Dit boek hoort bij de Collectie Van Buchell Huybert van Buchell (1513-1599)
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Rariora
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Aubto mnecernTnre cedir - D f cu Rj kifermone o^ mAgnimoJetamintir 9 ^renAndA^d^r^uTieru^a' eTmin^njt
Geographi et Idacratcrei
Quarto o*. 74,
mum umGir fe^ Ap anam fnmt lufQ 3^iiT Xr^^^nurum curdifrc\ tur^uruix ^xrxr^{c^ce^^mnoruÇ arnume^ûk conTmf^^aem rec^co^
' mnuitur • cumxhmh^^ mbuf occu nrur^’ Ipfe/^mppe ucnicnuh/ petu TiT• fXna'paft’oftium fuhrtfhr ^tj-t iit uir ^cdnfdumuf f^hfnrfc4 d^enncögnirujne mnn-anfcLi^
NAVIGATIONS
PEREGRIN ATI O NSÈT
rVRQ^VIE, PAR NICOLAS DE NICO-lay Daulphinoys Seigneur d’Arfèville, valet de chambre amp;nbsp;Géographe ordinaire du Roy de France, contenants plufieurs fingularitez que l’Authcur y a veu amp;nbsp;obièrué.
ÔO Le toutdiftingué en quatre Liures.
t-^uec fiixante /îgures au »atarel tant d’hom-f»es,/jue de ferf^r/ies Jèiori /a diuerjité des Ma-tiens, leur port, maintien, habits, iûyx,reli-git’n, amp;nbsp;façon de viure, tant en temps de paix comme de guerre.
Auec plufieurs belles amp;nbsp;mémorables hiftoi-res, advenues en noftre temps.
En ANVERS, M. D, LXXVI
^ ParGuiUaume Silvius, Imprimeur du Roy.
fgt;lt; 'Plt;gt;H/gt;quot;/lt;gt;^« Hub' ), '^y^rr^e/.
-ocr page 12- -ocr page 13-A TRE SH AVLT,
TRESPVISSANTjET TRESIL-
XVSTRE PRINCE, CHARLES DE
V ALOYS -IX. D V N O M ^T R Æ,S C,H R E'
STIEH R 0,1 DE FRANCE,.!
gt;1 . WON S O V VE RAIN
I RE, Trois .chofes principales entre leS autres^ lonten ce mortel monde, dont l’homme peut louyr durât le cours de Celle vie, auec plusgrâd plaifir amp;nbsp;contentemcnt.D’ontla premiere félon Themillocles, eft d’eftre defeendu de païens 11-luftres : d’autant qu’aux hommes Hlullrésfont communément préférez les dominations fur le peuple, le gouvernement des Empites,Royaumes, Républiques, amp;nbsp;citez. La féconde eft laricheftc,aaccJaquellel'hommepentac-complir la plus grand part de fesdelîrs amp;nbsp;volontez. Mais larroifié-me, qui eft la vertu, eft la principale : car par le moyen d’icelle l’ho-me peur acquérir richede, domination, Seigneurie amp;nbsp;dignitez, amp;nbsp;toute autre elpcce d’honneur. Tefmoing le Pbilofophe Ariftippus, lequel fauvé d’vn grand naufrage arrina à Rhodes, où ayant communiqué fou fç^noir amp;nbsp;fa dodrinc, fut tcllementhonnoré amp;nbsp;lecou-ru des Rhodicns,qu’àluy amp;nbsp;à les compagnons eftoit quah impolEr blepouuoirporterleshabillemcns amp;nbsp;l’argent qui leur furent donnez ; amp;nbsp;lors que les compagnons voulurent retourner en leurpaïs, luy prierentd’efenre quelque chofe â fes parens. Diètes aux Athéniens, refpondit il, qu’ilzdefpartent telle ejaeuance à leurs* enfans, qu’elle puide nager entrcles naufrages, amp;nbsp;à laquelle ne pu iIle nuÿ-îc, ny les mutations mondaines, ny les contrarietez de fortune. Sur a a cemef;
-ocr page 14-ce itiefme propos cftant Platon interrogé, quellesrichefles perdura-blés on pourroiracqucriraux cnfans:le conformant audned’Aii-ftippus, Celles (dit il) qui ne peuucnt craindre ny la grclledu ciel,ny la rage des ventz, amp;nbsp;vagues de la mer,ny les incôneniens de la terres quiiontlesfciences liberales, viande du nobleentendement. Ceux donc qui ont efcrit de la vertu amp;nbsp;merite des hommes, neleuront feeu attribuer plus grande louange, que d’auoir longuement peregrine, amp;nbsp;curieufement veu amp;nbsp;obferuc, retenu, amp;nbsp;depuis faid pat-ticipans les autres (moyennant leurs eferits) des choies plus dignes amp;nbsp;nngulieres,par eux veüesamp; obferuecs en leurs loingrajnes peregrinations. D’autant qu’ancc yn tant noble exercice fc radafie le dc-Ïir.s’cfucillele iugcmcnt,s‘cftainél l’oifiuité (quieftla mere de tous vices) s’efclarcit le cueur, s’occupe le temps : amp;, outre le proffit qui en prouient, s’y defpend la vievertueufement. Et d’icy vient que les anciens Romains auoyent de couftiimc, que toutes les fois qu’ils enuoioyent leurs AmbalTadeurs aux nations loingtaines, amp;nbsp;par la longueur du chemin,moins conneries: outre les charges de leur Ambàflàde,leurdonnoyent commiffion cxprelTe, quependant le temps de leur demeure auprès d’iceux Princes ou peuples, ils fuflent diligcns obferuateurs de voir,con(rderer amp;nbsp;eferire leurs ordres,cou-ftumesamp; décrets. Religion amp;nbsp;luftice. Laquelle chofe par laps de temps vint en tel prisamp; eftime,qu’cftansiceux AmbaHadeursae retour àRome,tclscomnicntairespar euxfaids au.beneficeamp; inftru-âiondeleur pofterité amp;nbsp;république, eftoyentfidelementpofez amp;nbsp;con(tgnez au temple de Saturne. Que dirons nous des fages Vénitiens? quinepermettentiamaisparuenir à la fupreme dignité du gouuernement de leur République, finon vn viellard bien experi-menré,quiaytnauiguéamp;peregrine en diners lieux, amp;nbsp;en pluueurs charges honorables de leurs publiques affaires: à fin que quand en leur pretence on vient à difputer des ebofes, itz fcachent rédreraifon • plusaffeurceàceux qui en parlent amp;deuifent. Caril eft mal aiféà difputer amp;nbsp;certainement afieurer (quelque lefturc qu’on aytfaiûe) d’vne chofe qui eft incertaine amp;nbsp;nonveüc, dont plufieurs citez amp;nbsp;Rcpubliquesfontpcrics.Cequia donné argument à Strabo ce grad Géographe d’appeller en diuers endroits de fon premierliurc, les hommesvràyement groftiers amp;nbsp;peu aptes aux affaires publiques,lef-quclzn’onttouché ny côneu les points de la Geographic: laquelle fcicncceftoit en telle réputation enucrslcs Romains,qu’ilz fc nom-Jtncrcnttuteursdesfcienccsliberales: amp;nbsp;tantaimoyentla vertu.que
Élius
-ocr page 15-Elius Spartianus recite,qu’Alexandre vingtiefme Empereur de R o-meauoit cfcht en vn liurc feeree tous lesnobles amp;nbsp;vertueux des Romains: amp;nbsp;lors qu’il vacquoir quelque office, non à la priere amp;nbsp;re-■quefte des coureurs des portes, ny defes importuns couicifans : mais à la feule relation defonliurey pouruoyoit. Maislailfonslà tous ces anciens, amp;nbsp;venons à l’eternelle mémoire de ce grand Roy François premier du nom, vortre treshonoré Seigneur amp;nbsp;ayeul, Prince entre tous les autres de nortrefieele, digne de toute louange amp;nbsp;honneur: Jamaiertcduquelacrté, amp;nbsp;fera à perpétuité de toutes nations tant reuerce par fes rares vertuz amp;libcraktez,qu'à iuftctiltre il a erté appelle le vray Mecenastuteuramp;protcâ:eurdesverruciix amp;nbsp;fçauants, Pere rcrtaurateurdebonncslcttres en ceRoyaurne,amp;de fcicnces li-berales.Et tout ainfi que le regne d’vn 11 grand Roy a erté heureux en fon excellence, auffi a il erté le plus floriflant entre tous les autres, enroute vertu amp;nbsp;fcicnces. Car quel honneur plus grand peuuent efpererlcs Roysamp; les Princes,qued'honnorer amp;nbsp;fauoriferles cho-fes honorables amp;nbsp;vertueufes, amp;nbsp;fe feruant des hommes de fçauoirles rémunérer félon leurs merites amp;nbsp;feruices ? d’autant qu'il n’ y à chofe qui tantexcite les bons efpritsàbien faire,queles bienfaits amp;nbsp;libe-ralitez des Princes, Car combien que l’opinion de Callimaque foir, que les richefTes fans vertu ne peuuent beaucoup elleucr l’homme: auffi y peut il biéadiourter, que pour le iourd’huy vertu fans ricbelle a bien peu deluftre. Ce que procède dcl’inconftance de l’aucuglec Fortune,laquelle (comme diâ: Epidete) eft fi variable, cruelle amp;nbsp;defiaifonnable, que le plus fouuent elle déprimé les bons, amp;nbsp;efieue les mefehans : elledonncles honneurs, richellés,amp; dignitez auxin-dignesamp;ignorans, amp;nbsp;afflige parpauureté les iurtes,amp;vertueux : amp;nbsp;ce qu’elle orte aux gens de bien, elle le donne aux iniques amp;nbsp;mal-viuans. Dont à bon droit fe doit eftimer le regne d’vn Roy grandement ingrat amp;nbsp;malheureux,auquel on ne met difference entre le vi-tieux amp;nbsp;le vertueux, amp;nbsp;de l’ignorant au fçauant. Ce que ne doyiient cfperer devons vozfubieélz, Sire, pour le bon cfpoirqu’ilz ont co-ceu, à tant d’excellentes graces amp;nbsp;diuines vertuz, qu’il a pieu à ce grand Dieu inuiüble amp;nbsp;immortel,desl’heure de vortre naiffance, vous ertargiramp; conférer: amp;nbsp;le meilleur tefmoignageqnis’en puiffe tirer,c’ert qu’ayantfuccedéenfi grandeieunellc à voz rreshonno-rez Seigneurs, Ayeul,Pcrc,amp;Freie,au gouuernement amp;nbsp;adniini-ftration de vortre Royaume, auffi aucz-vous voulu fucceder à leurs Vertueux defirs amp;nbsp;magnanimes liberaUtez, en vous rciglant parcil-
A 5 lement
-ocr page 16-lenient aux fingulieres vert uz, grandeur d’efprit, prudent con-feil, amp;nbsp;fage gounernement de cede grande amp;nbsp;vertueufe Roync voftre treshonnoree Dame amp;nbsp;Mere. A quoy continuant,Sire, il ny a doubte que yous ne refueillcz amp;nbsp;excitez tous les bons, amp;nbsp;folides efpritz de vodre Royaume, quiquot; ia puis quelques années fe commencoyent à alfoupir amp;nbsp;endormir, par nonchalance, amp;nbsp;dcfclpoir de mieux auoit, 'ou d’edre plus auancez pour leur fçauoir amp;nbsp;feruice. Et de ma part. Sue, n’ayant rien eu toute ma vie en plus grande recommandation, que de chercher les moyens de vous faire (comme tous bons fubiedz amp;nbsp;ferui-teurs font obligez) quelque particulier feruice : l’auois de long temps propofé, pour la recreation de vodre efprit, de vous offrir amp;nbsp;prefenter les premiers fiuidz de mes Orientales nauiga-tions,parmoy faites foubz le Royal commandement de feu d’heureufe mémoire, vodre treshonnoré Seigneur amp;nbsp;Pere; durant lefquelles pour n’edre taxé d’oydueté, amp;nbsp;ne me mondret moins diligent que curieux, ie n’ay voulu fallir à fimitanondes fus aleguez Romains, de foigneufement voir, amp;nbsp;obferner, eferire , defigner amp;nbsp;reprefenter, toutes les chofes-plus mémorables, de ces barbares nations , que i’ay penfé edre par deçà moins cogneuës, quant à la firuation des païs amp;prouinces, aux mœurs amp;nbsp;habits des perfonnes, coudumes , Religions amp;nbsp;ludice: h l’injure amp;nbsp;cruauté du temps , amp;nbsp;calamitez des dernieres troubles (qui tant ont edé pernicieufes en vodre Royaume ) ne m’eneuf-fent odé les moyens amp;nbsp;le pouuoir. Et d’autre part, cognoilfant en moy-mefme le peu de fçauoir amp;nbsp;fuffifance ( quant aux lettres) qui ed en moy, pour n’y auoir faict tel exercice quelede-uoir de mon edat le requerroit: amp;nbsp;par ce moyen 1’eminent danger, qui fe prefentoit à mes yeux, de tumber aux filletz des malles bouches amp;nbsp;ignorans (aufquelz à bon droit on peut di:-re que
La vertu leur fert de rifee: Et la fdence mej^rifee S’efeouk^ zsr leur vient à nteßtri^. ^en ne leur platei que l’ignorance.
Dejfou5:^
-ocr page 17-De^oub:^ le ?na/que d^^rrogance, Qm fai^l rougir les mieux a^ris.
m’auoir longuement refroidy de telle entreprife. Mais d’autre part, confiderant que toutes les avions des mortelz,loyent publiques ou priuees, font fubiedes à calomnie, (laquelle n’efpar-gne perlonne pour doéle amp;nbsp;fçauant qu’il foit) amp;nbsp;que la vertu agitee, tant plus ell’eft esbranîce, amp;nbsp;plus demeure ftable amp;nbsp;ferme, amp;nbsp;plus louuent eft aHaillie amp;nbsp;plus elle le fortifie: mettant toute crainfte en arriéré, amp;nbsp;defrobant quelque peu de temps, qui deuoit eftre employé a la charge qu’il a pieu à V. M. me bailler, de la vifitation amp;nbsp;defeription generale de voftre Royaume, me fuis en fin refolu de pourfuyure, amp;nbsp;mettre pour coup d’efTay , ces quartes premiers liures de mes fufdiéles Nauiga-tious en lumière, accompagné de foixante figures, tant d’hommes que de femmes de diuetfes nations, port, maintien amp;nbsp;ha-bitz, que l’ay extraites du naturel fur les lieux mefines, amp;nbsp;aueefraiz, amp;nbsp;labeur incroyable, faicl curieufement graueren cuyure amp;nbsp;imprimer le tout foubz le nom faueur amp;nbsp;fupport de V. R. M. à laquelle toutes mes œuures, labeurs amp;nbsp;trauaux, (voire ma propre vie) fo'nt auec toute humilité dédiées amp;nbsp;consacrées . Ce que ie luy fupplie treshumblement vouloir accepter, ^ receuoir auec telle humanité, qu’elle a accouftumé de fauorifer toute vertu. Et fi tant de bien m’adulent, que par vofire libéralité ma fortune foit tat augmentée, que de pouuoiv tirer quelque fruift des continuelz feruices,amp; hazardeufês entre-prinfes, que i’ay faiélz puis vingt amp;nbsp;cincq ans à voftre coron-né ; ce me fera augmenter le defir, que i’ay, de parafeheuer foubz V. R. nom, le Surplus de mes longs voyages, auec les Cartes amp;nbsp;defctiptions Géographiques, Topographiques amp;nbsp;Co-rographiqucs des pars, citez, chadeaux amp;nbsp;portz des mers;auec le plain teleué, que i’ay fort curieufement de la cité de Con-ftantinople, fiege de l’Empice des Turez : cnfemble , l’ordre, c-ftat, offices, gages amp;nbsp;dignitez de la maifon de leur Empereur, l’ordre qu’il tient en les armees, par mer amp;nbsp;par terre, amp;nbsp;quand il chemine par fes païs. Ce que ie m’alfcure n’auoir encores edé (aumoins que faye veu amp;nbsp;entendu) fi curieufement eferit, ny plus viuement reprefenté.
A 4 Sire
-ocr page 18-Sire le fouuerain Dieu vous Joint la prudence du fage Roy Salomon, pour bien gounerner amp;nbsp;régie voftre Royaume Si voz fubiedz, la félicité d’Augufte, la grace de l’Empereur Titus, la renommee amp;nbsp;gloire d’Alexandre, amp;nbsp;le long regne d’Ar-ganronius.
De voftre Royal cbafteau de Molins en Bourbonnois, ce premier iour du moys de May, l’an de grace 1567.
V. K ^lt;, U,
Le treshumble ç^ tre/ohiffant fiêieR 'Var» gt;nbsp;let de chambre i^ Geo^raphe ordinaire^, quot;nbsp;quot;Nicolas de Nicolay y Ï)aulphynoîs,
Elegie
-ocr page 19-Elegie de P. de Ronfard Gentil-homme Vandomoys, à N. de Nicolay Daul-phinoys,Seigneur d’Arfeuilk\ varlet de chambre,ôc Géographe ordinaire du Roy.
OIT que l’homme autre sfois d’-^rgiUe retafee^
Fut au pourtrait des Dieux moulé par Promethec^r Soiiifuerhumertr du Nil,fKir.icls fiompareil, L’aitproduif, ejchaufee aux raiüfts du fiki/, ^u^andla terre pefante au centre def^ouree^ Igt;u de/ fin compagnan fi trouua fiparee^ : L'homme efi vrayement diuin,fituant,ingcniei(Xf Et fur tous animaux lep/us femb/ah/e aux Dieux, Earfaidi en fin diuers : car de cent mi/Ze c}^mb/c^‘ En ne fi peut trouuerciui à l’autre refimble^. Non lespeuplesyui font diuerfement loingtains^ cMals lesfreres, lesfeurs (jf les confins germains.-Ettoutainf eiuil'^ fint different de vifiges^ Il'Edifièrent aufi de mæurs. efr de courages.
L’vn ayme fins renom le cafinier repos, L’autre à fis ennemys enfinglante^ le dos . L’^n reuefibe d^quot; chagrin languit defus vn liurc^,. L’autre de la faueur des grands Princes s’enyurc^. L’i/n ayme le barreau, (jr fiant auparejuet, E euend au poix de l’or fin auare caquet.
L’autre fend vn rocher pour vn palais du Louure^,. L’autre près des Enfers les minières decouure.j. L’^n fillonne la mer, voguant de toutespars, Et prodigue fa vie hofefie des ha'^f'ds : L’autre parmy les champs exerce fi» ouuragc-j.
Et
£/ courbe /ur be foc frauàîffe au labourages, criais i’efime fur toits celuy le plus heureux, ^ui deuant i^ue vefir le cercueil ténébreux, ■^^iff^ P^’^ 1^ 'Vertu, maugr^ la Pansue noires, D auoir iadû vefu quelejue belle mémoires •
lt;-^ toy Nicolay appartient ce bon heur, ^d as dés ton enfance aymé toufours l’honneur, ^ux armes t’adonnant, à la Copnographies, ^ux defaings, aux pourtrait^, à la Geographies» £t a mille beaux art\, t^ue ton diuin efrit Prefuedés le berceau diutnement aprit.
Puis ieune abandonnant les Françoifis prouinces, Pour obéir aux Eoys, gui lors'furent noz Princes, ^ ce grand Eoy François, d'' ^ fm fl^ Henry, L’vn du docle Apollon, l’autre de e^ars chery :
F 'vn gue tout l’uniuers apres fa mort honore : £t l’autre gui aux fens feruiroit bien encores. Prince doux (f- bening, leguel n’a dédaigné, De fs plus grande Seigneurs efant accompagné, D’aller en ta maifon voir mille belles chofis, ^ut dans ton cabinet proprement font enclofs: ^ufi pour inciter à l’exemple de toy D’efrit de fes vaffaux à bien feruir le Eoy.
Donegues dés ton enfance aymant les chofes belles, £t curieux de voir mille terres nouuelles, i^moureux de vertu, ennemy de repos, ^yant comme le corps, Teffrtt fin f“ difos, Tu courus voir premier les nations prochaines. Ceux gui vont habitant les Bourguignonnes plaines, Hennuyers, Brabançons, Liegeou, dquot; Flamans: Puis tu pafos le Rhin, dr quot;vis les Hilemans, Des Hongres , dr tous ceux gui d’vne bouche froides Boyuent les eaus d'ffer de glace toufours roide^. Tu vis les Tranfluains , Dates dquot; Pelannoys,
£t le/
-ocr page 21-JEt les Fra^c/fx^ens les ay eux ties F ran cay s.
Tu vis Hongrie, Prujje,amp; Sueie df Goshic^, Tes randales, plains grands peuples de Scythic^^ Puis gaillard,retournant en zfn pais plus ehault,. Tu as 'veu l'iberie, oit le foleil d’enhault
Plonge en l’eau ßs courßers, dgt;“ tournoyant la terrera Comme ce grand ßamheau, tu as veu f^ngleteryc^f ^’^fi‘’(ß gt;nbsp;ribemie^df ^tsut ce t^ue la mer
Peut en ß; promenant de ßs bras enßrmer .■
I^e la tu vis l’Italie, df la belle contrées ßui iadû che f du monde au monde s'eß monßrec^t • Tt nef orcs plus rien, ßnon ßrue de ceux, Jßa iadis luy feruoyent de triomphes pompeux. Pais tu ofts dompter la tempefe enragee Des ondes d’Ionie çb* de la mer jlcgee £t l’humide fureur des Propontides eaux, ß/a bornent aux deux boutz, les Boßhores lumeaux..
Puis laijßnt le trauail de la mer eßumeuß, Tu vins ßrgir au port de la ville fameufe, ^^^ legrand Conßan/in accroiß^tß/j renoms Enrichiß dej’Empire (ß orna deßon nom..
De là tu allas voir les Royaumes d’(.^ße, Jnfdele demeure aux peuples de Turquie.
Tu nos certes eße en ces terres eiff, .dins les diuers pourtraif^tu nous monßres au viß,^ Des temples, des chaßeaux , des reßons entières, Des palais, des cite^, des portz, amp;nbsp;des riuieres,, Par tout oit tu paßis ne laißnt rien de beau : Sans le repreßnter en ton doUe tableau t Et fans découurir les viues pourtraitures Par encre amp;nbsp;par couleur de diuerßs veßures ,. Des ßiences, des mieurs çb” des religions, ^ua ornent les grandeurs de tant de regions •
Sthie»
-ocr page 22-St bie/t (jae deforntais, (auf plttf partir (be Fra»ce_j, ^^ßre Françotf aura parfaicie cag/joiffaKce^j Igt;e ces peuples loiftgiaitts^ tjae Charles ce p^rattd Rey Doit furmonter 'vu tour, amp;nbsp;leur do^tter fa Loy. Si r/as tu pas trouué la France plffs tranejui/le^, ^e la mer gui toufours de 'values esi mobiles. Tu l’as trouuee en guerre, df plaine de foldats. Foufee a la fureur de Bel/one dr de z^ars.
Ft ce trouble fafcheux e(l la caufe premieree. De guoy ce Hure tien neUoit mis en lumières : ^ui or comme 'vn enfant nouue/lement conceu^ Ff de tous à l’ennuy auec faueur receu.
Le Roy le fauorife, cries terres effranges Honnorent ta 'vertu de diuerfes louanges.
Car 'vn f beau labeur merite en tous endroits. Le bon acueil du peuple, ((t‘ la faueur des Roys.
PREFACE
-ocr page 23-PREFACE A LA
LOVANGE DES PEREGRI
NATION s ET OBSERVATIONS eftranges, déclarant l’intention de l’Auteur.
B*A R C H E T Y P E du genre humain, le premier hô- Le premier hs me amp;nbsp;dernier chef d’œuure du fouuerain Créateur de “'« quot;ômé Adi l’Vniuers, parluy fon formateur fut nommé Adam, ^?““''!“®’'* nom fignifianc Terreftre ou Ternen ; non feulemét pour ce que la matière de fon corps formé eftoit terreftre: mais plus pour ce que la terre vniuerfelle fut donnée pour propre pofleffion corporelle amp;nbsp;habitable demeurâ-ce à ce terrien Monarque des animaux,le Ciel referué au Se ic nevr DiEv amp;nbsp;aux bons eipits de luy iffiiz amp;nbsp;à luy retournans, iouxte ccgt; Royal verfet prophétique, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r
DuK re/inte j^aur f«y le Ciel d’^fîres wnê, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t
La terre ronJe aux fix^^es hommes a donné,
Orcommelarefidenceamp;lacourd’viiRoy, ou d’vn grand Prince ne luy ,.. . ; .p-' eftpoint confinée en vn certain chafteau, bourg, ville, ou cité de fa domi- j^ 1’bô'm^eft nation :ainsefteftendüepartoutesles marches,amp;contrees de fes pais amp;nbsp;pat tout le Royaume en quelconque lieu où aller il luy plaife. Ainfi de ce noble Prince monde. desanimauxfquieftl’hommeàdroiétecftancedecorpS amp;nbsp;de face efleué, chef fur les belles qui femblent eftre à telle enclinee, amp;nbsp;corps prone foubz luy condamnées lii aflubieôlies)la demeurance n’eft point terminée enl’e-llroiéle elofture d’vue maifon, d’vne ville, ou d’vn pais natal : mais luy eft eftendüe amp;nbsp;defeouuertepar toutes les terres habitables amp;nbsp;mersnauigables, faifant vn globe infpiré d’air,amp; efmeu defeu,encloz dans la Sphere lunaire : luy ayant le Seigneur Dieu conftitué fon heritage (comme did l’Efcri-ture) les termes amp;nbsp;dernieres fins de la terre, de l’Orient à l’Occident, amp;nbsp;du Septentrion au Meridian. N’eftant tout ce grandpourpris eftiméoli eftima-ble à l’homme,fînon comme vne grande cité vniuerfelle, commune aux oi-feauxamp;infedes,belles amp;poiftbns,amp;auxhommesanoblizdelaraifon,qui L'homeedrei Îiarauthoritéamp; dignité d'icelley tiennét Seigneurie Ariftocratique fur tous g“'“'*^ mates autres animaux. Touslefquelz félon leurs diuerfesefpeces, font côfinez, aohnaux.“* '* amp;nbsp;limitez en particuliers elemens propres amp;nbsp;naturels à eux:comme les To” animaux Pyralides au feu,les poiffons en l’eau, les oifeaux en l’air, amp;nbsp;les belles mar- l'homme ex ce citâtes ou traînantes en terre.Ie dis encores qu’ils fontcontermineznófeu- ^“c^’^'Xquot;-lementen leurspropreselemens, mais bien plus anguftemeneen certaines tainselemen». parties amp;nbsp;réglés d’rceux. Et (comme didPline) c’elt vue chofe admirable, la natu-
-ocr page 24-P R E F A c l.
lanlturcauSr baillé non feulement a vnes amp;nbsp;autres terres amp;nbsp;mers, vnsSi Lieux certain» autres anifnaux diuers,.mais (que plus cll)en certaines places de mefrae afli-aifignez à cet- ctteles auoir deuiees, amp;nbsp;en l’autre non. Comme.enla Morfîaneforeft d’Ita-tunct belees, lie Ics dirons ne fe trcuuent qu’en vne partie d’icelle. En Lyrie les cheures fauuages ne paflent iamais les mons,qui confinent la Suric,ne les afnes fau-uagesla montaigne difierminant Cappadoce,cómc aulTi les Cerft ne Che-ureux ny Ours.les Jbides ne.voknt qu’en Egypte, le Phénix qu’en Arabie. Les Balenes ne nagent q'u'en la merOccane du Ponent, amp;nbsp;non commune-meneen lamer Méditerranée,lesharenezAefepefehent qu’en la colle Britannique de la grand mer, hy les Erturgeons qu’en la mer du Leuant. Les loups ne peuuét viurc en Angleterre, ny au mot Olympe en Grece, ny en . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. ■lt;landie,dùauiri o’oftaulcunebelle maléfique, finonle'Phalangeon, comme
, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;laG?ule., bien,heureufe(dill faint Jarofme) ne porte belles monllrueufes,
V ^Wks*^^“^*^®® ^ cruelles. Les Elcplians amp;nbsp;Chameaux tranfporcez en Europe,n’y œo^ltcuia. dureatguete, non plus que les heures en Mille d’Itaque qui incontinent/
rncurent,les ferpens dangereux,amp; montiferes Bafiliques font feulement en Lybic,lesTigres.enHircanie.Par ainfi chacune,efpece de belle par ordonnance naturelleen conterrainee en certaine partie du monde, voire de régi lt;gt;n,d‘ond elle nepalfepoiut les fins, finon par violente force. Maisàl’bô-i mç comme Seigneur jôe Prince de toute la ronde terrienne, amp;.' marine, toutes terres amp;nbsp;mers font ou doibuentellrepar droiét de nature ouucrtes,pa-tétes,amp; defeouuertes. Et par tous les Gli'matz,par tousairs, amp;nbsp;foubz quel-L’hommepeut conque part du Cicl,l’homme par-vn prerogatif benefice de Dieu fon Crea-viure en cous jç^j. pçyjj viure,fpifer,prendre air, pallure amp;nbsp;nourriture, fans grade olfen-Ehtôusles en ccnelcfion (sùlfeattempere)nedefafanté, ne de fa vie.En forte que par dfoiuduijiô- toutes les tefresferme«amp;les-Illesn’y a part, oùnefetreuue forme d’hom-habuaiu”^'^* me habitant. Ce que faift vn grand argument amp;nbsp;tefmoignage que l’hom-.Lc mode vni- me çll le feul animant pourlequel tout le monde ell faiôl, amp;nbsp;qui par fa rai-uerfel eil le toi fon iuge amp;nbsp;ellimel’vniuersmondeinférieur ellrc fon Empire, fon Royau-gt; aumedeEmpi me,facité,voirefamaifonquand àla vieprefente, le Ciel elperepour la Foctates °æ'' fi'^^'^^' D’ond lefage philofophe moralinterrogué deque! pais il elloit, re-
fpondit dire Cofmopolitc,c’ell à dire citoyen du monde. Cela donc ellanc pofecertain amp;conllant, que ce monde foubz les deux tant munde, tant beau,tant oriié,tantgrande,taiit large,amp; tant eflédu qu’il dlauecfes eaux L’hommedoit Fcmplilfantes les cauitésdu globe,foit la feigneuriaUe habitation del’hom-vifiuTamp;'cog- me, àluyparfonfouueialnbailleeamp;mife en main, comme le ligne en de-nbiiire toutes monUrent les figures amp;nbsp;llatües des grands hommes Alexandres, Cefars, Sc ’ les parties du charlemaignes ,tenans en main la tripartie pommeronde. La raifon veult monde. amp;naturefemblelccommanderàl’homme de chercher, vifiter, amp;nbsp;enquérir fçauoiramp;cognoillre cous les dires, toutes les parties amp;nbsp;manfions de fon vniuerfelle habitation. Car.fi le Prince d’vne prouince, ou le Roy d’vn Royaumefaicl reueüe de toutes les marches amp;nbsp;contrées fubiedesà facorô-: fbn't'fu.biètfes quot;^’ deschaileauxamp;forterelfes, des plats païs, villages,bourgs,bonnes vil--iflioaunc. 1®^ amp;nbsp;citez, où il faid fes entrees, prent recognoiflancede fes fubiedz amp;nbsp;de*
chofes qui y font àluy touchantes amp;nbsp;appartenantes; A plus ample raifon, l’hora-
-ocr page 25-P RE FACE.
l’homme quFenfon efpece eft de Dieu eftably amp;nbsp;conflitué dominateur de ce monde inférieur, amp;nbsp;des creatures qui y lbnt:iouxte celle iuthorité du
Pfalmille au Pfalm. 8.
T« as ■voulu au^ piedz^ d'homme Jauhmettre , lom animaux ■volans^ nageans, marchais.
Tu M foubmù à lu^ [emnme le maiHre )
Rrebu (T bieufs, toutes belles des champs, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I
Cyféaux du Ciel, Poiffons marins trenchans..
Ves grandes mers le chemin deaoyahle :
Brief tu Pas faiS image à to^ femhlab’.e.
Et par raifon de tous legouuerneur,
0 cjue ton nom en terre eÜ admirable,
0 Seigneur Dieu, 0 Dieu nvßre Seigneur,
Certes il doit bien au pris eftre curieux amp;nbsp;follicitement defirant dè circuit, fi poftîble luy eft , fon mondain Empire,le voir,vifîter, amp;nbsp;co-guoillre en toutes fes parties amp;nbsp;touresles chofes mémorables qui y font: nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^^j^ pour fatisfaire à Nature amp;nbsp;au Seigneur Dieu, qui a ordonné amp;nbsp;propo- femonde. fé l’homme ratiocinant pour eftre fpeôlateur,amp; contemplateur de fes ceuurcs admirables à fa gloire amp;nbsp;louange auec aétion de graces: Et qui pour cela Semble auoir baillé à nature humaine auec la raifon, l’oraifon, amp;nbsp;parolle communicatiue en diuerfes langues: à quay Virgile faifant allufion ainfi diû,.
L’hóme doit dire curieux devoir Ôi’cc%-
Les gens- z?quot; j^aîs,
Sont par langues dittis,
D’ond eft né ce prouetbe vulgaire du temps, que l’vn des- troys grands voyages eftoit à Rome.
lt;^i langue ha^
tA Rome 'va-.
Car pour certain l’vn des principaux amp;nbsp;plus neceffaires organes à la communica-oeregrination eftangere eft la communication de la langue, r’alliant les tiondela Un-hommes de diuerfes regions en amitié, amp;nbsp;confederation , qui autre- gue ueccilair» ment feroyent ou ennemys, ou pour lemoins mal fociables amp;nbsp;fufpefts *'***quot;8quot;'P'' les vus aux autres en leur efpece: comme font les belles, brutes amp;nbsp;fau-nages par deftault de ce commerce des langues amp;nbsp;parolles. De toutes lefque’Ies raifons fe peult colliger, que Dieu le Créateur a conllituc amp;nbsp;eftably l’homme en fa forme Seigneur amp;nbsp;polfefleur de touresles terres, mers amp;nbsp;ce qui y eft comprins: luy a donné inftinft de vouloir cognoiftre fa polfeflion temporelle iufques aux demieres fins , luy a donné la raifon pour guide, la parolle’conduifte amp;nbsp;addrelfe, force dè droite eftance. lie tollerance de labeur, amp;en delfaillancefupporcde belles d’aide, art de Nauigation pourpalferles eaux, cognoiffance des lumineux amp;nbsp;réguliers corps fuperieurs celeftes , pour feure addreffe eu ces voyes (ans trace,langues pour côniunicaciDn,viuacitédurablcen. toutes regions, betout
-ocr page 26-Pournuoy fe ^ *®“* âir;â cclIc fin (comme il eft croyable) que par telles peregrins* font les pete- tiQgt;''S^communications toutes les nations diuerfes du mondefeappri-jtiiiatioas. noifent amp;nbsp;familiarizent les vues aux autres, fe eraendent mutuellement les vices barbares, fe enfeignent pareillement la vraye religion,les vertus amp;nbsp;honneftctezmoraleSjCiuiles amp;nbsp;politiques ;fe communiquent amp;nbsp;dillribuéc les vues aux autres par mutuel commerce, égal amp;nbsp;gratieux efehange leurs propres bicns,metaux,boys, drogues, fruiéts,plantes,hellial, lainages, lin-ges,foyes, peaux, ouurages, amp;nbsp;autres matchandifes amp;nbsp;commoditez par abondance des vues recompenlànt la defFaillance des autres: tellement que toute terre femble tout porter, amp;nbsp;que toute la terre auec tous fes biens foit veueeftreen proprietécommune, amp;nbsp;en communautépropre à tous amp;nbsp;chacuns hommes de quelconques pais, langue ou nation, par telle réciproque vifîtation, cognoilfance amp;nbsp;communicatiue alliance,en oftant celle arrogate prefumption vfurpee des Gréez amp;nbsp;Romains,de tenir amp;nbsp;appcllcr vn autre homme,ou autrenation plus barbare quefoy ou la fienne.AinsplulloftelU-Xnl'Andue. mer comme le viellard Terentian, qui didainfi : Comme iefoyehomme,ie n’ellime rien humain elite de moy ellrange.Et ainfi par tel Symbolifme de peregrination feface finalement de l’vniuerfel monde terrien, vnecitéco-mune aux hommes, voire vue maifon, d’ond legrand pere de famille foie Dieu, Sc ie filz aifné I f s v s C H a t s T,felonla prediction duquel en fin foit faite de toutes les brebisdifperfees,vnebergcpe bien alTemblce,dontil foit lepalleur, qui apres celle habitation tcrrellrepour les corps peu durables nous à promis infalliblement le Royaume celelle pour les efpritz pardurables. Voila le fruiôl,le bien amp;vrilite non feulement propre amp;nbsp;particulière, mais publique, commune amp;vniuerfelle des externes amp;nbsp;loingtains voyages Tons bon« e- de la terreltre amp;nbsp;maritime peregrination, amp;rcueüe du monde. A laquelle fprits font lia- me femble dire né, amp;nbsp;naturellemét enclin tout bon amp;nbsp;noble elprit dè na-dws Tvoya- turebien informé,par fa fublimitéelleuât fon corps.malîlf amp;nbsp;le faifant mou ges loingtainj uoir, amp;letranfportanten diuers lieuxellrâgesamp;loingtains,par farauilfan-i^ peregrina- te agilité, ainfi que le feu donne treslôubdain mouuementau pefant amp;nbsp;im-mobile boulet d’artillerie. Ce que bien ayans entendu amp;refenti en eux mefmesaucunsexcellens hotpmesde trefprcHante fapieneç amp;nbsp;vertu, ne fç font peu contenteu d’auoir fiæplement eu I4 cognoilfance de leurpriuee imaifon, de leur ville ou cité, de lepr patrie ou region,n’opt efiimé allez d'a-uoir literalementlcu, ouy amp;nbsp;entendules lieux, les. eftats, amp;lçs moeurs des dlrâgersRoyaumes,peuples amp;nbsp;prouinces pat^pprouqez ççfmoignjges des eferiptures Cofmographiquçs amp;nbsp;hiftoriaUes, en feur amp;nbsp;tranquille repos. Ains ont mieux aymé fe bazarder à tous dangers de morts., iinaladies,pri-fons,çaptiuitésjefcl3ues,feruitudes, amp;nbsp;4to,us peril^dp ciel,defallrc del’aif inclement, des vents defptteux, des mers tormepteufes /dès hommes ipb.u-mains,des fiercsbelles fauuages,çruelles,rauilfantes,deuorantçs,oq yent-meufes, pourvoir amp;nbsp;cognoiitre à l’œil plus certain que l’ojeiHç leymerped-Ics que lefouperain Arçbitèôle a mis dans fon excellent çeuqre dp monde, pour e(lrea tous communes au regard, cognoilfance amp;nbsp;admiration, amp;nbsp;à là gloire dçlouange de leur auteurique dedemcurer toujours çôme yne tortue
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tue en fa maifon, qu’ils eftimoyent prifon, où comme vn boiteux cor-douanier (comme did le prouerbe) perpétuellement affis en fon hollel, où nefe voit qu’vne mefme face vniforme des chofes, là reliant l’homme oyfeux amp;nbsp;inutile charge de terre . Entre lefquelz a efté le principal amp;nbsp;premier par antique mémoire des eferiptures , le réparateur du monde , le Patriarche Noé , par les Egyptiens appelle Ofiris , amp;nbsp;des Noë le pré-Grecs Dionyfos , parles Latins Saturnus , qui après le grand deluge mier amp;nbsp;princi amp;nbsp;cataclifme des eaux (à l’occafion duquel, amp;nbsp;quafi par diuine proiii- Ç“*’^“^“/quot;* dence luy fut fuggeré moyen amp;nbsp;fcience de nauigucr) circuit amp;nbsp;vilita t^^“o^.'' auec fa femme amp;nbsp;fes enfans , toutes les parties du monde habitable, en compaignie de paix , tranquillité amp;nbsp;à main paifîble , amp;nbsp;benefique: tant pour y cfpandre les relies du genre humain, dillribuer la fapiéce à luy diumement donnée, les iuftes loix, les bonnes fciences amp;lcs chofes vtiles à la conferuation de la vie humaine : que pour voir amp;nbsp;lullrer le monde, ainli que fa maifon, amp;nbsp;lacafed’ond il elloit patron , amp;nbsp;les niembres d’icelle faire partagea fesfuccelfeurs - Après luy feit lefem-blable le grand Hercules (full Libyen, full Grec, full Gauloys) quiaufsi HerculM, environna amp;nbsp;rechercha le mode, mais à main armce,amp; pour autre fin: c’eft alTcauoir pour purger par contreforce vertueufe les terres infedees des maux violens, qui pullulez amp;nbsp;parcreuz y elloyent, corne de cruels geans amp;nbsp;Tyrans inhumains,vexateurs des plus infirmes,^ des belles ou monllres cruels amp;nbsp;pernicieux au genre humain. Efquelles peregrinations amp;nbsp;faids magnanimes en icelles tous ces deux lullrateurs de la terre fc font acquis nom d’immortalité. Confequemment plufieurs autres Héroïques per-fonnages tant d’armes que de lettres: Comme lafon en l’expédition de la lafon. toifon d’or, Vlylfes en fes décennales erreurs au retour de la guerre deVlyffc#. Troye : furlefquelles ont elle deferiptes les nobles Poëfies Argonautiques, d’Apollonius amp;nbsp;Valerius Flaccus, amp;nbsp;la variable Odylfee, ôc d’icelle ex-traide l’excellente Geographie de Strabon . Semblablement le myfiic Pythagoras à la cuylfe doree, qui laiffant fon Ifle de Samos amp;nbsp;la dode Pythagoras, Grèce, trauerfa les mers pour alleraux Chaldees d’Egypte, amp;nbsp;aux Mages des Perfes pour apprendre leurs arcanes myfteres. Et Socrates, qui Socrates, parellranges alleesfuyvoit en tous lieux la Sapience comme fuyante par tout le monde. Ce que auflî feirent leurs imitateurs Apollonius de Tyane amp;nbsp;Platon, Car Platon non content deladodrine Grecque, amp;nbsp;Platon, delà Socratique Philofophie, nauigua en Egypte extreme, pour apprendre les lettres amp;nbsp;la diuine Sapience des Sacerdotz amp;nbsp;vaticinateurs Pre-llres Egyptiens qu’ilz auoyent retenuz deMoyfeamp;des Hebrieux , L’autre Apollonius de Tyane abandonnant fon pais, fes parens amp;nbsp;fes biens alla Apollonius, veoir les Memphitiques Hiérophantes du grand Caire, amp;nbsp;la tant renommee table du Soleil alfife fur le fable. Puis trauerfa le grand Mont Caucas, vifitalesBrachmanes, amp;nbsp;difputaauec le Sage Roy Pharaotes : finalement pénétra iufques aux extremes Indes Gymnofophiftes , pour voir le diuin Hiarchas Prince des Sages Indiens, affis en throfne d’or amp;nbsp;difputant des primes caufes des chofes hautaines excedentes le fens com-b mun.
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mun3 amp;nbsp;beuuant l’eau de la fupernaturclle fontaine du Tantal, d’ond auffi il prefenta le boire à Apollonius. Duquel la miraculeufe vie amp;nbsp;laborieufe peregrination a donné argument a Phiioitrat d’eferire fon hiftoire autant Hannon Car- delectable que admirable, Pafferons nous auffi foubzfilenceHannon ce thaÿuois. vaillant Capitaine Carthaginois? lequel par commandement de fa repu-blicque auecfoix'ante natures de cinquante remmes,menant auec foy trois mille hômmesamp; femmes nauigua hors les Colonnesd'Herculeslelongde la cofte d'Afrique, vers le Ponent, où il édifia quelques citez, amp;nbsp;ayant na-uigué iufques auxlfles Gorgones, par faute de viâuaille s’en retourna à Alexandre le Carthage . Et ce grand Alexandre Macédonien, pour ne laiffer chofe en Maccdone *^ ^*’”^^^ 4^^*peull agrandir fa mémoire: après auoir pénétré fon armee iufques aux Indes, amp;nbsp;obtenu infinies victoires, donnai! pas la charge de fon armee de inerà Nearchusleplus fauoriféde fes Capitaines, qu’ilaccompa-gna du bon piloteOneficrite : pour, nauiguant le long du fleuue Indus, nefcouurirla cofte de la grand’mer Oceane, Indique amp;nbsp;Perfique, iufques en la prouince Gedrofienne,oùil vint retrouuer Alexandre, pour luy narrer amp;nbsp;difeouurir tout ce qu’ilz auoyent faiCt et veu durant le temps de leur Pline. nauigation? Pline ne nous euft pareillement peu lailfer par eferit vn fi excellent threfordes fecrets de nature, ainfi qu’il fe voit par fon Hiftoire Naturelle(œuure tantadmirabledc laborieufe) fans les longs voyages qu’il feift amp;nbsp;feul amp;nbsp;fouuent en la compagnie du bon Empereur Traian. Adrian. Et Adrian fucceffeur de celtuy à l’Empire: apres fa lôgue peregrination au pais d’Egypte, amp;nbsp;auoir diligemment recherché l’incogneüe amp;nbsp;incertaine fource du Nil, ne feitil pasafon retourpeindreau vray en fon magnificque palais de plaifance au pais deTiuoli, toutes les villes,amp; pais par ou il auoit paflé amp;nbsp;veu quelque chofe rare amp;nbsp;admirable ? Après lefquelz anciens peregrinateurs nous ne lairrons foiibz filence ceux, qui peu deuant ^■* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;”°“® de noftretemps ont eftè. Comme ce noble Marc Paule Vénitien,
Paule Veni”' lequel ayant eftè au feruice du grand Chan Cublay Empereur des Tartares tien. bien receii amp;nbsp;fauorifè, amp;nbsp;employé en grandes charges amp;nbsp;honnorables par befpace de dix fept ans, durant lequel temps il a eu moyen de recognoiftre grande partiedes. regions amp;nbsp;prouinces Orientales, enfemble les mœurs amp;nbsp;couftumes des habitans, nature amp;nbsp;propriété desbeftes,qualitez amp;nbsp;condition delà terre, amp;nbsp;autres chofes mémorables qu’il nous a 1 aille par eferit. aVpo4u'*°quot; ^®“^ quot;® tairons auffi les généreux Portugalois, premiers nauigateurs aux loUauquot;in^ Iodes, amp;nbsp;Royaumes de Melinde, Calicut,Quiloa, Cochin, amp;nbsp;Cananor, des. d’ond vient l’affluence de l’efpeceric. Gemmes amp;nbsp;drogues Aromatiques, Les noms des d*ondles noms des principaux chefs amp;nbsp;premiersinueftigateurs de tant hau-^uiquot;”emîére- entreprinfe font, Dom Vafco de Gama,Fernando de Caftagneda,Giouâ mentibn't'aî- d’EmpoIy, André Corfal, amp;nbsp;plufieurs autres foubz le commandement des lez aux indes. Roys de Portugal lehan amp;nbsp;Emanuel :amp; pour le Roy Ferrant, amp;nbsp;la Royne Les noms des ifabellcde CaftiHe, amp;nbsp;l’EmpereurCharles V. Chriftofle Colomb, Americ om^nauigué^* de Vefpuche, Fernando Magallanes, François Hernando, amp;nbsp;GonzalPizar-aux indesOc- ro, Blafco Niimez, Vacca deCaftro, Diego d’Almagro, amp;nbsp;infiniz autres, eidentales. Et dcsFrançois foubsles noms amp;nbsp;adueu des Roys Treschreftiens,François premier
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premier du nom, Henry II. Francois II.amp; Charles IX. aprefent remnant, .
(à laMaielleauquelleiouueraindutnbuteur des graces vueilledonner en juli ontJer-parfaide fanté amp;nbsp;heureufe profperité tout accroiffement d’honneur amp;nbsp;couuertiest« Royalle vertu) furent laques Cartier, le Sieur de Robert-val, le Capitaine ““ neunes, lehan Ros, le Capitaine lehanRibauld, le Capitaine lehan Alphonce, le Cheualier de Villegaignon (Gentil-homme dode amp;nbsp;de grande experience aux armes amp;nbsp;à la nauigation) le Capitaine Lodonierejle Capitaine Nicolas amp;plufieurs autres: tous lefquelsfufdids nauigateurs ont nauigué iuf-3ues aux Antipodes, amp;aux regions fubiacentes au Pole Antartique, amp;nbsp;efcouuertlesterresneufues,lesIflesFortunees,la Taprobane amp;nbsp;les régions incogneués au grand Géographe Ptolomee, amp;nbsp;aux autres : au nom defquelselïadioind celuy Leon MaureChriftianiféqui tant de fois prins, Leon Maure. amp;rachettéenfescaptiuitezamp;libertez a monté iufques aux fontaines du Nil, par auant ignorées, amp;nbsp;le premier de tous,lesaau vray manifeftees. Et en ce louable nombre ne font à obmettre aucuns Gentilz-hommcs François, amp;nbsp;autres de hault air amp;nbsp;de bon cfprit, qui amp;nbsp;auant amp;nbsp;aucc les nobles Âmbalfadeurs de France, le Sieur de la Forell, Meflire Antoine Rincon, Meflire Antoine Afcalin des Emars, Baron de la Garde, Cheualier de l’ordre du Roy , Confeiller au Confeilpriué, amp;nbsp;Lieutenât general des gal-leres de fa Maielté: le Sieur Gabriel d’Aramont Gentil-homme ordinal- LesAmbafTa-re delachambredefadideMaiefté, le Seigneurlacquesde Cambray, no- ^'“quot;Leuant' ble citoyen de Bourges, Chancelier del’Eglife Métropolitaine, amp;nbsp;de l’V-niuerfité tresfameule d’icelle, homme de grande literature , orné de plu-lîeurs amp;diuerfeslangues tant regulieres que vulgaires amp;Barbares, Grecq eferit amp;nbsp;vulgaire, Turcque, Arabefque, Latin, Italien, amp;nbsp;François : lequel durant le long voyage du Sieur d’Aramont en Perfe auec le grand feigneur Turc, demeura fon Agent en Conftantinople,amp; depuis en l'an isî4. full enuoyé parle Roy Henry 11. au Royaume deTranfiluanie Ambafiadeur en chef, amp;nbsp;quelques anneesaprés auprès des Ligues grifes, amp;nbsp;plulîeurs autres depuis,qui ontfaiél les voyages, peragré les terres loingtaines, tranchéles hauts mos, nauigué les profondes mers,trauerféles folitaires defers,palTa-ges defuoyez amp;nbsp;inacceflibles d'Europe en Afie amp;nbsp;Afrique : pour auoir planiere cognoilfance des pais,regions, gens,mœurs,belles,plantes, amp;nbsp;fruits ellranges,d’ond ilz ont rapporté à grande gloire, propre plaifir, amp;nbsp;profit commun, lesHilloires amp;aefcriptionsendiuerfeslangues, Entrelefquels a ellé des premiers M. Guillaume Pnftel. lequel ayant par fa diligence acquis M.GuiiUum« cognoilfance de lalangue Latine, Hebraique, Chaldaique,Syriaque, Grec- PoUd. que amp;nbsp;Arabique, outre quelques vnes principales en l’Occident, enuoyé esparties Orientales aucc le Sieur delà Forell, par ordonnance du grand Roy François premier dunom:làou outre les charges à luy commifes, apporta à Paris plufieurs autres de lalangue Arabique, tant en Mathematic-quesamp;Medecine, commeep Philofophicamp;autres difeiplines pour enrichir le pais de fa nailfance. Depuis non content du public profit de fon premiervoyage, efmeud’ynzele de plus parfaitement aider au public, voulut pour la fécondé foisaUeraux Orientales parties de nollre habitation
b a Galli-
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Gallicaneipour principalement apporter en ces par's icy les liures des faintes EIcriptures en Ia langue Arabicgue amp;dauantage(cómede luyayfceu)a recoiiuert amp;nbsp;apporté en nóz parties Occidentales, les Hiftoires de Giafer Perfian, con tenâtes 8 oo. ans des faids Ilmaelinques. Et la Cofmographie de Abilfedeas Prince Mefopotamien, qui toute l’Orientale partie d’Afie a def-crit par feslongitudes, ainficomme Rolomee ; qui ellvnbien à noftre La-tinehabitationineÜimable :amp; font les exemplaires auec pluficurs autres
M. Pierre Gil Kus.
Tn quel aage pAutheur có-mença à faire gcrcgrinacios.
autheurs eferits en la diiSelangue Arabicque(ainfi queledid Portel m’a luy mefme affeuré) en la Bibliothccque du Duc^de Bauiere Otto Heinrich, au-- quel il les engagea pour zoo. efeuz en l’an 1549. M. Pierre Gillius, lequel par fes dodes eTerits mis en lumiere puis fon trefpasàRome, nouslailTc part de fes labeurs, voire du fruiét de fes longuesamp; laborieufes peregrina-tionsqu’ilafaiûesenl’efpacedehuiôtàneufans foubs la faueur des Roys Trefehrertiens François premier, amp;nbsp;Henry fécond, amp;nbsp;deleur Ambaffadeur le Sieur d’Aramont es parties Orientales de Grece,Turcquie,Surye,Iudee, Palertine, Egypte, Arabie, Armenie, amp;nbsp;Afl'yrie iufquesau Royaume de Per-. fe en la Royallecité de Thauris,en laquelle il pénétra auec l’armee du grand M.Pierre Bd- Turc. M.Pierre Bellon diligent annotateur des chofes qu’il a veües, cog-•®quot;* neues amp;nbsp;obferuees durant le voyage qu’il feirt en Leuant auec le Sieur Baron deFumel, ainfiquefoigneufementnousademonrtrépar fon liure dçs Obferuations. Et plufieurs autres vertueux efprits defquels pour euiter prolixeténe feray pour l’heure autre métion,àl’exéple defquelz vertueux, ftudieux amp;nbsp;magnanimes perfonnages, le Nicolas de Nicolay du Daulphi-né, Vallet de chambre amp;nbsp;Géographe ordinaire du Trefchrertien Eoy,tou-chéd’vn femblable rtimule, l’an de grace i $41. amp;nbsp;de mon aage le ly. forty du ventre du Daulphin, amp;nbsp;palfé par la gueule du Lyon, commenjay à entrer en mes voyages dés la guerre amp;nbsp;fiege de Parpignan en la fuitredu vaillant amp;nbsp;magnanime Seigneur d’Andoih ; au retour duquel fiege perfeuerant amp;nbsp;continuant au defir de effeéjt de mes peregrinations erträgeres par l’efpa-ce de quinze à feize ans es Royaumes, Régions amp;nbsp;prouinces de la haute amp;nbsp;baffe Germanie, Dänemsreh, Prude,Lyuonie,Sucde, Gothic, Zelâde, Angleterre, Efcofl'e,EfpagnejBarbarie,Turcquie, Grèce amp;nbsp;Italie, outre autres ailiers voyages que i’ayfaiâs en la plus part désarmées tenefires amp;nbsp;maritimes, foubs les commandemens amp;nbsp;pour le feruice des fus alléguez Roys Trefehrertiens mes Souuerains Princes amp;nbsp;Mairtres : toufiours diligemment obferuant, toutes les perfonnes,et les chofes, les faits mémorables dond ie pouuoye auoir, ou la prefente veuê et certaine cognoinance,oii bié(mon corps ne pouuantertre par tous les lieux oul’efpritfe defiroit) ce que i’ay fccu entendre par bien affeuré tefmoignage des véritables amp;nbsp;authorifez perfonnages amp;nbsp;bien dignesdefoy , qui m’en ont donnéde leurgracc certains 'aduertiffemens.quot; Aufquelz( fi aucune grace merite, mon labeur, diligence, amp;nbsp;obferuation)la meilleure part del’honneur leurert deüe de droift, corameà ceux qui en ceia m’ont donné grande entree, ayde, faneur, fupport, amp;nbsp;moyen, amp;nbsp;qui m’ont informé, ou par feure relation conforme' grande partie de mes obferuations, deferiptions, pourtraiâures,amp; figures,.
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figures. Efquellcs principalement iemefuisarreft^,amp; y ay employe le plus de mon labeur à l’exemple du fage Prince Grec en Homere,
Qni Tre^e prinfe^ après en /es ermtrSy De maintes gens quot;vit les 'villes amp;nbsp;mvitrs.
mefmeméc à declarer par eferipture, amp;nbsp;dépeindre par naifue figure les formes amp;nbsp;habitudes des perfonnages eilranges de diuers aages,fexes, pais, chats amp;nbsp;offices, tant en leur naturelle ou deguifee forme de face, de corps, mines amp;nbsp;gelles, que en leur propres amp;nbsp;vfitez habus,ornemens, armes, chenaux amp;nbsp;exercices diuers, félon la diuerfitéde leuraage, fexe, profeffion, chat amp;nbsp;vacations, tclzqu’üz font, amp;nbsp;que les ay veuz : les reprefentant en figure pourtraide auprès du naturel, félonl’indullric qu’il a pieu aufouue-rain diftribuceur desgraces me donner en c’efi art de pourtraidlure, en laquelle de mon premier aàge i’ay efté infiruift amp;nbsp;exercé : prepofant encores à la peinture pour plus claire intelligence la declaration amp;nbsp;hypographie desformes corporelles, deloursfexes, habitz, vellirnens eftrâgesamp;diuers, armes,ballons, ornemens,religions,gelles,amp; variables manières de viiire,. fans oublier la defeription de leurs pais amp;nbsp;regions, extraire en partie des anciens autheurs Cofmographes, Géographes, amp;nbsp;Corographes, comme Ptolomee, Strabon,Pline,Mela amp;nbsp;autres, amp;nbsp;pour la plus grand part confir-meeamp;approuuceveritable parlefeurfens de mapropreveuë en prefen-, ce, amp;nbsp;tefmoignage d’autres d’authorité et vérité : où ie n’ay aufli lailTé à dire les faills notables qui y font aduenuz amp;nbsp;chofes exquifes, amp;nbsp;mémorables qui y font retrouuees. Auquel œuurefaifant me femble que i’ay peu, ou pourle moins me fuis elfaye,de donner contentement d’vtilité amp;nbsp;plailîr,non leulement à l’apprehenfion,amp; àl’oreille,par la leélure ou audience •. Mais aulfi grace amp;nbsp;delegation à l’oeil amp;nbsp;à la veüe, amp;coufequem-ment àl’efprit,pourle plaifant fpeôlacle amp;nbsp;recreatiuc variété es images de diucrfesperfonnes,habitz,aéles, armes,gelles, amp;mouuemens apparentes dire quafiviuement es figures pourtraiûes au naturel, telles amp;nbsp;en la propre forte,que en mes peregrinationsie les ay veuespour la plus grande part: ou entendues parla certaine relation de grands perfonnages de tel fçâuoir,, authorité, amp;nbsp;fidelité,que la credence des Roys amp;nbsp;Princes leur a bien efté commife, lefquelz fyachantsle defir de mon inftution, ont bien daigné me declarer amp;nbsp;communiquer ce qu’ilz eftimoyent y pouuoir eftre pertinent Sc à propos conuenable,en y apportant leur fymbole. Et pource ont bien mérité en mon endroiélde n’eftre ingratement paflez foubs filence.- Parquoy ierecognois franchement, que par le magnanime amp;nbsp;magnifique Seigneur d’Aramont Ambaftadeur enCohftantinople des Roys de France, François amp;nbsp;Henry, en diuers voyages de mes peregrinations tant enGrcce,que en Afic amp;nbsp;Afrique,amp; endiuers ports amp;nbsp;Ifles de l’Archipelague,mermaieuramp; mineur, i’ay efté par le commandement du fufdiél Roy Henry coduit foubs fonauthorité, aydé de fa faueuramp; libéralité, inftruid de plufieurs chofes memorablesparceliureinferees. Parlenom de tous lefquels vertueux, amp;nbsp;notablesperronnages,i’ay efpoir amp;nbsp;confiance que le prelent œuure (ou ilz ont bon ne part) retiendra fa dignitéamp;authorité. Mais furtous amp;nbsp;princi-b 3 paiement
-ocr page 32-P R E F A C B«
paiement parle tresexcellent nom amp;nbsp;adueu,de mon Prince,mon Roy,mon Souuerain entre les humains Charles de Valoys Roy des Francoys : à la Maiefté duquel il eft treshumblement, amp;nbsp;tresreueremment dedie.Afin que comme la bonne nourriture eft par vne telle diftribuee à tous les membres lt;lucorps:ainfiparvnchef royal,amp;par le tiltreamp;adueu du chef principal, foit par tous les peuples Françoys diffus amp;efpâdu le fruiâ de mes voyages hazardeux,peregrinations,amp;obferuatiôsautât curieufes quelaborieules, patiétes d’artifices amp;nbsp;pourtraiélures, amp;nbsp;labeurs d’ordonâce amp;nbsp;d’eferipture, aucc les fraiz amp;nbsp;defpêces incroyables. D’ond s’il en prouient hôneiir(apres Dieu)à mon Roy amp;nbsp;à ma patrie, amp;nbsp;quelque vtilité aux hommes François, iemetiendray trcscontentd’auoir en aucune chofe profité à la France, ventre de ma geniture, de ma vie, de mon bien, amp;nbsp;de
mon honneur. Laquelle France Dieu vueille conferuer en temporelle félicité, amp;nbsp;en éternelle
paix.
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^7y *'^ ^‘’^ ^lt;gt;m£ ffx^Aiy, lt;|Mtf ^poiiv ôfwv AwKltf/è /^{ ^^i-rtnb* gt;iM/lcpfe ^f ,410pw- ^«.»£ ƒ£ f«f«y ^^tf Qiüx^ , Agt;0M^ftf^ ftƒ Mf^’j ^wy ^„o.„^- 'gt;^tVcû£C«,' ^Üg ^^,foH,rf£) gt;)^ ^^^C^,. çlt;’^wüfP^«W ^nSe^^ r^Hfv f^PuFf^ ^A«f4ic£ VAKnu-9 ^ifpx^u^ f4 ^îo^v-c^.cy ^i A6A„cv-.nlt;-.,£ \^ ^.opKV-quot; „por ^Alt;^.ßr^ütf, ; fa \,fpKHC-âoy ^^ (€»hf^üur^ WH^tA^i^
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-ocr page 35-LE PREMIER LI
VRE DES NAVIGATIONS, ET
PEREGRINATIONS ORIENTA.
DE N. DE NICOLAY DY
DAYLEHINE.
Varlet de chambre amp;nbsp;Géographe ordinaire du Roy.
PARTEMENT ET VOYAGE DV
Sieur d’JramonffJmbajfadeur peurle Roy auprès du grand Turej de Conßannnople,pßur reue-nir en France,
CHAPITRE PREMIER.
N V IRON la fin de l’annéequelon coptoit 115« Mil cincq cens cinquante, le Sieur d’Ara- „„« AmuA mont très faige amp;nbsp;vertueux gentil-homme ^‘“J^®“ aî ’.ayant efté plufieurs années Ambafladeur Solyman Eiu-des Trefehreftiens Roys François premier TM«?quot; ___________j^du nom amp;nbsp;Henry deuxiefme auprès de Solyman Empereur des Turcs ; pour affaires grandement im-Xdeco^to“ portans à fa charge, fut par le mefme Soliman renuoye' en ‘“^f’® » ^*' France. Etluy party de la cité de Conftantinople,des anciens
appellee Bizance amp;nbsp;parles Turcs Stambolda, après auoir trauer fêles regions de Thrace, Macedoine,Bulgarie,amp; furmon-té la hauteur amp;nbsp;afpreté du mont Rhodope, des vulgaires appeliez Monts d’argent,pourles minières d’argent qui s’y treu-A rient
-ocr page 36-DES PEREGRIN ATIONS
lient, amp;nbsp;pafle la Mcrauic, Boffine amp;nbsp;Servie, que les anciens nomnioyent haute Myfie, à la difference de celle qui eft en Afic,vint à Ragufe, qui fut anciennement Epydaure,cité tref-richc amp;trcsfameufe delaDalmatie,fitueefurlamer Adriati-que,amp; gounernee en république, comme nous dirons en fon Nauigation de Hcu. Dc la S’cfiant embarqué fur vn Brigantin,nauigua par le «rrl“*“ ''^ GoulpheAdriatique le long des coftes de Dalmatic, Scla-voiage de Ve- uQnic amp;nbsp;la pcninfule d^ftrie iniques en la cité de Venife. Puis ni(e eu la ville nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;* , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;* „ deBioyt. nbsp;nbsp;prenant fon chemin par terre vers Padoue, Vincence, Ve-ronne, Brefle amp;nbsp;autres villes delà Seigneurie de Venife, des Grifonsamp; des Suides, finablementarriuaà Lyon : amp;nbsp;de là à Roane,ous’eftât embarqué furie fleurie de Loire,allatrouuer le Roy en la ville de Bloys : en laquelle l’ayant fa Maiefté re-ceu auec toute royalle humanité, après auoir bien aulongcn-tendu le faift de (a charge amp;nbsp;les caufes de fa venue, le tout plufîeurs fois mis en deliberation du Confeil, fut en fin con-clud amp;nbsp;arrefté de fon retour, amp;nbsp;que pour plus grande feurté Lefieurd'Ara- de fonvoyage, ils’enretourneroitparmcr. D’ond pour ccd: gêmii-homli^e cfFcdlc Roy en confideration de fes vertus amp;nbsp;feruices,l’ayant chlmbudu'“^ defiahonorc d’vn eftat de gêtilhomme ordinaire de fa cham-^“ne’de^x btcjiiy dôua auflî deuxgaUeres des meilleures amp;nbsp;mieux equip gaiietcs. nbsp;nbsp;nbsp;pces qu’il euft auhaurede Marfeille. Et députa le Chcualicrdc ma^^iHu- Seure, gentil-homme de grande experience amp;nbsp;excellent iu-Kaiktîuecfoü genacnt, pour l’acompagner auec fa galliotte bien armée. Et à Ambafladeut moy pour certaines caufes, me fut par fa Maiefté tres-expref-“ fement commandé de luy aflifter en tous lieux, tout le long de fon voyage.
PARTEMENTDV SIEVR D’A RA-t»0»tiieia Cour, pour retourner en fa legation en Leuant auprès du grand Turc. nbsp;nbsp;chap. n.
pattement du T? S T A N T Ic Sicur d’Aramont ainfi depefehé de toutes «ont d^u choies pour le faief dc fon voyage, ayant prins congé de ; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fa Ma-
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fa Maieftéamp; de tons les Princes amp;nbsp;Seigneurs du Confeil : f^X«»ton nous parti fines de Hoyron ( maifon belle amp;nbsp;tresmagnifique ^^“^vS en Poyton, appartenant à Monfieurde Boify CheuaUer dcisB-l'ordre du Roy amp;nbsp;grand Efeuyer de France) fur la fin de May 15 51. amp;nbsp;en peu de iours paruenuz à Lyon nous embarquaf-mes fur le Rhofne fleurie le plus rauiflant de l’Europe ,pour defeëdre en A uignÖ:auquel lieu madame d.’Aramötattëdoit Madame JA-fon mary d’vn tresardant defir amp;nbsp;fingulierc affection, pour L'Ambaiiaikm auoir efté priuee de fa prefence l’clpace de plus de dix airs. xiâ^I'* D’ond fi là arrinc il fut receu d’elle auec incroyable ioye amp;nbsp;eontentemént, aufli fut il des gentilz-bommes amp;nbsp;damoyfel-les de la cité amp;nbsp;des enuirons enfemble,dcfes parens amp;nbsp;alliez, qui tous le vindrent vifiter amp;nbsp;biëviegner.Puis au bout du cin-quiefme iour que nous y eufmesfaid feiour,l’Ambafladcuc ayant fefprit tendu au fai ft de fa charge, apres auoir donné ordre à fes affaires domeftiques, le congé prins de tous co-ftez il ennoya fon train par cane, amp;nbsp;luy par terre accompagné de fes parens amp;nbsp;quelques vns de fes gcntilz-hommes Mlt;«)fieuri« allatrouuer Monfieur le Cote de Tende Gouuerneur amp;nbsp;lieu- ^“““^‘^ tenant général pour le Roy en Prouence, en fa maifon de Ce lieutenant Marignane, amp;nbsp;le iour enfuiuant tous deux arriucrentà Mar- éÛïtotS^Z feille amp;nbsp;logèrent au logis du Roy : auquel lieu peu de iours apres l’Ambaffadeur fut furprins d’vne griefue maladie, qui i^^t nSuVi le prefecuta fi violentement que Ion defefperoit de fa vie, J^^^'5^^‘“' Toutesfois il fut fi diligemment fecouru amp;nbsp;de Dieu amp;nbsp;des L-^“bquot;fli‘** hommes, qu'anant que le Capitaine Cofte fon lieutenant deur, eufl donné ordre à l’équipage de fes galleres, amp;nbsp;le Cheualier m^^SpAm. de Seure à fa gaUiotte, il eut recouuert fa fanté. Tellement *«‘*»^'w« que le 4. du mois delmllet, an quedcffus,enuiron Icsvefprcs eftant l’Ambaffadeur amp;nbsp;fa trouppc embarqué dans fes galle- vAmbaOM«« rcs, les ancres leuees à force de rames alaimes donner fond de m.u conte à rifle d’Ifdiftante vn mille de Marfeille, à la fortereffe delà- quinze galleres quelle M. le Conte de Tende acompagné du grand Prieur SSudar“‘’^ de Rome, du Sieur de Carfes, du Capitaine Marfe, amp;nbsp;du Ca-
* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A a pitai-
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pitainc Pierre bon,Capitaine de ladite forterefle, amp;nbsp;plufieufs autres gentilz-hornmes. Capitaines amp;nbsp;fouldats, amp;nbsp;de quinze gaUeres, auoit faid préparer le fouper. Puis les tables leuees, les côgez prins d’vne part amp;nbsp;d’autre, lediâ: Sieur Conte aiiec fa compagnie s’en retourna à Marfeille, amp;nbsp;nous à la premie-ron de Carry, ré garde nauigafmes droied an port de Carry ,diftant de fifle. d’If douze mille, auquel lieu nous fifmes noftre aigade d’eau doulcepour noz galleres, amp;nbsp;reucue des gentilz hommes,fol-dats amp;nbsp;autres de noftre compagnie : les principaux de (quels eftoyent. Le fus nommé Cheualicr de Seure auec fa galliot^ ^ux'^geudu * *-^ ’ ^^ Sieur de Montenard Daulphinois, homme d’armes de L-mm«,ca[gt;i.la compagnie du fufdift fleur Conte de Tende, auec vne fre-(aines
très de la corn gatte pour nous acompagner amp;nbsp;rapporter de noz nonucUes, IXim?’' le Capitaine Cofte lieutenant de l’Ambaftadenr fur fes galleres, vnflen nepuen nommé Erafme,Le fleur de fained Veran,-. * me«®dTquot;ou« fi^f® ^^ Madame d’Aramont,le jeune Baron de Loudon, amp;nbsp;le Sieurde Fleury tous deux nepueux de ï’AmbâïîadcurTTé cotienac ob. CHïëviâdicrdeAlagliane, le feigneur de Cotignac valet de d^KWitr”^ ^^^’^^’'^ ordinaire du Roy, lequel pour auoir fort longue-il doit, w Roy ment voyagé amp;nbsp;negotiéen Leuant pour le feruice de fa Ma-$équot;gnro“r“û iefté , apres lediâ: fleur d’A ram ont y fut AmbalTadcur en T^Roy^L' ‘^^^^j ( Mais neantmoins depuis ayant oblié l’honneur amp;nbsp;le fpasiK, bien qu’il auoit receu du Roy fonfouucrain Seigneur amp;nbsp;de lacoronne de France, contre le deuoir de fidelité qui luy commandoit, s’eft retiré auec le Roy d’Efpagne, ) le Seigneur de Virailh aulfl valet de chambre ordinaire du Roy,. gentil-hommcdoâeamp; de fingulicre experience, lequel pour auoir la langue Theutoniquc outre la Latine amp;nbsp;quelques autres vulgaires fort familière, a depuis efté par pluficurs-fois foubz le règne amp;nbsp;commandement du Roy Henry honnora- 1 blemcnt amp;nbsp;heureufement employé en charges grandes amp;nbsp;honorables auprès des Princes amp;nbsp;Potentats de la Germanie ’ amp;nbsp;du facréEmpire, troisgcntilz-hommcsde Gafeoignefre-KS nommez lucufcs, le Sieur de Samâc Marie ,1e Sieur de la
Morte
-ocr page 39-ORIENTALES LIVRE I. 5
Motte autrement Chafteau Regnaud, les CappitaincsIa Ca-ftelle , Barges, amp;nbsp;Barthélémy d’Auignon , Guillaume de Grantrye nepueu de Monfieur de Laubefpine à prefént delegué amp;nbsp;enuoyé en Conftantinople ainfi que les autres Am-bafladeurs, vn mien nepueu nômé Claude de Bayard amp;nbsp;plu-ficurs autres que ie tairay pour euiter prolixité. La reueuc faide amp;nbsp;renuoyé en terre quelque bouches inutiles, les ancres leuees amp;nbsp;les voilles defployees nanigafmes par quarte de Grec vers le North au Cap de Creo en Cathaloigne, que les cap de creo. Efpagnols appellent Cap de Creuzes : en apres fuyuant à öaoX’ctä Grec amp;nbsp;Tramontane tirafmes par la mer d’Efpagne vets les ^“• Ifles Baléares, ainfi nominees par les anciens, mais des modernes Maiorque amp;nbsp;Minorque, defquelles en paffant ferons fommaire defeription.
DES ISLES BALEARES, APPEL-lees des /nodernes C^laiorque dr ^ii^orque.
C H A P. I I I.
LE s Ifles Baléares ( qui furent ainfi nommées du nom de jJ^^q^^^* Balce compagnon d’Hercules ) combien que les Gréez am. '* les ayent appellees Gimnefie, amp;nbsp;Diodore Gimnailès, fi font elles nommees par les mariniers vulgaires Maiorque amp;nbsp;Minorque, eftans fituees en la mer d’Efpaigne, ouBaleare, du vegecediftert nom des mefmes ifles, les habitans defquelles ainfi qu’eferit '^^'^^ 'h” Vegece furent les premiers inuenteurs de la fonde. Maior- ^5^quot;“ ’*'** que félon Bordon en fon Ifolaire, a de circuit ^80. mille, Gordon en cobien que les mariniers modernes ne luy en donnent que'°quot; ^^'’***“’ 200. amp;nbsp;de largeur 100. autour deladidc ille y a quelques efcueilz,d’ond l’vn qui eft au Mydi fe nomme Cabrera, amp;nbsp;I lautre qui eft à l’Occident Dragonera. Ladide Ifle a deux ci
tez ; Palme au iourd’huy appellee Maiorque, ou Mallorquc, noijs ^«'’• . du nom de l’Ifle ; amp;nbsp;Polencc, autrement Alcidia félon les que 0; Miuoi-modemes. La Minorque a de longueur 60. mille, amp;nbsp;de cir- ’“’ cuit i jo. Ôc par l’Orient s’efioigne de Maiorque 30. mille.
A 3 EE’a
4
-ocr page 40-6 DE S P ER E G RÏ N A T I O N S
Ell’a auffi félon les modernes deux citez d’ond la première eft appellee Minorque, mais anciennement Mugo ; amp;nbsp;l’autre lamna, à prefent Citadelia. Et combien que Minorque foit plus petite que Maiorque, fi ne luy eft elle de riens inférieure en bonté. Carvrayement toutes deux font fortfertilles, amp;nbsp;ont de bons ports.
DES ISLES APPELLEES DES ancie/fs Pithieufès, (^ des modernes Ieui~ ß amp;nbsp;frawenüere.
C H A P. I I I I.
DeredpeiSdes T^E s Baléares nous cinglâmes aux ifles Pithieufes , qui f«Tae«môd« iadis furent nommées Ebufc, amp;nbsp;Ophiufe, amp;nbsp;à prefent nés leuife 6lt; leuife amp;nbsp;Fromcnticrc, Ifles très abondantes en fel »lequel les ccsifles^abon Eipagnols amp;nbsp;autres cfliangersy vont charger auec grands
‘ ■ natures, dans lefquelles les Infulains le font charger par leurs seruitudecon efclaues (qu’ilz tiennent en grand nombre, auec vne vie amp;nbsp;dcmiicuble. ’ feruitude très miferable ) amp;nbsp;en retirent profiel incftimiblc.
Ces Ifles par petit intcruallc de mer fe regardent par Oftre amp;nbsp;Tramontane. Ebufc ou leuilc, qui eft la plus grande Se la plus Auftralc, a de longueur par Grec 40. mille, Se de largeur finerromen- par ponent 30. mille, Se de circuit 90. Et a à peu près fa formen feiu^ me, coname la lettre, T. La longeurde la Fromenticie, en la-MidT”*^'' Ç'-^’^'llc nous gettafmes les ancres pourrenouueUer noftreai-gade, eft de 30. mille vers le Leuant. La plus part de nous defeendifmes en terre pour veoir l’Ifle laquelle eft bafle, fa-blonncufe Se non habitée : pleine de Nette, Lentifque amp;nbsp;Le-cardevigüan- ^^’^‘^^ • vtay eft qu’enuiron le milieu android de la, cité de te ttcs^eceirai Icuifc, fus vne longue colline l’on voit vne tour ronde : où cuitios des Pi- fe faid la garde iour Se nuid de peur des Courfaires Sc Pira-^^Sjamp; Cour- ^gj j’Alger, qui font ordinairement aux aguetz pour aftrapper les Efpagnols Sc autres marchans, qui là fe viennent four-' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nir de fd. Vray eft que ces gardes fe tenant le iour en embuf-
chelà
-ocr page 41-ORIENTALES LIVREI. 7
ehe là au plus pres dans vn bois de Sapin, ne dçlaiHent pour cela d’y trauaiUei : car ilz tirent grande abondance de poix sa^mp»^-rafine dcfdids Sapins. loignant la mer fe voyent des petits nquot;^*’'”’ maretz abbrcuuez du regorgement de la mer, qui fe con- ^|dï“g“^ gelenr amp;nbsp;crouftent en fcltres blanc. Duquel en portay trois »lt;'«}«lt;» OU quatre grandes pieces a rAmbaffadeur, qu dtrouuatres dufoUiu belles amp;nbsp;bonnes. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' d t
NAVIGATION DES ISLES ràhieufes en la ’utile (i’'^l^^i'.
C H A P. Y.
NO v s eftans r embarquez ennoz galleres pour fuiure noftre voyage, felcua vn vent fi contraire, que toute celle nuyft ne fifmes gueres que parer au vent, fans pouuoir faire long chemin . Mais fur l’apparition de la Diane il fe tourna fauorable, que le feptiefmc iour aprez noftre parte-mentde Marfeille nous accoftames la Barbarie au Cap des c^pj^c/n-Caftines, diftant d’Alger par Ponent 15. mille ; auquel Cap n«. donnafmes fond, pour eftre proches à la nuyeV. De là eftant ^^^j^^^^ 4,. Cotignac defpeché par l’Ambaffadeur, auecla fregatte que putépouran« le Côte de Tende luy auoit baillee ( foubz la charge de Mon- te fignifier no tenard gentil-homme Daulphinois fus nommé ) alla vers le Roy4^“ Roy d’Alger pour luy fignifier noftre venue : amp;nbsp;au mefme inftant defeouurifmes deux fuftes en plaine mer , qui ve-noyent droift furgir où nous eftions : ayans apperceu noz galleres reprindrent incontinent leur routte vers la ville d’A 1-ger, amp;nbsp;nous pour plus grande afîèurance fifmes toute la nuyd bon guet en armes. Le matin à la poindc de la Diane vogaus à force de remmes vers ladiéte ville, rencontrafmes Cotignac quireuenoit aucc vn Chiaous du Roy d’Alger: lequel recita à fAmbalTadeur comme les deux tnefmes fuftes que nous aidons defeouuertes, l’auoyent pillé amp;nbsp;det
* A 4 ualizé.
-ocr page 42-8 DESPEREGRINATIONS
ualizé. Mais que l’vn des Capitaines ayant entendu qu’il eftoit François, auec grand regret luy auoit rendu ce qu'il luy auoit ofté . Neantnioins les poures mariniers perdirent la plus part de leurs hardes, amp;nbsp;fi furent allez inhumainement traiclez. .
DE NOSTRE A R R 1- gt;nbsp;uee en tilgen
CHAP. VT*
A L’APPROCHER de la ville d’Alger on feit diligcn-^^ ^^ parer noz gaUeres de leurs flammes , banieres amp;nbsp;’’r- à’no^“' o^i'l^’^’^cts, de charger l’artillerie amp;nbsp;harquebuferic, mettre les ailiueecnAi- fouldats cu leurs rangs, amp;nbsp;les gentilz-hommes en pouppc en fort bon equipage , tant en armes que en habitz ; amp;nbsp;comme nous entrafmes au port, fut mis le feu à l’artillerie puys à bharquebuferic, qui mena tel bruict amp;nbsp;tintamarre, qu’il fembloit que le ciel deuft fendre : amp;nbsp;ceux de la ville nous refpondirent de quelques pieces, de manière que tout le peuple efmeu accouroit fur le molle pour nous veoir entrer dans le port, auquel nous eftans furgis, Cotignac fut renuoyé auec le Chiaous au Roy , pourVaduertir de noftre arriuee : amp;nbsp;ne tarda gueres, que vindrent plufieurs autres Chiaous, Capitaines amp;nbsp;laniflaires, pour receuoir l’Ambaf-fadeur qui luy prefenterent vn beau chenal Turc , enharna-
dJ^r’’*’quot; ^^^^ ^ ’^ genette, pour le porter iufques au palais ( lequel eft ai en Alger, fit UC fus le milieu de la ville ) où eftans arriuez en bon ordre entrafmes en la baflè court, dont le Chiaous, qui premier eftoit venu auec Cotignac, nous coduifant, nous feit pafter par vnc autre court vn peu moindre que la premiere : au milieu de laquelle y auoit vn petit viuicr quarré auec fcs fieges, pané de carreaux efmaillez ; amp;nbsp;au bout qui regarde le Midy y auoit contre la muraille vue grande fontaine pour le commun fer-
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inun feruice de la maifon amp;nbsp;àl’vn des coings fe voyoit vn grand efcallier de bois, qui refpondoit dans vne longue gal-lerie fouftenue par colomnes , les vues de diners marbres amp;nbsp;les autres de pierre blanche : amp;nbsp;au milieu du pané, qui eftoit efinaillé , bouillonnoit par grand artifice vne petite En quel neu fontaine de forme odogonc, n’eftant plus haulte efieuee que ^J^^A^jJ* le pané fors d'vue mollurc, quil’enuironnoit. I.e Roy veftu reçoit va». d’vue robbe de Damas blanc, eftoit affis au bout d’icelle gai- “ ‘“’ lcrie fus vn bas fiege de Marqueterie,amp; vn peu plus loing de luy eftoit fou Capi-Aga, qui eft le Capitaine de fa porte, ve- capi Ag*. ftu d’vue longue robbe de velours cramoify, auec vn grand Tulbant en tcfte, amp;nbsp;en fa main tenoit vn long bafton d’argent , au près de luy tous fes Capigis ,qui font portiers, cha- capigu. cnn portant en fa main vu bafton pcinéf de couleur verdc : puis vn peu plus bas eftoyent en rang tes efclaues du Roy, tous portans en tefte la Zarcollc de velours cramoifî, amp;nbsp;au deuant du front le tuyau d’argent cmbelly d’vn penuache, Ôc de quelques pierres de petit pris . Et là ayant l’Ambafladeur faid la rcuerence au Roy en luy baifant la main, le Roy le feit affeoir au près de luy ; amp;nbsp;après quelque dénis l’Ambafla- vAmbafTa-deur luy monftra fa creance, amp;nbsp;print congé de luy, fi s’en re- ^“'^“yVa'i. tourna en fes galleres , eftant acompagné de ceux qui l’e- untiamaia. ftoycntvetiu quérir ; Tout le refte du iour fufmes vifités de curiofitUe« grand nombre de Turcs amp;nbsp;Maures : à touslefquels eftoit J^a^^^J** faiâ: de noftre part bon recueil . Quatre iours durant le veon^ ^^^^^ Roy nous enuoya chacun iour fix bœufz amp;nbsp;vingt amp;nbsp;vn wc uberaïui mouton. Pareillement les Capitaines des Galleres d’'Alger^’'*'“***
amp; autres Turcs amp;nbsp;Maures nous apportèrent toutes fortes de fruiTs comme Poires, Pommes, Figues, Raifins amp;nbsp;Mêlions d’excellente bonté , amp;nbsp;quelques pains fans leuain, re-fembians à gafteaux ou tourteaux ; à chacun d’eux eftoit donné quelque efeu, qui leur faifoit croiftre l’enuic d’y rc- AnadUraf« uenir fouuent. Car c’eft la nation du monde la plus addon-nee à rapine amp;nbsp;auarice. Nous demeurafmes vne femaineenf
A j toute
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toute liberté amp;nbsp;amitié, conuerfans les vus auec les autres auec grande familiarité. Durât lequel temps le Cheualier de AundiberaU. Seure feit efpalmet fa galliotte, amp;nbsp;pour ceft effed le Roy luy ” “ prefta vne de fes gaUeres, pour retirer fa chorme. Dauanta-ge luy fournit gratuitement le fuif amp;nbsp;autres chofes à ce ne-ceflaircs.
DES GRANDS DANGERS ET perils, oti gt;ious fuîmes réduits par le f/ieyea de queltjues Efilaues Chre^ ßiexs efehapez.
c H A p. v i r.
