ri i s T o ! T^ e D’VN VOYAGE
FAIT EN LA FERRE
DV BRESIL, AVTRE-mcnt dite Amérique.
('onfenantla nautgation, amp;nbsp;chops n^nar-^uables.veuès fur merparl aulleur; Le conipor tement c{eVtllcp^a^iien,cn ceptnis là. Lés sueurs amp;fafo/is de vture efiran^es des Sanus^es A-mem^uains : auccvncollo^J}^e de leur langage. Enfimble la di^ription depluß’urs yi nimauxt Arbres, Herbes, amp;nbsp;mnres chofespn^ulteres, amp;nbsp;du tout inconues p.-tedepa, dont omserra les fommaires des chapitres au cowmencement du Hure.
Non encores mis en lumière,pour les caillés contenues en la preface.
Le tout recueilli fur les lieux par i F. a n dm L E R Y natif de la Marcelle, terre defaintl Scneau Duché'de Bourgongne.
Seigneur, ie te edebreray entre les peu-plcs,amp; te diray Pfeamnes entre les nations. P s E A V. C V l I I.
‘^Ponroy^rJt^tne Chuppin.
xM. U. LXXVlli.
-ocr page 2- -ocr page 3-A ILLVSTRE ET PVIS-
SANT SElGNEVRjf’^-*^^“ çois, Co'.Titc de CoUigny»
Seigneur de Cha-ftillonjamp;c.
^0 N S I En^^ pane (jm a rheureu/e Mémoire dece/tty par Ie moyen dm^ttel Dten m aßtie si ft voir les choßs dont tay baßt la preßnte H ißeirejme conute d'en I frire recognoißance, ce nefi pas fins cauß puis ^m Iny anequot;^ Recede' t^ae iepren la hardteß; de quot;uous lapreßntcr.Comme donci^aes men intention efiperpétuer ici la (ottuenance d vn voyage frtt expreßement en r^y^merie^ue poureßa-bUr le pur ßmice de Dieu, tant entre les F ran pois ^ui s'y eßoyent retire's, c^ue partntles Sait-■ nbsp;nbsp;wages habitans en ce pays läiaußi ay-ie efltmé
eßre de mon deuoir,frire entendre à la poßeri-■ te, combien la louange deceluyiijM enfrtla J cau/è amp;nbsp;le motif doit efire à iamaisquot; recom-1 mandable. EtdefritoßntaßKreriyuilniß A trottuerapar toute l'atfruité ijM tly ait iamais W eu Capitaine F rancois amp;nbsp;ß^eßten , lyni tout 1 a vne fisait efiendule regne de lefus Chriß j Eoy des Ü^is , amp;nbsp;Seigneur des Seigneurs, ^ les limites de fin ^Prince Soiiuerain en pays fi lointain, le tout confidere' comme il appartient yui pourra aßei^ exalter vne fi fim-â 2
-ocr page 4-HÓ' w/tyemenf hero'^Mf efi/rfprinff'? C^r qi(oj i^u iHicy.ns dijend, -i/eu Itpen de temps t^uf tes chofesont dure-) Cf einen'y efiant 4 pre/ént nonpjfft de nenneUe de vritye S^Z/istari ^uc dn nom de d rancoispourj habiter,^u onn'en doit faire efiimetnotiubfidt telles allegations, ce ^ue i ay dit ne latfe pas de demeurer toußeurs tellement way, t^ue tout atnß ijue l £uanofle du j.lsde J)ieua eße'de nos tours annonce' egt;t eeße juarte partie du monde dite z^^meri^ue, ^^JJ^ tfi-iltrès certainßTafdtre euß eße außt inen pourfuiiii pa il auoit eße' heureußment commence, ^ue l'vn amp;nbsp;rautre Jiegne ßiri-tttel, 0quot; temporel, y auoyent ß bien prins pted de noßre temps, çueplM de dix mille perfon-nes delà nation t ranpoißy ßroyent mainte-^ nant en außpleine Cffeurepo^ejpon pour no^ ßft^ K^y 1 y^f itf Eßa^nols Cf £ertu^aisy ßnt au nom des leurs.
'Parlant ßnon pten voulut imputet aux lt;tx/poßresladcßrutlion des £ßißs tjuils anoyent premièrement dre^ees: amp;nbsp;la rityne de 1'Empire ßjmain aux braues guerriers lt;^ut y auop^ft'ioints tant de belles ProuinceSf anfi par le femblable ceux eßans louables lyui anoyent pofe Its premiers fondemes des chofis eue tay dites en '' ad menyue , il faut attribuer la faute amp;nbsp;la dißontim^tion , tant à 'UiUegagnen yua ceux yui atiec luy au lien ( amß y tills en anoyent le commandement
-ocr page 5-dquot; auoytni fait pt'owfjfe ) ^auMeer ratture ent gmtte laforterejfe ijue rions anions bafiit, amp;nbsp;le pays lyu ou auoit nommé France yl ntar-Fliç/ueaux Portugais ^ni s'y font tresbten accommodez . TeUement lynepour cela il ne lair-rapasd'apparoir à iamais eyite feu d'henreufi mémoire (ja/fard de Codigny is^dmiral de France -vofire tresvertueitx pere, ayant exc-CHte'fin entreprinfe par ceux ç/u'H entsoya en l'sydwerique, outre qu'il en auoit ajfuietti vne partie à la Couronne de F rance ■gt; ft encore ample prenne du'^le qu'il'auoit que l'Euan-gile fut non ßulement annonce' par tout ce ‘Fjyaume, mais aujf par tout le monde vni-uerfil.
Z^oUa Afonfieiir, commeett premier lieu, vous confiderant reprefenter la pilonne de cefl exceUét Seigneur,auquel pour tant d aéles ^ene yeux la patrie fera perpétuellement redeuablc, Fay publié ce mie petit labeurfous vofire autori te. Ioint que par ce moyen ce fera avons auquel Tbeuet aura nonjeulement à resfondre, de ce qu en general ft autant qu'il a peu,il a condamnent calomnie'la caufe pour laquelle nous ffitiescevoy.tgeen l'Amérique, mais au fi de ce qu en particulier parlant de l't^ddmtraute' de France en fa fajmographie il a ofe abbay er contre la renommee, fouèfiie ft de bonne odeur a tous gens de bien, de celuy qui en fut' l^o saufe.
-ocr page 6-Z)ai(a»ta^e Afonßeur^ -voßre conßance amp;nbsp;rnit^nanimite en la deffence des Eghßs reform mees de ce l^oyaumc, fitißnt ioarnellementre marquer combien heureujernent z/ous foyael^ les traces de eeluy qui vous ayant ßbßitue en ßn heu fiußenat ceße meßne caaß, y a eßandu iujques à ßn propre fing : cela di-te enßcontl heu m'ayant occaßone'; enfimltlepour reco^noi ßre aucunement le bon amp;nbsp;honneße accueil que vous mefißes en la ville de E erne, en laquelle après ma dehurance du ßegeßmelique de San cerrc levonsßis trouuer,tay eße du tout induit de m adreß:r droit a vous. Jefiay bien cepen-datqu encores que lejaiet de ceße hißoireßit tel} que s'il vous venait quelquesßts enuie d'en cuir la lecîure} il y a choßs ou vous pourries prendreplaißr, neanemoms pour reßard du langage, rude amp;nbsp;malpoli} ce neßoit pas aux oreillesdlvnSei^neurß hien in^lruit désfin ^as a âge aux bonnes lettres que iele deuoisßtire finner. Mats m'aßeurant que par voßre naturelle delionnairete.receuant ma bonne aßelhon vous ßupportere's ce deß'aut, ie n'ay point fait difficulté d'off'rir amp;nbsp;dedter ce que i'ay peu tant a la fimile mémoire dupereyque pour tefi~ moignage du treshumble feruieequeie deßre continuer aux eufans Surquay
mjifonfieur le prieray P Eternel, quauec AJeffiieurs vosfaeres amp;nbsp;zJ^adame de Teh-^m voßreßeur,plantcsportans faults dignes dû-tronc d'où elles fiant ijfiues,vous tenant en fa fainélf
-ocr page 7-fitnEit frcte^ion, il henijfe amp;face fgt;ro^erer de pita en plm vot vertueufis amp;nbsp;genereufes actions. Çe vingteimj^uieme de Dteembret mil fint} censfoixante amp;nbsp;dixfept.
Voftre treshumble amp;nbsp;aft'eftionnu fernitcur» DE LERY»
-ocr page 8-^ !/ait Ve leiy fur /in Jijioun Ji tHiflom Je r^meri^M.
\ t honire cfhu-la ^m au del me beurmeiite
Et a ici mefait-iKiir'ces taMbeaux móuuemeiti Te^rtf außi ciluj^i(cait Jes Element. Etlarera ,^ rtjft^i^m’enfei^ne leur feint. Je remerci celuy qui beureiifemen feine Pour Je terre tirer Jiuers meJieamense
Mau qui me met en yn ces trois enf b^tiemeilS Emporte a mon aJuis yne louange pleine.
Telefce tien lobeur^çp’ encores flus beau £gt;e Lery^qui noue peins yn monje tout nouuealt Et fin (tel,(prfin eau,i^fl terre,^ fis, ruits Qui fins mouiller le fie J nous trauerfs Pytfrique Qm fins naufrage (ir peur nous renjs en P_^mcrique
J^efous legounernail Je ta flume conJuitt
!.. Daneau 1^77.
P, Meletà M. De I.egt;y fn fnguU/r amp/.
ici (mon Je lery) ta plume as Couronner _14 Je frire lesmauri, les polices cp^ loixt les Sauiuigesfafons Jespeuples epe JesEiys Du pays,inconeu à (egraiiJPiolomee. JPous faifint yeair Jequoy telle terre ef ernee. Les animaux Jiuers errants partly les bois Les combats très cruels,/y Icsbraues barhois De cefle nation brufjuementfafonnee,
JPous peignait ton retour Ju ciel ^meriquain. Oututeyispre/je J’yiie rrreifefaim M as telle faim bêlas neft fi dure guerre JP i la faim JeluJa,ni celle J ffael Ou lamire commit l’allé enorme (y cruel Ope celle qu'as ailleUTS eferite Je Saneirre.
-ocr page 9-pistai Pe lery, fur fin hifioM de F Amérique.
l Malheur efl bon Çdir~ony a queltjue chofiï l El (J« ~0Tftits naiffent les bonnes loix.
1 Grenue certaine en ton bifloire endofe.
j Fureur,menfin^e, ^ la guerre difiofi 1 [Villegagnony'rbeuctjC^le François..
Uf retarderde ta plume layoix,
(Et/tj difcours tant beaux quelle fropofi.
1 Mai. ton bibeurjd'yn caurap e indomtCi
^cius cesefforts en fin a firmonté'.
[Et mieux parédeuant tous il Je range,
( Comme cieuxyterre,hommes (y fc^*^^ diuert 1 ^unou^ faisyoir,aiitfiparCyniuers
l^?1*fl”’^bf^t ^yiuetal^ftjt^_____
-ocr page 10-PREFACE-
O V R C E qu’on fe pour-roit csbahir , qu'y ayant dis huit ans paiiez que i’ay fait le voyage en l'Amcriquc, i’aye tant attendu de mettre celte iultoirccn lumière, i’ay tftimécn premier lieu tftre expedient de declarer les caufes qui m’en ontempefehe.Du cô-mcnceincnt que ie fus de retour en France , monftrant les mémoires que i auois, la plufpart eferits d’ancre de Brefil amp;nbsp;en l’Amérique mefrne, contenans les chofes notables par nioy obfcruccs en mô voya gc : ioint les récits plus au long que ie fai fois de bouche à ceux qui s’en enque-royent, ie n’auois pas délibéré de paffer plus outre ni d’en Faire autre mention. Toutesfois quelques vus de ceux auec lef quels i’en conferois fouuent, m’alcgans, qu’afinque tât de chofes qu’ils iugeoyét dignes de mémoire ne demeuraflent cn-feuclics,ie les dcuois rédiger plus au lôg amp;nbsp;par ordre, à leurs prieres amp;folicita-lions,dés l’an I5lt;Î5. en ayant fait vn affcz ample difcour«,quc(m’en allât du lieu oU i’eftoisffe laifîay A'preftay à vn bô perfon nagciil aduint qu’ainfi que ceux aufquels il l’auoit baillcpour le m’aportcrpalloyct à Lion leur eftant ofté à la porte de la vil'
-ocr page 11-P R F r A r r.
le,il fut tellement efgaré que, quelque di ligéee que le peufle faire , impofsiblc me fut de le recouurer. Partant faifant eftat de la perte de ce liurc , ayât quelque téps après retiré les brouillais que i’en auois laiffc à celuy qui le m’auoit tranferit, ic fis tant,qu’excepté le Colloque dulanga , ge des Saunages, qu’on verra au vingtième Chapitre , duquel moy n’y autre n'a-uoit coppic , ic mis derechef le tout au net.Mais quand ic l’eus achcué , les con-fufions furuenans en France fur ceux de la Religion , moy eftant pour lors en la Charité fur Loire,afin d’euiter cefte furie quittant à grand hafte tous mesliurcs amp;nbsp;papiers pour me fauucr à Sancerre ; le tout pillé incontinent après mon depart ce fecod recueil Ameriquain s’eftat ainfi efuanoui, ic fus pour la fcconde fois pri-ué de mon labeur. Cependant comme ie faifois vn lour récit à vn notable Sci-geur de la premiere perte que i’en auois faite à Lyori,lny nommant celuy auquel on m’auoit eferit qu’il auoit cfté baillé, il en eut vn tel foin,que l’ayant finalement retiré,ainfi que l’an paffè. 1576. ie paftois en fa maifon il le me rendit.Vollacomme iufques à prefent ce que i'auois eferit de l’Amérique, m’cftanttoufiours efehappé des mains n’auoit peu venir en lumière.
Mais pour en dire le vray, il y auoit
-ocr page 12-preface.
qu’outre tout cela ne fentant point en moy les parties requifespour mettre à bon cfcicnt la main à la plume,ayant veu dés la mefme annee queie rcuinsdccc pays là, qui fut 1558.1e liure intitulé Des Âë Singulantcz de l’Amérique, lequel mô-beur de la Porte fuynant les contes amp;.mc moires de frère AndrcTlicuct,auoit dref fc amp;nbsp;difpofé, quoy que ic u'ignoraHc point ce que monficur Fumée en fa pi c.« face fur l’hiftoirc gene rale des Indes , a fort bien remarqué: aflauoir que ce liure des Singularitcz eft finguliercment farci de méfongcs,fi l’auteur fans palier plus auant fe fut contenté pofsible eufe-ic encores maintenant le tour fupprimé.
Mais quad en celle preféte année 1577. lifant la Cofmographic de 1 heuct i’ay veu que luy ( penfant pofsible que nous fuflions tous morts ou que fiquclqu’vn reftoit en vie il ne luyoferoit côtredire) n’a pas feulement rcnouucllc Se augmen té fes premiers erreurs, maigt;qui plus eft fans autre occalîon que renuie qu'il a eue de mcfdire amp;dctraclcr des Miniftres S.quot;parconfcquct de ceux qui en l’an 1556'. les accompagne'ent pour aller trouucr Millcgagnon en la terre du Brefil, dont i’eftois du nombre, aucc des digrefsions faufles, piquantes, amp;nbsp;iniurieufes, nous a inipofé des crimes , afin de repoulfcr ces impo-
-ocr page 13-PREFACE.
jmpoftures, i’ay cftc comme cotraint de mettre en lumière tout le difcours de no ftre voyage.Etafin,auant que pafler plus outre, qu'on ne penfe pas que fans tref-iuftescaufes ic me plcignc de ce nouucau Coimographe, ic leciteray ici les calom mes qu 11 a mifes en auant contre nous, contenues au l ome fécond liure vingt amp;vnchap. a. feuil. c,oi5.
yl a refie dit Theitet,iauois oublie à vaut nbsp;nbsp;^''*°‘^,
7. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;J nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;dire oublie
aire 3 c^uepeu de ternps auparauant y auott eii ^^ mennr, ^ud^uefeditio entre let Fruncoisaduenuepar la dmi/ion à' partialite^de lt;juatre Ahnijiret delà Reltoion nouuede lt;^ue Caluin y auott en-Uoye^our planter fifinalante Euâfiledeprin cipalüefiuclt efiottvn mtniflrefidttteux notne' “dijehier, ^ui auoit efie' fiartne amp;nbsp;doUeurde ^arts tfu^l^uet années auparauatfin voyage. Ces gentils predicant ne tajehans ^uc s'eriebir amp;nbsp;artrap -r ce ijui Is pouuoyent firent des ligues (tf Kenees/eererres lyui furent caufi tyue yuel-^Mes vus des nofires furet par eux tuez. Mais partie de cesfeditieux efians prins firent exécute famp; leurs corps donne'pour -pafiure aux poifions . Les autres fie fauuerent ,du nombre défijuels cfioit ledit Tfichier lequel bien tofi a~ presfe vint rendre mtnifire a la R^eheUe laok tefime yuHfiit encores depreféi : les Saunages irritez de telle tragedie peu s'ëfallut yu ils ne fie rua/fientfir nousamp; rnifset a mort ce ^ut refioit.
Voila Jespropres paroles deTbeuctlcf
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quelles ie prie les lecteurs de bien noter: car comme ainlî foit qu’il ne nous ait ia-mais veu en rAmcrique»ni nous fcmbla-blcmcnt luy , moins , comme il dit, y a-il efté en danger de fa vie à noftre occafion, ie veux môïlrer qu'il a efté enceft endroit aufsi afteuré menteur qu’impudent ca-' lomniatcur. Partant afin de pieucnir ce que pofsiblc pour efehaper il voudroit dire,qu’il ne rapporte pas fon propos au temps qu'il cftoit en ce pais là, mais qu’il entend réciter vn fait aduenu depuis fon retourne luy demande en premier lieu,fi cefte façon de parler tantexprefle dont il vfc : aflauoir , Les Sanua^es irrifel^eie teUe quot;Tra^edie, peu s'eu falluf e/uib ne fa ruafaent far nous,d^'mifaenf àmort lerefae^fe peut autrement entendre finon que par ce, nous, fc mettat du nombre, il vucille dire qu’il lut enuclopé en fon pretédudanger?Tou tesfois s’il vouloir tergiuerfer dauantage pour nier que fon intention ait efté de faire acroire qu’il vit les Minlftres dont il parle en l’Amérique.Efeoutôs encores Iclangagcqu’il tient en vn autre cndioit.
jiureficliit ce Coiddicrfateufae demeu 1 om.2 ^^pf^^ fg^^ ternps en ce pays là i'eufae tafihe'â ~l’g^g»er les a7nes ejgare‘’s de ce panure peuple^ ’ pluflofa/juem'eßudier à fouiller en terre pour P a • 9 - 5 _y chercher les rie hejf es ijne nature y a cachets, A'/ais d'autant ijue ie nefaots encores bien ver fa'^^
-ocr page 15-fc en leur langue, amp;nbsp;i^ue les Aï intéres ^ue ^al utn y audit enuoye't pour platerfa nouueUeEua gtle entreprenoy et ce/te charge enuieux de ma deliberation le delaijf ay cefie mtene entrepri/è-
Croyez le porteur,dit quclqu’vn,qui à bon droit fe inocque de telle manière de gens: parquoy fi ce bon Catholique Romain félon la rciglc de faintï'rançois dót lieft, n’a fait autre preuuede quitcrle monde que ce qu’il dit aucir m^iprifi' les riche^'es cachets dans les entrailles delà terre duBrefil: ni aa lte miracle que la conuer-fion des Saunages Ameriquains habitans en icelle Aiii'cj^ueis il voulait (dit il) (ragner les antesß les Aï tni/lres ne l'en eußtnt empeß che'iA eft en grand danger,apres que i'au-ray monftte qu’il n’en eft rien, de n’eftre pas mis auCalendricr du Pape pour cftre canonifé Jtreelamé apres fa mort comme môfieur faint Theuet. Afin doneques de faire la prenne que tout ce qu’il dit ne ;,ç^ font qu’autant de balliucrnes, fans mct-V*y'* nbsp;nbsp;nbsp;•'
treen confideration s’ilcft vray fcmbla-ble que Theuet, qui en fes efcrits fait de tout bois ftefehes, comme on dit, c’eft i dire ramaffe à tors amp;nbsp;à trauers tout ce qu’il peut pour allonger amp;nbsp;colorer feS côtes, fc fut teu en fon liurc des Singula-ritez de 1’Ameriq.de parler des Miniftres s’il les euft veux en ce pays là,amp; par plus forte raifon s’ils euffent commis ce dont
-ocr page 16-PREFACE
voyez Ics.i.
24.25.
amp;.ÖO. chap.
îl les-accufc àprefét en fa Cofmographic Imprimée feze ou dixfeptans apres.-puis que par fon propre tclinoigaagc il fe ver ra cnce liurcdes Singularitez,qu’en l’an. 1555. le dixième de Nouembre il arriua au cap de ftic,amp; quatre iours apres en la iiuieicde Ganabara en rAmenque d’où il partit le dernier jour de lanuier fuy-uant pourreuenir en France: amp;nbsp;nous cependant,comme ie monftreray en celle Iiiftoirc,narriu3fmcs en cepays la au Fort de Colligny fitué en la mefme riuicre, qu’au commencement de Mars. 1557. attendu di-ic qu’on voit clairement parla qu’il y auoit plus de trezc moys-que The uct n’y choit plus, cornent a-il efee fi har di de dire qu'il nous y a vcus?
Lcfoirede près de 2000. lieues de mer cntrcluy,dts lôg tepsderetour à Paris,amp; nous qui cftiôs fous le Tropiq de Capricorne,ne lcpouuoit-ilgarcntir?fi laifoit, mais il auoit enuiede pouffer amp;nbsp;mentir ainfi Cofmographerrtet. Parquoy ce premier poinrprouuc cotre luy tout ce qu'il dît, au relie ne merireroit aucune refpû-ce. Foutcslois pour foudre toutes les répliques qu'il pourroitauoir touchât la fe ditio dót il cui le parlcr:icdi en premier lieu qu’il ne fc trouncra pas qu'il y en ait eu aucune au Fort de Colligny pédâtque no’ y cftiésimoins ycutil vu fcul Frâçois tue
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tué de noftre temps;Et partant fi Theuec Veut encores dire, que quoy qu’il en foit il y eut vue coniuration des gens de Vil-legagnon contre luy en ce pay s là, en cas qu'il nous la vucille imputer, ie neveux derechef pour nous feruir d’Apologie 8c pour monftrer qu’elle eftoit aduenuc a«-uantque nous y fufsions arriuezquele propre tefmoignage de Villcgagnô.Partant combien que la lettre en latin qu’il eferiuîtà M. lean Caluin refpondanti celle que nous luy portafm.es de fa partquot; ait ia des long temps efte imprimée en autre lieu, amp;nbsp;que mefme fi quelqu’vn en doute l’original eferit d’ancre deBrcfil qui eft encores en bonne main,face rouf-jours foy de ce qui en eft , parce qu’elle feruira doublement à cefte matière, alfa-uoir,amp;pour réfuter,Theuct amp;pour mon ftrer quant amp;nbsp;quant qu’elle religion Vil-^'^S^gf^®^ ^^'^'‘^*’^ femblantde tenir lors iel’ay encores iciinferee de mot à mot.
Teneur delà lettre de Ville-gagnon à Caluin.
le penfe qu’on ne feauroit declarer par paroles combien m’ont refiouy vos lettres amp;nbsp;les frères qui font venus aucc icelles.Ils m’ôt trouucreduit en tel point qu’il me falloir faire office de magirtratSc
C
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quant amp;nbsp;quantln charge de Mîniftred^? PEglifc . Ce qui m’auoit mis en grande angoifle,cai l’exemple du Roy Ozias me deftournoit d'vnc telle manière de viurc Mais i’eftois fôtraint delc faire gt;nbsp;dcpeuf que nos ouuricrs Icfqucls i’auois pris à loage amp;nbsp;amenez par deçà, par la frequen ration de ceux delà nation ne vinfenti fc fouiller de leurs vices : ou par faute de côtinuer en l’exercice de la Religion tô-baflent en apoftafic : laquelle crainte m’a efte oftee par la venue des frètes . Il y a aufsi ceftaduantage, quefi dorefenauant il faut trauailler pour quelque affaire amp;nbsp;encourir danger , ie n’auray faute de per fonncs qui me confolct amp;nbsp;aident de leur confcil: laquelle commodité' m’auoit effé oftee par la crainte du dâger auquel nous fommes . Car les frères qui eftoyent venus de France par deçà aucc moy , cftans cfmeus pour les diffîcultcz denosaffai-, res s’en eftoyent retirez en Egypte, chacun alléguant quelque exeufe . Ceux qui font demeurez eftoyentpauures gés fout freteux , amp;nbsp;mercenaires , félon que pour lors ie les auois peu rccouurcr, dcfquels la conditio cftoit telle que pluftoftilme falloir craind e d’eux que d’en auoir aucun foulagcmcnt. Or la caufc de ceci eft qu’à noftre arriucc toutes fortes de faf-cherics amp;nbsp;difficultcz fc font dreflees,tellement
-ocr page 19-* K S P A C £,
Itment que ie ne fcauois bonnement quel aduis prendre, ni par quel bout commen cer.Le pays eftoit du tout defert amp;cn friche j il n’y auoit point de maifons ni de toidsj ni aucune commodité de bled. Au contraire il y auoit des gens farouches amp;nbsp;fauuages, efloignez déroute courtoifieSc humanité,du tout ditferens de nous en fa çon de faire ?£ infl:ruâ:ion:fans Religion ni aucune cognoilfancc d honneur ni de vertu,de ce qui eft droit ou iniufte:cn for te qu’il me venoit cnpenfee, aflauoirfi nous cftions tobez entre des belles por-tans la figure humaine . 11 nous falloic .pouruoir à toutes ces incommoditez à bon efeient amp;en toute diligence,amp;y trou uer remede pendant que les Nauircs s’ap preftoyent au retour, de peur que ceux du pays pour l'enuie qu'ils auoycnt de ce que nous auions apporté ne nous fur-prinfcnt au depourucuamp; milTent à mort. Il y auoit dauantage le voifinage des Por tugalois, Icfqucls ne nous voulans point de bicn,amp; n'ayans peu garder le pays que nous tenons maintenant, prennent fort JT^al a gré qu’on nous y ait reccus,amp;nous portent vnc haine mortelle.P^rquoy tou tes CCS chofes fe prefentoyent à nous en-fcmble: aflauoir qu’il nous falloitchoi~ fit vn lieu pour noflrc retraite , le defri-ther amp;nbsp;applanir, y mener de toutes parts ê a
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de la prouifion amp;nbsp;munition» drefferdeS forts, baftn des toiéts amp;nbsp;logis pour la garde dcnoftrc bagage, aûemblcr d’a-Jétour la matière amp;tftotFe,amp;par faute de beftes la porter furies efpaulcs au haut d’vn coftau par des lieux forts de bois Si tresempefehans . Enoutic d autant que ceux du pays viuentauioui laiournec, ne fc foucians de labourerla terre , nous ne trouuions point de viurcs alTcmblez en vn certain lieu,mais il nous les falloit aller recueillir amp;querir bien loin ça amp;làgt; dont il aduenoit que noftrt compagnie, petite comme elleeftoit, necclfairemcnt s'efeartoit amp;nbsp;diminuait. Acaufedeces difficultcz mes amis qui m’auoyent fuyui tenans nos affaires pour defefperecs corne i’ay défia demóftré,ont rebroufle che min:amp; de ma part aufsi i’en ay efte' aucu-nemêt cfmeu. Mais d’autre cofté penfant à part moy, que i’auois alTurc mes amis, que ic me defpartois de France afin d’em ployerà l’aduancemcnt du règne de Icfus Chrift le foin amp;nbsp;peine que i’auois mis par ci dcuant aux chofes de ce monde, ayant cogneu la vanité d’vnc telle tftude amp;nbsp;vacation, i’ay eftimé que ie donncrois aux hommes à parler de moy amp;dc me re-prcndrc,amp;que ie ferois tort à ma reputation , fi l’en eftois deftourné par crainte de trauail ou de danger. Davantage puis qu’il
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qu’il eftoitqueftion de l’affaire de Chrift ie me fuis affuré qu’il m'afsifteroit, amp;nbsp;a-mencroit le tout à bonne amp;nbsp;heureufe iP fue.Parquoy i’ay prins courage. Si entie-remët appliqué mon cfprit pour amener àchcfla chofe laquelle i’auois entreprife d’vne fl grande affeétiô pour y employer ma vie . Et m’a fcmblc que i'en pourrou venir à bout parce moyé fi ie faifois foy de mon intention Sideffein par vue bône vie amp;nbsp;entière, amp;nbsp;fi ie retirois la troupe des ouuriCrs que i’auois amenez de la cô pagnic amp;nbsp;acointance des infidèles , Eftat mon cfprit adonné à cela , il m’a femblc qüece n’eft point fans lapröuidencc de Dieu que nous fommes enuclopcz de ces affaires, mais que cela eft aduenu depeur qu’eftans gaftez par trop grande oifiucté nous ne vinfsions à lafeher la bride à nos appétits defordonnez amp;nbsp;frctillans.En a-prcs il me vient en mémoire qu’il n’y a rien fl haut amp;nbsp;mal aife qu’on nepuiffe fur monter en fc parforçantipartat qu’il faut mettre fon cfpolr amp;nbsp;fccours^en patience amp;nbsp;fermeté de courage amp;nbsp;exercer ma famille par trauail continuel amp;nbsp;que la bôté de Dieu afsiftcraàvnc telle atfeéfion amp;nbsp;entreprife. Parquoy nous-nous fommes tranfportez en vnc Iflecfloignee de terre ferme d’enuiron deux lieues, amp;nbsp;là i’ay ê 5
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choifi Heu pour noftre demeure, afin que tout moyen de s’enfuir eftât ofté,iepeuf-fc retenir noftre troupe en fon dcuoir, Si pource que les femmes ne viendroyent point vers nous fans leurs maris, l’occa*-fion de forfaire en ceft endroit fut retrâ-chee. Ce neâtmoins eft aduenu que vingt t fix de nos mercenaires eftâs amorfez par I leurs cupiditez charnelles ont confpiré de me faire mourir. Mais au iour afsigné pour l’éxecution,l’entrcprife m’a efté rc-uclce parvn des complices au mefme in-ftant qu’ils .venoyent en diligence pour t m’accabler.Nous auons cuite vn tel dan- i gcrpar ce moycn:ccftqu’ayantfaitarmer ’ cinq de m.cs domeftiques, i’ay commence i d’aller droit contre eux:alors ces confpi-ratcurs ont efté faifis de telle frayeur Sc eftonnement, que fans difficulté ni refiquot; ftance noiis'auons empoigne Sf enprifon nequatre dos principaux auâçiirs du cô plot qui m’auoyent efte déclarez.Les autres cfpouuâtez de cela laiflans les armes fc font tenus cachez. Le lendemain nous en auons deflié vn des chaînes, afin qu’eu plus grandediberté il pcuftplaidcr fa eau ; fe , mais prenant la courfe il feprccipita dédis la mcr amp;nbsp;s'eftouffa. Les autres qui reftoyent eftans amenez pour eftreexaminez, ainfijiez comme ils eftoyent ont Je leur bón grc fans queftion declare ce j
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que nous avions entendu par ccluygui les auoit accufez.Vn d’iccux ayât vn peu auparauât efté chaftié de moypour auoir eu affaire aucc vnc putain s’eft demôftre de plus mauuais vouloir,amp;a dit que Iccô mencement de la coniuration eftoit venu de Iuy,amp; qu’il auoit gagné par prefens Ic pere de la paillarde, afin qu’il le tiraft hors de ma puiffance fi ie le preffoy de fc abftenir de la compagnie d’icelle. Ceftuy là a efté pendu amp;nbsp;cftranglc pour tel forfait : aux deux autres nous auons fait grace en forte ncantmolns qu’eftans en-chaifnez ils labourent la terre : quant aux autres ie n’ay point voulu m’informer de leur fautcann que l’ayant cogneue amp;nbsp;auerce ie ne la laiflaffe impunie , ou fi i’cnvoulois faire iufticc, côme ainfi foit que la troupe enfut coulpablc,il n’en de-mouraft point pour paracbeuer Foruure par nous entreprins. Parquqy en difsi-mulant le mefeontentemet que i’cn auois nous leur auons pardonne la faute, amp;nbsp;à tous donné bon courage ; ce neantmoins nous ne nous fommes point tcllemen-t affeurcz d’eux que nous n’ayons entoure diligece cnquis amp;fondépar les avions amp;nbsp;deportemens d'vn chacun ce qu’il a-uoit au cœur. Et par ainfi ne.les cfpar-gnant point, mais moy-mefmes pre-fent Içs faifant trauailler, non feulement
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nous auos bouché Je chemin à Jours mau vais defleins, mais aufsi en peu de temps auons bien muni amp;nbsp;fortihé noftre 111e tout à l’entour.Cependant félon la capacité de moncfprit ieneceffois point de les admonnefter amp;nbsp;deftourner des vices, amp;nbsp;les inftruirc en la Religion Chrcfticn-ne , ayant pour ceft effet eftabli tous les iours prières publiques foir amp;nbsp;matin, amp;nbsp;moyennant tcldcuoir amp;pouruoyâcc nous auons paflc le leftc de l’année en plus grand repos . Au refte nous auons cftédcfliurez d’vn tel foin par la venue de nos Nauircs. Car là i’ay trouué perfo nages dont non feulement ic n’ay que fai FC de me craindre, mais aufsi aufqucls ie mepuis fier de ma vie. Ayant telle commodité en main , l’en choifi dix de toute la troupe,aufqucls i’ayremis la puiffance amp;nbsp;auélorité de commander,de façon que d'orefenauant rien ne fcface que parad-uis deconfeil, tellement que fi i’ordon-» nois quelque chofe au prciudicc de qucl-qu’vn il fut fans effet ni valeur s’il n’c-ftoit auétorlzc amp;nbsp;ratifie par le confeil. Toutesfois ic me fuis referué vn point, c'eff que la fentence eftant donnée , il me foit 1 oifible de faire grace au malfaiôfcur en forte que icpuiflc profiter à tous fans nuire à perfonne . Voila les moyens par lefqucls i’ay délibéré de maintenir amp;def-fendre
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1 fendre noftre eftat amp;nbsp;dignité. N oft re Seigneur lefus Chrift vous vueillc deffen-dre de tout mal, aucc vos compagnons, vous fortifier par fon efprit, amp;nbsp;prolonger voftre vie vn bien long temps pour l’ouuragc de fon Eghfc. le vous prie fa-luer affeftueufement de ma part mes tref chers freres amp;nbsp;fideles, Cephas amp;nbsp;de la Flechc.Dc Colligny en la France Antar-ftiquele dernier de mars 1557-
Si vous eferiuez à Madame Renée de France noftre maiftrefe, ie vous fupplie la faluer treshurablement en mon nom.
Il y a encores vne autre claufc à la fin eferite de la propre main de Villcgagnô, laquelle,par ce que ie l alcgueiay contre luy mefme au fixicme chapitre de celle hiftoire afin d’obuicr aux redites i’ay rc- P^-79* traché en ce lieu. Mais quoy qu’il en foit puis qu’il appert fi manifeftemêt que rié plus par cefte lettre que cotre vérité The 1 / .
^‘^ ^'^ Cofmographie que”* ^ ' nous autos efté auteurs d’vne feditiô au Fort deColigny(veu qlors qu’elle aduint nous n’y eftions pas encores ) c’eft mer-ueille neantmoins de ce qu’il ne fepeut faoulcr d’en parler.Car outre ce que def-fus ; cefte digrefsion luy plaifttant que quad il traite de la loyauté des Efeoffois
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accommodant ccftc bourde à fon propos il en parle encores de cefte façon.
Torn. 2 Iiu.i6. cha. 8. fo-óó^j
■La fiielité iifj^uels tay atiJJî commue efi certain nombre de ^enitlt- hommes CZ foidati nous accofnpa^ansfir nos nautres encespay^ lointains de ia France yintarbüi^ue^pour cer^ tatnes conmrations faites contre nofire campa-gnie de Francots normands,lefynels pour ente/t sire la langue de ce peuple SauKageamp;Barbaret ^ui n'ont pre/^ucs point de raifén pour la bru-talite'(jut e/i en eux auoyent intelligence, pour nous filtre mourir tous aiiec deux B^itelets dit pays aufipiels ils auoyent promis ce peu de biens guenons autons.Maïs lefidits E/cojfbisen efiaS aduertis defiouurirent l’entref/rifi aufeigneur de Zltllegagnon Cf à moy auffi j duquel fait fi- . rent tresbten chafiie'll^ces impofieurs,auffi bien que lesiijllinifires que Caluiny auoit enuoyei qui beurent z'n peuplui que leur fioul efiatis comprins de la confitration.
Derechef Theuet entaflat matières fur maticrcsjs’cmbarairât de plus en plus,ne fcait qu’il veut dire en ceft endroit : car méfiât trois diucrs faits cnfcblc,dôt l’vn toutesfois faux Sc fuppofcparluy lequel i’ay ia refute, amp;nbsp;deux autres aduenus en diucrs tcps,tant s’en faut encores que les Efeoffois luy tuflent reticle la côiuration dont 11 parle à prefent, qu’aucontraire, comme vous auez entendu, luy eftant du nombre de ceux aufqucls Villegagnon repro- j
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reprochoit qu’ils s’en eftoyent retournez en Egypte,c'eft à dire (eftant vray fcnibla blequc tous luy auoyent fait protnefTe auant que fortir de France de fe renger à la religion reformée , laquelle il difoit a vn chacun vouloir cftablir ou il allait) àla Papauté , il ne fut non plus en ce fécond amp;nbsp;vray danger, qu'au premier imaginaire amp;nbsp;forgé en fon cerucau.
Touchant le troifiemc,contenant qu'il y eut des fediticux compagnons de Ri-chier qui furent exécutez amp;nbsp;leurs corps dónezpourpaftureaux poiflonsiie diauf fl que tant s’en faut que cela foit vray, de la façon que Theuet le dit,qu’au contrai-rç,ainfi qu’il fera vcu au difeours de celle hiftoirc , combien que Villcgagnon depuis fa rcuoltc de la Religion nous fit vn très mauuais ttaitement, tant y a que ne fe fentant pas le plus fort, non feulement il ne fit mourir aucuns de noftre compagnie auant le partement d.u ficur du Pont ) noftre couduéteur amp;nbsp;de Richier,aucc lef quels ic rapaftay la mer, mais aufsi ne nous ofant ni pouuant retenir par force, nous partifmes de ce pays là auec fon cô-gé : frauduleux toutesfois, comme ic di-ray ailleurs.Vray cft,ainfi qu’il fera aufsi veu en fô lieu, que de cinq de noftre trou pc qui après le premier naufrage que nous cuidafmes faire cnuiron huit iours
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nerent dans vncBarquè en la terre des Saunages ) il en fit voircment crucllcmct amp;nbsp;inhumainement précipiter trois en mer:nô toutesfois pour aucune fedition qu’ils eulfent entreprifc ) mais , comme l’hiftoire qui en eft au liuredcs martirs de noftre temps le tcfmoignc,pour la cô-fefsion de l’Êuangilc que Villcgagnon auoit reiccté.Dauanrage commeTheuet, ou en s’abufant,ou malicieufement dit qu’ils cftoyent Miniftrcs , aufsi encores en attribuant à Caluin l’cnuoy de quatre en ce pays là,commct-il vn autre double faute. Car en premier lieu les efieftions amp;nbsp;enuoy des Pafteurs en nos Eglifes fc faifans par l’ordre qui y eft eftabli:afla-üoir par lavoye des Confiftoires', amp;nbsp;de plufieurs choifis amp;nbsp;audorifez detoutle peuple , il n’y a homme entre nous quij. comme le Pape,de puiffâce abfolucpuif-’ fc faire telle chofe. Secondement quant au nombre,il ne Ïc’trouuera pas qu’il paf faft en ce temps là , amp;nbsp;croy qu i! n’y en a pointcu depuis »plus de deux Miniftrcs en l’Amérique,aftauoir Richicr amp;nbsp;Chartier. Touttsfois fi fur ce dernier article, amp;nbsp;fur ccluy de la vocation de ceux qui fu rent noyez , Theuet répliqué que n’y regardant pas de fi près il appelé tous ceux qui cftoyent en noftre compagnie miniftrcs
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roiniftres : ieluy rcfpond , que tout ainfi qu’il feait bien qu’en l’Eglifc catholique Romaine tous ne font pas cordeliers conic luy, qu’aufsi fans faire comparaifon, nous qui faifons profefsion de la Religion Chrefticnne amp;nbsp;Euangelique, n'eftâs pas rats en paille, comme on dit,ne fom-mes pas tous Miniftres.Et au furplus par ce que 1 heuet ayant aufsi honorableméc qualifé R ichier du titre de Miniftrc,que fauflement du nom de Séditieux (luy cou cedant cependant qu'il a vrayement; quitte fon doftoral Sorboniquc ) fcpourroit fafcher,qu’en recompenfe en luy refpon-dit ie ne luy baille autre titre que de Cor dclienie fuis content pour le gratifier en cela,de le nommer encor, non feulement fimplcmcnt Cofmographc,mais qui plus efi li général amp;nbsp;vniuerfcl,que comme s’il n’y auoit pas affez de choies remarquables en toute cefte machine ronde , ni en ce monde ( duquel cependant ilcfcritce qui y eft amp;nbsp;ce qui n’y eft pas) il va encore outre cela rechercher des fariboles au Royaume de la lune pour remplir fcs livres amp;nbsp;augmenter les ceuutes de contes de la Cigongne.Dequoy neantmoins come François naturel ialoux de l’honneur demon Prince, iefuis tant plus marri, que non feulement ccluy dont ie parle e-fiant enflé de ce titre deCofmographe de
-ocr page 30-Roy en tire argent amp;nbsp;gages fi mal emplo ycz,niais qui pis eft qu il falle par cemo-ff^nH^ yen que des niay ferles indignes d’eftre couchées en vne fimple mifsiue foyent couuertes de l'autorité amp;nbsp;nomRoyal. Au refte afin de faire fôner toutes les cordes qu’il a touchées, cobic que i’eftirneindigne de refpócc ce que pour môftrer qu’il inefurc tous les autres à l’aune amp;nbsp;àla rei glc de S. François duquel les freres mineurs mettentamp;fourrcnt tout dans leurs befaces il a ietté à la trauerfe que les pre dicans , comme il parle,eftans arriuez en l’Amérique ne tafehans qu’a s’enrichir en attrapoycnt ou ils en pouuoyct auoir: puis toutefois que cela,ainfi qu’on diteft fciémêt amp;nbsp;de gayeté de cœur attaquer l’e fcarmouche contre ceux qu’il n’a iamais veucn l’Ameriq.ni reeen d’eux defplaifir ailleurs , eftant du nombre des deffendâs il faut qu’en luy reiettant les pierres que il nous à voulu ruer en fon iardin, iedef couurc quelque peu de fes autres frip-£erics.
Premièrement, pour lecôbattrc touf-iours de fon propre ballon , que rcfpon-cha.i- dra-il furce qu’ayant dit du commence-menten mors exprès en fon liure des Sin ^iu.ai. gularitcz,ç'«’lt;7nede/neHr/i ^ue^.inurtauÇ^j) ^^s.- 2^. de Frie, il a neantmoins eferit depuis en fo- 913 fa Cofmographic,5'«’»7 Yfeiourria^Meltjuet mois^
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won? au moins flau fingulicr il euftdic vn mois , amp;nbsp;puis ladeflus faire accroire que les iours de ce pays là durent vn peu plus d’vne fepmainc, il luy euft adioufté toy qui euft voulu : mais d’eftendre lefc-iour de trois iours à quelques mois fous correftion, nous n’auons point encores apprins que les iours, plus efgaux fous la Zone Torride amp;nbsp;près des T topiques qu’en noftre climat, pour cela fe tranf-muentenmois.
Outre plus,pcfant toujours esblouyr les yeux de ceux qui lifcnt fes ccures,no-nobftant que ci deflus par fon propre tef moignage i’aye môftte qu’il ne demeura en tout qu’enuiron dix fepmaines en l’A merique: affauoir depuis le dixième No-uembre 1555- iufques au dernier de lan-uier fuyuant, durant lefquellcs encores (comme i’ay entendu de ceux qui l’ont veu par delà ) en attendant que les Naui-rcs ou il reuint fuffêt chargées,il ne bougea gueres de Ville inhabitable ou fe
1 fortifia Villegagnon , fi eft ce qu’à l’ouyr i difeourir au long amp;nbsp;au large vous diriez l qu’il a, non feulement veu, ouy amp;nbsp;remar ’ que en propre perfonne, toutes les cou-ftumes amp;nbsp;manières de faire de cefte multitude dediuers peuples fanuages qui ha bitet cefte quarte partie du monde, mais qu’aufsi il a arpenté toutes les contrées
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de l’Inde Occidétalc:! quoy neintmoinï pour beaucoup de raHoni la vie de dix hommes ne futhroit pas. Et de fait combien qviC)tant à caufe des lieux deferts Ü inaccclsiblcs, q poui la crainte des Tldar ^aiM ennemis iurez de noftrc nation, 1« terre defquels n’eft pas fort efloignee du lieu ou nous cftions,il n’y ait Iruchc-ment François , quoy qu’aucuns y ayeht demeure neuf ou dix ans i qui fc voulut vante r d’auoir efte quarante lieues auant fur les terres (ie ne parle point des naui-gations lointaines furies riuages) tant/ a que I hcuct dit, auoir efie /àtxanteiteu'éi ;
Liu.ti cr d’auanta^e auec des/auua^ex cheminanl ch a. 17 tours i^ nuits das des bots e/fats amp;nbsp;teffusfant p-i-95^ tamais auoir trouve' defies ^ui tafihafi à let offencer. Cequeiccroy aufsi fermement quant ace dernier point,affauoir qu’il ne fut pas lors en danger des beftes fauua-ges , comme ie rn’aifeurc que les cfpineJ ni les rochers ne luy cfgratinerent guc-rcs levifage ni gafterent les pieds en ce voyage.
Mais fur tout qui ne s’esbahira de ce liu a ‘l'^ ayant dit quelque part, qu il fut plus cet ^j^^' tain de ce qu'lia e/ent de la manière de viure ‘ ^ des Saunages adirés /pu ileufi apprtnt àparlei P^’ ^^^ leur lan^a^e, en fait ncantmoins ailleurs Ü mauuaife preuue,que P.*,qui en cefte Jart guc Brcfiliennc veut dire ouy, eft par luy
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expofe amp;nbsp;vous aufsi? De façon que corne p ie monfticra/ ailleurs le bon amp;nbsp;folide iu ^® gementque Theucta euen eferruât que ”?^ *“* auant l’inuention du feu en ce pays là,il y^ l auoit delà fümee- pour feicher les vian-P^'^^ des, aufsiallegua.it ceci en ceft endroit pour cfchantiHôn de fa fuffifance en l’in ' ^^^^^ tclligence du langage des Saunages , it n^^-^n laiffe à iugn fl n’entendant pas c’eft Ad- ^' * Uerbe afiî'rtnarif,qui n’eft que d'vue feule f-l’â fyllabe il n’a pas aufsi bonne grace de fe vanter de l'auoir apprins queccluy qui l«y a reprotlici qu’apCt s auoir fréquenté quelques liiôis p. ’'mi deux ou ti ois peuples , il a reiuatlié ce qu’il y a apprins de mots ohfcürs K etfroyabies au a matière dente quad il veira ce que if di ici. Partant,fans voùi cil enquérir plus .luâr,f ex vous en 1 heuct de tout ce que ccinfufc-■ment amp;nbsp;fans Ordre il vous gergonnera au vingtvnicme liurcdcfa Cofmographie de lalangue dtfs Ameriquains,amp; vous affûtez qu’en parlent de M^tir morne» Se Aferfocht 11 vous en baillera des plus S'crtes amp;nbsp;plus cornues.
Que dirons nous aufsi de ce que s’ef-carmouchant fi fort en fa Cofmographie contre ceux qui appelent celle terre d’Amérique, Inde Occidentale, à 1 aquelle il veut que le nom de France Antarélique qu’il dit luy auoir premièrement impofé î
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Sirg- demeure,combien qu’aiUcurs il attribue chap.i ccfte nomination à tous, les François qui pag- 2' arriueieut en ce pays làauccVilJcgagnô, lig'5°quot; i a toutcsfoisluy mcfmc enpluficurs endroits nómecIndeAmerique.Sómc quo/ qu’il ne loit pas d’acord aucefoy-mefme, tantyaqn'à voiries ccnfurcs,corrcdiôî ! amp;nbsp;refutations qu’il fait des ocuurcs d au-truy on diroit, que tous ont efté nourris dûs de bouteilles,amp; qu’il n’y a que Je fcul Theuet qui ait tout veu par le trou de fâ chaperon de cordelier. M’affurantbien nicfnic que lien lifant ccfte micne biftoi- . re il y voit quelques traits des chofes qu’il auratellcmentqucllcniét touchées» J qu’incontinent,félon l’opinion qu’il atlf luy,amp; fuyuant fon ftilc accouftumé il di-ra:ha tu m’as defrobccela en mes eferits« Et de fait fi Belle Foreft, non feulement Cofmogtaphe c5me luy , mais qui oufK cela à fa louange auoit courôné fon liuff des Singularitcz d’vnc belle Ode, n’* peu neâtmoins efehaper que par mefpris il ne l’ait appelé vne infinité de fois en fs Cofraographic,panure PhiJofophc,pau-ure Tragique, panure Comingcois,puis di-ie qu’il ne peut fouffrir qu’vn perfon-”3gquot; 4“* mefme au rcfteaufsi à propos que luy s’eftômaque fi founent contrées huguenots luy foit parangonne, que doj ic attedre moy qui aucc ma foible plus”?
ay oK,
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J'
ayofc touchér vn tel CollolTc? Tellemét que m eftant aduis,quc cóme vn Goliath me maudurat par fe* djcux,ic le voyc def iamórcr fiirfcsErgots,ie nc doute point, quad 11 verra que le luy ay vn peu ici def-couuert fa merceries qù’tn haailUt pour m’engloutir il Ae fulmine à l’encontre de moy amp;nbsp;du petit labeur que ie mets en a-uanc. Mais quad bien pour me venir cô-battre il deuroit faire i effufeiter ^jwmit iiiif be^ucMCC fcs deux pieces d'artillciiesTîîr’ ' fcs deux efpaules toutes nues (corne d’vue fa'çon ridicule , penfant faire accroiic que ce Saunage fans crainte de s’efeor-cher , ou pluftoft d'auoir les efpaules toit tes entières emportées du reculemêt des pieces,tiroit en cefte forte,il l’a aitifi fait peindre en faCofmographie)tant y a que y°y^^ outre la charge qu’en le repouffant ie luy ’^•^^* ay ia faite , encores deli'oeray ie, non feu P^'95^ lement de l’attaquer ci apres en paffant, mais qui plus eft l’affaillir fi viuement queie luy racleray , amp;nbsp;reduiray à néant cefte fuperbe v i l l e-h e n R y laquelle fantaftiqucmcnt il nous auoit baftic en Pair en 1’A.mcrique . Mais en attendant
• e * nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;„ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;en ce-quc le race mes approches , amp;nbsp;que puis ^^^ j^^ qu’il eft aduerti, il fe prepare pour foufte ƒ nir vaillamment l’affaut ou fe rendre , ie P prieray les Icftcurs qu’en fe reffouuenâi , de ce que i’ay dit ci deffus que les impo-
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fiures JeTheuct contre nous ont cÆc caU fc en partie de nie fane mettre ccRc hi-ftoirc de noftre voyage en lumière ils me exeufent frencefte pjeßec 1 ayant con-uainçu par fes propres eici its , l’ay efte vn peu long à le rcniDanei.
•, Semblablement amp;nbsp;tout d vn ftl,ieprie que nul ne fe fcandalizc de ce que,comme li ic voulois rcfueiilcr les moi esi ay nar rc en celle hiftoire quels furent les depof temens de Villegagnon en fAmeriquo pendanfque nous y cllions:car ou fie que cela eft du fuict que ie me fuis principa-Icmcnbpropofe de traiter, aflauoii mon-ftrer à quelle intention nous fifmes ce voyage,ie n’en ay pas dit à peu près de ce que i’culle fait s’il cftoitdc ce teps en vie.
Au furplus pour parler maintenant de mon fait,parce premièrement que la Religion eft l vn des principaux points qui fe puiffe amp;nbsp;doyuc remarquer entre les hû nies, nonobftât que bien au long ci après au i8. chap. ic declare quelle eft celle des Tououj'tfj^aotilis Sauuagçs Ameriquairs félon que ie l’ay peu comprendre, toutef fois d’autant que,comme 11 fera la vcibie commence et propos par vne difticultc dont ic ne me puis moy-mcfmc allez ef- ! inerucillcr, tant s’en faut que ie la puilTe ( fl entièrement refoudre qu’on pourroit bien délirer,des maintenàt ic ne laifteray d'en
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d'en toucher quelque chofc.Ïediray döc qu’ccores que ceux qui ont le mieux parlé félon le fens commun ayent non feulement dit: maisaufsi cogneu, qu’eftrc hô-luc,8c auoir ce fentiment, qu’il faut donc dcfpendt c d’vn plus grand que foy, voire que toutes creatures font chofes tellement coniointes l'vnc aucc l’autre, que quelques différents qui fc foyettrouuez cnla manière de fcruirà Dieu, cela n’a pfeu renuet fer ce fondemet que l’homme naturcllemêr doit auoir quelque Religio vrayc ou fauflé.ficlf ce ncantmoins qu’âpres que dvn bon fens rafsis ils en ont ainfi iuge, qu’ils n'out pas aufsi difsimu-lé , quand il eft queftion de comprendre à bon efcient à quoy fc renge plus volon tiers le naturel,de l’hôrac en ce deuoirde Rcligiô qu’on appcrçoit volôticrs eftre vray ce que le Poète latin a dit affauoir: l'appétit bnuiUant en l homme
Hjt fin principal ^Dicn enfiomme.
Ainfi pour appliquer, amp;nbsp;faire cognoi-ftre par cxcpfc,ces deux tefmoignages en nos Saunages Ameriquains, il eft certain en premier licù , que nonobftant ce qui leur eft de particulier il ne fc peut nier qu’eux cftans hommes naturels n’ayent aufsi cefte difpofitlon ^inclination coin mune à touszaffauoif d’appreheder qucl-1 que chofe plus grade que l’homme, dont
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depend Ie bic amp;nbsp;Jc mal, tel pourlemoinf qu ils fc l imaginct. Et à cela fc rapporte l'honneur qu’ils font à ceux qu'ils nomment Caraïbes , dont nous parlerons co fon licujlcfqucls ils cuident en certaines faifons leur apporter le bon heur oui« malheur. Mais quant au but qu’ils fe pro pofent pour leur contentement lit fouuc rain point d’honneur, qui eft, comme ic monArcray parlant de leurs guerres amp;nbsp;ailleurs , la pourfuite amp;nbsp;vengeance de leurs cnncmisireputans cela à grand glol rc tant en celle vie qu’âpres icelle l tout ainfi qu’en partie ont faitlcs anciens Ro mains) ils tiennent telle vengeance amp;nbsp;vi-étoires pour leur principal bien: bref félon qu’il fera vcu en celle hilloirc, au regard de ce qu’on nomme Religion parlt; mi les autres peuples, il fc peut dire tout ouuertement que non feulement ces pau urcs Sanuages n’en ont point, mais aufsi s’il y a nation qui foit amp;nbsp;viuc fans Dieu au monde que fc font vrayemet eux.Tou tesfois en ce point font ils peut dire moins condamnables : c’cll qu’en ad^ nouant amp;nbsp;confclfant aucunement leur malheur amp;nbsp;antuglilicment ( quoy qu’ils ne Tappt ehendent pour s’y dcfplairc ni y chercher le remede quand mefme il leur cllprefcntc) ils ne font fcmblant d’eftre autre que ce qu'ils font.
Tou-
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Touchant les autres matières, les font maires de tous les chapitres mis au commencement du Jiure monftreront affez lt;juclles elles font: cômeaufsi le premier chapitre declare la caufc qui nous meut défaire ce voyage en l’Amérique. Ainü î’aduertiray qu’ayant feulcinét mis cinq « diuerf^figu£es_d’hommcs Saunages en*»^* cefte première edition: à la féconde, fi le liure eft bien receu, nous en adioufterôs plufieurs non feulement de forme humai neamp;dechofes concernâtes les meurs amp;nbsp;façons de viuredes Ameriquains , mais aufsi d'animaux à quatre pieds,d’oifcaux poiffons,arbres,herbes, fruits, racines, amp;nbsp;autres chofes de ce pays là,qui non feule ment font rares mais aufsi du tout inco-gneues par deçà.
Au refte, n’ignorant pas le dire commun : aiïauoir parce que les vieux amp;nbsp;ceux qui ont efté loin, ne pcuuent e-ftre rcprins, qu’ils fe licentient amp;nbsp;donnent fouuent congé démentir: ie diray la deffus envn mot, que tout ainfi que i’hay la menterie 8è les menteurs , que aufsi s’il s’en trouue quclcû qui ne vueil-le adioufter foy à plufieurs chofes voirc-ment effranges qui fe liront en cefte hi-ftoire, qu’il fache quel qu’il foit que ie' ne fuispas pour cela délibéré de le mener fur les lieux pour les luy faire voir. T cl- » î 4
-ocr page 40-lement que ie ne m’en donneray nonplus de peine que ic fais de ce qu’ô m a dit que aucuns doutent de ce que i’ay efctiiamp; fait impi imtr pai ci déliant du fiegc Jede Ja famine de Saneer; e: laquelle cependât (corne il fera veu ' ic puis allurer n auoir encores tfté fi afpic» bien plus longue JOutesfois , que celle que nous endu-rafmes Tm mer au voyage dont eft quc-ftiô à noftre retour en f iance.Car ficcux dont ie parle n’adiouftcnt foy ace quia efté fait amp;nbsp;pratiqué au milieu amp;au centre de ce Royaume de France, au veu amp;nbsp;fccu de plus de 5oo.pcrfóncs encores viuâtes, cornent croyront ils ce que non feulemét ne fe peut voir qu’âpres de deux mille lieues loin du pays ou ils habitent, mais aufsi chofes fi efmcrucillablcs,amp; non ia-mais cogneues ni eferites des Anciens» qu’àpcine l’experience les peut elle en-graueren l’entendement de ceux qui les ont veucs?Et de fait ic n'auray point honte de dir', que depuis que i’ay efté en ce pays d Amérique auquel prefques tout ce qui fe voit, (oit en la façon de viurc des habitans,ou en la forme des animaux ,amp; en general en ce que la terre produit, c-Rant diffcmblablc de ce que nous auons en Europe, Afie,amp; Affrique, peut bien c-ftre appelé vn mode nouucau à noftre c£-gard, fans approuuer les fables qui fe li-fent
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fentcs Hures de plufieurs refqueh fefias aux rapports qu'on leur a fait ou autrc-mét,ont eferit des chofes du tout fauflcs, ie me fuis retraéle de l’opinion que i’ay autres fois eue de Pline amp;dc quelques au tres,dcfcriuans les pays efttanges, parce que i’ay veu des chofes aufsi bigcircs amp;nbsp;prodigieufcs qu’aucunes qu’on à tenues incroyables dont ils font mention.
Pour l’efgard du ftile amp;nbsp;du langage,cô me i ay ia touché ci deuant, confclfant mon incapacité, en cell endroit, ie fcay hic,pou r n’auoii vfc de phrafes ni de ter mes allez propres amp;nbsp;fignihans pour bien reprefenter amp;nbsp;expliquer tant l’art de na-uigation,qu’autres diuerfcs chofes dont ie faits mention que pluficurs ne s’en cô tenteront pas: amp;nômément nos François qui ayans les oreilles tant délicates,^ ay mans tat les belles fleurs de Rhétorique n’admettent ninereçoyuét nuis cfcrits, finon aucc mots nouucaux amp;bien pinda-rifez.Moins encores fatisferay-ie à ceux quieftiment tous Hures , non feulement pueriles, mais aufsi flcrilcs ,finon qu’ils loyent enrichis d’hiftoircs ^d’exemples prins d’ailleurs. Car combien qu’à propos i’en euffe peu appliquer pluficurs es matières que ie traite,tât y a, qu’excepté l'hiftorien des Indes Occidentales lequel lyant eferit beaucoup de chofes des In-
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diens du Peru amp;nbsp;d’autres nations de ce J pays là , conforme à ce que ic di de nos ' Sauuages Ameriquains,i’alleguc fouucr, ic ne me fuis que bien rarement ferui des autres . Et de fait à mon petit iugernent, vnc hiftoiic, fans eftre tat parredes plumes d'autmy, eftant aifez riche quad elle eft replie de fon propre furet, outre que cela fait que pour le moins les Icétcurs n’extrauagans point du but prétendu par l’auôlcur qu’ils ont en main, compte net mieux fon intentrô, ic me rapporte à ceux qui lifent les liurcs,qui s’imprimée io,urnel]cmcnt,tant des guerres que d’au très chofcs,fi la multitude des alJcgatiôs | des autres auteurs , quoy qu’ils foyent adaptez aux matières dont il eft queftion ne les cnnuyent pas. Surquoy cependant afin qu’on ne m’obiefte qu’ayant reprins ci deflus Thcuct,amp;condamnant ici quelques autres ie commet neantmoins moy-mcfmc telles fautes : fiquclqu’vn trouue mauuais quad ci apres ic parlcray des façons de faire des Sauuages , commefiic i me voulois faire valoir ,i’vfc fi fouuent de cefte façon de parJci :ic vis5ic me trou uay, cela m’aduint amp;nbsp;chofes fcmblables: ic di qu’outre ainfi que i’ay touché ; que ce font matières de mô propre fuictquc cncorcs,commeon dit,eft ce parler de fci encc: voire diray, de chofes que nul n’a , pofsible
-ocr page 43-PREPACK.
pofsiblc iamais remarquées fi auant qu® moy,moins s’en trouuc il rien par efcrit. Tentens toutesfois non pas de toute l’Amérique en general» mais feulement de l’endroit ou i'ay demeure cnuiron vn an: affauoir fous le Tropique de Capricorne entre les Saunages nommez Tououpinam-bMults . Finalement i’affure ceux qui ay-ment mieux la vérité dite fimplcmct,que le menfonse orne amp;nbsp;fardé de beau langa-ge5qu’ils trouucront en ceftebiftoire les chofes que i’y propofe,non fculcmct véritables, mais aufsi aucunes, pour auoir efté cacbecs àceux qui ont précédé noftre fiecle,digncs d’admiration. Priant rEter nel auteur amp;nbsp;conferuatcur de tout ceft vniuers.Sc de tant de belles creatures qui y font contenues que ce mien petit labeur rcufsifTe à la gloire de fon fainft Î^çm, Amen.
-ocr page 44-SOMMAIRE DES C H A P Î-très de ceft hiftoirc de l’Amérique.
C H A P. I.
Du »jofifamp; occaj^on lt;^((1 nous fit entrepftfi' dre ce zgt;9yu^e,en Zu terre du B refil. pair, i.
CH A P. IL
De nofire emharquewëe au part d F/oufi'ur pays de IVormatrdte • efjfimhle des tartnentes, reucontresypriufis de T^ autres, fgt; premteret terres (ÿ'I^es guenons defieuurifiees- pa^.ç.
C H A P. 111.
Des ’Bouiresy tt^d/haceres, Dorades, Adar-' fiouTus, DotJfijnsvolans, amp;nbsp;autres deplufieurt firtes, ^ue nous -vifines (^ prinfines fim la /t ne Dorridepa^.z^f,.
CHAP. ITII. ,
Def Equator,ou Itane Eijuinoldiale: enfim Irle des tempefies, inconfiances des vent f, pluye tnß'Se, chaleurs, fetfi, amp;nbsp;autres ineotnraoditeT!^ ^ue nous eufines, amp;nbsp;endurafitnes aux enuirom amp;fiius icelle.part.^y,
CHAP. V.
Deficuurement dr premiere veue ^ue nous ruâmes,tant de l’lnde Occidentale ou terre du Brefil^ue des Saunages hahitans en teeUe: a-uec tout ce ^ui nous aduint fitr mer , iuj^ues fious le Eropiiju^ de fi'apricorng-pa^.4^.
C H A P. VL
De nofift deficente au Eort de CoUigni » en la terre
-ocr page 45-la terre du Breßl:du recueü tjue nom y fie T^i^ ^^1‘t^tiâii 0“ défis comporte/ttetts tantaufiiit de la B^Ufiou lt;^a autres parties defion^oauer »ementeHcepaysla-pa^ 6i.
C H A P. Y IL
l^efiriptien de.la rtuiere de Çatiabara au~ trement dite uenevre:de l Ifle c/ pirt de CoUi^ ^tj ^uifutbafii en iceUe'. enfimttle des autres Ifies lyatjim e'î enutrans-pa'r. ç/.
C H A P. V i 11
Du naturel fircefiature-inudite'filfiofitiea amp;nbsp;parement du corps gt;nbsp;tant e'.es hcgt;nn,et, ^ue des femmes Saunages Brefi.’tens » habitans en l A miriqHe,eMre lefi^uels s'ayfi-etpueme' enut-ronvnan.pag.iQS.
CHAP. IX,
Des großes racines,GTgr os mil dont let Sau fraget fins farine, quilt maget au Iteu de paim (^ de leur bruuage qu'ils nomment ßauuin. pagA^t,
CHAP. X.
Des t^nimauXi'Venaifi/ns.gros Lefardst Serpensi amp;nbsp;autres befies monfirueufes de P^Ab merique. pag.ïso.
CHAP. XI.
De lavariete des oyjeaux de l'nyimerique, tous différents des nofires:enfemble des großes CJsauueßiurisi^f bei lies-, Moufi hest Aioufichil lonsydf autres vermines efiranges de ce pays là fag.‘67gt;
-ocr page 46-CHAP. XII.
D'aucuns poijfons plus communs entre fl Saunages de l'xlmen^ue .• cf de leur maniert depejcher.pa-i^f.
CHAP. XIII.
Des Arhres, Herhes iSr Fruits exquis ^Ut produit la terre du Brefl.pag.iÿ.^.
CHAP. XI II 1.
De la guerre, coigt;ats,hardi-Jfes » amp;nbsp;arrntt des Saunages de P -A meri^ue pa^.zif
CHAP. X V.''
Comment les n^rlmtri^uains traitent leuri prisonniers print en guerre, çf les ceremontet qu'ils ohferuent tant à les tuer ^u’à les manger
CHAP. XVI.
Cf ^u'on peut appeler “^fltgien entre lei Saieua^es ixltneri^uaim t deserreun ou certain! abufeun tjuilt ont entre eux nommez Caraïbe! les détiennent: ‘^ de la grande ignorance de Dteu ou de font plongez .pa^.z^ÿ.
‘ CH A P. XV II.
quot;Du mariage, T^oli^amie,^ de^refdecon-fanguinite', olfèruez par lei Saunage! : amp;nbsp;du traitement de leunpetite enfans- pan. 2^5.
C H A P. X V 11 1.
Cf ^uonpeut appeler loix (y police duile entre la Saunages-comment ils traitent dfre-cotuent humainement leurs amis oui les vont vif ter: Cf des grands pleurs ^ue les fimmesfini a leur arriuee gt;y bien venue.pa^. jo j.
CHAP.
-ocr page 47-CHAP. XIX.
Comment les SaHua^es fi traitent en leurt malaJies'.enfible Je leur Jepulture amp;frneraii lef.amp; des grande pieurs^u ils fint apres leurt morts.pao.j^i.
CH A P. XX.
Codo^j/ue de l entree Óquot; arriuee en la terra du 'Brefikentre lessens du pays nommel^Tett ouptnambaoults amp;nbsp;Touptnentjuin: en laneage Sauvage amp;nbsp;Francois.pag y^ï, CHAP. XXI.
De nofire defiartement de la terre du 3re-fil dite ai meriyue : enficmble des naufrages (fi autres premiersperib^ue nous efihapafinesfir tnerànofireretour.pag.iyy.
CHAP. XXII.
De r extreme famine,tormentes, (fi autres dangers d'où Dieu nous délivra en rapafiane en ïrance.pag. j ÿ j •
-ocr page 48-■. tin .
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-ocr page 49-D/VN VOYAGE, F^A IT
EN LA. TER RE pv B R E-' siT, àvtremeJnt pi-T E À M E ä I C^y E. ■ -
' ContenMt J/i nauitattott amp;nbsp;chifis remar-^Utib/cs/veues /ur wei^par l'auteur. Le eSpot^ tement Je K tü'tf^^agtitn' en ce. pait' là . Les ^(itrs (^^fabius Je' zntire efi range s • ties Sau^ fftiges AmerttfUittnsz. auec VK caUei^ue Je leur ^^^^[''Lnfimhiefsi tkjcrtpritin de plußeurs .Anttne^tXy ytrlires, fJerbes, Cf autres chofis fiitgtdtefes lif' du tourtneo^neues par de fa.
' fi?^ AjÉi- .^•r,-. lip a.b■ « •
^un^fifamp;'eitädßegt;iifui-}t^ßietfl?eprM-dfè ce voyageen /atetrUdn m^ßL • ^'- ’''’'- C ** ''■lt;■' i' . 'HOi .Hi uo 'gt;rjoiS n .
'A- V T A Nï;T qué lt;pjeL quci CwfnrtQgrapbes , amp;nbsp;au,-] L tve^ . iùfttjnçDs de noftre i tfpsi ort« ia eftnt.pac c,i4ß-, uant^dülalttgueuijlftr^eur, bcautcy]^ fcrtjliiéde.ceft« quatrième pat tié du mondeiappciée AtnQrjqüc*Qütert-re du-Rrefd r eifernblc der Ülcs pree!we amp;nbsp;terras coatinentffsà keUcxdu toutunp
-ocr page 50-HISTOIRE
cogixcaës aux anciens ; jnefraes de pl^' fleurs nauigatious quÜJt'fofnt Eûtes A' puis enuiron-oétante ans qu’cllelu^pK' miercment defeouuerte : fans m’arredef ’i traiterxeft argument au longfii en gC' neral , mon intention amp;nbsp;monfuictfeX* Imeatiou nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;n nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•
ati'^.x- de Iculemcnt aedarer en celte Hiitonf’ ce que fay pratique, ycu,ôuy amp;nbsp;obferut’, tant fur mer,en allant amp;nbsp;retournant,qu^ parmi les Sauuagea.Araeriquains , entre k’fquch l’ay frequente amp;• demeuré enui' ton vn an. Et afin que le tout fok mieu* cogneu amp;nbsp;entendu d'yn chacun,Commer çant par le motif qui nous fit enttepren' dre yn fi fafeheux amp;nbsp;lointain voyage, it diray bricuemêt quelle en fût Voccafion-
L'an M.. D, L V.'.yn, noimnic Villcg»' gnon Chcualierde Malte, autrementdt fe'i^vd l’ordre qu’on'àppcic dé faint lean de le* irix^nnit. .ru(ajcm, fe fafchanf.gi^Ffaneç, ^ mefnic ayant recçft, q^c^que Jnc.fçontçntcnieJtt en Bretagne, ou il fe tenoit pour !ors,fit Entendre en dîuers ändioits du RoyaU' me de France à pluftcu*rg notables perfon wages de toutes qualité*-, que -des lon^ tcfaïpsiil auoitnonfenjenn'ent Vp^ exfrf mc'tnuiei'de de renirorten quelle pay’ l-ointain, ou il pouftlibrcinct Ce.^rcmet Ecru-ità Dieu felonlirtformatiotn dcl’ï iiahgile,maii auTsi quétr.défit oit d’y pre parerJieu à ebux quts’y. voudroyent re
-ocr page 51-UR L A M E R I Q_V E. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;J
tirer pour cuitcr Jcs perfccutions qui cftoycnt de ce temps Ja en France pour le fait de la religion.
Déclarant en outré , tant de bouche à ceux qui eftoyent auprès de luy,q par les lettres qu’il enuoyoit à quelques partie« liers, qu’ayant ouy parler amp;nbsp;faire tant de bons récits à quelques vns , de la beauté, amp;nbsp;fertilité de la partie en l’Amérique, ap pclcc terre du Brcfil, que pour s’y habituer amp;nbsp;efteduerfon dclTcin» il prendroit volontiers cefte route, amp;nbsp;cefte brifce: amp;nbsp;de fait ayant fous ce beau prétexté amp;nbsp;bel le counerture gagné les cœurs de quelques grands Seigneurs delà religion reformée,lefqucls pour la mcfmc atfeftion qu’il difoit auoir,defiroycnt trouucr telle retraite,cntrc iceux feu d’heureufe me moire Gafpard de Goligny Admirai de g./p^^d France,bien veu,amp;bien venu qu’il eftoit lt;itcei,g„j auprès du Roy Henry 11. lors régnant, 'j,p'^„,t luy ayant pvopofé que Villegagnon fai- c^fi Je fant ce voyage pourroit defeouurir beau “ coup de richefles, amp;nbsp;autres commoditez pour le profit du Royaume, luy fit donner deux beaux Nauircs équipez amp;nbsp;four mis d’artillerie amp;nbsp;dix mille francs pour faire fon voyage.
Ainfi Villegagnon ayant aucc cela af-feurance d’eftre accompagné dcquelques perfonnages d’honneur (fous la pro-
A a
-ocr page 52-4 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTOIRE
nielle toutcsfois qu’il leur fit auant 4*^^ partir de France qu’il eftabliroit Icp^f feruicede Dieu où il rcfidcroit ) .aprc^ qu'il fe lut pourueu de Matclotz amp;nbsp;mt*' mes d'artilans qu’il mena aucc luy j ^^ ^^^S mois de May audit an i^’Ç^-U s’embarqô* fur mer ouil eut pfiTficurs tourmentes^ deftourbiers: mais en fin nonôbftant to** tes dificultez en Nouembre fuyuant“ paruint audit pays. ,
Arriuc’ qu’il y lut il defeedit amp;nbsp;fe pe*’' fia premièrement loger fur vn rocher^ Tcmbouclicurcjd’vn bras de mcrgt; our'' uicrc d’cau.falec»nommee par les SauuSquot; ges lt;janabara (. laquelle comme ie la def criray en fon lieu demeure par les vin? trois degrcz au delà l’Equator , afiauoit droit fions le Tropique de Capricorne) mais les ondes de la mer l’en chafferent' Ainfieftant contraint de fie retirer de b’ il s’aduança enuiron vnc lieue tirant f“^ , les terres,amp; s’accommoda en vnc 111e s'* paranant inhabitable , en laquelle ayant defehargé fionartillcric amp;nbsp;fies autres men bles,afin d’eftre en plus grande feurtc tat contre les Saunages que contre les Por-tngalois, qui voyagent amp;nbsp;ont iatantd^ forterefles en ce pays lazily fit commtcft de baftir vn Fort.
Or de là feignant toufiours de bruHtt de zclc d’anâcer le régne de Icfus Chrift
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amp; Icpcrfuadant tant qu’il poulicit à fcs ^,,;;,^^. gens, quand fes nauiics furent chargées rquot;”’*/'quot;quot; amp;nbsp;preftes de reuenir en France il eferiuif* S‘”f”^ amp;nbsp;cniioya dans l’vnc d’icelle exprefle-ment vn homme à Gencue, requerât l’E-glifc amp;nbsp;les Miniftres dudit lieu de liiy aider amp;dclc fecourir autât qu’il leur feroit pofsiblc en cefte ficnnc tant fainte entré prinfe.Mais fur tout, afin dt pourfuyürèl amp;nbsp;aduancer en diligeTTce l’œuure qu’il â^ uoit entreprins amp;nbsp;qu’il dcfifoit,difóit il,' de côtinuerde toutes fes forces, il prioitf inft,ammcnt non feulement qu’on luy enuoyaft des Miniftres delà parole dé Dieu: mais aufsi pour tant mieux reformer luy amp;nbsp;fes gens, amp;: nicfines pour attirer les Saunages à lacognoiflâce de leur falut, que quelques nombres d'autres perfonnages bien inftruits en la Religiô chreftieune accompagnaflent Icfdits Miniftres pour le venir trOuncr.
L’Eglilc de Gencue do'neques ayant reccu les lettres amp;nbsp;ouy fes nouucHes redit premièrement graces à Dieu de l’amplification du regne dt Icfus Ghrifted vn fl lointain pays, mefmes. en tcire'ft eftrange amp;nbsp;parmi vue nation laquelle t -» ftoit du tout ignorante le vray Dieu.
Et pouf fatisfairc à la requefte de Vil-
( legagnon , après que feu monficur VAd.: J, mirai auquel pour le mcfmc efted il a-'1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’
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uoit aufsi cfcrit, cut fohcité par lettres •7’Wt'r?' Philippe de Coi guilcrcv ficur du Pont quot;quot;tryir^ (qui s’enoit retire près Gencue amp;nbsp;qugt; trfte il ^- auoit efte fon voifin en France près Chî' yiUe^a- lullon {iirLoing)d entreprendre le voya-^’””’ nbsp;nbsp;8^ P®“*’ conduire ceux qui fe voudroyét
acheminer ,eu ,ceftc terre du Brefil vers Vjllcgagnon: ledit heurdu Pont en c-ftat aüfsi requis parl’Eglifc amp;nbsp;Miniftres dcGcneue,quoyqu‘il fut la vieil SecaduC) tant y a que pour la bonne affedion que ilauoit de s'employer à vn fi bon œuuro poftpofant,amp; mettât en arriéré tous ces autres affaires,mefmes laiffantfes enfans amp;nbsp;fa famille de fi loin, il s’accorda de fah re ce qu’on requeroit de luy.
, Cela fait il fut queftion en fecôd lie“ de trouucr des Miniftres de la parole dt Pieu. Partant apres que du Pont amp;nbsp;autres fiçns amis en-eurent tenu proposa y quelques Efeobers qui pour lors edu-dioyent en Theologie à Geneue : entre les autres Maiftre Pierre Richier,ia aage pour lors de plus de cinquante ans, amp;nbsp;( juilJauine Chartier luy firent promené qu’en cas que parla voye ordinaire de l'Eglife on cogneuft qu’ils fuffét propres à cefte chargea ils eftoyentprefis de s’y employer. Ainfi après que ces deux eurêt efte prefentç? aux Minifires dudit Gene up, qui les ouyrent fur l’expofition de
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cemins paflages deTEfcriturc fainusSt \i(h'ieramp; les exhortèrent aurefteddeur deuoir,ƒ ils acceptèrent volontairement aucc le coriduétcur «Du Pont, de palier la mer äifEum. pour aller trouucr Villcgagnô,afin d’an-’^'/’Z«* nOncer l’Euangilcen l’Amérique. »= ' ilt;^quot;'^‘-Or reftoit il erxiorcs de trouuer d’au- ^“'' très perfonnages inftrUitses principaux points de la Foy :'mcfmes comme Villc-gagnon auoit made,des Artifans experts en leur art;mais parce que pour ne trom perperfonne, outre que du Pont deda-roit le long amp;nbsp;fafcheux .chemin qu’il cô^ uenoit fairefäffauoir’, enttiron cent cin-guante lieues par terre , amp;nbsp;plus de'deux j ? mille lieues par mer^, il adioulTorf quc'lî eftâtparuenu en cefte terre d’Amérique, r^tn lt;it 11 fofaudroit contenter dé manger d’vne^quot;” ^” certaine farine faite de racine au lieh de ?»«. pain,amp; quant au vin nulles nouucflesî car il n’y en croift point: brcf,ainfi ^U’en' vn nouucaü monde{ comme la lettre de Villegagnon chanroitn il faudroit la vierde façons de viuTO amp;nbsp;de viandes dtt'tout' différentes de celles de noffre Eutöpe: tous ceux di-ic qui aimas micui là theo-’ rique que la pratique deKeS ckofos, n’ayans pas volonté de changerd’airs lt;l«î endurer les flots de la mer, lachalcur dc la Zone Torridc,''ni de voir le Pole An-târ6tiqMc,nc voulnrérpoirtt entrer en lid
A 4
-ocr page 56-8 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTCIRK
ce pj-s’ciiroller amp;nbsp;crtibàrqucr en tel voy^ S®' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'
5 rontcsfoisiaprcs pluficurs femonces
amp; jçccerchcs de, tous coftei , ceux ci, er fe/nWepJus courageux que les autres, à' ?lt;ƒ»»ƒ * fçauoir , Pierre Borttoib, Mathieu ver-'-fir^nf'i'r nepijlean du Bordel, AndreJa Fon,Ni' voyait Jt colas, Denis, lean Gardien, Martin Da-^ufquot;“’' uid,NicolasRauiquftjNicolasCarmca» laques Rouflçau , amp;nbsp;moy lean de Lery qui (tant pour la bonne volôte que Dieu intudit donee des lors deferuir à fa gloi rc, que-eu ri eux devoir Ce nouucau mon-de)Jus dejapantic: fc prefenterent pour accobipagner du Pont» Richter ^ Charrier: tellenientrqne nous farines quator--2e en noinbrt ,'qui pour faire cc;voyage partiOnes delà Cité de Gençuc,Je dixic-mb de Sc-ptemibrc en l’année 1556.
•S^C -'Nous tirafmes amp;nbsp;aUafnies. pafTer-à. ChaftiHon fur Loin^ s auquel liou ayans. trOnué MonfieurPAdlniral, non feule-mental nous encouragea de plus en plus de pourfayure noûre emtreprinfe , mais, aufsiaucc prômefle de’Aous afsiftpr pour-lé fait dt la marine » nous mettant beaun coup de raifont emanunt, il nous donna grande tfpcrancif que Dieu nous ferait laî grade devoir ks^friuirs: de noftre labeur. Nous nous achcmmclhies de la a Paris , la ou durant^'n mois que no-ns y
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fcioiirnafraes,quclqucs.GcntiJshoni,mcs amp;nbsp;autres cftans aducrtis pourquoy nous faisions ce voyage,, s’adioignirent auec nous . De là nous paHafmcs à Rouen amp;nbsp;tuans à Honfleur port de mer qui nous eftoit afsignéau pay^idc Normandie, y taifans noz préparatifs amp;nbsp;en aceendant quenoz Natures tufleut prefts à partir, nou5 y demeurafmes enuiron mm ois.
C H A P. 11.
'De noßre embart^Hime^t apport ei’H ot^-fleurpayt de Nor/Mandfei enfemble des fmaen tes,rencontres,pnnßj de‘^(autres,amp;pre^nte-res terres amp;nbsp;Ifles que nous defeonter(fines.
après quele fleurde Bois ’Conte neutu de ViUega-6^r^V-?ptioigt;yqvi eftofti auparauant
^if*-nft‘^‘**'»y eut fa^t c-•^^^ïn^quipetJen^ucrre. aux defpes du Roy, trofl;i)ejUXj3'XiReaux : .fournit; qu'ils furent de viurps fed 'autrès.choices neceflaircs pour Je voyage,le dix amp;ncUf,-iemede Nouemflj'c nous nous y cmflar-quafmes. Ledit fleur de Bois le Cente a-uce en uirog efta mç. perf» n nes. ta ut gt;.fo k dats-que riiateîocz tftant cri Tvn des na- r^epfurd^ mrc s apprîJt la péri to Roberge, fut efleu ^,°'‘^'fß, üoftre 'V'icc Admirai-le m’embarquay en « .yiiha . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;rai
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vn autre vaiffeau nomme la grand Roberge, ou nous eftiós fix vingts en tout» amp;nbsp;auions pour Capitaine Je licur de lain te Marie dit l’Efpine,amp; pour Maiftrc vn gt;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nommé lean Humbert de Harflcur bon Pilote amp;nbsp;homme bien expérimenté en la nauigation . Dans l'autre qui s’appcloü R ofcc,du nom de ccluy qui le e'ôduifoit» en comprenât fix ieuncs garçons que no* menafmes pour appredre le langage des Saunages, amp;nbsp;cinq icuncs filles , auec vne femme pourlcs gouuerner f qui furet les premières femmes Ftançoifes menées en la terre du BrefiR dót les Saunages dudit lieu,ainfi que nous verrons eiaprcs,n’en ayans iamais auparavant veu de veftuest furent bien esbahis àlcur arriucc ) il y a-uoit enuiron nonanteperfonnes.
Vaij^f^tux Jeparians il» 7trt.
Ainfi ce mefme iourqu’enuiron mid* nous mifmes les voiles au vent, à h fortie du port dudit Honfleur, les canó-lt;iade«i trompettes, labours, fifres,amp;autres triomphes accouftumez de faire aux Natures de guerre qui vont voyager, ne m-âquéret point en noftre endroit. Nous allafmes premièrement ancrer à la Ra-dede Càulx qui eft vne lieue èn mer par delà le Haute de graceî amp;nbsp;la félon la coU ftume des Mariniers qui veulent voyager en pays-lointains, après que les Mai lires amp;nbsp;Capitaines eurent fait reucucS^ eurent
-ocr page 59-de L’aMERIQJE. II curent fecu le nombre certain, tant des foldats que des Matelots,ayans comandc de leuer les ancres nous nous peniions dés le foir ietter en mer . l outcslois le cable du Nauire ou i’cftois s’efta nt rompu amp;nbsp;l'ancre tiré à grande diflicultc, cela futcaufe que nous nepenfmes appareiller que iufques au lendemain.
Cedit iour doneques vingtième de Nouembrc,qu’ayans abandonné la terre nous commençafmes ànauiger furcefte grade amp;nbsp;impetueufe mer Occeanc, nous defeouurifmes amp;nbsp;coftoyafmes l’Angleterre laquelle nous laifsions à dextre, amp;nbsp;fufmes deflors prias d’vn flot de mer qui dura douze iours;durant lefqacJs^outrc que nous fufmes tous fort malades de la maladie accouftumee à ceux quivont fur racr,il n’y auoit ccluy qui ne fut bien cf-pouuanté de tel branflement. Et de fait ceux principalement qui n’auoyent ia-mais fenti Pair marin, nidancé telle dan ce,voyans lamcrainfi haute amp;nbsp;cfmeue penfoyent à tous coups amp;nbsp;à toutes minutes que les vagues nous dculTcnt faire couler en fond: côme certainement c’eft ebofe admirable de voirqu’vn vaifleau de bois quelque fort amp;nbsp;grand qu’il fait, puilTe ainfi refifter a la fureur amp;force de ce tant terrible elcmct: cat combien que les Nauires^oyent baftis de gros bois
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bien lie 5 chenille', amp;nbsp;bien godronne, lt;?C *jucccluy incfnics auquel i’eftois, peurt aiioir euuirondixbuit toife^s de long, amp;nbsp;trois amp;nbsp;demie dclarge,qu\ftce en çom-paraifô de ec^ouffre amp;nbsp;de telle largeur, profondeur-^ abiimcs d’eau comme eft çefte mer du Ponent ? Partant fans am-r«« Je P^ifict ce propos dauantage ic diray icy le naKi/:e- cn vn mot qu'on ne feauroit allez priler t^en excel- (.^|^j. pcxceUcucc dc l’art de la nauigatio en general qu'en particulier l’inucntion dç l Eguillc marine , dc laquelle néant-moins comme aucuns tiennent, l’vfage n’ert que depuis enuiron cent cinquante ans.Nous fuîmes doneques ainfi agitez amp;nbsp;nauigeafmes aucc grandes dithcultez iufques au troificme iour apres nortre embarquemet queDieu appaifalcs flotz amp;nbsp;orages de la mer.
Le dimanche fuyuant ayans rencon-^ tic-deux nauircs marchans d’Angleterre qui venoycht d’Efpagne., après que nos Matelots Pc s curent abordez amp;nbsp;veu qu’il y auoi t a prendre dedans , peu s’en fallut qiCils ne les pillalîcnt . Et de fait fuyuat ce quefay dit que nos trois vaif-feaux ertoyent bi nfournis d’Artillerie amp;nbsp;d’autres munitions dc guerre nos ma riniers, s’en tenans fiers amp;nbsp;forts, quand les vaiffeaux plus foibles (ainfi que nous verrons tantoft-) fc trouuoyent deuant eux
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eux amp;nbsp;a leur merci ils n’eftoyent pas i Heurte.
Et puis que cela vict à propos ai faut que it dife ici.en patfät àcefte nremitre ^‘'*J^‘‘’”‘
* • nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. aet mart .
cJNûuirc cjuc ray vcu prati- nien fur quer fur mer ce qui fc fait .aufsi le plus ’quot;’' fouuent en terre: aflauoir , que celuy a-yit les armes au poing qui eft le pE fort l’emporte , amp;nbsp;donne laloy à fon compagnon. Vray eftque mefsieurs les Mariniers faifans caller le voile amp;nbsp;joindre les panures Nauircs marclians leur alleguét ordinairement qu’y ayant long temps qu'ils font fur mer fans qu’à caufe des tépeftes amp;nbsp;calmes ils ayent peu aborder terre niport,ils font en nccefsité de yiures dont ils prient d’eftre afsiftez en payant. Mais n fous ce prétexté ils peu uct mettre le pied dans le bord de leurs voifins ,il ne faut pas demander fipour empefeher le vaideau d’aller en fond, ils ledefehargent de tout ce qui leur fem-ble bon amp;nbsp;beau. Q^e E la deflus on leur remonftre ( comme de fait nous faison s fouuent) qu’il n’y a nul ordre de piller mdiferemment autant les amis que les ennemis, la chanfon commune de nos foldats terreftres , qui en cas fomblablo pour toutes raifons difent que c*cftla guerre amp;nbsp;la couftume, amp;nbsp;qu’il fe faut ac commoder, ne manque point en leur endroit.
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Mais outre cela ic diray ici, par ma^ nicrc de preface,fur plulicurs exemples de ce que nous verrons ci après,que les Efpagnols amp;nbsp;encores plus les Portugais fe.vantans d’auoirlcs premiers defeou-ucrt la terre du Brcfil,voire tout le contenu depuis Ic -'dcftroit de Magclan, qui demeure par les cinquante degrez du cofté du Pôle Antarlt;Siquc,iufqucs au Peru , amp;nbsp;encores par dcçal’Equator : amp;nbsp;par consequent maintenans qu’ils font Seigneurs de tous ces pais la , alcguans que les François qui y voyagent font vfurpatcurs Sur eux, s’ils les trouuent Sut mer à leur auantage, ils leur Sont vnc telle guerre qu’ils en Sont venus luSqucs là d'eri auoir eScorchez tous vifs, amp;nbsp;fait mo;urir d’autrcJTiort cruelle . Les François fopftenans le contraire amp;nbsp;qu’ils ont leur part en ces pays’nouuellcmcnt co-gnpUz , non Seulement ne fe laiflerit pas volontiers battre aux ESpagnols , moins auîfl Portugais (leSqucls pour en parler fans atfeófion ne les oSeroyent aborder s’ijs ne fe voyent en beaucoup plus grâd noimbre de vaifSeaux ) mais en fe defen-dans vaillamment rendent quelquefois la pareille à leurs ennemis.
, Or pour retourner à noftre route la mer s’eftant derechef enflée , elle fut fl rude i’efpacede fix ou Sept iours, quenô feu-
-ocr page 63-D E L’a M E R I QJT E. 15 fcultmcnt ie vis par pJuficurs foisentrcr amp;nbsp;fauter les vagues par Jeflus leTiJac de/** ** noftreNauirc,mais aufsi à taufe de la roi deur des ondes le vaifleau cftoit esbranJé de telle fa^on qu’il n’y auoit Matclot,tât habile fuft-il, qui fe peuft tenir debout. Et certes cela cftoit voir l’expérience de ce que le Pfalmifte dit parlant de ceux 'fjt.,vu. qui vont fur mer. Carmontans ainfi par manierede dirciufques au ciel, puis a-yans les fens défaillis cliancclans comme yurôgnes,defcédrc iufqucs aux gouffres amp;nbsp;iufqucs aux abifmes , n’eft ce pas voir i-tigrm~ les mcrucillcs de Dieu? il eft bic certain. ^“z^X Partant fubfiftant ainfiau milieu du fc- Di,up pulchre, le peril s’approchant quelques X’,“ •^'’ fois plus près que refpefftur des ais dc-quoy les vaifTeaux nauigaWes font faits: il fcmblc que le Pocte qui a dit que. ceux qui vont fur mer ne font qu’à quatre doigts de la mort,!« en efloigne cocorcs trop. E nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T
Or ccluy comme il eft dit au Pfeaume fus aîegué qui fait le temps calme amp;nbsp;tran quille quant il luy.plaift,après cefte tem-pefte nous ayant enuoyeventà gregt; nous paruinfmes d’iccluy iufqucsàla mer d’E-fpagne: amp;.nous trouuafmes àla hauteur du Cap de faint Vincent le cinquième iour de Decembref En ceftendroit nous rencontrafmes vnNluirc d’Irlande dans
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lequel nos Mariniers fous Je prétexte fufditquelcs viurcs nous failloyétprin- j tirent lix ou fcpt pipes de vin d’Efpagne, des figues, des oranges, amp;nbsp;autres chofes dont elle cftoit chargee.
Sept iours après nous abordafmes auprès de trois lllcsnômocs.parlts Pilotes e« V« de Normandie, la Gracicufc,L3ncdote» ariiMti. ^ auanture,qui font des illes Fortunées. Il y en a fcpt en nôbre à prefent eÔme i'cftiine toutes habitées par les E^ fpagnols: mais quoy qu'aucuns marquet en leurs cartes Sienfeignent par leurs li-. urns'que ces Ides fortunées font fituecs fahldment par les onze degrèz au deçà quot;■ de l’Êquator,amp;par confequent félon eux feio^eut fous la zoncTorndc,ie di pour pàildir veu prendre hauteur aucc l’Àftra labo- que cdiraincracnt elles demeurent par. Ip« -vingt huit degrez tirant au Po* Je Artflrquç. Etpartairt il faut confelfer qu’il y a erreur de dix fe fcpt degrez del-quels tels auteurs en trompans eux Édes autres les rcculcnttrop de nous.
En Ces endroits que nous mifmcs nos Jerques hors nos Nanircs, vingt denos Stiddatz amp;nbsp;Matelotz s’eftans mis dedans âUe'c des lîerchcs., MaufijuetZ amp;nbsp;autres armes, penfans butiner un ceslUcs s’y eu fl lia Pcn t, tn ai s c ó me i 1 s vou 1 u rén r m e 11 re pi ad. en terre les Efpagnols qui les a-iioycnt
-ocr page 65-D E L* a'M E R I t^V E ^7 üoyéiit defcouucrts aüparauant les rèhigt;-barrerent fi bien ququot;lk n’eurent que hafte de fc retirer. Neantmoins ils tournèrent amp;nbsp;virèrent tant à J'entoür, qu’en fin ayans rencontfé vnc Carauelle de pcf-cheurs ( lefquels fi toft qu’ils les- virent Venir à eux fe fauuans en terre leur quiln terent leur vaifteau)s’en eftans faills,noh feulement ils y 'prindrent grande quan-^ titc de chiens de met fets, dès coanpas à naujguer ^ tout te qui fè'trouua dedans iufqu’aux voiles qu’ils'raportercn'tjmaiÿ aufsi nepouuâs pis faire aux Efpagnols, dcfquels ils fe vouloyent venger,à grids coups de haches , ils nrirent en fondviîe Barque amp;nbsp;vn Bateau qüi eftoitàüpres.
Durant trois iours questions deineu-rafmes auprès de ees lftes Fortunées , à caiifcqucla mer eftoitfo^^me,nous yi^iJuftti prinfmes fngrande quantité dcpoifloni ftât ancCdcs hâims qu’âgée des rcts)que après que nous en eufrhes mangé à noftre fouhait ( ctàignans parce qtie nous n’a^ uions pas l’eau douce à hofti-t' commandement que cela hë hobs altcrafi trop) nous fufmes contraintsd’en reiçtter plus de là moitié en mer.Les efpeccs'’cftayént Dora'des;Chicns de rHersamp; plüficufs au-' très dont irons ne fauiôlls. tés noms;töü-tesfois il y ert auoitdé Ceux qUe les Mari niers appeUet Sardes,quî-éft vhè^efpece
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de poiflon ayant fi peu de corps qu’il fcm blcquc la telle amp;nbsp;la queue foyent ioints ,^I^ cnftmblc:ladite telle eftant faite de la fa-^^‘A‘‘■'^ ÇO*^ d’vn morrion à ereile.
