LEÇONS
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D'ARCHITECTURE.
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AVIS AU RELIEUR.
Il placera après la première Partie les dix planches qui appartiennent
à cette Partie, et à la fin du volume les vingt-deux autres planches. |
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PRÉCIS
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DES LEÇONS
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DARCHITECTURE
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DONNEES
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A L'ÉCOLE POLYTECHNIQUE,
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Par J. N. L. DURAND,
ARCHITECTE ET PROFESSEUR D'ARCHITECTURE.
PREMIER VOLUME,
CONTENANT TRENTE-DEUX PLANCHES,
Prix , 20 francs, broché.
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A PARIS,
CHEZ L'AUTEUR, A L'ÉCOLE POLYTECHIQUE,
1809.
I KlH^miSTORlk^'MSTrrUUT [
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PREFACE.
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(^Juels que soient l'objet de l'Architecture et son but, il
est constant que , de tous les arts , elle est celui dont l'usage est le plus général, et l'emploi le plus dispendieux. Il est peu de pays où H n'y ait des demeures particulières pour les individus , et des édifices publics pour les socie'tés. Or, il en coûte énormément pour ériger de grands édifices, et beaucoup pour élever les édifices même les moins consi- dérables. De-là, pour les hommes qui se destinent à l'Archi- tecture , la nécessité de posséder les connaissances et les talents nécessaires. Les Architectes ne sont pas les seuls qui aient à construire
des édifices, les ingénieurs civils et militaires sont fréquem- ment dans le même cas. On pourrait même ajouter que les Ingénieurs ont plus d'occasions d'exécuter de grandes entreprises que les Architectes proprement dits. En effet, ceux-ci, dans le cours de leur vie , n'ont souvent que des maisons particulières à bâtir ; tandis que les autres , outre les mêmes édifices dont on les charge également dans les départements éloignés , où les Architectes sont très-rares, se trouvent par état obligés à élever des hôpitaux , des prisons , des casernes , des arsenaux , des magasins , des a
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ij PRÉFACE.
ponts, des ports, des phares, enfin, une foule d'édifices de
la première importance ; ainsi , les connaissances et les talents en fait d'Architecture leur sont pour le moins aussi nécessaires qu'aux Architectes. Mais les jeunes Elèves destinés à entrer dans le génie,
soit civil, soit militaire , ou dans quelque autre service public , ii'ont que très-peu de temps à consacrer à cette étude, tant à l'Ecole Polytechnique que dans les écoles spé- ciales , où ils passent au sortir de celle-ci, et même lorsqu'ils sont parvenus au grade d'ingénieur. Il fallait donc que, pour les Elèves , l'étude de l'Architecture devenue extrêmement courte n'en fût pas moins fructueuse. Or, pour approcher de ce double but le plus près que nous pourrions , voici en peu de mots ce que nous avons cru devoir faire : Afin de n'être point arrêtés, à chaque pas, par la critique
d'une foule de défauts particuliers que l'on rencontre dans les édifices, critique qui, de nécessité, serait devenue plus ou moins étendue, nous avons fait connaître, dans une courte Introduction , les préjugés qui sont la source de ces divers défauts. Après avoir ainsi effacé de l'esprit des Elèves les fausses
notions qu'ils pouvaient s'être formées de l'Architecture, et les avoir prémunis contre d'autres semblables qu'ils auraient pu s'en former par la suite , nous avons voulu , dans cette même Introduction , leur donner des idées précises de la nature de cet art, de son but, de ses moyens , enfin de ses |
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PRÉFACE. iij
principes généraux. Afin que ces idées fussent utiles, nous
les avons ge'ne'ralisées de manière que par la suite elles fissent nécessairement éclore toutes les idées particulières que, dans le cours de nos leçons, le temps nous a forcés à passer sous silence ; et pour ne point fatiguer l'attention ni surcharger la mémoire, nous avons cherché à rendre ces mêmes idées le plus simples et le moins nombreuses que nous avons pu, d'une part , et de l'autre, à les unir telle- ment entre elles, ainsi qu'avec les idées particulières, qu'une première préparât à la suivante , et que celle-ci rappelât infailliblement celle-là. Ayant de la sorte établi dans l'Introduction les principes
généraux, nous avons fait connaître, dans la première par- tie , les éléments des édifices , tels que les soutiens engagés et isolés , les murs et les ouvertures que l'on y pratique, les fondements, les planchers , les voûtes , les combles et les terrasses, etc. Ces divers objets, nous les avons fait en- visager sous le rapport de la matière dont ils peuvent être construits, sous celui des formes et des proportions qu'ils peuvent recevoir : et dans la seconde partie, nous avons fait voir comment on devait combiner entre eux ces éléments, tant horizontalement que verticalement ; comment, au moyen de ces combinaisons, on parvenait à former les diverses par- ties des édifices , qui sont les portiques, les porches, les vestibules , les escaliers , tant au dedans qu'au dehors, les salles, les cours, les grottes et les fontaines , etc. ; enfin, a.
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:lv PREFACE.
comment ces diverses parties devaient être combinées à leur
tour, c'est-à-dire, disposées les unes par rapport aux autres, dans la composition de l'ensemble des édifices en général. Dans la troisième et dernière partie de ces Leçons, qui
formera le second volume de cet ouvrage, tout ce qui a été dit précédemment sera appliqué à l'examen et à la compo- sition du plus grand nombre d'édifices publics et particuliers qu'il sera possible. Voilà ce qui regarde les connaissances, et l'on sent bien
qu'il ne faut pas beaucoup de temps pour s'en rendre maître. Mais de quelque utilité qu'elles soient, les connaissances ne suffisent pas à un Architecte, s'il n'y joint l'art d'en faire aisément une heureuse application ; et c'est dans cette facilité seule que consiste le talent. Or , celui-ci ne s'acquiert que par des actes réitérés, qui ne peuvent avoir lieu sans le se- cours du dessin. Mais le moindre dessin exige un temps plus ou moins long , tellement qu'au premier coup-d'œil il semble que si les connaissances demandent peu de temps, le talent au contraire en exige nécessairement beaucoup. Cet obstacle devait donc naturellement fixer, comme il Fa fait, notre attention sur le dessin. Selon quelques personnes , le dessin fait la base et de
l'Architecture et des autres arts. Nous n'examinerons pas si le dessin , étant destiné à représenter les divers objets dont fait usage l'Architecture, est la base de celle-ci plus que l'art de tracer les différents caractères de l'alphabet n'est |
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PRÉFACE. v
le fondement des divers genres de littérature. Nous nous
bornerons a observer qu'à l'égard de l'Architecture , cette prétendue base n'est autre chose que l'art de faire et de laver des dessins géométraux ; art qui ne peut donner que de fausses idées d'un édifice , puisque la nature ne nous offre rien de géométral ni quant aux formes ni quant aux effets. La perspective pourrait seule donner des idées vraies de l'effet d'un édifice. Mais , chose étrange dans un art que l'on prétend assimiler aux arts qui ont le dessin pour base ! ce dernier genre de dessin n'est point en usage dans l'Architecture ; il y a plus, il y est sévèrement pros- crit , et la préférence y est exclusivement accordée au dessin géométral , qui est faux , qui est ridicule lorsque l'on veut représenter l'effet d'un édifice ; et qui de plus est extrêmement dangereux, de quelque manière que l'on consi- dère l'Architecture, soit sous le rapport de Futilité dont elle est, soit sous celui du plaisir qu'elle procure. Borné à ce genre de dessin, un jeune homme, s'il est jaloux de réussir, veut en tirer tout le parti qu'il peut. Mais souvent, et presque toujours , tel projet qui , dans l'exécution, ferait le plus d'effet, n'en opère que très-peu en géométral. Qu'arrive-t-il delà? C'est que celui qui compose, voulant former des masses et produire de l'effet dans l'élévation géométraîe , ajoute des parties inutiles, en soustrait quelquefois d'essentielles; et si par malheur, séduit par le charme du dessin, par la finesse du trait ou par la pureté des teintes, on vient à |
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vj PRÉFACE.
exécuter un semblable projet, alors, non-seulement l'esprit
d'un spectateur raisonnable n'en est point satisfait , mais l'œil de l'Architecte lui-même est effrayé d'y apercevoir des effets, des masses toutes différentes de ce à quoi il s'atten- dait. Nous ne ferons pas le dénombrement des funestes suites engendrées en Architecture par l'abus du dessin géo- métral; il nous suffira d'ajouter que ce genre de travail fait un tort irréparable à des jeunes gens qui, souvent, malgré les obstacles que leur oppose une aveugle routine, manifes- tent des talents ; parce qu'il leur enlève un temps considé- rable qu'ils pourraient sagement employer à multiplier leurs connaissances. Si, pour les Elèves qui consacrent tout leur temps à
l'étude de l'Architecture , il est si dangereux de s'occuper du dessin au point de le confondre avec l'Architecture, il l'est bien plus encore pour ceux qui se destinent au Génie ; et l'on sent assez combien, à l'égard de ces derniers, nous avons dû. nous montrer sobres dans l'emploi que nous avons fait du dessin d'après les observations que nous venons d'exposer à ce sujet. Aussi , l'avons-nous presque réduit à un simple trait destiné à indiquer la forme et la disposition des objets ; et si nous avons eu recours au lavis, ce n'a été que pour distinguer les pleins d'avec les vides , dans les plans et dans les coupes. C'est ainsi que justement avares du temps des Elèves, nous n'en avons consacré au dessin, devenu si peu de chose, qu'une très-faible portion. |
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PRÉFACE. vij
Mais, nous dira-t-on , ce n'est pas sur le dessin seul de
l'Architecture que nous pre'tendons faire reposer celle-ci, c'est sur le dessin en général, et sur celui de la figure en particulier. Les Michel-Ange et les Bernin, etc., n'étaient- ils pas à-la-fois et peintres et architectes ? N'est-ce pas à leurs talents dans le dessin qu'ils ont dû leurs succès dans l'Ar- chitecture ? Le dessin, il est vrai, met à même d'exprimer aisément ses pensées , ce qui le rend extrêmement recom- mandable. Mais nous sommes loin de le regarder comme une chose essentielle ; car pour ce qui est des Architectes que l'on vient de nous citer, quand même nous convien- drions de leur supériorité , ce que nous n'avons garde de faire , nous ne conviendrions pas pour cela que ce fût à leurs talents dans le dessin qu'ils doivent leur réputation. En effet, personne s'est-il jamais avisé de vanter Palladio comme dessinateur ? Est-il néanmoins quelqu'un qui lui refuse la gloire d'être le plus grand Architecte ? Nous invi- terons donc les Elèves à se préparer à l'étude de l'Architec- ture par l'exercice du dessin ; mais nous leur recommanderons en même temps d'abandonner celui-ci lorsqu'ils étudieront celle-là, plutôt que de les confondre l'un avec l'autre. Non-seulement nous avons réduit le dessin à ses plus
simples termes , mais nous avons encore affecté de mettre sur une même feuille le plus grand nombre d'objets qu'il nous a été possible, afin que la plupart des lignes qui con- courent à les représenter, leur devenant communes, on pût |
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viij PREFACE.
dessiner un assez grand nombre d'objets en aussi peu de
temps que l'on en aurait mis à dessiner chacun d'eux si on l'avait fait séparément. Quoi qu'il en soit , et des principes que nous avons
posés , et des moyens que nous avons mis en œuvre, si ceux-là n'ont pas le dernier degré de bonté, ni ceux-ci le dernier degré de brièveté , nous n'en sommes pas moins fondés à nous flatter qu'en suivant la marche que nous avons indiquée , on fera , en peu de mois, ce que jusqu'à présent on n'a pu faire que pendant un grand nombre d'années. En beaucoup d'endroits nous avons renvoyé nos Lecteurs
à notre parallèle ; il fallait donc leur expliquer ce que c'était, leur en donner une ide'e exacte, et tel est l'objet de la notice qui termine la seconde partie. |
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INTRODUCTION.
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JL'architecture a pour objet la composition et l'exécution
tant des édifices publics que des édifices particuliers. Ces deux genres d'édifices se subdivisent en un grand
nombre d'espèces , et chaque espèce est encore susceptible d'une infinité de modifications. Les édifices publics sont : les portes de ville , les arcs de
triomphe, les ponts, les places, les marchés, les écoles, les bibliothèques , les muséum , les maisons communes , les basiliques, les palais, les hospices, les bains, les fontaines, les théâtres , les prisons , les casernes , les arsenaux , les cimetières, etc. Les édifices particuliers sont les maisons particulières à
la ville, les maisons à loyer, les maisons de plaisance , les maisons rurales , ainsi que toutes leurs dépendances , les ateliers, les manufactures et les magasins, etc. La différence des mœurs, des usages , des localités, des
matériaux , des facultés pécuniaires , introduit nécessaire- ment une foule de variétés dans chaque espèce d'édifice. Si pour apprendre l'architecture il fallait étudier, l'une
après l'autre , les diverses espèces d'édifices dans toutes les circonstances qui peuvent les modifier , une semblable étude , en supposant qu'elle fut possible , serait non-seule- ment très-longue , mais encore très-imparfaite. A coup sûr, on n'acquerrait que des idées isolées, qui, loin de se prêter un mutuel secours , se heurteraient souvent les unes les autres, et jetteraient par conséquent d'autant plus de confu- A
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Objet de
l'Architectu-
re. Deux gen-
res d'édifices. |
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Edifices pu-
blics. |
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Edifices par-
ticuliers. |
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Modifica-
tions des édi- fices. |
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Manière
dont on étu- die ordinai- rement l'Ar- chitecture. |
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2 INTRODUCTION.
sion dans l'esprit, que le nombre en serait plus considérable.
Au lieu de suivre une telle marche, si l'on s'appliquait
aux principes de l'art dont il s'agit, c'est-à-dire, à la recherche de certaines idées peu nombreuses , mais géné- rales et dont toutes les idées particulières émaneraient néces- sairement , alors , non - seulement on abrégerait beaucoup le travail, mais encore on le rendrait pi vis fructueux ; car par-tout et dans tous les temps, on parviendrait sans peine et par une voie non moins prompte que sûre, à composer toutes sortes d'édifices et à les exécuter. Mais les principes de tout art, de toute science ne sont que
des résultats d'observations. Or, pour les découvrir, il faut observer, et pour observer avec fruit, il faut le faire avec me'thode. Dans tous les cours d'architecture, on divise cet art en
trois parties distinctes : la décoration , la distribution , et la construction. Au premier coup d'oeil cette division paraît simple, naturelle et avantageuse. Mais pour qu'elle fut telle en effet , il faudrait que les idées qu'elle offre à l'esprit fussent toutes applicables à tous les édifices , cjue ces idées fussent toutes générales , et comme des points élevés d'où l'on pût embrasser l'ensemble de Fart, descendre ensuite à toutes les idées particulières et en parcourir toute l'étendue. Or des trois idées exprimées par les mots décoration , dis- tribution et construction, il n'y en a qu'une qui convienne à tous les édifices. D'après l'idée que l'on attache ordinaire- ment au mot décoration , la plupart des édifices n'en sont pas susceptibles. Par distribution , on n'entend autre chose que l'art d'arranger, suivant nos usages actuels , les diffé- rentes parties qui composent un bâtiment d'habitation, car on ne dit pas : Distribuer un temple, un théâtre, un palais de justice, etc. Le mot construction, qui exprime la reunion |
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Division
ordinaire de l'architecture en trois par- ties : décora- tion , distri- bution et construction. |
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INTRODUCTION. 3
des différents arts mécaniques que l'architecture emploie ,
tels que la maçonnerie , la charpenterie, la menuiserie , la serrurerie, etc., offre donc seul une idée assez générale et qui convienne à tous les édifices. Mais puisque l'architecture est non - seulement l'art d'exé-
cuter , mais encore celui de composer tous les édifices publics et particuliers, et que l'on ne peut exécuter un édi- fice quelconque sans l'avoir conçu, il faudrait qu'à l'idée de construction se trouvât jointe une autre idée générale, de laquelle découleraient toutes les idées particulières qui doivent guider dans la composition de tous les édifices. Or, cette idée générale n'étant point offerte par cette méthode, celle-ci conséquemment est vicieuse. Non - seulement cette méthode est vicieuse, en ce qu'elle
ne donne de l'architecture qu'une idée incomplette , mais elle est même dangereuse, car elle en donne les idées les plus fausses, comme on le verra tout à l'heure. Et quand même cette méthode donnerait de l'architecture
des idées justes et générales, l'inconvénient qui en résulte dans la pratique devrait suffire pour la faire abandonner. De cette division de l'architecture en trois arts indépendants les uns des autres, que l'on peut, que l'on doit même étu- dier séparément, il arrive que celui qui veut devenir archi- tecte prend plus de goût pour l'un de ces arts, s'y attache de préférence, néglige les deux autres, souvent même ne s'en occupe pas du tout, et n'acquiert par conséquent qu'une partie des connaissances qui lui sont nécessaires. Cependant, il est impossible d'embrasser à-la-fois toutes
les idées particulières comprises dans l'idée générale d'archi- tecture. H faut donc diviser celle-ci : mais, loin que cette division mette en opposition entre elles les idées particu- lières , ce qui arrive souvent, elle doit les rattacher ensemble, A 2
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Ier Défaut
de cette me thode. |
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sme Défaut,
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3'»e Défaut.
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4 INTRODUCTION.
par l'ordre simple et naturel dans lequel elle les présente à
l'esprit. Pour réussir dans tout ce qu'on entreprend, il faut avoir
un but réel, un but qui soit raisonnable, autrement ce ne peut être que par le plus grand hasard que l'on obtient du succès. Mais si le but que l'on se propose est chimérique , alors plus on marche , plus on s'éloigne du véritable ; ce dont on ne voit que trop d'exemples. Ce n'est pas tout d'avoir un but réel, il faut encore avoir
les moyens de l'atteindre. Ainsi, le but que l'on doit se pro- poser , quand on s'occupe de la composition et de l'exécution des édifices tant publics que particuliers, et les moyens qu'il s'agit d'employer; voilà ce qui d'abord doit faire la matière de nos observations. Cela posé, nous en déduirons naturellement les principes
généraux de l'architecture ; et ceux-ci une fois connus, nous n'aurons plus qu'à les appliquer, i° aux objets que l'archi- tecture emploie, c'est-à-dire, aux éléments des édifices; o.° à la combinaison de ces éléments, en d'autres termes, à la composition en général ; et 3° à la réunion de ces com- binaisons dans la composition de tel ou tel édifice en particulier. Tels sont les objets^ de notre étude, et tel est l'ordre dans
lequel nous les examinerons. Selon la plupart des architectes, l'architecture est moins
l'art de faire des édifices utiles, que celui de les décorer. Son but principal est de plaire aux yeux, et par-là d'exciter en nous des sensations agréables : ce à quoi, ainsi que les autres arts, elle ne peut parvenir que par l'imitation. Elle doit prendre pour modèle, les formes des premières cabanes que les hommes ont élevées, et les proportions du corps humain. Or, les ordres d'architecture inventés par les Grecs, |
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Manière
dont on doit étudier l'Ar- chitecture. |
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Idée que
donnent de l'architecture la plupart des auteurs qui en ont traité. |
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INTRODUCTION. 5
imités par les Romains, et adoptés par la plupart des nations
de l'Europe, étant une imitation du corps humain et de la cabane, font par conséquent l'essence de l'architecture. D'où, il suit que la beauté des décorations formées par les ordres est telle , qu'en aucune manière on ne doit regarder à la dépense dans laquelle entraîne nécessairement la décoration. Mais on ne peut décorer sans argent; et par conséquent,
plus on décore, plus on dépense. Il est donc naturel d'exa- miner s'il est vrai que la décoration architectonique , telle que les architectes la conçoivent, procure tout le plaisir que l'on s'en promet „ du moins, si ce plaisir compense les frais qu'elle occasionne. Pour que l'architecture puisse plaire en imitant, il faut
qu'à l'exemple des autres arts, elle imite la nature. Voyons si la première cabane que l'homme a faite est un objet natu- rel; si le corps humain peut servir de modèle aux ordres; voyons enfin si les ordres sont une imitation et de la cabane et du corps humain. Prenons d'abord une idée de cette cabane et de ces ordres.
Voici comment Laugier s'exprime au sujet de la cabane : « Considérons, dit - il, l'homme dans sa première origine , ce sans autre secours, sans autre guide que l'instinct naturel « de ses besoins. Il lui faut un lieu de repos. Au bord d'un « tranquille ruisseau, il aperçoit un gazon ; sa verdure nais- « santé plaît à ses yeux ; son tendre duvet l'invite ; il vient ; « et mollement étendu sur ce tapis émaillé, il ne songe qu'à « jouir en paix des dons de la nature ; rien ne lui manque, ce il ne désire rien ; mais bientôt l'ardeur du soleil qui le « brûle l'oblige à chercher un abri; il aperçoit une forêt qui « lui offre la fraîcheur de ses ombres, il court se cacher dans « son épaisseur, et le voilà content. Cependant, mille va- « peurs élevées au hasard se rencontrent et se rassemblent, |
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Examen, de
ces idées. |
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Description
de la cabane par Laugier. |
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6 INTRODUCTION.
« d'épais nuages couvrent les airs, une pluie effroyable se
« précipite comme un torrent sur cette forêt délicieuse. «■L'homme, mal couvert à l'abri de ces feuilles, ne sait plus « comment se défendre d'une humidité incommode qui le « pénètre de toute part. Une caverne se présente , il s'y « glisse ; et se trouvant à sec, il s'applaudit de sa découverte, « mais de nouveaux désagréments le dégoûtent encore de ce « séjour, il s'y voit dans les ténèbres, il y respire un air « mal-sain; il en sort résolu de suppléer, par son industrie, « aux inattentions et aux négligences de la nature. L'homme « veut se faire un logement qui le couvre sans l'ensevelir* a Quelques branches abattues dans la forêt sont les maté- « riaux propres à son dessein. Il en choisit quatre des plus ce fortes, qu'il élève perpendiculairement et qu'il dispose en ce carré. Au-dessus, il en met quatre autres en travers, et « sur celles - ci, il en élève qui s'inclinent et qui se réu- cc nissent en pointe des deux côtés. Cette espèce de toit est ce couverte de feuilles assez serrées, pour que ni le soleil ni « la pluie ne puissent y pénétrer; et voilà l'homme logé. Il «. est vrai que le froid et le chaud lui feront sentir leur in- ce commodité dans sa maison ouverte de toute part , mais « alors, il remplira Fentre-deux des piliers et il se trouvera « garanti. ce La petite cabane que je viens de décrire , continue
« Laugier, est le modèle sur lequel on a imaginé toutes les « magnificences de l'architecture ; c'est en se rapprochant, ce dans l'exécution, de la simplicité de ce premier modèle, « que l'on évite les défauts essentiels, que l'on saisit les per- ce fections véritables. Les pièces de bois élevées perpendicu- cc lairement nous ont donné l'idée des colonnes. Les pièces « horizontales qui les surmontent, nous ont donné l'idée des « entablements. Enfin, les pièces inclinées qui forment le |
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1NTRODUG T ION. 7
« toit, nous ont donné l'idée des frontons. Voilà ce que tous
« les maîtres de l'art ont reconnu. » Les colonnes , les entablements et les frontons , dont la Ordre : ce
réunion forme ce qu'on appelle ordre d'architecture, voilà tqend ordina- les parties essentielles de Fart, celles qui en constituent les rementParce beautés; et les murs, les portes, les fenêtres, les voûtes, les arcades, ainsi que les autres parties que le besoin seul y a fait ajouter, ne sont que des licences que l'on doit tout au plus tolérer ; telle est la conclusion que tire l'auteur que nous venons de citer. De la connaissance de la cabane passons à celle des ordres, Ordres grecs.
et lisons ce que Vitruve nous apprend à ce sujet : ce Dorus, roi du Péloponnèse, ayant, dit-il, fait bâtir un Dorique,
« temple à Junon dans Argos, il se trouva par hasard de corps hù^ « cette manière que nous appelons dorique ; ensuite, dans main- « plusieurs autres villes, on en fit de ce même ordre, n'ayant « encore aucune règle établie pour les proportions de l'ar- « chitecture. En ce temps-là, les Athéniens envoyèrent dans « l'Asie mineure plusieurs colonies sous la conduite d'Ion ; « ils nommèrent lonie la contrée où celui-ci s'établit. Ils y « bâtirent d'abord des temples doriques , principalement celui d'Apollon. Mais comme ils ne savaient pas bien quelle proportion il fallait donner aux colonnes, ils cherchèrent le moyen de les faire assez fortes pour soutenir le faix de l'édifice, et de les rendre en même temps agréables à la vue. Pour cela ils prirent la mesure du pied d'un homme, qui est la sixième partie de sa hauteur, sur laquelle mesure ils formèrent leurs colonnes , de sorte qu'ils leurs don- nèrent six diamètres. Ainsi, îa colonne dorique fut mise dans les édifices ayant la proportion, la force et la beauté du corps de l'homme. ionique, J- imite du
« Quelque temps après, ils bâtirent un temple à Diane, • corps de la
foùwue.