LE icudy xvj. du mefmemois de luilletvn Efclaue Chre-ftien de l’vne des fuftes, qui auoit defualizé Cotignac, un^œnoi -S’cftont par fubtil moyen deferré, fe ieda dans la mer pour gaUetes eii ap-nager à noftre g allere . Mais vn Turc d’vne autre gaUerc petccudesliés nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;n nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
k «feout. 1 ayant apperceu, le lança pareillement dans la mer, amp;nbsp;le fuy uit de fi près à la nage, qu’il luy monta fur le dos amp;nbsp;l’euft faift noyer fans le fecours de uoz mariniers, qui le tirèrent demy mort en noftre gallerc, où incontinent accoururent plufieurs Turcs pour le recouurer ; mefmc fon maiftre y vint, lequel n’efperant que fon efclaue deuft long temps demeurer en vie s’appaifa, amp;le nous laifla, pour dix efeus. D’heure à autre s’en retiroit toufiours quelques vus dâs noz gaUcres, amp;nbsp;entre les autres vn ieunc neueu du Capitaine cînîSnTr«“ Cofte, qui eftoit efclaue du plus riche marchant d’Alger : le-«IndàncVdt ‘î^^^ ^^f apperceu ainfi qu’il montoit fus la Patronne, par nofttei’atron- aucims Turcs, qui legicrcmentauec plufieurs autres accou-«’grand trou- rutcut auec grands amp;nbsp;furieux hurlcmens, pour le recouurer. confpiration ^^^ ^°^^ ^^® Tutcs amp;nbsp;Maures commencèrent à confpirer de Turneó- apertement contre nous, pour nous endommager. A rai-fon de quoy l’Ambaffadeur preuoyant les grands dangers, où
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où luy amp;nbsp;les fiens pouuoyent tomber, alla par deux fois parler au Roy pour auoir fa depefehe amp;nbsp;fou congé, à fin de fuiure fon voyage . De l’autre cofté les Raiz amp;nbsp;Azapis des galleres perfiftoyent aucc grande infiance, pour r’auoir leurs efclaues, amp;nbsp;ia affermoyent en auoir perdu plus de vingt de-puys noftre arriuce . Parquoy le Dimëche xix. ces Raiz ac- rourndtted« compagnezde plufieurs autres, reuindrenten noftre gallere p^'d^gd^ demander leurs efclaues, fpccialemët le nepueu du Capital- “i/iquot;^ ne Cofte, qu’ilz afteuroyenteftre en la patronne : amp;nbsp;vferent «u»“-de fort rudes amp;nbsp;outrageufes paroUes à fendroiâ: de l’Am-bafladeur ; lequel s’exeufoit, leur affeurant qu’il ne fçauoit quec’eftoit, amp;nbsp;ne penfoit qu’en fes galleres fe fulïcnt retirés aucuns efclaues, 0c que aufty ne le voudroitil permettre . Toutesfois pour leur fatisfaire, les prioit rechercher à RufedeVAn». leur plaifir dans fes galleres amp;nbsp;galliottc, s’afleurant bië qu’ilz tadideut. n’y trouucroyent aucuns de leurs efclaues. A quoy pour l’heure ne voulurent entendre, par ce que leur but eftoit de faire defeharger nos galleres en terre amp;nbsp;par là auoir moyen de nous faccager ; Ce que bien aperceuant l’Ambafladeur ^®cjj'“»Jl'« ne leur voulut accorder : ains au contraire depefeha le Che- tignacù/iau-ualier de Seure, Cotignac tSc moy , pour aller rtmonftrer poS'fcr^ au Roy le tort ôc iniure qu’on luy faifoit . Mais nous ne fuf- ^yo\quot;^‘f'iquot; mes pluftoft en terre , que le CheuaUer de Seure me pria »« F«nço»-y nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;L’authearte-
fort eftroictement, de vouloir en diligence retourner en lA canine vers gaUiote, pour vu feruice qui luy eftoit d’importance, tou deim^*' chant les efclaues , de la perte defquelz on fe plaignoit. Ce que i’accomply voulontaircment. Puys comme ie voulois retourner en terre, pour mieux augmenter noz querelles amp;nbsp;les foufpeçons, que les Turcs auoyent contre nous, fe vint inopineement letter vn autre efclaue dans mon cfquif auec vn coffin plein de figues amp;nbsp;raifins, qu’il difoit vouloir por- ^nefclaue s-e-ter au patron de noftre gallere : ce que ne luy vouloys per- {Î^^'^^j.^^ mettre, vcu le danger où telles gens nous mettoyent. Mais theur ie met vn Turc qui eftoit dans vn autre efquif, l’ayant aperceu, fe
vint in-
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DES PEREGRINATIONS
vint incontinent ietter dans le mien, amp;nbsp;à grands coups de bafton chaffarefclaue dans le fien ; puis le feit monter dans vne galliote, ôc changeant en vn inftant de propos le r’a-mena dans mon efquif. Lequel malgré moy il feit paÛér ioignant la pouppe de la gaUere Royalle, où il feit monter Tefclane : amp;nbsp;quat à moy quelque refftance que ie feeufle faire, ils m’enleuercnt de force par les bras dans leur galtere ABweftiemM amp;nbsp;autant en feirent ils à mon A lier : lequel furie champ en de'i™i^îufr ma prefence fut attaché parles pieds à la chaîne, amp;nbsp;fi me tenoyent comme prifonnier, memenaflans anec grand fureur, que ie ne fortiroys de leurs mains, qu’ils n’euffent re-counerts tous leurs efclaues. Tontesfois monfirant tou-fiours vilage bien affeuré, ie leur feis tant de proteftarions amp;nbsp;remonftrances du tort amp;nbsp;iniure, qu’ilz faifoyent à noftre Ambaflàdenr amp;nbsp;aux fiens,le maiftre duquel amp;nbsp;le noftre eftoit aflez grand amp;nbsp;puiflant pour s’en refcntir, qu’en fin ilz accordèrent de me laifler aller. Mais ils retindrent mon pouure Alier, qui penfoit bien eftre perdu, quand il me v.eit partir fans luy : amp;nbsp;me fallut moy lèul au mieux que ie peu mener môefquifiufquesànoftre gallere pour faire entedre à fabafla deurtoutee quim’eftoitfuruenu: ce qui le redit fort troublé, ‘ nbsp;nbsp;nbsp;amp;nbsp;quant amp;nbsp;quant me rëuoya en terre pour en aduertir le Che-
ualier deSeure amp;Cotignac, afin de fairele tout entendre au Roy. Lefquels ie trouuay en chemin s’en reuenans auec le uoyé^p/u Caith ( qui eft leur grand Preftre ) ayant charge de venir fai-^ufet««p»m ’^^ ^^® exeufes au nom du Roy amp;nbsp;remonftrer que ce n’eftoit baladeur, luy qui ainfi nous troubloit, ains la iuftice de la ville, fur gern dtadmi-laquelle 11 n auoit que veoir, ( d autant qu Alger eft quali Rojr ^'érigée en forme de république. ) Mais nonobftant cela les autres perfiftoyent à demander leurs efclaues, amp;nbsp;au con-tet Turcs fo- traire l’Ambafladeur tafehant de tout fon pouuoir de les ap-leies Feanço) - paifer auec bonne chere amp;nbsp;prefents d’argent, les prioit de uquot;rdquot;uucs?'' t'^chef fouiller amp;nbsp;fureter haut amp;nbsp;bas fcs galleres : ce qu’ils feirent aflez curieufement : amp;nbsp;ores qu’ils n’y trouuaflént rien de ce
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rien deccqu’ilz cheïchcoyët,finefcponuoyent ilscôtenter: amp;nbsp;fur tout en vouloyët à lapatrônc amp;nbsp;à la galliotte,difans qu’il y auoit plufieurs de leurs efclaues en quelque part, qu’ils y feuffent cachez ; amp;nbsp;auec telle opinion s’en allèrent pour celle fois, fans toutesfois auoir oublié l’argent qu’on leur auoit donné en fecret. Ce pendant nous voyons le long du molle tout le peuple amp;nbsp;les fold at s Turcs amp;nbsp;Maures, qui n’attendoyêtque l’heure oportunc pour nous faccager. Par-quoy nous nous tin fines furnoz gardes amp;nbsp;fifmes toute la nuift bon guet, Le iour fuyuant le Roy feit mettre tous fes gens en armes, amp;nbsp;enuoya grand nombre d’Arquebu-tesTum ce fiers amp;nbsp;fagittaircs tant fur les pouppes amp;nbsp;rambades de lêsîXdt^ca galleres, fuites amp;nbsp;gailiottes , que en terre tout le long du ?^’o^7* molle, Ilfeit auffy charger amp;nbsp;bracquer toute l’artillerie tant de la ville que des galleres contre noz galleres-, amp;nbsp;ce faiel auec fureur non pareille on nous vint demander les efcla-ues. Quoy voyant le Cheualicr de Seure amp;nbsp;Cotignac eftans encor en terre fe mirent de nouueau en deuoir d’aller parler au Roy : ce qu’ils ne feeurent faire, pourtant qu’il ne le» voulut venir ny ouyr parler, amp;nbsp;pour -auoir tronué la ville en armes furent grandement edonnez. Le tout veu amp;nbsp;entendu par l’Ambafladeur, pour euiter le peril où il fe voyoit luy amp;nbsp;les fiens, fe feit mener en terre, amp;nbsp;alla droict au palais pour eflayer de parler luy mefme au Roy . Mais ce fut en vain. Car rentree luy futrefufee : amp;nbsp;qui fut pis, le Roy envoya fon lieutenant amp;nbsp;autres capitaines en noz galleres, pour auoir le Capitaine Colle amp;nbsp;fon nepueu Erafme, pour ellre mis à la ehaine, au lieu de l’autre nepueu qui auoit elle defrebé : combien quelefoir precedent on l’auoitren-uoyé à fon maillrc par vn Turc, qui luy bailla fon Tulbant amp;nbsp;fa robbe, à fin qu’il ne fenil appeteeu des autres, par ce qu’ilauoir promis qu’il ne luy feroit faid aucun mal. Néant- j„f„e „eu« moins tout cela le dernier remede pour les appaifer fut de J» captage leur liurcr Eralinc qu’ils condamnèrent fur le champ à ellre aux tuicï pendu
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pendu amp;nbsp;cftranglé à l’anteine de la gallcre . Ce qu’ils vou-ioyët à la mefme heure executer, fi l’Ambaffadeur par fa prudence ( comme ccluy qui de long temps congnoiflbit l’in-fatiable auaricc de ces barbares} n’euft modéré leur fureur amp;nbsp;rage auec force argent, leur promettant en outre qu’en leur prefence Erafme (croit mis à la chaîne, fans en bouger iuf-ques à Conftantinople. Par ces moyens amp;nbsp;foubs telles pro-meflés il fut rendu ( apres toutesfois auoir rcceu pluficurs bafionnades des Turcs ) amp;nbsp;incontinent félon les conuen-tions mis à la chaîne, vray eft qu’il n’y demeura longuement . Pour cela le tout n’eftoit appaifé ; Car le nombre des fouldats amp;nbsp;du peuple armé multiplioit toufiours ; qui fut choie qui nous donna crainte, qu’ils ne feilfcnt quelque injure à l’Ambalfadeur eftant encor fur terre, pour le moins qu’ils ne le retinflènt prifonnier, comme ils en auoycht bonne volonté ; amp;nbsp;de faiü auec toute rigueur le feirent monter en la gallere Roy allé, de laquelle ne le voulurent lailTer for-tir, que prcaUablemeut ( outre ce qu’il luy anoit défia confié) vAmbaiTa- fi ne leur eufi donné pour toutes pertes amp;nbsp;interefi la fomme
JeurccQtiahu , nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
payer deux ce* dc deux cens clcuz/qui furent payez comptant. Or ces bru-pourkiTc«- taux barbares ne furent fi tofi departiz, que de nofire part, cß«lt;i«Tut«. pourefehapperde leurs mains, nous leuafmes les ancres pour aller difner à la radde : amp;nbsp;puis apres à force de rames vinf-mes furgir par quarte de Grec à Leuant au delà du Cap de Cap de Meta- Matafuz(qui cfi à 30. mille d’Alger ) où nous feioutnaf-mesiufquesau matin, attendant le vent propice. Maisanant que pafler plus outre, il m’afemblé bon de faire vn brief récit delà fondation, force amp;nbsp;fituation de la ville d’Alger, en-fembledes mœurs, religion amp;habitz des habitans d’icelle» entant que i’en ay peu comprendre àroeil,amp; entendredes habitans amp;nbsp;autres qui en ont eicript.
Dascamp;i
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DESCRI PTIOT^ DE LA viße d'Alger.
C H A P. VIII.
AL G H R eft cité d’Afrique fort ancienne, première- Aig« ancica-ment edifice par vn peuple Africain appelle Mezgana, gina.lol.IuU» duqueleUeprint fon premiernom ; puisfut dictelol,amp; fut le f^n“* ’^*’ fiege Royal de luba : au temps que les Romains dominovet en Afrique, en l’honneur de Cefar elle fut appellee lulie Ce-farce : Depuis les Mauresla nommèrent Gezeir, Arab. Elgc-zair, qui en leur langage fignifie ifles,à caufe qu’elle eft voifi-ne dcsiflesMaiorque,Minorque,leuifeamp;Eromentiere-Mais les Efpaignols auiourd’huy la nomment Alger. Quo y que ce Jf^^f'*“* foit,elleeftfituce fur lamer Méditerranée à la pente d’vue montagne, ôcenuironnee de fortes murailles auecrampars, bons foflez, plattes formes ^ boulleuerts,prefque en forme triangulaire. La largeur qui eft versie bas du cofté de la mer, va en eftroiciflant prefqueiufques au plus haut fefte, où il y a vu fort grand baftion fait en forme de citadelle pour com-mâder àla ville amp;nbsp;à l’entree du port. Quant aux edifices, outre le palais royal il y a plufieurs belles maifons des particuliers, d’anantage grand nombre debaings 5c cabaretz publiques : amp;nbsp;y font les places amp;nbsp;rues fi bien ordonnées que chacune à fes artifans à part, il y pcult bië auoir trois mille fcuz. Aubas delà ville quircgardela Tramotane ioignlnt les murailles battues des vagues de la mer, en vue grande place, eft parfingulicr artifice amp;nbsp;fuperbe architecture edifice leur prin-cipalle amp;nbsp;maiftrefie Mofquee : amp;nbsp;vn peu.plus bas fe veoit LamaidteCs l’Arfenal qui eft le lieu où on retire, amp;nbsp;raccouftrc les gai- aÂT‘ Icres , amp;nbsp;autres vailTeaux. Cefte Cité eft fort marchan- ^äe^^S de, à caufe que elle eft fituee fur la mer, amp;nbsp;fi eft par ce
1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;cUbicn
moyen merueilleufement peuplee pour la grandeur. Car plcebc mato elle eft habitée de Maures, Turcs amp;nbsp;luifzcn grand quantité,'’ qui auec merueillcux gaing exercent le train de marchandi-fe, amp;nbsp;fi preftent ordinairement à vfure. Ils ont deux marchez
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chez toutes les femaines aufquelz avriuent peuples infinis des montagnes , plaines amp;nbsp;vallces circonuoifines, qui y apportent toutes fortes de fruits, grains amp;nbsp;volailles à tref-t» Perdrix â4. grand marché. Cariey ay veu bailler la perdrix pour vn lu-dcnicH. nbsp;nbsp;nbsp;jjj ^ qjjj ^ß. ^jj^ petite monnoye d’argent de forme quarree,
reuenant enuiron à la valeur de quatre deniers amp;nbsp;maille de noftre monnoye. Vray eft que ces perdrix ne font fi grofles nefi délicates que les noftres. Les poulies amp;nbsp;poullcts,y font pareillement à grand marché, par ce qu’ils ont dans lapins Fonmeiuxac- part desmaifons des fourneauxfaids à peu prés comme les fciK'rfdorre' po’ttes OU cftuucs d’AUemaigne, dans lefquels auec vnelen-ic œufs de te chaleur ils font couner amp;nbsp;efclorre leurs œufs fans aydc de poulies :amp; pourtant ne fe fautefbahir s’ils ont grande multi-chameaux amp;nbsp;tude dc telle volaiHc. Ilsontfemblablement grand nombre Bœufxfcrrei. dcChamcaux amp;nbsp;de bœufs, qu’ils chargent, ferrent amp;cheuau ehentcommecheuaux.Etallans par lesrucsàcaufedela mul titude du peuple qui y eft merueiUeufe, vont criant à haute iiîdî'’chemu* ''Q^^’ Baluc, baluc : qui eft à dire, gare, gare . le y ay veu diâs cheuaux aufli plufieurs Maures montez fur chenaux Barbres, fans fi^rwâe, felle, bride, eftriefs ny cfperons, feulement anoyent vn fillet à la bouche pour les arrefter. Et quant aux hommes, ils eftoyent tous nuds,fauf qu’ils portoyent à l’entour du corp s pour cacher leurs parties hontcufes, quelque piece de farge blanche en façon d’efeharpe, amp;nbsp;autour de leur chef vn linge entortillé, qu’ils font paffer au deffoubs du menton.Leurs Ma'X’.^''quot; armes font trois dards, ou long lauelots qu’ils portent en la main dextre : lefquels ils dardent amp;nbsp;lancent auec vue dextérité admirable : amp;nbsp;fur le bras feneftre attachent vn large poignard vn peu recourbé, à la façon d’vn Malchus, qu’ils appellent Secquin : lequel leur fert pour parer aux coups, amp;nbsp;pour offenfer leurs ennemys, quand ilz viennent aux approches. L a plus part de ceux, que l’on appelle Turcs en Alger, ^ Forcechre^foycntdela maifon du Roy, ou des «alleres font Chreftiens ^ «««« '“ reniez amp;nbsp;Mahumetizez de toutes nations.Maisfur tous for
ce Efpa-
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ce Efpagnolz, Italiens amp;nbsp;Prouençaux des Ifles amp;nbsp;coftes de la mer Méditerranée, tons addonnez à paiUardife, Sodomie, larrecins amp;nbsp;tons antres vices dcteftablcs ne vinans que des courfes, rapines amp;nbsp;pilleries qu’ilz font fur la mer, amp;nbsp;liles cir-conuoifines : amp;nbsp;anec leur art piratique, ameinent ioumeUe-ment en Alger vn nombre incroyable de ponures Chre- viemifcrabie ftiens,qu’ilz vendent aux Maures, amp;nbsp;autres Marchans Bar-ÿhreftienV’er. bares ponrefclanes : qui puis les tranfportent amp;nbsp;reuendent '^quot;“ 'quot; ^' ou bon leur femble : ou bien à coups de bafton les cm-ployent, amp;nbsp;contraignent au labourage des champs,amp; tous antres vils amp;nbsp;abieds meftiers, amp;ferLiitude prefque intolerable . Parqnoy ne fe fault efmcrueiller, fi ces panures cfclaues Chrefiiens ne faifoycnt fcrnpule de nous mettre » tous en danger, pour eux mettre en liberté. Hors la ville du cofté d'Occident,fe trounent plufieurs beaux, amp;nbsp;deli- j^*’^ ^ deux iardiils, peuplés, amp;nbsp;décorés de diners arbres produi-fans fruits de toutes fortes : entre autres chofes il y a des Melons de bonté amp;nbsp;fuauité incomparable. 11s ont pareil-lement vn autre fruiél appellé Pateque, que les Italiens ap- ratequ«. au. pellent Anguries, relfemblant en groffeur amp;nbsp;couleur à noz ri«.’'quot;' quot;°'’ citrouilles verdes d’hyuer ; lequel fruid ilz mangent cru fans pain,ny fel,amp; ala chair fi delicate amp;nbsp;doulce, qu’elle fond en la bouche, rendant vne cane comme fuccree : qui fert grandement pour rafrefehir amp;nbsp;defalterer . Autour de leur iat-dins,y a force puis pleins de bonneeauë, amp;nbsp;le terrouet des enuirons, encores qu’il foit en montagnes amp;nbsp;vallees, eft aifez fertile en fruits amp;nbsp;bonnes vignes. De l’autre part qui regarde l’Orient, hors la ville s’efcoule dans la mer vn petit fleune nommé Sauo, qui (ert grandement, tant pour le boi- smo fleuue. re,que pour autres cômodités, amp;nbsp;qu’ainfi foir,ilfaiâ; moul-dre plufieurs moulins . Le nuage de la mer depuis le Cap de Matafuz (où encores fe voyent les veftiges de l’ancienne cité Tipafa,laquellefutautresfoispar les Empereurs Romains Tipafacité. honorée du droief des païs Latins) fe courbe, amp;nbsp;contourne
B à la
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Deferiptiö des à 11,forme d’vn croiflant : amp;nbsp;tout le long du fleuuc, amp;nbsp;du m” eftbu«quot;îZ tillage J les femmes amp;nbsp;filles efclaues Maures de la ville d’AI-liantes le linge aer, vont lauer leurs linges, eftans ordinairemet toutes nues: encefleuuc. ® z , „ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;° nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• j nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j ,
excepte qu elles portent vne piece de toillcde cotton,de quelque couleur bigaree, pour couurir leurs parties fccretes (lef-queUestoutesfois pour peu d’argent elles defeouurent volontiers) amp;nbsp;portent aufli pour aorncmët,au col, aux bras, amp;
aux iambes des grand colliers, ou bracelets de laëton,embel-liz de quelques pierres faulfes. Mais quant aux femmes des tes femmes de Turcs, OU Maures,on ne les veoit gueres aller defeounertes. cfrac vont COU nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'
vertes d*vn Car elles portent vu grad Bernuche d’vne fine farge blâchc, '*4iù^.t,Mi. noire, OU violette,qui leur couure* toute la perfonne,amp; la tefte . Mais,àfin que vous puilfiez plus facilement'comprendre la manière de tous ces habitz,ie vous ay à la fin de ceprefent chapitre reprefente' au vif vn Maure Alarbe à chc-ual, vne femme allant par la ville, amp;nbsp;vne fille efclaue Maure. Le fécond iour de nofirc arriueeen Alger,ietrouuay moyen par argent, amp;nbsp;belles parollcs,de gaigner vn Efpagnol renié, pour me conduire par tous les lieux, que le defirois veoir: fl bien que par fon moyen, ie vey s, amp;nbsp;apprins pluficurs cho-fcs durant quatre, ou cinq iours, que nous y demeurafnics en paix. Nomméement il me conduift fur vne haute montagne, eflongneeenuiron vn mille delà ville,pour veoir, amp;nbsp;Defcriptiód-v contempler l’aflictfc d’vne forte amp;nbsp;groffe tour, qui eft fituee Us Alger” fur vne autre montagne là auprès, amp;nbsp;m’eftant doulcement informé de luy quelle pouuoitchrc la force d’icelle tour, il m’affeuraque la largeur des folTez d’alentour, choit dedixfept braflès, finon auprès delà porte, par où l’on y entre, qui rc-gardeiavilleparTramontane, où ilz n’ont que fept brafles: mais quela profondeur eft d’enuiron deux lances. D’auanta-ge,il me dit que dedans la fortereffe, y auoit neuf groflès pieces d’artillerie de fonte,amp; dixhuiét autres tant moyennes, pafleuoUans, que fauconneaux ; amp;nbsp;que au milieu de la tour y a vn. puis de rresbonne eaüe : amp;nbsp;fur le hault qui eft ter-rafle.
-ocr page 53-ORIENTALES LIVRE T. 19 rafle, vn moulin à vcnr,amp; vn autre hors la porte : amp;nbsp;que trente foldats ordinaires font commis pour la garder : brief, que cefte tour n’a efté faifte à autre intention, (ainfi meC-mes que par plufieurs me fut du depuis confirmé) que pour la garde des fourccs des eaües, qui de là par conduits foubterrains font mences en la cité.
Par
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PAR QJVELS MOYENS CAIRADIN
Barbe-roujjè fe feit Roy d’t^lger.
C H A P. I X.
ALge R fut longuement foubs la domination du Roy
de Telenfîn, iufques àce queceux de Bugie eleurent vu nouueauRoy; auquelils fe donnèrent,amp; fe rendirent volontairement fes tributaires , pour leur eftre plus prochain,que celuy de Telenfîn, amp;nbsp;qu illes pourroit plus toft fecourir à vn befoing. Mais par fuccelTion de temps,fe voyans quafi li- ' bres, amp;nbsp;hors de doute, armèrent quelques vaiffeaux fur la mer: auec lefquels ils fe rendirent fi grands Courfaires,qu’en pende temps ils eurent infedé par leurs courfes, amp;nbsp;pille-ries, non feulement les coftes d’Efpagne, mais aulli toutes les ifles Mediterranecs. Ce que voyant le Roy Catholique Ecrdinand, enuoy a en Alger vne grofle armee pour les alTic-gcr, amp;nbsp;fi pour les tenir en plus grand deftroift, feit auec mer- ^2?dr3^« ueilleufe promptitude,baftir vn forten vn lfolet,quieft au ««fu« deuant de la citejestenantpar ce moyen de fi prés affiegez, qu’en peudetempsilsfurent contraints de requérir trefues pour dix ans : qui leur furent accordées, moyennant certain tribut, qu’ils payèrent iufque apres la mort du Roy Ferdinand . Car alors voyans leur bon point de rompre la trefue, f-airaiHn b«-pourfe remettre enliberté, appcllcrentà eux Cairadin Barbe- ^',1®^^’^ rouffc,quiapreslefiegede Bone,s’eftoit retiré au chafteau de Surdité c»-Gegel,aflis en la nue de la mer Méditerranée, fur le coupcau d’vn haut rocher à 70. mille de Bugie. I.equel par eux mef-mes efleu leur Capitaine en chef, donna plufieurs afpres affaults à lafortereffe, defaçô qu’il en chafla les Efpagnols : amp;nbsp;incotinent après, la feit ruiner, amp;nbsp;démolir iufques aux fon-demens. Voyant donc fi heureux fuccés de fon entreprin-fe, ne fceut plus endurer de compagnon, par quoy ü tua Sclim Prince dans vn baing en trahifon vnPrince Arabe, nommé Sclim, s^néStfAu quifedifoit Sieur de la cité. Puis lailfantlenom de capitaine, ?S,^oiquot;tt*quot; fc feit appeUer Roy, amp;nbsp;battre monnoy e Ibubs fon nom : amp;nbsp;Bwb» louac.
B 5 con-
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conduit fi bien fes affaires, qu’en peu de temps apres, il rendit à foy tributaires touslespeuplescirconuoifins. Telfutlc commencement de la grandeur de Cairadin Barbe-roufle: apres la mort duquel, fon frere Hariadenc luy fucceda au Royaume : amp;nbsp;apres luy, fon fils Calfam : lequel regnoitpour lors que nous y arriuafmes.
SVITTEDE NOSTRE 2(atfigatiûfj.
C H A P. X.
^O v R reprendre noftre nauigation,que fay laiffe au de la le Cap Matafuz,d’ou nous ( y ayans feiourné vue nuid) partifines fur le matin : amp;nbsp;nous fut le vêt tant côtraire, qu’il capdeTed- nous coutraiguit d’allerdonner fond,aupresduCap dcTed-dele, auquel lieu fe voit dans vn grand rocher, vne cauerne profonde de deux bons lefts d’arc : dans laquelle la mer entre iufques au fond. Nous y entrafmes aucc noftre efquif, iufquesàmy chemin. Mais comme nouspenfions tirer outre, nous y trouuafmes fi grand nombre de chauues fouris, ris^’en nombre quc nousfufmes contraintsde retourneren arriere,tant nous infiny. eneftions perfecutez. Et fi, de crainte qu’elles ne nous pif-faflent furnoz teftes (d’autant que leur vrinc eft venimeufe) force nous fut, denous couurir, amp;nbsp;cnueloper de noz manteaux. Cefte cofte de mer eft fort montueufe, amp;nbsp;pleine de grands rochers. Mais en tirant à la cité de Tcddelc,y a quelques vallees fertiles en vignes,iardins,amp; arbres fruitiers,amp; là, ou nous cftions ancrez, nous furent par quelques vns de la ville, apportés quelques viures,fruifts amp;nbsp;melons pour noftre argent. Surlefoir,prinfmescaufrcfchecn vnpuisvn peu au deflus de noz gaUercs. Et le matin aucc vent propice
ayans doublé le Cap, palfafmcs ioignant la ville de Teddele. De laquelle ie fe-ray icy vne briefue de-feription.
-ocr page 61-ORIENTALE S LIVREL 21 DE LA VILLE DE TEDDELE, cycles habitansd’tcelle.
CHAP. X I.
*quot;T^E D D B i E eft vne cité contenant cnniron deux mille Teddeu.
■^ fenz, fituee fur la mer Méditerranée, à 60. mille d’Alger, Elle eft au pied d’vnc montagne, à la pente d’vu grand rocher. Sur le milieu de la montagne, y a vn petit chafteau, depuis lequel s’eftend vne longue muraille iufques à celle de la ville. Les Africainsl’edifierent anciennement : amp;nbsp;pour le iourd’huy eft habitee d’vn peuple fort récréatif amp;nbsp;plaifant. Car quafi tous s’addonnent au ieu delà harpe amp;nbsp;duluth.Leur principal meftier, amp;nbsp;exercice, eft d’eftre pefcheurs,ou tain-Ôurieres delaines amp;nbsp;draps;àcaufedeplufieurs petisruiffeaux fort propres pour les taindures: lefquels defeendans desmô-tagnes en diuers endroits de la ville , fe vont puis efcouler dans la mer. Les habitans de ce lieu font foubz lamefme obeiffance amp;nbsp;iuftice,que ceux d’Alger.
Abandonnants la cotte amp;nbsp;la ville de Teddele, nous nous iettafmes en pleine mer,amp; tantnauigafmes que le 2 4. de lull-let fur le foir nous decouurifmes la cité de Gigery. Mais, ainfique nous en pensons approchcr,s’eftcuaen vn moment vne fi fuiieufe amp;nbsp;foudaine Borrafque, que fi noz mariniers ^^^’’’“^* n’euflent efté habiles à promptemët amener les voilles, nous dangereuf« eftions en granddanger d’elFre tous abifmez;amp; de faid veif- **“ “quot;’S“«« mes perdre noftre fregatte (qui eftoit attachée ànofire galle-rc) deuant noz yeux, à faute d’auoircouppéviftement leca-ble.Mais tous les homes fe fauuerent à la nage dâs noz galle-rcs.Tellesborrafques(engêdrees d’vn vêt appeUé parlesGrecs Typhon, de Pline Vertex, ouvortex, mais des vulgaires Tourbillon : lequel ne procédé gueres de lapartie de Scptëtrion,ny moins fe faid en hyuer) font fort frequentes amp;nbsp;dâgereufes tout le log de la cofte de Barbarie ; amp;nbsp;tout ainfî quelles viennet foudainement,auflî n’arreftent elles à s’appaifer. Le 2 5 • fur le vcfprearrivaimes au port de Bone, amp;nbsp;apres y auoir ancré,l’â- ’’««deBon«;
balfa-
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Bone gouner- baffadeutenuoya faliier le Caddy, qui tient la ville à grand 5yttib«“iSl tribut foubs le Roy d’Alger. CeCaddy eftoit Cbrefben re-‘^’A*?'V nié, amp;nbsp;toutesfois fe monftra aficz courtois amp;nbsp;liberal en no-f^^oquot;* ^^^ endroit. Car outre les rafrefchiflemës de chairs,pains “ * * *“*• ^ froitz qu’il nous donna, il cnuoya à l’heure du fouper à l’ambafladeur, deux grands plats de Maiolique plainsde leurs viandes, accoullrees fort proprement àleurmode, qui eftoit vue efpecedc Menudes, faites de pafte auecoignos amp;nbsp;poulies grafles, enfcmble quelques gafteaux le tout de trelbon gouft amp;nbsp;faveur.
DE LA CITE DE BONE, ANCIEN-Kemefit ajgt;peffee Hippo», de ia^ueffe faint j4u^aßi» a eße £uefjue.
CHAP. X I I.
Done, meien- 1gt; One, anciennement appelleeHippon,dc laquelle Saint aemetHippo. JD Auguftin a efté Eucfquc, jadis edifice par les Romains fur la mer Méditerranée,cft du coftede la meraflifefur roides amp;nbsp;treshauts rochers : où il y a vne trelbelle de fumptueufe Mofquee, joignant laquelle eft la maifon du Caddy. Mais , l’autre cofté de la ville, qui regardeleMidyamp; la vaUce, eft en afliette beaucoup plus baflè, amp;nbsp;tant dedans, que dehors, eft munie de puis amp;nbsp;bonnes fontaines. Toutesfois les maifons, pourauoir efté deux foisfacca^es,et brufleesdes Efpagnols font malbafties : amp;nbsp;nelçauroit cefte bafle ville contenir plus ^'’’^'om ^\ ‘^'^''^üùon trois cens feuz. L’Empereur Charles V. apres vnecitïddu. qu’il cutfubiuguc la ville, feit conftruire fur vn hautcoftau i Bquot;ôac?'^' du cofté d’occident vne grande citadelle, qui commandoit de tous coftez, amp;nbsp;la feit accommoder de grand nombre de eifternes, pour côferuer les eaues : à caufe que fur ce haut n’y a puis ny fontaine. Toutesfois quelque temps après, cefort futdefmoly par les Turcs amp;nbsp;Maures,amp;les Efpagnols i({gt;ignoh de- dcchaflcz. Hors la cité du cofté d’Orient,fc veoit vne lon-ciî^c. ' ** guc amp;nbsp;fpatieufe campaignehabitée, amp;nbsp;eultiuee par vn peu-pic
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pie appelle, Merdez. Lequel outre la quantité des grains, Perdezpeupu qu’il y recueilt, nourrit encores es paftis de la vallee grand nombre des bœufs, vaches,moutons,brebisamp; autre beftial, fl bien que du lai cl amp;nbsp;beurre là prouenant, non feulement la cité de Bone eneft fournie, mais auffi Thunes, amp;nbsp;1’1 de de Gerbes. Il y a pareillement es enuirons de là,pluficuts beaux iardinages abondans de Dattes,Iuiubes,Eignes, amp;nbsp;Melons fucciins. Au commencement delà valleepaffent deux petites riuieres ; dont la plus grande amp;nbsp;plus prochaine a vn pot de pierre,par deffus lequel l’on va en vne vieilleEglife ruinee, entre gros rochers: que les Maures difent tftre l’Eglife de W*^’-*“* Saint Auguftin : qui me feit croiftre le défit de 1 aller veoir, pat l’autheut. combien qu vnluif natif d’Efpagne,quilors eftoit aueemoy xncift tonte peine de m’en diuertir, pour les dangers, qu’il y difoit eftre des larrons Alarbes : qui là es enuirons fe tien- Aiatb«vo. nent ioumeUement cachez,pour furprendre ceux, qui s’ef- '““' carrent. Ce neantmoins ne peut gaigner fur moy par fes rc-monftrances qu’il ne me y accompagnaft: amp;: de vray me monftra par experience, fur le coupeau d’vue haute montagne vne petite troupe de ces Alarbes eftans tous nudz à cheval, aucc les dards en main à la manière de ceux, queievey en Alger. En la plage ou radde qui eft audeuant de la forte-reffe fe recueilt grande quantité de trclbcau cor ail, lequel An- f*“^^ ^°'J* dré Dorie lors tenoit à ferme du Roy d’Alger,luy en rendit iç®-°yæ.^'^'j par chacun an, grand deniers. De fortune nous y trouuaf- fe tecueik en mes vne nef Marfeilloife, là conduite par vn patron Corfe^“^‘‘*®'’* pour le recueillir, amp;nbsp;de fait en donnèrent parprefent àl’Am-baffadeur plufieurs belles amp;nbsp;grandes branches.Le lendemain 26. apres foleil couché,les ancres fcrpees,nous departifmes deBone,amp; trauerfafmes le Goulphc,quidure enuirô 18.mille, au Cap de Roze : puis paffant à la veüe des Ides de la G a- cap de Rofe.
1 lite amp;nbsp;des Zimbolos, voila vn poiffon dans noftre gallere, de Bu‘amp; zÛ^ h longueur, groffeur amp;nbsp;couleur d’vne groffe Sardine, lequel“’-auoit deux grandes ailes furie deuant Ôe deux moyennes fur
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PoiffbnyoïâtJe derrière : fa telle eftoitaflcz groffe, amp;nbsp;la bouche grande à la comparafon du corps .Etcft cepoiflbn appelle par lesMau-capBoo. rcs,lndole. Ayansdoubléle CapBon,lciour Sainte Marthe 2 8.dufufdit mois, arriuafmcs àl’iflede Pantalaree:où, par ce que lèvent nous eftoit contraire, nous fufincs contraints pour celle nuiél, donner fond tn une plage,amp;. nous mettre à l’abry du vent.
DE NOS T RE ARRIVEE EN riße Pantaiaree.
Lchap. X 1 rir
’A v T R E nuift fuyuant nous vinlmcs ancrer en vnc autre plage del’ifle à 6. mille delà cité,amp; le matin vn des gardes penfant que nous fulî'ionsImpcriaux,ouMaltois,vint en nodre gallere faire prefent à l’Ambafiadcur, d’vue bonne quantité de raifins amp;nbsp;de figuesqu’il portoitdedans vne peau de chieure deflits fon doz. Ce prefent aufli tod rémunéré, queprins, nodre trompette fut enuoyéauee ccdegarde,pour demander au Lieutenant de l’ide, deux elclaues Prouen-ceaux, qui le iour précédât, s’en cdoyentfuis de la galliot te du Chcualicr de Seurc . ores qu’il les cud deliurczdecaptiub téen Alger,?ucc tel danger, que i'ay cy delfusrecité.Cepcn^ dant,nodrc aigadc fut rcnouutllec de certaines cidemesjôé furie foir reuindrent la garde amp;nbsp;le Trompette,fansauoiren-tendu aucunes nouueiles de noz efclaues,mais bien dirent à , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, VAmbafladeur, de la part du Lieutenant, que l’armeeTur-
sue parmec quelque cltoit a Malte, amp;nbsp;qu elle auoit laccage la ville d Au-diTMaulquot;' glide en Sicile : amp;nbsp;que A nroine Dorie voulant pader de Sici-dk^ùccagquot;^^^^^ ^^ '’'^'^ d’Afrique,pour fournir la place de foldats amp;nbsp;pat lu Turcs, munitions,^ nuiâdu 6. iour du mefme mois de lu illcr, par ric par inauuai mauuaife conduite amp;nbsp;inadvertence s’alla tellement inuedir, pVdhuWgli- ^ heurter contre l’ide deLampedofe ; que dequinze gallcreS qu’il y auoit, les huift fe perdirent ; fçauoir cd, fa Capitale nede, amp;nbsp;deux autres,qui edoyent fiennes : defqueUes luy amp;nbsp;yn
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26
vn fiencfclaue feulement fe fauuerent : amp;nbsp;deux,qui apperte-noyent au. Marquis de Terre nenfue, la patronne de CigaUc» la patronne de Monego, amp;nbsp;lagaliflede Sicile,auectous ceux, qui eftoyent dedans.
DESCRIPTION DE LT SLE.
CHAP. X I I I I.
r^ E STE Ulc de Pantalarec ,que les anciens ont appellee p»nwuree.de» Paconie,eft fort montueufe, amp;nbsp;pleine de tresgrands ro-“quot;” ‘ chers. Il y croift force, Cotton, amp;nbsp;Captes, Eignes, Melons, amp;nbsp;bös raifins,amp; fi par toute l’ifle fe tronuSt bon nôbre de ci-fternes :au{fiy voit on plufieurs petites maifonnettes,fort an-ciSncs édifiées das laterre (en faeô de cauernes) par les Maures, du temps, qu’ilz pofledoyent Vifle.Lelong de la mer fe trenue quantité decertainespierres noires, amp;nbsp;luifantes,com-’mele fin geyet, amp;nbsp;quelques pierres pÔcès.lls n’ont nuis chenaux,mais bien des boeufs en grande quantité auec lefquels ils labourent la terre, combien qu’il n’y croiffe nul bled (dont ils fe foumiffent eni’ifle de Sicile,àlaquclle auifi ils font fub-iefts.) Mais bien y viennent quelques autres grains amp;nbsp;herbages de peu d’eftime. Il y a vn petit arbre, rcfemblant à Nerte, ’“ wbw’*to-que les Maures appellent Veto, amp;les Siciliens Stinco : lequel bubuà nmw. produit vn petit fruiû rond,qui au commencement eft rouge,puis quand il eft meur, deuient noir : amp;nbsp;d’iceluy leslnfu-laires (quifontfort ponurcs ; font h uylle,duquel ilzfcfctuent, X^'dtt’foaX tant en leurs lampes, qu’à leur menger : amp;nbsp;files femmes apres *** s*^«®« s’eftrelauees la tefte, s’en oignent les cheueux pour les faire croiftre plus logs, amp;nbsp;plus beaux. Autant les homes,que les ^“u'ac^çL^' femmes y font naturellement bons nageurs: comme nous “'quot;'J®“'’‘'quot; veifmesVexperience par vne villageoife, qui portantvn plain coffin defruiélsfe lança dans lamer, amp;nbsp;à la nagele nous apporta vendre iufques dans noftre gallere. Cefte iQc à trente mille de longueur, amp;nbsp;enuiron dix de latge.
Parte-
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DES PEREGRINATIONS
PARTEMENT DELTSLE Pattfalaree faur aller a (^abe.
C H A P. X V.
T E pénultième du mefme mois de luillet nous partißnes vAmbaflV '^^de Pantalaiec, auec vent fi propice, que le premier iout frquot; a^’de ^ d’Aouft après auoir pafle l’illede Goze,vinfines furgirenui* Malteertvifité ron Ic vcfpre à la radde de Malte:.où incontinent fufmes fi«Jpaô(b“amp; vifitez par meffieurs les Cheualiers Parifot amp;nbsp;Villegaignon, viiiegaignon. ^ deplufieurs autres de diuerfes nations. Puis ayat Môfieur
rAmbafladeur fait entendre au grand maiftre fa venue, la chaîne du port ouuerte auec falutatiô accoufiumee tant d’vn cofié qucd'ftutrc,cntrafmes dedansle port: furie bord duquel ciiaineduport pluficuts autres Cheualiers auec les fusnommezlà venuz de la part du grand Maiftre nommé Omede, de nation Efpag-nolle,receurent l’Ambaffadeur en luy prefentant vil mulet: fur lequel il monta, amp;nbsp;puis l’accompagnèrent iufques en la grand falle du chafteau,où le grand Maiftre auec grand compagnie de Cheualiers l’attendoit : amp;nbsp;apres luy auoir fait lare-uercncc, amp;nbsp;did partie de fa creance,cftantla nuid prochaine/ ayant prins congé fe retira en fcs galleres. Le lendemain il fut par legrand Maiftre connié au difner fort magnifique: auquel tous les plus anciens amp;nbsp;notables Cheualiers de la Religion eftoyent inuitezamp; aßembkz : amp;nbsp;là fut publiquement sinanBafeha recité, comme les iours precedens Sinan Bafcha Capitaine general de l’armee du Turc,auoit prins amp;nbsp;faccagé le chafteau ^Lc%rt Me- ‘^^ ^^ '^*’'^ d’Auguftc en Sicile, amp;nbsp;que de là eftant venu furgif chetco. à vn port de Malte nommé Mechetto, voifin de ccluy du Rauage des chafteau, auoit mis gens en terre, pour courir,rauagcr amp;nbsp;pil-Turcs pari-iflc 1er tout cc qu’ilz pourroyent tronuer à leur aduantage : ce deMalce. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;‘ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;® nbsp;,
qu nz anoyent execute auec toute la cruauté que ces Barbares en telz affaires ont accouftuméd’vfer. Mais qu’vn tres-Gaymeran Vaillant amp;nbsp;bien aduifé Cheualicr Efp3gnol,nomméGuyme-g^oiromaf« tan. Capitaine d’vue gallcre de la Religion, ne pouuant fup-fortiHe Me Plt;^’^®’f ^‘quot;^^'“ ûifolence, ayant fecretement affemblé quelque nombre
-ocr page 67-orientaleSLIVRE I. iS nombre de fouldats amp;nbsp;Infulains, leur auroit drefle tant dem-bufches,amp; donné tant de cargues : que après auoir tué ou prins ceux qui luy pcurent tumber entre les mains,les contraignit à defloger de ce lieu;mais non de defifterdc leur en-treprinfe. Car de là ils allèrent à la callc S. Paoul, où ils mi- c»Ue s.paoat. rent artillerie en terre pour affieger la cité ; De laquelle ayant gaigné les faux-bourgs,leurs tranchées faites y conduirent l’artillerie,pour y faire batterie. Toutesfois ne pounans venir afin de leur entreprinfe (tant pour eftre le lieu rudeamp;rab-boteux, amp;nbsp;plain de rochers, que pour veoir défaillir amp;nbsp;mourir leurs hommes de la chaleur extreme qu’il faifoit) delibe-terent deleuerleur fiege, amp;nbsp;de fe rembarquer auec leur artillerie, après auoir tué, prins amp;nbsp;facca^é tout ce qu’ils peurent rencontrer à leur aduantage. De la tirèrent à Vifle de Goze vine de core afléz prochaine amp;nbsp;fubiefte à Vifle de Malte, laquelle ils facca-gerent, prindrent le chafteau par deceptiue compofition, amp;nbsp;emmenerent tout le peuple hommes, femmes, amp;enfansef-daues amp;nbsp;prifonniers, qui eftoyent en nombre enuiron fix2m‘«Sfûa. mille trois cens. Le Cheualier de ViUegaignon au traidé qu’il a faift de la guerre de Malte, recite vne hiftoire de non moins grande commiferation,que pleine de tout defefpoir, amp;inhumainc cruauté. C’eft d’vn Sicilien,de long temps ha- Hiaoiupitoy bitué en ce lieu, où il auoit prins femme, delaquelle il auoit *’’^'’ deux belles filles, pour lors preftes à mariér. Lequel voyant la derniere calamitéluy eftre préparée, pour ne veoir en fa prefence honnir amp;nbsp;violer fa femme amp;nbsp;fes deux filles, amp;nbsp;les ^™*“'^ ‘’’’*' emmener en vitùpcrable feruitude, pour les affranchir de tout honte amp;nbsp;feruage,les ayant appellees en fa maifon,feit paffer les deux filles, amp;nbsp;puis la mere, par le tranchant de fon efpce. Et cela faia:,auec vne harquebufe, amp;nbsp;vne arbalefte bandee le ieda, comme forcené, au deuant de lès ennemys: / Dont il en tua deux du premier rencontre : puis combatant quelque temps auec l’efpee, eftant cnuironné de la multitude des Turcs, en fin luy mefme y fina fa malheuteufe vie. Voi-
C laie
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laie fömaircdesmaulxadvcnuzparles Turcs en peu deiours es iflesde Sicile,Malte amp;nbsp;de Goze. Apreslequellcs chofcs ayat Le Bafehafaid rembarquerfon armccaucc tout le butin,fe Ic-ua le 27.deluilletpour alleren Barbarieaffieger le chafteaude Tripoly.Le difnerfinyrAmbafîadeurenprefenec de eelleno zdeduRoy j^jg affcmblee, remontra le bon Zele amp;nbsp;volonté que le Roy URviigion de Trefchreftien Ion Màiurcauoitde tout tëps porte a leur Reli-quot;‘ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gion,amp; le grand defplaifir,qu’il auroit, quand il entendroit le
dômage que les Turcs auoyêt faid à l’ifle: les afieurat que s'il y fut arrivé d’heure pour en faire rcmonftrâce au Bafcha,qu'il n’y eut efpargné,ny fapeiue ny la faveur du Roy fon Maiftre, pour les en faire defloger. Dont le grâd Maiftre apres fanoit grandement remercié,luy did,qu’il y auoit encor temps affez pour beaucoup les favorifer, moyennant que félon la volôté du Roy, amp;nbsp;l’offre qu’il luy venoit de faire, il luy plcuft naviguer à Tripoly,queles Turcs eftoyët allé aftieger-à fin de s’ef* forcer (à fi grâd befoing, amp;nbsp;auant queles chofes allafl'ent plus outre)deles deftourner amp;nbsp;lever le fiege.Car il craignoit,que la place qui cftoit petite, amp;nbsp;peu forte, amp;nbsp;laquelle obftâtla pou-gt; vreté du threfor de la Religion (àce qu’il difoit) n’auoit peu eftre fortifiée, ny fccourue, ne peut longuement tenir contre vAmtM^ vne fi grande armee. Ce que l’Àmbaffadeur accorda volon-«eur accorde .
au grand Mai- tiers, uloit quc Ics charges de fon voyage luy comandaflent kBa^ha'ame de tirer autre part.Etayât la Religion baillé vne fregattepour ’^L7lt;u £ nous y guider,les affeura,que par icelle(au plus toft qu’il pour-’”quot;^“’^®^^) nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^^æ^*^ entendre toutes nouvelles. Nous ne feiour-
laifadcM.'quot; nafmes feulement que deux iours en l’ifle de Malte,tant pour frotter noz galle res,que pour prëdre eauë frefehe amp;nbsp;autres ra frefehiffemés.Eten ce peu de tëps,ie mis toute peine amp;nbsp;eftu-dede veoir, amp;nbsp;entëdre les chofes plus notables,amp; finguliercs decefteiile. A quoy le Chevalier de Villegaignonpourl'an-cicnne cognoiffance qu’il auoit de moy,amp; l’amitié qu’il me portoit,me favorifa grandement. Et par ce auant que paffer plus outre,m’a femblé n’eftre hors de propos,de faire icy vne fiiccin*
-ocr page 69-ORIENTALES LIVRE L 30 fiiccindc defcription de Vide, amp;nbsp;chofes mémorables d’icelle, tant en enfuy vant les eferits des anciens,amp; modernes Geo-graphes,amp; Hiftoriographes, que ce que i’ay veu à l'œil.
DESCRIPTION DE LT S LE Mde exalte, c h A p. x v 1.
Alt E,que les anciens ont appellee Melite,eft vneifle J^^^mS? en la mer Mediteranee, entre Sicile, amp;nbsp;Tripoly de Barbarie, laquelle de l’occident à l’orient a de longueur 22. milîe,de latitude i r. amp;nbsp;de circuit 6o.Elleeft ifle baffe ^ pierreufe, amp;nbsp;a cinq beaux amp;nbsp;fpatieux ports,tous fortans d’vne bouche. A l’entree de la quelle ille eft le chafteau (où fe tient le grand ^*î^£âquot; Maiftre) par art, amp;nbsp;par naturequafi incxpu^nable,poureftrebgt;cnfoK. muny de bonne quantité d'artillerie, amp;nbsp;fitue fur vn haut rocher , environne des trois pars delà mer, amp;nbsp;du codé de la terre, cflrc par vn large canal feparé du Bourg, qui eft au Boutg»u Jef, deffoubs, fort grand amp;nbsp;bien habite, plein de belles mai- Heau. fons , amp;nbsp;palais bien baftiz, chacun auec fa eifterne: pour n’avoir là ny au chafteau, puis ny fontaines. 11 y a pareillement plufieurs belles Eglifes, Grecques amp;nbsp;Latines : Et au milieu de la grand place vne grande eolomne eflevee, ou font punizles malfaiteurs. Vray eft,que ce Bourg n’eft defenfable contre vn grand fiege, pour eftre environné de grandes collines, qui luy commandent de tous coftez. Sieft ce qu’il eft peuplé de grand nombre de Commandeurs, Cheualiers amp;nbsp;Marchans de toutes nations. Mais fur tout y a abondance de Courtifannes tant Grecques,ltaliennes, ^^JJ^*““ ^ Elpagnolles, Maures que Maltefes : lefquelles Maltefes (ie dy les vulgaires) ne portent en efté autre habit, pour l’extre- Habit eniuai me chaleur quil y fait, quvne longue chemife de toille blanche, ceinte au deffoubs des mammcllesiöc par deffus vn manteau long de fine laine blanche, par les Maures appel-léBarnuehe corne icy après iel’ay auvifreprefentee àlafin du prefent chapitre. La cité eft diftâte ûx mille du chafteau,amp; eft ^ri^‘'®quot; *^*
C a fituee
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DES PEREGRINATIONS ' fitueefurvne croupe de môtagne, environce des trois pars de grades vallées,plaines de pierre amp;nbsp;rochers larges,amp; penibles à y marcher.Ducofté deMidy,à 2. mille de la cite, y a vne grade fontaine produifant fi merveilleux nôbre d’anguilles, que Anguilles à c’eftehofe prcfqneincroiable: Icfquelles ont les dêts fi tricha' Jents tranchâ. (-^j, qQ’^ ^’y a fi bônc ligne ou fillets qu’incôtinent ils ne trichent : de manière que ceux,qui en veullêt pelcher,font contraints renforcer leurs lignes,auec fil de foye,ou corto, auprès duhameçon;amp;fi fautqu’aulfi tort qu’ils les fentet prinfes,ilz foyent prôptsà les tirer: amp;nbsp;en celle fontaine noz gaUeres lève tfo.viiugcien rêclcur aigade.lly a enl’ifleenvirö 6o.cafalsouvillages,tous tifle de Malte. , , . , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;z
habites,amp; fi abonde en orge Cuneno (qui eu vn grain qu ils mefièt parmy le bled pour faire leurpain) cotton, citrös,ora-siciiefournit ges,melÔs,amp; tous autresfruits d’excellete bote. Maisquit au Wed amp;nbsp;vin. ‘^' b^^^ ^ au vin,ils s’en fournifsent ch Sicilc.Là naillent de fort * nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;bös mulets,amp; cheuaux delarace d’Efpagne.Lefieur de Villc-
lardinexcel- gaignômc mena voir vniardin,quciegiidmaiftre Omede fai ^nVviiRot faire au de là du port, vis à vis du bourg, lequel iardin eft accopagné d’vn beau corpsde logis cÔtenit ebibre,garderob Pomme» Mu- i’‘^gt;^alle amp;nbsp;cuifine,lacourtpaueedc M.ofaique,porche,fontai-f«- nesfortfrefehes amp;nbsp;bones à boire(provenites de certaines ci-fternes)maifoadulardinier,chapelle,amp; marepourabbreuver les cheuaux.Le tout entaillé par merveilleux amp;nbsp;trefindutlrieux artificc,dis vn grid rochcr,lequclcft d'vnc trclbcllc pierre bliche. Et auprès delà porte,par où l’on y entre,dis le mefme rocher eft entaillé vn grid hôme à cheval,peint de verd,dc beaucoup plus gridqueleRuftiquc de Rome. Quit auiardinla ter rey eftportee,amp; fi eft peuplé de toutes fortes d excelles arbres fruitiers,cömepommes de Paradis, qu’ils apptllêtMufcs(qui eft vn fruit quafide la façon amp;nbsp;groffeur d’vn petit œuf, amp;nbsp;les fueilles de l’arbre font du moins lôgues vne bi alTc amp;nbsp;demie,amp; delà largeurd’vn pied amp;nbsp;demy)Dattes,pömcs,poires,priines, I^efches, Figues communes, amp;nbsp;figues d’Inde,amp; autres fruits amp;nbsp;herbages d’incÔparable bonté : de forte que le lieu eft plein de
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de toute volupté amp;nbsp;delices. La température de l’air, y cft dägereufe en efté : à caufe des grands chaleurs. Parquoy ils s’eftudient à chercher les lieux fraizamp; cauetneux, pour einter l'ardeur du Soleil. Il y avn autre port, qui regarde à Tramontane,appelle la Galle Saint Pâoul(où les Turcs, ^aUes r^ouv comme i’ay dit, allèrent defeendre pour affieger la cité.) Et eft ce lieu ainfl nommé, pour ce que Saint Paoul Apoftre, A^.a« Apo après auoir fouffert les dangers de metuciUeufes tempeftes fur mer durant l’efpace de quatorze iournees, lors qu’il tut par Peftus enuoyé à Rome pieds amp;nbsp;mains liées, Ci toft qu’ar-
xiué, amp;nbsp;defcendu fut en terre,il le couit fou doigt, amp;
ietta dedans le feu vn ferpent appellé vipère : Ôc
fi guérit de heure amp;nbsp;dyfenterie ou fluz de
ventre lepere de Publius. Et cela fut
en l’an troifiéme du règne de Néron.
C 3 PAR-
1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-
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PARTEMEN T DE MALTE, foura/Zerà Tripo/y.
Pc H A P. XV 11.
OvR reuenir à noftre nauigation , fuyuant les prières, que le grand Maiftreauoit faid à l’Ambafladeurde dimen-che 2. iour d’Aouft comme le loleil declinoit àfon occidêt, eftant fortis hors du haute, après auoir doublé le. Cap de Marchc-Siroch, nauigafmes iufquesaumardy fuiuât fur le j^^î**“*“ defaillcment du iour : que nous apperceufmes la cofte de Tripoly.Mais pour euiter les dangers de la nuiû, à caufe de la cofte, qui eft bafle amp;nbsp;fablonneufe, amp;nbsp;pour n’entrer à heure indeüc en l’armee des Turcs, ayans amené les voilles,nefcif-mesque temporifer iniques à la Diane du lendemain, que lors aperceufmcs l'ignorance de noz Pilotes, Icfquds pour 3Jp®™^^^ n’auoir prins garde à la courante,qui eft merueiUeufement mageabk. roide en ces parties, nous nous trouuafmes eftognezd’enui-ron trente mille de noftre droift chemin : Sc fufmes contraints reprendre par Lebech au Cap de Taiure diftant de la cap deTâint«. Ville de Taiurc 2. mille, amp;nbsp;12. mille de Tripoly. En ce Cap de Taiure cftoyent quatre galliottes de l’arriéré garde de l’armee Turquefque: Icfquelles auoir faluees, tirafmes droit à l’armee (qui eftoit enuiron vn mille de Tripoly:) où Cotig-nac auec la Fregatte fut enuoyé pour annoncer noftre venue au Bafcha : qui fut aulfi toft renuoyé auec vn Raiz de galle-te, amp;nbsp;vn laniflaire pour rcceuoirl’Ambafladeur amp;nbsp;le conduite en la gallere Royalle. Qm fur l’heure eftant entré dans fon efquif, honorablement accompagné luy alla baifer la ^J, main:amp; luy fut fait bon recueil par le Bafcha, monftrant auoir aggreable fa venue. Les propos d’entre eux ne Rirent beaucoup longs pour cefte fois. Car l’Ambafladeur retourna incontinent à fes galleres, amp;nbsp;toft apres le Bafcha luy en-
ui«quc nom uoyaprefenter 25.moutons amp;nbsp;quelques autres ranefehme- feit u Bafcha. mens. Toutceiournousfufmes vifitez par plufieursTurcs, «ïu^arcîT/ amp;Chreftiens reniez. Lendemain 6.l’Ambafladeur enuoya vAmba^M
C 5 fes
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fes prefens auBafcha,quî cftoyent deux belles pieces de line cfcailate de Paris, vne pièce de fine toille d’Holandc, amp;nbsp;vn petit horloge, lequel rcceut le tout en fort grand contentement amp;nbsp;plaifir. Puis eftant Cotignac de retour, qui auoit porté le ptefent : l’Ambafladeuraccompagné de fes gentilz-dewMp^cdM hommes,luy alla expofer là caufe de fa venue en luy priant caui«de lave au nom, amp;nbsp;la faueur du Roy, de fe vouloir diuertir de telle entreprinfe. Ce que le Bafcha ne luy voulut accorder : ains Refponce dû au contraire luy feit refponce,que le grand Seigneur fedou-ea b piaillâtes. loit de ce, que les Cheualicrs ayans iuré à la reddition de ut'k‘^iu“JRlîodes, de ne porter iamais armes contre la nation Tur-d'ia^KcUg'on quelque,non feulement contre leur ferment auoyent aidé, amp;nbsp;fauorifé à toutes les entreprinfes de l’Empereur, mefmc-ment à la prinfe de la.ville d’Afrique fur Dorgut : mais aufii que d’eux mefmes faifoyent à fa hautefle ioumeUement la guerre, amp;nbsp;tout le pis qu’ils pouuoyent. Et que pourtant irrite de cela, auoit fatef dreffer cefte armee pour les chaftier de leur témérité, amp;nbsp;s’il eftoit poflible, les chaffer du tout hors d’Afrique, amp;nbsp;de tout fon pouuoic les endommager. Pareil-aiVimstro- lement fe plaignoit du ficur Leon Stroze, prieur de Capue, lequel combien qu’il feuft au feruice de fa Maiefté Tres-chreftienne, auoit enuoyé fa gaUere à la Religion, pour aller à la guerre contre eux. D’auantage que le iour precedent il auoit recogneula fregatte que nou.s anions amenee,eftre de Malte : ce qu’il trouuoiteftrange amp;nbsp;maunais. Quoy voyant i’Ambaffadeur, que par prières ny autres moyens nclcpour-roit diuertir de fon deffeing, fe délibéra de parfaire fon voyage à Conftantinople auec toute la diligence, qu’il luy feroit poffible : à fin d’effayer, s’il pourroit obtenir du grand Sieur, ce que par fon Lieutenant luy auoit efté refufé,faifant fur ce foneftime,que la place (qui lüy fembloit plus forte qu’elle n’eftoit, amp;nbsp;mieux fournie de bonnes gensdeguerre,artillcrie amp;nbsp;toutes fortes de munition) tiendroit beaucoup plus longuement, qu’elle ne feit. Mais il ne feeut nonplus impetrer du
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du Bafcha fon congé ; ainçois le pria de vouloir là tempori- VAmbiff*-fer,iufques à cequ’il euft veu le fuccés de fon entreprinfc,pour attendre qu’il efperoit deuoir eure en brief executee. Ce que grande- Juth^V«*** ment contrifta l’Ambafladcur : qui fe voulut fort excufer fur la hafte de fon voyage. Mais ce fut en vain. C ar il falut obéir, amp;nbsp;s’armer de patience.
Le Bafcha amp;nbsp;Dorgut ce pendant faifoyent diligenter leurs tranchées amp;nbsp;approches pour y conduire leur artillerie : Ce qu’ils nefeirent fans grand perte de leurs gens, car ceux du chafteau, qui auoyent nombre de bonne artillerie , amp;nbsp;les meilleurs canonniers du monde, ne faifoyent inceflam-ment , que tirer, amp;nbsp;peu faifoyent de coups perdus. Tellement que fouuent les;contraignoyent de reculer amp;nbsp;y reuenir par plus longues tranchées. nbsp;nbsp;nbsp;j
Le 7. iour d’Aouft le Bafcha defeedit en terre pour faire c5-duire la refte de fon artillerie aux trachées : parquoy mada L'Ambifli-prier l’Ambaftadeur, de venir veoirl'afliette de’fon camp, amp;nbsp;.^“SJ^'^ou le lieu, où il faifoit lès approches, ce qu’il n’ofa refufer,de'*'*®““^
, , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, f nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;0 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;« CaropSe ap.
paour de le mettre en quelque foufpeçon ; amp;nbsp;mena auec luy pioch«. pour l’accompagner, le fleur de Saint Veran,Cotignac, les Cheualiers de Setire amp;nbsp;de Malliane,le Sieur Caius deWirail, fainte Marie, le fleur de Môtenard,1e Capitaine Cofte, moy amp;nbsp;quelques autres de fa maifon. Il trouua le Bafcha auprès de la mer fous vnpauillon,quc pourl’ardeur du folcil il auoit faift dreflèr, amp;nbsp;apres qu’ils eurent quelque peu deuifé enfem-ble, fufmes conduits fur vue colline, de laquelle nous eftoif aifé de veoir, amp;nbsp;la ville, amp;nbsp;le chafteau, l’alTiette de leur camp amp;nbsp;leurs approches, que pat longues amp;nbsp;tortueufes tranchées, ilz auoyentconduites d’enuiron trois mille, iufque.enuiron quatres cens pas de la cité, non fans aupir efté par ceux du chaftçau grandement endommagés, tant de leur artillerie, que des courfes amp;nbsp;efearmoucheSi, qui par les Cheualiersiour-nellement leur eftoyent dreflees. Et ce matin là ainfl que Saillie de 10« m’aflèura vnEfpagnol renié, 20. Cheualiers eftoyent venus efear-
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efcarmouchcr,iufqucs auprès du pauillon du Bafeha: amp;nbsp;que en defpit de tout le camp, ils auoyent emmené vn Turc prifonnier. Auant que pafler plus outre, pour plus certaine intelligence des chofes,il m’a fcmblébon de faire vne fom-mairedefeription delà fondation, amp;nbsp;fituation de Tripoly.
FONDATION DE LA Cité ik Tripûly.
. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;c H A p. x v i i r.
Ttipoiy. | R ï P o t Y eft vne citéde Barbarie, fituee en plaine are* neufe, fur les riues de lamer Méditerranée. Laquelle fut par les Romains premieremet edifice.amp; depuis par les Goths fubiuguee/^ui la polfcderent iniques au temps d’Homar fécond Califfe, quelle fut par les Africains fi c fit o idc ment alTiegee, qu’au bout de fix mois contraignerent les Goths de s’en fuirvers Carthage, amp;nbsp;abandonner la cité.Laquellc prim fe, pillee, amp;nbsp;dèfmolie, partie des habitans occis, amp;nbsp;partie dc-tenuz prifonniers, tomba en fin foubs la puiffancedes Roy» de Thunes, qui la redifierent. Mais il aduint que pendant qu’Abulhenan Roy de Féz, faifoit la guerre à AbulhabbeS Roy de Thunes (lequel il print prifonnier)les Geneuois auec vne armee de vingt nauires la furprindrent, pillèrent amp;nbsp;durent la plus part des habitan s prifonniers. De laquelle prin-feeftant le Roy de Fez aduerty, enuoya diligemment com*' pofer auec eux pour la delivrâce de la cité,amp; des prifonniers, moyennant cinquante mille efeuz, qui leur furent délivrés comptant. Mais après la reddition amp;nbsp;leurpartement ils en trounerent la moitié de falfifiez. Depuis le Roy de Thunes , . , fut remis en liberté mOyennat vn accord Sc alliacé, qu’il feit officiers caufe aucc Abufelini Rov de Fez,amp; parce moyeirretoumaà Tn-aêîTùHi-'quot;poly,qui furpar luy amp;nbsp;les fiens longuement poffedee, iuf-'cu7a°y“' ^^æ® ^ ^^ que les habitans ne pouuanS fuppofter les extor-' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fions amp;nbsp;tyrannies des Gouverneurs, quipar les Royseftoyét
làenuoyésjes defchafrerent,enfembletous les autres Royaux
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aux officiers. Et auoir efleu à Seigneur vn citoyen de leur cité, deliurcrent entrefes mains le reuenu amp;nbsp;les threfors d’icelle : qu’il gouverna quelquetemps affez bien, fe monftrant doux amp;nbsp;traitable enuers les citoyens. Mais quand il fe veit monté en fi haute dignité s’orgueiHifTant outre mefure tout à coup changea fes bonnes mœurs, amp;nbsp;vertuz en tresvirieufe tyrannie. Qui donna argument à vn fien coufin de luy öfter la vie, amp;nbsp;au peuple de contraindre par importunité vn Her- y® ?^quot;''“ mite (qui auoit efté nourry en la court du Prince Abubaco) prendre u go« -contre fa volonté à prendre la charge amp;nbsp;adminiftration delà puwui“goS cité. QiVil gouvernaneantmois auec toute modeftie, au««“‘»s“»*' grand contentement des habitans iufques à l’an 1510. que n gt;o. Ferdinand Roy d’Efpagne par force d’armes la vint occuper.
Et puis après fa mort, par l’Empereur Charles V. fut baiUee ^**2 ^^'*4^ aux Chcualiers de la Religion. Qui ruinèrent la ville à fin cheuXtr’de de mieux fortifier le Chafteau, qu’ils fournirent d’artillerie amp;nbsp;Religion, autres munitions neceffaires. Neantmoins a efté fi malgar-dec (foitpar auarice du grand Maiftre, ou negligence de la Religion) qu’en fin à leur grand’honte amp;nbsp;dommage eft rc-tumbee derechef es mains des Barbares, en la manière qu’i-cy apres vous fera declaree,pource qu’a prefent ne voulons laiffer la pourfuitte denoftre propos. Or eft donc cefte cité Chofes noct-enuironnee par grand circuit de collines amp;nbsp;grand nombre {’y'amp;'VenulI d’arbres Palmiers(portans dattes) entre lefquelles Ion veoit'*’“•• plufieurs tours amp;nbsp;beaux edifices ruinés, accompagnez de quelques Mofquees,amp; cifternes voultces: Dontl’vne entre les autres qui eftoit en fon entier, outre ce qu’elle eftoit fort grande amp;nbsp;pleine d’eauë d’excellente bonté, elle eftoit toute pauee amp;nbsp;encruftee de fin marbre Numidien.Et'ngnobftant que le terrouer foit maigre amp;nbsp;fablonneux, fi ne laifle il, àfor-ce d’eftre bien eultiué amp;nbsp;arroufé,dc porter plufieurs bÔs arbres fruitiers,comme Oliuiers, Cormiers, Carrubiers, amp;nbsp;grande abondance de Palmiers : du fruiû defquels arbres la plus part des habitans, qui font poures amp;nbsp;fouffreteux, fe nourif-
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nourrifTent: Pareillement y croiffentbonsMelons,Raucs, amp;nbsp;Patecques. En lieu de froument, ilsfement du Mai th, qui eft efpece de gros mil : amp;nbsp;du grain font farinequ’ils peftrif-' fent auec eaue, amp;nbsp;d’icelle font pain comme tourteaux pour leur manger, lequel ils font lentement cuire fur vue platine de fer efehautfee à petit feu, à caufe qu'ils n’ont gueres autres bois à brufler que du Palmier. Et quant à la commodité d’eaue, es lieux haut efleués, ils vfent de ciftemes. Maisenla pleine tout le long de lamer ils ont force puis d’eauedouce, tant pour leur boire que pour atroufer leurs terres, amp;nbsp;iardi-^ueüquot;)« ^dc ^^5^5• Audi ont ils grande quantité de bœufs, afhcs,amp; vn p^U*®'^ ' mouton s, qui ont la queue fort longue, graffe, efpefié amp;nbsp;large de plus d’vn pied. Dont la chair en eft fort tendre amp;nbsp;delicate . Mais fur tout ont grand nombre de Chameaux, amp;nbsp;en ay veu en vue campagne ioignant la ville de Tripolyplus de trois mille pafturcr.
DV BAZAR OV SE VENDOYENT les Chreßiefis prins es ißes de Sicile, Malte, e^ Go^: enßmhle la saniere des tranchées, gabions dr batterie des Turcs^
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Y A N T bien confideré l’aflictte du camp, de la ville amp;nbsp;duchafteau, nous retournafmes vers le Bafcha,auec lequel VAmbafladeur deuifa quelque temps. Et ce pendant rallay veoir le marché des Turcs (qu’ils appellent Bazar) qui choit là auprès : où eftoycnt les panures Chrehiens prins enSicile, Malte amp;nbsp;le Goze, vendiiz au plus offrants, amp;nbsp;derniers enehe-riffeurs : ehant permis à ceux qui les marchandoyent (com-^îdeX'^efeh ^^ ^^^^ ^^ l’ancienne couftume des Barbares Orientaux)dc -ueseipofei en les faire defpouillet tous nudz amp;nbsp;les faire cheminer, à fin de veoir s’ilz ont aucun defaut de nature fur leur perfonne, après leur auoirreuifitéles dents amp;nbsp;les yeux : tout ainfi que fi c’eftoyent cheuaux. Tout auprès de là ie vey marcher fur la terre
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terre vn Scorpion decouleur iaunaftrc,de la longueur déplus gSSaJX’ï.’ d’vu grand doigt. Ce mefme iour les Turcs menèrent leur i««iaunanie. artillerie amp;nbsp;gabions aux tranchées,lelquclsgabions font faits ®’î’^°quot;' r*’-de groflès planches d’ais cfpefles de trois doigts, qn’ilz por- ““ *' tent en gallere ou fur navires pour s’en feruir à leurncccflité.
Car quand ils veullent battre quelque place, ils les dreffent fur terre en forme de Lozenge, encharnant les ais l’vn dans l’autre: puis eftans mis par rang, les rempliflent de terre. Et en eft l’inuention tresvtile : Car les boulets ne faifans que gliflèr deffus, ne les peuvent offencer ny endommager. Les ^“J“quot;‘^ ‘*-Turcs ayans la nu id affis leurs gabions, «5c bracqué leur artil- nonnetlccht-lerie prelle à faire batterie, le matin enfuyuant 8. d’Aouft au ‘'““* leuer du Soleil commencèrent à canonner auec grand furie leehalleau, qui ne fut fans bonne refponce, amp;nbsp;d’heuré à autre en tu oy en t quelques vns. En ces entrefaites le Bafcha feit prier l’Ambafladeur de ne lailTer defcendre petfonne des liens, de peur que les Turcs ndeurfeiflent quelque outrage, en lesprenant pour ceux du chafteau. La batterie continua ceux du ch«, iufquesenuiron le Midy,mais non fans receuoir grand dom- piXLr^d« mage des afliegez quitiroyent incelTamment dans les tmn-“quot;æ^'^r^’^^lj^ cheeSjtellement que ce iour tuerent quatre des meilleurs ca- toi«, nonniers de l’armee, deux Chiaous, amp;nbsp;quelques Raiz de gai- ^’‘îj^“^^** lere,amp; fi emporterentla main de l’eferivain général de rar-ut«.”“ mee qui eftoit homme de grand eftime amp;nbsp;fort favorifé du Bafcha. Brief y eut vn grand nombre de lanilTaires tués ou bleflés. Outre ce leur rompirent la meilleure de leurs pieces, amp;nbsp;en defmouterent quatre autres, qui leur caufa pour ce iour là de celTer la batterie. Ce que nefeirent ceux du chafteau, qui tiroy ent incelTamment pour les endommager. La nuit fuy vante les Turcs feirent leurs approches plus prés du cha-Heau. Surlefquels enuironTaube duiour ceux de dedans fei-tent vue faille iniques dans leurs tranchées : amp;nbsp;eftans retirez, ^^.j,.^ ^^, les Turcs (auleuer du Soleil, qu’ilz onten grande rcucrence) fieg«. recommencèrent leur batterie auec grand’huee, amp;nbsp;battoyent de
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te fen p« in- dc huióï pieces à 11 fois. Sur le vcfpre le feu par inconue-dXîa'miîni- nieut fc meit en la munition de leur pouldredontfurcnt bru-non dcj Tmes ß02 trente Turcs, fans vn grand nombre, qui furent bleflcs amp;vne autre de leurs pieces rompüe. L’Ambafladeurpour-fuynoit d’autre part auec grand’infta;ice fon congé, pour fuyvre fon voyage : qui luy fut accordé . Mais comme nous étions fur noftre partement,le Bafcha s’eftant rauifé, luy enuoya prier par vn Eunuquefon Dragoman, de vouloir encor teporifer deux iours, dans lequel teps il efperoit prendre lechafteau. Ce meflage tant fafeheux mit en non moindre perplexité d’efprit que collere l'Ambafladenr, tant à caufe de fon retardement, que pour la diminution dc noz munitions, qui commençayent fort à s’appetiflér. Mais il fallut dinîmuler. Le 11. du mois le Seigneur Wirailamp; moy allaf-mes veoir les tranchées de Salaraiz: qui n’eftoyent gueres plus de 150. pas du chafteau;amp; là battoir auec huid großes Refponcede pieces. Morata ga qui eftoit derrière l’artillerie, me feit ap-r^P«Moquot; peller par vn canonnier Efpagnol renié, appcllé Cafa-matta uga furgt;e fait (lequel ayant eu cognoiflance de moy en nozgallcres, luy auoit dit, que i eftoye ingemeux du Roy.) Et fur eequn m’interrogeoit de plufieurs chofes appertenans à vn ficgc,amp; à la force d’vne place,luy fey courteamp; bnefne refpöce,amp; tout au contraire,de ce que par raifon de la guerre amp;nbsp;experience ie fçauois. De quoy il s’apperceut, amp;nbsp;me dit en foubzriant, qu’il veoit bien, que ie diflîmulois. Ce Morataga eftoit Eunuque de nation Ragufey : mais au faiéi de guerre de fort bon efprit amp;nbsp;ingement : aufti pour lors auoit il le gouvernement de Taiure amp;nbsp;de tout le païs circonvoifin de Tripoly. Ce fut luy qui auoit advifé amp;nbsp;follicité le grand Seigneur d’envoyer aflieger Tripoly : par ce qu’il n’auoit nuis plus grands enncmys,queles Cheualiers de la Religion, d'autant que iournellement luy faifoyent la guerre. Dorgot eftoit de 25. à 30. pas plus outre que Salaraiz lequel pareillement battoir auechuid autres groflès pieces.Leslanifîaires amp;nbsp;Azappis cftoyent
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cftoyent à main gauche dans leurs tranchées auec leurs har-quebufes preftes,arcs amp;nbsp;flefches,rondelles amp;nbsp;pauois. Or ainfl difpofez auoyëtfi bien continué labatrerie,que ià ils auoÿët renverfé iufques au cordon la muraille de la groffe tour du coing. Mais ce qu’ils abattoyent de iour, eftoit auffi pluftoft refait denuidparles alTiegez. Toutesfois l’iffuë fut telle, que vu malheureux fouldat Provençal (natif de CauaiUon, terre ^J^“^y‘a* du Pape,qui par la longue fréquentation,qu’il auoiteue en chaf^cau def-cespaïs, auoit apprinslalangue,amp; fervy d’efpion aux ennequot; Tutelles en-mys, voyantl’occafion venue telle, que fa mefchanceté, amp;nbsp;*“Xt.**’*'* fimulec trahifon la fouhaitoit, eftant corrompu par pecunc trouva moyen de s’en fuir au camp : où il déclara aux Turcs les lieux plus foibles du chafteau,par lefquels fans grand* difficulté il pourroit eftre battu, amp;nbsp;bien toft prins . C'eftoit au droit du logis duGouverneur : lequel ayant fa veuë furie fof-fé amp;pour auoiraudeflbubsles celliers à retirer les munitions, n’auoit peu eftretemparé ny fortiffié. Quoy ayant entendu le Bafcha, y feit dreflér la batterie, abaiflant les pieces fi bas
cuterent, qu’en peu de temps percerent la muraille. Dont advint,quele haut eftant chargé derempars,par lacontinueUc batterie commença fort à s’elbranfler. Qm tellement efpou-uentales fouldats, aucc ce qu’ils n’auoyent plus moyen de ^r^“^^^** remparer :quelaiflant l’honneur en arriéré,quittans tous les P®?^]^*“* armes, conclurent par enfemble de prendre quelque party 3e common-Parquoy feirententendre à leur Capitaine,qu’ayant faift iuf-ques à l’heure actes de gens de bien, amp;nbsp;vaillans fouldats, voyant les chofes defefperees de fecoursamp;de pouvoir plus longuement tenir, il ne devoit trouver mauvais s’ils penfoy-cm à prattiquer quelque party pour leurfeurcté. Dequoy le ,^®^°®ÎJ^ Gouverneur nommé VaUier Cheualier Daulphinois eftant Menées aduerty, amp;nbsp;par l'Argofin fouldat Efpagnoldes plus vieils amp;nbsp;fouldat n^i-authorifez de là dedans, au nom des autres Efpagnolz amp;nbsp;Im-periaux rigoureulement follicité d’entendre à compofec
Cion.
aucc
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âucc rennefny,auant quelamuraiUe fiiftplus endÔmagee/fc trouva fort efpouventé. Ce que voyant vn fage amp;nbsp;vaillant poXâ‘cbew'^^^‘''*^^æ*- Fi^ançois nommé Poifieu,comme le plus ancien, lier Fnnçoij. au nom dcs autres Cheuahers leur remonftra,que la brefehe n’eftoit fi grande amp;nbsp;auantageufè pour rennemy,qu’elle ne fnft encores defenfable à qui la voudroit diligemment remparcr-Et d’autre part que beaucoup plus honorable eftoit à Cheua-liers d’honneur amp;nbsp;vaiUans fouldats de mourir en combatant vaillammêtcontrecesBarbarespourlc fouftenemêtde latoy amp;nbsp;vrayc Religion des Chreftiens, que d’ainfi pufillanimemét fe rendre à la mercy de ceux, defquels l’on ne peut attendre qu’vue mifcrable fcruitude,amp; toute efpece de cruauté. Mais bien que pour obuierà tous ces dangerseftoit befoing de' ra-frefehir les trente Cheualiers,qui y eftoyent, amp;nbsp;que deluy, il s’offroitde fouftenirl’aflault,amp; les foulager despremiers,lors qu’il les vcrroitlas ou bleffez. Et partant exhort oit le Gouverneur à combatte tant qu’il pourroit.Toutesfois toutes ces remöftrancesfurent de nulle efficace:pour raifon que le Gou
Importunité verneur eftant fans celle foUicité, amp;nbsp;quafi contraint par f Ar de l Ai^ofin. gofin, amp;nbsp;Ics autres de fon partygt;à fe rendre, qui luy remon-itroyent auec vehemence le danger eminent, où eux amp;nbsp;tant de femmes, amp;nbsp;petits enfans eftoyent, fe trouvant deffailly de cueuramp; de fortune amp;nbsp;defemparédefouldats:fansconfidercr . plusauant, confentir,qu’onleuaft vne banniere blanchelùrla Binniere ede- muraülc pour appellcr leurs ennemis àparlemëter.Et pria vn vee pour pro- Turcqui là fc vint prefenter,de vouloir fçauoir,du Bafeha, voquctlcnne nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;» nbsp;nbsp;nbsp;gt;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 myâpariemc- S11 voudroit receuoirquelqu vn d eux pour traiter de quelque bon accord,touchantlareddition duchafteau. Ce qu’ayant Conditions aifecment accordéle Bafeha, furenten toute diligence defpef {aaffi^g«r* chez vn braue Efpagnol nommé Guivarc, amp;nbsp;vn Cheualier de
Maiorque, pour offrir le chafteau auec l’artillerie amp;nbsp;munitios au Bafcha,moyennantqu’il leur foumift des navires pourles conduire tous à Maltc,auec leurs bagues amp;nbsp;hardes fauves* Aufquels fut fommairem ent refpondu (que encores qu’ils ne merit af-
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meritaffent aucune grace, pour avoir eflé fi prefumptueux d'auoir ofé tenir vne fi petite place contre Tarmec du plus grand Seigneur de la terre) que s’ils vouloyent fatisfaire aux fraizdel’armee,qvte volontiers leur accorderoit le party pro-pofé;oùbien s’ils ne vouloyent confentir à cela, qu’il leur ' convenoit, que pour leur recornpenfe tou s ceux du chafteau demeuraffent efclaves amp;prifonniers. Toutesfois que s’ils re-doyentla place incontinent, amp;nbsp;fans plus long delay, il en ex-empteroit deux cens. Dont s’en retoumans les meflagers de- ^^^^^ ^^^ fefperez déplusgrandfalut,furentpar Drogot amp;nbsp;Salaraiz arre- rao»“ «ute-^ ftezanec parollesblandiffantes amp;nbsp;fardees depromeffes, qu’ils u^w?quot;quot; s’employroyent detout leur pouvoir de faire condefeendre le B al ch a à quelque meilleure amp;nbsp;gratieufe compofition. Car ils craignoyent, que par defefpoir les afllcgez fe refoluffent au dernier amp;nbsp;extreme refuge de côbatrc:amp;de faitallerëtremo ftrerauBafchalafautc,qu’il faifoit de refufer ceux,qui deleur propre volonté fevenoyent rendre entre fes mains ;amp; que pour les öfter de defefpoir, leur deuoit auec douceur accorder touteequ’ils demandoyent. Car apres qu’il aurait amp;. le chafteau amp;nbsp;les hommes en fa devotion, il en pourroit difpofer commebonluy fembleroit. TeUement que trouvant IcBaf-cha ce confeil bon,feit rappeller les deux meffagers pour leur dire auec paroUes feintes Ôc fimulees,qu’à la perfuafion Ôc faveur de Drogot amp;nbsp;Salaraiz Vaprefens, en obtempérant à leur requefte,il leur quittoit tous les fraiz amp;nbsp;defpenfe de l’armée, amp;fi leur iura pour les mieux décevoir, par latefte de fon Seigneur, amp;nbsp;de la fienne, d’inviolablemcnt obferver
tout ce qu’il leur promettoit. Ce qu’ils creurent trop de legier, amp;nbsp;fur l’heure l’allèrent annoncer au Gouverneur amp;nbsp;autres
du chafteau.
•*gt;S ho
D 2 ; COM-
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- , COMPOSITION ET REDDITION du chameau de Tripoly à St^a^
Bafeha.
Le H A P. X X.