Le raeccrcclî matin fixiemc de Deceni brc,quc la mer s’efpaeut derechef, les vagues remplirent h foudainement la Bar que qui eltoit amarccà nollrcNauircdés le retour des Iflcs Fortunées , que non feulement elle fut fubmergee amp;nbsp;perdue, mais aufsideux Matelots qui eftoyent dedans furent en fi grand danger qu’a pci neenleuriettans halliuement des corda ges les peufmes nous fauuer amp;nbsp;tirer d⧠le vailfeau:Etau furplus diray pour cho-fe remarquable, que nollre cuifinier durant celle tempelle(laquelle continua qua tre iours) ayant mis vn matin deflaler du lard dans vn grand vaifleau de bois (qui eftoit la moitié d’vn poinfon fcicparle ffoT^tj ’’’*^^‘^“)’^ Y eut vn coup de mer qui defon '■‘vn «»^ impetuolité fautant par deHus le TillaC •^‘quot;tr. emporta amp;la c^que amp;nbsp;ce qui clloit dedans,fans la rcnucrfer,plusdela lôgueur d’vne pique hors le Nauire,mais tout foudain vnc autre vague vint à l’opofite laquelle de grande roideur reietta le tout fur le mefme Tillac : tellement que cela fut nous renuoyer nollre difné qui,comme on dit,s’en clloit allé aual l’eau.
Or dés le vendredi dixhuiticme dudit
mois
-ocr page 67-b fe f A M Ë R I QV E. I^ irois, nous dcfcouurifmcs Ja grand Ca-nancide laquelle nous approchafmes af-fez pres le dimanche fuyuant;mais quoy que nous eufsions délibéré d’y prendre* des refraifehiflémens tant y aq'i àcaufe^^^^^ du vent contraire il ne nous fut pas pof- C«quot;lt;irit. fble d‘y mettre pied à terre. C'eft vue bef lé Idc habitée aufsi à prefent des Efi pagnols, en laquelle il eroift force Canes de fuccres amp;nbsp;de bons vins : amp;nbsp;au refte eft fl haute qu’elle fc peut voir de viftgt amp;nbsp;cinq ou trente lieués. On l’appelle aufsi le Pic deTanarifle, SC penfent aucûs que* ce foit ce que les Anciens nommoyent lô mont d’Athlas dont on dit la mer A th!â^ tique, dequoy ie me rapporte à ce qui ett cft.
iCe mefmc iour de dimanche nous def couurifmes vncCarauelle dePortugaJ,Jâ quelle, parce qu’elle eftoit au delfous du vent de nous , voyafis bien ceux qui e~ (‘artuth ftoyent dedans qu’Usine pourroyent re-'''''’'''^' fifter ni fuir calan^le_yoile fc vindrent*^? rendre à noftreVîce Admir-al. Ainfi nos Capitaines qui dés long temps anpara-liant auoyent arrefté entr'eux de s’aecôw niodcr (côme ort parle auioutd’huy)d’vr» Vaiffeau de ceux qu’ils's’eftoyent touf-iours promis de prendre ou fur lès Efpi gnois ou fur ies Portugais , afin de s’en faifir amp;nbsp;alieurer dauatage mirent incolj'^’
B 2
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unant 4c no$ gem dedans. Toutesfois i caufede quelques eonfidcratiQnj. q^ iM eurent; enuers Je luaiftrcd iccllcjluy ayas dit qu’amp;n cas qu’il peuû foudainement ,t-rpu4Qr vue. GaiaycIJc en ces endroits là» qu’op luy i ciiroit la fiénc: Juy qui aunoit Hiiiux la perte toinber fur fon vpifin que furluyxS en nut-cq deuoir. Ainfi félon 11 requeue qu’iîfit,que pour effeduer eeque il ptonrottoit, on luy baillaft vnt de nos Barques armee dc-Wp-ufquets avec vingt de nos Soldats, Ôj vue partie de fes gens dedans, coinçne vray Pirate que i’ay o-piqion qu’il cftoit pour mieux louer foi) rolle amp;nbsp;afin de n’eftre fi toft defçouuçrtj il sipn alla bien loin deuant no-sNaui-rcs. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■
HÎ^*'^Ptts coftoyoqs lors la Barbarie, rie- babitee des Morçs, d’où nous n’eftions guère eflongnez deplus de deux lieues, . -^13queUclt;lt;ominc il fût foigneufement ob* ferne ctoplufieursycft vnc terre fi plaine, voire fi fort bufiè qûe tât que noftre veué fcipOuuoit eftédrejfans voir aucunes mé tagn^^rui autres obiers,il no’eftoit aduis queupuseftis piushauts,la mer deuftin-eptinât tout fiib.mc.fger ce pays là, amp;nbsp;que noqj §c, nos vaiflçaux deufsions pafler par dolftis . Età la verité combien qu’au jugement de l’œil il femblc qu’il foit ain-fi,prefque fur tous les riuages de la mer, - î nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fi cft-cc
-ocr page 69-D E VX W E 'R ‘l lt;Xÿ E. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i I
ft'ift-ce quc tcia quot;fc i'crrtarqitantpliii'paf^ ticUfhOfctncinb^èh c^ft èml row la ƒ quand ietegatdois d’vn coile-’ec gi’ànd*amp;?p'U’t ■„..,, ,gt; pàysq^i piroilToit-'eôWirwï'Vfic'À^àlée'? amp;nbsp;quot;nbsp;'■ d'aUbri; 'pàrtla'meràlgt;’opp6‘fitfc’fàHS' o'-ftrê fol« àutrembdt èAheüC) AeantrqôUrtS tn cofrypatftifö^l iyrfahi: T^ç grande amp;nbsp;ef*-poUliäntörble^fiVoIrtta^^j ert fné fduBéttlt d’eiCeq^e ’dit rEjfeïnurVà- CA? própten it I’^®’’^®4-èonWftipldyé’tsftt xtftiïitî'dcf Uît'if àuet ^’ gt^Bdc'ddtfiifâ’t’tett-} 9« oup ',i ;:jp! . ip ^^T'aUbJrdtôütiW’ àT rthS- iefçumeuiyj de mer , Icfquel's 'iwiW äüöyent dhuUflCtQ ddftSlJurs'Bai'qüc's^^fc Vin g» amp;nbsp;cih'qàic-Ine d’eS.Detemtjrè'^ îdlPr'’de Noiel^édij ;U y ans t réif^on t ré' J ' fe' tt¥t'qU dqUes HdWi f-qdeddis fàf'VMêGfl'râuéM'e'dlEfpagftôls) lâprpnài^S pat fbteé ildl’-athtbcrcnt Ve*rs C^y^xfUf «duJT-lt;!)¥parée'qüe’riôh’fettlGmeftt c’e-^quot;quot;^‘' ^Id^b’VÜ bbaü VaWTedw’s nnaib aufsl qu’il CftUffétidi^é de'‘fél'’blànt' i' cclà” pleut ■fort àdo9'Càpitbiin*e^jamp; partant félon la éôhclïiffon' qu'ils a^-èyenl fadte dés long 'temps de s’en accorhrndder d'vn,’nous Té njéhafmes ‘en la tcri'è'du’Brefil Vers Vil-legàgdon. V^ay eft qt’entenant promeut au Portugais qui aüûit fait êefte’p/tnfe', mettàns les Efpagnols dep’-ofledez de leur Vaiflean pelle nielle parmi fes’^goft dan^ fa- Carauclle s an la luy imdit. Toutcsfois ee filft en tel eftat qu’il euft ' ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;P 3
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mieux valu par minière de dire les met* ■tre toys enj^drçar nos Marinicrs(cruels rrutui,' .S“ ^^’ fm^^en ceftendwit) n'ayans laiifé A-^/a«-non feulement [morceau de bifçuit ni ”quot;quot;' d’autres vfandesàfçs pauuresgenssmais qui pis cftleur ^y^ns defehiréjeurs voi les ^ mefme oftéleur petit bafteau^fans lequel üf nçfpquuoyent approche? ni it^ ■! •-' border en terre)il eft vïay femblaWe que •' dpnio.uransjaiqfirjè U rUetci de l’eau , fi quelque barque ne furuintipour lçs-,{e* Cpurir,ou qu’ils furijnt enfin fubtuergez OP qu’ils moururentde far mij . l , 131, . jtÇe beau chefd’^UUrffgt; ?n grand fegtet 11e plpficurîs fait eftan«,poulfç? du rent 1/Us«t^tgt; ^ iM-^«eftjqmiP^us.c^ort propice,nous
n4lt;us FeictaOneP bien.ii.Pant dè'ns Ij haute nHf.Btpouî-le ftirç co.qrtamp;q’eftre point eupuyeux on repitant particuliorcmeutâi ’à p^rt tant dp pr;afcâde .CarpupHçsiqde nous firmes pu allanti dés'lc lendpmqirfiamp; encores lc vingt,amp; neufiemodudif mois p^,„^-^ de Pecembre fans nullp refiftariepj nous àyr-x Tcn prinOneS deux autres. En la prämiere û.''.’=‘f^« jj,gqu^.j|(..s,q^j eftoitdc Portugal(àcâufe de quelque refpeä que nos Maiftres de Nauirc§ fk Capitaines eurent à'ccux qui eftoyent dedans ) au grand regret neantmoins de quelques vus derlös Mariniers amp;nbsp;principalement de ceux qui c-ftoyétdansla Carauéllé Efpagnolequc nous
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nous emmenions ( lefquels acharnez au pillage tirèrent quelques coups de Fauconneaux à l’encontre) après auoir parle à eux onles laifla aller las leur rien öfter. En l’autre qui eftott à vn Efpagnol il luy fut prins du vin , du bifeuit, amp;nbsp;d’autres viduaillcs . Mais fur tout il regrettoit fort vne poulie qu’on luy ofta,cargt; difoit il)quelque tourmfte qu’il fit elle pond,oit ua„{f. amp;nbsp;Hifoit tous les tours vn œuf dans fon' Vaifleau.
~.Le dimanche fuyuant nos Matclotz flefqucls pofsiblcnc ferôtpas aifcs que ic raconte ici leurs courtoifics) ne demi-dâs que d’en auoir de toutes parts, apres queccluy (juieftoit au guet en la grâdHu nccuftcric fclô la couftumeVotlc,voile, amp;nbsp;que nous eufines defeouuerts cinq Vailfeaux (ic ne fcay fi c’eftoyent Cara-uellcsou grands Nauircs)cux chantans defialc cantique douant le triomphe lés penfoyent bien tcnir:mais parecqu’eftâs au delfus de nous,nous auions vent contraire , nonobftant la violence qu’on fit à nos Vailfeaux (lefquels pour l’aftcftion du butin en danger de nous fubmcrgcramp; virer ce delfus deflous furent armez de toutes voiles) il ne nous fut pas pofsible de les ioindre ni aborder. Et afin qu’on ne trouuc pas eftrange ce que iay touché que brauâs ainfi fur la mer chacun fuyait
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OU caloit Je voile dcuant nous , ic dira/ que les Normans eftans aufsi belliqueux vaillans fur mer que nation qui fc pud £c auiourd’huy trouuer voyageât fur 1’0 ccan ; encores que nous n’eufsions que ti ois Yaifleaux, ilscftoycnt neantmoin* fi bien fournis d’Artillcricï y- ayant dix-huit pieces de fontciamp;plus de treme^er elles amp;nbsp;Mouf^uetsde fer civccluy ou i’e-ftois) amp;nbsp;d’autres munitiôs de guerrèique nos Capitaines amp;nbsp;Soldats en tel équipage auoyent refolu d’attaquer amp;nbsp;combat trc J’armee naualc du Roy de Portugal finoui; reufsions rencontrée. i
' i- CH A P. III.
T^es 'Bonites,rf^/hacerres, Dorades, Adar' fiiiins j paijfons ‘volans , O' autres de fi/ußeuri Jortest^ae nom ■viß/ies^ pri/mes fi us iaii^nt Tornde- L ■
E S lors nous eufmes la mer adore amp;nbsp;Je vent fi à grc,que d’iceluy no’ fufmes pouffez amp;nbsp;menez iufques à trois oü quatre degrez au deçà delà
Jigne EquinoftiaJc.En ces endroits nous prifmes force Marfoüins , Dorades, Albacores , Bonites., amp;nbsp;grande quantité de pJuficurs autres fortes de poiflons : SC quoy
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quoy qu’auparâuant i’euamp; toufiours pë fé que les Marinier« nous conta fient des fariboles quand ils nous difoyent qu’il y auoit certaines icfpeces de poiflbns volas fi eft-ce que l’experience me môftra lors qu’il eftoit ainfi . Nous commençafmes donques la, non feulement de voir fortir delà mer amp;nbsp;s’eneuer en Pair, de großes ^„/^f^’ troupes de poiflons ( tout ainfi que fur-terre on voit les Alouettes ou Eftour-/l-*irM?«I? neaux)volans piefquc aufsi haut hors de l’eau qu’vne pique , amp;nbsp;quelque fois près de cent pas loin,mais aufsi il eft fouuent aduenu que quelques vus s’ahurtans con trclesMas dénosNauires tombans dedans, nous les prenions à la main. Ainfi félon que ie l'ay confideré en vnc infinité que i’ay veux amp;nbsp;tenus tant en allant qu’en retournant : ce poilToneftdc for-, nie prefquc commielc Haren .: toutosfois-'*^‘'»À‘ vn peu plus long amp;nbsp;plus rond : a des pc» tits barbillons fous la gorge, les a:i(ïesf-'nLe/A(r/,.(i^.‘' comme cefies d'vnc Chauuefouris amp;i.,
prtfques aufsi longues que tout' le corps : amp;nbsp;eft de fort bon gouft amp;nbsp;fauou-reux à manger? Au refte parce que ie n’en ay point veu au deçà 'du' Tropique de Cancer i’ay-opinion(fans voûtes-fois que ie levucillt autrement affermer ) '^ -qu’aimans la chaleur, amp;nbsp;fc tenans fous la Zone Torride , ils n’outrepaffent
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point d’vnepart ni d’autre du cofté des Poles.Il y a encores vne autre chofeque i’ay obferuee, c’eft que ni dans l’eau ni hors l’eau ces pauurcs poiflons volans ne font iamais à repos? car eftans dans la mer les Albacores amp;autres grands poif-fons les pourfuyuans pour les manger leur font vne continuelle guerre :amp; fi pour euiter cela ils fevcullent fauuercii Pair amp;nbsp;au vol il y a certains oifcaux marins qui les prennent amp;nbsp;s’en rcpailfcnt.
Oj/êMx 9Kttm»j.
Parlât pour parler auffi de ces oyfeaux Viuans deproyede cefte façon fur la mergt; ils fôt femblablemet Ci priuez que foiiuc tesfois il s’en eft pofc fur les bords,cordages amp;nbsp;matz de nos Nauircs , Icfqucls fclaifloyent prendre àlamain . Et pour les deferire auffi tels que pour en auoir mangé ic les ay veu dans amp;nbsp;dehors: Pre-mieremctils font de plumages amp;nbsp;de couleurs gris comme e^eruiers , mais combien quant à l’extérieur qu’ils paroif-fent aufsi gros que Corneilles fi eft ce que quand ils font plumez qu’il ne s’y rrouue guere plus dechair qu’en vn paf-fereau : au refte ils nont qu’vu boyau amp;nbsp;ont les pieds pl.ats comme ceux de Canes
faijon.
Pour continuer à parler des autres poilfons dont i’ay fait mention ci dclfus, la Bonite qui eftdes meilleurs à manger qui fe puiflent trouucr eftprefques delà façon
-ocr page 75-D E lJlt;A M E R I QJV E. 27 façon des car.pe#:fQmmunes,mais fans cf cailles. Ten ay veuçnfort grande quantité lefqueUe^ l’cfpace d’enuiron fix fep-maines nont bougé d’alentour de nos Nauires » amp;iCft ,vray femblable qu’elles fuguent ainfi les Vaifleaux à caufc du , „ , %ets dont ils font frottez, j ' nbsp;nbsp;! '
-i Quant aux Albaçores eombieiiqu’el- •^'^«wa l^?.foyent,aflez femblables aux Bonites ficft ce neantmQinsfen ayant veu amp;nbsp;man-- gé ma part de telles qui auoyéc bien cinq piedz de lôg.amp;aufsi groflés que le corps d’vn homme)qu’il n’y à point de compa-raifon de I’vnc ^l’autre quant à la grandeur. Au furplus tant parce que ce poif-fon Albacore n’eft nullement vifqueux, \/i(ngt;jgt;-ains au contraire s’efmie amp;nbsp;a la chair auf fi,friable quedaTruite , n’ayant au refte qu’vnc ara^e en tout le corps ,§cbié peu de tripailles.il le faut mettre’au rang des meilleurs poiffons de la mer . Et de fait combien que nous (ainfi que tous les paf fagers qui font ceS longs voyages } pour n’auoir les chofes propres à commandement n’y fifsions autre appareil qu’aucc du fcl feulement en mettre roftir de gran des pieces amp;nbsp;larges quelles fur les chirlAh^ti’htf bons,fi le trouuionà nous merueiUeufe-mentbon amp;; fauoureux au gouft.Partant fi mefsicurs les frians,lefqucls ne fc vou lis point bazarder fur mer,amp; toûtesfois
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• ^lïl s T Of'i/R’E *'
(comrtic'ôn dit des chat« fans ^moUiUcî’ leurs pa'ttcs)vcu]lent biefi magep du poi^ fon en pounoyent- aupir’ für télte aufsi aifément qu’ils ont d’autre marée, le lü^ fant apprefter à la faucetd^Aletnagnéi o^ en quelque autre forte,üôuWk'VPifls que ils n’en JefehaïTent bien Ituhs doigt« ? le di nommément h on 1 attoifa Connnan-demétTur terre, earairtti qUe i’‘ay totld^ du poilfon volantr ie'»lt;’fjgt;«)fegt;pasi^i’é ccsÂlbâcores,ayant prindpltltmet Ieuf4 repaires entrcles dcukTrbpiques amp;^cii la haute merys’approchenpft-pres deS ri^ liages que les pefeheurs en’ puificnlt;# apporter fans eftre gafteit amp;nbsp;eWtompuy-J^ Dtri^t. La Dorade, laquelle à môSi iugemertt j
eft ainh appellee parce qW la'voyanfdâs j l’eau ellcfé monftre iauhe 8ï fêlait cofrime fin or, quant à la figure approche a'ri^ ■ ƒ ^ ƒ cunemeritdü ^atunon : ridàitfmoins hile “ quot;^ * diffère dn ecla qu’elle eft comme enfori* cec fur ledos. Au refte polir'cn auoiV tai-ftd ic tien que ce poiffon éft non feulement cncofes meilleur quel tous ' les'au-tres fus mentionnez, mais anfsi' qu’en eau falleeni en eau douce il hès^cntron ucra point déplus délicat. - Jt quot;’ v^r/SKr/. 1 ouchât IcsMarfouins, il S’en trouue '/«,5o'»«'d^ deux fortes , car les vns Pntle grôTft ff^» prefques aufsi pointu que le bec d’vh Oye, amp;nbsp;les autres au contraire l’ont fi rond
-ocr page 77-OF if A M E R I QJ E. 29 , rond'amp;inlt;yiflu lt;j|i’il fembleivne bouk: amp;c..4t-‘^/,, p.artantaftaufcae laieonformitc «juctces derniers «otaufiodes cncaplu£hqnne2,*/-/lt; rgt;*r^ff^f^^ nousks apchósluftcs de moine:Quat au teile de la forme de-toutes les deux efpe-ces, ikn ayiVeù tkeinq amp;nbsp;de fix pieds de, nbsp;nbsp;.
■I^ng'jayat la queue-fort large amp;fou^huc^ amp;toiis vn perfuis fur da tclle,par,ou non feulcment'rls.refpirent,.mais aufsii ictrêt l’ea u par l a. Qu,e H l a mer comm en cede s’efmouuoirjToîisleA verrez parèrftre amp;nbsp;fe njonftrer fur l’caU , foufflans de telle façon que vous diriez que ce font? porcs terreftres.Mais fur tout Ja nuit^qp/au mi lieu des ondes amp;nbsp;des, vagues) qui les agitent ils rehdcot^jiner comme verte y amp;nbsp;fcmblentcux mefmes. eftre tous verts,!
c'eft vn pUififque de les oüyr wnflerifX tX-*^ 7| Y Auffblcs Mariniers les voyans nager amp;nbsp;fe tourméter de ceûeifaçon prelàgçot ÔC s’affeurent de la tempefte prochaine : ce que i’ay veU'foiu'u,enLaduenir.Et comblé ?u’cn temps affez modéré.amp;lla mer eftât eulemcntflorifl'anteiÇeft à dire,ayant le vént æ.fouhait), nous en vifsiôs quelques ^6.«rf«. fbistn fi ecandc’abondance que •tout à//* ^quot; i entour dcmoiis es tant que noltrc veue fe pouuoit eftendre, il fembloit que la; mer fut toute de Marfouins » ne fe laif-fans pas toutesfois ûiaifément prendre qi|filt;.beaucoup d’autres fortes de porflos
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nous n’en auions pas pour cela toutes les fois que nous cufsións bien voulu. Sur lequel propos afin de tant mieux con tenter le Icâeur ie veux bien encore de-M^irre Crater le moyen dont i’ay veu vfer aux Jt frijn Matelots pour les auoir. L’vn d’entr’eux fiü^quot;' ^^ P^“* ^’^^ ^ façonné à telle pefebe fe tenant au guet auprès du Mats du bcau-pfésSc furie deuant du Navire, ayantert la main Tn arpon de fer emmanché en v-ne perche de la groffeur amp;nbsp;longueur d’v-ne demie picque amp;nbsp;Iie2 à quatre ou cinq braffes de cordeaux, quant il en voitap-prochcr quelques troupes en choififlant vn entre iceux il luy iette amp;nbsp;darde ceft engin de telle roideur que s'ilTattainta propos il ne faut jgt;oint de l’enferrer. L’ayantainfi frappe , il fille amp;nbsp;lafchcl# corde, de laquelle cependant il retient le bout ferme, puis apres que le Marfotiïrt (qui perdant fon fang dans l’eau, amp;nbsp;en fe débattant s’enferre de plus en plus) ceft vn peu affaibli les autresMariniers pour aider à'Icur compagnon vierment aucc vn crochet de fer qu’ils appellent g.alt;fe (.aufsi cmmâché en vne longue perche de boisyamp;à force de bras le rirent dans le bord. En allât nous en prinfmes enuiron vingt amp;nbsp;cinq de cefte forte.
'l ouchant le dedans amp;nbsp;les parties inte rieurcs dieMarfouïn apres que connue à vn
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• vii purtcAUjiiu neu lies (quatre lamDons T^niin onluy alcué les quatre fwoux , fendu'”'quot;■“•-qu’il eft, les trippes (l’cfchine ft on veut) Xflt;r%.ï. amp;nbsp;les coftes oftecs, quand il eft ainfi ou*4,.,.v}*^/Z ^rr uert amp;nbsp;pendu jvous diriez proprement tyi-lMgt;^'y^*M*lt;^ que c’en vn naturel pore terreftre : aufsi '' a il le foyc de mefme gouft : vray eft que’.y.«r la chair rrefche fentant trop 1e doucca-ftre n’en eft guère bonne. Q^ant au lard, tous ceux que i’ayveu auoyent communément vn pouce de gras: amp;nbsp;croy qu’il ne s’en trouve point qui pafte deux doigts. Parlât qu’on ne s’abufcplus à ce que les marchans amp;nbsp;poiflbnnieres , tant à Paris qu’ailleurs, appellent leur lard à pois de 4--gt;)'lt;t-4 ƒ Carefmc,qui a plus de quatre doigts dcf- quot;*'‘ nbsp;nbsp;nbsp;quot;*
pais,Marfouïn,car pour certain ce qu’ils vendent eft de la Balenc. Au refte parce qu’il s’en eft trouuc de petits dans le ventre de quelques vns de ceux que nous prinfmes ( Icfqucls nous fifmes ro-ftir comme couchons de laiû) fans m’ar-.^-«^p'4f'*lt;^ refter à ce que quelques vns pourroyenc ^- •»•U,'hr/ auoir efent au contraire, ic penfe plu-ftoft que les Marfouins portent leur ven nbsp;nbsp;nbsp;,
tree ainfi que les tjuycs,quc non pas que A*P*£ ils multiplient par œufs comme font prcfques toutes les autres cfpeces de poiftons. Dcquoy cependit fi quclqu’vn me vouloir arguer me rapportât pluftoft de ce fait à ceux qui en ont veu l’cxpc-
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S-
rience , qu’à ceux qui ont feulement leu ' les liurcs, tout ainfi que ie n’en veux faire ici autre dccrfion, aufsi nul ne m’empefehera d'en croire ce que i en ly veu.
Nous prinfmcs femblaWement beaucoup de Requiens y lefquels eftanS dans la mer,quelque tranquiîc amp;nbsp;coye qu’elle foit, femblét eftre tous verts.Il s’en voit déplus de quatre pieds de long amp;nbsp;gros à raduenàt:mais pour n’en eftre la chair guère bonne, les Mariniers n’eh mangét qu'à la necefsité , amp;nbsp;par faute de meilleurs poiflons . Au demeurant ces Rc-quiens ayans la peau rude amp;nbsp;afpre côme vne lime, la tefte plate amp;nbsp;large amp;nbsp;lagucu ; le aufsi fendue qu’vn loup, ou dogue i , nbsp;nbsp;d’AnglctcTré»nc font pas feulemft mon-
XiJquot;'“* ftrueux,mais aufsi outre cela.pourauoif les dens tranchantes amp;nbsp;fort argués fi dâ-gereux, que s’ils empoignent vn homme par la iambe ou autre par-tie du corps,ils emporterôt la piece , ou ils le traifnerót en fond. Aufsi quad les Matelots en teps de Calme fc bagnent dans la mer, ils les craignent fort:mcfmes quand nous en a-uiôsprins(ainfi quenousauôs fouuctfait , aucc des hameçons de fer aufsi gros que jt.i'le doigt )amp; qu’ils cftoyent fut IcTMlac \.^‘/f-‘ ‘ ‘quot;*^*/du Naùire , il ne s’en falloir pas moins donner de garde , qu’on ferait fur terre | d e qu ci- '
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de quelques mauuais chiens . N’eftans donques ces Requicns propres qu’à mal faire, quand nous lesauions bien tour-* mentez, ou nous lesaflommions à grads coups de mafles, ou pour en auoir le pafr/i»«ƒ'«*•''’ fetemps, auprès leur auoir coupe les nn-^t-teJ^’' geoircs, leur li«'\nt vn cercle à la queue nous les reiettions en mer.
Au furplus, combien qu’il s’en faille beaucoup que les I^mjcs de mer qui font fous cefte Zone T orride foyent fi prodigieufes, que d’vnc feule de leur co-«juillcon puille coaurir vnc maifon logeable, ou faire vn vaifleau nauigablcfcô me Pline a efeript qu’il s’en trouuc de tel là,9. les tant es coftes des Indes, qu’aux lilcs du 10. de la mer rougejfi cft-ce ncantinoins que pour y eu auoir mefuré de ^longues, lar ges amp;nbsp;monftrueufes, qu’il ne ft pas facile dcle faire croircà ceux qui n'c ont point veu , iene veux pas obmettre d’enfaire mentió.Entre les autres ic diray qu’vnc, qui fut ptinfe au Nauire de noftre Vicc-Admiiali eftoitdc telle grofleur que qua tre vingts perfonnes qu’ils cftoyent dus ce Vaifleau (à la façô qu’on à accouftume de viure fur mer en tel voyage) en difnc-rent honneftement. La chair approche fort de celle de veau ; amp;nbsp;de fait lardée amp;nbsp;roftie elle aprcfqucsle melme gouil.
Tortur^
Touchant la coquille ovale, qui ettoit ^''^‘*
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dclFus ccllc dont ie p.irlc , ayant plus de deux pieds amp;nbsp;demy de large , forte amp;nbsp;cf-peflç. a l’cquipolent, elle fut baiilee au lieurde fainte Marie noftreCapitaine,lequel la garda pour taire vnc l argue.Voi ci fcinblablemét la manière comme ic les ay veu prendre . hn beau temps amp;nbsp;calme
Faeigt;»ilt (caria merefraeue on les voit peu fou-u^rértuei uent ) qu'elles montent amp;nbsp;fc tiennent au )wmtr. dcll’us dc l’cau, le folcil leur ayant tellement efehauffe le dos amp;nbsp;la coquille , que elles ne le peuuêt plus endurer,abn dc fc refraifehir,elles fe virentamp; tourner ordi naircmét le ventre en haut. Ce qu’apper-ceuans les Mariniers,s’approchans dans leur Barque le plus coyemét amp;nbsp;plus près qu’ils pcuucnt,les accroclianscntre deux Coquilles aucefes gaftes de fer ( dont i’ay ia parlé ) à grand force , amp;nbsp;quelques fois tant que quatre ou cinq hommes pcuuct . // tirer ils les mettét dans IcurBatcau.Voi* '1^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;la cc que 1 ay voulu dire lommaircment, tant des Tortues que des poifTons que nous prinfmes pouiTors:ic parJeray encores ci apres des Dauphins, amp;nbsp;mefrnes des Baleines amp;autres Monftres marins.
C H A P. 1111.
De r Etjuator-ieuligne E^MinocHale'. enjern^ i/etiet DepeßesJnconßances des K ens, P biß
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infe^cyChaleurSifoifidr autres incomvtodite'i(^ lt;juenous eufmes^ amp;nbsp;endurafmes aux cnuirons amp;nbsp;fous icelle.
our retourner ànoftre naui-'i|/gation,noftré bon vent nous
_ eftât failli à trois ou quatre ^^ deçà de l’Equator, XKÄ^oon feulement nous eufmes
vn temps fort fafeheux , entrémeflé de pluye amp;nbsp;calme , mais aufsi félon que la nauigition-cft difficile,voire tresdange-reufe auprès de cefte ligneEquinoâialc, i’y ày veu, à caufe de l’inconftancc de diners yens qui fouffloyent tous enfcmblc, nos trois Nauiresjquoy qu'ils fulfent af-fez près l’vn de l’autre, amp;nbsp;fans que ceux qui tenoyent les Timons amp;nbsp;Gouuernails Exigt;fr,?„ euflent peu faire autrement,chacun Vaif^^'quot;^^ feau eftre pouffe defon vent à part : dc'^,»^/«« façon que comme en triangle, l’vn alloit $■ƒ“' à rEft)rautre au Nord,amp;rautrc à l’Ocft: vray eftque cela ne duroit pas beaucoup, car foudain s’cfleuoyent des tourbillôs, que les Mariniers de Normandie appellent grains, Icfqùcls après nous auoir quelques fois arreftez tout court,au contraire tout à l’inftant tempeftoyet fi fort 1 clans les voiles de nos Nauires , que c’eft y ' * nicrucille qu’ils ne nous ont virez cent “»“**»** fois les Hunes en bas , amp;nbsp;la Guille cn“*'** '^
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haut c’eft à dire, ce deflus delTous.
Au furplus la pluyo qui tombe fous amp;nbsp;es enuirons de celle ligne ^ non fculcmét put amp;nbsp;fent fort mal,mais aufsi eft fi con-tagicufe que fi elle tombe fur la chair il s’y leucra des pullules amp;nbsp;grofles vefsies: ft^XJ^ ™^^™^ tache amp;nbsp;galle les habillcmcns. ^leufi. ^Dauâtage le folcil y eft fi ardent, qu’outre les chaleurs extremes amp;nbsp;vehementes que nous y^endurios , encores parce que nous n’y auions pas l'eau douce, n’y au-F-xtrimn tre bi'uuage à commanderrjent, ni hors ch,ieuri. j^^ deux petits repas , y eftions nous mer uciUeufemét prclfcz de foif. De mapart amp;nbsp;pour l’auoir clTayc'l’aleine amp;nbsp;le fou-fle m’en cftans prefque faillis, i’en ay per du le parler l’efpacc de plus d’vue heure. Que Ii qu’clcunditladellus mourans ain-fidc foif au milieu des eaux ( fans imiter rantalus)il ne fcroit pas pofsiblc en telle extremiu; de boire ou pour le moins fc refrefehir la bouchede l'eau de la mer: ^ic refpond que quelque recette qu’on me peut allcgucrdc la faire palier par dedans de la cire , ou autrement l’allambi-qucr ( ioint que les branflemens amp;nbsp;tour-E4iJf mentes des quot;Vaifleaux flottans fur la met /Jea^^’^^^ ^°”^ P^^ ^'°*^^ propre, ni pour faire les ilire. fourneaux ni pour garderies bouteilles de callcr)quc ic croy (finon qu’on voulut ietter les trippes amp;nbsp;les boyaux incontinent
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lient apres qu’elle feroit dans le corps) qu'il n’eft queftion d’en gouHcr j moins d’en aualcr.NcantnioinsjCommc on voit quant elle eft dans vn verre, elle eft aufsi claire,pure, amp;nbsp;nette extetieurcraent que eau de fontaine ni de roche qui fc puifïe-voir.Etau furplus ( chofe dcquoy ietne fuis cfmerueiÛé amp;quc ie laifte à difputer’ ^ aux Philofophcs ) fl vous mettez trem-^*''/- ’'***' per dans l’eau de mer du lard , du haren ou autres chairs amp;nbsp;poiflons tant falcz puiffent ils eftre, ils fc delfalcront mieux amp;nbsp;pluftoft qu’ils ne ferôt en l’eau douce.
Or pour reprendre mon propos,le coble de noftre affliftion fous cefte Zone • bru{lâtefuttellc,qucnoftre bifcuit(à eau fe des grades amp;côtinucllcs pluyes qui a-uoyêt pénétre iufques dûs la Soute) eftât'^*'quot;lt;* dehors gaftéamp;moih,n’cn ayâs neâtmoins r^o’l^-./a pas à demi noftrcTaoul de tel,non feulement il nous le falloir ainfi mâger pour-^. ri, mais aufsi fur peine de mourir dc^,'^‘quot;,; faim,amp; fans en rien ietter,nous auallios autant de vers ( dont il cftoit à demi) que nous faifions de iniettes. Dauantage nos ‘«‘A*' eaux douces eftoyent fi corrompues , amp;nbsp;E«« rf,«« femblablemét fl pleines devers, que feu-^ ”■’''?“'• lernet en les tirant des vaiffeaux en quoy on les tient fur mer , il n’y auoit fi hon coeur qui n’en crachaft-.mais encores, qui cftoit bien le pis , quant on la buuoit il
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falloit tenir la talie d’vne main amp;nbsp;,à cau-fc de la puanteur » boucher le nez de l’autre. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'
rentre la Quc dîtes VOUS la dcflus incfsicurs Ics ^eücMii. délicats ? qui cftans vu peu prclTcz de chaut,apres vous eftre bic faits teftôner, amp;nbsp;change de chemife iamez tant d’eftre à requoy dans vne chaire , ou fur vn luS verd en la belle falc fraifehe ? amp;nbsp;qui ne ; faill iez prendre vos repas filavaiflcllc ^ -'vv«/' n’eft bien luyfantc,le verre bien fringue, les feruiettes bien blanches,TFpain bien chapple, la viande, quelque delicate que elle loit, bien proprement apreftec amp;nbsp;feruie, amp;nbsp;le vin ou autre bruuage clair ' côme vnc Emeraude? voulez vous , vous ! allcrcmbarqucr pour viurc de telle façô? comme ie ne le vous confcillc pas, amp;nbsp;qu'il vous en prendra encores moins de enuie quand vous aurez entendu ce qui nous auint à nottre retour, aufsi vous voudrois ie bien prier , quand on parle de la mcr,amp; fur tout dctclsvoyagcs,n’cn fachâs autre chofe que par les hures, ou feulement en ayant ouy parler à ceux qui n’en reuindret iamais,vous nevouluflîez pas,en ayât h dclfus,vcdrc(cómc on dit) vos coquillcs à ceux qui ont efte à S.Michel . Ceft à dire , que vous dcffcrifsicz vn peu amp;nbsp;laifsifsicz difcourir ceux qui en endurans tels trauaux ont efté à la pratique
-ocr page 87-DE L’ A M E R I Q_V E 59 pratique des chofcs_, Icfquellcs, pour en parler à la vérité , ne fe peuuent bien glijder au cerucau ni en rentendementlt;ny*'''' des hommes finon ( ainfi que dit le pro-uerbe) qu’on ait mangé delà vache en-
Surquoy i’adioufteray, tat fur ceci que fur le premier propos que i’ay touché concernant la variété des Vents , Tcm-peftes , Pluyes inférés, Chaleurs , amp;nbsp;en fomme ce qui fc voit tant fur mer en général que principalcmct fous l’Equator, que i’ay veu vn de nos Pilotes nômé lean •j«« Tide Meun , de Harfcur lequel » bien qu’il '«f'/lt;'’' ne lecut ni A, ni b,auoit ncantmoins par la longue experience auec fcs cartes , A-ftralabes, amp;nbsp;Bafton de lacob fi bien profité en l’art de la nauigation , qu’à tout coup ilfaifoit taire vn fcauant pcrfon-nagc (que ie ne nommeray point) lequel cftant dâs noftre Nauire triomphoit tou tesfois de parler de la Théorique . Non pas que pour cela ie côdamne ou vueille blafmcr en façon que ce foit les fcienccs qui s’acquicrent amp;nbsp;apprennent és efeho-Ies,amp; par l’eftudc des liiircs;ricn moins, tant s’en faut que ce foit mon intention: mais bien requenoy -ie fans tant s’arrc-fter à l’opinion de qui que ce fuß’, qu’on ne m’alleguaft iamais raifon contre l’ex-' perience d’vne chofe. le piie donc le le-
- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;C 4
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élcur de me fuporterfi en me refounenat de noftre pain pourri amp;nbsp;de nos eaux puantes, Si le comparantauec la bonne ehe rc de ces grans cenfeurs, faifant cefte di • grefsion ie me fuis vn peu mis en colère contre eux. Au furplus pluficurs Mariniers , à caufedes incômoditez fufditcs, apres auoir mange tous leurs viurcs en ces endroits là, c’eft à dire fous la Zone 1 ornde , fans pouuoir paffer outre ont elle contraints de rclafclier amp;nbsp;retourner en arriére d’où ils eftoyeut venus.
Q^ant à nous, apres que nous eufmes demeure , vire', amp;nbsp;tourné , cnuiron cinq Icpinaincs en telle mifere que vous aucz ouy,tftans ainfi peu à peu à grandes dif-licultez approchez de cefte ligne Hqui-no(ftialc,Dicu ayâtpitic denous amp;nbsp;nous cnuoyantlc vent de Nord-Nord’eft , le quatrième iour de Feurier nous fufmes pouvez iufques droit deflbus icelle. Elle eft appelée Equinodiale, pource qu’eu toutes laifons les iours amp;nbsp;les nuits y fô't touliours cfgaux. Etau furplus quantle Soleil eft droit en ccftclignc,cc qui auiet deux fois l’année , alîauoir rvnneme de
(t'Unod lit -
à i/tfurtfuaji Jars à le tref eine de Scptébre,Ics iours f’“J“’l’ amp;nbsp;les nuits font efnaux par tout le mode vnmerfcl : tellement que ceux qui nabi-tenc fous les deux Poles, Aréliquc amp;nbsp;An tarefique, participans fculemct ces deux iours
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iours dc I’annce du iour amp;nbsp;dt la nuit, des le lendemain les vns amp;nbsp;les autrcsCchaciin àfon tour) pcrdct le Soleil de veut'pour demi an.
Ccdit iour doncqucs quatrième de Feurier,que nous paflafmes leCentre du monde, les Matelots firet les ceremonies pareuxaccouftumecs en ce tant fafeheux lt;nbsp;amp;nbsp;dangereux paffage. Aflauoir,dc lier de cordes amp;nbsp;plonger en mer , ou bien noircir amp;nbsp;barbouiller le vifage auec vn vieux drappcau frotté au cul delà chaudière, ceuxquin’ôt iamais palférEquator pour lesen faire fouuenir ; toutesfois on fe peut racheter amp;nbsp;exempter de cela, côme ie fis,en leur payant le vin,
Ainfi fans interuale, nous finglafmcs de noftre bon vent de Nord-Nordeft iufques à quatre degrez au delà dc la ligne Equinoftialc. Des la nous commen-çafmes dc voit IcPoleAntaréfiqUe lequel les Mariniers de Normandie appclcnt JJ,,/^*. l’Eftoile du Su:à l’entour dc laquelle,cô- ?«'• quot;me ie remarquay des lors, il y a certaines autres Eftoilcs en croix qu'ils appclent aufsi la croifee du Su.Comme au fcmbla ble quelque autre a eferit, que les premiers qui de noftre temps firêt ce voyage rapporterent.qu’il fc voitjtoufiours près d’iceluy Pole Àntartique , ou midi, vne petite nuce blanche amp;nbsp;quatrcs cftoiUcs
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en croix,aucc trois autres qui rcflcmblét i à noftre Septentrion . Or il y auoit dclu long temps que nous auions perdu de veuële Pole Ardique: amp;nbsp;diray ici en paf fant non feulement,ainfi qu’aucuns pen-fent, amp;nbsp;qu’il fc.mble aufsi par la^Sphere qu’il fepuifle faire qu’on ne feanroit voir les deux Poles quant on eft droit fous l’Equator, mais mefmes n’en pouuans voir ni l’vn ni l'autre , il faut eftre efloî' gné d’enuiron deux degrez du cofté du Nord ou du Su pour voir l’Arctique ou l’Antarâiquc,
Le trezieme dudit mois dcFcurier que le temps cftoit fort beau amp;nbsp;clair, ; nos Pilotes amp;nbsp;Ma.iftres de Nauires ayans prinshautcur à l’Aftralabc.nous alfcurc-SileiifDur f‘^’'t que nous allions IcSoleil droit pour gtn., Zeni, amp;nbsp;en la Zone fi droite amp;nbsp;direâe fur la telle, qu’il cftoit impofsible de plus. Et de fait,ainfi que moy amp;nbsp;d’autres experimentafmes ( quoy que nous plan-tifsions des dagues,coufteaux, poinfons amp;nbsp;autres chofes fur le Tillac ) les rayons nous donnoycnt tellement à plomb, que nous nevifmes nul ombrage ce iour la en noftre Vailfeau . Quant nous fufmes par les douze degrez, nous eufmes tor-mentequi dura trois ou quatre iours. Et après cela 1 tombans en l’autre extrémité J la mer fuft fl tranquilc amp;nbsp;calme, s que nos
-ocr page 91-D E L’a M E R I QJ E. 4J que KOS Vaificaux demcurans fix fur Peau nous ne fufsions iamais bougez d*e là , file temps ne fc fuft change, amp;nbsp;le vent eflcué pour nous faire palier outre.
Or nous n’auions point encores ap-perçcus de Baleines en tout noftre voya-ge, mais en ces endroits nous en *ifmcs d’alTez près pour les bien remarquer.Entre autre il y en eut vue, laquelle fe louant près de noftre Naiiire, me fit fi grand peur que véritablement iufques à eeque ielavis mouuoir icpenfois que ce fuft vn rocher contre lequel noftre Vaifleau s’allaft hurter amp;nbsp;brilcr.robfer-«ay quant cllc fe voulut plonger, qu’elle leuaia tefte hors de la mer, amp;nbsp;ictta en Pair par la bouche plus de deux pipes d’eau : amp;nbsp;puis en fc cachant, fit vn tel amp;nbsp;fi horrible bouillon,que ie craignois encores que nous attirans après foy , nous ne fufsions engloutis dans ce gouffre. Et à la vérité corne dit le Pfalmifte , c’eft pfe.104. horreur de voir ces Monftres marins 16. s’esbarre amp;nbsp;fc iouer ainfi à leur aife parmi la mer. '
Nous vifmes aufsi des Dauphins lef- q,^^^i^.^^ quels fuyuis dcpluficurscfpcccs de poif-fuynts tie fons,to’difpofcz amp;nbsp;arregez ainfi troupe amp;nbsp;eópagnie de Soldats marchans
-ocr page 92-^^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;histoire après Jour Capitaine, paroiflbyent dans l’eau de couleur rougcaftrcJl y en eut vn entre les autres lequel, comme s’il nous euft voulu chérir amp;nbsp;careffer, tournoya amp;nbsp;enuironna fix ou fept fois noftre Naui-re. En rccoihpenfc dequoy nousfifmes tout noftre effort pour le vouloir prendre , maisluy faifat toufiours dextremet la retraite aucc fa compagnie, il ne nous fut pas pofsiblc de l’adioindrc à nous.
C H A P. V.
Du deßeuurement amp;nbsp;premiere veue ijue now eußnesytant de finde Ocddenraley ou ter re du B refil, t^ue det Saunages haititans en icel le:auec tout ce qui now aduint fur mer lufques fow le T repique de Capricorne. /
PRES cela nous eiïfmes le
^^”*^ d’Oiiçft qui nous cftoit
^ propice , amp;nbsp;tant nous dura
que le vingtfixicme iourdu J mois de Feurier, 1557.prins à la natiuitc, enuiron huit heures du ma-
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iffr^ tin nous eufmes la veue de l’Inde Occidentale terre du Brcfil, quarte partie du Uwwif monde, amp;nbsp;incogneue des anciens, autre-aief^rf- geteilte Amérique du nom de ccluy qui
Kueriiffi,^ premièrement la defeouuritenuiron l’an “eJu'Sre' ^497quot; ^^ ^‘^ f^^t pas demander fi nous fuf /i- mes
-ocr page 93-D E l’a M M R I QJ E. 45 mesioyeux, amp;nbsp;fi nous voyans fi proche du lieu ou nous prétendions, nous en rc-difmes graces à Dieu de bon courage. Et de fait y ayant près de quatre_mois c^uc^iMH^fut-nous bradions amp;nbsp;dotions fur mer,il nous nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^fak'
eftoit adu'is que nous y edans exilez 8c confinez, nous, ne deufsions iainais mettre pied à terre. Ainfi après que nous euf mes appeteeu tout à clair que c’eftoit ter referme que nous auions dcfcouiiertc, ayans lèvent propice amp;nbsp;mis le cap droit dedus , des le mefme iournous vinfmes furgir amp;nbsp;rnouillcr l’Ancre à vnc demie licué près d’vn lieu montueux amp;nbsp;terre fort haute appelée Huua/pm par les Sau- / uages.La,aprcs auoir mis la Blt;irquc horsd®* du Nauire, amp;nbsp;félon la coufi:ume quad ou Mlt;f«x en arriue en ces pays la, tiré quelques coups ‘’‘^quot;^gt;'•-de Canons pour aduertir les habitans, ^ '' nous vifmts incontinant grand nombre d’hommes amp;nbsp;de femmes Saunage« fur le nuage de la mer.Cependant (comme aucuns de nos Mariniws, qui auoyent au-tresfois voyagé par delà recogneurent bicn)c’eftoycnt de la nation nômeeA/^r- -^ar-ƒlt;??.«, alliée des Portugais, amp;nbsp;par confie- ^^‘^ quent tellement ennemie des François, ^^^^‘ que s’ils nous cudent tenus à leur aduan- Ju FrM~
tage, nous n’ciifsions paye autre rançon finon qu’aptes nous auoir aflommez , amp;nbsp;mis en pieces nous leur eufsions ferui de
COM.
4lt;î nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTOIRE
viandes.Nous comniençafmcs aufsi lorî de voir premièrement, voire en ce mois de Feurier ( auquel à caufe du froid amp;nbsp;de la gelee toutes chafes font li referrees amp;nbsp;cachées par deçà amp;nbsp;prefque par toute l'Europe au ventre delà terre)lcs forefts, bois ,amp; herbes de cefte contrée la aufsi •ïiiB ô- verdoyantes que font celles de noftre Frâ ^^ ^^ mois de May ou de luin : ce qui fe ■vtrdôjaxi voit tout le long de l’année , amp;nbsp;en toutes f, r^mc faifons en cefte terre du Brefil.
Or nonobftant cefte inimitié de nos tJ^ar^aïas à l’encontre des François, laquelle eux amp;nbsp;nous difsimulions tant que nous pouuions,noftrc Cótremaiftre,qui fauoit vn peu gergonner leur langage, s’eftant mis dans noftre Barque aucc quel qucs autres Matelots s’tn alla contre le riuage,ou en groftes troupe's nous voyôs ces Saunages ademblez, Foutesfois nos gens ne fe hans en eux que bien à point, afin d’obuier au danger ou ils fe fuirent peu'mettre d’eftre 'Boucane'^, c'eft à dire» toftiz , ils n’approchèrent pas plus près de terre que la portée de leurs flefehes. Ainfi leur monftrans de loin des cou-fteaux , des mirouers amp;nbsp;autres baguc-nauderics , amp;lesappclans pour leur demander des vinres , fi toft que quelques vns qui s’aprochcrent le plus près qu’ils peurent,l’eurent entédu, fans fe faircaO' trement
-ocr page 95-De l’a M E R i (\y E. 47 trement prier plufîcurs d’entr’eux en grande diligence nous en allèrent quérir Noftre Contremaiftre doneques à fon retour non feulement nous rapporta de la farine faite d’vue racine laquelle les FarintJt Saunages mangent au lieu de pain , des ^7ûr«*^ô Vi3!bons,amp; de la chair d’vue certaine ef- i««««^«. pece de Sangliers,auec d’autres viéfuailj^quot;“' les amp;nbsp;fruits à fuffifance tels que le pays les porte, maisaufsi pour noui les prefenter fix hommes amp;nbsp;vhe femme ne firct point de difhcultc de s’ébarquet amp;nbsp;nous venir voir en noftre Nauire . Or parce que ce furent les premiers Saunages que^.,«„.,jç,, ic vis de près , ie Vous lailfe à ppnfer fi ie '^'“’ f i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;- dtfenttftv
les regarda/ amp;nbsp;Conteplay attcntiuemet.r^„r Partant encores que ie referue à les def-ciire amp;nbsp;defpcindre au long en autre lieu plus propre, fieu veux ie dire des maintenant quelque chofc en paffant.Premièrement tant les hommes que la femme cftoyent aufsi cuticremet nuds que quât ils fortirent du ventre de leur mere : nc-
antmoins pour eftre plus bragards ils c-ftoyent peinturez amp;nbsp;noircis par tout le corps.Les hommes au refte, à la façon amp;nbsp;comme la couronne d’vn moyne, eftoyet tondus fort près fur le douant de la tefte, mais furie derrière portoyent les che-ueux longs: amp;nbsp;toutesfois, ainfi que ceux qui portent leur perruque par deçà, vn peu
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T^u/eJfs Óauua^es pournout quot;*' ''ttPer.
peu roigncz à retour du col. Au furplui ayans tous les Icurcs de dclTous trouées amp;nbsp;percees, chacun y auoit vnc pierre ver te bien proprement appliquée amp;nbsp;comme enchaflec,laquelle eftant de la largeur amp;nbsp;rondeur d’vu tefton » ils oftoyent amp;nbsp;re-mettoyent quant bon leur fctg-bloit. Et combien qu’ils portent telles chofes en penfans eftre mieux parez, tant y a neât-moins quand cefte pierre eft oftce,amp;quc celle grande fente en la Icurc de dclTous Icur fait comme vnc fecôde bouche, cela les dtsfigure bien fort. La fcmmc^ainfi que celles de par deçà , portoit les ehe-ueux longs: auoit la leure non fendue mais bien les oreilles percees amp;nbsp;des pendans d’os blanc dans les trous. le re-futeray ci après l’erreur de ceux qui nous ont voulu faire acroire que les Saunages clloyent velus.Or auât quedc partir d’a-ucc nous,les hommes amp;nbsp;principalement deux ou trois vieillards qui fembloyent dire des plus apparens de leur parroide (comme on parle par deçajallcguans que il y auoit en leur contrée du plus beau bois de Brcfil qui fc peuft trouucr en tout Erpays, promettans de nous aidera le couper amp;nbsp;porter , amp;nbsp;au relie nous affiler de viurcs firent tout ce qu’ils pen-rent pour nous perfuader décharger là hollrcNauirc.Mais parce que cela^lloit , nous
-ocr page 97-DE 1’ A M E R 1 C^y E. 49 nous appcllcr amp;nbsp;faire finement mettre pied en terre, pour puis après ( ainfi que l’ay ia dit ) comme nos ennemis qu’ils e-ftoyent, nous mettre en pieces amp;nbsp;nous manger,outre que nous tedious ailleurs, nous n’auions garde de nous y arrefter.
Ainfi,après qu’aucc grande admiratiô nos il/^r^^/^Jlk’fqucls pour quelque cou fideration amp;nbsp;dangereufe confequenec, nous ncvoulufmes faleliemi retenir^euî rent bien regardé noftre Artillerie, amp;nbsp;tout ce qu’ils voulurent dans noftre Vaif fcau,cftans prefts,amp; demandas de retour neren terre vers leurs gensqui les atten-doyéttoufiours fur le nuage, il fuft que-ftion deles contenter des viurcs qu’ils nous auoyentapportez. Et d’autant que f,^^j. ils n'ont nul vfage de monnoyc , le paye-' dtme^. ment que nous leur fifincs fut, des chemi ’î^sT^Z fcs, descoufteaux, des haims à pefeher,««. des mirouers , amp;nbsp;autre marchandife amp;c ^Sreene propre à trafiquer aucc ciix./v,-lt;..^«..-Mais pour la fin amp;nbsp;bon du icu: tout ainfi que ces bonnes gens, tous nuds àlcurar-riuee n'auoyent pas efté chiches de nous móftrer le cul amp;nbsp;tout ce qu’ils portoyét, aufsi au départir qu’ils auoyct veftus les chemifes que nous leur allions baillées (n’ayans pas accouftumé d’auoir lingcsni autres habillcmës fur eux) quad fe vint à s’afloir en la Barque,craignans de les ga-«
D
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HISTOIRE
Cniiité ftcr en les trouflans iufques au nombril, ■vrayment ^ defeouurans cc que pluftoft il falloir jauMa^e. cacher,ils voulure nt en prenant conge de nous que nous vifsions encores leur der rierc amp;nbsp;leurs feiles. Ne voila pas d’bon-neftes officiers, amp;nbsp;vue belle ciuilité pour des . Ambafladeurs ? Car nonobftant le prouerbe fi commun, en la bouche de t,ous nos autres , que la chair nous eft plus proche amp;plus cherc que la chemife, eux tout au contraire tant pour nous monftrer qu’ils n’en eftoyent pas la logez , que pour vue grande magnificence en noffire ’endroit, en nous monftrans le cul prefcrcrent leurs chemifes à leur peau.
1 Or après que nous-nous fufimes vu - peu refraifehis en cc lieu, amp;nbsp;que quoy - . » jque les viandes qu'ils nous auoyent apportées, nous femblalfcnt effranges à ce coinmcncemcnt, nous ne laifsions pas toutesfois , à caufe de la necefsite, d’en bien manger, des le lendemain,qui eftoit vn iour de dimanche,nous Icuafmcs l'An cre amp;nbsp;fifmes voiles. Ainfi coftoyans la ter rc amp;nbsp;titans ou nous prétendions d’aller, nous n’culmcs pas nauigue neufou dix licués que nous nous trouuafmes àl’cn-FuriJes droit d’vn Fort des Portugais nomme X74“F=»r eux SPIRIT VS SANCTVS rakjan-{èc parles Saunages ^JJ'foab) lefquels ^*'' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;reco-
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recognoiffans, tant noftrc equipage que celuy de la Carauclle que nous emmenions (laquelle aulsi ils iugerent bien que nous allions piinfe fur ceux de leur nation) nous tirèrent trois coups de Canons i amp;nbsp;nous femblablcment pour leur refpondie trois à eux. l outesfois,parce que nous cftions trop loin pour la portee du Canon, ce fut fans olfcncer ni les vns ni les autres.
Pourfuyuans doneques noftrC route, amp;nbsp;coftoyans toufiours la terre,nous paf-fafrnesaupres d vn lieu nommé! apemtry^ Tapf^ ou à l’entrée de la terre ferme, amp;nbsp;à l’cm- rniri-boucheure de la mer,ily adespetitesifles amp;nbsp;croy que les Saunages , demeurans en celieu là, font amis amp;nbsp;alliez des François. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'
Vn peu plus auant,amp;par les vingt de- cp^^^-;^ grez , habitent d’autres Saunages nom-^^^ mez Paraibesycn laterre defqucls,comme ie remarquay en palfânt, il fc voit de petites montagnettes faites en pointe amp;nbsp;en forme de cheminees. Le premier iour de Mars nous eftion^ à la hauteur de ce que les Mariniers appclent les petites Baffes, Ltipni.: c'eft adiré , elçucjls ou pointe de terre «» '^•JT^t entreraeflee de petits rochers qui s’auan-cent en mcr,lcfqucls,craignans que leurs vaiffeaux n'y touchent,ils euitent autant qu’il leur eft pofsible.
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A l’endroit de ces Baftcs,nous defcou-! , urifmes amp;nbsp;vifmes tout à clair, vne terre lgt; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jil^nc laquelle,l’cnuirô de quinze lieues
Oue-tacas
Sauua^fj fitrouchet (^ leur façon  t quot;virtre du tout bar' bare ^
de longueur , cft pofledee amp;nbsp;habitee des 0M-efacaf,Sa.iina^cs ft farouches amp;nbsp;eft rages, que come iJs nc pcuuct demeurer en paix Tvn aucc l’autre,aufsi ont ils guerre ouucrteamp; continuelle tant contre tous leurs voifins , que généralement contre tous les eftrangers.Que s’ils font prenez amp;nbsp;pourfuynis de leurs ennemis (lefqucls cependant nc les ont iamais fccu vein-cre nc domptcr'ils courent fi vifte amp;nbsp;vôt fi bien du pied , que non feulement ils e-uitenten cefte façon le danger de mort, mais mefmes quant ils vont à la chaffe, ils prennent à la courfe certaines beftes Saunages , cfpeccs de Cerfs amp;nbsp;Biches. Au furplus, combien qu’aiiifi quêtons les autrcsBrcfilicns ils aillcnttout nuds.
fieftee neantmoins que contre la cou-ftume plus ordinaire des hommes de ces pays là, lefqucls (comme i’ay ia dit amp;nbsp;di-ray encores plus amplcmcnt)fe tondétlc dcuant de la tefte amp;nbsp;rongnent leur perru y‘''-7‘ qiic fur le derrière,eux portent leurs ehe I “ lieux longs ic pendis iufques aux feflès.
Brief ces diablotins d'Ott-éfacas demeu
ras inuinciblcs en ce petit pais,amp;au fur-plus comme chiens amp;nbsp;loups mangeans la chair crue, mefmes leur langage n’eftant point
-ocr page 101-DE L' A M E R I QJ E. 53 point entendu de leurs voilins , doyuent eftre tenus amp;nbsp;mis, au rang des nations plus cruelles, barbares, amp;nbsp;redoutées qui fe puiffent trouuer en toute l’Inde Occidentale ou terre du Brcfil. Au refte tout ainfi qu’ils n’ont, nine veullcnt auoir aucune acointance ni traffiqueauee les François,Efpagnols,Portugalois, ni autres de ces pays d’outre mer, aufsi ne fca uent ils que c’eft des marchandifes de par deçà . Toutesfois,félon que i’ay entendu depuis de quelqucTruchement de Normandie, quant leurs voyfms en ont, amp;qu'ils les en vcullent accommoder,voi
• i r nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i Faetn de Cl la façon oC la manière comme iJs en permuter vfeiit.Lc Adargatat, (^ara-ia, ou Toiioupi-Klt;t»2^»tfl«/r(qui font trois nations qui leur font voifincs ) ou autres Saunages de ce ^^^ pays là,fans fe fier ni aproeber de rOHe-/«Ciîcnluy môftrât de loin vue ferpe , vn ' coufteau, vn pigne, vn miroir , ou autre tnarebandife amp;mcrccrie qu’on porte paideia,luy fera entendre par figne s’il veut châger à quelque autre ebofe. Que fi l’au trc de fa part s’y accorde, il luy môftrera au rcciproquc,dc la pluma{feric,dcs pier res vertes qu’ils mettent en leurs Icurcs, ou autres chofes de ce qu’ils ont en leur pays. L’accord fait,ils conuiendrot d’vu lieu à trois ou quatre cens pas delà,ou le premier ayant porté amp;nbsp;mis fur vue picr-
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-ocr page 102-54 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTOIRE
re ou buche de bois la chofe qu’il voudra efchangcr,fc reculera à collé ou en arriéré. L’0«ë-rlt;*c4 lavcnant prendre,apres a-uoir laide au mcfmc lieu ce qu’il auoit monftré ^ s’cflongnant fera aufsi place amp;nbsp;permettra que le Margaiat, ou autre tel qu’il fera,la vienne querir:tcllemcnt que lufques à là ils fc tiennent promefle l’vn à l’autre. Mais chacun ayant fon change, h toll qu’il eft retourné amp;nbsp;qu’il a paflé outre les limites ou il eftoit du commencement, les treues tftans rompues, c'eft lors à qui pourra auoir amp;nbsp;attraper fon compagnon afin dcluy öfter ce qu’il a:amp; ic vous laiflc à penfer fi le Courficr,de Naples , ou le Leuricr ^l Oué-taca a l’ad-uantage, amp;nbsp;s'il pourfuit de près amp;nbsp;halle bien d’aller fon homme . Partant finon que les boiteux , gouteux, ou autrement mal eniambez de par deçà voululfê't perdre leurs marchandifcs,ic ne fuis pas d’a-uis qu’ils aillent négocier ni permuter a-ucc eux. Vray eft que les Bafques, qu’on dit fcmbiablcmcnt auoir vn langage à part,amp; qui au refte font fi difpolls qu’ils font tenus pour les meilleurs laquais du monde, outre qu’on les pourfoit paran-gonner en ces deux points aucc nos 0»^ e/MM, encores pourroycnt-ils iouér es barres aucc eux.Comme anlsi quclqu vn a efent ^ qu’il y a vue certaine région en
* la Flo-
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la Floride, près la riuicre des Palmes,ou jj|^. les hommes font fi forts , fi difpos amp;nbsp;le- des ln.' giers du pied, qu’ils acconfuyuent vnfi-i-C'46 Cerf, amp;nbsp;courent tout vu iour fans fe rc-pofer.
Nouspaflafmes aufsi à la veue deMa^^- ji^ai^^ hif^zys prochain du precedent » habité ^/. d’vn autre peuple, lequel, ainfi qu’il eft vray fcmblable , n'a pas fefte,’comme on dit, ni n’a garde de s’endormir auprès de ces rcfueiiles matin d Ou-èt^cas leurs voi fins.En leur terre amp;nbsp;fur le bord de la mer on voit vnegrofle rochefaitc en formed’v netour,laquelle quad le Soleil frappe def Aquot;'’''^‘ fus, trefluit amp;nbsp;cftincclle fi très fort, que X«X. aucuns penfétque ce foitvne forte d’Ef-nicraude:amp; de fait les François amp;nbsp;Portu-galoisqui voyagent la, l’appelcnt l’Ef-meraude de Ma^-he. Toutesfois ainfi comme ils difent que le lieu ou elle eft, pour eftre cnulronné d’vhe infinité de pointes de rochers à fleur d’eau qui fc ict tcnt cnuiron deux lieues en mer, ne peut eftre abordé aucc les vailfeaux de cefte part là, aufsi cft-il du tout inaccefsiblc du cofté de la terre. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ji u
T
Il y a aufsi trois petites Iflcs nomees les Ifles de Maty-he, auprès defquellcs nous ayàs mouillé l’Ancre amp;nbsp;couché vnc nuit,
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JcJcndcinain faifant voiles penfions de ce iour arriuer auCap de Fricnoutesfois n’ayans que bien peu auancc nous euf-mes vent tellement contraire,qu’il fallut rclafchcr amp;nbsp;retourner d’où nous cftions partis le matin , ou nous demeurafmes à l’Ancre iufques au Jeudi au foir: mais co me vous entendrez , peu s’en fallut que nous n’y demeurifsions du tout. Car le maixli deuxième de Mars qui cftoit le jour qu'on dit Karcfint prenant , après que nos Matelots,felonleurcouftume,fc furent refiouïs, il aduint qu’enuiron les vnze heures du foir ,amp; fur le point que nous commencions, à repofer, la tempe-fte s’efleua fi foudainc , que le cable qui tenoit l’Ancre de noftre Nauirc ne polluât fouftenir l’impctuofite des furleufcs vagues,fut tout incontinent rompu.Par tant noftre Vaifleau tourméce amp;nbsp;ainfia-
gite des ondes,poufté du cofte du rinage qu'il cftoit,eftant venu iufques à n’auoir Prerhtiâ quc ddix brallcs amp;dcmic' d'eaufqui eftoit jfrpKMwlc moins qu’il en pouuoit auoir pour Ho ■''^'”quot;' ter tout vuyde) peu s’en fallut qu’il ne fiift cf£houé,amp; qu’il ne töuehaft terre.Et , 1 défait le M. iftrcamp; le Pilote, Icfqucls f^ipoyent fonder a mefure que le Nauirc ^^'’^ ,'^' deriuoit, au lieu d'eftre les plus afteurez ‘•l'yl/« / amp;nbsp;donner courage aux autres , quand ils virent que nous en cftions venus iufques là,crie-
-ocr page 105-DE l’aMERIQVE. 57 làjCrierent deux ou trois fois,nous fom-mes perdus,nous fonimes perdus. Tou-tesfois nos Matelots ayans en grande diligence ietté vn autre Ancre , que Dieu voulut qui tint ferme,cela empefeha que nous ne fufmes pas portez fur certains rochers d’vnc de ces Ides de Adaq-he\lc£ quels fans nulle doute amp;nbsp;fans aucune cf-perance de nous pouuoir fauucr ( tant la nier eftoit haute) culfcnt brife' entièrement noftre vailfcau.Ceftcffroy amp;nbsp;efton-nement dura enuiron trois heures , durant lefquellcs ne feruoit guercs de ƒ ƒ crier,bas bort,ticbort,h_aut la barre, dulo , haie là bolinc, lafehe l’efcoutc,/,^, -car cela fe fait en plaine mer ouïes Ma-À«r7r riniers ne craignêt pas tât la tourmente, qu’ils font près de terre, comme nous e-niops lors.Le matin venu amp;nbsp;la tourméte ceflee dautât,comme i’ay dit douant, que nos eaux douces eftoyent corrompues, nous en cftans allé querir de frefehe en l’vne de ces lÜcs inhabitables , trouuaf-mes non feulement la terre d’icelle cou-uerte d’œufs amp;nbsp;d’oifeauxde toutes for-abonda ce tes, amp;nbsp;cependant tous diflcmblablcs des noltres , mais aufsi pour n’auoir pas ac- ^^a^ -couftume de voir des hommes ils eftoyét ^^'^ fl priuc2,quc fe laidans prédre àla main, ou tuer à coups de baftons,nous en rem-plifmcs noftre Barque, amp;nbsp;en rempor-
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tafmcs tant que nous voulufmcs dans le Nauirc . Tellement, quoy que ce fuftlc iour qu’on appelle les cendres , tant y a que nos Matelots , voire les plus Cato-liqucs Romains ayans prins bon appétit au trauail qu'ils auoyent eu la nuit precedente,ne firent point de difficulté d'en mâger. Et certes aufsi, d’autat que ccluy qui contre la dourine de l’Euâgilc a defe du certains iours l’vfagc delà chair aux C'hrefticns,n’a point encores empiété ce pais là,ou par confequétil n’eft nouuclle depratiquer les loix de telles abftinéces, il fcmblc que le lieu les difpcnfoit allez-
Le Icudi que nous partifmes d’auprès de ces trçis Ifles nous eufmes le vent tant à fouirait,que des le lendemain enuiron les quatre heures du foir, nous
arriuafmes au port amp;nbsp;Havre des plus renommez pour la nauigation des fran-çois en ce pays là, alfauoir au Cygt; de Ltc^fdt Eric. Là,3prcs auoir mouiHcl’Ancre,le ^quot;*- , Capitainc,lcMaiftrcduNauirc,amp;:quel-' qucs vns de nous autres mifmcs pied a terre , ou furie riuage nous trouuafmes grand nombre de Saunages nommez 7oUoupinainhaoults alliez amp;confcdcrcz de noftre nation : Icfqucls outre la carefle amp;nbsp;bon accueil qu’ils nous firent, nous
quot;ToHoit fi nah, tSamta^ei ^Utt^äft irrani-dis.
dirent des nouucllcs de Villcgagnon, dont nous fuîmes tort joyeux. En ce mef 111 e
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me lien , tant auec vne rets que nous a-uions qu’autrement auec des hameçons, nous pefchafmes grande quantité de plu fieurs efpeces de poifTons tous diflem-blables à ceux de par deçà.Mais entre les autres, il y en auoit vn , pofsible le plus bigerre, difforme amp;nbsp;monftrucux qu’il ^^j^ cft pofsible d’en voir , lequel pour cefte miy/r««'**' caufe i’ay bien voulu ici deferire . Ile- i fioit prefques aufsi gros qu’vn bquucau''**quot; •* gt;nbsp;d’vn an , amp;nbsp;auoit vn nez long d’enuiron cinq pieds, amp;nbsp;large de pied amp;nbsp;dcmy,gar-nyde dents de collé amp;nbsp;d’autre aufsi piquantes amp;nbsp;trenchantes qu’vnc fcie:dc tn-pue çon que quand nous le vifiucFfur terre remuer fi foudain ce maiftre nez , ce fut a nous de nous en donner garde, voire fur peine d’en eftre marqué, de crier l’vn a l’autre garde les iambes . Au relie la chair en clloit fi dure, qu’encorcs que nous eufsious bon appétit , amp;nbsp;qu’on le fit bouillir plus de vingt amp;nbsp;quatre heu res, fi n’en feeufmes nous iam.iis mâger.
Au furplus ce fut là que no’ vifmes auf 11 premicremét des Perroquets,lefqucls, ainfi que i’obferuay deflors, cobif qu’ils Voietiie voller fort haut amp;cn troupesfeôme vous diriez les corneilles ou pigeons en nollre France ) fi ell ce neantmoins qu’ils font toufiours par couples amp;nbsp;ioints l’vn à l’au ire prefques a la façô de nosTortcrcllcs.
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HISTOIRE
ƒ.. lyjfhr J if
Cana-^ara Tttitrt.
Or à caufc de l’enuie que nous auion» d’eftre au lieu,ou nous prétendions,d ou । nous n’eftions plus qu’à vingteinq ou tre te lieues, fans faire Îi longfeiour au Cap de Frie que nous eufsions dcfirc , ayans appareille amp;nbsp;mis voilfi au vent,nous fin glafmcs fi bien que le Dimanche fcptie-meiour de Mars , laifians la haute merà gauche du cofte de l’Eft , nous entrafmes ’ au bias de mer, ou riuicrc d’eau falcclaquelle eft nommée Çanabara par les San-uagcs,amp; par les Portugais Gencure,par ce comme on dit qu’ils la defeouurirent le premier iour de lanuicr qu’ils nôinent ainfi. Et d’autant,ainfi qu’il a ia efte tou- i cheau premier chapitre de cefte hiftoi-rc,amp; que ie deferiray encores ci apres ■plus au long J que Villcgagnon des l’an precedent s’eftoit habitué en vue petite Iflcfitucc en ce bras de mer: après que d’enuiron vn quart de lieue loin nous l’eufmes faluc à coups de Canons , nous vinfmes furgir amp;nbsp;ancrer tout auprès.Voi , la en fomme quelle fut noftre nauiga- ' tion , amp;nbsp;ce qui nous aduint, amp;nbsp;que nous vifmes en allant en la terre du Brcfil.
V I.
De noßre defcente au Fort de Co/igny en l/i ferre du Breßl: Du recueil gue nom y fit Ville' ^agnon
-ocr page 109-B F. l’a M E R t (Xy E. 61 «a^nofJi V de /es comportemens,tane au frit de la '^/igion, /qu'autresparties deJoneoHHer~ nement en ce pays là •
^ 5 Nauircs doncqiics, eftans S au Havre en cefte riuicrc de j Gana^ara allez près de terre J ferme gt;nbsp;chacun .de nous ayant
troufle amp;nbsp;mis fon petit bagage dans les Barques , nous nous en allafmcs def-cendre en l’Ille amp;nbsp;Fort appelé Coligny. 'Defitntt Et parce que nous voyans lors non 'fcu-^“J^quot;j‘^ lement deliurcz des perils amp;nbsp;dangers dont nous auions tant de fois efté enui-ronnez fur mer , mais aufsi auoir efté fi heureufement conduits au port tant de-firé, ]a premiere chofe que nous fifmes aptes auoir mis pied à terre, fut de tous cnfembleen rendre graces à Dieu. Cela fait nous allafmes trouver Villcgagnon, lequel nous attendant en vne place,après que tous l’vn apres l’autre l’cufmes fa-Iué:luy de fa part auec vn vifage ouuert, nous accolant amp;nbsp;embraflanfnous fit vn . fort bon accueil. Après cela le Sieur du^4^«a» Pontnoftre conducteur, auec'Richicr amp;nbsp;Chartier Miniftres de l’Euagi!c,luy ayls rtute» deelaréen brief la caufe principale qui nous auoit meuz de faire ce voyage,amp; de pafler la mer auec grandes dimcultcz pour l’aller trouucr: afl'auoir,fuyuant les
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lettres qu’il auoit efentes à Gencue) que c’eftoit pour dreffer vue Eglife icfor mee félon la parole de Dieu en ce pays là,luyltur refpondant vfade ces propres paroles.
'Premen Quant a moy ( dit il ) ayant voircment „ou! rquot;“ ®‘^s long temps de tout mon cœur dcfirc jriUes,“- telles chofes, ic vous reçoy tres-voion-i»“quot;' tiers à ces conditions: mefmes parce que ieveux que noftre Eglife ait le renom d’eftre la mieux reformée par dclfus toutes les autres , des maintenant i’enten que les vices foycnt reprimez , la fomp-tuofité des acouftremens reformée, amp;nbsp;en fomme, tout ce qui nous pourroit cmpcfclicr de feriiir à Dieu ofté du milieu de nous . Puis leuant les yeux au ciel amp;nbsp;ioignant les mains dit. Seigneur Dieu ie te rends graces de ce que tu m’as cnnoye ce que dés fi long temps t’ay fl ardemment demande :amp; dci echcf s’adrefiànt à noftre compagniedit, mes enfans (car ic veUx eftre vofti c père) coin me Icfus Chrift en ce monde n’a i len fait pour luy , ains tout ce qu’il a fait à tfte' pour nous : aufsi ( ayant cefte efperance que Dieu : ic prefeuerera en vie lufqucs à ce que no” foyons fortifiez en ce paisamp; que vo’ vouspuifsicz paffer de moyitout ce que ic pretend faire ici efttant pour vous que pour tous ceux qui y viendront pour
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pour la mefme fin que vous y elles venus. Car ie délibéré d’y faire vnc retraite aux J)auurcs fideles qui feront perfecutez en France,cn Efpagne , ou ailleurs outre mer, afin que fans crainte du Roy ni de l’Empereur , ni d’autres Potentats , ils puiffent purement feruir a Dieu félon fa volonté. Voila les premiers propos que Villcgagnon nous tintànollre ar-riuee qui lut vn meccredi dixième de *ƒƒ/ 4’ *«. Mars 1557.
Apres cela ayant commande que tous fes gens s’alfcmblaflent auec nous en vnc petite falc, qui eft au milieu de l’Ifle , le Miniftre,Maiftre Pierre Ricliicr,aprcs l’inuocation du nom de Dieu amp;nbsp;le Pfeau me cinquième gt;nbsp;Aux paroles que ie veux dire amp;c.chantc,prcnant aufsi pour texte tes verfets du Pfeaume vingt amp;nbsp;feptic-
l nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i r nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;frr/cht lit
™c • lay demande vue choie au Seigneur r^mtri-laquclle ie requerray encores . C’eft que ‘^'*‘‘ l’habite en la maifon du Seigneur tous les iours de ma vicamp;c. fit le premier prefehe en ce fort de Coligny en l’Amérique . Mais durant iccluy Villcgagnon ^^^^^^^^_ entendant expofer celle matière , ne cef- enJe m-fant deioindre les mains , de leuer les''^'’^quot;quot;T
. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r • durant
yeux au ciel) de faire de grands foulpirs, fnfehe, amp;nbsp;autres fcmblablcs contenances faifoit cfmcrueillcr vn chacun de nous . Sur la fin après que les prières folennellcs
-ocr page 112-lt;^4 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTOIRE
( felon Je formulaire accouftumé es Eglp fes réformées de France vn iour ordonné en chacune femainc) furent faites, M compagnie fc départit. Toutesfois nous lj«întû's‘^ autres nouueaux venus demeurafmes amp;nbsp;receufmt, dîlnafmcs ce iour la en la mefme falle,ou g‘Jn,iéfû pour toutes viandes nous eufmes , de h commence ta 1 î IIc fû i tc d c rac ine, d u p o i JTo n boucanef c'eftàdire rofti à la manière des Saunages , d autres racines cuites aux cendres, amp;nbsp;pour bruuagc(n‘y ayant en cell lüc fô-tame ni puits, ni riuicre d’eau douce) de l’eau-d’vnc cifterne, ou pluftoft d’vncf-goutdc toute la pluie qui tóboit en l’Iflc, laquelle cftoit aufsi verte , orde amp;nbsp;fale qu eft vn vieil fofîé toutcouuert de Grenouilles. Vray eft qu’en comparaifon de celle fi puante amp;nbsp;corrompue que i'ay dit ci douant que nous auions beuê au Na-uirc, encore la trouuions nous bonne. Mais pour noftre dernier mets ( amp;nbsp;pour nous refraifchir)au partir de la, on nous mena tous porter des pierres,amp; delà terre au Fort de Coligny qui fe continuoit: c’eftlcbon traitement que Villcgagnon nous fit le beau premier iour à noftre ar-riuce . Danantage furie foir qu’il tuft queftio de trouucrlogis.lefieur du Pont amp;nbsp;les deux Miniftres eftas accommodez en vnc chambre telle quelle au milieu de i’Ifte , pour gratifier à nous autres de la
Religion
-ocr page 113-D E t’A MERI QV E. ^5 Religion,on nous bailla vne petite mai-fonnette, qu’vn Sauuagc efeiaue de Vil-legagnon acheuoitde couüiir d’herbe,amp; baftir à fa mode fur le bord de la nier, en laquelle,à la façô des Ameriquains,nous pendifmes des linceux amp;nbsp;lifts de Coton cnl’air pour nous coucher, Olt; des le ien demain amp;nbsp;les iours fuyiians,Vilicgagnô, fans que la necefsité l'en contraignit, amp;nbsp;fans auoir cfgardàcc que nous cillons tousfoi t affoiblis du paflage de la mer,ni à la chaleur qu’il fait en ce pays là : ioint le peu de nourriture (n’ayans chacun par jour pour toutes viandes , que deux gobelets de farine dure, faite des racines, dont i’ay parle e d’vue partie de laquelle, auec de cefte eau trouble de la eifterne .fufdite, nous faifions de la boulie,amp; mâgions le relie tout fec) nous fit porter la terre amp;nbsp;les pierres,pour baftir fôFort: voired’vne telle dihgcce, qu’cllans contraints,auec ces incommoditez amp;nbsp;debi-' lirez,de tenir coup à la befôgne, defpuis le point du iour iufqucs à la nuit,il fem-bloitbien nous traiter vn peu plus rudement que le deuoir dlvn bon pere cn-uers fcs enfans(tel qu’il auoitdità nollre arriuce nous vouloir élire ) ne portoit. Toutesfois tant pour l’cnuic que nous auions que ce baftiment amp;nbsp;retraite des fideles, qu’il difoit vouloir faire en ce
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H I s T o I R S
pays là fc parachcuaft, que parce que Maiftre Pierre Richier noftre plus Ancien Miniftrc, pour nous accourager da-uantage difoit que nous allions trouiie vn fécond faint Paul en Villegagnon (comme de fait, ic n’ouy iamais nomme mieux parler de la Religion amp;nbsp;reformation Chrefticnne qu’il faifoit pour lors) il n’y eut ccluy, par manicre de dire ,qui outre fes forces ne s’eployaft alegrcmcnt l efpacc d'enuiron vn mois,pour faircce meftier, lequel neantmoins nous n’auiôs pas accouftume.Surquoy ie puis,tlirc Vil Icgagnô ne s’eftre peu plaindre luftcmér, que tant qu’il fit piofcfsion de l’Euan-gile en ce pays là,il ne tiraftdc nous tout le feruice qu’il voulut. le referue à parler ailleurs tant des racines, dont i'ay frit mention , que de la propriété delà farine que les Saunages font d'icelles.
L*orJrt Efclf/ia ßitfue eßa hit par y lUe^a-^»on.
Ainfi pour retourner au principal, dés la première femaine que nous frf-mes là arriuez, non feulement il con-fcntit, mais aufsi luy mcfmc cftablit cell: ordre : affauoir, qu’outre les pricres publiques qui feferoyent tous les foirsa-pres qu’on auroit laide la befongne, les Miniftres prefeheroyent deux fois le Dimanche, amp;nbsp;tous les i^ours ouuriers vnc heure durant : confentant aufsi au refteque les Sacremens fuirent admini-ftrez
-ocr page 115-D E L’ A M E R I QV E. 6^ ftrei felon la pure parole de Dieu, amp;nbsp;que '' ^ la difciplinc Ecdeliaftiquc fut pratiquée contre les dcfaillans.
Suyuant doneques celle police Eeele- ‘^°“'ii^'^~-^ fiaftiquc,lc Dimanche vingt Se vmême tremrfut de Mars que la fainte Cene de noftre gt;ci-gneur Icfus Chrift fut célébrée j les Mi- hreeme^ Jiiftrcs ayans auparauant prépaie Se ca-”quot;^'^quot;*' ihechife tous ceux qui y deuoyent communiquer , parce qu’ils n’auoyent pas bonne opinion d’vu certain l£an Cpin-ta qui fefaifoit appeler monficur Hc-f,{„^^j, «Sot autreslois dodeur de Sorboiines’quot;quot;/« lequel auoit paße la mer auec nous, i] ^‘’^'■^'’quot;• fut prié par eux de faire confefsion de fa foy : ce qu’il fit amp;nbsp;abiura publiquement Jcpapifmc.
Semblablement Villcgagnon faifant toufiours du zélateur,apres le fermon a- j,.„ cheue s’eftât leue debout amp;nbsp;alléguât que^u^'f^n-les Capitaines,Maiftres de Nauirc-s,Ma-^^quot;'''V-telots, amp;nbsp;autres qui y ayant afsiftez n’at y ’^' uoyent encores fait profefsiondelà Rc- *'*‘'^ ligion, n’eftoyent pas capables d’vn tel miftcrc,lcs faifant fortir dehors ne Voulut pas qu’ils viffent adminiftrer le pain amp;nbsp;le vin. Dauantage luymcfmcs tant, comme il difoir, pour dédier fon l'ortà Dieu,que pour faire cóhfefsion de fa foy en la face de riiglifc,fenii/ttant à genoux prononça à haute voix deux Oraifons»
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-ocr page 116-68 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTOIRE
defqucllcs ayant eu copie, afin que chacun cognoiÔe combien il eftoit malaifé । de cognoiftre le cœur amp;nbsp;l’intérieur de cefi homme,ie les ay ici inférées de moti mot,fans y changer vne feule lettre-farai/en Mon Dieu ouure les yeux amp;la bouche g -gHcnfii de mon entendemét, adrefle les à te faire ^^“priyen' confefsion , pi ieres amp;nbsp;actions de graces i ^^«/« des biens cxccljcns que tu nous as faits. '’ DlEV TOVT P VISSANT Viuât amp;
' Immortel Perc Eternel de ton fils Icfus * Chiift noftre Scigneur,quipar ta proui-dcncc auec ton fils gouuernes toutes cho fies au ciel amp;en terre,ainfi que par ta bon i te infinie tu as fait entendre àtêsedeus i dcfpuisla création du monde, fpecialc- ‘ ment par ton fils, que tu asenuoyéen terre,par lequel tu te manifeftes , ayant dit à haute voix,Efcouté2 lc:amp;aprcsfon afccnfion par ton S. Efprit cfpandu fur les Apoftres. le rccognoy à ta fainte Ma-iefle ( en prefence de ton Eglife , plantée i par ta grace en ce pays ) de cœur , que ie i n’ay iamais trouve parlaprcuue quei’ay 1 faite , amp;nbsp;par l’cflay de mes forces amp;nbsp;pru- I dcnce,finon que tout le mien qui en peut fortir font pures œuurcs de tenebrcs,fa-piencede chair polue en zelc de vanité', tendit au fcul but amp;vtilite' de mon corps. Au moyen dequoy,ie pi otefte amp;nbsp;confefle franchement, que fans la lumière de ton faint
-ocr page 117-D E l’a M E R I QV F. tf^ faint Efprit, ic’nc fuis idoine finon à pccher:par ainfi me dc/pouiHant de toute gloire , ie veux que ion fache de moy que s’il y a lumière , ou fcintillc de vertu enl’œuureprinfe que tu as fait par moy, ida confefleà toyfcul, fouicc de tout bien. En cefte foy dunequesi mon Dieu ie te tends graces de tout mon coeur,que il t’a pieu m’auoquerdes affaires du mon de, entre lefquels ie viuoye par appétit d’ambition , t’ayant pieu par l’infpnatiô de ton faint Efpritmc mettre au liait, ou en toute liberté icpuilfe te feru ir de tou tes mes forces amp;: augmentation de ton faint Regne. Et ce fai fan t apprcflcr lieu amp;nbsp;demeuranee paifible à ceux qui font priuez de pouuoir inUoquer publiquement ton Nom,pour te famSifier amp;nbsp;adoreren efprit amp;nbsp;vérité , rccognoiftrc ton fils noftre Seigneur Icfus , cftrel’vnique Mediateur,noftre vie amp;adrcflc,amp; le feul merite de noftre falut. Dauantage ie te remercie ô Dicüdc toute bonté, que me ayant conduit en ce pays entre ignorans de ton Nom ?c dera grandeur:mais poiTc dez de Satan,comme fon heritage, tu me ayes preferué de leur malice , combien que il. fufle deftitué deforces humaines: mais leur as donné terreur de nous , tellement qu’à la feule mc.ntion de nous ils tremblent de peur , amp;nbsp;Jes as difpofcz à
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iidifoit nous nourrir dclcurs labeurs. Et pour ceci parce refréner leur brutale impctuofitc les as afi'inez de très cruelles maladies, nous iràcrchnai en pi cfeiuant : tu as oûe de la terre ceux r'Z^cedt qni nous eftoyent les plus dangereux, amp;nbsp;»«P/ran-reJuif les autres en telles toibleflcs que vV^T-« ds n’ofent rien entreprend!cafur nous. feurere/i, /^u moyen dequQy 3yons le loilirdepren en'‘‘cmper’- drc racine en ce lieu , amp;nbsp;pour la cumpa-tabea;- gnic qu’il t’a pieu y amener fans deftour-p'« waquot; hier,tu y as eHabl/ le regime d yne Egli-ueugar/n fc,pour nous entretenir'en vnite- amp;nbsp;crain
te de ton faihâ: Nom,afin de nous adrcf-fer à la vie éternelle.
Or Seigneur * puis qu'il t'a pieu efta-blir en nous ton Royaume , ie te fupplie par ton fils Jefus Chnftlequel tu as voulu qu’il fuft hoftic pour-nous confirmer en ta dileelion , augmente tes graces (i nofrre foy,nous fanfhfiant amp;nbsp;illuminant par ton faind Efpjit, amp;nbsp;nous dedie tellement à tom fermée, que tout noftre eftude,foit employé à ta gloire. Plaife toy aufsi noftre Sci-gneur amp;nbsp;Pçre eften-dre ta benediâion fur ce lieu de Coli-gni,jSf pays delà France Antardique» poureftre inexpugnable retraite à ceux qui-a bon efeient, amp;nbsp;fans ypoenfe y aU' rónt recours , pour fc dediCr auec nous à l’exaltation de ta gloire, amp;nbsp;que fans trouait des .hérétiques * te puifsions in-uoquer
-ocr page 119-D E l’a M E R I QV F' 7* uoqucr en vérité : fay außi que ton E-uangilc regne en ce lieu y fortifiant tes feruitcurs de peur qu'ils ne trebufchcnt en l’erreur des Epicuriens, amp;nbsp;autres a-, poftats : mais foyent conftans à perferî uerer en la vraye adoration de ta Diui-nité félon ta fainâe Parole. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;3
Qu’il te plaifeaufsiô Dieu de toute bonté eftrc Protefteur du Roy noftre Souuerain Seigneur félon la chair, de fa ' femme, de fa lignee,amp; fon Conlcil:Mef-fneGafpard de Coligny, fa femme amp;nbsp;fa lignee,Ics conferuant en volonté de m.ain , tenir amp;nbsp;fauorifer cefte tienne Eglifc, amp;nbsp;vucille à moy ton trcshumblc cfcla-ue donner prudence de me conduire de forte que ie ne fouruoye point du droit chemin amp;nbsp;que ie puifle rcfiftcr à tousles empefehemens que Satan me pourroit faire fans ton aide, que te cognoiflions perpétuellement pour noftre Dieu Mifcncordicux, luftc luge, amp;nbsp;Conferuateur de toute chofes auec ton fils lefus Chrift régnant auec toy amp;nbsp;ton fainéi Efprit, efpandu fur les A-poftres. Cree donc vn cœur droit en nous, mortifie nous à péché: nous régénérant en homme intérieur pour viure à iufticc,cn affuiettiflant noftre chair pour la rendre idoine aux actions
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de Fame infpirce par toygt; amp;nbsp;que faifions ta volonté en terre-, comme les Anges au ciel. Mais de peur que l'indigence decerchcr nos necefsitez , ne nous face tresbucher en péché par deshancede ta bonté, plaifc toy pourucoir à noftre vie, amp;nbsp;nous entretenir en faute . Et ainfi que la viande terreftre parla chaleur del’c-ftômach fc conucrtit en fang amp;nbsp;nourriture du corps, vueillcs nourrir amp;nbsp;fuftan-ter nos âmes delà chair amp;du fang de ton fis , iufques aie former en nous, amp;nbsp;nous en luy: chafiant toute malice ( pafture de Satan ) y fubrogant au lieu d’icelle , charité amp;nbsp;foy^ahn quefoyons cogneus de toy pour tes enfans , amp;nbsp;quant nous t’aurons olFcnfé, plaife toy Seigneur de Mi-fericordc, lauer nos péchez au fang de ton bis,ayant fouuenancc que nous foin rrids conceus en iniquité, amp;nbsp;que naturel-lemet parla defobtidanced'Adam-^peché eft en nous. Au furplus cognois que no-Itrc ainc ne peut exécuter le faint defir de t’obéir par l’organe du corps imparfait amp;nbsp;rebelle.Par ainfi plaife toy par le mérite de ton fils lefus ne nous imputer point no.' fautes,mais nous imputant le facrihcc de fa mort amp;nbsp;pafsion que par foy allons fouffert auec luy,ayans efté antez en luy par la perception de fou corps au miftere de l’Euchariftie. Sem-
. ’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;bla-
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blablement fay nous Ia grace qu’à I’c-xéple de to« fils qui a prit pöuf ceux qui l’ontperfecutéjnous pardonnions à ceux qui nous ont ofienfez, amp;nbsp;au lieu de vengeance procurions leur bien comme s’ils eftoyent nos amis . Et quand nous ferons folicitcz de la mémoire des biens,fplcndcurs, pópes, amp;nbsp;honncurs.de ce monde, eftans au contraire abatus de pauurcté amp;dc pefanteur de la croix de tô fils efqucls il te plaifc nous exercer pour nous redre ôbciflans,de peuf que cngraïf fez en félicité mondaine , ne nous rebellions contre toy , fouftiens nous amp;nbsp;nous adoucis l’aigreur des aftliélions, afin que elles ne fuffoquent la fcmcnce que tuas mife en nos cœurs. Nous te prions aufsi Pereeelefte, nous garder des entreprifes de Satan, par Icfquellcs il cercheànous defuoyenpreferue nous de cesminiftres amp;nbsp;dés Sanuagesinfenfez, au milieu def- a^sX»» quels il te piaift nous côtenir 8é entrete- ^a'«™«» nir,amp;Jcs apoftats “delà Religion chre- ßl/^^n ftienneefpars parmi eux: mais'plaifc toy /’/»'“z^quot; les rappeler àton obcinance,afin qu'üs'fc iXXquot; conuertifient, amp;nbsp;que ton Euaiaeile foit ’'‘‘l'i,“^»“
L1 • ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t y ■ oH^fi rn ce publie par toute la terre , amp;nbsp;qù en toute fa,,une nation ton falut foit annoncé. Qui vis amp;nbsp;feytuiurët règnes aucc ton fils amp;nbsp;le faint Éfprités ufifm’^ ficelés des ficelés Amen. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;n : • errUee.
