font tenus de feruir à Dieu , mais les vns auec leur plus haut eftat ont auffi re-ceu plus grande charge , tellement qu’ils font comptables delà faute des autres, s’ils ne veillent foigneufement. Les Rois, les
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cotnmunautcz du peuple, les Magiftrats à qui tout le corps a mis le glaiue en main,doyucnt prendre garde que l’Eglife foit maintenue: les particuliers doyuent feulement donner ordre d’eftre membres de cefte Eglife. Les Rois, E-ftatsdu peuple, amp;nbsp;Magiftrats font obligez tVempefeher que le Temple du Seigneur ne foit pollué ou ruine, amp;nbsp;le doyuent garantir de toute corruption amp;nbsp;iniure au dedans amp;nbsp;au dehors. Les particuliers doyuent procurer que leurs corps, temples de Dieu, foyent nets,afin I que le faincl Efprit y habite.Car fi aucun vio-le le Temple de Dieu ( vous eftes ce temple, jy. dit rApoftrc)Dieu le deftruira.A ceux eft baille le glaiue, lequel ils portent au cofté : à ceux eft recommande le glaiue de l’elprit feulemct, vhh(C6- afauoir la Parole du Seigneur, duquel Sainél J7, Paul arme tous Cbrcftiens contre les aftâux
du Diable.
E feront donc les particuliers, fi le Roy les veut contraindre de feruir aux idoles? Si les Magiftrats, entre les mains dcfquels le peuple a configné fon authorité, ou, fi les Magiftrats des lieux ou demeurent ces particuliers , s’o'ppofent à cela, qu’eux obeiftent à leurs condufteurs ,amp; cmployent tous leurs moyens, commefcruansàDieu, pour aider les fainétes amp;nbsp;louables entreprifes de ceux qui s’oppofent légitimement au mal. Entre autres ils ont les exemples des Ccntcniersamp; gcnfdarmcs qui ont alaigrcnict obéi aux Princes
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CCS de luda, Icfquels incitez par loiadas y purgerent l’Eglifc de toute profanation, amp;nbsp;garantirent le royaume de la tyrannie d’Athalia. Mais fi les principaux amp;nbsp;les Magiftrats aplaudifiest à vn Roy furieux, ou s’ils ne luy refiftent point,il faut prefter l’oreille au Con-feil de lefus Chrift, c’cftafauoirfe retirer au-tre part. Ils ont l’exemple des fideles méfiez 15. parmi les dix lignées d’lfracl,lcfqucls voyans le îcruice du vray Dieu aboli par leroboam, amp;nbsp;x,ct,nn, que perfonne n’en faifoit femblant,fe retirent en luda, où la Religion cftoit demeurce en fa gt;5 ?. pureté. S’ils n’ont moyen de s’enfuir ailleurs, qu’ils renoncent pluftoft leur vie que Dieu; qu’ils foyent pluftoft crucifiez,que de crucifier lefus Chrift, comme en parle l’Apoftre. Ne craignez point ( dit noftre Seigneur) ceux qui ■*^*’«•10. pcuuent feulement tuer lescorps. Luy mef-’’®* mes, fes Apoftres, amp;nbsp;infinis Martyrs Chre-ftiens, nous ont enfeigne cela par leur c-xemple.
N E fera-ildonc permis à aucun particulier de refifterauec les armes? Que dirons-nous de Moyfe,qui emmena ifracl, maugré le Exed. u. Roy Pharaon?Et de Ehuh,qui au bout de dix huit ans, amp;nbsp;lors que le royaume fcmbloit a-partenir par droit de prefeription à celuy qui s’en eftoit empare, tua Eglon Roy de Moab, i.Koii». amp;nbsp;deliura ifrael du ioug des Moabites ? Et de Ichu, qui unit à mort fon Seigneur le Roy lo-
F.iij.
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ram, extermina Ia race d’Achab, racla tous les preftrcs de Baal? Ceux là eftoyent-ils pas particuliers ? le refpon, que fi on les confidere en f ux-mefmes,on les pourroit nommer particuliers, dautant qu’ils n’auoyent point de vocation ordinaire. Mais puis que nous fauons qu’ils ont elle extraordinairement appeliez,amp; que Dieu luy mefmeleur a (s’il faut ainfipar-Ier)mis fon efpee en la main,tant.s’en faut que nous les eftimions particuliers ou perfonnes priuees,que mefmes nous les cfleucrons beaucoup plus que les Ma^illrats ordinaires en quelque degré qu’ils puilfent eftre. La vocation de Moyfe eftaprouuce par l’exprefle Parole de Dieu amp;nbsp;par miracles trefeuidens. II cft ditdeEhuhque Dieu l’a fufeité pour tuer le tyran amp;nbsp;deliurer Ifrael. Quant àlchu, il fut oinft par le commandement du Prophete E-1 Iizee,3fin d’exterminer la race d’Achab, outrer ce que lesprincipaux le faluerent Roy , auant qu’il exécutait aucune chofe. On en peut autant dire de tous autres dont les exemples font propofez en l’Efcriture fainde. Mais dautant que Dieu ne parle point de la bouche, ni extraordinairement par des Prophètes, c’eften ceci que nous deuons eftre bien retenus amp;nbsp;fur nos gardes. Car fi quelqu’vn penfant eftreinfpiré du faind Efprit, s’attribue l’autorité fufmentionnee, ie Je prie de fe bien fonder amp;nbsp;voir s’il n’cft point enflé d’arrogance.
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fogance, prendre garde qu’il ne fok Dieu à foy-mefme, amp;nbsp;neconceuoir de fa tefte telle opinion de foy.Qu’il ne conçoiue donc point de vanité, s’il ne veut enfanter menfonge. Que le peuple auife de fon cofte, qu’en defi-rant guerroyer fous l’enfeignc de lefus Chrift il n’aille fe rendre à faconfufion en l’armee de quelque Theudas Galileenou dcBarcoz-ba, comme il en a prins aux payfans amp;nbsp;aux A-nabaptiftes de Munftre en Àlemagne, en l’an mil cinq cens vingteinq. le ne veux pas dire pourtant, que ce mefme Dieu qui pour chaftier nos pechez nous enuoyc en ces derniers temps des Pharaons amp;nbsp;des Achabs,ne puilfe quelquesfois fufeiter extraordinairement des libérateurs à fon peuple. Certainement fa iuftice amp;nbsp;fa mifcricorde demeurent fermes amp;nbsp;immuable»en tout temps. Or fi ces miracles vifiblcs n’aparoiflent pas comme au-tresfoisjil faut pour le moins que par les cf-fefts nous fentions que Dieu befongne mira-culeufement en nos cœurs : c’eft que nous ayons vn efprit vuide de toute ambition,vn vray amp;nbsp;ardant zele,droite feience amp;nbsp;confciencc,de peur qu’eftans guidez d’erreur ou d’ambition, nous neferuions aux idoles ou à nouf-mef-mes pluftofi qu’au vray Dieu. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;si les
A. v refte , pour öfter tout fcrupule, il ’quot;“priu-faut neceffairementrefpondreà ceux qui efti-ment ou veulent qu’on penfe qu’ils font c^fonti°^
F.iiigt; jks.
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cefte opinion qucl’Eglifc nc doit eflrc defcn-jF.xod.za. due par les armes. Ils difent doc que non fans ^3- grand myftere Dieu auoit défendu en fa Loy ZXiMf4,7. polir l’autel auec ferrement. Item,qu’au ba Î'ko» 6. du temple de Salomon , Ion n’enten-y, dit aucun bruit de feie ni de marteau de fer:
dont ils recueillent que l’Eglifc, quï eft le temple vif du Seigneur, ne doit point eftre reformée par armes.Voirc,comme li les pierres de l’autel amp;nbsp;du temple auoycnt efié çoupees amp;nbsp;tirées fans inftrument de fer hors de leurs per ricres, ce que le texte de l’Efcriture efclaircit alfcz. Mais fi nous oppofons à cefte belle allegorie ce qui eft eferit au quatriefme chapitre du liure de Nehcmie, qu’vne partie du peuple portoit le mortier, l’autre portoit les armes: amp;nbsp;quelques vnstenoyent d’vnc mainl’efpcc, amp;nbsp;de l’autre portoyent des matériaux aux ou-iiriers pour rebaftir le Tcmple , afin d’empe-feher par tel moyen que les ennemis ne troubla ITcnt l’œuure. Ils ne vouloyent pas baftir à coups d’efpec, mais ils vouloyent empefeher auec les armes la ruine de leur ouurage. Nous difonsaufsiquel’Eglife nes’auancc nines’e-difie point par les armes materielles,mais que par icelles armes elle eft garantie de la violccc des ennemis qui nepeuuentfouffrir qu’ellefc auance. Briefqu’il y a eu vn nombre infini de bons Rois amp;nbsp;Princes, commelcshilloires en font foy,qui par les armes ont maintenu le ferqiee deDicu contre les Payens,
On
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On réplique incontinent à cela, que telles armes ont eft^ aprouuecs fous la Loy; mais que depuis la grace apportée par lefiis Chrift, qui n’a point voulu entrer en lerufalcm fur quelque braue cheual, ains monte fur vn afne, il femblc que cefte procedure ait prins fin. le refpon premièrement, que tous font d’accord aucc moy que lefus Chrift en tout le temps qu’il a conuerfé au monde n’a point fait office de iuge ni de Roy , ains de ree amp;nbsp;d’homme priuc amp;nbsp;fimple particulier: tellement que c’eft vne allegation hors de propos de dire qu’il n’a point manie les armes. Maisie demande-rois volontiers à tels repliqueurs, s’ils pen-fentqu’àla venue de lefus Chrift les Magi-ftratsayent perdu le droit du glaiue ? S’ils le difentjSainà Paul les defraent, lequel dit que le Magiftrat ne porte point le glaiue fans eau fe,amp; ncrefufe pas leur afsiftance amp;nbsp;main for- 17. te contre la violence de ceux qui auoyent machine fa mort. Et s’ils s’accordent au dire de l’Apoftrcjpourquoy les Magiftrats porteront ils le glaiue,finon afin de feruir à Dieu qui les en a armez, pour garder les bons amp;nbsp;punir les niauuais? Sauroyent-ils faire meilleur feruice que de garantir fon Eglife de la violence des mefehans , amp;nbsp;deliurer la bergerie de lefus Chrift du glaiue des meurtriers? le leur demande encores, s’ils eftiment que tout port d’armes foit défendu aux Chreftiens ? S’ftsle difent, Pourquoy donc lefus Chrift accorde-
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il ju Ccntcnicr fa re(jueüe?poiirquoy luy rend 14 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;excellent tefinoignage ? Pourquoy
lean Baptifte commande-il aux genfdarmes • de fe contenter de leurs gages làns faire aucune extorfion,amp; ne leur confeille point de quit ter cefte vocation? Pourquoy fainâ Pierre 44,48. baptife-il Corneille le Ccntenier, quifutlcs prémices des Gentils? d’où vient qu’il ne le exhorte en forte que ce foit de laifler fa charge? Or fi porter lesarmes amp;nbsp;faire la guerre eft vne chofe licite, en fauroit-on trouuer vnc plus iufte que celle qui eft entreprinfe par le commandement du Superieur pour la defenfe de l’Eglife amp;nbsp;pourla conferuation des fideles? Y a-il plus grande tyrannie que celle qui fe exerce contre l’ame ? Sauroit-on imaginer guerre plus louable que celle qui reprime vne telle tyrannie? Pour le dernier poimâ, ie fau-rois volontiers de telles gens, s’U eft défendu aux Chreftiens de faire guerre en forte ni pour quelque occafion que ce foit? S’ils difent que cela eft défendu : d’où vient donc que les genfdarmes. Capitaines amp;nbsp;Centeniers, qui n’ont autre chofe à faire qu’à manier les ar-mes,font receus en l’Eglife? Pourquoy les An ciens dofteurs amp;nbsp;hiftoriographes font-ils tant honnorable mention de certaines legions compofees entièrement de Chreftiens, entre autres decellc de Malte,tant renommee pour la viftoire qu’elle obtint, amp;nbsp;de celle de *1 hebes, de laquelle faind Maurice cftoit general,
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neral, qui foufïrit mort aucc toutes fes troupes pour la confcfsion du nom de Icfus Chrift ? Et s’il eft permis de guerroyer (comme , peut-eftre, ils le confefleront) pour garder les limites d’vne Prouincc amp;nbsp;repoufler l’ennemi: eft-ce pas chofe plus raifonnable de prendre les armes pour conferuer les gens de bien , reprimer les mefehans, amp;nbsp;garder les limites de l’Eglife, qui eft le Royaume dele-fus Chrift? S’il eftoit autrement,à quel propos fainél lean euft*il prédit que la putain de Ba- 17*. bylone fera finalement exterminée par les dix Rois qu’elle aura enforcelle?.? Outreplus, fi , nous prenons autre refolution , que dirons nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’
nous des guerres de Conftantin contre Ma-xentius amp;nbsp;Licinius , célébrées par tant de harangues publiques amp;nbsp;aprouuecs par le tefmoi-gnage d’infinis hommes dodes? Quelle opinion faudra-il auoir des voyages faits par les Princes Chreftiens contre les Turcs amp;nbsp;Sara-fins pour conquefter la terre Sainôte, amp;nbsp;qui n’ont eu ou n’ont deu auoir autre but finon d’empefeher que les ennemis ne ruinaflent le Temple du Scigneur,ou ne retardalfent le pa-racheuement d’iceluy?
Combien donc quel’Eglife nes’auance point par les armes , toutesfois on la peut iu-ftement conferuer par le moyen des armer, le di dauantage, que ceux qui meurent en vne guerre fi fainâe ne font pas moins martyrs de
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Icfus Chrift que leurs fr eres qui ont cfté exécutez à mort pour la Religion. Qui plus eft, ceux qui meurent en guerre femblentauoir cela de plus,que de leur franche volontéamp;fa-chansaflez en quel hazard ils fe vont mettre, ncantmoins s’expofent courageufement aux coups, au lieu que les autres fe font fimplc-ment offerts à la mort qu’il leur conuenoit foufîrir. Les Turcs s’efforcent d’auancer leur opinion par le moyen des armcs:amp; s’ils fubiu-guentvn pays, ils y introduifent par force les impietez de Mahumet, lequel en fon Alcoran a fl fort recommande les armes, qu’il n’a pas honte de dire que c’eft le droit chemin de paradis , encores que les Turcs ne contraignent perfonne.Maisceluy eft beaucoup plus grand aduerfaire de Chrift amp;nbsp;de la vraye Religion, aucc tous les Rois qu’il a enchantez, qui oppo fent le feu à la lumière de l’Euagilejles tortures à la parole de Dieu, les armées equippces au glaiue de l’Efprit, contraignans par géhennes amp;nbsp;fupplices, entant qu’en eux eft, toutes perfonnes d’eftre idolâtres: amp;nbsp;qui au refte n’ont point de honte de maintenir amp;nbsp;auancer Icurfoy par perfidie, amp;nbsp;leurs traditions par continuelles trahifons. Au contraire,lesbons Princes amp;nbsp;Magiftrats fe défendent, qui enui-ronnent amp;muniffcnt de tout leur pouuoir la vigne de ChriftJ, ia plantée, ou à planter és lieux où elle n’a encores cfté, de peur que les fangücrs n’y facent quelque rauage; ils font cela,
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cela, di-ic « en couurant fous leur bouclier amp;nbsp;gardant par leur efpee ceux qui par la predication de l’Euangilc ont efté conuertisàla vraye Religion, amp;nbsp;ert fortifiant de toute leur adrefle par rauelins, foflez amp;nbsp;rempart le temple de Dieu bafti de pierres viues,iufques à ce qu’il foit paruenu à fa iufte hauteur, maugrc les aflaux furieux des ennerais.Nous auons c-ftendu le propos iufques ici, afin de ne laifler aucun fcrupule à perfonne fur la queftion pro-pofee. Donques,les Eftats,tous officiers d’vn Royaume,ou la plufpart,ou chafeun d’eux, amp;nbsp;tous autres eftablis en charge par tout le peuple, fâchent que s’ils n’arrellent en fes limites le Roy qui corrompt la Loy de Dieu , ou qui empefehe le reftablilfement d’icelle , often-fent griefuement le Seigneur auec lequel ils ont traité alliance. Ceux d’vne ville ou d’vne Prouince, faifans portion de Royaume, fâchent qu’ils attirent fur eux le iugement de Dieu, s’ils ne chaflent l’impiété hors de leurs murailles il confins, fi le Roy l’y veut introduire,ou s’ils different de conferuer en toutes fortes la pure doétrine, encores que pour vn temps il faille fe retirer ailleurs. 'Finalement, les particuliers doiuent cftre auertis que rien nelesfauroit exeufer, s’ils obeiffent à celuy qui leur commande d’offenfer Dieu : amp;nbsp;qu’au refte ils n’ont aucun droit amp;nbsp;ne peuucnt de leur autorité priuce prendre les armes , s’il n’appert trefeuidemment qu’ils ayent voca-
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tion extraordinaire. Or nous cftimofis auoir fufHfamnicnt conterme tout cc que deflus par tefmoignages de I’Efcriturc fainde.
TROISIESME qV E-;
S T I o N,
ASAVOIR S’IL, EST LOI-fible de refiftcr à vn Prince qui opprime ou ruine vn Eftat public,amp; iufques où cefte refinances’eftcnd.Itcm à qui, comment,amp; de quel droit cela cft permis.
POvRCE qu’il nous faut ici di/puter de la legitime autorité du Prince, ie tien pour certain que cefte queftion ne face mal au cœur des tyrans amp;nbsp;mauuais Princcs.Car ce n’eft de mcrucilles fi ceux qui penfent que tout ce qu’ils veulent leur fait permis,ne peu-uent en forte que ce foit donner audience à raifon ni à loy quelconque. Mais i’elpere que les bons Princes auront ce difeours poura-grcablc, veu qu’ils fauent que tout Magiftrat, tant haut cfleue puifle-il eftrc n’eft autre cho-fc qu’vnc loy animée amp;nbsp;parlante. Et filon gratte la rongne aux mauuais,lesbons nes’en tourmenteront pas, veu que l’cftrille ne les touche point.Lcs tyrans amp;nbsp;les Rois font dire-demenc
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élement oppofez amp;nbsp;contraires, comme font lesmefchans amp;nbsp;iuftcs Princes: au moyen de quoy, tant s’en faut que ce qui eft dit contre les tyrans dénigré en rien les Rois,qu’au contraire plus les tyrans font avilis, plus la gloire des Rois apparoift magnifique : amp;nbsp;blafmer les vns c’eft louer les autres. Quant aux tyrans, qu’ils difent amp;nbsp;penfent ce que bon leur fem-blera,ie n c m’en donne point de peine; car ce n’eft pas à eux ains contre eux que i’eferis. Pour le regard des Rois,ie me perfuade qu’ils confentirontàcequi eftpropofe, veu qu’ils doiuent hair les tyrans amp;nbsp;mefehans dominateurs autant que les bergers, les Médecins amp;nbsp;les Prophètes hayflent les loups, les empoi-fonneurs amp;nbsp;les faux doélcurs. Car il faut ne-ceflairement que la raifon engendre es Rois vne haine contre les tyrans non moins ar-dante que celle que nature a imprimée es chiens contre les loups: veu que lesvns vi-uentderapt, amp;nbsp;les autres font nez amp;enipe-fehez pour reprimer toutes rapines. Peut-c-ftre que les flatteurs des tyrans fronceront le fourcil , au lieu que ce leur feroit cho-fe trop mieux feante de le baiflcramp; de rougir de honte. le fçay que les amis amp;nbsp;fideles feruiteurs des Rois aprouueront amp;nbsp;feront accueil à ce difeours , amp;nbsp;ne craindront de maintenir ce qui y eft contenu. Selon donc que le leéleur fe trouuera eûneude
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ioyeou de dcfpit en lifant, qu’il fache que cc font les marques de la haineoudelafaiicur qu’il porte aux tyrans. Entrons maintenant en matière.
r^heit le nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;auons monftré ci deuant, que c’eft
fut lesquot; Dieu qui inftituc les Rois, qui les cflit, qui Hais. leur donne les Royaumes. Maintenant nous difons,que c’cR le peuple qui cftablit les Rois, qui leur met les feeptres CS mains, amp;nbsp;qui par fes fuffrages aprouue leur cledion.Dicu a vou lu que cela fe fift ainfi, afin que les Rois recoil uOent que c’eft du peuple, apres Dieu, qu’ils tienent toute leur fouuerainetc amp;nbsp;puiflance: amp;nbsp;pourtant que cela les induifift de rapporter toute leur folicitude amp;nbsp;adrefle au profit du pcuple,fans élire fi outrecuidez de pefer qu’il y ait quelque naturel excellét amp;nbsp;extraordinai- ! re en eux à raifon dequoy ils ay ent elle efleuez par dclTus les autres, comme fi c’eftoyêt quelques troupeaux de moutons ou haras de belles à cornennais qu’ils fe fouuinlTcnt amp;nbsp;conuf fent cllre de mefme pâlie amp;nbsp;condition que It s autres , clîeucz dcterrcparlcs voix amp;nbsp;comme fur les efpaules du peuple iufques en leur throne,pour porter puis apres la plufpart des chat ges de la République.
Qy E L Qv E s centaines d’années auant que le peuple d’Ifrael demandall vn Roy, Dieu a-uoit faitJaloy du gouuerncment royal, coU' tenue au dixhuiticfme chapitre du Deutéronome. Quand tu vicndras(ce dit iMoyfe)cnlâ terre
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terte que le Seigneur ton Dieu redonne, amp;nbsp;que tu la polTedcras, tu diras, l’eftabliray vn Roy fur moy comme les peuples circonuoi-fins.Lors tu conftitucras pour Roy ccluy que le Seigneur ton Dieu aura choili du milieu de tes frereSjamp;c.Vous voyez ici que l’cledion du Roy cft attribuée à Dieu, rcllabliflement au peuple. Or quand c’eft venu à la pratique de celle Loy, voici comme Ion y a procédé. Les Anciens d’Ifrael, qui reprefentoyenttoutlei,jrfm.8{ corps du peuple (fous ce nom d’Anciens font coinpnns les Capitaines,les Centenicrs,Cin-quanceniers, Dixeniers, luges, Preuolls, mais principalement les chefs des lignées) vienent trouuer Samuel en Rama, amp;nbsp;ne pouuans plus fouffrird’eftrcgouuernez par les fils de Samuel, qui fe portoyent mal en leurs charges, ellimans aufsi auoir trouué vn expediêt pour faire la guerre auec plus d’auantage à l’auenir, ils demandent vn Roy à Samuel, lequel inter- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;p
rogue la bouche du Seigneur qui declairc a-is. uoir efleu Saul pour gouuerner le peuple. Ain fl donc Samuel oinét Saul, amp;nbsp;tout ce que défi-fusaparticntal’eledion du Roy faite à l’in-ftace du pcuplc.Or peut cela fcmbler fuffire,!» Samuel euft amené au peuple le Roy efleu de Dieu, amp;nbsp;les euft admonneftez tousd’eftre bons amp;nbsp;obcilfans fuiets.Ncantmoins,à ce que le Roy fâche qu’il eft cftabli par le peuplc,Sa-muel afsignc les I flats àMafpha, oùeftans aflemblez,comme fi la chofe euft eflé entière,
G.j.
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amp; comme n’y ayant rien de fait, brîcfcommc i Sdm.io. fi l’cleâion de Saul n’eftoit encores conue , amp;nbsp;^7.amp;c. qu’il n’en fuft aparu chofe aucune, le fort ell iette qui tombe fur la lignee de Beniamin, puis fur la famille de Mctri, amp;nbsp;finalement fur Saul,ne de cefte famille, qui cftoit celuy mef-me que Dieu auoit cfleu. Alors du confente-ment de tout le peuplc,Saul, dit l’hiftoire, fut i.S4»».n.nomme' Roy.Finalement,afin queSaul ou au-14. tre n’attribue tout ce que deflus au fort, apres que Saul eut fait quelque preuue de fa valeur en deliurât ceux de labes afsiegez par les Ammonites: quelques vns du peuple preflans ceft afairc,il fut derechefeonfermé Roy deuant le Seigneur cnGalgal par tous les Eftats d’Ifrael. Vous voyez que celuy que Dieu auoit efleu, que le fort auoit feparc de tous les autres, eft eftabli Roy par les fuftrages du peuple.
i.Sam.ie. Et quant àDauid?Parle commandement de Dieu, amp;nbsp;d’vne façon plus cuidente que dc-uant,aprcs la reieftion de SauI,Samuel oignit pourRoy d’Ifrael Dauid efleu par le Seigneur. Quoy fait l’Efprit de Dieu abandonne incon tinent Saul, amp;nbsp;befongne d’vne façon fpccialc en Dauid.Mais Dauid ne régna pas pourtant, ains fut contraint fe fauuer es defcrtsamp; rochers, fe trouuant fouucntesfois comme à vn pas pres de fa ruine, amp;nbsp;n’cft Roy regnant que apres la mort de Saul: car lors par les fuffrages de tour le peuple de luda, il fut premièrement efleu Roy de luda, amp;nbsp;fept ans apres du con-fen-
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fentement de tout Ifrael, il-fut facré Roy d’I-frael en Hebron. Ainfi donc il eft oinét premièrement par le Prophete,felon le commandement de Dieu,en fignc qu’il eftoit cflcu,fe-condement, par le commandemêt du peuple, lors qu’il fut eftabli Roy: amp;, ce afin que les Roisfefouuienent toufiours quec’cft de par Dieu, mais par le peuple amp;nbsp;à caufe du peuple qu’ils font efleuez en leurs thrones ; amp;nbsp;qu’on ne dife point(cômc Ion fait couftumiercment) qu’ils ne ticnent le Royaume que de Dieu amp;nbsp;de rcfpcc,mais qu’on y adioufte que ç’a efté le peuple qui premièrement leur à ceint cefte ef-pce-là. Nous voyons le mefme ordre obfcrué en Salomo,encores qu’il fuft fils de Roy.Dieu auoit efleuSalomo, pour eftreafsisfurlethro ne de fon Royaume,amp;par paroles exprefles a- ^•^“gt;”■7-uoit promis à Dauid de luy afsifter comme vn pere à fon fils. Dauid auoit de fa propre bou- i.cbnn. ehe defigné Salomon pour fuccefleur à la cou- i8.j. rône,en prefence de quelques vns des principaux de fa Cour. Mais cenefutpasaflez. Et pourtâtDauid aflemble en lerufalc les Princes nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t-
d’Ifrael, les Chefs des lignées, les Capitaines des gardes amp;nbsp;officiers ordinaires du Roy, les Millcniers amp;nbsp;Centeniers de toutes les villes, les officiers du Domaine Royal, fes fils, les grâdsfcigncursamp;perfonnes notables du royaume pour refoudre amp;nbsp;donner arreft de cefte cleélion. En cefte côpagnic apres l’inuocatiô du nom de Dieu,Salomon proclamé Roy par
G.q. '
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toute l’aflemblcc d’Ifrael,cft facrc Roy,amp;afsis (dit le texte) fur le throne d’lfracl. Alors amp;nbsp;non pluftoftjks Princes,les Seigneurs,fes frères mefmes luy font hommage amp;nbsp;preftent fer ment de fidelité. Et afin que Ion ne die que cela a efté fait feulement pour vuider le different qui euft peunaiftre àcaufe de lafuccef-fion entre les freres,enfans de Dauid, nous li-fons que les autres Rois fuiuans ont efté ainfi
i.Ko;fio nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;qu’apresla
a. chran. moft de Salomon le peuple s’affembla pour
15- }6,^ creer Roy fon fils Roboam. Apres qu’Ama-zias eut efté tué,02ias fon fils vnique fut cfleu
as.i, 36.1.
a. 5(tw. le.tS.
Pfi.ïiz. tt.llr.
Roy partout le peuple. Ochozias apres lo-ram,Sr loacham fils de lofias, apres le trefpas de fon pere,Ia pieté duquel fembloit affez requérir cela fans autre folcnnité,toutcsfois,luy amp;les autres furent efleuez au fiege Royal par le pcuple.II faut rapporter à cela ce que Chu- ( fai difoit à Abfalom, le fuiuray fdit-il) 1^ Roy que le Seigneur,ce peuple,amp; tous les hommes d’Ifracl auront efleu : c’eft à dire le Roy efta-bli légitimement amp;nbsp;félon l’ordre acouftumé. Parquoy,encores que Dieu euft promis à fon peuple vne lampe perpétuelle, c’eft à dire vn Roy amp;■ continuel fuccefleur de la race de Dauid, Sr que la fuccefsion des Rois de ce peuple euft efté aprouuec par la parole de Dieu mef-mcs:neantmoins,puis que nous voyôs les Rois n’auoir point régné que premièrement le peu pie ne les euft ordonnez amp;nbsp;inftallez auecles
cere-
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ceremonies requifes: on peut recueillir de là, que ce Royaume d’Ifrael eftoit hereditaire, fi Ion confidere Dauid , mais qu’il eft du tout c-ledif, fi on regarde les perfonnes. Or à quel propos tout cela, s’il conftoitdel’eledion, comme c’eft chofe tout cuidente, finonàcc que les Rois fefouuenansd’auoir efté efleuez en leur dignité par le peuple, fe fouuinflcnt tout le temps de leur vie de leur deuoir en-utrsccluyàquiilseftoycnt obligez de toute c^ fie grandeur.
N o V s lifons que les Rois Payens ont auf fl efté cftablis par le peuple; afauoir que fur-uenant quelque trouble dans le pays,ou eftant befoin de faire la guerre au loin, quelqu’vn, que le peuple'auoit en fingulicre reputation à caufe de fa vaillance amp;nbsp;prcudhommie,du con fentement de tous eftoit choifi pour eftre
, • Roy. Cicéron dit qu’entre lesMedes Deioces r. femeflant d’appointer les débats de quelques“^“ voifins amp;nbsp;amis particuliers fut cfleu luge, amp;nbsp;Roy finalement , comme aufsi les premiers Rois entre les Romains. Tellement qu’apres la mort de Romulus, pourcc que l’entrercgne
amp; le gouuernemcnt des cent Sénateurs ne plai rite ziue foit gueres aux Quirites, il fut accordé que de i J»«quot; là en auant les Rois feroyent cfleuspar les fuf-frages du peuple S^par approbation du Senat. Tarquinius Superbus a efté eftimé tyran, pource que n’ayant efté créé du peuple, ni du Scnatjiloccupoit la Royauté en vertu de fes
G.iij.
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moyens. Ce qui fut caufe lôg temps apres que Iules Cefar,qui auoitenuahi l’Eftat par violence , neantmoins pour endormir le monde fous quelque couleur d’equité,vouloir que 15 creuft qu’il auoit efté eftabli Empereur par le peuple amp;nbsp;par le Senat. Auguftefon adopté,ia-mais ne fe porta pour heritier de l’Empire,encores qu’il fuft declairc tel par teftament:ains declaira qu’il le tenoit du peuple amp;nbsp;du Senat, comme firent aufsi Caligula, Tibere amp;nbsp;Claudius. Quät à Néron,qui enuahit l’Empire par force amp;nbsp;par mcfchancetc, fans aucune apparence de droit,il fut condamne par le Senat.
En fomme, puis qu’il n’y eut iamais hom-mc,quinafquift auec la couronne fur la tefte, amp;■ le feeptre en la main , que nul ne peut eftre Roy de par foy ni regner fans pcuple:amp; qu’au contraire le peuple puilTe eftre peuple fans Roy, amp;nbsp;ait efté long temps auant qu’auoirdes Rois, c’eft chofe trcfalTeuree, que tous Rois ont efté premièrement eftablis parle peuple. Et comblé que les fils amp;nbsp;defeédans des Rois, enfuiuant les vertus de leurs peres, femblent auoir rendu les royaumes héréditaires à leurs races, amp;nbsp;qu’en quelques royaumes amp;nbsp;pays le droit libre de l'cledion femble eftre aucunc-mentamorti: fi eft-ce qu’en tous royaumes biendreft'tz cefte couftumceft toufioursde-mcurcc,quc les fils n’ont point fuccede à leurs peres, que premièrement le peuple neleseuft eftablis denouueau , ni n’eftoyent rcconiis Rois en qualité d’heritiers des defunéts, ains
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lOJ aprouuez Scnommcz Rois lors fculcmct qu’ils auoycnt efté inucftis du Royaume, amp;nbsp;reccu le feeptre amp;nbsp;le diademe par les mains de ceux qui reprefentoyent la Maiefte du peuple.On void les marques trefeuidétes de cela es Royaumes Chreftiês que Ion cftime héréditaires auiour-d’huy.Carles Rois deFrâce,d’Efpagnc,d’An glccerrc,amp; les autres font couftumiercmét fa-crez amp;nbsp;corne mis en poffefsion de leur charge, par les Eftats,Pairs,Seigneurs du Royaume,amp; officiers de la couronne, qui rcprefentct tout le corps du peuple: ne plus ne moins que les Empereurs d’Alemagnc font nommez par les Elcâ;eurs,amp; les Rois de Pologne par les Vay-uodes ou Palatins du Royaume, où l’cleétion maintient encores fon droit. Aufsi les villes du Royaume ne font hôneur Royal ni magnificence d’entree aux Rois,qu’apres leur facre amp;nbsp;couronneiTicnt:amp; anciennemét Ion ne côtoit le téps de leur regne finô depuis le iour de leur facrc,ce quis’eft eflroitcmct obferucenFrâce.
Ma is de peur que l’ordre cotinuc de quclrojiecZ« ques fucccfsiôs ne nous dcçoiue, fâchons que les Eftats de ccsRoyaumcs,ont fouuet préféré lecoufin au fils,5c le puifnc à l’aifnc.Côme en Frâce , Louys fut préféré à fon frère Robert, Côted’Eureux : itc Henri à Robert ncucu de Capet.Qui plus eft,par l’autorité du peupleau mcfme royaume,du viuant des legitimes heritiers a cfte trâfporic d’vne race en autrc,f ômc de celle de Merouee en celle dcCharlemagne, amp;de celle de Charlem.cn celle de Hue Capet:
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cequieftaucnu és autres Royaumes, comme les plus aflcurces hiftoires en fontfoy. Mais» pour ne nous eflongner du royaume de Fran-ce,quiatoufiours efté eftime le patron des au tres , amp;nbsp;où la fuccelsion fenible auoir obtenu plus de crédit,nous lifons que Pharamond fut eflcul’an ccccxix : Pépin, l’an dccli; Charles le Grand, amp;nbsp;Carloman fils de Pépin l’anDCCL XV111,fansauoirelgard àleurpe re.Garloman mortl’an d c c l x x i,fon frere Charles ne fut pas incontinent polTeireur de fa moitié, comme il auient ordinairement en la fuccefsion des heritages, ains par l’ordonnance du peuple amp;nbsp;des Eftats du Royaume, L’an D c c ex I i,Louys le Débonnaire,quoy que fils de Charles le Grâd ou Charlemagne, fut efleu.Et au teftament de Charlemagne in-» feré en l’hiftoireefcriteparNauclere,Charlemagne prie le peuple d’eflire par l’alTemblee des Eftats du Royaume celuy de fespetisfils que le peuple voudra, amp;nbsp;commadeaux oncles d’acquiefeer à l’ordonnance du peuple. Au moyen dequoy Charles le Chauuc petit fils de Louys le Débonnaire amp;nbsp;de ludith, fe declaire eftre Roy efleu, comme Aimonius hiftorien François le recitc.Pour conclurrc en vn mot, tous Rois ont efté cfleus du commencement; amp;nbsp;ceux qui auiourdhuy femblent auoir par fucceftion la courône amp;nbsp;puiflànce Royale,doi tient premièrement amp;nbsp;auant toutes chofe$ eftre eftablis par le peuple.Brief,combien que
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lepeupfefoit couftumier en certains pays de eflire pour Rois ceux de quelque race,laquelle a fait des feruices notables:fi difons nous qu’il edit le tronc, non pas le reietton qui en procédé, fans eftre tellement obligea ccfterace qu’il ne puifle,au cas qu’elle dégénéré, en choi fir vne autre. Ceux qui font ilTus de celle race ne nailTent pas Rois,ains font creez tels:ni ne font pas appeliez Rois,ains Princes du fang.
O a puis que le peuple edit amp;nbsp;eftablit les Le rorpt Rois, il s’enfuit que le corps du peuple eft par du peuple delTusle Roy.Car c’eft chofe euidente que ce-luy qui eft eftabli par vn autre,eft eftime moin dre queceluy qui l’a eftablizque celuy qui a rc-ceu autorité d’autruy, foit moindre que fon auteur.Putiphar Egyptien eftablit lofeph fur 4-, toute fa maifon ; Nebucliadnczar, Daniel fur la ProuincedeBabylone, Darius, fix vingts ’ gouuerncursfurle Royaume. On dit que les maiftres eftablifient leurs feruiteurs, les Rois leurs officiers. Ainfi aufsi le peuple eftablit le Roy comme adminiftrateur de l’Eftat public. Les bons Rois n’ont point defdaigné cctitrc, les mauuais mefmcs l’ont affeélc, tellemêt que parl’efpace de quelques ficelés,nul Empereur Romain,fi ce n’a cfté quelque tyran tout formé, comme Néron, Domitian, Caligula, n’a voulu eftre appel 1 é Seigneur. Car aufsi ne faut il pas dire qu’à l’appetit d’vne centaine d’hommes plus bicptcs amp;nbsp;pires bien fouucnt que le reftc,tous les autres ayent cfté creez; ains plu-ftoft ces cent ont elle faits pour les autres. Et
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laraifon requiert, que ccluy foit par deffusl’au tre qui a efté fait pour luy.Ainfi e’eft pour I’a-inour de la nauire que le maiftre d’icelle y efta blit vn pilote,qui manie le gouuernail de peur qu’elle ne forte de fa route, ou fe brife contre vn efeueil. Le pilote faifant fa charge eft obéi des matelots, amp;nbsp;deceluymefmesquieftSei-gneur du vaifleau ; cependant le pilote en eft feruiteur,comme vn des moindres,d’aucc lef-quels il ne diffère finon en ce qu’il eft grand feruiteur, amp;nbsp;les autres font petis. En vne République couftumierementcôparee à vne nauire,le Roy tient place de pilote, le peuple eft Seigneur du vaiffcau,obeiffant à fon pilote,ta-dis qu’il a foin du falut du public,encores que ce pilote ne foit ni ne doiue eftre eftime autre chofe que feruiteur du public,comme quelque iuge ou chef de guerre , amp;nbsp;ne différé d’aucc les autres officiers, finon qu’il eft tenu porter plus grandes charges, amp;nbsp;s’axpofer à beaucoup plus de dangers. Pour cefte caufe aufsi tout ce que le Roy acquiert par les armes, foit qu’il fe empare des places frontières en guerroyant l’ennemi,ou par iuftice amp;nbsp;confifeation, il l’acquiert au Royaume, non pas à foy, afauoir au peuple,de qui le Royaume eft côpofé: ne plus ne moins que le feruiteur à (ôn maiftre : amp;nbsp;ne peut-on contratfter ni s’obliger à luy que par l’autorité du peuple.