E Bafeha pour mieux achever fon entreprinfe, envoya konnefte. incontinent après mefTieurs les députez,vu Turc le plus fub-til à fon gré, qu’il auoit peu choyât, auquel il donna charge expreffe, deperfuader au Gouverneur de venir aœc luv, pour conelurre le traidé de la reddition, amp;nbsp;des vaiflèaux,qu’il fan-droit pour les conduire à Malte : amp;nbsp;que s’il faifoit difficulté de venir, qu’il feift femblant de vouloir demeurer en ohage pour luy : Et qu’il euh fur tout l’œil à confiderer la mine amp;nbsp;affeurance des affiegez: comme le tout y eftoit difpofé. Ce que le Turc feeut fi dextrement exécuter, quelc Gouverneur apres s’eflic confeillé à ceux mefmes,quiluy auoyent perfua-dé de fe rendre : combien que la raifon de la guerre, amp;nbsp;le de-noir de fon office luy deffendiffent d’ainfi abandonner fa place,rcfolut foubstantpeuafleureeparolledu Bafeha,renter la finde famiferable fortune.Tellementque defaiUy decueur amp;de bonconfeil.prenantauec luy vn Cheualierdefamaifon (pour le renvoyer faire fçavoiràceux du Chaftcau,lafoy ou Lecouvet. dcfloyautc, qu’il auroit trouvé au Barbare)foubs la conduite foXuprôi- duTuîc, qui l’eftoit venu quérir, tira droit vers les tentes du *“* «dur* ß^fcha. Lequel par le Turc, qui auoit gaigné le deuant, fut adverty de l’efpouventement des affiegez, qu’il luy afleuta efire tel, que s’il vouloittenir bon, il les auroit à tel marche amp;nbsp;compofition, qu’il voudroit. Au moyen deqnoy ayant faiâ: appeller le Gouverneur Vallier, apres l’auoir rigoureu-fement reprins de fa grande témérité, luy dit, que puis qu’il auoit donné la parolle, s’il vouloir payer les defpensde l’armée , qu’il les en laifléroit aller leurs vies amp;nbsp;bagues fauves: autrement n’en pourroit délivrer que deux cens . De quoy eftant Vallier grandement troublé, luy refpondit, que cen’e-ftoit ce qu’auec Icsdeputez du chameau il auoit accorde, Mais
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Mais puisqu’autre chofe n’cn vouloir faire,qu’il luy plcuft le laifiec retourner dedans la place, pour en auoirl’adûis amp;nbsp;délibération des affiegez. Ce qu’il ne peut impetrer. Ains feule-met luy fut permis y renvoyer le Chevalier, qu’il auoit amené avec luy, pour annoncer ces piteufes nouvelles aux affie-gez.Et d'autre part Vallier fut mené en gallere anec les fers Vallicr meni aux pieds. Ceux du chafteau ayans le tout entendu fe trou- *«#«“21^. verent grandement effrayez pour le malheur, qu ilz voyoyêt leur eftre fi prochain; amp;nbsp;nefeeurent prendre autre rcfolution, que de renvoyer le ledcmain au poinétdu iour le mefme Che ualier,pour fçauoir duBafeha, s’ilz pourroyent point auoir mieux. Mais fi toft qu’il fut deuant luy, le Gouverneur fut faid venir, auquel demanda icelluy Bafeha, lequel il aymoit mieux de ces deux partys, qui eftoyent ou de payer les de-fpens deVarmee, ou bien que luy, amp;nbsp;tous ceux du chafteau demeuralfent prifonniers, à quoy il refpondit qu’vu efclaue Eonnt^amp; ja^c n’auoit autre puiffance, que celle, qui par fon maiftre luy e- vàu°ë“ ftoit donnée: amp;nbsp;que ayant perdu aucc la liberté la puiffance de commander, fi quelque chofe luy en eftoit refervee, ne luy pourroit ccyifciUcr, ny commader d’accorder autre chofe, que ce qui auoit efté conclud auec les deleguez. Quoy ayant ouy le Bafeha, de crainte que telle refponce ne vint à la notice des affiegés, amp;nbsp;que cela ne les mift en vn defefpoir de combatte: auoirprins le confeilde les Capitaines em-pongna le Gouverneur par la main, amp;nbsp;auec vn vifage riant amp;nbsp;fimulé luy dit , que fans nulle faute, il les vouloir tous, ainfi qu’il leur auoit promis, affranchir, amp;nbsp;délivrer, amp;nbsp;que pourtant fans aucune crainte ilenvoyaftles faire tous for-tir. Mais le Gouverneur, qui nefe pouvoir plus fier à fcs pa-rollcs, pour y auoir efté trop lourdement trompé, luy dit, qu’il le commandaft à celuy, qui eftoit venu du chafteau, par çc qu’auffi bié s’affeuroit il, qu’ilz ne feroyët plus rie pour luy. Tellement que le Bafeha s’addreffant au Cheualier,luy commanda de les aller tout fur l’heurè faire fortir, luy in-
tant
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rant fur la telle du grand Seigneur, amp;nbsp;fur la fienne, qu’ils fe-royenttous délivrés,amp; affranchis felonies premières côven-tions accordées. Cequecroyant le Cheualier, leur alla lignifier ces bonnesnouvellcs : qu’ils reccuret aucc telle allegrelfe, que fans plus longuement fonder ny confiderer le malheur fi prochain, qui leur eftoit préparé, accouroyent à la fouleauec leurs femmes, enfans amp;nbsp;meubles plus précieux, àquiforti-F^y rompue, roitle premier. Mais ils ne furent fi toll dehors , qu’ilz furent par les ennemys tous delpovillés, amp;nbsp;defualizés, partie des Cheualiers menés aux gatleres, amp;nbsp;les autres a'u Ba-Refponcedu fcha. Lequeleftant par le Cheualier Vallierfommé de la foy fommation qu’il auoit par deux fois donnée, feit refponce, qu’il ne fail-nà^uHi'Xtt' loit garder la foy aux chiens, qui l’auoyent eux mefmespre-À sardo fa miercment rompue au grand Seigneur, auquel des lors de la reddition de Rhodes ils auoyent iuré de ne porter iamais les armes contre les Turcs. Le chafteau prins amp;nbsp;pillé, amp;nbsp;environ deux cens Maures du pais, qui s’elloyent mis au fcrvice des Cheualicrs,taillés en picces,auec grand cry amp;nbsp;huees pour la reiouiflance de la viûoire tirerent plufieurs coups d’artillerie. Auquel bruitl’Ambafladeur là arrivé, print merveilleux def-plaifîren foncueur, de veoir ainri viUainementtraider contre lafoy donnée ce miferable Gouverneur,^ plufieurs autres Cheualiers, qui gifoyent là par terre comme demy defefpe-rez. Et eftant par eux prié de moyenner aucc le Bafcha, que puisqu'il ne vouloir tenir la promeflè, que fur fa foy il auoit promife, qu’à tout le moins fuy vant l’offre qu’il auoit faide pt^ai^m'bif‘^‘^ fi^ propre volonté,!! en feift delivrerdeux cens . Ce que fadcurpouiks l’Ambaffadcurluy alla fort bien remonftrer; Mais il fe lava ptifonoi«.. p^^ j^5 exeufes cy deflus déclarées.Vray eft que descefte heure là il fe condefeendit, que deux cens des plus vieux amp;nbsp;inu-tiles(en ce comprius le Gouverneur amp;nbsp;quelques Cheualiers) feroy ët mis en liberté.Mais quant aux Cheualiers Efpagnols, amp;nbsp;quelques ieuncs François, qu’il auoit fait mettre à la chai-■ ne, ny eut ordre de les en pouvoir retirer, fi non à force prc-fens,
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lens, que I’Ambaffadeur feit au Bafcha amp;nbsp;à ceux qui eftoyent autour de luy, amp;nbsp;moyennant auffi qu’il fe rendit plcige de luy faire rendre trente Turcs efclavcs,quiauoyentefté prins à Malte, lors que l’armee y paffa. Il y auoit dedans la tour (que les Efpagnols édifièrent a l’entree du port, quand ils prindrent la cité) vn Cheualier François auec trente foui- Rufe æv* dats,queles Turcs pratiquoyent tant qu’ilz pouvoyent, dc^^'J***“^“' furprendre auec belles parolles, comme ilz auoyent faift à ceux du chafteau. Mais il les amufa de fon cofté G bien, amp;nbsp;G longuement auec tant d’aftuces amp;nbsp;conditions qu'il leur mettoiten auant, qu’il eut moyen de recouvrer vnc barque, dans laquelle eftant defcendu luy, amp;nbsp;fes gens,après / auoir abandonné le lieu fe retira en noz gallercs. Voila ce quei’ay peu fommairement apprendre des Cheualiers touchant la compoGtion, amp;nbsp;reddition du chafteau. Ce que le Cheualier de Villegaignon a bien plus au long efcript au traifté,qu’il addrcHc au feu Empereur Charles cinquiefme, de la guerre de Maire • Le Bafcha feit entendre à F Ambafla- deuAwwî*' deur, qu’il luy convenoir porter cefte defolee compagnie à ^Xequot;«!»« Malte : amp;nbsp;par ce qu’il feift approcher fes galleres ( qui toutpeifonuie« le long du Gegc auoyent demeuré en vne plage quatre mille [oyent ddi-loing de Tripoly) pour les recevoir ; amp;nbsp;qu’il ne permift à au-cun des Gens dedefeendre en terre. Ce qdi fut accordé amp;nbsp;au plus toft exécuté . Car fur le foir furent amenez dans noftre CapitainelTe par vn Capitaine de laniffaires, le Gouverneur Vallieramp; l’ArgoGn EfpagnoLpuis peu de tëps aprez on amena dans vne Barque grande partie desCheualiers amp;nbsp;fouldats promis. Defquels le Cheualier Vallier tenoit le roole pour les appeUer les vns aprez les autres, amp;nbsp;eftoit la foule G grande, à qui d’entre eux entreroit le premier en noz galleres,que c’eftoit chofe trespitoyable à veoir ; Car ceux, qui fe vou-loyent trophafter, eftoyent parles Turcs à grands coups de poing amp;nbsp;de baftonrcponHcz:amp; G aucûs auât que fortir de la barque furent dcfpovillez enchemife.Or donclcs Cheualiers
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mis en noftregaltere, amp;nbsp;les fouldats à la Patrone •. le lende« Congécatott main ï^ .d’Aouft parle moyen d’vne robbe de fin drap d’or dear d’aller frizé,quel’Ambafladcur donna en prefent auBafeha : il ob-ftX'dexX tint liecnce d’aller veoir la ville, amp;nbsp;le chafteau, amp;nbsp;mena auec pokquot; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Iny fon beanfrere de Saint Veran, fes deux nepveux, Fleury,
Lodon, Montenard,le Capitaine Barthélémy, amp;nbsp;moy,auec fon laniflaire nommé Mouftafa amp;nbsp;le Dragoman. Mais nous arrivés à la porte du chafteau, l’ayant trouvée fermee feif-mez entendre à celuy, qui en auoit la garde, que l’Ambafta-deureftoitlà auec la licece du Bafcha,pour y entrcr,amp; veoir ?n now feit 1 ’^ chafteau. Toutesfois après qu’il nous eut fait longuement l’entreeducha attendre, fortit parle guichet iufques fur le pont, ou de prime arrivée commença à charger d’vn grand bafton fur aucuns Turcs, qui là eftoyent: puiss’addreflant à l’Ambaflà-deurle repo.ufla tresrudement auec parolles iniurieufes.‘De quoy fe fentant offenfé, envoya faire entendre au Bafcha le refus rigoureux, qu’on luy auoit fait, en le priant luy vouloir envoyer vn Chiaous, pour luy faire donner entree. Ce pendant après avo-ir environné les foflezdu chafteau, qui font lafges,profons amp;nbsp;à fond de cuve, allafmes veoir la ville,lâ-queUe fut (comme cy deflus aefté dit) toute ruinee, de lois que l’Empereur Charles l’eut baillee aux Chevaliers.
DESCRIPTION DES RVT nés de Tripely ,
Te H A P. X X I.
OvTBSFois ores que les mai fon s amp;nbsp;edifices du dedans delà ville foyent ruinées, fi eft elle encores environnée de treshautes, belles, amp;nbsp;fortes murailles, accompagnées de grand nombre de tours, doubles fofléz, amp;nbsp;faulfes braves : amp;nbsp;d’icelles environ les trois parts font environnées de la mer. Et au dedans s’y trouvent plufieurs bons puis amp;nbsp;fontaines. Arc ttiompiui Nous veifines fur le milieu de la ville vn arc triomphal de Marbre blanc, à quatre faces fur quatrecolones Corinthiennes
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nes quarrees, citant entaillé en la face qui regarde l’Orient (par excellente fculpture) vn chariot tiré par deux grands griffons, amp;nbsp;au dedans eftoit vue victoire affife auec ces deuxai-les : aucofté d’Occident, eftoit entaillé vn autre chariot, qui portoit vue Pallas amp;nbsp;à lafrize de deffus cftoyent efcrites plu-fieurs lettres Romaines, mais tant ruinées, qu’à peine les , pouvoir on cognoiftre,toutesfoispar ce qui s’en peut lire, l’on veoit,que celaauoit efté faict du temps de Publius Len-tulus.(Qmeft aflèzbo tcfmoignagepour croire,quecefte cité commei’ay deflusdiftaefté par les Romains edifice.) Lede-dansdel’arc eftoit faift à cul de lampe, plein de divers cnrl-chiflémens, le deffus à la mode d’vue tour quarree. Es deux autres faces, qui regardoyent le Septentrion amp;nbsp;le Midy, c- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;»
ftoyêt entaillés en boffe de relief les corps iufques à la cein-tiire(mais fans tefte)de deux fort grandes ftatues des vaineuz.
Tout le refte eftoit enrichy detoutesfortesd’armesentro-phee. Non guère loin g de là feveoitvne grande place quarree environnée de plufieurs groffes amp;nbsp;hautes eolomnes à deux rengs à là modede Portique : amp;nbsp;tout auprès font les ruines d’vue haute tour ,laquelle eftoit anciennement (a ccqucm’af-feura vn More de la contrée) du grad temple ou Mofqnee de ' la cité.Il y a d’abondant plufieurs autres antiquités ruinées, corne colónes,frizes,chapiteaux amp;nbsp;architraves. Le Chiaous venu de la part du Bafcha„rctournafmes vers le chafteau. Mais ne peufmes tous à cefte fois entrer dedâs,par ce que le Bafeha auoit ordoné,qu’on nel’aiffaft entrer auec l’Ambaffa-deur que cinq ou fix tout au plus ;qui furëtlc fieur de S .Vcran, de îleury, de Montcuard, Barthélémy amp;nbsp;le Dragoman amp;nbsp;moy. A l’entree rencontrafmes Morataga,amp; le Capitaine, quiauoitla garde du chafteau qui nous feirent conduire fur les rempars, à fin de mieux le tout confiderer : amp;nbsp;apres auoir letoutbicn vifité du haut en bas,cogneufmes au certain,que „ .. , le tout eftoit bien rempare,muny amp;nbsp;garny de 3 6.pieces d’af- guette cucot« tillexietant grandes que petites:^ qu’ily auoit encores grand chaUcau.
nom-
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nombre de lances Grenades amp;nbsp;pots à feu prefts à ietter,abondance de tous viures, amp;nbsp;autres munitions, bon puis amp;nbsp;fontaine. Et veu que lors que le fiegc fut mis deuant,ilz eûoyent tant en Chcualieis que fouldatsde diverfes nations, environ fix cens, amp;nbsp;les meilleurs canonniers du monde :c*eft honte irreparable à ceux qui fi pufillanimement le rendirent à ce» Barbares fans aucune raifon de guerre. Le tout ainfîbien cô-fideré auec extreme regret,retournafmes en noz gallcres : où ineontinëtle Bafehaenuoya prier l’AmbalTadeur de fe trou-uer le lendemain au difner folenncl, qu’il pretëdoit faire pour la reiouiflance de fa victoire, amp;nbsp;prinfe du chafteau : amp;quc auec luy amenaft Vallier. Ce qu’il ne voulut refufer,penftnt » nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;par telle occafion recouvrer le reftc des deux cens Chcualiers
amp; fouldats, qui reftoyët à eftre délivrez. Parquoy le iour fuy-VAmbani '^^ 16. d’Aouft, i J J i. accompagné du Gouverneur Valdeur amp;vaUietlier,duCheualier de Seuredufieurde Cotignac, du Capitai-ne Cofte, Montenard amp;nbsp;moy, alla trouver le Bafcha dansic pour i» yiitoi- folle,an droit de la brefehe du chaftcau(où eftoy ent pour vnc magnificëce tendus deux beaux pauillôs. Tvn pour luy ioig-nant vne belle fontaine : amp;nbsp;l’autre pour l’Ambaffadeur amp;nbsp;fa compagnie.) Et fi toft qu’il eut fai et deuoir d’envoyerpre-fens tant au Bafcha, que autres fcs familiers (car c’eft de toute ancienneté la manière amp;nbsp;couftume, qu’il faut, que ceux: qui ontà negotier auec ces Barbares, tiennent) il fut conduit au pauillon qui eftoitpourluy préparé :amp; là au (h toft fervy auec toute magnificence, honneur amp;nbsp;fuperfluité de viandes, tant de chairs que de poiffons diverfement accouftrees félon Signes Je te- leur mode, mcfmcs de vins excellës,qu’ilz auoyent trouvez iouilftnee. au chafteau.Et le faifoit lefervice aucc fon de tous leurs in-ftrumens,amp; par officiers en nombre plus de cent, habillez la plus part, de grandes robbes de fin drap d’orfrizé amp;nbsp;figuré, amp;nbsp;les autres de velours, ou damas cramoify,amp; autres diverfes couleurs. Quant au Bafcha il ne fut fi toft affis, que toute l’artillerie des galiercs,fuftcs amp;nbsp;galliottes, de farmee {qui cftoyent
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eftoyenten tout 140.fans legrand gallion amp;deux Maho-mez) fut tireeauec tel bruit amp;nbsp;tintamarre, qu’ilfembloit, que le ciel amp;nbsp;les aftres deuffent profonder en la mer. Les tables leueesl’ Ambafladeur,amp; le Gouverneur Vallier fe rendirent dans le pavillon du Bafeha : lequel en la fin accorda de delk urer les deux cens hommes qu’il auoit promis, amp;nbsp;d’abondant en donna 20. à l’Ambaffadeur, foubsla promeffe de luy faire rendre les 30. Turcs, prins à Malte à la defeente del’armee. Mais ceux qui furent délivrez, eftoyët quafi tous Efpagnols, Siciliens amp;nbsp;Calabrczî peu de François. Caria plus part d’eux furent mis au rang des pechez effacés. Ce iour furent apportez en nozgalleres les coffres de Vallier ; dans lefqucls furent trouvées quelques habillemens,vn fac de monnoye amp;nbsp;vue taffe d’argent,derefte côme il difoit,deplus dedeux mille efcuz,que les Turc auoyent retenuz amp;nbsp;pillez : enfcmble deux pauillons,qu’il cftimoit 3oo.efcuz. Le« Turcs ayant entre leurs mains vu vieil canonnier du chafteau,nommé Îchan de Chabas, natif de la ville de Romans en Daulphiné Cmeifacrisce -(à fin que la fefte de leur vidoire ne paffaft fans quelque fa- ^u^^e'ÎS^ crifice’de cruauté) par ce qued’vn coup de canon,qu'il auoit ^^^‘^ tiré du chafteau, auoit emporté la la main de l’Eferivain general del’armee ; le menèrent dans la ville, où aprezluy auoit coupé les poings, amp;nbsp;le nez l’enterrerent vif tout debout iuf-ques à la ceinture, amp;nbsp;la fuft auec toute efpecc de cruauté per-fecuté, amp;nbsp;tiré à coups de flefches, amp;nbsp;en fin pour dernier iup-plice de fou glorieux martirc,luy coupperent la gorge- Puis fur le foir environ les huift heures furent alumecs à toutes les gallercs, galliottes, fuftesôc autres vaiffeauxtout le long des cordages, antennes, proues, amp;nbsp;pouppes à chacune plus de trois cens chandelles : amp;nbsp;auec leurs cry s amp;nbsp;hurlemens ae couftumez, fon de leurs tambours,amp; autres inftrumens. Pour la fin de tous leurs triomphe s mirent derechef le feu à
. leur artillerie.Lcndemain 17.1e Bafehaenvoyaprefentervne tobbe de drap d’or figuré à Vabafladeur. Et par mefme moyen luy
C
-ocr page 94-Si DES PEREGRINATIONS luy donna fon congé tant defiré. Mais ce ne fut fans faire bon prefent à celuy qui la luy apporta amp;nbsp;à plufieurs autres officiers du Bafcha,qui accouroyent les vns apres les autres de tous coftez,corne leuriers pour auoir la lippee amp;nbsp;participer au butin. Car c’eft la plus barbare,auarc amp;nbsp;cruélle natio, qui foit au möde,amp;en laquelle y a moins de vérité amp;nbsp;fidelité.Car iamais ne tiennent la moitié de ce qu’ils promettent.•amp; fi leur faut toufioursdôner.Le iS.l’Argofin Efpagnolracheta vue fienne cfclaue M orc,aucc deux fienes petites filles,!’vne aagee de fix ans,amp;l’autre quitettoit encores la mamelle, par le pris de 62,ducats,laquelle efclaue pour ma defeription de divers habits,i’ay bien voulu reprefenter au vif,par lepourtraid mis à lafinduchapitre fuyvant.
PARTEMENT DE T RIP O L Y,PO VR L^etourKer aAfalte. c h a p. x x 11.
E mefme iour 18. d’A ouft fur l’abfconfement du folcib nous eftâs embarqUez,les ancres leüecsprinfmes noftre route parun quartdeTramôtaneversGrec,pourtirer à Malte.Mais apres auoir navigué foixante mille,envirö mynuid fe leua vu vêt deTramötanefifroid,amp; ficötrairc,quenous fiifmcs contraints de retourner à Tripoly.Donteftant adverty le B a fehl manda dire à l’AmbafTadeur qu’ileftoitle trclbien revenu, amp;nbsp;qu’il luy auoit biêpredit,qu’iltrouvcroitvëtcôtraireenmer.‘ cencantmomsquâdilverroit le temps comode pour départir il le pourroit faire, fuû de iour ou de nuiâ:,fans autrementle fallier.Nous feióumafmes làiufques au 21. matin : durant lequel teps recou vrafmeseaue frefche,amp;quelquepcude viures, Puis auec vent propice mettatla proue à la quarte de Tramo-tane vers Grecnavigafines fi heureufemet, quenous vinfmes à defeouvrir lesifles de Lapedofe amp;nbsp;Linoïc:qui fut vn Same-Le Patron amp;nbsp;dy 22'.lcquel iour mourut de fiéure peftilcntieufe lePatron aê“«olt;he “11- de noftre gallere,appellé lean Raimond: qui nous fut grand leremeutent. perte. Car il cftoit bon pilote amp;nbsp;homme de bien ; aufll nous cftoyent
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eftoyènt le iour precedent mort deux forçats ôc quatre à la Patronne : qui tous furet iettez en merpour fairepafture aux poiffonsLedimenche 2 3.approchas de Malte envoy afmes la frégate deuât,du codé de Goze,pour découvrir fila mer et oit ncttedegalleres,galliottes amp;nbsp;autres vaifleaux d’ennemis: car no’ eftiôs en quelq doute des galleres de Genes.Et apres auoir lÔguement attëdufon retour,ladcfcouvrâtdeloing nous feit figue,qu’il n’y auoit aucû peril: amp;nbsp;ainfi navigas entre le Goze amp;l’i(ledeMalte,nousy arrivafmesa(reztard:amp;;ayant afferré labouchedu port,rAmbafradeur envoya fon Licutenât auec l’efquif,au grâd MaiftreJuy fignifier fa venue,amp; le prier de no’ Legrand Mai-faite ouvrir le port:Iuy faire pareillement entendre qu’il âiioit “^ ,‘^tj'o^ dâs fes galleresleGouverncuramp; autres cheualiers deTripoly. vrit le pou» Maisil fe trouva fidefpité amp;nbsp;courroucé d’entëdrela prinfede Tripoly,qu’il manda, qu’il n’en feroit rien iniques au matin, qu’il afsêbleroit fon c0feil,pour fçavoir, ce qu’il auroit à fai-re:puisluy feroit entèdre fa volonté.LeCheualierPàrifoten- nonneHetéda Chcualiet Pa-voyaincotment quelquesrafrefchilTcmës depain,vin amp;eaue tifot. frefehe, qui furent receus de meilleure part,que la refpôce du grand Maidre.Quant à Vallier amp;nbsp;autres Cheualiers ils allerer eiûrefontquot; tous coucher au bourg.Le lendemain matin le port nous fut ®^‘‘ ““““’ ouvert, dans lequel nous entrafmes fans aucune falutation. Neantmois legrand Maidre envoyaParifor, 3: quelques au-trc^vicilsChevalicrs,pour receuoirl’âbairadeur,quife môdra fort indigné de ce,qu’illuy auoit mandé le foi r. Ce qu’cuisent les Cheualiers volôtiers couvert amp;nbsp;excufé : mais ils ne le pen-rent honnedemët.Edât venu au chadeau il fut receu auec fort
y maigrechere du grad Maidre, en recompenfe d’auoir retiré amp;nbsp;du amenéàfauveté auec grâdsfraizamp; defpcns,mortamp;mefai(cs ““• desfiens,lescheualiers amp;nbsp;fouldatsdeTripoly:lefqueIs fans lui amp;nbsp;fesprefensfufsët tous demeurez cfclaucs desTurcs.Cequi ne peut cdre perfuadé à ce grad Maidre,qui cotre tout droit amp;nbsp;vérité môdroit auoir opinio, que fans fa faveur les cheualiers ne fefuirentiamais rëduz.Etquât aux 30. Turcs efclaves que Vallier foubs la refpôce amp;nbsp;caution de l’âbalTadeur auoit pro-
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mis défaire retire auBafeha, il ny voulut onceofentir. Le c5-fcil de la religion fut tenu par trois fois,ou l’âbaflàdcur ne s’e-fauUenJZÎô- fp^rgna auee iuftes raifons de maintenir au grid Maiftrele cÔ-ceuccotre les traire de fû fauIfeopinion.Dclaquellcpourrcmôftrâccsqu’on luy feeut fairenc s’en voulut divertir.Mais aucotraire maliti-eufemet fufeita amp;nbsp;irrita les cheualiers Efpagnols,amp; Italics cotre nous. Voire iufques là,queles vns difoyët,quenous eftios venuz à Malte pour cfpierla place, amp;nbsp;la faire mettre es mains des Turcs : les autres qu’aptes auoir fait perdreTripoly,nous vouliôs retroumer derechef à l’armce : amp;nbsp;outre plus que de tousles maux,qui parles Turcs leureftoyëtfurvenuz, no’ en cftiôsle vray motif.Tellefutl'ingraterecÔpëfe dctouslesbies amp;feruices quel’âbafladeuramp;facÔpagnieauoit faitàlaReli' gio. Au partir du chafteau,il alla difner chez le cheualier Pari-u^^y*quot; quot;”’ Vallier eftoitaux arreftz,attëdantqu’Ö luy feit fon pro ces. Toutlerefte duiourfefeirent depefehespour renvoyer le cheualier de Seurc à la CouradvertirleRoy, de tout ce que durât noftre voyage nouseftoit fuccedé. Et cependat legrâd Maiftreexpedia trois fregattes en Sicile, Afrique, amp;nbsp;Naples, pourlesadvertir de Ia perte de Tnpoly: ou bië,ainfî qu'eftoit le comunbruit,pour advertir A.Dorie(qui nous'ùttëdoitau paffageaucc 5.gallcresd’eflite) du lourde noftre partemët, amp;nbsp;du chemin que nous pourrios tenir.Car nous faifios toute di* iigëcedefortirhorsdefesmains.Neâtmoins fifmes döne^de-my fuif à nozgallcrcs,amp;firecouvrafmesauec grade difficulté ‘ quelque peu de viures amp;bois pour lacuifine. D’anatage nous no’pourveufmes d'vn pilote de l’ifle de Chio,anlieu de celui qui no’ eftoit decedé.Le cheualier de Seure nefaifoit mois de deuoiràpreparerfagalliotepour retourner en Frâce;amp; apres auoir ëbarq né auec Iuy,les fieursde S.Veia,MÖtcnard, le ehe naher de Magliane Veftrie,Flamerin amp;nbsp;quelques autres(aucüs defquels ayâtouy parler q A.Doric nous attedoit au paffage, nefevolurët mettre au hazard de côbarrc,ny de tûber es mais des ennemis)le 26.d’Aouft fur le vcfpre les ancres leuees auec vent propice dreifa fa nauigation droid à Marfeille.
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VRE DES NAVIGATIONS, ET PEREGRINATIONS ORIENTALES
DE N. D E N I C O L A Y D V D A V L P H I N E’,V lA R-' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;let de chambre amp;nbsp;Géographe ordinaire du Roy.
PARLEMENT DV SIEV.R D’ARA-rnent (i^mbaj7àdeur pour le Roy Henry IJ. aupreî de Solyman Emj^ereur des Turcs) de riße de exalte,fourfuyure fa nauigatton en Tenant.
CH'APITRE PREMIER.
^Y A N T le Cheualier de Seurc prins g fa droite route pour Marfeille, auec Ï:^^vent tant favorablemous auec noz gal-flcrcs, après auoir reffaiftl’aigade d’eau douce amp;nbsp;recueilli lereftc desnoftres demeurez en terre, environ l’entrec de la nuid nouseftans eflargiz de 2 5. à 30. mille en mer, trouvafmes vn vent de Maiftral à Tramontanc,quinous iervith bien,qu’ayant mis les proues au Grec amp;nbsp;Leuant fifmes celle nuift 60, mille:puis pourfuyvaut noftre navigation auecle meïme vent ledimen-che dernier iour dudiftmoisd’Aouft, eufmes veue à fencftre ines de zef*. de noftre chemin des Illes de Zefalonie, ou félon les anciens’“quot;“ ^’quot;'
E Zepha-
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DES PEREGRINATIONS
Zephalonie, amp;nbsp;celle de Zante iadis appelles lacinthe,toutes deuxfubiedes aux Venitiensjamp; tributaires au grâd Turc(có-me i’efpcre dire en mon autre traidé du retour de Conftanti* nopic.) Le mefmeiour environ le Midy defeouvrifmes vn grand nauire,ouGriffo Candiot, chargé de Malvoifie, vin Mufeat amp;nbsp;autrcsmarchandifespourVenife.Etcombicn que leur enflions tiré le coup d’aflèurance,fi ne laiflcrcnt ils d’arbo rcrvn eflandard rouge auquel eftoyent dépeintes les armoiries de Candie, amp;nbsp;ià fe preparoyent pour combatte, penfant 'v que nous fuflions Courfaires : ce que voyantrAmbafladeur leur fift à croire qu’il cftoit de Sicile, qui fut caufe qu’ilz ame nerent incontinent leurs voiles, amp;nbsp;que le patron aneefa barque vint baifer la main à VAmbafladeur, lequel bien toft il recogneut,pour luy auoir fouvent fourny de vin à Con-ftantinople : amp;nbsp;partant luy fcit prefent d’vn grand barnl de Prêtent agréa-Mufeat,d’vn mouton amp;nbsp;de pluficurs Poftfillcs, Citrons S bicficuect quot;Ofjingc5,çn le priant le vouloir fecourir d’vn barrit d’eaiie frefehe (d’autant que la leur eftoit devenue priante) qui luf Donsraututix fut incontinent deliuré . Ce pendant vn cfclaue Italien, qui caucpourvin. j’^floit fauvé dc Couflanrinoplc, fc vinticttcr à kl nagedau* noftre gallcre. Nous ne laiflafmes pourtour cela, defuyvre me de Sapien-noftre toutc à riße de Sapience, qui eft diftante de Malte “• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;5 5 G. mille ; à laquelle ne torrchalmcs,mais fuy vifmes la cofte
cap Maieeou de U Moree, pour pafler le Cap Malee des Modernes ap-pêriui'ul ^°“ pelle Cap Saint Ange,grand ennemy des navigans. Lequel s’eftendant 50. mille en la mer, y eft la navigation fi peril Icufe,à caufe delà contrariété desvens,qui y foufflent l’vn contre l’autre, que bien fouuent le mariniers font contraints de l’hazarder par deux ou trois fois à pafler ; amp;nbsp;autant de' fois font repouflèz en la partie oppofite. Caria mer, qui 1* iette contre Malee,eftfi furieufe amp;nbsp;tempeftatîne quelle ne peut, qu’auec grand peineôe long circuit,eftre furmontec' amp;nbsp;le plus fouventque l’on penfe eftre efehappé du dager,pef cÔtrarictédes vens on eftramené,en tcllicud’ont bicnlbuvd l’on
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Von ne peut euiter la mort. Et de faid nous nous y trouvaf-mes en grand peril. Car ayant toutvniour navigué aucc vent profpere,àl’entree dclanuiû, comme nous eftions fut le point de doubler le Cap, fe leua en vn moment vn vent de Grec amp;nbsp;Tramontane fi froid amp;nbsp;fi contraire à noftte navigation, que nous fufmes contraints au lieu d’executer noftte deflein,rclafcher to. mille en arriéré à l’ifle de Cerigo:quic«'‘J°‘quot;'=-appartient aux Vénitiens. En laquelle nous feiournafmes huiâ: iours pour la contrariété desvcnts,à fçavoir vn iour au port de San Nicolao,ou premieremêt abordafmes:amp; fept ^°quot;^^quot; ’quot;'’* tours au deffoubs du chafteau amp;nbsp;forterefle appellee Capfali, Lcch»fte»ult;k (pour euiter les dangers des Courfaires,qui là es environs eftoyent touslesiours auxaguetz) où nous vinimes furgir à la faveur, amp;nbsp;prières du Provediteur.Tequel incontinent que nous fufmes ancrez, feit v ifiter amp;nbsp;faluer l’Ambafi'adeue aucc rafrefehiftement de chairs de mouton, volaille, 6c pain fraiz: amp;nbsp;fi commanda à tous les habitans de Ville nous ad-miniftrer toutes fortes de leurs vlures.pour noftre argët : qui nous fut vn trefgrand plaifir, pour la neccfllté qui nous cô-mençoit à preffer, tellement que Von eftoit fur le point de pefer le bifeuit aux forçats amp;. aux mariniers • Ce que bien remarquai’Ambaflàdeur,amp; pour n’eneftre ingrat,luy en-counoifiedu voyaparfouLieutenât amp;nbsp;autresfiens gentilz-hommcs reci- j”cengo? proque vifitation ; qui nous furent de luy courtoifement receus amp;nbsp;bien cheriz, Car il eftoit gentil-homme honorable amp;nbsp;vertueux comme telle cogneupar deux fois,que Vallay par deuers luy. Car apres s'eftre informé de mon eftat, amp;nbsp;CMUeufe pti-^ profeffion,il vfa de toute courtoifie amp;nbsp;libéralité en mon vtdkeut 7«i ç endroit : voire iufques à me faire monftrer fans crainte ny ^’‘oj^ja,. ,. ferupuk toutela fortereffe amp;nbsp;les munitions du chafteau.Le- lt;1“ chiUciu. *^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;quel par nature amp;nbsp;artifice fe monftre eftre inexpugnable,pour
J eftre du cofté de la mer, fitué fur vn haut amp;: inacccffsble rocher, amp;nbsp;deuers la terre, environné de grandes amp;nbsp;profondes
J nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;V allées ’.loinct qu’il n’y a audit chafteau, qu’vue porte pour y
, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;E z entrer;
-ocr page 102-58 DES; P EREGRINATIONS entrer : laquelle eft forte, amp;nbsp;bien gardee par vingt fouldats Italiens, qui à tons ceux qui y entrent, fans aucune exception font pofer les armes . Le logis du Provediteur a fon regard fur la mer : amp;nbsp;tout au to vu de la falle à mode de frize font depeintes les armoiries, aucc les noms de tousles Pro-vediteurs, qui en Lille ont commâdé pour la Seigneurie,puis l’an i 502. iufque autemps de ceftuycy, nommé le Seigneur lohan André Quiriniiqui cftoit en l’an 1551, Au deffoubs du chafteaueftla bourgade, qui eft affez grande amp;nbsp;fitnee en '' pente. Mais eUceft de difficile accez, par ce qu’il n’y a qu’vue rue, qui encores eft cntaillce dans vn dur amp;gliflant rochet de marbre noir. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;f nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lt;
DESCRIPTION .DE LTSLE CYTHAREE a jr da “vul^aires appeZ/ee Ceri^o.
Ce H A p. i i.
Este Ifle de Ccrigo,ainfi qu’cfcrit Bordon en fonlfu-thera.Porphy-laite, fut premièrement appelle Scotnera: Mais félon* A-nus. cythera. ß.^^^^ Porphy ris, pouda beauté des marbres,qviii s’ y treuùent’ Toutesfois Pline amp;nbsp;plufieuts autres la- nomment Gyrhtenf dû nom deCytherefilz dePhœnis,àprcfentGft di^feGerigo.En cefte ifle icy Venus apres fa naifEmcc,fit fa premiere habitâ-tion,amp;; (dans vn temple qui luy fut érigé) comme Deeffe'^ Princeffe de Ville fut adoreeamp;reueree.Elle regardé parSeptd-Ettcurdc Pli- trion le Cap Males : duquel IvlÔ les mariniers modernes, clM oeamp;stiabon. eft diftaufe 30. mille. Mais Pline, amp;nbsp;Strabon ne mettent ceft^ diftance que de cinq mille, en quoy me femblent grandement errer. Car l’cxpcrience demonftre telle diftance elite beaucoup prusgrande.il y aplufîeurs ports, qui toutesfo*^ font eftroits amp;nbsp;dangereux, amp;nbsp;fî l’iflc eft par tout fi boiruc,5e montueufe, qu’elle eft quafi deferte amp;nbsp;inhabitée, fi ce n’eü du coftédu chafteau, ou fe tient le Provediteur, amp;nbsp;en quelques autres petits villages de peu de vallcur. Le circuit eft de 6o.millcpas,amp; abonde(ainfi que recite le mefme Bordon) en
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en quantité d’A fncs fauvages, qui ont vnc certaine pierre en g^Tyaw^u la teile,qui a vertu contre le mal caduc,douleurs de Hancs, amp;nbsp;« d,*quot;^r’ à mettre fur la femme, qui ne peut enfanter.
A N TIQ^ITEZ OBSERVEES par l’oint heur en l’ijle
, quot;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Cy there.
Pc H A P. ITT.
E N D A N T le téps de noftre feiour en celle ifle Cythere, pour raflafier mon efprit, amp;nbsp;éviter oyfiveté, ie mis peine de rechercher les reliques des antiquitez tant de la ville Cy the-rec,que du chafteau de Menelaus,amp; ancien tëple de Venus; en fin me furent monftrees par vn Ifolan furie fommet d’vnc haute montagne,quelques ruines qu'il di foit élire du temple: Ruine ^^ „^ amp;nbsp;vrayement fe y veoyent deux hautes colomncs Ioniques, pui« venus, fans chapiteaux, enfcrriblecincq autres quarrees, entre lef-queUes apparoifloitla forme d’vn grid portail ;amp; tout auprès vne ftatue de femme vedue à la Grecque, de grandeur def statuer effi-
- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, , ■ y nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;6« d'Hclcne. mefuree: Mais a ce que me dit ma guide quelques années au paravantla teile en auoit eile oftee par vn Proveditcur de l’i-tle,qui la fcit porter à Venife, amp;nbsp;afferment les Ifolans que c'eiloit l’effigie d’Helenc . Ce que Ichan le Maire de Belges appreuve en fes illuilrations de Gaule, difant, que ce fut là, ou Paris apres l’auoir rauie, print auec elle le premier fruit de Paris print ky fes amours. Vn peu plus bas que ce temple,fur la mefme mô • XVamouH de tagne eiloit le chafteau de Menelaus mary d’Hclcne , qui «'''“lt;=• eiloit Roy de Sparthc,amp; Seigneur de cefte ifle. Les veftiges duquel chafteau y font encores fort apparentes par les reliques des murailles, qui s’y voyent faites de pierre ÿ taille, ç^Jn^S^'d^“ fans mortier, ny cyment,dc longent amp;nbsp;grofteur defmefuree, MeucUus. amp;nbsp;y auoit vnc hautetour quarree, de laquelle en temps clair amp;nbsp;ferain fe pouvoit veoir non feulement la cité de Spatthe, mais auffi la plus part du Peloponefe (auiourd’huy appelle la Morce.)De ce chafteau on venoit à defeendre en la cité Cy-E î theree
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DES PEREGRINATIONS thcrce,qui cHoit fitucedu cofte d’Orient, à la pente delà montagne, en laquelle apparoiflent encores quelques frag-mens des anciennes murailles. Et pour meilleur tefmoigna-ge de fon antiquité,les habitans de l’idc appellent pourle iotir d'huy toutes ces vieilles ruines Palæopolys, qui eft à dire vieille cité. AudefToubs defquelles paffe vn petit ruiffeau,qui parle milieu d’vn goulphefe va cfcoulcr dans la mer, amp;nbsp;fur les riues de ce goulphe fe voyent dans vn grand rocher dix Biinjientail- huift à vingt grands amp;nbsp;petits baings,entaillez par merveil-leux artifice, la plus part accompagnez de canaux, ou gouttières à conduire leseaues, auffi bien que de cuves à fe baigner. l’apperccu ces baings par vn grand trou, qui jadis fer-volt de fbufpirail, fur la fommité du rocher. Dont la principale entree eftoit couverte amp;nbsp;bouchee de gros buiffons amp;nbsp;arbriffeaux filveftres qui par longueur de temps amp;nbsp;faute de frçquentation y edoyent creus amp;nbsp;multipliez, tellement, que pour contenter monejprit,deliberay ydefeendreparcetrou auec vue corde. Ce que promptement i’executay, à l’ayde de ceux qui edoyent aueemoy. Puis me fécondant mon nepveu, nous nous mifmes fi viuement par grands coups de hache amp;nbsp;d’efpee à tailler amp;nbsp;decoupper les arbres amp;nbsp;buiffons? qui empefehoyent l'entree, que y feifmes telle ouverture,que vn chacun y pouvoir entrer amp;vcoiiàfon plaifîr. Semblablement des le premier iour de nodre arrivée,!’Ambaffadeur ayant faid aller fes gardes fur la montagne Saint Nicolo'qui cd fort haute, pierreufe amp;nbsp;difficile à mÖter)iey fu veoir deux chapelles,quifont fur la fÔmité.DÔt la plus grade a fon pave tant dedans, que dehors, par trefgrand artifice fait à la Mo-faique|^ figures de veneurs à chenal,Cerfs,Lyons, Ours, Chiens, amp;nbsp;diyers oyfeaux. Voila la plus grand patrie des chofesqueiç y aypeu veoir dignes de mémoire. La mer edoit toufiours enflee amp;nbsp;le vent nous edoit auffi contraire, quinouscontraignoit à nodre grand regret de faire fi long feiour-Le 7.iourde Septëbreamp;denodre feiourmourutd’v-nc
-ocr page 105-ORIENTALES LIVRE IL 61 nedyfenterie vn ieune gentil-home denodregallcre nommé Polini parent de Sainte Marie : qui fut honorablement félon la commodité du lieu inhumé dans le bourg.Ceque venu à Le Ptovetîi-la notice du Provediteur, craignant qu’il fud mort de pede,quot;quot;' Ic^o« fit incontinent défendre à tous les fiens amp;nbsp;aux infulaires de ’‘'*“' P““quot;'? , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;moit advenut ne plus frequenter auec nous,amp; de ne nous apporter aucuns i vn de no» vîntes. Le foir mefme eufmes nouvelles qu’vue gaUiotte m«quot;'' ''°”' Medinefe, qui venoit de courfe, edoit arriuec auxDrago-neres,(qui font deux Ifolots affez près de Cerigo.) Parquoy pour mieux nous tenir fur noz gardes, chacun fe meit fubi-tement en armes Et comme il pleut à Dieu, qui cognoi-ffoit ce, qui nous edoit neceffaire (car défia on commençoit à peferle bifeuit aux forçats : amp;nbsp;de fait à peine y en auoit il à la Patrone pour quatre fours') fur ladeuxieûne gardedela nuiCt,la mer qui huift iours durant auoit efté fi enflee, commença à s’appaifer ; amp;nbsp;les vens de Tramontane, amp;nbsp;Grec qui auoyent fi longuement régné,fe changèrent à nodre faveur à Maidral amp;nbsp;Tramontane.
PARTEMENT DE L’lSLE C1-theree,ou Cerigo.
C H A P. 1111.
L A troinéme garde,les ancres levees,à la conduite du Seigneur (qui n’oublie ianiaisles fiensaubefoin) nous fortif-meshorsduport;amp; à voiles defployees doublafmes le Cap SanNitolodelamefme ide, Sc après le Cap Malce : amp;nbsp;tant nauigafmes ores auec vnvent, amp;nbsp;tantoft par vn autre , que nous entrez en la mer Egee,trauerfafmesles ides de l’Àrchipc laguc;amp;c approchant Vide deTino, à force deramesabordaf-mes deux grads nefs Ragufiennes,par ce qu’ils ne pouvoyët fuir pour edrela mer calme. LePatrô nousayantfait refus de venir parlcmctcr,cnuoia vn Chiot paffager das vnc petite bar quc.Lequel interrogé par l’Ambaffadeur d’où venoyent ces nauires,dit,qu’il n’y auoit que 5 .lours qu elles eftoyët parties
' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;E 4 de
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DES PEREGRINATIONS
deMeffine en Sicile : quant aux nouvelles de la guerre» il n’en voulut dire aucune chofe, s’excufant que marchans ne s’em-pefchçnt que de leur marchandife : bien nous afleura il, que A to ne Do •^^'^o^^e Doiic aucc,cincq gallcrcs bien années eftoit forty, tic ionic deux amp;nbsp;retourné deux fois,pour nous attraper aupaflagc.Etquela Îw pt'uMo^s première caufe pour quay il eftoit retourné à Meirinc,eftoit: nienfueu fui 9^^^ rarbre dc lagallerc de Cigalle auoit efté rompu d’vne aeiioutné. tourmete amp;nbsp;l’autrcqu’il deuiht malade de defpit d’auoir fail-ly à fou entreprinfe. A yant renuoyéeebon homme dans fon nauire,fans nous donner peine defes nouvelles, recommend çafmes à pourfuyvre noftre route droit à l’ifle de Chio : amp;nbsp;fur la nuift ayanspafTé le Cap MaftiCy vinfmes furgir le ma-tin à huift mille de la cité.
DENOSTRE ARRIVEE A riße ile chie.
Le H A P. V .
E matin lo. Septembre, aprez auoir mis en ordrenbz Sewo** ’^* gaUeres, de leurs tendais, bannières, flambes amp;nbsp;gaftlardets, amp;nbsp;aprez auflî tousles gcntilz-hommes , amp;nbsp;fouldatsauoirefte ordonnez en leurs rangs, tirafmes droit au port de Chio : à l’entree duquelfut tirectoute l’artillerie,amp;harquebuferic:puis aufon des trompettes amp;nbsp;clairons ancrafmes tout auprez dit mole. Sur lequel le long du port, tout le peuple aucc grand’ aHegreflè eftoit accouru pour nous veoir arriuer : amp;nbsp;n’euf mes fi toft donné fond, que l’Ambafladeur fut vifité par les Harangue pki ptincipaux, amp;nbsp;plus anciens de la Seigneurie. L’vn defquelz ne decourtoi- fai fan t la harangue pour tous les autres,auec grande courtoi-neurs de Chio fic,amp; honneftetéluy offrit la cité, de tout ce qui eftoit dedas, fadeur^™'’^^ ponten difpofer à fa volonté, luy priant dc tresgrande affe-ftion, y vouloir aller loger, pour fe rafrefehir, amp;nbsp;prëdrequelque repos du trauail, qu’il auoit enduré fur la mer : luy affeu-rant que toute la Seigneurie n’auoit de rien plus grand défit, que delebien traitter,cnfemblé tous lesfiens.Dequoy l’Am-baffa-
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bafladeur les remerciahumainement, s’exeufant quant au de-feendre en terre,fur l’indifpofition de fa perfonne, amp;nbsp;fur la hafte, qu’il auoit de fe rendre à Conftantinoplc, amp;nbsp;que par tantdeliberoit partir fur le foir. Mais bien leur promettoitque à fon retour il fc reûouiroit quelques iours auec eux. Ces p„(„j hone-Seigneurs ne furent pluftoft retourne?: en la ville, qu’ilz {^^JX^SaTut enuoyerent vn efquif chargé de diuers prefens, fçauoir eft parles seig-douze paires de perdris privées, en douze cages, douze pai- “'quot;“* rcs degras chappons,plufreurs penniers pleins de Citrons, Poncillcs,Orenges,Grenades,Pommes,Poires,Prunes, amp;nbsp;Raifins de telle groffeur, qu’il y en auoit tel, qui pcfoitlix ou fept hures,bonne quantité de pains fraiz, ^ quelques veaux amp;nbsp;moutons : lefquclz rafrefehiflemês ne nous furent moins agréables, que neceflaires. Derechef environ le vcfpre envoyèrent encores bonne quantité de tous fruiftz, auec cent, poullets, deux bottas de bon vin Chiois, deux carreteaux de vin Mufjuat, qui font vn peu moindres que noz demies queues , douze boetes de M.aftic : quatre vannes (qui font loudiers) defatin picqué(carlà on en faict des meilleurs, ôc plus beaux, qu’eu nul autre lieu du Levant) quatre tappiz Turquois i douze gros flambeaux de ciere vierge ; amp;nbsp;bonne quantité de chandelles de fuif. Le Conful des François, nommé lofeph luftinian, feit aumde.fa part de beaux pre- des François feus aVAmbaffadeur. Nous faifions noftre compte de nous tiers prefens rembarquer fur le foir pour faire voile ; mais il feleuavn vêt ^^^7*^** de Grec. amp;nbsp;Tramontane fi contraire à noftre navigation, que nous fufmes contraints de prolonger noftre feiour iuf-ques au 13. du mois fur le defaut du iouslt;au?grand plaifir amp;nbsp;contentement tant de nous que des habitans : fpccialement nbsp;nbsp;. ^,, ,
des belles femmes, amp;nbsp;filles Chioifes,quivfercnt en noz en-iicTa« 1™? droits de toute courtoific,amp; honnefte libéralité ; de manière cSoTri^w que 10Ce bien dire pour vray amp;nbsp;ainfi l’affermer,que ie ne fçache avoir vev en tons les autres lieux, ov i’aye efté, nation plus amovreufe, amp;nbsp;civile ; ne qui s’eftvdie plus avec
tovte
L 5
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toute honnefteté, d’acquérir la grace des eflrangcrs. Or pour maintenant venir à la defcription des chofes fingulicres amp;nbsp;mémorables, qui font tant en ceftefameufe ifle,qu’en la cité: ie commenceray à la defcription generale de rille,pour puis venir aux particularitez.
DESCRIPTION DE LTSLE de chia.’
Chlo anden T nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;C H A P. V I.
Dement Etha- I ZI s L E de Chio ou Scio,par Ephore premièrement ap-ni'n?amp;mt peilteEthalie,de Metrodore Chia,de la Nymphe Chione: •“^•- ou félon autres Macrin amp;nbsp;Pithieufe : eft en la mer Ionie,regardant de l’Orient par ladiftance de dix mille, Eolide (province de la petite Afic) par Ptolomee Argenum promon-torium : amp;nbsp;des modernes mariniers Capo Bianco : ou bien, puneu.5,e.jo. comme eferit Pline, Mifie. Elle eft fituee entre les illes de Samos amp;nbsp;Lelbos, à l’oppofite d’Erirhace. Son circuit félon Ptolomee eft 12 8. mille, 500. pas. Pline ne met que 12 5.mil' le : mais Ifidore y en adioufte neuf, combien que les mariniers modernes neluy en baillent que 124. Elle eft diftante par Tramontane de l’idc de Lelbos, à prefent Metclin 50« mille, deDelos,des modernes Sdile, (où fut iadisle tantû' meux amp;nbsp;renommé temple amp;nbsp;oracle d’ Apollo) entre Oftro amp;nbsp;Tramontane 90. mille, de Lango entre Tramontane amp;nbsp;Ponent 8o.mille,amp; de Pfara, par Strabo Pfira,à Ponent 15' mille.Cefteille eft divifeeen deux parties,à favoiren la haute amp;nbsp;en la baire:la haute du cofté de Ponêt eft afpre amp;nbsp;mÔtueufe, pleine de grands bois amp;nbsp;obfeures vallees, amp;nbsp;de pluficurs rui-fléaux,qui s’efcoulans dans la mer font mouldre pluficurs moulins. 11 y a pareillement pluficurs chafteaux : les vnsà . la montagne, amp;nbsp;les autres à la plaine, qui eft fertile amp;nbsp;abondante en toutes chofes necclTaires. Au bout de fille qui Mont Slint regarde fOcerdent eft le mont Saint Helie, fur lequel dans vn vieil chafteau (ainfi quedifent les Ifolans) eft la fepul-turc
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turc d’Homere fqni viuoit comme cfcrit Iofephe,deux cens sepulture a. ans apres la deftruâion de Troie.) Mais Pline y contra- Liute4.ch.1j.. riant, dit que fafcpulture eft en l’ifle los, qui pareillement fut appellee Phenice, amp;nbsp;à prefent Nio, difent en oultre ces Ifolans le mefme Homere y auoit prins Et naifiance,en vn village non loing delà, appelle encor pour le iourd’huy, Homero : où croiffent les meilleurs amp;nbsp;plus excellens vinsvim «ecu««. de toute la Grece: dcfquels les anciens en leurs banquets
amp; feftins ont fa ici grand’ eftime : comme recite Pline, di- time 14.eu. fant,que Cefar didatcur Romain diftribua au feftin de fon triumphe cent amphores de vin de Falerne, amp;nbsp;cent cades, ou caques de vin de Chio entre les les convives ; amp;nbsp;mef-mement qu’en fontriumphe d’Efpagne,il donna du vin de Chio amp;nbsp;de Falerne . Le mont Pelinee eft le plus haut de MontPeUnce. toute i’ifle : duquel fe tire quantité de beaux marbres, amp;nbsp;aufh tefmoigne le fus allégué Pline, les eaues amp;nbsp;carrières de mar- carrières de bre de diverfes coleurs, auoirefté premièrementapperceucs, amp;nbsp;defeouvertes en cefte ifle. Vous y aucz en outre Peparque, lems. Mcnalcto, Sainte Helene, Vicchio,Pino, Cardanella, Saint MenaUto'^ S. Angelo amp;nbsp;Aruifio lieu fort rude amp;nbsp;montueux : mais produi- ätoTpinor fant de tresbons vins : amp;nbsp;vers le Septentrion eft la Fontaine Çatdaneib, s, nommeeNao, Vitruve dit y en auoir vne autre,qui eft de fi». telle nature,que fi quelqu’vn en boit par inadvertéce, foub- *F^,a“n»quot;^ dain devient troublé de fon entendement. Leon Albert en 2Sw^'“^* fon archircéfure did auoir en cefte ifie encores deux autres fontaines, dot l’vneeft tant venimeufe, que fi quelqu’vn en goufte,ou feulement la fent fans plus, elle faid mourir en riant : amp;nbsp;l’autre faid pareillemeiit mourir ceux qui s’en 1a-uent. Nonloing de la fontaine Nao, eft le port de Cardamil- carda lc,àrentreeduquely a vnefcueil,appellé Strovilli,amp;ioignant strohiu. ce port, l’on veoit la belle plaine bien habitee amp;nbsp;arroufee du fleuveHelufan.Plusbasau Midy eft le port Delphin,qui à fon Hciufanflu«, r nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;e I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I 1’0« Delphin,
entree a leicueu Samt Stephano, aucc vne tour de garde deffus: après eft S. George,d’ounaiflent,5cfourdentpluficurs s-George,
bel-
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lithilimione.
Capo Maftico dt5 anciens
belles fontaines, qui toutes cnfcmble après longs amp;nbsp;afpres cours fe rendent en vu vniuerfel tleuve,qui par obliques voyes fe va defgorger dans la mer. De l’autre cofté de l’ifle entre Midy amp;nbsp;Occident fe treuve vn autregrand haure appelle Lithilinrionc ayant deux efcucils à fa bouche, amp;nbsp;àl’cn' tour la grande campagne arroufeed’vn petit fleuve.
L’autre partie d’embas qui regarde le Midy, des anciens appellee Phanæ promontorium, à prefent Capo Maftico:
wnuiVquot;’quot;’“ ^^ ^^ ^æ*h °^ ^Q”*: ^^5 arbres ,qui produifent le Maftic : de ne peuvent venir ( au moins que l’on fçaehe ) en nulle autre partie du monde ficetfeft, à ce que les Efpagnols ont efeript, en certaines parties des Indes. Ces arbres reflcni-blent proprement au Lentifque (qui efl caufe que plu-fieurs eferivent que le Maftic efl: la larme du Lentifque) mais ils font de beaucoup plus haults, amp;nbsp;fi ont les fucilleî M^*Ma««cfe P^^’5 larges. Q^ant au eultivement amp;nbsp;cueilletc du Maflic» m’“«‘usquot;’ °^ y procédé en ceftc façon : La Seigneurie baille aux ha-gnwrié,amp;quot;ô bitans de chafeun Cafal ou Village de cefte partie d'eni-bas , telle portion amp;nbsp;quantité ducomplanr,amp; pieds de ces arbres qu elle advi(e,foubs condition que chaicun pour fou regard les cultive, amp;nbsp;efmonde,amp; tienne net le parterre, ds deflbubs : amp;nbsp;que le temps amp;nbsp;faifon venue de cueillir le Ma-flic,il en rende à la Seigneurie certain poix amp;nbsp;quantité, félon le nombre d’arbres qui leur font baillées. Et fi par l’abon-bance de l’annee ilz en livrent d’auantage,qu’ils nefontob-ligez,la Seigneurie leur paye lcfurplus,à raifon de certain pris pour livre. Mais au contraire fi la fterilité de l’année ne leur permet de fournir la quantité par eux promifé, ih font contraints de payer pour ce defaut le double de ce,qui leur efl baillé pour l’abondance i amp;nbsp;leur impofent les Seigneurs telle charge, à fin de les rendre plus foigncux amp;nbsp;di-ligcns à bien labourer, cultiver amp;nbsp;efmonder les arbres.
ment.
Manière He
La manière de tirer amp;nbsp;cueillir leMaftic de cesarbres cfttel-
eudUit le Ma- j^. yenât les mois de luillet, amp;nbsp;d’Aoufl, ces villageois auec vn
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vn ferrement poinélu picquent, amp;nbsp;incifent fefcorce des arbres en plufieurs endroits : de d’icélles incifions amp;nbsp;piquenres fort le Maftic par larmes comme la gomme. Lequel ils recueillent au mois de Septembre enfuy vaut. Puis le délivrer à la Seigneurie en la maniere,quedefl'uz. Ce fait les Seigneurs comme u su le departëten après aumaniment amp;nbsp;adminiftration de qua- ne la trafique tre d’entre eux.L’vn defquelz a la charge de fournir toute la Grece ; l’autre tout le Ponent,qui eft I’ltalie, France, Efpag-ne, amp;nbsp;Allemagne : le troifiefme diftribne fa part par tonre la petite Afie,qui eft la vraye Turcquie:amp; le quatriefme, fournit la Surie, Egypte, amp;nbsp;Barbarie.D’auantage ces quatre Seigneurs icy ont foubs eux des commis, qui par le menu di-ftribuent du Maftic par toutes les villes principales de leurs charges .. La totale fourniture des quatre fe peut monter environ à'cent cinquantecafles, chacune pefant deuxCan-Tars,qui valent chacun osante Hoccha, poix de Conftan-tinople : amp;nbsp;chaque Hoccha quatre hures à vnze onces la prisse valent hure. Le Cantar vault cinquante efeuz r ainfî ce feroit cent ***““* efeuz pour chacune cafte. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■
DE LA CITF DEf
chia. ■ - Vj
L nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I C H A P. - V 1 I.
A cité de Ghio aefté autnesfois fi fameufe amp;nbsp;opulente, quelle a tenu ârmeeamp; Empire fur la mer. Maispar longue fucceffion de temps, ainfî que toutes chofes font fubicélès à mutations, amp;nbsp;varierez de fortunc,venant l’Empire Con-ftantinopolitain à decliner, amp;. tumber en la puiftance des Barbares infidellcs,. fut reduiefe fouibs ltt domination; des Genevois, qui longuement la deffendirent contre la fureur, ■ „ - nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;n i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Geneven
amp; impetuolite des Turcs.'Mais ernrntr voyans leurs for-tendent au ces eftre trop inferieures, fe rendirent tributaires de dix mil- duc«s pour’' le ducats paraît au Prince des Turcs, fans les prefens qu’il ‘^'quot;®' leur conuient faire aux Bafehas, amp;nbsp;autres officiers de la por
te:
v
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de°^*d«'dquot; ^^' 4*^* remonte plus de deux mille^ducats . Cefte cité eft chio. fituee fur la mer dix mil au deflbubs du port Delphin, ayant fon regard Oriental vers l’Afie mineur. Le haurc y cft aflèz bon amp;nbsp;capable de pluficurs vaifleaux : amp;nbsp;la ville ' environnée debonnes murailles,larges rempars amp;nbsp;profonds foffez. A Tvn des coings de la place publique, qui cft près la porte du port, ou fe tient le marché des viâ:uailles,eft U îiTtnuichï ^®»^’ ®“ s’aÂèmblent tous les iours les marchans, comme ils font au change à Lyon, amp;nbsp;laà bourfe à Anvers, pour le trafic amp;nbsp;commerce de leurs marchandifes. Et de l’autre codé à main fcncltre cft le palais, ou la Seigneurie tient le , confeil pour les affaires de l'ifle, amp;nbsp;de la cité. Les rues y font larges amp;nbsp;belles ; amp;nbsp;les maifons, amp;nbsp;Eglifes bafties à h mode de Genes, amp;nbsp;d’Italie. Au dehors des murailles font les beaux faux bourgs pleins de iardins,plaifans amp;nbsp;délicieux remplis de divers fruits d’admirable fuavité amp;nbsp;douceur: comme Orenges, Ponces,Citrons, Figues, Poires,Pommes, Prunes, Abricots, Dattes amp;nbsp;Oliues : amp;nbsp;pareillement de tou* tes fortes d’herbes, fleurs odoriférantes, amp;nbsp;bonnes amp;nbsp;falu-breseaues depuis amp;nbsp;de fontaines. Les habitans font fort doulx amp;nbsp;courtois aux cftrangers,amp; s’addonnent volontiers à la mufique amp;nbsp;à toutes autres chqfes vertueufes amp;nbsp;hon* tonmgclt;irs oeftes. Quant aux femmes amp;nbsp;filles, ie ne penfe point, chiotoeewe- ^^“5 nulles autres offenfer, qu’en toutes les parties d'O-mentd« fera-rient s’cn puiffent trouver de plus accomplies en beauté, bonne grace, amp;nbsp;amoureufe courtoifie. Car oultrela fingu* liere beauté, dont nature les à fi bien douces, elles s’habiller tant proprement amp;nbsp;ont fi venufte maintien, amp;nbsp;entretien, Habit, dn qw on les iugeroit pluftoft Nymphes ou Deeffes , que fein' femme, chioi mes ou fillcs mortelles . Les femmes d’eftat portent leurs robbes amp;nbsp;cottes de velours’,'fatin , damas, ou autre riche foye blanche, ou d’autre couleur bien voyante, qu’ils cnri-chiflént de grandes bandes de velours à l’entour : amp;nbsp;attachent leurs manches par le hault aucc rubans de foye de diiict-
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diucrfes couleurs . Leur tablier ou deuanteau eft de fine toille, ouuré amp;nbsp;frangé à l’entour, amp;nbsp;affublent leur tefted’v-ne coëfte defatinblâc, ou autre couleur enrichie de broderie d’or, amp;nbsp;de perles, amp;nbsp;icelle ferrent à l’entour du chef auec longues attaches houppeespar le bout, amp;nbsp;autres tubas de foye pareille, que ceux des manches , auec lefquelz ilz font plu-fteurs noeuds, amp;nbsp;lacs par derrière de fort bonne grace ; puis au deuant du front ont vn bandeau de crefpe iaune, rayé amp;nbsp;pailleté d’or,quelles ferrent amp;nbsp;nouent au derrière delcur coë-ffe : (laiffant les filles pcndrelesboutsaudeuâtdcrcftomach iniques à la ceinture) fur lequel elles appliquent vn riche Gorgias enrichy d’or, amp;nbsp;de perles. Mais les femmes mariées à la difference des filles, au licit ducrefpe portent fur leurs efpau-les vn beau linge blanc , comme la neige, amp;nbsp;gcneralement leurs chauffes amp;nbsp;patins font de couleur blanche.Brief rien ne fe peut veoir fur elles,qui ne foit propre amp;nbsp;plaifant. excepté qu’elles font leur corps court, amp;nbsp;ont les retins auallcz pour la continuelle fréquentation des baings. Mais à l’entour du col, amp;nbsp;au deuant de l’eftomach portent force chaînes, iafe-rans amp;nbsp;afficquets d’or, de perles,ou autres pierres fines de grand pris, chacune félon fa qualité amp;nbsp;degré: De forte que tout leur plaifir amp;nbsp;eftude, ne tend qu’à fe bien parer amp;nbsp;farder , à fin de fe monftrer plus aggreables aux hommes tant priués qu’étrangers. Pour retourner à la cité de Chio, ' elle eft habitee de Grecs, amp;Gcneuois,amp; quantité de luifz, quitoutesfois ont vne rue à part pour leur demeure.amp; à fin qu’ils foyent cogneuz entre les autres , font contraints de porter pour enfeigne, vn grand bonnet à arbaleftc,de couleur iaune. Ils font grand’ traficque vfuraire d’argent amp;nbsp;autres marchandifes, comme ilz font en tous autres
pais ou ils habitent. Les Grecs obeiflent au Patriarche de EsUfe« a« Conftantinoplc : amp;nbsp;ont vne Eglife fur la montagne du co- p quot;bt fté d’Occident à cincq mille de la cité,eftimeela plus belle de toutes celles des ides Cycladcs.Carclleeftparexcellent arti-
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artifice toute faifte de Mofaique : amp;nbsp;fut edifice felon li commune opinion des infulaires, par vn Empereur de 51^ Conftantinoplc, nommé Conftantinus Mo-
' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nomachus, qui la nomma no-
fite Dame de Nia- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'
moui.
le vet^f prefè»fe kjf, beningt Le^eurs, fgt;ourtrai^es au •vif deux figures de la femme amp;nbsp;de la file de riße de Chh^ enfe/n-ble 'une autre del’isle de Pares; cembiett t^ue te refierue la at-fcriptiex de ladite isle c^ noßre arriuee en icelle, d’autant qu elle appartient au fécond Tome,au;juel (fi Dieu m’en donnl la grace) fera deferit nofire retour clr nauigationde Conßanth nople iufques en Italie : ou iem’en defemïaroluaj pour allere Rome, par terre en ce pais de France.
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Cz d/é de Chie.
LCHAP. VIII.
E gouvernement de celle cité cft en forme de République.
Car ils ont les Mahonnes, qui font les premiers gentilshom- Mahonne» mes extraits defanciëne maifon luftinienne, de la NatiÔ Ge- mes Genevois. nevoife.Etpourcequ’ilsfurentlespremiersdomJnateursde ^^^ ^^^ cefteifle,de deux ans en deux ans l’vn d’iceux Mahonnes cft en deux ans on cfteu.amp; créé Poteftatóc chef de la luftice civile amp;nbsp;criminelle. ho“n«^S^« Lequel a vn Lieutenant doclcur es loix, qui luy aftifte à l’au- ’’’quot;“^'„»ej. ditoire, amp;nbsp;decide auec luy detous procès amp;nbsp;di tieren s. Ils eri- neuts feme-gent en outre de fix en fix mois quatre Gouverneurs,quiaffi- quot;‘’ ftent aulugement des criminels, quand il eftqueftionde les inger à mort : amp;nbsp;fi prennent cognoiflance fur toutes chofes politiques tant de la ciré,que des faux-bourgs,amp;gcneralcmct de tonte rifle • Et font auftî pareillement commis à recevoir tous Ambafladeurs eftrangers tant Barbares que Chrefliens, venans en leur ifle. Ils ont encores douze Confeilliers , qui j^.confeiiiiers font appeliez,quand il eft queftion de chofed’importance. afl.iiansadX4 A X nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;P J nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Gouverneurs.
-Mais fur ceux cypreltdcnt les quatre Gouverneurs. Deux au- i. officiels très Officiers font creez, qui ont cognoiflance fur tous les vi-ures,amp; peuvent iuger de petites chofes, au defloubs de vingt efeuz. Semblablement curieux deleur’fanté,eftabliflentdeux perfónages,qui pour raifon de leur charge,fontdits luges de fanuT’ ^''’ la fanté;pource que nomméement ils ont egard,qu’eu temps fufpeâ de pefte, aucun nauire ou autre vaifleaueftranger n’entre dans leur port, fans premier leur monftrer bonne certification que le lieu, d’où ilz viennent, n’eft peftifere. Plus y a quatre autres Officiers : deux defquels font Mahonnes, le troifiefnie Grec, amp;nbsp;le quatriefme bourgeois : qui »yî;,?h®t^‘ tous enfemblc ont la charge de prendre garde fur les vieils,‘‘« amp;nbsp;nouveaux baftimens, Ôc autres menuz affaires politiques.
Item deux Seigneurs Mahonnes fur le gouvernement du Ma- ,^j ^ flic,eftant défendu à toutes perfonnes fur peine capitale de fwUMiîdc.
F 4 cueillir
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cueillirny vendre dudit Maftic fans leur congé amp;nbsp;confentr iTuiift'’''^' ^^’^‘^■^'^ ^’^^ encores le Capitaine de lanuid, amp;nbsp;plufieurs autres petits officiers, que ic laiffcray foubs filence,poureui-tcr prolixité. Mais bien parlcray de deux chofes dignes d’en faire récit, lefquelles fay veu en celle ifle. Dont la premiere Deux figuiers gift cu la diuerfe nature de deux figuiers, qui me furent mon* cftrangquot;ut^ ftrezdans lesiardins des Cordeliers, qui eft telle qnelefmiâ “• de l'vn, lequel eft bon à manger, ne peut iamais venir à maturité, fi ce n’eft auccles figues de l’autre,qui toutesfoisne valent rien à manger, amp;nbsp;pour tant ilz s’en feruent en celle manière: Au temps que les figues meurilTent, ilz arrachent quelques branches du figuier, dont le fruid ne vault rien, amp;nbsp;les iettent fur l’autre : ou bien y attachent par la queue ( quantité de ces mefehantes figues, apres les auoir premièrement picquees : Defquellcs picqueures s’engendrent amp;nbsp;for-tent certains petits vers vollans : qui de leur lar amp;nbsp;aiguillon vont picquer les autres figues, amp;nbsp;tout fbudain qu’elles font picquees viennent à parfaire maturité amp;nbsp;bonté. Et à ce qu’il me fuft alTeuré, ont grand quantité de tels figuiers en celle ifle. La fécondé chofe memorable eft, qu’en certains Cafals ou villages de la mefme ifle fe treuve nombre inefti-rouges, autant privées amp;nbsp;domefti-meine amp;nbsp;H- ques, que fçauroyent dire les poulies de ce pars : amp;nbsp;les nour-peaux aux rilfentlcs villageois par grands troupeaux,les envoyant le thampj. iourpaiftre en la montagne, puis furie vefpre les garçons ou filles, qui les gardent, les rappellent auec vn fiffletou quelque chanfon : amp;nbsp;eftant ces Perdris accouftumees à tels appeaux, incontinentchacun troupeau (qui eft quelque fois de deux, ou trois cens, plus, ou moins) fe retire à fbnconduücut,q«u les rameine en leur village amp;nbsp;habitation,ainfi quefic’eftoyét poulies ou oyes privées. L’on en veoit pareillemëtpaiftre pat petits troupeaux parmy les rues de la cité,amp; dedans les mai-fonspriuees. Maiseftans tranfporteeshors derifle,deviennêt fauvages amp;nbsp;oublient tout leur privauté.
Les
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Les Chiois ( ainfi que plufieurs habitans dignes de foy Tribut que » nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' paientvculuci
mont acertame) obfcruent vue telle couftumed antiquité, qui liefeveu-Q^efivne femme apres la mort de fon mary vcult demeurer’'quot;'quot;“'quot;'' en viduité, fans aucun propos de foy remarier, la Seigneurie la contraint à payer vn certain pris d’argent qu ilz appellent Argomoniatico, qui eft autant à dire, que (fauf l’honneur amp;nbsp;reverence du lifant)conrepofé, ou inutile. Dauantage que p^^^j^, ^ .^ fivue fille des champs, ou de laville,laiire perdre fon puccl- tribut au Cap. lage,auaut qu eftre mariee;amp; qu’elle vueille continuer le me- pout leur li-Hier, eft tenue de bailler pour vnefois vn ducat au Capital-“quot;“’ ne de la nuift : à fin de le pouvoir faire à fon plaifir, fans aucune crainte ou danger. Et en cela gift le plus grand amp;nbsp;af-feuré gaing qu’ait ce gentil Capitaine en fon eftat.Plufieurs
( grands amp;nbsp;excellens perfonnagesont prins origine amp;nbsp;nailfan-ce en cefte ifle. Entre lefquels furent lo Tragicque, Théo- lo Tugique, pompe Hiftorien,Theocrite Sophifte : amp;nbsp;ainfique difentles fto^“^h“ô-Îfolans le Poëte Homere (amenant en tefmoignage ceux qui H‘^®®|“**’ s’appeUoyent Homerides, lefquels par le dire de Pindarc e-ftoyent trescxcellens chantres. ) Bubale amp;nbsp;Antherme frètes Bubale amp;nbsp;An-amp; fils d’Antherme tresrenommé fculpteur amp;nbsp;Imager y prin- quot;'7' “quot;‘’ drent premièrement leur naiffance: lefquels (ainfi que recite Pline) par derifion amp;nbsp;mocquerie feirent l’effigie d’Hipponax Hipponaxroï Poète lambique à caufe de fa laideur, amp;nbsp;difformité , qu’ils quot;nbsp;*quot;' “^“'' mirent en publique euidence.Dont ce Poëteplein dedefpit amp;nbsp;indignationPoëtique, pat grande coleredefgayna fi roy-dement amp;nbsp;auec telle fureur l’efpee de Ion cfprit, à fçauoir de fes vers, qu’aucuns ont ofé dire,qu’il les contraignit à eux pendre, d’vn defefpoir amp;nbsp;defpit. Or apres auoir feioumé en cefte ide auec tous plaifirs iufques au 13.du mefme mois de Septembre fur l’abfconfement du Soleil nous eftans tous rembarquez, amp;nbsp;les ancres leuecs navigafmcscofteà cefte de Vide,a l’Ifolot Saint Stéphane ; qui eft à la bouche du porto jags, st^p^j. Delphin ; amp;nbsp;de la à CardamiUe diftante de porto Delphin, ““• ïo. mille,Se zo. mille de lavillede Chio. Puis prenant uoftre Caidamiüej P 5 route
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DES PEREGRINATIONS
route par Grec amp;nbsp;Tramontane auGoulphe deCaloni,qui eft de l’ifle de Metelin, diftante de CardaraiHe 30. mille, pout edrclainiid prochaine, navigafinesterre alerte au port de Gouiphe ca- Segre : qui eft 20. mille au deffoubs du Goulphe. Ou pour *vou desegre. eftre lèvent tropfraiz y repofafmes iufqu’a la Diane,Maisie ne paflèray plus outre,fans faire premièrement vuebriefue defeription defiflede Metelin, tant en enfuyvant lesanciens amp;nbsp;modernes Géographes, que ce que i’en ay peu apprendre des mariniers» amp;nbsp;habitans du pais.
DE LT S LE DE METELIN. Mc H A P. IX.
E T B L i N eft vnc ifle de la mer Egee parles anciens uf^eMuX' pt^^tnierement appellee Leftos : puis futnommee Iffa, Pelaf ne.anc.Metc- gic, Mitylene,Mytais amp;nbsp;finablement Metelin, de Miletfilsde Phoebus, qui y édifia amp;nbsp;nomma la cité Mitylcne. Laquelle non feulement fut Métropolitaine de toutes les villes Eoli* puond^TJ* ^^ : niais auffi (comme eferit Pape Pie) obtint l’Empire des lu.ncur.chap, Troiens. Cefieifle ainfi qu’a eferit Ptolomee a fon eftendue , du Midy au Septentrion par la diftance de 60. mille, à la pré* Maniee. dtc de la cité Maniée, ioignant le promontoire Signe, iuf' capde Lesbos‘i^^^^ ^^ ^^P de Lcfbos, dcs anciens le promontoire de Si' anciemiemfnt ttic. Toutcsfois Ics modemes de contraire opinion fondée 5e“shHe‘‘’‘“ en raifon oculaire, afferment fa longueur efire du Ponent au moSatoa Leuant de 110. mille, amp;nbsp;tout fon circuit 160. Pomponc dit» traite iPcoio-q^yjg auoir cincq citez, Antiffa, Pyra, Ereffon, Ciraue, amp;nbsp;Amiira.pyta, Mitylene, delaquelîe toute l’ifle porte le nom. Mais Seruid’* ueMwirai? appellee Methine.Quoy que foit,Strabo l’a bic louee,dece, ittêuj“lt;ust» Çnil faditauoir deux grads ports rvnal’Oftrofermé,capa' ‘gt;°quot;' bic de plus decinquantegalleres amp;nbsp;plufieurs autres vailTeaux: l’autre grand, feut amp;nbsp;profond,ayant à fon entreevnpetit Ifolot. Mais entant qu’il dit ce fécond efire la partie Bo' a« 7 amp;'cfdt t^c^^C’ à ^^ ^^^^c veue de l’œil peuk efire reprouué, amp;nbsp;qu’il “ eft.au Leuant. De la cité Mitylene futPitaque, l’vn des fept fag«
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fagesdcGrèce, AlceePoëte, amp;nbsp;fon frere Antimencde,hom' Ai«e pont, metresvaiUant aux armes Theophrafte amp;nbsp;Phanie,Phüofo- Theophuae, phes peripatetiques, amys familiers d’Ariftote:amp; pareille- ]Xquot;iu^*“'°^’ ment Arion tresexceUent ioueur de Harpe : duquel affez fa' bulculfemcnt parle Herodote ,difant, qu’ayant efté par les larrons iettezen mer, fut par vn Daulphin porté fain amp;nbsp;fau-ue au portdeTenare. De là fut aufh Terpandre ce grand Mu- Terp^dre. fielen,qui adioufta la feptiefme corde au quadricorde, à la femblanccdesfept eftoilles Erratiques. Sapho femme tresdo- aS^tw^ fte en Poëfic eftoit femblablement Lefbienne ; qui fut difte f«* la dixiefme Mufe, amp;nbsp;nombree entre les neuf Poètes Lyriques. Elle inuenta les vers, qui de fon nom font did s Saphi-ques, 6c d’abondant fut fi ardemment amoureufe de Phaon, que comme il fuft allé en Sicile, craignant eftre de luy peu ai-mee, par vnc fureur amp;nbsp;rage d’amour defmefuree, fe précipita du mont d’Epire en la mer. De noftvetemps en font iffus ces deux tant fortunez,amp; renommez Courfaires,freres, Caira- b“tuicamp;A-dinôc Ariadene Barbe-rouffe ■. Icfquels eftans allez (comme ^J^’f““ des plus panures deVifie) chercher leur aduenturc fur la mer, tant furent par le menufauorifez de fortune, que tous deux font hemeufement decedez auec nom amp;nbsp;tiltre de Roy de Alger.
Lespremiers habitans decefteifle, félonie dire deDiodo-TC,furent les Pelafgiens.Car apres queXanthe fils dePriape Roy desPelafgiens,eut Seigneurié partie delaLycie,s’en alla
1 nbsp;nbsp;nbsp;à Lelbos, qui n eftoit lors habitee. Aux Pelafgiens fucce-derent les Eoliens , puis fut fubiefte à l’Empire des Per-
' fes, amp;nbsp;apres aux Macédoniens ; en fin foubs les Empereurs
1. nbsp;nbsp;des Grecs,iufques à ce que ayant l’Empereur Calo-lani efté
' chaffé par Cataeufan , de depuis recounert l'Empire auec l’aide de Catalufio Genevois ,luy donna en recoguoiffancc
1 du fecours, qu’il luy auoit faift,pour luy Ôc fa pofterité la ■ nbsp;nbsp;nbsp;Seigneurie Ôc domination de cefte ifie.Toutesfois du depuis 1 les Turcs apres y auoir par pluûeurs foisfaiO: courfes 6c 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pilla-
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te^bTu “lUf P^^^^S*^® ’ ^’^’^^ ^^ fi” rendue foubs leur puilïance amp;nbsp;domina-Uac/duTuic. tion. Elle produit abondamment des meilleurs vins de toute la Grece, amp;nbsp;quantité de tous bons fruits. Car combien que la plus part del’ifle foit montueufe amp;nbsp;pleine de (auuaginc,ß y ail au millieu vne vallee très bonne amp;nbsp;frudueufe.
NAVIGATION DE LTSLE C^îeteUfi a Gallipoli.
De H A P. X
E Metelin nous nauigafmes le long de la Natolie, öU S Capp'd« petite Afic au Promontoire Sigee, appelle des Modernes pre Tenedon ^^P ‘^^^ laniflàires : au droit duquel par la diftace de dix nii^ eft l’iflc de Tenedon, ainfi nommee d’vu certain Tenes, qu* premièrement la peupla, amp;nbsp;qui defon nom y fonda vne cite' Pline en fonHiftoire naturelle eferir, qu’en ceftcillefetreuve vncfontaine, laquelle par vertu naturelle depuisla tierce heu-FontaineEphe j-g Jq Solftice eftiual,iiilques àlafixiefme eft tant abondante mcrcabondan
icencan«. CHcauc,que par vne eipace de temps elle baigne, amp;nbsp;monde ► toute la campagne de l’ifle : puis tout le refte de l’année de-meure feiche amp;nbsp;du touttaric.Strabo pareillement afferme quf Temple de Ne hors la cité de Tenedon cftoit le Temple de Neptune graæ t'““'' dement teuere par affluence des perfonnes, qui de tous co-ftezy accouroyent. Le long de ceftc cofté entre le portée Xanthin autre Sigee amp;nbsp;le fleuve Xanthus,autrementScamander,fcvoyen' der H une. “' plufieurs ruines amp;nbsp;fragmens des murailles, fondemens,cO' Troyé™' ^' iomnes,bafes,chapiteaux,frizes,amp; Architraues de lagrand amp;nbsp;antique cité deTroye par les anciens tant celebree. Lef quelles ruines par la longue amp;nbsp;large eftendue,qu’ellesdemó-ftrent,font apparence delà grandeur amp;nbsp;magnificenced’ied' le tant renommee, amp;nbsp;en fin tresinfortunee cité.Lefleuue Sca-^ma et eu. ^^j^^j^j., ^^^j gß. ^^ eleffus venant des croupes du mont Ida» (lequel eft reueftu de diuers arbres de Pins, Sapins, Cyprus» Terebintcs,Geneuiers,amp;autresarbresamp; arbnfleaux Aronia* Mefauion tiques) s’cfcoulant doucementparlavallee Mefaulon,fevienf def-
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dcfgorger dans Ia mer. De là nous entrafmes dans le dedroit
i.dc rHeUefpont, pour la garde duquel y a deux forts cha- Defi.oiede dcaux éditiez par Mehemet fécond, expugnatcur de Con-ftantinople : l’vn du codé d’Europe,au Cherronefe Thra-pien .• amp;nbsp;l’autre en la petite Afie, es mefmes places fcomme ceux du pais afferment) où iadis furent les deux chadcaux ^ cbafteaux
* de Sede amp;nbsp;d’Abydc, tant renommez par les fables des Poë- CS places de Sc tes pour la mémoire des amours de Leander amp;nbsp;Hero. Sede, seikel'^turo-quied en Europe,ed fitué au pied d’vue montagne: doniJ'quot;’ le donion ed faift à la mode de double treffle : à fçavoir de deux tours,l’vne dedans l’autre .'chacune faifteen trois demy cercles, amp;nbsp;le grand enccint de muraillcen forme triangu-ƒ laire,qui àchacunangleavne tour, qui batamp; defend l’autre.