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HISTOIRF.
lt;^VrT^E. 0 li^yl ! S 0 7^ à nofire Seigneur lefiu Çhrifi, ^ue iedtt 'UtUegagnon profira tout d vne jutte.
lESVS CHRIST fils de Dieu viuantccctcrncl,amp; confubftanticl,fplcn-deur de la gloire de Dieu, fa viue image» par lequel toutes chofes ont efté faites» qui ayant veu le genre humain eondam-Mc parl’infalliblc iugement de Dieu ton perc par la tranfgrefsion d’Adam,lequel nomme pour iouyr de la vie amp;nbsp;Royaume ctcrncl, ayant efte fait de Dieu d'vue terre non poluê de femence virile, dont il peut tirer necefsite de péché, doué de toute vertu , en liberté de franc arbitre de fe conferuer en fa perfcélioh : ce neantmoins allcfché par la fenfualitéde fa chair , folicité amp;nbsp;cfmeu parles dards enflammez de Satan, fe laifla veincrc» au moyen dequoy , encourut l’ire de Dieu, donc enfuyuoit l’infaUrblc perdition des humains , fans toy noftre Seigneur qui meu de ton immenfe amp;nbsp;indicible charité t’es prefenté à Dieu ton pere. t’eflant tant humilié de daigner tefubftituer au lieu de Adam pour endurer tous les flots de la mer de l’indignation de Dieu ton Perc, pour noflre pur-
-ocr page 123-B E t’A ME RI QV Ë 75 purgation . Etainfiquc Adam auoit cftc fait déterre non corrompue ^ fans fc-mcnce virile, as efte conceu du Saint Eiprit en vne Vierge, pour eftre fait amp;formcen vrayc chair comme celle de Adam fubiette à tentation amp;nbsp;continuellement exercé pardellus tous humains* fans peche J amp;nbsp;finalement ayant voulu anter en ton corps par toy, ccluy A'dam amp;nbsp;toute fa poltcritc , nourriflant leurs ames de ta chair amp;nbsp;de ton fang, tu as voulu fouffrir mort, afin que comme membres de ton corps, ils fc nourrirent en toy,amp; qu’ils plaifcnt à Dieu ton pere, offrant ta mort en fatisfaflion de Icürs offences comme fi c’eftoit leur propre corps. Et ainfiquclc péchéd Adam c-ftoit deriué en fa pofterite , amp;nbsp;par le péché la mort, tu as voulu, amp;nbsp;as impetre de Dieu ton Pere, que ta iufticc fuft imputée aux croyans , Icfqucls par là,manducation de tachait amp;nbsp;de ton fang, tu as fait vus auec toy, amp;nbsp;transformez en toy comme nourris de ta chair èi fubftan ce, leur vray pain pour viurc éternellement comme enfans de Iufticc amp;nbsp;non plus d’ire. Or puis qu’il t’a pieu nous faire tant de bien , amp;nbsp;qu’eftant afsis à la dextre de Dieu ton pere , là ctcrncl-iement es ordonné noftre interceffeur, amp;nbsp;.Souuerain Preftre , félon l'ordre
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de Melchifedec , aye pitié de nous , con-fcruc nous , fortifie amp;nbsp;augmente noftre foy , offre à Dieu ton Pere la confefsion que ic fay de cœur amp;nbsp;de bouche, en pre-fence de ton Eglife me fanciitiant par tô Efpi it comme tu as promis difant: le ne vous lairray point orphelins. Auance tô Eglifc en ce lieu , de forte qu’en toute paix tu y fois adoré purement.Qiii vis amp;nbsp;régnés auec luy amp;nbsp;le faincf: Efprit és ficelés des ficelés éternellement. Amen.
yiHtfa- C E S deux prières finies Villcgagnon g’oiifMt £q prefenta le premier à la table du Sci-gneur5amp; reccut a genoux le pain a Je vin de la main du Miniftrc.Cepcndât,amp;pour Je faire court,fclon qu’on apperceuoit ai-fément que luy amp;nbsp;Cointa t nonobftant comme il a effé veu qu’ils euflent renoncé à la Papauté ) anoyent plus d’enuie de ^ifpKtti debatre amp;nbsp;conrefter , que d’apprendre amp;nbsp;dtC tima de profiter, aufsi ne demeurèrent-ils pas ^f^^^J^-!‘~ ^®’^fî temps fans cfmouuoir des difputcs t»ucfyant touchant ladoftrinc. Mais principale-ment furie point delà Cenc • car qiioy (rirntM. qu’ils reiettaflent la 1 ranfubftantiation de l’Eglife Romaine comme vnc opinion fort lourde amp;: abfurde, amp;nbsp;qu’ils ne approuuafient non plus laConfubft-itia-tion , fi ne confcntoycnt-ils pas à ce que les Minifircs enfeignans que te fus Chriû par la vertu de fon faincl Efpiit fe com-muni-
-ocr page 125-DE L’aMERIQVE. 77 muniquc du ciel en nourriture fpirituel-Je à ceux qui reçoyuentlcs fignesen/oy, maintenoyent parla parole de Dieu,que le coips du Seigneur n’eftoit ni enclos ne thauge- en içeiix . Car difoyent Ville-gagnon amp;nbsp;Cointa , ces paroles: Ceci eft mon corps-Ceci eft mon fang, ne fc peu-uent autren et prendre finon que lecorps amp;nbsp;le fang de i Jus Chrift y foycnt conte-nus.Si vous demandez commet donqucs veu que tu as dit qu’ils reiettoyent les deux fufditcs opinions de la Tranfub-ftantiation amp;nbsp;Confubllitiation l'entcn-doycnt-ils? Certes comme ic n’en fcay rien aufsi croy-ic fermement que ne fai-, foyent-ils pas eux meftnes : car quand on leur monftroitpar d’autres paflage» que ces paroles amp;locutiüs font figureesï c’eft à dire que l Efcriturc a accouftumé d'appeler amp;nbsp;nommer les Agnes des Sa-Clemens du nom de la chofe lignifiee,cô-bien qu ils ne peuflent répliquer chofe qui eut apparéce du contraire, ils ne laif foycnt pas pour cela de demeurer opi-niaftres : tellement que fans fcauoir le moyen comme cela fc faifoit, non feulement ils vouloyent manger grofsicre-ment pluftoft que fpirituellcmét la chair de lcfus Chrift, mais qui pis eft à la manière des Saunages nommez 0»-rZ4M/, defqucls i’ay parlé par ci douant, ils la
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vouloyent mafcher amp;nbsp;aualcr toute crue* Toutesfois , Villegagnon qui feignoit ne dcfircr rien plus, que d’eftre droP j:«'«i(.HH/« te/nent enfeigne , afin de faire bonne ƒ mine renuoya en France Chartier Mi-Z-f Mini- niftrc dans Tvn des Nauircs ( lequel a-^rj flt;,«r-pj-çj qy’ij fut chargé dcBrcfil} amp;nbsp;autres tur fmr- -T 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 - r 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• I
g.:oy r,H- marchandifcs du pays , partit le qua-'^‘}‘ f tricnic de luin pour s’en reuenir) aß« r,ÿf^4- difoit il de feauoir amp;nbsp;rapporter les o-S”“quot;- , pinions de nos doreurs fur ce diffcrcut de la Cene : amp;nbsp;nommément celle de Maiftrc lean Caluin à l aduis duquel di' foit il , 11 fc vouloir du tout fubmettre. Et de fait icluy ay ouy fouuentefois rei' terer ce propos.Monlicur Caluin cft rvn des feauants perfonnages qui ait efté depuis les Apoftres: amp;nbsp;n ay point leu de docteur qui ait mieux expofé ni traité Pef-criturc fainte plus purement imo». i -, qu’il à fait. Aufsi pour monftrer qu’il le
L,ttrfS dt i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, y
11,Ues- rcueroit,non iculemcnt en larclponcc i»” “ aux lettres que nous luyportafmcs de fa part luy mada-il bien au long de tout fon eftat en général, mais particulièrement (ainfi qu’il fc verra encores à la fin dePo riginal de fa lettre en datte du dernier de Mars mil cinq cens cinquante fept laquelle eft en bonne gardc)il cfcriuit d’an crede Brcfil amp;nbsp;de fa propre main ce qui s'enfuit.
l’adiou-
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I’adiouftcray 1e confciJ que vous m’a- »^ uez donne par vos lettres, m’eforçant gt;» de tout mon pouuoir de ne m'en def- ’* uoyer tant peu que ce foit. Car de fait ié »» fuis tout perfuadé qu’il n’y en peut a- gt;» voir de plus faint, dioit, ni plus entier, j» Pourtant aufsinous auons fait lire vos’» lettres en l’aflcmblce de noftre confeil: ’» amp;nbsp;puis apres enrègiftrer afin que s’il ’gt; adulent que nous nous deftournions du’gt; droit chemin, par la Icdure d’icelles ,» nous fuyons rappelez , amp;nbsp;redreflez d’vn ” tel fouruoyement. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’»
Mefmes vu nommé Nicolas Carmeau qui fiitlc porteur de fes lettres, amp;nbsp;qui e-ftoit parti des le premier iour d’Auril dans le Nauirc de Rofee, me dit en prenant congé de nous,que Villcgagnon luy auoit commandé de dire de bouche àMonfieur Caluin, qu’afin deperpetuer la mémoire du conlcil qu’il luy auoit baillé, il le fcroit engrauer en cuyure ; comme aufsi ïl auoit baillé charge audit Carmeau de luy ramener de France quel que nôbre de pcrfonnes,tanthómcs,fem incs,qu’cnfans, promettât qu’il defraye-roit amp;nbsp;payeroit tous les defpês que ceux . de la religion feroyent à l’aller trouucr.
Mais auât que pafler outre ic ne veux pas obmettre de faire ici mention de dix garçôs Saunages aagezde neufàdixans
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quot;J^ixgar- Si au dcffous xprius en guerre par les Sau «.«s« ex- wages amis des traçais,qui les auoyctvc »»?»L « dus pour efclaucs à Villcgagnô) Jefqucls après que le Mimlrrc Richicr a la hn d vnprefehe leur eut impofe- les mains, amp;nbsp;que nous tous enfemblc eufmes prie Dieu qu’il leur fift là grace d eftre les pre miecs de ce pauiirc peuple,pour eftre at-tiié à la cognoilfancc de fon falut, furent embarquez dans les Nauircs (qui comme i’ay dit, partiient dés le quatrième de Juin) pour eftre amenez en France, ou eftans arriuez amp;nbsp;prefentez au Roy Henry fécond lors régnant, ilenfitprefentà quelques grands Seigneurs: amp;nbsp;entre autres 11 en donna vn à Ru Monficurde Pa^ fy, lequel ie recogneu chez luy à mon retour.
Prmieri Au furplus le troifcmc iour d’Avril, fJemffei^ deux ieiincs hommes , domeftiques de ^‘*f^’’‘ Villegagnô cfpouferét au prefehe à la ft fiiemen çô dcs tglifcs réformées, dcux de fes ieu l^merij. nes fillcs que nous aiiiôs menées deFrâce en ce pays là. Et en fais ici mention tant parce que non feulement ce furent les premières nopecs amp;mariages faits amp;nbsp;fo-Icnnifcz a la façon des Cnreftiens en la terre de l’Amérique,mais aufsi parce que beaucoup de Saunages , qui nous eftoyét venus voir furent plus eftonnez devoir des femmes veftues , dont ils n’auoyent iainais
-ocr page 129-iamaisvcu auparauant) qu’ils ne furent csbahis,dcs cérémonies qui leur eftoyét aufsi du tout incogneues. Scmblablcmét le dixfeptieme de may Cointa efpoufa vnc autre ieunc fille parente d'vn nommé la Roquette de Rouen lequel ayant paflé la mer quant amp;nous,amp;cftant mort quelque temps aprçs que nous fufmes là ar-riiicz, laifla hcritiere fadite parente de la marchandife qu’il auoit portée j laquelle confiftoit en grande quantité de cou-fteaux,pdgne^mirouers, fri fies, ,haims à pe(7hcr, amp;nbsp;autres petites ■befôgnes prod près à trafiquer entre les Saunages. Cela vint bic à point à Cointa, lequel fe fccut bien accommoder du tout. Les deux autres fiJlcstcar comme il a efié veu en no-ftre embarquement,, elles eftoyent emqi) furent a.ufsi incontinent après mariées a deux Truchemens de Normandie : tellement qu’il ne deméura plus entre nous femmes ni filles chrefticnnes à marier.
Surquoy afin de ne taire non plus ce qui cftoit louable que vitupcrable en Vil legagnon,ic diray cnpaflant, d’autàtque certains Normans Icfqncls dés longtëps au paranant qu’il fut en ce pays là, s’eftas fauuez d’vn Nauirc qui auoit fait naufrage,eftàs demeurez parmi les Sauuages où viiians fans crainte de Dieu, ils pail-lardoycnt auec les femmes amp;nbsp;filles (cômr
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me i’en ay veu qui en auoyent des enfans ia aagezde quatre à cinq ans ) tant di-ic pour reprimer ccla,quc pour obuier que nul de ceux qui ftifoyent leur relidencc eni llien cn abuGlt de cefte façon: Vil-Icga^non , par l'aduis du confeil, lit dc-«»»»e «r-fence à peine dclavic que nul ayant ti-d,quot;^.e,- tre de Chrcfiitn , n habitaff auec les quot;nbsp;femmes des Saunages . 11 eft vray que l’ordonnance portoit » que li quelques v-nes eftoyent appelées à la cognoiflanec de Dieu,'qu’âpres qu’elles feroyent bap-tifees , 11 fcroit permis de les efpoufer. Mais toutainfi, quelques lemonltrances que nous ayons par pluficurs fois faites à ce peuple barbare , qu’il n’y en eut pas vne qui lailfant fa vieille peau voulut ad UOiier Icfus Chrift pour fon fauiieur:auf fl tout le temps que ic demeuray là , n’y eut il point, de François qui en printà femme. Ncantm.oins comme cefte loya-uoit doublement fon fondement fur la parole de Dieu , aufsi fut elle fi bienob-_ fornée , quemon feulement pas vn feub yrtyr’“» tant des ges de ViHega^nôjque de noftre *«'*«•ƒ compagnie ne la tranfgrclfa gt;nbsp;mais aufsi, quoyque i'aye entedu dire dt luy au con traire depuis mô retour,alTauoir qu’eftât tn l'Amcriq. il fcpoltioit auec les femes Saunages, ic luy rendray ce tefmoignage qubl n’en eftoit point foupçonne de noftre
-ocr page 131-DE l’ A M E R I 0^ E. 8^ ftre temps. Qui plus eft il auoit tcJlemêt en recommendation Ja pratique de fou ordonnance, que n’euft efte J’inftantc rc-quefte que quelques vns de ceux qu’il ai-moit le plus luy firent pour vn i ruclic-ment, qui eftant allé en terre ferme auoit elle conuaincud’auoir paillarde auec vnc de laquelle il auoit ia autres fois abufé,au lieu qu’il ne fut puni que de la cadenc anfa^/ro»' pied , amp;nbsp;mis au nombre des cinaiics , il vouloir qu’il fut pendu.Villcgagnon dô-ques,felon que i’en ay cogncu,tant pour fon regard que pour les autres, eftoità louer en ce point : amp;nbsp;plcuft à Dieu pour l’aduancemcntde l’Eglifc amp;pourlc h uit que beaucoup de gens de bien en rece-nroyent maintenant,qu’il fc fuft aufsi bié porte' en tous les autres.
Mais mène' qu’il cftoit.au refte d’vn c-fprit dccontradi(ftion,nc Je pouiiant con tenter de la fimplicité , que l’Efcriture fainte monftreaux vrais Chreftiens touchant l’adminiftration des Sacremens: il aduint le lour de. Penthecofte fuy- J^Zy* uant , que nous fifmes la Cène, pour la féconde fois , luy alléguant que faint /Z/Ja4^ Cyprian , amp;nbsp;faint Clement auoyent cf- tientje ent qu’en !a celebration d iccllc il falloir li'^'^M, mettre de l’eau au vin , non feulement il vouloir opiniaftrcmcnt,amp; par necefsi-te que cela fefift, mais aufsi affermoit
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HISTOIRE
^ vouloît qu'on crcut que le pain confa-crc profitoit autant au corps qu’à Fame. Dauantagc qu’il falloir meflerdu fel amp;nbsp;de l’huile aucc l’eau du baptefme. Qu^vn Miniftre ne fepouuoit remarier en fécondes noçcs : amenât le palfagc de faint Paul àTimoth. Qjte l'Euefque foie mari d’vue feule femme. Brief ne voulant plus defpendre d’autre confeil que du lien propre, amp;nbsp;fans fondement de ce qu’il di-foit en la parole de Dieu il voulut lors abfolument tout remuera fou appétit. Mais afin que chacun foit aducrti comment il argumentoit inuinciblcmêt, d'en tre pluficurs fentences del’Efcriture que il ncttoit en auant, prétendant prou-ucr ce/ju’il vouloir maintenir , i’tn pro-poferay ici vue . Voici doneques ce que ic luy ouï vn iour dire à l’vn de fqs gens. m‘J!*^igt;ii- N’as tu iamais leu cnl’Euangile du Le-^utfar preuxquidità Icfus Chrift, Seigneur fi * '‘if£‘'î- j^j y^.yx tu me peux guérir: amp;nbsp;qu’incontinent que Icfus luy eut dit, ie le veux fois net, 11 futnet.Ainffidifoiteebon expofi-tcur)quâd lefusChriftàdit du pain,Ceci eft mô corps,il faut croire fans autre in-terpretationqu’il y eft enclos;amp; laiflosdi rc ces ges de Gcneue:nc voila pas bic interpreter vn paffage par l’autre- C’eft cer tes aufsi bien rencontrer , que celuy qui allégua en vn Concile, que puis qu’il eft eferit
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cfcrit qucDicu à crce l'homme à fon ima gejqu'il faut doneques aiioir des images. Partant qu’on iuge maintenant par ceft efehantilJon fi Ja 1 heologie de ViJlcga-gnon qui a tant fait parler de Juy^n’eftoit pas feriale ? amp;nbsp;fi entendit fi bien J’Eferi-turc, comme il s’eft vante, il n’eftoit pas pour faire tefte en difputc , amp;nbsp;clone la bouche à Caluin, amp;nbsp;à tous ceUx qui le voudroyent maintenir ? Icpourrois ad-ioufter beaucoup d’autres propos aufsi ridicules que le precedent, que ic luy ay ouïtenir touchant cefte matière des Sa-cremens . Mais parce que quand il fut de retour en France, non feulement Petrus Richcrius Iç defpcignit de toutes fes couleurs , mais aufsi que d’autres après rEftriUcrent’, amp;nbsp;Efpoulfeterent ft bien ^f^/^Z« qu’il n’y fallut plus retourner, craignant^nep'if d’ennuyer les ledeurs , ie n’en diray ici dauantage . En ce mcfmc temps Cointa, tre yiUe-voulant aufsi monftrer fon feauoir, fc mitàfairc leçons publiques : mais ayant Letanide commence l’Euangile félon faint leant’quot;'quot;“-(matière telle amp;nbsp;aufsi haute que feauent ceux qui font profefsion de rhéologie) il rencontroit le plus fonuêt aufsi a propos qu’on dit communément que magni beat eft à matines : amp;nbsp;toutesfois c’eftoit le fcul fuppoft dc'Villcgagnon en ce pays là,pour impugner la vraye dodrinede
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l’Euagile. Cornent doc? dira iciquclcim, Toai.i.li .'c Coidelier fiere Andre I hcuct quife ti.c;..8. plaint fl forten fa Cofmographic quclcs Miniftrcs que Caluin auoit enuoyez en l’Amcriq. enuieux de fon bié amp;nbsp;entrepre nans fur fa charge,l’cmpcfthcrcnt de gagner les âmes e/garces du panure peuple Sanuage , fc taifoit-il lors ? cftoit-il plus affedtionne entiers les Earbares, qu’àla d . fence dcTEglifc R omaine, dont il fe fait fi bon pilicr?La rcfponcc à cefte bour j/r^'a. de de Theuet en ceff endroit fera, que tout ainfi que i'ay ia dit ailleurs, qu’il c-ftoit de retour en France auant que nous arrinifsions en ce pays la , aiifsi pricie derechef Ifs lecteurs de noter ici en paf-fant, que comme ien'ay fait ni ne feray aucune mentio de luy en tout le difeours prefent touchant les difputes que Ville-gagnon amp;nbsp;Cointa eurent contie noirs au fort de Colligni en la terre du Brefh ou'aufsi n’y a il iamais veu les Minières dont il parle, ni eux femblablcmentluy. Partit que ce bon Catholique Theuctile quel auoit lors vn fode, de deux mille lieues de mer entre luy amp;nbsp;nouspourcm-'^ pcfclicr qi ~ les Saunages à npftre occa-
hon ne fc ruaffent fur luy SclcmifTcnta Cofn. mort , ainli que contre vérité, d’autant lu 1.11. -omme i’ay dit ou’il ù’yeftoit pas de no-.eh,i. j^j.p temps il àofSeferire J fans rcpaiftic Je mon-
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le monde de telles ballrucrncs , allégué«^*' d autre exemple de f^n zclc, que cci-uy qu’il dit aiiOir eu en la conucrûô des Sau wages li les Miniftres ne l euflcnt empcl\ the, car eda eft faux. Or pour retourner a mon propos , incontinent après cefté Cene dc Pcnthccofle Viliegagnon declarant auoir change l’opinion qu’il difoit autresfois auoir cue de Caluin , fans at-tcndie fa refponce j qu’il auoit euuoyc quérir en France , par ie’ Miniftre Char- viRtg^g. tier,dit qucc’cftoit vn mefchant amp;vn hd ^^'^‘/^^J^ retique defuqyéde la foy : amp;nbsp;dc fait dcf^ peu ^»pa-lors nous moquot;,ftrant vn tort maunais vi-^*^quot;^'^ fage, mefmes adiouftât qu’il vouloir quc(„„e. le prefehe neduraft plus que demie heure, depuis la fin dc May il n’y afsifta que bien peu . Conclufion, la difsimulation de Viliegagnon nous fut lors fi bien def- La Tt^u»!-couucrtc (qu’ainli qu ou dit) nous co-^^^,,^,,_^_. gneufmes adonc de quel bois ïl fc chau-(« ^eZipZ fait.Que fi on demande maintenant quel ^-îà^aufe le fut l’occafio de cefte rcuoltc: quelques pOMr^juoy. vns des noffres tenoyent que le Cardinal dc Lorraine amp;nbsp;d autres luy ayans cf-crit dc France par le maiftre d vnNauirc qui vint en cc temps là au Cap dc Frie trente lieues au deçà de Pille ou nous c-ftions,l'ayant reprins fort afprement par leurs lettres , dece qu’il auoit quitte la Religion CatholiqucRomainc, auoyent
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HISTOIRE
caufé ce changemet en luy.Et de fait ayâf comme vn bourreau en fa conlciencc, il deuint 11 chagrin, que iurantw tout coup Jaconfdw Jc corps faint laques ( qui eltoit Ion lcr-‘^/'‘■’‘ ment ordinaire) qu’il romproit la tefte,
binaire.
'^'^t^ak
Cru.iutt7 de rilt,.
les bras , amp;nbsp;les ïambes au premier qui le fafchcroit,nul ne s’ofoit plus trouuer de uantluy.Surquoy,puis qu’il vient à propos, ic reciteray la cruauté que icluy vis exercer en ce temps la fur vn François , nommé la^oebe, lequel il tenoit à la ■ chainc. Ayant fait coucher ce panure home tout a plat contre terre, amp;nbsp;par vn de fes Satalitcs à grand coups de baftôs tant fait battre le ventre , qu'il perdoit pref-ques le vent amp;nbsp;I halcinc , apres qu’il fut ainfi meurtri d’vn cafté,ceft inhumain luy difoit:corps S.laques paillard tourne l’autre, tellement que le laillant ainfi à demi mort, encore ne fallut il pas pour cela, que le pauurc homme laiflaft de tra-uailler de fon meftier, qui i’ftoit__Mc-nuiller. Semblablement les autres François qu’il tenoit à la chainc pour la mef-me caufe que le fufdit la Roche, adauoir, parce que à caufe du mauuais traitement qu’il leurfai finit anat que nous fufsiós en ce pays là, ils auoyent confpiré entr’eux de le letter en mer: cftans plus trauaillcz que s’ils euflent elle aux galères , aucuns d entr’eux charnetiers de leur cftatl’abâ-donnans
-ocr page 137-D E l'a M E R I CUV E. 89 donnans , aimèrent mieux s’aller rendre en terre fermeauee les Sauuagcsdefquels les traitoyent plus humainement) que de demeurer auec luy.Dauarttasc trente ou quarante tant hommes que remmes Sau■” c/îlaud de nages Margaioi lefquels les Touaufinam- '^’'‘l'^f^^'^ haoultinos alliez auoyent prins prifon-^,;„^. niers en guerre, amp;nbsp;les luy ayans vendus, les tenoit efclaues, cftoyent encores traitez plus cruellement. Et de fait ieluy vis vnc fois faire embrafler vne piece d’artillerie à Tvn d’entr’eu.x nommé Minganf ^^ nbsp;nbsp;^^^
auquel pourvue chofe qui ne meritortpas prefques qu’il fut tance,il fit neantmoins dégoûter fie fondre du lard fortchaud fur les feffcsitdlcment que ces panures gens difoyent fouuent en leur langage,fi nous eufsions pcnféqucT^z-fo/Àï/Cainfi appc-loycnt ils Villcgagnon) nous euft trairez de celle façon , nous nous fufsions plu-ftoft faits manger à nos ennemis quç de venir vers luy . Voila en palfant vn petit mot de fon humanité, fie ferois content n’eftoit, comme il à efté touché ci dclTus , que quand nous cufincs mis pied à terre en fon Iile,ilnous dit nommément qu’il vouloir que-la fuperHuité des habillcmcns fut reformée de Unir ici de parler de luy.
Il faut doneques que ic difc encores le p '- - ‘‘ bon exemple amp;nbsp;la piatiquc qu’il monftra
s?
-ocr page 138-po nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTOIRE
en ccft endroit. Ayant grande quantité tant de draps delaine qu’il ainioit mieux | laiflcr pourrir dans les coffres que d'en reueftir fes gens , vnc partie defqueis neantmoins tftoyc^nt preique tous nuds) que de foyc t comme aufsi des camelots de toutes couleurs, il s’en fit faire fix ha-billcmcns à rechanger tous lesiourscle e^^pti^ägt ^^ femainc: affauoir, la cazaque amp;nbsp;les •if ra,. chaufTes toufiours de mcf!nCs,de rouges» x-x»». Je latines,de tannez, de blancs,de bituz,
amp; de vcrts:tellcrncnt que cela eftantauf-fi bien feant à fon aage amp;nbsp;au dcgic 8^ profefsion qu'il vouloir tenir qu’vn chacun peut iuger, aufsi cognoifsions nous j à peu près à la couleur de 1 habit qu’il ' auoit veffu,dc quel humeur il feroit mené cefte iourneela ; de façon que quand nous voyons le vert amp;nbsp;le iaiinc en pays, nouspouuions bien dire qu’il n’y faifoit pas beau. Mais fur tout quand il eftoit parc d’vnc longue robe de Camelot iau-nebadee de velours noir le faifant mont beau voir en tel équipage , les plus io; yeux de fes gens difoyent que c’eftoit lors vu vray enfant fans fouci . Partantfi [ celuy o i côux qui comme vn Saunage le , firent peindre tout nud au deflus du ren-* uerfement de la sjtand marinite’euflent f efté aduertis de cefte belle robe,il ne faut point douter que pour loyaux amp;nbsp;orna-meat
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ment ils ne luy enflent aufsi bien laiflcc, ^ qu’ils firent fa cioix amp;nbsp;fon flageolet pen-/’ i^'-« dus à fon col. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'
Qiicfi quclqu’vn dit maintenant que il n’y a point d'ordre que l'ayc recerchc ces chofes de fi près, IcfqucIIcs à la vérité ic confefle, principaicment quant àcc dernier point, ne valoir pas l’cfcri-TC,ie refpond puis que Villegagnon a tant fait le Roland le Furieux contre‘♦‘'’'''^•^y*»»*^ -ceux de la Rclicion reformée , nomme- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^ ment depuis fon retour en France , leur ayant, di-ie , tourne le dos de cefte façon,il me femblc qu’il meritoit que chacun fccut comment il s’eft porté en toutes les religions qu'il a fuyuics.
Or finalement après que par le ficur rwaßm du Pont nous luy eufmes fait dire que puis qu i! auoit reietté l’Euangile , nous J paruf-n’eftans point autrement fes fuiets, n’entendions plus d’efire à fon ferui-cc, moins voulions nous continuer de porter de la terre amp;nbsp;des pierres en fon Fort; luy nous penfant bien fort eflonner amp;nbsp;nous faire mourir de faim,
défendit la defies qu’on ne nous bail-laft plus les deux gobelets de farine de A racine que chacun de nous (ainfi que^^' i’ay dit ci deflus) auoit accouftume d’auoir par rour. Dcquoy tant s'en
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fallut que nous fufsions fafclicz , qu’au contraire ( outre ce que nous en allions plus pour vnc ferpe, ou pour deux ou trois coufteaux que nous baillions aux Saunages qui nous venoyent fouuct voir dans leurs petites Barques , ou bien l’allions quérir vers eux , qu’il ne nous en euft fccu bailler en demi an) nous fufmes bien aifcs parte! refus d’eftre entieremét hors de fa fuiettion . Cependant s’il euft efté le plus fort, amp;nbsp;qu'vno partie de fes gens amp;nbsp;des principaux n’cullent tenu no lire parti, il ne faut douter qu’il ne nous cuftlors mal fait nos bcfôgncs.Et de fait pour tenter s’il en pourroit venir à bout» ainfiqu’vn nommé lean gardien amp;nbsp;moy fufmes vn lourde retour de terre ferme (ou nous auions efté enuiró quinze iours , parmi les Saunages) luy feignant ne rien falloir du congé que nous auions demandé à monficur Barré fon Lieutenant auât que partir, amp;nbsp;prétendant parla que nous eufsions tranfgreffé les ordonnâces qu’il auoit faites,que nul n’eufl à fortir de rifle fans licence,non feulement nous voulut faire aprebender, mai^pufsi comman doit que omme a fes cfclaucs on nous ViKf^^tt Piif chacun vnc chaîne à la iambe.Eten tente . . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;«
b myen fuîmes en tant plus grand danger que Je t»»r^ rtH, fn-urdu Pont noflrc conduéleur (lequel
’ attendu fa qualité s’abaifloit trop lous
117)
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luy) au lieu de nous fupporter amp;nbsp;de Peint», •.-»••..■ pcfcher,nous prioit que pour vn iour ou deux nous foulfrifsions cela,amp; que quad la colère de Villcgagnon feroit paffee, il nous feroit deliurer. Mais tanta caufe que nous n auions point enfreint l’ordô-uance,quc parce principalemct,ainfi que i’ay dit,que nous luy auions declare',puis qu’il nous auoit rompu la promeffe qu’il nous auoit faite,nous n’entendions plus rien tenir de luy: iointle? exemples de tant d’autres que nous voyons iourncllc-ment douant nos yeux eftre fi cruellemêt traitez de luy , nous declarafmcs tout à _ plat que nous ne l’endurerions pas. Par-U^T»quot;*' •^'’''‘Z tant luy oyant cefte refponce , amp;nbsp;fachant bien que nous cftions quinze ou feize de noftre compagnie fi bien vnis amp;nbsp;liez d’amitié , que qui pouffoit l’vn frapoit l’autre, comme on dit, 11 ne nous auroit pas de force,il fila doux amp;nbsp;fc déporta.Et certes outre cela , ainfi que i’ay dit,les principaux de fes gens cftans de noftre religion , amp;nbsp;par confequent mal contens de luy à caufe de fa reuoltc,fi nous n’eufsioS. craint que monficur l’Amiral qui l’auoit enuoyé amp;nbsp;qui ne le cognoiHoit pas encores tel qu'il eftoit deuenu , en euff efte marry, aucc quelques autres refpeßs que nous cufmcs,i] y en auoit qui empoignas cefte ocafion pour fe ruer fur luy,auoyct
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grande cnuie en le icttant en mer, de faire manger de fa chair amp;nbsp;de fcs grofles cfpaulcs aux poiflons. Frouuâs dôcques plus expedient de nous comporter doucement j encores que nous fifsions touf-iours publiquement le prefehe qu’il n'o-foirou ne pouuoit empefeher, fi cft-ce?â fin qu’il ne nous troublaft amp;nbsp;brouillaft plus quand nous ferions la Cene, du depuis nous la fifmes de nuit à fon defeeu.
^e/H9\ la C^^f J four rott eelebrer fins vin.
Et parce qu’aptes la derniere Cene que nous fifmes en ce pays là, il ne nous refta qu’enuiron vn verre de tout lè vin que nous unions pórte’ de France, n’ayans moyen d’en recouurcr d ailleurs, sla queftion fut efmeuë entre nous , afla-' uoir, fi à faute de vin on la pourroitee-lebtet aiiec d’autres bruuages. Quelques vns allcguans entre autres paflages , que lefus Cnrift en finfiitution de la Cene, après l’adion ayant exprclfe'mét dit à fes Apoftres , le ne boiray plus du fruidde la vigne amp;c.cftoyent d’opinion quclcvin defaillant il vaudroit mieux s’abftenirdu figne,que de le changer. Les autres au cô traire difans que Icfus Chrift quad il in-ftitua fa lt;’'enc efiant au pays de Tudec, a-uoit parle du bruuage qui y efioit ordinaire , s’il euftefté en la terre des Saunages,euft non fculcmcc aufsi fait mention du bruuage dont ils vfent au lieu de vin, mais
-ocr page 143-Dn t' A M E R I Q_V E JJ niais j qui plui eftoit, de leur fai ine dc racine qu’lis uiangcnt au lieu de pam, concluoyent qu'ainß tant que les (ignés de pain k de vin fc pouiroyent trou-uer, ils ne les vouai oyent changer, qu’aufsi à defaut d iccus ne feroyent ils point dc difficulté dc célébrer la Cc-ne aucc les choies plus communes qui feroyent au lieu de pain amp;nbsp;de vm pour la nourriture des hommes dupais ou ils fcioycnt: tellcnicnt que comme nous n en vinfmes pas iufques i cefte cxticinité t quoy que la plufpart inclinaft à ceff dcinicrc opinion) aufsî cefte matière demeura indecife . Tou-testois tant s’en faut que cela engen» draft aucune diuifion cntic nous que pluftoft par la giacc dc Dieu, demeu-raftnes nous en telle vnion amp;nbsp;concorde, que ic dcfi; crois que tous ceux qui ,. ^„ font auiourd huy profe fsion de la Rc-’quot; hgion lefoimct niaichaßcnt du mefme^*quot;'y**’ pied.
Or pour acht lier ce qucî'auoisa dire ^'»A?»quot; touchant Villegagnon,11 advint fur la fin J”_^^,^'^ du mois d’05tqoi t, que luy deteftant dc '”'“ ■^'“‘ plus en plus amp;nbsp;nous amp;nbsp;la doctrine que^^/n'^iî nous fuyuions,difant qu’il ne nous vou- ^•'■t. loit plus foutfrir ni endurer en fon Fort, ni en fop Ille,nous commâdi d’en fortir. lieft vray ainfi que l'ay touché ci deflus
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que nous auions bien moyen de l’en chaf-ier luy mcfinc fi nous eufsions voulu: mais tant pour luy öfter toute ocafion de fie plaindre de nous, que parce ( outre les raifons fufditcs)quc la France cftant lors abruuceque nous cftions allez en ce pais là , pour y viurc félon la reformation de l’Euangile, craignans de mettre quelque tache fur iceluy en obtemperans à Ville* gagnon,nous aimafmes mieux luy quircf zi gt;‘•l•ll^•^gt;lj„,^43. place . Et ainfi après que nous cufiucs demeuré enuiron huit mois en ccfteHlc amp;nbsp;Fort de Colligni, lequel nous auions aidé à baftir,nous nous retirafincs amp;paf fafmes en terre ferme, ou en attcndans qu’vu Nauirc du Haute de grace quic-ftoit la venu pour charger duBrcfilfau nnaiftre duquel, nous marchandafmes de nous repafler en France) fuft preft à partir, nous demeurafmes deu^ mois. Nous nous accommodafmes fur le riuage deb .. mer à cofté eauche en entrant dans ce-
Kc riuicrc de Çanabarazn lieu dit parles niaurn f ï‘^‘^Ç°*^ ^^ briquetierc, lequel u'eft qu’a fnmede demie licuc du Fort. Et corne de là nous r^menj. allions,vcnions,fréquentions. mangios,
amp; buuif ns parmi les Saunages (Icfqucls fans comparaifon nous furent plus humains que cçluy qui fans luy auoir mef-fait ne nous peut fouffriraucc luy)auf i eux de leur part nous apportans des vi-ures amp;
-ocr page 145-DE L’AME RICtVE. 97 lires amp;nbsp;autres chofes dont nous au ions à efHngue faire nous y vcnoycnt fouuct vifiter. Or * ‘^^quot;g, i’ay fomniairemêt defcritcn ce chapitre, l’inconftâce amp;nbsp;variation que i’ay cognue en Villcgagnon en matière de Religion: le traitement qu’il nous fit fous prétexte d’icelle: fes difputcs amp;nbsp;l’occafion qu’if prit pour fe dcftoumcrderEuangilc: fes geftes amp;nbsp;propos ordinaires en ce pays là: l inhumanitc dontii vfoit enuers fes gës, amp;nbsp;comme il cftoit magiftralcmcnt équipé. Partant referuant à dire quand ic fc-rayennoftre cmbaï qucmcnt pour le retour, tant le congé qu’il nous bailla, que la trahifon dont il vfa enuers nous à no-ftre département de la terre des Saunages , afin de traiter d’autres points , ic le laifferay battre amp;nbsp;tourmenter fes gens dans fon Fort, lequel auec le bras de mer ou il eft fitne, ic vay deferire en premier lieu.
C H A P. VII.
Defiriptionde/artuierede G ÀN ab ar a, autremet dite c r. n e v R Et dsTlfle amp;nbsp;Fort de Colligny (jui fia bafli en iceUez cnfembledet autres I(let qutfont es enuirons.
G
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O M M E ainfi foir que cc bras .^^ demer amp;nbsp;riuicrede Ganabara ^^ appelée Genevic parles P01-■ tugalois ( parce comme on dit quils la deicouurirent Jcpremicr iour de lanuicr ) laquelle demeure par les vingt amp;nbsp;trois degrez au delà de l'Equinoxial, amp;nbsp;droit fous le I ropiquc de Capricorne,ait cfté Tvn des ports de mer en la terre du Brefil, plus frequête de noftre temps par les François, i’ay penfé n’eftre hors de propos,d e faire vnc particulière amp;nbsp;fommaire defer iption. Sans doneques m'arrefter à ce que d’autres en ont voulu cfcrirc,ic di en premier lieu fayat demeU te amp;nbsp;nauigue fur icelle enuirô vn an; que ens’auançant fur les terres elle aenuiro douze Heues de long , amp;nbsp;en quelques endroits fept ou huit de large : amp;nbsp;quantau relie cobien que les môtagnes qui l’cnui' ronnent de toutes parts, ne foycnt pas fi compara, fautes quc celles qui bornent le grand amp;nbsp;/attrib 1^, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. r nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1
Je gtaeut Ipacicux lac d eau douce de Geneue, «1« Un- neantmoins, ayant ainfi la terre fermede ÿ4«6lt;r4 tous collez, elle cil allez fcmblableà ice-,m’orne- jyy quant à fa lituation.
Au relie quand on lailfc la grand met pour y entrer , parce qu’il lautcolloyft tr ois pctitcslflcs inhabitables, côtrclcf-qucllcs les Nauircs , fi elles ne font bien côduites font en dager d'heurter amp;,febrr fen
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fcr,rcmbouchcurc en eftaffez fafeheufe. Apres cela, il faut paflerparvn deftroit quin'ayâtpas demi quart de lieue de large eft limite du cofte gauche, en y entrât* d vnc montagneamp; Roche en forme piramidale, laquelle n’eft pas feulement d’ef-merucillahle amp;nbsp;excefsiue hauteur , mais aufsi à la voir de loin on diroit qu’elle eft artificielle: amp;nbsp;de fait parce qu'elle eft ronde amp;nbsp;fcmble vue grofle tour , entre nous François l’auions nommee le pot de beurr»'«/quot;» re. Vn peu plus auant dans la riuierc il y^^Jj*^”' a vn rocher, qui peut auoir cent ou fix ^ vingts pas de tour , que nous appelions ^‘^*“*’‘ aufsi le Ratier, fur lequel Villegagnon à fon arriiicc s’y penfant fortifier auoit premicrement pofé fon Artillerie , mais le fins amp;nbsp;reflus de la mer l’en chafla, Vnc “^‘^quot;^^fi lieue plus outre, eft l’Iflc ou nous de-fleir Furt meurions , laquelle ainfi que i’ay ia tou- quot;y^^^quot;quot;* thé ailleurs , cftoit inhabitable aupara-uant que Villegagnon fuft arriuc en ce pays là;mais aU refte n’ayant qu’enuiron demie licu£Françoife de circuit, amp;e-ftant fix fois plus longue que large , en-uironnee qu’elle eft de petits rochers à fleur d’eau, qui empefehent que les Vaif-feaux n’enpeuuent approcher plus près que la portée du Canon, elle eft mcrucil-leufement amp;nbsp;naturellement forte • Et de fait n’y pouuât aborder,mefmes aucc les
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HISTOIRE
petites Barques finon du co fie du port, lequel eft encore à l’oppolite de Tauenue de la grand mer, fi elle euft efté bien gardée,il n’euft pas efté pofsible de la forcer ni de la furprendre. Au furplus y ayant deux montagnes aux deux bouts, Ville-gagnon fur chacune d'icelle fit faire Ync maifonnette : comme aufsi fur vn rocher de cinquante ou foixantc pieds de haut, qui eft au milieu derme, il auoit fait ba-ftir fa maifon. De cofté amp;nbsp;d’autre de ce rocher, nous allions cfplané amp;nbsp;fait quelques petites places cfquellcs eftoyentba-ftics, tât la falle ou Ion s’aflcmbloit pour faire le prefehe amp;nbsp;pour mâger, qu’autres logis cfqucls ( comprenant tous les gens Z. '‘le Villcgagnon ) enuiron quatre vingts ''' perfonnes que nous cftions, refidents en ce lieu là,logions amp;nbsp;nous accommodiós. Mais notez,qu’excepte-la maifon qui eft fur la roche,ou il y a vn peu de charpenterie,amp; quelques Boulcuards furlefqucls l’Artillerie cftoit placée , Icfqucls font reneftus de telle quelle maflonnerie, que ce font tous logis,ou pluftoft loges,def-quels comme les Saunages en ont efte les Aichit dies , aufsi les ont ils baftis à leur mode, aflauoir de bois rond^ amp;nbsp;cou-uerts d’herbes. Voila en peu de mots quel cftoit l’artifice du Fort,lequel Villcgagnon pc^tfant faire chofe agréable à
Gafpard
-ocr page 149-DE l’aMERIQVE. 101 Gafpard de CoHigny Admirai de Frâce, fans la faneur amp;nbsp;ahiftance, aufsi duquel, comme i’ay dit du commcncctnét,il n’eut ïamais eu ni le moyen de faire le voyage, ni de baftir aucune forterefle en la terre duBrefil , nomma Colligny en la France Antardique.Mais en faifant femblant de perpétuer lenô de ceft cxccllét Seigneur, duquel voirement la mémoire fera à ia-mais honorable entre tous gens de bien, le laiffc à pefer outre ce que ViHegagnô, contre la promelfe qu’il luy auoit faite suant que partir de France , d’eftablir le pur feruice de Dieu en ce pays là , fe rc-Uoltade la Religion,combien encore,en ^.itant cefte place aux Portugais, qui en Î iontnuintcnantpQircfTeurs , il leur dôna occafion de faircleurs trophées amp;nbsp;du nô de Colligni,amp; du nom de France Antar-âique qu’on auoit impofe à ce pays là.
Sur lequel propos ie diray , que ic ne me puis aufsi allez cfmcrucillcr, de ce que Theuetà fon retour de l’Amérique, cnl’annce 1557. voulant femblablcmcnt complaire au Roy Henry fécond lors régnant , non fculcuent, en vnc carte qu’il fit faire de cefte riuiere de Canabara amp;nbsp;Fort de Colligni, fit pourtrairc à cofte' gauche d’icelle en terre fertne, vnc ville qu’ilnÔma ville h e n R rimais aufsi, quoy qu’il ait eu affez de temps depuis
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y Ule imaginai te éj cartes ^ enures de Theuet.
pour péfcr que c’eftoit vue moquerie» l'a neâtmoins fait mettre derechefen fa Cof mographic. Car quad nous partifmesde cefte terre du BrefiI, qui fut plus d’vn an apres Theuet, ie maintien qu’il n’y auoit aucune forme de baftimens, moins village ni ville à l’êdroit ou il nous en à marque amp;nbsp;forgé vnc, vrayement fantaftique. Âufsi luy mcfine eftant en incertitude de ce qui deuoit précéder au nom de celle ville imaginaire/à la manière de ceux qui difputet s’il faut dire bônet rougeou rou gcbônctjl’ayâtnômcc v i l l e-h e n R ï en fa prcmiercCartc,amp;H e N R Y-vi l l e en la féconde, donne aflez à conicéluiei que ce n’eft qu’imagination amp;nbsp;chofe fup-pofeede tout ce qu’il en dit: tellement que fus crainte de Î’equiuoque, le Icftcur choiliflat lequel qu’il voudra de ces deux nôs,trouucra que c’eft toufiours tout vn» aflauoir rien que de la peinture. Dcquoy ie-conclus neantmoins , que Theuet des lors,non feulement fc ioua plus du nom du Roy Henry que ne fit Villcgagnon de ccluy dcColigni,qu’il impofa àfon Fort, mais aufsi que par celle reiteration , entant qu’en luy tft,il prophancla memoi--re de fon Prince.Et afin de preuenir tout ce qu’il pourroit répliquer la deflus ( luy nyant que le lieu qu’il pretend foit ccluy que nous nommafmes la Briqueterie
-ocr page 151-D E l’a M E R I QV E. lOJ auquel nos manouuriers baftirent quelques maifónettcsjic luy cöfclfebien qu’il y a vne montagne en ce pays là , laquelle les François,en ibuuenâce de leur fouuc-rain Seigneur,nômerent le MontHenry, comme aufsi nous en appelions vn autre Corguilcrey , du furnom de^hiHpjie de »•'Aquot;’*'« Çg^rguilcrejHieur du Pôt,qui nous auoit conduits par delà : mais s’il y à autant de diterence d'vne montagne à vne ville,cô-rre on peut dire qu’vn clochier n'cftpas Vne vache,il s’cnfuit,ou que 1 heuct a cu^^uÄn^ la berlue quant il a marqué celleVlLLK/-»*4^* H E N R Y OU H F N R Y V I L L E en fcs cartes , ou qu’il en a voulu faire accroire plus qu’il n en cil. Dequoy derechef, afin que nul ne penfe que l’cn parle autremét qu i] ne faut, ie me rapporte à tous ceux qui ont fait ce voyagc:amp; mefmes aux gés de Viüegagnon dont pluficurs font enco tes en vie': affauoir s’il y auoit apparence de ville ou on a voulu fitucr celle que ie i cnuoyqaucc les hélions des Poë-tes. Partant ainfi que i’ay dit en la preface , puis que I heuct, fans occahon , a voulu attaquer l’efcarmouche , contre mes compagnôs amp;moy,fi nommément il troimc celle refutation en fes œuurcs de l’Amérique de dure digeftion , d’autant qu’en me derfendât contre fes calomnies ie luy ay ici rafé vne ville, qu’il fache que
G 4
-ocr page 152-104 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTOIRE
ce ne font pas tous les erreurs que i'y ay remarquez,Icfquels, comme i’en fuis bic records, s’il ne fc contente de ce peu que i’en touche en ceftehiftoire, ie luy mon-ftreray par le menu , le fuis marri tou-tesfois,qu’en interrompant mon propos i’aye efté contraint de faire cefte longue digrefsion en ceft endroit: mais pour les railons fufdites,ccft adiré pour mon-ftrer à la vérité comme toutes chofes ont pafleiefais iugeles Icdcurs fi i’ay eu tort ou non.
Pour donequespourfuyure ce qui relie à defcrirc,tant de noftre riuierc de Ga tjal)ara,c[uc de ce qui y eft fitut:quatrc ou /«fraarf«cinq lieues plus auant que Je Fort fus mentionc, il y à vnc autre belle amp;nbsp;fertile Ilk, laquelle contenât enuiron fix licuê's détour, nous appelions la grande Ifle. ht parce qu’en icelle il y a pluficurs villages habitez des Saunages nômez Tou-eupi^ambMu/ts a.lVic2. des François,nous y allions ordinairemêt dans nos Barques, quérir des farines , amp;nbsp;autres chofcs nc-cefiaires.
Dauantage il y a beaucoup d’autres pc tites Illcttcs inhabitées en ce bras de mer, cfquclics entre autres chofcs, il fetroiiuc dcgrolfes amp;nbsp;fort bonnes huitres : comme aufsi les Saunages fc plongcans és ri-nages delà mer, rapportent-de grofles pierres -
-ocr page 153-D E L’a M E R I ay E IO5 pierres à l’entour defqucllcs , il y a vue infinite d’autres petites huitres , qu’ils nomment Lertpe/yü bien attachées,voire comme collées, qu’il les en faut arracher hgt;,ittji!. par force . Nous faifions ordinairement bouillir de grandes portées de ces Leri^-p/jTjdans aucuns defquels en les ouurans amp;mangeans nous trouuions de petites perles.
Au refte cefte riuierc eft remplie de di uerfes cfpeces depoiflons, cômeen premier lieu ( ainfi que ie diray plus au long • ci après ) de force bons Mulets, de Rc-quiens, Rayes, Marfouins , amp;nbsp;autres moyens amp;petits, aucuns defquels ie del-criray aufsi plus amplement au chapitre despoiffons« Mais principalement ie ne veuxpas oublier de faire ici mention des horribles amp;nbsp;cfpouuâtables Balcncs , lef- seltnes. quelles monftrâs hors de l’eau leurs grades nageoires,en s’cfgayans dâs cefte lar ge amp;nbsp;profôde riuicrc,s’approchoyét fou lient ii près de noftrc Iflc,qu’à coups d’ar quebufes nous les pouuions atteindre, routesfois parce qu’elles ont la peau af-fez dure, amp;nbsp;mefmes le lard tant efpais que ie ne croy pas que la balle peut pene trer fi allant qu’elles en fuirent guercs of-fencecs , elles nclaifloycnt pas depalfcr outre .• moins mouroyent elles pour cela Il y en eut vnc pendant que nous eftions
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par delà, laquelle à dix ou doure lieu?« de noftre Fort tirant au Cap de Frie s’e-ftant approchée trop près du bord,amp;n a-rhltoe yant pas aflez d eau pour retourner en ^j^_ nbsp;nbsp;pleine mer,demeura efehoùee amp;à fcc fur
•'-»vrr^r-le riuage . Mais neantmoins nul n’eno-' ^^^^ approcher, allant qu'elle fut morte * * d’elle mefmc, non feulement en fc deba-tant,ellc faifoit trembler la terre bien loin autour d’elle, mais aufsi on oyoit le bruit 8f eftonnemêt le long du riuagede plus de deux lieues. Dauantage combien que tant les Sauuages que ceux des noftre s qui y voulurent allcr,cn rapportaf-fent tant qu’il leur en pleut, fi eft ce qu'il en demoura plus des deux tiers qui fui perdue amp;nbsp;empuantie fur le lieu. Mefmes la chair frefehe n’en eftant pas fort bone amp;nbsp;nous n’en mangcans que bien peu de celle qui fut apportée en noftre Ifleihors mis quelques pieces du gras , que nous faifions fondre pour nous feruir amp;nbsp;cfclai rcr la nuit de l’huile qui en fortoit) la laif faut dehors nous n’en teniôs non plus de conte que de fumiers. Toutes fois la langue, qui eft le meilleur,fut fallce das des barils, amp;. cnuoycc ert France à Monficur l’Admirai.
En fin ( ainfi que i’ay touché ) la terre ferme enuironnât de toutes parts ce bras de mer , il y a encores à l’extrémité amp;nbsp;au cul du
-ocr page 155-DE L’aMERIQVE. 107 cul du fac j deux autres beaux fleuucs p,^^^ d'eau douce qui y entrent,dans lefqucls, deMâtut auced autres François ayant aufsi naui-gué dans desBarques près de vingt lieues auant fur les terres,i’ay efte en beaucoup de villages ^armilcs Sauuages qui habitent de cofte amp;nbsp;d’autre. Voila en brief ce que i’ay remarque en cefte riuicrc de Gc-uevre ou Ç^nahara:de la perte de laquelle ie fuis tant plus marri, que fi elle euft efté'bien gardeenon feulement c’eufi c-fic vnc bonne amp;nbsp;belle retraite,mais aufsi vue grande commodité de nauiger en ce payslà pour les François. Avingthuit ou trente lieues plus outre tirant à la ri-uierede Plate amp;au Jeftroitdc Magellan, il ya vn autre grand port amp;nbsp;bras de mer appelle parles François, la riuiere des Rafi'S, en laquelle , femblablcmcnt en La rinim voyageas en ce pays là ils prennent port: '^'^**' ce qu’ils font aufsi au Haute du Cap de Frie,auquel côme i’ay dit ci douant nous mifincs premièrement pied à terre en la terre du Brcfil-
C H A P. VIII.
'DHgt;}aturel,force,fiature,fJudite,tit^^o/ttiiH
amp; paremens du c»rpt,taNt des hommes t]ue des
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fimmes Sauttages 'Breftlieni‘gt; hal^itans enl'^-menque : entre lejijuels t ay fèeijitente' enuiron Tn an.
Y A N T iufques ici récite» tant cc que nous vifecs fur mer en allant en la terre du BrcfiI, que côme toutes cho-fes pafferent en rifle amp;nbsp;Fort de Colligny ou fc tenoit Villegagnon» pendât que nonsy cftionsicnfcinblc quelle eftla riuicre nommée Ganabara cnl’A-merique ; puis que ic fuis entre fi allant en matière , auant que ic me rembarque pour retourner en France, ieveuxaufji difeourir tant de ce que i’ay obfcruc touchant la façon de viurc des Saunages,que des autres chofes fmgulicrcs amp;nbsp;inconucs par deçà que i’ay veucs en leur pays.
Stature
C^ ffiffs’ fition des ^ditun^ts.
Eu premier lieu doneques (afin que commençant par le principal iepourfuy-uc par ordrc)les Sauuages de l’Amérique habitans en la terre du Brcfil nommez Toiiou^matnlfaoftlts, aucc Icfqucls i’ay demeure amp;nbsp;fréquenté enuiron vn an,n’cftâs point plus grands, plus gros,ou plus petits de nature que nous fommes en l’Eu-ropc,n’ont Iccorps ni móftrueux,ni prodigieux à noftre cfgard:bicn font-ils plus forts , plus robuftes ?c replets , plus di-fpofts,moins fuiets à maladie: amp;:mcfmc il n’y 3
-ocr page 157-DE h’ A M E R I lt;Xy E. lOÿ n’ya prefque point de boiteux , de manchots, d’aueugles,de borgnes, côtrefaits, nimaleficicz entre eux.Dauantace corn-bien que plulieurs paruiennent lufques à l’aage de cent ou lix vingts ans i. car ils fçauêt bien ainfi retenir amp;nbsp;côter leurs aa ^^tJ» ges par Lunes)peu y en a qui en leur vicil^quot;“^^“ Icffe ayentlcs cbeucui ni blancs ni gris. / Chofes qui pour certain môfti et non feu Iftncnt le bon air amp;nbsp;bonne temperature de leur pays,auquclcómc l’ay ditaillcurs ^105 gelees ni grandes froidures les bois-amp; les champs font toufiours verdoyans, niais aufsi ( eux tous buuxns vrayement a la fontaine de loucnce) le peu de foin!« Sn^ amp;nbsp;defouci qu’ils ont des chofes de ce mô ‘“'iquot;f‘quot; de.Et de fait,comme le le monftreray en- Jexhtfit eoreplus amplement ci apres , tout ainfi'''“”''^'’’ qu'ils ne puifent en façon que ce foit en ces fourccs fangeufes, ou pluftoft pefti-lentiales, dont dcfcoulent tant de ruif-feaux qui nous rongent les os, fuccent la mouëllc, atténuent le corps,amp; confumet 1’efprit:bricf nous empoifonnent amp;nbsp;font mourir deuant nos lours : aflauoir, en la dcsfiance,cn l’auaricc qui en proccdc,aux procès amp;nbsp;brouïllerics,cn l’enuie amp;nbsp;ambition, aufsi rien de tout cela ne les tourmente, moins les domine amp;nbsp;pafsionnc.
Quant à leur couleur naturelle,attendu la region chaude ou ils habitent, n’c-
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% flans pas autrement noirs, ils font feule-Y'’*^''- ment bafancz,comme vous diriez les E-/pagnols ou Prouençaux.
Au rcfte,chofc non moins ertrage que difficillc a croire à ceux qui ne l’ont veu, VjtUtS tant hommes,femmes, qu’enfans, no feu ^i ^quot;T' ^^'’^^”^ f^n^ cacher aucunes parties de i»rti.^* leurs corps, mais aufsi fans en anoir nul le honte ni vergongne, demeurent amp;nbsp;vôt courtumiercment aufsi nuds qu’ils fortét du ventre de leur mere . Cependant tant s’en faut,comme aucuns penfent amp;nbsp;d'autres le veulent faire accroirc,qu’ils foyet Cmtrt velus ni couuers de leurs poils , qu’au quot;^^‘«K'^tt co”’:*'’“'‘^’quot;’^ft^ns point naturellement âm^t^et’ P^'^^ pclus que nous fommes en ces pays i ’'‘’''quot;- par deçà , encores fi tort que le poil qui | croirt fur eux , commence à poindre amp;nbsp;s j fortir de quelque partie que ce foit, voire la barbe amp;nbsp;iufques aux paupières amp;nbsp;four cils des yeux (ce qui leur rend la veuë lou Innere:.- chc,biclc,efgarce amp;farouchc)ou il eftar-t-.v ’/«r^rt racheaucc les ongles,ou depuis que les Hid.ge. chrcrticns y frequenter aucc des pincet-deilnJi. tes qu’ils leur donnent:ce qu’on a aufsi a. ch.79 eferit que font les habitas de l’Iflc de Cu mana auPeru.l’excepte feulement qu.âtà nos Tououpinahaoult/ lcs chcucux,lcfquels cncorcsà tous les mafics des leur icuncs aages,depuis le fommet,amp;toutlc douant j de la terte font tôdus fort près,tout ainfi que la
-ocr page 159-© I 1.’ A M E K I QJ B. Hl i^ue la couronne d vn moine, amp;nbsp;fur le der ncrc,àla façô de nos maicurs amp;nbsp;de ceux qui Jailléc ci oiftre leur perruque,on leur longne fur k col.
Outre plus,ils ont cefte couftumeque dés l'enfance de tousles gaiçons laleure dedelious, au deflus du mentô,lcurcftâtr«à-i« percee,chacun y porte das le trou vn cer^^.Ç“''* tain os bien pou aufsi blanc qu’yuoirc. Ceftos prefques fait de la façon d’vnc de cespeutes quilles dont on loue par deçà fur la table aucc la p£rou^te,lc boutpoinluÂ**'^*quot;’ tu Portât vn pouce ou deux doigts en dc-/’**quot;**“^* Hors, eft retenu au refte par vn arreft''^*’*^^/**^ entrejes genciues amp;nbsp;la leure, tellement**'^ **** qu’ils l'oftent amp;nbsp;le remettent quand bon leur femble. Mais ne porians ce poinfon d os blanc qu’en leur adolcfccnce, quad ils font grands amp;nbsp;qu'on les appelle Çono^ nt oûa^9u . qui vaut autât à dire que gro# ou grad garçon) au lieu d’iceluy ils appli quent amp;nbsp;enchaflet au pertuis de leurs Îe-ures vne pierre verte, efpece de fauce ef- XXquot;»-' ineraude, laquelle aufsi retenue d’vn ar- ^'’»JT'»» reft par le dedâs paroift par le dehors, de la rondeur amp;largcur amp;deux fois aufsi ef-peffe qu’vn refton : voire il y en à qui en portét d’aufsi rôde amp;longue quele doigt de laquelle façon i'en auois rapporte vne en France. Que fi au refte quelques fois, quât ces pierres font oftccs,nos Tououpi-na/nliMuli pour leur plaifir fôt paffer leur
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loues per^ tees afin ^*y ^PP^^' ^er des pierres verW»
ÎIZ
langue par la fente de la Jevre gt;nbsp;criant ad-uis par ce moyen à ceux qui les regardée qu’ils ayent deux bouches , ie vous laifle à penfer, s’il les fait bon voir , amp;nbsp;fi cela les difforme ou non. loint qu’outre cela i’ay veu des homes Icfquels ne fe contcn-tanspasde porter deccs pierres vertes à leurs levres en auoyent aufsi aux deux iouës lefquclles fcmblablcmcnt ilss’c-ftoyent fait percer pour ceft efteft.
Quant au nez j au lieu que les fages femmes de par deçà dés la naiffance des cnfans,afin de leur faire plus beaux amp;nbsp;plus grands , leur tirent aucc les doigts» nos Ameriquains tout au rebours, faißs confifter Icurbçauté d’eftrefort camus,
fi toft que les cnfans d’entr’eux font for-tis du ventre de la mere ( tout ainfi que « vous voyez qu'on fait en France es bar-
bcts_amp; petits chiens) ils ont le nez efera-Hift. ge. ^ ^ enfoncé aucc le pouce. Au 'cô traire des Ind. quelque autre dit, qu’il y a vnc certaine liu.4 ch. co ntree au Peru ou les Indies ont le nez fl outrageufement grand qu’ils y mettent des Emeraudes, lurquoifcs,amp; autres pierres blâchesamp;rougcs aucc filets d’or.
Au furplus nos Brefiliens fe bigarrent fouuent le corps de diucrfcs peintures amp;nbsp;couleurs : mais fur tout ils fe noirciflent ordinairement, fi bien les cuifles amp;nbsp;les iambes du ius d’vn certain fruit qu’ils
nom-
-ocr page 161-D E l’a M E R I Q^ F. 115 nomment Cenipat. que vous jugeriez à les voir vn peu de loin de celle façon que»«wZcr ils ont chauliez des chaudes de prelire: f^quot;^quot;'‘h amp;nbsp;s’imprime fi bien fur leur chair celle tainturc noire faite de ce fruit Gentpar, que quoy qu’ils fe mettent dans l’eau vol rc qu'ils fe lauent tant qu'ils voudront, ils ne la pcuuent effacer de dix ou douze jours. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. . nbsp;nbsp;nbsp;/
Ilsontaufsi des crolffans d'os bié vnis, crûjp^iu aufsi blancs qu'albâtlrc,lefquels ils notp a‘«i'«lt;gt;lt;^. nient Tacy du nom de la Lune qu’ils appellent ainfi, amp;nbsp;les portent pendus àleur col quant il leur plaill.
Semblablcn\ct après qu’aucc vne grade longueur de temps ils ont polis fur vne pierre de grez, vne infinité de pieces d’vue groffe coquille de mer appclccVignoI lefquellcs ils arrondiflent amp;nbsp;font aufsie.’^*»« ’ primes amp;dclliecs qu’vn denier tournois: percees qu'elles font parle milieu,amp; enfilées aucc du fil de coton, ils en font des colliers qu’ils nomment ‘So«-re, Icfqucls j^gi^^re quand bon leur femble,ils tortillent iL[,iii,r. lentour de leur col-,comme on fait en ces pays les chaincs d’or . C’eft à mon aduis ce qu’aucuns appelée porcelaine,dequoy on voit beaucoup de femmes porter des ceintures par deçà: amp;nbsp;en auois plus de trois braffes des plus belles qui fe puifi-fent voir quand i’arriuay en France.
H
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.HISTOIRE
Dauantagc nos Ameriquains ayans quantité de poules communes , dont les Portugais leur ont baillé l'engeance) plu inans louucnt les blanches) amp;nbsp;aucc quelques ferremens, depuis qu’ils en ont ) amp;nbsp;’auparauant aucc des pierres trenchantes dccoupans plus menu que chair de pafte jyy^jj g. petites plumcS)aprcs qu’ils les ont fait bouillir amp;nbsp;taintes en rouge aucc du Brefil) s’eftans frottez d'vnc certaine gomme qu’ils ont propre à cela ) ils t nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;s’en couurent, cmplumalfent) amp;nbsp;chamar-
i^ f^n^^, rent le corps, les bras,amp; les iambes : tel-' y ‘ quot;nbsp;lement qu’en c’eft eftatils fcmblentauoir du poil foict comme les pigcôS)amp; autres Saucé^a oyfeaux nullement cfclos . Et eft vray emiitumaf fcmbiablc quc quelques vns de ces pays p^rpèlfer par dcça Ics ayans veux du commence-lt;jigt;',be- nient accouftrez de ccfte façon ) fans a-^LdKi^ uoir plus grande cognoiffance d’eux, di-uulgucrét amp;nbsp;fret courir le bruit) que les Saunages cftoyét velus: mais comme i’ay dit ci deflus , n eftans pas’ tels de leur naturel,c'a efte vnc ignorance amp;nbsp;chofe trop Hift.gen ’cgicrement rccciic. Qjiclqu’vn au fem-des InJ. olable à eferit, que les Cumanois s'oi-liu.i.ch. gj^Pfjj, j'ynlt; certaine gomme,ou onguent ^^' gluant, puis le couurent de plumes de di uerfes couleurs , n’ayans point mauuaife grace en tel équipage.
Quant àPornement detefte de nos
7^ 0UOH-
-ocr page 163-DE L’ A M E R I Q_V E 11J Tûtioupinam^uin , outre la couronne fur ledeuant, amp;nbsp;cheueux pendans furie derrière dont i’ay fait mention,ils lient amp;nbsp;tLr«ti,utliftH^ rengent des plumes d’aides d’oyfeaux,7h ' carnates,rouges,amp; d autics couleurs,dcf tj^uelles ils font des fronteaux a de 2 ref-Fritemx lemblans,quant à la façon,aux faux ehe- ‘‘‘ f‘quot;’”'‘-ueux amp;nbsp;Rajes pelades, que les dames damoifcllcs de France ,amp; d’autres del’Europc portent depuis quelque téps en ça;amp; diroit on quelles ont eu cefte m Uention de nos Saunages, Icfquels appe-lent ceft engin Tempenaml^i. Ils ont aufsi T-ari^xs des pendes à leurs oreilles , faits prefqut '^quot;'quot;^quot;' de la mefme forte que l’os pointu , que fay dit ci dedTus les icuncs garçons auoir amp;nbsp;porter en leurs levres trouées . Et au furplus ils attacher fur chacune de leurs loues aucc de la cire qu ils nommet ynic, vn poitral d oifeau couuert de peti- '’•quot;■lt;• nbsp;nbsp;nbsp;/
tes amp;nbsp;fubtilcs plumes iauncs. Ce poitral J•.•-‘•»»-•A• eftant long amp;nbsp;large d'enuirô trois doigts eft appelé par eux 'Toucan, du nom de l’oyfeau qui le porte, lequel comme ic le delcriray en Ion lieu, a non feulement tout le refte du corps aufsi noir qu’vn corbeau , mais aufsi a le bec excefsiuc-ment gros amp;nbsp;monftrueux.
Que fi outre tout ce que defius nos Brefiliens allas à la guerre, ou (à la façon que ic vous diray ailleurs ) tuent folénel-
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T^.t« bin lement vnprifonnier pour le manger , fe net! brx^ voulans mieux parer amp;nbsp;faire plus braucs îr«/i,t«Z ^ls fe veftentlors de robes, bonnets,bra-* piKmn. celcts,amp; autres paremens deplumes, ver tes, rouges, bleues, amp;nbsp;autres de diuerfes couleurs, naturelles, naïucs amp;nbsp;d’cxccllê-tes beautez.Et de fait apres qu’elles font par eux diucrfifices, entremeflees ?lt; fort proprement lices l’vnc à l’autre , aucc de très petites pieces de bois de Cannes, SC du fil de Couton,n'y ayant plumaflicr en Frace qui les fccut guercs mieux manier fa, fit.ii,n/: ni plus dextrement accouftrer, vous iu-'I«,:..-r..,j\, gériez que les habits qui en font faits, '‘'•quot;•J* font de velours à long poil. Ils font de r«7,”quot;«. meines artifices , les garnitures de leurs meifiur cfpccs amp;nbsp;maflucs dc bois,Icfqucllcs ainfi 'dtlÏT/ «Ifcorces amp;nbsp;enrichies de ces plumes fi bien appropriées amp;nbsp;appliquées à ceft vfa gc, il fait aufsi mcrueillcufcmcnt bon voir.
Pour la fin de leurs équipages , recou-urans de quelques endroits dc leurs pays de grandes plumes d’Auftruches dc cou-/quot;quot;i^ f* '’*' ledits grifes , les accommodans tous les Mi^C^ tuyaux ferrez d’vn cofte , amp;le refte , qui V. v^'iMK« s’éparpille en rond en façon d’vn petit pauillon, ou d’vue rofe, ils en font vu grand pcnnachc qu’ils appclcnt ^raroye, lequel eftant lie fur leurs reins aucc vue corde de Coton,l’cftroit deuers la chair, amp;nbsp;le
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amp; le large en dehors, quad ils en tont ain p^^^^^^ fi enharnachez ( comme il ne leur ferta ArZo autre chofe)vcus diriez qu’ils portent v- ”quot;quot;‘ nemucàtenir les poulets deflous atta-‘ checfur leurs fcflts.Ic dirayplus amplc-mentjen autre endroit,que les plus grids guerriers d’entr’eux ahn de monftrer leur vaillance, amp;nbsp;fur tout comble ils ont tuez de leurs ennemis,amp;mcfmcs malfacrez de prifonniers pour manger , s’eftans inci- j^^quot;“^'’ fez la poitrine,les bras,amp; les cui(rcs,frot tf,^'^quot;quot;' tans puis apres ces defehiqueteures d’v-necertaine poudre noire, qui les faitpa-roiftre toute leur vie, il fcmblc à les voir decefte façon , que cefoyent chaufles amp;nbsp;pourpoins découpez a la Suiflc,amp; à gfid^,/,.^ ,.,^ balaffrcs qu’il? ayent vertus. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;/ia...,-«
Q^c s’il crt qucrtion de danfcr,fautcr, boite amp;^4ff«yÄ^r,qui crt prefque leur me-ftier ordinaire, ahn qu’outre le chat ^ la Voix ils ayent encores quelques chofes quilcur rcucillc l’cfprit, apres qu’ils ont cueilli vn certain fruitde lagrofl’euramp; approchant aucunement de forme d’ync chartagne d'eau, lequel a la peau affez fer nic;bien fcc qu’il crt, le nojau orté , amp;nbsp;au*quot;»v»Z lieu d’iccluy ayans mis de petites pierres dedans,encnhlanspluhcurs cnfcmblc ils en font des iambiercs , lefquclles lices à s«»»,»,, leurs iamb es, font autant de bruit que fc-royent des coquilles d’efeargots ainhfie,'.quot;'quot;
H 5 . f^^ Z-»«, ■
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HISTOIRE
difpofc«: voire prcfqiic que les fonnet-tes de par deçà , dcfquellcs aufsi ils font fort conuoiteux quant on leur en porte.
Ourrcplus,y ayant en ce pays Jà vne forte d’arbre qui porte fon fruit aufsi gros qu’vn œuf d Auftruche amp;nbsp;de mef-me figure, les Saunages l’ayans percé par le milieu ( tout ainfi que vous voyez en France, les enfans percer de großes ^rgt;t- »•,?/,.,- noix pour faire des mouîintts'puis creu-fé,^ mis dedans de petites pierres rôdes, ou bien des grains de leur gros mil, duquel il fera parle'ailleurs , paflant puisa-pres vn ballon d’enuironvn pied amp;nbsp;demi de long à traucrs,ils en font vn inftrumet qu’ils nomment Maracat lequel bruyant /An 4-plu J £^j.j qu’vnc vefsie de pourceau plei-^^ ne depoix, nos Brefilîens ont ordinaire-i,\.imt menten la main . Quand ic traiterayde j.;t.!-z» Jtur Religion , ic diray l’opinion qu’ils “ ' ont tant de celle fonnerie qucdccc//4-r-^icit, après que paie amp;nbsp;enrichi ou’il a elle de belles plumes, ils font dédie à l’vfage que nous verrons là . Voila en fomnie quant au naturehaccoullrcmcns,amp; pare-mens dont nos T^oHoupinaMbaeultsont ac^ couftumé de s’équiper en leur pays. Vray eft que nous autres ayans porté dans nos Nauircs grand quantitéde frifes rouges, vertes,iaunes,amp; d’autres couleurs, nous leur en faifions faire des robes , amp;nbsp;des chauffes
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chaufles bigarrées»IcfqucUes nous leurs changions à des viurcs, Guenos, Perro-^''rrlt;y’/^n»/ qucts,Brefil,Cpu.txjn,PoiurcJong,amp; au-quot;''*'“’* très chofes de leur pays, dont les MariJ/'ï ' niers chargent ordinairemeut leurs Vaif féaux.Mais les vus,fans rien auoir fur Ic5lt;««i«fx« corps,ayans aucunesfois chaufle de ces chau des larges a la Mattclotc : les autres ^tjf^,, au contraire fans chaudes ayans venu des fayes , qui ne leur venoycnt que iuf-qucs aux fedes , quant ils s’eftoyent vn peu regardez amp;pouriïiencz de celle façô, fedefpouillans ils laidoycnt leurs habits en leurs maifons iufques à ce que l’cnuie leur vint de les reprendre. Autant en fai-foycnt ils des chapeaux amp;nbsp;chemifes que nous leur baillions.
Ainfi ayant déduit bien’ amplemêt tout ce qui fe peut dire concernât l’extérieur du corps tât des hommes, que des enfans mades Ameriquains , fi maintenant en premier lieu , fuyuant cefte defeription, vous-vous voulez reprefenter vn Saunage , imaginant en vollrc entendement vn ep’iis'^r homme n id, bien formé, amp;nbsp;proportiôné^”7/;’^/,;i de fes membres , ayant tout le poil qui’■'?’•lt;'■'’-croift fur luy arraché , les cheueux ton-’'/,^quot;'^''“ dus,delà façon que i’ay dit, les Iciires amp;nbsp;ioucs fendues amp;nbsp;des os pointus,ou pierres vertes comme enchadées dedans , les oreilles percees aucc des pendus en iccl-
H 4
-ocr page 168-no nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTOIRE les,le corps peinturé , les cuiffes amp;nbsp;ïambes noiicies de la teinture qu’ils font de ce fruit C'empat fus mentionne ., des colliers compofez d'vnc infinité de petites pieces de cefte grolle coquille de mer que ils appclcnt VignoI, tels que ie \ous les ay dcfcliilfrezjpendus au col: vous le ver rcz comme il eft ordinairement en fon pays,amp; tel quant au naturel, que vous le voyez pourtrait en la page fuyuâte, ayât feulement fon croiflant d'os bien poli fur fa poitrine, fa pierre au trou de la Icvre: amp;nbsp;pour contenance fon arc desbandé, amp;nbsp;fcs flefehes aux mains. 'Vray eft que pour remplir cefte prcm.icrc planche, nous a-uons mis auprès de ce Tououpinambaoult l'vne de fcs femmes,laquelle fuyuant leur couftumcjtcnant fon enfant dans vnc ef-charpe de coutô, l’enfant au reciproque, felon la façon aufsi qu’elles les portent, tient le coftéde la mere embraflé aucc les
deux iambes : amp;nbsp;auprès des trois vn lift de couton fait comme vne rets à pefeher pendu en l’air, ainfi qu’ils couchent en leur pays. Semblablement la figure du friiift qu’ils nomment tyinamtf , lequel, ainfi que le 1 defci iray ci apres , eft des meilleurs que produife cefte terre du Brefil.
-ocr page 169- -ocr page 170-122 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;H I S T O I R F.
Car touchant rartifice,outre qu’il hu droitplufieurs figures pour reprefenter tous les parcmens de leur corps» félon qu’ils font côtenus en celle dcfcriptioib encores ncles fçauroit-on bienfairepa-roir fans y adioufter la peinture » ce qui requerroit vn liurc à part.
SecDMd nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fécond lieu luy ayant ofte toutes
£fiiigt;iKe fes fanfares de dcflus,après l’auoir frotte de gôme glutineufe , couurez luy tout le corps, bras amp;nbsp;iambes , de petites plumes hachées menu comme de la bourre teinte en rouge,amp; lors il fera beau fils.
Pour le troificmc, foit qu’il foitenfa defiri^tn couleur naturellc,ou pcinturc,ou emplu maflé,reucfte2 le de fes habillcmés, bonnets , amp;nbsp;bracelets faits fi induftrieufemet de fes belles, naturelles amp;nbsp;names plumes de diuerfes couleurs dont ic vous ay fait mention, amp;nbsp;ainfi accouflré vous pourrez dire qu’il eft en fon grand Pontificat.
ffi pour le quatrième , à la façon que ie vous ay tantoft dit qu’ils font , le laiffat moitié nud amp;nbsp;moitié vertu,vous le chauffez amp;nbsp;habillez de nos frifes de couleurs, ayant vnc mâche verte amp;nbsp;vncautre iaune, confiderez la deffus qu’il neluy ^•, i, ■ ' faut plus qu’vue marotc.
Finalement adiourtant aux cliofcs fuf-ditcs fon Maraca en fa main,lcpcnnache de plume nomme- ^rraroye fur les reins, amp;nbsp;fes
-ocr page 171-DE l’a M E R I Q_V E.’ I2J amp;fes fônnettcs compofees de fruits à len j^quot;'^^^*^ tourdefcs ianibes , vous Je verrez lors, gn quant ainfi que idc reprefenteray encores en ^'„^'„“^ vn autre lieu , équipé en la façon qu’il cQ: iambtuUt. quand il dance faute boit amp;nbsp;gambade.
Quand ic parleray de leurs guerres amp;nbsp;de leurs armes,leur déchiquetât le corps leur mettant l’efpee ou maflue de bois amp;nbsp;l’arc amp;nbsp;les flefehes au poing ie les deferi-rayplus furieux. Partant JaiiTant pour maintenant à part nos Tououpinamltaoulfs cnlcur magnificence ^ gaudir amp;nbsp;iouir du bon temps qu’ils fe feauent bien donner, il faut voir n leurs femmes amp;nbsp;filles (Icf-quclles ils nomment.Qjioniamyamp;c defpuis queles Portugais ont fréquente par delà en quelques endroits Adaria) font mieux parees.
Premièrement, outre ce que i’ay dit au commencement de ce chapitre qu’elles ^^'^^‘„e-vôtordinaircmet toutes nues aufsi bien riquaims. queles homes,encarts ont elles cela de commun aucc cuxdes’arrachcrtanttout Ic poilqui croift fur elles que les paupie res amp;nbsp;foureils deleurs yeux.Vray eft que pour l’efgard des cheueux,elles ne les en fuyuent pas : car non feulement elles les laiflent croiftre amp;nbsp;deuenir lôgs,mais auf fi(commc les femmes de par deçà) les pi-gnent amp;nbsp;les lauent fort foigneufement, voire les trouffent quelques fois auec vn
-ocr page 172-l24 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;H I S T o I R R
cordô de Couton teint en rouge: tontes-fois les laiflant le plus communément pendre fur leurs cfpaulcs elles vôtpref-tjucs toufiours dcfchcuelccs.
Au furpluscombien qu’elles different aufsien cela des hommes qu’elles nefe fendent point ni les lèvres ni les ioiiês, amp;nbsp;par confequent ne portent aucunes pierreries en leur vifage j tant y a néant' moins qu’elles fc percent fi outrageufe-ment les deux oreilles,pour y appliquer ’PriJf des pendans,que quand ils en font oftez, £w«rquot; “'^ pafleroit aifehnent le doigt à traucrs •rMn du des trous. Et au furplus ces pendans,qui I'Xmx“. ^’’”^ ^^‘’•^ ‘^^ ‘-^^^ groffe coquille de mer nômee Vignol dot i’ay parle,eftäs blaes, ronds, amp;nbsp;aufsilôgs qu’vnc moyenne chi délie de fuif,quant elles en font coiffées, ?eque cela leur bat fur les cfpaulcs,voire iufques fur la poitrine , vous ingériez à les voir vn peu de loin, que ce font oicil Jes de Lirniers.
Q^ant à leur vifagc,voici la façon com me elles fc l’accouftrcnt. Lavoifineou
'Big^trf^ factfi ^(f
0 A-
compagne, aucc vn petit pinceau en la main,ayant cômcncé vn petit rond droit aumiliei dclaiouc de celle qui feveut faire peinturer , tournoyant tout à len-tour en rouleau 6e forme de limaçon.
iju-tinu ^ fjntirlcur T’’ßS‘-
non feulement continuel a iufques ace qu’elle luy aitainfi bigarré amp;nbsp;chamarre toute
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toute la face, de couleurs bleue, iaunc,amp; rouge,mais aufsi(ainfi qu’on dit que font femblablcment en France quelques impudiques) au lieu des paupières amp;nbsp;foury»#»/4' cils arrachez, elle n’oubfiera^s de bailler le coup de pinceau.
Au refte elles font vne forte de grands ^ ^ bracelets , compofez de pluficurs pieces Braaim d’os blancs, coupez amp;nbsp;taillez en manière“^p’fi^ de groffes cfcailles de poiflos, lefquclleSpff^^X/*. elles feauét fi bien raportcr,amp; fi propre-métioindre l’vne à l’autre aucc de la cire amp;autre gomme meflee parmi en fa0n de colle, qu’il n’eftpas pofsible de mieux. Cela ainfi fabriqué, long qu’il eft d’enui-. ton vn pied amp;nbsp;demi, ne fe peut mieux c5 j parer qu’aux braffars dequoy on iouc au ballon pardeça.
Semblablement elles portent de ces colliers blancs ( nommez ISoîire' en leur ^^quot;S^gc ) lefquels i’ay deferit ci deflus: nonpas toutesfois qu’elles les pendent a leur col,comme vous auez entendu que font les hommes , car feulement elles , les tortillent a Icntour de leurs bras. EtwóWe voila pourquoy, amp;nbsp;pour appliquer à mef^quot;^quot;*'** me vfage, elles trouuoyent fi iolis les pe tits boutqn^dc verre , iaunes , bleus , 8c^‘quot;*Yr' verds,enfilez en façon de patenoftres, qu’elles appclent Atauroubi , dcfquels » nous auions porté en grand nombre»
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pour trafiquer parmi ce peupIe.Etde fait foit que nous allifsions en leurs village! ou qu’elles nous vinfent voir en nolhe . « Fort,afin de les auoir de nous, nous pre-fentas des fruits ou quelque autre ebofe de leur pays,félon la façon amp;nbsp;manierede parler de flatcrie,d5t elles vfent ordinal' rement, nous râpant la tefte elles efioyet rizerie îneeffamment apres nous diCa.ntyMaïr^i Jn agaforem,iimttbe maHroubitcea^ dire Fran' nouante,, ^^j^ ^^ ^^ j^^^ , donne moy de tes brace'
lets déboutons de verre.Elles faifoyétic femblable pour tirer de nous des pig^f^ qu’elles nomment Guapoa JCuap, desmi rouers,qu’elles appelenteXrro«4, amp;tou tes autres chofes que nous auions dont elles auoyent enuie.
Mais entre toutes les chofes doublemet eftranges,amp; plus qu'cfmerucillables,quc i’ay obferuces en ces femmes Brcfilien-nes, c’eft, combien qu’elles ne fc peinturent pas fi fouuent le corps,les bras amp;Ic! ïambes,que font les hommes, amp;nbsp;mefme! qu’elles ne fc couurent ni de plumage ni d’autre chofe qui croifie en leu r terre,tât y a ncantmoins,quoy que nous leur ayôs fouuent voulu bailler des robes de frife! T^rfôluüo), ou des chemifes ( côme i’ay dit que nous ^ÎM^«”'”f faifions à leurs maris ) qu’il n’a iamaise-Klt;gt;poMf fié en noftre puiflance deles faire veftir '^’^’'- de chofe quelle qu’elle fut.Il eft vray que pour
-ocr page 175-DE L'AMERICtyE. 127 pourauoir plus beau prétexte de s’en e-xempter, nous alléguant leur couftume, qui eft,qu’à toutes les fontaines amp;nbsp;riuic-tes claires qu’elles rencontrent, s’accrou piflans fur le bord ou fc mettans dedans, ^quot;“^^^„ avec les deux mains fe iettent de l’eau Âx»«#^« fur la tefte , fc lauans amp;nbsp;plongcans ainfi^'^^'^quot;quot;' toutlecorps comme Canes,tel iour fera plus de douze fois , elles difoycnt que ce leur fcroit trop de peine de fc dcfpouil-lertant fouuent. Ne voila pas vnc bel-Je raifon? Or telle qu'elle eft , d’en con-tefterdauantage contre elles ce fcroit en vain,car vous n’en aurez autre ebofe. Et defaitjCtft Animal fc delcftc fi fort en tefte nudité, que non feulement les females ie nosT^ouDMpinambaeu/ts demcarïtes en liberté en terre ferme en eftoyent là re folucs amp;obftinccs,mais aufsi encore que nous tifsions couurir par force les prifô nicresprinfes en guerre que nous allions achetées, amp;nbsp;que no’ teniôs efclaucs pour trauailler en noftre Fort, tant y a toutes* Fumui fois que fi toft que la nuit cftoit venue, ^f''“»quot; dclpomilans leurs chemnes ou autres tnitur haillons qu’on leur bailloit,auat qu’elles quot;‘«^’‘*-fccouchaflet elles fcplaifoyét à fepour-mener toute nues parmi noftre Iflc.Brief fl cela euft efté à leur chois, amp;nbsp;qu’à grand coups de fouets, on n’euft contraint ces panures mifcrablcs de s’habiller ^ elles
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cufTct mieux aimé endurer le halle amp;nbsp;cEi leur du Soleil, voire s’efeoreher les bras ödes efpaules à porter la terre amp;nbsp;les pier res, que de rien endurer fur elles.
• Voila aufsi en fomme quels fontlcJ ornemens, bagues, amp;nbsp;loyaux ordinaires des femmes amp;nbsp;filles de l'Amérique. P3r' ! tant fans en faire autre Epilogue, que le lecteur parla narration que i’enayfaiw les contemplecommeil luy plaira.
Traitant du mariage des Saunages, le diray corne leurs enfans font accouftrez des leur naiffancennais pour Pefgarddes grâdets, au deffus de trois ou quatre ans, ieprenois fur tout grand plaifir devoir les petits garçons qu’ils nôment Conomi-Conomi mirhe'cü. a dire petits garçôs, graffets,amp; mtri refaits qu’ils foc beaucoup plus queceux ««/z£T^^ P^“^ *^^Ç^ ’ ^^^’l'^^^® auedeur poinfon e^’iif^it. d'os blanc en leurs lèvres fendues, leurs éci'^Zquot;“ ^heueux tondus à leur mode,amp;quelques , fois le corps peinturé , ne failloyent ia- | mais de venir en troupes danfans au de-uant de nous quand ils nous voyoyentar riucr en leurs villages. Aufsi, pour ene-ftre rccompcnfez,cn nous amadoüansamp; fuyuans de près , n’oublioycnt ils pas de nous dire, amp;nbsp;répéter fouuêt en leurpetit ^er^on’.CotouaJfaf am ahe pinnate'cü 2 à'-^^^ mon ami, ou mon allié , donne moy des hîiims à pefeher Q^c fi la deflus, en leur octroyant
-ocr page 177-DE r’ A M 6 R I 0^ E. 129 oftroyant leur requefte,comme i’ay fou- _ uétfait, on leur en melioit dix ou douze ,X'X. des plus petits parmi le fable amp;nbsp;la pouf-fiere,eux fcbaillàns foudaincmct,c eftoit^“quot;*quot;'*quot;’ vn pafletemps de voir celle petite marmaille toute nue , laquelle pour tiouuer amp;ainalferces hameçôs, tujpilloit amp;nbsp;gia-^«’«o-’mA, toitla terre ainfi que font les conniis de garenne.
Finalcmét combien que durât enuiron vn an que i’ay elle en ce pays là,i’aye elle fl curieux de contempler amp;nbsp;les grands amp;nbsp;les petits , que m’eftant aduis que icJcs voye toufiours deuant mes yeux i’en au-ray toute ma vie l’idée amp;nbsp;l’image en mon “^ entendcment:tant y a neantmoins, parce que leurs geftes amp;. contenances font du j tout dilfcmblablcs des noflres ,queicc6 'Kf'^”’ ^ felle dire malaife de les bien reprefenter C»quot;«^«» ni par eferit, nimefmespar peintures, '’quot;f“quot; ^ Ain fl pour en auoir le plaifir, il les faut ^L'^ûna. Voir amp;nbsp;vifiter en leur pais. Mais,me direz «quot;• vous, la planche cil bien longue. lieft vray amp;nbsp;partant fi vous n’auez bon pied, * bon œil, craignans que vous ne tresbu-chicz, ne vous louez pas de vous mettre en chemin. Nous verrons encore plus am plemcnt ci après , félon que les matières que ie traiteray fc prefenreront, qu’elles font leurs maifons, vtecilcs de mefnage, façô de fe coucher amp;nbsp;autres manières de faire. ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I
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Toutesfoisjauant que dorre ce chapitre gt;nbsp;cc lieu ici rcqu iert que ic refponde, tant à ceux qui ont efent, qu’à ceux qui penfent, que la fréquentation entre ces Saunages tous nuds , amp;nbsp;principalenient parmi les femes incite à lubricité amp;nbsp;paillai dife. Surquoy ic diray en vn mot, que encores voircment félon l'apparence que il n’y ait que trop d’occafion , d’eftimer qu’outre la desliônefteté de voir ces fem mes nues, cela ne fcmble aufsi feruir corne d’vn appaft ordinaire de conuoitife, toutesfois, pour en parler félon ce qui s’en eft comunement apperceu pour lors celle nudité ainfi grofsicrc en telles fem mes eft beaucoup moins attrayante qu’c ne cuideroit. Et partant ie maintien que A nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j^5 altifez,fards, laulfcs perruques , che-
ueux tortillez,grands collets frefez , ver rurales,robes fur robes amp;autrcs infimes d^^^^me hagatcllcs dont les femmes depardeçàfe nguaint, contrefont amp;n’ont iamais aircz,funt fans «r«»rf« comparaifon caufe de plus de maux que guel'arti- la nudité ordinairedcs fcmmesSauuagcs: ^w»H il Ic^qu^ilcsjccpcndantquant au naturel,ne f-trieca. doyiKnt rien aux autres en bcautc.Tellc mér que fi l’hôncftcté me permettoit d’en dire dairantagc,me vantât bien de foudre toutes les obieftions qu’on mepourroit amener au contraire, i’en donncrois des raifons ficuidcntcs,quenul nclcspour-roitnicr.
-ocr page 179-De l’ameri Qjf E ï^r roit nier. Sans doneques pourfuyure ce propos plus outre, ie me raportc de ce peu quel en ay dira ceux qui ont fait le voyage en la terre du Brefil, amp;nbsp;qui corne moy ont veu les vues amp;nbsp;les autres.
Ce n'eft pas cependant que contre ce qu’enfeigne la fainde Efcriturcd’Adâamp; ^quot;'quot;^''’*^ Êue,lefquels apresle péché recognoiflans/ir/f Jif-qu’ils eltoyent nuds furent honteux , ilt;^”“quot;zVM vucille en façô que ce foit approuucr ce- Saunaitt. fie nudité: pluftoftdeteftay ie les hérétiques qui contre la loy denature (laquel le toutesfois quan^t a ce point n’eft nullement obferuee entre nos panures Ame-riquains) l’ont voulu autresfois introduire .
Mais ce que i’ay dit de ces Saunages, eft pour monftrer , qu’en les condam-nans fiauftcremét de ce quefansnullc ver gongne ils vontainfi le corps entiercmet dcfcouuert,nous excédas en l’autre extre mnéic’eft a dire en nos baubanccs,fupcr-fluitez amp;nbsp;excès en habits ne fommes pas plus louables.Et pleuft a Dieu, pour met trefinacefte maticre qu’vn chaeû denous plus pour l’honncftetc amp;nbsp;necefsité que pour la gloire amp;nbsp;mondanité, s’habiHaft modeftement.
I X
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. 3 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;C H A P. I x.
„ 'Des ^ro/fes r.açInes', C^gros mil dont les .Snf{fta;res font farine ^.tiils man^^ent au heu de pain : C!^ de leur brutiage qu'ils nomment Caouin.
^V I s que nous auons enten u y au chapitre precedent
duifant les chofes par ordre , il ne con-uiendra pas mal de traiter tout d’vn fil des viurcs qui leur font communs amp;nbsp;ordinaires. Surquoy faut noter en premier
Iicu,qu’cncores qu'ils n’aycnt,amp; parcon Saw^a^ti fequent ne femét ni ne plantent, bleds ni vtuans nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
(etm pain ni-vin.
Vignes en leur pays, que neatmoins amu que icl'ay ven amp;nbsp;prapique^on ne laiffcpas pour cela de s’y b,ien traiter amp;nbsp;d’y üirc bonne cherc fans pain ni vin.
Ayans doncqiips nOs Ameriquains en
leur pays de deux efpcecs de racines, qüc
A ^- icui pays oc ueux eipcccs ue racines, que ; Ü^Ma ’^^ nomment,^jT/ix amp;nbsp;çJ^/rfww/'jlefquellei | ^.^^ en trois ou quatre mois croiflent dans raaaet. terre aufsi groffcs que la cuifTe d’vn hom
me , amp;nbsp;longues de pied amp;nbsp;demi, plus ou moins: quad elles font arrachées,les fern mes (car les homes ne s’y occupetpoint) les accouftrent de celle façon. Prcmicrc-nicnt
-ocr page 181-D F. l’A M E' R I QV E. 155 met apres les auoir fait fcicher au feu fur Meiere IcBaz/e^jtel «jue ie.le deferiray ailleurs,ou 'i‘f‘“quot; gt;» bien quelques fois les prenâs foutes ver-Çae^' tes, à force deles taper fur certaines petites pierres pointues, fichées amp;nbsp;arren-gces fur vue piece de bois plate ( tout ain fl que nous raclons Ôê ratifions les fro-/i*lt;'«lt;-f-' mages amp;nbsp;noix mufeades ) elles les redui-fent en farine, laquelle eft aufsi blanche que neige.
Cela fait elles ayans de grandes amp;nbsp;fort larges pocflcs de terre, contenant chacune plus d'vn boiffeau , qu’elles font elles mefmes affez proprememt pour ceft vfa-gc,Ics mettans fur le feu , amp;nbsp;quantité de cefte farine dedans, pendant qu’elle cuit elles ne cefient delà remuer auec des cor-ges mipartics, defqucllcs elles fe feruent ainfi que nous fai fions dcfcucllcs : tellement que ce fie farine cuifant de celle façon, fc forme comme petite grclacc , ouierty/»» ^^agccd’Apoticaire. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;»••-•f^f
Or elles en tôt de deux fortcsialfauoir^
de fort cuite amp;nbsp;dure,que IcsSauuagesap-pelct 0'uy-efitan,de laquelle,parce qu’elle Ouy-ea fc garde mieux, ils portent quand ils votf^^ à la gucrre:amp; d’autre moins cuite amp;-' plusylt;r,;.erf«« tendre qu’ils nomment Owy-pu«, laquelle Ouy-eft d’autant meilleure que la première,/’«« que quad elle eft frefehe , vous diriez mä-frquot;*'quot;quot;* ger du inolct de pain blanc tout chaut, ^anfi.
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Au furplus, quoy que ces farines, tant dures que tendres , foyent de fort bon gouft, de bonne nourriture , amp;nbsp;de facile digeftion , tant y a toutesfois , commeie 1 ^y expérimente, qu’elles ne font nullc-F^rÎMc^^c^t propres à faire du pain. Vrayeft radnenefi qu’on cn fait bien de la parte laquelle eft f^rejquot; ^' belle amp;nbsp;blanche,qu’il Icmblc aduis que fain. elle foit de fleur de fromenr:mais en cui-fant tout le deffus amp;nbsp;la crourte fefechanC amp;nbsp;bruflant, quant fe vient à couperou rô prclc pain , vous trouuez le dedans tout Ififl.gen fcc amp;nbsp;retourne en farine. Partant ie croy LuVeh^”*^ ‘•‘^^“y*4“‘ rapporta premièrement ' ‘ ’ que les Indiens qui habitent à w. ou 2^-degrez par delà l’Equinoftial, qui font pour certain nos Toueupinambaoulfs, vi* Iiy^‘.' K^^jÀ. uoyent de pain fait dc_bqis_gra.ttc,entendant aufsi parler des racines dótertque-rtion , faute d’auoir bien obferuceeque fay dit s'ertoit cquiuoqué.
’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Neantmoins l’vne amp;nbsp;l’autre farine eft bonne a faire de la boulic, que les Sauiia-V/»-’ ^FP^^dlent Jlifigant , amp;nbsp;principalement quand on la dertrampe , auec quelque 'Mittlt bouii!on_gras, car deuenant lors grumu-(arittt lt;I( TeuTFeom-nc du Ris , ainfi apprertee elle ^ß j^ £gj.j. bonne faneur.
quot;i'^’'./’*** Mais quoy que s’en foit nos Touaupi^ namhaoulu , tant hommes, femmes qu’en-fans,ertâs accouflumez delà manger toute fcche
-ocr page 183-DE L’aMERIQ_VE. 135 te feche au lieu de pain , ils font tellcmét filiez amp;nbsp;duits à cela dés leur icuncire,que la prenant aucc les quatre doigts dedans Samuagn^ la vaiffclle de terre , ou autres vaifleaux ‘^'^‘’'^‘ * î nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;utter la
ou ils la tiennent 5 d’aflez loin ilslaict—farine flat tent fi droit dans leurs bouches , qu’ils'quot;quot;'^quot;‘^■quot; n'en cfpanchent pas vn feul brin. Que/1^**'*'''“ fi entre nous François , les voulans imiter la penfions manger en cefte forte, n’eftans pas façonnez à cela comme eux, p^^^^^^ au lieu de la letter dûs nos bouches nous maifaem-lefpanchions fur nos loués, amp;nbsp;nous
C f ■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■ r nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r S‘' '“/quot;•
tannions tout le vilage : partant, linon ne fache. principalement que ceux qui portoyent barbe eurent voulu eftre accouftrez en loueurs de farces,nous eftions contraints de la prendre auec des cuilliers.
Dauantage il aduiendra quelqucsfois qu’aptes que ces racines lt;?y4ypt èc de Ata mot feront ( à la façon que le vous ay dit) z ^^pÇ£s toutes vertes, les femmes faifant ^‘^'f*' degrqflcsjielotcs delà farine ainfifref-p'/.- '‘-y cheamp; humide, les preifurant amp;nbsp;preflant bien fort entre leurs mains elles en fc- j^^j.^^^.^ ront fortir du ius prefques aufsi blanc jeufarine Si clair que du laid. Ainfi cela eftant*gt;quot;”quot;/'*’ i 1 î 0 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;a man fer-
retenu amp;nbsp;mis dans des plats amp;nbsp;vail-felle de terre, apres qu'elles l’ont mis au Soleil, la chaleur duquel le faid
I 4
-ocr page 184-I3lt;gt; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTOIRB
„ prendre comme de la caillce de fromage» H (i^H^^ ÿj quand on le veut manger, elles le vcrlenc Clt;ylt;i dis d autres pocflcs de terres, amp;nbsp;le taifit curie en icelle fur le feu comme nous fai Ions les aumclcttes d’œufs,il eft fort bon ainfi apprefte.
