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PEINTURES MURALES
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de l'Eglise St. Jacques
UTRECHT.
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PEINTURES MURALES
DÉCOUVERTES DANS L't/GLISE PAROISSIALE DE
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ST. JACQUES
U T R E C H T,
DÉCALQUÉES
PAR
THEOD. H. F. VAN RIEMSDIJK,
DESSINÉES, LITHOGRAPHIÉES ET PUBLIÉES
PAR
W. PLEYTE,
SOUS LES AUSPICES DE LA SOCIÉTÉ
i>Het Provinciaal Utrechtsch genootschap van Kunsten en Weienschappen?
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UTRECHT
LEIDE,
E. J". BEILL,
187 4.
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LES PEINTURES MURALES
DE
L'ÉGLISE DÉDIÉE
A
SAINT JACQUES
UTRECHT.
Une circonstance imprévue nous fit découvrir dans l'ancienne église paroissiale de Saint-Jacques à
Utrecht les fresques, que nous publions aujourd'hui. Elles se trouvent principalement sur les parois
extérieures de la tour, qui avec la nef centrale forme l'édifice primitif, fondé à ce qu'il paraît, vers
la fin du XII siècle, mais qui par cause d'un agrandissement plus récent, se trouve, actuellement
enclavée au dedans de l'église.
Il est probable que lors de cet agrandissement l'église fut ornée de peintures murales, mais l'humidité
des murailles ou des soi-disant embellissements les ont fait disparaître complètement. Surtout depuis le
XVIe siècle on eut un soin extrême de recouvrir de chaux tout ce qui resta de ces anciennes peintures;
on les badigeonna de nouveau chaque fois qu'un fragment en devient visible, de manière que cette couche
de chaux, en quelque sorte protectrice, mesura déjà quelques millimètres d'épaisseur, lorsque M. le Doc-
teur Th. H. F. van Riemsdijk se mit à l'oeuvre pour l'enlever; en poursuivant ce travail avec les soins et
la circonspection nécessaires, il en surmonta toutes les difficultés, et c'est d'après les facsimilés qu'il dé-
calqua sur les originaux, que j'ai dessiné et lithographie les planches que je vais décrire.
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PLANCHE Iière.
Réproduction à un dixième de l'original d'un tableau peint sur la paroi occidentale de la tour à gauche
de l'entrée.
L'artiste a représenté le fond comme un rideau ou une tapisserie rouge ornée d'emblèmes ou de figu-
res héraldiques en or, qui en partie ressemblent à des seaux, mais que nous ne saurions expliquer.
Devant cette tapisserie il y a quatre personnages placés sous un portique gothique, mais dont les ouver-
tures en forme de fenêtres rappellent encore le style roman. Les personnages, placés au millieu, sont
des saints, à gauche un homme à droite une femme. Le saint en costume du XVe siècle, a la main
gauche ouverte et tient de l'autre une longue épée à guilon recourbé. Cette figure est bien con-
servée. Vis à vis d'elle se trouve un personnage agenouillé, probablement, le donateur de la pièce.
A l'autre côté une sainte aux cheveux blonds pendants en longues tresses, le corps drapé dans
une robe brune, recouverte d'une' tunique blanche, tend la main à une autre figure, presque
entièrement méconnaissable, probablement l'épouse du donateur. En bas il y a une inscription en carac-
tères gothiques, dont on distingue encore quelques lettres, par exemple le mot J&&ÏItt*
Il est probable que nous avons ici une représentation de St. Victor et de St. Stéphanie, deux saints
qu'on invoque en même temps. Suivant les hagiographes ils ont été martyrisés sous Marc Antoine à
Alexandrie en Egypte. La circonstance que l'auteur de la Batavia sacra fait mention d'un autel,
sous l'invocation de St. Victor, placé autrefois dans cette église, confirme cette hypothèse. Comp. Acta
sanctorum p. 269 14 Mai.
PLANCHE IL
La tête de sainte Stéphanie; grandeur originale.
PLANCHE III.
La tête de Saint-Victor; grandeur originale.
PLANCHE IV.
Les peintures reproduites sur cette planche, ainsi qui sur les deux qui suivent, sont placées sur la paroi
occidentale de la tour au côté droit de l'entrée et en partie dans cette entrée même.