, .Car cechadeau a toufiours edé amp;nbsp;ed bien muny de gens amp;
' artillerie. L’autre du codé d’A fie, ou edoit A by de : ed plus AbydeenAfie
. /neuf amp;nbsp;plus fort que Sede. Car il ed de forme quarree, fitué en vue plaine marefeageufe, despr belles amp;nbsp;fruducufes,qu’ê nul autre endroit fe peut veoir, tat pour les jardinages, fruits, labourages amp;nbsp;padurages,qui y -font;que pour edre arroufee du doux flcuue Siiuois : qui prouvenant du montlda(ainfi que Scamander) fe vient auprès du chadeau letter, amp;nbsp;rendre dans la mer. Ce chadeau, comme i’ay encommencé de dire,ed de forme quarree, ayant à chacun coing vue tour
- ronde, amp;nbsp;au milieu de la baffe cour, vne haute tour quarree, ( en façon de platte forme, qui bat amp;nbsp;commande de tous co-, nbsp;nbsp;' dez, le tout paffablement remparé amp;nbsp;foffoyé, amp;nbsp;garny de J nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;bonne artillerie,fpecialemcnt la Courtine, qui bat à ficur de ; nbsp;nbsp;nbsp;’ caue le long de la mer. Car le plus fouuent on le vient par . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ced endroit aborder. Au deuant delà porte du codé du , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Bourg y a vne grand’place, pour tenir le marché,5t vnebel-, le Mofqucc. Les gardes nous ayant à haute voixinuitezde aborder,allafmesiettcrrancre affezprés du chadeau:enquoy nous voulant imiter nodre Patronne prenant le deffus de la ta coorante ' nbsp;nbsp;nbsp;courante(qui ed là fi rauiffante qu’il n’y a fi bon marinier qui '“Jy ‘’quot;s«-I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;n’y
-ocr page 128-81 DES PEREGRINATIONS n’yfaft bien empcfché) ne cronuant affez de fond, fut fi fu* neufelnent iettee contre l’efperon de noll re gallerc, qu’elle le, froifla entièrement : amp;nbsp;par le contour, que la courante lu/ fift faire, outre le danger auquel nous fufmes tous d’eftre péris, rompit vue partie delaPalcmente, Quoy ayant veules gardes nous vindrent incôtinent aucc petites barques abor-r*Ÿ?quot;X$ ‘^^’’’ ^ apres auoir veu le faufeonduit de rAmbafiadeur, amp;nbsp;tote^îSw^ entendu de luy nouvelles de leur armée fur mer, luy feirent entendre, que ce neftoit lacouftume des Ambaffadcurs,.dc palier par ce dcftroit,fans faire quelqueprefent auChafte-lain,amp; autres officiers du diaftcau : tellement que pour contenter leur infatiablc auarice,lcur donna quelques ducats. Puis ayant raccouferé amp;nbsp;rccouuert partie de noftre Palcmen-te,les ancres leuees allafmes ce mefmc iour donner fond à Îau^quot;^ '^^ grand Cafal nommé May ton, qui eft du codé de Sete
amp; y demeurent Grecs, tous filleurs de laine, amp;nbsp;de cotton ; le dy autant hommes que femmes, amp;; dclcur fil font des Efcla-vines,qui font des couvertures à poil long. Ce cafal contient de deux à trois cens feuz, amp;nbsp;eft fitué en la pente d’vne montagne ioignant la mer, amp;nbsp;fur la crouppe d’vu coftau, qui eft au milieu, fe voyent les veftiges d’vu vieil cHafteau? amp;nbsp;parmy les rues du Cafal,amp; cantons des marfons,lè treuvô plufieurs fragmensde belles eolomnes, bafes, chapiteaux, ^ quelques figures rompucs,qui donnent apparc ce que c’a elle autre fois quelque renômeecité.Ce heu eft abondât en beaux
amp; frudueux iardinages, grand pars de vignoble produifant d*M?2S?rm« grand abondance de bons vins,lelqucls ils conferuent dans «n tette, de grandes vrnes de terrecuitte poiflées,qu’ils enterrent dedans la terre,à fin que le vin fe puilTe plus longuement côfer-uer. Audi ont ils abondacede pafturages,amp; bonneseaues de puis amp;nbsp;fontaines. Le long de la marine fe voyent 36. mon-ilhx'iu? nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;vent, ayant chacun dix ailes,corne auffi en y a plufieurs
ioignant le chafteaud’Abyde.Le lendemain matin,ainfique l’on chargeoit le vin que nous prenions là pour noz galleres» vint
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vint plainte à l’Ambaffadeur de deux mariniers Grecs de la Patrone, qui auovent Iç iour precedent defrobbé deux rob-bes àl’vn des habitans dubeu. Dont Vvn d’iceuxeftant prins eut furl’heure trois coups d’eftrapadeà Vantenne delà gaUere. Mais l’autre mieux aduifé Vefehappa pour auoit gaignéau pied. Nous departifmes l’apres difnce de ce lieu : amp;nbsp;ayans le vent en pouppe,nauigant le long de la Grecepaffafmes le cbafteau des Veufues, qui eft fur vn coftau le long de la mer, »'f*«“'^'* à trois mille de May ton; mais l’on ny voit plus que les rui-P'?«'i“O''gt;ç‘i t nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r *1 J nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;aiuti nomme»
nés, au defibubs delqueUes y a vne vallée fort lertue de tou- Premier pada« tes chofes-Lcs Grecsdifent quec’eft parla, ou premicremêt «Gwequot;^ les T arcs pafferent de l'A fie en la Grèce par le moyen de deux Genevois,qui les pafferent dans leurs nauires moyennant vn ducat pour tefte. Et eftans paffez tuerent tous les hommes du cbafteau : lequel faid donna aprez argument del’ap-peUer le Cbafteau aux veufues. Sur les cineq heures du foir arrivafmes deuant la cité de Gallipoli, qui eft a trente mille par de la ce cbafteau.
DELA CITE DE
Gallipoli.
GC H A. P. X I.
Attipon eft cité antique, fituee au Cherronefc de Thrace, à la pointe qui regarde le Ptopontide,visàvisla cité de Lampfaque,quieft en VA fie mineur. Aucuns lônt d’opinion qu’elle fut edifice pat C. Caligule, ôc les autres difent qu’elle fut anciennemët habiteedes François, par ce que ce mot Gallipoli fignifie cité des Gaullois amp;nbsp;François ( pour ce que les François habitent en Gaule) côme Nicolopoli amp;nbsp;Philipopoli, c’eft à dire ville de Nicolas amp;nbsp;Philippe,Fdîe contient environ 6oo.feuz ; mais les principales habitations en font fi ruinees, qu’à peine y appert il chofe, qui foit notable: ’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fl ce n’eft le port qui eft bon amp;nbsp;capable pour vne bonne ar-
' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;mee de tous vaiffeaux. Quoy que foit il y a vn cbafteau qui
1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fern-
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femblc auoir cdé fort autres fois, mais à prefent cd en ruine,,tourcsfois il y a garde ordinairc.En ccdecité lônfplti-ficurs moulins à vent. Et fi y a deux Amatathes : dontl’viic cd au fortir de la ville fur le chemin de Condantinople, laquelle fut edifieepar Sinan bafehafquifutdu tempsde Mc-hemet 2. qui expugnaCondantinople)amp;rautreeddeSultari Baiazet, qui y ed enterré en vneâdéz fuperbe fepulrurc.La auprès le grand Seigneur a faift faire vue belle fontaine, qui prouient deplufieursbonnes canes, par vn côduitaudl gros, quelc bras.Dontl’eaue fe porte vëdreparlacité,à deux afp tes la charge : par ce qu’ils n’ont autre cane, que de puis ; qui us cd bonne ny falubre à boire. L’autre Amaratheed dedans la ville.Elles fon t toutes deux accopagnees de belles Mofqneés. La cité n’édclofe de murailles, ains ed toute onuefteàU mode d’vn Cafal. Il y adedas plufieurs beaux iardins, amp;nbsp;arbres fruitiers detoiites fortes, amp;nbsp;tresexcclles. Sur le Cap,qui
Fanal,ou fe paye tribut pour teite de chacunpanant fait homme ou femme.
seftcnddcdäslamer y avnhaut Fanalen façon d’vnc tour odogone : amp;nbsp;à l’entour du Cap pluficurs moulins à vent. L^ fe payent deux tributs ordinairespour telle, tant d’hommes» femmes,que enfans,rvndefquels, qui cftd’vn afpre, s’appelle Piginté:amp; celuy qui le tient à ferme en rend fous les ans 30000. ducatsaugrand Turc : encores y gaigne il beaucoup s’ans ce qu’il defrobbe. L’autre s’appelle le Capitanat, pour lequel fe paye deux alprcs pourtcfte,amp; vaut de ferme au grad Seigneur 60000. ducats.Cede cité ed peuplée deChrediens Grecs, Iuitz,amp; T lires,qui y font grand tradeque demarchau-dife, pour edre ville de grand apport tant du codé de la terre ferme, que par la mer. Qui ed caufeque les viures y font ordinairement chers.
Le vent nous edantpropicecontinuafmes nodre voyagé fuyuant le ri nage de Thrace parle Propontide,panant dctiau' Macrotiqae. Macrotique, qui autrement ed appcllé Longus muras,puis Byzancea.Ro à lacité de Byzanfeà-prefent Rodedo ou Rododo,laqueh ’‘“‘O- le ed furie milieu d’vn goulphe (qui 330. mille de trauerfe)
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En laiffant les ifles Proconefe des modernes appellees Mor- Ptoconcre a. mora, amp;nbsp;les Belbiquesau lourd’huy Calonio,ala mam droi- Besbiqucs ». te, de là navigafmes à la cité dePerinthe vulgairement Hera- Vetinthe vul-clee, laquelle félon que fes vertiges dcmonrtrent,peut auoir ^^'’“**“* autrefois eftétrefgrande. Elle ert fur la pointe d’vn promontoire, qui fe iettefort dans la mer ; amp;nbsp;à vn de plus grands amp;nbsp;plus beaux ports Marfo contre tous vens, qu’il ert poffible à veoir,lequelà l’entrce a quelques petits efcueils;amp; y entre l’on par leventduMidy.Lerefte du promontoire ert tout plein de ruines déshabitées, excepté ce qui ert au dertroit où ert la ville moderne,laquellen’ert muree du cofté de la mer. Nous nous repofafmeslà vnc nuiCt, fans toutesfois defeendre en terre, amp;nbsp;le matin à la Diane ertans fortis à la rame hors du port,trouuafnaes vn vent fraiz,qui nous mena à la voile iuf-ques au deuant duGoulphe dcSelimbrie,queles Modernes u®®brie*‘Ist appellent Seliurce, qui ert vue cité antique. Entrauerfant ce ''“«• Goulphe,vn vent de Tramotane nous vint donner en proue, amp;nbsp;nous cuyda faire retourner en arriéré. T outesfois nous fif-mes tant,que nous paffafmes les bouches desfleuucs Athiras p.^““’“^ (quiauffisert s’appelléPidaras,ScàprefentPôtepicciolo) amp;nbsp;ttpicciolo deBathynias, des vulgaires Ponte grande. Et delà allafmes vulgaires Von donner fond à vn beauCafal nommé flora, lequel ert édifié n^^fj. finie bord de la mer dans vn boccage de Cyprès, Se autres arbres diuers.lcy l’Ambaffadeur depefeha vn borne par ter-
, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;te à Court antino pie pour fignifiet fa venue à fon fecretaire
Phebus,qu‘il auoit la laiflé pour Agent,amp; cela fut vn Same-dy f9. Septembre. Ayât depuis Icuéles ancres nous gai2,naf- ,9.sevtembtc mes encores à force de ramesleCafalS.Stcphano,lequel a vn bon port: amp;nbsp;la fe voyent certains veftigesde murailles antiques de grand apparence.Ledit Cafalfait vu petit Cap : au deuant duquel fe voyent certains efcueils : amp;nbsp;voyant que le temps eftoit fort counert,nous iettafmes les ancres en mer; cequenousn’eufmes fi toft fait,que la pluye nous furprint auec figrande impctuofité,ôc vioiece qu’il fembloitque tout
G deuft.
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HMuul'cor ^ ®”^ abifmer. L’aprés-fonpee que la pluye commença ^ lUtinopie.od eener leuafmes les ancres,amp; à force de rames coftoiafme’ a elle ix eit le i^ßJ^ç5 3^ droit du premier angle de la cité de Conftantino-
clircfoc flu
graad slt;ilt;- pieiauqucl Kcufontles fepttours:quieft vn tresfortchafteaU) parles Turcs appelle Iadicula,dans lequel les grids Seigneud ont Tvn apres l’autre, tenu leur thtefor.Pour la garde duquel y a cinq cens hommes d’ordinairc,appellé AlTarclis,tousef elaues du grand Tiirc,amp; qui ontefté fes laniOaircs.Lcurchd nommé Difdarga eft homme fort authoriféamp; prifé. Depuis ledit Cafal S.Stephano iniques à ces fept tours,fe voyentp^’ fieurs murailles ruinees tk pkilieurs belles carrières, dont (^ tire grand quantité de pierrepour baftirla Mofquee du grandi Turc amp;nbsp;autres edifices de la cité. Là no’ vindrëttrouueraurf vne barque vn Cordelier Calabrez, nommé frété Iehan,a«lt;^ vn certain Grec, tous deux de lamaifon de rAmbafladeut' auquel ils prefenterent vne lettre de fon fecretatre amp;nbsp;Agent' Qui le refiouit grandement, pour auoir bonnes nouvelles^« tous fes affaires,amp; de fa maifon. Nous paflàfmes vne parti*^ de la nuiû en deuis, amp;nbsp;à faire bône chere.Car le Fraterauoit apporté vne grande bouteille, que les Grecs appellent 1’0' calips, pleine de bon vin Mufeat aucc vn grand quartier t-^ formage Plaifantin,quelques faulciffons, amp;nbsp;autres bons ^ agréables rafrefchiffemës,pour no ns rcfiouir. Puis ainfi qn’v® chacun fe preparoit pour prcndrelerepos delanuid, envir^ ksdouzeheures feleuavngrosventfroit, auec vne roide^^ forte pluyequi dura iufqiies au matin,amp; fi toft quelle coin* mença à s’appailêr, I’Ambaffadcur rêuoya en Pera le Corde' lier: amp;nbsp;nous ayans leué les ancres comme nous pourfuy* viÔs le long de la cité à force de rames, pour gaignerla poin” te du Sarail,qui faid le fécond, amp;nbsp;plus eminent angle,le veut amp;nbsp;la pluye nous reprint auec telle fureur amp;nbsp;impetuofire, qu *' fembloic proprement que le ciel amp;nbsp;tous les aftres deuflen^ abifmer dans la mer. Toutesfois pour le grand defir qu â-uoit I’Ambaffadcur, amp;nbsp;tous les fiens, de ioindre au Lieu de H long
-ocr page 133-longtemps tant defideré, prenans bon cueur, amp;nbsp;laiflans en
mes la pointe du Sacait Mais comme nous penfions entrer dans le Canal, nous y trouuafmes la courante, qui vient du Bofphorc Thracien,fi violente amp;nbsp;rauiffante, outre ce que le vent nous eftoit du tout contraire,qu’il ne nous fut podiblc d’y entrer. Ains fufmes contraints non fans grand danger, ^’J‘j^f“‘”' '’ de trauerfer vers C alcidoine en la Natolie, amp;nbsp;paffer prés la Tout des um tour de Carde (qui eu dans la mer, appellee la tour des lani-ffaires) pour gaigner le deffus de la courante, en faifant telle force de rames, que nous entrafmes dans le port: à l’entré duquel furent arborées les bannières, flambes, amp;nbsp;gaillardets de noz gaUctes amp;nbsp;noflre artillerie chargée, puis faluaimes au deuant du Sarail. Brief graces rendues à Dieu (fouucrain pilote de ceux qui efpçrent en luy ) qui nous auoit vn fi long voyage conduit en fauueté,amp; efehappé de plufieuts gros d.'ngers,allafraes prendre port du cofté de Conflantinoplc: xmueeie«. Sur le bord duquel le premier Dragoman du grand Seig- lUnünopie. neur nommé Hebrahim, Gentil-homme Polonois Mahu-metifé, amp;nbsp;plufieurs autres grands perfonnages Turcs vin-drent receuoir V ÀmEaffadeur fi toft qu’il fut defeendu en terre accompagné du Seigneur de Cotignac,du ieune Baron de Lodon, Sainte Marie,le ieunelu.eufe,Serrcs,amp; moy * nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;amp;nbsp;quelques autres de fa maifon : Ôc l’ayans fait monter fur
vn beau chenal,qu’onluy auoit amené,fut conduit à l’hoftel vAmUflâ. ■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;de Roftan Bafcha,qui le recent auec grand’ careflè.Puis apres ^J^*^^^ t™“
• eflant retourné en la gallerc trauerfa le Canal en Perarou il'^J^“*“ ■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fut pareillement receu auecfigne de grande ioy c amp;. aUegrefle
■ de tous les habitans Chteftiens,quila plus partl’accôpagne-1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;rent iufques dans fou logis.Et cela fut le 20. de Sc-
\ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ptembre l’an 15 51. amp;nbsp;le 7 8 • iour apres
1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;noflre partement de Mar-
fcüle. 1
G a Da
87 DES PEREGRINATIONS DE LA FONDATION DE Bj^fice,elcs modernes appelée Conßantinople. Be H A P. X I I.
Yz A N c E appellee Conftantinople,eftcité tresfameæ coniûatino- fg (p^j. Strabo tiltree llluftre,amp; de Pline amp;nbsp;lu h in tresnoblc) fituce en la Thrace (des modernes appellee Romanic region des plus fertiles de l’Europe) fur le Goulphe dePonte, qui ft'
parc l’Europe del’Afie. Sa forme eft triangulaire : dont les . deux coftez font baignez delà mer, le troifiefme eft au conti-de conjiami- lient de la terre ferme. Elle a le terrouer fort amené, produi-Moplç. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*
Ealdedon.
Faut.
laut de tous bons fruits neceflaires à la vie humaineX’afliet^ en cft fi bië difpofee,que nul vaifleau ne peut fortir,ny entrer fans la mercy des Conftantinopolitains,qui fontmaifiresde la mer Politique. Laquelle pource qu’elle a deux bouches op* pofites, l’vne venant du Propôtide, amp;nbsp;l'autre de la mer Euxi-ne,eft par Ouide appellee,port de deux mets. Car refpaeequr eft de Conflantinople àCalcedon, n’eft que de 14.fiades : lt;5r le lieu que les anciens ont appelle banc, a (lis en VA fie (là ou lafon reuenantde Colchos facrifia à douxe dieux)n’adélai' geurque lo.ftades. Mais d’autant que pluficurs grandes ri-uicres de PAfic, amp;nbsp;beaucoup plus de l’Europe,tumbent en la mer Noire amp;nbsp;Euxine, il adulent,que chant pleine, elle rquot; gorge par fa bouche auec grand violence dans la merPonti-
que : amp;nbsp;de là par le deflroit de l'Hellefpont (qui n’eft gucic plus large que de trois ftades)dans la mer Egee. Cefte citéft' védifiSn^' Îon le dire de pluficurs anciens authcurs,fLTt premicrerement amp;nbsp;reitaun- édifiée par les Lacédémoniens, foubs la conduite de ftm non de Con- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ƒ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;0
ftancinopic. Duc Paufanie : qui fut environ! an du monde 3 297.amp;nii‘^^ l’advcnementi de lefus-Chrift 66 3. lefqucls après anoir con-fiilté Apollo,où ils planteroyentamp; afierroyent leur demeure: leurfut refpôdu par l’Oracle, qu’ils s’arreftaflent vis à vis des Megariens aucuglcs : qui cftoyent les Megariens, par ce qu’aptes, quils poutquoydits eurent navigué en Thrace, laiflàns la bonne amp;nbsp;fertile code , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■ ®. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;(où
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lt;88
(où depuis fut edifice Byzance) s’aUerent inconfiderément
camper à l’oppofite, en la plus fertile terre de 1’Afic,ou pour
la vaine efperance, qu’ils auoyent fur la pefehe, édifièrent
violence de flots, amp;nbsp;courante de lamer Euxine en laPro-
pontide,lors qu’ils approchent les rincs deCalcedon,cffraiez
delà blancheur des rochers, fe retirent du codé de Byzance.
Qui fut occafionau vaillant Paufanias de fortifier de bons
murs amp;nbsp;rempars la cité ; à laquelle muant fon premier nom, qui Qinfi que recite Pline) eftoit Ligos,la voulut nommer ngot.
Byzance. Combien qu’en fe contrariant Diodove, amp;nbsp;Poli- Diodotc 5C be dient,quelle fut nommeeByzance,du nom d’vu Capi- ^aviufc“** taine fon premier fondateur. P au fa nie (ainfi qu’eferit Zonare) la poffeda fept ans ; Durant lequel temps la fortune fe monftrant ennemye de fa grandeur, rempht le cueur des Athéniens d’vue Ambition tant mfatiable, que y ayant acheminé leurs forces, après longs fieges, amp;nbsp;dîners alfauts, en emportèrent la viftoire- Ce que ne pounans lesLacede-^’'’''^^'’/‘ moniens fupporter,auec leur puiflance mirent les armes en main,auec telle pertinacité, qn’eftantl’cuenementd’vn cofté man.
amp; 4’attire bazar deux amp;nbsp;variable, maintenant repruafede fes premiers fondateur s,puis reoccupee par fes agrcffeurs,futen fin proye aux deuxarmees.Et depuis régnant Seucre à l’Empire Romain,le tyran Pifeinuinfon mortel ennemy,s’eftant emparé de Byzance, incita l’Empereur de l’y venir aificger. Toutesfois nayantforces affez grandes pour lapounoir cx-pugner par af[auts,lestintafliegczl’efpace de trois ans entiers: amp;nbsp;en fin les contraignit par extreme famine de fe rendre à la a^wneetui-mercy des Romains,qui fut telle qu’après auoir occis tous s”^“g^^' ' les gens de guerre amp;nbsp;les Magifirats, ruincret de fond en cime “^’ ’ Iniques aux fondemeus, Ôc les murailles, amp;nbsp;la cité . Puis Se-gt; uctepour affounir fa cruauté, defpouillales citoyens de tous ' leurs droits, franchifes Sc .libertez : donnant au furplus le ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;G 3 ter-
-ocr page 136-89 DES PEREGRINATIONS
seunedonne territoire amp;nbsp;poffeffions aux Perinthiens. Et par ainfi cens EylanTcaux' t^*''’^ fameufe cité demeura en telle calamité, iufqncs à ce qn^ Fenuthiens. gijg fj^ paf Conftantin le grand Empereur reedifiee en la m^' niere qui enfuyt.
REEDIFICATION DE BIZANCE par le grand Empereur
Coa/lantin.
VC H A P. X I I I.
O v L A N T le grand Conftantin Empereur des R®* mains refifter aux courfes amp;nbsp;riblcries, quefaifoyent iournd' lementles Parthes contre les Romains, délibéra de transi' Troie comme ter l’Empire en Orient, amp;nbsp;y baftir vue ample cité : laquelle i‘ c«acitie(edi yQ^j^jpremièrement côftruirc en Sardique,pnis en laTroJ' de, païs de la haute Phrigie prés le promontoire Sigecjaulisquot; ou fut iadis la cité de Troie, qu’il cômença àrcedificr,amp; c® refaire les fondemens. Mais eftant infpiré parreuelation nlt;’' fturne de changer de lieu, fit recommencerl’œuure en CalcS‘ don: où certains Aigles (comme eferit Zonare) eftant 1^ volez, prindrent au bec les lignes des maçons, amp;nbsp;trauert®* ptikquot;ci)niun le deftroit les laiflérent cheoir tout auprès de Byzance. P^' 'SicileRo- quoy l’Empereur aduerty, le prenant pour bon augure, ^ Anéonk Vum ii^J-^^æï^ diuine, après auoir veu le lieu y reuoqua les M»}’ boiy.swmpoi- ftres architcâcs de Calcedon, amp;nbsp;fit refaire amp;nbsp;amplifier la et té,quidefon noni fut appellee Conftantinoplc côbicnqi'quot; l’euft premièrement nommee nouuelle Rome, commeautre’ fois a cftédidc Ethufe amp;nbsp;Antonie, mais les Grecs l’appelle®* Stimboly, amp;nbsp;les Turcs Stampolda: qui eft à dire, ample cits' Or voyant l’Empereur fa ville conftruièle amp;nbsp;fuffifamnK't' peuplec,rcnuironna demurs,tours amp;foflez,y édifia plufieU® fumptueux temples,l'aorna d'autres magnifiques edifices,^ œuures neceflàires tant publiques que priuez. Puis pour piquot;® Romeuamfc gtaudc décoration, fit amener de Rome plufieurs memory ïLofU.quot;*'’quot;' ^^^® antiquités, amp;nbsp;entre autres le Palladium de l’ancienquot;®
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Troie, qu’il fitpofer en la place dePIacote ; la grande colom-ne de Porphyre, qui fut dreffee en la mefnie place. Auprès de laquelle fit eriger vne ftatue de Bronze à la feinblance de Apollo, de grandeur demefuree ; au lieu duquel voulut que, st«ne bien fon nom fuft impofe. Mais au temps de l'Empereur Alexis bUiK/d Ap™ Commene fut celle ftatue par vn grand amp;nbsp;impétueux ora- *'*• ge,abhatuepar terre, amp;nbsp;brilce- Ge bon Empereur y vefeut affez heureurement plufieurs annees.Ceque firent femblable-ment plufieurs autres fes fucceffeurs : Mais non toutesfois exempts de diuerfes perfecutions tant par guerre, feu, pefti» lence, tremblement de terre, que autres diuerfescalamitez. lufques à ce que Dieu voulant punir lepefché du peuple auec la nôchalâce des Empereurs,leur fufeitaMehemet 2,dunom, j,ræge,'ûc«-amp; 5. Empereur des Turc s, lequel meu d’vn ardent defir de geamp;yme c«. ruiner les Chreftien-stSe par làagrâdir fon Empire, ialoux ou- '' tre mefure de veoir florir deuant fes yeux celle tant noble cité, auec puilTance merueilleufe par mer, amp;nbsp;par terre l’alla fu-rieufement alfieger. Dont la fin amp;nbsp;iffue fut telle, qu’âpres long fiege,batterieamp;.diuers alTauts, les infidelles ayant gai-gné la muraille, auec grand hurlement, amp;nbsp;furie entrèrent cruauté, dans la .cité : où de prime arriuee firent vn merueiUeux carnage fur les panures aflîcgez,fans efpargner nul aage ou fe-xe,. Ils tucrent l’Empereur Conftantin en la prefle, ainfi que pEmperrut il penfoit fe fauuer : amp;nbsp;luy ayant trenche la telle,par deri- TOi^iëSi'“' fion amp;nbsp;ignominie la portèrent au bout d'vue lance tout le long du cap, amp;nbsp;de la cité. Puis non content Mehemet, d’a-uoir violé amp;nbsp;défloré l’Emperiere fa femme, fes filles amp;nbsp;autres vEmperiere, damoyfelles d’honneur ^ par vne plus qu’inhumaine rage '„“Sj^^f^Z les fit en fa prefence demembrer par pieces. Par trois iours lees, en fin de-que dura ce faccagement,il n’y eutefpecede paillardife,So- pu«*.““ domie, facrilege amp;nbsp;cruauté, qui ne fuft par eux perpetree.
Ils defpovillerent l’incomparable temple de Sainte Sophie (iadis auec tant admirable defpence édifié par l’Empereur lu-ftinian)de tous fes aornenaens amp;nbsp;vaiflèaux facrez:amp; en firent G 4 efta-
-ocr page 138-91 DES 'PEREGRINATIONS'
enable amp;nbsp;bordeau à bardaches amp;nbsp;putains. Cefte dcfolabfc bordeau À pu- pette de Couftau tiuoplc, chef de l’Empire Oriental, enfem-ble de la ville de Pcra,par lesTurcs appellee Galata,quiefloit colonie des Genevois alfife vis à vis de Conftantinoplede tjïi^a».”'’'^’^^^’^^ c°^^ ‘^^^ Canal, fut en l’an du Sauucur 145 5. le 19lt; iour de Mars (aucuns difent en Auril, amp;nbsp;les autres en May) aprésauoirdemcuréfoubslapuilïancedes Chreftiens 1190. chofeadmira- ^^^^^ Mais c’cft chofe admirable amp;nbsp;digne d’eftre notee,quc Confiantinople reedifiec amp;nbsp;eficuee par Côftantin fils de fain-te Helene, à la femblance de Rome, fut par vn autre Confia' tin filz d’vue autre Helcne,prinfc,faccageeamp;rcngce foubs la main des Turcs:qui fera à iamaispertcamp; dômageirréparable Mehemetayât àtoute la Chrefticté. Après l’auoirainfi prinfe,Mehemet de Imperial à Cü ■ libéré d’y tenir le liege de fon Empire, en toute diligence fift fitt^ta? ■** refaire les murs, amp;nbsp;quelques autres places ruinees : amp;nbsp;au liett du grand nombre de pcuple,qui y auoitefté tué amp;nbsp;emme né prilonnier, y fit conduire par forme de Colonie, de toiv tes les provinces amp;nbsp;citez par luy conquifes, vn certain nom-wü «pci^picî' bre d’hommes, femmes amp;nbsp;enfans auec leurs facilitez amp;nbsp;ri' coniUiuiao. cheffes. Aufqucls il permit viure félon les Inftitutions ^^ préceptes de telle Religion, qui leur plairoit oblcrucramp;cxcP cer en toute feureté leurs ars »Sc marchandifes . Ouidonn*
occafion à vne multitude infinie de Iiiifsamp; Marrannesdefi luih Fugitifs . z » 11 1 « . a d’Elpagne s’ha chaflez dElpagne de s y allerhabitucr.au moyen de qnoy coüibnuno- en peilde temps la ville recommença deuenir marchande,d* r‘*‘ Kinn npnnlr'P mpfrnp Mphrmpf Fur In nrpmiprCÔ*
ehe, amp;nbsp;bien peuplee. Ce mefme Mehemet fut le premierco-ftrudcur du grand Sarail,qu’il édifia à l'entrée du Canari
l’vn des angles de la cité fur le promontoire Chrifoceras.Le-quel depuis par les autres grands ScigneursTurcs,quifuccC' (finement y ont faidleur demeurc,a eftégrandement cnibd' ly amp;nbsp;augmenté.!! fonda aulfifurl’vn des monts d’icelle cite vne fupcrbeMolt]uec, Amarathe, amp;nbsp;college, amp;nbsp;les doua tous de grand reuenu annuel. Et de tout cenefe faut clbahir : cat fortune luy fut tant fauorable, qu’aprés auoir ruinéîEmpW . , ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;de
-ocr page 139-ORIENTALES LIVRE IL pz deConftantinopleamp;Trebizcnde,U print fur les Chreftiens n. Royaume« douze Royaumes, amp;nbsp;deux cens citez, tellement qu’à raifonpnX' mîi“ de fes grandes proches amp;nbsp;côqueftes le nom amp;nbsp;tiltre de Grand, Sïh^M’xT* quiluy fut donné, eft encores demeuré iufques à huv à laR^û«“»“» * nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• Unomde^tad
maitondes Othomans. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;à la mailoa
des Oiho-mans* îEVX MERVEILLEVX' ADVENVZ fortuitemeKt par deux diuerjesfoù A
CofjfiantÎKOple.
Z nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;CHRP. Xïitr.
0 N ^ K t Hiftorien Conftantinopolitainfaiâ:mention en fon Hiftoire de deux feux merueilleux fortuitement fur-uenuz à Conftantinople. Dont le premier, qui fut durant l’Empire dit grand Léon, eftendant du Septentrion au Midy le long duRofphore ; à fçauoir le long de l’vne des mers à l’autre, fut fi horrible ôe furieux par l’efpace de quatre iours, qu’il deuora amp;nbsp;mit en cèdre, tout le plus beau de la cité;mef-mesl£lieu,oùle Senat Ôe les citoyens efteus s’affembloyent pour délibérer des affaires. Eut pareillement brutlec vne autre magnifique maifon,amp; vn palais lorgnant l’Antre ou cauerne difteNymphce,amp; plufreurs auttestemples amp;nbsp;edificespriuecs; Le fécond feu qui fut du regne de l’Empereur Bafille,s’en-fiambade telle forte,qu’il embrafa le marché d’arain : con-fommaen cendres les maifons des rires crrconvoifines,en«. fcmblele palais ; dans lequel eftoit vne librairie de r 20000. libuirie 3* volumes de hures •. amp;nbsp;vn boyau de Dragon de la longent de r 20. pieds,fur lequel eftoit eferit en lettre d’or. l’Ihade »«y*«^«®‘*
amp; l’Odyffeed Homere.Outre plus brubaks tant 110. fiedi, renommez fimulachrcs dcluno,de Samo s,de Minerue, de Lynde,amp; de Venus deGni-de•.finalementdeuora tousles . . , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;plaifans lieux de la cité.
G 5 Dtvx
-ocr page 140-91 DESPEREGRINATIONS DEVX TREMBLEMENS DE
terre aduenus en Conßanti-flapie.
Rc H A p. x v.
E c i T B le mefme Zonare, que régnant Anaflafe Picore à l’Empire d’Orient, fumint vn fi grand tremblement de terre, qu’il ruina iniques aux fondçmens vn fort grand nombre d’edifiecs non feulement à ConPantinople : mn^ audi en Bithynie amp;nbsp;autres lieux circonuoifins.
Mais le dernier, dont plufieurs dignes autheurs ont eferit» mefmement Munfter en là Geographie, fut fi eftrange amp;nbsp;cfpouvcntable par l’efpace de 18. iours continuels, qu’aucC horrible efpouuentemët, amp;nbsp;dommage rua par terre les mûri de la cité, enfemble tous les edifices du cofté de la mer; combla tous les folTez. Il ruina la tour où le Turc tennit fes munitions, aucc cincq autres. La maifon du tribut» qui eftoit prés delà muraille fut renuetfee iufques aux fon-demens dans la mer ; enfemble les aqueduds amp;nbsp;conduits» qui auoyent eûé faids aucc incroyable defpence, pour conduire les eaues du Danube dans la cité, furent la plus past rorapuz amp;nbsp;brilcz. Et fut aulfi le Canal d’entre Couftantmo-ple amp;nbsp;Fera tellement efmeu, qu’il iettoit l’eau par grandes vagues.par deflùz les murailles des deux citez. Maislepit^ fut que plus de 13000. perfonnes y demeurerenr accablez-Cegrand defaftreaduinc au mois de Septembre en l’an
4e falut 1509. durant le regne de Bayazeta.du nom, amp;nbsp;9. Empereur des Turcs (qui fucceda à Me-hemet 2.) lequel en toute diligence fit refaire les murs de la
cité.
Anti-
-ocr page 141-ORIENTALES LIVRE IL 94
ANTI QJZI T E Z DE CON-ßantiKü^le.
Le H A P. X V I •
E refte des notables antiquitez, qui pour le iourd’huy fe trouuentàConftantinople,fontrHippodrome,quelesTiircs Hippodrome, appellent, Atmayden . Qiü eft la place, où les Empereurs faifoycnt anciennement courir les chenaux, pour le plaifir amp;nbsp;clbatemcnt du peuple,quiles regardoit d’vu Circle ouThea-tre du tout pour le prefenr ruiné. A u milieu de cefte grand* place fe veoit efleuee fur quatre boules de fin marbre, vne belle Obelifque de pierre mifte, toute d’vne pierre, delà hauteur de cinquante coudees,rcmplie amp;nbsp;enrichie delettres Hie-rogUphiques : amp;nbsp;tout auprès vn grand Colofl'c ; auquel font coiofe. entaillées,par Hiftoires les chofes mémorables, qui ontefté faites en l’Hippodrome . Vne autre grande colomnede marbrelà auprès, amp;nbsp;vue de bronze faidc par fingulier artifice,en forme de trois ferpents entortillez ; amp;nbsp;plufieursau-tres veftiges, qui font efpars par la cité : comme le palais du grand Conftantin fon premier reftaurateur, qui eft ioig-nant les murailles auprès de l’angle qui regarde l’Occident:
la fepulture du mefme Conftantin, qui eft toute de Por- La fcpultOM phyre en vn coing de rue des plus immondes de la cité, a'po^hÿ«? Et tirantà la porte de Seliuree fe veoitvnegrandeeolom-ne de marbre hiftoriee à la mode de celles d’Antonin amp;
d’Adrian, qui font à Rome. Puis les aqueducs Ôc phifieurs eifternes voultces, fouftenues les vnes
’ par voultes,les autres par grand nom-
bre de eolomnes, amp;nbsp;plu-
quitez.
Dv
-ocr page 142-9J D E S P E K E G R I N A TI O N S
DV CHASTEAV DES SEPT tours par les Turcs appelle ladicula.
AC H A.P. X V I I.
L’an OLE de la cité qui a fon regard vers Gallipoli) prés la riue de la mcr,y a comme i’ay défia diö:,vn fortchi' ftcau compofé de fept großes tours ceintes amp;nbsp;environnées déliantes amp;nbsp;fortes murailles, fournies de bonne quantité de artillerie, lequel chafteau par les Turcs eft appelle Iadicula.A là garde duquel y a vn Capitaine nommé Difgarda,homme de grand reuenu amp;nbsp;andorité : qui a foubs luy d’ordinaire cinq ces mortes-payes appeliez Affarelis : qui tous ont ehe Ianiflaires,amp; a chacun d’eux de foulde par an cinq mil afpres. Et y tient le grand Turc telle garde, par ce que luy amp;nbsp;les autres Empereurs Turcs fes predccefîcurs y ont toufiours tenu leurs threfors . Toutesfoisle Seigneury va bien peuibu-uent.
DV SARAIL, AV (^E L habite le Gratid Seigneur Turc.
ACHAP. XVIII.
L’a v T R B angle de la cité, que les Grecs appellent Saint Dimitry les anciens le promontoire Chrifoceras, qui regarde à l’Orient, au droit de l’emboucheure du port, eft le Sarail, ou habitc ordinaircment le grand Seigneur Turc, quand il eft en Conftantinople. Et eft iceluy Sarail clos de fortes amp;nbsp;hautes murailles d’environ deux mille de circuit. Au milieu furvne colline fe veoit, vn -beau amp;nbsp;deledableiar-din, lequel commençant fur le milieu du mont va en defeen-dant vers la mer. Là font pluficurs maifonnettes amp;nbsp;habita-tions,’auec vn porche fouftenu par colories à la mode d’vu cloiftre de moines : à l’entôur duquel, fe treuvent environ loé. chambres,amp; toutauboutlc Seigneur habite lapins part
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de l’eRé, pour cftrc le lieu fort efleué, fraiz amp;nbsp;abondant en bonnes eaucs. Anciennement ces habitations cftoycnt des dependences de S. Sophie : mais Baiazet 2. les en fit diuilcr, amp;nbsp;furie milieu fit edifier vn corps d’hoftel : dans lequel es chambres plus baffes pour eniter le ventdeBize (des Grecs appellee Boree amp;nbsp;Apardie : comme venant de la partie de Arö:os,qui enGrec eftautant que Ourfe,qui par le Bofpho-re Thracien vient de la mer maieur)il habitoit foutleiong de l’hyuer. Vn peu plus bas y auoit vne autre petite habitation, toute faitedevoirrcclair,ioindamp; lié auec verges de fin eft ai n en forme de cupuleronde ouHemifphcre.Etpardeffits auec admirable artifice paflbit vne belle amp;nbsp;claire fontaine : laquelle doulcement découlant en bas par la cupule fe refpandoit par le iardin. Eten ce lieu Baiazet s'alloit fouuêt rafrefehiren efté .amp; y paffer fon fommeilaux doux murmuremerit des eaues. Mais à prefent eftant la plus part en ruine, l’eau a prias fon cours en autres endroits. En ccfl enclos eft encores le Sarail de la Sultane femme du grand Turc, accompagné de bains saranaeU trcfrnagnifique.s.Puisceluy desicuncs enfans,qui commepa- sultane fem. gestouresfois cfclaucs,font là nourris, inftruits, «Scexercitez Turc.quot; tant à leur religion, qu’à piçquer chenaux, tirer de l’arc,amp; fai- iJ,;X7dal« re tous autres exercices militaires depuis l’a âge de huid,ncuf, quot;®quot;quot;‘“’’“’ dix,iufqucs à vingt ans,eftant le nombre ordinaire de ces en-fans, pour le moins de cinq àf^xcens. Il y ad’auantage vne grand efeuirie, dans laquelle le Seigneur tient ordinairement de quarante à cinquante de fes plus beaux chenaux. La premiere amp;nbsp;plus grande porte, par où l'on entre dans ce Sarail du collé de S. Sophie, eft fort grande amp;nbsp;bien elabnree de lettres d’or, amp;nbsp;feuillages à la lamefque de dinerfes couleurs, amp;nbsp;d’icellefon entredans vnegrandeamp;fpatieufe place non pa-nee :an chef de laquelle entre deux groffes tours y a vne autre porte gardee par vn nombre dçCapigis amp;nbsp;laniffaircs : qui -là ont leurs armes pendues amp;nbsp;affichées. Car là, tous ceux qui vont faire la court au Sarail, font coflumiers de defeendre
de
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coun où le. de chenal : amp;nbsp;de là vont à pied dans vne autre court afeï la’femîinêdô-grande, où les Bafehastroisfois la femainc donnentaudien' r«ou’«nan“ ce publique à tous venans,de quelque nation ou religion, ^Silence non qu'lis foyent, tant fut les chofes politicqucs, que fur les procès amp;nbsp;autres differens. Et combien que le nombre du peuple qui y vient de toutes parts, foit grand;fi y a il grand filenc^i que vous diriez, qu’à peine les affiftansofent cracheroutoU' flir. Cefte court a vne belle fontaine au milieu environnée deplufîeurs beaux arbres de Cyprez. Au bas du iardin versla pointe du SaraiI,qui eft batue de la mer, y a vne autre pof' te ioignant laquelle y a vn petit pauillon, par où le Scign^jj fe va embarquer, quand il fe veut aller elbatre au iardin,qn“ ' a fait faire en la Natolie aulieu appelle par les Turcs ScutarV» des anciens Calccdon. Et pour ccd etted font ordônez denlt; brigantins : fur Tyn defquclz il eft embarqué par le Eoftr.quot;5*
Bafti qui eft le Capitaine des iardins amp;nbsp;des iardiniers.
Et l’autre Brigantin ftiyt aprez en referuc, pour lècourir en vn moment aux affaires,qui pourroyent furuenir.
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L y a encores fut le milieu de la cité le vieil S arail, qui fut premièrement édifié amp;nbsp;habité par Mehemet 2 auant l’edifi- cation du mentionné cy deffus, lequel a aulh deux mille pas de circuit,amp; eft ceint de murailles hautes de quinze toifes amp;nbsp;cfpeffes à l’aduenant, fans aucunes tours. 11 y a feulement deux portes, dont l’vne eft ordinairement ouuette amp;nbsp;bien gardée par Eunuques ;amp; l’autre ne s’ouure prefque iamais. Les ponter« Dans ce S arail y a plufieursmaifonnettcs feparees auecleur»-J*„“J,’“‘ chambres,cuifmes amp;nbsp;autres commoditez, dedans lefqueUes s««^ ^^ ^^^ habitent les femmes amp;nbsp;concubines du grand Turciquicxce- concubine« dent le nombre de plus de deux cens, la flus partfiUesde“ quot;“' Chreftiens,les vues prinfesaux courfes de guerre par mer, amp;nbsp;parterrc,tant fur les Grecs,Hongres, Valacques,Mingrelés, ltaliens,queautres nations Chreftiennes ; amp;nbsp;les autres font achetées des marchans, puis par les Begherbeis, Bafehas amp;nbsp;Capitaines prefentees au grand Turc, qui les tient dans ce Sarailbien veftues, nourries, amp;nbsp;entretenues foubs l’eftroiétc garde desEunuques.Et de dix en dix ontvne matrone pour ; nbsp;nbsp;les inftruirc amp;nbsp;gouverner amp;nbsp;apprendre toutes fortes d’ouvra-\ nbsp;nbsp;ges à l'eguille. Le Capitaine de ce Sarail appelle Capiangatû
s eft anfti Eunuque, amp;nbsp;a appointement ou fouldede foixante
11 Afptes pour iout, amp;nbsp;eft veftu deux fois l’an de drap de foye. coaraUn*
11 nbsp;nbsp;11 a foubs luy quarante autres Eunuques pour le commun u jûmtXtc feruice de ces Dames,defquellesle Seigneur fe fert, quand il '^J^quot;^*’ luy plaift.Etlccas aduenant qu ilengroftequelqu vne,illafait unfen^min» fcpater des autres ,luy augmentant fon eftat amp;nbsp;penfion amp;nbsp;h la Lues p'euucM ai nbsp;nbsp;tient au nombre de fesfemmes:quefi elle avn enfant mafte,il £„““^^«”1quot;^ * \ nbsp;nbsp;peut en fon rang fuccedet h l’Empire. Mais quant aux autres, vj”-^j^ ^^^^^.^
VH nbsp;nbsp;dont il ne peut auoir enfans,illes marie à fes Spachis ou au- »aucun de vc* 'n nbsp;nbsp;très officiers de fa court.Et à nulzautres qu au grid Seigneur bta^,“quot;“L
- K nbsp;nbsp;^Eunuques du S ar ad,tant grands ou fanons foyent il, n' eft l^u^u^’
H per-
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permis en aucune manière de les veoir.Parquoy pour anoit moyen devousreprefenter la manière dclcurs habits,ieprins amitié auec vn Eunuque de feu Barbe-rouflè, nommé Zafe-raga de nation Ragufienne,homme debon entendement,amp; amateur des bonnes lettres amp;nbsp;vertu, qui de fon icunc aagc auoit efté nourry dans le Sarail: amp;nbsp;fi toft qu’il s’apperceut que ie dcfirois veoir la façon des accouftremens de ces femmes : pour me contenter fcir veftir deux femmes TurequeJ publiques de fort riches habits, qu’il enuoya quérir au
Bezeftan : là ou s’en treuuent, amp;nbsp;vendent de toutes fortes, fur lefqnels ie fey les pouitraicls icy repre-
fentez.
-ocr page 149- -ocr page 150- -ocr page 151- -ocr page 152- -ocr page 153- -ocr page 154- -ocr page 155-ORIENTALES LIVRE IL 104 DV TRESEAMEVX TEMPLE
âe fainte Sophie, dratftres
Le H A P. X X. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, !
E Temple de Sainte Sophie iadis édifié par luftinian 15 gt;nbsp;luftinian COB. Empereur d’Orient, futvn oenure de grandeur, ftrndurcj “/“p^a^ s“ beauté amp;nbsp;richefle incomparable. Le milieu duquel eft faid »^^J^jf*,, en * Cube ronde, à la manière du Panthee de Rome (qui eft la Rotonde) mais beaucoup plus haut,quot;de plus large : amp;nbsp;y a deux ordres de colomnes de fin marbre tresgrandes, fie de groffeur tant que deux hommes penuent embraflèr : puis vn autre rang au deffus de moindre hauteur, amp;nbsp;grofleur pour le fouftenement de la Cube. Laquelle eft par dedans tresartifi-cieufement faite, à figures de Mofaique enrichies d’or de d’afur,amp; le dedans du temple eft tout cncrouftéamp; reueftu de grandes tables de Porphyre,Serpentines amp;nbsp;marbres de di-uerfes couleurs : amp;nbsp;font de lèmblablc pareurc amp;nbsp;eftoffe les cloiftres d’alentour, d’vnc finguliere beauté amp;nbsp;largeur plus que ordinaire. Mais aux images de Mofaique amp;nbsp;autresdc platte peinture, les Turcs leur ont creué les yeux : par ce que ils ne veulent figure, ne image aucune, difans qu’il faut ado-, Opinion de# ter vn feul Dieu Créateur du Cielamp; de la Terre, non les mu- chant icsiina-taillcs amp;nbsp;peintures, qui ne font que chofes mortes, amp;nbsp;qui ne ont aucun fentiment. La couuerture de ce temple eft de plomb. Les portes (qui font les plus belles du monde) de fin leton Corinthien : de manière que du temps des Empereurs Chreftiens il fe ponuoit à bon droit nommer le plus parfait, plus riche amp;nbsp;plus fumptueux temple non feulement de l’Orient ; mais aulh de tout le monde. Car il y auoit cent poc-tes,amp; plus d’vn mille de circuit comprenant les maifons des chanoines amp;nbsp;prefttes. Dauantage il eftoit riche de 300. mille ducats de rente. Mais incontinent apres la prinfe de la cité les Turcs le changeront en Mofquee. Et de la plus grande
H 5 partie
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panic du doiftrepour cc qu’il eftoit pres du Sa rail, ils en fi* rent efcuirics à cheuaux. Outre ce magnifique temple de Sainte Sophie (quieft^à dire S-. Sapience) y a en Conftan-i.Mofquec« tinople trois autres belles Mofquees accompagnées de leurs nop^alcompà- Amarathes (qui font comme hofpitaux)fontaincs amp;nbsp;efeoks Amaari»«*quot; P'°'“’^ inftruitccn leur loy les paumes enfans. Dont la pre-jontamet, K miere de ces Mofquees,amp; Amarathes, fut edifice par Sultan Mehemet a, ccluy qui print Conftantinople ; la fecondepat Baiazet fon fils : amp;nbsp;la troifiefmepar Selîm pere de Solyman à prefent régnant: amp;nbsp;y font tous trois inhumez, chacun en la fienne. Mais celle de Mehemet eft la plus belle, amp;nbsp;la plus riGhe,cftant fondée de 60. mille ducats de rente; amp;nbsp;en grandeur amp;nbsp;fimilitude approchant fort à Sainte Sophie, à fon entour centmaifonsconuertes dcplomb en cube ronde,dédiées pour fogeries doseurs amp;nbsp;preftres de leur loy : amp;nbsp;pour receuoirtouS'pèlerins amp;nbsp;paflagers eftrangers de quelque nation, ou religion qu’ils foyent: amp;nbsp;la fepeunentrcpofer,eux» amp;nbsp;leurs feruiteurs , amp;nbsp;cheuaux (s’ils en ont) trois iours en* tier?, logez, deffrayez de nourriture pour eux,.amp; leurfuitte, fans payer aucun denier.Puis hors lencîosdeJa MoiqueeV a d’abondât 150. autres habitatios pour les panures de la cite. Aufquels autant qu’il y en demeure,on donnetousles iours vn afpre amp;nbsp;autant de pain; qu’il leur eft de neceftîté. Mais ils eftiment telle vie fi peu heureufe, que bien fouuent la plus Peu deBcii- P^''’^‘^^ ^^5 logisfont vuydes.Et nefantpenfer qu’en ces pais Ht» en Turc- là, il fc trenne entreeux vntas de Beliftres impofteurs, qui k difent malades de Saint Antoine,Saint Main, ou de Saint Fiacre, comme il y a par tous les pars des Chreftiens, principalement en France,Elpagne amp;nbsp;Iralie:car ils n’y feroyetpas bien venus. Mais le cas adùenant, que les deniers ordonnez pour les panures,ne foyent là tons defpenfez : les œcono-mes cnnoyent ce qui en refte, es hofpitaux des ladres,malades, amp;nbsp;fois infenfez. Caraufti toft qu’il fc treune quelqu’vn de tels fols,raalfaifant par la cité,il eft tout fur l’heure troulk»
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amp; mené par force dans vn hofpital à ce dédié ; où à force de coups de fouets les contraignent à deuenir fages . Mais quant aux autres malades,. ils font humainement traitiez» n’ayans faute d’aucune chofe pour leurs commoditez,foit de drogueries, Chirurgie ou autre chofe nccefl'aire.Les deux autres Mofquecs font quafi femblables : excepté qu’elles ne font fl grandes ne fi riches. 11 y en a quatre autres particulières edifices par quatre diners Bafehas. La premiere paqDaat Bafcha,au temps de Mehemet 2. La féconde par Mehemet Bafeha. La troifiefme de Haly Bafeha, amp;nbsp;laderniere de Mo-ftapha qui fut du regne du Baiazet 2.
DES BAINS, ET MAN 1ERE
de lauer des Turcs. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;u- ?
ECHAP. XXI.
N Conftantinople, comme pareillement en toutes les autres citez Mahumetizees en la Grèce, Afie,amp; Afrique, fc treuuc grand nombre de trelbeaux Bains tant publiques,que ^^^.^^ ^^^.^ priuez.Lefquels à l’imitation des ancien s Grecs,amp;Romainsi (yun Si pliucx font condruits, amp;nbsp;édifiez auec induftric, fumptuofité, Sç dc-fpenfe ptefque admirable ; amp;nbsp;fur tous ceux des Sarails du Grand Turc, de fes femmes, amp;nbsp;de fes Bafehas : voire la plus part des public s,qui font embeUys amp;nbsp;ornez de colomnes,en-cruftures,tablesÖcpaucmens de diners marbres raresen couleur amp;. beauté. Mais font ces bains fabriquez en telle façon, qu'il y a deux principaux grands corps d’édifices ronds, fort efteuez en voulte de cube ronde on formehemifpherique par le haut ;amp; le premier dans lequel on entre,qui des anciens a efté appelle Apodytaire,aenl’vndefes angles,vn fourneau comme les poilles d’Allemagne, qui fort pour foifeher les chemifes, amp;nbsp;autres linges de ceux qui viennent fcbaigner:ôc au milieu vue belle fontaine de marbre d’eaue vine on artifi-cicUciEt tout autour des murailles pluficnrsfiegesfoparez par petit interuaUe, amp;. couucits d’efiorcs outappisTutequois:
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fur lefquels fe defpouillcnt,amp; laiffent feurement leurs habits en la garde du Capfaire ceux qui fe veullent aller baignen puis auoir couucrt leurs parties honteufes,d'vn grand linge bleu bigaré, qui leur eft baillé, vont premièrement au Te* pidaire, pour fe faire fuer: de là ils entrent dedans l’autre grand corpsdu bain,qui eft leplus hautcfleué,ayantfa voul-te hemilpherique percec, amp;nbsp;garnie de verre clair en diuers lieux, à fin de rendre le bain plus clair: au milieu duquel y î femblablcmentvne fontaine de marbre tresmagnificquc,qiii iette eaue tresabondamment: amp;nbsp;tout ioignant vne grand’ table de fin marbre alfife fur quatre boullcs, rondes, fur laquelle ( apres qu’on a bien fue',amp; que l’on s’eft baigné dans vne grand cuve au fil de marbre ou Porphyre, eftanth oommeoneft auptcs) les femiteursqui y font en bon nôbre, vous inuitent wuft'e. nbsp;nbsp;nbsp;à vous coucher,amp; eftendre tout à plat fur le ventre ; amp;nbsp;adoc
Tvn de ces gros valets apres vous auoir bien tiré, amp;nbsp;remue les bras c’en deuant c’en derriere, iufques à faire craquer les os, amp;nbsp;bien frotté les mufclcs : vous monte fur le dos, amp;nbsp;fc - lt;nbsp;. gt;': fouftenàt des mais fur voz efpaules,va glifiantauec les deux pieds ioints tout le long de voz reins, comme s’il les vouloir brifef: puis derechef’vous faid renuerfer'fur les reins, en vous remuant Retirant les membres comme deflus,fan$ toutesfois vous faire aucun mal : Ains au contraire cela vous addoulcit tellement les nerfs, amp;nbsp;agilité fi bien les me-bres, qu’ori en eft beaucoup plus allègre amp;nbsp;plus difpoft.Eftât ainfi accouftré, vous entrez en vne petite chambrette tem-peréement chaude,ou derechef monfieur legros vallet vous renient empoigner: amp;nbsp;apres qu’il vous a bicnfauonnéamp; frotté tout le corps, amp;nbsp;les membres auec vne bourfe d’efta-mine, ou camelot qu’il tient en mode d’yn gand à la main (^^ ji^^ de*reftrilledontvfoyentles Romains) il vous laue auec la belle eaue claire, qui fort de deux conduits, ou fontaines,!’vne chaude amp;nbsp;l’autre froide, qui vient tomber dedaS vu balfin de marbre,dans lequel il la tempere, amp;nbsp;la prend poui
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JOS
pour la verfer auec vn beau b affin d’arainbicn Damafquinc: amp;nbsp;dauantage auec la pierre Ponce ils vous frottent, amp;nbsp;net-toy ent les plantes des pieds : amp;nbsp;vous rafent la barbe, amp;nbsp;les cheueux, amp;nbsp;le deffoubs des aifelles. Mais pour les parties fe-eretes ils vous baillent vn rafoir,oubien du Pfilothre (qu’ilz rmotrevo. appellent Rufma) qui eft vne pafte, laquelle eftant appliquée f“quot;‘/' '^’'*' furies parties velues,en vninftantfait tomber tout le poil.Et de telle pafte vfentfouuent les Turcs, amp;nbsp;les Turcques : par ce qu'ilz ont à grand horreur de porter poil en telz endroits. Apres auoir ainfx fué,amp; auoir efté foulé, manié,frotté, cftrillé,laué, vous vous en retournez où font voz habits. pour vous feichcr amp;nbsp;reueftir : puis auoir donné quelques ' Afpres pour le vin des vallets, amp;nbsp;deux ou trois au Capfaire, (qui fc fied à l’entree de la porte,pour reccuoir argët de ceux, qui fe viennent baigncr)vous vous en allez où bô vous fem-ble. Or faut il noter,que toutes nations de quelque loy, amp;nbsp;religion qu’ilz foyent, font indifferement receuz amp;nbsp;traitez eu cesbains pour leur argèt.Mais fur tous autres les Turcs,Mau res,amp; vniuerfeUement les Mahumetizezy vont le plus fouuêt, Mahumetii« tat pour leur volupté amp;nbsp;fanté corporelle,que principalement Îj^ pourl’obferuancc de leurloy, qui commande à tous Muful- ^uc«fan, e-mans den’entret^en leurs Mofquees, fanseftre premièrement quot;nbsp;bien lauez amp;nbsp;purifiez ; prenant ces brutauxBarbares ce laue-ment du corps exterieurement,amp; non de celuy,qui s’ented de ^ . l’interieurdel’ame.Voyla quant aux bains modernes deTur- bS“*“ quie,que les Turcs appellent Tfchmuns,amp; la manière de s’y baigner.Mais pour venir à leur antiquité. lofepheenfon pre-mierliure de la guerre des luifs nous en donne aflez ample tef moignage parlant des baings publics,queHerodcsfitfaire eu Hetodes. Tripolys,Damas,amp; Ptolomaide:commcpareillemëtfait Herodian au r bchap.de fon premier liure: là ou il f^it mention d’vn Cleandre Phrigienefclaue de l’Empereur Commode.Le deanat« quelfe voyant, par fon maiftre amp;nbsp;le fort de fortune efleué de j l’eftatdc Chamberlain, en Capitaine de fes gardes, s’ofa bien
tant
-ocr page 160-109 DES P ERE G R IN A T FO N S ' tant promettre, que de fe faire Iny mefme Empereur : Pour J quoy paruenir, après anoir amaffé beaucoup de biens,vû û^ pluficurs libcralitez enuers la gëdarmcric,amp; le peuple(à-ft* de gaigner leur cueur) amp;nbsp;entre autres,fit faire desbaings pu' blics, ou chacun fe pouuoit aller baigner fans riens payer. R ne puis auffi pafler du tout fbubsfilence la grandeur amp;nbsp;mag* nificence (dontles ruines s’en voyent encor à Rome) des fU' perbes Thermes Agrippiennes, Neroniennes,DomitienneS) Antoniennes amp;nbsp;plufieurs autres, que ié delaifle à difeourù amplement pour euiter prolixité, amp;nbsp;rentrer à noftre vray fui’' ied : qui cft de parler du bain des femmes de Turcquie, auÆ bien qu’anonsfaiâ: de ccluy des hommes.
DES TV/RQJVES ALLANS AVX Baifts,lt;^^uel eß leur appareil, dfquot; manière de mundicife.
Le H A P. XX I 1.
Es femmes des Turcs par vne ordinaire coultume,^ ancienne obferuation,qui leur eftrefteede l’antique mod^ d'Afie, amp;nbsp;de Grèce : fe deleftent en tout temps d’aller auJ Bains,tant pourl’entrctenement de leur faute,que pour rem' belliflementdel'eursperfonnes . Ce que ne fc doibt prends’ eftre feulement dit des femmes de bas eftat, ou cödition,ain’ au (h des plus grandes amp;nbsp;il lu fires Dames: qui ficquentent ord* nairement les bains trois ou quatre fois la femaine monpa’ les publics, mais les leurs priviez, que la plus part d’elles ont propres,amp; fort beaux en leur maifon ou SaraRMais celles qo* font de moindre qualité,y vontdu mois \me fois la femain^ fi elles ne vcullcnr eftre cftimees par les autres mal propres, d^ peuhonneftes: Non obftantque volontiers nefaillentày aller, pour deux raifons:l’vne eft pour l’obferuationdeleuî loy Mahumetique, qui (comme fay deflus dit) deffend fait« oraifon dedans les Mofquees,fi premièrement les corps n^ font lauez amp;nbsp;purifiez : encores que peu defemmeseutrent® icd‘
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IIO
icclfes Mofquees/ fi ce nefont Dames de grande aufhonte amp;nbsp;reputation.L’autreraifon amp;nbsp;principale cft, pour auoir excu-’^^^®„5’^quot;J^ fable occafion amp;nbsp;honnefte couuerture de fortir hors de leurs aller ^et fern-maifons,oti elles font continuellement enfermees pour laXx^7* grandcialonfie de leurs maris,ou bien pour obfèruance retenue des anciens,qui ainfi tenoyent clofes leurs femmes amp;nbsp;' filles es derrieres de leursmaifons, qu’ilz appclloyent Gynai-ces, Ainfidonc les Turqueseftans reclufes fans permitfion de fortir, ny apparoifire en public, fi ce n’efi pour aller aux bains, où encores elles vont à face voilee : pour fc reuencher de l’imperieufe rudeffe de leurs ombrageux maris, qui ainfi les tiennent fubicûes amp;nbsp;cnferrces,leplus fouuent foubscou-leur d’aller au.x bains, elles fe tranfportët ailleurs où bon leur fcmblc, pour accomplir leurs voluptez,amp; lé donner du bon tems, fans que les mai is en puiflent auoir aucune apperceuâ-ce. Chofeaudi qu’elles ne craignent aucunement,par ce que cfdits bains n’entrent nulz hommes,pendant que les femmes y font, amp;nbsp;fi y a là certaines femmes pour fcruiramp; ad-
’ minjfirctles Dames qui y viennent fans leurschambrieres ou . çfelaucs. loind que le plus fouvent elles y vont dix,ou dou-ze, amp;nbsp;quelque fois plus de compagnie, tant Turcqucs,que Grecques, amp;nbsp;fe lauent familièrement l’vne l’autre. Dont
* nbsp;nbsp;nbsp;advient qu’entre les femmes de Leuant y a tresgrande ami-
! tié,ne procédant que de la fréquentation amp;nbsp;privante des bains. Voire quelque fois deuicnnent autant ardemment * nbsp;nbsp;nbsp;amouteufes les vnes des autres, comme fi c’eftoyent horn
ig mes. Tellementqu’ayans apperceuquelquefilleou femme d’excellente beauté,necefreront tant qu’elles auront trouué
•' nbsp;nbsp;nbsp;les moyens de fc baigner anec elle, pour la manier, amp;nbsp;tafter de pciuauié de * nbsp;nbsp;nbsp;par tout à leur plaifir, tant font pleines de luxurieufe lafciueté „“quot;’deûkn™' 1 feminine. Commeiadiseftoyent les Tribades,du nombre ^','quot;’' ^‘’' ’* defquelles cftoit Sapho Lefbienne, qui tranfmua l’amour, ^ dont elle pourfuyvoit cent femmes ou filles, à fon amy '^ Phaon. Veu donc toutes ces caufes fufdicles,c’cft à fçauoir '’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;mon»
-ocr page 162-UI DES PEREGRINATIONS inondicité de corps, fante, fuperftition, liberté de fortir, lafciue volupté, n’eft mcrucille fi les bain s font couftumiet^' ment fréquentez desTurcques, amp;nbsp;qucmefmenientles fr®' mes d’eftat volontiers s’y acheminent de grand matin, poil' y demeurer iniques à l’heure du difner,eftans accompa*» nees d’vne ou dcuxefclaues, l’vnc portant fur la telle vn va' fe de cuy vre eftaimmé de la forme d’vn petit feau à tifd l’eau,amp; danslequel y a vne fine amp;nbsp;lôguechamifolle de cot' ton tiffue, anec vne autre chemife,brayez amp;nbsp;macremans toille deliee, enfcmble vne drogue mineralle, appelle R»!' ma, laquelle pulverifee amp;nbsp;deftrempee en eaue anec cnaim viu^applicquent fur toutes les parties, ou elles veuUentab' batrcamp; faire perdrele poil,qui incontinent tombe auccl^ fueur. Ce vafe ainfi gamyeft porté couuert d’vn riche pa' uillon de velours, ou fatin cramoify enrichy d’Or amp;nbsp;d’Ai' gent,.amp; houppes de foye amp;nbsp;d’Or pendantes. L’autrerf\ claue (fi deux en y a) porte le fin tappis auec vn bel oreilli-f' En tel appareil vont les efclaues derrière leurs mainrcffcS' qui font veftucspardeflusleurs tobbesd’vne finechemifeil^ toille appellee par elles Barami. Oreftant là arriuces, ayan* faid eftendre le tappis fe defpouillent delTus, amp;nbsp;y pofen' leurs veftimensamp; loyaux. Car leur preparation amp;nbsp;parade telle, qu’allant aux bains foyent Turcques,ouChreftiennc’i pour mieux complaire les vnes aux autres, s’ornent de ton* leurs plus riches habits,amp; plus pretieufes bagues: où eftani delpouillces fur le tappis, amp;nbsp;entrees dans le bain renuerfeni le vafe la bouche deffoubs, amp;nbsp;le fond deffus.pour plus cou’' modement s’y pouuoir aficoir: amp;nbsp;lors les efclaues l’vnc d’vn cofié, amp;nbsp;l’autre de l’autre, les lauent, amp;nbsp;frottent par tout 1^ corps tant que foit affez : puis s’en vontrepofer en vnepetitî chambre remperéement chaude. Ce pendant amp;nbsp;durant W repos,les efclaues fe lauent aufli l’vne l’autre. Ainfi ayan* demeuré es bains amp;nbsp;chambres chaudes tant que bon km* femblé, les efclaues remettent les cheraifes, amp;nbsp;autre Im?' dani
-ocr page 163-ORIENTALES LIVRÉ IL ni danslevafe, amp;nbsp;fuyuans leurs dames fen retournent à lamai-t fon comme voyez par la figure fuy vante : apres toutesfois ' avoir payé àlamaiftrcfle du bain le mefrne pris, que payent les hommes, comme i'ay dit cy deffus. Herodote en fon 1^.^^^^^ j„ i quatriefme livre dit femblablemenr,que les bains ont de^'“,‘»«*quot;* * nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;citez
quot; nbsp;nbsp;nbsp;toute ancienneté efté en grand vfage enuers les femmes des feinmct Scy*
r nbsp;nbsp;nbsp;Scythes • LefqueUes apres s’eftre bien mouillées au bain,
i nbsp;nbsp;nbsp;puluerifoyent Cyprez, Cedre, amp;nbsp;bois d’arbres encenfiers
auec vne pierre rude : donten deftrempoyent vnguentefpez, « duquel elles fe frottoyet tout le corps, amp;nbsp;le vifage;qui eftoit ;' caufe de les faire fentir bon. Et le lendemain après ce i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fard oûé, fe monftroyent nettes, amp;nbsp;reluy-
1' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fautes, amp;nbsp;par confequentplus
gt; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;aggreables.
1' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;osé«»
I DV
i) 1'
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114
DV LIEV APPELLE BEZESTAN, C^ autrej marche^publiques.
Ac H A P. X XI l l.
P B ï s auoir fuffifamment parlé des Mofquees ,Amara-thes, amp;nbsp;Bains, qui font en Conftantinople,ie ne veux oblicr à defcrire le lieu appelle Bezeftan, Qm eft vne maifon grande,amp; quarree,amp; haute,faiftc en mode d'vnehalle couuerte, ayant quatre portes, amp;nbsp;autant de rues dedans, tout à l’entour garnies de boutiques bien fournies de toutes marchandifès tares, amp;nbsp;de grand pris,comme ioyaux,pierresprecieufesgt;four turcs de Martres Z,cbelines,Sables,Loups,Ceruicrs,Renards, ^ autres fines pelleteries à bon pris,au regard de ce pais (car ^4'®7““^ fouuent aduiendra, que vous y aurezl’entiere fourrure d’vue longue robbe toute de fine Martre Zebeline, pour quatre vingts ou cent ducats, que vous n’auriez pardecapour trois ou quatre fois autant) toutes fortes de draps d’or, d’argent, amp;nbsp;de foye,Camelots amp;nbsp;fins Moccaiars, ArcsTurcquois, RôdeUcs, amp;nbsp;Çymeterres, amp;nbsp;autres marchâdifestrcsrichesr5c exquifes.îtlà fc vëdent pareillemét au plus offrant,amp; dernier encheriffeur infinis panuresefclaues Chreftiësde tous aages, ,fcu«ei r, amp;nbsp;de tous fexes,cnla propre manière,qu’ony vët les chenaux ’^*,i‘» Car ceux qui les marchandent, amp;nbsp;qui défirent en achepter «a“» en a«* quelqu’vn,les regardent aux y eux, aux dents, amp;nbsp;par toutesles partiesdu corps; voire les font defpouiller tous nuds. Scies veoyent cheminer, à fin de ponuoir mieux cognoiftre,les defaults, qu’ilz poutroyent auoir de nature, ouimperfedion dcleur perfonne : qui eft chofe à veoir ttespitoyable, Ôc 1a-mëtable.Ie y ay veu defpouiller Sc vifiter troisfois, en moins d\neheure, à Vvn des coings du Bezeftan vne fille de Hongrie aagee de treize à quatorze ans,médiocrement belle, laquelle en finfutvëdue,Sc deliureea vnvicllTure marchand, pour le pris de trente quatre ducats. Vefpere,Dieu aidant, plus patticulietement traiter en mon fécond Tome, delà. peiue,calanûté, ôc miferable feruitude,en laquelle font les
1 5 pan-
-ocr page 168-115 DES PEREGRINATIONS
^^^ panures efclaucs Chteftiens, entre les’mains, de tes crueU j t’ouucele Be- Barbares • Le Bezeftan eft tous les iours oiiuert iufques j ven^êdytonraprez le Mid y, excepté le vendredygt;qui eft le lourde repos Tut'« Dirnen ^^^ Tufcs, comme à nous le Dimenche, ou aux luifsîlc Sa- : «beaux chre. medy .11 y a pluficurs autres places publicques, pour vendre aux luit«. les iours de marché, à l’vne des vieils habits amp;nbsp;autres hardes, gt;nbsp;conime en vne fripperie de Paris : à l’autre, de toutes fortes d’ouiirages d’or, amp;nbsp;de foye faidz à l’eguiUc : amp;nbsp;en la halle ; des Selliers fe vendent les plus beaux fournimens de cbe- | uaux,vaiflclle de cuir amp;nbsp;autres chofes gentiles, amp;nbsp;bien peintes à ouurage Damafquiné, ou à la lamef-qiîè,qu’en tous les autres lieux de la Turquie. Mais le fufdit Bezeftan, eft
•j nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i le, lieu, ou re vendent les nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;‘
■ - . . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;? nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jçhofes plus pre-: nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,cicufes.
■“‘1
-ocr page 169- -ocr page 170- -ocr page 171- -ocr page 172- -ocr page 173-0RIE*NT;ALES LIVRE il. DE LA CITE DE PER A, e» Calata. ^ • Pc H A P. X X l I I I.
118
E s A, ou Galata (qui des anciens fut nommée Cornu- ^^^ ç^,^^^ byzance) eft cite' non trop antique, edifice par les Genevois, Cornubymn-qui y enuoycrent vue de leurs colonies, amp;nbsp;s’appelle vulgai- * Peu fignifie rement Pera,d’vn vocable Grec, qui ert à dire, de la : par ce ‘**‘*’ quelle eftfituceau deladu Canal,visà vis de Conftantino-ple : amp;nbsp;pafle Ion d’vue ville à l’autre aucc barques appellees, Permes. Lon y pourroit bien allerpar terre, mais il faudroit faire vn grand circuit, de plus de douze mille . Quant au Scan ^: bon port, c’eft Tvn des plus beaux amp;nbsp;plus commodes, que ie pë- P”“ “ le, qui foit au monde. Car il a plus de quatre à cincq grands mille de circuit : amp;nbsp;la largeur de fon einboucheure,eft prez d’vu mille, amp;nbsp;en autres endroits denly-millei'la profondeur ' en eft telle,qu’il n’y a naùires, uy gallions, de quel port, ou grandeur qu’ilz foyent, qui n’abordent amp;nbsp;donnent fond de tous codez iniques aux riues des majfons. Cefte cité de Pera Defcriptio« eft baftie partie en pleine, amp;nbsp;partie fur la pente d’vnc colline, pera. ' ayantde circuit vn-peu moins de trois mille ; amp;nbsp;eft feparee p^*’hquot;b“,lî de murailles en .trois parties : enl’vnç delquelles habitent‘i'»■ «J«»«H“ les vrais Perots : en l’autre les Gréez, en la troifiefme les Turcs (qui ont tout le gouvernemét)amp; quelque peu de luifz. Caria plus grande partie d’iceux luifz habite en Conftanti-nople.Sa forme eft quafi confulc,par ce qu’elle eft large fur le milieu, amp;nbsp;bafle, amp;nbsp;longue es,cxtremuez.Elle eft fort peuplée de maifons,qui toutesfoisne font gueres belles, amp;nbsp;autat peueömodes. Neantmoins il y aplufieiirs belles fontaines conduittes par aqueducs,ou canauls du Danube, amp;nbsp;quelques autres fleuues plus prochains. Toutela longueur de la Ville eft lauee des flotz de la mer. Hors la porte qui regarde au bout du port eft l’Arfenal du grand Seigneur, lequel a Arr«iai a» près de centarcs,ou voultes,pourfabriquer,amp; retirer les gai-lercsaucouuert: Et à l’autre extrémité delà porte des bobar-des
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des du cofté def emboucheuredu port, eft le lieu,ou l’on fait l’artillerie amp;nbsp;là auprès ioignant la mer, on en veoit plu-ficurs grandes amp;nbsp;moyennes pieces tant de Bronze, que de Aniikne gaî- fer. Qm ^^ celle que le Turc a gaignee furies Chreftiens chtdUtM^* en Hongrie, Rhodes, amp;nbsp;autres lieux de la Chreftienté. SiU l’autre partie d’enhault, hors la cité font toutes vignes amp;nbsp;iardins bien eultiuez, amp;nbsp;accompagnez de plufieurs plaifan-tcs maifons, le plus founentappartenants à quelques Chre fticns, pour raifon que la plus part d’entre eux demeure en Pera, amp;nbsp;peu en Conftantinople . Car ainfî le veult,amp;entend le Grand Turc . Les François amp;nbsp;vrays Perotzviuent félon la loy deTEglifc Romaine, à la difference des Greez' qui cft la caufe qu’ilz ne s’ayment guere fvn l’autre, pour Diuerfittde la diuerfité de leur loy . Dont adnient, que ft vn Greeff g'näKdjuor. ^^fæ ^ '^*^c Perotte-Francke, ou vne Grecque auec vn ‘T-«- Perot Franco , chacun d’eux vit félon la religion, ôc -pr ce ne s’entre accordent-guère bien enlèmble. Eft-auffi hors saraii dci Aia *^c la viHe le S a rail des Azamoglans, ou lanilferots, amp;nbsp;le‘ mugians. heux ordonnez pour la fepultüre des luifz,amp; dçs TureJ honU'Xr Mais fc tiennent ordinairement dedans la ville les Ambi-deind^nS- Ifadeurs de France, amp;nbsp;lés Bailles des^Venifiens,amp; Floren-Ho’rTOcc'fcio tins, qui font la refidence, tant'pour entretenir leslid gent ca klt;ia. gues, amp;nbsp;Confederations d’amitié,qu’ilz ont auec le grand Seigneur,que pour le traficq de
1 nbsp;nbsp;nbsp;- commerce de marchattdife,qu’ilz ^
• exercent là,amp; par toutes les autres parties
f 0 du Leuant.
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DES FEMMES ET FILLES Grecq/tes, amp;nbsp;Perottes FraKa^ues
({( Fera oit Ga-/ata.
C H A P. X X V.
Le s habitz des femmes. amp;nbsp;filles Grecques amp;nbsp;Perottes e^^t« ,^ Francques font fi riches amp;nbsp;magnificques, qu’à peine à qui æquot;^““^ ne les auroit veus, feroit il croyable . Par ce que non feu- ches. lement elles mettent toute leur cure amp;nbsp;cftiide à eftre braues
amp; bien parees, mais qui pis efi, le plus fouuent portent fur elles tout leur vaillant, lors qu’elles vont par la ville à leurs Eglifes ou aux baings. Car il n’y a fi petite bour-gcoife ou marchande, qui ne porte les robbes de velours, fatin cramoify ou Damas, enrichies de paflemens amp;nbsp;boutons d’or ou d’argent, amp;nbsp;les moindres de taffetas amp;nbsp;foycs figurées de Burfie , auec force chaincs, manilles ou larges braeeletz,carquans, pendants, amp;nbsp;afficquets, garnies de di-uerfes pierreries, les vues fines amp;nbsp;les aucunes de peu de valeur. Et en tefte (ie dy les filles ou nouuelles mariees) portent vn bonnet rond de fatin cramoify ou brocat d’or figuré,entortillé à l’entour d’vne girlande large de deux doigts, de foye ôc d’or, toute garnie de fines perles amp;nbsp;autres pierres de pris: amp;nbsp;leurs chemifes font de crefpe ou taffetas de couleur pourfilé amp;nbsp;rayé d’or comme celles des Turcques. Et fi n'oblicnt auec cela de fe bien farder, de manière que on iugeroit à les voir marcher que ce font Nymphes ou Efpoulees. Qui efi la caufe que la plus part d’elles mef- pi,®fo«^n? mement les mariees au lieu d’eftre vertueufes amp;nbsp;chafies, accompagnée s’addonnentà toute volupté amp;nbsp;impudicité. Car fi le ma-ry ne peult ou ne les veut entretenir parees félon leur volonté amp;nbsp;defir, elles feront vn ou pluficurs amys pour fournir à l’appoindement : leur eftant cela affez commun amp;nbsp;quafi
-ocr page 176-Ill DES PEREGRINATIONS
quafi ordinaire felon la couftume du pais ; bien eft vray que les femmes vn peu aagees,encores qu’elles foyét riche* ment veftueSjfi le font elles plus modeftement. Car quand elles vont par la ville, elles portent vn grand voile de fine toille blanche, qui leur pend par le derriere iufques àmy cuifTe. Mais les veufues le portent de couleur iaune faffranee, amp;nbsp;marchent auec grand grauité:le tout comme il fe peut veoir par
' les trois figures fuy-
vantes.
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VRE DES N A V l G AT l ON S, ET PEREGRINATIONS ORIENTALES DE N. DE NICOLAY DV DAVLPHINE*,
Vailct de chambre amp;nbsp;Géographe ordinaire du
Roy.
DE L’ORIGINE, VI E ET INSTI-tution des t^^amogiafJSjef/fa/is de tribut lené fur les ChreUiefJs fubie^s ^ tributaires du grand Turc.
e HAP 1 T RE PREMIER.
Zamoglan S, font les enfans que le grand Turc cnuoyc leuer par forme de tribut de quatre en quatre ans par toute la Greee, Albanie, Valaquie, Ser-uie, Boffine, Trebifondc, Mingrelie, amp;nbsp;autres prouinces de fa domination fur les Chreftiens, habitas en icelles : leuat par tyrannie plus que Barbare de trois enfans malles vn, Dej.enfàm prins amp;choify à la volonté du commiflaire. Et combien ““«“^Xi. que tous Chreftiens habitans en ces pars ne foycnt fubieds ‘‘ po« 1« “*■ à tel tribut d’ames, fifontilz furchargezde fiexceflifz fub- “'’ fidcs amp;nbsp;gabelles d’argent, que le plus fonuent, pour n’auoir
K 3 dequoy
-ocr page 184-126 DES PEREGRIN ATI ONS
dequoy payer, font auffi bien contraints de bailler amp;nbsp;fr urer leurs propres enfans en feruitude corporelle, amp;nbsp;en voyc Companionlt;l’et^’iîielle perdition dame. Tyrannie dis-ie derechef,trop üokäet etu-’^’■^'^^^^’^ lat»cntâblc,amp; quideuroit eftre de grade confide-uciChtcUicns ration amp;nbsp;companion à tous vray s Princes Chreftiens, pour les dmouuoir amp;nbsp;inciter à vne bonne paix amp;nbsp;vnion Chre-ftienne, amp;nbsp;à reunir leurs forces vnanimes, pour deliurerles enfans de leurs frètes Chreftiés,de la miferable feruitude de ces intidcllcs : qui par outrageufe imperiofité rauiflènt les plus chers enfans amp;nbsp;corps libres par nature, du giron de leurs genitems amp;nbsp;génitrices, en afleruiffement d’hoftilits plus que beftialc, de Baptefme àCirconcifion,de compagnie amp;nbsp;foy Chreflicnne à feruitude amp;nbsp;Barbare infidélité, de pieté filiale amp;nbsp;parentale à inimitié immortelle vers leui Sûwpomtît P’^opre fang. Or pour executer telles lamentables leuces,font yr le tribut ordonnez plusde deux cens Commiflaires :-lefquclz retour-DiUriburion nans à Conftantinople, ammeinent vu nombre incroyable Hi^’cnlS^ de ces enfans. Entre Icfquclz les plus beaux font choyfi* ’’DeannequeP®^^*- ^^’'‘^ ^^^^^ ^^ Sarail du grand Seigneur Turc, où ite ton enfeigne font nourriz amp;nbsp;cndodrincz en la Loy de Mahomet, amp;nbsp;par diuers maiftres Ennucques inftruitz à bien picquer cheuaux, tirer de Tare, amp;nbsp;toute autre exercitation d’armes amp;nbsp;dexteHtf corporelle l à fin de les rendre à chef de temps plus obeif-fants amp;nbsp;prompts à fupporter toutes peines amp;nbsp;trauaiu de la guerre ; ou bien leur font apprendre quelque art ou nie-fiier, félon la capacité, de leur efprit. Et ceux qui d’entre eux font trouuez les plus groflîcrs,on les depute les vns à porter de l’eau, ou du bois par les offices, les autres à tarit Neige confer- net le Sarail,amp; en Hiuer recueillir la neige, qui tumbede ueetouti-die. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j^ rcflètrcr foubz terre en vnlieu appellé Carlich,
ou elle fe maintient, tout l’efté en fa folide nature amp;nbsp;froidure, fans attiédir ne fondre. Et icelle en ces fraiz lieux referuce, fert pour rafrefehir en temps chaudlc'brcuuagedu Seigneur. Les autres font faidz lardiniers, ou Cuifiniers, ou bien font bail-
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baiflez au feruicc des laniflaires, Spachis, ou Capitaines. Aufquelz degrez, par fucceffion de temps, ainfique la vertu amp;nbsp;fortune tes guide ,pcuucnt eux mefmes parvenir. Hz^^j^a^jS« ont pour gaiges de deux à trois Afpres pour iour, amp;nbsp;mo^lam. font veftuz amp;nbsp;chauffez deux fois l’an de gros drap bleu,portant en tefte vn haut bonnet iaunc, faid en mode d’vu pain de fuccre-Et font foubz vn Capitaine ‘appelle Agiander Again,qui a de prouifion trente Alprespar iour,.vcftu amp;nbsp;habille' aux defpens du Seigneur.
Les plus gentilz de ces Azamoglans, fo ticnnet affez proprement vertus félon leur mode . Et encores qu’ilz n’ayent aucun art de Muficque neantmoins s’àddonnent à louer de diuers inrtrumens : amp;nbsp;le plus comniuncnt en cheminant par les rues en fonnent d’vn aflez approchant à la Ci-lire,qu’ilz appellent Tambora,au fon duquel ilz accordent Tamborafem. leur voix par vue fi dcfpiteulè amp;nbsp;mal plaifante harmonie, j^****»®** qu’elle feroit aflèz fuffifante pour faire danfer les Chicurcs.
D’iceux inrtrumens enfemble de leurs habitz pouuez
veoir la forme pourtraide au naturel, comme font toutes les autres, en la fi
gure fuyuante».
K 4 Du
-ocr page 186- -ocr page 187- -ocr page 188- -ocr page 189-ORIENTALES LIVRE IL li9 DES AZAMOGLANS
Rußiques.
Le H A P. I I.
Es Commiffaircsdcpiuczalcuerlesenfans ChteRiens, apres auoir mis les plus beaux amp;nbsp;plus gentilz au Sarail du grand Turc,enuoyent les autres plus ruftiques en la Nato- A«moRU«. lie (qui eft la petite Afie, vers Burfie amp;nbsp;Caramanie) pour JhSSm’pm u labourer amp;nbsp;eultiuer la terre, amp;nbsp;garder le beftiail aux champ s: ^‘’^.j^^^^“ à fin de les accouftumer au trauail, endurer le froid, amp;nbsp;le uugne Turc-chaud, amp;nbsp;apprendre la langue Turquefque. Puis au bout de boulet U ter-quatre ans,qu’oncnleued’autres,ceuxcy conduits à Con- (Cutteinriru-ftantinople,amp; baillez à l’Aga des Azamoglans ou laniffe-wona«^^x^ rots, qui le s diftribue au feruice des laniffaires, ou bien leur au«, faift apprendre quelque art mechanique, ou meftier duifant à laguene.Etainfi exerçants en diuerslieuxleur apprentiffa-gc delanifferots,font entretenuz amp;nbsp;nourriz (comme les autres) aux defpens du grand Seigneur; Sinon durant letëps de leur demeurance cnNatohe, où ilz font nourriz, amp;nbsp;veftuz aux defpens de ceux, qui s’en feruent.
, De ces Azamoglans enfans Chreftiens Mahumetizez la ^Aximogun« pullulante vermine en eft fr grande, mefchante,amp; pernicieu- p^äuTenne-' fe,quedcz incontinent qu’ilz font cnlcuez des mains de ™’„^“ „^Jquot;; leurs parens, amp;nbsp;inftruidzen da Loy des Turcs, fe déclarent il««*prove* * nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 ' t n • patem. patpaïolles,amp; parfaits ennemys capitaux des Chreftiens; tellement qu'ilx ne penfent,qu’a leurfairctoutesl.es iniures, ie opprobres à eux poffibles ; amp;nbsp;pour grands, amp;nbsp;aagez qu’ilz deuienuent,* iamais plus ne veulent recognoiftre pete , ny UAete,uv autres parens. Car i’enay ven l’exemple en Andri--inhSnTd* nople (y eftant le grand Seigneur) d’vn oncle charnel de feu ^^“ ®*^* Roftan premierBafcha Sc gendre dudit Seigneur.Lequel pan ure oncle ,amp;quelques nepueux hommes Chreftiens alloyët publiquement demandant Vanmofnc par la ville , fans que iamais ledit Roftan (venu de la graine des Azamoglans) les daignaft recognoiftre,ny moins leur faire aucun bien.laçoit
que
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que aucuns Id’cntrc iceux (toutesfois bien rares) par prop« bonté, vertu, amp;nbsp;nobleflc de cueur n’ont fi defnaturellement oublié leur fang,patrie, amp;nbsp;humanité, amp;nbsp;vraye religion : ains fe fontenclinez, amp;nbsp;finablement retournez à leur naifue,amp; primitine vertu. Cômeiadis le tresvaillantCheualierGeoP gcs Caftriot (par les Turcs appeUé Scanderbey, c’eft adiré le Seigneur Alexandre, le preu des preux, amp;nbsp;vaillant des Georges Ca- vaillants ) qui ayant dés fon enfance,efte rauy à ion pcrci gi^'fcîXu Ichan Cafinot Defpot delà Seruic,fon païs defolé, amp;nbsp;ft® Turc‘amp; «mit P^^^’P^^ défait, amp;nbsp;afleruy : luy mené au Turc, Mahometizé,^^ fonçais sn li- mis au Sarail : après auoir fait en armes tresgrands fcruiccSi amp;nbsp;meruciUeufes proueflès foubs le grand Turc Amurat dettf xiefme du nom,finalement fe rcuolta contreluy, retournaO’ à la Chrefiienté, vengea, amp;nbsp;remit en liberté fon païs, amp;nbsp;ft® peuple; amp;nbsp;tat qu’il vcfquit le maintint cotre la puiffanceda grand Seigneur: faifant tefte redoutable àceluy,duquelâ fçauoit les forces, amp;nbsp;auoit cogneu la faulfeté de fa religio®’ çnfemble la mefchanccré de la nation Turquefque. Mais de telz ou femblables s’eu eft trouué bien peu, de forte qu’apte-Npymtute fg^t ces Clirefticns reniez,font pires à leurs frétésChreflien’' voire à ceux de leur propre fang, que ne font les Turcs naturelz, ainfi la mefehante nourriture en eux paflant amp;nbsp;deprauantla bonne amp;nbsp;premiere nature.
