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s V P R E M E restavration DV ROYAVME^ de France,

(ontenne en Jeux ^emonßrances aJJreJJec^ au Treßhreßien pour l'abolition Jes Tailles, amp;nbsp;payementen^ tierJeßs debtes,ßansßulerlepeuplc^j^ moyennant 'vnepaix aßeuree : l'autre à J^eßieurs les T airs nbsp;nbsp;Eßats du

dit T.oyaume ,pour le fait des deux con-uocattons ajßemblees, ejui ße doyuent tenir à Champtgny,e^ j)fContauban.


M. D, LXXXL


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Au Roy.

SIRE,

E Ciel,la Terre,amp;autres elcmens,vous T prient d’ercouter: Les Princes du lang, grads Scigneurs,moycns amp;pctits, vous requicrét de prefter l’aureille; les riches Marchans,Bourgeois Si Laboureurs, vous tendent leurs mains; les vieilles gens implorent vo-ftre inefâble bonté, les Dames d honneur, Da-moifelles,Matrones,Femes honnorablcs,amp;Filles vierges, vous demandent la conferuation de leur chafteté amp;nbsp;pudicité, les enfans adolefccs amp;nbsp;pubercs,la protentiô de leur innocêcc:Brcftout ce quife meut fous les confins de vos Prouinccs amp;nbsp;terres de voftre Royaume, vous fupplient amp;nbsp;amp;nbsp;réclament treshumblement, de leur donner vne paix fcrme,ftable,amp;aireurec,fans que voftre Maiefté s’arrcftc,s’il luy plaift, à. celle qui s’eft puifnaguercs aucunement conclue : car l’execution d’icelle, fait croire aux plus clairs voyans, qu’elle fera caule de realumcr les leux qui font prefqiic efteints,amp; d’vnc perte de tcmps,de gés, amp;fi i’ofe dire, vne perte ineuitablc de voftre Royaume. Mais il eft trcsfacile de preuenir à vn fi grand amp;nbsp;fi finiftre danger, en vniflant egalement l’vne amp;nbsp;l’autre des deux Religions,les au-thorifant autant l’vne que l’autre : leur donnant réciproquement Temples dâs les villes. Chambres mi-parties aux Courts de Parlements , amp;nbsp;généralement en pareil nombre aux fiegesPre-fidiaux, Senefehauflees, Bailliages,Judicature

A.ij.

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Royaux, amp;nbsp;toils autres eftats, dignitez, office!) funâionsde villes,amp; charges quclcôqucs,felon que la qualité des perfonnes le requerra,afin qut chacun viue mutuellement, comme bons amp;nbsp;naturels François, iouifians de mefmes amp;nbsp;fembla-bles priuileges, amp;nbsp;faire tous autres deuoirS de bons patriottes amp;nbsp;concitoyens, afin que Iclicn de la focietc humaine, quiaefte'brifé amp;nbsp;rompu parles flambeaux ardens des guerres inteflines amp;nbsp;ciuilcs,foit repris amp;nbsp;renoué d’vn nœud indif-folublc : fi bien que les fautes paflces,foycnt oubliées en la folfe d’oubliance : les cœurs naurez foyent reftaurez, les debiles fupportez, les de-bonnaircsauancez,lcs mefehans amp;nbsp;fcelcrats punis rigoureufement, fi bien qu’on ne puifle voir déformais, en ce floriflantRoyaume , que les bourgeons amp;nbsp;fleurons des anciens Gaulois, amp;nbsp;que les mefehans amp;nbsp;eftrangiers qui ont auancé amp;nbsp;procuré la ruine commune d’iccluy, amp;nbsp;de tât de miliers d’hommes fubiets naturels de la Cou-ronnc,foycnt bannis amp;nbsp;proferits à iamais, pour leurs maléfices, à ce que noftre France foit purgée amp;nbsp;nettoyee de telles fentincs,pcftifcres,cxe-crables amp;nbsp;damnablesperfonnes.

D’ailleurs pour remuneration d’vn fi grand amp;nbsp;excellent benefice, voftre peuple tafehera par tous moyés d’acquitter vos debtcs,amp;: vous prieront à mains iointes, defiiprimer le nombre effréné des officiers de Iufticc,dcs Finaces, amp;nbsp;tous autres qui altèrent voftre Eftat: vous fupplicrôt auffi que la lufticc par laquelle les Roys regnet, foit maintenue, qu’il n’y aye vénalité des offices de Judicature. Ils vous donneront pareillement

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ment aduîs,dc vous rédrel’vn des plas'grand amp;nbsp;puiflant Monarque de l’Europe, psurueu qu’jl plaife à voftre Maieftc, fonder fon feeptre fur la Religion amp;nbsp;Iufticc,qui fondes deux fermes co* lomnesamp; inuincibles,pour lercftablilïfmeqt de voftre Eftat.

Voyladoncqucsjô Roy débonnaire, lepcllr pie que Dieu vous a mis en main pour gouuer* ner, qui vous offrent le cœur, la vie, amp;nbsp;Ion pou-uoir, amp;nbsp;ne vous requiert qu’vnc efgalité aucç vos mcfmcs fübiet8,amp; que Meilleurs les Princes du fang amp;nbsp;autres grands feigneurs de voftre Royaume tiennent le grade d’honneur, qui leur appartient, fans changer l’ordre du reiglement ancien de la Courônc,afin que les inferieurs cedent aux grans amp;fuperieurs,ainfi que Dieu le cô mâdcjamp;que la raifon naturelle amp;ciuile nousen-feigne. A quoy tiét-il,Sire, que vous ne le rccc-uez benignement fous telles conditions? ne Ica-uez-vous pas,que le naturel du François amp;lc vocable deffon nom mefmesgt;, ne peut fouffrir,quc fon femblable aye plus de franchife amp;libertc l’vft plus querautrc:pluftoft les montagnes feroyent transferees en valccs,amp;lcs valcesen montagnes» auantque cela aduicnne : amp;nbsp;ne faut douter que celle feule caufe, n’ayc apporté vn mefpris pour Il s vns, amp;nbsp;vne autorité pour les autres, qui a fait de terribles trauerfes amp;nbsp;nauffrages en voftre Royaume,amp; ne faut autre prenne que l’cxpcriÊ-ce mtfmcs,laquelle parle de foy-m,efmcs,amp; mô-ftre affez que la chofe n’eft que trop veritable.

Orcft-il queftion de faire entendre à voftre Majefté, que vous qui elles le chef du peuple» A.iij,_

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6 vousauezbefoîn de vos membres, amp;nbsp;les membres de leur chef: fi l’vn fè veut pafler de J’aütre, amp;nbsp;que chacun membre ne face fon aftion, bien töft fera cofume la partie qui fera offcncee,amp; de cefte tonfumation , les autres parties périront amp;nbsp;s’anéantiront en peu d’heure: Ainfi quand il yaura'vne harmonie amp;nbsp;corrcfpondancc entre vosfuiets, qui reprefentent la maffe de voftrc corps,leur chef maniera auffi facilement tous les membres,comme le pilote gouuerne fon nauire aucc le gouuernal, amp;nbsp;aucc vn tel gouucrnement il ne pourra cftre, que voftre Royaume ne foye bien amp;nbsp;deuëment adminiftre, faifant toutes les parties leur deuoir,fans mcflangc amp;nbsp;confufion.

Et pour cefte caufc,ie vous feray trois reque-ftes,qui conferucront le chef amp;nbsp;les membres de tousdangiers amp;nbsp;inconueniens: la premiere, l’amitié du Roy: la féconde, d’ofter la desfiance,amp; / la tiercc,dc donner lieu à vérité.

Q^ant à'voftre amitié, vousladeuez à voftre peuple,d’ofter la dcsfiancc,ccla eft trcsfacilc:car ce feroit l’vnir contre vos membres, de dechaf-fer la verité,vous ne pouuez:car c’eft voftre force, amp;nbsp;le regne eft la puiffancc de tous les ficelés. Et fi vous m’accordez l’vn de fes trois poinfts, comme il eft trefraifonnable,quc voftre Maicfte les acccptcnt,ma caufe eft gagncc:c3r ie vous requiers trcshumblcmcnt,au nom du peuple,qu’il vous plaife, faire ceffer tous les edits qui fauori-fent plus vn de vos fuiets que l’autre : faire taire fes meurmurateurs, qui parleront au contraire: commandez abfoluçmcnt en voftre Royaume, ne permettez qu’ayans efery vne chofe, clic foit rctra-

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ret raft ec à l’heure mefmc;nc foufFrez au(n que les gens doéles amp;nbsp;de vertus, foyent efloigriez de vous,amp; fi on les a dechafièz, faîtes les retourner en toute liberté, amp;nbsp;foyez imitateur en cell endroit de Cyrusamp; Darius,qui permirent au pçu-plcludaiquolt;le retourner en leur pays »pour y habiter en toutes franchifes,amp; pounreedifier le temple dcIcrufiiUm: qe quiaduînt par la proui-dence de Dieu,amp;quafifur vn aiçfnuj fubiet,quc celiiy que ie vous propofe , qui me caufera de vous dire fommairement rhiftûirc.

Il'aduint que Darius fit vn grand conuiue aux principaux de Mede, amp;nbsp;de Perfe, amp;nbsp;à ^pus fes gouuerneu^s de ludee amp;Æthiopic,de cent vingt amp;nbsp;fept Propinces:ll y eult apres ce baquet, trois hommes dlt;| la garde du corps du Roy, quiluy propoferciit trois chofcs,l’vn c{criuit,Lc vin clh tresfort,l’autre ,■ Le Roy eft tresfort, amp;nbsp;le tiers, Lesfemmes fôt rrcsfortcs,mais fur toutes çhofes vérité furmonte. Sur telles propofitions,chacun ■loua amp;nbsp;magnifia les vertus du Roy,dcs femmes, amp;nbsp;du vin , amp;nbsp;aucc des termes riches amp;nbsp;magnifiques : Mais quand Zorobabel euft achcué fon propos, le Roy ôctout le peuple s’cfctia, Vérité eft grande,amp; eft la plus forte. Puis le Roy dit à Zorobabel,demande ce que tu voudras, amp;nbsp;on Iç te dôncrcra. Alors il luy fit requefte,de permettre que le temple delerufalem futrcedifié,amp;quc fes frères fortilfent hors de fon pays , pour retourner en Iudec,ce'qui luy fut accordé par Darius, auec des prtfens amp;nbsp;dons exccllcns, comme l’Efcriture le tcfmoigne au III.liure d’Efdras.

Cecy vous rcprcfcntc,Sire,vn Roy Paycn,quî

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8 obtempéré tellement à là vérité, que mettant en arrière toutes cogitations, il luy defere le prix d’honneur,fur toutes chofes quelconqucs:amp; n’y a or,argent, amp;nbsp;chofes precieufes amp;nbsp;exquifes en fbn Royaume, qu’il n’aye odroyé au perfônage qni aiuoit rencontre la vérité ,i amp;nbsp;iufques à ren-uoyer tous les vai(féaux de Ierufalcm,quc Gyrus auoit mis hors de Babylone, amp;nbsp;tout ce que Cyprus auoit dit qu’on fit,il commanda de le faire.

Orvoftrepéuple ne vous demande , nyvaif-féaux d’or,ny carcan d’or, ny talens, ny bois de Ccdréjamp;autrcs prcfents,tcls que les luifs obtin-dfêt dé Darius:mais feulement vne paix alfeuree amp;nbsp;efitoittement liée, aueC Pieté amp;nbsp;luftice; Il ne vous demande pas aufii delailfer voftre Royaume, pour aller en vn autre: mais ils défirent vous -recognoiftre , comme leur fouuerain Magiftrat lt;amp;nbsp;Princc,Pcre du pays,Pafteur de vostreshuip^ bles fubietSjConferuateur d’innocccc,amp;Protc-éteurdcïuftice. Ils recognoiftrôt pareillement, que vous èftes ordonné miniftrede la luftice di-uinc, amp;nbsp;qu’ils vous portent tout honneur , dc-uoir,amp; obeiftancc en ce quelcur commanderez, pourUeu que le nom de Dieu ne foit mefprifé en vos decrets amp;nbsp;ordonnances.

D’ailleurs au lieu que ceux-cy retournèrent en leur pays francs amp;nbsp;libres, vos fubicts au contraire veulent acquitter vos debtes. Se vous rendre libre enuers tous vos créanciers,Se n’ontau-tre volonté,finon que voftre Domaine, Aydes, Subuentions de Décimés, amp;nbsp;autres parties alienees, foyent reunies à voftre Courônetafin d’en f?ire vn Eftat au vray pour voftre defpcnfc, amp;nbsp;afin

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9 afin que les gages du grand nombre d’oQicicrs que vous auez envoftrc Royaumç, ncpuiïfçnt älterer vos finances, vofdits fufiiets entendent auffi, que s’il plaift à voftrc Maicftc , les fuppri-mer,comme il eft trefreq^is de faire, qu’ils rem-bourferont les deniers des officiers fupernume^ raires , qui font efte érigez des la mort du feu Roy Loys douziefme d’heureufe mémoire. ,

Et pourparuenir àvn fi bon amp;nbsp;heureux afai-rcjvoicy vnfeul poimä qui a cftd remarque durât les guerres inteftines amp;nbsp;ciuilcs, qui eft, qu’on a tire desl’annec i^ôo.iufqù’à prcfcnt,vn nombre infiny de deniers, des falius amp;nbsp;greniers à fels de voftre Royaume, pour les daces amp;nbsp;impofitions nouuelles,qu’on a mis fus; tellemct que les fom-. mes qui en font preuenucs, eftoyent non ieulc' mcntfuffifintcs pour conferuer feftatde voftre Maicfté, mais auffi auec la terreur de l’âcic nom des François,vous rendre redoute amp;nbsp;formidable à tous autres Princes,Potentats,amp; nations.11 eft: vray.que voftre pourc peuple a cfté tellement pillé, rançonne'amp; faccagc, fans aucun relafchc, qu’il ne luy refte que la voix calfc amp;nbsp;debile pour rcfpirer: mais il a Iccreuraffisen fi bon lieu,que fl voftre Maicfté luy promet en parole de Roy, de leur donner vn bon amp;nbsp;fiiuél Edit, amp;nbsp;que vos fubicts foyentefgaux amp;priuflcgiczcn mcfinc dignité,les vns comme les autres en voftreRoyau-mc, ils feront bien content de fupporter le prix auquel le fel de vofdil» greniers fc vend amp;nbsp;debi-teauiourd’huy , durant vingt annéesconfecuti-ucs, amp;nbsp;fins le tirer en confcquencc à leur po-fteritc.

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Au rcfte » il ne faut doutcf que Ijps fomnies qui prouicndrorit delà vente amp;nbsp;debitation du-ditfcl,durant lefdits vingt années,nefoycnt fuf-fîfantes pour remplacer toutes les alienations amp;nbsp;autres parties cy deuant mentionnées , pourucu que le librc’commerce foit permis,amp; qu’on laif-fe pairr librement les voituriers dudit fcl, fans leur faire de(lourbit.ramp; cmpefchcmét quelconque en leurs voyages,amp; fans leur faire payer fino les anciens pcages,qu’on auoitacouftume'payer auant les guerres ciuilcs.

