SECRETS DE LA
VRAYE AGRICVLTVRE, ET HO-NESTES PLAISIRS Cty’ON REÇOIT EN la mefnagerie des champs, pratiquez amp;nbsp;experimen-^ lez tant par l’autheur qu’autres experts en ladiôle fcience,diuifez en xx. iournées, par Dialogues.
avec
l'A? DlSCOVJiS VE TOVT CE QVE DOIBT faire yn- diligent mefnager champefire ,tous les mois,i^ félon que lesJaifons du temps fint bonnes,ou mauuaifis.
TKADTITS EN FRANÇOIS DE L'I-
TALIEN DE ME S S E R A V G V S TIN G ALLO, gentil-homme BreJcian^par François de BELLE-FOREST, Comin^eoif.
A PARIS, Chez Nicolas Chefneau,ruë Sainâ;Iaqucs,à l’enfeignc de l’Efcu de Froben,amp; du Cheine verd.
M,D,LXXJL
Aucc priuilege du Roy.
-ocr page 2-cnibc* ne éW^ru ^^U’
-ocr page 3-5 O N SIE V R, ƒ iamais l'innocence \f»t recogneue en aucun e^lat^ou condition de vie en laciueUe la hommes ^5 employent^ çgt; s adonnent ^ iepen-fe tjue la vie rußique , çgt; ffaßora-leeß celle (jui doit en cecy en porter ^auantage : veu que du Joc, charrue , GT* paßurage Dieu a iadis ti-'f^^lcs plus iUußres dentre ceux quifont renommel^n lefritu-retour leur vertu, amp;nbsp;excellence. Et quoy que le labeur, cgt; peine que thomme prend d cultiuer les champs luy ayt e^lé en
joint dés le commencement y comme pour penitence defon mef-ftiéiyt^ tranfgreßionyß eél-ce quele malheurfe conuertifant J en benediélion: du heu meßne duquel procédé laJoufrance, çgt; ^eßlaißry on voitßortiraußi le repos, e^ contentement le plus j ^randquepuife receuoirlef rit de l’homme. Lequel enant ne ^ow s'exercer, lt;amp;nbsp;trauaiUer comme celuy qui a bameß '^igi-hnte qu'il luy eßimpoßible qu elle foit fans rien faire y e^ les tnains duquel doiuent imiter les conceptions intérieures n'a
lt;^iißi exercice aucun qui luy foit propofeß digne de luyy amp;^ plus ^niuïel y que b Agriculture. Et qu'il foitvray, regarde!^ ie '^ousprieyComme Dieu a vouluedlreferuy exterieurementy (^ ^'^^J. ^^ß^ß^ baf echo intérieure par les fruits recueillis moyen-â ij
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nant l^an, amp;fdenceß remarquable queß le labourage. Et comme ceßefdencefi/t confiderée diuerfement, egt; compm-fic ,' diuers ena^ß efl il que tout reueuantpre/que à vn,tout außi, amp;• enjemblement,cgt; ebaßunen fin particulier,a eße emploie aufiambifiruice de [ancien autel, figure debefait, duquel nout fouirons enfiaperfiblionJe Utiles laboureurs du premierfie^ 1 de, ^ auant que le deluge purgeas!, e- punifl les mefehance^ ’ tendes humains , pour voir Noélouéen beßriture, amp;nbsp;quilt premier cultiua la vigne.Laboureurs eßojet fis enfians,iamp; aj-mds lafimplicitérufiique, amp;^ tout diuersfut Nemroth le ebß ' ßur, amp;• premier qui introduit la tyrannie au monde. Berger ^Laboureurßut abraham, c- de meßme office celuy qui lay oßritpainamp;^ vin venant de la guerre contreles tyrans qui froyentpillé,amp;^faitprifinn!erLoth, g^fifimille. Mairie- ; quoy mefiruiroit rbeßlucher icy tant de matteres puis quels Prophete PPelißefutttre d apres la charrue pour efiremisnu ßruicedugrandfiruiteurde Dieu ffelte f £tpuis qu’dmos defimple B erger fut fait annonciateur, amp;gt;nbsp;truchementfiddle nbsp;nbsp;'
de la parole diutne^Ielaißelaßcree mémoire desfitntsefnis: voyeg^ce qut ef dit de ce grand £oy Cyre, parlât au P rince Lacédémonien, lequel s’étonnant de voir le plant d’vu verferfi bien tomparty que les proportions (deometriquesy edeyent außt bien obfiruees que rien plus, le Roy Perfin luy dit : Mlt; * mainsßnt celles, qui ont plante', entd, e^mefiage toutes ces choßs. K7ye:g^ toute l’antiquité'romaine sefre exercée en celle ßinte vacation, gÿ^ que iamats les reytubliques ne firent mieux gouuernées, ny les armées mieux conduites que lors que le Prince s’adextrant aux champ’s, renfircoit fis membres, elS’' s'accou-fumoit d la peine. Pifi^ ou c’et que fit trouuéPlyfièlorsqUS on le voulut mener außegede Proye-'lahougt;-antfesterresfierd' les, ^ maigres d’/taque. (fiuint Cineinatfiuuerain magifirut,
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0* dictateur domain fut tiré de U charrue pour venir dR.o~ rne^ e^ défendre fn pais dies courfes des ennemis. Si ie voulais tout dire ce quife pourrait alléguer jur cesle feienee tant neeeß-[lt;iire.)ie n aurais iamais fait ^mais vous (yionfeur)ftplirés au reile^el^ epimeres queie vous ofreicy vne Agriculturefortat, non de ma main., qui nefiisß digne que dc^tre apeUéavnß ßinli est at, auee le redle de ce qu il a pieu a Dieu me donner de ÿ‘lt;ices.,ains de la forge.,?^^ façon Avn bon vieillard Italien,qui neßrit rie,queluy mefmenayepratiqué,e:^ duqucl(oupeu sen j fwlt}ont emprunté ce qu'en ont eferit,ceux qui nous ont paint j U maifon ruftique,en Frace. Non que ie leur vueiUe a fl er leur gloire,ny lespriuer de la louange qui leur eH deuepour leprouf-{ fit public auancépar eux,?^ imitant ccßui-cy,^^ y adioufans 1 quelque cas de leur fingulicre erudition, egt; louable experience: carießime ceux qui trauaiUent, amp;^ admire leur gentiUeße, amp;nbsp;feauoir, mais ie veux bien qu'on fcache, que ceU auteur edi au^ .tant digne d'eflre fueiUeté, comme on luge admirable vn Caton, (lolumclle,Crefence,Farran, ou Conflantin,d caußque la Ion-lue experience defonartluy donne autant de hardie fe, e^ de certitude d parler, que fait le longtrauail, amp;• dißiplinedela guerre au bon,cd^ vaillantßoldat,lors qu'il eß quefion de deui-j fer de cellefience ruße,e^ fe renouucllant tous les lours en l’exercice militaire. Orpoureeque ießay que vouseflant en vo-fre maifon de Puy-damour, naue7fautre contentement qu’en luplaifante cgt; non malicieuß compagnie des laboureurs, amp;-que les iardins,vergers, prairies, viuiers, vignes amp;gt;nbsp;chapsfont '^oflre eflude, ioint que celle amitiéfi longue qui nous a coioints tnefemondà recognoißrevofhonneßesdeuoirs C^ offices d'a-tgt;y entiers moy,ayant fait parler Frâcois ce gentilhomme Bref-fin,(st* hntrodufant en Francc,ievous ay choifipourßn ho-fi^afeuré qu il fera bien traité de vous, et* enfemble pourle â iij
-ocr page 6-____E P I S T R E. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;) patron de mon œuurey qui tefmoignera à iamais, qae ie ne fits fdoingdemes amis yquetoußoursla mémoire de leur rcrtunt fiitprejenteàmon esprit, lt;^ que leurs deportemensnefoyent graue'^en ma penfée. Ksus le receure^^donc^ amp;• ensemble leur-^^ff^^^\pommeilluyappartient,e^ l'honoreree^^tantdcaufiii Jon aagejuy payant le yo.an defauie^que pourfafmgulierd-rudition.'C?^ luyfere'/^on accueil pour [amour d\m zoj'd^ amy^qui le quot;vousprejeie:(ß^lequelß eu^î eu quelque casdemeib leur,n euHfaiUy außi die'vous mettre en main:quoy que iep' Jè(ie le dis Jans tranjport c[a^e[lion)que ie neßauroy 'vous offrir vn prefnt plus remarquable que [Agriculture dufeigitV , Augußm Gallo Bre/fan,quoy quen toutes cbofsdela viens- । ßique onnujèpoint en France ny Picardie de toutes lesfscefgt;s 1 de labourage,prcernes, e^ 'vignobles,qu il def riten fnælt^'^^^ J ‘ Triais quoy ? ainfi que nature s’efiouit en la diuerfité,no((suuïes außi le contentement en noUre vfge, amp;• en celuy des^^' j S gers, e^ (peult eßre') pratiquant leurs manières defaire, uouf nbsp;nbsp;0
rendrons no-i^terres plus fertiles, ou a tout le moins nous taj^ il rons que no^i^laboureursfront e^ plus diligent amp;nbsp;mieu:^^^^^ ' tique^i^encc/lefcre'e, amp;• necefaire fience. Accepte'T[Jo/fCamp; -le G allô parlant François, egt; 'voßre BeUe-foreU, qui nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;|
heureufvie. De Paris ce de May. 1571-
Fßre meilleur amy à iamais •vous obéir,
E DE BELLé-FOKEdF i
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AVGVSTIN GALLO GENTIL
HOMME BRESSAN,
^^^^LES KI N GT lOKI^NEES DE L’aGRICVLTVRE, ET DV PLAISIR des Champs.
g» 0 Y Confidcrant en mon efprit combien cd '' noblc,amp; cxccllente,combienagreablc,plaiün-tc,amp; necellairc l’Agriculture à nous tant que lommes de mortels, ie m’efbahis auffi, d’où procède que ceft art foit fi peu eftimé, amp;nbsp;pratiqué par vnc fi petite troupe de la nobleilc de | noftretemps.Carfinousregardosfon ancienne Origine, qui cil le fondement de toute no-^’^/^^^■^^^^^»“^‘^^''^'^'^Q’^sque Dieu l’a indituée dés le commencement du monde, amp;nbsp;la donna au premier pere Adam,l’ayant crée à fon Image, amp;nbsp;fcmblancc, amp;nbsp;formé du “mon de la terre le mil au iardin délicieux, dit Paradis terreftre, afin que (eoinmc dit rcfcriturc)il le cultiuaft, amp;nbsp;gardaft,amp; où il deuoit à l’aducnir prendre fesaifes auec contentement, f’il ne fut tombé en péché comme *lfeit. Ainfi,combien que iuftement il meritaftd’en dire chalfé, fi dire que par la grace, amp;nbsp;mifericordc diuine, l'Agriculture luy refta pour fon pairctemps,amp; comme compagnc:afin qu’outre fon viurc needfaire die luy feruift d’allégement, amp;nbsp;allcgrcfi’c au milieu de les ahans amp;nbsp;plus friefucs calamitez, qui luy font données pour chaftiment, amp;nbsp;penitence lie fes faultcs,amp; péché commis contre la diuine maiefté. Edantdonc, O'ftargamp;profdnonla plus ancienne, la plus iuftc,amp; prouffitablc que mute autre vacation, d’où vicn celle occanon fi maudite que la pluf-part ^hommes n’en tiennent compte, amp;nbsp;ne l’cxtoUent comme illuy apar-rænt, veu que par elle on vit ainfi efloigné (qu’on voit) des ambitions, oonuoitifes, amp;nbsp;vaines occupations de ce monde ? Iuftement donc ceux-là frpcuuent apeller, heureux, Icfqucls ayment tellement ccfte profdfion, i Tr ils n’ont moyen de penfer ailleurs, ny àfamuferàautrcsaélioni, co-Snoilfants par experiéce qu’il n’y a plaifir qui puifle f cfgaller à ccluy qu’ils irntent,tandis qu’ils font ententifs à cultiucr leurs iardins, leurs vergiers, leurs champs.On fçait que iadis y a grad nombre de Princes trcf-exccl-l'nts,quiaymercnt fi ardamment ccfte profdfion,que laiflàns leurs aifes, 1 ^ dclices à part, fe mirent à la pratiquer de leurs propres mains, voyans
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amp; cognoiïïànts combien grande eft la difference entré la vie penible, faf-cheufc,amp; pleine de pcrils/elle qu’eft celle du gouuernement public,aucc cefte humble,alPeurée amp;nbsp;pleine de repos,amp; laquelle on fuie menant la vie des champs amp;nbsp;ruftique.Et à dire le vray, c’eft chofe incrucillcufc que voir que d’vn (cul grain forte vn nombre infiny de fcméce, amp;nbsp;d’vue petite verge,eftre produit vn bien grand arbrc,amp; d’vn tédre fyon amp;: ente, des fruits treirauoureux.La mcrueille prend encor fou accroilicment en lacontcm-platiô de la vertu cachée eu quelque feméce,germe, ou racine que cefoit, amp;lcs effects qui fen enfuyuent, amp;les occafious d’iccux : amp;nbsp;fortansdelà, pour pafl'er,amp; pénétrer plus outre, regardaus celuy qui feme amp;nbsp;ente, qui arroufe amp;nbsp;améde les terroirs,amp; les cultiuc,neantmoins nous voyons que de n’cft luy qui y donne l’accroiffcment, où eft la caufe principale des cf-feéts qui en proccdcnt,ains c’eft le feul Dieu qui produit, accroift, multiplie amp;nbsp;maintient tout ce qui uaiftfur terre, amp;nbsp;qui encor guide la main amp;nbsp;l’cfprit de celuy duquel extérieurement ces fccours dépendét. C’eftpout-quoy,ie Auguftin Gallo,confidcrant diligemment aucc quelle prouidéee là diuine majefté a ordonnée l’Agriculture pour le Ibuftien, vie amp;nbsp;nourriture du genre humain,amp; ayant employé mon temps dés ma icunefle iuf-qucs à l’aage de 70.ans en ceft art,auec mon grand contentemét amp;nbsp;pl^i^r ay penfé(pour le prouffit de chafcun)de faire fortir en lumicre vn difcouts fait amp;paiTé entre quelques gentils-homes de noftre carrier,au bourgplaf faut dePoncarahauquelffi ie ne fuis dcccu)on pourra voir le grandprouf-fit amp;nbsp;plaifîr qu’on peult tirer en bien cultiuant la terre : laquelle, comme mere gracicufe,non feulement rend fcs fruits aucc vfure,ains encor fait cognoiftre,quc le Icigncur noftre Dieu ayme amp;nbsp;fauorilèceux
qui vcmicufcincnt,amp;d’vn cœur généreux I cm-ploycnt à la eultiucr.
ARGVMENS
lOVRNEE PREMIERE
i DES SECRETZ DE L’AGRICVLTV-RE DE MESSER AVGVSTIN GALIO Gentilhomme Brefcian,
or JONT iNTROVriT^ii JE^^ BAPTISTS AVOGADRe: BT VINCENT MAGIE, DISCOV-rans fur les quabtex^ des terroirs, lt;juel\^on les doibt acheter, le moien de les ordonner (^ départir, de les cultiuer labourer.
^Â N T R i les villages,amp; lieux champeftres du pais SreP-J^^i’Ji cian, amp;nbsp;finages de la cité de B te lie, pleins de champs, amp;nbsp;paifages platamp;ns , amp;nbsp;ddcftables, on voit le Bourg de PoncaraI,qtie les anciens nommcrcnt,pont Carrare,auquel ont dccouftume tousles gentils-hommes ^^/ voifins de fc retirer,comme à vn licu,amp; retraite pleine g de douceur, amp;nbsp;qui fcmblc eftre comme le centre naturel des lieux circonuoifins pour fou aménité, amp;nbsp;gentiUcirc : amp;nbsp;là cefte tioblefie feftât retirée y fait demeure la plus part de l’année pour leur paf-fetemps amp;nbsp;volupté honncfte,amp; pleine de vertueufe recreation.
Vn iour entre les autres aduint,quc le Seigneur Vincent Magic partant d vnc ficnne ferme vint vifiter lean Baptifte Auogadrc,qut le receut aucc pareille courtoific,amp; hônefteté que de couftume : amp;nbsp;f’eftans pourmenez - «ufemble par quelque cfpacc employans leurs propos fur les loüaii-g«de l’air lcrain,amp; plaiiancc du lieu où ils cftoyent, i’aflircnt dedans vn ocau,amp; delectable Iardin,à la frefcheur,amp; ombre d’vue treille,amp; grande, amp;fpaticufe:.oùfcftansarrcftcz quelque peu (ans mot dire, Vincent Magic rcprenantle difeours commença à parler en cefte forte.
Vcritablemét Seig. Auogadrc,unt plus ic regarde ce lieu amp;nbsp;l’afficttc de . telle Bourgade, amp;nbsp;queicconfiderevoftrécftat,amp;fclicité,icfuispluscf-*ncuàvous porter vue douce cnuic,mefme voyant auec quel contentc-tpcnt d’efprit vous palTcz les angoifles de cefte vie en vous addonnant à 1 Agriculture, ce caufant le grandfçauoir amp;nbsp;cognoiftance que vous aucz évnart fideleétable.D’autre part, me voyant peu vetß en cefte fcicnce, ^quot;ivoudroit me parangonnerà vne bonne troupe de noz citoyens qui
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11 ont pkifir qu’en ceft exercice, ie voudroy fort vous prier me faire tat de de courcoifie que de m’enfeigner les moyens,amp; chemins neceflaires pour fiiyure vne proreffion tant cxcclléte,ahn que par cy après ie face eultiuee mes terres d’autre façon que n’ay fait par le palï?.
Iean BAPTISTE* laçoit Seigneur Vincent, que vous puisez eftre tro mpé en vodre opinion raefine,entât que ie fuis ccluy qui fuis le moins verfé amp;nbsp;expérimenté en ccd exercice de labourage, amp;nbsp;melhagementdes champsmeantmoins voyant voftre bon délit, ie fuis cotent de vous fatif faire,amp; m’offre de vous en dire,amp; difeourir tout ce que i’en fçay, amp;nbsp;félon que ce comporteront voz requeftes amp;nbsp;demandes.
v i N c E N T. Vous me ferez dóe vu fingulicr plailîr,mc difant en premier lieu,les códicions,qualitez,amp; confideratiós qu’on doit regarder, amp;nbsp;auoir eu achetant quelquepoffeffion amp;nbsp;heritage:d’autant qu’il nie femblc (Aie ne fuis deccu)que Air toute chôle il faut prendre clgard à celle cy, comme la plus grande,amp; qui cll dc plus d’importance,
Iean baptist e,Vous n’auez point mauuais iugement en cecy, amp;nbsp;ne vous trompez en forte quelconque. Donc, prenant mon commencc-A o do t niôtdecccy,commeduchef,amp;fourcedctoutlercllc,iedis:queccluyqui K^'arderle veut acheter vncfcrmc,amp;pollcflionchampellrc, faut que furtoutilre-plus celuy garde l’afliettc, amp;nbsp;en quel air elle ellpofce: car bien quelle full douée de qui achet- toutes les perfeôlions que lon fçauroit fouhaiter, neantmoins fi la honte, tevoefer- amp;falubrité del’airluy venoirà manquier, qui cil le point le plusfcuramp; neccllàirc,il fcroit grand folie d’y employer lon argent. A celle caufcles terres mal acrecs faut que loient cuitécs,amp; dctcllccs comme nuifibles;en-tant qu’il vaut mieux auoir clgard à la fanté amp;nbsp;conferuation de fa vie, qu’l choie autre terrellrc,ou prouthtablc quelle que ce loït. Outre la conlide-ration du bon air,encorc faut-il choifir le lieu qui foit lain en fon fondz amp;nbsp;aflicttc:car fil clloit alîis en quelque marellz qu’ô ne peut clpuifer,cfcou-lcr,ou faire fcchcr,l’il clloit boueux,argilleux, ou ayant de la craie, ou duquel le terroir full crud,alprc,dur,amp; caillé de couleur rougeallre,onau-roit beau y trauaillcr,amp;y employer toute l’indullric amp;nbsp;trauail qu’hom-me fçauroit ymaginer, li cll-cc qu’ciicor on ne fçauroit n’y pourroit tant gaigner que d’alter celle irnpcrfcólion,amp; rendre la terre bonne amp;nbsp;fertile. Mais d autât que le plan,amp; affette des lieux cil diuers, amp;nbsp;que les vus lont montaigncux,d’autrcs en planurc,d’aiitrcs participent de tous les dcux:ie fuis d’aduis qu’on choiliiîe le terroir qui cllât plain, ell toutesfoisioint amp;nbsp;marié à quelque plailàntc colline, d'autant que tournant vers l’Orient, Occident,ou Midy,amp; non au Septentrion amp;nbsp;tramontane, il fera plus fertile , amp;nbsp;abondant en fruits que fil clloit tout ou en planure, ou en coftau amp;nbsp;colline. Veu que les poffcllios qui ont leur alîicttc enuirônée de beaux collaux, amp;nbsp;montaignettes reuellues de boys d’oliuicrs,amp; autres arbres fiuiticrs,amp; prouHîtablcs, font les mieux accommodées, amp;nbsp;deplus grand proulfi t que les autres,entant qu’elles Ipnt capables d’aporter amp;nbsp;produire toute choie qu’or^ihaircment fc recueille en vn païsamp; contrée,Dauan-
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tage faut prendre garde de ne fc loger en village, ny hameau mal renômé, tftantchofe infuportabic d’eftre toufiours en querelle aucc vn mclchant Voifin, cequiacaiifeàpluficutsde vendreleurs heritages, amp;nbsp;de quitter leurs pais,pour ailleurs viurc en repos. Vous dis d’auantage, qu’il eU bon, 411e voûte poUeffionfoitelloigncedesfortereires, amp;nbsp;lieux de garnifon pour le moins de deux lieues,des riuieres,amp; torrcns,amp; de ceux qui tyrans nbsp;nbsp;; •ufent le peuple;pourcc que les forterefles font ordinairement fubiedes à nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^ ’Juclque nouucauté qui eft dommageable aux voifins: amp;nbsp;quand aux fleu-quot;esleur delbord vous contraint à faire toufiours des frais pour reparer les tunics amp;nbsp;degaft.il cft bien vray q ie loue l’affiettc des pofleffions qui font près quelque flcuue non rauiflànc,amp; précipité, amp;nbsp;qui ne font loingtaines des lacs ou autres eaucs nauigables, d’autant que par ce moyen, àpeu de . ■ . £ eoiift on peut faite porter fes viures ailleurs pour en tirer prouffic. On ne lt;nbsp;il peut encore faillir,achetant quelque heritage près des gras villes,veu que nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ri letcucnu en eft plus grand,àcaulc de la valleur des chofes qui fe vendent ‘^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;* mieux cftant près que fl on eftoitefloigne des villes. Outre ce,lemaiftre fetenantcnla cité peut fouuent aller vifitcr fi fes laboureurs font le de-Uoirau labourage. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;- -
ViNCENT.Toutce que venez de dire cft de grande importancemlais ‘ ƒ ^ telle voftre confidcration qu’il foit neceffaire que le maiftre voye fouuct f« terres, eft la plus importante, amp;nbsp;où il faut auoir le plus d’efgard. Veu luttant plus fouuent vn feignent fagc,bon mefnager, amp;nbsp;qui Içait iuger te qui eft prouftitable,vifite ton heritage,tant les terres deuicnnet deplus nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;* belles,fertiles amp;nbsp;rncillcuresiaufli dit-on en commun prouerbc:Quc l'œil nbsp;Drouet dümaiftrecngtelfe le chenal. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;comw
Iean BAPTISTE. C’cft cncot l’office d’vu fage hommc,de ne point acheter pofleffion aucune,où feulement il faille auoir cfgard li l’air t.ft bô, oumaiiuais, amp;nbsp;où de iour à autre on cft en procès preft à vuider aucc la eae)ït,quoy que le lien foit fet tilc:voirc ne faut le choifir fterile pour eftre enlieufain,amp; bien a'cré,ains eft requis de fçauoir,quels vens y régnent, amp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^^ ^^.^ foufflent ordinairement,^: fenquerir de tout le terroir par le menu, amp;nbsp;ce ^^fer °ig enquoy il eft bô on que c’eft qu’il refufe, Slt; ne peut porter nacureUemét, bon mel-Cai cefte confidcration n’eft pas de fi peu d’efFcét,qu.c quiconque n’adui- nager des brade bié près à cccy,à peine pourra-il iamais porter le nom de bon meC- champs, nager champeftre.
V m c E N T,Sçachant qu’en cccy confifte la vraye perfeûion de l’A-griculture,Gvoudroy-iefçauoir.par quel moyen on peut cognoiftre vne Diucrfitè ligrande amp;nbsp;difficile vaticté de terroirs li differens les vus des autres, y en destenoM îyant de moyennement bons, de bons, amp;nbsp;de trcsfertiles, comme au contraire de mclchans,pires,amp; qui encor ne font de valeur quelconque.
lî A N B A P T. Auffi faut-il confidercr,qne les heritages ont dîners plas amp;nbsp;afficttcs,les vus eftâs fur des coftaus,d’autres en plaiiurc, les vns lur les monts,amp; les autres en valée;amp; que chafeun peut auoir fix qualitcz diner-bsde tctroirsià fçauoir gras,ou maigre,fcc ou humide,rare amp;nbsp;tcdit,oulo
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Comme la bonté ou fterilué d’vn terroir eft co-gneue.
Herbes fai fans co-gnoiftre la Bonté d’vn terroir.
Autre figue à co-giioiftrc la Doneterre.
Autreefiay de labonté des terres.
Bonté des chaps à la couleur.
lidc,amp; cfpais:amp; de tant plus ces qualitcz font meflccs,de tant dhicrfificnt elles la bonté,ou fterilité de la tetre.Or entre les terres qui ne font de grad apport,les pires font celles qui font gluantes, argiUculcs,pleines de craye, amp;nbsp;blanchaflrcSjCclles qui crollcnt,amp; tremblent, les dures, aipres, amp;nbsp;trop fortes: amp;nbsp;ne doit-on les choifir,ains reietter comme terroit ingrat, malin, amp;nbsp;qui eft fans prouffit quelconque. Mais les bons font cogneuz lors que fins améliorer, ny greffer les champs, ou fans les ciiltiucr, de mignarderà force de labourage, ils produifent de beaux arbres, nourriflent les bleds gaillards,amp; fertils,enargiircnt les herbes florillàntcs:amp; cn fomme,efquel-les les fruits font bons amp;nbsp;faiioureux.Encore en fait-on iugemét lors meb me qu’ils ne font ny rompuz ny femez ou cultiucz aucunemcc,fil y croift de la dent de chien,la lampe du treffle, amp;nbsp;des mauucs, veu qu’il n’y a pas vue de ces herbes qui,naillànt en quelque lieu,ne donc fignihance de fertilité: mais fur toutes le treffle en porte lauâtage. On cognoift outre-plus fi vne terre eft bonne quelle qu’elle foit, en la remuant amp;nbsp;cauant amp;nbsp;la remettant foudain en la folTe d’où elle a efté tiree, d’autant que la icttansde main en main amp;nbsp;la prefsâs ainfi quelle fera remife en là placc,fi elle croift amp;nbsp;furpalîc le foiré apres qu’il fera plein, c’eft figne que la terre eft bonne amp;fertile,fi lonyfemedufourment: mais fi tout yentrc,amp;que le heu demeure vny amp;nbsp;cfgal,cc terroir fera ^ppre pour vignoble amp;nbsp;pafturage : mais ne pouuant ce qui en eft tiré emplir la foffc,dc tant plus monftre-il lepeu de valeur du terroir. Mais le moyen plus expedient à cognoiftre quelque terroir que ce foit fil eft bon ou mauuais,c’eft prenant vne motte de terre bien herbue amp;nbsp;la baigner vn peu en l’eau,fi la maniât elle tient aux mains, de eft grafte à la touchcr,fy tenant comme poix amp;nbsp;la iettanr à terre diene f cfmic point:ceftcprenne fuffit à faire voir, amp;nbsp;cognoiftre que cefte terre eft de bonne trempe amp;nbsp;fort fcrtille. Poureftayer encor fivn terroireft doux,amp;maniable,ou nô,il faut predre vne pailée de terre aucc l’herbe, au lieu où Ion fupçonne le plus que le champ foit infertile, amp;nbsp;la mettre dans vn vafe d’eau douce,amp; defFaite,amp; confummee que fera cefte terre, lapaffer par vn lingc,amp; gonfler cccy après q fera coulé amp;nbsp;pafte amp;nbsp;deuenu der, d’autât q telle que fa faneur fera, le terroir l’aura anftî de mefine. Les terroirs peunent anffi eftre cogneuz à la couleur, iaçoit qu’il y ait de la difficulté à les remarquer tous,fi cft-cc qu’on y recognoift aucuns,amp; iceuxles mcillcurs,cómc font ceux des veilles mafurcs,ceux qui font faciles à ciilti-ner amp;nbsp;dcfquels la face eft noiraftt c. Les Mafuriers font marquez à la coiiquot; leur des pierres cuittes amp;nbsp;brifecs qu’on y trenne,d’autant q ces lieux furet habitez le teps pafté.Ceux qui fôt faciles font cogneuz à la couleur qu ils portét,laqucllc raporte à la cire neuue : amp;nbsp;les noirs fe fôt allez remarquer à leur naifue couleur: amp;nbsp;to’ ces terroirs font toufiours cftimez gras amp;nbsp;torils,fi ce n’eft qu’ils foyét marefeageux amp;nbsp;aquatiqs, car alors ils ne feroiet de guere grad valcur.il eft vray, que ic fcroy d’aduis qu’ô enfcitfellaya-ucc la houc,ou pailc,befchât amp;nbsp;canât en diners lieux pour voir la hauteur de la grelle amp;nbsp;bonté du terroir,amp; fil y a deftbuz de rargillc,craye ou terre blanche
-ocr page 13-DEl’AGRICVLTVRB. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ƒ igt;linchc qui font les pircs:ou de la marne qui foufFre l’eau : d'autant qu’il yîdeccfteterreainnfablonncufc amp;nbsp;marneufe qui eft fi forte qu’à peine *îpeut-on rompre ou pénétrer aucc les houes amp;nbsp;picz,tant foycnt-ils bien Jcercz amp;; pointus. Or font ces ellays de grande importance, pour élire biftz es champs lefqucls de prime fact napparoilfent point try in fenils, ‘’yinutiles en leur fupci ficic: voire en ceux nicfinc qui fcmblcnt bons,Icl-^uelsncantmoins deirouz,amp; cflàs remuez font pleins de terrois mauvais, i*f(liuerfcs matières fort dangeceufes pour le labourage. Et tât plus la vente de cecy fefclcrciil,comme Ion voit la difference de la terre d’vu arpet *Iautrcamp;la diuerfité d’vue perche à vue autre, voire de chafeun fillon l'îuoifinant.Ic côfcille encor qu’on choifillc pluftod vne ferme amp;nbsp;terres, ygmi^^çf ^oùilyaitdel’cau, qucficllecnclloitdefpourueuc : d’autantqu’cflant jon ayant âlgt;reiiuétfuffilainment(ellant de bon fonds bien cfgalle, carrée,amp; culci- de l’eau lieéjilcl^refqucimponiblc qu’elle ne porte double prouffitque les au- q^uc fans Itts.Aum eilce autre cas de rcaicillir du foing,lin,amp;n)illct,amp; autres cho-fesquonapar lefecours amp;nbsp;benefice de l’eau, que d’auoir dégels fruits ert . Iitctre,qitifancnt,amp; fc fechent durant l’ardeur de l’cftc.Et troUUctay bon ^^, ƒ \gZ (Well polfiblc) qu’on achetaft vn heritage vny,car outre ce qu’on le peut mitage vni. ’oitd’vn bout à l’autre, le plus grand aile c’eft qu’àplaifir amp;côrtimodc-®ent on a le moyen de le partir, toit à ferner, amp;nbsp;à l'arroufer,l e mettre en q'i«ré,amp; à y planter les arbres proportionnement à la ligne. Et dis enCor ^fplus,qu’on peut mieux labourer aucc vn fcul foc, amp;nbsp;charrue quarante ’■pens de terre vnic,quc vingt-cinq feparez, amp;nbsp;à diuerfes pieces pofez amp;nbsp;îlns en divers lieux.
VINCENT. l’aytoufioursdcfircd’vnir l’héritage que i’ay à Pompean, mais mon malheur m’a de tant luiuy,q quelque bon party que i’aye voulu faire à ceux qui me dcuUcnt prier pour leur proufht,amp; anantage, ils ne m’ont iaraais daigne accommoder:lcsvns delqutls le font,conduits de ne fçiy quelle bellife,égt;c les autres aucuglez d’enuie.
ihàn BAPTISTE. Or pourluyuant quels doivent élire les champs qui foiétplaifansà voir,ailez à labourer amp;nbsp;plus fertils,amp; de grand aport: b dis qu’il faut les mettre en quarré piece à piece,n’ayant plus de quarante perches chafeun en logucur,ny moins de trente ou vingt-cinq,y failant dcsfolfcz autour amp;nbsp;de tous coftez, y plantant des arbres qui loient plul-toll des Saules qu’autres plus grids U y ombrageux,telz que font les pern-pliers amp;nbsp;trcmbles.D’autant que tout ainli que le Saule cil de bon oihbra-gc,amp; ayant peu deracincS;au contraire les autres ont l’ombre dangereu-lè,les racines groire$,!ongucs amp;’cn grande quancité.Bicn eft vray, que les Saules ne croilfent guère finon ou le terroir eft bon,amp; humide,là où fau-tte vient alfcz beau,amp; en lieu fcc,amp; en vne terre non guercs fertile-Au re^ de ie ne fuis point d’aduis,qu’on plate iamais des Aunes autour des chips qu'on labo lire, amp;nbsp;cultiuc:amp; mefinement vers O rient,Midy,amp; Occident, d’autant que leur ombre eft fi maligne amp;nbsp;nuifible : qu’on ne voit one de beaux bleds,lins legumes o«miUct,en lieu ou feftende fon ombrage.
a iij
Faut que les champs foyét qua-rez amp;nbsp;foP loyez autour.
Q^ek arbres ou doit planter autour des draps.
Ombrelles Aunes dan gereufe aux bleds amp;nbsp;feuréer
PKEMIERElOVRHEE
Ces arbres font fciilêmcnt corn odes aux prairies, qui iamais n’en fohtgv. ûécs,d’autant q l’herbe deuiét plus belle amp;nbsp;gaillarde à l’ombre que où' elle Aunes cô- u’eft point ombragce;amp;pource aulîî que les fucilles de l’Aune tobant del-modes aux ß;s^amp; fy pourrifsas,/eftas elpaducs,rendét le pré pl’graSjabôdat amp;fcrtil. pracnes. VINCENT, QuivoUs meut de iouhaiter que les champs n’ayent que quaranrepercheseu longueur de leur eûenduc? I e a N b A p T.P’autant que lors qu’on l’abrouuc amp;nbsp;arroufe fil cil de ibixare-dix,ou quatre vingts pecch'esj’eau farreftant au milieu amp;nbsp;eftant bdbing que l’autre moitié(oit atiffi hunieélée,amp;baignée, il ch force que lapartic laabbreuuée rcçoiuc tour autant d’eau que dés le commenccmét, iufques à tant que la féconde partie ibit dcuémét arrouicc.La on h le châp eftoit mis en deux pieces,IV-neayâteu de l’eau pour ücómodité,on l’clcoulcroirpour en lài/bnnerla fecodetÂ:par ce moyen chalcunepicce en auroit autant qu’il luy en feroit neccljàirc. Q^el dômage eftimez-vous que ientér les chips qu’on abreu-ue fils ont ccor,ou cent-cinquante perches d’pftçnduc,pour le trop d’eau qui les iuiFoque,Que fils eftoiét partis en trois pieces ( Celon l’égalité que i’ay ditjon verroit qu’elleçn feroitla comodité, ét auantagepourlepere de famille. Car G vous donnez à chaicun chap l’eau qui luy ièra necedaice CanspliuJll’acceptera, commeiâ mere amp;nbsp;bonnenourrice .• mais tantphs celle eau Carrelle Car lay,ôc y demeure longuement, il la recognoidpour i maradreCaCcheuCe Sc dômagcable.-pource q le trop d’arroulêmér noyant la terreja refroidiÆ,red laie,amp; endurcir toute Corte de ccrroir:voirealtere
Pourquoi rn champ ne doit a-uoir que
quarante perches en
quarré.
amp; galle la gtçlTc des charnps, la tranCportât ailleurs,Sc en CaiCant cCcoulet vue partie,lins aucun prouÆr,lbus terre. D’auantagc,Cile champn’eltde guère grande cliendac, non feulement il cil toll amp;: Coadain al)rcuué,Sca beloing de moins d’eau,que ccluy qui eft plus log, amp;nbsp;Cpacieax,ains encor on peut abaUCer l’eau amp;: délias,amp;: delCoazpar les bords,amp; orées du châp, nbsp;nbsp;)
amp; la conduire aiCcmcnt,amp;cau milieu,amp;par tous les coings,ôc endroiada labourage. Mais Ci la longueur excede celle qaeie dis, on ne peut iamais çonditirc les chariots à l’eau iufques aux lieux qui Contau millieu du chap, amp;: ainCi ne faut C’elbahir G le coultrc SeCoey font des vallons qui cCcoalét touGoars l’eau. Cans qu’elle face retour au lieu d’où elle part, ScGlcC^âs nbsp;nbsp;i
vallôs font noycz,ôcgaGcz de l’eau dormate qui CarreGâten euxlesmor-- nbsp;nbsp;^
Incommo fond, Sc accable.D’auantage,toat ainCi qu’va champ contenant cent per- nbsp;nbsp;l
ditez que ches enlôgucur naqdeux canaux amp;nbsp;cfgoutsàcCcouler l’caa,encGatpar' J le trop de ty en trois pieces il auroit Gx canaux qui feroit via grand bien, Si plus d’a-dre Tioc’^ uancemétpoutleproulGtdumcfnager.ee quifc voitaGezparexperien-champs. nbsp;nbsp;çe,çarpaGâcle foc Sccharuc del’vn boucduGllôàrautre,toaGoutsceqai
cG.de plus gras en la retire fuit lefoc,Scpource le laboureur cGantau bout le nettoyé,amp;lailCc là ceGe terre, laquelle de trois ou quatre ans en quatre ansCabailCc amp;nbsp;CeCpandpar tout le chàp,Ôc pour l’cngrclGr,amp;pour l’vnir, amp;: elgaUer de mieux en mieux routes Icsannécs.Etdcpareil biéfontocca-Gô les foiftiz diuiröncz d’arbrcs,lcfqucls aaeclcurfaciUagc engtclfentla
I _ tcrrej^rcticnnccrcaacnclofcfoasrcrrc,poarucuqaclelditsfoirczfoié(
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rfoz du cofté que l’eau pounoit forcir, amp;nbsp;laquelle autrement fortiroit par ’incurs,laillânt les fodez fans humcur.fils auoiét quelque yiUrc amp;nbsp;ouuer-'Wc.Lc prou Hic qui f enfuit encor des champs courts de de peu d’edéduc, Relique les Bœufs y labourent aucc moins de ttauail,amp; fatigue, d’autant Wnon feulement fcûouiflcnt-ilsamp; rçpfennét haleine thans au bout du ®llô,ains encor lors que le laboureur nettoyé amp;nbsp;defeharge fon foe de ter-f':amp; que puis il le tranlportc pour commencer l’autre raye amp;nbsp;fiilon.
Le foulage merit des Bœufs é» ' champ» courtA. .
Vi N c E N T.C’eft feulement à celle heure q ie cognais quel eft le doma-1 ?t que fouffrêt mes champs fi longs en mo village Pompean,pour eftre fi chargez d’eau qu’ils ont de couftumc:mais i’elpcrc q cell hyuer ie les drei-hray,amp; party ray de la mcfmc façô que vous les auez dcfcritz,amp; déclarez.
Le vignoble dôma-
gcablc aux hós chaps.
1 £ A n B A p T i s T E. Si vous cn vfcz ainfi, tant plus loueray-ic vollre 'hligcncecmais dauantage encor,fi vous allez toutes les vigircs IcfqueUcs font plus dômageablcs q de prouffir fur les terres qui font deftinées pour fosfemcnccs.Et bien-heureux feroiét ceux-là quiayans de bons champs, füsen oftoient le vignoble,amp; fur tout de ceux qui porter du lin amp;nbsp;millet en abondance,plantans la vigne au lieu moins fertil, amp;nbsp;où l’eau ne fut ia-niaisfrequcntc,amp; ce d’autant qu’outre qu’on en rccueillcroit plus grand quantité de vcndàgc,amp; que le vin cn feroit meilleur ,cncor la vigne fcroit uiicux deplus ailcmentcultiuée,amp; la garderoit-on aucc plus deïàcilicé amp;nbsp;^«belles amp;nbsp;des hómes,qui couftumiercment endômagent amp;nbsp;les vignes amp;nbsp;arbres fcmblablcs. Auffic’elllapcrfeéliond’vnvray amp;nbsp;bon mcfnager Leprouffit th^npcllre,comme i’ay dit,quand il fait que la terre produit celle forte de ^j^çj,,^''', Huiél,lequel naturellement luy cil le plus propre amp;nbsp;luy plaill le mieux. nbsp;nbsp;„y, fout ,„
V i N c E N T. Ie ne vous promets pas foulcmcnt d’en oftettout le vigno-* Jelcouucit blc amp;nbsp;plantes de pareille lotte,ains tous les plus grâdsarbres qui font autour de mes champs des femences,d’autant que ie fçay que tant plus ils fc-lontàdtfçouueriilsautontlaiouyilancedüfoleil amp;desucnts, amp;nbsp;qu’on joutralcs.laboure.raifcmcnt,amp;aulongamp;àlatrauerfc.. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;: , -
Iea N, B AP T EST E. Ic fuisbi^aifc que vous cognoifficz de quelle importance cftlo labourer la terre cn long,amp;; en ttauers, amp;nbsp;de quel prouffit fontlcsycntsà viichampdcfcouucrtpourlc defeharger delà pouffierc, amp;nbsp;le défendre le plus fouuenE des neigcs,brouillais amp;nbsp;tempeftes. nbsp;nbsp;f
V i N c E N T.Orcs q ic vous fuis obligé,amp; me fens vollre rcdeuable pour i,^quot;^''^5 ccsvozaducrtilfemcs fi proufficables,ic vous prie de cétinuer, amp;nbsp;me dire met fe doit Cornent amp;nbsp;en quelle forte ilfaut drelferles maifonschàpeflrcs, tant pour loger le pe laife de la dcmcurc,qpour eultiuer pl’aifémét nos hcritagcsamp; pollelliôs. £= ^^ famil IE A N B A p T i STE. C’cfl À vn b OU pci'c dc famille à drcirer la maifon ^'^ *“’' en lieu Sc aßiette bien airéc de faine, amp;nbsp;alfez ample de fpacieufe félon le ' nbsp;nbsp;^’'
aux
teuenu de fon heritage , amp;nbsp;capable de ce qui f’y recueille : faifant qu’elle ait la face plu ho fl vers Orient,ouMidy, qu’à l’Occident, ou Septentriô, ^Tramontane ; de mefmes quand ces parties ne paiTent point l’vncpar l’autre ; car fi les. vents qui entrent ne pouuoient fortir , l’air n’en leroit pa5fifain,qucccluy de LcuanteuMidy, àcaufedu premier Soleil, qui
* ui)
-ocr page 16-8 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;f R. E M I E R Ê I o V K N Î E.
Pour aeco moder les logis chî-peftres pour les laboureurs amp;nbsp;padres.
Quels doi uent eftre Icseftablcs
durant I’hyuer donne grand fccours à chalFcr les maunaifes A froides hu meurs.Or fil eft pofliblc que Ic logis foit aflis fur la poflclfion mefme, ou à tout le moins qu’il n’en foit guercs eflongne, veu qu’on ne fçauroit dire combien grand prouffit a porte aux champs ce voifinage, amp;■ quelles font Icsincommoditez fl on encftplus edongnéquederaiton. Encor faut-il que le logis foit h bien comparty qu’il puilfe lcruir aux comrnoditcz,tant de l’Ehc que de rHyucr^afin que le maidrc foit plus allichc d’y demouret en tout temps,amp; faifon.Moins ne faurfe foigner de loger les fermiers,li-boureurs,bcrgcrs,porchcrs amp;nbsp;autres chacun fa côdition,amp; meftier: d autant qu’edât ainfi les choies bien drellccs,tellcs gens viendront volontiers vous ternir,amp; fe tiendront en vodre compagnie.Faut encor accommoder les cdabl,es,(uyuât le nombre des bedes,amp; troupeaux que vous potiedez, amp;nbsp;qui y doiuent demourer ou partie de l’an,ou bien toute l’année : amp;nbsp;les ferez pludod plus foacieufes quedebefoing ,q trop petits amp;nbsp;moins ara-plcs,ouurans amp;nbsp;dredans les fenedres à Septentrion,amp; Midy oppofcz, ou au Lcuant,amp; Ponant,d’autant que les vents y pallans prefqiic tans arreft, les feront amp;nbsp;rendront fains en toute faifon. Et n’cd befoing d’y faire des planchcrs,car par ce moyen ils feront plus allcurcz du feu ; au rede qu’ily cud force trouz,amp; onuertures non plus grades,amp; larges d’vu demypdd, afin que la chaleur de l’halcinc des haraz amp;nbsp;troupeaux puilfe penctret les foins, amp;nbsp;autre padure durant l’hyucr,lcfqucls en lcront conicruez en plus grande humeur, amp;nbsp;peferôt plus que fil n’y auoit aucun trou,ny oiiucrtu-rc.Befoigne d’auantage d’auoir les greniers au foing fi grans, amp;nbsp;de fi belle cdendue,quc facilement on y puific manier amp;nbsp;gounerner le foing, lavet fe,paille de millct,rcdeul,amp; fourrage, les pailles de feues, amp;nbsp;panicles qui feruent pour la nourriture des bedes, meimement en temps de froidure. Con'^’illc encor qu’on ayclc moyen de poiiuoir conlcruerlefouerreamp; tenue à autre cas feruant à faire littiere longuement pour le bcdail : amp;discccy counerc amp;nbsp;pour ceux qui n’en ont point en abondance,n’y ayant aucune proportion pomquoy. ny conuenance du fouerre fcc à ccluy qui ed mouillé : ny de celuy qui eft en lieu haut, à l’autre que Ion foullc aux picdz ordinaircmet en leurs paib Qn le pref hers. Les fenils, amp;nbsp;lieux où le foing ed enferré foient poicz vers le Midy, le autre- ayaiU vn porche,ou galerie d’aufil grand cfpacc qu’ils ont d’edendue,ayit Italie amp;nbsp;^‘’^ °“ douze bralfes de large dedans les piliers, amp;nbsp;malfcs apilécs du foing Gafeogn; nedat moindre la commodité du porchc,quc du lieu ou Ion met le foing qu’en fra- anionccllé:d’autant que là fe peut garder tout ce qui fert à batre le blcd,amp; ce,veu que autres grains fi lon en a befoing,amp; mefme au temps des millctz, veu que on ne le venant les pluycs,ainfiq lors aduientordinaircmcnt,ces portiques,amp;ga-(^i'^SoKMu^ iories (cruent à lécher amp;nbsp;mettre en ordre les femences, aufo bien prefque ains en mô que fi c’edoit dehors.Encor y peut on mettre amp;nbsp;garderies tóncaux,tines, ccau, lait cuucs,amp;autrcs vailleaux à faire vin: voire les charctcs,coultrcs,ratcaux,amp; en fajô^dc autres indrumets necelfaires à l’Agriculture,amp;: labourage.On ne Içauroit 1 pdiui v. jjre le grand prouffit que ces portiques aportét auxfoingsamp; fourrages, foit en les delchargcanqou pcfant,ou les ara«pour Icsdôncr auxbcftcs:amp;
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5gt;
311 contraire le Homage amp;nbsp;ineórnodite qu’ils fencer, n’ayat lieu de telle retraite,eftäs teUemée brûliez du folcil,amp; du vent de Midy, qu’ils en perdét leur vccc,amp; en deuiennét legers amp;nbsp;fans humeur jpprc pour la nourriture.
VINCENT. Puis que vous aucz dilcouru fi à propos fur la neceflité des baftimens,félon ce que ie vous en auois requis:encorc fouhaite ic entendre de vous touchant les eaux necedaires à chacune alficttc d’héritage.
Des eaux des paies amp;nbsp;des Ci-fternes.
Des eaux des fontai nes, rinie-tes , La«, maiefts, amp;nbsp;palus.
IEAN BAPTIST E.Toiit ainfi qu’es lieux montagneux,amp; par les Col-j lines, fc hauts codaux nous faifons des eifternes pour y reccuoit l’eau des pluyes, comme edant la plus legere,meilleure amp;nbsp;plus faine que toutes les autres, ainfi nous en vfons en général es vallées, amp;nbsp;planure, fouïlfant des puitspour no lire fcruicc.Lcfqucls ne faut pas fculcmét que foient dion-gnex des folles où Ion fait pourrir le ficus,ny des diables du bdlail,amp; des toids à pourceaux, amp;nbsp;tout autre lieu leur pouuant nuire pour l’cfgard du pilfat des bdlcs(fils ne font bien creux amp;nbsp;profonds ) ains faut encor que foient couucts,amp; en lieu non expofé aux rays du folcil, tant pour n’dlre pcnclltez en Elle par l’ardeur folairc,quc pour affin que durant les pluyes ceux qui vont à l’eau ne foient offencez de l’aroufement celeflc. 11 cil vray Quêtant plus ces eaux font proches de la fuperficiede latcrrc, elles font JiilTi plus chaudes en Elle, amp;nbsp;l’Hyucr pleines de grande froidure , amp;nbsp;par tonfequent crues amp;nbsp;de mauuaife cocoélion en tout tcmps.ll y a des canes ^osfontaincs courantes,lefquellesfauf qu’elles font couftumicrcmcnt iracs,amp; de difficile digdlion,fi cft-ce que leur frefeheur eft plaifante l’E-fté,amp;: l’Hyucr elles ont vnc certaine chaleur aggrcable. Mais celles qui vicnnet des montagnes amp;nbsp;hauts rochers font de tant meilleures, quelles defeendent de plus haut,comme cftans batucs, Se rompues en cheant par les precipices dcspicrrcs,amp; âpreté des roches. Et difcourant en cas pareil des Lacs,flcuucs,amp; autres caiix,courâtes;ic dis quelles font toutes bones ou gencral,(auf que l’Efté elles font chaudes amp;nbsp;froides en Hyuer. Au refte. toutainfi qcelles q courut parles pal” ne valet iaraais gucrcs,fcmblablc-wet celles epii dormét amp;ne conret point,fót trcfnuifiblcs amp;nbsp;pernicieufes.
VINCENT. Ellant informe de l vfage de trois éléments en ce qui touche l’Agriculture, amp;nbsp;qu’il n’eft ia bcfoing de vous interroguer fur le feu ^ui fait le quatricfmc de ces corps fimplcs,chafcun eftât aduetty de fa force amp;nbsp;vigueur,!! vous plaira me declarer ce que doit faire Vhôme qui veut j^^^ patties denement exercer l’art du labourage. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;teqaifcsca
Iean bApti STE.Celuy quipretend deuenir bonmefnagercham- ccluynai f eftrc,amp; Içauant en la fcicncc rurale,faut en premier lieu que fon defir amp;nbsp;veut (uy-üprit foyent enclins à aprédre ceft art, amp;nbsp;le moyen de l’y exercer, la dili- ç^i^^*^'^' gence pour le mettre en clfcél,amp; vn plaifir continuel procédant de la co-Jnoillancc de la nature iSc qualité des chips qui luy font en main pour les cultiucr,eftat celle chofe de fi grandeimportâce, quefie ne me puis rafla-hcr de lc’dirc)quiconquc ne mettra peine àf’en rédre bon maiftre, iamais ne fera cueillette qui bien luy rcufi51fc,amp; ccluy qui l’cmbrafle,nc Içauroit «lieux faire reluire la gétillclfc de fon cfprit,ny mondret la diligéee de fon a v
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PREMIHRE lOVRNEE
^Ne faut trauail qu‘en ne prenant point plus de terre à labourer quefes forces ne dre de tet-
portent,d’autant qu’on voit ordinairement, amp;nbsp;au clair, que plus raporte vn petit champ bien ciiltiué,qu’vn grad au double, lequel eft accoulhcamp; peut labou façonné lentement amp;nbsp;corne par manière d’acquit.En outrejî vn telhom-me ne veut vendre fa maifon qu’il a en ville, qu’à tout le moins(çôniedit Magon labourer trefexpert, amp;nbsp;excellent) il ne laifte point fes pollcffions , finon le moins fouuenc qu’il luy fera poffiblc,amp; que lut tout il f’y arrefte aux faifons qu’il faut planter,faire courir l’eau fur les terres,^ les enfemé-ccr.Car les chaps font malheureux, le maiftre dcfqucls ignore ce qui leur eft ncccirairc,ôc qui f en raporte au dire amp;nbsp;volonté de fes fermiers, amp;nbsp;laboureurs.Et ceft pourquoy çeux la font louables,qui bautet de couerfent aucc ceux qui font de cefte profcllîon,amp; art plein d’exceUence: veu qu’ils aprennent les iccrets de cefte fcicnce, non tant des expérimentez amp;nbsp;bien verfez en icclle,mais fouuenc eft inftruit par ceux mefme qu’on pcnfc qui en foient ignorans:auffi voit-on que le prouerbe ne ment point, qui dit.' Que non vn ieul homme mais tous cnfcmblc,fçauét toutes chofes.Encor
re quo lie
A dois de Magograd O O
amp; expert laboureur.
