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L'EGLISE St. JACQUES
UTRECHT.
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LA CONSTRUCTION
de l'Eglise paroissiale
DE
SI. JACQUES
U T R E C H T,
PLAN ET COUPES ARCHITECTONIQUES AYEC INDICATION DES AGRANDISSEMENTS SUCCESSIFS,
PR�C�D�S D'UNE NOTE EXPLICATIVE
PAR
W. PLEYTE,
SOUS LES AUSPICES DE L� SOCI�T�
y>Het Provinciaal Utrechts genootschap van Kunsten en Wetenschappen
BI3I IOT!            >fct*
U�RECHT
LEIDE,
E. J". IB IR I L L.
1876.
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L'EGLISE ST JACQUES
A
U T R E C H T.
LA CONSTRUCTION DE L'EDIFICE.
L'�glise paroissiale de St. Jacques � Utrecht est pour bien des motifs un reste fort int�ressant
de l'architecture de notre patrie.
Comme nous avons fait en 1873 une revue de ce qu'il y a de plus important � l'int�rieur aussi
bien qu'� l'ext�rieur de l'�difice et que nous avons donn� une id�e des oeuvres du pinceau de nos
artistes du i6i�me si�cle en publiant un recueil de quelques fresques de la tour, � pr�sent nous ferons
conna�tre l'�difice et nous indiquerons ce qui est rest� de la construction originelle et ce qu'on y a
ajout� dans la suite. Ce qui a donn� lieu � nos conjectures sur les restes de l'ancienne construction
sera plus tard confirm� par une description historique, bas�e sur les documents qui sont rest�s dans
les diff�rentes archives de cette paroisse, et qui sont venus � notre connaissance. Cet ouvrage sera
le fruit des recherches de Mr. van Riemsdijk et fera le contenu d'une nouvelle publication.
L'�difice, tel qu'il s'�l�ve maintenant au sud-ouest d'Utrecht, n'a pas �t� achev� en une fois par
l'architecte. D�j� apr�s un examen superficiel, l'irr�gularit� de l� construction saute aux yeux.
Les choeurs sont plac�s obliquement par rapport � la nef; l'un des choeurs est plus grand que
l'autre; les quatre premi�res colonnes sont plus rapproch�es et les autres plus recul�es, de sorte que
l'extr�mit� de la nef de l'�glise devient de plus en plus large.
Si l'on observe que l'�difice dans cette forme �tait d�j� achev� au commencement du i5l�me Si�cle
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nous ne nous �tonnerons pas que l'histoire de la construction ait �t� bient�t oubli�e et que la l�-
gende ait expliqu� librement ces �tranges apparitions. Elle d�clara donc bient�t, que l'architecte
avait eu pour but de repr�senter le Christ souffrant sur la croix, et le choeur plac� obliquement re-
lativement a la nef repr�sentait la t�te pench�e de J�sus mourant sur la croix.
Des recherches plus exactes nous ont fait conna�tre de tout autres causes. Il nous parut bient�t
que la tour avait �t� jadis libre et n'avait �t� jointe � la nef de l'�glise que du cot� oriental. La
tour a �t� b�tie de briques rouges et fort pesantes, d'une longueur de Mo,30 sur Mo,i5 de largeur
et o M,i8 d'�paisseur; cette construction en briques est ext�rieurement recouverte d'une couche de
pierres de tufs, taill�es en carreaux.
La ma�onnerie en est extr�mement irr�guli�re, comme c'est presque toujours le cas pour de pareils
�difices construits en briques pesantes et gigantesques. La tour a �t� b�tie en style gothique; trois
fen�tres, dont celle du milieu, repr�sentant une petite crois�e ouverte, se trouvent sur la fa�ade de
cette tour au premier �tage.
Les fen�tres fausses sont garnies d'ornements gothiques, dont les traces paraissent encore distincte-
ment aujourd'hui et qu'on d�couvre surtout ais�ment dans les parties, qui ont �t� abrit�es contre
l'influence du temps par les toits de l'�glise b�tis plus tard.