Au fuiplus non feulement la racine T^aanti lt;i'-^yp^ eft bonne en farine , mais aufsl «uiifjfAj/r» quand toute entière elle eft cuite aux cen lu ctniirej J^çj^ou deuant le feu, s’atendrilfant lors fc fendant amp;nbsp;rendant farineufe comme vnc ebaftagne roftic à la braifcl de laquelle aufsi elle a picfquc le gouft)onla peut manger de elfte façon. Cependant il n’en prêt pas dcmcfmcdela racine de Afatiiot, car n’eftant bonne qu’enfariné bien cuite, ce feroitpoifon de la manger autrement.
Fomif '^fi ti^u amp;nbsp;futUtfj Jf lt;tf r4CtHCS
Façon ff », erufiua
Itif de m.il Itphfr Ht
Au refte les plantes ou les tiges de toU tes les deux,différentes bien peu l’vnc de l’autre quant à la forme, croiffent delà bautcur de petits geneuriers, amp;nbsp;ourles fucillcs affez fcmbiablc à l’berbc de Peo-nia,ou Pinoine en français. jMais ce qui eft le plus admirable amp;nbsp;digne de grande confideration en ces racines d'^ypi S^ de A^antot de noftre terre d'Amérique , gift en la multiplicatiô d’icelles. Car comme ainfi foit que les branches foyentpref-ques aufsi aifecs a rôpre que cheneuotes tant yancantmoins que fans autrement les cul-
-ocr page 185-D E L’a M E R I QV E. IJ7 les cultiuerjautant qu’on en peut rompre amp;nbsp;qu’on en peut ficher en teric , autant a on de grofles racines au bout de deux ou trois mois.
Sur lequel propos , afin de tant mieux contenter le leéteur , ic rccitcray ce que l’auâeur de I’hiftoirc générale des Indes ditdu Maiz, lequel fert aufsi de bled aux Indiens . La Ca nne de Maiz dit il, croift ^‘“’h^ lt;nbsp;delà hauteur d’vn homme amp;nbsp;plus: eft af-**^’ fez grolfciSticttc fes fucillcs comme celles des Cannes de Marctz,l’cfpic eft com nievnc pommede pin fauuage, le grain gros,amp; n’eft ni rond ni quatre ni fi long que noftre grain : il fc meurit en trois ou quatre mois, voire aux pays arroufez de ruifleaux en vn mois êedemi . Pour vn grain il en red ioo.ioo.3oo.4oc.5oo.amp;s’è efttrouué qui a multiplie' iufqucsà6oo. Qm monftre auffi la fertilité de cefte ter-repoffedee maintenât par les Efpagnols.
Or outre les racines de nos Sauuaucs, leurs femmes plantent encores aucc vn ballon pointu, qu’elles fichct en terre,de ces deux fortes de gros mil: aHauoir blâc amp;noir que nous appelions en trace bled Sarrazin (eux le nomment ylnati} duquel elles fôt auffi de la farine,laquelle fc cuit ^Hj^i amp;mâgc àla manière que l’ay dicci dcifusxr«».,!. celle des racines.C’eft en fómecedequoy on vfe ordinairement pour toutes fortes
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de pain au pays des Saunages en la terre du Brcfil dite Amérique.
4M bled ti^ un Vf»,
Cependant comme les Efpâgnols amp;nbsp;Termirde Portugais, qui font habituez en pluficurs f^mtr, endroits de ces Indes Occidentales, ayâs 9 maintenant force bleds amp;nbsp;force vins que produit celle terre du Brcfil, ont faitla prcuue que ce n'eft pas pour le défaut du terroir que iesSauuages n é ontpoint, aufsicft-il bien certain que rvnamp; l’autre y viendroit bien . Et de fait nous autres François à noftre voyage y ayans pof té des bleds en grains amp;nbsp;des ftps de vignes,i’ay veu moy-mefme par l’cxpcrien ce, fl les champs eftoyent cultiuez amp;nbsp;labourez comme par deçà,que c’eft vn pays tresbon amp;nbsp;tresfertile . Vray tft qu’enco-quot;Dffauttn nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 F
U vi^nr rcs que la vigne que nous plantalmes rc-^'nr’/^n P*^*”*- ^'■^^’- l’it‘fi»amp; quc le bois amp;nbsp;les fucil-au bled les cn fuirent belles , tant y a toutesfois que durant enuiron vn an que nous fuîmes la, nous n’y vifmes que quelques aigrcts, Icfquels au lieu de meurir , s’endurcirent amp;nbsp;deuindrent comme fees
que now femafmet prcrmere-
menf en r^meri^
Semblablement, quoy que le froment amp;nbsp;le fcigle que nous y femafmes fuf-fent beaux en herbe, amp;nbsp;qu’ils paruin-, lent iufques à rcfpy,tant y a ncantmoins que le grain ne fe formoit point. Mais parce que l’orge y vint,grcna, amp;nbsp;multiplia
-ocr page 187-DE L’ A M F. R I QJ E IJ9 tiplia fort bien , i’ay opinion que cefte terre eftant trop graOe, preffoit amp;nbsp;auan-çoit tellement le froment, le feigle amp;nbsp;la vigne l lefqucls comme nous voyons par deçà,auant que produire leurs fruits, veullent demeurer plus de temps en terre que l’orge) qu’eftans trop tort montez (comme ils furent incontinent) ils n’eurent pas temps pour fleurir amp;nbsp;former leurs fruits.
Partant, au lieu qu’en noftre France^quot;quot; ‘/■' on engraiflc amp;nbsp;fume les champs pour »«„a,«« Jes faire meilleurs,tout au contraire i’ay '’'’/’ f‘quot;‘-opinion qu’en labourant fouuent cefte‘terUtdamp; terre Ncuuc, il la faudroit lafter amp;nbsp;def-'^'”'
graiffer par quelques années afin de la faire mieux rapporter amp;nbsp;bled amp;vin en leuriufte maturité.
Et certes comme ainfi foit que le pays denos Tououpinambaott/ts hit capable de nourrir dix fois plus de peuple qu’il n’y en a,amp; que moy y eftant me pouuois van terd’auoir à mon commandement plus de mille arpcns de terre meilleures que ''’^^'i^x-il n’y en ait en toute la Bcaufle , qui eft;^“^^^/,;^ eequidoute que files François y fuflent'quot;ƒ“’gt;lt;f'« demeurez , ce qu’ils enflent fait, amp;nbsp;y en ['’^^quot;“' eut maintenant plus de dix mille fi Vil-Icgagnon ne fc fuft rcuolté de la Rc-
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ligion rcformccj qu’ils n’en eufset rcçcu amp;nbsp;tiré le mcfme profit que font les Portugais qui y font maintenât bien accémo dez? CeJa foit dit pour fatisfaire à ceux qui voudroyent demander fi le bled amp;nbsp;le vin eftâs femez gt;nbsp;cultiuez amp;nbsp;plantez en la terre duBrefilju’y viendroyent pas bien.
Oren reprenant mon propos,afin que icdiftingue mieux les matières que i ay entreprins de traiter , allant encores que ie parle des chairs,poiflons,fruits,amp; autres viandes du tout düTcmblables de cd les de noftre Europe,dequoy nos Saunages fc nourriflent, il faut que ie dife quel cftlcur bruuage amp;nbsp;la façon comment il fefait.
Surquoy fautaufsi noteren premier lieu que tout ainfi,comme vous auez cn-tquot;/^nle- t'^ndu , que les hommes d entr’eux ne fc ri^Mainei mcflans nullement de faire lafarineen tcmmi'‘ luiffent toute la chargea leurs femmes, fcmie bru qu’aufsi font ils demefme,voire font cn-'‘quot;^‘‘ cores beaucoup plus fcrupulcux,pourne s’entremettre de faireJeur bruuaiîc. Par-tant outre que ces racines d'^ytypt Si de t^lfaniot, accommodées de la façon que i’ay tantoftdit,lcur 1'crucntdc principale nourriture: aufsi en les appreftans d’vnc autre forte les font elles fcruir pour faire leur bruuage ordinaire.
Voici donc comment elles en vfent:
Apres
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Apres qu’elles les' oiit découpées àufsi menues qu’oft fait les mues à mettre au Faemdr pot par deçà , les ayansainli fait.bouônr^^;^^ par morceaux aucc de l’eau dans dê grids r«»»«, vaifleauxdetcrrcjiquand elles lès voient attendries amp;nbsp;amolies les’oftani dé deflus le feu elles deidailTcnt vn peu refroidir. Cela fair,plu.’tieurs'd’cntr’clles^cftans àc-croupics aTchtouf de ce graud vaiflea'u, prenans dedans iceluy ee^rOuèltes de Tzlrro-'H einesainfi molifiees après qùe fans les a- / ualcr elles les aurötbien mafehees amp;nbsp;tor tillces dans leurs bouches,reprehans cha cun morceau l’vn après l’autre aucc la main,les remettïnS dedans d’autres vaif-feaux de terre, qui font tous pre ft s fur le feu, elles lies feront bouillir derechef.
Ainfi remuant toufiours ce tripotâge fur le feu aucc vn balfon iufques à ce qu’elles cognoiflet qu’il eft aftez cuit; fans le cou 1er ni paffer,ains le tout enfcmblé le ver-fant dans d'aufreS plus ,grahdeS cannes ^„ ^ de terre contenânrtes chacunes enuiron iaigitKx vne Fillette devin de Bourgongne, dans ^' ‘quot;’'^•■ lefquclles , après qu’il a vn peu efeurné,y^m/Jw. couurans les vaifleaux , elles le laiffent
cuucr quelque cfpacc de temps. Ces der niers grands vafes dont ievien maintenant de faire mention fontprefques faits de la façon des grands cuuiers de terre, cfqucli, comme i’ay veu, on fait la lefei-
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UC en quelques endroits de Bourbonnois amp;nbsp;d’Auuergne : excepté toutesfois que ils font plus cftroits par la bouche amp;nbsp;par le haut.
; Or nos Ameriquaines, faifans fembla blement bouillir amp;nbsp;mafehans aufsi puis apres dans leur bouche de ce gros Mil ‘Si-«B4^(' nommé it^uatt en leur langage , elles en ƒ«»lt;!lt;/»(/font du bruuage delà mefmc forte que vous auez entendu qu’elles font ccluy des racines fus mentionnées . le répété nommément que ce font les femmes qui font ce meftier, car combien que ie n’aye point veu faire de diftindion des filles d’auec celles qui font mariées ( comme quelcun à eferit ) tarit y a neantmoins qu’outre que les hommes ont celle ferme opinion, que s’ils mafehoyent tant les racines que le mil pour faire ce bruuage qu’il ne feroit pas bon, encores rc-puteroyent ils aufsi indecent àlcurfexe de s’en melier que nous ferions par deçà d’en voir vn prendre vne quenoillepour Caouin ^^^^^^-Lcs Sauuages appellent ce bruuage iruuagt Caou-in, le quel a prefqwe legouft delaift •gt;£'lt;■ aigre: amp;nbsp;en ont du rouge amp;nbsp;dû blanc corn nous auons du vin.
Au furplus , il fe fait en tout temps amp;nbsp;faifon : mais quant à la quantité i'ay veu J[uelques fois iufques au nobrede 30. de csgrâds vailfeauXjque ie vousay dit tenir chacun
-ocr page 191-D E L’a M E R I Q_V E. I^J chacun plus de foixante pinte de Paris, tous plains, arrengez amp;nbsp;couuerts au milieu de leurs maifons , ou ils les laiffent iufques a ce qu’ils veullent (^aou-iner.
Mais allant que d’en venir là(fans tesfois que i’approuue le vice ) il faut ?««««-que ie difc par forme de preface ; arriéré quot;^f'^“’ Alemans , Lanfquencts , Suiflcs , Fia- Jtffiu ttut mans, amp;nbsp;tous qui faites caroux amp;nbsp;pro-““quot;'quot;’ fefsion de boire par deçà : car comme Vous, mefmes apres auoir entendu comment nos Ameriquains s’en acquittent confefferez que vous n’y entendez rien au pris d’eux , aufsi faut il que vous leur cédiez en ceft endroit.
Q^and doncques ils fe mettent a-ptes, amp;nbsp;principalement quand auec les Ceremonies que nous verrons ailleurs, ds tuent vn prifonnier de guerre pour le manger, leur couftume ( du tout contraire à la noftreen matière de vin que nous aimons frais amp;nbsp;clair) eftant de boire ce Çaou-in vn peu chaut amp;nbsp;trouble, Caouin les femmes pour le tiedir font premiere- ^^““^^«, ment vn petit feu à l’entour des cannes eßrihK de terre ou il eft. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^^;:^^ii^
Cela fait,commençant à l’vn des bouts a defeouurir le premier vaiffeau , amp;nbsp;a remuer amp;nbsp;troubler cebruuage, puifans
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Futmie puis après dedans aucc de grandes cour-iiiin Jet gcs parties en deux , dont les vncs ticn-^«nf ncnteauiron trois chopincs de Paris,ain fi que les hommes en daniant paflent les vns après les autres auprès d elles , leur prefentâs amp;nbsp;baillans à chacun en la main vnede ces grades gobclles toutes pleines, amp;nbsp;elles mefmes enferuantde fommeliers n’oubliant pas de chopiner d’autant:tant les vns que les autres ne faillent point de boire amp;nbsp;troufier cela tout d’vue traite. Mais feauez vous côbicn de fois? ce fera iufques a tât que les vaifleaux,amp; y en eut il vnc ceteine , feront tous vuydes,amp;c;ue il n’en y aura plus vnc feule goutc. Et de fait ic les ay vcu non fculcmêt trois iours amp;nbsp;trois nuits fans cefier de boire, mais aufsi quâd ils eftoyent fi fouis amp;nbsp;fi yures qu’ils u’en pouuoyent plus (d’autant que quitctlc icu eut eftepour eftre réputé vn erfeminé amp;nbsp;plus que chelmc entre les A-Icmans'qüand ils auoyét rendus leurgor ge,c’eftoit àrccommcncer plus belle que deuant..
^flra'’ges coufiumfs âetSauua
Et ce qui eft encores plus efirange ?ià remarquer entre nos Totioupinamhaoultt, cft,quc commeils ne mangent nullement durant leurs buucrics , aufsi quand ils gt;.9tuenf O mangent usneboyuct point parmi leur
mM^enttn repas: tellement que nous voyans entre-rtjiM. melier l’vn parmi l’autre ils trouuoyent nofire
-ocr page 193-DE L’AMERIQUE. 145 noftre façon fort eftrang« . Q^c fi vous dites la deiïusi ils font doneques comme les cheuaux, la refponcé à' cela d’vn quidam ioyeux de noftre compagnie eftoit, que pour le moins,outrc qu’il nedes faut nbsp;nbsp;.y
point brider ni mener alu-riuicrepour)'*’^^***' boire, encores font ils hors des dangers de rompre leùrs croupières. - , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l‘*7T^
Cependant il faut noter combien que ils n’obferuent pas les heures pour dlf- ^ ntr, fouper. Ou coHationner, comme on^^’p^^^“* faitences pays par deçà 5 mennes qu’ils‘'^/''■“«' ne facet point de difnculte, s’ils ont faim 4^«^'«” démanger aufsi toftà minuit qu'à mi^ e^and ,ii ^yj ^ue neantmoms ne mangeans la*-mais qù’ils n’aient appétit, on peut dire qu’ils font aufh fobres en leur'manger, ^y^y-qu’exceffifs en-leur boire. Dauâtage par- ^“«««^fquot; eequequand ils mangentils'font vnmer f^^'fif ueilleux filcncc, tellement que s’ils ont quelque chofe à dire ils le referuent mP snemr dt’ ques à cd qu’ils ayent achcué, quand fuy.x jurent liant la couftume des François , ils nous repas. oyôyent tafer amp;nbsp;caqueter en prenant hoS repas,ils s’en fauoyent bien moquer. -
Ainfi pour continuer mon proposerai; s que ce Càoutnage dure,nos friponhiers 5^/''^*^*^ galcbdiitcmps ft Ameriqüuins pour s’eP chaufer tant plus la ccruclle : chantans, fifilans,s’accouragcans, amp;nbsp;exhortais l’vn l’autre de fc porter vaillanimcnt, amp;nbsp;de
K
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prendre force prifonniers quant ils iront e ala uucric,cftâs arrengez commeGrues, ne ccflcnt de danfer amp;nbsp;d'aller amp;nbsp;de venir .vme^nui parmi la maifon ou ils fontaHcmbIc2,iuf ques ace que ce loit fait amp;nbsp;qu il n’y ait
;plus rien es vaifleaux . Et certainement pour mieux verifier ce que l’ay dit qu’ils fondes premiers amp;nbsp;fuperlatifs en ma-■7r,»«r Jf tierc d’yurogneric , ie croy qu’il yena r^ur^e j.j.j entr’eux qui anale plus de vingt pots Kit^is. de Caou-tn a la part en vnc feule allem-blec:mais fur tout(comnic i’ay dkl quand ils tuent amp;nbsp;mangent vn prifonnierj amp;nbsp;qu’ils font cmplumalfcz amp;nbsp;équipez »àla manière que ie les ay dcfci its au chapitre precedent, faifans les Bacchanales à la façon des Anciens Payent, amp;nbsp;faouls que ils font comme Preftres , c’eftlors qu’il les fait bon voir rouiller les yeuxenla tefte . Il adulent bien ncantmoins, que quelquesfols voifins auec voifins eftans afsis dans leurs lids de coton pendus en Pair boiront d’vue façon plus mo* defte/mais leur couftume eftant tcHcjquc tous les hommes d’vn village ou deplu-fieurs s’alfemblcnt ordinairement pour boire (ce qu'ils ne font pas pour manger) ces buuettes particulières fe font peu fouuent entr’eux.
Semblablement aufsi, encores qu’ils ne boynent pas de cefte façon, ayans ac-couftu-
-ocr page 195-DE l’a M E R I QJ E. 147 iouftumé de dâfcr tous les iours en leurs g^^^^^^, villages,fur toutles icuiics hommes ^mzgrmiiii-tier, aucc chacun vu de ces gros penna-f'^“’''-ches qu’ils nomment j^raroye lie furies reins,allans de maifon en maifon , ne font prefques autres chofes toutes les nuits. Mais il faut noter en ceftendroit, qu’en toutes ces danfes des Saunages, foit qu’ils fe fuynent l’vn l’autre ou,corn me ie diray parlant de leur Religion, qu’ils foyent difpofez en rond , les fern- Femrftet mes ni les filles n’eftans iamais meflees ^^^,7^' parmiles hommes , fi elles veulent dan-^i^p. lt;/« fet cela fe fera elles cftans à part. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Sauna^n.
Aurefte auantque finir le propos de la façon de boire des Ameriquains, fur lequel ie fuis à prefent, afin que chacun fache comment s’ils auoyent du vin à commandement ils haufleroyent le gobelet,ie racôteray ici ce cpi’vnA^oUjfacaf-f c’eftadire bonpere de famille qui donne à manger aux paffans , me recita vn
, iour en foh village- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'rMram
Nous furprifmes vne fois,me dit-il en ’^^\f^^^ fonlahgagc, vne Carauellc de Peros^c'eQ:saunage à dire Portugais f Icfqucls comme j^’'’' touche ailleurs font ennemis mortels amp;nbsp;irrecôciliablcs de nos T^oHoupinarnhaotilt/) de laquelle après que no’eufrnes aflomez amp;nbsp;mâgez tous ceux qui eftoyent dedans,
* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;K a
-ocr page 196-148 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;H I- s T o 1 R R
ainfi que nous prenions leur marchadife trouuans parmi icelle de grids vaifleaux de bois pleins de bruuagei les dreflans amp;nbsp;defonçans par le bout, nous voulufm« taller quel il eftoit.Toutesfoisune difoit ce vieillard de Sauuagc)ic ne fcay de quel le forte de (^aouix ils efloycnt remplis, amp;nbsp;fl vous en auc2 de tel en ton pays : mais bic te diray ic qu’aptes q nous en eufmes beu s tout noHre faoui nous fufmes deux ou troio iours tellement aHommezamp;cn dormis , qu’il n’efioitpas en noHrepuif-fance de nous pouuoir rcfueillcr. Ainfi ' eftant vray femblable qucc'clloycnt tonneaux pleins de quelques bons vins d’E-fpagne, le leftcur peut entendre fiaprès que nos gens fans y penfer curent fait la fefte de Backus ils fc trouucrent prins,amp; li cela leur dôna à bon efcictfurlacornc.
Pournoftre efgard du commencemet que nous fufmes en ce pays là,penfans c-uirer la morfilleurc que vous aucz enten du que ces femmes Saunages font en fai-fat ce (^aoKin , nous pillafmcs des racines â’:Âypi amp;nbsp;Maniofaucc du mil, Icfqucllcs (cuidat faire de ce bruuagcd’vric façôpl’ honnefte qu’elles ne font) nous fifmeS bouillirenfcmblc : mais pour en dire la vente , rexperience nous monftra qu’il n’eftoit pas fi bon qucl’autrc:partant petit à petit nous nous accouftumafmes d’c boire
-ocr page 197-DE l’a M'E-R I QV E. 1451 boire tel qu’il eftoit . Vray clique nous ayans les cannes de fuccrc à commande- ^‘’“■^‘^' ment, les faifans amp;nbsp;JaMans infufer dans de l’eau, nous labituidns ainfi fuccrec: amp;nbsp;mefme d’autant que les fon'taincs,voire les riuicrcs belles amp;nbsp;clai'rfs d’eau dou cede ce pays làià caufcdtla temperâtüré font fi bonnes (amp; fâns comparoifoh plus c^^^jt faines que celles de par deçà ) que quay r^mnif. qu’on en boyuc a fouhait, elles ne iotu^^quot;'^ '^ point de mal,nous en buuions ordinaire ment.Et a ce propos les Saunages appellent l’eau douceP^A-ere amp;nbsp;la C.ilccKh-e-efi qui eft vnc diction,laquelle eux pronon-çans du gober comme font les Hebrieux leurs lettres qu’ils nomment^gutturafes, , nous eftoit la plus fifchcufc a proférer entre tous les mots de leur langage.
Finalcmët parce que ic ne doute point que quelques vns, ayans entendu ce que l ay dit ci^deffus , de la mafchcurc amp;nbsp;tor-tilleure tant des racines que du mil parmi la bouche des femmes Sanuages en la compofition de leur bruuage nommc^lt;ï-euin n’ayent eu mal au cœur^^rqu’ils n’en ayentcrache: afin queideur ofteauenne ment ce degouft ie les prie de fc rcfouiic nir de la façon qu’on tient,amp; commet on fegouucrne,quâd on fait levin par deçà. Et de fait s’ils confidcrcnt que es lieux ou on a accouftuméde fouler les Raifins
K ?
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CimfarM auxTiimcs amp;nbsp;dansjes cuues, comme on foudtii fait C5 pays des bons vins » il y pafl'camp; 'f-tireitvii peut aduenir beaucoup de choies, qui 4wr«^' n’ont guercs meilleure grace que celle rai ’ niere^de machotcr açcouftumec aux femmes Ameriquames • Que fi on dit 1* deflus : voire mais , le vin en bouillant ictte toute celle ordure: ierefpondque nofiieÇaou-tn fe purge aufsi,amp; que quant a ce point il y a mefme raifon de l’vn à l'autre,
C H A P. X.
TJes Animaux, UenaißfiSi^ros Le'^rt^h Serpens,amp;autresbejies monßruettfis de Iß' merttjfte.
^Aduertiray envn mot au cé- j “ mencemét de ce chapitre des ;
Animaux à quatre pieds,que nbsp;i
non feulement en general, amp;nbsp;i t^rtiiOaux nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fans exceptio, il ne s’en trou 1
^e r^me ^^^ p2j ^^^ f^^j ^^^ ^^ß.^ terre du Brcfil en ; lt;/i/;ÂZ«6/« l’Amérique , qui en tout amp;nbsp;par tout fou fcmblabk aux nollres , mais qu’aufsi nos 'Tououpixambaouits n’en nourriflent que bien rarement de domeftiques ,Dcf-triuant doncqucslcs belles Saunages de leur pays,IcfqucUes quant au genre font nom-
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nominees pareuxSoó,ie cominenceray par cdlesqui font bonnes à mager.La premie rcamp;pJus commune eftvne qu’ils appclcnt 'T'‘ipf~ TapfrouJPo(iyl2c^\ic\lc ayat lepoil rougea- rou/foit ftre amp;nbsp;aflez lone, eft prefques de la gran-deur, groncur amp;rorme d vnc vache: tou- (ÿ. jtm tcsfois ne portant point de comes, ayant '’^‘“*'‘-le col plus court, les aurcillcs jgt;lus longues ^pendantes,lesiambes plus feiebes , nbsp;nbsp;,
^ prinregj 1c pied non fendu , ains delà çr'if'‘'o^*^ propre forme de ccluy d’vn Afnc , on peut dire qu’elle eft demie vache amp;nbsp;dc-wicAfne. Neantmoins elle diffère entièrement de tous les deux,tant de la queue qu’elle a fort courte ( amp;nbsp;notez en ceft endroit qu’il fcirouiie beaucoup de beftes en l’Amérique , qui n’en ont prefques , point du tout) que des dents Icfqucllcs elle a beaucoup plus trenchantes amp;nbsp;aigues : cependant pour cela,n’ayant autre refiftancc que la fuite, elle n’cft nullement dangereufe . Les Saunages la tuent comme pluficurs autres, à coups de Hcf-ches, ou la prennent à des chauftes trapes amp;nbsp;autres engins qu’ils font affez in-duftrieufement. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-^4'i'
Au rcftc ils eftiment merucilleufe-
ment c’eft Animal à caufc de fa peau: car quant ils l’efcorcbcnt , coupans en rond tout le cuir dn dos , après
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■j{„ndeUa qu’il fß bid] fcc, îls CO füllt Jcs ródcllcs fy'‘’‘ aufsi grandes que le fond d’vn moyen tó-râpirtuf. neau , Jc.fqucJles leur feruant à fouftenir /’“• les coups de flefebes de leurs ennemis quand ils vont en guerre. Et de fait cefte peauainfi fc!chccamp; accoiiftrcccft fi dure,. que ie necroy pas qu’il y ait flefehe tant roidement dclcoclicc fuft-ellc, qui la feeut percer. le raportois en France par fingularirc deux de fes Targues,mais quad anoftre retour la fiminc nous print fur mer, apres que tous nos viuresfu-rcntfailJis , amp;nbsp;que les Guenons, Perroquets amp;nbsp;autres animaux.que nous appon tionS de ce pays là, nous eurent fcruis do nourriturc,encore nous fallut-il manger nos rôdaches grillées, fur Iceliarbô: voire comme iediray en fon lieu,tous les au très cuirs amp;nbsp;toutes les peaux que nous a-uions dans noflirc vaifl^au.
Touchât la chair de ce Tapirouff^ox^eUei Cf«/ldeU prefque le mefme eau fl que celle deßeuf: chatrdu nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' t r * l 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;0 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;n
T^fir^-r- amp;nbsp;quantaJaraço dclacuircamp; apprefter A« 0-lt;4 pQj Sauuascs'à leur mode la font ordi-candela . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.
fKire , naircment HoHeancr. Mais parce que ray ia touche ci dcnant,amp; faudra encores que ie réitéré founent ci après celle façon de paVlcr £oucd!jer , afin de ne tenir plus le Icâeur en fufpens,ioint aufsi qucTocca-fion fe prefente ici maintenant bien à pro pos , ie veux declarer quelle en eft la ma-nieic. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Nos
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Nos Amcliquains donquesfichans af- fm^„ j^ fez allant dans terre quatre fourches de’®'’‘'“quot;’«^ bois, aufsi großes quede bras , diftantes jeiSamtar enquarré d’enuiron trois pieds , amp;nbsp;efga- Salement hautes efleuces de deux amp;nbsp;demi, mettans fur icelles des baftons à trauers a vn pouce ou deux doigts près Tvn de l’autre , font de Celle façon vne grande grille de bois laquelle en leur langage ils frlt;t^”* appelent 'Boucan, 'rdlemcnt qu’en ayans pluficurs plantées en leurs maifons,ceux ‘l'entr’eux qui ont delà chair, la mettans delFus par pieces, 8c aueedu bois bien fcc lt;)ui ne rend pas beaucoup de fuince, fai-fant vn petit feu lent deflous, en la tour-îiant amp;nbsp;retournant de demi quart en dc-miquart d’heure,lalailfcnt ainfi cuire autant de temps qu'ils vcullcnt. Et mefmes j^^“^'^^quot;. parce que ne faills pas leurs viades pour ^'j à „»-^c» garder,comme nous faifons par deçà, ^-“'J^^” ils n’ont autre moyen deles cófcriicr qui^p,, ;7,X“^ de les faire cuire, s’ils auoyent prinsen vn iour trete belles faunes ou autres,telles que nous les deferirons en ce chapi-trc,afin d’euitef qu’elles ne s’empuantif-fent, elles feront Incontinent toutes mi-fes par pieces fur le Boucan : de manière qu’ainfi quei’ay dit, les reuirans foiiucnt ils les y laifl'eront quclqueslois plus de vingt quatre heures , amp;nbsp;iufques à ce que le milieu amp;nbsp;tout auprès des os foitaufsi
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cuit que le dehors . Ainfi en font-ils des poiflons , dcfquels Înefnics ayans grande ^quot;^”' ^ quantité, quand ils font bien fees ils en font de la farine. Brief te Boucan leur fer ^(-Va»- nbsp;nbsp;®^”t dc_fdJoir, de crochet, amp;nbsp;de garde-
l-utiina mangé , vous n’iriez gueres en leurs villages que vous ne le vifsiez garni non feulement de venaifon ou de poiflons, mais aufsi le plus fouuent ( comme nous verrons ailicurs)vous le trouueriez cou-uertdegroflés pieces de chair humaine, fe'^âmba, amp;nbsp;des cuiffes, bras amp;nbsp;iambes des prifon-6- gt;tittrjlt; niers de guerre qu’ils tuent amp;nbsp;mangent. chair hu. Voila quant au Boucan amp;Boucannerte,c'eamp; ma^e fur à dire rotifleriç de nos Ameriquains: Icf-* 'quot;^'quot;'' quels au refte (lauf la reuerence de ccluy qui a autrement eferit) ne laiflent pas quand il leur plaift de faire bouillirlcurs viandes.
Or pour pourfuyure la defeription de leurs animaux, les plus gros qu’ils ayent après l’Afnc vache, dont nous venons de J.’/e'e' parler,font certaines efpcces, voirernent deCerfs amp;Bichcs,qu’ils appelcnt Seoiiap ^^lt;»^^f-fo,i^ : mais outre qu’il s’en faut beaucoup fi“*^ ^ qu’ils foyent fl grands que les noftres, amp;nbsp;r^^X©’* que leurs cornes foyent aufsi fanscom-‘^gt;ii“gt;- paraifon plus petites , encores different ils en cela , qu’ils ont le poil aufsi grand que celuy des Chèvres de par deçà.
Quant 4u Sanglier de ce pays la, lequel
-ocr page 203-DE L’a M F, R I Q_V E. 155 quel les Saunages nomment Taiafou, combien qu’il fait de forme femblabJcà ceux de nos forefts , amp;nbsp;qu’il ait ainfilc £orps,la tefte,lcs oreilles,iâbcs amp;nbsp;pieds: niefmes les dents aufsi fort longues,cro -cHues j pointues , amp;nbsp;par confequent très ‘^mgereufes : tant y a qu'outre qu’il cft tgt;eaucoup plus maigre,amp; qu’il a fon groi gniHement amp;nbsp;cri effroyable, encores a-il
Sa/i^ligr.
VBcautre difformité effrange : aflauoir, '’ Naturellement vn pertui fur le dos par oufainfique 1 ay dit que le Marlouina jurudt, fur la telle) il foufHe,refpirc, amp;nbsp;prêt vent*’“''quot;quot;^’' quand 11 veut.Comme aulsi, afin que cela ne foit trouué fl eftrange, depuis que l’ay fait mes mémoires , i’ay leu en l’ni-ftoire générale des Indes qu’il y a au pais liu.ç cb, i^^T'ljcara^tt^ au Peru des Porcs qui ont 104. le nombril fur l’efchine , qui font pourr'*^'fquot;'«-certain les mefmes que ie vie de deferire/“ '’V'* Les trois fufdits animaux,affauoirle 7^4-/’ireujf'oti, le Seounffbu, amp;nbsp;le Taiaffou font 71/^ ^„,. les plus gros de celle terre duBrclil »iii^x
Paffant donques outre aux autres Sau- “'^”’^’'-uagincs de nos Ameriquains,ils ont vne belle touffe qu’ils nomment Agouti de la Agouti grandeur d’vu couchon d’vn mois,laqucl erptie df le a le pied fourchu,la queue fort courte, f”«*quot;’• lemufeau amp;nbsp;les oreilles prefques comme celles d’vn Lieure, amp;nbsp;eff fort bonne à manger.
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. . Dautrcs de deux ou trois cfpeces que ifp^aJe ^’^ appellent Tahitis, tous allez fcmbla-iiturt. bles à nos Lieures amp;nbsp;quaii de mefme goiift: mais quant au poil ils l’ont plus rougeaftre.
Ils prennent aufsi femblablerncntpar Crosi(^tt les bois certains Rats aufsi gros qu’^feu ,’'‘quot;‘*’ ^ lieux, amp;prcfqucs de mefme poil roux, i^t.^/x^delqucls ont la chair aufsi delicate que celle de connils de garenne,
T*ag ‘Pagou Pagne (car on ne peut pas bien Animal Jifeemer lequel des deux ils profèrent) eftvn animai delà grandeur d’vn petit , chien braque, a la tefte bieerre amp;nbsp;fort mal faite, la chair prclquc de mclnic gouft que celle de vcau:amp;quant a fapeau ‘«r^»' eftit fort belle,amp; tachetée de blanc, giisgt; amp;nbsp;noir, fl on en auoit par deçà elle ferait bien riche en fourreurc.
Il s’en voit vn autre delà forme d’vn putoy, amp;nbsp;de poil ainfi grifaftre,lequel les Saunages nomment Sartgoy: mais parce Sarri- qu’il put aufsi,eux n’en mangent pas vo-goy lonticrs . l outcsfbis nous autres en a-i'^rfuitt yans efcorchcz quelques vns, amp;nbsp;cogneus * que c’eftoit feulement la grailTc qu’ils quot;** ont fur les rongnon^qui leur rend cefte mauuaife odeur , apres leur auoir.oftcc, nous ne laifsions pas d’en manger : amp;nbsp;de fair lachairen efftendre amp;nbsp;bonne.
Quant au Pafeu de cefte terre du Brc-fil ceft
-ocr page 205-DE L’AMERIQVE. 157 filjceft Animal^.commc les hcriflons par j'^^gj^ deçà) fans poiiuoir courir lî vifte que^,i„^ plufieurs autres , fc traifne ordinaire-“''”’^-nient parles bullions: mais en rccom-(!««M'gt;i»Xtw^j penfc il eft tellement arme'amp; tout cou-uert d’cfcaillcs , ft fortes amp;nbsp;li dures,que ie croy qu’vn coup d’cfpec ne luy fc-roit rien:amp; mefmes quand il eft efcorché lescfcaillcs iouans amp;nbsp;fc manians aucc la peau (Je laquelle les Saunages font de petits cofins qu’ils appclcnt Çaramemoyf^f^^ ; vous diriez que c’eft vn gâtclct d’armes: la chair en eft blanche amp;nbsp;d’alfcz bonne faneur.Mais quant à fa forme, qu’il foit h haut monte fur fes quatre iambes que ccluy que Bclona reprefente par portrait à la fin du troificmc liurc de fes ob-feruations (lequel toutcsfois il nomme ^lt;1/9« du Brcfiî ) ie n’en ay point veu de fcrablablcs en ce pays là.
Or outre tous les fufdits animaux qui font les plus commuais pour le viure de nos Ameriquains : encores mangent ils des CrocodiUcs qu’ils nomment lacarélacâre gros comme la cuilfe amp;nbsp;longs a l’adue-cr««*;«. nant ; mais tant s’en faut qu’ils foyent dangereux , qu’au contraire i’ay veu plufieurs fois les Saunages en raporter tous envie en leurs maifons à l’entour def-quels leurs petits enfans fe iouoyét fans qu’ils leur filfent nul mal. Neantmoins
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i’ay ouy dire aux vieillards qu’allans par pays ils font quelques fois aHaillis amp;nbsp;ont fort à faire à fc deffendre à grands coups de flefehes , contre vne forte de lacaret grands amp;nbsp;móftrueux, Icfquels les apper-ceuans , amp;nbsp;fentans venir de loin fortent d’entre les royaux des lieux aquatiques ou ils font leurs repaires.
£t à ce propos , outre ce qu’on rc-li.S.ch. cite de ceux du Nil en Egypte , celuy ^56 qui a eferit l’hiftoire générale des Indes dit qu’on a tue des Crocodillcs en rifle CfocaJiii,, de Manama , qui auoyent plus de cent litiriänr pieds dclonç, qui eft vncchofe prefques itcroitilt. I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;L i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' il
incroyable.! ay remarque en ces moyens que i’ay veu , qu’ils ont la guculle fort fendue , les cuilfes hautes , la queue non ronde ni pointue, ains plate amp;nbsp;deflice par le bout. Mais il faut que ic confefle que ic n’ay point bien prins garde fi ainfi qu’on tient communément, ils lemuent la mafehoire de deifus.
Nos Ameriquains au furplus pren-nein des Lézards qu’ils appellent je^^inh. non pas verds comme les norrres , ams gris amp;nbsp;la peau lie ce ainfique nos petites Lézardes ; mais quoy qu’ils foyent longs de quatre a cinq pieds, gros de mefnic, amp;;dc forme hideufe à voir, tant y a néant-moins, que fc tenans ordinairement fur les ri-
-ocr page 207-DE l’aMERIQVE* 159 les nuages des fleuues amp;nbsp;lieux maref-cageux ainfi que les Grenouilles ilsgt;''quot;*' ne font nonplus dangereux. Et diray plus , qu’eftans cfcorchez , cftripez, ne-Ûoyez , amp;nbsp;bien cuits ( la chair en eftant '' aufsi blanche, delicate, tendre, amp;nbsp;^^-g^,^^-uoureufe que le blanc d’vn chappon) ^«,lt;/, j, que c’eft l’vne des bonnes viande que'/*“/’'’?’-1 ay mangee en I Amérique. Vray elt que «M«^o-. du commencement i’auois cela en horreur, mais apres que i’en eus tafté en matière de viandes ie ne chantois que de Lézards.
Semblablement nos ToKoupinam-^^ r^^^^jf baaults ont certains gros Crapaux, lef-ÿ,.,^^^; quels 'Boucane'^ auec la peau , les tripes p^uxfir-les boyaux leur feruent de nourri-“X„'„„ ture . Partant attendu que nos mede-““*'^’»«* tins enfeignent, amp;nbsp;que chacun tient par de^a, que la chair, fang,amp; généralement le tout du Crapauteft mortel, fans que ie touche autre chofe de ceux de celle terre du Brefil, que cç que i’enviende dire, le ledeur pourra aifémentrccucil-lir,qu’à caufe de la temperature du pays (ou peut dire pour autre raifon qUe i’y-gnorc ) ils ne font vilains , venimeux, ni dangereux comme les nollres.
Ils mangent au fcmblable des Serpens gros comme Ic bras flongs d’vue
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Serpenf grils ^ lon^s -Vian àr tiles'^.
^ers^.
aune de Paris, amp;nbsp;incfincs i’ay vcu les Sau nages en traîner amp;nbsp;apportenCcommei’ay dit qu’ils font des Crocodillcsid vnc for te de riollce de noir amp;nbsp;rouge Icfqucls encores tous en vie ils icttoyent au milieu de leurs maifons parmi leurs femmes amp;nbsp;enfans,quiau lieu d’en auoir peur,les ma nioyent à pleines mains.Ils appreftent Ci font cuyre par tronfons ces großes anguilles de haycs:mais pouren dire ce que i’en fçay,c’cîl vnc viande fort fa_dc amp;nbsp;fort douccallre.
Ce n’eftpas qu’ils n’ayent d’autres for /^A..lt;f tes de Serpens , amp;nbsp;principalement dans Sjrftns les tiuieres od il s’en trouuc de longs amp;nbsp;^'■içÿ«{'^®^‘^^ ^^*^** verds^que porces, Ujpiqucu dinnf^fux re dcfquels eft fort veniraeufe : comme aufsi par le récit fuyuant vous pourrez entendre :qiLoutre ces Teuom dont i’ay tantoft parle il fe trouuc par les bois vne rAnHhgt; cfpccc d autres gros Lézards qui fönt très dangereux. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.
Comme donc deux autres François amp;nbsp;nioy hfincs vnc fois ceftc faute de nous mettre en chemin pour vifiter le pays,fis auoir des Sauiiagcs-pour guides félon la couftume,nous eftas efgartz par les bois ainfiquc nous allions le long d’Vnc pro-quot; fonde vallée,entendans le bruit amp;nbsp;le trac d’vue befté qui vehoit à noUS, penfans que ce fut quelque Sauuaginc , fans nous
en c-
-ocr page 209-DE l’AMERIQVE. tôt ^ en cflôncr ni laifler d’aller, nous n’en fif- ^^^^^ ^^ mes pas autre cas. Mais tout incontinent ^’lt;i«lt;p«gt;-àdextre, amp;nbsp;à enuiron trente pas de nous 2nLf^^,.d no’ vilmes fur le coftau vn Lézard beau-«/«»^^reiv« coup plus gros queîe corps d’vn homme^”quot;* amp;,long de lix à fept'pieds,lequel paroif-fantcouuert d’cfcailles blanchaftrcs , af- , près amp;nbsp;raboteufes côme coquilles d’Eni-t^-yr.-y très, l’vn des pieds deuant leué , la tefte hauflee, amp;nbsp;les yeux eftineelans, s’arrefta tout court pour nous regarder. Quoy voyans amp;nbsp;n’ayas lors pas vn feui de nous harquebuzes ni piftoles , ains feulement nos efpecs, amp;nbsp;a la manière des Saunages, chacun l’arc amp;nbsp;les flefebes en la main Car-ntes qui ne nous pouuoyct pas beaucoup feruir contre ce furieux animal ft bien ar méjcraignâs neantmoins que fi nousnous enfuyons il ne couruft plusfort que nous amp;nbsp;que nous ayant attrapez il ne nous en-gloutift amp;nbsp;deuoraft : fort eftonnez que nous fufmes, en nous regardans l’vn l’au tre,nous demeurafmes aufsi tous cois en vnc place. Ainfi apres que ce monftrueux amp;cfpouuentablc Lézard enouurant la gueulle, amp;nbsp;à caufe de la grande chaleur qu’il faifoit(car le folcil luifo.it lors amp;nbsp;e-ftoit enuiron midi) foufliant fi fort que nous l'entendions bien aife'ment, nous eut contemplé près d'vn quart d'heure, fe retournant tout à coup , amp;nbsp;faifant vn
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lt»,’t~ plus grand bri Sc fracaflement tie fucib les amp;nbsp;de branches par ou il palloit que ne feroit vn Cerf courant dans vnc foreft, il s'enfuit contre mont. Partant nous qui allions eu.l’vnc de nos peurs , amp;nbsp;qui n’a-liions garde de courir après , en louans Dieu de ce qu’il nous auoit deliurez de ce danger,nous palfafmcs outre. Pay pen fc depuis que fuyuant l’opinion de plu-ficurs,qui difent que le Lézard fe dclcâe a contcplcr la face de l’hômc, que ceftuy la auoit prins aiifsi grâd plaifir a nous re garder, quenoiiraùions eu de peur à le confidercr. .
yi-‘‘fln(amp; Outre plus il y a en ces pays là vne be-^ / fterauiffantc que les Saunages appelent litfjou- Jaau-areyïâciucïïc eft prefques aufsi haute are de iâbcs amp;lcgere a courir qii’vn Levrier: 'fMie’tu^Si ’^^^*^ ayant de grands poils à l’entour du amp;nbsp;mandât menton la peau fort belle amp;nbsp;bicarrée cô-nheimues. j^ç j-^jjp d’vncOncc, elle luy rcfcmble aufsi bien fort en tout le refte.Les Sauna gcs non fans caufc craignét mcrucillcufe nient cefte befte, car viuant de proyc cô-me lcLion,fi elle les peut attraper elle ne faut point de les tuer, defehirer par pieces,amp; les manger. Et de leur cofté aufsi, corne ils font cruels amp;vindicatift contre toute chofe qui leur fait mal, quad ils en , , peuuét prendre quclqucs-vncs auxduuf fes trapes , nelcurpouuanspis faire, ils “ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;les
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les meurtriffent a coups de Hefehes amp;nbsp;les font languir long temps dansles folles ou elles font tôbccs,auât que deles tuer: amp;nbsp;afin qu’on entéde mieux cornent cefte befte les accouftre. Vn iour que 5.ou 6. Fraçois amp;nbsp;moy pafsions par la grade Ifie les Saunages du lieu nous aduertiflas que nous nous dônifsions garde duInaou-are no’ dirêt qu’il auoit mange cefte femaine là trois perfônes en l’vn de Icursvillages.
Au furplus il y a grande abondance àe^,^^„^f^^ tes petites Guenós noires que les Sauna ges nomment^fen cefte terre du Brcfil, ^'y niais parce qu’il s’en voit aftez par deça^^*quot;”^ len’ëferay icy autre dcfcriptiô.Êiêdiray leur nat»-iequ’eftans en ce pays là, leur naturel cA'fi^^^^* ^el,que nebougeans gueres de deilus cer farieitth tains arbres qui porter vn fruit ayât gquf fes prefques corne nos grofles febuesoe-^noyeHes fe nôurriircntj ques’aUêblas or tlinairemét par troupes amp;principalcmct en temps de pluye (ainfi que les enats fur les toits p dcçâ)c’cft vn plaifir de les ouïr erier amp;mener leurs fabats fur ces arbres*
Au refte ccft animal n’en porte qu'vu H’vnc vetree, mais le petit ayât cefte indu i„j„i;,ie ftrie de nature que fi toft qu'il eft hors du dagnenit ventre il embralfc amp;nbsp;tient ferme le col du Cer'irurt pereoudcla mere,s’ils fcvoyerponrehaf/quot;»'^-fez des chalTcurs,fautas amp;nbsp;l’cportâs ainfi debrâche en brache le fauuêtdc cefte façô
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Partant les Saunages n’en pounas gueres prendre ni icunes ni vieilles, n’ontautre FaetnJe moyen de Ics auoir, finon qu’à coups de prendre lee gçfçj^çj ou je matctats Ics abatte de def-(juenons. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ni*
d ((f^^ ^^^ arbres , dont tombans cltourdies quelques fois bien blccccs après qu’ils les ont guarics amp;nbsp;vn peu apriuoifces en leurs maifons, ils les changent à quelque marchandife auec les eftrâgers qui voyagent par delà . le di nommément appri-uoifees , car du commencement qu’elles guentns font prifes elles fôt fi farouches que mor fareitchei. j^^s Ics doigts , voire trauctfans depart en part auec leurs déts les mains de ceux qui les tiennent de la douleur qu'on fent on eft côtraint a tous edups de les aflbrri-mer pour leur faire lafcher prinfc.
^1 ^'^ trouue aufsi cncefte terre du Bre ^ fil vn Marmot que les Saunages appelent Sa^out Sa^outn,non plus grand qu’vu Efeurieux „i, animal g^ jç meftne poil roux.-niais quant à fa figure ayant le muffle comme ccluy d’vn Lion , amp;nbsp;fier de mefme , c’eft le plus ioli petit animal que i’aye veu par delà. Et de fait s’il cftoit aufsi aife à repafler que la Guenon,il feroit beaucoup plus eftimé: mais outre qu’il eft fi delicatqu'ilne peut endurer Icbranflcmét duNauirc fur mer, encores eft il fi glorieux que pour peu de fàfeherie qu’on luy face il fclaiflc mourir de defpit. Cependant il s’en voit quel ques
-ocr page 213-DE L’ A M E R I CL.V E 165 ques vns en Fiance, amp;nbsp;croy que e’eftdc cefte befte dequoy Marot ( introduifant fon feruiteur Fripclipcs parlât à vnnom-ilt;’(4 méSagon qui l’auoit blafmë) fait men-tion quand il dit.
Combien que Sagon foit vn mot Etle nom d’vnpetit Marmot.
Or combien que ic confefleCnonobftât macuriofitéjn’auoir point fi bien remarque tousles animaux de cefte terre que ie defircrois , fi eft ce que pour y mettre fin i’cn veux encore dcfcrirc deux bigcr-rcs fur tous les autres.
Le plus gros que les Saunages appellent Hay eft de la grandeur d’vn gros efiien barbet,a la face^comme laGucnon) ^„^„^ approchante de celle de l-hôme, le ventre iUfforme, ainfi pendant qu’vneTruye pleine de cou ^“^”^,« thons, le poil gris enfumé ainfi que laine mm^er.-de mouton noir,la queue fort courtesies ^°^*f7* ïambes velues comme vn0urs,amp; les grif t'fit-fes fort lôgucs. Et quoy que par les bois il foit fort farouche, tant y arneantmoins qu’eftant prins iln’cft pasmalaifé a ap-priuoifer. Vray eft qu’à caufe de fes griffes fl aigues nos TouoHpinamh/iauhj lynds ne prennentpas grand plaifiràfc iouer auec luy-. Mais au dcmcurant(chofe qui fcmblcra pofsiblc fabuleufcji’ay entendu non feulement des Saunages, mais aufsi des Truchemens qui anoyent demeure r- 1!
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long temps en ce pays Ià,qiiciamaishom me ni par les champs ni-à la maifon , ne vit manger ceft animal ; tellement qu’aucuns cftimcnt qu’il vit du vent.
L’autre duquel le veux parler qübles Sauuages nomment C»«ïrt, eftdela hau-
HISTOIRE
^erntht ion^ (if h^erre
Coati animal ayant le _ tcur d’vn grand Lieurc ,.a le poil court, gremeßra pg^^gj tacheté,Ics oiciUcs,petites,droites, amp;nbsp;pointues: mais quant a la tefte,ou-; tre qu’elle n’eft gueres grolle , ayant depuis les yeux vn groin long de plus d’vn •‘^ pied rond comme vn bafton,amp; s’eftreçif-*fa_nt tout à coup fans qu’ils foit plus gros par le haut qu’aupres de la bouchc(laqucl le aufsi il a fi petite qu’à peine y mettroit on le bout du petit doigt)cela di ic refem '^ nbsp;blant le bourdon,ou le chalumeau d’vne
‘quot;l'T cojrnemufe , il n’eftpas pofsible de voir vn mufeau plus bigcrreiDanaotage cefte befte eftant prinfe, parce qu’elle tient fes quatre pieds ferrez cnfemble,amp; parce ■ƒ• ’ moyen penchant touficrurs d’vn cofté ou d’autre,ou fe laiHant tomber tout à plat, on ne la feauroit faire tenir debout ni manger fi ce n’eft quelques Fourmis, dc-qiioy aiifsi elle vit ordinairement par les bois. Enui' on huit ioiJrs après que nous fufmes arriuez en rifle ou fe tenoit ViL legagnon les Sauuages nous apporteret vn de ces Çoaei, lequel à caufe de la noiu-uellcte fut autant admire d’vn chacun de nous
-ocr page 215-DE l’a M E R I QV F. 167 nous que vous poiiuez pcnfer. Et de fait eftant eftrangement defeâueux eu cfgard àceux de noftre Europe, i’ay fouuct prié vn nomme lean gardien de noftre compa gnie expert en l art de pourtraiture de contrefaire tant ceftuyla que plüfieurs autres non feulement rares,mais aufsi du tout incogneues par deçà : a quoy neant-moins à mon grand regret,il ne fe voulut Uniais adonner. »
CHAP. XI.
De la variété des o^feauxde l’^meri^ue, ‘ous différents desnofires : en/emble desgroff'es ^batmejourts, f^hetUes, Ad ouches, Aîonchil-lensje' autres vermines effranges de ce pats la
E commeneeray aufsi ce cha pitre desoyfeaux ( Icfqucls en général nos T^ouaupinam-haoults appclcnt Oura) par Oura ceux qui font bons à manger °sl''‘^'‘ Et premièrement diray qu’ils ont grand . . -^ quantité de fesPouIcs que nous appelons a indes JclqucUcs eux nommet nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;n^iiet
ouffou: Comme aufsi depuis que les Poi-il-jnJe. tugalois ont fréquente ce pays là ( car . auparauant ils n’en auoyent point) ils leur ont donc l’eno-cance des petites Pou ”^‘'^! I - nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,., nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'rallies les corn unes qu ils iiomcntaingnan^miri: came«u„es.
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histoire
toutesfoh outre, ainfi que i’ay dit quelque part,qu’ils font cas des bUches pour auoir les plumes afin de les teindre en rouge amp;nbsp;de s’e parer le corps,encores ne mangent ils guère ni des mes ni des autres : amp;nbsp;mefmes cftimans que les œufs ^rt- qu’ils nomment ^y^rignan-ropia, foyent ^nan^ poifons, non feulement ils eftoyent bien ropta esbabis de nous en voir burner, mais auf-aof. fl, difoyent ils, ne pouuans auoir la pâ-'' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ticcc de les lailfer couuer, c’eft trop grâd
gourmandife à vous, qu’en mangeantvn œuf vous mangiez vne Poule.Partant ne tenans guercs plus de côte de leurs Poules que d oifeaux Sauuages , les laiflans l'euer.h ,t„^ p^jj-çOii boj^ ]çyf fcmble elles amcnétle plus fouuent leurs.poufsins des bois amp;nbsp;builfons ou elles ont coiiuc : tellement
dry«-»-c'.i^Kt
GrMiz que les femmes Sauuages n’ont pas tant quanti,! de peine a efleuer les petits d’indets aucc d'htjn'er ‘^^^ moyeufs d’œufs qu’on a par deçà. Et ttKtrcî en de fait les Poules multiplient tellement V^neng. ^j^ ^.^ ^^jy^ là,qu’il y a tels endroits Ôttcls villages,des moins fréquentez des eftran gers, ou pourvu coufteau de la valeur d’vn carolus, on en aura vne d’Inde, amp;nbsp;pour vn de deux liards , ou pour cinq ou fix baims apefeber, trois ou quatre des petites communes.
Or anccccs deux fortes de poulaillcs, nos Sauuages nourriflent domeftique-ment
-ocr page 217-D E L’A M E R I QJT E. ló’^ ment des Canes d’Indes , qti’ils appelent'^***^ Z/pff,mais parce que nos pauures'Towo»- Kpee pinambaoultf ont cefte opinion enracinée, c^oet que s’ils mangeoyent de ceft Animal qui ^^^•^ marche ainfi pefamment, cela les empef- ptrî^iie cheroitde courir quad ils feroyét chaflez ^quot;fi” Jn amp;pourfuyuis de leurs ennemis, il fera ^u^t», hien habile qui leur en fera tafter. S'ab-ftenans aufsipour mefme caufe déroutes belles qui vont lentement, amp;nbsp;mefmes des poiffons comme les R^cs amp;nbsp;autres qui ne nagent pas ville.
Q^ant aux oyfeaux Saunage , il s’en prent par les bois de gros corne Chapôs, amp;de trois fortes,que les Brefiliens nomment. Jacoutin, lacoupen, amp;nbsp;lacott-ouajfoit. j.^^;^ ^^^^ Jefqucls ont tous le plumage noiramp;gris» indt mais quant a Icurgoull, comme ie croy ^^‘^of^f que ce font cfpcces de Faifans,aufsi puis ^^^'„f‘ ie alTeurcr qu’il n’eftpas pofsiblc de man ger de meilleures viandes , que font ces /‘tCOUf.
Ils en ont encores deux excelles qu’ils ,^yj2^'f* appelcnt4/o«row,lcfqucls fontaufsi gros^,^, que Paons amp;nbsp;de mefme plumage que les Moca-fufdits ; toutes fois celle forte cil rare amp;nbsp;coHa amp;nbsp;s’en trouuc peu. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ynam-
Mocacoua amp;i.Ynamlgt;'oii-oua/fou font deux hou-oh^ cfpeccs de Perdrix aufsi grolfcs qu’Oyes n/Pou amp;nbsp;de mefme goull que les precedens. drux^rin Comme aufsi les trois fuyuans Con^if'^,’l°^”
-ocr page 218-170 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;histoire
aiïauoir \tiamigt;oumiri, dc tnefinc grldcur que nos Perdrix : 7egaJfott de la grofleuf d’vn Ramier; Sc^atcaett comme vncTour tercllc.Ainlipour abréger,amp; laiflât àpar lcr du gibier qui fe trouuc en grade abo-dancc,tât par les bois que fur les nuages de la mer, marcs amp;nbsp;fl cimes d’eau douce, ie viendra/ à parler des oifeaux lefqucls ne fontpas fi côninns à mâgef en celle ter rc du Brefil.Entre les autrcs.il.y en a 2.de mcfmc grâdcur,(Xi peu s’en faut, affauoir plus gros qu’vn Corbeau , lefquels ainfi prefque que tous les oifeaux de l’Amérique, ontJes pieds amp;nbsp;becs crochus comme les Perroquets, au nôbre dcfqucls on les pourroit mettre.Mais quant au plumage corne vous mefmes ingérez après l'auoir cntcdu,nc croyas pas qu’en tout le mode il fctrouuc oifeaux deplus cfmcrueilla-blc beauté, en les confidcrât il y a bic dc-quoy no pas magnifier nature,corne font les prophancs , mais admirer l’excellent. Créateur d’iceux.
lt;s^rit ojûau it’^x etUMt ^luna^.
Pour dóe en faire la prcuuc,le premier que les Saunages appeler Arat, ayant les plumes des ailles amp;nbsp;celles de la queué,la-qucllc il a longue de pied amp;nbsp;demi,moitié aufsi rouges que fine efcarlatc , amp;nbsp;l’autre moitié, la tige au milieu de chacune plume fcparatlcscoulcurs opofitcs des deux coftez , de couleur cclcfte aufsi cflincclât que le plus fin cfcarlatin quifepuinevoir:
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amp; au furplus tout le refte du corps azuré quad ceft oifeau eft au Soleil ou il fc tiet ordinairement, il n’y a œil qui fe puifle laffer de le regarder.
L’autre nóme Clt;«w«z//,ayant tout le plu C'^w^ mage fous le vétre amp;nbsp;à Ictour du col aufli ^^“^* iaunequefin or,lc deffus du dos,les aiftes «î»«. amp;nbsp;la queue,d’vu bleu fi naifqu’it n’eft pas pofsiblc de plus,vous diriez aie voir que il eft veftu d’vne toile d’or par deftous, amp;nbsp;emmâtclc de damas violet figure par dcf-l'us.Les Saunages en leurs chtinfons font fouiict métion de ce dernier difat amp;nbsp;repe tât en cefte façon: Canine iouuecanidejouue I}enraigt;uech:c’cu. à dire vn oifeau iaunc,vn oifeau iaiinc amp;c.amp; au refteplumans fon-gneufemét 5.ou q.fois l’âncc ces deuxfor tes d’oifeaux, IcfqueJs bie qu’ils nefoyet domcftiqucs font neatmoins plus foiiuét fur des arbres au milieu de leurs villages que parmi les bois,ils fôt fort prop remet rpi^^^^, (côinc i’ay dit ailleurs) des robes,bônets, firuama bracelets, garnitures d’cfpces de bois: f’'quot;’''’^quot;* Kautres chofesdeces belles plumcsdontAr.Wfnô-ils fc parent le corps . l’auois l'apporte ^f^’jf^* en France beaucoup de tels pennaehes Sa^uns^n amp;nbsp;fur tout de ces grandes queues fi'bien ainfi que i’ay dit, naturellement dmer-fifices de rouge amp;de coulcurcclcfte.Mais paffant a Paris à mon retour, vn quidam de chez le Roy 5 a qui ie les monftray
-ocr page 220-iyi nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTOIRB ne cefla iamaig par importunité gt;nbsp;qu’il ne Icscuftdemoy.
Q^antaux Perroquets , il s’en trouue de 3.ou 4. fortes en ceftc terre du Brcfil» /liArti^z^^*® 9^^”^ ^“•'^ P^“® gros amp;nbsp;plus beaux ' * t/fiou- 4^^^^® Saunages appelent jétimrous, lef-rout 4^cls ont la tefte riolee de iaune j rouge» fiiugrti amp;^ violet, Je bout des ailles'incarnat,la tfaùxTgt;,r 4“^^^ longue amp;nbsp;iaune, amp;nbsp;tout le relie cb rt^mu. corps verd , il ne s’en repafle pas beaucoup par deçà: amp;nbsp;cependât outre la beauté du plumage, eftans aprins ce font ceux qui parlent le mieux , amp;nbsp;par confequent aufqucls il y auroitplus de plaifir . Et de fait vn rruebement m’en fit prefcnt d’vn qu’il auoit garde trois ans , lequel profe-roitfibien tant le Sauuage que le François,qu’en ne le voyat pas,vous n’eufsiez fccu difeerner fa voix de celle d’vn homme.
T^^cit du /»quot;S-ig’ (y façon gß-merutiUa-blecfvn 'J^erro^Mct
Mais c’eftoit bien encore plus grand mcrueillc d’vn Perroquet de ceftc efpecc, qu’vnc femme Sauuage auoit apprinsen vn village à deux lieues de noftre Iflc:car comme fi ceft oifeau euft eu entendemét pour compredre amp;nbsp;diftinguer ce que celle qui l’auoit nourri luy vouloit dire, quand nous pafsions par là, cllenous di-foit en fon langagc:mc voulez vous donner vn peigne ouvn mirouer amp;nbsp;ie feray tout maintenant en voftre prefence chan ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ter amp;
-ocr page 221-DE l’ A M E R I C\y E. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;X/J
ter amp;danfer mon Perroquet? tellement que pour cnauoirlcpafletcmps,nous luy oaillans fouuent ce qu’elle demandoit, incontinent qu’elle auoit parlé à ceft oi-feau,il fe prenoit non feulement à faute-. 1er fur la perche ou il eftoit, mais aufsi a. caufer, fifflcr amp;nbsp;à contrefaire les Sauua-ges quand ils vont en guerre d’vnc façon incroyable: brief, quand bonfcmbloità fa maiftrefle , de luy dire chante, il chan-toit:amp; danfc il danfoit.Q^e fi au contrai te il ne luy plaifoit pas, amp;nbsp;qu’on ne luy euftrié voulu bailler, 11 toft qu’elle auoit dit vn peu rudement à ceft oifcau «z^w^e, c’eft à dire ceirc,fe tenât tout coy fans dire R^ot,quelque chofe que nous luy eufsiôs peu dire, il n’eftoit pas lors en noftre pùiffance de luy faire remuer pieds ni lâ-gue.Partant penfez que fi les anciens Ro mains, Icfquels comme dit Pline lurent fi jj^^^ fages que de faire non feulement des fu- ^jj,^j. neraillcs fomptucufes au Corbeau qui les faluoit nom par nom dis leur Palais, mais aufsi firent perdre la vie à celuy qui l’anoit tué,euirent eu vn Perroquet fi bié appris, comment ils en enflent fait cas. Aufsi cefte femme Sauuage , l’appelant fon Cherimbauejc’eù à dire chofe que i’ai-me bien, le tenoit- elle fi chcr,que quand nous luy demandions à vendre, amp;nbsp;que c’eft qu’elle en vouloit, elle refpondoit
-ocr page 222-1,74 HISTOIRE
par moquerie tJ^f ocaoua/fott, c’cft à dire vnc artillerie : tcJIcment que nous ne IC fceufmes iamais auoir d'elle.
La fécondé efpecede Perroquets appe ^^^' Icz zJ^^rf anas par les saunages,qui lont ^anas j^ ceux qu'on apporte amp;nbsp;qu’on voit com Perroautfs , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;» A nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1
^H •voit muncincnt en hrance^n elt pas en grande piuscum çP-imc entr’eux : amp;nbsp;de fait les ayans par ftrJtca. delà en aulsi grande abondance que nous allons ici les Pigeons , quoy que la chairfoitvnpeu durC)ayât ncantmoinsle gouft de la Perdrix,nous en mâgions fou uent amp;nbsp;tant qu’il nous plaifoit.
La troificme forte de Perroquets nom T cuis ”’®^ Touis p^r les Saunages , amp;nbsp;par nous /.«ifé/Tie autres Moiflons , ne font pas plus gros 4t ‘T’fxr^-qu’eftourneaux: mais quant au plumage, exceptéla queue qu’ils ont fort longue^ entrcmellee de iaune,ils ont le corps entièrement aufsi vcrd què porree.
Auant que finir ce propos des Perroquets,me refouuenant d’auoir leu en vne erreur Cofmographic qu’afin que les ferpens ^•■vn CoP ne mangent leurs œufs , ils font leurs ’tttuhmtu nids pendus à vne branche d’arbre icdi-Facm des jay ici en panant, qu’ayant vcu le côtrai nids dfs '
Ptrrn^ntu r^ en ceux de 1 A mcriquc qui les rot tous dans des creux d’arbres, en rond amp;nbsp;allez durs, ie penfe que ça efté vnc faribole amp;nbsp;conte’ fait a plaifir à l’auteur de ce liurc* Les autres oyfeaux du pays de nos A-meri’
-ocr page 223-De l’ameriqve. 175 merîquainsfôtjcn prcmicrlieu celuy que ilsappelctT’oaCiîwdôt a autre propos i’ay ’J'ouca fait mention ci dcilus.II cft de lagrofleur ojfeaux. d’vn ramier,amp;a tout le plumage,excepté jtn/ifiitj i^i^-' le poitral, aufsi noir qu’vnc Corneille. ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*^
mais ce poitral l’enuirô de quatre doigts '^titrai en longueur amp;nbsp;trois en largeur eftant quot;”quot;■''^__ plusiaune que faffran, efcorché qu’il eft '^‘’^^4 par les Saunages,outre qu'il leur fert tât ^X^x pour s’en couurir amp;nbsp;parer les loues, que Sauua^ett autres parties de leurs corps encores par ce qu’ils en portent ordinairement quant dsdanfent le nommant Toucan-tahouraci^ c’eUadire plume pour danfer,ils en font plus d’eftime: toutesfois en ayas en grâd nôtre ils ne font point de difficultez d’é bailler amp;nbsp;changer a la marchandife que les François amp;nbsp;Portugais qui trafiquent nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
par delà leur portent.
Mais au furplus ceft oyfeau Toucan a-ßrÜnxde yantle bccplus long que toutlc corpSjamp; ‘'quot;yf'“quot; grosen proportion,fans luy parâgonner ^ ^^^^ ni luy oppofer celuy de gruc,qui n’eft rie encomparaifon ,ille faut tenir non feule ment pour le bec des becs, mais aufsi pour le plus prodigieux amp;nbsp;monftrucux quife puiffe trouucr entre tous les Oy-feaux de l’vniucrs.
I Ils en ontvn d’autre efpece de la groffeur Panou d’vn Merle amp;nbsp;ainfi noir , fors la poitrine ,jftau
, qu’il a rouge corne fang de beuf laquelle “y””/“ les Saunages efcorchct corne le précédât «»if.
-ocr page 224-176 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;H I s T o I R E
^«••gt;* nbsp;nbsp;amp;nbsp;appclcnt ceft oifcau ‘Panou.
Vn autre de Ja grofleur d’vne Çriue .Qîlt;- qu'ils nomment .^lampian, lequel fans ftan rien excepter a le plumage aufsi entiere-£«quot;‘ rouge qu’efcarlate.
•'•«x^. Mais pour vue fingulicremerucilleamp;
^ chef d’œuure de petitede, il n'en faut pas obmettre vnque les Sauuages nomment Conam ^o»‘*»ilgt;ach,dc plumage blanchaftrc amp;nbsp;lui f^^/j fant:lequclcôbicn qu’il n’ait pas le corps vfeiet plus gros qu’vn Frelon,ou qu’vn Cerfvo(Vt ^'^'quot;*- lant, triomphe neantmoins de chanter: th^t rf- tellement que ce trefpctit oifclet ne bou-géant gueres de deflus ce gros Mil que nos Ameriquains appclcnt AnattiOU fur autres grandes herbes , ayant le bec èi ie goficr toufiours ouuert, fi on nel’oyoit amp;c voyoit par experience,on ne diroitia-mais que d’vn fi petit corps il peuft for-tir vn chat fi franc amp;nbsp;fi haut, voire fi clair amp;nbsp;fi net, qu’il ne doit rien au Rofslgnol.
Au furplus parce que ie nepourrois pas fpecificr par Je menu tous les oifeaux qu’on voit en cefte terre du Brefil, non ,. U*»»'«*- ^uï^u’cnr differens en efpcces à ceux de noftre Europe,mais aufsi d’autrei varie-. ,, tcz de couleurs: comme rouge, incarnat, ! ctueuntit violet, blanc, ccndi é, diapré, depourpre fti/inrt g^ autrcs;pour la fin i’en deferiray vnque oy/eatixt/g nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;p nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;»
les Sauuages (pour la caulc que ic diray) ont en telle recommendation, que non
- feule-
-ocr page 225-DE L*AMERIQVE. 177 feulement ils feroyent bien marrisdeluy mal faire »mais aufsi s’ils fcauoyent que quclcun en eut tué de celle cfpcccjic croy qu ils l’en feroyent repentir.
Cell Oyfeau n eft pas plus gros qu’vT) Pigeon, ^ de plumage gris cendré : mais au ielle,qni cil le miltere que ic veux tou cher,ayant la voix pénétrante,amp; encores plus pitcufc que celle du Chahuant, nos fiüuici'ToHOuptnamixiOMks qui l’ernendct aufsi crier plus fouuent de nuit que de Jy^^'J*^ iour, ont celle refucrie imprimée en leur gu,-am. cerucau,que leurs païens éc amis i^^^^p^^^'^^^quot;^^ ^ci en figue de bonne adiicnturc amp;nbsp;pour ‘jf’»». les accouragera fe porter vaillafnmcnt contre leurs ennemis , leur enuoyent ces oyleaux : de façon qu’ils croyent ferme-i^cnt,s’ils obfei uent ce qui leur eft figni-fiépar ces Augures , que non feulement ils veineront Ituis ennemis en ce monde înais qui plus eft quand ils feront morts, que leurs aines ne faudront point d'aller tiouuer leurs prcdccelfeurs derriere les ï'iontagncs pour danfer auec eux..
Ic couebay vnc fois en vn village âp-pelé Kpeepiv les François , ou fur le foir oyant chanter ainlî piteufement ces Oy-feaux, amp;nbsp;voyant ces panures fauuages fl attentifs à les efeouter, fcachant aufsi la raifon pourquoy ie leur voulu remon Hier leur folieimais ainlî qu’en parlant à
-ocr page 226-178 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;H f S T O I R B
prei drrei,m ’^ titnnctamp;
eux le me prins vri peu anre cô-nffe vrt Fl'pncois quitftoit âiiec moy :-if yeurvn vieillard qui allez rudement me dit tais toy,amp; ne nous empefehe point d ôuîrlei ^sonnes! noirneUcs qticnos giaiïds'perps hóus annoncent à piefenncarquand nous byons ces oilqaux'nous lommcy tous rcf iouys amp;nbsp;icceUbliS-rtOiiucllc force* Pariât fans rien fepfitjner-j car c'euft dld peine e relfoi uenant lors dé Ceint qui enflignêt’que les aiftcS des tref palTez retournai de purgatoireJesvién-
.^mtr}- Uct aufsi aduertirdc lent deuojr,'ie'pen-^‘'J'“^’^‘ ^’^7 ^'^ ^^ *1*^*^ ^'^^’^ ^^® pourés aueagléî ^»C C UX Ameriquains en cell endroit,eft encofeS It'a'i!“ P^^^^uppoi tablet car céme ie ditaypl«* leuraj’pt- amplement pai Jant de leur Religirin,cÔ-r„r ^nr,, jjjpn qu’ils conlelfetit l'immortalité des àïncsitât y a neantmoins qu'ils n’en font pas la logez de erbire qu'âpres'qu'elles font feparees dos'coips elles réuienuent ains feulcmçddifc'nt que cesoiféaUüfbiit leurs mertilgerV. Voila ce que i’duOiÿâ di .i,-i:r.‘i.' nbsp;nbsp;^^‘ touchanrle«oifcaux de l’Amérique.
Im mort ^Ci corp.
ÿranifn ■If 7^ wyittcsfoî«' cncorcs des chaiHicf-cha^.u jiu founs en co pays lai prefques aufsi gran-?/fi‘,‘^Ji'j *^^5 que-nosKamp;ho'ncasJefqucllcs-crTtrâS la .riens“rie nuit dasdeis tfliifôs li elles tpouuet qUef ‘‘“^^‘o carrr qui dormi les pieds defeortud/ts-^’à-dreHans toufioufs principalemdt'atfgros o r t e i 1 ' ri/ r-s- ne fa u de o lit p o i n t d 61 nty'Ai c -ccr le fanj,amp; d’é tirer quelques fois plus
-ocr page 227-DE l’ A M E R I QV E. I79 d'vn pot fans qu'il en fente rien: tcllcmct que quarid on fc refucillc le matin on eft toutcsbahi dcvôirleliftdccotô Stlapla ce toute langlantc: dequoy cependant les Saunages s’aperceuas, foit que cela adiiié lie a vndc leur natiô ou a vn eftrâger, ils tîcs’en fôt que rire.Et défait,moymefme ayât el¥ quelques fois ainfi furprinsjou-trda moquerie que ?cn rcccuois, encore yauoit il ( quay qfic la douleur ne fut pas a’itremét grade) que cefte extrémité tcn^ dît au bout du gros orteil eftât ôffcnccegt; ienemcpouuois cba'ulfcrdc 2.0115.jours / finôa grand peint. Ceux de ride de Qirnin w^iqui eft endiro 15.degrez au deÇa de l’E quinoftial, fôht parcil'lemét molcftcz de Hift.gen tes grandes amp;nbsp;mefebâtes Chaudeflouris. des Ind. Auquel propos ce kl ƒ qui a eferit Pkiftoi g^''*.'^' te generale dc^' Inde^ recite vnc plaifantc biftoire.Il y au'oit dit il à S. Foy de Ciri-bici vn feruitedr 'de moyne qui .au’oit la pleurcfte,duqucln’ayât peu trouder la vei pe pour le feigner,amp;eftâtlaificpôlif mort 11 aduint de nuit qu’vue Chauucffoui iamp;lc mordit près dd talé quelle tronua deftou T‘!lt;ii/igt;,tt ùert, dont elle tira tant de fang que don j‘^°quot;^i'^^ fcdlcmcnt elle s’en faouIa,m3Îs aufsi laif wjj;«r„. fantla veine ôuucrfc,il en jaillit alitât de fang qu’il cftoit befoin pour remettre le patient en fanté:qur fut vn plaifant amp;gra
' deux Chirurgien pour le malade.
M 2
V
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HISTOIRE
ithnieidt Quant aux Abeilles de l’Amérique, o'» n'eftans pas fcmblablcs à celles de par
la terre '£rc/il.
y ra tmelir yeâc iirt noen.
Kill vfa^e dr fort bet
deçà , ains rcflemblans mieux Jes petites mouches noires que nous allons en EÙCt principalement au temps des raifins , eJ-Jes font leur miel amp;nbsp;Jcui cire par Jes bois dans des creux d'arbres. Et ainfi Jes Saunages qui fcauct bien amaffer J vn amp;J’au-tre, amp;nbsp;qui envoi es mêliez enfembJeappe Jent ceJaTra-yetic^iurjra eft Je mieJ SiytM
Ja cire, après qu'iJs Jes ont feparez , ils mangent JcmieJ ainfi que nous faifons: amp;nbsp;quant à Ja cJre,JaqueJJc eftprefqueauf fl noire que poix iJs Ja ferret en rouleaux gros commclc bras.Non pas toutesfois, qu’ilscn facent ni torche ni chandelle,car
yd. ./,.,«- n'vfans point la nuit d’autre lumière que /«sX«-bois qui rend la flamme fort iquot;- claire, ils fc feruent principalement de cefle cire à eftouper les grofles cannes de bois ou ils tiennent leurs plumaflcrics, 1 afin de les conferuer contre vne certaine cfpccc de papillons Icfqucls autrement ^‘^^ gafleroyent.
''/ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Et afin de deferire aufsi ces bcftioles,
.-trrfwerr Icfqucllcs font appellees parles Sauua-renx'^D, ^^^ ^^•‘’^^’^^^ n eftans pas plus großes tfiramp;ia que nos Grillets , amp;nbsp;fortans ainfi la nuit cu'u^’ ‘^^ troupes auprès du feu , fi elles y trou- i ucnt quelque chofe , elles ne faudront point de le ronger. ^Mais principalement
outre
-ocr page 229-DE L’AMERIQUE. 181-outre qu’elles feiettoyent de telle façon fur les collets amp;nbsp;fouliers de marroquins que mangeans tout le deflus, ceux qui en auoycnt, à leur leuc les trouuoyent tous blancs amp;nbsp;effleurez,encores y auoit il cela quefi nous laifsiôs le foir quelques Pou les ou autres volailles cuites mal ferrées , ces Iraners les ïon^cans lufqucs aux os , nous nous pouuions bien attendre de trouuer le lendemain des Anatomies.
Les Sauuages font aufsi perfecutez en leurs perfonnes d'vne autre petite ver-minette qu’ils nomment Ton: laquelle fc trouuant parmi la terré,amp; n'eftât pas du x, cômencemét'fi grofic qu’vue petite puce, '■•'5'”*/* r c 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;f P ferrant
lenchant ncantmqins,nommément lous/^«. u, les ongles des piedzamp;dcs mains,ou tout °'i^- , ^ foudain ainfi qu’vn ciron elle y cngendrc*9rj •'». N^f vnedeiuâiaifon,fi on n’eftbien foigncux‘’-'rr-• «'fv . de la tirer, dans peu de temps fe fourrant toufiours plus auâtcllc deuiendra aufsi groffe qu’vn petit pois amp;nbsp;ne la pourra on arracher qu’aucc grarad douleur.Et ne fe fentent pas feulement les Sauuages qui vont tout nuds amp;nbsp;tout defehaux attaints ••lt;•■ r^‘^‘gt;^ amp;nbsp;raolcftez de cela , mais aufsi nous autres François, quelques bien vertus amp;nbsp;chauffez que nous fufsions auions tant d’affaire à nous en garder, que pour ma part quelque foigneux que ie fnffe d’y te
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HISTOIRE
garder fouuét,on m’e a tire' plus de .vingt pour vn iour. Brief l’ay vtu pci/onnagçs parefTeux dclestircr ,eftrc tellementcç-lt;Iôm.agc2 de ces tignes-puecs, que nô feu lemcntils en auoycntles mains, pieds,amp; orteils gaftez,mais mefmes fous les aifel lés,amp; autres parties tendres, ils eftoyent tous couuerts de petites boflettes corne verrùres prouenantes de cela. .Aufsi ic croy, pour certain , quç t’eft ccÔ;c petite; beftîolc que l’hiftoricn des Indes occidé li i di ’^■^^^^ appelé TV/ƒ«lt;«,laqucHc.auf^i Cornell jg’ ' dit fc trouiic cnriflc Efpagnoljc,carvol ci ce qu'il en a cfcrit.La^«i;r/;ï cH connue Yijcpetitc puce qui fautencile aime forth pbudrt:ellc ne mort point Gnon es pieds ou elle fe fourre entre la peau fie la enair, .„'^ auGi tort elle ie tte des Jç^iHe^ en plus grande quantité qu’on n’cl}imci^it,3tttn du fa. petitefle ; IcfqucUcs 'en engendrent d’autres, amp;nbsp;^ bn les y lailTç fans y mettre ordrcjcllcs multiplient tanfqu’on ne les en peuf chaGer ni remédier qu’aucc lefeU ou le fer:mais fi on.Jçs pfte de boniK beU re , elles fontpeu de rnak Aucuns EfpS' gnol.s en ont perdu,les doigts des pieds, autres les pieds entiers, .
, Or pour y remédier nos Ameriqua.!!’* fe frotter tangles bouts des orteils,qu’au très endroits ou tness fe veulent njeb^ fur eux, d’.vnc'huilc rougeâtre amp;
' ‘ ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■ faite
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faire d’vn fruit qu’innomment ^o^n^Je- n^^y^^ quel eft prefque cô.ne vue chaftaigne en fruapra^. l’efcorce: ce qu aufsi nous faisons cftans '^h^''-Ç'‘’''’ par-.dcla.'Oütrc plus ceft onguetrft fi fou m«‘j7~ ucrain pour cuci tr les playes, caflurcs amp;nbsp;r meile autres douleurs, qui lui mennerau corps «^^f,. humain-, que nos Saunages cognoiflas fa vertu,leitrennét aufsi precieuxqu’on fuit^'^/ZX* quelque part la laintt huile* -Et défait le tiMK^i'’-
'barbier du Nauire ,,ounous repaflafmes en Erâce, Payât experimeree en pluficurs. fortes en rapporta lo.ou 12. grands pots ' ' plains:amp; autant de graifle humaine qu’il 2uoit recueillit quand les Saunages cui-foyent amp;roftilfoyét leurs pnfonniers de guerre à la façon que ie diray en fon lieu.»
Dauantage l'air de celle terye du Bre--fl produit encores vne forte de petits. ^ uiouchillons, quelcs hahitans nomment‘“•æf YftWjJefquels piquent fi viucnicnt,voifc y^^y^j , a trauers des légers habillement , qu’oir„„rA,tf»a diroit que ce for pointes d'cfguilles. par/’’‘r'*” tant vous pouiicz genfer quel pafletemps ’quot;quot;''quot;''quot;^■ c ell, devoir nos Saunages tous nuds eit dire pourfuyois : carclaqi^ns lors des.|‘^'‘’*lt;^»r;/lt;ù’4„. mains fut leurs feiles,çuifl'es,efpaulrs-,amp; '•• v .•.„.• fur tout leurs corps , vous diriez que ce font chartiers auec leurs foucts.radiou-*-. fteray encores qu’en remuant la terre amp;nbsp;dclfous les pierres en noflre terre du Bre fil on tronue des Scorpions,Icfi^uels cô-s
• •woi nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;M 4
-ocr page 232-184 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTOIRE
Scer^«.« bien qu’ils foyent beaucoup plus petits * f^m,. que ceux qu’on voit en Prouence, ncantw ’^«‘Jtnx moins pour cela ne laiflent pas , comme it Pay expérimente , d’auoir leurs poin-* turcs venimeufes amp;nbsp;mortelles.
Comme ainfi foit doneques que cell a-nimal cerche les thofes nettes , aduint qu'vn iour après que i’eu fait blanchir mon lid de coton, l’ayant repedu en l’air 1quot;«X’7« à la façon des Saunages, il y eut vn Scor-(hofft net* pion lequel s’eftant cache dans le re^li, ainfi que ic me voulus coucher ( faTîs que ie le ville ) mepiqua au grand doigt delà main gauche, laquelle fut fi foudamemet enflée,que fi en diligence ie n’eufle eu re-. cours àl’vn de nos Apothicaires , lequel en ayant de morts dus vnc phiolc auec de l huile m’en appliqua vn fur le doigt, il n’y a point de doute que le venin ne fe full foudain efpanché par tout le corps. w,ir,ix Et de fait nonobftantcc remede, la conta tlx’ï'quot;‘ 5’®” ^®*’ ^ grande que ie fus l'efpace de fif vingtquatrc heures en telle dtftrt'flc,quc de la vehemence de la douleur que ic fen tois ie ne me pounois contenir. Les Saunages aufsi enans piquez de ces Scorpios s’ils les peunent prendre, vfent de la mef me recepte , aflauoir , de les tuer amp;nbsp;efea-fmutfet cher fur la partie offencee. Au refte corne ^^7iff^‘ *’’7 ditquclqucpart,tout ainfi qu’ils font fort vindicatifs, voire forcenez contre toutes
-ocr page 233-DE L’AMERIQUE. 185 toutes chofes qui leur nuifent, mefmes s’ils s’ahurtent du pied contre vne pierre ainfi que Chiens enragez ils la mordront a belles dents, aufsi recerchäs autant que 11 leur eft pofsible les beftes qui les endô inagent,ils en defpcuplent leur pays tant qu’ils pcuuent.
CHAP. XII.
I)'aficn»J poi/fons pim comum entre les Sa» ft^t^et de r À meri^ue : amp;nbsp;de leur mantere de fâcher.
F I N d'obuier aux redites, i’euite tant que ie puis , renuoyant les lenteurs tant es troilicmc,cinquième 1 amp;nbsp;fepticme chapitres de ce-ftebiftoirc, qu’es autres endroits ou i’ay iafait métion des Baleines, Monftres ma fins,poisons volans, amp;nbsp;autres, ie choifi-ray principalemêt en ce chapitre les plus frequês entre nos Ameriquains defquels neantmoins il n’a point encore cfté parle. Premiercmcnt,afin de commencer par le genre,les Saunages appclcnt tous poif Ions TtM:mais quant aux elpcces ns ont de deux fortes de Mulets qu’ils nommêt JCurema Si Parati lefquels (Si encore plus MkIh, ,x le dernier que le premier ) foit que vous
-ocr page 234-^85 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTOIRE , n
les faciez roftir ou bouillir, fontçxwUé-mens bons imager. Et parce, ainfi q^i’on a veu par exj^erience depuis quelqueian-nees tat en Loire qu’autres riuiercs dtFiâ
ce ou les Mulets font remotez de la mer, ^oi|/'«’lt; que ces poiffons Vont coufturnieremcnt, ,*’/#«lt;''’ ƒ psr troupes, ies Saunages les voyas ainii par großes nuées bouillôner/das la mer, ôXquot;,«' quot;''^s foudain à. trauers tencôtrent fi bien ‘^f firf her que pi cfque à toutes les fuis ils en embro tfi Aluni, (}jp„^ pluficurs de leurs grandes flefehes, kfqueis aiiifi dai dezjie ponuans alleren fond, ils vont quérir à nage. Dauantage d aunt que la cbai: dece poifTon furtous auti es eft foi t fl labk quid ils en prennet grande quantité, api es qu ils les ont fait feieber fur le ^.ttcan,ils les efmient amp;nbsp;en font de la fii ine qu eft fort bonne.
foH grau poij^on.
Camsurou JCaf»ouroiipoùy oua^nu eft vn bien grand fouy cuaf^ poifton car aufsi oaaff'M en langue Brefi-
cent qu’un luy donnc'diiquel no.s T'e^ff«-pifiamba'eû/ij (ont oï dinairerrlet mention quand ils chantent di(ànt3in(i:,Ptrii-ouafi ß'u à oueh -Kawoitraupouy oua/foH a oueh amp;C. Sç eft.fort bon à manger.
Ijcnnc veut dire grand ou gros félon l'ac-
0 tiara
amp;' ^ca f^eux autres qu’ils nomment'0«4rÆ amp;nbsp;ra-otia^^^'^^^'“^quot;*-^''’^^^^^^*^^^'^^ ™^f™® gradeur ßj^ quot;^ que le precedent mais mcilleurs.’voire di poljji,,, Jt ^^7 que rOuara n’cft pas moins délicat it^un,. que noftie Truite. • i
n^ca-
-ocr page 235-DE t’ A M E R I Qjr E. 187 tAcarapep poifion, plat qui iette vne ^ graine jaune en enifant laquelle luy fert de faufle: amp;nbsp;en eft la .chair merucrlleufc-,^^^^,,^/;^ iDen.t bonne. ■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;s-
^elt;ïrlt;ï-^oaZi’«poiiron,vifqueux de cou- Micara leur tanee,ou rougeaftre, qui eft demoin^o«^^» dre forte que les fufdits, amp;nbsp;n'a pas Iç gouR fort agréable au palais. r
Vn autre qu’ils appelent Ptra-ypo.chi,Pira qui eft longcornmc Vne Anguille,amp; n'zÇtypochi. pas bon : aufsijj^^^-^i^enlcur langage ycutP°‘^'”‘‘’i, dire cela, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• i
Touchant les Rayes qui fe pefehent T.^^'t^f-tant en la riuierc de Genevre qu es mets ^, „a,, d'enuiron,elles qcfontpas fculcmct pllispo'ifM. larges que celles qu’on voit en Norrpan-die, Bretagne amp;nbsp;autres endroits de pap'^ deçà,mais outre cela, elles ont deux eor-, pes allez longues ,^ cinq ou fix fend allés p^»,'».(., fous le vêtrc,qu’,o,R diroit eftre artiTcielr À“'«*, les,.la queue Iongtieiamp; defliee , voire qui '^^^^quot;’* pfs,cft fl dangcrctife!amp;,vcqimeufe».quc comme ic vis vnc fois p^r experience., H , tqifqu’vnc que nous auions prife, amp;nbsp;ti-i rqe dans vnc BaçqujÇf.çut piçque la iambe dyn de noftre compagnie, l’endroit .dcr uint tout foudain rouge amp;nbsp;enfle.! Voila ihmmairemet amp;nbsp;der^cheftonchat aucuns poisons de mer de fAmeriq. dcfquels au furplus la multitudceft innombrable. lt;nbsp;. Au refte les jiuieres d’eau- douce de ce
-ocr page 236-l88 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTOIRE pays là cftans aufsi remplies d’vne infini le de moyens amp;nbsp;petits poiflons » lefquels *Pira- en general les Saunages nomment quot;Pira-: tniri amp;nbsp;miri amp;nbsp;t^cara-miri ( car min en leur pa-^ca- tois veut dire petit} i’en deferiray fcule-miri ment encores deux merucillcufement dû
ftniipif. formes.
-Le premier que les Sauuages appe-T^wioxlcnt Tamou-ata , eft communément long ata de demi pied, a la telle fortgrone , voiré füff,» Jif monftrueufe au pris du refte, deux ^ar-^lrgt;H{.’^ àiü°® ^ous la gorge, les dets plus aigues que celles d vn brochet,les areftes piqua-ff^iü tes,8i tout le corps armé d'efcaillcs fi bic à refpreuue, que comme i’ay dit ailleurs du Tatou belle terreftre , ie ne croy pas qu’vn coup 'd’efpce luy fit rien : la chair en cil fort teftdre bonne amp;nbsp;fauoureufe.
*Pana~ pana
ftijfo» a~ jfitnr la N
/•.
L’autre poilfon que les Sauuages nom met ‘Panapanaied de moyenne grandeur: mais quant a fa. forme, ayant le corps queue amp;nbsp;peau fcmblablc amp;nbsp;ainfi afpre ^ufi*quot;^'quot; 9^0celle d'vn I^quicn de mcr,il a au rc--•t.uffiüc vne telle plate fiTiiarre,amp; fi eftrange-* ment faite,que quand il cil hors de l’eau, fe diuifant amp;nbsp;fcparant en deux il femblc
3u’on luy ait fendue,amp; n’ell pas pofsiblç e voir telle de poilfon plus hideufç.
Q^ant à la façon de pefeher des Saunages , faut noter en premier lieu fur ce que i’ay défia dit,qu’ils prennent les mulets à
-ocr page 237-DE l’a M E R I Cty E. 189 lets à coups de flefehes (ce qui fe doit auf fi entendre de toutes autres cfpeccs de polffons qu’ils peuuét choifir dans l’eau) que non feulemét les hommes amp;Ics femmes de l’Amérique , comme chiens bar- ,. bets afin d’aller quérir leur gibier amp;nbsp;leur pefehe dans l’eau , fcauent tous nager, HDmwt mais qu’aufsilcs petits enfans des qu’ils/'»»««o* commencent à cheminer fe mettans dans^^”^. les riuiercs,amp; fur le bord de la mer, gre-î««« gt;gt;•• nouïllét défia dédis corne petits Canars*’'''^“quot;' Pour exemple dequoy ie reciteray bric-ücmét qu’ainfi qu’vn dimanche matin en nous pourmenant fur vne plate forme de J't9quot;i^'“***‘’ noftre fort nousvifmes renuerîe^ en mer nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
vne barque d’e^rcc, dans laquelle il y*'«in/^mf^n^ auoit plus de trente perforincs Saunages grands amp;nbsp;petits qui nous venoyent voir: comme en grande diligence aucevnde nos bateaux pour les penlcr fecourir, nous fufmes aufsi toft vers eux,les ayans tous trouuez nageans amp;nbsp;rians fur l'eau, ' il y en eut vnqui nous dit; amp;nbsp;ou allez vous ainfi a fi grand hafte vous autres C^fair ? ( ainfi appclcnt ils les François) Nous venons pour vous fauucr amp;rctircr de l’eau, difmes nous . Vrayement dit il nous vous en fcauons bon grc : mais au refte aucz vous opinion que nous nous puifsions noyer? Pluftoft fans aborder terre demeurerions nous huit ioursfur
-ocr page 238-I^Û nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;H I s T O I R K
l’cau de cefte façon .-Tellement que nouj cr-argnons beaucoup plus que quelque grand poiflon ne nous traïlneen fond» que d’enfoncer de nous mefmes. Partant les autres qui tous «ageoyent aufsi aife-ment que poiflons,eftäs aduertis parleur comp.agnon de la caufe de noftre venue fi foudarne vers eux , en s’en moq^iant s’en prindrcnt fi fort à rire j que cômme vue •'troupe de Marfouins nous les voyons amp;nbsp;cntcndioris foufler amp;-ronfler fur l'eau.Et dvîlajt^combicn que nôus fufsions enco* res à plus d'vn quart de lieue de noftre Sport, ft h’y en eut-il q quatre ou cinq qui fe vouluflent mettre dans noftre batteau, ^ encores plus pour caufer aucc no’’ que de cramte qu’ils euftent. l’obfcruayque Bon feulement les autres , quelques fois ch nousdeuançans hageoyent tant roide amp;.fi bcHemcnt qu’ils vôuloyét,mais aufsi fe repo/oyent fur l’eau quand bon leur fembloit.Et quant à leur Barque d'efeor-fe, quelques.liâs de conton amp;nbsp;viurcs qui cftoyent dedans Icfqucls ils nmisappor-toyent qui furent perdue, ils ncs'enfou-cioyent certes non plus que vous feriez d'attoirperdu v-hc.pomme: car difoyent ils n’en y a-il pas d'autres au pays?
. „lt;,Au furplus ienc veux pas aufsi ob-^ m.lt;l.ttrc fur cefte matière de la pefeherie des Sauuages,auoir ouï dire à vn d’iccu.x: que
-ocr page 239-DE' l’a M FK I lt;Xy E. 191 tJuèVommcauccd’autïss il cftoit vnc fots T^edt/vn en temps de calme dans vnedtleurs Bar-* ^'“•‘og' queu’d Vjeonetäne? auanc^n lt;ncrgt;ji y eutf^^hafn vn gros póiÜbn 'kqwf Ja picnant par le ■^quot;/’'^'’ i .1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;‘ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;\ r nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, * nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;aymmalni
Doirt auec'Ja'pattè,a Ion adqis,óU‘Ia_voit.-» ^ tqddt Jnirtertiief fpr'ótr fe lectei 'de dans..Ce .que ^“’'”’‘ *quot;quot; Voyant jdifcit-il » ieluy coupay'fóudai-“ nenvent Ia rtiam aucc'vncSerpcjxIaiqiicde hahi efta'nt tómbcc'amp; demeurée dedans noftréBarque i'non feulement nous vilenies qu’elle auoit cinq doigts , commue celle d vn homme , mais aufsi'dc la douleur que'ce poilTon fentit, monftràt hors del’cau yne teftequi auoit' femblable-nicnt forme humaincgt;il ietta vn petit cri. quot;nbsp;Sur lequel récit alfez eftrange de cell A- ’ ^ ’neriquain^ie'Jailferay à philofopher au ledeur fi fuyuant la commune opinion „ i^u’il y a dans la mer de toutesdes cfpcces quot;^^ d’animaux qui fc voyent en terre,amp; nom ” mément qu’aucuns ont éferie dei Tri--tons amp;nbsp;des Setcincs;aflauoir ü s’en eftoit point vn ou vne, ou bien va Marmob ou Singe marin auquel ce Saunagelaf-fermoit auoir coupe la main, l .oùtesfois fanscondamnerce qui pourroit dire de telles chofes ic dii ay que tût durât l’cfpa ce de 9. mois que i’aydlécn pleine m«r fis mettrepied en terre qu’ynefois.qu’en toutes les nauigatiosq i’ay fouuct faites furies nuages icnay riéaperecli de cela,
-ocr page 240-Iji . HISTOIRE
ni veu poifTon qui approchai fi fort delà quot;nbsp;fcniblance humaine.