Prouerbe fur le peu qui eft en vn feul home.
nent tftrc Icscóman’ demcns du laboureur.
L’ordre que doit luyure le mefnager ruftique.
Comme fe faatgou-nctner à fendroit des ferui-Wurs.
trouüc-ie bon que cc mefnager aprouac les reigles que fuit,amp; obferue vu bon pere de familie à cultiuer fes ccrrcs:lcqucl en premier lieu ne cónian’ de iamais ricn à pas vn de fes gens^qui foit de grade importance, fi coino-démét il le peut faire luy mcfmcs,amp; ne dclailic one vnc befongne iufques au l’cndemain, fil la peut de/pefeher tout fur l’heure, fçaehant bien que toufiours le tarder elf dômageablc,entant que le temps,qui eft choie pre-cieufc,fcfcoule continuellement : loiuct qu’ily apluficurs occurrences* Icfquellcs furuenants contre nos dcH’cinSjtôpcnt auffi pour le plus fouuet nos entreptinfes. Le bon mefnager en outre ordonne tous les loirs à fis gens à chacun en particulier ce qu’il doit faire le l’cndemain matin : aulfi taillant à fuyurc cell ordre, amp;nbsp;mcfnagcmcnt,il verroitfouuent de la cou-fufion en ces befongnes.Ne fau t dauantage, qu’il foit à leuer au poinä du iour,amp; plulloft cncor,fi le cas le requiert,pour voir fi ceux de là famille fc mettent en deuoir Iclon qu’il leur en a donné charge.Et c’efi lors qu’il ad' uilcra diligement qui font ceux qui le mollirent fidcles au trauail, amp;nbsp;foi-gueux à luy obéir,amp; ceux quifont lents amp;nbsp;pardieux, amp;nbsp;de peu de difere* tion: amp;nbsp;ce afin qu’il les guerdonne aucc le tcmps,amp; fuyuat fa fagclfe, chacun Iclon fon mérite. Or tout ainfi que iamais on ne doit le charger de manuals fcruitcurs,ny laboureurs,ayât moyen d’en auoir de bonsjoyaur amp;nbsp;diligcns,quoy qu’ils cou lient dauâtagc,auffi faut que le perc de famille fuportc tant qu’il luy fcrapolhblc ceux qui luy font bons amp;nbsp;neccllaircs,a toutlc moiins durant le temps que laforcc le contraint pour les affaires d’importancc,amp; n’enpouuanr rccouurcr de meilleurs.
VINCENT. Vous me faites à preltiTt voir amp;nbsp;coguoilltc la follic dcpla-ficurs,lclquels tranlportcz de cnolcrc chaffent leurs Laboureurs,amp; doroe-ftiques plus necdîàircs : amp;nbsp;fur le point qu’ils en ont le plus de bcfoing,ils n’en trounent ny de bons ny de manuais pour leur faire feruice : fi qu'en-trans en dcfcfpoitils qiutccnt,forccz,leur infortuné labourage.
DE LA-CRIC VIT VUS
II
Iean BAPTISTE. C’cft bien tout autremétxav le bon père de familie,amp; ûge mcfiiager eft toujours amyable,courtois,gratieux amp;nbsp;liberal envers ceux qui luy font fcruice,caccnànt les fiddles amp;nbsp;ceux qui Font feruy plus longuement : tellement que plufieurs fois il fc mondrc largc,cn leur liepartant quelque douceur amp;nbsp;graticufttc,ou de Farget amp;nbsp;quelque habit: ^fur tous,à ceux qui font panures, amp;nbsp;les plus dignes dcfqucls on doiuc 3uoir coropaffion. D’auaniage eft requis qu’il les paye comptant, amp;nbsp;non en autre denrée ou marchandife que l’argent, amn qu’ils ne fe plaignent éclacharté, amp;nbsp;hautpris,oune trouuentlachofcliuréebonne,(clonlcur fintafic.Quc fils veulent de voz denrées ou viurcs,il vaut mieux leur laif-fer vn fois meilleur marché que le pris ne court,que de leur védre vn fcul toumoys dauantage.Et certes ceux là font trompez plus que de moitié de iufte pris,qui tafehent de f enrichir auec perfbnnes de telle eftoff e, d’au tat ^iiepenlàncgaigncr vnfols,ils font perte d’efeus à grand nombre,comme îlfcz le fout voir leurs chiips qui d’heure à autre f cfcoulér,amp; vont en cm-pirant.Et quand il n’y auroit q l’honneur qui nous clguillonnaft, ebafeun pouruc perdre fa reputation deuroit bien payer amp;nbsp;contenter fcs mercen-naircs, lelqucls eltaus bien fatisfaids feruent plus fidèlement, amp;nbsp;ne vous lailFentiamais au temps qu’il vous font les plus neceflaires. Eft requis en outre,qiic lepere de famille courtois amp;nbsp;charitable donnehóneftement à ’’ningerafes gens à l’heure dciicamp; ordinaire: i’entcnsàccuxàquiil doit ^-îde/pence : lins les cmployeràchofc quelconque tandis qu’ils prennent leur repas,fil n’eft prelle de quelque grande neceflité, ains attendre qu’ils ayent contété honneftemét la neceffité naturcllc.Car ccftiiy-cy eft le vray •Doyen pour fe faire fcruir,amp; ay mcr:pluftoft q les façons de faire falchcu-fcs d’aucüSjlcfqucls non fculemét deftournent à tout propos amp;nbsp;pour peu d’occafion leurs gcns,amp; leur rompent leur repas,ains qui pis eft,aflîftcnt àlcur manger,comme fils vouloicnt copter leurs morceaux: amp;nbsp;fc contri-ftent,corne qui leur rauiroit le cœur, fils manger plus que le plaifir de ces inaiftresne porte.Moins de reiped que ceftuy-cy, le diferet mcfiiager n’a aFedroit de fa famille,en ne failant point courir ça amp;nbsp;là fes fcruitcurs,lors qu’ilplcut ou ncgc:amp; mcfmc durât la nuit, fi ce n’eft pour affaires de grâ-dcimportâcc,amp; ne doitiamais leur dire iniurcs,ny faire reproches qui les hfchét:Pluftoft fil en a qui luy defagréent il les doit contenter, amp;nbsp;honne-ftement leur donner congé,amp; courtoifc licence.
Quel eft le bopcie de famille rc-eoznoifiât les lient.
Quel proffit ona, pelant bié fcs ferui-teun.
Autre» courtoifics du bô pere de famille.
Vincent. Puis que i’ay apris ces bons enfeignemens,encor ne fuis-ic content,ain« atrens ouyr voz difeours ûir les choies plus importantes que ion doit faire amp;nbsp;garder auec les fermiers amp;nbsp;laboureurs.
IE A N B A p T.Ccluy qui ne veut point luy mefrae prédre le foing de cul-tiaerfes tcrrcs,faut que fc pouruoyc d’vu bon fermier,auquel il face bonne compagnie,(anstoutesfoisdéfaillir fouuctlcfollicitcrdc fon deuoir, amp;nbsp;mcfincs és choies qui feront deplus grande confequéee.Et ne faut eftre fihaultàlamain, qu'ilnediiportc bien quelque paroîlc du laboureur plus Hiantageuic qu’ilne doit dire, ny le tençer, amp;nbsp;rudoyer fil prend quelque
Comme (è doit gou-uerner »n maiftreen-uers fon fcimicr.
PREMIER!! lOVRNEH
petite chofe plus que ce qui luy efehet à fa part. D’autant que l experience Fautesd vu nous fait voir,que ceux qui veulent tous les iours conrefter, amp;nbsp;quereller lu*'^««'** uuec tels hommes que les fermiers,ils font contrains(ne polluant vinre eu perdre fer p3ix)(l’cn châger toutes les annees.Et aduient q penfans gaiguct au chan-fermier», gc ils rcncontrent,non rien de moins,ains pis que ccluy qu’ils auront mis hots,amp; challé. Ainfi ne faut point f efbahir ii telles poffcflions vont en decadence amp;nbsp;empirent: amp;nbsp;le tout à bon droit,puis que les maiftres ne fadui-fent point que tant plus fouuent ils changent de labourcur,dc tant ils font diminution de leur crcdit,amp; reputation.Aufià voit-on q les bons fermiers bien qu’ils fçaehent que les chaps de tels maiftres font fcrtils,fi n’en veulent-ils point goufter, faifeurant qu’ils n’auroient le loifir de les cultiiict plus long temps q d’vnc année.Et à vous dire la vcritc,il y a des Seigneurs, amp;nbsp;maiftres fi aucuglez,amp; opiniaftres en leur conuoitife,q pour auoir vue cornée plus,ou quelque autre petit feruice d’vn que d’autrc,nc le pouiiât tirer d’vn fermier faiünt bien leur befongne, le changerôt aucc vn qui ne fçait que vaut le labourage, qui falTuictira à telle feruitude.Qm eft vnefaU te fort remarquable : entant que pour le gain, amp;nbsp;coruce de la valeur d’vn ducat,ils perdront le reuenu de vin-cinq : amp;nbsp;peut-eftre de cinquate efeus. Que fils eftoient fi figes que de voir amp;nbsp;contrafter aucc leurs laboureurs ce qui fort feulement au prouffît amp;nbsp;auanecmet de leur pofteflion,amp; I vne partie amp;nbsp;l’autre feroient amp;nbsp;leur prouffit,amp; leur office.
VINCENT. Qimls accords amp;nbsp;articles entendez-vous qu’on doiuc faite aucc fon fermier?
Combien fe trompée ceux qui veulct enrichir fut leurs fermiers.
Côine Ion doit cotrafter auec les fermiers.
Prouffît qu’oit tire en nerrov-ant 1rs bleds.
IEAN BAPTISTE. Surtouticsfautobliger de labourer, roraptcamp; nettoier bien les champs,amp; leur donner tout autant de feméce que de m-fon,amp; comme la terre en peut porter : amp;nbsp;qu’en temps amp;nbsp;faifon oportune ilsdcfchauçcntlcs vignes, amp;nbsp;les façonnent ainfi qu’il apartient, vlànsdc pareille diligéee aux prcz,amp; autres chofcs,lelon que le beibing le requer-ra;lcur ipecifiant poinét par poinét ce qu’ils ont à faire, comment amp;nbsp;en quel tcmps,amp; combien de fois l’annéc,afin que plus à eler ils fçaehent ce qu’ils ont à faire. Faut encor que f obligent de bien houer, amp;: befeherks terres ou lon feme les legumagcs,milictz,amp; panicles,amp; à farder les four-ments au mois de Mars,linon,tout au moins ce qui fera en leur puilfîncc: car ils ne ferôt dcfpccc d’vn feul tournois,qui ne viéne au proumt deplus de quatre,amp; pour leu r maiftre, amp;nbsp;pour eux mefincs. Et fils iailfent quelque coing du champ fans le befeher fquoy qu’ils ne deuftent en outre vue fculepartic,amp; mcfmc ceux q ne font en peine de trauaillcr après lesMars; qu’a tout le moins foiét aftraintsà les nettoyer amp;nbsp;farder dés le commencement du mois d’Auril. Aufti ce deuoir n’eft de peu d’importance: Entât que bien fouuét les mefehantesherbes fuftoquent les bleds,amp;les Courbet par terre par leur trop grande gaillardlfc, mefmement cftans renu criées ou par les vcnts,ou vchcmencc dcspluyes.Par ainfi ne faut fcfbahirJih phifpart.des cfpis font vuidcs,amp; fins grain quelconque, amp;nbsp;fi les autres ne viennent à lcur pcrfeétion,amp; maturité. Aiïfti,quand le ben gram eft aecó-
-ocr page 21-»K t*Aû M C VITV RB. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ÏJ
peigne de vcfle,yutoie,amp; aut/es herbes nuifibles, de tSt Ic pain en eft plus *®«plaiamp;nt amp;nbsp;moins fauoureux, mal lain,amp; tache de maimaife couleur, ^^'fouuét fi appetifie qu’il ne monte pas à la moitié d’autant de bon bled, ^^foiirmcntnonmeflédeces herbes. Et non feulement trois charges de 'd bled amp;nbsp;metail ne montent pas à deux de grain pur, amp;nbsp;net, ains, qui pis *ll»lc$champs où telle femece eft cfparfe ne produifent pas la moitié que font ceux efquels on ferne les grains bien purgez,amp; criblez, amp;nbsp;feparez de ^db villcnnic,amp;femencc dommageable.
Vincent. laçoit que ic n’aye veu obliger les fermiers à chofe de telle fl grade importâcc,fi eft- ce qu’aucun ne deuroit oublier ceft article, amp;nbsp;l’offorccràPencéluer pour leprouftit tant du maiftre que de ccluy qui eii-tfeprend le labourage.
lEAN BAPTISTE, Outre ces articles fufdits,il couient encor le faire Aquoy ne-obliger à charrier,amp; trainer certaines faifons de l’année,ce qui fera de be- ^^ ^ f^^^ foing,de curer les follez, nettoyer les canaux, amp;nbsp;cfgoutz des terres : amp;à obnaerl« planter des arbres,amp; -vignes és lieux où il en aura denaut.Dauatage, qu’ils fernuets.
*10 pourront charrier pour autre que pour voz affaires, durant les temps Hoil faut lab'jutcr,ou moilfonner: amp;nbsp;ce dés le moys de May,iufques apres hsfemaiUesid’autant quepour le gaing d’vn efeu, ils porteroyent dôma-go, amp;nbsp;à eux mefmes, amp;nbsp;à leurs maiftres pour plus de quinze ou vingt du-^ïiî.Voila pourquoy ces maiftres là fe preiudicient eux mefmes,qui durât lo temps des fcmaillcs font porter par leurs fermiers leur prouifions en la ville,aucclcs bœufs amp;nbsp;atteUage,Scieur font delayer les chofes tref-necef-faircsàfaire.Caronncfçauroitiugcr du dommage qu’on reçoit tardant d’ïnc fepraaine à autre à ferner fes grains, Sc couurir fon heritage. Ces articles font necefiaires^tant pour le maiftre, le fermier, que pour la poflef-fion,amp; no ceux-là qui font fculemét à l’aife du maiftre,amp; toufiours dom-tnageablcs au panure païfant, lequel pour fefentitfruftré , mais pluftoft eCcotché amp;nbsp;mal traité de fon maiftre, ne fe foucie feulement de labourer de bon Cœur les terres,ains pluftoft fafché,ôc mal affediionné à fon patro, ne fait que re fuafier,Sc pcnlcr les moins de luy quiter fon hcritagc,lc prc-micrpartyfoitable quile luy pourraprefenter.Êt pour cognoiftre fi vn la côme on bouteur a defir de fe tenir àux articles propofez au côtraef, faut voir fi en peut co-
, luylifant il y cótrcdiót,ou nomSe mclmes en ceux qui font le plus impôt- gnoiftre fi tins,amp; necclfaires.Car ainfi qu’en côtredifant, il fait paroiftre de ne vou- ^'g^^™''^ loir promettre finon autant qu’il a dcfir,Sc penfe d’efteâ;ner,aufti en pro- loj^dc^fai-inettantgaillatdemcnt,Sc fans fe faire tirer l’oreille chafeun des articles,!! te fon défaut croire que fon cœur ne tend à parfaire rien, ou bien peu de ce qu’on uoit. luy propofe.Et par ainfi,lcs maiftres qui choifilfent tels homes, font mal alt;iuifcz,d’autant qu’ils fe mettent en hazard d’efprouuer en ce monde vnc infinité de peines,pertes Sc angoillcs.
VINCENT. Et certes ceft aduis n’eft moins à confiderer Sc noter que bs autres q vous auez iufque icy difcouruz:veu qu’vn maiftre ne fçauroit bntir vnc plus grad difgtice,Sc fafeherie, qu’ayant vn laboureur defloyal.
-ocr page 22-t4 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;PREMIERE loVRMEÏ
pardieux amp;nbsp;riotcux,aucc lequel il faille toufiours cricr,cótcllcr,amp; le me-naçcr,amp; fouuent venir fi auant en querelle,que fi vn homme ne 11 parhi-élcrncntmodefte,ilellpouràla fin perdre toute pacicncc.
Se faut in- I^AN BAPTIST E.Icfmsd’aduisencor,quclc maiftre fenquicre fur la former du vie amp;nbsp;façons du fermier qu’il veut prendre, non feulement de ccluy qu’il fermier a- fcruoitauparauant,amsdcs voifins,amp; autres qui font de là cognoilfancc: uaiu que qyç fl ion entéd qu’il foie parcircux,mauuais labourcur,amp;mal côplcxion-en erurr. n^Jemaiftredoitpluftoft fouffiirtoute incommodité qu’acceptervntel
Faut deniouter toufiours en bon copte auec 15 fermier.
Cófeil qui cd à noter.
homme en fa compagnie,Dauarage,n’cn louera ou receura iamais aucun, qui n’aie pris honneftement congé de fon premier maiftre, afin d’cftrcal-feuré de l’auoir à fon befoing, lans qu’il luy faille plaider, ainfi qu’adulent fouuée en pareilles occurréccs.Et loueray qu’auraoins vue fois l’an il vié-ne à compte auec fon fermier ; car en celle façon, amp;nbsp;le laboureur fera fon deuoir plus volontiers,amp; le maiftre en aquerra bonne rcnommcc:amp; dó-liera occafion au fermier de ne le point abâdonner, mais pluftoft faire de mieux en mieux Ion eftat de bon cœur amp;nbsp;ioyeufement, fe voyant carc/fé
amp; accompagné fi courtoilement de Ibn maiftre : amp;nbsp;de làpourra-on voir l’cftcd: de celle fentence qui dit : Bicn-heureufe la pollcffion cultiuccpar laboureurs naiz en icelle, car ils l’aymcnt comme leur propre heritage, de cognoiftant tous les coings,amp; parties du tcrtoir,amp; fon naturel.
Vincent. Puis qu’il y a fi grande difficultéà. tróuucr vn fermier entier,fiddle, amp;nbsp;diligent, ie penlc qu’il vaudroit mieux que ce fullions nous mefmes qui entreprinfios la charge de noftre labourage : À: fiir tout ceux qui n’en font pas trop chargez pour le grand nobre: car outre ce qu’ils ne feroient point embrouillez auec des fermiers malins amp;: cautdcux,icin’aC-feure encor que cela leur reufiîroit à fort grand prouffit amp;nbsp;auantage.
i E A N BAPTISTE. Et iious bicn-ucureux, amp;nbsp;la terre fortunée fi
Romains anciens a-donnezau ■ labourage jYicncrions,la terre produiroit les fruits auccplus grande abondance que clicnefaitàprefcnt:ioyçulcdcfc voir carelice de rechef par les citoyens gentils, amp;nbsp;de bon jugement, amp;nbsp;dehurce de la main tyrannique des paï-lansgroffiers amp;;lantrailôn , contreIcfquds ellecHtcHemcnraigrie, amp;nbsp;indignée qu’il ne faut pas fellonncr,fi elle ne produift les fruits auec telle fertilité,qu’elle falloir durant l’heur du premier auge.
aucepurite amp;nbsp;diligence toute telle qu’en vfoient les anciens Romains nous venions à la cultiucr. D’autant qu’outre la vie heureufe que nous
Cenfeurs à Roineai.îs efgard fur touseftats.
Audi c’eft iuftement qu’elle fe defpitc , puis que ces cruclz, ignoransU vraye fcicnce du labourage,veulent neantmoins que Icproufiit leur dou-blc,amp; loit triple fur ce que la terre a de couftume de germer amp;nbsp;produire: ellimans ( les aucugles qu’ils Ibnt) de l'enrichir Cans trauail en vue grande eftendue de champs qu’ils entreprennét à cultiuer.Et ne faut fcfnicrueil-ler fi ces hommes ainfi deffauorilcz de fortune font toufiours panures, amp;nbsp;fils portent dommage^ preiudicc infiny à leurs maifires.Qiœ fi les Cen-feurs de nofti'c temps prenoientaduiS'fur celle canaille, à I nnitarion des trcirage.spohccurs de Rome, il n’y a langue qui peuR dignement expri-
-ocr page 23-DS LAGRICVITVRE.
met le prouffit qui forciroit de ces belles amp;nbsp;grandes poflcflîons,quî à pre-fent (ont fi mal trainees.
V i N e E N T. De tant plus ic vous oy, tant ic fens amp;nbsp;cognois que vous’ labourez, amp;cultiuczvoz terres aucc plus de prouftit que ne fçauroient Vous aporter vue infinité de fermiers cnfcmblc.
Iean BAPTISTE. Quj eft ccluy qui ne fçait, que chafeun de noftre
calibrCjik eftat pour faire laoourcr fes terres au ce plus gradauantage que j ne porte la puilfancc de tant de païfans, aufqupls l’cfcu ne vaut huict carlins, foit que leur pauurcté en foit caufe.oa qu’ils foient nial-hcurcux par lcurparefl’c,amp; fai-ncantife. Et ic dis cecy, a caufe que ( foit dit cecy pour txemplc)ie donne huict niarquets pour iour, à ceux qui cfinondét les ar-l)rcs,amp; accouftrent les vignes fans leur y donner rien plus, amp;nbsp;ces païfans kuren payent autant,amp; toumitrent encor leur defpcnce.Lc mcfinc,puif-kclire,de la fauchaifon des foings,amp; de les faire ferrer amp;nbsp;mettre en ordre tnlagrangCjamp;chofesfcmblablcsquilefout, amp;nbsp;payentalaiourncc, amp;nbsp;c’eftehofe mcrucillcufe que les bonnes gens ayment mieux me venir fer-uir(iaçoit que ic ne leur face iamais les defpens)qu’ils ne font le païfant, à caufe que tous les foirs ie leur paye leur falairc, de les autres au contraire attendent iufques à la fin de la fepmainc,amp; quelque fois à la fin du raoys: outre ce que bien fouirent on les contente de quelques viures, amp;nbsp;grains les pires qu’on ayc,amp; leur comptent à plus haut pris que ne fe vendent au marché.Lailfant encore à part les bouches inutiles, amp;: qui ne feruét de rie cnlamaifon,amp; autres chofes qui font dommageables ; combien penfez-ïousque portent de prciudicelesachapts qu’ils font contraints de faire tous les ans,dc bceufs,cheuaux,draps,amp; autres cas qui leur font neceflai-tes,ncpouuans payer comptant,amp; prenanstcrmcàla nouucllc cucillct-teïCar fils prennent pour cinquante efeus de marchandife, eu cfgard au pris ordinaire de rargcnt,amp; à celuy du bled au temps qu’ils pay ent,qui eft lois qu lieft au meilleur compte que de toute l’annccifi que pour cinquâ-tcilsen payent fouuentesfois cent, oudauantage. le vous pourrois dire encore le dommage qu’ils fouifreut en charriant pour auttuy, entant que cclaoccaiionncfouucnt la mort de leur bcftail,amp;qu’lsfement,dc cultiuét mal leurs terres.Or laillant ces contadins apart, ie dis que files citoyens hbouroyent eux-mefines leurs terres,non ieulemcnt auroicnt-ils double ptouffit en ce qui eft du feigncur,ains encore en ce qui touche l’othcc du firmier.
Marquer# eft mou-noyé de V cuilc, le# huit de laquelle valient trois fois de Fiâ ce.
Vincent. Puis que me faiókes certain de cefte grande commodité,ic Vous prie me dire,quelles font les chofes qui me font propres pour culti-Ucr mes champs,que i’ay près les faux-bourgs de noftre ville.
Combieu ytouffite de bien payer le Douuict.
Iean BAPTISTE. 11 VOUS faut prcmicrcmét vu puilîant amp;nbsp;fortbou-mer,fans auoir cfgard à La paye que luy donncrez,d’autant que c’eft de luy ^ledcpéd tout le prouftit qu’on peut actédre de l’Agriculture. E le trou-uatàvoftre fâtahc,il ne fera pas leulemét courcoys amp;. amyablc aux bœufs tnlcs penfantjdc leur donnant à manger, amp;nbsp;aucc mcfurciains encores les
-ocr page 24-I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;16 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;PRBMIEREIOVRKEB
; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;frottera le foir auant qu’ils fe couchent,amp; leur fera bonne litticre, foit de ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;paille,ou autre chofc;amp;le matin de bonne heure les cilrillcta,amp; nettoye-ragcntimcnr,lcur lauant iouuentefois la queue aucc de l’eau tiede,leiirc-ftant ce choie iàincamp;prouffirable.Eticprcdra bien garde à ne les faire laboureur daran t la grande ardeur du iour,quand il plcü ou neige,fi cen’eft que la ncccffitele prcilc,nyne les chargera ou faichcra leur faire grand Comme '’oyage,amp;ne les battra que peu ibuuér,de aucc grande diieretion. Et lors faut gou- ^ri ils arriucront le foir cichaulFcz à la inaiion, il leur mettra du vin en la ““““ ^^® gueule,nc les liant point à la mageoire iniques à tant qu’ils nefuerôtplus, Bœu s. amp;icrontdu tout dcila/îèz:puis leur donncraleurmangcrfcloniàcouilu-' mc,duquel en ayans vfé vnc partic,lcs mènera à rcau,afan qu’ils y boiuent Jabourc^ur^ tant qu ils en auront beioing. Le boiiuicr faut qu’encor labo lire la terre,la doit faire. aolt;’ipc,amp;heric,amp;icmccommodcmct,amp; cniâiàiiôn : défera diligent à le lener matin,amp;iûr tout durât les chalcurs,a/în de labourer durant la teef-fehear marinalc,iuiqncsiîirlcsncufhcurcs, on vnpeu danantage ; puis y retournera fur les quatre heures, fziC^ntlibeCoigneiaCqiiesapresfolcil Vn bou- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;9“«? ccd en ccif c forte que les bœufs fe maintiennent amp;iat aieineceC- ^ robnftes.Et ayans vn laboureur ainh fait à vodte potte, vous prendrez faire pour cncor vn bouuier qui l’aide à gounerner amp;nbsp;Conduire, amp;nbsp;Ics bœufs,amp;leî fecours du chcuaux,à charger,amp; deicharger quand il charrie, amp;nbsp;en tout autreaiFaifc Ubourcur. appartenant à c’ett ettat.A cettny vous donnerez le logis oùfe tiendroitle fermier, fl vous en auiez,aueclciardin,8c chofesnecettaires poailcar vi-ure,ainfi queie fais aux micns,fans que vous en foyez incômodé,amp;: qufit viuent contents,^: à. leur aiie,d’'autant qu’ils mangeront à leurs heures. Se fans aucun refpeét deperfonne à qui ils doiuent obcüîance.
VINCENT. Diètes moy quel falaire ctt~cc que vous leur donnez, amp;nbsp;h nbsp;nbsp;j quantité,^ forte des viures que vous leur dittribuez-
Gages, Se ^E^N BAPTisTE.Iedonneenprcmierlieuaulaboureuriy.cfcüspit viuresqu'il an,amp;dixau bouuier: Se chafeun apourfon viurc trois fotmnes de fatine, faut, Se au huièt barils de vin,autat de Hures de lard,da fourmage,huile,fel déboisée amp;au“bou’ ^^‘ ^^'^’' ^” ^^^ôncttcmétnecclTiire.Mais fçaehez qu’ilsm’aymét,amp;nic uier. lcruentfort diligément, d’autant qu’ils voyent que ic leurs tiens bónecó-p3gtiie,tâtau viurc amp;: cóucrfer,quen.leurpayant franchemétleurfalaire.
Lemau- VINCENT. Cette vottrc façon de mefnage meplaitt bien. Se le traitc-uais paye- ment que vous faitesà vozferuiccurs:queûpluficurscn vlbicntainfi,fans ment em- leur retenir le paycmenn.e,ou les menacer en lieu d'argent de les payer de mreurs ^^‘^ baAonnadcs,ou coups d’e{pcc,ilsne veeroientfcommcils font) leurs ter-res,ttionuentdans ettre caiduccs.Maislaittanr ces gensrioteux Sccruels maittrcs, ic vous prie m’enfeigner quels doiuent ettre les bœufs queia-ch eccraypour m on fer tu ce.
^^quot;^f Z'' JEAN pAPTiTE.Ic VOUS confcHIc de ne point employer amp;nbsp;dclpédre fe°quot;^Bœùrs ^^^ ciaquâte efens ou foixâte en vnc paire de bœufs pour les voir grid,idî poulie la- que font ordinaireméc ceux du pais Bouloignoisrains les choidrczinoyd foarage, en grandeur,qui fojctreuncs,bié quarcez,cobuttes,liez enpaïsinfcrtilSl delcoaucf
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Ne fault trauaillet les icuncs boeufs.
defeouuertrveu que tels fe maintiennent en tout lieu,quoy que chault ou délicat,amp; d’air fubtil.Quç il vous en pounez recouurer es terres qui vous font voilincs,ou fur le lieu mefrne, ou vous habitez, ie fuis d’opinion que Vous les achetez pluftoft que les eftrangers,encor qu’il vous couftent da-«antage, d’au tant qu’ils ne ieront fubicéls à maladie, comme les autres, à taufe du changement de l’air. Et fils font choifis de contrée ch range, amp;nbsp;qu’ils foiét ieunes, ie ne trouucrois pas bó q pour la première année vous les trauailliflîez beaucoup,amp; fur tout durât les grades chaleurs: les nour-tilfant pluftoft de bon foin que d’herbe, d’autant que par telle nourriture nonfculcmct ils ferôt réforcez pour iouftnr tout trauail, amp;nbsp;en craindrót moins le chault,ains encor dureront plus long temps fains amp;nbsp;gaillards, amp;nbsp;vousdefpendront moins : d’autant que voftre bcîlail ne paillant point l’hcrbc,vous rccucillircz plus grande quantité de foins en voz ptacrics,amp; focluy meilleur,que fi les beftes auoient broufté le meilleur de l’herbe ne faifant que poindtc.Vous aduertidant en outre, ne les prefter à perfonne, N’eft bon iiy les enuoycrloing en charriage, car ce faifant ils ne fetoient de longue durée en volireictuice. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;de labour.
; VINCENT. Eftant fait fage par le difeours de fi bos amp;nbsp;prouffitablcs ad-Ueitiircmcns, encor defireroy-ie d’entendre de vous le naturel de chafeun terroir en la diuerfitc qui y elf fi grandc,amp; que Ion voit en noz terres,tant «collines que plaine châpagne,afin que ie fçaehe la difference de laquelle il faut vfcc en les cultiuât,^ pour leur faire porter,amp; produire les fruits qui leur lont proprcs,amp; qu’ils ont les plus agréables.
t E A N B A P T. le fuis ioycux q vous vous enqueriez de celle variété des terroirs de laquelle les anciens ont fait allez de metionmeatmoins ie vous
1 difeouray feulcmct des noffres qui font picrrcux,fablonncux,marncux,amp; p ^^jß^^ fis en terres qui iadis furet pleines de baftimés : amp;nbsp;puis des forts, cruds,amp; j^ tetoirt. duts,vous lardant foubsfiléce les marefcagcux,aquatiqucs,glaircux,argil- Teitoits leuxôc blanchaffrcs,lcfqucls(cômc i’ay dit)il fault euiter comme la pelle, voifins des Començant donc à parler de ceux qui font voifins de nos montagnes,qui Alpes, fonttertes fortes plus qu’autremetrie dis qu’ils font bospour le vignoble, amp;nbsp;abondent en fourmcnt,amp; autres fruits amp;nbsp;fcméces.ll cil bien vray, que le terroir François qui nous eft proche,amp; autres terres voifincs ne font en tout fcmblables à ccluy de Piedmont,toutesfois produit-il meilleur vin q tousles autrcs,cxccptant toutesfois le terroir voifin de la riuicrc de Salb, enplufienrs villages,lequel furpade tout autre en bóté,amp; fertilité. Et par- Naturel lardes terres fortes,ic dis quelles ptoduifent allez de bled fourmct,pour- des terres neu que l’année foit fcchc,amp;. principalcmét au mois de May, mais d’autre f®*t®*’ teucnu,fort peu de chofc:mais fi les faifons font pluuieufcs, elles rapoi tét Peude gtain,amp; grâd abodace de paillcs.Ccux qui font cruds, afptes, crof-hns,amp; trop durs,ie les eftime de peu de valeur: d’au tat qf’ils n’ont les fai- J^”°^ j^ Ions répétées,amp; à fouirait amp;nbsp;despluyes,ôc de la fe chèrelïc,à grande peine, ^^ç'^ ' amp;nbsp;difficulté produirôt-ils ny fourmét,ny autre ehofe. Et outre qu’ils lont Hul-ayfez à tultiuçr,encore ne faut-il point lesarroufer.vcu que l’eau leur
b
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PRÎMIERI lOVRNSE
feruiroit d’autant de venin amp;nbsp;ruine.
Vincent. Etn’y auroit-il aucun moyen de remédier au default de ces terres fterillcs? nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'
Moyen de IE A N BAPTISTE, On les pourroit treibien Iabourer,hcrfer amp;nbsp;amenles remet- der fouucnt,car tant plus fouiiét elles feront remuéespar le contre,amp; fen-tre en for- j^^j J^ foc,batucs,amp; efmies par le rateau,amp; claie,tant feront elles defen-dues du foleil,des vents, amp;nbsp;de la gelée, amp;nbsp;plus encor feront elles meilleures, comme Ion y portera des charges de liens pour leur amendement. „ VINCENT. Mais cornent fçauroit-onpouruoir à ces champs qui font , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fi malins,que des aufli tort qu’ils font afiàilJis des pluycs,reau demeure fur la fiiperficic de la rerre,lâns pénétrer le dedans,iulqucs à tant que l’ardeur du folefl les delfcche : ou qui dés que la lèchcrelïé les ailault, fe fendent amp;nbsp;crcualîent de telle forte que les heures amp;nbsp;autres plus grands animaux fy pourroient retirer amp;nbsp;muccr?
Come on peukamc-der les champsre-tenäs l’eau en leur fu-pcrficic.
Eft bon de marner les terres ns or fondues.
lEAN BAPTISTE, On fecourroit ces terres, en y conduifànt grande quantité de fàblon,amp; le méfier en labourant auccla terre,tout ainfi que d c’efloit du fiens:amp; la première fois n’y ayat de guère prouffîté,y retourner fi fouuér,qu’ó cogneufi l’ameliorcmét de la terre,Et faifant bien amp;nbsp;deue-ment cecy,non fculemét cefte terre famcliorcroir amp;nbsp;pourroit eure euhi-uée auec quelque commodité, ains digercroit mieux les eaux des pluyrs, amp;nbsp;celles qu’on leur donneroit pour les arroufer en reps de fecherclfc.Bicn cfl vray que fi Ion voyoit de ces champs qui eulîént du fabion, ou marne neuuc,vue braifée ou deux fous la fupcrficie (corne il y en a plufieurs) lors vaudroit-il mieux faire des folles loing l’vne de rautrc,amp; fi hautes quede raifbn, amp;nbsp;tirer celle marne, amp;nbsp;lâblc d’vn collé,puis les letter la part ou la terre féroit la plus flerille,amp;infruélueufc,d’au mît quepar ce moyen ces terroirs Ce meficroient trefbicn cnfcmble.
V i N CE N T. le me crains qu’en faifân t ces frais,la dc/pence ne fünf!“® grande que Icprouffit qu’on nefçauroit tirer.
lEAN BAPTISTE. Éncor fcroy-fc de voftre ad ms fil failloit fîiie cecj endiuers lieux,où le terroir n’eft de guere grande valcur,amp;apport. Mais voyant que les pires des noftrent valent amp;nbsp;huid amp;nbsp;dix efeus l’arpent, fils cftoientcultiucz amp;nbsp;amendez de ccftcfbrte,ilsnc vaudroiét pas moins de cinquante, amp;nbsp;de cét quclqiicfois.Et fi on n’y vouloir tant dcîpcdrc,à tout le moins côfcillcroy-ie qu’on y plantaftplufioft des arbrcs,q d’y ferneries bleds, ou Jcs,'drc/Icr cnpracrie:amp; fur tout qu’c y mill des vignes elpailfes, mefme es terres qui font dépareille valeur que le terroir GoJtolcngo, lef quelles on ne peult cultiucramp; toutesfois produifcnt-cllcs de belles vi-gnes,amp;le meilleur vin de la contrce.Etccfte-cycfHa vcrtu,amp;induftrielî plus recommandable de tout bon labonreurfcar ie nepuisafièz lâoulcrde Je dire) que de fçauoir tirer le reuenu plus vtile de chafeun terroir, fclô fon portement amp;nbsp;naturel,
Vincent, M’arreftant volontiers en tout ce q m’auez dit iniques icy, fattens q félon voflrepromcfîc vousm’cfclaircifïiez ce qu’on doit obier*
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lier es autres fortes diuerfes de terroirs.
lEAN BAPTISTE. Entre les terres plus legeres de ce pars, font les «bléneufcs,comme les plus maigres,amp; foibles de toutes les autres: d'au-IWt que quelque grelle que vous leur donnez,on o’y a fi toll elpandu l’a-, Hicndenicntjque le folcil ne le bruflc,où que l’eau des pluyes ne l’empor-Itabas,amp; encorpluftoft fouffrent elles celle incommodité fion lesar-loufe faifant cfcoulcr l’eau par canaux. Mais venant à la terre grafie, pa-!ftcufe,amp; où iadis y a eu des baftimés,ie dis,quc encor que ce foit la moins nogncuc en nofire pais,fi eft elle la fleur de tout autre tcrioir:amp; plus parfaite eft la pallcufe,amp; noire; pour dire plus molle, amp;nbsp;ailée à labourer : amp;: laquelle eftanc celle qui enrichit nofire pais de lins, amp;nbsp;qui rend vnefi grande abondance de îourments,millets,roms,amp; autres reuenus,nc fault ftlbahir fi en pliificurscndroiéls on vend l’arpent d’icelle, decent, amp;nbsp;rent cinquante efeus.Et ainfi,ceux qui achetée de tels champs ne fc t rompent en lorre quelconquc,ài'clgal de ceux, qui pour auoir bon marché nefefoucient de mettrelcurargcnt en vu terroir ficrillc:lefquelscreucnt lt;lcducilpuisapres,voyans que tant plus ils delpendcnt à les améliorer, fi
- Henvoycntilsiamais vue belle cueillette.Neâtmoins,ne trouuc-ic mau-i liais d’acheter des champs qui font en friche,mais que le fonds en foit bo, 1 nbsp;nbsp;bien aflis, veu qu’en peu de temps on les peult cfgallcr en bonté ,.aux Meilleurs que l’on fçaehe trouuer.
F/N c E N T, Puis que m’auez monfiré la condition au vray des principaux terroirs de nofire contrée:vous me ferezvn fingulicr plaifir d’en faite autant fur la qualité des coftaux,amp; collines, amp;nbsp;comment on les doit cultiuer.
Conditio des terroirs fa-blonneux.
Piouffîc des terres noires, amp;nbsp;douces.
Champs en friche nô à mef-prifer.
Naturel des lieux a Gis és co-ûaux amp;nbsp;Collines.
Qj/eft-ce qu'on doit mettre es coraux
j î £ A N BAPTISTE, Auant qu’entrer en ce difeours, il fault que fc * mette en icu la diuifion des quatre parties de noz coftaux, attribuant achafCunc ce qui luy eft le plus conucnablc. D’autant que l’afficttc d’vu lieu regardant le Septentrion veult autre chofe pour produire, que de celüy, qui regarde le midy : amp;nbsp;celuy qui eft cxpolé au leuant, deman-1 dechofes diucrïés à celuy qui tend à l’Occident. Ainfi tenant pluftoft ' propos de la terre montueufe expofée à tramontane ie dis que ion pro-’tc c’eft qw’on y plante des chaftaignes, afin tant d’en auoir le fruit, que mur fi feruir du bois pour en faire les oultils necefiaircs, eftant ceftar-ited’autrc prouffit que pluficurs autres au fcruicc,amp; pour la pafture fnleuriaifon de toute forte d’animaux. Et ne fuis point d’aduis qu’on y plante d’autres arbres fruitiers ny moins y ferner aucun grain, veu que ^“„^f^”^' «prouffit en feroit de fort peu d’importance. Q^ant aux autres trois Nmj. parties, ic dis qu’il befongne y planter des Oliues, mais plufioft au itiidy , qu’à l’Occident, amp;nbsp;fur tout elles ptofperent és lieux qui ont leur regard à l’Orient, à caufc qu’arbrcs de telle qualité fc plaifcnt au fo-kil, ne faiûnt que fc leucr. Le mefmeie dis des Amandiers, Grenadiers, amp;nbsp;Figuiers.
V i N c E M T. Confiderant que les collines, amp;nbsp;coftaux voifins de la cité
Plan aymé des- Oli-Biers,Amâ diers , Figuiers amp;nbsp;Grenadiers.
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fREMlERS JOVRNîR
font choifis pour la demeure de la noblelfe, il me femble lt;ï»’il i^Toitben cncor,que les Ciprée,Pins,Lauriers,Wirtes,amp; fcmblablcs gctils,amp; touf-iours verdoyans arbres, feroyent bien fi on les pUntoit aufij es Heux qui font expofez au foleil,ou du leuant,ou du midy.
IF. AN BAPTISTE. Pour la beauté des lieux, iefuis de mefmc opinio que la voftre: mais pour le prouffic,ic trouucroy meilleur qu’on les reuc-ftift de Pomicrs,Poiriers, Abricotiers, amp;nbsp;auant-pcfcbicrs:ou (comme ùy dit)dcs Amandiers,Grenadiers,amp; Figuiers,à caufe que ces arbres deman- nbsp;nbsp;.
dent vn tel plan,amp; affiette.Moins ne fins-ic d'aduis qu’on y plante de bd- J ncs vignes,amp; principalemét de celles qui portent de bon vin,amp; des muf • cats, fil eftainfi que le terroir foit propre à nourrir les raifinsplusdcli* cats,lefqucls de tât plus feront bons, le vin qui en fera fait., aura meilleur gouft,amp; donnera plus de prouffit,amp;contentement.
VINCENT. Que trouuez vous le plus expedient à eultiuervnterroif affis lut vn coftau,ou fil eft labouré aucc le foc, ou belebe à tout laboiie, amp;nbsp;befcbe,ou fi on le remue auec lepic,amp; pailc de fer.
Comme lEAN BAPTISTE. On remue trclbien la terre aucc la pailc de foi ft°''^cquot;ld' *^^*^ d’autant qucplufieurs collines font dures, pour dire le terroirpier-uezlcs'^co- teuxamp;accompaigné du roch,illc fault labourer aucefes boues longue, Ôaux. amp;nbsp;pics pointusjamp;dlroits,amp;par la main de manouuriers forts,amp;robu- fo ftes,car remuans gaillardement la terre, ils cauferonr que le grainycroi-ftra en abondance, oui tre ce que les arbres y feront foifonnez de fluid foubait. Bien eft vray que fi on y pouuoit trauailler aucc la chuitue,ii fy feroit moins de frais, mais le raport n’en feroit fi grand, ny la terrefi bien mife en ordre, que fi le manouiirier hoüant, ou befebant y auoit monllrél’effort,amp;induftrie de fcs bras. Qncfiquclqu’vnà fanraifode Jabourcràtoutfon attcllage,icluy conferllcdcnepomt fairefes rayer, amp;nbsp;filions de bault en bas,ains en traucrlànr, amp;nbsp;encor’ fi bien accommodez, que les eaux depluye fefcoulans en ddeendant, amp;nbsp;dlans retenues entre les fillons,n’cnrauiirent,amp; tranlportcnt la grelle delà terre en ail' tre part.
VINCENT. Nyailpasaucunmoyenpourcmpdcbcrqucccspluycf, amp;: eaux rauineufes n’emmeinent point la grelle de la terre ailleurs?
Comme il i£AN BAPTISTE. On pourroit faire des appuys banks amp;nbsp;larges, amp;nbsp;fault ac- tirez à la ligne, amp;nbsp;fais en façon d’vu banc,félon que les collaux feront ou lesco/hiur P^s, OU moins baults, amp;nbsp;droits, amp;nbsp;fur tous ceux qui ont de la pierrepla-pourlcs ré te par ddliis la terre. Caries brilànr, amp;nbsp;rompant, amp;nbsp;cauanton drclTcroit dre de nbsp;nbsp;nbsp;ailcmen t vn appuy d’vn mur lèc, c’dl à dire, fins mortier de chaux, amp;nbsp;Je
grand lâblc, y failànt par dedans des ouucrturcs en quantité, mais non, plus Jar-prouffit. nbsp;nbsp;gçj Je demy picd,amp; dloignécs l’vnc de l’autre, pour le moins d’vne braf
Îc, afin d’y planter puis après de Câpres, lors que la terre de ddlbuzfcrj faite dgalc de tous collez à la haulteur delà muraille: neantmoins fault que les ranges lôiét dloignces,amp; faites en degré deux ou trois brades J’v-ne de l’autre,foit pour môter ou dclccndrc.be drefians ce mur auec vn bô
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ordre,bailee ces feneftres Sc ouuerturesjwn Iculement on recueillera es collines grande abondance de Câpres, ayâs vigueur de la terre qui eft par derrière,amp; du foleil per déliant,amp; fans eftre ottencée du vent de Bifc ains encor le deifus qui fera fait en planurc lut les bancs, pourra eftre rcinply d’Artichaults.Mais vous me direz,que ce mur fera de quelque frais à l’en-ttctcnir,ouy bien file prouSit qu’on tireroit, amp;nbsp;des Câpres, amp;nbsp;des Arti-duults,ne furmontoit cefte defpencc.
VINCENT. C’eftfans aucun doute,que filon faifoit ce que vous dites gt;uec foing amp;nbsp;diligencc,quc le reuenu en feroit plus grand,quc de tous les oliuiers,vignes,amandiers,ou fruits femblablcs qu’ony fçauroit planter, Toutesfois amp;nbsp;en l’vne, amp;nbsp;autre forte, on tireroit non moins de prouffit
Câpres ay ment les murs cou-uerts de terre, amp;nbsp;bayent le froid.
its collincs,quc de quelque bon terroir affis en la plaine campagne.
lEAN BAPTISTE. le m’eftonne que les coftaux ne foicnt beaucoup Quel pro-plus eftimez qu’ils ne font ; vcu que tout efprit gentil peult laiouir de la |‘ ^^ fraine amp;nbsp;faine fubtilité de l’air, de l’aménité amp;nbsp;gracieux plaifir du plan, . ^afTicttCjdc la gaillarde,amp; agréable contemplation de la pcrfpeétiuc, amp;nbsp;* ’Int d’autres,amp; diuers contentemens, qu’on y peult receuoir. Oultrc ce que ces lieux font quatre fois plus capables pour y placer des arbres frui-, fcts,que ne fonc les champs affis en planurc: d’aucanc, que roue ainfi que ' ceux qui fonc cnla plainc,f ils font plancezforrvoifmsfenuifcncrvni’au- ks colH-
^’‘^par leur ombragc:les autres au contraire (félon que le plan va en mon-t“iK]furpafl'ans d’arbre en arbre l’vn l’autre, ne f empefehent aucunemet, l* campa-amp; ne peuuent f entrenuire.O r voyez fion mettoit ces collines à bancs amp;nbsp;R“®’ Icuéesfcommc i’ay dit)qui ne fulfent point trop droites, foycz feur que le
. prouffit du fous en feroit acreu d’vue cinquiefmc partie. Et àdirelavcri-té,outre la commodité amp;nbsp;reuenu qu’on en pourtoit tircr,ccft accroift de prouffit,feroit pour fatisfaire aux frais qu’on auroit fait en dreifant ces bancs amp;leuécs.
QncI pro
ies coftaus
Arbres pl* fcrtils fut
nés qu’eu
vi-NcENT,lencm’e(babisdc l’accroiircment des arbres encefteaC-fette des coftaux,touchant le nombre amp;nbsp;quantité: mais m’eftonne de ce 1 que vous dites, que les lieux ainfi difpofez par leuces amp;nbsp;bancs, croiflenc 1 ùnfienmefurc d’vue cinquiefmc partie.
lEAN BAPTIST E.Cc que ic dis eft fans doute quelcôquc,car fi vous «icfurcz chafeun murs qui font en pied, amp;nbsp;cfgallcz de terrafle par derrière,vous verrez l’efted; de mon dirc.Ce que bien on peult iuger par les dc-Wezdechafeuncfcalicr,defquelsfiproportionnement vous mcfurezla nautcur Se largeur, verrez que de beaucoup ils furmontét ce qui eft dref-fé en longent en droite vigne.
VINCENT. Encor faudroit il difeourit delà grande diuerfite de tant ic montagnes qui font en noftte contrée '.mais d’autant qu’ily faudroit employer vn long temps, il vauldra mieux que me faites entendre les Ce qui eft moyens qu’il fault tenir à bien culciucr les terres. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i'bien'la
lEAN B APT i ST E.Pourbicn amp;nbsp;deüement labourer les champs,font g^mç^j^ «quifes trois chofcs:c eft vu laboureur,qui aitbô fens amp;nbsp;roceur iugemét, j^jj^, b üj
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PREMIERE lOVRNEE
Levtay la-bouragefe fait auec-ques mois de frais, amp;nbsp;plus de piouffit.
Experience de bien labourer amp;nbsp;auec moins de frais.
les bœufs à propos,amp; le couine biê dreffe, amp;nbsp;auquel nyaye default quel-conque.Mais fur tout eft il neccllajre,quc le laboureur cognoilîe le naturel amp;nbsp;condition du terroir qu’il manie: amp;nbsp;labourant mette fiauant le foc es champs qui font de bon fonds qu’il luy ferapoffible, amp;nbsp;au.x autres autant qu’il y trouuera la terre bonne amp;nbsp;propre pour nourrit les femencf Jt D’autant que tout ainfi que mettant bien auant le coulcrc es terres de bô fonds, il tourne,«Se remue celle partie de deflouz, qui eft la meilleureamp; plus grafte pour n’auoir encore efté mife en œuurc,ny prouffité,ainiî que defta a fait celle qui eft dcftùs:de meftne, fil pouftoit trop auant fou outil en La terre infertillc, il pourroit remuer le terroir qui feroit du font fans eftait, amp;nbsp;quin’apporteroit aucun proufht aumaiftre. lieft vrayqu’ilne faillcra one de prendre peu de terre auec fon inftrument à la fendre.D’autant que non feulement de tant plus auant il entrera en la bonne terre,amp; la fendra,amp; rompra plus fubtilcment, de tant elle raportera plus de fruit amp;nbsp;femence:ains encor en pluficurs châps, qui demandent quatre bœufs amp;nbsp;deux homes pour labourer fept ou huift perches le iour, amp;nbsp;encor mal remuécs,le bon laboureur fcul,auec deux bœufs fe contentera d’en cuiti-ucr trois perchées,«Se icelles trefbicn,parfaitcmér,amp; à fon aife, amp;nbsp;Icfqud-les rendront plus de blcd,auec quatre boifteaux de femence, que ne ferôt les huift perches fufditcs,auec douze. i ’
VINCENT, Par ce moyen vous me faites voir le grand auantage qu’on a de bien labourer: entant que non feulement on y cfpargne la moy tié de la defpencc des perfonncs, des bœufs «Se des fcmenccs, ains recueille Ion autant auec vingt arpens de terre bien labourez, amp;nbsp;quiayent Goufté deux cens ducats, comme en quarante mal cultiuez, amp;nbsp;du pris de 4oo.ducats.
Ckofe à «onfidcrer en labourant durât lt;]uo ferne les bleds.