Comme on peut voir d'apr�s le profil de l'�difice, les fen�tres sont maintenant � peu pr�s cach�es
par les toits et les vo�tes qui sont ma�onn�es devant. La fa�ade de la tour a son ancienne garni-
ture compos�e d'ornements gothiques pour la partie qui est au dessus de l'entr�e de l'�glise et cette
garniture s'�tend jusqu'au dessous du 5�me plancher ou 3�me �tage. La m�me observation regarde
les autres murs et c'est pour ce motif que nous sommes convaincus que la tour originelle a �t� con-
struite dans le but d'�tre libre et jointe seulement a l'�glise du c�t� oriental; autrement � quoi ces
ornements serviraient-ils? La ma�onnerie, l'esp�ce de pierre et la garniture de tufs appartiennent �
l'�difice le plus ancien et c'est aussi � ce m�me �difice qu'appartiennent les quatre premi�res colon-
nes, dont nous allons parler. Si nous regardons les anciens plans de la ville, on sera tent� de croire
que la carte de Specht de 1664 donnait le plus ancien dessin de l'�glise. La tour y est plac�e � la
t�te de l'�glise, et l'on n'y aper�oit rien de la construction de devant qui existe aujourd'hui. La
carte de 1695 repr�sente le m�me ph�nom�ne et pourtant rien n'est plus absurde que de l'admettre.
Les cartes de 1577 et de 1614 de Bast donnent de bons dessins et indiquent justement le m�me
�tat qu'aujourd'hui avec cette diff�rence que la fl�che de la tour a disparu. Les cartes de Specht
et de Viana, � cet �gard, sont des sources aussi incertaines que l'ancienne carte si connue dans la-
quelle toute l'�glise est repr�sent�e comme une tour ronde. Quoique le c�t� ext�rieur de la tour des
deux �tages sup�rieurs ait �t� reconstruit, le mur int�rieur a cependant conserv� sa forme originelle.
On peut distinctement s'apercevoir que la vo�te inf�rieure a �t� ma�onn�e plus tard; les pierres an-
gulaires des planchers originels du 2l�me et du 3l�me �tage sont encore visibles; la fl�che del� tour est
br�l�e et remplac�e par un toit plat.
On peut encore facilement se repr�senter cette fl�che sur la carte de Bast de 1614. L'�tage le
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plus �lev� est maintenant tout restaur� en briques rouges � l'ext�rieur. Cependant cette restaura-
tion ou r�paration ne s'�tend pas sur toute l'�paisseur du mur, comme nous l'avons dit. Par suite du
bombardement qui eut lieu vers la fin de la domination espagnole, l'�glise avait eu � souffrir et d�s lors
commen�a cette restauration ; les boulets ma�onn�s dans les murs et une inscription faite dans la partie
sud t�moignent encore de ce dommage. Les deux cloches ont �t� bien conserv�es; elles ont un beau
timbre et sont d'un fini achev�; l'une d'elles, la cloche de St. Jacques est la plus ancienne; l'autre, la
cloche de St. Andr�, est de 1565. Il ne reste que peu de chose de l'�glise jointe � la tour. Cepen-
dant les 4 premi�res colonnes des deux c�t�s portent encore les traces visibles qu'elles ont appartenu
� l'ancienne construction. Leurs c�t�s int�rieurs sont garnis de tufs couverts" de dalles plates qui
sont les restes de l'ancienne goutti�re. Une saillie carr�e � l'ext�rieur du pilier est le reste de l'an-
cienne assise des poutres � l'�poque o� l'�difice ou la nef centrale �tait encore couvert d'une vo�te ou
toit en bois.
Si nous comparons les pi�destaux des 4 premi�res colonnes avec ceux de la 5l�me et de la 6i�me,
la diff�rence saute aux yeux; d'abord le 5i�me et le 6l�me diff�rent de mesure du Ier jusqu'au 4i�m; le
premier jusqu'au 4i�m ont une largeur de 1 Mi8, le 5l�met le 6l�me une largeur de 1 Mo5, ce qui
fait une diff�rence de o M,40.