Pour doncques continuer à parler de la pcfchcrie de nos ToHoupinarnhaoults» outre cefte premiere façon de flelçhcr Icspoiflons dont i’ay fait mention,enço rcs à leur ancienne mode vont ils cquftu ,^ mieremét fur l’eauxloucc ou falce,deffus lquot;^“ nbsp;nbsp;nbsp;' ’ certains radeaux , 'conipofcz feulement
de cinq ou Îïxquot;j^cces de bois rond plus grofles que le bras lices enfemblc, qu’ils . appelcnt “Px^erv, fur Icfquels ils font af-*^^ffux^ ^'^ ^^^ cuiffes amp;nbsp;les iambes efledues amp;nbsp;pef “^ri^'^ chctainfi (aufsi biéque du boid de l’eau) lu Sxuux aucc certaines efpincs qu’ils aecommo-^quot; ' dent en façon d hameçontSc mefmc quad ils nous voyojee pefeber aucc des haims
_ .^ ou rcts(qu’cux appclcnt ‘PutJ/aoHaffou oü ~ ils nous feauoyet bien aider, ou pefeher fort bien tous fculs auec icelles fi on leur tktr. en bailloit.. Mais fur tout Hos5auuages depuis que les François trafiquent par Hmeri»„ dcla,trouuans fort propres les hameçons irtuuet^ qu’ils leur portent pour faire ce meftier fvu7sxH de pefcheric,faifas leurs lignes d’vne ccr uagescr tainc herbe qu’ils appcletTcKfonlaqucllc oî^tz/* fe tille corne châurc,amp; eft beaucoup plus fantiturt forte , loucnt grandement ceux qui leur 3yu’»r. en ont baille premièrement l’inuention.
Aufsi comme i’aydit aillcurs^ont bié apprins les petits garçons de ce pays là, à dire
-ocr page 241-D E L‘a M E R I QV E 193 à dire aux éftiangcrs qui voAtpar delà. F^cand, De a^arorem amahepinda,c'cü à dire, tu es P‘'ri'-rgt;frt boç donne moy des haims: car agàtorem^/„ni's^^ en leur langage veut dire bonr^wz^Z'/don ’quot;'S“-île moy : amp;nbsp;pinda eft vn bain. Q^e fi on ne leuren baille, la canaille tournant fubi-tehient la tefie de dcfpit, ne faudra pas de dire de--en^dipa-aïouca,c'eQ: à dire:tu ne Vaux rien,11 te faut tuer. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i
Sur lequel propos ie diray que fi où Veuf eftre coufin , comme nous parlons tomrounement, tant des grands que des péris,qu’il ne leur faut rien refufer.Vray eft qu’ils ne font point ingrats: car pria-* t'palementles vieillards fe refouuenans du don qu’ils auront receu de vous , voire Uicfrric lors que vous n’y penferez pas,, enlc recognoifiant vous.dôneront quel- ^^^ ^^ ques choies en recompenfe. Mais quoy rry«.»,.,» qu’l! en foit i’ay obfcruc entr’eux quecô
* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;mesioyfuxt
me ils aimct les hommes gaysuoyeux, amp;nbsp;bbe~ libéraux,par le contraire ils haiflent fort
les taciturnes,chiches,« melancoltques,.««x4’A«-Pàrtâtqucles linies fourdes,forgccrcjux, ”^“”/”‘ taqubis,amp; Ceux qui comme on dit, man- ^,^t,iCfvr^! gent leurpain en leur fac,nc facent pas c- àr*—''»4* fiat d’eftre les bicn-venus parmi nos Tou ^‘^p*'‘^r‘lt;p'gt;^ Dupinamhaoults'. car de leur naturel ils dc-téfient telle manière degens.
-ocr page 242-194 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HI. s T OIK R
-C H AP. , Xlii.
Dez ^rirexi H triées , ^ fruifs ^tteproduit la terre du quot;l^ reß/_
ex^ub
^^^^^^^''^ ^ ^ ^ ^i^couru ci dcïîuî ^'^^'^^^^ ^ quatre piedsgt; c n fc m hl é d es Oy fea u x, Poif-* J^eptilcs , amp;nbsp;chofes igt;éL5üi^Ji3Âayans vic,mouucment amp;fen-timeiit, qui fv voyent en l’Amérique : a-uant encores que parler de la Religion, (îuerre. Police, amp;nbsp;autres manières de faire qui refte à dire denos Saunages, ie pourfuyuray àdcfcrirelcs Arbres , Herbes,Plantes,Fruits amp;nbsp;en fomme eequ’on dit communément auoir ame vegetatiue qui fe trouuent aufsi en ce pays là.
Premicrcmcntcntrcfes arbres les plus célébrez amp;' cogneus maintenant entre nous,le bois de Brefil (duquel cefte terre ' a prins fon nom a noftre efgard ) àcaufe delà teinture qu’on en fait, cftdes plus ertimez. Ceft arbre dócqucs,qtic les Sau-jxfra^ liages appeient tyfrahoutan ■, croiücom-^9Ktart munement aufsi haut amp;nbsp;branchu quelcs i»ii'tlt; Clicfncs qui fontes foriffsde ce pays: amp;nbsp;^re/îl ^fa , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r f^r.gt;,j, s en trouiic qui ont Je tronc ii gros , que i^rire. tiois boinmcs ne feauroyent embrafTerî vn feu! pied. Qq^ant à la fuciHe, elle cft „ƒ,•,.- cqinme le buys: toutesfois de couleur ti
rant
-ocr page 243-, » E L*A M E R I QJ M. 195 rant plus fur Ic'vcrtgny j amp;nbsp;ne porte aucun fruit.
Mais touchant la manière d’en charger les Nauircs , dequoy icveux faire mention en ce lieu, notez que tant à caufc de la dureté, amp;nbsp;par confequent de la diffi' culte qu’il y a de couper ce bois,que parce que n’y ayant cheuaux ,afncs,ni autres belles pour porter, charrier, ou traifncr-'»’•quot; ■”quot; les fardeaux en ce pay's la,il faut ncCclTai-XZX»”»» renient que ccfoyentlcs hommes qui fa- l•^»’^rgt;1■ lt;entcemcfticr:n’cftoit quclcs eftrangers qui voyagent par delà,font!aidez des Sau nages,ils ne fcau royent charger vn nioyc Nauirc en vn an.Les Saunages doneques inoycnnant quelques robes de frizes^che miles de toiles , chapeaux, coufteaux, amp;nbsp;autres marchandifes qu’on leur baille, non fculcmcntfaucc les coignecs, coings/; ,„,J, rX./„( defer , amp;nbsp;autres ferremens quclcs Fran--' çois amp;nbsp;autres de par deçà leur donnent) coupcnt,fcicnt,fendent,mettent parquar ^«««-?« tiers,amp;arrôdiflent ce bois de Brcfil,mais quot;“^quot;;,^ aufsi le portent fur leurs efpaulcs toutes t»nJr‘Srt nues,voire le plus fouuent, d’vue ou dc(''4“lT’ dcuxlicuës loin,par des montagnes amp;/-»«rtW-lieux allez fafeheux iufques fur le bord de fquot;'quot; ^'‘ la mer près dcsvailfeaux qui font a l’âcre, ou les Mariniers le reçoyuét.Ic di cxprcl fément q lc$Sauuages,dcfpuis que IcsFra çois amp;Portûgais frequenter en leur paj s
-ocr page 244-1^6 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTOIRE
coupent leur bon de Biefibcarauparauât Fait-, tn ainil que i’ay entendu des vieilJaids, il» JXrn'^^^ n auoyentprefquts autre mduftric pour qxaimd'a- abbatre vn arbrcjlinon que de mettre Je '’arirt^jhit ^*^“ OU picd.Et pai ce aufu qu i! y a des per Mftm le fonnages paideçà,quipenJent que les bu A-lt;---?quot;ichcs rondes, qu’on voit oïdinaircment
cETz les marchansjfoit la gi ofleur des ar brcs:pour mort) cr que tels s abufent,outre que i’ay la ditqu'il s’en trouiic de fort gros,i’ay encores adjourté que les Saunages,tat afin qu’il leur foit plus aifé à por ter qu'aifc à manier dans le Nauirc, l’ar-rondiflcnt amp;nbsp;accourtrent de certc façon. Aufurplus,pai/c que durât le temps que nous allons erte en ce pays là,nous auons fait de beaux feux de ce bois deBicfil: i’ay obferué que n’ertant point humide comme les autres arbres, ams commena dé^r,/u‘ turcllemcnt fcc,qu’il ne fait que biepeu, pre/qHt flt; prefques point du tout de fumee en /M, fumet ßruflant. le diray d’auantagc , qu’ainfi Cemirt rh qu’vn ioûr vn de nortre côpagnic fcvou ‘^'fß 'quot; lant méfier de blâchir nos chcmifes,fans ^e trampe ‘ fc douter de rien,mit des cendres de Bre fn^f /r, ^l^’f^^l^ lefflue, qu’au lieu de les faire i^uuihiniH blanches, il les fît fi rouges , que quoy ‘'quot;i'- qu'on les ’ceurt lauer puis après il n’y eut ordre de leur faire perdre certc couleur: de façon qu'il nous les fallutain/î vertir amp;nbsp;vfer.
Au rertc
-ocr page 245-de l’ameriqj^e. 197
Au rcftc gt;nbsp;parce que nos 'Tououpitiam' baoults^ font fort esbahis de voir prendre tant de peine aux I rançois , amp;nbsp;autres de lointains pays , d’allçr quérir leur i^^ra-boutan^c'eÛ à dire Bi tfil ; il y eut vne fois vn vieillard d'entr’eux qui fur cçla me fit telle demande . Q^e veut dire que vous rt/Zs^xf* autres zß'f^ir è: ‘Teros 1 c’cftàdire çois Clt; Portugais e veniez quérir de fi loin ge rejon-dubois pour vous cbaultcr ? n’en y a il^''^'?quot;‘^^ point en voftic pays? A quoy luy ayant ntafe^rteni tefpondu qu’ouy amp;nbsp;en grande quantité tuais nota pas de telle forte que les leurs, uimefmes du bois de Brefil, lequel les noftres n cinrocnoycnt pas pour brufler comme il penfoit, ains .comme eux mef-tuesen vfoyent pour rougir leurs cordons de Cotons,plumes amp;autrt s chofes) pour faire de la teinture , il me,répliqua loudain. Voire mais vous en faut il tant? Guy luy di-ic car ( en luy faifant trouucr l’on ) y ayant tel marchant en nofire pays tpii a plus de frifes amp;nbsp;de draps rouges: Voire mefmes m’accommodant à luy par Itt de chofes qui luyfuHcnt cogneucs) decoufteaux eifeaux, miroucrs,amp; autres tuarchandifes que vous n’en aucz iamais veu par deçà , il achètera luy fcul tout le bois de Brefil, dont plnfieurs Nauircs s’en retournent chargezde ton pays . Ha hal dit mon Sauuage, tu me contes mer-
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HISTOIRR
ueillcs . Puis ayant bien retenu ce que ie Jtiy venois de dire , m’intciroguant plus auantdit. Mais ceft homme tant riche dont tu me paries,ne meurt tJ point ? Si fait,h fait luy di ic,aufsi bien queics autres.Surquoy (comme iis font grands dif coureurs,amp; pourfuyuct fort bien vn pro pos iufques au bout) ii me demanda derechef ; amp;nbsp;quand doneques il eft mort, à qui eft tout Je bien qu’il laifle ? A fes en-fans s’il en a , amp;nbsp;au defaut d’iccux à fes freies, feurs , ou plus prochains parens. Vrayement, me ditlors mon vieillard (nullement lourdaiit) à cefte heure co-gnoisicque vous autres i^^air, c’eftà dire François , elles dcgiands fois : car vous faut 11 tant tiauaillcr àpaiferiamer fur laquelle ( comme vous nous dites c-ftans arriuez par deçà) vous endurez tant de maux , pour amaifer des riçhefles ou à vos enfans , ou à ceux qui furuinenta-pres vous ? La terre qui vous a nourris, . , n’tll elle pas aufsi fufli/atc pour les nour «aijiut tir rir? Nous auonsfadioufla ibdes parcs,amp;' des enfans,lefoucis,comme tu vois,nous
Pht.o/opha nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;0 nbsp;nbsp;1
aimons^chenfions:mais parce que nous, »•»««-i’»'nous affei »-ons qu'âpres noftre mort,la.
terre qui nous a nourris les nourrira, fins nous en foncier autrement , nous ' nous repofons fur cela.Voila fommaire-ment amp;auvraylc difeours que i’ay entendu
-ocr page 247-D E L’a M E R 1 QJ E. 199 téndu de Ja boucJie d vn pauufe Sauuagé Amerilt;juain.Partant outre que ceftefia- ~^’^gt;quot;-tion, que nous eftimons tant-barbare, ((.■■^^quot;^Zfi moque de bonne grace de ceux qui au dâ'''‘quot;‘*îquot;‘ ger de leur vie paßent Ja mer pour aller/“^quot;fw« quérir du bois deßrcldabn de s’cnricliir, e^ori'inri encorcs qlquc aueugle qu eile ioit attri-buant plus à nature amp;nbsp;a la fertilité de inhala frmU terre que nous ne faifonS à la puiflanceSc ',‘fre^ut prouidcncc de Dieu, fc leuera elle en iu- «‘f^-/'‘quot;‘ gement contre les rapmeurs, portans ic .^^ j'^.^ titre de chrcftics, dót ta terre de par deçà ^p«- . eftaufsi replie,que kur pays en eftvuidc ‘'quot;^^’ t«/’*quot;'*''^ quant a fes naturels habitans. Et plcuft à Dicujfuyuât eeque i’ay dit que nos Tott-oitptn.tmbaou/ts Jiaißcnt ^ortcUement les auarieieux,qu’ann qu’ils'fcruißetdeßa de demons amp;dc furies pour tourmeper nos gouffres infatiablcs (qui n’ayàs iamais af fftde bics , ne font ici que fuccer le lang des autres) ils fuffent tous cofinez parmi fux . Il fiUoit qu’a noftre grande honte, 8cpour iuftificr nos Saunages du peu de • loin qu’ils ontdes choies de ce inodeic hf feceftedigrefsió en leur faneur. Aquoyce me fébic, encor bie a propos, ie pourray j_^.^ ^^ adioufter ce que I hiftoriê des Indes a cf- j^^ j®j critd’vne certaine natiô de Saunages du /j. 4. ch. Peru.CarcômeiJ dit voyâs ducônicccmêt 108 . , les Efpagnols roder en ce pays là : ne les ^m^ji.' Voulus rcccuoir(tantparcc qu’ils eftoyét
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-ocr page 248-JOO nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTOIRE
barbus,que les voyâs ainfi fi Bragards Cî mignons ils craignoyent qu’ils ne les cor rompiflent amp;nbsp;thangeaflent leurs ancien-^T«i*i nés coufiumes) les appeloyent efcume de ^ôlt;ii,xîM la nier,rens: fans pères , hommes fans re-* posquinelc pcuiient arrener en aucun lieu pour cuhi«cr la terre afin d'auoii à manger.
g, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Pourfuyuant doneques àparlcrdes
.7ïy/i^u arbres de cefie terre d’Amérique, il s'y •i^ fxi troque de quatre ou emo fortes de Pal-* i^rntr,^ miers,dont entre les plus communs (ont vn nommé par les Saunages ferait, amp;nbsp;vn . autre Yn: mais comme ni aux vus ni aux Tri Mrbre nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r ■
Tto^'riiiil 4 i/t tim' du ict/ies P^Z »tu t
çii7fn„i autres ic n ay lamais veu de Dattes,aulst croy le qu’ils n’en produifent point. Bié eft vray que i’Trt porte vn fruit rôd com me petites prunes Cerrees èi arrengees cnfcmblt, ainfi que vous diriez vn bien gros raifin;tellcmcnt que c’eft tant qu’vît home peut leuei d’vne main:mais il n'y a que le noyau, qui n’efi pas plus gros que ccluy d vnc cerize , qui en foit bon. Da-ùantage il y a aufsi vn tendron Blanc entre les fueillcs de la cime des icunes Palmiers , lequel nous coupions pourman-t»»sfjgt;-r,lt;^ei.;5e difoitle ficur du Pont, qui eftoit rîwtt?*’^ fuict aux hémorroïdes que edayeftoie, . bon ; dequoy ie me rapporte aux Médecins.
Vn autre arbre queles Saunages appelen t
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lent ^irh lequel, bien qu’il ait les fueil- ^‘,ry les corne le Palmier, qu’il foit garni tout espar dy-àlentour d efpincs , aufsi defliees amp;nbsp;pic- ‘'quot;”' ‘quot;'^quot; qualités qu eigutllcs, qu il porte aulsi vn jenfruii. fruit de moyenne grofleur dans lequel fe trouuc vn noyau blanc comme neige^qui /‘ur^f, toutesfois n’eir^as bon à mâger,cft neat-moins à mon aduis vne cfpccc d’hebene: car outre ce qu il cft noir, amp;nbsp;que les Sauvages à caufe de fa durté en font leurs cf-pces de malfucs de bois : votre vne partie de leurs flefehes , Icfquellcs ie deferiray quand ic parleray de leurs guerres,cftant fort poll amp;nbsp;luyfant quad il eft mis en bc-fongnc , encores eft il G pefant que G on.
le met en l’eau, il ira au fond.
Au refte , amp;nbsp;allant que paflcrplus outre, il fe trouue de beaucoup de fortes de bois de couleur en ccftc terre d'Amérique,dont ie ne fcay pas tous les noms des arbres.Entre les autres,i'en ay veu d'auf- 'S»« r«-Giaunes que Buis, de naturellement vio- l'^^^,^’ lets, dont i’auois apporte quelques rei- mu^n. gics en France, de blancs comme papien^V“^ d’autres fortes de rouges’ que le BrcGl, dcquoy les Saunages font aufsi des cf-pces de bois amp;nbsp;des arcs . Vn autre qu’ils nomment Copa-üi lequel outre que furie ^gp^^ pied il rcfemblc aucunement au NoyCT, arbre ref-fins porter noix toutesfois, encores les fi^i^^ ais comme fay veu, en cftant mis en bc-
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fongne en meuble de bois » ont la meliùc veine, Semblablement il s’en trouueâu cuns qui ont les fueilles plus efpclTcsque z vn tenon: d’autres les ayans larges de pied amp;nbsp;demi: amp;nbsp;deplufieurs autres efpc-ces qui feroyent longues a reciter parle menu.
^^.^ j Mais fut tout ie d’iray qu’il y a vnar-fmiiKr J, bre en ce pays là,lequel aucc la beauté fet '^fi‘- fi mcrueillcufement bon , que quand les .lt;(i^‘»vr,, mentufiers Icchfpotoyent ou rabotoyét y~^5gt; fi nous en prenions des coupeaux ou des ‘^‘'•‘k’ buchillcs en la main, riousâuiôs la vraye fenteur d’vue franche rofe . D’autre au contraire que les Sauuàges appelcnt cX-^ouai ou-ai qui put amp;nbsp;fent fi forfles aulx , que »rbreftit fi on le coupe , ou qu’on en mette au feu, tt»ïmt»2°^^^ P^”^ durer auprès • Ge dernier a prefques les fueilles comme celles d’vu pommier; mais aureftefon fruit (lequel eft aucunement de la forme d’vne cha-fiaigne d’eau) amp;nbsp;encores plus le noyau qui eft dedans,font fi veninreux , quequi en mangeroit il fentiroit foudain l’effet d’vn vray poifon . Toutcsfois parce que ceft ccluy, dont i’ay dit ailleurs que nos Ameriquains font des fonnettes pour mettre a lentour de leurs iafnbes ils l’ont en grande efrime a caufe de cela. Et faut noter en ceft endroit , qu’encorcs (comme
-ocr page 251-DE L’aMERIQVE- 2OJ (corne nous verrons en ce chapitre ) que cefte terre du Brefil produife beaucoup de bons amp;nbsp;excellcns fruits , ncantmoinS il s’y trouue plufieurs arbres qui por-^^n/z«« tent fruits beaux a merueilJes, lefquels arkrae« toutesfois , ne font pas bons à manger/'^”quot;”^' ht nommément furie nuage de la mcr/r«if/ fia^ il y a force arbrifleaux qui portent les^’'quot;^quot;^‘’ leurs reffeinblans prefques a no s poires ,t»f,.^J^. y“rees,rnais tresdâgereux à n^’nger.AuC ^^^Zy, fl les Saunages voyans les François , ou nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yquot;* autres eftrangers approcher de ces arbres pour cueillir le fruit, leur difant en leur langageypochi ; c’eft à dire il n’eft pas bon, les aduertiflant des’en donner garde.
Hiwurae (comme ic l'ay ouy affermer f/ing/f adeuxieunes appoticaircs qui auoyent^^^y paffe' lamer auec nous) ayant l’cfcorcc.sfeerdt iledemi doigt d’efpais , amp;nbsp;affez plaifan- ^‘‘“quot; ‘'“‘ te a manger, principalement venant fraïf^» z,p„p ehement de deffus l’arbre , eft vnc efpc-r ‘»»»•'y»« cede Gaiat. Et de fait les Sauuages en ”tw7 vfent contre vne maladie qu’ils nom- ‘Pians 'lient quot;Pianr,laquelle,comme ie diray ailleurs, eft aufsi dangereufe qu’eft la grofle L../Vv—'r/A veröle par deçà.
L’arbre que les Saunages appeler ^Âo-yn; eft de moyenne gradeur, a les fucillcs
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HISTOIRE
^roi urn.m^ lit f ‘e ti*i/‘t trfâ t âu^ufl es éuuuul^K fmt il un
CAôw^PP’®^^’”*^^® ^^ forme de celle d’vn Lau «rtrf'^.r r»eijamp; ainfi veitcs:amp; porte vn fuit gio» tanr fruit comme la tefte d’vn enfant, fait de là façon d vn œuf d’Auftiuche, lequel n eft pas bon a manger.Neantmoins nos Tox-6xpiniimigt;aoitUi en leferuans de tous entiers en font leur infti ument non.me M/i lutin ^ raca^onï i’ay ia taitamp; feray ci cotes men va-ffeaux. tidn'conimc aulsi tant pout faire les taffes ou ils boiuent, qu'autres vaifleaux ils en creufent amp;nbsp;fendent par le milieu.
Continuant a parler des atbres, il s'en trouiie vn que lesSauuages nommentS^-Salau-^^i^^ii^f pot tant fon fruit plus gros que raie les deux poingts , fait en façô d’vn gobe-•rhr, amp;nbsp;let, dans lequel il y a certains petits no-flfllfu y^iox comme amendes , amp;nbsp;prefques de cüni!tg,gt;. mefmes gouft. Le refte affauoii l'cfcorce frei/„quot;r, 0^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;de ce fruit, tft fort propre à
t'afei. faire vafcs , amp;nbsp;penfe que ce foit ce que nous appelons noix d indes , lefquelles apres qu’elles font tournees amp;nbsp;appropriées de telle façon qu’on veut » on fait couftumicrement enchafler en argentpar deçà. Aufsi nous cHans en ce pay.s par 'Tirrrr dclavn nomme'Pierre Bourdon , excel-'EiurJun Jen^q ounicur,ayant fait pluficurs beaux txteUent r 0 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I
fumeur va(es Ci autres vaifleaux, tant de ces rnuinnm. fruits de Smboucate que d’autres bois de ymeiag. couleur , il en fit prefent à 'Villegagnon lequel les prifoit grandement: toutef-fois
-ocr page 253-CE L’aMÉRTQV E. 205 foisle pauure homme en fut fi mal rc-Compenfé parluy que (comme iediray enfon heu) ce fut I vndeceux qu’il fift noyer amp;nbsp;futfoquer en mer à caufe de l’E-Hangilc.
Il y a au furplus vn arbre en ce pays là lequel croifthaut efleue comme les cormiers gt;nbsp;amp;nbsp;porte fon fruit nommé ^caiou -^^^^i* dclagroUcur amp;nbsp;figure d’vnœufde pou- i'^’^f^i le. Ge fruit cftànt venu à maturité eft «’•f'i-« lt;gt;nbsp;plus raune qu’vn coing, amp;nbsp;au refte il tft^quot;^,7/* non feulement bon à manger, mais aufsif ,i^..^, ayant vn lus vn peu aigret, amp;nbsp;néant-'*“ l’--' moins agréable à la bouche , quahd on a chaut, cefte liqueur refrefehif fort pki-famment: toutesfois eftant affez maki fié d’abatre de deflus ces grads arbres:nous n’en pouuious guercs auoir autrement linon que les Guenons montans deffus pour en manger nous en faifoyent tomber en grande quantité.
7aco-atre cüvn arbrifleau qui croiff ^^^^ communémeut de dix ou douze pieds de haut, amp;nbsp;quat a la tige,combien qu’il s’en ^.tnftM trouuc qui l’ont prefques aufsi gfolTe *quot;’‘^quot;-que la cuilTe d’vn homme,tant y a qu’elle cftfi tendre qu’auec vne cfpcc bien tran- fp^^^f chante d’vn fcul coup vous en abattrez fr„,t,ii^t vn. Quanta fon fruit que les Saunages noinmcnt7’lt;i£-«»,iJ cü deplus de demi pied ^«c«.
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14,^4/
^AC0 fruitéiy/int
de long, de forme aflez rcflcmblant à vft Coucombic,amp; ain(i i^unc quand il tft mcur:toutesfois croisant vingt ou vingt cinq ferrez tous cnfcmble en vnc’fcuJe branche, nos Ameriquams les cueillons par gros floq^ncts tant qu’ils pcuucntle-uer d’vne main ^ les emportent ainfi en leurs maifons. i
Touchant la bonté de ce fruit, quand fw. il eft venu à fa iufte maturité , amp;nbsp;que la peau, laquelle felcuctout anifi que d’vne figue frefebe, en eft oftcc , vn peu fcmblablcment grumeleux qu il eft,vous diriez en le mangeant quec’eft aufsiv» ne figue: amp;nbsp;de fait à caufedeeda nous autres François nommions ces PaMFi-gucs . Vray eft qu’ayant encores Jegouft plus doux amp;nbsp;fauoureux que les meilleures Figues de Marfcille qui fepuif-fent trouucr , il doit eftre tenu pour l’vn des beaux amp;nbsp;bons fruits de cefte terre duBrefil. Leshiftoircs racontent bien que Caton retournant de Carthage, ra-porra à Rome des Figues de merucil-Îciife gtodeur, mais parce que les anciens n’ont fait aucune mention decd-Ics dont i. parle, il eft vray femblablc que ce n’en eftoyent pas.
Au furnlus les fucilles du Paco-mn font i
-ocr page 255-DE L’A-M E R I QV E. 207 font de figures aflez fcmblables à celles de Lapathuni aquaticum, mais au refte cftans de fi cxcefsiue grandeur, lt;juc chacune a communément cnuiron p„„ii„jt lgt;x pieds de long, amp;nbsp;plus de deux deT^tot/r* large, ic ne xroy pas qu’en l’Europe,^'*^7* Afie, ni Affrique : il fe trouue de fi û-‘zxrx««r grandes amp;nbsp;fi .larges fuciljcs . Çar quoy quci’ayc ouy affeurer à Apoticaire auoir veu vncfueillç de Pctafitcs d'vne aulne 2i vn quart dç.ljrgc,qui eft à dire,ce fim-plecftant tout rond, trois aulnes amp;nbsp;trois
1 Quarts de circonférence, encores n’efi-I ce pas appr-ochcr de celles de nofire ‘^‘ieonatre • 11 cil vray que n’eftans pas efpefles à la proportion de leur grandeur, ains au contraire fort minces, amp;' ' ' '‘'‘/ toutesfois fe tenans toufiours toutes droites, quand le vent eft vn peu impétueux ( comme ce pays d’Amérique y
i eft fort fuict) n’y ayant que la tige du f-*^/-'). '' milieu de læ fuclllc qui puifle refifter, tout lcrefte à lentour fe découpe de teilt façon , que les voyans vn peu de loin furl’arbrc vous ingériez que ce fefoyent
j plumes d’Aufiruenes, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^rh-ep
, Quant aux arbres portans le cou-^^'''f'quot;’quot; ton Icfquels croificnt en moyenne bau-mx^'quot;'’
- teur , il y en a en abondance en ce fte terre du Brefil : la fleur vient en
-ocr page 256-to^ ’ H I S 'T o T R E petite clbchctte iaune comme cène des corges óü citrouilles de par dc^a j mais quand le fruit eft forme non feulement il 'quot;/^•••X-’ a là hgüie approchante de la ferne des fofteaux denos foicfts, mais aufsi quand ^^’‘•-kJt.' il eftmeur , fe fendant ainfi en quatre, le ■liment coron,que les Ameriquains appelcty^w^* ion f^t-ioH ) en fort par touffe^ux ou floquets, i iuitn, gros corne cfteuf: lequel les femmes Saunages' fauent bien amalfer amp;nbsp;filler pour faire des lifts à la faç5. que re les defpein-* dray ailleurs.
Dauantage çombien (ajnfi que i’ay entendu) qu’ancicnnement il n’y euftniO-ran^iers , ni Citronniers , en cefte terre yAtnJm d'Amérique,tant y a neantmoins que fur rtügr,f le riuage de la rtrer ou les Portugois ont xquot; amp;*t‘i fréquenté, y en ayans plante amp;nbsp;édifié', ils tros tnlt^ n’y font pas fculemcrit grandement mul-ntn^ut. tipliez , mais anfsi ils portent Oranges (qiieles Sauuages nomment itgt;J/rr^ai«4) douces amp;nbsp;großes corne les deux poings, A des Citrons encores plus gros amp;nbsp;en plus grand nombre.
grande Touchant les Cannes de fuccrc, il en X**e«X/^*^®’^ grande quantité en ce pays la ; tou-if ptarf tesfois nous autres François n’ayans pas 7u^SrM* oncoircs,quâd i'y eftois, les gens propres ’ nilcschofcs neceffaircs pour en tirer le fuccrc (commeont les Portugaises lieux qu’ils poftédent par delà) ainfi que i’ay dit ci
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ditcidcfius au chapitre ncuficme fur le propos du bruuage des Saunages j nous les biHons •'feulement inhifer pour faire de l’eau fucree : ou bien qui vouloir en ûicçoit amp;nbsp;n^angcoit la moelle.Sur lequel propos ie diray vnechofc qui en fera pof liblc cfineriicillcrplufreurs C’eftquecô- viMigrt tre la qualité du Sucre, laquelle comme''' (“'quot;‘f’ thacun fcait, cft fi douce que rien plus, ^‘ nous auons neantmoins fouutnt cxprcf-fémcnt laifle cnuicillir amp;nbsp;mollir des Cannes de Sucre, lefqucllcs laiflans ai nd quelque temps tremper dans l’eau elle s’aigrilfoit puis après de telle façon qu’el lenous feruoit de vinaigre.
Semblablement il y a des endroits par les bois ou il croift forceRofeaux amp;nbsp;d-f/auJd*,,, nesaufsi grofles que la iambe d’vn hom-'quot; ^^uua. nre: mais bien ( comme i’ay dit du ‘Paco-lZtZ^, ‘* «W qu’elles foyent fi tendres fur le pied: '‘“^ fl^f-qued’vn coup d’efpeeon en coupera ai-fémentvne, fi eft-ce neantmoins qu’eftâs feiches elles font fi dures, que les Saunages les fendans par quartiers amp;nbsp;les accô-modans en manière de lancette ou de là-gué de ferpent, en font le bout de leurs fiefehes dequoy ils arrefteront vnc belle Sauuage du premier coup.
Le Maftic y vient aufsi par petis buif-fons;Ieqüel aucc vne infinité d’autres het bes amp;nbsp;fleurs odoriférantes rend la terre
O
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HISTOIRE
de trcsbonnc amp;nbsp;fouefuc fcntcur.
Finalcmet parce qu’à l’endroit ou nous eftions alfauoir fous le Capricorne, bien qu’il y ait de grâds tonnerres, que les Sau liages nôment-Tonpan, pluycs vehemétes Tem lt;iu ^ Je grands vents,tant y a que ni gelant, Kinpté de ncigcant,ni grcllant ianiais,amp; par confe-
^ irtßt.
qUent les arbres n’y cftans point alfaillis ni gaftez du froid amp;nbsp;des orages ( comme
^rlrfs ti^n/iourt Vtn„^agt; i fn /*,.4nte~ n^ug.
font les noftres par deçà ) vous les verrez toufiours,nü fculcmétfàs eftre dcfpouil lez amp;nbsp;defgarnis de leurs fucilles, mais aufsi tout le lôg dcl’âncc les forefts font aufsi verdoyantes qu’cHlc Laurier en no ftre France. Aufsi puis que ie fuis fur ce propos, quant au mois de Decebre nous auos ici nô fculemet les plus petits Jours mais aufsi que tranciflans de froid nous foufflós en nos doigts, amp;nbsp;auôs les glaçôs pendus au nez, c’elt lors que nos Ameri-
'Tii.j'in / quains,ayâs les leursplus logs,ont ft grid hurl amp;nbsp;chaud en leur pays que corne mes compa ^hjitunquot; 8quot;°® ^“ voyage lie moy auôs experimete aumth Jt nous iious y baignios àNocI.Toutcsfois Dertmbrf cóme ccuX Oui Ciltendent la Sphere peu-n^ue. uct compredre, Jes lours n citas jamais n
longs ne fi courts fous lesTropiques que f^l^7/,(^i ^^^^^ ^“^^ auons, en noÆrc climat,ceux iri impi-, qui y habitet les ont non feulement plus cfgaux , mais aufsi ( quoyque les anciens ayent autrement eftime (les faifons y font
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y font beaucoup amp;nbsp;fans comparâifon plus tempercts.. Ceft ce que i’auois à dire fur le propos des arbres dé la terre du Brcfil.
Quant aux plantes amp;nbsp;herbes dont le veux aufsi faire mention , ic commence-raypar celles Icfqucllcs à caufedc leurs fruits amp;nbsp;effets me fcmblent les plus excellentes . Premièrement la plante 'lt;\uiU‘‘‘ ItL^n rf*v^ produit le fruit nomme par les Sauuages q,i^„f„ nbsp;nbsp;'
z^n/tfjas cd de figure femblablc aux glai- cffutiUn^'^' euls,amp; encores gt;nbsp;ayant les fueillcs vnpeu ^„'J’'^**~ courbées amp;nbsp;canelccs tout alentour , plus approchâtesde celles d’Alocs.Ellecroift aufsinon feulement emmoneelee Comme vn grand Chardon , mais aufsi fon fruit, qui eft de la grofleur d’vn moyen Mel5,amp; de façon comme les Pommesde Pins,fans pendre ny panchcr d’vn dofte ni d’autre, viêt de la propre forte de nos Artichaux. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.
Ces Ananas au furplus, çftans vc- ^^quot;‘ nus à leur maturité , font de couleur de ”^^ , laune azuré , oc ontvne telle odeur de/tnt fruit framboife que non feulement allan t par les bois on les fent de loin , mais '‘^'‘ aufsi quanta leur gouft fondans en la bouche, amp;nbsp;cftans naturellement fi doux qu’il ny a confitures de ce pays qui les fur paffe, ie ties que ceft le plus exccllct fruit de l’Amérique. Et de fait moy-mcfmc en-
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a-y^mtautrosfois prefle tel, donti’ay fait foçtir près d vii^verrc de fuc, celle liqueur ne me fembloit pas moindre que la maluaific.Cependant les femmes Sau-, uâg,cs nous’en apportoyent de grands pa nijcrs qu’elles nomment Trfw^ieo«/, aucc de ces ‘Paços dont i’ay ia fait mention) amp;nbsp;autres fruits lefqucls nous auions d’elles pour vu peigne ou pour vn mirouer. * PovR l’efgaid des Simples que celle ter r.0 du Brcfil produit, jl y en a vn entre les 'T’efUM ^PÏf*®-9“^ “«^^ Tiu-of(fgt;ipanthaouks nom-/«.fkJt mvntPetftn,lc(]uelçïpi{l vn peu plus haut. fin-ubere que nofttc grade ozcillc,a les fuciJlcsaf-.
loz fern Mables, mais, encores plus appro qliäntcs de celles de Côfolidamaior. Ce-i^eherhe, a caufedç-lajfingulicrc vertu que vous entendrez qu’plie a, cil en gran de eftime entre les Saunages: amp;nbsp;voici cô-Q^ÉC ils en vfent. Après qu’ils Tont çicil-lie amp;nbsp;fait feicher par petites poignées eu leurs maiforis, ils eil prennent quatre ou ciUq fucillcs , lefquclles ils cniiclopent f,rt,^if^ ^^*’^ vue autre grand fucillc d’arbre en façon de cornet d’pfpicc.Cela fait mettis 2{4’lt;ij'gt;'i‘ Içfcu par le petit bout, puis le mettans lt;r^zZquot;-^^'’^* '^'’ P^^^i allume dans leur bouche, ils mriafH- entittntla fumeeUaqueUe, combien que ^'riun. ^-i*^ ^^’•‘^ reporte par les narines amp;par lp‘.u,rs leures percées , ne JailTc pas nçant-niÿiyjs de tellcmçnt les fubllanter, que princi-
-ocr page 261-D E L’ a M'E R l 0^ E. Æl^ principalement s’ils vont en guerre P amp;nbsp;que la necefsitéles prefle, ils feront trors ou quatre iours fans fc nourrir d’autre chofe . Il cft vray qu’ils en vfent encores pour vn autre efgard ; car parce que cela f/Mtie leur fait diftillef les humeurs fuperflues du cerneau , vous ne verriez guercs nos B.rclîliés fans auoif chacun Vn cornet de ’ ^quot;t«* cefte herbe pendu aü col : mefmes a ton-'' {'•ff’^fi'Jÿ tes les minutes amp;nbsp;cn parlant’a vous ■, cclà leur feruant aufsi de contenance , ilien hument la fumer,laquelle, comme i’ay ia dit (eux refferrâs foudain la'bouchc) leur relTort par les nez amp;'par les levres fendues, conime d’vn endenfoiK Neâtmoins ien’en ay point veu tfer aux femmes , amp;nbsp;ne fcay la raifon pôtirquoy : mais bien diray-ic, qu’ayant’ moy medmes expert tnenté cefte fumee de7’c/?/»,i’ay'fcnti qué elle raflafic Îk garde bien ü’auoir faim. Au refte qiioy qu’on appelé maintenant par deçà la Necocicnne ou herbe à la Errmr Je Royne ^ffun, tant s’en faut toutesfois f”'“'quot; '“
i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, Tiectaene
qucccloltdc celuy dont reparle , qu au pe^rPetun çontraire,outrequc ces dçn^ plantes n'ot rien de commun ni en fomre ni en propriété , encores quelque recherche que i’aye faite en plufieurs iardins ou ,Ion fe vantoitd’auoir duP^/rw iufques à prefent ie n’enay point veu en noftre France . Et afin que celuytjuî nous à fait fefte de fon
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Angoumoifc,qu’il diteftrevray T^etum» ne petifc pas que l’ygnorc ce qu’il en a c-fent : fl le naturel du fimple dont il fait mention reflcmble au pourtrait qu’il ena fait faire,i’çn di autat que de la Necocié; ne:tellementqu’cn ce cas le neluy concede pas ce qu’il prétend : aflauoir qu’il ait apporté le premier de la graine de Peiu^f en frâce, ou a caufe du froit l’cftimc que malaifément ce fimple pourroit croiftre. l’ayaufsi veu par delà vnc manière de Qatoua Choux que les Saunages nomment. ^lt;lt;' •jfft àlt; fou-atdot ils font quelquefois du potage» rt»»» lefqucls ont les fucillcsaufsi largesamp;pref qucs de mefme forte q celles du Nenufar qui croift fur les marais en ce pays deçà.
Q^ant aux racines outre celles de e^fantot à: d’^ypi, defquelles comme i’ay dit au neufieme chapitre les Saunages font de la farine gt;nbsp;ils en ont encores Hetich d’autres qu’ils appellent Hetich, Icfqucl-Son”«^*^* ^^5 ”°” feulement croiffent en aufsi gran »» franje dc abondance en leur terre que font les abenJance raues en Limofingt;oucn Sauoyc, mais rt^^ ainsi il s en treune communément d’aui-napj fi grofics que les deux poingts amp;nbsp;longues d’vn pied amp;nbsp;demy plus ou moins. Et combien que les voyant arrachées horsde terre on iugcaft dc prime face à la fcmblance, qu’elles fuifent toute d’vne forte ; tant y a neantmoins d’au-
-ocr page 263-DE l’a M E R I QV E. 215 d’autant qu’en cuifant les vncs deue-nans viollettcs comme certaines Pafte-VA/^H^A' ^dcs de ce pays, les autres iaunci comme Coi^s , amp;nbsp;les troifiemes blan-lt;*^*^lt;*a(» cheaftres , i’ay opinion qu’il y en a de trois efpeccs. Mais quoy qu’il en foit ie vous puis alfeurcr que quand elles font cuites aux cendres , principalement celles qui iaunilfent , qu’elles- ne font pas moins bonnes à manger que les meilleures Poires que nous puif-fions auoir. Q^ant à leurs fueillcs, lef-quclles traifnent fur terre comme He-dera rerreftris , elles font fort fembla-bles à celles de Cocombres, ou des plus larges Ef^inars qui fc puiffent trouuerfpói^^^^ par deçà^ non pas toutesfois qu’elle^ ' foyent fi vertes , car quant à la couleur elles tirent plus à celles de Vitis Alba-Au refte parce qu’elles ne portent point ^^^^^ ^^ de graines, les femmes Saunages , quiucülett/f dt font foigneufes au pofsiblc deles tiplicr , pour ce faire ne font autre «;■--lt;»«/gt; chofe fœuure mcrueilleufc en l’Agriculture) finon d’en couper par petites pieces , comme on fait icy les Carottes pourpAfdiutrif l faire falades;amp; femâs cela par les champs* elles ont au bout de quelques temps au-tât de grolfcs racines d'Hetichquel les ont feme de petits morceaux . Toutesfois parce que c’eft la plus grande manne de****^ 0 4~
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HISTOIRE
ccftc terreau Bfcfil,amp; qu’allans par pays on ne voit prefques autre chofe, ic croy qu'elles Viennent aufsi pour la plufpart fans main mettre.
Mano-lgt;i ,!fr,rJe noifitte cr(gt;tj[.fnf 4(ibs Nnt.
Les Sauuages ont fcmblablcmcnt vne forte de fruits , qu’ils nomment Manobh Icfqucls croiflans dans tcrrcjamp; s’entrçte-nansl’vn l'autre par petits filamens , ne font pas plus gros que noifettes franches
amp; ont le noyau de mefme gouft. Neant-ui moins ils font de couleur gnfafi'e Sc n’en eft pas la creufe plus dure que la • gonfle d vnpoix: mais de dire mainte-liant s'ils ont fucillcs amp;gtaines,combien que i'aye mangé beaucoup de fois de ce fruit, le confelle ne l auoirpas bien ob-ferué amp;nbsp;ne m'en fouuitnt pas.
Il y a aufsi quantité de .Poyurelong
T.wrfZrs duquel les marchans de par deçà fc fer-niif'^ . ((«.Mtutnt feulement à la teinture: mais quant à nos Sauuages,le pillant amp;nbsp;broyant auec ,- du fcl,amp;appclans ce mcflange/(?«^«fr,ils piitri s^u ^n vfent côine nous faifons de fel fur ta-Kxgtsamp;/a blc ; nô pas toutesfois,qu ainfique nous, '^haiv^Jt ^‘^'f ‘^’’ chair, poiffon, ou autres viandes ils fuient leurs morceaux auant qucles mettre en la bouche; car eux prenans le I,^„ ,(i’,' niorccau le premier amp;nbsp;à part,pincêt puis ^' quot;^ apres auec les deuxdoigts à chacune fois de ce /o«iyrlt;ez,tlt;raualcntpour donner faveur à leur viande. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i
Fina-
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Finalement il croift en ce pays là vne ç-forte d’aufsi grofles amp;nbsp;largesFebves que . z. le pouce , Iclquellcs les Saunages,appc-, lent Commanda-ouaff'eu: comme aqßt dc^^^^^j • petits Pois blancs amp;nbsp;gris qu’ils npmmêt A^-f^ommanäa-mtri. ‘ Semblablement eertai- C°^'^^ nés Citrouilics.rondcs nommées par eux ditmiri Maurongans fort douces à manger. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^X'quot;
Voila, non pas tout ce qui fc.pourroit Mau dire des arbres , herbes, amp;nbsp;fruits de celle rongan terre duBrclil,mais ce que i’en ay remar- CnrtuiUtt qué durant enuironvn an que i’y ay dc-weuré.Surquoy ie diray pour coçchUioô que tout ainlî que i’ay dit ci deuant,qu’il nyabeftes à quatre pieds, Oyfcaux,poif fons, ni Animaux en l’Amérique, qui en tout amp;par tout foyent femblablcs à ceux que nous auons en Europe, qu’aufsi, félon que i’ay foigneufement obfçtuc al-ypr^-^o« hnt amp;nbsp;venant par les bois. amp;nbsp;par, les •gt; champs de ce pays là , excepte ces trois r*'‘'''^''''‘' herbesiafl'auoir du Pourpier, du j^filic, '^^'1'//^ amp;C delà Formiere, qui viennent en qucl-lfr«lt;n Je ques endroits , ie n’y ay veu arbres, lier- [^^‘'^'^' tes,ni fruits qui ne furent differents des trait fous noftres . Partant toutes les fois que l’i-*;f^’^,yï^^j mage de ce nouueau mamp;de,que Dieu m’a fait voir, fe prefente deuant mes ycuxi amp;nbsp;que ie conndere la ferehité de Pair, la diucrfité des Animaux , la variété des oyfeaux, la beauté des arbres amp;nbsp;plantes.»
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l’excellence des fruits :amp; brief en general les richelTcs dont ceftc terre du Brefil cft decorec,incontinét celle exclamation du Prophete au Pfcau. 104. me vient en mémoire.
O Seigneur Dieu que tes ceuures diuerî Sont nierueillcuxpar le monde vniuçrs, O que tu as tout fait par grand fagefle Bref,la terre cil pleine de ta largclfe.
Ainfi donques heureux les peuples qui y habitent s’ils cognoilïoyét l’Auôeur amp;nbsp;Créateur de toutes ces chofes : mais au lieu de cela ic vay entrer en des matières qui monftreront combien ils en font efloignez.
CH A P. XI111.
T^elaguerrSi combats ) hard/ej/e amp;nbsp;armes des Saunages.
OMBIEN c^vie no s T o«oa-pi nambaeu/ts Toupinefte/ui» fuyuat la coullume de tous les autres Saunages habitas celle quatrie me partie du mode,laquelle en
latitude » depuis ledcllroitdc Magellan qui demeure par les cinquante degrez tirant au Pole Antarftique iufques aux terres Ncuues , qui font cnuiron les foi-xante au deçà du collé de nollre Arfti-quc
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que, contient plus de deux mille lieues, ^,quot;«7^ ayent guerre mortelle contre pluficurs quot;lt;nbsp;dumn nations de ce pays la : tant y a que leurs ‘^pquot;i^''‘jquot;‘'* plus prochains amp;nbsp;capitaux ennemis font deux milit tant ceux qu’ils nommentt^.^X'îi^ que*''*quot;’ les Portugais qu’ils appelentTiyor leurs alliez.'commc au réciproque lefdits Mar £lt;«i» n’en veulent pas feulement aux Tou oufmaml^aou/ts , mais aufsi aux François leurs confederez. Non pas quant à ces Barbares qu’ils fe facent la guerre pour s,,/,/,-,« conquérir les pays amp;nbsp;terres lesvns des ^’“7“°^ autres , car chacun en a plus qu il ne luy ,?.
en faut: moins que les vainqueurs preten, dent s’enrichir des defpouilles, rançons, amp;nbsp;armes des veincus , ce n’eft pas di-ie tout cela qui les meine. Car comme eux uicfmes confeflent n’eftans pouffez d’au-quot;Y/^J“^y tre affection que de véger, chacun de fo» ' coftéjfes parés amp;amis qui parle palféont efté prins amp;nbsp;mâgez, à la faç5 que ie diray
au chap.fiiyuant, ils font tcllemét æçhar-''»/'**» '’*■*/ nez les vns à Icncôtrc des autres,que qui conque tombe en la main de fon ennemi, fans autre compofition, il faut qu’il s’até de d’eftre traitte de mcfme:c’cft à dire af-fommé amp;nbsp;mangé. Q^i plus cft,fi toft que la guerre cft vne fois declaree entre quelques vues de ces natios ,tous allcgâs qu’a
tédu qucl’ennemi qui a receu 1 iniurc s’en^ , nbsp;nbsp;^^__
felfentira à jamais , c’eft trop l^l^ehemen-t
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HISTOIRE
fait de le laiffcr cfchapcr quand on Je tiét à fa mcrci:leurs Iiaincs font tellement in-f-i«»Mx« ucterces qu’ils demeurent perpetuelle-UMi”quot; nient irréconciliables. Surquoy on peut dire que Machiaucl amp;nbsp;les difciplcs,qui Mtchiaur contre la doftrinc chreftienne piatiquct Utet imita nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r t nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r
teurs delà amp;nbsp;enlcignent aulsi queues nouucauxkr-7*”*5^4 ^'^^^ ne doyuent iamais faire oublier les m. ’' vieilles iniurcs: ayâs di ie femblablemét
CCS Atheiftes vn courage de TigredIs fôt en ccpoint vrais imitateurs des barbares.-Or félon que i’ay veu, la manière que nos T’oupinen^utn tiennent pour s’adem-blcrafn d’aller en guerre eft telle ; c’eft» combien qu’ils n'ayent entre eux Rois ni «quot;Jans'“ Princes ,amp; par confequent qu’ils foyent ^»« « prefques aufsi grands Seigneurs lesvns abr'sffint quclcs autres , ncantmoins nature leur aaxT/x«/-ayant appris que les vieillards (qui font 'quot;^ '’ appelez Peorereupteheh) à caufe de l’expérience du pafle, doyuent eftre refpeftez cftans en chacun village allez bien obéis, quand l’occafion fc prefente, eux fepoiir menans , ou cftans afsis en leurs Jiéls de couton pendus en rair,cxhortcnt les autres de telle ou femblable façon.
, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;£t comment,diront-ils parlans l’vn a-
tfarangui nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• r
des vieil- près 1 autre lans s interrompre, nospre-lards. decedeurs, Jcfqucls non feulement ont fi vaillamment combatu, mais aufsi fubiu-gué tue amp;nbsp;mâge tant d’ennemis,nous ont ils
-ocr page 269-D S L’a MERI Q_y E* sit ils laiffé l’exemple que comme efféminez amp;lafches de cœur nous demeurions touf iours à la maifon? Faudra il q;U’à. nolt^^ grand hô'tc,au lieu que noffre nation par lt;nbsp;lepaflé a effe tenement crainte amp;nbsp;redou-tec (Je toute? les autrcs,qu’cllcs n’ontpeu fublîftcr deuant elle , nos ennemis ayent maintenant l’honneur de nous venir ccr-ther iufques au foyer.'’ Noffre couardifc lt;'rlt;. ^ûncr^-cHc ocean on aux Margaias amp;nbsp;aux Per5r-f«^4i/?Xc'cff àdirc,à ces deuxnatios alliez qui ne valet rié ) de fe ruer les premiers fur nous?Puis celuy qui parle ainfî 'i^^^uant des mains fur fcs efpaulcs amp;nbsp;fucr‘*l'l' les feiles:aucçcxclamatiô adiouffera. Erp^''**^* ^Ot Srima Eeuoup^^l^aoultJ Çoriorni oudjfou. ^lt;ï»T4«:.amp;c.c’clt à dirc,non non gens de ma nation, puifsâ? amp;nbsp;tresforts ieuncs ho ’iî'cs,cc; n’eff pas ainfi qu’ifpous faut faire: pluftoff nous difpofansde le? aller troubler faut-il que lions-nous facions tous buer amp;nbsp;manger , ou que nous ayons vengeance des noftics.
Apres que ces haragucs des vieillards (Icfqllcs durcrôt quelquefois plus de fix heurcsifont finies,chacun des auditeurs, qui en efeoutant attentiuement n’en aura pas perdu vn mot, fe fentant accoura-gc amp;nbsp;auoir, commeon dit,le cœur au ven tre, en s’aduertiffans de village en villages , ne faudront point en diligence de
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5’aflembleren grand nombre» amp;nbsp;fetrou-uer au lieu qui leur aura cfté afsigné. Mais auantque faire marcher l’armceil faut falloir quelles font les armes de nos T OH oupinambaoultf^
Ils ont premicremctleur Tacapet c’eft Tttopi.if-à, dire leurs efpees amp;nbsp;maffues, les vues fZjt^'f.^^^'^^ ‘^^ ^o*® rouge,amp; les autres de bois (Li./^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;”°**' ordinairement longues de cinq à fix
pieds: amp;nbsp;quant à leur façon, elles ont vn ff„^ .f fi t-âJiuf rond , ou oval au bout, d'enuiron deux paulmes demaindelargeur,lequel efpais qu’il eft de plus d’vn pouce par le milieu, ^. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;cft fi bien apprimé par les bords,que cela
boi^hijité,^ (cftâtdeboisduramp;pefant comme Buis) Sautia^t tranchant prefque comme vne coignee, f^iirieux ?ay opinion que deux des plus accorts e/Ah».lb»t’4 Spadafsins de par deçà fe trouueroyent biê empefehez d’auoir affaire à vn de nos T'eucupinamlfaou/ft eftant en furie s’il en auoit vne au poing.
Secondement ils ont leurs Arcs (qu’ils O’'*f^f, nomment Orapatz) faits des fufdits bois ‘' noir amp;nbsp;rougc,lcfquels font tellcmct plus longs amp;nbsp;plus forts que ceux que nous aT ' uôns pardcça,que tât s’en faut qu’vn ho-f nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;me d’entre nous les peuft enfocer, moins
An ^,1'4 en tirer, ou au contraire ce feroit toutee /' qu 11 pourroit faire d vn de ceux des garçons de 9.ou lo.ans de ce pais la. Les cordes de ces Arcs font faites d’vue herbe
Y S“«
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que les Saunages appelent Tocongt; lefquel c»in ks combien qu elies foyét fortdefliees) ^quot;J^ff/^, font neantmoins fi fortes qu’vu chenal y i» Ttoa. tueroit. Quant à leurs fl efehes,elles ont . près d’vne brafle de longueur,amp; font fai-z„j^*. y^..^ quot;’ tes de trois pieces , alTagoir le milieu de .•TVAAM.'M»^ RofcaUjamp;les deux autres parties de bois uoir,lefque]les pieces font fi bien rapor-teesjiointes amp;nbsp;liées auec des petites pçlu (ot-hnl^ •^f^d’Arbres , qu’il n’eft pas pofsibfc de mieux. Au refte elles n’ont que dcux_em- yit^,u,M^ pennons chacun d’vn pied de long, leC-quelTfparce qu’ils n’vfent point de coHe) font aufsi fort proprement liez auec du“ ^ fil de couton. Au bout d’icelles ils mettent aux vncs, des os pointus, aux autres la longueur de demi pied de quelque bois de Cannes fait en façon de lancette amp;nbsp;piquant de mefme : amp;nbsp;quclqucsfois le bout d’vne queue de Raye laquelle (comme i’ay dit quelque part ) eft fortvenimeu-fc:mefmes depuis que les François amp;nbsp;Portugais ont frequente ce pays la, les Sauuages à leur imitation commencent d’y mettre, finon vn fer de flefehes, pour le moins vne pointe de clou.
I’ay défia dit comment ils manient leurs Èfpecs : mais quant à l’Arc, ceux qui les ont veus en befongne diront . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.
auec moy, que, fans braflards , ûnsPf^rl/'^*’’'
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tous nuds qu’ils font gt;nbsp;ils les enfoncent tellement j tirent fi droit amp;nbsp;fi foudame-^■««oj«-ment,que n en dcfplaifc aux AngloiSKcfti
^,,, mez neantmoms h bonsArchers^nos Sau ZoZ uages tenans leurs trouficaux de fiefehes en la main dequoy ils tiennent l’Arc , en auront pluftoft enuoye vnc douzaine que eux fix.
Finalement ils ont leurs rondelles, fai
tes du dos du cuir fcc amp;nbsp;cfpais de ceft a-. ^utit' nimal qu’ils nôment Tapirou/fau (duquel tugt;r/tc. l ay parlé ci defius;amp; de façon larges,ron des amp;nbsp;plates comme le fond d’vn tabou-nn d zVlemand. Vray eft que quand ils viennent aux mains, ils ne s’en couurent pas comme font les foldats de par deçà des leurs:mais elles leur feruet pour fou ftenir les coups de flefehes dcleurs ennemis. C’eft en fomme ce que nos Ameri-quains ont poiirlt;?outcs armes: car au demeurant tants’én faut qu’ils fc couurent le corps de chofe quelle quelle foit, que au coMtrairc^Rbrsmisleurs bonnets,bra-
Ln Sâu-
celcts amp;nbsp;courte habillcmens de plumes dont ils fe parent) s’ils auoyent fculemct vertu vncchcmife quand ils vontau com ^afitnuiit. bat, ertimans que cela les empefeheroit de febien manier,ils la dcfpouillcroyét.
Et afin que ie paracbeue ce que i ayà dire fur ce propos, fi nous leur baillions des cfpees trcnchantes(côt«me ic fis pi efen t
-ocr page 273-DE l’ A M E R I Cty E. 225 fent d’vnc des miennes à vn bó vieillard) ^^^^^ ,^. iettans incontinent qu’ils les auoyent'lt;■lt;?lt;« fr* les fourreaux , comme ils font aufsi les gaines Tes coufteaux qu’on leur baille,/«poxrZ« ils prenoyent plus dcplaifir à les voir trelluire du commencement, ou d'encou-^’ ' '' ^J^^^r per des braches de bois,qu’ils ne les cfti-moyent propres pour combatte . Et à la vente aufsi,félon ce que i’ay dit qu’ils fa uent tant bien manier les leurs,elles font plus dangereufes.
Au furplus nous autres , ayans aufsi purtc par delà quelque nombre d barque butes de leger pris pour trafriquer auec euxd’en ay veu qui s’en fcauoyentfi bien jf,„u‘, aider, qu’eftans trois à en tirer vne, l’vn ^‘«'•«^iquot; la tenoit, 1 autre prenoit vilec, amp;nbsp;1 autre h^^^chuu. raettoit le feu: amp;nbsp;au refîe parce qu'ilsrJ/lt;'...«i/,i-chargeoyent le canon iüfquesau bout, n’euft efté qu’aulieu de poudre fine,nous leur baillions moitié dccharbon broyé/**’^/’'*'*^^^’ ilcftcertain qu’en danger de fe tuer, tout fuft creué entre leurs mains. A quoy il faut que i’adioufte qu’encores que du cû-mencement qu’ils oyoyent les fons dc^‘*2*‘'«S‘ noitre Artillerie , amp;nbsp;les harquebuzades duf^n que nous tirions ils s’en eftonnaflent au-quot;''ƒquot; '’'• cunement ; mefmes que voyans louucntßnaiintnt. en leur prefence aucuns d'entre nous ab-
i batre vn oifcau de dclfus vn arbre, ou 1 vne befte fauuage , fans qu’ils viftentla
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balle ils s’en csbahillcnt bien fort, tant y a neantmoins, qu’ayans cogneu l’artifice amp;nbsp;difan.s^comnie 11 cft vray;qu'aucc leurs arcs Hs auront pluftoft dela|ché cÿiq ou fix fie fell es qu'on n’aura charge amp;nbsp;tiré vu coup d harquebuze J ils commençoyent de s’afleurer à l’encontre. Q^c fi on dit la defius: voire mais l’harqucbuzc fait bien gt;i'h^ f),‘,gt;^(^nt plus grande fauccc:ic refpond contre ce-fie obieâ:ion,qucquclques colcts de buffles , voire cotte de maille , ou autres ar-
Snwtagfs defifchanj
rÜdtment ienn arcs
mes (finon qu’elles foyent à refpreuue) qu’on puifle auoir, que nos Saunages forts amp;. robuftes qu’ils font,tircnt fi roi-dément qu’ils tranfperccront aufsi bien
le corps d’vn homme d’vn coupdeflef-che, qu’vn autre fera d’vne harquebuza-dc. Mais parce qu’ileuftefteplus apropos de toucher ce point, quant cy apres ic parlcray dclcurs cóbats,afin de ne con fondre les matières plus auât ic vay mettre nos T'oKOMpinam^aou/rs en campagne pour marcher contre leurs ennemis.
Eftans doques, par Ic moyen que vous aucz cntendu,aflcmblczcn nombre quelques fois de huit ou dix mille hommes: ^4- 4^« ^ hiefmcs que beaucoup de femmes,non
J'-fquCs à ÿitel nombre s'ajfem blent les
amp; ^'Sur-
lt;!xly/furt pas pour combatre ains feulement pour fmmè, porteries lifts de couton , farines amp;au-f» «“‘frf. très viurcs , ic trouuet aucclcs hommes,
rmmif
après que les vieillards qui par Ic pâlie
ont
DE l’a M E R I Cty E. 2^7 ont le plus.tué amp;nbsp;mangé des ennemis} ont efté créez conducteurs par les autres) viftilanb tous remettent en chemin fous leur con- ^”3^^^quot;’' duide. Et quay qu’ils ne tiennent ni râg, ni ordre en marchant) fi eft-cc toutesfois que s’ils vôt par terre) outre que les plus _____^
vaillans font toufiours la^ointC)amp;qu’ilsX*““‘' •*quot;* marchent tous ferrez ) encore eft-ce vnc ^*“f*Jquot; chofe incroyable devoirvne telle mul-ƒ«»gt; yrrfre titude laquelle ) fans Marcfchal de camp ^^^^quot;quot;^~ ni autre qui ordonne des logis pDur le e»»/«/«»». general) le fcait fi bien accomrnoder)que fans confufion vous les verrez toufiours prefts à marcher.
Au furplus tant au dcfloger de leurs pays qu’au départir de chacun lieu ou ils feioument: ahn d’aduertir amp;nbsp;tenir les autres en ccruclle)il y en a toufiours quel ques vns qui auec des Cornets qu’ils nô-^ ment Inubia , de la grolîcur amp;nbsp;longueur i„^l^i^ d’vue demie pique,mais par le bout d’em grg,.d, bas large d'enuiron demi pied comme vn «gt;-«ezj. Haubois)fonncnt au milieu des troupes: mefmes aucuns ont des Fifres amp;nbsp;fleutes Fifm ci» faites des os ) des bras amp;nbsp;des cuilTes dc-?'“quot;quot;^** ceux qui ont efte par eux mâgez, dcfqucl les pour s’inciter d’auâtage d’en faire autant à ceux contre lefquels ils marchent) ils ne cclfcnt de flageoler par les ehe mins. Q^e s ils fc mettront par eaufcom-1 me ils font fouuent) coftoyans toufiours
P a
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wa s T O i R r.
Ja terre amp;nbsp;ne fe iettans gueres en mèrgt; iJ:S ^lt;^‘^ƒ^ ferengerótdans Jcurs Barques,qu’ils ap-jtfJret. pcJIcnt Y^4/, lefqucJJes faites chafcune C^rhjnf ^’viie feuJeefeorJe d'Arbre , qu’ilspeJJét du haut en bas,font ncantinoins fi grandes que quarante ou cinquante perfon-nes pcuuent tenir dans vue d’icelJes. Ain fi vogans tout debout à leur mode, avec
T«'M.3 v vn aliiron platpar les deux bouts, lequel iÎFlîcnncnt par Je miJieu , ces Barques (plates qu’elles font) n'enfonfas pas dans '*/À‘ * 6 U nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;eau plus auant que feroit vn__ais , fontL'tifi^
' fort aifccs a manier amp;nbsp;à conduire. Vray cftqu’cllcs ne feauroyét endurer la mer vn peu haute amp;nbsp;efmeue, moins la tourmente,mais en temps calme vous en verrez des fois,quand nosSauuages vont en guerre pi® de 60.tout d’vne flote lefquel- ! les fe fiiyuas près à près vôt fi ville qu’on les a incontinent perdues de veuc. Voila donc les armees terreftres amp;nbsp;NauaJesde nos ToMpinenquins iwx champs Si en mer.
Or allans ainfi oïdinaircmcntcercher leurs ennemis vingt amp;nbsp;cinq où trente lieues loin,quand ils approchent de leur pays,voici les premières rufes amp;nbsp;firata-Trmtr gemes de guerre dont ils vfcnt. Les plus ƒr^ia^ifte^ habiles amp;nbsp;plus vaillâs , laiffanslcs autres fntfè'îr7' iiucc les femmes vne iournec ou deuxder ^mrri. ricre eux , approchas le plus fecrettemét qu’ils peuuét pour s’embm^uer dans les ~ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;bois
-ocr page 277-D E L’a M E R I tJ^V E. 229 boisjd afFeóljon qu’ils ont Je furprendre leurs ennemis,ilsy demeurerôt ta^s tel»/”'/«.'^-Ic fois fera, plus de vingt quatre heures.'quot;''^‘''/^ Tellement que fi les autres font prins au defpourueu,tout ce qui fera attrapé fort hommes , femmes ou enfans , non feulement fera emmené,mais aufsi quant ils fcr,ont:Je retour en leur pays, tuez , mis parpieees roftis, amp;nbsp;'Boucane'^- Et leur font telles furprifes tant plus aifees à fai ,j^ij^^ji_ te,qu'outre que les villages (car de villes i,\teft m ils n’en ont point) ne ferment pas, enco- '’■ƒƒquot;quot;■’■ les n’ôt ils autre porte aux huys de leurs maifonsdongues cependant pour la pluf partje quatre vingt a cent pas amp;nbsp;percées ^„„^^^^ en pluficurs cndroits)finô quelques brâ- dn^Ai. thés de Palmier où J’vne grande herbed”‘^quot; •qu’ils appellent PzjJo;. Bien clt vray ^u’alétqur Je quciques'villagcs frotiers ^'ii*s.egt; des ennemis,lesmieux aguerris y plantet „„,.„quot;7 des paux de Palmier Je cinq ou fix pieds f“’quot;fi‘^ dehaut:amp;encores,fur les aduenues des ehemins cn.tournoyât,dt?s cheuillcspoin^bv'r*r.' lues à fleur de terre ; tellement que fi les affaiHans penfent entrerde nuit t comme ceftleur couftume) ceux de dedans qui fa uent les deftroits où ils pciiuêt aller fans s’oft'cnfer,fortans, deflus cux,foit qu’ils Vcullent combatre ou fuir(parcc qu’ils fe piquent bien fort les pieds) il en JemeUK re ordinairement fur la place.
P S
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Q^e s’il aduicntqucles ennemis foyét aducrcis les vns des auttes , les deux armées fe rencôtrans,on ne pourroit croire cobien le combat eft cruel ; dequoy a-yantefte' fepedateur ie puis parler à la vc litc.Car corne vn autre François amp;nbsp;moy au danger fi nous eufsions efte prins ii'^^rmau. q^ j^^j, fur Ic champ deftre mangez des {he f^uritx nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r ■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r /
jeeui’^K tJ^argatM,iulmcs vue rois par cunoute, ttu^oit accopagner nos Saunages, lors en nôbre » ^yjAM/d’cnuiron quatre mille bornes,en vne ef-carmouche qui fe fit fur le nuage de la mer, nous vifines ces Barbares c6battre de telle furie que ges forcenez amp;nbsp;hors du fens ne feauroyent pis faire.
Premicremet quad nosToMoupinab-i’^^ uirô demi quart de lieue aperccurêt leurs fquot;' “^ ennemis ils fe prindrent à hurler de telle hurltmenj nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;\ 1
apptree- raçon5quc no Iculcmct ceux qui vont a la «MbiZ’««« chafie aux loups par deçàfans côparaifon nemenet point tel bruit,maisaufsipour Ge/fee dr certain,l’ait fedât de leurs cris amp;de leurs voix,quad il eufitonenous ne I’ciifsions ehagt;,ti‘,gt;,- pas entédu.Et au refteà mefure qu’ils ap-prochoyêt,rcdoublâsleurs cris, fônâsde leurs Cornets,eftendâs les bras,fe menaf , fans amp;nbsp;mofirans les vns aux autres,les os u^eieiô- des prifonnicrs qui auoyet elte mangez, Jtnti des voireles déts enfilées, dontaucûs aiioyét quot;quot;quot;i'C* plus de deux braffespedues à leur col,c’e Aoit vn horreur de voir leurs côtenâces»
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HISTOIRE
Mais au ioindrc,cc fut bié encore le pis; car fl toft qu’ils furent à deux cens pas près,en fc faluans à grands coups de flef-, chcs,vous en eufsicz veu vnc infinité durât cefte cfcaTmouche voler en lair auffi SdHu^d ‘^'^“cs q“c mouches. Que fi quelques vns tch^rint^ en eftoyent attaints gt;nbsp;comme furent plu-«gt; cemme fieufs, après qu’auec vn mcrucillcux coU »»fwiW.’'3gc ils les auoyent arrachées de leurs corps, voire les rompans amp;nbsp;comme chiés enragez mordans les pieces à belles déts, ils ne laifloyétpas pour cela tous navreis de retourner au combat.Surquoy faut no ter que ces Ameriquains font fi acharnez en leurs guerres,que .tant qu’ils pour ront remuer brasamp; iambes fans reculer ni tourner le dos,ils combatront incef-famment.Finalemêt quand ils furet méfiez , ce fut auec leurs efpccs de bois à grands coups 8é a deux mains à fe charger de telle façon, que qui rcncôtroit fur la tefte de fon compagnô il ne l’cnuoyoit pas feulcméntpar terre,maisl’affommoit comme vn bœuf.
le ne touche point icy s’ils eftoyet blé où mal montez,car preffuppofant, parce que i’ay dit cy defrus,que chaeû fe relfou-uiendra qu’ils n'ont chenaux ni autres montures ■ n leur pays, tous cfioycntamp; Vont toufiours à beaux pieds fans lance. Partit côbicn qu’eftat par delà i’aye fou-uent
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uctaclirc lt;}ue nos Saunages viflet des ehe nnttt^ni «aux,fi eft-ce que lors plus qu’auparauàt'fquot;'^^?^ ie fouhaitois d’en auoir vn bô entre mes «xrejitdet iâbes.Et de fait ie croy que s’ils voyoyét vn de nos (jêdai mes bien monté amp;nbsp;armé auec la piftolc au poing faifant bondir èCt'i’fjn-^fe paffader fon chenal, qu’en voyantTortir le feu d'vn cofté amp;nbsp;la furie de l’homme amp;nbsp;du chcual de l’autre,de prime faCe ils pé-(eroyenc que ce fut ^y^nan,cc{[ à dire le diable en leur langage. Toutefois qucl.-qu’vn a eferit vncchofc notable à ce pro-postcar combien qu’A ttabalipa ce grand j^jn gç^ Roy du Peru,qui de noftre aage fut fub- des Ind. iugué parPi2arrc,n'eut iamais veu de che 1111.4 ch. uaux,tanty a quoy qu’vn Capitaine El-’*3* pagnol allant contrcluy, par gcntilcfic amp;nbsp;pour donner esbahiflement aux indiens, fittoufiours voltiger le fien iufques à ccgt;'quot;‘X.M.'*, qu’il.fut près la perfonne d’Attabalipa,'’quot;yr*'*!^' il fut fi aficuré qu’encorcs qu'il fautaft vn peu d’efeume du cheual fur fon vifage il ne fit figne aucun de changemet : mais fit commandement de tuer ceux qui s’en c-ftoyent fuis dedeuant le cheual: chofe (dit Thiftorien qui fit eftonner les ficnsamp; cfmerueiller les noftres. Ainfi pour ic-tourner à mon pi opos, fi vous demandez maintenant,amp; toy amp;nbsp;toncompagnon que faificz vous duranteefte cfcarmouche,ne combaticz vous pas auec les Saunages?
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ie rcfpond , pour n’en rien defguifer, qu’en nous contentans d’auoir fait cede premiere folie de nous eftre ainfi ha-2arde2 auec fcs Barbares , que nous tc-nans à l’arriére garde nous allions feulement Jepafletemps de inger des coups. Surquoy cependant ic diray qu’encorcs que iayc fouuentesfois vcu des armées amp;nbsp;de la gendarmerie tant de pied que de chcual en ces pays par deçà , que neantmoins ic n’ay iamais eu tant de contentement en mon cfprit devoirlcs compagnies de gens de pied auec leurs morrions dorez amp;nbsp;armes luifantcs , que i’eu lors dcplaifirdc voir combatte ces Saunages . Car outre le pafle-temps qu’il y auoit de les voir fauter fifflcramp; le manier fi dcxtrcinêtamp; diligement,encores faifoit il mcrueillcufemct bô voir, non feulement tant de flefebes auec leurs
grands empennons de plumes rouges flêp’e^ei nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^ autres, voler
Sauua^ei cnrairparmi les rayons du Soleil quilcs ^^urn^“^' fiifoit cflinccllerimais aufsi tant de tobbes , bonnets , bracelets amp;nbsp;autres bagages faits aufsi de ces plumes de couleurs naifues dont les Saunages eftoyent venus.
Or en fin apres que cefte efearmou-cheent duré enuiron trois heures , amp;nbsp;que d’vue part amp;nbsp;d’autre il y en eut beau-
-ocr page 283-D F. l’a MERI QV E. 255 beaucoup de blcffcz» voire aucuns demeurez lur la place, nos Tououptnam'' hould, ayans prins plus de trente Mar-^amshommes amp;nbsp;femmes prifonniers eurent la vidoire . Partant encores que nous deux François n’eufsions fait autre chofe finon tenans nos cfpccs nues en la main amp;nbsp;tirans quelques coups de piftolles en l'air, donner courage à nos ^ens,fi cft-cc toutesfois,nelcur pouuans hire plus grand plaifir que d’aller à la guerre auec eux , qu’ils ne laifloyent detellcmcnt nous cftimcr pour cela que du depuis les vieillards des villages ou nous fréquentions nous en ont touftours aimez dauantagc.
Les prifonniers doneques mis au milieu amp;nbsp;près de ceux qui les auoycnt prins,, voire aucuns hommes des plus forts pour s’en mieux aifeurer liez amp;nbsp;gar rotez , nous nous en retournafmes con-trc noftre riuiere de Genevre 5 aux cnui- ma, tons de laquelle habitoyent nos Saunages. Mais encores , parce que nous en pouuiôs eftre à douze ou quinze lieues, ne demandez pas fi en palfant par les villages de nos alliez , venans au dcuantde^p^/.lt;uAy nous,dâfans amp;nbsp;fautas,auec elaquemés dp/™quot; ‘'** mains,amp;autres aplaudiuemens ils nous careflbyét.Pour côclufion deques quand nous fufmes arriuez à rédroit de noftre
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Ifle mon compagnon amp;nbsp;moy nous fifmei paffer dans vne Barq.ue en noffre Fort, amp;nbsp;les Saunages s’en allèrent en terre ferme, chacun en fon viUaee.
Cependant quelques jours apres que aucuns de nos 'ToMupiKami^aott/ts,qui a-uoycnt de ces prifonniers en leurs mai-fons nous vindrent voir en noftre Iflc, , . priez qu’ils furent par Villeéaenon,amp; fo ^4,„^ licitcz par Jes 1 ruchemens que nous a-ftritieri nions, de nous en vendre, il y en eut vne partie recouffe par nous d’entre leurs mains . l outesfois ainfi que ie cognu en achetant vne femme 8f vn lien petit garçon qui n’auoitpas deux ans, Icfqucls me coufterent pourenuiron trois francs de marchandife, c'eftoit affez maugré eux: car difoit ccluy qui les me vendait. le ne fcay d'orefenauant que s’en fera,car def-puis que T^at-colof (entendant Vilkga-gnon ) eft venu par deçà , nous ne mangeons pas la moitie'dc nos ennemis. le pcnfois bien garder le petit garçon pour moy , mais outre que Villcgagnon en me faifant rendre ma marchandife , voulut tout auoir pour luy,encores y auoit-il ce laquequâdiedifois àlamerc quclors que ie repafferois la mer, ie le ramenerois par deçà : c'Ic rcfpondoit (. tant cefte nation a la vengeance enracinée en fon cœur) qu'à caufc de refpennee qu’elle auoit
-ocr page 285-DE l’a M E R I QJZ f. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;237 auoit qu’eftant deuenu grand il pourvoit efckapcr Sc fe retirer auec les Aiar^atM pour les vender , qu'elle euft mieux aimé qu’il euft efte mangé par les 'Tououpinam-hmiultî, c]nc de l’elloigner filoin d’elle. Neantmoms ( comme i’ay dit ci deuant) enuiron quatre mois après que nous fußnies arriuez en ce pays là, d’entre quarante ou cinquante eiclaucs quitrauaiU loyent en noftre Fort ( que nous auións aufsi achetez, des Saunages nos alliez ) nous choififmes dix ieunes garçons, lef-quels dans les Nauircs qui reuindrent, nous enuoyafmes en Frâce au Roy Henri fécond lors régnant.
CHAP. XV.
CoTnrnent les ^meri^uains traitent leurs ftifenniers prins en guerre, amp;nbsp;les ceremonies qu'lis ob/êruent tant a les tuer ^u'à les ma^er.
L refte maintenant de fça-noir commet les prifonniers prins en guerre font traitez au pais de leurs ennemis.Incontinent doncques qu’ils font arriuez,non feulcmét ils font nour- Tnitmit
ris des meilleures viandes qu’on peut *'?”/•.»-trouuer, mais aufsi on baille des femmes ’^^^ffquot; aux hommes ( amp;nbsp;non des maris aux fern-
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mes , mefmes celuy qui aura vn prifon* mer ne faifant point dedifiiculté deluy bailler fa fille ou fa feur en mariage, cel-« le qu’il retiendra le traitera amp;luyadmi-mftrera tout ce qui luy fera neceflaire. Bref, combien que fans aucun terme pre
ou bons chafleurs, ou bons pefeheursj amp;nbsp;les femmes propres à faire les lardinsou à aller quérir des Huitres, ils les gardent plus ou moins de temps , tant y a quefi-nalcmént après les auoir engraiflez corn me pourceaux en l’auge, auec les ceremo nies fuyuâtes ils font alTômcz amp;mange2» Premièrement apres que tous les villa ^fimUe, gesd’alentour deceluy OU fcraleprifon furitm^ nier auront efté aduertis du iour del’exc frifinoür. cution,hómes,fémcs amp;i: cnfans y eftis ar-riuez de toutes par$,c’cftà dâfer,boireamp; Cavuiner toute la matinée . Mefmes ccluy
Priflt;,n»i,r H“* n’ignore pas ô telle afsêblce fe faifât ^Ffrechant à fon occafion,il doit eftre dis peu d'heu mi^r^fiM ^^ aflommé,emplumafle qu’il fera,tâts'cn itjitux. faut qu’il en foit contrifté,qu’au côtraire fautât amp;buuât il fera des plus ioyeux.Or cependant après qu’aucc les autres il au-J-fiA-^af 1'^ ainfij^blc Si chanté 6.ou 7.heures du-'' rant:deux ou trois des plus eftimez delà troupe l’empoignans amp;nbsp;le lians par lemi ' lieu du corps auec des cordes de cotô,ou autres faites de l’efcorcc d’vn arbre que
ils
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ils appellent Yuire laquelle eft Corne Celle (lui 11 de par deçà) fans qu’il face aucune refiftâcc, comblé qu’on luy laide les deux p^n^^.^^ bras à deliurc) il fera ainfi quelque peu z,»ér ;.our dç temps pourmenc en trophée parmi le quot;*quot;‘ quot;* village-Mais péfez vousqu’encorcs pour ’ ttla( ainfi que feroyent les criminels par deçà ) il en baiffe la tefte ? rien moins: car aucotraire auec vnc audace amp;nbsp;adeurance mcroyablcjfe vantant de fes prouedesdu Paflé, il dira à ceux qui le tiennét lie: i’ay , „ Woy melme, vaillant que le luis, premie- t^jaUed» renient lié amp;nbsp;garroté vos parens: puis en s’exaltant touftours de plus en plus,auec ''^*'« vnecontenâce de mefmc, fe tournant de eofté amp;nbsp;d’autre il dira à rvn:i’ay mâgé de rópere: à l’autre i’ay alTommé amp;nbsp;'Boucané res freres:bref,dira-il, i’ay en general tât r^angé d’hommes amp;nbsp;de femmes,voire des enfans,de vous autres 'Touaupinambaoulft SUe i’ay prins en guerre que ie n’en fay le nombre: amp;nbsp;au refte ne doutez pas que les ^ar^aiat de la nation dont ie fuis pour Venger ma mort n’en mangét encores cy après autant qu’ils en pourront attra-P”: nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•
Finalcmct apres qu’il aura eftéainfi ex pofé à la veue d’vn chaeû, les deux Sauna ges qui le tiénet lié s’efloignâtdc luy l’vn adextre amp;nbsp;l’autrcà feneftre d’euirô trois brades,tenâs neâtmoinsvn chaeû le bouc
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de fa corde qui eftdemefmc longueur, tirent lors fi fermemét que le prifonnicr faifi côme i'ay dit,par le milieu du corps, eftant arrefte tout court, nepeut aller ni “^'t^'t ^t nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;‘^^ cofte ni d autre.La deilus on lu/
Ttort.ft apporte des pierres amp;nbsp;des teftz de vieux t/igf duSt pots caflez , ou de tous les deux enfem-jweMourir nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;deux tenans les cordes,de
peur d eftre bleflez, s’eftans couuerts cha cund vnc de ces rondelles de lapcaudu Tapirou^ou dont l'ay parle ailleurs, luy di fent : venge toy allant que mourir: tellement que lettant amp;nbsp;ruant fort amp;nbsp;ferme contre ceux qui font aflemblez alentour de luy , quelqucsfois en nombre de trois ou quatre mille perfonnes, ne demandez pas s’il y en a de marquez : amp;nbsp;de fait ic vi vn iour en vn village nomme Sartgoy^ vn prifonnier qui de celle façon donna fi grand coup de pierre contre la iambe d’v ne femme que ic pcnfois qu’il luy euft rÔ pue. Or les pierres, amp;nbsp;tout ce qu’en fe bailfantila peu ramalfcr auprès de foy, iufques aux mottes de terre efians faillies , ccluy qui doit faire le coup ne s’e-ftant point monftré tout ce iour là, ferrant d’vnc maifon aucc vne de ces grandes cfpces de bois au poing, richement decorcc,dt beaux amp;nbsp;exccllens plumages, comme aufsi luy en a vn bonnet, amp;nbsp;autres parcmeus fur fon corps,s'approchât lors
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lors du prifonnier il luy vfc ordinaire-^,^^^^^ ment de telles paroles . Nes tu pas de la duumjf^-mtion nommee ijlfar^aias qui nous fft ^quot;'‘,^quot;“'J ennemie ? amp;. n as tu pas toy mefnie tue amp;nbsp;^„•ud^it mâgé de nos paï ens amp;nbsp;arriis?Luy plus aß-'’■^quot;”^quot;’quot; feuré que iamais refpond en fon langage {celles iJ4^(trgaias amp;c les Tonpinem^utus s’entendent) Pa, ehe fan te!n,Megt;(ca atottpa~ ue : c ell; à dire ouy ie fuis tresfort amp;nbsp;en ay voirement tué plufieurs.Puis auec ex-€iamatióamp; pour faire plus de defpit à fes ennemis mettâtfes mains furfa tefte ils’ef crie: ô que ie ne m'y fuis pas fcint:o corn bien i’ay cfté hardy à affaillir amp;nbsp;àprendre de vos gens, dequoy i’ay tant amp;nbsp;tant de fois mangé,amp; autres propos femblables qu’il adioufte. Pour cefte caufe aufsi,luy dira l’autre,nous te tenans maintenanten noftre puiffance tu feras prefentemens tué par moy,puis mangé de tous nous au très.Et bien refpond il encorc(aufsi refo K’f’fquot;'»* lu d’eftre affommé pour fa nation que Re^quot;“quot;^'“ gulus fut confiât à endurer la mort pourgt;■'* fa république Romaine) mes parens me''M'iemtnt.' vengeront aufsi.Surquoy pour monftrer '* ’'•'‘’^'■ qu’cncorcs queces nationsbarbares crai gnent fort la mort naturelle , néant-moins tels prifonniers s’eftimans heureux de mourir ainfi publiquement au ' milieu dcleurs ennemis ne s'en foucient nullcmêt, i’alcgucray ceft exemple. M’c-
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ftantvn iour trouuc inopinément en va village de Ja grande Ide nommé Tiraui-tou où il y auoit vne femme prifonnicrc toute pieftcd eftre tuee,en m’approchât Evm!'it d'elle ôlt;.pour m’accômoder àfon langage â'onepii luy difant qu’elle fe recommâdaft à T ou-fimaert p^„ r^^^ ^^gypan cnti c CHU HC Vcut pas di-weJprtjMnt f nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;„ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, ti i • il
M mort. rcDieibains le tonerre) amp;qu elle le priait
ainfi que ie luy cnfeignerois.- pour toute rcfponcdwcJiajnt la tefte amp;nbsp;le moquant de moy me dit: queme bailleras-tu amp;nbsp;le fcray ainfi quetu dis? Aquoy luy répliquant: pourc mifcrable il ne te faudra tantoft plus rien en ce monde, amp;nbsp;partant puis que tu crois Fame immortelle (ce qu’eux tous comme icdiray au chapitre fuyuant confclfentipenfe que c’eft qu’elle dcuicndra apres ta mort: mais vile s’en riant derechef mourut amp;nbsp;fut af-fommec de ceftc façon.
Ainfi , pour continuer ce propos, après ces tonteftations, amp;lc plus fou-uent parlans encores Fvn à l’autre, ce-luy qui cft la tout preft pour faire ce maf nmwiir.- facrc,lcuant fa malluc de bois à deux ' mains, donne du rondeau qui cft an bout de fl grande force fur la tefte du pourc „ .. prifonnier, que toutainfi que les bou-lut par chers allomm mt les bœufs par deçà i en ay veu du premier coup tomber tout ^ßlntnjedH «f nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t _
fremier roidc mort, lans remuer puis après ne bras
-ocr page 291-DE l’ A M E R I QJ E. 243 bras ne ïambe . Vray eft qu’eftant eften-du par terre à caufe des nerfs amp;nbsp;du fang qui fc retire on les voit vn peu £ormil~lytn Ier amp;nbsp;trembler: maisneantmoins ceur qui font l’exécution happent ordinairement fi droit fur le teef de la tefte ,^*'»*i ^'*-* votre fauent fl bien choifir derrière rcille, que ( fans qu’il en forte guercs de fang^ pour leur öfter la vie ils n'y retournent pas deux fois. Aiifsi eft-ce. la façon de parler de ce pays là, laquelle ^^''^quot;'^Ç^ nos François auoyent dcfia en la bouche, 'Barbartr qu’au lieu que les foldats amp;nbsp;autres en ‘*quot; i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;trxnctii
querellant pardeça dnent maintenant l’vn à l’autre ic tccreuerray, de dire à/'«y/' celuy auquel on en veut ic te cafteray la tefte.
Or fi toft que le prifonnier aura cfté ainfi tue, s'il anoit vnc femme, (comme i’aydit qu’on en donne à quelques vns ) elle fc mettra auprès du corps mort amp;fcra quelque petit dueil: ic di nommément petit dueil,carfuyuanc vrayement ce qu’on dit que fait le Cro-•®“''^/’'quot; codille : aftauotr qu’ayant tué vn hom-y,„™, du me il pleure auprès auant que de let''f‘”’quot;‘’'-manger, aufsi après que cefte femme aura fait quelques tels quels regrets, amp;nbsp;ictté quelques fcniteslarmcs fur fonmari mort, fl elle peut ce fera la premiere qui en mangera.
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Cela faitJes autres femmes,amp;principale-Ctrpimirt ment les vieillcs(lcf(juelJes plus conuoi-ntr'rphw ’^cufes demâger delà chair humaine que Jé cammelcs icunes, feruent de folicitcurs enuers ■^-''’^quot;‘“quot;=quot; jm,, ceux qui ont des prifonniers pour les faireviftemet dcfpefcher)fe prefentas aucc de l’eau chaude,qu’elles ont toute prefte,frottent amp;nbsp;efehaudent de telle façon le corps mort, qu’en ayât leuéla pre , miere peau elles le font aufsi blanc que ^ les cuifinicrs par deçà font vn couchon de laift preft à roftir.
Apres cela celuy duquel il cftoit pri-fonnier auec d’autrcs,tels,amp; autant qu’il ctrpt du jyy plaira, prcnans ce poure corps le fen fnftnirr nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-
roudaint. dront amp;nbsp;mettront 11 loudainemet en pie-mmpar ces,qu’il n’y a boucher en ce pays icy qui ^‘^“ puiHc pluftoft defmtmbrer vn Mouton.
Mais outre cclatcruautc plus queprodigi ciife ) tout ainfi que les Veneurs par deçà apres qu’ils ont pris vn Cerf en baillet la ‘'gt;(gt;gt;-f^ curée aux chiés courâs,aufsicesBarbares afin d’inciter amp;nbsp;acharner dauantage leurs r»p»lt;/4«cnfans,lcs prcnans l’vn apres l’autre leur 'r^^‘d»'° frotent le corps , bras , cuilfcs flambes /a«! df, Ju fang de leurs ennemis.Aurefte depuis qQC les Chreftiens ont fréquente ce pays là,lcs Saunages découpent tant les corps de leurs prifonniers que les Animaux amp;nbsp;autres viandes aucc les coufteaux amp;nbsp;fer-remens qu’on leur baille : Mais aupara-
uant
-ocr page 293-DE L’AMERICtVE. 245 liant,comme i’ay entendu des vieillards, 'pù^rtif» ils n’auoyent autre moyen de ce faire,fi- lt;^«”1“«^ nonaueedes pierres tranchantes qu ils accommodoyent à ceft vfage. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;quaint.
Or toutes les pieces du corps,mefmes les trippes apres eftre bien nettoyées, chair du font incontinent mifes fur le Boucan-auprès duquel , pendant que le toutc4gt;z. cuit ainfi à leur mode, les vieilles fem-incstlefqucllcs comme i’ay dit appetans mcrucilleufcmcnt de manger de la chair humaine) eftans toutes aflcmblcrs pour recueillir la graifle qui defgoute le long des baftons de cefte haute grille de bois, exhortans les hommes qu’ils facent en forte qu’elles aycnt toufiours de telle viande, en lefehans leurs doigts difcnt Yguatou. c’eft à dire ileft bon.Voila don- vitiänlef' ques,ainfi que i’ay veu, comment les Sau ^*^,^/^„. uages Ameriquains font cuire la chair maint. de leurs prifonniers prins en guerre:alfa uoir Boucaner.
Parquoy,d’autât que bien au log ci def fus au chap, des Animaux,parlant du Ta pag, i^j. piroujfou i’ay mefinc déclaré la façon du Boucan , pour obuicr aux redites, priant les lefteurs afin de fe le mieux repreféter d’y auoir recours,ie refuteray icil’crrcur de ceux qui ^ côme on peut voir en leurs Cartes vniuerfelles,nousont nôfeulemét marqué amp;nbsp;pcintles Saunages delaterredu
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-ocr page 294-24lt;gt; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTOIRE
fmur« BrefiI,qui font ceux dont ie parle à pre-('aiittmi fent, roftiflans la chair des hommes em-s^HuJ^N hrochee comme nous faifons les mem-rlt;,ff,r U hrcs de moutons amp;nbsp;autres viandes, mais »mm/^m aufsi ont feint qu’aucc de grands Cou-gt;«»«lt;«/gt;. perets de fer ils les coupoyent fur des vmbXj. ^ncs , amp;nbsp;en pendoyent amp;nbsp;mettoycntles pieces en inonftre , comme font par deçà les Bouchers la chair de beuf. Tellement queceschofes n’eftans nonplus vrayes que le conte de Rabelais touchant fon Panurge qui efehapa delà broche tout lardé amp;nbsp;à demi cuit, il eft aifé à voir par l’ignorance de ceux-quifont telles Cartes, qu’ils n’ont iamais eu cognoillance des chofes qu’ils mettent en auant. Pour confirmation dequoy i’adioufteray, que outre la façon que i’ayditque les Brefi-licns ont de cuire la chair de leurs prifon niers,encores quand i’eftois en leurpays ignoroyent-ils tellement noftre façon de roftir,que comme vn iour quelques mies compagnons amp;nbsp;moy en vn village fai-fions tourner dans vne broche de bois v-
ne Poule d’Inde, auec d’autres volailles: •„-4^« eux fc rians amp;nbsp;moquans de nous ne vou-^^»o/'rre nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;13111 II S c FOI fc 5 It’S voy ans remuer
ainfi inceflamment,qu’elles puilTcntcui-re,iufqucs à ce que l’expérience leurmo lira du contraire.
Reprenant donc mon propos , quand la chair
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la chair d’vn prifonnier , ou depluficurs (car ils en tuent quelques fois deux ou trois en vn iourjeft ainli cuite , tous ceux qui ont afsifté à voir faire le maflaci e,s’c-ftans derechefrefiouys à l’entour dcs^oM w»j,quelque grand qu cn foitlc nombre, s'il eft pofsible chacun en aura fon mor- Ci’'i-^»f‘gt;' ceau. Et de fait, horsmis ce que i’ay dit ^”f ^.r-particulicremcnt des vieilles femmes, cô c«“ ''“ bien que tous confefTcnr que cefte chair humaine foitmerucillcufement bonne amp;nbsp;delicate,tant y a ncantmoins, qu’excepté la ceruellc, amp;nbsp;plus par vengeance que pour le gouft amp;la nourriture , ils mangent enticremct tout ce qui fc peut trou-Uer depuis les extremitez des orteils,iuf-ques aux nez,oreilles amp;nbsp;fommet de la telle. Et au furplus nos 'T oit-oup!nambaou!ti '^‘]^’^°‘ referuans les tc^^ par môccaux en leurs iifs fhfm villages, comme on voit par deçà les te- ^““^ lies de morts es cimetières , la première «t^ chofequ’ils font quand IcsFiançôis IcsA'X^^rt-y vont voir, c’eft en récitant leurs vaiHan-^d..*«.^, ces, amp;nbsp;en leur monftrant par trophée ces tcftz ainfi dcfcharncz,dirc qu’ils feront de mefme à tous leurs ennemis. Semblablement ils ferrent fort foigneufement tant les plus gros os des cuifl’cs amp;nbsp;des bras, pour (comme i’ay dit au chapitre precedent^faire des fleutes, quR les dents lefquelles ils arrachent amp;nbsp;enfilent en fa-
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çon dcpatcnoftic les portans rourtillces à l’entour de leur col. De mefme I hi-ftorien des IndeS) parlât de ceux de Fille H '^gen ’^f'^’»^'ï»dit qu’eux attachans auxpoitcs des Ind. de leurs maifons les teftes de ceux qu’ils lin.*, tuent amp;nbsp;facrifient , en portent aufsi les 7'’ dents pendues au col brauades.
pour plus grandes
Quant à celuy ou ceux qui ont commis ces meurtres,reputans cela à grand gloi-. re,de's le mefme iour qu’ils auront fait le majTorrtur coup,fe rctirans a part ils le reront non tiofé 0- feulement incifer iufques au fang,la poi-^tine,les bras,les cuifles,legras dc.s iam flt;^ bes,amp;autres parties du corps; mais auf-f afin que cela paroiHc toute leur vie ils frottât ces taillades de certaines mixtios amp;nbsp;poudre noire qui ne fepeut lamais effacer: tellement que tant plus qu’ils font ainfi déchiquetez,tant plus cognoift on qu’ils ont beaucoup tué de prifon-niersrSe par confequêt' font eftimez plus vaillans par les autres. Ce que pour s’ous mieux faire entendre,cncores que ci def-fus au chapitre delà guerre i’ayeiamis cefte figure du Saunage déchiqueté, it vous le reprefente icy derechef.
