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at H E o M A C H I E;

o r

R E F V T A T I o N DES ER-REVRS et DETESTABLES XMPIETEZ DES ATHEIST ES, Libertins, et autresePpritsprofines de ces derniers temps.

T.fente pour la confirmation des infirmes en la Foyde l'Eglifè ChreShenne^^ maintenant mife en lumtere

^ar Barvch Canephivsj

t-

g E isr ET Si Pour lean Durant.

M. D. L X X X l L

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La coignee trenchant de l’ouurier inuißhle 'la défia donne aupted de ces arbres mefchani, J^i^'ßnsfiuatfier empefchent les beaux champlî S’t n’apportent ^ue/ùc venimeux nbsp;nbsp;tiuifiblg.

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B A R V C H cane-

phi V s A SES FRERES

VRAIS CHRESTIENS ET

Icéleurs débonnaires, Grace amp;nbsp;paix par noftre Seigneur Icfus Chrift.

0 NSI D ERANT des ^uel^ues Années cfue il A pieu AU “vrAy Dieu tout-bon tout-puiJfAnt me reueler fon Fils le fus chrifl en fon fiinll E-UAngile: tout indigne tjue îe fuù, m'Appe/ler au ficré Miniïtere d'iceluy y combien Sa!An le ferpent Ancien Prince de ce monde ^defloye de rufes efforces À l'encontre de ce fie vnique vérité. Afin déempefeher le cours libre d'icelle nbsp;nbsp;nbsp;fAire

que les hommes ne puiffnt voir luire au milieu de fes tenebres obfcures, celte gründe celeste lumière,ni ouyr celte bonne nouuell e^

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E P I s T R ï.

»e receuoir tn leurs cœurs ceite douce consolation de leurs conSciences, reHaurant précieux Çeul rernede a tous leurs maux^çS; thre-for de leur Jalutj afin cfu ils ne fioyentguerû de ('a 'venimeufie tr/orÇure dupechè, ne deh-urez de la mort (St- perdition et er ne lie .Et la dejfius comme ie pourfiuy le cours de ma vocation f ayant rencontré entreplufieurs autres empefichemens de ce siefie le voye defia-lutyvne large pepinierede bourgeons d'amer tume,c'efiafiauoir d’Atheifine brutal fie bla Jfhemes horribles,Ar d’vn prophane mej^ris du vray Dieu nbsp;nbsp;iuge fbuuerain. Outre le mal

trop comun fiprofondément enraciné des idolatries, (uper^itions (fi dififiolutions du monde-AceHe caufie efiantpiquéen mocœur fiemondde redre en ccc 'i cf uelcjue humble deuoir a mo Dieu,àfibn Eglifie, (fi à totu mes prochains , pour fia gloire, fi- à l’exemple de mes honorez Peres fi freres fideles ouuriers en l’edifice defia maifion, apres luy auoir demandé P afi^istance defibn S.Ejfiritejuila pro mifie à fies enfians,tay entrepris ce petit Trai ilé,lecjucl P ofifire aux pieds defia maiePié, en fion Eglifié, edifice fiur le pur fondement de fiesfiàinfls Prophètes fi Apoilres, cjui efil la pierre ejlcue fi trefifierme, afifiauoir noHre

Seiy

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E P I s T R E.

Seigf!(tir Je fus chriß. EJ vous äedare (le-(leurs)eji i 'ei’y a rien du mien ^finon feulement mon inptfffitnce amp;rudejjè ,Auec-vn bon deÇir ^ue Dieùm’iidonné deiauance-ment d e fin regne Si donc vous y recontrez du bien .comme ie l’efiere au Seigneur .la gloi re en fittd luy fieul.ë^le grandmerci a fis ex-cellens feruit eu rs, du fiind labeur defi^uels ie me fuss aidé comme de bonnes matières ftopres à faire cesicpiece, pour aucunement feruir à l'édification de fin Egltfi, parmi tant de precieux ioyaux t^uefies vrais riches y ont apportez (fi encores y offrent toits les tours. Ce que i'ay entreprins fious iaffiuran-ee de fia débonnaireté, de laquelle il receuoit bien a gré des mains de fion peuple ancien, tion fieulement l'or fi iargent des riches, fi leurs autres bagues fi precieufies pierreries, mais aufii des poures leurs petits moyens, c'o-mepoils de cheures.peaux de moutons fi de ^fifitns fiois fi hutile, pour faire fion ancien tabernacle. I ouyfifiez donc lefleurs,des graces de ce bon Uieuffi le prie^auec moy qu’il luy plaife les voir firuclifier en nous tous a fà gloire fi ncsirefialut. La grace d'iceluy fiod duec vous, Amen.

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TABLE DES P OIN C T S amp;nbsp;chapitres de ce traidc.

Le premier fiovibre figmfie le chapitre, nbsp;nbsp;le

fécond la page,

Ves caufes de Fhorrible ^itheifme meffirà du iirty Dieu, eirde fii, iuFle iu^emtM qui reluit en ces chefes.

Preuues cemmunes ‘]nily 4 -vn feul Dieu créateur,quot;euuetgt; neur iuge du monde, êit de Terreur ijr fiufidité des ^^nes. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Cdsap.i.fa^.j.

Deduclion/deplufeurs raijons naturelles demonFlrans (jite y ‘t'un feul Dieu fufffintes four rendre touc hommes inex-aifables. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Chaf-ifa^.t^.

Des deuxtefiioi^na^esferfctuels inuincibles du uray Dieu, t/i i font la creation tir^ouuernementdu monde, t!r les fanicles Jijcritures. ht de l ancienneté authorité d^iceUes, Chafi.4.fgt;a^^.4tj

De Texcellérc diuine ueritédes frofheties dyreuelations du -vieil TeUament fremiere partie de TSfcriture fainfle. C'haf.^.faf^.6^.

Des reiielations diuines du nouueau Teslamet autre partit delafainéle Efriture. Et de lamiraculeufe conferuationde la Bible ftcree parmi tant d'eniieniu,leurs ruf es amp;nbsp;efforts,^ tant de troubles dr confufions, des le commencement iufqu'à ces derniers temps. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Chap.ó.pa^.j^.

Des caufes du melfrù des faiiicles Efritures. Et de Ta-ueu^lement du monde obTliné en ..cftheifme fiperTbitions, contre le fiandale qui en renient. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Chap. 7.pag. 9 4.

25es califes de Taneaiitif ement de Chrifl feus la croix,dr de fes -vrais membres en ce monde, aueclesmembresde T,^iite-chrifl Coquot; des fcduéleurs. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Chap.i.pa^.no.

Jiriefue refilution de la purefoy ChrtTiienne par la parole de Dieu. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Cbap.9.pa^.i4'2,.

Jieciieil de ce traiclé par forme d’exhortation à tout le genre humain,afin decercherle -vti^ Dienen fa parole dt leur faint en fin Eils /efus Chrifl. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Chap.io.pag.i^^.

Hortatoï

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Hortatot fcelerumSatanàs ßduxeratorbem-:, Chrtïhcolâ/q^ ptos numina van a docent.

■ticfiulta vt tenehris tegerentur ludicra denfit, Siun:ulit è medio lucida verba Dei.

citrn re^litttit Dominttt mortaUbns agris, bMtllia multa hominum hoc lumme lata dedtt, dotent ho^itpaffim zjz.aniafpargtt, Dobloréf^ tpßt dtuidit arte noua.

circumfßtcient cacum certamtna vulgus Corrutt tncertum,nicputatejfe louam^.

Sed pia régna fidem popullq^ vno ore frtentur Con/enjucppio tjuern Deut ipßprobat,.

Impie Cede Deoarnpietas iam tartaraßruet.

Vana ßperrttttoaunUd^fitda ruant,.

B. A. C.

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ANTOINE ZAMARIEL,

A l’a VTHEVRk

Frappe,combo, ces monflres hommes bestes, Sri Je leurs telles.

Ton coujlelas caché dedans leurßMC

Boiue leur fang;

Ft cfda iamais cefie race maudite Soit deÇconfite^y.

1 e voy te ciel yui d’yn Jèul coup de foudre Les met en poudre,

Et l’onde y eut au profond de la mer

Les abyjmer:

La terre veut les engloutir au centre^ Dedans fon ventre.

doute donc que tu n’ayes la gloin De la vtcloirt_j,

Sur ces Geans qui ofent furieux nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gt;

Brauer les deux.

Puis qu'auec toy le ciel,la mer,la terri Leur font la guerrel

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I ATHEOMACHIE CON

TENANT VNE BRIEFVE

I inftruôtion aux infirmes de l’Egîife Chreftienne,contre fimpietc des A-theiftes amp;: infidèles de ces derniers temps.

caufes âe t Atheißne (^horrible mefjtris dé dffan iuite lugement fur lei Athet^es.

CVi.KV. 1.

Theïsme eft vne infenfee opinion de l’homme abruti s’efgarant en fes difcours,hors de la droite confideration de foymcfmcjde tout ce môdc,amp; de toutes creatures, iufqu’àcc

Rant.u

Pf.io. dri4-

comble d’impieté de s’efforcer à nier Dieu Créateur tout-puiffant, ou fa prouidcncc amp;nbsp;gouucrnement general amp;nbsp;particulier de tou-tes fes creatures. Cefte frenefie procede de la corruption des hommes tombez par le pc- Gen.6t ehe originel, faute de nos premiers parents Adam 8é Eue : efquels amp;nbsp;en leur generation la clarté d’entendement a efte conuertie en

A.j.

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t.Ctr.z.

l.Cor.^. £fbe.‘f.

Tob r.

2.

I.5dm.28.

I.ÜOH zt.

X.Cor.lO.

Matt.t. £m(S.

tcnebresjla bonte du vouloir en malice,amp; la moderation des appétits en cxcez amp;nbsp;diflblu-tion.Et fe font leurs enfans amp;nbsp;fucceifcurs encores plus auant corrompus, mefmc quelques vns iufques à celle dernicre intedion d’Atheifmc. Duquel l’ellrange amp;nbsp;abfurdc o-pinion aeftéforgee parSatan noflre perpétuel ennemijde ces efpaifles tencbres de l’entendement humain aueuglc lt;^uant auxcho-fcs diuines , amp;nbsp;de l’infidelitc amp;nbsp;malice du coeur endurci aux vices,à fin de leur arracher tout remors de côfcience,les pouflcr en tout abandon d'iniuftice amp;nbsp;diirolution,amp; les précipiter en l’abyfme de perdition éternelle. Mais celle opinion d’Atheifme ell fi ellran-gc amp;nbsp;remplie d’abfurditez,que mefmc Satan fon inuentcur ne peut faire qu’il n’en ait hon te, comme furprins en toutesfes menteries, finguliercment en celle-ci.Et pourtant nous voyons comment il l’a defaduoucc ouucrte-ment, tant es faindes Eferitures pleines de tcfmoignagcs, qu’il a clic contraint de rcco-gnoillre le vray Dieu, amp;nbsp;ployer fous fes or-dônanccs,que par tout es hilloircs des Payes remplies de fes tours, rcfponfcs amp;nbsp;ouuragcs. Et puis en tout ce qu’il a fait faire à fes di-uins:amp; aux pourcs idolâtres amp;nbsp;fuperlliticux. Il croit donc qu’il y a vn vray Dieu éternel, infini,fon iuge rcdoutablc,amp; tremble fous la puilfance des horribles iugemens d’iceluy, de l’o^ilïancc fidele duquel cell efprit dciloyal

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»

C H A P. b nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;3

defloyal Si (es complices fc reuoltercnt. Premièrement quand dt leur propre intérieure t.Pler.ti corruption amp;nbsp;volontaire malice, ils abandon nerent leur reng, principauté amp;nbsp;celefte origine, quittans toute vérité amp;nbsp;iufticepour s’employer à mentir, amp;nbsp;tant qu'’cneuxeft, tenuerfer la gloire de Dieu leur créateur, amp;nbsp;auec eux abyfmcr les miferables hommes, lefquels ce ^erpent ancien a feeu perfuader amp;nbsp;Gen.i. feduire par fes menfonges en leur rebellion amp;nbsp;defobeiflance contre Dieu, Sc parce moyé Xoi». ƒ. les affuiettir auec foy à perdition. Combien donc que Satan amp;nbsp;fes Anges apoftats amp;nbsp;malins ayent perdu la iouyflance de la gloire de Dieu amp;nbsp;beatitude celefte , fi ne pourront-ils iamais deuenir Atheiftes ni effacer de leur na turc fpirituelle,rintelligence amp;nbsp;claire conoif fance du vray Dieu leur créateur amp;nbsp;iiige. Car ce font cfprits amp;nbsp;non pas chair fort expers Sc fauans,amp; ne font ftiiets à l’ignorance des pontes humäöis aucuglez en leur nature charnelle. Mais voici à quoy ccftcfprit malheureux pere de menfonges amp;nbsp;de meurtres, employe fa viue intelligence,^ prend fes plaifirs amp;nbsp;foulas, c’eft qu’ayant ainfi creué les yeux des âmes, obfcurci leur entendement, tranf-formé la lumière de leur fens amp;nbsp;raifon en profondes tenebres d’ignorance quant aux chofes diuines qui appartiennent àleurfa-lut, amp;nbsp;le bon dê leur volonté en rebellion amp;nbsp;malice,il prend matière de ceft aueuglement

A.ij,

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4 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A T H F OMACHTE

des hommes dont il forme en leur vaine pen fee cemonftre horrible d’Athcifmc,aucc incrédulité obftinee amp;nbsp;endurciflement defefpe ré:afin d’effacer de l’ame toute refte del’ima gc de Dicu,affauoir, vérité, iuftice,fainéieté amp;nbsp;certitude de l’immortalité glorieufc de la refurrcéf ion des morts, amp;nbsp;du redoutable iu-gementaduenir.En fomme pour c{foufFeramp; efteindre du tout ces petites cftincelles de la lumière de raifon reliées en l’ame apres la cheute de l’homme, amp;nbsp;corruption venue de fon péché : voire arracher par ce moyen toute honte s’il pouuoit,amp; la différence entre le bien amp;nbsp;le mal, amp;nbsp;ainfi confequément eftran-gler la confcicnce ou la cauterifer, rctrachcr, amp;nbsp;rendre pourrie voire du tout infcnfible. Mais fl eft-elle mal-gré luy immortelle. Et combien qu’elle fe pafme amp;nbsp;fouffre des def-fauts pour quelque temps, fi eft-ce néant-moins qu’elle n’expire point du tout,ains re uient toufiours finalement àclle,'amp; demeure pour iamais en tous hommes plus certaine, plus forte amp;nbsp;redoutable que mille bons tef-moins contre vn malheureux brigand attrap pé amp;nbsp;mis à la torture pour fes forfaits. Mais ceft défia beaucoup fait à Satan qu’il leur puiffe öfter à vnc fois toute bride amp;nbsp;remords de la confcience tandis qu’elle demeu re ainfi aflbupie.Car il trauaille à cela de tou tes fes rufes amp;nbsp;forces, pour apres plus aifé-nicntles poufler cà amp;nbsp;là par l’impetuofité de

~ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;leurs

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Chap. i. ♦ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;5

leurs appetis desbordez iufqu’à vn plein aban don de diffolution amp;nbsp;licence à tout mal, afin de les loger finalement auec luy en l’abyfme, recueillir de leur ruine la defefperee confo-lation des tniferables, amp;nbsp;ainfi affouuir fa rage enuieufe de noftrefalut. Voila comment ce fin amp;nbsp;malicieux ouurier fait en ceft endroit les miferablcs Atheiftes beaucoup pires qucluy-mcfme.Mais cefte derniçrepefte amp;nbsp;poifon fi eftrange par luy verfec fur le gen re humain, ne peut iamais faifirle cœur de l’homme que par vn fupreme amp;nbsp;tref-iufte courroux amp;nbsp;iugement de Dieu,lequel en cefte manière venge le precedent mefpris de la parole fur vn tas de monftres amp;nbsp;moqueurs infidèles, hypocrites, voluptueux, orgueilleux , rebelles, enfans d’ire amp;nbsp;de perdition , lefquels finalement à bondroiél il dc-laifle du tout, les priue de les graces diuines, amp;nbsp;comme incorrigibles, mis en fensreprou-ué amp;nbsp;dcfpourueus d’vn droit iugement de raifon , les liure au bourreau infernal amp;nbsp;à leurs conuoitifes feruantes d’iceluy.En quoy ce grand Dieu demonftre du ciel clairement fon ire fur toute l’impieté amp;nbsp;I’iniufticcdes hommes, lefquels détiennent comme pri— fonniere en l’iniuftice de leur cœur fa vérité toute manifcfte,amp; cefte generale Acominu-ne cognoiftance d’vn feul amp;nbsp;vray Dieu engra uec haut amp;nbsp;bas, au ciel, en la terre, amp;nbsp;en leur amc amp;nbsp;propre vie, afin qu’ils foyent punis A.iij.

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g Atheomachib

comme ils le méritent, amp;nbsp;que finalement ils fentét pour leur iuge plus terrible qu’vn feu confumant, celuy qu’ils ont comme Geans entrepris d’abbatre de fon throne celcfte, bannir de leur confcicncc amp;nbsp;renier Sauueur: comme auffi leurs femblablcs, anciens moqueurs, au premier aage, le recogneurent finalement à leurs defpens quand ils furent de ïa mort faifis au collet, amp;nbsp;abyfmez par le de-luge: lefquels auec leur puante mémoire ont efté en execration, non feulement aux fideles,ains mcfmes aux profanes amp;nbsp;payens, amp;nbsp;le /ont encores à bon droift, comme ceux qui cftoyent des nionftrcs en nature hommes-chiens,hommes-beftes,amp; facrileges defefpe-rez qui ont mené guerre ouucrte à Dieu amp;nbsp;à leurs propres confcienccs,à la raifon amp;nbsp;à leur propre vie,en tafehant amp;nbsp;s’efforçant d’abolir amp;nbsp;desfaire celuy qui fcul a fait eux-mcfmes amp;nbsp;toutes creatures,les nourrit amp;nbsp;les fouftiét, amp;nbsp;fi peut foudroyer en vn moment les corps amp;nbsp;âmes en la gehenne des enfers au grid feu de fon ire, brafier de rage amp;nbsp;defeipoir qui ne «’efteindra iamaû,

2?«

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CHAP. IL

R afin que nul ne puific diflî-mulcr la generale cognoiflan-ce de Dieu, le fiiinôt Efprit a prononcé par l’Apoftrc aux Romains,chap.i. Que ce qui fc peut cognoiftre de Dieu a

efte manifefte aux hommes; car leschofes inuifiblcs d’iceluy comme fa puiflance infinie amp;nbsp;fa Deité éternelle , fe voyent par la creation du monde eftans confiderees enfes ouurages.afin qu’ilsfoyent fans cxcufc,pour-ce qu’ayans cogneu Dieu, ils ne l’ont point glorifié comme Dieu par vne droite obeif-fance à fa maiefté, amp;nbsp;ne luy ont rendu graces de fes œuures amp;nbsp;benefices, ains fcfont cfga-rez en la vanité de leurs difeours, amp;nbsp;cuidans eftre fages font deuenus fols. Cela fc voit ma nifcftement es Atheiftes amp;nbsp;moqueurs qui foulent fous les pieds de leur impiété defcfpe ree cefte cognoiifance naturelle engrauee en tous hommes, affauoir, qu’il y avnfeul Dieu éternel,infini amp;nbsp;incomprehcnfible, en quiamp; par lequel nous viuons,auons mouuementôf

A.inj.

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8 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A T H F. o M A C H I E

cflcncc. Comme les Payens mcfmcs.auec cf-ftc petite cftincelle de raifon demcurcea-pres Ie pêché amp;nbsp;cheutc d’Adam, ont bien rc-cognu amp;nbsp;confeflié par leurs efcrits en telles fentences amp;nbsp;femblables, C’eftquc nous fom mes Ic lignage de Dieu. Que toute nation fait amp;nbsp;rccognoit qu’il y a quelque Dieu qui gouuerne toutes choies. Que nous cognoif-fons Dieu par fes œuures. Que quoy que nousfayons de nature,tout cela nous eft donné de Dieu amp;nbsp;lumière amp;nbsp;refpiration. Qu’il y avn Dieu qui preuoit 8c gouuerne toutes chofes, amp;nbsp;quicfteternel. Que le monde eft gouuerne parlaprouidcncede Dieu,laquelle pouruoit aux choies humaines, non lëule-ment en general, ains aufli à chacune d’icelles en particulier.Et que toute iflue des affaires de ce monde adiiicnt félon fon vouloir, propos 8c confeil. Et tant d’autres innume-rables tefmoignagcsquilèpeuuent recueillir de leurs liurcs. C^oy nonobftanr,les Athees amp;nbsp;moqueurs ont refué qu’ils font nez à l’a-uanture amp;nbsp;d’eux-mefines. Que leur ameeft mortelle,amp; qu’ils font abolis en la mort corne les belles brutes. Et mefmes ils abufent en leurs blafphemes amp;nbsp;moqueries des lieux facrez de l’Efcriture, où le fainél Elprit introduit 8c oppolc les folles opinions du feus charnel, 8c les fermes raifons de l’homme fpi rituel amp;nbsp;régénéré, les vncs aux autres, pour ßousen donner fa diuinc refolution, comme de fait

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C H A P. I. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;9

défait il l’a donnée cfditcs Efcriturcs,amp;r mef meefdits paifagcsjainfi qu’ils vcrroyent s’ils ouuroyent les yeux pour la voir amp;nbsp;cognoi-ftre,amp; vouloyent,comme Ion dit,tourner le fueillet. Mais ils s’amufent à prendre pour conclufion bien prouuee,ce qui eft là mis feu lement en queftion amp;nbsp;difpute , fans en daigner attendre ne voir la refolution.Et pourtant ne font autre chofe que profaner la parole de Dieu à leur plus grande condamna-tion:commc quand ils lifent au Pfeaume 49, Qi^e le plus fage de ceux qui mettent leur fiance en leurs biens,eft comme le fol,amp; fern blable aux beftes brutes qui periflet du tout, ilslaiflent en arriéré l’autre partie amp;nbsp;la conclufion du Prophete (comme aufft elle n’appartient aux moqueurs finon pour leur faire leur proces) c’eft, combien qu’ils fe rendent brutaux amp;nbsp;au rang des beftes qui periiTent du tout,qu’il y aura vn matin à raducnir,qui fera comme l’aube du iour en la fin de cefte nuift obfcure des côfufions du monde, c’eft aflauoir l’efpoir du dernier iugement,auquel les faintfts amp;nbsp;droituriers iugeront les malins amp;nbsp;domineront fur eux.Cela fera ma-nifefté lors que tous les infidèles amp;nbsp;malins obftinez feront abbatus fous le marchepied de ce grand Roy des rois, amp;nbsp;fouuerain iug® de ce monde noftre Seigneur Icfus Chrift, Sclors fera ouuerte la ioye amp;nbsp;dcliurancede tous fes membres, des grands iufqu’aux plus

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IO Atheomachie

pctis. Quand il retirera Fame fidele de Ia puif fance de la mort en la recueillant àfoyqui eft la vie éternelle, amp;• la beatitude perdurable. Parainfi cc que dit le Prophete demeure ferme, aflauoir que cefte mort corporelle au regard de la vie prefente appartiét vrayemét à l’hôme charnel quelq grand amp;nbsp;eflcuc qu’il foit en ce monde,puis qu’il n’a point d’intcl-ligcce fpiritucllc. Ce qu’il recognoiftra trop tardamp;à fes dcfpens en fon ifliie de ce mode. Autant en font les difciplcs ou fcâatcurs de Protagoras,amp; d’Epicurc , quant au liurcdc l’Ecclcfiaftc , finguliercment fur les chapitres troifiemc amp;nbsp;neufieme, là où le faind E-fprit declare la vanité, les defordres amp;nbsp;l’horrible cófufió aduenue par le péché de l’hômc en toutes ces chofes baircs,variables amp;nbsp;corru ptiblcs , efqucllcs les pourcs humains font fi enucloppez amp;nbsp;efiourdis, qu’ils ne pcuuent d’cux-mefmes difeerner l’amour de Dieu d’a uec la haine d’icel uy entiers fes creatures par tout ce qu’ils voyent ca bas : car ces bonsle-éleurs delaifîans la propofition du Prophete trcfclaire, contenue au neufieme chapitre, c’eft aifauoir que les iuftes amp;nbsp;fages aucc toutes leurs oEuurcs font en la main amp;nbsp;proteftiÔ de Dicu,amp; parainfi au faifleau de vie amp;nbsp;d’im-Oortalité, au lieu, di-ic,d’e{leuer leurs yeux au ciel pour adorer, inuoquer amp;nbsp;feruir ce grand Dieu qui nous a créez, amp;nbsp;a donné l’e-fprit à l’homme pour paruenir à la vie fpiri-tuclle

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h

Chap, i i. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;îi

tuelle amp;nbsp;perdurable, au rebours ils retiennent le mufeau fi ché en la fan gc de ce monde , amp;nbsp;concluent de quelques fentences fon-gnees qu’il n’y a point d’autre vie que cefte-ci vaine amp;nbsp;tant miferable,amp; qu’apres la mort il n’y aura aucune difference entre les bons amp;nbsp;lesmcfchans,non pas mefme entre les hommes amp;nbsp;lesbeftes.La mefme côclufion vraye-ment brutale font-ils, fur ce quieftditati troifiemc chapitre dudit liure, affauoirque Dieu auoit créé les hommes exccllens, mais qu’ils ont dégénéré eftans deuenusignorans amp;beftes quant à eux. Là où le Prophete regarde à la corruption cheute de l’homme, amp;nbsp;au péché originel,lequel ayant cfté ignoré en general par les poures Payens amp;nbsp;leurs Phi lofophes amp;nbsp;dofteurs, qui ont eftimé que leur nature eftoit faine, amp;nbsp;partant deuoite-ftre fuiuie.A cfté toutesfois aucunement def couucrt amp;nbsp;apperceu par quelques vns d’i-ceux, comme par vn entre autres qui en aef-critainfi, le voy bien les chofes meilleures, amp;nbsp;ielesapprouiie : mais i’enfuy lesmauuai-fes. Or cesAtheesamp; moqueurs dclaiflcnt le verfet precedent, lequel contient comme v-nc briefue refolution de ce liure-la. Mefme cftant rapportée amp;nbsp;coniointe auec ce qui eft mis pour conclufion d’iccluy en la fin du chapitre dernier, enfeignant que Dieu ingéra tant le iufte que l’iniufte au temps prefix amp;eftabhà toute chofe, amp;nbsp;fur toute ctuurc. *

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15 Atheomachie

Mais voila, il fuffit aux moqueurs abrutis d’en rongner pour leur part ce qui eft dit dés le dixneufieme verlet dudit troifieme chapitre iufqu’à la fin d’iceluy, pour en faire leurs triomphes à leur perdition. Il eft là touché voircment que l’homme naturel ou non régénéré ne fauroit comprendre les chofes di-uincs,ne la difference de ce qui aduient qiiat à celle vie amp;nbsp;iffue mortelle tant aux hommes qu’aux belles. Et là deffus leur raifon corrompue amp;nbsp;toute la viuacité de ces difeou rcurs frénétiques conclud amp;nbsp;s’arrefte à ce poinél, que c’eft donc tout vn de la vie amp;nbsp;de la mort de l’homme amp;nbsp;de la belle : d’autant que le corps de l’vn amp;nbsp;de l’autre eft créé de la poudre amp;nbsp;s’en retourne en icelle ; fans que ils daignent méditer amp;nbsp;confiderer ce dont tout homme doué de raifon eft informé amp;nbsp;conuaincu doublement en fon intelligence amp;nbsp;par les remors de fa propre confciencc,af-fauoir l’immortalité de l’amc, laquelle au iour de la refurreélion fera reueftuc de fon korpsàvic perdurable. Voila donc les erreurs où ils font abyfmez, amp;nbsp;les belles refo-lutions de la grande fagefle charnelle amp;nbsp;du fens infenfé amp;nbsp;abruti. Or le but amp;nbsp;l’intétion du lainél Elprit eft bien autre tant en ces di-uins eferits fus alléguez,qu’ailleurs,veu qu’il affigne les hommes à ce beau matin du fieclc auenir, auec promeffe de leur deliurance de mort amp;nbsp;de leur vie, amp;nbsp;doux repos des efleus en U

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en la ioye de leur Pere, amp;nbsp;adiournc tous in-ftelt;amp; iniuftcs au dernier jugement,lefquels il a creez excellens,combien qu’ils fe foycnt abrutis par leur cheute amp;nbsp;corruption. Et pourtant il les exhorte viucmcnt a fa crainte amp;nbsp;à ouir amp;nbsp;fuy ure fa parole, quittans les fa-crificcs amp;nbsp;dénotions des fols , amp;nbsp;prononce qu’il fera bien à ceux qui craignent Dieu:re-prendlaieunefle efgarce amp;nbsp;luy annonce le iu gement, l’admonneftant d’auoir des l’enfance le Seigneur deuant les yeux.En fin il con-clud que le corps humain tournera repofer en la terre : mais l’efprit d’iceluy s’en retournera à Dieu qui l’a donne,amp; fi declare que le but amp;nbsp;refolution de fa difpute eft ccci,qui eft comprins en ces briefs mots, aflauoir craindre Dieu,amp; garder fes commandemens, car ceft le tout de l’homme : d’autant que Dieu amènera toute œuure en iugement, lequel fera de tout ce qui mefme eft cache foit bien foitmal. Voila le bon fuc que les hommes doiuent tirer de ces palfages de l’Efcriture fainfte en lifant ouefeoutant icelle,(comme les abeilles fauent bien tirer leur miel doux, de maintes fleurs qui mefme font fort ame-res) amp;nbsp;non pas transformer,ainfi qu’ils font, comme s’ils eftoyent araignes venimeufes, la pure douceur en venin amp;nbsp;mortelle poifon. Mais s’ils n’euflent volontairement mefpri-féla naturelle cognoiflance du Créateur amp;nbsp;gouucrneur de ce monde,laquelle eft engra-

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ueecnleurame, reluit häut amp;nbsp;bas au cicl amp;nbsp;en la terre, amp;nbsp;particulièrement tant d’e-ftincelles de la raifon qui encores rayonnent en leur intelligence, amp;nbsp;mefmes fe font voir es efcrits des Payens, ils ne fußent iamais cheuts en celle baffe foife de Satan amp;nbsp;gouffre de perdition defefperee. Toutesfois il va bien de ce qu’ils ont beau cracher contre le ciel, blafphcmer, detcfter amp;nbsp;nier Dieu amp;nbsp;fa vérité immortelle , car il cft amp;nbsp;fera à iamais l’Etcrnel,fèul Dieu viuant amp;nbsp;fidele,qui nefe peut renier foy-mcfme : voire fera leur dernier iuge bon gré mal gré qu’ils en ayent.


C FI A P. I I L

L cft vray que ces moqueurs ÿ de la vérité ae Dieu amp;nbsp;des tef-

moignagcs d’iccluy fc ren-dent fi dcfcfpcrez que d’ofer nier tout à faiéilc vray Dieu amp;nbsp;ccfte diuinc vérité cnrcgi-ftrec en l’Efcriturc fainéle, aucc le remors de leur propre côfciécc qui fouuct les refiieille, atout le moins en leurs eininens perils amp;nbsp;deftrclfes, '

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dcftreiîcs, amp;nbsp;que ce n’eft point quelque firn-pie brutaütéjitiais vne rage d’efprit que d’o-fer nier le confentement vniuerfcl de tous aages amp;nbsp;de toutes les nations du monde,lesquelles ont cfté par le fens commun conuain cues (fe conduites à recognoiftre comme on Ic peut reèucillir de leurs efcrits , qu’il y a quelque Dieu, amp;nbsp;pourtant ces monftresamp; moqueurs fe rendent totalement incapables d’eftre enfeigi-Mtz par quelque-raifon , veu qu’ils luy font guerre ouucrte. Comme fi quelqu’vn nioit que le clair Soleil luife en plein midi,attédH aidfi qu’ils font ainfi qu’vn malade frcnctique amp;nbsp;turieux,lequel fuit corn mepoifon le précieux medicament qui luy pauoit feruir de remede tout prefent à fa maladie, amp;nbsp;de reftauration de fa bonne fan-té. Pourquoy ils méritent d’eftre renuoyez au iugement de Dieu amp;nbsp;dclaiflcz en leur condamnationicar il n’y eut iamais peuples, fuft-ce mefiiics entre les plus barbares anciens qui n’ayent detefté auec horreur cefte fupreme impiété, amp;nbsp;qui ne Payent condamnée amp;nbsp;punie auec tref-feuercs iugemens : ni iufques aux Turcs, Payens, amp;nbsp;voire fauuages abrutis, amp;nbsp;iufques aux poures fuperftitieux de ce fiecle prefent,Icfquels fc perdent en cui dant àleur intention faire feruice à Dieu, il n’y a nuls,di-ic,qui ne condamnent par la de-inonftration de leur vaine folicitude, fol zelc amp;pernicieufc diligence apres leurs fatras amp;

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folies dénotions, ces monftres Atheiftes dót nous parlons. Toutesfois en faueur des pauures ignorans, qui font noftre fang amp;nbsp;no-ftrechair, amp;nbsp;encores quelque image,bien que toute desfiguree,du fouuerain Dieu créa teur amp;nbsp;Sauueur qu’ils renient amp;nbsp;pcrfecutent: amp;nbsp;qui par faute d’entendre amp;nbsp;d’eftre bien aduertis du peril, y trebufehent facilement, pour donc leur donner moyen de pou-uoir aucunement dcfcouurjr les abfurdi-tcz, faufles confequences amp;nbsp;lourdes conclu-fions qui reuiennent des opinions infenfees des Athées amp;nbsp;moqueurs de Dieu : nous les prions de s’efueillcr vn peu d’vn fi profond fommcil, amp;nbsp;au moins defeendre iufques dedans cux-mefmcs amp;nbsp;iufqu’àla confideration de ce qu’ils ont de plus excellent, amp;nbsp;qui les eilcuc en dignité par delTus les belles quelques grandes,rufees fortes qu’elles foyent. C’eft Je difeours humain, la raifon amp;nbsp;l’intelligence de l’hcmme ,• lequel a celle faculté admirable de difcourir de tout le monde, ciel,terrc,mcr amp;nbsp;toutes chofes hautes amp;nbsp;baffes,pallccs, prefentes amp;auenir : amp;nbsp;de recer-cher les caufes occultes de toutes chofes, amp;nbsp;les lecrets des fiecles anciens, amp;nbsp;de pouruoir aux affaires prefens amp;nbsp;aucnir, fi ellongnez qu’ils foyent, amp;nbsp;non Iculcment appartenans à leurs perfonnes, ains aux generations aue-nirjaquelleintelligence amp;nbsp;raifon de l’hom-Uic, quelque aueuglee qu’elle foit es choies diuincs.

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dluîneSjà caufe du péché originel, cftant tou tesfois accompagnée de la confciencc,amp; rc-ueillee de fes aiguillons, aura toufiours aflcz dequoy en la contemplation de l’homme mcfine amp;nbsp;de fes facultez, es miracles de fa creation, compofition amp;nbsp;conferuation : puis» auffi en ce grand miroir du monde amp;des creatures,pour les rendre du tout fans exculè deuant le fouuerain iuge qu’ils refufent a-uoirpourSauueur. Que donques les hommes eftans ainfi refucillez, amp;nbsp;quelque peu attentifs à ces chofes, fe regardent l’vn l’autre, amp;nbsp;fe confiderent en eux-mefmes s’ils ne veu lent contempler le ciel auec les grandes armées amp;nbsp;beaux ornemens d’iceluy. Car mef-mela moindre des cftoilles bien confideree, fuffira à tout homme raffis amp;nbsp;doué de raifon pour luy faire cracher au vifage des Atheiftes en deteftation de leur rage defefperee, car mefine les poures Payens auec l’eltincelle de cefte raifon naturelle ont pour le moins con feifé amp;nbsp;recognu auoir receu de Dieu le regard de leurs yeux efleué là haut au ciel pour admirer amp;nbsp;magnifier le fouuerain Ouuriet d’vn tel ouurage, au contraire des belles bru tes courbées contre la tcrre:amp; s’ils ne fe fou-cient de méditer cà bas l’immortalité glo-rieufe,dont ils fe font rendus indignes, qu’au moins ils prennent la patience pour leur utilité de contempler la terre, amp;difcourir de ceâ chofes balTes, comme de leurs propres per-

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18 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A T H F Ô M A C H I E

fonnes, leur cftrc, origine, accroiflcmens amp;nbsp;conferuation.Puis apres de la gencrarion..al-teration amp;nbsp;corruption de toutes creatures mortelles , de leurs merueilleux changemens amp;nbsp;reftauration : de cc qui leur aduient d’ordinaire)amp; fouuentcsfois extraordinairement. QiVns confidcrent cc grand air commun à tous,duquel ilsviuentamp; refpirent, amp;nbsp;les variables mouuemens d’iceluy par la force des Vents, Icfquels nous fentons, oyons Ic grand bruit, amp;nbsp;en fentós les terribles effeds. Ét toutesfois il n’y a nul qui puiffe afleurcr d’où c’eft qu’ils fortcnt,ni où ils vont,\’leurs cachots, ne leurs threfors, amp;nbsp;que ces moqueurs s’en aillent vn peu à leur cfcolc pour apprendre leur leçon , mcfmes en leur grand auditoire de la mer: là feront-ils bien contraints fans que leur iuge y employe autre fergent que leur propreconfcicnce,de taii-tolt fc rcfiieiller,amp;condamner leurs fauifes opinions,car ils y verront les œuures merueil leufes de ce grand Dieu tout-puiflant. Et comment foudain qu’il commande à fes vents,il les fait bondir amp;fouffler horriblement: alors leur terrible tormcntccflcueles vagues amp;nbsp;flots de la mer,adonc les nauires amp;nbsp;les hommes qu’elles portent montent vers le ciel,amp; defeendent aux gouffres, de forte que leur aine dcfaut,amp; s’efcoulc au peril du nau-frage,amp;au fentiment des horreurs de la mort toute prcfente.Ils font csbranlez,amp; trcmblét

comme

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C H A P. I th nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;îÿ

tominc Vyurongne, amp;nbsp;tout leur fens auec leur induftrie amp;nbsp;trauail leur defaut,car ils fen tent la force des portes, hérauts amp;nbsp;officiers de leur luge, les ventSjlcs efclairs,Ies foudres,le tonnerre, les grefles effroyables amp;nbsp;le feu ardent de fon ire. Adonc font-ils changez bien tort amp;nbsp;foudain de bertes abruties en hommes de bon entendement, de difeours amp;nbsp;rai-fon,adôc recognoiffent-ils qu’il y a vn Dieu, amp;nbsp;que la puiflance infinie fur toutes chofes eft es cieux. Lors ils crient amp;nbsp;gemiflent à Dieu, l’inuoqucnt amp;nbsp;l’appellent à leur aide en leur dertrelfe de mort, amp;nbsp;felon fon bon plaifir il les deliure miraculeufemcnt de leurs «ngoifles. 11 change la tormente en calme, amp;nbsp;les ondes courroucées s’appaifent, lors ils fe refiouy{rent,car il les conduit au port defirc. Adonc ils glorifient le Seigneur, fa miferi-corde amp;nbsp;fes mcrueilles entre les hommes. Mais afin que dauanture en oubliant le paffe perd de la mer ils n’oublient Dieu,apres que ils fe verront rarteurez fur terre ferme, comme fait la plufpart des homes, nous les priés de confiderer en plus grand repos ce qui fe fait aufli en terre,amp; qu’ils ont iournellcmcnt deuant les yeux. Siquelqu’vn voitvnemai-fon amp;nbsp;fon bartiment, fera-il fi brutal de cui-der qu’elle ait fon ertre d‘clle-melme,de fortune ou d’auenture?Plurtort le fens commun amp;nbsp;l’entendement naturel ne luy diftera-il pas le contraire? Certes la maifon par ma-

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niere dc dire, crieroit fi elle auoit vne bou* cbc qu’elle a cftc faite par quelque ouiificr, car c’cft toute matière morte en foy-mefmc, tant s’en faut quelle ait quelque intelligence amp;nbsp;raifon qui n’eft donnée ni aux elemens* ni aux creatures quelles qu’elles foyent,excepté les Anges amp;nbsp;les hommes.Commentdoc peut-il tomber en l’entendement des hommes dc penfer amp;nbsp;iuger que cefte grande mai-fondu monde vniucrfel, l’cftendue dc l’air que nous appelons le ciel,puis la mer,la terre, amp;nbsp;toutes leurs merueilles amp;nbsp;parties, qui ncantmoins font fuiettes aux altcrations,cor ruptionsamp; changemens par lefquels onco-gnoit vnc chofe crée, oeuure caduque amp;nbsp;perif fable, ayent eu leur cftrc d’elles-mcfmes, ou fc foyent faites amp;nbsp;bafties d’elles-mefmcs, ou d’auanture amp;nbsp;fans ouuricr ? Q^lle dialeéti-que amp;nbsp;façon de difcourir amp;nbsp;argumenter cft cefte-la? Certes telle que feroit ceftc-ci, i’ay trouucàmanaiflance ma maifon toute faite amp;nbsp;meublée , amp;nbsp;donc ma maifon a fon cftre d’ellc-mcfme: amp;nbsp;a efté faite auant tout teps, de fortune amp;nbsp;d’auanture.Et qui pourroitfup porter tcllés abfiirdite2,amp; vnc fi belle conclu lion? chacun ne diroit-il point amp;nbsp;à bonne raifon qu’vn tel homme feroit hors du fens, n’ayant rien dc l’homme que la voix amp;nbsp;la face ? Pourquoy donc ne rccognoiflons-nousà voir l’œuure amp;nbsp;l’edifice de ce grand monde, fon ouurier amp;nbsp;créateur le vray Dieu cternel?

car

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car puis que tout le monde eft vne eeuure, (comme tout fens humain amp;nbsp;raflîs lereco-gnoitaifement, en confide rant fa mafte, (a compofitiô amp;nbsp;fes parties, fes elemens amp;nbsp;leurs effefts , fa conduite amp;nbsp;perfeucrance admirable,amp; parmi tout cela les alterations, corru-ptions,reftaurations amp;nbsp;changemens que Ion voit en cefte grande eeuure, ) elle a donc eu quelque ouurier. Et puis que tous les hommes amp;nbsp;toutes creatures, auec toute leur fagef fednduftrie amp;nbsp;force,ne fauroyent creenne fai re au vray amp;nbsp;accompli naturel, feulement v-ne petite moufche,ni eftant morte la faire re-uiure, non pas faire vn brin d’herbe , ils n’en furent donc iamais les ouuriers. Il le faut donc cercher plus haut amp;nbsp;au deftus de toutes creatures.Or c’eft ce grâdDieu cternel,tout-puiftant amp;nbsp;tout-bon. Dauantage puis qu’ils ne fauroyent empefeher le cours des Aftres amp;nbsp;pianettes , les mefures des iours amp;nbsp;des nuifts , les diuerfes faifonsdel’annee, nile fouffle des vents,les fechereflTes amp;nbsp;les pluyes, les grefles amp;nbsp;les bruines, gelees amp;nbsp;frimas, ni les tonnerres amp;nbsp;foudres, ni le chaud amp;nbsp;le froid.Ce font donc chofes conduites amp;nbsp;gou-uernees d’ailleurs que de leur fens,amp; de leurs mains : car auflî ils ne font iamais bien d’accord enfemblc touchant icelles , amp;nbsp;leur opportunité pour vn chacun d’eux amp;nbsp;pour fes affaires amp;nbsp;dcfirs,cnfon particulier. Caries vns voudroyent leferain, le fcc amp;nbsp;le chaud:

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il nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A T Hï OM ACHI E

les autres au contraire fouhaittent la fraifquot; cheur amp;nbsp;les pluyes,voire en mefme temps,en mcfme iour amp;nbsp;heure. Et neantmoins tout leur vouloir amp;nbsp;pouuoir,amp; toute leur fagefle, authorité, grandeur, multitude, richeiles amp;nbsp;forces n’y peuuent rien. Il yadoncvnfeul Dieu créateur amp;nbsp;ouurier, feul digne, feul fa-Çe amp;nbsp;tout-puiflant, amp;nbsp;feul propre amp;nbsp;fuffîfant a conduire amp;gouuerner fonouurage,amp;edifice qui eftle monde. Dauantage la grande difference entre toutes autres , de ce fouue-rain Ouurier, comparé auec tous ouuriers amp;nbsp;entrepreneurs terriens, fe recognoit en ceci. Premièrement qu’ils ont tous neceffité de cercher amp;nbsp;recouurer des matières propres à faire leur œuure,amp; luy donner fa forme, à ce qu’elle puiffe feruir à la fin amp;nbsp;vfagepour-quoy elle eft faite. Comme ils ont befoin de pierres ou briqucs,amp; autres matières pour fai re vne muraille:de la terre ou du metail pour faire des pots: du drap pour couppcrvnve-ftementjdu bois pour faire vn nauire, du fer pour vne coignee, auec les autres chofes, amp;nbsp;lesinftrumens qui à ce peuuent feruir:amp;ain-fi aduient des autres entreprifes de tous ou-, uragestamp;puisl’œuureeftant parfaite,les ouuriers fe déportent du foin amp;nbsp;labeur de la maintenir amp;nbsp;conduire, amp;nbsp;delaiffcnt le gou-uernement de leur œuure amp;nbsp;rentretenement d’icelle,à la diferetion de ceux pour qui elle a tftéf^ite, Mais noftrc Dieu amp;nbsp;fouuerain ou-, urier

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uricr a de rien amp;nbsp;fans aucune matière créé ciel, terre, mer, amp;nbsp;auec le temps toutes choies, amp;nbsp;en fix iours ale tout faconné,difpofé amp;nbsp;ouurc par fa feule parole, amp;nbsp;à fon bon plai fir: amp;nbsp;en a referué à foy-mefmc feulement le foin pcrpctucl,le fouftenement amp;nbsp;gouuerne-ment tant general que particulier, comme il appert clairement par ce qui en a efté déclaré ci delTus.Et pourtât tous hommes demeurent conuaincus, que tout ainfi qu’ilafalu autre fagefle amp;nbsp;force que celle qui cft créée, limitée amp;nbsp;finie, pour créer amp;nbsp;façonner tout ce grand monde,auflî ne peut-il eftre foufte-iiu,conduitamp; gouucrnéni parles creatures, ni par autre moyen, ni d’autres mains que de celuy feul qui en a efte le créateur infini amp;nbsp;l’ouurier nompareil: dont s’enfuit que tous ceux qui nient faprouidencc Diuine amp;nbsp;conduite generale amp;nbsp;fpeciale de toutes amp;nbsp;chacunes fes creatures amp;nbsp;œuures, ouy iufqu’à vn paflrercau,amp; iufqu’à vn cheucu,ceux-la,di-ie, font auflî bien Atheiftes que ceux qui nient qu’il y ait aucun Dieu , encores que ceux-ci en aduouent quelqu’vnunais oifif,ou vn fan-tome,amp; nS point le vray Dieu tout-puiffant, lequel fe fert bien de fes creatures comme d’inftrumens amp;nbsp;moyens de fon vouloir, mais il ne leur refigne point fon empire amp;nbsp;autho-ritc. Et s’il aduient que Satan amp;nbsp;fçs forciers amp;nbsp;magiciens, amp;nbsp;fes autres mefehans ouuriers innrumens facent beaucoup de chofes B.iiij.