Da vantage il y a infinis peuples qui viucntfans Roy: mais on nefauroit imaginer vn
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vn Roy fans peuple. Et ceux qui ont eût cflc-ucz en la dignité royalcju’y ont pas efté auan-cez pour cftre hommes plus beaux, ou mieux formez que les autres,ou pour cftre d’vn natu rcl plus excellent, pour gouucrncr les autres, comme vn berger garderoit fon troupeau de bcftail. Au côtraire,amp; le Roy amp;nbsp;les fuicts font d’vnc mcfmc maffe,en telle forte que le peuple a efteue en ce degré les Rois, afin qu’ils tinf-fent de luy amp;nbsp;poffedaffent comme par emprût toute leur autorité amp;nbsp;puiffancc.L’ancicne cou ftume des Frâçoisreprcfcntc cela merueilleu-femêt bicmcar ils cfleuoyent fur vn bouclicramp;s faluoyent Roy celuy qu’ils auoyêt cfleu.Au re-ftc,pourquoy dit- on,ic vous prie,que IcsRois ont vne infinité d’yeux, vn milliô d’ortilles,les mains longues cxtrcmemêt,amp; les pieds viftes au poflible? Eft-ce qu’ils foyétfemblablesàla nauirc Argos,à Geryon,à Midas,ou à d’autres tant chatez par les poetcs?Nullcmét.Mais cela eft dit, dautât que tout le pcuple.,à qui l’afairc touche, prefte au Roy,pour le bien de l’Eftat, fes fens, fes moyens amp;nbsp;facultcz. Q^e le peuple s’eflongne du Roy,il trebufehera incontinent tout à plat, encor qu’auparauât il fêblaft ouir trcfclcr,auoir vne vcué bié aiguc,amp; eftrc le pl* vigoureuxamp;difpoft du môdc-.luy qui triôphoit en toute magnificcce,cn vn inftât fera cômela , boue des rues; brief au lieu q chafeû l’adoroit, il fera côtraintde deuenir pedante,amp; fouetter les petis enfans en vne efcolc,cômc il auint au
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icùnc Denis tyran de Sicile, confiné à Corinthe. Abatez feulement la bafc de ce géant amp;nbsp;Colofli^il faut que tout le corps donne du nez à terre amp;nbsp;aille par efclats amp;nbsp;menus morceaux. VeudÔcque le Roy eft eftabli en ce degré par le peuple pour l’amour du peuple , amp;nbsp;ne peut fubfifter fis le pcuplctqui cft-ce qui trou uera eftrange, fi nous concluons que le peuple eft par deftiis le Roy?
Tout le O R , ce que nous difons de tout le peuple feufileeTt^ vniuerfellemcnt, doit eftrcauffi entendu,corn me dit a efté en la fécondé Queftion , de ceux 9“* royaume ou ville reprefentent Ic-gitimement le corps du peuple,amp; qui ordinai-ciersJela rement font appeliez les Officiers du royau- ‘ C(»«rô»f, jne oy Je Couronnc,amp; non du Roy.Quant officiers du Roy, c’eft luy qui les pofe amp;nbsp;ment,»»» d'pofcàfon plaifir : mefmesapres fa mort ils d'an en an nc font plus rien,amp; font eftimez corne morts. parles E- Aiicontraire,lesOfficicrs du royaume,reçoy-fiats du y-J leur autorité du peuple,en raflcmblee ge-r»j4wne. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jes Eftatstau moins fouloycnt-ils la re-
ceuoir ainfi anciennemér, amp;nbsp;nc pcuuent cftre depofez que par icelle. Ainfi donc les vns dependent du Roy,les autres du royaumeteeux là du fouuèrain Officier du royaume, qui eft le Roy mcfmc,ceux-ci de la fouucrainctédu peu pic, de laquelle foiiucraincté amp;nbsp;le Roy amp;nbsp;tous fes Officiers , amp;nbsp;tous les Officiers du royaume doyuent dépendre. La charge des vns eft d’a-uoir foin de la perfonne du Roy, de ceux-ci, que
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que la République ne rcçoyuedofnage quelconque: ceux-là doyuent afiiftcr amp;nbsp;fcruir le Roy,comme tous feruiteurs domcftiquesfont obligez enuers leurs maiftres: ceux-ci,de con-Icrucr les droits amp;nbsp;plt;iuilcgcs du peuple,amp;d*em pefcher foigncufemcnt que le Prince n’ob-mettc ou commette quelque chofe au dommage du public. Brief les vns font feruiteurs amp;nbsp;domcftiqucs du Roy, amp;nbsp;receus en leurs e-ftats pour obéir à fa perfonnc:lcs autres au cô-traire font comme Aflefleurs du Roy en l’ad— miniftration deiuftice, participans de l’autorité amp;nbsp;puilTance royale, eftans tenus de mettre la main au maniement des afaircs dcl’Eftat, neplusne moins que le Roy,lequel toutesfois eft comme Prefident au milieu d’eux, amp;nbsp;tient feulement le premier degré.Or comme tout le corps du peuple eft par delfus le Roy,feoibla-blemcnt ceux-ci confiderez cnfemble amp;nbsp;comme en vn corps font par delfus le Roy,entores que côfidcrez vn par vn ils foy ent tous au def-fous deluy.
Lo N peutalfez conoiftre iufques où s’eft cftendue la puilfaoce des premiers Rois,de ce î*-qu’Ephron Roy des Hethiens, n’ofe odroyer droit de fepulture à Abraham, fans le confen-tement du peuple :amp;HemorHeuicn Roy de Sichern n’a ofé entreprendre de traiter alliance auec Abraham,fans le mefmcconfentemct: pource que c’eftoit la couftumede rapporter a l’alfemblee du peuple les afaircs plus impox-
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tans. Ccla fe pouuoit aifemcnt pratiquer en tels Royaumes,qui pour lors eftoyét prefqucs confinez dans l’enceinte d’vne ville. Mais depuis que les Rois commencèrent à eftendre leurs limites, amp;nbsp;qu’il fut impoffibleau peuple de s’aflembler tout en vn lieu, à caufe du trop grand nombre qui euft apporte confufion, on eftablit des Officiers du Royaume, qui con-fcrucroycnt d’ordinaire les droits du peuple: en telle forte toutcsfüis, qu’au befoin onaf-fcmblcroit cxtraordinairemëttout le peuple* ou du moins quelque abrégé, c'efl adiré les officieri principaux du corps d’iceluy. Nous voyôs ceft duRoyM ordre drelTc au Royaume d’ifracl, qui ( au iu-meeaif- gcnicnt delàplufpart desfages Politiques)e-■ Roit tresbien cftabli.Le Roy auoit fes efeban-çons, cfcuycrs trenchans, valets de chambre, amp;nbsp;maiftres d’hoftcl.Le Royaume auoit fes officiers,afauoir feptâte amp;nbsp;vn anciés,amp; les chefs choifis de toutes les lignées,lefquels auoycnt l’œil fur le public en temps de paix amp;nbsp;de guerre. Outrcplus le Royaume auoit en chafque ville des Magiftrats qui y entretenoyent le bo ordre,cômcïes fufnommez par tout IcRoyau-me. Si quelquesfois il faloit délibérer d’afaircs de côfcquence, les vns s’alfcmbloyent aucc les autres, amp;nbsp;fans cela Ion ne pouuoit refondre de i.c/jw». chofe aucune qui cocernaft le public. Dauid af ces officiers duRoyaumc,quâdil defirc ,j J. inueftirSalomo delà dignitéRoyale,quand il i.ô'aw,14. veut faire examiner amp;nbsp;aproinicr la police par luy remife fus, amp;nbsp;lors qu’il eft qucfliô de rame-
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ner l’arche de l’Alliâcc.Et pource qu’ils repre-Icntét tout le peuple,il cft dit en Fhiftoire que tout le peuple s’affembla. Ce font les mefmes officiers qui garëtiflent de mort Jonathan,cô-damne par fentccc du Roy, dót il appert qu’U y auoit appel du Roy au peuple. Apres que le Royaume fut diuife par l’orgueil de Rohoam, le confeil de lerufalem côpofé de Septante vn anciens,fcmble auoir telle autorité qu'il pou-uoit iuger le Roy, corne le Roy pouuoit iuger vn chafeun d’eux.En ce côfeil prefidoit le Duc i. chniû ou chef de la maifon de luda, c’eft à dire quel- ’S»-’-que perfonnage notable choifi delà lignée de luda, comme en la ville de lerufalem y auoit vn gouucrneur de la lignée de Beniamin.
To V T cela fe conoillra encores mieux par excples.Ieremie enuoyé de Dieu pour annoncer aux luifsla ruine de Icrufalê,à caufe de cela teurs amp;nbsp;Prophet es,c’eft à dire par iugemet Ec-clefiaftiquc : en apres par tout le peuple de la ville,c’eft à dire par les iuges ordinaires de Icru falê, qui eftoyent les Milleniers amp;nbsp;Cêteniers. Finalement la caufe ayant efte conue par les ’ Princes de luda, afauoir par lesSeptâte vn anciens afTcmblez amp;nbsp;affis près la porte neufue du téple,il eft abfous. En cefte mefmc alTcmblce amp;nbsp;audience Ion condamne en termes expres le fait du Roy Ichoiakim qui quelque temps au-parauant auoit fait tuer le Prophete Vrie, lequel predifoit auffila ruine de lerufalem.Nous
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lifons en vn autre endroit, que Sedechias cut en telle reuerence l’autorité de ce côfcil,qu’au Jarem.i7. lieu d’cntrcprcndrc de faire tirer leremie de la î*- bafle folTe en laquelle les Septante vn anciens l’auoycnt ferre,il n’ofa pas mefme le faire châ-ger en quelque autre endroit moins rigou-reux.Eux le confeillans de confentir à la mort
du Prophete, fa rcfpôfc fut qu’iceluy eftoit en leurs mains, amp;nbsp;que luy de fa part ne leur pou-uoit contredire en rien. Ce mefme Roy crai-
gnât qu’ils ne filTent enquefte des propos qu’il auoit tenus à leremie, pour puis apres leur en rendre compte,forge vnc exeufe menfongere. II appert delà qu’en ce royaume de luda les of
ficiersdcla Couronne eltoyent par dcflusle Royten ce royaume (di-ic) eltabli amp;nbsp;ordonne non point par Platon ni par Ariftote,ains par le Seigneur Dieu mefme auteur de tout ordre, amp;nbsp;fouuerain modérateur de tout eftat amp;nbsp;gou-uernement public.
Efitti. Tels eftoyentau royaume de Perfe les fept Mages ou Sages, qui auoycnt comme pa-reille dignité que le Roy,amp;qu’on appelloit les oreilles amp;nbsp;les yeux des Rois, lefquels acquitf-çoyent auffi au iugement de cesSages.Au royaume de Sparte il y auoit les Ephores,au(qiicls on appelloit des fentêces données par le Roy, amp;nbsp;qui iugeoyent aufli les Rois mcfmcs , ce dit Egypte, le peuple eflifoit amp;nbsp;bail-officiers au Roy, feulemêt afin del’cm ffc.7. pefeher qu’il ne fill chofe aucune contre les loi»»
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loix. Or comme Ariftotc appelle ordinairement legitimes, les Rois qui ont tels officier^ pour adioints ; aufsi ne fait-il difficulté de dire,que fi ces officiers défaillent, il -n’y a plus là de Monarchie, ains vne tyrannie du tout barbare , ou vne domination fort aprochante de tyrannie. En la Republique Romaine tels e-ftoyent les Sénateurs amp;nbsp;Magiftrats créez par le peuple, le Tribun de ceux qu’on appelloit Celeres, le Prêteur ou Preuoft de la ville, amp;nbsp;les autr6s,tellcment qu’il y auoit appel duRoy au peuple:comme Seneque le monftre par tel-moignage extrait des liures de la République de Cicéron,amp; l’hiftoirc d’Horatius condamné par les iuges Royaux, pour auoir tué û. fœur, amp;nbsp;abfous par le peuple, le vérifié aflez. Du temps des Empereurs, il y auoit le Senat, les Confuls, les Prêteurs, les grands Preuofts de l’Empire, lesGouucrneurs desProuinccs attribuées au peuple amp;nbsp;au Senat, lefquelse-ftoyenttous appeliez Magiftrats amp;nbsp;Officiers du peuple Romain. Et pourtant lors que par arreft du Senat l’Empereur Maximin futiugé ennemi de la Republique, amp;nbsp;que Maximus amp;nbsp;f/eroil, Albinus eurent cfté créez Empereurs parle^“-^-Senat,les gens de guerre iurerent qu’ils obei-royent fidelement au peuple Romain, au Senat amp;nbsp;à l’Empereur.
Q_y A N T aux Empires Sc Eftats publics d’auiourd’huy (exceptez ceux de Turquie, de Mofeouie , amp;nbsp;autres tels, qui font pluftoft
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grands brigandages qu’Empires ) il n’y en ä pas vn qui nefoit ou qui n’ait efté jadis gou-ucrné en la façon que nous auons defcrite.Et fi par la faute amp;nbsp;lafchetc des principaux Officiers il eftauenu que les fuccefleurs ont receu l’Eftat en autre eltat qu’il ne faloit,ceux qui font pour le prefcnt es charges publiques font neantmoins tenus,entant qu’en eux eftideramener toutes ehofes à leur ancien eftat. En l’Empire d’Alemagnc,qui cft conféré par ele-ftion, il y a lesEleéleurs amp;nbsp;Princes Laies amp;nbsp;Ecclefiaftiques,lcs Comtes,Barons,villes Imperiales auec leurs députez: amp;nbsp;comme tous ceux-là en leur endroit veillent pour le bien du public, fcmblablcment ils reprefentent es iourneeslaMaiefté de l’Empire, eftans obligez d’auifer alors que par les haines ou autres affetâions particulier es de l’Empereur, l’Eftat ne foit aucunement interefte.Pour cefte caufe l’Empire a fon Chanccllier comme l’Empereur a le fien: l’vn amp;nbsp;l’autre a fes Officiers, fes finances, fes threforiers diftinguez les vns des autres. Et c’eftehofe fi notoire que l’Empire ■ cft préféré à l’Empereur, que tous difent corn munement que l’Empereur fait hommage à l’Empire. Semblablement au Royaume de Pologne, il y a pour officiers de la couronne IcsEucfques, les Palatins,les Caftellans,la Noblcffe, les députez des villes amp;nbsp;Prouinccs afiemblez extraordinairement , deuant lef-
quels
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quels amp;nbsp;non ailleurs fa font les nouucllcs ordonnances amp;nbsp;les refolutions touchant la guer re. Quant à l’ordinaire j il y a les Confcillers du Royaume,le Chàncellicr d’Eflat,amp;c.com-bien que cependant le Roy ait fes maiftres d’hoftel, valets de ckambre, feruiteurs amp;nbsp;do-meftiques. Or fi quelqu*vn demandoit en Pologne , fauoir qui eft le plus grandjou le Roy, ou tout le peuple du Royaume,reprefenté par les Seigneursamp;Magiftrats; il feroittout au-tant comme de s’enquérir en la ville de Ve-nife , fl le Duc eft par deflus la Seigneurie.
Mais que dirons-nous des Royaumes que Ion dit eftre fuccefsifs amp;nbsp;héréditaires? lien eft tout,de mefmes entierement.Le Royaume de France, préféré autresfois amp;nbsp;n’y a pas long temps à tous les autres, à caufe de rexcellcnce de fes loix amp;nbsp;de la maiefté de fes Eftats, eftoit ainfi reiglé ancienement. Qr combien que ceux qui y ont charge pour le public ne facent pasleur deuoir comme il feroit à defirer, il ne s’enfuit pas qu’ils n’y foyent tenus. Le Roy à fon grand maiftrcj fes valets de chambre, veneurs, efeuyersi efehançonsSe autres, dont les eftats dependoyent iadis tellement de là perfonne du Roy, qu’apres la mort de leur maiftre ils eftoyent eftimez comme mortSi Et de fait apres l’enterrement du Roy , lé grand Maiftre en prefence de tous les officiers
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amp;fcrqiteurs delà maifon du Roy, rompt fon ballon amp;nbsp;dit,noftrc maiftre cft mort, que '^îmoinM chafcun fe pouruoye.D’autre coflc le Royau-«»5.Z(»remea fcs officiers, ceft afauoir le Maire du pa-■ lais,qui depuis aefle appelléConneftablc,lcs
Marefehaux,l’Amiral,1c Cfiancellier ou grand Référendaire, les Secretaires, Threforiers amp;nbsp;autres, Icfquels autresfois cftoyent créez en raflcmblec des trois Eftats du Cierge, de la NoblelTe amp;nbsp;du peuple. Depuis que le Parlement de Paris a efte fait fedentaire,ils ne font eftimez cftablis en charge qu’au prcallableils n’ayent elle rcceus amp;nbsp;aprouucz du Parlement, amp;nepeuucnt eftre définis que du confentc-ment amp;nbsp;authoritc d'iceluy. Or tous ces Officiers là prcllcnt ferment au Royaume, c’êft à dire à tout le peuple , premièrement : puis au Roy,qui cft le protcélcur du Royaume, ce qui aparoit par le formulaire du ferment. Sur tout,le Conncftable, rcceuantl’elpec du Roy (comme il confte par les paroles que le Roy prononce)ccint cefte cfpeepour maintenir amp;nbsp;fd JefcnJre la Republique.OutrcplusJè Rôyau-quibmoi (Tie de France a fcs Pairs(ainli nommez , ou »»,j,4,rz;e.pourcc qu’ils font compagnons du Roy, ou fot. pource qu’ils font pcrcs de la République) à ƒ l’elgard des Prouinccs du Royaume, entre les mains dcfquels le Roy prefte ferment le iour de fon facre,comme fi tout le peuple du Royaume cftoit là prefènt: ce qui monftrc que ces douze Pairs fontpardelfuslcRoy. Eux d’autre
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trc coftc lurent qu’ils conferucront, non pas le Roy,mais la couronne, aideront la République de leur confcil,pour cell cfFcót fe trou-ueront en temps de paix amp;nbsp;de guerre, au con-feil du Prince,comme il appert clairement par Je formufairc de leur Paierie. Et pourtant, ils ont tel droit que les Pairs de la Cour, qui fe-Ion le droit des Lombards, non feulement e-ftoy ent afleffeurs du Seigneur féodal au iuge- de ment des caufes, ains aufsi fouuent conoif- France, foyent amp;nbsp;iugeoyent les differens furuenus entre ce Seigneur amp;nbsp;quelque fien vaffaJ. Nous voyons aufsi ces Pairs de France auoir fouuct vuidc les procès furuenus entre le Roy amp;nbsp;fes fuiets : tellement mcfnies que quand Charles VI. voulut prononcer fcntence contre le Duc de Bretagne eux s’y oppofcrent,allcguans que lavuidangc de ce fait apartenoit aux Pairs, nonpasau Roy qui nepouuoit en rien dero-guer à leur autorité. C’eft pourqiioy,encores auiourd’huy le Parlement de Paris, appelle' la Cour des Pairs, eftant en quelque forte con-ftituc luge entre le Roy amp;nbsp;le peuple, voire entre le Roy amp;nbsp;vn (impie particulier, cft tenu amp;nbsp;comme oblige de maintenir le moindre du Royaume contre le Procureur du Roy, s’il entreprend quelque chofe contre le droit. Dauantage fi le Roy ordonne quelque chofe en fon conftil, s’il traite quelque accord aucc les Princes fes voifins, s’il faut commencer la quot;uerrcjOU faire la paix, comme il la falut faire ” nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;H.iij.
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il y a quekjues années auec l’Empereur Charles cinquiefmc, le Parlement y doit entrepo-fer fon autorité , amp;nbsp;faut que Ion couche en fesregiftrcs tout ce qui concerne le public: amp;nbsp;rien n’eft ferme que premièrement il n’ait efte aprouué du Parlement. Et afin que les Confeillers de ce Parlement ne craigniflent le Roy , ancienement ils ne paruenoyent à tel eftat que par nomination de tout le corps de la Conr , ni ne pouuoyent cftre definis pour caufe legitime , que par l’autorité du mefmc corps. Qm plus eft, fi les lettres du Roy ne font foufsignees par vn Secretaire du Royaume, auiourd’huy nommé Secretaire d’Eftat, amp;nbsp;fi les lettres patentes ne font feel-lees par le Chanccllier, qui a puifiance de les canceller , elles n’ont aucune vertu. Il y s aufsides Ducs, Marquis, Comtes, Vicomtes, Barons, Senefehaux , Chaftellains: amp;nbsp;és villes des Maires,BailIiß,Licutcnans,Capitouls, Confiais, Syndiques, Efeheuins, amp;nbsp;autres qui ont en charge fpeciale quelque cftendue de pays, ou vne ville, pour conferuer le peuple de leur rcflbrt. Vray eft qu’auiourd’huy quelques vnçs de ces dignitez font deuenües héréditaires. Voila quant ce qui eft ordinaire.
L/yfemWe« O V L T R E tout ccla, ancienement tous dts trou les ans, amp;nbsp;depuis moins fouuent , afauoû quand quelque necefsité le requeroit, les trois
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trois Eftats eftoyent aflcmblcz, où toutes les Prouinces amp;nbsp;villes de quelque nom, afauoir les Roturiers, les Nobles, les Ecclefîaftiques de chafeune d’icelles enuoyoyent leurs députez : amp;nbsp;là dcliberoit amp;nbsp;arreftoit-on publiquement de ce qui concernoitl’Eftat pur blic.
Tovsiovrs l’autorité de cefte af-femblee a cfté telle , que çe qui y e-ftoit arrefté , foit qu’il faluft traiter paix, ou faire guerre , ou creer vn regent au Royaume , ou impofer nouueau tribut, e-ftoit tenu ferme amp;nbsp;inuiolable : qui plus eft , par l’autorité de telle aflemblce les Roisconuaincusdepaillardifes, ou de nonchalance trop grande en leur charge, ou de tyrannie , eftoyent rendus moines , voire mefmes les races entières eftoyent priuees de la fuccefsion du Royaume, ne plus ne moins que premièrement par l’autorité du peuple elles auoyent efte appellees à l’admi-niftration d’iceluy Royaume. Ceux que le confentement des Eftats auoit efleuez eftoyent abatus par le diftentemffnt d’iceluy : ceux qui en enfuiuant les vertus de leurs pc-res auoyent efté appeliez à cefte dignité, comme fi c’euft efté leur heritage, en eftoyent chaflez amp;nbsp;déshéritez par leur ingratitude , amp;nbsp;pource qu’en forlignant ils fe rendoy-eqt incapables amp;nbsp;indignes de tel honneur, H.iiij.
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Cela Dionftrc que la fuccefsion a elle toIeree pour cuiter les pratiques, brigues,mefeonten temens, retraites des perfonnes reiettees, en-treregnes amp;nbsp;autres incommoditez de l’ele-äipn.Mais d’autrepart,quand la fuccefsion ap portoit d’autres maux plus pernicieux fans comparaifon,quand la tyrannie enuahiflbit le Royaume,amp; qu’vn tyran s’emparoit du throne Royahalors les Eftats du royaume, legiti-metnent alTemblez au nom de tout le peuple ont toujours maintenu leur autorité foit pour chaffer le tyran ou Roy fai-ncant en le renuoyant chez fesparens,foitpour cflablir vn bon Roy en fa place. Les anciens François , auoycnt aprins cela des Gaulois, comme Ce-far le monllre en fesliures. Car Ambiorix, tleUguer Ro/ ^Ics Eburons ou Liegeons , confeffe que ruGauloi- lors les Royaumes de la Gaule eftoyent tels, que le peuple légitimement affemblc n’auoit pas moins de puiffance fur le Roy que le Roy fur lepeupIe.Ce qui apparoir aufsi en Vercin-gentorix, lequel rend raifon de fon fait deuât l’affcmblce du peuple.
E s Royaumesd’Efpagnc, principalement d’Aragon,de Valence amp;nbsp;deCathalogne, il en eft toutdemefmes. Car la luftice d’Aragon, qu’on appelle, a la fouuerainetc par deuers foy. Et pourtant les Seigneurs qui reprefen-tent Je peuple s’auancent iufqucs là tant au fa-cre du Roy, qu’en l’affemblec des Eftats qui fe fait de trois en trois ans, de dire en termes expres
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pres au Roy ce qui fenfuit: Nos tjtttvalemos tanto como vos, jpodemos mtutjue vos , vos e/e-^imos Rei con est as é y efhu co»dicio»es, entra vos y nos vn ^ue manda mas qne izoj.G’eft à dire , Nous qui valons autant que vous, amp;nbsp;qui pouuonsplus que vous, vous cflifonsRoyà telles amp;nbsp;telles conditions : amp;nbsp;y en a vn entre vous amp;nbsp;nous, qui commande par deflus vous. Souuentesfois ceftc luftice d’Aragon abolit ce que le Roy a demandé,defend ce qu’il a en-ioint: amp;nbsp;n’oferoit-on impoftr tribut quelcon queen ce Royaumc-là, fansl’authorité de cc-fte luftice.Es Royaumes d’Efeofie amp;d’Angle-terre, la fouueraincté cftrierele Parlement, qui fe tient tous les ans.IIs appellent Parlemcc l’aflemblce des Eftats du Royaume,en laquelle les Euefques, Comtes, Barons, les députez des villes amp;nbsp;Prouinces difent tous leur auis,amp; refoluent d’vn commun accord des afaires d’eftat. L’autorité de cefte affemblee cft fi fain fte, que le Roy n’oferoit abroguer ce qu’elle a vne fois arrefté. C’eft elle qui appelle amp;nbsp;in-ftalle en kurs charges tous les Officiers du Royaume amp;nbsp;les Confeillers du confeil ordinaire du Roy ou de la Roine. En fomme, les autres Royaumes Chreftiens, de Hongrie, de Bohemc,de Dannemarch,de Suede amp;nbsp;autres, ont leurs officiers collateraüx des Rois : amp;nbsp;les hiftoircs auec les exemples que nous en auons de noftre temps monftrent a/Tèz que ces Officiers ont maintesfois fait valoir leurautori-
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té, iufques à degrader amp;nbsp;chaffer Ies Rois mef-mes.
Il ne faut eftitner pourtant quecelaron-gne trop les ailes à la puiflance Royale, amp;nbsp;que ce foit autant comme de vouloir öfter la tefte auxRois.Nous croyôs que Dieu efttout puif-fant,amp; n’eftimonspasque rien diminue dece-fte puiflance,encores qu’il ne puifle pecher: ni ne difo'ns point que fon Empire foit moins à prifcr,dautant qu’il ne peut branfler nieftre abatu. Auffi ne faut-il iuger vn Roy cftre trop rauallé, fi Ion dit que pour empefeher qu’il ne tombe en faute, à quoy il eft enclin, il eft fou-ftenu par d’autres, amp;nbsp;fi par la prudéce de quelques confeillcrs il conferuc longuemét en fon entier le Royaume, qu’il euft peu perdre par fa nonchalance amp;nbsp;indiferetion. Direz-vous qu’vn hommefoit moinsfain,pourcc qu’il eft enuironné de médecins qui luy confeillent de fuir l’intemperance, lt;^ui luy défendent de mager viandes nuifibles a fon eftomach , amp;nbsp;qui me fin es le purgent fouuentcsfois encores qu’il n’en foit pas d’auis amp;nbsp;qu’il leur refifte? Qui feront fes meilleurs amis, ou ces médecins là qui ont foin de fafantc, ou les flatteurs, qui luy prefentent à tous coups ce qui ne peut luy apporter finalement autre chofe que la mort? Il faut donc noter toufiours cefte diftinâion. Les vns font amis du Roy, les autres de François qui eft R0y. Les amis de François font ce ux qui luy feruent ; les amis du Roy,font les Offi-
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Officiers amp;nbsp;feruitcurs du Royaume. Car puis que le Roy a ce nom à caufedu Royaume, amp;nbsp;que c’eft le peuple qui donne eftre amp;nbsp;côfiften-ce au Royaume, lequel eftant perdu ou ruine, il faut que le Roy cefle d’eftre Roy, ou ne foie pas tant Roy qu’autrcsfois;ccrtaincmcnt ceux qui ont le bicnamp; profit du Royaume en re-commandatiôfontvraisamisdu Roy, amp;nbsp;ceux quinctienent compte de ce bien , ou qui le renuerfent , font vrais ennemis du Roy. Et comme on nefauroit feparer le Royaume d’a-uec le peuple, ni le Roy du Royaume : aufli ne peut-on defioindre les amis du Roy d’au ec les amis du peuple amp;nbsp;du Royaume. le diray da-uantage, que ceux qui aimêt de vrayeafFeéiion François, l’aiment mieux voir Roy que fuict. Or puis qu’ils ne fauroyét le voir tel fans Royaume , il faut confequemment qu’en aimant François, ils aiment auffi le Royaume. Mais ceux qui veuict eftre eftimez plus amis de Fran çois que du Royaume amp;du peuplc,doyuent e-ftre eftimez flatteurs amp;nbsp;les plus dangereux ennemis que Ion fauroittrouucr. S'ils luyfonit vrais amis , faudra-il pas que IcRoydeuicne plus puiflant amp;nbsp;afleuré en fon EftatPfuiuant le dire de Theopôpus Roy de Sparte , apres que les Ephores ou côtrolleurs des Rois eurct cfté inftituez, que plus y aura de gens cômis de par le peuple pour veiller fur lesafairesdu Royau-mc,amp; plus ils auront de crédit,plus l’Eftat fera ferme amp;nbsp;heureux.
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M A I Sj al’auanture,quelqu’un répliquera, lafrrepri- q-y „q^s propofcs ici dcs Pairs, des Seigneurs, des Officiers de la Couronne. Au contraire, teut beut nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;11/-«
Mir Ie de ma part, le nevoy plus que des malques amp;nbsp;JraitJit des robes à l’antique, comme s’il faloit fepre-feu/gt;[e. fenter fur vn efchafaud: ie n’apperçoy pour le prefcntprcfques aucunes traces de l’ancienne liberté amp;nbsp;autorité. Q^i pis eft, on apperçoit vne grâd’ partie de tels Officiers n’auoir loin que de leurs afaires particulieres,fairc les bouf fous amp;nbsp;flatteurs autour des Rois, feioucr à la pelotte du peuple : à peine en trouuera-on vn qui ait compaffion des pauurcs fuiets efeor-chez Sc rongez iufqucs aux os, ne qui leur tende la main.Si quelques vns ont ou font eftimez auoircefte volonté, on les condamnccomme rebelles amp;nbsp;feditieux, ils font contrains fuir au haut amp;nbsp;loin,pour y viure auec grande incommodité. Que peut-on refpondre à cela? La chofe palTe ainfi.L’audace des Rois,l’ignorance en partic,amp;par fois la mefehante confeien-ce des principaux en vn Royaume,a efté pref-ques toufiours telle par tout le monde , qu’il fcmblcquela licence dont plufieurs Rois fc targuent auiourd’huy,amp; qui les rend infuppor tables, a comme acquis droit par prefeription de long temps : amp;nbsp;que le peuple a taifiblemcnt quitté fon autorité, ou l’a perdue du tout,fau-te de s’en aider. C’eft ce qui auient ordinairement , que perfonnene fcfoucie dcschofcs dont amp;nbsp;grands amp;nbsp;petis deuroyent eilre foi-gneux
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gueuxiufques au bout : que nul n’cftimc vn a-fatre luy cftrcrecommandé, encores qu’il ait efté commis amp;nbsp;recommandcà tous.Mais non-obftant tout cela,vnc telle prefeription amp;nbsp;pre-uarication ne preiudicie nullement au peuple. On dit en commun langage, qu’il n’y a point de prefeription contre le fifquc, moins encor cotre tout le peuple qui cft par defliis le Roy, amp;nbsp;en faueur duquel le fifque a ce priuilegc.Car autrement,pourquoy le Prince cil-il fculcmét adminiftrateur, amp;nbsp;le peuple vray proprietaire du fifque ? comme nous le prouuerôs ci apres. Dauantage, eft- ce pas vne chofe refolue, que par violence amp;nbsp;feruitude, tant longue puilfc-clle auoir cité, Ion ne fauroit obtenir prefeription contre la liberté?
Sî Ion obiefte, que les Rois ont efté in -tbronifez par le peuple qui viuoit il y a cinq ou fix cens ans, amp;nbsp;non par celuy quieft auiour-d’huy: ie refpÔ que le peuple ne meurt iamais, encores que les Rois s’en aillent hors du mon-de les vns apres les autrcs.Car comme le cours nebatZ. continuel de l’eau donne au fleùuc vne duree 7«. D.Je perpctuellezauffi la rcuolution de naiflance amp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-t-
de mort rend le peuple immortel. Et pour- ç tant, comme nous auons auiourd’huy le mef-me Rhin,Seine amp;nbsp;Tybrc,que nousauions il y a mil ans:at»ffi eft-ce toufiours vn mefme peu-pleceliiy d’Alemagne,de Frâcc,d’Italie,fi d’a-uanture quelques peuplades ne fe font meflees je verb. parmi:amp; ne peut le cours du temps,ni le chan-
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gemêt des indiuidus,muer en forte quelcôque le droit de ces peuples. Dauantage, s’ils difent que le Roy tient le Royaume de Ibn pere,non point du pcuplc:ce perde tiendra derayeul,amp; ainG l’vn de l’autre en mutant cotre mont. Or 1/lpi‘tn.de ie demande fi l’aycul a peu donner à fon fuccef feur autre amp;nbsp;plus grand droit que le ficn qu’il auoit? S’il nel’apeuCcomme de fait il n’a peu) void-on pas tout ouuertement, que ce que le fucceffeur s’eft apropriedeplus, il lepolfede en auffi bône confcience qu’vn brigand pofle-deroit le bien qu’il auroit volé aux paffans? Au côtraire, le peuple a-il pas fon droit entier de perpétuelle cuiction. Encores donc que par quelque teps les Officiers d’vn Royaume ayet perdu leur rag, cela ne peut preiudicier au peu ple.Mais tout au rebours,côme 1Ó ne voudroit donner audiace à vn efclaue,qui pour auoir tenu longuemét prifonnier fon propre maiftre, nô feulement fc vâteroit d’eftre frac,mais auffi s attribucroit puilfaqcede vie amp;nbsp;de mort fur fô maiftremi ne rcceuroit-on pourvallables les exeufes d’vn qui par l’cfpacc de trete ans n’au-roit fait autre chofe que brigâder,ou qui feroit Ills d’vn brigad, s’il vouloir feiuftificr par telle preferiptiô de temps, au côtraire plus il auroic paifé d’annecs à faire ce mefehat train,plus feroit-il rigoureufemét chaftié:fcmblablemétlc Prince eft du tout infupportable, qui pour a-uoirfuccedéà vn tyrâ,ou tenu long téps cfcla-ue le peuple duquel il a rcceu la couronne, ou vio-
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violenté les Officiers du Royaume, penfc ^ue tout ce qui luy plait luy foit loifible amp;nbsp;permis de droit,Le tëps ne retranche rié des droits du peupletmais il agraue lesoutrages duRoy.Mais que fera-ce, fi mefmes les Officiers de la couronne fe font entêdusauec le Princc?fi trahif-fâs la caufe ils ont eux-mefmes mis la main fur le collet du peuple,l’ont lie amp;nbsp;garrotté, amp;nbsp;mis en la puilTance dutyran?S’enfuiura-il par telle preuaricatiô amp;nbsp;trahifon,que l’autorité du peu pie foit deuolue au Roy? Cela ofte-il quelque poinél de liberté au peuple,ou rcd-il plus grade la-liccnce du RoyPQue le peuple s’en prenc à foy-mefmes, direz vous, qui s’eft fi/ à la def-loyale loyauté de telles gés. Mais ie rcfpo,quo çes Officiersfont les protefteursquidoyuent tenir la main à ce que le falutamp;la liberté du peuple demeurët en leur entier.Et pourtât,nc plus ni moins que fi vn Auocat auoit accordé moyënant certaine fomme d’argët, de vëdre à partie aduerfe le droit de celuy pour qui il plai de,ne pourçoit toutesfoispour cela rëuerfer iu ftice,ni d’vne caufe mauuaife en foy en faire v-ne bône,encQres qu’il y donnait quelque cou-leurtaulfi cefte côfpiratiô des grads,faite pour ruiner les petis ne peut riêretrâcher des droits du peuple.Cepëdât,tels grâdsencourct la puni tiô q la loy décerné cotre les preuaricateurs: amp;nbsp;quât au peuple, la loy luy permet de choifir vn autre auocat,amp;de nouueau pourfuiurefo droit corne fi la chofe cûoit en fon entier. Car fi le
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plt;i»plc Romain a condamné les capîtaincî Si chefs d’armce pouraiioir capitulé à leur def-auantage aucc les ennemis,quoy que la necef-fité les y amenait,amp; qu’ils fuflent iur le poinél de tout perdre, amp;nbsp;n’a voulu demeurer obligé à garder telle capitulation ; moins encores vn peuple libre fera-il tenu fouffrir le iougqui luy a cité mis fus par ceux qui le pouuoyent fe-couér, amp;nbsp;qui l’y ont lailTé mettre volontairement amp;nbsp;pour leur profit particulier, fans y e-ftre forcez ni menalTcz.
Pour quel Or puis que les Rois ont eflé cftablis par It finies Je peuple, Si qu’on leur a donné quelques ad-pour les contenir endeuoir, Icfquels adiointscofiderez vn par vn font au deflbus, amp;nbsp;tous enfcmble en vn corps font par dclTus le Roy: il nous faut voirconfequemment, pourquoy premièrement ils ont efté cftablis, S( quel eft principalement leur deuoir. On c-ftime vnc chofe infte amp;nbsp;bonne, quand elle paruient à la fin pourquoy elle eft ordonnée. En premier lieu,chafeun eft d’accord que les hommes,aimans de nature la liberté,hayftàns la feruitude, nais pluftoft pour commander que pour obéir, n’ont volontairement accepté d’eftre gouuernez par autruy, que pour quelque grand profit qu’ils en cfperoycnt, amp;nbsp;que pour obéir aux loix d’vn tiers ils ont par manière de dire, renoncé à ce que nature leur confcille.Car,comme dit Æfopc,Ie cheual qui parauant couroit à fon abandon,n’cuft iamais
rcccu
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teccu le mords en boucha ni le chcuauchcur fur fondes, s’il n’euft cfpcr^ de venir about du taureau.N’eftimons donc pas,que les Rois ayent efte efleus, pour appliquer à leur particulier vfage les biens acquis à grand trauail par les fuiets ; car chafeun aime amp;nbsp;embraffe ce qui eft fien.Ils n’ont rcceu la puiflance du public pour la faire feruir à leurs plaifirs ; car ordinairement les petis hayffent ou portent en-uie aux grands.Difons donc,qu’ils font en ce-fte charge pour maintenir par iufticc,amp; par la force des armes le public amp;nbsp;le particulier de tous outrages amp;nbsp;dommages.Pour cefte caufe, dit S. Auguftin,ceux là font appeliez Maiftres amp;nbsp;Seigneurs qui pouruoyent au bien d’au-oW4« truy,comme le mari a la femme, lesperes aux Dit», enfans : ceux font appeliez fuiets à qui Ion ai-de. Vray eft que ceux qui maiftrifentainfi, pour dire ce qui en eft,fcrucnt à ceux à qui Ion dit qu’ils commandent: car,comme dit le mef me düéteur, ils ne commandent pas par con-uoitife de dominer,ains par deuoir de procu-, rer le bien de ceux qui leur font aftuiettis : ils ne dominent point par orgueil, ains gouuer-nent par vnc charité amp;nbsp;nngulicrc affcôion qu’ils ont de pouruoir à ce qui eft neceffaire.