La i�re jusqu'� la 4i�me manquent de pi�destaux; la 5l�me et la 6ieme en sont pourvues. La coupe
g�om�trale est aussi diff�rente; la iere jusqu'� la 4i�me semblent �tre applaties, tandis que la 5l�me et
la 6i�me ont une ligne pure dans le profil. Enfin la 5l�me et la 6l�me manquent de la dalle sup�rieure,
ce qui rappelle l'ancien �tat de l'�glise aussi bien que la garniture de tufs.
On peut s'assurer au moyen des morceaux tomb�s de l'enduit de chaux, que la i�re colonne jusqu'�
la 4i�me seules sont couvertes de tufs; la 5i�me et la 6l�me cependant en manquent. Cette diff�rence a
�t� nettement signal�e sur le plan.
Il serait aussi possible que ces quatres premi�res colonnes fussent les piliers restants d'un �difice �
trois nefs comme l'�difice actuel. Mais c'est ce qu'on ne peut pas admettre, parcequ'il faut regarder
comme certaine la supposition que les c�t�s ext�rieurs des colonnes aussi bien que les c�t�s int�rieurs
ont �t� couverts de tufs, comme c'est le cas pour la tour. Cette couverture a donc �t� enlev�e et
pourquoi? parceque ces quatre premi�res colonnes ont jadis fait partie des c�t�s lat�raux de l'�glise.
Il y a encore d'autres preuves de cette opinion et je vais montrer � l'instant que les nefs lat�rales de
l'�glise ont �t� b�ties apr�s la construction de la nef m�diane. Cependant il faut encore ajouter que
si le 5i�me jusqu'au 7i�me pilier ont appartenu � l'ancienne construction, on doit admettre que tout le
c�t� int�rieur garni de tufs a �t� enlev� pour rendre l'ouverture plus large entre les piliers; le ier
jusqu'au 4i�me ont une ouverture de 7 M,5o, le 5i�me de 7 M,7o, le 6i�me de 8 M,5o et le 7i�me de 9
m�tres.
On voit quel �tait le but de l'architecte en reculant ces piliers, c'�tait pour placer un choeur et
un transept plus grands par rapport � l'�glise; il saute aux yeux que ces deux derniers n'appartien-
nent pas � la plus ancienne construction, puis que tous deux ont �t� b�tis en briques d'une esp�ce
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beaucoup plus petite. La 5l�me colonne jusqu'� la 7l�me ont donc �t� dispos�es de fa�on � agrandir
l'�glise et c'est pour ce motif qu'elles appartiennent � la seconde construction. On observe encore
que l'ouverture du choeur du milieu se rapporte � celle de la nef agrandie au jourd'hui � l'autre
extr�mit�.
Enfin le toit de l'�glise la plus ancienne diff�re aussi de celui de la construction agrandie; sur la
planche N le mur oriental de la tour a �t� repr�sent� avec les traces de l'ancien toit. � Un passage
tout � fait clos maintenant dans le mur repr�sente l'ancienne entr�e � l'�tage sup�rieur; on peut se le
repr�senter comme un simple plancher mis le long des murs sur les poutres, comme c'est le cas dans
beaucoup d'�glises. Aucune vo�te quelconque ne semble avoir �t� dans cette �glise parce que les plans
obliques du toit forment des lignes droites vers les goutti�res ou dalles sup�rieures du Ier au 4l�me pilier.