Etpourfacilitcrceftenegotiation, il plaira a voftre Maieflé,deputcr de bonsamp; notables Cô-minairts,acompagncz desGcneraux de la charge de vos Salins, pour drelfer Eftat au vray delà vente du fcl,faite de's l’annce cncommcnccc,mil cinq cens cinquante cinq, iufqucs en l’annce finie,mil cinq cens cinquante neuf,qui font les fix années encourues auant Icfditcs guerres,en faire calcul amp;pcrecation dcl’abbregc defdites fix années, pour les réduire amp;nbsp;efgallcr à vnc commune,! celle fin qu’on fache combien chacune année pourra fupporter à l’acquit des crediteurs de voftreditc Maieftc.

Lcfqucls creditcurs,fcront payez |»ar les mains des Maires amp;Efchcuins des villes,ou vofdits gre niersferont eftablis, félon amp;nbsp;ainfi qui leur fera drefle par Eftat ordinaire, pour en conter en la Chambre des contes des rcceptes generales, où feront afïis lefdits greniers, ou en tel lieu qu’il plaira à voftreditc Maieftc.Et feront tenus tous lcsaffignczamp; parties prenantes, de donner vn vidimus, deuement Collationne à l’original auf-dits

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dits Maires amp;nbsp;Efchcuins,quittäceen parchemin fignee par lefJites parties, amp;nbsp;fccrctairc. de la maifon de ville,qui en tiendra contrerolle amp;nbsp;li-urc iournal, pour inférer toutes lefdites quitta-ccs,ainfi qu’ô aaeouftumede faire aux receptes generales de voftredit Royatune.

Seront auffi tenus les gardes amp;nbsp;contregardes dcfdits fallns amp;nbsp;greniers, d’enuoyer ccrtificatio fignee de leurs mains,des chargemens qui feront faits fur les barques, amp;nbsp;guindcllcs defdits ypitu-riers, auec les coppics dçs lettres dcfdices voitures qui leur font enuoyccs,afin qu’il ne fe commette aucuns abus, tant aux chargemens qu’aux defehargemens dudit fel : amp;nbsp;quant aux Contre-rollcurs defdits falins,amp; autres officiers,qui ont acouftume d’cndoflcramp; enregiflrer les polices defdits voituriers, feront auffi tenus d’enuoyer Copie de Icurfdits cQntrerolks en bonne forme, es mains des Generaux de la chai ge,ou à tel per Tonnage qui fera à ce commis par voftredite Maiefté.

Conuiendra auffi fcauolr de tous les proprietaires dtflits falins, quelle quantité de fel ils auront mis chacun an en tas, cabanes, gerbiers, amp;nbsp;amp;nbsp;greniers, amp;nbsp;quelle quantité ils diftribueront tant aux marehans fourniffeurs, qu’aux voituriers, amp;nbsp;autres pcifonnes qui feront negotiatio dudit fel, afin que le tout fe face confcicncieufe-ment, amp;nbsp;filon le reglement, vs, amp;nbsp;couftumes louables dcfdits falins.

Les vifiteurs,luges amp;nbsp;Licutenans delà gabelle d A fel,fcrôt auffi tenus faire leurs cheuauchees amp;nbsp;vifitations des falins amp;nbsp;greniers , de mois en B.ij,

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rnöis',’ ^our auoirl’ceilfur les abus 8c maluerfa-tipns cjui le pourroyent comiticttrc aux change-mens,'dcfchangcmcns, vôît'ures, amp;nbsp;allcgcmens dudit fel', Sc en drefler aucc leurs greffiers leurs proeer verbaux, qu’ils cnudycront d’an en an, à ceux qui auront la fuperintendance d’ordon^ ncr fur là negotiation dudit fcl, obferucront mieux qu’ils n’ont fait par le palfc,lcs reiglcmes amp;nbsp;óïdónn^hces faites cy deuant, au fait de leur chargeV afin que voftre Maicftêamp; le public, fc puiïTcht rèflentir dit deuoit qu’ils feront, en fai-fantleurfdttes cheuauchecS.

Scfa’dùffi requis qu’en chacune généralité de Vos Proaiinccs, ou les creditehrs de voftre Malefic fttofit affignez, foyent aduertis de conipa-ro'ir à la ville capitale de ladite généralité. /

Si tort qu’on aura faît l’cfiay dëfdits falîns amp;nbsp;greniers: cônuîcndra qfie lôh vfè d’vn feul Vocable amp;nbsp;appellation des noms defilitcs mefurés', qui feront cfgalles en Lirgeur, grandeur amp;nbsp;hauteur, tenans autapt l’vne que l’autre, amp;nbsp;qui le chargeront en muyds,tenaris en police la quantité de ÖO yz ou 8o quintaux, fclo que Ion trou-ucra cfifc le plus conucnable,lcfcpicls vaudront tant dcmines,quartaux,ôùfiTinaux , ainfi qu’on ics voudra nommer, conime dit eft.

' Et dautant que du cofié de l’Empire,Contât de Vcniflc,amp;cn autres lieux de voftre Royaume prochains de vos fâlins, le fel y èft à beaucoup meilleur prix qu’aux autres contrées de voftre-dit Royaume, amp;nbsp;inefmes qu’ilya des grciners qui fiant en vnemefinc Prouincc,amp; à deux lieux près l’vn de l’autre, lefqiiels outpour certaines

' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;corn-

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îî commoditcz des voitures, ou autrement) meîî-leur prix dudit fel qu’en vn autre lieU)qui reuiét à vil grand dommage amp;nbsp;preiudice au Roy, amp;nbsp;au public. Il eft bien requis de faire vn bon amp;nbsp;certain reiglement là deflus, par ce que le plus fou-uent il y a tel grenier, qui ne doit débiter que cinquante ou foixâte muyds de fel, qui en débite au quadruple,tant pour eftre limitrophes des pays eftrangiers , que pour autres fubtilitez que les greneticrs,amp; regratiers, ne font que trop v-fitez de faire.

Il y a auffi certains Coftaux, Reucyras,amp; autres perfonnes, qui ncgotientamp; dcftaillenx des fclsblancs, amp;nbsp;autres fels de rcftrangcroccultc-nicnt,qui caiifcnt vn trefgrand preiudicç à ta gabelle du fel de volire Maicilé,lefquclsfontlirH-fez,qu’ils ont des hommes apoftez,qui,viennent charger ledit fel, en certains lieux couuerts amp;nbsp;cachez, pres les limites de voftre RoyaUme,’qùi çn abufent grandement : car ils ne le diftribuent qu'à vn homme feul à la fois,crainte iTcftre def-couucrs,amp; font faire des'dcftours amp;chemins irt-,opinez à leurs reuedeurj, tellement qu’il eft im-pqffibic qiip les garJe's/Sc autres qui ont charge d’y audirr’oeil,les pbuuoir attraper,amp;déftobent par ce moyen les droits de voftre gabelle fubti-lemcnt. Mais pour preuenir à telles rufes, amp;nbsp;faire en forte qu’il y aye vne elgalité, vn mçfme prix,amp;vne mefme mefurcentous les greniers de voftre Royaume , il feroit trefrequis de faire vn nouucaudclpartcn'cnt, fur chacun dcfdiçsgrp-niers, Sp donner par Eftat, les villes amp;nbsp;villages qui fe fourniront à chacun dcfdits greniers, afin

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14 qii’ilyeuftvn tableau cfcrit, aux carrcfoursamp; places , les plus eminentes des villes , où /cront eflablis Icfdits greniers, amp;nbsp;vn autre tableau aux magafins où fc fera la vente dudit fel, où feront eferits les noms dcfdites villes, bourgs, bourgades » amp;nbsp;autres lieux qui feront dtftinez amp;nbsp;tenus d’aller à leur grenier , amp;nbsp;non à autres, afin que chacun feu amp;nbsp;mefnage, prenne la quantité du fel qui luy fera debefoin, pour la prouifion de chacune année.Et dautant que lapliifpart defdi-tes Prouinces ne font fiibicttes à payer fi grandes voitures dudit fel, comme d’autres : Il plaira à voftre Maicfté, de gratifier les villes qui ont de toute ancienneté certains dons amp;nbsp;priuileges des Roys de France vos deuanciers, amp;nbsp;d’heureufe mémoire: à ce qu’ils puilfcnt auoir deniers fur ledit fel,pour la reparation des chauficcs,ponts, palTages anciens, felon amp;: ainfi quelcuifdirs priuilegèSpvrtÇrontifanstoutesfois diminution de l’acnct amp;nbsp;prix dudit f l, qtfiis feront tenus de payer,tout ainfi que vos fubicts les plus loin-tainsdc vofdits falins rachèteront. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i-sj

Cefte police amp;nbsp;œconomat, citant bien drclfé i aucclçs departemens amp;nbsp;cftats, qui ferontfur ce faits par les Commilfaircs, qu’il plaira à voftre MaicftécftabliriConuiendra par apn s,fi voftre bon plaifir eft tel, faire fcaiioir à tous ceux qui tiennent en alienation voftre Domaine, amp;nbsp;qui ont rentes afijgnccs fur iccluy, enfemblc à tous autres qui ont vos fermes, Aydes, Subuentions, Décimés, ou autres droits quelconques de vo-ftredit Royaume, qu’ils ayent à fe trouucr ou enuoyer homme expres en la ville capitalle de leur

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leur rclTortjfuiuant l’affignation amp;nbsp;au iour qu’il leur fera prefigé, par lts Intendans amp;nbsp;Generaux de la charge ouCommilfaires dudit fel,pour verifier leurs lettres d’achepts amp;nbsp;alienations , qui leur aura elle faitc,par voftrediteMaitftc,de vo-ftredit Domainctafin de prendre nouuellcs affi-gnations fur les greniers à fel de voftre Royaume , amp;nbsp;fur les plus propres commodes greniers que faire fe pourra, à ce que les parties prenâtes» puilTçnt rcceuoir leurs deniers, fur les prochains greniers de leur n Ifort amp;nbsp;demcurance, aucc moins de frais amp;nbsp;dcfpcns.

Et pour cuiter aux inefcontcntcmcs,qui poùr-royent fourdre de ce nouueau changement, amp;nbsp;que les derniers acheteurs defdits Domainegt; Aydcs,amp; Fermes,fe trouuerontàleuraduisin-terelfécncefait: cômcaufcmblablc, pourroyét faire les officiers nouucllcment créez. Plaira à voftre Maicftc ordonner, que les deniers qui prouiendront de la vente dudit fel,feront diftri-buez amp;nbsp;payez, par ordre retrograde defditesa-lienationsamp; offices, fi bien que les derniers feront payez les premiers : en confideration qu’il en y a pluficurs,qui ont quadruplé leurs deniers, du profit de la finance qu’ils ont fiitcde voftre-dit Domaine.D’autres qui ont acquis les rentes des acheteurs à vil prix, amp;nbsp;en ont tiré le miel amp;nbsp;la cire, corne on dit,Mcs autres qui onteftéles mieuxappris amp;aduifcz en cefte caballe,ont employé quarante ou cinquante mil liurcs en deniers contans, qu’ils ont diftribuezà plufieurs particuliers,qui cftoyét afligncz fur vos receptes generallcs , grandparti ou autrement, amp;nbsp;qui

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tiennent auiourd’huy pour bien petite fomme, deux, ou trois cés mil liur'es d’alienatiô de voftre dit Domaine. Et parainfiil cftbié raifonnablc, que ceux qui ont les mains graiflccs, Sc gluantes de vos finances de fi long temps, demeurent les derniers à eftre payez de leur fort principal,voire-rnefmes , s’ils vouloyent entrer en leur con-fcicncc,ils ne pourroyent du moins,que de vous rendre leurs contrafts amp;nbsp;féaux , amp;nbsp;fe contcntc-royent du profit honnefte qu’ils ont fait, du rc-uenu de voftre Domaine, fans demander rcm-bourifement du principal.

Confequemment apres que les affignations auront efte dcfpartics,amp; donees à vos crediteurs fur les greniers dudit fel, le plus expedient fera, Sirc,fairc depofleder promptement tous les dc-tempteurs de voftre Domaine, amp;nbsp;faite réunir à voftre Couronne voftrcdit Domajnc,amp; parties alienees,pour faire dreffer Eftat à vos Reccueurs Generaux amp;nbsp;particuliers, de voftre Royaume, qui en deuront conter aux Chambres des contes de vos gencralitez, afin que lefdits deniers tombent CS mains du Threforier de voftre Ef-pargnc,pourrentrctencmcnt de voftre Eftat.

Et en confequence, l’offre que voftre peuple pretend faire à voftredite Maiefté, il luy plaira fupprimer, abroger, amp;nbsp;reuoquer toutes tailles, daces,fubuentions,amp;impofts, qu’on leur a mis extraordinairement fus , de's l’aducnemcnt à la Couronne , de feu d’heureufe mémoire, le Roy François,voftre aycul,amp; les laifter refpircrpour quelque temps,dc tant d’opprcffions, rançone-pncnsjamp;pillcrics, qui leur font aducnues,à l’oc-cafion

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cafion des guerres ciuilcs.

Que s’il adulent que voftredite Maiefté ayc affaire de plus grand fomme, que celles du reachat à vofdits Domaine, Aydes, amp;nbsp;Décimes; voicy encore vnc partie cflcntielle , dt laquelle Voftre pourc peuple vous donne aduis d’infferer amp;nbsp;incorporer à voftre Couronne,qui cft toutes les terres,feigncuries,amp; Domaine du Clergé general,de voftre Royaume; à condition que tous les Prélats ^autres qui' font à prefent pourucus des benefices amp;nbsp;offices dudit Clergé, en iouirôt iufques à leur decez: amp;nbsp;apres leur mort,feront efleus amp;nbsp;choifis par les Maires amp;nbsp;Efclicuins des villes,quelques notables^meurs,amp;vertueux per-fonnages, poureftre mis en la placedu décédé. Des trois qui ferôt ainfi efleus,voftrcMaieft e en pouruoira abfoliicmcnt l’vn d’iceux,tcl qu’il luy plaira,fans eftrcaftraint à autres prouifions,que à celle que luy ferez expedier : amp;nbsp;à chacune def-dites expeditions, voftreMaiefté luy affignera, ni luy plaift,telle penfion qu’il cognoiftra eftre cxpedicnt,pour rentretenement d’vn home Ec-clcfiaftique,amp;fclô que la qualité du perfoimage qui fera pourueu dudit benefice le méritera.Laquelle péfiô luy fera payee de quartier en quartier, furie reuenu annuel dudit bencficc,amp; tout le furplus du Domaine fêta (s’il vous plaift) come dit cft,annexé amp;nbsp;reuny à voftre Domaine,amp; dôné à ferme par les 1 hreforiers de Frâce amp;nbsp;Gc ncrauxdevos Finances: afliftcz des AduocatS), Procureurs, Receueurs amp;Contrcrollcursdc vo-ftreditc Maiefté, à ce que les deliurances foyent faites folennellcment, amp;nbsp;par bon ordre. Tous

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lefqucls deniers ferontfcccusjpar vos Rcceueurj particuliers, auquel on fera drefler Eftat ordinaire pour en conter.