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I
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8 INTRODUCTION.
c< et cherchèrent quelque nouvelle manière qui fût belle par
« la même méthode. Ils imitèrent la délicatesse du corps « d'une femme; ils élevèrent leurs colonnes, leur donnèrent « une base en façon de cordes entortillées, pour en être « comme la chaussure ; ils taillèrent des volutes au chapiteau « pour représenter cette partie de cheveux qui pend à droite « et à gauche; ils mirent sur le front des colonnes, des cy- « maises et des gousses, pour imiter le reste des cheveux qui ce sont liés et ramassés au derrière de la tête des femmes ; par ce les cannelures, ils imitèrent les plis des robes; et cet ordre « inventé par les Ioniens, prit le nom <& Ionique. « Le Corinthien représente la délicatesse d'une jeune fille
ce à qui l'âge rend la taille plus dégagée et plus susceptible des ce ornements qui peuvent augmenter sa beauté naturelle. ce L'invention de son chapiteau est due à cette rencontre : ce Une jeune fille de Corinthe prête à marier, étant morte, sa ce nourrice posa sur son tombeau, dans un panier, quelques ce petits vases qu'elle avait aimés pendant sa vie ; et afin que ce le temps ne les gâtât pas sitôt, étant à découvert, elle mit <c une tuile sur le panier, qui, ayant été'posé par hasard sur ce une racine d'achante, il arriva, lorsque les feuilles vinrent et à pousser, que le panier, qui était au milieu de la racine, ce fît élever le long de ses côtés les tiges de la plante, qui, ce rencontrant les coins de la tuile, furent contraintes de se ce recourber, et de faire le contournement des volutes. Caill- ée maque, sculpteur et architecte, vit cet objet avec plaisir, ce et en imita les formes dans le chapiteau des colonnes qu'il ce fit depuis à Corinthe, établissant sur ce modèle, les pro- cc portions de l'ordre corinthien. » Plusieurs colonies grecques ayant apporté dans l'Étrurie,
ce aujourd'hui la Toscane, la connaissance de l'ordre Dorique, ce qui était le seul dont on fit encore usage dans la Grèce , |
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Corinthien,
imité du
corps d'une jeune filie. |
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Ordres
Romains. Toscan.
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INTRODUCTION. 9
« cet ordre y fut long-temps exécuté de la même manière que
« dans le pays d'où il tirait son origine : mais enfin, on y fit « plusieurs changements , on alongea la colonne , ' on lui « donna une base, on changea le chapiteau, on simplifia l'en- « tablement, et cet ordre ainsi changé fut adopté par les ce Romains sous le nom d'ordre Toscan. « Long - temps après, les Romains , qui avaient adopté
« les trois ordres grecs, imaginèrent de placer les volutes ce ioniques dans le chapiteau corinthien : ce mélange fit « donner aux colonnes où on le remarquait , le nom de ce Composite. » Tels sont les cinq ordres que l'on regarde comme l'essence
de l'architecture, comme la source de toutes les beautés dont la décoration est susceptible ; parce qu'ils sont, à ce que l'on prétend, imités des formes de la cabane et des propor- tions du corps humain. Voyons s'ils en sont en effet une imitation. Commençons par l'ordre dorique que les Grecs, dit-on ,
fixèrent à six diamètres, parce que le pied d'un homme a la sixième partie de sa hauteur. D'abord, le pied d'un homme a, non la sixième, mais la huitième partie de la hauteur de son corps. D'ailleurs, dans tous les édifices grecs, la propor- tion des colonnes doriques varie infiniment ( Voy. parallèle, pi. 63 ) ; et dans cette variété infinie, le rapport exact de six à un ne se rencontre pas une seule fois. Si quelque archi- tecte grec s'est avisé d'assigner cette proportion à l'ordre dorique, il paraît que les Grecs n'en ont fait aucun cas ; autrement, on la retrouverait, sinon dans tous leurs édi- fices , du moins dans ceux qu'ils ont élevés du temps de Péri clés, édifices qui 'passent, avec raison, pour des chefs- çTœuvres. La même variété se remarque dans les proportions des
B
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Composite.
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Les pro-
portions des ordres sont- elles imitées du corps hu- main ? |
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Elles ne le
sont point et n'ont pu l'ê- tre. |
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10 INTRODUCTION.
autres ordres que l'on soutient avoir été' imités du corps de
la femme et de la jeune fille ( Voy. parallèle, pi. 64 )• Il n'est
donc pas vrai que le corps humain ait servi de modèle aux
ordres.
Mais je veux que dans les mêmes cas, le même ordre ait
toujours les mêmes proportions; que les Grecs aient cons- tamment suivi le système qu'on leur attribue, et que la lon- gueur du pied soit la sixième partie de la hauteur du corps de l'homme : s'ensuit-il que les proportions des ordres soient une imitation de celles du corps humain ? Quelle coinpa- raison peut - on faire entre le corps de l'homme , dont la largeur varie à chaque hauteur différente, et une espèce de cylindre dont le diamètre est par-tout le même? Quelle res- semblance peut-il y avoir entre ces deux objets, quand même on leur supposerait une même base, une même hauteur? Il est donc évident que les proportions du corps humain n'ont servi ni pu servir de modèle à celles des ordres. Si les proportions des ordres n'ont pu avoir été imitées
de celles du corps humain, les formes de ces mêmes ordres ne l'ont guères été davantage de celles de la cabane. Les co- lonnes ont, ou des bases avec des chapiteaux, ou du moins des chapiteaux; car on n'admettrait point comme telle, une colonne qui ne serait absolument qu'un cylindre. Or, on ne voit rien de tout cela dans les troncs d'arbres ou les poteaux qui soutiennent la cabane. En vain, dira-1-on que par la suite, sur les poteaux, on mit des planches ou des plateaux, pour en élargir la partie supérieure et la rendre plus capable de porter l'entablement ; vu qu'à longueur égale, une pièce de bois composée de fibres longitudinales est moins suscep- tible de se rompre, qu'un morceau de pierre composé de petits grains agrégés les uns aux autres. Si l'un de ces objets avait servi de modèle à l'autre, il serait plus naturel de croire |
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Les formes
des ordres sont - elles imitées de celles de la cabane ? |
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INTRODUCTION. i r
que les plateaux de bois ont été' imités des chapiteaux en
pierre, que de croire que ces derniers aient été imités des autres. »
L'entablement n'imite pas plus parfaitement les parties
supérieures de la cabane, que les colonnes n'en imitent les soutiens. Dans un édifice carré, si l'on met des mutules ou des modil'ons, que l'on dit représenter l'extrémité des pièces inclinées du comble de cette cabane , on en met tout au- tour ; il serait même-ridicule d'en agir autrement. Cepen- dant, dans la cabane, ils ne se voient que de deux côtés; il en est de même des trigliphes. D'ailleurs, dans la cabane, l'extrémité des poutres ou solives, dont les trigliphes, dit-on, sont une imitation, est lisse, et les trigliphes sont cannelés : ils ne doivent même leur nom qu'aux deux canaux et aux deux demi-canaux qu'on y remarque. Si donc les architectes qui ont inventé les ordres, ont cherché à imiter la cabane, ils l'ont certainement très-mal imitée. Mais il paraît, par ce qu'en dit Vitruve en plus d'un endroit, que les Grecs, loin de s'assujétir à imiter cette cabane , prirent à tâche, au contraire, de masquer les parties de leurs édifices qui pou- vaient ressembler le plus aux parties de la cabane. Voici comment cet écrivain s'exprime au sujet des trigliphes. « Long - temps après que l'on eut fait des colonnes en
« pierre, on faisait encore les entablements en bois. Les ar- ec chitectes grecs trouvant que l'extrémité lisse des solives « qui portaient sur l'architrave ou principale poutre n'était ce pas agréable à voir, ils figurèrent dessus avec des ais ou ce petites planches, ce que nous appelons les plates-bandes « des trigliphes, et les enduisirent angulairement avec de la ce cire. Cette cire ne pouvant boire l'eau de la pluie comme « le reste de l'entablement, l'eau coulait dans ces espèces de B a
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Trigliphes
des entable- ments dori- ques , faits pour dérober aux yeux le bout des so- lives. |
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12
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INTRODUCTION.
« canaux et se rassemblait au bas, en gouttes, que l'on imita
« depuis dans les entablements en pierre. » Dans les entablements des ordres ioniques et corinthien ,
les Grecs allèrent encore plus loin; ils firent totalement dis- paraître tout ce qui avait trait à la cabane ( Voy. parallèle, pi. 65 et 66) : et cependant, par une contradiction bien sin- gulière, ce sont ces derniers ordres que les partisans de la cabane regardent comme les plus beaux. Il est donc eVident que les ordres.grecs n'ont point été
imités de la cabane; et que, s'ils l'avaient été, cette imitation serait on ne peut pas plus imparfaite , et par conséquent; incapable de produire l'effet que l'on en attend. Mais ce modèle n'est-il pas lui-même encore plus impar-
fait que la copie? Qu'est-ce qu'une cabane ouverte à tous les vents, que l'homme élève péniblement pour se garantir , et qui ne le garantit de rien ? Cette cabane peut - elle être regardée comme un objet naturel? N'est-il pas évident qu'elle n'est que le produit informe des premiers essais de l'art ? Serait-ce parce que l'instinct qui dirigea l'homme dans cette fabrication était si grossier, qu'il ne mérite pas îe nom d'art, serait-ce pour cela qu'on la regarderait comme.une produc- tion de la nature ? Or, si la cabane n'est point un objet naturel, si le corps
humain n'a pu servir de modèle à l'architecture, si, dans la supposition même du contraire , les ordres ne sont point une imitation de l'un et de l'autre , il faut nécessairement en conclure que ces ordres ne forment point l'essence de l'architecture; le plaisir que l'on attend de leur emploi et de la décoration qui en résulte est nul ; cette décoration, elle- même, une chimère; et la dépense dans laquelle elle entraîne, une folie. Il suit de-là que, si le but principal de l'architecture est
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Frises lisses
des ordres io- nique et co- rinthien. |
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Les formes
des ordres ne sont pas imi- tées de la ca- bane , ou le sont impar- faitement. La cabane
est-elle un ob- jet naturel ? |
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L'imitation
n'est pas le moyen pro- pre de l'Ar- chitecture. |
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INTRODUCTION. i3
de plaire, il faut ou qu'elle imite mieux, ou qu'elle cherche
d'autres modèles , ou qu'elle prenne d'autres moyens que l'imitation. Mais est-il bien vrai que le principal but de l'architecture Recherche
soit de plaire, et que la de'coration soit l'objet principal dont de l'ArcMte'c- elle doive s'occuper? Dans le passage de Laugier, celui que ture- nous avons rapporté plus haut , on voit que , malgré ses étranges préventions , cet auteur ne peut s'empêcher de re- connaître que c'est à la nécessité seule que cet art doit son origine , et qu'il n'a d'autre but que Futilité' publique et particulière. Et comment aurait-il pu s'aveugler là-deSSUS, même en supposant que l'homme qui éleva cette cabane, dont on a fait le modèle de l'architecture , eût été capable de concevoir l'idée de décoration ? L'idée de ses besoins et des moyens propres à les satisfaire, ne devait-elle pas s'offrir la première à son esprit, et même en bannir toute autre idée ? Est-il raisonnable de croire qu'étant isolé, ayant à se défendre et de l'intempérie des saisons, et de la fureur des bêtes féroces , à se procurer une multitude d'avantages dont jusqu'alors il avait été privé , l'homme, en élevant un abri, ait seulement songé à en faire un objet propre à ré- créer ses yeux ? L'est-il plus de croire que les hommes réunis en société , ayant une foule d'idées nouvelles, et par conséquent une foule de nouveaux besoins à satisfaire, aient fait de la décoration l'objet principal de l'architecture ? Quelques auteurs , qui ont soutenu et développé le sys-
tème de la cabane avec tout l'esprit imaginable, diront que jusqu'ici il n'est question que de bâtisse ; que sous ce rap- port , l'architecture n'est qu'un métier ; et qu'elle n'a mérité le nom d'art, que lorsque les peuples , parvenus au plus haut degré d'opulence et de luxe, ont cherché à donner de l'agrément aux édifices qu'ils ont élevés. Mais nous en appe- |
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i4 INTRODUCTION.
Ions à ces auteurs-là mêmes. Est-ce lorsque les Romains
furent parvenus au plus haut degré d'opulence et de luxe, et qu'ils couvrirent de moulures, d'entablements, etc., leurs édifices, est-ce alors qu'ils firent de meilleure architecture? Les Grecs étaient bien moins opulents , et leur architec- ture, où ces objets sont en si petit nombre, n'est-elle pas préférable à l'architecture romaine ? Ces auteurs en con- viennent eux-mêmes ; ils vont jusqu'à dire que c'est la seule qui mérite le nom d'architecture. Eh bien ! cette architec- ture qu'ils admirent , et qui mérite d'être généralement admirée, n'eut jamais pour but de plaire, ni pour objet la décoration. A la vérité , on y remarque du soin , de la pureté dans l'exécution, mais ce soin n'est-il pas essentiel à la solidité ? Dans quelques édifices on observe quelques ornements de sculpture, mais les autres , pour la plupart, en sont totalement privés, et n'en sont pas moins estimés. N'est-il pas évident que ces ornements ne soDt point essen- tiels à l'architecture ? Ceux-là même qu'elle emploie , lors- qu'elle croit devoir se parer, n'annoncent-ils pas clairement qu'elle est loin de prétendre à plaire par la beauté intrin- sèque de ses proportions et de ses formes ? Et si parmi les dernières en en aperçoit quelques-unes qui n'émanent pas directement du besoin, les différences qu'on y trouve dans chaque édifice ne prouvent-elles pas que les Grecs n'atta- chaient aucune importance à la décoration architectonique ? Soit que l'on consulte la raison, soit que l'on examine les monuments, il est évident que plaire n'a jamais pu être le but de l'architecture , ni la décoration architectonique être son objet.■ L'utilité publique et particulière, le bonheur et la conservation des individus et de la société, tel est le but de l'architecture. Qu'on lui donne ou qu'on lui refuse le nom d'art, elle n'en méritera pas moins que l'on s'en occupe% |
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INTRODUCTION. i5
qu'on recherche par quels moyens elle peut arriver à son
but, et c'est ce que nous allons faire. Pour peu que nous y fassions attention , nous reconnaî-
trons que, dans tous les temps et dans tous les lieux, toutes les pensées de l'homme et toutes ses actions ont eu pour origine ces deux principes : l'amour du bien-être et l'aver- sion pour toute espèce de peine. C'est pourquoi les hommes, soit lorsque isolés ils se construisirent des demeures particu- lières , soit lorsque re'unis en société ils élevèrent des édifices publics, durent chercher, i° à tirer des édifices qu'ils cons- truisaient le plus grand avantage, et par conséquent à les faire de la manière la plus convenable à leur destination; 2° à les bâtir de la manière la moins pénible dans l'origine, et la moins dispendieuse par la suite , lorsque l'argent fut devenu le prix du travail. Ainsi, la convenance et l'économie, voilà les moyens que
doit naturellement employer l'architecture , et les sources où elle doit puiser ses principes, les seuls qui puissent nous guider dans l'étude et dans l'exercice de cet art. D'abord, pour qu'un édifice soit convenable, il faut qu'il
soit solide, salubre et commode. Il sera solide, si les matériaux que l'on y emploie sont de
bonne qualité, et répartis avec intelligence ; si l'édifice repose sur de bons fondements ; si ses principaux soutiens sont en nombre suffisants , posés perpendiculairement pour avoir plus de force , et placés à des distances égales , afin que chacun d'eux soutienne une égale portion du fardeau. H sera salubre , s'il est placé dans un lieu sain ; si l'aire
ou le pavé en est élevé au-dessus du sol, et garanti de l'hu- midité ; si des murs remplissent l'intervalle des soutiens qui en composent l'ossature , et défendent de la chaleur et du froid la partie intérieure ; si ces murs sont percés d'ouver* |
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Moyens
qu'elle doit employer. |
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Convenance
et économie. |
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Principes
généraux re- latifs à la convenance. Solidité.
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Salubrité.
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16 INTRODUCTION.
tures capables de laisser pénétrer l'air et la lumière ; si toutes
les ouvertures pratiquées dans les njurs intérieurs , en se correspondant, correspondent aux ouvertures extérieures , pour faciliter à l'air le moyen de se renouvelles ; si une cou- verture le met à l'abri de la pluie et du soleil, de manière que l'extrémité de cette couverture s'avançant au-delà des murs, en éloigne les eaux ; et s'il se trouve exposé, soit au Midi dans les pays froids , soit au Nord dans les pays chauds. Enfin il sera commode, si le nombre et la grandeur de
toutes ses parties , si leur forme , leur situation et leur arrangement sont dans le rapport le plus exact avec sa destination. Voilà ce qui regarde la convenance , et voici ee qui con-
cerne l'économie. Une superficie étant donnée , si, lorsqu'elle est terminée
par les quatre côtés d'un carré, elle exige moins de contour que lorsqu'elle l'est par ceux d'un parallélogramme, et moins encore quand elle est terminée par la circonférence d'un cercle ; si, en fait de symmétrie, de régularité et de simpli- cité , la forme du carré , supérieure à celle du parallélo- gramme , est inférieure à celle du cercle , il sera aisé d'en conclure qu'un édifice sera d'autant moins dispendieux qu'il sera plus symmétrique, plus régulier'et plus simple. Il n'est pas besoin d'ajouter que si l'économie prescrit la plus grande simplicité dans toutes les choses nécessaires , elles proscrit absolument tout ce qui est inutile. Tels sont les principes généraux qui, par-tout et dans
tous les temps, quand il a fallu élever des édifices , ont dû guider les hommes raisonnables ; et tels sont en effet les principes d'après lesquels les édifices antiques le plus géné- ralement et le plus justement admirés ont été conçus, connue on s'en convaincra par la suite. |
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Commodité.
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Principes
généraux re- latifs à l'éco- nomie |
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Synrmétrie.
Régularité. Simplicité, |
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INTRODUCTION. 17
Mais, dira-t-on encore , puisqu'il y a des édifices que l'on
admire ou que l'on méprise avec raison , il y a donc des beautés et des défauts dans l'architecture : elle doit donc re- chercher les unes et éviter les autres, elle peut donc plaire ; et si ce n'est pas là son but principal , elle doit au moins tâcher de joindre l'agréable à l'utile. Nous sommes loin de penser que l'architecture ne puisse
pas plaire ; nous disons au contraire qu'il est impossible qu'elle ne plaise pas, lorsqu'elle est traitée selon ses vrais principes. La nature n'a-t-elle pas attache' le plaisir à la satis- faction de nos besoins , et nos plaisirs les plus vifs sont-ils autre chose que la satisfaction de nos besoins les plus impé- rieux ? Or , un art tel que l'architecture , art qui satisfait . immédiatement un si grand nombre de nos besoins , qui nous met à portée de satisfaire aisément tous les autres, qui nous défend contre les intempéries des saisons , qui nous fait jouir de tous les dons de la nature , un art enfin auquel tous les autres arts doivent leur existence, comment pourrait-il manquer de nous plaire ? Sans doute que la grandeur , la magnificence, la variété,
l'effet et le caractère que l'on remarque dans les édifices, sont autant de beautés, autant de causes du plaisir que nous éprouvons à leur aspect. Mais qu'est-il besoin de courir après, si l'on dispose un édifice d'une manière convenable à l'usage auquel on le destine ? Ne différera-t-il pas sensible- ment d'un autre édifice destiné à un autre usage ? N'aura-t-il pas naturellement un caractère, et qui plus est son carac- tère propre ? Si les diverses parties de cet édifice, destinées à divers usages, sont disposées chacune de la manière dont elles doivent l'être , ne dif'fe'reront-elles pas nécessairement les unes des autres ? Cet édifice n'offrira-t-il pas de la variété ? Ce même édifice, s'il est disposé de la manière la plus éco- C
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L'Architec-
ture ne peut- elle pas join- dre l'agréable à l'utile. |
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Il est im-
possible que les produc- tions de cet artneplaisent pas. |
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Beautés que
l'on remar- que dans l'ar- chitecture. Elles se
trouvent na- turellement quand on s'occupe de la disposi- tion. |
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18 INTRODUCTION.
nomique, c'est-à-dire la plus simple , ne parai tra-t-il pas le
plus grand , le plus magnifique qu'il soit possible ? Sans doute, puisque l'œil alors embrassera à-la-fois le plus grand nombre de ses parties. Encore un coup, où est la nécessité de courir après toutes ces beautés partielles ? Il y a plus, c'est que cela, loin d'être nécessaire, est nui-
sible à la de'coration elle-même. En effet, si parce que cer- taines beautés dans un édifice vous auront frappé , vous voulez les transporter dans un autre qui n'en est pas sus- ceptible , si même ces beautés s'y trouvant naturellement, vous voulez les porter à un plus haut point que la nature de l'édifice ne le comporte , n'est-il pas évident qu'elles # s'évanouiront, peut-être même se changeront en défauts 5 La Vénus de Médicis et l'Hercule Farnèse sont des figures ad- mirables ; mais si, parce que la tête de l'une est plus gra- cieuse ou qu'elle a plus de caractère que l'autre, on plaçait celle de Vénus sur le corps d'Hercule, et réciproquement, ces véritables chefs - d'œuvres de l'art ne deviendraient-ils pas des chefs - d'oeuvres de ridicule ? Et si, parce que les différentes parties de ces statues sont admirables, le sculp- teur , pour augmenter la beauté de leur ensemble, en avait augmenté le nombre, et qu'il eût donné à ces figures quatre bras, quatre jambes, etc., ne seraient-elles pas au contraire des productions monstrueuses ? , D'après ce qui vient d'être dit, on ne doit ni s'attacher à
ce que l'architecture plaise , vu qu'il lui est impossible de ne pas plaire ; ni chercher à donner de la variété, de l'effet et du caractère aux édifices, puisqu'il est impossible qu'ils n'aient pas ces qualités. C'est donc de la disposition seule que doit s'occuper un
architecte ; quand même il tiendrait à la décoration archi- tectonique , quand même il ne chercherait qu'à plaire, |
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Elles
disparaissent quand on s'occupe de décoration architeetoni- que. |
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Il est inu-
tile et même dangereux
que l'Archi- tecture cher- che à plaire. |
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La disposi-
tion est l'ob- jet principal de l'Architec- ture. |
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INTRODUCTION. 19
puisque cette décoration ne peut être appelée belle, ne peut
causer un vrai plaisir, qu'autant qu'elle est l'effet nécessaire de la disposition la plus convenable et la plus économique. Ainsi, tout le talent de l'architecte se réduit à résoudre
ces deux problêmes : i° avec une somme donnée faire l'édi- fice le plus convenable qu'il soit possible , comme dans les édifices particuliers, i° les convenances d'un édifice étant données , faire cet édifice avec la moindre dépense qu'il se puisse, comme dans les édifices publics. On voit par-là qu'en fait d'architecture il est faux qix'il y
ait incompatibilité ou simple compatibilité entre la beauté et l'économie, et que celle-ci est une des principales causes
de celle-là. Un exemple va mettre dans le plus grand jour ces idées,
et donner à ces principes le plus grand degré de certitude. L'édifice connu sous le nom de Panthéon Français , dans l'origine, devait être un temple : le but que l'on se propose dans ces sortes d'édifices , quel que soit le culte qu'on y exerce, est non-seulement d'y rassembler la multitude, mais encore d'y frapper son imagination par l'organe des sens : or, la grandeur et la magnificence sont les moyens les plus propres à produire cet effet. D'après cela, il semble que la décoration soit , sinon l'objet uniqute , au moins la chose principale dont on doive s'occuper dans la composi- tion de semblables édifices, et que la dépense qu'elle exige ne doive être comptée pour rien. Cependant, nous allons voir que si dans celui dont il s'agit, mettant de côté toute idée de décoration, l'on se fût borné à le disposer de la manière la plus convenable et la plus économique, on aurait fait un édifice tout autrement capable de produire l'effet que l'on desirait. Le Panthéon français a de longueur 100 mètres, sur 80 de large : il est composé d'un portail et de quatre C a
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L'Architec-
ture se réduit à la solution de deux pro- blèmes. |
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Planche T.
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ao INTRODUCTION.
nefs, reunies à un dôme, le tout formant une croix grecque.