Parla figureß/juafite^tjui eßde rj^moglan rußtaue^e/t^d^ it peu prés veeir,^iu^erkurgeJie^ graf/d’preuä’nommie.
Dl
t
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DE L’ORIGINE ET PREMIERE Jnßitution de l’ordre des lanijïàires.
AC H A P. III.
P R E S auoir par deferiptions, amp;nbsp;figures donné aflez ample amp;nbsp;claire intelligence de l’origine des Azamoglans : il m’a femblé bon auffijde deferire par mefme moyen les eftats amp;nbsp;dignitez, aux quelles confequemment ilz peuuent de degré en degré monter, amp;nbsp;paruenir : commençant aux lanifiai-rcs, qui font pareillement au nombre de ceux, qui ontefté feuez des mains de leurs peres amp;nbsp;meres, induits à delaiflèr la vrayeLoy, amp;.lumière de lefus-Chrift,pour enfuyvre la obfeure amp;nbsp;aueuglee fcctc du faux prophète Mahomet. Leur ordre fut premieremëtinflitué par Amurat fécond du nom, notaredes 1* amp;nbsp;feptiefme Empereur des Turcs : amp;nbsp;leur nombre depuis ac- quot;Ö^^xSmJ creuparfon filz, amp;fuccefleur Mahomet expugnateur de Ia«t7. Empe-grand* cité de Conftantinople, amp;nbsp;vfurpateur de l’Empire Oriental, de forte, qu’ilz font pour le lourd’huy douze mille en leur ordre, qui eft le nerf principal,amp; la plus puiflantc for- 1 ce del’cxercite du grand Turc. Car à leur aide Amurat, amp;nbsp;ceux qui ont tenu l’Empire après luy, ont gaigné amp;nbsp;vaincu infinies batailles, amp;nbsp;debeUé tout l’Orient, fans que iamais fe fioit trouué qu’en nulle iournee de bataille, iceux laniffaires ayent efté rompuz. L’ordre defquclzn’eft autre chofe qu’vue imitation de la Phalange Macedonique : aucc laquellcle grâd nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;»•* ’“’
Alexandre eftendit fa domination,amp; Monarchie, quafi fur ungeMac«^ toutes les regions de la terre. Et fembleque les Turcs occu-patents de fon Empire, foyent aufii imitateurs en la difcipli-nc militaire des antiques Roys de Macedoine: encores que la difference en leurs armes, foit affez euidente : par ce que les M^edönkw* Macédoniens,couurans leur telle de falades,amp; leurs corps deGuyralfes, portoyent longues picques auec efeuz, ou boucliers de fer, reiettez en derrière fur le dos, pour les pou-uoir promptement reprendre,Ôc s’en couurir,quand fe venoit
à com-
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Armure des 3 combatre main à main, aux cfpecs. Mais les laniflaires, ou la plus part d’iceux, portent toutes autres armes, comme 1^ Cymeterre, amp;nbsp;vn poignard, auecq la petite hache pendue à la ceinture : vfansaulTide harquebufes longuettes, defqueUes ilz s’aident affez bien. Les autres portët vouges, rançons, ou demies picques. Et à fin de fe móftrcr,amp; apparoiürepl’ cruels amp;nbsp;furieux en Pafped de leur face : ne n ourriflent le nrs barbes» i/hangcfaçon ^'^^^ ^^ delfus des kurcs : amp;nbsp;laiflent croifire leurs moufta* de taire amp;nbsp;ches fort lôgues, grofles amp;nbsp;heriflees : font rafer tout le refle du keäc'ch^eVx poil de leurs barbes,côme auffi celuy de la telle, excepté vn touffet de cheueux, au delTus du fommet, pour laifkr prinfe . à efleuer leurs telles tranchées par l’ennemy, s’il aduenoit qu’ilzfulTent vaincuz. De maniereque par telle defignration fe rendent horriblement hideux, amp;nbsp;efpouucntablcs, amp;nbsp;non moins rébarbatifs, que iadis le cruel Caligula, comme delay tefmoignentles Hilloires. Hi font habillez deux fois l’an de gros drap bleu, comme les Azamoghns. Et en telle,depccæ liereprerogatiueaulieu delà Salade ou du morion portent z«eoia habit vn chapperon de feutre blanc, qu’ilz appellent Zarcola,orne niflÀite»!“'*' f“*^ le front d’vne frize, ou Girlande de fin or trait, aucc vnc gaine d’argent doré, montant tout droit fur le deuant du front, enrichie de Ruby s balais, Turquoifes,amp; autres pierres fines de petit pris, pour au fommet d’icelle receuoir les pennaches qu’ilz y veulent impofer- Combien que cela n’ed permis à chacun d’eux, ains feulement a ceux, qui à la guette ont faid plus grand cfpreuue de leur perfonne.
Leur ordrcvniuerfel ell dillribué en dixaines,ccnteines,^r de Vordiedcj milliers. Chacune dixainedelanilTaites allansà lagnerreavn uniû*ii«. pâuillon ou tente, amp;nbsp;vn dixcnierchef de chambre,appelle en leur langue Oda Balf^qui entre eux dillribue,amp; départies offices delachambre : à i’vn,de couper du bois, à l'autre,de drelTerle pauillon, à l’autre faire la cuifinc, amp;nbsp;à vn autre,faire la garde :amp; ainfi confequemment des autres. Et par cefte bonne economie,viuent enfemble,cöme en fraternité,quietude
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tude, amp;nbsp;concorde incroyable. Puis Üz ont les Bolucz Baflis, chefzdes centeincs, amp;nbsp;le Chechaya, on Protogero, qui eft chef de mille, ou Lieutenant général d’iceux . Et par deflus tous ceux cy eft le founerain Capitaine,appelle A ga:pei fon-nagedefortgrand’ authorité amp;nbsp;rcprefentation.TouscesCapitaines, amp;nbsp;chefz vont à chenal : amp;nbsp;font en habits amp;nbsp;parade differens aux laniflaires, comme fc verra en leurs lieux. Les gages deslaniflaires ne font tous egaux:Car les vns ont plus, nuïSt«^*** les autres moins : tellement que du moins au plus, ilz ont de quatreà huift Afprespariour,felonlavaleurde1apcrfonnc: ou ne fault pcnfcr,que la faneur, ou recommandation leur férue de beaucoup, pour les auancer à plus haut degré : Car à vu chacun d’eux font augmentez les gages, félon le mérite deleur vertu militaire- Parce que ccluy, qui en guerre entre- ^^„5quot;^ ^® prend,on meten execution quelque aftede vaillante proué- “ j‘'2^’“*' ffe,en plaine veue d’vn chacun, attend fa bonne ou maunai-fe fortune. Aurefte depuis que ceslaniflaires ont commencé à coguoiftre leur compagnie fi grande en nombre, force, amp;nbsp;authorité,ilz ont vfnrpé amp;nbsp;maintenu tel audacieux aduanta-gc •• que anfti toft, que leur Empereur eft mort, incontinent leur font baillezen proye, amp;nbsp;pillage, tous les dcniers,robbcs, amp;nbsp;chteuui« tuarchandifes amp;nbsp;biens meubles de tous les luifz, amp;nbsp;Chre- Unillaiics pat ftiens, qui pour les commerces amp;nbsp;traficques de marchandife Em^eu““* maritime, amp;tcrreftre, habitent, amp;nbsp;conuerfent à Conftanti-uople,Pera(ouGalata) Andrinople,Salonique,amp; Burfie,amp; autrcslieux de ladomination du grandTurc.Carautrement eftans appeliez à preftet le ferment au nouueau Empereur fuc cedant, iamais neluy iureroyent fidelité,que premier ne leur eud oClroyé,amp; pardonné ce pillage, amp;nbsp;butin fur les luifz,amp; Chreftiens, en formé de don, amp;nbsp;d’eftreine de bien-venue.
Coudume certes treibarbare, cruelle amp;nbsp;plus que tyrannique daquelle, à bien confiderer amp;nbsp;ratiociner du paflé le pre-fent amp;nbsp;Vauenir)eft le vray prefage exemplaire delà prochaine ruine de ce grand Empire Orient al, qui par les mefmes
L forces
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Tteftgede la forccs, dontil cft fouftenu, fera quelqueiour mis au bas. Cat fuinc de l Em- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• t\ • nbsp;nbsp;nbsp;/ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i
pire orknwi. tout amli que lEmpire Romain (fans comparailon plus ' grand, amp;nbsp;mieux ordonné, que celuy des Turcs) fut efbranle amp;nbsp;en fin mis en ruine, depuis que les Ccfarsamp; les Antonins Exempkdes défaillis, Ics Icgious Pretorianes (quiauiourd’huyfepeuuent i^K^Romaü aucunement reprefenterpar les laniffaires) commencèrent à quot;“• vouloir feigneurier leurmaiftre, foubs couleur d’vu tel don militaire : ainfî aduiendra il par ce mefme moyen, a celuy des Turcs. Car cela fut le commencement de rendre l’Empire du monde tantauilly : que d’eledion d’eftat, paruenu en fucce-ffion hereditaire, en fin fut fait vénal : amp;nbsp;par fes gendarmes mfinuTatV- Prétoriens, Ôeles autres légions Caftrenfes,mis à pris appre-^mPKw'^ ^^‘^ ^ deliuré au plus offrant,amp; dernier encheriffeur, foubstib ”«• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tre de donatif militaire. Et fi l’Empereur efleu par telle corru
ption, après qu’il eftoit cfpui(c,amp; vuyded’argër,ccuxmefmcs qui l’auoycnt créé, le tuoyent bien toft après pour en auoit vn tout neuf, plein, amp;nbsp;prefi à bailler. Duquel peu deionrs après,ilzen faifoyent autanr,que du precedent : comme ib firent du viellard Iulian, de Pertina.x, de Maximin,deGalb3) d’Othon, de Vitellins, Caracala,Heliogabale,amp; plufieursautres.Dont enfin l’Empire Romain au parauanttenantlaWo narchie du monde, vint du tout au rabais : amp;nbsp;fut occupe' en diuerfes prouinces par plufieurs Empereurs Tyrans, efleus en chacuneregion par leurs Legionaires vcndansle tiltre d’Em-Câufe vraye pcreur,pardonatiue corruption-Et ainfi finablemêt decheut, HtoAm’ro' ‘^^ ^otte que du grand nom Impérial (iadis le chef du mou-main. de) ne reftequafi plus que l’ombre . Et ce d’vue arrogance vfurpee foubs couleur de donatif militaire, par les légions Pretorianes, Capitaines, amp;nbsp;Gendarmes . Ainfi au plailîrdn celefteMonarque,en aduiendra il à l’Empire des Turcs,pad^ fanion des laniffaires, qui elliront vn grand Seigneur à kot volonté, c’eft à fçauoir celuy qui plus leur donnera, oupes' mettra prendre ; à caufe de quoy puis après le dechafferont de fou Empire, ou bien le tueront, pour recompenfe de kt med'
-ocr page 197-ORIENTALES LIVRE III. 136 merites. Parquoy cepronofticqueeuenement fondé fur tel abandonné pillage des marchans luifz, amp;nbsp;Chreftiens, peut feruirà tous Princes, de ne permettre fouler le peuple, pour „e^^pîJît*^ lequel garderilz font cllcus amp;nbsp;efleuez : amp;nbsp;ne laifler voler, ou i’^o««. piller leurs fubieds parla licence rauiffante des gendarmes: de crainte qu’à la fin par telle accouftumance deuenusarro-gans, ne furmarchent leur chef : amp;nbsp;foyent caufe de fa mint: comme quoy qu’il tarde, il ne peut faillir d’aduenir au grand Turc, s’il ne retrenche à fes laniflaires tel outrageux pillage, les contraignant à fe contenter de leurs gagesordinaires,qni leur font payez de trois en trois Lunes, ce que nous pour- ^^^ ^^^^ rions dire de trois en trois mois. Car ou nous contons content leun par mois,les Turcs content par Lunes, à la mode des ”°“ f“ ^“quot; anciens Grecs:qui les appelloyent Neome- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' nies,c’cftà dire nouuelles
Lunes.
Des iMiffaires aUans à [a guerre, lt;vom pouue:{ 'veßir le pour-tnit 4 l’imitaùon du naturel en la fgurefuguante.
L 2 Deamp;
-ocr page 198- -ocr page 199- -ocr page 200- -ocr page 201-Ä U porte du grand Seigneur ou À
E s laniffaircs les vns font mariez,les autres non. Pour lanifTaircs rtia I U demeuraee amp;nbsp;habitation de ceux, qui n’ont point de fern- 5quot; ^“ “f^P’ l mes, font ordonnez deux quartiers en la cité de Conftanti- ^^'jJ^^jj^** I nople, efquelz ilz habitent en retraite de temps de paix. Et nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I
ordinairement tou s lesioursyamp;lesnuifts parfois altemati- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1
ues en nombre de quarante à cinquante font la: g,arde par les rues ; à fin que queftion, ou débat ne s’efmouue,.ou larrccin ne fe face par la ville; ne portans pour toutes armes qu’vu long bafton de canne d’Inde ou autrebois, pour raifon qu’à vn chacun de quelque loy, eftat,ou qualité qu’il foit,le port Port d’armes des armeslùyeft prohibé amp;nbsp;défendu. .. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. l :-'' : -^n .n ' ■ T«t^.de“ .
L’ordre de viure de ces laniffaircs,éft de mettre chacun'tconomieque
0 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gardent les la«
cnfemblc vu nombre d Alpres- par lour, pour la proumon ni traites entre iournalle,quife doit préparer par vn dcfpenficr,amp; vncuifi- '“Mpreedvue merdefquelzpouruQyentamp;appreftcntle manger. Etquant Pquot;quot;=J”quot;g;„, aurefte duferuice perfoneheeux qui entré eux ont moins de vaiunedixdc .11 niets touinow foulde,ferücnt par obhgatioiV, pour gaigner partie de leur dcfpence, aux autrcs*qui en ont danantage : amp;nbsp;ainfiÇfans au-ciuic femme) eft conduite entre eux leur Economie. Les la-niffaires quifontmariez fe tiennent amp;nbsp;habitent par les villes, rid demeu« amp;nbsp;villages delà Grèce, amp;nbsp;Natolie, auec leurs femmes,viuàts p‘i^„^;‘’ particulièrement en quelque endroit, que mieux leur femble pour tenir leurmefnage.Et de tous ces deux cftats de laniffaircs mariez, ou non mariez,plufieurs font difperfez à Vaffi-ftance, amp;nbsp;feruice des Ambaffadeurs eftrangers de quelque loy ou nationqu ilzfoyent venus àla porte ou court du grand Turc,pour auecluy negoticr.De forte que chacun Amba- Chaque Am-ffadeut en a fix ou huift pour la garde, eonferuation, amp;nbsp;feu- Vn8 janifrau » nbsp;nbsp;teté de fa pcrfonnc,maifon, amp;nbsp;famille •. à fin qu’à eux ny à quot;’J°“‘ ‘^
eculx de leur appartenance ne foit faift tort ou iniure.
L 4 Aquoy
-ocr page 202-139 DES PEREGRINATIONS
Comme font A quov faire fi aucun fc hazardoit, ces laniffaircs ont pleine suf^fon “ort puiffanec de le chaftier à coups de bafton furie ventre,amp; fût '5“*^“’^‘’*''les fedes, amp;nbsp;quelques fois foubs la plate despieds: fans qu’on Gaiges que s‘ofâft contre cuxreuencher, ny dcfendre,tant eft leurautho-SidernsV* rite grande. Et pour cefte feure garde, ilz ont des Amb^ffa* leurs gardes, dem-s oultre leur foülde ordinaire, quatre Afpres de pcnfion x pariour : mais fur cela ilz fe nourriflènt. Et outre ce, ilz font en cfperance,qu’aprés auoirbien, amp;fidellementferuy les Am bafladcurs,anfqucls ilz font baillez pour gardes, par la probation, bon rapport amp;nbsp;louable atteftation d’reeux, pour lent merite, amp;nbsp;bon feruice,ilz pourront impetrer du grand Seigneur, augmentation de leur foulde, ou auancement à pins haut degré à fçauoir de Spachis , Zaniligilers, Zagarzis on Louable fa- -Â^tres plus hauts ‘cftats. Mais quand ces hommes icy font S^to^^^pa’^uenuzfurraagedenepouuoir plus feruir à la guerre, ou les vieils. que par autrecaufe^le Seigneur les vueitte faire caifer de l’e-Rat de laniffaires ; ilz font enuoyez AiTaries, c’eft à dire gm-des de chafteaux ou villes ; que nous appeUos Mortes-pnyc-'’ amp;leurschefs font faits chafteUains, ayant chacun d’eux g»' ges equiualens à leur premiere foulde. Par laquelle maniett jamais nul d’eux ne peut dechcoir en ß miferablepauuretq qu’il ne luy demeure toufiours à caufedefdits gages ordinaires, affez bon moyen
deviurc. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;( •gt;•
Le fuyua^t paurtrait vaoi reprefenfe au »atarel le I^tiifi^^ reßdant à la porte du grand Seigneur, ou à Coußantineplt^
-ocr page 203-ORIENTALES LIVREI! L ^ DES BOLVCZ BASSIS CAPL faws äe ceKt lanijfaires.
LC H A P. Va
Es BoluczBaflis font chefs de bande, on Capitaines de centlaniflaires,ayanscftatdefoixantc Afpres pariour,mon-tez de chenal amp;nbsp;habillez en la forte qne reprefentc la figure fiiyvante. Comme anlTi font ceux,qu’ilz appellët Oda BalTis: qui fontchefs de chambre, on dixeniers. Et combien qn’ilz foyent veftus d’vnc mefme forte, qne les BoluczBaflis : fi n’ontilztoutesfois, qneqnarante Afpres par ionr. Lenr nombre eft de trois à quatre cens ; amp;nbsp;lenr office, quand le grand Seigneur va à la Mofquec, on aux champs,eft de che-uaucher fur beaux chenaux, bien amp;nbsp;richement enharnachez, amp;nbsp;en fort bon ordre denant Veiquadron des laniflaircs, por-tans en main la lance creufe amp;nbsp;legiere à leur mode, amp;nbsp;à l’arçon de la feile la rondelle amp;nbsp;le Bufdeghan , qui eft la mafte d’annes ; Et ainfi montez amp;nbsp;armez, auec leurs grand s penna-chesd’aigrette fur latefte,font défi fuperbe apparence à les vcoirdeloin,amp;de telle oftentation, que tel nombre d’enui-ïonquatrecens qn’ilz font,faiâ: plus de monftreamp; deparade queneferoyent mille de noz chenaux. CesBolucz Baffisde-uenuz vieils amp;nbsp;caftez en forte qn’ilz ne peunent plus feruir àla guerre, font commis pour Capitaines à garder les places fortes, amp;nbsp;chafteaux auec
Timar eqniualent à leurs anciens
gages.
Dv
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DV lANISSAIRE AGA, Capitaiae general des la-nijptires.
CHAP. VI.
Le Capitaine gcncral des laniffaires,appelle parles Turcs, laniffaire Aga, ou implement Aga, ou Agah,qui en leur langue fignifie,bafton: a mille Afpresde gages par iour,lt;5c fix mille ducats de Timar,que nous appelions penfions, amp;nbsp;fi 1 eft reueftu cincq fois l’annee de drap d’or, amp;nbsp;de foye. I En oultre luy eft faict liurer de munitions de viurcs, amp;nbsp;toutes autres chofes neceiTaires à Ventretenemêt defamaifon, amp;nbsp;de foneftat. Il a foubs luy vn Chechaya ou Proroge- ch«haya,oa ro,qui eft comme fon Lieutenant general fur les laniffai- Pw^s«». tes,ayant deux cens Afpres de gages chacun iour, amp;nbsp;trente mille Afpres de Timar annuel. Il a aulfi foubs luy vn laniflairiazigi, c’eft à dire l’Efciivain des laniflaircs, qui eft ftipendié de cent Afpves par iour: mais il n’a point de Timar.
Quant à l’Aga, il a de deux à trois censefelaues ficus, laninaîreAg» pourfon feruice,amp; eft homme couftitué en tel cftat, disni-^côcauthoritegt;qne bienfonuent advient qu’il cfpoufe lestes ou fœu« filles, ou les fœurs du grand Seigneur. Et quand il tient fa gneur. court amp;nbsp;maifon ouuerte (ce qu’il fai A deux fois la femai- deûrfo?,“quot;*« ne) il eft tenu de douer vn repas aux laniflaircs, amp;nbsp;leur faire f^«ne fran.
' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;cherepeuci
adminidrer,pain, tis,mouton amp;nbsp;eau. Aum font ilz obli- tes laniiiÜ-gezde fc trouuer,amp; reprefenter tous les matins en fa mai-fon, pour fçauoir,s’il leur commandera aucunechofe^ amp;nbsp;promptement luy obéir. Et toutes, amp;nbsp;quantes fois que le grand Seigneur marche par pais, ou va à la Mofqucc,l’A' ga cheuauche tout feul après l’efquadron des lanilTaires, monté fur quelque beau cheual Turc ou Barbre. La felle amp;nbsp;autres fournimen.s enrichis d’orfauerie, amp;nbsp;pierres precieu -fes:
-ocr page 210-144 .DES .PEREGRINATIONS faperfonneefl-ät venue d’vue grand’robbe de drap d’or frizó ou bien de velours,ou latin cramoily,comme on peurveoit en la figure : laquelle i’ay feulement reprefentee à pied’ elpcrant au troifiefme Tome, le faire marcher à chenal en ion ordre, comme anflî tous les autres officiers do-meftiques du grand
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^xxTurc.
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ORIENTALES L I V R E IT T. T4lt;5
DES SOLA QJZ IS ARCHERS eriiinairesäe/a garde du grand
Turc.
c H A P. v i i.
Le s Solaquis font trois cens en nombre choifis, amp;nbsp;ex-’*®**”’*T'’’ traitsd’entre les plus forts,plus difpofts, amp;nbsp;plus exceUens archers des laniffaires , pour la garde ordinaire du corps du grand Seigneur ; amp;nbsp;iceux font veftus tous d vne parente de
• damas, ou fatin blanc, portans leur habit long furie derrie-1 re, court amp;nbsp;tetrouflé fur le deuant, anec vne large, amp;nbsp;riche ! ceinture à laTurcquefque,d’or,amp; dcfoyc,amp;cntcftevnhaut chapeau de feutre blanc ; au derrière duquel ilz appliquent v n. grand pennache de plumes d’Aigrettes d’affez grand pris. Ils portent pour leurs armesla cymeterre amp;nbsp;en la main l’arc d o-rétendu, auec laflecheprefte atirer, enfemble la pharetre ou carquois furie dos. Et quand le grand T urc va aux champs, ou àla Mofquee,ilz marchent en ceft equipagedeux à deux au tourdefaperfonne ; à fçauoir vn reng du cofté dextre, qui fontgauchers : amp;nbsp;vn autre à feneftre, qui fontdextriers : ob’ iemansteUe ord re, à fin que s’iladuenoit, que par nece(fité,ou pour le plaifir du Seigneur, il leur convient defcocher leurs arcsfilzne toumaffent le dos akur Seigneur. Carilz tiennent dos au g,tarMi cela pour grande irreverence,honte amp;nbsp;mefpris: amp;nbsp;pour cede occafion font appeliez Solaquis ouCzolachats, qui eft à dire ce. gauchers. Or fi allant le Seigneur par pais il faut paffer vne dits SoUc^uis. nuierc ou ruiffeau ; ilz font contraints delà paffer'a gué. V ray ^^^^^^ \ cft,qucfi Veau leur vientiufques aux gênons,le Seigneur leur ‘'^^^^J/J' i donne a chacun pour prefent cinquante Afpres'.amp; fi chemexes àvicd. paheh ceinture, ils en ont cent : amp;nbsp;fi plus haut, cent cinquante. Mais fi l’eau cftoit trop furieufe, amp;nbsp;profonde, ils la pa-
, Cent à chenal. Et ne faut penfer, qu’ils ayeht tel prefentà chacune riniere,qu’ils paffenti ains feulement à la premiere, Ma Se aux
-ocr page 214-147 DES PEREGRINATIONS
amp; aux autres tien. Les gages font de douze àquinze AfpKS par iour, amp;nbsp;font vcftus,amp; chauffés deux fois l’an, commeles laniffaires : mais comme eux, ne font fubieds à faire la garée» ny à'IUer au Sarail, finon quand le Seigneur veut montera chenal, pour aller aux champs,ou à la Mofquee. Ils ont deux Capitaines appelles Solac Baffis ; qui ont chacun foi* Xante Afpres de gages, par iour, amp;nbsp;liuree d’habits,amp; autres chofes neceffaires, comme les
autres Capitaines ; amp;nbsp;fi vont
à chenal.
-ocr page 215- -ocr page 216- -ocr page 217-ORIENTALES LIVRE IIL 149 DES PEICZ OV LACtyAIS
du Graȉ Turc.
Oc H A P. V I I I.
V T R E le nombre des Solaquis, le grand Seigneur a d’abondant quarante Laquais, otieflafiersdenationPcrficn-ne, appeliez en leur langue TurquefquePeicz, ouPeiclars: chacun prouifionné de huift à dix Afpres par iour, amp;nbsp;deux fois l’anreueftu d’vu habitdefatin,ou clamas figuréen diucr-fes couleurs, de façon mifte, amp;nbsp;court, mcfmc fur le deuant formé en taffette à demy ronde, amp;nbsp;par derrière pend iufques au droit du ply des iarrets. Soubs lequel par delfus leurs chauffes, amp;nbsp;chemife de fine amp;nbsp;blanche toille, ilz portent vn grand amp;nbsp;ample taffetas,froncé menu, amp;nbsp;recueilly à l’entour de la ceinture en mode d’vne garde-robbe de femme de Paris. Lequel taffetas s eftend iufques fur les genoux- En tefie portent vn haut bonnet de fin argent doré, appelle en leur langage Scuff,garny au deuant de fa gueinc de mcfmceftoffe, tout à l’entour enrichie de plufieurs pierreries,dont aucunes font fines, amp;nbsp;les autres faulfès : amp;nbsp;au fommet affichée d’vn gros amp;nbsp;haut pennache de plumes d’Aigrettes, orné d’autres diuerfcs,amp; rares petites plumes dediners oifèaux.Par lecorps t'z fe ceignent d’vne large ceinturetiffue de foye amp;nbsp;d’or, di-^^_Cochiach,de grande beauté amp;nbsp;valeur: amp;nbsp;de tellelÔgueur, tJHellefaift trois tours à l’entour du corps. Et à trailers d’icelle portent leur braue poignard par eux appelle Biciach, garny d’Inoire, ou d’os de poiffon. En l’vne des mains portent l’An agiach, qui eft la petite hache :amp; en l’autre vn ntouchoirplein dedragee, oudeSuccre Candy,qu’ilzmangenten courant, tant pour les fuftanter, amp;nbsp;tenir en vigueur, que pour leur öfter l’altération . Ces Pcics trottent au deuant du grand Seigneur, amp;nbsp;courent toufiours faultants lut la pointe des pieds fans intermiffion amp;nbsp;repos. Et s’il ad-Went, qu’en leur courfe ilz fe treuuent en quelque pré verdoyant, ou en beau plain chemin, foudain ilz fe retournent
Sucre Cancîy bon pourl’aU tcrac ion.
Peicz courent faulrans fur la pointe dcf Pieds.
M 4 la face
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ill content à la face yers Ic Seigneur, amp;nbsp;cheminent retrogradement cn ar-uei’^chemin. ’^æ’^^ quelque mille, on autant que le beau chemin dure, en criant hautement K^hu deicheri», qui eft à dire, Dieu maintienne long temps le Seigneur en telle puiflance amp;nbsp;profpe-rité.
La legiere courfe de fes agiles Peicz eftauffi employee à autre feruice de plus grand effed. Car aduenant que le Seigneur vueille enuoyer quelque defpefehe en certains lieux de fon Empire, elle eft baillee à ceux cy . Qui fi toft qu’ils l’ont receue, congé prins en grande reuerence, foudain fe départent, criants à haute voix Sauli, Sauh, qui vault au* tant en François que gare,gare. Et à ce prompt département Legereté des vont fautant entre les gens, comme Capreoles : amp;nbsp;fi chenii-Peicz pawn- nants iouramp; nmd fans arreft ny repos expedient autant,on gonnee a nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i
le Jescheuaux plus dechemin, que feroitle meilleur chenal deTurcqnie.
On tient pourcertain,que ces legiers coureurs fe font often Opinion com OU confommer la ratte en ieunefle,par vn moyen qu’ilztien-Peicz s'eut- ‘ nent fi fecret, que pour nulle chofe ne le veullent communs *“'• quer à perfonne. Quant à moy ic m’en rapporte à ce qui 0* eft, amp;nbsp;ne veux autrement afleurer qu’il foit vray : pat lt;^ que ie nel’ay veu oculairement- Toutesfois pluficnrsàCon ftantinople me font aftermé. Et fi l’a ainfi eferit lean Antonio Menauino Genevois, qui fut nour* ry ieune efclaue dans le Sarail, du temps de Sultan
Baiazet.
Des B«'
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DES HABITS, COVSTVME, ET
manierede zgt;iure des anciens Peicz ou La-
cfKays des Empereurs
Turcs.
AC H A P. l X •
Nciennbmbnt amp;nbsp;du temps des autres Empereurs Turcs,les Pcicz,que nous appelionsLaquays, differoyent de beaucoup en leurs habits, couftumes,amp; manierede faire, à ceux du temps prefent. Car comme aucuns ont efcrit,en retenant quelque exemple de l’antiquité Grecque, amp;nbsp;Afiati-que,ilzcheminoyent, amp;nbsp;couroyent tous les pieds nuds fans fouliers,ny autre Chauffeure de pied : finon qu ilz fefaifoyët ^ j^“^^’^. fenerfoubs la plante des pieds,comme les chenaux : eftantfoycut tercet la caUofité de leur peau fi dure qu’elle pounoit aifémët com- pi^Tcomme porter les clous amp;nbsp;les fers qui eftoyent legiers. Chofe qui '‘‘«“»'«« m’a efté au commencement fort difficile à croire, par ce que entre tous les Peicz, ie n’en anois point veu de telle forte ; finon que m’edant curienfement enquis de celuy mefme, après le vif duquel i’ay extrait le precedent pourttaia,ilta a-ffeuraeelaeftre veritable-.voire qu’encores eftoyent aucuns
de fes compagnons (pour lors abkits de la porte, on court du Seigneur') qui fe faifoyent ferrer. Pour dequoy me faire foy, amp;nbsp;donner meilleur tefmoignage,il m’en fit-vepir vn en Andrinople,qui auoit la foie Ôc plante du pied h endurcie, qu’vu poinçon tant bien agu en pointe 5c bien acéré qu’il fuft,nefeuft peu aifement percer. Oreftans ainfi ferrez, pour Peict anciens encores mieux imiter les chenaux, portoyent en la bouche VoürÄ'n'u'' vue boule d’argent, creufe amp;nbsp;force on percee en plufieurs'»®«‘“??^‘‘ endroits corne y a es mords a bride de chenal.Et ce pour leur mors Ac cht. tenir la bouche frefche,ôc la garder d’altération, amp;nbsp;plus lon- ^^y.®^ ’”“ guemeut maintenir leur haleine. Tout àf entour deleurcein turc, qui eftoit fort large, 5c faifte de cuir fort bien onuragé, ilzattachoyent plnfieurs cymbales ou fonnettes t lefquelles aumonnement, Ôc b taufte de leur courfe rendoyentvne harmonie
-ocr page 222-153 DES PEREGRINATIONS monie trcsdoulcc, amp;nbsp;deledable : tenants, comme ie ctoy» telle manieredefaire des Tartarcs, ainfiqu’a efcrit Marc Faille Vénitien, qui dit que les portes à pied ou meflagiers du grand Cham Cublay Empereur des Tartares, portoyentainfi en courant vue ceinture garnie de pluficurs fonnettes. Semblablement comme font les Peicz modernes , en l'vne des mains portoyent l’A nagiach, c’ert à dire, la petite hache da-mafquinee:amp; en l’autre vne ampoulleou phiolepleine d’eaue odorante,pouren afperger ceux qu'ilzrcncontroyentenlem voye,àfin d’auoird’eux quelquepiece d’argent.
Leurs bonnetsqu’ilz appelloyent Meulai, n’ertoyent d'ar- ' gent comme à ceux de ce temps : mais feulement couriers de ' nbsp;nbsp;velours, ou de legiere toille d’or. A la fommiré defquelz ih
attachoyent quelque cÔmun pennache de plumes d'Auftm-ehe ou autre oyfeau. Et onttous ces gentilz-laquays telle per-fuafion/d’eux mefmes, qu’ilz ertiment n’y auoir en tout k monde autres perfonnes qui courent de telle force de legem-té. Dont ne fe faut efmerveiller ; car à la vérité ilz courent communementautantde chemin, que le meilleur cheualde Turcquiepourroit faire. Tellement que quand ilz font pm-fiez d’aller, ilz font le voilage de Conftantinople à Andrino-plc, amp;nbsp;le retour à Conftâtinoplc, en deux iours amp;nbsp;deux nuits: ainfi que m’a crté afléuré par plufieurs. Qm feroit tout/c qu’vn bien bÔ chenal allant fon train ordinaire,pourroit fait^ en quatre iours; eftât la diftance du chemin d’vne ville,à l’an-loumees t^, de cineqioumees Turcquefques,reuenans à trois,voire^ ' IcimiS''quot;e quatre bonnes de celles de France. Et la raifon pourquoy Id teFançoyfe ioumeesne font là fi longues queies nortres,ert qu’ilz ne diese poutiuoy. nyinenf ou chevauchent depuis le matin iufqucs aufoircom-me nous faifons; mais feulement vne traide depuis le gran“ matin iufqucs environle^Midy,côpartiirans ainfi leurs iout-nees ; amp;nbsp;cftans arriuez au lieu de leur traittc, foit ville, ou vÜ-iingt;y a point ^^S^’ ^’^^^ vont loger dans VU Carvafferas,qui ert comme v^ a-hoftektieen grange ou grande efeuyrie en lieu d’hortelerie, car il nes^ toutLeuant.
-ocr page 223-ORIENT ALES LI VRE III. 154 trouve nulleentout le pais de Leuant. Et s’il adulent que la traitte foittrop longuc,fc trouvans à my chemin ou environ, delà traitte, en quelque belle prairie près deriniere, ou fontai. ne, mettêt pied à terre, amp;nbsp;laiffans paiftre leurs chenaux à l’herbe, s’aflieflent à l’ombre d’vn arbre ou d’vne haye fur tappis s’ilzenont, autrement fur la belle herbe verde,pour repaiftre de la viande, qu’ilz ont portée quandamp; eux dans leurs Tur-uiffe: mais boy vent du mefme breuvage, que leurs chevaux: àfçauoirla belle amp;nbsp;pure eau clere. Puis remontez à cheual le remettent furleurs erres. Or pour revenir à noz anciens
Peicz, la fuyvante figure vous demonftre leur manière de marcher, amp;nbsp;la forte de leurs habits«
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Seigneur, appelle^ Gureßu an Feluianders.
C H A P. X.
D E T o v s les ieux de pris anciennement exercez en l’A-fie amp;nbsp;Grèce,le Turc a retenu la Paleftrc des Athlètes : c’en à dire la luire, à peu prés félon la mode antique des Grecs, Afia- / tiques, amp;nbsp;Romains • Car le grand Seigneur pour vue de fcs accoutumées recreations-entretient à fcs gages trente hommes forts amp;nbsp;robuftes, membrus amp;nbsp;nerveux de diuerfes nations ; mais la plus part Mores, Indiens ou Tartares,.appellez fom m^Üu par les T lires Peluianders ou Gurelfis, qui fignifieluiteurs. nbsp;nbsp;^quot; ®“
Lefquels toutes amp;nbsp;quantesfois qu’il luy plaiften auoir leplai f r, luirent deuant fa perfonne deux à deux, à force de bras, eftans de tous membres nuds, fors qu’ils portent brayes de cuir ioinéles aux delToubsdes genouls, amp;oinâ:cs d’huillc: comme auflieft tout le refte du corps (à l’vfance des anciens Romains^ à fin d’auoir,amp; donner moins deprinfe l’vn à l’au-f^jDour la lubricité de l’huyUe coulant fur le cuirmort, ou y^urquoy 1« fl nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t • nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;luiteucs roin-
iUrlapeau viue. Dont aduient que quand ils font bien ef- gnenu chauffez,fouventesfois par faute deprinfe demains’enchar-fient les vns fur les autres à force de dens, comme les Dogues ' aucombat des Ours, ou Taureauxfauvages . Et detelleforce, amp;nbsp;fureur s’attachent, amp;nbsp;mordent au nez, aux oreilles, ou autrepartieeminente, amp;nbsp;prehenfibile : que bien fouvent emportent la piece auec les dens , finie la luire par viftoireou parfignebaillé,pour efluyer leur fueur mettët fur leurs cfpau-ics vn linge de cotton bleu bigarré à leur mode. Et telle eft leur forme, maintien, habit, amp;nbsp;manière de faire au combat de la luire. Mais quand ils font hors de la Paleftre, en commun repos,ils font veftus d'vn long faye qu’ilsappellentDo-lyraan,ceints d’vne ceinture de foye large à leur manière : la
N tcfte
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tefte couuerte d’vn bônetde velours noir,oubicn delà fout-rcured’vn icuncagneau crefpe,qu’ils appellent Taquia,pendant d’vn cofté fur vue cfpaulc à la mode des Georgiens,ou bien des gentils-hommes Polaques,refte qu’il eft plus iiiflc,-^ Virginité gat- plus eftroit- Ilsfe difentimpollus de corps,amp; confervansen-«un”* fin aê tiere virginité, par opinion(nöirraifonnable)quc cela Icurcô-Î^“^7™''‘'^‘quot;' fettte amp;nbsp;maintient plus longuement leurs forces. Et quelque efpreuve de leurs corps abandonné qu’ils facent : fi ne font ils pourtant ferfz,ny efclaucs ; ains de franche condition, et ont du grand'Seigneur dcdix a douze Afpres de prouifiou pour iour.
Foifon óelui-teurs en Alger.
De fcmblablcs liütcurs Jiommcs forts, membrus amp;nbsp;nerveux ay affez veu en Alger de Barbarie. Lcfqucls ioninel-lemcnt environ le declinement, amp;nbsp;reconfe du Soleil', prefentent en la place, qui eft fur le haute au deuant deb grand Mofquee, tenans le pas à tous vcnans,amp; làluitcDt dextremcnt,amp; robuftement pour donner pafle-temps amp;nbsp;fp*^' Ûacle aux aflîftans, qui les. regardent, amp;nbsp;qui pour ce b'' donnent quelque piece d’argent de figure quàrrec,cn lang’' ge Morefque appellee Gindith,valiant environ quatre denies de noftremonnoye. Lc Pretre Ian Roy d’Ethiopie a auA' bien de tels luitcurs,ainfi qua nioderncment cicript Ff”'
cifque Aluares en fon voyage d’Etiopie. Dont on peut c^' gnoiftre queces peuples d’outremer, Méridionaux,amp; Ori^æ inutnriondc taux, retiennent encores la Palcftre,amp; exercice del uite deU’ tiquitédes yeux Olympiques, inftituez par le vaillantHer^U' les : qui en ce me fine pars de Mauritanie province d’Afiiçru furmonta, amp;nbsp;fuffbqua à la luite le puilfantGéant, Antheus-Toutesfois Laftancc Firmienenfon premier UnK, attribue la première invention de la Pale-ftre à Mercure, comme il faid audi le ieu delà
U Ulte.
' £ƒƒƒ
-ocr page 229-J^s figures piyuantes i’ay JefieiKt au wf ces Peluiasielers (ai»p elfte ie les ay ‘veulen Cün^ia/Jijffofle'le» la formera ilz, luiteKi. Et en autre forme de leur ay y ref à la lutte, dr de leur retraîEle ayres la lutte :fnalement de leur accou^lrement ordinaire hors l’exercice ^^thleti^ue, Et yareillement y ay reyrefonte le yourtraiSf de trois Turoignes lej^uel^ayrés s’e-fre bien enyurez auec leur breuuage ejuilz ayyellent Sorbet , ou bien ayrés auoir mangé de leur youldre -d’oyiufn,'vont hurlant yar la ville com
me chiens : dr Iers fai^ntauuats y our
les Chrefiens de fetrouuer douant eux your les dangers ou ilamp; feroyent,d‘efrebten battu^
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ORIENTALES LIVRE III. 162
DES CVISINIERS, ET AV-très orders eie bäuche Ju graneiSeigneur 'drde rerehinaire moniere de manger des itères-
EC H A P. X I.
Nco R E S ne fera il impertinent, ny hors de propos, que ie parle en ce traidédes eftats, office, charges, gages amp;nbsp;feruices des Cuifiniers, amp;nbsp;autres Officiers de Cuifine du ’^’j'^^“’quot;* Grand Turc. Parquoy conuient fçauoir que ordinairement il rient dans fon Sarailcent cinquante Cuifiniers, tant maiftres que garfons Azamoglans. Entre lefquelsles meil-leursamp; plus experts font efleuz, amp;nbsp;ordonnez pourla Cuifine fccrete de la bouche du Seigneur : amp;nbsp;les autres pour celle du commun.
Les Maifircs font ftipendiez de huid à dix Afpres par
jour, amp;nbsp;les garfons de trois : amp;nbsp;veftuz chacun vne fois l’an, ^.j^^^^^y. Ceux de la Cuifine fecrette, ont chacun leur fourneau à part pour cuire la pour apprefter la vit »de fans odeur de fumee. Laquelle cui- gSd^goeut de amp;nbsp;bien appareillee ilz mettent dedens les plats de Force- f“’^^'“'^*’* laine:amp; la deliurent aux Cefigniers (que nous appelions vaiflUka»
i \ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, Porcelaine.
écuyers tranchans ) pour la icruir au Seigneur, apres la creance faide en fa prefence. Les autres Cuifiniers du commun, délivrent leur viande à ceux,qui ont charge de ladiftri-buerparleSarail félon l’ordre mis par les Officiers à ce corn- Q^jt^oæ. mis. Car fur ces deux Cuifincs,fecrcte, amp;nbsp;commune, Ïbnt ciers aux Cui-prepofez quatre fuperieurs. Defquelzle premier appelle en “’“'j^ leur langue Hargibaffi eft confiitué à la charge de la garde d’icelles, amp;nbsp;pour faire payer les gages aux Cuifiniers : amp;nbsp;a de penfion par iour foixante Afprcs,reuenants à la valeur d’vu ducat, amp;nbsp;tous les ans vue robbe de foye. Le fécond eft Eniimmutpagi,c’eft à dire grand argentier, ordonné à fournir tous deniers de la defpenfe des Cuifincs : amp;nbsp;eft proui-fionne de cinquante Afpres par iour, amp;nbsp;d’vnc robbe, telle.
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qu’il plain au Seigneur luy faire donner au iour de kurgrand
Bairam ; qui eft leur P al que. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
Le troifiefmc, eft le Chech a va,ou Maiftre d’hoftebcoftituf ^’ à veoir tout ce qui entre, amp;nbsp;fort des Cuifines, amp;nbsp;aufli po^ appointer les differens, quipourroyentfourdreentre lesCut finiers. Et a ceChechaya telle prouifion,que le Emimæuf ' P®o^ • nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. ' •
4. Lc quatriefmc, amp;nbsp;dernier, eft appelle Muptariapagi '^^“ tient leliure, amp;nbsp;le compte detoute la defpenfe faille es do*^ Cuifines : amp;nbsp;a charge d’ordonner de iour en iourle mang*:' pour la bouche du Seigneur. Et pour ceft office il n’a de g^‘ ges quetrente Afpres pariour. Voila quel eftleftat des Co*' finiers, amp;nbsp;autres Officiers delà Cuifine du Grand Turcgt; ^ decclle defon Sarail.
DifTerenec de r«»ppan’il des viandes des Turcs ôC des AOïUet.
Viandes des Turcs.
Saulfe d’aux eft commune es tout ceps.
Refte maintenant à parler de l’appareil des viandcs,amp;n'^'î niere ordinaire de manger des Turcs, beaucoup diffcico’^l de la noftre, qui eft tant fuperflue, cuneufe, amp;nbsp;ftiandcAnlt;^ f Cuifiniers faiâ?s de mefme. La leur au contraire fttigâ*‘''
d’efpargne, amp;nbsp;groffierc, fans tant de diuerfitez de lardai^\ appreftemens, (faullès, dus, amp;nbsp;confcciions ; lova» CiJilW'^’‘' fimples apprefteurs, qui ne font friands,ny délicats en appareils. Car les Tutesfeeontentent de viandes fimples/ ' de facile appreft, moyennant qu’elles foyem noLtrnllhT‘lt;^' comme de chair de Bouc, de du cure, Mo won, Agne-y’'^ Cheurcau,amp; quelques Eoulks qu’ils ont les ^iusgraflH* fanoureufesqu’en nul,autre heu, ou faye dié. Hzmang^. peu de chair de Bœuf, encores moins de Veau. Car il2*|' lent,que la Vache feutre de fem Veau perdroitfon hid/, par confequentleur dcfanldroitlc beurre, le fromage,amp;toy' autre laittage. Les pieds de Mouton leur font pour vh” tresdelicate, qui ordmaiTement en plufitors bouticqa^^ Conftantinôplc font expofez en vente touscuifts, amp;nbsp;acclt;J’‘ ftrez auec des aux pillez : qui eft leur faul le comm une öH^ temps. On y vend auffi despafter de chair hachee,amp; “quot;.,j
-ocr page 239-cuicl auec beurre amp;nbsp;amandes de fort bon appreft, amp;nbsp;bon ^ouft:Qjwnt à la chair ilz la mangent plus volontiers ro-ftie que boluc, amp;nbsp;la font roftir en cefte manière. Ilz ont vn Maniés j^,, grand pot de fer, de la grandeur d’vn chauderon ; au-fond^““**^^ duquel ilzm.ettentdes charbons ardans, amp;nbsp;au deffus vn gril chair/quot;“ defer: Sur lequel font roftir leur chair à la vapeur, amp;nbsp;chaleur du charbon , ce qui ne peuteftre bon ny fain, ny délicieux . Brief leur Cuhînc amp;nbsp;Cuifiniers n ont rien de fembla-ble aux noftrcs. Quant au boire, leur commun breuvage eft j^. ^^ ccluy naturel à tous animans du monde, à fçauoir la pure communbteu amp;nbsp;belle eau claire. Vrayeftqu’ilz ont d’autres breuvages ar-Bicu Liages CO tificielz, amp;nbsp;confectionnez de diuerfes fortes qui fe font, amp;nbsp;^quot;^“’“'''‘^• vêdcntcnplufieurs endroits de la cité. Les vns faids auec de l’orge amp;nbsp;eau, à la mode de Tifanne : les autres auec poires amp;nbsp;pommes, ou bien la décoction de pruneaux,raifins,figues, poires, pefehes, amp;nbsp;autres tels fruits : amp;nbsp;de telle boifibn que ilz appellent Sorbet, vfent fort à boire, auec glace ou neigeen sorbet, efté, pour rafrefehir. Aulfi boiuent ilz grande quantité £»««!«»*«Je-J» i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;« nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;O nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;» nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;e t nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A uanc amp;nbsp;aprci-
acaue de vie, durant amp;nbsp;apres le repas : amp;nbsp;rappellent Ar- u repas, chent. Qiunrau vin naturel, corn bien que parleur Loy Mahumetique le boire leur en foit dépendu .-fi ne laifient ils pour cela, d’en prendre bien Ibuuent fi bonac charge, qu’à peine la peuvent ilz porter ; Mais c’eft quand il ne kurconfte tien, Car il n’y a nation au monde,qui mieux cherche fa repeue franche, que la Turcquefque,fpecialemcnt auecq les Chreftiens : par ce qu’ilz defpendent plus, amp;nbsp;tiennent meilleur ordinaire, que ne font ceux de leur nation. Pourexem-plesdcquoyien ay plufieurs fois veu venir,ie dy des principaux Secretaires,Dragomans,amp; autres Officiers du grand Seigneur, au logis de Monfieurd’Aramont noftre Amballà-deur, pour banqueter, Ôc faire bonne cherc, amp;nbsp;boire d’autant à leurplainr : ce qui ne leur cftoit refufé. Mais au contraire l’Ambaffadeur bien cognoiflant leur naturel, n'oublioit en arriereaucunechofe convenable à les bien traider, tant en
vian-
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viandes dclicieufes, que de plufieurs fortes de bons vinSi Maluoifies amp;.Mufcadcs: dontilz fe rempliflbyent fi abon-1 daœœent,que le plus fouvent en retournant en leurs nW' fons, les plus larges rues de la ville, leur efloycnt bien eftroi* des : tant bien fe fçauent ilz parfumer de cefte tant doulce 11* queur Scptcmbralc, amp;nbsp;Bacchique,fc plongeants iulquesa» Vin plus te- clicf AU fang delà terre. l’entends le vin,qu’ilz auallantd’an* quisdesTurcs nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,1^1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gt;nbsp;« « n nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, ’ îr
pout ce qu’il tant plus donlcement,qu 11 leurcfteftroittementprohibe,^ d defendu par leurLoy. Et fi font tant eilongnez devergO' Is^eByM«quot;^’o^''^’ ^ honnefte ciuilité, qu’ilz n’eftimeroyent auoirfâi^| bonnecherc, ny honneur à ceux qui les fedoyent, fi à outrance ne s’enyvroyent. lafoit que leur Loy (commet' dit) leur interdifc amp;nbsp;le vin amp;l'enyurer. Dont ilz ne fon' grand fcrupule, amp;nbsp;moins letiênent à péché : finon lors quib' le boinent à leurs defpens. Ilz ont encores vnc autre ®*' Opium à fût. niere de s’enyurcr fans le vin, c’eft auec l’Opium,quieftvn^ ced enyura. (^ompofuiou faidc aucc du pauot blanc : amp;nbsp;d’icelle vfent ot-din,aircmcnt non feulement les Turcs# mais aulh les Pcrf^ amp;nbsp;autres peuples du Leuant, par opinion qu’ilz ont, que leurfaiâ: oublier la melancholic : amp;nbsp;par confequent les rm“ plus ioyeux, amp;nbsp;à la guerre plus hardis amp;nbsp;furieux. Ley’'’ Opium après qu’ilz en ont prins environ vnedragmejVf' nant à faire fon operation, les rend tellement hebetez,qu’^ perdent fens amp;nbsp;entendement. Car ilz vont chancelantp^ les rues, fcfouftenants lesvnsles autres comme yurongn^ ' efeumants par la bouche comme verrats efchaufFcz,amp;f^'' fants crys, amp;nbsp;hurlement efpbüventable tel qucccluy lt;*^1 chiens. Et alors u’eft bon ny uuxluifs, ny aux Chrcftioü’'*' récontrer au deuant d’eux ; fur peine d’auoir quelques coup de poing ou de ballon. Mais ceux qui font les plus à crai® dre en telles rencontres, font les trois genres, que ie voubl depeint au vif à la fin du chapitre precedent, à fçauoirl^ Azamoglans,les Leuentis, amp;nbsp;les Azapis, tous Chreftieo^f'^ niez, mais mortels ennemis des Ch reibens : amp;nbsp;qui plfld‘''J
-ocr page 241-ORIENTALES LIVRE III. 166 font d’iniures amp;nbsp;outrages. Voila donc quant à la manière’ démanger amp;nbsp;boire des Turcs bien differente à la noftre» Maispoum’oublicr à toucher l’habit de leurs Cuifiniers, ie diray enpaflant qu’ils portent le faye demarroquin, ou mouton noir marroquiné, ioignant amp;nbsp;fermant fur le deuant, à grands boutons plats de bel chain au lieu d’argent : amp;nbsp;qu’ilz ont en telle la Zarcole blanche, comme les lanilTaires;
mais fans frize d’or ou autre enrichiflèment : le tout comme la premiere figure fuyvante vous de
monflrc.
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DESgt; MEDECINS DE
^tCü^ßa/iti^ofle.
EC H A P. XII'
N Turcquic,amp; principalement à Conflantinoplefc treu ucntplufieurs Turcs faifans profeffion de l’art de Medecine, amp;nbsp;exerçants la Pratique d’icelle • Mais beaucoup plus de luifeque de Turcs, entre lefquels y en a de bien fçauâts en la luifz excellé» Théorique amp;nbsp;expérimentez en pratique. Et lacaufepour amp;p™utquo^ quoy en ceft art ilz excédent communément les autres nations, eft la cognoiflancequ'ilz ont des langues, amp;nbsp;lettres Grecques, Arabiques, Chaldees, amp;nbsp;Hébraïques . Efquclles langues comme à eux en partie peculieres, amp;nbsp;originelles (fans autrement parler de la Turcquefque) ont efeript les principaux autheurs de la Medecine, amp;nbsp;la Philofophie naturelle, amp;nbsp;Agronomie : qui font fciences conioindes, amp;nbsp;neeeflaires à la Medecine.
Outre les Médecins publicqs, que les Turcs appellent Echina. Le grand Seigneur a les fieras propres amp;nbsp;ordinaires, ftipendiez de fort gradsgages,amp; autres enttetenemens : qui font partie Turcs, amp;nbsp;partie luüz. Celuy qui du temps que 1 eftois en Leuant,tcnoit la premiere digiaité, amp;nbsp;authoiité tn l’ordre des Médecins, choit de nation Hebraique : amp;nbsp;fe Amonmeae-nommoit Amon,aagede plus de Ioixanteans,pcrlonnage Hebuniuc. fort authorifé, amp;nbsp;de grand eftime tant era biens, Içauoir, amp;nbsp;renonanaee, qu’en honneur amp;nbsp;preud’honamie . II y a encores outre les fufdidsdans le Saraildu Seigneuries Médecins w-Mededn* du commun',qui font dix en nombre. Dont chacun à dix P°“' 1quot; '2™* Afpres de gages par iour, anec leur defpence débouché : amp;nbsp;«**• telle eft leur charge, que auffitoft qu’il y a quclquvn malade datas le Sarail, l’vnd’iceuxva demander au Seigneur licen-cede le naedcciner (car autrement ne l’oferoyent ilz entreprendre,) Laquelle obtenue, il faid conduire le patient en vn autre lieu du Sarail ordonné pour leS malades. amp;nbsp;là eft tenu le vifitcr quatre fois le iour, tant qu’il foit reuenu en conua-
0 a lefeen-
-ocr page 246-169 DES PEREGRINATIONS lefcencc.Mais s’il adulent, que le malade s’empire trop a’5^' ment, tous les autres Médecins fonttenusd’y affifter.
Quant aux habits des Médecins Turcs, il n’y a nulle dif^' rence à ceux du commun peuple. Maisbien de ceux des Me* decins luifz : car au lieu du Tulbant iaune, propres la ni' tion Iudajque,ilz portent vn haut bonnetpoinm, teint eu efcarlate rouge, en là forte qu'on le peut veoir par le pourtraid: j -fuyvant.
•■ ' :^ ,^/:lt;; - -î nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. . ■ y s J Me^iâ»
-ocr page 247- -ocr page 248- -ocr page 249-ORIENTALES LIVRE 111. nbsp;nbsp;171
DES VILLAGEOIS GRECS, appelle^r^ifiuchs. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'
Le H A p. x i i r.
E s Voinuchs Grec s villageois font d Vne prou-mec de la voinuch« voi Grèce es-confins de Bofiine, comprinfe con-ime lés autres, ^^ ^* ®‘’®' foubsla domination du grand Turc,ia foit que les hommes (encores qu’ils foycnt Chreftiens) ne font tributaires à taille ny gabelle pecuniaire : Mais bien font afferuiz a vn plus grief tribut perfonncl d’euxmefmes, oùdclcursenfans. Car ilz font fubiedsd’obéir à vn Saugiac Turc (que nous appelions Gouverneur) qui toutes les années en leue mille d’entre dix amp;nbsp;les enuoye à Conftantinoplc, pour efire prefentez à la porte du grad Seigneur, portant chacun vnfacquet plein de foin fur l’efpaule, en figne de leur miniftere amp;nbsp;feruice. Or font à kurde» après qu’ilz ont efté veuz du grand Seigneur, font addieflcz uiX.'* '^°** vers l’Imbreorbafii, qui eft comme grand Efeuyer : lequel leur ordonne, amp;nbsp;faid bailler logis es cfciiyries du Seigneur, à celadcputez: pour en temps de paix mener fes chenaux à l’herbe, amp;nbsp;en temps de guerre fuyvre l’armée, amp;nbsp;chaeû iour vnefois aufli toft que le camp eft pofé, aller couper l’herbe: icelle faire feichcr, amp;nbsp;fener pour l’ordinaire amp;nbsp;quotidianc nourriture des chenaux, EtfianenndefaiUoit à tel mande-ineutamp; feruice,feroit contraint de baillerpronifiond’argent à vn autre pour fernir en fa place, à caufe que tous ces pan-urcsVoinuchs fernentàleuvs delpcns . Et par ce qu’ilz font fort panures gens, apres auoir faid le feruice, on ilz font députez, ilz employ ent ce peu de temps, quileur refteduiour, à donner paffe-temps an peuple, pour recueillir quelques deniers, en faifant aflemblce par les rues anec vue grand’ cor- comemure. nemufe faide de la peau d’vne chieure ( telle que la voyez „
J nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;f nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Moyensqu»
depemte en la figure cy apres mife) amp;nbsp;an fou d icelle bran- pratiquenc les lient certaines danfes, amp;nbsp;faults anec telle agilité de corps amp;nbsp;pallet la fortu-de iambes,que le plaifirn’cn eft pas petit à les regarder, Puis aptes auoir bien danfé amp;nbsp;faulte, on leur donne de grace
0 4 quel-
-ocr page 250-172 DESPEREGRINATIONS quelque piece d’argent, qui eft leur menu aduautage, amp;nbsp;fou-Âien de leur paouureté.
Encores ont ilz autre moyen de pratiquer ce menu populaire, en faifant affemblee de fix ou lept de compaignie,def-guifez en certains mafques efleuez, amp;nbsp;eft mode de col,ƒ tefte de grue, amp;nbsp;autres animaux les plus fantaftiques, Â ®' uers du monde : lefquelz (fi Dieu nous conferue la vw nous efperons prefenter au troifiefme Tome, ou fera traidé tout l’eftat de la maifon
du grand Turc à prefent régnant.
-ocr page 251- -ocr page 252- -ocr page 253-DES C ADILES QJAERS, GRANDS Dû^ieun en la Loy (JMahovteüque, f^ chefs.
E n’eftoye délibéré de traider en ce premier T orne aucu.
nechofe appartenante à lareligion des Turcs, propofant la icfciuerpour la feconde partie ou i’cfperc au plaifir de Dieu, declarer comme cy de flus i’ay propofé, tout ce que peut concerner le faift, amp;nbsp;eftat de leur religion, amp;nbsp;ceremonies: delçnriuftice amp;nbsp;admmiftration d’icelle, qui aucclcur religion efteonioinde.Mais apres auoir depuis côfideré,que l’eftrâge diucrfité,dontfedefguifentlesDoaeursde leur Loy, leurs Prefties, Moines, Religieux, Hermites, Sc Pèlerins, ne don-neroitmoins de plaifir à la vcue amp;nbsp;à Vefprit des leéleurs qu’vu curieux défit d’entendre leur brutale vie amp;nbsp;abominable fuper-ftition ; i’ay aduifé n’eftre impertinent, mettre en ccd ordre feulement les pourtraiélsdes principaux d’entre eux,aucc vnc briefue defeription, amp;nbsp;declaration fur chacune des figures, commençant aux deux Cadilcfqucrs, grands Doreurs de ç^j.j^ leur Loy amp;nbsp;chefs deleurluftice :l’vn ordonné pour l’admi- que«. tvn uiftiationdelaGrece, amp;nbsp;Vautre pour la Natolie. Ces Ca-l'autre pour U dllefquers font tenuz entre les Turcs, quant à l’eflat de reli- Author« des Siou, en telle dignité, amp;nbsp;reuerence, comme font les Metro- cadiur^ue«, politains en l’Eglife Grecque, 6c les Patriarches en VEglifc Romaine:amp; quant au faiCt de la luftice, comme Chanceliers, ou premiers Prefidens,creez6cefieuezen telle dignité, amp;nbsp;authoriténon par fauorable ambition, mais par hono
rable eleftion entre les premiers, 6c plus fçauans Dofteurs de ro^nem/*» leur Loy ; afind’eftre approuuezfipertinens, 6c tuffifans en Γ’.’^^“““ Vçauoir,qu’euxmefmesfoyentpourueus de fapience, con- aaoy’ feil 5c bon'm gement, auant que de vouloir confeiller, ou iu-çer les autres. Ce qu’ilz ne pourroyent faire, 6c moins encores leur feroit potfible decider iuftement vn arrefi de iufii-cc, en chofes ardues 6c difficiles : s’ilz n’eftoy ent accompagnez
-ocr page 254-X7J DES^PEREGRIN AT IONS pagnez de bon fçauoir, grande dedrine, amp;nbsp;prudent tog®“ ment. Et pour ce font ils eflenz d’aage meur, amp;nbsp;confifti*’*' à fin que la chaleur de ieunefle ia en eux paflec amp;nbsp;refroidit-on le feu d’amour chamel de l’vn amp;nbsp;l’autre fexe (commede-teftablemët on én abufe en ces paisla ) ne les puifle faire ptf . uariquer amp;nbsp;defuoyer du droit chemin de lufticc. Oufiû® contraire ilz eftoyent efleuz ieunes , les vicllards n’euflên' occafion d’eftimer qu’ainfi qu’ilz feroyent ieunes d’ans, ^ d’aage : auffilepourroyent ilz eftrc de fens, amp;iugemcnt:c® que ne fe treuuc fi communemêt aux vieils hommes, meu’^ amp;nbsp;d’aage raflis : aufquelz le nombre des ans, amp;nbsp;longue expt-rience doibt auoir acquis plus de fagefle,amp; meure dodrinC) pour bien amp;nbsp;deuëment adminifirerla lufticc, qui nedoibt efire peruertie,ne corrumpuë par aucune amitié, faneur,p^' renté,ou alliancequclcôquc,ny moins parinfatiable auaritt Or donc l’cftat de ces vcncrables Cadilefquers, eftfortdi' gne amp;nbsp;honorable , ioinft qu’ilz luyucnt ordinairement It court du grand Seigneur ( qu’ilz appellent la porte ) amp;ptt honneur ôc reuercnce de leur dignité, precedent les Bafehai cadis des encores que leur authorité'ne foit fi grande. Ilz font execu-teurs des Loys : amp;nbsp;aùec le confentiment des Bafchasilzcof Ilitucz amp;nbsp;de- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.
pofci par les ftitucnt, amp;nbsp;depofènt les Cadis,qui font iuges des prouince^' outcognoinec Et fi cognoiffent de toutes les appellations interpofees furfcJ drieXquot;tquot;gc- fentences amp;nbsp;iugemens d’iceux Çadis, félon leurs prouinceS;
, à fçauoir l’vn de toute la Grece, amp;nbsp;l’autre delà Natolie Nquot;' caduefquers. eft lavtayc Turcquie.) Leursgagesannuclspourleiir eftatx office tantd'Eglifëqucdela Iufticc,cft enuiron de feptàhuit^ mille ducats, fans leurs gaings extraordinaires. Et chafeuf d’eux entretient pour fon feruice de deux à trois cens efclî' ucs, outre ce que leur font baillez amp;nbsp;ftipendiezanx defpeft^ du grand Seigneur, dix Secretaires, amp;nbsp;deux MooliubailîS) qui font l’office de la cauallerie. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;|
Habiti,gcflc, Quant à leurs habits, ilz fe veftent volontiers de Camelot. cadikfqueu. Satin ou Damas : mais de couleutmoins illuftre,amp; plas-'t''-' -
-ocr page 255-orientales LIVRE III. 170 nefte, comme degns, brun, tanné,ou pourpre obfcure. Les manches de leurs robbes font longues amp;nbsp;eftroides. En tefte portent vn Tulbant de merveilleufe grandeur amp;nbsp;groffeur, ayant la pointe du milieu (qn’ilz appellent Mögeuifi ) plus baffe amp;nbsp;plus efpeflé en caneleures que les autres ordinaires. Allans par païs ou par la ville,ilz cheuauchent communemet mulles ou mullets, ou bien chevaux chaftrez,amp; couverts fur les croupes d’vn drap de couleur purpurine, aucc franges de foye à l’entour : comme fc peut veoir par le fuyvantpour-traiél. S’il advient qu’ilz foyent à pied, ilz cheminent a pas graue, lent amp;nbsp;tardif, portans en face feuere longue barbe, monftransen eux grande gravité, accompaignee,d’vne feinde fain de té : mettans hors peu de parolles,
amp; icelles de leur Loy amp;nbsp;religion : le
tout aueceuidente amp;
clerc hypocri'
fie.
lt;ogs©»
CaJilef-
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178
Religietss des Turcamp; jleur manière de viure,^
fourtrailizdes Religieux. Et premiere-
l LA croyance amp;nbsp;Ufoy dcsRcligicux,Hermites, A Pelle-
tins Turcs, amp;nbsp;Mores Mahometiftes cftoit auflî bonne,fainte,
amp; veritable, comme elle eft en faulfe apparence,coulouree
detreseuidente hypocrifie,amp; damnable fuperftition ; ilz fe
■ pourroyent beaucoup mieux affeurer de leur falut, qu’ilz ne 1 font. Car leur manière de vinre eft fi bcftiallc,amp; efloignee de I la vraye religion, foubs couleur de leur feinte fanteté, amp;nbsp;vaine deuotion •. quelle fe peut par comparable raifon plu-ftoft appeUervie de bcftes brutes, que d’hommes raifonnas blés. Nous difeourons donc icy quelque peu de leur s quatre hypocritiques religions, amp;nbsp;obfervations d’icelles. Def-qnelz enla fin de chacune deferiptïon pourrezveoir les figures tirees du naturel. Ces quatre ordres de faulfe religion Jj^JjJ^ç*“ Nlahometique,font en leur langue appeliez Geomailers, Ca- mailers, Ca-lenàers,Deruis, amp;nbsp;Torlaquis. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;uis^Toilaquiï
ha vie des Geomailers f pour à eux premièrement com-^^'^^i^” waneer) n’ eft guere differente de celle des mondains, '^^^'^^^l^^^l ce que la plus part d’eux font beaux ieunes hommes de rames, tichesmaifons.quis’addonnent volontiers à courir par pars Stperegriner en plufieurs amp;nbsp;diuerfes regions amp;prouinces, comme la Barbarie,l’Egypte, l’Arabie,laPerfe,les indes, Sc tout le pais delà Turcquie, pour veoir amp;nbsp;entedre les chofes (lumôàe,auec grand plaifir, amp;nbsp;aux defpens d’autruy, foubs couverture de leur peregrinantereligion. La plus part d’eux font bons artifans, Sc les autres addonnez aux lettres : Sc ceux cy fe délectent de deferire tous leur s voyages, les pais.
Habits des 'X contrées qu riz ont couru, Sctrauerfe.Eaifans ces errantes GeomaiVets. peregrinations, ilz neportent pour tous veftcmens,qu’vupe-ntfaye fans manches de couleur de pourpre,fait Sc façonné
P^ a peu
-ocr page 260-179 DES PEREGRINATIONS
à peu près à la mode d’vue Tunique de Diacre, fi court, q“’^ ne leur vient qu’au deffus des genoulx, ceint par le milieud« vne large amp;nbsp;longue ceinture defoye amp;nbsp;d’or de non medio«^ beauté amp;nbsp;valeur. Esbouts de laquelle font attachées cetu'' ncs cymbales d’argent méfié auec d’autre métal clair fontu”’ amp;nbsp;en portent ordinairement chacun fix ou fept tant à la teil' ture, qu’au deflbubsdes genoux. Puis fur la Tunique,en liequot; de manteau, font endoffez par deflus les cfpaules d’vuepeaquot; Peiude Lyon dc Lyon, ou dc Leopard, toute entiereen fou poilnatuieL '^*““‘*'quot;‘*“ Laquelle ilz attachent deuant la poitrine auec les deux iai”' bes premieres. Au refte toutes les autres parties de leur corp’ font nues, finon qu’aux oreilles ilzportcntgros anneauxd’a'' gSr, ou autre metal,amp; es pieds vnemanierc defouliersàf^' poftoliqtfCjtifliiz de cordes :amp; pour efire plus deguifeZ’-^ fembler mieux fandifiez lailfent croiftre leurs cheueux fo'^ longs ; amp;nbsp;les portent cfpars fur les efpaules : comme fontlô efpoufees en ce pais. Et pour les faire croiftre amp;nbsp;appatoift'' pluslongs, ilz vient de cÔtinuel artifice de Terebmtheamp;vn'' nis, y appliquant encores quelque foispour les aggrandirdquot; poil de cheure, duquel on fait, le Camelot. Eten tdfupedl'' tieux habit, vagans par pais portenten main vn hure eferitd langage Perfien, remply de Chanfons amp;nbsp;fonnets amouruquot; compofez félon l’vfàncedeleur rime. Mais fe trou vans piquot;’ Abusées Geofieurs de compagnie, leurs fonnettesamp; cymbales föntet “uè*^ Bate- près amp;nbsp;de loing vn fon tant harmonieux,que les efeoutans ƒ leutj. prennent allez deledable plaifir : amp;nbsp;fi de fortune cesiolysi^ ligieux d’amour rencontrent parles rues quelque bel adold' cent, incontinentie mettent au milieu d’eux, amp;nbsp;le carreflan'’ luyfont vncbclle amp;nbsp;gratieufe mufiquede voix amp;nbsp;fonsJ^ leurs Cymbales ; pour laquelle efeouter chacun aecourtàtd' le alfemblec, vray eft que pendant qu’ilz chantent, fonnent feulement vne de leurs fonnetresou Cymbales chacun hon’' mefaifant teneur, ou autre ton accordant àleur voix: àg-’Z font fonner toutes les autres enfemble. Encefte manière dû'
COUKquot;’
-ocr page 261-ORIENTALES LIVRE 111. I8© courent vifîtanslesartifans amp;nbsp;autres gens pour les induire à leur donner quelque piece d’argent.
Il
Entre ces deuots pellerins d’amours s’en treuvent bien aucuns, qui fecrctemcnt amp;nbsp;ioubs pretexte de religion attirent à eux d’vn ardant amour les cueurs des plus belles femmes,voi. Kauffi des plus beaux iouuenceauxj defquelz ilz ne font nioins amoureux, que des femelles : tant font addonnez à l’abominable péché de luxure contre nature . Ainfi donc en teleftat vont triumphant fur l’amour,la volupté amp;nbsp;le plaifir, en fe donnant du bon tempspar tous pars,quebon leurfem-ble :fibien quefoubs cefte couleur ilz font appeliez d’aucuns Turcs, les hommes de la Religion d’Amour:comme en.efteft
ihlefont, tellement que fi vn tel ordre cftoit entre ^^Q^^de ^°“^“°yj“ croy bien, que la plus part de noOrc ieuneffe fe voueroit. rendroit, amp;nbsp;feroit pluftoft profeffion à telle Religion, qu’à celle de l’Obfer-vancc.
font appelles hommel delà religion d’A* moan«
Ctûmailey
-ocr page 262- -ocr page 263-ORIENTALES LIVRE HL 182
DE LA SECONDE SECTE DES
Religieux Turcs, appelez, Calenders.
CH AP. XVI.
La Religion amp;nbsp;manière de vinre des Calenders eft feens^'dV'’ beaucoup differente de la fufdide religion d’amour : nom- GeomaUcis. méement en ce, que les Religieux amp;nbsp;obferuateurs d’icelle pour la plus part, au contraire des Geomailers, fe difent vierges, faifant cftat amp;nbsp;gloire non delafciueté amp;nbsp;luxure, mais de fort eftroidc abftinence, amp;nbsp;pure chafteté, laquelle fi elle n’eft fainte, pour le moins eft feinte. Ceux cy ont virginité amp;nbsp;pour leur habitation certaines petites Eglifes, qu'ilz appel- ^^^^^ ^“ lent Techie ; fur les portes defquelles ilz eferinenr telles pa-lolles ; Caeda normac, dil erfin eufetunge^ al chachec dur : qui eft à dire en noftre langue, que qui vouldra entrer en leur Re ligion fauldra qu’il face les meimes œuures qu’ils font, amp;nbsp;comme eux obferue virginité amp;nbsp;abftinence.
Ces Calenders fe veftent d’vne petite robbe courte fans HabiKdcsca manches à la façon d’vne haire, tiffue de laine, amp;nbsp;poil de '^ quot;nbsp;’' cheual :amp;nc biffent croiftre leurs cheueuxlongs comme les Gcomailers ; ains fe font raire tout le poil, couurans leurs teftes de certains chappeaux de feultre, comme ceux des Preftres Grecs : à l’entour defquelz ilz adiouftent des franges pendantes la longueur d’vne paulmc;qui font fortes amp;nbsp;roides,parce qu’elles font failles de poil de chenal. Aux ^°““^”' Jquot; oreilles portent gros anneaux de fer, amp;nbsp;femblablemcnt au bouclent pour col, amp;nbsp;aux bras : amp;nbsp;foubs le mêbre viril fe percent la peau, xercicede lu-où ilz paffent vn anneau de fer, ou d’argent affez gros, amp;nbsp;*^“-pefant: à fin qu’eftants ainfr bouclez, ne puiffent en aucune manière exercer la luxure : encores qu’ilz en enflent enuie amp;nbsp;commodité. Ceux cy vont auffi lifans quelques chants, St rimes vulgaires compofees par vn de leur ordre nommé
P 4 Nerzimi,
-ocr page 266-Nerzinupre. Nerzimi, qu’üz tiennent amp;nbsp;reputent entre eux, le ptci»» S^ViX»n Saint de leur Religion . . Lequel pour ^uoir dit aucune descakudett. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;chofc contre la Loy de Mahomet, fut en
Azamie,qui eft l’AlTyrie, efcorchc tout vif: amp;nbsp;par ce moyen le premier martyr de leur
' . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;? nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Religion. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^^i^^^l
-ocr page 267- -ocr page 268- -ocr page 269-ORIENTALES LIVRE III. i8j
DELA TIERCE SECTE DES
Religieux Turc\,apigt;e/k^ i ixritif»
C H A P. X V I I .
JjEa v c o v p plus ertränke amp;nbsp;beft lalle eft la vic amp;nbsp;fa- nereis ain't-
, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;« tens des Gco-
çonde faire des Deruis, en tout divene, oc autre que celle mailers deçà-des Giomailcrs , amp;nbsp;Calenders. Car ceux cy vont la tefte *^'“' nue,amp;fe fontraferles cheveux, amp;nbsp;la barbe, amp;nbsp;généralement toutes les autres parties du corps ayans poil, de en outre fe bruflent amp;nbsp;cautherifent les Temples auec vnferchault ou vieil drap bruGé, ayans les oreilles percees, ou ilz portent pendus certains gros anneaux de lafpe en diuerfes couleurs de tresrare beauté. Pour tous habits ilz ne fe ve- ”^’? ^^ lient que de deux peaux de mouton, ou de chieure, auec le poilfechees au Soleil, mettants l’vne deuant, amp;nbsp;l’autre derrière, embraflantes le corps en forme de ceinture . Les autres parties de leur corps reftent toutes nues, foit hyuer, ouefté. Hz habitent hors des villes par lesfaulx-bourgs, amp;nbsp;villages en diuers lieux de la Turcquic. Et tout l’efté vont courant le pais d’vn lieu en autre, perpetrans foubs couleur de faindetc amp;nbsp;religion, infinies mefthancetez amp;nbsp;volleries. Car ilz font tous grands larrons, paillards amp;nbsp;voiknes des volleurs, ne faifans confeiencede deftrouffer, tuer amp;meur- “quot;““„^^“eî trir(s’ilz fe trouuët les plus forts) ceuxqifilz rencontrent l'â«“-en leur chemin, auec vue petite hache qu’ilz portent à la ceinture: amp;nbsp;auec icelleaflbmmer amp;nbsp;sacquementer Icsvia- ' ’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'
teurs cilrangers , de quelque Loy, ou nation qu’ilzfoyent.
Outre laquelle inhumanité, encores font ilz remplis de plu- p^hê deten» ficurs autres malheureux vices . Car ilz font merueillcu- ’’*'• fement addonnez au deteftable péché de Sodomie, fe mc-flans contre tout droit amp;nbsp;honneur de nature non feulement les vns aux autres d’vn mefme fexe, mais villaine-ment
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mcnt-amp; defnatureUement auec les beftes brutes. Combien , que pour couurir leur orde turpitude, amp;nbsp;adoinbrerleurby* I pocrifie, amp;nbsp;pour faire apparoir en eux quelque divinité) l mangent en cheminant par pars, d’vne herbe par eux3p‘, Mitflach her-pcllee Matflach. Laquelle par fa violente operation, le’ qu'dufaitksfniâ: devenir maniaques , enragez amp;nbsp;hors du fens,en td j îienf'Mwiaquot; dcfuoycment que par certaine fureur, ilz fe détaillent auec qu«. vn couteau, ou vn rafoir les bras, le col, rcftomach,amp; les cuiûes, iufques à ce qu’ilz font pleins de treshoriibk’ playes. Pour lefqueUes confolider appliquent vn chaiU' yertuduchâ-pignon, le laiffant fur la blelfeure, tant qu’il foit du tout confumé, amp;nbsp;réduit en cendres en tolérant ce pendant vut extreme douleur auec merveiUeufe patience. Et cela fonif ilz pour fe monftrer vrays imitateurs de leur PropheteAh KopieunJdé borner, difans que pendant qu’il eftoit dans lacauemeoU vint furieux, /pdonque, par les grandes abhinences qu’il faifoit, vint vn iour en telle fureur, qu’il fe voulut précipiter de la font' mité d’iccllc. Et pour cefte caufeilz ont en grandereuetc#’ ce les fois, difans qu’ilz font aggrcables à Dieu. CesdÇ' uots Deruis viuent d’aumofne, comme les autres Rcb gicux : laquelle ilz mendient auec telles parolles, Schi »gt;^ daKefchifie : qui eft à dire. Faites l'aumofne en I’honncutj de ce vaillant homme Haly gendre de Mahomet, quiaeH^ le premier à l’exercice des armes entre nous. Ilz ont enco t res en la Natolie la fepulture d’vn autre S ai nd appelle pâ’ scidibattai C-tx Scidibattal. Lequel ilz difent auoir cÜé celuy, park' maintenuiaint q^ei j^ pj^j pjjj- jfg 1^ Turcquie a efté conquife. Etf pour auoir co nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;0
guis U plus lieu de fa fepulture y a vne habitation amp;nbsp;convient, ou ûc-meurent de ces Deruis en grand nombre : amp;nbsp;là vne fois lech^h^e chacun an tiennent leur chapitre général, ou prefidc W neral des De- prieur OU fuperieur qu’ilz appellent Affambaba : homfi^' fiant,pere desperes .Ces bons Religieux ne fonttropbicn venuz à ConftantinopIc • par ce qu'autrefois vn d’entre eux ofa bien entreprendre de vouloir auec vne courte efpcû
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cfpcc, qu’il portoit cachee foubs fon bras, tuerie S*’^”^5^*jXui« Seigneur Sultan Mehemet deuxiefme du nom . Toutes- d^Js.'’'' fois à caufe que les Turcs fur toutes chofesontla charité en grande recommandation, ilz ne laiflèut de leur faire au-mofne pour l'amour de
Dieu.
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ORIENTALES LIVRE LÎL î«9 LA QJ^ATRIEME SECTE DES
Religieux Turez, appeliez, Torlatiuis.
Le H A P. XV III.
E s Torlâquis,paï autres appeliez Durmiflars, fe veftent TorUquhao-de peaux de mouton, amp;nbsp;de chicure, ainfi que les Demis : ^'“‘ °“* amp;nbsp;outre,par deffus s’affublent en mode d’vn manteau, d’v-ne grande amp;nbsp;entiere defpouiUc d’ours, anec le poil, fur le °' ‘^““‘ deuant de l’cftomach attachée par les iambes. En tefte portent vn haut bonnet de feultre blanc plié par menues canela -turcs, ayans le refte du corp s tout nud. llz fe ftigmatizent an- «'gmatiann* ffi les Temples auec vn vieil drap bruflé, pour dmertir amp;’^pô^^^ÿ. affecher les humeurs du cerneau , amp;nbsp;empefeher qu elles ne . leur defeendent fur Icsycux, amp;lcs prment de la veue. Les Lydiens bru-hybiens ainfi qu’eferit Herodote en fon quatriefme liure, noyentUsvei
1 n 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ncsducciucau anoyêt telle couftume,d ainhbrulkr les veines du cerneau, de buts eu-ou celles des Temples de leurs enfans, quand ilz eftoyent‘*quot;’’ parvenus en l’aage de quatre ans, auec laine à tout le fuin, poureuitetladefcente du catarrhe durât leur vie ; amp;nbsp;auoyct opinion que cela les rëdoitbeaucoup plus fains.La forme amp;nbsp;ruanierede viure de ces Torlaquis eft plusbrutaUe, Ôcbeftial- Brutalité de i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;f \ n \ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Torlaquis.
K que celle des mefmes beftes brutes. Caruznelçauent,ny nevenUent feanoir lire,n efcrire,ne faire aucun aâe ciuil ou vtile-.ains ocieufement viuent d’aumofues comme les autres. Et le plus fouuent vont vu gans feuls par les villes ôc bourgades, fuynans les bains , tauernes amp;nbsp;affemblees pour auoir la repeue franche . Mais allans en grande trouppe par les defers s’ilz treuuent quelques vus à leur aduantage garnis de bons habillemens, ilz les font defpouiller, amp;nbsp;les tontraignent aller tous nuds comme eux. Et en telle vague mendicité font accroire aux ümples gens des villes amp;nbsp;villages, quilzfqavent deuiner, Sc prédire la bonne ou manuaife Cûubsptttexte fortune en regardant aux lineamens des mains, comme s’Ilz^’^jj,'^^“^. cùoyentbien entendus en l’art de Chiromantie. Car lawtsçtedimô»
Q beflia-
-ocr page 276-Abus contre U dtuinc Pro* uidcncc.