Alors que voftre Maicûé le fera emparée de fi grands amp;nbsp;magnifiques rcuenus, on pourra dire à bon droit,qu’il n’y aura Monarque au mon-•dc,fi oppulent amp;nbsp;pccunieux, que vous ferez : Et ferez rendu redoutable enuers tous vos voifins, amp;Potentats de la terrc,lefqucls pour voftre grâ-deur,puiftance, amp;nbsp;excellence, n’oferont rien attenter contre voftre Eftat,amp;fubiets.Alors dira on que les François font pariienus à vn ficelé clorc,qu’ilsiouyront d’vne paixaflcurcc,amp;qu’ils auront repos en leurs citfz, en leurs maifons, en leurs vignes,amp; en leurs champs: alors le ciel, ne fera plus d’airain pourcux,ny la terre defcr.On verra accoller iuftice amp;nbsp;paix au milieu d’eux, leurs cœurs amollis, amp;nbsp;embrafer d’vn amour fainôie:voirc mcfmes, on verra les créatures in-cenfiblcs qui fc rcfiouirôf,s’ilfiiut ainfi jiarlcr,de voir fleurir en ce temps , la tranquillité qui fera en voftre Royaume.

Bien cft-il vray,qu’encofcs que tels bics vous appartiennent, il ne pourra eftre qu’il n’y ait pluficurs Sicopbantesamp; murmuratcurs,qui dc-guiferont maints obicts, à caufe d’vne telle mu-tation:mais puisque nos dcuanciers, fubiets de la Couronne de France, ont donne leurs biens pour les cailles |gt;ies, amp;nbsp;non en tels amp;nbsp;fi mauuais vlàges,qu’ils font auiourd’buy difpenlt-z : c’eft bien raifon qu’eftant ceflecs les caufcs,lcs tfTcfls ceflent pareillement. Mais cela ne pourra encores florrç la bouche à tels dctraiSeurs, amp;nbsp;autres qui

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I?

quiviuent de leurs marmites , qui ne dient ou^ ücrtcment,que ceferoit vn facrilcge manifeftc* qu’vn Roy Trefchrcfticn, s’appropriaft lesbici Eccltfiaftiques : aufquels ne faudra grande A-pologic amp;detfenfe, pour les faire taire , amp;lcur móftrer, quelesvrays fondateurs de leurs grads reuenus,ont efte' fubicts du Roy,comme dit eft. Et comme leurs fuccefleurs amp;nbsp;heritiers,nous cédons,amp; tranfportons,dc nos fpontanees volon-tezà noftrcRoy amp;nbsp;Prince fouucrain , les Du-chez , Contez, Baronnies, Seigneuries, droits, nos amp;nbsp;aéèions quelcôques,dc tous les biés amp;nbsp;re-uenus qui font polTcdez pour le iourd’huy fous faux titre, par ceux du Clergé du Royaume de France. Et prions treshumblemcnt fa Maicflc, ' qu’il luy plaife en prendre là vraye reelle amp;nbsp;a-xfhucllc poffeflion amp;nbsp;faifine. Et fi meffieurs du Clergé fi oppofent, amp;nbsp;formalifirnt dauantage:le peuple,au nom duquel ic parle reprefentatiue-mentjleur dira , Nous auons fupplié noftre Roy de vous lailTer iouyr de nos biens, A'reuenus durant vos viesîNe fcaucz vous pas que celle colle-rance eft quafi polluée,pour les abus qui fe com-mettét de jour à autre entre vouslnc fçauez vous pas auffi, qu’il n’y a que fymonies, luxures, aua-riccs, amp;nbsp;autres fcandales amp;nbsp;vices en vollrecllat Ecclcfiaftiquc? vous feriez digne par vos ingratitudes , que noftrcRoy n’euft la patience, telle que nous la requérons de luy , amp;nbsp;qu’il vous de-polTedaft pluftoft,que plus tard, des biens amp;nbsp;re-uenus que vous détenez à fou peuple indeuë-ment, amp;nbsp;que dés l’an 1525.qui cftoit du temps de . Charles le Beau , iJyeuft ceux qu’on appelloit

C.ij.

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Fratficcaux, qui códanoycnt vofdits abusj amp;nbsp;te-nöyentque ne dciiicz tenir aucuns biens, or, ny pourpre, amp;nbsp;que cela appartenoit auxRoys , Si non aux preftres, que fi (es bonnes gens eftoyent encore en vicj ils monftrcroycnt au peuple leur flnpiditc. Si diroyent que fi mal leur a pris de J^ifler vos cuifines fi grafles, il n’eft pas malf m-ployé que les leurs foyent bien amaigries.

Aufurplusjilfcmblequçnoftre Dico,qui dó-« neàtcl qu’illuy plaift,les Empires,dominatiôs) amp;nbsp;fuperioritez aux Princes amp;nbsp;hommes de la terre, vueilicpar fa diuinc amp;nbsp;éternelle prouidence, faire que voftre Maiefté refplendifle, fur tous les peuples Si nations du monde, amp;nbsp;que vous am-plifiyeï vos limites, fans beaucoup de trauaux, fans pertes d’hommes, fans beaucoup de peines, amp;nbsp;fans efiufion de fang.Et qu’au contraire, vous auez des Confcillcrs quitafehent partous moyens à vous diuertir des dons, qui vous font €nuoycz,par maniéré de dire,comme du ciel, amp;nbsp;aiment mieux que vos fubiets s’cntretuent,inan-gent, rongent, amp;diffipentles vns les autres, amp;nbsp;qu’il u’y aye que carnages,mcurtrcs, maflacrcs, cftufion du fang dcsinnocens, violemcnt de fil-lcs,coucuffions,pilleries,briillcmcns , pertes de tant de milliers de grands Seigneurs,Cheualiers amp;loyauxGapitaincs, amp;foldatsde voftreRoy-aume : que de regardera pacifier ceux qui font d’Vnc mefmc nation,François de nom amp;nbsp;de fait, fubiets .à vn mcfme Roy,croyans tous à vu Dieu Eternel, créateur du ciel amp;dcla terre,amp; en fon Çils vnique lefus Chrift nottre Seigneur,croyâs auffiàla confeffion contenue au Symbole des

Apo-

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Il

Apoftrcs,amp; aux faînâcsEfcriturcs gt;nbsp;de fancîeu amp;nbsp;nouucauTeftanicnt,amp; des Prophètesamp;Apo* ftres, amp;nbsp;fous couleur des ceremonies amp;nbsp;vfages des Sacrcmcs,quc les Catholiques ont peruerty amp;nbsp;deftourné, contre I’inftitution de noftre Seigneur lefus Chrift.Meflicurs vos Cofcillcrs veil lent que par armes, violêce,amp; auec toutes efpe-ces de cruautc2,vos fuicts fc rangent à la doftri-ne amp;nbsp;inftitution des hommes, amp;nbsp;non pas à celle de Dieu : mais ce n’cft que temps perdu, amp;nbsp;faut toufiours ceder amp;nbsp;faire place à verîté,qui cft celle dont ie fais mon rempart inuincible en cefte remonftrance.

Retournant donquesà mon premier propos, tous les Princes,vos plus prochains voifins,amp;lcs lointains auffi, font tous les iours à la porte amp;nbsp;fuitte devoftre Cour, vous demandas pour leur Magiftrat, Protedeur amp;nbsp;feuucrain, amp;nbsp;la pluf-part vous cftendent les bras, amp;nbsp;remettent en main leurs pcrfonncs,vies,biens, amp;nbsp;pays, nô pas feulement par vne legiere amp;nbsp;temeraire volonté, propenfee à vn moment. Mais vous feauez qu’il y aiapluficurs annces,qucles Eftats de Flâdrcs, Vous ont prefentez amp;nbsp;offerts , voire par importunité, qu’il vouspleuft vous emparer de la fou-ueraincté de leur pays, les tenir fous voftre pro-tedion : àquoyvous auez quelqueffois prefte roreillc,mefmcs quand voftre feu Admirai vous en tint propos,amp; qu’il vous fit entendre l’vtili-té amp;heurcufc confcqucnce qui reufsiroiten voftre Royaume,fi vne fois lefditspays de Flandres eftoit incorporés à voftre Côurônc, amp;nbsp;qu’il fe-xoit caufe dç mettre fin à toutes les calamitez 8c . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;C.lij.

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guerres paflees.Ioint auffi auec la bonne volon-» té defdits Eftats, que la fouucraineté du pays vous appartient à meilleur titre, qu’aux Roys d’Efpagnc, comme il appert par les Panchartes qui font en vos Threfors: amp;nbsp;n’y a pas long téps que vos ayculsamp;Roys predecefl'curs,en ont cité depofledez : mais quoy qu’il en foit,puis que les Eltats du pays,qui ont voix dctcrminatiuc d’in-ftituer amp;nbsp;depofl'eder leur fouucrain,lors qui leur rompt la loy amp;nbsp;la foy publique,vos Confcillcrs ne pcuucnt,fous correélion, s’exeufer qu’ils ne vous ayet Elit grand tort, de vous laifl'cr perdre vne telle occafion, amp;nbsp;rompre les defleins de vo-ftre Admirai, qui auoit par longue experience meilleur fentiment des affaires de voltre Eftat, amp;nbsp;du bien du public , qucceux-cy non pas eu. Touteffois puis que l’occafiô s’offre encores au iourd’huy,pour y entedre mieux que iamais: en l’honneur de Dieu, ne perdez vne telle amp;nbsp;li auâ-tageufe vocation, amp;nbsp;rcccucz comme de la main de Dieu, ce pourc peuple en voltre protcétiô,amp; ne permettez que fous prétexté des guerres ciui-Ics qu’ô fera touliours cefferen voltreRoyaumc quant il plaira à voltre Maielté, qu’vn h beau amp;nbsp;exccllct pays foit réduit à autre obciflance qu’à la voltre.Prenez donques poflcfffon d’icckiy, ne tardez plus, ne croyez plus ceux qui vous diucr-tiflent d’emplifier voltre Royaume : ne croyez plus l’Efpagnol, car il elt cnnemy capital amp;nbsp;ancien de voltre Couronne,amp; qui rit fous fon bô-net, devoir baigner en fang voltreRoyaumc, pour vn rien amp;nbsp;fur la queltion lîmpic d’vn morceau de paltc, qu’on veut opmialtrcmcnt taire acroiye

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acroîre eftrele corps de Chrift, que tous Cîire-ftiens tiennent cftre monte au ciel, amp;nbsp;que de là. il viendra iuger les viuans amp;nbsp;les morts: amp;nbsp;cepé-dant cotre ceft article de foy, on nous fait tuer amp;nbsp;meurtrir les vns amp;lcs autres inconfidcrecmét. Si vous confidercz bien celle importance, vous laiflerez déformais l'ombre, pour empoigner le corps, amp;nbsp;la paille pour vous munir du grain, amp;nbsp;vous emparerez amp;nbsp;faifirez le pluftoft amp;nbsp;plus diligemment qu’il voift fera poffiblc dudit pays: poiTcdant lequel, vos fubiets en feront grandement foulagcz, amp;nbsp;vos finances bien augmentées, amp;nbsp;fi ferez encore vn plusgrandbien : car, vous ofterez vn Tyran de la terre., pour y clla-blirvnPrince débonnaire, vn cllrangcr pour vn patriotic , amp;nbsp;vn François pour vn. Efpa-gnol : vous ferez encores dauantage , car les cendres amp;nbsp;monuments des Roys François amp;nbsp;Henry vos primogenitcurs, amp;nbsp;de tresheureufe mémoire, treflàilliroyent de ioyc, par maniere de dire, d’entendre que leurs enfans ayent empiété, amp;nbsp;mis fous leur domination ledit pays: amp;nbsp;vos confcdcrcz amp;nbsp;alliez, vous tiendront la main pour le bien conferucr. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;;

Vous aviez encores, Sire, le Royaume d’Angleterre, qui depuis peu d’annccs,vousfait qiia-fi fcmoncc,d’cftrc annexe en la maifon dcFrâce, parle moyen du mariage qui fe traite entrcMô-fcigneurvoftrctrcre,amp; la Royncdudit pays, amp;nbsp;croy que la ebofe feroit ia faite, n’eftoit les hai-ncux'domefiiqucs de voftre Courône,qui n’ont autre eftonnement, finon quand ils voyent augmenter le feeptre amp;nbsp;Royaume que Dieu vou$

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9 done delà main.Que diray-ie plus?Les EftatJ du Royaume de Portugal,ne delirct-ils pas d’a-uoir voftrefccours, pour repouflerraudacedu Roy d’Efpagnc, qui fc veut emparer de leur Royaume contre leur volonté, amp;nbsp;ne fouhaitent que de vous rendre Prince fouuerain de leur Îgt;ays? A quoy tient-il. Sire, que vous n’acccptcz e don qu’ils vous veulent fairc,d’vn fi grand amp;nbsp;oppulêt RoyaumePNc feauez-vous pas,que leur coeur , afFeÔ:ionamp; volonté ,eftdcdieeàvofl:re Maiefté? amp;nbsp;qu’ayantvntcl Royaume envofire puilFance, vous aurez dixhuit autres Roys, qui vous feront tributaires, vous aurez tant d’or amp;nbsp;dcnicrs,quc vous voudrez, vos fubiets trafiqueront plus hardiment auec les Portugais, qu’ils ne font à prelcntdes mers du Ponant, Mcditcr-ranews amp;nbsp;du Leuat, vous rendront tant de profits,marchandifes,amp;noualitcz en voftrc Royaume , que tous vos fubjets feront remplis de bics. Bref,on nefeauroit fouhaiteryneioye amp;nbsp;félicité plusgrandeen ce monde, que de voir dominer voftre Maiefté en vn fi floriflant amp;nbsp;oppu-lent Royaume.

Quediray-icauffi du pays amp;Comté de Bour-gôgne, propre voifin de voftrc Duché ? côbicn s’en trouuera-il audit pays,qui ne défirent finoii que vous en preniez poftcffion,amp;le mettiez fous voftre obcilfanct? combien s’en trouucra-il qui défia fe font efforcez de s’emparer de Bezançon ville circôuoifine dudit pays,afin de vous frayer les chemins, amp;voiis mettre en main vnc cité magnifique ( tenant laquelle) tout le pays vous eufl'c librement apporté la clef de la plufpart des

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des villes,pour y receuoir vos garnifons amp;nbsp;vous tenir pour fouucrain dudit pays. le laifle à part le pays donc on s’cftoit ia emparé ,audit Conté de Bourgongne, en moins que de huit iours, lors que le Sieur de Montfort, Lieutenant pour Monleigneur vollre frère, entra auec bien petites forces audit Conté:mais i’ofe bien dirc,quc fl monfieur le Duc duMayncn’cuft contreman-dc amp;nbsp;reuoqué lefdites forces, 8c qu’on l’euft fc-couru,comme il penfoit qu’on feroit, ledit pays feroit pieça réduit à voftrc Couronne , amp;tenu fous voftreauthorîté.Mais quelqu’vn dira,cft-il loifible à vu Roy, agrandir fes limites, au prciu-dice d’vn tiers : A quoy nous rcfpondrons,qu’il le peut faire,fl c’eft du confcnteinent desEftats, ou bien fi le Prince ou fes prcdcccflcurs, ont eu droit fur la propriété ou fouucraincté du pays, comme il cft bien aifé à prouuer, que le Conte appartient à vofire Maiefé, 8c qu’il a tttéde l’ancié Domaine des feus Ducs de Bourgogne, qui l’ont tenu 8c pofledé immcmorialemct,auec leur Duché. Mais il n’cft icy queftion de preu-ucs,ains d’auoirpitié conimifcr.ition desEftats de Flandres,amp; dudit Conté deBourgôgne: qui de leur bon gré fc mettent en la proteàion de voftre Maiefté, ôc de celle de Monfeigneur voftrc frere.