Le développement des murs est de six cent douze mètres. On y compte deux cent six colonnes, distribuées au nombre de vingt-deux pour le portail , de cent trente-six pour les nefs, et de quarante-huit pour le dôme, qui en présente trente-deux à l'extérieur et seize dans sa partie intérieure. Qui ne croirait qu'un édifice tel que celui-là, dont les di-
mensions sont aussi considérables et le nombre des colonnes aussi prodigieux, offre le plus grand et le plus magnifique spectacle ? Il n'en est cependant rien. .Cet édifice, intérieure- ment , n'a que 3,672 mètres de superficie réelle : la superficie apparente est encore bien moins considérable , puisque la forme de croix adoptée par l'architecte n'en laisse guères voir plus de la moitié en entrant. Le nombre des colonnes ne contribue pas plus à donner
une idée de magnificence, que les dimensions ne contribuent à donner une idée de grandeur. Des vingt-deux colonnes du portail, on n'en aperçoit distictement que six ou huit : celles du dôme sont, pour les trois quarts , masquées par le por- tail. Pénètre-t-on dans l'intérieur ? on n'en voit distinctement que seize, toutes les autres sont couvertes par celles-ci. Les colonnes de l'intérieur du dôme ne se montrent qu'à moitié, encore pour les apercevoir est-on obligé de faire un effort. Cependant cet édifice si peu grand , si peu magnifique, a coûté près de dix-sept millions. Si, au lieu de courir après les formes que l'architecte a
crues les plus propres à produire de l'effet et du mouve- ment , il avait fait usage de celles que l'économie présentait naturellement, dans la disposition d'un édifice qui n'est formé que d'une pièce, c'est-à-dire d'un cercle, s'il avait em- ployé les colonnes concentriquement à ce cercle, de manière à diminuer l'étendue de la voûte intérieurement, et à former |
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INTRODUCTION.. 21
à l'extérieur un vaste portique , capable de recevoir une
foule de peuple qui devait s'y rendre de toutes parts , quelle grandeur, quelle magnificence un tel édifice n'aurait-il pas étalée ! La superficie , dont rien n'aurait dérobé à l'oeil la moindre partie, aurait été de 4^92 mètres, l'extérieur aurait constamment présenté trente-deux colonnes, et l'intérieur en aurait offert une multitude. Voilà deux édifices bien dif- férents l'un de l'autre. A quoi tient cette énorme différence ? à ce que, dans le premier, on a cherché à faire du beau , et que l'on a cru que pour y parvenir il n'y avait d'autre moyen que de prodiguer l'argent ; tandis que dans le deuxième on ne s'est occupé qu'à disposer l'édifice de la
manière la plus convenable et la plus économique. En effet, celui-ci, qui l'emporte en grandeur et en magnificence sur celui-là , ne renferme que cent douze colonnes , n'a que 248 mètres de développement de murs, et coûterait par con- séquent la moitié moins, c'est-à-dire, qu'avec la somme qu'a coûtée l'autre, on aurait pu faire deux édifices, non tels que celui qui existe , mais tels que celui qu'on y substitue, ou un seul édifice qui aurait eu le double de celui-là même que l'on vient de proposer. Cet exemple, quoique le plus défavorable au système que
nous exposons , suffit néanmoins pour faire connaître la vérité de nos principes, et l'influence que peut avoir sur la fortune, sur le bien-être des particuliers et de la société, l'ignorance où l'on est à l'égard de ces principes ou leur inobservation. Récapitulons en peu de mots, sur l'architecture , ce que
nous avons reconnu pour être vrai sur sa nature , sur son objet, sur son but , sur ses moyens et sur ses principes généraux. L'architecture est un art qui a un genre propre , et pour
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sa INTRODUCTION.
objet la composition et l'exécution des e'difices, soit publics,
soit particuliers. Son but, en composant et en exécutant des édifices, est
de satisfaire un grand nombre de nos besoins, et de nous mettre à portée de satisfaire aisément tous les autres. Les moyens qu'elle emploie pour y parvenir sont la con-
venance et l'économie. La convenance renferme la solidité , la salubrité , et la
commodité. L'économie comprend la symmétrie , la régularité et la
simplicité. La solidité consiste dans le choix et dans l'emploi des
matériaux , dans le nombre et dans la disposition des soutiens. La salubrité dépend de la situation , de l'exposition , de
l'élévation du sol , des murs , des ouvertures qu'on y pra- tique et de la couverture. La commodité naît du rapport qui lie la forme d'un
édifice , sa grandeur et le nombre de ses parties , avec sa destination. Les formes les plus symmétriques, les plus régulières et
les pltLS simples, telles que le cercle , le carré, le parallélo- gramme peu aiongé , sont les formes les plus favorables à l'économie, parce qu'elles renferment une même superficie avec un moindre périmètre que les autres ; et par conséquent, ce sont celles dont on doit faire usage de préférence. La décoration n'est point l'objet dont l'architecte doive
s'occuper, à moins que par décoration l'on n'entende l'art d'appliquer aux édifices la peinture, la sculpture et les ins- criptions ; mais alors , ce genre de décoration n'est qu'un objet accessoire. Les ordres, en tant qu'objets d'imitation , ne sauraient y
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INTRODUCTION. s3
contribuer , vu qu'ils ne ressemblent à aucun objet de la
nature. La disposition est la seule chose à laquelle doive s'attacher
l'architecte , quand même il n'aurait d'autre but que celui de plaire, vu que le caractère, l'effet, la variété, en un mot, toutes les beaute's que l'on remarque ou que l'on cherche à introduire dans la décoration ar-chitectonique, résultent na- turellement d'une disposition qui embrasse la convenance et l'économie. Mais avant de disposer un édifice, c'est-à-dire., d'en com-
biner et d'en assembler les parties, il faut les connaître; or, celles-ci sont elles-mêmes une combinaison d'autres parties que l'on peut appeler les éléments des édifices, tels que les murs, les ouvertures qu'on y pratique, les soutiens engagés et isolés, le sol exhaussé, les planchers, les voûtes, les cou- vertures , etc. ; ainsi, avant tout, il faut connaître ces éléments. |
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PREMIERE PARTIE.
ÉLÉMENTS.
PREMIERE SECTION.
QUALITÉS DES MATÉRIAUX.
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Ees divers objets dont l'architecture fait usage se cons-
truisent avec différents matériaux, et consequemment ils ont des dimensions , des rapports, des proportions et des formes. C'est sous ces divers aspects que nous allons les considérer. _, -, , t , . . Matériaux.
D abord, occupons-nous des matériaux qui sont, en employés dans
quelque sorte, la substance de ces objets. On peut les ranger en trois classes : Jmatériauï
Ceux qui , étant durs , d'un travail long et pénible, sont
fort chers par cette raison. Ceux qui, plus tendres et d'un travail plus facile, sont
pour cela à meilleur marché. Enfin, ceux qui ne servent guères qu'à lier ensemble les
autres matériaux. Les matériaux du premier genre sont les granits, les por-
phyres , les jaspes, les marbres et les pierres dures. Ceux du deuxième sont les pierres tendres, les moellons,
la brique, la tuile, l'ardoise et le bois, D
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26 ELEMENTS.
Ceux du troisième sont le plâtre, la chaux, le sable , le
ciment, les différents mortiers qui résultent de leur union, le fer, le cuivre et le plomb. Les matériaux du premier genre se divisent en deux
espèces. Les uns se trouvent en masse dans la carrière, tels que
les granits, les porphyres, les jaspes, les marbres, quelques grès; et les autres se présentent par couches, tels que les pierres. Quoique la composition des granits, des porphyres et des
jaspes soit différente de celle des marbres , on ne laisse pas de comprendre dans la marbrerie tous ces matériaux, sous la dénomination de marbre, parce qu'en général ce sont des matières dures et colorées. Il y a du granit de différentes couleurs ; il s'en trouve de
rouge , de rose , de vert, de gris et de feuille - morte. Les couleurs du porphyre varient pareillement ; il y en a de rouge, de brun , de vert et de gris. Il en est de même du jaspe, qui est noir ou violet, rouge ou gris ou vert. On distingue deux espèces de marbre : les marbres an-
tiques et les marbres modernes. On appelle antiques, les marbres dont les carrières sont perdues , et dont nous n'avons connaissance que par quelques ouvrages des Anciens; modernes, ceux dont les carrières existent et dont on fait usage actuellement. Parmi les différents marbres antiques et modernes , on
distingue encore les marbres veinés , qui présentent des veines d'une ou de plusieurs couleurs ; et les marbres brèches, qui offrent un assemblage de cailloux ou de coquil- lages incrustés dans une espèce de pâte. Les marbres antiques sont : le porphyre rouge et vert ; le
lapis, qui est d'un bleu foncé ; le serpentin, qui est d'un |
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I« PARTIE.
Ire Section.
i er Genre,
divisé en deux espè- |
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Marbres en
général. |
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Granit,
porphyre, jaspe. |
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Marbres
proprement dits. |
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Veines et
brèches. |
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Marbres
antiques. |
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Ire PARTIE.
Ire Section, |
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arj
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QUALITES DES MATERIAUX.
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vert-brun ; Y albâtre ; le blanc antique ; le marbre africain,
tacheté de rouge et mêlé de veines blanches et vertes ; le noir antique , tacheté de blanc ; la brocatelle, nuancée de jaune. de rouge et de gris ; le jaspe verdâtre, mêlé de taches rouges ; îe vert et le jaune antique , etc. Les marbres modernes sont : le marbre blanc, que l'on
trouve à Carare^et qui est le plus estimé; celui du ci-devant Languedoc, qui l'est le moins, il est d'un vermillon sale , mêlé de grandes veines et de taches blanches; le marbre du ci-devant Bourbonnais, d'un rouge sale, mêle'de veines grises et jaunes; le sérancolin, qui est gris et jaune, tacheté de sang; lagriote, qui est de couleur de chair; le vert campan, mêlé de rouge, de blanc et de vert ; le vert d'Egypte, d'un vert foncé, tacheté de gris de lin ; le vert de mer, plus clair que le campan ; la brèche violette et les autres brèches ; le blanc veiné; le bleu turquin ; le rance, etc. Les marbres en général ont l'avantage d'être durs, de pré-
senter à l'oeil le mélange des plus belles couleurs, et de re- cevoir parfaitement le poli. Dans les marbres, il se rencontre des défauts capables de
les faire rebuter, tels que d'être fiers, c'est-à-dire, trop durs et trop difficiles à travailler; filandreux, ayant des fils qui les traversent, comme le rance, le sérancolin ; terrasseux, ayant des parties tendres que l'on est obligé de remplir avec du mastic, comme la plupart des brèches; camelotés, pa- raissant ternes après avoir été polis\ poufs ^ ne pouvant, sem- blables au grès, conserver de vive arête. On imite les différents marbres par une composition
appelée stuc, laquelle, quoique assez dure, est sujette à l'humidité ; ce qui fait qu'on ne l'emploie guères que dans les intérieurs. Le marbre est cher , et, par cette raison, ne s'emploie
D 2
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Marbres
modernes. |
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Qualités
du marbre. |
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Défauts
du marbre. |
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Stue.
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Emploi
du marbre. |
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28 É L É M E N T S.
d'ordinaire que par revêtement ou par incrustation. On en
fait rarement usage en bloc et en parpain, si ce n'est quand il s'agit de colonnes, de vases, de cuves, de figures, etc. Les diverses couleurs des marbres exigent quelque atten-
tion dans leur assortiment. Il faut réserver les marbres blancs et sans veines pour la sculpture, se servir des blancs veinés pour les fonds, et réserver ceux qui sont diversement colo- rés pour les colonnes, pour les frises et pour les panneaux d'incrustation. On doit éviter les assortiments de couleurs qui tranchent trop, et encore plus ceux de couleurs à-peu- près semblables. A Paris, on n'emploie guères le grès que pour paver; il
y en a de dur et de tendre. La couleur de ce dernier tire sur le gris. Le grès, pour sa liaison, exige un mortier de chaux et de ciment. Lorsqu'on en fait usage, il faut, dans la bâtisse, former des cavités en zig-zag dans ses lits, afin d'empêcher le mortier de sécher trop vite. Toutes les pierres se trouvent par couches; mais les unes
sont dures et les autres tendres. Nous n'entrerons pas dans le détail des pierres de tous les pays, nous nous bornerons à faire connaître celles dont on fait le plus d'usage à Paris et aux environs. La plus belle des pierres dures est celle de liais. Il y en a
quelques carrières vers le faubourg Saint-Jacques, à Saint- Cloud et à Saint-Leu. Elle porte depuis 18e (7 pouces ) jusqu'à 27e ( 10 pouces ) de hauteur de banc. Il y en a de deux sortes, le liais franc ou doux et le liais férault. Ce dernier est plus dur, et s'emploie de préférence dans les dehors. La chapelle de Versailles en est bâtie. Par économie, on se sert souvent de liais en place de marbre; on en pave les vestibules, les antichambres et les salles à manger ; on en fait des chambranles de cheminée, des cymaises ; enfin, tous les ouvrages qui exigent une pierre dure et fine. |
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Ire PARTIE.
Ire Sectiow.
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Assortiment
des marbres. |
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Grès.
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Pierres.
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Pierres
dures. Liais.
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QUALITÉS DES MATERIAUX. 39 Ire PARTIE.
Ir« Section.
La seconde espèce de pierres dures, celle dont on se sert pierre
le plus fréquemment, vient dlArcueil et de Bagneux. Ces ^w^f pierres se distinguent en haut et bas appareil. Le premier porte depuis 48e ( 18 pouces ) jusqu'à 80e (deux pieds et demi), le second depuis 3ac ( 1 pied) jusqu'à 48e (18 pouces). On en fait des marches, des cymaises, des seuils, des appuis et des tablettes. La pierre de Tonnerre est très-estimée à cause de son grain De Tonnerre.
fin et serré. Aussi pleine que le liais, elle est plus tendre > plus blanche et porte environ 48e (18 pouces). On s'en sert ordinairement pour la sculpture. La fontaine de Grenelle en est entièrement bâtie. La pierre'de Vergetée, qui se tire à Saint-Leu, est rustique De Vergeiée.
et remplie de petits trous. Elle est excellente pour les cons- tructions qui se font dans l'eau. De toutes les pierres tendres, celle de Saint-Leu est la Pierres
pierre dont l'usage est le plus commun. Elle porte depuis 64e jusqu'à im 28e ( 2 pieds jusqu'à 4)- On l'emploie avec DeSaint:Leu, avantage dans les parties supérieures ; mais on ne doit point s'en servir dans les lieux humides , ni sous des fardeaux considérables. On emploie encore comme pierre tendre, celle de Conflans- De Conflans.
Saint-Honorine, près Saint-Germain ; son grain est très-fin. L'entablement du porche du Panthéon français est de cette pierre. La craie et la pierre à plâtre ne valent pas grand chose.
La dernière est si susceptible d'être dissoute par l'eau et de s'écraser sous le fardeau, qu'elle est proscrite par les lois des bâtiments. L'ardoise est une pierre noire , grise ou verdâtre et Ardoise.
feuilletée. II y en a de deux sortes, la dure et la tendre. La dure sert pour faire du pavé, des tables; et la tendre, |
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3o É L É M EITS.
qu'on de'bite de l'e'paisseur qu'on veut, sert pour couvrir
les édifices. Il y en a de plusieurs grandeurs; le plus grand moule a 5ac sur 2,0 ( 12 pouces sur 8), et le plus petit en a 2.0 sur 10 (8 sur 4 )• Celle qui vient de l'Anjou est la meilleure. Toutes ces espèces de pierres et une foule d'autres ne
s'emploient que taillées. Il en est que l'on fait servir telles qu'elles sont au sortir de la carrière, comme des libages et la meulière. Les libages sont de gros quartiers de pierre trop bruts
et trop irréguliers pour être équarris. Le plus souvent, ils proviennent du ciel des carrières et servent dans les fondations. La meulière sert aussi dans les fondations, parce que le
mortier s'y accroche aisément à cause de ses cavités ; on peut encore l'employer avec avantage dans les parties basses des édifices. Sa couleur rougeâtre, qui contraste avec le blanc jaunâtre des autres pierres , peut jeter naturellement de la variété dans l'aspect d'une construction. En général, pour que la pierre soit bonne, il faut qu'elle
soit pleine, c'est-à-dire, sans fils, moies ou coquillages ; vivet c'est-à-dire, susceptible de se durcir à l'air ; franche, c'est-à- dire, qu'elle ne tienne ni de la dureté de celles qui forment le ciel de la carrière, ni de la mauvaise qualité de celles qui sont adhérentes à la terre. Il faut de plus qu'elle ait un grain fin et uni. Les fils, les coquillages et les moies sont un défaut dans
la pierre; les fils , parce qu'étant plus durs que le reste, ils rendent la pierre susceptible de se fendre ; les coquillages, parce que la pierre étant taillée, son parement n'est pas assez uni \ et les moies, parce qu'elles s'écrasent sous le " fardeau» |
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pe PARTIE.
Ire Section.
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Libages.
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Meulière.
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Qualités de
la pierre. |
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Défauts de
la pierre. |
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QUALITÉS DES MATERIAUX. 31
Lorsqu'on tire les pierres de la carrière , leurs lits ou
couches sont couverts d'une espèce de mousse que l'on nomme bouzin. Il faut avoir soin d'abattre entièrement cette partie-là, qui est tendre, conséquemment sujette à se dis- soudre à la pluie et à l'humidité', et qui, dissoute, se réduit en poussière ainsi que les moies. On a la liberté de poser, dans le sens que l'on veut, les
divers matériaux qui se trouvent en masse ; mais les pierres qui se forment par couches doivent être placées dans le même sens que dans la carrière, c'est-à-dire, sur leur lit. L'expé- rience a fait voir qu'elles ont plus de consistance dans cette situation que dans tout autre. Car il en est des pierres comme d'un livre : posé à plat , il peut supporter des fardeaux énormes; mais debout, il cède au moindre poids qui écarte les feuillets. Ce n'est pas que souvent l'on n'ait employé des pierres
en délit. Les Goths faisaient ordinairement leurs colonnes de cette manière ; et c'est ainsi qu'ont été construites les colonnes de la façade de Versailles, du côté des jardins, et celles de la cour du Louvre. Là où les colonnes, mutiles d'ailleurs, ne sont que pour la décoration comme dans les exemples que nous venons de citer, il importe peu de quelle manière la pierre est placée ; mais dans un édifice raisonné, où les colonnes doivent servir à porter des far- deaux, il importe beaucoup de placer sur leur lit les pierres qui les composent. Outre les noms que les pierres prennent des lieux dont
on les tire, elles en empruntent encore , soit de la place quelles occupent dans les bâtiments , soit de l'état où elles se trouvent avant d'être placées, ou même avant d'arriver au chantier. |
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Ire "PARTIE.
Ire Section.
Précautions à prendre. |
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Comment
en général on doit poser les pierres. |
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Noms que
l'on donne aux pierres. |
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lre PARTIE. 32 ÉLÉMENTS.
Ire Section. _ ^
On appelle pierre d'échantillon, un bloc assujéti à une
mesure envoyée par l'appareilleur au carrier ; Pierres de grand ou de bas appareil, celles qui portent
plus ou moins de hauteur de banc après avoir été atteintes au vif; Pierre brute, celle qui n'a pas encore été ébousinée ;
Pierre bien faite, celle où l'on trouve peu de déchet en
l'équarrissant; Pierre en chantier, celle qui est calée par-le tailleur de
pierres avant d'être façonnée ; Pierre débitée, celle qui est sciée à la scie sans dents comme
la dure, ou à la scie à dents comme la tendre ; Vitxxç, faite, celle qui est entièrement taillée et en état d'être
posée ; Pierre fichée, celle dont l'intérieur des joints est remplie
de mortier ou de plâtre ;
Pierre de parpam, celles qui occupent toute l'épaisseur
d'un mur et font double parement ; Pierre d'attente, celle qui saille hors de l'extrémité d'un
mur, et Pierres perdues, celles que l'on jette dans les fleuves et les
rivières, lorsque l'on veut y construire quelque ouvrage , et que la profondeur ou la nature du terrain ne permet pas d'y enfoncer des pieux. Moellon. Le moellon provient soit de l'éclat de la pierre, soit d'un banc peu épais, et que l'on a débité ainsi. Sa qualité prin-
cipale est d'être bien équarri et bien gissant, parce qu'alors il a plus de lit et consomme moins de mortier. Le moellon doit être ébousiné ainsi que la pierre ; autre-
ment, lebousin empêcherait la liaison ; on doit pareillement le poser sur son lit. Le moellon taillé, équarri et réduit à une hauteur uni-
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QUALITÉS DES MATERIAUX. 33
forme, se nomme moellon piquet, parce que l'on pique sou-
vent son parement avec la pointe du marteau. C'est ainsi que l'on s'en sert dans les ouvrages soigne's. Dans ceux qui le sont moins, on l'emploie à-peu-près comme il vient de la carrière ; alors, on le recouvre d'un enduit pour supple'er au de'faut de gissement. La brique est une espèce de pierre artificielle, faite avec
de l'argile. On la pétrit, on la corroyé de manière à en faire une pâte ductile , que l'on façonne dans des moules; on la fait ainsi sécher sous des hangars et ensuite dans un four, avec du bois ou du charbon de terre.
Pour que la brique soit bonne, il faut que la terre em-
ployée à sa fabrication soit grasse, forte et sans cailloux ou gravier ; qu'elle soit parfaitement corroyée avec le rabot, et cuite suffisamment d'une manière égale. Une précaution essentielle , c'est de la laisser refroidir
lentement, sans quoi la brique est sujette à se feuilleter et a se réduire en poudre à la gelée et sous le fardeau. La brique est bonne lorsque exposée à la gelée , elle y
résiste ; lorsqu'elle rend un son clair dès que l'on frappe dessus, et que le grain en est fin et serré. Les dimensions de la brique sont 20e (8 pouces) de lon-
gueur, 10e (4 pouces) de largeur et 5e (2 pouces) d'épaisseur. Sa couleur est d'un rouge jaunâtre ou brun. La meilleure brique vient de la Bourgogne ; mais il est
peu d'endroits où l'on ne puisse s'en procurer. Elle peut suppléer parfaitement à la pierre, dans les endroits où celle- ci est rare; elle résiste beaucoup mieux au feu et à l'humidité. Sa légèreté la rend précieuse pour un grand nombre de constructions, principalement pour celle des voûtes. Peu de matériaux réunissent autant d'avantages. Les tuyaux de che- |
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1* partie.
Ire Section.
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Brique.
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Qualités et
défauts de la brique. |
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Manière d«
s'assurer de sa bonté. |
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Emploi
de la brique. |
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E
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34 ÉLÉMENTS.
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I" PARTIE.
lle Section.
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mine'e, les foyers, les fours, etc., se font
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presque toujours
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en brique.
La tuile est de la même matière que la brique , et doit
avoir les mêmes qualités ; seulement, la cuisson en est plus forte. On en fait de deux grandeurs : celle de Bourgogne, qui est la meilleure, et que l'on appelle tuile du grand moule, a 34e sur 2,3 ( 1.3 pouces sur 8 j) ; celle du petit moule, qui vient des environs de Paris, a 27e sur 16 (10 pouc. sur 6). En Italie, en Hollande, en Flandre et dans une partie de
l'Allemagne , les tuiles , au lieu d'être plates, sont creuses, ou faites en S. Le désavantage de la tuile est dans sa pesanteur , qui
farce d'élever les combles plus qu'on ne le ferait, si on les couvrait en ardoise. Outre la brique et la tuile, on fait en terre cuite des car-
reaux pour paver les édifices. Les bois , relativement à leur usage dans les bâtiments,
se distinguent en bois de charpente, de menuiserie et de placage. Les bois employés le plus ordinairement pour la char-
pente, sont le chêne et le sapin. On fait également usage de l'orme, du hêtre , du charme , du noyer, du tilleul , etc. ; mais aucun de ces bois n'est comparable au chêne, ni même au sapin. Le chêne est celui qui se défend le mieux contre les in-
tempéries de l'air ; celui qui, plongé dans Veau ou enfoncé dans la terre, et susceptible de la plus longue durée ; celui enfin qui peut offrir les pièces les plus considérables en longueur et en équarrissage. Le sapin a l'avantage d'être plus léger que le chêne , et
de se conserver plus long-temps, lorsqu'il est recouvert de plâtre. |
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Tuile.
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Carreaux.
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Bois.
3 espèces. |
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Bois de
charpente. |
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Chêne,
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Sapin,
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35
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I" PARTIE.
Ire Section.
Bois de
menuiserie. De placage.
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QUALITES DES MATERIAUX.
Dans la menuiserie et dans la sculpture, on emploie ordi-
nairement le chêne tendre, le sapin, le tremble, etc. Les bois de placage sont l'ébène, l'acajou, les bois de la
Chine , de violette et autres que l'on débite par feuilles, et qui sont susceptibles de recevoir un beau poli. Les avantages du bois sur la pierre sont d'être moins fra-
gile et plus facile à travailler. Il se transporte plus commo- dément , sert à tirer comme à porter , et peut se poser en tout sens ; mais il a l'inconvénient d'être sujet aux incendies. Il ne faut pas emploier le bois trop vert, car il ploierait
trop aisément, et pourrirait très-vite.
Si, lorsqu'il est encore un peu vert, on est obligé d'en
faire usage, il faut le laisser quelque temps dans l'eau pour en dissoudre toute la sève : c'est le meilleur moyen de le garantir de la pourriture. Il faut avoir grand soin d'enlever tout l'aubier. Ce sont
les couches extérieures qui n'ont point encore acquis beau- coup de consistante. On les enlève si le bois n'a pas été écorcé sur pied; autrement, on peut les laisser. On doit rejeter le bois blanc , qui se corrompt facilement;
le bois gélif, c'est-à-dire, qui a des fentes occasionnées par la gelée; le bois mort, qui n'est bon qu'à brûler ; le bois noueux ou filandreux , sujet à casser ; le bois qui se tour- mente , faute d'être assez sec. Outre les dénominations qui indiquent les défauts du bois,
il en est d'autres qui désignent les façons dont il est suscep- tible. On nomme bois apparent, celui qui n'est pas recou- vert de plâtre ; corroyé, celui qui est passé au rabot dans la charpente et à la varlope dans la menuiserie ; bois de brin, celui dont on a seulement ôté les quatre dosses flaches pour l'équarrir ; de sciage, celui qui est débité à la scie, en che- vrons, en membrures et en planches. E 2
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Avantage
du bois. |
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Précautions
à prendre. |
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Aubier.
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Noms rela-
tifs aux dé- fauts du bois. |
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Noms rela-
tifs à son em- ploi. |
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36 ÉLÉMENTS.
Le bois est une des matières dont on fait le plus fréquent
usage dans les bâtiments. Il en compose, tantôt la totalité, et tantôt une très-grande partie. Presque toujours, on l'em- ploie aux planchers et aux toits. La force varie dans les bois : le chêne, par exemple, est
un de ceux qui résistent le plus , et le peuplier un de ceux qui résistent le moins. Dans chaque espèce , la résistance est en raison inverse des longueurs, en raison directe des largeurs, et en raison des carrés des épaisseurs. De plus, et toutes choses égales, cette même résistance varie suivant la position ; car une pièce de bois posée horizontalement sur deux appuis rompra plus facilement que si elle était incli- née ; et dans cette dernière situation , elle rompra plus aisément encore que si elle était debout. Parmi les agents qui servent à lier entre eux ces divers
matériaux, le plâtre est un de ceux dont l'usage est le plus fréquent. Le plâtre, pour être bon, doit être bien cuit, gras, blanc,
facile à employer, et prompt à faire liaison. Autant qu'il est possible, on doit l'employer au sortir du
four, et ne jamais l'exposer ni au grand air, ni à l'humidité, ni au soleil : celui-ci l'échauffé, la pluie le détrempe et l'air l'éventé. Dans une foule de circonstances, le plâtre est extrême-
ment avantageux, en ce que son action est très-prompte et que, de plus, il se suffit à lui-même ; en quoi il diffère de la chaux, qui a besoin de la présence d'un autre agent pour acquérir de la dureté. Mais on ne doit point l'employer indifféremment ; car ?
s'il est vrai qu'il réussisse parfaitement pour les plafonds, pour les souches de cheminée, pour les enduits extérieurs et intérieurs, il n'est pas moins vrai qu'il réussit très-mal |
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I" PARTIE.