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merueilleufes, amp;nbsp;d’ceuurcs iniques fc mef-chantes, c’eft par vn iufte 8c {ecrct iugetnent de Dieu , lequel tref-iuftement l’oi donne ainfi,amp; lafche la bride aux mefchans,qui par | apres befongnent meichammét quant à eux, I amp;nbsp;par mauuais moyens, voire fouuent auee merueillcufe efficace d’erreur en toute puif-fance amp;nbsp;fignes amp;nbsp;miracles de menfonge, afin que tous ceux foyent iugez qui n’ont point creuàlaverité. Car Dieu veutainfi punir les pechez des hommes, chafticr amp;nbsp;amender les Fautes defon peLiple,combleramp;: confommer la malice amp;nbsp;iufte damnation des mcfchans, amp;nbsp;mettre à l’efprcuue amp;nbsp;en veuë de tous fes dons excellens de la foy amp;nbsp;patience des fiens, en leurs tentations amp;nbsp;affliftions. Finaleméç veut monftrcr la iuftice de lès redoutables iu ' gemens , amp;nbsp;la vidoire que rapporte fa. puif- nbsp;nbsp;nbsp;,

fance, fagefle amp;nbsp;vérité, des combats de fes । ennemis, amp;nbsp;dç tous leurs efforts rufèz, vani-. tez amp;nbsp;menteries.En quoy faifant il tire la lumière des tenebres, amp;nbsp;le bien feruant à fa gloire, du mal que font les mefehans :def-quels il fc fert par vn fccret moyen mal-gré eux: car ils ne fêruent point à Dieu quant à leur intention peruerfê, mais au Diable amp;nbsp;à ' leur melchante volonté : dont auffi ils font payez comme ils le méritent. Et de cela, Dieu nous a donné des prcuues amp;nbsp;bons teC-rnoignagespour iamais,es exemples amp;nbsp;conduite defon peuple ancien:car ainfi a-il ren-uerfé

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uerfé les rufes malignes, I’iniuftice amp;nbsp;Ies cruels efforts des Rois d’Egypte,amp; la grande armee eftouffee en la mer. Et ainfi auoit-il parauant deffaitles illufions amp;nbsp;enchantemes de l^urs forciers amp;nbsp;magiciens, dcfquels les fauffes couleuures amp;nbsp;ferpens furent deuorez par le vray ferpentffait de la verge de Moyfe, qui puis apres fut conùcrtie en fa premiere nature,amp; a contraint finalement ces abufeurs de recognoiftre le doigt amp;nbsp;vertu du vray Dieu, mefme en ce que leur efficace d’erreur eftant empefehee, ils ne peurent iamais contrefaire la vermine des poux qu’il enuoya tant aux hommes qu’aux beftes. Et fi a touf-iours de mefme, feellé par effeól la vérité de faparole,contre toutes les menfonges amp;nbsp;vaines entreprifes de fes ennemis, comme cela fe voit par tout es eferitures amp;nbsp;mefmement en deux exemples bien expres , affauoir de Saul obftiné à tuer Dauid fon gendre, amp;nbsp;le priuer du Royaume d’ifrael à luy promis, car il y paruint finalement apres que Saul luy eut fait bonne iuftice de foy mefme,fe tuant Comme defefperé,dc fa propre main.Et fem-blablement de Sennacherib autre perfecu-teur, amp;nbsp;horrible blafphemateur defadiuinc maiefté, lequel fe vantoit de faccager amp;nbsp;dc-ftruire le bon Roy Ezechias,fon Royaume amp;nbsp;le fainél temple de Sion net de toutes idoles: mais il fe trouua court amp;nbsp;menteur, car le Dieu viuant qu’il auoit fi mefehamment

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2(5 Atheomachie blafphcmt;, fc monftra fon iuge fans appel, toiit-piiißant fur tous fes dieux, amp;nbsp;toutes fes grandes armées, dont il fit tuer par vn Ange en vne nuicS: cent quatre vingts amp;nbsp;cinq mille hommes. Puis liura Sennacherib condamne à fès executeurs, qu’il ne fit point venir de loin, car ce furent les propres enfans d’iceluy qui le tuerent comme il faifoit fes folles dénotions deuant fes images. Voila l’ouurier amp;nbsp;le gouuerncur Eternel qui a toufiours ou-urc' puiiTamment par la force de fon bras: mefmcs il a defployé l’œuure de fesœuurcs en noftrc Redemption , 8c vne fpeciale conduite de fa diuinefageife en raneantiffemét, prodition, condamnation amp;nbsp;mort de fon Chrift,amp; en fon exaltation gloricufc,comme le feul moyen pour glorifier fa iufticc amp;nbsp;fa mifericorde infinie en puniiîant les péchez de fes cilcus fur fon Fils innocent,amp; leur fai-fant grace par iceluy. Et toutes fois quât aux inftrumcns, qui furent les faux aceufateurs, le traiftre vendeur, le iuge tref-inique, amp;nbsp;les cruels desbordez meurtriers amp;nbsp;executeurs de telle iniuftice, ce fut l’oeuiire la plus iniu-fte 8c la plus execrable qui fut iaipais faite,amp; dont ces mefehans ouuriers ontaulTireceu Icurfalaire. Or ce fouucrain ouurier a conduit en toute iuftice cefte œuurcj toufiours depuis, amp;nbsp;apres l’afcenfion de IcfusChrift contre tous les efforts des luifs amp;nbsp;Payens,les ryfes des Philofophcs Gentils, les menteries

amp;fauf-

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Chap. hi.

amp; fauffetcz des preftres des idoles , amp;nbsp;Ies cruautez de tous les princes amp;nbsp;peuples ido-

latres,amp; ce par tout amp;nbsp;en toutes nations parmi lefquelles il planta fon fainft Euangile. Ce qui fe peut voir tant es hiftoires de fon ^clesdts Eglife, que mefmes es liures des Payens amp;nbsp;s-aduerfaires, lefquels Payens en diffamant fi mefehamment la doftrine amp;nbsp;religion de Chrift, ont ferui de tefmoins mal-gré eux, gies dti an des combats amp;nbsp;de la vidoire qu’il a obtenue ««»i d’aage en aaee,contre tous fes ennemis vain nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,

quot;poflres.

eus en leurs victoires, ruinez amp;nbsp;dettaits de leurs forces par ce chef de l’Eglife Chre- ffintidif ftienne,laquelle femblant eftrc par eux vain- famatoir^t eue amp;nbsp;efteinte, les tue amp;nbsp;demeure furuiuan-te amp;nbsp;immortelle en tous fiecles. Ainfia-il conduit amp;nbsp;gouuerné fon edifice,amp; l’a foufte- Tacite, nu amp;nbsp;maintenu pour l’amour de fon nom Juhan, inuoquéen fon Eglife, amp;nbsp;vit éternellement ^quot;tretiut pour toufiours le conduite , amp;nbsp;amener fon ccuure à ce beau renouuellement promis , au theun.

dernier iour.Et cependant il a toufiours ou-11 ré fans peine, amp;nbsp;ouure maintenant en lefus Chrift foji Fils coetcrnci aucc luy, il raon-ftre plus exprefrement comment il conduira amp;foufticndra cebaftiment iufqu’àfon dernier retour en iugement, carc’eft en luy, par luy,amp; pour iceluy,qlc pere a tout créé fou Aient toutes chofes, Hcbr.i.CoIoff.i. amp;c nul ne peut venir au pere q par luy, amp;nbsp;n’y a point de fàlut en aucun autre : ni de vie éternelle qu’êlapure conoiflace de fon pcre,amp;de luy.

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î8 Athïomachie

' laquelle aduoucamp; retient la marque de co-gnoiflancc en perfediô du fcul amp;nbsp;vray Dieu enfon éternel iugement, ineuitable à tout homme fans Chrift:amp; en fa mifericorde infinie femblablcment inacceflîble amp;nbsp;inutile à tout homme fans le mefme moyçnneurle-fus Chrift, en la mort duquel ce iugement a cfté fatisfait, amp;nbsp;celle mifericorde gratuitement orferte aux fideles Chreftiens moyennant la loy en iceluyjiors duquel tous hommes , mefme les idolâtres amp;nbsp;fuperflitieux font déclarez auffi bien fans Dieu en ce monde,par rApollre,Eph.2.Et voila ce peu qu’il a fallu toucher en palfant,quant à l’ouurier 8c créateur du monde qui en: fon ouurage, 8c quant augouucrnement admirable d’iceluy. Maintenant pourfuiuons la preuucnaturelle qu’il y a vn feul Dieu d’vneeffence infinie, caufe premiere, amp;nbsp;but ou fin de toutes cho-fes. Si nous voyons du feu allumé,ou de l’eau en quelque vaiffeaujou les foufflets poulfans l’air par les mains d’vn forgeur, ou les tuiles couurans vne maifon,ferons-nous fi brutaux que de n’entendre point d’où font prinfes amp;nbsp;tirces ces chofes élémentaires ? Penferons nous qu’elles foyent d’elles-mefines, ou venues d’auenture amp;nbsp;formées des atomes? Certes le fens commun,la raifon naturelle amp;nbsp;l’ex-pcricnce ne nous permettront point cela. Mais nous fommes tous fanas en ces chofes, 8c b 1C refolus que çe feu cft prins d’autre feu, ou de

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ƒ Chap, i ï i. x 29 OU de la pierre amp;nbsp;du fcr, ou des rayons du So leil,ou d’autres matières propres à cela : que l’eau aulTi eft tiree d’ailleurs , ou recueillie des pluyes: que le vent pouffé des fouftlcts eft recueilli de ce grand air commun , duquel mefme tous animaux refpirent: amp;nbsp;que lestui les amp;nbsp;briques font matière de terre , tirée de fes fortes,formée par les ouuriers,amp; cuiéle au fourneau.Paffons donc plus outre, amp;: venons àleurfource amp;nbsp;caufe premiere,car ces choies I font faites d’clcmens corruptibles en eux-I • mcfmes, amp;nbsp;qui auflî fouucnt fc changent amp;nbsp;communiquent les vns es autres, amp;nbsp;lont fu-iets à leur alteration,deftruélion amp;nbsp;abolitiô, ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;car le feu fe pert amp;nbsp;s’efteint,l’eau s’empunai»

I fit amp;nbsp;fe confume es vaifleaux iufqu’à la dernière goutte , l’air amp;nbsp;le vent fe corrompt, amp;nbsp;j le fouille partant s’efuanouyt, voire cell air I commun fouuent infeéie les hommes, amp;nbsp;eau fe des pelles amp;nbsp;autres maladies, amp;nbsp;la mort. Et quant àja terre on voit que c’ell vne creature morte,matière infenfible, pefante amp;nbsp;cor ruptible,qu elle eft aulïi fuiette à continuel-I les alterations, accjdens amp;nbsp;changemens,corn me au fee, à l’humide, au chaud amp;nbsp;au froid. Et que contre fa grauité naturellc(par vn mi I ' racle furpaffant tout le fens humain) elle qui 1 fouftient amp;nbsp;appuyé tous hommes mortels amp;nbsp;animaux qui marchent en icelle, neâtmoins I eft fouftenue d’ailleurs,enuironnee de lair amp;nbsp;du ciehd^ clleucc hors des eaux de la grande

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mer pour donner place amp;nbsp;habitation àuk homes amp;nbsp;aux terreftrcsanimaux, autrement, {ans nulle doute, toute cefte milfe de terre feroit incontinent couuertcamp; fubmergce, felon fon naturel,aucc tout ce qu’elle contient au profond des eaux fur lefquelles elle eft affermie amp;nbsp;appuyee par fon créateur. Et cefte fufpenfion de la terre amp;nbsp;de la mer en l’air qui les enuironnc, fe voit amp;nbsp;cognoit naturellement par les hommes de difcours amp;nbsp;raifon, en confidcrant le cours feulement du foleil amp;nbsp;de la lune à l’entour de cefte mafte ronde amp;nbsp;plus euidemment par ceux qui voya gent eu la mer. Puis donc que nous cognoif-fons CCS chofes Sc fommes côuaincus en nous mcfmcs puis qu’il faut ncccftairemét qu’elles ayent leur fource amp;nbsp;commencement d’ailleurs , amp;nbsp;leur caufe premiere, QiTcft-ce qui nous empefehe linon noftrc mefpris, ingratitude amp;nbsp;malice obftince , d’en rccognoiftre le fouuerain créateur , l’ouurier amp;nbsp;tref-fage condudeur? amp;nbsp;de luy en apporter amp;nbsp;chanter les louanges, hymnes amp;nbsp;cantiques d’adion de graces, que non feulement (es Prophètes amp;nbsp;hdcles efleus, mais audî les eftrangcrs de l’alliance de vie,Paycns,Philofophes,Poctes, Orateurs, Lcgiflatcurs amp;nbsp;Dodeurs médecins plus anciens amp;nbsp;plus célébrés entre les vieux autheurs, ont chante amp;nbsp;laifte parmi leurs eferits comme des grains d’or cftince-lansparmi le fablon de leurs difcours.Et qui

donc

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C H A P. 11 r.' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;JI

donc nous retient plus de le glorifier comme fcul Dicu,eternel,infini,inuifible amp;nbsp;incorruptible? lequel pour fa gloire nous a créez a-uec toutes ces chofes d’vne nature corruptible,limitée amp;nbsp;finie,amp; nous a fait ce corps cor ruptible d’elcmens corruptibles, afin de fe difeerner comme Dieu infini amp;nbsp;incorruptible par deflus toutes fes ceuures amp;nbsp;creatures, lefquellcs il maintient amp;nbsp;conduit par fa puif faute parole, amp;nbsp;les altere, changc,rcftaure amp;nbsp;conferue félon fa iufte volonté,comme il fera iufqu’au dernier iour de la deftruction amp;nbsp;re-nouuellemét d’icelles.O poures humains qui niez voftre principe,fourcc amp;nbsp;fcul fondemét fur lequel vos fuftanccs amp;nbsp;perfonnes fubfi -fient ! qui vous monfirez ainfi horriblement cnforcelez amp;nbsp;abrutis par Satan en voftre infidélité! Nous cognoiflôs tous que toutes cho lès qui font en nature amp;nbsp;haut amp;bas en ce mode , ne font point d’vne forte. Car il y a des corps celeftesamp; des corps terreftres,maisau tre cft la nature des celcftes amp;nbsp;autre celle des tcrreftrcs.Dauâtagc autre eft la nature dufo-leil,amp; autre celle de la lune, amp;nbsp;mefme vne e-ftoileeftdiffcréted’vneautrecftoilc. Quant aux corps terreftres,autre eft le corps de l’hô me,autre celuy de la befte,amp; du reptile, amp;nbsp;de l’oifeau,amp; du poiffon.Mefme entre les grains des fcmcccs il y a difference,côme auflî entre leurs corps amp;nbsp;leurs plates defqllesDieu les or ne amp;nbsp;reueft apres qu’ils ont efte femez nuds.

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AtHEO MACHIE

Il faut donc qu’il y ait quelqu’vn par lequel clics ayent cfté iadis faites amp;nbsp;créées, amp;nbsp;duquel elles ayent rcceu leur premiere origine: amp;auiri leur particuliere propriété par laqucl le elles font difeernees les vnes des autres, amp;nbsp;que toutes leurs efpeces auec leurs genres re uicnnêt à leur vrtiucrfalitc, par laquelle nous n’entendons pas vne infinité comme font les Philofophcs, Payens , amp;nbsp;hommes profanes quilescnfuiucnt, mais en laifl'ant cefte infinité au fcul Dieu éternel amp;nbsp;infini, nous prenons vniucrfalité plus eftroitcment amp;nbsp;pour toute l’œuure de Dieu en cefte creation du monde. L’vniucrfalité d’icelles cftefpandue amp;nbsp;difcerncc en fes genres, efjicces amp;nbsp;indiui-dus. Comme pour exemple,l’homme eft dif ferent des beftes ,amp; les beftes terreftres font differentes des oifeaux amp;nbsp;des poiftons, amp;nbsp;puis l’efpece des bœufs eft differente de celle des cheuaux. Apres, les creatures d’vne mef-mc cfpece font finalement difeernees l’vne de lautre félon les proprietez indiuiduesou infèparables de chacune d’elles en fon particulier. Ainfi le difeerne vn homme d’aucc vn autre homme: mefmc parla mcrueillcufe dif fercnce de la femblancc non femblablc des faces humaines, amp;nbsp;de la voix amp;nbsp;parole d’vn chacun,car on difeerne amp;nbsp;rccognoit vn hora me d’auec les autres au vifage amp;nbsp;au parler fi on l’a frequcnté.Mais encores fans cela,Pierre n’eft point Simon gt;nbsp;amp;nbsp;laques n’eft point Matthieu.

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Chap. ï i i.’

Matthieu. Comme auffi le bœufdu labou-feur n’eft point l’autre bœuf qui tire auec luy.ains chacun retient à part foy fa proprie^ te indiuifiblc.Or toutes ces proprietez infe-parables fe rcduifcnt reuiennent à leurs cfpeces, comme tous les humains à l’cfpccc de l’homme. Toutes les cfpeces diuerfes rc* üiennent à leurs genres, comme l’cfpece des tourterelles amp;nbsp;celle des pigeons au genre des oifcaux,amp; tous les genres differents, comme des animaux terrcftresj des oifeaux de l’air, des poilfons aquatiques, reuiennent à vnc v-niuerfalitc de toutes chofes , laquelle cft ce que nous appelions du nom de creature, ou ocuurc du crcatcur.Cefte vniuerfalité donc a Vnc fourcc amp;nbsp;caufe premiere d’icelle, car l’v-niucrfalitc de tous ces genres amp;nbsp;efpcces ne peuteffre defoy-mcfmc,nis’cftrc faite d*cl-Ic-mefme, car fes genres, fes efpcces amp;nbsp;pro-prierez indiuifibles monftrent tout le contraire en elles , amp;nbsp;par leur naturelle genera-tiomaltcration amp;nbsp;corruption:entant qu’elle» defpcndcnt de cefte vniuerfalitc, comme diners rameaux prouicnnent d’vn arbre,amp; l’arbre dcfpend de fa racine, amp;nbsp;font fuiettes àe-ftre engendrées, produites, altérées amp;nbsp;corrompues. Puis d’icelles prouient autre generation amp;nbsp;produftion des le commencement iufqu’au dernier iour. Nous ne parlons ici, amp;nbsp;pour ce regard,ni des Affres ni de toutes autres chofes qui ne peuucnt engendrer amp;nbsp;pro«

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54 Atheomachis

duire en leurs efpcccs,lefquelles fonttoutcf--Pf.iQi cuidément fuicttes à alteration amp;nbsp;changement: amp;nbsp;reuicnnent à ccftc vniuerfalité de toutes creatures. Mais nous infiftonsleulc-ment fur les chofes qui produifent felô leurs Cen.ï. efpcces, comme nous lauons qu’vn homme engendre des autres hommes,amp; meurt, puis ces autres homes en engendrent des autres, amp;nbsp;meurent en leur temps. Or fi nous voulons meurcment difeourir, amp;nbsp;de la confidc-ration de l’homme qui fe meurt à prefent, amp;nbsp;cft porté en terre, pafler outre, monter plus haut, amp;nbsp;rccerchcr degeneration en gcncra-tion,la fource amp;nbsp;l’origine de ceft homme-la, certes l’intclligçnce humaine amp;nbsp;la raifon naturelle quelque debile amp;nbsp;corrompue qu’elle foit, nous conduira comme de branches eu branches à en trouuer amp;nbsp;recognoiftre la racine , amp;’ à conclurrc qu’il y a eu quelque bout amp;nbsp;commencement de la generation premiere, amp;nbsp;d’vn certain homme duquel tousles hommes lont defeendus. Ce commencemét la, ce bout amp;nbsp;ccftc fource, c’eft la création amp;nbsp;l’œuure d’vn feul Dieu: car il faut necelfairc-ment que ccftc vniucrfalité de toutes chofeS mondaines rcuicnnc amp;nbsp;fubfiftc en ce que nous appelons Eftrc.Or ceft eftrc n’cft point du rang amp;nbsp;nombre de toutes ces chofes corruptibles amp;nbsp;creces, Icfquellcs s’y reduiftnt amp;nbsp;y lubfiftcnt. Car s’il en eftoit,il feroit corru-ptible4amp; ftnalcmcnt ne feroit plus,amp; partant . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ne fe- !

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C H A P. I I I,

he fcroit point ccft eftre ; duquel Ie propre eft de iamais n’auoir eu commencement de fonefl'ence, Si de perfeuerer eftre,’amp; durera toufiours, amp;nbsp;n’auoir iamais fin. Ceiculamp; eftre-la -, auquel nous fommes tous, eft vnfeul Dieu viuant, tout-puiflant, ctcrnel, infini, incomprehenfible amp;nbsp;inuifible:cnla feule vertu duquel toutes chofes créées fub-fiftent:amp; làfcreduifent comme à la feule eau fe efficiente amp;nbsp;premiere de leur origine : car nous appelons fubftancc creee toute ebofe qui fubfifte, foit chofe fpirituelle comme les âmes humaines, amp;nbsp;les Anges, ou corporelle comme les corps, amp;nbsp;les matières vifibles, amp;nbsp;lefquelles ont leur hauteur,largeur amp;profoii deur limitées, amp;nbsp;leurs mefurcs. Puis dôc que ces chofes fubfiftent, ou bien elles ne feroyée pas fuftances,amp; qu’elles ne peuuent fubfifter d’clles-mcfmes,ni fans fondement d’ailleurs, il faut recognoiftre fieceflairement qu’elles fubfiftent en vne caufe premiere,amp; vertu fou ucraine quieft excellente infiniment pardef fus icelles,amp; laquelle n’eft point de leur rang amp;nbsp;ordre,ni de nature creee amp;nbsp;finie. Garmcf-lue les Anges amp;nbsp;les efprits des hommes font créez amp;nbsp;finis par vn bout, amp;nbsp;ne rempliifent point toutes chofes, amp;nbsp;ne font point par tout, combien tpi’ils foyent efprits immortels,car lors qu’ils n’eftoyent point,ils ont re ceu leur commencement amp;nbsp;origine cn la ver tu dç cefte premiere caufe, laquelle fi elle c-

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^6 A T H F. o M A C H I E

ftoit de nature limitée amp;nbsp;finie, feroit finalement deftruite amp;nbsp;abolie par fcmblable alteration que fies œuures amp;nbsp;creatures fentent, aufii toft qu’elles ne font fouftenues amp;nbsp;viui-fiees par icelle, amp;nbsp;Icfquclles àl’occafion de fa deftrudion feroyent toutes en vn moment anéanties amp;nbsp;perdues. Ainfi fe deftruiroyent l’vne l’autre par ellcs-mefmes 8i leur contrariété amp;nbsp;difeorde , celles qui font creatures compofecs des elemens, car naturellement les chafes élémentaires, c’eft aflauoir le feu, l’air, l’eau amp;nbsp;la terre font chofes contraires, ainfi qu’il appert par leurs proprietez de chaud, de froid, de iec,amp; d’humide. Que fi feulement elles eftoyent du tout contraires l’vne à l’autre, fins quelque fecret accord, v-nion amp;nbsp;reduétion a leur caufe premiere qui eft cefte création, cl les feroyent abolies par leur difeorde. Tant s’en faudroit qu’elles per feucrafl'cnt en leur train, amp;nbsp;euflent,comme cl les ont notoirement, accord amp;nbsp;concurrence en la generation amp;nbsp;produftion des creatures mortelles , Icfquclles font compofccs de ces xjuatre elemens, côme cela fcrccognoit clairement en la generation amp;nbsp;compofition admirable de l’homme,duquel la mafle de fang contient les diftinélcs proprietez de ces mef mes elemens,c’eft alfauoir, du fcu,la cholerc: de l’air,le mouuemcnt : de rcau,le flegme: amp;nbsp;de la terre, la melancholie. Outre ce qu’on rccognoit par toutes les parties du corps h u-main

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C H A P. I 1 I. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;37

main cependant qu’il eft en vic. II faut donc confefter que ces chofes clcmcntaiies ont e-fte créées, amp;: font alliées, fouftcnucs amp;nbsp;con-feruecs par cefte vniqiie amp;nbsp;infinie vertu du Dieu viuant,car on ncfauroitprcfuppoferce qui toutesfois cft tref-vcritablc, aflauoir que il y a vniucrfalitc de toutes chofes à laquelle tous les genres amp;nbsp;cfpeccs fc reduifent amp;nbsp;rc-uienncnt,qu’il ne faille neccifaircment reco-gnoiftre que donc cefte vniucrfalité aucc tous fes genres amp;nbsp;cipcccs s’en retourne amp;nbsp;renient à fa feule amp;nbsp;vraye origine, laquelle eft la creation par cefte vertu incomprehenfible amp;nbsp;infinie du créateur amp;nbsp;vray Dieu. Il cft dóe ce feul cftrc, feul éternel, lequel s’eft declare tel aux peres anciens,amp; s’eft nomme foy-mef me lehouah, ceft à dire,Ce!uy qui cft. Lequel aufl'i aefte rccognu parlcsPaycns , amp;nbsp;nom-me ’w, amp;'£«ƒ, c’en adiré l’Exiftcnt defoy-mefmc, amp;nbsp;qui donne cftcnce amp;: fubfiftancc à toutes chofes qui fubfiftcnt aumonde.Nous voyons donc que les miferables qui nient le feul amp;nbsp;vray Dieu éternel, créateur amp;nbsp;gou-uerneur de toutes chofes, nient leur fondement,amp; tafehent d’ofter cefte premiere’cau-fc,aftauoir, l’cftrc, la fource,la vie,l’accord,le lien amp;nbsp;le fouftenement d’icelles, amp;nbsp;de leurs propres perfonnes en particulier. Partant ils font aucc leurs abfurditez , cftrangcs opinions, amp;nbsp;monftrcsd’erreur, du nombre de ceux, Icfqucls,comme dit l’ancien prouerbe,

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jS nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A T H E o M A C H I E

font des infcnfezaucc laraifon.Mais laifTons les à part fous les liens du iiigement de Dieu, amp;nbsp;paffons plus outre à la preuue amp;nbsp;demonflration que comme il eft tout clair qu’ij y a

vn Dieu éternel amp;nbsp;infinie aufli il ne peut y en auoir plufieurs:ains n’en y a qu’vn feul.Tou-

^•”tre les freies /«ferfli- tes chofes amp;fu Rances font corporelles, ou fpirituelles amp;nbsp;incorporelles. Les corporelles ne font point d’elles-mefmcs , car elles font notoirement compofees de plufieurs fm-ples amp;nbsp;diuerfes chofes. C.omme cela fc reco-gnoit en l’homme,qui à bon droit eft appelé vn petit monde, amp;nbsp;pourtant elles ne font point Dieu,amp; ne peuuent eRre par raifon réputées ni cRimees Dieu. Car Dieu cR vne fîmple éternelle eflence increee, fpirituclle, indiuifibleamp; infinie,ce qui ne peut conuenir à aucune chofe corporelle.Qipant aux fuRan-ces incorporelles amp;nbsp;fpirituelles, comme font les Anges tant les bons que les malins, amp;nbsp;les âmes humaines, fi nous eftions fi brutaux amp;nbsp;infenfez que d’cRimet qu’elles foycntd’cl-les-mcfimcs,il s’enfiiiuroit que ce feroyent au tant de Dieux, car à la feule propriété de Dieuconuient vn cRrc de foy-mefine. Que fi cela eRoit, (qui eR vne euidente a^furdité) comment donc n’yauroit-il point de Dieu s’il y en auoit vn fi grand nombre?Et puis ce feroyent des terribles Dieux que les anges malins,cfprits immundes amp;nbsp;diables: amp;nbsp;les a-mes des parricides, empoifonneurs, meurtriers,

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triers, forciers, bandoliers, brigands,vfuricrs, efcorcheurs du pourc peuple, paillards amp;nbsp;dulteres,yurongncs,fodotnites,inccftucux amp;: corrupteurs de nature, de l’honnefteté commune amp;nbsp;desfainfts mariages,parlcfquclscft continue amp;nbsp;droitement entretenu le genre humain. Mais comme il n’y a au monde que vn foiei 1, vne maflc de terre , vne mer, vn air commun, amp;nbsp;toutes chofes créées tendent amp;nbsp;reuiennent à quelque vnite', comme les en-fans à vn pcre,les citoyens à vne cité, les Républiques à leur corps d'eftat, les régions d’vn royaume à vn Roy,aufli il n’y peut auoir qu’vn feul Dieu,lequel n’aime point l’iniqui té comme font les malins:ains il eft parfaitement bon, faincl amp;nbsp;iufte, ennemi amp;nbsp;vengeur de toute mcfchanceté. Cognoilfons donc que les creatures, tant fpiritucllcs que corpo relies nefont point Dieux, ni faites d’ellcs-mcfmes,amp; pourtant elles font d’ailleurs amp;nbsp;de quelqu’vn : amp;nbsp;ceftuy-la duquel elles font créées, fouftenues amp;nbsp;gouucrnees, eft le fenl Dieu , car auffi s’il*y auoit plufieurs Dieux, (ce qui eftabfurdeamp; impoftible) il faudroit qu’ils fulfent ou pareils ou inégaux, s’ils c-ftoyent pareils, chacun d’eux auroit donc fa Deitc pareille amp;nbsp;egale aux autres, mais Dieu qui eft vne fimple,infinie eifence, amp;nbsp;non pas compofee, ne peut cftre parti amp;nbsp;diuifé en pie CCS amp;nbsp;portions. Car il ne feroit plus ce Dieu entier,feul tout-puiflant,infini amp;nbsp;incomprç-.

Ciiiij*

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40 Atheomachie

henfibic,d’autant que ccs plufieurs Dieux ie-rodent autant de portions amp;nbsp;parties de là Dcitc,amp; parce ils ofteroyent fon infinité,laquelle feroit abolie amp;nbsp;changée en certaine mcfurcjfin amp;nbsp;limite, au regard de chacun de CCS Dicux-Ià,amp; des vns enuers les autres. Par ainfi 11 n'y auroit plus de Dieu, car il n’y au-roit plus ceft infini qui cftle feul Dieu. Et fi ces Dieux-là eftoyent inegaux,les moindres Dieux entre eux ne feroyent point Dieux, car il y auroit vn inegal par dcllus eux : mais nous auons entendu que Dieu cft vne fimple cflcncc toute parfaite amp;nbsp;accomplie en foy-mefine , infinie amp;nbsp;incommunicable à autre qu’à foy-mefme. Or par telle pluralité de Dieux amp;nbsp;inégalité des vns aux autres, ce Dieu-là plus excellent entre les autres ne powrroit eftre le tout entier,parfait,amp; infini: car il ne feroit point ce que fes autres compa gnonsferoyent, Icfquels par ainfi auroyent pour le moins quelque portion de cefte infinité pour leur part de Deité,amp; pour leur regard le rendroyent par ce moyen aueceux tous, vn faux Dieu imparfait, fini amp;nbsp;mefuré, d’autant qu’ils rongneroyent chacun pour foy quelque portion de fa Deité : laquelle donc par ce moyen ne feroit plus infinie : ÿc par ainfi feroit deftruitc. Car s’il y auoitplu-lieurs Dieuxoupareils, ou inégaux, ils feroyent autant de fèparcz amp;nbsp;indiuidus, chacun les vns des autres. Partant ils feroyent

rendus

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Chap. III. . nbsp;41

rendus mcfurez amp;nbsp;finis, chacun d’cux à part, amp;nbsp;au regard des autres , rompant ceftc iin-menfe infinite de I’vniquc cflcnce diuinc. car la pluralité d’eflenecs emporte feparation, comme nous voyons que plufieurs homines font feparez amp;nbsp;diuifez les vns vns des au tres. Or toute diuifion amp;nbsp;feparation emporte fa fin , fon bout, amp;nbsp;limite d’vnc chacune chofe feparable d’auec les autres. Dont il s’enfuyuroit qu’il n’y auroit plus cefte Deitc infinie , amp;nbsp;toute puifl'ante en perfeélion. Et partant il n’y auroit point de Dieu,ce qui eft plus faux amp;nbsp;abfurde que la fauffeté mefrae. Car comme il a efté prouuc par les raifons fus déduites, l’entendement humain eft tout informé amp;nbsp;conuaincu, fans aucune refted’ex-culc, voire aucc le tefmoignage de fa propre confcience qu’il ne peut contredire,alfauoir, qu’il V a vn feul Dieu créateur,gouucrneur amp;nbsp;iuge du monde. Il refte donc à tous hommes capables de raifon, de cercher la parole de ce vray Dieu en fes fainéles Efcriturcs, amp;nbsp;es lieux amp;nbsp;fainftes aflemblees où elle eft purement annoncée amp;nbsp;expofee, pour entendre fa pure volonté afin d’y obéir, comme il eft tref raifonnable. Et pour le dernier de nos argu-mens, nous prions qu’on pefe amp;nbsp;confidere encores ceci, contre la refuerie brutale amp;nbsp;les calomnies des Atheiftes qui font couftu-miers de dire touchât les fainéfes Efcriturcs que les hommes en ont peu eferire, ce qu’ils

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4i Atheomacbib

ont voulu, amp;nbsp;forgé d’eux-mcfmes, c’eft que les Ckrcftiens rcfpondent là deflus,que fi Fin lloirc fierce de la creation du monde,eferite parle Prophete Moyfc,eftoit telle que difent les moqueurs amp;nbsp;blafphcmateurs de Dieu,af-fauoir efcriturc faite à pi ai fir, comme vn tas d’hiftoircs fabuleufcs, le temps donc amp;nbsp;le nombre des années commence auec la création du monde,amp; depuis continué amp;nbsp;déclaré des le commencement de la fainfte Bible iufques à la fin, fc trouueroit moindre amp;nbsp;au deffous du temps de plufieurs hiftoircs des peuples anciens : Icfquelles fe trouucroycnt donc beaucoup plus anciennes que le temps de cinq mille cinq cens amp;nbsp;neuf ans qu’il y a par le conte des années depuis la création du monde eferite en la Bible iufques à Chrift le Seigncur,amp; depuis Chrift iufques à l’an pre-fcnt,rnillc cinq cens oélante vn.Et fc trouue-royent des autres efcriturcs amp;nbsp;hiftoires qui contiendroyent vn nombre d’annees Icfquel les monteroyent iufques à des ficelés infinis, voire fi le monde eftoit éternel amp;nbsp;de foy-mcfme, car il y auroit force hiftoires des rc-, gnes amp;nbsp;des guerres qui par millions d’années-auroyent précédé noftre compte des ansdu monde defius déclarez amp;nbsp;courus dés la creation iufques à l'an prefent qui font cinq mille cinq cens amp;nbsp;neuf ans : Icquellcs hiftoires ne furent oneques, amp;ne feront iamaistrouuccs au monde. Car quant à la refucrie des Egyptiens

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Ç H A P. I 11. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;45

ptirns qui ont babillé que leur ancienneté paiîoit de fix nulle ans la creation du monde, cela a efté à bon droit toufiours moque, mefmc parlcsPayens. Mais au contraire,l’hi ftoirefainfte pourfuiuic amp;nbsp;côtinueepar con te des années depuis le commencement de la Bible, par Moyfe amp;nbsp;les autres Prophètes a-pres luy, a efté louce amp;nbsp;renommee en tous aages par le propre tefmoignage des plus antiques autheurs qui ayent eferit: amp;nbsp;palîe d’an cienneté toutes les hiftoires amp;nbsp;chroniques mondaines qui furent iamais, comme il Ici a fmu. veu plus amplement ci-apres en fon lieu , amp;nbsp;qu’elles fe rapportent toutes beaucoup plus bas amp;nbsp;au defîous des années du monde lef-quelles Moyfe a commencé de conter à la création.De laquelle amp;nbsp;du temps d’icelle,ou de chofe aucune qu’on puifle penfer auoir e-fté faite fous le cieldeuant cetcmps-la , les hiftoires amp;nbsp;chroniques du monde fe taifent, car elles n’en feeurent iamais rien, ni pas vn des hommes qui ont eferit entre les Payens, finon ce que l’ancien Prophete Moyfe amp;nbsp;les autres Prophètes apresluy en ont eferit, amp;nbsp;leuren ont apprins par leursliures. le laiiTc encores à parler ci-apres en fon lieu propre, des admirables prophéties amp;nbsp;prediélions qui font contenues es eferits de Moyfe des autres Prophètes , lefquels effeétsamp; accom-pliifcmens font aduenus au temps amp;nbsp;par les fnoyens predifts amp;nbsp;affignez félon le certain

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J. lean

44 Atheomachie tcfmoignagc non fcuicment des fiuclcs, ains aufli des liiftoricns profanes. Voila en fom-me ce que nous auons voulu recueillir amp;nbsp;tou cher pour rcfpondre par des raifons humaines , amp;nbsp;parargumens du fens naturel, fur les cauillations des moqueurs de Dieu (non pas pour eux, mais pour les infirmes amp;nbsp;ceux qui ne font incurables, ni eneóres du tout def-pouillcz de raifon) d’autant qu’aucc ceux qui nient les principes amp;nbsp;fondemens, amp;nbsp;la fain-fte Efcriture,lcs fideles Chreftjens ne doiuct amp;nbsp;ne pcuucnt difputer vtilementpar la raifon haute amp;nbsp;fupernaturellede la foy, laquelle cft engendrée amp;nbsp;nourrie es elleus enfans de Dieu , par le fainft Efprit au moyen de l’ouyc de fa pure parole. Et cefte parole cft la feule amp;nbsp;vraye raifon de noftrc raifon,la tref fage amp;nbsp;parfaite confcillcrc des confcicnccs,amp; la puiflancc de Dieu à noftre falut.Dc laqucl le toutesfois il a efte expedient de faire ci-deflus mention,amp; fera encores ci-aprcs,pour l’inftruftion amp;nbsp;premunition des ignorans. Icfqucls en general font conuiczà cefte parole, amp;nbsp;à la feule fontaine de vie qui cft mani-fcftcc en icelle,c’eft afi'auoir noftrc Seigneur, fcul Sauucür amp;nbsp;rédempteur Tefus Chrift,lequel eft le vray Dieu amp;nbsp;la vie éternelle, engendre du pere éternellement amp;nbsp;fubfiftant enreflenec diuinc aüec le fainél Efpnt qui procède du Pere amp;nbsp;du Fils, duquel fcul Dieu diftinél en fcfditcs trois proprietez ou per-fonnes.

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C H A P. HU. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;45

nes, amp;nbsp;ncantmoins indiuifiblc amp;nbsp;incorruptible , foit tour honneur amp;nbsp;gloire à ia-nuis. Amen.

T)es deux tefinotgnages perpétuels du vray 'Dteu'vtuant ,ejHt font la creation gouuerne-rnent dn monde, fainües Efsrttures, de t ancienneté authonté d'icelles.

CHAP. I I I I.

R combien que cc grand Dieu foit le tout-puiflant Si fuflifant à foy-mcfme, fans qu’il ait aucun befoin de tefmoignages d’ailleurs,ayant en foy de toute éternité, fa gloire tref-par-faite amp;nbsp;accomplie, comme il Vatoufiours cuê,amp; l’aura à iamais , ncantmoins il a voulu defployer amp;nbsp;faire voir cefte grande gloire: amp;nbsp;comme il auoit éternellement determine en foy-mcfmc de creer quand il luy plairoit tout ce grand monde, amp;fes parties, cnlèm-ble le temps, les faifons amp;nbsp;la duree d’iceluy: Si aulTi les Anges, l’homme amp;nbsp;toutes autres G«»-’-creaturcs, ainfi l’a-il fait par fa feule parole, gouucrnant Si fouftenant le tout par icelle, f amp;nbsp;c’eft afin d’en tirer fon Eglifc,amp; le nom-

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4(î


AtH EO MACHTE


bre de fes cflcus, membres d’icelle pour y e-ftre adortsinuoque, obéi amp;nbsp;loue felon fa pure parole, aucc les féaux amp;nbsp;facrcmcns d’i^elle depuis le commencement des fieclcs iufqu’à la fin, dcfqucls cflcus il veut cflrcfcrni àia-mais comme de vaifleaux précieux de fa mi-fericorde au haut palais de fa gloire : amp;nbsp;luy plaiftde laiffertoute la refte pour vaiifeaux de fon ire en leur corruption, perdition amp;nbsp;malice volontaire. Tel a efte fonconfcil ad-

J^om. Z.

Ppx.

8.

P plie.1.

Aiarc I.

i6. /etf» J.

Cîr V J-Jthr.i.

mirable pour glorifier fa mifcricorde en fes cflcus, amp;nbsp;fon tref-iufte jugement fur lesau-tres,voire diuerfementSe admirablement en ces deux troupes de tout le genre humain, lequel eft tout coulpable {par la cheute volontaire amp;nbsp;corruption du premier percA-dam)dc rebellion amp;nbsp;damnation éternelle. Et pourtant il appelle par fa parole ces poures criminels amp;nbsp;dignes de mort, à vie amp;nbsp;falut# parlefcul moyen de la redemption laquelle luy-mefmc iufte iuge du monde,a defployee du ficn amp;nbsp;offerte à tous fans acception de per fonncs,ou apparences des hommes,en celuy mefmcpar lequel amp;nbsp;pour lequel il a vncfois tout créé, amp;nbsp;par lequel aufli il fouftient amp;

Jean t.

J-nc l.

gouucrnc toufiours ce monde vniucrfcl, amp;nbsp;g. qui mcfmc en eft ordonne le fouucrain iuge pour le dernier iour. Ccftuy-là eft fon feiil V'Jf I- Fils naturel amp;nbsp;coetcrnel, qui fans aucun pc-'■ ehe a prins à foy noftrc nature humaine amp;nbsp;toutes nos infirmitez amp;nbsp;mifcrcs, Ceftafla-

uoir

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C H A P. till. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;47

uoif Icfus Chrift Ic iufte, lequel à fon retour des cieux qui fera au dernier iour arrefté pour la conferuation de ce monde , mettra lin à l’cftat corruptible, amp;nbsp;caduque d’iceluy, amp;nbsp;au tempS) à fon cours, fesefpaces amp;nbsp;mefu-rcs : amp;nbsp;rccucillira tous fes eUeus amp;nbsp;fideles

PfAOZ. J-Jebr. r. î./’jer.J.