Et quant au Royaume de Nauarrc,qui cft detenu fl induement par la maifon d’Efpagnc, qui eft ccluy quicmpcfchc auiourd’huy,quc vous ne le reprcnezfur l’Efpagnol? Perfonne, fi ce n’cft les contentions 8c débats, qui font inteftinemet cq voftrc Rovaume, Qui cft celuy qui les y cn-

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trctict? L’Efpagnol: Qui efl celuy qui cótrarie, à cc que les Royaumes amp;nbsp;pays fus mentionnez, netôbent à voftrc CouronnePL’Efpagnol; Qui donne aduertiflement à voftrc ancien cnnemy, qu’il ne tiétqu’àvoftreMaiefté,qucncfoyezpof fefleurs dcfdits paysPCe font auefis de vos Con-fcillcrs,qui s’y oppofent,amp;qui font penfionaires de l’Efpagnol. Prefumant, côme il eft vray fem-blalgt;le,que fi vos debtes eftoyét payees,côme on vous monftrc la voye pour les acquitter , fi vous mettiez les feigneuries amp;domaine du Cierge' general de Frâcefbus voftrc obciflancc.Si les Royaumes d’Angleterre, Conté de Flandres, amp;nbsp;de Bourgongne, eftoyét réduits à voftrc Couron-nc,aucc celle de Polognc,laquellcvous appartict de droit d’clcélion, amp;nbsp;finalement que vous euf-fiez vne paix aflcurce en voftrc Royaume, comme la chofe cft auffi facile à faire amp;nbsp;exccuter que à l’entreprendre. Il ne faut douter, que tenans vne telle Monarchie amp;nbsp;pays, que chacun trem-bleroit de s’oppofer à voftrc Maiefté, amp;nbsp;que par voftrcfcul mandemcnt,rEfpagnol vousremet-troit ledit Royaume de Nauarre,qu’il tient(dit-il)du glaiuc Papal, pour l’anathcmc amp;nbsp;excommunication , qui fut faite par la fàcrofanétc dignité du Pape Iulc,alencontrc des Roys de tref-heureufe mémoire Loys douziefmc, amp;nbsp;ccluy,de Nauarre, fils dufeigneur d’Albrct, qui fut dc-pofttdé furtiucmcntdcfon Royaume , en l’an-ncc ni(Ç, par Ferdinand Roy d’Efpagne, amp;nbsp;de Arragond,fans occafion valable,ains par la feule ambition amp;: danjnablc tyrannie de ceft Ante-chriftRomain, çcquci’ay bien voulu dire en paf-

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’7 partant,amp; non pour reciter fhiftoire: car il fau-droit vn volume entier pour la déduire.

Il vous rendroit pareillement voftre Duché de Milan,qui vous appartient par fuccefiionhc-reditaire , de feu bonne mémoire, la Royne Claude voftre ayeulc,Ducherte de Bretagne, amp;nbsp;de Milan , amp;nbsp;ne feroit fi mal appris de faire telle à vn Roy inuincible, comme vous ferez, fi vous voulez croire l’aduis de vos treshûble^ amp;nbsp;obeif-fans fubiets.

Pour le regard des Royaumes de Sicile,amp; autres pays qui vous appartiennent de droit,amp; no à rEfpagnol,encores qu’il feroit bié digne d’en cftre deueftu des à prcfcnf.toutelFois à caufe que les Sieurs de Guyfe,conteftcnt que leditRoyau-me amp;nbsp;pays,leur appartienncnt,amp; que leur mai-fon eft fort bclliqueufc, qui en pourroyétauoir leur raifon,tant au fait des armes,que par la bone intelligence qu’ils ont déslong temps acqui-feauecl’Elpagnol.Vos fubiets vous fupplieront volontairemét,que vous permettiez aufdits Seigneurs de Guyfe , d’aller à la conquefte de leur-dit Royaume amp;nbsp;pays , amp;nbsp;fi bon leur femble, de pafler plus outre pour dcbeller contre le Turc, qui deftient leur Royaume de lerufalem. En ce faifantjvous nettoyerez, amp;nbsp;defeombrerez voftre pays, d’vne race qui a efté la feule caufe de toutes les feditions,amp; guerres ciuilcs, qui font ad-ueniies en voftredit Royaume , amp;nbsp;lefqucls ont toufiûurs rcalumé le feu, fi toll que voftre Ma-iefté a voulu permettre l’eftabliflcment d’vne bonne paix, tefmoin fera le maflacrede Varty. inuenté tout expres par ceux de Guyfe, pour

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anéantir amp;nbsp;fupprimcr l’Edit du moys de Jan-nier , tcfnioin fera la conference amp;nbsp;appareil que ils tirent faire à Molins,U Roy Charles y citant, pour le procez extraordinaire, qu’ils pourfui-uoyent contre le Sieur Admirai de Colligny, l’accufani d’eltre authrur de la mort du feu Duc de Guyfe,que Poltrot tua en fon camp: laquelle pourfuitefc faifoit tout expres, pour lefditsde Guyfc , pour la fupprcfhon du premier Edit de paix, fait à Orleans, en ranncci5(55. le pro-duirois d’autres tcfmoignages, pour la rupture des autres paix fourrées, aduenues à la po-Itulation du Cardinal leur oncle , amp;nbsp;depuis fon decez, parlcfdits Sieurs de Guylè ; mais on en a fait tant de difeours, que chacun en tft abbrcuuc, amp;nbsp;eft tout manifefte, que les abiura-tions qu’on a fait faire à ceux de la Religion, a-iicc la dcclaratiô faite à Roffillon par le Roy,cn l’annee I5v')q..lnucntions de citadelle s, meurtres d’aucuns Seigneurs amp;nbsp;Gentilshommes de ladite Religion , commandemens de garder les ports fiepaifages dudit Royaume, faifilfemcnt amp;nbsp;vente des biens defdits de la Religion , amp;nbsp;généralement tous autres mifcrablesamp; piteux cuenemés qui fontaduenusen voftre Royaume. Et enfpe-cial, lemaflacre general d’iceluy, n’eft proue-nu que de Mcfficurs de Guyfe,jgt;our lefquels vo-ftrepeuple eft tant dcuotionnc,quc s’ils eftoyct dans les fins amp;limitcs de leurs pretendusRoyau-mes,i!s prieroyentàDieu,qu’iIs n’en puiflent ia-maisbouger, ou bien qu’ils,n’cn reuinlTcnt, iuf-qu’à ce qu’on leur mandaft de retourner.

Etpuis qu’on eft fur ce propos, Plaife àvoftrc Ma-

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Maicfté, de confidcrer que voftrc peuple feroîc encore mieux allégé, ïi en licentiant Meflîeurs deGuyfe, Il vous pleuft pareillement,faire vuU der hors de voftre pays,tous cftrangers Italiens, pour fuiurcamp; acompagncr,ceux qui font à moitié du cofté maternel de leur nation, afin de re-purger tout le pays amp;nbsp;Royaume, de toutes vfu-res,inuentions nouiielles, amp;nbsp;autres malefaçons défaire: dont ie me tais, qui ont corrompu la debonnaireté,prcudhommic,ciuilité,charité,amp; humanité de nosanciens François.

Que fl voftrc Royaume cft vne fois nettoyé,par la grace de Dieu dcfdits eftrangcrs, ce fera à vous,Sire,de cômander à vos Senefehaux, Prcuofts,Baillifs,Licutcnans,amp; autres qu’il appartiendra , de ne laifler à l’aduenir entrer lef-dits eftrangcrs dans voftrc Royaume,finon auec hulcttes, contenans le iour de leur departement de leur pays, amp;nbsp;autres,qu’ils prendront de leur arriucc amp;nbsp;defpart, à ce qu’ils ne puiftent feiour-ucr plus de huit iours,cn vos villes de France,où ils auront quelques negotiations , finon qu’ils eufl'ent permiffions de vos gouuerncurs , ou autres officiers de lufticc, à ce commis,dc feiour-ner dauantage. Et s’il y a aucuns dcfdits eftran-gers,qui foyent proucus d’offices de ludicaturc, ou de Financcs,oii bien qui culfent quclqucsfcr-mes ÿi admodiations en voftre Royaume : il leurfera loifibledclcs remettre és mains de voftre Maicfté, pour leur cftrc fait rembourfement de leurs cftars, en cas que les deniers foyent entrez en vos finances.

l’ay vnpeu delaiflele but principal de cefte D.iij.

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Rcmonftrance,qui eft,de voir voftre throne c-ftably en lufticc Se Pieté , amp;nbsp;puis que vous eftes ordonné miniftre de la luftice diuine, que voftre liege eft le throfnc du Dieu viuant, que vos ordonnanccs,efcriturcs,amp; arrefts, font organes de la vérité d’iccluy;Ceft bien raifon, Sire, que vous regardiez,de faire obeyr,ccluy duquelvous eftes Vicaire amp;nbsp;Lieutenant,amp;que vous confide-riezmeurement, d’auoir auprès de voftre per-fonne, gens meurs, amp;nbsp;notables, pour affifter à voftre Confeil : amp;nbsp;des Confcillers amp;nbsp;luges , en vos Cours de Parlement amp;nbsp;Prouinccs,qui iugét droitement vos pourcs fubiets , amp;nbsp;qu’ils regardent, qu’ils n’cxerccnt point luftice aux noms deshommes,mais au nom de Dieu , lequel leur affilié aux iugemens. Par ainfi doyuent-ils bien regarder,cn quelle confcience ils doiuent figner leurs fentenccs,amp; aucc quelle intégrité,pruden-ce,clemcnce, amp;nbsp;innocence, ils fc doyucnt ren-ger Sc regier : pour rcprcfenter aux hommes en tous leurs faits, comme vnc image de la proui-dence.fauuegarde,bonté, douceur, amp;nbsp;luftice de Dieu. Or iufqucs icy, la plufgrand part de vos officiers de luftice , ont efté tellement detrar-quez Si corrompus,qu’ils n’ont eu honte de faire venteau plus olfrant,du droit des partiestvoi-reiufqu’à auoir des maquignons, qui trafiquent de ce incfticr , comme feroit vn bon marchant, qui auroit amené quelque marchandife de lointain pays, pour la débiter. Et quant on leurre-monftre la pcrnicieufe confequenee de leurs in-lâtiablcsauariccs,amp; du tort qu’ils font aux bonnes gens, qui ont quelque procez par douant eux,

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eux, ils difent, Nous auons achetez en gros nos offices, nous fommes contraints les vendre en detail. Voila en effeét, combien courte à vortre peuple la vénalité des offices de ludicature , qui cft, comme dit l’Empereur lurtinian , la vraye fourcc amp;nbsp;origine dé tout;e mifere amp;nbsp;iniquité. Et pourtant nos voifins, qui ne feauent que c’ert de manier amp;nbsp;trafiquer tels offices, s’en mocquent, amp;nbsp;en ont les François en grande abomination: au lieu qu’anciennement nofdits voifins fc fou-mettoyent au iugement amp;nbsp;aduisde vos Parle-mensimefrncs les Empereurs, Roys, amp;nbsp;grands Scigneurs,tant d’Alemagnc,Efpagnc, Italie, que autres pays; pour la preud’hommie,grande feiê— ce,amp; vertus, qu’ils voyoient aux officiers de lu-dicature de vortredit Royaume.

Mais il crt trefaifé à remédier à vn tel mal, fi vortre Maicrté commence à fupprimer le nombre fupcrnumerairc’des gens de Iurticcjamp; qu’on vienne àcompofervofdites Cours de Parlemét par moitié,d’vne amp;d’autrc Rcligion,comme on feraauffi en vosSencfchaurtecs,Bailliages,amp;Iu-dicaturcs Royaux, ou fi le Lieutenant General cft Catholique Romain, le Lieutenant Particu-lierfera de la Religion reformée, amp;nbsp;ainfi confe-r quemment des autres cftats,comme dit cft.

Lcfditcs gens de lufticc, feront choifisàla voix du peuple, qui rapporteront leur nomination aux Maires amp;nbsp;Efeheuins des villes, lefquels fupplieront voftre Maicfté, prendre le tiers de ceux qui feront eflcus,fans payer finâce. Et qnât aux anciens qui demeureront en leurs cftats, ne leur fera loifiblc de redemander ce qu’ils auront

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Ji finâcc, CU cfgard qu’ils s’en font afTez rembour-fez:Et ne leur fera(s’il vous plaift)pcnnis de pré-dre déformais,aucunamp;dons,prcfens, amp;nbsp;efpicts, des parties, ains fe contenteront feulement de leurs gages annuels amp;nbsp;acouftumez.

Ayant parachcué vn bon rciglcment, fur les gens de la luftice de voftre Royaume,amp;rtpurgé les abus d’icelle, voftrc Maicftc aura l’œil , s’il luy plaift , à reformer la trop grande audace de aucuns Scigneurs,Prclats, amp;nbsp;Gentilhommes de voftrc Royaume , par ce , que fous ombre que ils ont fief de Haubert, amp;nbsp;autres droits feigntu-riaux fur vos humbles fubicts, iln’ya cfpccc de tyrannie, barbarie, cruauté , amp;nbsp;inhumanité qui ncfoit par cuxtxcrcce, fur leurs poureshômcsî iufqu’àlcs faire piller,rançonncr,amp; ronger iuf-quesauxos, par les regimens amp;nbsp;compagnies de vos gens de guerre, qui pafte nt fur leurs terres. Car à la moindre occafion qu’ils auront,dc n’a-uoir efte obey à leur pofte, par fes poures villa-eeois,foudain ils font dcualifcz,par les Gentilshommes de Icurfdits villages: amp;nbsp;eft tellement auancce amp;nbsp;augmentée leur tyrannie, qu’ilsen ontacquisvne feruitudcbarbarcfque furIcurfdits fubicts , aufqucis ils font faire de toutes façons leurs vignes,labourer leurs tcrrcs,fairc cou rir l’eau en leurs prcz,fairc les bayes , amp;nbsp;cloftu-rcs,alcntour de leur domaine : fortifier amp;nbsp;baflir leurs chafteaiix amp;nbsp;maifons,faire les guets amp;nbsp;gardes, à toutes heures amp;nbsp;moments, fans leur donner vn verre d’eau,pour leurs delpés: ains le plus fouucnt,font payez de leur loycr,à grands coups dp b^fton.Tcllemeut que fi les Commiflaîrcsamp;

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3?

executeurs du pays d’Egypte, qui faifoyciit faire les briques , amp;nbsp;trauailloyent fort iniquement Iç peuple ludaiquc,fous la domination de Pharao, eftoyent en vie à prcfënt, ils feroyent le procez, à la plus grand part de voftre Noblefle , amp;nbsp;leur diroyent, que telles inhumanitez, font du tout intollerablcs , amp;r qu’ils n’en firent iamais de lèmblables.