Ire Section.
Emploi du
bois.
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Agents em-
ployés à lier les divers ma- tériaux. Plâtre.
Ses qualités. Ses défauts.
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Cas où
l'on doit l'em- ployer. |
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QUALITÉS DES MATERIAUX. 3j
dans les lieux humides, dans les fondations des e'difices et
dans la liaison des murs en pierres de taille. Il se lie très- bien avec le fer, mais il ne se lie nullement avec le bois, à moins que celui-ci n'ait été' lardé de clous. On emploie le plâtre, i° tel qu'il sort du four et après
l'avoir pulvérisé grossièrement avec une batte : c'est ainsi qu'on s'en sert, soit dans la construction des gros murs de moellon ou de libage, soit pour hourdir les cloisons de charpente; 2° après l'avoir passé au panier pour les renfor- mis, les crépis, les gobetages ; 3° enfin, après l'avoir passé au sas ou tamis ; et c'est la manière dont on le prépare pour les
enduits, les moulures et la sculpture.
On appelle hourdir, maçonner grossièrement avec du mor-
tier ou du plâtre ; renformir, c'est réparer de vieux murs ; gobeter, c'est jeter du plâtre avec la truelle et le faire entrer avec la main dans les joints d'un mur; crépir, c'est employer le plâtre avec un balai, sans passer la truelle ni la main par- dessus ; et l'on appelle enduit, une couche de plâtre unie, appliquée soit sur un mur, soit sur une cloison de charpente ou de menuiserie. Ces diverses manières d'employer le plâtre exigent qu'il soit
gâché différemment. On le gâche serré pour les gros ouvrages, les scellements et les enduits; on le gâche un peu clair pour les moulures que l'on traîne avec un calibre; enfin l'on y met beaucoup d'eau pour couler, caler, ficher et jointoyer les pierres. Dans tous les cas, il faut avoir l'attention de ne gâcher le
plâtre qu'à mesure qu'on ^n a besoin, sans quoi il sécherait et ne pourrait plus servir. C'est principalement de Montmartre qu'on le tire ; on en
trouve aussi à Meudon, à Triel, etc. Le mortier est un composé de chaux, de sable ou de
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re partie.
Ire Section.
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Manière de
l'employer. |
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I™ PARTIE. 38 ÉLÉMENTS.
Ire Section.
ciment. Avant d entrer dans un plus grand détail sur sa
composition, il faut dire un mot des ingrédiens que l'on y fait entrer. Chaux. Tous les marbres et toutes les pierres dont la composition a de l'analogie avec celle des marbres, sont propres à faire
de la chaux; mais les plus pesantes, les plus dures et les plus blanches sont les meilleures : la chaux des Anciens e'tait toujours faite avec du marbre. La chaux se cuit dans des fours, avec du bois ou du charbon
déterre. Lorsqu'elle est cuite, elle doit être sonore, et exhaler beaucoup de fumée, si on la mouille. Après sa sortie du four, il est essentiel de ne la voiturer que dans des tonneaux bien fermés , afin que l'humidité" ne puisse pas la pénétrer. Il n'est pas moins nécessaire de l'éteindre peu de temps après sa cuisson ; car si on la conserve en pierre trop long-temps, même à l'abri de l'air, elle perd de sa qualité. Les eaux de pluie, de source ou de rivière sont les seules
bonnes pour éteindre la chaux; encore faut-il avoir soin de l'exposer quelques jours à l'air : l'eau trop froide mettrait la chaux en grumeaux. On éteint la chaux dans un bassin pratiqué à côté de la
fosse où l'on veut la conserver; on la jette dans le bassin après l'avoir concassée ; on l'y remue avec des rabots, en ver- sant de l'eau à mesure et avec précaution, car trop d'eau la noie. Quand elle est délayée, on débouche , dans le bassin, le
conduit cjui répond k la partie supérieure de la fosse ; on laisse écouler la chaux, avec l'attention de mettre une grille dans le conduit, afin d'arrêter les corps étrangers. La chaux écoulée, on bouche le conduit, et l'on recommence l'opéra- tion autant de fois qu'il est nécessaire. Lorsque la fosse est pleine, on la laisse à découvert pen-
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QUALITÉS DES MATERIAUX. 3û,
dant quatre ou cinq jours ; on l'arrose d'un peu d'eau pour
faire rejoindre les fentes; et lorsqu'elle ne se fend plus , on la recouvre de 3a ou 64° ( i ou a pieds) de sable, pour em- pêcher le contact de l'air. On peut la conserver ainsi fort long-temps, sans avoir à craindre qu'elle perde rien de sa propriété. Il y a deux espèces de sable : celui de rivière qui est jaune,
rouge ou blanc, et celui qu'on tire des sablonnières ou des fouilles de terre. Le sable est bon, lorsque après avoir été" frotté entre les
mains, il n'y laisse aucune partie terreuse, ou lorsque l'eau, après qu'on l'y a remué, reste parfaitement claire. Le ciment n'est autre chose que du tuileau concassé, ou
de la brique au défaut de tuileau. Le mortier, ainsi que nous l'avons dit plus haut, est un
mélange de chaux, de sable ou de ciment. Pour faire de bon mortier, il faut un tiers de chaux sur deux tiers de sable. Mais si la chaux n'est pas de la première qualité, on en met un, peu plus : il en est de même du sable. Si la chaux est nouvellement éteinte, on n'a pas besoin du
secours de l'eau pour opérer le mélange, il suffit de le cor- royer avec des rabots ; mais , dans tous les cas , il faut y employer le moins d'eau qu'il est possible. Le mortier dans lequel on substitue le ciment au sable,
est particulièrement employé aux ouvrages qui se construi- sent dans l'eau. Le plâtre durcit tout de suite; le mortier exige du temps
pour se consolider, mais aussi il devient infiniment plus dur. Pour unir entre eux les divers matériaux, on se sert encore
de fer, de cuivre et de plomb. JLe fer, pour être bon, doit être doux et avoir le grain fin -, |
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ir« partie.
Ire Section.
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Sable.
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Ciment.
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Mortier.
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Fer,
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I* PARTIE. 4o ÉLÉMENT S.
Ire Section. , .
il ne doit contenir ni gerçure ni paille. Le meilleur vient du
ci-devant Berri. Il est essentiel de n'en employer que la quantité nécessaire ;
parce que autrement, loin d'opérer la liaison, il y mettrait souvent obstacle. Les fers qui servent de liaison sont généralement appelés
gros fers. Tels s.ont les tirants, les ancres, les linteaux, les plates-bandes , les boulons, les crampons, les manteaux de cheminée, les bandes de trémie, etc. Il en est qui servent à la sûreté ; on les nomme fers de
menus ouvrages. Tels sont les serrures , les pentures, les fiches, les loquets, les verrous, etc. Quelquefois, cependant, il entre de gros fers dans les ob-
jets de sûreté, comme dans les barreaux de croisées, les grilles, les fléaux, etc. On nomme fer cornette celui qui ai3ài8c(5ày pouces)
de large sur i3 à i8mi!- (6 à 8 lignes) d'épaisseur; fer carré
celui qui a de 2 à 5e ( i ou a pouces) de grosseur ; fer rond celui dont on se sert pour les tringles, et qui a 1 à 2e (9 à 10 lignes); fer de carillon celui qui a de 12 à 22"^ (5 à 9
lignes ) ; et cotes de vache tous les fers qui ne sont point à à vive-arête. On emploie aussi à différents usages du fer en tables minces, qu'on appelle tôles, et dont les feuilles ont jusqu'à 2 mètres ( 6 pieds ) de long. plomb. On fait servir le plomb non-seulement à lier des matériaux,
mais encore à faire des tuyaux de descente ou de conduite.
11 sert aussi quelquefois à couvrir les édifices.
Pour ce dernier usage, on emploie deux sortes de plomb ;
l'un qui est coulé et l'autre qui est laminé. A égale épais- seur, le premier est celui que l'on doit préférer : les défauts n'en sont pas cachés par la compression. Le meilleur plomb se tire de l'Angleterre et de l'Allemagne,
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re partie.
Ire Section.
Cuivre. |
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-QUALITÉS DES MATERIAUX. 41
Le cuivre est un autre métal qui sert ou à cramponner
les pierres, ou à couvrir les édifices. Dans le premier cas, les Anciens le préféraient au fer, à cause de sa plus grande durée. Tels sont les principaux matériaux employés dans la
construction des édifices. Le peu que nous en avons dit suffit, non-seulement pour donner une idée de leurs bonnes, de leurs mauvaises qualités , et de leur emploi en général, mais encore pour faire remarquer la variété que leurs di- mensions , leurs couleurs différentes , leurs régularités ou leurs irrégularités doivent apporter dans les édifices, lorsque ces matériaux sont combinés avec intelligence. |
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DEUXIEME SECTION.
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EMPLOI DES MATERIAUX,
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Jtour que les divers éléments des édifices soient solides, Fondements
il faut que les matériaux soient de bonne qualité, employés Planche 2. avec intelligence ; qu'ils soient assis sur de bons fondements, qui ne peuvent être tels, qu'autant qu'ils sont construits comme il convient, et sur un bon sol. Les moyens de s'assurer de la qualité du sol, sont la sonde
ou les puits. Si le sol est mauvais, il faut que l'art vienne au secours
de la nature. |
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Qualités
du sol. |
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Les terrains sur lesquels on peut asseoir solidement les
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F
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4û ÎLÉUENTS.
édifices sont le roc „ le gros sable mêle' de terre, les terrains
pierreux et la terre franche. Les mauvais terrains sont le sable mouvant, la glaise, les
terres remuées, rapporte'es et marécageuses. Lorsque le sol n'a pas la consistance nécessaire", et qu'il
faut creuser trop avant pour atteindre le bon fond , si le bâtiment n'a pas un grand poids, et que le terrain soit sus- ceptible d'être également comprimé, on établit un grillage de charpente sur lequel on élève les fondements avec le plus d'uniformité qu'on peut, afin que toute la masse prenne un tassement égal. Si, dans quelque endroit du terrain, l'on rencontre des
trous, des cavités, on les comble lorsqu'ils sont peu consi- dérables ; autrement, on élève des piliers de pierre depuis le bon fond . et sur ces piliers on bande des arcs capables de porter les murs. Aux endroits où l'on rencontre de l'eau , on enfonce des
pilotis pour porter le grillage de charpente. La première assise des fondements doit être en bons
libages, sur lesquels on place de gros moellons durs , bien ébousinés, à bain de mortier, chaux et sable. On élève ainsi le mur jusqu'à 8e (3 pouces) au-dessous du sol des caves. A cette hauteur, on établit une assise de pierres dures faisant toute l'épaisseur du mur ; et, sur cette assise, en laissant de chaque côté 8e ( 3 pouces ) de retraite , on élève les murs des caves ou souterrains jusqu'à 8e (3 pouces) au-dessous du niveau de la terre, le tout avec un mortier de chaux et de sable, et non avec du plâtre. On distingue plusieurs espèces de murs : les murs de
clôture, de terrasse^ de face et de refend. On.fait les murs quelquefois tout en pierres, et quelque-
fois tout en moellons ou en briques ; plus souvent encore, |
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Ire PARTIE.
IF Section. |
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Précautions
à prendre pour bien fonder. |
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Quatre espè-
ces de murs. Planche 2. |
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Ire PARTIE.
IIe Séctiox.
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EMPLOI DKS MATÉRIAUX 43
on les Fait partie en pierres et partie en moellons, en meu-
lières ou en briques. Quels que soient l'usage et la matière d'un mur , il faut
toujours que les lits du mur soient tous horizontaux, et tous les joints perpendiculaires, ne se rencontrant ni sur la face, ni dans l'épaisseur , mais tombant toujours au milieu de la pierre qui est au-dessus et au-dessous. Il serait bon que les assises eussent toutes une hauteur égale. Elles doivent être élevées en retraite , sur une assise en pierre, posée elle-même en retraite sur le mur des souterrains où sur les fondations. On peut maçonner le tout avec du plâtre ; mais le mortier de chaux et de sable vaut beaucoup mieux. Les murs de clôture et de refend doivent s'élever perpen-
diculairement. Les murs de terrasse doivent avoir en dehors un talus
proportionné à leur hauteur et à la nature des terres qu'ils soutiennent : on leur donne un sixième lorsqu'ils ont une élévation ordinaire. Les murs de face peuvent être élevés perpendiculairement,
ou en retraite à chaque étage, ou avec un léger fruit à l'ex- térieur. De ces trois manières , les deux dernières sont plus propres à contenir la poussée des planchers ou des voûtes. Il ne faut pas croire que toutes les parties d'un mur quel-
conque fatiguent également : il en est sur lesquelles se reporte toute la charge des planchers , des voûtes et des combles, ou qui sont susceptibles d'être ébranlées par diffé- rentes percussions ; d'autres ne sont que de remplissage. Il est naturel par conséquent de donner à ceux-là plus de force, soit par une plus grande dureté' de la matière, Suit par une plus grande épaisseur ; quelquefois mênië , par ces deux moyens réunis. Ainsi, dans les murs qUi sont tout en pierres ou tout en moellons, on donnera une plus grande épaisseur F 2
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Soutiens en-
gagés dans les murs ou chaî- nes perpendi- culaires. |
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Ire PARTIE. 44 ÉLÉMENTS.
IIe Section. , . ', .
aux extrémités des murs de lace, aux angles forme's par leur
rencontre , aux endroits où les murs de refend viennent se relier avec eux, aux pied-droits des portes et des croisées, sous la portée des principales pièces, des combles, des plan- chers , et sous la retombée des voûtes. Les chaînes de pierre descendront jusque dans la partie la plus basse des fonde- ments , et se continueront dans les voûtes, en formant des arcs. Dans les murs qui sont partie en pierres , et partie en
moellons, ou en d'autres matériaux de cette espèce , les mêmes parties, celles-là seules seront en pierres, et les inter- valles en moellons , en briques ou en meulières. Alors, les chaînes pourront être plus épaisses que le mur, ou simple- ment de la même épaisseur. Dans tous les cas, les chaînes doivent être composées de
pierres alternativement longues et courtes, afin de pouvoir se relier parfaitement avec les matériaux qui forment les remplissages. Lorsque les chaînes seront saillantes, quelque- fois elles pourront l'être entièrement, quelquefois aussi leur saillie ne s'étendra pas au-delà de la longueur de la pierre la plus courte : dans ce dernier cas, elles prennent le nom de pilastres. Ordinairement, ces différentes espèces de chaînes n'ont
que quelques pouces de saillie ; mais lorsque les dernières doivent s'opposer à de grands efforts, on leur donne une saillie égale à leur largeur, et au lieu de faire leur face per- pendiculaire , on la fait quelquefois en talus : alors, on les nomme contre-forts. Chaînes hori- Les chaînes verticales ne sont pas les seules dont on fasse montâtes. usage pour consolider un mur : on en place encore d'hori- zontales à l'endroit où les principales pièces des planchers viennent se loger dans les murs, à la naissance des voûtes,, |
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Ire PARTIE,
IIe Section. |
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EMPLOI DES MATERIAUX. Zp
aux endroits où les murs cessent d'être continus, comme au
bas des croisées, et enfin, sur la partie supérieure des murs. On nomme plinthes les premières, et l'on donne le nom de corniches aux autres, c'est-à-dire, à celles qui se placent sur le haut des murs de face. Ces chaînes étant des assises de pierres plus longues, plus
dures que les autres et, de plus, étant reliées par des cram- pons, fixent dans leur place, par leur pesanteur, les maté- riaux moins pesants et sur lesquels elles reposent, les em- pêchent de se désunir, retiennent entre elles les chaînes perpendiculaires, et préviennent toute espèce d'écartement. L'épaisseur des murs est relative à leur hauteur. Ordinai-
rement on donne 64e (2 pieds) à ceux de face, et /\SC ( 18 pouces ) à ceux de refend et de clôture. La pierre et le moellon, etc., ne sont pas les seuls maté-
riaux qui entrent dans la construction des murs de face et de refend, on y emploie aussi le bois : alors, les premiers prennent le nom de pans de bois, et les seconds celui de cloisons. Les uns et les autres sont composés de poteaux cor- miers, de sablières, de poteaux d'huisserie, de décharges ou pièces inclinées et destinées à soulager les sablières, d'entre- toises qui forment le bas des croisées, de linteaux qui font la partie supérieure de ces croisées et des portes, de four- nisses ou pièces d'inégales longueurs , enfin de pôtelets ou poteaux plus courts que les autres, et qui servent de rem- plissage. On assemble dans les poteaux cormiers les sablières, et
dans les sablières les poteaux d'huisserie. On appelle cormiers les poteaux des angles , et d'huis-
serie ceux qui se trouvent de chaque côté des portes ou des croisées. On distingue trois sortes de cloisons relativement à la
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Pans de bois
et cloisons. |
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Trois sortes
de cloisons. |
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Ire PARTIE, ^g ÉLÉMENTS.
IIe Section.
manière de les maçonner : on les nomme simples, pleines
et creuses. Aux cloisons simples, on cloue du rapointissage sur le côté
des bois, et l'on hourde les intervalles avec des plâtras et du plâtre : ensuite, on enduit à fleur des poteaux qui restent apparents. Aux cloisons pleines, après avoir hourdi, on latte des deux
côtés, de 8 en 8e (de 3 en 3 pouces), et sur le lattis, on fait un enduit qui recouvre le tout. Enfin, aux cloisons creuses, on met les lattes jointives sans
hourdir, et l'on enduit comme aux cloisons pleines. On maçonne les pans de bois comme les cloisons simples
et les cloisons pleines ; mais on ne les maçonne jamais comme les cloisons creuses. Si nous avons recommandé de placer sous les murs en
moellons, etc., une assise de pierres, on sent que cette pré- caution est encore plus nécessaire sous les pans de bois et sous les cloisons , pour les empêcher de pourrir. Cloisons On donne ordinairement aux pans de bois et aux cloisons légères. Lg ^ 18e (6 à 7 pouces) d'épaisseur.
Outre les cloisons en charpente , il y en a encore en
menuiserie et en plâtre. Les premières ont 8e ( 3 pouces) d'épaisseur, et les deuxièmes en ont 3 ou 5 ( 17 ou 2 pouces). Il y a deux sortes de cloisons de menuiserie. Les unes se
font avec des planches de bateau assemblées à clair-voie, dans des coulisses haut et bas, et entretenues par des tra- verses ou entre-toises : elles se lattent, tant plein que vide, et s'enduisent au niveau des coulisses et des entre-toises. Les autres sont faites de planches à rainures et à languettes :
elles sont assemblées haut et bas, dans des coulisses, et n'ont qu'un centimètre ( 1 pouce) d'épaisseur. Les cloisons en plâtre se font en grands carreaux qui se
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EMPLOI DES MATÉRIAUX. fy] ¥<t PARTIE.
IIe Section.
jettent en moule et que l'on place ensuite les uns sur les
autres. |
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Outre les soutiens engagés., ou chaînes de pierres placées
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Soutiens
isolés.
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dans les endroits du mur qui doivent soutenir quelque poids,
ou re'sister à quelque effort, il en est d'isolés, lesquels sont destinés à porter des planchers, des plafonds, et quelquefois des voûtes. On les nommej»ofcfl««r ow. piliers, suivant qu'ils sont en bois ou en pierres. Lorsqu'ils sont astreints à cer- taines proportions, on les nomme pilastres, s'ils sont carrés par leur plan, et colonnes s'ils sont circulaires. Quand ils reçoivent la retombée d'un arc , qu'ils sont carrés et, d'une proportion plus courte que les pilastres , on les nomme piédroits. Les piliers, les pilastres, les colonnes et les piédroits se
construisent par assises ou tambours , lorsqu'ils sont en pierres. On ne les fait tout d'une pièce que lorsqu'on y emploie le bois et le marbre. On a soin que les tambours soient tous d'une égale hauteur, afin que le tassement soit égal ; on doit tâcher aussi de faire que chaque tambour soit tout d'une pièce. Les colonnes et les pilastres reposent ordinairement SUr Sur quoi ils
un mur continu et dont la hauteur est celle de l'élévation du TeP0SeuU sol de l'édifice au-dessus du sol naturel. Ce mur que l'on nomme dez, se construit comme tous les autres murs, en retraite, sur une assise de pierres dures appelée base, et des- tinée à le garantir de l'humidité. Il se recouvre d'une assise de pierres en saillie, laquelle en éloigne les eaux qui peuvent tomber sur le pavé des portiques formés par les colonnes : on appelle corniche cette pierre saillante , et piédestal l'as- semblage de cette base, de ce dez et de cette corniche. Quelquefois , pour réunir d'une manière plus solide ,.
dit-on, la colonne avec le piédestal, on place la colonne sur |
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Ire PARTIE. 48 ÉLÉMENTS.
IIe Section. ^
une espèce d empâtement, que l'on nomme aussi base ; et
afin de diminuer la porte'e des pièces qui doivent re'unir les colonnes, on ne manque jamais de placer sur la colonne une ou plusieurs pierres saillantes , connues sous le nom de chapiteau. Ces objets sont conside're's comme appartenant à la co-
lonne , ils en font partie ; ainsi, l'on peut dire que la colonne est composée de trois parties, la base, la colonne propre- ment dite, appelée fut et le chapiteau. Mais cela n'arrive pas toujours; car la colonne quelquefois n'est compose'e que de deux parties, d'un fut et d'un chapiteau. Parties qu'ils Les colonnes se relient les unes aux autres, ou par des soutiennent. .,-,,.. , , . .-,
pièces de bois , ou par des morceaux de marbre, ou enfin
par des plates-bandes composées de plusieurs pierres ten- dantes vers un centre. De quelques mate'riaux que l'on fasse usage , on nomme architrave la partie qui pose immédia- tement sur le chapiteau. Sur cette pièce, afin de re'unir les colonnes avec le mur, on place une deuxième architrave , que d'ordinaire on désigne du nom de frise. On couvre, soit par un plancher, soit par une pierre plate , soit par une voûte en plate-bande , l'espace vide qui reste entre les architraves et le mur ; et, dans tous les cas, on a soin de faire saillir cette dernière partie au-delà de la frise, afin de rejeter loin du pied de l'édifice les eaux du toit dont l'extrémité porte sur cette saillie, que l'on nomme corniche. L'architrave, la frise et la corniche, par leur réunion , composent Y entablement ; et l'assemblage du piédestal, de la colonne et de l'entablement, lorsque cet assemblage est soumis à certaines proportions , forme ce qu'on appelle , quoique assez improprement, un ordre & architecture. Au reste, on voit que quand il ne serait, pas absurde de se modeler sur la cabane pour faire un ordre d'architecture , |
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EMPLOI DES MATÉRIAUX. 4°. Ir6 PARTIE*
IIe Section.
cela serait au moins très-inutile, puisque la seule nature des
choses et le simple bon sens offrent toutes les parties qu'on attribue aux ordres et que l'on regarde comme essentielles. Lorsque les architraves sont compose'es de plusieurs cla-
veaux, on place un mandrin de fer dans l'axe des colonnes. Ce mandrin s'élève jusqu'au niveau de la partie supérieure, soit de l'architrave , soit de la corniche. A cette hauteur , , les mandrins sont relie's, les uns aux autres, par des chaînes de fer qui vont d'abord de l'axe d'une colonne à l'autre; puis, des axes des colonnes à l'axe du mur, dans lequel elles sont arrête'es par des ancres. Dans le second cas , celui où les mandrins s'élèvent à la hauteur de la corniche, quelquefois, pour plus de sûreté, aux premières chaînes , on en ajoute d'autre , mais placées diagonalement. Quand les mandrins d'axe ne pénètrent pas la colonne dans toute sa hauteur, il faut au moins qu'ils y descendent d'un huitième. Si l'on place deux rangs de colonnes, l'un sur l'autre, alors
le rang inférieur doit être de pierres dures, et le rang supé- rieur en pierres tendres. Les pied-droits des portes et des croisées sont réunis par Ouvertures,
des plates-bandes, etc., de la même manière que les colonnes sont par des architraves. Lorsque les pied-droits et les plates-bandes ont une saillie
continue , celle - ci prend le nom de bandeau ou de chambranle. Pour empêcher que l'eau chassée par le vent, contre la
partie du mur qui se trouve au-dessus des portes et des croi- sées, ne tombe sur le seuil ou sur l'appui, on met quelque- fois une corniche au-dessus du chambranle. Lorsque les colonnes ou les pied-droits sont très-éloignés
les uns des autres, et que les plates-bandes ont trop de por- tée , on réunit les soutiens par des arcs. |
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I™ PARTIE. 5o ÉLÉMENTS.
IIe Section.