? i E A N BAPTISTE.. Vous voycz donc(ainfi que le vous ay diftqucle bien labourer eft pris en n’empoignant point guère de terre auec le foc,amp; lepoufter bien auant dans terre, veu que la première fois on ne penctre pas tant qu’il eft de befoin pour trouucr la terre dure,amp;.'par ainfi il fault: qu’aux autres façons,on y aille le plus profond qu’il fera pofliblc : mais! la derniere y fault aller légèrement, lors qu’on ierte les femences fur ter-rc,ou qu’on les coiiure amp;nbsp;met deftbubs auec l’araire. A cefte caufe tout ainfi que pluficurs iaboureurs,cultiuans leur terre,durât que le temps eft doux amp;nbsp;puis foudain y cfpandans la fcmcnce,la preftcnt,piquenr,amp; batet iufques à ce qu’elle efteouuerte deux amp;nbsp;trois doigts ioubs terre,auffi quandle temps eft froid,ils fement premieremet le grain, amp;nbsp;puis renuer-fent la terre non moins dedemy pied de profond. A cefte caufe ne fault f cfbahir,ft cccy empefehe que le fruift ne fort point fi facilcmet comme quand il eft couuerc à peu de terre,amp; fi les grains nailfcnt fi rares, amp;nbsp;peu cfpais:car tant plus ils tardent à naiftre, de cat le germe fe gafte amp;nbsp;legrain, eft rongé par les vers amp;nbsp;animaux qui vicient fonds terre.
VINCENT. Icncfçay home qui peut one iniuftement blafincr ces ad-ucrtifTemésieu cfgard que ces laboureurs peu curieux couurét eu femât,
-ocr page 31-l nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;D E l’a G R I C V I. T V RI. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Î^
lie terre les bleds feulement de rdpaifleur de deux doigts, durant le mois lt;leSeptembcc:amp;au commencement d’Odobreils rechargent d’autant de terre auec l’araire le blcd,pourlecouurir afin qu’il germe.
It A N BAPTISTE. Lebon cultiueurcncoreourrequ’ilractprofond . leferen labourant, amp;nbsp;prenant peu de terre la rompt premièrement en j^^J'quot;^^ ' long,amp; en la retaillant,y va à larrauerfe: amp;nbsp;depuis, li comme à la troifief- parfaite-ftetois il la fend de long, amp;nbsp;la quatriefme à trauers, ainfi à la cinquiefine ment va (qui eft la dernicre façon) amp;nbsp;lors qu’il veut ferner fon champ,il faut que le ch“^?-j fibourc en long.Et quoy qu’il le herfe de fillon en fillon en lôg,amp; trauers, i tompantles mottes dures aucc vne grand hcric,bien dentée de pointes de fer biélongues,fl faut il encor que le radeau y paife qu’il foie de fer, pour foûtcrlcs herbes nuiûblcs à tout leurs racines,lefquellcs il bruflera en vu tisjors quclefoleillcs aura bien.dclTcchces. Amli labourant, iicrfant,amp; fifteUant trelbicn là terrc,il ne nettoyé non feulement en perfection fon ehamp falc, amp;nbsp;charge de fes herbes inutiles, en deux ou trois pareilles façons,ains fait encoj que le fourment qui y naift produit, amp;nbsp;fonde mieux fcsracines,qu’il ne fexoit edant ferne en vn autre champ, qu’on auroit laboure plus bas,fans que les rauincs des pluyes le puident offen cer,à caule lt;luc plus facilement elles padent dedous, Icfqucîles au contraire leur dc-t •nourcroyen t dedus,û les racines auoyent amp;nbsp;dcdus,amp; à l’entour cede ter-to fl durc,,amp; fafeheufe.
II dit cecy àcaufetju’ë Italie vn mcfine chap porte fruits, bleds , te vins.
Moyen de labourer és champs où il a des arbres à treillages. Le befeher eft l’vn des meilleurs labour»-
Vie EN T. Cede façon de labourer, amp;nbsp;herferme fcmble parfaiétc es fbamps qui font à defeouuert, mais comment pourroic-on vier de pareil deuoir à trauers ceux qui font chargez de vignoble? lt;nbsp;i
Iean BAPTISTE. Ccluy qui a les arbres, amp;nbsp;vignes quife correfpó-dent cfgallement par droiture de toutes parts , peult imiter les labou-tcurs de Rouado,amp; autres lieux Yoifins,lclqucls labourent, amp;nbsp;herfent es vignobles autant en long, comme en trauers, foudeuans aucc la main les Vignes,ou aucc des fourchettes fi bien amp;nbsp;gentiment qucle,s Bœufs y peu-uent trelbicn palier fans les aucunement endommager.
V i N e E N T. Nous pourrons donc comparer, amp;nbsp;efgallcr ces cinq façons de labeur,amp; herfement au houcr,amp; bclchcr à force de bras, edant h meilleure forte de eultiuer qui fc pmlfe troiiucr, ny mettre en befoi-gnc.
Iean b a p t i s t e. Il n’y a doubte aucun que le befeher à la main amp;nbsp;bouenefoitle labourage le plus prouffitable de quelque manière qu’on
fçaehe de cultiucr:nlaisfçachez,q de cribler la terre aucc des cribles d’ar- ^' ' cbail,ou pludod de fer ed encor d’autre perfedtion que tout le rede ; veu ^lucnon tant feulement elle ed rompue, .amp; nettoyée à fouhait du labou-*Çur,ains ed tenue comme en pédant en telle hauteur qu’on la veut met-ftqde force qu’il n’ya fi bonne femence,dc laquelle on n’en tire au double proufîit,qu’on ne feroit d’vn autre champ façonné en autre manière. Car h tronuant cede terre comme cendre , iledàfuppofcr , qucnaillàntvn •Bentele fruit en vne autre, cede-eyed pour en produire cinq cens. lied
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vray que pour ceft effaitt: ne feroyent bones celles terres qui (bnf oupiet* reufes,oudurcs,ou crues,ou trop fortes: trop bié celles qui font a propos, amp;nbsp;Icfquellcs on trouuc (ans humeur,qui empdehe qu’ô ne les puilleainu cfruier,amp; cribler.
Ce que doit obier-net vn bon iabouieur enuers tou te forte de terroir. Ne fault la bourer les chaps bour beux tant qu’ils feiSt «empez.
VINCENT. Icpcnfe qu’aifément cclafcfcroit es moysd Aouft, amp;ac Septembre,amp; fur le printemps, amp;nbsp;lut tout lors qu’il tant planter IcsAf perges,Artichauts,Safran,amp; autres chofes gentilles, amp;nbsp;qui portent alhï de prouffit,amp; reuenu au mefnager.
lEAN BAPTISTE. Pourfuyiunt encor ce qui eft du dcuoir d’vu bon laboureur,ic dis que iamais il ne labourera vn champ, tandis qu’il dl bai-gnc,tellcmcnt qu’en y padant le foc,la terre y demeure toute amonccllee, de mclmcs es terroirs qui font forts,durs,ou croflans,d’autant que cela les rcndfifeursamp; prenez, qu’il eft impolTible de les réduire en pouldre, amp;nbsp;moins receuoir lalcmencc pour luy donner vigueur en germant, amp;nbsp;naif faut,ou à produire bon fruit en leur faifon.Dauantage ne doit iamais mettre la charrue amp;nbsp;araire fur vn terroir fangeux, amp;nbsp;réduit en bourbe, lequel eft mal maniable, amp;nbsp;difficile à remuer fil n’eft fcc,amp; non apte à receuoir faifonnément la femcncc:amp; fault que fe monftte diligent toufiouràculu-ucr toute autre forte de terroirs,amp;les mettre au meilleur cftat qu’il lu/^^' rapoffiblc.Et quad fe vient qu’il met l’araire près les vignes, ou autres arbres,il ne doit paffer, en leuant le foc, par dclfus les reiettons qui fortent des racines,toutes les fois qu’il en fcnt,ainfi que font plufieurstams fatre-ftera toufiour faifant tels rencon trcs,amp; les coupera de fon hachete ,pluf-coft que les rompre aucc le coultfe,cn danger de le mettre cnpicccsamp;' de gafter les bœufs, amp;nbsp;eft chofe vitupcrable à ccliiy qui ne les ofte, amp;nbsp;tron-çonne,d’autant que ces reiettons fe faifans maffifs,amp; fengroil'illàns,amp;ft eftendans en longueur de iour à autre, font grandement dommageables aux fcmenccs,entant qu’ils dcuorcnr,amp; fuccent leur grclfCjCommeffrua* d’empefehement à l’araire de ne pouuoir remuer, amp;nbsp;ouurir celle partie dû-champ que ces racines fuperflucs occupent.
Vincent. D’autant qu’il en y a plulicurs qui ticnnéc y auoirplufents terroirs Icfquels tant plus fouuent on les romp, amp;nbsp;façonne, ils endemen-nentplus maigres,amp; fterillcs,ic voudroy fçauoir quelle eft voftre opinio fur celle occurrence.
1EAN BAPTISTE. Ccux qui Cil font Ic nombre grand,fe trópent plu5 que de iufte pris.Bié eft vray,qu’il en y a quelques vus qui font fi legiers,q tantplus onlcs labourc,durantlcs chaleurs,ils font tcllcmétpcnecrezdu lolcit, quils en demeurent foibles,amp; peu habiles à produire grains. Mais quoyîl’efpericncc nous fait voir que hors ce petit nombre, il y a fort peu de terroirs qui cftans labourez en faifon dcüc,amp;tcmps.oportun,nerapot-tent beaucoup plus de fruit que 11 on dcfiftoit de les remuer,amp; ouurir.
V i N c E NT. Encore fouhaitc-ie que me difficz les autres efgards amp;nbsp;ob feruations fuyuics par h s bons laboureurs en eultiuant dmerfementies tcrrcs,amp; chafeune en fou temps,amp; faifon,
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DE LA G R IC V LTV RE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1^
lïAN BAPTISTE. Difeaurant en premier lieu de nos contrées j leA ^y'-^’^’^j quelles participent de toutes les autres du païs : ie vous dis, qu’vu champ garder^** quot;^ ayant porté ou du fcul formcnt,ou autre bled des principaux,amp; foit pour pour bieu en porter l’année apres,le bled cftâtfié,amp; coupé,il en faut le pluftoft que cultiuct faire fe pourra öfter les chaumes, amp;cftcults, ÔC puis le labourer fouuent, les champs amp;nbsp;herfetainG que fay dit par cy douant : fans faillir de le ferner en temps oportun,amp; durât que la Lune cft nouucllc, vcu qu’il peut aduenir que ce terroir foit fuict à la vermine, ou ne foit allez fort pour porter vn bled fur *utre:ioint que fix feptiersde bled femez de bonne heure, rendront plus ala cueillette que fept G on eft tardif à les lemer. Comcauflileditlcpro-quot;etbe: Comme ta fcmencc làifonnéc trompe quelque fois le laboureur, le tnicr tardcment,nc faut guère iamais de le deceuoir en fon attcntc.Ic cô-fcillc cnouttc,quc G le champ n’eft bien ncttoyé,amp; purgé, iaçoit qu’il fut ’lcucmétlabouré,gras,amp; fertu de fon naturel, qu’ô ne le ferne point:d’au-hnt qu’ainfi il produiroit moins beaucoup q tout autre , quelque maigre qu’il fuft,pourueu qu’ilfoit nct,amp;bic cultiué.tt ccluy qui deux ans de fuite a porté dufourmét,eftant le troiGeûne à vuidc, que foudain on en ofte, amp;nbsp;grebes,amp; cftcule, amp;nbsp;qu’on le feme de millet auant la Gn de luing, vcu queiufqu’à ce temps c’eftlaflcur,amp; feifon la plus propre pour ce faire, amp;nbsp;rfpatcc que fera laîèmencc qu’on le befehe bicnpar deux fois , aftu de luy f^dlirerlavoyetamp;aprcslaSainéiMartinqucla terrefoit remuéeaueclc ‘ôc,amp; diligemment labourée : amp;nbsp;la lailFans cuire fous l’effort de grandes gelées, qu’on la rompe , amp;nbsp;herfe de rechef fur la Gn de lanuicr, amp;nbsp;l’ayans bien amcdcc,amp; fumce,qu’on y feme de la Veirc,amp; parmy en la moitié du tiers élu labourage fait au commencement de Mars, foit auffi mife, amp;nbsp;fc- i^^o,n j^ tuée l’Auoine aucc mefmc,amp; pareille mefurc qu’on fait en mettât le four-.
Went fous terre..
v-m c E N T. Ne vaudroit-ilpas mieux y mettre plus de Vefïè,ponr eftre rucillcur pafturc pour les bcftes,que l’Auoinc.
Ira N B A PT i ST E.l’ay dit qu’on y meit des deux auoiGnezésGllonx j enfcmblc,aGn que la Vefle foit mieux (uftentée par l’Auoinc,amp; en croifle plus hautemeur,encor qu en tel cas V Auoine ne foit fi bonne,amp; prouftita-oh que la Vefte, amp;nbsp;pâlie le quinzicfmc de May, amp;nbsp;le grain eftant parfait, Prouffit qu’on le coupe ,amp; des que fera feché, elle prouGtera grandement pour la ^^ °quot; ®‘^® aourriturc des Bœufs, amp;nbsp;cbcuaux,làns qu’il foit befoing leur dóner pour nbsp;quot;^^ ƒ
les engrclfer autre forte de grain,qdc cefte Vefle. Laquelle outre ce quel- p^Mi, le ne gafte iamaisla tcrre,clle Eéd plus d’herbe beaucoup qucTrefle quel- font pois rôquc.loint que des auffi to ft qu’on l’a oftee des champs, on y peut ferner dcfqucls ifs Phafoles,ou du millet cnnironl’huiéficfmc du mois de luing.Bicncft la goufle 'ray qu’en y femant des pois,la terre en fera l’année aptes plus apte,amp;fct- ^ [^ die en fourment,quc non pas G on y mettoit du millet : car tout amfi que j^j^ ^^^^ ]^^ lemilamaigrift le tcrroir,l’autrc fcmencc l’engrefle. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ers,amp; plus
Vi N c E HT. le voy à prefent la fottifc de ceux qui eultiuent la terre pour ronds, yfcmcrccs pois amp;nbsp;millet,fan s prédre garde à y mettre pluftoft de la Vefle,
■ ~ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;c nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.
-ocr page 34-16 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;PR EIK IE KE lOVRSFE
laquelle fc recueille du mefme temps que ce terroir eft en repos,
Iean BAPTISTE, Sçaclicz que l’cn recueille fi grand quantité en treze ou quatorze iournaux,qn’clle me fuffic tout le lôg de l’an à nourrir, , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fix Bœufs queie tiens pour môlabourage,fans que ie leur donne nyfoing
nyAuoine,
V i N C E N T,Puis quenous.fommesfurlapafturc des belles,dûtes moy, ie vous prie commclcdoibtfcmcrlcTrefic , afind’auoir dufoingaboiv damment.
Iean baptist e, laçoit que communément on le ferne aumoys defcæcT'^ ^‘' Mars parmy les bleds,il mefcmble toutesfois qu’il feroir meilleur quo le Trefle. ^^ f^^^ lt;1“ la Saindt Barthélémy,iufque au dixiefme de Septembre,amp; ce en vn champ feme de Segle,efiant cultiué,amp; herie.D'autant queiettant celle fcmence alors parmy.la poudrc,amp; terre menuilee, amp;nbsp;l’incorporant dedaS deux fois auccla hcrfe,outre ce herfement fait fur le Segle, il en relie peu qui ne prenne picd,amp; ne prouffite : que fi vous le femez au mois de Mars, non feulement ne peut fi bien naillre, ( eftant iette fur la terre dure) ains encor meurt,ce qu’on clpard fur le bled verdoyant,Dauantagc l’herbcfc-méeenAouft,amp;fuf-dits iours de Septembre, efi plus hauteamp;bcl!càla Sainél Martin, que celle qu’on feme durant le printemps lors qu'on cou-pe,amp; fauche les bleds:amp; ne craint,ny pluycs,ny froids,ou fechcreircjpour auoir bien fondé fes racines,Et ainfi eftas les bleds coupez, on ne fera feu-lemét vn bon relie de Trefle coupé pour l’an fuyuat, ains pourra en tirer deux fois le foing en vn an,pourueu que le temps ne foit trop fafeheuxA contraire, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;h
' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;V i N e E N T,Ie vous demande,qu’elleferaence du Trefle vous femblc la
meilleure,ou celle qui eft autour de fon efcorcc,amp; pcau,ou l’autre qui eH
Ouellc fc nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;defeouuerte.
n^cc au 1^ AN p APT 1ST É.C’ell fans doubte que celle quiellcouucrteedl^ Trefle eft meilleure pour auoir la greme plus Yiuc,amp; vigoureufe, amp;nbsp;que celle pelÜ-laraeilleu- cule amp;nbsp;toupet couurant le grain,luy done plus dcfecoursàîafairc,amp;grf' mcr,amp;naiftre,amp; ceux quil ollent amp;ncttoycnt, ne le font pour autre oc-cafiô que pour la tenir en moindre efpacc, amp;nbsp;pour accommoder ceux qui
• / rachcccnCjamp;lcfquels veulent loing porter celle graine.
Vincent. Cécile quantité vous femble-il qu’il en faut à chafeun ar-pcnr,ou iornau de terre.
La quotité Iean BAPTISTE. Pout faite qii’vn terroir ayant arpéc de fon elpice, degrainde amp;nbsp;bien net,produifc aflez de foing,il riy fault pas moins de cinqliuresde Tteflepour celle graine, enclofe en fou toupet, amp;nbsp;telle : ou la moitié de tels poids il la graine eft bien reputgéc,amp; nçttoyée : amp;nbsp;mefmement au mois de Mars, pour les raifons^us mentionnées. D’autant que tant moins on en femera, le Trefle en fera uioins elpais, amp;nbsp;les mefehantes herbes y croiftront cnû place. Or tout ainfi que ceux-là font à vitupérer qui és bonnes terres, amp;nbsp;nettes, lefement efeharfement, aulîi ne font louables ceux qui en cfpar-dçntplus qu’il ne fault és champs qui font chargez de vilennic, entant
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i?
t[ue,amp;; les vns,amp; les autres en ^porteront fort peu de prou dît.
VINCENT. Puis que fay apris de vous, combien importe amp;nbsp;eft ptouffitable d’ainlî ferner le Trefle, ic fouhaite encor de fçauoir, amp;nbsp;vous prie me le dire, le 1-noy en de faire qu’vu champ demeure à couhoursen prairie.
JEAN B A PT 1S T r.En premier licu,befoin elf que durantlhyueron Moié d’^-l'e/galle amp;nbsp;vnife fort gentiment, puis le fault fubtilemct labourer aucc le prlt;^« yq foc lubril,à tout le moins deux fois amp;nbsp;de long, amp;nbsp;de trauers, amp;nbsp;à chafeun Coup qu’il fera labouré, qu’on ne faille par mclmc moyen de Je heiler. Eftant ainfi bien ner,amp; mis en ordrc,fans y clpargner le fumier,amp; amen-lt;lcment,le conuient labourer,non aucc le grand foc,amp; y lemer de l’Auoi-ne,puisle herfer vue feule fois,amp; par dcllus eipandre en grand abondance de la graine de Trefle, pour les raifons fufdites, amp;nbsp;qu’auez entendues: Ecriant à tout le moins deux fois le champ,afin que ledit Trèfle entre dedans,amp; foit couucrt,commc il apartiét.Et fur la fin de luing, que l’Aüoi^ nelcra coupée,que pour la my luiilcc on en ofte les herbcs,amp;cftucil pour les belles, amp;nbsp;puis on fauchera le foing qui fera creu pour la premiere an-née.Et nefaulefaillir de frimer tous les ans ledit pré, amp;nbsp;fur tout lors qu’il n’y a point d’eau pourl’arroufcr, amp;nbsp;abrcuucr : quel’il y enaen abondan-Cc,leipremicr an paflé,qu’on l’ofte de tousles entours du pré,tât que l’hy» nc8durera,d’autant que par ce moyen le pré f engteftéra mieux, amp;nbsp;l’hcr-^cfengaiHardira amp;nbsp;lcra plus druc,amp; abondante.
VINCENT. Allez vous d’autres moyens, pour aydér à la fertilité des prez.faits en telle forte que vous dites!
lEAN BAPTISTE. Pour faite que l’herbe y foit abondante, il n’y a lieu fiproulEtable que la terre efmiéc,amp; méfiée aucc le fiens,amp; amende-incnt„d’aiicant que cela coufte moins, que fi on prenoit le fumier le plus fur qui foit en l’cftablc,amp;dauatage caufc que le pré produit plus de foing que li 011 lay donnoit de plus grafle prouifion pour ton amendement. Et parrinfi on recueille la pouflierc des chemins les plus fréquentez, de ce durant les grandes chalcurs,laquclle foit bien feche, amp;nbsp;la fault conduire en la court du logis, ou pluftoft au pré mclmc qu’il fault fumer : amp;nbsp;cefte fouflierc fault que ce foit qtdinaircmét aucc le ficus des bcftcs,amp; mcllcc auedapaille,amp; autre greflé, amp;nbsp;amendement, amp;nbsp;les bleds cftans femez, toutle fiens,amp; fumier qu’on tire des eftablcs, fault que foit porté où cil ,ceftepoufliere bien entaflée, amp;nbsp;laquelle en defehargeant fc mefle ailemét Wee ledit ficus lufqucs à tant que celle matière croift cnlcmblc,amp;la fault ^nlî lailîèr nicllangécjiufqucs à ce que arroufée des eaux, amp;nbsp;tranlpcrcée parles gelées,elle cll fuffîlàmmcnt meure. Ainfil’cfpandant en Ianiiier,amp; Feurier par le prc(ainfi que i’ay diQproduit beaucoup plus d’herbe, que fi feftoit du fumier tout pur tiré des cftablcsicntant que ce meflange, amfi anicnuilc,pcnetrcmieux iufqu’aux racines de quelque herbe que ce Ibit, dement. • .que ne fctoit le fumier, lequel eftant grolficr, fait moins de prouftitaux prez^que aux terres enlcmcncécs,pour ne pouuoir l’incorporer am fi facir
champ' à toulîoms.
amp; comme i! peuk e-ftre en-gvefle en piufïeiiis fortes.
L'amtlt;Jc-_ met need-faire aux prez nou-ueau imitiez.' ’
Qa?’ jpf fit porte la fange te-cucliic pat lesrucs amp;chcmins eftant lèche.
Én que! téps fault
eipandre ceft amen-
C ’1
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lement anec le prc,commc aucc les terres à femence.
VINCENT, Mais qui n’auroit du fumier pour le mener suée celle terre menue, ne pourroit-elle pas prouffiter pour la fcrtillc abondance des herbages es prairies, fi elle eftoit dilperfee toutepure amp;nbsp;feule durât la fai-fon del’byucr?
JEAN BAPTISTE. Non fculcmcnttourncroit cllcprouffitablcpoiir ^^quot;* jpuf les prcz,amp;politics bleds,fi à chaicun arpent on en donoit pour le moins ^‘* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;dix charettecs,amp; tombereaux, l’elpandant ainfi qu’on fait la fiente de Fiés chemîs^ geons,ains encor les vignes fen trouuef oient bien, le mefiiagcr en donnant vnc pailéc de chalcune en Odobre quand ou les defehaucc.
v i N e E N T. le fuis ioyeux que cccy foit bon pour les vignes, amp;nbsp;qu’on pcult clpargncr le fiens pur lequel eÆ parfaitement prouffitablepour l’amendement des terres labourées : mais ic ne voy aucune railôn qui m’in-uitcàladôncraux bleds,puis qu’elle a telleforce de faire fortir, amp;rcgaiJ-lardir l’herbe es prairies.
lEAN BAPTIST E. Vous auricz iufte occafio de ce dire, fi on la mou-
la terre,mais de lefpandre, amp;nbsp;ierter Amplement fur la terre icniéc versla Saint Martin,elle eu tcllcincnt corrigée,amp;mortificc du froid,qu’il dlin’* polfible qu’elle n’y foit de grand prouffit,amp;iccours.
Autres moyens pour en-fre/Ter, amp;nbsp;Jiidiorcr ht ferres.
V J N e E N T. le vous prie de me dire encor tous les moyens que vous içauez outre les precedens,pour faire quclcs prcz produif.nt de l’herbe en abondance.
pf«.
i E A N B A P T i s T E. En premier lieu les ordures amp;nbsp;nettieures des eu-iiicrs,amp; canaux à arroufer les champs,amp; ce qu’on tire des folîèz en les curant,eftans mis en tas ƒ our fepurer pour quelque temps y font fortpropres amp;nbsp;prouffitablcs. Les boucs qu’on aiîèmblc en nettoyant les rues amp;nbsp;chemins en hyucr,fi elles font mifes en vn tas, où elles croupifient tout le temps iniques à la finde Mars, font fort bonncspourfoilonncr lesprez de grand quatite d’herbe. Mais les nettieures de l’airc,du Cortil,amp; court, les balicurcs de la mailôn,lc fiendes poules, amp;pigcons y font deplus grad effic3Cc,amp;y caufonrplus de proulfirlors qu'on les laufe longuctncntfc purgcr,amp;pourrir,auant qu’en efpandierien for l’hcrbc.Bicn cil vray que ccd vn grâd bien au prc,amp; depeude coad,fi(îe pouiiancfairc/on moyc-nequefeau coure l’hyucr nuit, ätioar pat délias, amp;: fur tout lots que les UStil mo- ^^1^^^^ tombent des arbres,St par mefmemoyen faire fi bien en herlânr, yen d’en- raftclant, roulant, Si:gt;bcfchan[lesvafes,Si:canaaxpropresà.fairecourit greifet les l’eau,afSn que titans la,greife da fonds, ils la fACentcomir aucc l’eaapit tous les coins. Se lieux nccclîàires à edre cngrctfez.Or faifant cecy durant les moys de Noucmbre,Deccmbrc,Ianuicr Se Fcurier,il fault prédregar-de,qu’on n’en vfepas aindaux champs,où le Trede a edé ferne,Se lefqutls la fécondé année de leur premiere cueillette, on feme de lin, Se fourmet: caries traitant en cede forte,il n’yaaroit Trede qui nemourud tout fou-dam, Encore fault edee aduetty dene point faire courir l’eau fut les prêt
Ne fiait donner l’eau en hy ucr aux vieuxprez.
; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;BE t'A G RIC VIT VRE. ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*5
; qui font vieux durans les grandes, amp;nbsp;cxccilîues froidures, fi ce n*eft qu'elle euft à continuer longuement, d’autant que l’eau défaillant, cefte terre jinfirccuitc,amp;abrcuucc fouffriroirgrandement parla vehemence des plaçons,amp; gelées. Encorne louc-iepas peu ceux qui ont inuente de faite des amas,amp; monceaux de terre gralfc es cantons, amp;nbsp;encogneures des «anaux,par lefqucls feilende l’eau des champs,amp;qui ne font ii profonds, amp;nbsp;longs,que les eaux tournans,amp; courant fans celle fiir iceux, en font vn (tel, amp;nbsp;fi beau amas dans les follcz,quc les curant en Autonne, amp;les charmant , amp;nbsp;portan t aux prez en Printemps, ou bien aux champs lors qu’on les façonne,amp; laboure,à peu de frais ils fc rcHcntcnt de ce plaifir,amp; benc-Âce. Et fault faire encor de ces amas esfoffez principaux , efquels l’eau tourttoutle long de l’année, amp;:lcfquels ibientlong au moins d’vne perche,amp; efloignez l’vn de l’aurte,trois ou quatre.
Prouffit ^uaporte de recueillir les fu-roiets pat les rues.
v i N c E N T.Non moins font à louer ceux qui ont adextreztant depau-«rcs qui vont crier du liens par les rucs,amp; qui recueillent par les rues das des paniers,amp;hotereaux la fiente des bœufs,amp;des chenaux: ce qui aporie vn grand prouffit aux terres des fauxbourgs , amp;nbsp;voifines de la cite, amp;nbsp;à tesenfans qui vendent chafeunehotec deux deniers, amp;nbsp;le pris croiflant d’heure à autre par les villes.
HAN BAPTIST E.Dc là fe voit combien grande eft noftre diligence, ^induHric à faire amas de diuerfes matières pour engrelTcr noz champs, Iflqucls ne fault fclbahit (quoy que fterillcs de leur naturel) fils produi-fenc d’an eu an plus de fruits que ceux qui font plus fcrrils es bonnes, amp;nbsp;jralTcs contrées.
VINCENT. Puis que nous auons allez deuifé de ces amendemens, amp;nbsp;jrefles pour fertilier les champs,ic defire que vous me difficz encor quel moyen il y a pour vnir,amp; cfgatlcr les prez qui ont des coilaux, doz amp;nbsp;va-lées.Car fil cil ainfi qu’vn champ,encor qu’il ne le faille abreuucr,cll plus quot;icquis vny,amp; clgal,cecy eft plus neccllàirc beaucoup à vn pré quel que ce lôit,vcu mefmeraent que la necefiité requiert qu’on l’arroufc, amp;nbsp;abreune
1 toutes les années.
; lEAN B A PTi STE. Pour abaiflcrvndozquin’cllguerclôg,ny large, «dis qu’il fault couper, amp;nbsp;rompre ledclTus du pré en tât depetits carrez, qui n’ayent non plus d’vne braliéede lóg,amp;delargc,amp; non plus efpais,amp; jros d’vn doigr,lelquels on leue fi adextrement qu’ils not garde de le bri-fir en les raettât à part, voire ap rès qu’on en a tire la terre lupcrflue,on les y pcult remettre ayfémet chafeun en fon ranc,amp; ordre fans que pour cela ces mottes amp;nbsp;carreaux fuperficiaires relient de produire l’herbe auflibic qu’au par-auât.Mais fi le doz,amp; prominéce contient alTcz d’cfpacc,il faudra leuer les mottes delà rerre herbues piece à piece , aucclcur terroir pour les maintcnir,ou plufloll labourer l’vn amp;nbsp;l’autrc,amp; l’amóccllcr,afin quclechaulr, amp;nbsp;gelées les cuifent, amp;nbsp;cfpurent, amp;nbsp;au bout d’vn an qu’on les aura ainfi vnis,fauldra cfpandre ce terroir au fons le plus maigre lut les mois de Décembre, amp;nbsp;lanuier, car ainfi faifan t, ils produiront herbe en ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;c iij
Moyfs de bien mir amp;nbsp;cfgallw les peex.
JÖ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;PREMItR’E lOVRNEE
abonJancepar pinceurs annces.Et fi le terroir eft aifezblult, on potte la terre amonceJlée es plus bas lieux,amp; l'y ayant clpanduc, on ia rafteUe a-uec des rateaux de fer du lieu où eliea cftéprilè amp;nbsp;oftée, y lurlcmant encor du Troflc,amp;y mettant du fumier fort mcnu,lequcl encor ne fault oublier de raftclcr, amp;nbsp;iemer à la façon qui a elle men tionnec cy deffiis, iul-quesà tant que ce terroir foit conduit es valions, attendu qucles parties , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;dclpoiiillccs le porarrontaylcmcnt cmprcer,amp; venir d’herbe. Or lors que
il faudra emplir les Vallos amp;nbsp;fur tout où l’eau eft arrcftcc,(5c croupie,fault en premier lieu qu’aucc cefte terre coduite d’énhault on cmplillè ces defaults,/mettant quantité de ballons amp;nbsp;courts, amp;nbsp;longs, Iclon laprofon-dcur,ou bafteur de reau,clloigncz l’vn de l’autre né plus de deux braifes, amp;nbsp;les bouts dclqucls apàroiftèntfur Tcait de la groUcur d'vu doigrfans plus,ahn qu’on puiftè cognoiftre en cleo niant l’eau, ou attendant qu’elle '^‘^''dJr,par cesbaftons.qucllc quantité de.terre y eft ncccllàifc,amp; laquelle y Ibit conduite de lieu à autrc,tant qu’à peine puiftè on voir ces ballons,
VINCENT. D’autant que tous céslècrcrsncnouslcroicntdcgucrc grand prouftir,ny confequence : lî après cela ic ne Içauois remédier à net-- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;toyer la terre des taupes,amp; vermine qui font tant de dommage auxprez,
‘^**f/,'t*’ iardins,amp; Unsren iettant la teneparleur lôuftlc hors de leur ranicreu’a-‘ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;compterois à vndgrahdcfaueuf,lil.vüusplailbit me monftrerIç moyen
Trois dules cxtcnninlt;tr,?«ii ;f. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,,
nio/cns i E A n_b. A PT r s T E. Il y a ctois moyens deles prcndrcilcpremicr deft lier ƒ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^'^^‘^{i,(îû^eft befoin de le tenir en garde amp;nbsp;comme en ien tiaclk furie
pet, ^^'^^'^ if^'i^i: Carolen près le lieu où le plus ftefehemét elles ont iouSic,gepoots lioish terre zear ce il fur rhcuimelmc qu’elles reierrent ordinaircnicnt )'''' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;la.terre fclonleur coudame.Et quiconque aura,, ou pic,ou houe en main
yt^i^ ^ndisqimceftc_bcftceftcnolHce,illatircrahorsfàcilemcntdcfaranie- ; ‘'‘lt;- ^.,al ^‘:^l-£feco^moyencfldemcttre,amp;fairecourirl‘eau,aulieuoaeliesaii- J 'A**'*« nbsp;nbsp;nbsp;^'^^'‘Cfouilicfrercbcment^vea que dés quelles le r0ntiront,ne failliront de
^ en^l^. nbsp;nbsp;fortirpourfcgarentirfur(juelquemotte,amp;:lionpourralcsruegoupre-
dre en vie.Letro^efmegiil en prenant vue vine iùr le mois de Mars que elles font en amour, amp;r la mettant dans vu ballm allez creux lefoir après le folcilcouché,.enicrrant ledit vaie influes au bord,a6n que lestaupes puiUent faulter dedans,oyans crierla prifonniere la nuit: d’autac que celles quil entendront (eflanr celle belHole dvne.ouye fort aiguë,de fubtilc) .y venans Heur pas,entreront dans le valéfvue après rautre:Sctantplasy en entrera,amp;plus elles crieront, (ans que pas vueen puUlèfortir, à caufe qu e le dedans du balTin cRlillc^poly,amp;: glfiant.
vr N CEN T.Iefuis content de celle h gentile inuention,amp;neatmoins ne me fçaurois garder de vous prier,(fvue autre faneur, bié que la qaelUô doit al fez dilScilc^amp;c’ell fur l’impitoyable cruauréqu’vfenr les.vers à fen-.droïc des bleds amp;nbsp;lemences,depuis quelles font nées,mlqucsa tant.qu’on les fauche,lt;Sccoupc:cc qui eliplus à côtrecœur au melnagcr rudiqueque tout etiorc,gc raume de tempcllc,laqucllcruine les chaps foudain,amp;raai
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vers qukó^ gent les biels.
ivn coup,la où celle maudite vermine eft plufieurs mets àlt;oger les bleds. ^f^„^J*'* amp;prefquelecœur,amp; entrailles du panure laboureur. ’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. ,.i
1E A N ' B A p T i s T E .le ne m’elbahis pas,fi les paifans ont tonfiaurs efti-mé celle malédiction comme chpfe dcplôréc,amp; fans remède aucun, mais, iem’eftonne des citez,chaftcaux,dc villages, qui n’awnt deefle la guerre à
Ks petits aniniainc pellifcrcs,qui font laïuinc de tant de fermieis,dc leurs lcigneurs,amp; fou tient caufent la cherté des viures.. Car fi on en vfoic ainlî, pn empliroit des l'acsà milüers,ainfi que founent on a fait^amp;: vfc plufieurs fois des Fanfignes, Icfquelles rongent., ^ démangent telfomcnt les bourgeons,pampres, amp;: fueiüage,quc fos vi^içç,!^ les raifiqs lcmblcn,t., amp;nbsp;pâ-roilFear auoir patlé par les fianuties. .0 ry ayant fort , peu d eipemnee de pouruoir à celle vilennie de versée diray-neantmoins le peu quepenuent hireJes diligens laboureurs peut f enprciialoir.Qr fçait-on qu’entre tous les vers quifont niüfibles aux bleds les plus dangereux font ceux qui font longs amp;nbsp;gros àl’clgal du doigt,que l’Iralié nomme Zaccartl : Icfqucls pour edre de leur naturel de tresfoide qualité, ne forrent guère,iamais de terre, niais de tant plus faprochc le téps chault, amp;nbsp;croill,ilsfauoifinentauffi de la fnperficie de la terre :amp; par amfi durât les thalcurS,on a meilleur moyé lt;luejamais de les deftruire.il eft donc nccdlàire que lc laboureur,«! celle hifon mette l’araire és champs,amp; les labourc fubtilcracnt, d’autant que fi fnlapremierc façon ces beftcsfontdcfcouucrtes , en grandnombrcnl y Maura peu qu’on ne voyc à la féconde amp;nbsp;troifiefme. Mais d’autant qu’en mefmc temps fi ne fçauroit labourer,amp;lcs occir cnfcmble,il fera bien d’a-Uoir quclqu’vn qui le fuiue aucc yn pannier, dans lequel il les mettra ou mortes, ou vines, ainfi que l’autre les defeouurira, pour les donner aux poules, lefqucilcs en deuiendront fort grafles, amp;nbsp;feront des œufs en bon iJoinbre.Suffîlc-vous, que quiconque en vfera ainfi deux, ou trois fois,il verra q la quantité en leva bien diminuéc.Encore en pcult-on dcipcchcr, amp;vuiderles champs qu’on abrcuuc,amp; lefquels auront cfté rompus amp;nbsp;labourez en Iinng,amp; luillct:amp; ce en ccfte fortc.Eftât ce terroir bien bru il c'y amp;nbsp;liaflé du folcil,y faut letter de l’eau,amp;la faire cfcouler fur le card,amp; aucc vUeadreflc quelle aille lentement,^ petit à petit par tou t lcgt;champ,amp; la biffer fur iceluy autât(amp; non plus)que ces vers foient fortis de terrepour fuir la mort.D’autant que par ce moyen ils feront non feulement noyez, amp;fiiffoquez de l’cau.mais bequetez, amp;nbsp;mangez des oyfcaux , ou bien ©n Ifs.pourra recueillir à belles mains ou paillées, ou aucc autres inftrumés: Voire csa celle manière on deftruira encor les petites lézardés Jes mulots, fcutiz'amp;'ÉaupeSiamp; autres petits animaux dommageables , qui viuent entre deux-terres. - ? ' ■ .r;ii d -J.
-y.! N C E N tJc n’auoy encor iamais ouy parler dé ces fccfcts.Ncatmoins içay-,ie bien que plufieurs fement des Lupins pour engrefler les champs, amp;(coramc d’autrcspcnfcnt)pour faire mourir ces bçftclctces,ou à rout le moins pour les faire retirer en bas. ■ ,
JEAN BAPTIST E.Eiicouc fiHS-iç d’aduis qu’onjcs feme en luillct à la
On
Fan fitnes. Moyens d’exterminer les vers qui ronget les bleds.
Zaccmrtl.
pins lout / f / de leur na-rurd contraires aux vers.
JX nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;PRÏMIÏRE lOVRNïI
D^okod’^ ^^^°”*^*^ façon pour engrefler les terrois qui font maigres, pourucu quilt de hure i. *^^ foyent niorfonduz.d'autant que le legume n’y prouffite guère, amp;nbsp;fi ne châp. 10 b caufent la mort de ces vers.Bien eft vray que pour celle année ils ne mole-Mathcolc. ftentpoint les bledsfemez en celle terre, ciuant qu’allanspourrongcrlâ . Et eft fele- fomcncç,amp; trouuaut le lupin amer,amp; de mauuais gouftilsîc retircr.Mait fuci^m-'^ ^^^^^’' que le plus expedient pour engrefler les champs, amp;nbsp;qui cille plus blabk aux prou/fitable eft d'y ferner des pois dcs.q le bled eft coupé, Âtleftculr ofte En. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;de la rcrrc,d’autat qu’il fault moins de ceux cy pour enfomencer vn arpér,
que des Iupin6,qui font moindres, amp;plus menuz. Et là où ccux-cy,àfça-Aurremoy uoir,lcs lupins,ne portent guère grand fruit,les pois.cn rendront deux ou ks ren *^amp;: ^æ’^ charges pour arpentj outte que la terre eft nctroycc,cflaiit befoin de pou7eL f^fioücr,amp; belcher. Puis tournant cefte herbe des pois lors, quelle eft fc-grc/kr les *^^^ ^ ^^ mettant aued’araire fous terre,amp; y femant du fa urmentpar def Huu. nbsp;nbsp;nbsp;fus,poseront non moins d’amendement à la terre, que Içauroiét faire les
lupins.Et iaçoit que les vers fe nourriflènt en iceux ( pour n’eftre poina-mers ùnfi que font les lupins ) fi cft-cc qu’ils ne dommagerontpoinrIfS bleds aucunement.
Vr N c E N T.Cefteinuenrion des pois meplaiftgrandemcnt,entanrqw outre ce que venez de dirc,il ne fault qu’vnc façon pour les cn^femeocer-lEAN BAPTiSTE.,Ilya encor vn autre remède,c’cft,quc fi vous femez fourmcnt,ou autre bled au champ où le millet aura efte recueilly, ces bdholcs n’yporecront: aucun preiudicc , pource qu’ils prendront leur nourriture des feduz,Se:pieds quirefteront dnraillct enterrez foubs teree pu l’araire,le millet eüant leué du champ,Sc l’edeulrd’icelay coapc,qa‘ô le condaife fur la terre caltiaée,laquelle il en fault du tout coauriLcaria renaerfantdepuis foubs terreaueclcfoc, onypeultfearemcnt femenia blcd,atcendu que ces vers,laiilans le grain, fattaqueront à ces cfieulcs de anUet^
Bizmoi^s V t ^ ce S S T. Si VOUS fçauezencor quelque autre moyen d’etmelfer les
tesfoisdclelabourerfouuentenHyuer,voirefEAé, iafquesàtantqa'il foit temps d’ymetree la femence. Le fecondmoyen cA decaucrlcs bords de chafcun,coAé da champ par deux rayes amp;nbsp;Allons, amp;nbsp;ce deuantl’Hyact l'abailfant vers befolfcde deux façons de hoüe,amp;r dreAant ce terroir corn-m c. vue louée de riaicre,y meûerpetit àtpetit de la chaulx noauclle, lequel fe cuira A bien durant les froidures,que lues que vous la conduirez, amp;:fe-merez parle champ fur la An de Feurierfera plusabôdantelacaeiUettcq Aens quon y fçauroitmcAanger. Le troiAefmc,c’cA qu’âpres que le fourni et en fera oAé à laAun A Martin, on rompe la terre, Se puis la Auiclaboa^ ter vne autre fois fur la An deIanuier,deMars,amp;:deMay pour y ferner des foA,amp;: puis quad on y y c ultiem et du bled four met, ou quelque autre le^
nence.
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mene«. Quatriefmement eft la terre engreftée fi on l’amende, amp;nbsp;fume de bonfi«M,amp; fumier frefehement cueilly cnVcftable, pluftoft que le choi-fir plus vieux, amp;nbsp;l’efpandrc durant le croiffant de la Lune, vu peu deuant (juc donner les feméces à la terrennais le faut foutertet le pluftoft qu il fell poffiblc aucc l’araire,amp; foc,afin de le garder du hafle amp;nbsp;du folcil, amp;nbsp;des vtnts;d autant que tant plus il cft efpars frcfchcmcnt,amp; remué fous terre, , Üydeuient plus mol, Îk; prouffitc aux grains, amp;nbsp;à quelque feraence que tlon y ierte. Le moien cinquiefime, eft que fi le terroir cft léger, on y face dcoulcr,amp; courir l’eau continuellement au mois de Feurier lur les bleds, lumoins l’cfoaccde neuf ou dixiours, car cefteeauyfera daufiigrand q^j_-^]]^ ptouffit que le ficns,ou amendemcnt,En fixiefme lieu,y lert beaucoup d’y ^^^^ ^^ ^^ bire brufier (après les moiflons) les cftcults,amp; autres herbes qui font aux cuns lieux champs,amp; pour mieux les fccourir du bois, quiconque en a en abondan- engeneft« W,cn rcmpliflent les filions principaux d’vu bout du champ à l’autre, amp;nbsp;Puisymcttrclcfcu,amp;.toutx:ccybruflanrcn peu de temps, fera de grand Dic:n,amp; auantage en tous les lieux,cfquels paruiendra le îeu, amp;nbsp;encore où l beendreferaclparfc.Lcfcptiefmc moyend’amelioreméc côfifte en met-i dntdela chaux fur la terre labourée, car outre qu’elle cngrciFe grande-’ftét,cllc nettoyé encor tout terroir,amp; y fait mourir toutes les herbes nui-’ butes,amp; dagereufes. En huiticfmc lieu fault y furfemer la terre tirée pour laite du falnitrc,lors quelle eft patacheuée de cuire, amp;nbsp;ledit fel tout par-fiitfSi finy. Le ncuhelme(commc i’ay dit)c’eft de mettre la terre amp;nbsp;ponf-hcre recueillie par leschemins en efté fur la terre cultiuéc,après la Saméf Martin.Lc dixicfme,amp; dernier moycn,bien que nous en puÜTions dire amp;nbsp;itncnet d’autres,çft d’y ferner non feulement des pois,amp; Lupins, comme l.j.cha.Sÿ. encor i’ay.propofé,mais de la Velle,Feues menues amp;nbsp;Seneué, amp;nbsp;foucerrer lujucUe fe voudra de cesfemenee à tout l’araire, lors qu’onfeme, amp;nbsp;met les bleds en terre.Or fais-ic finicy-, pour eftre defiatard, amp;nbsp;qu’auffi il me Cemble nous auons affezdifeouru longuement pour cefte iournéc.
Salnitte c’eft du Sal peftre, voy Matbeole fut Üioic.
Vincent. Tout ce que vous aucz dit fur l’engteflcmcnt des teucs cftde grand prouftit pourle mtfnager, fauf que de brufier du bois par les hllons,ou d’y efpâdre la chaux,pour eftre fi cher entre nous, feroit de plus Stand dcfpcnce,quc le prouftit ne nous en feroit reuenant de tel amelio-i Cetnenedes terres, amp;nbsp;non.fi à propos que d’y brufier défius les mauuaifes herbes.Et plus ne prouftitoroit d’y bruflcrles efteubs^pres les moiflons, !^i^ ^llt;' éautant qu’en nos carriers, où la terre cft ftcrillc, cela nous fert de litière nbsp;nbsp;nbsp;'
pour les beftes, amp;nbsp;puis nous le départons commodément pour en fumer les terrcs,pluftoft que les brufier,ainfi qu’on faifoit ces années preceden-Cesuttendu que lots on n’auoit pas la parfaite cognoiflance de bien culti-üct,comme lon a à prefent, amp;nbsp;laquelle va croiflant toufiour de mieux en ''tieux.Et nay dit cecy pour vous contredire, ains vous mercie afteftucu^ lerne ne de tout ce que fi courtoifement vous m’auez dit fur cefte profel-hontant excellente de l’Agriculture Et quilfoit ainfi,ie vous promets de tetoumer demain vcis,vous,cfperant que ne me ferez moins courtoys, tic d
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'PREMIEKE lOVRNEE
liberal à me declarer le refte que ie pretends vous demande*^ » ^^ ^°^® aucz efte à cefte heure.
•IeAN BAPTISTE. Etic m’oblige cneprde vous difeourir fur cccy tout ce que vous voudrez,amp; defirerez de moy, non feulement demain , ains tous les autres iours que voudrez choifr pour ce faire.
EIN DE LA PREMIERE
I O V K N E E.
'X
55
SECONDE lOVRNEE
DE LAGRICVLTVRE DE
MESSER AVGVSTIN GALLO,
EN LAQJBLLE EST TRAITE DE
L’HERBE MEDICALE, ET AVTRES
ai4 labourage.
points proufptables
E S I R A N T le feig.VincétMaggie de tenirpromellc à l’Auogadre,n’eut pas fi tort finy fô difner,qu’ill’al la. trouucr en fa ferme, amp;nbsp;defeedu qu’il fut de chc^ ual, le vint voir en fil fort belle, ,amp; gentille chapelle qu’il auoit fait baftir au bout de fô iardin,amp;laquelr Ic regardoit vers le Nord,oii Tramontane, amp;nbsp;affiie vis à vis de la grand treille,qui partifioit ce beau, amp;nbsp;plaifantIardin.Orfeftanscntrefaluez,amp; affis chat
cun en Ca placc,après quelque leger difeours tenu fur la beauté,amp;plailan-cc de raffierte du licu,amp; des tableaux, amp;nbsp;artificielles paintures lefqucllcs embcllifloicnt cedeuot oratoire, le Maggie, pour ne point employer le temps en vain,commença à parler en cefte forte. Puis que la freicheur du litunous efi fi à propos, amp;nbsp;nous fcmblc lemondre à quelque bon arrai-» lôiincmcnt,vous me ferez vn grand plaifir,amp; fingulicrc faucur,feigncur Cefte fier-Auogadrc,me difant la qualité,vfiigc,amp; perfection de cefte voftre flourit ^^ 5^ *S-faiwe herbe Mcdicale,d’autant que iufques à prcfent,ie n’ay rien entendu J°'^ defies forces, amp;nbsp;vigueur, ny comment eft-ce qu’il la fault eultiuer, amp;nbsp;meani en
nourrir.
i E A N B A P T i s T E.Vous ne m’cufiicz fccu faire plus grad plaifir q de: me requérir du difeours d’vne pafture tât precieufe.D’autant que nô fcu-hraét elle eft toufiours fiaine,amp;fort falutaire pour les haras,ains encor fe-ftée en terroir qui luy foit propre,elle réd tel Huit,amp; eft fi abondante par Icfipace de vingt,ou trete ans, q corne dit Golumelle, le demy arpent ro-mai doit pour l’ordinaire porter déquoy nourrir troischeuaux tout Ic lôg del’année : amp;lors mefmemeht que le terroir eft accommodé d’eau pour l’arroufer,ôu,en eftant ûns,quc à tout le moins il foit fi gras,amp; bd, que la greffe luy feruc d’humeur allez fuffifante.Car d’autant plus fera le champ «ol,cefte herbe, amp;nbsp;fingtilicre pafture, pourra eftre fauchée cinq,amp;fix fois • nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;d ij
. France.
Traité de l’herbe nS-méeMc-dique, A: par nous S.foioÿ.
SecONDEE lOVRHIE
TaOjVoirefept es temps fuyuans,fauf celle année, que premièrement elle aura efté femee.
VINCENT. Cefte herbe eftant cogneue des fi longue antiquité, amp;nbsp;ut prouffitablc, pourquoy cft elle fi rare en pluficurs endroits de l’Italie, amp;nbsp;mefine en ce païs,lequel eft doué des choies les plus cxquifcs,amp; mcillcu-rcs,qu’on puilFe recueillir,ny dire fur ce qui touche,amp; apartient à bié cul-tiucr la terre.
D’ou efl venule SJoingcn Italic.
lEAN BAPTISTE. Ccftc dclicatc panure fut gaftée, amp;nbsp;dedruitepat les Goths aucc tout ce qui eftoit en la milcrablc Italie: amp;nbsp;ayant efté relcr-uéccndiuerslieuxd’EIpagne,furle tard depuis elle eft retournée à Naples, Volterre amp;nbsp;Scandian,amp; à la fin tombée en main d’aucuns de nos Ci-toycns,qui l’ont haucée, amp;nbsp;mife en valeur, amp;nbsp;fur tous le noble feigneur Hercolan Carcho,cxcellcnt en rart,amp; feienec de l’Agriculture.
VINCENT. Quelle terre vous paroift,amp; fcniblc meilleure pour la ferner,amp; la faire naiftrc,amp;croiftre en abondance.
Moyen de cultiuer la terre pour le faine Foins.
Saint foin en (à feme ce liait le fer. Panis. ou Panicle cil fcmbla ble au mil let, mais à la fucille plus large, amp;nbsp;le tuyau plus hault amp;nbsp;gros.
lEAN BAPTISTE. Elle vicnt non feulement és champs légers, ayans la terre bonne, amp;nbsp;aifée àlabourer,ains encor fans vous dcceuoir, la pourrez ferner en ceux qui produifent de beau lin, en laJabourant ouplu-ftoft hoüant, amp;nbsp;befehant la Lune eftant vieille, amp;nbsp;en fon déclin,Stic tempsfec, amp;nbsp;fans remouillurc afin que les mauuaifes heybes meurent, amp;nbsp;fechent.Et d’autant qu’il fc fault pener de la faire naiftre, lâns qifautre herbe le mefle aucc elle, aiiiïï cft-il bcfoin que le champ où vous la met-strez foit aplany, amp;nbsp;vny, fort net, gras, bien labouré, amp;nbsp;hcrfé en long, amp;nbsp;en large,amp; à traucrs,Iàns y vfcr du grand foc, amp;nbsp;y faire des filions principaux, amp;nbsp;trop cfpandus:commcnçant le labeur en Iuing,amp; puis en Aouft, en Olt;ftobre,Deccmbrc,amp; Feuricr,afinquc,ce terroir, amp;nbsp;herbes qui font eniceluy, foycnt mortifiez fuflifamment,amp;parlc,chaultd’efté, amp;nbsp;par les gclécs,amp; froidures de l'hyucr. Et pafte la my Apuril qu’on y conduife du fumier vieux, le mettans foudainementà tout l arairc fous terre , amp;Ie champ cultiué amp;nbsp;hcrfé que fera tout vny, amp;nbsp;lâns fillon quelconque que on y feme ccftc hcrbc,mcftée aucc des Panicles,ratcllant la terre aucc des raftcaux de bois à, dents empailles, car elle eft cnnemyc du fer. Et n’a garde de fouffrir aucune incommodirépouric Panicle à caufc qu’en la premiere fauchcifon,il fera coupé eftant encor en herbe, amp;nbsp;ainfi mourra de foy-mcfmc,amp;noftrc herbe fauchée renaiftra, amp;nbsp;germera fans eftre meflee d’aucun mauuais herbage: amp;nbsp;ce d’autant qu’elle eftant drüc, amp;nbsp;gaillarde, elle oftera aux autres la place pour y naiftre comme cllcs cullèut fait fi on n’y euft point mis du Panicle. Neantmoins fault eftre aduerty,que le terroir foit gracieux, car autreraet cefte femence y naiftroit à grand difficulté : amp;nbsp;fi la terre n’eftoit préparée ainfi que fay dit, encor fcroit-ce vne grande perfcôtion de criucller ce terroir, amp;nbsp;puis y vfcr des façonsiapar moy propofées.