Il s'y trouve un grand tableau et douze autres, plus petits qui représentent des scènes de la vie de
Saint Antoine, le père des Cénobites.
En premier lieu notre attention est attirée (PL IV) par une représentation de ce bienheureux soulevé
par quatre démons; celui qui est le mieux conservé, se trouve à la tête, des deux aux côtés il ne reste
plus que les ailes, tandis qu'une griffe encore intacte indique le quatrième aux pieds du saint.
De Saint Antoine lui-même nous voyons son manteau noir, sa poitrine découverte et un nimbe doré.
Sur le premier plan on voit à droite de St. Antoine une figure féminine dont la tête et les pieds
ont disparus; de la main gauche elle tient un livre ouvert, tandis qu'elle semble avec un geste de
l'autre exorciser le démon qui se trouve aux pieds du Saint. A gauche il y a un personnage en cos-
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tume militaire ayant la tête nimbée, coiffée d'une espèce de turban; il porte un manteau de damas attaché
sur l'épaule. Nous supposons qu'on a représenté par cette figure en costume oriental, Saint Guillaume
de Gellon ou St. Guillaume le grand, père de Jocelin, le contemporain de Pépin le bref et de Charle-
magne, qui délivra l'Aquitaine des Sarracins, fonda le monastère de Gellon et qui sur son lit de mort,
chargea son fil Jocelin de transférer en France les reliques de Saint Antoine jusqu' alors conservées à
Constantinople. La scène se passe dans le désert. Le groupe que nous avons décrit est placé dans un
ravin bordé de collines sablonneuses couvertes d'arbustes. En haut on voit le Christ sur les limbes, bénis-
sant de la main droite et tenant de l'autre un globe crucifère. Comp. Acta sanctorum p. 107—162. 17
Janvier; p. 433. 10 Février et p. 809. 28 Mai. Cette planche ainsi que les deux suivantes, sont des
reproductions à un cinquième de la grandeur originale.
PLANCHE V.
Peinture composée de six petits tableaux, représentant des scènes de la vie de St. Antoine dans le
désert. Les voici, à commencer en haut, à droite.
1.   St. Antoine tourmenté par quatre démons. Excellent dessin, en partie reproduit pour les détails à
la PI. VI.
2.   Ce tableau qui a beaucoup souffert représente encore St. Antoine environné de démons.
3.   St. Antoine exorcisant l'esprit malin représenté par un quadrupède, probablement un chacal, qu'on
voit devant lui. La tête du Saint, admirablement dessinée, est reproduite encore une fois à grandeur de
l'original PI. VIII.
4.   Cette peinture, très endommagée, paraît avoir représenté l'attaque d'une bête féroce.
5 et 6. St. Antoine visitant un ascète, probablement St. Paul l'hermite, parce qu'il est drapé dans un
vêtement à carreaux, d'une couleur verdâtre, représentant la natte ou tissu de joncs, son attribut carac-
téristique.
PLANCHE VI.
Reproduction d'un groupe de six autres petits tableaux, faisant suite à ceux que nous avons décrit, et
placés sur la paroi intérieure à droite de l'entrée de la tour.
Il n'est plus possible de saisir tous les détails de cette fresque, parcequ'elle a souffert beaucoup de
l'humidité de la muraille.
Ce qui en reste se borne à une scène de torture fort curieuse de Saint Antoine par les malins esprits.
Un d'eux est occupé à attiser le feu brûlant au dessous du saint personnage, à l'aide d'un soufflet. Le
dernier tableau représente encore une fois St. Antoine visitant un cénobite, habillé en noir, apparemment
St. Pachôme. Nous avons donné sur la même planche quelques figures de démons à la grandeur des
originaux afin de pouvoir apprécier le dessin.
PLANCHE VIL
Facsimilés des têtes de St. Antoine, St. Paul et St. Pachôme.
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PLANCHE VIII.
Facsimilé de la tête de saint Guillaume.
PLANCHE IX.
Facsimilé de la figure du Christ.
PLANCHE X.