On nomme impostes, les pierres saillantes qui terminent
les pied-droits et qui reçoivent la retombée des arcs ; et l'on donne le nom (Xarchivoltes aux bandeaux saillants qui régnent autour des arcs. Niches. Outre les portes et les croisées, on pratique encore, sous le nom de niches, dans les murs, des renfoncements destinés
à placer des statues, etc. Comme ces niches ne pénètrent pas le mur dans toute son épaisseur, leurs pied-droits n'ont pas besoin d'être consolidés par des chaînes; ainsi, on ne doit jamais y trouver de chambranle. Cheminées. Les cheminées sont adossées aux murs ou pratiquées dans leur épaisseur. On les adosse toujours contre les murs mi- toyens , et quelquefois on les renfonce dans les murs de refend. Elles sont composées de deux jambages, d'un man- teau qui les réunit et d'un tuyau qui donne passage à la fumée. On en fait de grandes , de moyennes et de petites. Les
grandes ont d'ordinaire i,gac (6 pieds) d'ouverture, sur g6c (3 pieds); et les petites, 8oc sur 80(2 '-pieds sur a|). La profondeur des unes et des autres est d'environ 64° (2 pieds). Les jambages et le manteau des premières ont 18 à 20e (y à 8 pouces) de largeur ; et ceux des dernières-, 8 à 10e (3à4 pouces). Les tuyaux ne doivent pas avoir moins de 72e ( 2 pieds 3 pouces ) de long sur 24e ( 9 pouces ) de large. Leur languettes ont 8 à 10e (3 à 4 pouces) d'épaisseur. On construit le tout soit en pierres } soit en briques ou en
plâtre. On doit avoir grand soin de ne jamais placer Fâtre d'une
cheminée sur aucune des pièces de bois qui font partie des, planchers. Il faut toujours laisser dans ceux-ci, un vide que l'on appelle trémie, lequel, en largeur, a 8e (3 pouces ) au- delà du hors œuvre des jambages, sur 96e ( 3 pieds ) de |
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ESPL O IDES MATÉRIAUX.. 51 Ire PA.RTIE
.IIe Sectior.
long, à partir du fond de la chemine'e ou, ce qui est la même
chose, du contre-cœur. Ces trémies se font avec un hourdis de plâtre et de plâtras,
supportés par deux bandes de fer recourbées à chaque extré- mité. Quelquefois on croise celles-ci par une troisième bande que l'on scelle dans le mur. Sur le hourdis, ou l'on pose un foyer soit de pierre soit de marbre , ou l'on continue de carreler jusqu'au contre-coeur. On met au fond de la cheminée une plaque de fonte ou
un contre-mur soit de tuileaux, soit de briques. Le manteau est soutenu par une barre de fer recourbée aux deux bouts, laquelle pose sur les jambages et se scelle dans le mur. Le tout est revêtu d'un chambranle de pierre ou de marbre, et d'une tablette. Le tuyau est supporté par une barre de lan- guette qui pose sur les pied-droits. Quand il y a plusieurs cheminées , l'une au-dessus de
l'autre, si elles sont adossées, il faut en dévoyer les tuyaux. Mais on doit se garder de le faire, si elles sont prises dans l'épaisseur du mur, à cause des porte-à-faux que cela occa- sionnerait. Lors même qu'elles sont adossées, il faut, en dévoyant les tuyaux, leur donner le moins d'inclinaison qu'il est possible, pour ne pas trop fatiguer les murs. Les planchers se construisent par travées, afin d'éviter la Planchers.
trop grande portée de la plupart des pièces de bois dont ils se composent. Ces travées sont formées d'un certain nombre de solives de remplissage posées de champ , espacées tant plein que vide, lorsqu'elles portent sur des poutres ou fortes pièces scellées de 3ac ( i pied ) dans les murs et assises sur des chaînes de pierre. Quelquefois , pour diminuer les di- mensions des poutres , on place sur leurs côtés, des lam- bourdes ou pièces moindres, sur lesquelles ces solives portent ou dans lesquelles elles s'assemblent ; et l'on met de pareilles G a
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IMPARTIE. 53 ÉLÉMENTS.
Ile SecTIOÎT. llii r
lambourdes le long des murs, afin de ne pas altérer la soli-
dité' de ceux-ci, par le scellement de toutes les solives. Les lambourdes se scellent dans les murs ainsi que les poutres, et sont soutenues de distance à autre par des corbeaux de fer. Lorsqu'elles sont accolées à ces dernières, on les y réu- nit par des boulons et par des étriers. Les solives d'enchevêtrure ne sont quelquefois destine'es
qu'à porter les chevêtres place's au-devant des âtres , ainsi que les bandes de trémie ; alors elles portent d'un bout dans les murs, et de l'autre sur les poutres ou les lambourdes. Quelquefois on les fait de plus servir à remplacer les poutres, et, dans ce cas, on les scelle dans les murs comme celles-ci ; mais on ne les charge pas dans toute leur longueur du poids des solives de remplissage, on se contente d'assembler dans leurs extrémités les linçoirs placés le long des murs ou des passages des tuyaux de cheminées , et dans lesquels s'as™
sembîent à leur tour ces dernières solives.
Lorsque les murs de face sont tout en moellon, en les
construisant on place, à la hauteur de chaque étage, un cours de plate-formes assemblées de i3c (5 pouces) d'épais- seur , et sur lesquelles on fait porter les solives d'enche- vêtrure. Quand les planchers ont une certaine étendue, pour les
roidir et pour en augmenter la force, on peut mettre, tant plein que vide, entre les solives, des étrésillons ou bouts de bois que l'on fait entrer de force par - dessous, dans des rainures pratiquées dans les solives. A l'extrémité de chaque poutre, on doit placer un tirant
ou plate-bande de fer avec un ancre d'environ 96e (3 pieds) de long pour empêcher l'écartement. Tous les bois qui avoisinent les tuyaux de cheminée
doivent en être éloignés de 8e (3 pouces). |
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EMPLOI DES MATÉRIAUX. 63
Outre les différentes pièces dont on a parle', on en emploie
encore d'autres , principalement dans les planchers qui se trouvent immédiatement sous les combles. Nous en dirons un mot en parlant de ceux-ci. On faisait autrefois tous les planchers à bois apparents,
et l'on n'enduisait que les entrevous. On n'en fait plus guères de cette espèce que dans des édifices auxquels on n'attache aucune importance. Depuis que les idées de déco- ration architectonique se sont répandues, on regarde comme ignoble l'apparence des pièces qui constituent un plancher et qui en attestent la solidité ; on aime mieux les masquer par des plafonds de plâtre, qui, en augmentant la dépense, font pourrir les planchers, et obligent souvent à les refaire peu de temps après leur construction , pour éviter de plus graves inconvénients. Quelle différence cependant entre le spectacle monotone, froid, effrayant, qu'offrent ces plafonds en plâtre, et le spectacle si propre à rassurer, si piquant, si varié de ces planchers antiques et majestueux , dont les solives et les poutres qui en formaient les travées étaient dressées avec le plus grand soin, et garanties de l'humidité et des insectes , par l'application des plus belles couleurs ! Il suffit de comparer avec nos plafonds modernes les plan- chers qui subsistent encore dans quelques anciens châteaux, pour reconnaître combien dans cette partie de l'architecture, en courant après la beauté, on s'en est éloigné. Quoi qu'il en soit, nous allons faire connaître de quelle
manière on construit les premiers. , Dès que la charpente d'un plancher est achevée, on latte:
par-dessus et par-dessous, et l'on a soin que le lattis ne soit pas tout-à-fait jointif. Sur le lattis supérieur, on fait une aire de plâtre de 8e (3 pouces), sur laquelle on pose les carreaux, et par-dessous on plafonne. |
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54 ' ÉLÉMENTS.
Pour augmenter la solidité de ces plafonds, on fait quel-
quefois des augets entre les solives , et voici comment cela se pratique. Après avoir latte par-dessous , tant plein que vide , on garnit de clous les côtés des solives ; puis, après avoir appliqué une planche sous le lattis, on fait une espèce de canal demi-cylindrique entre les solives. Le plâtre de ces augets se joignant à celui du plafond, empêche toute espèce de gerçure. Si, au lieu de carreaux , on veut employer du parquet,
on assied sur l'aire du plancher des lambourdes scellées à augets. Il y a mieux, c'est que l'on ne fait point d'augets; on pose les lambourdes sur un lattis jointif, et même, quand les solives sont bien dressées, on place le parquet immédia- tement dessus. Les planchers ordinaires, tout compris , n'ont guères que
3^c ( I pied ) d'épaisseur lorsqu'ils sont carrelés , et 4°° ( 15 pouces ) quand ils sont parquetés. Pour les entresols, on en fait qui n'ont pas plus de 16e (6 pouces). Dans la construction des planchers , outre le bois , on
emploie encore la brique. Ce sont alors des espèces de voûtes plates , qui ont sur les planchers proprement dits l'avantage de coûter moins, de durer plus long-temps et de n'être point sujettes aux incendies. Pour les exécuter, on commence par faire un bâtis léger
de charpente ou de menuiserie, de 6e (2 ^ pouces) de large, auquel on donne la courbure que l'on veut donner à la voûte. Sur le bâtis on fixe des planches jointives; ce ceintre, on le pose sur des pièces de bois horizontales, scellées dans les murs, et quand la voûte a une grande étendue, on les soutient par d'autres pièces perpendiculaires : on commence alors la voûte à l'une des extrémités de la pièce. Deux ou- vriers postés, l'un à un bout du ceintre, et l'autre au bout |
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I" PARTIE.
IIe Section. |
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Planchers
en briques on voûtes plates. |
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EMPLOI. DES MATÉRIAUX. 55 IMPARTIE
IIe Section.
oppose', placent le premier rang de briques a plat, dans la
tranchée que l'on a pratique'e dans le mur , et continuent de la sorte jusqu'à ce que, venant à se rencontrer, ils par- viennent à fermer la voûte. Ils recommencent la même opération , qui ne cesse que lorsque le ceintre se trouve entièrement couvert. Alors, ils doublent cette voûte par un deuxième rang de briques, ayant soin de les placer à recou- vrement. Le ceintre ainsi couvert , on le fait glisser sur les pièces
de bois horizontales qui le supportent , et l'on répète la même opération jusqu'à ce que l'on soit arrivé à l'autre extrémité de la pièce. Ces voûtes forment une espèce de berceau. On en fait
aussi en façon d'arc de cloître. Dans celles-ci, le ceintre ne peut pas être mobile , il doit occuper toute l'étendue dé la pièce : ces briques se posent de quatre côtés à-la-fois. Quand on a placé les deux premiers rangs de briques tout autour, on les double tout de suite d'un autre rang à recouvrement, et l'on continue de cette façon jusqu'à ce que la voûte soit fermée. Toutes ces voûtes se maçonnent avec du plâtre.
On remplit les reins des premières avec de petits moel-
lons , et sur le tout on fait une aire. Dans les reins des deuxièmes voûtes on pratique des contre-forts de 1,60 en i,6oc ( 5 pieds en 5 pieds), ainsi qu'aux angles de la voûte; le surplus, on le remplit de terre bien sèche, et l'on carrelé. Quelquefois on n'emploie dans les voûtes qu'un seul rang
de briques ; mais alors on les place de champ. Dans tous les cas , on enduit les voûtes par-dessous. Des murs de 6AC (3 pieds) d'épaisseur suffisent pour une voûte large de 6 48 à 8,10e' (20 à 25 pieds); mais il faut avoir l'attention de ne jamais donner à celle-ci moins d'un sixième de montée, et |
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56 ÉLÉMENTS.
de contenir l'écartement des murs par des tirants parallèles
quand les voûtes font berceau, et en croix lorsqu'elles sont en arc de cloître. Au droit des tuyaux de cheminée, on doit aussi placer
des linteaux de fer pour empêcher l'action de la voûte. L'épaisseur de ces voûtes à leur sommet n'est que de 10 à
13e (4 à 5 pouces). Outre les voûtes plates dont on vient de parler, il en est
d'autres dont la monte'e est plus considérable, et que l'on substitue aux voûtes plates et aux planchers lorsqu'ils ont trop d'étendue ; de même que l'on substitue des arcs aux plates-bandes, lorsque celles-ci ont trop de portée. Ces voûtes sont le berceau, le plein ceintre, dont la forme
est celle d'un demi-cylindre creux ; la descente droite, qui ne diffère du berceau qu'en ce qu'elle est en pente ; les voûtes d'arête et en arc de cloître , qui résultent de la pénétration de deux demi-cylindres ; le cul-de-four, dont la forme est
demi-sphérique ; la niche ou la moitié du cul-de-four ; les voûtes en pendentifs, produits de la pénétration de deux demi-cylindres dans une demi-sphère, et la voûte annulaire, engendrée par le mouvement du demi-cercle autour d'un point. Entre la voûte d'arête et celle en arc de cloître, il y a
cette différence, que les angles sont saillants dans la première et rentrants dans la deuxième ; que celle-ci est supportée dans tout son pourtour, au lieu que celle - là ne porte que, sur quatre points. Il est encore d'autres voûtes, telles que les trompes , les
arrière - voussures, les voûtes biaises, surbaissées1, etc.; mais nous n'en parlerons pas, ces pièces de trait ne devant être employées tout au plus que dans des restaurations. Ce que l'on a dit de la construction des murs peut s'ap-.
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EMPLOI DES MATÉRIAUX, Sn ?'
' ne
pliquer à celle des voûtes; seulement, dans les murs, les
pierres ont la forme d'un parallélipipède, et dans les voûtes elles ont la forme d'un coin. Dans les uns, les lits sont hori- zontaux et dans les autres ils tendent vers un centre. De la forme et de la disposition de ces pierres appelées
voussoirs, il résulte une action ou poussée qui tend à écar- ter les supports des voûtes, et par conséquent à les rompre. Ainsi, il faut donner à ces supports une épaisseur capable de résister à l'action qui agit sur eux ; et comme les voûtes en plein ceintre, les seules que nous adoptons, se rompent entre l'imposte et le voussoir du milieu appelé clef, il con- vient que le corps qui s'oppose à la poussée fc'élève jusqu'à cette hauteur. Il doit même s'élever encore davantage, lors- qu'on ne peut lui donner l'épaisseur nécessaire, afin que ce qu'il aura acquis en force perpendiculaire supplée à ce qui lui manque en force horizontale. La résistance que l'on doit opposer à la poussée d'une
voûte , doit être d'autant plus grande que la flèche de la voûte a moins de hauteur , que son diamètre et son épais- seur sont plus considérables, et que ses supports sont plus élevés. Outre ces considérations relatives à la poussée qu'occa-
sionne la forme des voussoirs , et qui sont communes à toutes les voûtes, il en est d'autres qui ont rapport à la na- ture et à l'appareil particulier de chaque voûte. Le berceau exerce son action latéralement, c'est-à-dire, contre les murs qui reçoivent sa retombée ; la voûte en arc de cloître le fait uniformément contre ses murs pourtours ; la voûte d'arête a une poussée diagonale , qui est résultante des poussées latérales de chacun des berceaux qui la composent ; le cul- de-four n'a qu'une légère [poussée du centre à la circonfé- rence. et le pendentif agit presque entièrement vers les H
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58 ÉLÉMENTS.
berceaux qui îe pe'nètrent, etc. ; c'est donc vers ces endroits
qu'il faut opposer la résistance. Qoique naturellement le berceau exerce une action con-
tinue sur les murs qui le soutiennent, on peut, au moyen de lunettes ou d'arcs en décharge , détourner cette action vers certains points que l'on sera maître de déterminer. Alors, on fortifiera ces points, et l'on fera le reste des murs aussi peu épais que l'on voudra, ce mur n'étant plus que de remplissage. Quand on a une suite d'arcades ou de voûtes en berceau,
on peut donner à chaque pied-droit, ou une force qui puisse contenir la v©ûte qu'il supporte, ou une force qui ne soit propre qu'à résister à la pression. Dans ce dernier cas , la poussée de toutes les voûtes étant rejetée vers les derniers supports , il faudra donner à ceux-ci une force capable de s'opposer à toutes les poussées particulières. JYous n'avons aucun traite' qui, dans tous les cas, indique
avec précision les résistances qu'il convient d'opposer aux diverses poussées des voûtes. Mais bientôt nous aurons sur cette matière un excellent ouvrage, que depuis long-temps les artistes attendent avec impatience, celui de M. Rondelet, dont les connaissances théoriques et pratiques sont égale- ment étendues. Si les voûtes sont destinées à soutenir de grandes charges,
et qu'ainsi elles exigent une grande épaisseur, la pierre est la matière qu'on doit préférer ; mais lorsqu'elles doivent n'être chargées que de leur propre poids, on peut les cons- truire en moellons, en briques ou même en poterie, comme l'ont souvent fait les Anciens avec avantage. Quand les voûtes sont fort épaisses , il n'est pas néces-
saire que cette épaisseur soit la même par-tout ; on pourrait se borner à faire des arcs séparés entre eux par certaines |
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EMPLOI DES MATÉRIAUX. 5q Ire PARTIE
° IIe Skctio*-.
distances, et à relier ces arcs par des chaînes de voussoirs
horizontales, en mettant entre elles la même distance qu'entre les arcs. On remplirait ensuite avec une pierre plate et fort mince le vide qui resterait. Ces renfoncements carrés forme- raient naturellement ce qu'on nomme caissons. Dans la construction des voûtes il faut employer le moins
de fer que l'on peut ; ce métal est un trop faible moyen d'assurer leur solidité. Le mieux serait de n'en faire aucun usage ; mais lorsqu'on ne peut se dispenser d'y recourir, il faut du moins tâcher de le faire servir, non à porter, mais à tirer. Dans les contrées méridionales, les voûtes n'ont pas besoin
d'être recouvertes d'un comble; mais dans les autres pays, cette précaution est essentielle à leur conservation. Les combles ont ordinairement deux égoûts et quelquefois Combles.
quatre : lorsqu'ils n'en ont qu'un, on les nomme appentis. Leurs extrémités s'appellent croupes, si elles ont la même inclinaison que leurs côtés, et pignons, si elles sont termi- nées par la continuation du mur. Enfin, lorsque la corniche de l'édifice se continue en rampant le long des deux côtés inclinés du pignon, on nomme celui-ci fronton. Les combles doivent être plus ou moins élevés , suivant
le climat où l'on bâtit, et suivant la matière que l'on emploie à les couvrir. Dans le Nord, où la neige tombe en abondance et séjourne
long-temps sur les toits , on doit tenir ceux-ci plus élevés que dans les pays qui ne sont point sujets à ces inconvénients. Les combles couverts en tuile doivent aussi être moins
plats que ceux qui sont couverts en ardoise. Quoi qu'il en soit, on ne peut donner aux combles ni plus d'un tiers ni moins d'un sixième d'élévation. C'est aux fausses idées de beauté et de décoration qui se
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I« PARTIE. 6'o É L É M E N T S.
IIe Section. . . , . , ,
sont introduites dans 1 architecture, a ces idees-la seules, que
l'on doit les combles énormes à la construction desquels on n'a sacrifié de si grosses sommes que pour hâter la ruine des édifices qu'ils couvrent, et pour affliger l'oeil qui les considère. C'est encore à ces mêmes idées que l'on doit cette ridicule espèce de combles dont la partie supérieure est presque aussi plate qu'une terrasse , et la partie inférieure presque aussi roide qu'un mur , espèce qui , toute désa- gréable qu'elle est, n'en a pas moins contribué à immorta- liser Mansard. Lorsqu'un édifice est très-large, et que le comble en de-
viendrait trop haut, on divise celui-ci en deux, en trois et même en un plus grand nombre de combles qui n'ont plus alors que la moitié, le tiers de la hauteur qu'aurait eu le premier, etc. Les combles se font soit en charpente ou en menuiserie ,
soit en briques ou en pierres.
Les combles en charpente s'exécutent par travées ainsi que
les planchers. Ces travées sont portées par des fermes com- posées chacune de deux arbalétriers disposés suivant le ram- pant du comble; d'un entrait, dans lequel ils s'assemblent par le bas, et qui prévient leur écartement ; d'un entrait re- trousse', assemblé dans les arbalétriers , et qui, placé dans un sens parallèle au premier, les empêche de ployer ; d'un poinçon assemblé de même dans les arbalétriers, et qui s'op- posent à ce que l'entrait retroussé fléchisse ; d'aisseliers , qui fortifient l'entrait retroussé ; enfin , de contre -fiches assemblées dans le poinçon pour roidir les arbalétriers. Ces fermes sont réunies par un faîte assemblé dans le haut des poinçons, et par un sous-faîte, qui entre par assemblage , dans les entraits retroussés. Les fermes ainsi disposées, on place sur les arbalétriers un
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EMPLOI DES MATÉRIAUX. 6l l*e PARTIE.
IIe Section.
ou plusieurs cours de pannes soutenues par des tasseaux et
par des chantignoles; et sur ces pannes, on place les che- vrons qui, à leur extrémité' supérieure, s'assemblent dans une plate-forme posée sur le haut du mur, et à leur extrémité supérieure portent sur le faîte. Quand les combles forment des croupes, on met aux angles
et au milieu de ces croupes, des demi -fermes : celles des angles se nomment demi-fermes d'arêtier. Dans le plancher du comble, plancher auquel l'entrait sert
de poutre , il y a le demi - entrait de croupe qui, par un bout, s'assemble dans l'entrait, et par l'autre bout, porte sur le mur : de plus, on y place des goussets assemblés dans les entraits; des cojers ou pièces diagonales assemblées dans les goussets, et qui servent de tirants aux demi-fermes d'arê- tiers ; enfin, des soliveaux d'empannon, qui s'assemblent dans les coyers. La charpente du comble achevée, on latte, et sur le lattis,
on place la tuile ou l'ardoise en recouvrement. Les combles en menuiserie , inventés par Philibert de Combles en
Lorme, ont des grands avantages sur les combles en char- menuiserie. pente; et si l'usage n'en est pas devenu universel, on ne doit s'en prendre qu'à la routine. Ils chargent bien moins les édifices, n'ayant besoin ni d'entrait, ni de toutes les pièces qui embarrassent l'intérieur d'un comble , ce qui est un grand objet d'économie. Ils procurent aux greniers ou aux étages supérieurs des édifices le plus grand espace qui soit possible, espace dont on peut profiter soit pour donner plus de hauteur à l'étage inférieur , soit pour faire des loge- ments que l'on ne pourrait pratiquer dans un comble en charpente. Ces combles ,qui intérieurement ont la forme d'une voûte, mais qui n'ont point de poussée , offrent un autre |
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I" PARTIE. 62 ÉLÉMENTS.
IIe Section. - , .
mente, celui d'embrasser, par leur étendue , des espaces
considérables. Cette espèce de comble est forme'e par des fermes espa-
cées d'environ un mètre. Chaque ferme est composée de deux rangs de planches de 97 à 129e (3 à 4 pieds) de long, appli- quées l'une contre l'autre, en liaison, c'est-à-dire, de ma- nière que l'extrémité de l'une se trouve au milieu de l'autre. Ces fermes sont reliées ensemble par des liernes dans les- quelles on met des chevilles qui serrent exactement les planches entre elles. Combles Les combles en brique, outre les avantages qui leur sont en briques. , , , . , . , ,,
communs avec les combles en menuiserie, ont celui de n être
pas sujets aux incendies. Leur construction est à-peu-près la même que celle de la
première espèce de voûtes plates. Sur un ceintre mobile dont la courbure est celle d'un demi - cercle , on met deux rangs de briques à plat, en liaison; et sur la voûte formée
par les deux rangs de briques , on fait, avec des tuileaux , trois petits massifs triangulaires pour établir la pente du comble : on enduit le tout, et sur l'enduit on cloue l'ardoise. Quoique ces combles n'aient presque pas de poussée, il est bon cependant de relier par quelques armatures en fer les murs qui les soutiennent. La plupart des combles en pierre ressemblent assez à ceux
dont on vient de parler, et n'en diffèrent que dans la matière, la voûte étant en pierre au lieu d'être en brique, et la cou- verture en dalles au lieu d'être en ardoise. Cependant, on en fait quelquefois dont la construction a plus d'analogie avec les combles en charpente qu'avec ceux qui sont en brique. Ces combles se pratiquent par travées formées de dalles posées à recouvrement, et soutenues par des arcs qui font la fonction de fermes : les arcs sont réunis par des |
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EMPLOI DES MATÉRIAUX. 63
plate-bandes; les joints verticaux des dalles , lesquels cor-
respondent directement au milieu des arcs, sont recouverts par des demi-cylindres en pierre , qui s'emboîtent les uns dans les autres, et la portée des dalles est soulagée par des barres de fer qui se scellent dans les arcs. Ce que nous allons dire des terrasses achèvera d'éclaircir ce que nous avons dit des combles en pierre. L'objet des terrasses est de procurer la facilité de se pro-
mener sur les édifices, d'y jouir de la vue des environs et d'y respirer la fraîcheur. Les terrasses ainsi que les combles ont une inclinaison
propre à faire écouler les eaux; mais cette inclinaison est bien moindre ; et par cette raison, la construction des ter- rasses exige plus de soin que celle des combles en brique ou en pierre, sur-tout dans les pays septentrionaux. Les terrasses se construisent ou avec des tables de plomb
que l'on soude ensemble, ou avec des dalles de pierre. On peut, à la rigueur, poser les premières sur l'aire d'un plan- cher, mais les secondes doivent toujours porter sur des voûtes. Les joints des dalles doivent être placés vis-à-vis les uns
des autres et à plomb , sur un petit canal ménagé sur la voûte, afin que si l'eau venait à s'y introduire, elle pût s'écouler dans le caniveau pratiqué au-dessous de la pre- mière dalle. Pour plus de sûreté, on doit relever les bords des joints par une espèce de bombement. Les combles en pierre et les terrasses se maçonnent avec
du ciment et se jointent avec du mastic. Nous ne nous étendrons pas davantage sur la manière
d'employer lés divers matériaux à la construction des élé- ments des édifices; ceux qui désireront de plus grands détails pourront consulter les ouvrages de Patte, de qui |
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64 ÉLÉMENTS.
nous avons emprunté beaucoup de choses là-dessus ; ce que
nous avons dit sur cette matière, non-seulement suffit pour en donner une idée générale à ceux qui étudient l'architec- ture et pour prévenir de leur part ces fautes grossières que l'on ne remarque que trop dans les projets où l'on s'occupe exclusivement de décoration , mais encore fait assez voir que la décoration, si, par ce mot, on entend autre chose que l'application de la peinture et de la sculpture aux édi- fices , est produite en grande partie par l'évidence de la construction. Pour achever de s'en convaincre , il ne faut que jeter les
yeux sur les restes imposants des édifices antiques , sur les belles fabriques répandues dans toute l'Italie, morceaux où la pierre, la brique, le marbre, etc., se montrent pour ce qu'ils sont, à la place qui leur convient , et même sur les figures de îa planche 2, quoiqu'il ne s'y agisse que de la
disposition des matériaux relativement à leur nature, et à l'usage des objets à la construction desquels ils sont em- ployés. L'on ne sera plus alors tenté d'abandonner cette décoration naturelle , satisfaisante, pour y substituer, par un surcroît de dépenses, tantôt l'apparence d'une construc- tion imaginaire qui, n'étant pas la construction réelle de l'édifice, donne de celle - ci une idée fausse, lui ôte de son caractère au lieu d'y ajouter, et tantôt une décoration arbi- traire qui résulte uniquement d'un assemblage d'objets inu- tiles , et qui, par - là , loin de procurer du plaisir, ne peut que fatiguer la vue , choquer le bon sens et déplaire souverainement. < |
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TROISIEME SECTION.