SenFQVE cnl’Epiftre xc i.Du temps du fiecle d’or, dit-il, les fages gouuernoyent les Royaumes. Ils fe gardoyent de violence, amp;nbsp;preferiioyent les petis de la main des grands, llsconfcilloycnt amp;nbsp;defconfeilloyent , mon-
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ftrans ce qui eftoit vtile amp;nbsp;dommageable. Par leur prudence ils donnovent ordre que leurs fuicts n’auoyent faute de rien. Leur vaillance repouflbit les dangerS) amp;nbsp;par bienfaits ils en-iiehifloyent amp;nbsp;agrandiflbyent leurs fuicts. Leur deuoirgifoit à bien gouuerner amp;non pas à faire leurs mqnftres. Il n’y auoit perfon-iie.qui neconuft cftre impofsible de leur faire teftc,veu que d’eux chafeun rcceüoit tout fon pouuoiramp; moyen,amp;c.Ainfi donceftre Empe réur amp;: Roy n’cft autre chofe que donner con feil: le feul but de la. domination c’eft le profit du pcuplc.Les Empereurs amp;nbsp;Rois n’ont qu’v-, , ne chofe à faire, c’eft de proçurer le bien du 4 peuple.La dignité Royale,à proprement par-, . lcr, n’cft point vn titre d’honneur, ainseft vil 1 tàrdcau pefant: çen’cft point.vnedefeharge, vacation,ni licence,ains vnc charge,vocation amp;nbsp;feruitude publique, laquelle,on hohnore, pource qu’en ces prcmierstcmps-là,amp; durant ce fiecle d’or, pcefonne n’cuft voulu goiifter de telles faftheries, fi elles n’euflent efte allai-fonneesdCiquel^luehonneur.Xellcmcnt qu’il il’y a rie plus vray que ce que fouloit dire quel-qu’vn alors, Si chafeun fanoit de quelles diffi-cultez .eft cnucloppélc bandeau Royal, on ne daigneroit pas le recueillir, encores qu’on le vift àfes pieds.
A V refte , lors que ces mots , Mi e n amp;nbsp;Tien entrèrent au moudc,quc difterens fur-uindrent entrelescitoyens touchant la propriété
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^rletc des biens, amp;;gijetres «ntredes p,cyplc,s ^loißnsàcaufe deleurs.limices\ le peupïçs’aui-. faille, refiourir vers quebju’vu qui pcüH S4 feçull e»npefcher que les pour es nefuflent forfi lez parles riches»amp; que ceux du pays ne,(buf-ûiljèoc parla violence des eftrangcrs.Or.çom mejçs proces amp;nbsp;guerres croiflbyent, on tfli-fiait cekiy qui eltoic.le mieux cftinîc de tpus pour fa vaillance amp;:.jprudençe. Voila donc pourq^ioy ks Roisf^tï^:I)tcrçcz i;)disjlt;î\^ a-ùuoir pour adminiilrcr iyftîce au pays,merier; leursfuietsà la gncjfrqramp;TJlon feuiome’nt brider,Jes courfes des enncmis^onpcftlicr k-four rag£Mnçntamp; dogaft de l'a/jampêS’^Psff’^is aufr fi beaucoup plus poutshafi'er tous vices ^anef çhancitez bien loin dedeprs fujets. Cclti fe plt;?utprouuer partoUtesdes,hidoires faerpes amp;nbsp;pr ofanes. Q^pt au pouple.de,Dicu,du cô.-, rhcuccmét il n’aupUautre Rgy qire Dieu rheC me,lequel habitoû,au milieu du pcuple,amp; rêJ dpit refponfe d’en»rQ4csCbçrubins,defignpi| cxtraordinairemétlcsiuges amp;chefsdegUŸpjcz , auimoyen de quoy Iepeupleu’cllinjQitj)ainc ; aqpir.befoin de lieutenans,,. e/lartfr.l\o#ir^ôr4 d^laiprefencccontinuelle dt fphiSojUuerain Koy.-.Qr quand le peuple de
Çîrè. fe fafeher de rirtiulljee dcsifil^ de,S3-inucj, fur la vieillcfle,,duquel if ne s’pfpjt pl^isgucrcs afleurer , il deasanda' vn Roy , à IVx.efnpJc des autres jpfupits , difant à nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;g
muel, Do'nne nous vn Royqui nous iuge, 10.
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tel que les autres peuples en ont.Là eft touche lepremier amp;nbsp;principal poinâ: de la charge du Roy. Vn peu apres , tous les deux font fpect-ficz. Nous aurons, difcnt-ils, fur nous vn Roy comme les autres nations. Noftrc Roy nous iugera, il fortira deuant nous amp;nbsp;mènera nos arrnees. Faire iufticc eft toufiours mis en premier lieu,dautant que c’eft vne chofe ordinaire amp;nbsp;perpctucllezmais la guerre n’eft finon extraordinaire,Se en cas,ainn qu’on parle. A eau fe dequoy Ariftotc, dit que du temps des He-eftoyent iuges amp;nbsp;capitaines/ 3.Z».f •“•Qujjji; aux j^Qjj des Lacédémoniens ils n’a-uoyent autorité fouueraine finon en l’armee, encore eftoit-ce moyennant la fcytale, où c-ftoit contenu le mandement des Ephores. Scmblablement,comme les Medes par vne licence effrénée fuftent en perpétuelles querelles les vns contre tes autres, finalement ils ef-leurcntpour iugevn nommé Deioccs, lequel auparauant s’eftoit bien porté en quelque« fieroiit. Arbitrages particuliers: toft apres ils le crec-îènt Roy, amp;: luy baillèrent des archers amp;nbsp;fa-tclliteS', afin qu’il peuft’aifément réprimer les plus puiffans.Cicéron dit qu’ancienement tous les Rois auoyent efté cftablis pour admi-niftrer iufticc, A que leur inftitution Sc celle desloixauoitvnmefme efgard, afauoirquele droit fuft efgalcment rendu à tous; ccquifc peut verifier par la propriété des mots, pref-ques en toutes langues. Les Rois font appel-
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lez Reget par les Latins, pource qu’ils rcgif-foyent ou gouucrnoyent les limites ou bornes du public ou des particulicrs.Les noms de Empereurs,Ducs,Princes# qui fc rapportent à la conduite de la guerre amp;nbsp;aux combats es pre miers: item cc qu’en ont dit les Grecs qui les ont nommez BafileitArcha.,HegemoneSi c’eft à dire, apuis du pcuple,chcfs, conducteurs. Les Alemans amp;nbsp;autres peuples vfent de noms fi-gnifîans amp;nbsp;qui monftrent qu’eftre Roy amp;nbsp;Prince n’ert pas faire monftre auec grande ma gnificence,ains c’eft vnc charge trefgrande amp;nbsp;continuelle. Mais enfomme, quand le poète Homere appelle les Rois luges des villes,amp; en deferiuant Agamemnon, il le nomme fagc,quot;quot;(ie^ fort, amp;nbsp;vaillant : comme aufsi Ouide dit d’E-richtheus, qu’on n’euft feeu dire laquelle des urede la deux vertus reluifoit dauantage en luy, ou h-Metamar iuftice ou la promefle: en quoy ces deux poc-^”/'' tes femblent auoir exactement comprins le deuoir des Rois amp;nbsp;Princes.
Voila quant aux Rois des nations profanes, à l’exemple dcfqucllcs les luifs ont demandé amp;nbsp;cftabli des Rois. La Roine de Saba i..Chnn, ditaufsiàSalomon qucDicu l’a inftituéRoy, pour faire iuftice 8c iugement. Et Salomon mef.ne parlant à Dieu, Seigneur , dit-il, tu m’as efleu pour régner fur ton peuple,amp; pour iuger tes fils amp;nbsp;tes filles.Pour cefte caufe aufsi, les bons Rois, comme Dauid,Iofaphat amp;nbsp;autres, ne pouuans vaquer en propre perfonne à
l.iij.
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Li vpiHançc de tous les proces amp;nbsp;difFcrcnsdc téuŸs fiiiets (encorestju’cs cairfcsd’ifriportan-c'dllss’cn referuaflehc toufiouts le dernier iti-^ertént, commc'ori le void en l’Iiiftoirede Sartincl ) n’ont eu clidfe quelconque en plus 1 cfcro» nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;recommandation que d’eftablir de
13.4.^ Donsamp;fauans iuges en tous lieux, amp;nbsp;auoir 16.19. foin fpecial dcl’adminiftration deiuftice,s’c-z-clmn. ftimans armez du’gTaiue plus pour chafticr les fui'ets qui fc porteroyent mefehamment, que pour repoufler lt*s ennemis. Brief, comme dit Âozn.13. l’Apoftrd, le Prince eft feruiccur ordonné de Dieu pour lebren amp;nbsp;profit du peuple, eftant arrné du glaiue pour garantir les bons delà violence des mclchans, amp;nbsp;quand il s’acquitte dccela, tousluy doiuent honneur amp;nbsp;obêif-fance.
P V I s donc que les Rois font ordonnez de Dieu amp;nbsp;eftablis par le peuple, pour procurer le bien de ceux qui leur font alTuicttis , amp;nbsp;ce bien ou profit fc fait voir principalement en deux chofcs,afauoir en l’adminiftration de iufticc aux fuiets amp;nbsp;adreffe aux armes pour rc-pou/Ter les ennemis: certainement il faut inférer amp;nbsp;conclurre de là que le Prince qui ne fert qu’àfbn profit ou à fesplaifirs,qui mefprifeSt renuerfe tous droits 8e deuoirs, qui traite plus cruellement fon peuple que ne feroitvn ennemi du tout dcfelpcrc , peut cftrc proprement appcllcTyran: amp;nbsp;que les Royaumes ain-
Ct gou-
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fi gouuernez, quoy que de longue amp;nbsp;large e-ftendue, ne font autre cliofc que grands brigandages.
I L nous faut ici entrer vn peu plus auant; fi car on demande file Roy qui prefideen I’ad-^«^0? (fi miniftration de iufticc a puilfance derefoudre^^’y^'’!!'quot; desafaires felon là volonté? Faut-il que le Roy foitfnict àla loy, ou fi la loy depend de luy? La loy difoit vn ancien cft refpcétecde s.^u^ufl. ceux qui autrement nefe foucient de la vertu, attendu qu’elle guide la force es afaircs de guerre , amp;nbsp;donne vigueur amp;nbsp;luftrcà la iufticc lt;5« amp;. équité. PaufaniasSpartiate refpondra en vn lt;s. mot que c’eft chofe conucnable aux loix de commander,amp; aux hommes de s’afluiettir aux loix. Agefilaus Roy de Sparte afièrme que tout chef de guerre eft tenu de faire ce que les loix luy commandent. Mais il fera bon de reprendre ce propos vn peu de plus haut. Lorsque le peuple commença à ccrcher iufticc pour appointer fes differens, s’il rencontroit quelque particulier homme de bien qui l’cn refoluft, il fe contentoit de cela. Or pource que t’e-ftoit chofe mal aifec , amp;nbsp;de difficile rencontre, Se que fouuent les fcntcnces des Rois prin fespour loix amp;nbsp;fermes ordonnances fe trou-uoyentcontraircs les vncs aux autres; alors les plus fages amp;nbsp;quelques Magiftrats inuentc-rent les loix, qui parlent à tous d’vnc mefme bouche,
l.iii).
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Cela fait,on enjoignit expreflement aux Rois d’eftre gardiens, adminiftrateurs amp;nbsp;confer-uatcurs des loix. Par fois aufsi, dautant que U Loy n’aaoit peu preuoir toutes les particula-ritez des faits pour en refoudre nettement, il cftoit permis aux Rois de fuppleer à ce defaut, par la mefmc équité naturelle dont les loix a-uoyent efte puifees.Et de peur qu’ils ne fiflent violence à la Loy, le peuple leur bailla de fois à autre pour adioints les Gonfeillcrsamp; Officiers defquels a efte faite mention ci-defliis. Pourtant il n’y a rien qui exempte les Rois de l’obciflance qu’ils doiuentàla Loy , laquelle ils doiucnt rcconoiftrepour leur dameamp; mai ftrefle, eftimans qu’iln’y arien qui leur con-uicne plus mal que celleimpuilTanceelFcmi-nce,de laquelle fait mention le poete luuenal, en ces mots,le le veux,ie le commandc,ma vo lonté férue de loy amp;nbsp;de raifon.Et encores que ilsobciirentàlaloy,fi nelairront-ils pour cela d’eftre ce qu’ils doiuent eftre. Car puis que la Loy eft comme l’inftrument donné de Dieu pour bien goiiuerner amp;nbsp;mener àheu-reufe fin la focieté des hommes; les Rois qui eftiment fe faire déshonneur en obeilTant à la Loy, méritent d’eftre monftrez au doigt, amp;nbsp;font autant dignes de mocquerie que l’arpenteur qui penferoit fe deshonnorer en prenant vne reigle, vn compas, vne toife amp;nbsp;autres inftrumens dont les gens entendus au mefurage des terres ont acouftumé d’vlèr : ou que
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que Ie pilote qui aimeroit mieux prendre vne route à fa fantafie, que la drefler felon fon aiguille amp;nbsp;charte marine. Qui doute que cc ne foitchofe plus vtile amp;nbsp;honnefte d’obeiràla Loy, qu’au Roy qui n’eft qu’vn homme? La Loy eft Fame du bon Roy , elle luy donne mouuement,fentiment amp;nbsp;vic.Le Roy eft l’in— ftrument amp;nbsp;comme le corps par lequel la Loy defploycfes forces, exerce fa charge, amp;nbsp;exprime fes conceptions. Or c’eft chofetrop plus raifonnablc d’obeir à Fame qu’au corps. La Loy eft la raifon amp;nbsp;fagefle de plufieurs fages recueillie en peu de mots. Or plufieurs voyent plus clair amp;nbsp;plus profond qu’vn feul. C’eft donc bien le plus leur de future la Loy que l’homme, tant aigu puifle-il cftre. La Loy eft vne raifon ou intelligence deliure de tout trouble, non fuiette às’efmouuoir par cho-Icre, ambition, haine, ou acception de per-fonnes: les prières ni les menaces ne la làu-royent flefçhir. Au contraire l’homme, quoy que participât de raifon,fc laiffc abatre amp;nbsp;emporter fouuent,par courroux,appetit de vengeance amp;nbsp;autres palsions qui le brouillent de telle forte qu’il n’eft plusàfoy, poureeque eftant compofe de raifon amp;nbsp;de concupî-fcence dcfreiglec , il ne fe peut faire que par fois la concupifccnce ne demeure mai-ftrefft.
S V I V A N T cela nous voyons Valenti-nian,autrement bon Empereur, permettre
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à tous ceux de l’Empire d’auoir deux femmes à la fois ) pource que luy eftoic tranfportc de cede impure àffeâion. Pource que Camby-fes fils de Cyrus eftoit amoureux de fa propre fœur , il voulut que les mariages des frétés auec leurs fœurs fußent aprouucz amp;nbsp;tenus pour bons. Chabades Roy des Per-fes abolit le chaftiment des adulteres. Il faudra attendre tous les iours de telles loix, fl nous voulons que la Loy foit fuiette au Roy.
P o V R reuenir à noftre propos, la Loy cft vnc intelligence, ou pluftoft vn amas de pluficurs entendement : amp;nbsp;l’entendement eft ( fi i’ofe ainfi parler ) vne parcelle de la diuinité: tellement que qui obéit à la Loy, femblc obéir à Dieu amp;nbsp;le receuoir comme iuge des chofes dont eft queftion. Mais au contraire, dautant que l’homme compofe de ceft entendement diuin , amp;nbsp;d’vne fenfualité brutale, fouuent il n’eft pas maiftredefoy-mcfme, il s’abeftit amp;fcpriuedcfonfens : e-ftant en ceft eftat il n’ed plus homme, mais befte: amp;: qui aime mieux obéir au Roy qu’à la Loy, vn tel fcmble preferer le commandement d’vne befte à celiiy de.Dieu. Et pour-tant, quoy qu’Aiiftote fuft précepteurd’A-«/«moniit'.icxandrc, fi conlcfle-il que Ion ne fauroit comparer la diuinitc à chofe aucune de ce J,al, 7 monde plus proprement qu’à l'ancienc Loy ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;delà
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delà focicté humaine bien rciglee. Qui donne ccfte Loy pour gouuernante aux Eftats publics, il y introduit Dieu mefmc: amp;nbsp;qUi s’en remet au Roy, il s’cn fie à vne befte. A quoy. aufsi les Prophètes femblent auoir eu efgard, qui en quelques endroits dépeignent ces grands Empires fous la figure de beftesra-uillintes.
Mais an refte, celiiy-là eft-il pas vne vraye befte, qui aime mieuxauoir pour guide vn aueugleamp;r infenfe qu’vn homme voyant des yeux du corps Scdcl’ame? C’eft pour-quoy, ditAriftotc, eftant auenu qu’ancie-nemenc les Rois commandoyent depuiflan-ce abfolue , ne propofans pour Loy finon leur volonté , quelque temps apres entre les peuples mieux policez , on les rendit Rois legitimes en les obligeant à garder amp;nbsp;obfcruer les loix : amp;nbsp;quant à ccfte puiflance abfolue elle demeura chez ceux qui commandoyent aux peoples Barbares. Il dit puis apres que cefte puiiTance abfolue eft confine germaine de tyrannie , amp;nbsp;l’euft appellee tout à fait tyrannie , n’cuft efte que ces belles de Barbares s’eftoyent volontairement aflhiettis à i-cclle.
Mais on répliquera que ce n’eft pas chofe conuenable à la maiefté des Rois d’a-yoir leur volonté bridee par les loix. lediau
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contraire, qu’il n’y a rien plus royal que de réprimer fa conuoitife par le bien des loix.C’cft grad pitié de ne pouuoir faire ce que Ion veut: mais c’eft beaucoup plus grand mal de vouloir ce qu’on ne doit vouloir : amp;nbsp;c’eft le malheur des malheurs de faire ce que les loix defendét. l’oy, ce m’eft auis, vn certain Durionius,Tribun du peuple, s’oppofant à la loy faite contre les exces qui auoyent la vogue à Rome, amp;nbsp;di-fant, Meffieurs, on vous a bridez, vous eftes liez amp;garrottez du rude cordeau de feruitude. C’eft fait devoftre liberté , puis qu’eftes a-ftraintsàvne loy qui vous commande d’eftre modérez. A quel propos, d’allegucr que nous fommes libres , s’il ne nous eft pas permis de viure dilfoluement amp;nbsp;à noftre plaifir? C’eft la - complainte de plulieurs Rois d’auiourd’huy,
amp; de leurs mignons amp;nbsp;flatteurs. LaMaieftc Royale eft morte, fi Ion ne nous laifle renuer-fer le Royaume de fond en comble. C’eft fait des Rois fi Ion obferue les loix. A l’auanture cft-cechofemiferablede viure, s’il n’eft permis àccluy qui aura le cerueau troublé de fe faire mouririncontinent. Car quefont autre chofelesRois qui violent les loix,fans lefquel-lesles Ehipircs , amp;nbsp;les focietez des brigands mefmes n’ont iamais peu fubfifter? Reiettons donc lesdetcftables mêfongesdc cesiangleurs de Cour, qui appellent les Rois dieux , amp;nbsp;tie-nent leurs paroles pour autant d’oracles: qui
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pis eft jfont fi effrontcz que de perfuadcr aux Rois, que rien n’cft iufte de foy-meftne, ains prend la forme de iuttice ou d’iniufticc, felon qu’il plait au Roy en ordonner: comme s’il e-ftoit quelqueDieu qui ne peuft errer ni pecher aucunement. Certainement tout ce que Dieu veut eft iufte,en ceft efgard que c’eft Dieu qui le veut. Mais il faut que ce que le Roy veut foit iuftc,auant qu’il le vueille. Car il n’eft pas iufte, pource que le Roy l’a ordonne : mais le Roy eft iufte,qui ordonne que Ion tiene pour iufte, ce qui eft iufte de foy-mefme. Nous ne dirons donc pas ce qu’Anaxarchus difoit à A-Icxandrefort angoifle de la mort de fonami plut^Kjat Clitu$,lequel il auoit tue de fa propre main:a- i-* •«lt;« fauoir que Themis amp;nbsp;luftice font aftifesaux coftez du Roy, ne plus ne moins qu’aupres de lupiter, pour confermer incontinent tout ce qui luy femblcra bon. Au contraire nous di-fons que Thémis amp;nbsp;luftice prefident fur les Royaumes , pour chaftier rudement les Rois qui violeront ou interefleront laMaieftédcs loix. Nousn’aprouucrons nullement ce que difoitThrafymachus Chalcedoniê,que le profit amp;nbsp;le plaifir des Princes cftlareigle amp;nbsp;definition de toutes loix:au contraire,que le droit borne le profit dc*S Princes, amp;nbsp;que les loix rc-primentleursplaifirs. Au lieg de trouuerbon ce que cefte vilaine difoit à Caracalla , que ce qu’il vouloir luy cftoit per mis,nous maintien-
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drons que rien ne doit eftrcloifiblc finon fc-que les lüix permettent. Et reietcans ccltedc-tellable fcntcncc de Caracalla, qui difoitquc les Empereurs donnent la loyamp; ne larcçoy-uent point,nous dironsiqu’en tous Royaumes bien ellablis le Roy reçoit du peuple les loix lefqucUes il doit foignenfement cofifiderer amp;nbsp;maintenir : amp;nbsp;que s’il entreprend rien quecc. foita.u preiudiçe d’icclJes, cela cil iu-, iullc.
C e que dcfl'us peut cftrc. vérifie par exemples. Auant qu’il y eull Roy en Ifrael, Dieu luy auoit preferip» par Moylè-vne Ordonnance Sacrée 3c Ciuile,pôurl auoir continuellc-mentdeuant les y eux. Qr apres que Saul eult fÿam.iQ. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;5c cllabli parle peuple , Samuel la-
15. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;luybaipe toute cfcritjr,polirla garderfoigneu
t.chrûii. fcinent gt;nbsp;les autres Rois fuiuans ne fonÇ II pô’tit receus qucprcnsjcrement ils j/ayent iu-réd^fitruercelle,ordo'iirvmcc. Laceifeino^. niejiîlloit telle qu-’auec Ja couronne inipofcU fur Ijtcllcdu Roy, o.nluy bailloit .leliur« jiilt;* te^noignage , qnc lesivnfi entendent cllrtiR^ droit dupeiiple du RQy'a)um4sAis autres la Lby. de Dieu, félon laquelle il deuoit goulicrher le XtiKfh. peuple. Cyrus fc r^conoiflant confçruatcur dttüdiH. des.loix, leur promet affiUance contre tout hoitime quis’etlyrCeravde les enfraindre: amp;nbsp;a fon couronnement s’oblige à l’obferuation d’icejlcs: combien que quelque temps les flatteurs cornafl’ent aux oreilles de fon fils Cam-byfeS)/
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byfeSjque tout luy cftoit loißblc. Les Rois de Sparte, appeliez Rois legitimes par Ariftote, tous les mois rcnouuelloyent leur ferment, promettans es mains des Epliorcs procureurs Xemigt;tó du Royaume^ qu.’ils regneroyent félon les loix auUu.de que Lycurgus auoitdreffces au paj-t. A l’oc-cafion Archidamus filsdcZcuxidamus,enquis quiefloyétlcs gouuernçurs delà ville de Sparte? Les loix, amp;nbsp;lesMagiftrats dcucmçnt clla-blis,dit-il. Ht de peur que les loix ne vinlTcnt en mefpris, ccspcuplcsLc vantoyent de les a-uoirreccuesduciel , amp;nbsp;qu’elles auoycnt cRé infpitees de Dieu-, afin que.chafcun au lieu de »’eftimeriuge par les hommes,creuft queDicu mefmele iugeoit. Les Rois d’Egypte ne fai-foyent rien que felon la teneur des loix, con-feflanshaut amp;nbsp;clair que leur félicité dependoit de l’obeiflance qu’ils rendoyent aux loix. Ro- Dionyf, mulus drclfantlc Royaume de Rome,accorde aucc le Senat en ces termes, que le peuple face les loix, amp;nbsp;luy donne ordre de les faire obfer-uer amp;nbsp;en foit le eonfcruatcur.Antiochus,troi-/'»{ç’fe ficfmc du nom ,.Roy d’Afie, cfcriuit à toutes les villes de fon Royaume, Que fi es lettres à elles enuoyecs en fon nom fe trouuoitcho-fc répugnante aux loix, Ion creuft que le Roy n’auoit rien ordonne de cela,amp; pourtant que les villes ne rediflent aucune obciflancc à telles lettres.
Or combien que quelques lurifconfultcs difent que par arreft du Senat, l’Empereur
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Augufte fut exempté de l’obeiflànce desloix: fi eft-ce que Theodofe amp;nbsp;tous les autres bons amp;nbsp;raifonnables Empereurs ont déchiré qu’ils elloyent obligez aux loix,afin que ce qui auoit efté extorque par violencc,nefuftreceupour droit eferit. Q^nt à Augufte,puis que la République Romaine auoit efté acablee par les armes amp;nbsp;par la violence d’iceluy, elle ne pou-uoit rien dire librement, finon qu’elle auoit perdu fa liberté,Et dautant qu'elle n’ofoit pas appcller Augufte tyran, le Senat dit qu’il eft c-xempt de l’obeifTance des loix, qui cftautant comme de dire que ceft Empereur viuroit def rciglément amp;nbsp;defordonnément. Le mefme droit que deflus a toufiours eu vigueur en tous les Royaumes amp;nbsp;Eftats publics bien policez delà Chreftienté. Car ni l’Empereur, ni les Rois de France, d’Efpagnc, d’Angleterre, de Pologne,de Hongrie,ni 1rs vraisPrinccs.l’Ar-cheducd’Auftriche , leDuc de Brabant, les Contes de Flandres amp;nbsp;de Hollande, ni les autres Princes, ne font receusau gouuerncment de leurs eftats, que premièrement ils n’ayent promis aux Eleâcurs, Pairs, Palatins, Seigneurs, Barons amp;Gouucrneurs,qu’ils rendrot le droit à chafeun felon lesloix du pays, voire ft cftroittcmcnt, qu’ils ne huroyent changer lespriuileges des Prouinces, ni pas mefme les droits municipaux des villes,fans TauisA con-fentement d’icelles villes amp;nbsp;prouinces. S’ils le font , nbsp;nbsp;nbsp;ne font pas moins criminels de lefe
Maicfté
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Maiefté des Loix, que le peuple leferoitcn leur endroit, s’il refufoit leur obéir quand ils commandent felon les Loix. En fomme,les du peuple, amp;nbsp;quant à la couronne amp;nbsp;au fee-ptre, marques d’honneur amp;nbsp;de puiflance, cela les auertit de maintenir les loix, amp;nbsp;de tirer leur gloire principalement de la conferuation d’icclles.
Qj o Y doneques ? Ne fera-il pas loifible au Prince de faire nouuellcs loix amp;nbsp;abolir les anciencs ? Puis que c’eft afairc au Roy d’auifer non feulement que rien ne fe face contre les coix. loix amp;nbsp;en fraude d’icelles, mais aufsi que rien n’y défaille, ou qu’il n’y ait quelque chofe de trop, brief que la vieille fie amp;nbsp;le laps du temps ne les abolilTent amp;nbsp;enfeueliflentts’il faut abréger, adioufter ou öfter ceci amp;nbsp;cela des loix, fon deuoir eft d’aflembler les Eftats, amp;nbsp;en demander leur auis amp;nbsp;rêfolution, fans entreprendre de rien publier, que premièrement le tout n’ait efté deuëment examiné amp;nbsp;aprouué pariceux. Apres que la Loy aura efté faite amp;nbsp;publice, il n’eft plus queftion de s’en defdirc,il faut que le Prince s’y affuiettilTe amp;nbsp;range le premict .Car puis que les exemples ont beaucoup plus d’iÆcacc que les paroles, le Prince eft tenu d’obeir à la loy qu’il a faite, autremét c’eft à tort amp;nbsp;cotre toute équité qu’il requiert de fes fuiets vne obeifTance aux loix Icfquellcs il mefprife au lieu de les garder,comme il y eft
K.j.
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- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tenu.Car la difference qui cft entre IcsRoîs amp;
les fuicts ne doit pas confifter en impunité, ains en équité amp;nbsp;iufticc. Et pourtant combien qu’Augultc fuft cftiiné exempt des loix par ar reft du Senat,toutesfois voulant reprendre vn icune homme furprins en adultère, amp;nbsp;iccluy reprochant à Augufte que luy-mefmes auoit viole la loylulia qui condamne les adulteres, Augufte reconut fa femme, amp;nbsp;de regret qu’il en eut s’abftint de mangcr.Tant c’eft vne cho fe conucnable a nature d’enfeigner par exern-ß-mafti!. pie ce que vous enfeignez de parole! Le Lc-fnlaha- giflitcur Soloii fouloit Comparer les loix à la inonnoyc, pource qu’elles maintienent la fo-erer/»gt;o- humaine, comme la monnoyc conferuc le tiafic:ce qui eft dit affez proprement. Donc fl les Rois ne pcuuent deferier ni abaiffer le prix d’vne bonne monnoye, fans le confente-ment delaRepublique,encores moins depuif fancc aura-il de faire amp;nbsp;desfàirc des loix fans lefquellcs les fuicts ni les Princes ncpeuuetit habiter feurement en quelque lieu que ce foit, ains font contraints de demeurer dans les fo-refts amp;nbsp;cauernes, ainfi quelcsbeftcs brutes.
innne. 5. Pourtant aufsi, le cas auenant qucl’Empe-rcur eftime que pour le bien de l’Empire d’A-il fojf befoin d’eftablir quelqueloV, do.dei»- premièrement il en demande lauis aux t-rtiurdda. ftats. S’ils l’aprouucnt, les Princes, Barons amp;nbsp;députez des villes lignent cela , amp;nbsp;lorslaloy cftra-
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eft ratifiée. Au rcftc,il promet par ferment fo-Icnncl de garder les loix qui font défia faites, amp;nbsp;de n’en faire point de nouucllcs que par le confentement de tous. Il y a vneloy au roy-; aume de Pologne, laquelle a efte renouuel-lecl’an mil quatre cens cinquänte quatre, .amp; l’an mil cinq cens trente huiél. Pär icelle eft dit que Ion ne fera aucunes dtdonnahces nóu uclles, que par le confentement du public, ni ailleurs qu’en l’afTemblee des Eftats. Quant au Royaume de France, où Ion eftimequelcs Rois ont plus d’autorité qifàilleurs, ancierte-ment les loix y eftoyent dreflees enrafiem-blee des trois Eftats ou au Pàrkmerit ambulatoire. Mais depuis que ce Parlement a efte fait fedentaire, les edits des Rois ne font re-ceus fi le Parlement ne lesaprouuci au contraire les arrefts de ce Parlement, fanSautré loy, ont ordinairement vigueur amp;nbsp;efficace dd loy.
E s Royaumes d’Angleterré, d’Efpagne^ d’Hongrie , amp;nbsp;és autres , il y a mcfmes pri-uilcges qu’ancienement. Car fi les Royaumes dependent de l’obferuation des loixj amp;nbsp;l^s loix de la volonté d’vn fcul homme, cft-ce pas chofe afleurce que iamais l’Eftat d’vn Empire ou Royaume ne fera bien affeuré? Faudra-il pas fi le Roy eft infenfé par intcrualles ou tout à fait , comme cela eft aiienu, que tout le Royau-
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me branfle amp;nbsp;s’en aille finalement en pieces? Mais fl les loix font par delTus les Rois, comme nous l’auons défia monftré gt;nbsp;fi les Rois doiucnt autant d’obeiffance aux loix que les feruiceurs à leurs maiftres: fe trouuera-il hom me qui n’aime trop mieux s’aïfuiettir à la Loy qu’au Roy, qui vueille obéir au Roy violant la Loy, Et qui refufe de fecourir la Loy contre vne telle violence?
'^fauoirfi Pv I S que le Prince n’cft pas fei^neur des /e Prince Jiqix, il faut voir iufqucs où s’eftend la feigneu ‘te^dev‘~ autres chofes. Les flatteurs de Cour tie— nent pour reigle notable, Que les Princes ont tnort fur puiflancc de vic amp;nbsp;de mort fur leurs fuicts,cô-fesfuicts. mp les maiftres l’auoyent ancicnement fur leurs efclaues. Par tels meufonges ils ont tellement enforcellé les Princes, que plufieurs qui n’vfent pas tant à la rigueur de ce droit i-maginaire,penfent neantmoins cela leur eftre loilible,amp; que ce qu’ils s’en déportent eft dau tant qu’en cela ils quittent quelque ebofe de leur droit. Mais nous difons au contraire,que le Prince n’cft que miniftre amp;nbsp;executeur de la Loy,amp; ne peut defgainer l’cfpce finon contre ceux que la Loy condamne a eftre frappez. S’il fait autremct,il n’cft plus Roy, mais tyran: il n’cft plus iuge, ains brigand: amp;nbsp;ne le faut plus appcllcr conferuatcur, mais violateur de la Loy. Il faut ici confiderer premièrement le fondement aflcurc de toute ccftedifputc, no-ftre
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ftrerefolution ayant efté, que les Rois font ordonnez pour le bien commun de tous. Cela prefuppofc, tout le different cft vuidé. Car quelle apparence y a-il de dire que le Roy foit aile cercher des fuiets pour les efgorger puis apres fi tort que quelque mouche le piqueroit, amp;nbsp;qu’il feroit mourir les premiers rencôtrez, quand fa cholere luy monteroit en tefte, brief qui porteroit la mort au bout de la langue, comme en parle le Sage.II ne faut pas en iuger ainfi. On ne trouuera homme qui defonbon gré aille remettre fa vie és mains d’vn autre pour en faire des choux amp;nbsp;des paftez, comme dit le Prouerbe. A peine vn ami,vn frere vou-dra-ilfc fier de fa vie àfon ami ou àfon frere: encores moins à vn effranger tant habile hom me puific-il eftrcjvcu mefmes que nous voyôs l’enuicda haine,la fureur auoir tellement trâf-portc Athanas amp;Aiax,quc l’vn tua fes enfans, l’autre penfant auoir cfgorgé fes compagnons amp;nbsp;fe voyant deccuj tourna la pointe de fa rage amp;nbsp;de fon efpec contre foy-mefmc. Or e-ftant ainfi que chafeun cft aufsidcfircux de la conferuation de fa vie , qu’amoureux d’i-ccllc , quelle afleurancc aurez vous , fi la pointe d’vn coufteau retenu d’vn petit filet pend continuellement à plomb fur voftrc tc-fte? Prendrez vous plaifir à banquetter ou à ri re, enuironne de telles affres ? Mais fauricz Tons choifir vn filet plus délié, que de mettre voftre vie amp;nbsp;falut entre les mains d’vn hom-
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me qui fe change de iour en iour, d’heure en heure, amp;nbsp;de moment en moment, brief qui mille fois en vn iour fecouê le mords de la rai-fon félon les diuerfes pafsions ^ui le tranfpor-tent. Y a-il efperance ou vtilite,tant grande la puifle-on imaginer, qui fuffife pour contrebalancer ceftepeur , ce peril amp;nbsp;ce dommage? Concluons donc que les Rois ne peuucnt tirer le glaiuefinon contre lescoulpablcscondamnez par la voix delaloy.
quot;^fauoirfi Mais puis que la caufe de la vie eft vne le Jioy chofe fauorablc,parauanture on demandera fi f^utabfouiç R,oy ne peut pas au moins abfoudrc ceux ^ue7dhy que la loy condamne? le di que non. Autre-contlaiie. uient ccfte mifericorde cruelle entretiendroit les voleurs, brigands, aflafsins,iauiflcurs,cm-poifonnciirs, magiciens amp;nbsp;autres peftes du genre humain, comme ont fait les tyrans en maints lieux,amp; nous en voyons qui lefont encores auiourd’huy. Et pourtant le feul bien de la loy enfrainte feroit la retraite de toutes for tes de mefehans. Ccluy quiareceudesloixlc glaiue pour chafticr le pechc, armeroit le péché contre les loix, amp;nbsp;introduiroit en la bergerie le loup qu’il en doit chaficr. Mais pour-ce que par fois il peut aucnir des chofcs,efqucl les la loy muette a befoin d’vne loy parlante, amp;nbsp;faut que le Roy efclaircifie l’intention delà loy, afauoir quand quelqu’vn a failli pluftoft contre les mots que contre le fens d’icelle : de peur qu’en prenant le cas (qui s’efforce lors) à la ri-
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langueur du droit, amp;nbsp;commettre iniuftice en penfant faire tout autrement, le Roy prenant en main les balances de la raifon, qui eft l’amc delaloy, pourra donner l’interpretatio con -uenable, dautant que ce qui eft prins de l’intention de la loy doit cftre eftimé autant que la loy mefme.Toutesfois de peur que quelque L.nomi-pafsion ne s’empare du liege de la raifon, le Roy né fe doit ingérer de rien faire en cela^^^quot;^quot;^ fans l’auis de gens fages, ce que nous lifons a-uoir efte ordinairement pratiqué par Alc-jî^™/. xandre Seuere Empereur Romain. Par ainfi le Roy punira rigoureufement le meurtrier: amp;nbsp;cependant pardonnera à ccluy qui fans y pen-ferauroit lailfe efehapper de fesmains vnecoi gneede laquelle vnpaflant auroit cfté aliène amp;nbsp;tué. Il fera mourir le voleur, amp;nbsp;abfoudra ccluy qui aura tué le voleur, en fon corps defendant. Brief en toutes autres occurrences ildiftingucra , comme cftabli arbitre amp;nbsp;cftant neutre , le cas d’auanture d’aucc le guet à pens , la bonne foy d’aucc la ri-sueur du droit, fans iamais fauorifer à ma-le foy ni à trabifon. Faifant autrement il ne fauroit acquérir à la vérité le nom de Prince débonnaire. Pour certain, Icbcrgcr eft beaucoup plus mifcricordieux qui tue le loup que ccluy qui le lailfe aller: le Roy eft trop plus débonnaire qui liurc le coulpa-blc au bourreau , que ccluy qui le dcliurc.
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Si Ion execute à mort le coulpabic , par ce moyen plufîeurs innocens font garantis de la mort: Si on lelaifleviurc, dautant quecefte impunité rend amp;nbsp;luy amp;nbsp;d’autrcsfqiii elperent obtenir la mefme grace)plus audacieux à commettre tout le mal qui leur vient en penfee, Ion eftcoulpabic delà mort de tousles innocens,lefqucis on tue par les mains de tels meur triers. Ilya donc de la douceur au fupplice de mort de quelques vns; amp;nbsp;de la cruauté en la grace que Ion fait à d’autres. Par ainfi, comme quelquesfois il eft permis au Roy d’interpre-ter certains mots de la Loy, de laquelle il eft conferuateur : aufsi en tous Royaumes bien dreffez il eft cnioint au Confcil d’Eftat,amp; fon deuoir le porte, d’examiner l’interprétation du Roy, amp;nbsp;reigler la clemencc amp;nbsp;feuerité d’i-celuy. Si par la corruption des hommes il eft auenu que ces chofes ne font obfcruces réellement amp;nbsp;de fait : fi cft-cc que le droit demeure toufiûurs en fon entier, amp;nbsp;ne refte finon de le faire valoir.