Chreftiens en la vie éternelle, enuoyant tous /«»j. les infidèles obftincz aux abyfines des en-fers, Si tormens du feu qui ne fera iamais e-fteint. Combien donc quecefte création amp;nbsp;ce gouucrnemcnt admirable du monde, foit vn premier amp;nbsp;tref-ample tefmoignage du fi'ul Dieu tout-puiifant, fi eft-ce que pour Pf.z. nous en produire encores vn autre plus clair, «Sr 104. amp;nbsp;plus propre, vtile amp;nbsp;neceifaire à noilrefa-lut, amp;nbsp;nous enfeigner plus priuement qui, amp;nbsp;quel ileft,amp; de quelle affeôtion enuers nous.amp; quels nous fommes de nouf-mefmes, aifauoir, corrompus, enfans d’ire, amp;nbsp;perdus quant à nous, il nous a donné le diuin thre-for de fes fainfles Efcriturcs, que nous appelons la Bible. Ce font les liures canoniques du vieil amp;nbsp;nouiieauTeftament, ou vieille amp;nbsp;nouuellc Alliance, feule reiglc de noftre foy, defquels nous parlerons ci-apres. Et ceux-là font les fideles tcfmoins qu’il a voulu mettre en allant , non pour befoin qu’il en euft , mais pour le noftre, lefquels demeureront toiifiours irréprochables tcfmoins pour nous certifier de fa vérité, amp;nbsp;pourfecller, g amp;nbsp;comme crier inceflamment amp;nbsp;tout haut,

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48 Atheomachie

qu’il y a vn fcul Dieu viuant Sauucurdc fort Hglife : lequel auffi eft le iiige amp;nbsp;vengeur de fon mefpris contre tous fes ennemis defefpc-rez.Or ce vray Dieu fe declare manifeftemet le fcul autheur de l’Efcriture fainélc,amp; que ■’ Tim î luy-mcfnicra diôlcc par fon fainch Efprità i.Pier.i. ffs Proplietcs,Euangeliftesamp;Apoftres, Pre-micrcmcnt par les choies diuines qui font traittees là dedans, cfqucllcs reluit Cd CdgcCCc incomprchcnfiblc fous vnc tref fimplc manierede parler familière amp;nbsp;commune à tous, iufques aux plus grofliers des hommes,.amp; la-eft point en paroles attrayantes de quot;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' la fipicncc humaine,mais en cuidcnce amp;clai

re dcmonftration de fon Efprit amp;nbsp;diuinc vertu,5c y rclplcndit comme le pur or eftin-celant parmi Iclablon ; puis apres par la pureté de la dodrine toute cclcftc,amp; la maiefté des matières d’icelle fous des paroles con-temptiblcs au monde orgueilleux, ôc parla fouueraincfainétetc,équité Si iufticc qui par JE ï xtr ’■o'-’ï y nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;rtiefincs es deuxta-

bles de fa loy amp;nbsp;diuins commandcmcns.Da-uantage par la fermeté immuable des principes amp;nbsp;fondemens fur Icfquels cefte doéffine facrce eft appuyee: amp;nbsp;finalement par la vc rité toute manifefte des grandes amp;nbsp;admirables Prophéties ou diuines rcuclations là dedans contenues, eftans comparées aucc les cf fcéis amp;nbsp;accomplilfcmcns infaillibles d’iccl-Ics. Et comme ce vray Dieu eft l’ancien des

iours.

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C H A P. 1111. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;49

lours, auffi a-il voulu que I’hiftoire perpétuelle contenue efdites Eferitures fainótes, palTaft de toute ancienneté , amp;nbsp;du temps amp;nbsp;fieclc auquel elle a commence d’eftremife par eferit tout autre temps amp;nbsp;toutes les au-, très liiftoires amp;nbsp;eferitures des nations de tout le monde fl antiques qu’on les puiffe trou-uerdefquelles hiftoircs des Payens amp;nbsp;nations reuiennent toutes au deifous , amp;nbsp;fort long temps apres.Et que ceftc-ci feule continft le nombre des ans depuis la création amp;nbsp;commencement du monde iufqu’à la venue du Rédempteur promis,nombre di-ie tant iuftfe amp;nbsp;fl certain qu’il ne s’en trouuc point de tel, car quant au temps auquel Moyfe Prophète de Dieu amp;nbsp;premier eferiuain des fainétes E-feritures a commencé d’eferire manifcfte-ment fous le Seigneur, on le peut au moins recueillir (amp; fans prciudice de tout ce quien pouuoit des lors auoireftéfait) d’vn palfagc entre autres lieux qui fe lit au liure d’Exode, chapitre dixfcptieme. Là il eft dit que Dieu luy commanda d’eferire ; amp;nbsp;ce en l’an mefme deViffuc du peuple d’Ifrael hors d’Egypte,amp; de la creation du monde deux mille cinq 151 j. ccnsamp; treize. Sur quoy les leélcursfont ici aduertis que les années depuis ladite création lefquelles font notées cà amp;nbsp;là en ce trait té, font calculées felon la vérité dcfdites Eferitures, apres les fidèles feruiteurs de Dieu qui ont trauaiile hcureufcmcntencccontç

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Atheomachie

amp; fupputation. Et pourtant.qù’onnes’arrc-fte pas en ccci, au conté amp;nbsp;calcul des liiftoi-res,annales ou chroniques humaines, amp;nbsp;d’au tres efcriuains qui n’ont point entièrement fuiui l’cfcriture fainftc,amp; par ainfi fe trouuct difeordans d’icelle, amp;. bienfoiiucnt Icsvns d’auec les autres. Or qu’on cerche diligemment toutes les antiquitez amp;nbsp;les eferits de tous hommes,de toutes nations,qui puiffent auoir feulement apparence de temps certain auquel tels efcrits ayent efté faits: puis apres qu’on conféré ce tcmps-là auec les chofes récitées amp;nbsp;cnregiftrees parlefainél Prophete Moyle, amp;nbsp;le temps auquel il les amifes par eferit. On en verra inanifeftement la difference, on en verra di-ie , l’excellence amp;nbsp;l’ancienneté qu’il a en ceft endroit par deffus tous autres hommes. Qi^ant aux fables amp;nbsp;defguifcmens des profanes. Poètes, Payens, Grecs amp;nbsp;Latins,lcrqucls toutesfois font tous venus fort long temps apres Moyfe, on n’y verra en fomme que des menfongesmanife-ftes, amp;nbsp;parmi tout cela, quelques corruption de la vérité auparauant eferite par iccluy,laquelle éeux-là auoyent peu aucunemét ouvr amp;nbsp;reccuoir de main, en main ou retirer de fes efcrits: ou qui auoit efté racontée de pere en lils,des le temps de leurs anciens pcrcs,qui fu rcntlcscnfans amp;nbsp;fuccefleurs des trois fils de Noé , lequel fut fécond pere du genre humain à’ rçftauratcur des nations du monde,

toutes

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C H A J». Hit. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;5t

tontes ifTucs de fapofteritc depuis le deluge Vniuerfcl.Ces trois enfans furent Sem,Cham amp;nbsp;laphet, dcf4ucls font defeendus tousles 8^ hommes amp;nbsp;familles de la terre.Et ceci fc def-couure allez es eferits des Payens par les propres noms d’iceux enfans de Noc, amp;nbsp;de leurs fuccefleurs, lefquels fort long temps deuant tels eferits,amp; hiftoîres profanes,auoyent cfté nommez par Moyfe. Car les Payens tefmoi-gnent que les peuples ont fait de ces anciens ' ' peres leurs idoles amp;nbsp;dieux. Et compae de Ia~ phet^IapetM, ainG ont-ils tire de Itwatnjanui, amp;nbsp;Ion, d’autant qu’ils ont retenu les lettres Hebraiques, ou là valeur d’icelles, feulement l’accommodant à leurs langues amp;nbsp;lettres* pour en mieux aifer la prononciation à leur mode.Maisaufli qui voudroit monter encores plus haut, amp;nbsp;recercher le vieil temps du premier aage qui a precede le deluge, félon que nous auons de Moyfe l'hiftoire vnique de ce temps-là en la fainôle Bible : on peut bien aifement rccognoiftre que les Efcri-üainsamp; Poètes Payens ont receu des nomi anciens mcilez parmi leurs fables amp;nbsp;menfon ges, lefquels font tirez de la fainéte Eferitu-rc. Et mefme leur faux Dicur'«/Mj«,n’eft mal-aifé à dcmafquer, amp;nbsp;recognoiftre qu’il fut homme mortel, amp;nbsp;l’vn des fils de ceft autre Lamech ,\c premier bigame qu’on puilfe trouuer par eferit, amp;nbsp;vilain corrupteur de l’ordonnance dufaind maiiage,amp; lequel de*

D.ij, '

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5X Atheomachie

fcendit de la maudite race du meurtrier Cain, laquelle fut toute exterminée amp;nbsp;eftein te par le deluge.Ceci fe môftre mefme par le meftier de ce Vulcain qui eftoit de forger les armes, comme declare Moyfc,amp; par fondit nom gt;nbsp;car il eft là nommé Thuvalcain, Si fi vous laiffez la premiere lettre, qui eft feruile amp;nbsp;mife pour former le nom à la maniéré des Hebrieux, il vousreftera ccf'^ulcatn. Car on fait qu’entre les Hebrieux leur lettre □, 5, qui n’a vn poinél dedans foy, eft prononcée parnoftre v,confonant. Et quant au nom de la femme de ce Vulcatn appelée 7lt;(ahama, qui fignifie Belle en noftre langage,ou comme parlent les Latins VenuÜa, n’cll-ce pas le nom duquel la fignification exprime la vaine beauté, qu’ils ont tant célébrée de leur vilaine dceiTe amp;nbsp;paillarde enits? O bien digne race amp;nbsp;famille de ce maudit Cain! Et cependant voila des beaux dieux amp;nbsp;idoles des po-ures nations des Payens,cntre vnc formillie-rc d’autres de mefme valeur, dont toutesfois les noms ontefté tirez de la lainéle Eferitu-re par la rufe de Satan, afin que d’vn tas de Céans exécrables , violens oppteifeurs des hommes , adulteres amp;nbsp;brigands defefperez, fleftris Si condamnez en la parole de Dieu, le premier apoftatamp; menteur Satan en con-trefift des dieux amp;nbsp;abominables idoles. Co-gnoiifant bien ce vieil Icrpent expert amp;nbsp;la-uant en toute malice,que iamais les hommes

(quel-

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C H A P. I I ï I. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;5J

(quelques aueuglez amp;nbsp;corrópus qu’ils foycnt par foil venin de pcchc) nc pourroyent du tout effacer de leurs ames immortelles vn lentimcnt de la Dcitc engrauee en icelles, amp;nbsp;ncfe paiferoyènt iamais de quelque religion comme cliofe coniointe infcparablement à leur propre confcicncc, laquelle les rcfùeillç toufiours finalement, amp;nbsp;les traine aucc horrible frayeur àYon examen fccret cofiime des criminels à la gehenne fous leuriuge. Mais paflons outre, amp;nbsp;pour tantoft fortir dehors du propos entame touchant les eferits fabuleux des poètes Payens, notons que qui en voudroit prendre la peine, iltrouueroitquc leurs difeours pour le meilleur qu’on y puiC-fe trouuer, ne font fi non des corruptions de la vérité des fainéles Efcriturcs de Dieu, ou des chofes qui là dedans font rcuclees en menfonges amp;nbsp;narrations profanes. Comme on le voit en ce qu’ils efcriucnt de la creatiô du monde, du gouucrncmcnt d’iceluy, de la OuiJe diuinc vertu laquelle fouftient amp;nbsp;nourrit in- i.delaA/t terieurement toutes chofcs,de la confomma-tion des deux amp;nbsp;de la terre par le feu au der-nier iour. Et aucunement de la reftauration du monde amp;nbsp;de toutes chofes, en vnbon or- j.Mitam. dre hors de tant de confufions procedans des pochez : delquelles chofes ils pouuoycnt a-uoirreceu quelque moyenne amp;nbsp;oblcureco-gnoiflance tiree des liures facrez des fainéts. Prophètes, tranflatez d’Hcbricu es autres

D.nj,

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54 Atheomachie

langues. Et en entendoyent quelques mots au moyen de la difperfion du peuple d’Ifrael efpars par toutes les prouinces de l’Empire Romain, amp;nbsp;par tous les quartiers du monde.

auoif permiflió d’y tenir leurs Synagogues, amp;nbsp;de faire leurs Icftures publi-. ’.XfîiS nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;laLoyamp; des Prophètes. Mais Icfdits

rt'xS. poètesflateurs des hommes,deftournoyent tout cela de la perfonne du Chrift , Rédempteur promis,amp; qui cftoit lors attendu,pour l’appliquer fauflement par flatteries à leurs Princes amp;nbsp;à leurs faux dieux amp;nbsp;idoles, Laif-fons donc là tous ces fardeurs amp;nbsp;menteurs, qui ont ainfi ofé corrompre la pure vérité de Dieu, amp;nbsp;parlons des hiftoriens des Gentils, pour entendre comment ils font tous venus aulTi depuis Moyfe, amp;nbsp;ont eferit fort long temps apres luy. Et que ceux-ci mcfmes ont rendu quelque tefmoignage à iccluy amp;nbsp;à fes diuins eferits, lequel doit bien fulîîre pour le moins,à conuaincre les hommes, que Moyfe a efte en nature,amp; deuant tous ccux-là.Nous auons entendu qu’il a conte d’vne fuite perpétuelle tous les ans depuis la création du monde iufqu’àfon temps.Comme cela cftfa eile à recueillir de fes liurcs, amp;nbsp;de fon conte des ans de la vie des premiers peres depuis Adam iufqu’au Patriarche Abraham: amp;nbsp;puis encorçsà fesfuccefleurs de Perc à fils, afla-

.g. uoirIfaac,Iacob,Leui,Caath,Amram,amp;puis tÿ- 7. Aaron, amp;nbsp;Moyfe mefme, enfans dudit Am

ram.

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C H A P. 111 I. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;55

ram.Et qu’il a rcccu charge cxprefic d’efcrire pour le plus tard, l’an depuis la creation du monde deux mille cinq cens amp;nbsp;treize, amp;nbsp;de fa vie l’an oftantiefmc.Èc a pourfuiui fes hi-ftoires facrees iufques en l’an de la mort, amp;nbsp;du monde deux mille cinq cens cinquante trois:or depuis ce temps-là,Dieu a toufiours tellement pourueu àl’auancement de fa gloi reamp; edification de fon Eglilè, que Thiftoire perpétuelle d’icelle amp;nbsp;de la fuite tref-certaine des années du monde a elle continuée amp;nbsp;mife par eferit par fes Prophètes.Comme cela fe voit es fainéls liures qui traittent amp;nbsp;con tiennent le gouuernement de lofué amp;nbsp;des luges, puis de Samuel amp;nbsp;des Rois de ce peuple, iufqu’à latranfmigration enBabylone,amp; des autres gouucrneurs qui leur ontfuccedéa-près le retour d’icelle. Et finalement le Prophete Daniel a déclaré le refte du temps,ceft affauoir les années quatre cens nonantc , de-puis ladite deliurance des luifs amp;nbsp;retour de Babylone,au moyen de Cyrus Roy de Perle, tion. iufques à la mort amp;nbsp;refurreélion de Chrift 490 am Redempte ir promis aux fainéls peres,qui eft noftre Seigneur lefus cternel fils de Dieu, vray Dieu amp;nbsp;vray hommc,lequels’cftant apparu viuant apres fa mort amp;nbsp;rcfurreâion,voi rcàplus de cinq cens fideles tefmoins à vne ’•*^•’■.15, fois, outre fes autres manifeftations, monta vifiblement au ciel en l’an du monde trois

Oiillç neuf cens foixantc 8i vn.Maintcnantfi ' D,mj.

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^6 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A T H E o x\l A C H I E

nous rcccrchons toutes les hiftoires de toutes les nations du monde dont les eferits font paruenus iufqu’ànoftre aage,le tempslc plus ancien duquel il y eft fait mention, fera de leur antique deftruftion de Troyc, parles Grecs. L’hiftoire d’icelle aeftédeferitepar Dklii. Diélis de Tille de Crete, qui mcfme tefmoi-/Jomere. gne y auoir efté prefent: A depuis par Home rc amp;nbsp;plufieurs autres. Et à cefte deftrudion, Vitdere. Diodorc Sicilien, renommé entre les hifto-riens,commence (es liures.Or icelle cftadue nue felon le commun iugement amp;nbsp;calcul des homes fauans, feulement enuiron trois cens cinquante amp;nbsp;huiél ans douant la fondation de Rome.Cetcmps-là renient à Tan fixiefme Zwçes 12. du gouucrnemcnt d’Elon iuge du peuple de I/rael mentionné au liure des luges. Et cela fut trois cens feize ans douant la premiere Olympiade, nombre des Annales des Grecs. Tellement que ladite deftruélion de Troye fo trouuo eftre aduenue feulement fous Tan 1838. du monde doux mille huiéf cens trente huift.

Qi^and donc nous confentirons que le temps le plus ancien auquel les chofes par eux eferi tcs,fcroyent aduenues,foit vn temps certain, amp;nbsp;que leur narration foit veritable, encores le Prophete Moyfe fe trouuera beaucoup plus ancien que tous les premiers efcriuains des autres nations , qui lonten grand nombre , amp;nbsp;dcfqucls nous voyons encores les

vieux

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Chap, i ii t. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;57

vieuxliurcs en ce dernier temps en leurs pro pres langues. Et qu’il a rnis la main à la plume, amp;nbsp;a commencé d’eferire les diuines re-uelations de la creation amp;nbsp;conduite du monde iufqu’à fon temps, amp;nbsp;fes hiftoires fa crées Prophéties touchant l’Eglife de Dieu, pour le moins trois cens amp;nbsp;vingt cinq ans deuant tous les autres eferiuains dont ilfoit mention ou quelques nouuelles au monde; c’eft aflauoir en l’an du monde deux mille 1 j 15. cinq cens amp;nbsp;treize. Sur quoy nous noterons encores ceci contre les profanes moqueurs, qui ont defgorgé ce blafpheme enorme entre autres, que ce monde cft éternel amp;nbsp;de foy mcfme, que s’il cftoit ainfi qu’ils ont fongé, amp;nbsp;qu’il n’euft pas eu ce commencement ef-crit par Moyfe , il fe trouueroit donc par tout amp;nbsp;en toutes langues plufieurs hiftoires Voire de ficelés infinis, amp;nbsp;plufieurs chroniques de maints aages amp;nbsp;des vieux temps qui auroyent precede les fieclcs dont Moyfe a raconté les années. Comme nous voyons que la fainéfe Bible fe trouuc par tout au mi lieu de tant de fortes d’ennemis forcenez a-pres la deftruire, perdre amp;nbsp;abolir, bnifter amp;nbsp;exterminer du monde les liures d’icelle, il y a dcfia fi long temps : ce que toutesfois ils n’ont peu accomplir amp;nbsp;ne pourront iamais. Etfe voit ladite Bible encotes en fa propre eferiture amp;nbsp;langue, amp;nbsp;entoures autres des nations les plus célébrés amp;nbsp;plus renommées:

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58 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A T K F OMACHIE

»581.

j;op.

Tro^w.

lushnuf.

OU pour le moins fc trouucroyent quelques hiftoircs qui aiiroycnt efte eferites douant que Moyfc fuft né au monde.Et pourtant elles contiendroyent depuis leur temps amp;nbsp;cq-pofition iulqu’à prefent, plus de nobre d’an-necs amp;nbsp;de ficelés,que le conte des années que nous recucilloiSs de lafainfte Efcriturc iufi-qucsàceftcannec prefentc mille cinq cens oéiante vn, des la natiuitc de Chrift.Lequel conte du temps pafiedes la création iufqu’a cefte-dite annee , renient à cinq mille cinq cens amp;nbsp;neufans.Or telles hiftoires ne fe trou lient point,amp; ne furent iamais : ains à Moyie amp;nbsp;à fes fideles eferits, les autbeurs profanes êv hiftoriens des Gentils ont efte diuinement contraints de rendre quelque tcfmoignage, mal-grc eux amp;nbsp;leurs calomnies, menfonges amp;■ dcfguifemcns, par la force inuincible de vérité. Et par ainfi ils ont ferui de certificateurs à toutes nations de la venerable amp;nbsp;bien recognne antiquité d’iceluy amp;nbsp;de fesfainfts eferits. Car aucuns d’entre euxonteferitSi noté ceci, commevne chofe toute notoire de leur temps, aflauoir que es parties d’Orient amp;nbsp;de Syrie il y auoit eu vn Abraham, vn Ifrael,amp; mcfmc vn lofcph, lequel, difent-ilsaeftél’vn des fils dudit Ifraçl, vendu par fes frétés, amp;nbsp;emmené en Egypte. Puis qu’il fut reccu en Cour, amp;nbsp;tenu bien cher du Roy, auquel il auroit prediét la griefue famine. Tellement que fans le diuin confeil qu’il donna

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Chap, i i i i. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;59

donnafpar lequel le Roy admonncfté, cornquot; manda la rccucillcttc amp;nbsp;refcrue des blcds dequot; want Ic temps de ladite famine, ) l’Egypte c* ftoit perdue,amp; que finalement les fuccefleurS nffauotr Moyfe, amp;nbsp;tout fon peuple ifTus d’Equot; gypte,paruenus au mont de Syna, ont confa-erc le feptiefmc iour pour leur Sabbath ou £xo.to. tepos. le laifle là les difeours bien diuers de cefte efiincelle de verité,que ces hiftoriens y adiouftent dulcur,comme profanes,ayans c-fté mal aduertis amp;nbsp;deceus parla rufe de Satan , ainfi que nous pouuons cognoiftre en conférant leurs eferits auec lafainéfe Bible. Et fur ce que les moqueurs de Dieu amp;nbsp;de fa parole ofent bien auancer que Moyfe amp;nbsp;les fiensont peu fupprimer amp;nbsp;abolir toutes hi-ftoires precedentes , faites douant leurs eferits pour mieux les aüthorifcr,nouslaifibns au iugement de tous hommes de fens raflis,fi cela peut amp;nbsp;doit auoir quelque lieu ou ombre de creance entre les hommes de difeours de raifon, lefquels mettront en confidera-tion le peu de moyens amp;nbsp;la qualité contemptible au monde de ces pourcs Ifraclites ber gers amp;nbsp;gens de beftail, amp;nbsp;qui pis çft, expofez aux opprcflions de dure feruitude fous leurs puiflans ennemis amp;nbsp;mauuais voifins: amp;nbsp;qui feront comparaifon d’iceux auec les grands Rois amp;nbsp;peuples de la tcrrc,Babylonicns,Egy ptiens, Syriens, Romains amp;nbsp;autres Poten-tatsjlefqucls auec toute leur authorité, leurs

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éû Atheomachie

ediiSs,forces amp;nbsp;armées,n’ont iamais peu abo lir les fainôls liurcs eferits Amplement par nos pourcs bergers : ni confèruer leurs royales librairies fauorifecs de tout lemôde.Ccr-tes cela doit faire rougir de honte cesfages qui fe monftrcnt fols en parlant comme di-feoureurs lans difcourir,amp; voulans iuger des chofes fans enquérir. Or quant à l’intégrité du Prophete Moylc, les Chreftiens en fout futîifammentcfclaircis amp;nbsp;refolusparl’autho rite de l’Efprit de Dieu, lequel en donne excellent tcfmoignage par toute l’Efcriture tant au vieil qu’au nouucau Tcftament, corn me de fon origine amp;nbsp;lignage,eftant defeendu de Lcui arriere-neueu du fainôl Patriarche Abraham, aullï defimiraculeufcconferua-tion amp;nbsp;dcliurance de lamort,amp; des caux,dôt il fut tiré, amp;nbsp;en a eu ce nom Moyfc , en leur langage : puis fa royale education amp;nbsp;nourri-ttirc,Gn amour enuers fon peuple affligé, amp;nbsp;fa magnanimité à mefprilcr les humaines grandc'irs.En préférant la iufte caulc,amp; l’o^ probre de Chrift Rédempteur lors attendu,a tous les eftats royaux amp;nbsp;grands threfors d’Egypte. Dauantage les loulfranccs longues amp;nbsp;arneres, pour la defenle d'equité amp;nbsp;droiture, amp;nbsp;pour la deliurance des poures affligez, là diuine vocation en la charge amp;gouucrnc-ment de fon peuple,fa patiencc,debonnairc-té amp;nbsp;perfeuerance fidele en la difficile execution uc celle charge fi pefante : amp;nbsp;le don fin-gulicr

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Chap, i i i i. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Si

gulicrde Prophetie amp;nbsp;de fes diuiiis miracles tant ellranges Sc fupcrnaturcls, qui ont cfté toutesfois admirez amp;nbsp;célébrez de tout le inonde. Mais il y a outre tout cela vn poinch bien aife à remarquer,amp; qui cft plus que fuf-fifant pour conuaincre la raifon humaine à recognoiftre l’intcgritc de Moyfc. C’eft que combien que s’il euft voulu fort aifément felon les hommes, il pouuoit occuper la monarchie amp;nbsp;dominatiô,pour fescnfansamp; leur pofterité,fur tout ce peuple d’ifrael, amp;nbsp;auec cela,fur les deux royaumes amp;nbsp;fertiles pays réduits fous fa main, amp;nbsp;conquis outre le lour-dain ; ce neantmoins il a delaiflc fes entans Gerfom amp;nbsp;Eliezer,amp; leur pofterité,hommes priuez amp;nbsp;du plus fimple enat d’entre les autres Leuites. Et lefqucls enfansfontmcfme demeurez fuiets aux Sacrificateurs fuccef-feurs d’Aaron,amp; aux magiftrats gouuerneurs d’ifrael. loint qu’il a luy-mefme deferit amp;nbsp;rnregiftré fes propres fautes plus notables amp;nbsp;celles de fa maifon,cômc de fes frère, foeur amp;nbsp;neucux,amp; les redoutables iugemes de Dieu, chaftimens amp;nbsp;punitions d’eux tous. Defquel les chofes tout fon peuple eftoit tefmoin, en nôbre de plus de fix cens mille perfonnes.Et pourtât ils pouuoyét defdire Moyfc amp;nbsp;l’accu fer de faux, tât alors que pour les ficelés à venir, s’il euft elle tel que de rien feindre en dèsaâions, amp;nbsp;enfeseferits; amp;nbsp;de fuppofer quelque faufletv entre eux. Corne touchât fa

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6z AtheoMachiè

perfonnc amp;nbsp;les liens, fa vic amp;nbsp;fes miracles» fes efcritures amp;nbsp;fafin. Là où par le contraire tous les Hebrieux amp;nbsp;luifs qui ont cfté depuis A/oj/e ce temps-là, il ya dcfia maintenant près de meurutra fj-Qjj n^iiUcans, amp;nbsp;qui font encores difpcrfez U mon t. tout le monde : Icfqucls lonten fi grand nombre que s’ils eftoyent réunis en Vn corps de peuple amp;nbsp;en vn cftat,lcur multitude feroit innumerable, amp;nbsp;pourroir eftonner les plus grandes nations de la terre. Ceux-la, di-ic, ont tous rcccu de leurs artciés peres, de leurs Rois amp;nbsp;Princes,de leurs Sacribeateurs amp;nbsp;an^ ceftres, de pcrc à fils, amp;nbsp;de main en main, amp;nbsp;d'vn confcntcmcnt admirable, au milieu de tant de confulions amp;nbsp;diflipations, ont garde amp;nbsp;gardét toufiours en leurs Bibles les fainfts eferits de Moyfc en leurs propres lettres amp;nbsp;langue Hcbraique,commc véritablement li-“ lires fierez amp;nbsp;diuins,amp; tels rccognus en tou-* tes nations. Aucc l’excellent tcfmoignage de l’aiitlioritc amp;nbsp;fainclctc d’iccluy, que Dieu mcfmc luy a rendu, amp;nbsp;les Prophètes amp;nbsp;Apo-Ilres en leurs eferits, voire aulïi les cftrangcrs A' anciens autheurs d’entre les Payens. Ce qu’en general ont rccognu tous hommes de fens ralfis, amp;nbsp;capables de ce nom d’homme, fans en excepter quelqu’vn, fi ccn’cftoycnC des monftrcs en nature,moqueurs abrutis,amp;î dcièfpercz. Et voila quant à ce que nous a-uions à remarquer de l’authorité fierce amp;nbsp;ancienneté fouucraiiic de nos premieres Ef-

criturcs

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Chap. 11 11. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;65

fritures de la fainâe Bible, amp;nbsp;de l’excellence amp;nbsp;dignité de Moyfe premier eferiuain delà vraye hiRoire du commencement du monde, amp;nbsp;de la naiilanccdcrEglife que Dieu a choifie amp;nbsp;tiree d’iccluy, pour y eftre par elle purement cognu, adoré, inuoqué amp;nbsp;ferui loué amp;nbsp;glorihé, en fon fils bien-aimé noftro Seigneur Icfus Chrift , Si félon fa parole fierce lufqu’au iour de fon dernier iugement. Si de la confommation des ficelés,auquel elle fera toute recueillie en la gloire celefte d’i-celuy hors des opprcfi'es des malins ordonnez à perdition, en la geheime du feu éternel.


CHAP. V.

Vis que nous auons ci-defTus prouué l’authorité des Efcri-Tcftament, qui

cft la premiere partie de la Bi- S.yfugM-ble fâcree (_Si dontparlantvn A’T“'' bon doétcur ancien a prononcé. Que les luifs portent le liure par la Icélu-duquel les Chreftiens doiuent croire, Si

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64 A T H F o M A C H 1 E qu’ils ontcftc nos libraircs.il nous faut aulfi toucher quelque chofe de l’infaillible vérité diuinc qui fc manifefte clairement en l’Efcri turc fainélc par l’effeâ: Se accomplilfcrncnt des Prophéties contenues en icelle. Et pour commencer par le vieil Teftament, Outre que Moyfc a eferit de la création du monde Se l’origine de 1’Eßlife de Dieu, les chofes qui luy en ont efte diuinement rcuelccs, il a déclaré la fpcciale faneur de Dieu enuers ■ ’ ' nbsp;nbsp;Sem fils de NoéSe fes fuccclfcurs,(duquel eft

dcfccnduc la race de l’Eglifc ancienne Se le Chrift Rédempteur, felon la chair,) Puis le recueil Se allcmblec des autres nations en l’adoption des fainéls. Ce qui fut promis l’an , g 5 7 du monde mille fix cens cinquante fcpt,auec ceft parole de falut pour nous: Afiauoir que laphet les fiens qui font les nations des Payens defqucls nous fommes ilfus, fcioycnt finalement attirez recueillis dedans l’Egli fc de Dieu es tabernacles de Sem. Laquelle Prophetie a cfté accomplie par la prédication du fainét Euaugile annoncé en toutes nations par les Apourcs, en la vertu incora-prchcniiblc du fainft Efprit, lequel à cefte fin leur fut enuoyé du ciel en l’an du monde trois mille neufs cens foixantc vn. Iceluy Moy’fe a aufiî eferit la Prophetie de l’origine de Icfus Chrift noftrc Rédempteur, felon la nature humaine, amp;nbsp;du temps de fon adue-nement predict par la bouche du patriarche lacob

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Iacob à fon trefpas en l’an du monde deux mille trois cens amp;nbsp;quinze, amp;aflîgnc apres le temps que la domination feroit entièrement oftce à luda amp;nbsp;à fes lucceflcurs : lequel cftoit l’vn de fes douze fils, amp;nbsp;n’auoit pour lors au-thorité publique,fuperioritc,ni aucune appa fence de la pouuoir obtenir, mais s’elloit retiré en Egypte comme fuict à Pharao,auec fon Pcre Iacob , amp;nbsp;tous les fiens en nombre feulement de feptantc perfonnes. Et duquel luda eft finalement defeendu ce grand Roy amp;nbsp;fainéf Prophete Dauid, duquel eft ifl'u no-ftre Seigneur lefus Chrift felon la chair.Qui eft né au monde au temps du regne du pre- RamA. mier Hcrodes Idumeen, pour lors Roy de lu Luci. dee, en l’an trois mille neuf cens vingt amp;nbsp;5919. neuf.Outre plus iccluy Moyfc a eferit la Prophetie de la vocation des Payens à la foy amp;nbsp;alliance de falut, amp;nbsp;le retranchement des luifs pour leur infidélité, auec leur horrible quot;* deftruélion dénoncée l’an du monde deux mille cinq cens cinquante amp;nbsp;vn, amp;nbsp;par quels guerriers Ce moyens, alTauoir, parles hommes desCithins, qui denotoyent les forces de l’Empire Romain,amp; qui mefmcs deuoyét venir contre les luifs d’outre mer,amp; en naui-res.C.e qui a efte fait fous l’Empire de Vcfpa fien par Titus fon fils amp;nbsp;fes armées Rom ai-nés, comme lofephe luif mefme le recite bien au long: amp;nbsp;cela l’an quatre mille depuis 4000-la fondation du monde. Confequemment

E.j,

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66 Atheomachi«

4J98-47b.

Vtut.tS.

Moyfe a conioint à la fufditc prediftion celle aufli de l’cntiere ruine de l’ancienne République amp;nbsp;grand empire de Rome,voire pour iamais. Cc qu’on cognoit clairement cflre aducnu.Et les nations du monde retranchées de celle vieille Rome le tefmoignent fuHi-famment. Or cela fut à plein vcritié lors que l’Empereur Auguftukis quitta Romc,amp; fc dcpoîà de l’Empire l’an du monde quatre mille trois cens nouante huiét, amp;nbsp;dclanati-uitédeChrift quatre cens feptante. Et lors Odoaccf eftranger fc fit Roy particulieren Italie. Mais ce qui eft plein de miracles en tous aages depuis le temps de Moyfc, c’eft qu’il nous a prediôl que la declaration delà doétrine cclcftc de noftrefalutferoit maintenue, rcftaurcc amp;nbsp;remifefuspar la bonté de Dieu en fon Eglife voyagcrc au trailers de ce monde. Comme aufli nous voyons par les hiftoires fainéles amp;nbsp;profanes,qu’il eft ad-uenu toufiours depuis. Et comme il aduient iournellcment encores deuant nos yeux,mal gré Satan,amp; toutes les rufes amp;nbsp;forces de luy amp;nbsp;du monde employees pour l’cftcindrc amp;nbsp;Vendorre aufcpulchre ténébreux d’ignoran cc,parla malice obftinee des hommcs,com-inc chacun le peut voir manifeftement, amp;nbsp;fi apredid quant amp;nbsp;quant la viétoirc inefpc-rce , amp;nbsp;dautant plus gloricufc que celle pa^. role de vie, obtiêdroit toufiours finalement, amp;nbsp;qu’elle emporte mcfmc en ces derniers temps

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Chap. V* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^7

temps de Royaume en Royaume, amp;nbsp;de pays en pays, amp;nbsp;aura encores ci-apres, iufqu’à ce que le nombre des efleus du Roy des Rois le lus Chriftjlbit accompli. Apres Moyfc, Da-uid amp;nbsp;les autres Prophètes ont predid les mcfmes chofes que deflus.Comme on le voit par tout aux facrez liures des Pfeaumcs,amp; di-uincs reuelâtions. Mais expreflement de la/yz.g, perfonnedeChrift) amp;nbsp;de les deux natures er i6. tant diuine qu’humaine, Vnies amp;nbsp;coniointes infcparablement amp;nbsp;diftinftement enfemble, aufli de fon extreme ancantiflement pour no lire falut, de fesfoufFrances, croixignomi-nieufe, 8c dures affliftions, de fa mort amp;nbsp;re-furreélionjde fon afcenfion glorieufe, de fon final iugement fur le monde, amp;nbsp;de fon Royaume éternel en fon Eglifc.Et tout cela pre-diél enuiron les mille ans deuant la natiuité lot. du Seigneur, alïauoir fous les années de la creation du monde, deux mille neufcensêc cinquante:^ nous auons note ci-delTus que Icfus Chrifteft ne l’an trois mille neuf cens vingt 8c ncuf.Lcs faimSs Prophètes,Efaye 8c Daniel illuftres entre les autres, non feulement font renommez entre les Hebrieux ancien peuple de Dieu, amp;nbsp;les Chreftiens, mais auflî entre les Payens amp;nbsp;nations eftranges qui en ont ouy parler. Et leur mémoire eft à bon droit en rcuerence amp;nbsp;louange à tous peu pics. Or CCS deux Prophètes entre les autres oat amplement prophetizél’aduenement de

E.ij.

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68 Atheomachïe

rAz.

ÎJOO.

347X.

Pan.t-io.

Chrift Rédempteur eterncl.plufieurs centaines d’ans auant qu’il fuft manifcfté en chair, quiamp; quel il feroit, amp;nbsp;tout fon miniftere pour nous.Comme Efaye a prediét fa nature diuinc,amp;fon humanité,fa conception,amp; na-tiuité miraculeufc du ventre d’vne vierge. Puis aulTi fa doélrine.fcs miracles, fa mort amp;nbsp;paflion pour nos pechez, au reng des malfaiteurs: fa refurreélion gloricufc,amp; fon Royau mceternelamp; fpirituel en fon Eglifc: amp;ale tout déduit fi clairement qu’il fembleaux le éteurs bien attentifs auoir pluftoft eferit v-ne hiftoire de chofe prefente à fes yeux, amp;nbsp;de fon temps, que non pas ce qui cft depuis ad-uenu plus de fix cens ans apres la mort de ce Prophete. Le mefine Efaye aprophetizede Cyrus le premier Roy dePerfe, amp;nbsp;a prediél fon propre nom auecladeliurance du peuple de Dieu par fon moyen,amp; la reedification du temple de lerufalem, plus de fixvingts ans deuant que ce temple-là euft efté deftruift,amp; deuant que Cyrus fuft né. Car Efaye Prophe tifoit fous le Roy Ezcchias enuiron l’an du monde trois mille trois ccns:amp; Cyrus a conquis l’Empire des Aifyriens, amp;nbsp;adeliurclc peuple des luifs hors dcB^bylonc l’an trois mille quatre cens fcptante'amp;r deux. Quanta Daniel qui fut emmené captif en Babylonc, amp;nbsp;a vefeu encores quelque temps apres ladite deliurance des Iuifs,outrc lafiinéteté d’i-ccluy remarquable en toute fa vie, fi pieté,

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C H A P. V.

fes grandes cfpreuues amp;nbsp;fouffrances, pour Ie pur feruice du Dieu viuant,entre fes dons fpi rituels, diuines vifions amp;nbsp;rcuelations par luy expofccs en fon liure. II y a ces deux poinéls • à remarquer, qui font plus que fufhfans pour renger tous hommes de fain entendement,amp; qui ont de\efte quelque raifon, à la reueren-ce amp;nbsp;obeiflance de la foy amp;nbsp;doârine de falut contenue en l’Efcriture fainôte, ouy à la foy vnique de noftre Seigneur lefus Chrift. Le premier poinâ: eft la declaration par luy faite à Nabuchodonofor Roy de Babylone en la féconde année de fon regne , qui fut l’an du monde trois mille quatre cens amp;nbsp;deux; amp;nbsp;la- 3401. quelle fut confermee par deux diuerfes vifiôs touchant la premiere monarchie des Baby-Ioniens, amp;nbsp;les trois autres qui la deuoyent fuiure au monde,amp; finalement le cinquiefme Royaume tout fpirituel, celefte amp;nbsp;cterncl du fouuerain Roy des Rois,noftre Seigneur lefus Chrift. Lequel deuoit en fa faifon con-fommer toutes fes quatre monarchies tant des Babyloniês,Perfcs, Grecs, qucRomains. Ce qu’il a fait,amp; eft aduenu : premièrement cnBalfafar, petit fils de Nabuchodonofor, par le moyen de Cyrus amp;nbsp;Darius, l’an trois 3471.'' mille quatre cens feptante deux: puis en Darius le dernier,par Alexandre le grand.Mace-don ien, enuiron l’an trois mille cinq cens no 3 5 ÿ 4-nantc quatre: en apres es fucceifeurs amp;nbsp;compagnons d’Alexandre ou leurs heritiers, par

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70 Atheomachie

Angufte Ccfar enuiron Fan trois mille neuf cens: amp;nbsp;finalement es fucceffeurs de Cefar,amp; leurs idoles,par le bras inuifibic amp;nbsp;diuine ver • nbsp;nbsp;nbsp;tu de Chrift, amp;nbsp;par le glaiue de fa bouche amp;

fouffle de fes leures qui eft la pure prédication de fbn faind Euangile en ces derniers temps. Lequel a efté prefehe par tout le mon de par fes faindls Apoftres, difciples amp;nbsp;martyrs,amp; feellépar des miracles infinis,mefmes par leur propre fang. Car ils font morts en multitude innumerable pour cefte pure vérité de l’Euangile:amp; en mourant ont renuer-fé la menfonge auec les idoles,fuperftitions, amp;nbsp;foies deuotions du monde Comme encores à prefent font leurs vrais fuccefieurs en leur pure doóèrinc,fuyuans purement leur rei gle contenue en l’Eferiture fainéte , amp;nbsp;fouf-rrans toutes iniures, calomnies,perfecutiós, cruelles morts,horribles rauages amp;nbsp;tormens, pour la defenfe de cefte mefme vérité. Car il faut que Chrift avance ainfi fon rcgnerlequcl eft la pierre couppee fans mains ni moyens de ce monde, pour la confommation des re-ftes de toutes ces monarchies , amp;nbsp;de toute hautelfe qui s’efleue contre luy, afin qu’il face cognoiftre que cefte petite pierre eft vraye ment deuenue la grande montagne rcmplif-lànt toute la terre, c’eft à dire qu’il obtienne paifiblcment fon Royaume eternel qui ne fera iamais diffipéni aelaifléàvn autre:mais confuroeratout, amp;nbsp;fera eftabli à iamais. Et voila

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voila l’expofition du fainél Efprît par la boa chc mcfme de Daniel. Laquelle Prophetie a efte vérifiée entre les fideles, ia des lors que rEuangiIe(puiflancc magnifique de Dieu en falut à tout croyant,amp; oâeur de mort à la per dicion des infidèles) a rempli depuis l’enuoy du S.Efprit,toutes les contrées amp;nbsp;régions du monde. Mefme,bien ouuertement fous l'Em pire de Conftantin le grand, enuironl’an du monde quatre mille deux cens foixante:amp; de ^^60, lanatiuitc de Chrift trois cens trente deux. JS** Et s’en pourfuit encores de prefent la reftau-ration en ce dernier temps amp;nbsp;vieillelfe du monde obftinc,qu’il y a ia deux mille cent amp;nbsp;fept ans palfez depuis ladite reuelation de Daniel, de l’an du monde trois mille quatre cens amp;nbsp;deux, iufqu’à l’an prefent de Chrift, mille cinq cens odante vn,quieft de la créa- »j8i. tion du monde cinq mille cinq cens amp;nbsp;neuf, y y 09. Et lequel Royaume fera finalement accompli en toute perfetftion au dernier lourde ce fieclecorruptible, lors quenoftreSeigneur Icfus Chrift baillera le Royaume eternel à Dieu fon pere, apres auoir mis fin à toute principauté,pniftancc amp;nbsp;foreexar il faut que 11 regne au milieu de tous fes ennemis, tant qu’il les ait mis fous fes pieds. Et l’ennemi •'■quot;°’ qui fera deftruit le dernier,c’eft la mort.L’au tre point remarquable entre tous, qui eftau liure du Prophete Daniel, c’eft la reuelation qu’ilarcccuc de l’Ange ccleftc en l’anpre-

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Tt Atheomachie

mier de Darius amp;nbsp;feptante aus apres la dclTui dite, en l’an du mode trois mille quatre eens feptante vn, amp;nbsp;deuantla mort amp;nbsp;paflion de Chrift,quatre cens nouante ans, en laquelle prophétie par feptante femainesd’ans, lef-quelles fout ledit nombre,il marque l’an der nier de la vie mortelle de noftre Seigneur Ic-fus Chrift,au quel an il deuoitfouffrirlamort comme il a fait,non pas pour foy, ni comme l’ayant raeritcc,ains feulement pour nous: amp;nbsp;par icelle nettoyer amp;nbsp;purger le pcché,finir la vifion amp;nbsp;la prophétie, amp;nbsp;nous amener la iu-ftice eternelle. Outre-plus que la cité dé le-rufalem amp;nbsp;le fainft temple feroyent totalement deftruits par le Prince du peuple à ve-mr,a{rauoir en la quatrième Monarchie, qui fut celle des Romains , comme tout cela fut 40 0 0 accompli defait,en l’an du mode quatre mille, amp;nbsp;de la natiuité de Chrift l’an feptante dcuxicfme.Dauautage que ce nonobftant, le Seigneur confermeroit l’alliance de fou E-uangile à pluficurs,comme il a fait par luy amp;nbsp;par fesApoftres amp;nbsp;martyrs, Pafteurs amp;nbsp;docteurs, amp;nbsp;lepourfuit encores à prelent, amp;nbsp;pourfuiura iulqu’au dernier iour,au falut des ndeles, amp;nbsp;à la condamnation des mondains incrediiles.Le mefme,Danicl aulft,iufqu’à la iT nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nous predict ouuertement les

n. continuelles afflictions, croix, perfecutions, amp;nbsp;miraculeufes deliuranccs des fideles de

l’Eglifc

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I’Eglife de Dieu iufqu’au dernier iour aucc les. defloyautez amp;nbsp;reuoltemens de plufieurs d’entre iceux, fous les rauages , cruautez amp;nbsp;confufions de l’Antechrift amp;nbsp;des fiens, perpétuels ennemis du fainél Eiiangile. Finalement la triomphante viâoire de Chriftfeul SauuCur tout-puüTant, Sc la dcliurancc fpiri-tuelle de tous fes elleus eferits auliurc de vie. Aufli la refurreétion de ceux-là en la vie eter ncllc:amp; celle des infidèles amp;nbsp;perfccuteurs en perdition amp;nbsp;infamie perpétuelle. Sur quoy ceci eft bien à noter que Daniel a prcdiél les guerres, trahifons amp;nbsp;cruautez qui eftoyent à venir entre les Rois de Midi amp;nbsp;d’Aquilon, (au regard de la terre de ludee) c’eft à dire les Rois d’Egypte amp;nbsp;de Syrie, voire enuiron deux cens ans deuant qu’elles aduinfent. Et en a eferit cela mefme que les hiftoriens profanes ont depuis tefmoigné par leurs liures, eftreaduenu amp;nbsp;auoir eu entier accompliife-ment, car Daniel eut ces diuines reuelations enuiron l’an trois millequatre censfeptante: 5 47o. Et Antiochus furnommeTheos,régna enuiron l’an 567 O.Lequel Antiochus eft notam ? 7 o. ment defigné par le Prophete Daniel,en pre difant le mariage d’iceluy auec la fille du Roy d’Egypte, amp;nbsp;puis la mort proditoire d’icelle, aucc les guerres qui s’en enfuiui-rent. Et c’eft cela que nous auons voulu ehoifir amp;nbsp;toucher quant auvicilTeftamcnt,

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7i Atheomachie

entre autres innurnerables tefmoignages amp;nbsp;tref-fermes argumens contenus en iceluy, pour monftrer que les Efer it lires fainftes, comme a dit l’Apoftrc, font diuinement in-fpirces. Et que les hommes de Dieu ont par-i.riw.j. lé Si eferit eftans pouifez par le fainfl: Efprit, ^■J^ierA. fans qu’il y puiife refter aucun fcrupule,ni oc cafipn de quelque iufte foupcon de prefom-ption , ne de fraude ou fauifetc quelconque. Mais au contraire, les eftcéts miraculeux amp;nbsp;l’entier accomplillement des chofes fi eftran ges amp;nbsp;lointaines qui font là dedans prédites, Mefquclles depuis font notoirement adue-nucsàpoinél noinmc:amp; aduicnnent encores tous les iours en ce qui en peut refter à faire, mefme deuant nos yeux, u nous les fauions voir amp;nbsp;confiderer : leur feruent amp;nbsp;feruiront iufqucs au dernier iour, enuers tous ceux qui les pourront patiemment lire,ouyr,conférer amp;nbsp;examiner, comme de féaux authentiques, amp;nbsp;de tefmoins fans reproche, pour vne claire prcuue de la facree vérité contenue en icelles.

confequemmçnt fourniront vne confo-lation infinie, amp;nbsp;confirmation de foy inuin-cible à tous vrais Chreftiens membres d'vn feul chef amp;nbsp;Sauueur lefus Chrift : amp;nbsp;au contraire , le procès tout parfait, amp;nbsp;la fentence minutée de condamnation eternelle fur tous les ennemis rebelles à fon Euangile,amp; perle-Matt.iS. cuteurs des fideles Chreftiens baptifez en fon nom,

Dtf

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'Des reuelations dtuines contenues au nouueau Teilament,autrtpartie de CEfcrtture fatnEle: C7* la conferuatton miraculeufe d'icelle^ au milieu de tant d'ennemis,troubles efforts tendans à la. fupprimery des Ie commencement lufqu a ces der^ nters temps.