Le plus propre moyen pour y remédier,Sire, feroit,qu’il pleuft à voftre Maiefte,députer deux Confcillcrs, de chacune de vos Gours de Parlement , qui feront leurs cheuauchees en chacune de vos Prouinces tous les ans, pour informer defdits abus amp;nbsp;maluerfations, dcfJits Seigneurs hauts lufticiers, lefqiiels drefleront leurs procez Vfrbaux,afin de les reprefenter à voftre Maicfté: amp;nbsp;où ils trouueroyent, que Icfdits Seigneurs fulTent couftu'niers à tyrannifer leurs fubicts, amp;nbsp;les traitter autrement,qu’vn bon Gentilhomme doit traitter fes fubietsiQu’ilfoit permis audit cas à vofdits Commiflaires, dp procéder alé-contre d’eux,par faififtement de tous leurs biens amp;nbsp;rcucnus,amp;d’y eftablir des Commiftaires fous voftreauthoritc,quiiouyrôt d’iccuxbics,iufqucs à eequ’autrement en foitefte par vous amp;nbsp;Mef-ficurs de voftre priué Confcil cognu amp;nbsp;ordône,

Voftre Maiefteordonnera aufti,s’il luy plaift, que Icfdits Gentilhommes ne pourront contraindre leurs fubiets, de faire les gitctsamp; gardes en leurs chafteaux, finon en eminent peril, temps de guerre, amp;nbsp;lors qu’il leur fera enioint par cômifhon exprefle des Seigneurs vos Gou-uerneurs , amp;nbsp;Lieutenans Generaux de vos Pro-

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Î4 uinces,aufqucls voftrcMaicfté fera charger leur» hôncurs,d’y tenir la main, amp;nbsp;faire obferiicr auf-dits feigneurs hauts lufticiers, les reglemens amp;nbsp;ordonnances,faites par vos predccefieurs Roys, furie faitdcfdits guets amp;nbsp;gardes, pour eftreau choix deslubiets,d’aller faire la garde aux mai-fons fortes de vos Chaftcllcnics.

Et d’autant que le plus noble art qui foit au monde(comme dit Cicéron) eft celuy de l’agriculture , qui eft auiourd’huy tenu, pour le plus vilamp; contemptible de tous Icsautrcs.D’aillcurs l’expericnce nous apprend aflez , que nous prenons apres Dieu,noltrc nourriture de tcllccau-fefécondé^: amp;nbsp;neantmoins comme ingrats amp;nbsp;mefeognoiflans, nous la foulons au pied , tellement que chacun tafehe d’offenfer le bon homme, qui trauaillc iouramp; nuicl pour la neceflité publique': Les Nobles ne leur lailïent heure de repos, pour leur payer leurs couruees , rentes, feruis , amp;nbsp;autres droits Seigneuriaux. Le Clergé leur fait payer les premifles, difmes, rentes, anniuerfaircs, fondations ,amp; caufes pics, qu’ils appellent : Le marchant exige fur luy , fes vfu-res manifcftcs,lcs terrages, rentes fouricrcs,dc-niersde ventes cafucliesamp; réachats, luy vend fa marchandife à haut prix,amp;fcpaye desdenrees du bon homme, à tel prix que bon luy fcmblc: tantoft il le flate,untoft il le rudoyé, quelquef-fois il le fait mettre prifonnier, pour auoirfoii bicn:puis quand il le tient àfacordcllc, amp;nbsp;qu’il a fon champ,il luy en pafle grâgeage pour quelque temps, amp;nbsp;laifl’e eburir les arricrages des pri-fes : encourus qu’ils font, il ne laine au pourç hom-

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homme,que ce qu’ilne luy peut ofter.Puis eftant paifé ce nauffragc,voicy jes regimes des compa-^ gniesdes gens de guerre, qui frappent deffus, meurtrifrent,violcnt,tuent, (accagent,amp; mettée les poures laboureurs, femmes amp;nbsp;enfans, en tel eftat, qu’il vaudroit beaucoup mieux qu’ils fuC-fent efclaues , des nations les plus barbares, que d’endurer les maux qu’ils fouffrent : cependant cclaeft fait au veu amp;nbsp;fccu des Gouuerneurs du pays, des gens de la Iuftice,amp; de tous les eftats, amp;nbsp;nul n’en dit ny fonne mot. ODieuimmor-tcl, où font leâ temps iadis , que chacun prifoit» aimoit amp;nbsp;cherilToit le laboureur? OùeftletépS ’ qu’on le venoit prendre,tenant la charrucjpour le créer Empereur, amp;nbsp;l’inftaler au titre d’honneur,^ plus excellent amp;nbsp;honorable du monde? Où cft le tcps,di-ie,qu’vn Senat de R.ome,auoit le laboureur auüi cher, que la prunelle de fon œiI?Certcs il n’eft plus.Qui en eft la caufe?L’in-iure de la guerre. Parquoy ô Roy débonnaire, pour l’honneur de Dieu , mettez y quelque bon ordre,faites obferuer les ordonnanccs,-de feu de bonne mémoire, le Roy Henry voftre pere, où il cft prohibe amp;nbsp;delendu,furbien grades amp;grof-fes peines, à voftre gendarmerie, deneviurefur le bon homme.Et s’il cft de befoin d’y appliquer plus aigres amp;nbsp;violents remèdes,qu’il plaife à voftre Maicfté,faire de telles amp;nbsp;fi feueres dclfences, que fans rcmiffion aucune,le premier qui y con-treuiendra,foit puny de mort : amp;nbsp;qu’il foit loili-blc par mefm ? moyen, à toutes vos communes, courir fus, fonner le tocquefain Sc les tailler cil pieces.

E.ij.

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5lt;î

D’ailleurs à caufe que Ja plus grand part des terres 21 vignes d’aucunes Prouinccs , font demeurées en triche,amp; I1Ó efte cultiuecs durantl’in clémence de la guerre,amp;quc ce poure peuplecft cndtbié de toutes pars, ayans attaire à des crediteurs immifericordieux, qu’il vous, plaiJè, Sircÿ faire quelques bonnes amp;nbsp;fainéles ordonnances, prohibitions à tous créanciers amp;nbsp;autres qu’il appartiendra , de n’inquieter Icfdits laboureurs en leurs pcrfonnes,meublcs,amp;vtentilles de mai-fon, attirans de leur labourage t ny de leur petit reuenu,durant trois ans entiers amp;: confequutifss amp;nbsp;à tous Pages amp;nbsp;Greffiers, de ne difeerner cô-miffions de contrainte, pour l’cmprifannement de leurs pcrfonncs,durant ledit temps.Sauf tou-lesfois aufdits créanciers, d’agir fur la vente de leurs immeubles, fi bon leur femble,leurs paye-mens. Autrement,Sire,où vous n’vfèreZ de telle douceur amp;nbsp;manfuctude , enuers ceux dudit plat pays, on ne pourra iamais reftaurer ce peuple, auquel il ne refte que lefoutîe. On ne verra aufii iamais abonder les viandes de bouchcjmoius les marchindifcs, amp;nbsp;autres manifaôfuresquelconques,ce queic vous montlreray par exemplctcar le laboureur qui ne vit que de fa iournee, amp;nbsp;qui a grade tàmille, cft contraint de demander grâd falaire. Celu y qu’on a tout pille amp;nbsp;auquel on n’a faiflé que deux ou trois poules,n’a courage d’en plus nourrir, moins de les faire nicher, pour en auoir nouuelles couuees ; car il feait bien qu’on les luy ollera des mains, amp;nbsp;aime mieux vendre bicnchcres, celles qui luy referont, d’autant qu’elles font rares,que d’en ediffier dautres.Ce-luy

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luy pireillemcnt qui cft endcbtc,amp; qui guette cntrcmblant,comn)croifeauqui eft fur la brache,que fan Gentilhomme, ou fon crediteur,oit le foldat, luy viendra arracher des mains, toute I’cfpcrance qu’il aura eue fur la femcncc qu’il aura mis en terre,amp; qui aura efte circonuenu en femblablc fait,par pluGeurs amp;nbsp;diucrfesfois , aimera beaucoup mieux,vendrc chèrement vn peu de blé qu’il aura en fon grenier, que d’attendre en patience la recueillette de la prochaine moiffon. On en pourra dire autant, de ceux qui fouloyent auoir force bœuls , vaches , brebis, moutons, amp;nbsp;autre bercail fort beau amp;nbsp;opulent, qui aime mieux celT. r t elles negotiatiôs de leurs troupeaux, à caufe des degafts qu’onluy a fait les années precedentes, amp;nbsp;faire vente de ce qu’il a de refte, que de perdre le total de fon troupeau. Voila d’où vient la cherté des biens de la terre; voila d’où procédé qu’on ne voit plus l’abondance amp;nbsp;fertilité qu’elle fouloit rendre, amp;nbsp;lie faut pas obicéfer, qu’elle ne face bien fon de-uoir: mais il en faut attribuer la faute à la malice des hommes,amp;à ce qu’on n’a pas cerché le regne de Dieu amp;nbsp;fa Iufticc,auant toute chofe.

Tout ainG que la prcuuea efté faite de la cher té des viures, ainG f peut-elle faire des marchâ-difes,amp; delà manifaéfuredeshommcstparceque lararitc amp;nbsp;cherté fécond?, prouient delapre-miereicar les laines,les cuirs, amp;nbsp;autres marchan-difes n’ont garde d’eftre en abodance, quant on a flûte debcftail.Lesartifans, 8e autres maneu-ures, amp;nbsp;inquiiins, qui acheptent les bleds, vins, chairs,! aiétagcs,ceufs,amp;autres tf uiéts de la terre

E.ii].

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bien chèrement, ne feauroyent viure /ans au-gmcnterUc loyer de leur/âlaire : ainli eft-ildes 'louages de maifons gt;nbsp;fermes, amp;nbsp;admodiacions, qui font toutes ènchcrics de la moitié) à caufe de 'Celle maladie commune.

Mais quclqu’vn dira, nos voiGns n’ont point de guerres,amp; ont Icsviurcsamp;marchandifcsauf-* G chères que nous : aufquels ie refponds, que la contagion qui eft fur vn pays,s’cllcnd auxna-tions bien lointaines , pour la fréquentation amp;nbsp;corrcfpondance qiicles Royaumes , contrées amp;nbsp;pays, ont réciproquement les vns aux autres. le dy encores, qu’il y a enuiron cinquante années, que noftre Europe a efté agitée decruelles guerres,tant ciuilcs qu’3utrcs,qui ont caulé de grads amp;nbsp;diuers changemens entre les peuples, amp;nbsp;nations de la terre.le dy pareillement que les traG-ques amp;nbsp;ncgotiations,tant par mer que par terre, font diminuées. Item que les hommes meurs amp;nbsp;bien expérimentez aux affaires du monde , font decedez: Ceux qui eftoyent amateurs de la ne-ceflîte du public,iucz amp;nbsp;malTacrcfc: les mônoyes des Princes, par moyens fubtils,billonnecs; l’or amp;nbsp;l’argent en aucunes Prouincs , augmentez de prix,amp; d’autres diminucz,ou pour le moins de-, meure en fon prix amp;nbsp;valcur.Et qui pis cft , nous auons auiourd’huy desefprits fi aigus amp;nbsp;frctil-lans,qu’au lieu d’apporter l’abondâce à vn pays, à l’imitation de nos maicurs, eux au contraire, pénétrent amp;nbsp;fuGlIent, iufques aux plus couuerts greniers amp;nbsp;caucs cachées d’vne contrée : amp;nbsp;par monopoles amp;nbsp;compagnies de leurs femblables, affament tout vn pays, non par famine venant

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du ciel,mals par famine artificielle, maudite, amp;nbsp;du tout damnable: amp;nbsp;s’il fetreuue multitude de tels gamemens au mondc,il s’en trouuera encores plus grand nombre d’autres, qui fubtilifent tellement toutes les negotiations, amp;nbsp;trafiques, qui fc font au Leuant amp;nbsp;au Ponant, qu’il con-uicnt,bon gré,mal grc qu’on en ayc,que les autres marchans paffent par leurs mains. Ce que, i’ay mis en auant,pour faire auoir en execration fes harpies, amp;nbsp;monftrer que le fcul mcfpris que on a eu des gens de bien,amp; qui ont la crainte de Dieu,en cft la caufe.

Il y a encore vne autre faute en voftre Royaume,qui tormente bien vos fubicts,laquelle eft facile de réparer amp;nbsp;mettre en deu Efiat,c’cft que les poix,aunagcs,amp; mefurcs font inegales: tellement qu’eftant détaillées amp;nbsp;vendues parlcme-nujlesmarchandifesd’vnlieuà autre, amp;nbsp;dans les limites de voftre obeiflance, ont trouué vn def-chet fl grand,que bien fouuct l’acheteur ne peut foulder fon bilâ de l’achat à la vête; mais pour y remcdicr,il feroit requis fi voftre Maicftc le vou loit pcrmcttrc,d’cquipollcr vnanimement lefdi-tes mefures amp;nbsp;aunages: car puis que vos fubicts demandent d’eftre cfgauxcn toute chofe, felon les deuoirs amp;nbsp;qualitez des perfonnes, puis qu’ils font fubicts d’vn feul Monarque, amp;nbsp;.auffi deuo-tionnez d’obeyr à fa Maiefté, l’vn que l’autre, c’eftbien raifon,que tous foyent regis, maniez, amp;nbsp;gouucrncz,parbon ordre amp;nbsp;bon compas.