P O V R n’ennuyer le Iciftcur en luy entaf-fant beaucoup d’exemples fur vn fait fi bien vc rifié, cela a cfté ainfi pratiqué au Royaume de France. Car nous auons veu fouuentesfois e-xecuter à mort ceux à qui le Roy auoit donné lettres de rcmifsion, amp;nbsp;abfoudrc ceux qu’il coinmandoit eftre misa mort. Par fois aufii des crimes perpétrez en prefcncc du Roy mef-mc, font demeurez impunis, pource qu’il n’y auojt
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auoitpasdauantagede tefmoins. Cela eft a-uenu du temps de Henri fécond en la perfon-ned’vn quidam cftranger, aceufé d’vn grand forfait par le Roy mcfmc.Et fi quelque criminel a obtenu pardon du Roy par l’interccfsion de quelques amis, le Chancellicr ayant conu du fait peut canceller les lettres.Si le Chanccl-licr difsimule, encores faut*il que l’impétrant fe prefente aux iuges, lefquels doiuent confi-derer foigneufement fi les lettres font fubre-ptices,amp; non feulement cela,mais aufsi fi elles font ciuiles amp;nbsp;legitimes. Quant au criminel,il ne fe peut aider de fes lettres que premièrement il ne foit comparu au parquet de la iu-ftice,mcttant les genoux en terre, ayant la te-fte nue,amp; fe rendant prifonnicr, tandis qu’on pcfe les raifons qui ont induit le Roy adonner cefte grace. Si elles nefontfuffifantes, le criminel eft puni ne plus ne moins que file Roy ne luyauoit point pardonne. Mais fi on les entériné,il doit remercier non pas le Roy, maisl’cquitédelaLoy qui luy a fauué la vie. Ces procedures ont efté tresbien ordonnées, partie pour empefeher les Rois armez de l’aU-toritcpublique de fe venger de leurs inimi-tiez particulières ou de quitter de fon propre mouuemcnt les outrages faits au public: partie pour garder que les fuiets n’cftimafTent que Ion pourroit obtenir quelque chofe des Rois au preiudicc desloix. Si ces chofes font mal obferuces de noftre temps, toutçsfois ce que
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nous auons dit demeure toufiours ferme, que ce font les loix qui ont puiflance de vie amp;nbsp;de mort fur les habitans d’vn Royaume, non pas les Rois qui ne font qu’adminiftrateurs amp;nbsp;conferuateurs des loix.
Lu filets Car aufsi les fuiets ne font pas cfclaues ni fontfrerei, ferfs du Roy, comme on parle: veu que ce ne dynopiu font prifonniers de guerre,ni gens achetez au comme tous en vn corps font Seigneurs, aufsi chafeun d’eux en particulier doiuent eftre tenus comme frères amp;nbsp;parens du Roy.Et afin que Ion ne trouue cela eftran-ge, voici ce que Dieu mefme en dit , baillant De»t.i7- la leçon aux Rois , Qu’ils n’cHcucnt point 15.1.0. leur cœur par deflus leurs frères, d’entre Icf-..ï« traité quels ils ont efté choifis. Bariole , lurifcon-de rtgim. fuite renommé, amp;nbsp;qui viuoit en vn fiecle qui a porté grand nombre de tyrans, atirévne conclufion decefle loy, que les fuiets ne font point efclauesdes Rois, ains frères: amp;nbsp;qu’ils ï.chrjn. doiuent eftre tenus pour tels. Aufsi le Roy ’•S-’quot; Dauid n’a pas honte d’appeller fes fuiets de ce nom. Les anciens Rois eftoyent appeliez A-bimelcch, mot Hebricu qui fignifie Mon pe-re le Roy. Dieu tout bon amp;nbsp;tout puifrant,du-quel nous fentons tous les iours la grande douceur,amp; peu fouucnt la rigueur, amp;nbsp;s’il nous frappe, quoy que ce foit iuftement, fi fe mon-ftre-il bénin en donnant le coup, a voulu apprendre aux Princes fes lieutenans, qu’il faut entretenir les fuiets par amour, amp;nbsp;non par fc-ucritc.
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ycnté. Mais de peur qu’ils ne fe courroucent contre nioy,comme fi par ceci Ion rctrâchoit quelque chofe de leur domination Royale, qu’ils penfent que leur dignité.eftant deplus longue duree, on la doit iuger auffi plus gran-de.Or la crainte feruile cft vn mauuais gardiê d’eftatperdurable , veu quelesfuiets hayffent nbsp;nbsp;0/
celuy qu’ils craignent, amp;nbsp;quad on porte mau-uaife alFcâion a quelqu’vn. Ion ne demande que d’en eftre defpefchc. Au contraire, eftant ainfi qu’il n’y a rien plus propre pour maintenir fa grandeur,que d’eftre aimé,la bienuucil-lance tft de duree aflenree amp;nbsp;immuable. Et pourtant le Prince qui tient fcsfuicts comme freres,peut s’afleurer de viurc en repos au milieu de tous dangers : mais celuy qui les traite comme efclaues ne peut viurc qu’en crainte, fa condition reffemblant à celle d’vnmaiftre quiferoit demeuré feu! aumilicud’vnetrou-ped’efclaues dedans vneforeft. Carautâtquc vn homme a d’efclaucs,autant a-il d’ennemis. Prcfquestous les tyrans, tuez par leurs fuicts, piattnan ontefprouué cela eftre vray : SeaVoppofitc les fuiets des bons Rois font autant foigneux P de la vie de leurs dominateurs que de la leur proprc.A cela fe doit rapporter ce qu’on lit en pluficurs endroits des liures d’Ariftote, amp;nbsp;qui 4 efté dit par Ageficles Roy de Spartc,Qucles Rois commâdent comme les peres à leurs en-fans, amp;nbsp;les tyrans, comme les maiftres à leurs efclaues : ce qu'il faut interpreter en tel
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fens que nous entédions que k puiflance paternelle cófifte en pieté, no point en rigueur, ƒ $.p.de comme dit lelurifconfulte Martian. Garce qui eftoit pratiqué entre les premiers anciens, qite le pere pouuoit vendre amp;nbsp;tuer fans repre-henfion fes enfans, n’a point de lieu auiour-d’huy entre les Chrcftiens,amp; entre les Payens qui ont quelqic humanité ne fe pratique pas t- 1. ai mefmes à l’endroit des efclaues. Ainlî donc le pere ne peut tuer fon fils, que premièrement Garnie jj nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fes defenfcs,autrement il cft
chaftiable par la Loy Cornelia : amp;nbsp;par la Loy Je parti. Pompcia le pere n’eft pas moins coulpablc qui aura tué fon fils, que le fils qui aura meurtri fon pere: à l’occafion dequoy l’Empereur Adria relégua en vnc ifle vn pere qui auoit tué fon fils à la chafle, lequel eftoit mefereu d’a-bufer de fa belle mere. Quât aux ferfs ou efcla-teclefiafl » ”0*^® fommcs admoncftcz en l’hiftoire 33.31. fainéèe de les traiter comme frères, amp;nbsp;par les profanes, de ne leur pas faire pis qu’aux mercc Ploi. Si- naires.Le droit ciui! des Egyptiens amp;nbsp;des Ro-nUiu.z. mains, par laconftitution des Antonins,con-damne autant le maiftre qui aura tué fon efcla uequeceluyd’autruy. Mefmes la Loy deliurc . * delapuiftancedu maiftre l’efclaue qui n’aura fintfui, eftéaftifté durant fa maladie amp;quelcmaiftre •vel al.iu- aura lai fie auoir faim: 8c le ferf aftanchi qui aura efté indignement outragé par fon prote-étcur luy peut intenter aélion de crime. Or veu qu’il y a fi grande difference entre les e-fclaucs
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fclaues amp;nbsp;Ies enfans legitimes entre les fei-gncurs amp;nbsp;les peres, neantmoins iadis entre les Paycns il n’a cfte permis aux maiftres de traiter cruellement leurs efclaues : ie vous prie que dirons nous de ce pcrc du peuple, lequel s’cfçriera tragiquement auec Atreus , l’en-gloutiraymes enfans? En quelle eftime aurôs-nous le Prince qui prend telplailirau maflacre defesfuiets condamnez fans auoir eftéouis, qu’il en defpefçhe plufîeurs milliers en vn iour amp;nbsp;ne fe peut faouler de fang:brief,qui àl’exê-ple de Caligula(furnômc le Phaëthô du mon-de)dcïirc fouuct q fô peuple n’ait qu’vne tefte, afin de la pouuoir abatre d’vn feul coup?feTa il point permis d’implorer le fecours delaLoy contre vne telle fureur,amp; arracher à vn tel corne à vn tyran le glaiue qu’il a receu pour garder la loyamp; maintenir lesbons , mais par luy defgainé à les cfgorger amp;nbsp;à ruiner les loix?
Voyons confequemment, fi le Roy, que nous auons ditn’auoir puilTance fur la vie de fesfuiets , n'eft point au moins feigneur de pendit a/i-leurs biens. Pour le iourd’huy il n’y a langagepm«»« plus cômun à la fuite des Princes, que de ceux qui difent que tout cft au Roy.Dont il s’enfuit qu’en prenant quelque chofe de fes fuiets il ne tire que ce qui eft le fien , amp;nbsp;ce qu’il leur laiflc monftrc le foin qu’il a de leur donner moyen de fe maintenircSc cefte opinion s’eft tellcmct auanceeen l’entendement de quelques Princes,qu’ils n’ont point de hôte de dire que tout
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le trauail amp;Ie gain de leurs pauures fuiets leur apartient, coinme fi c’cftoycnt des bœufs qui labouraflcnt la terre. La chofe va ainfi par cffeâ, encores que le droit y répugné entièrement.Or il nous faut toufiours fouucnir, que les Rois ont efté créez pour le profit du peuple : que ceux qui procurent le bien du peuple font vrais Rois, amp;nbsp;que les autres qui n’ont foin que de leur particulier font vrais tyrans^ comme auffi l’eftime Ariftote. Donquesjc-ftant ainfi que chafciin aime ce qui cft ficn, Si plufieurs mefines conuoitcntlebicn d’autruy, cft-il vrayfcmblable que les hommes ayent cerchc vn maiftre pour luy donner de gayetc de cœur tout ce qu’ils auroyent amafle aucc grade peine amp;nbsp;à la fucur de leurs vifages? faut-il pas pluftoft eftimer qu’ils auront choificc-luy qui leur a donné occafion de penfer qu’il trauailleroit à maintenir iufticc au riche amp;nbsp;an pauure efgalement, à rendre à chafeun le ficn, au lieu de l’aproprier foy, à conferuer le miel des abeilles, c’eft à dire le labeur de fes fuiets, pluftoft qu’à le mâger comme feroit vn bourdon inutile,brief qui au lieu de s’emparer des biens des particuliers , empefeheroit tous ennemis quelconques de s’en faifir?Mais que me chaut-il,dira le payfan , fi c’eft l’ennemi ou le Roy qui m’emporte mon bien, veu quel’vn me mage auffi bié que l’autre, amp;nbsp;que ie meurs de faim ,amp; fuis réduit à l’extreme extrémité auffi toft par vn gendarme du Royaume que
par
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parle plus eftranger du mode gt;nbsp;1’vn nettoyant ma grange, vuidant mes tóneaux, amp;nbsp;ruinât ma maifon, d’auflî grande furie que l’autre? Quel auâtage y a- il pour moy d’eftre tué de la main d’vn foldat Barbare,ou d’vn Romain,vcu que ie demeure toufiours mort? Pourquoy appelle ray-ie le Barbare mô ennemi, fi toy,qui es rtiô patriotte, trempes tes mains en mon fang ? A quel propos nommeray-ie tyrâ celuy qui vic-dra de loin m’ofter la vie amp;nbsp;les bics, fi toy qui t’appelles Roy me traites en la mefme forte?Ic didauantage, que comme le parricide cftvn crime plus horrible que le meurtre,aulfi le for fait d’vn Roy furpafle de beaucoup celuy d’vn ennemi, quand tous deux font vn dommage pareil. Que fi en eflifant les Rois le peuple ne leur a pas donné fes biens,ains les leur a rccô-mandez amp;nbsp;baillez en garde, à quel tiltreks Roispourront-îls s’attribuer tels biens,finon qu’ils allèguent le droit des brigands ? Voila pourquoy les Rois d’Egypte n’eftoyent point (félon le droit ) feigneurs des bies particuliers: mais ils l’ont elle de fait,dit rhiftoire,3prcsa- Gen.^^ uoir receu les heritages,afauoir quad le peuple lo-changea fes terres à du fromét. Encorespour-roit-on difputer de ce côtraét : amp;nbsp;rcuoquer en doute la validité d’iceluy. AchabRoyd’Ifracl l.Raii il. nepouuoitpas contraindre Naboth de ven- ’tamp;'f-dre fa vigne: amp;nbsp;quand Naboth feuft voulu vendre , la Loy de Dieu s’y oppofoit. Les Empereurs Romains, qui ontvnepuiflance
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TROISIESME
defmefurcc, n’eut toutesfois eu dauantage de
tor.ii. D. dt com.
fgt;rted.di~ ^id.
itnecjue bio.7.dts benefices, ch..^.^.6.
Z. n4Hr. i6.D.de euidit-nib.
droit. Auiourd'huy ló ne fauroit trouucr Royaume, où ilnc foie loiGblc aux plus petisde plaider en iufticc contre le Roy, en telle forte que bien fouucnt le Roy perd fa caufc,ce qu’a-uenant il eli tenu de fatisfaire à la fcntence.Et à cela n’eft point contraire ce que quclqu’vn des plus familiers des Empereurs ont eferit, Qu^ par droit ciuil toutes cnofes font au Roy, amp;nbsp;que l’Empereur eft Seigneur abfolu de toutes choies. Ces mefmcs doéleurs expofent leur dire en cefte forte , c’eft que la domination déroutes chofes appartient aux Rois amp;nbsp;la propriété aux particulicts : tellement que les vns poffedent tout par droit de commandement, les autres par droit d’héritage. Mais c’eft vnechofe commune entre les lurifcon-fultcs, que fi quclqu’vn peut cuinctr vne mai-fon ou nauirc vniuerfellcment. Nous fauons que c’eft vn don commun entre les lurifcon-fultcs que fi quclqu’vn peut vendiquer vne maifon ou nauirc vniucrfclle,il ne s’enfuit pas pourtant qu’il puilTeeftcndrece droit à tous les aix delà nauirc, ou à toutes les pierres du baftimcnt.Et pourtant le Roy peut cuincer de droit le Royaume d’AIemagnc, de France,de AngletcrrctiSe toutesfois il ncchaflera pasvn home de bic de fa maifon,fi ce n’eft par violé-ce manifcftc,veu que ce font chofes diuerfcsamp; que le droit diftingue d’eftre polTeflaur du total,amp; de toutes les pieces particulièrement.
Mais
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Mais le Roycft-ilpas feigneurproprie-taire du Domaine public ? Il nousfaut traiter ce poind vn peu plus exadement que le pre-cedent.En premier lieu,notons qu’autre cft le anme. Domaine du fifque,autre le Domaine du Prin ce; autre, di-ic, le reuenu de l’Empereur, du Roy,du Prince,autre le reuenu d’Antonin,de Héri,dc Philippe. Le reuenu du Roy cft ccluy qu’il poftède en qualité de Roy : le reuenu de Antonin cft celuy que poflede en vertu de ce nom lien, ayant reccu de ceux dcfquelsilcft iftu,rvn,amp; du peuple,l’autre.Ccfte diftindion fc rencontre fouuent és liurcs du droit ciuilj ou nous voyons la difference mile entre le patrimoine de l’Empire amp;nbsp;de rEmpereur,cntre le threfor public amp;nbsp;celuy del’Empcrcur: 8c t.bene'a quel’vn amp;nbsp;l’autre ont leurs procureurs à part: zenone.c. qu’autres font les adminiftratcurs desdiftri-butions facrecs amp;nbsp;publiques, autres ceux qui manient les particulières amp;nbsp;priuees:tellcmcnt que celuy qui en qualité d’Empereur fera pre- Ma^. Uh. feré en hypothecqueà vn particulier, qudqucf’^'^’-fois pourra eftre poftpofé en qualité d’Anto-Z^*quot;^'^ * nin.Semblablement en l’Empire d’Alemagnc, autre cft le reuenu deMaximilian d’Auftrichc, amp;nbsp;autre le reuenu de l’Empereur Maximilian: autres lont les threforiers dd’Empircjaui res ceux dcl’Empereur : comme aufli il y a difference entre les fcigncurics que les Princes pof fedent desmaifons de leurs anceftres amp;nbsp;celles qui font annexées aux dignitezEledorales.
L.j.
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Mefmes entre les Turcs, lesiardins amp;nbsp;fonds de terre patrimoniaux de Sclim fôt autres que ceux du public: les vns ftruâs à rentretenemet de la table du Sultan, les autres n’eftans employez qu’aux afaircs de Teftat de Turquie. Or il y a des Royaumes, comme France, Angleterre amp;nbsp;autres,efquels les Rois n’ont aucû patrimoine particulier, ains feulement le public qu’ils ont reccu du peuple : amp;nbsp;pourtant la di-Itinôlion fufmcntionnce n’y a point de lieu.
Qy A N T aux biens qui apartienent particulièrement au Prince, cela eft hors de doute qu’il en eft proprietaire comme lesautrcspar-ticuliers font maiftres de leurs biens, amp;nbsp;felô le droit ciuil il les peut vendre,engager,amp; en dif-pofer comme bon luy femblera. Mais quât ait bien du Royaume,que Ion appelle couftumie-rement le Domaine, les Rois n’en peuuent e-, ftreertimezni appeliez feigneurs proprictai-rcs en forte amp;nbsp;maniéré que ce foit. Car quoy? feriMS. 39, . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;„ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’ J nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;7 £■lt;
§ -v/t. V. quelqu vn pour 1 amour du troupeau t a rait del^. iJ. berger,t’a-ilbaille licence d’efcorcher,de def-vn^uerfi. pecer, dcvendrcamp;de tranfportcrle beftailà tonplaifir? Encores que le peuple t’ait eftabli ôouuerneuramp;iueed’vne ville ou de quelque doMrim.o . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;amp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' -rr ■gt; i-
‘ prouincc,t a-il donne puiilance d aliéner,ve-dre ou ioucr cefte ville ou prouincc ? Et veu qu’en aliénât vne prouince Ion aliéné auffi le peupled’iceJle, t’a-ilefteuc en autorité, afin que tu le feparalTes des autres, que tu le profti-tualTes amp;nbsp;rendifles efclaue à qui bô te fcmble-roit?
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roh? Dauatage,ie dcmâdc,fi la dignité Royale cft vn heritage ou vne chargePSi c’eft vne char ge,qu’a cllcdecômun aucc vne propriété ? St c’eft vn heritage, cft-il pas tel, qu’au moins il demeure en propre au peuple lequel en a fait bail ? Brief, îi le Domaine de l’eftat public eft appelle douaire,bÔ droit,amp;tel douaire que fl on le diuife amp;nbsp;diffipe, c’eft ruiner l’eftat, le Royaume amp;nbsp;le Roy:cn vertu de quelle loy fera illoifibled’alicncr ccdouaircPQue l’Empereur VVcccflas foit vn fot,le Roy Charles fixiefme dcuicne infcfé,puis vede ou donc le Royaume deFrâceou vne partie d’iccluy aux Angloist q Malcolme Roy d’Efeofle efpuife le domaine amp;nbsp;les finances: que s’enfuiura-il de tout cela? Ceux qui ont efteu le Roy pour repouflcrles aflauxdcs ennemis de dehors, deuiendront fcruitcurs d’iceux ennemis par la folie duRoy: amp;nbsp;les riches qui ont voulu afleurer leurs biens par telle cledion feront expofez en proyeà tout le monde: ce qu’vn particulier aura ofte àfoy-mefmesamp; àfes pupilles, côme ilfe pratiqua en Efeofle, pour enrichir le public il ne faudra qu’vn maquereau amp;nbsp;courraticr de fales voluptez pour attraper amp;nbsp;engloutir tout cela. Mais fi côme nous auôs dcfia dit maintesfois, les Rois fôt créez pour l’vfagedu peuplc,quel fera ceft vfagc,fi au lieu d’iceluy,l’abus eft per-misPQucl biê pcuuct apporter tât de maux, amp;nbsp;quel profit peut reuenir de tant de d ômagcsamp;; dâgers?Si,di-ie,cnvQulâtpouruoiràma liberté L.ij.
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amp; bonne fantc,ie me rends efclauc moy-mef-me,ic m’afluiettis de mon bô grc, ie m'expofe à la licence d’vn home, ie me mets les fers aux picds?Pourtât corne cela cft empraint en nous denature ,auffile voyons nous aprouucpar long vlàge prefques entre toutes natiôs, qu’il n’elt pas permis au Roy de dclgraifler l’cftat public félon que fa fantaifie le confeillera : amp;nbsp;queceluy qui fait autrement n’cftplus eftime Roy,mais tyran.
I E confeffe que quad les Rois furent infti-tuczjil falut leur affigner quelques biens,tant pour entretenir leur grâdeur royale,que pour fournir aux frais de leur train amp;nbsp;eHat.L’hône» ftctc,amp; le bic du public, fembloit requérir cela. Carie deuoir d’vnRoy eftoit d’eftablir des luges en tous lieux,qui ne prendroyent point dcprcfcns,ni ne vendroyét la iuftice: ité pour prefter main forte au befoin à la iuRice, amp;nbsp;a-noir gens preftspour ceft cftcft,tenir les chemins aircurez,amp; rcdrelecommerce libre,amp;c. S’il y auoit apparence de guerre, mettre gar-nifons és villes, les fortifier, tenir armee aux champstamp;auoirfesarcenaux bien munis. On dit cômunémêt que Ion ne fauroit obtenir la paix fans guerre, ni faire la guerre fans homes, ni entretenir les hommes fans gages,ni rccou-urer deniers fans cxaiSion amp;nbsp;tribut.Pour fup-porter donc les charges d’vn eftat en temps de paix,lü a ordônéle Domaine qui feruiroit de iributpourla guerre:en telle forte que fi quelque
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que grade ncceffitc le rcqueroit,lô fourniroit argent cxtraordinaire.La fin amp;nbsp;le but de tout cela cft le profit public, tellement que qui cô-uertit ce Domaine à fon particulier,ne mérite aucunement le nom dcRoy.Car,tefmoin l’A-poftre,le Prince eft feruiteur de Dieu pour le âoot.ij. bié du peuple: à l’occafiô dequoy les tributs amp;nbsp;péages luy font payez. Telle eft la vraye Courte, ce fêble, de tous les ports, paflages St péages des Romains, afauoir que les marchâdifcs de prix apportées d’Inde, d’Arabie, d’Ethiopie, fulTcnt voifturees feurcment, amp;nbsp;garanties des courfes des efeumeurs de mer, tellement aufti 5 pour leur feureté la République de Ro- ,, mctenoitcn mcrvne Hotte bic armee. En ce rang faut mett re le pea ge de la mer rouge, les pôrs,ports,paflages amp;autrcs impofts,afin que les grands chemins ( appeliez,pour ceft efteél câ.fiqua Pretorians,Confulaires,Royaux,)fuflcnt bien /(«mife-entretenus amp;nbsp;nets de voleurs amp;nbsp;courfaires.Ce fte charge apartict au commiflaire depute par le Roy,de tenir la main àlareparatiô despots publics, comme il appert par l’ordonnance de «»«««»-Loys le Dcbônairc,touchât les douze pots fur lariuiere de Seine, amp;nbsp;cômandant que les bacs àpafler l’eau fiiflent toufiours prefts.Quât aux „eq,„d gabelles du fel, il n’y en auoit point alors ; au loco publ. contraire plufieurs particuliers eftoyent fei- '«quot;lt;gt;'«»’• gncursd’vnegrâd’partie desfalincs-.amp;fcbloit que ce dôt nature faifoit ainfi prefentaux ho-mes ne fe pouuoit nôplus vêdre que la clairtc, min.
L.iij.
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k vent, amp;nbsp;1’cau.Vn Roy nomine Lycurgus en la petite Afie, ayantcomRicncéa mettreim-polls fur les falincs, on dit qu’elles tarirent foudainement, comme fi nature euft fait entendre à haute voix qu’elle ne vouloir point fouffrir qu’on reftraignift ainfi fa libéralité.
O R combien qu’auiourd’huy, fi Ion en croid(commc luuenal fe plaignoit de Palphii-riusamp; d’ArnulIatusCourtifansde fon temps) les flatteurs, tout ce que la mer a de beau amp;nbsp;de bon apartiét au fifquc; fi eft-ce que le premier inucntcur de ce péage à Romc,afauoir leCen-feur Liuius, qui en fut fjrnômc Salinator,c’cft adii^e le Saulnier,ne fit cela finon pour accommoder la République qui lors cfloit réduite en grade necefsitc.Pour cefte mcfine caufe le Roy Philippe leLôg obtint cnFraccl’impoft du fel pour cinq ans feulement: amp;chafcunfait quels troublescefte continuatiô d’impoft engedra. II appert aufsi que les tributs cftoyét employez àrentretenement des gens de guerre, en ce que ce font chofes pareilles de rendre vnc pro-uinceftipendiairciSc militaire. Voila corne Sa-lomon exige les tributs, afauoir pour fortifier lesvillcs,amp;drcflcrvn arcenal publicice qu’ayât efte' fait le peuple demande puis apres à Robo-Pajhl.M am d’eftredefeharge de tels tributs.Lcs Turcs ■„liu.de /d appcllct le tribut des prouinccs, le Sacre Sang ' du peuple,8c eftiment que ce foit vne chofe du tout mefehâte d’cploycr tels deniers à autre a-fàircqu’à la defence du peuple. Arajfô dequoy tout ce cjuclc Roy conquefte en guerre, c’eft
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pour le peuple amp;nbsp;nô po'ur le Roy , pource qu.lt;î c’eft aux defpcs du peuple que la guerre fc fait; comme ce qu’acquiert le faôfcur, c’eft pour fô maiftrc.Mcfmcs s’il obtict quelque chofe par mariage qui foie purement amp;nbsp;fimplement à fa femme, c’eft au Royaume que cela cft acquis: dautâc que Ion prefutne qu’il efpoufc cefte fé-H me en qualité de Roy, amp;nbsp;nô pas entant qu’on le nomme Philippe ou Charles. A l’oppofite, tout ainfi que les Roincs ont part aux biés que leurs maris,non encores paruenus à la courô-ne,ont acquis durât le mariage,clics n’ont riê à ce qui a efte acquis ayâs efte creczRois,pour ce que cela eft eftime acquis des deniers publics,amp; non pas de ce qui apartient particulier rement à la perfonne duRoy.ll en fut ainfi lu-gé en France entre Philippe de Valois amp;nbsp;leannc de Bourgongne fa femme.
Mais afin que Target ne foit tire de la bouc fe du peuple pour eftre employé à vfages particuliers,l’Empereur iure qu’il n’impofera pea ges ni tributs quelconques que par l’autorité des eftats de l’Empire. Autant en promet-têtlcs Rois de Pologne,dcHongrie amp;de Da-nemarch.Ceux d’Angleterre aufii par Tordônâ ce d’Edouard premier. ladis les Rois de Frâce impofoyent les péages en Taffcmblce destrois Eftats. De là eft ncela Loy de Philippe de Va lois, que lô ne cottifele peuple à tribut aucû, qu’en bic grade neccffité amp;nbsp;du confentement des Eftats. Mcfmes ancicnement les cucil-
L.iii).
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lettes de ces deniers eftoyent ferrecs en des coffres par chafque dioccfe,amp; cftoyêt ces coffres en la garde de gens choifis pour ccft ef-feft, fc’cKoyent ceux qu’on appelle auiour-d’huy les Edeus ) afin qu’eux-mefincs payaflec les foldatsenroollez es villes de leurs diocc-fes: ce qui fc pratiquoit de mcfmes es autres pays, notamment en Flandres amp;nbsp;ésprouinces voifines. Auiourd’huy, encores faut-il que le Parlement y confentc, autrement les tributs demandez ne fortent aucun effeéf.Dauantage il y a certaines prouinccs,qui ne font tenues à rien que du confentement des Eftats du pays, comme Languedoc,Bretagne,Proucnce,Dau phiné amp;nbsp;quelques autres. Toutes les Prouinccs du pays bas ont le mefme priuilege. Finalement pour cmpcfchcr que le fifquc n’attire tout à foy, comme la râtelle qui fait fcchcr les autres membres du corps, en tous lieux on bailleau fifque (à portion.Puis donc que c’eft chofe notoire que ce qui aefteafsigne ordinairement ou extraordinairement aux Rois, afauoir les tributs, péages amp;nbsp;tout le Domaine,qui comprend les entrees, ports, paflages, forties,droitsdcrcgale,tailles,cfchentes, con-fifeations, amp;nbsp;autres droits de mefme nature, leur ont cüé afsignez afin de maintenir amp;nbsp;garantir le peuple amp;rEftat du Royaume,en telle forte que fi Ion coupe tels nerfs 11 faut, que le peuple trebufehe, amp;nbsp;en dcmoliflant cesfbn démens,le Royaume tombe tout à plattil fen-
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fuit queccluy qui charge le peuple aux defpés du peuple, qui fe veut enrichir au dommage du public amp;nbsp;tue fes fuicts de leur propre cou-ftcau,n’eft pas Roy. Au contraire le vray Roy cft procureur des afaircs amp;adminiftratcur des richefles du public, non point Seigneur proprietaire d'icelles,amp; ayant aufsi peu d’autorité d’aliener ou difsiper le Domaine que le Royaume mefmcs.S’il fc gouuerne autrement, puis qu’il importe à la Republique que chafcunfe aide comme il faut de ce qui eft hen,à plus for te raifon eft-il requis pour le bien public que celuy qui le manie s’y comporte comme il faut. Et pourtant fi vn prodigue eft mis par autorité de iuftice entre les mains de fes parens amp;nbsp;amis,amp; contraint de laifler manier fes afaircs par autruy: à plus forte raifon,ceux qui yontintereft , amp;nbsp;qui ont charge de ce faire, peuuent öfter toute adminiftration au gou-uerneur de l’Eftat qui mefnage mal ou rcuer-fc entièrement les chofes, fi apres auoir efté a-uerti il ne fe range à fon deuoir.
Et quât à ce que nous auôs dit qu’é toutes legitimes dominations,le Roy n’eft point fei-gneur proprietaire du Domainc,cela eft aifé à prouucr. Sans recerchcr les vieux temps, def-qiiels nous auons le pourtrait en la perfonne d’Ephron Roy des Hethicns,qui n’ofe pas ven drevn champ à Abraham, fans la volonté du Cw/xj. peuple. Ce droit cft auiourd’huy pratiqué en tous Eftats publics. Auant que l’Einpcrcur de
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Sle)d.li.î. Alemagne foit couronné, il promet de n’alie-/TZre« ner gt;nbsp;vendre ni engager rien qui apartiene à ' quot;nbsp;‘‘‘ l’Empire ni au patrimoine de l’Empire. S’il rccouure ou acquiert quelque chofe par les ar mes publiques, ce fera pour l’Empire amp;nbsp;non pour foy. A caufedequoy, lors que Charles quatriefmc promit à chafeun des Electeurs cent mille efeus afin qu’ils defignaflent Empereur fon fils VVenceflas, dautant qu’il n’auoit pas l’argent contant, il leur bailla pour gages les gabelles,péages,tributs,certaines villcs,lcs droits amp;nbsp;deuoirs de l’Empire : dont s’enfuiuit vnedifpute bienafpre, pluficurs fouftenans L.I.amp; ceft engagement eftre nul. De fait il euft efté rcrcindc,fans le profit qu’en tiroyent ceux qui ^^/’’’^^^^deuoyent s’y oppofer amp;nbsp;maintenir l’Empire. flerJit 11 auintaufsi que VVenceflas qui n’cftoitca-(hren. pable de gouuerner fut contraint de quitter la couronne Imperiale, fur tout à caufe qu’il s’e-ftoitlaifle tirer des mains les droits de l’Empire fur laJOuchc de Milan. Il y a vne loy fort anciene au Royaume de Pologne, defendant d’aliéner les terres du Royaume, amp;nbsp;qui a elle rcnouuellee parle Roy Louys, l'an mil trois cens feptante cinq. Au Royaume de Hongrie jj y çjj J yjjg fcmblable: tellement que nous li-fons qu’enuiron l’an mil deux cens vingt amp;nbsp;vn Decret, lon fe plaignit au Pape Honorius de ce queie Roy André auoit engagé les biens du Royaume. En Angleterre, de mcfmes, par loy d E-douard , l’an rail deux cens nonante huid.
Sem-
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I7I
Semblablement en Elpagnc par ordonnance PolyJtr. faite fous AIfonfc,amp; renouucllee l’an mil cinq cens foixintc aux Eftats de Tolede. Ces 1 ont efte ratifiées, encores que long temps au- co» parauantlacouRume euft obtenu vigueur dcMsgt;. loy.
Or quant au Royaume de France, auquel ie m’arrefte vn peu plus long temps, pource qu’il eft comme le patron des autres, ce droit ell toufiours demeure inuiolable. C’eft vne des plus ancienes loix du Royaume, amp;nbsp;vn droit né aucckRoyaumè mefmes.Qi^cle Do maine ne foit aliéné ; laquelle loy (quoyque mal obleruee) fut renouucllee. Il y a deux cas exceptez, l’Apennagcdcs enfans ou des frères du Roy, en telle forte que le droit de vaf-fclagcdemeuretoufiours; item, fi IcsafairesPaponn de la guerre requièrent ncccflaircmcnt ceftef“‘’quot;»A alienation , toutesfois aucc paftion rcdhibi-'^^^* ’°-toirc. ladis ni l’vn ni l’autre n’eftoit valable que par le commandement des trois Eftats: auiourd’huy, que le Parlement a efté ren- §pi du fedentaire , fi le Parlement de Paris, 1«. de l'e-qui eft la covr des Pairs , amp;nbsp;fila Chambre dit fait des contes amp;nbsp;du threfor ne l’ont premie-rement aprouué : comme portent les Edits des Rois Charles fixiclt;mc amp;nbsp;neufiefmc. Cela eft fi certain, que mefmcs fi les anciens Rois de France vouloyent fonder quelque Egli-fe, encores que ce fuft lors vne entreprinfe fort fauorable , ils eftoyent tenus d'auoir
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le confentement des Eftats : tefmoin le Roy Childebert, qui n’ofa fonder l’Abbaye de S. Vincent à Paris, fans le côfentement des Fran 4i tirf. çoisamp; Neuftrafiens. Clouis fécond amp;nbsp;autres Rois ont obferué le mefmc.Ilsne peuuerrt pas mefme quitter le droit de regales ou la nomi-natiô des prélats à quelque Eglife que ce foit. Si aucuns d’entre eux l’ont fait, comme Louys onziefme , Philippe quatriefme Si Philippe furnommé Augufte l’ont fait en faucur des Ê-glifes de Sens,d’Auxerre amp;nbsp;de Neuers,le Parlement a declairc tout cela nul.Quand le Roy cft facré à Reims il iure d’obferucr cefte Loy: amp;nbsp;s’il l’enfraintjce qu’il fait a autant de valeur q[ue s’il contradoit pour vendre ou acheter lespaysdugrâdTurcouduSophi. Delàfont conftitutions ou ordonnances de Phi D.ieleg. lippe fixiefmcjde lean fecond,dc Charles cin-\ quiefme, fixiefme, huidicfme, par Icfquelles jjj rcuoquent toutes aliénations faites par leurs deuanciers. En l’alTemblce des Eftats de Ï401. Tours, oùeftoiten perfonnele Roy Charles huidiefme furent refeindees plufieurs alicna-
15^0- £t
iîîgt; gt;î49. tions faites par Louys onzicfme, amp;nbsp;ofta-on aux heritiers de Tancred du Chafteljfon grâd mignon plufieurs places qu’il luy auoit donees de fa propre autorité. Cela fut ratifié finalement aux derniers Eftats tenus à Orleans,
/»■iTplu-ftenrs ar-reflt de U Cour.
VoiLA quant au Domaine du Royaume. Mais afin que Ion voye encores mieux que le Royaume eft préféré au Roy, amp;nbsp;qu’iceluy ne peut
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peut de fa propre autorite diminuer la maie-llc qu’il a receue du peuple, il nepeutafran-chir de fa domination vn feul fuict, ni quitter la fouucraincté de la moindre portion de fon Royaume. Charlemagne a quciquesfois cfla-yé d’afliiiettir le Royaume de France à l’Em-pire d’Alemagncîà quoy les François s’oppo-ferent viucment par la bouche d’vn Prince de Gafeongne, amp;nbsp;enfuft-on venu aux mains, lî Charlemagne euft entrepris de pafler outre. Semblablement, lors qu’on bailla aux An-glois vne portion du Royaume, la fouucrai- “■°°-netéeftoitprefquestoufiours exceptée. Et fi quelqucsfois ils l’ont obtenue par forcc,com-me il auint au traite de Bretigny, par lequel le ijjo. Roy lean quitta la fouueraineté de Gafeon- Z-'-wijéo gne amp;nbsp;de Poiâouzmais il ne garda pas ceft accord, amp;nbsp;n’y eftoit aufsi non plus tenu qu’vn tuteur ou curateur prifonnier(commc il eftoit lors) qui pour fe racheter engageroit les biens de fes pupilles. En vertu de ce mefme droit, le Parlement de Paris cafta le traité de Confias, ‘“’4*5 par lequel le Duc Charles deBourgongne a-uoittiré des mains du Roy Amiens amp;nbsp;autres villes voifines en Picardie.De noftre temps,le r’4»i5iî mefme Parlement a declairé nul l’accord fait à
Madric entrcFrâçois premier lors prifonnier, amp;nbsp;Charles cinquiefme, touchant la Duché de
Bourgongne. Mais la donation faite du Roy-aume de France, par Charles fixiefme à Henri
d’Angleterre,en cas de mort, eft vn fufiSfant
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tefmoignagcdeccquc dcflus, amp;derextrcmc folie de Charlcs.Sans produire d’autres tefmoi gnages exemples amp;nbsp;raifons à cc propos, en vertu de quoylcRoy pourroit-il donner ou vendre le Royaume ou vne partie d’iccluy,veu que tel bien confifte en peuple non point en Z Über ho quot;luraillcs? Or on nepcut faire vente, troque, mo. 103. Eli trafic de pcrfonncs libres : veii mefmes que D.de Icsprotedcurs ne pcuuent contraindre leurs afranchis de choifirdomicilc ailleurs que là où femblcra à ces afranchis. Ce qui cfl dau-Z).2 ciir ’^®Eit plus rcccuable en ce fait, que les fuicts ne •mptd.iie- font ni cfclaues,ni ferfs afranchis, ains frères: nult.c.de Sc nô feulement freres du Roy vn par vn,mais àfdibert. jjyßj jQyj confiderez en vn corps font amp;nbsp;doiuct cftre appeliez Seigneurs du Royaume.