CHAP. VI.

Efcendons maintenant à toucher äufli quelques poinfls des chofes qui nous font pre-diéles au nouueau Teftamcnt qui eft la dernière partie de la fainfte Eferiture , contenant l’efFcift Sc l’accompliflement des promefles de falut: leqùel eftoit figuré par l’ancien auquel ces promefles fe trouuent en nombre infini,tant enlaLoy de Moyfe , qu’aux Prophètes amp;nbsp;aux Pfeaumes:qui font les trois par ties efquelles noftre Seigneur lefus Chrift luy-mefme l’a voulu diftinguer amp;nbsp;approuucr comme defon cachet diuin, parlant à fesdi-fciples apres fa mort .11 eftoit,dit-il,neceifai-re, que toutes les chofes qui font eferites de moy en la Loy de Moyfe, amp;nbsp;es Prophètes amp;nbsp;the n, Pfeaumes, fuifent accomplies. Car il cftainfi cfcrit,amp; ainfi falloir que le Chrift fouffrift amp;

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^76 Atheomachie

inc Z.

rcflufcitaft des morts autroificfmc iour : amp;nbsp;qu’on prefchaft en fon nom repentance amp;re-miffion des pccliez en toutes nations,en corn mencant depuis Icrufalcm.Or vouseftes tef-moins de ces chofes , lefquellcs ont efté vra-yement accomplies. Et ce qui en peut refter toucliant fes membres fidelcs.la prédication dcl’Euangilc, amp;nbsp;la dure perfccution à caufe d’iceluy, fc pourfuit iournellemcnt au monde,pour vn gage amp;nbsp;aflcurance que pas vn feul mot n’en tombera par terre, amp;ne demeurera point fans cffcôt. Voyons donc comment auf ft les prédications faites aunouueau Tcfta-ment font rccognucs véritables par leurs cf-fcéis. Simeon homme ancien amp;nbsp;fidèle en Ic-rufalcm,ayant prins l’enfant lefus, peu apres le temps de fa naiftance,cntrc fes bras,decla-ra qu’il cft vrayement celuy duquel défia tant de ficelés parauant,les faindls Prophètes Da-uid amp;nbsp;Efayc,auoycnt predid la vertu,condition amp;nbsp;reicdlion en ce monde. Et prophetifa des diuers eftefts de fonEuangile, difant. Voici ccftuy-ci eft mis pour la ruine amp;nbsp;pour la refurreélion de pluftcurs en Ifrael, amp;nbsp;pour ftgnc auquel on contredira. Ces chofes ne font-elles point aduenues amp;nbsp;accomplies tant en la ruine amp;nbsp;reieôlion des luifs pour leur rebellion obftinee,qu’en la vocation des Payes amp;nbsp;Gentils, qui eftoyent aftis en la region d’ombre de mort? Et quant à ce que Simeon nomme Chrift vn ftgnc ou butte de contra-diélion,

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diction,cela a efté vérifié, non feulement au cours de fa vie terrienne, par l’cnuie amp;nbsp;malice des Sacrificateurs, Doéfcurs , Scribes amp;nbsp;Pharifiens, abufeurs des Juifs, mais aulli depuis en la plufpart des hommes , tant Juifs que Gentils obftincz en leur incrédulité, par tous les quartiers de la terre, comme on le voit par les fainfts Euangiles, lesAdesdcs Apoftres, amp;nbsp;hiftoires Ecclefiaftiques.Et pareillement es eferits des J’ayens amp;des Jj.a-bins des Juifs qui ont eferit depuis fa natiui-té.Et ont tiré contre cefte bute leurs flefehes de blafphemes, amp;nbsp;dcfployé toutes fortes de rufesamp; forces pour contredire à luyamp; àfon Euangile.Lcs Juifs habitans à Rome enuiron trente quatre ans apres fa refurredion, par-loyent ainfi à l’Apoftre fainél Paul, qui auoit efté là emmené prifonnier pour cefte vérité; Quant à cefte feétc,difcnt-ils, il nous eft no-toirc qu’on luy contredit par tout. Voila cô-ment le Chrift tant attendu a efté rcccu,amp; la predication de fon Euangile: voila, di-ie', la prophetic de Simeon accomplie pleinement en foixantc fix ans apres qu’il l’eut prononcée,voire fuiuant l’ancicnc complainte d’E-faye, difant fur cefte contradiétion amp;nbsp;rcic-élion de Chrift, Qui eft ccluy qui croit à no ftre prédication, amp;nbsp;à qui cft-cc que le bras du Seigneur eft reuelé? il eft mefprifé amp;nbsp;reietté des hommes. Aucc vn long difeours que fait, là le Prophete, des fouffrances amp;nbsp;mort igno-

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'](gt; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A TH K o MACHIE

minicufc du Fils dc Dieu, amp;nbsp;du benefice Je noftre redemption. Que donc nous ne foyös iamais fcandalizcz ne deftourncz de l’Euan-gile du Seigneur lefus , comme s’il n’eftoit point le Chrift: dautant que toutes nations, juifs amp;nbsp;Gentils , amp;nbsp;leurs Empereurs, Rois, Princes amp;nbsp;luges, Gouucrncurs amp;Paftcurs, ont contredit amp;nbsp;contredifent encores, pour la plus grande part,à cefte mcfme veritcivoi-re à l’imitation des luifs obftinez contre leur propre Sauucur promis à leurs pères, car il a elle ainfi predid amp;nbsp;preordonnc.Au contraire que celle generale amp;nbsp;perpétuelle contradiction auec les pcrfccutiôs ordinaires,nous feruent de plus grande confirmation, amp;nbsp;dc vraye marque pour recognoiftre amp;: fuiurclc Rédempteur ; car celle contradiction n’cll point encores cefice ni accomplie, ains durera d’aagc en aage fur le dos des fideles Chre-lliens qui font entre les peuples idolâtres, luifs aueuglcz amp;'cndurcis, Turcs enforcelez, amp;nbsp;moqueurs abrutis, amp;nbsp;entre les faux Chre-Hiensenyurcz d’humaines inuentions, amp;de la coupe des abominations prediétesen l’A-pocalypfc dc l’Apollrc S.Ican par tout, notamment CS chapitres treizième, dixlêptief-mc amp;nbsp;dixhuiéliefmc: fous le règne de l’Ante chrill, tV iufqucs au iour prochain amp;nbsp;determine qu’il fera du tout aboli.Cc qui aduicn-dra amp;nbsp;lans doute par l’Efprit dc la bouche du Seigneur Icfus,lcqucl parle en la pure pre dication

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Ch AP. VI. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;77

«îication de fa parole. Et pour en cflrc bien afleurez, l’apoftrc fainél Paul l’a notoircmét prophetifé amp;nbsp;comme marqué au doigt, di-fant, Que la iournee de Chrifttle viendra point que premièrement ne foit aduenuc la reuolte, amp;nbsp;que ne foit manifefté amp;nbsp;defeou-ucrtlefils déperdition, Qui s’efleuecontre Dieu iufqu’à cftrc a dis comme Dieu au temple de Dieu,amp; fe monftrant foy-mcfme qu’il eft Dieu.Et plus outre,l’Apoftre pourfiiit la prophétie de la desfaite amp;nbsp;abolüTcmcnt d’i-celuy,nonobftant l’efficace de Satan en toute puiflancc, fignes amp;nbsp;miracles de menfonge amp;nbsp;abufion d’iniquité,en ceux qui periflent: dau tant qu’ils n’ont point rcccu l’amour de vérité pour eftrefauuez.Et pourtant Dieu Icuf enuoycra efficace d’abuhon à ce qu’ils cro-ycnt a menfonge : afin que tous ceux foyent iugez qui n’ont point creu à la vérité, mais ont prins plaifir à iniquité.Cepcndant le Sei. S;neur lefus a pourueu aux fiens en ceci pour es appuyer, les retenir à foy amp;nbsp;les rendre ad-uifez de bonne heure, afin que les grandeurs, forces, rules, richefles amp;nbsp;toute la fplendcur, authorité amp;nbsp;puilfancc del’Antechriftamp;du monde, ne les esblouylTent point, amp;nbsp;ne les deftournent apres luy en perdition. Pourtât ce grand Roy des Rois leur a prediél l’adue-nemcntamp; la qualité toute fpirituelle de fon regne inuifiblc, odieux amp;nbsp;mcfprifé au monde, difant qu’il ne viendra point, amp;nbsp;ne ƒ vfta-

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8o AtmeomaChie

blira à la façon des royaumes terriens , auec grand luftre , pompes amp;nbsp;apparences humaines , mais au dedans de fes fideles. Et qu’il n’eft point de ce monde,ni appuyé ou défendu par les forces mondaines, car elles luy font le plus ordinairement contraires ;ainfi que les hiftoirestât fainéles qu’autres le tcf-moignent ; car il n’y a pas eu quelqu’vne des quatre Monarchies ou Empires louuerains du monde qui n’ait oppreiTé fon Eglifeen certain temps,amp; en pliifieurs manicrcs,com-mc elle le fera iufqu’au dernier iour,toufiours en quelque façon que ce foit , amp;nbsp;en diuers lieux : combien que ce Royaume fpirituel, cefte Euangile du Royaume des deux n’ofte amp;nbsp;n’empefehe point cà bas les dominations *•amp;.' puiflanccsfupcricures, ni la police amp;nbsp;gou-uernemens de ce monde, mais les conferme amp;nbsp;leseftablit. CaraufTi, Dieu feul eneftle fondatcur,le3 donne à qui luy plaift,lcs main tient amp;nbsp;authorife. en y alTuicttiffant, (fous toutesfois l’obeifiance de fon Empire ccleftc i/ fouucrain)toutcs pcrfonncs,grands,pctis, Paftcursamp; brcbis.fans excepter homme quel conque, ne mcfme Prophete, ni Apoftre. Commandant expreifement à tous d’y entendre amp;nbsp;de reuerer aucc humble amp;nbsp;loyale obeiilance, tous fiipeneurs, Rois amp;nbsp;Princes, Gouuerneurs amp;nbsp;Magiftrats, amp;nbsp;de leur payer •^^‘‘«■17. tous deuoirs, tributs amp;nbsp;péages. Non point par feintife ou crainte de punition, ains fidèlement

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C H A P. VI. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;8r

IeiTient,amp; pour l’obligation de la confcience enucrs Dieu: lequel les a conftituez enceft honneur, charge amp;nbsp;vocation pour fon ferui-ce: amp;nbsp;en eft le protedleur amp;nbsp;garent.Audi voit on communeinent que ce (cul Roy des rois, amp;nbsp;Seigneur des feigneurs les furhaufle en gloire, les fait florir,amp; les bénit de lignée,de fanté,longue vic,profpcritc,honncurs,richcf fes amp;nbsp;forces,renucrfant leurs ennemis,quand ceux-ci font leur office debons Princes,coni me vrais Pafteurs amp;nbsp;Pères de leurs peuples amp;nbsp;fuiets(pour l’vtilitc defquels ils ont efte créez amp;nbsp;ordonnez de la dinine prouidence.) Et quand ils hébergent amp;nbsp;maintiennent en leurs terres amp;nbsp;eflats bénignement fon Egli— fe, qui eft eftrangcreamp; voyagere au monde, . cerchant meilleur pays, aftauoir le Royaume celeftc,amp; la cite de beatitude glorieufc que //efc.n. Dieu luy a préparée fur les cieux. Ainfi a-il bénit amp;nbsp;fait profperer ces grands Rois, Da-uid,Salomon.Iofaphat,Ezechias,Iofias,Con ftantin, Theodofe, amp;nbsp;tant d’autres. Au contraire il aduient fouirent, mefmcs au milieu de lacourfe de cefte vie mortcllc,que Dieu arrache en fon ire, ceux-là qui fontobftincz à empefeher 8i renuerfer fon Regne en terre, qui eft le facré Miniftere de fa pure*parole. Ainfi qu’il a renuerfe amp;nbsp;puni horriblement les anciens perfccutcurs,Pnaraon,Achab,Io-ram , amp;nbsp;tant d’autres en fon peuple d’Ifrael; puis Antiochus,Hcr odes, fes enfans amp;nbsp;leurs

F.j.

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8x Atheomachie

femblablcs. Audi Néron, Domitian, Iulian, amp;nbsp;leurs compagnons en mefmcs cruautez entre les Cefars, amp;nbsp;tant d’autres en diiicrlcs contrées de ce monde,en tous aagcs,amp; de no ftre temps,defquels pcrfecutcurs les noms fc Voyent es hiftoires, amp;nbsp;font chroniquez pour mémoire exécrable à iamais comme le nom de Pilate gouuerncur Romain , au fymbole desApoftres. Et cela pour s’eftreaddonnez amp;nbsp;endurcis à perfecuter le Seigneur en fa po-urc Eglife,amp; à vouloir exterminer, bannir amp;nbsp;chalfer fon fainôl Euangile qui efl fon regne fpirituel, loin d’eux,amp; de leurs eftats amp;nbsp;pays qu’il leur a donnez,fans qu’ils ayent confidc-rénerecognu que c’eft pour le cours de l’E-uangile,amp; réduction des eflcus reftans encores àappeller, amp;nbsp;par les fainélcs prières des ßdcles,quc dure encores ce monde. Dauan tage nous font predides au nouueau Tefta-ment les perfecutions domcftiques,lcs feftes d’inuentions humaines, amp;nbsp;de perdition, fu-perftitions amp;nbsp;confufions horribles qui de-uoyent affliger la Chreftienté dedans foy-mcfmc,cn diuerfes maniérés. Comme de fait elle a efté mifcrablement defehiree de fes do nlcftiqucs,apoftats,hcrctiqucs,amp; par Mahu-met amp;nbsp;l’Antcchrift Romain. Or cefte eft là condition en ce pèlerinage terrien de fouf-frir toutes fortes d’opprcflions,dautant qu’ci le cfpcrc au Dieu viuant ennemi des vices amp;nbsp;des idoles.Et le Seigneur Icfusl’a prophetife

° nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;luy-mcfx.

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C H À P. V i. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;8^

lüy-mcfmc,predifant auxfiens, Vous aurez angoilTc au monde, mais ayez bon courage, l’ay vaincu le monde. Et encores,Ils vous li-urcrontpoureftreaffligez, amp;nbsp;vous tueront, amp;nbsp;ferez hais de toutes gens pour mon nomi Plus, S’ils m’ont perfecutéjauffi vous perfe-cutcront-ils î amp;nbsp;mefme le temps vient que qui vous tuera, cuidera faire feruice à Dieu. A quoy aufli les anciens doéteurs de l’Eglife s’accordent en plufieurs paffages de leurs ef-crits, entre Icfquels aucuns ont dit exprefle-ment, Que celuy qui eft perfecüté enfuit le-fusChrift: mais celuy qui eft Opprefleur amp;nbsp;pcrfecutcur fuit l’Anteclirift. Défait, ceux qûi deuorentne font Pafteurs ne brebis, car les Pafteurs amp;nbsp;btebis ne fauent que paiftrc,amp; non pas deuorcr ; mais ce font loups amp;nbsp;lions qui ne fauent point paiftre, ains defehirer, tueramp; deuorer les brebis. Or elles feront retirées viues 8c entières des gouffres de leurs entrailles au dernier iour. Cependant il faut que la vraye Chreftientc foit ainfi traittee amp;nbsp;perfccutee par celle qui fauffement fe nomme Chreftienté gt;nbsp;laquelle en lieu d’vn feul Chrift feul efpoux amp;nbsp;mari,en reçoit reclame^ amp;nbsp;couche en fon liét à milliers. Mais la vraye Eglife de lefus Chrift eft Vnie purement à fon mari,amp; crucifiée auec luy par l’Eglife des hami; malins Principaux Sacrificateurs, Dofteurs de la loy, Scribes, Pharifiens amp;nbsp;leurà tyrans efclaues Seferuiteurs. LcsmcfmesDodeurs

Tean i6, leM

S.Ttrufmti

F.ip

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gj Atheomachie

5.BcnMrlt;J anciens tcfinoignct auiT^quc les premiers amp;nbsp;quot;deulm- empreflez a pfccutcr les vrais Chreftiés uerfion de mcbres de Chrift, font ceux-là qu’on voit S.Paul, tenir le premier reng amp;. auoir la principauté en l’Eglifc Chrçfticnnedefqucls d’vnc licence effrenee amp;nbsp;puiffancc abfoluc mettent à feu amp;nbsp;à lang la cite de Dieu. Quant aux fc-étes de perdition amp;nbsp;defuoyemcns apres autres reiglesque lareiglc vnique de {alut,qui eft d’eftre purement Chreftiens de Chrift,au feul nom duquel il nous faut cftre fauuez (car il n’y a point de falut en aucun autre, comme le declare S.Pierre,)Nous voyons ce qu’en a prophetifé l’Efprit de Dieu parla bouche derÂpoftreS. Paul parlant aux con-jQ duétcurs mefmcs de l’Eglife. Ils fe leueront d’entre vous-mcfmcs,dit-il,des hommes an-noncans chofes peruerfes pour attirer des di-fciples apres eux. Et l’Apoftrc S.Pierre en a prophetifé ainfi,Il y aura entre vous des faux doéleurs qui introduiront des fcéles de perdition , amp;nbsp;par auarice feront marchandife de vous. Combien que Satan n’a point attendu de les fufcitcramp; mettre en œuure iufques a-pres la mort des fiinéls Apoftres : mais l’a défia commencé de leur temps,comme nous voyons que S. Paul »’en plaint ia de fon teps i.Cor.i. aux Corinthicns,difant,Chacun de vous dit. tÿ'j. Moy ie fuis de Paul :Et moy d’Apollos: Et moy de Cephas: (qui fignifie Pierre) Et moy de Chrift. Chhft eft-il diuifé ? Paul a-il cfté crucifié

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Chap, v i 85 crucifié pour vous?Ou,auez-vous cftc bapti-fcz au nom de Paul? Et toutcsfois ce mal n’a peu eftre cuite: mais toute la Chrcftienté eft remplie de ces diucrfcs fcélcs, amp;nbsp;rcigles beau coup pires que l’abus des Corinthiens. Car encores de pre{ent,les vns difcnt,N ous lom-mes de l’ordre amp;nbsp;reigle d’vn tel faincl : amp;nbsp;les autres d’vn autre, car il y en a en grand nombre , de forte que tout eft plein d’autres Patrons d’ordres,rcigles amp;nbsp;reclcs,amp; d’autres in-tcrcclfeurs , médiateurs amp;nbsp;aduocats, au lieu qu’il n’y a amp;nbsp;ne peutauoir chef ni aduocat qu’vn fcul lefus Chrift, duquel l’Apoftre S. lean dit ainfi , Nous a ïons vn aduocat en-uers le Perc, affauoir Icfus Chrift le iufte. Et S.PauI dit,que Chrift eft à la dextre de Dieu, i.Ieaa 1. amp;nbsp;fait requefte pour nous , amp;nbsp;qu’il y a vn Dieu, amp;nbsp;auflî vn xMoycnneur entre Dieuamp; les hommes,Icfus Chrift homme,lequel mef me nous commande de prier Dieu amp;nbsp;de luy demander,non pas au nom des Anges ou des Prophètes ou des Apoftres, mais feulement enfon nom,amp;en fomme dit, Toutes chofes que vous demaderez en mon nom,il les vous donnera : voire qui feront felon fa volonté, comme l’expofe S. lean en fa premiere Epi-ftre. Plus au mefme nouueau Tcftament en la premiere Epiftre de l’Apoftre S.Paul à Timothée au chapitre quatricfme, Le fainél Efprit a notamment prediél qu’es derniers temps aucuns fc reuolteroyent delaFoy de

F.üj.

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8(^ Atheomachie

I’Euangile, s’amufans aux doftrincs des diables, enfeignansmenfonges, defendans dcfe marier,amp; commâdans de s’abftenir des viandes que Dieu acreeespour en vfcr aucc aftiô de graces.Et pourtant 4u fécond chapitre de l’Epiftreaux Colofliens, il auoit de bonne heure admonnefté les Chrcfticns de ce téps-; là, de fe bien garder des faufles dénotions qui des lors s’introduifoyent par les faux Apo-ftres,mefmcs en diftindions au manger amp;nbsp;au boire, en la difference des feftes amp;nbsp;autres Jfttc.t ’?. ioursj Si au feruice des Anges amp;nbsp;creatures.

Lequel feruice fpirituel Si des confciences n’appartient à autre qu’à Dieu fcul, car il eft eferit, Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, amp;nbsp;à luy feul tu feruiras. Mais ces abus font touf-iours creus amp;nbsp;augmentez depuis le temps des fainds Apoftres amp;nbsp;difciples du Seigneur, qui font morts pour défendre amp;nbsp;feeller de leur /an g cefte pure vérité de l’Euangilc. Et puis le monde en a fait des patrons, aduocatsamp; interceffeurs, (comme auflî il a dreffé fes dénotions aux Anges contre leur defenfeex-{)rc(fe)amp;leur a-on bafti des temples, chapel-es amp;nbsp;autels en leurs noms contre leur dodri ne.Pour laquelle maintenir,eux tous amp;nbsp;Icfus Chrift mcfme, font encores à prefent perlè-cutez au monde en la perfonne des ndeles Chreftiens qui la veulent fuiure amp;nbsp;garder, , Combien que cependant chacun voit claire-tpçnïlçs fruids pourris amp;nbsp;maudits qui font prouenus

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Chap, v i. 87 prouenus de toutes ces dénotions,facrilegcs» amp;nbsp;innentions humaines. Car par le mcfpris amp;nbsp;prohibition dufainft mariage(queleS.E-fprit appelle honnorablc,amp; couche fans macule,amp; qui cft ordonné pour tous qui en ont befoin) le pourc monde eft rempli d’infame-tez,adultercs,paillardifes amp;nbsp;autres infeftions de Sodomc amp;nbsp;Gomorrhe.Auflî par les differences des iours amp;nbsp;des viandcs,rcgnc l’hypo-criiîcamp; l’opinion facrilegc de pouuoir mériter amp;nbsp;gagner les pardons des pechez,amp; paradis. Ô blafpheme horrible contre noftre Seigneur Icfus Chiift,par lequel feul nous a-uons remilîion de nos fautes,amp; falut! Car il a fait la purgation d’iccux,amp; luy feul cft noftre f/tbr.ù merite, car fon fang précieux nous purge amp;nbsp;nettoyé de tout pcchc\ Et par les feruices di-uins qu’on a faits amp;nbsp;dreflez aux Anges,amp; aux lainds qui ont vefeu en ce mode, cefte vraye cognoiffance de noftre Seigneur Icfus, amp;nbsp;de fon propre amp;nbsp;perpétuel office d’Interceflcur vnique, Mediateur amp;nbsp;Aduocat, Prophete, Dodeur, Roy amp;nbsp;Sacrificateur eternel, feul //«fcr.T./. chef amp;nbsp;Sauueur defonEglife, aeftedutout ^9-obfcurcie,^ comme enfeuelie amp;nbsp;efteinte.Or l’efprit de Dieu , les Anges, les Apoftres amp;nbsp;voire les fainfts doéleurs anciens ont condamne expreflement toutes telles dénotions amp;nbsp;feruices de la confcicnce, inuocations des fainéls retirez de ce monde , offrandes amp;nbsp;fa-crificcs , finalement condamneront les i-

F.iiij.

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88 Atheomachie

dolatres. Aufïï au nouucau Teftamènt nous cft prediftc l’incrcdulitc obftinec du monde , amp;nbsp;des Atheiftes amp;nbsp;moqueurs de Dieu amp;nbsp;de fd parole,leurs blafphcmcs horribles, mef pris de leur falut,amp; fon redoutable amp;nbsp;dernier iugement fur eux. Comme quand le Seigneur luy.-mefme a predift à fes Apoftres qu’à fon retour des deux en iugement au monde,tout y fera plein de confuuons,d’im-pjçt^,j»jpiy{|ij-e,d’cxtorfions,amp; d’vne extreme amp;nbsp;defefperee ftupiditc. Et pourtant que nous auons bien là deflus à prier Dieu fans nouslalfer. Carcuidez vous, dit-il,quand le Z«fi8, ßjj l’homme viendra qu’il trouue foy en terre? amp;nbsp;encores. Comme il aduint es iours de Noé, on mangeoit, on beuuoit, on faifoit des mariages,iufqu’au iour que Noé entra en l’arche, amp;nbsp;le deluge furuint qui les deflfit. Audi es iours de Loth on mangeoit,on beu-uoit,on achetoit,on vendoit, on plantoir, amp;nbsp;on edifioit : mais au iour que Loth fortit de Sodome, il pleut feu amp;nbsp;fouffredu ciel qui CM.15. deffit tous : ainfi en fera-il au iour que le fils de l’homme fera manifefté. Saind Paul a prophetifé de ceci en diuers lieux de fes E-piftres, amp;nbsp;mcfmc en la lêconde àTimothee au chapitre troifierae, difant, qu’il viendra CS derniers iours vn temps fafeheux, caries hommes feront auaricieux.contempteurs de Dieu, defnaturez, calomniateurs , cruels,

traiftres.

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C H A P. V I. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;89

traiftrcs , addonnez à leurs voluptezpius toft qu’à Dieu L’Apoftre fainét Pierre amp;r aufli fainft Jude ont predict le mefme, 8c plus cxprcfleinent encores touchant ces moqueurs de Dieu,Acheiftes,Epicuriens, voluptueux 8c diflolus, defqucls la terre cft chargee notoirement, amp;nbsp;gémit fous le faix de leurs blafphemcs, iniuftices amp;nbsp;enormitez. Et voici les propres mots de cefte prediiftion faite il y a plus de quinze cens ans : aftauoir, qu’il viendra es derniers ioiirs des moqueurs ' cheminans felon leurs appétits,amp; difans, Oib eftla promefle defon aduenement ? car toutes chofes perfeuerent ainfi,mais ils ignorent volontairement que lescieux ont prins leur eftre iadis, amp;nbsp;la terre dedans l’eau par la parole de Dieu, amp;nbsp;que le monde d’alors eft péri par vn deluge d’eau, mais les deux amp;nbsp;la terre font referuez pour le feu au iour du iu-gement, 8c de la deftrudion desmefehans. Cefte prophetic n’eft-elle point en ce temps ici bien recognue veritable ? Que refte-il donc maintenant, ô Chreftiens, en vn tel a-bandon amp;nbsp;deluge de tous vices qui couure la terre , fmon d’attendre le fubit amp;nbsp;final deluge de feu , amp;nbsp;l’cmbrafement de l’ire de Dieu , ce grand feu , di-ie, qui deuorcra tout le monde ? C’eft auffi la dernicre des prophéties dunouueauTeftament,amp; qui a-uoit cfté défia rcuelce fous le vieil,aux Patriar ches amp;nbsp;Prophètes: amp;nbsp;entre autres à xMoyfc,

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90 Athfomachiï

Dauid , Efayc amp;nbsp;Malachic : amp;nbsp;dont le Seigneur parle amplement au chapitre vingt-ejuatrieme amp;nbsp;vingteinquieme de S. Matthieu , predifant qu’il viendra es nues du ciel auccpuiilanccamp;grande gloire,amp; tous les fainds Anges aucc luy , amp;nbsp;fe ferra fur le fiegc de la gloire, recueillant les bénits en fon Regne celcftc , amp;nbsp;prononçant aux malins amp;nbsp;cruels cefte horrible fentencc, Allez maudits àu feu éternel qui cft preparé au diable amp;nbsp;à fes Anges. Et ceux-ci iront en tonnent éternel, mais les iuftes iront en la vie éternelle. Ce iu^ement dernier cft aiilTi prediâ:amp; de-nonce par les faincls Apoftres en toutes leurs Epiltres ,amp; aux Aétes, amp;cn l’Apocaly-pfeliurctout rempli de prophéties amp;nbsp;diui-ncs rcuelations des confufions de ce dernier temps, pcrfccutions continuelles, abominations amp;nbsp;cruautez de l’Antechrift amp;nbsp;du monde obftiné, Sc de leur deftrudion amp;nbsp;delà gloire éternelle appreftee là fus auxfidçles Çhreftiens, tormentez Sc accablez de raua-ges amp;nbsp;pcrfpcutions en terre.Mais.dit l’Efprit n. de Dieu,Aux craintifs amp;nbsp;incredules,aux exécrables amp;nbsp;mçurtriers.aux paillards amp;nbsp;empoi-fopneurs, aux idolâtres amp;nbsp;à tous menteurs, leur part fera en l’eftang ardent de feu amp;nbsp;de fouflre.qui cft la mort fécondé. A cela fe rapporte cefte prophetic de l’Apoftre.S.Paulen la féconde Epiftre aux Theflalonicicns chapitre premier,difant,que le Seigneur Icfusfc monftrcra

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Chap. VI. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;9’

monftrcra du ciel aueclcs Anges de fa puif-fancc,amp; auec flamme de fcu,faifant vengeance contre ceux qui n’obeiffent à fon Euangi-Icjlcfquels feront punis de perdition éternelle àfa venue. Oyons dôc favoixauiourd’huy /Mrj. fans delayer à demain, amp;c fuiuons promptement ce qu’il commande à tous, difant,Rc-pentez-vous amp;nbsp;croyez à l’Euangile. Car qui ne croira fera condamné, d’autant qu’il n’a Afarcù point creu au nom du Fils vnique de Dieu. Il ö’' y a encores à noter finalement vne prophetic amp;nbsp;promefle réitérée au nouucauTeftament qui auoit défia efté donnée à l’ancien peuple de Dieu, laquelle eft eferite au chapitre premier delà premiere Epiftre de S.Pierre, c’efl: que la parole de Dieu demeurera ctcrnellc-ment. Voire,dit-il,ccftc parole qui vous a c-fte annoncée. Et c’eft cela que promet lefus Chrifl: mefme,difant,Le ciel amp;nbsp;la terre pafle- a{411.14. font, mais mes paroles ne paiferont point. Cefte diuinc parole nous a efté delaiflce en l’Efcriture fainde, dont l’Efprit de Dieu cô-mande par la bouche de l’ApoftrcS.Paulan premier chapitre de l'epiftre aux Galatiens, Que fl les Apoftres mefmcs venoyent, ou va Ange du ciel euangelizer autrement que ce-fl:c parfaite vérité contenue en l’Euangile, il foit anatheme, c’eft à dire en malédiction.

Carauflî il protefte au vingtiefine chapitre des Aélcs qu’il a fidèlement annoncé tout le confeftdc Dieu.Or cefte parole du Seigneur

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91 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A T H E O M A C H I E

37IÏO.

l-A/aeh, I,

nous eft demeurée faine amp;nbsp;entière parfi mi-fcricordc.Et ladite prediction a eu toulîours en certains lieux fes efteCls falutaircs,comme elle auoitcu entre le peuple ancien d’ifrael, malgré Satan amp;nbsp;l’Antcchrift, amp;nbsp;toutes fes ru fes forces,amp; toute la rage du mondc:qui a fait toufiours les efforts de la perdre amp;nbsp;abo-lir.Commc iadis le Roy Antiochus Epipha-nes figure de ce maudit Antechrift, fous l’an du monde trois mille fept cens foixantc, qui eft paffe il y a défia mille fept cens quarante quatre ans,employa fes edifls amp;nbsp;fes threfors, les armées amp;nbsp;fes forces pour faire perdre amp;nbsp;brufler les liurcs de l’Efcriture faindc,tucr amp;nbsp;exterminer tous les fideles qui ne fe vou-droyentrcuolterdeceftefacree doétrine. Et ce tyran exerça des horribles cruautez amp;nbsp;per-fecutions, toutesfois il n’en peut iamais venir à bout,ains le Roy des rois(auquel ce mal heureux faifoit la guerre, pour maintenir amp;nbsp;affermir l’idolâtrie) le frappa, amp;nbsp;lors ilreco-gnut trop tard fa cruauté amp;nbsp;fon iniuftice : fi mourut iniferablemcnt. Et apres luy fon fils perdit auffi le Royaume amp;nbsp;la vie, amp;nbsp;fut occis par l’armee de fon fucceffeur Demetrius.Depuis cctcmps-làles imitateurs d’Antiochus aucc toutes leurs forces amp;nbsp;armées fe font toufiours efforcez amp;nbsp;s’efforcent encores à prefent par tous moyens d’abolir cefte vérité, amp;nbsp;de tuer amp;nbsp;exterminer les fideles quila gardent,

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Chap. vi. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;93

gardent, êc quifuiucntlapuredoftrinc d’icelle : amp;nbsp;exerceront mefmes cruautez, iuf-ques au terme que Dieu y a mis, lequel ils ne pourront palTer ; ncantmoins cefte celefte prophétie aura fon cours amp;nbsp;fes effefts au faint des vrais Chreftiens, amp;nbsp;à la perdition des perfccuteurs incredulcs:c’cft que la parole de Dieu voire auec fon Eglife demeurera éternellement, car l’Eternel l’a dit, parlant ainfi; Voici mon alliance auec eux, mes paroles ne bougeront point de ta bouche, ne de la bou-clic de ta f mcncc , ne de la bouche de la fc-mcncc detalèmcnce,dit l’Eternel,dcs main-tchant amp;nbsp;dorcfnauant à igmais. Voila quant aux marques manifeftes de la facrcc vérité du Dieu viuant,contenuc aulEbien aunouucau qu’au vieil Teftamcnt, amp;c mcfme déclarée plus familièrement au nouucau. Et aulE quantàlaconfcriiation miraculcufc Si perpétuelle de l’Efcriturc fainfte,laquelle eft demeurée par l’infinie bonté, puilTanccamp; grace de Dieu à fon Eglife, amp;nbsp;luy demeure toufiours faine amp;nbsp;entière au milieu de toutes nations,Sc parmi les tcmpcftes,troublcs,pcr-fecutions amp;nbsp;furieux efforts de Satan,de l’An-techrift amp;nbsp;du monde, des le commencement qu’elle a efié infpiree amp;nbsp;eferite , comme elle demeurera encores infailliblement iufques au dernier iour auec icelle Eglife. Là ou par le contraire la plufpart des efcriturcs mondaines font perdues, amp;mefiTics les grandes

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94 nbsp;nbsp;nbsp;AtHEO MACHIE

librairies aflcmblees amp;nbsp;foignciilement gâf-decs aux dclpens des grands Rois, amp;nbsp;Monarques anciens de laterre.LcfqucIsaufli finalement font cfcoulez,effacez amp;nbsp;perdus aucc les torrens de leurs forces.Mais l’Efcriturc iain-étc amp;nbsp;l’Eglile , bien qu’elle foit cabas tant contemptible, eft neantmoins immortelle:

1 Pkt nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Eferiture ôc le tcfmoignage de

Dicu,amp; l’Eglifc eft fa maifon fpirituclle, fou

J dec fur la vine roche amp;nbsp;pierre angulaire, qui eft noftre Seigneur Icfiis Chrifi j vray Dieu bénit éternellement. Amen.


VIL

O N c\y E s fl nous fommes troublez en nouf-mcfmes voyant que l’Efcriturc fainfte cft ordinairement quafi par tout le monde ficontempti-ble,reiettce,amp; mefine blafphc

mec outrageufement, haye, moquee de plu-fieurs des grands amp;nbsp;fages mondains contempteurs

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C H A P. V I I. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;95

pteurs de Dieu,voluptueux,auaricicux I. fu-pcrftiticux ; amp;nbsp;des peuples qui volontairement ignorent lefculamp;vray moyen de leur falut: lequel gift en lapure cognoiflancc amp;nbsp;obcillance de cefte parole de vie : amp;nbsp;fi cela nous fcandalize cftrangcment, qu'elle n’a point d’entree en pluficurs nations du monde,ne dedans les ca:urs,amp; confcicnces ftupi-des amp;nbsp;endormies, d’vn fi grand nobre d’Iiom mes: amp;nbsp;qu’cncorcscn laplufpart de ce petit nombre , au milieu duquel Dieu l’a publiée amp;nbsp;logee, par (a grace, elle ne peut dcfployer fes effcéls amp;nbsp;fa pleine vertu,ne faire frudificr fes auditeurs en fes dignes fruifts de repentance amp;nbsp;reformation vrayement Cbreftien-nous fouuicnne de ce qu'à eferit l’Apoftrc S. lean au chapitre troifieme de fonEuangilc, Se qui font les propres mots du Fils de Dieu noftrc Sauueur, (afin qu’vn fi grand fcandale n’esbranlc ni deftourne ceux , qui font appelez) c’eft que la caufe d’vn tel mefpris, amp;nbsp;par confequent de la iufte condamnation du monde, fe trouuera es mon-■ dains. Pource que la lumière de vie eftantve nue au monde obfcurcie de profondes tenc-bres de pechc , les hommes ont mieux aimé les tenebres de mcnfongc,quc la clarté de ce-fte Parole,dautant que leurs œuurcs eftoyent mefehantes. Comme les mal-faiteurs fiiyent amp;nbsp;hayflent la lumière de peur d’eftre defeou uerts , amp;nbsp;que leurs mefehantes œuurcs ne

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9lt;3 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A TH EOM A CH IF.

foyer t cognucs amp;nbsp;reprinfes. Mais ceux qui ie portent en vérité amp;nbsp;en rondeur de bonne confcience, viennent volontiers à la lumière comme vrais enfans d’icelle. Voila donc la Icule malice,amp; mauuaifc confeiénee de l’ho-mc.qui luy fait mcfprifer,moqucr amp;nbsp;reietter fon fa 1 lit, quelque ignorance qu’il fache alléguer pour fon extu/e, amp;: pour vouloir excu-fer le monde aueefoy, S)i par ainfife cacher dedans la multitude des mefehans. Car ce n'eftqu’hypocrific de toutes fes belles intentions amp;nbsp;excuies, Sc de toutes les dénotions mondaines,car il en cache amp;nbsp;couure comme d’vn manteau les tenebres de fon cœur malin, fon infidélité amp;nbsp;fesœuures mefehantes, amp;nbsp;eif dcfguife aucunement fa mefehanteSc laide vic,afin de s’y mieux entretenir amp;nbsp;cou-lu ir, pour viure à fon appétit, amp;nbsp;non point fous la regle de la parole de Dieu, car il demeure fourd amp;nbsp;aucuglé en fon aine , pource qu’il ne veut point ouurir fes oreilles ne fes yeux. Il eft ignorant,amp; fans fcience de la vo-] Oté de fon créateur amp;nbsp;fouucrain iugc,pour-ce qu’il ne le veut ouyr parler, amp;nbsp;n’en veut fa uoir dauantage que ce qui luy plaift, amp;nbsp;s’en penfe bien repofer fur la côfcience d’autruy. Mais comme ceux qui auront péché ayans la Loy,fcron6 iugez par la Loy : aufli tous ceux qui auront péché fans la Loy, périront fins la Loy,car ils font tous en cux-mcfmcs,amp; en A dam leur pcrc, enfans d’ire de leur nature.

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à dire condamnez : tellement que leur ignorance leur feruira de condamnation , en lieu de les exeufer, amp;nbsp;qu’vn chacun portera fon propreErrdcaud’inndelitc amp;nbsp;d’iniquité, au dernier foufpir de fa vie, amp;nbsp;au dernier iuge-ment de Dieu,quoy qu’il s’en cuidê bien def-charger par autre moyen que par l’obeiiTan-ce de l’Euangilc.Que fi nous cerchons encores quelque caufe plus haute d’vn tel horrible mefpris de cefte parole diuine, fouuerai-nernét digne d’eftre rcuerce, rdccué amp;nbsp;obeye de tout le monde^cognoilTons que cela cft vn arreft fecret du grand luge cclcftc. Qui pour fe manilcfter le feul Dieu amp;nbsp;iuge du monde, Dicu,di-ic,parfaitement iufle amp;nbsp;parfaitemét milcricordieux , a enclos tout le genre humain fous vne tref-iufte condamnation, laquelle Adam a tiree fur foy amp;nbsp;fa pollcrité de fon plein grc amp;nbsp;fans contrainte. Ce quieft aduenu afin que ce grand Dieu fe fill voye amp;nbsp;ouuerture par ce moyen,à l’execution de fon decret amp;nbsp;propos eternel, amp;nbsp;dcfployaft tant fes iuftes iugemens fur le monde toutcoul- jiom.j, pable douant luy, qu’aulTi les threfors de fa tîr j. mifcricorde amp;nbsp;de falut offerts à tous en no-ftre Seigneur lefus Chrift , amp;nbsp;toutesfoisre-ccus feulement des elleus qu’il a de toute e~ ternitc ordonnez à la vie cternelle,lcfqucls il appelle au temps de fon bon plaifir amp;nbsp;par l’ef ficace de fon fainél Efprit à la foy,de l’Euan-gile pour les iullifier amp;nbsp;glorifier en iccluy

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98 Atheomachie

jncfiive le fil s Chrift, felon que comme il le declare par la bouche de l’Apüftre S. Paul au premier chapitre de l’Epiftre aux Ephelîcns, Il les a efleus en fon bien-aimc,deuant la fondation du monde, nous ayant donné àco-gnoiftre le fecret de fa volonté en ce que nous auons ouy la parole de vérité amp;nbsp;bonne nouuellc de noftre falut. Il nous a donc donné ce priuilege fpccial, amp;nbsp;en ndus eflifant mi fcricordicufement, il a iuftement dclaiilé les autres. Ainfi qu’il eft eferit au chapitre neu-ficme de l’Epiftre aux Romains,l’ay aimé Iacob,amp; hay Efau.Car il dit par Moyfe,rau £xoJ.]]. ’■^y nierci de celuy a qui ie voudray faire mer ci, amp;nbsp;feray mifericorde à qui ie voudray faire mifericorde. Et qui es-tu qui répliques contre Dieu? Le potier de terre n’a-il pas puif-fancc dt faire d’vnc mcfmc inafl'c de terre, vn vaiffeau'à honneur amp;nbsp;autres à déshonneur. Car Dieu veut ainfi monftrer fon ire, amp;nbsp;faire cognoiftre fa puiflancc, endurant en grande patience les vaifleaux d’ire appareillez à perdition : amp;nbsp;monftrer les richelles de fa gloire CS vaiifeaux de mifericorde qu’il a préparez à ■ gloire, amp;nbsp;lefqucls aufli il a appelez, car mcfmc quand le nombre des enfans d’Ifrael fe-roit comme le fablon de la mer, fi n’y aura-il de fauué que le refidu : car pluficurs font ap-pclcz,mais peu font efleus , comme a déclaré le Seigneur au vingt-deuxicfme de fainét Matthieu, dauantage au dixfcptiefmc de S.

, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lean

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Chap. vu. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;9Sgt;

lean,il prie le Pere cclcfte, non point pour le monde,mais pour ceux lefquels le Pere luy a donnez du monde, amp;nbsp;ceux qui croiront en i-celuy parleur parole. Or tous ceux-là font ceux qui obeifl'ent à fon Euangilc, amp;nbsp;dont il parle au huiéliefmc chapitre de fainftican, difant aux incrédules amp;nbsp;malins: Quieftde Dieu il oit les paroles de Dieu , pourtant vous ne les oyez point, à cauic que vous n’e-ftes point de Dieu j mais afin que les hypocrites ne fc trompent eux-mefmcs, notons que cefte ouye emporte quant amp;nbsp;quant l’o-hcißancc de Foy,car autrement ouyr l’Euart-gileamp; la volonté de Dieu, amp;nbsp;cependant ne thanger point de vie, amp;nbsp;ne s’en faire que fe-Courre les aureillcs, c’eft ouyr à double condamnation , comme dit le Seigneur : que le Luc ui feruiteur qui a cognu la volonté de fon mai-ftre, amp;nbsp;ne l’a point faite, fera beaucoup plus' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gt;

griefuement batu. Pourtant il préféré l’obeif fance de l’Euangile à toute rexccîlence de fon parentage terrien,difant,Qui cft ma mere, amp;nbsp;qui font mes frères? Ceux-là font ma mere amp;nbsp;mes frères qui oyent la parole de Dieu amp;nbsp;la mettent en effeft. 11 declare auffi qu’il ne faut point cerchcr de beatitude amp;nbsp;de falut dehors de cefté parole fàcreciQuand v-nc femme d’entre le peuple eileuant fa voix^ luy dit,ce quieft vcritablc,Bicn-heureux cft te ventre qui t’a porte, amp;nbsp;les mammcllcs que tu as fuecces:adonc il dit, Mais pluftoft bien-

G-ij.

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loo Atheomachie

Inez.

heureux font ceux qui oyent la parole de Dieu amp;nbsp;la gardent. Et à bon droit, car en la foy de cefte parole, la vierge Marie a elle déclarée bien-heureufe amp;nbsp;fauuce, comme Eli-zabetluy a dit, Bien-heureufe eft celle qui a creu:amp; auflînousy eft offerte larcmiffion de nos péchez par lefus Chrift, ce qui eft noftre fouuerainc beatitude,comme le fainél Efprit declare au Pleaume trente deuxicfmc,amp; aufll par l’Apoftrc au quatriefmc des Romains. Nous voyons donc clairement à quoy il tiét que fl peu de gens entrent amp;nbsp;cheminent par celle voyc eftroite de l’Euangile qui meine à falut: amp;nbsp;qu’au contraire la groffe multitude du monde, entre amp;nbsp;s’en court à vau déroute parle plain chemin large amp;nbsp;Ipacictix qui mci neàpcrdition. C’eft en fomme poureeque ceux qui demeurent ignorans, ou obftinez ennemis de l’Euangile amp;nbsp;rebelles, ne font point des cllcus amp;nbsp;enfans du pere celefte, ni de fon Eglife, ni de la femence legitime d’icelle, laquelle Eglife a celle promeffe que fes enfans feront les efcolicrs amp;nbsp;enfeignez de Dieu. Et par ceux- là feulemcpt, la fapicnec diuine parlant en l’Eferiture fainôle, fera re-cognue, obeye amp;nbsp;iuftihec, comme elle mef-me le declare au dixième chapitre defainft lean, difant, le cognoy mes brebis, amp;nbsp;fuis cognu des miennes. Mais quant aux incrédules, il leur dit. Vous ne me croyez point, pource que vous n’ellcs point de mes brebis.

Mes

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C H A P. VII. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lOÏ

Mcsbrcbis oyentma voix,amp; ic lescognoy,amp; elles me fuyiicnt, amp;nbsp;ic leur donne vic éternelle. Ce.font CCS petits en renoncement d’eux-mefmesjcn nombre, qualitez amp;nbsp;apparences mondaines, contemptiblcs amp;nbsp;mal traittez au monde, dont il parle ailleurs ,cn difant, PereSeigneur du ciel amp;nbsp;de la terre, ie te ren graces que tu as caché ces chofesaux fages amp;nbsp;entendus, amp;nbsp;les as rçuelces aux petis, car ton bon plaifir a efté tel. C’eft cc petit nombre en comparaifon des mondains , lequel il confolc amp;nbsp;aflcure.difant, Ne craignez i»« point petit troupeau, car il a pieu à voftrc pe re de vous donner le Royaume. Ccrchcz ce Royaume de Dieu amp;nbsp;fa iufticc,amp; toutes cho fes vous feront baillces.Mais quant aux moqueurs obftinçz, ils ne veulent amp;nbsp;ne peuucnt croire,à caufe que l’Efprit de Dieu en a donné l’arreft, difant par la bouche de l’Apoftrc fainél lean, apres le Prophete Efayc, Il a aueuglé leurs yeux, amp;nbsp;a endurci leur cœur afin qu’ils ne voyent des yeux, n’entendent de cœur,amp; ne foyent conuertis ne guéris,tek. lement qu’ils ne croiront point celle œuurc que Dieu fait en leurs teps, quand bien on le lcurrccitcra,ains la mcfpriferont corne cfua-nouys en leur fens. Si eft-ce qu’ils en fentirôt finalement les effcéls par la vengcâçe terrible que cc grâd Dieu viuant defehargera fur eux, pour le plus tard en leur dernier iour,amp; puis parfaitemét au dernier iugemet dccc modo»

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loa nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;AtHEO MACHIE

Ne foyons donc par trop feandalifez s’ils ne cognoilfent point cefte œiiure de la reftau-ration de l’EuangilcjCn ces derniers temps fi difficiles amp;nbsp;perilleux.Pui^ qu’il a eftc ainfi ar pefté au ciel contre tous les enfans d’infideli-tc, obftinez dautant qu’il leur plaift ainft, amp;nbsp;lefquels pèchent librement amp;nbsp;volontairement quant à eux, amp;nbsp;fans aucune contrainte, amp;nbsp;pourtant en feront iuftement punis. Mais efmerueillons-nous de ce miracle fpirituel, qu’il en y ait quelques vns qui croyen t,amp; que les fideles Chreftiens rendent graces immortelles à Dieu de leur foy amp;nbsp;repentance qui font fes dons précieux,amp; glorifient fimifcri-çorde fur eux, amp;nbsp;fes tref iuflcs iugemens fur Jes incrédules, lefquels auffi n’ont rien de-quoy murmurer ni répliquer contre fa iufti-çe: car comme la vie éternelle eft vn pur don d’iceluy à fes fideles par le moyen amp;nbsp;feul merite de fon Fils lefus Chrift. Aufli la mort e-ternelle eft aux incrédules amp;nbsp;rebelles contre fon Euangile.vn iufte falaire de leur péché amp;nbsp;propre malice obftinee, car ils perilfent à leur efeient , amp;nbsp;trouueront amplement en cux-mefmes, en leur volontaire ignorance rebellion amp;nbsp;malice, amp;nbsp;en leur propre con-fcience la caufe plus claire amp;nbsp;plus prochaine d’eux,de leur pcrdition,fins qu’on fc trauail-lede la leur cerchcr plus haut, car ilfuffit que Dieu a parle à leur confcience, dont ils mef-prifent les reinors amp;nbsp;vifs aiguillons ; amp;nbsp;que

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fon Fils noftrc Seigneur Icfus appelle iour-nellemcnt par fon Euangile toutes fortes de gens. difant à tous, fans exception ni excufe de perfonne, Rcpcntcz-vous,amp; croyez à 1’E- a/æti. uangilc,car qui ne croira point fera condamné. Outre ce qu’ils font tous appelez au vray but de leur création, excellente fans compa-raifon par dcfl'us les poures beftes brutes , nbsp;nbsp;nbsp;*

c’eft aflauoir à bonnorer le créateur Dieu vi-uant par la fiance amp;nbsp;obeiflance à fa parole, jnuocation de fon nom, amp;nbsp;aélions de graces de fes biens (comme entre les Payeiismef-mes il y a eu quelques Melchifcdec, lob, E-lihu amp;nbsp;autres tenans ccftevoye:)amp; plufieurs autres qui en taftonnant aucc leurs difcours en ont fort approché. Dauantage à fuinre l’exemple de tous les fainéls Peres anciens amp;nbsp;fideles, voire depuis Adam iufques à ces derniers temps.Et le côlentement à l’Euangi le de tant de nations Chreftiennes.Sc de tant de ficelés paflez qui fe recognoit pour vne marque de la doélrine diuine de la vraye E-glifc de Dieu, arreftee àl’Eferiturefainfte, amp;nbsp;au ^mbolc des Apofires, qui cft la pure confcHlon dcFoy de tous les Chreftiens, amp;nbsp;à la Loy de Dieu réduite à l’amour d’iceluy, amp;nbsp;de noftre prochain , Loy qui eft fi iufte amp;nbsp;fl fainfte qu’il n’y a que redire,fi ncceflaire êa profitable ,mefme pour veiller celle vie, amp;nbsp;pour conferuer l’honneftete priucc amp;nbsp;publique,amp; le droit d’vn chacun, amp;nbsp;entretenir U

G,iiij,

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104 AtHEO MACHIE

focictc humaine,que fans icelle, qui a efté fîc Dieu engrauec naturellement es cœurs des hommes, puis mefme publice par eferit, les peuples amp;nbsp;nations de tout le monde, les barbares amp;nbsp;pourcs Payens n’eußent peu fubfi-r fter ni leurs eftats : ains tout le monde feroit incontinent renuerfé amp;nbsp;du tout abyfméen ConHihon : amp;nbsp;toute honnefteté, propriété d’vn chacun, droiture,verité, amp;nbsp;mefme toute feureté de celle vie caduque feroit efteintc amp;nbsp;abolie par la licence dcsbordec de mal-dire amp;nbsp;mal- faire, laquelle eft réprimée amp;nbsp;retenue en quelque bride, au moyen de celle loy di-uine,cngrauee en la confcience qui a conduit naturellement les poures Payens à faire quel ques bonnes loix politiques fur ce fondement diuin, voire feulement quant à la feco« de Table qui touche le droiél des hommes, amp;nbsp;le repos public delà vie prefente; car quât à la premiere Table de celle Loyamp;purfcr-uice de Dieu,les hommes ne peuuent iamais paruenir d’eux-mefmes, ni par tous ces moyens qui ont efté maintenant touchez, à celle vraye amp;nbsp;falutairc cognoilfance de Dieu, amp;font tous defnuez du falut amp;nbsp;de la vie éternelle,exceptez feulemét ceux qui de fa pure mifericorde font régénérez amp;nbsp;renouuelez par fa parole, amp;nbsp;parfon lainél Efprit en la foy de noftrcSeigneur lefus Chrift. Et ce mal eft à l’pçcafion de la cheute amp;nbsp;péché d’Adam, qui fl fait

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Chap. VT. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;105

a fait que les dons naturels de l’homme ont efté corrompus, amp;nbsp;les dons fupcrnaturcls concernans la vie bienheureufe à venir, perdus, comme a bien noté vn des fideles anciens parlant felon l’arrcft du Seigneur. Tellement que nofire raifon amp;nbsp;intelligence humaine cft aueuglee à difeerner les chofes di-uines, amp;nbsp;toute la bonté de noftre vouloir cft perdue en matière de choifir amp;nbsp;fuiurc ce qui eft purement ftlon Dieu. De forte que toute la fagclfe mondaine, amp;nbsp;toute la dextérité de l’homme naturel ne comprend point les cho fes qui font del’Efprit de Dieu , car ellesluy i-Cer.z. font folie amp;nbsp;ne les peut entendre: mais il s’a-hurte, choppe amp;nbsp;trebufehe au beau premier degré de l’entree de cefte diuine cognoiffan-ce. Premièrement fur ce poind, s'il y a vn pf.^. Dieu, il refue amp;nbsp;eftime qu’il n’en y ait point, ou qu’il en y ait plufieurs, ou qu’il en y ait quciqu’vn, mais tel qu’il le forge amp;nbsp;imagine en fa vainc penfee : non pas le feul vray Dieu parfaitement amp;nbsp;infinement iufte, mifericor-dieux amp;nbsp;tout-puiffant, par la prouidence amp;nbsp;ordonnance duquel toutes chofesfont conduites à vne certaine bonne fin au regard lt;te luy amp;nbsp;de fon confcil tref-faind amp;nbsp;tref-iufte, quoy que l’intention des malins ouuriers amp;nbsp;leurs œuures quant à eux, foyent iniques amp;nbsp;mauuaifcs comme contraires à fa volôté déclarée en fa fainde Loy.Dôt il fenfuit q tout home qui eft hors de la foyamp;dc l’obeiflacc de

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loó Atheoma c h if

l’Euangilc cft vrayemcnt fans Dieu au monde,amp; fans cfpcrance , comme Ic lainétEfprit auflï Ie declare au fécond chapitre des Ephe-licns.En apres l’homme non régénéré chop-pe amp;nbsp;defaut au fécond degré de celle vraye cognoillancc de Dieu, alfauoir, qui cft Dieu» amp;nbsp;quel il cft, quand il ignore fa nature diui-ne: premièrement quant à fes proprietez di-ftiiiifles amp;nbsp;incommunicables, qui font les trois perfonnes, allauoir le Pere, fon Fils le-fus Chrift,amp; le fain cl Efprit: puis apres quât aux proprietez communes à cefte elfencc de Dicujlcfqucllcs font qu’il eft Efprit indiuifi-blc, infini, amp;nbsp;qui a de foy-mcfmc fa toute-puilhrncc, fagefle,bonté, vérité, mifericorde amp;nbsp;iufticc,parfaites,infinics amp;nbsp;éternelles. Ce que le fens de l’homme non rcgencré,ne pou liant entendre ne comprendre par fes raifons amp;nbsp;difcours aueuglcz, à cefte occafion il confond tout en lieu de difeerner, ou diuife par pieces amp;nbsp;met comme en diuorce amp;nbsp;combat les choies coniointes amp;nbsp;qui font toufiourç bien d’accordiou s’'en moque amp;nbsp;nie franchement tout ce qu’il ignorc,amp; qu’il veut igno-•r: mefprifant de s’enquérir de la Parole de Dicu,amp; dccerchcr en icelle des bonnes lu-ncttcs,amp; voire demander des yeux pour eftre illuminé: ou quand l’homme ignore la diui-nc volonté touchant fa prouidcnce amp;nbsp;conduite generale amp;nbsp;particuliere, dont il a cfté parle ci-dellus, laquelle prouidcnce le fens charnel

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charnel eftimc eftrc nulle, amp;nbsp;que parlât nuis des affaires du monde n’en font gouucrncz, regardez ne conduits, ni leseuenemens d’i-ceux (duquel erreur commûeft forti ce nom profane de fortune) ou cftrc imparfaite, amp;nbsp;que pourtant tous les affaires du monde amp;nbsp;leurs cuenemens , amp;nbsp;chacun d’iceux en fon particulier, ne font pas regardez amp;nbsp;gouucr-hez par icelle prouidence.Et de ceft autre erreur font procédez les prétextes amp;nbsp;opinions impies,que la matière, le confeil humain, amp;nbsp;les moyens ou inftrumcns font la caulc entière des chofes qui aduicnncnt,foitbien foit pial, amp;nbsp;aufquels le fens charnel rapporte Icf-dites chofes , fans pouuoir monter plus haut iufques àcefteprouidence de Dieutout-puil fant, qui cft feul la caufe fouucrainc amp;nbsp;tref-iufte déroutes chofes,fanstoutesfoisqu’aucun péché ou iniquité foit en luy , ni vienne de luy,ne foit en fon œuure , tref-iufte quant à luy, bien qu’il y ait œuure mauuaife quant auxmauuais ouuriers amp;inffrumcns. Comme nous en auons tant de tclmoignages amp;nbsp;d’exemples par toute l’Efcriturc, amp;nbsp;fur tout au myftere de noftréfalut ,cn la mort de no-ftre Seigneur Icfus Chrift’: ou bien le fens charnel eftime cefte fainéle prouidcce eftrc violente amp;nbsp;inique , non pas iufte comme clic çft, dautant qu’il voit que communément amp;nbsp;® quafi d’ordinaire les innocens font iniuricz, calomniez,oppreffez,accablez, amp;nbsp;ce parles

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IO8 At HEOMACHIE

maliiTs amp;nbsp;mal-viuans , Icfqucis cependant fleuriflent, amp;nbsp;leurs cnfans après eux en cc monde, d’où proccdent pluficurs murmures d’impatience, fcandalcs amp;blafphcmcs, contre la parfaite iuftice,dc Dieu, pourec que l’homme naturel aucuglc, ne voit amp;nbsp;ne peut attendre le iufte iugement que le fouuerain iuge du monde fait amp;nbsp;fera finalement tât des bons que des mauuais, amp;nbsp;de tout ce qui eft fait, foit bien foit mal : amp;nbsp;le bien de fa gloire qu’il veut tirer par fa fagefle incomprehenfi-blc,dc CCS maux amp;nbsp;horribles confufions, lef-qucllcs par le pechc font entrecs,amp; ont la vo gue en ce monde amp;nbsp;au cours de cefte mortelle vie, amp;nbsp;encores quand le fens charnel ignore amp;nbsp;ne peut entendre ni approuucr l’acception fpcçialc amp;nbsp;particuliere que cefte tref-iufte volonté de Dieu fait de chacun deles cflcuscn fon Fils lefus Chrift, efleus, di-ie, des toute eternife, amp;nbsp;non pas acception des perfonnes ou apparences d’hommes. De laquelle acception diuine la raifon charnelle ne fait rien du tout,tellement qu’il n’y a hom me qui en puilfe comprendre quelque chofe fans l’Efprit de regeneration amp;nbsp;ce don précieux delafoy es promefles de falut,lefquel-Ics nous font defployecs es fainclcs Eferitu-rcs, amp;nbsp;par le S. Efprit fecllecs en nos cœurs. Partant il faut que l’homme foit addreireamp; ait recours à la predication de ces cxccllcn- lt;nbsp;tes promclfcsjmoyen ordinaire pour auoir la

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Chap, vit nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;too

foy qui eft vii don amp;nbsp;œuure du S.Efprit, car elle eft par I’ouye de la parole de Dieu. Et fans cefte foy nous nc pouuons obtenir nc certitude de noftre cleétion amp;nbsp;adoption, ni l'ctfcót amp;nbsp;le bien d’iccllc qui eftnoftre fa-lut. Cerclions donc amp;nbsp;fuiuons cefte parole de vie, pcrfcucrons conftamment en l’obcif-fance d’icelle,condamnons nouf-mermes tou tes nos lantafies, opinions amp;nbsp;confcilsdcla chair amp;nbsp;du monde qui feront tant foit peu contraires à cefte vnique vérité amp;nbsp;voyc de falut, amp;nbsp;ce faifant nous apprendrons de bien en mieux, mcfmelc S.Efprit fcelleraen nos cœurs ce fccrctincomprehenfiblc de noftre cleélion, amp;nbsp;nous en afleurera iourncllement par les fruiéls dignes de repctance qu’il nous fera produire, nous côduira iufqu’au dernier foufpir, en toute vérité, amp;nbsp;finalement à la iouyllance des chofes excellentes qui nous font offertes amp;nbsp;promifes en icelle, Icfquelles font tref-fermes amp;nbsp;aileurees aux fidclcs,quoy qu’elles foyent fi outrageufement mefpri-fees, moquccs,mefcreues amp;nbsp;contredites par la foie amp;nbsp;infenfee fageffe, ou rage du mond/: infidèle,obftiné à fa ruine amp;nbsp;perditiop.

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CHAP. VIII.

L rcfte maintenant vnpoinél à tieduire lequel ne pouuant c-ftre comprins ni approuuc paf la raifon auciiglcc du feus humain. A ce defaut il aduient que les moqueurs de la lagcfle

J UC t.

de Dieu , font de leur ignorance vn voile fqr ’curs yeux qui ne font délia que trop obfcur-i. is,à ce qu’ils ne puiflent eftre illuminez de la clarté du faindt Euangile en leurs efpailfcs tenebres, ni ramenez de leurs erreurs amp;nbsp;conduits en la voyc de paix A' de falut. Ce mef-inc poinél auÜi n’ellant clairement entendu ne comprins de plulicurs Chreftiens infirmes,craintifs, amp;nbsp;qui n’ontpas bcaucouppro fité

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C H A P. VII I. in

ftte cn la foy de 1’Euangile, ni en la cognoif-fancc defon naturel, amp;nbsp;de fa condition cjui eft d’eftrc meflc auec I’arnertume de la croix, amp;nbsp;toutes fortes d’afflidions Si perfecutions au monde,trouble grandement leurs elprits, de forte qu’à ccftcoccafion les vnsn’en veulent ouyr parler, les autres s’en eftrangent amp;nbsp;s’en retirent à leur double condamnation. Pourquoy il le nous faut fouueraincmcnt vui der. Or c’eft vn myftcre ou fccret, pourtant que nous V apportions lareucrcnceSe l’iiu-militcrequife: amp;nbsp;qu’il nous fouuicnnc de retenir cn bride nos curiofitcz,murmures Si rc~ pliquesen nousaifuiettiirantau bon vouloir amp;nbsp;arreft du Seigneur. Et pour vray il ne nous faut trop esbahyr s’il cft mal entendu Si mal comprins des mondains, profanes, lafcbcs Si craintifs qui aiment trop leur peau, amp;nbsp;le monde plus que Dieu : car cefte amour Si crainte charnelle les empefehe amp;nbsp;cnforcclc de fes illufions. Or ce poinót cft touchant rextremeaneantiflementj’ignominic,croix, affligions,miferes,mort cruelle amp;nbsp;honteufe, lefquelles noftreSeigneur lefus Chrift a fouf fertes pour nos pcchez, commençant à fouf-frir des le commencement du monde en fes membres cflcus, comme Abel,Noé,Abrahâ, Ifaac,lacob,Iofcph amp;nbsp;leur pofterite, les Prophètes amp;nbsp;vrais fidclcs.Puis cn fa perfonne des fa natiuitc,laquelle a efté tref. pourc, comme hors du train commun des moindres hom-

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in A T H E o M A C H I È mes de la terre: amp;nbsp;an rang amp;nbsp;condition des pourcsbeftes, aflauoir en vn cftable, dedans vne creichc.Pourtant à bon droit il s’eftcom paré en fon abieélion , non pas à quelqu’vn des moindres hommes du inonde^ mais a vn pourc ver de terre, comme on le Void en l’an cicnne prophétie de fa palTion au Pfeaume vingt deuxiefrae. C’a donc elle bien loin dii rang amp;nbsp;de celle maiefté infinie du Roy des ' rois, Dieu de gloire manifertc en chair,d’a-uoir eu vn tel palais amp;nbsp;logis à fon entree en ce monde. Puis apres, fa nourriture amp;nbsp;fi renommee entre les luifs orgueilleux a efté contemptible, fa vie mortelle des lors iuf-ques au dernier foufpirvne perpétuelle croix: car il a elle continuellement perfccuté, ca-

' lomnié, moque, blafphemc,outragé, alTailli CK hay prelquc de tous,finalement en fi mort rcietté du monde (mon de quelques petits amp;nbsp;contemptibles : puis abandonne de fes propres difciplesamp; domefliqucs,vendu,trahi amp;nbsp;renie par aucuns d’entre eux, aceufé, pour-fiiiui, condamné amp;nbsp;exécuté à la mort de la croix, voire la mort cruelle amp;nbsp;infame entre toutes autres, propre amp;fpccialc aux plus de-fefperez brigands du mode,Et par qui toutes ces chofes ? c’a efté par tous les plus honno-rcz,eftimcz, redoutez amp;nbsp;obeys d’entre les fa-ges , les grands, puilfans amp;nbsp;riches en fa nation, c’elt allauoirparles Princes amp;nbsp;les luges,tant ccclefiartiqucs que ciuils. Puis crucifie '

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Chap, v i i i?

Cîâé à l’inftance,pourfuite,amp; par le commun coiifcntcinent du corps de fon peuple. Et finalement eltant relTufcitc, monte au ciel, amp;nbsp;fa mémoire honnoree par quelques perfon-nes Icfquclles l’auoyent aimc,ouy,fuiui amp;nbsp;te-ftific qu’il eftoit viuant,cfleLié fur les cicux,amp; iuge du monde,(mais en petit nombre d’hô-mes amp;nbsp;femmes,amp; gens prefque de nulle efti-me amp;nbsp;réputation cnucrs le monde orgueilleux,) CCS tefmoins-là ont cfté pcrfccutcz de mefmc, menacez, fouettez, batus,emprifon-nez, lapidez, amp;nbsp;mis à mort cruelle comme blafphcmateurs, feducicurs, feditieux, feôli-ftes amp;nbsp;perturbateurs de tout le monde. Et encores toufiours depuis, mefmcs àprefent qu’il y a tant de temps efeheu depuis fa nati- i $ g uitc, tous ceux qui purement l’ont fuiui, aime amp;nbsp;ferui, amp;nbsp;qui le fuiuent amp;nbsp;feruent encores comme leur Seigneur amp;nbsp;leur Dieu, fcul Sauucur amp;nbsp;Redcmpteur,felon la doélrine de fon fainôt Euangile eferite par fes difciples amp;nbsp;Apoftres,n’cn ont point eu de meilleur marche , ains vn traittement tout de mcfme. Et font calomniez,pourfuiuis,agucttcz,oppref-fcz,dcchaflcz, faccagez amp;nbsp;par toutes fortes de tonnes exterminez amp;nbsp;mis à mort tref-crucl -le amp;nbsp;infame, en touslieux,cn tous temps, amp;nbsp;au milieu de toutes les nations où ils peuuét eftrc defcouucrts amp;nbsp;faifis. Mefmc fans aucun rcfpeôl d’aage ni de fexc, de commun pays, de voifinage,d’alliance,affinité amp;nbsp;parenté,ni

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114 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A T H E o M A C H I È

aucune compaffion ou mifcricordc. Cc cjui ne defaut point du tout aux plus malheureux amp;nbsp;exécrables parricides, boutefeux, peftife-re2,empoifonneurs, adultères amp;nbsp;brigands de tout le monde. Et encores apres leur mort, leur mémoire eft pourfuiuie, chargee amp;nbsp;accablée de toutes fortes d’infamies,calomnies amp;nbsp;blafmes notoirement faux. Et cela, fans honte ne vergogne qu’en ayent les menteurs , calomniateurs, mefdifansamp;perfecu-teurs, Icfqucls au (fi en rapportent grande re-putationjcredits, honneurs, eftats amp;nbsp;rccom-penfes des mondains amp;nbsp;de leur Dieu, qui eft Satan Prince de ce monde,en lieu delà méritée punition.Ces chofes fi cfiranges à noftrc chair,au fens Commun, amp;nbsp;raifon naturelle, fi contraires amp;nbsp;difficiles à digérer aux hommes fcnfucls amp;nbsp;non regcncrez, ont vne merneil-leufe force amp;nbsp;efficace d’abufion pour deftour ner les hommes grands amp;nbsp;petis arriéré dc l’obeilfance de l’Euangilc de Dieu, qui tou-tesfois eft la pure doctrine amp;nbsp;feule voye de falut : voire mais, c’eft enuers les infidèles, obftinez, hypocrites, amp;nbsp;tous ceux qui font leur Dieu de ce monde,amp; de leur briefue vie mortelle, amp;nbsp;de leur ventre, lequel n’a point d’oreilles pour ouyr Dieu parler,ne fon con-lêil amp;nbsp;fes raifons. Mais elles ne pourront ia-gt; mais tant faire que Dieu ne foit Dieu, amp;nbsp;confequemment le tout-puiflant, fage, bon, véritable

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Chap, v i i t. '115

Véritable, amp;nbsp;iuftc infiniment, pour en la fai-ibn par luy determinee , monftrcr qui aura vraycmcnt gaigncle deflus, amp;: emporté fina- i.cor.io.’ lemcnt la viétoire. Mais qui vaincra? ou luy, ou les hommes, qui tous ne font deuant luy que bouc,fangc amp;nbsp;poures vers de terre? Certes il deftruira tous les eonfeils, la hautefle amp;nbsp;les forces qui s’cllcucnt contre luy amp;nbsp;la vérité de fon Euangile , amp;nbsp;tous les efforts, rufes, malices, menfonges, cruautez , iniuftices du monde mauuais,qui n’cft que fa creature.Et fera cognoiftre par effcél qu’il a iuftement ordonné toutes ces chofes,prcfide fur icelles, amp;nbsp;fl en a deuers foy l’arreft, contrc-rolle, de-finement, amp;nbsp;l'iifuc tref heureufe pour iamais pour fes fideles perfecutez: au contraire tref-horrible amp;nbsp;mal-heurcufe pour tous fes ennemis obflinez , traiftres de fa gloire amp;nbsp;de leur propre falut. Or ce fera à leur dernier foufpir pour le plus tard, fi pluftoft leur mi-ferable confciencc ne les met en la géhenne amp;nbsp;torture , ( comme elle a bien fou-uent fait à l’endroit de pluficurs ) que ceux-ci verront amp;nbsp;fentiront à leur ruine amp;nbsp;perdition , ce qu’ils n’auoycnt iamais creu, c’eft qu’il y a vrayement vn lefus Çhiift eternel , viuant amp;nbsp;regnant qui eft le vray Dieu amp;nbsp;Seigneur de gloire éternelle , vn Euangile qui eft la -feule vérité , amp;nbsp;droite voyc de falut, vn ce-»

H,ij.

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II($ Atheomachie

lefte paradis aflcurc aux fideles Chrefticns,amp; vn enter amp;nbsp;feu eternel de Tire de Dieu, ou-uert amp;nbsp;apprefté pour iamais à tous les obfti-nez infidèles cruels amp;nbsp;defloyaux. Et puis cc fera encores au dernier iour de ce monde caduque amp;nbsp;ruineux qu’ils le fentiront au double , en corps amp;nbsp;en âmes à la refurreélion de leurs propres corps , amp;nbsp;en ce iugement vni-ucrfel, duquel les miferables dilent plaifani-ment,que le terme vaut l’argent.Mais ce terme-là fera cbervédfi qiiâdrcxecuteur de la fu reur de Dieu les aura faifis au collet, foudain lors qu’ils n’y auront prins garde, amp;nbsp;qu’ils n’aurôt le dernier en bourfe, ne dequoy pour payer vne telle dette, car il n’y a pour ce rächet amp;nbsp;acquit aucun threfor qui conuienne amp;nbsp;fuffife,que le fang précieux de Chrift qu’ils i.Gr.r. ont reietté amp;nbsp;foulé aux pieds, entant qu’en

eux eft.Cependant tous tes fideles amp;nbsp;craignäs Dieu,quelques foibles amp;dcbiles qu’ils foyét, auront atTez de rampars amp;nbsp;feront toufiours munis futfifamment contre les batteries amp;nbsp;af faux de Satan,du monde,amp; de leur chair,propres fens amp;nbsp;affeélions, car celuy qui vne fois les a appelez à la foy de fon Euangile, amp;nbsp;qui les difeerne de tous hypocrites,moqueurs amp;nbsp;desbordez, eft le Dieu veritable, lequel leur ayant promis amp;nbsp;feelle en leurs cœurs leur fa-lut, ne permettra iamais qu’ils foyent tentez outre ce qu'ils pourront porter par la vertu de fon fainét Efprit,ains donnera l’iflue auec

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Chap, v i i i. 117 la tentation, afin qu’ils la puiflent fouftenir. Mais pour refpondrc maintenant touchant lescaufi;s tref-iuftes enuers Dieu» de cefte abiefte condition amp;nbsp;aneantiflement qui fut en Chrift , amp;nbsp;qui dure encores en fes membres fideles viuans enterre, depuis qu’il cft monté es cieux, afin de fortifier les confeien-ces debiles, amp;nbsp;confermer de plus en plus celles qui font faines amp;nbsp;bien refolues, il nous faut retenir ce qu’il nous en declare en fa parole. Premièrement qu’il a tout fait pour foy amp;nbsp;pour fa gloire , voire le mefehant pour le jour de la dcftruétion.Püis apres qu’en atten dant ce iour-là auquel il veut monftrer fon ire amp;nbsp;faire cognoifirc fa puifiance infinie, il endure en grande patience les malins, vaif-feaux d’ire amp;nbsp;reprouuez, lefquels font appareillez à perdition, car il eft fi parfaitement bon amp;nbsp;mifericordieux qu’il faut que fes mi-fericordes foyent dcfployees ici bas fur tou-tesfcsoeuurcs amp;nbsp;creatures, ôf que les mef-chans mefines en foyent conuaincus amp;nbsp;plus inexcufables viuans amp;nbsp;mourans , amp;nbsp;puis au dernier iugement. Confequement que d’autant qu’il eft vengeur de tout péché, amp;nbsp;fou-uerain iuge du monde,il faut que toute lara-ce d’Adam coulpable corrompue amp;nbsp;peche- Gen.6. refle, le fente amp;nbsp;rccognoiifetel,afiauoir,pu-nilfeur des vices,par effcift. A raifon dequoy ^lt;quot;”.8. ayant éternellement efieu en lefus Chrift fon feul Fils tous fes membres heritiers de fon

H.iij.

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118 Atheomachie

rcgnCjSr rcicttc Ic rcftc avec Sata n en la condamnation du feu éternel qui luy eft afligné, Mat.i}. amp;nbsp;à tous infidèles obflinez, ce grand Dieu, di-ie, veut au (fi fe monftrcr amp;nbsp;faire cognoi-llrc en cefte vie prefente, ennemi amp;nbsp;vengeur des péchez qui fans celle bourgeonnent d’Adam noftrc Souche en nous tous lés enfans iufqu’à la mortj comme le fuc d’vn arbre monte de fa racine en tous fes rameaux. Car nous en fommes tous infeélcz amp;nbsp;pourris en nous-mcfmes, amp;nbsp;n’y a d’excepté que le feul iufte Mediateur amp;’ feeSd Adam Icfus Chrift, Pourtant,comme Dieu fait fentir fes miferi-cordes en celle vie terrienne auxenfansde perdition amp;nbsp;malins, (Icfquels iouylfent ici pour la plus part de grande profperitc, font difpos amp;nbsp;vigoreux, amp;nbsp;ne font point trauail-Icz ni affligez auec les autres, ains font enflez d’orgueil amp;nbsp;fierté, engraiffez de tous aifes, iniurieux,crucls,opprcffeurs des bons: voire effrontez blafphemateurs de Dieu, notoire-, ment inivftcs amp;nbsp;mefehans : amp;nbsp;toutesfoisen paix amp;nbsp;repos acquièrent tant amp;nbsp;plus de ri-cheffes, puis meurent doucement, amp;nbsp;delaif-lent abondance de dclices à leurs enfansamp; fuccefleurs. ) Semblablement il plaift à ce grand Dieu iuge du monde, que lès fideles enfans fentent en celle briefue vie lès cliafti-mens paternels, la haine qu’il a contre le péché, amp;nbsp;combien illuy delplaill. Et pourtant, veu

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Chap. VIII. II?

Veu que tous pèchent amp;nbsp;l’ofFcnfcnt, mcfmc les meilleurs pluficurs fois en ceftevic^Sc défaillent tous à fc iuger deuant luy, comme pourcs coulpables , pécheurs amp;nbsp;dignes en cux-mefmcs de la perdition éternelle des autres, il les iuge, chaftie amp;nbsp;enfeigne paternellement par fes verges temporelles, afin que leurs pechez amp;nbsp;deffauts ne paruiennentiuC-ques au comble à la mefure des mefehans re-feruez pour fon dernier iugement. Et qu’ils ne fe perdent auec le monde amp;nbsp;ne foyent condamnez auec les mondains obftinez, lef-quels s’enyurent de leurs aifes amp;nbsp;dclices, amp;nbsp;s’cngrailTent à leurs appétits comme desbe-ftes de proye pour la cuifine des enfers : tandis que les fideles Chreftiens boiuent continuellement à grands traits l’eau d’an-goifle en toutes fortes d’affliélions. Mais cependant le Seigneur declare quclesmcC-chans en leur grande profperité font en manifefte peril comme dclfus la glace, d’où à leur fin il les précipité en ruine e-ternelle , amp;nbsp;lors ils cognoiifent trop tard que leur profperité amp;nbsp;leur aife mondain n’a efte qu’vn fonge vain , amp;nbsp;qui fe trou-ue faux apres le rcfueil : Au contraire que les fideles font fouftenus par la dex-tre diuine en leurs temporelles deftrefles Mtft.i?,’ de mort, amp;nbsp;puis receus au dernier fou-Ipir de leur vie en fon palais d’honneur.

H.iiij,

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lîO nbsp;nbsp;nbsp;Atheomachie

Par ainfi apres qu’il lésa exercez amp;nbsp;chaftiez comme chers enfans , amp;nbsp;pour leur teftiher qu’ils ne font point baftai ds, ains heritiers, finalement il les reçoit en fa gloire,mais daii tant que toutes les aflfliéiions amp;nbsp;punitions temporelles des pécheurs ne feruent rien du tout, pour réparation amp;nbsp;fatisfaftion des péchez deuant Dieu , duquel le iufte courroux eft infini contre le pechc: il a ordonné ce fcul parfait amp;nbsp;iufte moyen de fatisfaire à fa iufti-ce infinie pour les pechez de tous fes cileus, voire de tout le monde,s’il obeiffoit à l’Euan-gile. C’eft qu’il a enuoyc fon fcul Fils Icfus Chrift ctcrnel pour les pourcs mortels , Ic-Z/dir 7. s’eftant fait homme parfaitemet fainft amp;nbsp;iufte, s’eft mis amp;nbsp;conftituc pleige, rédempteur amp;nbsp;feul paycur,par fon entière obeiflan-ce au iugement de fon pere cclcftc pour nous tous poures detteurs, coulpablcs de mort c-tcrnellc, amp;nbsp;qu’autrement fufiions demeurez à iamais fous icelle : lequel aufii cftant de fa natyre diuine en forme de Dieu infini amp;nbsp;tout-puiflant, n’euft point réputé à quelque rapine de fe manifefter au monde,vrayement egal à Dieu fon pere : amp;nbsp;toutesfois il s’eft a-ncanti foy-mcfmc pour nous, ayant prins la forme naturelle de feruiteur, fait vrayement à la fcmblance des hommes, amp;nbsp;trotiué en façon corpôrclle vray hommc,amp; s’eft abbaiflé foy-mcfme ayant efté obeifiant au Pere iuf-ques alamort de la croix, fumant les anciennes

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C H A P. VllI. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;121

nes prophéties. Pourquoy Dieu l’a fouucrai-nement c(leué,amp; luy a donne vn nom par def fus tout autre nom ou dignité, afin qu’au nom de lefus, tout genouil le ployé de ceux qui font es cieux,cn la terre amp;nbsp;deflbus la terre : amp;nbsp;que toute langue confelTe que Icfus Chrift eft le Seigneur en la gloire de Dieu fon pere. Ainfi Chrift nous a rachetez de la malediélion de la Loy, quand il a cfté fait en fa mort pour nous malcdiftionjcomme il eft eferit, Maudit eft quiconques pend au bois, afin que la benediélion éternelle nous aduint parIcfus Chrift, laquelle auoitcfté promife a Abraham par la Foy. Car ce qui eftoit im-poffible à la Loy (aflauoir de nouspouuoir iuftifier parl’enticreobcilfance d’iccllc, veu que tous en font tranfgrefleurs amp;nbsp;condamnez, dautant qu’elle eft foible en noftrc chair rebelle,) Dieu l’a fait ayant enuoyéfon pro-pre Fils en forme de chair de péché. Et ainfi de péché a condamné amp;nbsp;puni le péché en la chair, afin que la iuftice de la foyenIcfus Chrift fuft accomplie en nous qui ne cheminons point felon la chair amp;nbsp;fens corrompu de noftrc naturel : mais felon l’cfprit amp;nbsp;rc-nouucllement del’Euangilc. Et voila comment IcfusChrift nous a cfté fait de par Dieu fon pere, fapiencc outre laquelle rien autre ne nous eft neceftaire d’enquerir ne dcfircr. Puis iuftice parfaite, amp;abfolution dcuantlc iugement de Dieu, fandification amp;nbsp;purga-

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Ill AtHEO MACHIE

hu 14.

tion de toutes nos fouilleurcs, amp;nbsp;rançon ou le prix entier amp;nbsp;vnique de noftre rächet amp;nbsp;dcliurance de lacaptiuité perdurable des enfers,amp; du cruel empereur delà mort amp;nbsp;prince tencbreux de ce monde, alTauoir le diable, auquel le pécheur Adam s’eftoit mal-hcureu fement vendu amp;nbsp;aflenii pour luy amp;nbsp;les Gens à la mort éternelle. Voila, di-ic, comment (ô poures humains, tardifs à croire aux fain-éies prophéties, paroles du fouucrain Dieu) il a falu que le Chrift amp;nbsp;Seigneur de gloire fulh ainfi fait homme, amp;nbsp;anéanti, amp;nbsp;fouffrift toutes ces chofes pour nous ; aGn qu’eftant vray homme il peuft fouffrir amp;nbsp;mourir,car la Deitc ne Gouffre amp;nbsp;ne meurt point, amp;nbsp;qu’eftant vray Dieu tout-puiflant amp;nbsp;homme in-diuiGble il obtint viôtoire de la mort, amp;nbsp;que ainfi 11 entrait en fa gloire celefte, luy fcul iu-fte amp;nbsp;fans péché,pour recueillir amp;nbsp;y faire entrer les poures pécheurs repentans amp;nbsp;iufti-ftez par la foy en icehiy.Le tout felon qu’il a-uoit eftéprediél es Gecles anciens lôg temps au parauant par fes Prophètes, amp;nbsp;entre tous les autres plus expreflement par les delfuf-ditsDauid, Efayc amp;nbsp;Daniel. C’eft auflî ce que lefus Chrift mefmc apres qu’il fut rclfu-feité des morts déclara à fes difeiplcs efpou-uantez d’iccluy, amp;nbsp;cuidans voir quelque ef-prit ou fantofme, comme font tous les faux chrifts des idolâtres, quand il leur ditainG, Taftez-moy amp;nbsp;voyez; car vn clprit n’a ni chaif

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C H A P. V I I I. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;123

chair ni os, comme vous voyez quci’ay , amp;nbsp;leur monftra fon vray corps, fes mams amp;nbsp;fes pieds; mefme encores à I’vn d’entre eux, par trop rétif amp;nbsp;incrédule, fon cofté ouuert, fes playes des doux receués en fa mort, mangea deuant cux,amp; leur dit, Il eftoit ncceffairc que toutes les chofes qui font eferites de moy en la Loy de Moyfe, amp;nbsp;es Prophètes amp;nbsp;Pfeau-mes fuflentaccomplies.Etainfi falloir que le ïx^.^o. Chrift fouffrift, amp;nbsp;reffufeitaft des morts au troifieme iour: Si qu’o prefehaft en fon nom repentance Si remiffion des pcchez en toutes natiôs.Or vous elles tefmoins de ces chofes: comme auffi ils ont efté auec vous encores plus de cinq cens autres hommes fideles, qui tous finalement cnfemble l’ont veu à vnc fois vrayement reffufeite amp;nbsp;viuant. Def- ‘ quels pluficurs ont vefeu fort longuement apres fon afeenfion faite vifiblcment es cieux, à laquelle les Anges comparoilfans leur teftificrent qu’il reuiendra ainfi qu’on' l’auoit veu monter. Il a donc efte neceffai-re qu’il fuft ainfi pour vn temps deffait, Si qu’il mouruft pour nos péchez, afin que la gloire de la iufticc iuftifiantc dcDicu,luy demeuraft entière amp;nbsp;parfaite enfaifantmi-fericorde de fa pure graccàfcscfleus , tous pécheurs amp;nbsp;coulpables dont iceJuy Icfus Chrift noftre Seigneur eft pleige amp;nbsp;Rédempteur, Si duquel l’amour incomprehenfible

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124 Atheomachif.

cnuers nous,eft plus certifiée amp;nbsp;admirable,amp; fa viftoire dautant plus glorieufc,que luy aiii fi mourat a deftruit Satan auteur de la môrt, /Jelr.i. amp;nbsp;la mort mcfmc. Sc en a deliurc tousfes membres efleus qui eftoyent captifs amp;nbsp;aflu-icttis à la peine amp;nbsp;feruitude éternelle. Or maintenant fi on réplique, Pourquoy done fouffrent encores les fideles Chreftieus tant de maux en cc monde, amp;nbsp;puis finalement meurent, fi le pèche amp;nbsp;la mort ont efte def-faits par la mort de lefus Chrift ? C’eft dautant qu’il n’a point fouffert ce qu’il a fouffert pour nous remettre amp;nbsp;eftablir en l’cftat mon dain amp;nbsp;mcfmc vie que nous auôs perdue par Adam : mais pour nous tranfporter amp;nbsp;nous faire entrer apres luy en l’immortalité cele-fte amp;nbsp;meilleure vie,bcaucoup plus excellente que ccfte-ci.Ce qui ne fe peut fairè que nous ne paflîons par beaucoup de maux iufqucs hors de ce monde corrompu, defordonne amp;nbsp;rempli des confufions du malin, amp;nbsp;par le dc-ftroit de la mort à la vic.Pourtant cefte mort corporelle combien qu’elle foit procedee du péché duquel les reliques font encores es plus fainéis amp;nbsp;fideles durant toute leur vie terrienne , ne leur eft toutesfois impofee au regard du confcil éternel de Dieu, comme depart vn iuge feuere amp;nbsp;vengeur courroucé, ains comme depart leur Pere trcf-mifcricor-dicux,lcquel par cefte briefue mort attire les fiens plus pres de foy en fon regne gloricuxj

Parquoy

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C H A P. V I II. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;115

Parquoy ccftc mort cn lieu deles accabler de fes frayeurs amp;nbsp;de les engloutir en fon abyf-me, les recree par le benefice de lefus Chrift, amp;nbsp;refiouit leurs efprits au milieu de leurs tri-ftclfcs amp;nbsp;larmes corporelles, car elle leur fait voir l’entrcc ouuerte de Icurvraye maifon, leur tref-ferme cité amp;nbsp;pays dcfiré, amp;nbsp;recueillir le fruid de leur foy, pcrfeucrancc tS: patience Chreftienne , affauoir le falut eternel. Dauantage il y a ces raifons à confiderer fur les affligions amp;nbsp;perfccutions des vrais Chre-ftiens cn cefte vie, outre tout ce qui en a cfté touche ci-deuant, Qi^e cefte eft la volonté trcf-iufteamp; le decret de Dieu tout-puiifant, que par plufieurs affligions nous entrions en fon repos bicn-hcurcux-ßc Royaume éternel. Que nul ne foit troublé en fesaffli(ftions,car nous fommesordonnez à icelles, amp;nbsp;toutes ces chofes tournent cn bien à ceux qui aimét Dieu, appelez par fon arreft, pour eftre faits conformes à l'image de fon Fils ; car nous fommes appelez à cela, veu que Chrift a fouf fert pour nous, nous laiffant exéple afin que nous enfuiuions fes pas; c’eft aufiî ce qu’il nous ordonne pour noftrc entree enfonef-cole : difant, Si que'iqu’vn veut venir apres nioy,qu’il renonce à foy-mcfme amp;nbsp;qu’il char gc de iour cn iour fa croix amp;nbsp;me fuiue, car qui voudra garder ou cfpargncr fa vie,la perdra. Mais quiconque perdra fa vie pour l’amour de moy amp;nbsp;de l’Euangile, lafauiiera.