Si l'on se place sur les vo�tes sup�rieures et si l'on examine le mur de la tour, on voit encore distinc-
tement comment le toit a d� �tre autrefois, Planche N. Le boulin dans le mur indique la place d'une
poutre qui avait form� le fa�te du toit restant et une saillie de ma�onnerie de briques � servi pour
appuyer les poutres transversales qui liaient entre elles celles du fa�te. Aussi l'avenue vers le toit
existe encore, quoique � peu pr�s ferm�e par les vo�tes plac�es plus tard dans la tour. Deux fe-
n�tres oppos�es dans les extr�mit�s du transept, donnant toutes deux sur les nefs lat�rales de l'�glise
et dont les restes existent encore, prouvent que les nefs lat�rales ont �t� b�ties plus tard que la nef
m�diane; celle-ci est donc la plus ancienne et le transept qui est contigu au choeur du milieu a �t�
le premier agrandissement. Il semble que pour op�rer cette extension, on ait fait d�molir l'ancienne
�glise, exept� la tour et les 4 premiers piliers, car ceux-ci se ressemblent tout � fait, tandisque le
5i�me, le 6i�me et le 7i�me diff�rent beaucoup des autres par leur forme, en cequ'ils sont plus recul�s
et qu'ils n'ont aucun rapport avec la ligne de direction des premiers piliers. La hauteur du plancher
ainsi que l'entr�e dans le toit et la hauteur de ce dernier sont encore fort visibles du c�t� oriental de
la tour, de sorte qu'on peut ais�ment se faire une id�e de cet �tat. On peut clairement indiquer que
la seconde construction ou premier agrandissement ne s'�tendait pas audel� de la croix; i° les traces
des fen�tres plac�es dans le transept dont on vient de parler, 20 le pourtour de la corniche, qu'on
peut suivre encore aujourd'hui le long du mur ext�rieur tout entier, 30 ce mur est �videmment un
mur ext�rieur en raison du scellement � la chaux, ce dont les murs int�rieurs manquent naturellement
et qui est encore visible sur les murs ext�rieurs sous les combles.
Une des fen�tres, celle qui est plac�e le plus pr�s de la nef m�diane, est une fen�tre fausse on
pourrait donc croire, malgr� le pourtour de la corniche, que l'�glise avait originellement deux nefs
lat�rales plus basses que la nef m�diane qui finissaient devant les fen�tres fausses; mais les briques
rouges du c�t� ext�rieur des 4 premiers piliers nous forcent � accepter que les piliers ont �t� aplatis
et que ces nefs fussent alors un agrandissement de la construction primitive. � Le dernier agrandissement
fit �lever les nefs lat�rales nouvelles et le portail occidental. Pour op�rer cette extension, des ouver-
tures furent taill�es entre les colonnes et des arcs boutants y furent ma�onn�s; les contreforts furent
taill�s et les morceaux restants du mur, coup�s en forme de colonnes, ensuite scell�s et ciment�s.
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C'est pour cette raison que les c�t�s int�rieurs des piliers sont seuls couverts de tufs. Les briques
enlev�es des colonnes furent employ�es pour b�tir la vo�te de la nef m�diane, tandis que les nefs
lat�rales et leurs vo�tes, le transept et le choeur furent construits avec d'autres pierres plus petites.
La diff�rence seule des pierres nous fait conclure que les deux choeurs lat�raux aussi bien que la sa-
cristie et le petit �difice joint � l'Eglise du c�t� oriental, sont d'une date encore plus recul�e.
La derni�re construction consiste en quatre chapelles. A pr�sent nous nous trouvons sur le ter-
rain historique, parcequ'il nous est rest� des notices sur la fondation. Le style des fresques de la
tour, la lettre de fondation de la chapelle de van Eck et quelques notes dans les m�moires nous
apprennent que les trois premi�res constructions ont d�j� eu lieu en 1400.
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Si nous examinons cette �l�vation graduelle de-l'�difice, il est �vident que nous ne devons pas
penser � un seul architecte, mais � plusieurs, et que toutes les th�ories �tablies par rapport � de
pareils �difices, comme devant appartenir � un certain genre d'architecture, �chouent tout-�-fait.
Apr�s un examen plus attentif on verra que la plupart des soi-disant Hallenkirchen ne sont que des
�glises en forme de croix, agrandies dans le but de pouvoir contenir un plus grand nombre de
fid�les.
Quoique l'�glise de St. Jacques ne soit pas un bel �difice, elle est int�ressante au point de vue
de l'histoire de l'architecture du Moyen �ge.
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