VINCENT. Combien de Icmcncc fault-il employer pour lâilonner va champ de ccftc tant bonne pafturc.
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JEAN B A P T i S T E. Il y en fault politic moins trois onces à chafeun ( eiircâu,qui reuicnnent à vingt amp;nbsp;cinq liâtes au demy arpent, toutesfois qui en y mettra dauan tage ne fera que fon prouffit, amp;nbsp;auanecment. Car tant plus riicrbcnaift cipefle Se drue,tât elle cftplusprouffitablc au mef-nager,amp; en outrc(commc i’ay dit)auec grand diaîcultc d’autres herbes y furnaiffent. Or ne faille il faillir de la ferner durant la nouuellc Lune, amp;nbsp;fut le tard,vcu qu’citant humedee par la rouféc de la nuit,ellc fortira plii-ftoft,amp; facilcincnt:là ou fi la femence cftoit clparfc en la chaleur du ioiir, elle fc creueroit prefque toufiours,amp; ne feroit que de peu de prouffit. Et fil y a de l’eau , il la fault arroufer tout bellement pour la première fois, d'autant que fi Ion y alloit aucc trop de violccc,amp; impctuofité, faeilernet cllcfc retircroit amp;nbsp;feroit iettéepar l’eau toute d’vu colle du champ :amp; moins eft befoin de l’arroufcr depuis le mois de Septembre, iufques à la find’Aiiril. Bien eft vray que fil venoitvne grande fechcrefte en Odlo-btc,amp; au commencement d’Auril,ilne feroit pas mal fait de la baigner , vn peu.mais Icgcrcment : iaçoit qu’il y a de nez citoyens qui fc paftent de labrcuiicr, d’autant qu’ils y mettent fi grande quantité de fiens, le meilleur qu’ils pcuuent trouucr,quc toufiourslat€rrc.demcute humide, amp;nbsp;molle.
v i N c E N T.Te voudroy fçauoir en quel temps il fault couper cefte hcr-lgt;e,8c en quelle façon on la doit ordonner.
lEAN BAPTISTE. En premier lieu on la fauche tous les ans huiâ: iours auoifinans la Lune,à caufc que d’ordinaire on la coupe tous les trete iours;mais nefault lailîèr cefte herbe à tas plus d’vn ioui,amp; fur tout ccl le du trcfle,car fi cl le demeure lôg temps en vn lieu., elle fcTchaufe de telle force, qu’elle fiiffoque amp;nbsp;fait mourir celle qui luy eft au deftobus, laquelle ny reuient plus oneques. Et ainfi non feulement eft il requis de la faire fccher le pluftoft que faire fcpcult,ains fil eft impoffiblc quelle Te dedeche furie lieu, fi fault il tous les iours remuer de iour à autre ces tas d’herbe en autres lieux. Au refte que le mclnager foit aduerty de ne point foutfrir que les beftes paiflent cefte herbe, d’autant quc,amp; la dent, amp;nbsp;l’a-leinedcs beftes luy eft fi dômageablc,qu’âpres cela, ou elle produit peu, ou ricn,ou elle meurt du tout. Quand à ce qui touche au recueillir la fc-mciicc de celàinâ foin, ic dis qu’il ne fault l’y attendre pour la première innée,à caufc de fa débilité amp;nbsp;foiblcTTc, mais aux autres fuiuans, il y a d u. moycn,farrcftans à la féconde coupe, amp;nbsp;faucheifon, pour eftre meure la femence es mois de May,Iuin,amp;Iuillec,nc voulant point moins de temps pourfon allàifonncmcnt, amp;nbsp;maturiténaçoit qu’encor celle faifon fait fa-cilemét deux coupes pour le prouffit du perc de famille. Ncantraoins eft il befoin que les gouftes ou eft cnclofc la femence foient fi fcches, qu’en les rompant on faperçoiue de la maturité, laquelle Têvoit fi les grains y font,amp; fc monftrent iaunaftres.Et d’autant que l’herbe mefme conçoit amp;nbsp;produit d’autre herbe nouuelle ( Ti on tarde trop à faucher la première) à caufc que Ibuucnt elle fc ployé,ou eft couchée par terre, il fault eftre fort d iij
Corne, amp;nbsp;quand fe faucke le S.foin.
Quelle femence du S. fois eft a garder.
Grand prouffit qu'apotte ce 5. foin. Corne cefte femence eft CO-gneuc c-ftremeure.
^8 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;SÉCONDE! o VRNEB
foigncuXjamp; diligent dc tailleraucC vnc faucille bien accrue, amp;nbsp;trcnchätc tous les bouts qui-iontgoullcz, amp;nbsp;les mettre l’vn après l’autre dis vn lac, amp;nbsp;puis les eftédre en taire qui foir nette,amp; là les bié lëclier,amp; batrrc:puis oftât CCS paillettes,amp; feftuz qui font4c refte apresla fomcnce/ccouce,la fault cribler en vn crible fort meDu:amp; les goulics qui ne ferôt bié clgouf fées,on les battra dé rechef, amp;nbsp;h fouiiét qu’il n’y demeure rien dc foniécc: PuisfaUant ce q aiira efte criblé,la pouffierc.ira par terre,amp;lalcmécc dc-mourcra dans leCaz,Sc goulîe farreftat delfos fora choifie l’vneaprès i’aii-rrc,iufqucs à tant que la fomence demeure foule amp;nbsp;bien nette. Or d’autac que les goulics citant rctorfos, ne peunent parfaitemét dire deliurces du fruit qu’elles córicnnent,c'cll bié tait que delcsgarder, de les ferner aucc le relie dc la Icméce la première elparfo,amp;puis rallcller le tout.enfomhlei veu qu’en vlànr âinlî, on ne leucra pas moins de cen t lunes de foméce en chalcun demy arpent,(Sedeux charrettées dc pallurc coupées à la faux,qui ne fora en rien moindre quclc foin, lauf qu’elle fora vn peu plus meure.
VINCENT. Ellimez vous que cefoe herbe foitauffi bonne, amp;nbsp;falutai-re citant verte,pour Ic bcllail,que lors qu’elle cil en foin, amp;nbsp;bien meure? I,E A N B A PTIST E,Mais bien ordinaircmcntlcsbcllcslamangcntdc plus grand appétit cllant verte, toutesfois fault que Cou coupée vpioar aupar-auanr,d’aufanr qu’ils enpourroient fotrouucrmal,à caufo defon humidité, fils la mangeoient frclche,amp; non palléc, amp;nbsp;mifo au venrpour. vnpeulalècher.Maisdonnéeainfircpofo'cque vousdis,cllcnerechaufe, nyolFcncelcsbellcs,ainli que fait le treUe, amp;aurrcsherbcs cucilliesfrc(-chemcnt,ainslcsmainticnrlàincs amp;nbsp;gaillardes.
V i N c E N T. A prefont que vous m’auez lâtisfait en ce qui efode celte ƒ herbe liprouffirable,li ell-ce que ic voudroy fçauoir comme on doit fou- ƒ cher, amp;nbsp;mettre en ordre les foins,.amp; quel raoyé il fault tenir pour les gar-dcr longuement.
Traité fur ^^ AN «APTi s T a, le fois d’aduis,qucfil cltpolhblc, les foins foictU. ic raefna- fa.uch.czcn[aLunc nouücile,d’autant ç^udopiccupoizc Si piodaupaii' gemét du aprcsplusd’hcibc,(ju’ilnefauûonlcscoupclaLunceflantaudcclin:amp; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I
toia. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;yaaltmicuxlcsmctti:càbasc{laitSYnpcutcdtcs,quattendlcqu‘ilsCoamp; nbsp;nbsp;nbsp;1
trop meins, d’autant qu’ils en font plus Cauouteux, amp;nbsp;engreßent plusles nbsp;nbsp;nbsp;1
bcues:outrece,caufentqueles vaclicsfontplusabondates enlait, ^'que^ ’ le ptéeüplus preß à pouirer,amp;vous foifotmerde regain.Et lors venhles vachers,âc paucats des monts,aa commencement d’Oäobre aux loges, amp;: cabannes rußiqucs,rctrouuent les herbes haultespour la pagure amp;les greniers bien chargez de foin. Auffi telles gens fc ruent mal volôticrsfat du foin beaucoup meur,d’autant que non feulement il empcfchcqueles beßesayent beaucoup dclait,amp;qu’elles le magent à grand difficulté,ains fait grand quantité d’cßrain,qui nefert de rien plus qu’à faire lirtierc. Da-
» vantage quand Ion fauche les prez qu’on cipande feulemcc ces moules q, on pcult raßeUer amp;nbsp;fechcr dans le loir,amp;les réduire en boireaux ou petits monccaux:d’autanc que l’herbe qui fera eßedue amp;nbsp;touchée du folcil,fiel~.
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lé lieft amoncélcc aiiant la niiiâ:,aireurcz-vous que ce hc fera fans que la roufécnoôlurnenc luy prciudicie, laquelle ronge, amp;nbsp;mine ijfflknicnt fi» fleur, que les vaches amp;nbsp;autre beftail la mangent fort enuis la trouuansiè? clie,amp;: (ans gouft:amp; outre ce elle deuenant legere dommage au feigneur, U vendant au pois, amp;nbsp;quintal. Eft requis encor que le foin qui eft garde-pour la nourriture des chenaux, amp;nbsp;bœufs qui doinent labourer foit bien fcc:amp;ponr eeft eftait, ie dis, que tout auffi toft qu’il eft en fon fenil qu’on beouure treibien de paille bien eiFuyee, amp;nbsp;lèche, amp;nbsp;ce la hauteur d’vue trade,tant pour le conferuer de la chaleur,amp; garder de la puanteur de l’c-ftatlc,qu’ann que la paille attirât ces chofes du tout, le foin demeure lins / fentir rien de ces imperfeâions.Et le foin auffi apprefté, outre qu’il donnera plus de force aux beftes qui labourent , encore empelchera-il qu’ils ayent des trcnchces:là où ccluy qui fort pour les vaches, amp;nbsp;brebis ne fault quefoit guère fec,amp; fur tout les deux premières fauchaifons, tantpourec quelles le mangent bien, quauffi elles en font plus abondantes en lai étage, Et voila le vray moyen d’ofter l’occafion aux bouniers amp;nbsp;bergers de lé plaindre ordinairement du foin vn peu moify, ou aucunement humide àcaufedeS vapenrs,amp; chaleur de reftable,jSc lcquel,auecl’importunité de leur crierie,amp;plaintcs,ils veulent qu’-on leurlaiftè pour néant.
V i N c E N T. Ce remedede conferuer le foin auec la paille, m’eft d’autât plus agréable,corn me i’ay fenty de defplaifir,cs termes efqucls m’ont fou-^fht conduit les pafteurs,amp; vachers en deliberation de ne iamais mettre duTrefle en champ quelconque, amp;nbsp;de faire labourer cepeu deprez qui font emmon heritage. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i
lEAN B APTi ST E.Nefoyezpas limai eonfcilléqucd'y faire paflctlc coutrc:carfils ne vous agréent tels qu’ils font à prefent,il vaudroit mieux d’y faire mettre le fcu:car c’eft vnc inuction trelproufficablc aux lieux que nous difons,amp; qui ne produifent point de foin: d’autant que par ce mo yé nuy recueille fi grand quantité de icgle, fourment amp;nbsp;millet, qu’à grand peine le fçauriez vous croire.
Y i N c E N T.Et quel ordre tenez vous à brufler ces prez,amp; en quelle forte en peut-on tirer tant de fruit que vous dites?
IE A N B A p T i s T E. Tout pré,quoy que maigre amp;nbsp;infertil, n’eft point boni eftre ainfi bruflé,tels que font les argilleux amp;nbsp;où il y a du grauois amp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;“
glaireux,ou ceux qui n’ôt au lommet amp;nbsp;delFus plus hault pour le moins q fo” bons» de trois doigts de bon rerroir:ains fault donner le feu à ceux qui font fees, bruflet.
amp; arides,amp;lefquels produifent fort peu d’herbe,ou qui fontbien encrou-ftez,amp; enracinez d’herbe pluftoft maligne que prouffitable. Car en leuât les mottes, elles demeurent tout ainfi qfi c’eftoicnt des peaux de mouton cftenduës,ce quiaduient durant les grandes,amp; cxceffiues chaleurs,amp; faut cômencer de ce faire en Auril,iufqucs à la fin d’Aouft: mais le meilleur eft ce qui fc fait en Auril pour y ferner le millet, amp;nbsp;puis le feglc, amp;nbsp;en fin du mctail.amp;pour les deux premières années n’y fault mettre du fourmét:car
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pour fl grand gaillardifc caufée de la mollefle amp;nbsp;humeur de la terre, il fe' roit en danger d’aller par terre,amp; fe coucher: amp;nbsp;laquelle greife eft efpuilce par le millet à diiierfes fois, félon qu’on verra que le champ fera gaillard, amp;nbsp;plein de greife : D’autant qu’il fen treuue de fi gras quelquefois, amp;nbsp;fl-forts à dompter,qu’ils fuporteront huiâ:,ou dix ans de fuitte qu’on y ferne millcr,fcglc,ou fourmcnt,amp; metail. Or pour bruHerces prez que vous voulez réduire en labourage, il l’y fault gouucrnercommcles hommes cxcellens amp;nbsp;bien verfez en celle pratique : lefqucls cftans fournis de petites belches bien aiguilëes amp;nbsp;taillantes,amp; faictes proprement pour cell cf-f ait, coupet le dclîus,amp; croulle du pré en mottes longues d’vue brafle amp;nbsp;demie,amp; larges de moytic amp;nbsp;non plus elpailTcs guère que de deux doigts en hauteur.En choifillànt donc comme enuiron douze bralTcs en quarre la coupent droitement de l’vn bout à l’autre,amp; vue bralfe loing de la première , ils en coupent vne autre femblablc , ainfi en faifans de tel efpacc chafeune des ces quarrcs,il les drellcnt debout l’vnc apres l’autre, iniques à tant que les douze bralïcs foict accomplies de mettre en œuure en droite lignc.Et autant en fera Ion parle traucrs,lai(rans les carreaux efloignez d’cnlcmblc, non moins que d’vnc bralfe amp;nbsp;demie. Or drclfent-ils, rompent:, taillent, amp;accoullrentccs mottes de celle longueurfufdite, leur donnant du pied amp;nbsp;les reuerlânt en arrierc,aucc telle dextérité amp;nbsp;adreflc,. l’vnc apres l’autre les tenans debout, amp;nbsp;defeouuertes au foleil , quec'eft merucillc de leur villclîc amp;nbsp;agilité.Lcfquclles eftant cuites deuement par le foleil en huid ou dix iours,ils les brüllet,les accommodant en premier-lieu fvnc après l’autre en guife d’vn fourneau fait en rond, ayant au fonds par vn collé vn rron,amp; pcrtuis,afin de mettre le fen dedans : amp;nbsp;fault-quo ce four ne loit pas moins large au dedans que de deux bralfes : mettansic premier cercle de fange redoublée ainfl qu’vnc fueillc de carte : amp;nbsp;l’autre lcnl,amp; Ample aucc de l’herbe par delfus en vfant ainfi de cercle en cercle, iniques à tant que chafeun fourneau ait vne brafle amp;nbsp;demie de haultcur. Fans mettent vn peu de paille , amp;nbsp;lur ces mottes deux falcincsde boisa trauerspour micuxlcs licraucc les autres , les faiûns aller toufiours en cllrçfiflant, iufques à tant quelles ayent tout enuironné aucc ces mottes le fourneau à fuffifance.Eticeluy parfait félon qu’ilslc deuilent, on y met le feu,lequel brullant,amp;,paille,amp; falcincs, amp;nbsp;mottes dures allant feftain-drcpourle moins vingt amp;nbsp;vingt-quatre heures.. Ce pendant iamais les païlans ne l’abandonnct,ains aucc des fourches ficres ils attifent ordinal rement le feu,ou pour radrefler les mottes qui vont en bas, amp;nbsp;rclcuat celles qui ne font pas bien cuitcs,amp; celles qui au fonds font mifes en doubla ils les rcmettcnt,amp; cllendent fur les fourncanx,3fin que le feu qui monte les defeché.Et bru liées qu’elles font,on Icslailfc refroidir fix ou leptiours, amp;: après cela on clpâd,amp; ferne toute celle cendre par le champ fans killer vn leul coing qui ne fen relfente en tout ccll clpacc où ces fourneaux ont. efté drcflcz;d’aucant que ce terroir pour auoir elle bien cuit,fcraaflèzfcr^r til,amp; plus qu’autre quifoit,encor qu’on le couunt i vne pouflîcre fi parfaite,!
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fiitc.Et CCS bons labourcars n’vfcnt d’autre induftric,feulement attendet-ilspartoutlemoys de May que quelque bonne pluye tombe,laquelle de-ftrempc,vniirc,amp; incorpore toute celle terre cendreufe, la labourans bas, amp;fansprendrctcrreplusde quatre doigts aucc l’araire, fi on veut ferner du millet enuironrhuiâ:icfmciour deining : amp;nbsp;ne faudra la befeher, ny larder de quatre ans,ou dauantage, à caufe qu’il n’y naiftra aucune herbe «uifible,feulement anec le larde en faudra öfter le millet fuperflu, amp;nbsp;trop cfpai5:amp; au mois d’O6tobre,amp; non pluftoft y ferner du Seigle,ou metail, (commei’ay dit)à caufe que les femences y viendroient trop gaillardes. Vr N C E N T.Quels frais faut-il faire pour mettre en point deu, vn demy *rpent de terre. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'
Ira N B A PT i s T E.D’ordinaircony dclpenddouzeliurcSjOupeud’a-Uantagejmais cefte dc^/cnce n’eft que pour vne feule lois.
VIN e E N T.Bien quelcgrâdprouffitpulircfuportcriafafchericde tels frais,ne fçauroit-on trouucr quelque autre moycn,quicmpelchaft qu’on iicdcfpcndift pas tant pour ce melhagement?
IE A N BAPTISTE. D’aucuns drcHent Ics mottes anec le foc fort dili-gcmmcnr,puisicspartilfcnt,amp; mettent au fourneau ainfi que i’ay dderit cydeuant: aufqucls iaçoit que foiraduis qu’ils n’auancét guère ce failànr, pour y employer grand quotité de boys à brufler ces tcrroirs,fi cft-cc que Wc qu’ils auanccnr,amp; expedient tout leur befoigne, encor cefte façon foplus prouffitable que la preccdcnte:cntanc que la befehe ne touchant point,ny leuat la croufte de la terre plus de trois doigts, l’araire trouuar le terroir aifé à manicr,y entre doublement,amp; ainfi la terre eftant bien bruf-lcc,demeurc fi mollc,amp; gaillarde,que dix ans apres cela, elle fcra.fi fcrtillc que mcrueille.
V i N e E N T.N’eftimez-vous point que le Saind Foin prouffiteroit tref-bien en ces champs ainfi accouftrez , cftansfigras, amp;nbsp;repurgez de toute hcibc dommageable?
IîAn p, A p T i s T E.Non feulement cefte fingulicrc,amp; excellentepa-fturey croiftroit abondamment,amp; à fouhair:ains encor,qui donneroit de telle terre aux Aiperges, Artiehaux,au Citrons,amp;autres plantes gentilles, c'eft fans doute,qu’il n’y a plan,ny terroir fi gras,qui peut deuancer ceftub cy en abondance de te Is fruits.
Vi N e E N T.Changeôs propos:car voyat le grad rcucnu,amp; vtilité qu’on tire en femant du ris es champs maigres,amp; falcs,amp; mal nettoyez, lefquels fereduifent en bon eftat par telle fcmccc:vousmc fauorilcrez grandemet, Vivons plaift me dire le moyen qu’il faut garder à les cultiucr,amp; ferner. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'
IE A N B A P T. Efpandant la femence es champs fufdits,de tant plus ils ptoduifent, qu’ils font puilfants, amp;nbsp;gaillards de terroir, lefquels veulent Traitémo-encor moins d’eau que ceux qui font foibles, amp;nbsp;légers, à caufe qu’à tels cl- ^”quot;“j®™ bn’cftguereprouftitable,f ils ne font bien cfgalez,amp; vnis,ou que l’eau ne ™y^j^^'^^ bit retenue auec quelques petites leuccs. Pour le ris donc on laboure vn „j^^ ’j^ jjj_ champ allant qu’il cômcncc àicttcr,amp; encore eft taille,amp; fondu fur la fin
e
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Let Ris .veulent c-ftee nourris en l’eau.
Ptoufiit ^uc porte le Risàvne terre.
de Ianuicr,amp; puis luy donne Ion encor fa troifiefme façon, ^ 'Ç ^*^?^VÎ commencement d’AHril,y mettant quatre mefures de bellefenicccac cundemy arpent , laquelle aytdetrempé vn iour entier, car cela raitq ’pluftoftleris vientànaiftre : voire y a il des mcfiagcrs qui ^^'^? ^^ ^ mefmes la mettent en l’eau, amp;nbsp;l’y lailfcnt iufques à tant qu’elle commen ce germer,amp; puis la fement. Ayant en premier lieu fait, üc drcHe leurs uées pour arrefter l’eau cfpaiires,amp; eiloignées l’vnc de l’autre tant qu ne poflîblc,lcs cftendront en long,amp; en trauers,félon le peu,ou moins que comportera la planure du champ. Ce que le laboureur expérimenteƒlt;) gnoit aifémér auec l’eau, laquelle de lieu en lieu luy moniere comme Ion commodes,amp; bien drelfez les bords, amp;nbsp;ceux qui font nccellaircs. Outre ce,il fera diligent à fe prédre garde que l’eau foit touiiour en chafeuncat'' rcau de fon champ femé, haulte fans plus de deux doigts, amp;nbsp;en artoulera efgallement tous Icfdits carreaux amp;nbsp;parterres,ians fouhrir qu’elle ccirede courir ( finon en aucuns cas, que ie vous diray ) iufques à tant que les R*’ foient meurs.Encor fault fe foigner de les voir fouuent, pour voir en qu” eftat fo’nt les petits conduis amp;nbsp;canaux qui conduifent l’eau, amp;nbsp;les leute’ par tous les coins du champ,pouruoyant à tout ce qui eft neccllairc. Ma” fil voit que le ris deuient gaillard plus qu’il ne fault, il ofte l’eau, amp;nt / remet point iufques à tant qu’il cognoit que le Soleil luyayefait pétard ceftc trop grande gaillardife, en la mortifiant:amp; voyant que l’herbe vicn^ à fc former en efpy,fçachant qu’en mefme point elle flourift,amp; grcnc)lots il redouble l’eau pour l allcurance du fruit,afin que ne foit niellé,amp; gaR^ fil ny prend aduis,amp; le deffend par fa fageirc,amp; diligécc.Suffife'vous,que quicôque fe gouuerne bien en cecy, il ie peut a (Teurer de recueillir amp;nbsp;dh, quinze amp;nbsp;vingt charges de Ris en vn demy arpent de terre. Et outre ce qu’on peult le ferner deux,amp; trois années de fuite ( comme ne produilant pas alors moins que la premiere annce)c’eft encor vn grand auantageate champ qu’il en deuient plus gras,amp; purgé de toute herbe nuifible, amp;des beftes dommageables qui y eftoyent au parauât. Et par ainfi le laboure«f pourra fans nulle crainte, y ferner deux ou trois continuz bled furhW^“» foit fourment, ou mctail, d’autant que la cueillette en fera fort beUt i^ les moiifons de grand prouffit.
Ris meflé en farine anec le bled. Comment les bleds faut que foyent Ic-mez.
Et à dire la vérité, fi le Ris ne caufoit fi mauuais air qu’il fait, à caufe des eaux qu’il veut auoir par l’eipacc de cinq mois, ieferoy d’aduis qu’on en ièmaft quatre fois autant qu on fait, veu le grand foulagcment qu’il donne à tout ce pais pour la nourriture de ceux qui le mangent en potages,on qui le font moudre auec du Segle, amp;nbsp;millet enfcmble, ou auec lefeulSc-glc,pour faire le pain plus prouffitablc.
V i N c E N T.Quelle façon,amp; couftume vous plaift le mieux en matière de ferner les bleds,ou de les laifter legeremet fur la terre, ou de les couutit auec le foc,amp; araire.
Iean BAPTISTE. Il y en a plufieurs qui fement fagcmét,amp; de(rus,amp; deifous,félon qu’il conuiét à l aflictte des hcux,à la tardmeté des Icmaillcs,
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ouàlafaifonopottunc,miais la plus-part f’y gouucment félon leur puif-amp;nce,amp; autres lùyuât ce qu’ils ont acouftumé,amp; laquelle couftuine peut eftre aufli mauuaife,amp; fairs fruit,que bonne,amp; prouffitablc.Bicn eft vray que tant plus on feme faifonucment,amp;en temps oportun,de tant aufli on doit pluftoft mettre la femence delfouz que dcllùs, d’autât les grains naii-fent pluftoft eftans couuers de peu de terre, que ceux efqucls on met les grains deffouz à tout l'atellage, comme ayans charge plus grande, amp;nbsp;pelante,amp; qu’aufli quatre mefures font plus, femées de Bonne heure que ne font cinq, ou fix cfparies trop tard en terre. Orfion tarde de ferner iuf-ques à tant que le froid furuicnne, il n’y a point d’excepdoh aucune, ains fault qu’en général on feme delfouz quelque forte de terroir que Ion cn-fctnencc;amp; fault couurit le fourment fi fubtilement auec 1 arairc,qu il ne aye point plus de quatre doigts de terre par dclfus, amp;nbsp;laquelle encor foit bien hcrfcc,tout ainfi que fi on auoit feme par deflus. Et par ainfi ceux-là faillcnt grandement,Icfquels ayans feme leur grain durât les faifons don-Ces(ainfi que la raifon le requiert) amp;nbsp;iceluy couuert de deux doigts de terre feulement, auec la hcrfe,lors que voyant le froid,amp; gelées, amp;nbsp;qu’ils fc-, ment delfouz, comme il fault le faire alors, font fi peu aduifez que de rc-1 muer plus d’vn demy pied de terroir jamp; là ils pofent la femence; amp;nbsp;pource | default fdbahir fi ce panure grain fonuent meurt en grande quantité, fjQjjçie I Çour ne pouuoir germer,amp; fortir hors de la terre qu’aucc grid difficulté, ceux qui pour eftre enterrez plus profondément qu’il ne leur eft necclfaire : amp;nbsp;de femet tard tant plus adulent ce defaftrc:cômc on tarde plus à efgandre les femenecs. ®^ “®P ƒ ' V i N c E N T.Combien de melures de beau fourment pçnfcz vous que ‘^^ i taportem quatre mefures femées en vn demy arpet de terre bicn,amp; deue- tutter 1 .ment faifonnéc,amp; culciuécî
l lEAN B A PT i ST E.lc n’attédois querheure que vous vousenquiflicz
* de moy fur vne chofetant necclfaire: d’autât que la plus-part du mode ne fe prend point garde au grid dommage qu’il Ibuftre pour ne ferner point i le bled ainfi qu’il fault, lequel naiftroit mieux eftant cfpars ainfi qu’on en 1 vfe à l’endroit du lin; amp;nbsp;non alignes amp;nbsp;rayes droites, amp;nbsp;efloignees vn de-\ my picd,amp; plusl’vnc de l’autrc,fclon que grofliercmét on laboure ce ter-\ toir,amp; ccft erreur occafionc,qu’on novoit que pcu,ou point de grain cn-1 ttc ces rayes,amp; fillons,ains adulent que les premiers femez f çntallent en-j fcinble,Si fe Icntans fuffoquez l’vn de l’autte,nc fault f çlbahir,f il en naift depuis en fi petite quantité.
VINCENT. Commet me fçauriez vous faite voir qu’il ne naiflent pas tops,ou au moins la plus grande partie.
HAN B APT i ST E. Il vous fault entendre auât toute chofc,q fix mellites de fourmét femées en vnterroir de moyenne bûté,qui ne raporicnt quence mefures par iournau, amp;nbsp;demy arpcnt,àfqauoir deux charges, Sc , îtmic,tédât cinq mefures pour vnc:or fi tous les grains venoyét a ptoul-bt aptes eftre femez,il faudroit que chaeû cfpy ne produift q cinq grains. ^ files cfpis font chargez chacun de dix grainsgt;amp;tout naillant,le demy
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arpent dcarolt rendre foixante mefurcs,qui font cinq charges, ^ n’en re-dant q deux amp;nbsp;demye, c’eft chofe feure q la moitié du grain ne viét point à prouffit en fcmant,Et rendant l’cfpy vingt grains(ainii qu’ordinanemet font ces chaps moycnnemét bons) tout le fourment naillant kroit vingt chargesjà ou n’en produifant que les deux amp;nbsp;demie luidiccs,c’cft fans aucune difficulté,que le chap n’en red que la feule huitiefmepartic.-Quedi-ta Ion dauâtagehi tous les grains engédrent en naillant plulieurs clpislcar quand bien chacun ne rendront que deux grains en rcïpy,amp;nc failans les deux charges amp;nbsp;demie, c’eft fins faillir qu il n’en naift de feize qu’vn tant feulement.Orpmlcz fi chacun grain engendre les quatrc,lesfix amp;nbsp;les dix cfpis ou dauantage,amp; que non pourtant ces demy arpents ncfacentqiie deux charges,amp; demie de grain,combien en doit naiftre de fourment, de celuy qui a efté mis en terre?
v i N c E N T.Puis que vous m’auez aduerry d’vne fi grade faute amp;nbsp;lourd 'errcur,dites moy,ie vous pric,d’ou eft-cc que ce malheur procédé?
JEAN BAPTIST E.Vcritablemct ce ne font point les oifeaux qui cau-- fent ce dommage, bien qu’ils bequerent amp;nbsp;mangent quelque partie des grains, qui demeurent à defeouuert apres la femence. Nefont auffih* vers,ou autres beftioles quirongent le bled fouz tcrre:cntant que foulet le laboureur trompe les oifeaux en couurant le grain bien auant fouz tcr-te,amp; moins y nuifent les vcrs,y cirant mife la femêce des pois, des Lapin, ou du gros millet ou pour mieux diren’yayant aucune de ces befte s. Et Pourqooy pource la faulte viçpt, amp;nbsp;procédé toute de celuy qui laboure, amp;nbsp;ferne la nailfent fi terre.Lequel voulant que le grain gife «amp; demeure fouz terre, clpardptf-peu de nbsp;nbsp;nbsp;micrement rrefbien le tourment,puis le remuant aucc l’araire, le fait tout
ftmant** ^°‘^^^’' en vn tas en labourât,ce qu’on voit facilement lors qu’il naift,d’au-^eaucoup. ^^quot;^^ 4“’*^ ^“’■^ “^^ ^^’•’^'^ ’ lignes droites entre les filions fais par le labou-rcur,tèló que le labourage aura efté fait groiricr,ou lubtil.Et le mefme adulent le bled eftant femé apres que la tene eft labouréc,entant que elpan-dant la femence fur les rayes qui fc trounent iii.cfgallcs,amp;prominentc$,'St es vallons éSc foliez des fillons,il adulent que tout le grain elpars auhau/t du fillon,fvnift foudain aucc celuy qui eft en bas: de forte qu’âpres,lots qu’on herfe la tcrrc,non feulement lont couuers les grains les vnspatlcs autres,cftans vins par les rayes,amp; lignes, ains la herfe en trouuant quclcu fur le hault du fillon,lc pouirc,amp; l’enuoye en bas aucc les autres.
VINCENT. Comment fauit-il femcrJcsblcds,pourlcsfairenaiftrecf’ pars,alnfi que le Lin,amp; non à rayes droites? s
Moyen de nbsp;IEAN BAPTISTE. Qui vcult ferner, doit premicremet bien labourer
faire nai-. Ic champ,pui£raplanir,amp; clgaller aucc la hcric de rechef, ayant e^arfdi Are les nbsp;nbsp;femence,herfer encor, amp;nbsp;de long,amp; de trailers,puisraftdler de lillonca
^!usde^ f ^J^°”’™***^’* f*^^“^^^ : tenant vn homme de chacun cofté, afin quel» '^t*que Æ- terrefbitdcücment raftcllée. Bien eft vray que les rafteaux dentez defer la poffible font mcillcurs,que fi les dents cftoy et toutes de boys,d’autant qu’ils font mieux entrer le grain en tcrrc,laquelle ils efinient, amp;nbsp;rompent aufliplut ■
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«oraraodémcnt,8f enrouent mieux les mauiiaifcs herbes.
v i N c E N T.Q ji prédroir loigneulè garde a obferuer toutes ces chofes, On ne verrait pas i vn grain futroquer l'autre, mais pluftoft le mefnager y giigncroit plus du quart lut la femccc,q ladis. Toutesfois ie ne voy point luec quelle commodité on poutroit ralteUcr les chaps de terre fortc,vcu qu’en tirant le raftcau,on atrachcroit encor la terre par les filions princi-piux:amp; lelqucls cftans elgaltcz, de vins,il n’y a que danger que les pluyes Hegaftent,à emportent la force du fourment.
lEAN BAPTIST E. A cecy pcult on remédier: d’autant que fi on commence à rafteUer par les filions principaux, tirant à foy la terre iufques au milieu des lieux plus haucez fans plus, ils ne feront aucunement vais, ny efgallez.ains fe vuiderót,amp; feront que le fommet en fera comblé, amp;nbsp;ainfi finy qu on aura de rafteUer de tous coftcz,ainfi que dit cft,on pourra agé-cet la terre ainfi comblée,tout ainfi lt;jue le befoin le requerra.
VINCENT. Qu^l rçmede fçauroit on donner à ces terroirs, qui font fi foibles, amp;nbsp;malins^ qu’eacor que vous y femez les bleds auec tout ceft art iapropofé,neantmoins pour leur grand froidure,ou excefliue chaleur, ils n’y prouffitent guère iamais.
lEAN BAPTiSTE.Cequ’onypeultremédiereft,qu’eftanslabourez, ^c herfez ces champs,!! y fault en premier lieu ferner le bled,amp; l’incorpo-’« tellement auec uherfc,quc l’araire en remuant la terre ne puilfc le faire choir du hault du fillon à tas en la raye,ainfi qu’il fait ordinairement,amp; pRisherfer le tout,amp; le rafteller comme dit eft cy deflùs.Bien eft vray que en ces mefmes terroirs on ne poutroit vfcr de pareille façon après qu’on auroit fauché les Millets,ou pois ou autres telles chofes fcmblablcs, d’autant qut tels champs ne font façonnez iufques à ce que les bleds lontia enfemencez ,amp; mis en terre. Pourceil vaudroit mieux le ferner fur ces paillots, amp;nbsp;cftculs des millets,tels qu’ontrouue, amp;nbsp;^uis labourer le tout fifubtilcment qu’on y face vn tiers plus de façons qu on n’a point de cou-ftumc,nc fichant neantmoins le toc plus auant qu’enuiron de quatre doigts en terre, amp;nbsp;herfant auifi cefte terte auec grand diligence ; à caufc que le rafteller y feroit fafeheux, amp;nbsp;mal aile, à taufe des feftuz en grand nombre qu’on y rencontre. Bien eft vray que, qui veult ferner les autres * bleds en terre ia labourée, non feulement fault en premier lieu cfpandre lafemence,amp; la mefler amp;nbsp;incorporer auec le terroir, aucc la hcrle : mais icmuéc qu’elle eft foubs le coutre, la fault encor herfer, amp;nbsp;rafteller tout ainfi qu’a la première fois.
VINCENT. Mais quel moyen a Ion de faire bien toft fortir les bleds fur terre, veu que tant plus ils tardent à poufler, amp;nbsp;germer, tant plus font j ils mangez des oyfeaux, rongez des vers, ou morfonduz amp;nbsp;gaftczpatla ' vehemence excefliué des froidures!
Comme fault choi-fit le bled pour le foot er.
( lEAN B A PT i s T E.U n’eft iarcquis defcmcrlcs grainsfiln’ontttépé en l’eau durât quelques heurcs,puis eftenduz à l’ombre pour les elluycr, amp;nbsp;lecher fibié qu’ils puilfent rouler,amp;; courir lois qu’on les clpard, amp;nbsp;fc-e uj •
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SECONDE lOVRNEE
iXic.Carpsï ce moyen on oftera tout ce qu’ils ont^egadédclTiis, pour ne cHee guère apte pour produire:ou à tout Je moins, vous en pourrez vous fcruir a le fairegcrmcr,oa en autres manières, comme Jefai/ant montre, pour en tirer Jcpeu de farine, ou fleur d’icelle, qui encor y rede: ou bien les mefleraueeles autres bleds,ou les donner aux poules: amp;fcmerczicu-lemét les beaux grains eboifls qui demourront au fonds de l’eau,IcfqucJs naiflronr dans trois ou quatre iours. Prenant cependant garde à la faulte - de ceux qui Zemans leur grain à trauers de deux ou trois collines, lefqucls couiirans les Allons principaux, en les acourciflanr auec l’araire, redoublent la icmence de-cbaicun flllon, auec celle qu’ils couurent fur le bord des lignes,Si rayons plus baulrs. Pour euiterdoncce dommage, que les grains foientfemez allans le long du champ, de flllon en flllon, amp;nbsp;ne la poinr letter es rayons d’cmbas,flnon ceux quiparfoisy lâutcnr,caroutrc ce qu’il y faudra employer moins de icmence, fl n’y aura encor perte aucune du grain fu/foquenyperdu.
VINCENT. le vous prie encor me dirc,qucJlc forte amp;clpccc de fourni en t eâ la mefllcurc,pouricmcr en ce pais?
1. Ta Cello Marzuo-
lo, Cotez-
JEAN BAPTISTE. Laiflàntàpart le fourmenr,qu’on a de coufonue defomer en la marche Treuiflanne, amp;nbsp;le bled Toièl en Lombardie je di-
fo°lt;hùeiri- ^^’quot; ‘'” ““^ quarricrs,bicn que Je MarzoJ eft mis en terreau mois de Mars, eez de iàns chercher autre iàifon, de Ce d’autant que Jcs terres n’ayant peu dite Weds, qui cuJtiuccsJ’Autonneàcauièdutcmpscontrâire,on Jes cmployciaPria-foatlcspe temps. Or cede icmence quoy que Ja pJus menue d’en tre Jcs bJeds,pcic de*Ma« forr,amp; ne rend pas beaucoup chant femée.Qui cd cau/c qucieconfeille-i’efeour- ’ ’’^y d’employer Je CorezzoJ, pource qu’iJ eft propre à tout terroir, amp;nbsp;y geon amp;nbsp;croid fort faciJcmct,amp; fait pJus beau pain que tout autrc:Toutcsfoisfon gros bled natureJ cd d’aymer pladod Ja terre Jcgcre,amp;maigre, que les terres for-^^^^ge. nbsp;nbsp;nbsp;tcs,amp;: champs pJus grasMais quoy qu il en foit ic loue plus le bled iauna-
ilreàcauicqu’il produitplusdepaillc, amp;dc grain, amp;feticntplusfernic-menr debout, reflhaur auxniclles, amp;nbsp;bruines, beaucoup mieuxqucle Çorezzol.Et outre que ce bled dcuicntplus grand, amp;plus beau es terres fortcs,quc terroirs légers, faciles , de autres Icmblablcs, fl cd-cc qu’il eft plaiiant au regarder,pour chre rouflbyanr,gros,dc apparoifl3nr,amp; qu’en-cor il pefe pour charge pludeurs liâtes plus que Jcs autres : mais ce grain
, avne faute, amp;incommoditc'icuJc, qui cd que fon efoorieeflant vnpcii dureJerte, dcgroflirc, ne fait pas le pain fl blanc, de deheat que bien Jon fouhaitteroir.
te rrar V ^ ^ lt;^ ^ J^ ’^d^ voudroy fortiçauoir les fmgularitcz fpccidécs,Si qu’on moyen de doirgarder à bon efoient en ièmant Jes grains.
fetnei le J E A N B A P T i S T EjEu premier lieu que Jamais on neiemeJegrain qui fomment, fera créa en vn bon,amp;grasrcrroir,foitfourmcnr,.ou feiglc, en vn champ te autres maigre,dc dcriUe.Et ccd d’où vient l’erreur des fcrmicrs,(pui fartons d‘vn terroir gras,\’oat caltiucr des champs de contraire condition, de portent
-ocr page 55-DB l’a G RIC VIT V RF. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;47
Jublcd rccucilîy en la terre fertile, pour le feiner en cefte autre. Paillent encor ceux-là qui fement le fourment, amp;nbsp;autres grains ayans paffe vn an, amp;nbsp;plus ceux qui icteent en terre le grain qui eft défia enuieilly de deux ou trois annéesida^tant que tant plus le fourmcnt,amp;: autre bled eft vieil, de Ne tauft ' tant plus mal àilemcnc y naift, amp;nbsp;eft moins prouffitablc. Et dauantageTc ^'^g^'^ trompent d’eux-mefmcs,ccux,qui ne choifiifent point le plus beau grain, jj.ß meilleur,amp; plus net pour le ferner,le fcparant du fauuage :d’autant que ce n’eft pas puis après gràd merucillc, fi celuy qui croift aux champs eft pau-nrc,amp; de peu d’c(pcrance,amp; fil eft fuftbqué par les mefehantes herbes. Et àdirclavcrité,lalemccceftantchoiltcduplusbeau,net amp;nbsp;meilleur grain, eft de grand importance, amp;: ( fil cftoit pofliblc) ilfaudroitchoifirgrainà grain les meilleurs pour cnfemcncer la terre. En outre,non feulement ne faudroir ferner que les bledsnaiz en vn (cul terroir fans meffanger les grains pris en plufieûrs endroits:ains encor(fi faire fe pouiioit, corne aulîi lachofeferoitfacile au diligent laboureur, pour le grand prouffit qu’on pourroit tirer ) ildcuroitleschoifirdescfpis qui ont efté produits d’vn niefinc grain.Car tout ainfi que le bon pere de famille ruftique, cherche les meilleures beftes, les arbres, amp;nbsp;herbes plus prouffitablcs pour l’vfagc de fà maifon,amp; pour emmefnager fa terre , c’eft à luy encor de choifir les meilleures femences,lefquelles foient propres au mefme tcrroir,où il prétend les fcmericar faillant en cecy, u’eft de merucillc fil eft trompe amp;nbsp;deceit en fou attente.
Vincent. Puis que vous m’auez cfpluché, ce que plus i’atrendois, ic Millet, K vous prieme difeourir encor fur le millet le meilleur pour le mettre en le moyen terre. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;de le fc*
Iean b APTisTE.ToutcfortedemiUct eftdetantmeilleurc,com- “quot;• me elle eft femée en terroir qui luy foit propren! eft vray que celuy qui eft plus grandclct,amp; que les Italiens nomment Spàrgolc, pource qu’il cfpad fonfucillagc,nc craint pas tât la fcchereffe que les autrcs.Lc millet tel ordinairement eft ferne és champs qu’on narroufe point, amp;nbsp;eft allez de bon ^‘^^®4^® raport,pourueu que foit bien eultiué. Quant à ceux qui ne vicnnét point ^^^ ' ^'' beaux Uns reau,amp; arroufement, ic dis que ce font les grandes milloques, Cefte noi-qu’on dit en Bearn, Armignac,amp; Bigorrc,où il en croift abondammcnt,a- te amp;nbsp;obfeu Pellées par l’Italien Màzare,amp; en y a de deux fortes,qui font prefque fern- ’^^ f® trouvables en haultcur,amp; largeur de fucillcs ayans beau grain, amp;nbsp;qui (ont de q*^ f®^.'“ bon apart en terre fertile, comme faifans en vn demy arpent les fix amp;nbsp;fept g^ç_ charges pour an,font toutesfois dilfemblables en la gouflc,qui contiêt le Petit mil-grain,^ au fucillage:d’autant que laMilloque la plus en vfage produit fes let plus fucillcs amp;nbsp;gouffe iaunaftrc, amp;nbsp;l’autre, quifemblceftrenouueUe, les fait ^“jj^J^ noircs,5cobfcurcs.Et n’eft cefte-cy magée des oyfcaux, amp;nbsp;paffereaux cô- ^^^^ ^.^^^^ me la iaune,d’autant qu’ils ne fçauent cognoiftre lorsqu’elle eft paruenue autre, enfe maturitc,cllc apparoiHant toufiours verdoyatc.Mais fi vn champ eft bien drefte, nettoyé, fcrtildcfanaturc,amp; commode pour Ic petit millet, nommé de l’Italien MiglioNano,ic dis que cefte femence millettc,furpaf-
-ocr page 56-quot; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4» nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;SECOND« lOVRNEE
fe toutes les autres contenues foubs ce gère,foie en quotité de fruift, pois, Cammo- °“ beauté de femence. Et outre qu’il endommage moins les champs, amp;nbsp;ditez du pe eft pluftoft meur de quinze amp;nbsp;vingt iours que les autres, chofeà eftimer, dcmUlct, pour n’eftre fubict fi longuement aux iniurcsamp; incommoditez du temps.
Encor ne craint'il pointTe froid,les neges, ny les pluycs:ains fy plaift, amp;nbsp;rcgaillardift,pourucu qu’il ioifie de la chaleur.Dauantage pour dire fi bas deiambe,amp; iueillagcilncfcnt gucre ou point les furies des vents, ny le degaft des bdlcs,ou oyfclcts,fc cachans dedans,à caule que facilement on Tertilitédu les y peut aperccuoir.Bien eft vray, que ce grain demande d’eftre (ourlent millet. arroufc,lors qu’il ne plcuft gucres,amp;qu’on le feme non efpaiiremét,à eau-fc qu’il engendre d’vn grain fcul les trente amp;nbsp;quarante pieds fort beaux: par ainfi n’eft de mcrueille fi le iournau,ou demy arpent de ce grain, produit en vne bonne terre les dix,amp; douze charges. Fault öfter du champ le Milletnoir millet noir,lequel eft facileract cogneu pour auoir les fucillcs plus cftroi-fans profit tes que l’autre,lors qu’il eft petit,amp; qu’on farcie la tcrrc:dauantage eftant comme fc ^.j^ grain il furmonte le pctit,amp; bon en haultcur redoublée, amp;nbsp;ainfi on le cognor . ppyjj couper au choix,amp; le donner aux poules pour les engreflèr.
V i N c E N T .Tandis qu’ona vféde ce petit millet ,i’ay toufiours entendu par les laboureurs les plus experts,amp; meilleurs,qu’il eft le plus parfait, amp;nbsp;emporte le pris fur tous autres : maisicm’cfbalusdc^iliificurs, quilt poiiuans ferner l’en dcportent,auec cefte feule exeufe, qn ils mettent en a-uânt,difiins,qu’ils ne fc foucicntdc le ferner, pourcc qu’il eft trop bas, amp;nbsp;qu’il y a de lafafchcricàlc couper, amp;nbsp;qu’au refte il ne porte guère de paille.Ignorans qu’ils font, qui ne regardent point le grand prouftit, amp;nbsp;vtilitc de ce grain : amp;nbsp;que la paille de ce ipillet, quelque petite qu’elle foit, fâit plus de bicn,amp; de feruice arpent pour arpent à l’cfgal des autres, pour les bœufs, que pas vne forte d’autre cuillettc, d’autant qu’ils mangent toute ccftc-cy,amp; des autrcs,ils n’en pcuuent mafeher que les bouts où cdoitlc^ grain,à caufe de la grofleur du chalumeau,amp; iambe d iceux trop durc.\ Mais lailfant ceux-cy en leur ignorance , ie vouspnede m’apprendrclc moyen d’enlcmcnccr ces millets.
Comment Iean b a p T i s t E.On les femc,amp; herfe-on le foir,ou matin à la fief fe doiucnt clicur,les preflant puis apres,aucc vne claye d’ofier en forme dchcrfc,qui ferner amp;nbsp;foil bié chargée,afin que le folcil ne leur nuife en naifiant, ce qu’il feroitfi nullen'' '* ^^ Icmcnce n’eft oit point prcftée:amp; lendemain matin fault le reprelier y c-ftant tombée dellus la roufcc,amp; qui en vferoit ainfi les dcux,ou trois matins cnfuyuans,il ne feroit que bien pour leur auâtage: car t.ât plus ils font prcircz,ils tardent d’auantage à fortirfur terre, amp;nbsp;ce pendant ikgerment defibubs non (ans grand prouftit, auât que poufter dehors. Et quiconque fault de fy gouuerner en cefte (ortc,qu’il ne feftonne pas auffi, fil voit là fernece fc creuer amp;nbsp;ddrecher par la vchcmcct,amp; ardeurdes rays du folcil..
v i N C E N T. Ne troiiucricz-vous pas bon,que cefte femence ar(e tellement du fólcil,fut mife en l’eau pour luy donner force?
11A N B A p T i s T E. Non fculcmét le loué-ic à l’endroit de cefte feraé-ecca
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ce en tclcas,ain5 encor de toute autre, amp;nbsp;en toute laifon, d’autant quelles nailFcnt amp;nbsp;plulloft,amp; auee plus d’aUcurance.Et ainfi ceux-là feroient vnc grand faulte,qui ne voulanspoint mouiller,amp; tramper la femccc, refufe-roicnt encor de la ferner le matin à la frcfclieur,amp; de la couurir foudain a-uec le foc:car par ce moyé elle ne feroit point haflcc,ny arfe du foleil,ainfi que celle qu’on ferne Iculcm.cnt fur la terre labourée.
Vincent. Comment le faut-il gouucrnci,à bien nettoyer, amp;nbsp;farder vn champ ferne de millet?
Iean b AP T i s T E.D’autant que l’ancien Prouerbe dit.
Qui vcult bien emplir fon vaillèau.
Son millet farde eftant nouucau.
Et pourec lèroic-il bon de le farder tout aufll toft qu’il eft hors de terre, p^p^pg j^ d’autant que non feulement alors, on en ofte aifémet les herbes fauuages, fancier le amp;nbsp;nuifiblcs(lelquclles tant q viiicnt luy rauiflent la grefle pour l’en nour- millet dés rir)ains encor les racines fentant comme onlcs mignardc en eukiuanr, amp;nbsp;qu’ilcftnay lemuant la terre,elles f cfpandcnt,amp; cflargilfcnt foudainernéu Et Iclqucl-lestant plus quelles feltcndér/le tant font puiflantes,amp; aptes à produire fueilles,groflir le picd,amp; caufer grand abondance de grain. Au côtraire,ll on tarde de ce faire, l’humeur ne f occupe qu’à faire cllcucr, amp;nbsp;croiftre le pied,amp; tige de la plante en hault fans fecourir les racines, qui forit foibles Pourauoir tant de terre à l’cntour.Et ce que ic dis de farder faifonnément KS millets, ie l’entcndsaufli des lcgumagcs,paniz,amp;autrcs chofes fembla-hlcs,iaçoit que ceux-cy en Ibuftrcnt moins, pour n’eftre pas li tendres, amp;nbsp;délicats que le millet.
V1N C E N T. C’eftàprdent queie cognoy foccafion pour laquelle les labourcurs,amp; fermiers de peu de valeur,recueillent li peu de millet: d’autant qu’au temps, qu’il deulfent l’auoir fardé pour la Iccondc fois ( ain/i que le deuoir le requiert) il leur fullitfiis commencent de ce faire pour la V«micrc.
Han b A PT i sTE.Iefuisioycuxque vous cognoiffiez le malheur de celle gent dcûftrée.Et 11 tels fermiers lonc infortunez à faire leurs affaires tout au contraire de ce qu’ils doiuent, aufll malheureux font les maiftres qui les tiennent près d’eux pour en tirer lèruicc.