Mais fi le Roy n’ell point Seigneur proie Roy priecaire, aumoins on peut l’appcllcr vfufrui-(fiier du Royaume amp;nbsp;du Domaine. le di qu'il n’en cft point vfufruiftier. Ccluy qui al’vfu-^'fruift d’vnechofêla peut cngagcr.Or nous a-uons dit que les Rois ne peuiict engager le patrimoine du fifque ou Domaine duRoyaume. L’vfufruiôiicr peut donner de fon fruiô à qui, comme amp;nbsp;quand bon luy femblc. Au côtraire les dons immenfes des Rois font ellimcz nuis, on n’alloue pas fes dcfpenks inutiles, on raye les fuperflucs, amp;nbsp;tient-on qu’il a raui tout ce qu’il a employé ailleurs qu’au bien public. Et n’eft pas moins refpôfable à la loy Ciueia,que le moindre des citoyés Romains ancicnemet:
en
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en Frâce fur tout,les dons du Roy ne font val-la bles fans le confentement de la chambre des contes.De là font nées les poftilles de la cham bre ordinaire en la reddition des contes du fêté. Cefte mefme chambre, iurc folennelle-ment de ne pafler rien qui prejudicie au Royaume amp;nbsp;à l’Eftat public, quelques lettres que IcRoyluy en efcriuc. Mais cllenefcfouuient pas toufiours de ce ferment,fi bien qu’il feroit à defirer.En apres,la loy ne fe foucie pas comment vn vfufruiôlicr polTede amp;nbsp;gouiierne fes fruiâs; mais au contraire elle preferit au Roy comment amp;nbsp;à quel vfage il les doit employer. Voila pourquoy les anciens Rois de France e-ftoyent tenus de faire quatre parts du reuenu Royal.La premiere eftoit employee à l’cntrc-tenement des miniftres de l’Eglife amp;nbsp;à la nour riture des pauurcsda fécondé eftoit pour la table du Roy : la troifiefme pour les gages de fes officiers amp;nbsp;feruitcurs domeftiquesda quatrief me pour la réparation des ponts,chafteaux amp;nbsp;maifons Royales. S’il y auoit quelque re-fte on le mettoit aux coftres del’Efpargne. Au relie, les hiftoires deferiuent amplement Mmîlreh les troubles auenus enuiron l’an mil quatre cens douze, és Eftats aftembkzà Paris,à caufe que Charles fixiefme auoit defpendii tout l’argent du Domaine aùx menus plaifirs de luy amp;nbsp;de fes mignons, amp;nbsp;que les contes de la maifon du Roy , qui aiiparauant
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n’auoyent excedc lafomme de nonante quatre mille francs,montoyent en ce miferable e-ftatdu public alors à la fomme de cinq cens quarante mille francs.Or comme le Domaine eftoit employé auxafaires fufmêtionnez, auf-fi les aides n’eftoyent que pour la guerre, amp;nbsp;les tailles affignecs pour le pay cmct des genf-darmes,amp; nô pour autre chofe.Es autresRoy-aumesleRoy n’a pas plus d’autorité, amp;nbsp;en plufieurs eu a-il encores moins, fpccialcment en l’Empire d’Alemagneamp; en Polognc.Mais nous en auons fait la preuuefur le Royaume de France, afin quelonnepenfequ’iccluy ait quelque prfrogatiue par deflus les autres, fous prétexté que Ion s’y donc beaucoup de licence fur le public.
E N fommc,comme dit a efté ci deuant, ce nom de Roy ne fignifie point Heritage , ni propriété, ni vfufruift, ainscharge amp;nbsp;pro-curation. Comme l’Euefque a efté efleu pour «/.Fd/et. auoir foin dufalutdesames, auffilcRoy ae-»»f.i. lt;/efté eftablipour confcruerles corps amp;nbsp;biens du peuple, entant que cela concerne le bien ^XXtd/j/Publicd’vn eft difpcnfateur des biens ccleftes, qtn con- l'autre des profanes : amp;nbsp;tel droit que l’vn a és fffucapit. biens Epifcopaux,rautre l’a pareilamp; non plus grâd au Domaine. Si l’Euefque aliène les biés de l’Euefché (ans le confentemêt du chapitre, cefte alienation n’eft valable : Si le Roy aliéné le Domaine fans le vouloir des Eftats, cela eft de nul effeft.Vne portion des biens Eccle(ia-ftiques
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ftiqucs doit eftre employee à la réparation des temples, la fécondé à l’entretencmcnt des panures, la troifiefme eft pour les gens d’E-glife,amp; la quatricfme pour l’Eucfqucuious a-uons vcu ci defliis que le Roy doit faire quatre parts des reuenus du Domaine de foti I^yaumc. Cela ne peut eftre enfraint par l’a-biB que nousy voyons auiourd’huy:car encores que la plufparc des Euefques rauiflent auk pauures le bien qu’ils donnent à leurs maquereaux,amp; quoy qu’ils ruinent les campagnes amp;nbsp;les forefts, la charge d’Euefque n’eft changée pourtant. Combien que certains Empereurs fe foyent attribué vne puiflance abfo-lue, fi n’en eft-il rien, attendu que nul ne peut eftreiugeenfa propre caufe. Si quelque Caracalla (e vante qu’il n’aura pas fauté d’argent, tandis que l’efpcc demeurera en fa puiflance, l’EmpercurAdrian promettra au contraire de adminiftrer tellement fa charge qu’il fe fou-uiendraque le bien public n’eft pas à luy,ains au pcuple.Voilaprcfques la difference entre le Roy amp;nbsp;le tyran. Encores qu’Attains RoydefZor«« Pergameaitinftituc le peuple Romain heri- . tierdefon Royaume, amp;nbsp;que Alexandre Roy d’Egypte, Pcolomee Roy de Cyrene, Prafu-tagusRoy deslccniens, ayentlegué leurs pays au peuple Romain X à Ctfar ; cela ne leit de rien à ceux Icfque ls vfurpent vne puiflance qui ne leur apartient pas. Telle violence ne peut afoiblir la vertu du droit : au contraire, plus
M.j.
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elle eft grande, moins offcnfe-elle ce drôif^ Car ce que les Romains empietoyent fous cou leur de iufticc,ils renflent enuahi à force d’armes û le pretexte IcUr fuft dcfailli.Nous yoyôs prefqucs de noftrc temps que la Seigneurie de Venife s’eftemparce du Royaume de Cypre fous couleur de ienefay quelle imaginaire a-doption} laquelle cftoit vnechofe faite pour rire gt;nbsp;s’ils ne s’en fulfent fait croire par le tef-moignage des armes, A ce que defliis au (si n’eft point contraire la prétendue donation de Conftantin au PapeSylueftre : car cefte paille du decretifte Gratian eft toute vfcc amp;nbsp;des log temps réduite en cendres. Encores moins y contreditla donation que Louys le Débonnaire fit au Pape Pafchal de la ville de Rome roUer. amp;nbsp;d’vne partie d’Italie : car dautant qu’il don-im.i. noit ce qu’il ne pofledoit pat, perfonne nes’y oppofa. Mais quand Charlemagne fon pere voulut enclauer amp;nbsp;afluiettir le Royaume de France à l’Empire d’Alcmagne, les François s’y oppoferent à bon droit:amp; s’il euft perfeue-rc en cefte volonté, eux eftoyent refolus de l’cnempefcheramp;fedefendre auec les armes. On ne peut non plus fe feruir du fait de Salo-I.Ä0M9. mon,Iequcl nous lifons auoir baillé vingt vil-’t- les à Hiram Roy de Tyr ; car il ne les luy donna pas, ains ce fut pour feureté de payement des talens d’or que Hiram luy auoitprcftcz: i.cbron. aufsi les retira-il au bout du terme, commcil a.x. appert par le texte des Chroniques. Dauanta-
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ge ie fond de terre eftoit fterile amp;nbsp;cultiuc par le refte des Chananeens: mais Salomon ayant reprins le tout des mains de Hiram les bailla pour habiter amp;nbsp;cultiuer à des Ifraelites. Ne iertnon plus d’alleguer qu’en quelques Roy-aumcslcRoy amp;nbsp;le peuple ne traitent pas ceft accord en termes expres. Car, pofé le cas que on n’en face aucune mention, il appert tou-tesfois par le droit naturel, que les Rois ne D.ic font pas ordonnez ruineurs ains gouucr-neurs des Republiques, qu’ils ne peuuent par ““'‘• conuentions quelconques altérer le droit pu-blic,amp; quoy qu’ils foyentSeigneurs, ne peu- zj. déni uent toutesfois eRreen autre rang que font Ics tuteurs qui ont charge de pupilles: amp;nbsp;que lôn’eRime pas feigneur celuy quipriucl’cRat de fa liberté, amp;nbsp;le ved corne li c’eftoit vn efcla ue.On ncpeutauflîalleguer qii’ily a quelques tHtor.D Royaumes acquis parles Roismefmcs ,dau- Je/x/ßti. tant qu’ils n’acquierent rien par leurs forces amp;'exjgt;rtf. ouricheircs,ains auecles mains amp;nbsp;moyens du public:amp; n’y a rien plus raifonnable que de di-requeleschofcs acquifesdes deniers amp;nbsp;dan- rfndM.r. gers de tout le public ne doyuent point cflre ùiteilefioi alienees, finon par le confentement des Eftats qui reprefentent le public. C’cR vn droit qui a vigueur amp;nbsp;eft pratiqué mefmcs entre fom.reales larrons amp;nbsp;voleurs. Qui fait autrement, il hetMt, diflîpc la focieté humaine. Et pourtant encores que les François ayent occupé par armes l’Empire d’Alcmagncamp; la Gaule »toutesfois
M.ij.
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ce droit fufmentionnc demeure toufiours en fon entier. Concluospour la fin, que les Rois ne font proprietaires ni vfufruidiers du Domaine,ains adminiftrateurs feulcmçnt;amp; puis qu’il eft ainfi, ils ne fe peuuét attribuer la propriété,ni Evfagc, ni le fruid des biens aparte-nansauxparticulicrs,moins encorde ceux du public qui font en la puilfancc des villes amp;nbsp;cô-munautez.
MAïs auant que palfer plus outre, il nous faut icy refoudre vne difficulté. Le peuple t. Sam. 8. Ifraelitcayant demSdé vnRoy,le Seigneur dit 7,9.14. à Samucl,efcoutc la voix du peuplerccpendant faylcur entedre quel fera le droit du Roy qui régnera fur eux. Alors Samuel declaire entre autresparties de ce droit, que le Roy s’emparera des champs, vignes amp;nbsp;arbres des particu-licrspouts’on accômoder amp;nbsp;enrichirfesfer-uiteurs:briefqu’il rendra le peuple efclaue.On ne fauroit dire combien nos Gourtifans d’au-iourd’huy font valoir ce texte, encores qu’au demeurant il.s tienent autat de compte de toute l’Efcriture fainde que d’vne fablc.En ce paf fageDieu veut defcouurir aux Ifraelites leur Ic^retc, en ce qu’ayans leur Seigneur fouue-rain toufiours au milieu d’eux,qui leur dônoit des bons amp;nbsp;fàges iuges amp;chcfs de guerre quad on les luy demandoit, toutesfois aimoyent mieux s’afTiiiettir au cômandement d’vn pau-urehômemuable amp;nbsp;mortel, qu’à la ferme domination de Dieu immortel amp;nbsp;immuable. I leur
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leur falt donc fauoir que le Roy eft efleue en ‘vn lieu merueillcufement gliflant, amp;nbsp;veut que ils confiderent que Ia puifl'ance trop grande fe conuertit aifément en violcce, amp;nbsp;que le gou-uernenient royal deuient bien toft tyranni-que:veu que le Roy qu’il leur baillera, defgai-nera l’efpee contre eux,abufcra de fon autorité , amp;nbsp;pour toutes loix n’aura que la violences amp;nbsp;puis qu’ils attirent ce mal fur eux de leur franche volonté,qu’ils le fentiront, mais trop tard,amp;lors qu’il n’y aura plus de remede.Brief ce texte ne deferit pas le droit des Rois,ains le droit que les Rois ont accouftumé de s’attribuer; amp;nbsp;non pas ce qu’ils doyuent faire pour biës’acquitter de leur deuoir-.mais ce qu’ils v-furpent fouuentcsfqis en trcfmefchantecon-feience. Ce que ie vie de dire fe peut aifément Verifier par le dixfepticfme chapitre du Deute ronome, où Dieu donne la Loy aux Rois.Sa-muel dit ici que lcRoy tiendra fes fuiets comme efclaues : là Dieu defend au Roy d’efleuer fon cœur par dclTus fes frères, c’eft à dire d'e-ftreinfolcntà l’endroit de ceux qu’il doit tenir auffi chers que fon propre fang.Il fera des chariots,arm era gens de cheual,s’emparera du bien des particuliers, dit Samuel: au contraire en Deutéronome il eft exhorté de ne faire a-mas de cheuaux, de n’amalTer or ni argent, ni de rcmener le peuple en Egypte, c’eft à dire en feruitude.En Samuel nous voyons depaint au vif ce mal-heureux Achab,qui fe faifit mef-M.iij,
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çhamment de la vigne de Naboth: an Deutéronome,ic contemple Dauid, qui cftime faire mal de boire l’eau puifec au hazard de la vie des Tiens. Samuel prédit que le Roy demandé par les Ifraelites pour conferuerles loix, fe gouuernera à fa fantaifie : aü contraire, Dieu commande que fa Loy foit mife par les Sacrificateurs entre les mains du Roy,pour en pre-dre copie luy mefmc , amp;nbsp;l’auoir continuellement deuant fes yeux. Pour cefte raifon, Samuel qui eftoit fouuerain Sacrificateur, baille àSàulcefteloy Royale contenue au dixfcp-ticfme du Deutcronome,defcrite en vn volume: ce qu’il n’euft pasfaitjfic’euftcftéchofe permife au Roy de la violer. En fomme, c’eft côme fi Samuel euft dit, vous auez demâdé vu Roy àPexemple des autres nations, lefquellcs pour la plufpart font maftinees par des tyrans« Vousdefirez vnRoy qui vous adminiftreiu-ftice : maispluficurs d’entre eux eftiment tout ce qu’ils veulentlcur eftre loifible.Cependant voùsdclaiflczdcgayetc de cœur letScigncuf Dieu , la volonté duquel eft l’infaillible reigle deiuftice.
/Jerodat,
Il y a dedans Hérodote vnehiftoire, laquelle monftre affez combié aifement le gou-uernement Royal dégénéré en tyrannie,dont Samuel aduertifibit le peuple fi exprefiernent. Deioccs fort renomme à caufe de fa iuftice eft premièrement efleu iuge entre les Medcs;toft
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apres, afin de pouuoir reprimer ceux qui vou-droyent faire tefte à iufticc, on l’eflit Roy , a-uecauthoritéfuffifante. Il demande des gardes, puis le Chafteau d’Ecbatane cft bafti à fa follicitationpour le garantir des embufehes' amp;nbsp;machinations des rebelles. Cela fait il ne penfe finon à fe venger des moindres defplai-firs qu’on luy auoit faits.Finalement, perfon-ne n’ofe regarder ce Roy au vifage, ni rire, ni cracher en fa prefence à peine derudechafti-inent. Tant c’eft chofe perilleufe de bailler trop grande licence à vn homme qui nè fe peut retenir, comme la plufpart des hommes font de ce naturel! Ainfi donc Samuel ne veut pas dire au paflage fus allègue que la puilfance du Roy foitabfolue: au contraire il procure que le peuple fache qu’il y a bien grand danger de attribuer trop de puifl'ance,à la volonté defre-fileed’vn homme. 11 n’exagere point lapuif-fancc Royale, ains veut qü’elle foit retenue en deuoirûl n’ottroye point vne licence cffrence au Roy, ains pluftoft confeille couuertcment qu’on le retiene en bride. Ilfemble que la harangue de Samuel ait grandement ferui auxlf-r. raclitcs,attendu’qu’ils ont modéré lappiflan-ce de leurs Rois : ce que toutes nations deue-nues fages ou à leurs defpens ou aux defpens amp;nbsp;à l’exemple d’autruy, ont bien exécuté j, comme il fe verra par les difeours qui s’en- : fuiuent, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,1
G J. ! M.iiijs
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Pel’al- Novs auons dit qu’en l’eftabliflcment dtl Uancten- Roy, deux alliances auoyent cfic contraôtecs;
Roy, le peuple, /gt;Ze. dequoy a efté parlé ci dcfliis: la feçonde entre 'jjeut.iy. le Roy amp;nbsp;le peuple , dont il faut dire quelque l'S’rt'»- choie maintenant. Apres que Saul fut eftabli
^0.15. t.Cbron.
Roy, la loy Royale luy fut baillee, félon la-
qaelleil deuoitcommander. Dauid traiteal-
F-3- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•
1. Ä0« II. liancc en Hébron deuant le Seigneur, c’eflà
17,amp; II. dire,prcnant Dieu pour tcfmoin,auec tous les i-cfei-on. Anciens d’Ifracl, qui reprefentoyent le corps 13. peuple : quoy fait il elf facrc Roy. loas fit aufsi alliance auec tout le peuple de la terre, en la maifon du Seigneur , loiadas Souuerain
Sacrificateur portant la parole:amp; dit l’hiftoire que le tefmoignage (que plufieurs expofent e-nre la Loy dcDicu)luy fut impofe auecla cou rône. Sêblablementlofias promet d’obfcruer Jes commandemens, tefmoignages amp;nbsp;llatuts coprins au liure de l’Alliance: amp;nbsp;par ces mots font entendues toutes chofes apartenâtes à la conferuatiqn de la premiere amp;nbsp;fécondé table de la Loy de Dieu.En tous les pallàgcs fufmcn tionnez del’Hifioircfainfte, il eft dit qu’Al-liançe a elle traitéeauec tout le peuple, auec toute la multitude,auec tous les anciens, auec
tous les hommes deluda: afin que nous fâchions,comme aiilsi cela eft exprimé,que non feulement les chefs des lignées,mais aufsi tous les Milleniers, Çenteniers amp;nbsp;Magiftrats fub-altcrnes fe trouucrent là au nom des villes, cha-
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chafcune dcfqucllcs traitoit auecIeRoy. En cefte aflemblee il cftoit queftiondecreervn Roy: car Ie peuple faifoit Ie Roy, non pas Ie Roy Ie peuple.Et cft certain que le peuple fti-puloit, le Roy promettoit. Or en termesde droit ccluy qui Aipule eft par deflus ccluy qui promet. Le peuple demandoit au Roy,fauoir raon-s’il vouloir pas regner iuftement amp;nbsp;felon les Loix? Il promettoit qu’Ouy.Alors le peuple refpondoit amp;nbsp;promettoit rendre fidele 0-beiflanceà celuy qui commanderoit iuftemét. Et pourtant le Roy promettoit purcmcnlt;amp; fimplementjle peuple fous conditiondaquelle defaillant d’eilreacomplie, le peuple demeu-roit felon tout droit amp;nbsp;raifon deliure de fit promefle. En la premiere Alliancc,ily a obligation à Pieté: en la fécondé à luftice : par ce-fte-la le Roy promet d’obéir religieufement Dieu : par cefte-ci, de commander iuftement au peuple; par l’vne il s’oblige de procurer la gloire de Dieuipar l’autre le profit du peuple. En la premiere il y a oefte condition, Situ obferues ma Loy : en la fécondé,Si tu gardes à. chaftun le droit qui luy apartient. Dieu proprement cft le proteâeur amp;nbsp;vengeur de la premiere, fi elle n’eft acomplie: quant à la fécondé,c’eft légitimement à tout le peuple ou aux Eftats qui le reprefentet amp;doyuent maintenir, que cefte autorité de réprimer le defaillant,apartient.
C E L A a toufiours eftç ainfi pratiqué co
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X'eiiafih. tous Eftats bien reiglcz. Apres Ies facrificcs paracheucz,lesPerfestraitentauec ilionda Cyrus I’accord qui s’enfuit. En premier lieu Cyrus, veux-tu, toy Cyrus, promettre d’employer toutes tes forces pour fecourir le pays, fi quel-qu’vn veut faire la guerre aux Perfes ? L’ayant promis,ils adiouftent incontinent, Aufsi nous Perfes promettons te tenir main forte pour reprimer quiconque nete voudra obéir quad tu garderas le pays.Xenophon appelle ceft accord confederation,comme aufsi Ifocrates ap pelle harangue de confederation ce qu’il a ci-crit du deuoir des fuiets enuers leur Prince.
Xenoph. L’alliance ou confederation fe renouuelloit dMtMJte tous leà mois entre les Rois amp;Ephoresde fub^Je^ Sparte, encores que les Rois fulTent fortisde Zuiede- la race de Hercules. Et commecesRoispro-jnoniens. mcttoyent folennellemcnt de regner félon les loix du pays: les Ephorcs iuroyent aufsi qu’ils èntretîendroyent le Royaume en la main des Rois, tandis qu’iceux tiendroyentleurpro-mefle. Semblablement au Royaume deRo-mc, il y eut alliance entre Romulus, le Senat amp;nbsp;le peuple, telle qui s’enfuit: c’eft afauoir que le peuple feroit les loix,lefquelles le Roy gar-deroit : le peuple decerneroyent la guerre, le Roy lafcroit.Or combien queplufieursEm-percurs,pluftofl: par violence amp;nbsp;ambition que de droit aucun,fe foyent faifis de l’Empire Ro main, amp;nbsp;que par vnc loy furnommee Royale ils fe foyent attribué vne puilTànce abfolùe: tou-
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toutesfois les fragmens qui relient de celle loy, tant CS liures qu’es infcriptions Romaines , monftrcnt afll z qu’ils auoyent charge amp;nbsp;autorité de gouucrner amp;nbsp;maintenir la République, non pas de la renuerfer amp;nbsp;opprimer par tyrannie. Dauantage,les bons Empereurs ont dcclairc qu’ils eftoyent obligez aux loix, qu’ils tenoyent l’Empire du Senat, auquel ils rapportoyent les caufes de confcqucnce, cftimans que ce feroit outrepafler leur deuoir de faire chofe concernant le bien public, fans l-’auisdejce Senat.
S I nous confiderons les Empires,Royaumes amp;nbsp;Eftats d’auiourd’huy, il n’y en a pas vn, où telle paélion ne fe face entre le Prince amp;nbsp;Icsfuicts. Il n’y a pas long temps qu’en l’Empire d’AIemagne le Roy des Romains cftant prcfl à eftre couronné Empereur, eftoit tenu de faire hommage amp;nbsp;prefter ferment à l’Empire, ne plus nemoins qucle vaflalàfon fei-gneur lors qu’il cfl inuefti du fief. Or combien que les paroles defon ferment couchées par les Papes ayent eflé quelque peu châgecs, toutesfois la rnefme chdfc demeure toufiours. Suiuant quoy nous fauorts que Charles ein-,v/gt;efi,z.a’d quiefme de la maifon d’Auflriche fut cfleu xonùM. Empereur fous certaines conditions, comme aufsi fes fucceffeurs : dcfquelles le fommaire e-floir, Qu’il gardera les loix ia faites, n’en fera point de nouuellcs fans l’auis des Eleéleurs, gouucrnerales afaircs du public par l’auis de
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tous Ies Eftats,n’cn gagera rien de ce qui apar tienrà l’Empire, Sr autres chofes qui font récitées par le menu par les hiftoriens.Lors que jleid.liu. l’Empereur elt couronne à Aix, l’Archeuef-i-dr que de Cologne luy demande en premier lieu. S’il ra ùntiendra pas rEglife,s’iI promet pas de adminiftrer iuftice, côferuer l’Empire,maintenir les vefues,orphelins,amp; autres perfonnes dignes de compalsion? Apres auoir fait cefte promefTe folennelle deuant Fautehlcs Princes amp;nbsp;ceux qui repreftntent l’Empire font enquis s’ils veulent pas luy promettre le mefme.Au re lie,l’Empereur n’Ht pas facrc, ni ne reçoit l’e-’ Ipee ni autres ornemens de l’Empire, que pre-allablement il n’y ait lait ce ferment. Dont il s’enfuit que l’Empereur eft obligé purement, amp;nbsp;les Princes de l’Empire fous condition. Quiconque aura ouy parler des ceremonies obferuees depuis peu de temps en l'elcétion amp;nbsp;couronnement de Henri Duc d’Anjou,CQ-noiftra qucle mefme eft pratique au Royaume de Pologne: amp;nbsp;fpccialement lors que la condition de maintenir les deux religions Réformée amp;nbsp;Romaine futmife enauant,amp; qu’en termes expres les Seigneurs du Royaume luy en demandèrent par trois fois promef-ie folennelle, laquelle il fit aufsi par trois fois. Le mefme s’obfcrue es Royaumes de Bohe-me.Hongric, amp;nbsp;autres: ce que nous ne deferi-uons par le mcnu,afin d’euiter prolixité.
Or cefte ftipulation entreuient non feulement
-ocr page 199-Ctv EST I o N. I l8lt;gt; ment és Royaumes où le droit d’Èledion eft demeuré en fon entier iufques à prefent: maiSt aufsi en ceux » que Ion cftime eftre purement héréditaires.Quand le Roy de France eft facrc amp;nbsp;couronné,les Euefques de Laon amp;de Beau-uais,Pairs Ecclefiaftiques,demandent au peuple là prefent, s’il defire amp;nbsp;commande que ce-luy qui afsirte lors, foit Roy? amp;nbsp;le formulaire du facre porte qu’il eft lors efleu par le peuple. Le peuple ayant donné figne de confentirà cela , le Roy iure, qu’il conferuera tous les droits, priuileges amp;nbsp;loix de France vniuerfcl-lement, qu’il n’aliencra point le Domaine, amp;nbsp;autres articles qui ont efté changez amp;nbsp;tellement agencez depuis qu’ils different grandement d’auec le formulaire eftant en la biblio-thecque du Chapitre de Beauuais, fuiuant lequel on trouue que le Roy Philippepremier du nom prefta le ferment: ce ncantmoins ils font affez difertement exprimez. Aufsi n’eft-il pas ceint de l’efpee, ni oinét, ni couronne des Pairs,qui portent lors des chapeaux de fleurs fur leurs teftcs,amp; ne reçoit le feeptre Sf la verge de iufticc nin’cft proclamé Roy que premièrement le peuple ne l’ait commandé:amp; les Pairs neluy preftent ferment finon apres qu*il leur a promis de garder foigneufement les loix.Icelles font,qu’il ne difsipera point le Do maine, qu’il n’impofera de fon propre mon-uement péages, ports, ni tributs; ne fera paix ni guerre, ni chofe aucune concernant le pu-
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blicque parl’auis dcsEftats. Item qu’il laîrrà au Parlemêt, aux Eftats,aux officiers du Royaume leur autorité, amp;nbsp;tout ce qui a efté touf-iours obfcrué au Royaume de France. Q^and il entre en quelque ville ou prouince, il elf tenu de confcriner les priuileges d’icelle, amp;nbsp;iu-rcr qu’il maintiendra les loix amp;nbsp;couflu-nies d’iccllcs. Cela elf effroittement obleruc a Thouloufeyàla Rochelle,en Daulphiné, en Prouenceamp;cn Bretaigne,lefquclles villes amp;nbsp;prouinces ont des conuentions cxprefTes auec les Rois,ce qui feroit fruftratoirc, fi la condition couchée au contraéf n’elfoit valable.On Fs anna- lit ciicorcs auiourd’huy le ferment des anciens lesdcBow Rois dcBourgongne,en ces termes ci, le gar
derayàtous Loy, iufficeamp; protedion. On pratique en Angleterre,«) EfcolTe, en Suède, en Danemarch le mefine qu’en France: mais il n’y a endroit où Ion y tiene mieux la main qu’en Efpagne. Car au Royaume d’Aragon, apres plufieurs ceremoniesparachcuecs entre celuyquj reprefente la iuflicc d’Aragon ou la maieÜé du public,cflcué en vn haut fiege, amp;nbsp;le Roy qui doiteffre facrc, qui promet fidelité amp;nbsp;qui fait hommage : puis ayant leu les loix amp;nbsp;conditionsùracomplilTcmcnt defquellcsil elf obligé, finalement les Seigneurs du Royaume parlent au Roy, en la forte qui a efté de-ferite ci dcflus, page izi.Nous qui valons autât que vous,amp; qui pouuons plus que vous, vous tllifons Roy à telles amp;nbsp;telles conditions: 8c f
en
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en â vn enlre vous amp;nbsp;nous qui commande par deffus vous.Mais afin qu’il ne pcnfe auoir iuré par maniéré d’acquit ou pour obferuer la cou ftume ancienne,de trois en trois ans en plaine aflemblee d’eftats ces mefmes paroles luy font rcpctees.Et fi fous prétexté de fa dignité roya le il vient à faire de l’infolét, amp;nbsp;viole les loix, ou ne tient compte de fa promefle : lors par le nbsp;nbsp;nbsp;*
droit du Royaume ileft eftime excommunié auffi exccrablement que le fut iadis Iulian l’A-poftat.Cefte excommunication eft de telle efficace,qu’au lieu de prier Dieu pour lcRoy,dc là en auant on fait prières contre luy;amp; quant auxfuietsils font entièrement abfousdeleur ferment amp;nbsp;obligation, fuiuant le droit qui exempte le valfal d’obeir à fon Seigneur excommunié , amp;nbsp;le deliure du ferment qu’il luy a preftc:ce qui auffi a efté confermé par decret conZ. de Concile amp;nbsp;par arreft des Eftats de ce Roy- Tolet.^. aume d’Aragon.Semblablementau Royaume lt;;• 74- amp;nbsp;de Caftille, en plaine aflemblee des Eftats, le Roy preft à eftre couronné, eft premièrement auertidefon deuoir en prefence de tous: amp;nbsp;tout à l’heure on lit des articles bien formels concernans l’vtilité publiquc.LeRoy iure que il les maintiendra foigneufement amp;fidelcmcr. Cela fait,1e Conrieftable luy prefte le fermer, puis les Princes amp;nbsp;les députez des villes, cha-feun felon fon rang;cc qui eft obfcruc és Royaumes de Portugal,de Leon,amp; autres, parties d’Efpagne.
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Les principautcz qui ne font fi hautes ont efte eftablies fur mcfme droit. On lit encores auiourd’huy lesconuétions exprefles desBra-, bançonsamp; autres peuples du pays bas,de ceux d’Auftriche, de Carinthie amp;nbsp;d’autres aucc leurs Princes,lefquellcs font toutes côdition-uclles.Maislcs Brabançôs/pccialcmcnt,pour ^tgicles de Jajffcr occafion de difpute, ont exprime v-^iuree'*^‘ côditionx’cft qu’en rcceuat leur Duc, on lit en fa prefcnce les anciens articles qui comprenent ce qui eft requis pour le bié public, amp;cftadiouftc quefiluy ne les obferiie de poiné't en poind,eux pourront cfliretcl autre Seigneur que bô leur femblcra, ce qu’ils liiy declairent en face amp;nbsp;en termes trefex-pres. Luy,ayant auoué amp;nbsp;accepté ces articles, iurc folenncllemcnt amp;nbsp;promet deuant tous qu’il les entretiendra. Cela fut obferuéenla reception de Philippe Roy d’Efpagne, ce dit Louys Guichardin en fa defeription des pays bas.Somme, peffonne ne fauroit nier qu’il n’y ait contrad mutuellement obligatoire entre le Roy amp;nbsp;les fuiets ; dont la fubftanee eft que lepcuple obeilTc fidèlement au Prince qui cô mandera comme il faut: amp;nbsp;le ferment eft pre-fte premièrement par le Prince, puis coferme parlepeuple.
I E demande là dcflus,pourquoy quelqu’un iure,finon pour monftrer qu’il parle de cœur amp;nbsp;d’affedion ? Saiiroit-on trouuer chofeplus felü nature que d’obfcrucrcequclôaaprou-' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ut?
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üé? En apres, d’où viét que le Roy Jure le premier, à l’inftance amp;nbsp;ftipulation du peuple, fi-non pour rcceuoir la condition teuc ou exprimée? Pourquoy cft appofee condition au con iraâ, finon afin qu’à faute de l’accomplir le contraél demeure nul felon le droit? Que fi par faute de fatisfaircàla condition de droit, vn tel contract eft nul: qui ofera appcllcrpcr-iurc le peuple lequel refufe obéir au Roy ne tenant conte de la promefle qu’il pouuoit amp;nbsp;deuoit tcnir,amp; violant la loy qu’il a iui cc? An contraire,faut-il pas eftimer vn tel Roy perfide, periure, amp;nbsp;indigne de fon rang ? Car fi la Lilgt;.i.fcn~ loy afranchit le vaflàl enuers lequel fon fei-gneur aura commis felonnic,encorc que pro-prcmentlefouucrain ne promette rien par fer ment à fon valTabains Icvalfal àlujr : fi la loy ffalic; des douze tables detefte amp;nbsp;dcclaire execrable le protedeur fraudant celuy qui eft en fa pro-teàion : fi le droit ciuil permet au ferfafran-chi de tirer en iùftice foh' pàtron qui luy aura fait vneiniure atroce : fi en tels cas le mefme droit deliure l’efclaue de la puiftance defon maiftre,encores que l’obligation foit naturelle feulement, non pas ciuilc : n’cft-il pas plus raifonnable que le peuple foit abfous du ferment de fidelité prefté au Roy, fi le Roy qui a le premier (comme le procureur à celuy qui le conftitue) rompu fa foy,vient àVcnfiaindre? Et quand toutes ces ceremonies amp;nbsp;fermens cefleroy ent,fi eft- ce que nature mefmes mon-
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ftrc afl'cz que les Rois font cftablis par le peuple à cefte condition qu’ils gouucrncront deucmcnt:qu’ils font ertablis iugcs,pour faire iuftice, amp;nbsp;chefs de guerre pour conduire leurs armées contre l’ennemi. Si au contraire eux mefmes fourragent amp;nbsp;faccagcnt,ils deuicnent ennemis: amp;nbsp;comme ils ne femonftrentpas Rois, aufsi ne doiuent-ils pas eftre allouez ni reconus tels parle peuple. Mais que fera-ce, répliquerez- vous,fi IcPrincc ayant matte par violence quelque peuple,le côtraint de luy iu-rerfidelité? Et qucfcroit-cc,rcfpondray-ic, fi vn brigand, vn courfaire, vn tyran, auec qui Ion ne peut auoir communication quelconque, tenant le poignard fur la gorge du premier rencontré le contraint de s’obliger à luy d’vnegrande fommede deniers? Eft-ce pas vn dire commun, qu’vne promefie tircepar force n’oblige point ? fur tout fi Ion promet quelque chofe contre les bonnes meeurs amp;nbsp;contrclcdroitdcnafiirf?Ya-ilchofe plusre-pugnante à nature, que .de voir vn peuple fe mettre les fers aux pieds amp;nbsp;aux mains, promettre à vn Prince de prefenter le gofitràla pointe de l’efpec,voire de fe tuer foy-mefmc? le di donc qu’il y a mutuelle obligation entre le Roy amp;nbsp;le peuple, laquelle, quoy que ciuilc, ou naturelle feulement ou non exprimée, ou declaireeen paroles cxprefl'cs,ncpcut eftre en forte que ce foit abolie, ni enfrainte en vertu d’au.cunc loy, ni refeindeepar violence quelconque. Que cefte obligation cft de fi grande
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force,que le Prince qui la viole par orgueil clt tyran , amp;nbsp;le peuple qui la rompt de fait d’auis, merite vrayemcnt le nom de fcditicux.
IvsoyEs ici nous auorts parlé du Roy, il P« ty» nous rette de deferire le tyran vn peu plus exa-élement. Nous auons ditceluy-làeftre Roy ' qui régit amp;goinicrne légitimement le Royaume à luy cômis amp;nbsp;efeheu par fuccefsion ou par eleélion. II s’enfuit donc que Ion doit repaiter tyran , amp;nbsp;corne oppofé au Roy, celuy qui s’eft emparé du Royaume par violcce amp;nbsp;mauuaifes'':’°;^‘^î^ pratiques : ou qui gouucrne le Royaume à luy deuolu par fuccefsiô ou elcélio,tout autrcmët tran.de que le droit amp;nbsp;l’équité ne lereqiiicrcnt,amp;con- tyranniiitt tre les loix amp;nbsp;conuentions à l’obfcruation def-quelles il s’eft ettroitement obligé. Tout cela peut efeheoir en vn feul amp;nbsp;mcfme homme. Le premier eftcommunémêt appelle Tyran fans titre, l’autre Tyran par exercice. Or il fe peut faire que celuy qui aura occupé par violence vn Royaume le gouucrnera iuftemét, amp;nbsp;qu’vn autre à qui il aura efté deuolu à iufte titre, le gouucrne'iniuftement. Mais dautant que le Royaume eft pluftoft vn droit qu’vn hcrita-gc,amp; vne charge qu’vnc pofltfsion : celuy qui s’acquitte mal de fa charge femble plus mériter le nom de tyran que celuy qui n’eft entré en cefte charge par telle porte qu’il faloit. En ce fens dit-on que lePapc qui s’eft infinué par mauuais moyens, s’eft intrus, amp;nbsp;|ue celuy qui geuuerne mal,abufe. Pythagoras difoit qu’vn
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cftrangcr homme de bien eft à préférer au citoyen voire au parent.Qu’il nous foit aiifsi loi fible de dire, le Prince qui n’a elle légitimement eftabli eft à préférer en toutes Ibrtes, moyennant qu’il adminiftre iuftice, à celuy qui fe porte iniquement, encores qu’il ait elle facrc auec toutes les ceremonies qu’on fauroit defirer.Car puis que les Rois ont elle ordonnez pour paiftrc,iugcr,amp; maintenir le peuple: certainement encores aime-ie mieux qu’vn larron me nourrilfe que d’eftre mange par le berger: i’aime mieux qu’vn voleur me face iuftice, que d’eftre outragé amp;nbsp;violenté par le iu-ge: il m’eft trop meilleur d’eftre guéri par vn empirique qu’empoifonné par vn médecin pafte doéteur amp;nbsp;habile comme fa vocation le porte: il va beaucoup mieux pour moy que mes biens foyentadminiftrez par vn tuteur à faux titre, quedelesvoirgourmandcrparvn qui aura efté créé auec les Iblennitez acouftu-Xem/ih.- niecs. En apres, encores que l’ambition folli-cite tellement le tyran fans titre, qu’ilfemble Commenté par violence, fi eft-ce Uo.Cißt- qu’on peut direaufsi que c’eft pour faire fon w.5«ero».dcuoir puis apres , tefmoins Cyrus , Alc-xandre , les Romains , qui ordinairement accordoyent aux peuples par eux fubiuguez permifsion de fc gouucrner félon leurs loix amp;nbsp;couftumes auec leurs priiiilegcs amp;nbsp;franchi-' fes : au coltrairc le tyran par exercice Rrnble ne mettre fon droit en auant que pour régner auec
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auecplus grande violence, comme on en void auiourd’huy les exemples non feulement és Turcs amp;nbsp;Mofeouites, ains auffi enpluficurs Princes Chreftiens. Or fi, félon le dire de S. Augiiftin,les Royaumes d’où iuftice cft ban-nie font de grands brigandages ; le tyran fans titre amp;nbsp;le tyran par exercice font pareils en ce cha^. 4. que tous deux font voleurs amp;nbsp;polfcffeurs de mauuaifefoy,attendu que le larron qui fe fai-fit d’vne ebofe maugrc le feigneur d’icelle ne cft pas moins iniufte poft' (leur, que ccluy qui adininiftre amp;nbsp;mefnage mal celle qui luy a cfté baille en charge. Mais la faute cft trop plu« grandefaiiscomparaifon, de ccluy qui pofle-devnEftatpour le ruiner, que de l’autre qui s’en fera fait maiftre pour le conferuenbrief le tyran par exercice qui fe glorifie d’vn vain titre amp;fe porte iniuftcmcnt,fcra plus coulpable que le tyran fans titre qui toutesfois gouuer-ne iuftement le royaume occupé par violence.
xM AI s au reftc,on peut remarquer quelque Tyrai» difference entre les tyrans fans titre. Car il y en a qui empiètent par ambition le pays d’au-truy pour agrâdir le leur, corne ont fait Nimrod, Ninus, amp;nbsp;les Chananeens. Encores que telsfoycnt appeliez Rois entre leurs peuples, fi eft- ce qu’ils font tyrans,attêdu qu’ils les ont affuiettis fans aucun droit nioccafion. II y en a d’autres qui cftâs paruenus au gouucrncmêt d’voRoyaume cleélifitafchët par fraudes,me- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;!
nees,corruption,par prefens amp;autres mefehâ-
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fes pratiques,de Ie rendre hereditaire. Comme il n’y en a que trop d’exçples.Ceux-là font pires que les premiers, veu que la fraude doit toufiours eftrc plus deteftee que la violence. Auflî y en a-il d’autres qui par vne mefchance-té horrible enuahiflent leur propre patrie, amp;nbsp;à l’imitation des viperes , rongent les entrailles de celle qui leur a donné la vie; come font les chefs d’armees créez par le peuple, Icfqutls puis apres auce leurs forces fe rendent mai-ftres de TEftat, côme Cefar à Rome fous prétexte de la Dictature, amp;nbsp;plufieurs Princes d’I-talie.Dauantagc,il y a des femmes qui fe fourrent au gouuerncment des Royaumes que les loix du pays deferent aux mafles feulement,amp; s’en font Roines amp;nbsp;maiftrclTes, comme Athalia fit de ludatScmiramis, d’Aflyrie: Agrippine,de l’Empire Romain du temps de fonfils Néron: Mammc3,fous Alexandre Scuere: Se-miamire,fous Heliogabalecamp;quelques Brune childes du Royaume de Frâce.Ces Roines fai foyét tcllemct nourrir les fils durât le basaage, qu’ellâs deuenus grâds ils ne fe foucioyent que defe veautrer en volupte2;tcllement que toute l’authorité demeuroit es mains de ces Roines meres ou de leurs mignons, feruiteurs amp;nbsp;officicr$.Ccux-là auffi fonttyrâs fans titre,qui abufans de la Ictardife, beftife, amp;nbsp;dilTolution des Rois autrement legitimes, lefques ils eny-urent de deliçcs amp;paillardifcslt;comme fous les Rois de France, Ipecialcmcnt fous les Aîero-yi«quot;
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nîngtés certains Maires du palais ont efte ef-leucz en cefte dignité par tels fales feruices) vfurpent toute l’authoritc royale, amp;nbsp;nelaiflec que le no aux Rois.Tous ces tyrâs font de telle forte, qu’encores qu’au reftcilsgouuernaf-fent dextrement,toutestois à caufe qu’ils pof-fedent cefte iurifdiélion à auffi iufte titre que feroitvn tyran, à bon droit les peut-on tenir pour tyrans fans titre.