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A T H F O M A C H I E

Q^c donc il nous fuffife de fa grace etcrncllcj car il a declare que fa vertu fe parfait en infirmité,amp; iacoit qu’il ait efté crucifié par infirmité, neantmoins il vit par lapuiflancede Dieu. Pareillement nous quelques petits amp;nbsp;foibles que nous foyons , viurons auec luy parla mefmepuiffance : amp;nbsp;fi nous fouffrons auec luy nous régnerons aulTi auec luy, car il faut que nous foyons en quelque manière faits conformes à luy en fes fouftranccs, pour cftre rendus par kiy conformes à fa gloire, felon toutesfois la mcfmc de conformité des membres amp;nbsp;du corps auec le chef : car il faut que les membres, pour auoir en eux vie du chef, le fuiuent fans diuifion,amp; qu’ils paffent apres luy, amp;nbsp;qu’ils foyent tous comme martyrs de volonté,encores que tous ne fout-frent pas egalement.Cependant cefte parole de la croix des vrais Cbrcfticns,c’cft à dire de ceft extreme ancantifement que noftre Seigneur lefts Chrift a porté amp;nbsp;fouffert pour nous,amp; que maintenant de fa gloire celefte il fent encores, amp;nbsp;fouffre comme chefenfes membres fideles pcrfecutez cà bas , cft réputée folie au faux iugement de ceux qui perif-fent mais elle cft fagefte amp;nbsp;vertu de Dieu à nous qui obtenons falut par la foy, elle cft fcandale aux luifs incrédules qui iugent amp;nbsp;attendent toufiours vn Chrift Roy terrien: elle cft folie aux autres nations infidèles, qui

ne

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Chap. VIII. ii7 he veulent ouyr ne rcceuoir cefte parole * dautant que leur fens naturel amp;nbsp;ra ifon charnelle ne peut comprendre les chofes diuincs', ne ce fecret que Dieu nous fauue amp;nbsp;deliure ainfi par vn qui a efté crucifié, amp;nbsp;nous viuifie parceluy qui a efte mis à mort: ne qu’il foit viuant amp;nbsp;regnant en la gloire celclie amp;nbsp;ordonné fouuerain iuge du monde au dernier iour. Elle eft encores en horreur à plufieurs, qui neantmoins fe vantent d’eftre Chreftics, amp;nbsp;lefqucls ne voulans à peine toucher du bout du petit doigt à cefte vraye croix du Fils de Dieu , c’eft à dire fouffrir innocemment amp;nbsp;iniuftcmentaffliélion pour maintenir la pure venté de fon Euangilc, ni amender amp;nbsp;changer Icurmauuaifevie.fccouurent defuperftitions, de peintures, figues amp;nbsp;idoles,de croix bien aifecs à porter en leurs chap peaux amp;nbsp;chappelets, pour efehapper amp;nbsp;s’entretenir en leurs aifes amp;nbsp;commoditez terrien nés : mais telles croix amp;nbsp;moqueries du Sau-ueur crucifié, leur feront en la fin de leurs iours vne charge terrible amp;nbsp;trop pcfantc,qui accablera leurs âmes deiloyalcs s’ils ne fe ra-uifent, en ruine amp;nbsp;perdition éternelle. C’eft pourquoy aufii nous voyons communeract que les fainélcs aftemblces des Egliles Chre-ftiénes ne font recueillies de beaucoup de fa-ges mondains, mefme l’Euangilc n’eft point prefehé aucc exquife amp;nbsp;affettee fagefle de paroles,afin q cefie croix amp;nbsp;abieélion de Chrift

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128 AtHEO MACHTE pour nous,ne foit oubliée amp;nbsp;anéantie, ni auf-fi de beaucoup de puiflans,amp; de riches,ne de beaucoup de Nobles. Mais Dieu a efleu les chofes foies de ce monde, foibles, villes amp;nbsp;mefprifees, pour confondre les chofes fages amp;nbsp;fortes , amp;nbsp;a elleu celles qui ne font point, pour abolir celles qui font, ou qui ont grande fplendeur amp;nbsp;apparence magnifique au monde, afin que nulle chair ne fc puifle glorifier douant luy , c’eft à dire ne fe puifle appuyer fur fes propres valeurs , ne vanter d’vn feulbrin de merite, ne d’aucun moyen de quelquefalut d’ailleurs que delà foy amp;co-gnoiflancc d’vn feul Sauucur lefus Chrift, amp;nbsp;que celuy qui fc glorifiera, fc glorifie feule-ment au Seigneur, c’eft à dire en fa feule mi-fcricordc amp;nbsp;amour gratuitc.Et finalement il veut par ceft ancantifTement, croix amp;nbsp;afflictions, que fa diuinc vertu amp;nbsp;Ics graces fpiri-tuclles qu’il donne cà bas aux fiens,foycnt mi fes comme des bonnes armes à l’cfpreuue, amp;nbsp;foycntrecognues de mife, amp;nbsp;de force diuine pour abbatre toute hautefle qui s’efleue alen contre de fa vérité. Et que rcfprcuuc de leur foy beaucoup plus prccicufc que l’or qui périt amp;nbsp;ncantmoins cft cfprouué par le fcu,foit manifcftec à figloire, amp;nbsp;leur reuienne à hon neur quand Icfus Chrift ferareuelcamp;dcfcen dra des deux en iugement, c’eft ce qu’il nous dit par la bouche de l’Apoftrc S. Pierre par-i.PzfM, lant ainfi, Bicn-aimez ne trouucz point e-ftrange

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C rt A P. V I I f.

129

ftrailge quand vous eftcs comme cn la four-naifc pont voftre efpreuue, ains entant que vous cómuniqucz aux fouffrances de Chrift, rcfiouylïez vous , car fi vous eftcs iniuriez pour le nom de Chrift, vous cftes bicn-heu-reux. Et de fait, gardez que nul de vous ne fouffre cftant meurtrier ou larron,ou malfaiteur: mais fi aucun cft perfecuté ou affligé comme Chreftien,qu’il n’en ait point de hon tc,ains qu’il glorifie Dieu,car le iugement de Dieu commence par fa maifon; amp;nbsp;fi premièrement par nous,quclle fera la fin de ceux qui font rebelles à l’Euangilc ? Q^nd leur ame dcfefpcrce tremblant douant fon iuge, tirée amp;nbsp;gchenncc par le bourreau de fa propre cô-fcicnce, fortira de ce monde, amp;nbsp;dclaiflera le coTps à la pourriture, attédant beaucoup pis, affauoir leur punition redoublée par les tormens infinis de leurs propres corps. Quand, comme dit l’Apoftre, la parfaite iuftice du fouucrain iuge rendra iufte afflidionà ceux qui nous affligent, amp;nbsp;deliuranccà fes poures affligez:lors que noftre Seigneur Icfus fe mô-ftrera du ciel aucc les Anges de fa puiffance, amp;nbsp;auecflamme de feu, faifant vengeance de -P/Jt ceuxquinc cognoiflent point Dieu, qui 5®« n’obeiffent point à l’Euangile, lefquels ferôt punis de perdition éternelle de par la face du Seigneur lefus , amp;nbsp;parla gloire de fa force. Quand il viendra pour eftre glorifié en fes ßimfts qui font tous les fideles Chreftiens,

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1)0 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A T H F. o M A. C H I E

rengcz à I’obeifl'ance de fa pure parolc:appc-lez fainóls d’autant qu’ils font purgez de toutes leurs fouilleurcs amp;nbsp;offenfes , lauez par la foy en fon fang précieux: amp;nbsp;fanftifiez, c’eft à dire feparez des infidèles, confierez à iceluy comme fes brebis,hors du train des boucs files amp;; immondes,amp; de la troupe des pécheurs obftinez, plongez en leurs ordures amp;nbsp;iniqui-tez, amp;nbsp;qu’ils font retirez dedans fa bergerie çn fon Eglifc compagnie vniuerfelle amp;nbsp;faerec communion des fainifts, vrais Chreftiens amp;nbsp;fideles obeiifans à Chrift felon fon fiinélE-uangile, lefqucls aufli feront finalement af-fociez à tous fes Anges eflcus , amp;nbsp;aux efprits bien-heureux qui les ont précédez amp;nbsp;font re • tirez de ce monde, amp;nbsp;condamneront le monde obllinc par leur foy amp;nbsp;confiance en ce der nieriour-là, lors qu’ils relfufciteront en la vie glorieufe : amp;nbsp;les infidèles moqueurs, calomniateurs amp;nbsp;pcrfecutcnrs cruels amp;nbsp;defefpe rez en l’opprobre amp;nbsp;torment du feu eternel. Là fentiront-ils la main pefante du Seigneur de gloire qu’ils ont perce, blafphemc amp;nbsp;calomnié: amp;nbsp;lequcls ils crucifient encores tous les iours en les membres fideles,amp; receuront le iufic loyer de leurs œuurcs,amp; condigne retribution de leur mauuaife confeience,laquelle touteslois, s’ils la vouloyentefeouter paticmment,lcs redargue tant amp;nbsp;plus, les aiguillonne amp;nbsp;les defdit dedans leurs cœurs. Mais beaucoup plusclaircmentjvoire deuanc

tous

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Chap, v i i i’ iji tous hommes de raifon, en ceci dont chacun peut iuger, c’eftqu’eftansfemblablesàleur pere aurheur de mcnfongc,ils fe contrediiènt manifcftcment,amp; font contraires à eux-meC-mesen appelant les fideles Chreftiens , des poures fols, amp;nbsp;feduôteurs des hommes. Car en premier lieu, fi ceux qui felon le nom de Chrefiien , fuiuent vnfeul Chrift amp;nbsp;fon pur Euangile, font des fols, ceux-ci donc qui les tiennent pour fols, amp;nbsp;qui quant à eux s’efti-ment fi fages amp;nbsp;les mieux aduifez du monde, pourquoy fe monftrent-ils eftrc non feulement fols, ains forcenezamp; pires que les belles fauuages en pcrfecutantamp; defehirantain fi des poures fols? Certes les tormens.opprcf fions, prifons, geheimes, cordeaux, gibbets, toiles, feux amp;nbsp;autres fiipplices de cruelles morts, n'ont point efte dreffez ni employez quelque part que ce foit de tout le monde, contre des poures fols , ains communément on les nourrit,on les cntrctient,on ne les ca-refl'e que trop pour rire de leurs folies, amp;nbsp;ce priuilcge des fols les difpenfc à tout dire amp;nbsp;faire. Et pourtant les fideles Chreftiens ne font pas fols, car on ne leur permit iamais de iouyr de ce priuilege , amp;nbsp;cela eft tout prouué par les hiftoires tant ecclefiaftiques que profanes , mefme eferites depuis la mort de no-ftre Seigneur Icfus Chrift iufqu’à prefenr,lc- Min jÇ quel auffi fut appelé infenfé, voire par les ficnsîÔC ncantmoins fut tantperfecuté, amp;nbsp;lij.

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15' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A THEO MACHTE

puis mis à la mort horrible Je la croix. Et tels ont efte reputez les fainéts Prophètes amp;nbsp;Apoftres,comme on le peut recueillir de l’E-feriture fainéte, mefmes cnl’hiftoire de lon-étion de lehu Roy d’ifracl, amp;nbsp;au procès fait contre S.Paul prifonnicr,dcuant Feftus Gou 'uerneur de ludee : Que fi d’autre part Icsfi-dcles Chreftiens font des fedudeurs du peuple , comme noftre Seigneur ]cfus Chriftamp; fes tefmoins ont auflî efte iugez tels, encores moins donc, font-ilsfimplcs amp;fors, caries poures fols font ordinairement trompez amp;nbsp;ieduits,8c non pasfeduéteurs des autres.Mais fi ceux qui fuiuent la pure doctrine du facrc Euangile eftoyent des feduetcurs, ils fer o y et les bien-venus entre les mondains, comme les feduéfeursont toufioursefte, 8c fi nous en voulons quelques exemples, n’en auons-nous point tant 8c plus es fainétes Eferitur es? aflauoir les forciers 8c deuins feduâeurs du Roy Pharao 8c des Egyptiensgt;lcs Pr ophetes deBaal,fcdu(3:curs d’Achab 8c d’ifracl, 8c les Sacrificateurs, Scribes 8c Pharifiens fedu-fteurs du peuple des Juifs. Ils leroy ent donc comme c^ux-là es cours des Rois de ce monde en toutes délices charnelles, comme font l’Antcchrift 8c les fiens, fedudeurs 8c deftru t.rim.4. deurs des poures peuples,8c larrons desa-mes, confcienccs, corps 8c biens des Chreftiens par fi longues annccsjuiuant ce qui en auoit efte declare es diuinc$ predidions, amp;nbsp;“ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;mefmc

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Chap, v i i i . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;135

mcfme tout à pie in par S. lean en I’Apoca-lypfc.Par ainfi ils ne feroyet pas affligez touf iours en toutes fortes,comme ils font par les faux Chrcfticns en toutes nations, amp;nbsp;ne fc-royêt cs cachots amp;nbsp;dcllrcifes aucc les fainéts Prophètes, Elie, Michec, leremie amp;nbsp;les autres , amp;nbsp;mefme aucc noftrc Seigneur Icfus Chrift condamne amp;nbsp;mis en croix, corne bla-fphematcur,fediticux amp;nbsp;feduétcur:amp; aucc fes fainéls Apoftres amp;nbsp;martyrs innumcrables, ainfi pcrfccutez, traitez amp;nbsp;maniez de mefme corne blafphematcurs amp;nbsp;fcduftcurs,des tout le téps paflé iufqucs à prcfcnt,fuiuant ce que le Seigneuren auoit prediél. Mais quant aux vrais fedudeurs de ces derniers tcps,outre ce que chacun peut iuger de leur puante amp;nbsp;ordc vie,ils font faciles à rccognoiftrc amp;nbsp;difeerner par leur doétrine, examinee par la parole de Dieu, voire à ceux qui prennent pour aide à leurs yeux les claires lunettes de cefte parole,amp; qui ont oinft leurs yeux du collyre d’i-ccllepouryvoir]clair, laquelle nous declare que les fedufteurs font ceux qui font pl,U.^. leur Dieu de leur ventre, qui aiment plus la gloire du monde que celle de Dieu, qui fe fourrent par les maifons pour te- 2.Tigt;n.2. nir les femmelettes captiucs à leurs dénotions , amp;nbsp;par auarice , racine de tous maux, font marchandife des âmes, qui ancantif-fent la Loy éternelle de Dieu viuant par leurs vaincs traditions, amp;nbsp;fcruiccs humains

I.iij.

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1J4 Atheomachie

amp; mondains,qu’ils appellent diuins:quiauf. fi cnfeif^nent doélrine des diables, en defendant de fe marier pour renuerfer amp;nbsp;plonger Ie monde en paillardifes, adulteres amp;nbsp;autres cnormitez de Sodome amp;nbsp;deGomorrhe , amp;nbsp;commandant de s’abftenir des viandes, amp;nbsp;font des feftes de perditiô fous autres noms amp;nbsp;patrons de leurs ordres, que de Chrcfticn, amp;nbsp;d’vn feul chef noftre Seigneur lefus Chrift: beaucoup pires que les Corinthiens reprins par le S.Éfprit pour auoir dit, Moy ie fuis de Paul,amp; moy de Cephas, ou Pierre, amp;nbsp;moy d’Apollos, car encores a-on forgé diners autres Patrons en grand nombre , lefquels ont dreffé leurs regies, feéles amp;nbsp;doélrines de perdition, du tout contraires à celle des fain éts Apoftres contenue en la pure parole de Dieu fur laquelle la vraye Eglife Chreftienne cft fondée, amp;nbsp;laquelle nous conduit amp;nbsp;retient à vn feul Icfus Chrift feul chef amp;nbsp;fondement de cefte Eglife. Et finalement que ceux-là font feduéieurs qui diront au peuple, Chrift eft ici ou là en la terre , es deferts ou dedans , les cabinets : amp;nbsp;ordonneront difference de jours amp;nbsp;Je feftes, amp;nbsp;dénotions diuines aux Anges amp;nbsp;aux creatures,Car elles n’appartien nentfinon au créateur amp;nbsp;feul Dieu , amp;nbsp;felon que luy-mefme commande amp;nbsp;ordonne en fà parole; non pas au plaifir deshommes,carce qui leur eft excellent eft abomination deuat Pieu.Enfomme ceux-là font fcduCCcurs Icf-quels

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Chap, v i i t . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;155

quels pour fouler leur conuoitife ont attrap-pé amp;nbsp;alfuietti à eux qui ne doiuent eftre que fiiiets , leurs Seigneurs amp;nbsp;facrezMagiftrats, Rois,Princes,Barons,Nobles amp;nbsp;autres, amp;nbsp;a-ucc les Seigneurs leurs fuiets amp;nbsp;leurs ames, corps amp;nbsp;biens pour Ie plus beau amp;nbsp;le meilleur des heritages terriens, auec leurs titres, honneurs, dignitez immunitez par leurs hy-pocrifies amp;nbsp;menfonges de leur purgatoire vray purgatif des bourfes amp;nbsp;bonnes maifons, amp;nbsp;du retour des ames des trcfpaifcz cn leurs maifons, fondement de leurs richeifes amp;nbsp;délices, couuerture à tant d’adulteres amp;nbsp;paillar-difes dont ils ont rempli la terre, car ce faux purgatoire a cfté l’vn des plus propres moyés à Satan pour abolir ou enfeuclir le feul purgatoire des Chreftiens qui eft le feul merite du précieux fang de noftre Seigneur lefus Chrift, amp;nbsp;pour eftablir l’Antechrift fe difant chef de l’Eglife de Dicu,amp; s’attribuant l’autorité diuine amp;nbsp;humaine furtous, ôel’appuy de tout cela eftabli par vifions, plaintes, bruits amp;nbsp;tempeftes des diables en fcmblance des parens amp;nbsp;amis trefpalfez, ou bien fouuét des preftres amp;nbsp;moines ou autres perfonnes a-{»oftees à ccla,iufques à ce dernier temps que acbrtédufainélEuangile prefehé a chalfé au loin ces tenebres,bruits amp;nbsp;vifions, amp;nbsp;a e-fteint ce feu de purgatoire graces à Dieu. Et voila pour vne bonne partie des marques des feduéleurs outre les autres, amp;nbsp;telles fpcciales, Liiii.

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13^ A T H E o M A C H I E deleurchefl’Antcchriftjfe difant eftre Dieu, amp;nbsp;commandant comme Dieu fur les Rois amp;nbsp;nations de la terredefquelles defignent le tcps de fa manifeftation fix cens foixante fix ans apres celle de Chrift, fa perfonne faux prophete : fon lieu amp;nbsp;fiege Rome: fon authorité corn me s’il eftoit Dieu : fes forces môdaines: amp;nbsp;fes cruautez,meurtres des martyrs: amp;^Uîn amp;nbsp;deftruôtion par le glaiue delà parole, amp;nbsp;font déclarées bien au long es epiftres des Apoftrcs,amp; mefmes en l’Apocalypfe de S.Ieâ où l’on void que les fedufteurs ne font point perfecutez, ains perfecuteurs, amp;nbsp;qu’ils n’ont garde de fouffrir perfecutiôs amp;nbsp;tonnés pour l’Euangile, ni de monftrcr vn vray renoncement de leurs corruptions amp;nbsp;pl ai firs, ni vne perpétuelle croix,oppreffiô amp;nbsp;fouffrâce pour le Seigneur amp;nbsp;pour fa pure vérité,amp; en fom-ine,toutesfortesd’iniures, calomnies, affli-óiós,deftruftiós,martyres amp;nbsp;cruelles morts, car ils ne voudroyent point eftre fedudeurs à ce marché-là. Et plufieurs d’eux ne voudroyent fouffrir vn petit de feu au bout de leur doitgt, mais ils font en repos amp;nbsp;à leurs aifes,en grade authorité,crcdits amp;nbsp;honneurs, auec toute affluence de delices amp;nbsp;richeffes, vaines toutesfois.ce nonobftât pour les auoir amp;eniouyren celle vaine vie, ils eflouffent leur confcience, amp;nbsp;tirent les poures peuples aueuglez comme cux,par millions en la foffe infeniale.Ce qu’ils font en les alléchant amp;nbsp;retenant

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Chap. IX. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ï^7

^nantàcuxparvne ouuerte licence à toute Impiété,rebellion contre laLoy amp;nbsp;la parole expreiïe du Dieu viuant,permiflîon de toute iniuftice, violence, cruautébcftiale cotre les vrais Chreftiens, abandon à diflolutions amp;nbsp;desbordemens àfe difpcnfer par lettres amp;nbsp;bulles de leurs indulgences,pardons pour ar-gent,amp; pèlerinages atout mal,amp; les anuifent cependant par les beaux luftrcs, mafqucs amp;nbsp;fplendeurs des faux honncurs,p!aifirs amp;nbsp;profits de ce monde periflablc, cfqucls l’œil amp;nbsp;le cœur charnel fe plaift volontiers: corne font beaux temples,chapellcs,autels,palais,riches vain'eaux,ornemens,veftcmens d’or,d’argct, de pierres prccieufes,amp; de foye, reliquaires, tableaux,marmofcts,idolcs, peinturcs,tapif-ferics,luminaircs,encenfcmens,cloches,fon-nettes, orgues, mufique defeouppee, fables, fotteslegédes,farceriesamp; plaifantcries,amp; les détiennent captifs amp;nbsp;garrotez de leurs liens, amp;nbsp;iougs des côfciences vagues amp;nbsp;incertaines, côme monitions,cSfcffions auriculaires, excommunications profanes , fulminations amp;nbsp;efpouuantaux de leur purgatoire amp;nbsp;lymbes, inuention des Payens amp;nbsp;des Poètes amp;nbsp;Phi-lofophes des Gentils,comme de V irgilc,Pla-ton amp;nbsp;autres: amp;nbsp;fous la terreur amp;nbsp;contrainte du glaiue mondain amp;nbsp;des armes amp;nbsp;forces ter- ij tiennes.Auec toutesfois des belles promeifes de falut moyennant l’obferuation de leurs fonges, penitences charnelles, amp;nbsp;deuotions: amp;nbsp;fur tout moyennant argent, offrandes amp;

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IjS nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A T H E O M A C H I E

fondations, voire toute afleurancc auxpluf niefchans Si plus execrables rauifleurs, vfu-liers, adulteres, inceftucux Si paillards, trai-ftres,pariurcs,meurtriers,bandoliers,empoi-fonneurs defefperez , d’eftre neantmoins en payant, des plus hcureiix du mode auec eux, voire en leur paradis , c’eft à dire au gouffre des enfers. Ainfi a eftt feduélcur Mahomet quiaenforcclé vue grande partie du monde par fa loy charnelle amp;nbsp;infernale de 1’Alcoran, amp;nbsp;pire eft^l’Antechrift maintenant defeou-uert en fa doélrine pleine de blafphcmcs,hy-pocrifies,idolatries,cmpoifonncmcns Si abo minations fardees du facré nom de no lire Seigneur lefus Chrift, à la maniéré des for-ciers Si magiciens qui en abuient de mefmcs en leurs cnchantemens. Et tels ont efté, font Si feront iufqu’au dernier iour tous les fedu-éteurs des poures âmes, quoy qu’ils feignent amp;nbsp;defguifent, encores qu’ils fe transformaf-fent en Anges de lumière ou en Apoftres, car ils ne fauroyent cacher leurs cornes quad ils annoncent autre doftrinc que le pur E-uangile, qu’ils ne foyent recognus eftre ana-theme amp;nbsp;en malediélion par l’cxpresarreft de Dieu viuant. Mais plufieurs d’iceux n’ont garde de fe transformer en quelque Ange de lumière pour tromper ainfi les hommes clair voyans par quelque luftre de vertu de bonnes moeurs, de fainfte vie, ou quelque eftin-celle de crainte de Dieu. Car, excepté ceux

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C H A P. V I I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ï59

qui font retenus parla raifon amp;nbsp;honncftctc naturelle au milieu de fi horribles confufiôs, leur plus claire lumière en ces chofcs-là,n’cfi: que profondes tencbrcs plus efpaifles que ccl les d’Egypte, leur plus grande fageife vn pro fane mefpris de Dieu: amp;nbsp;leur plus parfaite faindleté.toute pollution amp;nbsp;renucrfement de la pureté Chrefiienne, honnefteté humaine, amp;nbsp;loy naturelle,amp; en fomme vn abandon de-fefperé aux desbordcmens cnormcs,amp; à toute l’extorfion des vieux Geans abyfmez par le deluge, amp;nbsp;des peuples exécrables de Sodome amp;nbsp;fes autres villes foudroyées par le grâd feu du ciel. Or à cefte occafion amp;nbsp;pour tels fean-dales amp;nbsp;achouppemens mis entre les nations du monde pour l’Antechrift amp;lesfiens,en leur doôlrinc pleine d’herefies amp;nbsp;blafphe-mcs,amp; au moyen de leur vie difiblue amp;nbsp;Epi-curicnne,perfidie,cruaute2,rapincs amp;nbsp;desbor demens, pluficurs d’entre les poures demeu-rans des luifs difperfez par le monde, en mul titude prefque innumerable, font empefehez amp;nbsp;deftournez de venir à la fainfte Foy de no-ftre Seigneur lefus Chrift iufques à prefent, aimas mieux payer gros tribut à l’Antechrift mefme , qui à ce moyen les fouffre amp;nbsp;les defend en leurs blafphemes horribles contre Chrift amp;nbsp;fon Eglife,que de changer leur do-ôrine amp;nbsp;ceremonies confommees par le Seigneur en vnc telle Chreftienté fi contraire an vray Chrift amp;nbsp;remplie.d’idoles amp;nbsp;diflblu-

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JxfO Atheomachie lions condamnées par toute la parole de Dieu tant au vieil Teftament qu’ils fuiuent encores,qu’au nouueau eftabli par noftre Sau ueur.Auffi les Turcs amp;nbsp;Mahometiftes quire-cognoiflept le lourd abus de leur faux Prophete, amp;nbsp;de fon vilain Alcoran, toutesfois demeurent plongez en cefte mer de toutes hcreficsamp; bourbier d’infidelité, pour l’horreur qu’ils ont de l’idolâtrie des peuples qui fe difent Chreftiens, amp;nbsp;finalement plufieurs de ceux que le peuple eftirne Chreftiens, amp;nbsp;qui en ont le nom,amp; pour crainte amp;nbsp;refpeâ; des hommes feulement en feignent quelque chofe, amp;nbsp;en apparence adorent l’Antechrift, femoquept toutesfois de toute religion , amp;nbsp;font le faut au gouffre d'Atheifme, en tout a-bandon d’impietc amp;nbsp;diftolution,ouy pour ne plus croire ne d’vn ne d’autre, quelque mine que les plus rufez facent au milieu du fimple peuple, amp;nbsp;fi ofent alfezouucrtemcntentre quelques vns leurs familiers, nieramp;dclad-uouër le Sauueur noftre Seigneur lefus Chrift, amp;nbsp;la facree vérité des fainéles Efcri-tures , amp;nbsp;fe moquer defefpcrcmment de Dieu ,. de fes commandemens amp;nbsp;defenfes, promeftes amp;nbsp;menaces : de fon celefte paradis amp;nbsp;d’enfer: de l’immortalité des âmes, de la dernicre refurreétion des corps humains: amp;nbsp;appeler fables amp;nbsp;mcnterics la facree parole de Dieu : amp;nbsp;fols opiniaftres les fidèles Ghreftiens, qui des plus de quinze cens

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, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Chap, v i i i. 141

cens ans l’ont fuiuic amp;nbsp;Ia fiüuent,amp; qui fouf-■frent toutes extrcmitez pour la pure vérité d’icelle , mais ils fentiront à leur maudite mort à qui c’cft qu’ils fe prennent, auec les \ faux-prophctes de la befte dont aucuns font morts magiciens, diaboliques, amp;nbsp;autres A-theiftes defefpcrcz. Et toutes ces chofes font Dieu- merci toutes cogncucs amp;nbsp;manifeftes, non feulement au iugement de Dieu amp;nbsp;de fes Anges , mais auflî des hommes qui ne veulent flatter amp;nbsp;mentir, ne fermer les au-reilles les yeux , amp;nbsp;qui craignent plus Dieu que le monde , amp;nbsp;redoutent cefte horrible fentence de Dieu viuant , eferite par fon fainél Prophete Efaye, en ^s paroles : Malediétion fur ceux qui difcntlemal cftrc bien, amp;nbsp;le bien eftre mal : qui mettent tenebres pour lumière , amp;nbsp;lumière pour tenebres.

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CHAP. IX.

O V R cefte caufe ayans iuf-qucs ici par la grace de Dieu efclairant noftre raifon naturelle amp;nbsp;feus humain , par le clair flambeau de fa parole (à-cree, fuftifamment defcoiiucrt les cachettes de ceft efprit immonde Satan Prince dgt;s tcnebrcs,amp; le malinuctcré,quelc monde eftirne eftre quelque grand bien , il nous faut maintenant toucher en brief quelques poinds principaux de la dodrine de lu-nnere amp;nbsp;de falut, oppofant le bien de la pure foy contre le mal de l’impictc amp;nbsp;infidelitcj afin de conduire noftre œuurc à fon but. qui eft de confirmer les debiles en la foy du vray Dieu amp;nbsp;noftre Sauucur lefus Chrift, amp;nbsp;les prémunir contre les peftiferes erreurs amp;nbsp;brutales abfurditez de I’Athcifme monftrueux, amp;nbsp;des fuperftitions diaboliques de ces derniers temps. Mais c’eft à vous que ceci s’ad-drefle , hommes, aufquels ce nom excellent d’homme, à la difference despouresbeftes brutcs,doit eftre attribué, qui encores aucz quelque refte de lumière d’entendement amp;nbsp;de rai-

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Chap. IX. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;143

tîe raifon, demeurez corrompus es cnfans d’Adam apres le péché. Et qui n’aucz point defpouillé tout le fens commun^ amp;nbsp;n’aucz e-fté transformez par Satan en des horribles Geans amp;nbsp;monftres infernaux, c’eft à dire en des forcenez moqueurs de Dieu viuant,amp; blafphcmateurs defefpcrez de fa vérité fa-crcc, comme font ceux que voyez viure ('’c mourir obftinez en leurs exécrables blafphe-mes, Icfqucls fans doléance,amp;-ftupidcs pour le prefent, cuident bien auoir eftoutfé pour iamais leur miferablc confciencc, amp;nbsp;pourtât s’efgayent tout à l’aifc à mener guerre ouucr-te à Dieu amp;nbsp;à fa vérité manifefte, mais ils font tout ainfi que des poures infenfez.( qui fermans les yeux contre le clair Soleil, nient qu’il luife en plein midi)amp; fe creuent les yeux de l’entendement par faiifl d’auis, afin de ne voir ces deux grandes lumières de Dieu, amp;nbsp;n’en auoir la fruition , Icfquelles cependant cfclaircnt diuinement amp;nbsp;refplcndilfent au trauers de ce monde tenebreux,ingrat amp;nbsp;ob-ftiné.L’vnela creation,fouficnement Ôi conduite de toutes chofes vifibles amp;nbsp;inuifiblcs, laquelle fuffit pour les rendre du tout incxcu Cables; amp;nbsp;l’autre fpeciale à falut, la doétrinc amp;nbsp;difeipline de l’Euangile amp;nbsp;pure parole de Dieu. C’eft donc à vous,hommes dociles amp;nbsp;qui toutesfois cftes encores en tenebres, que iepretens donner fccours,amp; à tous ceux qui par la vanité de noftre nature corrompue, amp;

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144 Atheomachie

par ignorance amp;legcrctc font faciles à glif-fer amp;nbsp;trebufcher au* mortel precipice a A-theifmcjou par faute de cercher le feul moyé amp;nbsp;remcde de leur fpirituelle amp;nbsp;vrayc liberté» pourroyent demeurer enlacez amp;nbsp;entortillez es liens d’infidélité,d’idolâtrie amp;nbsp;fupcrftitio» amp;nbsp;par ainfi tomber en perdition éternelle. Finalement c’eft.aulfi à ceux lefqucls en bon nombre ayans efté appelez à rEuangile,amp; re« cens en l’Eglilè Chrcftienne,toutcsfois pour la plufpart,n’ont point tant profité qu’ils de-uoyent en la cognoiflance de leur falut,nien la ncccflaire refolution par le Seigneur fi ex près commandée d’vn plein renoncement de nous-mefmes amp;nbsp;de noftre fcnsamp; iugement aucugléamp; corrompu, pour fuiurc fimplemct cefte pure parole dont ils font efclaircis amp;nbsp;enfeignez quelle eft la feule doéfrine de là-lut amp;nbsp;de vie , amp;nbsp;pourtant qu’il nous y faut o-beir fans aucun contredit. Or donc reccuez ici ce qui vous y eft offert amp;nbsp;déclaré en brief, outre les chofes qui en dependent,amp; y appar tiennent, amp;nbsp;lefquelles ontefté ci-deffusen maints endroits touchces,conccrnansla pure amp;nbsp;vrayc foy des Chreftiens, amp;nbsp;cela pour vn gouft feulement de l’abondance de do-étrine que vous deuez cercher amp;nbsp;tirer iour-ncllcment de la parole diuine comprinfees fainftes Efcriturcs. Premièrement nous apprenons de cefte facree parole amp;nbsp;croyons en toute humilité de cœur qu’il y a vn feul

Dieu:

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Chap, i x.’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;145

Dieu:amp; cn fon cffence diuiiie,infinie amp;nbsp;éternelle,trois perfonnes,aflauoir le Pere,le Fils* amp;nbsp;le faincl Efprit. Non pas pour penfer que ils foyent diuifez amp;nbsp;feparez, en la maniéré que nous entendons que trois perfonnes humaines font trois diuers hommes. Mais nous croyons qu’il y a en ce fcul amp;nbsp;vray Dieu éternel trois proprietez diftindes amp;nbsp;incommunicables de l’vne à l’autre perfonne, tcllemct que le Pere n’eft point le Fils ne le S.Efprit, ; amp;nbsp;le Fils n’eft point le Pere ne le S.Efprit, amp;nbsp;.Wjtr.j. le S.Efprit n’eft point le Perenele'Fils.Et toutesfois ces trois diftiniftes perfonnes ne font point trois Dieux ; mais vn Icul Dieu e-terncl amp;nbsp;indiuifiblc.Lc Pere,comme la four-ce amp;nbsp;premier cn ordre, a éternellement engendré fon Fils , qui cft comme la fontaine où fe dcfployc toute cefte fourcc.Et le fainét Efprit procède du Pere amp;nbsp;du Fils, comme comme l’eau viue découlant à grands amp;nbsp;perpétuels ruilfeaux de cefte fource amp;nbsp;fontaine. Ainfi peut-on encores prendre quelque petite amp;nbsp;foible comparaifon de l’ame humaine, fon confeilou entendement, amp;nbsp;fa volonté: qui pourtant ne font pas trois amcs.Sem-blablcmcnt du Soleil, de falumierc, amp;nbsp;de fa chaleur,Icfquelles trois proprietez diftinéfes ne font point trois Soleils , combien qu’à vray dire, nulle fimilitude, ne raifon humaine, ne langue, ne plume ne pourra iamais ex-* primer amp;nbsp;comprendre vn tel myftere amp;nbsp;fe-*

K.j.

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146 A T H F. O M A C H I F

tret diuin. Mais le mcfme fainél Efprit l'imprime amp;nbsp;fcellc es cœurs des eilens amp;nbsp;fideles Chreftiensjau moyen delà parole de Dicu,amp; par le don précieux de la foy qui efi engendrée 8c nourrie par icelle parole.De laquelle nous oyons amp;nbsp;croyons que ce feul amp;nbsp;vray Gethï. Dieu viuant a crée de rien ciel, terre, mer, amp;nbsp;toutes chofes vifibles ôc inuifiblcs,amp; les fou-ftient,conduit 8c gouuernc en general amp;nbsp;en particulier par fa faindte prouidencc, fagefie, 8c vertu infinie amp;nbsp;incomprchenfiblc : en tirant la lumière des tenebres, 8c le bien de fa gloire, des maux que font les malins, amp;nbsp;qui auffi en font iuttement punis, fans ce qu’il y ait iamais iniquité en luy, duquel la volonté cft la reiglc de parfaite iuftice. Dauantage nous apprenons d’iccllc parole, amp;nbsp;croyons que le Fils éternel de Dieu , noftre Seigneur lefus Chrifteft defeendu en terre au temps determine 8c promis es fainéles Prophéties, 8c a prins 8c vni à foy noftre nature humaine, affauoir corps 8c amc, aucc toutes nos mife-res amp;nbsp;infirmitezjfans aucun pcché,cftant con miraculcufement du fainéb Efprit amp;nbsp;né de la vierge Marie.Tcllemcnt toutesfois que cefte facrcc vnion eft fans aucune confufion ne diuifion des deux natures, car la Deité ou nature diuine de lefus Chrifteft amp;nbsp;demeure f/ehr.t, toufiours increcc,inuncnfe 8c infinic;amp; fa na turc humaine mcfurcc de fes propres fins, comprinfc,tcnant lieu amp;nbsp;cfpace de vray hom vue

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Chap, it.' î47 nié aucc fcs propres dimenfions d’vn vray corps humain,fans que ccfte humanité facrec qui eft glorifiée amp;nbsp;non pas engloutie ni abolie , foit a vne fois réellement par tout, ni en , diuers lieux amp;placcs.Et neâtmoins ces deux diftinftes natures en iceluy côiointes,font v_ ne feule perfonne indiuifiblc,amp; qui eft le feul Mediateur, feul Aduocatamp;Sauueur. Caria ou eft l'humanité du Fils de Dieu, y eft la Deité indiuifiblement amp;nbsp;perfonnellement coniointc,combien que l’humanité d’iccluy ne tiet amp;nbsp;n’occupe plufieurs lieux à vne fois, ains vn ifeu certain, amp;nbsp;{a. Deité eft par tout infiniinent.Parquoy Chrift eft partouttmais non pas tout ce qui eft de Chrift, amp;nbsp;(^ui appartient à iceluy,aflauoir fon humanitc.Or le Pere celcfte nous a defployé fon amour amp;nbsp;par faite charité en fon feul Fils lefus Chrift, l’ayant donné à la mort de la croix pour l’v-nique amp;nbsp;parfaite purgation, remiffion amp;nbsp;redemption de tous nos pechez , amp;nbsp;de coulpe, amp;nbsp;de peinc,tant de la faute premiere, corruption amp;nbsp;cheute originelle d’Adam amp;nbsp;d’Eue, que des tranfgreflîons amp;nbsp;mauuais fruiéls qui prouiennent de cefte racine pourrie en tout le genre hnmain. Et apres que le raefme Pete l’a retiré des liens de la mort amp;nbsp;du fepul-chre,amp; refl'ufcité au troificfme iour.il l’a eile-üé es deux à fa dcxtre,amp; en fa^oirc incom-prehenfible pour I’accompliilemcnt de no-lire iuftification, amp;nbsp;pour nous y eftrc perpe-

K.ij.

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14^ AtheomaChie

tycl amp;nbsp;fcul Aduocat, Mediateur amp;nbsp;Interccf^ feur. Iceluy-mcfme nous ayant ordonne de prier fon Pere feulement en fon nom, amp;nbsp;de l’attêdre des cieux lufqu’au dernier iour qu’il J. Csr.n. reuiendra auec l’armee de fes Anges pour iu-ger les vifs amp;nbsp;les morts. Cependant il faut que le ciel le contienne félon qu’il eft vray homme, ce qui n’cmpefchc iamais que félon fa nature diuine, fpiritucllcamp; infinie, il ne rempliffe toufiours les cieux amp;nbsp;la terre, amp;nbsp;toutes chofes fans permiftion ne confufioii auec aucune d‘iccllcs,mais il eft fpecialemét en fes fideles Chreftiens, amp;nbsp;au milieu de fes A/4«Zj i8 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;affcmblces faites en fon nom, en la

’ prédication de fa parole, amp;nbsp;cnl’adminiftra-tion des Sacremes amp;nbsp;féaux d’icelle, par la ver I nbsp;nbsp;tu de fon S.Efprit,amp; par vn moyen fpiritueb

amp; néant-moins tref-certain amp;nbsp;véritable, car il fait bien conioindre Ics cholcs cfloignccs par diftancc de lieux, de forte que diftâce aucune n’empefehe point que noftrc Seigneur Icfiis Chrill vray Dieu amp;nbsp;vray homme naturel amp;nbsp;indiui(iblc,ne foit entier auec nous, amp;nbsp;trcf-prclcnt en fon Egliic, amp;nbsp;au miniftere amp;nbsp;prédication de fon Euangilc,amp; en l’admini-flration du Baptcfme amp;nbsp;de la Cenc,où les fideles communiquent amp;nbsp;rccoiuent non feulement les fignes amp;nbsp;facremens vifibles, mais auffi la choie fignifiec, qui eftIefusChrift mcfmc,amp; la fubltance de fon corps amp;nbsp;de fba fàng en vie ctcrnellcnnais c’eft par vn moyen

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Chap. ix. 149 foirituel,non pas charnel,amp; par la bouche de foy,combien que fon humanité foit, comme a cftcdit,au cicl,amp; non ailleurs,perfonnelle-ment coniointe à fa Deité, laquelle Deitc remplit infiniment toutes chofes, eft au ciel, amp;nbsp;partout ailleurs , fans qu’il nousfoit be-foin ne loifible de cercher vne prcfence charnelle d’iceluy,ni aucun moyen charnel de ^ar ticiper corporellement amp;nbsp;charnellement a i-celuy: ni autres merites amp;nbsp;intcrceflîons que de luy feul : ni d’auoir efperancc ne recours à creatures quelconques ccleftes ne terreftres, pour paruenir à falut.Car comme il nous tc-ftific par la bouche de l’Apoftre fainél Pierre au chapitre quatrième des Aétes des A-poftres, Il n’y a point de falut en aucun au-tre, amp;nbsp;n’y a point d’autre nom fous le ciel qui foit donné aux hommes par lequel il nous faille eftre fauuez. Et pourtant que on ne s’abufe point en alléguant la miferi-corde infinie de Dieu pour abufer d’icelle, cuider obtenir falut de luy, fans la pure foy en fon Icul Fils lefus Chrift, ni pen-fer auoir quelque foy , fans la pure parole , alliance amp;nbsp;promefte de Dieu, car la foy cft par l’ouye de cefte parole divine. Et’en fomme , Qili croit au Fils il a iean.i.j, la vie éternelle. Mais qui defobeit au Fils ne verra point la vie : ains l’ire de Dieu i.Cw.tf. demeure fur luy. Et voici l’arreft cclcfte,

K.iii.