Y i N c E N T. Le quatriclme four de May vous fcmblc-il que fault ferner les millets qu’on failbnne par labourage,amp; la vcllc.
Iean B a p T i s T E.Lc5 bonslaboureurs,nclclèmcntiamaiscnMay, acaufe qu’auant que fc meurir faifonncmcnt,ils font dcfia à demy mangez des oyfeauXjlàns produire tant de fluid, que font ceux qu’on met en terre «lés le huiticfmc de luinjufqurs à l’huidicfmc de Iuillct:car tout ainfi que ce temps eft le plus propre,^ comme la fleur des laifons pour le millct,dc tant encor ils iouïlîcnt de la roulée du mois d’Aoulf,amp; par conlequccc ils abondent en grain plus q femez en autre temps. Et l’expérience nous fait 'oir,que iamais Ic millet n’eft bien grenu, 11 premièrement il n’a la roufee longue,amp; bien attrempée par laifon, laquelle alors eft bonne, amp;nbsp;parfaite.
En quti temps fc ferne le millet.
Le millet ayine la frefeheut desroufées
'p nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;SBC0NDE Io YRNEe
' eftant Ic^müéls plus longues que celles de Iuin,ou Iuillct.il cH vray, que es lieux fubicts au froid tels que font nos valécsplcft bd de ferneren May, à caufe qu’il tarde allez longuement à y meurir.
■ Vi N c E NT.Trouuez-vousbon, qu’on ferne auffi bien le paniz comme le millet? ’
Où fault Iean BAPTISTE. Lors qu’vn champ ett de bon tcrroir,q!i'il eft net, ferner,amp;le gras, bien cultiiié , amp;nbsp;iaiionne d’eau, ainfi qu’il fault,icconfcillc qu’on y millet,amp;lc lemepluftoft du millet, quedupaniz, icquclnc maignft pas tanrlater-Paniz. rc,faitmcillcutpain amp;nbsp;eft plus vendu au marché. Mais ccluy qui vcult
ferner du paniz, doit choihr les terroirs légers, pierreux, amp;nbsp;ailîs es colli-^^quot;'^ nes , amp;nbsp;collaux, amp;nbsp;encor où l’eau n’eft guere fréquente , d’autant que auck'mil- *ft^”f chaült de fon naturel, il fort, amp;nbsp;naift plus facilement que le Jet, millet. ’ ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;»mam ;l-rgt;r. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;m
VINCENT, D’autant qu’en Francc-curtc,on ferne panis en grand abo^ igt; dance (pour y dire le terroir tel que vous ditcs)ils y mettéteheor despois amp;C de la millioque,'amp; millet Indien. nbsp;nbsp;nbsp;' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^’'‘ ‘
ayant le grain menu.
C'ed me 1E A N B A P TIS T E, le ne trouucray ia bon que cefte mclliquc foit mile efpccede en telle aflictte de labourage pour afin qu’elle porte aifez de fruiél (carte millet fort feroitfc frauder foy-mefme)rrop bien pour dóner force aux vignes e/paif branchu, fement dilpolccs,amp;fur tour elle eftant deuenue grandc,afin qu’elle les défende du cnault,Mais qui voudrait ferner celle plante pour lcprouffit,le meilleur cil de la mettre es chaps de bô amp;nbsp;gras terroir, amp;nbsp;fur tout en ceux qui font humides : car n’ayans defaûlt de chaleur, vnc perche rendra plus defruid,quc ne feroient quatre en vn autre endroit.!' jj '^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'
d’y employer,ny ma peine,ny mes champs:fçachant bien qu’elle fait totii-iours vn terroir Iàlc,amp;: n’en laiilèpas vn de ceux où elle croift qu’elle n’a-maigrilîc:amp; me tiens pour afleure, que fi eu G place ie lerne des legumes, auoinc,ou vefic,qu’aprcs la cueillette y femant du bled, i’en auray beaucoup plus de raporr,amp;prouffit. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1
IE A N BAPTIST E.Nou feulement vault-il mieux de ferner leschofes qu’aucz dites que la melique, puis qu’c toute faifon elle eft fi dommageable aux ferrcs,mais encor y pcuit-on ferner, en lieu d’iccllc,dcs péris mars, de la vcfîè,amp; des lupin$:amp; fi la terre eft bóne,bicn fumée,eultiuée, amp;mi-fè en point,on ne fçauroit faillir d’y mettre du bled rougeafire.
, Vi N c £ N T. Côincnr pourroit-on ferner en Mars,d’aurrc forte de bled que ccluy que venez dcairc? nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.1
Poarmens rouges peu uent ertre femez au mois de fturier és bons tcirons.
I E A N BAPTISTE. Ic UC dis p3s quccc blcd rougc fepuifie ferner au mois de Mars:trop bic ay-ic vcu,quc depuis la Sainél Antoine iniques àla fin de f curicr on le femoit és terres gaillardes:amp; méfinemenr au terroir de Liuclh au finage âr campaigne de Brcfîc,amp; ce à caufe que celle terre n’efl point bien difpolcc auanr J’Hyucr;amp;ainfiaueclafèmcnccacoufluméc,cc bled naiiroir,amp; feflendoit fi bien,qu’il rcndoirplus,quclcs voilins lemez en Septembre amp;nbsp;Oétobre.Erquoy que cefburmér nccroillcen tclleiài-
-ocr page 59-DE L’A G R J C V LTV RF, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ƒ!
fonfinon és terres fufditcs,fi eft-ce quepluficurs pcuuent faire IcïcmbJa-•blc,ayans allez de temps pour labourer, herfer, nettoyer, amp;nbsp;amender les lieux mal eultiuez durant l’Autonnc.Et à dire vray, ceux-là font de grads fols,qui en ce temps ordinaire des femaillcs, couurent ces terroirs, quoy Qu’ils les voy eut falcs,maigrcs,amp; fort mal labourez,amp; otdonncz:aulC ne nbsp;nbsp;.
fault fellonner li le plus fourrent ils recueillent fort peu de femence. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. . J
VINCENT. le vous prie encor de me faire cognoiltrc,cn quel temps eft-ce qu’il fait bon lemer les fcbucs.
L’Italien le» apclle ihuemit-cie, conte s’il difoie febue» de d'hyucr.
r E A w BAPTISTE. Tout aiuß qu’il n’y a grain qui ne fouhaite d’eftte £g ^^^^ fnlcmenccfuyuantfonnaturel,i5lt;:lavaleur,amp; bonté de la terre, amp;diucr- moyen de lité de l’air, chafeun auffi qui fc mefle de l’Agriculture doit auoir le iugç- ferner le» nient de ferner Äs febues en temps,amp;: faifon oportune, fçaehans que l’vp febue*. . tft plus propre,amp; meilleur qtre l’autre. Ainfi ic fuis d’opinion qu’en no-ftre pars,qui font terres fortes, on feme les grolfcs febues au commeneç-ment d'Octobre, pluftoft que les communes au Printemps : entant'que ^celles là non feulement viendront mieux à leur faifon,que celles qu’o rc-cueil cnluin, ains rendront plus de fruit, amp;nbsp;auront le grainplus grand, Lemieux fourny.Que fi les champs font d’vu terroir foiblc, amp;nbsp;léger, ,il y fault lemer les febues communes, ou les plus menues, Iclquellcs y abonderont dauantage en aport: femant ces deux elpcccs durant la vieille Lu-ïie, amp;nbsp;mefmc celle de lanuier, d’autant que par ce moyen elles font pli^s chargées de fruit, que fi la Lune efinit nouucllc:amp; encor ne font tant af-faillies de celle vermine noire qui les róge qu’aucus ont nommée puçôs, quifouüentgafteront toute vne febuierc. Et ne fault manquer de bien bcfchcr,amp; nettoyer le champ lors qu’elles fortent,amp; poufient fiir terre., VINCENT. Faitesvous eftat de ceux qui ferner les febues en celle faifon apres la premiere façon donnée à la terre, làns attendre qu’elle ay t eu amp;nbsp;la féconde,amp; troificlme,tout ainfi qu’on en vfe à celles de l’Automu?, - lEAN BAPTIST E.C’cft fans doutc que les façons reiterées, y font de ^lusgrand proulht, que fi vne foule fois la terre efi labourée : toutesfois fault la rompre auât l’Hy ucr,afin qu’elle foie cuite par la gelée: mais d’autant que plufieürslaboureurs, neprenans garde au plus grandptoufiit: non feulement (craignans la peine) efpandent amp;nbsp;foment ils les febues Iqr lelcul pKmicr labourage, ains encor difent, que qui en feroit dauanta-.ge,cllcsnc vicndroient point belles: adiouftans, que ceux qui fi fouucrit .ont labouré leurs champs, fc font veuzfxuftrez de leur attente fans re;-” cueillir que peu de grain: mais ils taifent que ces façons ont efté données .lUx champs apres le dix,ou douziefmC de lanuier, qui efi faifon mal prq-pre,d’autant que les champs n’ont efté deuëment rcpolcz entre le tempf, ;amp; efpace de chafeune façon,ainfi qu’il faudroit pour les faire venir à Icqr .pcffc(ftion,amp; ainfi n’eft befoinf cfbahir fieUcs font de fi peu de raport,3c prouffit.
. y i N c E N T.Eftât ceft article de confcqucncc,tant pour le maiftrc,quc ■pour ccluy qui net la fe^me, le maiftre en aecordat au fermier ne deutojt f ij'
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oublier de le faire coucher au conrra6t du marché, amp;nbsp;non ceux qii’hi« vous me dites. Maisiciouhaite que me diffiez par ordre, amp;nbsp;donnez pat regle! vnamp; l’autre de ces points.
Moyen de /®^N BAPTISTE. Ilsncfcroyentpas feulement bien defaçonnet planter les »infi fouiient la terre en Ces CniCons, ainû quei’ay dit, mais plus encore, iî tébues. nbsp;nbsp;durant le Printemps ils plantoycnt Jesfebues, ain/i qu’on en vie en cer
tains endroits du pais,lt;Sc Cremonois, amp;nbsp;Montouan, IciqticJs en plantent des perches à Vintaines : car par ccâc façon ils en rccucilln oycur au double, amp;cfpargncroyenr prciquelamoyriédcla icmcnce. Snfhlc vous que plantantics febues en bon tcrroir,bicn drcllc, eultiué, en g te lié, amp;fuiné (hic temps ne leur eft du tout contraire) on y recueille du fruiten abondance, amp;nbsp;l’année luyuante y ièmant du fourment la cueillette en clîgran-de,amp;copieufe: d autant que les febues cngicCTcat la ferrefurrputaurre legumage.
VINCENT. M.us par-auenturc auriez vous quclquc’iccrctmoyenj pour conieruer les febues de ces vcrs,qui y naiïïent ordinairement dédis, Ôcles rangent}
Mögende JEAit B A P T15 T E. Il fault quc tout aulÏÏ tad lt;jaclleCont horsdeh conleiaei goulîc,amp; couuerrurc,les faire bien Cecher, d’antat que rantplus elles font tes febues ieches,^ allées de terre en la Lune vieille,de rantees vers tudétifeogé-des reis. drerdedans. Maispaurf‘airearcr,qa’iIsnynaHîéntpainc,ilny3remeJe phisfeur que de Ceparer les nairesddnec les blanches, Ôcayanttoutcoupé enCemble faire freier les noires,paar elite de difheile caillbn, oiil‘^ff^gt;'^ moudre,pour en faire du pain,les niellâtaaec d’autre farine:là o^^^^ ^^^quot; ches feront miCes far vne table,Scies frater Ci bien l’vncaptes l’autre aiicc lamain oinâe d huile d’oliuesiafqaes à ce quelles foyét imbibées de cede liqaeut:Si ainCi elles Ce conferucrontàpca de ftais,Sc dcmcutecottceii Q ... nbsp;nbsp;leur eCcorce longuement bonnes à manger en potage. Or les febues tant
débuts '^^^^^^» 9“^ ^^«^^’^s ^“'’ï^ plaiCantcs au manger, mais pour elite froidesde leur naturel, elles engendrent des humeurs fort groires,caufenc douleur de telle,amp;: font toufioursde mauuaiCc digellion.
VINCENT. Puis quei’ay entendu ce queie delîroy fçauoit touchiut ce legume,ie vous prie,me faite pareille faneur de me diCcoutit des autres grains que lon Cerne es mois de Fcuiicr,Mars, Sc May,
Comme il nbsp;nbsp;lEAN BAPTIST E.Premièrement failànc mentió des pois, ie dis qu'il
taule Ce- nbsp;nbsp;fluitles ferner en Mars durant le ctoilfant delà Lune, amp;nbsp;es champsbien
mee les amendez amp;nbsp;engrelfcz, amp;nbsp;culciaez ainfi qu'il apartient:lcfqaels citaslecs, pois. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ou légers, ou allisfar quelque collaa, ils ne feront que meilleurs politic
mefnage,amp;les manger en porages.Mais en les be fchdt,amp;acoadrât,fault qaeloyentloingl'vn de rautre,d’autàt que leurs rameaux fclpandét plus que de pas vn des autres legumages. Et aucc ce que la femécerequiertd’e dcegroircpour mieuxproulhtcr,li cd-ce qu’il cil bôdelà mettre eiil’eaa pour la faire dedréper vne nuit, à caufe que les grains en naidcntplusfa-cilcniér, amp;nbsp;encor dians d’vue nature qui relient fon Ici, ils lailfcaten tré-
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®E l'ACRI'CVLTVRE.
Pois font de nature fentins le fel. Qijalité
i pint partie de cefte faléutc. AinU ne faille trouucr eftrartge, G lors qu’il ( plcuft, l’eau qui coule des ramcauxfur la racine, y fait telle nuifance que fouuent toute la plante meurt,amp; déchoit.Les pois font chaults,amp; humides de leur nature,accvoillans amp;nbsp;le fang,amp; la cholere: q eft caufe qu’eftâs bié cuits,la purée augméce le lait aux fcmracs,leut prouoque leurs fleurs, ^“ PO“' ■ efmeutl’vrinc, amp;nbsp;cfclairciftlavoix en l’homme. Quant à ce qui touche aux pens poisie dis que les ayât lemez amp;nbsp;bien hoüez, amp;nbsp;befehez aucc les jç”””' mefmes laçons que deftus,il fom bons à ciutc,amp; en faire potage, amp;nbsp;mcil- „tenus dit» leurs encor les meflant aucc du millet; qui y vault mieux que le fegle pout de l’Italié foire du pain, amp;nbsp;d’autant que celle femence eft offencée des vers qui f’en- Cicctchia. gendret es febues ,il la fault cueillir la Lune eftât vieiUc,amp; la faire foudain bien fechcr, mais vault mieux la faite mouldrc ,cftant bonne à faire du pain.ôt des potages,alufibien qu autrement.Ce grain, fors qu’il eft bon à nieder aucc le fegle, (comme dit cft)il eft venteux, amp;nbsp;de peu de plaifir au gouft,amp; faucur.Dc mefme qui voudra ferner des lentilles,fault que fume Du moy£ bien fon champ, amp;nbsp;le feme au mois de reurier ,lc befehant, amp;nbsp;nettoyant “f' f'*quot;« ainfi que de raifon,d’ autant qu’ainû feulement elles deuiennent belles es nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;“ *’ Utroits qui font gras amp;nbsp;fcrtils,amp; qui font bien eultiuez, mais en potage, elles ne font guère iamais bonnes finon accôpaignécs de force chair bien piaffe,ou de bon huile .Et outre que ce legume ell toufiour viande diffici-hiLeerer,elle eft encor nuiûblc àl’cftomach, fait enfler les boyaux, of- y““ ƒ« fofque laveûe,caufc des fongcshideux,amp; cfpouucntablcs,ôc d’autres dô- '““ *^
WAges en l’homme.
v 1H c E N T.lamais cc grain ne me pleut,amp; cc pour plufieurs raifons^Sc pourccicïclaidepourlcsdcgouftcz, amp;lt;pui ont dediuers,amp;eftranges
' apetis.
lEAN B zVrti ST E.Pourfuyuat encor lesgrams qu’onfemeenMars,
le iis que l’Auoinc eft raife en terre aucc les raefmes façons du labeur, a-wniàeracnt,amp;ageancemet du terroir que Von vfc à eultiuet les legumes, Bienedvray qu’on nelabcfchc ny remue point ainfi qu’on fait les pois, febues,öi lentilles dés que font fortis de terre. De meime forte ferôt gou- y^uoinc. vernez les lupins qui forât femezaumoisde Mars ; lefqucls iaçoit qu’on Comme fo ncbcû:hepoint,fieft-ce que qui leur donneroit cefte façon,amp; les remue- foment les toitàtoutlahoüe,illeutferoitvngrâdauatage-.carlehouerfert,amp;prouf W^f. fttebeaucoup,amp; atoute forte defemence, amp;nbsp;à quelque plate que cefoit. p^o^^^g'^ VINCENT. Liiil'ant apart, que ces grains ne fe mangent guère finon itoutefc-etuds, amp;nbsp;pour donner apetit : fr eft-cc que moy les ayant femez pour les menec. recueillir en leur temps,amp; les feraat pour engreffer mes champs,non feu- Qua t'A lement ont ils proufité pour mcsfourmcnts,ains m’ont rapotté du «rain f^“'\ “■ , 41 clga\ de quelque legume qu on Içauroit dire. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fç g. ^p^,
lEAn BAPTISTE. Qm vcult cnfcmcnccr la -vclTc, foit pour faire du ment la pùn,ouïaccompagner aucc de l’Auoinc pour la nourriture des belles, ie eultiuet. fois d’opiniô qcc foit és mois de Fcuricr,ou de Mars, amp;nbsp;ce aucc vne feule façon. Bien ell n ray qu il v ault mieux rompre le terroir deuât que l’hy uct
-ocr page 62-54 SECONDE lOVRNEE
Pour feiner les pc tis bleds de Mars..
'1 b
Bonté,amp; vices des pois.
vienne, amp;nbsp;fur la fin de lanuier le labourer trclbien vnc autre fois, puis le chargeant de fumier,qu’on la ferne à la troificfmc façon lut la fin de Fc-urier, ou au commencement de Mars,ainfi que plus amplement hier ic vous difcourus.Ncantmoins aillent qu’en ce païs, on la ferne feule dés le mois d’Oftobre pourlamefler auec d’autre grain àfairedupainà manger. Puis quiconque veult ferner fourment de Mars, ou fcgle du mefrac tcmps,fault que ce terroir, ou vous voulez mettre cefte femence, foit labouré auantl’hyucr, puis y repairer le foc amp;nbsp;lesherferàlafaint Antoine enlanuier, afin qu’alorsils foyentpréparez, amp;nbsp;fumezpourlatroifiefrac façon,amp; pour y clpandre ces feméces.Qui auffi veult ferner les pois gtos, que les Italiens nomment Fafoli, ie dis qu’ils veulent amp;nbsp;demandent d’e-ftre mis en terre bien dilpofée. Ainfi il cil requis de rompre celle terre en Mars,ou pluftoft en Fcurier,amp; qui le fcroit l’hyucr dés la faint Martin, ce ne fèroit que mieux, amp;nbsp;plusfagement fait : amp;nbsp;le rompre, ou y donner au mois d’Auril vnc troificfmc façon,amp; eftant bien engreflé, amp;nbsp;fumé , le fc* mer à la fin de May,puis les remuer amp;nbsp;mettre fouz terre auec l’araire, les ayant premièrement fait quelque temps tremper ende l’cau, ce quil« fait naiftre plus facilement: amp;nbsp;pour ceft effeél on les befehe deux fois, ^ félon qu’ils meuriiTent on recueille, amp;nbsp;trois , amp;nbsp;quatre fois leur fruité'’ leur gouife, amp;nbsp;eftuy.Ccs pois veulent eftre femez au large, ils cngrcHcnt les charnps où on les met, font abondans en fruit, amp;nbsp;femence, fe gardent long temps amp;nbsp;fur tout legume crohreut en cuifant,amp;font pkifansà tout le mondc.Bien eft vray qu’ils engendrentaffez de vcnroficczau clt;”r^' * font de fort difficile digeftiom
VINCE NT. Me fiiffilànt ce que m’anez déclaré tou chant «s grinst d’autant qu’en mcfinc faifon,on a auffi de cou flume de ferner les tins' « fouhaite que me difcouriez des moyenis qu’il fault tenir pour enauoiK'” abondance..
Traité fur la feméce amp;nbsp;labeur pour auou force Uns.
ii
i E A N B A PTi STE. PafTantfouz fileucc Icsfaçons ,A' manières vlees par les anciens à ferner les Lms,amp;raefoacment es terroirs ou lonauoit K” cueilly des raues,ch les bcTchanc,amp;hcctoyautlors qu’ils eftoientiagr^''-delcts,amp;’aütrcs moyens du tout différés à ce que maintenat nous failonsî ic'dirày, qUenous fommcsforcredeuablcs à ce noble Btcfcian, qui nous monft f a le Vray moyen de les ferner, amp;nbsp;aconftrer, amp;nbsp;ce commençant ta premier lieu à clpandre dés lemois de Mars de la femence du Trefle pat' my les bleds, amp;nbsp;coupant le bout de ladite herbe lut le dixiefme de luilt', amp;nbsp;Icfom à lafin d’Aouûrfumant ledit pré auatNocl,où bien peu deteps dpÉeS.Eti’ayafttfauché trois fois du mbisdeMayauantiufquesaiafintl^ Scptcrrîbncjle labourerdés la my Noucmbrc,àfin quefoitcuir,amp;hiuc«if par la gelée, fans toutesfois ficher Icfoc guère auât dans terre: d’autat que le propre At lin eft de venir fort beau ou les racines du trefle font en ab»' dance,léfquellcs fil troune en ce terroir renuerfees fur terre auec 1 araire eft caulc que le lin auec grad facilité y plate, amp;nbsp;elpâd fes racines tédrclct-les qui y croiflent trclbicn. Et à dire vray,il fait bon voir le labottieutfw
-ocr page 63-DB t’AGRICVLTVRÏ. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Jf
lafin de FeUtier,ou és premiers iours de Mars ferner dix mefures de lin,oU dauantagc en vn iaurnau on demy arpent de terre aind cukiuée,amp; drelfée en carreaux larges chalèun de huiét, ou dix fcillons bien hoüez, raftcllez, herfez, amp;efgallcz pour y recueillir vingts quintals de lin bien accouftré, j ainfi qu’ordinairemcnt en adulent es champs qui font bons,amp; cultiuez'en “' ■ “-’ Icurfaifon. Le fait encor bon voir lors qu’il arroufefon lin en temps o-pnrtun,amp; de carreau en carreau fort lentement, ayanepremieremet dref-fe les canaux,amp; conduis és efpaccs des filions principaux de la mefme terre,amp; non guère efioignez Tvn de l’autre, afin que l’eau f’efleue fur les carreaux aplaniz,amp; elgallez en largeur.Puis eft grand plaifir Ic.voyant fe foi-gner du lin lors qu’il poulie hors amp;nbsp;naift, qu’il croift,amp; fcmbellift, amp;nbsp;y lait ce qui eft requis dcuèment à chafeune faifon : moins n’en faifant lors qucle lin prend couleur pour meurir , car il luy ofte d’autour les herbes tluircnipefchcnt,afin qu’en tyrant la grainc,cn le maillctant,amp; peignant^ Voire le filant telles immóndiCes ne foiént méfiées aucc la filalfc.Outre ce «lue le bon mefnager n’oublie aucune diligence à l’arracher cftant meurje conduire fcc en fa maifon, amp;nbsp;cftant tel en tiret lafcmcnce. Car tant plus on tarde d’en fecouer le grain,lcs fouris auflî plus en gaftent amp;nbsp;mangent, rougeans aucc la femenec le pied du linûoint que les eaux deuiennét plus crues,amp; moins aptes à amollir le lin, là où en luillct, amp;nbsp;Aouft elles y font îroüifitables.Ot le lin cftant tcdrc,6i délicat,ne faut que foit enVeau plus Je deux iours entiers; mais fil eft dur,ne doit-on l’en öfter qu’il n’y ait trel f é trois iours,amp; trois nuifts, faifant encor cccy entre deux Lunes , afin quot;nbsp;' ƒ qu en le datant,amp; bargeant, il ne fen aille en feftus, amp;nbsp;fans aucune filalfc nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;;
de refte.Tiré qu'on l’a de l’eau le faut mettre en vn tas tout rond, amp;nbsp;large nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,‘1,!
de deux ou trois braffes laiflànt les racines dehors aulE longuement que ilacfté en rcau,lc chargeant d’ais,aucc de grotfes pierres par deffus.
Cecyfaiti8c le temps efcoulé, l'eftendra au Soleil, efpandant de pied en Y^i chafe une poignée,amp; de brin en brin afin qu il en leche mieux, puis le reduifant en faix,licz de riortes,amp; hards d’ozicr,les porte en fa maifon , amp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lo
l’ayant fait bien battre aucc les maffes amp;nbsp;maillcts,lc fait peigner quand bo luy fcmbletle mettant de iour à autre en tas, amp;nbsp;bien chargé pour confom-’uet,amp; rompre les feftus qui font dedans,amp; afin de rendre le lin, amp;nbsp;filaffe plus allez,amp; fins àfilcr,cc qui adulent files trouffeaux ont efte ainfi pref-fiicnfcmblc.
V t u c E N T.QueUin eftle meilleur à eftte fubtilcment file,puis qu ainfi thquileny adediuerfcsfottcs. ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'
IçÀN B A PT 1ST E.Tout ainfiquelefubtilfquoy qui!foitle plusbas Q^isfo^t détour autre) eft le meilleur,cftant mol,6cdclicat au manier comme foy e: les môl-ccluy auffi qui eft long,ôcgros eft plus afprc,amp; rude à filer.Par ainfi font a leurs lins louer nos Brefeians, qui ont trouué vn nouueau moyen de faire le filet à * filer, coudre trc{blanc,8lt; treffubtil,Sc ce auec grande facilité. Entant quayans choifilc lin qui eft fans femence le plus fubtil,ßc beau,amp; blanc, qu ils fça-l'cnt eftire, le font tremper cinq, ou fix lours enVeau courante au temps
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E» plu- fußitjfans Ic mettre le tirans de l’eau eiitas»oumonceau,quicft caufeque deVa ^^ batu,amp; peigné qu’il eftjl deuiét trefblanc aucc moins de peine qucccluy coigne on 4’^* a efté en pilc,amp; entallc, lequel pour ^cfchaufer ainüptclfé lortant de met fes lins l’eaUjdeiiicnt noir,amp; tendant fur l’obfcur.
no en l’eau ains 7. ou S.iours au ferain, amp;nbsp;roufée de lu nulâ.
le penfe qu’il parle des Chan-■tcs.
Vincent. Ayant efté apris,amp; informé de ce que ie voulois fçauoir,ic reccuray grand contentement , fi encor me déclarez comment il fe fault gouuerner à ferner les lins hiuernaux, d’autant qu’en nos cartiers on n’en lerne que bien peu.
lEAN BAPTIST E.Pour ferner ce lin qu’on nomme CalabroiSjil fault cultiucr le terroir dés rEfté,amp; fumer bien le champ, puis le ferner des le commencement de Septembre,iufques àla fin, donnant au demy arpent de terre trois ou quatrequars de femencc félon qucla terre eft grace, ou moins fertile.O r ce lin croift alfcz abondammet fi les grans froids ne luy portent dommage,o.u fi certains vents dangereux, qui Cbuftlcnt au printemps ne luy oftent là gaïUardifc. Mais il eft bon feulement pour faire les toillcs g rodes, amp;nbsp;lefqucllcs durét moins q celles de l’autre lin.U eft vray q fon picd,amp;tuyau,ou tige eft plus gros,amp;haut que de L’autre lin,amp;produit plus de femencc, amp;nbsp;laquelle iette plus d’huile: au refte, on y vfc de pareil deuoir,amp; mefinc iuduftric à racouûrer,quc nous fiùfons à ccluy qui no“^'
eft ordinaire.
VINCENT. Pourquoy voulez-vous qu’on face les carreaux,.A rayes“ larges és champs,ou ion feme le lin.
Difeouts des rayes larges ou le lin eft femé. faute des laboureurs faifant les laycs e-ftioites en labourant.
1EAN B'APTiSTE. Nou feulement me plaift-il dclcsvoirfigf^quot;‘^‘’’^ amp;nbsp;fpacicufcs que vous ay, dit,où le lin eft femé , ains voudroy q“ ®’^^“ '^''' cor le femblablc où les lcgumes font efpandus, voire Les prez ,,tnillcis,.amp; bleds, pourueu toutesfois que les champs le peuflent foutfrir fans aucune leur incômodité,d’aucant que le fruiét y feroit plus grand que des cftroi-tcs. Ecainfi entre les fautcs plus fegnalécs des laboureurs (parlanti««'' met des mauuais fans interellcr les bons)eeftc-cy en eft vnc,qu’ils ne ront point les rayes larges.Lclquels bien q lcs,champs foyent fains,cours,pf”' dans, amp;nbsp;non vicieux, pouuans faire aucc leur prouffitleur labourage“® huit,ou dix filions,le font de quatre, de trois amp;nbsp;Bien fouuent de deux»»’^ feulement,le dommage eftât du leul raaiûre, lequel ayant fait obliger ion fermier à bié fcmer,f en voit dcceu tellement que foixâte iornaux de terre ne luy porteront pas plus de prouffit,ayant fait ainfi ces rayes eftroites,^-force fillons principatix,qu’en quarante labourez corne ilfaut,amp;ayas les raycs.laigcs,amp; eftendues raifonnablement,amp;cn cela le fermier ne fait an* cune perte,cntant qu’il recueille du blcdiclon la preportion de lafemeee» amp;nbsp;cncorcàl’efgaldefes façôs,amp;autres trauaux par luy employez.Mais» mcfchaccte eft en ce cogneiie,q pouEélpargncr vntiers de lèmcncc,amp; ƒ' tant de fon trauail aux façons,ne fait confcicnce de porter prciudice a Ion maiftre qui ignore cefte trôpcric,amp;làns qu’il y gaigne ricn.Encor fe plan fl en la raiiere de la facilité de couper les bleds aißment ( cftans les rayes efiroites)
-ocr page 65-DE LAG RI cv LTV R Ï. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;57
eftroitcs)amp; en les artouünt,d’autant que l’eau ne fait que palTcr entre les fiions principaux,iufques à tant quelle ayt pénétré d’vn bout à l’autre de celle mifcrable terre.
Vincent. Ces lâcherez,amp; tromperies font fi euidenres,que ie vou-érois qu’on challaft de nos terres cefte nation tant dcfloyalc. Car fi elle a-chetoit le demy arpent d’vn bon terroir les cent cfcus(comme il nous cou ftent)ilsne feroiern iaces vilennies,amp; fraudes pleines de mefchanceté.
1EAN BAPTi ST E.Sçacliczcncor,quelcbonlaboureur(fîlaterrcne Lesdeuoirs luy cft contraire) ne fault iamais à faire large fuflifammét le lieu haufie où d’vn bonamp; ilfcmc fon bled,aircuré que ce faifant il en a toufiours plus belle cueillette fiddle fer-que fl telles rayes cftoient eftroites, amp;nbsp;y laboure mieux à fon aife, n’y ayat æ‘'‘’ tant de monceaux de terre.Et pourtât cccy ne l’empcfchc point qu’il n’ar-ïoufc,amp; donne l’eau trefbien à fa tccre;attendu qu’auat qu’y cfpâdre l’eau ilapremicrcmcntacouftrcz les conduits ƒamp;iceux eftoupezde filloncn fillon, faifant la elofture fi haulte, que l’eau courant de vallon à autre, eft contrainte de fefpandre fur chafeune raye pour rinondcr,amp; abreuuer. Et outre qu’il ne fault de la forcer,amp;: la tourner par les canaux diligemment pour la faire courir tout bellement d’vn bout du champ à l’autre , encor il la deftourne,amp; la conduit es autres rayons qui font à rcfcart,amp; ainfi lcmiiant,amp; remettant l’eau,il arroufe tout fon terroir.Ainfi nous voyons ^pouuons conclure , qu’il n’y a aucune comparaifon d’vn loyal laboureur,aucc vn fermier miferable,amp; infidcllc,ceftiiy ne faifant rien qui foit à propos,là où l’autre non feulement laboure, difpofc, amp;nbsp;feme fa terre aucc prudence,amp; diferetion ains encor eflarte amp;nbsp;efmondc les arbres,coupe les ,vignes,fauchelcsprez,fume,amp; amande les champs, gouuerne deuëment les lins,amp; en fomme il fait ce qui eft vtile,amp; de confequence félon que la Lune luy eft fauorablc.
V i N C E N T.Comment entendez-vous que les chofes de l’Agriculture foient raportées au cours,amp; influences benignes de la Lune?
lîAN BAPTIST E,Vous n’attendez point que ie vous deduifc les rc- Virgil, en gles du grand Poète Mantouan , qu’il dit deuoireftre gardées en l’Agri- fes Georgi culture felon le cours des pianettes , oulaconfideration des eftoilesqui ^'^^”’ . nirrcnt point. D’autant que ces chofes font de l’office d’vn excellent Aftronomc pluftoft que d’vn fimplc laboureur,amp; pourcc feroit-cc fc lan- „„ en la ter dans vn abyfmc amp;nbsp;chaos qui en voudroit faire vn tel récit que le cas Lune amp;nbsp;mérite. Et par ainfi parlant feulement de la Lune , laquelle pour eftre la Vieille amp;nbsp;plus proche de nous entre tous les pianettes,amp; corps celeftcs,fait aufli fur Yoicede lA nous fes effcts,cn cc qui eft du corps,amp; furies choies tcrreftres. 1e dis dóe Lune nou-qu’clle eftant nouuelle,c’eft fagement bcfoigné,amp; de plater arbres, ferner uelle. nethes,tailler amp;nbsp;couper le bois pour f en chaufer,amp; faucher les prez pour lanourriture dcsbeftesivoirc à fumer,amp;cngrcirer toutes ces chofes,d’autant quelle ne donne pas moins de force au fumier pour amollir la terre qu’elle fait aux arbres,amp; feméces à gerlner,croiftrc,Ôc multiplier chafeun en fon endroit.
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SECOND I lOYRNEB
Come, amp;nbsp;en quelle fuilon faut couper les
les chcuciix,amp; roignantnoz ongles,amp;au contraire en tuant les porcs, amp;nbsp;autres beftes.Car li durant la Lune allant en decroift-on les tue, tant plus vous tarderez à les falcr,tant faudra-il de feu amp;nbsp;de temps à faire cuire leur chair: amp;nbsp;ne fault,cecy céfideré, Pcfbahir,fi vn fauciflon,ou autre telle via-dé font amoindris d’vn quart lors qu’on les fait cuire.Quant à moy ie n a-chetc guère ces belles pour les nourrir, fi ie ne fuis alTeuré qu’ils font naiz au croulant de la Lunc:car autrement ils ne croilfent guere, amp;nbsp;leur chair n’efi du pois luflifant alors qu’on les a occis.Mais puis que m’auez die, ce qu’il fault faire la Lune eftant nouuellc, ie vous prie faire le femblablcdc ce qu’elle caufe eftant en decroift.
Quand fault cou' perle bois pour baftir
lEAN BAPTISTE. Tout ainfi que tailler les vignes maigres amp;nbsp;plantées en allez panure terroir, cftproutfi table la Lune croi(Iànt:il fault aulTi que celles qui font gaillardes le foiét elle decroi fiant, veu qu’elles en produiront plus de railins, que fi elles eftoient taillées au croifiaut, d’autant que lors elle farreftant à les amollir, amp;nbsp;engrefier, ne cauferoit qu’abon-danec de Pampres, amp;nbsp;de fueillagc. Et les coupant la Lune enuicilliflànt, le bois fe reftraint,amp; factend feulement à produire du fruict en abondance. Par mefine moyen fe fault gonuerner à efraonder les Citronicrs,amp; autres arbres fruiétiers, attendu qu’ils en font plus foifonnezdefruidage. Et fil eft pofllblc,!! fera bon de vendanger au deferoit de la Lune,d’aurant quelle caufera que les vins en feront mieux, amp;nbsp;plus longuement conict-ucz,lcfqucls fans cclafcroyenc en danger de fe tourner,amp; poulfcrau mois de Mars fuyuât,en la mefme faifon qu’on taille la vigne.En pareil deconrs fault anflî moudre les bleds pour garder mieux les farines, Bifncft ''wy que le pain croift amp;nbsp;prouflite plus fi la moufturc eft faite la tune ctoifant, amp;nbsp;eftât nouuelle.Ccluy encor qui ale moyen,doit moifibnncr,amp; faucher fon bled la Lune eftant en decours, arracher les lins, les legumes, cueillit les pommes,amp; autres fruids.Bien eft vray que les legumes defracinezan croifiànr,font de plus facile cuifibn.Suis d’aduis encor qu’c mefme temps de la Lune en decours on coupe le bois pour baftimens, faire preffouers, ponts,amp; autres chofes femblablcs:amp; mefine vers le vingt-fepriefmeionh amp;nbsp;pluftoft le foir,quc le matin : car tout ainfi que de nui ci l’humeur tend, amp;nbsp;monte à la cime de rarbre,ainfi de iour le foîcil la tire à la racine. Auffi voit- on par experience que fi on coupe deux pièces de bois d’cfgalle nature, forcc,amp; grolfcur,amp;; mifes encor foubs pareille charge, qui foyétmi-fcs à bas en mefine Lune, mais l’vnc taillée au croiflant, amp;nbsp;l’autrcaudc-cours:ic dis que celle qui a cfté coupée au croifiant ne cclfcra deiettet, amp;nbsp;plourcr fa vapeur, à caufe de l’humidité non encor cuite, amp;nbsp;bien digcicc qui eft en cllc,fe débilite d’heure à autre,tant qu’elle f eclattc, amp;nbsp;rompt du tour. Mais l’antre iouïftànt d’vne concoétion lai fon née parle decours de la Lune,demeurera plusforte que iamais,amp;plus apte à fupporcer quelque charge qu’on fçauroit luy mettre dclîus: amp;nbsp;encor cecy fera mieux cogneu, fi ce bois eft coupé pluftoft en l’Autonnc que non point au Printemps.
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VINCENT. Quel rcmcdcpcult ontrouiicrdc foirißcrlcs arbres qui font foibles, amp;nbsp;klqmlson eftfouuent contraint delà neceffité de couper pour les mettre en otuurc, qu’on foie ailcuré qu’ils feront de bien peu de durée?
lEAN BAPTIST E.D’autant que tels arbres font tendres tellement du fommetiufques à la racine pour la matiere aqueufe qui eft en eux, que de leur naturel ils attirét glourcmét à foy la terre: fi cft-cc que quicoque fen Vcult feruir lôg tcinps,tault qu’il les entame du co Ré qu’il preted les couper vn peu plus allant que la moytic du Recours de la Lune, les laiRant en pieds i’efpace d’vn iour cnticr,ou dcux,amp; puis paracheue de les couper amp;nbsp;abatte.Car les laiRant ainfi à demy coupez, toute l’eau qui eft endofe dedans,fort de ce bois,cc qu’elle ne teroit point,fi les coupât,on les abatoit, fut l’heure mcfmc,par terre. Et qui ne voudra croire cecy, qu’il coupe vn chcfnc,ou chaftaigner, qui font des plus forts, amp;nbsp;durables d’entre les arbres que nous ayons,amp; par mefme moyen vn aubicr,pommicr, amp;nbsp;aulne, qui font des plus foibles,amp; tendres, amp;nbsp;les laiRc ainfi que i’ay dit cy deuâtr amp;nbsp;verra la quantité d’eau qui fortira de ces tendres à co m paraifon des autres .Mais des auflî toft que ceux qu’o vcult mettre en œuure font par ter-tcbien defehargez de ramage,de cfmondez, il en fault öfter I'dcorcc, les liilfant au lolcil, à la pluye, au vent, amp;c au froid pour le moins I’efpace de ^^ inois,auant que les mettre en befoigne, y mettant toutesfois deftoubs t^rj picrrcs,ou autres pieces de bois, atin que l’humeur de la terre ne leur porte aucun dommage.Et fil cftoit befoin de les efcarrer,qu’on les mette en ordre pour ce faire des que l’cfcorce en fera oftée t d’autant que lors ils fendurciffent tout ainfi que fils auoitnt leur propre amp;nbsp;naturelle force amp;nbsp;Vigucur.ll eft vray,quc les mettans en œuure, fault que foicnt à couuert, d’autât que fi l’eau les offençoit,quelque durté qui fut en eux,ils ne l^au-toient eftre de guère grand durée.
Moyen de renforcer les arbres ejui font foibles.
V iN c i N i.laçoit que cecy ne foit point le propre d’vn laboureur, ny dcnioy, ains feulement des Aftronomiens amp;nbsp;exccllcns Philofophes, de fçauaus és chofes naturelles,fi cft-cc que ie ne dclifteray devons difcouiit en peu de paroles,ccqu’aut refois i’ay ouy dire fur cecy àvn miéamy fort fçiuant,amp; plein de doctimc.LaiRant donc apart, qu’en moins d’vn mois laLunc face le cours Ck chemin entier que fait le fokil tout le long de Comefon l’année,amp; qu’elle foit cluudc,feche,humidc,amp;ftoide:ic dis qu’elle n’a au- ^'^j^jç'i j enne lumière de foy,ains la retient,amp; reçoit toute du folcil, en dónant les 1quot;°^ '^ rcbas,amp; reflexions à la terre aucc plus de vehemence, lelon qu’elle fe lent effersde là «lire efioignee du lolcRicomme au contraire, tant plus elle aproche de la Lune, coniondion auec iceluy ,tât moins elle depart fa clarté,6é vigueur à la terre. Et c’eft delà que vient tpuc nous difonS la Lune amp;nbsp;accroiftre, amp;nbsp;dimi-nuct,non qu’au v ray elle croilfc, ou fente amoindtiftcment (lauf que lors qu’ellefoutlre eclipfe amp;nbsp;default)eftât touftours de rotime illuminée du to Icihmais cioift,ou decroift cefte clarté feulcmêt qu’elle rcfpand,amp; rener-bere fut la terre Jtt cefte fplcndcut lelon qu elle f tfpand, ou default,elle a
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Effets foi cd.
auflî amp;■ pliis,amp; moins de force de moimoir l’humeur des chofes naturelles à exécuter leurs effets: Car de tant plus celle lumière va f augmentant, auffi l’humeur d’icelles abonde,amp; fclpand par les parties extérieures, corne au contraire,tancplus cllcmaquc,amp;diminue',l’humcurnaturcJJcfcnt auffi d’3fFoiblillèmcnt,amp;lèrctirc,amp;rcllrainte'sp3rtiesinterieures.Aceft effet y a encor vn accclloirc,quc celle lumière croiflantl’clpaccaulh delà nuit que la Lune cil fur terre,va f3ugmcntanr,amp; elle diminuant,le temps auffi de la nuit amoindriH, viciait moins durable. Et par là nous pou-‘^“ uos recueillir que tout ainfî qu’en la premiere faiCon, cell le folcil qui rc-uclllcs arbres de leur beauté, cnjafccondcil produirlcsfruits,àJatroi-Eefmeles meurill,amp;àla quafrielme les reucflifl de fucillage,amp; leur donne vigueur amp;nbsp;conferuation: ainli la Lune au premier a. pumance d’amol-lir,au fécond de donner fruits, au croiEeCme de meurir, amp;nbsp;au quarriefrac deles conferuer.
VINCENT. Pais que parlant de h Lqnc vous m’auez fait voir la diamp;~ reace qui ed en elle mcEne a demy illuminée du foleil au premier quart d’icelle accomply, amp;nbsp;que lors elle ed eCgallcmcntilludrée au troifefme, amp;nbsp;que le premier donne autant de vigueur, qucle tiers de redramteje vous prie me dire encor quelquefecretpour garder les fruits des vers, é^ tignes qui les rongent dedans.
Moyen do cueiHiiauf
SEAN BAPTISTE.Auantqucvous fatisfaireencecy, tadisqaefayla mémoire frefehe,il fault q ie die quel moyé il y a de moidonner les bleds, encore qu vne partied’iceuxnefalfent point encore meurs,amp;JefqiieIs ft bien les on moydonneroit Volontiers pour fe voit des manoauriers, de moylfon-Eates non neurs en main,dcfquels on nepourroit cheuir dedans retirez en leur cô-lesmlurs^ tréc.Ou bien quand on coupe les bleds d’vn champ les vns edans meurs, amp;: les autres non,fans en faire a deux fois,coupcr tout cnfcmble. Lefour-inent donc,tant celuy quided encor à fa maturité, edant le grain formé. Seen fa perfeélion,qae celuy qui ed meut, tandis que les moydonneurs faucbccont,Se:lierontlcs gerbes, foientfoudain mis par terre,ayansl’efpf regardent au Nord, Se tramon tane. Se non moins de dix gerbesfvue lut l’autre iufqaes à tant que le folcilles ayt penctrées,leqael fe coachaD{,lc5 fault mettre debout: Se Icslaider ainE toute laauit, Selemarinfuyuant, ains que le folcil defchaufc,les cipandre encor par terre comme deifas. Et edmedier de faire aiaE,Se.foir,Se matin,iafqaesà tant quelles foiét bien Ceches Se meures,que E le foleil ne reluit pointai n’edia befoin dclescou ^^f^f ^^ ^^^^^- E^ quanta ce qui touche la conferuation des grains, iedis qu il fault que les greniers ayent leurs fenedres qui regardent du Septen-Qu,e}sdoi trionamidy. Se du Leuant au Ponant: car E les vents ne peuaent courir uent edre librement,^ pader d’vn bout à l’autre,!! y a danger que le chaud ne porte ^^.^ S’^^' nbsp;quelque dommage aux grains. Vray ed qu ’il y en a aucuns desnodrcs qui
garderie ^^^‘^^^^^^ Eon qu’en tout temps les fenedres ayent leur regard à Tremon-blcds Ion- tane,pource qucla bife tient toudours le bled fcc. Seen frefeheurtSepour-guemear. : ce,dilcnC'ils on neplanchcpoint les grenierspardedus, afin que les vers
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ïifément y’penctret entre les canaux,amp; tuiles du toit,amp; que lc lieu en foit *^°J“ **^ plus frais en toute faifon. Or quant à moyie ne trouue point bon qu’on confeiùcr Îaifle longuement le fourraent en gerbe d’autant qu’elles fefehaufent en- le founnet fcmble,amp;.ainfi le bled abonde en papillons, lignes, amp;nbsp;artufons qui le ga-ftcnt.ll eft vray que fi les gerbes auoient efté en pied fechées au Soleil durant trois iours, que peu fouuent aduiendroit au grain vn tel dommage. Mais depuis qu’on a difeontinue de ce faire à caufe de la cherté des viures, amp;quc ion roboit les gerbes aux champs,que le fourment donc foit batu, amp;bié fcché au plus chault Soleil par l’elpacc de trois iours,amp; tout chaule qu’il eft le cribler,amp; le porter ainh au grenier, dans lequel ne fault lailfcr trou ny permis tant petit foit-il,qui ne foit bouché à chaux, amp;nbsp;fable: puis nettoyant la place de tous coftez,amp; oftant les rantelles du hault du toiét. amp;nbsp;toute autre vilcnnie,efpandant encor fur le lieu, où voulez mettre vo-ftre grain,vn peu de vinaigre le poferez en vn tas,amp; ietterez amp;nbsp;par les entours, amp;nbsp;fur la cuue du tas encor vn peu de vinaigre. le vous diray en ou-trc,vn autre fecret pour coferuer toute forte de fonrmct:c eft q parmy dix charges de bled bié fcc,on en y mefle vne de millet bien nettoye, vcu que non feulement la froideur de ceftuicy deffendra longuement le bled,de la vermine,Sede toute efchaufaifon,ains encor faeilemêt on le tirera de pat-my le bled auec le crible.Ievous pourroy encor dire d’autres fccrets fur ce propos,mais pour eftre ceux cy certains, amp;nbsp;experimétez ic feray fin pour ccfteheure,ayans allez fuffifamment difeouru pour vne fois.
V i N c E N T.Auât que nous leuer d’icy,ic denre que me difiez encor vn autre fecret d'importance (fl vous le fçaucz)qucl remede y a-ilde ce fourment dcdanslequel fe font engendrez les hanctons en grande abondace, lEAN BAPTIST E.Fault premicremêt que vous fçachicz, queiamais ils n’y entrent que peu de iours apres que le bled a efté batu;amp; pource dés ^°^^'“^^ que le fourment cómence àfefehaufer, ou engendrer telle vermine qu’à ^jJ^^ j^j^ le face porter en l’aire pour l’efpoudrer gentiment auec le crible, puis l’e- hanetons, ftendre,amp;Ainfi efpandu,le laifler au Soleil durât fa plus, grand ardeur iuf- amp;■ chalen-ques au foir,puis ainfi chaule,amp; bié nettoyé,le raporter au grenier, l’étaf- S®“’' hnt le plus hault amôccllé qu’il fera poflible.Cat d’au tat plus il fera haut, celle chaleur f amortira,Si tuera toute cefte verroinc.Outre ce qu’é trois ou quatre iours tant ce tas amp;nbsp;monceau fera fi frais, qu’il fera hors du danger de plus experimenter cefte ruine,ains fe conferuera vn fort long téps.
VINGEN t.Touc ainfi que les deux premiers remedes contre ces peti-tesbeftes m’ont efté agreables,ainfi ceft autre meplaift grandemet, efpe-rant de nefouffrir plus par cy apres fi grand incommodité que i’ay fait cy deuantde cefte vermine,Or ne rcfteml autre cas, finon que demain nous nous troauions cnfemblc, pour deuifer de ce que ic defire de fçauoir,au-moins fi la chofe vous eft agréable.
lEAN BAPTISTE. Mais bien me donnera vn extreme contente-mcnt,Sc ainfi,ie vous attendray trcfuolonticrs.
, ^^PIN DE LA SECONDE lOVRNEE.
S
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TROISIEME IOVRNEE
DE LAGRICVLTVRE DV
SEIGNEVR AVGVSTIN GALLO,
DISCO^KANT Df^ MOrEN DE PLAN'
TER ET ESLEVER LES VIGNES en peu de temps.
E troificfinc four n’apparut pas fi tort, qucaHifU^^ accouftumée le Seigneur Vincent ne fauoyaft s ^ maifon de FAuogadre, lequel iltiouua fc pourmen^ le long du logis quiregardoit à Tramontane, amp;ƒ long d’vne allée droite , ceinte des deux collet?’'' deux fort belles bayes de Sanguin ^.laquelle ^ foit la ftparatiô du iardin d’aucc le logis d^K^ iabo)i-reurs. Enrrefalüczqu’ilsfefurent, FAuogalt;ltc,P’'^*y le Maggie par la main, le conduifan trout bellement iniques auboutac l’allée ibuz vn beau amp;nbsp;grand chaftaignier quicûoit bien touffu, amp;nbsp;cfp^'* en ramagc,OLL,cftant le lieu frais à caufe de l’ombre,^ accommode délit' ges à Pentour,.ils fafErent. Et ayans deuifé du plaifirmetucillcux,duquel on ioifilFoir cnia diuerfite de cefte verdurc,amp; duiargon,amp; gazoBif-lemcnt des oifèlcts qui ne cefloyent déchanter: le Seigneur Vincent», mettant la main droite fiir fon cftomach,parla en cefte forte. Puisqu’il eftainfi,fcigncur Baptifte, qiie ccsiourspallêz vous auez vie decouttot-fie en mon endroit, en m’cfclcrcrflant les doutes defqucls ic me fuisen-quis de vous, ic vous prie qu’il vous plaifc continuer, amp;nbsp;me dire la qualité des vigncs,amp; de enafeune particulièrement félon ion naturel,amp; propriété.
Cobien la vigiic cft diflembla-bk aux au très arbres
lEAN BAPTIST E.Iaçoit q,amp; les ancicns,amp;lcs iurifcôfultcs ayetmis la vigne enrre,amp; fouz le nom des arbres, fi cft- ce que pourtant elle n’a rie qui foit femblablc au refte des arbres,làufquc de bois,amp; qu’elle eft aptei élire brufléc tout ainfi que les autres.Or pour preuuede cefte dilfimilitu-de,on voit premièrement que la vigne cft par le dedans toute poreufe,amp; remplie de rcfpirails trcfiipais,amp; trcirubtils és farmens,bois, amp;nbsp;pampres: cft auffi dillcmblablc en clcorcc,droiture,amp;coulcur,deiorte qienclçau-ro;s bonnemét dire quel arbre cft ccluv,quinc f oit plus beau qucceftui«
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q.Outre cc elle eft encor diuerfe d’iceux,pour ne fc pounoir tenir en pied amp;nbsp;debout fi elle n’eft fouftenue fclô (à ncccffité,amp; foibleflc,ains corne les rameaux des autres arbres fruitiers tendent toufiours en haut, amp;nbsp;fe dref-fcnt,foicnt qu’ils forent chargez de fraiâ: ou non,au contraire le bois,far-mcnt,amp; fueillage de la vigne ioints à fon fruift, foient qu’ils foient efeha-lallez,ou appuyez à des arbres, ou eftenduz en long fur quelque berceau amp;nbsp;trcillage.ou qu’ils rampent le long des ormeaux ou autre boys,fi cft-cc que toufiours corne foibles, languiflans amp;nbsp;tédrclcts ils baiffent la telle,amp; tecerchant d’aller par terre. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;s
Là vigne fottfoible» amp;nbsp;ayant befoin He Couftien.