-ocr page 297- -ocr page 298-250 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTOIRE nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-
Pour la fin de cefte tant eftrangc Trage, die,s’il aduient que les femmes qu’on a-' uoit baillées aux prifonniers demeu-’ rent grofles d’eux,les Sauuages qui ont; tue les peres alleguans que tels enfans' „ font prouenus de la femence de leurs en-' ^ n^mpa- nemis (choie horrible a ouyr , amp;nbsp;encores rtii t tr» plus à voir) mangeront les vns inconti-net après qu’ils feront naiz, ou félon que bô leur fcmblera auant que d en venir là Icslailfcront deuenir vn peu grandets.Et non feulement ces Barbares fcdclcdent, plus qu en toute autre chofe, d exterminer ainfi autant qu’il leur cft pofsible la race de ceux contre lefqucls ils ont gucr-rc^ca.r les zß'far^atas (ont le mefme traitement aux Touaupin^imboultjquandils les tiennent) mais aufsi ils prennent vn fin-gulicr plaifir de voir les eftrangers qui leur font alliez faire le fcmblable. Tellement que quand ils nous prefentoyent de cefte chair humaine de leurs prifon-niers pour manger, amp;nbsp;que nous en fai-fions refus ( ainfi que moy amp;nbsp;beaucoup d’autres des noftres ne nou| cftans point Dieu merci tant oubliez auons touftours ^’^^'ib fuit) il leur fembloit par cMa que nousne ^„ma » leurs fufsions point allez loyaux. Sur-‘‘“”j‘'^- ‘î'^oy à mon grand regret iefuis côtraint ,j,„jlt, de reciter,que quelques Truchemens de Normandie, qui auoyent demeure long
temp»
-ocr page 299-DE LAMERIQJ/E. 251 temps en ce pays là, pour s’accommoder a eux menans vne vie d’Atheiftes , nefe polluoyentpas feulement en toutes fortes depaillardifcs amp;nbsp;vilenies parmylcs femmes amp;nbsp;les Elles,dont vn entre autres de mon temps auoit vn garçon aage d’en uiron trois ans,m ais aufsi furpaflant les Saunages en inhumanité, i’en ay ouy qui fevantoyent d’auoir tue amp;nbsp;mangé des prifonniers.
Ainfi continuant à deferire la cruauté denos Toueuptnamboulfs cnuersleurs cn-nemis:aduint pendant que nouseftions par delà,qu’eux s’eftans aduifez qu’il y a uoitvn villagecn la grande Ifle , dót i ay parlé cy dcuat,lequel eftoit habité de eer tains tj^far^aiaj leurs ennemis qui neat-moms s’eftoyent rédus à eux dés que leur guerre côméça: aflauoirily auoit enuirô vingt ans: combien di-ie que depuis ce temps-là ils les euffent toufiours Jaiflez viureenpaix parmi eux, tant y a qu’vn iouren beuuant amp;nbsp;Caouinanty s’accoura-geans l’vn l’autre amp;nbsp;allcguans,côme i’ay tantoftdtt, que c’eftoyent gens ilTus de leurs ennemis mortels ils delibererét de ceftiatic» tout faccager. Et de fait s’eftans mis vne lt;lt;quot;v» 'v,iit nuit à la pratique de leurs refolutions, ^','^*/''^' prenans fes pourcs gens au defpourueu, Teuti i,, ils en firet vn tel carnage amp;nbsp;vne telle bou chérie que c’eftoit vnepitié nôparcille de
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ouir crier. Pluficurs de nos François en cftans aduertis , enuiron minuit partiret bien armez amp;nbsp;s’en allcrct dàs vue Barque en grande diligence contre ce village qui n’eftoitqu’à quatre ou cinq lieues deno-ftre Fort. Mais auant qu’ils y fuflent arri-uez , nos Saunages enragez amp;nbsp;acharnez qu’ils eftoyét apres la proye,ayans mis le feu aux maifons pour faire fortir les per fonncs,ils en auoyctia tant tuez qiiec’e-ftoit prefqucsfait.Mcfmes i’ouy affermer àquclqucs vns des noftres eftâs de retour» que non feulemct ils auoycnt veus en pie ces amp;nbsp;en carbônades pluiieurs homes amp;nbsp;ixtrtme ^‘^'^^^^^ ^“^ icsBoftcans,m2is aufsi que les cruxuti. petits enftns à la mâmclley furent roftis tous entiers.Il y en eut ncantmoins quel que petit nôbre des grands qui s’eftas ict tezen mer,amp;’cn faneur des tcncbresdcla nuit fautiez à nage, fc vindrét redre à no* cnnoftre Ifleidôt cependât nos Saunages quelques iours après eftâs aduertis,gro-^ r« » ƒ i •»lt;. ^jJ entre leurs dens de ce que nous les re tenions n’en eftoyét gucres contés.Tou-' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tesfois apres qu’ils furent appaifezpar
quelques marchâdifes qu’on leur donna, moitié de force amp;nbsp;moitié de gré, ils les i laifTcrcnt nour efclaues à Villcgagnon.
'Vneaurresfois que quatreou cinq Fra çois amp;nbsp;moy eftiSs en vn village delà mef me gr.ande Iflc nommé T^iratti-hu ou il y auoit
-ocr page 301-DE l’a M E R I Q_V E. 255 auoit vn prifonnicr beau amp;nbsp;puiHanticu-ne homme , enferré de quelques fers que nos Saunages auoyét recouurez des Chre ftieiis, s’accoftant de nous, il nous dit en langage Portugalois ( car deux de noftre Morg^ compagnie parlans bon Efpagnol Tenté- t^^J'^^^ dirent bien ) qu’il auoit efté en Portugal: pnfiMiir qu’il cftoit chreftiane : auoit efté baptize Kie nommait Antoni.Partant quoy qu’il /Mutr. ^^iMargaia de nation , ayant toutesfois par cefte fréquentation en autre pays aucunement defpouillé fa barbarie , il nous fit entendre qu’il euft bié voulu eftre dc-liuré d’entre les mains de fes ennemis.
Parquoy, outre noftre deuoir d’en retirer autant que nous pouuions, ayans par ces mots de Creftianeamp;d’Antoni efté plus efmeus de compafsion en fon endroit , Tvn de ceux de noftre compagnie qui entédoit TEfpagnol, ferrurier de fon^.t^-r eftat, luy dit qu’il luy apportcroit dés le lêdemain vnc linic pour limer fes fcrs:amp;:/‘~— )•' partant qu’incontinent qu’il feroità deli ure(n’cftât point autremét tenu de court) pendât que nous amuferions les autres de paroles il s’allaft cacher fur le riuage de la mer dans certains bofeages que nous luymóftrafmes:efquels en nousen retour nâs nous ne faudriôs point de l’aller quérir dâs noftre Barquc:mcfmes luy difrnes que fi nous le pouuions tenir en noftre
i
-ocr page 302-j54 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HIST OIR K
Fort, nous acorderions bien auecceux dcfqucls il cftoit prifonnier. Lepauure homme bien aife du moyen que nous Juy prefentions, en nous remerciant, promit qu’il feroit tout ainfi que nous luy auiôs confcillé. Mais quoy que la canaille Je Sauuages n’euft point entendu ce colloque,le doutas bien ncarttmoins que nous leur voulions cnlcuer d’entre les mains, dés le mefme iour que nous fufmes for-tis de leur village , eux ayans feulement en diligence appelé leurs plus prochains voifins pour eftre fpedateurs de la mort de leur prifonnier , il fut incontinent af-fommé. Tellement que dés le lendemain qu’aucc la limc,fcignâs d’aller quérir des farines amp;nbsp;autres viures , nous fufmes retournez en ce village : comme nous demandions aux Sauuages du lieu ou cftoit le prifonnier que nous allions vcu le iour precedent, quelques vns nous menèrent en vnc maifon ou nous vifmes le panure Antoni par pieces fur le 'Boucan: mefmes parce qu’ils cogneurent bien qu’ils nous auoyent trompez, en nous monftrantla tefte ils en firent vnc grande rifec.
Semblablement nos Sauuages ayans ^^ *o^*‘ fuvpris deux Portugalois dans flt;gt;-in,amp;- vnc petite maifonnette de terre, ou ils Z^sL^r^ftoyent dans les bois près leur Fortap-amp;quot;• pelé Morpion , quoy qu’ils fc defendif-fent
-ocr page 303-DE l’a M F. R I QJZ E. 253 fent vaillammét depuis le matin iufques «u ioir, mefmts qu aptes que leur munition d harquebuzes amp;nbsp;traits d’arbalcftcs fuient taillis , ils fortiffent aucc chacun Vne efpce à deux mains, dequoy ils firent vn tel efchcc fur les afiailians que beaucoup furent tuez amp;nbsp;autres blcflcz, tant y ancantmoins, s opiniaftians de plus en plusauec rcfolution de fie faire pluftoft tous hacher en pieces que de fie retirer fans vaincre,qu’en fin ils prindrét amp;nbsp;cm-menerét prifonmers les deux Portugais: delà defpouillc dcfqucls vn Saunage me vendit quelques habits de buffies : comme aufsi vnde nos Truchemens eutvn plat d’argent, qu’ils auoyent pillé auec dautres chofes dans la maifon qui fut forcée, lequel, eux ignoransla valeur,ne luycoufta que deux couftcaux.Ainfi eftâs de retour en leurs villages apres que par ignominie ils eurent arrache la barbe à ces deux Portugais ils les firent non feulement mourir cruellement, mais aufsi parce que les panures gens ainfi affligez, fentans la douleur s’en plaignoyent, les Saunages fie moquas d’eux leur difoycnt. Et cornent? fera-il ainfi que vous-vous foyez fi brauement défendus amp;nbsp;que main tenant qu’il falloît mourir auec honneur vous monftriez que vous n’auez pas tant de courage que desfemmes ? amp;nbsp;de celle
-ocr page 304-25^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HIS TOIRE
façon furent tuez amp;nbsp;magez à leur mode.
le pourrois encores amener quelques autres fcmblablcs exemples touchant la cruauté des Saunages enuers leurs ennemis , n eftoit qu’il me femble que ce que i cn ay dit eft affez pour faire auoir horreur amp;nbsp;dreffer les cheueux en la tefteà vn chaeû. Neâtmoins afin que ceux qui lirôt . ces chofes tant horribles exercecs iour-neUement entre les nations Barbares de la terre du Brcfil,pcnfe,nt aufsi vn peu de •près à ce qui fc fait par deçà parmi nous: icdiray en premier lieu,fur cefiematiere, PAnen 9“^ *' O» confidcrc à bon efeient ce que ^'^equot;^‘„ ^°”^ ”°® ^'^°^ vfuriers , ( fucçans Je fang tropêpha- ' amp;nbsp;Ja moelle,amp; par confequent mangeans «quot;• tous en vie tant de vefucs , orphelins amp;nbsp;autres panures perfonnes aufquels il vau droit mieux couper Ja gorge tout d’vn coup que de Jes faire ainfi Janguir) qu’on dira qu’iJs font encores pJus ciueJs que les Sauuages dontic parJe. VoiJa aufsi ! pourquoyJeProphetedit, queteJJesge's ) -wich ‘^^'^°^‘^^^quot;t: Ja peau,mangent Ja chair, ró-j ' ■^quot; pent amp;nbsp;brifent Jes os du peupJe de Die« comme s’iJs Jes faifoyent bouiJJirdans Ja chaudière. Dauantagc fi on veut venir à J’aétion brutaJc de mâcher amp;nbsp;mâgerreeJ-lement comme on parle} la chair humaine ne^s’e eü-il point trouuéen ces rceios de par deçà,voirc mefmes entre ceuxquot;qui por-
-ocr page 305-DE L’aMERIQJVE. 257 portât le titre de Chreftiens, tât en Italie «ju’aillcurs , Icfijuels ne s’eftans pai contentez d'auoir fait cruellement mourir leurs ennemis,n ôt.peu ralTafier leur cou . •^age félon Imô en mangeant de leur foje /»•««■': amp;,dc leur cœur? le.m'cn rapporte auxTii-ftoircs.Et fans aller plus loin en la Fran- ƒ“quot;^5** ce quoy.? ( le luu ralche dcJcdirç car ic cru^uti fuis François^ durant la Cinglante trage- ŸaUt’dét die qui commença à Paris le 24. d.Aouft ■2«,^««,. ï572.dont ic n’aceufepoint ceux qui^ n’çn font pas caufé , entre autres ades horfi-Llcs à raconter qui fe porpeticrcnt lors par tout le Royaumc,dans Lion Ja graif-. fe des corps hunuins qui furent,mafla-çrezd’vne façp plu^ barbare amp;nbsp;plus djuel Içque celle des.Saunages, après eflre rc-tirça:dç;la riüi^rp de Saône,rje fut cUç pas publiquement vendue au plus oÈ^rant amp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
derniereneherifleur? Le« fo;yes,cœurs Sc^” ''''/ autres parties des corps de quelques vns nefurcnt-ils pas mangez parties furieux meurtriers dontlçs enfers on^ horreur? Semblablement apres qu’vu nyme Ççeur de_RoyJaifant prufçfsion de la Re.Jtgiçn reforrnee dans la ville d’Auxerre futmi-fcrablement rtialfacré , ceux qui commi- Ma^rx rent ce meurtre ne decoupt rent ils pas fon cœur en pieces, l’expofcrent en venT '’•'••«•quot; teàfes haineux, amp;nbsp;finalement le firent grifler fur les charbons , puis en mange-
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rent pour aflbuuir leur rage? Il y a encores des milliers de pei fonnes en vie qui tefmoi^neront de ces chofes non iamais ouyes auparauant entre peuples quels r^f^/Vn lt;ju'ils foyent: amp;nbsp;les hures qui en font ia ftiirtJ^e frnjprimez dés long temps en ferontfoy à h» w/'^*la pôftci jtc.Parquoyqu’ô n’habarre plus fi-’txt. tant là Barbarie des Saunages Anthropophages,eeft à dire mangeurs d’hom-meS'fear puis qu’il y en a de tels, voire d’àütâtplus dcteftablcsamp;pires au milieu ~'âc nous qu’eux,comme il a eflé veu^nefe ‘' rifent que fur les autres nations qui leur font ennemies , amp;nbsp;ceux- ci fc font plôgez ah fdng de leurs parens , voifins,amp; compatriotes, il ne faut pas aller fl loin qu’eu PApacrique ni qu’en leur pays pour voir chofes fl monftrueufes amp;nbsp;prodigièufes.
C H A P.
, Ct tjuon peut appeler ‘^figiou entre les Sàtiùaees v/^tneri^uains'.des erreurs, eu certains abufeurs tju'ils ont entre eux nomme'^ Caraïbes les détiennent: dsquot; de la grande ignorance de T)teu ou ilsjontplongequot;^. ,
^^ ceron, affanoir qu’il n’y a peu-J pic fi brutal, ni nation fi Bar-, bare amp;nbsp;Sauuage,qui n'ait fen-timent
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-tuttent qu’il ya quelque druinité, foitre-ceu amp;nbsp;tenu d’vu thaicun pour vue maxime indubitable: tant y a neatmoins quad ieconfidcic de près nos X.o^gt;^/‘Ùi^fiiJ^gt;^gt;‘l^^ ^y^/tuu, de l’Amérique,que icmc trouuc aucune- ,^f,^,^'l,y^ mentempefebe touchât l’application de „'^^f.^/^.c celle fentéce en leur endroit. Gar en pre mierlicu outre qu’ils n’ont nulle conoif- rt:if«(:m.. fancc du feul amp;nbsp;vray Dieu , encores en font ils làlnonobftât la coullume de tous i„ ^mx les Anciês payes Icfquels ont eu la plura lire' de dieux,ik ce que fût encores les ido lattes d auiourd’hui,voire cô tre la façon des Indiens du T^eru terre continente à la leur cnirtron cinq ces lieues au deçà, lef-Quels facrifict au Soleil amp;nbsp;à la Lune) que ils ne côfclfcnt,ni n’adoret aucuns d ieux cclclles ni rerreftres : amp;nbsp;par confequent n'ayans aucun formulaire ni lieu député pour s’a’flembler,afin défaire quelque fer uice ordinaire, il s ne prient par forme de Religion ni en public ni en particulier chofe qu’elle quelle foit.Semblablement ignoras la creatiô du mode,fans qu'ilsnô mét ni diftinguée les iours par noms, Us n’ont point d’acceptiô de Tvn plus que de 1’autre:cómc aufsi ils ne cotét femaines, mois,ni années,ains feulemct nombrent. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
«retiennent les temps par les Lunes• frtntiandn Q^and à l’efcriture foit fainéle ou pro-’quot;*quot;‘'' phanc,nü fculemét,aufsi ils ne fauct que
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-ocr page 308-ZÓ’o nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTOIRK
a^urUt tf‘ t lt;^ftgt;ma*s qui pius cft n’ayans nul carade rif mt rc pour ligniher quelque chofc quand du ^'ure‘^quot;*' commencement que ic fus en Jeurpays, pour apprendre leur langage i'cfcnuoii quelques lcntcnccs,lcur lifantpuis apres deuant eux, en cftimans que cela fut vne forederie ils difoyent l’vn àl’autrerN’eft ce pas merueillc que ceftui ci qui n’euft fçeu dire hier vn mot en noftre laguc, en vertu de ce papier qu’il tient qui le fait parler,foir maintenant entendu de nous? Qui eft la mefme opinion que les Saunages habitans enl’Hlc Efpagnole auoyent des Efpagnols qui y furent les premiers, car ccluy qui en aefcritl hiftoiredit ainfi, H.i.c.Jv ’-^^ Indies cognoiflas que les Efpagnols fans fc voir ni fans parler l’vn à l’autre, neantmoins en enuoyant des lettres de lieu en lieu, s’entendoyent ainfi, croy-oyent oùqu’ils auoyent l’efprit de pro-plietie,ou que les miffues parloyent : de façon que les ’saunages craignans d’eftre defeouuerts amp;nbsp;furprins en faute, par ce moyen furent fi bien rctchus en leur dc-uoir,qu’ils n’ofoyent plus mentir ni def-rober les Efpagnols. Partant ie di que qui voudroit ici amplifier cede matière il fc prefente vn beau champ pour mon-ftrer qu’elle grace Dieu a faite aux natiós qui habitcntlcs trois parties du monde, alîauoir Europe, Afie,amp; Afrique,par def
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fus Ics Sauuagcs de c’eftc quatrième par- sfiriiurt tic dite Amerique:car au lieu qu’eux nc*quot;quot;“^'
1C peuuent nen communiquer que verba ^^iig-„f * leincnt, nous aucontrairc auons ceftad-liantagc que fans nous bouger d’vn Heu par le moyen de l’cfcriturc amp;nbsp;des lettres que nous cnuoyons,nous pouuons deda rer nos fecrets àceux qu’il nous pJaift,amp; fullcnt ils efloignez iufques au bout du monde.Ainfi outre les fcienccs que nous apprenons parles liurcs dont ces Saunages font du toutdeftituez , encores cefte inuention d’eferire que nous auôs, dont ils font aufsi priucz , doit eftremife au rang des dons finguliers que les hommes de par deçà ont reccu de )^ieu.
Pour donques retourner à nos T'eu-BupinaTnhiioulrs : quand en dcuifantaucc eux,nous leur difions que nous croyons envnfculDicu fouuerain créateur du monde,lequel comme il a fait le ciel amp;nbsp;la terre aucc toutes les creatures qui yfqnt contenues; gouuerne aufsi amp;nbsp;difpofe du „,^* ' ƒƒ, tout comme il luy plaift : eux di-ic nous ^«»»^1“ oyans reciter ceft article,en fc regardans ‘^quot;d/quot;' l’vnl’autre , vfans de cefte interiedion vrajCii» d’esbahiflement T'eÂ/qui leur eft accou-ftumee, demeuroyent tous eftonnez. Et parce,comme ic diray plus au long , que quand ils entendent le Tonnerre qu’ils Toupa. nomment Toupan, ils font grandement
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effrayez, li nous accommodans à leur m-deffe prenions particulièrement occafion de la de leur dire que c’eftoit le Dieu dot nous leur parlions qui,pour monftrer fa grandepuiffance,faifoit ainfi trêblcr ciel amp;nbsp;terreJeurs refolutions amp;nbsp;rcfponcesà cclacftoyétq puisqu’il les cfpouuâtoit de cefte façô,il ne valoir dont rien. Voila chofes dcplorables,ou en font ces poures gens. Comment donques , dira maintenant quelqu’vn,fe peut il faire que comme belles brutes cesAmeriquains viuent fans aucune Religion? Certes comme i’ay ia dit peu s'en faut, amp;nbsp;ne penfepas qu’il y ait nation fur la terre qui en foit plus efioignee. Toutefois pour commçn eer à declarer ce qui leur relie de lumière, ic diray en premier lieu: qu’au milieu o^lftrrt- de ces cfpelles tcnebres d’ignorûcc ou iis ^u^,gt;,gt; font détenus,que non fculcmct ilscroyét rnytiiihm nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i - /j nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r ■ t ~
m^ri,ii,ié 1 immortalitedcs amcs,mais aulsi ils tie-di, MKn. nent fermement qu’âpres la mort des corps celles de ceux qui ont vertueufe-ment vefeu , cell à dire félon eux qui fc font bien vengez amp;nbsp;ont beaucoup mangez de leurs ennemis,s’en vont derrière les hautes montasses ou elles danfent dis de beaux jardins auce celles de leurs grands peres (ce font leschamps EUfiens des Poetes) amp;nbsp;au contraire que celltsdcs e^feminc^ St gens de néant qui n’ont te
nu
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nu conté de défendre Ia patrie vont aucc„^ vlt;/jjg«d«,ainfi nomment ils le diable en leur langage,ou elles font incenamment tormentees . Surquoy ie diray que ces pourcs gens durant leurs vies font j^y^fja 3ufst tellement .ajBigez de ce malin cf- ttM m eft prit (lequel autrement ils nomment ^^~^‘/,tâmu, ‘^^’’^rf') que comme i‘ay veu par plufieurs SoHua^ei. fois,mefmes ainfi qu’ils parloyêc à nous,, fe fentans tormentez amp;nbsp;crians tout fou-^ dain comme enragez , nous difoyent: belas défendez nous d’^ygnan (^m nous bat: voire difoyent que vihblcmcnt ils ie voyoyenc tantoft en guifc de belle, d’oyfcaux,ou d’autres formes ellranges. Et parce qu’ils s’cfmcrucilloycnt bien fort de voir que nous n’en eftions point îflaiHis, quand nous leur difions que telle exeption venoitdu Dieu duquel nous leur parliôs fi fouuent lequel eftât fus cô paraifo pP fort lt;ju'^gt;gna gardoit qu’il ne nous pouuoit ni molcftcr ni mal faire , il eftaduenu quelque fois qu’eux fevoyans prclfcz promettoyent d’y croire comme nous ; mais fuyuant le prouerbe qui dit, que le danger pafie on fe moque du fiint, fr toft qu’ils eftoyent deliurez , ils ne fe foucioyent plus de leurs promefles. Toutesfois , pour monflrcr quecen’eft pas ieu , ie leur ay vc.u fouuent tellement appréhender celle, furie infernale,
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que quand ils fe refiônuenoyent de ce qu’ils aùoycnt enduré par le pafTé frap-pans des mains fur leurs cuiffes, voire de dcftielfe ayans la futur au front, en fe cô-pUignans à moy ou à autre de noftre cô-, pagnic,ils difojét.Aïa^ir tAteu-znJfap. A-celt;^uetey ^y^nnn atoufi4ue,c’c{d à dire Fran çois mô ami,ou mo parfait allié, ie crain le diable,ou l’efprit malin,plusquc toute autre chofe-Qur fi au contraire ccluy auquel ils s'adrefloyent leur difoit. T^aci“ ^ùeiey j^y^nan, c’eft à dire ie ne le ciain point moy: en dcfplorant leur condition ils refpondoyenf bêlas que nous ferions heureux fi nous cftions comme vousau-trcs . Il faudroit croire amp;nbsp;vous aflurcr comme nous faifons en ccliïy qui cftplus puilfant que luy,répliquions nous ; mais comme i’ay dit quajques proteftationS qu’il,fiflent d’ainfi le faire, tout cela.s’ef-uanouifloit incontinent de leur cerucau.
Or auantque pafTcrplus outre i’ad-ioufteray fur leptopós que i’ay touché denos Àmcrlquains qui croyent Fame immortelle (nonkibllant la maxime qui aufsi a toufiours cfté communément tenue oar lcsThcô!ogics:afiauoir quêtons les Pbilofophes,Payci,amp; autresGetilsamp; barbares aùoycnt ignoré amp;nbsp;nié la refurre dion de la ebair^que rhiftorien deslnd'cs Occidentales dit qut non feulement les Sau-
-ocr page 313-DB LAMER! Q^ E. i(?5 Saunages habitus delaville dtCuzCO ptin 41« 'Veri* cipale au Peru amp;nbsp;ceux des enuirons con- ”pquot;”’J‘^ feflentaufsilcs ames eftic immortelles, du mft mais qui plus eft croycnt la refurreólion des corps: amp;nbsp;voici l’exemple qu’il en ale- j^jji g^^,-gue.Les Indiens dit'il voyans que les j^j ud. tfpagnols en ouurâs les fcpulchics pour Im. 4-anoir l’or amp;nbsp;les richefles qui eftoyent de- ^b. igt;4’ dans icttoyent les offemens des morts deçà amp;nbsp;delà, les pt ioyent qu’afin que cela ne les empefehaft dcrclîufciter ils ne les ffeartaflent pas de cefte façon:car adiou-ftc-il,parlant des Saunages de ce pays là, ils croycnt la refurreâion des corps amp;nbsp;l’immortalité de l’ame. 11 y a femblablc- rtjet^ nient quelque autre auteur prophanc le- 'fj^'^*quot;„f qiicl afferme qu’au temps iadis vnecertai citi^Ht. ne nation Pay cnne en cftoit aufsi paffee iiffques là de croire ceft article . Ce que l’aybien voulu narrer expreflément en ceft endroit afin que ebafeunentende que fi les plus qu’mdiablcz Atheiftes dont la ^J^i'^ii/in. terre eft maintenant toute couucrtc par deçà ont cela de commun auec les Tquot;ohou~ pinambaoults de fc vouloir faire acroire, foire encores d’vne façon plus eftrâge amp;nbsp;plus bcftiale qu’eux , qu’il n’y a point de •l^icUjque pour le moins en premier lieu, ils leur aprennent qu’il y a des diables pour tormenter , mefme en ce monde Ceux qui nient Dieu amp;nbsp;fa puiffance.Q^c
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s’ils répliquent la deflus que c'eft vne fof le opinion que ces Saunages ont de choies qui ncfont point, amp;nbsp;qu’ainfi qu’aucuns d eux ont voulu maintenir , il n’y a autres diables que les maunaifes afte-ßions des hommes. le refpond que tant
\ pareeque i’ay dit amp;nbsp;qui eft très vrayîa/ïa-uoir que les Ameriquains font extrêmement voire vifiblcmcntamp;-aélucllemcnt tormentez des malins cfprits, que paies que chacun peut iuger que les affections quelques violentes qu’elles puiffenttHre ne pourroyent affliger les hommes de tel le façon qu'il fera aifc de les rembarrer parce moyen.
Secondement parce que ces Athées nians les principes font indignes qu’on leur allégué ce que les Efciiturcs fain-élcs difent de l'immoitalite' de fame, ic leur propoferay encores nos panures aucuglcs Brcfilicns , Icfqucls leur enfei-gneront qu’il y a vn cfprit en l’homme qui ne mourant point auec le corps eff fuiet à félicité ou infclicité perpétuelle,
Etpourle troifeme touchant la refur-rcéliondcla chaii :d’autant que comme chiens ils fc font aufsi accroire que quad le corps eff mort il n’en releucra iamais, icltur oppofc les Indiens du Peru, Icfqucls au milieu deleurfaufle Religion, amp;nbsp;n’a-
-ocr page 315-EF. l’a M E R I QJV E. 26'7 amp;nbsp;n’âyans prefques autre cognoiflance ^ue le fcnttnicnt de naturegt; en fc Jeuans en iugement dcfmentiront ces cxccia-bJes. Mats d'autant conmie i'ay dit, que eftans pires que les diables inefmes,lef-quels comme dit faint lacqucs croycnt ^^^ ^ qu’il y a vn Dieu amp;nbsp;en tremblent, ic leur fais encores trop d’hôneur de leur bailler ces Barbares pour Docteurs : fans plus parler pour le prefer de leurs dctcftablcs cireurs ic les i êuoye tout droit en enter.
Ainfi p our retourner à mon principal fiiict, qui eft de pourfuyurc à declarer ce qu’on peut appeler Religion entre les Saunages de l’Ameriqueue di en premier lieu, fl on examine de près ce que i’ay îa touche' d'eux, alfauoir , qu’au lieu qu’ils dcfireroycnt bien de demeurer en repos,ils font neantmoins contraints quad ils entendent le 'ronnerre de trembler fousvnc Puiflance à laquelle ils nepeu-uent rcfifter , qu’on pourra recueillir de la, que non feulement la fentence de Cicéron , que i’ay alléguée du comincncc-nient, contenant qu'il n'y a peuple qui n’ait fentiment qu’il y a quelqucDicUjcH: vérifiée en eux , mais aufsi cefte crainte qu’ils ont de ccluy qu’ils ne vculét point cognoiftre , les rendra du tout inexeufa-blcs. Et de fait quand il eft dit par l’A- Aa.i^i poftre que nonobftant que Dieu es temps 17.
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paffez aitlaifsc tous les Gentils cheminer en leurs voyes, que cependât en bien faifant à tous,amp; en enuoyant la pluye du ciel amp;nbsp;les faifons fertiles , il nes eft jamais laiflë fans tefmoignage : cela montre alfez quand les hommes ne cognoif-fent pas leur Créateur, que cela procède de leur malice. Comme aufsi pour les cô Ro.1.10. uaincre dauantage il eft dit ailleurs , que ce qui eft inuifiblc en Dieu, fe voit par la création du monde.
Prefuppofant doncques que nos Ame riquains , quoy qu’ils ne le confeffent, cftans conueincus en eux mefmes qu’il y a quelque Diuinité ne pourront prétendre caufe d’ignorance : outre ccquci’ay Îa dit touchant l’immortalité del’ame,laquelle ils croyent : le Tonnerre dont ils
font cfpouuantez , amp;nbsp;les diables qui les tourmentent, ic monftreray encores en quatrième lieu , nonobftant les grandes amp;nbsp;obfeures tenebres ou ils font plongez» comme cefte fcmence de Rcligionffi tou-tesfois ce qu'ils font merite ce titre^bour ionne amp;nbsp;ne peut eftre efteint en eux.
Pour doncques entrer en cefte matière, faut feauoir qu’ils ont entre eux cer-certains faux Prophètes amp;nbsp;abufeurs que ils nomment ^araibexilcfquds allans amp;nbsp;venans de village en village , commcles porteurs de Rogaton en la Papauté, leur —font
-ocr page 317-DE L’AME RICVE. 2^J| font accroire j que communiquans auec les efprits,non feulement ils peuuent do ner force à qui il leur plaift pour veincre amp;nbsp;furmonter les ennemis , mais qu'aufsi ce font eux qui fontcroiftie les grofles racines amp;nbsp;les fruifts,tels que i’ay dit ailleurs que cefte terrcduBrehl les produit. Dauantage ainfi que i’ay feeu dcsTru-chemens de Normandie qui auoycnt lôg temps demeuré en ce pais la,nos Tonou~ finambaonltz ont cefte couftume que de trois en trois,ou de quatre en quatreans, ils font vne grande folennité de laquelle comme vous entendrez pour m’y eftre trouué fans y penfer, ie peux parler à la vérité. Comme doncques vn autre François nommé lacques Rouffeau amp;nbsp;moy a-uec vn Truchemec allions parpays , ayas couché vne nuift en vn .village nomme Cofgt;na, le lendemain de grand matin que nous penfions palfcr outre nous vifmes enpremier lieu les Saunages qüi venans j,,y,^^, des lieux plus proches, amp;nbsp;mefmes fortâs xttMtfur des maifons de ce village s’affcmblcrcnt ^'Çquot;^jJ en vne place en nombre de cinq ou fix ƒ»/«'gt;»«» cents. Parquoy nous arrcftans pour fa-*' ƒ***• uoir ^quelle fin cefte aflemblce fe faifoit, ainfi que nous-nous en enquêtions nous les vifmes foudain feparer en trois bandes: aflauoir, tous les hommes qui fe retirèrent en vne maifon à part,les femmes
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en vn autre gt;nbsp;amp;nbsp;les enfans de mefine. Of parce que ie vis dix ou douze de ces mef-iicurs les Caraïbes , qui s'eftoyent rangez auccles hommes, medoutant bien qu’ils vouloyent faire quelque chofe d’extraor dinairc ie priay inftamment mes compagnons que nous dcmeuriffions làpour voir ce miftere , ce qui me fut accorde. Ainfi apres que les (Caraïbes auant que fc départir d'aucc les femmcsamp; enfans leur eurent eftroitement défendu de ne for-tir des maifons ou ils eftoyent, ains que de la, ils efeoutaifent attentiuement quand ils les orroyent chanter: aduinc que nous ayans aufsi commandé de nous tenir endos dans le logis ou cftoyentlcS femmes, ainfi que nous dcficunions,fan$ feauoir encores ce qu’ils vouloyét faire, nous commençafmes d’ouir en la maifon ou eftoyent les hommcsjaquclle n'eftoit pas à trente pas de celle ou nous eftions) vn bruit fort bas , comme vous diriez le murmure de ceux qui barbotent leurs heures:ee qu’entendans les femmes Icfqucllcs eftoyent aufsi en nombre d’cii uirondeux cens, toutes fc Icucrentdc-bout,amp; en preftant l’aurcillc fc ferrerent cnfcmble. Mais apres que les hommes peu à peu eu ent cflcuc leurs voix,amp; que nous les entendifmes fort diftinéfement chanter tous cnfcmble, amp;nbsp;repeter fou-uent
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Went ccfte intcricélion d accouragement Chmi,^^ ^^ybfyhj.ht.noas fufmes tous es bahis que^»sainte elles de leur cofte leur refpondant amp;nbsp;rei-'®”' terant, aaec vne voix tre;nolamc , cefte nicfme interie^lion, he,he,hcthe, feprin-drenr à crier de telle façon l’efpace de plus d vn quart d’heurc, qu’en les regardant nous ne fcauions quelle contenan--cetenir. Et de-fait parce que non feule- „ , , wienr elles hurloyent amli, mais qu auisi ^ t omtui auec cela en faurans «nl’air de la grande*j '^^'^ violence faifoyent brander leurs mam-s«Zgt;«4*Â iticlles, efeumoyent par la bouche, S’oirc aucunes (cônic'ccux qui ont le haut mal pardeça) tomboyent toutes efuanouïes, ie ne croy pas autrement, que le diable ne leur entraddans le corps , amp;nbsp;qu’elles «e deuinfét foudain enragées; Bref nous oyans fcmblablcmcnt les enfans deleur part brader amp;nbsp;fc tourmenter de mefme/*Ylt; «'/ i' au logis ouilseftoyent fcparez , qui e-ftoit tout auprès de nous : combien di iequ'il y eut ia lors plus de demi an que ie frequentois les Saunages, amp;nbsp;que ie fulfc défia autrement accouftume' parmi eux , tant y a , pour n’en rien defgui-fer , qu’ayant eu quelque frayeur amp;nbsp;ne fcachant qu’elle-fcroit l’ilTue du icu,j’cuf fc bien voulu eftre en noftre Fort Toutesfois , quand ces bruits amp;nbsp;hur-lemens confus furent finis , amp;nbsp;après
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vnc petite pofe Jcs femmes amp;nbsp;les enfans fc taifans tout court) nous entcndifmes derechef les hommes Icfqucls chantans amp;nbsp;failans refoner leurs voix lt;1 vn accoid mcrucillcuxj m’eftant vn peu r’afleuiéed oyat ces doux amp;nbsp;plus gracieux fons,il ne faut pas demader 11 ie defu oisde les voir de près: mais parce que quand ic vouloir fortir pour m’en approcher, no fculemct les femmes me rctiroycnt,mais aufsino-ftreTruchemet difoit que depuis 6.OU7. ans,qu’il yauoit qu’il eftoit en ce pays là, il ne s’eftoit iamais ofé troimcr parmi les hommes ch tellclêlfc: de fiçon , adiour ftoit-il,que fi i’y allois ieneferois par fa-gément : craignant de me mettre en danger ie demeuray vn peu ch fufpens. Neit moins parce que Payant.fondé plus auât, il me Ïcmbloit qu’il ne nie donnoitpas grande raifon de fon dire , ioint que ie ■ m’afleurois de ramitic.de certains hons vieillards qui demeuroyent en ce village auquel 1'auois.eftc quaerc ou cinq foi-s au pareuât,moitié de force,amp; moitié' de gré, ie m hazarday de fortir.. itPapprochaBt doneques du lieu ou i’oyoyc celle chan-trerie , comme ainfi foit que les maifons Jis Sauux des Saunages (longues qu’elles font amp;nbsp;de ^iJtfut! £jç.Qin rond( s corne vous diriez vnc treil-l?’^^'^°® lardinsdr pardeça^ loyent bal-' ks ^ couuertes d herbes iufques contre terre.
-ocr page 321-D E L’a M E K I QJ' E. jyj terre,afin que ie peufle mieux voirlmó plaiür, le ns auec les mams vn petit permis en la couueiture. Après cela faifant figne du doigt aux deux François qui me regardoyent, eux à mon exemple s’eftan? aufsi enhardis amp;approchc2,fans nui em-pefehement ni difriculté, nous entrafmes tous trois dans cefte maifon. Ainfi les Saunages connnuans toufiours leurs châ fons amp;nbsp;tenans leur rang amp;nbsp;leur ordre d’v ne façon admirable, nous tout coyemenfi amp;nbsp;pour les contempler tout noftre faoul nous rctirafmes en vn coin. Mais fuyuât ce que i’ay promis ci delTus , quand i’ay parlé de leurs danfes en leur ['aoutna^ft que ie dirois aufsi l’autre façon qu’ils ont de danfer: afin de les mieux reprefen ter,voici les morgues,geftes, amp;nbsp;contenâ-ces qu’ils tcnoyent.Tous près à près Tvn de l’autre, fans fc tenir par la main, ni fans fe bouger d’vnc place, ains cftans ar rengez en rond , courbez furie deuantj guindans vn peu le corps , remuans feulement la iambe amp;nbsp;le pied droit, chacun Ctntnäft ayât aufsi la main dextre fur fcs feiles,amp; ‘^‘‘^jîf'^ le bras amp;nbsp;la main gauche pendant, dan- ^quot;^4. foyent amp;nbsp;chantoyent de cefte façon . Au furplus parce qu'à caufe de la multitude 11 y auoit trois rondeaux, y ayant tout au milieu d’vn chaeû trois ou quatre de ces C‘fraibei richemét parez de robes , bon-
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ncts.amp;bracclets de belles plumes naifues e^ra- naturelles amp;nbsp;de diucrfes couleuis-.tcnans ;^^j au refte en chacune de leurs mains vn de drJ,agt;,sles CCS Maracas y c'eft à dire fonnettes faites jd^racM. j-yj^ fruit plus gros qu’vn œufd’Auftru-chcjdont i’ay parlc aillcursjafin difoycnt ils, que l’efprit parlait puis après dans i-cellcs pour les dedier àceflvfagc ils les faifoyét fôner à toute rcfte;amp; ne vous les fcaurois mieux comparer en l’cftat qu’ils cftoyent lors , qu’aux fonneurs de cam-panes de ces Caphars , qui en abufant le pauure monde par deçà portent de lieu 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;cnlmulcs ch^es demaint Anthoinc,de
n'•fl^.'^j,' Bernard amp;nbsp;autres tels inftrumens d'idolâtrie. Ce qu’outre la fufdite defeription ievous ay bien voulu encores reprefen-ter par la rigure fuyuantej du Danfeur amp;nbsp;du Sonneur de z^/araca.
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gt;igt;es f9gt;*ffigt;t»tJ
Outre plus ces ^arat/^esen s’auançâsamp; fautans en deuant, puis reculans en arrière ne fe tenoyentpas toufiours en v-ne place comme faifoyent les autres: mefines fobferuay qu’eux prenans fou-uent vne cannc_dc bois,longue de quatre à cinq pie^Tau bout de laquelle il y auoit de l’herbe de Perun (dont i’ay fait mentiô autrcpart)feichc amp;nbsp;allumccjcn fe tournas amp;nbsp;foufHans de toutes parts la fumee d’icelle fur les autrcsSauuagesleur difoyét: fir lemu ^^^ 4^’^ vous furmonticz vos ennemis» treiSaHH^ receuez tous l’cfprît de force : amp;nbsp;ainfi firent par plufieurs fois ces maiftres^rfM il^es . Or ces ceremonies ayant ainfi duré près de deux heures, ces cinq ou fix cens hommes Saunages ne ceffans toufiours Mtrutiÿl^ lt;i^ chanter il y eut vnc telle melodie qu’a
UfJuStu tendu qu’ils ne feauent que c’tftdc mufi-que,ceux qui ne les ont ouïs ne croiroyet jamais qu’ils s’accordaflent fi bien. Et de fait au lieu qu’au commencement de ce fabbatfeftant commei’ay dit en la maifon ou cftoyentlcs femmes ) i’auois eu quelque crainte » i’eu lors en recompenfe vnc telle ioycque non feulement oyant les accords d’vne telle multitude fi bienme-. r furc2,amp; fur tout pour la cadance amp;nbsp;rc-’ nbsp;nbsp;f^'ï]'^ de la balade à chacun couplet tous
traifnans leurs voix difant • keKihfuaHre, ietirit) ^curaHref Retira,henra, ouch- i’en dc-meuray
-ocr page 325-DE L’A M E R I QV E. îyy nicuray toutraui: maisaufsi toutes les fois qu’il m’en fouuicnt, le cœur m’en treflaillant il me fcmble que ic les aye encores à mes oreilles. Q^and ils voulurct finir, frappas du pied droit contre terre, plus fort qu’au parauant, apres que chacun eut craché douant foy,tousvnanime-ment d’vnc voix rauque, prononcèrent/«..« deux ou trois fois he,hua,hu/t,hua, amp;c ainfi ceflérent.Et parce que n’entendât pasen-cores lors parfaitement tout leur langage ils auoyent dit plufieurs chofes que ie n’a Vois peu comprendre, ayantprié le Truchement qu’il les me deelaraft : il me dit en premier lieu qu’ils auoyét fort incifté «t regretter leurs grands peres decedez qui eftoyent fi vaillans : toutesfois qu’en fin ils s’eftoyent confolcz en ce qu’âpres leur mort ils les iroy et trouiicr derrière les hautes môtagnesou ils diferoyet amp;fc refiouyroyct auec cux.Séblablcment qu’à toute outrance ils auoyent menafiez le» Ouetacas ( nation de Sauvages, laquelle comme i”ay dit ailleurs leur eft tellemct ennemie qu’ils ne l’ont iamais peu dôp-ter) d'eftre bien toft prins amp;nbsp;mangez par eux,ainfi queleur auoyent promis leurs ofinit» Caraibes. Au furplus qu’ils auoyent en-trcmellc amp;nbsp;fait mentio en leurs chantons u,rfeien,rr que les eaux s’eftâsvne fois tellement dcf^quot; '^’”quot;^ bordées qu’elles auoyct couuert toute la^
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tcrre tous les homes du monde,exceptez leurs grands pères qui fe fauuerét fur les plus hauts Aibres de leur pays, furent noyez: lequel dernier point qui eft, ce qu’ils tiennent entreeux plus approchât de l’Eferiture fain te,ie leur ay d’autrefois depuis ouy réitérer . Et défait cftant vray fcmblable que de pere en fils ils ayet ente du quelque chofe du deluge vniuerfel, qui aduint du temps de Noc ; fuyuant la eouftumedes hommes qui ont toufioürs corrompu amp;nbsp;tourne la vérité en menfon-gcs:ioint comme il a efté veu ci deffus qu’efians piiuez de toutes fOrtes d'eferi-turcs il leur eft malaifé de retenir les cho fes en leur pureté , ils ont adioufté cefte fable,comme les Poètes,que leurs grands peres fe fauucrent fur les A ihres.
Pour retourner à nos Caraïbes, ils furent nô feulcmct blé receus ce iour là de tous les autres bauuages qui les traitas magni fiquement des meilleures viandes qu’ils peurent trouuer, n’oublièrent pas aulsi félon leur couftume ordinaire, de ^4-oMiner amp;nbsp;boire d’autant, mais aufsi mes deux compagnons François amp;nbsp;moy qui comme i’av dit nous eftions trou-uez i nopiné' ient à cefte confrairic des Bacchanales , à caufe de ccla,fifrncs bonne cherc auec nos nJ^oufacats,ccü 2 dire bons peres de famille qui donnent à man ger
-ocr page 327-DE L’aMERIQVE. 279 ger aux paflans.Et au furplus de tout ce que i’ay dit,après que ces jours folcnncls (aufqucls ainii de trois en trois ou de quatre en quatre ans,toutes les lingeries que vous auez entendues fe font entre nos 'Touonpinambaoults') font priiez , Sc'fi'^j,*' quelques fois auparauant,les Caraïbes ai- M«rt!»r, lans encore particulièrement de village en village,font accouftrer des plus belles
Î plumaflcrics qui fe pcuuent trouucr en chacune famille trois ou quatre, plus où moins,de fcs Iwchcts ou grofl'es fonnet- -v *U/y,^y tesqu’ils nomment Maracas : Icfquclles,/»*'«*^ ainfi parées fichant le plus grand bout du ^'’^'''gt;lt;«/r,-' 1 bafton qui eft à trauers dans terre,les ar-rengeans tout le lôg amp;nbsp;au milieu des mai fons, ils commandent puis après qu’on ^^^^^^^ leur baille à boire ^ à manger.T cllcmcc ffrfiit/,»' queecs affronteurs faifans accroire aux ,..._^,, 1 autres pourcs idiots,que ces fruits amp;nbsp;cf- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gt;
5 pcccs de courges ainfi crefez parez amp;nbsp;de *gt;»•„..
dicz mangent amp;nbsp;boyuent la nuit, chacun^ chefd'hoftcl adiouftant foy à cela,ne faut point de mettre auprès des fiens,non feu lement de la farine aucc de la chair amp;nbsp;du poi{rô,mais aufsi de leur bruuagedit Ca~
' oui«.Voire les laiffâs ainfi ordinairement placez en terrequinzeiours ou trois femai : ncs,toufioursfcruis,dc mcfmcils ôtapres cela vue opinio fi eftrâge de ces Maracas, lefqucls ils ont prefque toufiours en la b 4
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erreur main qu’en y attribua t quelque faintetc, ^rt/mrt. ils difentque fouuctcsfois en les fonnàs vn cfprit parle à eux. Que fi au refte nous autres paires parmi Icuis maifósamp;lógucs loges voyons quelques bonnes viandes prefentee à ces A^araCl{s amp;nbsp;que nous les prinfsions amp;nbsp;mangifsions i comme nous allons fouuent fait ) nos Amci iquains,e-ftimans que cela nous caufcroit quelque malheurgt;n’en eftoyet pas moins oftencez quefôtles fupcrfticieuxSefucccireurs des preftres de Baal devoir prendre les offrandes qu’on porte à leurs Marmofets, dequoy cependant eux amp;lcurs putains fe nourriflent.Qui plus eft fi delà nouspre-nions occafionde leur remonfirer leurs erreurs ,amp; mefmes que nous leurs dif-fions que les CarÂÏlxs non feulement leur faifant accroire que leurs Maracaeman-geoyent amp;nbsp;buuoyét,lcs tropoyet en cela» mais qu’aufsi ce n’eftoit pas cux,c5mcils fevantoyent, ainslc Dieu en qui nous croyons amp;nbsp;que nous leur annoncions qui faifoit croiftre leurs fruits amp;nbsp;leurs grof-fes racines : cela eftoit autant en leur endroit, que de parler pardeça contre le Pape , ou de dire à Paris que la chaire de fainte Genemeue ne fait pas plcuuoir. à ; Aufsi ces pipeurs de Ceirâihes ne nous ,i,„/friegt; haîlfis pas moins que les faux prophètes te,trine. J^ lezabcl, craignis de perdre leu rs gras morceaux
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■morceaux, faifoycntle vray feruitcur de Dieu the, qui femblabfement defeou-uroit leurs abus,commenlt;jans afe cacher de nous craignoyent mefmes de venir on de coucher es villages ou ils feauoyent que nous cftions.
Orquoyquenos TououpinambaoH/fXt fuyuant ce que i’ay dit au conimcnccmct de ce chapitrc5amp; nonobflant les ceremonies qu’ils font n’adorent par flcfchiflc-^«'*’Mlt;J.' ment de genoux ou autres faços externes leurs Çaraibex,ni leurs Maracajy ni créatures quelles qu’elles foyent, moins les prientamp;inuoquent: pour continuer tou-tesfois à dire ce que i’ay appèreeu en eux en matière de Religion , i alltgucray encores ceft exemple . M’eftant trouuévnc autre fois aucc quelques-vns de noftre nation en vn village nomme 0Karenitm diftant deux lieues de Cofiua dont i’ay tantoft fait mention: comme nous fou-pions au milieu d’vnc placeJcsSauuages de ce lieu (non pas pour manger, car s'ils vcullcnt faire honneur à vnperfonnage ils ne prendront pas leur repas aucc luy) s’eftans aflemblcz pour nous côtempler: vùm^rJ} S^ mefmes les vieillards bic fiers de nous ^'»‘’•'r‘”-voir en leur village nous monitrans tous infratvi les figncs d’amitié qu’il leur cfioit pofsi-ble, ainfi qu’Archers de nos corps , aucc chacun en la main vn os du nea d vn poif
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foil long de deux ou trois pieds fait en i.lt;f^,' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;f^ÇO” de f^c^eftans alétour de nous pour
* ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;chafler les enfans, aufquels ils difoyet en
b 4-7^ leur Jâgagc:petitcs canailles retirez VOUS '/^ car vous n eftes pas dignes de vous apro cher de ces gens ici : apres di-ic que tout ce peuple fans nous interrompre vn fcul mot de nos deuisnous eut laide fouper en paix, il y cutvn vieillard lequel ayant obfcruc , que nous auions prie Dieu à la En amp;nbsp;au commencement du repas nous demanda.Que veut dire celle manière de fairedont vousauez tantoft vfe, ayans tous par deux fois oftez vos chapeaux amp;nbsp;fâs dire mot,excepte vn qui parloit,vous elles tenus cois? A qui s’adrclfoit ce qu’il à dit? ell ce à vous qui elles prefens, ou à lt;krlt;if!tii qxiclqucs autres abfens?Surquoy empoi-it vraj gnas celle occalion qu il nous prelcntoit Ditu aux apropos pour leurparlcrdc la vrayc •tuujiti. j^^.jj^j^j^ . joint qu’outre que ce village ti’0^arentin ell des plus grands amp;nbsp;plus peuplez de ce pays là , ic voyois encores ce me fcmbloit les Saunages mieux difpo fez amp;nbsp;atrétifs à nous efeonter que de cou flume,ie pi iay nollrc 'I ruchcmét de m’ai der à leurdonner à entédre eeque icicur dirois,Apres donc que pour refpondre à laquellion du vieillard ic luy eu dit que c’clloit à Dieu auquel nous auions adref-Ic nos prières: amp;nbsp;quequoy qu’il ne le vit pas il
-ocr page 331-DE l'AMERIQVE. 285 pas il nous auoit non feulement bien en-tcdus,mais qu’aufsi il fauoit ce que nous pcnfions amp;nbsp;auions au cœur, ie commen-çay à leur parler de la création du mode: amp;nbsp;fur tout i’infiftay fur ce point de leur bien faire entédre que ce que Dieu auoit hit l’hóme excellent par deflu« les autres creatures eftoit afin qu’il glorifiaft tant plus fô créateur: adiouftât par ce q nous leferuiós,qu’il nouspreferuoit en trauer fat la nier pour les aller voir,fur laquelle nous demeurions ordinairement 4. ou 5. mois fis mettre pied à tcrrc.Sêblablemét qu’à cefte occafiô nous ne craignôs point corne eux d’eftre tormetez â’^ignayiti en cefte vie ni en rautrc:dc façô leur difoi ie que s’ils fc vouloyct côucrtir des erreurs ou leurs Caraibes meteurs les detcnoyci.’ cnfemblc delailTcr leur barbarie pour ne plus mâger la chair de leurs ennemis que ils auroyent les mclmcs graces qu’ils co-noiffoyet par effectque nous auions.Bref afin que leur ayât fait entédre la perditiô de l’homme nous les preparifsion« àrece uoir lefus Chrift,leur baillant toufiours descôparaifôs de chofes qui leur eftoyét cognuesnous fufmesplus de 2.heures fur SaHi^igei ceftematicrc de lacrcation,dôt pour brie *^^^’^J Hete' lene feray ici plus lôg difeours. Or j-,u-,gt;-f,,o’ tous preftans l’oreille,aucc grade admira tion efeoutoyét attétiuemet de manière
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qu’eftans entrez en esbahiflement de ce Qu'ils auoyent ouy , iJ y eut vn vieillard qui prenant la parole dit. Certainement vous nous aucz dit merueillcs , amp;nbsp;chofes Wes bonnes que nous n’auiôs ianiais entendues: toutesfois, dit-ilj voftre haren-
T^trit nrta Ut tf-vit S^aïu^t.
gue m’a fait remémorer ce que nous auôs ouy réciter beaucoup de fois à nos grids peres: alfauoir que dés long temps amp;nbsp;des le nombre de tât de Lunes que nous n’en auons peu retenir le conte, vn Mairs’^^^ à dire François ou eftranger veftu èi barbu comme aucuns de vous autres , vint en ce pays ici, lequel pour les penfer ren ger à l’obciflance de voftre Dieu, leur tint le mefme ligage que vous nous aucz maintenant tenu : mais comme nous tenons aufsi de peres en fils , ils ne le voulurent pas croire: amp;nbsp;partant il en vint vn autre qui en ligne de malcdiöion leur bailla refpce , dequoy depuis nous-nous fouîmes toufiours tuez Tvn l’autreitclle-
ment qu’en eftans entrez fi auant en pof-fefsion,ifi maintenant laiftans noftre cou-ftume nous defiftions , toutes les nations qui nous font voifincs fe moqueroyent de nous. Nous rcpliquafmes la dclfus a-ucc grande vehemence, que tant s’en falloir qu’ils fe deuflent foncier de la gau-difteriedes autres , qu’au contraire s’ils vouloyent adorer amp;nbsp;feruir comme nous le feul
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Ic feul amp;nbsp;grad Dieu du ciel amp;nbsp;de la terre que nous leur annóciósgt;fi leurs ennemis pour ceft occafion les venoyet puts apres attaquer,ils les furmonteroyent amp;nbsp;vain-croyenttous. Somme par l'efficace que Dieu donna lors à nos paroles,nos Tou-oupinamhaculfî furent tellement efmeus, que non feulement plufieurs promirent ^ d’orefenauant de viure comme nous leur firtmettif auions enfeigne, amp;nbsp;qu’ils ne mangcroyét^ƒquot;S^ plus la chair humaine de leurs ennemis: titiiu» mais aufsi après ce colloque (lequel com ^ßffifi^ i me i ay dit dura fort Long temps ) eux fc * mettans à genoux auec nous, l’vn de no-ftre compagnie,en rendît graces à Dieu, fitlapricreà haute voix au milieu de ce peuple , laquelle en apres leur fut expofeepar le Truchement. Cela fait ils nous firent coucher à leur mode dans des lifts de couton pendus en Pair : mais auât que nous fu quot;nbsp;ions endormis nous les ouiß-mes char te. tous enfemble , que pour fc venger de leurs ennemis il en falloir plusgt; prédreamp;pl” mager qu’ils n’auoyct iamais fait.Voilal’incôftâce de ce pourc peuple, bel cxcple de la nature corrôpue de l’nô-me.Toutesfois i’ay opinion que fi Ville-gagnon ne fc fuft reuoltédela Religion reformée,amp; que nous fufsions demeurez plus long temps en ce pays là , qu’on en euft attire amp;nbsp;gagné quelques vnsàlcfus Chrift.
-ocr page 334-iS^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;MISTO IRR
Ori’aypcnfc depuis à ce qu'ils nous ^'‘^ auoyent dit tenir de leur d_cuancicrs»que ily auoit beaucoup de centeines d’années qu’vu 3/4ir,ceftà dire(fans m arre-fter s il cfloit hiançois ou Alemandjhom me de noftic nation ayant tfté en leur terre leur auoit annoncé le viay Dieu,
Ü.
alfauoir (i ç auroir point efté Tvn des A-poftres.Et de fait,fans approuuerlcs li-ures fabuleux qu’outre ce que qucla pa-rôle de Dieu nous en dit,on aefent de , 41 leurs voyagcsamp;percgiinations,Niccpho
rc récitant I hiftoire de faint Matthieu,
dit cxprcHémcnt qu’il a prefehé l’Euan-gilc au pays des Cannibales qui magent les hommes , peuple non trop eflongné denos Ameriquams. Mais me fondant beaucoup plus fur le paflagede faint Paul tiré du Pfcaumc:aflauoir,Lcur fon eftallé par toute la terre amp;nbsp;leurs paroles iuf-qucs au bout du monde, qu’aucuns bons cxpofitcurs rapportent aux Apoftres:at-tendu di-ic que pour certain ils ont efté en beaucoup de pays lointains à nous in cogneus , quel inconucnicnt y auroit-11 de croire que l’vn ou plufieurs ayent efté en la terre de ces Barbares ? Cela rnefme feruii oit de 1 ample expofition que quelques vns recuicrêt à la fcntencc de lefus Chriftlcquel a prononcé que l’Euangile j^. Icroit prclcne par tout le monde vniucr fd
-ocr page 335-DB t’ A M E R I Qjr E. 287 fel. Cc que cependant ne voulant point autrement affermer pour l’efgard duteps des Apoffics,i'affcurcrayneatmoins, que ainfi que i’ay môftré ci deffus en cefte hi-ftoire,i’ay vcuamp; oui de nosiours annocer CE^angi rEulgileiufqucs aux Antipodes: tcllcm et'ƒJ^'''ƒ,',ƒ qu’outre que l’obieftiô qu'on faifoit fur ^ht aux ce paffage fera folucpar ce moyé,encores '^'‘”^*' y a 11 cela que les Saunages en feiôtrcdus plus incxcufablcs au dernier iour.Q^ant àl’autre propos de nos Ameriquains tou chant ce qu’ils croycnt que leurs prcde-cefleurs n’ayâs pas voulucroire ccluy qui les voulut enfeigner en la droite voyc , il en vint vn autre qui,à caufede ce rcftislcs maudit,amp; Icurdóna l’efpce dequoy ils fc tuet encores tous les iours.Nouslifôscn l’Apocaplife,lt;7ff à ccluy qui cftoit afsis fur le chenal Roux lequel, félon l’expo- Ap.^.-j. fuion daucuns , fignific perfecution par feu amp;nbsp;par guerre , fut donné pouuoir d’ofter la paix de la terre amp;nbsp;qu’on fc tuafi: l’vn l'autre, amp;nbsp;luy fut donné vne grande cfpec. Voila le texte lequel quanta la lettre approche fort du dire amp;nbsp;de ce que pratiquent nos ToitoKpinam^oulfsz toutesfois craignant d’en deftourner le vray fens, amp;nbsp;qu’on n’eftime que ie rccerche les chofes de trop loin , i’cn laifferay faire l’application à d’autres.
-ocr page 336-188 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HisTOiRe
Or me refTouuenÜt encores d'vncxéple» ^ui feruira aucunement pour montrer «jue li on prenoit Ja peine d cnfcignerces ratios dcsSauuages habitas en la terredu Brelil, elles font affez dociles poureftre attirées à la cognoilfancc de Dieu , ic le mettray ici en auant. Comme doneques pour aller quérir des viures Vautres cho ics ncceflaircs,ic paflay vn iour de noftre fort amp;nbsp;de noftre Iflc en terre ferme,fuyui que i’eftois de deux de nosSauuagesî’«»-ptnem^mnsiamp;c d’vn autre de la nation nom mee Oitèantn (qui leur cft allice^lcquel a-aucc fa femme eftât venu vifiter fes amis s en retoumoit en fon pays;ainfi qu’auec eux ie paflois à trauers d’vue gradeforeft» côtêplant tant de diuers arbres,hcrbcsamp; fleurs verdoyantes amp;nbsp;odoriférantes : en-fembic oyant le chant de tant d’oyfeaux rofstSnoJ^ants parmi ce bois ou le foleil dônoit,mc voyat di-ic cômccôuiéàloué'r Dieu par toutes fes chofes , ayant d’ailleurs lecœur gayie meprins à chantera haute voix le Pieaume 104 .'Sus fus mon ame il te faut dire bien amp;c. lequel ayant poiirfuyui tout au long: mes trois Sauua gcs amp;nbsp;la femme qui marchoyent derrière moy y prindrent ft grand plaifir (c’eftà dire au fon , car au demeurant ils n’y en-tendoyent rien) quequand i’eu acheue, JL'ouèanen tout cfmeu de ioye auec vnc fa ce riante
-ocr page 337-DE l’a m' F. R t ay F. jg^ Cerlantc s’aduançant me dit. Vrayement tu as mcrucillcu/cment bien chantumef- ^;f't ‘t mes ton chant efêtant m'ayant fait ref- ‘^^quot;deman. foiiucnir de ccluy d'vue nation qui nous ‘‘'‘‘' eft voifinc amp;nbsp;alliée » i’ay efte bien ioycnx /^quot;^^^'l de t’ouir.Mais mç dit-il,nous entendons' bien fon langage amp;nbsp;non pas le tien , par-quoy ic te prie de nous dire ce dequoy il à efté queftion en ta châfon. Ainfi luydccla tant le mieux que ie peusicar i’eftoislors fcul François amp;nbsp;en dcuois trouucr deux côme ic fis au lieu ou i’àllay couchcr)que i’auois nô fculemct en general loué mon Dieu en la beauté amp;nbsp;gouuernemét de ces creatures: mais qu’auffi en particulier ie luyauois attribué cela, quec'eftoit luy fcul qui nourrilfoit tous les hommes amp;nbsp;tous les Animaux : voire faifoit croiftre les arbres, fruits amp;nbsp;plantes quieftoyent par toiitlemondc vniuerfcl:amp; au furplus qoecefte chanfon que ie vcnois de dire ayant efte diftee par l’cfprir de ce Dieu magnifique duquel i’auois celcbrélc nom auoit cfté premièrement châtec il y auoit plus de dix mille Lunes par vn de nos grands Prophètes,lequel l’auoit laiflcc à la pofterité pour en vfer à mefme fin. Bref comme ie réitéré encores, que fans couper le propos, ils font meriieillcufe-ment attentifs à ce qu’on leur dit, après qu’en cheminant l'cfpacc de plus de de-
-ocr page 338-290 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTOIRE
inic heure Juy amp;nbsp;les autres curent ouyeç difcours vfansde leur intciicdion desba-hidcincnt l ehJ ils dirent.O que vous autres yW^zr/elles heureux de icauoir tant de fecrets qui font cachez à nous chétifs leur auf»’ amp;nbsp;poures inifcrabJcs.'l clJcmëc que pour fiijtm«!. jj^^. congratuler en me Jifantjvoila pour-cc que tu as bien chante, il me fit prefent d vn y/^fló qu’il portoit; cell à dire d'vn petit Animal lequel i’ay deferit cy dclfus. Afin doneques de tât mieux prouucr que ces nations de l’Amérique quelques Bar baies 2c cruelles qu’elles foyent enuers leurs ennemis,ne font pas fi farouches, qu’elles ne confidei et bien tout ce qu’on leur dit auec bonne railon , i ay bien encores voulu faire celle digrcfsion. Et de fait quant au naturel de l'homme,iemain tien qu’ils difcourct micu.x que ne fontla plufpart des payfas,voire que d'autresde par dclt;,à qui penfent dire bien habiles.
Relie maintenant pour la fin que ie touche la quellion qu’on pourroit faire fur celle matière que ie traite : alfauoir, _ , d'où peuuent dire defeendus ces Sauna-jJ^fru. gts. Il dt bien certain en premier lieu y„r rftre qu'ils font fortis de Tvn des trois fils de its »ma Noc,mais d affermer duquel, d'autât que 5quot;- cela ne fc pourroit prouucr par! Eferitu-rc faintc,ni mefmes le croy par les hilloi les prophancs,il dl bien malaife. quot;Vray
-ocr page 339-DE L’AMERIQUE. Î^I , clique Moyfcfaifant métiondes enfans de Iaphet,dit que d’iceux lurent habitées les nies:mais parcel comme tous cxpo-fent)qu’il eft là parle-des'pays de Grece Gaulcjltal]c,amp; aunes regions de par deçà, lefquclles d autantquela mer les fepa rede ludecou cftoit Moyfc, font appellees IflesJl n’yaiiroit pas grade raifon de l’entcndrcjni de rAincriquc,nidcs terres continentes à icelle. De due aufsi qu’ils foyent venus de Senbdont eft ifluc la fc* inencc benitciic croy pourpluficurs cau-fes que nul ne l’aduoucra.D’autät donc-ques qnequant a ce qui concerne la vie future c’eft vu peuple maudit amp;nbsp;ddaifle de Dicibs’il y en a vn autre fous le ciel,il fembicqu’il y a plus d’apparêcc'de côclu requ’ils foyent defeendus de Cham ; amp;nbsp;voicià mon aduis la coniediure plusvray femblablc qu’on pourroit amener. C ell lors que lofuc, félon les promciTes que Dieu auoit laites aux Patriarches, corné ^ ça d’entrer amp;nbsp;predre poUefsiô de la terre 9, de Chanaâjl’Efcriturc tefmoignatquclcs peuples qui y hahitoyet furet tcllcmct ef pouuantez que le cœur défaillit à tous;il pourroiteftrc(ccqueiedi fous correftio) que les Maicurs amp;nbsp;Anceftres denos A-meriquains cftans chaffez par les enfans d’Ifracl de certaines côtreesde cefteterre de Chana'ijs’eft.îsmisdâsquclqsvailfcaux
-ocr page 340-2$)Î nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTOIRE
à la merci de la mer auroyent efté iettez amp;nbsp;feroyent abordez en cefte terre du Bre Q.'cintH'i^J^ fil.Et de fait l’Efpagnol autheur de Thi-ftoire generale des InHcs (Tiomme bien verféaux bonnes fciences quel qu’il foit) eft d’opinion que les Indiens du Peru» terre continente de l’Amérique font dcf-cendus de Cham, amp;nbsp;ont fuccede à la ma-li.$.clia. Icdidion que Diculuy donna.Chofe auf ^^7‘ nbsp;nbsp;nbsp;f,comme ie vien de dire, que i’auojspen
fee amp;efcritccs mémoires que ic^hs de la prefente biftoire plus de feize ans au-parauantquei’eufle vcu fonliurc. Toutefois par ce qu’on pourroit faire beaucoup d’obicéfions là defrus,n’cn voulant affermer autre chofe,i’en laifleray croire , à vn chaeû ce qu’il luy plaira. Mais quoy que s’en foit tenant pour tout refoluque ce font pouresgens venus de la race cor rompue d’Adam , tant s’en faut que les ayant confiderez ainfi dc/pourucus de tous bons fentimens de Dicu^ma fbyÜa-quclle Dieu merci eft apuyee d’ailleurs) ait efte pour cela csbranlce: moins qu’allée les Atheiftcs amp;nbsp;Epicuriens i’aye con-clud,ou qu’il n’y a point de Dicu\ ou bic qu’il ne fc mefle point dcshommcs,qu’au contraire ayant fort clairement cogneu en leurs perfonnes la difference qu’il y a entre ceux qui font illuminez par le S. Efprit amp;nbsp;par J’Eferiture faintc,amp;ccux qui
-ocr page 341-DE l’a M E R I QV E. ipj qui font abandonne z à Icurfcns amp;nbsp;laiffcz en leur aucuglemcnt ,i’ay efté beaucoup plus confermé en l’aflcurancc de la vente de Dieu.
CHAP. XVII.
Du t^ariage^Poly^amie’. amp;nbsp;de^re'^de can fangmnite ob/erue'^par les Sattua^es'. amp;nbsp;el» tratet ement eie leurspetis enfans.
O v C H A N T le mariage do nos Aineriquains, ils obfer-uent feulement ces degrez de confanguinitóque nul nc ^^'^quot;^‘ prend fa mere » ni fa fœur,ni ni»'-fa fille à femme : mais quant a l’oncle il prend fa niccc5amp; autrement en tous les autres degrez ils n’y regarder rien. Pour l’cfgard des ceremonies , ils n’en font point d’autres , finon que ccluy qui voudra auoir femme ou Elle,après auoir fccii fa volonté, s’adrclfant aupcre,amp;au defaut d’iccluy aux plus proches parens d’i celle , demandera fl on luy veut bailler v-nc telle en mariage. Que fi on refpond qu’ouy,dés lors , fans paffer autre contrafl:,car les notaires n’y gagnent rien, il l’a tiendra auec foy comme fa femme. Si onluy refufe fans s’en formalizer autre-
T 3
-ocr page 342-194 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTOIRE
ment il fc déportera . Mais notez que Ptbgmit. la Poligamic ceft à dire la pluralité de femmes ayant lieu en leur endroit, il eft permis aux hommes d’en auoir autant qu’il leur plain; mefmes ceux qui en ont plus grand nombre font eftimez les plus hardis amp;nbsp;plus vaiHâs,amp; en ay veu tel qui ekafi-vra ^” auoit huit.Et ce qui eftefmerueillable yemtnttf entre celle multitude de femmes,encores tfXquot;«** H^’*^ y ^’^ ***: toufiours vnc mieux aiincc bs ftKiMti du mari,tant y a que pour cela les autres iamta^fi. feront point ialoufcs, ni n’en murmureront, au moins n'en monftreront aucun fcmblant.- tellcmét qu’elles s’occu pans toutes à faire leur mcfnagçjlids de couton, aller aux iardins , Sc planter les racines,elles yiuct cnfcmble en vnc paix la nomparcillc, Surquoy ic lailfe à con-Edercràvn chacun,quand mcfincs il ne feroit point défendu par la parole de Dieu de prendre plus d’vne femme, s’il feroit pofsible que celles de par deçà s’accoidalTent de cefte façon. Pluftoft certes vaudroit il mieuxenuoyer vu boni me aux Galères que de le mettre en vn ,.- tclg^hugc de noifes amp;nbsp;de riottes qu’il feroit : refmoin ce qui aduint à lacob pour auoir prins Lea amp;nbsp;Rachel. Mais comment fc pourroyent elles endurer pluficurs enfemble, veu que bien fou-uent au lien que celle feule que Dieu a ordonné
-ocr page 343-DE LAMERlCtVE. 29 j ordonné à l’homme pour luy eftre en aide amp;nbsp;pour le refiouir luy eft comme vn diable familier en la maifon?Pour donc ques retourner au mariage de nos Ame-riquains l’adultère,du coïté des femmes L’^Mte leur cil en tel horreur, que fans qu’ils’’quot;” '’•’'-ayet autre loy que celle de nature, li qncl7cj^wny, qu'vue marice s’abandonne à vn autre qu’à fon mary, ila puiffance de la tuer: ou pour le moins de la répudier amp;nbsp;rcn-uoyer aucc honte. Il eft vray que les pères Séparons auantque marier leurs filles ne font pas grande difhculté-de les proftituer au premier vcnu;dc manière qu’ainfi que i’ay la touché antre-part , cncoreS' que les Truchemens de Normandie anant que nous lufsions en ce pays là en cüîlcnt abufez en plu-ficurs villages, pour cela elles ne recc-uoyent point note d’iniamie: toutesfois eftans mariées, à peine comme i’ay dit, d'eftre allommccs on honteufement ren-uoyecs,qu’elles fc gardent biendetref-buchcr.
Icdiray dauantage queveu la region chaude ou ils habitent, amp;nbsp;nonobftant ce qu’on dit des Orientaux, que les. iennes gens à marier tant fils qucfillcs de cefte terre ne font pas tant adónez àpail-lardifc qu’on pourroitbié péfcr:amp; pleuft à Dieu qu’elle ne regaaftnô pluspardeçà.
-ocr page 344-Z^lS nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTOIRE
f,„m„ Au reftc fi vue femme cft groflc d’enfant, grijj'rs d fe gardant feulement déporter quelques TtrfrnVe« fardeaux pefans, elle ne lailfera pas aU r^mirt^. demeurant de faire fa befongne ordinaire; comme défait les femmes de nos Tou-cupinambaou/ti tnuaillds fans eóparaifon plus que les homes lefqucls,excepte quel qucs matinées ( amp;nbsp;non au chaut du lour)-/Z»^/)Ç qu’ils coupent amp;nbsp;efl^tçut. du bois pour faire les iardins , ne font guercs autre chofe qu’aller à la guerre,à la chafrc,pcf-cher,faircleurs cfpecs de bois, arcs, flef-ches, habillemés de plumes amp;nbsp;autres cho fes que i’ay fpeçifiees ailleurs, dont ils fc parent le corps.Touchant l’enfantement voici ce que l’cn puis dire pour l’auoir veu.Eftant vne fois couché en vn village aucc vn autre François : comme enuiron minuit nous ouifmes crier vne femme, penfans que ce tuft cefte befte Jano\iareili-quelle i’ay dit ci deffus qui lesmange) qui ‘Tereiftr lâ‘vouluftdcuorcr, y eftans foudainemét KansiitSa accourusnous trouuafmes que ce n’eftoit ^r fimme. ^^^ (-jj. mais que le trauail d’enfant ou elle tftoit la faifoit crier de cefte façon. Tellement que ic vis moy-mcfmc le pere lequel après auojr reccul’enfant entrefes bras,luy ayant premieremét noué le petit boyau du nôbi il, il le coupa puis apres à. belles dents. En feeöd lieu feruâtdc Sage femme,aulicu que celles depar deçà pour plus
-ocr page 345-DE l’a M E R I QV E. 297 plus grande beauté tirent le nez aux en-fans nouuellement nais,Iuy au contraire 'Xf«- ^‘gt; (parce qu’ils les trouuentplus idis quad,j-quot;ar ils font camusi cnfonfa amp;nbsp;eferafa auede/fî pouceccluy de fou fils:ce qui fc pratique y'-“*-'' ••lt;*•ƒ•-enuers tous les autres. Comme aufsi li toft que le petit enfant eft forti du ventre de la mcrc,eftant lauc bien net, il eft tout , incontinent après peinturé de couleurs noires amp;nbsp;rouges par le perc lcquel au fur - nbsp;nbsp;nbsp;,
plus, fans l’emm^illptci ,1e cou chant dan srquot;7quot;l^ Vn lid de coton pedu en l’air,luy feravne rftiet^«i petite efpec de bois,vu petit arc amp;nbsp;de p^pf,quot;^'^*' tites flefehes empenees de plumes de Per roquets: ce que mettât auprès de fon enfant, en le baifanr auec vnc faccioyeufe luy dira.Eftant venu en aage , afin que tu te venges de tescnncmis,fois adcxtre au^ armes,fort vaillant,amp; bien aguerri.Toui-chantlcs noms, lepere de celuy que ie vis naiftre le nomma Orapacent c’eft à dire l’arc amp;nbsp;la cordc:car ce mot eft compo-fé d'Orapat qui eft l’arc , amp;nbsp;de Cen fiquot;” ^’' Sud, ni, gnific la corde d'iceluy. Et voila comme i^iz/e«, ^ ils en fôt enuers tous les autres aufqucls, ^quot;*’'* '«■ toutainfi que nous faifons aux chiens autres beftes de par deçà , ils baillent in-diferemment tels noms des chofes qui leur font cognucs: comme Sarip^oy qui eft Vn Animal à quatre pieds ; ^rip^nan vue foule : Arahouten l’arbre de Brefil: Ttndo
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qui cft vnc grande herbe , amp;nbsp;autres fem-blables.
Pour l’cfgardde la nourriture ce fera quelques faunes mafehees amp;nbsp;autres Ktarr'iH viandes tort tcndi es autc Je laid delà me
tt de Cen faut.
re , laquelle au furplus ne dcmcuiant 01-dmaiicmcnt qu’vu jour ou deux en la couche prenant fou petit enfant pendu à fon col dans vneejeharp^ de coutonfai te exprès pour cela,s en ira au iardin ou à quelques autres alla ires. Ce que it di fans defroger à la couftiime des dairies de pat dcçaJcfquelJcs outre qu’elles demeurent Je plus fouuent quinze iours ou trois fc-maincs dans le Hd , encores pour la plus part font elles fi délicates que fans auoir aucun mal qui les peut cmpcfchcr,au lieu de nourrir leurs enfans comme font les
femmesSauuages.ou pour leur faire plus de honte ainfi que les petits oifclets amp;nbsp;ƒ.•-.■ rw/iJT/heftes brutes font leurs engeances) elles leur font fi inhumaines, cjuclTtort qu’elles en font dcliurces,ou elles les enuoyet fi loin que s’ils ne meurent icunes fans qu’elles en fâchent rien, pour le moins faut-il qu'ils foyent grands pour leurdo-ncr du paJfetcmps.au5t qu’elles les vucil-Jent foulfrir auprès d’elles.
Or retournant à mon propos, quay qu’on tienne communément par deçà que - nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fi les
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filescnfans cn leur tcndreuramp; premie reieuneflc n’eftoyent bien ferrez amp;nbsp;cm-’SAiHotez ils feroyent contrefaits amp;nbsp;au-royent ies iambes corbies, ic di qu’enco- ^^iquot;, rescue cela ne foit nullement pratique ç^f^^^j^^ à l'endroit de ceux des Ameriquainsdef- Saut^squot; quels ainfi que i’ay ia touche dés leur naif quot;quot;^'^“’^ lance font tenus amp;nbsp;couchez fans dire cn Uclopcz)quc neantmoins il n’dVpas pof-fiblc de voir enfas cheminer ni aller plus droit qu’ils font.Surquoy concédât bien que l’air doux amp;nbsp;bonne téperature de ce pays la en eft caufe en partie, l’accorde qu’il eft bon cn yuer de tenir par deçà les enfans cnueloppez, couucrts amp;nbsp;bien ferrez dâs les berceaux,parce qu’au-tremet ils ne pourroyent rcfifter au froit: mais cn Efte, voire es faifons tempérées, principalement quand il ne gele point, il me fcmble(fous correftion toutesfois) par l’expérience que i’en ay veuë qu’il vaudroit mieux lailfer au large ganibader/.v les petits enfans tout à leur aife^armi quelque façon de lid qu’on pourroit faire dont ils ne fauroyent tomber , que de les tenir ainfi tantdc court.Et de fait i’ay opinion que cela nuit beaucoup à ces po urcs petites amp;nbsp;tendres creatures , d’eftre ainfi prefques à demie cuites durant les , nbsp;nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;,
grandes chaleurs dans ces maillots ou on »« ''•• *'”* ’ les tient comme cn la géhenne- Toutes
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fois afin qu’on ne difc que ie me méfie de trop de chofes,laiflant les peres , meresj amp;nbsp;nourrifles de par deçà gouuerner leurs enfâsjie rctourneray à parler de ceux des femmes Ameriquaines . Ainfi outre ce que i’en ay ditji’adioufte que combien qu’elles n’ayent aucuns linges pour tor-cherdc derrière de leurs cnfans , mef-mes qu’elles ne fc feruent non plus à cela des fucillcs d arbres amp;nbsp;d’herbes,dont elles ont cependant grande abondance, neCItmoins elles en font fifoigncufes,que , fcuJcnict auec de pctis bois qu’elles rom ‘■'’•' pent comme petites cheuilles , elles les nettoyent h bien que vous ne les verriez iamais breneux. Ce qu’aufsi font les grands , Icfqucls combien qu’ils piflent Enf^nitt- p-jj mi leurs maifons(fans toutefois à cau fan, fc des fcus qu'ils font en plulicurs cn-^quot;^'' droits, amp;nbsp;qu’elles font comme fablecs .'. lt;lt;vlt;»i‘P^ *-^^'^ fente mal ) vont cependant fort loin faire leurs exercmens . Dauan-tagc encores quclcs Sauuages aycnt foin de tous leurs cnfans, dcfqucls il ont coin fi^t, ~ me des formiJicrcs,li cft-cc neantmoins qu’à cau7F de la guerre en laquelle entre eux il n’y a que les hommes qui combattent, amp;nbsp;qu’ils ont fur tout la vengeance contre leurs cmemis en recommadation les mafles font plus aimez que les fcmcl-■Ics. Que fi on demande maintenant plus outre
-ocr page 349-DE l’a M E R I QV E. JOt outre : afTauoir quelle erudition ils leur baillent, amp;nbsp;que c’eft qu’ils leur apprennent quand il font grands: ic rclpon à cela que cônie on a peu recueillir ci deifus, tant es huitième, quatorzième amp;nbsp;quinzie nie chapitres,qu’ailleurs en cefte hiftoire ou partant de leur naturel, guerre amp;nbsp;façons de manger leurs ennemis,i’ay mon-ftre à quoy ils s’appliquent qu’il fera aifé àiuger (n’ayans entr’eux colleges ni autre moyen pour apprendre les fcicnccs honneftes , moins en particulier les arts libcraux)quc comme vrais fuccefleurs de Lamech,de Nimrod,amp; d’Efau qu’ils font S^'^-iJ» leur meftier ordinaire eft (tant grand que petit ) d’eftre non feulement chafTeurs amp;nbsp;oeeuftti: guerriers, mais aufsi tueurs amp;nbsp;mangeurs •nUnairt d’hommes.
Au furplus pourfuyuant à parler du mariage des Tououpinam^aoults autant que la vergongnclc pourra portcr,i’aft'er mCjContre ce qu’aucuns ont imaginé,que les hommes d’entr’eux gardans î’honne-fteté de nature , amp;nbsp;n’ayans iamais publiquement la compagnie de leurs femmes, font non feulement en cela à préférer à ce vilain Philofophc Cinique, qui trou- f-'*»»«-ue lur le tait au heud auoir hôte dit qu il dieéma. plantoir vn homme, mais qu’aufsi ccs’'*‘‘S‘‘‘‘^ 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;» nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1
quon a veus par deçà noftre temps, ne fe point cacher pouir
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comettre leurs vilenies font plus infames qu’eux. Il y a d’auantage qu'en tout l’espace d’enuiron vn an que nous demeuraf rnes en ce pays la,frequcntans parmi eux, nous n’auons iamais yeu les femmes a-uoir leurs ordes fleurs. Vray efl que i’ay Furgaiitn opijjÎQjj qu’en les diuertiflant elles ont ri^uaitits. vne autre façon de le purger que n ont celles de par deçà: car i’ay vcu des ieunes filles en î’aage de douze à quatorze ans Icfquclles les meres ou parêtes faifantte nir toute deboutpieds ioints furvne pid rc de gray leur incifoyet iufques au fang aucc vne dent d’animal trenckante com' me vn coufteau,depuis le delTous del’aif-fcllc tout le long de J’vn des coflez amp;nbsp;de la cuifle iufques au genouil : tellement ‘ que ces filles auec grandes douleurs en erincant les dents faignoyent ainfi vne clpacc de temps:amp; penlejcommc i ay dit que des le commencement elles vfent de ce remede pour obuier qu’on ne voye leurs pouretez.Que fi on replique^la dcf-fus^ainfi que les Médecins amp;nbsp;autres plus feauans que moy en telles matières pour-royent bien faire:commcnt fc pourra accorder , qu’elles eflans mariées foycnt fi fertiles c i cnfans,vcu que cela cédant aux femmes elles ne peuuent conceuoir, ni engendrer : fi on allègue di-ic que ces ebofes ne peuuent conuenir l’vnc aucc l’autre,
-ocr page 351-RE l’aMERIQJE. 30J l’autre gt;nbsp;ie refpond que mon intention n’cftpasni de foudre celle queftion j ni d'en dire dauantage.
Au refte i’ay réfute ci deflusjà la fin du liuitieme chapitre, ce que quelques vns ont eferit amp;nbsp;d autres pcnfc,quc Ja nudité des femmes amp;nbsp;filles Saunages,incite plus les hommes à paillardife que fi elles e-ftoyent habillées : comme aufsi ayant la declare quelques autres poinds concer-nans la nourriture , meurs amp;nbsp;façons de vlurc des cnfans Ameriquains, afin de fuppleer à vne plus ample dedudion que le Ledeur pourroit requérir en ce heu touchant cefte matière, il faudra s’il luy plaift qu’il y ait recours.
CHAP. XVIII.
Ce ^u'on peut appeler Loix amp;nbsp;Police civile entre let Saunages’. Çon/tnenrils traitent (i^ recoyaent humainement leurs amis ^ui les l'Ont 'vifiter: amp;nbsp;des grands pleurs i^ue les fernstes font a leur arriuee amp;nbsp;bien venue.
Van T à la Police de nos Saunages,c’eft vne chofe in croyable , Si qui ne fe peut dire fans faire honte à ceux qui ont les loix diuines amp;
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humaines comme cftans feulement con-Saunugn duits par leur naturel j quelque corrom-vn»»r '”P“ qu’il fort, s'entictiennent amp;nbsp;vivent fi bien en paix les vns aucc les autres.l’en-ten chacune nation entre elle mefmc, ou celles qui font alliées par enfcmblc: car quant aux ennemis, il a cfté veu comment ils font traitez. Que b toutesfois il adulent qucquclqucs vns querellent ( ce qui fc fait fi peu fouuent que durant près d’vu an que i’ay efte auec eux ic ne les ay veu iamais debatre que deux fois; tant s’en faut que les autres tachent de les fe-parer ni d’y mettre la paix,qu'aucontrai-re quant les contefians fe deuroyenterf uer les yeux Tvn l’autre, fans leur rien di rc,ils les lailfcront faire. Toutefois,fiau
lt; cun eft blclfe par fon prochain,amp; quece-luy qui à fait le coup Îbit aprehendt’ il en reccura autant au mefmc endroit de fon corps par les prochains parens dcPolfen ce' : amp;nbsp;mefmes fi la mort s’en enfuit ou qu’il foi t tue fur le champ , les parons du ^fZ/f ƒ« tl^^^uutä feront fcmblabJcment perdre la »ifio» da vie au meurtrier . Brefpour le dire en vu en^tquot;/quot; mot,vic pour vie,œil pourœil,dent pour ^amia^e, dcnt,amp;c- mais comme i’ay diteelafe voit fort rarement entre eux.
Touchant les immeubles de cepcuple I confiftans en maifons (amp; commci’ay dit ailleurs) en bcaucoupplus de tresbonnes ter-
-ocr page 353-D E f.A M E R I Cty E. 505 Re terre qu’il n’en faudrait pour les nour rir: quant au premier le tvouuant tel »il läge entr’eux ou il y a de cinq,à üx cents perfonnes,encores que plulicurs habiter^quot;^^ en vne mefniji ipaiion 5 tant y a que cha- Sn^ua^e, que famille (. fans fcparation toutesfois ^°«'”'^ de chofequi puHTe empefeher qu’on ne voye d’vn bout à l’antre de ces baftimens ordinairement longs de plus de foixante pas ) ayant fon rang à part ; le mari a fes fcmi|ies amp;nbsp;enfans fèparez . Surquoy faut noter ( ce qui eftaulsi eftrange entre ce peuple) que les Ameriquains ne demeu-rans ordinairement que Cinq ou fix mois en vn Iieu,cmportans puis apres les grof fçs pieces de-bois .amp; grades herbes dvTin T^mnimët da dont leurs maifons font faites amp;nbsp;cou- ‘^'’‘ gt;'’“'^-uertes » changent lainfi fouuentde place mergt;î. leurs villages,lefquels cependant retiennent toufiouj.s leurs nfcms anciens : de manière quenous en auons quelque fois trouvez d’efloignez ides lieux ou nous a-uros efté au parauant d’vn quart ou demi li.euê.Ce qui peut faire iuger à vn chacun puis que leurs tabernacles fontfiaifezà tranfporter, que non feulement ils n’ont jq^ oen. point de grands Palais efleuez ( comme des Ind. quelqu’vnà efcritxjp’il y a deslndiens au h-i-cha, Peru qui ont leurs maifons de bois fi bit ^“’ bâfties qu’ily a des Sales longues de 150. pasjSt larges de 80.) mais qui plus eft que
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que nul de cefte nation dt T*ououjfhiim^ haoultj dont ie parle,ne commence logis, ni baftiment qu'il nepuiffe voir acheuer, voire faire amp;nbsp;refaire , plus de vingt fois en fa vie.Que fi vous leur demadez pourquoi ils remuent fi fouuent raefnage: ils n’ont autre rcfponce, finon dire qu’en ckangeât ainfid’air,ils s’en portetmieux, amp;nbsp;que s’ils faifoyent autremét que leurs grands pcres,ils mourroyent foudaine-ment.Pour l’cfgard des champsamp; des ter ttr^‘\quot; rcs:chacun pere de famille en aura bien fo^iiiit en a.u£si quelques arpensàpart qu’il choi-farncHher ßj ^^ jj ^^^^ ' £^ commodité pour faire fon iardin amp;nbsp;planter ces racines,mais au refte,de fe tant foncier de partager leurs heritages moins plaider pour planter des bornes , afin de faire les feparations, ils . * laiffét faire cela aux enterrez, auaricieux —amp; chiquancurs de par deçà.
Z Q^ant à leurs meubles , i’ay ia dit en plufieurs endroits de cefte hiftoire quels ils font : affauoir (pour en fairevn fom-maire)des lits de coto,qu’ils appclct/»â', faits les vns en manière de Rets ou filets à pefchcr,amp; les autres tiflus comme gros ^«•^ çancuats .• mais cftans pour la plulpart longs de quatre,cinq ou fixpieds,amp; d’v-nc braffe de large,plus oumoins,tous ont *'•'4.‘ deux boucles aux deux bouts faites aufsi de couton, aufqucllcs les Sauuages lient *■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;des
-ocr page 355-DB L’AMERlCtVï. ^07 ies cordes pour les attacher amp;pcndrc en f«o« Jt Pair à quelques pieces de bois mifes en Irauers cxprcircment pour ceft effet en leurs maifons . Q^e fi aufsi ils vont à la guerre , ou qu’ils couchent par les bois à la chaffej ou fur le bord de la mer, ou des huicres à la pcfchericjils les pendêt lors entre deux arbres.
Au demeurant les femmes qui ont tou te la charge du raefnage, font force Cannes amp;nbsp;grands vailfeaux de terre pour fai- f^*^^ te amp;nbsp;tenir le bruuage ditf#«»/»: fcmbla- ô-x/-«/«/-blemcnt des pots à mettre cuire , tant de f^'^ûa* façon ronde qu’oualc: des pefles moyen, p^neifim nés amp;nbsp;petites , plats amp;nbsp;autre vaiifcllcde”*’' terre,laquelle cobien qu’elle ne foit guère vnic par le dehors , eft neantmoins fi bien polie amp;nbsp;comme plombée par le dedans de certaine liqueur blanche qui j’en durcit,qu’il n’eft pofsible aux potiers de par deçà de mieux accouftrer leurs poteries de terre. Mefmes ces femmes,faifant quelques couleurs grijafires propres à celt’»r^f^‘ la,auec des pinceaux fouit mille petites gentileffcs, comme guilochis, lacs d’amours, amp;nbsp;autres drôleries au dedans de ces vailfellcs de terre, principalement en celles ou Ion tient la farine amp;nbsp;les autres viâdes:dc faço qu’on eft ferui alfez hône ftemct:voire diray plus que ne font ceux qui ftfcruct de vaiffellc de bois par deçà.
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HISTOIRE
Vray eft qu’il y a cela de defaut en ces pcmtrcircs : c’eftqu’ayans fait auecleurs pinceaux ce qui leur fera venu en lafanta lie, fl vous les priez puis apres d’en faire delà mefme forte , parce qu’elles n’ont ^^ point d’autre proiet,pourtrait,ni crayon que la quinte clTence de leur ceruclle qui trotc,elles ne fauroyet côtrefaire le premier ouurage : tellement que vous n’en verrez iamais deux de meftne façon.
■ Au furplus, corne i’ay touché aiUcurJj nos Saunages ont des ■ Courges amp;nbsp;autres '^‘lt;fflt;’ ^ gros fruits mipartis Sgt;c creuféz , dequoy lie^'frui'ü. *^® ^°”'^^^”^leurs taflés à boire qu’ils ap pèlent i’oMÏ, qu’autres petits vafes dot ils le feruent à autre vfage.. SemblabJcment certaines fortes de grids,amp; petits coffins f^'^cn.^ amp;nbsp;paniers faits amp;nbsp;tiflus fort propremét, ƒ •./.'ƒ' les vns de Iücs5amp; les autres d’herbes iau-nes comme gli ou paille de froment j lef queJs ils nomment ‘Fanacon, amp;i tiennétli far,ineamp; ce quilcur plaift dedans. Touchant leurs aimcs,hïbits déplumes,l’engin nômépar cax- dïitracaramp;: autresleurs vtèncilcs, parce que i’en ay ia faid la de-feription en autre licü,àcaufe de brieue-té te n’cn'feray'iicj autre mention , Voila donc les maifons. dc'nos Saunages faites amp;nbsp;mcublccs:amp; partant il eft temps de les aller voir au logis.