190 DES PEREGRINATIONS beftialité de ce barbare peuple eft fi lourde,amp; groflîere,quccc5 panures idiots accourent de tous endroits vers tclzabufeurj j comme s’ilzeftoycnt Prophètes, ayants en opinion amp;nbsp;faults perfuafion,qu’ilz fontpofTedezdel’e(prit prophétique. Et fur tous lesfimples femmes, pour auoir de ces gentilz vad cinateurs quelque vainc predidion, ou abufinc promefle de ' leurs defirs, ou pour le prcfènt,ou pour faduenir, leur pet-tent force pain, œufs, fromages amp;nbsp;autres viandes à eux non moins aggreablcs que neceflaircs. Mais ces impo(leurs Tor-laquis fous couleur amp;nbsp;couverture deleur faulfe religion, cô- j mettent encores d’autres beaucoup plus grands abus,non, feulement faux amp;nbsp;di(convenables, mais tresenormes amp;nbsp;de fort grand blafphemc contre la diuinc prouidcncc.Parccqn'^ fouventesfois ilz meinent aucc eux vn venerable vieiUntd). qu’ilz reuerent amp;nbsp;adorent comme vn Dieu ; Et arriuez gut!* font en quelque villeou village, ilz le logent, s’ilzpeuucntt® la meilleure amp;nbsp;plus riche maifon,euxlèparquans à rentont deluyen grande amp;nbsp;feinte humilité amp;nbsp;hypocritique teueren' ce. Puis lebon hypocrite qui n’eft moins envieilly en malic^' que vieil d'ans, fe feint eftrerauy en efprit, prononçantdefon à autre peudeparolles,amp; icelles pleines de granité amp;nbsp;fpiritnet cômandemens ■ amp;nbsp;comme s’il eftoit en ècftafe,efleuelcsyent au ciel, puis peu à peu apres fe tournant vers lesdilap^ Icurparlc en code manière: Mes bien aymez enfans,ic von! priedem’ofter, amp;nbsp;tranfporter incontinent hors de cedevilh Car, eflenant les yeux au ciel, i'ay veu amp;nbsp;entendu par dim»* reuelation grande tribulation edre préparée (hr icelle. A1lt;^ ces gentilz difciplcsbicn indruits en telles cafarderies,amp;fiiiî aubadinagc,lepriët enfemblcmêt de grade affedio,de Enn^ oraifon à Dieu, àfind’appaifer amp;nbsp;mitiguer Pire qu’il a in^^ 'mentdeterminee contre celledefolcccité, amp;nbsp;les habitons^’' celle. Le reuerend Vieillard fe demondrant edre exore * bien enclin à ce faire, aucc fa fimulee fainéleté commence J faire vue feinte priere à Dieu,auec odentatine deprecation
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de fa menaçante fureur amp;nbsp;du mal imminent. Adonccc panure barbare amp;nbsp;ignorant peuple efpouvanté delà menace diuine, amp;nbsp;con folé de confiance en la deprecation de ce venerable rcuclateur, amp;nbsp;intercefleur, accourt vers luy de toutes parts, adiouftans fi grande foy à la mafquee hypocrific dece vieil regnard, qu’ils ont ferme perfuafîon toutes ces abufiues amp;nbsp;diaboliques ocuutes eftre diuins miracles. Dont par admiration charitable luy portent tant d’aumofnes, que puis après ces faux Religieux au départir de ce lieu fe chargent de toutes fortes de bribes comme v ray s fommiers. Et ainfi pourvenz retournent en leurs maifons,triomphans de leurs impofteures, amp;nbsp;faifans ioyeufe amp;nbsp;grafie chere aux de-fpens des trop crédules gens, qui leur ont donné : de la forte implicite defquelz ilz fe vont mocquant entre eux. Ilz man- TorUquis gentaufii de l’herbe appellee Matflach, ainfi que les Deruis: JJ“!^.***** amp;nbsp;dorment fur la terre non moins nuds de vergongne, que ^ habillemens, en vfancc de leur abominable amp;nbsp;damnable luxure Sodomitique les vus auec les autres plus beftiallemët ^ defnaturellement, que ne feroyent les beftes brutes amp;nbsp;fau-^^gcs. Voila donc comme foubspretexteamp; apparence de
leur fainte, mais pluftoft feinte amp;nbsp;abufîue religion ces Impofteursmendians perpètrent tant horribles
amp; exécrables abominations.
0^2 T'arhi^Ki
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193
DÈS AVTRES RELIGIE VX
Turcs,demenans we [bUtaire eiftre les beßes.
CHAP. XIX.
Ïl y a encores partoute la Tutcquie vne autre forte amp;nbsp;fc-fte de Religieux habitans par les villes amp;nbsp;bourgades en certaines boutiques. Defquelles ilz couurent le plan, ou parterre de peaux velues de diuers animaux fauuages, comme de boeufs,chieurcs,cerfs,loups Scours: amp;nbsp;fi encores au long des murs ilz attachent amp;nbsp;pendent les cornes d’icelles belles, 4uee groffes maffes de chandelles de fuif. Et au milieu de W facreeboutique eft conftitué vue efeabeUe couuertc d’vu drap ou tapis verd, fur icelluy vu grand chandelier de leton, fans aucune chandelle ou cierge. Laquelle parade ilz font à bn d’eux monftrervrays obfervateurs de la Loy de Mahomet.
Outre plus ilz tiennent depeinte vue cymeterre fendue par ^^^*^j^ U milieu, en mémoire Ôc reuerence du genre Sc fucceffeur de ly telles que Mahomet, nommé Haly . Duquel ilz chantent comme deuivcX*. nous faifons de Roland, fables miraculeufes, difans qu’aucc '*“’‘’ hdiffe cymeterre ilfendoitles montagnes ôc rochers par le
1 milieu. Dauantage pour apparoiftre plus effranges ôc mer-1 ueillcux,ilz nourriffent auec eux quelques beffes fauuages, e^”^®*^^*
1 comme Loups, Ours , Cerfs, Aigles ôc Corbeaux : pour
1 monffiei qu’rlz ont abandonné le monde,pour entre les bc- belles liuua-\ lies mener vie folitaire. En quoyleur faulfe hypocrifie®quot;’ \ npeuementfe demonffre . Car fe difans mener vie folitaire y ih côverfent au milieu des populeufes villes Ôc bourgades. Etfailans profeffion de viurcenfolitudc entre les beffes fan-vages,ils les appriuoyfent ôc accouftumentàviureauec eux.
i Car ilz n’habitent en hermitages folitaircs, mais en gran-’ de affemblee populaire. Auffi ne vinent ilz pas anec les Q 4 beffes
-ocr page 282-194 DES PEREGRINATIONS
bcftes ûuuages : mais les belles fauuages viuent amp;nbsp;s’app^ voifentauec eux : Sinon quepar aduentureces beftiaux amp;nbsp;barbares Turcs leurs compagnons fuffent ces mefmes be-ftes fauvages entre lefquelles ilz fe difent viure. Ces bons religieux viuans de l’apport de leur boutique,quandilneleiit eft affez donné pour l’entretenement de leur vie oylcnfeHi^ fortent de leur tanière (commefait le Loup pour la fain hors des bois) amp;nbsp;vont par la ville demander raumofne,nienans par la main vn Ours, ou vn Cerf auec vne clochette pendue à leur col en la manière que voyez en la fuyvante fign-gure. Voila comme foubs couleur de religion ilz def-guifent leur damnable amp;nbsp;trop euidente hypo-crifie. Etdetelz gallandsayveu affez
bon nombre en Conftantinople, mais beaucoup plus en
Andnnople.
Xeli^
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R E 11 L 196
DISENT
DE CEVX,0VI SE
Pc H A P. x X.
L V S i E V K; S tfc treunent entre les Turcs, qui fe difent ^quot;'quot;t^'t«« (Ôctclzfont inaintcnusj parens de Mahomet, les vus def- ''’•'ƒ'^“''“J quelz portent le Tulbant verd, amp;nbsp;les autres feulement le Mu- quoyl zanegia, c’eft à dire vn bonnet de deflbubs le Tulbant de couleur verde, amp;nbsp;tout le reftedu Tulbant blanc. Ilz portent telle couleur, par ce qu’ilz difent que. leur prophète la portoit en la telle, amp;nbsp;au contraire des Turcs les Sophiens (qui font Les Petfesoa les Perfes)portent le rouge. Sophy neftpas le nom du Roy Mmc“îîut' de Perfc (comme aucuns penfent) car ce nom vient de leur p,“®f',„ p„. fede amp;nbsp;religion, laquelle leur commande par humilité ne f« ^»^ dgt;üs porter habit de telle plus précieux que de Laine . Et par ce qu’en langue Arabique lalaine s’appelle Sophy ; ceux de celle ledecy font appeliez Sophiens ; amp;nbsp;par derifion les Turcs les nomment Kcfulbach, quieft à dire telle rouge. Or tant les Turcs,que les Sophiensdifent, qu’il ne fcroit honnehe, ny raifonnable de couurir les parties dcshonnefles du corps de la couleur que portoyent leurs Prophètes en la telle. Et à ce- orfèndquot;*«« A nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;n nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 Turcs n auoir
ne occafion n’eft non plus permis aux Turcs de porter chau- ciumics vet-l^esycrdes, qu’aux Sophiens d’en porter de rouges. Et qui Petfesæus«. les porteroit, feroit réputé entre eux pour heretique. Donc-quesà nulzautrcs,qu’à ceux qui par droite ligne fe difent pa- jj^j, ^ tens de Mahomet,n’eft permis de porterie Tulbantverd : de Mahomet pour lequel ilz font appeliez lelfilbafs, c’eft à dire de telles Cnt™«l^^
. verdes. Ilz font aulh communément appeliez Emirs, qui fe peut interpreter, parens du Prophete: amp;nbsp;font tenus en telle
i réputation de fainteté de vie, qu’en lugemcnt le tefmoigna- tetefmoignj. gc del’vn d’eux eft admis pour deux des autres. Mais ilz font g' ^yn paient de Mahomet ürnefehans amp;nbsp;malheureux, que pour argent ne font côfeien- en vault deux ce de porter tout tel faulx telmoignage,que l’on veut(nom- “’““'‘' méement fi c’eft contre vn luif, ou vn Chreftien : defquelz ilz font ennemis mottelz.) Aucuns d’eux font fort riches amp;
vont
-ocr page 286-1^7 DES PEREGRINATIONS vont honorablement vertus ; les autres font panures artiûlt;'’ ou vendeurs de fruits, chandelles amp;nbsp;vinaigre,comme beau , coup de telz ay veu à Conrtantinople amp;nbsp;Andrinopk- A®* fli plufieurs d’eux viennet anec les Hagis pèlerins de la M«' que,faifans fouuentaueceux par grande hypocrite fon au milieu de la place. Et par ce qu’ilz font detiff; peruerfe amp;nbsp;abominable nature, plufieurs entre ce barbare rurtique peuple font contraints plus pour la peur qu’ils ®’’' de leur faulx tefmoignage, que pour fainteté quHz cognoiflènt en eux , de leur porter grand honneur amp;nbsp;reue- - nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'
rence. ’ ■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'
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ÀJec/^ue, par les Turcs nommez Ha^f» ß^rs.
C H A P. XXI.
Tv RCS, Mores, amp;nbsp;tontes telles Barbares nations prometreefen viiians en robfemanee de la Loy, amp;nbsp;Commandemens du ^M^ faulx Prophete Mahomet , trounent par efeript en diners yffi^ctontS”* lieux amp;nbsp;paflages de leur Alcoram, que Dieu a promis à Met^oe.
I . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;* . - nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, Mufulmän eft
tous Mululmans, qm par deuonon viuteront le Temple autant a diré de Mecque (par les Arabes appelle Alkaaba)de nenuoyer gue^SX’ iaaiais leurs Ames en perdition. En confiance delaqnel- ‘‘‘““*' le piomcHc font volontiers tel Pèlerinage , tous antres affaires domefticques on publicques delaiflez en arrière.
Qui prciioyans la difficulté du voyage àcanfe des longs defers amp;nbsp;fablons qu’il leur conuient paffer, commencent ce Pèlerinage les vus plus toft, les autres plus tard , félon la diftance des pars, à fin d’eux trouner . à la petite marque, qu’ilz appellent Chucci Bairam, à la Mecque, l^aisauant que de partir, à fin que leur voyage foit plus ^^«taircûlz demandent pardon les vus aux autres de leurs ofiènfes. Puis le iour venu de leur departement, affem. blez en grande trouppe prennent leur chemin premièrement en la Cité de Damas, ou au Caire, que les Arabes appellent Alkair, oula Carouanne s’affcmblc. Car ilz ne ucarouanne partent volontiers qu’ilz ne foycnt du moins de trente à quarante mille de compagnie, auce vn bon nombre de la- Caire iufquct oiffaires députez pour la feurcré, conduite, deffenfeamp; fau-40000.°’°'* «egarde de la Carouanne, amp;nbsp;garder quelle ne foit pilleedfifcnuacl-amp; faccageedes Arabes, qui iour amp;nbsp;nuiâ: font aux aguets »“*ƒ' ^'p*’ par les defers, pour furprendre de voller les Pelerins voya- a« Arab«, gctirs. Et outre plus ayant la Carouanne à paffer tant de defers
-ocr page 290-200 DES PEREGRINATIONS defers fablonneux, arides, fteriles amp;nbsp;deffaillans de toutes diofes neceflaires à la vie humaine , ou donne ordre de. charger plufieurs chameaux de grande provifion de viurö ) fourrages amp;nbsp;d’eau, tant pour les perfonnes , que pour les chameaux amp;nbsp;autres beftes. Pour autant que par ces are neufes amp;nbsp;feiches folitudes, ne fe trouue goutte d’eau,l! non de trois en trois iournees, encores la fault il pren* dre auecq la force des armes contre les Arabes, qui la „ ^deffendent. Apres ces defers paffez, amp;nbsp;les Pèlerins ani' Mcdine.ouelt nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;n n nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■
URpuiturede ucz a Mcdmc, Thalnabi (laquelle fuit encores appellee * v*iCtMquot;d«Pe-Tribic ou bien félon autres Iezrab)ilz s’en vont au tem', Mec^ucquot;*quot;'*^ P^^ ’ ^ ^^ pofent leur Alcoram fur la fepulture de Mahomet. Puis l’heure venue de l’Office, les Maizins congt; mencent à crier fur les tours , comme eft leur coutonifil pour convoquer le peuple avenir à leurs ceremonies :amp;h i demeurent en Oraifon l’efpace de trois heures. Laqud le finie fe tranfportent fur vu mont prochain de la 'ƒ, appelle Arafetagi, fur lequel defpouillez tout nuds, sf'( vont plonger dedans vn tienne adiacenc, iufques an cotû' barbotant certaines prolixes Oraifons . Lelquellcs fit'll fortent hors de l’eau pour fe reueftir. Et le lendenW' matin fuyvent tous leur chemin à la Mecque, qui d*' ttoiHoum«» ^æ^5 petites iournees par de là Medine. Ou pamenus ^ pat de là Me trent au Temple pour faire Oraifon : apres laquelle voi’' Les cetemo. tournoyer fept fois à l’enuiron d’vne tour quarree W dmt?“igt;^l ï'î^ïïte au Temple, à chacun circuit baifansles quanfo»* lins eu la Mec d’icelle . nbsp;nbsp;De là fc tranfportent à vn puis d’eau ûh®’'
fire, qu’ilz appellent Birzenzen, enclos dedansvne ®®'‘ tour diftante de la première de dix à douze pas, sV yants de l’efchine à l’oree amp;nbsp;bord d’iceluy, prononça®'’ telles parolles. Tout cecy foit en l’hennenr tie Dieu ^^^^ eorelieux: Dieu me pardonne mes peche'!^- Ces parolier’^ complies aucuns minifircs là deputez à tirer de l’eau»J®” en iedent à chacun trois petits pleins féaux fur la
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4 n s’
fans rien efpargner leurs habits; Eftimants ces beftiauxMa-hometiftes par tel lauement exterieur eftre mundificz amp;nbsp;purgez de leurs pechez intérieurs . Dauantage ilz difent que la tour qu’ilz environnent fept fois, fuft la première maifon d’Oraifon , que Abraham édifia par le commandement de Dieu. Or doncq apres auoir efté en celle tour bien baignez amp;nbsp;lauez, ilz s’en vont faire leur facrifice fur vn Mont voifin de là, offrans en victimes plufieurs moutons, lefquels immolez amp;nbsp;facrifiez ils diftribuent aux panures pour l’honneur de Dieu . Le facrifice parfait, vne predication leur efifaifte parle Cady Mufulman,ôc icelle terminée chacun va letter deux pierres en vn lieu, ou ils di- ^^ feut le Diable s’eftre apparu à Abraham,quand il édifia le duVurAbu Temple. De là retournent vers la Mecque faire plufieurs ‘^ i autres Oraifons, en priant Dieu les vouloir exaulcer, corn-meilexanlça Abraham à l’édification du Temple. Toutes ces ceremonies accomplies, ils s’en partët pour aller en 1e-infakm, qu’ils appellent Cuzumobarech ; de la vifitent le fainft Mont,onfuftle Temple de Salomon,lequel ils tien- i^^tm an. nenten grand reuerence. Et en ce lieu celebrent vue au- f* *^‘^J^* tre fefte •. amp;nbsp;y font nouuelles ceremonies. Car ils h efti-tnetoyent leur Pèlerinage bon, ny aggreable à Dieu, fi aptes icelluy ils ne parvenoyent iufques en la terre de pro-tniffion. Au départir du Temple de Salomon, chacun reprend le chemin pour retourner en fa maifon, ou ailleurs, ou bon leur femble. Ttainfi s’en vont par trouppcs,por-tans grands bannières, anec vn Croiffant an tomnaet de la bame, par les villes amp;nbsp;bonr^ades chamans les louantes de leur grand Prophete Mahomet, en demandant Vaumofoc pour l’honneur de Dieu. Et ce que leur eh donnê,leman-
gem enfemble, affis au milieu de la place publique. Or après auoir ainfi mangé, en grande hypocrifie de cfientation de bind etc, font en publicq leurs Oraifons . La plus part de ces T détins f que les Turcs appellent Hagifiarsl font K Mores,
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Mores, aRez pauurement vertus, encores que pluficurs(fi-ceux fe difent crtre defccndus de la lignee de Mahomet) ainfi que les Emirs cy deffus mentionnez. Et de ceux cy enayveuvn grand nombre à Conrtantinoplegt;^c-courtrez en la forte que ie les repre-fente en la figure fuyvan-' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;te. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j
■*gt;ySo
. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;TelaiHi
-ocr page 293- -ocr page 294- -ocr page 295-orient ALE S LI VRE ni. 204 Igt;ES SACQJ^AZ PORTEVRS d’eatt, Pederins de /a fJUeci/fte.
C H A P. X X I I.
Îl s E trémie en VAlcoram, que Mahomet Prophète des vindefenda Turcs, deftend à tous fes fedateurs Mahometiftes, deneSpoMqaop °oire vin, tant pour ce qu’ii l’eftimoit le vray nourriflement de tous maulx amp;nbsp;pechez,quc aufil (comme plufieurs ont ef-dnt)pour contenir les Arabes auec telle feuere prohibition ^n plus grand’ fobrieté. Lefquels pour la chaleur naturelle Qw eft en eux, prenaus le vin trop abondamment, ne fe fuirent fi aiféement laiffez dompter amp;nbsp;fuppediter • A caufe de ces detfences fe treuue par toute la Turcquie, Grece amp;nbsp;autres provinces de l’obeiflance du grand Turc, grand nom-brede Turcs, amp;nbsp;Mores appeliez Sacquaz: qui ioumeUement
Vont par les rues, places, amp;nbsp;afîemblees des Citez, Villes amp;nbsp;bourgades defdides provinces,auec vne oudrede cuir, plei- sac^wï' tréteau de fontaine ou cifterne, pendue en efeharpe à leur cofté, amp;nbsp;couuerte par deffus d’vn beau drap de couleur brode de feuillages à l’entour, ou bien tout Ample. Et en l’vne des mains portent vne tafle de fin leton Corinthien, doree, dtdamafquinee ; dans laquelle par grand’eharité prefentent, amp;nbsp;donnent à boire à tous ceux qui en veullent. Maisenco- , nbsp;nbsp;nbsp;, r nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Chance de#
tes pour faire tronuer 1 eau plus belle, amp;nbsp;plus delectable a saccjuai. boire,mettent dedans la rafle de plufieurs, amp;nbsp;dinerfes pierres de Calcédoine,lafpe, amp;nbsp;lapis Azuli, portans en lamefme main vn mirouer,qu’ilz monftrent denant les yeux de ceux Exhortanoa aufquclz ilz donnent à boire, en les exhortant amp;nbsp;incitant^çjquot;^“* ** auec patoUes demonftratiues, de penfer à la mort. Pour faire office de telle pieté ne demandent aucun payement, ny re-compenfe : mais fi par honnefteté on leur donne quelque piece d’argent, tresvolontiers lareçoiuent.Et par manière de 4 ■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;R 3 remet-
-ocr page 296-205 DES PEREGRINATIONS icmcrcycment amp;nbsp;congratulation tirent hors d’vne gran‘'^ paneticre ou taffette qui pend à leur ceinture, vue phiole pl^* i ne d’eau odoriférante,qu’ilsiettent contre le vifage,amp; fiif** ' barbe de ceux, qui leur ont donné argent. l’ay veu par vnW*' tin àConftantinople vue affemblec de cinquante de ces g^n tilz Sacquaz,tous equippez de leurs oudres, larges ceinturé ! rafles, panneticres ou tirettes, mirouers amp;nbsp;tous autres u'' ftrumens Sacqualiques, qui ainfi accouftrez alloyent pü •* i ville demandans leurs eftreines à tôus ceux qu’ils rencoquot;' t troyent,feuflent Turcs, Chreftiens,ou luifs, en rhonneuh d’vn de leurs faints, duquel ce iour là ilz celebroyent la fè^^' j Erpotir mieux inciter les perfonnes à leur donner,pid^”'! toyentaux vnsvn bouquet,aux autres vnc orenge,ouk‘'* rcipandoyent (comme i’ay deflus dit) eau de fenteur fm''! vifage. Car il fault entendre que la libéralité dcsTurc5,-‘ . Mores, eft fi grande, qu’ilz bazarderont toufiours de donn^’ la valeur d’vn Mangor qui eft la huitième partie d’vn afp^', pour auoir deux ou trois Afpres. Cemefme iour fur l’apgt;^’ difnee Meffieurs les venerables Sacquaz, auecq leur fuÔ*^' VAuthentvî- équipage, ne faillirent à me venir trouuer au logis de l’Aiæ q^*“’’“baffadcur ou i’eftoi^ logé, luy eftant en Andrinoplc,pc-* voir (comme ilz difoyent)le pourtraid que ?auois faid*^ iour precedent fur vn de leurs compagnons, qui les consul' foit. Mais la fin fut, qu’ilz ne voulurent départir fansauo’' demóy quelque prefent,alleguanspar leur raifons, qu’ilz”’^ auoyct fait beaucoup d’honneur dem*eftre venu vifiter,âU'’’‘ le meilleur deleur equipage:fi bien que pour m’en dcfpefdiô leur donné environ vingt Afprcs. Et ainfi fort contents^' Quelleefirm. moy s’en retournèrent d’où ilz venoyent. Or pour retour' ’j^qM».**“ ner à mon premier propos, aucuns d’iceux Sacquaz von'; faifant tel office de charité par deuotion amp;nbsp;veu,qu’ilz ®'’’ faidï au retour de la Mecque. Mais la plus part des aun^® le font pour l’cfperance du gain qu’ilz y pretendent. Ç** outre ce qui leur eft donné par aumofnes, Hz font falan^
-ocr page 297-ORIENT ALES LIVRE III. 206 du publicq, ou bien de quelque particulier. Il y en a encores plufieurs autres, qui par mefme veu tiennent deuant leur maifon grands vaiffeaux de marbre pleins d’eau, couuerts amp;nbsp;fermans à clef,amp; fous la pace d’iceux y avnefonteinedeleto pour tirer 1 ’eau,auec vue taflè aufli de letô damafquince, attachée à vne petite chaîne de fer: à fin qu’vu chaeü y puilfe boire à fa volonté, amp;nbsp;qui a befoing de fe lauer allant à la Mofquee, puifleauoirdel’eauà fonplaifir. De forte que cefte charité cftdetellerecommandation entre les Turcs, qu’il n’y a attirants demeurans es boutiques, qui n’en tiennent ordinairement de grands vafes ou fontaines artifi
cielles pleines d’eau fur leurs baneqs, pour la commodité publicque, comme i’ay cy deffus amplement déclaré.
R 4 Sacqu4xgt;
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VRE DES N AV I G A T I ON S, ET
PEREGRINATIONS ORIENTALES
DE N. DE NICOLAY DV DAVIPHINE*, Yailet de chambre amp;nbsp;Géographe ordinaire du
Roy- ' .
ANCIENNES LO Y X, ET tnaniere de 'viure des
PerJes.
CHAPITRE PREMIER.
E N o P H o N au premier liure de fa-f^^ Cyropedie, c’eft à dire de la vie amp;nbsp;in-ftitution de Cyrus, parlant de l’ancien- j^^,p^jf^,jj^^ ne couftume des Perfes, dit qu’ilzreien quart« auoyent vne grand’ place, appellee la êhl“u?°agë‘ place de liberté, ou eftoit le palais*“^'i“*quot;*“ Royal, amp;nbsp;autres maifons publicques:
amp; qu’icelle place eftoit diuifee en quatre quartiers. Le premier eftoit pour les enfans : Le fécond pour les ieunes hom-mes;Letiers pour les hommes parfaits, amp;le quartpour les anciens amp;nbsp;viellards exempts des charges de la guerre. Cha- subieôion de cun des fufdiâs eftoit contraint par les loix de iètronuer cer- f^„“5‘ï* tains iours amp;nbsp;heures en fon quartier : à fçauoir les enfans amp;nbsp;fc“ quani« ƒ l i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• i • nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;\ cettainiou»« les hommes parfaicts dez le point duiour : les anciens aheum
certains
-ocr page 302-iO9 DES PEREGRINATIONS
certains iours amp;nbsp;heures, pour le faid de la republicque. L’e* *î*d? “* ^^'^ *^^5 ænnes hommes eftoit de fe prefenter la nuift aux3? I STu niuÆ“quot; mes, amp;nbsp;la pafler à l’entour des maifons publiques : excepte ' les mariez qui n’eftoyenttenuz s’y trouuer, s’il ne leur eftoit 301. ProHofts commandé. Chacun dcfdids quartiers auoit douzePreuonS pour chaque des plus 2;raues amp;nbsp;continens qu’on pouuoic choifir: par te
que la nation des Perfes eftoit diuifee eu douze lignées.
Aux enfans eftoyët dônez quelques anciens des plus fages amp;nbsp;i mieux aduifez, pour les rendre vertueux : amp;nbsp;Aux icunesgens * pourlesenfeigner à bien faire. Aux homes parfaits eftoyét au-très hommes comis amp;nbsp;députez, pour les açcouftumer d’eftre obeiftans à leur Prince. Les anciens fcmblablement auoyeni des chefs qui les admoneftoyent à bien faire leur deuoir-AuxPrewofts eftoit donnée la charge amp;adminiftrationdeli îuftice, amp;nbsp;de faire droit à vn chacun, condamner les delin' ■ quans, amp;nbsp;les faux aceufateurs. Mais fur tou s vices eduy d’in' gratitude eftoit le plus feuerement puny (pareequ ilz cognoi-»o’înüye ' flbyent l’ingratitude la fourccdcrons_viccs,cnncmic denatu-ch« les Pet- jç^ poifon de doulccur, amp;nbsp;ruine de bénignité) mettoyentan i^obeiOince furplus grand peine de rendre leurs enfans paticns amp;nbsp;obeiflaus portoyen'tàquot; à Icurs fupcrieurs, amp;nbsp;à endurer faim amp;nbsp;foif Jamais ne s’en al-liXi.^''^'' loyentprendreleur repas,fansle congé amp;nbsp;permiftion deleoß fuperieurs, amp;nbsp;ne mangeoyent deuant leurs meres,ainsen la prefence de leurs maiftres, n’ay ans pour toutes viandes que dupainamp;ducreflbnalenoys,amp; pour leur breuttage que la pure amp;nbsp;belle eau claire. Leur exercice eftoit d’apprendre à ii‘ rerie dard amp;nbsp;fieche:eftans ainfi nourris depuis fix ans lui* ques à l'aage de dix fept, qu’ilz môtoyent au reng des ieunes hommes, ouilzdemeuroyent autres dix ans,paflans comme, ray dit, les nuids à l’entour des maifons publiques,tantpout la garde amp;nbsp;feureté delà ville, que pour les aguerrir amp;nbsp;enduf ’ cirà la peine amp;nbsp;les retirer de vice amp;nbsp;volupté. Le iour ik^e prefentoyët aux Gouuerneurs, pour eftre employez aux afta’' res publicques, ainfi qu’il leur eftoit commandé. Quand la lt;
Roy
/
-ocr page 303-ORIENTALES LIVRE lîlî. 210 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’
Roy voulolt aUeràla chafiefchofe que tousles moisilfaifoit) !•*«gt;»»lt;gt;«ex«»
•I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;a nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ccc par let tou
11 en menoit la moitié quand amp;nbsp;luy,garny s amp;nbsp;equippez d’arc, a« petits. æ fléchés, amp;nbsp;cymetterre auec vn bouclier, amp;nbsp;deux dards pour la f®“'^“®’'* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;» ccrauloingamp;Vautrepourfrappcrdcprez.Eteftoyenten ceft nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;] exercice inftruitspar le Roy ainfi qu’à la guerre : de façon que non feulement il chaffoit luy mefmc : mais aufli prenoit foi-gneufe garde que fes gens fiffent le femblablc que luy, difant
iamp;eftimantla chafleeftrevn vray exercice des chofes requires à la difcipline militaire , pour eftre argument amp;nbsp;matiere si„ia,„a, 4, d’induire l’homme à fe leuer matin, à fupporter chaud amp;^*^/'‘“* froid, endurer fain amp;nbsp;foif, amp;nbsp;à cheminer amp;nbsp;courir longuement. Auffi portoyent ilz leur manger quand amp;nbsp;eux, amp;nbsp;ne difnoyentquelachaffenc fuR parfaire: encores n’auoyent ilz ce qu’ilzauoyent prins, ou bien leur Cartadanne, c’eft à cattadanne,
1 dire leur creffon accouftumé. Quant à l’autre moitié des
1 icunes gens,qui eftoit demeuree en la ville, pendant que ceux
l cy chaffoyent, ilz s’exercitoyent es chofes qu'ilz auoyent
I apprinfes dezleùr enfance. à içauoir à tirer amp;nbsp;lancer le dard
I nbsp;nbsp;parbandes amp;nbsp;compagnies.S’il eftoit aufti queftion de furpren-
dte quelques larrons ou volleurs, ilz eftoy et tenus d’accompagner par la ville les Magiftrats, amp;nbsp;d’alfifter au guet. Puis anoitconfommédixansen cefte difcipline, eftoyent mis au rang deshommes parfaids ; ouilz demeuroyent en ceft eftat
* vingteineq autres années •. amp;nbsp;s’il eftoit befoing d’aller à la guerre,ilzneportoyent plus fteches, ny dards, ains toutes fortes d’armes pour cornbatre dcprez,lecorfelet en dos,le panois en vne main, amp;nbsp;la cymeterreen Vautre.Les Magiftrats
'1 eftoyent eüeuz amp;nbsp;choifis de ce reng: exceptélcs Gouver-XrnuîiX ' 1 neursqui auoyent charge du quartier des enfans. .Lcfquclz'**^*^‘‘““‘ '1 ayansainft vefcuSc attaint lecinequantiefme andeleur aagc
ou quelque peu d’anatage, fe vëgeoy ent auec les vieux ,fans eftreplus fublefts d’aller à la guerre hors leur païs.Etfepou-uoyentlibrement retirer enleur maifon,pour iuget des affai-tes communs Ôtpriuez, donner fentenocs de mort, Ôceflirc les
V
-ocr page 304-2IT DES PEREGRINATIONS
les Magiftrats.Ence temps Ià,la république des Perfes conf^ noitenuironfix vingts millehommcs : nul defquelzeftoi^^* dus de paruenir aux fufdids eftats, honneurs amp;nbsp;digW^ Car à tout Perfan eftoit loifible d’enuoyerfes enfans èld'^ ' le des loix, s’il auoitde quoy les y nourrir amp;nbsp;entretenir : ä“ trementleurfaifoit apprêdre quelque eftat pour gaignet k^ vie aucc les artifans. Les enfansqui auoyent ehé indwits^^'' loix,pouvoyent converfer aucc les ieunes hommes, b’ aprez fè pouvoyent pareillement accointer des homines pä^' faiftzamp; participer (felon leur vertu) aux honneurs amp;di^ tez : amp;nbsp;les hommes parfaits auec les vieux (filz auoyét vo‘' leur temps fans reprehenfion) pour dite mis au gouucrO'^' ment de la Republicque.
RELIGION ET CEREMONIES a^/cienKes des Perfes.
CHAP. It.
Edrange cere. «onie.
Dieux adorez pat les Pertes.
V A N T à leur religion amp;nbsp;ceremonies ilz tenoyent^ grand honte de cracher, fe moucher ou piflcr,on faire q»^. que autre chofe femblable en public . Ilz appeUoyent lcd’ lupiter, adoroyent le Soleil qu’ilz nommoyent Mithra,^ honoroyentla Lune, Venus, le feu, la terre, l’eau amp;nbsp;les yen*’'
noTe^pau« Et portoyent tel honneur à l’eau qu’ilz ne fe bagnoycntU' ’«t'*» mais en riuiere, ny ne icttoyent en elle aucune charong»^ Ilz facrifioyent prcz de quelque lac, fleuuc ou fontaine, ft*' ; fans vnc fofle en terre, dans laquelle eftoit tuee la belle qu’ü^ ' faire faSfi«''^®^^®^*^^*' i'‘^^tificr: gardans fur tout qu’aucune goutte^'* a te aen ce. ^^^^^ ^^^ tombaften l’cau,dc peur de la rendre pollue amp;fouil lee . Et aprez que cefte vidime auoit efe defpeceer^' appareillee dclTus du Meurte, ou Laurier, leurs Mages ô* mettoyent la chair dans vn feu laid par eux de petites iaud* les de farmens : amp;nbsp;aprez quelque imprécation arroufoyen* d’huü'
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d’huille, de laid amp;nbsp;miel mixtionné/lcur facrifice.
Leur Roy eftoit créé d vne certaine famille d’entre eux au- Ancienne ««a
, z. ■' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;~ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, tiou des Royg
quel 11 aucun efloit desobeiffant, pour ton mefpris ou rebel- de petfe. lion, on luy tranchoir la tefte, amp;nbsp;laiflbit onfon corps fans fe- pctmile. pulture. Chaque Perfan ( outre le nombre des concubines qu’il tenoit) pour multiplier leurs lignées, prenoit plufieurs femmes en mariage ; amp;nbsp;à celuy qui engendroit plus d’enfans poiygoniebü en vne année,luy eftoit par le Roy ordonné loyer. Telle'“™quot;— eftoit l’ancienne couftume amp;nbsp;façon de viure des Perfes. »y^tfUcch« Les Roys defquclz ayans poftedé la Monarchie aprez les an.t transfetec Wedes,par l’efpacc de deux cens cinquante ans,amp; puis vain- ^ eus en plufieurs batailles, amp;nbsp;réduits en feruitude par Alexander le grand, qui furmonta Daire, furent contraints luy céder l’Empire.
ARMES ANCIENNES DES Perfes.
C H A P. lt;nbsp;I I I.
IjE s Perfes (félon Hérodote) qui allèrent en l'armee de Daire à l’expédition de la Grece, eftoyent armez en cefte manière. llz auoyent en tefte Thiares fortes amp;nbsp;impénétrables, amp;nbsp;fur le corps cuyraflès d’cfcailles de dinerfes couleurs, auec taffettes amp;nbsp;cuiffors : amp;nbsp;en lieu d’efeus portoyent targes decliffes d’oficr(comme ilz font encores pont le iourd’huy) au deffoubs defquelles pendoyet leurs carquois. Leurs dards eftoyent courts : mais leurs arcs eftoyent longs,amp; les fléchés pareillement, qui eftoyent faites de nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
cannes : au refte le cymeterre leur pendoit à la ceinture amp;nbsp;battoir fur lacuifle
gauche.
Reii-
an DES PEREGRINATIONS
_ RELIGION MODERNE des Perfes.
CHAP. I I I I.
A INTENANT tous Ics Perfcs font Mahometifc'' ff«’n “d V^' ^'°^'^^^ ^^5 Turcs. Lefquelles deux nations,ncantiTioins OB’ Tiua. '’ qu’elles ayent vnemefmeLoy, û font elles bien different’ en ceremonies amp;nbsp;opinions : Par ce que Haly (quifutcouû* du faulx Prophete Mahomet, ou félon aucuns fon gîndBi ayant elpoufé fa fille Fatoma ou Fatma) eftant fécond Cîl*' phe, ne voulut plus porter ce nom : mais voulnft eftre app^“* meflagerdeDieu auffi grâd,ou plus que Mahomet.Lesln*^' tutions,Loix amp;nbsp;Ordonnances duquel partie il changeai^ Mihometiftes aimulla, amp;nbsp;en fift des nouuelles. Dont aduint, que lc$M* hometiftes furent diuifez. Car ceux qui enfuyvoyentAl^ hornet,firent vnCaliphe en Egypte, amp;nbsp;les autres demc^^' renten Perfe auec Haly ; lequel fuft tenu de ces deux peuple’ en telle reuerence,que iufques auiourd’huy les Turcs le non*' ment incontinent apres Mahomet, difans ; t^Ua (Jte^ Haly ; qui eft à dire, Dieu Mehemet Haly : amp;nbsp;telle a efe DiuerfitUe diuifion dcs Mahometiftes pour leur religion : laquelle düj* généré quot;a'quot;encores de prefent entre les Turcsamp;Perfes.Cequiaeft^’ f«'pcrfM quot;amp;nbsp;vraye fource amp;nbsp;commencement de toutes les guerres,qn''^ ’'quot;‘“h n-eft °^^ ^^^^ ^^^ '^®® contre les autres iufques à maintenant. 1^ turn's Roy Haly font defcenduslcs Sophys,quitoutesfois(comnieM qugt;3figuifi^ dit en la defeription du Emir) n’eft vray nom des Roys ' Perfe, comme aucuns penfent, mais ce mot de Sophy v^ de leur fede amp;nbsp;religion, qui commande que par humilité’*, ne portent plus précieux accouftrement de tefte que delJ^‘ amp;nbsp;par ce qu’en langue Arabique, la laine l’appelle, SopW’ ceux de ladite fede s’appellent Sophyens. Ceuxeydoiu^ viureen pauuretéamp; abdinencc de vin amp;nbsp;de viandes, en continuelles veilles amp;nbsp;oraifons : ilz font femblablem^ app“'
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appdlezEtnazery » par ce que leur couftume eft de porter vn Tulbantaucc vue pointe longue deflùs,diuifec en douze plis ou caneleures : amp;nbsp;que Nazer en langue Arabique lignifie douze. Encores font ilz appeliez en derifiou Kefulbach,qui eft à dire,tefte rouge. De forte que par diuerfes caufes amp;nbsp;ac-cidens, cefte fede a forty A obtenu diuers noms.
L’ESTAT îéODERNE DE LA guerre des Perfes.
C H A P. V.
V^V AMT à l’eftat de la guerre des Perfes, ilz font fort puilVants amp;nbsp;belliqueux, en bon nombre de Cauallerîc. Dont leurs hommes d’armes font armez de Cuyrafies d’efcailles, RondeUesdo aUectets, boucliers,rondelles, amp;nbsp;pauois d’ofier,faUadcs amp;nbsp;ar- ^‘“’ mets de fer, garnis de pennacbes:ayans le bras amp;nbsp;la main droite armee, amp;. combattent d’vne lance gaye, ou Zagay e à deux fers, quilz empoignent par le milieu. Leurs cheuaux font grands amp;nbsp;courageux, amp;nbsp;font bardez de cuyr bouilly, cotmerts de chanfrain, amp;nbsp;lames de fer. Outre ce ilz font
1 équipez d’arcs larges amp;nbsp;puiflans,qui defeoebent fieches cÔ-4 me celles desTartares.Et font tellement vouez au feruice de leur Roy (tant pour l’opinion qu ilz ont qu’il aqudquccfpiit oj,i„i„„^„,^ ^\ celefte amp;diuin,qucauffi pour le ferment qu ilz doiuent à leur °quot;(^;^quot;''‘ ''1 religion') qu’il n’y a danger,û grand puifte il cftrc,ou ilz ne ^ '1 s’expofent bardimêt poux luy ,fans crainte aucune de mort, d Les députez kla garde du Sophy, font nourris a fcs defpens: H nbsp;amp;nbsp;en temps ordonné leur depart par v ne ancienne couftume
q armes, cheuaux,tobbes,rentes amp;nbsp;viures. Qtmnd il marche en campagne, eft environné d’eux pour la feureté amp;nbsp;garde de fa perfonne •. St. fouuët changeant de lieu, en fuy v at 1 : s plus n herbues de fes réglons pour les fourrages, vlfrte les plus no-blcsvlhcsde (es proumecs .Luis lut le point de la guerre,les
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Ayde qtfe les Dyuaflcs, Barons,Tetrarches, amp;nbsp;les vaflaux d’ancienne no-fontquot; ^nK* blefle font appeliez par ediét publicq , pour faire ce qu’il leur Roy pareil à ^ft commandé, Ôc en temps ordonné fe trenuent foubs leurs lArnercba des nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r
,Fïançois. enkignes en bon equippagegt; De ceux cy peuuent eftreen-uiron cinequante mille à chenal, partie armez, comme i’ay defliisdiét, partie feulement de quelque garde-corps faidde plufieurs-lambeaux de fer acéré. Et combatent d’halle amp;nbsp;dards fe conurans de leurs efeus lt;fctargcs. II y a puis les scyras viUe appeliez delaRoyalle ville Scyras (en laquelle fe font armu-Ron dePtf tes de trefexcellente trempe) qui font les plus eftimez 5^
fe.
Amienims fubieds aux Pcifcs.
approchas le plus des Aflyriens en vaillâcc, hardieffe, dextérité amp;nbsp;renora, que nulle autre nation d’Orient. Erquantaux Armeniens fubieds aux Perfes, ilz combattent la plus parti pied; amp;nbsp;fe trouuansdeuant fennemy, ayans fichéentene vne longue fuitte de grands pauois, s’en deffendent comme d’vn rempart, contre l’impetuofité des chenaux :amp; combattent d’armes aflez courtes amp;nbsp;fléchés . Il y a encores Ie$
ib«icn$5f aydes qui font les Iberiens amp;nbsp;Albaniens habitateurs du mot j^ëiMx*quot; Caucafe, enneyez par leurs Roy s, amis amp;nbsp;alliez de ccluy d« Perles. Perlé, amp;nbsp;voilins de Medie, amp;nbsp;Arménie. LelquelzeUansh plus part demy Chrefties, portent femblablehaine aux Turrr que les Perfes.
VIE LASCIVE ET VO-iu^tueufe des Perfès.
C H A P. V I .
Le s fnfdicls Perfes maintenant contre leurs ancienne’ couflumes font fort addonncz à tons plaifîrs amp;nbsp;voluptés» amp;nbsp;s’habillent fort fomptueulément (comme la fuy vante figure le demon lire) vfans de parfums finguliers : amp;nbsp;prennent plaifir à toutes fortes de gemmes amp;nbsp;pierres precieufes. fi leur eft permis par leurs Loix d’auoir plufieurs femmes’ Lcfquel-
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Lefquelles à caufe qu’ilz font fort ialoux, enferment foubs la polygamie, garde des Eunucques. Etneantmoins ainfi que les Turcs, Nations Otié. amp;nbsp;toutes autres Nations Orientales, font tellement addon- au Peches “ nez au detcftable péché contre nature, qu’ilz ne le tiennent à ‘•‘’““»a“« honte ny vergongne : ains. ont lieux ordonnez amp;nbsp;eftablis à cela. l’ay veu amp;nbsp;pratiqué plufieurs Gentilz-hommes Per-fiens, qui s’elloyent retirez au feruice du grand Seigneur, amp;nbsp;parlé auec eux par Inrerpretes amp;nbsp;Dragomans comme i’ay faid auffi à plufieurs marchans amp;nbsp;artifans habituez à Con-ftantinople. Mais à la vérité dire, ie les ay trouuez fans cÔ- fAutbeur » paraifon plus nobles,plus ciuils,plus liberaux amp;nbsp;de meilleur ™^^“?,‘ƒj^’'^* efprit amp;nbsp;iugement que ne font les Turcs. Defquelz (quelque ®^y^^^ tjï’ bonne mine qu’ilz leur facent) ilz font ennemis mortelz. Or neues que les mefemble-ie auoir aflez fuffifamment deferit les Loix, cou-flumes, religions amp;nbsp;manière de viure antique, amp;nbsp;moderne desPerfes. Refte à prefent de defcrirela fituation de leur pais:pour à laquelle paruenir me fuis délibéré d’enfuyvre (commecy apres cognoiftrez) les plus fameux anciens
amp; modernes Géographes amp;nbsp;hiftoriens qui le . treuuenten auoir efeript.
Î
Gentil-
ORIENTALES LIVRE lîll. ai# DESCRIPTION DV
Royaume des FerJes,
C H A P. V I I.
Le Royaume des Perfes, félon Ptolomec eft vne region d’Afie(ainfl nominee Perfe, du nom de Perfeus filz de lu- perfe?*^ ^ piter amp;nbsp;Danaë ) laquelle du collé de Septentrion confine aux Medes,de l’Occident a la Sufiane : de l'Orient aux deux Carmanies : amp;nbsp;du Midy à vne partie du Goulphe ou Mer Pcrfique . En la Perfe fe treuuent plufieurs antiques amp;nbsp;nbsp;nbsp;, .
, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lt;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t , C.Babylonaa
modernes Citez : dont les plus anciennes font Babylon rreiuenc Baga-(maintenant appellee Bagadet) Sufe toute ruynee fors lelufe. Chafteau, qui en partie eft demeuré debout, la grand Ci- „„p^^ te'de Procopolis ou Pcrfepolis, fur le fleuue Araxes, de-
A • 1» nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t A i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;/ Alexandttc
muitte ladis par le grand Alexandre : pareillement la Cite ttemenc lûc. de Scyras, laquelle feule fe maintient en fon antiquité, ^quot;°“‘ ayant de circuit, compris les faulx-bourgs, vingt mille pas. l’uislaCité d’Alexandrie (difte autrement Ifie,fife fur le flcuuc SyrieJ amp;nbsp;Arion. Toutes fituees au pied du Mont Ciucafe. Surle fleuue Euphrate (que les Arabes appellent jappé »,(„. Aforat) font les Citez de loppe amp;nbsp;Nicephore, le Chafteau fo«. d'Ifle,oufuft deffaid; amp;nbsp;defeonfit Daire : la Cité de Thefî- S^****“ ^' pilon amp;nbsp;Carra, ou fuft rompue farmee de Marc Craflè : au- J^’quot;* quel lieu fe voyent encores plufieurs lèpulturcs amp;nbsp;antiqui-tcz, que les habitans difent eftre des Sénateurs Romains morts en ladide defaide: Les Citez de Perfogade, Opine, o^ST^ amp;nbsp;autres qui confinent à l’Armenie maieur, qui eft foubs la feigneurie du Sophy. En laquelle Armenie fur le fleuue Euphrate fe treuvent plufieurs Villes habitées des Chreftiens Georgiens, qui font hommes vaillans aux armes . LespepieVetu*’ noms de leurs Citez font Tunife,’Mazeftan, amp;nbsp;Derbent “quot;“p^ j^^^^ iffifcs fur la Mer Calpie (ou Mer de Bachau.) Il y a«»«.UMbent.
S 4 pareil.
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A*“®*?;*® pareillement les Citez d’Artafleta, Affimofie, amp;nbsp;Mico* poli. poli.
, . Quant aux Citez modernes de la Perfe, la principikgt; Thauns an- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t i
cicnncmcnt ou habite le plus fouuent le Sophy, eft la noble ville ûs uenHÔ°s(f- Thauris, anciennement appellee Phafis ou Terua, amp;nbsp;félon le vulgaire des Perfes,Teuris ( laquelle toutesfois cftcnl'Af' menie.) En icelle fe faid grand traficque de diuerfes mW* chandifes de draps d’or, d’argent, amp;nbsp;de foye amp;nbsp;toutes fines pierreries : amp;nbsp;y arriuent infinis marchands de diuerfes pîi* camM^,'’ tics du Monde,comme des Indes, de Baldac, de Molfuc,amp; Balte, Muu. Cremefol amp;.du païsdes Latins. Les autres font Bagadet» Djechenn , dont ay touche’ey deflus : amp;nbsp;Cambalech, Cite fort g^o* R.ChcImoda-de:Bafte,Mulafie, Vauta, Drecherin, amp;nbsp;Saltamac. Toutes u!tM°Adene', Icfqncilcs Citez font au pais de Chelmodate,entre lefleuue AflUwhrf'’quot;’ Euphrate amp;nbsp;le Tigre, fur la cofte du mont Corteftan appelle sait/chesfen, des anciens,le mont du Taur: fur lediû fleuue d’Euphrate amp;nbsp;ciMƒeft la Cité d’Adene amp;nbsp;le Chafteau de Bir : les Citez deMet' chin, Aflanchef,Sair,Cheffen, Vaftian, amp;nbsp;Coy ;fifestoutes au fommet amp;nbsp;à l’entour dudid montCorteftan. Giespa-MetMefidin. reiHcment, qui eft vne grande Cité diftante de fix iournees °quot;quot;“'' du Goulphe Perfiquc, autremet dide la Mer Mefidin-Surh' Soltmie, Ca-quelle font aulïï l’Ifle amp;nbsp;la Cité d’Ormus, ou fefaift grande flan. Corne amp;nbsp;trafique de marchadife auec les Portugais : amp;nbsp;ou fe pefchegi^' de quantité de perles. Semblablement les Citez de Soltanit» Saban, Caflàn, Corne, amp;nbsp;lex, qui font toutes Citez de h grand Perfe, bien marchandcs,amp; ou il fe fait grade quantité Indus fleuue. d’onurage de foye, qui fe porte par toute la Surie, amp;cn Butquot; ‘^“’^‘’ fie (anciennement Prüfe) principale Cité de BythyniCjfk3quot; Bindamac,pied du mont Olympe; Sur les confins dufleuueindus X^sa^J*quot; P®“*^ ^^^^^ à Callient, eft la grande Cité de QnerJi, prez ^ r’“ s^d’'^ Goulphe Perfique : amp;nbsp;fur le fleuue Bindamach les quatre^' BiUM, Barba- tez qui s’enfuy vent : Vergan, Maruth, Sana, amp;nbsp;Nain. Et noun’,’limai du cofté de Septentrion, depuis la Mer Cafpic iufquesi chi, Arben. Thaur;s,Coy, Rey,Sida,Billan,Strana,Barbaribë,MadranO'
-ocr page 315-ORIENTALES LIVRE HL aîo lan,Samachi,amp;iaCité d’Atben quia les portes de fer,iadis edifice par le grand Alexandre. Et fur la riue de ladite Mer’*“^'’^A»-cft la belle amp;nbsp;riche Cité de Bacach. Dauantage vers rAr-chû,sto.ae, menie maieur, en la Perle le treuuent les Citez d’Anfengan, ' Maluchia, Sio, Ere, amp;nbsp;Mefon. Voila toutes les plus belles amp;nbsp;plus fameufes Citez, qui pour le iourd’huy foyent foubs , la domination du Sophy. Quant aux fleuues, plus renommez de toute la Perlè,cft Bindmir des anciens appelle dentmrà*quot;' Bragada. Surquoy coriuient noter, que la diftance E«s»di, de la Mer maieur iufques à celle de
Calpie eft demilçincq cens mille
pas.
■^SS^
V nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■ s 5 Des
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DES PEREGRINATIONS
DES FEMMES
Per/iexues. ~
CHAP- V I I X.
Louinje desOl ENTRE IBS femmes d’Orient, les Perfiennes ont l ücui?cr quot;nbsp;obtenu de toute ancienneté le los, amp;nbsp;pris d’eftre le pl^ gentilles, amp;nbsp;propres en leurs habits amp;nbsp;chaufleures : aa® ne font elles moins accomplies en proportion de leurs corps amp;nbsp;beauté naturelle, mefmcmentamp;fur toutes,celles dehn' cienne amp;nbsp;Royalle Ville de Scyras. Lefquelles font tellement louees en leur beauté,blancheur, plaifantcciuilite)amp; Èr7anTblTii graces venuftes, que les Mores par vn antique amp;nbsp;commas »«««»«?“ Prouerbe difent,que leur Prophète Mahomet ne voulut alto à Scyras,de crainte,que s’il euftvnefois goufté les délices des femmes : iamais aprez fa mort fon ame ne full entice en Paradis. Autre allez lùflifant tclmoignage auons nous de la finguliere beauté des Perfiennes, par le grand Aid' andre, lequel tenant les filles du Roy Daire fes prifon-nieres, iamais ne les faluoit que auec les yeux bai(rez,amp; enco rcsle moins qu’il pouvoir, de peur qu’il auoit d’eftre fur-prins de leur excellente beauté . Et difoit quelques fois à fes amys familiers, que les filles des Perfes faifoyent grani mal aux yeux de ceux qui les regardoyent.
Hakiti det Les Perfiennes quant à leurs habits vont honorablement ' veftucs, amp;nbsp;comme les Turcques amp;nbsp;Grecques, portent longues robbes fendues amp;nbsp;boutônees parle deuant,amp; affublent leur tefte de plüfieurs bandes de foye de divcrfes couleurs.les bouts dcfquelles pëdent bien bas fur le deuant, amp;derricreks efpaulcs,cn la forte amp;nbsp;manière que le fiiyvat pourtrait vous demonftre, lequel i’ay extraift du naturel en Côftantinople auec la faneur d’vn Perficn que ie m’anois rendu amy. Mais ce ne fuft fans court, amp;nbsp;grande difficulté amp;nbsp;danger : par ce quec’eftla nation du Monde, qui moins volontiers laifTent veok
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''coir leurs femmes, non feulement aux eftrangersfeomme ic cftois,)mais à peine s’en fient ilz à leurs plus proches païens,fuffent ilz pere ou frere ; tant ilzfont pleins de fouipe-Çonamp;ialoufie. La première Sibylle ( appellee Sanabcte ou ^ambetha, (de laquelle faid mention Nicanor, qui a deferit lesfaiâs d’Alexandre) fuftde nation l’erfienne, combien qu’aucuns la difent Caldee : qui euft à pere vn nommé Be-rofeamp;famerefuft Erimanthe. Ellecompofavingt amp;
Sanabcte,on Sambetha, Si» biUc Peiûcn» oc.
quatre liures, amp;nbsp;prédit le miracle des cincq pains amp;nbsp;deux poilTons, ainfî que plus amplement eft traidéau liure des Si-
Femme
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DESCRIPTION DES TROIS trahies : ^ premièrement de la Petree ou Pierreufi.
C H A P. IX.
P O V R venir à plus facile intelligence des Loix, Mœurs, Couftumes, Religion amp;nbsp;Manière de viure anciennes, amp;nbsp;modernes des Arabes ; i’ay auifé de premièrement commencer 1 la defeription de leur pais. Lequel Rio Ptolomee amp;nbsp;autres Arabic dinifee Géographes tant anciens que modernes,a efté diuifé entrois “„“quot;’“,’”ƒ ptouinces: à fçauoir en l’Arabie Petree,l’Arabie Defertc,amp; Dcictte .amp; ÏArabie heureufe. L’Arabie Petree fuft ainfi nommee du u-öueu âiae ï'otn de la trefantique amp;nbsp;fameufe cité de Petra (dite en Efaie ‘„'^‘‘“ *“ 1 la pierre du defert ) aniourd’huy. félon V olaterrâ, Arach : cô- ’’«“.lt;^6.
1 bien que les vulgaires Arabes l’appellent Rabach : fituee fur 1 le torrent Arnon ; amp;nbsp;laquelle anciennement fuft le fiege I Royal, mefmement au temps diutrefpuiffant Roy Areta,qui 1 enuiron l’aduenement du Sauveur au Monde eneftoit Roy.
I Gu bien a efté cefte contrée cl rdc Petree,àcaufe des grandes Wagncsamp; rochers,qui l’environnent amp;nbsp;enferment : fe
1 nbsp;nbsp;nbsp;itouvant toutesfois entre iceux, pluûeurs fontaines abon-
1 nbsp;nbsp;nbsp;dantes en fort bonnes eaues. Elle a deuers l’Occident pour amp;nbsp;coftci de 1 tcslimitesl’Egyptc,quafi au milieu de l’Iftme ■. qui fied entre’;^‘^* P®-
1 ks chafteaux de Po(hdc,'a prefent Ara, amp;nbsp;Rinocorura, qui Ara.
1 font aux derniers extremitez de la. Mer rouge,ou Mer d A-\ table. Et du cofté de noftre Mer Méditerranée,le lac de Sy r- rie sythonu -
1 boni,entre lequel cfpace (que Pline mer de cent vingt cineq \ tnille') fe dluifcnt les mers qui viennent de dinerfes parts.
\ Ethtlcrecpartie.du Monde qui eft l’Aûe maieur,feioln€E là àlaterteferme auectoiutel'Egypte, audehus del’lfthme,
* aVotee de la Mer rouge! qui appartient à cefte Arabie, de
^ fettend outre le Goulphç Elauitique,Ôc lavilleElane,dela- cutUaKiu* quelle ce Goulphe prend fon nom .De l’Orienté, du Midy ^7h«rc.
elle
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Afphakom, aucrcincnt iurcusdæmo. nun. rhibdclphc, Satauee»
elle eft environnée de mous qui la diuifènt, d’vneoft« ƒ Ancunsattri- l’Arabie hcureufe,amp; de l’autre part deladeferre. EtduSep^ Hwbûoe.* trion confine à la Syrie, entrant iufques au lac Afphîl“ ‘'^
*““' (ainfi nommé pour l’abondance de rAfphalte,ou BiW'®^ qu’il produit ; amp;nbsp;eft vue grefle, qui fe recueilt fur ce lac,âeH quelle on faift le feu Gregeois, aucuns l’appeUent/fw'f«^^ »»«»»«^Âjpar ce que fon odeur eft fort puante) Philadclph^^ Batanec : amp;nbsp;en nul autre lieu n’eft ladidc Arabie plus fe**^ qu’en c’eft endroit. Cefte Arabie fuft iadis par lesgran“ chaleurs amp;nbsp;fterilircz de lès champs de peu d’eftime entre K anciens. Mais enuers nous, doit bien autrement eft«c^' bree,pour la mémoire amp;nbsp;reuerence des chofesdiuinesqf** , . , fontaduenues. Car benignement elle receut, amp;nbsp;tînt lô®* enfans
^iitaci furent fans d Ifraël par relpace de quarante ans, aprez qn 112 ''w^ÿu amp;ƒ» à pied fee miraculeufcmcntpafle la Mer rouge. Et fent^^ wMaduo.““ blemcnt tout le mefme temps la Cité deMadian nout® w. siuay. 011 Moyfe,fafemmc amp;. fes enfans. Aulfien elle eft le mont SW Ü'Cb, lut le- A i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;» Tiîdî fluu U Loy OU Oreb (quePtolomee appelle Mclanc amp;nbsp;les Mores 1 «‘ »XàMoyfe.' fur lequel la Loyfuft diuinement donnée à Moyfc. Ai^r''. nrioiiumquot;' ^c ce mont eft la pierre, laquelle ayant efté frappee P^t^*^^’ par Muyie. M ov fe,ietta cau cn abondance en la grande alteration dur
pie lira élite. Semblablement y eft le mont Cafie vers If? îepuituteau pte trefrenommé pour la fcpulturedu grand Pompee,«)®' lu mon ”cquot; ^^- Pline appelle les peuples de cefte Arabie, amp;nbsp;de la dcû'!‘' ®'-. . Scenites : par ce qu’ilz habitent foubzies tentes amp;nbsp;cabanu^’'
SCtnnei. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i»
Cecy cil auflî fans auoir autres maifons,ny edifices : amp;nbsp;comme va?‘'^^‘ ùe urfttM?' vont errant aucc leur beftial de lieu à autre, farreftans feulement es endroits,ou l’abondance des paftæ rages les inuitc. Leurs plus fameux amp;nbsp;antiques voifins font les Nabâthccs,ainfl nommez de Nabaioth filz d’Ifmaèl, prochains
des Amoue- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'
31 7 -1 rates.
Dî i’*'
ORIENT AL ES LIVRE IHI. 226 DE L’ARABfE DESERTE.
Le H A P. X.
A Seconde Arabie ( qui eft la Deferte) eft de gran- i.x^“fquot;0*J^ deeftendue amp;nbsp;folitude. Laquelle du cofté de l’Occident fwe.
Nabathees,
Catouannes allas àla Mee«
(felon Ptolomee) confine à l’Arabie Petree, de l’Orient à la MerPerfique : amp;nbsp;le long des Caldees, eft dinifee de l’Arabie Heureufe ; eftant du cofté de Septentrion arroufee du flcuue Euphrate,qui vient de la Comagene : puis de l’Occident cftiual, termine à vue partie de Syrie, furnommee Celé, à fçauoir bafieamp; concaue. Autres mettent les confins à la Mer rouge, commençant au port de Zidem, amp;nbsp;de là iufques au mont du Taur,amp; lamer Méditerranée, ou elle diuife l’Egypte de la ludec. Elle eft habitee de diuers peuples ; dont teux qui font appeliez Nabathees, amp;nbsp;qui habitent la partie Orientale,la plus deferte, amp;nbsp;fans eau : vont errant comme larrons parles champs,faifans mille incurfions fur leurs voi-fms,amp; aux Catouanes,qui par la paffent pour aller à Medi-ne,amp; à la Mecque. Car en toute cefte Arabie Deferte, n’y ^quot;‘i^,^“X a que ces deux Villes, amp;nbsp;lejieu appelle Metath, ou Maho- dky. ‘ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Metathoa
met etenuit fon Alcoram . Bien s y treuvent plulieurs pe- Mahomet a. ûtsebafteaux. Le pais eft tant fterile, qu’il ne produit arbres, '/“l™^““^^' ny fruias,ny eau, que bien peu. Mais les habitants, qui ne ^|quot; ^quot;^” font autre meftier que defrobber, y fouiffent des puis , qui nuis’uu fut. fontincogneus aux eftragers: amp;nbsp;parcemoyeneuitetlc dager Royseium-ielcurs ennemys, amp;nbsp;ne peuvent eftre vaineuz. Ainfi ont ^quot;ôÿ^^““ toujours vefeu en toute liberté, fans iamais auoir efté fub-foftsà aucuns Roy s eftrangers,finon foubs quelques Capitaines, aufquclz ilz obeiffeut. Plufieurs ont efetit,qu’outre ^^f^^^, ^,^,^^^_ «a stands defetts, fy eu treunent d’autres vulgairement'« M«acu-’tppeliezMer de Sablon.Lc plus grand defquelz,quieftnora.- '’“’ mé benahali, contient douze ioumees de traucrfe,tout Sa-bfonblanc amp;nbsp;délié. CefdiCts Deferts font appeliez Mer, à eaufo que comme la Mer, ilz font lubiefts à la fortune des tenu .de manière que ceux qui conduifent les Catouancs, T font
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font contraints de f’ayder de la carte, amp;nbsp;du quadrat,comm« font les mariniers fur la Mer. Et celuy qui faiâ la guide, v» le premier monté fur vn Chameau. Mais fipar malhcuilf ventfe leue contraire à leur chemin : plufieurs deux fe treu-uentenfeuclis dedans le fablon: amp;nbsp;quand cela aduient,peu efehappent de tel peril. Cesmorts eftanspuys par fuccelïoquot; de temps defeouuers,fonteurieufemet recueilliz amp;nbsp;portez aux marchans,quiles achètent : amp;eft cela comme pluficw^ Mumie, afferment, qu’on appelle Mumie. Plutarque en la vie d’Ale-xandre faict mention qu’en ces grands defers demeuterct morts deffoubs ces fablons cinequante,mille hommes de mradîi’înnîê farmee de Cambyfes, eftant ce fablon efmeu en tourmente» foifoqîî«^en P®’' ^^ fouflement du vent de Midy : Et qui pis ch, en toute CCS ubionl. cefte Met fablonneufe, ne fe tronue eau quelconque ; mais faut que ceux,qui y pafrent,en facent porter fur leurs chameaux, amp;nbsp;toutes autres chofes neceffaires pour le fuftentc-ment de leur vie . Car du tant ces douze iournecs ne fetrcuut que le pur fablon blanc. Les principaux lieux de celle AW' c Zidern ^æ’ près la mer rouge, font la Cité de Zidcm,p)orf delà Mf*^' P(irt‘ de’u que, amp;nbsp;rule de Camaran, de laquelle le peuple tire plus to^' ’incde cama. nok quc fur le blanc, amp;nbsp;font tous Mahometiftes.
eut«
DE L’ARABLE HEV REV SE.
Le H A P. XI.
A tierce Arabie,ainfinommee d'Arabe hlz d’ApoHoit Baby lone, par les Grecs appellee Eudemon, qui fignifie bief' heu teufe, fepare la ludee del’Egyptc,amp; fe diuife de l’Arab* Deferte au port de Zidem;amp;dedâs la terre ferme va iufq«c-‘ Adem, à l’Arabie Petree. Elle a à force delà mer laCitéd’Adenf qui cil en grandeur,forterefl'e, quantité depeuple,amp; traffiqf^ ined^Maey demarchandi{c,laplusfamcu(è non feulement de ceftepto-ta' ' uincecy : mais aulhdctoutlc deftroit. Puis Fatarque,rifl’' de Macyra au Cap de Refelgati, Calha, Mafquati,amp; Curiä' du cofté du deftroit d’Ormus,cÖme auÛi cntreles montagn« fetreU'
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k trcunent planeurs autres Cirez, Chameaux amp;nbsp;Bourgades. Le peuple eft fort adextre aux armes, pour cftre ordinairement exercité à la guerre. Leurs chenaux font les meilleurs' du Monde;amp; ont grand nombre de chameaux amp;nbsp;de boeufs, dcfquclz ilz fe feruêt à porter fardeaux,amp; cequileur cft nccc ■ fiaire. llz font de leur nature prefumptueux amp;nbsp;fuperbes.Neât- ob®“A“^®* moins obeiflent à vn Roy,qui a quafi la plus part dutemps Roy-
T nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Confins gaerreauec aucuns peuples des autres Arables. Lapartie de cefte Arabie cede Arabie, qui eft voifine à l’Ethiopie, appellee des anciens *«*®‘*“®p“* Trogloditique,commence furla mer rouge, vers le pars des Abiflins amp;nbsp;finit a 1’1 (le deMadagafTar autremet difte flfte deSainâ George, en s’eftendant iufques auprez de 1’1 fie de Dclaque: autres difent,qu’elle ne f’eftend que iufques au Cap deGuardafumi : ce que fi ainfi eft,ell’a dehors le deftroit Zeila, Barbota. amp;nbsp;dedans Delaque,Laqu3ri, qui eft vn port ßquot;/^;,,^, non trop peuplé, amp;nbsp;duquel n’eftoit la crainte des Arabes, qui La^t^f' affaillent amp;nbsp;deftrouflént les Carouanes qui y pafient, Ce pour-toit trauerfer parterre en fix ioumees iufquesaufleune du Nil. La plus riche amp;nbsp;mieux peuplee nation de cefte Region, font les Sabees. La Métropolitaine ville defquclz s’appelle Saba,fitueefurvne haute montagne : en laquelle eftoit an- s^ba. ciennement créé leur Roy par fucceflion de lignage, auecq grand’honneur amp;nbsp;applaudilfement du peuple. La vie duquel ores qu’elle femblaft eftre heureufe,par ce que fans cftre tenu de rendre compte, ny raifon des chofes qu’il faifoit,
I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;f 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;n nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;LcRoydes commandoitabfolumcnt a vn chacun : 11 cftoit elle toutes- Sabecs ne fot-foisentremeftee d’vu grand malaife amp;nbsp;amertume, d’autant fuJpdM^ie qu’il ne luy eftoit permis de iamais fortir de fon palais: fur **P'‘‘^’ P‘tiue(f'ill’entreprcnoit) d’eftre incontinent lapidé du peuple, par vne ancienne fuperftition amp;nbsp;obferuâce qu'ilz auoyet ée l’Oracle de leurs Dieux.
Cefte Region fur toutes les autres du Monde, eft la plus fertilité, féconde amp;nbsp;abondante en chofes precieufes, amp;nbsp;aromatiques. Aufti clleportefrourne ten abondance, Oliuesamp; tous autres
T 2 excel-
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exccllcns fruits : amp;nbsp;eft artoufsede diners fleuues amp;nbsp;fontawW trcHaluhrcs. Le pais Meridional eft peuple deplnficnrsi-^“' , Arbtesportäs L's forefts, plein CS d’arbres,qui portent l’encens amp;nbsp;IcMyn^» I rtTi’Ti’mu« Pîiliwærs, Rofeaux,Cynanrome,Candie’,Cafte amp;nbsp;Ledanum: | Rofeaux, Cy- eftant l’odeur qui vient de ces arbres auxfentimens des hon'' 1 «Be‘’aâ“e^Le mcs de telle doulccur amp;nbsp;fuauité,qu elle femble pluftoft chois ^i“'“ngt;, nbsp;nbsp;nbsp;diuine que terreftre amp;nbsp;humaine. De forte que l’on pourrort
dire que nature f'eft cibatue à y aflembler tant de bonnes, odoriférantes odeurs • Vray eft que dans Icfdidcs forefts iJ aiêquot;ôntt?u f’^^^^e^f'f g'-'nnd nombre de Serpens rouges amp;nbsp;taueicz. Ld-MyX It quelzfaultans controles hommes les mordent amp;nbsp;bkflentde nicieufe. playes trefdangereufes, amp;nbsp;mortelles- llz font feu de fanned* d'EnXdX de Myrrhe, mais lafentcuren eft fi pernicieufc,quef’ilz n ? Gerez. remedioyent auecla fumee du ftorax, elle leur engendrem'^
maladies incurables. Ceux qui cueillent l’Encens (dédié an^t diuins honneurs) font appeliez Sacrez : par ce que durant 1* temps de leur cueillette, ilz f’abftiennent de femmes amp;nbsp;fin’^ railles, eftimans que par telle obfervation amp;nbsp;ceremonie le® marchandife en multiplie dauantage. Plufieurs ontefe®»! que l'Encens ne fetrenue en nul autrelieu qu’en Arabierwi® Pedro Geza de Leon en fa feeöde partie de l’hiftoircgeneid' le des Indes Occidentales,did qu’auprez du flcmic Mata® non fe treuue grand’quantité d’Encens meilleur que ccM McÄ«“?’ ‘^'Arabie. Aufti en ce lieu fe trenuent lespierres Satdoniq«^ ii.s,Androina- Molochitc, amp;nbsp;celle qu’on appelle Iris,.qui eft de couleur ch'' dt, pedetotu, re comme le Criftal, l’Andromade pareillement amp;nbsp;la Pri-'
rote, que Pline appelle Opalins . OndidaufliynaiiltcW' phœnii. nbsp;nbsp;nbsp;feau appelle Phoenix, la vie duquel félon aucuns dure eind
cens quarante ans . Mais Pline la met de fix cens foixan'^ ans: amp;nbsp;Manilc Sénateur de Rome afterme qu’auec la vie‘^'^ ceftoyfeau fe faid la revolution de la grand anncc,qi!Cf!^' fieurs (comme Solin) dient confifter, non de cineq cequot;’ quarante ans, mais de douze mille neuf cens cinquante an^ Il croiracecy qui voudra: quant à moy,ilme femble,q® parl^
-ocr page 327-ORIENT ALES LIVRE IIII. 2jo parler du Phoenix n’eft autre chofe, que fabolizer. Es ports dudid Zeila, Barbora, amp;nbsp;Delaqua y viennent trafficqucr les marchans de Cambaye, d’Aden, amp;. de toute l’Arabie. Ilz y portcnrde péris draps de diuerfcs fortes, amp;nbsp;couleurs,amp; autres chofes de ladite Carribaye amp;nbsp;d’Ormus :amp;au lieu de ces marchandifes là, en leuent des raifins'de paffe, Dattes,Or, luoite amp;nbsp;efclaues : amp;nbsp;font leur trafficque au port de Zeila, amp;nbsp;Barbota, aufquelz ports femblablement abordent ceux de Chiloa,Melinde,Btaua, Magadaffar, amp;nbsp;Mombaza. Et ainfî parcesdcuxportsfedifperfentles marchandifes par tout le pars des Abiffins,amp; iufquesenTurcquie, amp;nbsp;Grece : ou
i’ay veu plufieurs marchans Arabes venus amp;nbsp;habillez comme la fuy vante figure le demonftre.
-ocr page 328- -ocr page 329- -ocr page 330- -ocr page 331-ORIENTALES LIVRE UIL 232 ANCIENNE MANIERE.
' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ile filtre, Loix, dr Religion des
ivraies.
C H A P. X l I.
jAiN c r E N N B M E N T Ics Arabes àüoyent entre eux, diucrfe manière de viure, amp;nbsp;différentes ceremonies. Tous lailfoyent croiftre leurs cheueux longs, amp;nbsp;portoyent affu-blement fur leur chef de mefme façon amp;nbsp;ligature, fe faifans raferla barbe laiflbyent fculerrtent croiftre leurs mouftaches d’entre le nez, amp;la bouche,comme ilzfont encores pour le iourd’huy . Quant aux arts amp;nbsp;fciences , ilz n’en tc-noyent nulle Efcole : mais viuoyent félon les iuftrudions qu’ilz auoyent receucs de leurs peres. Au plus ancien d’entre eux, eftoit baillée la puiffance, amp;nbsp;gouvernement par de-ffustous les autres : amp;nbsp;n’auoyent rien de particulier, ains tous viuoyent en communauté,iouiflansde leurs femmes, Manag« en.
MC patcn$,voi quilz prenoyent de leurs lignées, en commun, voire iniques te entre le (ilz à leur propres meres amp;nbsp;fœurs,f’eftimans en telle forte tous ^ft^’*”®“* frétés. Et celuy d’entre eux, qui auoit compagnie char- ^‘r ^Xuere Relie à d’autre femme que de fon fang, eftoit puny de mort, ^ui cognoid comme adultéré. Ilz auoyent en grande obferuation la fo- (011 fang. Icnnité des fermens. Car voutans iurer amytié amp;nbsp;confede- amp;!„'“,quot;'ƒ ^ ration auccq autruy, ilz conftituoyent au milieu des deux parties quelque certain perfonnage, lequel auec vne pierre aigue ou trenchante leur faifoit incifion au dedans des trains, prez du plus grand doigt, puis prenoit du poil amp;nbsp;floc deleursrobbes,qu’iltrempoit dedans le fang, amp;nbsp;en frottoit f^ptpierres, qui eftoyent pofees entre lesdcuxiurans,enin-Roquant Bacchus amp;nbsp;Vranie ( car ilz n’auoyent opinion quit y eut des autres dieux,que ceux cy : amp;nbsp;appelloyêt Bac-thusVratalt, amp;nbsp;Vranie Alilat,Jamp; lors le médiateur de telle paix amp;nbsp;amy cié,admoneftQit les deux parties de bien fongneu-
T j fement
-ocr page 332-235 DES PEREGRINATIONS
lenient garder les paches amp;nbsp;eonuentions entre eux faites le iurees. Ces Arabes ( comme nous auons diet cy deffus) font cauts amp;nbsp;fuperbes : amp;nbsp;croyent furpaffer en valeur amp;nbsp;hat-diefle toutes les autres nations du Monde. Pour le iourd’huy font tous obicruatcurs de la feße
de Mahomet : amp;nbsp;la plus part d’eux font fubieds amp;nbsp;tributaires du grand
T ure.
£f(lM
-ocr page 333- -ocr page 334- -ocr page 335-ORIENTALTS LIVRE IITT. 235 DES AVANTVRIERS, appelez, Def/ys, ÿ»
Zata^icü.
CHAP. X I I I.
UYS font Auantiiricrs, comme chenaux legiers,qui odiy». ®ot profeffion dc chercher leur aucntnres es lieux plus ha-^^rJeux,ou par lefaid belliqueux de leurs armes, ilz puiflent ’’K prenne de leur vertu amp;nbsp;proueffe: amp;nbsp;par ce fuyuent volontairement les armees du grand Turc,fans aucune foulde: (îinfique les Anchifes) excepté que la plus part d’eux, font AnchiC:,. Nourris amp;nbsp;entretenus aux defpens des Bafchas, Beglierbeis,amp; ^îngiaqnes,qui en ont chacun quelque nombre des plus brades amp;nbsp;vaillans à leur fuytte. Ceux cy habitent es parties de h Boirinc,amp; Scruie,confinant d’vn cofté,la Grece: amp;nbsp;dc 1 autre,l’Hongrie, amp;nbsp;Aufirie . Pour le iourd’huy font appel-hzScmians, ou Crouats : qui font les vrays Illyriens. Lef- jnyri^s „„. quclz Herodian au fonge de Seuere, deferit pour hommes vauun«. ttefvaillants : amp;nbsp;qui font de grand’ ftature, bien formez amp;nbsp;niembrus, ayans la couleur lyonnafle,mais de nature rref-nialieieux, amp;nbsp;decouftume plus que Barbare, de grosengin, amp;nbsp;faciles à eftre trompez. Toutesfois enuers le grand Alexandre furent de grand eftime: voire, que quelque fois ofe-rent bien entreprendre, de vouloir occuper la Macedoine.
Les Turcs les appellent Dellys: qui eft à dire fois-hardis. ®jquot;^’^^^®* Mais entre eux ilz fc nomment Zataznicis,qui fignifieen leur langage defieurs d’hommes : par ce qu’eftant chacun d’eux obligéde combatte contre dix ( auantque ponuoir acquérir le nomamp;,cnfeigne de Delly ou Zataznici)defienttou- zatamidrae. fiours corps à corps à rompre la lance contre leurs ennemy s, fi'“« a-Uüm-vfans en leurs combats de certaines rufes amp;nbsp;aftuces,qui leur'quot;quot;' font demeurées de leurs ancefires, auec telle dextérité amp;nbsp;har-diefle,que le plus fouueut demeurent victorieux. Le premier
Delly
-ocr page 336-gt; i36 DES PEREGRINATIONS
DeUy que ie vey,fuften Andnnople,eftant aucc IsScignf“^ dAramontenlamaifon de Roftan Bafcha premier Vifo^ qui cftoit led id Delly. Lequel non tant pour mes prières,q'’^ pour l’efpoir d’auoir quelque prefent,corne ileuft.nonsüp' uit infquesau logis ; ou pédant qu’on lebanquetoit,ie Pgt;^^ l’extrait amp;nbsp;de fa perfonne,amp; defoneftrangehabitrquiefto'' dX^'”^”'S'” ^’^^^^'■’y^' ^°^^ luppon,amp;fes longuesôdargesebquot;' fies, des Turcs appellees S aluares,eftoiët de la peau d’vn Kquot;' ne Ours auec lepoil en dehors : amp;nbsp;par delToubs les Saluait’’ les bottines ou brodequins de Marroquin iaunes, pointu^ deuant, amp;nbsp;fort hautes du derriere, ferrees par deflonbs,* enuironnees de longs amp;nbsp;larges cfperons. En latefteauoitvi' long bonnet à la Polaquc, ou à la Géorgienne, penchant ft* vneefpaule,faieb delà peaud’vn Leopard bien moucheté amp;nbsp;fur icelluy au deuant du front, pour fc monftretpius ft' rieux, auoit attaché en large la queue d’vn aigle, amp;nbsp;les de«* aides aucc grands clous dorez choyent appliquées fur fd’*' ge, qu’il portoit pendue en efeharpe à fou codé. Ses arn’*^ edoyent la Cymererre, amp;nbsp;le poignard, amp;nbsp;à la main dextrel^ Bufdeghan,c’eft à dire maffe d’armes, bien dainafqenKC. Mais quelques iours aprez qu’il départit d’Andrinople,««^ fcha XL^é les forces, que menoit Achmat Bafcha (que depuis le grani mädementX ^^*3*quot;*^^*** ^ ^^^^^^ ed:ranglcr dedans fon hól) pour legw«“ grand sci. Seigneur en Tranfylvanie,ie le veis monté fur vu beau ebt' ual Turc caparaffonné d’vue entierepeau d’vn grand Lyoni attachée des deux premiers iâbesau deuant du poitral,amp; ft* deux autres efloyent pendantes fur le derriere • Son BuA«' ghan pendoit à L’arçon de la fellé : amp;nbsp;en la main dextre pot' toit la laneelongue, amp;nbsp;creufe, à la pointe biê acerec.Letod en la propre maniere,que le voyez au vif par le pourtrait ft? Rtfponc« liant. Encores fus ie curieux de l’interroger par le Drag«' ••ynDcUyin- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;w
tccrogé par man, de quelle nation il eltoit : amp;nbsp;quelle religion il tenon* : a*“^7Rdu Sur quoy, fagement me feit entendre,qu’il eftoit de nation i«h2i's”quot; Seruian : mais que fon grand pere eftoit defcëdudesPartltó * nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pcuj*
-ocr page 337-ORIENTALES LIVRE IIIL 237 peuple iadis tant renommé amp;nbsp;eftimé le plus belliqueux de toutes les parties d’Orient. Et que quant à fa religion, ores qu’il diffiinulaft de viure auec les Turcs félon leur Loy :fi eftoitildez fa naiffance de cueur,amp; de volonté Chreftien: amp;nbsp;pour mieux me le faire croire, il diet en Grec vulgaire, amp;nbsp;en Efclauon, l’Oraifon Dominicale, la falutation Angélique amp;lc Symbole des Apoftres. De rechef, ie l’interrogay pour-quoy il f’accouftroit fi eftrangemei^, amp;nbsp;auec fi grands plu-mages. La refponce fuft, que c’eftoit, pour fe monftrerplus furieux amp;nbsp;efpouuen table à fes cnnemys. Et quant aux pinnies, lacouftume eftoit entre eux, qu’à nulz autres n’eftoit permis de les porter, qu’à ceux, qui auoyent faid preuuc memorable de leur perfonne. Par ce que entre eux, les' pcnnaches eftoyent eftimez le vray ornement d’vn vaillant homme de guerre.
Qm fuft tout ce que ie peu
apprendre de ce gentil. | |
DeUy. | |
My |
ORIENTALES LIVRE IIII.
339
DES HOMMES ET femmes de Cilicte, à prejent Cara~ marne.
C H A P. X I I I I. Hn LA C i T E* de Conftantinople, prczlesfcptTours, y a vne grande Rue la plus part habitee de Caramanicns (appeliez des anciens Ciliciens) viuans, comme toutes au-îKs Nations eftranges, foubs le tribut du grand Seigneur Turc, amp;nbsp;exerçants marchandife ou arts mechaniques, dont üz font fort ingénieux artifans, fpeciaUement en orfeureric ^ferreurerie. Les Orfeures tiennent leurs bouticques prez fcBezcftan,qui eft(comme deffus i’ay did) vne halle cou-uerte, dans laquelle fe vendent toutes marchandifes precieu-f«d’or, d’argent, pierrerie, pelleterie, draps d’or, d’argent, amp;nbsp;«le foye, Efclaues, Chameaux, amp;nbsp;Chenaux au plus offrant. Entre lefquelz Caramanicns y a d’exceUens amp;nbsp;fort riches «uuriers.
Les Femmes Caramaniennes, principalement celles de qualité, fortent peu fouuent, ß ce n’eft pour aller au baing, ou à l’Eglife, comme les autres Grecques : ains fe tiennent ordinairement enclofcs en leurs maifons, employant le temps à faire beaux, amp;nbsp;diners ouvrages à l’elguille fut toille : quelles font vendre au Bezeftan, amp;nbsp;es marchez publicques. Mais les autres femmes de moindre eftat, pour gaigner leur vie, amp;nbsp;furvenir à leur neceffité, f’ad-donnent a porter vendre publicquement par la Ville des œufs,poulailles, lâittages, fromages , amp;nbsp;herbes, habilites en la forte, que vous les voyez en la fuyvante figure . Mais les riches font plus brauement amp;nbsp;precieufe-W veftucs. Car elles portent leur Doliman, ou de velours, ou de Satin, ou de Damas, amp;nbsp;en tefte vne longue
Va mitre
-ocr page 342-240 DES PEREGRINATIONS mitrede fin brocat d’or figuré à fleurs de diverfés couleurs, couverte d’vu grand voile pendant fort bas fur le derrière. Les hommes font habillez à la mode des autres Grecs,obferuans leur mefme Religion,
amp; croyance, amp;nbsp;ob ci fient au Patriarche de Con-flantino-
-ocr page 343- -ocr page 344- -ocr page 345-ORIENT ALES LIVRE un. 242 D E • C I L I C I E, AV I O V R-d’huji CarafnaKie.
C H A P. X V.
QV A N T au pa'is de Caramanic, premièrement appelle car3™nie»n
• J nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;dennenient tilicie,du nom de Cilix nlzd'x^genor, félon Hérodote Hy- Cilkie Hypa-pachee, il eft defcrit par Ptolomee en Ton cinequiefîne li-lire, comme prouince de la petite Afie, ayant pour fes con- confins de ci fins deuets Orient, le mont Aman,à prefent la Montagne Mont Aman noire,du Septentrion,le mont duTaur ;ducofté derOcci-^Jn^jgquot;/* dent, vne partie de Pamphilie : amp;nbsp;de l’autre part de Mid y,les extremitez duGoulphe Iffiquc, que l’on di maintenant la laffe. Celle région eft environnée de hautes amp;nbsp;alpres montagnes . Defquelles découlent vers la mer, plufieurs flenues, amp;nbsp;d’icelles montagnes les yffues en font fort eftroides, amp;nbsp;refferrees d’vne part amp;nbsp;d’autre de roides amp;nbsp;hautes eloftures, appellees premièrement les portes d’Arménie ; puis les portes deCafpie,amp; à prefent de Cilicie, par lefquelz anguftes dc-ftroits le grand Alexandre allant en Orient,auec grand peril amp;nbsp;dangereux hazard, feit paflèr fon armee. La principale amp;
Portes d*Ar-incnic ati-ciennemenc de Cafpic, ÖC de Cilicie.
Métropolitaine Cité de cefte region, eft Tarfe, vulgaire- Tatfcvuigaire ment appellee Terrafe,natiuite amp;nbsp;domicile de Sainft Paul, SSaVauh' qui fuft premièrement fondée par le noble Perfeus filz de la belle Danae . Toutesfois Solin amp;nbsp;Pape Pie attribuent fa premiere edification à Sardanapal dernier filz d’Anacinda-laxe, amp;nbsp;dernier Roy des AHyriens , Par le milieu d'icellc ptouince trauerfe le beau fleuue Cydne ou Canne par les caunc‘î par”« fraçois did le fleuue de Salef (qui prend fa fourcedu mont ^“sSrf®'quot;’ du Taur:amp; dans lequel fè noya l’Empereur Federic Barbe- Fedenc kube touffe. Vitruue en fon huiûiefme liure, Chapitre troi-'wyLVoïa-fiefine died , que fi les podagres fe lauent leurs iambes ^“me^^au“ dans cc fleuue Cydne, incontinent aprez fe trouuent pur- ‘'cuucdccyd-gez amp;nbsp;guéris de leur mal.