Vincent, f^ant à ce que vous dittes que celle plante eft fi foible, pourquoi diitûrrne,ôc languillantcûl faut croire que Dieu noftre feigneur, la faitte Dieu a pro de celle forte pour afin qu’elle ne foruift à autre chofe qu’à produire celle dmt la _vi-tant excellente amp;nbsp;precieufe liqueur du vin, laquelle cil fi nccclTàirc pour |quot;^^,|^ '^ lefuport,amp; vit desm ortcls.Car fi elle cftoit apte à faire autre chofe ,c’cll jj^^-ej at. fans doute qu’on en cmploieroit fi grand nombre pour l’vfagc que le vin bres, en feroitbeaucoup plus cher que ne le voyons dire.
1EAN BAPTIST E.Qim dircz-VOUS encor de la dilTcmblancc du rai-fin à tout autre ftuiél,duqucl nous ayans pardeça la cognoillance.Lcs autres fruits font tous tnauifs,amp; d’vue piece : amp;nbsp;ccluy de la vigne eft rouf-tours inol,trct-tendrc,amp; toufiours diuifc,amp;c party en plufieurs grains cô-«t« en pieces diuerfes,ayant chafeune grape grand nombre de grains, di-•t«scn grandeur l’vn de l’autre : amp;nbsp;de faneur telle, qu’il n’y a langue qui peut exprimer la variété dcsdelicatdlcs,quc la vigne fait goûter à l’hôme, foit qu’il mage le raifin ou boiuc les Yins,maluoifics,mufcadets, amp;nbsp;autres iufinicsboiVlbns,qu’elle produit partout le monde.
Vincent. Bien que i ay c à vous demander plufieurs chofes, fur la nature, amp;nbsp;propriété des vignes,fi eft-cc que ie me contenteray que pluF toll quenousy arrefter ,vousmc monftnez quels font les terroirs qu’il twill cuiter pour la planter, amp;nbsp;ceux qui luy font propres, amp;nbsp;proffita-hlcs.
1E A N B A P.En premier lieu ne fault les planter au fommet, amp;nbsp;copeau ^^* ^“ deuosmôtagncs,ôc moins és lieux qui font pofez à l’obier duventdcBi- j^^g^j^, ^ lt,amp; fur les collincs,d’autat qu’elles ny feroier guère graft prouffit à pro- manuals dune empefehées par la violccc des froidurcsicomc auffi ne faut les met- pour la vitte en mauuaife terre fi corne font lesaracrcs,aiàt gouft de fcl,cn celles en- amp;*«• cor qui font maccfcagcufes,ouglcrcufcs,ft’autàiqlc vin qu’ô y recueilli-toit,ne feroit ny hon,ny de garde,ains qui gafteroit, ôc poufferoit fort fa-tilement.Nc faut encor mettre les vignes maigres en vn terroir gras, non ^'n pour plus qlcs feraUcs en vn maigreimoins ne plater celles qui font efmoüel- la vigne. lécSjamp;fontle grain ferme és terres quifont froides, ôchumldcs,ny en ter-toit chault,Sc lcc,les autres qui ont alfcz fte fubftance, amp;nbsp;le grain mollet. Me faut en mettre de pas vue forte éslicux qui ont des pierres au hault,amp; time en grande quantité,à caufe qu elles leur nuifentVefté pour la chaleur qa elles rcuerbcrcnt,amp; enhiuer àtaufe de leur froidure exceffiue.Maisy
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TROISIS SME lOVRNEl
vignes, Sc
a yantpietre,oa ro cher à la racine, ce leur fera grand atianragc pour les tenir frefehes en efté, amp;caufant que le vin en Ïcra meilleur,amp; plusiauoii-Vallons reux. N’cft encor prouffitablc de planter la vigne es profondes amp;nbsp;baffes fo«^^roquot;* vaJees^quoy qu’eUesproduih/fent des raifins en abondance, d’autant que pXàfavï- ï’Ppouuans/àifonne'mentmeurir, feroyent des vins vcrds, amp;nbsp;de peu de valeur-.maisfiquelqu’vn en vouloir planter en tels lieux,qu’il chonidede celles qui font les grains du rai/în rares,.amp;-pcu efpais,.ahn qucleioleily Chois des pcneere,Sc entre allez facilement. Scmblablcnicnt qui veult planter des yigaes,!^ vigncs,faultquilchoifiiredumeillcurplant qu’illuy ferapo/fble , amp;en kspla^ei^ ^^^^^^^^'^Oir de diuerfes fortes, qu’audi il les mette feparement l’vne de ' l’autre.D’autant que les pctites,amp;:gentiles produifans les raifins courts,Si les grodes,longs,il eâaudi befoing deles placer loing l’vne de l'autre,eins encor faut les vendenger choiftcs,ôc non coures à la ble, car par ce moyen le vigneron les feparera pour faire fes vins, félon que les diaerfitcz des raifins fe trouuent chacun à par foy,ou les melier comme bon luy femble. Outre cc qu’en les taillant,!! peut commencer par ordre, par celles qui le veulent élire les premieres,à Iqauoirlcs plus gaillardes,S: fertiles, depuis fairelefemblablcauxplustardiues.Etparcemoyenellesfoqtfaçonnées, Sç mcilleurées félon leur naturel en chafeane faifon, ce qui fepeut faite aifément quand de diuerfes fortes elles font mellàgées.Et par ainfine fauc trouuerellrange, fi en tel cas,ily en a qui font endommagées pour elite taillées hors de temps amp;: faifon. Et cd cecy de grand confequence, quay Cófidera . 4^^P^^ de gens prennent garde h ce dom^mage,amp;grandptciudice. Fault tionsàpla- encor que celuy qui veult planter la vigne', contemple la qualité, detem-terlariguc perie de rair,^ l’alTiette du terroir où il la veut mettre. Catficeamp;vasle midy,ilprendra de ccllomefmc partie les farments qu’il veuepoatuignet, de planter. Se face le femblable fil la veut mettre versie leuant : voulant
encor plainer en lieu haut qu’il prenne les pourueins aulh envnevigne haute,amp;: fl bas,en vn bas vignoblc.Plârâtaulh en terroirchauld,fcc,froid, ou humide,ea requis que d'alTiettepareille il choiûire le farinent à rcnoii-ueller.Câr obferuant ceU ordre, 8cles (arments t’affermirontpludoUen terre,^ feront meilleur fruiâ,Sc porterontpludoUque fi Ion fygonact-noit autrement. Eti aduertis de ne point iamais planter la vigne es lieux La visie ^^^^‘^^ quedurâtleprintemps,nyés chauds qu’en Auconne, es tempêtez, nayme ny ’^^‘^’^ ^gt;^ Oâ:obrc qu’au moys de Feuricr.Maisd’autat que la vigne fcpbiH le iroid ny plus és lieux chauds quefroids,cs fecs,qu’bumides,amp;: ayme mieux le beau leseaux. [cmpsquclapluycnefuisauirid’aduisqa’ellcnefoicpointplâtéeésrems qui ont l eau voilinc de leur fupcrficie,ny es terroirs quiaymétd’efrefou ucntabrcuuez.D’autantque,outre qu’ils neproduifenrpoint de bas vins, amp;nbsp;Icfquels fe galîcnt allez toll, les vignes encor ny font de guère longue durée. Ainli,conlîderé que l’eau leur nuit, ie loue qu’on les mette en lieux fees,amp;pluflod és collaux,quenon en laplanure. Laquelleiaçoit qu’oedf naicemeneproduifeplus de vin, fi ell-cc que les collines le font meilleur pour dire piquot; fccourues parles rays biefaifansdu Soleil.Et tout ainll qu’à voit que
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voit que tout champ tant plus eft gras,amp; plus puilfant de fonds, produit plus grand quantité de vin,amp;iccluynô guère bon:ainfilc terroir maigre en porte moins qui de beaucoup furpallé l’autre en bonté. D auantage, ceux la recueillent meilleur vin,qui douent le plus de faços à leur vignoble,amp; les hoüent plus fouuent,amp; ont plus de truiét, que ceux qui en lieu ddesbefeherfecôtentent delcsamcnder,amp;fumer,ouy mettre dautres chofes pour les engre lier,amp; amollir ; d’autant que, quant a la boute, amp;nbsp;quantité du vin, raffiette du lieu félon fou naturel, amp;nbsp;1 art accouilumc à façonner lavignc,fout les raifous qui caufent la produéliou du raifin.
Y i N c E N T.Ores que i’ay bien,amp; deuement notez ces aduis,amp; inftru-ftions,ic fouhaite qme comencicz à difeourir les moyés qu il faut obfer-Ucr à plâcer,amp; efleuer la vigne fclô q vous en auez la couftume, amp;nbsp;vlagc. Iean BAPTISTE. D’autant que fur tout il fault planter des farmens qui produifent du fruiél à luffifance, ie vous confcillc de choifir la vigne qui ne foit guère mouellcufe,d’autant que cefte-cy, non fculcmét eft ter-tilc,(?c en produit abondamment,ains encor ne craint point que bien peu la ncgc,les brouillats,bruinc,baflc,amp; brufleure de 1 Efte, comme font les Vignes no autres qui n’ont cfgalle force. Et afin que n’en plantiez qui vous delplai- quot;^quot;^' ^'J^^ fcnt,vous verrez fur le cómenccment de Septembre les vignes plus chat- ^ fubietres gées de fruiftA qui font à voftre fantafie, amp;nbsp;les marquerez au pied auec auxiniures '’o{lrefcrpillon-.amp; voulant plantcr,vicndrczicy choifir les prouucins, amp;nbsp;du temps ûrincnslcs plus gros,ronds,amp; ayans plus d’y eux,amp; marques de bouton- que les au-nemens, amp;nbsp;Iclqucls celle année ont porte force raifins, ce que vous co- ””j^ ^.j^5 guoiftrez aux petits bouts des grapes,qui en auront cfté coupcz,amp; pas vn ^^ JI5 Jq^. des autrestd’ autant que vous leviez en doute fils feroyent point fcrtilsou uent tftre non pour les vcoir defehargez , amp;nbsp;ftcrillcs-.vous ne prendrez de ceux qui eboifis font ou au pied,ou és branches,qui font fans grades marques de boutons, P»quot; P'’®®^ Se moins de ceux qui font proches de la cime, acaule quilsy lont amp;- pi^^j-j. cumrs,inhtils Se trop dehcz,pour feruir àtcUcbcfoigne.Etlcs fault choi-fit,Se couper au croiflant de la nouucllc Lune, fur le tard apres midy , de les planter tout aulTi toft qu’il eft pofliblc aux premiers iours d’icelle Lune. Que fi par cas vous enuoy ez quérir loing ces plants, amp;nbsp;fatmens, les mettrez foudain enVcau,lcs plantant lans plus tarder,amp; vferez de mcfmc auec l’eau à ceux qui ont cfté coupez frefehement, Se lut tout fi le terroir é’oùils fortent eft fcc de fa nature,loint que e eft chofe naturelle qu aibre nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^^^'
Autres in-ftruûions profitables pour la vi-ene.
quelconque ne pcult croiftre iamais lansle fecours de l’eau, amp;nbsp;de tât plus ^^^ font foibles, de tant le ly on qu on plante en fouffte dauantage fil a faulte ^ oyg nef-d’humeur.Par ainfi fault mettre foing amp;nbsp;diligence que lors qu’ils germét prouffita-ils puiflent facilement fortir hors,ay ans la terre molle,amp; ay fee à penetrer. Wc P®^^®' ^^ le côfcille donc ,quc plantant la vigne on face, non des troux,mais de pc- P ^quot; titsfoftczlargesà’vnebraffc de demie,amp; ayans pareillehaultcur, de ce an ° mois d’Octobre, fi voulez planter voftre larment enfeurier ,mais fi dcli-hetezde faire voftreplant auanrl’Hyucr,reluis à’opinion que vous foi-tûyezdés le mois d’Aouft d’autant que les vus f olïcz feront misée rédigez b
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en cendres par l’effort des chaleurs , amp;IcsaurrcsparlivehcnicnccdcS gelees, amp;nbsp;ferez rclgoïiftpourlesarroulcrau lieu oùle champ va leplus lt;npcndanr,afin que les eaux qui y entrcnt,courcnt pardeflous terre iniques auprochainfoile , ypallànsroutcsfoisle/oc , pourfaire moinsde delpencc, autantqu’il pourra entrer auant en terre, amp;quot;nbsp;puis finir le relie allée la hoüe, iertant le meilleur terroir d’vn co rte', amp;nbsp;le relie d’vn autre, mais le tout loing de la riuc de l’elgouft, amp;nbsp;canal pour le moins d'vnc bd-nc braHc,afin qu’en plantant voftre Cirment,Yoas y pailTiez mettre dclîîiî premièrement la terre grallè tirée de là , amp;nbsp;puis celle des bords autant qu on en y trou liera de bonne, amp;nbsp;prou/htable ; aplanilîànt encor routlc relie, encor que le terroir full maigre,d’autant qn’auec le temps ilCerca-dra fertile. Ces FolVcz ainCi drclTez^il fault couurir le fonds mec des pierres non plus grandes qnvn psin, car en celle façon les vignes demoar-rontfrekhes durant lapins grande chaleur, amp;nbsp;tandis qu’il plouucr3,ou que les eaux auec Icfqucllcsonlesarrou/e , ou celles de Iburcefe purgeront amp;nbsp;clcouleront par le champ, amp;nbsp;encor caulèront que les boutons des vignes ne germeront pas fi toll toutes les années ; chofe veritablemét trefproaltitahlc^pais que la bruine, nylagelec amp;e froid noéiurnenclcnr porteront dommage, comme font à celles quipoüirent plulloll qaede Dc/oin , amp;nbsp;a leur preindice. Et ce pendant fault couurir ces pierres de . bonne terre,alin qu’on ne les voye, mettant delfus encor des brochems, ^ branchages .i^eantmoins pour y laite moins de frais, vonsypeurrez mettre du pelon de challaigne,ou autres eCpines,amp;:pointuresqii’quot;^^°‘^’^ de grand poids, afin que les racines delà vigne n’ayent aucun empefehe-menrà fefpandre amp;nbsp;croiflreen largeur, Scgrolfeur: leurmctfantpuisa-pres tant de bon terroir par defTus, qu’onny apeeçoiue rien quiloitde nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■
toutes ces chofes.Et cecyfaic vous planterez voz vignes, ou autres phn-tcs,lesmettantvn demypiedl’vn derautre,afin qu’onpuilVehoüerliCft-re entre les dcax.Et les couuricez de terre auec du fumier fait de lôg téps. Comma- ^^ P°'^’^ lt;=^^^lt;^lt;^^ ^'^^ ^gt;^^_^^gt;^^^lt;^ ^=S^^in deraiûn,amp;:grapcs,ou lie de vin, ou dué qu’on 3uec balle de bled,qui ed le plus cômode, fil Pen trouue de croppie d’vn peurtuer an,ou d’auantage, car cecy fait tellement germer, pour élire trefehaud chanKs^~ ^^^°'^ ^^^^'^^h^^s tacines,que fouuent il adulent querelles vignes edans ra^dc^Se ^Ittfi engteffées de ced amendement, portent abondance de fruid dés la balle du féconde année.Par aind ne ferait que bien fait de mettre à part celle poil-bled edant lade tous les ans en quelque lieu à defcoauert,ô£ non la laufetgader fouz batu. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;les bedes,pour fen feruiren cedelorte,pout leprouditdes vignesdneoe
ed elleprouditable à faire tod naidreles cocoardes, amp;nbsp;citrouilles.
V iN CEN T.Iepenfe qu’encor cede paille folle,ed de grand effait,cónie foauenti’en ay veu l’experiéce,i la mettreaueclerofmarin,lcs citrons,H-mons,oranges,amp;: autres tels arbres délicats, lors qu’on les plante fans ta-cine,amp;qaiaidez ainû viennent Sc tod,amp; trefbeaux far terre, croiffans,amp; prenons racine.
Jean b a r t i s t e. Après ce vous neplanrcrez pointplus de deux,ou
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^fois farmens près d’vn arbrc,d’autant que tant plus il en y a enfcmble^ât *®oins chalcunparticipe de la bonté^amp; grelle du terroir : Bien loueray-ic 'lue vous en mettiez en l’efpace qui eft entre Tvn arbre, amp;nbsp;l’autre, mais 'Joignez d’vue bradée amp;nbsp;dcmic,ou dauantage d’cnlcmblc, vcu que vous ''s pourrez entretenir en les façonnant de la mefinc forte que les autres Ptincipauxiconfidcré que quand ceux cy font hoüez,amp; acouftrcz,cncorc wboure ion ce qui eft à leur entour.Et ces farmens ainfi qui font de relie ^fuperfluz, comme ils auront deux ou trois ans,vous les pourrez repU-f^r en d’autres champs,amp; endroits, lefquels feront pluftoll,amp; porteront ^eut fruit que ceux qui font taillez, amp;nbsp;ont eu des façons : neantmoins les huit planter tous eilendus en terre à plat, amp;nbsp;le plus large qu’il vous fera pùfliblc,pourucu que les bouts ne foyent trop mcnuz,amp; fnbtils,lefquels Relieront fur tcrrc:car de tant plus feront eftendiis de leur long,plus grad fera le nombre des racines qu’ils feront. Pource ic loue grandement ceux qui plantent les ceps roefmes entiers, aucc les farmens enlacez l’vn dans l'autre, lefquels ayans quantité de racines, contraignent les vignes à produire plulloft,amp;: le maintiennent en force plus longuemcnt.Trouue auf-f louable la façon de faire de ceux du terroir de Bergame, lefquels pianotent leur vigne es terroirs forts, amp;nbsp;puilfans, en leur laifant des foifez profonds de deux braires,amp; aucc autant de largeur: puis mettent les farmens ^tifonds bien eftenduz tout à plat iettans par dellüs non pas la iufte moy-bf du terroir le plus gras qu’on a tire du folle,amp; kiffans mcurir,amp; fe purger le refte qui demeure fur le bord de la folié , amp;nbsp;d’an en an ils en iettent dans iccllcjiufqucs à ce que dans trois ou quatre ans les folles.foyent plei-nes,amp;cfgallcs au refte du champ,ce qui eft trefprouffitable pour la vigne: tantpoiir l’occafion de ce terroir mcnu,amp; purifié, que d’autant que le fo-Icil pénétreiufqdes aux racincs,amp; leur porte vu grand auantage.Et outre te que la premiere année ils ne kiftent à chafeun farment que deux bou-tonsjparoilfans fur tcrre,encore les nettoyent ils, façonnent amp;nbsp;befehent, y Iettans des cfchalats en la kifon, amp;nbsp;félon qu’ils voycut que le plant en a befoin,amp; ncceflîté. Tellement que titans hors de terre ces vignes, non feulement elles produifent tous les ans du vin à plus grand foilon que les autrcs,ains encor fe maintiennent belles amp;nbsp;gaillardes par pluficurs centaines d’ans.
VINCENT. laçoit que les Bergamefques foyent en cecy plus à louer que les Brefcias,fi eft- ce qu’au refte qui concerne l’Agriculture les autres les furmontent de beaucoup.
T outarbre eftât en l'eue haye l’a-touche-métdu fer
I î A N BAPTISTE. Plantez qu’aurez voz farinés nouuellcts ne laiflé-itiàchafcû que deux yeux,ou boutós,amp; comme ils pouHérôt, amp;nbsp;que les germes ferôt à vn doigt l’vn de l’autre,vous en ofterez les moins beaux a-ueclamain,amp; fort gcntimét,fansy toucher auec fer quelconque: amp;nbsp;nec-toyerez tout ce qui refte en arrachât tous les bourgeôs qui y furcroiflent: amp;nbsp;fcr«z cecy vers le mois de May,iufques à tant que ce letton fera auoyé à fe faire lôg,d’autât que lors il cejjera de germer. Et le mois de Feurier fuift ij
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TROISIBSME lOVKNEE
J’cfleuer”' uanr.fauldra couper amp;nbsp;railler auec vne ferpette ccpcu qu’il y aura de bois les vignes furie farinent principal, afin que fortifiant en cep,amp;iambc,letoutfoitv-nouuellc- ny en vne mefine tige. Dauanrage ne fault faillir de be/efier autour de ces ment p!a- pieds amp;nbsp;rrois,amp;quatre fois:la première anHee,amp;aurrcsfijyuanfes:voirc ^^^^' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;feroieplusprouffitable de ce faire tous les mois dePeurier, iufquesen 0-
ôtobre,mais tourner toufiours partie du terroir dclfus des le mois de May iniques à la fin d’Aouft, afin qu’eftans les vignes defehaacées la. racinene foit gailée, amp;nbsp;ancantiepar les ardeurs excedmes du folcil. Puis les emplie du to uz aaec le foc aait l’Hyuer,fl tant on peut faire pour eaiter aux ftais, amp;nbsp;faire le Icmblablc en les ouurant,amp; defehaalfant au Printemps,durant lequel illes faaltbcfchcr,ncttoycr,amp;:façonncr bien gentilemcnt,en coupant, amp;nbsp;taillât toutes les racines qui poalVenthors terre, mais le plus près dupied qu’il fera poffible, d’autant que la plante teroitoffcncéeûonluy coupoit foubs le tronc,Se fur tour fi on le faifoit au mois deMay,ou durât lesgrandes chaleurs. Et en Feurier leur fait mettre près de petits ballons auecleursrameauxeirartez,a6nquelcs farmensy rampentde[fus,Iors qu’ils croilfent de temps àautre : Se d’autant que ces vignes auront deux ans lePeurier fuyuât,vous les raillerez au renouaeau par dellus deux boutons, y raertans les pieux à les fouAenir, qui leur feront nee elf lires, ainU que de couAume.Et les boutons cAans longs d’enuiron vn doigr,vouscn oAerez le moindre en beauté,que A le pied. Se tige vous femblealfez forte,ie fuis d’opinion que les y lailfcz tous deux les tenus bien nets, amp;cmô-dez de toute autre germe qui viendra y naiAre,Si: pulluler al’enrountail-lât encor le peu de bois qui y fera accreu (ainfi que dit eA) afin que Ic pied fefortific,amp;que tout foit couerty en vne mefmetige. L’année troibefme accomplie en Peurier luyuant,eAans houées ces vignes, Si nettoyées felo les failbns,vous en pourrez alors tirer deux ou trois farmens lc*pluspuif-fans, Sc d’an en an, en prendrez dauantage félon la force que verrez que les vignes auront.Et ccAe cA la vraye. Se feure manière d’elleuer. Si faite bien toA croiAre les vignes,Scnon celle qu’ordinairementon ob fer ne au paisBrefeian, oulon commet deux fautes. En premier lieu faillcntils en Faulte de es que dés qu’ils ont planté la vigne, la lailfcnt aller par terre les deux ou ta e^neuat ^’^°^^ ^’^^ premiers, amp;: qui pis cA, fouArent que tout autant qu’elles proies vignes, duifent de rameaux y demeurent,lefquels tant plus font en nombre, agirent au Ai l’humeur qui deuroitcArecmployécà nourrirlaracine.Lafc-condcfaulte eA,queles deux, ou trois ans efcoulez que font, ils coupent entre deux terres la tige delà miferable vigne:amp;non côtans de ceAc première tyrannie,la continuent quelquefois Ax, Sc fept ans de fuite, cenans pouraAcuré que tant plus fouiicntils la coupent,La racine en cAplus renforcée, amp;nbsp;fccourué. Ce qui eA tresfaux, car en coupant cent tiges entre deux terres,!!ne fera année qu’ils nefacent mourir huiiA ou dix racines,^ ou coupant vn millier de noitueaux Carmes qui font deAus terre vneièule n ’y Cçauroit reccuoir dommage.Dc cecy on peut faire prcuuc, en coupât vn petit plant de Saule bien ramé, amp;nbsp;feillu : A vous cilàrrcz Cculcmenclc
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branchage, il n’aia garde de mourir:mais qui toucheroit au pied à la tige» amp;nbsp;entre deux tcrrcs,cc feroit bien grand mermeilie l’il ne fe lcchoit,amp; vc-noità mourir. Penfez en outre côbicn le befeheur ou vigneron doit eftre hge,^ diligent à fe donner garde qu’en befehant il ne frape la racine de la vigne par dcHouz ( alfcui é qu’elle craint plus le choc qu’on n’eftime ) amp;nbsp;«laconfidcré,on conclura,que couper la tigefouz terre leur eft plus que nuifiblc amp;nbsp;dommageable.
V i N c E N T.Or d'autant qu’ordinairement on voit qu’eu efteuat les vignes uouucllcSjil y a grand danger que ne foyen t gaftees par les bceufs,amp; Vaches,amp;: q dés aufli toft quelles en font morfes, ou pafturécs, voire ayat feulement Icnty l’alcinc de ces beftes, elles font vu lôg temps aude que reprendre leur premiere farcene voudroy bien fçauoir,fil y a aucun moyen d’obnier àcecy,amp; les deffendre d’vue telle malcdiéliou,amp; dommage.
Ne fault couper le pied de la vignepour pClcrprouf fiter aux ra eines. L’haleine des bœufs eft dôma-gt; geable aux vignes nou uelles. Secret ' pour cm-pefeher q les bœufs n'aprochet des vigne« pour y pai-ftre.
IEAN BAPTISTE. C’cft faus aucun doute que le plus gentil remede pour empefeher ce dommage eft, fi vous baignez ces vignes nouuclles a-uec l’eau pure qui refteés vailfeaux cfqucls onafait amollir les cuirs de bœufs,ou de vache,amp; autres anlmaux,aircuré qdés qu’ils aprocherót, ne pouuans fouffrir ceftc puautcur,amp;que naturellement ils ont cefte eau en norreur,ils n’y donneront plus aucune attaince. Ainli vous ayant vu vafe de telle eau,en treperez chacun pied aucc vn balay, fi toft que verrez que hfeille,amp; pampres ferôt fortics,amp; belles,amp; ce fur le loir, afin que la fref-cEcur de la nuit face mieux incorporer celle liqueur en la plante,que non pas fl on l’y mettoit le matin,amp; que le loleil luy oftaft fa force.
VINCENT,Combien defoisfault-ilcecy? vcu que croilPans d’heure à autre les tendrons, amp;nbsp;fcillagcs, iufques à tant que font venus en leur per-fcôlion,amp; que d’autres en y lurnaiircnt,amp; lefqucls neftas mouillez de celle liqucur,nc deuroiét aiilîi fe reHentir de la puateur en forte quclcôquc.
i E A N B A r T i s T E. laçoit que les pampres tendrons, amp;nbsp;bourgeons ptemicrement trempez fumfent à cccy, amp;nbsp;que fans les rebaigner laprc-fiiicrc puanteur dcllournc allez les beftes d’en approcher : h etl-cc pour Riieuxl’aircurcf de ne foulfrir le dommage accoullumc,ie fuis d’aduis que cftans grâdclcts ces pampres on les en mouille, amp;nbsp;fur tout lors qu’ils font bien abreuuez de la pluy e.
V i N c E N T.le voudeoy fçauoir encore, comme on doit faire les trous à planter vigne nouuellc, és lieux cl quels on n’a point la commodité d’y faire des folles fufdites.
lEAN BAPTIST E.Vo’iic Ics ferez point moins lôgs de trois coudées, amp;largcs d’vncamp; demie,amp;dc pareille hautcur,afin qu’ô pullfe plâter deux amp;nbsp;trois pieds de vigne à chaeû arbre l’vnc fcparcc de l’autre à tout le mois d’vu demi pied d’efpacc,fans q de tât pl’ elles ferôt dclchaufsccs,aull'i elles endeuiédrôt plus belles.Mais n’oublirezde mettre dâslcs folles ce qi’ay dit parcy dcuant,afin quelles fe maintiennét amp;nbsp;plus frcfchcs,amp; plus gaillardes, ioint que ce fera aulTi biê le fuport de l’arbre que de la vigne qu’on y platera,dcfqucls la dillancc fera proportionée félon la qualité du taifm h iij
Comme fault faite les trous à plantet vi-g»«-
70 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;TROISIESME lOVR-NEÏ
amp; du terroir ou il croiftecar qui plantcroit vue vigne fcrtillc en vn terroir maigrc,amp; fterillc, fablonneux,amp; marncux,ou d’autre telle forte, vous ne pafferez fix,ou fept coudées,mais fi cell: en bonne terre,on peult l’eftédre iufques aux neuf, amp;nbsp;dixiefrae, amp;nbsp;fi ce font des gros raifins, à caufe que le cep charge quantité de branchage plus que les autres, de tant plus auflî vous mettrez les plants nouueaux loing les vns des autres.
v i N c E N T.Pourquoy auez vous fait tant de treillages,amp; cnlaçures de fâule autour de voz terres labourées, pour faire courir fur leurs berceaux tantdcbellesvignes,quipcndcnten oas fi bien chargées de beaux rai-fins?
Des treilla i E A N BAPTISTE. Voyant le grand dommage que faifoyent les orages qu on brages à mes champs,i’en fcis öfter tous les gros arbres qui y eftoict à l’é-Ït^rau- tour,amp; en leur place y ait fait mettre des vignes,amp; des plans de Saule qui tour de* lcruiront puis apres pour les fouftcnir:amp; delquels nonfeulemét ay-ic de-champs. fia tiré cefte année trente efeus, amp;nbsp;en tireray dauantage des fagotages, liens, harts, lärmens, iauellcs amp;nbsp;autres chofes que ic vendray ce mois de Feurier ; ains encore m’attens que les vignes qui fefpandent par dclfus fourniront le vin,que fay befoin pour toute ma famille.
v i N c E N T.On ne feibahit pas fimplement,qu’ayant fi grad vignoble cy autour,vous retiriez fi grand proufht de ce fagotage: ains chafeun loüe voftre inuention, voyat tant de branches de vigne chargées de raifins autour de ces cercles par vous dreirez,fans que les bleds,ny autre fruit lèrefi fenrent aucunement endommagez de cefte ombre.
lEAN BAPTIST E.Puis que VOUS parlez d’inucntion,ie vous en veux monftrer vne autre, pour faire tous les ans corne vne garenne de vignes, klquclles de cinq en cinq ans vous faifonneront autit de pieds auec leur racine,comme vous en voudrez amp;nbsp;vendrc,amp; planter.Vous choifirezdôc vn lieu propre amp;nbsp;commode pour ce faitc:où vous ferez Icsfoiresnôplus elloigneesj’vnc de l’autre de huit brallcs,amp;de largeur,amp;profondeur que vous ay dit par cy dcuant,amp; y mettant les mefmes choies, y planterez des meilleures vignes q bô vous femblcra,loing l’vnc de l’autre pour le moins d’vu picd,lcs façonnant tout ainfi que les autres que nous auons difeoutu cy deirus,y mettans les cfchallaffons Iclon le bcloin,afin que le branchage de la vigne y puilïé ramper dclfus,mais fault aduiler qu’ils ne foyent clloi-gnez plus d’vu demy pied d’cnlcmblc. Et comme ces plansanrôt accomplis les trois ans,amp; tels qu’b doit les tirer de terre au mois de Feurier pour auoir du fruit, vous ferez alors deux ou trois prouins de chacun picd,lef-qucls croilfans d’an en an, félon qu’ils fe renforcicont, vouslcs mettrez fouz terre d’vn pied de hauteur fins plus, amp;nbsp;de trois bralles d’cftcnduc,amp; ayans lcs vignes en face laBifc tirât à midy, la première fois les fault tourner vers l’occident, amp;nbsp;les tailler tellement qu’il nepuillc aparoiftre que deux gets fins plus hors de terre,amp; les accommoderez fi gcntimcnt,amp;a-ucc telle mefurc,qu’on puilfc amp;nbsp;les bcfchcr,amp; cfchallalfcr li bien que l’vn bourne donne point empefehement à l’aucrczcc qui fc fera li vous fouter^
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lez vne brade loing du pied de la vignc,lc prouin,lc fecod dcux,amp; le troi-ficfmc trois;de rechef. Le quacriefinc d’vue,le ci 11 quiefmc de deux, le fix-iefmc de crois,amp; le tout allât toufiours de droite ligne. Car pat ce moyen Ivn (arment ne donnera aucun empefehement à l'autre : amp;nul bourde deux neuds, amp;nbsp;boutons paroilTant fur terre, empefehera fou voifin, ains feront clgaUement partis les cfchaUairemcns félon la qualité des vignes, amp;nbsp;farmens. Et f^eftant engeance le plant en plus grand nombre, vous les mettrez fouz terre en plus grand amp;nbsp;double quaiKÎté qu’au parauant, y laiHant neantmoins toufiours des bourgeons,amp; pointcs,qui puillcnt fai-ïe boys l’année cnfuiuant,amp; cflans les cimes,amp; bouts clloigncz de demy pied,onlcspourrahoüerEicilcmcnt, amp;nbsp;lors qu’aurezapuyées les tiges plusgraudes,amp; pieds plus gros,amp; renforcez,afin quclebrâchagc ayeou fc fouftcnir,amp; y grimper,lequel tournera fur le Fcurier fuiuant vers le mi-dyivousbelcherez encor autour des bouts prouignez aucc les pieds, amp;nbsp;le Tout enfon temps amp;nbsp;fai(on.Puis au Fcurier fuiuant, commencerez à def-chaufferlcs plans qui feront vers roccident,lcfqucls ( ayans deux ans ac-Complis)feront tellement accrcus,amp; fortifiez de racine : que les plantant ailleurs, amp;nbsp;leur forniflant toute choie neceflàire, ne faudront de porter fruiétdans deux ans: puis les 0 liant pour planter, ils le monllrcrontplus bcauz que ceux qu’on a plantez cfbarbez quatre ansauparauant. Et les iyant tous oftez de ce licu,vous ne ferez faute de prouigner les quatre ou cinqnouueaux lärmens qui vous y lailftz(commc dit elt)pour pied de vigne: vfans de pareil deuoit aux autres que rcmucrcz,amp; en 0lierez tous les ansenlamelmefacon qu’aurez fait aux premiers. D’autant que fi vous plantez deux cens vignes en vnc perche de terre à la manière ful-dite,cllcs vous rendront(cftans en force)pour le moins tous les ans 1500.plans,qui fuffirontpartout, amp;nbsp;feront commodes amp;nbsp;bonnes à planter par tout,lans que vous pourrez vendre deux Marquets chafcuncplantc,quifont vingt ^ cinq efees de rctc:quc fil y auoit demy arpent de terre,vous en tireriez lt;lcux cens efcus de reuenu.
Esbarbez, fignific cÉ mondis, amp;nbsp;nettoyez de inoullc.
Marquer piece de monnoye
Vcnitiêne,
Aduertifle mens nc-£efl'aires,amp; profitables pour les ri* gn«-
Vincent. Que doit-on faire aux vignes pour auoir du fruiôt,amp;rai-fins en abondance?
Iean BAPTIST E.Entre tous les points dcfquels ie pourroy vous ad-nertir fur ce propos,ic vous en deduyray feulcmét cinq,comme cflans de plus d’eft'ait,amp; importance q tous les autres.Le premier eft que vous bcl-chiez pluficurs fois les vignes auant l’an començans cnFcuricr,lors qu’elles mondrent la bourre, amp;nbsp;l’ouurcnt pour pouirer hors, iufques ou moys d’Octobre quelles faccomplill'cntamp; cclFent decroiftre, amp;nbsp;ferez voftre befoigne au dccroill de la Lune, à caufe que les herbes fe delTcchcnt plus fiacillcmcnt.Qujnd aufecond,fouuienne vous que lors que vous ouurez amp;nbsp;defehauflez la vigne vous ofticz toutes les racines,qui le defeouurét en les hoüant prefque lùr la terrc,cn oftant toute l’herbe qui croift à l’entour finit au fillon,ou és conduits, ou au folTé, amp;nbsp;entre les deux arbres aufqucls font appuyées les vignes.Ticrccmét faut noter de tenir bien nette la tige.
-ocr page 80-Ji nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;TROISIESME lOVRNEE.
Arfoucheinaiftrciredetoutrcgctton croiflantfouz les bras principaux, oufouz Jaliaifbn: amp;nbsp;en öfter route vermine, amp;nbsp;eleargots, amp;nbsp;autre choie quiluypourroitcftreprciudiciabJe, entant que ces animaux (quoy que pcris)ancantilîcnr,amp;fonrlbuucnrperdrc,amp; mourir les vignes.
Le quatriefine précepte eft que vous arrachiez au moys de May tous les reiettons hiperftus qui fe trouuent e's branches, amp;nbsp;bras de la vigne, y laiftànr Iculcmcnt ceux qui lônc amp;nbsp;les plus beaux amp;nbsp;plus neceftaircs pour fcn ayder l’année fuyuante: amp;nbsp;encor pour lcruir de pied , amp;nbsp;dperonaux vigncs,alîn qu’ils le trcuucntplus balles, d’autant que par ce moyen elles en dcuicnncntplus belles,amp; plus aidées à tailler. Ncantmoins eft befoing d’ofter tous les lärmens lettons, amp;nbsp;bourgeons qui n’auronrpoinr porte railîns de l’annéc.-d’autant qu’cftans ftcrilJcs,cc n’eft pas railbn qu’ils tiret à foy l’humeur qui deuroitlèruir à ceux qui ont efte fcrtillcs.
tn lieu de nbsp;nbsp;Le cinquiclmc poind eft, qu’àla En de May vous coupez les bouts Je couper les tousles Carmens qui ont raiCin,aEn que l’humeur qui CeCpand enalongcit eftamwe ^^ branchage,Coit employé à großir,amp;: nourrir le raiCin : outre ce que larva France. deur, Schade ne pourra nuire au frui£k,ainCi qu’il adulent Couucnt,ellc Cd-pandantlurles bouts rcndrelets des branches,ne CatreilcpointàCccoutir, Sc faire croidre le raiim.
V IN cru T. Quel temps edimez-vous edre le meilleur pour tailler 1rs vignes, 1 c prinremps,ou l’Auronnc?
Traité ton ItAN S A P T1 S T E. Vous choirirez,amp;: taillercz(Ci faire fe pculc)les d-chanties^ gijj.^ maigres fur le croilCant delà Lune iufques au quinzicCiuedicede au mequot;d 1« ™°'^ ‘^^ lanuier : mais tant plus elles feront grades, tendres, amp;nbsp;lértilles, faute tail- pbis vous attendrez à les couper fur la queue de ladite Lunerd’autant que 1er, amp;nbsp;en l'experience nous fait voir que celle faifon y edplusprouffitable qu'autre ‘^V^d^^r ^^^^ cefoit:ce que vous pourrez elfayer es autres Lunes.
delà Lune nbsp;nbsp;^^^^^s qui font adifes,Sc plantées Curies codaux, Sc lieux voiCins,fault meilleur à d^^foyent taillées vu peu auant que l’hyuer commence, Sc de telle forte taillervi- quelles ncCoyencpointoffencécsdela BiCe : caries caillant alors aefaak gnes qu’au craindre quelles loudrcut mal,OU Coycm aldjibCcs pour leur plüUicr, fie tre lailon. didiller, ainCi que celles qu’on taille au printemps, amp;: quipluscd, elles Vi ncstail P^’'^^^^ P^^^^ ‘^^ ^'^^^‘^gt;^ ^^^^^^Y ^'‘^rillcur que les autres.
téae^Aa ^quot;f;^^Attendre à les tailler iniques a tant qu’il commence à geler, tonne plus ^hrsdesaudl toll quelles font dcCpouilléesdc leur fucillcs, à caaléque fercilesquc lors leboys ed bien meur.Voire ny au printemps me fine, ou en autre lai-Jes autres. Con,tandis que les vens Croids Coufflcnr,ou qu’il plcud: ains lois Cculemer fec‘pr^re ^^‘^ ^ ^‘■^^l’^^i^'^‘^^^P^^^ gt;nbsp;Coit que le Soleil luiCe, ou que le tempsfoie à tailler^1^ nuageux,d’autant qu’il y ed touCiours aind commode, yigoe, Au relie fault les cailler , auanc qu’elles donnent dgnidance quelconque de ponder hors, ou produire choCe aucune de germe, d’aucant que lors tanc plus les yeux, amp;nbsp;bourgeons auroyenc poulie hors leur bourre,de cane la vigne Peu fenciroir plus inceredee.Le vigneron aura encor cCgard de laidci autant de boys aux vignes gralCes, de humides com-meds
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Abondace tic bois c/l ncceflairc am ccps qui font gf^S, amp;nbsp;gaillards.
meils verront cffrenecellaire pour départir celle fiipcrfluitc qui fc trou-ue eu icelles,cliant cecy le vray moyen de reietter l’elthaufailôn amp;nbsp;bruf-Icurc,laquelle ruine,amp; pourrill le raifin à caufe du trop de grc(îc,amp; nourriture. Ainh, com me ccluy fault beaucoup qui dcfpouiHc ces vignes de branchage,entant que les farmens qui relient font h chargez d’humeur, queceflans de porter fruicl, famulcntà feulement produire rameaux, fucincs,amp; rendrons,ou fléaux pour grimper : Pareillement encor fait fon deuoir celuy, lequel, non feulement y laiffc autant de bois qu’il eft de bc-foin:ains les voyant en grand nombre, aucc les cfchallas à part tous ceux qu’il voit furcreuz plus que de l’ordinaire, amp;nbsp;les eftend en telle longueur qu’il voit effre nectllaire. Et effant bien pratique en celle fcicnce, ofte tout le bois des vignes maigres,lequel,fil y laiiroit,fcroit caufe de la ruine (lctoutelaplantc:amp; mcfmcm.cntfil en tailloir plus que les années precedentes. Ce fera la diferetion au relie du fage vigneron, de ne laiUcr trop chargée de bois celle vigne, amp;nbsp;cep, qui aura plus porrede raifins que de cou/hitnc,y lailfant feulement les lettons,amp; rameaux qu’ils verront effre alfcz félon la force de la plantc.Dauantage eft befoin, que foie bien aduifé àfaçonner, acouffrer, amp;nbsp;nettoyer les vignes nouuellcs, aucc autre confi-derario que les vitilk’s:car tout ainfi que celles qui ont porté fruicl défia pkifieurs années , pcuuent ordinairement mieux fupporter la charge de plus de branchage l’an fuyuant leur portée : au contraire il en fault laillcr pénaux vignes nouuclles la première année de leur fruiél, les laifsât croi-Hre par faifon,iniques à ce qu’elles foycnt alfcz fortes.Dauantage trou liât quelque vigne fi vieille, Sefleffrie qu’l 11c fcmblepreffcàfc rendre’, amp;nbsp;à mourir,fl elle eft de bon plant,ic fuis d’opinion que la rcnouuclliez, mettant cpiclqucproucin foubs terre qui foit à propos pour ellcrou en defaut deeela, ne craignez de luy donner deux, ou trois taillades au plus beau lieu du cep, amp;nbsp;tige,afin que là forte quelque farment qui foit bon à prô-ticigner,amp; reparer en peu de temps,amp; fans frais (à mere vigne.
Faultcs
Vous imiterez pareillement les experts amp;nbsp;fages laboureurs,amp;vigncrbns, Icfquels en taillant la vigne oftent les lettons, amp;nbsp;boisfuperflu amp;nbsp;inutile, qu’on corn quicroiffent deirous,ou près des bons,amp; vtilcs,amp; Icfquels ilscognoilîcnt mieten tail aptes à produire du fruiél en abondance : amp;nbsp;au contraire ne fuyucz point latracc d’vn nombre infiny d’autres, qui gaffent, amp;nbsp;ruinent les vignes mifcrablcs en y lailfant tant de farmens lans prouffit, amp;nbsp;mal à propos, amp;nbsp;en oftent ceux qui deuroient y effre,amp; ne full ce qu’à feruir d’elperon, amp;nbsp;garant en default des bons.
Cofidera-tion fur les ccps portas plusque de l'ordinaire
lantles vi-
Sans encor que fouirent alli^hcz du plaifir de quelque beau branchage lailPcront vn bras de la vigne partant d’vn lieu à autre, quicaufe que les plus des fois ils (ont priuez dufruidfà tout le moins pour vnan,ou que la pauurc plante le fentant de celle charge,va de iour à autre en empirant.
A ccftecaufeicfuisd’adiiis qu’on face les cfperons de la vigne au bas, afin quelle ne courre tiop,amp;nc lailPcr en iccux q deux nœuds,de ycux,ou boutons à chafcun.Et véritablement fi les affligées vignes pouuoient dire i
Elperons en lavignc font de (au mens qu’o laifle pour faire bois.
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vncparticdes torts,amp;iniures qu’on leur fait, amp;nbsp;trouiioyent Jcsiugesc-quirables,qui vouluflcnt leur faire iullicc, ic m’ailcurc que les galères fc-roient fournies deplufieurs centaines de vilains, qui ignorent l’art de bié traiter la vigne.Chaftimcnt,fàns mentir, digne de tulle gens, Iclqucls ne Içachans vne choie,encore refuient ils de l’aprcndrc, amp;nbsp;m oins veulétrc-cognoidreleurs fautes.
Îl entend la feigneu-rie des Ma
Vincent. C’ed üns doute,que iînoz illuil:rcîamp;magniüques iti-gneûrs imitoient les anciens Cenieursde Rome , iurreigaiddes terres mal cultmccs : il n’y a langue quipcult exprimer jamais larichcdc delears ÇniÂqaes fabicts , auec le grand auancement amp;nbsp;prouific de leur feigneuric. « Vernie, ^^j^ d’autant que ic crains de ne iamais voir cede police, icfouhaite que vousmepourfuyuiezadiicourir^cc qui redeà dire furie proposdu vignoble.
fauk quot;tad I^AN BAPTISTE. Quand au moyen de tailler la vigne, vous la de-lcr les vi- (cendrez de délias l’arbre, lois que le temps cd humide, ou qu’il plcud, gnesésco- d’autant que lors elle ne ic romptpoint, ce qu’elle fait lile temps eâfcc, naux. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ou trop charge de halle. Et loyez tort ibigneux d’auoir touliours des taH-
lans , Si fetpes qui coupent bien, amp;nbsp;ayentle fer bien cünoulu, amp;nbsp;fubtil, car par ce moyé, vous couperez toute choie fans peine,ny difficulté quelconque. Aurez Ibuaenancc que taillant le bois vous le coupiez tczàit^ de laiambe,amp;pied pcincmal,rans y laiffier bout aucun,ainfi qucfontpla-£eurs ignoraas : aulli ne fault Î’elbahir li cesvignes Ibnt foimcnt gagées parla vermine qui y entre ; amp;nbsp;d tels vignerons iont efUmezgahns^en Allant des bouts es vignes quiCeruent fculcmcntày pendre desdaCcons ôc bouteilles.
ViNCENT.Ie vondroyfçaaoirencore,comme,amp;parqaclmoyenon pculr enter les vignes ficriUes, ou vieilles, ou celles qui ne portent guère bon fruit.
rnueffa Gaamp;ca, amp;: fejjêlo, ECpeces d'outils à percer.
Qu’ed-ce
lÉAN B A r T t s T r. De tout tant de fortes que les auteurs anciens en ïacomptent,ie n en trcuue de plus louee,ou meilleure que celle que nous ^PP^£bs T'r/rfeâaGitamp;eii,tariere,ou celle que nous nommons-F^/o,le foret.
V i N c E n T. Ven ay veufouaentà Fezzolo,en coupantlatigeau liea oà elle edplus belle,ncttc amp;nbsp;ronde amp;: lafendans toutainfi qu’on en vfc aux arbres rruiâiers, amp;nbsp;y mettant deux grcffes félon la proportion du pied de la vigne.Mais iaçoit que i’aye leu Columcllc, qui parle de cede Triuelle Galliquc,fi cd-cc que iamais ien’aypea entendre la forme d’icelle.
Iean b APT 1ST E.Ccd indruméted tout ain ft fait qu’vne tariere ou qjc Triad ^°’^^^gt;^^^‘^ ^’i^i^^cls on fait le trou du bondon aux muids pour y mettre le leàfçaaoir ^^^quot;^ dcdâs,ôc lequel coupe fans fairelimeurc,Sc ed deparciHegroircür,amp;: va: tariere proportiôné tout ainfi qu’on veut que fait le pcrtuis,amp;ouuertureàinct-ou foret. nbsp;nbsp;tre le greffe,Sc fyon qu’on veut enter.Sans couper donc le pied,ou tige de
la vigne,vous la percerez feulement auec vu foret accoullumc en vnlicü rond,poly,litîé amp;: nct,}a tranfperçantiufques à la moüclle, puis agraditez le trou auec la tariere,lequel fault cni:orqac demeure bien net : puispre-nans vn grede rond,beau Sc vn peu plus grand que le trou,le couperez ou
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il fera plus groflet l’arrondiflànt en longucur,tant que facilement il puifle entrer,mais luilemcnt dans le trou apreftépour edt cffcT,le coupans net' tement, amp;nbsp;de telle force qu’on n’y voy c que deux nœuds le pouflans, amp;nbsp;battans auec quelque bois, ou marteau dans fon trou iufques à tant qu’il foie h bien planté,à ficbé,qu’on ne voyc rien de ce qui y a efté aiguilé, amp;nbsp;fault faire cecy dés le mois de Mars iniques à la my Auril,mais ce pendant fault toufiours prédre cfgard,amp; au temps qu’il fait,amp; àl’afl'iette des lieux, ou vous voulez enter la vigne. Bieneft vray que ien’ay pas eu pareil effet en mes vignes que ccftui-cy, iaçoit que les farmens y foy ent venuz grids d’vn bon pied, amp;nbsp;demy,àcaiifc que l’humeur des eaux a abondé de telle forte es trouz de la tariere,qu’à la fin ils y font dell'cchcz,amp; morts: néant-moins tiens-ie pour tout alleurc que cela proufEteroit es lieux haults, amp;nbsp;vignobles qui font fur les coftaux,amp; collines pour eftre fees, amp;nbsp;fans trop d’humi(litc,au contraire de noz chips qui font humides: ou pour y pour-noir qui taillcroit la vigne, vn peu par dcllouz le lieu de l’enté, afin que c5me ion l’hunieutf'efcoulaft par ceftctailleure,amp; non par le trou du greffe. Mais ente la vi-ie veux vous dire vn fecret infaillible, lequel, outre que ne trouuerez en g“® 1°“’^ auteur quelconquc,eft encor iufques à prefent cogneu,amp;pratiqué de peu
de perfonnes.Vous prendrez donc vn Urinent des plus beaux,amp;longs amp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;•. ^ j
plus bas, qui foyent au bas du pied de la vigne, amp;nbsp;lequel fans tfmonder .zn Couperez au bout, ou il ch rond amp;nbsp;groflet, amp;nbsp;le laiflerez fi long qu’il ayt eftantà terre amp;nbsp;fouzicelleà tout le moinsvndemy pied teefluy vous le ' ') ‘■'‘‘* fendrez par le milieu le long d’enuirondemy doigt en aiguifant, amp;nbsp;poin- ' nbsp;nbsp;.
tant vn peu le bout, puis prendrez celuy que voudrez enteren celle fente lequel ayc pied amp;nbsp;demy de longueur, amp;nbsp;de pareille grandeur amp;nbsp;grofleur que celuy qui eft plante, amp;nbsp;l’aplaniflant en long félon la longueur de la fente, le coignerez dedans fi bien qu’on ne voye point d’ouuerture, ains feulement l’efcorce des deux farmens. Puis prédrez vn petit toupillou de blaffe ou vn linge fendu comme pour faire vn bandeau amp;nbsp;en lierez l’ente, amp;nbsp;en couurirez tout ce qui a elle fendu, chargeant de bouc les deux bois éufcmblc:puis mettrez cefte liailon de farmens au fonds de la folfe ou eft plantée la mere vigne, ayant ladite folle pied de demy de large, amp;nbsp;autant de longamp; profond,amp; ce au cofté,amp; efeart de la vigne, félon q le pourrez faite comodément,félon l’alignement des autres ccps,amp;tellement qu’on y puifle befeher à l’entour. Et ayant vny, amp;nbsp;efgallé ledit folfe auec le terroir plus gras,vous couperez Vente, ne luy laiflant q deux nœuds amp;nbsp;yeux pour poufler. Vtay eft qu’il fcmblcroit meilleur qu’en lieu de fendre,amp; a-planir lefdits farmens, pour enter l’vn en l’autre, qu’on les fendift tous les deux par le milieu de la logucur d’vn doigt, les taillant à trauers iufques à la mouelle feulement d’vn cofté:amp; oftéc celle moytie coupée de chafeun, les accouplercz,amp;licrez cnfcmblc comme dit eft:d’autât qu’ils demeurc-tont mieux vnis en cefte façon qu’en la prcmicrc,Toutesfois vous côfcil-lay-ic qu’ayant fait cecy,allât qu’arracher le vieux ccp,amp; fouche, vous at-Uiidicz a tout le moins quatre ans,afin que l’ente fe renforce,de deuicnne
il)
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TROISIESME lOVRNBE
puiïÎjnfcJaqucJlc tirerez dede/Touz terre deux ans apresrent?ure,amp;la vieille coutenfeinbleJalajiîantiiifqiicsàce queletcps venu vous l’oile-rez,amp; arracherez du tout. Et ceftui- cy cil le vray moyé d’enter toute forte de vigne,entant qu’il ne fy fait aucune perte de fruit, amp;encor l’ente dénient pi us beliefeccuat huincnr,amp;forcc du pied a/fouré de la vigne vieil-Je.Cc qui n’aduientpoint à celles qu’on ente par le moyen du forer,amp; tariere, à caufe q celles cy font de peu de durée pour élire miles das le vieux tronc,Icqucl continuellement va fe gallar,amp; altérant pour rhumeur,qui abonde toulîours es tendres amp;nbsp;délicates entes,de greffes,lelquclles ClOlC-fontde telle forte qu’elles engroffiffenrplus que le cep, amp;nbsp;troc principal, fins que le plus fouuft elles tombent à bas,ou font érellccs dés la première année, tant par les venrs,quep3rlcs belles, ou autres melàuenruresqui aduiennent ordinairement, là où les dernières entées comme i’ay dit,peu foaucnr,ou iamais tombent en ces djngcrs,ou accclfoircs, pour câremi-fcsloaz terre,non cxpoléesaax Cafdiccs incommodizez,
VINCENT. Quoy que m’ayez déclaré vn Ci gentil Ceczet, linefais-ie pas encor ütisfait,3ms délirefçauoir les moyens d’engrcUcr les vi‘:rncs,amp; plants qui font maigres.