Au furplus,Sirc, on ne vous a rien propofe de nouucau en cefte Rcmonftrancc,vous auez veu amp;nbsp;voyez,fl ce qu’on vous met en auant cft vray,

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4«?

non,vous fcàucz au/Ti, coitimcvous aucz perdu les plus grands Princes amp;nbsp;Seigneurs de vo-ftre Royaume,que voftre feeptre en eft afFoibly, vos finances aiterces amp;nbsp;diminuées,amp; vos fubiets misai! biflac.Confidcrcz bien le tout, ay:z pitié de vos parens,de voftre fang,de vos membres amp;nbsp;de vos entrailles ! conferuez la Nobleflc, ayez commiferaaion de l’eftat de voftre Couronne: garentiflez les gens de lufticc: maintenez voftre penplecn paix:donncz ordre,qirc vos bourgeois, maribans, éV notabksfamillcs, ne voyent plus courir le fang à granels ruiflcaux par les rues, de Jours frères amp;nbsp;concitoycns,amp; que les vefues,en-fans orphelins , amp;nbsp;les jeunes vierges, nefoyent foulées aux pieds, comme leurs deuancicrsamp; predecefteurs. Et pour les en a garentir, chalfez d’aupresde voftre Royale Maicftc,tous fiatcurs, contempteurs de Dieu, Ar gens corrompus amp;nbsp;deprauez: Purgez voftre Royaume detelspro-phanes amp;nbsp;mafl'acreurs, Croyez l’aduis de vos treshumbles fubiets : autrement , Sire, il fera à craindre que l’ire de Dieu, que nous voyonsia allumé, amp;nbsp;fur vous,amp; fur voftre peuple, ne poorfuiue fa flamme , pour nous punir plus ri-gourcufcmcnt,amp; que les rochers, cotaux, montagnes amp;nbsp;valees, ne puiffent plus contenir tels monftres fur la terre, amp;nbsp;ne nousabyfmcntauec eux entièrement. Ce bô Dieu vous vueille faire lagrace, de preuenir fon courroux à venir, amp;nbsp;qu’il luy plaifcvousinfpirerde maintenir voftre poure peuple en repos ; amp;nbsp;finalement de vous faire iouir de la félicité éternelle amp;nbsp;glorieufc, qu’il a promis à tous les fiensj Ainfi foit-il.

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4^

gt; TRES Kyi VTS. TRES-pttjJJants, nbsp;nbsp;exceüens Trmces, “RairSt

Ducs,ContesKgt;Tarqui$RBavons, Sei-gneurs des trois Eßats, de Ihnwnctblç^ Royaume de France, quot;U, T. H, D. F. Salut.

TResillvstres Princes, 8c cxcellens Seigneurs, chacun eftimoit que l’aflemblee

8c conuocation, que fa Maieftc a fait faire à Champigny, apportcroit vn fruiél ineftimable, pour l’execution de la paix,amp; tranquillité qu’on cfperoit voir en ce Royaume: mais au lieu d’vnc fi bonne efpcrancc, on oit tintonner en diners lieux, tout le contraire, fi bien que les plus clairs voyans,font quafi perfuadez d’en croire quelque chofe,amp; n’y a qu’vn feul point qui les ftit cnco-resteniren fufpens, qui eft, la bonne amp;nbsp;fincere volonté de Monficur , qui eft toufiours auec le Roy de Nauarre, ayans défia fait en partie eft'e-âuer en Gafcongnc,Ics points principaux de la paix, amp;nbsp;fait rendre Cahors en Q^ercy 8c autres places, que ledit Roy de Nauarre tenoit durant ces dernières guerres audit pays.

LesEglifes de Languedoc, 8c Dauphiné,ont femblablement enuoyé leurs Députez à Montauban, pour receuoirles commandemensque Môfieur leur doit dôiîcr,dc la part dcfaditeMa ieftc:amp; pour aduifer des môycs legitimes qu’on leur accordera,pou? la reftitution des villes que

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4^ ils tiennent,amp; fcurtc de leurs vies,biens,amp; per-fonnes:amp;s’ils ne pcuuent decider promptement de leurs affaires , ils conclurront le tout dans la ville de Caftrcs,lepluftoft que faire fe pourra.

Mais on voit totalement aller en fumee, tous les meilleurs defleins qu’on auoit choifis pour affermir le party de rvncamp; de l’autre Religion: tellement qu’il y a peu d’apparence qu’ils puif-fent reuflir comme on les auoit proicéicz:à cau-fe des delays amp;nbsp;retardemens qu’on fait de part amp;nbsp;d’autre,à les mettre à deue execution.

On voit auffi, que les troupes amp;nbsp;regimens des gens de guerre, qui font pieça leuecs fur les frô-ticres des Prouinces de Normandie, amp;nbsp;Picar-dic,n’auanfrcnt pas beaucoup dechcmins:amp;que fe font autant d’arpicsamp; fingfucs,qui mangent, rongcnt,amp; pillent, le pays,amp; poures fubiets du Roy:àquoy on deuroit auoir eu plus d’efgard qu’on n’a pas eu iufqii’à prefent.

On voit pareillement, que le mariage de la Royne d’Angleterre, aucc Monfieur , eft quafi, ou autant auancc, comme il cftoit,il y a tantofl deux ans,amp; que les allées,venues, amp;nbsp;negotiatiôs que Meffieursles Princes, Seigneurs , amp;nbsp;autres Ambaffadeurs y ont faites, ont peu, ou du tout rien profite : n’ayant feruy que de perte de teps, perte de finances, perte de gens, amp;nbsp;perte de l’honneur de France: pour les raifons que vous Mclfeigneurs feaurez trop mieux côfidcrcr pour l’incgalitc dudit mariage.

Finalement on voit, que le fecours promis aux Seigneurs des Eftatsde Flandres,amp;à Domp Anthoine de Portugal, n’cft pas encorespreft,

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amp; qu’on prend plaifir à les repaiflrc de vent,ou qu’on vueille imaginairement faire peur aux Ef-pagnols qui font en Portugal, amp;nbsp;aux Ma- Icon-tens de Flandres , des compagnies qui mangent Icbon homme, fur leur fumier. Cela n’eftpas vfité en fait de guerre,ains faut attaquer amp;nbsp;tenir de pres fon ennemy,quand on luy veut faire te-fte,amp; donner la loy.

Toutes ces chofes celTantcs, que peut-on c5-iefturcr,dirc , ou penfer, de cefte aflemblec generale que vous faites, maintenant en Touraine? qui eft ccluy qui n’entrera en foupçon , de voir les principaux Seigneurs,qui ont commandé en fes dernieres guerres ciuilcs, courir amp;nbsp;prendre la pofte,pour oppineren ladite aflemblec ? Qui eft ccluy qui ne fc rendra formidable,de voir en pluficurs Prouinces de ce Royaume, les capitaines,courir amp;nbsp;trotter de toutes parts, pour enrouler les plus feditieux foldats, qui ont ia feruy aux troupes amp;nbsp;regimens dcfditcs guerres ? On laifle à parties bordonnemens d’aucunsmur-murateurs;on ne dit mot des furieufesentrepri-fes qu’ils fe forgent .amp; promettent en leurcer-uclle.Mais quand les plus grands en parlent ou-uertement , quand on ne voit qu’apparcils de guerres, quand on inuite ou pourchafle de faire amas des armees eftrangcrcs, quand les gouuer-neurs des Prouinces font la lime fourde , amp;nbsp;que les poures fuicts du Roy font toufiours oppref-fez,Il n’y a fi duretefte, ny fi lourd entedement: qui ne die ouucrtement , qu’on ne fe doit fier amp;nbsp;afleurer qu’à ce que Ion tient, 8i que fi noftrc bon Dieu ne regarde de pitié fon pourc peuple»

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il n’cft çncorcs au fonds, ny à la riuc des mifcrcs amp;nbsp;calamitcz paflccs.

Et pour verification plus ample,on produit le billet,qui fut attachc,puifnaguercs à vne des por tes de la Rochelle, où fcs mots cftoycnt cfcrits: Icy efile rendez-vous des armées doyuent aller en Flandreslt;,^ en Portugal', qui vautautât à dire: quec’eft Icmefmc ftratageme, que le Seigneur Strocy, amp;nbsp;capitaine Pollin, vouloyent iouërey deuant en ladite ville. Cependant Meffeigneurs, il feroit tantoft bien temps , mettre quelque beureufe fin , àla ruine euidente de ce grand amp;nbsp;floriffant Royaume , qui s’en vale grand galot, amp;nbsp;à vau de routc:fi par vos prudences amp;nbsp;magna-nimitez vous n’y pouruoyez de bonne heure, les principales parties de fon corps,font débilitées: Icspartics vitales à demy vlcerecs,amp; les extérieures des la peau, la chair , amp;nbsp;iufqu’aux os, ia iftiomcncës ; amp;nbsp;fi la gangrene pourfuit fcs adiós plusauant, on ne peut moins attendre, que la diflblution amp;nbsp;fubucrfion entière de l’Efiat amp;nbsp;du Royaume. Que fi cela adulent apres tant de diners aducrtilTcmcns qu’on vous en’a fait, la tache amp;nbsp;blafmc, neredondera feulement fur vos perfonnes, mais fur les fleurons de toute voftre poftcritc.

Il cft doques befoin de preuenir en cefte maladie, amp;nbsp;à la morfurc d’vne telle amp;nbsp;fi grande nc-ceflîte; car elle cft fort mauuailê amp;nbsp;dangereufe, amp;nbsp;ne faut douter que le peril ne /bit plus grand, que la peur que vous en pourrezauoir : que les feux font par trop allumez, amp;nbsp;ne voir on nul qui coure à feaupour l’cftcindre: ainspluftoft on y porte

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porte des tifons ardens, pour tant mieux le faire flamboyer. Et pour toute preuue, on produira fes nouuelles allumettes,des Seigneurs amp;nbsp;Gentilshommes qui tiennent leschâps auiourd’huy, aucc vil tas de Bandolliers, qui courent la pico-ree furie bon homme,amp; qui pillent,rançonner, amp;nbsp;faccagcnt, tout ce qu’ils trcuuent par les vil— lagesiprenans argument fur des querelles particulières, fondées fur la pointe d’vne efguille: pour tât mieux colorer leurs voleries,amp; brigan-dagcs,amp; bien peu s’en eft fallu qu’ils n’ayent attrapé les principales villes amp;nbsp;chafteaux de ce Royaume. Depuis que l’Edit delà pacification destroublesa eftéfait,amp; encorespuifnaguercs, on tient que le chafteau de Dijon, ville capitale du gounernement de Bourgongne,a penféeftre furpris;comme au cas fcmblablc, le chafteau de Vinzclles,qu’on repute cftrc,la place du premier Baron de Mafcônois , amp;nbsp;qui tiet le premier grade aux Eftats particuliers dudit pays.

Onfeait aufli, que dans l’enclos des villes ca-pitalles de ce Royaume,il y a certains capitaines qui font efté inftallez , pour donner la loy au menu peuple , amp;nbsp;qui font de vrays boutefeux, pour faire feditionncramp; mutineries leditieux, contre ceux de la Religion,lors qu’ils fe retirent aux villes, pour iouyr du benefice de l’Edit de paix: amp;nbsp;n’y a cfpece» ny forte de fafchcrics amp;nbsp;inquietudes,qui ne leur foit donnée, à l’appetit amp;nbsp;vengeances particulières de tels monftres de nature. Dans lefditcs villes,amp; autres circonuoifi-nes,fetrouueencores certains rufifques portans titres de Capitaines, Bouchers, Cordonniers,

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4lt;î Maflbns,Sauctiers,amp;autrcs infignes voleurs,qui ont charge de Icucr genç de leur forte, au premier mot du guet,de ceux qui les veulent mettre amp;nbsp;employer en la guerre , amp;nbsp;qui font cheriz, aimez, amp;nbsp;bienuenus, enuers les plus grands Capitaines amp;Seigneurs Catholiques de ce Royaume, qui leur donnent vne telle amp;nbsp;eftrenee authorité de mal faire, que pour l’impunité des crimes horribles amp;nbsp;deteftablcs qu’ils commettent; amp;nbsp;pour la conniuencc,lesMagiftrats, amp;nbsp;gés delu-ftice, qui n’en ofe fouffler ny dire mot, crainte d’encourir la malcgrace des grands. 11 n’y a meurtres, cruautez, amp;nbsp;barbaries , qui ne foyent pratiquées par tels malheureux amp;nbsp;infames gar-nemens.

Certainement cela eftfort lamentable, amp;nbsp;eft encores plus à deplorcr,la trifte amp;nbsp;miferable vie des citoyens amp;nbsp;bourgeois des villes, où telles peftes ont prins racine : car au lieu de iouyr de quelque tranquillité amp;nbsp;focicté humaine auec leurs voifins,ilsvoyent de iour à autre,amp; à tous moments,leurs bourreaux deuant leurs yeux:au lieu d’honorer les Seigneur de Iufticc,amp; gens de vertu amp;honneiir,îlsfont contraints défaire honour amp;nbsp;reuercncc à tels vilains amp;nbsp;abominables, amp;nbsp;au lieu de voirleursenfans fuyure les gens de bien, il faut bon gré mal gré qu’ils ayent, qu’ils lespermettent aller,venir,amp;frequcter à la voye-rie, amp;nbsp;fuite de leurs principaux ennemis, dont il ne leur peut reuftir qii’vn trifte amp;nbsp;piteux euene-ment. Voyla le beau amp;nbsp;grand profit, qu’aucuns grands Seigneurs de ce Royaume, ont apporte en cefte tât redoutee Monarchie: voila les fruits que

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que les fubiets de fa Maiefté rcçoyuent gt;nbsp;de cou-uer amp;nbsp;nourrir parleurs artifices, l’immortalité de ceftc guerrejes chofes vont toutes en confu-fion,lcs gens honorables font mefprifcz, les fcc-Icrats amp;mal-viuansbicn-vcnus,qualific2 amp;nbsp;honorez : les gens de lettrejtenus pour l’cfgouft amp;nbsp;balieuredu monde,les traiftres,perfides,amp;: def-loyaux,tout au contraire tenus pour genshabil-lesxeux qui ont la crainte deDieu,amp; fes faindes Efcriturcs en honneur amp;nbsp;reuerencc, font tenus pour herctiquesamp; fchifmatiques: amp;nbsp;Icsblafphe-mateurs,pcriures,amp; atheiftes,pour gens de bien amp;nbsp;d’honncur:ceux qui attendent amp;fondcnt leur falut en vn fcul lefus Chrift crucific,fentent mal de la foy:mais les autres qui font fuppots du Pa-pe,amp;quifuyuentles traditions humaines, font vrays Chrcfticns.O Dieu Eternel, que veut dire cecy , comme eft-il poffible, que nos maicurs foyent parucnus en vn fiecle fi miferable,amp; à vn tel aueuglifleincnt. De vray,nos fautes amp;nbsp;péchez en font la principale caufe,pour laquelle effacer, il feroit bien requis, Trefilluftres Scigneurs,de faire la prière fcinblable, que Daniel fit à Dieu pourfon peuple , ainfi qu’elle eft contenue au neufiemc chapitre de fon liure, difans tousd’vn cœur : Nous auons péché Seigneur, nous auons fait iniquité, nous auons fait mefehammét,nous auonscftérebelles, amp;nbsp;auons décliné arriéré de tescommandemens , amp;nbsp;de tes iugemens, nous n’auons point obey à tes feruiteurs Prophètes, lefquels ont parlé en ton Nom, à nos Roys, à nos Princes, amp;nbsp;ànosPeres, amp;nbsp;à tout le peuple de la terre. O Seigneur à toy eft la lufticc, amp;nbsp;à

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48 nouslaconfufiondeface: comme il eft auiour-d’huy aux hommes de luda, amp;nbsp;c. Et au huidief-meverfet, Seigneur à nous cft la confufionde face, à nos Roys,à nos Princes, amp;nbsp;à nos Pères, d’autant que nous auons pèche contre toy.