Les
V4
-ocr page 346-243 DES PERE Cl RINATIONS
Les Tarfiens eftoyent anciennement fi fort addonnez \îuquot;t'w«à^ ^^ Philofophie, qu’ilz furmontoyent les Athéniens? Hoty eu Taf- Alexandrins ; encores que les Athéniens fiiffent plus amp;• meux amp;nbsp;renommez es pais efiranges, amp;nbsp;que leur Cite feuft plus frequentee par abord degens. Neantmoinsks Tarfiens eftoyent en Plnlofophie plus excellens : amp;nbsp;de leur ^huLuV^Anu-Cité prindrent origine Antipater, Archelaus, Antenor, Dtógra“'At. ^^^®^»' Diogenes , Artemidore, Dionyfius ,amp; Crates temidote.’uio Grammarien . Outre Tarfe Ville capitale de Cilicie,y 2 vne autre tref-renommee Cité des anciens appellee Cory-mmteÜttu' ce, amp;nbsp;par les modernes Curth, de toutes parts environ-Autrecoty. née d’yn port, amp;nbsp;de la Mer,. forsd’vn cofté bicnedroin leux amp;nbsp;phi. ou elle dt ioinûè à la terre ferme . Au deflus de celte
Ville y a vn antre amp;nbsp;creux dénommé de fon nom Cory-cee , que Pomponius Mcla raconte eftre faid par fifingn-lier artifice de nature, que fon admiration , excellence amp;nbsp;fouveraine beauté tranfporte hors le propre fens amp;nbsp;mémoire, amp;nbsp;ranit prefque en extafe les efprits de ceux, qui de prime arrinee y entrent. Mais que aprez qu’ilz font rené-tins à eux, ne fe peuùent aflez raflafier duplaifir qui yen’ - Car pour paruenir au fond d’icelle dinine fpclonquc,on y va defeendantpar vne belle combe enuiron trois quartsde lieue en de le da b le s amp;nbsp;ombrageux fentiers : ou font oiiys en harmonie plus que humaine , certains fons concor-dans , amp;nbsp;refonans comme Cymbales, ou autres Organiques amp;nbsp;mélodieux lnftrumësgt; qui donner grand cfbahifle-ment, amp;nbsp;merueille à ceux, qui premièrement y entrent. Tellement que iadis les habitans du païs par fuperfiitieufe opinion eftimerent, que cefte refonante fpeloncque, full le lid (cputchral du fouldroyé Géant Typhon. Es plains j^ij,^^^ champs qui font à l’entour de Coryce, ou Curth, croid abondance de fort bon faffran, plus rendant d’odeur, amp;nbsp;approchant plus à la couleur de l’or, amp;nbsp;plus profitablen medicine, que nul autre : amp;nbsp;ainfi a efté célébré par les anciens
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anciens pour fa fingularité le faffran Corycien. Tarfe JJ'^'^^, donc,amp; Coryce, font les deux plus fameufes, amp;nbsp;plus célébrées Citez de la Cilieie, ou Caramanie : combien qu’il y en a plufieurs autres de bon amp;nbsp;antique nom : comme Stlimontis en l’honneur du bon Empereur Traian, aprez la mort deluy, confacree à fon nom, amp;nbsp;nommee Traia- sdimoutit, , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;™ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;auttemec Tta-
nopohs. Audi y efr Satalie, fituee en nuages maritimes lano^ii*. de Cilicie : d’où a prins fon nom le Goulphe de Satalie, an- “couiphede ciennementappelle Iffa :amp; àprefent la laffe, amp;nbsp;enceft en- ’’SÏ'n^'uamp;r droit Alexandre Macédonien vainquit Daire le grand Roy j_^Pp^“' ^ des Perfes rà caufe dequoy la Ville fuft nommee Nicopo-Nicopoïk. lis, c’eft à dire Ville de victoire . Et en oultre, en celle Semétsu’o^ nicfine Region eft encores reftantc l’ancienne Ville du So- °quot; 5quot;*®* ^' tób difte Heliopolis, ou pour mieux dire Solos ou So- u«. loë : par ce que Solon l’vn des fept Sages de Grece, en fuft fondateur. Et puis du nom du grand Pompee, fuft dicte Pompeiopolis. Pourtant que au tëps de la triomphante Rome f’efteuerent les Ciliciens habitans le long des riuages de la Mer Méditerranée, gens frequentans la marine, amp;nbsp;exercez aux nauigages , Pirates , Courfaires, amp;nbsp;Efeumeurs d'e Mer, en ft grand nombre, amp;nbsp;fi forte puiffance de gës adroids à Part piraticquc, amp;nbsp;de vaifleaux à ceft affaire bien commodes, comme fuftes’amp; brigantins : qffilz occupèrent , amp;nbsp;tindrent toute celle cofte de Mer en tel de-ftroift, que non feulement ilz empefehoyent les nanircs marchandes amp;nbsp;de guerre ; mais auffi tenoyët les ports amp;nbsp;paffages enclos, amp;nbsp;forcluoyent là traifte de bleds amp;nbsp;viures à toute l’Italie. Dont le peuple Romain fuft en grand peril de famine. Parquoy ( comme eferit Flore en fon Epi-tomej contreeux fuft enuoyé Pompee auecarmee : qui parquot; merueiUeufe diligence amp;nbsp;conduite en quarante iours les tendit vaincus : amp;nbsp;chafla de toute la Mer : amp;nbsp;en fin les ayant fur Terre prins à mercy, les' enuoÿa en certaines Villes : amp;nbsp;Terres de Cilicie fort eflognees de Mer, pour y -
V 5 habiter
-ocr page 348-245 DES PEREGRINATIONS habiter amp;nbsp;viure, à fin d’en purger la Mer. Et nomméement lors adigna nouveaux habitans en la Ville, adonc difte So-loè, du depuis pour cefte raifon, Pompeiopolis.
..Les Ciliciens, furent iadis appeliez Tarfes f comme Cilicicniladis nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;\ # nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;« nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i 6
Tatfcj. efent lofephe ) leur denomination prmlc du nom de Tarie nepueu de laphet : qui premier leur donna l’ordre de viure« ayant fur eux principauté amp;nbsp;gouuernement . A uni nomma il de fon nom, leur Ville principale Tarfc. Au tout ciiicicouca- d’huy toute la Cilicie eft, comme i’ay did, appellee Cä-foubî la'do- ramanie, prouince reduide foubs la puiflance amp;nbsp;dontirä-cund ruic? tion du grand Ture : qui au parauant eftoit Royaume fi pui-fiant, que les Roys de Caramanie pouuoyent mettre en ci-pagne quarante mil hommes à cheual ; voire que Orcan Seigneur des Turcs filz amp;nbsp;fuccefleur du premier Othoman» qui fe feit chef des Turcs ; amp;nbsp;qui premier donna le nomlt;l8 fa noblefle à leurs Empereurs, daigna bien pour s’anoblir prendre en mariage la fille de Caraman Roy de Caranianic« D’OU Cilicie ainfi nommee de fon nom, apres qu’il l’euft conquifeamp;o^' Jj^^^“»-cupee.
DES MARCHANS IVIES, habitans en Conßantinople, ^ autres/ieux de Turcijuie
I t nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;c^Crece^. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t
C H A P. XVI.
loif» Tfiider». L A Q^v A N T i T E de luifs habitans par toutes les Villes de Turcquie, amp;nbsp;de Grèce, principalement à ConHaU' tinople, eft fi grande, que c’eft chofe merueillcufe amp;nbsp;pi^' que incroyable. Car le nombre d’iceux faifans eftatir trocque A: trafficque de toute marchandile, mefroen»^ ■ d’argent vfuraire, y multiplie tellement de iour àamrt» i pour le grand apport amp;nbsp;affluence des marchandifes qm 1 ariiucn' '
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smuent de toutes parts, tant par Mer que par Terre, que l’on peut dire auecq raifon, qu’ilz tiennent pour le iour-d’huy entre leurs mains toutes les plus grandes trafficques de marchandife amp;nbsp;d’argent courant, quife face en tout le Lciiant. Et qu’ainfi foir, les bouticques amp;nbsp;magazins les plus riches amp;nbsp;mieux fournies de toutes fortes de marchan-difes, qui fe puiffent trouucr en Conftantinople, font ceux des luifs . Oultre ce ilz ont entre eulx des onuriers en tous arts amp;nbsp;manufactures tref-exceUens, fpecialement des Marranes n’a pas longs temps bannis amp;nbsp;defehaflezd’Efpa- Mamnesdef. gne amp;nbsp;Portugal, lefquclz au grand detriment amp;nbsp;domina-gede la Chreftienté ont apprins au Tureplufieurs inuen-tions, artifices amp;nbsp;machines de guerre, comme à faire ar-tillerie, harquebufes, poui dre s à canon, boulets amp;nbsp;autres . .
n , i , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. Tmonmene
armes. Semblablement y ont drefle Imprimerie, non la-eneuee icon mais au parauant veuë en ces Regions : par laquelle en beaux caractères ilz mettent en lumicre plufieurs liurcs en diuerfes langues, Grecque, Latine, Italienne, Efpagnollc,amp; mefmement Hebraique, qui eft la leur naturelle. Mais en Turc,ny en Arabe,ne leur eft permis d’imprimer. Aufli ont ilzla commodité amp;nbsp;vfage de parler amp;nbsp;entendre toutes autres fortes de langues pratiquées en Leuant : qui leurfcr-uent grandement pour la communication , amp;nbsp;commerce qu’ilz ontauee les nations eftrangeres : aufquelles bien fou-uent ilz feruent de Dragomans ou Interprétés. Au demeurant cefte detcftable nation de luifs, font hommes pleins déroute malice, fraude, tromperie, amp;nbsp;cauteleufe deception, exerçans vfures exécrables entre les Ghreftiens amp;nbsp;autres nations, fans aucune confcience ne reprehenfion: mais en libre licence, moyennant le tribut ; Chofe,qui eft à la grande ruy ne des hommes amp;nbsp;païs ou ilz conuerfent.
Ilz fontmerveilleufement obftincz amp;nbsp;pertinaces en Icurin-fidelité, attendans toujours, leur Meftias permis : par le-juifs attendu quel ilz efferent eftre réduits eu la terre de promcife ; amp;nbsp;“‘quot;“c^ ont
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ont le voile de Moyfe tellement bandé dcuantles yeux de leur efprit: qu’ilz ne veullent, ny ne peunent en aucune manière veoir, ny cognoiftre la clarté amp;nbsp;lumière dek svs Christ, lequel par incrédulité, enuie amp;nbsp;rage dcfniefib rec feirent condamner à mourir en croix : amp;nbsp;fe chargeans de la coulpe amp;nbsp;pcché commis en fa perfonne, ilz eferie-
, rent à Pilate ^ Son fang foit fur nous amp;nbsp;fur naz enfans-Et pourtant leur péché les a fuyvy , amp;nbsp;leurs fucceffeurs» par toutes generations : tellement que n’ayans voulu re-ceuoir fa benedidion, elle fera à iamais cflongnee d’eux à leur grande confufion amp;nbsp;malheur. Car depuis leur extermination , vengeance lerofolymitainc iufques à prefcnt,ilz n’ont iamais eu lieu de certaine habitatiô fur la face delà Terré, ains ont toufiours efté vagans,difpcrfez amp;nbsp;dechaflez Juifs abomi- de Region en autre . Et encores au iourd’huy en quel-labiés a tou- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;m gt;
tes nations amp;nbsp;que Region , qu OU les permette demeurer loubz tribut «ttTura?' font toufiours en abomination douant Dieu, amp;nbsp;les hommes, amp;nbsp;beaucoup plus perfecutez des Turcs, qui parde-rifionlcs appellent Chifont,que de toute autre nation.' Comme ceulx qui les ont en fi grad dcfdaing amp;nbsp;mefpriJ» que pour rien ne voudroyent manger en leur compagnie) ny moins eipoufer vne femme ou fille luifuc, combien mftke'Tquot;”!) Q^e fouuent fe marient auecq des Chreftiennes, kfqacllô 'Turc eft pet- ßz permettët viureen leur Loy : amp;nbsp;ont plaifir dcmâgeramp; mifc vxure en nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r 1
faloy. conuerier auecq les Chrcftiens . Qtu pis elr, h vn lu» ^ifanThom-fe vouloit faite Mufulman, il,ne feront reccu, que premier «neüuué. enlaiffant le ludaifine, ne feu fi faicl: Chreftien . Lesluiti qui habitent en Conftanrinoplc, Andnnople,Burfie,Sa-lonicque, Gallipoli, amp;nbsp;autres lieux de la domination du Grand Turc , font tous venus d’habits longs, comme»^ tamarquedesGrceqs amp;nbsp;autres Nations de Leuant, mais pour marque Juifs ed leTui ^ enfeigne de cognoiffance entre les autres, ill z portent Mnciaunc. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;n
le Tiilbât de couleur iaune jeeux qui demeurer en lIHc“^ Chio ( qui font en grand nombre foubs le tribut de 1^ Seigneu-
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Seigneurie) en lieu de Tulbant, portent vn grand bonnet decrédit, qu’aucuns appellent bonnet à Arbalefte,qui eft aufli de couleur iaune- Gcluy que i’ay depeint, eft vn de ceux qui portent vendre du drap par la Ville de Gonftan-
tinople.
•^*^ So
^iarebafti lut/'.
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Le H A P. XVII.
Es Armeniens conuerfentcommeeftrangers,cnTurc-«Juie amp;nbsp;en Grece, mefmement à Conftantinople, amp;nbsp;Fera, pour la plus part marchans,faifans grandes trafficques des marchadifesde Leuât, comme Camelots, Mocayars,Soyes, amp;nbsp;tapis de Surie. Les autres moins riches, font artifans,ou bien s’addonnent à la culture des iardins amp;nbsp;des vignes. Leurs veftemens font longs, comme ceux des Grecs amp;nbsp;au- ^^jj^^^f ^ hes Nations d’Orient : amp;nbsp;en tefte portent le Tulbant bleu, Atmeniens ed bigarré de blanc amp;nbsp;derouge. Par cequ’à nulz autres finon fc^jt’’**‘ iux Turcs, neft permis à porter le Tulbant 1 implement blanc.
RELIGION, ET MANIERE de'vittre Ancienne des K^rmeniens.
C H A P. X V 111.
An c i E H N Ê M E N T les Arméniens quant à leurs loix, wuûumes amp;nbsp;manière de viure, neftoyent de gueres diffe-Kns auxMcdes,Hy mefmement au faict de la Religion. Pont la plus part fuyvoycnt l’erreur des Perfans : Tontes-fois les Perfans adoroyët vne certaine Deefle, appellee Ta- J;^2otM** nais : à laquelle ilz edificrent en diners lieux plufieurs Tem- par les Arme; pies amp;nbsp;non feulement luy dedioyent les ferfs amp;nbsp;fernes, mais “*“‘ auQi les filles des plus nobles maifons :eftantleur Loy telle, qu’il failloit qu’elles s’expofaflent publiquement, amp;nbsp;par long tëps,à tous venans anant que fcmaricr,amp; ne fetronuoit nul, qui pour ceft efgard refulaft à les prendre en mariage. Pour Etenge fa-lequel coiurafter, dz faifoyent comme s enfuyt. L'Elpoux trader u ma-tailloir le bout de l’oreille droite àl’Efpoufee: amp;nbsp;rEIpouIêc “^'’ Uon mary celuy de la fcneftre:amp; par ce mutuel eöfentemSt fans aucune autre ceremonie eftoit entre eux con trade amp;
X ob ferne
-ocr page 356-25 t DESPEREGRINATIONS
obferué le mariage, amp;nbsp;publié deuanttous. Mais quand ik scrmentfoien vouloycnt faire quelque grand amp;nbsp;folennel ferment,ite pr^' / pL'^boire de noy ent du fang de leur dextre, amp;nbsp;en beuuoyent ance du vim üngr“’quot; ainfi qu’il eft efcrit an liure neufiefme de Valere le grand. le^'SwiMda lofephe an premier liurede l’antiquité des luifs,écrit quOtre Atracnieus. Alz d’A tam, fuft celiiy, qui premier donna la Loy amp;nbsp;manière
de viurc aux Armeniens,
MODERNE RELIGION âes t^rmeniens.
C H A P. X I X
Armeniens ^^Vant à kurEoy amp;nbsp;rcligioModerne, ilz fontChrediéS' côbien*’“tt-iit ayansleurEglifeamp;ceremonies à part,corne ont tousles au-ayent.cetem« tresnö Turcs: à tous lefquelz le grad Seigneur permet viurf »o“«*?*“quot;*** à leur arbitre amp;nbsp;liberté félon leur Loy amp;nbsp;Religion, enW plnUrX^n payant le Carach ou tribut d’vu ducat pourtefte tous les ans-C'««. AW“» Tourcsfois les ceremonies des Armeniens Chreftiens feut en Ethiopie,
amp; terres He bcjucoup différentes à celles deVEglife Romaine, amp;nbsp;plu^w cores à celles des Grecs. Par ce qu’au lieu d’vn PapeR®’ main, ou d’vn Patriarche Grec, ou bien d’vn Abîma chef^î
l’Eglife Ethiopienne,amp; terres de Prcte-Iean,ilz ont vn Catho* /Jc^Tfpiril licque Seigneur temporel amp;nbsp;fpirituel : auquel tant en Ecck* nieten Anne-jeugrenec^ qu’en temporelle luftice efgallctn®t rreitresArme obciflcnt. Lcuts Preftres font mariez félon la liberté J^ maïuz. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^^ ^^jj^ des Ethiopiens . Lefqnd2 en habit Ample fe monftrent modeftes,de port graues amp;nbsp;vénérables, eftans couronnez furie chef de tonfurcampîc-^ large , portans leurs cheueux à l’entour fort longs amp;nbsp;péquot;' dants, amp;nbsp;femblablement la barbe. Ilz celebrent leur ofc^
te, Atmeni- quafi à la mode de l’Eglife Latine, non routesfois en Latin» i-offi«dh™n ny en Grec : mais en leur langage Armenien,à fin d'elW en langue vui- ß^^j difficulté micuxcntcndus des aftiftans, qui leur refpot' ’ ^ * doit
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dent en la mefme langue vulgaire . Et quand ilz fe leuent pour ouyr l’Euangile, fe bayfent en la ioue en figue de paix amp;nbsp;reconciliation : amp;nbsp;font leur facrement, comme noz Preftres foubs la figure d’vnc petite hoftie, auec le calice de sacrement voirre ou de boys. Entre les feftes annuelles, ilz ne ccle- J?^*»* ^«^“ brent point la Natiuité de noftre Seionevr Iesvs home. Christ: mais au iour de l’A pparition font trefgrande fe-fteamp;folennité. Quant à la quaranteine,ilz l’obferuent amp;nbsp;ieufnent comme nous : mais en beaucoup plus grande amp;nbsp;Karefmepius edroide abftinence, non feulement de chair retreftre 5c poi- pSe^eTa“ dons ; mais auffi de toute autre fubftance,qui a eu vie, Ôc des nourriflantes ôc deleôtablesliqueursd’huille ôc de vin,n’v-finspourtoute nourriture,que de viandes fimplcs fansame, tomme herbes, fruits, legumages, ôc de quelques maigres potages. Vray eft que pour fe monftrerplus differens des Grecs leurs emulateurs, à certains iours de Vendredy man- Emulation, gent de la chair, ôc boiuent du vin ôc toute âultre viande amp;nbsp;breuuage qu’il leur plaift . Et entre tous les faints Apo-ftrcsderEglifeCatholicque,ilz tiennent Sain ft lacqueS le s. racquet ' maieurpour leur grand patron ôc protefteur. Leurs Eccle- SSi^ biftiques en façons de faire ôc apparence exterieure, demon-drentvne fort grande fanftimonie » deuotion, modeftie ôc fimplicitéde vie, tant en habits,façon ôc ornement de corps, qu’en gefte, poit Ôc manière de cheminer, f’ilz n’eftoyent fourrez d’vne trop grande ôc malheureufe hypocrifie. Car foubs tel deuot prétexté de fainfteté ôc religion,non feulemët
fans honte ny vergongne exercent l’vfure comme les feculiers : mais aufli f’addonnentà l’art Ma-gicque, ôc toutes autres fortes de dim-
nations, ôc Necromantics,totalement contraires à la
vraye ôc ChreRien-ne religion.
De
-ocr page 358-ZJÎ DES PEREGRINATIONS DE L’ARMENIE.
Pc H A P . XX.
O v R venir maintenant au païs Original des Arméniens: ilfantcntendrc,que l'Armenie eftvne region en Afie,ini-fi nommée Armenie du nom d’Armene, autrement did
Armenie ma- Theflàle,compagnon de lafon Theflalicn en fon expedition leur, auîourgt; Argonauticque. Eteftdiuifee en deux, à fçauoir en l’Arme* ra^üV''quot;'’ niemaieur,auiourd’huy didc Turcomanie: amp;nbsp;en la minent)
qui retient encor fon nom . En celle region eft le mont M. Araratau- (comme did iGdore) Ararat, autrement did le mont Got-montCordien dien,fur la fommité duquel demeura polèee ôé arreftee l’At-«'ia TauHc ehe de Noë, apres que le grand deluge fut cefle. Et par to Ara'^c flenne P^his d’Arménie pafle le fleuue Araxepar eux appelle Aiatb
’ amp;nbsp;au ni vnc grande partie des renommez He nue s Euphrates: utΔquot;* ^^ Tigre. L’Euphrate qui en langue Aflyricque fappf®quot;’ '^'*' Almachar,par fcs inondât ion s (comme le Nilfait en Egypte) rend le païs fertile amp;nbsp;abondant : aucanal amp;nbsp;decours duqi» fe treuvent plufieurs pierres precieufes de grand pris amp;nbsp;vi-leur.
Ptolomecaucincquicfmeliuredc fa Geographic,amp; Pat-Pic en fa tierce partie de la defeription d’Afie,confinentrAt* Bornes de menie en celle manière . Du collé de Septentrion elle a vn^ rArmenie. p^^ffie jg ]a Colchidc, auiourd’huy appellee Calpurtjd’Hib^' rie amp;nbsp;d’Albanie. Del’OccidentcUe a le grandcoursdn^'^^ Euphrates. Lequel à main dextre laifle la Cappadoce,l sV menie mineur, la Syrie, Comagene amp;nbsp;vers PEuxine les mót® Mofquiccs. De 1’0tient elle termine à vue partie de la M^' d’Hircanie amp;nbsp;delaMcdie : vers laquelle s’cflcucnt lesmotiW Cafpicns, amp;nbsp;du coftéduMidyellea la Melbpotamieamp;bh flyrie.Les monts plus célébrés de rArmenic,lbnt IcsMof^quot;' p^df^du“ ces:lcfquelz fe haullent à la Cappadoce fur la partie duM ^uei fourdent le Periadc,auqucl font les fources de l’Euphratcs amp;nbsp;de lAt^ Max^l^d- xes, l’Antitaurc, lequel eftmiparty de l’Euphrate, amp;nbsp;court P’' ““'• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;la Medie amp;nbsp;Armenie,amp; àlafindefoncours,eftappeléAlb^^
-ocr page 359-ORIENT ALES LIVREIITI. 254 leCordiquc,duquelnaiftleTigre,amp;seftcndiufqucsau pa.au^^dSÄ ludTofpie,le Taur, amp;nbsp;le Niphantc : qui diuifent la Mefopo- ^.'gt;quot;^y““'* tîmie amp;rAffyriedes Armeniens,les Cafpiens qui déclinent îuxMedes,amp; lesCaucafes qui concluent les parties Septentrionales,vers Iberie amp;nbsp;Albanie.
Q^antauxfleuues plus renommez derArmenie,les quatre principaux font ceux, qui s’enfuyvent • Cyrc, lequel nai-fl'““=cyr^ liant du mot Caucafe,laifle à la feneftreVIberie amp;nbsp;Albanie, amp;nbsp;de la dextre l’Arménie, amp;nbsp;va tomber en la merHircanie. VAraxe(lequelcommenous auons dia) tombant du mont Auxe. Îeriade prend fon cours bien auant en l’Orient puis ployé au Septentrion, amp;nbsp;ayant faift long voyage fediuife en deux Hues ; dontl’vn tient le chemin Boréal, amp;nbsp;tombe au Cyre: ^l'autre vers Orient s’en va letter dans la Mer Cafpie. L’Eu-EupUtate. phtate,quifortdu mefmeMont, vers Occident court iuf-tiuesauxmonts Mofquices amp;nbsp;aux confins de Cappadoce: amp;nbsp;delà faia fon cours allez long vers Midy ; amp;nbsp;retournant à l’Antitaure,lefendauprezde la petite Armenie ;Puis allant le droit chemina Midyrecueilt le fleune Mêla, qui tombe du mont Ârga : puis tranchant en deuxleTaur,lameadextre UefeenUamdu 11 Syrie, amp;nbsp;à la fenefire la Mefopotamie,amp; s’eftëd iufques à ‘*'”‘* ^'^“’ l’ArableDeferte ; amp;nbsp;apres anoir faiftlong difeouts vers Mt-
1 dy,5ctendantdercchef en Odent amp;nbsp;Septentrion,fepareBa-
1 nbsp;nbsp;nbsp;^lou de Mefopotamie : amp;nbsp;de nouveau retournant à l’Au-
1 rote,non loing de Seleucie ployé au Midy, amp;nbsp;faid grand
1 touts auprez d’Apamie ; puis coûtant vue autre fois à 1’0-
, i tient,(e mefie auee le Tigre •. qui femblablcment prend fon Ti,„,
1 origine en Armenie du mont Cordique, 6c tendant auee luy
' \ auUiiy entre auGoulphePcrfique . Les plus celebrees Ci-
1 nbsp;nbsp;nbsp;tw de y Armenie mineur félon Pline en *fon liure fixiefme,
1 tbapitte neufiefme font Cefarce, Aza 6cNicopoït ; 6c de la c. Gerat« ’^. Uaieut, Atfamote que Ptolomec appelle Arfamofate pro- v^Anâmou-^. «Wne a l’Euphrate, 6c au Tigre,Carcathiocette ; Es mon- quot;à^ç^viocet-iignesefiTigtanocerte, Ôc en la plaine prez le fteuue Araxe, teAlyaaovet
» nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;X 3 Attaxe-quot;’
-ocr page 360-255 DES PEREGRINATIONS
Attaxete. Attaxctc. Ptolomcc en met beaucoup d’autres que ic délai-fie en arriéré poureuiter prolixité. Seulemet iediray, que pour leiourd’huyl’Arménie maieurtient le premierlieuen-tre les terres du Sophy, commeeftant anoblye de fa Royallc Tauris ou ViUe je Tau ri S ou Terua, comme en eft autheur Ptolomcc: Tcrua Royal-
le ville duso. OU Comme il femblc à aucuns Hebricux fort expérimentez es ligues amp;nbsp;alTietfes des regiôs,la fameufe amp;nbsp;ancicnnecité de Sufe. Maisquant à l’Arménie mineur,la plus .
grand part d’icelle eft maintenant foubs le lt;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iougamp; domination dugrandTurc: .
amp; l’Armenie maieur eft foubs
la puiHanccdu Sophy Roy des Per-fans.
«SS* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
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I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;DES RAGVSINS.
Le H A V • XXI.
Es Ragnfms vniuerfeUement font riches, pour autant ^^ ^^^ ^^ . qu’ilz font fort auares,n’applicans à nulle autre chofe tant che«amp; rup«*' i but efprit qu’àla lucratiue de marchandife, amp;nbsp;à faire argent ‘^’ S contant. Outre ce iU font de nature fi fuperbcs,qu’ilz ne-I ftiment eftre fçauoir,ny noblefle plus grande en aucune na-I fion, qu’en la leur. Et à parler félon la vraye vérité, ilz me-\ titent trefgrande louange. Veuqu’eftant la fituationde leur I Ville en lieu fi afpre, amp;nbsp;de fi eftroicte eftendue, auec leur feu-\ kvertu amp;nbsp;induftrie, voire quafi en defpit de nature, ilz ont
1 ounert le chemin à toutes comoditez neceffaires. Les habits mviM a« Il nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;r nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;X 1 T nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ragunni, 1 4es hommes font telz, que aucuns le veltet a la Vénitienne, 1 Je les autres à la manière, que vous voyez pat les figures 1 fuyvantes ; à fçauoir les marchans amp;nbsp;les hommes mechani-• que s, comme font les Tantes porteurs de lettres, que nous j appelions meffagers; qui porter les defpefehes ordinaires de 1 Kaoufea Cônftantinople, amp;nbsp;de Confiant inople à Ragufe, ^ tant des Ambaffadeurs de Trance, que des Bailles des Veni-1 tiens ôtîlorentins.Leur plus communlangage,efi Efclauon: \ vtay eft qu’ilz parlent aufii vn certain Italie corrompu, en-l cotes plus golfe, que c eluy des Vénitien s.
1 Leurs femmes ne font gueres belles, amp;nbsp;s’habillent affcz Habitue* a mal proprement, portans ordinairement vn ornement de ^Sî«?**** I teftee(leuéencoqueluche,faiâ;e de finetoiUe de lin . Mais 1 ksfemmes nobles le portent de foye blanche, ayans leurs A chauffes auallee s iufques aux talions. Elles fottent peu fou* l nenihors de leur maifon: mais volontiers apparoiffent
1 aux fenefires pour regarder les paffans. Qu^t
1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;aux filles elles (ont tenues tant re-l nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;(et rees 9 qu on ne les V oit l nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;aucunement.
\ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;V
\ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;X 5 PoLics
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258
POLICE ET^GOVVERNEMENT
des Ragußfis^. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gt;
C H A P. XX I 1.
^ Aciftocratie
Vn Pteddenc mcnllrual.
Douze Con-feilUers »
Cent des plus anciens bout-geois ciennenc certain confeil.
Tribut de douze rail ducats fe paye au Turc par les Ragu/îus.
JL'Estât policicque des Raguhns eft AriftocratiC) 0quot; Republicque gouvernée par les Seigneurs. De laquelle c-crée tous les mois vn Prefident qui demeure au palais»amp; douze Confeilliers defquclz la congregation eft appeliez^’ Pregai ou Pregadi,auquel entrent centou dauantagc desj^ anciens de la,Cité.. Et outre les deux fufdids, ilz ont di' uantage le grand confeil, ou affiftent tous les noblcsûC l'aage de vingt ans en delTus. Ilz font tributaires au grand Turc de douze mille ducats : amp;nbsp;obligez de les luy en-noyer chacune annee auec deuxOrateursàCon-ftantinople, oula
fera.
ijl/trt^
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DE LA CITE DE
Ragufe. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;»
RCHAP. XXIII.
A G v s E (que Ptolomec appelle Epidaurc)eft Cité fort ancienne amp;nbsp;noble, ores que celle qui eft à prefent appellee cnnemenc E^i Ragu(é,n’eft pas l’antique. Car elle fiift deflruiéle parles Goths : ainsdes ruines d’icclle.fuft par les habitansconftrui- , de la moderne Ragufe à dix mille pas de l’antique, qui à prefent cft peu habitee . Mais la nouvelle en cft d’autant plus ftequêtceamp; mieux peuplee, edifice en tresbeUefituation furie bord de la mcrHadriatique,eftant neantmoinsdans leconti-ncntdela Dalmatie. Le port y cft fort petit amp;nbsp;taief à main d’homme, comme pareillement cft fou mole. De la partie deffus y a vn mont de grande haulteur amp;nbsp;afperiré : au pied duquel la Cité eft affife amp;nbsp;fondée. Elle eft fort fubiede aux vents amp;nbsp;tremblement de terre : amp;nbsp;fi en temps d’hyucril y fait wcelfiuement froid . Il y a plufienrs fontaines prenans leurs fonrees des prochaines montagnes,l’eau defquelles eft d’excellente doulceur amp;nbsp;falubrité à boire. A la diftance d’vri mile delacité y a vn beau amp;nbsp;deledable lieu appellé Grauofa, ha- ^“^f*»“** bité tout le lôg de maifons edifices par trelbelle amp;nbsp;ingenieu- ’ fearchiteftnre : accompagnées de plufienrs iardins de plai-fance plantez d’Orengiers,Citres,Limons amp;nbsp;autres excellens arbres fruitiers de diuerfes fortes : qui en nulle faifon de l’an-quot;ee n’y défaillent. Aufti fe voyent la plufienrs belles amp;nbsp;clercs fontainesdiuinemêtefiabonrees:qne parcoduids amp;canaulx
ilz font decouler on bon leur fcmble. Et eft ce beau lieu
de Grauofa fur le bord de la Mer,qni en ceft en
droit faidvn Goulphe contourné en façon d’vn port,fort plaifant
amp; capable à y receuoir
cent galle- - .
rcs.
Discriptio»
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Î02
PESCRIPTIONaDE LA
Thrace.
CHAP. XXIIII.
Thrace and- HftAC B qui fuft premièrement appellee Perea, amp;(I^' «Tschyquot;hom P^^5 Scithon,eft vne prouince en Europe fnombrec cnO^ les Regions de Scythie) tref-amplc amp;nbsp;de grande eftendo^' mais de manuailè têpcraturc,pour y eftre Vair mal fain Sp*” falubre, amp;nbsp;1c terroir allez infertile, fi ce n’eft en la partie pl''’ , proche delà Mer. Elle fuft nommee Thrace dunom de P'' diaè°Thta«. r^s filz de laphet, on bien félon auctins , de Thrax filz*^' Mars : amp;nbsp;pour celle raifon (qui femble eftre la plus appât’’'' te) fuft par Euripide appellee maifon de Mars : pour kio^' Thrace a pre- d’huy elle s’appelle Romanic,amp; fe diuilè en deux parties 1'' fentRomanie ^gdcßfucUcs,eftfimplcmct Thrace: amp;nbsp;l’autre ThraceÖ^';
fonde. Du collé d’Orient, elle confine la Mer d’Euxin^^ Thn«.''quot;* ^' la Propontidc : du Midy la Mer Egee, le fleune SrrymoBi prelent Redino, amp;nbsp;la campagne Macédonienne ; du Sept^J' trion, le fleuue Iftre, qui eft le Danube ou Danoè:lt;^^ fOccidêr, les nions de la Pconic,partie de la Pannonif,’* le fienue delà Sauc, ainfi que Pline amp;nbsp;Strabon Font efedp'' Lefquelz afferment la Thrace eftre dinifee par le mont Bn’^' Triba^«quot;'‘ ^ les TribaUes, Dardan es (gens fiers amp;nbsp;fuperbes) amp;nbsp;Myfi^quot;’ Daidane». habitct là Thrace ; Mais les Triballes poflédoyent lapâf^ Radians à pre à ptcfcnt tenue par les Râllians,que nousdifons Scru»«'* fent serufans. Après Ics TribaUes fe dilatent les Myfiens,qui font les B“ ment Buiga- garcs, de rOrient iniques à la Mer Enxine:amp; habitent eni Romanic, Iftrc amp;le mont Eme. Ce qui s’eftend au Midy le longj | Fieuue Bathi- j^ coftcdc 11 Mct iufqucs à rHcllefpont,eft ce,que l'on ipr Âchyras, le pour le iourd’huy Romanie. Les fleuues deThracei” ] Atzüsvulgai» — ' , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. t/phS) | ment chiarc-Bathime, Athyras, Arzus vulgairement Chiarclich, W”* Mda^. duquel prend le nom le GoulpheMela autrement Goolp*!‘
deCâf i
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de Caridie ; Hebrus à prefent Marizza ou Valiza, Nefus ou nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I
Nefte amp;nbsp;Strymon. Mais les plus fameux font les trois der- «»«candie. ■
Hebrus, autre
nicrs, Des monts plus renommez vous aviez £me,qui fepa- ment Maux-teles Thraciens des TribaUes, lequel a eftépar aucuns appela “k’efus.stry. ■ lé chaine du Monde, Rhodope ainfi nommé de Rhodope4 Royne de Thrace : duquel fourdent les fleuucs Nefte amp;nbsp;He- ^^'’^‘»'= lt;1“ “* bus, amp;nbsp;le mot Orbel fort célébré pour le facrifice du pereBac Rhodope.
chus amp;nbsp;par la cÔgregation des Menades foubs la conduite
du Poète Orphee. Entre ces mots Eme eft de telle hauteur ta hauMut da
que de la fommité d'icelluy (laquelle ainfi que recite Pline, muk' ' ‘*
eft de fix mille pas) fe voit la Mer Euxine. Il y a puis le mont
Athos, des Latins Monte Santo ; à caufe qu’il eft tout habité Athos, autre- H de Caloicres Grecs ; qui font ( comme fort curieufement l'auto,poulies «fait maiftre Pierre Bellon en fes obferuations) en nombre J*^*““ '“
de eineq à fix mille : amp;nbsp;ont de vingt amp;nbsp;trois à vingt amp;nbsp;qua-
1 tte monaftercs tous bien fortifiez, à fin de n’eftre moleftez
1 nbsp;des Courfaires amp;nbsp;Pirates de Mer, amp;nbsp;tous ccfdits Caloieres nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;« l nbsp;viuent foubsl’obeiffance du Patriarche de Conftantinople. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;U 1 Lemont Athos eft fi haut, qu’on le voitfurpaffer les nuces:
1 tellemêt queplufieurs ont eferit, que lors que le Soleil luyt, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;M . 1 nbsp;fou ombre fe dilate amp;nbsp;eftend iufques à 1’1 fle de Lemnos à nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fl ! l nbsp;Çtefët nommée Stalimene ; cftant la diftance de l’vn à Vau- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fl ,1 nbsp;ttedefeptantemille pas. Toutesfois Xerxes ce grand Roy ^^^'«“J“‘ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fl , 1 nbsp;dePetfe lors qu’ilaUa contre les Grecs, feit tailler lediétmont parue du mis nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fl A daeoftequ il eftoit conioincf à la terre ferme,faifant paffet ^‘‘“*’
A h M« au deflbubs en telle forte, que facilement à l’entour le
A Kàitnauigable.LesThraces ainfiquaeferit Hérodote enfon
A bue feptiefme, ont le chemin ,par ou mena Xerxes fon ar-
A uiee en telle reuetence que iamais depuis ne l’ont voulu la-
A homemy ferner. Plutarque en la vie du grand Alexandre, Ingenieure en-
A bld mention d’vu certain Staficrates maiftre ingénieux,k- ”^‘^^^
0 Wlcftantmandé douantkdici Alexandre,luy propofaqueindrepat su-^ i ^ffonpiaifir eftoit, il fer oit tailler en figure humaine le mont c^“quot;”-l\ A^doSjÇattei artSc induftrie que de fa main foneftredk
y nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;X fouftien-
-ocr page 372-364 DES PEREGRINATIONS fouftiendroit vne Gité habitable de dix mille perfonnes:amp; de la dextre verferoit vu grand fieuue, qui iroit tomber dans la Mer: Mais Alexandrel’ayant prins pour rifee, n’y voulut entendre. Quant aux citez de Thrace, les printipalesamp;plu5 c. Biiia. nbsp;nbsp;nbsp;anciënes font Bizia, iadis forterelTedes Roys de Thrace,niais
odieufe aux Arondelles pour le deteftable péché de Teref-Phinopolis. Phinopolis,Cornubyzance à prefentPera ou Galata : amp;nbsp;By «“w«mœquot;' zance. maintenant Conftantinoplefituee auBofphore ThO’ cien ( dcfquclles i’ay par cy deuant faieb particulière defUquot; Hantinopic.^j ption.) Vous aucz puis Opifine au pied du mont Eine, Valia. Otcclis. la, Orcelis,Tonzus,Caliba,Nicopoli,Oftamphus, Arzus,Car S^Nkopoih' pudcmon,Bergula,à prefent Bergas: Plotinopolis,Drufîparai odainphus, Selimbria, autrement Selions,ouSelomhria. PerintheouHt' demon. Ber radee. Au Propontidc,Pralide, Terta, Peneropolis au pita le'rg^s^p'iot'i- du mont Rhodope, amp;nbsp;depuis de fon fondateur PhilipopoU’ fip«a.quot;se°ml amp;nbsp;finalement Adrianopolis : que ie ne puis paffer fans la o»H«ad«'defcrire,pourceque legrand Seigneury faid fouuentû Prafide. Ter- demeure.
ta Fencropo-Hs. Adriana-
P’“*- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;DE LA CITE
C H A P. XX V.
Andrinoplc an ciennement Adrianopolis. Straconicic.
OdryCus, Tri-muntium an-cienncinenc.
Sttuaciôd’An diinoplc.
Sarail édifie par Sultan Se-bm.
j^Vd RiANOPOLis, qui fil fi iadis nommee Stratoniot) Odryfus amp;nbsp;Trimuntium,vulgairement Andcrnople,Andct-nopoli ou Andrinople, eftoit Cité trefample amp;nbsp;belle, ainfi que l’on peut vcoir par fes anciennes murailles. Sa fituatio® eften plaine: mais à l’entour elle a plufieurs fertiles collines-Toutes les maifons, excepté les anciennes Eglifes des Chtc-ftiens, amp;nbsp;les Mofquees amp;nbsp;bains des Turcs, font bafties à B Turquefque, de bois, craye amp;nbsp;terre. Sultan Selim y fit édifier pour fa demeure vn trefbeau amp;nbsp;fomptueUx Sarail,?-” ce que c’eftoit le lieu,ou il habitoit la plus part du temps: com®'
-ocr page 373-ORIENT ALES LIVKE im. 26s
commefaià auffi Sultan Solyman à prefent regnat, mefine-incnt en hyner pour la commodité delà ehafle,à laquelle il Ce ddefte grandement. 11 y a encores vn autre Sarail pour la de- saraiidcjAM meure des Azamoglans ou laniflerots. Mais le plus beau amp;nbsp;“°® plus fiipeibeedifice de tous, eftla Mofquee de Sultan A mu- Morquee runt. A l’vnc des entrees de la Cité, l’on paffe par deffus vn P“^/^^**“. grand pont depierre,qui a fes coudieresde Marbrefort hau- mùiau'^“ tes: amp;nbsp;à I’vbWcs coftez d’icelluy corne auffi auprez du Sa-nilpafle le fleuue Hebrus, vulgairement appelle Marizza: amp;nbsp;lt;nbsp;del'autre cofté,leTuns,lcfquelz fleuuesparletournoyement de leurs cours ontfaiét auprez delà Citéplufieurs belles petites Ifles,non moins plaifantes que trefproffitables, pour eftre accommodées amp;nbsp;cultiuees en treibeaux vergers ( pleins de toutes fortes d’excellens arbres fruitiers) amp;nbsp;délicieux iardi-f^ges. La Cité eft peuplee de grand nombre de Chreftien s prees, qui là ont leur Metropoli. Lefquelz apres auoir perdu b liberté Je voyans deftituez amp;nbsp;depoffedez de tout pouuoir amp;nbsp;auoir, fe font là retirez, les vus pour s’addonner à quelque traindemarchädifeou art mechanique:amp; les autres aufquelz demeuré quelque peu de moyen, fepaiffent feulement de
£ empire de leur ancienne grandeur. Il y a pareillement in-uuizluifstrefriches amp;nbsp;fort grands trafficqueurs,foit en mar-^handife, ou d’argent cótant,pour bailler à greffe amp;nbsp;exceffiue t'fure. Mais beaucoup plus y eft grand le nombre des Turcs ^ fpeciallement d’excellens artifans , qui eft la caufc que la Cité abonde en toutes fortes de marchandifes amp;nbsp;beaux ou-tttages defeUes brides amp;nbsp;tous autres fournimens de cheuaux, ^uilàfe font en toutebeauté amp;nbsp;perfection ; pareillement les ^oes efguilles damafquinees, amp;nbsp;les beaux Marroquins amp;nbsp;cor Efgunie». rouans de toutes fortes de couleurs trefviues, eftranges amp;nbsp;diueifes fur tous les autres lieux du monde.
Quant à la manière des habits des habitans,i’ay cy aprez ’tprefenté les pourtraids au vif par ordre d’vne femme d’état Grecque, d’vue Turque de moyen eftat amp;nbsp;d’vne fille de Y 2 ioye
-ocr page 374-î66 DES PEREGRINATIONS
ioye ou paillarde publicque f dont non feulement la Cite» mais tout le païs en eft allez abondant amp;nbsp;bien peuplé.) Cai quant aux hommes Turcs, luifs ou Chreftiens, il font veftuJ à la mefme manière de ceux de Conftantinople, amp;nbsp;autres Villes de la Thrace amp;nbsp;la Grece. Retournant maintenant à nozpremieres erres de Geographic, vous auez aufli en celle Trabnopou, Région Traianopoli, Apri : Bizanta, modernement Rode-Byzanca, au* fto ou Rodefte: mais félon Pline Machrontique, Partya, Ly-dX?' ^’' fimachie, laquelle eft fituee au pied du grand Cherfonefet Machronti- Jans lequcI eft Gallipoli edifiee par Gains Caligula: Maditus Banya. nbsp;nbsp;nbsp;à prefent May thon, abondâte en trelbons vins: Sefte à l’en-
ch«îoneie.‘ Contre d’Abyde, Cretee amp;-le port Cele, on fuft combatu en Madyt°u's‘ au- gel erre nauale entre les Athéniens amp;nbsp;les Lacédémoniens,an-thur’'*^^^ ^^’^'^^æ^ femonftrêt encores les enfeignes de la ruyneLate-sdte.’ Cretee. demonienne. Là fe tronue de rechef Cinoflème fcpultm® cinoflem«. d’Hecuba, puis Helle, qui eft la fin de VHelkfpont, amp;nbsp;pareil-Maitucc?'””' Is-'t^ët le lieu ou Xerxes feit faire vn pot pour paffer fon armee d’Afie en Grece.Làeft anfti le promôtoire Mafiucc,amp; le fleU' ’^''Aphwlfe. ueEgec, memorable pour le naufrage des Atheuics.Puis if* cipfeiie.Aene tournant dedans la terre Aphrodife, dpfèlle, autrement treaicnc Tria- Capfilar, auquel lieu fe tire grand’quantité de fin alun: Aene petgame. Ni- cdificc par Acucas au temps de fa fuitte aprez la riiyne de K PoiyiHo'' Troye : Sardique, à prefent Triadizze : Pergame,Nicopolis, Eue. Fifique. Abdere,ou Polyftilo, on print naiffance le philofophe De-pwjpamïu. mocrite.EnecitéIibrc,enlaquellefuft crigee lafepulturede K?phHippL° Poüdore. Fifiqne,Dyme, Marogne, Pan talie, Topiris,Gazo-°*uiquot;chri'tequot; regt;Philippi, Oefîne, Neapolis,qui encores s’appelle Chrifto-^«“'stagna polis : amp;nbsp;Stagyra patrie du grand Ariftote.Puis au commen-meSat J,° cement des rines Pontiques, ou le fléune Iftre entre clans b «dee Bbone' Alcr, fout plufieurs antres belles citez, comme l’Iftropolis des Milefiens Tome, Celatin, ou Acernete, Heraclee, amp;nbsp;Bizone, qui fut engloutie par vn tremblement de terre, à l’entour des Doiif^ucs Venues Mêla, amp;nbsp;Hebrus fontles Cicones:amp; de làplusauant, les Dorifques, qui eft le lieu ou Xerxes nepouuant nombrer fon
-ocr page 375-ORIENTALES LIVRE IIII. 267 fon armee, mefura le circuit de la terre qu’ilz occupoyent: Aprez fe treuuele promontoire Sertie, auquel lieu chantant ^'h^®*’ 0rphee,parla refonnance amp;nbsp;Harmonie de fa voix amp;nbsp;de fa Lyre efmouuoit les arbres amp;nbsp;les beftes à 1 efcouter.Plus auant
la cite'Tinde, ou print naiffance ce cruel Diomedes, qui rinde, pour fon inhumaine cruauté faifoit manger à certains fiens chenaux cruelz la chair des eftrâgers,qui par malauenture tô-hoyent entre fes mains. Mais en fin luy mefmefuft deuoré fftant vaincu par Hercules, amp;nbsp;ietté deuantfès chenaux. Entre le fleuue Strymon amp;nbsp;lemont Athos eft la tour Calarnee, TourcaUt-amp; le port Crapule, la cité Acanthe, amp;nbsp;Oefine: amp;nbsp;entre
Athos amp;nbsp;PaUene Cleone amp;nbsp;Olinthe, Voila quant à la de- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'^'quot;
feription de la Thrace : maintenant refte à traitter Olinthe, des Loix, Moeurs, Religion amp;nbsp;manière de viure ancienne amp;nbsp;moderne
des Thra-ciens.
lt;oÇêo
' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Z 3 JFemfM
HTÇV
-ocr page 376- -ocr page 377-t ij/'cajue ae ville de Tbrace.
ORIENTALES LIVRE IIII. 271
M OE V R S, L O YX, RELIGION, (^ manière de 'viare ancienne des
Thraces.
C H AP. XXVI.
tls n o o 0 T ï pere des Hiftoires en fon cinquième liurc, did la nation des Thraces eftre aprez les Indies la plus stade de tous les pais de la terre 'amp; que fi elle eftoitgouuerneepar «•«» auoyem vufeulchef,elle feroit inuincible,oubiëqu’ilz s’accordaient'^” entre eux ; mais qu’il feroit difficile deles réduire à ce point, ht ce que de tout temps ilz ont edé edimez entre les autres peuples de l’Europe les plus cruelz, malins amp;nbsp;inhumains: eda venant de leur nature, à caufe que partie d’eux font Vrays Grecs,amp; l’autre partie font defeendusdes Scythes peuple fort barbare. Ilz ont les yeuxpers,le regard furieux, amp;nbsp;le fon de la voix efpouuentable, excedans tous autres en grandeur corporelle amp;nbsp;force de membres: amp;nbsp;font de tref-statures cat longue vie. Leur coudumeedoit de vendre leurs enfans nXes. '* pourcftretranlportezça amp;nbsp;là aux nations edranges ; amp;nbsp;per-XbXjX'* mettoyët à leurs filles de s’abbadonner,amp; auoirla côpagnie detelzhommes, que bon leur fembloit, ou de ccluy qui premier les prioit. Mais quant à leurs femmes efpoufces,clles eftoyentpareux foigneufement gardées : amp;nbsp;la raifon, par ce cnoycnt icy qu’ilz les achetoyent à grand pris de leurs peres amp;nbsp;meres nomméement les plus belles,Iciquclles edans vue fois appréciées,nul n’edoit admis ny receii à les efpoufer,que premier neuftpayéle pris,auquel elles edoyent edimees. Et au contraire celles qui edoyent defpourueues de beauté edoyent contraindes de donner grands prefens à ceux, qui les vou-loyent efpoufer. Entre eux edoitedimé choie belle, amp;nbsp;no-Wed’auoir le front digmatizé : amp;nbsp;ne l’auoir point, à grand Marques a» nontc amp;nbsp;villennie.Parcillement auoyent à grand honneur amp;nbsp;louable vie de viure fans rien faire en toute oyfiueté,ou bien oyfiu«é, de
-ocr page 384-272 DES PEREGRINATIONS de larrecin amp;nbsp;rapine : amp;nbsp;à grand vitupéré amp;nbsp;déshonneur is labourer la terre, ou faire quelque autre artruftique.Plufieurs d’entre eux, qui ne fçauoyent, que c’eftoit que de boire vin, auoyent vne couftume de tournoyer en prenant leur repas, [ à l’entour d’vu grand feu, fur le brafier duquel iiziettoyent Fumet eny- vne Certaine femenee , de laquelle la fuinee eftoit fi vio* lente, qu’incontinent les rend oit fi hebetez,qu’ilz fembloyc* proprement eftre yures, amp;nbsp;hors du fens : amp;nbsp;à telles folies prenoyent fingulier plaifir amp;nbsp;pafle-temps.
ANCIENNE OPINION des Thraces, fur rim/ft^rtaUsé de l’Âme.
C H A P. XXVII.
Opinion diuer nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;V A N T au mourir l’opinion d’entre les Thraces
uX grandement diuerfe. Car les vfis penfoyent qu’eftant l’An^ feparee du corps, fubit rentroit dans vn autre, ou bien ne retournoit pour cela ne mouroit elle pas, mais paffois * vne autre vie beaucoup plus doulce amp;nbsp;plus heureufequ«® premiere. Les autres auec grande pertinacité atfermoyf*’'’ que l’Ame mouroit auec le corps : mais que telle mort eM meilleure qu’vne vie pleine d’amertume amp;nbsp;perplexité. E^^ Traufeipteu- ccftc caufe Ics Traufes peuple de Thrace à la naiflance“’ Mnuneldis leurs enfans lamentoyent auec cris, pleurs amp;nbsp;gemiflh»^ folgern lu leurvenue, racontans auec grand’ commiferation les JH“^’ «on’ res, trauaux amp;nbsp;calamitez, qu’ilz auroyent à fupporter en miferable monde, durant le petit cours de leur vie. Es’ , contraire venant quelqu’vn d’eux à mourir, le conduiwy , à la fepulturc auec toutes fortes de ieux,feftes Sc elbatemequot;^ tecitansamp; chantans tous enfemble les maux, tourinenJ, aduerfitez ; defquelz par le tribut de la mort il eftoit delins^' Carainfique l’homme eft né delà femme en douleur* ango»*
-ocr page 385-ORIENTALES LIVRE IIÏL 273 angoiffe,au(nvit ilenmifere amp;nbsp;calamité,achcuant le cours de fes jours. Et par ce qu’ilz auoyent plufieurs femmes, ve- oifeord entre fiant aucun d’eux à mourir, elles entroyent eu grand difcord ^«‘^quot;mo« ksvnes auec les autres, pour fçauoir laquelle auoit eftéla ^quot;quot;^„quot;^quot;g“' gt;fiieux aymee, amp;nbsp;celle à laquelle tel honneur auoit efté adiU' gé,eftoit de tous grandement honnoree: puis eftant parles plusproches parens conduire à la fep.ulture de fon mary ve-ftue amp;nbsp;ornée defes plus riches habits, là eftoit affommee amp;nbsp;tnléiielie auprès de luy. Et quant aux autres femmes, elles demeuroyent tout le refte de leur vie,auec tel dueil amp;nbsp;dcfplai-fit) que s’il leur eftoit aduenu quelque grande mefauenture. Wais quand il eftoit queftiori d’inhumer les plus nobles, le ^orps eftoit porté trois iours durant par la ville, en facrifiant toutes fortes de beftes : puis aprez auoir faid vn grand fe-ftin,mettoyent le corps en cendres : ôc cela faiét dreflbyent toutes fortes de combats amp;nbsp;tournois en l’honneur du tref-paflé. Qiunt les Thraces entendoyent tonner ou efclairer, •ficontinent tiroyent deleurs flèches contre le ciel, en menaçant leur Dieu. Car ilzpenfoyent qu’il n’y auoit Dieu, que k leur ; qui eftoit Zamolxis,lequel fuft le premier,qui leur in- zamoubdi« ftituades loix pour les induire à ciuilité, telles qu’il les auoit Thuce«. Veues chez les Ioniens, eftant à la fuytte du philofophe Pythagoras, duquel il auoit efté difciple. Toutesfoisfl ado-toyent ilz communément Mars,Bacchus, amp;nbsp;Diane :amp; iu-toyent par le feul nom de Mercure. Lequel ilz auoyent en ttefgtand honneur amp;nbsp;reuerence, par ce qu’ilz s’eftimoyent ohredefeendus de luy. Leurs Roys cftoyentefleuzpar laRoyseneuj Voix du peuple, amp;nbsp;non par la nobleflé:amp; fur tout auoyent P’'te peuple. Digard,qu’il fuft meur d’aàge,de bonne vie amp;nbsp;preud’hom-tfiie, amp;nbsp;qu’il n’euft nulz enfans, de peur qu’en fin le Royau-tfio ne fe rendift hereditaire . Pareillement ne luy laiflbyent puilTance abfolue de cômander. Car ilz luy bailloyent qua-tante Confeilliers pourlegouuerner : à eequ’eftantqueftion
la mort d’vu criminel ou de plufieurs, luy feul n’euft la puiflance
-ocr page 386-374 DES PEREGRINATIONS
puiflànce de le iuger amp;nbsp;condamner. Et fi par fortune leut mefme Roy fuft trouné amp;nbsp;attaint: amp;nbsp;conuaincu de crime capital, fans auoir efgard à fa dignité eftoit puny de mort) comme perfonnc prince,non toutesfois par execution manuelle : mais ilz luy interdifoyent l’vfage de toutes fortes de viandes, amp;nbsp;par ainfi eftoit contraint de mourir mal* heureufement de
faim.
Ancibu*
-ocr page 387-OR IE N T A L E s L I V R E IIII. Z7S
ANCIENNES ARMES des Thraees.
CHAP. XXVIII.
Lo R s que le Roy baire menoit la guerre aux Thraees, üz vfoyent des armes qui enfuyuenr. Leur armer de tefle dloitfaicl: de peau de Renard : amp;nbsp;par deffus leurs veftemens portoyent hocquerons, amp;nbsp;faifoyent leurs chauflèures des peauxdeieunes cheureaux : ilz portoyent dards , pauois amp;nbsp;Thraeesrevü. petispoignards :amp; auecgrande dextérité tiroyent del’arc,amp; fcvaiitoyentd en eftre les premiers inuenteurs.Ceux qui de- »i«. ßieuroyenten Afie, portoyent pour leurs armes, petis efeus couverts de cuir deBoeuf, auec deux efpieux dechaffe : amp;nbsp;en htefte anoyent falades de cuyure,amp; an delTus des cornes, comme celles des Boeufs, amp;nbsp;aux ianibes en lieu de greucs acérées,portoyent feultre rouge . Voila ce qu’en eferit Hérodote en fon liure feptiefme. Leur langage eftoit commun auec celuy des Scythes Mais pour le iourd’huy leur parler, leurs habits, religion, manière de viure, miferablc calamité, Thraees a pre.
amp; feruitude eft conforme amp;nbsp;participe auec les autres au Turc.
Grecs, qui font foubs la mefme puiflance
amp; tyrannicque obéi-ffance du
Turc. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;.
Z nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Femme
-ocr page 388- -ocr page 389- -ocr page 390- -ocr page 391-ORIENTALES LIVRE 1111. nbsp;278
DESCRIPTION DE
/a Grece.
CHAP. XXIX.
L A Grèce, entre les autres prouinces de l’Europe, la plus noble amp;nbsp;plus fameufe, full premièrement appellee Helles, HeUej.». c«. d’vnfilzdc Deucalion amp;nbsp;de Pyrrha : amp;nbsp;depuis Grece, d’vn ‘^'* autre Roy,qui euft nom Graecus. Elle eft fi ample, qu’elle s’eftend amp;conioinft auec la MerMyrtee, (ainfi nommee de *^'*^’“*^ Myrtilefilz de Mercure) tirât par grade circulatioft du Septë- Gte«? trion au Midy, de l’Orient, à l’oppofite de la Mer Egee, amp;nbsp;de l'Occident,à la Mer Ionie,iufques à ce qu’elle fe vient en-goulpher eine mille au dedâs : en forte que peu s’en faut,que elle nefoit par le milieu taillee amp;nbsp;diuifee. Puis vue autrefois eflargiflant fes bornes , oresd’vn collé, tantoft de l'autre, principalement vers la Mer Ionie, amp;nbsp;de rechef fe haulfant vn peu en moindre largeur, que là ou elle prend fon origine, à la fin fe vient former en maniere d’vne peninfule.
Laquellefut anciennement appellee Appie amp;nbsp;Pclafgie, puis *ppî'- P'î»r-Peloponnefe,à caufe des Goulphes .amp; promotoires defquelznèfe.’’'*“’”quot;* tes dues font parties amp;nbsp;diuifees : Mais par les modernes cft^hi'aeXT nommée Moree. Laquelle à peu prez eft figurée comme la fueille du Platane. Le circuit de celle Peninfule, félon Pline r«-amp; Ifidore, eft de cincq cens feptante trois mille pas . Mais confins da p* qui y voudroit adioufter les contours de tous les Goulphes '°p°quot;quot;'^'’ amp;nbsp;promontoires, elle contiendroit peu moins de deux fois autant. Toutesfois félon Polibe, lailTant les confins , elle contient enuiron quatre mille ftades ; amp;nbsp;de l’Orient à l’Occident quatre mille quatre cens . Ptolomee confine le Pcloponncfe du Septentrion auecq le Goulphe de Corinthe, à prefent Goulphe de Lepanto amp;nbsp;aucc rifthme,amp; de h aprezauee la MerCretique. Vers l’Occident amp;nbsp;vers le Midy confine à la Mer Adriatique, amp;nbsp;de l’Orient à la Merde Candie, iadis Cretique.
Z 4 La
-ocr page 394-:279 DES PEREGRINATIONS
La Macedoine, qui fut premièrement appellee EmatW^’ Micrdoinean de Emathias,qui en fuft Roy : puis Macedoine de Macedon machic. ” ^ filz de Deucalion, OU, félon Berofe,ifilz d’Ofyris,par belli- l ttMsfaelu queufe vertu du grand Alexandre, obtint iadis l'Empire amp;nbsp;Monarchieën .Monarchiede la plus part delà terre habitable. Car avant Macédoniens tranipafle 1 Aue,rArmcnic,Iberie, Albanie,Cappadocc,5y-chérim“ ' rie, Egypte,les monts de Taur amp;nbsp;Caucafe domina les Ba-nement Emo'. Brians, Ics Mcdcs, amp;nbsp;Ics Perles, amp;nbsp;en fin debella, amp;nbsp;pôfledJ ’’*'• tout l’Orient,amp; fuft encores viftorieufe des Indes. Les Macédoniens fe difent eftre defeendus de Sethim filz de laon, amp;nbsp;leurs prouinces font, Thcflalic, laquelle félon Pom' h4^^®M mi' ponc amp;nbsp;Pline, fut premièrement appellee Emons, du Roy don'e.Myrnii-Aemon :puis Pelafgie,amp; de rechef Hellade,amp; Myrrnido-Ache«?''”“'ne : à caufedequoy Homere donna trois diuers noms aux TheOef^* Theflàliens : à fçauoir Myrmidons, Helenes amp;nbsp;Acheesanais J*’vdgaire ^^^ ^^ ^^’^ nommee Thcflalic de Theflale,lequel pofledalc men/saioid-regne. Sa principale Ciréeft Thcfialonique parles vulgar ’“* res Saloniqui, au peuple de laquelle Saint Paul Apoftre de IesvChrist eferinit plufieurs belles amp;nbsp;faintes epidres. Ceftc citéeft encores pour le iourd’huy trefample amp;nbsp;riche» habitee de trois fortes d’habitas,amp; de trois diuerfes fcâc''à fçauoir Chrcftiens Grecs, luifs amp;nbsp;Turcs. Mais le nombre desluifsqui font marchans fort riches,y eftlc plus grand:
' juc° dJuift^ amp;nbsp;y ont octante Synagogues,
1 fa Leur habit de tefte eft vn Tulbant iaune fatfrané :celuy des Bieu^'rutT’ Chreftiens Grecs eft bleu ; amp;nbsp;celuy des Turc* cft purement Blanc. ’ blanc j à fin que par telle dmerfité de couleurs ilz foycntco-gneus les vus parmy les autres. Mais quant aux robbespia font tous habillez en long, comme tous les autres Orien-M.Patnafe. taux . En Thcflalic eft le mont Parnafe confacré au Dieu Apollo : qui eft le lieu, ou fe retira le peuple au temps que le deluge fut en celle region du règne de Deucalion. Aulliy Pelion, cft le mont Pelion, fur lequel furent célébrées Icsnopces du , Roy Pcleus amp;nbsp;de la Nymphe Thetis. Apres Thcflalic cil ;
Magne- I
-ocr page 395-o R I E N T A L E S L I V R E 1111. nbsp;nbsp;280
Magncfie.pnis Ethiotcs,Doric, Loerc (dont les habitans fn- Magneffe.
Kilt filmommez Ozoles) Phoce, Beoce ayant prins tel nom he?'LTc?“‘ ainfiqu’efcrit Pline, d’vn bœuf qui là par Cadmus filz d’A- t^ia^'* genot fuftfacrifié. En cede prouince prez le flenue Erimne font deux fontaines de telle vertu que feau de l’vnc à ceux* qui en boiuent donne amp;nbsp;accroift la mémoire: amp;nbsp;l'autre la «faUnutabie foit perdre. Beoce s’eftendant de l’Orient à l’Occident tou- b««. ehe la MerEuboique amp;nbsp;le Goulphe Etanec fameux pour la Goa.Etanee. ebire renommee de la cité de Thebes. En cefte prouince eft fomont Cythere,le fleuuelfmenee amp;nbsp;les fontaines d’Irce amp;nbsp;w. cythere. Aganippe : amp;nbsp;fut le lieu natal des Mufes auboysd’Helicon, fobu^“quot; Petrie d'Hercules amp;nbsp;du pere Bacchus(lequelapprint auxThe- Hincon.'’ ^îins à labourer les vignes, amp;nbsp;l’vfagc du vin.) Outre plus elle gquot;^quot;^“' fotprodudricedufort amp;nbsp;vaillant Epaminondas . Qjnnt à Epaminondi. b cité de Thebes tant renommee par les anciens, pour le fenc chalteau. ■ourd’huy ce n’eft qu’vu petit chafteau de bien peu d’eftime: comme font de prclcnt la plus part des autres citez de Mace-‘)oine,lefqucnes font toutes defolees amp;nbsp;ruinées. En Mace-cloiiieeft la fontaine Suciftygede laquelle fort vne poifon Font, Sücmy. qui a telle force qu’elle ne fe peut contenirque dedans la cor loifond-cßtä Ued’vn pied de chenal, amp;nbsp;eft l’eftime de plufieurs , que lc'8^“‘^j^,^ s^înd Alexandre en fut empoiflbnné. Vous y aucz encores grand empoi. Attique,qui print tel nom d’vu filz de Roy nommé Attis, ‘““tique,amp; bquel aprez Cecrops fucceda an Royaume, on bien d’A this ^^®* ®2deCuma, Roy des Athéniens: Mais félon autres Aûi-queduRoy Aaron,ond’Ade, qui fignifie riuagc:Et pa-cciHement Megare, Region fi boifnc amp;nbsp;montueufe, qu’elle Megäre, r. ■^end la plus part de fes habitans paftenrs amp;nbsp;gardenrs de bc-*i^l' De toutes ces prouinces Attique eft la principale amp;nbsp;Phisfameufe. An Peloponnefe,qui autrefois a efté appcUéla rdoponnefe ^ocqucamp; la plus noble prouince de laGrece, font le.sRocque, jugionsd’Argoleamp; Laconie, qui au paranant euft nom Laronîca'nci-“tbalie ; en laquelle eft la Cité Araycle patrie de Ga-ifotôc Pollux : là eft le Cap Malec, qui des modernes eft c.Amycie.
' Cap Malee.
- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Z 5 nomme
-ocr page 396-2Si DES PEREGRINATIONS nommé Cap Sainét Ange, grand ennemy des nauigaß’ comme i’ay defcript cy deuant au chapitre premier du ft' R. MeiTeuif. cond liurc. Il y a danantage Meflenie,laquelle par les Spät* tains fuft reduiéte en feruitude, par ce que fouiietcftoit lift-iecle à reuolte amp;nbsp;feditions : qui fut la caufe,qu’ilz furent plu^ rudement traitez que les autres ferfs, à fin de leur öfter tous Egu?’ *quot;'' î''’oycns amp;nbsp;puifianced’eux reuolrcr. Aprez fuyt Achaie anciennement dide Egial, pour les Citez par ordre fituees 1^ Eie.Arcadre. long dc fes rilles. Ele, Arcadie, qui a prins tel nom d’Arcade filz de lupitcr : en laquelle fut premieremêt trouuélécha-païud Lerne, lumcau de Canne non per. En elle eft le Palud Leme,ou Hercules ofta la vie au ferpent Hydra, qui auoit fept teftes.fa
Erimanebe.îvf Beolie. Acarnanie. Cavee. Epire.
Etinunthe.fl. cft femblablcment le grand amp;nbsp;impétueux fleune d’Erinun-the (fort memoré par plufieurs Poètes amp;nbsp;Hiftoriographes) qui prend fon origine du mont Erimanthe duquel il aprins fou nom. Plus outre il y a Etolie amp;nbsp;Acarnanie au paranant dicte Carte. L’Epire va iufques à l’Adrie : En ces Regio”’ les lieux amp;nbsp;Citez eflongnees de la Mer, plus notables amp;nbsp;q”' méritent efire célébrées, font en Thcflalie,Theflaloniqiic ^’^
ThclTaloni-que. Lanlle ancien. loUjuc. Anironie.
polIo.
Thebes àpic» fem ChaUcau
Larifle anciennement lolque : En Magnefie, Antronie : ^^ Pthiotide, Phthie : en Locré, Cyne amp;nbsp;Callicrc, Pline en ft” phthie-cyne. Hurc quatriefme chapitre premier diet, que les Lochens oui phè**“'' ^quot;' ^^^ appeliez Ozolcs, En Phocide eft la Cité de Delphe a# ctphifus.H. au pied du mont Parnafe, amp;nbsp;arroufee du fleuneCcphifu^l” icelle Cité eftoit anciennement vn temple, dans lequel 0” Temple d A- adoroit Phœbus ou Apollo,le Dieu de diuinatiö felô l’erré des anciens. En Beocc, Thebes qui n’eft auiourd’huy qu''” Still«. P^^i” chafteau appcllé Stibes : amp;nbsp;Cithereefort celebreepari”’ cithtrcc.Eieu fables des Poètes . Et en Attique eft Eleufe confacree à C”' , res ; Mais la plus renômee cité de toute la Grcceeft Atheo”’’ i Athcnesanc, ft'^fuft edifice par Cecrops Diphies , qui fuft du temps rl^ Cccropic. Moyfe lequel la nommaCecropie : puis fut appcllé Mopft' 1 ïlnffT'pre- phc,de Mopfus amp;nbsp;lonie, de Ion filz de Xuthe : ou bien aft'' Sabine^““ Qiic récité lofephc, de lanus filz de laphet ; amp;nbsp;finallcmentlt;i'
Minö*
-ocr page 397-ORIENTALES LIVRE IIII. iSi Jjineriie a efté nommee Athenes : car les Grecs appellent Wenie Athene, Elle fut inuentrice de tous les bons arts ■nduftrieufes fciences liberales, mere amp;nbsp;nourrice de plu-Ws exceUens Philofophes,Orateurs amp;nbsp;Poètes,qui parleurs “’^ws amp;nbsp;oeuures mémorables ont acquis louange immor-‘le.Mais parla mutation des temps amp;nbsp;inftabilité de fortu-^^)Ceftc Cité tant flonllantc aefté reduide à telle extrémité '^'^ü'ne,quepourlciourd’huy neft qu’vnpetit chafteau de P^ud’eftime que l’on appelle Sethine- Lequel eft édifié furies piques des murailles de 1’antique amp;nbsp;renommé Temple de ^•neriie. En Megarc autrement Nifcee eft la Cité de Mega- c. Y^’^J'' Me laquelle fut né Euclide Prince des Geometricns: amp;nbsp;ce- meenen.
Cité donna le nom à la prouince,ainfi que fit Argus en ^fgos.En Argolide eft Argos amp;nbsp;Mycene amp;nbsp;le temple de lu- Argo.Micenf. ^ottef-renommé tant par antiquité que par deuotion. En „0.”^****“’ ^2conie eft Terapne, Lacedemone(ficge amp;nbsp;habitation du Y’y Agamënon)laquelle fut auftinommee Sparthede Spar- spanhe. ^husfilzde Phoroneus : Mais à prefent s’appelle Mizithra. Il Amyclc. 1'1 encores Amide diftante vingt ftades de Lacedemoneen Piis abondant de tous bons amp;nbsp;excellens arbres fruidiers amp;nbsp;^utres biens : amp;nbsp;en icelle eft le templed’Apollo, le plus excel-‘*:nt de tous les autres delà prouince, tant en richefles qu’en ^ifice,aflis au quartier de la ville, qui regarde la Mer puis le •»ontTayget. En Meftenie Meflèneamp; Methon ou Modon, “«^quot;01 ^^fiege de laquelle Philippe Roy de Macedoine pere du grad Alexandre perdit vn oeil d’vncoup defagette. En Achaieeft Rled’Oenomae. Elis amp;nbsp;le temple de Inpitcr Olympien fortPit'- ^ ^^ renommé pour les jeux .Olympiques amp;nbsp;par fingulicredeuo- piter Olyiu-^ '*on : Mais encores plus pour l’excellence de la ftatue laide‘'‘quot;“’ *lfhmainde Phidias. L’Arcadie eft tout à l’entour enui- ^^^^^ ^ fonnee des Peloponnefiens ; amp;nbsp;fes principales Citez font Orconunc. ^l^ifCjTenie,amp; Orcomene • Les monts Foloe, Cillcnc,Par- panhlt;ne.M^ ^l'^ne, amp;nbsp;Menale. Les fletiues Erimanthe amp;nbsp;Ladoen. En ^,’’‘;,„^ntbe • Arcadieflorit grandement Promethee filz de Iapetus, lequel ^^J^^ eftant
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eflant homme de profond fçanoir, enfeignoit les hommes rudes à viure ciuilcment. ll in lient a les pourtraiâs au naturel auee la terre grade : amp;nbsp;full: aulfi le premier qui tira le feu d’vn caillou : amp;nbsp;qui enfeigna l’Aftrologie aux Grecs: amp;nbsp;par ce les Poètes ont feint qu’il portoit le Ciel. En Eto-Naapaaevui.lic cft Naupafte vulgairement Lepanto ou Epado. En |ontoquot;ou£?â Acarnanie à prefent dide ducat,ou duché le chafleau Stra-, te. En Epire le Temple de lupiter Dodo nee amp;nbsp;la fontaine te. lacrce,quia telle vertu que mettant dedans quelque choit piw^uodo^ ardante, fubit elle s’efteint, mais y plongeant vne iauclle pomp.Mei.il. ‘^^ paille incontinent s’allume. Paffaut outre les hues du Fonni^’? ac promontoire Sepie parla Demetrie, Boie, Phthelcon amp;lE contraires ef- chine, fe dreffe le pacage vers le Goulphe de PagafeiLcqufl ikom.sepiè. ayant embraffé ou enuironné la Cité de Pagafe, reçoit dans fou haute le flcuiie Sperchie : amp;nbsp;eftee lieu renommé parce ko». Echine, que les Minics accompagnans lafon qui alloit àColchos gafe. conquérir la toifon d or, y dcfancrcrent amp;nbsp;délièrent u® spac^Ben- namre Argo pour fe mettre à voguer fur la grand mer. (^ ^Argo nauire ^^ voyage tant célébré, que les Poètes ont feint ec naude de lafon. Su- Argo cftrc rauy au Ciel, amp;nbsp;pour cede raifon le mettenten-Goilphee Ma trcles lignes. Or eftil befoing amp;nbsp;force à ceux qui de eeft en-etThimopy ^æit vucillent aller à Sunio, de premièrement paflette’ 1«- Goulphcs Maliaque amp;nbsp;Opunce f efquetz font les Trophées , des Laconiens iadis y defeonfits amp;. tuez) amp;nbsp;venir aux de-ftroids dids Thermopyles, qui trauerfent au milieu dels Grece,comme les monts Apennins, l’Italie. Les montagnes y font fi hautes amp;nbsp;tant difficiles, qu’elles femblent cftrcinns^* ceffiblcs. Mais entre deux y a vne vallée enuiron larged^ 60. pas, par laquelle on peut feulement cheminer. Au moi^ de quoy ces monts ont edé appelles Pylcs, c’eft à dire pestes, amp;nbsp;à caufe des eaues chaudes qui y fourdent, Therme' pyles. Ilzfurent tant renommés par la grande defeonfisj'^ des Perfes, faidc parle.s Grecs, foubs la conduide dit vs®’ leoBùiM. Leonidas Laconien,en fouftenant brauement rimpetuoiy
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amp; fureur de Xerxes. Toutesfois de noftrc temps n’ontpea tefifter ny fermer le pas aux armees des Turcs : defqiielles tousles Grecs ont entièrement edé^aineuz amp;nbsp;fubiiiguez. Il y a derechef Scarphie,Cncmides, Alope lt;.^ Larymne. Puis S«d«. Aulide,ou fefeit l'afl'cmblcc del’armee d’Agamemnon amp;nbsp;des ^àr^æ^j îutresPrinces Grecs,aprcz la ligue entre eux faidepour aller Auuae. îufiege deTroie. Là eft femblablement Marathon, vray tef-tooignage de pluficursgenercufesprouëflès célébrées dés la vidoiredeThefeusamp;parlagranderoutteque y receutfar- . toeedesPerfans. Vous y aués encores Rhamnepetite Cité,’'-*”‘quot;‘’'-toais fameufe pour le temple d’Amphiaraus amp;nbsp;la Nemefis de Temple d’Am Phidias. Thorique amp;nbsp;Brauron y eftoyent anciennement bô- Nemciis de nés Cités,mais à prefent n’y refte plusque lenom. Sunio eft p,om^‘ûnio. 'n promontoire confinant amp;nbsp;terminant les riuesde la mer ^e l’Hclladc ou Grece, du cofté qui regarde l’Orient. Et de là influes àMcgare ville de l’Attique, fe retourne la terre vers le ^idy, corne naguercs parles flancsgt;ainfi maintenant defront 2diacente àla mer.Là eft le port Firee des Atheniës,amp; les ro- Pon Piree. thersScyroniensencores infames amp;nbsp;déferiez pourl’heberge- R.scytomens. nieniducruelScyron.Lacampagnedes Megariensvient iuf- jd^^^gj^.^^ ^nes àIfthme, qui eft vue eftenduë de terre longue amp;nbsp;eftroi-11 ea amfi ap-depar l’efpacede cineq mil pas entre la mer Egee amp;nbsp;la mer P'quot;'' Îonie,les tenant l’vnc feparée de l’autre qui par vu eftroift chemin conioinch le Pcloponnefe,à l’Hclladc,amp; ainfi appeb keifthme, pour raifon de telle longue eftenduë cftroiûc, à 'nfemblance d’vn vray Ifthme, qui proprement fignifie, col.
Lieft le chafteau Cëchree,letemplcde*N^tune amp;nbsp;lestant ch.cencht«. «lebresyeux Ifthmiques, qui iadis furent inftitués par The- pT^Z’“*'’^“ ^toSjàl’enuyedeceux que Hercules auoit ordonez en Olym- ’»uii Mcicu-1 pc.Aufquelz les hommes victorieux furent premièrement i««* luumi-1 touronnés d’Ache,puis de rameaux de Pin. Corinthe qui Cotinthe anc. 1 P^depafféfuft fi notable pour fes grandes richefiès, premie-' ’'’lient edifiée par vu brigand nommé Sifyphe, filz d’AEo-
‘‘*$£n l’an oftantiéme de l’aage de Moyfc, amp;fuft appellee
Corcyte
285 DES PEREGRINATIONS Epî^â'^ent ^o^^y*-'^ °^ Ccrthire,puis Ephire, après qu elle euft efté ^ü-village. gmentee, elle fuft ruinée,puis rebaftie par vu Corinthus HU d’Oreftes oulupiter, qui de fon nom l’appella Corinthe, q«* fignifie adminiflration ou fauuegarde publicque: de rechd futdeftruide parles Romains, amp;nbsp;reftaurce par Augufte Ce-far. En celle Cité de Corinthe y a eu autre fois vn Temple degrande beauté amp;nbsp;excellence,dédié à la Deefle Venus : An-I^ÎTiiV*- quel y auoit plus de mille putains de renom dediées à ce^ millepuSuî’ Deefle félon la couftume des Païens,lefqucllcs fe ptoftituoid à tous venans. Maintenant Corinthe n’eft qu’vu petit vW corantho. appcHé Corantho. En la Region Corinthiquey a vu lieuap-syoerocapfa. pçH^ modcrncmëtSyderocapfa,ou font plufieurs bellesminif
Minier« de res dc fin or, deRjucUes le Turc reçoit vue richeffe iucftiim* *quot; ble : pareillement cefte pronince produict le plus fin amp;nbsp;pins Arain. noblc airain de toute l’Europe, duquel l’on faifoit des vd-
fléaux fort cxccllens amp;nbsp;de grand pris. Dc la plus haaltetonf Actocoiinthe. de la forte telle appellee Acrocorinthe fe voyent toutes Id deux mers, l’entends Ionie amp;nbsp;Egec. force amp;nbsp;rinage duPclo-connnsduPe ponnefe cftdiuifee dcplulieurs goulphes amp;nbsp;promontoires,! Biw^hïé'. fçauoir deuers l’Orient de Bucephalc,deCherfoncfe,amp; tln sca«.““*'*’ Scilec : vers le Midy, de Malcc,Tcnare, Acrite,Ichthis,amp;de-^»•«..Tena. ^æj-j Occidcntdc Chelonateamp; d’Araflé.Depuis l’Ifthmciul-rc, Acrithe. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;\ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i i • nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;- • i
Ichthis, Ch do ques a Seilee habitent les Epidaurcs fameux amp;nbsp;renommez, Ep'idaurieus.'’ pource qu’ilzont le Temple d’Efculape amp;nbsp;lesTrezcnicnsiHn'
Trezentem
ports Saroui-
;i. Ares pour la foy,qu’ilz obferuerëc toufiours en la ligue quih scenite Fjgo ^*’'^^ ^^^^‘^ ^^^^ Athéniens.11 y a les ports Saroniquc,Scenite5£ nc.Epiiurc. Pagone.Mais quant aux villes qui font fur ces riuages démet,
Epidaure eft alTife tout au bout du goulphe S3roniquc,mn-nie de nature amp;nbsp;enuironnee de hautes montagnes. Les nu-TempUd’Efeu lades qui alloyent au temple d’EIculape poureftre guéris,)’ 'T/oeze Ci dormoyent la nuicf, amp;nbsp;difoyent qu’Efculapc en cefte nwnif-Hermionc. pc Ics gucrilToit durant leur fomme. Troéze amp;nbsp;Hermione sue.' ^°'' font auffi firuecs à l’oree dc cefle mer. Entre Scilec ScAW eft la plage Argolicque : amp;nbsp;entre cefte cy amp;nbsp;Tcnarc,l»
Laconi-
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laconique,d’icy vers Acritc,rAfincc : amp;nbsp;delàverslchthys, UCypariflicnnc. En l'Argolicque les fleuues cogneus font Ftafmcamp;Inaquc, amp;nbsp;le chafteau de Lerne. En la Laconique Fieu.E«fine. Githye amp;nbsp;Eurotas Heuues : Mais en Ten arc eft le Temple de }“X terne.quot; Neptune amp;nbsp;vne cauerne ou antre femblable à celle de Pont ^ ^quot;;^“*’’''' appellee Acherufienne. Enl’Aifincc eft le fleuue Pamiflè,Temple de Ne amp;nbsp;en la Cyparifticnne, Alphee. Et chacune de ces plages eft HeTpamine. denommee du nom des Citez fituees fur le bord de mer : de A'“iî?^ «coiteeft Cyparifle, deceftuy là Anne.Les Mefteniens amp;nbsp;Pyiiens. Pyliens habitent les campagnes,combien que Pylos eft fituee cuene. présla mer. Cilenc amp;nbsp;Callipoli font fur la riuicre de Patras, S^paew* 'lui fut anciennement appellee Aroë, auquel lieu faint An- s/'quot;' André
'‘K Apoltrc delEsv Christ receut la couronne de tyt.
®irtyiej en l’endroit ou les fleuues Chelonate amp;nbsp;Arafle y outrent. Rhion depuis le lieu ou il prend nom de mer, cou- RWon m. r^utparvn deftroit entre amp;nbsp;va de force impetueufè entreles Ïtoles amp;nbsp;Peloponnefiaques iufques à l’Ifthme : auquel lieu
^unuuence à tourner fes riues vers le Septentrion : fur lef-Wesfont Egeon,Eeire,Olure amp;nbsp;Sicyon, ayans à l’oppofi- ï?“»»- Egire. '■yreuiis, Anticyra, Ocanthie,Cyrrha,amp; vn peu pluscog- creufis. Anu-^«ède renom Calidon,amp; Euenos. Hors de Rhion en Acar- ^hi”ty°h7.quot; ^îniefont fur tout bien renommez le chafteau Lcucas,appel- ^’‘*®“* ^“** ^wtrefois Narite, amp;nbsp;le fleuue Acheloë. En l'Epire, iadis nô- ch. tnear ''æ Moloflc, à caufe des peuples Moloflès qui autresfois y rieu.Acheloe. ^‘quot;‘régné, n'y a tien plus fingulierquelegoulpheAmbracien
an«
^'” par vne eftroifte bouche ayant moins de mille pas de lar- Gouiphe Am-bracicn»
0 ‘'Ç0itvn grand bras de mer. Toutesfois Polybe en fou Wriefnic liure ne met la largeur de fa bouche que d’enui-
® w cens pas. Mais là ou il s’efpand à la partie Mediter-^^lUapvefquecentftadesde largeur, amp;nbsp;trois cens de lon-PiN • ^^^^^’^^‘rnçnnt à la mer de Sicile, il diuife aufli l’E-^J^ael Acarnanic,l'ayant du cofté de Septëtrion,amp;rAcar-.^e du Midy . En cefte prouince font les villes, Adion, ^^’“quot;; *^^ A nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;f A * nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;AniphUoche.
6J ) Amphiioche, Ambracie, amp;nbsp;Buthroton .vulgairement Ambude.