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Ï50 Atheomachie

Que Ies idolâtres amp;nbsp;les infidèles n’ont point d’héritage au Royaume des cieux.Doncqucs par la foy en lefus Chrift,nous fommes iufti-nez, purifiez amp;nbsp;regencrez en nouucautc de vie pour le feruir en fainéteté amp;nbsp;iuftice,fpiri-tucllement amp;' fans idoles, ni humaines innen lions, mais felon fes commandemens, def-quels la fin amp;nbsp;le but eft charité de cœur pur, J J amp;nbsp;de bonne confcicnce,amp; de foy non feinte: ’ car cefte obeiffance à Dieu eft vn euident CzaZj.tf tefmoignagc que noftre foy eft viuc amp;nbsp;vra-ye, amp;nbsp;non pas morte ne feinte, amp;nbsp;que nous fommes vrais membres de lefus Chrift vinifiez, reformez amp;: conduits par fon fainâ Ef-prit, amp;nbsp;que nous auons efte en efteét appelez afalut comme vrais efleus à la vie éternelle. Or pour engendrer amp;nbsp;nourrir cefte foy en nous, il iefertdufainél'MinifteredefonE-uangilc,amp; des deuxSacrcmens,afiauoirlcBa ptefmc amp;nbsp;la Cenequi font les féaux de fon alliance de falut faite auec nous, amp;’ de noftre incorporation, rcnaiffance ou regeneration, lauement amp;nbsp;nourriture fpirituclle en fon corps amp;nbsp;en fon fang précieux, voire entièrement en iceluy vray Dieu amp;: vray homme, amp;nbsp;de la conionftion de nous tous fes fideles les vns auec les autres comme vrais membres v-nis en iccluy:de noftre priuilege d’adoption, du droiô de noftre bourgeoifie celefte, A de noftre fainéle eSmunion en fon Eglife Chre ftjcnnc, fondée amp;nbsp;edifice fur la pure doftrine defes

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C H A P. 1 T. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;151

de fesProphètes amp;nbsp;Apon;rcs,amp; le lêul fondement eft le mcfmc Icfus Chrift,lequel a don né des Paftciirs amp;nbsp;Doéteurs eh icelle iuf-qu’au dernier iour pour l’œuure du Minifte-re,amp;pour l’édification amp;nbsp;conduite par bon ordre amp;nbsp;fainéte difciplinc de fa maifon, laquelle eft l’Eglife du Dieu viuant(amp; non pas des idoles amp;nbsp;fantofines mortes ) colomnc amp;nbsp;appuy de vérité,amp; non pas des menfonges inuentions humaines, qu’il a fi exprelfement condamnées. Voire a ordonne par l’Apoftrc ,.

r nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;O r n t * nbsp;nbsp;nbsp;1^1

que Jiquclqu’vn, lult-il vn Ange du ciel, annonce autre chofe que le fainél Euangile, il foit anathème,c’eft à dire maudit,amp; en exe cration. De laquelle fes efleus amp;nbsp;vrais fideles font deliurez, cftans recueillis à fauueté dedans fon Eglife,qui eft la communion facrec de tous les fainfts amp;nbsp;vrais Chreftiens qui croyent en luy amp;nbsp;s’arreftent à luy, Icfquels luy font feparez , deliurez amp;nbsp;acquittes de tous leurs pechez par fa mort, amp;nbsp;nettoyez en fon fang précieux qui nous purge de toute i-niquité, tellement que nous fomnacs communs en tous fes biens,heritiers de Dieu fon pere, amp;nbsp;coheritiers auec luy en fon Royau- ’ ' xaie eternel, mais il nous faut fouffrirauec luy, afin d’eftre glorifiez en luy à noftrc dernier foufpiramp; ifluc de ce monde,lors que nos aracs feront recueillies au celefte repos,es tabernacles éternels auec luy,amp; beaucoup plus parfaitement au dernier iour, en la refurre- «•CW.Î'f.

Oij.

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Ï5Î Athfomachiï ôion de nos propres corps,auquel il viendra en fa gloire,reffufeitera tous les morts,amp; fera aflîscniugcment pour iuger fes iuges amp;nbsp;tout le monde. Et pour transformer noftrc corps vil amp;nbsp;corruptible, afin qu’il foit fait ” nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;conforme à fon corps glorieux en la vie éter

nelle, car les âmes humaines ne meurent pas, ni ne dorment point,ains l'efprit humain retourne à Dieu qui l’a donnc.Doncqucs elles demeurent amp;nbsp;viuent à Dieu , le Peredesef-

Dieu viuant des viuans, comme cela xÂel.x. manifefte par fa refponfe rendue à Moyfe, par le tranfport d’Henoc Si d’Elie, au ciel, le but des fainfts Patriarches, la conference de Moyfe amp;nbsp;d’Elie auec le Seigneur lefus en la 1? ttlt;ontagnc,rhiftoirc du poure nomme Lazare conlolc, amp;nbsp;du riche cruel tormenté , amp;nbsp;du brigandconuertiau gibbet de la croix, amp;re-ceu en paradis. Mais la perfedion fera lors qu’il couronnera pleinement de gloire immortelle la foy, la faindeté amp;nbsp;patience de fès fideles au dernier iugemcnt,amp; enuoyeratous les infidèles Si obftinez en corps Sc en ame au feu eternel. Quand, di-ie, il cfîuyera toutes larmes des yeux de fonpourcpeuplc,amp;n’y auraiplus dueil, ne cri, ne trauail en eux, ains fera pour leurs opprefleurs, amp;nbsp;tous hypocrites amp;nbsp;diffolus ennemis de fà veritc:comme il en prononce le dernier arreft au chapitre vingtvniefmc de l’Apocalypfe de faind Ica, difant, Qu’aux craintifs amp;nbsp;incrédules, aux exécra-

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Chap. IX. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;155

exécrables amp;nbsp;meurtriers, aux paillars amp;nbsp;em-poifonneurs,aux idolâtres amp;nbsp;à tous mctcurs, leur part fera en l’cftangardent de feu amp;nbsp;de foulphre,c’eft aux abyfnes des enfers.Et voi la ce que nous auons fommairemét recueilli de la fubftance de celle pure parole de Dieu amp;nbsp;doctrine vnique .de falut, tant pour l’in-ftruôlion des infirmes amp;nbsp;ignorans dclafa-eree doélrine de l’Euangile, feule vraye foy des Chrcfticns,amp; de tous ceux lefqueîs le Sei gneur appclera encores en Ibn Eglifé : que auflî pour confelfer amp;nbsp;tefmoigner deuant le Dieu viuant amp;nbsp;fes Anges efleus, amp;nbsp;deuant tous hommes , noftre vraye amp;nbsp;vnique foy Chreftienne amp;nbsp;Catholique, félon que nous l’auons apprinfe amp;nbsp;reccué de luy-mefme,par la pure doélrinc de fes fainfts Prophètes amp;nbsp;Apoftres , afin que chacun vray Chreftien puilfe difccrner 8i recognoillrc celle foy amp;nbsp;pure religion,par l’examen de lafainôlcEfcri turc qui eft comme la vraye pierre de touche pour cognoillre Por, amp;nbsp;par le fymbolc des Apoftres qui eft le purfommairc de celle do ôrincjdont le fens amp;nbsp;l’cxpofition le doit purement rapporter amp;nbsp;côuenir audit fymbolc, aux dix commandemens du Seigneur, amp;nbsp;à la forme de prière qu’il nous a ordonnée de fa bouche, amp;nbsp;q tous les infidèles, perfecutcurs amp;nbsp;aduerfaircs de la vérité de Dieu demeurent incxcufablcs deuant fon iufte iugement s’ils ne fe repentent. Suiuant ce commandement amp;nbsp;fentcnce de noftre Seigneur Icfus Chrift,

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154 Atheomachie

Amendez vous amp;nbsp;croyez à l’EuangiIe,car qui îtoOT.i. ne croira fera condamne. Certes nouscom-parqiftrons tous deuant le fiege iudicial de Chriftjlors qu’il viendra du ciel, comme il le ‘i-Theff.t declare par l’Apoftrc, amp;nbsp;fe montrera auec les Anges de fapyiflancc, amp;nbsp;auec flambe de feu, faifant horrible vcijgeance de ceux qui n'obeilTcnt point à fon Èuangile, lefquels feront punis de perdition éternelle,amp; n’y aura lieu d’exeufe ni d’abfencc d’aucun,afin que chacun rapporte en fon propre corps felon iiôin.6. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’ aflauoir

les fruids de la foy, ou de l’impiété amp;nbsp;incre-dulite.A ce grand Roy des Rois amp;nbsp;fouuerain iuge du monde, foit tout honneur amp;nbsp;gloire àiamais. Amen.

Recueil

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Chap. x.


’SS


Recueil de ce trattté par forme d'exhortation à tout lepenre humain, afin de s'employer à cercher le feul Z’ray T ieu en fa fawEie parole, lefou-ütrain bien eîr falut etemel en fon feulFils nombre Seigneur lefui Chrtft.

CHAP. IX.

R fus donc,peuples amp;nbsp;nations du monde creatures du vray Dieu tont-puiflant, inuifiblc Sc infini,formées pour feruir à fa gloire amp;nbsp;louange, amp;nbsp;qui c-ftes appelez de par luy par la trompette delà prédication de fon Euangilc au falut éternel, voire fans acceptiô ni.elgard aux apparences des hommes, puis qu’il vous eft manifefte par les chofes fus dcclairccs. Que voftre mortel ennemi Satan le faux Dieu amp;nbsp;Prince de CO monde ayant iadisrui-né le genre humain , cft le fcul inucntcur amp;nbsp;autheur de péché, d’infidelité amp;nbsp;rebellion contre Dieu ,amp; des horribles confufions amp;nbsp;de la double mort qui s’en enfuit: amp;nbsp;non con tent encores de cela,amis au monde cefte der niere poifbn amp;nbsp;pefte incurable des amCs, af-fauoir l’opinion enragée qu’il n’y ait aucun Dieu, ni immortalité des aines ne iugement aucnir, ni aucune autre vie, outre l’erreur amp;

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155 A T H E O M A C H I E

t.Pier.^.

Job I.

les contraires abus des idolatries,foies dénotions amp;nbsp;fuperftitions humaines: Qmtt.ons donc amp;nbsp;fuyons diligemment ce parti malheureux: Éfloignons-nousdu feu deuorant de celle forge amp;nbsp;fournaife embrafee de perdition: Fuyons ce vieil dragon infernal,irréconciliable ennemi de nos vics,amp; il s’enfuira de nous, lequel neceffe iamais de circuit la terre amp;nbsp;de tracalfer par icelle, à l'entour des poures humains,comme vn lion bruyant,ccr chant toufiours quelqu’vn pour deuorer. Mais cognoidons qu’il n’y a autre moyen de luy pouuoir refifter que par la foy,amp; laquelle nous ne pouuons auoir, garder ne retenir qu’en receuant l’Euangilc, amp;nbsp;renonçant à no nrefens naturel,amp; raifon aueuglee.Condam nons donc nous-mefmes, aucc nos peruerfes volontez amp;nbsp;affcélions dcfreglees qui font toutes autant de traiftres confeillersdeno-ftre ruine amp;nbsp;perdition , car tout eda eft corrompu en nollre poure naturc,depuis l’offen fc d’Adam, quant à la cognoilfance des cho-fes diuines amp;nbsp;de tout ce qui appartient à no-ftrefalut. Pourtant cerenons lumière amp;nbsp;jç~ ftauration d’enhaut : Receuons de noftrc Dieu amp;nbsp;Sauueur en fa fainde parole le clair flambeau de fon Efprit,lc confeil amp;nbsp;feure ad-drefle de nos vies, pour auoir le feul amp;nbsp;parfait rcmede à tous nos maux. C’eft le don précieux de la foy necclfairc à falut, engen-dreç

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Chap. x. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;157

dfcc amp;nbsp;nourrie de I’ouye de 1’Euangile, dedans lequel nous trouiierons ce tlircfor incomparable , lefiis Chrift, fon feul merite, tous fes biens amp;nbsp;dons irreuocablcs de la grace , rcmiffion amp;nbsp;pardon de tous nos pcenez, k’ de la coulpc, amp;nbsp;delà peine ou punition d’iceux; amp;nbsp;la vraye penitence , regeneration ou rcnouucllement fpiritucl de noffre nature peruerfe changement miraculeux, amp;nbsp;reformation de nos matiuaifes vies, amp;nbsp;la paix affeuree ou repos bien-heureux de noscon-fcicnccs , fans ceci toufionrs troublées amp;nbsp;a-gitees de diuerfes doutes, horribles rémoi s, aiguillons du ver qui ne meurt iamais, amp;nbsp;de perpétuelle inquietude amp;nbsp;frayeur du feu éternel de la fureur de Dieu, lefqucls maux font chaflez de nous par cefte foy amp;nbsp;pleine certitude de noftre falut en vn feul Dieu5c homme feul Sauucur amp;nbsp;Moyenneur Icfus Chrift. Adorons donc le vray Dieu éternel tout-puiftant, tout bon amp;nbsp;tout fage, veritable amp;nbsp;iufte, aflauoir le Pere, le Fils amp;nbsp;le faimft Efprit, trois perfonnes diftinftes, amp;nbsp;toutesfois vn feul Dieu. Recognoiflons amp;nbsp;glorifions fa fainéle maiefté en l’admirable création , conduite , conferuation amp;nbsp;perfe-ucrancc du monde amp;nbsp;de toutes choies, amp;nbsp;puis de chacune d’icelles particulièrement fous fa diuine prouidence, amp;: plus familie-î Ç“’’7. rementau clair miroir de fa parole facree,

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158 A T H F o M A C H 1 E comprinfc en l’Efcriture fainftc. Lounni remercions, inceffamment cefte bonté infinie de tous fes benefices amp;nbsp;œuures haut amp;nbsp;bas cfpandues, ÿi partout à l’entour de nous amp;nbsp;dedans nous- mcfines qui fommes fm ou-urage Et fur tout célébrons amp;nbsp;magnifions fa iniicricordc incomprchcnfiblc defploycc au myftcre de noftre falut, qu’il nous offre en fon Euangile.Approuuons amp;nbsp;fecllons par vi ucfoy qu’il eft le Dieu tout-puifiant amp;veri, table.Fortifions amp;nbsp;appuyons noftre foy de la certitude de (a parole amp;nbsp;cognoiflancedelà parfaite vérité, en conférant auec icelle les infaillibles cffeéfs de fes fainéfes prophéties • fV diuincs reuclations qui nous y font doil-nccs:amp; par la droite confideration delà con-fcriiation miraculeufc des liures facrez de l’Efcriture fainéfc laquelle nous cft demeurée pure par la grace amp;nbsp;vertu diuine des le commencement iufques à prefent, mal-gré Satan, amp;nbsp;au milieu de fes fuppeffs, forcenez, perfecuteurs del’Eglifc Chreftienne, amp;nbsp;parmi tant de tempeftes, troubles, changement amp;nbsp;confufions de ce monde, amp;nbsp;pourtant afleu rons-nous en la mefme vérité cclcftc amp;nbsp;infaillible,que cefte Eferiture diuine demeurera faine amp;cnticrc iufqu’au dernier iour amp;nbsp;ad-uenement de noftre Seigneur lcfus,qui cft le

1,3-,m.j. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Dieu bénit éternellement, manifefté en

chair,prefché aux nat,ions,crcu au monde rebelle, cnleué en la gloire ccicftc, amp;nbsp;iuge ad-uenir

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Chap. x. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;159

ucnir de ce monde, afin que ccfic parole ferne à condamner les rebelles obftinez contre fa vérité, amp;nbsp;pour lettres de grace à tous les vrais Chreftiens fondez amp;nbsp;affermis en vn fcul Icfus Chrift,mais pour nous y retenir amp;nbsp;arre fter pleinement, laifTons toute la piperiede Philofophic charnelle qui n’eft que folie de-liant Dieu auec tous fes argumens, ergots amp;nbsp;ƒƒ 64. conclufions infernales. Dont auffi le puant Atheifme Si les idolatries, fuperftitions Sc hcrcfics font proccdccs,amp; que les poures infidèles qui ont encore quelque fentiment amp;: frayeur de Dieu en leurs cœurs amp;nbsp;confeien-ccs,amp; défirent d’eftre quelque fois bien-heu reux , apprennent d’abbatre amp;nbsp;defîairc ce Géant Goliath , lourd iugement charnel par fon propre coufteau aiguifé à cefte pierre de la parole diuine. Si puis de monter par ce petit refidu de l’inteliigcncc amp;nbsp;raifon humai ne, par la confideration de ce mondende toutes creaturcs,amp; far tout d’eux- mcfmcs,amp; de la compofition de leur corps,tant admirable,amp; des fens diuers d’iceluy, amp;nbsp;des fiicultez de leur ame excellente par deffus les bcftcs,amp; chofes creces.amp; par vn ralfis difcours de toutes lesœuures du fouuerain Dicu,amp; confideration de leurs proprietez, efpeccs, genres amp;nbsp;vniufcrfalité d’icelles, (comme par des bons degrez) iufqucs au feul eftre amp;nbsp;à la cognoif-fanec d’iceluy qui eft le feul Dieu cternel, créateur amp;nbsp;gouuerncur du monde, afin que

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i(îo Atheomachië

fes poures hommes Ic feruent amp;nbsp;Ie glorifient felon fa pure parole,en fe rcngcant amp;nbsp;alluiet-* tiflant humblement au facre Minifterc d’i-celle. Adorons Ion confeil admirable,par lequel ayant éternellement arrefic en foy mef-me le feul moyen de noftrc falut, il l’a voulu •‘quot;•ÿ- Jefploycr Si mamfeftcr en fa propre faifon

parluy déterminée. Quand il s’efttantpri-uement déclaré à nous le feul vray Dieu parfaitement iufte amp;nbsp;parfaitement mifericor-dicux,cn punilfant à toute iiifte rigueur de fit droite iuftice, amp;nbsp;pardonnant de pure grace par la libéralité de fa mifericorde infinie, tous les pechez de fes efieus en fon Fils vni-que Icfus Chiift le iufte,pleige des pourcs pe cheurSjSauueur de fes fideles, amp;nbsp;iuge des incrédules,hypocrites amp;nbsp;malins iuftement con damnez à la mort éternelle,amp; peines infinies dé fon infini iugement, comme pcçheurs rebelles , amp;nbsp;obftincz contempteurs de fa mifè-ricorde, amp;nbsp;des lettres de fa grace. Cerchons Si retenons conftamment noftrc falut amp;nbsp;fou-iicrain bien en luy fcü!,car il cft noftrc fagef* fc,iuftice, fanéfification amp;nbsp;redemption. Et fon fang précieux efpandu pour nous, nous purge amp;nbsp;nettoyé entièrement de tout pe-Nclr.i. ché : au feul nom d’iccluy,fans autre, nous a-itani.z. lions falut, il cft noftrc vniqueMcdiatcurj

Aduocat, Intcrccffcur, Sauueuramp; Rcdem-I rTm ' pteur, car il cft Dieu amp;nbsp;homme en vnc per-tjtain. Tonne,qui pourtant, feul a peu fauucr Si fouf

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Chap, x? iSr

firîr pleinement,amp; réconcilier à Dieu fon pc- iuftement courroucé, les pourcS hommes iranfgrcfléiirs « iuftement condamnez. Or ayant tout accompli il eft monté es cieux, amp;nbsp;eft là contenu félon fa nature humaine iuf-qu’au dernier iour du iugement du monde. Étneantmoins felon fa nature diuine amp;nbsp;infinie il réplit cieux amp;nbsp;terre. Et eft àuec nous, amp;nbsp;nous voidamp; oitinôus,amp; nos plus fccrettes penfecs par tout amp;nbsp;à toute heure. Ge que nul Ange ni homme,ou creature quelconque ne peut faire,car ils ne font point Dieu,ni eflen-ceoufubftance infinie, ains feulement font de nature creee amp;nbsp;limitée,amp; pourtant ne peu «ent à vne fois occuper diuers lieüx, ne voir ni ouyr les chofes abfentes amp;nbsp;efloignees de leur prefcnce. Prions dônc,bcnifl'ons amp;nbsp;louôs noftre Dieu amp;nbsp;Pere celcfte par fon feiil Fils bicn-aimé,commc auffi il nous commande fi exprclfemen: que nous demandions en fon nom^Tcnons nous rengez en fa vraye Eglife Chreftiertne qui a pour marque le pur Mini-fterc de fa parole facrce, amp;nbsp;rttenons conftam nient la doétrine , les Sacremens amp;nbsp;la difei-pline par luy ordonnée en icelle. Et que noftre foy produife en chacun de nous plantu-reufement en.faits amp;nbsp;en dits, amp;nbsp;en toutes les Afatt.iSi parties de noftre vie, fes vrais fruiéls amp;nbsp;tcf-moignages de noftre repentance, fimplicitc amp;nbsp;charité non feinte : auec toute modeftic, patience amp;nbsp;perfeuerance Chreftienne iuf-

L.j.

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l6i AtHEO MACHIE qu’au dernier foufpir. Prions pour tous amp;' voire pour nos perfecuteurs, bcnilTons ceux qui nous outragent, calomnient amp;nbsp;maudi-fent, procurons leur falut, faifans comme vrais Clireftiens tout bien amp;nbsp;cordial feruice à tous, amp;nbsp;voire à ceux qui nous baillent amp;nbsp;perfecutent mortellcmenti Dauantage con-duifons-nous nous maintenôsenuers nos magiftrats, fupericurs amp;. inferieurs, leurs iufticiersjofbciers amp;nbsp;commis,amp; tant foyent-ils bons que difficiles, en toute humble obeif fance amp;nbsp;fuiettion, comme ce grand Dieu Roy des rois,A luge des iuges le nous ordon ne par fa parole, car ils ne régnent que par luy, amp;nbsp;par fa volonté, amp;nbsp;font conftituez, o-

Matt.it. a ■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■ / O

/tuOT.ij. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;maintenus par Ion authontcoc vertu

fecrettedaquclle ne lailfe point impunis ceux qui violent l’ordonnance de fa fainéle Maie-fté,par laquelle il commande à tous fuiets de leur rendre entière obeillance en toutes cho-fes qu’ils ordonneront, non contraires ne re-Siantes à fa parole, amp;nbsp;fans déroger à fon oritélàcrceamp; fouucrainc,car ilsfontpar iceluy créez amp;nbsp;ordonnez Peres amp;nbsp;pafteurs de leurs fuiets,afin que nous menions viepaifi-i.fim.i. ble fous eux en toute pieté amp;nbsp;honnefteté, laquelle eft mefme ncccllaire aux plus barbares nations pour l’eftat amp;nbsp;conferuation de lafo-cieté humaine. Et dautant que la volonté dlt;i noftre Dieu, regle de toute iufticc, amp;nbsp;que nous foyons ici bas affligez eu bien faiiànt,amp; exercez

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Chap. x.

«xercez par diucrfes maniérés de tribulatios, Voire efprouucz amp;nbsp;examinez comme l’or pre cieux dedans la fonrnaife de ce monde mau-uais,embrafé du feu dn iugement diuin , le- j quel commence en G propre maifon pafTans 1.5.4. en ceftc efpreuue, afin que nous y foyons rc-purgez amp;nbsp;rccognus de mife , amp;que nous ne pourrilfionsen nos péchez amp;nbsp;offenfes continuelles, amp;nbsp;qu’elles ne paruiennent lu comble, amp;nbsp;que ne pcrilTions finalement auec les infidèles, comme bois amp;nbsp;charbons qui s’en vont en cendres amp;nbsp;à néant ; ains que par di-uerfes croix amp;nbsp;oppreffions nous marchions amp;nbsp;entrions au Royaume de Dieu apres fon Fils ïefus Chrift noftre chef comme fes vrais membres, pour paruenirà lafemblanceamp; conformité promife defon corpsglorieux,amp; i la participation de fa nature diuine, en l’im mortalité bien-heureufe , propofons-nous pour exemple ce grand Dieu amp;nbsp;Sauucur qui s’eft fait vray homme j)our nous , lequel innocent amp;nbsp;iufte a porte nos douleurs amp;nbsp;lan-gueurs infinies. Et pour enfuiurc fes pas, renonçons à nous-mefmes, à l’cxcelfiuc affe-dion de cefte poure vie, vaine, caduque, amp;nbsp;briefuc,à toutes nos deftianccs des promelfes de noftre Dieu,amp; de fon fecours, amp;nbsp;aux confiances terriennes, vains appuis du bras de la thair, pernicieux allechemens amp;aifesdece monde, amp;nbsp;à toutes nos craintes d’iceluy, de •Tes furieufes menaces, amp;nbsp;des dommages amp;

L.ij.

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tôjj. Atheomacïhe dangers qui toufiours en grand nombre fc prefentent aux vrais fideles. Cela faifans chargeons amp;nbsp;portons conftamment, Se de Meb.ii- jour en iour la vraye croix du Seigneur Ic-fns , amp;!: de fes afflictions, opprobres , in-iures tourmens , endurans pour fa parole amp;nbsp;vérité facrce , amp;c pour innocence » toutes Dpprclfions qu’il luy plaira , amp;nbsp;qui font briefues amp;nbsp;tranfitoires , pluiloft que de renier vilainement celuy qui nous a fi chèrement rachetez -, veu que nous tomberions par noftre lafeheté aux peines amp;nbsp;douleurs éternelles , car il cft , amp;nbsp;demeurera toufiours fidele. Pourtant fi nous a-uons honte de luy amp;nbsp;de fon Euangile, amp;nbsp;fi nous le renions ', il fe faurabicn aduouër amp;nbsp;maintenir , amp;nbsp;nous dcfaduoucra amp;nbsp;re-niera comme traiftres de fa gloire , amp;nbsp;de noftre falut , douant fon pore 8e fes Anges , fuyuant ceft arreft immuable : Depar-tez-Vous de moy ouuriers d’iniquité, car ie ne vous recognoy point. Car aux laf-ches, craintifs, idolâtres 8e mefehans leur part cft affignee en l’eftang de feu 8e de fouff're ardent à iamais. Si donc par noftre deffoyauté nous cuidons fauucr nos Vies, nous les perdrons. Mais fi nous les abandon-nqiUamp; les perdons pour l’amour de luy 8e de fon Euangile, nous les aurons vrayement fauuecs par iccluy j car par ces temporelles diffi-

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Chap, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;163

diiïicultez comme au trauers des efpines 8c cfpais buiffons nous paflbns outre iufqu’à luy. Nous entrons en la pollcffion amp;nbsp;pleiw ne iouyflance de la dignité gloricufe des en-fans de Dieu, de la ioyc amp;nbsp;focieté des Anges efleus , des fainéls Prophètes , Apoftres, martyrs amp;nbsp;vrais fideles Chreftiens défia .glorifiez de l’heritage incorruptible du Royaume celefte amp;nbsp;beatitude gloricufe de la vie éternelle, laquelle lefus Chrift nous a acquife en fa mort amp;nbsp;par fon précieux fang. Car à cefte vie bicn-heureufe nos vrais peres fideles depuis Abel le iufte iuf-ques a noftre Seigneur lefus Chrift , amp;nbsp;depuis fa mort amp;nbsp;palfion iufqucs à prefent, ont ainfi toufiours pafté. Et finalement y g, font entrez par mefmes croix amp;nbsp;affli-étions. Car pour cefte mcfme querelle amp;nbsp;defenfe de la.vraye Foy au Dieu viuant, félon fa pure parole , ils ont ainfi elle traittez amp;nbsp;careftez au monde , exercez amp;nbsp;/felr.it, efprouuez par toutes fortes d’iniures, ca-r lomnies y moqueries , outrages., blafines, battures , liens amp;nbsp;prifons. Ils ont efté ri-goureufement chaflez , lapidez , fouettez, feiez , eftçndus amp;nbsp;gehennez , ils ont efte tuez de glaiue , amp;nbsp;par autres cruels fup-pliccs de mort infiimc amp;nbsp;inhumaine, mais çc nonobftant prccieufe deuant le Sei-gnçur lefus, lequel ils ont conftammen» tâij.

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Athïomachiï

aduouc amp;nbsp;fuiui, voire pluficurs d’entre eux efchappez des mains fanglantes des meurtriers, ont cheminé cà amp;nbsp;là defnucz amp;nbsp;dcf-pouillez, amp;nbsp;aucuns d’eux couuerts de peaux de beftesjdeftituez, abandonnez de tous, affligez amp;nbsp;tormentez extrêmement,defquels le monde furieux n’eftoit pas digne , errans amp;nbsp;vagans es deferts, amp;nbsp;par les montagnes, cachez es cauernes des rochers , amp;nbsp;es trous de la terre, tellement qu’ils ont trouuéplus de pitié amp;nbsp;d’humanité es beftes fauuages que non pas aux hommes. Nous donc auflî veu que nous fommes enuironnez d’vne fi grofle nuee de tant de martyrs anciens amp;nbsp;nouueaux, amp;nbsp;de tous aages , amp;nbsp;iufqucs à prelènt, oftons fi fccouons de nos efpaules cefte pefante charge de nos conuoitifes, craintes amp;nbsp;affections terriennes , laquelle nous accable en chemin, amp;nbsp;le péché qui nousenueloppe fi aifement. Et pourfuiuons courageufement noftre briefue courfe par la vie prefcnte,amp; au trauers de fes affliâions,iufqucs à l’entrec de l’autre vie glorieufe amp;nbsp;perdurable q nous eft propofee.Ne plaignons le trauail pour obtenir ce plein repos, amp;nbsp;ce prix incorruptible de gloire, qui eft noftre Seigneur lefus , auec beatitude éternelle. Regardons en haut à ce chef glorieux amp;nbsp;confommateur de noftre foy, lequel pour la ioye immortelle qui luy eftoit propofee, amp;nbsp;à nous par le feul merite d’içeluyj a fouftert les horribles tormens amp;nbsp;la more

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Chap, x^- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;167

U mort de la croix , ayant mcfprifé toute la honte amp;nbsp;ignominie d’icelle.Puis eft refTufei-tc,monté es cieux, Sc s’eft affis à la dextre de /îom.î. Dieu eftant là intercefleur , Moyenneur amp;nbsp;i.ieam. fcul Aduocat pour nous. Confiderons bien ce grand Roy de gloire qui s’eft fait homme amp;nbsp;afluietti à la mort horrible de la croix pour fàuuer les poures amp;nbsp;infames pécheurs,lequel CS iours de fa chair a fouffert telle contradi-élion amp;nbsp;opprefTion des grands, des fages amp;nbsp;puiflâns de ce mondc,amp; mefme des Sacrifica-tears amp;nbsp;Dodeurs defon Eglife d*Ifrael,amp; du ‘ corps de fon peuple fpecial, à l’encontre de foy , afin que ne nous laflîons point de fouf-frir pour fa verité,amp; de perfcucrer,defaillans en nos courages. Mais pour prendre poflef-fion de fön Royaume cternel qui nous eft af-feurc par iceluy, retenons fermement lagra-ce de la vraye foy amp;nbsp;patience inuincible, par laquelle nous feruions au fcul vrayDieuvi-uant auec reuerence amp;nbsp;crainte , car il eft vn feu confumant fes ennemis obftinez. Or ce grand Roy des rois amp;nbsp;redoutable iuge de tout le monde , eft défia comme à la porte pour iuger amp;nbsp;chafticr par le graAd feu de fon ire le monde amp;nbsp;fes mondains , car les fignes qu’il a predids amp;nbsp;dénoncez en font tous ap-parens amp;nbsp;manifeftes, aflauoir toute infideli-tc,apoftafie de l’Antcchrift amp;nbsp;des fiens,rcuol temens de la pure foy de l’Euangilc, erreurs, difeords amp;nbsp;deffaut de vraye charité, mefpris

L.iiij.

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horrible de fa vérité,hypocrifies,blafphcmegt; tous communsjfraudes amp;nbsp;dc(loyaute2,aiiari-cc, rapines, paillardifes, desbordejnens amp;nbsp;plein abandon à toutes düTolutions. Et parmi tout cela, les iniuftices toutes manifeftes* amp;nbsp;les meurtres amp;nbsp;cruautez monftrueufes c-xercees à l’encontre de l’Egüfe de noftre Seigneur lefus Chrift amp;nbsp;fes membres, pour le defpiter du tout amp;nbsp;prouoqucr fon ire iufques aubout. Veillons donc ,6 Chrefticns, veillons amp;nbsp;prions, car le grand feu de fa derniere amp;nbsp;tref-iuftcfureur eft allumé,amp; ne fuffit plus à ce grand iuge de chaftier le monde aueu-glé, obftiné amp;nbsp;endurci par fes fléaux amp;: punitions ordinaires de tant de guerres, famines, feux, tremblemens de la terre, fterilitez, fei-cbereifes, innondations, vermines, peftes,amp; rage des belles deuorantes, ou autres executions amp;nbsp;exploits de fes iugemens temporels. Mais défia fes dards füpremes,fes feux bruflâs par ardeurs éternelles, amp;nbsp;fadernierefoudre font tous prefts en la forge de fon ire pour deuorer amp;nbsp;confumer en feu le monde incor-, rigible.Preuenons donc là iufte fureur, courons au deuant, amp;nbsp;au remede vers fà miferi-corde en vraye foy,repentance, amp;nbsp;charité no fein te. Recourons, di-ie, àfamifericorde en toute humilité, amp;nbsp;perfeuerons en fainâcs pieres deuant ce grand Dieu amp;nbsp;Pere de no-îlre Seigneur lefus Chrift au nom d’iceluy, felon les comraandemcnsjpromeffes amp;nbsp;exem

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Chap, x,' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1^9

pies que nous en auons en fà parole, afin que enlafaucuramp; vertu d’iceluy nous puiflions au milieu de toutes les teinpeftes amp;nbsp;executions de fà iufte vengeance,fains amp;nbsp;faufsfub-fifter en repos de nos confciences douant fon fiege iudicial,auquel nous auons tous à comparoir perfonnellement,amp; lans excufc aucune, ni exception de perfonne quelconque: pour alors receuoir felon nos œuures amp;nbsp;fruits, ou tefinoignages de noftre vraye foy ^tm.i.6. le falutjou de noftre infidélité amp;nbsp;rebellion la condamnation amp;nbsp;perdition éternelle, de laquelle font quittes amp;nbsp;deliurez tous ceux qui viennent à refuge en pure obeiftance de foy à ce fouuerain Pafteur de nos âmes, amp;nbsp;feul San ueur noftre Seigneur Icfus Chrift, auquel a-ucc fon Pere amp;leS.Elprit,trois perlbnnesvii feul Dieu ctcrnel, appartient amp;nbsp;fera rendue toute gloire amp;nbsp;louange à iamais. Voire,vien donc, 4 Seigneur Icfus, Amen.

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BRIEFVE instr V-

CTION CHRESTIENNE, amp;nbsp;recueil des principaux poinóls de la pure Foy amp;nbsp;Religion , confeflce Sc fuiuic d’aage en aagc par la vrayc Eglife, contre les erreurs de l’Antcchrift, amp;nbsp;autres he-» retiques.

lt;gt;146,

Deut.^.

IIÎ

i.Iean

rf.z.

liom.Z.

MO« ame neut chanter à taglotrc infinie, O grand Dieu créateur de tout cefl vniuerSy ^oncin^fiire mon cœur, ma lâgue nbsp;nbsp;me s vers,

£t t^ae ton fain^ Sffiritme conduife nbsp;nbsp;benie.

Religion.

Pure religion efl future ce nbsp;nbsp;ordonne

La parole de Dieu.Alais ftper^lition E^lfuture cr maintenir humaine tnuention. Jugez, donc lusiement laijuelle efifainJle ç^bonne.

Chriftianifme duvray Dieu.

Ze ChreJhen croit en Dteu,eternel,tnuifible, Infini,tout-putjfant,en trois proprietez., OÙ toutes fis ny a ejuelsjues varierez.. Ne trois Dieux,mais vn fèul,parfiiit,indiuifible-Diftindlion des trois perfonnes en Dieu.

Dieu le Pere engendra,voire éternellement Son Fils defafHbJlance,(îr de ces deux procédé Le fainJl£sfirit,d'iceux l’vn,F autre ne precede, Maisfntvn Dieu,fànsfin fnscommecement.

Création

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lyi Creation du monde.

Il créa tout de rien par fa fuie parole, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Cen.i.t.

Le ctelyla terre,! eau,le s celelles esprits, Vhomme,la ^mme auffi,tof apres cheuts équot; pt-ù. Et tout ce tjui fubfille,(^ rampe,nage,ou quot;voie.

Creation cognue par la fainéte Efcriture. .it. T^arfy nous apprenons ^tie le monde fut fait, Et créé du Sefeneur,afi^ ^ue demonÜrance

Il fit del''infime fùpreme puijfiance

Le ce grand Dieu viuâttout bon nbsp;nbsp;tout parfait.

Le temps. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Pf.ioi.

Il n'y a point de temps en fon éternité: Adats il créa le temps auec ce grand ouurage, ..Au poinllr^utlluy a pieu t^uelcjue marque om-Alonlirer en Pvniuers de fa diuinité. nbsp;nbsp;nbsp;{brage

Fin amp;nbsp;but de la création. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Cen.ï.i..

Lieu ayant fhtt le monde,y fitfon home matslre.

Pour en tirer PEglifi fà poUertté, j4fin ePelîre frut filonfi uerité.

C à bas iufijiia la fin de ce fiecle terre sire.

L’auteur de péché Satan,amp; facheute.

Mais Satan reuolté de fi droite origine, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Gen.j.

P in,menteur nbsp;meurtrier des le commencement,

A fuit l'homme pecker,leipuel premièrement nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lude v.6.

Fut créé tuile nbsp;nbsp;fiinll à ! image dittine. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lean 8.

Péché originel,cheute de l’homme.

L'home ayant tranfgrejféce ipue Lieu ordonna, ’■ A defnué les fiens des graces immortelles, Corrompu (fi gailé les graces naturelles. Et fur tousles humains double mort amena.

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va

Corruption amp;confiifion ditmonde, jffom. 8. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;o/ire corruption s'efi au large eîfantitte

PÇ.ioi. Sur tout ce monde bat^dont l’homme auoit receu Gen.i.^. Lepleitigouucrnementauanti^ueilre deceu venin de peche', i^ui a telle eilendue^ ^’iln’y a poi vn fini (n l’humaine nature^, Excepté le vray‘^ieu,lefiu Ghrtflhomme né^ ^***'’*^*^^1^^f^orps d'ameempoisonné, P^rle péché d’Adam fragile creature.

LYlcdion reprobation éternelle.

Pere enfin fini Fils de toute éternité, ■Aefieulesvaifi'eauxdefàmtfirtcorde, attire afion Chrifi,çf grace leur accorde^ pis i^utres punifiant leur infidélité.

üont.ÿ. Caufes de falut amp;nbsp;de perdition.

itd»}.

Ofie 15. Zîflw».?.

A tais le fidele eßeu recerche fi iuHice Etfàlut en l’amour,honté,grace nbsp;nbsp;merci

T)e ‘Dieupar jèn fiul Fils: (jr le mefehant aufil TF rouue fin damnement en fi propre malice, Çfpreuue de l’cleétion.

Pam. S. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ze fidele cognoifl au vray ejiiil efi efieu,

fin efrouuant fifiypar fis frutHs,patience. Charité,loyauté,bonne confidence:

/aj.i. nbsp;nbsp;nbsp;F tfityant les appafis de ce monde poUu.

l'efmoignagcs de reprobation.

jüain.l, 2.Satigt;.i4 2.P A.2.

Dumefichantohlhnéla confidence crie Sa condamnation en fin cœur endurci: Et ri a de fin filutenuiene ßuei, Atns çourt a l'abandon en fi mauuaifi vie.

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feicu s’cft monftrc parfaitement bon amp;nbsp;iufte au falut de fes cilcus.

L'eteYnel,infint^en douceurtusttce, Afiittgrace aux efleut en parfaite bonté, Ft puni leurs pechez. à toute extrémité. Enfin fils fini fay cur def humaine malice, Prouidcncc diuinv.

•^o’n.8.

*• (-’«r.i.

Dieu par fi prouidence,ordonne en t vniuers Ea fi dextre conduit toutes chofis creees ^ui luficjua vn cheueult;,par luy fint disfofie's, nbsp;nbsp;nbsp;Asâ't'io

E trant le bien,du ma f de s mefchans Q-peruers,

Le franc arbitrc,aflcrui par Adam.

ii/4dalt;m cree.pouuottnepecher,ne mourir, Cen.i.

:A yanî arbitre franc. Ad ais apres ßn ojfenfi ' lÈe peut autre ^Ue mal. StChrifi par fi clemence Eionneauxfiens nepouuotrni mourir ni périr. tean j.ii.

Perdition de tous humains qui font fans laFoy de Chriü,

Il y a franc arbitre à pecher librement, AI ait non â faire bien,cf“ ßgarder de vice: nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;sfa.i.

Car Adam le perdit par fi faute cér tnalice, Etafferuit lesfiins à mort nbsp;nbsp;damnement. fiiati.r-^.

Towles en fans d’Adâfint pécheurs en fan s d’i^-^'^'^’ AJferuis àpeché,(fi' ny a homme franc nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;(rt Eyhe.r.

S mon ceux t^ue lefw affranchit de finfing,

Qiÿy c/ue fichent vanteitrs du franc arbitré dire.

Atfranchiffemêt des hommes ferfs de peche»

(fhrtflßul now affranchit de ce cruelfiruage

De péché d’enfir.afin lt;^tte d'ame eff corps /.ùt r. TV ow firutons à tufltce,ô- tels fint nos accords ï^e now auons en don le celeile heritage. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ÿem.S. \

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i.Ccr.z.

Philip.1.

Jean r. J.

JJebr.I.

Gen.^.

Cen.9.

pfebr.i.

Cen.1.^.

Gen.y.^.

^74

Aueugleraent dc l’homme naturel.

CarnoM ne ßmmes pointfuffißns a btenfiiirei N on peu mefmepenßr ejuele^ue choß de hon. Al ais noltre /uffßnce eft de lagrace zm don. Donnant le bien penftr,bien 'vouloir bien fairei lefus Chrift Sauucur amp;nbsp;Reconciliateur de tous lesedeus.

La resolution de la Foy ftatholiyue Eft telle,dont il faut tout le monde aduertir, Qu il n’y a Ange,efteu,vierge,Apoftre,ou marf^t Sauuez. ^uepar lefiis vrayDieu Sauueurvnii^ue.

La promcfTe de falut;

Adam iugéa mort, eutpromefte de •vie Loft apres ftnfirfàtH, Dieu dißnt^ue le Fils Semence de la femme,au temps à ce prefix La teSie h riftroit du ferpentplein d’enuie.

Le déport de l’alliance de falut.

Floé,Sem, Abraham,!fiacclr Ifrael, Ont receu du Seigneur la parole de grace, Miß comme en depoft es mains de celle racé Ittfttju à Faduenement de Chriftimmanue!

L’Eglifc dc Dicu,amp; celle des malins.

DSghft du Seigneur en Adam commencée. Lors celle des mafias en Qainftmonllra, Ft r-vne contre F autre en forte guerre entra: La fàinUe fôuftre encor fins l’snitjue inßnße. L’irtue diuerfe des deuxEglifes contraires.

L'Egliß des malms au deluge périt. Puis eut refiurce en Cham^pouriuftju’à la iournee De Chrift,par esutßra aux enftrs confinée, Mais e^t meure viuant,l’autre mourantfiorit.

Parole

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175

Parole de Dieu regle de la foy.

La parole deT)teti eft le ßulßndemetit „ . i T)e laßy de l'Sgl'fe^t^r la touche la tegle DelavteChren:ienned’hommeßdefregle Pf n^. ' ^u(penß,dtt OH fMt,‘}ueleiue choß autrement.

Som maire de l’Efcriture fainéie.

F.n l’Efcriturefainéle eß toute la leçon .(^apprendre nous deuons de Dieu (ß fa iuélice, Et de noÜre rnefchefçj’ comme ileflpropice j4ux membres de ßn Etls,leurvniyue rançon.

Les deux parties de la fainéte Efeaiture.

L’Efcriture contient la Loy EEuangUe.

I.a Loy rend conuatneus les hommes de péché: L’ourles en deliurer l’Euangile eflprefehé, Salutaire aux croyans,aux autres mutile.

Fin amp;nbsp;but de la Loy.

Oeut. iS.

f-UC 1.2^.

Sous la Loy s’attendait le Sauneur aduenir, Souuentflgnifle par tantdefacrifices. Et deßng eéfandu pour les fautes (fy vices, z^Efin de l’homme a Chrifl conduire ifr retenir.

Le threfor de l’Euangilc.

L’Euangile ficré monélre ^efus venu, Et auoir accompli ce yue les facriflees Figuroyentfous la Loy,fa charge fes oßces, Et^uel frutÜ 1^ profit nous en eflreuenu.

Incarnation de Chrift.

Uetemel Lils de Dieu a pris nature humaine Conceu du fainElEißrit,^^ de la vierge né, ray‘^Dieu,vray home aHjß,aux humains ordoné a4ßn yue l’homme à Dteu tl condutß nbsp;rameine.

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Les benefices de Chrift,amp; remede contf^ les tentations.

tue I. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Le P tret’a nommé Ießu,Satiueur;Chrifi,Oinn;

^(1.4. q)'enhaHt du fainHEîprit à plein tér (ins meßsres 72««e d’enfir,(ér de fi grace pure

s.Pterr.i. ficrtfians au Tere nom conioint.

■tphe.2.

Si donejues l’ennemi en la mort tepropo/êj T a coulpe de péché, tér tti corruptioni

T on iniuitice aujfi,^ tapunition, Peéfon en lefm Chrifi te m’ajfeure téf repojè, ((ar il a prins ma chair, tir ma tranfgreffioft Sur (on dos tus le fiinél,réparé ma malicti

Etpourmoy accompli laparfrtte iu^tce, I Cer T Et porté enß gt;/ ort ma condamnation.

eéléabbaijfépour m’efleuer es deux.

l.Pier.'^, Pf.2l.