FORMES ET PROPORTIONS.
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xLn nous occupant des mate'riaux et de leur disposition dans
la construction des éléments des édifices , nous avons dû remarquer que, si la nature nous en offre quelques-uns tout prêts à être mis en œuvre , il faut de toute nécessité tra- vailler la plupart des autres, soit pour les rendre propres à bâtir en général, soit pour les approprier à l'usage auxquels sont destinés les divers éléments des édifices. C'est ainsi que l'on enlève au bois son aubier, et à la pierre son bousin ; qu'on équarrit la pierre et le moellon pour leur donner du gissement dans la construction des murs, ou qu'on les taille en coin afin de construire des voûtes. Nous avons dû re- marquer encore que de l'union de ces matériaux naissaient naturellement des formes et des proportions : ce qui ne peut être autrement, vu que nécessairement la matière a des formes, qui, elles-mêmes, ont des rapports et des proportions. C'est donc sous ces deux derniers points de vue qu'il faut consi- dérer les éléments des édifices. On peut ranger les formes et les proportions en trois
classes : celles qui naissent de la nature des matériaux et de l'usage des objets à la construction desquels ils sont em- ployés; celles dont l'habitude nous a fait en quelque sorte un besoin, telles que les formes et les proportions des édi- fices antiques ; enfin, celles qui, plus simples et plus déter- minées , obtiennent chez nous la préférence, à cause de la facilité que nous avons à les saisir. ï
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66 ÉLÉMENTS.
Les premières sont les seules essentielles ; mais elles ne
sont pas tellement fixées par la nature des choses, que l'on ne puisse y ajouter, y retrancher, en sorte que rien n'em- pêche d'y allier les deuxièmes, celles des édifices antiques : et, comme celles-ci varient beaucoup dans les édifices grecs qu'ont imités les Romains, qui à leur tour ont été imités par les peuples modernes de l'Europe , on est libre de choisir entre elles les formes et les proportions qui étant les plus simples sont les plus propres, en apportant de l'économie dans les édifices, à satisfaire davantage et l'oeil et l'esprit. C'est sur-tout dans les ordres que l'on attache de l'impor-
tance aux formes et aux proportions. Nous avons vu que les formes principales y émanent de l'usage de quelques-uns des éléments des édifices; nous verrons que les principales proportions ont la même origine, et que, pour les découvrir, il n'est pas plus nécessaire de recourir aux proportions du corps humain, qu'il ne l'a été de recourir aux formes de la cabane pour découvrir celles des ordres. En effet, dans les édifices particuliers de la dernière classe,
dont la dépense est toujours limitée, si la convenance exige des soutiens isolés, on les fera nécessairement avec les ma- tières les moins chères, c'est-à-dire, avec celles qui résistent le moins. Pour en diminuer le nombre, on les écartera le plus qu'il sera possible les uns des autres , afin cle pou- voir , par cette économie , observer les autres convenances. Il ne faut cependant pas que la solidité souffre trop d'un tel arrangement. Pour cela, on fera ces soutiens très-courts, afin d'en augmenter la force ; et par la même raison, peut- être , les fera-t-on carrés au lieu de leur donner une forme ronde. Ces soutiens ainsi espacés , soit colonnes soit pilastres,
exigeront que l'architrave, qui les relie , ait plus de hauteur que s'ils étaient moins éloignés, afin qu'ils ne soient pas dans |
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Fe PARTIE.
IIIe Sectiojt. |
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Proportions
générales des ordres Planche 4.
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FORMES ET PROPORTIONS. 07 l
HT
le cas de se rompre, et la frise, destinée par sa nature à
relier les colonnes avec le mur comme l'architrave relie les colonnes entre elles, aura une hauteur égale à celle de cette architrave. Quant à la corniche, pour qu'elle soit solide, il faut qu'elle ait une saillie égale à sa hauteur, et que l'une et l'autre soient proportionnées à l'élévation de l'édifice que cette corniche doit défendre des eaux qui tombent du toit : et comme, dans ce premier cas, l'édifice est peu élevé, on peut donner à la corniche une hauteur moindre que celle de la frise ou de l'architrave. Au contraire, dans ceux des édifices publics qui sont les
plus importants, où, à quelque prix que ce soit, on ne doit négliger aucune des convenances, et où la durée est une condition dictée, non - seulement par la convenance, mais encore par l'économie, vu qu'il n'y a nulle économie à recommencer de pareils édifices, on emploiera les matériaux qui opposent le plus de résistance, et dans un espace donné, on multipliera les soutiens le plus que l'on pourra. Alors , on leur donnera une forme plus élégante, et, pour faciliter le passage entre les soutiens serrés, on les fera cylindriques. Le peu d'espace qui les séparera engagera naturellement à faire les architraves ainsi que les frises, moins hautes, et l'édifice ayant une grande élévation exigera que la corniche , pour rejeter les eaux plus loin, ait plus de saillie, et par conséquent, une hauteur plus considérable que la frise ou l'architrave. Ainsi l'on peut, on doit même, suivant les cas, faire des
colonnes tantôt courtes et tantôt longues. Mais il est cer- taines limites que l'on ne saurait franchir. Trop longues , les colonnes n'auraient pas assez de solidité ; les faire trop courtes serait donner dans un autre excès. L'expérience , c'est-à-dire, l'observation de leurs proportions dans les édi- I a
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68 ÉLÉMENTS.
fices antiques, qui sont ceux que l'on estime davantage, va
servir à les déterminer. Les colonnes les plus courtes que l'on remarque dans ces édifices, sont celles de l'ordre dorique grec ; mais, comme nous l'avons déjà dit, leurs proportions varient dans tous les édifices. Dans les uns, comme dans un temple dont on voit les ruines à Corinthe, elles n'ont que quatre diamètres. Dans d'autres, elles en ont jusqu'à neuf, comme dans le temple de Coré; mais ce dernier exemple étant le seul où les colonnes soient si élevées, en les fixant à six diamètres, nous aurons une espèce de moyenne proportion- nelle à laquelle nous nous en tiendrons pour la proportion des plus courtes colonnes, d'atitant plus que cette propor- tion se rapproche davantage de celle de la plupart des colonnes doriques grecques. Les colonnes les plus longues sont celles de l'ordre corin-
thien ; mais leur proportion n'est pas toujours la même. Les unes, comme celles de la Tour des Vents et du Colisée, ont
huit diamètres et demi ; d'autres, comme celles de la Lan- terne de Démosthènes et du temple de Vesta à Rome, en ont près de onze. Cependant, la plupart ont environ dix diamètres ; et cette dernière pi-oportion, qui est plus exacte, sera celle que nous assignerons aux colonnes les plus élevées. Comme entre les édifices particuliers de la dernière classe
et les édifices publics de la première, il existe une foule de classes intermédiaires, on pourrait, entre ces deux ordres de colonnes, en interposer une foule d'autres. Mais pour en simplifier l'étude et pour nous éloigner en même temps, le moins qu'il se peut, des systèmes reçus, nous nous borne- rons a trois ordres que nous interposerons de cette manière: d'abord, entre les colonnes de six diamètres et celles de dix, nous en aurons de huit, proportion de l'ordre dorique du théâtre de Marcellus, dorique romain le plus estimé; ensuite, |
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FORMES ET PROPORTIONS. OO,
entre le dorique grec et celui-ci, nous aurons des colonnes
de sept diamètres, proportion du toscan de Vignole le plus généralement adopté ; enfin, entre le dorique romain et le corinthien, il y aura une dernière colonne de neuf diamètres, proportion qui tient à-peu-près le milieu entre les différents ordres ioniques , romains ou grecs, et qui, d'ailleurs, a été presque généralement adoptée par les modernes. Ainsi, ces colonnes augmenteront dans le rapport qui suit : dorique six, toscan sept, dorique romain huit, ionique neuf, et corinthien dix. Toutes les colonnes doivent diminuer d'un sixième , un
cône étant plus solide sur sa base qu'un cylindre. Quant aux chapiteaux et aux bases , ils devraient augmenter de hauteur en raison des colonnes ; mais ces proportions sont plutôt des effets de l'habitude que des objets de nécessité, elles importent peu à la construction. Ainsi, pour ne point contrarier les habitudes , nous donnerons un module ou demi - diamètre à toutes les bases, ainsi qu'aux chapiteaux des trois premiers ordres, un module et demi au chapiteau ionique, et deux modules et un tiers au chapiteau corinthien. Plus les colonnes sont massives, et plus elles peuvent être
espacées ; au contraire, plus elles sont élégantes, et plus elles doivent être serrées. Le moindre espacement que l'on puisse donner aux colonnes, et qu'on leur ait effectivement donné dans l'antiquité, est d'un diamètre et demi. Nous conserve- rons cette proportion pour le corinthien ; nous l'augmen- terons ensuite d'un demi-diamètre, à mesure que les colonnes diminueront d'un diamètre , dans le rapport suivant : co- rinthien I ~ i ionique a., dorique a i, toscan 3 , dorique grec 3i. Comme l'architrave et la frise doivent avoir plus ou moins
de hauteur, suivant leur plus ou moins d'étendue , nous leur donnerons un module et demi dans l'ordre dorique |
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•JO ÉLÉMENTS..
grec, et un module et un quart dans l'ordre corinthien.
A l'égard de la corniche, comme elle doit être plus ou moins saillante et haute, selon que les ordres ont plus ou moins d'éleVation , elle aura, dans le premier ordre un module , et dans le cinquième, un module et demi. Les proportions de ces diverses parties de l'entablement e'tant ainsi fixées pour les deux ordres extrêmes, il sera facile de trouver celles que doivent avoir ces mêmes parties dans les ordres moyens. La somme de toutes ces parties, dans tous les ordres, sera de deux diamètres ou de quatre modules, proportion exacte, facile à retenir, et cependant relative au plus ou moins de force ou de légèreté' des colonnes, puisqu'elle sera du tiers dans le premier ordre , du cinquième dans le dernier, et du quart dans le troisième, etc. Cette proportion, d'ailleurs, se rapproche de la plupart des ordres grecs et romains, du moins, de celles du dorique grec et du corinthieia. Les piédestaux peuvent être plus ou moins élevés. Mais
pour ne nous éloigner que le moins que nous pourrons des ordres adoptés par les anciens et des principaux systèmes d'ordre, principalement pour simplifier l'étude de la chose autant qu'il se pourra , nous ferons nos piédestaux plus hauts d'un module que l'entablement, c'est-à-dire, de deux dia- mètres et demi ou de cinq modules. La base aura un mo- dule, et la corniche un demi-module. Telles sont les formes et les proportions que nous ont
indiquées, pour les principales parties des ordres, la nature même des choses, les* égards dus à des habitudes que nous avons contractées en voyant ou les ordres des anciens ou ceux qui en ont été imités, et l'attention qu'il faut apporter à ne point fatiguer l'oeil par des proportions équivoques. Si notre système n'est ni aussi complet ni aussi suivi qu'on
pourrait le désirer, du moins, sous ce double rapport est-il préférable à tous les systèmes que l'on a imaginés jusqu'à |
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r« partie.
IIIe Section.
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FORMES ET PROPORTIONS. JI
présent. ïî a de plus l'avantage de reposer sur des bases plus
solides que l'imitation de la cabane et du corps humain. Il ne révolte pas le bon sens, et n'offre aucune de ces absur- dités qui ne peuvent que de'goûter de l'architecture des esprits accoutumés à raisonner. Simple et naturel, il est aussi facile à retenir qu'à saisir. Mais fût-il de beaucoup meilleur qu'il n'est, si on l'applique mal, si l'on fait servir ces formes et ces proportions à revêtir des objets inutiles dans un e'difice , alors on fera non-seulement de la mauvaise architecture, mais même de la mauvaise décoration ; au lieu que sans ces mêmes formes, un édifice qui présentera tout ce qu'il faudra, ne présentant que ce qu'il faut, et où tout sera disposé de la manière la plus convenable et la plus économique, satis- fera tout-à-la-fois et l'esprit et les yeux. Comme en général un ordre comprend trois parties, un
piédestal, une colonne, un entablement, et qu'ensuite on distingue une base, un dez et une corniche dans le piédes- tal ; une base , un fut et un chapiteau dans la colonne ; une architrave, une frise et une corniche dans l'entablement, de même chacune de ces parties en renferme à son tour plu- sieurs autres , qui, elles - mêmes se composent de parties encore plus petites. Les premières corniches vraisemblablement ne furent
qu'une pierre carrée ; cette pierre en bascule ayant trop de poids, on imagina de la tailler en biseau : mais comme par- là elle devenait trop faible, on y ménagea, dans le milieu, une partie saillante ; et la corniche alors eut trois parties , que l'on distingua par les noms de cymaise supérieure, de larmier et de cymaise inférieure. Depuis et lorsqu'il s'agissait de très-grandes corniches, au lieu d'une pierre, on en a quelquefois employé plusieurs; ce qui a donné lieu à de nou- velles divisions. De là , les larmiers modillonaires, dans la hauteur desquels on place des pierres saillantes destinées à |
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Détails des
ordres en gé- néral ou mou- lures. Planche 5.
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I PARTIE. y2 ELEMENTS.
IIIe Section. ' ,
soulager la portée du larmier et appele'es mutules dans l'ordre
dorique et modillons dans le corinthien; les larmiers denti- culaires, ainsi nommés à cause des dents que l'on y taille de fois à autre, et les cymaises intermédiaires, etc. Dans les édi- fices où les ordres n'entraient point, on a fait, dans les cor- niches, porter la grande saillie du larmier sur d'autres pierres saillantes plus considérables que les modillons et ces pierres ont pris le nom de consoles. Chacune de ces parties s'est encore subdivisée en plusieurs
autres , auxquelles on a donné différentes formes géomé- triques. On peut s'en faire une idée en jetant les yeux sur la planche 5. On les a employées, non-seulement dans les membres des corniches, mais encore dans les cymaises des architraves, et dans différents membres des chapiteaux et des bases , etc. Comme elles ne ressemblent pas à grand- chose , et qu'elles ne laissent pas d'entraîner dans la dépense , chaque moulure couronnée d'un filet se comptant pour 3t.c
( i pied) de mur , n'en eût-elle que 5 ("2 pouces) de haut, nous nous contenterons d'inviter à n'en faire qu'un usage très-sobre, et à réserver les fonds dont on peut disposer pour de la peinture ou de la sculpture, objets plus propres à plaire que des moulures, parce qu'ils représentent tou- jours quelque chose. Art On nomme profil, un assemblage quelconque de moulures, de pro 1er. Gi profiler est un art auquel les partisans de la décoration
architectonique attachent beaucoup d'importance. Nous sommes loin d'y en attacher autant. Quoi qu'il en soit, l'usage ayant consacré les moulures , il faut, en les assem- blant, éviter de choquer l'oeil; or, le seul moyen d'y réussir, c'est de donner à chaque profil des mouvements bien pro- noncés , de marier les moulures droites avec les moulures courbes , et d'en opposer d'extrêmement fines à de très- fortes. Les Grecs , dans leurs ordres doriques et ioniques, |
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FORMES ET PROPORTIONS. ^3
ainsi que les Romains dans leurs ordres corinthiens, offrent
de bons exemples de profils ; au contraire, on en trouve de fort mauvais chez les premiers dans leurs ordres corinthiens, et chez les derniers dans leurs ordres doriques et ioniques. Pour acquérir l'art de profiler, il faut comparer entre eux
les profils des Grecs et des Romains, chose facile, si l'on jette les yeux sur les planches 65, 6g, 70 du parallèle des édifices, et tracer ensuite à la main un grand nombre de profils. Les profils des différents ordres ne doivent leur mérite
qu'à l'habitude que nous nous en sommes faite , raison pour laquelle nous nous sommes bien gardés d'en imaginer de nouveaux. Ceux que nous offrons, nous les avons puisés tous dans les édifices antiques, ou dans les auteurs que l'on suit le plus ordinairement. Mais comme dans les profils de chaque ordre il existe des différences assez considérables , nous nous sommes crus autorisés à en faire un choix; c'est pourquoi nous avons choisi les profils les plus simples, parce qu'ils sont les moins fatigants, les plus économiques ; et quelquefois même nous nous sommes permis de les sim- plifier encore davantage, ne le faisant toutefois que d'après d'autres édifices où se trouvaient ces simplifications. C'est ainsi que dans le profil du premier ordre, profil qui, à peu de chose près, est celui du temple de Minerve à Athènes, si nous avons placé le triglyphe aplomb de la colonne, chan- gement le plus grand que nous y ayons fait, c'est que les triglyphes sont placés de cette manière dans tous les doriques romains. Dans celui du deuxième ordre, qui est le profil toscan de
Vignole, nous n'avons supprimé que quelques filets et quel- ques baguettes. Dans celui du troisième ordre, profil qui^ sauf quelque
légère différence, est le dorique du même Vignole, noua |
I" PARTIE.
IIIe Section, |
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Profils des
différents or- dres. |
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Planche 6.
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7-4 ÉLÉMENTS..
avons supprimé le larmier dentieulaire et les mutules mé-
plates du plafond du larmier, autorisés à cela par l'exemple de Serlio, de Barbaro, de Cataneo, de Viola, de Bullant, et de Philibert de Lorme. Dans le profil du quatrième ordre, qui est celui de Serlio,
nous nous sommes bornés à supprimer les denticules du larmier dentieulaire et les trois faces de l'architrave , sup- pressions pour lesquelles on trouve des exemples : pour la première, dans l'entablement ionique du Colisée, dans Léon- Baptiste Alberti, Jean Bullant, Philibert de Lorme; et pour la deuxième, dans le bel entablement ionique du temple de l'Ilissus. Enfin , le profil du cinquième ordre est en entier l'entablement corinthien de l'attique de la Botonde. Il y a beaucoup d'entablements corinthiens où l'on voit
des modillons, mais il y en a beaucoup aussi dans lesquels on n'en voit pas , tels que les entablements du temple de
Vesta à Tivoli, des petits autels du Panthéon, et du temple
consacré à Antonin et à Faustine. Quoique les modillons ne gâtent pas ces entablements, nous croyons néanmoins que l'on devrait les réserver pour les ordres colossaux, (voyez planche 70). Nous avons été tentés de supprimer les triglyphes dans
l'ordre dorique. Plusieurs monuments antiques, tels que la chapelle d'Agraule à Athènes, les bains de Paul-Emile, le Colisée et l'amphithéâtre de Nismes, où il n'y en a pas, nous y autorisaient ; mais tant de gens les regardent encore comme un attribut essentiel à cet ordre, que nous les avons laissés subsister par cette raison. C'est par la même raison que nous conservons les formes
et les proportions des chapiteaux ioniques et corinthiens. Lorsque le magnifique ouvrage que des savants courageux ont entrepris sur l'Egypte sera fini, peut-être que frappé du |
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FORMES ET PROPORTIONS. ^5
naturel, de la simplicité, de l'élégance et de la noblesse de
plusieurs chapiteaux égyptiens, on abandonnera le tailloir frêle et chantourné du chapiteau corinthien, les coupeaux nommés volutes, qui -, dit-on, le soutiennent, et les coussins du chapiteau ionique , qui le rendent si peu régulier, si difficile à employer dans tant de circonstances. Quant aux autres chapiteaux et aux piédestaux , nous
avons suivi la même méthode que dans les entablements; et pour épargner à nos lecteurs la peine de recourir à d'autres livres, nous avons donné, dans la planche 7, le développe- ment des chapiteaux, des colonnes et des pilastres des ordres ionique et corinthien, quelques exemples de corniches pour l'intérieur des appartements, et enfin, le tracé de la volute ionique. Lorsque dans un même édifice il se rencontre des pi-
lastres engagés et des colonnes, comme les premiers ne di- minuent pas, on donne au chapiteau moins de saillie sur le nu du pilastre que sur celui de la colonne , afin que la saillie du chapiteau-pilastre sur l'entablement, ne diffère pas trop de celle du chapiteau-colonne. Les corniches des appartements différent plus ou moins
de celles des ordres, et peuvent leur ressembler, à quelque légère différence près, si les appartements ont une hauteur raisonnable ; mais s'ils sont trop bas, ce que l'on ne peut quelquefois éviter, il faut donner à ces corniches peu de hauteur et beaucoup de saillie, afin de relever en apparence le plafond de la pièce. De plus, comme dans l'intérieur , la lumière est bien moins vive qu'à l'extérieur, et qu'en consa- crant de l'argent à des moulures, il est bon que l'on puisse du moins les distinguer, on les profilera de manière qu'elles fassent, les unes avec les autres, non des angles droits, mais K a
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I" PARTIE.
IIIe Sectiow. |
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Détails
particuliers à quelques or- dres. Planche 7.
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IMPARTIE. 176 ÉLÉMENTS.
des angles aigus avec un petit intervalle entre elles, afin de
produire un noir qui les détache encore mieux. . Quant à la volute ionique, voici la manière de la tracer :
Après avoir tiré, à un module de distance de l'axe de la colonne, une ligne verticale appelée cathète, qui passera par le centre de l'oeil de la volute , et porté sur cette ligne, à partir du dessous du talon du tailloir, vingt-une parties et un tiers de module pour la hauteur totale de la volute, on prendra douze de ces parties , en allant toujours dans le même sens, et l'on aura le centre de l'oeil, dont le diamètre est de deux parties et deux tiers. On inscrira ensuite dans le cercle de cet oeil un carré dont l'un des angles passera par l'intersection de la cathète avec ce cercle ; et après avoir divisé en six parties égales chacune des deux lignes menées par le centre, perpendiculairement aux côtés de ce carré et compris entre ces mêmes côtés , on aura les points 1, 2, 3, 4 ........et 12, qui sont les centres du contour de la Volute,
et dont on se servira de la manière suivante :
Du point 1, on élèvera une verticale qui rencontrera en
A le sommet de la volute ; du même point 1, et d'un rayon 1 A, on décrira un arc de cercle qui ira rencontrer en B le prolongement de la ligne qui passe par les points 1 et 2; du point 2 pris pour centre, et d'un nouveau rayon 2 2?, on décrira un second arc de cercle qui se terminera en C sur le prolongement de la ligne qui passe par les points 2 et 3 ; du point 3 et successivement des points 4,5......et 12
pris pour centres, on décrira de nouveaux arcs de cercles ,
qui auront de même pour rayon la distance de l'extrémité de l'arc précédent au centre de celui qui le suit, avec la pré- caution d'observer que le point de rencontre et les centres des deux arcs consécutifs se trouvent sur la même ligne, afin que la courbe ne fasse aucun jarret- |
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Ire PARTIE.
IIIe Section.
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FORMES ET PROPORTIONS. J<j
La grosseur du filet, qui est le quart de la hauteur que
îa première révolution laisse au-dessus d'elle, se trouvera aisément, en partageant en quatre chacune des parties qui ont servi de centre à la première volute, ce qui donnera douze nouveaux points dont on se servira de la même ma- nière que ci-dessus. Nous avons dit que lorsque les soutiens isolés, soit co-
lonnes, soit pilastres, soit pied-droits, étaient fort e'loigne's les uns des autres, alors, au lieu de les réunir par des plate- bandes , on les réunissait par des arcs. On nomme arcade, l'espèce d'ouverture qui résulte de cet arrangement. Les arcades peuvent être continues ou alternatives, c'est-
à-dire, séparées par des entre-colonnes , par des portes, par des croisées ou par des niches. Dans le premier cas, les axes des soutiens sont également éloignés les uns des autres. Dans le deuxième, ils ne le sont pas. Si dans ce dernier cas, les arcs portent sur des colonnes,
le rapport entre les entre-axes variera à raison de la propor- tion des colonnes. Si ces dernières sont de l'ordre dorique grec ou de l'ordre toscan, on divisera en trois l'espace com- pris entre les axes des arcades, pour avoir la position des axes des colonnes ; mais si celles-ci sont ioniques ou corin- thiennes, on divisera en huit le même espace. On prendra trois de ces parties pour chaque demi-arcade, et les deux autres détermineront la largeur de l'entre-axe des colonnes. Lorsque les arcades sont continues, si les arcs portent sur
des pied-droits, on divisera en trois l'espace compris entre les arcs des arcades. De cette manière, le pied-droit aura la moitié de la largeur de l'arcade. Les arcades sont-elles séparées par des croisées ou par des
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Arcades.
Planche 8. |
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niches ; dans ce cas , on divisera d'abord l'entre -
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axe en
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quatre, ensuite les deux parties du milieu en trois et 1
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on
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Ire PARTIE. ,jg ÉLÉMENTS.