. Bathioton, Butrinto,
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Butrinto,ville Royalle des Eacides amp;nbsp;Pyrrhus. Les monts M.ccr»unct. Cerauncs à prefent liront Argentais,defquelz on tourne vers Adrie, Cede mer à fes riucs fort longues amp;nbsp;de fpatieufeht' geur, mais bien plus grandes amp;vaftes ou elle entre dedans^ iiiyrirnsâ ore terre amp;nbsp;cft enuitonncc des Illyriens, auiourd’huy Efdaaonft Tergiftetquot;““ iufques au Tcrgeftc, amp;nbsp;le demeurant des nations GauHoifeSi miSeTquot; ^ Italiennes. Les Panheniens amp;nbsp;Daflaretes en occupêtpom pheatér*”' ^^’•‘*- habitation les premieres contrées : les enfuy vantes ont Pyrcens. peu à peu elle détenues par les Encheleens amp;nbsp;Pheaces:«’ iiirS‘.“‘ apres y a ceux que proprement ilz appellent Illyriens : finale-Dynachium nient ks Pyrréenjs, Libumiensamp; Idriens. Entre lefquelzks ipâ^nr'quot;' principales villes font Orique, amp;nbsp;Dyrrachium,laquelle fut Augure prins iadis parles anciens appellee Epidamne : mais les Romains dunom. j^^y changèrent fon nom par ce qu’il leur fembloiteftreqiw^ vn niauuais augure amp;nbsp;malencontrc à ceux qui y aHoyent pourcaufe que Dawnu/n,en leur langue fignifie dommago Appoiionie. Au dclà d'Epidamne eft Apollonie, Salonc,Iaderc,Naronc» laderquot;? nbsp;nbsp;nbsp;Tragure le Goulphc Polatique amp;nbsp;Pola autrefois (commd’o» Tra™uquot;re ^*^^ habitéedes Colques.Mais depuis, ainfique toutescho-Goîiphê ro- fes de ce monde fontmuables amp;nbsp;inconftantes,deuintColo-roil“‘ nie des Romains. Les fleunes font Eas amp;nbsp;Nar amp;nbsp;le Danubf» Ficu.Eas.Nat. ^^jj |^ ^^^ ^^ |Jç^ ayant perdu ou changé fon nom, eft appelé Danube ou Ifter. Eas court le long d’Apollonic, Nar entre les Py-*'‘”' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;reens amp;nbsp;Liburniens amp;nbsp;Ifter par dedans les Iftriens, Tergefte a 111 s au plus auant milieu
^“®' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;d’Adrie cloft amp;nbsp;finit
l’Illiric. Î
Mojvn’
OR I E N T A L E s L I V R E IIII. 288
M OE V R S , ET ANCIENNE
f»a»iere âe ziiure des
Grecs.
CH AP. xxx.
Le s Grecs en leur ancienne manière de vinre eftoyent foitruftiques amp;nbsp;Barbares. Car üz vinoyentamp; habitoyent allée les belles en toute oylîueté, n’ayans viande plus delicate pour leur nourriture,que lefruid faulu32edes arbres, à - * nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;t 1 1 A nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;«faîne,
Içauoir du gland amp;nbsp;de la rame. Mars par longue nicceuion Viande des an* de temps fe vind rent tellement à eulriucr amp;nbsp;accommoder à toute focieté humaine amp;nbsp;bonnes mœurs, qu’en fin furent ti’putez entre toutes les autres nations les plusciuils,fagcs amp;nbsp;belliqueux de l’Europe. Toutesfois par ce que enplufieurs contrées de la Grece les homes ne fe fentans allenrez, full P^r les chemin^, ou en leurs maifons,pourla crainte qu’ilz ïuoyent des Pirates amp;nbsp;efeumeurs de mer, qui en grand nombre habitoyentle long delà colle de lamcr,alloient toufiours îrmezà la manière des Barbares,pour la delfence amp;nbsp;confer-
nation de leurs biens,familles amp;nbsp;perfonnes. Les Athéniens Acheuiehs de-furent les premiers qui dehiflerent telle coullume d’aller âin- premier à« fi armez, amp;nbsp;fe meirent à fuy vre vne vie plus honclle amp;nbsp;ciuile, a^^’^X** Voire tant delicieufe, que les plus anciens amp;plus apparens dupais, portèrent longuement leurs robbes'de fin lin, leurs Acquêts amp;nbsp;houppettes d’or, amp;nbsp;leurs cheueUx accoulirez amp;nbsp;teftonnezpâr le bas en rond comme mefmement les loniës, pour la prochaine alfinitéqu’ilz auoyent auecles Atheniens.
Vray clique quelque temps, les vieilles gens s’habillerêt plus uedemonif, fiwplemcnt, amp;nbsp;fur tous les Laccdemoniens,lefquelz encores ^^1^ ^uilz fuirent de tout temps eftimez les plus riches amp;nbsp;plus opulents de tous les autres Grecs, neantmoins.alloycnt tous Element habillez d’vne mefme forte, ainfi le menu popu-^Wc comme les plus riches. Et ont efté les premiers qui pour
Aa luy-
-ocr page 404-289 DES PEREGRINATIONS fXu to pit Eurer fe font defpouillez nüdz,amp; oingt tout le corps d’huyte miers deipouii 1^ 0^^ anciennement ceux qui faifoyêt tel exercice en Olun-en U luire, pe, convroyent leurs parties honteufes anec petits draps : * encores pour le iourd’huy les Barbares Afiatiques amp;nbsp;Africains,quand ilz mettent le pris pour kuter, portent braies de cuir, amp;nbsp;s’oignet le corps amp;lcs bras d'huile,à fin que leurs ad-uerlàircs ayent moins de prinfe fur eux : comme fay aficz amplement cy deuant déclaré en la defeription des luiteuts ordinaires du grand Turc.
LOYX DE LYCVRGVS, ilo^ftees aux Lace^e. mûKÎe/js.
C H A P. XXXI.
11/Y c v R G v s voyant les Lacedemoniens viurc fts aucune honnefte forme de policc,fut le premier qui leur h' ftitua des loix ; aprez touresfois auoir aboly toutes les cou-fiumes corrompues qu’ilz auoyentau parauant.Prcmiercnid il confirma les peuples à fobeiflance des Princes, amp;nbsp;les Pria-c’'quot;“p* *’* c^s ^ '^ vraye iuttice des Empires par le moyen d’vn Senat barrière à la de vingt amp;nbsp;huid Confcillicrs,qu'il confiitua comme barrir-utoamp;'à'’îv“ rc amp;nbsp;boulcuerd à la témérité populaire : amp;nbsp;au contraire «mu'ne P®’-^'- engarder auflî, que les Princes n’vfurpaflènt vnc pui-Eigaiiùéde fiance tyrannicque. A tous diuifa amp;nbsp;départit efgaUement f'ïont en'tm les terres depofieflions, à fin qu’en biens amp;nbsp;heritages, k^ îüeM.'*^““” vns ne fufiènt efiimez plus puiflans que les autres, mais frôlement en ce, qu’ilz furpaficroycntles vnsles autres en verra amp;nbsp;preud’hommie : amp;nbsp;que par ce moyen ilz vefeuflent tous enfemble, comme vrais freres . Il deferia amp;nbsp;abolittoutô amp;d”aquot;gr'ï'def fortes de monnoyed’or amp;nbsp;d’argent : amp;nbsp;au lieu d’icelles ^ dwii^mont“ ^^‘E forger de fer, lequel encores feit tremper amp;nbsp;eftaindt® ooye de fet. tout rouge dans du vinaigre, à fin de le rendre mol amp;nbsp;F^ cein-
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cc inutile à tontes autres œuurcs . ll bannit de Lacedc-nione tous les meftiers amp;artifans inutilz:amp; inftitna banc, quctz amp;nbsp;conuines publicques,à fin de réfréner toute fuper-fluité amp;delices, aufquclz autant lepauure comme le riche cRoit traitre, amp;nbsp;repeu, en rnefmc lieu, amp;nbsp;d’vue mcfmc viande, amp;nbsp;s’appelloyent ces banequets Phiditia, amp;nbsp;parlcsCan-J^’^’^^^; j, diots Andria . ll deffendit de ne mener trop founent la licqs öc^ com-guerre contre mefmes ennemys,de peur de les contraindre mène tant au fi fouirent à fedeffendre, qu’en fin ib deuinflent vaillans amp;nbsp;Jj^“'^“**“ bons combatans. 11 voulut que les filles s’exercitafient à courir, luiter,ieder ledard, amp;nbsp;lancer la barre,pour les rendre patvn tel exercice plus fortes amp;nbsp;robuftes à porter cnfans:amp; quand ce venoit à quelque grand fefteou facrifice folcnnel, Voulut qu’elles chantaffent amp;nbsp;danfaflent toutes nues auecq bgarfons,cequi fe faifoit auecq toute honnefteté, fans aucune crainte ny vergoigne : amp;nbsp;ordonna que les filles vier-1^ amp;arions, gts feuffent mariées fans douaire d argent, à ce que les vergongne. hommes les efpoufaffent feulement pour leurs vertus amp;nbsp;Douanes, bonnes moeurs, amp;nbsp;pour faire des enfans, amp;nbsp;non pour l’aua-ficed’en auoir de l’argent. Encores failloit il, que ceux qui fevouloyent marier, rauifl’entleurs femmes non petites, icu-te, ny tendre très, mais de celles qui eftoyentfortes amp;nbsp;vigo- ? teufes pour porter enfans. 11 permit en outre à ceux qui ’’quot;^‘^f”^ eftoyètbeaux amp;nbsp;difpofts d’emprunter les femmes des antres, mes.d'emptuu pour y labourer, comme en terre graffe, Ô; engendrer desen- X.V“idu”'S Zinsen commun : amp;nbsp;neftoit chofe rcprochable à l’homme “‘^'*’ il vieil amp;nbsp;caffé, qui auoit belle amp;nbsp;ienne femme, de choifir quelque beau iouuëceau,qui luy full aggrcablc, pour le faire coucher auecq elle, amp;nbsp;la luy faire engroiffir de fa femence, poutaduoer l’enfant qui en naifloit, comme fien. Et luy fem-
1 bloitchofe bien forte amp;nbsp;efirange des autres nations, qui tant 1 foingneufementdonnoyent des beaux chiens pour couvrir, l ^s chiennes chaudes , amp;nbsp;cherchoyent les plus gaillards 1 Allions pour faire faillir leurs lumens : amp;nbsp;neantmoins auec ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Aa 2 foin g
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foing amp;nbsp;cure tenoyent leurs femmes tant eftroiâement enfermées foubs la clef, de peur quelles n’empruntafsêc dclcats voifins ce que quelque fois leurs ialoux maris neleurpon-r uovent fournir. Les stands honneurs ordonna cidre don-Uni lesdegrez nez fclon les degrez des aages de vicillefle, amp;nbsp;non félon U-dericheâh.' bondance des biens amp;nbsp;des richefles. Et parce que à aucuns g«MpoM?^é fesloixfembloyenteftrerroprigoureufcs,amp; feueres àraifon ^quot; ‘^^^ mœurs corrompues . Il faignit les auoir apportées pif le commandement du Dieu Apollo, qui les auoitiniientecs: amp;nbsp;ce feit il à ce qu’elles fuffent receuës du peuple auec pto grand reuerence: amp;nbsp;obligea la Cité par ferment d’inuioh-blemcnt les entretenir fans rien y diminuer, iufques à fon retour de l’Oracle Delphique : ou il difoit aller pour confultef ce qu’il feroit bon d’y adioufter ou diminuer. Mais il s’en alla en Crete, oui! fin a fes iours en volontaire exil : ou aprez fa mort, ainfi qu’eferit Ariftocrates filz d’Hipparchus,fon corps par fes amis fut mis en cendres , amp;nbsp;icelles ainfiqu’*' auoit ordonne , refpanduës dans la Mer, de crainte que fi
- ■ elles eftoyent rapportées en Lacedemonc, les Sparthiates ne feiugeaflènt eftredeliez du ferment, par lequel ilz auoyent iurc l’inuiolable obferuation de fes loix. Voila fommairc-ment ce qu’en eferit Plutarque en la Vie d’icelluy Lycurgus.
DES ATHENIENS.
CHAP. XXXII.
V A N T aux Athéniens, luftin’en fon liure douziefnie AtîienimT. quot;nbsp;rccitc, qu’ilz furent les premiers qui enfeignerent l’art dcfik’i la laine, faire le vin amp;nbsp;les huiles, arer les terres, amp;nbsp;femer les Doxiusenfei- fromens. Car premièrement les hommes ne fe nourrilToict lomœ^Ath^ Qfie ^^ s'on, amp;nbsp;n’anoyent pour leur habitation que petites logettes amp;nbsp;cauemes. Mais Doxius fin fi le premier,qui edifiJ maifons
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maifons en Athenes,lefqueUes à l’imitation des Arondel-bil fabriqua de terre. Durant le temps de Deucalion, Ce- cectop» dia ^tops domina comme Roy fur les Athéniens, amp;nbsp;fuft celuy auoiteltably que les Poètes feignent auoirdeux fronts à caufe qu’il fuft i'^Sau« le premier qui ioingnit les hommes auec les femmes par*“*®®™* droit lien de mariage. Apres luy fucceda Granaus quieuft ''ne fille appellee Athis, laquelle donna le nom à la Région. Depuis y régna Amphitrion, qui premier confacra la Cité à la Dcefle Minerue, amp;nbsp;la nomma Athene. De fon temps fnftla grande inondation des eaux,qui gafta amp;nbsp;noya la plus grande partie de la Grèce : amp;nbsp;de ce grand deluge furet feule- Dause, nient fauuez ceux qui gaignerent les montagnes,ou les au-nesqui furent transportez vers Deucalion Roy deThefîalie. Deucalion re-Îarlequel félon les fixions Poëtiques,le Monde fuft par or- genKhumah“ dredcfucceflion reftauré. Eftant depuis le Royaume par-
quot;enu à Eriftheus, durant fon regne fuftparTriptolemus en Triptolemus Denfine la femence des froments introduite amp;nbsp;inuentee.‘‘“^^^^^' hrquoy en commémoration de ce bien, luy furent les ftomens. nuitzfacrees. Les Athéniens entre les Gréez les plus prudets dlimez(par ce quel’adminiftration delà république cftoit gouvernée parles fages amp;les fciences enfeignees parles Phi-
1 lofophes) firent vne loy,qu’à chacun d’eux feroit permis de neuxTemmes l prendre deux femmes. Mais auec ce leur eftoit eftroite- ^“'““ * ’“ 1 ment deffçndu de ne tenir aucune concubine, difans eftre I ehofe hors de toute honnefteté d’entretenir les femmes des l autres,amp; monftret aux fiennes propres manuals exemple de 1 vie. Et ce faifoy ent ilz pour l’opinion qu’ilz auoyent que les l hommes ne pourroyent viure fans femme Sc fans ce ipa-1 gnie,comme quand Vvne auroit enfanté, ou feroit maiade, il fe peufi feruir de l’autre : ou bien fi l’vne fe trounoit fteri-
1 Wantte fuft propre à luy porter lignee amp;nbsp;fucceffeurs, amp;nbsp;à i telle qui eftoit prompte à conceuoir cftoit donné le gouucr-\ ntment amp;nbsp;adminiftration de lamaifon,amp; la fterileluy dc-mO'^uoit,coname ferue. Pline en vne frenne epiftve dit, que Aa î les
-ocr page 408-293 DES PEREGRINATIONS wapage entre jgj Athenicns fouloyent marier le frere auec la fœur,mais faut. non 1 oncle auec la niepee, aUegeat pour raifon que mariant le frere auec la fœur eftoit comme chofe pareille, mais l’oncle auec la niepce, eftoit le vieil auec la ieunc.
LOYX DE SOLON, . U , données aux t^the-niens»
CHAP. XXXII r.
toix de Dra con abolies comme par trop fangui-uaites.
S O I- O N eftant parla commune voix du peuple d’Atht' ries efleu général reformateur de leurs loix, amp;nbsp;de tout fd^f de leur republicque pour confirmer ou abolir ce qu’ils®' roit eftre de raifon. Premièrement reuoqua amp;nbsp;annulhto»' tes celles de Dracon, excepté aucunes touchant les meunln® amp;nbsp;mort d’hommes, par ce qu’elles cftoyent par trop ftoô*? amp;nbsp;rigoreufes . Car pour toutes fortes de crime n’y auogt;'
quafi qu’vne mefme punition ordonnée, qui eftoit la mott ' ' de manière que fi quclqu’vn eftoit trouué en oyfiuete, o^ qu’il euft defrobbé des fruits, ou des herbes en vu iardinPj eftoit tout ainfi condamné à la mort, comme fil euft rf’ meurtrier ou facrilege : qui donna occafion à DemadoSjti^ QuatreOtdtes direque les loix de Dracon auoyent pluftoft efté eferiptes lt;Ilt; Athe^ent ‘^” fangqu’aueccncrc. Secondement ordonna que les richte citoyens euflènt les offices amp;nbsp;magiftrats : amp;nbsp;que le menquot; peuple euft fa part Ôcauthotité du gouuernementde lacitt’ ce qu’auparauant leur eftoit interdid. Il fit gcneralenief' eftimcrtousles biens de chaque particulier, mettant auptt-mier ordre ceux qu’il trouua auoir de reuenu annuel,tant ef grains qu’en fruidz, la quantité de cincq cens minors h^“*' des ; amp;nbsp;iceux appella Pentacofiomedimnes : c’eft à dire ai»»* cincq cens minors de reuenu, amp;nbsp;ceux qui en auoyent tiogt;t cens, amp;nbsp;pouuoyent entretenir vn cheual de feruice, W’
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®‘S au fécond rang amp;nbsp;furent appeliez Cheualiers: amp;nbsp;ceux Qu* n en auoyent que deux cens, furent au troifiefine rang, ^eurent nom Zeugites. Mais les autres au dclfoubs de weens minors, qui furent mis au quatriefme rang, il les ’'Onnna Thcles, comme qui vouldroit dire mercenaires, amp;nbsp;à ^^w cy ne voulut permettre exercer aucuns offices public-’lj’2s, nymoins iouir du droiétde Bourgeoifie. Mais bien , lt;1311011 voix aux elections, affcmbleesde ville,amp; aux iuge-*’32ns;aufqüelz le peuple fouuerainement iugeoit. Toutes-l^isponrmieux pouruoir à lafoiblefle du populaire,permit à ^31 vouldroit de prendre la querelle de celuy, qui auroitefte ^^Jftagé. Et outre le confcil des Aréopages, qu’il auoit efta- Aréopages.
mit fus vn autre fécond confeil de cent hommes pour fquot;quot;^“‘^“„' 'Wmatiercs d’eftat : lefquclz il efleut de chaque lignée, dont '^‘^‘’““ Wire eftoyent choifis pour confulter les matières, auant lt;llt;ieles propofer au peuple . Voulut en outre que fi quclqu’vn ‘Joitefpoufé quelque riche amp;nbsp;ieune heritiere : amp;nbsp;que aprez ^^ le trouuaft habile pour habiter charnellement félon que laagele requeroit, qu’il fuft permis à la femme de choifir ] ƒ ^’®“”at demander fc-cours au plus proche parent
pourfecours le plus proche parent defon mary, tel qu’il luy plairoit pour fe coupler auec luy, à ce que les enfans, qu’ilz
pourroyent engendrer, fufferit au moins du fang amp;nbsp;de la inhabitable, ■^lefme race du mary. Pareillement il ofta les douaires des autres mariages, voulant que les femmes n’apportaffent auec “«“XSt leurs marys feulement, que trois robbes, amp;nbsp;quelques autres petits meubles, de peu de value, ne trouuant iiifte ny raifon-ß3b!e,que l’on feift traficque des mariages, comme des autres marchandifes pour y gaigner : mais voulut qu’ilz fe feif-lentpourvne charité cordialle enuers les communs enfans. 11 défendit de mefdire destrefpaflèz, amp;nbsp;expreflement de n’outrager de parolle, ny de faid les citoyens, fur peine de trois lt;ltagmes : l’vne appliquée à celuy qui feroit offenfé, amp;nbsp;les mnitutio« deux autres à la chofé publicque : A chacun permit de faire d u^icier per-teitamêt,amp; de prendre tel heritier, que bon luy fembleroit, qui n-anoyée
Aa 4 pourueu“'^“’*'
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pourueù qu’il n’eu fl nuiz enfans. Et auflî permit il de tuer Touchât adui l’adultère prias fur le faid. Toutesfois condanoit feulement celuy qui prenoitvne femme de libre condition de force, à cent dragmes. Il deffendit de ne vendre fes filles,ou fes foems
Pris pour telle de Loup amp;nbsp;Louuc,
P itdes’eux ^^°^ Q^^’^^a*^^ qu’eftre mariées elles enflent eftéprinfesen Iflhtniqucs ÖC adultéré. A ceux qui gaigneroyent le pris aux yeuxlfth®'' Olympique«. ^^^^ ^ j^^^j. ordonna cent dragmes du publicq, amp;nbsp;à ceux qüi fauroyent gaignées Olympicqucs,cincqccns, que àcchiy» quiapporteroitlatcfted’vn Loup,fuft donné cincq dragmes amp;nbsp;d’vue Louue vue dragme. A nuleftranger ne voulut qu’il fuft permis droit de Bourgeoifie, finon qu’il fuftùptt' petuité banny de fon pais. Il fit plufieurs autres belles ordonnances : Icfquellesie pafiefoubz filence, remettant kk* deur à veoir ce qu’en aefeript Plu tarqueen la vie dudid Solon . Mais bien feulement diray-ie qu’âpres qu’il eu ft aiitho-rifé fes loix pour cent ansgt; les feit eferire furdes aifeulz,oa rondeaux de bois, qui fetournoyent dans des tableaux (kt quelz rondeaux félon Ariftote furent appeliez Cyrbcs)^®-
Gautekdeso S^it quc la Dedrc Mineruc les auoit elle mefme inuentec-Ion pouf faite Puis ayant faidiurer par le confcil amp;nbsp;le populaire robfcrin-Squot;,quot;'”'' ^quot; tion d’icelles, pour l’importunité, que plufieurs ioumellcmét luy faifoient d’en öfter ou diminuer quelques vnes,print co-gé des A thenies pour dix ans,amp;parMer nauiguacn Egypte, ou il demeura quelque temps : puis reuenant en Cypre.m fin retourna en Athenes, ou il trouua de fi grands troubles, feditions amp;nbsp;partialitezentre leshabitans, qu’eu fin elles ou-urirent le chemin à Pififtrate d’en vfurper la tyrannic, au grand regret dudid Soloh : Lequel non ob-fiant vefeut encores iuRpies au temps
que Hegeftrate fut preuoft d’Athenes.
Armiî
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ARMES DES
^^ace^!iâf^fefls.
C H AP. XXX 1'11 T.
Le s Macédoniens furent anciennement entre tous les autres Grecs au meftier de la guerre vaillans amp;nbsp;trei-floriflans.
Hzauoyent leurs Phalanges, ainfi que bataillons quarrezpuaUngts. des gens de picd,conioindz cnfemble auec leurs armes, qui eftoyétlongues picques appellees Sarifles de dixhuidpiedz de long ; auec lefquelles ilz ouuroyent les bataillons de leurs ennemys, Leur falade eftoit de cuir de Bœuf tout crud, la cuyraffe triple faide de lin, l’cfcu de cuyure, lalaucline amp;nbsp;l’efpee courte : ainfi eftoyent dreflees leurs Phalanges . Lefquelles comme efcrit Vegece, ne furent au commencement que de huid mille hommes . Mais félon Dion en la Vie d’Antonin Caracale,chacune Phalange Macedonicque du temps du grand Alexandre eftoit de feize mille hommes ; amp;nbsp;nelesrangeoyent ainfi que les Romains leurs logions, qui hifoyent entrer vn rang dedans l’autre : mais feulement faifoyent entrer vn Souldat au lieu de celuy, qui auoit efté tué : amp;nbsp;auecq telle ordre militaire executerent pin-fleurs hanks amp;nbsp;mémorables faidz d’armes . Mais aprez la defeonfiture des Perfans, par le merucillcux accroifle-ment de leur puiffance, tombèrent en fi grande fiereté amp;nbsp;arrogance ( ainfi que de tous temps orgueil amp;nbsp;prefum-ption ont de couftume d’accompagner les grandes pro-Ipcritcz ) qu’au lieu de tref-honnefte gouuernement,qu’ilz auoyent en leur Republicque, ilz fe meirent à vne Vie trefordre, corrompue, amp;nbsp;pleine de toute villehnie, amp;nbsp;abominable diflblution . Dont aduint que pendant le temps de cefte Monarchie les Grecqz eurent cnfemble pin-fleurs grandes amp;nbsp;longues guerres, voire telles qu’à la fin
Aa 5 cefte
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cefte tant noble Grèce en fuft totalement rninee amp;nbsp;deftnii-de. Car y faifant vn chacun entree de tous coftez, fuft à la parfin donnée en proye aux eftrangers. Par h figure fuyuante fe veoit quel eft l’habit moderne des femmes
Macédonien
nes, en
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ANCIENNE RE
LIGION DES ’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Grecs.
C H A P. XXXV.
IjE s MESMES Créez par leur mcrucillcufe induArie amp;fubtilitéd efprir furent inuentcurs de plufieurs manières itionftnieufes de foperftition amp;nbsp;Idolatrie . Car chacun siiprrnitïon deux anoir fon Dieu, fon Oraifon amp;nbsp;Ceremonies pro- d„ crc«.’'’ près. lupitcr eftoit entre eux adoré pour le remede des ‘ouldres amp;nbsp;tempeftes, Mars pour cuiter les perilz amp;nbsp;fortu-l'es des guerres. Ilz honoroyent Iuno,pour acquérir des nno. ficheffes, Pallas pour impetrer fapience, amp;nbsp;Venus poury^ut îuoirlignee : amp;nbsp;mille autres folies , qui eftoyent entre eux obferuees: tellement qu’ilz paruindrent en fi grande infa-•nic, qu’eu fin eftablirentfeftes folennelles ordes amp;nbsp;falies, 3ux quelles à chacun indifféremment eftoit permis foubz prétexté de religion amp;nbsp;pieté d’y violer amp;nbsp;déflorer femmes amp;nbsp;filles. Telles eftoyent les belles folcnnitcz des faulx ^ieux, parles Grecs anciennementobferuees foubz coulait de Religion : tant eftoit leur cueur plongé en profonde erreur amp;nbsp;abominable Idolâtrie, pour eftre ignorans de la
'raye intelligence amp;nbsp;cognoiflancc du hault Dieu . Ce-cecropimié-(^rops, duquel cy deflus a efté faifte mention, fuft le pre- uch^« aüZ ■Trierd’entre eux qui inuoca Dieu foubz le nom de lupi-
■r^r founerain ;qui trouua les fimulachres amp;nbsp;dreffa les au- Di“*« ■•riz pour immoler les facrifices. Et Orphee fuft ccluy, Qj.^1^^, Quiintroduict amp;nbsp;célébra les premiers facrifices à Liber Pa-■fren la montagne Bœotie prochaine de Thebes, d’où eftoit né Liber Pater ; pourquoy furent appeliez Orpheï-Ws amp;nbsp;en iceux fut par apres le mefme Orphee prins amp;nbsp;^ccré. Pareillement fuft entre les Thebains l’Aigle en Aigle réputé fi grande opinion de diuinité, qu’il leur fembloit par ce^'^f/quot;^®”* qu’elle
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qu’elle voloit fi hault, qu’elle euft quelque communication auecq Dieu . Les Athéniens femblablement eurent leur Religion en fi grand honneur amp;nbsp;reuerence , qu’ilz Diagorasex- bannirent de leur Cité le Philofophe Diagoras : par ce nës^pourl^okqu’il auoit ofé eferire , qu’il ignoroit f’il y auoit au-rieur'*'**' ^^'*’^® Dieux, amp;nbsp;que f’il y en auoit qu’elz ilz pouuoyent efire. Auffi condamnèrent ilz le Sage Socrates, pour l’opinion qu’ilz auoyent qu’il voufift introduire en leur socratei ton- ^'^^^ '^^^^ nouueUe Religion . Lequel Socrates , quand damn ta mort on luy dénonça qu’il choit par les Athéniens condani-amp; pout^ucy. ^^ ^ j^ mort : Et eux , did il, font infalliblemcnt condamnez par nature . Voila quant à l’ancienne manière de viure
amp; Religion des
Grecs.
ModeR*
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L I GIO N DES Grecs.
C H A P. XXX VI.
Hnv IRON le temps que le Sauucur du Monde fouffrit gt;nbsp;mort amp;nbsp;paffion de la croix, pour de fon propre fang rache-mr le péché de noftre premier Perc, la vraye religion amp;nbsp;co-gnoiffance du hault Dieu commença à reluire amp;nbsp;prendre racine entre les Grecs, par le moyen des faindes predications des Difciplcs amp;nbsp;Apollres de I e s v s Christ, nom-meement parl’Apoflre Sam ci Paul; lequel par infpiration Saind Faut a Üuineen Thefialoniquc, Athenes, Corinthe, amp;Achaieuânpquot;e'dcVe-prefeha amp;nbsp;annonça Chrift eftre le vray Meffias, amp;; par plu- c’^^”“ ”“ fleurs beaux miracles y multiplia tellement leChriflianifine, #cn fin ddaiflant leur damnable fuperftition , culture amp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' ,
adoration de leurs faulx Dieux (qui fi longtemps les auoyët tenus en obfeures tenebres d’Idolâtrie amp;nbsp;damnation) reco« gneurent leurs faultes, amp;nbsp;ouurirent les yeux pour prendre le droit fentir de la lumière d’eternellc faluation . A uquel depuis ont toufiours perfifté, iniques à ce que par l’inuen-tion amp;nbsp;malheureux venin de Sathan ilz tombèrent ( par flicccfllonde temps) en plufieurs erreurs amp;nbsp;damnables he-tefies : comme en celle des Manichéens, qui afFermoyent M^Sê^*. qu’il y auoyët deux Dieux,l'vn bon,amp; l’autre maunais : Icf-qnelz eftoyent tous deux eternelz. Qjae Ie s v-Christ neftoit vray Dieu amp;nbsp;fe vantoyent de pouuoir donner le Saind Efprit . Hz interdirent les mariages amp;nbsp;toute pui-flancefuperieure; amp;nbsp;quant aux hures des Apollres, n’y vou-loyent croire nullement ; mais feirent eux mefmesdes do-Ilrincs,qu’ilz appeUerent Euangiles de I E s v-C h r i s t.
Auinfurentilz infedez de celle de Donat,qui difoit le filz Htrefiede dire moindre que le Pere, amp;nbsp;le Saméi Efprit moindre, que Dieu
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HereÄeNefto Didi Ic Filz. Après fuyvans l’hercfie de NeftorEuefquede Conftantinople, affermoyent que la vierge Marie neftoit Mere de Dieu :ains feulement Mere d’vn homme, en mettant deux perfonnes l’vne humaine, amp;nbsp;l’autre diuine. Auecq HereCeEuthy l’heretique Entiches Abbé en Conftantinople, difoyeni h chienne. diuinité cure auec l'humanité ; amp;nbsp;fuyvamment du icmpsdc HereficArri- Cóftantin Empereur adhérèrent à finfede herefie d’ArriuS) laquelle ne fut moins peftifere que les autres. Car il enfei* gnoif quel Esv-CuKisT n’eftoit né naturellement Dieu, amp;nbsp;plufieurs autres chofes de tref-grand blafphemc,plus amplement efcrites au premier liure de,Theodorite Êuefquede ?unitîon mi- Cyropolis. Dont en fin par œuure diuine amp;nbsp;admirable,l'au-theur de telle fede fut puny felon fes démérites. Car eilaas preffé du ventre, ainfiqu’il alloit aux retraits, erena parle milieu du ventre : amp;nbsp;ainfî malheureufemét fina.Neantmoin$ que tontes ces erreurs ayent efté reiedees amp;nbsp;conuaincués par plufieurs Synodes, amp;nbsp;Gonciles,fi errent ilz encores à prelent en noftre foy en beaucoup dechofes. Car ilzfou-ftiennent que le faind Efprit procédé du Pcre,amp; non duElz-Etrenr en la Uz ne s’accordent nullement auflî auec les Latins. Car ilz ne detnT d«quot;’°' veullent en aucune manière recognoiftre le Pape Romain c«“- fnperieur de leur Eglife,ny moins font cas de fes comman-ricque des demens. Mais an contraire difent que les Papes ( Icfqudï iTTapeTo-ilz tiennent pour hcreticques amp;nbsp;fcifmaticques, enfembic ’quot;’'“• tons leurs aelherans ) ont tout corrompu amp;nbsp;adultéré les Euangilcs amp;nbsp;autres linres de noftre Religion, pour y adiou-fter on diminuer ce qu’il leur a femblé ponuoir fernir àlcur infatiable amp;nbsp;damnable anarice. D’auantage ilz difentanoit efté les premiers conuerti.s à la foy : amp;nbsp;par ce qu’ilzcroyent purement amp;nbsp;{implement les vrayes tràditiôs de la printitioc Eglilc,ainfi que parles Apoftres leur a efté prefehé amp;an-J^hcquot; ***quot;*’ nonçé. Ilz ont quatre Patriarches en quatre diuerfespro-Mfid«n*CM winces, qui commandent amp;nbsp;ont tonte puiflance furies Egü-ftantiaopk. fes Orientales. Dont le premier amp;nbsp;le principal eft celiiy d^ Conftan-
-ocr page 419-ORIENT ALES LIVRE IIII. joa Conftantinople, auquel comme au chef fuperieur obeifTent aucc tout honneur amp;nbsp;reuerence,tous lesChrefticns de la Crete, Macedoinc,Epire,laThrace,les Iflesde rArchipelague,amp; autres terres fubiedes à l’Empire Conftantinopolitain, voire furies Mofeouites. Le fécond refide au Caire,amp; a foubz luy i.Patnard« l’Egypte amp;nbsp;l’Arabie. Le troifiefme, qui commande fur la lu- J^/‘ fe, Damas,Barut,amp; Tripoli de Surie, tient fon ficge en le-^’^irS«^ tufalein : amp;nbsp;le quatriefme amp;nbsp;dernier fait fa demeure en la cité *ƒ “ Anuu-d’Anthioche,amp; apuiflance fur l’Eglife Grecque de la Syrie. C« Patriarches font eflcuz amp;nbsp;créez parles Métropolitains des prouinces,ainfi que font les Papes par les Cardinaux. Et fur toutregardentdechoifir celuy d’entre eux qui leur femble le plusmeurd’aage, de fèns, preud’hommie amp;nbsp;fainéleté de Vie. T’outesfois combien qu’ilz ayent toute puifiance amp;nbsp;aurhorité fut leurs Eglifes,fine poffedent ilz villes,chafteauxouforre-^'dTeSjamp;n’entretiennët gens d’armes ou archers pour la garde ’leleurperfonnc.Pareillement ne fe veftét de draps d’or,pour-PCvclour$,fatin cramoify, ou autres draps de foye : ains vi-gt;1«en toute fimplicité amp;nbsp;modeftie,n’aiant autre reuenu pour Revenu d« Iturentretenement de vie,hures amp;nbsp;habits,qu’enuiron la fom- arthes n’ell U'cdc deux cens ducats par an,qui leur font ordonnez amp;nbsp;di- J^^p’^X tobiiezdes Eglifes, aufquellcs ilzcÔmandcnt amp;nbsp;ne fon t leurs hibitsen rien differens n’y plus riches, que celuy d’vn Ample Habiesdes ra ^gt;oyne qu’ilz appellent Caloicr:fînon que furleur chefau lieu lt;l’vuc riche Tiare à triple couronne,portët vn grand chapeau '’ *ih^*^eh 'l^fcultre,furlequeleftcoufuë en trauers vue large bïïnde de We d’or en croix. Leurs Preftres portent tous longue barbe bwamp;mauX ^ font mariez à vne femme feule. Laquelle venant à mourir, ’'cnpeuuent prendre vne autre:amp; s’ilz fonttrouuez enadul-tMe,font fans mifcricorde punispar leur fuperieur .Ilzcelebrêt li Meffe enleur langage vulgaire,à fin d’efire de tous enten- Meine enian-'lns,amp;communient à la Cene foubz deux efpeces,amp; la font ?Ï ‘Mitteremmment autant les petits que les grands : auth ne**'“**'?“«» Mettent ilz poind d’eau en leur vin. Ilz nient le Purgatoire,
Bb amp;nbsp;difeat
-ocr page 420-503 DES PEREGRINATIONS
Furgatoirc. ^ difentque les prières, ieufnes amp;nbsp;aumofues ne fernent de rien aux Ames des trefpaffez, amp;nbsp;ne feuffrent eftre mifes aiica ïmages. ^^^^ images de Saints on SaintesTaides en relief, en leurs Eglifes, mais bien de platte peinture. Ces Patriarches ont encores vne autre couftume allez eftrange, qui eft que tous Pape Romain ^^^ msauiourdu grand Vendredy auant Pafqucs,ilzanathe* elt anathema- matizét amp;nbsp;excommunient le Papeamp; tous les Princes amp;peult; an, parlesPa pies chrétiens, quiobeiflent aux traditions de l’Eglife Ro-«rurches, niainc: de manierequcaduenantqiievnPreftreLatincutee-lebréfa Meflefur vn de leurs autclz, fubit apres la célébration le laueroyerTt,comme chofe ordc Ôc immonde. Hz font MUe^’M^r ^cu.x Carefmes auec tref-grandcabibnence, dontla première ScabUiuence. commëce le Lundygras,qui eft neuf iours auant le Carcfnie des Latins : amp;nbsp;ces neuf iours durant peuuent manger œufs» fromages amp;nbsp;poifTons. Puis iniques àPalques faut qu’ilz Pab* {tiennent de tous poilTons, amp;nbsp;autres viandes qui ont fang. L’autre Carefmefefolcnnize au temps derAducnt,amp;lorsfe faidicufne par quarante iours de mefme abltinencequela premiere. Finalemët ont pluficnrs autres ceremonies fort di-fterëtes de l’Eglife Romaine. Si eft ce que combienqu’ilzob-feruent en leur religion pluficnrs chofes bonnes,fi ditterèr ib en pluficnrs chofes à la primitiueEglifej telle qu’elle noiisa eftéenfeigneeparlcs Apoftres.Donc tant pourleurserreurs, que pour plufieurs vices defquclz ilz ont eité amp;nbsp;font encores pourleiourdhiiy entachez, ne fe fault efmcrueillcr fi celte ia-dis tant cclebree nation Grecque,qui a efté la plus florillànte de toutes les nations de l’Europe,fut en gouuernementdere-publique,adminillration dclufiicc,amp;bonncpoJice,cn nom* bredebonsamp;excellés capitaines.vaillâts fouldats,amp; fçauâts Philofophcs, voire qu’à bon droid fepouuoit dire la vraye fource amp;nbsp;fontaine detoute Philofophic amp;nbsp;Icicncesliberallcs: elt pour le iourd’huy par le variable cours de nature,amp; inlla* bilité de fortune,la plus dderte,barbare amp;nbsp;defoIècprotiinCc de la terre habitable : pour eftre tombée en fi ignominieuf^ cala*
-ocr page 421-orient ALES LIVRE IIII. 304 calamité,amp; feruitude miferableenuers les plus que barbares. Car outre les grands vices ou premièrement ilz furent fi auat plongez,eftans au periode de leur Monarchie amp;nbsp;grandeur, J^** après auoir dcbellc les Perfans,fe trouuans riches amp;nbsp;puiflans ce. de telle defpoùille,tomberent en fi grand orgueil amp;nbsp;prefum-ption,que ne pouuant plus nourrir paix les vns entre les au-tres,eurët cnfemblc plufieurs lôgues amp;nbsp;cruellesguerres;parlef quelles s’enenfuiuit la ruine,faccagemct amp;nbsp;defolatiô de leurs pais,le bruflement de leurs cirez,les cruelz meurdres de leurs anciens citoyës,amp; autres pertes ineftimables;amp; telles quepar •cellesla Grece en fut totalementgafice,diiripee amp;nbsp;deftruiûe: Voire que apres auoir eftémife en proye amp;nbsp;le paflage ouuert à ceux qui y voulurent faire entree.'en fin d’honneftes republic-îucsamp; gouuernemens politiques, furent les habitans réduits otesen tyrannie,amp; tantoften royaumes.Puis aprez auoirdc-Uiciiré foubz la fubiedion amp;nbsp;obeiflance de l’Empire Romain wfques aiitëps du dernier Conftantin, pour comble de leurs derniers calamitez,par diuine permilTion amp;nbsp;punition de leurs erreurs,vices amp;nbsp;dcteftables pechez,aprez auoirperduleurEm perçut amp;fa cité Imperiallede Conftantinople, fa femme, fes enfans,parens,amys amp;nbsp;richeflès, auec la totale ruine de l’Empire Orientai : euxtous dcflruits,morts ou captifz, fequefitez de leurs droi£ts,immunitez,fracbifes amp;nbsp;libcrtez,àla tref-hon-Weconfufion des Princes amp;nbsp;Potentats Chreftiens,amp;con-^emnement de la diuine Religion, font demeurez les calami- nbsp;nbsp;, quot;nbsp;Ceux Gréez en la miferablc feruitude des melcreansMaho^ ßietiftes, contraints à tributs infupportables : iufques à
payer la dixme de leurs propres enfans,comme ay
cy deffus déclaré en la defcription des Aza-moglans. Telz font les iugemens de
Dieu enuers ceux qui le mefeo-gnoiffent, amp;nbsp;qui abufent de fes gra
ces.
B b- a
-ocr page 422-305 ’DES PEREGRINATIONS
lay cy deua/tf n^a/ißre la /gare au vif de la femme (JUite deme/iKe,a fiauoirde celles ^ui fur le cheminerez des vil/s^et vendent des pains aux pafans. Cy apref nous vous repreje»-tons le Gentil-homme ç^ (^Marchant Grec. Dont le chaigt;fies» du Gentil-homme doiht efre noir, comme celuy des t^lbaoep; (^ le T'ulhant du Marchant veult efre de couleur celefe. reiü y auefaufi le pourtraiH de la villageoife Grecque.
■ '“'.Ç!
-ocr page 423- -ocr page 424- -ocr page 425- -ocr page 426- -ocr page 427- -ocr page 428- -ocr page 429-^„ES CHAPITRES DV ^^BMlER LIVRE DES NAVI
GATIONS E T PE RE G R I NA T I o N s
0 R T MENTALES, DE NICOLAS DE NICO-^^y élu Daufhi/ié, varkt de chambre amp;nbsp;Gefigraphe ordinaire du Rey.
«oÇ5*gt;
'A RT E M E NT amp;nbsp;voyage du fieurd’A-ramot ( Ambaffadeur pour le Roy au près du grand Turc) de Coiiftantinoplc, pour reuenir en France, chapitrer, pag. 1. Partement du Sieur d’Aramont de la cour pour retourneren fa legation en Leuant âu près du grand Turc, chapitre 11. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pag. 2.
ailles Baléares appellees des Modernes Maiorque amp;nbsp;Mi-torque. chap, III. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pag- 5. ‘^«Ifles appellees des anciens Pithieufes, amp;nbsp;des modernes Icuife amp;nbsp;Fromenticre. chap. 1111. ^^tigation des Ifles Ptihieufes en la ville d’Alger, chap, v . 7, noftre arriuee en Alger. ch ap. v i. grands dangers amp;nbsp;perils, où nous fuîmes réduits par le moyen de quelques Efclaues Chreftiens efehappés. cha-
I^clêription delà ville d’Alger, chap, vu i.
Par quels moyens Caitidim Barberouffe fefeift Roy d’Alger, chap. ix.
Siiitte de noftre nauigation. chap. x.
Ce 2
20.
21. Delà
Table.
Delà ville de Tedele amp;nbsp;des habitans d’icelle, chap. xi. 22-Delà cité de Bone, ancienneincntappelleeHyppon, dela-’ ‘ quelle fut Euefquefainft Auguftin. chap. xu. 23. De noftre arriuee enl’Iflede Panthdaree. chap. xm. if-DelcriptiondeflflePanthelarce. chap.xtiii. 26. Partement de VlflcPanthelarec pour aller à Malte, ch. xv. 27-Defeription de fifle de Malte, chap. xv 1. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;3°-
Partement de Malte pour aller à Tripoly. chap. xv 11. Si-Fondation delà cité de Tripoly. chap. xvm. l^-Du Bazar où fe vendoyent les Chreftiens prins en fifle de Sicile J Malte amp;nbsp;Goze, cnfemble la manière des tranchées amp;nbsp;gabions desTurcz. chap.xix. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pag.3^-
Compofition amp;nbsp;reddition du chafteau de Tripoly à SinaiK Bafcha. chapitre xx. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pag. 44-
Defeription des ruines de Tripoly. chap. xxi. 4^' Partement deTripoly pour retourner à Malte, ch.xxir. P*
LES CHAPITRES DV
SECOND LIVRE.
PArtement du Sieur d’Aram ont, Ambaffadenrpour le Roy Trefehreftien Henry deuxième,auprès deSolyman Empereur des Turcs, de rifle de Malte, pour fuiure fa na-uigation. chap. 1. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pag. 5 b
Defeription de l’Ifle Cytheree des vulgaires appellee Cerigo. chap. 11.
Defeription de flfte de Chio. chap. v 1.
Delà cité de Chio. chap. vu. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'
Gouuernement de fille amp;nbsp;cité de Chio. chap. vin. 74« De l’Ifle de Mctclin. chap, ix.
Nauigation de l’Ifle de Mctclin à Gallipoly. chap. x. 79-Delà
-ocr page 431-Table, ^elacitédçGallipoly. chap.xi.
^c la fondation de Bizance, des modernes appellee Conftan-dnople. chap. xir.
Keedificadon de Bizance, par le grand Empereur Conftan-dn. chapitre xi 11. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pag. 89.
feux merueilleux aduenuz fortuitement par deux diuerfei foisàConftantinople. chap. xiin.
f^eux tremblemens de terre aduenuz en Conftantinople. chapitre xv.
•Antiquité de Conftantinople. chap.xvi.
fluchafteaudes fept tours par les Turcs appelle ladicula. chapitre xvii.
f^uSarailauquel habite le grad Seigneur Turc.ch.xv 111.95. l^uvieilSarail,ouSaraildesfemmes, chap.xix. 99. l^u très-fameux temple de fainâe Sophie, amp;nbsp;autres MoT quees de Conftantinople. chap. xx. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lt;nbsp;nbsp;nbsp;104.''
f^csBains, amp;nbsp;manières de lauer des Turcs, chap. xxi. 106. f^cs Turques allans aux bains, amp;nbsp;quel eft leur appareil amp;nbsp;manière de mundicité. chapiXxii. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j 109.
l^ulieuappelle Bezeftan Sc autres marchez publiques, chapitre xxi 11. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;114.
ÔelacitédePeraouGalata. chap. xxmi. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;118.
0« femmes amp;nbsp;filles Grecques amp;nbsp;Perottes Franeques, de Pera ouGalata. chapitre xxv. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, izo,
LES CHAPITRES DV TROI-r .lt;1 SIEME LIVRE.'
D E l’origine, vie, amp;nbsp;inftitution des Azamoglans, enfans de tribut leué furies Chreftiens fubicâ:zamp; tributaires du grand Turc. chap. 1. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pag. 125.
IlesAzamoglansruftiques. chap.ii. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;129.
De l’origine amp;nbsp;première inftitution de l’ordre des lanifTaires. chapitre 111. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lt;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;132.
Ce 3 Des
-ocr page 432-T A B L B.
Des laniffaircs refidans à la porte du grand Seigneur,ou à Conftantinoplc.chap. un.
Des Beluez baffis, Capitaines de cent laniffaires.cha.v. 141.
Du laniflaire Aga,Capitaine general des laniflaires. cha« pitre v i.
Des Solaquis, Archers ordinaires de la garde du grand Turc, chapitre-vu.
Des Peicz ou Laquais du grand Turc, chap.v r 11.
Des habits, couftumes amp;nbsp;manière deviure des anciensPeicz ou Laquais des Empereurs Turcs, chap. ix. 151«
Des Luiteurs du grand Seigneur Turc, appeliez Gureffis,ou Peluianders. chap» x.
Des Médecins de Conftantinoplc. chap.xii.
Des villageois Créez, appeliez Voinuchs. chap, x 11M73’ Des Cadilefquers, grands docteurs en la Loy Mahometi-que, amp;nbsp;chef de la lufticc temporelle amp;nbsp;fpiritueUc des Turcs, chap.xi 111. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;174*
De la féconde fefte des religieux Turcs, appeliez Calenders, chapitre xvr.
De la tierce fefte des religieux Turcs, appeliez Demis, chapitre xvn.
La quatriefmefefte des religieux Turcs, appeliez Torlaquis. chapitre xvi 11.
Des autres religieux Turcs demenans vie folitairc entre les * beftes. chap. xix.
De ceux qui fe difent parens de Mahomet, chap. xx. i9^' Des Pèlerins delà Mecque, par les Turcs appeliez Hagiflars.
Des
-ocr page 433-T A B L 8,
Des Sacquaz porteurs d’eau,Pclenns delà Mecque* cha.
pitre xxu. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;204.
LES CHAPITRES DV
QJTATRIESMB hure,
N c i E N N E s Loix amp;nbsp;manière de viure des Petfey.
Religion amp;nbsp;ceremonies anciennes des Perfes. chapitre n.
Armes anciennes des Perfes. chap. i t i. Religion moderne des Perfes. chap. 1111. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' ^ eftat moderne de la guerre des Perfes. chap. v. 2x4. Vielafciue amp;nbsp;voluptueufè des Perfes. chap. vi. 2x5. ^deription du Royaume des Perfes. chap» v x x. 218. ^cs femmes Perfiennes, chap, v i r r. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;221,
^feription des trois Arabies,«5cpremieremcnt de la Petree
De l’Arabie Heureufe. chap, x x.
Ancienne manière de viure,Loix amp;nbsp;Religion des Arabes, chapitre x i x.
Des auanturiers appeliez Deny s ou Zataznicis.ch.xii 1.235.
Des hommes amp;nbsp;femmes de Cilicie à prefent Caramanic.
De Cilicie auiourd’huy Caramanie. chap.xv.
Religion amp;nbsp;manière de viure ancienne des Armeniens, chapitre xvïxi.
Moderne Religion des Armeniens, chap, x ix.
Des
-ocr page 434-DesRagufins. chap.xxr. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;quot;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;; ^Sf-
Police amp;nbsp;gouucrnemcnt des Ragufins. chap. xxii. 258. Delacité deRagufe. chap, xxiii.
Defcriptiorfdela Thrace; chap, xxrni.
De la cité d’Andrinople. chap. xxv.
Mœurs, Loix, Religion amp;nbsp;manière de viurc ancienne des
Thraces. chapitre xxv 1. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pa^. 271,
Ancicnnfe’opinion des Thraces fur l’immortalité défamc. • chapitre xxv ir.
Ancicnnesarmes des Thraces. chapitre xxv 111.
Defeription de la Grece. chapitre xxix.
LoixdeSolon données aux Athéniens, chap.xxxl 11. 29b Armes des ^Macédoniens.. chapitre xxx 1111. nbsp;nbsp;2- ^^^'
Ancienne Religion des Grecz. chapitre xxxv. ^9** Moderne Religion des Grecz. chapitre xxxv t.
PINDELATABLË-
-ocr page 435-SENTANT PAR ORDRE ALPHABE-TICQ^E, LES MATIERES PRINCIPALES contenues en ces Kaui^ations Turcquefques.
5W^, ® ^ ^ contre la diuine providence. ^^“5 ^^® Gcomailers pire que des Balleleurs.
ipo* ^79-80.
Abyde en Afic.
Achraat Bafeha edranglé par le commandement du , Grand Seigneur. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;aj^.-
^ ^'ttiflement pour les Princes. ^S^Capitaine général des lânifTaircs. - A?«b°”quot;' ^^'^^ ^°*^ ^^ femaine franche repue aux lanifTaircs. 143.
'’'Indre transfère la Monarchieën Macedoine.
■ S^tanciennementMezgana,loi, lulic,Cefaree.
.‘8« pour eftre fituce fur Mer, eft bien p euplcc amp;nbsp;marchande, i y.
’’nennecreation des Roys de Perfe. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;• 221.
quot;’ire Dorie fermier foubz le Roy d’Alger du Corail quiferecueik . 'll la radde de Boue.
’’drinople anciennement AdrianOpolis. ^'’^’illes à dents trenchäntes.
»64. jr-108. ^43-
. q—*vv MVO Udl U^Ok
ntte Corycien merveilleux amp;nbsp;plaifant. ^Ppâtition du diable a Abraham. ^’bcs tiennent pour Adultère qui cognoift femme hors de fon ^^iediuifeêh trois Provinces, Petree »Déferré, amp;nbsp;Heureufe. 114. ^^3nionc AmbafTadeur pour le Roy auprès de Solyman Empereur lt;i«Turcs. ^f2xc fleiiuc» ^tl’tcsportahsÊncens, Mirrhe, Palmiers, Rofeanx, Cynamomc, Candie, CafTcj-Ledanum. ^roresportans Madie fis donnent d ferme par II Seigneurie amp;nbsp;com
ment. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i , Cg.
Dd Areopa-
-ocr page 436-Ariftocratic., ' ƒ - nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-/. S 'i •. A T ij®’
Arménie Maieuraaiourduy Turcomanie. ,
Armes des M unes.
Armure des laniffaircs. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' J .’. .^ ’JJ’
Àfnes fautiages ayans en la tefte vne pierre de grande vertu.
Afphaltum aultremcnt flercus djernonum.
Athenes anciennement Cecropie, Mopfopie. ,1. ■ ? .u,- ai '•î^’* Athéniens deuindrent les premiers des Grecs,ho nèfles amp;nbsp;ciuils. i^^' Athos autrement Monte Santo pour les Caloyers qui y font. 1^5' Augure d’Aigles. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;89*
Augufte en Sicile faccagee par les Turcs.
Authonté des Cadilcfquers. J nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•
Ayde que les nobles Petfans font àleur Roy. pareil àl’arriereban^eJ . François.
Azamoglan ou lamoglan, enfant du tribut.
Baings entaillez dedans rochers.
Baings publicques amp;nbsp;priuez en Condantinoplc.
Banquets publics amp;nbsp;communs, efgallement tant au pauurequ’3“ . riche.
BizanceaultrementConftantinôple.
Bizance proyeaux Lacedcmoniensamp;Athéniens.^ ,
Br zance ruinee pat teuere Empereur Romain. , . • - j.88. BoluchBaffi, Capitaine de cent laniflaires. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;J 145.
Bone
-ocr page 437-i5ï-jo-
JottÇ gouuernec par vu Caddy tributaire du Roy d’Alger. “o«fques de Barbarie trePdangereufes aux navigans. Monenfonlfolaire. ornes de l’Arménie.
iJ* it.
°orgau defloubzdu Chafteau de Maire bien fort.
feunages confeftionnez des Turcs. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i lt;’4.
^»dilcfqucr..- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
• Cadilefqucrs l’vn pour la Grèce, l’autre pour la Natolie. V4* äauefqucts font efleuz fçavans amp;nbsp;meurs d’aage amp;nbsp;pourquoy. 174« Wisdes Provinces inftituezamp;depofez parles Cadilcfquers. ^75’ citadin de Barbe-roudè appelle en Alger pour efire Capitaine. 40’ îlendct Religieux Turca. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;18t.
^^Jendct Religieux Tlircq.
^’He Saint Paoul.
Bon.
de Caffincs.
P P de Creo, des Efpagnols Cauo de CreuzeS,
Jj’P de Marche Siroch. ’’pdeMatafuz. i JîpdeRôfe.
^’pdeTaiure.
^’Pdeteddclc.
^^P Màlee ou faint Ange, fort périlleux. pPo Maftico des anciens Ph/tnt Promautorium.
pi-’ga^
^äpigis.
Mitaine de Kuift.
181« i8. 3-5' 7’
5 5-14« 44. 55’ tr. 5lt;ï-65.
9-9' 7S’
Carefmes gardez en grande àbftinencepàr les Patriarches. Joj. ^ârefmepluscftroiéteinenr gardee en Arménie qu’en Europe, ij i. ^ätouanhe des Pèlerins PaiFemble au Caire iufquesà }oooG. ou 40000. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;199, Caiife de là vinnè de la Grece. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;J 04, ^3ùfe principalle qui faift aller les femmes fi foUUent es baings. 110 Mufe vraye'de la ruïne de l’Empire Romain.
Hantele de Solon pour faire entretcuir fes loix.
^95-Cectope
Dd i
,Çeciops diA BifronS pour aiïoir eftabli le mariage de l’homme auccq la femme. i;, a? ' nrziu/t • ipzi
Cenefoubzdeux efpeces. - nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, T^'i^ jox,
Cent des plus anciens bourgeois Ragofins tiennent certain con-fcjl. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' ïn^'jL'ób-iJAj '
Ceremonies que gardent les Pèlerins en la MeCqilc. ’ quot;'’^
Chameaux amp;nbsp;bœufs ferrez.' u . ' ;■ '7/! .n ngt; ,.7 ' r* lÂ*
Charité des Sacquaz. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;- . . z . '.nri 104’
Charles V. Empereur Romain feit vne Citadelle commandant i
Châtié excrcee des Roys de Perfc amp;nbsp;pourquoy.
Chafteau de Malte bien fort, c i
Chafteau des Veufucs, amp;pourquoyileftainfinommé. r.’
a. Chafteaux esplaccs de Sefte amp;nbsp;Abyde. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.,
Chauucsfouriz en nombre infini. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. . ü*
Chio anciennement, Ethalie, Chia, Macrin amp;nbsp;Pithieufe. ^4'
Chofeadmirable amp;nbsp;digne d’eûre notée. ï , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•
Chofcs notables en Tripoly amp;nbsp;es environs.
. Chreftienne mariée à vn Turc eft permife viure en fa loy.
Cilicie ou Caramanie eft foubz la domination du GfandTurc. 24h
Comme la Seigneurie demeine la traificque du Maftic.
Comme on eft frotté amp;nbsp;accouftré es baingsà Conftâtinoplc. 107' Comme fontchafticz cculx qui font tort aux Ambafladeurs. 1)9’ Comment les Calenders fe bouclent pour empefeher l’exercice de luxure. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ioe ’**•
i . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;100.Com^
-ocr page 439-. A L P H A B E T r C Q^V E.
ioo Commiffairespourleuerletributdesenfans Chreftiens. 1x61 J^ompaffion qu’on doibt auoir des Efclaues Chreftiens. * 26. J:;0ncubine engroffie parle Grâd Turc,eft réputée pour fa femme. 99. Confins,bouts amp;nbsp;coftez de l’Arabie Pettee. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;224.
oiueil de cent hommes pour les matières d’eftat à Athenes. 294. . failferecuciltcnla raddedeBone.
^''^(liimes barbares des Thraces.
juautc de Diomedes.
x6y.
18.
50.
J;'^‘iautéeftrange. niauté grande.
^Mfacrifice de lean Chabas canonnier, “ailleurs d’Encens dids facrez.
Xi?. 167. K^X. 142.
5°' Cuifiniers au Saiail. ydne ou Caunc, par les François appelle flcnue Salcf. ’Wes des filles nues auccq les garçons fans aulcunc vergoigne. 190. .'ÇucTanais adoree par les Armeniens.
^'lyquifignificfolhardy.
158. 235.
2lt;)2.
188. 185.
87-18.
68. jong.
^niis Religieux Turc.
. ^isdifferens des Geomailers amp;nbsp;Calenders.
j^^fcription d’Alger.
. ^faiption de Conft^inople.
lt; ^feiption des filles femmes cfclaveslavar j^f‘Wiption de la cité de Chio.
^^feiption de la cité de Malte.
. ^foiption de la ville de Pera.
- ^(tription des Ifles Baléares. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ƒ• .'feription des ifles Pithieufes des modernes Icvife amp;nbsp;frometiere. 6, P'Icriptiondu Chafteau de Capfali. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;3*-Dd 3 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Dcfcri-
-ocr page 440-Table.
Dcfciiption d’vne forte tour lez Alger.
Defeription du Palays Royalen Alger.
Deferts appeliez Merdefablon.
De trois enfans maflesl’vn prins amp;nbsp;choifÿ pour le tribut.
Deucalion reftauratenr du genre humain.
Diftribution d.es enfans Chreftiens enlevez pour le tribut. “^‘ Diftriburion de l’ordre des lanilTaircs. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Bh
Diuerfitéde Religion engendre difcordc.
Diuerfité de Religion a engendré les guerres entre les Perfes amp;
Dodrine que l’on enfeigneaux Azamoglans.
D’où Cilicie cil dide Caramanic.
D'oueft venu le nom de Grandi la mailôn des Othômans.
D’où les Perfes font dids Sophiens.
Doxias enfeigna a baftir marions en Athenes*
Eau de vie devantamp; aptes le repas.
l'Eaue edle communbreuuage des Turcs.
l’Eaue honoree par les Perfes.
Eglifesdes Grecs trcf-fiiperbes.
l'Empereur Condantin nié en la prede*
l’Emperiere, lés filles amp;nbsp;DamorieUes violées* SZ en fin dcfinembrecJ par pieces. '
Enfans mades riTuz des Concubines dû Grand Turc* peuuentpif
En quel lieu amp;nbsp;maintien le Roy d'Algcrreçoifl’Ambadadëur. 9' Equippage des Sacquaz.
Erafros
-ocr page 441-T A B L E,
Fufme neveu du Capitaine Cofte limé aux Turcs pour les appaifer.ij «imanthefleurie. Erimanthe mont.
«leur en la Religion moderne des Grecs.
ticlaves fe vendent en Conftantinoplc comme chevaulx en noz marchez.
^•galité de terres Sepofleffions entre les Lacédémoniens,
Mes. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gt;nbsp;'
farange ceremonie des Perfes, turange façon derairc amp;nbsp;nourrir la barbe amp;chcucux. rnhangsfaçon de contracter le mariage.
’33«
‘Fftnde delà PhilofophieaflórienTarfe.
fwftion que font les gardes fur les paffans.
Fdiortation de penfer à la mort. fxtotfions des Officiers caufe de la revolte des Tripolitains contre hurRoy. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.-nj:
f^Çon de facrifier des Perfes.
Fanal ou fe paye tribut pourteftede chafeun paflant foit homme ou femme.fantede Ragufe, ou porteur de lettres.
Femme d’eftat Grecque de la ville de Pera.
femme d’eftat Grecque de la cité d’Andrinople ville de Thracc. 268. Femme de l’Ifle de Malte. femme de Macedoine. femme Inifue d’Andrinople. femme More d’Alger en B arterie allant par la ville, femme Morefque de Tripoly en Barbarie. femme Perfienne.
Ji» 198. 176.
19-
54-223.
HJ» 169. 116.
103. 102« 2^. Femmes
Femme Turque allant par la ville. Femme Turcque de moyen eftaten chambre. Femme Tuteque menant fes enfans.
FemmeTurcque vcflne à la Morefque.
Femme Turcque veftue a la Sutienne. '
Femmes de Panthclarcc fçauent fort bien nager.
-ocr page 442-Table.
i. nbsp;nbsp;nbsp;Femmes permifcs à vn Mary, à Athenes. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1917 i. Figuiets de diuerfe amp;nbsp;eftrangenature, enl’Ifle de Chio. yj. Fille de loyc Tureque. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;170. Fille de rille de Chio. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;71. Fille de l’Ifle de Paros en l’ArchipcIague. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;75, Fille d’edat Grecque de la ville de Pera. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1x4. Fille Morcfque elclauc en Alger. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' . ’119,' Fille luifucd’Andrinoplc, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;177' Fleuue Cyre. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;154« Flcuues Bas,Nar amp;nbsp;Danube. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;287. Foifon deLuiteursen Alger. 1 .f -:i o5-H nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;157. Follie amp;nbsp;témérité d’vn Religieux Deruis. J. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;187. Fontaine ayant affedt contraire. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;285. Fontaine Ephemere abondante en eaue. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;79. Fontaine Suciftige. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iSo.
2. nbsp;nbsp;nbsp;Fontaines de contraire amp;nbsp;admirable vertu. Ji ^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;280. Fontaines de mcrueilleufe nature. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;6j‘ Force Chreftiens reniez en Alger. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;280. Fourneaux, pour faire efclotre les œufs des poulies. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;itf. Fourneaux, pour cuire la viande du GrandScigneur, fans odeur de fumee. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;L nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i6ilt; Foy rompue. ’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;4^* Gabions portatiß. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;59. Gages amp;nbsp;entretien des Azamoglans» nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;**7« Gages des Cadtlcfquers. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’7h Gages des lanilTaircs. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gt;54' Gages que payent les AmbafTadeUrs à leurs gardes. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’59' Geneuois rendentauTuredixmil ducats pat an pour Chio- 67, Gentille femme Perottefraneque. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;!’■*• Gentille femme Turcque, allant dans kutmailbn ou Sarail. 101. Gentil-homme Grecq. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;3°*’' Gentil-homme Perfien. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^'7* GeomailerRcligieuxTurCq. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;d^’‘ Georges Caftriot Azamoglan le reuoltâ contre le Tuteq, amp;nbsp;remit fon pays en liberté. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^3'’' Georgiens peuples Chreftiens. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^'^‘ Gland amp;nbsp;faine viande des anciens Grecs* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^8^* Goulphe Mêla autrement de Caridie. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^^5’ Goulphe Selimbrie anciennement Seliurec.. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^4« Grand?
ratieufe ciuilité des femmes amp;nbsp;filles Chioifes vers les efttangersi 65. fiuofa lieu plaiCinc.
»ynietan Cheualier Elpagnol contraint les Turcs de fortir de l’Ifle de Malte.
^7« jo-23^. 182.
^’fiitsd’vnDdly.
^^wts des Deruis.
68.
178.
120.
$02. 221. ncuMjj »75. iJ7.
*J7« 189. »M. 265.
j’^oitsdes femmes de Ghio.
Ribits des Grecques amp;nbsp;Perottes cxceffiuement riches.
ÏJ®itsamp;manière anciéne desPeichs on laquais dugrädScig ^’bits, geftes amp;nbsp;mantien des Cadilefquers.
* «»XUV4 iVlIllIiC) XXi*^lHlW**22V.,« ^’wtsdetRagufins. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. r '‘’oitsdcsTorlaquis. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l ^’lyCoufin de Mahomet.
j fJO.JS
^2«tcur du mont Eme eft de fix mille.
^'lufin ficuue.
JOI. 500. ÏOI. JOO.
Arrienne.
^refiede Donat.
^'fcGcNeftorienne. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■ jor. hetmite contraint de prendre le gouuemement du publicq, Py
l°ooo. Hommes deratmee de Cambyfes fufFoquee en la Mer fa-filonneufe.
^o»ime$ mariez exempts du guet de la nuid. '
^onneutsfdon les degrez dosage amp;nbsp;non derichclTcî.
Micula Cnafteau lez Conftantinopîc où a efté amp;nbsp;eft le trefor du grand Seigneur»
Èe nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Unif-
-ocr page 444-. V T A B L B »
lanidairc Aga quelquefois e/poufe les filles oufœurs du grand Seigneur.
laniflaire allant à la guerre.
laniflàires coduifent les Pelerins depaour des affaultsdcs Arabes- gt;7? laniflaires mariez en reps de paix font la garde à Conftâtinople. 1)8' lanilfaircs ordonnez ad inflar de la phalange Maccdonique. rj** lardinexcellent cntaillécnvnrochcr presde Malte.. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;f 5^^
lbcriensamp; Albaniens confederez aux Perfesi r ' tip Icrufalciu au fly vifitee par les Pèlerins. ju- j. j aoi. Illyriens trcfuaillans.'-j.'jiîiiin jzo îjjk t}'; \. ;3npjj;0 ?• S lt;nbsp;^îP Ulpiens à prefènt Efclauons. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;., ^il'juhn.'l ,;?;lt; 18'7’
Hn’eft permis à aucun de venir les Concubines du Grand Turcq
que lUy amp;nbsp;des Eunuques; ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j - ; - ,,/;^ nbsp;nbsp;nbsp;57-
Iln’yapoint d’hoftclleriecn tour Leuant. - nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;VP
images. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pr
impofturclbubz prétexté de la Chiromâtie amp;nbsp;aultres predit^ióS' gt;8? •l'Oiprimcrie cfleueeà Conftantinoplepar les Marannes.; Mlt;’' Indus fleuuc. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.■' n !d jû nü ^^-•
•Ingratitude moult haye par les Perfes. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;- -
JournéesTurquefquesmoindres que les fiâçoyfes amp;poiirquoy. 158. Jfle de Caraaran. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. 1.
Jfle de Gozefaccagee par les Turcs. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.n 18.
Jfle Komenticre abondante en fel blanc. -J 0 J
Jui6 abominables a toutes nations, amp;nbsp;fpecialcmcnt auxTures. 147' .Iui6 attendent encores le vray Meflias. jnm-xj n ^4^' .luifs excel lens .en Medicine amp;nbsp;pourqHoy.1- -b ?,,{ ikJ 'i , J^^' Juifs vfnriers.' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. .inain nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-ii» *^h
Juftinian conflrudeur du temple de Saint Sophie. ’^d-Les Xurogncs. , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;* *'^*
-ocr page 445-pfMemoniens riches amp;nbsp;öiodeftes.f’nfnn'-o j: mo- '^ • ' 188« ^’'^Jemoniens fe font les picmicrs dcfpouillcz tous nuds en U JoiWe. ' ':gt;i;pa '
’i89 150 ji. •r. 66, .48. '»'•a9j.
I ,|O *** MU3 k UXU^ ^«HmII^vI*iJ VV A VUi 1U UU J K»IlVl(c*U A L U 1^9« '««iriede noooo. volumes bruâceà Gonftanrinople.
*19-xxt.
68. i79« V9-
j®gcou bourfe des Marchans en Chio.
^®hde Dracon abolies, comme par trop langainaftci.'.. : ^ouablefaçon d’entretenir les lanillàtres. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' * ”
j'**ngc des femmes Perfiennes. ; Îo
H.
K
^“ange des habitans de Chio fpccialement des femmes. JJacedoineanciennementEmatnie. 015'1?m..J, gt;115 . _ 51; ^âlt;fdoniensdcfccndux deChetimeifrb jnw«f.’b : ? lo'b quot;lanomet pattrop icuner deuint furieux. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.1186. ^ahometiftes diuifez. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, ' nbsp;nbsp;nbsp;113.
^anonnes gendiz-bommes Cencuoistenans le gouuemement de ’ Chio. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■ .. ' 74,
quot;*ahumctizez n’entrent en leurs Mofquecs fins eftrc lâucz. ’ .nady. quot;‘alteancicnaement Mclite. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.îor il.drr yoi.
saniere de cueillir le Maftic. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'bl in:;'’’. 64..
^»nicre de regarder les cfclaucs expofet én veme, }8. ^Mannes amp;Iuifs fugitifs d’E(paignc,f'habituérctaConft5rinoplc.9t ^Wchant Arabe, --n;. ^.uu.ü ■ .a3n..i. oD ,iaw7.'pioflj^, ^wthant Armenien» .Z3?o ji i quot;nbsp;n jcKi at^.
;,?i0/w
’ *49-*59.
••«».nantutecq, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. ■ ia ?i.. ;
^ïrehanx luif. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•quot;‘i- h ^ ^nr.l • u:
quot;Jsfehant Ragufes.' ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;d i ?
fanages entre k fiere amp;nbsp;Ïa fetur. i
*95»
^’fiages entre parens, voire entre le filzamp;ïamcre,fotir amp;ficre. 13 x. ‘^«ques au front. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;a? U
quot;lairoquius, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;f - ' t^y»
Watfl-icli herbe fi violentes qu’elle fad les Demis qui eh tfrm ma-
ftiaqucs. . 186.
Jliuresanarideux-. : 9.
MaUrestous nudséheuàuchâs cheüàuxbarbâfes fans félle ni fcride.t5 Maunaife mam^Vc des Turcs dé fetr'e scuire là chair. 1 md lt;1 164, Mayton grand village.
laMccqucefta trois ioiftnccsprésdcla Mcdiiié. Îgt; • Medicin luif.
' 81.
’ : lOO. 170, w.Mc-
Ec i
1
-ocr page 446-r /T A 9 t I ». q
löt Médecins pour le commun,du Sarail.
.■Mediae ou eft b fepuJeun: de Mahomet eft vditec par les Pèlerins auant la Mecque. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. zoo.
.Mega rie ns pourquoy difts aucugleS.
Mehemet I L affiege, bccîgcamp; pille Conflantinoplc, •
Mehemet ayant efleu fon liege Impérial à Conftanûnoplc, iaht . réparer. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.nid J r ■ r drstl« . J. uo'i ff’
MelaflcuuedcfceadantduMont Arga.f . , tsi'od' ijne tjl» Merdez peuple. •j-iît j
MelTc célébrée en langue vulgaire. •..•■•ƒ»?!. . Jo*» Methat où Mahomet a eferit Ion Alcoram. ■ i ; ' iK^« Monarchie des Perlés transferee^ Alexandre, onn^ -j t i*^' Monoye d’or amp;nbsp;d’argent defease , fcait lieu d’icelles monoyedè .î) fer. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’.rn.. ;ui:-du: aïnum qo-ir.quot; *89»
Mons Mofquiccs. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;„ ijh
Mont Ararat, autourdhuy mont Gordian, lût lequel fatrefta l’Arche .-deNoë. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. ijî*
Mont Eine'didlchainedu tnondi. 'ri ' ifïs.Tziîirj / ..n) ? ïdj. MontPclinec. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.- il-J'’s.-r.r-i^fn* -i- ^P
Mont Saint Helic. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;..i ;r' : . ■.., ■ ■ nbsp;nbsp;nbsp;. :^4'
Mont Sinay,ou Orcb lût lequel la loy diuinc fut donee à Moyfe- *M Mofquee lupetbé,edifice par Sultan Amurat.mu . ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;idp
f. Mofqueesen Confiancinople, accompagnées de leutSArnatarhfs. . .'fontaines amp;nbsp;Efcoles. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Jniti^.-.n^ iff ’ *°‘P
Moulins à vent à dix ailes. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.pj-jje nn *’'
» Montons à la queue larges d’un pied. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.-litd . n ‘ 5^'
Moyen de bien toft repeupler Conftantinople.
Moyens que pratiquent les Voinuchs pour palTet là fortune amp;nbsp;h ' temps. .5 ;7:0'1.”?«».•.!i^gt;.“Hslonn^^iio, trurf jcnn; ,^ ’7’‘
Nao fontaine. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.^.li dp
Nations Orientales fubieds au péché Sodomiticque,
Naupade vulgaircmantLepanto ou Epado, . '.■ .,
Neige conferueetout l’efte« nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, j-tdon n
Nerzimi premiceSJ Märuc dé lai.rebgiondes Calenders. 3 ilS? Niphante. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.•‘’sHi? mir.; c ^ÿi'
Noms des citez de Màiorquc;amp; Minorque^oj e»o-j, r ■ J* Nourriture palfe Nature, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,; 150,
Obeif»
-ocr page 447-ObeilTance quelesieunes Perfans portoyent à leurs fuperieurs. 109. Officiers aux Cuifiniers du Saiail.
161, 150. i 04. i7X. ii4.
Opinion commune que les Peicz l’erattent.
J^pffiion des Turcs touchant les images. ®pffiion diucrlc touchant l’ame.
“Pinion que ont les Perles de leur Roy.
ypiuma force d’eniurer. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;16^.
' Ordre des lanilTaitcsinfiitué par Amuratvij.EmpercurTurc. 152.
4. Ordres de Religieux en Turquie, Geomailcrs, Calenders, Deruis ^Torlaquis.
178. i9î-
^Ordres ou edats des Athéniens.
Otrepremier Icgifiatcur des Armeniens.
9ybiicté louée d es Thraces.
171.
89.
»Hadium de Rome transféré à ConftantinopIc.
’nthahree des anciens Paconie.
16.
lépten Rome, Patriarche en Grèce, Abima en Ethiopie amp;nbsp;terres de Prete-lean. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;quot;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;X51.
^PapedeRome eft anathematize tous les ans par les Patriarches 305 ’rensde Mahometpertent en teftecouleur vcrdeamp; pourquoy. 19^ ’'isprint lepremiertruid des amours de Helene en l’iHc Cythere.59 laniîlcmont.
119.
118. JOl. }O1. JOl.
30 X. 30X. 300. ’79.
?• Parties de Pcta habitées de trois diuerfes nations.
1' Patriarches.
* Patriarche refide en ConftantinopIc.
Patriarche refide au Caire.
’n- Patriarche en Icrufalem.
‘'n. Patriarche en Antiochic.
’• Paul a annoncé l’Euangile de Chrift aux GrecqS.
* eau de Lion en lieu de manteau.
Prichou Ptiderde nâtion Perfienné, LaqUais du grand Seigneur. 151 Priez courent faulrans fur la pointe de leurs pieds. iriez courent à reculons en beau chemin aucc la face vers le Sei-gquot;eur.,
1 nez anciens fc faîfoyct ferrer la plante des pieds cômc chcuaulx. « 5 x. Priez anciens portoyent vhc boule ch la boUchc ainfi qu’on faid es mors des cheuaulx amp;nbsp;pourquoy. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;151. Pdion. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;299. fderins Mores reuenans de la Mecque, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ao^.
EC3 PeU«'
-ocr page 448-Pelleterie à vil pris.
quot;4’ 180. ’5!gt;-100. IJ(f.
Ftioponnefe autiesfois la Rocque.
Peluiandcrs luitants.
Feluianders Liiyteurs.
Pcluiandcrs font Indiens, Mores ou Tartar es.
Ferdris à quatre Deniers.
Perdris dumeftiques qu’on meine amp;nbsp;rameine par troupeaux aux champs. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;7J.
Periade duquel fourdent Euphrate amp;nbsp;Araxe nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;îf.
Petinthe vulgairement Heraclee. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;84-
Petmiflion aux ieuncs hommes d’emprunter les femmes des vieils
amp; caifez. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ijo. Fermiffion à la femme de demander fecours au plus proche parent | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||
|
ones d’Arménie anciennement de Cafpic amp;nbsp;Cilicie, “Htquoy les Gcomailcrs font appeliez h- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• •
^41
onamcs de la religion d’a
p 'quot;ours.
180. J 5^.
82.
gt;ÎÎ.
*5^ 301. «7-
p®gt;itquoy les Luitcurs l’oignait. pf'^ier paflagc des Turcs en Grèce. filage de la ruine de l’Empire Orientai.
?'gt;ciesArmeniens mariez, 'dires barbus amp;nbsp;mariez;.
valeur du Madie.
28.
‘’“'lins payent tribut au Capitaine de la nuidt pour leur licence. 7lt;7. ^dle eft l’intention des Sacquaz. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;20y. •
^*gufins riches amp;nbsp;fuperbes.
^'lîgc des Turcs par l’Ifle de Malte.
^'ligieux Turcq.
Refponce d’vn Dclly interrogué fur fa foy, Religion amp;nbsp;edranges habits.
^Wenudes quatre Patriarchesn*cd que 100. ducatsparan. 302. Roc ouuert en fontaine par Moyfe.
**• Royaumes amp;nbsp;200. citez prinfes fur les Chteftiens par Mehe-
91» 218. ï7î.
59-44« 47* 2pr.
4?.
218.
« Roy des Perfes ne fortoit iamais fur peine d’edre lapide.
Roys efleuz par le peuple.
Roine du temple de Venus.
Rufe deshonnede.
Rofe d’un cheualiet Françoys.
RufedeLicurgus pour faire entretenir fesloix.
Rufe non moins cauteleufc que mefehante.
Saba,
Sacquazde nation Morefque, porteur d’eauc. Pèlerin de la Mec
que.
107
£ c 4 Sacre
-ocr page 450-T A B t H.
Sacrement foubs l’efpccc d’une petite hoftic. iji. Saffran Cotycien. 14;. Sage aduîs de Poifier cheualict Françoys. 41. Sage refponce d'un Françoys. 4j, Saiilic hardie de lo. Cbcualicrs Tripolitains. }j. Sanabete ou Sanabetha, Sibille Pcrlienne. iü. Sapins produifans poix raifine. 7. Saiail delà Sultane femme du grand Turcq. jé. Sarail des ieunes cfclaues nourriz comme pages, ^6. Sarail des Azamoglans. i6j» Saiail édifié par Suitan Selim. . 264. Sardonique , Melochite, Iris gt;nbsp;Andromade, Pederote. 129. Sanlfe d’aux commune en tout temps. i^J. Sauo flciiuc. 17. Scidibattal maintenu faint, pour auoir conquis la pliu pan delà
Turquie. iS^« Scyras ville royalle des Roys dePerfe. i zq. Scorpion fort grand de couleur iaunaftre. 59. Seigneur temporel amp;nbsp;fpirituel en Arménie« ift. Sel blanc engendré du regorgement de la Met, auecq la force du
Soleil. .7'
Selim prince Arabe amp;nbsp;vray feigneur d’Alger efttué en trahifon pat Barbcroulî’e. iolt;
Sepulture de Conftântin de Porphire. 94« Sepulture d’Homerc. 6f, Sepulturedu grand Pompeeau mont Cafic nÿ Serment folennel confirmé par boire de fon propre fàng. rjt. Seftc en Europe. Soi Seucre donne le territoire de Bizabceaux Perinthiebs. 89. Seuls patents de Mahomet portent le Tulbantverd, 19*’' Sicile fournit les Maltais de bled amp;nbsp;de via }'• Similitude de la chaife a l’art militaire. no» Sinan Bafcha capitaine general de l’àrnice du TurC. 17« Situation d’Andrinople. ' 1^4. Socrates condamné â mort amp;f pourquoy, î99‘ Solaqui ou Solacler, Archer ordinaire de la garde du grand Sei-
neur. 148' 500. Solaquis. 14^. Solaquis accompagnans le grid Turc, paflebt les riuieres à pied. 14^.
Solen.
-ocr page 451-Solennité de fermens.
Suphy, ce qu'il fignifie Soufpeçon faulfement conçcue contre les Françoys, Statuébien grandeà la (émblance d’Apollo.
*B* 54. 50. 59» 17«»
Statue amp;nbsp;cmgie d* Helene.
Statute amp;nbsp;corpulence des Thraces.
Stincoou Veto, arbre femblablc a Nette.
S'orax remédie contre la fenteur du Myrrhe pernicieule.
Subieftion de chafeun aage, de fe trouuctàfon quartier à certain xo8.
•out amp;nbsp;heure.
^quot;«e Candy bon pour l’altération.
’49.
198.
*79.«
5Î.
iJJ-^54'
^“perdition amp;nbsp;Idololatrie des Grecs.
lt;?', Synagogues de luifsen la region Theflalonique. £’‘«re cité,
*nibüra fcmblablc à la Cidre.
ip^fc vulgairement Terrafe. ’
‘uns ou Tetua ville Royalle du Sophy, h«01«.
J^dclc cité. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, ,, . : ;
,j,'uiplc d’Apollo, en la cité de Dclphe.
i8i, iSj. 181»
,j,'’’’pUdc lupitcrDodoncc en Epirc. ] ■
gt; quot;’pie de lupiter Olympien.
. i8x.
79* 91.
ip'uiplcjç Neptune. ro i
^'^plede S. Sophiefaiabordcau à putains.
'Me de Venus en Corinthe où ily auoit plus de milleputains.xgj ' 1 Y'fmoignages de la beauté des femmes Perfiennes, , ' Hï, Th,v^«oignage d’un parée de Mahomet en vaut deux des autres. 19^ Tk'æ*”'’®^^P’^®^®*”^‘l'‘’*'‘o^*^““’'PP®^^ 5'^®* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-^' x8i.
' •j.^^doniquevulgairement, Saloniqui.
179. 261. iffx. ^7V i7S*
Yƒ’lt;:« anciennement Perça, S chyton.
' Tb'^^^^P’^'^'^*''^°^’''‘'^quot;
, 1.'’CCS cruels amp;nbsp;inuinciblcs fils auoyent vn fcul chef.
\ Tk*^^** ^^ vantent cfac les .inuenteuts des arcs.
■J,.'’ces à pre'ent fub lefts au T ureq. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. .nov ’ d
»54-’7. Torla-
I *’Pda ené, ■’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, ■
-ocr page 452-Torlaquis autrement Durmiflars.
Torlaquis mangent de la Matfläch.
Torlaquis fligmatifent leurs temples amp;nbsp;pourquo/.
Tour des laniflâircs.
Tourner le dos au grand Turcq efttenu pour irreucrenec.
Trahifond’unfouldat Proucnçal.
Tranfes pleuroycntàlanaiflance de leurs enfans, amp;nbsp;fleflouifloyent
Triptolemus inuenteur de la femence des fromens.
Tuibant des Armeniens , eft bigarré de blanc amp;nbsp;rouge. ijo. Tulbant des Grecs eft bleu.
Tuibant iaunc faffrané, marque des luifs. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;147« ^79*
Tulbant des Turcs eft blanc. nbsp;nbsp;nbsp;'
Veftiges duchafteau de Mcnclaüs mary d’idelenC.
60. ViHagcs cn rnléde Malte. '^ \’ '- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^^ P',«' ' ^''
Vin défendu par Mahomet amp;nbsp;pourqaoyi ' nbsp;nbsp;’quot; ^ ' ', ■- -
Vin gardé dedans des vrnes de terfe. - lt;
Vin plus requis des Turcs pource qu’il leur eft defendil«
Virginité amp;nbsp;abftinencedes Calender's.' quot;
Voyage de Yenifc en la ville de Bloys»
-ocr page 453-
| ||
FIN DE LA TABLE. |
En ANVERS, ^Ar GVIUAVME SILVIVS IMPRIMEVR
Dv ROY. i5 7lt;î.
Avec privilege povr six ans.
-ocr page 454-o^^) lt;^€»3415**'