Diuerta- ^^AN BAPTISTE. On les cngrdre,amp;: amende prcmicrementaucc mademés du filmier leplus vieil qu’on pcultchoilîr, mais faultle mettre loingda amp;nbsp;breiles pied de la vigne. Se des racines au moins d vn demy pied, car fil en elloic ouô peuk plus pzes,illear nuirait pat trop aaecfa chalenr.Et pouty faire moinsde oaei aux ^^jj-j y font Fort bonnes amp;nbsp;proprcs,ics grains, amp;■ grapes du riüamp;tpreßees
Se dcffechées,le tan des noix,les nettoycures de la feméce du Un, 1^ figure des arbres, Scies cendres qu’on tire des foutnaifes. Encore y cil bonncla poullicrc recueillie en Eâé par les rues, de chemins, la terre (comme i’ay de fia dit^orelleaprcs la façon du falpctre,la gtelfe des Cloaques,cf^oats. Se prinez,le den gardé des cheuaiix,poarl’ymettre en Autonne, comme auni lorsil leur fault donner tout l’amandcmét, ains que combler Se vnit les folles. N’ellinutilelapoudrc desprcz qu’on aura bradez, ny celle des laines batuës,nyla chaux menue meflée aaec du vieil Eens. Y ed bon fu-corclcbourdu foaerrelebled edant batu, mais bien pourry, duquel ie vous ayfaitfigrâd comptecy deffus:Sela dente (maislortdedtye Secot-rompué}dcspoules, pigeons. Si animaux femblables. Îlt;!efontàreieuet les rctailleures descoudariczs, pelletiers, amp;nbsp;fauctiets, ny la limeuredes coracs.Maislçachez, que tell es grailles Se amandemens deutoient edre pludod donnez aux vignes nouucllcs qu’aux autres, afin quepladod elles feident Se produidlfent desraidns, amp;nbsp;vinée: d’autant que les grandes font mieux entretenais en les bien caltiuant,Se befehant, entant qu’ainfi les goauernant elles portent de meilleur vin,Sefe maintiennent plus lon-gaement,Se belles,Se gaillardes.
v i N c E ti T. Quels arbres font le'micux à propos, Se les meillears,pout edre plantez près les vignes,pourleurfcraird’apayàlcarbcfoin.
iE AN baptist E.Suyaant ce qui facoudame en noz carriers,!! n’y a
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DE L’AGRICVI.S'VRB.
arbre fi prouffitablc pour ccft effet que/’o/«,àcaufe qui! dure plus long téps,à la teille plus menue,amp;les racines moindres q les autres. Il cft vray ^u és lieux inótagncuxjamp; pierreux,glcreux,fccs,amp; fort maigres,nelèroit rjuc biéfait d’y planter des freies,d autat qu ils y vicnnét bien,amp; y croif-fcntplus beaux que les Opics. Lelquels freines, quoy que ne Ibyent de 11 lôgucclurée,amp; qu’ils craiguée fort le froid lors qu’aulîi gclenc les vignes, ficit-cc qu’il font à prifer entant q les ferpens n’aproclicrôt iamais vn lieu ou feftéd leur ombrage.Et nô feulemct ont ils ce bencficc,amp; priuilege de nature,ains encor pour mieux brider cefte verminc,ils floriffent,ains que les ferpens fortét de leur taniere:amp; ne le dclpouillcnt de leur feillage,quc celle vilénie ne fc rcmctte,amp; rétre en Ion logis fouterrain.ie laiffe les me-rifiers, defquek on ne l’aide point corne de coullumc, amp;nbsp;moins fuis-ie de aduis qu’on vfc en cecy des ormeaux, tant pource qu’ils croiffent en trop cxcefliuc grandeur, qu’auffi ils font trop de pied, amp;nbsp;racine laquelle nuit à la vigne,amp;galle le terroir: amp;aiitât en peut on dire des noyers,voire ne me plaiient les Saules, à caufe q les vignes fur iceux appuyées n’aportent que oie peu de fruit,amp; le vin qui en fort cil foible,amp; fans aucune force: amp;nbsp;ain-fiqui en vcult planter que ce foit en berccau,ainf que dit cft cy deffus?
VINCENT. Quçls plâs fôt les meilleurs pour porter raifins abodammét. JEAN BAPTISTE. le ttouuc boii qu’on plante ceux qui produifent brailîn amoncelle,noir,amp; mollct,car de tels en fortirade bon fruit amp;nbsp;du
Arbres ^p-pres pour eftre près les vignes à les lou,-frenir.
Opo en Italien, cft vn arbre qui cioift en l’Italie,peu brancha amp;nbsp;onibta-
L’ombre des FreC-nes nuifi-ble aux fet pensilt;
plus excellent, qui auflî fera accompagné de toute autre forte de railîns noirs, amp;nbsp;blancs. Bien cft vray que tel fruit cft plus dclicat au manger, amp;nbsp;fait meilleur vin,mais non en fi grande abondance,amp; font ces railins facilement offcnccz,amp; endommagez par le mauuais tcmps,amp; de l’ardeur du folcil. Les railins gros,amp; longs,qui font noirs font affez bons, à caufe que ils ne faillcnr guère à produire fruit: mais les fault accompagner de quelque bon raifin blanc,amp; du noir fufdit à grain amoncellé, car autrement il tieferoit vin qui vaufift,foit en couleur,force,n’y laucur dclicicufe, eftant nidc, amp;nbsp;trop coulouré, fi encore les gros raifins noirs amp;nbsp;pruncUats font prouffitablcs a planrcr,à caufe qu’ils abondcnt,amp; font quantité de vin,lc-qucl toutesfois cft petit,amp; fumeux,mais le fault amender le méfiant aucc le noir au petit grain : d’autant que tel vin fc conferue fort longuement,!! Vous cueillez lefdits raifins durât le decours,amp; plain midy lors que le Soleil cft en fa plus grande forcc,amp;ardcur amp;nbsp;cueillir le fruit non trop incur: ce qu’on pcult faire à pluficurs autres fortes de vignoble. le lotie encor les raifins qui ont la grape longue,amp;les grains gros,amp; clair femez, mais levin en cft bon,amp;gentil, amp;nbsp;plaÜànt à boire, mais cft chargé de couleur, toutesfois le peut on accommoder à tout autre pour luy öfter cccy,pour-uea que l’autre n’ay e mauuais gouft, cft proufhtablc en outre de planter 11 vigne nommée Voltolinc, d’autant qu’auccce quelcraifiny vient en îbondance,amp; que le vin en cft bon, amp;nbsp;loué de chacun: on le peult boire, amp;nbsp;fcul,amp; méfié auec d’autre.Or apelle Ion ce plant Voltolin, ou remuât, icaufcquelc vin qui en fort fc peult remuer pluficursfois l’année fil fc
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gifle, VU qu’vu iour ou deux il rcuient en ion entier, amp;nbsp;dure puis après Jongiiemenr,amp; plus que tour autre.Mais entre toutes cesiortes de radins il n’en y a point de meilleur queJepetit radin noir Veronois,lcqaclno» Ïèulcmcnt croiA en quantité, mais fait Je vin bon amp;nbsp;ûuoureux, amp;nbsp;lequel 11 eft guère chargé de couleur. Apres ce le farment, amp;nbsp;troncdcla vignee-ftant de peu de mouelle,il n’eft guère {met tjy à la gelée, bruines, frimats, halle, ny chaleur trop vehemente: ioint que les fellies cheantains que le railm fait meur,allez long tcnips,lc Soleil fait meurir le fruirauccplus de facilité: tellement qucc'eft vn plaißrdc voir ccsgrapesgrandes, noires, Si en beaunombre pendre en l'arbre ain/îdelpotiillcdcfcillagc. lepouc-roy vous nommerpluheurs fortes encor de rai/îns,qui ne fontguerc bos, ou plailans à manger,mais vousayantdilcouru des meilleurs,nous parlerons des vignes blâchcs,quiportcntalfcz de fruit, amp;lc vin dcfquellesn’ell. pas du pire.
vi N c E NT.Cc faifant,vous me ferez chofe agréable.
JEAN BAPTISTE, le fuis d’opinion qu'on plante des plans,amp;vilt;rncs blanches qui font le grain gros,Scia grapegrandc,à eau fe qu’ils iettent du vin fuffiùmmcnt,mais qui cA fort, amp;nbsp;fumeux, mefmementes lieux ouïe terroir y eA arroufc:amp;pourccilvaultmicuxyincAcr de ceux quifont foiblcs,amp;:non fi chargez de couleur.Bicn cA vrayque fi ces plans font des meilleurs, amp;nbsp;plantez lût descoAaux, Se ou le terroir ne Ibit gras,ny trop humide, le vin en léraplus délicat de tant que plus la vigne fera bien touchée du Soleil,ainfi qu’on le voir icy par experience. Pes gros rai fins blancs cncor,quimcHrillcnrplullo/l que les autres,font bons aeftre gardez pour le plant pour la commodité du meurir de l’abondance du fruit, Se du vin qui en eA excellent. Là où celles quicardcntàmeurir,oatle grain gros, Se la grape longue,Se levin plus blanc que les autres, mais qui n’eA en fapcrfcâ:ionqu’cAanthiucrné,Sefurlcecmpsdes grandes chaleurs,Se cA meilleur 11 on le garde plus d’vue année. Et ayant parlé des raifins blancs les plus ptouhcablcs, icnepallcray outre fur la diueciltédcs autres.
v IN cEttT. Puis q vous auez parlé des vignes qu’on plante aux chaps, ic fuis en attente que me difeouriez de celles qu’on mer esiardinspour en manger le fruit,pour les lcchcr,Se en faire de bonne boUfon.
i E A N BAPTIST E.Sut tout le loUe les Vernaccics, d’autat que tel rai-An cA trefbon en verius^Se cAant iccbé,puis on en fait vn breuuagefde-licat,quela MaluoUic, ou autre boilfon fanoureufe par nous cogneuëne remporce,'ou furpalle de guère en bôté. Biê eA vr.ay qu’eu ce pais ce finit demande d eArc planté fur les collines, ainh qu’on voit principalement à Cellâtique,Sc Limâ.Apres on plate des Muleats blacs, à caufe qu’ilslont bos Sc délicats à mâger,Sê a faire le vin de rat plus, meilleur amp;nbsp;Amoureux, commeie raifineA attaint du Sulcil,ou adis,Si pôle fon planten bonlieu amp;: terroir fur vn coAau. Neàcmoinsles Muleats noii s font les meilleurs à mâger,maisienc crains que le vin n’en foich bô qm des blancs.Les Aluf
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cadets primerains doiuent encor eftre plantez, à caufe qu’ils font meurs aux mois de Iuillct,amp; pluftoft félon que le temps,amp; faifons fc feront com portez. Sont fcmblablementtrefdouces, amp;nbsp;plaifantes au gouft les Mal-uoifiesblanches,mais leur vin eft different de celuy de Candie: amp;nbsp;pource nous n’en plantons guère,fi ce n’eft aux iardins.Eft requis encor plater les nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j^jß^
taifins Brumefies noirs, quoy qu ils tardent à meurir , toutesfois les fait-il gfumeßet beaux voir,à caufe qu’ils ont belle grape,Scies grains bien fournis,durs,amp; ont le graï bons à manger par l’cfpacc de pluficurs mois. Mais les blancs de cefte for- gros, dur,_ te qui croiflent és lieux haults,amp; cxpofcz au Soleil, font plus à loücr pour tardif a leur plus grande dclicateire,amp;'qu’ils fe conferuent plus longuemcnt.Mais entre tant de fortes de raifins que i’ay mis en allât, n’en y a pas vu qui me
mearir.
rite d’eftre cfgallc à ccluy quon nóme Marine noire,eftant délicat an mager,amp; qui meurift fort toft,amp; facilement. Ce raifm outre qu’il eft fin guller pour n auoir point aucun pépin en fon grain,amp; que mange crud,il ne fait dommage quelconque,encor eft oclroyé aux malades, amp;nbsp;n’a fon pareil en bonté,cftant léché,amp; mangé en fa failon,amp; eft non feulement propre àfaire aller aux affaires,amp;amollir le ventrc,amp; remettre l’eftomach en
Marine noir raifin fans pépin en fon graî
lon dcuoir,5c donner apetit aux degouftez, ains fort délicat en tartres, amp;nbsp;gaftcaux,amp; autres telles,amp; femblablcs mignardifes : aulTi bien qu’on f en fert és fauces pour les poilfons,gibier,Sc autre forte de chair. Après ce rai-f® à vue façon toute propre pour loy, amp;nbsp;luy faut façonner la tige d’vue autre forte que les autres vignes ; car comme les autres fc tiennent balles quand on les taillc,autrcmcnt elles f en iroient à neât:ccfte-cy au côtraire ne potteroit ftuiél en abondance, fi tquslésons ne couroit à fon aile. Et Ïiourceic loue plus les vignerons qui font courir ces vignes le long de curs cours,ou autour amp;nbsp;enuiron de leurs maifons,ou les font ramper fur les arbrcs,que ceux qui les eftendent en des trcicllcs,Sc berceaux.
Ceraifin à bien parler ell raifin qu’5 dit de Corinthe.
V IN c E N T. le m’elbahis de pluficurs, lefqucls ayans quantité de tel Ituift^uc fe foucient d’en faire fechet àliurcs pour fen feruir en leurs mai-fons félon que nous auons de couftumc:amp; de forte que le mangeas crud, ils defpendent puis après beaucoup à fe fournir de ccluy qu’on porte de Leuant,quin’eft point fi lauourcux au gouft és chofes qu’on cuit, amp;nbsp;dc-licatcffcs des faulces, bien que foit plus délicat que le noftrcàlcmanger toutfeul. (
IE A N E A r T i s T E.11 me plaift,quc vous cognoiffîcz la faineantife de pklficurs, amp;nbsp;mefme de ceux qui fc trouuent aux champs, qui fc pouuans prcualoirdepluficurschoies fans frais quelconque, le lailfent pluftoft gafterfansproufftt,qu’enióuyr,amp; en honorer leur maifon en la compagnie de leurs amis.
V IN c E N T.Tandis qu’il me fonuient ic vous prie me dire,fil eft bon de planter,ou enter les vignes,amp; autres arbres fruiéfiers l’année du Biffexte: attendu que pluficurs eftiment que plantées en telle année elles ne fçau-roient durer plus hault que d’vu an, ou deux. Sont encor en opinion que durant l’an Billcxte pluficurs femmes auortent, amp;nbsp;les belles ne deliurent
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TROISIISME lOVRNEB
d’aucu^s*° ^^^”^ engeance fans peril, amp;nbsp;que les œufs des poules,ny autres oyfeaux ne trop eu- viennentàprouffitoupcrfeélion quelconque: voire y a il des hommes 1» rieux. fuperftiticux,qui tiennent l’an du Biflextepour mal-cncontreux, amp;nbsp;fin-fortune, que non iculcmcntnc voudroyent cipoufer femme pour riche, amp;nbsp;belle amp;nbsp;bien aprile quelle fuit (tandis que du regains encor refulèroicnf d’acheter alors quelque poireUjon, amp;nbsp;moins fc nrerrroienten chemin pour faire quelque long voyagc,à hllonncr les ondes de la mer, commé-De fan de ‘'‘^’' hallimcns,ou autre entreprilè, amp;nbsp;louable amp;nbsp;nece/làirc : fa/ltmans de BiiTexte, nbsp;nbsp;quelque malheur h alors il en faifoyent, ou ctFcd:uoyent que Iqu’vnc de
voy Ma- CCS cho/cs,
5a°urnaf*s ^^quot;^^ BAPTIST E.C’ed An n’ed point appelle Bidexfc pour procéder des influéees cclcftcs,ains lculemcnr,par l’opiniô amp;nbsp;ordónance des hom-mestainfi qu’onlif,qucncplailàntà lulcCclârceque NumePompilea-uoitordonc/ûrlarai/bndudepartemétdes moys (ia.çoitqu’iccluyfy fuc plus ßgementporre que RomuleJayantpris l’aduis de plu/icurs lauans rinTuB^C P^'^^^''“}^ë^^ luy plcnû:d’cdablii: l’An de ^6f.ioürs,ainhqu’ôa toufioats Cate ainfi (gt;i^(lt;^’^'^t^-^^i^ voiar qu’il y auoit tous les ans hx heures de plus, voulat que nommé. nbsp;nbsp;‘^^ quatre en quatre ans on ajoutait vn jour au nóbrc,lcqucl f’appcUecoil
BiHcxtc^ cualc qu’en telle année on copte deux fois,amp;dcux iours de faite le hxic/mc des Calendes de Mars,i fçauoir le 14. amp;nbsp;2y:dc Feaiicrlc tempi de l’xn inrcrcalairc,cómeil fobfetac à Rometain/î que qui dirait fi Pierre durant le BUfexte eiloit mort le 24.dudir mois,amp;- lean le zyü eil-ceql’vn amp;nbsp;l’autre feraient dits edre decedez le ûxie fine des Calédes. Et heritable' met qui n aurait gardé ccd ordre,an eud veu tous les cent ans lydours de furcroid en l’année: Âc ainfi comme ainfi lait que la fede de Nod adulent touhoinsen Hyucr,dans 70o.ans elle viédroir durât les grandes chaleurs del’edé, amp;nbsp;à dire le vray cede façô de faire Sc fiipputcr les années, furrnd-te toute la manière de laquelle nfoyentiadis les Grecs,Caldées,Eoipiicas, amp;:autres nations,lefqucllcs reiglercnt leurs ans diuerfemcr,amp;: à leurfane tafic ainfi que recitent Herodotc,Scruic,Plutarque,Macrobc,Suetone,lt;!l£ pludcurs autres bons auteurs. Ainfion peut conclure que le Büfexte ne porte aucune incommodité en foy,qui empefehe déplanter, oa entcc,ny de faire chafe quelconque qui foit nccclfaire.
ViNCEUT. Pats que i’ay mon cœureclercy touchant le Bidexte, vous me ferez plaifir,me difcourant de ce qu’on doit garder amp;nbsp;ob ferner à ven-denger les vignes : amp;nbsp;fur tout lequel vaut mieux de les cueillir bien meu-’ res,ouaigrettcs,ou médiocrement.
Iean BAPTISTE. Pout Ic prefentiene içauroy vouscoplaiceen ce-^y y ^ caufe qa il me faut aller en des affaires qui me (ont d’importance: mais reuenant demain à l’heure accoudamée,nous parlerons, Ce de cecy, amp;nbsp;d autrescboics,ainûqueiem.c verray enquisde vous.
Vincent. le meraparce à vous, de fuis predafaire tout ainfi qu’il roasplaira en ordonner.
^flN DE LA TRO ISIESME lOVRNEf.
QVATRIESME
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DE L’AGRICVLTVRE DE
M. AVGVSTIN GALL O,
’TOKCHANT L£S rsND ANGES, ET
façons A FAIRE LE VIN, AVEC
Vautres obferuations à ce apartenantes.
0 M M E l’Aiiogadre eu ft fait copagnic au feignenr ^Vincent parrelpace prefqued’vnmille, amp;nbsp;eftant inuité à dilner pour lendemain, le Magic ne faillift ,àPy trouucr,amp; ayans finy leur repas, le retirèrent à lE l’ôbrc en vn lieu touffu, çouuert, amp;nbsp;agréable pour .^ fafraifchcur,pouryouïrlcdoux amp;plailant murmure , amp;nbsp;bourdonnement de l’eau qui couroit du cofté de Tramontane, on de Septentrion, le long du i ardin, où f’eftans faits porter des fieges, amp;nbsp;affis que furent, Vincent comin ença de parler en celle forte. 11 me fouuient, feigneur Baptillc, qu’hier ic vous dis, que ce me feroit chofe agréable, fil vous plaifoit me difeourir ce qu’il fault faire pour la cueillie des railins, amp;nbsp;façon des ven-•^^quot;gestde pource fattens à prefent que vous m’en dcclariezpar ordre, au ®oins ce qui y cil le plus necclfairc.
Traité fut le nioicn que fault tenir à ven danger.
Han BAPTIST E. Pour fatisfaire à celle vollrerequcllc :ic vousad-peut à faire le meilleur vin qu’il luy ell polfible.Et par ainlî ne fait faute de Vcndâgcrlc raifin eftant meur mediocremet: car l’il le coupoit encor ver-^lt;-'let,amp; aigre,il feroit des vins gingucts,amp; verds fans grace ny bon goull: amp;nbsp;eftant trop meur,lc vin aulfi feroit mat,amp; fans faneur,amp; qu’à gràd peine on pourroitconferuer long temps.
Dauantage metfoing,dc ne point vendanger, non feulement durant ^nilplcull (l’il ell en fa puilfanccdeccfairc) voire ny lors quelc raifin eft chargé de roufée : ains doit attendre qu’elle foit abbatuc, amp;nbsp;que l’air foit Puiftoll chault que froid , d’autant que le vin en ell meilleur, amp;nbsp;de plus longue durée. Ainfi qu’en aduint en celle heureufe année de l’an 1540. Oùlc temps des vendanges fcllans palfé fans pluye iufquesàla Sainél Martin , l’anfoifonna tellement en bons froumems, amp;nbsp;dclicatclfc de k
Pluye dan-gereulc durant la vtndangc.
L’an ij'40. fort fcttiJ.
«I
Q^ATRieSMI ÏOVRNEE
vins , que de noftrc aagc on na vcu vnc pareille abondance. Sifaire fe peut cncor,ic tronucray bon quon nc védangeaft point qu’âpres le i8. Comme ouao.iourdcla Lune, àcaiifcquclcsvinsciideuicnncnt plus pui/Iàns, faut ^^°*' amp;nbsp;font de meilleure garde que fi le raifin eft cueilly au croi/îànt.Faiit au/ïï pour ^faire *î^^ ^^ diligentmefiiagcricparefen vcndangcant)aucc toute curiofite, les de bon vin/^*^’’^^““^o‘^®’^“™^^^^2:,grcfiez,bruficz,amp; ch an fis d’aueeles bons,(ans y laifièr parmy fueillc,paillc,ny feftu quclcôquc,ains eft befoin que les ti-ncs,cu,ues,amp; vaiflêaux,où le vin doit bouillir Coicz bien ncts,amp;' fins qu’on y laific ordure quelconque,car défaillant le vigneron en cccy,aiicincntles vins pourroiérfcga/lerjamp;corrÔprc.Pour faire encor le vin parfait,amp; délicieux,faut eboi/ir le raifin gentil du grofficr,amp; cómun,Jcs blâc,dcsnoirs nc méfiant plus de deux Ibrtcs de raifins menuz amp;gctils enlcmblc, corne qui mettroit ccluy qui eftiàuoureuxauee vn doux,amp;le blac qui cil puif fanr,aucc ccluy qui cil foiblc,amp; charge de coulcur;amp;- ayât fait chois,mcr-Lerai/in t« les gros raifins amp;nbsp;comuns à part pour faire la boifibn de la famille, ou entarte en gens de bafic qualité,qui arriucronr en fa maifon. En vedangeant encozle terre ertpu melnager oblcrue cecy qu’il laific en rerrepour le mois deuxon trosiours 5oieif ^^^' ’ l’air,amp; à dclcouucrrlcs raifins choiCis en ras,d’aHt3nt qu’ils en deuiénent meillcars(pouïaca qu’il ny plcuue defiusicnranr que, amp;nbsp;le folcilSi la tou-fee les zfRnenz, Sepuzilient, amp;nbsp;l^zczzec^iii lent ofie toute zmaziiilihii-mcur:puis les laiffenonplus hault de deuxiours d^ns la. caue,ains que les fouler,afin que le vin croifTe en force amp;nbsp;bonté,efiant le raifin ainft cfpuré. 'Vîncrnr. Maintenir que fay entendu ces aduertifremens,i’ams encor d’ouir voflre opinion,cntat que touche le bouillir du vin en la cuiic.
Jncomodi- h^j., BAPTISTE. C’efl la queflion la plus difficile à vuider qu’autre uicnncnt ^’’.5’”pmilepropoler a vn bon meffiager,amp;: expert vigneronid autarqae en Jairtànt '^'^^t vue telle,amp;. fi grande diucrfité de raifins,despais amp;: terroirs lefqucls taaei: Ion- font plus que différés en remperarure,du froid,chauld,amp;: autres quaiitez, guement il cflimpoffible de donner en cecy vnaduis qui foit general à toutes con-«“• nbsp;nbsp;nbsp;trées.Er ainfi ne fault rrouucr efirange les dinerfes façons en cecy de chaf-
cune Prouince,l vnele faifant en vne forte,rautre en vnc aurrc,voirechaf cù en parriculiera des dinerfirez à faire fon vin,à fapoflc,amp;: fantafie. Ain-f quemeCme on voir en ce village, que plu fieurs font bouillir leurs vins ^ingt Si trete iours,la où,amp;irtoy,amp;d’autres en allez petit nombre, ne les laiflons cuuer que cinq ou fixiours.
V r N c i N T.Pour quelle raifon cfl-cc que vous les laiffez bouillir fp^u de temps}
Iean B A p T i ST E.11 fault que vous fçaehiczq tatplus les vinsbouil-lent,amp;plus ils font gros,mols,mars,faas faneur, Sc bien fonuct fenaigrif-^ chargez de couleur, ne differentprefque en rien à l’efpailfcuide ^' • nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l ancre lapins noire.Or tel brcuuage efl malplaifanr en toutcf3ifon,d’aa-
^^^^^^'^f 1^ f'^^'‘^ble que vous auallicz vncmcdecine,amp;en outre il otfufquele fcns,emplifl trop les vénes, dilfbultlcs membres, noyé, Sc galle le foye, amp;: remplir tellement cbalcun de fumoûtez, âc groffesha-
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meurs,amp; fur tout les plus gentils cfprits,qu'on ne peuk ny manger,ny di- Q^^jj^jn, gerer les viandes qu’aucevne fort grade difficulté.Et pour ceftc caufeces Î^iespl» vins font louables,amp; à choifir qui (ont clairets, amp;nbsp;vcrincils,mais teUemét fains amp;nbsp;que leur couleur le raporteàcclle d’vn ruby des plus orientaux,amp; trâfpa- meilleurs, tens qu’on puillè vcoir;cntant que tels vins non feulement caufent la di-geftion facile,ains les arroufant,^ trépane alFcz d’eau,n’en perdent pourtant leur faueur,amp;: dclicatcire:cc qui n adulent pas au refte des vins.
VINCENT, laçoit que les gros vins rouges foyent agréables au com-mun,ficlbcc que les délicats, clairets, amp;nbsp;lubtils en couleur ont de tout temps efté louez,amp;'choifis par les hommes de bon iugement, amp;nbsp;fur tout pat les médecins les plus experts amp;nbsp;excellents.
lEAN BAPTISTE.llyacncorvneautreoccafion,quimonftrecombien eft dommageable de faire bouillir les vins fi longucmcnt:ainfi qu’on peuk cognoiftre par exemple. Car fi vous mettez en deux cuucs en chaf-cune trente hoftées de bons raifins,amp; bien choifis amp;nbsp;purifiez,amp;quc l’vnc bouille quatre ou cinqiours, il fault quelle vous rende pour le moins vingt féaux de vin; amp;nbsp;l’autre bouillant vingteinq ou trente iours,fans nulle doute n’en rendra point dixhuit,amp; bien fouuent encore moins fi le vin aboullu aucc grand vehemence amp;nbsp;chalcur.Et de cecy prendrez Vexperié- Vins ^^®^‘^ Ce es lieux où ion fait bouillir aucc le feu pour le garentir, d’autant que de Îtiixantc hoftées de raifins, ils n’en fçauroient tirer quarante-cinq (eaux pleins de vin.Mais quelqu’vn pourroit dire que cefte exemple eft hors de E, confideré que le vin qui enue dans les tines, amp;nbsp;tonneaux ,boult
.cnt,amp; à ion ailc,là où ccluy que le fcv efehauffe eft poufle, amp;nbsp;contraint par cefte force exterieure.Et ie dis qu’il eft plus vray-lcmblablc que noz vins qui cuuent vingt-cinq amp;nbsp;trente iours, diminuent pluftoft de la dixiefme partie,que ceux qu’on fait bouillir au feu, de la cinquiefme, entant que ceux-cy n’ont que des quarts d’heure pour fentir les flames, amp;nbsp;tien pas les vingt iours,comme les noftres.
V i N c E N T.Mais quelle opinion vous fcmblc la meilleure pour garder les vins,lc long ou le peu bouillir en la cuue.
lEAN BAPTIST E.lc fuis toufiouts cfté d’aduis que les vins fc confer-uent,amp; garder,non pour cuucr les vingt ou trete iours,ains font de meilleure garde lors,que le moins ils cuuent:cc que i’ay vcu par cxpcriécc,quc les vins qui bouillent fi longuement, amp;nbsp;iufques à ce que d’eux mefmes ils Celîcnt, ne fe mainticnnét pour cela mieux, ny plus lôg temps que les au-trcs.ll eft vray qu’eftant coulé amp;nbsp;rcfroidy,tant plus le laiflez en la cuue,amp; mieux il fc prepare pour eftre de durée. Et naduient cecy pour-ce qu’il a boulin longuement,ains d’autat que les grapes ay as le deflus à la cuue, amp;nbsp;deflus de ce vin cuué,ont induit ce vin prefque côforme au gouft du vinaigre. Mais ie dis qf il efton vray que le vin fe coferuaft pour bouillir longuement,amp; iufques a tant qu’il cclTaft de foymcfmc,tant f’en fault que les anciés euffent teu vn tel fecrct,voire n’euffent laifle tât de remèdes, qu’ils ont fait,pout le garentir,amp; fauucr.Et fi cecy eftoit veritable,les Mllanois,
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QVATRIESME lOVRNEE
qui font des plus friands de bon vin que nation qu’on lçachc,n’auroyenC point lailîc la coullumc de faire cuucc leurs vins les vingt amp;nbsp;trente iours, pour le faire feulement bouillir trois ou quatre,amli qu'ils en vfent des le temps que Louys douzicfnc,Roy de Francc,fe feie feigneur de celle terre Les Mila- richc,amp; florilIàntc.Car les Fraçois ayans coullumc de boire des vins chinent dîs^quot;quot;' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nomment ils pour n’cllrc guere chargez dccouleur)ellansail
retsfccls les nomment ils pour n’eftre guère chargez dccouleur)eftansail
Fraçois le Milanois,amp; trouuansles vins du pais afpres, grolîîers, amp;nbsp;trop vermeils.
faire Je vin cl arrêt.
à les acouftrer à la mode de France. Les Milanois amp;nbsp;autres leurs voifins, cognoillàns que celle voyc de faire vin, clloitamp; meilleure amp;nbsp;plus facile que la prcmierc,ont depuis continue' ce qu’ils aprindrent des f rançois/c en v/ent à la mode que ie vous ay dclcrice:comme auHî le mcfmc ont lait
ceux dcSauoyc,Picmont,Saluccs,Monrfcrrat, amp;nbsp;prclque toute la Lom-bardierd’autant qu’ils voyent, qu’en nclaillant guere le moull en ciiue,le ’vin en a plus belle couleur,plusagrcablegouft,amp;làueur, en cil meilleur, amp;.fc gardeplus longuement qu’il ne faifoit au parauant. Que direz vous encor des vins qu’on boit tour le long de la contrée Voltolme.lclqucls on fait fins qu’ils cuucnr,ou f’ils le font,ccd fort peu de temps. Se toiitcslois ils fc gardent,amp; mainnennet en leur bonréiultjucs à vingt ans. A Cçauoir, Aalsi tou* ü les pais d’Hongrie, Alemaigne, amp;nbsp;autres Prouinecs n'vlênrd’vn pareil mclh igcmcnt? Et dcquoylcruiroit d’aller rechercher ccfmoignage d^cc-cy en pais ellrangc,puis qu’il y a Ci grand nombre de noz Brelciaat^if«*^'
ces pays «teftéfub-iefts aux Franjois.
mementeeux qui arroulcntleurs vignobles) lefquels desïong^‘^’^P^‘'^ çanefontprefquerien cuucrlcs vins qu’ils vculétgardcr:an’s^°”^f”‘‘^^quot; jlèramp; couler le railîn, amp;nbsp;moud, tout aullî cod qu’on le porte de la vigne, d’autant qu’ils voyent que par ce moyen ils en duren tplus long tempîA demeurent meilleurs que bouillans en La cuuc.
VINGEN r.Dites moy(ie vouspric)la façon de faire ces vins.
lEANBAPTiST E.Pout faire büs,amp; dclicicuxlcs vins quenousapd-1ÓS forccz,à caufe qu’ils fonc faics de rai fins noirs: faule premieremét tout
Vin blanc fait de rai-amp;Mnoirs. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;n nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i r , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i
audi cod q lerailm cd porte en la. touleric,ÿc mis en la cuuc le foulet [ici-bien aux pieds, Se mettre le vin dus des vaidcaux les plus nets quo fyoa cboiCiridc quoy qu’onpeulcmettre Ibuz leprcllbüer cesraifins,n vaaltH mieux les fouler,à caulc que le vin en fort mcillcur:puis failani bouHUtce vin qui rede dans la cuuc,aüec de l’eau,qui feruita de boue defpencepoue les feruiteurs. Or qui venir, peaktéplir fouuét les vailfeaux où edeevin, de pareille liqueur,quon doit garder exprès pour ccd cffct,iufques à tant qu’il fc foie fuHifammcnt purge en iettanr les laperdaitezparle bondé. Il cd vray que les remuant quelquefois tandis qu’ils bouillene,amp;: en oilath lie qui ed au fonds,fcra le vin plus agreable,amp;:fauoureux,fansatrcdrciuf qucs à la faint Martin:amp;pis ferait on û on demeuroit à ce faire iniques au i nbsp;nbsp;nbsp;mois de Mars.Or ces vins font piquas par l’cfpacc de plufieurs mois,de le
taifin nedant mal meury, font aucunemet douxiScde lègue durée (comme diced) de iont blies enperfc£iió,poarucu que foyent mis en vailfeaux
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«etsà plaifir.Mais pour faire qu’ils foient doux l’an fuiuant qu’ils ont efté faits, amp;■ piquans tout le long de l’année, on met dans le vailleau où il eft, vn tiers de mouft fort doux, fait (comme dit eft) de raifins noirs, amp;nbsp;bien meurs,lequel mouft ne fçauroit boüillir,pour eftre la quâtité du vin vieil plus grande que celle du nouucau. Et plulieurs eftiment que tel vin croift d’vnlèaupour charrette, pour ne venir amp;nbsp;exhaler fa force en bouillant, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
ainfi que font les autres raifins qui ciment,amp; pour n’eftre beu, amp;humc par les grapes du railin,qui confommét beaucoup de la fubftancc du vin. Bien eft vray, qu’aucuns eftiment que ce vin n’eft point parfait, iufques à la fin du mois de Iuin,quoy que ieleur prouue le contraire,entant que tât plus il teilt la chaleur,tant il eft plus amiable amp;nbsp;gentil, amp;nbsp;faccroift en bote ayant vn an pafté. Mais il luy fault changer de vaifteau fur la my Noué-bre,ou pour le moins au mois de Mars,afin de l’oftcr de la lie qu’il aura au fonds,amp; que par ce moyen il fe rend de longue durée.
VINCENT. Quelrcmcde auez vous encor pour conferuer les autres vins.
1E A N B A P T i s T E. le ne fçay point les fccrets pour les garder tous, d’autant qu’il en y a de fi pcrucrlc nature, qu’encor qu on employai!: tout fçauoir pour les garcntir,fi ne feront ils iamais de garde. le vous en diray tieantmoins quelques vns pour aider les autres qui fe gaftét pour les fau-'«s qu’on fait à leur grand dommagc.il fault que vous coupiez le raifin a- ^^’’ jB°^^ ticcccllcdiligence, amp;nbsp;façon que ie vous ay dit;amp;vous redis cncorquc qu\i ne fe fuyez foigneux de faire rafclcr,lauer,amp; nettoyer fi bien voz cuues,amp; vaif- gafte. féaux qu’il n’y refte ordure quelconque, vcu qu’il ne fault f’efbahitfi le vin ne peult eftre conferué, lequel a boüilly auec de la falcté, amp;nbsp;vilennic.
Et des que le raifin fera à voftre maifon, le ferez fouler aux pieds dans la cuue, puis le letter dans la tme ou tonneau en lieu couuert, afin qu’il ne çleuue dedans, amp;nbsp;que le Soleil ne l’échauffé,amp; face bouillir auec violen-t^^'-d’autant quelevindeuient meilleur, quandilboüilliftàfonaifc. Et lt;)uandà l’efpace que le vin doit bouillir, ou tant de iours ou moins, ic ne fçauroy en determiner, eu efgard aux raifons cy deffus alléguées : Néant-moins félon mon iugement,on ne deuroit point paffer plus hault que des huit iours.
v i N e E N T.Qui en vferoit ainfi en noz carriers,en lieu de boire de quel que vin clairet, il auroit du plus trouble qu’on fçauroic dire, chofe qui eft plus que dcfplaifante à tous les citoyens de Brefle.
lEAN B APT i ST E.Eticdis,que fi ccftecouftumccftoitàblafmcr.ily ^quot;p* j^^' ipluficurs contrées qui fe tróperoyent grandemét,amp;plufieurs de noz ci- ^^^^^ ^ijj, toyens qui les reçoiuent fi troubles, qu’a giad peine font ils efclaircis aux rets de Gaf feftes de Noël: mais qui puisapres deuiennent fipiquans,que prefque toigne, toufiours ils font larmoyer ceux qui en boiuent, outre ce qu’ils font de fi gaillarde, amp;nbsp;vermeille couleur, que toufiours ils fautclent dans le voirre: choie qui conuictoit, comme Ion dit, les morts d’en boire. Que fi ces vins deuiennent fi pkifans au gouft, comblé font moins à vitupérer ceux
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-ocr page 94-8lt;gt; 0^ A T ME SM B lOVRNEE.
Moyen de faire qu vn vin demeu te piquât.
qui les tirent, n’cftans encor du tout purificzjll eft vray que ces vins oftez que font du vailfeau perdent leur force piquantc,mais qui les veult tranf porter d’vn lieu à autre,amp; les garder en leur vigueur fault en premier lieu les battre bien auec vn bafton iufques au fonds, amp;nbsp;lié, amp;nbsp;puis les conduire,amp; entonner ainfi troubles qu’ils font, entant que dedans quatre iours ils feront éclaircis pour la lie qui fen ira au bas,amp;:laquclle eft celle mefmc qui leur donne celle force amp;nbsp;gouft fauourcux,amp; piquant.
VINCENT, Icne fais qu’attendre que vous me dillicz l’ordre, amp;nbsp;moyé que vous tenez à faire les vins de diuerfes faucurs,coulcur,force, amp;nbsp;puif-fancc,amp; auffi comme on les peut faire verdelets,amp; piquans,fauoureux amp;nbsp;doux,ou à tout le moins qui en tiennent quelque chofe.
lEAN BAPTisTE.Eftantfurlepoint, amp;nbsp;propos, de ces chofes,ic dis premièrement que plufieurs foulent dés le premier loir des vendanges les raifms cueillis, amp;nbsp;ce à beaux pieds dans les cuucs, amp;nbsp;fines, ou auec des grofles maifucs de bois, amp;nbsp;au prelTouer pour le moins deux ou trois fois de fuite, puis demeurent deux autres iours ains que les entonner, amp;nbsp;mettre le vin en fes vailfcaux.En y a d’autres,qui efcoulcnt de la cuuecoranic la moy tié du vin, amp;nbsp;le mettent en vue autre cuuc iufques à tant que toute la vandangc ell foulée, puis le remettent dedans : îaifans cecy deux ou trois foirs de fuite : d’autant que l’expérience a fait voir amp;nbsp;cognoiftre que le vin non feulement endeuient meilleur, amp;nbsp;de couleur plus agrerme, ains encor en eft oftec la greife, amp;nbsp;grolfcur qui caufe que les vinsncfonr point de durée.
v i N c E N t.D étant plus ay-ic contentement oyant ce voftrlt;: dilcours, comme ic fçay que mes vignes de Pompean produifent le vin moi, mat, amp;nbsp;foible, tant pour eftre les champs fouuent arroufez, que pour la greffe trop grande de la terre.
lEAN BAPTISTE. Quant à la dinerfité des façons de faire de bon vin ie vous propoferay cecy pour exemple : qu’on mette en vne cuuc quatre charrettées de raifins, qui foyent bons, lefquels fouliez, amp;nbsp;ayant boüilly deux ou trois iours,faudra tirer,amp;■ couler le vin du tout fans qu’il en refte ricn,qui loit mis en vn autre vailfeau de grandeur pareille, p uis emplir b premier de bos raifins,amp; les fouler aux pieds.Et ce vin eftât efclaircy,que foudain on l’entonne,amp; enuaifcllc d’autant qu’il en fera plus parfait,dcli-cat,amp; mieux piquât. Le vin encor eftât tiré de la première cuue,on pourra mettre en icelle vne charrcttéc,ou deux d’cau,amp;delfus icelle des grapes de raifin bien foulé iufques à en réplir le vaifleau: ce qu’on pourra vfer de mefmc àlafccôde félon la quâtité du raifin qui fera dedâs,laillànt bouillir le tout iufques à ce q le vin fait purifié,lçquel fera bié toft clair,amp;dcmour ra corne nouueau fait, amp;nbsp;ce q ie dis d’vnc cuuc tenant quatre charrettées de vin(eftant ou plus, ou moins) fi eft-ce que l’eau y doit eftre mife cuef garda la quâtité du raifin. Et fi encor vous defirez de laire du vin mefléa-ucc de rcau(pour eftre plus làins,amp;dc plus facile digeftion q les autrcs)ie fuis d’aduis que dés que vous aurez mis les raifins, amp;nbsp;vendâge dâs la cuuc
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OK LAGRIC VLTVM.
à bouillir, vous y mettrez de l’eau felon que verrez que le peut porter la nature des raifins,lcfquels eftans bons ne tçauricz moins faire que d’y iet' ter la quart ou le quint d’eau à leur proportion,d’autant qu’elle ne fait pas tant croiûre le vin,comme Ion en a mis de quâticé dans le vailîcau, à eau-fequevne partie fcuaporc en fumées, amp;nbsp;l’autre fcfcoule en bouillant. Et ayant ainfi enue trois ou quatre iours pourrez l’enuaiirdlcr, amp;: fera ce vin clairet, amp;nbsp;fort plaifant, amp;nbsp;gentil pour boire. Et fi voulez en faire de moins fort,amp;: fumcux,vous ferez fouler aux pieds trefbien toutes les grafts qui vous reftent apres la première ciiuéc, amp;nbsp;y mettre la quatricfmc partie d’cau;amp;trois ou quatre iours apres mettre ce vin en des muis,amp; fera ce vin amp;nbsp;bon à boire,amp; apte à mefler à ceux qui font trop forts amp;nbsp;chargez de coulcur,chofc plus prouffitablc que d’vfer de l’eau pure, amp;nbsp;toute cruc.Mais pour faire ce vin plus dclicat,le fault mettre das vue cuuc pleine de grapes de raifins fors meurs, qui ait efté entière cinq ou fix iours, le laillant cuuer vn iour fculemct,amp; l’en tirerez amp;nbsp;parfait,amp; fort fain à boite. le veux vous enfeigner encore vne autre forte de faire vin qui fera de grand proufit,amp;: foifonnant quatre fois autant qu’il eft,amp; délicat à l’vfcr, bien eft vray qu’il en fault tirer tous les iours iufques à ce qu’il fera failly. Vous cfgrumerez donc telle quantité deraifin que bon vous femblera, prenant garde à cecy,quc pour autant de hotées de raifins que vous mettiez denS la cuuc , vous mettiez audi à chafeunes dix hottéesnon moins que de deux féaux d’eau toute bouillante,couurant d’ais à ce propres,tout foudainlevailTcau,afinquclavendangcainfi chaulde face micuxfoncf-fait, amp;nbsp;fc parface en fa chaleur. Qyiefivousfaifiez en cccy endesmuis foncez des deux bouts,il ne feroit ia befoingd’y mettre des ais, ains feulement cftouper le bondon:amp; gouftant de ce vin deux ou trou iours apres, le trouucrez fort plaifant à fauourcr. Obferuans neantmoins cccy, que ceux qui en feront tirer portent leur pot plein d eau frefehe, qu ils iette-rom deirus,puis tireront du vin à leur fantafic,amp; f’apellc ce vin la boiffon despauurcs,àcaufe du peu de frais qu’il f’y fait aie faire, amp;nbsp;qu aulTiqn en boit peu d’autant qu’il mord, amp;nbsp;pique la langue à ceux qui en boiuent: d’autant auffi que vous y pouuez adioufter du vin quelque fois pour luy .confcruet amp;nbsp;le gouft, amp;k couleur •. amp;nbsp;fcraboncncorlcvinfaitauecdc l’eau pour l’accroiftrc.Vousaprédray encor vn autre moy en proumtablc. C’eft qu eftant tiré le vin,amp;: coulé,vous ofterez les grapes feches qui font àlacuue,amp; deflus les autres en la cuuc, amp;nbsp;ferez bien fouler ce qui reuera dedans : de fil y eft entré foixantc hotecs de raifins, y mettrez tculcmcnt dix ou douze féaux d’eau,puis couurat bien la cuuc,pourrcz vfer de ce vin trois,ou quatre iours apres,amp; fera fain, amp;nbsp;fauoureux conleruant la bonté en ces grapes pluficurs moys,pourueu qu on les tienne bien couuertes. fault que vous monftre vne autre manière de vin dcleéiablc fait aucc de l’cau'.c’eft que mettans dans vne tine,amp; cuuc quelque foixantc aottees c raifinbicn mcur,vous l’y lailTercz cinq,ou fix iours repolcr, amp;nbsp;fine,Puis prendrez le vin qui en fortira le mettant en vn autre vaillcau,^
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focidain fouler aux pieds Icfdits raifins, amp;nbsp;vendange, fur laquelle ietterez quelques vingt ieauxd’eau,plus ou moins félon la quantité durailin:ce-cy fait vous remettrez dedans le premier vin tiré foulant de rechef le tout tre/bien cnfcmblc,rcnuaillélant,amp; mettant es muis trois ou quatre iours après ce vin,lequel trouiicrez fort délicat au boire.
v i N c E N T.Êftant ces fept fortes de faire vin prouffîtablcs, ie voudroy fçauoir encore quel moyen vous tenez à les diuerfifier en douceur.
Iean BAPTIST E. Auant que vous declarer cecy ie vous apprendray pluftoft de faire les vins fans trop de vapeurs,ou fumofitez, encor qu’ils Î'oient des plus puiilans raifins qu’on içaeheeboifir, ou ceux quinafifent en terre graire,ou parmy les champs arroufez. le vous dis que la vendange portée que fera à la maifon, citant blanche,la ferez foudain foullcr, amp;nbsp;prcfier,mettans ce vin en vue cune, ou vailleau plus large de bouche,alîn qu’il puilfc mieux feuaporer,amp; ietter hors les fumées : mais d’autant que l’cipacc de fept ou huit iours,il ne ceflera d’cfcumer:Ne faut aufli cclfcr de l’oftcr aucc vnc caife menuement trouée amp;nbsp;pertiiilce,amp; ce fouuét,amp; iuf ques à ce qu’il cefléra de ietter ceftefupcrfluitc:puis le tirerez,amp; coulerez de telle forte que vous' ne toucherez aucunemec à la lie qui eft au fons du vaiireau,ainfi en cmplilfant voz muis le trouucrez aufli peu fumeux, qu“^ fil auoit efté fait aucc l’eau,amp; qu’elle y full meflee par moy tié, amp;nbsp;mcfwe pourrez vfer de la vendange noirc,tant foit elle puillàntc, amp;nbsp;fortic de terroir gras,amp; encor que le vin euft boulu plus que de couftume»
Quant à ce qui concerne les moyens de faire le vin doux ; vousprédrez cent hures de bons raifins,amp; fort meurs, amp;nbsp;les mettres dans la cune , amp;nbsp;iccux bicn foulcz,y ietterez dclîiis la quantité d’eau de 5o.liures,lcsGom-partiflant par cinq,ou fix matins de fuite à l’entour des grapes du vin que voulez faire doux,aprcs cela retirerez le vin lendemain du iour fixiere, amp;nbsp;le verrez eftre cler,doux,amp; picquant. Vous en diray vne autre forte: Aiettez trente hotées de raifins bien meurs dâs vnc cuue,Ics y laillantain-fi fans les fouler trois ou quatre iours ains que les foulcr,amp; foulez que feront trcfbien,niettez y defius cinq ou fix féaux d’eau bouillante, en cou-urant tout auffi toft le vaifleau afin qu’il foit plus puiflant à reifet qu’on le demâdc:amp; 24.hcures après faut tirer ce vin lequel fera fort clcr,amp;doux en fon boirc:cncorne vo* celcray-ie point ce fccrct,quoy qu’ilfoitpl’fâcheux à faire q les autres vins qu’on adoucift par le moyé de l’eau y deifus c(pâduc. C’efi que fi vous mectez(ie dis cecy pour exemple) le lundy dans la cuuc 30.hotées de raifins boHS,bicn choifis,meurs, amp;nbsp;qui ne foientfen-dus,ny cfolatez du chault ou pour la pluy c,lc mardy au foir il faut que les mettiez fur douze féaux d’eau pour Ic moins,laqucllc retirerez le mcrcrc-dy fuyuant,Iapofàinainfi auinéc dansvnc autre tinc,afin qu’elle cxhalcfes vapeurs : Puis Icicudy au foir remettrez celle eau auinéc fur les raifins fùfdits,rcn tirant le lendemain encore vncoup,amp; l’y remettant lelàmc-dy au foir, amp;nbsp;le Dimanche la faut couler, ou tirer encore pour la mettre dans le valc fuicht. En fin, foulant bien ces raifins qui font en la cuuc,
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y iettercz delfus cede eau enuinée que dit eft, l’y laiflans mfqucs au mer-credy, amp;nbsp;lors tirant, amp;nbsp;coulant tout,cn ferez vn vin clcr amp;nbsp;fort délicat, plaiiant,amp; délicieux à boire. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*
V i N c E N T.Puis que i’ay entendu comme ces vins fc font, ie defire encor de fçauoir les moyens d’en faire de doux fans eau.
Iean BAPTISTE. La premiere façon cft(pour exemple) prenez moy dix hotées de bonne védange,tenue quinze ou vingt ioursfur la paille,ou fur les aiz,laquel le foulerez trefbié aux pieds dans la enue, amp;nbsp;la deflus iet-lezmoy douze bons féaux de vin nonucau qui foit bon, amp;nbsp;clairet : amp;nbsp;dix ou douze heures après cnuaiirdlez ce vin, tout autant qu’en pourrez tiler,affeurez-vous qu’il fera doux tout le long de l’année.