Or fl vos cœurs eftoyent touchez à bon cfciét à recognoiftre cefte principale playe, il feroit fort aife à retrancher les autres inconueniens qui en font furuenus, amp;nbsp;conuiendroit punir ri-goureufement tous ceux qui fe formalifcroyent à ferner aucunes partialitez entre les fubietsdu Royrceux aufli qui ne viuroyent en l’vnc oul’au-tre des deux Religions,tous larrons, brigands, amp;nbsp;voleurs, tous träiftres amp;nbsp;blafphematcurs.Les tyrans, tyranneaux, amp;nbsp;defloyaux confpiratcurs. Les Sodomites amp;nbsp;Atheiftes eftrangers amp;nbsp;autres qui pullulent auiourdhuyen France, Icsiuges iniques amp;nbsp;maquignons de luftice, lesexaéleurs amp;nbsp;inuenteurs de nouucaux fublides , tous ceux qui fe font enrichis iniuftcmentdu bien public amp;nbsp;finances du Roy : Et généralement tous Capitaines,leurs Licutcnans,Chefs de compagnies tant de pied qu’à cheual,qui ont ruine, deftruit, amp;nbsp;accable le bon hômc,villcs,amp; plat pays de ce Royaume. Et fi telle reccrche eftoit trop one-rcufc,pour raifon de la confufion des guerres, à tout le moins qu’elle ait quelque lieu , enuers ceux qui eftoyent referuez au premier Edit, qui fut fait fur la pacification des troubles, l’annec I5^3,oùles larrons,voleurs,amp; brigâds,n’eftoyét compris. Si fur c’eft aduis quelqu’vn trouuoit meillcurcxpcdicnt,pour vn commtnccmcnt,dc n’eftre fi rigoureux enuers les delinquans amp;nbsp;infra-

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49 infraftcurs des Edits,! caufe qu’aucunsdcs plus grandspourroycnteftrcpuniirablcs, Eon vougt;-loit procéder cxadcmcnt. On leur pourra rcC-pondre cc que dit Cicéron , en certains lieux de fes Offices , où il efiime fes anccEres dire dignes tic grand louange, pour auoir clic de aduis, d’auoir fait mourir Spurius Melius, les Craches , Manlius le Capitolin , amp;nbsp;Drufus Sa-turninusjtous hommes de prouëfles, amp;nbsp;quifou-uentesfois auoyent fait de grands fcrùiccs à la chofe publique, d’autant qu’ils furent fufpects d’auoir prétendu à la Couronne: ny ne feruit de rien à Spurius Melius, fa grande faucur de la cité, nyaux Graches la mémoire de Scipion, leur tant renome aycul,ny à Manlius la magnifique gloire de la deféfc du Capitolin,ny àDru-fus fes tant fainéls dieuxdomcfiiques,nyau Saturnin le droit de la facrofinétc dignité , {.varcé queles anciés Romains ont toufiours efic d’ad-uisjde prefcrcrla calamité publique,! la mort de quelques vns.Quc fi les Paycns,qni n’ont eu que les ombres défigures de la vertu tóbic plus vous, Mcircigncurs,qui niez eu C’ell hôneur.de iniçux gouucrner l’Eliat amp;nbsp;Monarchie de ce Royaume , qu’en nulle autre part du monde,- pourriez vous louftrir que les mefehans régnent amp;nbsp;vi-uent au milieu de vons ? permettriez vigt;usbicn, qu’vnc telle reproche vous fut Exite ? laiflerez ♦oiisbicn ce poure peuple qui n’a plus que le foufflc,cn vne telle dcllreife ? on ne le croy pas: car telle lafcheté vous firoit redemandée, de la main de Dieu.

Dauâtagc,puis que voftrcalfemblcc eft,com-

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P me chacun tient,pour délibérer des chofes dou-teufes, amp;nbsp;non pas fur lereiglemcnt des pieces t|uifont par trop defeoufues en ce Royaume. Prenez garde au nom de Dieu,que nul n’apporte fes particulières affections au milieu de vous, amp;nbsp;que chacun foit fans haine , fans amitié, fans courroux,amp; fansmifericordc, plus en vnepartie qu’en vne autre, amp;nbsp;ayeztoufiours deuantles yeux,que Dieu fera affisamp; prefidera en voftre dite affemblcc,amp;cognoiRra la balance cfgallc,que vous y tiendrez; que fi elle tend à bonne fin,rif-fue n’en fera qticbonne amp;nbsp;hcurcufc:mais fi vous y procédez au contraire, il le deftruira ainfi que il fit celuy d’Achitofel enuers Abfalon, lors que il procuroit la ruine de l’Efiat de fon pere.

Peut cftre trouuerez vousmauuais, que tels aduertiffemens vous foyent faits par le menu peuple , d’autant que Dieu vous a efleus comme leurs fuperieurs, amp;nbsp;que vous auezefté eftablis par eux,au rang amp;nbsp;dignité que vous tenez en ce Royaume:côme ils le cofclfcnt amp;nbsp;recognoiflent tresbicn , auffi défirent ils bien defeharger leurs cœurs d’vnc amour filiale, enuers leurs pères amp;nbsp;legitimes gouucrncurs du Royaume ,pour leur monftrer que la France cft deucnuc,amp;dénient tellement de iour à autre fi tabide amp;nbsp;éthique, qu’elle fera plus propre à faire vne anathomie oefcharnec amp;nbsp;aride,que vn corps entier amp;nbsp;naturel , parollc fi veritable, amp;nbsp;qui leur ferre fi viue* ment le cœur en les proférant, que peu s’en faut que leurs efprits ne dcfiillcnt.

Et qui plus cft,combicn que la feule efperan-Ce que les fideles doyucnt auoir , doit eltre appuyée

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puyee fur vn feul Dieu, qui a toufiours eu amp;nbsp;aura, côiTie il a promis',foin de fon Eglife : fi eft-ce qu’il fait grâd mal aux gens de bien,de voir l’af-faillir pat ceux qui font profeffion d’vn Chri-ftianifme , amp;nbsp;quiaiepechent plus par ignorance, ains d’vne pure malice ; car on a fi bien fueil-letéles liures d’vne partamp; d’autre, que les plus grofllers voyent amp;nbsp;cognoiflent, que nousauôs tous vnc mefme foy amp;nbsp;creance, félon qu’elle eft contenue au Symbole des Apoftres.Nous auons vne mefme prière, vn mefincdccalogue amp;nbsp;coin-mandemens de Dieu, amp;nbsp;fommes baptifez au no du Pere,du Fils,amp; du Sainél Efprit, ne refte finó que nous difons que nofire Seigneur lefus Chrifteft en l’vfage de la faimfte Cene, en laquelle il nous prefentc,donne amp;nbsp;exhibe, véritablement fon corps amp;nbsp;fon fang, par l’operation de Sainft Efprit, St que nous reccuonsamp; mangeons fpirituellement, amp;nbsp;parfoy, ce propre corps qui eft mort pour nous, poureftreosde fes os, amp;nbsp;chair de fa chair, afin d’en eftre viui-fiez,amp; receuoir tout ce qui eft requis à noftre fa-lut.Lcs autres au cÔtraire, veullcnt manger fon corps auec les dcnts,realcmcnt amp;nbsp;de fait, encores qu’ils dient auec nous qu’il eft au ciel,amp; que il viendra de là , pour iuger les viuans amp;nbsp;les morts. Noftre difference gift doueques, en ce* qu’au Baptefme, nous ne voulons point leurs crachats en la bouche de nos enfiins, ny leutS huilles gralfe, amp;nbsp;autres fatras par euxinuentez: moins voulons adioufter , ny diminuer aucune chofeà l’inftitution que nollrc Seigneur lefus Chrift a faite eu fa fainéte Cene.

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Ceschofcs foyciït dites cóWmb en paflantt mais'qtfoy ej.u’ilen ßait, s'hXtvnc choïc du tout moiiftrntufe.i, que poui^îœ.ft'til point , noftre Roy»bu pluftolt fes maiiuaisi Confeillcrs 5 ayent. permisqù’onaye mairAcréridoift.'S'plusloyaux fu iet s,feit ci4igufrrc ouautiifcméh plus de feize cés, mil pcrfonnçSiqu’on violé de femmes amp;nbsp;fil-' les,-plusdequatre ccns-piiLle;» qu’onayeruinc les plus belles places amp;nbsp;cbafteauxdtjfon Roy au-; me , qiïOîKiy^ apoury Ôc mis .au biflac’, tant de iniliersdcifcntilles, qu’on ayefait, venir lese-ûras^ers-pour emportcf. ledbien des naturels Françoiven leurs paysi, amp;nbsp;qiS’id faille encores qut IcS'Co^fpirateurs amp;nbsp;defcftdurs de tant de maux, fe papïmentiau milieu de vous, Trefillu-fires Sei^nèUrs, Sc qu’ils vous tiennent la bouche,emmufulcc , pourne dire mot de leur fuper-be arrogance, qui ne tend ù autre fin, qu’à l’en-' tjerefulauçrfion .de l’Eftat.

Il s’eft trouué autresfois-des Roys, qui ont lailÏQlcitnanicment de leur Royaume à dçs Capitaines amp;nbsp;Cjouucrneurs , qui elloycnt de prime ïpcc,,fo.rt bons amp;nbsp;loyaux à leurs feruices ; mais quand on s’eft appcrccu de Icurs rufes amp;nbsp;cautel-Ics, on y a mis vu tel ordre,que la mort ignonii-; i)icu(èoii ils font tombez, a elle le loyer oie Ipurs ftuxamp; iniquçs feruicesl Ainfi qu’il cft advenu à-Ioab fils de Seruia ,.pour auoir tue amp;nbsp;cf-pandu-Jefang en paix, commeen guerre; Aux deux Princes désarmées d’ifrael, à Abner fils de Nvr,amp; à.Amafa fils de Jeter, comme en pareil cas iJjiduinc que Bagatan, amp;nbsp;Thares, deux des Eunuques du Roy, Àirutrus,furent pendus en vrt bois.

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ois, amp;nbsp;fut cfcrit l’affaire, au liure des Chronic qucsjdeuät le Roy. Et qui euffe onques péfé que ce fier amp;nbsp;orgueilleux Amâ, qui eftoit cflcué par deflus to’ les Princes de ce Roy Afruérus,'amp; qui /è faifoit adorer par tons les couryfans , fat cité pendu à vn bois,liautdc cinquante coudées,que il auoit fait efleuer, pour y faire pendrejce bon perfonnage Mardochee? lehu fitaufïicn cas pareil occir feptante deux fils du Roy Acbab » tue tousceuxdefamaifon, amp;nbsp;quarantedeux freres d’Ochofias; loas fit tuer Athalia mere d’Ocho-fias, aucc l’aide de loiada Sacrificateur: amp;nbsp;fi on veut voir de plus amples exemples , fera bon de lire le premier amp;nbsp;fécond liure des Roys, où on trouuera de grands amp;nbsp;admirables,iugemens de Dicu,fur les familles qui ont eu les mains enlàii-glantecs des innocens.

Or fi on vouloit examiner de pres , combien deloab nous auons en France, combien dcBa-gatan, amp;deTharcs, quels nombres d’Aman, d’Achab, amp;nbsp;d’Atbalia , il faudroitbicn remuer les cartes: car il s’en trouuera vne pepinierc, les vnspour auoir attenté contre, vos authoritez, Trcfilliiftrcs Seigneurs, les autres pour auoir a-bufé de l’authorité de noftre Roy, d’autres pour auoir fupplanté amp;nbsp;mis à néant la loy Saliquc,auv cunspour auoir altère amp;nbsp;cfpuifc les finances du Royaume , les autres ont nourry les partialitez que nous y voyons encores, aucc les cruelles guerres inteftines. On a malfacré les fiddles fu-ietsduRoy,on a mis le Royaume à feu amp;à fang, les vierges font cité violées,les maifons ruinées, les heritages demelirez deferts amp;nbsp;en friche, amp;nbsp;fi

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on pouuoit encore faire pis, on fc mettroit en deuoir d’y auoir i’ceil, comme dcfia on commence de faire.

Et de fait on voit les prennes tontes man ife-ftesjcn ce qne le Duc du Maync,qui a commadé en Dauphiné durant fes guerres,a mis vn tel ordre quetoutcs les dérecs font arrcftees,qui veulent defeendre au bas Dauphiné, amp;nbsp;au Languedoc , les Commiflairesdes viures fontfcmblant de rendre amp;nbsp;drelTer leurs contes pour les chofes paflees , amp;nbsp;fous ce voile drefle nouueaux eftjts pour münitionnerleur cap de leur future guerre.

Aux autres Prouinces, on n’é fait pas gucres moins,amp; notamment en quelques lieux de Perigueux , Gafeongne, amp;nbsp;haut Languedoc, où on trouuefur les paflages,des gens, ou pluftoft des voleurs mafquez,qui efpicnt amp;nbsp;guettent ceux de la Religion, pour interrom pre raflemblccqui fe fait à Montauban, pour le bien de paix : amp;nbsp;pour furprendreles Seigneurs, amp;nbsp;autres qu’on a député pour les Eglifes, pour inuoquer Dieu afin qu’il luy plaifc d’y mettre quelque bonne fin.

Voyez donc,Mefl'eigneurs,l’audace defmefu-ree de tels ennemis coniurez de ce Royaume: preuenez à leurs mefehans defleins, deftournez leurs infernales amp;nbsp;maudites confpirations,ne les laiflez plus viurc au monde, faites en faire lufiice exemplaire: ils violent les loix diuines amp;c humaines, ils tachent de mettre confufion au Royau-me,d’arracher le feeptre amp;nbsp;couronne de la main du Roy,de troubler tout vn cftat,amp;de nous faire viure à la Turqucfquc.Ne leur fuffit-il pas de auoir fait la boucherie des Chreftiens, le iour

SainA

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Sainft Barthelemy? voudroyent-ils encores employer leurs maïs impures à paracheuer le refte? penfcnt-ils point qu’il y a vn Dieu au ciel,amp; des Pairs en Francc,pour en faire la vengeanct?c’cft maintenât lafaifon,Princes débonnaires, qu’on attend le falut delà vie des Chreftiens par vos mainsjc’eft de vous Seigneurs,Ducs amp;nbsp;Contes, aufquels on s’adreffe pour auoir mainfortex’eft auffi à vous Meflieurs des Eftats,d’y pouruoir fi dcxtrement,quc tous les deferteurs amp;nbsp;confpira-tcursdela patrie foyctexterminez, amp;nbsp;qu’iln’en demeure vn feul au monde.

Confiderez aufli les fléaux amp;nbsp;autres malheurs qui font aduenus outre les meurtres amp;nbsp;calami-tezey deuant déclarées : amp;nbsp;vous trouuerez que désTannee 1564, la contagion de pelle nous a tellement vifité, par l’incomprehenfible iuge-mentde Dieu, que les principales villes de ce Royaume, Bourgs,amp; plat pays,en font efté ou peu ou prou, frappez amp;nbsp;attaints, fi bien que les marques nous en doyucnt eftre empraintes à la mémoire à iamais ; ne fut-il que les lieux ou elle a efté en ces deux fameufes amp;_celebr£S villes, de Lyon 8d Paris, cfqueBes ont tient de bon conte, qu’ils en font morts, plus de deux cens mil per-fonnc$,qui eft vn nonwreTffroyable, à compa-raifon de celuy qui nous eft mis en exemple en en la fainéle Efcriturc, pour la faute que Dauid auoit fait,d’auoir fait le dénombrement amp;nbsp;rooie detoutfon peuple, pour laquelle moururent feptantc mil perfonnes.