Qy A N T aux tyrâs d’exercice, il n’eft pas fi
_ ƒ** nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A CXCÏCh
aile de les deferire que les vraisRois.Car dau-tât quelc plaifir defreiglé conduit les vns , la vraye raifon les autres;tcllemct que ceux-ci fe côriencnt en certaincsborncs,mais ceux-là ne peuuét dire retenus parloix quelcôqucs; on peut aifémet marquer le droit des Rois, mais difficilemct les outrages amp;diuerfes violences des tyrans. Et corne le droit cfl féblable à foy amp;nbsp;d’vne teneur,l’oblique au côtraire eft de di-ucrfefaçô:auffi la iuftice eft fimpleamp;fcpeut expliquer en peu de paroles, mais on ne fau-roit définir les iniufticcs,à caufe de leurs acci-dens diuersjpource quelô en obmet toufiours plus que 1Ó n’en defchifrc.Or combien qu’il y ait certaines reiglcs, par lefquelles ces tyrarts peuuét eftre aucunemétreprefentez, encores que ce ne foit pas cntiercmét : toutesfois il n’y en a point de plus certaine que la côference 8c côparaifon des pratiques du tyrâ aucc les vertus amp;nbsp;aéliôs duRoy.Lc tyrâ abat les efpicspa-roiflas en lamoiflo,opprime les principaux of-
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ficiers de 1’Eftat par fraudes amp;nbsp;calomnies: fait courir des bruits qu’ils ont confpirc contre luy, afin d’auoir plus de prétexté de les racier du monde, tefmoins Tibere, Maximin amp;nbsp;autres,amp; n’efpargne pas mefines fes freres, confins amp;nbsp;autres paçens. Au contraire, le Roy ne rcconoit pas feulement fes frères pour prochains amp;nbsp;co/nme afl'ociez : mais aufsi tient pour freres tous les principaux Officiers du Royaumc,amp; n’a point honte de confefler que f’eft d’eux qu’il a la couronne, Le tyran efleue des vilains amp;nbsp;gens inconus par delfus amp;nbsp;contre la nobleflerafin que ces beliftres tenâs tout de luy le flattent amp;nbsp;fe ployent à toutes fes paf-fions : le Roy tient chafeun en fon degré, rc-fpeéieamp; chérit les grands Seigneurs, comme amis du Royaume, délirant leur bien autant que le fien propre. Le tyran hait amp;nbsp;tient pour fufpeds les hommes fauans amp;nbsp;fages, faifant tout fon pofsible pour abolir la vraye Science amp;■ confciences: puis eftimant que fa feureté ponfifte en la corruption amp;nbsp;en l’abaftardiflc-ment de tous Eftats, il introduit les tauernes, les brclans,lesbordeaux,lcs farces, comme fit Cyrus pour domter les Sardiens: au contraire le bon Roy attire les gens de bien de toutes parts,amp; les y contraint, amp;nbsp;pour en conferucr le nombre, il drefle les cfcolcs amp;nbsp;vniuerfitcz, Mathta- entretenant par tout les pépinières de vertu. X Pria- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fait tous fes efforts de fuir ou d’abo-
ee. lirtoutesaflemblecs publiques, redoutel’af-fem-
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femblce des Eftats, Ies Pariemens, les dietes \ ouiournecs pour traiter matières dcl’Ellat, fuit la lumière ne voulant cftre conu en fes a-dions, mcfmes il tient pour fufpcds les deuis, propos amp;nbsp;contenances des fuiets: mais le Roy ƒƒ lt;jui vit en prcfencc de Dieu amp;nbsp;des hommes, fe glorifie au grand nombre qu’il a de fideles confeillers , efiimant qu’il ne faut rien faire fans leur confeil: amp;nbsp;tant s’en faut qu’il redoute les Eftats amp;nbsp;aflembleespubli'qucsjains les re-reuere amp;nbsp;honore grandement. Le tyran fait ioufter les fuiets cnfemble,feme,entretient amp;nbsp;porte les fadions en vn Eftat,ruine l’vne à l’ai de de l’autre,puis desfait la furuiuante, tirant profit de celle diuifion , comme les dclloyaux chirurgiens qui font durer l’vlcere : briefà l’exemple de ce vilain Vitellius, n’ont pas honte de dire que l’ennemi mort, fur tout Icfuiet mefme,fentbon:àroppofitcle bon Roy con-ferue la paix entre les fuiets, comme fait le pe-re entre fes enfans, fuffoque les fcmcncesde noifes, amp;nbsp;guérit viftement la cicatrice,nc pou uant mefme fc contenir de pleurer fi on luy rapporte que iuftice ait cfté faite de quelques rcbellcs.En fomme,ccux que le bô Roy maintient amp;nbsp;defend contre leurs cnncmis,le tyran, ennemi iuré,les contraint de tourner la pointe de leurs efpccs dedans leurs propres entrait les. Le tyran remplit les garnifons defoldats cftrangers, baftit des citadelles contre fes fuiets,defarme le peuple amp;nbsp;ne luy laiffe forteref-
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fe quelconque,eft acompagnc de gardes composes d’cftrangers ou de gens de fac amp;nbsp;de corde, donne gages du public àdcs efpionsamp; rapporteurs qui vont courans ça amp;nbsp;là par les prouinccs. Au contraire, le Roy fe maintient contre fes ennemis à l’aide de la bicn-Vionyf. vueillance du peuple que par la force des mu-/inlic.Ub. railles,cftime auoir autant de gardes qu’il a de f- fuiets, penfe aux moyens de n’eftre contraint d’auoir gens autour de fa perfonne pluftoft qu’autrement, baftit des forterefles pour brider les ennemis, non pas le peuple, fur lequel ilfcrepofe. Voila qui fait que fi le tyran a vn million de garde-corps amp;nbsp;de fatellites pour efearter la foule de gens,iccux ne chalTcntpas pfoûerb. pourtant la pcur, ladesfi3ncc,amp; les grands 14.18. troubles de la confciencc mal afl'curee:amp;quoy qu’il fortifie fa citadelle, fi eft-cc que le tyran des tyrans, afauoirla peur s’empare de la gran de forterefi'e des tyrans, afauoir dcl’ame, amp;nbsp;y tient continuelle garnifon. Si le Roy fe trou* KArtal.au ue parmi vne grolfe tourbe de peuple il n’eft traade pourtant troubic, ni plein defolicitude en fa iblitude ; car fa confcience l’aftcure, amp;nbsp;eftant acompagnc du peuple, il fe pourmeine hardiment par les rues, placc.s amp;nbsp;lieux les plus han-tez.S’il n’y a point de diftènfionsciuiles, le tyran fait la guerre hors du pays, fortifie des pla ces à la façon de Pharao amp;nbsp;de Polycrates, qui ne vouloyent laificr en repos les luifs amp;r Sa-micns,3ins les empefeher par tel moyen de pen-
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pcnfcr à autre chofe: pourtant fc prcparc-il toufioiirs à la guerre,du moins il en fait le fern blantjvfe de menaces, amp;nbsp;attire pluftoft le mal eju’il nedcüourne. Jamais le Roy ne fait la guerre que par contrainte amp;nbsp;pour la conferua tion du public: il ne pefchc iamais auec vn hameçon d’or, ni n’entréprend de leuer les armes s’il void que fon pays en doiue rcccuoir plus de dommage que de profit. Le tyran ne fait qu'inuenter les moyens d’efpuifer Icsri-chelTes defes fuiets, afin qu’eftans occupez à cerchcr les moyens de gaigner Icurvieilsne penfent plus à recouurcr leur liberté,amp; pourtant il amafle tout en fescoft'rcs : au contraire leRoy tenant pour chofe certaine que fes finances font és bourfes des particuliers,les leur met comme en déport entre les mains,amp; pen-feauoir vn trcfgrand threfor quand fes fuiets font bien riches.Le tyran ofte à pluficuts pour donner à deux ou trois mignôs,il cfpuife tout le monde pour letter en la gorge de ces gar-nemens, il ruine le public pour baftir fa mat-fomil tire le fang du peuple iufqucs au dernier foufpir amp;nbsp;le fait boire incontinent à certaine troupe de flatteurs : mais le Roy retranche de fon ordinaire amp;nbsp;de fes commoditez pour en afsifter au peuple,il baftir 8c fait chofes ma gnifiques pour le public, brief il nourrit amp;nbsp;füuftient de fon fang le peuple qui luy cft cô-mis.Si le tyran laifle quclquesfois engraifler le peuple, comme firentTibere,Néron, Corn-
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modus amp;nbsp;les autres, e’eft afin de luy arracher les boyaux bien toft,amp; les luy faire mangenau contraire,fi Ie Roy ouurc par fois la veine,s’il en fait fortirlefang c’eftpour le bien du peuple, non pas pour viure diffolumét amp;nbsp;à fa fan-taifie. Et pourtant comme l’Efcriturefainéte compare l’vn au bcrger,auffi dit-elle quel’au-Fn. i8.5. trcrelfemble au lion rugiffant, auquel néant-moins le renard eft fouuétesfois acouplc. Car le tyran eft coulpable en effeét de la plus grade iniufticequelon fauroit penfer,ce dit Cicero: amp;nbsp;toutesfois il fe manie de telle forte que lors qu’il trompe le plus mefehamment c’eftàce-fte heure-là qu’il femblecftre homme de bic. Pourtant fait-il le religieux amp;deuotieux,arti-fice le plus fubtilde tous ceux que les tyrans 5.ƒlt;«. fauroyent pratiquer,dit Ariftotc. Il compofe contenance,afin que le peuple craigne ’ de rien machiner contre celuy qu’il penfe eftre aime de Dieu, auquel il femble porter fi grande reuerence. Il feint aufiî d’eftre extrememét affeeftionnéau bien public .-mais ce n’eftpas tant pour defir qu’il ait au profit de fes fuiets, que de crainte qu’il a qu’eux- ne luy courent fus. Outreplus il affeâc fort d’eftre eftime îufte amp;nbsp;loyal en quelques afaires, mais de petite importance,pour pouuoir tromper amp;fai-re outrage plus aifément en chofcsgrandcs:nc plus ne moins que les brigands viucnt de maléfices amp;nbsp;forfaits, qui ne fauroyent fubfifteC fansauoir entre eux quelque petite parcelle
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de iufticc. Outrcplus il fait du débonnaire, mais en telle forte qu’il pardonne à certains mefehans, au fupplice defquels il euft mcfmes acquis le nom de Princeclement.Pourledire en vn mot,ce que lcRoy eft,le tyra veut fehlet i’cftre,amp; facbant que la vertu attire amp;nbsp;efmeut merueilleufement les hommes,auffi conoit-il qu’illesfaut piper par quelque beau mafque de vertu:mais comment que ce foit qu’il fe cS-treface,toufiours la queue du renard fe mon-ftre:amp; quoy qu’il face du chié couchant, neât-moinsà fa queue amp;nbsp;àfon rugiflement on deC-couure que c’eft vn lion.
A V refte,comme vn Royaume bien dref-fé contient en foy toutes les commoditez des Je autres gouuernemens-.auffi au contraire la ty-rannie contient les incommoditez amp;nbsp;vices de toutes les confuGons du monde.L’eftatRoyal eft conforme à l’Ariftocratique en ce que les plus fages amp;nbsp;fufGfans font appeliez au confcil: la tyrannie amp;nbsp;l’oligarchie s’accorder en ce que leur confeil eft compofé des plus mefehans amp;nbsp;cotrompus.Et comme au confeil Royal il y a vnc multitude de Rois, en ceftuy-ciaucon-traircily a vnetroupe de tyrans. La monarchie emprunte du gouuernemcnt populaire l’aftemblccde touslesEftats,où Ion enuoye pour députez les plus capables des villes amp;pro uinces pour y délibérer touchant les matières d’Eftat: la tyrannie a cela derochlocratie,c]uç fl elle ne peut empefeher la conuocation des
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Eftats, elle procure par menées amp;nbsp;mefehantes pratiques que les plus grands ennemis de l’ordre amp;nbsp;de la reformation del’ellat y foyent en-uoyez; ce que nous fanons auoirefié fait de noftre temps. Voila comme le tyran prend la contenance du Roy,amp; la tyrannie celle du Royaume: fubfiflant felon qu’elle peut plus dextrement ioucr fon pcrfonnagc:mais en telle forte, qu’à peine fc trouucra-il tyrannie,dit Ariftote, qui ait duré cent ans. En fomme, le Roy n’a efgard qu’à l’vtilité publique, amp;nbsp;le tyran ne fc foucie que de fon particulier. Mais au reftc,eftantainfi, comme les hommes font faits, que Ion ne fauroit trouucrvn Roy qui en tous afaircsait toufiours efgard àl’vtilité publique, amp;nbsp;qui d’autrepart puilfe longucmct lubfifter fans en monftrcr.quelquefoimnous dirons que là où l’vtilité publique eftpreferee au particulier, il y a là amp;nbsp;Roy amp;nbsp;Royaqmc : amp;nbsp;que le tyran amp;nbsp;la tyrannie font en vogue par tout où le bien particulier cil préféré au public. Voila quant a IX tyransd’excrctcc,cn l’c-xamen dcfqucls nous n’auons point prinspied fur leur vie traiiaillec amp;nbsp;diftàmcc de toutes for aM tdcvilenics amp;mcfchâcctc2,dcfquenes on a a-couftume dc dire qu’elles font l’homme mcl-(/«chantvoirement,conlidcré en qualitéd’hom-^o««er.lt;/e me , amp;nbsp;non en qualité dc Prince, Si le le-delaRe- élcur n’ell alTez fatisfait dc cefte deferi-ption , outre les plus cxprclTcs images des l'yrans qu’il trouucra dedans les hiltoires, il en
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11 en peut contempler en ce temps d’autres vi-uans, refpirans amp;nbsp;acomplis de toutes parties requifes en vrais fiipofts de tyrannie ,non feulement en vn endroit du monde, mais en plu-fieurs: dequoy auffi Ariftote feplaignoit fort de fon temps. Finalcmant nous fommes par-uenus comme par tels degrez au fommet amp;nbsp;point delà quertion.
Novsauonsveu comme les Rois font Cr U fleusdeDicuoupar teftes ou par races, puis inftallez par le peuple :ité quel lt;?ft le deuoir du Roy amp;nbsp;des othcicrs du Royaume, lulqucs ou s’eltend la puiflanccjla charge amp;nbsp;le deuoir desp« titre, vns amp;nbsp;des autres: quelles amp;nbsp;combien fainâcs font les conuentions qui entrcuicncntcnrc-ftabliÜement d’vn Roy, les conditions tacites ou exprcflemêcramentues qui y entrtuienët; finalement qui font les tyrans fans titre amp;nbsp;do excrcice.ils’enfuit maintenant, puisque c’elt cliofe hors de doute qu’il faut obéir au legitime Roy, faifant fon deuoir enuors Dieu amp;nbsp;.le peuple, côme à Dieu mcfmc s’il commandoit en fa propre maiçfté: que nous traitions afa-uoir fi Ion peut refifter au tyran,qui font ceux à qui telle befongne apartient, amp;nbsp;quelle procedure ils doyuent tenir pour y procéder fclo droit amp;nbsp;raifon.Prcmicrement il faut parler de celuv qu’ô appelle eSmunemée tyrâ fans titre. Pofe doc le casque quelqueNinus n’ay'ant cfté outrage ni offenfé coure fus à vn peuple fur lequel il nefauroit rien prétendre : que Cefar
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Oho fti- opprime fa patrie amp;nbsp;là république Romaine! que Popiel s’efforce par trahifons Stmeurtres 7 exécrables rendre hereditaire vn Royaume de Z»». 4. f.i. Pologne ele6tif:que quelqueBruncchilde tire Gre\gt;. à foy amp;nbsp;à fon Protade tout le gouuernemcnt Turdib. £je France: ou qu’Ebroin faifant fon profit de 4.f.5i.W. jjj beßife jjj. Theodoric, mette la main entie-g t iÿ/ rement aux afairesjamp;opprime le peuple: quelle refolution prendrons-nous là delfus felô le droit? Premièrement le droit naturel nous
enfeigne amp;commande de maintenir amp;garder noftre vie amp;nbsp;liberté, fans laquelle la vie n’cft pas vie,contre toute iniure violencc.Natu-reàempraint cefte affettion aux chiens contre les loups, aux taureaux contre les lions, aux pigeons contre les cfpcruiers, aux poulets Contre les milans, amp;nbsp;encores dauantage à l’ho me contre l’homme mefmcs,s’il deuient loup^ Et pourtant celuy qui difpute s’il faut fede-fendreou non, abolit nature entant qu’en luy cft. A cela faut conioindre le droit des Gens, lequel diftingue lespolTeffions amp;nbsp;feigneuries, plante les bornes, marque les confins,Icfquels chafeun efttenude défendre contre tout hörne qui les veut enuahir.Pourtant fera-il autat loifibledercfiftcrà Alexandre leGrâd,fi fans aucun droit,amp; n’eftant offenfe de perfonne il alTaut quelque nation auec vne puilfantc flot-te,qu’à Diomedes le courfaire qui efeumeroit la mer dedans vn brigantin : car ce que deflus prefupofe ) Alexandre n’cft pas meilleur que
Diome-
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Diomedes,Sf n’a autre auâtage,finS qu’il four rageàfon plaifir fanspouuoir cftre réprime? Brief on peut auffi bien faire telle à Alexâdre faccageât vne prouince ou renuerfant les murailles d’vne ville, qu’à vn brigand qui vou-droit rauir le manteau , ou vn voleur qui romproit la muraille d’vn logis pour y deC-rober. Il y a encores outre cela le droit ciuil* lequel reigle les focietez des hommes par certaines loix,tellement que les vnes fontgouucr nées d’vne forte, les autres d’vne autre,ou par vn,ou par quelque petit nombre, ou par toute vne communautéiaucunes déboutent les femmes du gouuernement,d’autres les y admettét celles-ci eflifent lesRois defeendans de certaine race, celles-là les prenent tels que bon leur femble; amp;nbsp;ainfi confequemment des autres di-uerfes façôs de faire pratiquées entre les peu-ples.Si quelqu’vn s’elTaye d’abolir ce droit par fraude ou violence,tous fommes tenus de luy refiftcr,veu qu’il viole la focieté à qui il doit tout ce qu’il a, amp;nbsp;qu’il veut ruiner la patrie , à la côferuation de laquelle nous fommes obligez par nature,par les loix,amp; par promefle fo-lennelleitellement que fi nous deuenôs lafehes en tel afaire,à la vérité Ion nous peut appeller proditcurs de la patrie,deferteurs de la focieté humaine,amp; contempteurs de toutes loix.
Or comme les droits de nature amp;nbsp;des Gés, amp;nbsp;les loix ciuilcs nous commandent de prendre les armes contre tels tyrans : on peut dire
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auffi qu’il n’y a raifon aucune qui nous puiffe pcrfuadèr le contraire. Il n’cntrcuicnt fermer, conucntlon , ni obligation publique oupar-ticulicre qui nous doyue retenir: par ain(i,c3S auenant qu’vne tyrannie fe vouluft fourrer en vn Eftat, il eft permis au moindre du peuple repoußer telle vfurpation. La loy Iulia qui maießatii. Condamne à mort ceux qui fefoufleuent contre la patrie ou controle Prince n’a point ici delieu:carccluy-làn’cft pas Prince qui fans aucun titre legitime s’empare de l’Eftat ou des pays d’autruy:ni n’cft rebelle ccluy qui defend fa patrie auec les armes au poing. Au contraire, c’eft à cela qu’il faut rapporter le ferment que tous lesieunes hommes Athenics fouloyent prefter au temple d’Aglaura: le combatray pour la Religion, pour les loix, pour les autels amp;nbsp;fouycrs,ou feul ou aueeplu-ncurs,amp; cmploycray tous mes moyens pour lailTeràlapoltcritc la patrie en auffibon E-5ar(oZ.rf»ftat pour le moins que iel’ay rcccuc. Les loi» traité rfcj faites contre les feditieux ne pcuuentnôplus alléguées à propos.Ccluyeft feditieux ■ qui entreprend de défendre le peuple contre l’ordre amp;nbsp;difciplinc publique.Or celuy qui réprime le deftruôteur de la patrie amp;nbsp;de la difciplinc publique n’cfmcut point de feditioo, ains au contraire l’abolit. Au contraire c’eft ici qu’eft rcccuabic la Loy des Tyrannicides, laquellehonnorc les viuanspar grandes re-compenfes, amp;nbsp;les morts par epitaphes amp;nbsp;fta-
tue$,
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tües,comme Harmodius amp;nbsp;Ariftogiton eh la PUnt.liii ville d’Athenes , Brutus amp;nbsp;Caffius en Grèce, 4-AratusdeSycione auffi.Atels par decret pt'blic furent drelfecs dcsftatues, pour auoirdcliuré,/,,^.^« u, leurs pays de la tyrannie de Pififtratus,de Ce- 6.cha.if far Sc de Nicocles. Ce que les anciens ont tât aprouué,quc Xerxes niefmes s’ertant rendu maiftre de la ville d’Athenes, fit emporter au Royaume de Perfe les llatues d’Harmodius 8c d’Ariftogiton : depuis Selcucus les fit rapor-* ^rato. ter en leur premiere place,amp; comme elles fuf-fent arriuees au port de Rhodes,ceux de la vil-le firent vn banquet folcnnel aux commifl'ai-res, amp;nbsp;durant iceluy mirent repofer ces ftatues fur les oreillers de leurs dieux.Maisla Loy des dcfcrteursamp; traiftres fait entièrement contre ceux qui ne font fouciez de leur patrie op-preflee, les condamnant à mefme fupplice que les foldats de cœur failli, qui pour ne fe trouucr aux coups contrefont les malades otx iettét bas leurs armes 8c s’enfuyent. Il faut doc que tous en general amp;nbsp;chafeun en particulier '■crient apres ce mal comme au feu, qu’ils y courent auec crochets amp;nbsp;autres engins propres,qu’ilsy portent de l’eau. U ne faut point jr J. attendre que le capitaine du guet foit efueil* omne delt lé , ni que le preuoft de la ville forte en rue; fi» S que chafeun puife de l’eau , amp;nbsp;monte fur toift, car il faut cftaindrele feu. Car fi tan- *’ dis que les Gaulois efchcllent d’emblec
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Ie Capitole, les foldats font alfopis de trauail, les guettes dorment , les chiens n’abayent point: il faut que les oyes facent la fcntinellc amp;nbsp;crient alarme. Les loldats amp;nbsp;guettes feront dégradez, declairez infames, amp;nbsp;mis à mort pourfouuenanceàiamaisdetelfait: au contraire les oyes feront toulîours nourries au Capitole,amp; prifees perpétuellement.
Ce que defliis fe doit entendre de la tyrannie qui eft à faire,comme on parle, c’eft à dire tandis que le tyran confpirc,machinc,amp; dref-fe fes mines amp;nbsp;pratiques.Mais s’il s’eft vne fois tellement emparé de reftat,que le peuple fub-iuguc luy prefte le ferment amp;nbsp;promette obeif fance:que la Republique abatue,luy refigne fa puilïace:amp; que le Royaume côfente par quelque ordre, que fes loix foyent changées ; certainement pource qu’alorsil a obtenu le titre qu’il n’auoit pas auparauant, amp;nbsp;fcmbleeftre poflclfeurde droit aufsi bien que défait, encores que le peuple ait receuleiougmaugrc foy,fi eft-ce qu’il doit ployer amp;nbsp;acquitfeer pai flblement à la volonté de Dieu, qui tranfpor-te les nations d’vne nation à l’autre. Autrement, il n’y aura Royaume, delà iurifdiâion duquel on ne ptiiflc dilputer: mais au refte cela fera receuable, pource que celuy qui a acquis amp;nbsp;obtenu le titre de Roy,eftant auant cela tyran fans titre, gouuerne comme il faut fes fuiets, fans exercer fur eux aucune tyrannie. Ainli donc, comme le peuple de ludee refifta legiti-
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légitimement fous l’aueu amp;nbsp;autorité du Roy Ezcchias à Sennacherib Aflyricn qui vouloir i-Raim, empiéter la Paleftine ; au contraire Sedccias amp;nbsp;^5-tous fes fuiets font condamnez, de ce qu’apres ^^’■'quot;’•37. auoir fait hommage à Ntbuchadnczar ils fc foufleuent contre luy qui ne leur en auoit donné quelconque occafion. Car apres que la foy a efté donnée il n’eft plus temps de fe re-pentir:amp; comme és batailles chafeun doit faire preuue de fa vaillâce,mais G Ion eft prifon-nicr il faut tenir promclfe; aufsi eft-il requis que le peuple maintiene fes droits par tous moyens pofsiblcs: mais s’il auient qu’il ait efté réduit à ce poind que des’affuiettir au vouloir d’autruy, c’eft raifon qu’il fupporte doucement la domination du vidorieux.AinG Pom pce, Caton , Cicéron amp;nbsp;autres faifoyent de-uoir de bons patriotes, lors qu’ils prindrent les armes contre Cefar qui aboliGbit legou-uernement de l’EftattSe ne fauroit-on exeufer ceux qui par leur lafeheté ont efté caufe que lesconfeils de Pompée amp;nbsp;des Gens n’ont pas heureufement fuccedé. Augufte mcfme réprima (ce dit-on) vn quidâ qui difoit mille m aux de Caton, fouftenant qu’iceluy s’eftoit porté en homme de bien , amp;nbsp;tref-affedionné à la grandeur de fa patrie, en ce qu’il s’eftoit op-pofé au changement que Ion vouloir faire en i’Eftat, veu que cela ne fc pouuoit exécuter fans troubler grands amp;nbsp;petis amp;nbsp;mettre tout en combuftion. Au refte, Ion nefauroit iufte-
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ment rept'endre Brutus , Cafsins, Cafca amp;nbsp;autres, qui ont tue Cefar, attendu que la ty-■ quot;quot;nbsp;rannic cltoit encores en flagrant deliét, com
me on parle.Aufsi par decret public leur dref-fâ-on des ftatues de bronze en la ville d’Athe-ÇX'iphiUn nes, auprcs de celles deHarniodius amp;nbsp;d’Ari-
ftogiton , lors qu’ils fe retirerent de Rome, a-près auoir defpefché Cefar,la mort duquel Au gufte Sc Marc Antoine vouloyent venger. Mais Cinnadoit eftretenu pourvu vray fedi-tieux, qui confpira contre Augufte, apres l’c-mologation dclaloy Royale, parlaquellcle peuple confignoit t^ute fa puilTance entre les mains d’Augufl:c.ScmblabIcment,lors que les Carlouingiens tafehoyent d’ofter la couronne de France aux Merouingicns,amp;quc les Ca-peuingiens vouloyent aufsi fupplanter les Car louingiensjon leur pouiioit refifterfans aucune note de fedition:mais quand par le confcil public amp;nbsp;par l’autorité des Eftats le Royaume a efté tranfporté des vns aux autres,il n’a plus efté loifible de s’y oppofer. Le mefme faut-il dire,fl vne femme s’empare du gouucrnement à elle défendu par la loy Salique, amp;nbsp;fi quelque vn fait deuenirhereditaireauxfiensvn Royaume purement eleélif, fl ces loix publiques n’ont elle abrogées par l’autoritédes Eflats qui reprefentent le corps du peuple.Et ne faut point regarder en cela laqiicllcdesdcuxfa-ftions efl: plus grande, plus puiflàntc ou plus ' illuftre. Toufiours le nombre eft plus grand
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de ceux qui font tranfportczdepafsion, que deceux que la raifon gouucrne:amp; pourtant la tyrannie a toufioiirs plus de ftruiteurs que la Republique. Rome eil, ce dit Pompce, là où eft le Senat: amp;nbsp;le Senat fe trouuelà où fe trou-uent la reucrcncc des loix, l’amour de liberté, le défit de conferuer la patrie. Parquoy,encores que Brennus femble s’eftre faifi de Rome, Rome eft à Veies cependant auec Camillus qui fe prepare pour deliurer Rome deferui-tude. 11 faut donc que les cheualiers amp;nbsp;foldats Romains s’en aillent à Veies, pour aider Camillus en toutes fortes à eux pofsibles. Combien que Themiftocleslailfe Athcnesjamp; mote fur la mer auec tous les gens de bien de la ville, s’enfermans en vnc flotte de deux cens galères, pas vmd’eux n’eft pourtant forclos ni banni d’Athenes:ains pluftoft,comme refpôd piutar.en Themiftocles,Ces deux cens galères nous fer- U-vie de uent autant que la plus grande ville de toute la Grèce : pource qu’elles (ont armées afin de defendre tous ceux qui veulent maintenir le public en fon entier. Et pour venir à d’autres exemples, il ne s’enfuiura pasquel’Eglifede Dieu foit incontinent en vn lieu où fera l’arche de l’Alliance : car lesPhilifthins peuuent emporter cefte arche iufqucs dedans le temple de leur idole. Si toll que Ion verra les enfei-gnes amp;nbsp;legions Romaines,il ne s’enfuiura pas queccfoicrarmce de la République; maisce-
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ftc armee eft là ou font aflemblez ceux qui mainticnent la liberté du pays contre la tyrannie» qui afranchifl'ent le peuple de feruitu-de,qui répriment l’audace des femmes,qui fa-çent iuftice des flatteursabufans delabeftifc du Prince pour fouler fes fuiets en toute forte,amp; quifàccnt demeurer l’ambition dedans quelques limites. Ce que deflus foit dit touchant les tyrans fans titre.
Peitjir« Mais quant aux tyrans d’cxercicc,foit que d'exercice, premièrement ils foyent paruenus de droit ou par force au gouuernement de l’Eftat, il quot;’’“nousfautdextrement manier cefte qfleftion.
ctix, -»-• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• 1 • nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;/*
hu premier lieu, louuenons nous que tous Princes font nez hommes : tellement que Ion nefauroit feparer la raifon d’auec la paftion en eux,non plus que Fame ne peut cflre fepa-ree du corps tandis que l’homme vit.Il ne faut donc pas prétendre d’auoir des Princes ef-quels il n’y ait rien à redire ; pluftoft eftimons que tout va bien pour bous , fi ceux qui nous gouucrnent font moyennement bons. Et pourtant, encores que le Prince ne ticne pas mefure en quelquesafaires, fi quelqucsfoisil n’obtemperc à la raifon , s’il luy auient d’eftre lafehe à maintenir le bien public,ou de ne faire pas briefue iuftice, ou de ne repouffer vaillamment les ennemis: il ne fera pas incontinent tyran pour cela. Certainement, puis que c’eftvn homme de mefme chair amp;nbsp;fang que les autres, qui commande à des hommes non point
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point à des bœufs, amp;nbsp;que ce n’eft point vn Dieu qui prefide vifiblement entre les hommes mortels: comme vn Prince feroit extrêmement orgueilleux qui voudroit abuferde fes fuiets comme fi c’eftoyent bcftes brutes: aufsi le peuple fe monftrcroit par trop defrai-fonnablc qui d’vn Prince feroit vn Dieu , amp;nbsp;ccrcheroit quelque deité en vne nature fi fret-le qu’eft la nature humaine.Mais fi le Prince de propos délibéré ruine l’Efiatjs’ilrenuerfe au-dacieufement tous droits amp;nbsp;deuoirs , s’il ne fe foucie aucunement de garder fa foy,s’il n’a cf-gard à conuention, ni à iuftice, ni à pieté : s’il eft ennemi de fes fuiets,brief s’il pratique tou tes les mefchacetez que nous auons fpecifiees, ou les principales d’icelles,alors certainement on le pourra iuger tyran , c’eft à dire ennemi de Dieu amp;nbsp;des hommes. Il n’eft donc pas ici queftion d’vn Prince qui ne foit pas des meilleurs, ni des plus fages, ni des plus grands iu-fticiers, nidesplusvaillans, mais d’vn Prince tref-mefehant, malicieux amp;nbsp;traiftre, contempteur des loix, ennemi du peuple amp;nbsp;fourra-geur du Royaume. La prudence d’vn Senat,la droiture d’vn iuge, la proué'fle d’vn capitaine •à l’auantui c aidera le Prince inepte amp;nbsp;couard: mais le tyran fouhaite aux Seigneurs du pays, aux Confeillers d’Eftat,aiix chefs de guerre v-ne feule tefte,laquclle il puiffe abatre tout d’vn coup, amp;nbsp;n’y a gés qu’il haiffe plus que ceux-là. Ce Prince inepteamp;Iafche peut eftrefupporté, encores que de droit Ion pourroit le depofev:
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mais le tyran plus il efl fupporté , plus il fe rend infupportable.
OvTREPLvs, corne le Prince ne peut de droit faire tout ce qu’il luy plaift:aufsi fouuen-tesfois n’eft-il pas expedient que le peuple face ce que le droit luy permet de faire : pource qu’il peut auenir que le remede fera plus dangereux que la maladie mefme , tellement qu’il vaudra mieux téter Sceffayer tous autres moyens deuât que venir aux armes.Si dôc ceux qui j reprefentent le peuple voyent que Ion machine contre l’Eftat , ou que mefines on vfe défia de violence manif-ftejeur deuoir eft premièrement d’auertir le Prince, fans attendre que le mal s’augmente amp;nbsp;fc rende irremediable.La tyrânie rclfemble à vne fleure heâique, laquel le du commencement eft aifee à guérir, mais mal aifee à conoiftre: puis apres on la conoift allez,mais cllefe rend incurable. Et pourtant les Eftats ferôt foigneux d’y remédier de bonne heure,n’omettans rien qui foit pour cell cf feél.Si le Prince pourfuit,amp; ne fe foucic point des diuerfes rcmonftranccs qu’on luy aura faites, ains vife fculcmét à ce but de pouuoir cô-mettre impunément tout le mal qui luy plaira: alors il eft coulpable de tyrânie,amp;peut-on pra ' tiquer cotre luy tout ce que le droit amp;nbsp;vne iu-fte violécc permettent cotre vn tyran.Nô feulement latyrannie eft vn crime,ains lcchefamp; , cÔme le comble de tous autres crimes. Le tyran renuerfe l’Eftat, brigartde tous les fuicts, met
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met embu fell es à Ia vie de tous, cft periurc à Fêdroit de tous,amp;viole la fainéteté des fermés folcnnels.Pourtant il furpafle en mefcharKeté les plus horribles voleurs, brigâils,mcurtrier$ amp;nbsp;facrilcgcs que Ion fauroit penfer, autât que c’cll vn crime beaucoup plus grief d’offenfer tout le corps d’vn peuple,que quelques membres d’iccluy.Si les brigands amp;nbsp;facrileges font eftimez infames, fi on les fait mourir pour leurs maleficcs,fauroit-oninucter vn fupplicc alfcz grand au crime de tyrannie?
Davantage, nous auons prouué que tous Rois reçoiuent leur dignité Royale de la main du peuple ; que tout le peuple confiderc en vn corps eft par deffus amp;nbsp;plus grand que le Roy:qu’iceluy Roy cO tant feulement premier amp;nbsp;fouuerain gouucrneur amp;nbsp;feruiteur du Royaume, qui n’a pour maillre amp;nbsp;vray Seigneur que Iepeuple.il s’enfuit donc que le tyran of-fenfant le peuple commet fclonnie contre le Seigneur du fief, blclTc la facrec Maiefié du . Royaumc,cft rcbcllc;amp; pourtant merite la pu nition ordonnée par lesloix, voire encores plus grâdc.Pourtât,ce dit Bartolr,il pourra c-lire depofé par leScigncurfouuerain , ou iu-ftement puni,fuiuant la loy Iulia condamnant ceux qui font violence au public.Le fouuerain c’eft tout le peuple, ou ceux qui le veprefen-tent, comme ceux que nous appelionsEle- que. fteurs,Palatins,Pairs,Eftats amp;nbsp;autres. Que fi le tyran s’eft auancé iufquçs là qu’au ne le
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puifle degrader qu’auec main armee; alors fera-il loifible à ceux-là de faire prendre les armes au peuple , enrooller amp;nbsp;leuer gens de guerre , amp;nbsp;employer tous moyens de force 8c de rufe de guerre contre celuy qui aura efte iugé ennemi de la patrie amp;nbsp;de l’Eftat public. En fomme. Ion pourra prononcer telle fentence contre luy que contre Manlius Capitolinus à Rome, Tu m’eftois Manlius,lors que tu fis trebufeher les Gaulois qui vouiByent mSterau Capitole: mais poure ce que maintenant tu esdeuenu l’vndeceux là,tu feras précipite du haut en bas de ce mef-me lieu d’où tu les as rcpoiifH z.