Reproduction chromolithographique à la grandeur de l'original d'une partie du tableau figuré PL XL
PLANCHE XL
Tableau placé sur la paroi à gauche dans l'entrée de la tour. La scène représente un ravin bordé de
rochers, couvert d'arbres; au premier plan le corps d'une sainte, couchée sur une espèce de lit ou de tissu
blanc, et accompagnée de deux personnages à genoux, qu'on reconnaît à leur scapulaire pour de saints
abbés. L'un d'eux, celui qui est placé à gauche est en prière ayant les mains et la tête levées, tandisque
l'autre à droite regarde la sainte devant lui. Au second plan on distingue les restes d'un saint personnage
debout; ce dernier paraît être en costume séculier. Des fenêtres sur le rocher à droite semblent indiquer
qu'on a voulu représenter là un hermitage ou une chapelle. Le bord supérieur du tableau contenait une
inscription
en lettres gothiques en partie détruite. Le nom made encore lisible, nous confirme dans
l'opinion que cette peinture représente la découverte du corps de Marie l'Egyptienne. Les Abbés peuvent
être St. Zosime et St. Jean. Comparez Acta S. 9 Avril. Reproduction à un dixième.
Les deux autres peintures reproduites sur cette Planche ont été découvertes dans une chapelle latérale,
s'ouvrant sur le flanc méridional de l'église. L'entrée du côté de l'église est à présent murée et la cha-
pelle voûtée à la hauteur de deux ou trois mètres du sol, de manière à former une espèce de caveau
destiné à la conservation des archives d'une institution de bienfaisance dite: »de Armenpot". Les
constructions postérieures ont abimé ou recouvert la plus grande partie des fresques, de sorte que la pein-
ture représentant un Christ à la croix accompagné de deux personnages de chaque côté, sur un fond
rouge semé de fleurs de lys et de branches de rosier en blanc, n'est plus visible que pour environ un
tiers. Le côté méridional de la chapelle étaît orné d'un tableau représentant un personnage en costume
sacré, placé sur un coussin, tenant une banderole ornée de croissettes et accompagné d'une couronne
ornée de feuillage renfermant les lettres UL £♦ monogramme de Marie. Reproduction à un cinquième.
PLANCHE XII et XIII.
Sur la paroi méridionale de la tour nous avons découvert trois couches de peinture superposées. La
première datant du XVIIe siècle se composait seulement d'une inscription l) entourée d'une guirlande
peinte en noir sur un fond blanc. En détachant cette couche, nous mîmes au jour une composition datant
de la fin du XVe ou du commencement de la XVIe siècle, reproduite à la Planche XIII. Des construc-
1) Il paraît que cette inscription contenait le texte des versets 7 et 11 du Chapitre 58 des Prophéties de Isaie, d'après la Bible hollandaise, publiée à Amsterdam
en 1630, par le ministre du saint Evangile, Laurentius.
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tions qu'on est en train d'élever dans l'église même, ont détruit en partie cette peinture et entravé l'accès
de ce qui en reste.
Nous publions le tableau, qui est d'assez grandes dimensions, d'après les calques que M. VAN RlEMSDlJK
à su prendre à force de patience. Quatre anges portant les instruments de la passion remplissent le haut
du tableau. En bas on voit le calvaire et quelques figures humaines, qui malheureusement ont trop souf-
fert pour en saisir les détails. Comme la croix elle même fait défaut, nous supposons que cette peinture
servait autrefois de fond à un crucifix attaché à la muraille: Le tableau est encadré d'une bande peinte .
en vert, ornée de palmettes en noir, dont nous donnons un spécimen PI. XII. Au dessous du tableau
cette bordure se joint à une pierre sculptée avec une inscription funéraire, qui se rapporteJi un desser-
vant de cette église décédé en 15 16 et à divers membres de sa famille. Il serait possible que ce fut le dona-
teur et que la date de sa mort nous indique l'âge du tableau dont le style ne s'oppose pas à cette conjecture.
Là où le tableau était le plus endommagé, nous découvrîmes enfin une troisième fresque beaucoup plus
ancienne, mais tellement abimée qu'il est impossible d'en retracer le dessin. Tout ce qui en reste est re-
produit PL XII, et paraît indiquer qu'il s'y trouvait des saints, des prêtres officiants, un chevalier à genoux,
etc. peints en deux couleurs, rouge et jaune.
La tête d'une sainte, facsimilé de l'original, se trouve sur la même planche.
PLANCHE XIV.
Facsimilé à la grandeur de l'original de l'ange portant la lance et le calice.
Leide, 18 Juin 1874.                                                                          -W". PLEYTE.
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