IIIe Section.
aura ainsi la largeur des pied-droits , de la croisée ou de la
niche. Si les arcades sont séparées par des portes , on divisera
l'entre-axe en cinq. Les pied-droits auront la moitié de l'ou-- verture, et la porte aura une largeur égale à celle des pied- droits. Les arcs doivent toujours reposer immédiatement sur la
colonne, là où les arcades sont continues, et poser sur une architrave, là où elles sont alternatives. Le rapport de la largeur à la hauteur des arcades varie
suivant les usages auxquels on les emploie. Les arcades d'une halle, d'une douane, etc., peuvent avoir une hauteur égale à leur largeur. Celles qui sont employées dans quelques autres édifices peuvent avoir en hauteur une fois et demie la largeur. Quant aux arcades qui forment des portiques ordinaires, on leur donnera en hauteur le doubla rie leur largeur, c'est-à-dire, que-le centre des arcs se trouvera aux trois quarts de la hauteur de l'arcade. Lorsque les arcades sont formées par des arcs qui portent
sur des colonnes, voici ce qu'il faut faire pour leur donner cette proportion : on portera trois fois sur l'axe de l'arcade la distance qui est entre cet axe et celui de la colonne , on di- visera cette hauteur en autant de parties, plus trois, que la colonne seule ou la colonne et l'architrave que l'on veut em- ployer contiennent de modules. En retranchant de cette hauteur trois de ces modules, on aura le centre de l'arc. Le \ reste s'entend de soi-même. La seule apparence de la construction des arcs est la
meilleure décoration de cette partie là. Cependant, on peut quelquefois y mettre une archivolte ; et cela se pratique même assez souvent. Il n'y a qu'un cas où il faille absolu-» nient s'en abstenir, c'est lorsque des arcades portées sur des |
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FORMES ET PROPORTIONS. <JQ
colonnes sont continues; car, de deux choses l'une, ou ces
archivoltes se pénétreraient, ou elles auraient trop peu de largeur. Si les arcs reposent sur des pied-droits, soit qu'on les
entoure d'une archivolte ou non, il faut toujours mettre une imposte pour recevoir la retombée de ces arcs. Le profil d'une imposte OU d'une archivolte est le même que celui d'une architrave , et la largeur de l'une et de l'autre est d'environ le - de l'ouverture. Les portes et les croisées, ou se font en arcades lorsqu'elles
sont fort larges, ou se terminent carrément, lorsqu'elles n'ont qu'une largeur ordinaire. On leur donne en hauteur, dans les principaux étages, le double de leur largeur ainsi qu'aux arcades. Dans les étages accessoires, on leur donne une fois et demie ou une fois leur largeur, ou seulement les deux tiers de cette largeur. Quand les trumeaux qui séparent les croisées sont étroits , celles-ci ue soin autre chose qu'un trou pra- tiqué dans le mur. S'ils sont larges, on entoure d'un cham- • branle les croisées, et l'on donne à ce chambranle le sixième de l'ouverture ; son profil est celui d'une architrave, ainsi que les profils des impostes et des archivoltes. Là où deux rangs de croisées sont séparés par un grand espace, sur le cham- branle , on met une frise et une corniche qui ont chacune une hauteur égale à la largeur du chambranle. Quelquefois on soutient les deux extrémités de la corniche par des consoles dont la largeur est la moitié de celle du chambranle. Sur la corniche, on met quelquefois un fronton pour re-
jeter l'eau sur les côtés. Cela est même nécessaire pour les portes. La hauteur du fronton- est entre le quart et le cin- quième de sa base. Quelquefois, aux chambranles, on subs- titue des pilastres et un entablement. On accompagne encore de colonnes les portes et les croisées, pour mieux préserver |
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80 ÉLÉMENTS.
de la pluie ces ouvertures par l'entablement auquel ces co-
lonnes font donner plus de saillie. Lorsque le dernier rang de croise'es se trouve très-près de
la corniche qui termine l'édifice, on ne doit point mettre de corniche aux croisées ; on ne doit point en mettre non plus aux portes dans les intérieurs , parce qu'ici comme là, ces corniches sont inutiles. La seule différence qu'il y ait entre les portes et les croi-
sées , c'est que les portes descendent jusque sur le sol de l'édifice, au lieu que les croisées portent sur un appui cou- ronné par une plinthe. Si l'espace qui sépare deux rangs de croisées est considérable, on peut mettre une seconde plinthe au niveau du plancher, si non, il faut se borner à la première. Quand le mur n'a qu'une épaisseur ordinaire, on la divise
en trois parties, qui serTent, l'une pour le tabeau, et les deux autres pour l'embrasure. Que l'on compare les diverses espèces de croisées que nous
offrons, où tout est naturel, où tout est simple, avec ces croi- sées qu'à grands frais on a surchargées de moulures, de mo- dillons, de crocettes, d'oreilles, etc., croisées, dont malheu- reusement l'Italie ne nous fournit que trop d'exemple ; et l'on verra combien la manie de décorer nuit, même à la décoration. Pour avoir une idée exacte des divers compartiments de
pavé, il suffit de jeter les yeux sur la planche qui les repré- sente. Et quant aux compartiments de murs, il ne faut que les voir dans cette même planche, pour se convaincre que la véritable décoration d'un mur réside dans l'apparence de sa construction. Seulement nous ajouterons que si l'on croit devoir élargir les joints pour empêcher que le bord des pierres n'éclate, il faut le faire de manière à n'avoir que des angles obtus, ainsi qu'on le voit dans la figure. Toute autre manière |
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Ire PARTIE,
IIIe Section.
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Planche 10.
Comparti-
ments. De pavé. ï)e murs. |
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rOlMES ET PROPORTIONS. 8î !" PARTIE.
IIIe SEGTION,
est vicieuse. Les joints montants ne sont pas sujets à e'clater
comme les joints horizontaux; ainsi on peut, si l'on veut, se dispenser de les élargir. Afin de rendre les appartements plus sains, on les revêt De lambris.
souvent de lambris dans leur pourtour , quelquefois on le fait dans toute la hauteur, et quelquefois à hauteur d'appui seulement. Les uns et les autres sont composés de pilastres, de bâtis et de panneaux. On assemble les panneaux dans les bâtis, et ceux-ci dans les pilastres , qui sont eux-mêmes composés de bâtis et de panneaux. On met au bas une plinthe, et à hauteur d'appui une cymaise. L'usage est d'encadrer les panneaux dans des moulures qui
ont en largeur 5e (2\pouces); pour les grands panneaux, 3e ( 1 f pouce) ; pour ceux des pilastres, et dont le champ qui les sépare a 6e ( 3 pouces ). Au reste, on peut se passer de ces bordures , et nous avons des exemples qui le prouvent. Les panneaux peuvent être ornés ou de sujets d'histoire,
ou de paysages, ou d'arabesques. A l'égard des derniers, on peut, dans le parallèle, voir ceux des bains de Titus, planche 78, et ceux de Raphaël, planche 85 et 86. On fera bien de voir aussi les intéressantes productions de Percier et de Fon- taine, celles de Normand et de Lafitte , lesquelles doivent incessamment paraître , ainsi que plusieurs intérieurs déco- rés par nos meilleurs architectes. Les caissons qui résultent de la construction des voûtes
sont naturellement carrés , forme à laquelle on devrait s'en tenir. Cependant les édifices antiques nous offrent un si grand nombre d'exemples de caissons octogones, hexagones De Yoâtes. et en losange, etc., que nous ne croyons pas devoir les pros- crire (Voyez planche 76 du parallèle). Nous nous bornerons donc à souhaiter que lorsque la construction d'une voûte L
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I" PARTIE. 82 ELEMENTS.
IIIe Section. - ■
nengendrera pas naturellement des caissons, on leur subs-
tituera soit de grands sujets d'histoire ou de mythologie , comme dans plusieurs palais, en Italie et en France, soit des sujets moins graves, tels que les morceaux de peinture que l'on admire à Rome, dans les bains de Titus, à Hercula- num, etc. (Voyez planche 77 du parallèle). Au surplus, quelle qu'en soit la forme, les caissons peuvent être à un, à deux ou à trois renfoncements, avec ou sans moulures ; car il existe des exemples de beaux renfoncements qui n'ont pas de moulures. Nous terminerons le peu que nous avons dit sur les formes
et sur les proportions par une remarque : c'est que, quelque raisonnables que soient les trois espèces dont il a été ques- tion, elles sont peu propres à contribuer au plaisir de la vue, et par conséquent à la décoration qui a pour objet ce plaisir. En effet, pour qu'elles fussent capables de plaire à un certain degré, il faudrait que l'œil pût les tenir exactement, qu'elles fussent pour cela dans un même plan, et que celui- ci de plus fût perpendiculaire au rayon visuel ; car si le plan était horizontal ou oblique , les formes et les proportions qu'il renfermerait changeraient à chaque point de vue diffé- rent. Or il est très-rare que les formes et les proportions d'un édifice se trouvent dans un plan qui permette à l'œil de les bien saisir et d'en juger sainement. A ce sujet, nous citerons M. Leroi, et cela avec d'autant
plus de satisfaction, que la plupart des élèves en architecture doivent une grande partie de leurs talents, et aux lumières qu'il leur a communiquées et aux encouragements de toute espèce qu'il leur a prodigués. Dans son excellent discours sur la théorie de l'architecture, après avoir offert le tableau ie plus frappant du magnifique effet que font les péristiles dont les colonnes sont éloignées du mur ; « La beauté qui |
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FORMES ET PROPORTIONS. 83
« résulte de ces péristiles , dit-il, est si générale , qu'elle se
« ferait encore sentir, si les piliers qui les forment, au lieu « d'offrir au spectateur de superbes colonnes corinthiennes, « ne lui présentaient que des troncs d'arbres coupés à leurs c racines et à la naissance de leurs branches, si les colonnes « étaient imitées de celles des Égyptiens ou des Chinois, si ce ces piliers ne représentaient même que les amas confus de «. petites colonnes gothiques ou les soutiens massifs et carrés ce de nos portiques. » Parce qui vient d'être dit, on voit le peu d'influence qu'ont
les formes et les proportions, sur le plaisir que nous éprou- vons à l'aspect d'un édifice; et, s'il reste à cet égard quelque doute, pour le dissiper tout-à-fait, nous renverrons au paral- lèle, où l'on trouvera des édifices dont les uns , quoique bizarres dans leurs formes et sans exactitude dans leurs proportions, ne laissent pas de faire le ■ plus grand plaisir , et dont les autres déplaisent souverainement, quoique l'on y retrouve toutes les formes et toutes les proportions des édi- fices antiques. La raison en est, que les objets revêtus de ces formes sont disposés d'une manière simple, convenable, dans les premiers de ces édifices, et qu'ils sont ou mutiles ou mal disposés dans les derniers. De cette comparaison nous tirerons les conséquences qui
suivent : dans la composition on ne s'occupera plus des formes ni des proportions sous le rapport du plaisir , on s'occupera même peu de celles de la première espèce, sous le rapport de l'utilité, quoiqu'elles soient les plus impor- tantes , vu que naturellement elles naissent et de l'usage des objets, et de la nature des matériaux employés à la cons- truction de ces objets ; les formes et les proportions de la deuxième espèce seront regardées comme choses purement locales ? uniquement destinées à ne point choquer nos habi- |
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IMPARTIE. 84 ÉLÉMENTS.
IIIe Section. ,
tudes ; en sorte que si l'on bâtissait, soit en Perse, soit à la
Chine ou au Japon, on s'abstiendrait d'en faire usage, parce qu'en agir autrement serait s'opposer aux habitudes du pays, aux mate'riaux mêmes que Ton y emploie : on fera servir les formes et les proportions de la troisième espèce, par la rai- son que dans une foule de circonstances, elles favorisent l'économie, et que toujours elles facilitent l'étude et l'exer- cice de l'architecture ; enfin, l'on ne s'attachera plus qu'à la disposition qui, lorsqu'elle est convenable , lorsqu'elle est économique, en atteignant la fin que l'architecture se pro- pose, devient la source de l'agréable sensation que nous font éprouver les édifices. La disposition sera donc la seule chose qui, dans le reste
de cet ouvrage, doive nous occuper, quand même, nous le répétons , l'architecture ferait du soin de plaire son but principal. |
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DEUXIEME PARTIE.
COMPOSITION
EN GÉNÉRAL.
PREMIERE SECTION.
COMBINAISON DES ÉLÉMENTS DES ÉDIFICES.
D a n s la première partie de nos Leçons, nous nous sommes
occupés des éléments des édifices, après avoir traité les prin- cipes généraux de l'architecture dans l'Introduction; et dans cette deuxième partie , nous parlerons de la manière de combiner ces éléments, de former, à la faveur de ces com- binaisons, les parties des édifices, de réunir celles-ci pour en former un ensemble, en un mot, nous traiterons de la disposition, d'après les principes que nous avons exposés dans l'Introduction. Les divers éléments des édifices peuvent être placés les
uns à côté des autres, ou les uns au - dessus des autres. Lorsque l'on compose un édifice, ces deux espèces de com- binaisons doivent se présenter simultanément à l'esprit : mais lorsqu'on étudie, on peut, on doit même, pour plus de facilité dans l'étude, les considérer séparément. Nous distinguerons donc deux espèces de dispositions : disposi- M
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m PARTIE. 86 COMPOSITION.
lre Section.
Planche ire, tion horizontale représentée par les plans, et disposition
Combinai- verticale représentée par les coupes et par les profils. sons horizon- T 1 ..,,,,,.,. 1 . A ,
taies. ^es colonnes, ainsi quon la déjà dit, doivent être ega-
De colonnes, lement espacées dans un même édifice ; mais leur espace-
ment doit varier suivant les circonstances. Dans les édifices particuliers les moins importants, pour en restreindre la dépense, on doit diminuer le nombre des colonnes , en les espaçant le plus qu'il est possible ; au lieu qu'il faut les serrer le plus que l'on peut, dans les édifices publics les plus consi- dérables, afin de prolonger davantage la durée de ceux-ci. Dans quelque édifice que ce soit, les colonnes ne doivent être employées qu'autant qu'elles servent à former des por- tiques, des galeries; et conséquemment la distance qui les éloigné du mur doit, pour le moins, être la même que celle qui les sépare entre elles. Ce premier arrangement suffit là où les colonnes sont très - espacées et peu élevées; mais lorsqu'elles sont très-hautes et très-serrées , il cesse de convenir, vu que les portiques étant très-étroits et très- élevés , on n'y serait nullement à l'abri du soleil et de la pluie. Ainsi, dans ce dernier cas, il faut que la combinaison des colonnes avec le mur soit différente, afin que le portique remplisse l'objet auquel il est destiné. C'est pourcjuoi, au lieu de n'éloigner que d'un entre-axe les colonnes du mur, on les en éloignera de deux entre-axes et même de trois, s'il est nécessaire. Alors, entre la largeur et la hauteur des por- tiques, il y aura un rapport exact. La nature de la construction dans la partie supérieure des
portiques ou des galeries, peut encore nécessiter de nou- velles combinaisons. Lorsqu'un portique de deux ou de trois entre-axes est couvert d'un plancher, un mur avec un simple rang de colonnes suffira pour en soutenir la partie supé- rieure ; niais, si ce portique est couvert d'une voûte, il faut |
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COMBINAISON DES ÉLÉMENTS. 87 IIe PARTIE.
Ire Sectioh.
de toute nécessité, devant le premier rang de colonnes, en
mettre un second, pour contenir la poussée de la voûte , si celle-ci est cylindrique, ou placer des colonnes sur toutes les intersections des axes, si la voûte est en plate- bande. Quand les pilastres sont isolés, on les dispose comme les De pilastres.
colonnes ; mais lorsqu'ils sont engagés, on ne doit en placer qu'aux extrémités des murs, aux angles des édifices et aux endroits du mur auxquels viennent se réunir d'autres murs. A l'égard des murs de refend, comme ils sont toujours plus éloignés les uns des autres que ne le sont les colonnes, les entre-pilastres doivent, par cette raison , être toujours beaucoup plus larges que les entre-colonnements. Dans les édifices où l'on met des pilastres et des colonnes, les axes des pilastres ne doivent point avoir moins de trois entre- axes de distance. Les murs de face, étant destinés à clorre l'édifice, doivent De murs.
aller directement d'un angle à l'autre, la ligne droite étant la plus courte, et ceux de refend, qui non-seulement divisent l'intérieur en plusieurs parties, mais qui, de plus, relient entre eux les murs de face, doivent, autant que le permet la convenance, s'étendre dans toute la longueur ou la lar- geur de l'édifice. Dans le cas où l'on est obligé de les inter- rompre, il faut au moins les réunir dans la partie supérieure soit par des poutres, soit par des arcs doubleaux. Par la même raison, s'il y a des colonnes à l'extérieur d'un édifice, il faut que les murs correspondent à l'une d'entre elles. Les croisées et les portes, non-seulement établissent une. Décroisées
communication entre les diverses parties de l'édifice , ou et de VOTtes' procurent le plaisir de voir les objets extérieurs ; mais encore donnent passage à. l'air et à la lumière : ainsi, elles doivent se correspondre le plus qu'il est possible, On les placera Ma
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88 COMPOSITION.
donc sur des axes communs, et dont on fixera la position
en divisant en deux l'entre-axe des murs ou des colonnes. Lorsqu'il y a des colonnes à l'extérieur de l'édifice, on
peut pratiquer des croisées ou des portes dans tous les entre - colonnements , ou simplement d'un en un. La première combinaison convient aux édifices dont les co- lonnes sont très - espacées, et la deuxième à ceux dont les colonnes sont très - rapprochées. Il en est de même des niches. Telle est la manière simple et naturelle dont se trouvent
disposées les colonnes, les murs, etc., dans les plus beaux édifices de l'Egypte, de la Grèce et de Rome, dans les plus intéressantes productions des Palladio, des Scamozzi, des Serlio, etc., enfin dans les édifices bâtis ou projetés par les meilleurs architectes de nos jours. Dans la plupart des édifices modernes , on voit des co-
lonnes adossées, engagées, accouplées ou même jumelées ; des pilastres plies, tronqués, ébrasés, etc., et des murs qui, à tout moment, quittent leur direction naturelle pour se replier de mille manières, en avant-corps, en arrière-corps, le tout pour la décoration. Mais quelle différence entre ces dernières combinaisons et celles dont nous avons parlé plus haut ! On peut aisément se faire une idée du grand effet que produisent celles-ci, et de l'effet pitoyable qui résuite de celles-là. D'après ce que nous avons dit de la disposition horizon-
tale, on voit que rien n'est si simple que cette partie de la composition. Après avoir tracé des axes parallèles, équidis- tants, et coupé perpendiculairement ces axes par d'autres axes éloignés les uns des autres autant que les premiers, on place, à la distance d'autant d'entre-axes qu'on le juge convenable, les murs sur les axes, et les colonnes, les pi- |
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. COMBINAISON DES ÉLÉMENTS. * . 80, ne PARTIE.
Ire Section.
lastres, etc., sur les intersections de ces mêmes axes ; ensuite
on divise en deux les entre-axes, et sur les nouveaux axes donne's par cette division, on place les portes, les croise'es, les arcades, etc. Les combinaisons verticales sont toutes aussi simples que Combinai-
les horizontales dont on vient de parler, vu qu'il n'en est les aucune de celles-là qui ne naisse naturellement de l'une ou de l'autre de celles-ci. Mais comme chaque disposition ho- rizontale peut engendrer plusieurs dispositions verticales, ces dernières sont infiniment plus nombreuses que les autres. Il serait trop long de les décrire, d'en faire même seulement l'énumération. C'est pourquoi nous renverrons aux planches, qui, tout éloignées qu'elles sont de les représenter en tota- lité , ne laissent pas d'en offrir un assez grand nombre , et qui d'ailleurs en apprennent plus là-dessus que tous les dis- cours que l'on pourrait faire à ce sujet. Au bas de la planche a on a tracé des plans qui repré- Planche 2.
Sentent plusieurs combinaisons horizontales , et au-dessus de ces plans sont des coupes faites pour exprimer des com- binaisons verticales qui correspondent aux horizontales. Enfin, au-dessus de ces verticales, on voit des élévations destinées à représenter les diverses décorations architecto- niques qui, par un effet naturel, résultent de ces dispositions horizontales et verticales. Dans les planches suivantes et relatives au même objet,
nous nous sommes dispensés de tracer, parce qu'elles peuvent se concevoir sans figures, les dispositions horizontales et les verticales , nous bornant à en offrir les résultats par des élé- vations. Mais il faut se bien persuader que les plans et les coupes ont été faits, et que ces élévations ne sont point des compositions arbitraires. Autrement on se laisserait peut- être séduire par l'attrait de quelques-unes de ces décorations ; |
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IIe PARTIE. g0 COMPOSITION.
Ire Section.
et, dans la composition, on courrait le risque d'imiter cer-
taines personnes qui, parce que dans l'architecture elles ne voient que décoration, commencent un projet par la façade, et ajustent ensuite comme elles peuvent le plan et la coupe avec d'élévation, manière de composer faite pour éloigner non-seulement du but de l'architecture, mais même de celui que se propose l'architecte lorsqu'il cherche à décorer. En effet, tous les édifices ou projets d'édifice conçus dans un tel esprit se ressemblent plus ou moins, et malgré leur grand nombre, ils n'offrent que trois ou quatre combinaisons dif- férentes ; tandis que ceux dans la composition desquels on a suivi la marche qu'indique la nature, c'est-à-dire, où l'on s'est occupé d'abord du plan, puis de la coupe, et dont l'éléva- tion n'est que le résultat de l'un et de l'autre , offrent une si grande variété, qu'une même décoration ne s'y reproduit pas deux fois. C'est ce dont on petit se convaincre, en jetant les yeux sur les élévations représentées dans les planches 2, 3, 4, 5, 6, 7 et 8. Planche 3. Dans quelques-unes des élévations de la planche 3, on a ajouté quelque chose au produit des dispositions ; et cette
addition, vu que c'est de la sculpture, doit ajouter et ajoute effectivement à la beauté de la décoration , qui au contraire aurait infailliblement perdu , si, au lieu de représenter quelque objet de la nature, on avait ajouté quelqu'un de ces prétendus membres d'architecture , membres aussi insigni- fiants qu'inutiles. La même planche contient quelques combinaisons verti-
cales de colonnes. Les colonnes supérieures doivent être moins hautes que les inférieures, quelquefois d'un quart de la hauteur de celles-ci, quelquefois d'un diamètre seulement. Il en est de même des pilastres. Il n'est pas besoin de dire que les ordres ne doivent être
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IIe PARTIE.
Ire Section.
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COMBINAISON DES ELEMENTS QI
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sépares l'un de l'autre que par un appui ou un stylobate
posé sur une architrave. D'après tout ce que nous avons dit, on sent assez que, dans ce cas-là , une corniche devenant inutile ne pourrait que déplaire. Dans la planche 5, qui offre plusieurs exemples de l'em- Planche 5.
ploi des contre - forts, on voit jusqu'où l'apparence d'objets utiles, loin de gâter la décoration, contribue à lui donner du caractère, et combien, par conséquent, il est ridicule de vouloir décorer en "masquant ces objets, sur-tout, ce qui arrive souvent, en les masquant à grands frais. |
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On retrouve le même principe dans les planches 6 , n
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Planches
6 , 7 et 8. |
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et 8. On y remarque à quel point, pour l'intérêt même de
la décoration architectonique , il est essentiel de ne s'occuper que de disposition ; l'on y voit ce que naturellement les di- vers édifices acquièrent de variété et d'effet, tant horizonta- lement que verticalement; enfin, de combien de manières différentes, mais toujours agréables, les édifices peuvent se dessiner sur le ciel, lorsqu'au lieu de courir après les formes de leurs parties, après les masses de leur ensemble, on se borne à suivre les principes dictés par la convenance et par l'économie. |
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DEUXIEME SECTION.
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PARTIES DES EDIFICES.
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Les principales parties des édifices sont les porches , les
vestibules, les escaliers , les salles de toute espèce et les |
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cours.
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Ile PAR.TIE.
IIe Sectioh* |
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0,2 COMPOSITION.
Les porches et les vestibules sont destinés à servir d'entrée
aux édifices, et à précéder les autres pièces qui composent ces derniers. Les porches sont des espèces de vestibules ouverts soit
par des entre-colonnements, soit par des arcades, ou tout-à- la-fois, par les uns et les autres. Ils peuvent être appliqués contre les édifices, ou pratiqués dans leur épaisseur , être ouverts sur la face ainsi que sur les côtés, ou seulement sur la face, dans le premier cas , et à jour dans le se- cond. Suivant la manière dont on les couvre, on place des colonnes sur toutes les intersections des axes, ou l'on s'en abstient. Quelquefois les porches embrassent toute l'étendue de
l'édifice dans sa largeur, et quelquefois ils n'en occupent qu'une partie : il en est de même quant à la hauteur. Les vestibules diffèrent des porcW en ce qu'ordinaire-
ment on les ferme de murs simplement percés par des portes : il est rare qu'on les ouvre par des entre-colonnes. Les vestibules ainsi que les porches ont presque toujours
plus de largeur que de profondeur. Quelquefois cependant là convenance exige qu'on les fasse carrés et même plus longs que larges. Quelle que soit la forme des Vestibules, on peut les diviser en trois parties égales ou inégales, par des files de colonnes, au moyen desquelles on diminue con- sidérablement la portée des planchers , ou l'étendue, et par conséquent la hauteur des voûtes de ces vestibules. Afin de réduire également le nombre des colonnes, au
lieu de faire des voûtes en berceau , on fait des voûtes d'arête. A la suite des vestibules on place les escaliers , dont le
but est d'établir une communication entre les divers étages d'un édifice. Quand ils doivent conduire à un grand nombre |
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Porches.
Planches 9 et zo. |
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Vestibules.
Planche u. |
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Escaliers.
Planche 12. |
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PARTIES DES EDIFICES. 0,3 ""<> PARTIE.