PovR cela les officiers du Royaume n’encourront la note de fedition. Il faut neceflai-rement que deux parties fe rccontrcnt en vne fedition, lefquelles debatentl’vnecôtrel’autre ordinairement, fi que c’eft chofe neceflai-re, que le droit foit à l’vne amp;nbsp;le tort à l’autre.
trotté public, amp;nbsp;PEftat du Royaume aura le droit de desGufl- ßjp cofté; Si au contraire celle-là tout le tort, Lifej qui violera les loixjfouftiendra le menton aux
§• violateurs d’icelles amp;nbsp;aux deftruéteurs de la « vàitr. patrie. Celle-là aura le droit, dit Bartole, qui ?quot; tafchcra d’abolir la tyrannie: amp;nbsp;l’autre fera en voudra renucrfer le gouuernement fec.fseuit. legitime. L’vne qui regarde le bien public fera ç. iz.art. licitezl’autre qui ne vife qu’au bien particulier, Il gt;«ƒ/gt;«. fera illicite. Parqùoy, dit Thomas d’Aquin, dau-
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dautant que la domination tyrannique ne fe rage point à procurer le bien public, ains feulement le particulier du dominateur, elle n’eft plus iufte, amp;nbsp;la troubler ce n’eft point efmou-uoir fedition. Aufli les officiers du Royaume ne feront pas coulpables du crime de lefe Ma-iefté.Cc crime ne fe commet finon quand on s’attache au Prince legitime,lequel n’eft autre leg.iul. chofefinonvneLoy parlante. Parquoy, veu’”*quot;^/^’ que celuy qui anéantit les loix entât qu’en foy eft,ne peut auoir ce nom: ceux qui prendront les armes contre luy ne pcuuent eftre chargez de tel forfait. Aufli ce crime s’adreffe à la Rc- dce. Pa-publique:mais pource qu’il n’y a point de Re-publique finon là où les loix font en vigueur, non pasoû vn tyran engloutit l’Eftat à fon plaifir, c’eft le tyran qui eft çoulpable du crime de lefe Maictté, amp;nbsp;ceux-là protedeurs du public qui en vertu de leur authoritc amp;nbsp;félon leur deuoir courent fus au tyran. Et en cela il nefau^paseftimer que ce ne font pas les particuliers amp;nbsp;fuiets qui s’en meflent ains le corps du peuple, c’eft à dire la feigneuric ou fouue-raineié qui demande compte àfon procureur defonadminiftration. On ne peut nonplus cftimer perfides les officiers du Royaume, qui s’acquitteront ainfi du deu de leur charge. 11 y a en tous lieux entre le Prince amp;le peuple v-ne O'bligation mutuelle amp;nbsp;reciproque. L’vn promet d’eftre bon Prince,l’autre , d’obeit moyennant qu’on le gouuerne comme de rai-
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fon.AinGdoncle peuple eft oblige au Priocè fous condition; le Prince au peuple purement amp;fimplement. Pourtant fi le Prince ne tient paspromcfie,le peuple eft en fa liberté,le con-traót refcindé,amp; de droit l’obligatio eft nulle. Donques fi le Roy regne iniuftement il eft perfide,amp; le peuple pareillement s’il n’obeit à celuy qui luy commande ebofes raifonnablcs. Mais le peuple n’eft coulpablc de quelconque defloyautc s’il renonce tout ouucrtemcnt à celuy qui commande refpce au poing, ou s’il tafebe de le repoufler auec les armes,lors qu’il fe maintient felon Dieu.
, I L fera donc permis aux officiers du Roy-aumeou atous, oua bo nombre d iceuxpour le moins de reprimer le tyran. Et non feule-ƒ160.0. ment cela leur eft loifible , mais aufsi leur de-ere^jur. ]e requiert fi expreftement, que s’ils ne le font il n’y a exeufe quelconque qui puific cou-urir leur lafchetc.Car il ne faut pas que les E-Icéteurs,Palatins,Pairs amp;nbsp;autres Officiers notables penfent auoirefté eftablis feulement a-fin de faire leurs monftres, eftans habillez à l’antique lors qu’on facre le Roy, comme s’il faloit ioué’r vue farce, amp;nbsp;que ce iour là il.s re-prcfcntafTcnt fur vn efehaftaut Roland , Oli-iiier, Renaud amp;nbsp;tels autres pcrfonn.igcs, pour ramener en mémoire amp;nbsp;contrefaire les chcoa-Jiers de la table rondc:puis apres que le mon-des’eft retiré, amp;nbsp;que l’vn d’entre eux aura tire le rideau,ils eftiment auoir fort bien ioué leur roolle,
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rooUcj de s’cftre à toutes reftes acquittez de leur dcuoir iufqucs à vue autre pareille fois. Ccsccremonics-là n’ont point elle ordônees pour faire rire, ni ne fefont par maniéré de acquif.cc ne font pas ieux de petis enfans qui font le Roy de la poule; ains il faut que lesE-lefteurs, Pairs amp;nbsp;autres tels feigneurs Cachent qu’ils font appeliez pour auoir non feulement part à l’honneur,mais auffi à la charge, amp;nbsp;que laRepubliquc a efté recommandée voirement au Roy, comme au fouucrain amp;nbsp;principal tuteur,puis auffi à eux, comme confeillers amp;nbsp;tuteurs auec le Roy.
Et pourtant,toutainfiquelcstutcurs(icdin/gt;. l. 3; mefmes les honoraires ) font ifleus pour auoir l’œil fur celuy qui eft le principal tuteur, afin d’eftrefans celle autour de lu y pour fauoir l’e-ftatde fon adminiftration, amp;nbsp;comme il fecô-porte ; femblablcmcnt ceux-ci font ordonnez
. afin d’auoir l’œil fur le Roy,amp; empefeher qu’il n’entreprenerien au dommage du peuple, le Roy n’eftant réputé tel,finon pource qu’il a le ^,17 principal foin de la tutelle.Item côme Ion im- eoj. pute aux côtuieurs les fautes du tuteur qui ma nielc$afaires,fi quand ils ont deu amp;nbsp;peu ils ne -^.14. 0. l’ont defcouuert amp;nbsp;faitdepofer, afauoir s’il a failli de leur communiquer les afaires de fon
J • -n. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;) nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r 1 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;«f.tMf.l.}.
adminiitratio.s il ne s y porte pas fidèlement, igt;. de f»-s’il fait quelque chofeau deshôneur ou au dô-/!’«. t«f. mage de fon pupille,s’il foiirtrait quelque bien de la pupillarité, amp;nbsp;s’il eft ennemi du pupille;
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brief,s’il eft vn lourdaur, pareireux,amp; homme | fans jugement,amp;c.auflï les Eleéteurs,Pairs amp;nbsp;tels autres feront côptablesdu gouuernemcnc du Prince,s’ils n’aboliflet ou preuienét la tyrâ nie du Princc,ou s’ils ne fupplect à fa fetardife par leur foin amp;diligêce.Finalemêt corne le tuteur oubliâtà faire pour fô mineur tout ce que
quitter on luy baille des côfeillcrs quifót tenus veillerfur luy:auec beaucoup plus iufte raifôles officiers d’vne courónc pourront amp;nbsp;deuront agir contre vn Prince qui au lieudeperede famille fera deuenu ennemi de fon pcuplezveu qu’ils font autant comptables du fait d’iceluy
4^ ^ cicrs feramentoiuentqueleRoy tient voire-feric. tu- ment le premier rang en l’adminiftration de ttr.amp;’cur. l’Eftacmais qu’eux le fecôdent Si fuiuent chaf cun felon fon rang. S’il ne s’acquitte pas de fó deuoir ils ne font tenus de le fuiure : s’il ruine le public,ils ne feront pas les aueugles. Caria Republique leur a efté commife auffi bié qu’à luy,en telle forte que ce n’eft alfcz qu’ils ayent foin debienfaire,mais conuient auffi qu’ils co tienent le Prince en fa charge. Brief,tout ain- nbsp;nbsp;।
fi que le Roy a promis de procurer le profit du public, eux femblablement.Encores donc que luy fe periure, eux ne penferôt pourtant eftre î quittes de leur promelTc, non plus que les E- i uefqucs s’ils enduroyent vn Pape hcretique amp;nbsp;nbsp;)
ruinant i
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ruinant leur Eglife:aji contraire ils fè tiendrait pour dauantage obligez plus ils le verront fe plaire en fon iniquité. Mais s’il y a de la collu -ïion entre eux amp;nbsp;luy , ce font preuaricatcurs: s’ils difsimulentjil les faut appellertraiftres amp;nbsp;defcrteurs:s’ils ne garantiITcnt l’Eftat de toute tyrannie, on les doit mettre eux-mefmes au roolle des tyrans; comme à l’oppoGte ils font protefteurs,tuteurs amp;nbsp;petis Rois,s’ils gardent amp;nbsp;maintienent fain amp;fauf l’Eftat qui leur a e-fté baillé en garde amp;nbsp;en charge.
Combien queceschofesfoÿentalTezfer mes d’elles mefmes, fi les peut-on encores verifier par exemples. Les Rois de Chanaan,qui tenoyent le peuple d’Ifrael fous vne dure fer-uitude corporelle amp;nbsp;fpiritucl!e,eftoyent vrais tyrans d’exercice, encores qu’ils eulfent quelque titrc;car Eglon St labin auoyent paifible-ment régné enuirô l’cfpace de vingt ans.Dieù fufeice extraordinairement Ehud qui tue par émbufches Eglon, amp;nbsp;Debora laquelle desfait Parmee de labin, deliurât par tels moyens fort peuple de la tyrânie fous laquelle ilgemiflbit. Les Magiftrats ordinaires, les Princes des lignées amp;nbsp;tels autres officiers pouuoyent bieni entreprêdre cela, comme de fait Debora leur reproche leur lafeheté, amp;nbsp;detefte mefmes la deftoyauté de quelques vns en ceft afaire.Mais il pleut ainfi à Dieu, ayant pitié de fon peuple, de remédier à la nonchalance des ^agiftrats ordinaires.Roboam fils de Salomon refufe de
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dtfcliargcr Ic peuple des imports amp;nbsp;furcharges non neccflâires,amp; quoy que les Ertats l’en s.Augiift. priaflcnt il s’enorgueillit, amp;nbsp;appuyé furlecô-menace défaire encores Dicucha pisàJ’auenir. Nul ne doute que fuiuant la teil, ncitr de l’alliance premièrement traitée entre le Roy amp;nbsp;le peuple, les principaux du Royau-ihe n’euflent l’autorité de reprimer vn tel orgueil. Ils s’oublièrent doc grandemêt en cela, qu’ils firent par rcuoltc amp;nbsp;diuifion ce quife deuoit faire en Falfcmblee dcsErtats:item,de ce qu’ils trâfportcrêt le feeptre de la lignee de luda (à qui Dieu auoit attribue le Royaume) à vneautre ligneeen apres,comme cela eft a-uenu en d’autres faits,pourcc qu’ils manièrent amp;nbsp;pourfuiuirent trefmal vne caufe iurte amp;nbsp;legitime. On lit beaucoup de tels exemples é« hirtoircs des autres Royaumes amp;nbsp;gouuernc-mens publics.
rit. tin. Br VT VS chefdc la gendarmerie amp;Lucrc-tiusgouucrncur delà villedeRomc,artcmblét le peuple contre 7’arquinius Superbus, amp;nbsp;par l’autorité du peuple chaflent ce Roy du throne Royal. Qui plus crt,fcs bics font côfifqucz: dont il appert aflez que fiTarquinius curt efte faifi au corps, pour certain il curt crté puni félon les loix publiques. Les caufcsdeccrtede-pofitiô font,queTarquiniusabolirtbitla cou-ftume par laquelle le Roy demandoit auisaU Senat, qu’il faifoit la guerre amp;nbsp;la paix à fa fan-taific,qu’il traitoit alliances fans en demandei; confeilni confcntcmcnt au peuple ni au Senat,
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nat, qu’il violoit les loKcommifesàfà garde: brief J qu’il ne tenoit compte d’obferuer les conuentions accordées entre les Rois prece-dens amp;nbsp;les feigneurs amp;nbsp;peuple de Rome. Quat aux Empereurs Romains, chafeun fe fouuient amp;nbsp;a deuant les yeux la fentence prononcée par le Senat contre Néron iuge en icelle ennemi de la République amp;condamné à cftre traîné à la voirie : amp;nbsp;l’autre fentence, en vertu de laquelle Vitellius fut ignominieufement mu^ tilé,pourmené en miferable eftat par laville,amp; finalement mis à mort : vne autre contre Ma-ximinus, defpouillc de l’Empire, Maximus amp;nbsp;Albinus eftablis en fa place par le Senat. On y cnpourroitadioufter d’autres recueillies des plusalTcurczhiftoriens. L’Empereur Traian ne penfoit pas cftre exêpt des loix, ni ne vouloir qu’on l’cfpargnaft s’il deuenoit tyran ; car en baillant l’cfpce au grand Preuoft de l’Empire,fi ic commande comme il apartient, dit— il,aidc nxoy aucc celle cfpee:fi ie fais autremet defgainela contre moy. Semblablement les François,par l’authorité des Eftats,amp; à la fol-licitation des officiers du Royaume, chaflerét du throne RoyalChilderic premicr,Sigeberti Theodoric amp;nbsp;Childeric troificfme, à caufe de leurs tyrannies,amp; en cfleurét d’autre race pour gouuerner le Royaume. Mefmcs ils en dc-poferent quelques vns , à caufe de leur fai-neantife, amp;nbsp;faute defens qui mettoitl’Eftat P.ij.
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cnproye, amp;nbsp;faifoit que les putains, maqiié- j reaux amp;nbsp;flatteurs gouuernoyent tout à leur plaifir: oftans à tels mal-auifcz Phacthons la bride du gouuernement,de peur que tout le peuple ne ruft tonfume d’vn embrafementfi dangereux amp;nbsp;incuitable. Entre autres nous a-uons Thcodoric degrade à caufe d’Ebroin, Dagobert à caufe de Pledrude amp;nbsp;de Thibaud fon putier,auec certains autres: les Eftâts efti-mans autant infupportablc le commande- j ment d’vn Princetfteminc que d’vnefemme, amp;nbsp;portans aufsi enuis le ioug de quelques tyranneaux manians les afaires fous le nom d’vn Prince abcfti,que le ioug d’vnfcul tyran:brief nevoulans non plus eftre gouuernez par vn homme pofledé du diable que par le diable mefme. Il n’y a pas long temps que les Eftats contraignirent Louys onziefme, Prince fort haut àla main, de receuoir trente-flx curateurs , par l’auis defquels il feroit tenu de gou-uerner les afaires d’Eftat. Les defeendans de Charlemagne fubftituez à ceux deMerouee au gouuernement du Royaume, ou ceux de Capet préférez aux Carlouingiens par ordon nance des Eftats, amp;nbsp;qui régnent encores au-iourd’huy, n’ont pas autre droit que celuy qui a efté deferit cideflîis:amp; a efte permis de droit à tout le corps du peuple reprefente parle con feil duRoyaume,qu’on appellel’aflcmblec des Eftats,de les degrader, ou de les eftablir. Sui-iiant ce mcfmc droit nous lifons qu’Adolphe
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futdepoféde l’Empire d’AIemagne, fan mil deux cens nonantc-fix,pourccquepar auarice ilauoitairaillileRoy de France cnfaucurde celuy d’Angleterre: amp;nbsp;VVenccflas fut aufsi dcpofe I an mil quatrecens.Encorcsces Pnn* ces n’cftoyent pas mefchans, ains du nombre des moins mauuais, Elizabct femme d’E- ■fro'yjàrd. douard fécond aflembla le Parlement d’An-gleterre contre fon mari, lequel y fut depofé à caufe qu’il tyrannifoit fes fuicts , amp;nbsp;faifoit mourir les Seigneurs fans conobfance de cau-fe. Il n’y a pas long temps que Chriftierne a perdu la couronne de Dannemarch , Henri celle de Suède, Marie Stuard celle d’Efcoflc: amp;nbsp;les hiftoircs dignes de foy tefmoignent plu fleurs tels changemens eftre auenus es Royaumes de Pologne,Hongric,Efpagne,Portu-gal amp;nbsp;autres.
Mais que dirons-nous du Pape mefmes? On tiét que les Cardinaux, pourec qu’ils l’ont cil eu, ou (à leur defaut) les Patriarches qui fe-condentles Cardinaux, pcuucnt en luy amp;nbsp;pour certaines raifonsdflcmblcr leCon ^nt.de eile, amp;’y iugerlePape : comme fl parvnno-toire dclift il feandalize l’Eglife vniuerfclle, ßtumtß“ s’il efl incorrigible,!! la reformation eft autant inttr cofil. necclïaire au chef qu’aux membres, fi contre- PmI. uenant àfori ferment il refufe d’aflembler le Concile. Au refte, nous lifons que plufieurs Papes ont elte depoiez par 1 autorité du Con- inefi.-vifo eile. Mais s’ils abufent oblUnement de Icurfmiffo, P.iij.
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autorité,il faut premièrement,dit Balde, vCer remonftranccs de paroles,fecon ^de Car'd nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;d’heibes,c’eft à dire de remed cs, ticr-
in çement de pierres: amp;nbsp;là où l’adrcflc de l’efprit rhiliigt;. n’eftfuffifante, il y faut employer la force des Deo^w» jj-fncs. Or fi par l’auis delapkifpartdesdo-âeurs par les decrets des Conciles , amp;nbsp;par les filta emus r nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;\ r
•verbafue cucnemens 11 appert que le Concile peut de runtnd. droit depofer le Pape,lequcl toutesfoisfevan Barb.in te d'eftre Roy des Rois, amp;nbsp;autant par deflus ^.tonftLi. l’Empereur que le Soleil cft par deflus la Lu-Bald'inc s’attribuant aufsi l’autorité de depofer dim.col, quand bon luy femblcra les Roisamp; les Einpe-penitl.de rcurscqui doutera maintenant,que rafTemblce re/crt.i» publique d’vn Royaume ne puilTc degrader non feulement le tyran, mais aufsi dipofcrle demaio^ duqucl la folic fcroit pcrnicieufc au pu-amp;' obed. blic?
Maïs pofons le cas qu’en cefte nauire politique le pilote s’enyure, la plufpart de fes aides s’endorment, ou apres auoir beu à outran ce par cnfcmble ils s’amufent en iouant à regarder vn efeueil qui menace leur vaifleau, lequel au lieu de tenir la route propre au feign eur d’iceluy,fcmbleefire preft de faire naufrage : que doit faire alors vn foufmaiflre qui fera vigilant amp;nbsp;foigneux de fa chargc?Sera-ce alTcz de tirer l’oreille à ceux quidormclit, ou les piquer par les coftes, fans ofer cependant, crainte qu’on ne l’eftime vouloir faire quelque chofe fans commandement, fccourir amp;nbsp;garan-
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garâtir Ievaiffcau,qui Cc va pcrdrcPQuclIc for-ccneric ou impictc ftroit- cela? Puis que la tyrannie,cÔme dit Platon,eft vneyurelTe amp;nbsp;for- nbsp;nbsp;s.
cenerie, fi le Prince rêuerfe l’Eftat de fond en Im- de comble, laplufpart des principaux s’cntcndêt auec luy, ou du moins fôt aflbpis,fi le pctiple, qui eft feigneur de l’Eftat, eft réduit à l’extrc-mitc par la fraude ou nonchalance de tels officiers : amp;nbsp;cependant y ait quelqu’vn d’iceux lequel aperçoyue la tyrannie s’auançat au grand? ' pas,amp; la detefte de tout fon cœur,qu’cftimôs-nous qu’vn tel doyue entreprendre contre v-ne telle tyrannie ? Secontentera-ild’aduertir de leur deuoir fes compagnons quil’empcf-chent autant qu’ils peuuent?Mais outre ce que il y a du danger à faire tel aduertiffement, amp;nbsp;qu’en l’Eftat des afaires telle follicitation fera , tenue pour crime capital; ce feroit faire tout ainfi que celuy qui fe trouuant entre des bri-gâdsau milieu d’vne foreft, mefpriferoit tous moyens de refiftance,amp;aprcs auoir mis bas fes armes allcgueroit l’autorité des loix,amp;feroit vne belle harangue de la iuftice qui doit rei-glcrlavie humaine. A la vérité cela s’appelle enrager auec raifon. Q^oy donc? fera-il fem-blant de n’ouyr point les crisdu peuplc?fc tai-ra-il voyant entrer les brigands ? fc contentc-ra-ilde baailler amp;nbsp;mettre les mains en fo fein? Or fi les loix condamnent au fupplice le foldat qui pour crainte des ennemis aura fait du ma-lade, fe monftrant traiftre amp;nbsp;dcfloyal en ceft re mdit.
P.iii).
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endroit: à quelle punition condamnerons-nous celuy qui trahit malicieufement ou laf-chement ceux qu’il a prins en fa garde ? Vn tel donques fera tenu de commander aux mariniers auec vn cri d’allègre(Te : il donra ordre que la République ne rcçoiue aucun dommage, amp;nbsp;maugré le Roy mefmc conferucrale Royaume, fans qui le Roy ne ft roft point, amp;nbsp;s’il n’y a autre remede tiendra les pieds amp;nbsp;poings liez à ce Roy,afin de le guérir de la fre nefie amp;nbsp;fureur.
CAR,ainfi que nousauons défia dit, toute l’adminiftration du Royaume n’a pas clic rc-fignee par le peuple entre les mains du Roy fn Cartba nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l’Eucfché OU charge de l’Eglife
t.co»- vniucrfelle n’a elle commifeau Pape:ains auf-cil.Do- fl à tous les Officiers du Royaume,qui s’y doi- , uent employer de tout leur pouuoir. Or dau-tant que la concorde procédé amp;nbsp;part de ceux qui gouuerncnt, pour euiter toute ialoufie entre les perfonnes efleuces en mcftne degré, le Roy fut ellabli pour cllrc afsis au plus haut lieu du gouuernemcnt public. Le Royiure qu’il aura foin du bien du Royaume, vn chaf-cun des officiers de la couronne promet le femblabledc fa part. Si donc le Roy, ou plu-ficurs de ceux-là faullàns leur promtiTe ruinent l’Ellat ou l’abandonnent au befoin, fau-dra-il que les autres enfuiuent telle lalchctc, amp;nbsp;quittent tout, comme file mainiais exemple deleurs compagnons les abfoluoit de leur Rr-
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ferment? Mais au contraire,en voyant les autres ne tenir compte de la foypromife, c’cfl lorsqu’ils doyucnt mieux garder la leur :veu mcfmes qu’ils font ordonnez pour ceft ctFcCt comme Ephorcs amp;nbsp;Controlleurs publics, ioint que toute chofe quivife au but pourquoy elle eft faite,eft eftimee, iufte quand elle y téd amp;nbsp;no point autremét. Et fi pluficurs ont promis vne mefmc chofe,robligation de l’vn eft-clleannulée par le periure de l’autre? fiplu-fieursfôtpleigcs d’vne mefme fomme, amp;nbsp;l’vn faitbâqucroute s’enfuit-il que les autres fcyéc quittes?Siplufieurs tuteurs adminiftrent mal le bien de leur pupille , amp;nbsp;il y a quelque borne de confcience entre eux,eft-il defehargé par la faute de fes compagnons? Au côtrairc Icsvns ne fauroyent fc purger qu’ils ne foyont diffamez de periure, fi entant qu’en eux eft ils ne s’efforcent de s’acquitter de leur promeffe ; ni les autres ne peuuent exeufer leur infuffifance amp;nbsp;mauuais deportemet au fait de la tutcle mal mefnagec,quc par mefmc moye ils n’aceufent to’ ceux qui ont manie la tutcle aucc eux: veu mefmesquenon feulement le tuteur vnique, l\d. de maisaufficeluy qui l’aeftc amp;nbsp;ne l’cft plus,peut adminift, tirer en iuftice tous autres qui font fufpeds amp;nbsp;donner ordre qu’ils ne touchent à rien. Et pourtat ceux qui ont promis s employer pour DJefif-tout vn empire ou Royaume, comme le Con- feO ncftablc,lesMarcfchaux, Pairs amp;nbsp;autres,eftâs ^cuntt. en prouinccs amp;nbsp;ceux qui font vncprouincc
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du Royaume,tels que font les Ducs,Marquis, Senefchaux,Comtes,Maires amp;nbsp;autres font tenus de fecourir toute la Republique,ou la partie d’icelle foulee des tyrans , félon le deuoir qu’ils ont receu du peuple apres le Roy.Ceux-làdoiucnt garantir tout le Royaume de ty-rannie,felon le pouuoir que Dieu leur donne: les autres comme députez es prouinces doi-uent garder ce qui eft en leur charge : ils doi-uent (di-ie) reprimer le tyran comme les autres font tenus le chafler arrière de leurs limites. Pourtant Mathathias,rvn des principaux, tandis que les vns difsimulcnt, amp;nbsp;les autres font de la partie ou s’accomodet pour la pluf-part aux menées d’Antiochus preflant tyranniquement le Royaume des luifs , afin de re-ftablir le Royaume de Dieu abatu par tyrannie , parle à ceux qui prenoyent les armes, enlafortequi s’enfuit : Redreifons l’cftat de noftre peuple,combatons pour iceluy amp;nbsp;pour nos fainâs lieux. Il appert de ce pa/Tagequ’on peutiuftement leuer les armes contre vn tyran (comme ceftuy-là l'eftoit) non feulement pour la Religion , mais aufsi pour la patrie. Car ceux là ne font taxez de per-fonne d’auoir enuahi le Royaume, ains eft dit qu’ils fe font vendiquez le Royaume qui apartenoit à la lignee de Iiida. On trou-, ne és liiftoires plufieurs exemples feruans tüflm.l.ï. X nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. 7 n nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;* I
ViifJorni propos. Arbactus goinicrncur «le Me-îi.i,f/).37. de tue Sardanapale filant entre les femmes amp;di-
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amp; diftribuant tous les threfors du Royaume aux putains.Vindex amp;nbsp;Galba gouucrncur des Gaules amp;nbsp;des Efpagnes quittent le parti de Néron fupportc en fa tyrannie par le Senat, Si attirent la Gaule amp;nbsp;l’Èfpagne à eux. Mais entre tous afteSjl’arreft des iuges de Sparte eft notable, amp;nbsp;doit pàfler en chofciugeeparmi toutes nations, cftant procède d’vn tel Senat que celuy là. Les Spartiates eftans maillres de la ville de Byzance,ils y eftablircnt chef amp;nbsp;gou uerneur Clcarchus,qui oftoit le bic aux citoy-enspour le diftribuer àfes foldats. Cependant I les familles des citoyens mouroyent de faim. Anaxilaus l’vn des principauxde la ville,indigne de telle tyrannie,entre en communicatiô auec Alcibiades pour luy rendre la ville,cn laquelle il eft receu quelque temps apres. A cau-fe de cefte reddition Anaxilaus eft aceufe de-uant le confeil de Sparte, où il plaide fa caufe amp;cftabfous parlcsiugçs: pourcc,difent-ils, qu’il faut faire la guerre aux ennemis, non pas à nature. Or il n’y a ebofe plus contre nature que de voir ceux qui font commis à la defenfe d’vne place eftre plus cruels à l’endroit des ha bitans d’icelle que les ennemis qui l’ont afsie-gee. Tel fut l’auis des Spartiates, iuftes dominateurs, amp;nbsp;fc trouuera peu de bons Rois qui n’aprouuent cefte fcntence d’abfolutton : car ceux qui défirent régner comme il apartient confiderent bien ce que méritent les tyrans, ce que le peuple amp;nbsp;les Officiers amp;nbsp;principaux
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membres d’vn Eftat peuuent de droit.
M AI s il nous faut pafler encores plus ou-tre.Il n’y a fi petit matelot qui ne foit tenu de mettre la main à la befongne pour empef-cber le naufrage du vaifleau qui eft preft à feperdrt par la faute ou nonchalance du pilo-te.Chafq'jr' magiftrat eft tenu de fecourir I’E-ftat s’il Ic void proche de fa ruinepar la fetardi fe OU mefchancete du Prince amp;nbsp;de fes aflbcicz, brief il doit garantir ou tout le Royaume, ou la portion qu’il a en charge, de la tyrannie qui s’en veut emparer. Mais cela fera-il loifiblc au premier venu amp;nbsp;à quelque home de nulle autorité ? Sera-il permis à vn Herdonius Sabi-nuSjà Eunus Surianus,ou à vn tel maiftre d'ef-pee que Spartacus,briefà vn particulier de pre îenter le honet aux efclaues, mettre les armes en la main des fuicts.donner bataille au Prince,encores que la tyrannie prefle? Nullement. La République n’eft point baillée en garde aux particuliers confiderez vn par vn, ains au contraire les particuliers tout ainfi que pupilles font fous la charge des principaux officiers amp;nbsp;magiftrats.Pourtât ceux-là ne fSt pas tenus de garder la Republique, qui ne fe peuuent garder eux-mefmes. Dieu ni le peuple n’ont pas mis le glaiueen la main des particuliers: parquoy s’ils le defgainent fans commandc-■’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ment,c’eft faire fedition,qiioy que la caufe fe
hle iufte. Dauantagecenefontpasles priuez amp;nbsp;particuliers qui font le Prince, ains tous en gc-
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general amp;nbsp;confiderez en vn corps: dont s’enfuit qu’ils font tenus d’attendre le commande-. ment de tous, c’eft à dire de ceux qui reprefen-tent tout le corps du peuple en vn Royaume, prouince ou ville,ou pour le moins de l’vn de ceux là, auant que rien entreprêdre contre le Prince. Car tout ainlî qu’vn pupille ne peut ^-8. i-vi intcnteraâion fans l’autorité de fon tuteur, encores que le pupille foit vrayemêtfeigneur, amp;nbsp;que le feigneur ne foit tenu pour tel unon à raifon de fa charge:au cas femblable le peuple ne peut rien entreprendre finon fous l’autorité de ceux aufquels il a baillé fa puiflance amp;nbsp;au toritc, foyent magiftrats ordinaires ou extraordinairement créez en raffemblee desEftats, aufquels il a ceint l’cfpee pour ceft effed, s’eft liurcàeux comme à fes tuteurs amp;nbsp;curateurs, cftablis en tel degré que le Prêteur à Rome lequel appointoit les differens entre les ferfs*' ‘ amp;lcsmaiftres, afin que fi quelque debat fur-uient entre le Roy,amp; les fuiets, ceux-là foyent iugesamp; conferuateurs du droit , de peur que les fuiets ne s’auancent iufques là d’eftre iuges en leur propre caufe.Et pourtât,s’ils font gre-uez de tributs amp;nbsp;d’impofts defraifonnables, fi on les traite tout autrement qu’on n’a promis, amp;nbsp;nul des magiftrats nes’yoppofe, ils doyuent demeurer cois amp;nbsp;penfer que Ibuuen-tesfbis les plus fa g es médecins pourpreuenir ou guérir vne forte maladie, commandent la faignee,vne purgation, ou quelque fcarifica-
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tion : amp;nbsp;que lesafaires de cc monde vont de telle forte, qu’à peine vn mal fe peut-il guérir fans vn autre mal,amp; ne fauroit-on obtenir vn bien qu’aueefort grand trauail.Ilsontrexcm pie du peuple d’Ifracl qui du temps de Salomo ne refufa point les grandes tailles impofecs pour le baÜiment du temple amp;nbsp;la fortification du Royaumc:pourcc que par l’auis de tous cela efioit mis fus pour la gloire de Dieu, amp;nbsp;pour l’ornement amp;nbsp;entretenement du public. Aufsi ont-ils l’exemple de noftreSauucurle-fus ebrift,lequel eftant Roy des Rois, néant-moins pourcc qu’il conuerfoit au monde en autre qualité, amp;nbsp;eftoit homme priuc amp;nbsp;particulier, paya volontairement le tribut. Si les magiftrats mefincsfauorifcnt à la tyrannie, ou ne s’y oppofent pas formellemen t:que les particuliers fe ramentoiuent ce qui eftditau ^4. chapitre de lob,qu’à caufe des péchez du peuple Dieu permet que les hypocrites régnent, lefquels il n’cft pofiible de ranger ni renuer-fer, fi les particuliers ne fe repentent de leurs fautes pour cheminer en l’obcilfance de Dieu: tellement qu’il ne faut apporter autre chofe que les genoux ployez amp;nbsp;vn cœur humilie. Brief, qu’ils fupportent les mauuais Princes, qu’ils en fouhaitent de meilleurs , cftimans qu’il faut fupporter la tyrannie aufsi patiemment que Ion fupporteroit le dommage d’v-nc grcfle,d’vnc rauine d’eaux,d’vne tempefte, ou de tels autres accidens naturels : s’ils n’ai
ment
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ment mieux fc tirer arriéré amp;nbsp;changer de pays, Ainfi Dauid s’cft retiré aux montagnes, amp;nbsp;n’a rien attenté contre le tyran Saul, pource qu’il n’eftoit pas l’vn des gouucrneurs declairez du peuple: lefus Chrift, le Royaume duquel n’eft » pas de ce monde s’en eft fuy en Egypte,amp; s’eft tiré arriéré des pattes de la tyrannie ; amp;nbsp;fainét Paul traitant du deuoir d’vn chafeun Chre-ftien amp;nbsp;non point des magiftrats, cafeigne qu’il faut obéir à Neron.Rom.13.
Mais fi tous les principaux Officiers, ou pluficursjou l’vn d’iceux fe met en effort de réprimer vne tyrannie manifefte, ou qu’vn ma-giftrattafehe de la chaffer loiodelaprouince ou portion du Royaume laquelle eft en fa charge, amp;nbsp;que ce magiftrat fous ce pretexts n’amcine point quelque autre tyrannie nou-uelle en auant ; alors il faut que tous en troupe amp;nbsp;à qui mieux mieux fe ioignent pour pren dre les armes,amp;qu’ils afsiftent de leurs bicnsamp; perfonnes, côme fi Dieu auoit denôcé du ciel qu’il veut donner bataille aux tyrans, amp;nbsp;qu’ils s’effayent de deliurer l’Eftat public amp;nbsp;le Royaume delà tyrannie qui l’oppreffe. Car Dieu chaftie les tyrans par le peuple , comme il fouette le peuple par les mains des tyrans: amp;nbsp;c’eft vne fcntcnce veritable en tous temps. Que Dieu tranfporte les Royaumes d’vne na-tion à l’autre, à caufe des iniquitez, violences jq. amp;nbsp;mefchancetcz des Princes; mais que la tyrannie ne fubfiftc paslôguement. Les Centc-»iers amp;nbsp;genfdarmes executêt de franc coura ge
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le commandement du fouuerain facrificatcui* Ioùdas,pour abolir la tyrannie d’Athalia. En la mefme forte, tous les fideles Ifraelites fe ragent au parti des Machabees, tant afin de re-Itablir le pur feruice de Dieu que pour maintenir l’Eftat contre les iniques amp;nbsp;malheureux efforts d’Antiochus ; au refte Dieu fauo-rife, amp;nbsp;donne bonne iffue à leurs iuftes def-feings.
Disons encores dauantage.Quelques-foisDieu ne peut-il pas fufeiter d^être les parti culiers quelqu’vn pour ruiner la tyrânit? Puis que luy mefme lafche la bride à certains tyras forti« du peuple,amp;dominans fans titre ni aueu quclc5que,afin de punir par euxles pechez du peuple, pourra-il pas bienaufii fufeiterdes libérateurs d’etre les plus petis du pcuplePLuy quiauoit afferuifon peuple Ifrael àlabin amp;3 Églonjl’a-il pas deliuré afranchi par Ehud, Barac amp;nbsp;Debora, tandis que les magiftratsamp; gouuerneurs eftoyent affopis? Qu’eft-eequi empefehe döc,direz-vous, que le mefme Dieu qui nous chaftie en noftre aage par les tyrans, ne puiffe auffi enuoyer extraordinairement quelques chaftieurs de tyrans?Si Achab extermine les gés de bien,fi Iczabel atitre des faux tefmoins contre Naboth, ne fc pourra-il plus trouuer delehupour racler la race d’Achab, venger le fang de Naboth,8f faire manger le-zabel aux chiens? l’ay refpondu ci deuant,que Diçu fc fouuient toufiours de fa iufticc, amp;nbsp;la main-
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maintient autant inuiolable que fa mifcricor-dc. Mais dautant qu’en ces derniers temps ks figncs manifeftes, par lefquels Dieu foiiloit confermer la vocation extraordinaire de ces illuftrcsperfonnages, nous défaillent pour la plufpart:quc le peuple auife bien qu’en defirât traiicrfer la mer à pied fee il ne foit guide par vnimpofteur (comme nous lifons cela eftrc auenuaux luifs) qui le face noyer: qu’en cer-chant vn libérateur il ne fuiue quclqu’vn qui ayâtehafle le tyran ne maintiene luy-mefmes en autre forte toute la tyrannie î brief, qu’en voulant feruir à la patrie, il ne mcfle fes paf-fions parmi,de peur qu’il ne luy en prene corn meàpluficurs Republiques d’Italie, afauoir qu’en penfant clialTcr le mal prefent il n’en attire vn plus grief amp;nbsp;du tout infupportable.
En fomme, pour mettre finàceftetroi-fiefme queftion , les Princes font cfleus de Dieu, amp;nbsp;inftallcz par le peuple. Comme tous les particuliers vn par vn font inferieurs au Prince;aursi tout le corps du peuple, amp;nbsp;ks Of ficiers du Royaume qui reprefentent ce corps font par deflus le Prince.En eltabliflant amp;nbsp;rc-ceuant le Prince, alliance expreife, ou non exprimée de parolcs,naturellc,amp; mefmcs ciuilcj le traite entre luy amp;nbsp;le peuple: afauoir qu’on luy obéira s’il commandebien, que tousle fer uirontjfi luy mefmes fert à la République, que tous fe lairront gouuerner par luy, s’il fe laifle gouuerncr par les loix : amp;nbsp;c. Les Officiers du
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Royaume font gardiens amp;nbsp;protedeurs de ce-fte alliance amp;nbsp;conuention.Celuy qui l’enfraint traiftreufcmcnt amp;nbsp;de malice obftinee eft vr:^cment tyran d’exercice. Et pourtant les Onîciers du Royaume le peuuent iuger felon les loix, amp;nbsp;s’il veut faire tcfte leur deuoir les oblige de luy courir fus auec les armes, s’ils ne peuuent autrement le reprimer. Ces Officiers font de deux fortes. Ceux qui ont en charge tout le Royaume vniucrfellement comme le Conneftablc,les Marefehaux, les Pairs amp;nbsp;autres tels,font tenus, chafeun à part foy (quand tous les autres difsimuleroyent ou tiendroyét mefmes le parti de la tyrannie^ de réprimer le tyran. Les autres Officiers qui gouucrncnt quelque prouince ou portion de pays du Royaume, comme les Ducs, Marquis, Comtes, Confuls, Maires, amp;c. peuuent felon leur droitrepouffer la tyrannie amp;nbsp;le tyran arriéré de leurs villes amp;nbsp;gouucrnemens. Mais les per-fonnes priuecs amp;particulicrcs doiucnt fc garder de defgainer l’efpce cotre les tyrâs d’exercice , pourec qu’iceux n’ont pas cfté eftablis par les particuliers, mais par tout le corps du peuple.Mais quant aux tyrans qui fc fourrent enauant fans aucun titre , damant que nulle padion n’eft entreuenuc entre eux amp;nbsp;le peuple, il eft permis à tous indifféremment de leur courir fus: amp;nbsp;en ce râg de tyrans Ion peut mettre ceux qui abufans de la beftife amp;nbsp;nonchalance du Prince legitime exercent tyrannie
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nie fur Icsfuiets d’iceliiy.Voila le fommairede ce qui a efté amplement traité en la troifief-me queftion,à quoy ( pour entièrerefolution) Ion peut ioindre ce qui eft difcouru en la fécondé.