Nous fommes bien encores affligez amp;nbsp;batus d’autres fléaux, en ce que le plus louucnt no?

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vignes font toutes gelees, nos terres demeurent infrult;3:acufes,nous auons rarité de bleds, rarite de riurcsj amp;nbsp;rarite de toutes marchâdifcs: le pai-fant contrefait le marchant, le marchant le gentilhomme, le gentilhomme le Conte, le Conte le Duc,amp; le Duc le Roy. Brefnons allons tous au train des efcrcuilTes, nous déclinons tous de noftre premiere originc,amp; fommes fi ladres que nous nefentons , ny ne voulonsfcntir, quand Dieu nous frappe pour nos démérites: amp;nbsp;fommes au train de ce peuple corrôpu du ficclcpre-mierjuous mocquans dcl’arche de Noë, quand on la veut baftir,quicft vn figue cuident,quene voulons fuir l’ire à venir de noftre Dieu fouue-rain. Rcccrchons encores vn peu plus de près, les verges dont le Seigneur nous bat de toutes parts, combiê de paillardifcs amp;nbsp;adulteres voyós nous commettre, combien d’enfans. vilains Sodomites, voyons nous au monde : combien d’y-urongneries amp;nbsp;diffolutions, combien d’enfans auortez,cnfans perdus, filles dcsbauchees volo-taircment,combicn de pipeurs,banqueroutiers, eftafiers,rufficns,iouëurs de cartes amp;nbsp;dez , con-cubinaircs amp;nbsp;autres gens fcandalcux, font femez de toutes parts en noftre Royaume?

Mais la fourcc de tout ce mal, vient principalement,que les Catholiques, tiennent à poramp; à feu cefte cabalic en leurs monaftcrcsamp; cloiftrcs, amp;nbsp;monftrcnt vue voye tortue à ceux qui fe mirent à leurs laçons de faire. D’autrepart on regarde les courtifans, fi mal apris en tous leurs geftcs,qu’on iugeroit pluftoft qu’ils foyent elle nourris en la Cour d’yn Sardanapalc,ouAcadc-mic

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mie des précepteurs d’Eliogabale , qu’aux mai-fons de nos Roys Trefehreftiens, on remarque auffi les dames, amp;nbsp;damoifclles de la Cour, auec leurs vcrdugalles,haufleteflès, ratepenades, amp;nbsp;robes baires,ouucrtcsamp; cfchancrccs,qui veulent déformais aller,moitié à la fiiçô des femmes fau-uages, vn quart en habits d’hommes, amp;nbsp;l’autre quartfelô les cortifannesRomanefques:teIlemct que ceux qui arriuent de nouucau en Cour,font du tout rauis en admiration, amp;nbsp;nefeauêt le plus fouuctjdifccrher les hommes d’auec les femmes, par ce que l’vn porte des cheueux frizez, diaprez amp;nbsp;entortillez, comme fait l’autre aufiî: l’vn à vn petit culier, ou haut de chauffe attache à fon porpoint,amp;les autres foiïs leur robe: l’vn porte vnorillicrfur le ventre , amp;nbsp;l’autre vncbufqamp; verdugaleà l’aduenât, l’vn à des bagues amp;nbsp;pierres precieufes aux oreilles, amp;nbsp;l’autre porte des perles, desdiamans', topafe amp;nbsp;antitopafê, à fes cheueux,à fon ncz,amp; à fesorcillcs;fommc la cS-fufion y eft fi grande , que fi on les traittoit à la rigueur de l’antienne loy, ils feroycttouscoul-pables de mort. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

Si nous paffons plus outre, on verra certains financiers,yffus de bas licux,amp; fils de Serruriers, Cordonniers, ou de plus haut lieux , de fimples Notaires,qui ont auiourdhuy les vingt ou trente milliures de rcucnus:lcurs maifons tapiffees, attintec£,amp; enrichies,comme celles des Rcgt;ysamp; des Princes , leurs femmes cncadences en mille façons fuperflues,de chaînes,bagues,dorures, amp;nbsp;autres fôptueux orncmêstles fecretaires amp;clcrcs de fes'vcncrablesjcquippcz amp;nbsp;habillez,ainficjuc

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le baftard de Lupet, ( comme Ion dit ) amp;nbsp;les da-jmoifellcsjoufoit feruantesde leurs femmes, at-tintees comme l’ornement des images qu’on pareamp; acçouftre , au iour de leur dedicaffe Sf grand fefte.

T elles vipères amp;nbsp;fangfues, amp;nbsp;autres qui foot aflez cognuesen ce Royaume, font caufe que noftre Roy eft endcbté auiourd’huy de plus de cent milions de liures, au lieu que le Royaume deuroit auoirenfon threfordu Louure, plus de 3utre cent milions de liures : amp;fi on en faifoit bonne rcccrche, onferoit cracher aubaffin tels pcculatiftes, amp;nbsp;leur feroit on rendre raifon de lcnradminiftration,de leur origine,côme,d’où, amp;nbsp;pourquoy,ilsfontfihaftiucmcnt accrcusen biens,honneurs,amp; facilitez. Car peut eft rcren-droyent-ils raifons qui feruiroyent à l’aducnir au Royaume,pour Icsfecrcts denature qui font cache? à pjufieurs,amp; qu’ils pcuucnt auoir appris parleurs artifices dextérité?,

lufqucsicy nous auons monftréle piteux E-ftat de noftre France, où il eft bien requis de mettre au principal rang des fléaux que noftre Dieu nous a enuoyc, la decadence des oppulcn-tes mailons de ce Royaume, aucunes defqucllcs ont défia culebuté tout a fait,lcs autres font pre-ftes à faire le me fine foubrelâut, amp;nbsp;la principale qui eft la maifon de ville de Paris,cuft iafait ban-qucroute,ne fut eftéla preuoyance de vous Mefr fcigncurs,amp; de Meflîcurs delà Cour,Clcrgé,amp; Chambres des contes, quiauez procure enuers le Roy, que les fiize cens mil liures accordez par le Cierge à fa Maiefte chacun 411 , tombaftept

aux

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ätix mains des adminiftrateurs de ladite maiforii tomme auffi les deux milions de liures du Tail-lon,amp; autres parties prenantes qui font affiftcZ à ladite maifon.

Bieneft-ilvray, qu’aucuns quaqueteurs tiennent , que fi vous ne fulficz efté embarqué pour grandesamp; notables fommes de deniers en ladite maifon,amp; Meffieurs de la Gour,amp;Châmbre dei tontes auffi, vous n’eufliez prins tant de peine à la confirmer, parce (difent-ils) en prenant leur argument du grâd,au j)etit,que fi nos Seigneurs amp;nbsp;fupericurs ont lailfe aliéner quafi tout le Domaine du Roy,qui cft inalienable,s’ils ont lailTé faire des dons immenfes au Roy, à gens qui en tftoyent incapablcs,s’ils ont laifle confondre amp;nbsp;cfpuifer les finances du Royaumc:s’ils ont laifle les cftrangers auoir barre fur eux, amp;nbsp;permis que ôn aye leuc tant de deniers cxtraordinaires,em-prunts generaux amp;particuliers fur le pourc peu-p!c,amp; qu’on aye abandonne, perdu amp;nbsp;ruiné leur ioy Salique,à plus forte raifon n’euflent-ils tend conte de la maifon de ville de Paris.

Encores parlent d’autres iauiolcurs,plus finî-1 ftrement de ladite maifon, alleguans, que ceux! qui fontbiennez , tirent fecrettement leurs cf-1 pingles, amp;nbsp;tout ce qu’ils pcuuent de leur debet; 1 fachans bien qu’elle ne peut euiter d’eftre def-1 molie, amp;nbsp;eferafee , fous l’cxtreme amp;nbsp;pcfanr fardeau qu’elle a àfupporter , lequel à la parfin luy caufera vne ruine ineuitablc.Mais puis qu’clleeft encores debout, amp;nbsp;qùetantde gens de bien y ont mis ce peu de bien qu’ils àuoycnt, ce feroic i if n trop grand outrage à Meffieurs les Preuoftsi 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;H.ij.j

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Marcluns, amp;nbsp;adminiftratcurs d« ladite maifoib de pernrettrcla düTolution oufoit banqueroute d’iccllc.

Pour à quoy obuier, cc feroit à vous,Mcïîci-gncurs,de commettre quelques bons amp;nbsp;vertueux pcrfonnages,nc2,amp; bien entendus en fait de côtes , pour voir les liures iournaux,billans,amp; autres liurcs deraifon gt;nbsp;de ladite maifon, amp;nbsp;iceux arreftez,voiries crédits,debits,amp;fons d’iccllc,amp; pour amp;nbsp;à celle fin , que fi elle cftoit en debet de îi grandes fommes de denicrs,comme on en lait le bruit, faire vn impoft particulier fur les Italics qui demeuret à Paris pour en payer vn tier» l’autre tier fur les marchans de Paris, amp;nbsp;l’autre tiers, fur le Cierge de ladite ville , parce que fes trois qualitc2.de pcrfôncs,fefontcnricbisamp;’en-graiflez durât nos miferes,dc la calamite de leurs Voifins, amp;nbsp;n’ont rien fenti des afllidions denos guerrestautrement, s’ils en auoyent elle pinfez iufquesau moindre de leurs doigts, ils n’euflent conlênti aucc ce gros Bachus, Preuoft des Mar-chans,qu’ilscnuoyercntà Bloys , aueccedode । Aduocat, qui en eft encores tout honteux, pour I faire recommencer de nouucaux troubles: tou-tesfois fi elle n’eftoit trop cndcbtec, on pourra faire defenfe, de ne faire courir fes faux bruits, car ils font de pcrnicieufe confcquencc.

Il fut bié efte à dcfircr,quc le peuple vouseuft fait feauoir en voftre alfemblec, quelques plus hcurcufes nouuelles , que tant de gemificmens, lamentions, amp;nbsp;traucriès que le poure peuplcâ fouffcrtiiifejues icy, amp;nbsp;/crions bien aile de louer nos Capitaines, à la façon de ceux de Grccc,qui exal-

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exaltoycnt iufques au ciel, leur Miltiades, Leonidas,Themiftocles, Pericles, Ariftides, Paufa-nias,Xantipus,Lefticliidas,Cunô, Conon,Epa-minondas, Leoftencs, Aratus, Philopcmcn, amp;nbsp;d’autres. Mais ce ficelé eft pafle, amp;nbsp;n’auons que bien peu de tels Capitaincs,lcs autres font dégénérez des vertus de vosanccftres:Etde fait,ficha cun inarchoit d’vn droit pied,il y auroit encores moyen d’vnc refourfe, laquelle ne peut aduenir, finoftreRoy ne cognoift premieremet, la puiC-fancc legitime qu’il a fur fon peuplc.celle que les Pairs amp;nbsp;Eftats,comme vous eftes,Meircigncurs, auczfurluy, fi le Roy ne cognoift qu’il eft no-ftre Gouucrneur efleu de Dieu,amp;cftably parfon peuple en cefte dignitc,en laquelle nous luy de-uons toute obeiftance , pourucu qu’il ne nous commande chofequi foit contraire à la volonté de Dieu, qui eft fon Roy fouuerain amp;nbsp;le noftrc, ayant fon Empire amp;nbsp;domination, fur tous les Princes, amp;nbsp;peuples delà terre. Et pour mieux vous imprimer au vif le droit du Magiftrat fur le peuple, il plaira à vos excellences, regarder diligemment fur les pancartes, amp;nbsp;anciennes chroniques du Royaumc,amp; vous faire reprefenter les liures fuiuans, qui font vrays fommaires de vos anciens chroniqueurs.

LIVRES NECESSAIRES ET ' requis à l’afTcmblec de Ghampigny.

La FranroganHe dt Hàttttoman.

Rernonflrance aux Efiats de Bloys. ’ Les Memoires de France.

H.iij.

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Lt Cabinet du Roy.

De la puijfance legitime du Prince fur le peuple^ amp;nbsp;du peuple fur le Prince.

Secret des Finances.

Annotations faites ^fitrla declaration de Mon-feurfrere du Roy.

RePfonfès-, fur les Maximes de Aiaiflre Nico~ las MachiaueL, refiaeespar authorisez des fainÜes Ffcritures.

Plifioire Fcclefiafl^itjuey nouuellementirnprimeei Gquot; plufieurs autres Remonfirances-, tendantes à mef-mes fins.

On eufle mis en ce catalogue le Refucillcma-tin, amp;nbsp;k liure intitulé la Fureur des François: mais par ce qu’ils ne font mention , que du malheureux malTacre de la Sainâ Barthelemy,amp; autres flits prodigieux, de nos naturels François^ il lèra bon de n’en parler, que le moins que Ion pourra,crainte de renouuellcr la playe, quieft encore toute fanglante. Bien pourra on comme en paflantjtrouuer de belles amp;nbsp;notables fenten-ces en iceux, qui pourront feruir à Tcffeél de celle matière : comme feront plufieurs beaux paf-fiigcs qui font contenus âu liure de la République de Bodin,cncorcs qu’il y aye quelque brief-ue diffimulation, aux principaux points de ladite République.

Finalémciit,Trcfilluftrcs SeigUeurâ, les meilleurs amp;nbsp;plus beaux liures q vous pourriez auoir, le trouucrôt imprimez dâs vos cœurs, amp;nbsp;raifons naturelles,dans la faculté de vos âmes, dans vos entrailles, amp;nbsp;en toutes vos parties nobles amp;nbsp;vitales, d’autant que dés voftrc nailfante, les loix

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amp; ordonnances de ce Royaume, font conceuê's par manière de dire, dans vos entendemens: n’y a affaires d’Eftat tant ardusamp; difficiles puiC-fent elles eftre, qu’elles ne Vous foyent rendues facilesjpar la viuacitc de vos nobles cfprits.

Parquoy,Meffeigneurs, on vous fupplie treç-humblement, denelaiffer efteindrclesflâbcaux amp;nbsp;lumières ardéteS) que n offre Dieu Tout-puif-fantafait reluire 8c refplendir fur vosilluftres anccftres,amp; fur vos excellences.Faitcs (s’il vous ' plaift) qu’on ne vous puiffeàbôneraifon reprocher, que par voffre negligence, l’Effat de ce Royaume foit flétri en vos mains, vous en eff es auec noff re Roy, les vrays amp;nbsp;legitimes admini,. ftraccurs. Et deuez rcfpondrcamp; rendre raifoii au tribunal du grand Roy Souuerain , des âmes amp;nbsp;creaturesqu’il vousamisen main, monffrejt vous magnanimes à les bien garder, chérir, amp;nbsp;Conferuer.Cc bon Dieu vous en face la grace.

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