« t „ • 1 , , I 1 r ■ IIC SlSCTIOHV
détages, et que lespace est peu considérable , on les lait
tournants ; s'ils ne font que conduire du rez-de-chaussée au premier, et que la place le permette , on peut les faire en droite ligne ; mais, dans l'un et l'autre cas, et pour les rendre moins fatigants, on doit me'nager au moins un palier d'un étage à l'autre. La hauteur des marches en général fait la moitié de leur largeur ou giron. Lorsque dans un même étage l'escalier communique à un grand nombre de pièces, on l'entoure de galeries : tantôt il n'a qu'une rampe , et tantôt il en présente deux. Chacun de ces escaliers simples peut se combiner avec un escalier semblable, et dans l'entre- deux on place un vestibule. De ces dispositions , il en est qui exigent des colonnes,
soit pour soutenir les paliers, soit pour recevoir la retombée ■ des voûtes. Au reste , il suffit de jeter les yeux sur la planche, pour achever de se faire une idée nette des diffé- rentes manières dont on peut disposer cette partie des édifices. On peut faire des salles carrées , rondes ou en demi- salies.
cercle, des salles plus larges que longues , ou dont la Ion- Planches x o i o ; i3, 14 et i5
gueur surpasse la largeur ; ce cas-ci est le plus fréquent, et
quelquefois ces dernières salles se terminent en demi-cercle par un bout. Les unes et les autres sont couvertes, soit par des plafonds, soit par différentes espèces de voûtes. Quand les dimensions des salles sont peu considérables,
les murs , les plafonds ou les voûtes font tous les frais de leur composition; mais lorsqu'elles ont beaucoup d'étendue, on y pratique des divisions , par des colonnes ou des files de colonnes , comme dans les vestibules , et par la même raison. La différence qu'il y a, c'est que, dans les vestibules, les divisions peuvent être égales ou inégaies , au lieu que N
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U" PARTIE. c)4 COMPOSITION.
IIe Section. \ ,
dans les salles , la partie du milieu doit toujours être plus
large que les ailes ou bas côtés qui l'accompagnent. Afin d'augmenter la superficie ou l'aire d'une salle , et
quelquefois pour l'agrandir , sur deux côtés de cette salle, sur trois , ou même tout autour , on place une seconde galerie au-dessus de la première. Si la pièce n'a pas trop d'étendue , on peut supprimer les colonnes de la galerie supérieure , et par-là faire de cette galerie une espèce de tribune : alors , les colonnes inférieures qui resteront ne serviront plus au soutien du plancher ou de la voûte, qui, dans ce cas , portera sur les murs ; mais elles n'en seront pas moins convenablement placées , puisqu'elles soutien- dront le plancher de la tribune. Lorsque dans une salle on place deux rangs de colonnes
l'un sur l'autre, on doit toujours la couvrir d'un plancher ; une voûte lui donnerai trop d'élévation , et de plus , sur- chargerait les colonnes, qui, dans ce cas, ne peuvent avoir qu'un diamètre peu considérable. Quand une salle de cette espèce n'a pas plus de longueur
que de largeur , quelle qu'en soit la forme, ou carrée, ou ronde , le plafond doit présenter la figure d'un cône. La raison en est que ces pièces, dans un même édifice, ont toujours plus de largeur que celles dont le plan est un paral- lélogramme , et que si le plafond en était plat, son étendue serait effrayante. Les pièces rondes qui sont voûtées ne peuvent guères
s'éclairer que par un jour horizontal , et ménagé à leur sommet. On peut éclairer de cette manière la plupart des autres pièces ; cependant , pour celles-ci, il serait bon de préférer les jours verticaux. Lorsque ces dernières sont pla- fonnées , on les éclaire par des fenêtres ordinaires, et prati- quées dans les murs ; quand elles sont voûtées, on peut les |
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PARTIES DES ÉDIFICES. 0,5 IIe PARTIE
. IIe Section.
éclairer par de grandes ouvertures demi - circulaires , et
placées à la partie supérieure de leurs extrémités, ou seu- lement à l'une de ces extrémités. Si ces ouvertures ne suffisent pas, ou qu'on ne puisse en pratiquer en cet endroit, on les place latéralement, après avoir transformé en voûte d'arête la voûte en berceau. La hauteur des salles voûtées, dont le plan est un paral-
lélogramme , fait environ une fois et demie leur largeur, et celle-ci se prend entre les colonnes, quand il y en a. Cette hauteur a environ une fois la largeur dans les salles rondes, voûtées ; une fois dans les salles plafonnées , si elles sont plus longues que larges, et moins d'une fois dans les salles carrées. Généralement parlant, les pièces dont la longueur est égale à la largeur doivent, dans un même édifice, avoir moins de hauteur par rapport à leur largeur , que n'en ont les pièces qui sont plus longues que larges. Au reste, d'après îe peu que nous venons de dire sur les proportions des Salles , on sent bien que celles que nous indiquons n'ont pour but que de faciliter l'étude. Ce sont des points que nous offrons, et d'où l'on pourra partir, pour s'en éloigner ou pour s'en rapprocher plus ou moins dans la composition, selon que les convenances particulières ou que l'ensemble du projet pourra l'exiger. Quoique en général on doive, dans les intérieurs, préférer
les colonnes légères aux colonnes massives, il est certains cas où l'on peut employer celles-ci , comme lorsqu'on veut diminuer le nombre des colonnes; car, si dans une salle dont la largeur entre les colonnes ne serait que de trois entre-axes , on mettait des colonnes corinthiennes , alors, ou les entre-colonnes seraient trop larges, ou la pièce aurait une hauteur excessive ; mais , au contraire , dans le cas où la largeur de la nef, c'est-à-dire, du milieu d'une salle, serait N 2 •
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0,0 COMPOSITION.
de cinq entre-axes, il faudrait se bien garder d'employer
des colonnes courtes, parce que la salle deviendrait beau- coup trop écrasée. Lorsque la nef a cinq entre - axes de large , les colonnes,
même les plus élevées, avec leur architrave , ne peuvent atteindre au centre de la voûte; mais elles y arriveront au moyen d'un stylobate, dont l'objet est de renforcer l'archi- trave et de la rendre plus propre à soutenir le poids de la voûte, lequel, dans ce cas-ci, devient plus considérable que là où la nef n'a que trois entre - axes. D'après ce que nous venons de dire, dans les vestibules,
ou dans les salles qui n'auront qu'une médiocre largeur, comme de trois entre-axes, le centre de la voûte posera sur l'architrave ; mais il se relèvera jusqu'au niveau de la partie supérieure du stylobate , si la largeur entre les colonnes a cinq entre-axes ou plus. Il en est beaucoup qui sur les colonnes des intérieurs ne
manquent jamais de placer des entablements complets, et qui croiraient blesser les règles les plus inviolables de ce qu'ils appellent architecture , s'ils en agissaient autrement. La vérité est que rien ne choque plus le bon sens dans un intérieur, qu'une corniche dont la saillie ne sert qu'à dérober à l'oeil une partie de la voûte. Il y a cependant un cas où l'on peut l'employer, c'est lorsqu'un ordre soutient un pla- fond ; parce qu'alors la corniche, par sa saillie, contribue à diminuer la portée de ce plafond. La décoration architectonique des salles , ainsi que celle
des parties extérieures des édifices , naît naturellement de leur disposition et de leur construction. Si l'on veut y ajou- ter quelque chose, ce ne peut être que de la peinture, de la sculpture ou des inscriptions, et c'est ce que la convenance exige fréquemment. Tout ce qui est inutile, tout ce qui est |
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IIe PARTIE.
IIe Section. |
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PARTIES DES EDIFICES. Qf]
insignifiant, loin d'ajouter à leur beauté, ne pourrait que la
détruire. Les cours peuvent, ainsi que les salles, être carrées ou
circulaires, oblongues ou barlongues ; elles peuvent être for- mées par de simples murs ou par des portiques , souvent par les deux ensemble. Quelquefois les portiques les envi- ronnent entièrement, ailleurs ils n'en occupent qu'un côté, que deux ou trois, tantôt ils ne régnent qu'au rez-de-chaus- sée soutenant les pièces de l'étage supérieur ou une terrasse placée au-devant de ces pièces, et tantôt ils supportent un second rang de portiques. Ces portiques peuvent être for- més , ou par des colonnes , ou par différentes espèces d'arcades. D'après ce qui vient d'être dit, il est clair que cette partie
des édifices, lorsqu'en composant on ne s'occupe que de la disposition , peut, ainsi que toutes les parties dont nous avons précédemment parlé , présenter des tableaux infini- ment variés. / Outre les parties des édifices que l'on peut appeler parties
principales, il en est d'autres que l'on pourrait nommer parties accessoires, telles que les escaliers extérieurs, les grottes, les fontaines, les berceaux et les treilles. Les escaliers extérieurs ont pour fin de raccorder des
sols différents. Comme on est rarement gêné par l'espace, on les fait d'ordinaire en droite ligne, soit qu'ils se présentent de face, soit qu'ils rampent le long d'un mur de terrasse. Quand on n'a pas la faculté de les disposer de cette manière, on peut les replier sur eux - mêmes ou les disposer sur un plan circulaire. Dans ce dernier cas, ils prennent le nom de fer à cheval. Assez souvent on profite de la partie inférieure des esca-
liers dont nous venons de parler, pour y pratiquer des |
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Cours.
Planche 16. |
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Escaliers
extérieurs.
Planches
ïy et iS.
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Grottes.
Planches
17 et 18, |
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IIe PARTIE, gg COMPOSITION.
IIe Section.
grottes, afin d'y respirer le frais. Dans la plupart des parties
des édifices dont il a été question, on remarque peu de formes circulaires ; dans les grottes , au contraire , on en rencontre so*uvent, et cela doit être ainsi. Les grottes sont ordinairement adossées contre les terres qui pèsent sur la plus grande partie de leurs murs, et ceux-ci, bâtis sur un plan circulaire, résistent beaucoup mieux à l'effort des terres que lorsqu'ils sont disposés en ligne droite. Dans ces murs, et par la même raison, on pratique aussi
des niches plus ou moins grandes , dont les pierres s'oppo- sent encore plus efficacement à la poussée des terres , vu qu'elles tendent vers un centre plus rapproché que celles qui composent le mur principal de la grotte. Les grottes ne sont pas toujours placées sous les escaliers,
mais comme elles sont ordinairement adossées contre un terrain élevé, il est rare qu'elle ~- ^iciu pas accompagnées d'esealiers.
La situation des grottes leur procure naturellement des
eaux plus ou moins abondantes, dont on fait des nappes, des cascades, des jets d'eau, des fontaines qui rendent ces lieux et plus frais et plus agréables. Fontaines. Ce n'est pas dans les grottes seules que l'on rencontre des penche 18. fontaines., on en met au milieu et dans le fond des cours,
dans les places publiques, etc. Elles rafraîchissent l'air qu'elles purifient, et sont par conséquent très-utiles; elles sont même des objets de première nécessité pour un grand nombre des usages de la vie. Ainsi, leur aspect ne peut que contribuer puissamment à la beauté de la décoration. D'après cela, il semble qu'à chaque pas on devrait en ren-
contrer; cependant, rien de si rare, sur-tout en France ; du moins, dans le petit nombre d'édifices spécialement consa- crés à rassembler les eaux et à les distribuer, est-il permis |
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PARTIES DES ÉDIFICES. 99
de s'attendre à y yoir ce fluide en sortir avec abondance.
Eh bien, c'est tout le contraire; et dans plusieurs fontaines célèbres, au lieu de ces torrents d'eau qu'elles devraient faire jaillir, on ne voit que des fleuves figurés par le marbre : il y a plus , on y rencontre amoncelés des colonnes, des pilastres accompagnés de tout ce qu'on appelle communé- ment architecture , sans autre goutte d'eau que celle qui sort d'un étroit tuyau ou même d'une borne. Telle est l'effet que produit cette manie d'une prétendue décoration archi- tectonique , celui de nous priver d'une foule d'avantages précieux. Du moins, à cet égard, il n'en est pas de même en Italie.
Non-seulement il s'y répand des fleuves entiers dans les places publiques, mais il ne s'y trouve pas une maison , si petite qu'elle soit, qui n'ait une fontaine au fond de sa cour et en face de son vestibule. Aussi, n'est-ce pas sans une vive satisfaction que l'on parcourt les rues de Rome. L'Italie est vraiment le pays où il faut aller si l'on veut apprendre à faire des fontaines ; nous ajoutons, et de l'architecture en général. Malheureusement, dans ce beau pays, ainsi qu'ailleurs, peut-être même plus qu'ailleurs, les édifices pré- sentent une foule de détails non moins insignifiants qu'inu- tiles. Ce qu'il y a de pis, c'est que parmi ceux qui vont en Italie y étudier l'architecture, il en est qui, justement épris du charme qui résulte uniquement de la manière dont les édifices sont disposés, enveloppent dans le même sentiment d'admiration et la disposition et les détails. Ils vont plus loin, et d'après les préjugés qui existent relativement à cet art, ils finissent par se persuader que c'est à ces détails seuls que ces édifices doivent toute leur beauté. Qu'arrive-t-il de cette façon de voir? C'est que, lorsqu'ils composent, ils |
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IIe PARTIE.
IIe Section. |
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IOO
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COMPOSITION.
laissent de côte' les beaute's réelles, pour n'en adopter que
d imaginaires, dont ils remplissent leurs productions. Ces treilles couvertes de vignes , ces berceaux sous les-
quels on se promène avec tant de volupté, et qui, à si peu de frais, contribuent à la décoration, décorent même de la manière la plus complète et la plus agréable tant de mai- sons en Italie, sont bien propres à faire naître des réflexions dans le goût de celles que nous avons faites sur les fon- taines. En effet, lorsque la raison nous met en quelque sorte, sous la main , une foule de décorations architectoniques toujours variées, toujours nouvelles, lorsque les arts s'em- pressent tous à nous offrir des imitations de la nature , lorsque enfin la nature elle-même nous présente une multi- tude d'objets propres à nous captiver sous tous les rapports, n'est-il pas étrange que négligeant tant d'avantages si grands, si faciles a obtenir, on s'obstine. pa~ aeS efforts aussi pé- nibles qu'infructueux, à courir après un vain fantôme de décoration. |
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Berceaux ,
treilles. Planche ig.
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TROISIEME SECTION.
ENSEMBLE DES ÉDIFICES.
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13éja, toutes les parties qui entrent dans la composition
des édifices nous sont connues, et nous avons vu de quelle manière devaient se combiner les éléments des édifices qui forment ces diverses parties. Maintenant, il s'agit de reuniy ces mêmes parties pour en former un ensemble. |
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IIe PARTIE,
IIIe Section. Combinai-
sons des par- ties des édi- fices. |
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101
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ENSEMBLE DES EDIFICES.
En nous occupant des combinaisons en général , nous
avons vu que, d'après les principes généraux de l'architec- ture, les murs, les colonnes, les portes et les croisées, dans la longueur ou dans la largeur d'un édifice, devaient être placés sur des axes communs. Il s'ensuit naturellement que les pièces formées par ces murs et par ces colonnes , ouvertes par ces portes et par ces croisées, nécessairement sont pla- cées de même sur des axes communs. Du reste, sur ces mêmes axes on peut les combiner de mille manières. Ainsi, ren- voyant aux planches 22 et 2,3, nous nous bornerons à dire un mot des différentes combinaisons dont ces axes sont susceptibles entre eux dans l'ensemble des édifices. Quatre axes peuvent être disposés de manière à former un
carré. De ces quatre axes, on peut en supprimer un ou deux, et l'on aura deux dispositions nouvelles. Rien n'empêche de diviser en deux un carré par un nouvel
axé, et cela, dans un sens ou dans l'autre , et quelquefois, dans l'un et dans l'autre sens. De ces divisions du carré naissent de nouveaux plans ; et si
l'on supprime quelques-uns des axes, cette suppression don- nera de nouveau naissance à des plans différents. Si la seule division du carré en deux produit tant de
dispositions simples, on voit clairement combien il doit ré- sulter de nouvelles dispositions par la division du carré en trois, en quatre, etc., par les divisions du parallélogramme et du cercle, enfin par les combinaisons de ce dernier avec les deux autres. Pour s'en convaincre, il suffit de jeter les yeux sur la planche qui représente les principales de ces divisions, et de joindre ensuite à chacune de ces diverses dispositions horizontales toutes les espèces de dispositions verticales que l'on peut imaginer ; car il n'est pas possible O
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Ensemble
des édifices. Planche 20.
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I OS COMPOSITION.
d'exprimer le nombre de compositions différentes que cette
foule de combinaisons est capable de produire. Nous terminerons cette deuxième Partie, en invitant les
Elèves à suivre, dans l'étude de l'Architecture, la marche que nous leur avons tracée, marche qui est la même que celle que l'on suit dans les autres connaissances humaines. En effet, dans la littérature > par exemple, on commence par les éléments du discours , et dans la musique, avant de chanter un air quelconque, on solfie. N'est-il pas extraor- dinaire qu'en fait d'architecture on compose communément, sans avoir étudié tous les objets que l'on doit assembler? Si, au contraire, les Elèves s'attachent au plan que nous leur proposons, ils se familiariseront avec les formes, avec les proportions des éléments et, ce qui importe davantage, avec les diverses combinaisons de ces mêmes éléments. Alors, quand ils composeront , ;i«. orront s'offrir d'elles- mêmes, à la place qui leur sera propre, celles de ces formes, de ces proportions et de ces combinaisons qui conviendront le mieux au sujet; enfin , avec bien moins d'efforts et de travail, ils feront des projets plus capables de satisfaire le goût et la raison. Quelque confiance que nous inspirent nos principes, il
peut néanmoins s'en trouver de plus vrais. Dans ce cas, nous invitons les Elèves à préférer, mais après une mûre réflexion, ceux qui leur auront paru les meilleurs. Quoi qu'il en soit, nous aurons atteint notre principal but , si nous obte- nons que l'on réfléchisse sur un art aussi important que l'Architecture. Peut-être trouvera-t-on d'abord que nous avons trop
ouvertement blâmé quelques opinions répandues dans des ouvrages non moins recommandables par les excellentes choses qu'ils renferment, que par les connaissances et par |
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ENSEMBLE DES EDIFICES. Io3 IIe PARTIE
IIIe Section
les talents de leurs auteurs. Si ces opinions ne s'étaient ren-
contrées que dans des écrits médiocres, nous ne les aurions pas relevées. Mais ces idées nous ont paru d'autant plus dan- gereuses , qu'elles se trouvent mêlées avec une foule de très- bonnes choses, et qu'à la faveur de celles-ci, on pouvait aisé- ment adopter celles-là. On doit donc nous pardonner d'au- tant mieux la critique que nous nous sommes permise , qu'elle tend moins à porter atteinte à la réputation de ces auteurs, qu'à leur payer le juste tribut d'éloges que nous leur devons. Pour ce qui est de la partie du dessin que nous avons
supprimée , on ne doit point regretter cette suppression, quelle que soit l'idée que l'on ait de l'Architecture; et quand même on croirait devoir associer celle-ci avec les autres arts pour lui assurer une existence, ce ne serait point par des dessins géométraux que l'on y réussirait. Loin de pouvoir aller de pair avec l'art sublime de la peinture, l'Architecture au moyen de ces fausses images, ne pourrait tout au plus être associée qu'à certains métiers futiles et qui sont entière- ment du ressort du caprice. Qu'au lieu de cela, on fasse des dessins en perspective , ces images vraies et satisfaisantes pourront, jusqu'à certain point, rapprocher des autres arts l'Architecture. Que l'on fasse mieux , et que réfléchissant sur l'importance dont elle est pour l'espèce humaine, on la traite suivant ses vrais principes : alors, bien loin d'avoir besoin de l'égaler à quelque autre art, peut-être n'en trou- vera-t-on aucun qui puisse justement être mis en parallèle avec elle. Fin de la IIe Partie et du Ier Volume.
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.IW-fc^L, t^Tl/»i W3'"W*s>»'1k'l^ '*"V\t *
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NOTICE.
Recueil et Parallèle des Édifices de tout genre , anciens
et modernes , remarquables par leur beauté, par leur grandeur ou par leur singularité, et dessinés sur une même échelle. Pak J. N. L. DURAND, Architecte et Professeur d'Architecture à
l'École Polytechnique.
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Une chose qui importe extrêmement aux Architectes, aux
Ingénieurs civils et militaires, aux Elèves de l'Ecole Poly- technique destinés a le devenir, aux Peintres d'histoire et de paysage, aux Sculpteurs, aux Dessinateurs, aux Décora- teurs de théâtre ; en un mot, à tous ceux qui doivent cons- truire ou représenter des édifices et des monuments , c'est d'étudier et de connaître tout ce qu'on a fait de plus inté- ressant en architecture, dans tous les pays et dans tous les siècles. Mais les édifices qui méritent quelque considération se
trouvent confondus avec une foule d'autres qui ne sont re- marquables en rien : outre cela, ils sont dispersés dans près de trois cents volumes, la plupart in-folio, dont la collection monterait à un prix énorme ; de sorte qu'il serait impossible aux Artistes de s'en procurer la connaissance entière par une autre voie que celle des bibliothèques. Ce moyen - là même exige un temps infini, et n'est d'ail-
leurs pratiquable que pour les Artistes qui habitent les |
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Notice. io5
grandes villes. De plus , quand ils seraient tous à portée
d'en faire usage, peut-être que les avantages qu'il leur pro- curerait ne les dédommageraient que faiblement de leurs peines. En voici la raison : souvent un volume n'est com- posé que d'objets de différents genres, tandis que ceux qui sont du même genre se trouvent disséminés dans un grand nombre de volumes. Or, on sent combien dans ce cas-là, les comparaisons, qui seules peuvent amener à juger et à raisonner, doivent être longues , pénibles , imparfaites et peu fructueuses : la différence des échelles ajoute encore à ces inconvénients. Dans cet état de choses, nous avons pensé que si, déta-
chant des trois cents volumes dont nous venons de parler, les seuls objets qui sont essentiels à connaître, nous les ras- semblions dans un seul volume d'un prix tout au plus égal à celui d'un ouvrage ordinaire d'Architecture, ce seiait offrir aux Artistes en général, et aux Elèves de l'Ecole Polytech- nique en particulier, un tableau complet et peu coûteux de l'Architecture , un tableau qu'ils pourraient parcourir en peu de temps, examiner sans peine, étudier avec fruit, sur- tout, si l'on classait les édifices et les monuments par genres, si on les rapprochait selon leur degré d'analogie, si on les assujétissait de plus à une même échelle ; et c'est ce que nous avons entrepris de faire. Pour arriver plus sûrement à ce but, nous avons rejeté de ce recueil, non-seulement tous les objets qui n'offraient aucun intérêt en eux-mêmes, mais encore ceux qui, ressemblant plus ou moins à d'autres morceaux d'un intérêt majeur, n'auraient fait que grossir le volume, sans augmenter la masse des idées. Peut-être trouvera-1-on dans ce recueil quelques édifices
qui paraîtront peu intéressants ; mais comme ce sont presque les seuls de ce genre qui existent, nous avons cru''devoir les |
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106 Notice.
y placer , afin d'appeler l'attention sur ce genre d'Archi-
tecture. On y trouvera aussi des restaurations peu authentiques,
telles que celles des thermes par Palladio , et de plusieurs édifices de l'ancienne Rome, par Piranesi, Pirro-Ligorio, etc. Nous n'avons pas voulu priver les Elèves ni les Architectes des beaux partis que ces restaurations présentent, et dont ils peuvent faire de fréquentes et d'heureuses applications. Mais nous nous sommes permis de les simplifier, nous y
en avons même ajouté qui sont presque entièrement de nous ; et pour peu que l'on fasse attention que loin d'avoir voulu corriger ces grands maîtres , nous ne nous sommes attachés qu'à manifester d'une manière plus évidente l'esprit qui règne dans ces magnifiques productions, on nous par* donnera sans peine d'avoir osé nous ranger à côté d'etxx. Cet ouvrage est composé de quin^ ^«.Kicrs, de six planches
chaque. Le premier contient les temples Egyptiens, Grecs, Romains,
et les temples de Salomon, de Balhek et de Palmyre. Le deuxième, les mosquées, les pagodes, les églises go-
thiques et les dômes les plus célèbres. Le troisième, les places publiques, les forum, les marchés,
les halles, les bazars , les maisons de ville , les basiliques, les palestres, les écoles, les portiques et les bourses. Le quatrième , les tombeaux égyptiens , grecs , indiens,
turcs, persans et romains, les arcs de triomphe, les ponts T les aqueducs, etc. Le cinquième, les ports, les phares, les tours, les citernes,
les puits, les châteaux d'eau, les casernes, les arsenaux, les prisons, les hôpitaux, les lazarets , les caravanserais et les cimetières. Le sixième, les thermes, les nymphées et les bains,
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Notice. 107
Le septième , les the'âtres antiques et modernes, les am-
phithéâtres , les naumachies et les cirques. Les huitième, neuvième et dixième, les maisons, les châ-
teaux et les palais, tant anciens que modernes. Enfin les onzième , douzième, treizième, quatorzième et
quinzième cahiers offrent, développés en grand, et sur une même échelle de module , tous les détails qui concernent les édifices et qui méritent d'être connus. L'ouvrage se trouve à Paris, chez l'Auteur, à l'Ecole Poly-
technique. Le prix de chaque cahier est de douze francs. Celui de
l'ouvrage entier est de cent quatre-vingt francs. Cet ouvrage, ainsi que le Précis, se trouvent chez l'Au-
teur, à l'Ecole Polytechnique. |
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DIVISIONS DE L'OUVRAGE.
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INTRODUCTION.
But de l'Architecture. Moyens qu'elle emploie.
Principes généraux qui en découlent. Page i etc.
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PREMIERE PARTIE.
ÉLÉMENTS DES ÉDIFICES.
Première Section- Qualités dca matériaux. a5 etc.
IIe Section. Emploi des Matériaux. 41 etc.
IIIe Section. Formes et proportions, 65 etc.
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DEUXIÈME PARTIE.
COMPOSITION EN GENERAL.
Première Section. Combinaison des éléments. 85 etc.
IIe Section. Parties des édifices. 91 etc.
IIIe Section. Ensemble des édifices. 100 etc.
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FIN DES DIVISIONS.
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