• Pour donc prédre cefte matière vn peu de haut
-ocr page 357-DE l’a M E R I QJV E. JOp dchautjcôbien que nos Tououp.xci^Q'jM^t fort humaincmci les cftrangcrs anus qui ^mfrij. les vont vifitcr)fi eftce ncâtmoins qiicJcs T““''quot; rrançois Si autres de par deçà qui n ente menrtn tient pas leur langage fe trouuent du cô- •J'''*'’»*'* mencement meriieilleufemen t eftonnez parmi eux.Et de fait la première fois que. ieles frequentay, qui fut trois femaines après que nous fufmes arriuez en l’Idc de Villegagnô qu’vn Truchemet me mena aucc luy en terre ferme en 4. ou 5, vil-lagcs;quand nous fufmes arriuez au premier nomme Yabouracien lâgagc du païs, amp;par les Fraçois Pcpin(â caufe d’vn Na-uire qui y chargea vne fois dont le mai-ftrc s’appeloit ainfi ) lequel u’eftoit qu'à 'puirax» deux lieues de noftre Fortune voyât tour '’' incontinent cnuironnedes Saunages,qui « me demandoyet ^farape-derere,igt;^fara- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'*
fe-dererCiC elt a dire comment as tu nom, f.^^^-.t/ut comment as tu nom(à quoy pour loi s ic n entendais que le haut Alcmand ) et au refte Tvn prenât mô chapeau qu’ilmit fur fa tefte, l’autre mon cfpce amp;nbsp;ma ceinture qu’il ceignit fur fon corps tout nud l’autre ma cazaque qu’il veftit: eux', di-ic, m’eflourdilfans de leurs cricrics, courans
de cefte façon parmi leur village auecmes hardes,nô fculemét ic penfois auoir tout perdu,maisaufsiicne faiiois ou i’ceftois. Mais comme rcxperience me môftra plu-V S
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pluficurs fois depuis,cen’cftoitquc faute de fauoir leur manière de faire: car faifât ■de mefmeà to’ ceux qui les vifitct,amp; prin ctpalemctàceux qu’ils n’ont point encor veusjapres qu'ils fe lot vn peu ainfi louez des befongnes qu'ils ontprinfes,ils rapporter amp;nbsp;render le tout à ceux à qui elles appartiennent. La deflus le Truchement m’ayant adnerti qu’ils defiroyet fur tout de fauoir mon nom,mais que de leur dire Pierre,Guillaume ou lean,eux ne le pou uans pronôcer ni retcnir(cómc de fait au lieu de dire Icâ il difoyet A^w«)il me fal-loit accommoder de leur nommer quelque chofe qui leur fut cogncuë:ccla (corne il me dit'eftant fi bien venu à propos quemonfurnom Lery lignifie vneHui-Nim j,^’'^ en leur langage,ic leur di que ie m’ap r^uthnr pelois Lery-ot^ouz c’eft à dire, vue grolle quot;nbsp;‘»”i^s* Huytre. Dcquoy eux fe tenans bien fatis faifts, auec leur admiration Teh! fcpic-nans à rire, dirent .• vrayement voila vn beau nom, Si n’auions point encores vcu de Jldair,c'eù à dire,dc François qui s’ap pclaft ainfi.Et de fait ie puis dire que ia-mais Circé ne metamorphofa homme en vnefi belle huytre,ne qui difeourut fi bie auccVIyircs que i’ay depuis ce reps la fait auccnos Saunages . Surquoyfaut noter qu’ils ont la mémoire fi bône, que fi toll que quelcû leur a vnc fois dit fô np quad par
-ocr page 359-DE L’AME RIQVM. 295 par manière de dire ils feroyent cent ans apres fans le reuoir5ilsnc l’oublieront jamais : ie diray tantoft les autres ceremo nies qu’ils obferuët à là receptio de leurs amis qui les vont voir. Mais pour le pre-fent pourfuyuàt à reciter vne partie des chofes notables qui m’aduinrent en mon premier voyage parmi les Tpuoup.le Tru chemét amp;moy,qui des ce mefme iour paf fans plus outre fufmes coucher en vn autre village nommé Euramiri (. les Fraçois l’appelent Gofct à caufe d’vnTruchemet aink nommé qui s’y eftoit tcnu)trouuans furie folcil couchâtq nous yarriuafmes, les Saunages dâfâs amp;nbsp;acheuâs de boire le C4o«/«d’vn prifonnier qu’ils auoyct tué n’yauoit pas fix heures,duquel nous vif-nics les pieces qui cuifoyét furie BoucaNi ne demâdez pas fi à ce cômcnccmct ie fus eftonéde voir telle tragedic:toutcfois cô me vous entendrez cela ne fut rie au prix delà peur que i’eu bien toft apres,Corne dóe nous fufmes entrez en vne maifô de ce village,amp; felô la mode du païs,nous c-ftâs afsis chacun das vn lift de cotô pédu en l’air: apres que las femes (à la manière que ie diray ci apres)e.urent ploré,amp;: que le vieillard Mainre delà maifô eut fait fa haraguc à noftre bien venue , le Truche-mct,à quinô feulcmct ces façons de faire des Saunages n’eftoyét point nouucllcs,
V 4
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mais qui au refte aimoit aufsi bien a boire amp;nbsp;C^oKtwrqu’eux, fa ns me direvn feul mot, ni m’aduertir de ficn s’en allât vers la giofle troupe de ces danfeurs, me laif-fa là auec quelques-vus : tellement que luirt cag- moy qui eftant las ne demandois qu’à rc-'^Miri’t'ur pof'^f’^P/'^sauoir mange vnpeu de farine de racine amp;nbsp;d'autres viandes qu'on nous auoit pi efentees, me reuerfay amp;■ couebay dâslc lidt de cotô fur lequel l’eftois afsis, Toutesfois outre qu’à caufc du bruit que les Sauuages,danfans amp;nbsp;fifflans toute la nuit en mangeant le prifonnier, firent à mes oreilles ie fus bien rcucillcieu cores l’vn d’entre eux auec vn pied d’ice-luyicuit amp;nbsp;boucané qu’il tenoit en fa main, s’approchant de moy me demandant (corne ie fccu depuis car ie ne l’entedois pas iors^ fii’cn voulois manger,par cefte con tenance me donna vnc telle frayeur, que il ne faut pas demander fi i’en perdi toute enuie de dormir.Et de fait penfantque véritablement par ce fignal amp;nbsp;monftre de cefte chair humaine qu’il mangeoit, me menaflant il me dift amp;nbsp;vouluft faii c ente-dreque ie ferois ainS accommodé; ioint comme vn doute en engendre vn autre, que ie foupçonnay tout aufsi toftque le Truchement m’ayât trahi de propos dc-libcrc m’auoit abandonne amp;nbsp;liuré entre les mains de ces Barbares , fi i’eufte veu quelque
-ocr page 361-DE L’AMERIQVE. 313 quelque ouuêrturc pour pouuoir fortir de là amp;nbsp;m’cufiiirjic ne m’y fulie pas feint. Mais me voyant enuijôné de toutes pars dcccuxdefqucls ignorantl’intétion (car ils ne penfoyent rien moins qu’à me mal faire)ie croyoysfermemêt amp;nbsp;m’attendois deuoir eftre mange: en invoquant Dieu en mô cœurjtoute cefte nuit là, ie laiffe à pefer à ceux qui eóprendrót bien ce que ie di, amp;qui fc mettrôt en ma place,fi elle nie fcbla 16gue.Or le matin venu que mô Truchemét,lequcl en d’autres maifôs du village auoit rjb^toute la nuit aucc Ics ’/f*' ^''’P2P’^*^*^? —*^‘ Saunages,mevint retrou-y/'y lier,me voyant,comme il me dit, non feu lement blcfoie amp;nbsp;fort deffait de vifage, ^ .h niais aulsTprefque en laficurcjmedemâ-dant fl ie me trouuois mal,amp; fi ie n’auois pas bien repofé : apres qu’encorcs tout cfperdn que ieftais ic luy eu refpôdu en eolcre qu’on m’auoit voircment bien gar dé de dormir ,amp; qu’il eftoitvn manuals homme de m’auoir lailfé de cefte façon parmi ces gens que ie n’entendois point: ne me pouiiât r’affeurcr,ie le priay qu’en diligence nous nous oftifsions de là. Luy ladclfus m’ayant dit que ic n’eufle point de crainte, amp;nbsp;que ce n’eftoit pas à nous qu’on en vouloir, apres qu’il eut le tout recité aux Saunages,lefquels s’cfiouiiTans de ma venue mepenfans careflern’auoyét
-ocr page 362-^i^I4 HISTOIRE bouge d’auprès de moy toute la nuit,eux ayans dit aufsi qu’ils s’cftoyent aucune-mét appcrccus que i’auois eu peur d’eux amp;nbsp;qu’ils en eftoyent bien marris,ma con-folation fut ( félon qu’ils font grâds gauf feurs) vne rifee qu’ils fret de ce que fans y penfer ils me l’auoycnt baillée fi belle. Le Truchement amp;nbsp;moy fufmes encores delà en quelques autres villages , mais me contentant d’auoir récité ce que def-fus pour efchantillon de ce qui m’aduint en mon premier voyage parmi les Sauua ges,iepourfuyuray à la généralité.
Pour dôcques declarer les ceremonies que les Touaupinamlfoults ) obfcruentàlâ reception de leurs amis qui les vont vifi-ter.II faut en premier lieu , fi toll que le voyager cftarriué en la maifon du Mouf /acAtsc^ à dire bô pere de famillequot;qui do ne à manger aux paflans qu’il aura choifi pourfon hofiefee qu’il faut faire en chacun village ou l’on frequen te,amp; fur peine de le facher quand on y arriue n’aller pas premiercmét ailleurs) que s’afleât dûs vn lift de coton pendu en l’air il y demeure quelque peu de teps fans dire mot. Apres cela les femmes venus àl’étour du lift, fa ^mtri-^ croupiras, les felTcs cotre terre, amp;nbsp;tenas ?XLXm les deux mains fur leurs yeux,en plorans de celle façon la bien venue de celuy dót fera qu’eftion, elles diront milles çhofes à fa louange.
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Comme pourexcmplc:tuas pristant de peine à nous venir voir:tu es bon : tu es vai!lât:amp; fi c'eft vn François,ou autre cftranger de par deçà,elles adioufteront: tu nous as apporté tant de belles befon-gncs,dont nous n'auons pointen ce pays: bref,comme f»y dit,elles en icttant de großes darmes tiendront piuficuis tels p ropos d'apIaudiflcmcsSi flatte ries. Que fl au réciproque le nouucau venu afsis dans Icliétlcur veut agiter: en faifant bonne mine de fon cofté s’il ne veut plo-rer tout a fait, comme i’en ay veu de no-ftre nation qui oyant la brayene defes femmes auprès d’eux efloyent fi veaux d’en venir iufques là) pour le quot;moins leur refpondant iettât quelques foufpirs faut il qu’il en face fcmblant. Cefte première falutation faite ainfl de bonne gra ce par ces fernes Ameriquaines, Ic/Wô«/^ facat,cefii à dire vieillard raaiftre de la maifon,lequel anfsi de fa part aura eflé vn quart d’heure fans faire fcmblant de vous voir(careflc fort contraire à nos cm braflcrncns,accollades,baifcmens amp;tou-
A^ou/- chemés à la main à l’arriuec de nos amis) venant lors à vous: vous dira, prcmierc-
facat. reefi^ant funhtße-
ment Ere-iohbiiCcß: à dire es tu venu?puis comment te portes tu? que demandes tu? amp;c.àquoy il faut refpondre félon que verrez ci après an colloque de leur langage
-ocr page 365-DE l’a M E R I QV E. 517 langage. Cela fait il vous demandera fl vous voulez manger,que fl vous refpon-dez qu*ouy,il vous fera foudain appre-fter amp;nbsp;apporter dans de belle vaiflcilt de terre tat de là farine qu’ils mâgêt au lieu de pain,que des venaifons,volailles,poif fons,amp; autres viandes qu’il au a : mais parce qu’ils n’ont tables,bancs,ni fcabcl-lcs,Ic feruice fe fera à belle terre dcuant vos picdsiquant au bruuage fl vous voulez du^.î9aj» amp;nbsp;qu'il en ait de fait il vous en baillera aufsi. Semblablement apres que les femmes ont pleure auprès du paflât,afin d’auoir de luy des peignes, iniroucrs,ou petites patenoftres de verte qu’on leur porte pour mettre à l’entour de leur bras , elles luy apporteront des fruits,ou autre petit prefent des cho fes de Icur pays.
Que fi au Surplus on veut coucher au village ou!on eft arriué,le vieillard non feulement fera tendre vn beau liâ blanc, mais encore outre cela (combien qu’il ne face pas froid en Icur pays,) à caufe de l’humidité de la nuit amp;nbsp;à leur
mode,il fera faire trois ou quatre petis feus à l'entour du hél, Icfqucls feront fouuent ralumei la nuit aucc certàins pc _ ^ tis ventauxjqu’ils appellent 'ratap!couttiy'’^*‘/»^lt;i'^/^ faits delà façon des contenances que les/* ^^'*••'’• Dames de par deçà tiennent deuàt elles
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auprès du feu de peur qu’il ne leur gafte la face.Mais puis qu’en traitant delà police des Saunages iefuis tombé à parler du feu,lequel ils appellent Ttlt;/lt;?j amp;nbsp;la fu-J«M»4^« quot;“^® 7'atattgt;i,ie veux aufsi declarer rinué ftlt;.r^„ij tion gentille amp;nbsp;incognue par deçà qu’ils êif^imît ontd enfaiie quad il leur plaid.D’autant icfru: amp;nbsp;dôcquesqu’aymâs fort le feu ilsnedcmcu i'Z»”X” rétguercs en vn lieu fans en auoir,princi cognent palemét la nuit qu’ils craignét merucil-d^èt/nire. Icufemct d’cftrc furprins d’^y^nan, c’eft à dire du malin efprit lequel comme i’ay dit ailleurs les bat amp;nbsp;les tourmente fou-ueniifoit qu’ils foyent par les bois àU chalfe ou fur le bord des eaux à la pefehe rie)OU ailleurs par les cbâps:au lieu que nous nous fcruons à cela de la pierre 3C duJulU dont ils ignorent l’vfagejayanscn rçcompenceen leurs pays de deux certai nes cfpçccs de bois,dót l’vn prefque auf-fl tendre que s’il cftoit à demi pourri gt;nbsp;amp;nbsp;l’autre au contraire aufsi dur que celuy dequoy nos cuifiniers font des lardoircs: quant ils veulct allumer du fcujils les accommodent de celle forte. Premiercmet
f , ,. après qu’lis ont aprimé amp;rcduaufsipoin »1^1 IV^* tu qu’vn fjxfeau par l’vn des bouts vn ballon de ce dernier,de la longueur d’enui-ron vn picd,plantantcclle pointeaumi-licu d’vne piece de l’autre,que i’ay dite-ftre fort tendre,laquelle ils couchet tout
-ocr page 367-DE L’aMERIQJ^mJ JOJ a plat contre terre, ou la tiennent fur vu z ^ . tronc,ou groffe bu^he,cn façon dc^otc-A*”^ ce renucrfec:tournât puis apres fort fou*'*quot;quot;*'’ Vainement ce ballon entre les deux pau- » nies de leurs mains,comme s’ils vouloyct forer amp;nbsp;percer la piece de delTous de part en part, il adulent que de celle, roidc a-gitation de ces deux bois qui font ain-fi comme entrefichez l’vn dans l’autre, il • ’ : -fort non feulement de la fumee, mais auf fi vne telle chaleur qu’ayans du coton,ou des fucilles d’arbres bien fcches toutes
pteftesCainfi qu’il faut auoir par deçà le drapeau^ruflé ou autre cfmorce auprèslt;^ Irs fin furil)lc feu fi emprend fi bien que i’af-feure ceux qui m’en voudront croire, en auoir moy mefme fait de celle façon: Nô pas cependant que pour cela ie vucillc di te moins croire ou faire acroirc ce que quclqu’vn a mis en fcs efcrits : alfauoir que les Saunages de i’Ameriquc(qui font Theuet, ceux dont ie parle àprcfent)auant celle in j^^^*^ uention de faire feu feichaflent leurs viS-ç^jj. ,; des à la fumee: car tout ainfi que ie tien celle maxime de Philofophie tournée en prouerbc élire très vray, alîauoir qu’il n’y a point de feu fans fumee: auf-fi par le contraire eftime-ie celuy n’e-llrepas bon naturalille qui nous veut faire accroire qu’il y a de la fumee fans feu. l’entend de la fumee laquelle
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' *1 ‘ ^lt; net- comme ccluy dont ic parle veut donnera entendre, pu lire cuir,ties viandes : tellement que ii pour folution il vouloit ale-guer qu’il a entendu parler des vapeurs amp;nbsp;exhalations , la refppnec fera,attendu que tant s’en faut qu’elles les puiffentfeir cher, qu'au contraire,,fuit chair ou poif-fon,.elles les rendroyét pluftoft moites amp;nbsp;K^l-.yj, huimdes,que c’en fe moquer du monde.
Partit puis qceftauûeur tantenfaÇof-mog. qu’aillcurs , fe pJaind'fi fouuentde çeux lefquels ne parlas pas à fon grc des matières qu’il a touchées , il dit n’auoir pas biélcu fes eferits, ic prie les lecteurs d’y biê noter Ic paffage ferial que i’ayco-té ,dc fanouuellc amp;nbsp;enaude fumec,laquelle iç luy renuoye en fon cerucau de vent.
J Retourpât doc àpailer du traitcmét que les-Saujuges içntàcepxqui les yont vir fiter 5 après qu’en 1^ minière quei’ay dit ; ilcyijs hoftes ont hçujamp; roan gé,fc font rc-* : -pofeXj^ó ont couche en le urs rpaifôs,s'ils tintenter foût honneftes,üs haUlent ordm^inîmét ftnhtfieeà'^^;g çouftcaux , dcs çizcaux, OU pincettes ,^”’quot;'‘’ ù anaçher fa bathe aux hommes: aux fern ^/ *-^ rnesdi^s peignes amp;nbsp;des thifoirsnamp; ence-rCs aux petits garçon des haims à pcf. cheii.Quc fi au refie.ona afaire de viures ou autres chofes de ce qu’ils ont, ayant demandé quec’eft qu’ils vculct pour cela, quad 011 leur a baillé ce dequoy on-fera con-
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racouenujonlc peutcmportcramp;s’ê aller. Au furplus parte i.côme i’ay dit ailleurs) que n’ayans cheuauxj Afnesjni autres be-ftes qui portent ou qui charrient en leur pays la f açon ordinaire eftqu’ily faut aller à beaux pieds fans lace,toutefois fi .les palTans eftrâgers fe trouuét las,en prefen tans vn coufteau ou autres chofes.aux Sauuages,prompts qu’ils font à faire plai fira leurs amis , ils s’offriront pour les ^“«•‘«ttt porter.Et de fait il y en a eu tels qui noUs ayans mis la tefte entre les cuiflés , nos /*• p'ntnt iambes pendantes fur leurs ventres,nous ont ainfi portez fur leurs efpaulcs plus'‘“r «l, d’vnc grade lieue fans fe repofer : de faç5 que fi pour les foülager nous les vouliôs quelques fois faire arrefter^ euxferaoe-quans de nous difoyent en leur langage: amp;nbsp;comment penfez vous que nous foyô j femmes , ou fi lafçhcs de cœur, que nous puifsions défaillir fous le faix ?Plu. ftoftmeditvne fois vn qui m’auoit fur foncol,iete porterois toutvn iourfans ceffcrd’aller.-tellemétquc. nous autres de
^ noftre coftérians à gorge defployce?, fur.ç,^^„.,„...^,.//,, '‘'tes Traquenards à deux pieds , les voyas fri^uf^ fi bien délibérez,en leur applaudiffans amp;i ’’“gt;■‘1^ ‘’ mettans encores,corhme on dit,dauanta-
1 nbsp;nbsp;gc le cœur au ventre,leurs difions: allons / *
doncques toufiours.
Quant à leur charité' naturelle,fediftri
1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;X
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5««u»5« buan» amp;nbsp;faifans iournellement prefens KMureUt. jp5 yns jux autres des vcnaifonSîpoiflôsj 'tMu. quot;'^' fruits,amp; autres biens qu’ils ont en leur pays,ils l’exercent de telle façon, que nô feulement vn Saunage,par manière de di re,mourroit de honte s’il voyoit auprès de loy fon prochain, ou fon voifin auoir faute de ce qu’il a en fapuilfance, mais aufsi,comme ie l’ay expérimente, ils v-fent delamcfmc libéralité enuers lesc-ftrangers leurs alliez . Pour exemple de-quoy ic diray que cefte fois(ainfi que i’ay ia touché au dixième chapitre) que deux Fraçois amp;: moy nous eftàs cfgarez parles bois,cuidafmcs eftre deuorez d’vn gros amp;nbsp;cfpouuâtablc Lézard, ayans outre cela refpacede deux iours amp;nbsp;d’vne nuit que nous demeurafmes perdus enduré grand faim,nous eftans finalement rctrouuez en vn village nommé ‘7’^aa,ou nousauiôs cftéd’autres fois,il n’cft pas pofsible d’e-ftre mieux reccu que nousfufmes des Sau uages de ce lieu là. Car en premier lieu, nous ayans ouy raconter les maux que nousauions endurcz;mcfme ledanger ou nous allions cfté deftre nonfeulemcnt de uorcz des beftes cruelles, mais aufsi d’c-ftre prins amp;nbsp;mâgez des Mar^aiafi nos en nemis amp;nbsp;les leurs , de la terre defqucls (fans y penfer) nous nous cftions approché bien près: parce di ic qu’outre cela palfans
-ocr page 371-toE l’amertqve. 5J^ paffans par les deferts , les efpincs nous auoyent bien fort cfgratincz , eux nous voyans en ici eftat en prindrent fi grand pitié, qu’il faut qu il m elchape de dire ^ueles recepnós hipocritiqucs de ceux de par deçà qui n’vlent que du plat de la langue pour la confolation des ahugez, eft bien efloignee de I fiumanite de ces genS,lcfqucls neantmoins nous appellôs barbares Pourdôcques venir à rcîfet,a-pres qu'aucc de belle eau claire qu’ils fu-lent quérir exprès , ils curent commen- l'h«»’«»^^ «épar là (qui me fit relouuenir de la fa-'quot;^*“^ fondes Anciens) de lauer les pieds amp;nbsp;les ïambes de nous trois François qui e-ftions afsis chacun en vn lief à part, les vieillards qui des noftrc arriuce'auoyent donne' ordre qu’on nous appreftaft à man ger,mcfmes ayans commandé aux fem-
•ïies qu’en diligence elles nous hlfcnt de la farine tendre (de laquelle comme i’ay dit ailleurs , i’airoerois autant manger ^ucdu mojet de pain blanc tout chaut) nous voyâs vn peu rehaifehis nous firent îufsi toft feruir à leur mode de force bonnes viandes , comme de venaifons, Volailles, poiflons » amp;nbsp;fruits exquis dont ils ne manquent iamais.
Dauâtage lcfoii venu,afinque nous re pofifsions plus à noftrc aife, le vieillard loftrc hofte,ayant fait öfter tous les cn-
-ocr page 372-3^4 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTOIRE
fans d’auprès de nous. Je matin a nofire ' refueil nous dit;amp; bië yhour-aj/'afx : teeft à direparfaits alliez;auc2 vous bien dormi cefte nuit? Aquoy luy eftant fait rcf-ponce que fort bicn,il nous dit : repofez vous encores mes enfans , car ie vis bien hier au foir que vous cftiez fort las. Bief il m’eft malaife d’exprimer la bonne chcrc qui nous fut faite lors par ces Saunages, Jcfquels à la vérité,pour ledire en vu mot,firent en noftre endroit ce que aa.18. i. faint Luc ditaux Aftes des Apoftrcs,que ^' les Barbares de flflc de Malte pratiquèrent enuers faint Paul, amp;nbsp;ceux qui c-ftoyent auec luy apres qu’ils eurent cf-chappc le naufrage dont il eft la feit mé-tion.Or parce que nous n'allions point parpays qucnous n’eufsions chacun vn fac de cuir plein de mercerie,qui nous fer uoit au lieu d’argent pour conuerfer par mi ce pcuplc,au départir de là,jnous bail lafmes cequ’il nous pleut: aflauoir com-— me i’ay tantoft dit que c’eft la couftume, •uif'n'i' des coufteaux , cizeaux , amp;nbsp;pincettes aux P‘'*S”^® mirouersamp; htaedets dej^utons de verre aux femmes: amp;nbsp;t’es hameçons à pefeher aux petis garçons.
Sutquoy aufsi afin que ie face mieux entendre combien ils font cas de ces chofcs:ie reciteray que moy eftant vn
-ocr page 373-DE l’aMERIQVE. 325 vn jour en vn village,mo MouJfacatiç’cü adiré celuy qui m’auoit rcceu chez foy, m’ayant prie de luy monfti er tout ce que i’auois dans mon j^aramento , c’cftàdirc , dans mon fac de cuir, apres qui! meut''* f fait apporter vue belle grande vaiflelle de T^teitmi. terre dans laquelle i'a^eng^ay tout mon ^quot;7,“y7i cas:luy s’cfmerucillant devoir cela , ap- mem 11 pelant foudain tous les autres Saunages ^“^X* leur dit: ie vous prie mes amis de coii-w«ri/).îrfi-fiderer quel per fonnage i’ay en ma mai-^'* foil: car puis qu’il a tant de richcfles ne faut il pas bien dire qu’il foit quelque grand seigneur ? Et cependant comme ic ' dis en rjât cotre vn micncôpagnon qui c-ftoit auec moy,tout ce que ce Saunage e-ftimoit tant,qui cftoit en fomme cinq ou f'x tourteaux emmanchez de diucrfcs fa-ÇÔs,autât de peignes,deux ou trois grads tfirouers, amp;nbsp;autres petites befongnes, t’eurt pas vallu deux tertons dans Paris, l’artant fuyuant ce que i’ay dit ailleurs, ^ti’ils aiment ceux qui font libéraux, me 'voulant encores moy mefme plus exalter Hu’il n’auoit fait, ie luy baillay gratuite-’quot;êt amp;publiquement deuant tous le plus gtâdamp;plusbeau de mescourtcaux,duquel df fait il fit autant de coteque feroit quel 5’*’vn en nortre France, auquel on aurait 'sitprefent d’vne chained’or de la valeur decent efeus.
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HI S TOl RE
. ƒ Que fi vous demandez maintenat plus outre, fur Ja fréquentation des Saunages de l’Amérique dont ie traite maintenant: Stu-Kifft aflauoir fi nous nous tenions bien affeu-hyauxa j.ç2 parmi eux,ie refpond que tout ainfi Itnrixmn nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
qu iIs liaificntfi mortellement leurs ennemis,que comme vous auez entendu ci deuant,quand ils les tiennent, fansautrc compofition ils les affommét amp;nbsp;mangét: par le contraire ils aiment tant eftroite-incnt leurs arms amp;nbsp;confederez , tehque nous cftions de cefte nation nômee Tou-euptnamlgt;aoultii(]ue pluftoft pour les garé tir,amp; auant qu’ils receuffent aucun def-filaifirils fe feroyent mettre en cent mil-
e pieces, ainfi qu’on parlc:tclJcment que ' les ayant expérimentez, ie me ficrois, amp;nbsp;me tenois lors plus à fcurté entre ce peu pie que nous appelions Saunages,que ie ne ferois maintenant en quelques endroits de noftre France auec les François defloyaux amp;nbsp;degenerez : ie parle de ceux qui font tels;car quant aux gens de bien, dont par la grace de Dieu le Royaume | n’eftpas vuide, ie ferois bien marry de i toucher à leur honneur. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j
Toutesfois, afin que ie dife le pro amp;nbsp;le contra de ce que i’ay congneu eftant parmi nos Ameriquains,ie reciteray encores vn fait contenant la plus grande apparence
-ocr page 375-DE LAMERIQ^E. 527 apparence de danger ou ieme fois jamais Di/oun veu entre eux. Nous cftans doneques vn iour inopinément rencontré fix François en ce beau grand village ‘D'ocaranfin duquel i’ay ia plufieurs fois fait mention ci defl'us,diftant de dix ou douze lieues de noftre Fort, ayans refolusquot; d’y coucher, nous fifmes partie à l’arc, trois contre trois pour auoir tant des poulies d’Indes qu’autre chofe pour noftre fouper. Tellement qu’eftant aduenu que ie fus des pcrdans,comme ie cctchois des volailles à acheter parmi le village,il y e ut vn de fes petis garçons François ,que i’ay ditdu commencement que nous auions menezdäs le Nauire dcRofec pourappré dre lalanguc)lcquel fe tenoit en ce village qui me dit: voila vne belle amp;nbsp;grafle cane d’Indc,tuez la vous en ferez quitte en la nayantree que ( parce que nous auions fouuent ainfi tué des poulies en d’autres villages dont les Saunages cnlcscôtentâs ne s’eftoycnt point fachez)n’ayant point fait difficulté de faire,après que i’eu cefte Cane morte en ma main ie m’en allay en vne maifon,ou prefques tous les Sauua-gcs dcce lieu eftoyent alfemblcz pour Caouiner. gt;
Ainfi ayant la demandé à qui cftoit la Cane afin que ie luy payaf-fe , il y eut vn vieillard , lequel
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fe prefentant aucc vnc aflez mauuaife .ƒ .• trongne,mc dit,c’cft à moy. Que veux tu que ie t’eu donne luy di-ie? vn coufteau, refpondit-il:auquel fur le champ en ayât voulu bailler vn,quand il l’eut veu il dit, i’en veux vn plus beau;ce que fans répliquer luy ayât prcfenté,il dit qu’il ne vouloir point encores de ceftuy là.Que veux tu donc,luy di-icquc ic te donnc?vnc fer pc dit-il. Mais parce qu’outre que cela eftoit vn pris du tout excefsif en ce pays ••••.*4- là, de donner vnc ferpepour vne c^nc, ic n’en auois point pour lors,ieluy^is qu’il fe contentaft s’il vouloir du fécond cou-ffeau que ie luy prcfcntois , amp;nbsp;qu’il n’en auroit autre chofe. Mais la dclTus le Truchement qui cognoilToit mieux leur façô de faire f combien qu’en ce fait là il flift aufsi bien trompe que moy ) me dit,il eft bie fache, amp;nbsp;quoy que s’en foit il luy faut trouucr vne ferpe.Parquoy en ayant emprunte vnc du garfon dót i’ayparlc,quâd ic la voulu bailler à ce Saunage, il en fit derechef plus de refus qu’il n’auoitfait auparauant des coufteaux ; de façon que mefachant de Cela,pour la troificme fois, ic luy dis : que veux tu doitc de moy ? A quoy fui ieufement il répliqua , qu’il me vouloir tuer comme i’auois tué fa Cane: car, dit-il, parce qu’elle a efté à vn mien ffercqui eft mort,ie l’aimois plus que chofe
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-ocr page 377-DE t’A M E R I Q_V E. 529 cKofe que i’eufTe. Et de fait de ce pas mo homme s’en alla quérir vnc efpcc5ou plu ftoft grofle malfuc de bois, de cinq à fix pieds de long, amp;nbsp;s’en reuenant tout fou-dain vers moy , ilcontinuoit toufiours de dire qu’il me vouloir tuer.Q^i fut dóe bienesbahi ce fut moy: amp;nbsp;toutesfois,come il ne faut pas faire le chien couchant, (comme on parlc;.ni le craintif entre cefte nation, il ne falloir pas que i’enfifi'e fem-blant.La deffus IcTruchcmentqui eftant afsis dans vn lift de coutonpendu entre le quîTrclleur amp;nbsp;moy , m’aduertiflant de ce que ic n’entëdois pas,me dit: dites luy tenant voftre efpcc au poing,amp; luy mon-flrant voftre arc amp;nbsp;vos flefehes , à qui il penfe auoir affaire? cai: quat à vous,vous eftes fort amp;nbsp;vaillant, amp;nbsp;ne vous lairrez pas tuer fi aifément qu’il penfe . Somme faifant bonne mine amp;nbsp;mauuais icu , ainfi qu’on dit, après pluficurs autres propós que nous eufmes ce Saunage amp;nbsp;moy(fans fuyuant ce que i’ay dit au commenceme t de ce chapitre que les autres fiflent aucun femblant de nous accorder'» yurc que il cftoit du Cao'iiin qu'il auoit beu tout le long du iour , s’en alla dormir amp;nbsp;cuner fan vin: amp;nbsp;moy amp;le Truchement fouper amp;nbsp;manger fa Cane auec nos compagnôs qui nous attcndans au haut du village,ne fauoyent rien de noftre querelle. Or ce-
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pendant,comme Piffiie môftra,les ToHou-fifiambaoultt fachis bien que s’ils auoyct tué vn François , la guerre irréconciliable feroit tellement déclarée entre eux (cftans ia ennemis des Portugais } qu’ils fcroy et priucz à iamais d’auoir de la mar chandife, tout ce que mô lourdaut auoit fait n’cftoit qu’en fc iouât. Et de fait s'e-ftant refueillé cnuiiô trois heures apres, il m’enuoya dire par vn autre Sauuage» que i’eftois fon fils , amp;nbsp;que ce qu’il en a-uoit fait,n’cftoit que pour m’efprouuer, amp;nbsp;voir à ma contenance fi ic ferois bien la guerre aux Portugais amp;nbsp;aux Margat/tf leurs ennemis. Mais cependant demon cofte afin dcluy öfter l’occafion d’en faire autant vne autre fois, ou à moy ou autre des noftres ; ioint que telles rifecs ne font pas fort plaifantcs , non feulement ie luy manday que ie n’auois que faire de luy, amp;nbsp;que ic ne voulois point depere qui m’efprouuaftauee vne cfpce au poing mais aufsi le lendemain entrant en la mai fon ou il cftoit, afin de luy faire trouuer meilleur , ic donnay de petits coufteaux amp;nbsp;des haims à pefeher aux autres tout auprès de luy, qui n'eut rien . On peut donc reçu' illir tant de ceft exemple , que de l’autre que i’ay récité ci deflus de mô premier voyage parmi les Saunages , ou pour l’ignorâcc de leur couftume enuers noftre
-ocr page 379-DP. 1. A M E R I QV E. 5JI noftre nation ic cuidois eftre en danger, que ce que i ay dit de leur loyauté enuers leurs amis demcuic toufiourk vray 8é fer me:aflauoir, qu’ils fct oycnt bien mari is de leur faire dcfplaifir. Surquoy pour cô clufion de ce point,fadioufteray que fur tour les vieillards, qui par le paße ont eu faute de cojgnecs , ferpcs amp;nbsp;couftcaux/*'/’“*-'!'^ (qu’ils trouuent maintenat tant proprc^/''^'’^ pour couper leur bois amp;nbsp;faire leurs arcs^V^'' 5**^ amp;nbsp;leurs flefches ) non feulement traitent fort bien les François, mais aufsi exhortent les ieunes gens d’entre eux de faire le fcmblable àl’aduenir.
CHAP. XIX.
Comment les Saunages fe traitent en leurs fnalatHes'.enJèmble lie leurs Jèpulrures amp;nbsp;fùne-raillst amp;nbsp;lies ^rantis pleurs iju^ls fins apres leurs morts.
OvR donques mettre fin à parler de nos Saunages de l’Amérique, il faut fauoir comment ils fe gouuernc nt tant en leurs maladies qu’à
la fin de leurs iours: c’eft à dire quand ils font prochains de la mort naturelle . S’il adulent donc qu’aucuns d’eux tombe ma-
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Jade après qu’il aura monftré amp;: fait enté dre ou il fent Je mal,foit aux bras ïambes ou autres paities du corps , ceft endroit là fera fuccé auccla bouche parl’vnde fcs amis: amp;nbsp;quelques fois par vnc manière d’abufeurs qu’ils ont entre eux nom-•p^fn mt fj^ç2 T’aies, qui eft à dire Barbier ou Me-âtintM^„. decin ( autres que les Laraihet dont i ay parle traitant de leur religion ) lefquels non feulement leur font accroire qu’ils leur arrachent la maladie mais aufsi que ils leur prolongent la vie. Cependat outre les fièvres amp;nbsp;maladies communes de nos Ameriquains, à quoy corne i ay touché ci deuant àcaufe de leur pays bien tempere, ils ne font fi fuiets que nous fommes par deçà, ils ont vnc maladie 'm~ •?«gt;««lt;-curable qu’ils nomment T»««/, laquelle ^teuft, lt;^o^ûJcn qu ordinairement elleprouien-ne Si fc prenne de paillardifc, i’ay néant-moins veu auoir à de icuncs encans Icf-qucls en eftoyent aufsi couuerts qu’on en voit par deçà eftre de la petite vérole. Mais au refte cefte contagion fc conucr-tiffant en puftulcs plus larges que le pou cejefqucllcs s’efpâdét par tout le corps, voire iufqu’au vifagc , ceux qui en font entachez en portent aufsi bien les marques toute leur vie, que font lc^_ycro-Jçz amp;nbsp;chancreux de par deçà de leur tur pitude amp;nbsp;vilenie. Et de fait i’ay veu en ce pays
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ce pays-là vn Truchement,natif de Rouen , lequel s cftant veautré en toutes fortes de paillardifes parmi les femmes amp;nbsp;filles Saunages,en auoit fi bien reccu fon falait e,que fon corps amp;nbsp;fon vifage eftans aufsi couuerts amp;nbsp;desfigurez de cesT»/?«/, que s'ileuftefte vray ladre , les places y eftoyent tellement imprimées qu’impof. fible luy fut de les iamais effacer : aufsi eft cefte maladie la plus dangcicufcen cefte terre du Brefil. Ainfi pour reprendre mopremierpropos,les Ameriquains ont cefte couftume, que quant au traitement de la bouche de leurs malades: fi celuy qui eft detenu au lier dcuoit demeu mtnt trM~ ver vn mois fans manger on ne luy en dó ^^'jj**^* nera iamais qu'il n’en demande : mefmes ' quelque grieue que foit la maladie,lcs au très qui (ont en fanté, fuyuant leur couftume,ne laifferont pas pour cela,buuans fautas amp;nbsp;chantas,de faire bruit autour du poure paticttlcquel aufsi de fon cofte fâchant bien qu’il negagneroit rien de s’en fafcher,aimc mieux auoir les oreilles rô pues que d’en dire mot. Toutesfois s’il aduient qu’il meure, amp;nbsp;fur tout fi c’eft quelque bon pcre de famille , la chantre-rie eftant foudain tournee en pleurs , il* lamétcnt de telle façon que fi nous-nous trouuions en quelque village ou il y eut vn mort,ou il ne falloir pas faire eftat d’y
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coucher, ou ne fe pas attendre de dormir la nuit.Mais principalemêt c’eftmerucil-* le d’ouyr les knimcs iefqucJles braillans fl fort amp;nbsp;fi haut que vous diriez que ce font hurleniés de chiens amp;nbsp;de loups font conimunémcnt tels regrets amp;nbsp;tels dialogues. Il eft mort, dirontles vnes en trainant leur voix, celuy qui eftoit fi vaillat, amp;nbsp;qui nous a t.ant fait manger de prifon-nicrs. Puis les autres en cfclatant de mef me refpondront. Oque c’eftoit vn bon chaficur amp;nbsp;vn excellent pefeheur : Ha le braue aflommeur de Portugais amp;nbsp;de Jl^ar^jiias, defquels il nous a fi bien vengez, dira quclqu'vne parmi les autres.tel Jcment que parmi ces grands pleurs s’em braflans les bias amp;nbsp;les efpaulcs I vnç de l’autre s’incitans à qui feraJe plus grand dueil : iufques à ce que le corps foit ofté de deuant elles, elles ne cefleront en de-chifi ant amp;nbsp;recitantainfi par le menu tout ce qu’il aura fait amp;nbsp;dit en fa vie, de faire de longues xiricllcs de fes louanges.
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Bref, à la manière que les {£mes de Bearn ainfi qu’on dit, faifans de vice vertu en vue partie des pleurs qu’elles font fur leurs maris dcctdc2,chantct Lamiamou, J^a mt amou:(^ara ritienfioeildefplendou'. (^a ma leuge lgt;ef dan/adou'. La meiaien) Lo m’e-fiurhaf : mati depes : fort fard au lheit C’eft à dire mon amo ur: Mon amour vi-fage riant, œil de fplendeur,iambe lege re,beau danfeur,le mien vaillant,le mien cfueillé,matin debout forttard au liét:voi rc corne aucûs difentquc les femmes en quelques endroits de Gafeongne adiou-ftent, Yere, yere, 0 le ief rene^adou 0 le bet iougadou ^u'here : c’eft à dire, bêlas bêlas,ô le beau renicur,ô le beau loueur qu’il cftoit:ainfi en font nos poures Ame riquaines;lcfquellcs au furpP au refrein de chacune pofe adiouftant toufiours , il eftmort, il eft mort celuy duquel nous faifions maintenant le dueil, les hommes leur rcfpondant difent : Hclas il eft vray nous ne le verrons plus iufques à ce que FtjTet amp;nbsp;nous foyons derrière les montagnes,ou, rXL^w’^^^^'^'’^ ’^°^'^ enfeignent nos ^araihes, nortstn nous danferons aucc luy amp;nbsp;autres pro-^mtri^ut pfjg femblables qu’ils adiouftent. Or ces querimonics durant ordinairement demy iour(carils ne gardent guercs leurs corps morts dauantage)apres que la fof-fe aura efté faite,non pas longue à noftre
-ocr page 385-DE L’AMERIQVE. 537 lîiode,ains ronde amp;nbsp;profonde comme vn grand tonneau à tenir le vin,le corps qui aufsi incontinent apres aiioir cftc expiré aura èftéplié, les bras amp;nbsp;les iambes liez alentour,fera ainfi enterreprefques tôutA‘”’‘^‘“” debout: mefme (comme fay dit) b c’cft„'vo« quelque bon vieillard qui foit decedé , il l'^miri^. fera cnfepulturédansfa maifon cnuelop-pé de fon liéi de couton,voire on enterrera auec luy quelques coliers, plumafle-rics,8t autres befongnes qu’il fouloitpor inyiux eu ter^quand il eftoiten vie.Sur lequel pro- ^r«r/.1quot;quot; pos on pourroit alléguer beaucoup d’exemples des Anciens qui en vfoyent de celle facon:comme eeque dit lofephe qui fut mis au fepulchrc de Dauid ; amp;nbsp;ce que les hiftoriens ptophancs tefmoignentde tant de grads perfonnages qui après leur mort ayans efté ainfi parez de loyaux fort précieux le tout eft pourri auec leurs corps:amp; pour n’aller plus loin de nos A-meriquains , comme nous auonsia allégué ailleurs , les Indiens du Peru terre continente à la leur enterrans auec leurs Rois amp;nbsp;Caciques grande quantité d’or Sê de pierres precieufes , plufieurs Efpa-gnols de ceux'qui furentlcs premiers en celle contrée reccrebans les defpouilles de fcs corps morts iufquesaux tombeaux amp;nbsp;croies ou ils feauoyet les trouuer,enfuf**y^ rentgrandemét enrichis.Toutefois pour
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HISTOIRK
Èrr^Uf
Vraytment di^bob^Hf
retourner à no3'rououpinamlgt;4oultiydepvis que les François ont hanté parmi eux ils n'enterrent pas fi couftumicremcnt les chofes de valeur aucc leurs morts, qu’ils faifoycnt auparauât:mais ce qui eft beaucoup pire oyez la plus grande fuperfti-tion qui fc pourroit imaginer en laquelle ces poures gens font detenus. Désla premierenuit d’apres qu’vn corps, à la façon que vous auez entendu,a eftéenter ré,eux croyans fermemet que fi ^yfna»i c’eft à dire le diable en leur ligue ne trou uoit d’autres viandes toutes preftes auprès,qu’il le de|crreroit amp;nbsp;mangcroit,nó feulement ils rnTttenTde grands plats de terre pleins de farines,volailles,poisons amp;nbsp;autres viandes bien cuites aucc de leur bruuage dit CaeHm fus la folledu deffûâ, mais aufsi iufqu’à ce qu’ils penfent que lecorps foit entièrement pourri,ils continuent à faire tels feruiecs , vrayement diaboliques.Duquel erreur ilrtous eftoit tant plus malaifé de les diucrtir, que les Truchemens de Normandie qui nous a-uoyët précédez en ce pays là, à l’imitatió des preftres de Bel prenans de nuit ces bonnes viandes pour les manger, les y a-* uoyent tellement entretenus, voire confirmez,que quoyque parlcxperiéce nous leur móftrifsiós que ce qu’ils y mettoyét le foir s’y rctrouuoit le lendemain,à pei
ne peu-
-ocr page 387-bE Va M E R i CLV È» ^9 hepcufmcs nous pcrfuadcr Je contraire aquelgues vns.TcJlemét qu’onpcut dire cefte rcfucrie des Sauuagcs n’tftre pas fort différente de celle des Rabins I)o-Öcurs ludaiqucs: ni de celle de Paufa-nias.Carlcs Rabiits tiennêt que Je corps f'^r^U dort eft Jaifteen la puiftance d’vn diable J^p^^de qu’il nommer Zazel ou aiazcl, lequel ils 'gt;^gt;'‘» difent eftre appelé prince du defert 2ufr',f^mè Leuitique: amp;nbsp;mcfmc pour confirmer ?«X-quot;•*• leur erreur ils deftournent ces pacages del'EfcriturcouiJ eft dit au ferpent tu Ge„, 5. mangeras la terre tout le temps de ta vie: 14 car puis difent ils que noftrc cosps eft créé du limon amp;nbsp;delà poudre de la ter- If^î**4* rc,qui eft la viande du Serpent il ^“yf^ijuij^j fiiiet iufques a ce qu’il foit tranfmué en nature fpirituclle. Paufanias femblable-ment raconte d’vn autre diable nomme Eurinomus,duquel les interpréteurs des Delphicns ont dit,qu’il dcuoroitlachair des morts, amp;nbsp;n’y laiffoit rien que les os, qui eft en fommc,ainfi que i’ay dit,le mef Ric erreur de nos Ameriquains.
Finalement quand les Sauuagcs, à la manière que nous auons monftré au chapitre precedent, renouucllent amp;nbsp;tranf- Ferme de portent leur village en autre licu,mcttâsf^”^“ deflus les foffes des trefpafTez de petites SaHuei» couuerturesdeleur grande herbe nom-
-ocr page 388-5^0 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTOIRE
mec PzWöUion feulement lespaffans y re cognoiflent forme de Cimiticrej mais aufsi quand les femmes s’y rencontrent, ou autremét quad elles font par les bois fl elles fe relfouuiennct de leurs feus ma ris,ce fera à faire les regrets accouftu-mc2,amp;à hurler de telle forte qu’elles fe font ouyr de demie lieue. Parquoy les laiffant pleurer tout leur faoul, puis que i’ay pourfuyui les Saunages iufques à la folfe , iemettray ici fin à difcou-rirdcleur manière de faire; toutcsfois les lefteurs en pouriôt encore voirqucl-quc chofe au Colloque fuyuant lequel fut fait au temps que i’eftois en l’Amérique à l’aide d’vn Truchement, qui non feulement,pour y auoir demeure fept ou huit ans entendoit parfaitement le langage des gens dupays , mais aufsiparce qu’il auoit bien enudié mefme en la langue Grecque , donî(ainfi que ceux qui l’entendent ont ià peu voir ci deflus) ce«' fte nation des Touonpinamboulfs, a quelques mots, il le pouuoit mieux expliquer.
CH A P. XX.
^oHot^ue de rentree ou arriuee en /^ terre éK B refil entre les gens du pays nommez Tou-oupinam-
-ocr page 389-D Ï l’a M E R Ï QV E. ^41 oupinambaoults , Ó 1 oupinenquin en langage Sauua^e amp;nbsp;Francoii.
7“ ououptn^m^aouit
ETJE-ioube? Es m venu?
François
Pa-aiouh Ouy ie fui» venu? T
'Teh !au^e-ny-po, Voila bien dit.
Afara-pe-derere? Comment te nom-gt; mes tu?
P nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;f’Jflo
nom dg
Lery-ouffo», Vne groffe Huitrc nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i-4gt;„i„Hr»
Ere-iacafo pieno'i A s-tu Jaiffe ton pays pour venir demeurer ici?
F
Pa. Ouy
Eori-deretuni ouani repîae, Vien donc-ques voir le lieu ou tu demeureras.
fy^u^e-be'i Voilabien dit. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
lende replie ? août lenderepiac aoul e ehe-raire T eh! oouerete' Kenon Eery-ouJ/ou yrne'en!
Voila doneques il eft venu par deçà mon
, fils nous ayant en fa mémoire hehs/
Y J
-ocr page 390-34^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTOIRE
Erefoudeearamemo^ As tu apporté te* coffres ? Ils entendent aufsi tous autres vaiffeaux à tenir hardes que rhôme peut suoir»
F
Tdarout. Ouy ides ay apportez. T
Afobouyi Combien?
Autant que l’on en aura on leur pourr* nobrer par paroles iufques au nobrede cinq, en les nommant ainfi, e^fu^é-pet’ mocoMein,Zimoffaput)^ioioicoudtc,4,ecotnbo,') Si tu en as deux,tu n’as que faire d ên nô-mer quatre ou cinq. Iltefufhia de dire mtcoitein de trois amp;quatrc.SembIabIemét s’il yen a quatre tu diras owreoWre. Et ain-fi des autres. Mais s’ils ont paffé le nom-^ brede cinq il faut que tu monftres par tes doigts amp;nbsp;par les doigts de ceux qui font auprès de toy, pour accomplir le nombre que tu leur voudras donner à entendre. Et de toute autre chofe fcrriir blablcment. Car ils n’ont autre manière de conter.
T
«ƒ!ƒae pérerout , de caramemo po^pe? lt;^çlle chofe cft-ce que tu as apportée dedans tes coffres.
F
e^-aub. des veftemens.
-ocr page 391-DB l’ A M E R 1 oy E.quot; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;545
T
J/rfra vaégt; De quelle forte ou couleur?
Sobouy-ete’. De bleu;
firenc. Rouge.
loap. laune.
Sen^ Noir.
SohnuyimaJfou. Verd.
*Pirienc- De plufieurs couleurs?
*Pf^lt;^jr''^~'^^^i Couleur de ramier» Ttn. Blanc. Et eft entédu de chemifcs?
T
Afaepamo? Q^oy encores?
F
^can^aubé-roMpé, TJes chapeaux,’
T
Sefa-pégt; Beau-coup?
F
JcatoMpaué. Tant qu’on ne les peut •ombrer.
T cAipo^nif. Eft-cc tout? F Erimen. Non, ou Nenny, T ^feneu bat. Nommeront. F nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•- *
Coromo. Attend vn peu. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*
7^!nr Ot fus doneques.
Y 4
-ocr page 392-344 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTOIRE.
^rtU- AfocaPyOU, jnororscap. Artillerie à feU leriehar comme harquebuze grade ou petite: car t^Melfu-^' -^^ocap fignific toute manière d’ArtilIe-2e (^^ rie a feu,tant de gvoffes pieces de Naui-Vi^oles res,qu’autres.II lembleaucunefois qu’ils prononcent ‘Socap. par B. amp;nbsp;feroit bon en efcriuant ce mot d'entremefler. m. b. enferfible qui pourroit.
Touiire nbsp;nbsp;M^cap-coui, De la poudre à Canon,ou
rf ^ano poudi e à feu
. Afocap-couioureui Pourmettre la pou dre à feu,comme flafques , cornes, amp;nbsp;autres.
zJ^aravae? Quels font ils?
F
'fapiroujfou-alc. De corne de boeuf.
F
«y^f^^^z^'^^^^'^^ê^^'' ^oila tresbien dit: Maepe fipoftyt rem? Q^’eft-cc qu’on baillera pource?
F
^rotiri. le ne les ay qu’apportées coin me difant,ie n’ay point de hafte de m’en detfaire en leur faifant (jmblcr bon.
T
He'! C’eft vne interieftion qu’ils ont Jnterte gecouftumé défaire quand ils pefentàce ^^'’^ qu’on leur dit,.voulans répliquer volontiers.Ncantmoins fc taifent afin qu’ilsne
foyentveus importuns.
F.
DE L AMERIQUE. j.^^
F
iyfrrou-ita ygapen, l’ay apporte des ef, pees de fer.
'^^acepiac-icho p/n/? Ne les verray-ie point? nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;F ^egoeirem.Quelque jour à loifir.
^ereroupeguya-pat? N’as tu point ap- Serpes-portéde ferpes àheufes? nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i ^.,^^,'
‘ ^rrmt,Pen ay apporté. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;/
T
Igatott-pi? Sont-elles belles?
F
Cuiapar-eté Ce font ferpes exceUétesr
T
jéuaponfo^aem^- Qui les a faites.
F
Pa^e-ottaJfottre^nymogneft.C'a, cRé ccluy que cognoiHcz , qui fé nomme ainfi, qui les a faiéics.
lt;igt;^u^e-terah.'Voih ejui va bien.
T
^cepiah mo-me». Hélas ie les verrois volontiers.
F
Karamou/fee, Quelque autre fois. T
Tâcepiah tau^e, Que ie les voyeprefen-Renient.
-ocr page 394-54lt;^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISToiRB
Eemberein^wii Atten encort^ i T
Ereroupe itaxe amO} As tu point apporté de coufteaux?
^rrourefaiTen zy apporte en abódice T
lt;.Av..G/' /- Secoaaragt;}tinvaé?Sont-ce des coufteaux ••'^4^4-Tk *3'’* °”^ ^^ manch^burchu.
En-en nonivefin A. manche blanc Iwpef à demi raffe Taxe tniri des petits coU'
. fléaux.
lin“ '’^^‘ l Pinda Des haims Adeufemoton des alaines J y’’-'/'/.«. *. ^rrouades miroirs Kuap des peignes MouroboHy e'fe des colliers ou bracelets « bleus , ^eptah yponyeHm que Ion n’a point accouftumé d*en voir . Ce font les plus beaux que Ion pourroit voir depuis que on a commence à venir depar deçà.
T
Eafi ia-voh de caramemo t'acepiah de mae Ouure ton cofre afin que ie voye tes blés F
a4itnoff'ae'nen le fuis empefebé a4ce'piah-ouca tren defue le la mofireray quelque iour que ie viendray à toy.
T
I^âronr ichop'Ir'emma'e de/ue ! Ne t’ap-portcray-ie point des biens quelques - iours?
-ocr page 395-DE i’aMERI 0^ E. 34^ MaelpereroMpotat^Q^ veux-tu apporter.
T
Seek dele ne fcay mais toy Mae'pereiptr^ fat?Q^ veux-tu.
Soo,Des bcftes,0«r/ï,dcs oifeaux,Pzr/« ' du poifron,O«y,de la farine YftiC', des na-i-veaux Commenda oaajfou des grandes feb-ücs , Commenda miri des petites febves, nor^ouia «ua/fou des oranges,amp; des citiôs tade fironè^i de toutes ou plufieurs chofes
T
Mara-vae'foo eretufieh? de quelle forte de befte as-tu appétit de manger?
F
Nacepiah ijaevon-gouaaire le ne veux de Celles de ce pays.
T
^ajfenondefue Q^e ie te les nomme.
F
/^ein Or la
T
TaptroußouVnebeüc qu’ils nomment 8infi,demi afne amp;nbsp;demi vache.
Se-oua/fou efpece de Cerf amp;nbsp;Biche»
Taiafou Sanglier du pays. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'*t
a4^outi vne befte roufle grande comme Vu petit cqu£hon de trois femaines. quot;
Pa^ae c’eft vne befte grande comme vn petit couchon d’vn mois rayee de blanc 2cnoir.
-ocr page 396-54^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;H I s T o I R E
quot;Tapifi EfpcÂ?dc Heure.
Ejfe nonooca ycheßie. Nomme moy des oyfeaiix.
T
oifiatiX '[aeou, c’eft vn oif«au grand comme vn chapon , fait comme vne petite poule de guince,dont il y en a de trois fortes, c’eft aflauoir, /acoutingt; 1 acoupcm amp;nbsp;lacou-ouaß fiu ; Si. font de fort bonne faucur, autant qu’on pourroit eftimer autres oifeaux.
cJ^fouion Paon Saunage dont en y a de deux fortes,de noirs amp;nbsp;giis ayâs le corps delà grandeur d’vn Paon de noftre pays (oifeau rare)
c^écaeouà c’eft vne grande forte de per' drix ayât le corps plus gros qu’vn chapô.
Ygt;jar»lgt;ou-ottaffeu,c'c(t vneperdrix delà grande forte prefque aufsi grande comme l’autre ci deffus nommee.
YKa?fibouc’eùync perdrix prefguecó' me celles de ce pays de France.
7egaJ/'oti 'Fortcrclle du pays.
'Paicaex autre efpece de tourterelle plus petite.
F
Seta pe-pira fiaae Eft-il beaucoup de bons poinons.
T
T^an II y en a autant.
Kurerna Le mulet.
^ottadYn franc mulet nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,.
.Acar/t'
-ocr page 397-DE L’AME RIQVE. J^ÿ yîcara-pep Poiffon plat encores plus délicat qui le nomme amfi.
^cara oitifjfou Vn autre grand poiflon qui fe nomme ainfi.
^cara-^outen Vn autre de couleur taft Hcc qui eft de moindre forte.
«y^cara-mirt de très petit qui eft en eau doucede bonne faueur.
OuaratVn grand poiflon de bon gouft. XamouroftpoHy-oiïe/fou-,yn grâd poiflon. Mamo-pi-deretam.’’ Ou eft ta demeure.
Maintenant il nomme le lieu de fa demeure
^aritnuh, Ora-ouaJfou-otiee ^aum-ur ajßc^ ^tra-can i o-pen.EtraUiltanen, Taraconir-«pan,Sarapo-u,
Ce font les villages du long du riuage entrant cnlariuiere dc^wei^redu cofte de la main fencftre nommez en leurs pro près noms ; amp;nbsp;ne fache qu’ils puiflent a-Uoir interpretation félon la fignification d’iceux.
Ke-ri-u,^cara-u Kourournoure,Ita-auc, loirârouen, qui font les villages en ladite riuicre du eofté de la main dextre.
Les plus grands villages de delTus les terres tant d’vn cofte que d’autre, font. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*
Sacouarr-ottJfott--tttue,Ocarentin,Sapopet»
7^ouroucuue , i^yfrafa-tuue, Vßt-pottiue Sc plufieurs autres dont auec les gens de la
-ocr page 398-350 histoire' terre, ayant communication on pourra auoir plus ample cognoiffance amp;nbsp;des pères de families lt;]uc fruftrement on appelé Rois qui demeurent aufdits villages: amp;nbsp;en les cognoiflant on en pourra iugcrlt;gt;
F '
^ébouy-pe foupichagatoubeuau Combien y a-il de grands par deçà.
T
Seta^ue II y en a beaucoup.
F
El^enon auge pe^uoube yebeßte ,quot;^01X11^4 m’en quclqu’vn.
Nan C’eft vn mot pour rendre attcn-tifceluy à qui on veut dire qlque propos
Eaptrau i ioup c’eft le nom d vn homme qui eft interprété, tefte à demi pelee, OB il n’y a guère de poil.
F
^lamo-pèfi tam?Ou eft fa demeure.
T
Kariaub-be En ce village ainfi dit ou nommé qui eft le nom d’vne petite riuie-redont le village prend le nom àraifon qu’il eft afsis pres.Eteftinterpretéla mai fon desKarios compofé de ce motKarios amp;c datt^ qui fignifie maifon amp;nbsp;en oftât os amp;nbsp;y adiouftât auq fera Kariauhtüi bec’eü-l’article de l’ablatif qui fignifie Iclieu que on demande ou là ou on veut aller-
MoJ/en
-ocr page 399-I
, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;DE L’aMERIQVE. 551
T
My)JJ'rn y gerre Q^i eft interprété garde de médecines ou à qui médecine appartient, amp;nbsp;en vfent proprement quand ils Veulent appeler vne femme forciere , ou 4ui eft poHedee d vn mauuais efprit : car MoJfen c’eft médecine,amp;^rre c’eft appar tcnance. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T
Ouratth-eufoft au arentin, La grande plume de ce village nommé des efforts.
’Tau^coHar'Oujfbu-tuue-^ouaretEt en ce vil-Uge nommé le lieu ou on prend des can-«cs tomme de grands rofeaux.
T
Oxite^wleprincîpal de celieula qui cft adiré leur telle.
T
Sô«M4r-ôKj71»lt; C’eftla fueillc qui cft torn ' bec d’vn arbre.
T
l/iar^ouiasua/fûK Vn gros citron ou 0-unge, il fc nomme ainfi.
}Aaedu Q^i cft flâbe de feu de quelque cliofe. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T
Maraca-onaffbaVne groffe fonnctte ou vne cloche.
Mae-uocep y ne chofe à demi fortie foie delà terre ou d’vn autre lieu.
-ocr page 400-^i^Z nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tUSTOlRK
T
Jeariau ptarrei Le chemin pouf aller aux Karies.
Ce font les noms des principaux de la riuiere de Genevrejamp; à Î’enurron.
Che-rorttp-gafou,eieroMr-art. le fuis fort îoyeux de ce que tu es venu.
^inß »«
Viili£*-fftm.
J Nein te're'ico,ffai Nicolas iron,Or tien toy doncaucc le feigneur Nicolas.
T^reroupe'dere'miceco? N’as tu point-amené ta femme.
F y^rroutiran-chèreco au^^emie. le l’amène* ray quand mes affaires feront faites.
T fjNarape d'erecoran. Qu^eft-cc que tu as affaire?
F
(^her auc-ouam.Ma. maifon pour demeu rer.
T ls\ara-vae-auclQuelle forte de maifon F
Seth,dai; ehèrèco-rem eouap rengnè . le ne fcay encore comme ie dois faire.
T
7^ein tèreieonap dèrècorem. Or la donc penfc ce que tu auras affaire.
Pere^
-ocr page 401-DE l’a M E R I Qjr E. 55J F
*Peretan repiac-iree Apres que i’auray Veu voftre pays Si demeure.
- T
T^^ereico-icho-pe-deaufm a irom? Ne te tiendras tu point aucc les gcns?e’eft à di* le auec ceux de ton pays.
F
Jt/^ir^.îwojS’efPourquoy t’en enquiers-tu T
^ipo-fue. le le di pour caufe.
^'he-poutoupa-gueiierhl'en fuisainfien ftalaifeicommedifant le le voudiois bié fauoir. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;f*
F
N en pe' àmotareum pe orereHigt;iàheh?Tgt;ie Tr;nnp4 hai/Tez vous point noftre principal, c'eft ’* à dire noftre vieillard?
T'
jErymen. Nenny.
Sere edgaeou pouy-'enm-ete'mo? Si ce n’e-ftoit'vne chofe qu'on doit bieo garder, on deuroit dire.
Secouai apoau-i engati)ureßne,ypore're'coga fou, C’eft la coqftume d’vn ban perequi garde bien ce qu’il aime.
^(erejeo icho pirem-ouariui^- N’iras-tu point à la guerre au temps aduentr?
-eiffoire'pue'jl'iny quelque iour.
-ocr page 402-554 H i s TO i R s
‘\cmi de» zJ^ar/t^pé peroua^crrè-rère^ Comment ennemis, cf^.ç^ (^y^ ygj ennemis Ont nom?
'TouaiatoM Margaiaf, C’eft vnc nation qui quot;parle comme eux , aucc Icfgucls les Portugais fe tiennent.
Ouefaca ^ Ce font vrais Saunages qui font entre la riuicrc de M^zc-Zie amp;déparai OuèattemiCe font Saunages qui font en cores plus Saunages , fe tenans parmi les bois amp;nbsp;montagnes.
Caraia, Ce font gens d’vne plus noble façon, amp;nbsp;plus abondans en biens tant vi-ures qu’autrement, que non pas ceux ci deuant nommez.
Marios, Ce font vnc autre manière de gens demeurans par delà les Toaaiairft vers la riuiere de plate qui ont vn mefnie langage que les T'oûoitp. T’oapmen^uin-
La difference des langues, ou langage r delà terre , eft entre les nations deflus té ér dif-nommées.
{»n'^ts'^‘’ ^’' premièrement les ToneupinaraStaoulf) Tonpifieat^utaj Touatare-, 'Tenreminofj amp;nbsp;Jfa rioi parlent vn mefme langage,ou pour le moins y a peu de diftci ece entr’eux, tant de façon de faire qu’autrement.
; Les Karaiaont vnc autre manière de faire Side parler. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i
Ces Oaetaca différent tant en langage qu’en fait de l’vnc amp;nbsp;de l’autre partie.
-ocr page 403-DE l’aMeRI QyE. nbsp;nbsp;nbsp;555
Ï^cs Oueaffen aufsi au fcmblable ont tou te autre manière de faire ge de parler.
T eh^Owaepaeireca âpaan ue,tende ue. Le monde ccrche l’vn l’autre amp;nbsp;pournoftre bien . Car ce mot iendeae ciï vn dual dont les Grecs vfent quand ils parlêt de-deux. Et toiitcsfois icy clt prins pour cefte manierede parler à nous.
Ty ierobahapoait ari^Tcnons nous glorieux du monde qui nous cerche.
^péau ae mae gerre, iendefae . C’cH le mode qui nous eft pournoftre bien.C’eft qui nous donne de les biens.
1 yreco-aatou iendefue, Gardons le bien C’eft que nous le traitions en forte qu’il foit content de nous.
Jporenc ete'-am reco iendefie^ Voila vne belle chofe s’offrant à nous.
Ty maran-gatou apoan-ape' j Soyons à ce peuple icy.
Ty momaurronyme mae^erre iendejue, Ne faifons point outrage a ceux qui nous donnent de leurs biens.
Ty poich apoauetendeßte, Donnons leur des biens pour viurc.
Typoeraca apeane'. TramAlons pour pré dre de laproyc pour eux.Ce motyporraca eft fpccialemêt pour aller enpefeherieau poiffon.Mais-iis en vfent en toute autre induftrie de prendre bcfte amp;nbsp;oyfeaux.
-ocr page 404-35^ HIST OIRE
quot;T^rrout mae tyronam ani apa'. Apportons leur de toutes choies que nous leur pour rons recouurer.
'Tyre comremotch~meiendé-mae recouJ/aKe Ne traitons point mal ceux qui nous apportent de leurs biens.
* Pa-poroinc auu-jnecharaire-eueht^c [oyez point manuals mes enfans.
Taperecoihmae,A(in que vous ayez des biens.
Tocrecoihperatreamo,TLt que vos enfans en ayent.
7^yrecoih lenderamouyn mae'pouatre,'t^o’' n’auons point de biens denos grans pères.
0 pap cheramouynmaepouaireaifih. l’ay tout iette ce que mô perc grand m’auoit laiffé.
ji4poaumae-ry aiieroitah.Me tenant glo rieux des biens que le monde nous apporte.
Jenderamouyfj-remiepyac pota/egueaeU' aire. Ce que nos grands pères voudroyet auoir veu , amp;nbsp;toutesfois nefont point veu.
T eh ! aip otarhete ienderamouyn ricohiare eteteneießte, Or voila qui va bien que l’cf-change plus excellent que nos grands pères nouseft venu.
lande porrau-oußou-vocare, C’eft ce qui nous met hors de triftefle.
lande
-ocr page 405-DE L A M E R I Qv p. ^^7 lende-co ouajfou-gerre Qui nous fait a-Uoir de grands lardins.
^f^/'^/fipiram.lenzere fnemynonage. Il ne fait plus de mal à noz enfanchoncts quad on les tond j i'enten ce diminutif enfan-chonets pourles enfans de nos enfans.
'Tyrecoihapouau^iendercuagerre-ariy menons ceux ci allée nous contre nos enne^ mis. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'
Toerecoih mocap o mae-ae, Qu’ils ayerit des harquebuzes qui eft leur propre bien Venu d’eux. *quot;
Mara-mofestengatou^-euin-amo'? Pour-quoy ne feront-ils point forts? ^ Aieme-tae morerohiarem C’eft vne natiô ne craignant rien.
T yfinenc apoitau, maram iende iron,^Ç-prouuons leur force eftans auec nous autres. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'
Menre^tae moreroar roupiare-, Sont ceux qui dclfont ceux qui emportent les autres, affauoir les Portugais.
iAgne he oiieh , Comme difant, Il eft vray tout ce que i’ay dit.
T
^^ein-tya mouefa iendere caj/'ariri, Deui-fons enfemble de ceux qui nous ccrchét: ils entendent parler de nous en la bonne partie, comme la phrafe le requiert.
Z 5
-ocr page 406-Ï
J58 nbsp;nbsp;' nbsp;, H I S,T O I K p.
J^ein-che atimii-ajfaire) Or, donc mon al ^r- 'x lié. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;_ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i
Niais fur cc point ij efta noter que ce mot oTitour-aJfap dr Cotaua^ap diiferent. Car le premier fignifievne parfaite alliance entr’eux , amp;nbsp;entr'enx amp;nbsp;nous , tant que les biens de l’vn font commun à l’autre. Etaufsi qu’ils ne peunent àuoir la fille ne la feur dudit premier nommé . Mais il n’en cft pas ainfi du dernier. Car ce neft qu’vne legere manière de nommer l’vn l’autre parvn autre nom que le fien propre comme ma iamhe.,mona:ilgt;mono-rcillc amp;nbsp;autres femblablcs. “ p
Mae reffe tende mouefa? .Deefu oy parle-rons nous? nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;g- , ,
■ Seelt mae tirouen-reffe,Uc plufieurs amp;nbsp;dgt; uerfeschofes nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
T
eJ^fara-piengvah-rere7Comment s’appelé le ciel? nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.^.
F
Le ciel.
T
Cyh-rengne- taffmouh maeitrouen deffi- '
gt;4«^e-^è,C’cfl: bien dit.
Mai
-ocr page 407-de I.’ A M'E R I QJZ E.' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;559
T ’
M^CjLc ciel. Couara/p, le Soleil» lafiet la Lu ne. tafß tata oua^ou, La 'grande eftoi-le du matin amp;du vefpre qu’on appelcicô--munémët Luc'ii'er.la/Ji tat,»mirty Ce font toutes les autres petites cftoilles . Ybany c’en la terru/Paranan la mer, 'Vh-etyc’eft eau douce » 'Üh-eeneau Ldïec.f^h-een lgt;ûhc eaux que les matelots appelent le plus fouuent Sonimaquc.
fta, eft proprement pris pour pierre. Aufsi eft prins pour toute cfpcccdc me-tairamp; fondement d’editree , comme aoh-ita,le pillier de la maifon.
Yapurr-yraAc fefte delà maifon.
luraita^Lcs gros trauerfains de la mai fon.
IgourahoK y lfouirah,toute cfpece amp;nbsp;for te de bois. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'.
Ourapat,\'n arc . Et neantmoins que ce foit vn nom côpofe de yhonyrah qui figni fie bois, amp;: apat crochu,ou partie toutes^ fois ils prononcdit Orapatp3.r fyncopc.
^rre,[’air, Amtfp,ma.uua.is air.
iiy/»2ew,pluyc.
t^^men poyi-yn. Le temps difpofé amp;nbsp;preft à pleuuoir.
Toupen, tonnerre, ’Toupen verap , c’eft l'cfdair qui le preùient.
Z 4
-ocr page 408-HISTOIRE
Cafa^nn
Y^ua-vtin, les nuccs ou le brouillard.
quot;YhuetureyLes montagnes.
guum Campagnes ou pays plat ou il n’y a nufles montagnes.
^thuf/’^ '^^^^^^^^^?gt;'^^^ -^^(^^^^^ontVh-ecoaaf riuiere ou eau courant.
Vh paâit,-vne Ifleenclofe d’eau.
Xaa C’eft toute forte de bois amp;nbsp;forces
Xaapaon, C’eft vn bois au milieu d’v-ne champagne. f gt;
Xaa-o»(i»y Qui cft nourri par les bois, Xaa-^erre, C\ft vn efprit malin qui ne leui fait que nuire en leurs affaires.
Y^,rr Vnc nacelle defeorce qui contiet trente ou quarâte home allans en guerre Aufsitft pris pour nauirc qu’ils appelen t yguerou/fou.
TutJfa-otta/ftu C’eft vnc faine pour pre drcpoiflon.
Jn^uta, C’eft vne grande naffclle pour prendre poiffon.
fn^uet, diminutif Naffclle qui fert quand les eaux font desbordees de leur cours.
j^omognof mae tajfenom iiefue,(^e ie ne nomme plus de chofes.
Emouri^eou deretaniiehe/ite, Parle moy de ton pays amp;nbsp;de ta demeure.
-ocr page 409-ß E l’a M E R I QJ E. 36^1
F
t/^ugelre tierengueepourendoup, C’eft bien ditcnquiers toy premièrement.
T
la-eh-marape deretani-rere. Ie t’accorde cela Comment à nom ton pays amp;nbsp;ta demeure.
F
RovEN,C’eft vne ville ai nfi nommée. Deuis
^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;touchât
Tau-oufiou-pe-ouif». ElLce vn grand /^ ffd village. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' Ils ne mettent point de difference entre ville amp;nbsp;village à raifon de leur vfage, car ils n’ont point d à ville.
Ta. Ony.
Moboii-pe-rcroupichah-gatou? C0m bien auet vous de Seigneurs
F
.^if^^'p^’ Vn feulement.
e^farapt-fere'^ Comment a-il nom.' F
Henry,C’eftoit du temps du RoyHcn ty, 2. que ce voyage fut fait. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Jeeend-
T
Tere-porrenc. Voila vn beau nom.
-ocr page 410-s^^ H I s x o I R'e ^ '
^J^ar4-pe-peroupichM-eta-eni»? Pour quay n’auez vous pJufieurs feieneurs?
Aforoere-chth-gue, NoUs n’cn auons no plus.
. Ore ramoMim-aitégt; Dés Ie temps denos grands peres. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;;
T
Mara-pieuc-pee'i Etj’ous autres qu’elles vous?
Oroicé^ue- Nous fommes contesainfi.
Oree-mae-gerre. Nous ^fommes ceux qui auons du bien.
}^pe-mere'--coih'^peroupichah-mae'gt; Et vo-ftre Prince à il poinudebien.
Ocrecoih.ïl en a tant amp;nbsp;plus.
Oree-^maërgerre-a hege- Tout ce que nous auons efta fou commandement. • ’quot; T
Oraïui-pe-ogepé^ Va-il en la guerre? F , quot;nbsp;/
Pâ. Ouy, '
T^iffffun fitr kf-fa-^en^ des
•z/iUa^es
Af obouy-faue-pe- iouca ny maequot;} C o m b i c aucz vous de villes ou villages.
F
Seta-gatou. Plus que le ne pourrois dire., •.--t wß , T '^ .
’^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;]Vire/ce-
-ocr page 411-DE V A M E R I 03'E. 503
T^ire/ce-nouih-icho-pene? Ne me les nommeras tu point? nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.
F
ypoieopouy. Il feroit trop long ou prolixe. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;T
yporrenc-ps-peretani? Le lieu dont vous eftes eft 11 beau? F
yporren-gatoK. Il eft fort beau.
EMgaya-pe-per-awe.'yQS maifons font elles ainfi? aflauoir comme les noftres ?
Oicoe-^atou, Il y a grande difference. T . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. ■ . .
J^ara-vas'^ Comment font elles?
F
Ita-p^epe- Elles font toutes de pierre.
Tottroujfou-pe. Sont elles grandes?! .
F
TourouJfott-^gateii.'E.lics font fortgrades T
'üate-gatou-pé. Sontclles fort grandes, aflauoir hautes?
F
tJlEahTfïb. Beaucoup. Ce mot emporte plus quebcaucoup car ils leprénentpour chofe efmcrucillablc.
T
Engaya-pe-pet-anc ynim'^ Le dedas eft il ainfbaflauoir comme celles de par deçà?
-ocr page 412-J^4
HISTOIRE
F
Erymen- Nenny.
T
Descho Efie-non-de-refe renernd^u efa-tchefue. /es ap~ Nomme moy les chofes appartenantes parte- au corps. natesait nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^ fgf-pf Efiendou. Efeoute:
Jeh. Me voila prèft. quot;^'v^
Chi-acan. ^a.te{}:c. De acan. Ta telle. yean, Sa tefte, ereacan. Noftre telle. Peacan, Voftre tefte. anatcan, leur tefte.'
•Mais pour mieux entendre ces pronSs en payant ie deelaireray feulement les perforincs tant du fingulier que du plu-rier.
Premièrement *
Che, C’cft Ia premiere perfonne du fingulicr qui fert en toute manière de parler, tant primitiucqucdcriuatiue,pof feffiue,ou autrement. Et les autres per-fonnes aufsi.
Chè-aue. Mon cEefou mon cheueux.
Che'-voua. Mon vifage.
Ckè-nemhi. Mes oreilles.
Chè/fhua. Mon front.
-ocr page 413-DE L’AMERXQ^E. ' jë^
Che-reJfa. Mes yeux.
Chè-ttn. Mon nez.
Chè-iottron, Ma bouche. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;/
Chc-refoupanè. Mes joues. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;)* “* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;***
Ch'e-redmn/a. Mon menton.
Chi-rsiimiaa-aue. Ma barbe.
Che-ape-eoK. Ma langue.
Chè-ram. Mes dents.
Che-atouré. Mon col ou ma gorge, y Che-affeoc. Mongofiçr. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.yquot;''
Ché-poca. Ma poitrine. Chi-rocapè. Mon deuant generalemér, Cbe-afoucoupè. Mon derrière. Che poity-aféo- Mon efehine. Ché-rottsbony. Mes reins.
Che rentre. Mes fefles. Che'-iniMftpony. Mes efpaules.
Cbe'-inna. Mes bras.
Chè papouy. Mon poing.
Che pa. Ma main.
Che-poneu. Mes doigts.
Ché-pnyac., Mon eftomac ou foye Ché-re^uie Mon ventre. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, , Che-ponron-a/fen. Mon nombril. nbsp;nbsp;nbsp;^••••M,^
Cbe-ca/fi. Mes mamelles.
Cbe'-oup. Mes cuides. Çbe'-roêlnponavt. Mes genoux. ebè-porace-. Mes coudes. Çbè-retejnéu. Mes iambes. (^be'-pony. Mes pieds.
Cbepn^empe'. Les onglcsde mes pieds.
-ocr page 414-[^Î- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, HISTOIRE
Che-ponampe. Les ongles de mes mains Che-^uy-sncg. Mon cœur amp;nbsp;poulmon. Che-em^. Mon anie,ou ma penfee.
^he-enc-goners. Mon ame après quelle eft for tic de mon corps.
Noms des parties du corps qui ne font honneftes à nommer.
Qhe~-re»coue?rt.
Che-rementien.
Che-rapotipit-
Et pour caufe de briefueté ie n’en fe-ray autre diftinition. IJ eft a noter qu’on ne pourroit nommer la plufpart des cho fcs tant de celles ci deuant eferjtes qu’au tremcnt,fans y adioufter le pronom,tant première fécondé que tierce pcrfonne tant en fingulicr qu’en plurier. Et pour mieux les entendre feparemét amp;nbsp;à part.
Premièrement.
(^hc-moy, Di. toy z^hé. luy.
Plurier
Ozef,Nous P« Vous, a4a-ae. Eux.
Quant à la tierce perfonnd du fingulicr ^Ae cftmafculin amp;nbsp;pour lefemininamp; neutre»i?fans afpiration. Etau plurier ^u-ae eft pour les deux genres tant maf culins que féminins: amp;nbsp;par confequent peut eftre commun.
-ocr page 415-DE l’a M É R I QJZ E. j^ÿ
■ ‘ Des chofes appartenantes au mefnage amp;nbsp;cuifinc.
S^iiredu-tata. AHume le feu. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;vtieh-r»
Emo-^^oep tàtagt; Eftein le feu. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^“ quot;“^quot;^
Erottf-che-ratà~rc?n- Apporte dequoy allumer mon feu.
Emogip-pira, Fay cuire le poiffon.
^Jf^Jß^- Rofti-le.
£moiii. Fay le bouillir.
Fa~vecn-ouy-amo. F ay de la farine.
Emogip-caoutn-amo-Ps-y du vin oubru-üage ainli dit.
Coein'vpe. Va à la fontaine.
Eront-v-ichefue. Apporte moy de l’eau.
' C/}f-rengt;}i-ange-pe. Donne moy à boire jQgpfre-me-che-remyou-receap- Vlé moy donner à mangeri
Taif-poefj- Q^eie laue mes mains.
. quot;Vae-toHreu-eh. Qu^e ic laue ma bouche.
Ché-emboua/ji. l’ay faim de manger
Nar/i-che-iouron-eh. Ic n’ay point d’ap petit de manger.
Ehe-v/feh. l’ay foif.
C-he-reaic- l’ay chaut,ie fuc.
Chè-roü. l’ay froid.
Che-racoitp. l’ay la heure.
Che-carouc-aff'i. le fuis trifte.
Ncantmoins que carofic lignifie Ic vefpre ouïe foir.
-ocr page 416-j68 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTOIRE
ey^icoteue. le fuis en malaife de quelque aftaire que ce foit.
Che poura-ouffoup. le fuis traite mal aifcment,ou ie fuis fort pourcmêt traite* Cheroemp. le fuis ioyeuX-
^teo mernouah.Ie fuis cheu en moque-riejou on femoque de moy.
^ico-gatou. le fuis en mon plaifir.
Che-re/niac-ou/fou. Mon efclauc C6ere-mtboye. Mon feruiteur. Che-rotac. Ceux qui font moindre que moy amp;nbsp;qui font pour me fcruir.
Cbe-porracaJjZtre, Mes pefcheurs tant en poilfon,qu’autrcment-
Che-fnae, Mon bien amp;nbsp;ma marchandi-fc^ou meuble amp;nbsp;tout ce qui m’appartient.
Che-refnigmo^nem. C’eft de ma façon.
Che-rere-couarre- Ma gai de.
Che-rouhichac. Celuy qui eft plus grâd que moy,ce que nous appelions noftre Roy Duc ou Prince.
z^oujfacat. C’eft vn pere de famille qui eft bon,amp; donne à repaiftie aux paf-fans , tant eftrangers qu’autres.
.^j^erre-rnubau. Vn puisant en Jaguer re amp;nbsp;qui eft vaillât à faire quelque chofe.
Tenten. Q^i eft fort par femblance foit en guerre ou autrement.
Du lignage Che-roup. Mon pere.
Chè-receyt.
DE l’aMERIQJ^E. 3lt;?9
Chè-re^ueyt. Mon frcrc aifné.
Che-rebure- Monpuifne.
Ch'e-renadire-^^^ foeur.
Che-nre. Le fils de mâ fœur.
Chè-ftpei-, La fille de ma fœur*
Che-aiche^ Ma tante.
At. Ma mere. On dit aufsi Che-ßma mere amp;nbsp;leplus fouucnt en parlant d elle.
Che-ßit. La compagne de ma mere qui eft femme de mon pcrc comme ma mere.
Che-ratit, Ma fille.
ChefefneTnyttou. Les enfans de mes fils amp;nbsp;de mes filles.
Il eft à noter qu’on appelé communément l’oncle comme le pere. Et par fem-blable le pere appelé fes neueux amp;nbsp;nieces mon fils amp;nbsp;ma fille.
Ce que les grammariens nomment amp;nbsp;appelent VeciSc peut eftre dit en noftre langue parole: amp;nbsp;en la langue Brefilicn-ncguen^itite qui vaut autant à dire que par lement ou manière de dire. Et pour en a-uoir quelque intelligence nous en mettrons en auant quelque exemple.
Premièrement.
Singulier indicatif ou demonftratif.
■Atco. le fuis , Ereico, Tu es. Otco» Il eft.
Aa
-ocr page 418-57° histoire
Plurier.
Oroico, Nous fommes, Peico, Vous cftcs gt;i/it(rae oicot Ils font.
La tierce perfonne du fin^ülicr amp;nbsp;plurier fót femblables 5exccptc qu’ilfaut ad-ioufter au plurier an-ae ptono j qui figni fie eux ainfi qu’il appert.
Au temps pafle imparfait amp;nbsp;non du tout accompli.Car on peut eftre encores ce qu’on cftoit alors.
singulier refont par l’Aducrbe a/^uoemè c’eft à dire en ce temps là.
a4ico-ai^ueeme’ l’eftoye alors, Ereico' '^^uoeme. Tu cftois alors Oico a^uoeme. Il cftoit alors.
Plurier imparfait.
Oroico a^uoemè. Nous eftions alors Peico ai^Koeyne Vous eftiez alors Auras' oico-aquoeme. Ils eftoyent alors.
Pour le temps parfaitement pafle amp;nbsp;du tout accompli.
Singulier.
• On reprendra le Verbe Oico comme deuantjamp;y adiouftej;a on ceft Aduerbe e/^^fta-
-ocr page 419-DE L’aMERIQVE. 571 ^^uoe-mene. qui vaut à dire au temps ia-dis amp;nbsp;parfaitement paßt-,fans nulle cfpe-rance d’eftre plus en la manière que Top cftoit en ce temps là.
Exemple.
^JfauouJfou-gMen-ai^Koefnene le l’ay ay^ mé parfaitement en ce temps là ^j^ov-enén-gatoutegné. Mais maintenant nullen ment,comme difant, il fe deuoit tenir à mon amitié duïant le temps que ie luy portois amitié. Car on n’y peut reuenir»
Pour le temps à venir que l’on appelle Futur.
j4ico-irefj, le feray pour l’auenir.Eten enfuyuant des autres perfonnnes comme deuantjtantaufingulier qu’au plurier.
Pour le commandeur que l’on dit impératif.
Oico. Sois. Twco.Qu’il foit.
Plurier.
“Toreico, Que nous foyons 'Tapeico. Que vous foyez. ^urae-toico . Quails foyent. Et pour le Futur il ne faut qu’ad ioufter Iren ainfi que deuant. Et fi en commandant pour le prefent. Il faut dire 7*4;/^/, quieftàdire tout maintenant.
Pour Ic defir amp;nbsp;affeßion qu’on a en quelque chofe, que nous appelons Optatif.
Aa 2.
-ocr page 420-^yZ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTOIRB
a4ice-mo-men. 0 que ie ferois volon-* tiers pourfuyuant fcmblablemcnt comme deuant.
Pour la chofe qu’on veut Joindre cn-femblcmcnt que nous appelons Conion-Ôifon le refout par vn Aduerbe iron qui lignifie auec ce qu’on le veut Joindre.
Taico-de-iron. Que ie Coyc auec toy» amp;nbsp;ainfi des femblablcs.
Le Participe tire de ce Verbe
' Chi-recorure'. Moy cftant.
Lequel Participe ne peut bonnement eftre entédu feul fans y adioufter le Pronom de-ahe-et-ae'Et le pluricr femblable ment Oree'yp'ee^ani-ae.
Le terme indéfini de ce Verbe peutc-ftre prins pour vn infinitif mais ils n’en vfent guere fouucnt.
La declination du Verbe ^iout
Exemple del’indicatif ou demonfira-tifen temps prefent. Neantmoins qu’il fonne en noftre langue Françoifc double C’eft qu’il fonne comme pafle.
Singulier
-ocr page 421-©P L A M K R I QJ E. Jyj Singulier nombre nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•
^iout. le viens,ou ic fuis venu.
£reioi{t. 1 u viens, ou es venu.
O-oKfj 11 vient,ou cft venu.
Pluricr nombre.
Ore-iout. Vous venez, ou eftes venus. -^n-ae-o-out. Viennent,ou font venus.
Pour les autres temps,on doit prendre feulement les Aduerbes ci après déclarez. Car nul Verbe n’eft autrement de clinc qu’il ne foit refout par vn Aduerbe tant au preterit,prefent imparfait: pluf-tjuc parfait indéfini que au futur,ou téps avenir. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lt;
Exemple du preterit impar fait amp;nbsp;n’eft ace du tout accompli.
j^iout-aguoème- le vcnoye alors.
Exemple du preterit parfait amp;nbsp;du tout accompli.
n^^tout-agaoemène. le vins ou eftoye ou fus venu en ce temps là.
^ioiff-dmaè-ttè. Il y a fort lang temps que ic vins.
Lefqucls temps pcuuent eftre pluftoft indéfinis qu'autrement tant en ccft endroit qu’en parlant.
Exemple du futur ou temps a venir.
^iout-Iran-nè, leviendrayvn certain
Aa 5
-ocr page 422-374 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTOIRE.
jour aüfsi on peut dire franSans y adiou fter, ne'j ainfi comme la phraze ou manière de parler le requiert.
II efta noter qd’en.adiouftantlcs aduer bes,conuicnt répéter les perfonnes tout ainfi que au prefent de Vindicatif ou dc-monftratif. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t?
Exemple de l’Impératif ou commandeur.
J n 1' Singulier nombre.
'Sort. Vien,n’ayant que la fécondé per-fonne.
'-.£yot. Car en celle langue on ne peut commander à la tierce perfonne qu’on ne voit point,mais on peut dire.
Emo-out. Fay le venir.
Ee-ori. Venez.
Pe-iot. Venez. - nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r
Les fons eferits, eiot. Si.pe-iot. ont fem blablc fens, Mais le premier, etot. eH plus honnèllc à dire entre les hommes. D’autant que le dernier Pe-iot eft communément pour appeler les belles amp;nbsp;oyfeaux qu’ils nourrirent. gt;
, Exemple de l'Optatif,Neâtmoins fem blc commander en defir de priant ou en commandant. • ? nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gt;nbsp;' ’
Singulier, ^iout-ma. le voudrois ou ferois venu volontiers. En ponrfuyuât les perfonnes Comme en la declinaifon de l’Indicatif II . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;àvn
-ocr page 423-DE L’aMERIQVE. 3^5 a vn temps avenirjen adiouftantl’Aduer be,comme deflus.
Exemple du Coniondif.
T'a iout. 0^2 le vienne.
Mais pour mieux emplir la fignifica-tio onadioi ftc ce motTy wz.qui en vn Ad uerbepour exhorter,cômander, inciter, ou deprier.
le ne cognois point d’indicatif en ce Verbe ici,mais ils’cnformc vn Participe»
Towme. Venant.
Exemple.
Che-rourme-j4/fQua-nitin.
Cßc-remiereeo-pouere.
Comme en venant i’ay rencontré ce que i’ay garde autrefois.
Senoyt-pe-,{‘a.ng fue.
Jnui^y-a. Des cornets de bois dont les Saunages cornent-
Fin du CoUayue.
Au furplus afin que non feulement ceux aucc Icfquels i’ay pallé amp;nbsp;rapafTéla mer/nais aufsi ceux qui m’ôt vcu en l’A-meriqueidot pluficurs peuuét encores c-ftre cnvic)mcfmcs les mariniers amp;nbsp;autres qui ont voyagé amp;nbsp;quelque peu feioumé en |a riuicre de Genevre ou Ganabarafim
A a 4
-ocr page 424-^y^ HISTOIRE
le Tropique de Capricorne inge mieux; amp;plus promptement, des difcours que i’ay fait ci deflus touchant les chofes que i’ay remarquées en ce pays Jà,iay bien voulu encores par ticubcrement en leur faneur après ce Colloque adioufter apart le Catalogue devingt amp;nbsp;deux villages ou i’ayefté amp;nbsp;fréquenté familièrement parmi les Saunages Ameriquains.
Premièrement ceux qui fontducofté gauche quant on entre en ladite riuierc.
Kanattf- i. yai^oract- 2 • Les François appclent ce fécond Pépin à caufe d vn Nanire quiy chargea vne fois duquel le maiftre s'appcloit ainfi.
Eurarayry. j. Les François l’appelent Godet à caufe d’vn Truchement ainfiap-pcJIé qui s’y eftoit tenu.
Pira-oua/fou, 4. Sapopem.^.OKaranfint beau village. 6. Oura-ouaffou-ouee. 7. Een ttmen. 8. Cotiua . 9. ‘Pauo. 10. Sarigoy. 11.
Vn appelé la pierre parles François à caufe d’vn petit Rocher prefques delà façon d’vne meule de Moulin, lequel rc-marquoitle clicmin en entrant au bois poury aller. 12.
Vn autre appelé ZJpec par les François, parce qu’J yauoit force Canes d’Indes que les Saunages nomment ainfi. 15.
lté vn fur le chemin duquel dis les bois la premiere fois que nous y fufmespour
-ocr page 425-©E LAMERIQVE. 377 le mieux retrouuer puis après» ayans tiré force flefehes au haut d’vn fort grand amp;nbsp;gros arbre pouiii,icfquclles y demeurèrent toujours fichées » nous nommaf-mes le village aux flefehes. 14.
Ceux du cofte dextre.
Xeri u. 1^. sy^cara-u. 16. ,i^or^oui^ ouaJJoit. 17.
Ceux de la grande Ifle.
^indo-ou/fûu.ii. Coromjtte.i^. T^irauttOK îo.Et vn autre duquel le nom m’eft efeha pé entre T^inAo-ouJfou Si T^irauUou, auquel quot;^ l’aiday vne fois à acheter quelques pri-fonniers. 21.
Puis vn autre entre Corew^xe amp;nbsp;Pindo-ou^ou duquel i’ay aufsi oublié le nom 22. Pay dit ailleurs quels font ces villages amp;nbsp;la façon des maifons.
CH A P. XXI.
De noßre departement de la terre du 'Sre^ fil, dite .^mern^ue.-enremble det naufragée amp;“ autres premiers perds lt;jue nous ejehapaj/nes far mer à mfire retour.
0 v R bien comprendre Toc J cafion de noftre departemêt » de la terre du Brefil » il faut '^^^^^^’'^^ *^” ™^^°^’^^ ce que W.\^-.l'M 1'nVrîîtcî rlpnorii-o lo fin Jn
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HISTOIRE
fixicme chapitre ; aflàuoir qu’aptes que nous cufincs demeuré huit mois en l lfle ou fe tcnoit ViIIcgagnon , luy à caufe de fa reuoltc de la Religion , fc fafchant de nous, ne nous pouuant dompter par forr ce, nous contraignit d’en fortiritcllemét que nous-nous rctirafmes en terre ferme à colle gauche en entrant en la riuic-rede Genevre , feulement à demie licué du Fort deColigny fitué en icelle,au lieu Litu âpix que nous appelions la Briqueterie : au-^„tur,^^ qi’cl das certaines telles quelles maifons f^mtriq. que les manouuriers François pour fe mettre à couuert quand ils alloyent la nuit à la pefchcric ou autres affaires de ce coftc-Ià y auoyent hafiics,nous demeu Zm/rw rafmes, cnuiron deux mois. Durant ce ^‘u^^^’j' ^‘-'™P’ ^^^ fleurs dclaChapcile amp;nbsp;dcBoif-^^ft«‘r ’ hfqucls nous allions lailfez auec Vil-î-vî-f-legagnon , Fabandonnans pour la mef-* me caulc que nous allions fait : alTanoir, parce qu’il auoit tourné le dos à l’Euan-güe , s’eftans-venus rengef ^ ioindre en noRfe compagnie furent compris au mar ché dt fix cents liurcs tournois amp;nbsp;viures du pays, que nous allions promis payer amp;nbsp;fournir au maiftre du Nauire dans lequel nous rapaflafmes la mer.
Mais luyuât ce que i’ay promis ailleurs allant que paffer plus outre,!! faut icy declarer comment Villcgagnon fc porta enuers
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enuers nous à noftre departement de l’A meriguc-
D’autant donc que faifant le Vice-Roy en ce pays-là » tous les mariniers François qui y voyageoyent n’euHent rié olé entreprendre contre fa volonté: pendant que ce vaifleau ou nous rapalTafmcs cftoit à l’acre amp;nbsp;à la rade en la riuicre de «' ltH^t’'1'n /i,t, Genevre ou il chargeoit pour s’en rcuc-«**** «gt;‘'»«*k nir,non feulement il nous enuoya vn cô-gé figné de fa main, mais aufsi il efermit %t vue lettre au maiftre dudit Nauirc, par laquelle il luy mandoit qu’il nç fift point de difirculré de nous rapalfcr pour fon çfgard : car difoit-il tout ainfr que ie fus joyeux de leur venue penfant auoir rencontré ce que ie ccrcliois, aufsi, puis que ils ne s’accordent pas aueemoy , fuis ie content qu’ils s’en retournent. Toutef-fois, fous ce beau pretexte, il nous auoit ^^^tC », i^Jf bralîé cefte trahifon: qu’ayant donné à ce r’l^fttu maiftre dudit Nauirc vn petit coffret en-uelopé de toile ciree ( à la mode de la mer ) plein de lettres qu’il enuoyoit par deçà à pluficurs perfonncs, il y auoit ■^»/»w»r-aufsi mis vn procès , qu’il auoit fait amp;nbsp;''■‘''‘'‘ formé contre nous'à noftre defeeu , a-eogt;oX-ucc mandement expres au premier iuge a qui on le baillcroit en France, qu’en vertu d’iceluy il nous retinft amp;nbsp;fift bruf_
1er comme hérétiques qu’il difoit quç .*-.*‘*-
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A.
nous cfl:ions:tcllement qu’en recompen-cc des feruices que nous luy auions faits il auoit comme fcellé amp;nbsp;cacheté noftie congé dcceftc dtfloyauté,laque]Ic néant-moins (comme il fera veu en fon lieu) Dieu par fa prouidence admirable fit redender à noftre foulagcment amp;nbsp;à fa con-fufion.
.1»
Or apics que ce Nauire,qu’o appelolt le Jacques, fut chai gé de bois de Brefil, Poiurc long,Colons,Guenós,Sagouins, Perroquets amp;nbsp;autres chofes rares par de ça, dont la plufpatt d’entre nous s'eftoit fourni auparauant, le quatrième de lan-uicr i5$8. prins à la nariuitc nous nous embarquafmes pour noftre retour. Mais auant que nous mettre en mer ie ne veux • oublier à dire que nous auions pour Capitaine en ce vailfcau,vn nommé Faribau de Rouen, lequel à la requefte de plu-ficurs notables perfonnages faifans pro-fcfsiondcla Religion reformée au Royaume de France,ayant expreflement fait ce voyage pour explorer la terre, voire choifir promptement lieu pour habiter, Tffuaittrie nous dif,qucn’cuft cftéla rcuoltc de Vil-squot;^T‘’S’'‘'legagnon désla mefrne année , on auoit lquot;^^'!“^. délibéré de paffer fept ou huit cens pcr-ngt;ji h»bi- fonnes dans de grandes Hourques de Fia *‘l\,' dres pour commécer dépeupler rédroit ou nous eftions en cefte terre d’Ameri-
que
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guc. Comme de fait ie croy fermement ft cela ne fuft interuenu qu’il y auroit à pre fent plus de dix mille François , lefquels outre la bône garde qu’ils euffent fait de noftre file amp;nbsp;de noftre Fort ( contre les Portugais qui ne feuflent iamais fceii prendre comme ils ont fait) pollcdcroyêt maintenant fous l’obeilfance du Roy vu grand pays en la terre du Brcfil, lequel à bon droit oneuftpeu côtinuer d appeler la France Antardique.