QVATRIESME QVE-;
s T I O N, ASAVOIR, SI LES PRiNx ces voifins pcuucnt ou font tenus de droit donner fecours aux fuiets des autres Princes gt;nbsp;affligez à caufe de la vraye Religion ou opprimez par tyrannie manifeftc.
NO VS auons maintenant vrie autre que-ftion à traiter, en la refolutiô de laquelle il faut aportor plus de confcience que de fci-ence, amp;nbsp;n’en faudroit difputer en forte queU conque fi la charité regnoit auiourd’huy aiï monde. Mais,felô que les hommes fe gouuer-nent en ce temps-ci, puis qu’il n’y a chofr plus rare ni plus precieufe que celle charité, il faut que nous traitions fommairemct nollre que-llion. Nous auons monftré par viucsraifons que le peuple peut réprimer,chalTcr Scchaftier les tyrans Ecclefiaftiques amp;: feculiers: mais à' caufe que telles gens font fi rufez, ou que les fuiets font fi peu auifez , qu’à peine peut-on
Qaj. •'
-ocr page 254-z44 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;QJV atriesme
defcouurir Ie mal, finon après qu’il a tout emporte' , amp;nbsp;que les fuicts ne penfent à fe confer-ucr linon alors qu’ils font presque ruinez, ou réduits tellement à l’éftroit qu’ils n’en pcuuét fortir par leurs propres forces, ains font contrains implorer le fecours d’autruy: on dema-de,fi IcsPrincûsChrefticns peuuentfclô droit amp;raifon'amp; en bonne confciencefecourir tels fuicts foqftenâs la caufcdcfEglifcou de leur Royaume. IIy en à pluficurs qui efpcrans s’agrandir ou emplir leurs coffres cnfccourant les affligez, ont incontinent refpondu qu’il c-lloit loilible de ccfairc;amp;c’cft ainli que IcsRo mains, Alexandre le Grand amp;nbsp;plufieurs autres, Ipus prétexté de reprimer les tyrans ont fouuc-tcsfoiscftcndii leurs limites, lln’ya pas long temps que nous auôs veu IcRoyHcry deuxief-me faire la guerre à l’Empereur Charles le QmntjfouSxouIcur de défendre amp;dcliurer les Princes proteflâs: commeaufli Henri huitief-mc, Roy d’Angleterre fe monftra preft defe-courir les Alcmas,fi Charles le Qnint les vouloir molcfter. Mais s’il y a quelque apparence de danger ou de petit profir,alors on orra plu fleurs Princes difpurcr s’il cil loifible ou non de donner fecours. Et comme ceux-là cou-uroyenr-Ieur ambition ouauaricc du voile de pieté, ceux ci au contraire appellent leur laf-chctéiuftice; encores qucla pieté, foigneufe du bien d’autriq', ne confeillaft aucunement ceux-là :amp; que la iuftieequi regarde entièrement
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ment à foulagcr le prochain n’incîtaft ceux-ci à fe refroidir. Donques fans nous arrefter ni aux vns ni aux autres voyons cequelavraye pieté amp;nbsp;iuftice cofcillent au fait de la ReJigiô. PREMIEREMENT tOUS font d’aC-cord en ce poinâ:,Qii’il y a vne feule Eglife,de laquelle lefus Chrift eft le chefi amp;nbsp;dót les mê-bresfont tellcmctvnis amp;conioints que leplus petit d’entre eux ne peut ertre olfcnfé, que les autres n’en fentent le coup amp;la doulcur,com-me toute l’Efcrifurc Sainéte en fait foy. Et pourtant l’Eglife eft comparée à vn corps. Or il auient ordinairement que le corps périt non feulemêtpar quelque grand’playe du bras ou de la cuiflc,mais auffi cil grandement interef-fc amp;nbsp;par fois meurt par vn mal furuenu au petit doigf.En vain donques vn homme fe van-, tera que la conferuatiô de ce corps luy eft recommandée, s’illaiiredcfchireramp; defpccer ce qu’il pouuoit conferuer entièrement. L’Eglife eft comparée à vn edifice. De quelque cofte qu’vn edifice foit miné,il tombe fouuentesfois entieremet par terre: amp;nbsp;à quelconque plâcher que la flamme s’attache, toute la maifon eft en danger. Et pourtant celuy là feroit digne de moquerie, qui differcroit d’aller cfteindrele feu efprins au toiâ de la mai^n , pource que luy demeurerort en la cauc. Qui ne tiendroit compte d’efuenter vne mine, fous prétexté qu’elle feroit dreifee pour abattre cefte muraille-ci, amp;nbsp;non pas ccftc-là, chafcunle Qâij.
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tiendrok pour infenfé. Derechef l’Eglife eft j eftimee reflembler à vne nauire, laquelle en faifant naufrage fe perd entièrement : à l’oc-cafion dequoy ceux quifontcnprouë amp;nbsp;en la carene ne font pas plus afleurez que ceux qui demeurent en poupe amp;nbsp;furletillac, fi quelque tourmente vient afiaillir le vaificau, veu qu’on dit en commun prouerbe de ceux qui font en mefme danger gt;nbsp;qu’ils font en mefme naruire amp;nbsp;courent mefme fortune. Cela prefuppofe , certainement quiconque n’eft efmcu de la douleur, de l’embrafement amp;nbsp;de l’agitation de l’Eglife, ne peut eftre du corps d’icelle, n‘eft du nombre des domeftiques de lefus Chrift, amp;nbsp;ne demeure point en l’Arche. Celuy qui en eft efmeu tant foit peu , ne dok pon plus difputer s’il cft tenudefecourir les membres afflige^ del’Eglife, que foy mcfmes, ycu qu’é l’Eglife nous nefommesqu’vn corps: ains faut qu’vn chafeun en fa vocation leur afsifte comme il doit, amp;nbsp;de tant meilleur courage,felon qucDieu luy en aura donc meilleur moyen: car ce qu’il nous donne n’eft pas pour nous,ains aufsi pour en faire part aux autres.
Comme cefte Eglife cft vnique, aulsi eft-clle recommandée amp;nbsp;baillee en garde à tous les Princes Chreftiens en general amp;nbsp;à chafrun d’eux en particulier. Dautant qu’il y auoit dan ger delà laiflcr en charge à vn feul, amp;nbsp;que l’v-nitc d’icelle nercquiert nullement qu’elle foit diuifee en pieces, amp;nbsp;chafeune afsignee à vn parti-
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particulier: Dieu l’a commife toute entière » aux particuliers, amp;nbsp;toutes les parties d’icelle à tous en general, non feulement pour la con-feruer faine amp;fauue,ma}S aufsi pour l’amplifier autant que faire fe pourra. Tellemêtquefivn Prince a foin d’vne portiÔ de l’EglifcjCÔme de celle d’Alemagne ou d’Angleterre, amp;nbsp;cependant mefprife amp;nbsp;abâdônc vne autre partie op-prelTce,! a quelle il pouuoit fecourir, il a abandonné l’Eglife, veu que Chrift n’a qu’vnefeule efpoufc, laquelle le Prince doit tellement défendre amp;nbsp;garder, qu’elle ne foit violee ni corrompue nulle part s’il eft pofsible. Tout ainfi que chafeun particulier eft tenu d’auan-cer la reftauration de l’Eglife par humbles amp;nbsp;ardentes prières : aufsi les magiftrats font tenus de procurer le mcfme auec tous les moyé s que le Seigneur leur a mis en main. Car l’E-glife d’Ephefe n’eft point vne autre Eglife que celle de Coloffes; mais ces deux font portions de l’Eglife vniuerfelle , laquelle eft le Royaume de Chrift, l’auenement amp;nbsp;auance-ment duquel chafeun doit fouhaitcrzles Rois, Princes amp;nbsp;magiftrats font tenus de l’cftcndre, agrandir, maintenir amp;nbsp;faire aparoir en tous lieux amp;nbsp;maugrc tous ennemis. Pourtant il n’y auoit qu’vn temple en ludee, édifié par Salo-mon,ce qui reprefentoit l’vnité de l’Eglife.Or le facriftain ou marguillier d’vn temple meri-teroit d’eftre mocque amp;nbsp;fouetté àbon efcict, qui en garderoit feulement vne partie bien
Q.iiij.
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clofe amp;couiiertc,amp; nc fc foucicroit nullement du refte, encores que Ia pluye gaftaft touc.Sê-blablement tous les Rois Chreftiens en rcce-uant Tefpccau iour leur facre promettent dc maintenir l’Eglife Catholique ouvniuer-I fellc:amp; la ceremonie dont ils vfent ijlors mô-ftre cela,car auec celleefpee en main üsfe tour nent vers Orient, Occident, Midi amp;nbsp;Septentrion , afin que lonfatheque nulle partie du monde n’ell exceptée. En fc dcclairant ainli protcélcurs de l’Eglife, cela s’entend infailliblement dc la vraye , non pas de la faulTc: au moyen dequoy ils doyuent s’employer à la reformation amp;nbsp;vraye rellauration de celle qu’ils tienent élire pure amp;nbsp;vraye, c’cll à dire Chre-llicnnc amp;nbsp;réglée parole de Dieu.
,N o V s allons des exemples pour prouucr que les princes ctaignansDicu l’ont ain fi pratique. Du temps d’Ezcchias Roydclud3,lc 1. c/w». Royaume d’Ifracl clloit des lôg teps au para-uant, afauoir depuis le Roy Ofcc, alTcruiau Roy des Aflyrics.Et pourtant fi feulemét l’E-glifedcl'jd3,amp;:non toute l’Eglife vniuerfellc, cull elle baillée en gardeà EzcchiasiSc fi en la çôfcruatiô de l’Eglife il cull falu tenir mcfmc mcfurc qu’au partage des terres,amp; en l’impoli tiô des tributs,il n’y a doutcqu’Ezcchiasfcfull contenu en fon pays lors que IcsAllÿriens do-minoyent ainli par tour. Or nous Jifons qu’il çnuoyadcs polies en Ifiacl, afauoir vers les fuictsduRoy d’Alîÿrieponr les faire venir en
Icru-
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Icrufalé à la celebration de la Pafque : amp;nbsp;mef-mes il aida aux fideles Ilraclites des lignées d’Ephraim,dc Manaflc amp;autrcs fuiets aux Af-fyricns, à ruiner les hauts lieux qui cftoyct en leurs quartiers.Nouslifôsauffi quelcbô Roy i.Roiiii. lofiaschafia l’idolâtrie non feulement de fon ^-cbron. Royaume,mais auffihors duRoyaume d’ifracl nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ki
lars entièrement aflerui au Roy desAffyricns. Et àbô droit: car quad il cft queftiô de la gloire dcDicu amp;du regne deChrifl,il n’y a bornes ni limites qui doyuct arrefter Iczclc des Princes Chreftiens. Si l’aducrfaire cft puifl'ant amp;nbsp;a de grâds moyes, ceux qui craignent vray emet leSeigneur doyuent à l’cxcmplcdes furnômez, aprédre à ne craindre pcrfônc. Auffi pluficurs Princes Chreftiens ont enfuiui tels exemples depuis le têps que l’Eglife côfinec en Palcfti-nc fut cfpandiic par tout le monde. Côftantin amp;Licinius gouucrnoyct l’Empire cnfemblc, l’vn en Orient,l’autre en Occident.Ils cftoyêt aflbciezayât pareille puiflance l’vn que l’autre. On dit cômunemcnt qu’il n’y a point de com-mandemet depairà pair:ce nonobftant Con-ftantin aflaillit en guerre ouucrtc Licinius,lequel banniflbit, tourmentoit amp;nbsp;faccageoit les Chrcftiés,amp; pluficurs de la nobleftc entre autres,fous prétexté de Rcligiô. En cefte guerre Côftantin contraint fon aduerfairc de dôner auxChreftics exercice libre de leur Rcligiô;amp; pource qu’il rompoit fafoy,amp;rctournoit àfes prccedctcs cruautez,Conftautin le fit attraper
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amp; mourir en Ja ville deTheflalonique. Les Théologiens d’alors célèbrent fi hautement Ja pieté de ce Conftantin,qu’aucuns ontefti-me que ce qui eft contenu en Ifaic, euft efté expreflement dit de cell Empereur, afauoir que les Rois feroyent pafteurs amp;nbsp;nourrifsiers de l’Eglife. Apres la mort d’iceluy, l’Empire Romain fut diuifé entre fes enfans egalement, fans que l’vn full auantagé plus que l’autre. Conltans fruorifoit aux Chreftiens,Conftan-tius qui efioit l’aifné.fouftenoit les Arians, amp;nbsp;chafTa hors d’Alexandrie le doéle Athanafe, grand aduerfaire des Arians. Certainement fi Jamais il y a eu deu auoir quelque confidera-tion en matière de confins, c’eft entre frétés. Et neantmoins Conftans menace de courir fus à fon frere s’il ne reftablit Athanafe, amp;nbsp;1 uy euft efmeu vne guerre, s’il euft gucres délaye. S’il en eft venu iufques là pour le reftablilTe-ment d’vn Euefque: cela fcroit-il pas plus rai-fonnable, fi vne partie du peuple eftoit tyran-nifce,qu’clle demandaft fecours amp;nbsp;exercice de fa Religion fous l’autorité des magiftrats Si gouuerncurs ? Ainfi, à la perfuafion de l’Eucf-que Atticus, Theodofe fit la guerre à CofrocS Roy de Perfe, pour deliurcr les Chreftiens tourmentez à caufe de la Religion, combien qu’au relie ils ne fuftent que perfonnes primées amp;nbsp;particulières. Ces Princes tant équitables, qui ont laiflc fi grand nombre de bonnes loix , amp;nbsp;qui ont eu fi grand foin du droit, n’cuflènt
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n’euflent pas entreprins tels a clés, s’il leur full venu en penfee que cela cftoit vfurper fur les limites d’autruy amp;nbsp;violer le droit desgens. Mais à quel propos les Princes Chreftiens ont-ils tant de fois voyagé en la terre fainéle contre les Sarazins ? pourquoy a-on demande êcleuétantde difmcs faladines? que veulent dire tant d’alliances amp;nbsp;tant de croifades contre les Turcs, s’il n’a point efté loifible aux Princes Chreftiens, voire aux plus eflongnez de retirer l’Eglife de Dieu delà main des tyrans , nbsp;les Chreftiens captifs hors du ioug de
feruitude? Mais quelles raifons les efmou-uoyent à entreprendre telle guerre ? finon, pource que l’Eglife eftant vne, Chrift appcl-loit chalcun de toutes parts aux armes? que les perils communs requeroyent que tous couruf fent au deuant pour les repoulfer d’vn cômun effort ? Ce qui côuient entièrement au propos que nous deduifons. Si cela leur a efté loifible contre Mahumet , amp;nbsp;non feulement loifible, mais auffi que les lafehes amp;nbsp;delayeurs ayeht e-fte iugez dignes de punition, comme les gens de bonne volonté ont receudiuerfes recom-penfes; pourquoy fera-il défendu quand Ion s’attachera à rAntechrift?Si ç’a efté vneguerre legitime de guerroyer les Turcs aflaillans noftre Troye, pourquoy fera-elle illicite fi Ion court fusàvn Sinon boutc-feu dctcftable? Brief, fi Ion a eftimé a «Ses héroïques d’afran-chir les Chreftiens de feruitude corporelle
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(car quant aux confciences les Turcs ne contraignent perfonne) eft-ce pas chofe encores plus louable d’afranchir amp;nbsp;remettre en liberté les âmes captiues?
Ces exemples de tant de Princes craignâs Dieu pourroyent feruirdeLoy, Mais il faut, ouir ce que Dieu mefmes prononce en plu-. fleurs endroits de fa parole,par la bouche des Prophètes, contre ceux qui n’auancent point le baftiment de l’Eglife, ou qui ne tienent copte de l’affliâion d’icelle. Les Gadites,les Ru-bcnitcs,amp; la demie lignée de Manafle deman-ZVoni 51 dent à Moyfc qu’il leur donne partage deçà le Jofué. 4. Iordain:cc que Moyfe leur accorde,mais à CÓ-ji. dition,quc non feulement ils aiderÔt leurs au-/?(?«(. 3. tres frères Ifraelites à côquerir le pays de Cha naan,mais aufh marcheront les premiers amp;nbsp;feront l’auârgarde, puis qu’ils auoyent elle partagez les premiers.S’ils font autrement il les a-nathematize, amp;nbsp;les compare à ceux qui auoyét cfté iugez rebelles en Cadesbarné. Etquoy? dit-il:vos frétés combatront,amp;: vous-vous re-poferez ccpendant?mais au côtraire,vous paf-ferez le lordain amp;nbsp;ne retournerez en vos mai-fonsque premièrement Dieu n’ait chafféfes ennemis de deuant fa face. Alors ferez vous innocens en la prefence du Seigneur amp;dc fon peuple Ifracl.Il monftre par cela queceux qui ont efte premièrement bénis par le Seigneur tout bon amp;nbsp;toutpuifl'ant doyuent attendre fa vengeance fur leurs teftes s’ils ne fccourent leurs
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leurs frères,s’ils n’ont part à leurs trauaux, amp;r s’ils ne marchêtlcs premiers à la giierrc.Sêbla blement,lors que fous la conduite de Debora les Nephthalitcs amp;nbsp;Zabuloniteslcuerct les armes contre le tyrâlabin;amp;cepêdant les Rube-nites,qui deuoyent cftrelcs premiers en câpa-gne,fc donoyent du bon teps , en iouant de la flufte autour de leurs troupcaux:lcsGadites pc foyët eftrc en feurctéayâsla riuiere entre deux: lesDanites fe glorifioyct en leurs portsde mer: amp;ccuxdc la lignée d’Afer fc côfioyêt en la for ceinacceffible de leurs môtagnes; l’Efprit de Dieu parlât par la Prophstefl'e les côdâne tous en termes bien cxpres.Maudifltz Meroz,amp; fes habitas, dit l’Ange du Seigneur,car ils ne font point venus aufecoursdu Seigneur aucc les vaillans.Maisbcnite foit label ferne de Heber Cineé, laquelle pouuât alléguer l’alliâce de fo mari auec les Chananecs, ncâtmoins tue Sifa-ra chef de l’armec. Et pourtât V rie parloir en vray feruiteur de Dieu amp;de la patric,quâd il di foit,rArchc du Seigneur, Ifrael amp;nbsp;luda font es têtes,ils demeuret es pauillôs, paffêt les nuiéts n. entières en plaine câpagnc,amp;moy i’iraybâquc ter auec ma fémc,amp; me dôneray du bô temps? Auü'i vray que Dieu vit,ie ne feray iamais cela. Tout au côtraire,rimpicté desPrinccsd’Ifrael fe defcouure , quad fous l’aflcutâce des hautes môtagnes deSamariedede b forterefle deSio, ils fe desbordent en diflolutiôs, bâquctct,boy net le vin délicieux,dormêt es lifts d’yuoirc amp;nbsp;fe perftiraent, mefprifans cependant le pauurç
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lofeph (c’cftàdire le troupeau du Seigneur) froiffe,fourragé gt;nbsp;amp;nbsp;harafle de toutes parts Sc n’ont compafsionquelconque de fon affliâiô. Pour cefte caufe,dit le Seigneur des armees,ie hay l’orgueil de la maifon de lacob, ie detefte fes palais magnifiques. l’ay iuré par mon amc, que ie liureray la ville amp;nbsp;l’entour d’icclle : amp;nbsp;ceux qui fe vcautrét ainfi en leurs delices, mar clicront les premiers en captiuité. De mcfme impiété font entachez les Èphraimites,qui au lieu de gratifier amp;nbsp;louer Gedeon amp;lephtc des viéloires obtenues fur les Madianitesamp; Am-11- monites dcfquels ils triomphoyent, portent enuie à ceux qu’ils auoyent abandonné au bc-fûin. Autant en faut-il dire deslfraclites,qui voyans Dauid demeuré Roypaifible, difent - tout haut, nous fommes ta chair amp;nbsp;tes os, amp;nbsp;J J quelques années apres le voyans en araires, i..sam. crient, nous n’auons point de part en Dauid, ’•o-i. ni d’heritage au fils d’Ifai.Mettons auffi en ce rang tous les Chreftiens de nom qui veulent bien communiquer à la table derEglife,amp; re-fufent boire en la coupe d’affliéliôauec leurs freres: cerchent faluten rEglifeamp; nefefou-cient nullement de la conferuation amp;nbsp;pro/pe-rité d’icelleni de fes membres: brief adorent
vn mefme Dieu amp;nbsp;Pere, recognoiffenc amp;nbsp;s’a-uouent d’vncmefmefamillc jfontprofeflion d’eftre vn mefme corps en lefus Chrift,amp;tou-toutesfois ne donnent fccours ni foulagemét quelconque à leur Sauueur affligé amp;neceffi-teux
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tcux en fes membres. Quelle vengeance pen-fons-nous que Dieu fera d’vne telle impiété? Moyfe compare ceux qui abandonnent leurs Nom. 3». frères,aux rebelles de Cadcsbarné.Or nul d’i-ceux, par fentence de Dieu, n’entra en la terre de Chanaan. Que ceux-là donc ne pretendent rien en la Chanaan celefte, qui ne veulent tendre la main à Chrift crucifié,mourant touslesioursmille fois en fes membres, amp;nbsp;(par maniéré de dire) leur allant demander l’aufmofne déporté en porte. LeFilsdeDicu adiuge, par arreft de fa bouche, au feu éternel ceux qui ne l’ont loge quand il eftoit eftran-ger,quine fe font fonciez de le refchaufer,ve-ftir,nourrir amp;nbsp;vifiter,le voyans tranli de froid, nud, difetteux, malade amp;nbsp;captif. Et pourtant que ceux-là attendent les fupplicesperdura-bles à jamais qui font la fourde oreille, oyans lefus Chrift fouffrant toutes ces chofes iour-nellement en fes membres; combien qu’au rc-fte ils ayent vne belle apparence amp;nbsp;lacent les grands Chreftiens : leur condition fera beaucoup plus griefue que celle des autres infidèles. Car quoy ? Sont-ce proprement les luifs, les Scribes, amp;nbsp;les Pharinens qui crucifient lefus Chrift ? Faut-il dire le mcfme des Payens, des Turcs, amp;nbsp;de quelques Chreftiens, qui le perfecutenr, tourmentent amp;nbsp;faccagent en fes membres? Non certes. Les Juifs ont creuamp; protefté qu’il eftoit feduéleur, les Payens l’e-ftiment mal-faitcur,les Turcs infidèle, les au-
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tres hérétique : tellement que fi Ion confiderd l’intention de telles gens, felon laquelle on a acouftume demefurerles fautes,on dira qu’ils ne fcmblenr pas faire la guerre à IcfusChrift, ainsà vn autre, amp;nbsp;à des gens qui méritent ce traitement. Mais ceux vrayement amp;nbsp;proprement perfecutent amp;nbsp;crucifient lefus Chrift» qui fàifans ellat de le rcconoiftre pour leur Mefsias, Rédempteur amp;nbsp;vray Dieu, le laifTcnt gehenner amp;c crucifier en fes membres, encores qu’ils pourroyent bien cmpcRher tels iomme celuy qui ne deliure point de I3. main du meurtrier fon prochain qu’il Pfeaii.it. void en peril éuident il eft autant coulpablc S. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;que le meurtrier mcfme : car puis qu’il n’a tenu
i'iiu^de's eontedelefccourir, il a voulu qu’iccluy full ôfjices. tHc.En tout Crime il faut confidercr la volon-GratiM té. Mais, pour dire ce qui en eft, les Princes audecret. Chrefticiis nommeemcnt, qui nefecourent point les fideles affligez pour la vraye Religion,font beaucoup pluscoulpables de meurtre que nuis autres , attendu qu’ils pouuovcnt fauucrvne infinite de gens , qui à faute de fe-cotirs font misa mort, ioint que c’eft beaucoup plus grand crime d’auoirlailfc tuer fon frère que quelque autre eftranger.Ic diray da-iiantage,que leur faute eft plus grande quecel le des tyrans mcfmcs : car il y a beaucoup plus d’offenfe de tuer vn homme de bicn,innocent amp;nbsp;craignant Dieu,qu’vn brigand, impofteur, magicien ou hcrctique ; c’eft vn crime trop
plus
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pl’cftrage de faire Ja guerre à Dieu qu’à vn Ii5 me mortel : brief, en vn mefme fait la perfidie furpaJTe amp;eft plus à condâner que l’ignorance. Mais pourroit-on bien dire le mefme de ceux qui n’afsiftent aux perfonnes opprefices de tyrannie,ou qui luy font tefte pour confer-uer vn eftat publicP.Car en cell endroit la con-ionâion amp;nbsp;alliance ne fcmble paseftrefi e-ftroite entre les vns amp;nbsp;les autres,ains eft que-ftiondela République, diuerfement gouuer-nee felon les pays, amp;nbsp;recommandée particulièrement à ceux- ci ou à ceux-là, amp;nbsp;non pas de l’Eglife de Dieu qui eft compofee de tous, amp;nbsp;eft recommandée à tous en general amp;nbsp;à chaf-cun en particulier. Le luif n’eft pas feulement prochain au luif, mais aufsi au Samaritain amp;nbsp;à tout autre hôme,dit Icfus Chrift.Or nous dc-uons aimer noftre prochain corne nous mef-mes : amp;nbsp;pourtant le luif doit débuter le luif amp;nbsp;tout autre eftrâger aufsi de la main du brigâd, fi cela eft en fa puiffance amp;nbsp;s’il veut s’acquitter de fon deuoir.Et perfonne ne difputera s’il eft loifiblc de fecourir vn autre, fi Ion eftirne rai-fonnable d’eftre fecouru au befoin : ioint que c’eft chofe beaucoup plus iufte de fecourir au-truy que foy-mefmc,attendu que ce qui fe fait par pure charité eft plus iufte amp;nbsp;louable que ce que Ion execute par colère, par a? petit de vengeance, ou par autre tranfport d’aft' éliô, amp;nbsp;que perfonne ne tient mefureen fc vegeant CS torts qu’on luy a faits , au con t taire les
R.j.
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pl* desbordez peuucc fe modérer en s’oppoßt aux torts qu’ils voyent faire à leurs prochains.
A V reite,les Payens mcfmes nous pourront aprendre ce que la focieté humaine, amp;nbsp;la nature commune de touteschofes requièrent de nous en eelt endroit.Pourcc,dit Ciceron,que tous heynmes ontvncmcfme nature humai-1.^ ne, nature preferit amp;nbsp;ordonne, qu’vn homme î-desof- délire amp;nbsp;procure le bien de l’autre quel qu’il foit, feulement pour celte caufe qu’il clt homme: autrement il faut que toute alTociation humaine periflc.Et pourtant,comme la iultice a deux fondemens : le premier, qu’on ne face tort à perfonne: le fécond , qu’on aide à chaf. cun,fi faire fe peut:aulii y a-il deux fortes d’in-iulticcjl’vncjde ceux qui font tort à leurs prochains, l’autre de ceux qui pouuans empelcher le mal neantmoins laiflent leurs prochains a-cablez fous iceluy. Car quiconque fait tort à autre,il vfe de violence enuersfon côpagnon, citant poufle de colere ou de quelque autre pafsion : mais celuy qui ne reuenge point l’af-fligc,amp; ne parc point aux coups,encores qu’il en ait le moyen, vn tel eftautant coulpable que s’il abandonnoit fes parens,ou fes amis, ou fa patrie.Cc que le premier fait clt attribué à colère,qui clt vnc courte ragc:la faute com-raife par le dcuxiefmc defcouure vn mefehant cœuramp;vneametortuc, bourreaux amp;tyrans perpétuels de la confcicncc. La fureur du premier fc peut exeufer en quelque forte, mais la
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malice du fécond n’a couleur quelcoquc.Vous direz, iecrain qu’cn fecourant I’vn ie ne face tort à rautre;amp; ic vous rcfpon que vous voulez couiirir voftre lafcheté du manteau de iuftice: amp;nbsp;fl vous mettez la main fur la côfcience,vous côfeflerez que ceft toute autre chofe queiufti-ce qui vous deftourne de voftre deuoir. Car, comme le mefmc Cicéron dit en vn autre endroit,ou tu ne veux pas te rëdre ennemi, ou te trau3iller,ou faire quelque defpenfe : ou bien la nonchalance, lallupidiié , ou tes cftudes amp;nbsp;occupations te detienent tellement que tu es content de laifter là ceux que tu deuoiscôfer-uer.Or en difàt que tu te mefles de tes afaires, craignant de faire tort à autriry, tu tombes en Vnc autre forte d’iniufticc: car tu abandonnes la focictc humaine,tu n’y apportes rien de ton efprit, de ton corps,ni de tes biens. Vous oyez l’auis des Philofophes Payes amp;nbsp;Politiques,qui ont beaucoup pP fainâemét parlé en ceft endroit que plufieurs Chreftiens de noftrctcp».
De làcft venu que Icsloix Romaines condamnent levoifinqui negarâtitpointlcfcrf eftant outrageufement traite defonmaiftre. Entre les Egyptiens, fi quelqu’vn eiift veu en paftant vn autre aflailli amp;nbsp;offenfc par des bri-garnis,amp;neluy donoit fecours félon fonpou- sicilien uoir, il cftoit coulpablc de mort : amp;nbsp;le moins a» i.hu-qu’il deiioit faire ertoit de déférer les aggref-feursau Magiftrat.S’il n’en tenoit conte,il re-ccuoit vn certain nobre de coups fur fô corps,
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amp; ne mangcoit ni bcuuoit de trois iours. Si Ie vuifin eft ainfi obligé amp;nbsp;tenu de faire deuoir à fon voilin,voire enuersvn incognu aflailli par vn brigand:ne fera-il pas encores plus loißble à vn bô Prince de fecourir, nô pas les Cerfs cotre vn maiftre courrouce,ou les enfâs cotre vn pcrc furieux,mais le Royaume cotre vn tyran, la République contre vn particulier, le peuple (qui cft vray feigneur ) contre vn feruiteuramp; procureur du public?Et s’il n’c tiet cócc,mcri-tera-il pasd’citre appelle tyran luy mefmes amp;nbsp;gt;nbsp;à’cftrechaftié pour tel, comme l’autre d’eftre appelle brigâd,qui n’aurafecouru fô prochain? Thucydide fur ce propos dit que nô feuleroct gt;«i.Z(».cc'ux-làfont tyrans quitont cfclaucsles autres homes, mais beaucoup pl* ceux qui ayâs moyé de reprimer telle violêcc ne s’en foucict aucu-nernet.Entre autrcs,ccux qui vculét eftre appeliez proteâeurs de la Grèce amp;dcfcnfcurs de la patrie: cependât ils ne daigneroyct pasfere »nuerpour defgager ceux quifôten peine.Ce-la eft tresbicn dit.Car quant au tyran il eft cô-traint defecomporter outrageufemêten l’E-ftat qu’il a vfurpe par violence , amp;nbsp;tiéc le loup par les oreilles, comme difoit Tiberius, ne le pouuât retenir qu’aucc force, ni laCcher qu’au grand hazard defa vie. Afin donc d’eftaindre vn crime par vn autre crimc,il enfile vne mef-chanccté à l’autre, amp;nbsp;eft contraint faire tortà autruv,pont faire du bien amp;nbsp;procurer quelque repos à foy- mefmc.Mais le Prince qui regarde comme
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comme en paflant le temps les forfaits du tyra, le maflacre des innocens, lefqiiels il pourroit conferuer,pour certain en prcnât fon plaifirà vnc cfcrimc fi fanglantcjclt d’autât plus coul-pable que le tyran mcfinc : amp;nbsp;celuy qui fait en-trctucrlcs autres clt plus homicide que ceux qui tirent : amp;nbsp;cckiy qui de gayeté de cœur meurtrit vn homme merite plus griefuc punition fans coinparaifon qu’vn qui l’auroit fait par necefiiit amp;nbsp;pour fe garantir foy- mcfme.
Si quelques vnsobieftent, Que c’eft faire cotre tout deuoir de fc mefler des afaircs d’au-truyùerefpôsaucc le vieillard deTerccc,ie fuis’''’-^'î^' homme, i’ellimc que tout deuoir d’humanité m’eft conucnablc. Si d’autres voulans couurir leur lafchetc allèguent que les bornes amp;nbsp;iurif-diftions font diftinélcs, amp;nbsp;qu’il n’eft loifible defaucher la moi (Ton d’autruyiaufsi nefuis-ie pas d’auis que fous tel prétexte vn Prince cn-iambe fur l’autre amp;nbsp;s’empare de fes pays, pour tirer en fon aire le bic qui ne luy apartient pas, ce que plufieurs ont fait auec telle couuer turc, le neveux pas, di-ie,qu’à Tcxcplc de ceft arbitre,duquel parle Cicéron,vous vous apro priez la chofe qui cft en controuerfe. Ains ie des off. ‘ requiersquevousrcprimirzlcPrincc qui cn-uahit le Royaume de Chrift, que vous conteniez le tyran en fes limites, que vous tendiez la main au peuple affligé, qucreltukzla République abatuc par terre, vous comportant de telle forte en cefl afairc que fans auoir cf-
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gard à voftrc particulier vous inonftriez n'a-uoir autre but que le bien amp;nbsp;repos de la focie-t€ humaine. Car puis que la iuftice regarde toufiours dehors, amp;nbsp;l’iniuftice arreftel’homme entièrement à foy-mefmc : ce fera fait en homme de bien, fi en cela vous n’auez aucun clgard à voftre profit particulier.
P O V R dire tout ce qiîe deflus en vn mot , fi le Prince outrepafle outrageufe-ment les bornes de pieté amp;nbsp;de iuftice, le Prince voifin pourra fortir iuftement amp;nbsp;rcligieu-fement hors de fon pays, non pas pour empiéter celuy d’autruy, mais pour donner ordre que l’autre fcconticne en fes limites: amp;nbsp;s’il ne tient conte de fon deuoir en ceft endroit il fc monftrc inique amp;nbsp;mefehant. Si vn Prince tyrannife le peuple,le Prince voifin doit donner fccours au peuple d’aufsi franche volonté, qu’au Prince fon compagnon, cas auenât que le peuple fe full mutiné contre iceluy : amp;nbsp;doit encores eftre plus prompt à fecourir le peuple, veu qu’il y a beaucoup plus de pitié en plu fieurs affligez qu’en vn feul. Si Porféna rcmci-ne à Rome Tarquinius Superbus,Conftantin appcllé par le peuple amp;nbsp;Senat Romain aura encores plus iufte titre pour chafler le tyran Maxentius. Brieffi l’homme fefait loup contre fon prochain,qui empefehe, fuiuât le pro-iK'rbe, qucl’homme nefoit vn Dieu àl’hôme? Et pourtant les anciens ont mis Hercules au nôbre des dieux, pource qu’il chaftia amp;nbsp;dôpta ProcruftcSjBufyris amp;nbsp;autres tyrans, peftes du
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genre humain, amp;nbsp;monftres delà terre gt;nbsp;où ils regnoyét. Ainfi, tandis que l’Empire Romain demeura libre, on l’appella lafauuegarde de tout le monde contre la violence des tyrans, pource que le Senat eftoit le port amp;nbsp;refuge des Rois, peuples amp;nbsp;nations. Semblablement cicer. an Conftantin, appelle par les Romains contre z.lin. da Maxentius , eut Dieu pour general de fon ar-mee, amp;nbsp;toute l’Eglife célébra merucillcufemët ce voyage,encores que Maxentius euft mefme autorité en Occident que Conftantin en O-ricnt.Aufsi Charlemagne entreprint la guerre contre les Lombards,eftant requis de fecourir la noblelTe d’Italie: combien que le Royaume des Lombards euft pied ferme des long temps auparauant,amp;: queluy ne peuft s’attribuer aucun droit fur eux.Parcillement lors que Charles leChauue Roy de France euft fait tyranniquement mourir le gouuerneur du pays entre Seine amp;nbsp;Loire,auec le Duc Lambert,amp; vn Sei gneur nommé Iamætius,amp; que d’autres grâds Seigneurs du Royaume féru rent retirez vers Louys Roy d’Alemagne, frere de mere du Chauuc,pour demâder fecours cotre le Chau-ue amp;nbsp;contre fa mere nommée Iudith,rvne des plusmefehantes femmes du mode, Louysleur donna audience envne grande aftemblcedcs PrincesAlemans,par le commun auis defqucls ilfutarrefté qu’ô feroitla guerre au Chauue, afin de reftablir en leurs biens, honneurs amp;nbsp;eftats ceux qui auoyent efte chafle2.Brief,cô-mc il y a eu quelques tyrans ça Si là: aufsi tous
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1lt;?4 ttVATRIESMB QUESTION.’ les hiftoricns monftrent qu’il s’tfvtrouuc des Princes voifins pour s’oppoferà la tyrannie amp;nbsp;maintenir le droit du peuple. Les Princes d’auiourd’huy enfuiuâttels exemplesdoyuct reprimer les tyrâs des corps amp;dcs âmes,ennemis de la Republique amp;nbsp;de la gloire du Fils de Dieuiautrement eux- mcfmlt; s à bon droit mériteront le no de tyrans. Et pour clorre ce dif-cours en vn mot,la pieté comande qu’on main tiene la Loy amp;nbsp;l’t glife de Dieuila iufticc veut qu’on lie les mains aux tyrâs ruineursdu droit amp;dc toute bônepoliceila charité requiert que 15 tciule la main amp;nbsp;qu’on releue ceux qui font accablez. Ceux qui ne tienent conte de telles chofes,veulent chaffer la pieté, la iufticc,amp; la charité, voire les abolir tellement qu’il n’en ioit plus parlé au monde.
FIN.
Corrigez ainfi les fdutes« »
Pagei6.1i.9.toiit.Dauâcagc lifcz tout:danätage.4’.n.$’rl oSeifî» s’il fuijtobeir.48.1.aux l.les.^j-^.dvbics l.debteunó'T.io.pofez I pe fez..8414.CCIJX etU.ceuX'b eÜ amp;nbsp;15.à ceux Là ceux-ci i(gt;.Ehuh.L£hult;L 94.14.00 face maLLfera mal. 101.18. piufic l.pcur. 10^. 28. peuple au Lpeuplc,cc. iio.i-t.Lu geons L Liegeojs. 151.7« Archa I.Archx Ôf 19.promtiTe l.prouefle 158.19.l’hoinn'iC compo* fé LPhomme eft côpofé. 140 2.bien l.licn. i42.i.confide«cr I.con-ferucr.âf 50.temps les Ltcpiapres les. i4 .i5.viijroit 1 viuor. 14^» 9.fcmme 1.faute.14 9.9.Qui I.qu’il amp;nbsp;lo.Athanas 1 Arbanias i$o 51« s’efforce l.s'oftre. 155.2 .Ion I leur. i(fo i n’eut 1 n’ont.cn la mefme pag.l.16. rayez CCS mots, Maisc’eft vue chofe, iiifques à Nous fi-uôs.lig.20 don 1. dire. 166.9.Arnullatus LArmj|latus.i7ri4.rcnou uellee Lrcnouwcllec l’an mil cinq cens fo’xâtc ïîx4 m. (?iue,a L Ciucia.i86.26 deccrneroyent l-decerneroii. i';6i6.habile 1.babille. 198.22.les Meurs.101.17.n’ont 1 n’a.209.6.ou vn j.ou à vu.212.24« ndüons l.Koyâun3€s.ai6.4,7.r4ceqc hfonc. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. '