P-fs-Si-l.Pier.2,

Pourepourme tirer de ce^e boue poudre, Lrahipour megarder,(ér lugépour rn’abfiudrèi N aurépour me guérir en fin fimgprecieux,

Cal.-^.

MMt.zy. leant.T^.

Puis fiché en la croix de maledtdto», L)eficraché,blaP()hemé,lt;:fr mù à mort cruelle, (l m’aie droiSt act^uis de la vie immortelle, (jloire,beatttude,i^ benedtSlion.

Car mort pour nos pechez,tl efl rejfiufcité

Mom.4.. Pfehr.^, Rem. 5.

Pour nom remettre en vie,Qf pour noPlre iuélicti ‘Par fou obeijfiance auons accès propice .Au Pere,contre nous tuélement irrité.

Zmm t.

t.Pter.t.

C’eft l’Agneau pur ôr net,occis pourfitisfisirt Dieu pour nospechez.fi refiirreéhon

T^om releue de mort (éy condamnation, lusles nbsp;nbsp;affranchis du ioug deéaduerfiire.

Defirlt

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Î77

T)t Corte ijue '^atAnna que voir nbsp;nbsp;prétendre

fide/e qui efl enté en lefm Chrtél, tf membre d’tceluy,mené de fôn EéCgt;rit, CarleTereenßnFilsne trouue que reprendre.

O abyfmefint ßnd de CamourduSeigneur! sefi liuré a mort pour moyfi creature: .Ayantvni aßy ceFte humaine nature Pour monfilut heureux! A luy fiit tout honneur.

han if.

pfî^-lea» i.

Afcenfion amp;nbsp;retour du Seigneuren iügement, eß monté es deux,a prins pofieffion JDu Royaume eternel pour nom y faire place; V tendra finalement tuger l'humaine race, Enuoyant les mefchans a leur perdition. Refurreftion des morts.

dernier iour firent les morts refiufcitez.. Les fideles iront en la vie eternelle. Les malins fiuffrtrontpeine perpétuelle Pour vn iuSie loyer de leurs peruerßtez..

Pleine aflcurance de falut.

Le S.€/frit a mis dedans ma confidence Le fi au de mon filut:nonobsiant les combats 3om lefiquels maintesfiis ie me retrouue bas. ' /Hais lafiy le deffits regagne en patience.

La foy en Chrift cft l’inftrument de no-ftre iuftification.

Cefilut m’appartient,qui fuis viuifié Ln finßngprecieux,r^ceu en (in £glifi: JuCbßeparfiy en fipromejfie exquifi t^i me dit tufirai en Chrifiglorifié.

ytn.i.

/jebr.9.

0..Tbeß'.l.

lob 14.19. £fa.l6. Dan.lz. Jean

I.Cor. If. ..4jiioc.ll.' Äom.8.

£figt;t.t.

l.Jeanf.i

Jean l.tf.

Z!o)n.j.8.

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178

Rem-i- $. nbsp;nbsp;nbsp;Cefl cesie/tule Foy ijui noM nbsp;nbsp;nbsp;receusir

Ie fia Chri^l O' ßs btens,fi titmice parfittte Et la vie en ß mort eyai la no Fire a desfrtte, lut.XJ. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ejuvn brin deßlut ßiten noFtre poanoi}'.

Difference dcfoyjamp; de vain cuider.

Laßy a fiurc'e,viever parfait aliment /hm.xo. De la bouche de Dieu en fipureparole. a4utrementce ri eflßy,maisvn cutderfi'iuolc, Ftpeche'dont la mortßra le payement.

Contre l’hypocrilîe.

Matt. J laq.i. Afatt.lô.

x.Sam.x^.

ÇeFle fiy n’appartient au rebelle hypocritCi Redargue'de Dieu cfr detpropres remords De fin impiété,pire yue mille morts: Et qui dedans ßn cœur afi fincence efcrite.

L’hypocrifie eft rebelle à Dieu.

lt;t/iinfi comme Faul en relfargne (fy refirue Des proyes d’j4malec: comme j4chab defitoyaa ^uand Benadab captiffiin (F/ fiufrenuoya. Dont ilsfi'nt condamner..,fins exeufiquifirue.

L’obeiffance Cbrefticnne.

I Sam x^. nbsp;nbsp;Car pure obetjfance à la parole vaut

Mleux que toutficrifice er offrande tantgraffè Igt;iut.4-xi ^tfon fiuroit apporter deuant la digne face De cegrandDteu auquelcontredire ne faut.

La luitte de la foy.

Lafiy a quelquefils luitte contradiFloire

Jean nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;repugnance d Dieu, ainfi qùen lfiael

Cen Xi. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;auons,qui au heu Phanuel

z/iuec l’Ange luitrat^f' obtint la viéloire.

Metta

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179

Tirais cela ßrt afin de nomßrtifier

£n nosrnaux dangers. Cependant la docheure

.du tarret defnoué,nom instruit de bonne heure Gin.^i-. fintir nos défauts,!^ nota humilteri

Vidoirc de lafoy.

^yitnßluitta iafy2.elee duT^rophete,

Pour (on peuple pecheur.tat cjue Dieu l'elfargha.

La Cananee atnß de Chrtß ce mot gagna, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tta.^.

P emme,grande efl ta nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;demande ßtt frite-,

L’encombricr périlleux de là foy.

Souuent aufr laßy batte auec deßCfioir,

(fhancelle cjverßrottßns lagracetfrpromeße J'j.jj.

Le LteUyComme deßota les cendres enßthlejße ^orn-7,

Leßuprefijue s'edseintjpuisßufßeßfritvoir.

^tnßluitta Dauid figure de Chrtßmeßme, rgar.sj, dtnß luatentfiuuentßs membres voyagers, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lonM j.4.

Contre Satan,la chair,le monde (y ß^dangerst

P^epeche' i:-r l'enfir,^!/ßn horreur extreme.

L’oraifon.

t^^ylPais rorai(on,defiiyfidele mejßigere,

L^orte au ciel deuant Lteu les vixux deßn deßr^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;‘o.

Etrapporte pabas rejfieli de ßnplaißr, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;teaml id 1

ad.llant cß reuenant d’vne courß ledere.

Reglement delà pricre, amp;nbsp;de Tabus en icelle.

Lieu veut eslre prié pour le bien de ßtgloire nbsp;nbsp;.P/5o.

E.n nos neceßitezitß d'vne afifeélion

^Jî''tclt;^utere ßtr tout pleine augmentation nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Matt.Si.

Leßn regne tei bas fr iuÜtce iß viéloire,

j

ï

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i8o

'£fa.9.

Jeel i. Jiaii 14.

Jl a ßiit ceïte loy pton Ie prie humblement Sans recourir ailleurs:prometrant aßtslancty £t recjuerant de nous gloire çÿy recognoiffance. Pour les biens rjuil nomßiit continuellement.

Vn fcul MoycniK’ur 8c Aduocat.

Mais nom auons vnfiullu^e Mediatettr, J tea’l l' tenant le milieu entre nous ßy le l^ere: ihm. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'fefùs Chrifl ijut s'eftfrit no^re ^ere

£n nollre humanité pour eFlre Rédempteur.

.Außul nom de 'lefits j^duocat des eßetts PPreeeuonsßlut^ßcours ßy deliurance.

£om ‘s nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;p‘*^ autre nom c efi damnable ignorance:

Pt tießrons par autre,ouis,ne bien-voulus.

Un y aejue Dieu ßul,infini,eternel, éQlfi eognoiffe les cœurs.,çyy oye la prtere, “ En tout temps,en tout lteu,(yy en toute maniéré, Exauçant nos ßulßrs d’vn amour paternel.

Les Anges nont fiußert,vtfitant les humains, .uffot.n. ^uon les au adorez.-Le s Apostres en haine lourd abus,combien plus choß vaine £ccl.ÿ. ' P fi ptter les abßns,0y leur tendre les mains?

Certes yuiconyue va prier autre yue Dieu t.Iean 1. St par autre Aduocat yue lefus Dieu lyty homme. Il crie apres les fiurds, nbsp;nbsp;autant de dieux comme

Jere.u. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ßtnbls aura reyuis,ilfir^e en ce bas lieu.

/Itm IJ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yuelyue Roy mortelpublie fin edtU

Pseslats ôr pays de fin obeijfiance,

J’reu.16. P^ rebellefiiiet tombe fiiufipuifiance: Pt que dewendra donc P idolâtre maudit?

Ltt

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i5îï

Gen.K, Fxa.p,. Dan.9.

Les Teeres anciens,les Prophètes aufii, Difciples fi martyr s, fi leurfimence pure, lamais d'autre yue Dieu reyuerir nont eu cure: 'Donnant vn vif patron à tous defiiireainfi, Prières mutuelles des viuans.

'Bien doiuet les viuâts pà bas en maint defaut Jaques y.

J'vnpour rautreprier,chacun donc s'y employe; Mais leß.tnütre^ajje,ab/ent.de ceste voye Ne peutvoirne ßuoirrien de ce yu il nous pàut.

fJebr.ï^, Ecd.^.

Ffhe.i. ' Jean 17» Âom.ÿ.

5Î-

Contre le fcandalc d’impieté.

Or eïtans les mondains matière de la gloire Du ifigement de Dieu,ne te faut eshahyr “^De les votrobn:inez en tout mal s'efiouyr. Plustofi fits eÜônédevoiryuelyue homme croire.

Regeneration amp;nbsp;vizyc penitence.

Car l'homme naturel de fiy ne peutcompredre Des chofis de l'Ei^rittlefyuelles toutes finii, Polie afin aduis'.mais tPvne autre frpon Haute rfjquot; fpirituelle elles peuuent s'apprendre, C'efi de laviue voix dontreternel enfiigne Ses efieus appeleti,renais de l'E^jiritfainü, jQià le/ùiuentaufiï tPvn courage non fimt Selon y U il les attire (jy renge à fin enfiigne.

Jean 6.

JtiW^ JjUC 1. £flgt;e.ï. fJtbr.S,

t.Pier.l-

X.JeanU

Son Eifirit efclaircit l'humaine intelligence, Renouuelle le fin s,le cœur (^volonté, l'image de Dieu lustice JàinHeté, Science de fiilut,cfr vraye penitence.

Le Chrefiien trebufehé,recourt à fin baptefine, Jlu mente de Chrifiß la communion De fi chair fin fing,toute autre opinion T^efiyue venin de mort,(fifi morfùre mefime, M.iij.

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181

Le vray purgatoire. P - nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Çar leplwmnocent fittnentpeche ici

i.Cer r. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fi purgation ties là faute premiere

/^ebr.ï. jnfcjttau poincl de fi. mort nbsp;nbsp;offen fi derniere

ijean i. .Ailleurs testen leßu Chnffne fi trouuerapas.

Le feruicc dillin.

C'tflfiruir an vray T)ieH auoir en luyfiance'. :KxÀ io. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;inuo^uerfiiure fis mandemens:

DcHt.4.iz Soujfrtr pour (onfiin fl nom iniures tormens', l’p. 54. Le bénir (f;' louer auecperfiuerance.

Marque du vray Chrcftien.

]• nbsp;nbsp;nbsp;Qwcont^ue efl vray Chrefiten croit, retient

aduoue

i.Tim.6. Chriftchef.Prophete Çy Sacrificateur, Jean 18. Se«/ Roy ffiirituel,!^ fiul Legifiateur: .^yec.iy. L( Itiy obetffant l'adorednuoeyue nbsp;nbsp;loue,

Yci'y charité infcparablcs.

Corne le fiu n’efl point fins chaleur (S' làmierCt. i.Tini.t, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;vray Chre fiten la fly reluit en chanté,

Jat}.^. nbsp;nbsp;^1^1 atmant le Seigneur en pure intégrité,

i.lean.y^ Aime auffi fin prochain d'amourfitr, fie crentière, Vnion ôê concorde Chrefticnne.

Jean.i^.J4 nbsp;nbsp;Car Corne auec le chef les mëbres fint d'accord,

i.Ctir.ii. Autrement demeurer ne peut le corps eneflre:

Ainfi du corps de Chrtfl,vray mébre ne peut eflre ^ut auec fis prochains nourrit hatne (p“ dtfcord.

Deuoirs de la charité.

JUat.ii. nbsp;nbsp;nbsp;Or tous fint nos prochains,pource tous affligez

JH ehr.SDeuons aimer,aider,confier tfl defindre. Et le vice tpy defitut corriger (ér reprendre Car a ce nofhe chef notes a tous obligez.

Parole

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i!?î

Parole de Dieu, doél;rineamp; féaux de charité.

Et pourtant le Seigneur à charité conuie

*T)'vn a vnßs enßns.Etles deuxficremens nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;imnly,

' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i.Cor.io.

D'vn r en attire commun,^ d'vne meßn« vk.

Parole de falut,amp; féaux d’icelle ou Sacremés.

Dieupropoßaux humatnsßparole tref-digne lean tyEuec deux Sacrement ijui [uy ßnt commeßaux ’•C’”'quot;’’ Pour vnir à fin Fib fis eßeus vatßeaux D'honneur enß maifingt;parßgrace benigne.

Nourriture fpiritucllc parole amp;nbsp;Sacremcns.

La parole de Dieußit f homme pur droiSi Membre du corps de Chrtfl,^ßdeß fibïlance Lefidele nourrit-.mais plut grande abondance De vie es Sacremensyle remplit accroifi.

Sacrcrqens fans parole de Dieu inutiles.

Or puis que les deux fi aux de noilre priuilege Sontiçints d la parole (fi prédication 'Dußlutdes ChresHens fiire diutfion De ce que Dieu contointy neH:- ce pat ßcrilege?

T-Wli., I. Cor.Il, X)e«r.4.U Aiat. tg.

Matt.x'i. i.C«r.ii,

Gala,

Comment donc peut donner quelqu'vn les Sa-cremens

Sans preficherdu Seigneur la parole cherie, Etßns lettre les fiaux ? quelle baélelerte E^t-ce dlentretenir tels enfiorcelemens?

De l’abus amp;nbsp;corruption es Sacremens. Quelle rebellion (fi fierté detectable, Eß ceci d’adtousîer auSBaptefime le fil. Les coniurations du ^reuiaire (fi Aießel, f-lutle,fiu (fi crachat,ord (fi abominable?

M.iiij,

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184

£t priuer les Chrelfiens du gage precieus jHdH.16. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Dieu contre fin ordonnancé?

x.Cor.ii. £tvnfèul,banqueter,totufisißns contenance, N'efi-ce poinfvn firfàit grand pernicieux?

Dauantage cCofer fi mettre au propre Iteu Pf.uo. 'Du Sacrificateur le/iu Chrift:pour offrande Fatre de luy au ciei,n’efi-ce laficheté orande, 1. Cor. II. ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;dtt,'Prenez,non pas offrez a Dteui

Eten constituant en leur {auxffcrifice, Pf.no. nbsp;Et pardon dés pechez pour les morts cy les “vifs,

/itbr.i.y. N’ont-ils par ce moyen à Chrtflfis drotfls rauis, .Anéanti fia mort,^ volé fin office?

Contre l’idolatric de la tranflubftan-tiation.

Helos truelle fi)lte,ou pluSioSt eyuelle rage Celojf.^. quot;iDe croire tfr fiustentr ejue ce qu'on va manger^ Et que le ventre humain va fiàns doute purger, Harc 7. [g jfßg^ Chrifil,tout-puiffant,hon fige?

Conucnance de tous les diuins Sa-creinens.

Ctn.17. Lesperes d'ifirael ont-ils creu que la peau Couppee d'vn enfant ffJHettre Cy conuenance?

r.Cor.io. La manne chair humaine,(fy f eau fang d'alliacé: £xod.u. Etpafifiage ou chemin en fùbstance vn agneau?

'10 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Apofiressmartyrs efr fatnfls,des metUeurs

i.Cm.io. aages., nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;( corps

ilffommans eau,pain, (fy vin cesfainfls gages du j.Pier.i.^, Et du fang de ^efus,n'ont-ils estérecors.

Si le pain eStoit DteuA'vfirdl autres langages?

Déclara-

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tS5

Declaration du Baptcfmc.

Baptefme eflfacremet auqjteireaufdcrcßgtte, , pier.^, Repreßnte lede lefM, lanement

.Qÿipurge nos pechez,^ qui fait changement nbsp;nbsp;nbsp;iJt.m i.

*J)e noilre naturel à vie fainile diane. J^cbr.i.

Baptefnie des enfans des Chreftiens.

Comme aux enfans Hehrieux la circoncifon T surfacrement defy iadis fit appliquée. La marque du Baptefme aujfi communiquée ’Doit e^lre à nos enfans pourmefme occafion.

Gin. i^.

flfatt.iq, Mare 10.

Declaration de la fainóte Ccnc.

La Cene eflvn banquet auquell’ame fidele Repoit par vrayefyde corps,la chair fang l‘uc zz. De leftisafalut,pourdeluy f patffant, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i.Cor^io.

Croître en lu'wçir paffer à la vie eternelle.

L’vfage des Sacrcmcns.

Corne le pain çft' tgt;in fubState vn corps humain, j4infi de Jeßts Chrifi efnoSire ame nourrie, Dautant que de fa mort elle tire la vie Parla fiy quiluy frt nbsp;nbsp;de bouche çr de main, •

Vraye communion de Chrift cft par moyen fpiritucEnon naturel.

N oui mangeons (fr beuuons la ßbStance reelle Du corps (jr fang de Chriflpar la bouche de fty, t-Cor.u. Comme prend noStre corps lesfignes dedans fy: O manducation touteßirituelle !

Nccefsité de la parole amp;nbsp;des Sacrcmcns.

Or de boire nbsp;manger noStre corps a be/oin

Pour eîlrefiuSienu en la vie mortelle; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^cl.i 4t

.A in fl pour euiter la mortpcrpetuelle Ayons iournelltmeut de paiSîre F ame flin.

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18«

L’cfprcuuc ncccfiairc es Sacrcmens.

Ai au cjiii aux Sacr ernes äii Seigneur comuni^M j.Cor.u. Sarufiy,ßns repenfarice fins dileU:wn, line prend que leßgne à /2 damnation, a^tnß que fit ludos tratslre apoHat inique.

Marques amp;nbsp;reglement delà vraye EgUfç Catholique.

■TAh?' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;L’Sgkfia lefiuô Chrifl esßuxfinritttel

Lt fitit,luy obéit,çp- fis en fins efieue jyeut.^' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;plaifird'Keluyfisgonuerneçfireteue

Selon fifiintle toy,d^tin cours perpétuel.

Ignorance de la parole.

^ui s'eiltme (fihrellten (p- mesfiifi ou ignor» fß^oi]-3- parole de Dieu cfi ßn tniirutlton, Deot'ô U ll’'^‘^onble(fiaccroifificondamnatton

Déliant ce luge droilt lequel il deshonnore.

Renoncement de nous-mefmcs.

Qm veut esire Chreliü (fi tel viure (fi mourvr.

Renonce donc à ßy.futite Chrifi,(fi s'adonne

.A ßuffrtrplufieurs inauX:,attendant la couronne Rn la croix du Seigneur,fins crainte de périr.

La vie Chreftienne.

Zàe î. Lagrace du Seigneur s'efi^ à nous apparue Afin que renonpans à l'infidélité

F( aux de firs mondains,vtutons en pie te 'jusitee (fi temperance,attendans fi venue.

Du ieufnc Chrefticn.

r/jft I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ieufine pur (fifiinét eflvne aide trefibonne

'joel nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ioraißn de fiy,pour nous humilier.

Tue 5. nbsp;nbsp;nbsp;Reprimer nolîre chair,(fi mieuxl'ame lier

i.cot.T. Afin iu}te deuotr,quand elle s'abandonne.

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187

Du faux icufne.

L'homme ne ieufne pas obsftné à mal-faire: Ou ciiidant mertter le celeste/èiour, mettantpincietéen viande ou en iour^ Oar c efi opinion à Dteu route contraire. Des dilTolUtions.

F.fi.s,3.

Matt.6.

l.Ti/n.a-ColeJ].!.

Matt.tt.

Z. l'Kt.t.

Qtÿifi va replonger aux dt/foluttons *Igt;e ce monde peruers.^tt ainß que la truye Laquelle fins profit quelquvn laue nbsp;nbsp;effiuye,

Leu qu’elle fi recouche en fis pollutions.

T outeplafinterte nbsp;nbsp;chofi qui ne peut

Edifier la fiy, commeteuXfmomrqeries, L) ances,deutnemens,babils,y urongneries, Cela courrouce Lteuduy deEftlatfi luyput. Scandales à fuir.

eficandalifi aucuntains donne bon exemple Marc 9. iAtousenfitiüsç^dtns. Car malheur auxhu- /iç-tn. T4. mains nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;/ytatt.i'i.

Pour les achouppemens qui en renuerfint maints, Carp/ufiofl mal que btël'home enfitt cotemple. Scandales à mcfpi ifcr.

Aiais fi on prend de toy ficandale,fins mejfiait, Ou pour tes fiunEis propos,ou pour ta bonne vte, i.t'or.i. Pourfiit,marche defitu la maltce l'enuie, Galaty. Le telsficandaliz.esz.Lieuapprouue ton fibiët. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;z.Tnn.t.

Droit vfagc des chofes indifferenfes, èt de la liberté Chrefticnne.

Et pource quily a chofis, indifferentes Lont I’vfiige en tous Iteux n efifins tranfigreffion. Garde fir fity ce qui efi d'édification, Sou fianc a bien vfir de ces chofis, prefintes.

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î88

yl/df.lS. ßkirc l6.

l T

Miniftcrc de la parole de Dieu.

TJgt;ieu donne les auteurs pour fin peuple coTf~ F.t paislre /es brebis de pure vérité, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;(duire

Exhorter,corriger enfin authorité. Et tes pourespécheurs a ß crainte réduire.

Vocation dcsPaftcursamp; conduélcurs.

Pfebr.ii. nbsp;nbsp;nbsp;Le/érutteur de Dieu neß fiurre fiy-meftne

A conduire F Egliß,atns tl y eß commis

J'rm ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;droiteelellton-.ç-r au beßtn defrnis,

Tfiie.i.t,. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;chefestie ChnflßitlEuefe/ueßpreme.

i.Pier.i. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Difciplinc Ecclcfiaftiquc.

honneFlement toute choßf/r par ordre, j.Cor.n. Et fins contention en l'Eolifide Dieu, Petn.ii. Selon la circonélance,affaires,temps ô“ Heu.

Et fiitFhommereprins lec/uely cerche à mordre. L’édification amp;nbsp;iurifdi^lion de l’Eglifc,amp; l’excommunication.

.f'fhe.i. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Jefus ffhrifl eß le chef de l'Eghfe Icn corps,

Je.in g. Sa parole efi la vte,lt;fiy puis la difictpline

^fi‘^'gt;^^quot;‘l‘^”^ff^gt;0'fitt‘}ue ladolErine , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;TFourrit les membres vifs,les autres lette hors.

i-Jliffl. Difference de l’Eglifc Catholique, amp;nbsp;de la Papale Romaine.

Pfihe.t. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iLE^glife a lefts Chnflpour fm chefviuifique

jteb.1.4. EtfeulLegif.ateur,Prophete,Prebnre e/f Roy.

Pispautéfdft SDteu fin Pape c/p tientfi loy. luge Z en fins raffis laijuelle eß Catholuyue.

I. P/fr. î nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ognoiffez cjue le nom d'Suefiue vntuerfil

J-yhcA.^. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;chef Catholique,außi peu à quelque home

(elejJ.ï. ‘E oure pécheur caduc,peut appartenir comme Sa telle peut nourrir tout ce monde mortel.

C'eß

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189

C'eflvnfeul^efru ChrißdontTeßence diuine veslu no^lre chair,r^nt pent tour ce ^rand corps E)e tFgtifi nourrir,deß vie,(^ fes morts En Vie releuerparfi putßance dtgne.

Catholique n'e/l pointful croît la loy de Rome: J Alais qui croît l'Euangile,;^ croit en iefw Chnfl, Corneontcreu touslesfitnElsjhaißuns l’Antechriß i.Theff.i. ^^ißyßoy nbsp;nbsp;ChreEltens brife,ßule er aßornme. -^poc-ij.

Declaration de l’Antechrift, fon regne amp;: fa

' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 n lt;' •

hn amp;nbsp;deltruction.

L’Antechrifineflvn hommè, ains vne tyranie i Tean i. Des ennemis de Chnß i;y-de fi vérité^ Efficace d'erreur,amas d’impiété'. Laquelle au dernier tour fera toute finie.

Clt;^ßl‘t fuceeßion longue continuelle Les Trapes apoElats,du vray Chrtfl ennemis^ quot;Rautßans fes honneurs qu'il ne leur a remis,

Erfrnr la Chreîltenléputßance vniuerfelle.

Alats comme des Romains F Empire s'en alla Earpieces peu à peu,ainfi à fin image rQ^ut efila Papaute,vient ruine (f dommage 'De pays en pays, or qui ne void cela?

19.

E.glife du vray Dieu fortifie ton cœur, Cnr Satan defchainé,fi bePle fin prophete uec toute leurfigt;rce efiicace infiéle. Eten rofiferont défaits parton Prince vainqueur.

Alefnes il réduira des gens de toutes fines.

Rots,Princes nbsp;nbsp;'Barons,peuples,grads menus,

Lefquels diuinement vrais Chresltens deuentu, amp;Cof Haïront la paillarde c^fes poifins plus fines. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^for.i'

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T9 O

I radifions humaines fontabominatiorii.

Luc j6.

Carlotx fins laparole en I'Sghfi ordonnées, De ne(è rnarterfirger^^es ict, y iandes detetter.prter les fitnes attfii, £ sprier pour les 7norts fint de Dien condamneesi L’abus des faux articles de foy forgez par

I’Antcchrift.

LLel,r.t.

i.Jeajt r.

I.Cor.i.

Ce n'efi e^uepur abtts, rnefies nbsp;nbsp;purgatoire',

ReltçiHes (^pardons,car lefius a jiiuffert I^a mort pour nos pechezidf luyfiul s’efl offert jon P ere tau fi!ut des 'vatjfeaux défi gloire. Sepulture Chrefticiinc.

Luc 16.

Le Chrétien decode'fits mis honneÜemeri'Li -^pof.14 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;amp;nbsp;ojuon ne fi trauaille

Pf.itô. prier pour les morts.Ce rPeflehofi cjui vaille ^u’a tromper piller fins autre findement^.

La retraitte des decedans.

(far au pointi du trespas Pame depart (jt tirt ^u'iö' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iugementficret de ce grand Dieu,

U repos défifiy.,ou bien au trisle lieu

‘Depin ùnpietécjui la rom^e ePf defehtre.

Des fuperieurs amp;nbsp;maquot;iftrats amp;nbsp;de leur fa-crcc autnorite.

Tien. i.. nbsp;nbsp;nbsp;Magiflrats (ont de Dieufiyent bos ou infidèles,

Lron.i. Il leur faut obéir,çp à tous leurs edtHs

Mott.zi. TLon contraires a Dieufittenfiitts ou en dits.

autremët(ont mefime 'aPneu rebelles. Le bien public qui en renient.

(far cjuefiuegrand defirdre qt horrible defrof i.Tim.z. l'^^y fiche voirfitln’yauoitne Prince, l'PuT.z. Netuge envnpajfS,tofifiroitla prouince

£n désolation.Honnore donc le Roy. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;L eur

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I9I

Leur puiffancc eft limitée amp;nbsp;fuiette à l’Empire fouueraiii de Dieu.

nis celny contraint (on peuple à denen»' ^’•lt;».3.6. quot;IR^belle contre DteM,ß degrade fÿ- fiprine ‘Defin authortté,pourtant howme ejui zitue (fiomplaire ne luy dott,ains a Dieu Je tenir.

Du famft mariage.

. Mariage eflpour tomhonnorable,lt;Jy la couche i.Cor.y. Sans tache depeché:mais le Seigneurjira tJebr.i^. lugement des paillards: ce luy ijui le fiera nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;£xq.io.

s'amende^autremet ceft d’enßr vneßuehe.

Deuoir des mariez.

Chrifi efl chefdu mari, (ÿ- luy chef de fi ßmme J.aquelle il doit atmerpouruoir (fgarenttï: nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Celoffi

Et elle à fin marife doit afiuettir.

jQut viole ces loixfe perd (J- fe diffame.

Cüuuerture des femmes Chreftiennes , leur

modeftie amp;nbsp;lilencc en l’Eglifc.

Si la ßmme na point de voile ou couurechef i.C«r.ir. En lafihiLle affemblee ou affilent les Anges, Elle deSptte Dieu en fies façons estranges, JJu’eàefe couuredonc,ou hienrajeßn chef.

La femme ßtt auffi en fflence en l'Eghfie S ans y ofir parler; er ß elle ne fitt Entendre clairement ce cjui s'y dit cjr fait. Demande en la maifin au martsjuil l'inïiruife.

Deuoir des grands aux inferieurs.

Deres,meres,feigneurs,iiÿ)‘ mat/bces fp-maifireffes Æow.i?. Sont obligez, a Dieu t^ui les fait dominer Sur enfin s cp“filets de les endoSlriner

I /6cr.i.

De parole (J- d exemple à juiurefies addreffes.

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19 î

Dcuoir des inferieurs entiers les grands« ^De mefme les enfiitis,fùiets ferutteurs Sont tensu deuant Dieu de rendre obeijjitnce, Etferuice loyal a la droite puijptnce Des Princes qt parens, matures tutescrs.

Deuoir d’vnion fous vn Dieu amp;nbsp;Pcre.

Mmc 12, 3/.a.6.

I.C'or.2.

l.Cor,6.

Hommes, nous auons tous vn Dieu, Seigneur er Pere.

Et tous ßmmes d’vn corps les membres ßus vn chef.

Et tout feres fxurs n’efl- ce pas grand mefchef D'ePlre tant diHifez,amp; cruels frere àfiere?

Or fi nous ojfen(ons ou le chef,ou du corps Âiembregrand ou petit,nous cerchons la ruine 'Du grand temple ficrè de la bontédiuine. Laquelle deiirutra ceux-ld leurs difcords.

J-yo. 20, Pro«. IJ. iS.

£Jue donc l’inferieur au maieur ohetjfe. Et celuy qui ne fait, apprenne dufiuant. Le grand aide au petit,lefige aille deuant Conduifint l’tdtot,en bonté qx lulltce.

Confolation des vefues.

J UC 1.

PfA46. J-.xo.zi. J’J'.ÔS.

I,a vefue delaifiee ait (gn recours à Dieu, lefus fin es^oux,::-;- enfi loy médité, Etpriantnutlicy- iour.s'exerce fillicite z/iux OHurages (^fiuiéts de la Eoy en tout lieu, oyitnfifurfis ennuis,en fis fous^irs (jy larmes, i^iu milieu des me.f ris,torts gp“ defloyautez 'L)e ce monde orgueilleux ç-r plein de cruautez. Elle aura definfeurleputfiant Dieu des armes.

Contre

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Contre Ie reuoltcinent de la foy.

S t nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;renonçant àFE uangile,pen/e

Sauner garenttrfi vie,il la perdra: Et le gain de ce monde helos ne luy vaudra Rien au gouffre dlenßr.ZI oila fi. ^compenfi. Du iuremcnt fainét ou prophanc.

^teu ordonne turer en (on nom fitnüement. En tuHice,au prochain pour chofi nonprouuee^ '^urer par autre nom cefi(àutereprouuee, £tfiperdent tous ceux :jui turentfilementj.

Péché contre le S.Efprit irrcmifsible.

veut anéantir tlhenuerfe au poffible\ Èa vérité de Dieu eju il cognoifl clairementj, EEk‘jffit”t If remors sjui le point vitiement., Efl perdu, trehufiché en ffiute trremißible.

Le but de noétre vie effyue glorifié Soit en nous le Seigneur:donc toute ma perfinne Chante,loue d iamais,^^ les graces refinne Du vray Dieu ^ui m'a fait nia iuiUfie.

Mm.10. amp;I6.

Jmc iz. z-Tim.z.

Sxo.zo; Veut.6, lere.,^.^. Matt.j.

Mdtt.xi. Z,uc II.

i.fean

^-ßi.4^-I.Cor.^, Pf-10 J. 1'9.

/torn. 8;

Brief Dialogue Chreftien,contenant vnfom maire de la pure foy en Icfus Clirift.

T«« i]ue le S. Eifirit commande lt;^He fiyons *Preéts à rendre raifin de ce yue nous croyons, E)i moy es-tu Chreéiten? le le fins par la grace I)u vray Dteu toHt-puiffdnt:en lieu ^ue de la race D'Adam poure pecheur,i'eEloü enfant de mort, Etproye du Lion tjui l'ame effie mord.

Kj.

l.Pier.j.

Ieau I. .Rom.J, £plgt;e.z: Mibr.i;

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149

Ze4M I.J. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^tteFire Cîm^hen? c eß croire er! lefm

'Rvm I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Chrß nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;çhomme,

I^ieti^ Rédempteur, Ie vray ^Dien nbsp;nbsp;vray

Et ne cercherßhtt nt Fetficrer enßmme

Kers Eieu (juepfitrlnyßul,ß!on lefitn'cl E.fcrit.

Job. TO. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;monde? vnßul Dten tref hemn.

T^ourejuoyy ei-tn mis?pour auancerf gloire

Rom.g, nbsp;f oniotnte a mon flûtiaux combats nbsp;nbsp;i/tiEoire

amp; bonté contre mon cœur malin.

y\dais ^ueFi-ce lt;jue Dieu veut ytte tu faces an R^i. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.

Rf.1z.j4. Eourfi gloire auancer là oit tou! mal abonde?

La ou tant de milliers en fùperébtion

Et vices luy ßntguerre à leur perdition?

Jean t. nbsp;nbsp;^Jic t aye en luy fance.cf luy fiulrecottrs

Rf vt- nbsp;nbsp;jiuec humble oraifin en ma fiiute cé/ dtfitte,

I Jeatii nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Aduocat lefiis Chrifi.ma cachette^

i.Cor.i. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;rançon,mon effairimon aide (fa monficours:

Deut.4. Et t^ue te me foufinette à fon obeijfance

Ruoi.zo, Sonsfis commun demons :(fa cjùen dits (fa en faits^

i.ThejJ.y. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;g^g bouchc (fa cœur pour fis dons (fa bten/~

fatéls,

le luy rende toHpours.J''otIa fin alliance.

Comment fi recognottle Chreéiien au milieu

Tite i.

’De toutes auiresgens?i]uand tlvittuétement.-, Ne faisant mal a nuhains cordialement.

Matt (. Gal.6, j.Pier.^.

'Bien a tous,enfiuuant (on bon pere fin Dieu: Gardant (ibrteté en fait s,en dtts,en vie, Engefles,en habtts,en renards (fa maintien. Sans exces ni abus indigne du Chreslten

Cilof.^.

Duquel doit la penfie estrephu hautranie: Eipoift

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Ft pour conchtpun en viuantfiinÜement Separe de ßiMeure,lt;^ de cœur çp d'e mine^ ‘Despiper 'üitionsdeßjtieUes abomine Dieu leijuel enpèra terrible internent. Aiaispuis i^ue tu depdutsßuiientpar iniuUice, St maints desbauchemens (p profanation^ Contre cc^e droiture (fr reßrmation En vrayeJàinlleté,auras-tu Dieu propice? J''ray eß ejue te defduAiais Chrifi a fitisfdit

j.Pier.l.

laq.l.

l.ThepP

ï.Iea»^.

l.Tim.q.

-^foc.iq. Z.TI,ejf.K

iJeani,

/ere.^2.

Aiourdtpourmes pecbeZi^sj/ui vit pour tn abßu-Etßn Eipritme fiißrepentir reßudre nbsp;nbsp;f dre. pr^o

A leßiiure, aßeure en cepleige pa rfrit. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fßebr. 7,

Tourßii donc attendant ce^le heureuß eiperance, Et apparition de la gloire (ß vertu Du grand Dieu Ie fus Chriß,le^uel a reueitu St prins nature humaine à no lire deliurance.

Tiont.t. i.fean f, Philiff.».'

Epigramme des damnez amp;nbsp;des fauucz.

'Deux-tu ellre fiuué? ne t'abuß donc pas. Il faut ellre ChreEhen.cß natten le trelpas. (Parle monde efi perdu hors du regne celujue jQuiconi^ue ne cognoit Dieu qtßn Etls. vnii^ue, E t tousßnt de nature enfdns dlire (2^ maudits. Saunages oliuiers exclus de paradis, H or finis ceux ejui entez, en Chrifi oliuepr anche. Sontßits par iceluy fii belle q- viue branche: Ccux,dt-ie,ciuißnt bonsßrmens au ßp exlt;]uis Dußc ßng duquel ce bien leur efiacçfuis. Tous autre s ßnt pourris enleurßuche maudite, 1 ous autresßnt excita de la vie benite:

N.ij.

t.C»r,S: Iean.l.17.

îyhe.l, Pom.n.

Tesnt^. ' Pim.y. Pfhe.q. i.Car.ô,

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V' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ob^Hnez

Zuc^'^' ^yp‘gt;^''^*^‘^’^ot^f^eHrs,ßnt au fin destinez.

Jitm.IQ. iugement de Dieu qui s auance fur eu.v, ^ci.z. Comme fur les ChreFhens le fàlut bien-heureu.x, croit ou qui annonce autrement,ilblafineme.'

Cal. ï. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fùyl-il mefme vn j4.nge,eft maudit anatheme.

Da fouuerain bien, qui cft le plaifir, l’honneur amp;nbsp;UrichefTe perdurable.

Çren.f.

Helle efl la mer:la terre plus que Honde: Le ciel pim beau que mer nbsp;terre ronde.

rf-^9-

Doux efl le miel: le fùcre encor plus doux: y\4ais la douceur du ciel les paffe tous.

Pf.i.

L'honneur des Rois efl qrand admirables La mateyié celeyie efl adorable.

Pf-^6.

Jitcl.l.

Grand efl l'auotr de l'auare marchant: D lus grand le bien que le ciel va cachant, ^ar la beauté,la douceur nbsp;nbsp;l’eéhmey

£t le profit qu^ on trouue fous la cime Du cielvouile.ßnt vne ombre de bien:

Pf.ÉZ. £ccl.t.

Et bien cognus fint auffl vains que rien. Laideur,amer,honte,dommage perte Sont la cachez..Âdais qui a porte ouuerte

Et va dedans,le haut bien qui fufßt,

Pfa.64. ï.Cer.1. Itan 10.

.A le beau,doux, rhonneur le profit. Cerchez. humains en la fiinéle parole L'huis pour entrer, a ce bien nonfiiuole. Car à la mort voshe rien s'enfitira: Alais la parole au bien vous conduira, Des

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197

Des moqueurs de Dieu amp;nbsp;defoniuge- ' ment fur eux.

Les obFUnez mo(jueurs de leurßuuerainiugei Se rient à lotfirde la vte aduenir, £t n en veulent ouyr cjueltjne propos tenir,, j4ins efl en ce bourbier tout leur butc^refùge. Tels fitrent les Céans ijue noya le deluge, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Gen.6.T.

£t les Sodorneens.Aidais comme au fiuuenir Du Itcol gtbbet duquel on va punir Quelquefois vn me/chant,ilgojje ç-x crie a boire, Faißnt mine qtitl n'a de mort crainte ou mémoire L^uis va ßitre lefiut,!ft' tremble toutßiHeux: ^tnfi ces platfinteurs à leurßutpertlleux Du gibbet des enßrsßyent melancholie, Et fàttci de la mort qui leur roide col lie, Mais au faire le fiut,horrible tremblements F era leurs ris des cris,leur ioyehurletnentj. lu‘ Lors ils conßjferont eîlre vrayifol ne croit Le mal quil va cerchantyiufqu'à ce qiiil reçoit.

De paradis amp;nbsp;des enfers, contre les Epicuriens amp;nbsp;moqueurs.

Tuis que rien ne ß void qui ri aye ßn contraire, Leßu.reauLairda terreißy la vie,la mort: Maladie,finté:la paix,guerre amp;nbsp;difcord: Le noir,le blanc:le mal, le bien tref-filutaire: Le clair iour,ßmbre nuiil: bon-heur,adnerfité: Lagloire,deshonneur:richejfe,poiireté:

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ISgt;8

l'ignorance,fiauoir:fe doux,F amer Fatgre:

Le log,brief:le hant,has:lepleingraf.Z’uide (^mai Et rhamide.,lefic:le chaud.le rudefi'otd; C^re. Et la ioyeje dueil:le tortfe tusle drotbl: nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fre

Eoiiuez-vom dóe humains •voir fins le haut ciel lut çyîrires (f-fiux brillais,fans refiudre reditire En mémoire ceci? F ait a e?lé iadis

pflt.

51. Pfa.66. Tlan.ii. Jjic 16.

En heu laid tout contraire à ce beauparadis: C’efl l'enfir tcnebreux,c efi le terrible gouffre Plein du ventfiudro'yant ardent enfiu amp;nbsp;fiuffre Par la lusle fireur de Chrifi luge eternel, ffui en ßn paradis regne paternel Affemble fis efieuSitant en ce monde hays, Et chaffe les malins aux enfirs leur pays.

.Del’immortalitc dcÿ amcsamp; refurreftiô des corps humains en vie perdurable.

Home puis cjue tu vois cr mourir renaiFlre P^*ÿitmps la plante yui fin eFtre !■ ormoindre beaucoup yue toy poure mortel Ocn.i Z nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;corps admird'ble (fi esfitt immortel

£xigt;d.^. ffiiE trade du grand ‘Dieu qui t'afiiitfin image 9^4fin d’auoir de toy vnffecial hommage De tant de biens fi dons que dedans fi hors toy Preu 16 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fiy-

I.equel ainfi qutlefi vne effence eternelle De veut auoir tefmotn defà i^loire immortelle^ Ores fi a iamaisfiayant ici donné Difeours fi tugement,figt;rmé fi façonné ty4uecfiice efieuee à fà mttifin celeile. Ce qu'il n'a pas donné à l'tnfinfie bePle,

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.Qfiplus efltapourueu iointa ta raißn Confidence immortelle, çfl i^ui toutefitßn nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Pum.i.z.

Le refiteille (ÿ- reprend,cfl t'aceufi (fl te iu^e, L’adiourndtiour (fl nutblau throne dugràd luge, ^ui te rend conuaincu par toy fl p^ fi Loy, Lt t'offre à ton filut l'Eiuingile de Foy: Leue tes yeux en haut à la voupie celii^ue £,t a cefl ornement /uperbe fl magntfl.^ue

Des Aflresflamboyansfleur courfl,leurs fliours nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fi.

Leur mefltre des ans,des mois,de s nutPls fl tours.

£f leur temperature,!:^ par fits l'inclémence '^De Cair change en chaud, ou fi-oid ou pluye menß: nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;®

Les vents impétueux,les tonnerres bruyans, Lesfiudres boute-ßux tout le monde effrayant, La gelee au Printemps,;:-^ lagrefle en Automne Ou deuant ou apres,t^ui moiffon riche bonne Ltvendanges auffigaPie tout à la fis, Quand nous irritons Dieu par trop ßuuentesfiis^ f' ayant donc ce grand monde amp;nbsp;toute creature. Adore le vray Dieu créateur de nature.

Etfeniant tes defttHts.)ta miffre nbsp;nbsp;taßn,

'jnuoejue lefus Chrifl ffulSauueur treff-bénin, Carffches ijue ton corps deffeend en pourriture Mais Pâme vit toufiours de dtuinefiiciure, £t s'en va deuant Dieu pourffà ffntence ouyr^ £tfi vraye efi ta fiy,defi gloire iouyr: PPuis elle reprendrd ton corps à la venue Du vray Dieu leffus Chrifl en la celesle nue QA fls agneaux efleus au ciel affemblera. Lt les boucs les loups au-X enflrsiettera.

lull 19.

Pf.i6. .

Viiii. Il-

Je^m 5.

I.Cer.iJ.

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Du naturel amp;nbsp;combat amp;nbsp;but de la vrayc fojt Chrcftienne.

Jaq.1.

î.xo.11.

Van.^.

La fty votier le r cieu.x le pii Chrtß inutfible, Etfins doute M dti^gt;iite elle obéitpaißble .AßnßtnH L.uangtle:eff)ere contre el^oir Ls promeßes de Dteti,^M auffi luy fàttvoir Secours MtraculeHX.,poHr vn ^Age exemple

PfAO.

A l'agltjé,0H toujiours fàfiice elle contemple. Lt bien ejueps eßeüs pnt à longuesßißns

Différez (fr remts,(^ iputct À ßtfins Elle a d’empeffchemensitoutesßis elle paffe Deffus parjon effotr epui imnats ne fi laffe, lt;gt;xitns refiudre la fnit.de tous maux au milieu.

Cen.iz. /Jehr.U. rf.6Z.

Jzeel.i.

Pf.i6. lu ai.6.

De renoncer atout pour obetr à Dieu.

tyiinfi marche lapy voyagere Öl' e Hr ange monde ténébreux,dont elle a fait efchangé,

( Et de fis vanitez suivaient moins epue rien) e/in Royaume des deux le fiulßuuerain btens

F I N.

ÛCM

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