Ainfi pour reprendre mon propos par ce que ce n’eftoit qu’vn moyen Nauire de marchant ou nous rapaflafmes,ce maiftre dont i’ay parlé nommé Martin Baudouin du Havre de grace n’ayant qu’enuiron vingtcinq Matelots , amp;nbsp;quinze que nousipoj«' v,‘Ji,r cftions de noftre compagnic,pouuans e- «••ƒ *• -*•« ftre en tout quarante cinq perfonnes:dcs le mcfmc iour quatrième de lanuierjayât j^„^ j^ leué l’ancre nous-nous mettans en la pro »'gt;fi’'‘ *-tedionde Dieu nous mifmes derechef àf.^^^'^ nauiger fur cefte grande amp;nbsp;impetueufe mer Occeane Si dü Ponent.Non pas tou-tesfois fans grandes craintes amp;nbsp;apprehé-fions: car à caufe des trauaux que nous a-uions endurez en allât,n’euft efté le mau-uais tour que nous ioua Villegagnon, pluficurs d’entre nous ayant là non feulement moyen de feruir à Dieu , comme nous defirions, mais aufsi gouftéla bon-
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te amp;nbsp;fertilité du paysjn’auoyent pas dcli“ beré de retourner en France,ou les diffiquot; Cultcz font fans comparaifon voirement beaucoup plus grandes, tant pour le fait de la Religion, que pour les chofes concernantes celle vie : tellement qüepour dire ici Adieu à l’Amérique, ic confelfe en particulier , combien que i’aye touf-iours aymé amp;nbsp;ayme encores ma patrie, que ncantmoins voyant non feulement le peu amp;prcfqucs point du tout de charité qui y refte, mais aufsi les defloyau-tez dont onyvfclcsvns enuersles autres J amp;nbsp;briefque tout noftre cas ne con-fifte maintenant qu’en difsimulations amp;nbsp;paroles fans effets, ieregrette founent *'V‘» • que ie ne fuis parmi les Saunages auf-quels( ainfi que i’ay amplement monftré en celle hilloirc)i’ay cogneu plus de rondeur qu’en plufieurs de par deçà quia leur condânation portent titre de Chre-fliens . Or du commencement de noftre nauigation qu'il nous falloitdoublerles Les gran- giande^baUcs , c’eft à dire vnc pointe de 1 des baffes, fables amp;nbsp;JF rochers entremêliez fe iettas :gt;i « itie\ nbsp;nbsp;enuiron trente lieues en mer que les ma-
' ’ rinicrs craignent fort, ayans vent aftez mal propre pour abandonner la terre fans la coftoyer afin d’euiterce danger, nous fufmes prefques contraints de re-lafeher.
T outef
-ocr page 431-DE r A M E R I QV E 3?^ Toutesfois apres que par I’efpacc de fept OU huit iours nous eufmes Hotte amp;nbsp;fuihres agitez de coftez amp;nbsp;d’autres de ce tnauuais vent qui ne nous auoit gucres auaijcez : aduint enuiron minuit (incon-Uenient beaucoup pire que les precedes) que les matelots qui félon lacouftume^^ faifoycnt leur quart, en tirans l’eau à la v pompe y demeurèrent fi long temps, que quoy qu’ils en contaflent plus de quatre mille baftonnees (ceux qui ont frequente lamer entendent bien ce termeûmpofsi-blc leur fut de la pouuoir franchir'ni c'puifer: après ainfi qu’ils furent bien las de tirer ,1e Contremaiftre,pour voir d’où cela proccdoit,eftant defeendu dans levaifleau , non feulement le trouua en-tr’ouuert en quelques endroits maisauf-fi défia fl plein d’eau (laquelle y entroit toufiours à force' que de la pefantcur, au lieu de felaiffer gouuerner, on le fentoit peu à peu c^ifoncer. De façon qu’il nel'‘-t lr^‘'(f but pas dcmâdcr,quand tous furent rcf-ueiHez , cognoiffans le danger ou nous cftions , fi cela engendra vri merueilleux tftonnemententre nous : amp;nbsp;de vray l’ap-parence cftoit fi grande , que tout à l’in- j^'^rrJu ftant nous dcufsions eftre fubmergez, '^‘*fgt;‘‘'i* que pluficurs perdans foudain toutes cfpcrances d’en refehaper , faifoyent ia cftat de là mort amp;nbsp;couler en fond. '
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Toutesfois comme Dieu voulut quelques vus dót l’cftois du nombtej s’eftans rcfolus de prolonger la vie autant qu'ils pourroyent, prindrent tel courage qu’a-uec deux pompes ils fouftindreni le Na. uire iufques à midy : c’eft à dire près de douze heures, durant lefquelles 1 eau en-,tra en aufsi grande abondance dans no ftre Vaifrcau,que fans cefTer vnc feule mi nute , nous l’en peufmes tirer aucc Icfdi-tes deux pompes:mcfme ayant furniontc le Brefii dont il cftoit charge,elle en for-toit par les canaux aufsi rouge que fang de beuf.Pendant donc qu'en telle diligé-ce qucla necefsite requeroit, nous-nous y employons de toutes nos forces aynat vent propice pour retourner contre la terre des Saunages , laquelle n’ayant pas fort cfloignee , nous vifmes des enuiron les vnze heures du mefme iour , en deliberation de nous y fauucr fi nous pou-uions,nous mifmes Ie_caj3_dcfiu$.Cependant les mariniers amp;nbsp;le charpentier qui cftoyent fous Je l illac, recerchans les trous amp;nbsp;fentes par ou cefte eau entroit amp;nbsp;nous afiailloit fi fort, firent tant qu'a-ucc du lard, du plomb, des draps , amp;nbsp;autres chofes qu’on n’eftoit pas chiche de leur bailler, ils eftoupeicnt les plus dan-gercux.-tcllemét qu’au bcfoin, voire lors que nous n’en pouuions plus, nous cuf-mes
-ocr page 433-DE t’ A M E R I QJ E. 585 ftes vn peu rclafchc de noftrc trauail, Toutesfois après que Je charpentier eut bien vifitc ce vaifleau , ayant dit, parce qu’il eftoit trop vieux amp;nbsp;tout rongé de Vers qu’il ne valoir riépour faire ievoya-geq nous cntrcprcniôs,fonaduis fut que nous rctournifsions d’où nous venions, amp;nbsp;la attendre qu’il vint vn autre Nauirc de France , ou bien que nous en fifsions vn neuf, amp;nbsp;fut cela fort debatu . Néant-moins le maiftre ayant mis en auant que il voyoit bien s’il retournoiten terre que fes matelots l’abandonncroycnt, amp;nbsp;qu’il aimoit mieux bazarder fa vie que de perdre ainfi fon Nauire amp;nbsp;fa marchâdife, c5 clud à tout peril de pourfuyure fa route. Bien dit-il que li monfieur Pont amp;nbsp;les paflagers qui eftoyent fous fa conduite vouloyent rebrofler vers la terre du Bre-fil qu'il leur bailJcroit vne Barque : mais/c’y^n* du Pont refpondant foudain que comme! il cftoit refolu detirer ducofté de Fran-ce,qu’aufsiconfcilloit-il à tous les liens / de faire le femblable. le Contremaiftrc/-'‘« *gt;. /-. rcmôftrantlàdclfus , qu’outre la nauiga-tion dangcrcufc,preuoyant bié que nous ferions long temps fur mer, il n’y auoit pas alfez deviure auNauirc pour rappaf-fcr tousceux qui y eftoyent, nous fuîmes fix qui fur cela confidcrans le naufrage d’vncofté amp;la famine qui fc preparoic
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de l’autre j dcliberafmes de retourne^ en la terre des Saunages, de laquelle nous n’eftions qu’à neuf ou dix lieues.
Et de fait pour effeftuer noftre def-feinayans mis nos hardes dans la Barque qui nous fut donnée, auec quelque peu de farine amp;nbsp;de bruuage, ainfi que nous prenions congé de nos compagnons l’vn d’iceuxdu regret qu’il auoit de mon depart , pouflé de fingulicre affeâion qu’il me portoit,me tendant la main dans la Barque ou i’eftois délia me dit:ie vous prie de demeurer auec nous , car quoy que s’en foit fi nous ne pouuons aborder en France, encores y a-il plus d’efperance de nous fauuer, ou du cofte du Peru,ou en quelque Me que nous pourrons rencontrer , que de retourner vers Villegagon , lequel comme vous pouuez iuger , ne vous lairra iamais en repos par deçà.
Sur iefquellcs remonftrances, parce que le temps ne permettoit pas de faire plus long difeours, quittant vne partie de mes befongnes , que ie laiflày dans la Barque , rentrant en grand hafte dans Je Nauire, ie fus par ce moyen pre-^ ferué du danger que vous orrez ci a-prcs, lequel ce mien ami auoit bien prc-iieu.
Foutesfois les cinq autres , dcfqucls
pour'
-ocr page 435-ß E l’a M E R I lt;^ E. ^87 pour caufc ie fpecifie ici les noms : afla-Uoir 5 Pierre Bordon , lean du Bordel» Matthieu Vernueil » André la Fon amp;nbsp;laques le Balleur: auec pleurs prcnans cou gé de nous , s’en retournèrent en la terre du Brcfil ; en laquelle (comme ic djray à la fin de celle hiftoire ) eftans abordez à grandes difficultez » retournez qu’ils furent auec Yillegagnon,il fit mourir les trois premiers pour la conlefsion de l’E-wangile.
Ainfi nous autres ayans appareillé amp;nbsp;mis voiles au vent, nous reiettafmes derechef en mer dans ce vieil amp;nbsp;mefehant Vaiffeau » auquel comme en vn fcpul-chre, nous-nous attendions plufloft de mourir que de viure. Et de fait outre que nous paflafmes les fufdites Balfes à • grandes difficultez » non feulement tout le mois de lanuier nous eufmes continuelles tourmentes, mais aufsi noftre Nauirc ne celant de faire grand quantité d’eau , fi nous n’eufsions efté incef-famment après à la tirer aux pompes, nous fufsions (par manierede dire)péris cent fois le iour: amp;nbsp;nauigafmeslong têps en telle peine.
Eftans doneques elloignez de terre fer-^c de plus de deux cents lieues,nous
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eufmes laveuc d’vne Iflc inh.ibitabIejr5-3 Ißt tnliA- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i
htAbitrm de comme vnc tour , Jacjuclle peutauoir irquot;/‘^’^' ^‘^”^^‘^ lieuë de circuit. Mais au refte co-ift^ftAux. nie nous la coftoyons amp;nbsp;laifsions à main gauebejie vis qu’elle cftoit non feulcmét xcmplie d’arbres tous verdpyans en ce mois de lanvicr : mais aufsi il en fortoit tant d’oifeaux qui fc venoyent repofer fur les mats de noftre Nauire, mefmes fc laiflbyét predre à la main, que vous cuf-fiez dit la voyant ainfi vn peu deloin que c’eftoit vn Colombier. Il y en auoit de noirs,de gris,de blanchaftres,amp; d’autres couleurs, qui tous en volans paroiffoyét fort gros:toutesfois quad ceux que nous* prifmes furent plumez, il n’y auoit gué-res plus de chair en chacun qu’en vn paf-fercau. Semblablement enuiron deux lieues à main dextre nous vifmes des rochers fortans de la mer aufsi pointus que clochers:cc qui nous donna grande crain te qu’il n’y en eut à fleur d’eau contre lef-qucls noftre vaifleau fe fuft peu froiffer, amp;nbsp;nous quittes d’en tirer l’eau. En tout noftre voyage, à noftre retour, durant py^ de cinq mois que nous fufmes fur
‘ * mer , nous né vifmes autre terre que ces Mettes-IcAquellcs nos maiftrcs amp;Pilotes ne trouuexent pas encores marquées en leurs Cartes marines , Îe pofsible aufsi n’auoyent elles iamais efté defeouuertes.
Sur
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Sur la fin du mois de Février cftans paruenus à trois degrez de la ligne Equi noôtialcjparce que près de fept femaines s’eftoyent paflees fans auoir fait la tierce partie de noftre route, nos viures cependant diminuans fort,nous fufmes en de-j^,^^^ ,y. liberation de rclafcher au Cap faint Roc T^tc, habité de certains Sauuages dcfqucls, comme aucuns des noftres difoycnt,il yauoitmoycn d’auoir des rafraifehiffe-mens. Toutesfois la plufpart furent d’a-uis que pluftoft pour cfpargner les vi-urcs, on tuaft vnc partie des Guenons amp;nbsp;des Perroquets que nous apportions , amp;nbsp;que nous pafsifsions outre: ce qui fut fait. Ainfi ( comme i’ay declare ailleurs) àcaufede l’inconftance des vents en ces endroits là, approchans peu à peu amp;nbsp;à grandes difficultcz de l’Êquator: corn-? me noftre Pilote quelques iours après eut prins hauteur anec fon Aftrolabe, il obferua amp;nous affeura que nous eftios droit fous ccftc Zone amp;nbsp;Centre du nion-„*3’‘,J7^^quot; de le mefme iour Equinodial que le So- ^•‘'‘»••‘s leil y cftoit : aftauoir rvnzicme de Mars: feyZ«*** ce qu’il nous dit par fingularité, amp;nbsp;pour chofe aduenue à bien peu d’autres Na-uircs, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^
Parquoy fans faire plus long dif-cours là deffus, ayans ainfi en ceft endroit là le Soleil pour Zenith, amp;nbsp;en la li-
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gne dircélc fur Ja tefte, ic iaifle à juger a vn chacun de l’extrcme amp;nbsp;vehemente cha leur que nous endurions loi s. Mais outre cela, quoy qu’en autres faifons le foleiJ, tirant d’vn cofte amp;nbsp;d autre versies Tro piques, s’efgaye amp;nbsp;s’elloigne de celle ligne, puis qu’impofsiblc cil d aucunemét le trouiicr en part du mode, foit fur mer ou fur terre, ou il face plus chaut que fousTEquator, ie fuis par manière de di» raplus qu’efmcrueiHt'de ce que quelcun jj.^^ que i’ellime digne de foy, a eferit de cordes ind* trains Efpagnols: léfqucls, dit-il, paffans Liii.4. en vne region du Peru,ne furent pas feu-çh.ix^. lement eftonnez de voir neiger fous l’E-quinoâ:ial,mais aufsi aucc grade peine amp;nbsp;trauail trauerferent fous iccluy des mon tagnes toutes couuertes de neige; voire y expérimentèrent vn froid fi violent que plulicurs d’entr’eôx en furent gelez. Car d’alléguer la commune opinion des Phi-lofopnes , affauoir que la neige fe fait en la moyenne region de Pair: attendu di-ie que le foleil donnant perpétuellement comme «à plomb en cell ligne EquinoCtia le , amp;nbsp;que par confequent l’air toufiours chaud ne peut naturellement foutfrir, moins congeler delà neige,quelques Iiau teurs de montagnes, ni frigidité delà lune qu’on me puiffe mettre en avant, pour l’cfgard de ce climat là 1 fous corredion des fca-
-ocr page 439-DE l’aMERI QJ/ E 39r des fcauâs)ic n’y voy point de fondcmét.
Partant concluant de ma part que cela cft vn extraordinaire amp;nbsp;exception en la fcigle de Philofophic , ie croy qu’il n’y à point de folution plus certaine à celle queftion ûnon celle que Dieu luy mefme alegue à Iob:quât entre autrechofe pour luy monftrer que les hommes quelques fubtils qu’ils foyent ne feauroyent attein dre à coprédre toutes fes œuurcs magnifiques,moins la perfedion d’icelles illuy dit.Es tu entré es threfors de de la neige? lohjS.« amp;nbsp;as tu veu aufsi les threfors de la grelle? Comme fi l’Eternel ce grand amp;nbsp;trescxcel let ouuricr difoit à fon fcruitcur lob: en quel grenier ticn-ie ces chofes à tô aduis? en donneras tu bien la raifon? nenni il ne t’ert pas pofsiblc, tu n’es pas affez feauât.
Anfi retournant à mon propos,après que le vent de ^roueft nous eut poulTez I'y*^quot;^'fi amp;nbsp;tirez de ces grades chaleurs, au milieu dcfquclles nous fufsions pluftoft roftis qu’en purgatoire, auançans au deçà nous commençafmes à rcuoir noftre Pole Aréique , duquel nous allions perdu l’clc-uation il y auoitplus d’vnan. Mais au relie pour cuiter prolixité,rêuoyant les Ic-éicurs es difeours que i'ay fait ci deuant traitât des chofes remarquables que no* vifmes en allât, ie ne reitereray point ici ce que i’ay la distant des poiflons volans
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qu’autres monftrucux amp;nbsp;bigerres de di-uerfes cfpeces qui fe voyent fous cefte Zone Torride.
Pour donqucs pourfuyure la narration des extremes dangers d’où Dieu nous deliura fur mer à noftre retour» come ainiï fuft qu’il y euft querelle entre noftre Gontremaiftre amp;nbsp;noftre Pilote (a caufe dequoy amp;nbsp;par defpit l’vn de l’autre ils ne faifoyent pas leur deuoir en leur charge) ainfi que le vingtfixieme de Mars ledit Pillotc faifant fon quart^c’eft à dire conduifant trois heures,faifoit tenir tou tes voiles hautes amp;nbsp;defployees , ne s’e-ftant point pris garde d’vn gi-ain i c’eft à dire, tourbillon de vent qui le peparoit, il lelaifta venir donner amp;nbsp;frapper de telle impetuofitc dans les voiles ( lefqucllcs auparauant félon fon deuoir il deuoit faire abbaifler) que renuerfant le Nauire plus que fur le cofté iufques à faire plonger les Hunes amp;nbsp;bouts des mats d’ebauf, voire renuerfer en mer les Cables,Cages d’oifeaux amp;nbsp;toutes autres hardes qui n’eftoyent bien amarçes lefqucllcs furent perdues, peu s’cnTallut que nous ne fuf-nons yjrez ce deffus deftous.
Toutesfois apres qu’en grande diligence 0.1 eut coupeTes cordages amp;nbsp;fts efeoutes de la grand voile, le Vaifteau fc redrefla peu à peu: mais quoy q»’P en foit
-ocr page 441-D E L’a M E R I QV g. 59^ en foit) nous Ia peufmes bien coter pour vnej amp;nbsp;dire que nous l’auions efehapce belle. Cependant tant s’en fallut quclcs deux qui auoyent eftccaufedu mal, com me ils furent priez à l'inftât, fuflent pour cela preftsà fc réconcilier, qu’au contraire fi toft que le peril fut pafte,leur action J nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;» nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r* 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 Naturelde
OC graces rut de s empoigner amp;nbsp;batre de telle façon,que nous pendons qu’ils dcuf'^quot;quot;’''‘’^'' lent tuer 1 vn 1 autre. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;hff,„g»t.
Dauantage, rentrans en noliueau dan- gt;nbsp;ger, comme quelques iours après nous eufmes la mer calme,le charpentier amp;nbsp;au/?»’ •«'*•«'’ très mariniers , durant cefte tranquilitc/‘^^‘’^‘'^‘* nous penfans foulager amp;nbsp;releucr de la peine ou nous eftions iour amp;nbsp;nui ft à tirer aux pompesreerchans au fond du Na-uire les trous par ou l’eau entrqit, il ad-uintqu’ainfi qu’en charpentans à lentour ^ ƒ_ d’vn qu’ils penfoyent racouftrer tout au''’ *'^'J'ƒ' fond du Vaifleau près la quille, il fc le-’/'V uavne piece de bois dcnuiron vn pied(i taquet en quatre, par ou l’eau entra fi roide amp;nbsp;fi
Viftc, que raiiant quitter la place aux ma- fabmtr^ei, riniers, qui abandônerêtic charpentier, quand ils furent remontez vers nous fur , le Tjlac, fans nous pouuoir autrement’quot;“ ■■Vf'^f declarer le fait, crioyent nous fommes perdus, nous fommes perdus.
Surquoy les Capitaine, Maiftrc,amp; Pilote voyans le peril eminent, afin de de-
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firapcr amp;nbsp;mettre hors la Bargue en toute diligence faifans ietter en merles pyiquot; neaux du Nauirc qui la couuroyent aucc grande quantité de bois de Brefil amp;nbsp;autres marchandifes iniques à la valeur de plus de mille francs, ddiberans de quitcr le vaillcau fc vouloyent fauucr dans iccl lc:mefme le Pilote craignant que pour le ^rand nombre des perfonnes quifcfuf-fcnt voulu ietter,elle ne fut trop chargée y eftant entre aucc vn grand couftelas au poing dit,qu’il couperoit les bras au pre mier qui feroit fcmblant d’y entrer. Tellement que nous voyans dcfia , ce nous fernbloit, dclailfcz à la merci de la mer, nous rclîouucnans du premier naufrage d’où Dieu nous auoit deliurez , autant refolus à la mort qu’à la vie , amp;nbsp;néant-moins pour fouftenir amp;nbsp;empefeher le Na uire d’aller en fôd,nous employas de tou tes nos forces d'en tirer l’eau nous fifmes tant qu’elle ne nous furmonta pas . Non toutesfois que tous fuflent fi courageux , car la plufpart des mariniers s’at-tendans boire plus que leur faoul, tous cfperdus apprehendoyent tellement la mort qu’ils ne tenoyent conte de rien.Et de fait côinc ic m’affure que fi les Rabe-liftcs mocqueurs amp;nbsp;contépteurs de Di«u qui iafans ?lt; fe moquans fur terre les pieds
-ocr page 443-DE L’AMERIQVE. 595 pieds fous latabicjdcs naufragesamp;perils ou fc trouuent ordinairement ceux qui vont fur mer y cuifent eftéjleur gaudiife-ric fut changée en horribles cfpouuante-mens , aufsi ne doutay-ie point que plu-fieurs de ceux qui liront ceci ( amp;nbsp;les autres dangers dont i’ay ia fait amp;nbsp;feray encores mention que nous experimentaC-mes en ce voyage) félon le prouerbe ne difent. Ha / qu’il fait bon planter des choux» amp;nbsp;beaucoup meilleur ouyr deui- ( fer de la mer amp;nbsp;des Saunages, que d’y aller voir.
Cependant ce n’eft pas encores fait, car lors que cela nous auint eftans à plus de mille lieues du port ou nous prétendions,il nous en fallut bien endurer d’au très : mefmes comme vous entendrez ci apres , il nous fallut pafler par la griefue famine qui en cmportaftpluficurs : mais en attendit voici corne nous fufmes deli urez du danger prefent. Noftre charpentier , qui cftoit vu petit iennehomme de bon cœur,n’ayant pas abandonné le fond''*^’” du nauire comme les autres , ains au contraire ayant mis fon caban à la ma-^Z^z^ tclotc fur le grand pertuis qui s’y cftoit)'’*'2^À^»«« •«-« fait , fc tenant à deux pieds delTus pour refiftcr à l’eau (laquelle comme il nous dit depuis de fon impetuofrtjél’en-
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leua plufieurs fois)criant en tel eftattant qu’il pouuoit à ceux qui cftoyent cn cf-froy fur le Tilac,qu’on luy portaftdes ha billemcns, lifts de cotons amp;nbsp;autres cho-fes propres pour,pendant qu’il racouftre roit l a piece qui s’eftoit enlcuec, empef-cher tant qu’ils pourroyct 1'cau:eftant di ie ainli fccouru, nous fufmes preferuez par fon moyen.
Après cela nous eufmes les vents tant inconftans,que noftre vaifleau poulie Si deriuant tantoft à l^Efl, amp;nbsp;tantoft à POu-• ••«gt;.iviyV pß. ( qui n’eftoitpas noftre chemin car nous auions affaire au Su) noftre Pillote qui au reftc n’entendant pas fortbicn fon meftier,ne fceut plus obferuer fa route, nous nauigafinesainfi cn incertitude iuf-ques fous le Tropique de Cancer.
Dauâtage nous fufmes cn ces endroits là l’cfpacc d’enuiron 15. iours entre des j^{„ ferr-^^’’^^® quiflotoyent furmer fi efpeftes amp;nbsp;tut. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;cn t elle quantité,que fi afin de faire voye
au Nauirc qui auoit peine à les rompre, nous ne les eufsions coupees auec des I‘l,' c^^necs j ie croy que nous fufsionsde-iJrft-^ meurez tout court.Et parce que ces herbages rendoyent la mer aucunemêt tróu-'111. . ble,nous eftant aduis que nous fufsions dans des marefeages fangeux , nous con-îefturafmes que nous deuions eftre près de quelques Ifles:mais encores qu’on iet-taft
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tailla foiidc aucc plus de cinquante braf/p/jj fes de cordes,fi ne trouua on fond niri-ue , moins dcfcouurifmcs nous aucune terre: furquoy ie reciteray aufsi ce que riiiftoviêlndois à efcrit à ce propos.Chri Hift.p.’ ftofle Colomb, dit-il au premier voyage des ind.' qu'il fit au defeouurement des Indes,qui Liu. i. fut «l’an. 149a. ayant prins rcfraichific-^^'^^ mens en vnc des Ifies des Canaries,apres auoir finglc pluficurs iournecs rencontra unt d’herbes qu’il fembloit que ce fuftvn pré: ce qui luy donna vne peur, encores qu’il n’y euft aucun danger-Sem-blablcment pour faire defeription de ces herbes marines dont i’ay fait mention: s’entretenant l’vne l’autre par longs fila-mens,ainfi que Hedera tcrrcftris,flottans fur mer fans aucunes racines, ayant les fueillcs affez femblables à celles de Rue 1:1^1^ de lardins ,1a graine ronde amp;nbsp;non plus p^^, ^, grofle que celle de Gencvrc,elles font dc«»*’«-^« couleur blafarde op blanchaftre comme ^T'k foin fcné:maî?aurcftc, comme nous ap-perceufmes aucunement dangereufes i manier.Comme aufsi i’ay veu pluficurs fois nager fur mer certaincsimmôdicitcz rouges faites de mefmc façon que la cre-Ite d’vn coq, fi venimeufes amp;nbsp;contagieu-^quot;J’‘^Jquot;'^^ fcs,quc fi toll que nous les touchions la^emfur^ main deuenoit rouge amp;nbsp;enflee. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;quot;^’
Eftans doneques fortis de celle mer
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herbue j parce que nous craignions d’e-ftre la rencontrez de quelques Piratesj non feulement nous braquafmcs quatre ou cinq pieces de telle quelle artillerie defer qui eftoyentdans noftre Nauircj mais aufsi pour nous défendre à la nccef-fitéjnous preparafmes les lances à feu amp;nbsp;autres munitions de guerre. *
Toutesfois acaufe de celaj derechef voici venir vn autre inconuenient qui nous aduint : car comme noftre canôniel faifant feichcr fa poudre dans vnpotde fer , le laifta fi long temps fur le feu qu’il rougit, la poudre s’cftant emprife la fiam bc donna de telle façon d’vn bout en autre du Vaifteau: mefmes gafta quelques voiles amp;nbsp;cordages, que peu s’en fallut, qu’à eaufc de la graille amp;nbsp;du Braitz dont le Nature eftoit frotte amp;nbsp;godronné, que Je feu ne s'ymift,cn danger d’eftrc tous brûliez au milieu des eaux. Et de fait rvn des pages amp;nbsp;deux autres mariniers furet tellement gaftcz de brullures que l’vn en mourut quelques iours après : comme aufsi pour ma part, fi foudainement ic n’eufle mis mon bonnet à la^mattelote deuât mon vifagc,t’cufl'e eu la face gaftec Ou pis: mais m’eftant ainfi couuerti’en fus quitte pour auoir le bout des oreilles amp;nbsp;les cheueux grillcz:ccla nous auint enuiron le quinzième d’Apuril. Ainfi pour
-ocr page 447-DE l’a M E R I Q_V E. ^9^ pour reprendre vn peu haleine en ceften droit nous voici iufques à prefcnt par la grace de Dieu non feulement efenapez des naufrages amp;nbsp;de l’eau dont, comme vous auez entendu,nous auonsplufieurs fois cuidez eflre engloutis» mais aufsi du feu qui n’aguercs nous a penfé côfumer.
CHAP. XXII.
DeTextremefiunine » tourmentes t (^ autre (dangers d'où Dieu nous preferua en ra-pajfant en 1-'rance.
R apres que toutes les choies fufdites nous furent ad uenues , rentrâ^de fiebvres égt;f /Ç^lft^ t^ e^ en chaud mal (comme on* lt;.o^d^f .r^e^e,-dit) d’autant que nous eftiôs encores à plus de cinq cens lieues loin de France » noftre ordinaire tant de bifeuit que d’autres viures amp;nbsp;bruua-ges , qui n’eftoit ia que trop petit » fut nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
tout à coup retranché de la moitié . Et ne nous aduint pas feulement ceretar-dement du manuals temps amp;nbsp;vents contraires que nous eufmes : car outre cela, corne i’ay dit ailleurs, le Pilote pour n’a-uoir bien obferué fa route, fe trouua tellement deceu , que quand il nous dit que nous approchions du cap de fine, ter
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rc)qui eft fur la cofte d Efpagne) nous e-ftions cncoics à Ja hauteur des Ifles des Eflores qui en font à plus de trois cens lieues.C eft erreur doneques en matiere dcnauigation fut caufeque des la fin du mois d’Auril cftans entièrement def-pourucus de tous viures, ce fut » pour le dernier mets,à nettoyer amp;nbsp;ballierla Soute,ceft à dire la chambrette blanchie amp;nbsp;plaftree ou l’on tient le bifeuit dans les Nauires,cnlaquelJeayant trouuéplus de vers amp;nbsp;de crottes de Rats que de miettes vtri^ depain,parti(ïans neantmoins cela auec ertt„,le Jej cuillicrs,nous cn faifions delà bouil-laquelle eftant aufsi noire amp;nbsp;amere f»‘“gt;ti- que fiix^’'’°“® P®*^^^^ penfer fi c’eftoit »«lt;.«- ƒ «•■»'ji’ynpjai^iit manger. Sur cela ceux qui a-iioyent encores des Guenons amp;nbsp;des Perroquets (car dés long temps pluficurs a-uoyët ia mangez les leurs ) pour leur ap^ prendre vn langage qu’ils ne feauoyent pas,les mettas au cabinet de leur mémoire les firent feruir de nourriture: bref dés le commencement du mays de May, que tous viures ordinaires dcfFaillircnt -f«'’^«'’-entre nous,deux mariniers cftans morts mart! de dc maHc faim, furent à la façon de la ^quot;quot;‘- mer iertez amp;nbsp;cnfcpulturcz hors le bord.
Outre plus durant cefte faminela tor-mente continuant iour amp;nbsp;nuiéf Icfpacc dc trois femaincs , nous ne fufincs pas feule-
-ocr page 449-DE i-’AMERIQVE. 4OI feulement contraints àcaiife de la nier merucilJcufcmcnt haute amp;nbsp;cfmeuc, de plier toutes voiles amp;nbsp;lier Jt gouuernaiJ,y .x/.irt r pour ne pouuans plus.conduire autrcr-/^“'’ ment,laiffer allci Je Vaiffeau au grc des ondes , mais aufsi cela empefeha que durant tout ce temps amp;nbsp;à noftre grande nc-ccfsitcnous nepeufmes pefeher vn fcul poifToinfonune nous voila derechef tout à coup en la famine iufques aux dents,af-faillis de l’eau au dedans , amp;nbsp;tourmentez des vagues au dehors. Parquoypuis que ceux qui n’ont point efté fur mer en telle cfpreuue n’ont veu que la moitié du monde, il faut que ie répété ici qu’à bon droit le Pfalmifte dit, que flottans montans amp;nbsp;defeendans ainfi fur ce tant ^^* *°^* terrible Elcmct fubfiftans au milieu delà *^’’'^' mort,c’cft vrayement voir les inciueilles de l’Eternel. Cepédant ne demadez pas ü nos matelots papiftes fe voyans réduits à telle extrémité , promettans s’ils pou-voyent paruenir en terre, d’offrir à faint Nicolas vnc image de cire de la grofleur d’vn homme , faifoyent au refte de mer-ucilleux vœuz ; mais cela cftoit crier a-'-près Baal qui n’y entendoit rien. Partant__^ nous autres nous tronuans bien mieux d’auoir recours àccluy , duquel nous a-uions ia tant de fois expérimenté l’afsi-flancc,amp;qui feul aufsi,cn nous fouftenat
Ce
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HISTOIRE
extraordinaircmét en noftrc famincjpoo uoit commander à la mer amp;nbsp;appaifer l’o-ragcjc’eftoit à luy amp;nó à autres que nous nous adrefsions.
Or eftans ia fi maigres amp;nbsp;afFoiblis,que à peine nous pouuiôs nous tenir debout pour faire les manœuures du Nauire, la nccefsitc toutesfois,au milieu de ceftc a-pre famine,fuggerât à vn chacun de pcn-îcr amp;nbsp;rcpcnfcr à bon cfcicnt dcqiioy il pourroit remplir fon ventre: quelques vns s’aduifans de couper des pieces de certaines rondelles faites de la peau de l’animal nômcTapirouJfÿUidiiqueï i’ayfait mctiô en celle hilloire,les firent bouillir dansde l’eau pour les cuider ainfi mâger, mais celle recept e n'eftant pas trouuec bonne J d’autres qui de leur colle ccr-choycnt aufsi toutes les inuencions dont ils fepouuoyent aduiferpour remédier j^ ^ ^ à leur faim, ayâs mis de ces pieces de ron dnuirri. déliés de cuir fur les charbons,après que ß'f’ o- elles furet vn peu rollics , le brullc raclé jy^j. yn coullcau,ccla fucceda fi bienqu’e les mangeâsde cefte façô nous eftat aduis fgt;gt;lt;JûCrÙA'' *3^^^^ fulfêt car^ônades de coings de por ^Co^ki ns rlt;gt;zÂc^^^“’^^ fut,ccll effay fait, à quiauoit des rondelles de les tenir fi de court, que par ce qu’elles dloycnt aufsi dures que cuir debeuffee, apres qu’aucc des ferpes amp;nbsp;autres ferremens elles furent toutes dé
coupées
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coupées,ceux qui en auoycnt portans les morceaux dans leurs manches en de pe-titsfacs de toillc,n’cn faifoyét pas moins de conte , que font par deçà fur terre les gros vfuricis de leurs bources pleines I d’efeus.Mefmes comme lofephus dirque^j.^gj, ^ les afsicgez dans la ville de lent falen fc repeurent de leurs courroyes , foulicrs, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j
amp;cuir de leur Paupis^aufsi en y eut il trenous qui en vindrcnt iufques là , de^^^ j^ fe nourrir de leurs collctsdc marroquins Xgt;-r4uJi amp;nbsp;cuirs de leurs fouliers: voire les pages amp;nbsp;garçons de Nauire preffez de»malle mL^rlt;,. rage de faim , mangèrent toutes les cornes de lanternes (dont il y a toufioursuZZnit* grand nombre dans lesVaifleaux de mer) ó-ihmM. amp;nbsp;autant de chandelles de furf qu’ils pcurent attraper.Dauantagc nonobdant ’•quot;quot;rntart la débilité ou nous eftions , fur peine de couler en fond Sc boireplus que nous n’a uions à manger, il nous falloir auec gràd trauail eftre inceflamment à tirer l’eau à la pompe.
Le cinquième iour de May furlefo-leil couchant nous vifmes en l’air vo- FUmUm 1er amp;nbsp;flamboyer vn urand cfclair r nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;f i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i • latênluir.
feu , lequel ht telle rcuerberation dans les voiles de noftre Nauife, que nous penfions , que le feu s'y fuft mis : toutesfois fans nous endommager , il pafla en vn inftant. Q^efiou
Ce 2
-ocr page 452-404 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTOIRE.
demande d’où cela pouuoit procéder, îtf di que la raifon en fera tant plus malaiféc à.rcndrc,que nous eftas lors à la hauteur des terres ncuucs , ou on pefehe les Î^-igt;^f-'figt;rf’^^/,lt; lucs,^c Cajiada,regions ou il fait ordi naircment V n froid extreme,on ne pourra pas dire que cela vint des exhalations chaudes qui fuflent en rair:amp; de fait afin d’en efTayer de toutes les façons,nous fuf mes en ces endroits la battus du vent de Nord Nordeft, qui eft prefque droite Bi zc, lequel nous caufa vue telle froidure que durant plus de quinzeiours nous n’c chaufafmes aucunement.
Enuiron le douzième dudit mois de May,noftrecanonnier,auquel au parauât apres qu’il euft bien langui i’auois veu Canti«;,r niangerles tripes d’vn Perroquet toutes crues, eftant en fin mort dcfaim,futjCoin *“ ’ me les precedens decedez de mefinc maladie,ietté amp;nbsp;enfcpulturé en mer;amp; nous en fouciafmes tant moins pour l’cfgard de fa charge,qu’au lieu de nousdeffendre fi on nous euft afiaillis, nous cuffions pluftoft defirc lors ( tant cftions nous atténuez) d’eftre prins amp;nbsp;emmenez de quel que Pirate , pourueu qu’il bous euft don ne à manger.Mais commcil pleut à Dieu nous affliger, tout le long de noftrc voya gc à noftrc retour, nous ne vifmes qu’vu fcul vaiffeau, duquel encores, à caufe de noftrc
-ocr page 453-De L’A M E R I QJ’E. 405 noftrc foibJeffe ne pouuäs appareiller ni leuer les voiles quad nous le dcfcouurif-mesnous n’en peufmes approcher.Or les rôdclles donti’ay fait mention,amp; tout le cuir, iufques aux counerclts des coffres à bahu, aucc tout ce qui fepeut trouuer pour fuftanter dans noftre Nauire eftant entièrement failli,nous penfions eftre au bourde noftrc voyage. Mais cefte necef-ftté, inuentrice des arts , ayant dereche-f mis en rentendement de quelques vns de chalferles Rats amp;nbsp;les Souris,qui en gràd nombre fparce que nous leur auions ofte les miettes amp;nbsp;toutes autres chofes qu’ils euflent peu ronger) couroyent mou-lans de faim parmi le Vaiffeaujils furent pourfuyuis en telle diligence, voire ^^^ƒ aucc tant de fortes de ratoires qu’vn cha r^ntiafa-cun inuentoit,quccôme chats lescfpiansp^'^.*/' à yeux ouuerts, mefmc la nuit quand ils manier. fortoyent à la lune, ic croy quelques biéi'»H^{^-l(i-cachez qu’ils fuffent qu’il y en demeura peu. Et de fait quand quelqu’vn auoit prins vn Rat, l’eftimant plus qu’il n’euft fait vn beuffur terre, non feulement i’en ay veu tels qui ont efte vendusdeux trois amp;nbsp;iufques à quatre efeus la piece: mais qui plus eft noftre Barbier, en ayant vnc fois prins deux tout d’vn coup, l’vn d’en trc nous luy fit cefte offre que s’il luy en wuloit bailler l’vn, quand nous ferions
Ce s
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au port il l’habilleroit de pied en capt ce que toutesfois v préférant fa vie à fes habits ) il ne voulut accepter. Bref vous cufsicz veu bouillir des Souris dans de l’eau de mcr,aucc les tripesamp;lcs boyaux, dont ceux qui les pouuoyent auoir fai-foyent plus de cas , que nous ne faifons ordinairement fur terre de membres de moutons.
Mais entre autres chofes remarquables , pour monftrer que rien ne fc pcr-doit parmi nous: comme noftre Contre-maiftre vn iour apprcftant vn gros Rat pour faire cuire , luy eut couppc les quatre pattes blanches lefquclles il ietta fur le Tillac : ie fcay vn quidam qui les T’«»« lt;/« ayant aufsi foudain amaflecs qu’en dili-/gt;^ T»“»- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;f^*^ griller fur les charbons en
iK/in^cr. les mangeant y trouua vn tel gouft, qu’il afferma n’auoir iamais tafte d'ai-fle de Perdrix plus faiiourcufe . Et pour le dire en vn mot qu’eft ce aufsi que nous n’eufsions mangé ou plu-ftoft deuoré en telle extrémité? car de vray fouhaitans les vieux os amp;nbsp;les ordures que les chiens traifnent pardcf-fus les fumiers pour nous ralfa fier , ne doutez pquot;int fi nous cufsions eu des herbes vertes , voire du foin, ou fueil-Ics d’arbres f comme on peut auoir fur terre ) que tout ainfi que beftes brutes nous
-ocr page 455-D E L’a M E R I «Xy ®’ nous ne les eufsious broutées.
4°7
Ce n’eft pas tout, car l’cfpace de trois fepmaines quecefte afpre famine dura , n’eftant nouucllc entre nous ni de vin ni d’eau douce,qui des long temps cftoit faiJlie,nous eftant feulement refit pour tout bruuage vn petit tonneau de Ciftre , les maiftre amp;nbsp;Capitaine le mefnageoyent fi bien amp;nbsp;tenoyent fi de court, que quand vn Monarque en celle necefsité eull elle aucc nous dans ce i Vailfeau il n’en eufteu non plus que les autres : alfauoir vn petit verre par iour. Tcllemcntqu’eflans autant amp;nbsp;plus pref-fez de foif que de faim , non feulement ^°’f Fgt;«‘ quant il tomboit de la pluye , eftendans ^ueiafam des linccux auec vnc balle de fer au milieu pour la faire dillillcr nous larcce-uions dans des vailfcaux de celle façon, mais aufsi rccucillans celle qui par petits ruifleaux degoutoit deflus le l'illac, quay qu’à caule du Bray amp;nbsp;des fouil-leurcs des pieds elle fut plus trouble que celle qui court parmi les rues , nous ne laifsions pour cela d’en boire.
Conclufion combien que la famine qu’en l’an . 1^75 . nous endurafmes du-gt;!'‘«««rgt;-»-rant le fiege de Sancerre , ainfi qu’on peut voir par l’hilloirc que i’en ay aufsi
Ce 4
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inifc en lumière doyue eftre au rang des f)lus gricues dont on ait iamais ouy par-er:tant ya toutesfoisj commel ay la note que n’y ayant eu faute ni d’eau ni de vin,quoy qu’elle fuftplus longue! je puis dire qu’elle ne fut fi extreme que celle dót il eft ici quel1:ion:car pour le moins auiôs nous à Sancerre quelques racine^,herbes fauuages,bourgeons de vignes, amp;nbsp;autres chofes qui fc pcuiicnt tneores tronuer • fur terre. Comme de fait tant qu’il plai-roità Dieu de laifler fa benediftion aux creatures , ie di mcfincs à celles qui ne font point en vfage commun pour la nourriture des hommes : corne es peaux, parchemins , amp;nbsp;autres telles merceries, dont i’ay fait cathalogue dequoy noirs vefeumes en ce fiege-: ayant di-ie expérimenté que cela vaut au bcfoin , tant que i’aurois des collets de buffles , habits de y^fi^f ^‘■'^I'' chamois , amp;c telles chofes ou il y a fuc SC humidité, fi i’eftois enfermé dans vne place pour vne bonne querelle , ic ne me voudrois pas rendre pour crainte delà famine . Mais fur mer au voyage dont ic parle, ayans efté réduits à celle extrémité de n’auoir plus que du Breffl, •s»« Je bois fans humidité amp;nbsp;fee fur tous les au-çprey,Zi-igt;x«jj.ç5 p]y^pm.j preflez iufques au bout, famine, faute d autres chofes en gngnotoyent entre leurs dents ; tellement que le ficur du Pont
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du Pont noftre condudcurcn tenant vn iour vne piece en fa bouche,aucc vn grid foufpirmedit.HelasïdeLcry mon ami il m’cftdeu vne partie de 4000.fracs en Frâ g^^i^^jtJ» ce de laquelle pleuft à Dieu auoir fait boßeurdv ne quitancc amp;nbsp;que 1 en tmle maintenant vn pain d’vn fol Si vn verre de vin. Q^ât à mailiic PierreRJchicr , à prefent Mi-niftre de la parole deDieu_àlaJ^ochcllc, le bon homme dira que de iîctilité durât T),i,^ii,^jf noftre mifere eftant eftendutout de fon j^c/jitr. long dans fa petite cavité,il n’cuft fceUr.-/Z«'4 leucr la teftepour prier Dieu: lequel ne-antmoins ainfi Couché qu’il cftoit tout à plat,il inuoqudit ardemment.
Or allant que finir ce propos, ic diray en paftant, non feulement auoir obfcruc aux autres,mais moymcfmc fenti durant ces deux aufsi eftioitcs famines ou i’ay paflequ’hômeen ait iamais cfchapec,quc pour certain quad les corps font ainfi attentiez , nature défaillant,les fens cftans aliénez , amp;nbsp;les cfprits difsipeZ, cela rend les perfonnes non feulement farouches, Faminer» mais aufsi engendre vnc colcrc , laqucl-*quot;'quot;’’*^' le on peut nommer efpccc de rage;amp;par-tant le propos commun , quand on veut fignifier que quclqu’vn à faute de manger, a efté fort bien inuenté: aflauoir dire qu’vn tel enrage de faim. Q^iplus eft, tomme l’expérience fait mieux entendre
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vnc chofe gt;nbsp;ce n’eft point fans caufe que Dieu en fa loy menaçant fon peuple s’il ne luy obéit,dcluy enuoyer la famine dit cxprcirtmcnt, qu’il fera que l'homme té-di e amp;nbsp;délicat,c’eft à dire d’vn naturel autrement doux amp;nbsp;benin amp;nbsp;qui auparauant auoit chofes cruelles en horreur,en l’extrémité’ de la famine,deuiêdra neâtmoins fi defnaturé que regardant fon prochain, voire fa feme amp;nbsp;fes enfans d vn manuals chtftsfrt oeil, appetera d’en manger. Car outre les fr^H^éd exemples que i’a^ narrez en l’hiftoirc de i^toorpè Sancerre , tant du perc amp;nbsp;de la mere qui ^quot;em/f^ mangèrent de leur propre enfant, que de n„ittde quelques foldats lefquels ayans eHayc de f^firtrefi 2j j;]iajj. des corps quiauoyent efté tuez ^ “^ en guerre,ont cófcllt’ depuis, fi l'affliétio euft encores continue, qu’ils eftoyent en deliberation de fe ruer fur les viuans,outre di-icces chofes tant prodigieufes, ic puis afleurer véritablement que durant noftre famine fur mer nous efiions fi cha grins,qii’cncorcs que nous fufsions retenus par la crainte de Dieu , à peine pou-uions nous parler Tvn à l’autre fans nous fafchcrivoirc qui pis eftoitfamp; Dieu nous le vncille pardonner'fans nous letter des ccilladcs amp;nbsp;regards de trauers, accompagnez de quelques mauuaifes volotcz tou chant eeftaéfe barbare.
Or afin de pourfuyurc ce qui refiede
noftre
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noftre voyage, comme nous allions touf-iours en declinaties 15.amp; lö.de May que il y eut encor deux de nos mariniers qui Marinirrt moururent de malle rage de faini:aucunsp°quot;' d’entre nous imaginans là defius par manière de dire,qu’attcdu le long temps que fans voir terre, il y auoit que nous branlions fur mer , nous dénions eftre en vn nouucau déluge,quad pour la nourriture des poifldns nous Ics .vifmcs letter en l’eau, nous n’attendions autre chofe que d’aller toft amp;nbsp;tous après. Cependàt non-obftant cefte fouifertc inexprimable durât laquelle,corne i’ay dit,toutes les Guc nôs amp;nbsp;Perroquets que nous rapportions furet mâgcï, en ayat ncantinoins iufqu’à ce reps là toufiours gardé vn que i’auois « aufsi^ros qu’vnc_Oye, proférant Frâcbe- iax»,/•«'/-lt; y mét corne vn home, amp;nbsp;de plumage excel-IctJequel mefrae,pour le grâd defir de le fauucr,afin d’en faire prefent à M. l’Admirai, ie tins 5.ou 6. jours caché fans luy nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
pouvoir rien bailler à mâgentât y a,la ne cefsité prcffant, iointla crainte que i’cii qu'on ne le me defrobaft la nuit, qu’il paf fa corne les autrcs:dc taçô que n’en iettat rien que les plumes,nô feulcmêt le corps mais aufsi les tripes,pieds,ongleSjamp; bec crochu feruiret à quelques miens amis amp;nbsp;amoy deviuoter trois ou quatre iours: toutesfois i’en eus tant plus de regret
-ocr page 460-ijI2 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nis T o I R F,
que cinq Jours apres que ic l’eu tue nous vifmes terre : tellement que cefte efpece d’oifeau fc paflant bien de boirç il né m’euft pas fallu trois noix pour le nourT rir tout ce temps la.
Mais quoypdira qnclqu’vn , fans noais particularifcr tS Perroquet duquel nous n'auions que faire , nous tiendras tu touf Jours en fufpens touchât vos langueurs? fera ce tantoft affez enduié en toutes for tes ? n’y aura il iamais hn ou par mort ou par vie? Helas! fi aura,car Dieu qui fou-llenoit nos corps d’autres chofes que de ^f^^ pain amp;nbsp;de viandes communes, nous ten-^.f-dant la main au port, nous fit la grace inrtK- que le viugtquatricme iour dudit mois ^»ti n,H, de May 1358- ( lors que tous cftendus fur XÛ^iy/M^*^ ^i)^^’“’’® pouuoir prefques remuer nm^ ni bras ni ïambes , nous n’en pouuions plusinous eufmes la veuë de bafle Bretagne. Toutesfois parce que no* auios cfié tant de fois abufez par le Pilote , lequel au lieu de terre nous auoit fouuent mon ftre des nuées qui s’en eftoyent allées en I^ l’air, quoy que Je Matelot qui eftoit à la aC ' ' grande Hune cria pardcux ou trois fois terre terre,encores penfions nous que ce flirt moquerie: mais ayât vent propice amp;nbsp;mis le cap droit deifus, nous fuîmes toll alfeurez que c’ertoit vrayefnent.terre ferme. Parlât pour conclufio de tout ce que i’ay dit
-ocr page 461-De L’AMERIClJE. 415 î’ay dit ci deffus touchant nos affligions, ahn de mieux faire entendre fextremc ex tremite ou nous elbons tombezjamp; qu’au befoin,n’ayant plus nul refpic. Dieu nous afsifta : apres iuyauoir rendu graces de noftre dcliurance prochaine , le maiftre du Nauire dit tout haut, que pour cer- T^'M^tfl tain h nous fufsions encor demeurez jour en ceft eftat, il auoit délibéré amp;nbsp;rcfo lu,non pas de letter au fort,comme quelques vns ont fait en telle dcftrelTe , mais fans dire mot, d’en tuer vn d’entre nous pour feruir de nourriture aux autres : ce que i’apprehenday tant moins pour mon cfgard que, quoy qu’il n’y euft pas grand graille en aucun de nous,finon qu’on eut feulemct voulu manger de la peau amp;nbsp;des os ie croy que ce n’euft pas efté moy. Or parce que nos mariniers auoyent délibéré d’aller defeharger amp;nbsp;vendre leur Bois de Brcfil à la Rochelle , quand nous fuf-mes à deux ou trois licuës de cefte terre deBrctagne,lemaiftredu Nauire,le fieur du Pont IJc quelques autres, nous laiffand à rancrc,s’cn allèrent dans vneBarque en vn lieu proche appelé Hodierne pour a-; cheter des viures : mais deux de noftre compagnie aufquels particulièrement ie baillay argét pour m’apporter quelques rafraichiircments,s’cftans aufsi mis dans cefte Barque^fi toft qu’ils fc virent en ter-
-ocr page 462-4114 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTOIRS
rc penfans que la famine fut enfermée dans le Nauire, quittans les coffres amp;nbsp;hardes qu’ils y auoyent, ils protefterent qu’ils n'y mettroyent iamais le pied:coin me de fait s'en eftans allez de ce pas ie ne les ay point veus depuis . Outrcplus durât que nous fufmes là à l’ancre quelques pefeheurs s’eftans approchez, aufquels nous demandafmes des viures , euxefti* mans que nous nous mocquifsiôs ou que fous ce pretexte nous leur voulufsions faire defplaifir fe voulurent foudain reculer: mais nous les tenansà bord,preflcz de necefsité eftans encores plus habilles qu'eux nous iettafmes de telle impetuofi té dans leur Barque,(ju’ils penfoyet eftre faccagcz:tourcsfois fans leur rien prédre que de grc à grc n’ayans trouué de ce que nous cerchions finon quelques quartiers dcpain noir,il yeut vn vilain nonobftât ladifette que nous leur fifmes entendre ou nous cftions qui au lieu d’en auoir pi tic ne fit pas difficulté de prendre de moy deux Rcalçs pour vn petit quai tier qui ncvaloit pas lors vnliard en ce païs là.Or nos gens eftans rcucnus aucc pain, vin amp;nbsp;^ autres viâdes,que nous ne laifîafmcs moi ’ fir ni aigrir,corne en pcfâstoufiours aller
à la Rochelle nous eufmes naingué deux ou trois lieues , eftans aducrtis par ceux d'vu
-ocr page 463-DE t’A M E R I Q_V E. 415 d’vn nauire qui nous aborda quecertains Pirates rauageoyët tout du iongdecefte cofte : confiderans ladcffus qu’âpres tant de grâds dàgersd ouDieu nous auoit fait la grace d efebaper , ce fcroit bien ccr-cher noftre malheur , de nous mettre en nouucau hazard, dés le mefme iour ztî. de May,fans plus tarderdc prendre terre nous entrafmes dans le beau amp;nbsp;Ipacieux havre de Blanet pays de Brctagnc:auqucI aufsi lors an iuoyct grand nôbre de vaif-feaux de guerre retournas de voyager de diuers pays,qui tirans coupsd’artillcrics amp;nbsp;faifans les brauades accouftumees en entras dans vn port de mer s’cfiouilîoyct de leurs vidoircs.Mais entre autres yen ayâtvndc S. Malo duquclles mariniers peu au parauant auoyét prins amp;emmenc vnNauirc d’Efpagnol qui rcuenoitdu Pe ru chargé de bonnes marchandifes qu’on cftimoit plus de foixante mille ducats:cc qu’eftât diuulguc par toute laFrâce,bcau coup de marchans Parificns,Lionnois amp;nbsp;d’ailleurs eftans ia en ce lieu pour en a-cheter , cela nous vint fi bien à point, qu'aucuns d’eux fe troiiuans près noftre Vaifleau quand nous mettions pied en terre, non feulement ( parce que nous ne nouspouuions fouftcnir)nous emmene-r fent par deffous les bras, mais aufsi bien a propos , ayans entendu noftre famine.
-ocr page 464-416 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTO 1RS
. nous exhortèrent que nous gardens de V'f^ 1^^f^^^ trop manger nous vfifsions du commen-Z,y cernent, peu à peu,de bouillons de vieil-V les poulailîcs bien confumccs:dc ki de H chèvres amp;nbsp;autres chofes propres pour nous cflargir les boyaux que nous auiôs retraits. Et de fait ceux qui creurent leur confeil s’en trouucrentbien : car quant à nos mattelots qui du beau premier iour fe voulurent faouler, ie croy de vingt re-ftez de la famine queplus delà moitiéerc uerent amp;nbsp;moururent foudainement de trop manger. Mais quant à nous autres quinze paüagiers qui, comme i’ay dit au l4 tfi' ^^^ conimencement du precedent chapitre, r.'b5Ûlt;^.'H’.,Klt;*.'nous cftions embarquez dans ce Vailfeau en la terre du Brefil pour reuenir en Frâ-cc , il_n’en mourm vn fcul, ni fur mer ni fur terre pour celle fois la . Bien eft vray que n’ayans fauué que la peau amp;nbsp;les os, non feulement vous eufsiez dit à nous voir que c’eftoyent corps morts defter^ rez , mais aufsi, fi toft que nous eu fines prins Pair de terre, nous fufines fi dcf-'^ffsout gouftéz, amp;nbsp;abhorrions tellement les viâ-muè ‘*^‘’ nbsp;nbsp;nbsp;, que pourparler de moy en particu
lier, quand ie fus au logis foudainque l’eus fenti du vin , tombant à la renuerfe fur vn coffre à bahu,on pcnfoit,ioint ma foiblefrc,quc ie deuffe redre l’efprit.l ou tesfois ne m’eftant pas fait grand mal, mis
-ocr page 465-DE L’AME RIQVE. 417 mis que ie fus dans vn liéljcombien qu’il y euft plus de dixneuf mois que ie n a-uois couché à la Françoife (comme on parle auiourd’huy) tant y a que contre ce qu’aucuns difcnt quand on a accouftume' de coucher fur la dure, on ne peut de lôg temps repofer fur la plume , que ie dormis h bien cefte premiere fois , que te ne me refueillay qu’il ne futle lendemain fo leil leuant. Ainfi apres que nous eufmes feiourné trois ou quatre iours àBlanet, no” allafmcs à Hanebô petite ville à deux lieuësdelà, en laquelle durant quinze iours nous-nous fifmes traiter félon le confeil des Médecins: mais quelque bon regime que nous peufsions tenir,la pluf part deuindrcnt enflez depuis la plante des pieds iufqucs au fommctdelate fte,amp; n’y eut que moy amp;nbsp;deux ou trois au très qui le fufmes feulcmct depuisla cein tureen bas. Dauantage ayâs vn cours delt; ventre amp;nbsp;tel defuoyemet d’cfl:ornâch,que nous ne pouuioni rien retenir dans le corps,n’euft eftevne certaine recepte que on nous enfeigna : aflauoir du ius d’Hc-dcra terreftris , du Ris bien cuit cftoulfc dansvn pot auec force drapeaux,quand il , J eft ofté de deflus le feu , amp;nbsp;des moyeu amp;nbsp;f'« '*^» * d’œufs le tout méfié cnfembledâs vn plat ( fur vn r£chaut,qu’ayans mangé auec des cgt;'.«yMr À »^ j cuilliers nous r’afermit fort foudainc- I
;»
Dd l
-ocr page 466-418
HISTO IRE
mét iecroydi icque fans cela dans peu de tours ce mal nous.eut tous emportez,.
Nous voila doneques ce fembJe pour ce coup à peu près quittes de tous nos maux : mais tanty a que li celuy qui nous auoit tant de fois garantis des naufrages, tornicntes,afprc faminc,amp; autres incon-ueniens dont nous auions efté affaillis fur mer, n’euft conduit nos affaires à no-ftre arriuce fur terre, nous n’eftions pas encores efehappez : car corne fay touché en noftre embarquement pour le retour, Villegagnon, fans que nous en feeufsiôs rien,ayant baillé au maiftre du nauire ou nous rapaflafmcs(qui l’ignoroitaufsi)vn . procès lequel il auoit fait amp;nbsp;forme cotre nous, aucc mandemet expres au premier iuge auquel il feroit prefenté en France, non feulement de nous retenir,mais auf-fi faire mourir amp;nbsp;brufler comme hcreti-- qucs qu’il difoitque nous eftions:aduint que le fleur du Pont noftre conduéleur ayant eu cognoiffance ^quelques gens de juftice de cepays là (qui aupyet fentimét tic laRcligion dont nous faifions profcf-fió)aufquels le coffret couuert de toile ci reedas lequel cftoit ce procès amp;nbsp;forcclct très adreffantes à pluficurs perfonnages fut baille , après qu’ils eurent veu ce qui leur cftoit mandé, tant s’en faut qu’ils nous traitalfcnt delà façon que Villcga-gnon de-
-ocr page 467-DELA M E R I Qjr E. 419 gnondefiroit,'qu’au contraircjoutrc que ils nous firent la meilleure chere qui leur J.’^'f^* fut pofsible,offrans leurs moyens à ceux aiimirabit. de noftre compagnie qui en auroycnt affaire,ils prefterent argent audit ficurdu Pont,amp; àquclqnes autres.Voila commet Dieu,qui furpréd les imfez en leurs cau- '//•'rui’ telles,non feulement par le moyen de ces’ bons perfonnages nous deliura du danger ou le reuoltcVillegagnon nous auoit mis , mais qui plus eft la trahifon qu’il nous auoit braffee eftant ainfi defeouner te à fa confufiô,Ie tout retourna à noftre foülagcment. Apres doneques qucfious eufmes receu ce nouucau bénéfice de la main de celuy qui, comme i’ay dit, tant fur mer que fur terre fe monftra noftre proteôleur, nos mariniers dcpartans de cefte ville de Hanebon pour s’en aller en leur pays de Normadie, nous aufsi pour nous ofterd’entre fe s Br^ to ns breto nnas, I en,,-dcfqucls nous entendions moinHe langage que des Saunages Ameriquains, d’a ucclefqucls nous veniôs.T^ous haftafmes de venir à Nites d’où nous n’eftiôs qu’à ja. lieues , non pas toutesfois que nous y courufsilt;^nsla pofte,car a caufe de noftre^ quot;'‘^ debilitén’ayâs pas la force decôduirc nos cbeuaux,dcfqucls mefmes nousn’eufsiôs Iccu endurer le trot,chacun auoit vn hô-
nac qui menoit le fien tout bellement par Dd a
-ocr page 468-420 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HISTOIRE
^a bridc.Dauantageparce qu’à cc comme cement, il nous fallut comme renouuel-ler nos corps, nous n’eftiSs pas feulcmct aufsi enuieux de toutcc qui no’ venoit à la fantafic,qu’on dit que fôt les femes qui charget d’crant,dcquoy,fi ie ne craignois d'ennuyer les Jefteurs , i'aJIeguerois des exemples efl:ianges,mais aufsi aucuns eu rent le vin tellement à defgout qu’ils fu-A'/f«« « ^^^^ plus d’vu mois fans cnpouuoir fen-«teaftft tir,moins goufter. Et pour la fin de nos
’’’ilercs,quad nous fufmesarriuez à Nan tes,comme fi tous nos fens eufiêt efte cn-Saanhtt ticremét renucrfez,nous^ufmcs cnuiron *t.^«M« ^“^^'°'J'^^ °y^‘’^ fi dur amp;nbsp;ayans la veue f,„ Jefa.G offufquee que nous penfions deuenir fourds amp;nbsp;aueugles: toutesfois quelques cxccllcns doseurs, médecins , amp;nbsp;autres notables perfonnages qui nous vifitoyet founent en nos logis , nous fccoururent ^ fi bien, que tâts’en faut pour mon particulier qu’il m’en foit demeuré quelque refte qu’au contraire dés cnuirô vn mois après ie n’entendis iamais plus clair , ni n’eu meilleure veue : vray eft que pour y l’efgard de l’cftomach , icl’ay roufiours
eu depuis fort foible amp;nbsp;debile: tellement qu’ainfi que i’ay tantoft touché, la rechar gc quei’eu il y a cnuirô quatre ans,durât lefiege amp;nbsp;la famine de Sancerre eftant in-terucnuc,ie puis dire que ie m’e fentiray toute
-ocr page 469-DE l’aMERIQjrg. 421 toute ma vie:ainfi après auoir vn peu re-prins nos forces àNâte»,ou corne i’ay dit nous fufmes fort bié traitez,chacû print parryamp; s’en alla ou il voulut-
Ne refte plus pour mettre fin à la pré-fente hiftoirefinon, feauoir quedeuin-drent les cinq de noftre compagnie , lef-quels,ainfi qu’il à efté dit ci deflus,après le premier naufrage que nous cuidafmes faire s’en retournèrent en la terre d’Ame rique : amp;nbsp;voici parque! moyen il a efté fccu.Certains perfonnages dignes de foy que nous auiôs laiflez en ce pa^s là, d’où ils reuindret enuiron quatre mois après nous: ayans rencontré le ficur du Pont à Paris, ne ralfurcrcnt pas feulement qu’à leur grand regret auoyét efté fpcâateurs quand Villegagnon à caufe de l’Euangile en fit noyer trois au Fort deColligniraf-fauoir Pierre Surdon, lean^duBordd, amp;nbsp;Malien Vcrnucil,mais outre cela ayas rapporté par eferit tant leur confefsion de foy que toute la procedure que Ville* gagnon tint contre eux , ils la baillèrent audit ficur du Pont, duquel ie la recou-uray aufsi bien toftapres.Tellement que ayant veu par là, corne pendant que nous fouftenions les flots amp;nbsp;orages de la mer, ces fideles feruitcurs de lefus Chrift en-duroycnt les tourmcns voirela mort que leur fit fouffrir Villegagnon , me reffou-
-ocr page 470-'421 nbsp;nbsp;■ HISTOIRE.
quot;enantfainfi gu’il à elle ten ci deiTus) que moy fcul de noftre compagnie eftois ref-forti- de la barque,dâslaquclle ic fus tout preft de m’en recourner aucc cux:comn'.c i’eu matière de rendre grace à Dieu de ceffe mienne particulière dcliurancc, auf fi me fentant fur tous autres oblige, d'a-uoir foin efue la confefsion de foy de ces trois bons perfonnages fut cnrcgiftrec au Catalogue de ceux qui de noftre teps ont couftamment enduré la mort pour le tefmoignage de l’Euagilc, des cefte mef-me annee 1558. ic la baillay à lean Cref-pin Imprimeur, lequel,aucc la narration de la difficulté qu’ils curent d’aborder la terre des Saunages après qu’ils nous, curent laiflez l’inféra aulinre des mar-tirs auquel ic renuoyc les leftcurs: car n’ voyez euftefté la raifon fufditc, ie n’c culTe fait le.5.11. ici aucune mention.Neantmoins ic diray au tit. encores ce mot qu’atendu que Villcgagnô ^^^ a efte le premier quia refpandu le fang Mar- d^.j enfans de Dieu en ce pays nouiiclle-’^’^ ment cogneu , qu’à bon droit, à caufe de ^c' r^- ce cruel aéle, quclqu’vn la nômcle Cain meviq. de l’Amérique.
Pour cônclufion puis comme i’ay mô-ftre en la prefente biftoirc, que non feule inenten général mais aufsicn particulier i’ay efte defüre de tant de fortes de dan ,i.( fri/^'t-y^- gers, voire de tant de gouffres de morts Hoyi^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;''' ne puis
-ocr page 471-DE l’aMERîQVeJ 415 depuis iepas bié dire auec celle fainte fé me mere de Samuel que i’ay expérimenté l'Eternel eftre celuyqui fait mouriramp;fait ' viure? qui fait defeendre en la foife amp;nbsp;en fait remonter ? ouy certainement cerne fcmhlc aufsi à bônes enfeignes qu’Iiôme qui viuc pour le iourd’huy ;amp; toutesfois fl cela appartenoit à celle matière, ie pourrois encores adioufter que par fa bô té infinie, il m’a retiré de beaucoup d’autres deftroits par ou i’ay pafié . Voila en fomme ce que i’ay obferué, tant fur mer en allant amp;nbsp;retournant en la terre duBre fil dite Amérique, que parmi les Saunages habitas en ce pays là, lequel pour les raifons que i’ay amplemët déduites peut bien eftre appelé mode nouucau à noftre cfgard, lefcay bien toutesfois qu’ayant fi beau fuiet ie n'ay pas traité lesdiuerfes matières que i’ay touchées, d’vu tel ftile ne d’vnc façô fi graue qu’il falloit:mefmc entre autre chofe,ie confeflé auoir quelques fois trop amplifié vn propos qui de uoit eftre coupé court: amp;nbsp;au contraire to bant en l’autre extrémité, i’en ay touché trop brefuement ,qui deuoyenteftre de-duitsplusau lôg.Surquoy pour fiipplecr ces deffauts du langage , ie prie derechef les ledcurs, qu’en confiderât combien la pratique du contenu encefte hiftoirem’a eftédureamp;:griefue,ils reçoiuentma bon-
.Sam. .d.
414 HISTOIRE
ne afFcÄion en payement. Or au Roy h^i(ttAn''^ÿ,' des Siècles immortel amp;nbsp;inuifiblc,à Dieu «w» nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fcul fage foit honneur amp;nbsp;gloire éternel-
lenient Amen.
-ocr page 473-Table des matières et choses NOTABLES CONTENVES EN CESTE Hiftoire de l’Amérique.
A age des Saunages. 109.
Abeilles de la terre du Brefil. iSo.
Acaiou froid bon amp;plaifant J manger. 105.
Acarapeppoiflbn plat.187.
Acaraboutenpoiflon rougea-flre.187.
Adultéré en horreur entre les Ameriquains. 195.
Agouti elpece de couchô. 15$.
Aioarous plus beaux amp;nbsp;plus gros perroquets .171.
rent la bien venue des eftrî gers.514.leur couftume delè lauer lôuuenr. 117.choie et
merueillable entr’elles.194 aimaux de l’Amérique tous dilTemblables des noftres. 150. quels fontlesplus gros. 15s. amp;nbsp;nuis pour porter ou charier en ce pays ià.i9$.
Ananas fruit excellent.xii. Aouai arbre p:’ant amp;nbsp;fon fruit venimeux. lOi.
Applaudiflement aux vain-qoeurs entre les Ameri-
Airi arbre efpmeux amp;fon fruit 101. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;quains.i^î.
Albacores poiflbns.xz. Arbres toufiours verdoyans Americ Velpuce qui premier en l’Amérique. 110. amp;nbsp;tous defcouurit la terre du Bre- differens des noftres. 117.
fil. 44. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Arbres portans coton,amp; lafa-
Ameniiou coton. xo8 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jon commeïl croift. 107.
Amérique quarte partie du Arabouten bois de brefil,amp;; la monde amp;nbsp;fa longueur. 119. façon de l’arbre.194.
Ameriquains croyét l’immor Voyez bois.
talité des ames. 161. plus Arat oifeau d’excellent plu-auifez que ceux qui croyét mage. 170.
qu’elles apparoiflet apres la Arcs des Sauuagcs.ixx.
mort des corps.178. fe moc- Arignan ouftou poules d'Inde quent de ceux qui bazar- 167. dent leurs vies pour s’enri- Arignan-miri poules commit chir :font exceßifi buueurs. nbsp;nbsp;nés.167.
14J. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Arignan-ropia œuf. 168.
Voyez Saunages nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Arc de nauigadon excellent.
Ameriquaines comment fe far 1*.
détlevifage.ji4.c6m€tpleu Atheiftes plus abominables Ee
-ocr page 474-T A B L E.
«lue les Saunages. 16$. autres grands compofèr d« Auati gros mil.137. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;plufieurs pieces d'os, idem
Arauerspapillonsrongcans le Bruuage déracinés par qui amp;
cuir amp;nbsp;viande. iSo. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;de quelle façon fait.140.141
Aueugliflement des Saunages Bruuage fait de mil. 141.
confeffé par eux.290. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Buucurs exeelsifs. 143.
Aygnan malin efprit tourmen tant les Sauuages.zôj.
Aypi racine, iji.
B Baleines 43.amp; 10$. . Balcne demeurce à fèc.ioS. Barbarie pays plat.ro. grandes Bafles que fignific. jSz.
C
Caiouî e/pece de choux. 114^ La grand Canarie.iJ. Canidé oifeaude plumage a^ zuré.171.
Caraïbes faux prophètes.268-dedians I’inftrument Mara-cas. i74.1ôufHansfurles autres Sauuages. i/ô.
petites Baires.51. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Carauellespriffs.iÿ.zo.zi.ix.
Bec monftrueux de l’oifcau Cannes de fucre abondantes
Toucan. r7$. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;en la terre du Brefil. 108.
Bifcuitpourri,37. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Caouin bruuage amp;nbsp;fongouft-le fieur de Bois le conte elle U nbsp;nbsp;141. chauffe amp;nbsp;trouble auât vice Admiral.ÿ. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;qu’eftie beu.143
Bois de brefil coupé amp;nbsp;porté CapdeS.Vincent. 1$. par les Saunages pour char- Cap de frie. 58. gerles Nauircs.iÿj. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Cap S.Roc.389.
Bois de brefilgrignoté durant Cay Guenons noires amp;nbsp;Icut Jafamine.408 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;naturel parles bois.163.
Boisiaunes , violets, blancs amp;nbsp;Cene premièrement célébrée en l’Amérique. 67. féconde
rouges.xoi.
Bois de lenteur de Rofcs. loi
Bois amp;nbsp;herbes toufiours ver-
fois. 83. faite de nuit en ce pays-lajamp; pourquoy: amp;. fi eî Jefe pourroit célébrer fan* vin.94.
doyansen l’Amcrique.4d.
Bonite poifion.zd.
Boucan rotifierie des Sauna- Cendre de brefil teignans en gts de quelle façon. 153.bras rouge amp;nbsp;ce qui en aduint. tuifi'es,iarabes amp;nbsp;autres pie 196.
ces de chair humaine ordi- Chartier Minifire pourquoy naircinent deffus.154. renuoyé en France.78.
Boute collier. 113. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Charité naturelle des Sauua’
Bracelets de porcelaine amp;nbsp;de ges.322.
boutons de v erre. izj. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Chair humaine fur le boucan»
-ocr page 475-443. . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;poiiron.185.
Chaleurs extreme.ijé. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Conomi-miri petits garjons
Chantrerie des Sauuages. 171. Araeriquains, leur équipa-Chauueflouris fueçans le fang ge amp;fajons de faire.118.
desortei]s.t78.plaifantehi- Conformité amp;nbsp;diiference des f oire à ce propos. 179. langues des Sauuages. 354.
Choyne arbre amp;nbsp;fon fruit.104 Cordes d’arts faites del’her-Cimetieres entre lés Sauua beTocon.113.
ges.339. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Couroq fruiél propre à faire
■ Ciuilite vrayement eftrange huileferuâtde remedeaux
amp; Saunage. 50. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Sauuages.183.
Coati animal ayant le groin Crapaux feruans de nourritu-eli:rangetnentlong.i6S. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;reaux Ameriquains. 159.
Contenâce du voyager en l’A Crocodilles de grandeur in-merique.3i6. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;croyable. 158.
Cointaabiurelepapifme. 67. CroilTans d’os blanc.113. Colloque du maifacreur auec Crûtes de Rats mangez durât le prifonnier qu’il doit alTô- la famine.400.
fnez.141. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Cruauté des mariniers.ii.
Courtume des mariniers fur Cruautez des Sauuages horri-
iTier.13.
Coffins amp;nbsp;paniers des Sauua-ges.308.
'•Copau arbre refiemblant au noyer, loi.
Corps du maifacreur incifé amp;nbsp;poarquoy.148.
Collets de marroquin mâgez ' en la famine.4üi.
bles amp;nbsp;nompareillcj. 150,151 D
Dangers prochesdc naufrages 56.583.
Danfes des Sauuages arrengcz comme grues.140.
autre forte de Danfes en rond. 175. femmes amp;nbsp;filles Ameri qu aines dâlàns lèparees des liommes.147.
Colioque montrant que les
Sauuages ne font nuîlemët Dauphins fuyuis de plufieurs
loiirdaux.ij;- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;poiirons.43.
Comparaifon de la façon de Débilité deRichier409. faire vin auec celle du caou Defcenteau fort deColligny.
in. 150. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;61.
Commanda-oualfou groffes Degrezde cofâguinitezobfer febues.117. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;liez entre les Sauuages 193.
Gommanda-miripetites feb- Delicatsrcprins.38.
ues.idem. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Deferiptionspour febien re-
Camouroupouy ouafTou grâd preletsrvnSauuage.119.1ii Ee i
-ocr page 476-TABLE.
Defcription àe PTfle amp;nbsp;Lort foiiducanon.nV' deCollignyen l’Ameriq 09. Efcriture en quelle opinion Deui'. des Sauuages touchant entre les Sauuages.x6o.don la France. 361. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;excellent de Dieu.x6i.
Deluge vniuer(èl confulemétïsbahiflcment des Saunages cogneu des Amenquains. oyansparler du vrayDieu. X77. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;x6l Xô3..
Dilputes de Cointa amp;nbsp;Ville ' l’enàgilc de noftre temps pref gagnon.76. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ché aux antipodes. 187.
Difcours fur l’afemblee' amp;nbsp;Eleuation du voie Antardi«
grandefolennité des Sauua nbsp;nbsp;que. 41. ges. 169. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;equipag. des Sauuages quand
Dilcours notables. X89.309. ilsboiuentdanièntamp;. gam-3x7. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;badent. 123.
Dorade poiflbn.x8. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Equipage de Villcgagnon.90.
Dueil hipocrite delà femme Erre..r vrayemtt diabolique« du priionnier mort. X43. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;33®'
E nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;cricurdVnCofmographe.174
Eaux de l'Amérique bonnes Erreiirés cartes monltransIcJ amp;nbsp;faines.149. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Sauuages roUir la chair hu« Eaufuccree. 149. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;maine comme nous faifons
eau douce corrompue.37. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nos viandes.240.
Eau de mer impcßible à boi- Erreur de prendre la Necoci-re. 36. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;enne pour Petum.xi3.
Enfans des Saunages par qui Erreur eroßier .x8o. receus à leurs na^Hances. Exemple notable de l'huma« Xÿb.ontlenez efcrafe:leur nité des Sauuages.3x3,
equipage: noms qu’on leur nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. baille. 197. leur nourriture. Fajô deviure en 1 Amérique./' X98.non emmaillotez. 299. Façon ancienne des Sauuages tenus nets (ans linge. 300. Ameriquainsd’abatre vnar leur façô de parler. 193. (ont bre.196. frottez du fing desprifon- Façon de parler des barbares nicrs.x44. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;imiteedesFrançois.x43.
Efcarmouche furicufe entre Famine extreme. 400. eugenics Sauuages.x3o. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;drei3ge.TO9.afait penleramp;
Eipces trenchantes peu efti- nbsp;nbsp;pratiquercholèsprodigieuy
mees des Sauuages combat.xi5. )
pourle nbsp;nbsp;fes de nolire temps. 410. del-
Edonnemenc des Sauuages au
gout apres la famine. 416. Famine de Sancerre.^o/«
-ocr page 477-TABLE.
Farine de racine viure ordmai nbsp;nbsp;efpeesdeboiî.inî.
re desSauuages. 47.maniere Gafj'ard de ColÜgni Admirai delà faire.ijj.Ion gouit. 136. de France caufe du voyage n’eft propre à faire pain.134. fait en l’Amérique..-.
Farine depoifibn.ij4. Geraù efpe.e depalmier. zoo Femmes groflès comment fe Gar^ô. Saunages enuoyez. en gouuernent en rAmerique nbsp;France.âo.
195. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Gonambuch oyfelet tre(petic Feu amp;nbsp;l’inuention i nous inco amp;nbsp;fon chant efmerueillable gneuë que lesSauuages ont 176.
d’en faire.518. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Guenons farouch es amp;nbsp;crament
Feu de boisdeBrefîl prefque fe prennent. 164. leur indu-fans fumee.ipiî. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Bric à fauuer leurs petits. 165
Fiffres amp;nbsp;deutes faites d’os hu- Guerre pourquoy fe fait entre mains.217. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lesSauuages. 219. iefq'iesà
Figures des Saunages. 121.231. quel nombre s’aiTemblenr.
175.334.414. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’'^‘^- ’®iquot;'’ gelées ^ conten,i' Flateries des femmes Ameri- cesapprochâsl’enncmy.130 quaines.126. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Guyapat ferpes.245.
Fleuue d'eau douce.107. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;H
Flefcheslongues.223. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Hameçons àpefeher trouuex
Fort desPortugais nommé Spi propres par les Saunages 19.
ritus Sancfus.50. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Haquebute tiree de trois Sau
Fofles des morts de quelle fi- uages d’vue nouueUe fa^on.
jon faite enl’Amcrique.33tf 225.
Fronteaux de plumes.125. Harangue des vieillard-. S.auua Fruits de l’Amérique tousdif gespourefmouuoir guerre, ferons des nollres. 217. plu- 210.
Beurs dangereux à manger. Hay animal difforme félon au 203. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;cuns viuaiitdu vent.165.
Fueilles d’arbres d’elpeffeur Hazard d’vn coup de mer. lï. d’vn tefton.2O2.autresd’ex- Heinteriedion des San. 3 4. ceifiue longueur amp;nbsp;largeur. Herbes marines amp;nbsp;leur forme. 207. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;397-
Fumee de Petun comment hu Hciich racines fort bonnes amp;nbsp;mee par lesSauuages. 212. en grande abondance en purge le cerueau. 113. rAmeriq.224.f3j0 merueil G nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;leufe de les multiplier. 225.
Ganabarariuiere.60. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Hiftoireplaifantc d’vne chau
Garnitures de plu.me.spour les ueflouris 179
-ocr page 478-TABLE.'
Hiuouraê efpece degaiaedót eftionsfeusTEquator 389. les Saunages vient contre lour auquel nous vifnies terre vne maladie nómec Pians J noilre retour 41%.
103. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;loyaux enterrez auec les corps Homicides entre les Saunages 337-
commentpunis 3°4- Iflesfortunées 16.
Honnefteté gardee es maria- Lagrande Ween la riuiere de gesdes Ameriquains 301 Genevre 104.
Holies comment contentez 111e inhabitable remplie d’Ar-en l'Amérique. 310. bres amp;nbsp;doyfeaux 388.
Huile fainte des Saunages 183. lus fortant delà farine de raci-Hurlemens eftranges des fera- ne humide bon d manger.
merique 45. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Kuremaamp;ParatiMulets excel-
I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lens 185.
laçons clpeces,deEai(âns de Lac de Genene comparé à la trois forces 16^. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;riuiere deGanabara en l’A-
Tanonare belle rauiflante man nbsp;nbsp;ni crique.98.
géant les hommes j6i. Leçons de Cointa.85.
Ignorance du vray amp;nbsp;des faux Leripés huitres 105.
dieux entre IcsTououpinâ- Lery-oulfoujnom de l’aufteur baoults içp. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;en langage Sauuage.3to.34I
Ignorent auÉî la creation du Lettres de VillegagnOnà Cal monde 159. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;uin.Voyez la preface.
Immodicité rouges nageans Lézards de l’Amérique bons! former 397. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;\ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. manger.139.
Inubia grands Cornets 117. Lézard dangereux amp;monlltu-lonquet fol des Sanuages amp;nbsp;eux.tôi.
comme ils en vfont iifo Lcurcspercees amp;nbsp;la fin pour-loués percces pouryappliquer quoy.iir.
des pierres vertes m. Ligne Equinoxiale pourquoy leurs que nous defoonurifines nbsp;nbsp;ainfî appelée.40.
l’Amérique amp;nbsp;que nous en Liberaux amp;nbsp;ioyeux aimez des departifmes 44.381. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Aincriquains.ig;,
lours pluslong sau mois de Loyauté des Saunages enuers Décembre enrAmeHque leurs aniis.3xlt;f.
«0. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;M
lourEquinodial auquel nous Machiauehftes imitateurs
-ocr page 479-TABLE,
desBarbares.ito. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Moucacoua eipece de perdrix
Mailbns des Sauuagesdeque! 169. le fajon. 171. leur longueur. Morgouia oranges.20S. ii9' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Morts de quelle fa jô enterrez.
Maia bled du Peru.137. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;en rAmerique.537.
Maniotracine.iji. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Mouton oyfeaurare.169.
Marganasibrte de Perroquets Mouffacat vieillard receuant 174. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lespaffans.^itf. Manobi efpece de noifette.116 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;N
Margaias Sauuages ennemis Nature enuieufe enfe renou-desEranjois.45. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ue!lant.4to. Maq-bé region.55. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Nez des petits enfansefcrafez.
Maraca inltrument fait d’vn 197. fruit. 118. comment dedied Nós de ceux qui firent le voya rvl3gedesSauuages.z79. ge en l’Amerique.S. Mariages première meut fblcn Nom de l’autteur en langage nifez dlafaçô deschrediés Sauuage.310.34i. en l’Amérique.80. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Noms des ennemis des Touou
Mariage des Sauuages .Î95. pinambaoults.354.
Marfbuïns.iS.commentfepré Noms de toutes Icsparticsdu nent fur mer.30. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;corp« en langage Saunage. Maurongan Citrouilles.117. . •304.
Mariniers morts de faim.400 Noms qu’on baille aux enfans 404.411. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;des Sauuages.197.
Maucacouï poudre a canon. Noms des chofès du mefhage 344. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;en langage Saunage,.5^'7. Malades enl’Ameriqne corn- Nourriture des enfans des Sau menttraitez.333. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;uages.iÿS. MenlôngedeTheu et.86. nbsp;nbsp;nbsp;Nudité'des hommes Sauuages MerueiUes de Dieufevoyent 110.113. furmer.15.44i. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Nudité des fernes Ameriquai
Melodie efmerueillabîe des nés refolues de ne fe point Sauuages.176. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;veftir.114.115. opinion amp;nbsp;in
Merherbue.396, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tention de l’autteur fui e«
Mingant bouille de farine de propos.13o.131. racines.134. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;O
Mocap artillerie amp;harquebu- Occafion d’annoncer le vray fes.344. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Dieu aux Sauuages.î8i.
Monnoye non envfage entre Occupatio ordinaire des Saules Sauuages. 4 9. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;uages.301.
Ee 4
-ocr page 480-T A B L B.
Oranges amp;nbsp;Citrons en abon- nbsp;pliquc par Vinegagnon.84^
dance en l’Amérique, loÿ. Pafletemps qu’on a des garjo» Orapatarc.îxx. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nets Sauuages.119.
Os amp;nbsp;dents des prifonniers ma Partie intérieure du marlbuïn
gezj monftrezaux ennemis, ajo.
Oura oyfeaii,i^7.
OuarapoifTon délicat.î8^.
3»-
Pattes de Rats amafleespour manger durât la famine 406
Perroquets de trois ou quatre Ouétacas Saunages farouches fortes amp;nbsp;le récit efmerueil-amp; du tout barbares légers du labié d’v 0.171. pied.îi.amp; leurfa^on de per Pennaches fur les reins desSau muter.$5. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;uages.117.
Ouy-entan farine dure. Peres feruans de fige femmes Ouy-pou farine tendre amp;fon 196. gouft.ij^. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Pendansd’oreillesdesSauua-
Oy féaux en abondance aux If ges.115 les de Macf-hé.S7. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Petun fimple de fingulicrever
Oyieaux marins.lâ. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tu.m.
Oyfeaux de l’Amérique de va Poiflbn monftrueux.$9, *
rietezdecouleurs.175. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Poiflons volans.i$.
P nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Poiflbn ayant mains amp;tefte de
Pacoairearbrifeau tendre. 115 forme humainejÿi.
Pacos fruits longscroiflans par Polligamie.194.
floquets.io5.ayansgouftde Poules d’Indes en grand quan figues.io6. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tité en rAmerique.168. -
Pagés-medecins des Saunages. Poiiire lo.ig.ii^.
jji. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l’oitral iaune duToucâ à quoy
Pag animal tachete'.i5ö. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fert aux Saunages.17$.
Pai Nicolas nóde Villegagnô Portugais prins amp;nbsp;mangez par entre les Saunages.351. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;les Saunages.154.
Panoiioyfeauayantlapoitrine Porcs ayans vn pertuis fut le rouge.17$. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;dos par ou ils refpirent. 15$.
Paîiniersde quatreoucinqfor Pilotefoauantfinslettre.39. te.s en IWmerique.ïoo. Pians maladie contagieiife.jîi Panapana poiflbn ayant refte Pierres vertes enchaifccs aux nionflrueufe.i3b'. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;leures desSauuages.iii.
Paraïbes.çi. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Pierres fçruans de coutteaux
Paramens for les loues des Sau aux Sauuages.145. uages.ii$. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Piperisradeauxfurlefquelsles
Fällige de l’efcriture malap- Saunagespefchent.ipi.
Pira
-ocr page 481-TABLE.' '
P)rapoiflbns.i8$ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;B. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■
Piramiri petits poiflbns.188. Raifon pourquoy on ne peut Pira ypochi poiflbn long. 187. du tout reprefenter les Sau-Plantes amp;amp;eilles de l’Ananas. nages.119. HI. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;RaiföferialedêsAnieriq.1^9. Pluyepuâte Sccontagieufc.^iS. Rats roux.156.
Plumes Icruans à faire robes, Rats amp;nbsp;fouris chalTez amp;nbsp;man-bonnets, bracelets amp;nbsp;autres nbsp;nbsp;gez durant la famine.405
paremensdes Sauuages.iyi. Ratier.99.
234. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Rayes diflèmblables de celles
Prodigieux pendans aux oreil de par deçà. 187
les des fernes Saunages. 1x4. Récit d’vn vieillard Saauage Principal ou vieillard. 355. lut le propos du vin. 147. au Prouidéce de Dieu admirable tre récit notable d’vn Sauua 18. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ge.184.
Prilônnîer de guerre lié amp;nbsp;Remede cotre lapiqueured« garrotté. 13$. comment trai nbsp;nbsp;Scorpion.184.
te.i37 aflemblé pour le maf Refülutionprodigieufe.413.
fa .■rer.138. approchant de fa Reproche desSauuages aux ta fin fe môftre ioyeux. i38.1ié galions .zoo.
amp; pourmené en trophee. R-equiens dangcrcux.31.
a39.arrePté tout court fe van Refuerie des Saunages s’arre-ge auanc que mourir. 140.fa Hans au chant d’vn oyfeau.
’ iaa;anceincroyable.x39.me 177.
Iprilc la mort, rué parterre Reuolte de Villegagnon deJa amp;aflominé. 141. fon corps Religion retormee.87.cau-efehaudé côme vu couchon fe que les François ne font amp;misfoudainemétparpie- habituez enfA iiicrique.139 ces.144. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;380
Prilônniers achetez par les Riuieredes valès en l’Ameri-François.136. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;que.I07.
Puiffaouaflou retz à pefeher. Robes bonnets bracelets amp;nbsp;au 191. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;très loyaux de plumes.iid. Purgation des femmes Ameri Roche appelee pot de beurre. quaine$.3oi. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;99.
Q^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Roche eftimee d’elmeraude. Qmampia oyfeau entiemnét ^^ rouge.176. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Rondelles faites du cuir de Ta
Queftion d’où peuuent eßre pirouffou.ija.
defcenduslesSauuages.i9o Rondellesdecuirmâgeesdu-
Queuëde rayevenimcufe.iSz nbsp;nbsp;rant la famine. 401-.
-ocr page 482-TABLE?
Brefilicrwn’aySs Roys ne Prin ces obeiflènt aux vieillards, «o.
Rofeaux dót les Sauuases font le bout de Ieursflefcnes.109
Relùrreâion des corps confef lèe par quelques Saunages. 165.
Rotiflérie ànoftre mode inco gneue des Saunages.2.46.
Rule des Sauuages pour nous attraper.48.
Rule mortelle deVillegagnon contre nous.3^7.
Racines de deux fortes lèruâs au lieu de pain en l’Amérique. 131. manière d’en faire farine.133.forme de leurs Ti ■ ' gesamp;fueilles,amp;fajô efmer ueillablc de les multiplier.
136.
vnmeffflefepas.144. magét atoutesheures.i45.lontfort vindicatifs. 184. irrecôcilia blcs.xio.furieux.iii. combattent nuds,font ex cellens archers. iî4.defeochéc roi-dement leurs arcs.iî6. coin ment ftefchentles poilTons. 136. marchent fans ordre en guerre amp;nbsp;toutesfois fans cô lufion.îi/. cris amp;nbsp;hurlemés apperceuans l enRemy. 130. acharnez amp;nbsp;côme enragez au combat.z3i.combattent à pied amp;nbsp;quelle opinion au-royent desch euaux.533. leur façon de boire. 144. lilence durant le repasjamp; fobrieté à mangei'.tiS. contenance dâ Iànsenrond.i73.maniere de coucher.367. excellens nageurs. 189. viuent en vnion. 3O4.font prompts a faire plai lîr.3ii. rejoiuent humainement les ertrangers3O9.
Sabaucaië arbre amp;nbsp;lo fruit fait en façon de gobelet.104.
Sagouin ioli ammal.164.
Saifons tépereesfouslesTro-piques.iio.
Sarrigoy belle puante. 156.
Sauuages promettans ferager au lèrui ce de Dieu affilient Sauuages premièrement veus d la prière.18$.
amp; delcrits par l’aucleur. 47. Scorpions de l’Amérique fort Sauuages peu foucieux des nbsp;nbsp;venimeux.184.
choies de ce möde.109.199. Sentence notable amp;plus que non veluscomme aucuns e- philofophale d’vn Saunage ftimcnt.iio.noircis peintu- Ameriquain.198.
rez amp;nbsp;emplumalTez par le Seouafôus efpeces de cerfs amp;nbsp;corps.113.114. defehiquetez biches.154.
par lapoitrineamp;par les cuif Serpens grpsamp; longs viande l'es.117. deminuds amp;. demi d»s Ameriquams. 160.
vellus.119. viuâs làir pain ni Serpens verds longs amp;nbsp;déliiez vin.131. leur coullume élira nbsp;nbsp;dangereux.160.
ge denemâger amp;. boire en Soif plus preliante quclafaiai
-ocr page 483-TABLE.
407. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;_ ^ Tocon herbe dequoy les Sau« Soleil pour Zenï.4î? nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;uages font leurs lignes à per Sonnettes compofecs de fruits cher amp;nbsp;cordes de leurs arcs fecs.117. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;191.113.
Sourditécaufèede famine 410. Ton vermine dangereufe Ce Souhait du freur du Pontque^ fourrantfonslesongles.i8i.
409. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Toupan tonnerre.144.161.
Stature amp;nbsp;difpolîtion des Sau- Tououpinâbaoults Saunages uages.108. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;alliez des Fran jois.58.
Lourde fuperftition.179 Tortues de mer amp;fajon de les Stratagème de guerre entre prendre.33.34.
les Ameriquains.iî8. ' Toucan oyfeau.175.
T nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Tours petite forte de Perro..
Tacapé efpee ou maflue de quets.174. •
bois.iii. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Tououlezard.iyS.
TaiafibuSanglier .15$. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Traquenards à deux pieds.311.
Tamouata poiflon difforme amp;nbsp;Truchemens de Normandie armé.188. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;menans vie J’Atheiftes.159
Tapemiri.51. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;V
Tapirouffou Animal demi af- Vaifleaux amp;nbsp;vaiffclle deterre. ne amp;nbsp;demi vache.151. gouft 507.de quelle façon faits.141 defa chair amp;nbsp;fajôde la cuire Vengeance horrible.147.
151. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Versmâgezdurâtlafamine40o Tapitiselpece de heure.156. Vens inconftansfous l'Equa-Taffes amp;nbsp;vafes faits de fruits, tor.35.
308. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Vigne que nous plâtafmes pre Teh! interieâion d’efbahiffe- mierement en l’Amérique ment.109.310.341. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;comment vint.138.
Tatou animal armé.i$7. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Viandes des Saunages cornent
T eôls,oS)amp; déts des prifoniers conferuees.153. pourquoy referuez.147. Ville imaginaire es Cartes de Tendronsà la cime des ieunes Theuet.ioi. palmiers bons contreleshe Vieillard,s Ameriquains créez moroides.ioo. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;conducteurs en guerre.loi. Terroir de l’Amérique propre Vieillards Tououpinâbaoults au bled amp;nbsp;au vin.138. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;cheriffans les François. 181. Terre du Brefil exépte de nei Vieilles femmes Ameriquai-ge gelee amp;nbsp;grelle.no. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nes lefchâs la graiffe humai Quelles terres poffedét les Sau ne.145.
uages eu particulier..3o6. Nulle ville dole en l’Ameriq. 119.
-ocr page 484-T A B te.
Villages frontiers dès ennemis efclaues. 91. ne nous veut comment fortifiez.iij. plus endurer eu fôn forc.ÿj.
Villages it families des Sauna Epilogue de là vie.97. ges comment difpofez amp;lùu' Vinaigre de tannes defuccre.
uentremuex.^oj. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;109-
Village (âceagé parlesSauua- ¥olees de Perroquets.59. ges.x5i. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Vpec canes d’inde .166.
Villegagnon pourquoy fait le, V furiers plus cruels que lesAn voyage en l’Amerique.x.ef^ thropophages. 156. crità Geneue de ce pays là.
î-fts contenances dînant le nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Y
prefehe. 61. eftablit l’ordre Yetin mouchillon picquantvi Ecclefîaltiquc.66.faitduxe Uement.iu5.
lateur.6/. fon oraifon. 68.re Ygat barque d’efeorce.üS çoitla Cene.76.(ônordon- Yramielamp;jetic cirenoue.iSo nice côtre lapaülardile. 81. Yri arbre amp;nbsp;for fr uitzoo-blafme Caluin qu’il auoit Ynambou-ouaflbu elpece de loué. 87. elt gehenné en fa grolfe l’erdris.169.
confcience,fonfermentor- Yempenabi fronteaux deplu-dinaireamp; fes cruautez.88.té nbsp;nbsp;mes.115.
te le moyen de nous rendre Yurógnerie des Saunages 146.
FIN.
-ocr page 485-Corrigez ainfi les fautes qui font efehappeecea quelques exemplaires de celle premiere Edition.
Le premier uomoreßgniHe la page amp;nbsp;le fécond U ligne.
Page.ii.ligne.iz-lifezrreziemc.
I4.6.1ize7. de couuerts. #
*0.1.amp; i/.hfez incontinent.
a4.xi. liiez afloree
i7.i9.1ifez arelle.
I9.4.1ifezappelions.
en la mefme page.ligne.i7.1ifex lèmblent.
45.io.!ifez incontinent.
ÿ6.x4.Iilez Briqueterie.
i01.14.lifez.1558.
ioi.4.1ifez qui fut près de deux ans.
Ii4.9.1ife7. teindre.
en la mefme page.ligne.iô.lifeznouuellemcnt. 131.11.liiez bombances.
163.8.life? lanouare.
208.17.liLz Portugais, aïo.ù.lifez tranfillans.
t38.ii.lifez d’heures.
X45.io.lifez appetent.
I55'adioutlez.« la fin les.
3i^.i6.1ifez tresvraye.
314.4.liiez ayant.
3i5.l.lifez mon.
Quand aux autres fautes qui le pourront encores trouuer en l’ortographe outre celles ci deflus cottees le lecteur les fuppleera s’il luy plaiû en celte prenue7 reimpreffion.
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