L’autre moyen eft , prenez telle quantité de vendange que voudrez, mais que foit bonne , bien meure , amp;fanseftre aucunement remouillée , amp;nbsp;fans quelle foit efcachéc, la mettrez en la cuue fans y faire autre cas de huift ou dix iours, afin qifcllc fe prclfant d’ellc-mcfmc rende aftez de vin, amp;nbsp;lequel ainfi qu’il viendra par la canellc ne faillirez de mettre foudain dans le muid,amp; iccluy tiendra longuement fa douceur, puis foulant tout ce qui reftera dans lacune, trois iours après en tirerez le vin qui y fera de teftcjequel encor aura de la délicat elfe. La troifiefme manie-tc de faire donx le vin,cft,fi vous prenez,comme qui diroit dix hottées de ’«fin bien meur tenu dix iours, ou fur la paille, ou fur des aiz au foleil, les fiicttrcz en la cuue (ans les rompre ny preflcr,amp; deux iours apres y icterez deflus cinq,ou fix féaux de vin nouue au bon, clair , amp;nbsp;non chargé de cou-lcur,ôc vingt-quatre heures tirerez amp;nbsp;coulerez le tout, autant que venir en pourra,amp; le mettrez en vos muids pour la garde. Cccy fait vous foulerez vn peu cefte vendange icy iettât encor pareille quantité Icvinnou-ucau que dit eft,l’y laiirant,amp; le tirant de mefme que l’autre. La quatricf-mc,amp; derniere fois foulerez à bon cfcicnt,amp; trefbien ledit raifin,y mettât dümefinc vin autât que deflus,le laiffant cuuer le mefme téps que dit eft, amp;nbsp;le tirant de mefme forte. Par ainfi faifant bien ces chofes, comme ie les Vousay déduites,vous aurez en quatre fois vingt-cinq,ou trente mefures de bon vin gentil,amp; ayant de la douceur fauoureufe, amp;nbsp;lequel fera fain amp;nbsp;proufficablc à l’eftomach , lequel pourrez mettre en fa dluerfité dansvn tnefine muid,ou en diuers pour en auoir de pluficurs fortcs.ia quatriefme forte de faire du vin doux,eft de prendre dix ou douze hottées de védange amp;infi que bon vous femblera de raifins bons amp;nbsp;bié meurs,ft les bien fouler,puis remplir vnc petite quelle du vin qui en fortira qui foitbié reliée, amp;nbsp;cnccrccléc,amp; ainfi pleine amp;nbsp;mife das l’eau iufques à quatre doigts près de la cuue y baignât prefque toute,l’y laiffant par l'elpace de quinze iours amp;nbsp;plus,felon qlc vin fera puidanf.puis conduirezledit vaiffeau ainfi plein dans le tclier,ou cane,lequel vous rendra du vin blâc,quoy que les raifins foyét noits,amp; qui demeurera doux tout le lôg de l’année,pour n’auoir eu le moyen de bouillir.Cinquiefmemétle vin le fait doux en prenât des rai-fins des meilleurs,plus meurs,amp;choifis,lcut coupant tout net la quelle de
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^^ o'-^P^’^ ^'’ oftant les grains qui feront gaftez amp;nbsp;pourriz,ou non encor bien meurs aucc des forlcctes, amp;nbsp;ainfi eimondez amp;nbsp;nettoyez les mettre Tvn apres l’autre fans les rompre, dans vnc cuuetee faite en long qui foie fur vnc charrue à l’ombre fous vn portiquc,ou allée, amp;nbsp;le foir la mettrez à defeouuert afin qu’elle reçoiue la roulée par huiél ferées cótinuellcs:Puis tirerez diligemment tout le vin qui en fortira lequel fera trcldoux tout le long de rannée:puis ferez preder tout ce qui reliera de raifin,dont tirerez encor du vin aifez doux,amp; piquant à boire. Le moyen fixiefme de faire le vin doux amp;nbsp;bon,cft,fi vous mettez des raifins fur des aiz,ou clayes dans le four tout chauld iufques à ce qu’ils l’y cnflcnt,amp; enflez que ferôt les öfter foudain,y en meflant d’autres non mis au four en telle quantité qu’il vous viendra en fantafic défaire du vin. Celle védangée aflcmbléc ainfi la foulerez trelbicn,amp; la liqueur en fortant fera mife for le vin qui cil cntonncl-lé,les muids edans bien clos amp;nbsp;elloupcz tout fur l’heure, amp;lçachez que dans quinzeiours ce vin fera ou peu ou fort doux, félon la quantité des raifins que vous y aurez fait mettrei Mais le meilleur c’ell d’y mettre de cinq en cinq hottécs,ou féaux de vin,vn feau de ces raifins ainfi choiüz,amp; acouftrez que dit eft. La manière feptiefme amp;nbsp;qui efl la meilleure pour faire que le vin dure en fa douceur, amp;nbsp;perfeélion tout le long de l’année, c’ell en prenant dix lâchers de toile,ou dauantage,ou pluftoft de laine aiât le poil au dedans,amp; de la longueur d’vue bralfe, fai dis à la figure amp;nbsp;façon d’vnc chaufle d’hipocras,àfçauoir,pointus au fóds,auec vn cercle de boit en hault,amp; coufu tour à rentour,afin qu’ils ayent près d’vnebra/fedoii-uerturc.Et accommodant vue efeheUe à main,fur des chcua/ers,amp; appuis hauflèz de terre d’enuiron quatre brafles mettrez Icfdits fachets aucctel intcruallc que les forcles fapuyent,amp; foyenc foullcnus for les marchés de ladite cfchelle ainfi ellant en l’air:Puis mettre deifus vnc canne, amp;efeou-loir de deux aiz larges de demy pied bien cimentez,amp; ioints enfemble,amp; aulfi long que les lâchers en leur clpacc,amp; foit par defloubs Icfdits fachets vn peu efloignce,afin que reccuant le vin elle l’cnuoye dans vn vafe, amp;nbsp;tinette de bois, lequel foit à terre. Tout cccy accommodé ainfi qu’il fault, vous mettrez en chafeun des fachets autant de vin qu’il y pourra dedans, lequel foit frefehement foulé,amp; qui n’aye bouilly encore : amp;nbsp;tandis qu’il fortira trouble, rcmettcz-le toufiours dedans, iufques à ce qu’il deuienne clerjamp; purifié: amp;nbsp;lors ne ferez autre cas,iufqucs à tant que les fachets ayét tout cfcoulé ce qu’ils auront dcdans,lcfqucls bien lauez,amp; ce premier vin cfcoulé entonncllé qui fera forty bien clcr,cn y remettrez d’autre, amp;lcs poferez en leurplace pour faire ainfi que deflùs : continuans iufques àCC qu’aurez fait la quantité de vin qu’auicz defleignée.
Ce vin tiré,coulé,amp; fait en celle forte,ne fera fi mal lain,ny caillant opilation que le relie de vins doux qu’on met és vailfeaux eftas encore troubles,amp; lefqucls on boit, quoy que non bien purifiez de leur matière ter-rcllrc. le vous en monllrcray encor l’huiélicfinc façon fins plus, afin qu’aprenicz de diuerfifier vn feul vin faifant quelque fcllin,toiit ainfi que
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S’!
fi VOUS en mettiez fur table de dmerfes fortes, amp;nbsp;lequel outre que fera piquant au gouft, fera encor, «Se allez, amp;nbsp;peu doux félon que voudrez qu’il lefoit le prenant neantmoins toufiours d'vn mefme vaiircau,vfant de telle fubtüité qu’il n’y aura aucun des adiftans au banquet, qui faduife de cefteforbe lîgentille,amp;fi plaifant artifice. Vous prendrez donc telle quantité de bons raifins, bien meurs, amp;nbsp;non foulez comme il en pour-roitdansvnc queue félon vortrcdelfcin, amp;nbsp;icelle queuefoit bien encer-cclée, i’cmplillant de ces grains de raifin, à peu près de demy pied la bouchant trefbien, amp;nbsp;alFermilIant le bondon aucc vne douue, ou autre piece de bois, appuyée contre le plancher, ou contre autre lieu, afin que Icfdits grains ne bouillent qu’à grand' difficulté : amp;nbsp;fentans qu’ils ne bouilliront plus, prendrez vnvaillèau de Vernaccie,amp; vin doux,lcte-nans près de voz queues amp;nbsp;muids en la caue: donnans charge au fomeil-hcr qui tirera ce vin piquant dele donner dés le commencement tout pur, amp;nbsp;leur difànt qu’on porte du vin ayant quelque douceur, que lors on verfe vn peu de celle Vcrnaccie,amp; vin doux dans la bouteille, puis l’émpliflant dudit vin piquant : amp;nbsp;ainfi vous en demandant'de plus doux,il ne fauldra qu’y adiouftet du voifin de voz muids, amp;nbsp;queue ordi naire.
VIN c E N T.Ie me fuis tellement pieu en ces voz lècrets touchât le vin, queie n’ay voulu vous interrompre le difcours,iufqucs à ce dernier: d’autant que celle façon de faire me paroill femblable àl’vlàge des hollcliers, amp;nbsp;tauerniers plus delloyaux,lefqucls pour vne fomme de vin qu’ils aurot en leur maifon,ils la fophiftiqueront de forte que les holles penferót boire de plufieurs fortes.
iEAN BAPTisTE.NollreprâtiqucellbicndilFcrentcdecclledesho-ftclicrs,d’autant que nous mêlions deux trclbonnes chofes enfemble: amp;nbsp;eux mettent feulement du vin cuit,qui ell auffi clpais que de l’ancre,dans levin ordinaire, ou du miel pour le faire trouuerdoux, ou du vinaigre pour luy donner pointe : chofe, pour vray,qui romproit Ic meilleur cllo-tnach du monde.
VINCENT. levoudroy encore fçauoir quelquefecret pourdonner bonne odeur,ou plaifant goull, amp;nbsp;faucur au vin ,.commc fouuent i’en ay goufté amp;nbsp;à Rome amp;nbsp;en autres lieux d’Italie.
lEAN BAPTISTE. le pourroy vous difeourir plufieurs chofes fur ce Receptes propGS,toutesfois ie vous déduira y feulement ce que fouuent i’ay experi- “ donner menté fur cecy aucc le con tentement de plufieurs.D’autant que pour dó- au”1^°*^^ net le goull de mufeadet au vin nodueau defia mis en Ics muids, entónelé amp;nbsp;deuenu clair,i’y mets des fleurs fechées àl’ombre amp;nbsp;cueillies de l’ânéc, defureau,lefqucllesi'éuclope dans vn fachct,ou piece de linge,afin qu’cl-Ics ne f’efpandent par le vaifléau, autant qu’il en pourroit en la main pour chafeun Icau d.’ vin,amp; lequel moyen le vin reçoit celle odeur de Mufeat; mais ic les lie fi bicn,amp; tellement au bondon que les lachets ne defeendét jamais plus bas que de la j^ioy tié du vin;amp; au bout de huid iours ie les en
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oftezfailant lcSemblable lors que j'y mers les grains de Comndre'.
v i N c E N T. N’ayant eu grand moycn,ny Joi/îrde vousdcinadcrauffC cliofc touchât les vins,ie vous prie me dire comme Ion doit bailir amp;nbsp;dreP ferles Gaues,amp; Ccllierspour Jesgarder bien, amp;;con/crucr longuement.
lEAN BAPTISTE.Icvoudrois,filcdoitpo(îible,quclesfeneftreSjamp;t Äomme il ibuipi tails des Gaues, amp;nbsp;Celliers iu/îent fai (îles ayans regard versie Nord 1«* Caucs ’^Septentriond’autât quelaßifcneleur nuitiamais,ainspludortprouf-amp;Celüer” ^^^ *“’' ''“® contre la violence amp;nbsp;ardeur du Soleil.Et toutain/î que toute caue veut c/lrc fouterraine regardant en hanlr, auffi délire elle d élire ob-fcure,froidc,lcchc,amp;: elp.ii/îc dc muraille, Eli encor ncccllàirc qu’cllelôif clloignc'e du lblcil,dcs fours,elluucs,cllablcs, porcheries,poullaillicrs, amp;nbsp;autres licax fubiedls à la puanteur, voire de tout lieu ou lon face bruit vehement,lequel puifle clmouuoir les vins par Cn Îccoiüïc: C’ell pourquoy Alemans ^‘s Alemans font a louer qui ferment les caues fort diligemment enEHé, tiennent nbsp;nbsp;afin quela chaleur n’y cntre,amp; que nul air, ou vent: y paUrepénétrer,elü-
^*quot;” C’' niant cela aulîî cnnemy,amp;nuiliblc3u vin que les chaleurslespluscxcef-caESÉ '* ^“^^' ^f‘^’®^®‘^oquot;q“’’^^^o”f^‘^“«ca««^sc^3rtéq«clconquefiafvn peti{roarpiraUfealementpoardonnerair,roirqncceü)iironzrctre, on que le vin foie en vn cellier, lequel ils vont toufiours tirera la chandelle. Orfontilscecy, non tant pour la conCeraation Sc longue garde dn vin, que pour le boire frais en E(lé,amp;: en Hyuerfans trop grade froidare. Outre ce que tous les iours,durant rEAé,ils lauent tous leurs y ai fl eaux oaHy a du vin a l’entourauec de la leffiue tous les iours vnê fois, Scplasfoanét faifantgrand chaut,tant qu’ils rcluifent.comme miroirs. Orfontib cecy. On en fait fçaebans que celle humidité rafrefehid le vin, amp;nbsp;fait que la poufficre ne pteCqueau luy câ damageable,ny autre vilennie quelle que cefoit. Par ainfi ne fault taten fra- fermerueiller h nozvins fempuantillcnt bien fonuenr, de: fils fe gagent edans aind chargez les vaideaux de poudicre qu’on les voit, vcu que l’eu ay vcu de tellement chargez de la dente des poules,pigeons,Se autres animaux queicudc fair didiculté de boire de ce vin quelque delicatelfe qui l’eut fait recommandable. A cede eaufc comme les Alemans fontloda-blespour tenir audinettes leurs caucs,qu’on pourroit faite les chambres entre nous:audt fommes nous àblafmcrpour les tenir plus falcs, amp;nbsp;ordes que les edables ny toits à pourceaux.
viNctNT.Et certes vous condamnez iudementnodre parede à con-feruervn thefor dprécieux que le vin, amp;: lequel cd ediméfur toute autre commodité par cous les hommes.
ir an BA PTi STE. Cede liqueur benide,amp;: heureufe cd àloucr,de e-qui render dimer pourpludeurs caufes de raifons:D’autanr que,comme difentles fate vin recó ges,ccdc boidon a grand aproche Se conuendee auecla nature humaine, ^andable. entant que pris modérément Se auecattrempdee conforte la chaleuma-tuccllc en nous,elclaircid Se elaride le fang troublé,ouarclcsporcs,Seco-duics du corps,ode les opilations du foye,Se lesgrodiercs, Se efpaides fu-mofitcz du caeur,dcfquclles fengendre toufe tridedepnondratfa vertu,
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amp; efficace, non feulement es membres de noftre corps, ains encor csa-Ûions de lame : la tenant ioyeufe amp;nbsp;plus capable en l’aprchcnfion, amp;nbsp;rc-cerche des caufes plus difficiles,amp; fubtilcs à pourfayuir,amp; entendre. Au contraire qui en prend plus que de raifon, outre qu’il brufle le fang, enflamme la cbolcrc,ancantift les forces,affoiblift les ncrfs,engcdrc la gou-te,amp; autres maladies, amp;nbsp;altérations de la difpofition corporelle : encore ofte-il lamemoire,oft'ufqucla vertu de rentendement, fait la langue be-^uc,amp;tardiuc au parler, amp;nbsp;en fin fait perdre l’honneur,amp;.accourcift la vie des hommes,
VINCENT. Eftant afleurc delà vérité de toutes ces chofcs;ic vous prie me dire, comme ie me dois gouuernerenners les vins qui font défia cn-uai(rellcz,S: mis en leurs muis, pour les conferuer en leur bonté longuement.
lEAN BAPTIST E.Premièrement ic loué que les vins eftans tirez,amp; ^^”3’5”^ mis en leurs vai(Tcaux,vous laifficz ouiietr le bondon,amp;lcs emplifficz to* * les iours d’autre vin,iufques à ce qu’ils ceflent de bouilhr,amp; lors cftouper non des le bondon, fans y rien remuer iufques à tant que vifiterez voz vins pour vins, les emplir,amp; changer, foit à la Saint Martin, comme aucuns font, ou au mois de Mars que les Pefehiers commencent à florir, quoy que les anciés (oyent d’aduis que cela fe face le raifin eftant en fleur, amp;nbsp;ce après le plein âe la Lune amp;nbsp;elle dcclinât,car qui attédroit du tout fon déclin,amp; decours (ie parle des vins puiflans)ils fouffriroyét pluftoft toute choie impoffible quefc gafter: mais les autres, ie fuis d’aduis les muer la Lune eftant vieille,d’autant que les forts fe pouuans conuertir en aigreur, elle fera non moins puifTante de les garentir que les autres.
Vi N c E N T. Eftcs vous d’aduis de remuer ainfitous les vins nouueaux?
JEAN BAPTIST E.Parlant fculcmét de ceux qui croiffent en noz tev-toirs,amp; de leur force,amp; nature, c’en fans doute qu’il eft bô de les remuer fit fur tout ceux quifortent des vignes grafles de leur naturel : ou pour c-ftrclc terroir arroufé, ou fumé, amp;nbsp;amendé, entant que lors les muis font plus chargez de lie,que de quelque autre vin que ce foit.
VINCENT. N’eftimez vous pas que de toute forte de vin ccluy eft ordinairement le meilleur qu’on trouuc au meilleur duvaiflcau,quc cil qui eft ou au fonds,ou à la cime?
lEAN BAPTISTE. Non feulement il eft mcilleur,ains encor fe garde-toit mieux qui prendroit ce vin du millieu en les efehangeat,lequel fe co-ferueroit mieux que les autres.Et pour-ce les anciens difent que de l’huile ledtlPas en eft le meilleur,au miel le fonds,amp;au vin ccluy g. eft au milieu. Etpourfuiuat noftre premier propos,ic vous aduertis que du temps, que régnent les grands tonnerres, il fault que foudain vous donniez air à voz vaiffeaux, amp;nbsp;remuiez ce qui eft au fonds, d’autant q par ce mouuemet ils ferôt petfeuerez de ceft eftroy de l’oragc,amp;cn fortira la chaleur nuifiblc g. feroit peu entrer dedas: amp;nbsp;vous fouuiéne de mettrp toufiours en celle fai-tanviic elpineàu fons du vaiffcau,amp;cn tirer tous lesioursvnvoirede
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vin, à caufc que cela luy eft fort proufficabic.
VINCENT, le voudroy encor que VOUS mcdifficiccsfccretsqinlcr-uent à garder le vin en tout temps.
Secrets pour eon-feiuct le vin lègue-mène.
lEAN BAPTIST E.En premier lieu vous prendrez tout autant d’once d’Allum de roche bien pille, amp;nbsp;laße,en autant de cornets de papier comme vous voulez accouHrciRie vaideaux de vin,amp; en chafeufeau que vous en mettrez dans le muid, vous ictterez dedans la pouldrc d’vu cornet, en vfant ainfi à chafeun iufques à ce qu’ayez enuailfellé tout voftre vin: mais là où le vin feroit foiblc,amp; ûns force,défait aucc de rcau,il y en fault mettre once amp;nbsp;demy pour feau.La féconde maniere eft qu’en voulât ainfi ac-couftrer douze feaux,en prédrez vn feau du vin raefme, dans lequel mettrez douze onces d’alum, le faifant bouillir fur le feu, amp;nbsp;ne celfant de l’ef cumer iufques à tant qu’il ait fait trois ou quatre bouillons, amp;nbsp;commei fera refroidy le ictterez fur les autres douze féaux premièrement par vous remuez. Mais vous feriez mieux de mettre ce vin ainfi acouftrédansls muid bien net,amp; fec,auant qu’y mettre le refte du vin,le tournant puis a-prcsd’vn codé amp;d’autrc pour les mieux abreuuer de ce gouft:amp;cotut eftat apaifé,amp; rcfroidy,rcmplirez voftre vailfeau de ce vin, lequel fe maintiendra fort bien à caufc de la compofition qui l’imbibera amp;nbsp;au fuft, amp;nbsp;à la lie dudit muid. Cequinepeultcn rien preiudicierà ceux qui boiront de ce vin,comme Ion eftime que l’Alum y mis tout crud eft dommageable. La troificfmc manière eft,qu’en accouftrit,amp; nettoyant vn vaifleau de douze grands féaux, vous en preniez vn feau plein de vin. auec douze apces de ici commun, y obferuant le mefmc que i’ay dit fault vier à l’endroit de l’Alum. Mais vous feriez mieux fil y auoit fix onces d’Alùm pamy fix onces de lèl commun. Quatriefmement il feroit bon que voulas accou-ftrer douze féaux de vin l’ayant remué, vous prinfiiez huit onces de fel,amp; quatre de foulphrc bien pillez,ôc pulucrifez Icparcmcnt l'vn de l’autre,amp; l’ayant ietté dcirus,eftouper foudain le vaideau,afin qu’il ne feuapore pat aucun lieu : amp;nbsp;quatre iours apres en,pourrez boire à voftre aile. La cin-quiefme manière eft, que voulaiis ainfi drefter pareille quantité de vin que dcirus,vous preniez huit,ou diz poignées de grauois,amp; petis cailloux pris en quelque torrent, amp;nbsp;les lauer trefbien les mettant dans le muid, polcrez vneefcuellc de terre furle trou du bondon La gueule regardant en hault, bouchant le tout, amp;nbsp;l’cftoupanc auec de la Cray e, afin que la fumée du vin voulant lortir ne prüfte trouucc ifluc, amp;nbsp;ainfi foit contrainte f en retourner par le vaifteau, amp;nbsp;conlcrucr le vin tout ainfi quefic’eftoit de l’eau viue.En lieu fixiefme,puis que i’ay parle de l’eau vine,fi vousvou* lez bien garder v ne telle quâtité de vin que deftus, après qu’il fera remué, vous y pourrez mettre quatre onces en chafeun feau, d’eau de vie, cuitte quatre fois,laqucllc non feulement le confcrucra,ains encor luy donnera faucur. Septiefmement eft, que fi le vin eftfoible , vous en prendrez vn feau, amp;nbsp;le ferez bouillir auec douze onces de le!, amp;nbsp;bien boüilly, amp;nbsp;efeu-mé qu’il fera,le mettrez dans le vaifteau qui foie fcc,bicn clos,égt;; bondon-
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né,puis le tournerez d’vn coftc,amp; d’autre, le roulant vn long temps par la placc.Rafroidy que fera,amp; plein de vin, y aioufterez trois onces d’eau ar-dcnte,ayant eu quatre cuilTons;ce(î;e recepte,outre qu elle vault à conlèr-uer toute forte de vin, eft encor faine, amp;nbsp;donnant bon gouft, amp;nbsp;faueur au vin. L’huidiefrac manière fe fait ainfi, voulans acouftrer fix féaux de vin remué,amp; porté d’vn lieu en autre, prendrez deuxliurcs d’argent vif dans vite petite phiole de voirre,laquelle foit eftoupce de cire rouge, ou verte: en mettans encor au col de ladite phiole enuiron d’vn doigt, la couurans de parchcmin,ou peau de monton blanche, amp;nbsp;bien conroyée, en forme de chapeau fattachat à laditte cire, amp;nbsp;laquelle vous lierez bien au bôdon, afin que le vin n’y entrc,puis la fonderez amp;nbsp;mettrez iufquesà demy vaii-feau,amp; fera ainfi liée au bondon, afin quelle ne chée au fonds, amp;nbsp;en la lie du muid.Ec comme vous verrez que le vin ira en diminuant,amp; fe viendra
baiflezaufl.î la phiole peu à peu la faifant tenir toufiours à peu près du milieu du vin qui eft dedans le muid.Et en voulans garder plus grand, aioufterez toufiours quatre onces dudit argent vif, pour chafeun feau de vin. Or quoy qu’il en foit,ceftc drogue ne nuift aucunement auvin,mais plut-toft le conicrue trc(bicn,àcaufe qu’il eft froid de fa naturc,amp; propriété. Le neuficfmc moyen à garder le vin eft,en le tirant,amp; cnuelfclant de mettre en chafeun feau de vin quatre onces d’huile commun; lequel farrefte-tadeffus tout ainfi que fi ce fuftvn drap qui le couiirift fans qu’il y laiHé pcnctreri’air, ny autre chofe épi luy puifte eftte nuifiblc. Et ne l’en ofte-rez iufques à tant que le vin fera fort au bas, amp;nbsp;lors feparerez l’vn de l’autre en oft an s l’huile aiiec vnc cuillierc trouée ou aucc vnc cftamine,amp; autre chofe fubtilciou le mettrez en des boccails,à caufe que le vin f’arreftat au fonds,rhuilc demeutera au col longuet du boccal,lequel cpuifé, amp;nbsp;cf-coulé pourra encor feruir l’année après pourmefme vfage. Et fi le vin c-ftoit foible amp;nbsp;fans forcemy mettrez point pour chafeun feau moins de fix onces d’huilc.Ioint que fi les vaifleaux eftoient plus longs ou larges que de couftumc,il faudroit y mettre auffi plus grande quantité d’huilc,atten-du que le vin ticndroit plus de place,amp; largeur au hault, que fi le vailfcau cftoitbas,amp;eftroit. Or que l’huile foit bon , amp;nbsp;fuffifantpourconferuer quelque vin que ce (oit,on le voit en ce que les Apoticaires aucc cefte liqueur conferuent toute plante ayant iuft, amp;nbsp;quelque force conferuablc, voire amp;; le vin des Grenades, qui eft fi foible en eft gardé long temps. Le lt;lixicfme,amp; dernier moy en,eft de ptédre du ioüphre fondu à petit feu ^0. onces vue once de clous de giroffle,vnc autre d’ci'^cns, amp;nbsp;deux de mde- '^ *“?. guette,puis vn quart d’once de candie,amp; autat de poutre long, amp;nbsp;de gin- ^”® ' J‘ gêbteblâc aucc cinq noix mufcadcs:pilcz tout cccy cnfcmble, amp;nbsp;l’incot- técd’Ethio porez aucc le fouphre, puis mettez-îe au feu fait lentement dans vn pot pic le long de terre iufques à tant q le tout foit mefté,amp;incotporé. Apres ce prendrez de la cofte desbufehettesdebois fubtiliées aucc le rabot plusfubtil, ayans enuiron delà Gui-deux doigts de largeur,amp; les ferez en rôdeur en forme d’ancaux, amp;nbsp;cnuc-lopcrcz ces petis cercles ainfi fubtils en des fcilles de fer, les trempât tret
L’huile a grand force à cSfer-ucr les autres chofes liquides.
Meleguet-
CtyATRIESMB ÏOVRKEE
bien Tvn apres l’autre dans icelle fufditte cornpofuion,iufqucs à tant que ils l’aycnt bcue,amp; humée. Voftre muid eftant de douze grands mefurcs, vous prendrez fix de ces aneaux les enfilant en vnc chaîne , ou auec du fil d’archalt, amp;nbsp;les mettrez dans ledit vaillcau bien net, amp;nbsp;ellùy c , prenant bien garde qu’ils ne touchent au fions, amp;nbsp;tenant l’m des bouts en voftre main , afin que tout ne chee dcdans:à quoy vous mettrez le feu auec vnc bôugie,ou autre chofe,cftoupans fioudain le bondon fi bien que la fiuméc n’en puille fortir en forte quelconque,amp; demy quart d’heure après oftcz la chaîne, pu fil d’Archalt,eftoupant de rechef le trou du bondon comme dit eft,iuiqucs à tât que vous mettez l’entonnoir, amp;nbsp;iccluy bien lié amp;nbsp;en-uclopé de.toile,ou d’eftouppe de telle forte quelle y entre à grad difficul-té,y iettant alors le vin dedans,ou auec les féaux,ou cuucttcs,mais de forte que l’entonnoir foit toufiours à demy plcin,afin que le vaiffeau ne puif-fe rien cxhaler,amp; vomir de la fumée qui eft dedans,lequel leué, amp;nbsp;ofte,ne faillcz de fioudain y mettre le bondon. Or trois iours après,vous pourrez boire de ce vin,quoy que huiét,ou dix iours il fe fentiroit de ces drogues, amp;nbsp;compofitions : mais qui en vferoit ainfi au vailfeau dés que le vin y eft mis eler de mouft,amp; ne faifant que fortir de la cuuc,le vin feroit fans cefte làucur, amp;nbsp;cefte recepte eft bonne pour conferuer quelque forte de vin qu’on fçaehe, amp;nbsp;fut- il à moitié d’eau. Et ne fault craindre que le fouphre nuifecnlc beurrant,eftantluyfaindefonnaturel : amp;nefertlaquepour defeharger la couleur. Le refte des drogues y font aiouftées pour odet^^ fouphre celle puanteur qu’il a comme naturelle en fon odeur.Touff*. ** eftime-ie que l’opinion de lean Baptifte Nazaric eft la meilleure jqninçnt que le fouphre vaut mieux pilé auec ces chofes aromatiques fuf-nômecs, que non pas fondu, amp;nbsp;incorporé de la façon fufditte, amp;nbsp;les vnir auec de l’eau ardente, amp;nbsp;viuc comme qui feroit vne faulce,à caufe que par ce rooic les bufehettes de bois, font bien toft ointes de cefte liqueur, amp;nbsp;le feufy prend mieux à fon aife,ainfi qu’il fault que la compofition foit btuflée. Aufti par ce moyen ces cfpiecs auec la force,amp; foefueté de lcurodcur,cni-portent,amp; vainquent la puanteur du fouphre.
Moyea de faite du vi-naigrcblac des vins pOUlTcZ, amp;nbsp;gâtiez.
V i N c E N T.Comment remettez-vous fus les vins qui fontgaftezî Iean BAPTIST E.Vousfçauez qu’en toutes les faifons de l’année,il ƒ xdiuerfes fortes de vin qui ont quelque default, les vus eftans chancis,les autres poullcz,les autres feulement eftonnez qui ont quelque amertume, ou qui mordet aucunemet la langue pour cftrc quelque peu aigres.Qnât à ceux qui font chancis* ie fuis d’opinion que fils font foibles beaucoup, tju’on les ofte du tout du vailîeau, afin qu’ils ne le gaftent, amp;nbsp;empunaifif-lènr.Mais fils font fors, amp;nbsp;fumeux, qu’on les vende à ceux qui font l’eau de vie,ou que pluftoft on en face du vinaigre,à caufe que le prouflit cillera plus grand. Par ainfi pour vous en aider, vous ferez choix de quelques grapes de raifin, qui n’ont encor pafte par l’eau, amp;nbsp;les mettrez ioubsle preifouer : amp;nbsp;eftans ainfi cfcoulées les mettrez dans deux cimes feparées i’vnc de rautre,teUcmcut quelles fuient comme fiifpéducs,amp;à my airées:
Et
-ocr page 105-OB LAG Rl CLT V RE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;97 enfcmblc l’cfpace de quatre iours,metrez cn l’vnc d’iccllcs autat de cc vin gafté,comme il en fault pour aller par deflbubs les grapes fans pallet par deifus, lequel y ayant demoure vingt-quatre heures l’en tirerez tout, le mettant encor en l’autre cuuc,amp; fur le refte de la grapc,amp; par l’efpacc encorde vingt-quatreheurcsdequelfiny, leietterez derechef dans lapre-micrCjvfant de celle façô de faire iufques à tant qu’il foit deuenu fort blâc amp;nbsp;aigre : amp;nbsp;quoy qu’il ne vous fcmblaft allez fort amp;nbsp;aigre,nc fault lailïcr de le mettre dans vos muids,d’autant qu’en peu de temps il faigrira parfaitement. Que fi de vins fcmblablcs vous voulez faire du vinaigre d’autre forte,vous continuerez d’en metre fur les grapes blanches, ou noires tous les iours ainfi que delTus, amp;nbsp;ne faudra de deuenir amp;nbsp;blanc,amp; fort.
Que fi encor de ces mefmes grapes vous cn voulez faire proulHt,il faudra mettre vn peu de vinaigre par deiTus ledit vin galle,ou fans iceluy, le lait fantl'ale temps qu’auons dit de vingt-quatre heures, afin qu’elles faigrif-fent amp;nbsp;donnent puis après force au vin qu’on y mettra par dclfus.Bien cil vray, que pour la première fois ce vin diminuera de troifiefme, ou quatrième partie,mais dés que les grapes cn ferôt abreuuées quelque vin que vous y verfez, ne fouifrira diminution quelconque:amp;lesprcirant,cncor gaigncricz-voiis quelque chofe. On pcult encore faire du vinaigre du vin gafté en toute faifon,mais il diminue prefque de la moitié:pcencz donc ce 'la poullé,amp; Ic mettez au fcu,le faiiant bouillir iufques à ce qu’il efeume, puis l’oftercz de vafe cn vafc iclon le nombre qu’il cn aura au fcu,mettant àchafeun feau de vinaigre vnc once de poyure batu,amp; pulucrifé,amp; vnc li-uredefcl, puis luyfailant encor donner vn bouillon, le mettrez enfon vaiireauaulbltil,amp; peu de temps apres il deuiédta aigre félon voftre fou-hait.
VINCENT. N’y a il pas encor d’autres moyens de rendre tout vinaigre bien fort’
itAN B APTi sTE.Enaiâtdouzc(cauxdcccvinga(lc,faitcscnhouil- je fort bô ürvnàboncfcicnt,puislciettezfurtoutlerefte, l’augmentant amp;nbsp;dimi- vinaigte. Huant félon que le vinaigre fera peu,ou plus fort,amp; le rédrez bon cn pcr-fcâion. L’aigrirez cn outre d’au5tage,y mettant dedans vnc lame d’acier toute ardente allez fouuent,mais chalcunc fois la faifant refehaufer félon la bonté,ou peu de force dudit vinaigre,car il fe parfera cn celle forte.
Vincent. Auez-vous quelque fccret pour remettre les vins gaftez eu tel point qu’on lespuilfe boire,fans les ictccr,ou les douer à vil ptis,ou pour rien?
IE A N BAPTIST E.Parlant de ces vins, amp;nbsp;no de ceux qUi font du tout gaftez,amp; pourris, ic diray par quel moien on les pcult reduire cn cllat tel qu’ils pourrot feruir à les boire iufques à la dernière goûte, mais qu’on ne les garde guere longucment.En vendages dóc,dés que vous aurez tiré ce vin nouucau qui fort le premier aucc impetuofité de la cuuc,vo“ ietterez deffus la grape du railin roulé le vin gallc,mais en moindre quantité q cc-l'^ï 4}^ vous cn aucz tiré,afin que les grapes aient allez de force pour fai-ru
-ocr page 106-5gt;^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lt;yATRlESMH ÏOVRNE«
lt;^els vins re bouillir, amp;nbsp;ceftiiy mis,amp; l’autre qui refte de la cuuéc;Âf fout fur rhenre tre faHa' ^^’^‘^^ fouler ces grapes, fans y toucher autrement iufques à ce que verrez vendange, que fabailfentjamp;lors les ferez entonncler,amp;péfe qu’il fera clcr,amp;perdra fon mauuais goaft amp;nbsp;amertume: amp;nbsp;fil luy reftoit encor quelque manuals gouft, le pourriez mettje en vue autre cuuepour deux ou trois iours, en laquelle n’y eut non plus devin qu’en laprcmicrc, lequel tirant apres lera bien purgé,amp; fans vicc,ny degaft quelconque. Voicy encor vn autre moyen pour vins Icmblablcs, prenez deux mciuresde raifins premiers meurs de chafeune bottée, amp;nbsp;les dgrumez bien dans vne chaudière pief ne de bon vin,tant que lefdits grains de raihns y baignét à leur ailc,faiïànr bouillir cecy, iniques à ranr que le rai/în Ce creuc,amp; tout bouillant jetterez ce vin cuit fur celuy qui cftgafté,rayanrneantmoins au parauât remuéen vn vaidcau qui ibit net,de h grand de qaelc vingadé, de le bouillyy puif fent entrer cnicmble.Et Ci ibubaitez de le eine mcillcur,lc mettrez en vne autre cuue qui Coit plus de demy pleine de raidns bien meurs, lefqudsy ayent repofeians dite foulez, ny rompus quelques trois iours, ains qu’y mettre le vin Ci/dit;lcqucl y ayant cuué deux iourspourrez l’ofter,amp;lcri fore deUcur^muis ic vous cofcille de le boire durant lcCroid,ußn qu’Une Ce tourne Si poulCe auccla chaleur.
Vi N e t N r'.Vous pluid-ilpus me dire quelque moyen,3iremedepour uyder. Si remettre les vins qui Ce Centent de la. bru/Icurc, Si cCcludaiCon, aßn qu’ils n’aillent en empirant?
à vn^vin'^ lEAN B A P T i St E. Ayant premièrement remué Ce vin en vn^^deM lots qu’il d“^ ^^^^ ^°’^ ^ net, vous prendrez autant de bonnes orensesnon douces, fomence à niais qui ont de raigreur,Sc amertume, comme il y a de ivaat de vin dans feiîüet. nbsp;nbsp;le vailièau,Si les diuiCant chaCcun en quatre les enderez enicmblc, Siilt;:f
mettrez dans le niuidaucc vnepierre par dedus le bondon , aßn que ces orenges occupent depuis IchaultiuCques au fonds du muid. Cans routes-fois que ladite cnßleure touche du tout au fonds : Si cinq ou lixiours a-près pourrez vfer,Si boire de ce vin,d’autant qu’il fera außi bon q iamais. ToutesCois ne fault laiiCerlcfditesorenges plus de dix iours dans levaiC feau,ahn qu’ils n’endommagent le vin,ains le vendrez, ou boirez iüCqaa à tant qu’il loithny.
Vin CEN T.Ie vousprie encor qu’il vous plaife m’enfeigner les moyens pour oder la cbancilleure_, Si toute autre mauuaife odeur qui gade les ^aideaux.
Sixmoiens d’odti la chidifeare amp;nbsp;punaitie
des vaif Ceauz.
le AN BAPTISTE. Si VOUS deûrez dc nettoyer VU muid tenant douze féaux, il vous faut prendre vn bon feau de laidiue bien forte. Si douze li-ures de lie de vin qui foitforcfccbe:Sila où le vailCeau tiendroie dauâtage^ ic fuis d’aduis q vous y adioudez félon la quantité le plus de laidiue, Si de lie comme bcloin il en fera. Tout cecy mis en vne chaudière furie feu lots que la verrez bien boüillir,ieteerez cede mixtiô ainlîchaude dans le vaiC feau bien net,Si rafclé, l’edoupât foudain de telle forte que rien n’en puif Ce forcir,ou cxhalenlc roiiat vne bône piece parla placc,reirerâs encor ce-
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cy,Ci vouî voyez que la première fois n’y fuffife: mais en fault tirer cefte compofition de dedas auant qu’elle fc refroidilîc:car fi elle deuenoit froide,amp; que le vai fléau n’en fuft point tout plein, il deuiédroit encor moify, amp;nbsp;chancy du co fié qu’il feroit vuidc. Le lecond moyen, eft. qu’ayant def-foncélc vailfeau que voudrez guérir amp;nbsp;nettoyer de telle ordure,amp; cmply àdetny ou diuantagede paille feche le mettrez debout, amp;ymettantlc feuje couurirez tout auffi toft,mais non du tout,afin que le feu ne feftai-gnc,roüant amp;nbsp;tournant ce fons peu àpeu, afin de brufler toute 1’infcótió: apres cecy fault nettoyer le muid amp;nbsp;en öfter toute cefte brufleure aucc Vne rafcloire de fer,lc lauant amp;nbsp;nettoyant trclbié aucc le balay. Et lors remettrez le fonds en fon licu,prcnât vn feau de vin,ou de bon vinaigre ou f’Ius ou moins, félon la grandeur du vailfeau le iettant dedans tout boüil-ant,amp; bien eftoupé que fera de toutes pars, le ferez courir amp;nbsp;rouler vne piece, ça amp;nbsp;là pour l’abrcuuer de ce vin. Que fi parcas pour cecy cefte mauuaife odeur ne f en alloit point,ny de la fenteur du bruflé ne fault que recommencer iufques à tant qu’il foit net parfaitement. Le troificfmc remède eft,d’cmplir le vailfeau-gafté de bone eau toute crue,amp; froide,amp; l'y laifTer l’cfpace de deux iours,amp; en ùftant le fonds le rafcler de toutes pars fi bien que la lie oftée,on voye le fuft bien net par tout; puis ferez de feau fucendrée toute bouillante que vous ietterez dedans en frottant, amp;nbsp;nettoyant le muid aucc le balay fort diligemmét.L’ayant apres cecy bié laué, amp;nbsp;deffoncé tournerez fa bouche vers le folcil, afin qu’il y clpandc fes rais, amp;nbsp;chaleur le laifiànt ainfi par trois ou quatre iours:puis le fault emplir de grapes de raifin, amp;nbsp;du marc d’iceuxne failàntque fortir duprefiouer, le couurant de fou fons mefme. Au bout de quatre iours le vuidât,amp; remettant le fons, y ietterez dedâ s du vinaigre tout bouillant le roulas d’vn co-fte amp;nbsp;d autre ; vniour après, oftez ce vinaigre amp;nbsp;cmpliffcz ce vailfeau de vin,vous tenant tout alleuré qu’il ne vous fera faulte quelcôque. Le qua-ttiefme moyen eft bienaifé àfairc:à fçauoir,en prenant tout autât d’onces d’alum de rochc,cómc il y a de féaux de vin dans le muid,amp; le faire bouillir en vne chauderée d’eau, amp;nbsp;toute bouillante la ietterez dans ce vaifîcau quevouseftouperez afin de le faire rouler iufques à tant que cefte eau le ïcfroidilfcjl’en tirant tout auffi toft que cefte froideur la failift, afin que la Rïoyfilfeurc ne le remift en la place vuideme ceftant de continuer ce lauc-ment iufques à tant que la puanteur en foit oftée : amp;nbsp;cefte eau fera bonne encor à d’autres vailfeaux gaftez de mefme forte.Vous pouuez encor pré-dre de l’eau des tainturiers ayant taint leurs draps, amp;nbsp;ce à moindre frais, alors qu’ils la iettent, amp;nbsp;laquellefera autant que l’autre eau d’alum, la- Moyen de quelle ne fe pculr faire fans frais. Encore ne veux-ie faillir de vons apren- châdfléu-dred’ofterlamoyfilfcurc au vin, amp;nbsp;non au vailfeau, ce qui fcfcra,(i vous, fc au vin prenez autant d’orcngesamcrcs,comme il y a de féaux de vin dans voftrc amp;nbsp;non au muid:amp; diuifans en quatre chafeune defdites pômes d’oréges vn peu plus vailfeau. auant que de l’efcorcc les enfilerez ainfi qu’il a efté dit cy delfus, les attachât au bondon fi bien qu’elles ne touchét point au fons, les y lailfant dix
m ij
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jours fins plus: lt;5lt; pourrez boire de ce vin fans qu’il aye aucun default ny vice.
Comme on cfclair-eift les vis troubles.
VINCENT. Ayant vCéde courtoifie en mon endroit en m’enfeignant tant de belles chofes, encore vous prieray-ic me dire, quel moyen ilya d’clclaircir vn vin qui eft trouble.
lEAN BAPTisTE.C’cft cliofc ayfc'c, amp;nbsp;facile à faire,puis que le nombre d’autant d’œufs,qu’il y a de féaux de vin au muid, y pcuuent remédier envniour ou deux, mais les battre aucc leur coque allant que les letter dans le vai/icau, oftant neantmoins cellcpcau menue, amp;nbsp;fubtile qui tient la coque, d’autant qu’ellefèchant, amp;pourrillàntpourroit endommager Je vin.Mais â le vin eft fort trouble, vous l’o/lcrez de ion vailfcau pourle mettre en vn autre bien net,y adioudanrla tierce partie plus d’œufs qu’au parauanr,amp; vue once de fêl, vnc orangc,ou citron pour fèille de vin, vne poignée ou deux de marne bien lauée: amp;mcilanstoutcccy aucevnba-fton,lc ietterez dans le muid aflcuré que dans quatre iours le vin (en auf /i clair que Je deûrez.
VINCENT. le vous merde encor de ces adaertitTemens : amp;nbsp;quandiJ vouspJairanpuspourronsaous Jeuerd’icy, aucc conditio tourcsfoisque ne faudrez demain de m’cfclalrcir encor Jcs doutes que ic dcüre d’entendre.
lEAN » AP TiSTE.Mais vous, donnez vous garde de faillit devons trouucr icy à l’heure accoadamée,d’autanr que ic ne manqueraypointde mon deuoir tout ainh que i’en ay vfé iufques à J’beureprefente.
^FIN DE LA C^VATRIESME
i o v s. N s r.
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CIN oy IE s ME lOVRNEE
DE LAGRICVLTVRE DV
5EIGNEVR AVGVSTIN GALLO,
TKAITÀ^T^ £^!^ QUELLE S 0 KTE
Qj^ PEVT DRESSER VN BEAV
Cgt; pUifant iardinage.
E Seigneur Vincent de retour que fut lendemain à l’heureafligncc par rAuogadrc,amp;arriucàfonlogis le trouua en la falette près le viuier fous le colombier du milieu: là où il prenoit fon palfc-tcmps non feulement àrepaiftre faveueparlesfeneftres,quieftoient là ouuertes de toutes parts, fur la beauté des treilles, berceaux, iardin, vergier, amp;nbsp;fes champs qui eftoient du cofté d’orient : ains encore fc rccrcoit-il voyât vnc infinité de poilfon courant, faut clant, amp;nbsp;follatrant le long de l’eau: ainiî VinccntlcîàJüant, amp;nbsp;rany de mcrueille voyant vncfi belleprofpcéliue, entrant es difeours, amp;nbsp;arraifonnemens accouftumez luy commença à parieren ccfte forte. Confiderant, qu’entre tous les plaifirs quel’hom-™e reçoit en la vie ruftique, amp;nbsp;exercice du labourage, vn des plus grands font les arbres fruitiers, d’autant quenon feulement leurs rucillars,amp; rameaux donnent l’aifed’vncgrand frefcheur,amp; plaifontombrage,les fleurs repaiflent l’cfprit d’vnc gaieté qu’on ne fçait exprimer , amp;nbsp;les fruits nous contentans le gouft aucc leur dclicatcflc: ains encor noftrc ai-fc y prend accroilPcment pour voir ces arbres eftre le logis amp;nbsp;retraite d’vnc infinité d’oifillons, lefquels en deigoiftant leur iargon, amp;nbsp;bien gazouillé ramage, diuerfifient tellement les accords de leur mufique, qu’on ne fçauroit fouhaiter rien de plus harmonieux, amp;nbsp;dclcétablc. Et pour-cc,fcigncur Baptifte , eftant ce chofe trcf-honorablc amp;nbsp;digne de tout gentil efprit, voire requife par les plus grands Princes que Icplaifirdc iardinagçs:ic fouhaiteroy bien afteétueuiemer qu’il vous pleuft me mon-ftrer l’art amp;nbsp;moyen d’en drclfet vndes mieux accommodez, amp;nbsp;plus gentils qu’on voyc ou puifle trouucr, fuiuant que nous auons accouftume de les faire.
lEANBAPTiSTE.Icne m’enhardis ia de vous promettre de dire tou-ra iij
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CJNQ^TESMB XOVRNEÏ
Quelle ^^^ ^^^ chores rcquiCcs à vn iardinr/êiilcmcnc me fais-ic fort de vouîwon-doit eftre ^^^^ celles qui ïontJes plus nccclîàncs , amp;nbsp;pratiquées panny nous. Par Jalsietce nbsp;nbsp;ainß.qui vculrplan ter, amp;drcilcrvn iardin, fault premièrement qu'il adui-
Moyen de garder vn verger.
dvn ver- Æq le terroir ne /bitpoint marc/cageux,arencux, marneux, nyauffitrop dur,amp;expo/e au Soleil, d’autant que les herbes n’y prou/fiteroyent point quefort mal-aiiement.SiicftpofTîble encor, il faudroit-le dre/îèr près du logis/ant pour l’aile, amp;nbsp;commodité de laiouiiîànce des fruits, quepour empdeher qu’on n’y face dommage tel qu’on fait en citant cPoigné. te fault allbirdauantagcplultoft à Tramontane, amp;nbsp;vers le Septentrion que fur le regard du midy,alîn que des fenelires auar on puiUciouïr de làgaii-lardifc,amp;c beauté, tel queie v.oy dire celuy tant beau vergierde Gaiiono-fire bon amy.Il cil bien vray que fil dloitpolc versie midy, il fetoirplas expofé au Soleil, mais n’auroirfi belle prolpcéliue pourleplailîr de ceux qui font en lamaifon,Sc encore ferait offencé, amp;nbsp;endommagé de lapouf fiere, Sc ordures d’vne aire lors que les bleds font battis, h par cas ilen c-Ûoit voifunce que fins nul doute, dl fort nuilîble, amp;nbsp;dommageable aux arbres Idquels le chargent tellement de moullc,amp; viJcnnic,quc bien fou-ueneils en meurenr. Voudroy encor qu’on y feit à l’entour vn grand, large,Sc profond foffé,non tant pour y conlciucr l’eau en toute laifon,(iue pour le fortißer contre les larrons ,.amp;les belles, Sc encor pour y dreifer vn.viuier:amp;: le long duquel foit drefsé vnc baye efpaiffe d'aubefpines,ayac trois ou quatre cntrclallurcs,amp; rancs liez amp;nbsp;vins cnlcmblc: d’autant qu’y vfaut de diligence, Schon foing ceftehayefera beaucoup plus forte que muraille qu’on y fçauroit faire.
VIN CEN T.laçoir que les bayes foyentplaiCantes,Sc agréables,Ci fuis-ic d’aduis que la muraille pour eûre plus forte,Sc baltic en moinsde temps, edaulTiplusprou{btable,laquclle,c(iantpainte amp;:accoadréegentitnent ne donne guère moindre plaidrquela baye,
Qn cd-cc UÎAN BAPTISTE. Ayatpris dgard a l’adlctrc du lieu,fault encor co-^akedmèr (^‘^‘^^^^ ^® q“^' lt;;^ ^^ P^“^ propre au naturel dudit terroir: car fil cd pf apte en vn châp ^ produire de rberbe qiic dublcd,ie fuis d’aduis qu’on l’cmprcc,amp;:y feme d’arbres de l’herbe a y faire vn pré,À ciufc qu’il portera plus de prou (Et, amp;: fi fera fiaitiets. nbsp;nbsp;pbis plaifantà regarder:ioint quc le lieu n’en fera ii endommagé des fruits quandils cherront,oulors qu’on les recueille: comme feroyent les bleds. VIN CEN T.Etiedis que don culeiuoit,amp;: labouroicvn vergier tousles ans les arbres f en porteroycntmieux,amp;: rendroyentdu fruit cnplusgrad abondance.
JEAN BAPTISTE. Encore que ce foit en la prairie que les fruitiers font plantez, on ne rede point de belcher ,amp; remuer autour du pied des arbres dcux,amp;: troisfois.l’an,aind qu’il cd requis,amp;neceifaire.
VINCENT. le voy encor vneautreincommodite en cecy„qiii cd que lors qu’on abreuuclcs prez,on porte auld dommage aux arhres:amp;:ne dô-nant point l’eau allaironiiceàl’herbc,au[rmcfaultl'artcndred’auoirgue-rc grand cueille de foing,mcfmcmct die temps cd tourné à la fccberellè.,^
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lEAN BAPTISTE. Encore cecy ne me deftoume point de mon opi-Aion,d autant qu’arrouilmt les prcz au temps feulement qu’ils fouffrtnt grand fcchcrefl'e,amp; n’y lailfcnt point l’eau finon entât qu’il en eft befom», le fuis aifeuré que cela ne porte point de prciudice aux arbres, mais pluf-toft leur eft proufEtable,amp; mefmc(eu elgardàlaiàiibn)lcsengrefle amp;nbsp;ay-dcàlaproduôtiô des fruits amp;nbsp;maturité d’iceux.Il eft vray quefaifant courir l’eau ordinairemcnt,3infi qu’on en vie és autres praéries, pour engref-ferlcpré,ce ne feroit fans grand prciudice des arbres. Mais en lieu de l’eau qu’vn tel pré foit amendé, de engrefté auec de l’amédcmcnt choify, amp;nbsp;fort clmcnuilé,ou qui foit mefté auec de lapouflicrc,d’autant quc(commc i’ay dit)il portera plus d’herbe que tout autre : fins le proufSt que les fucilles, amp;nbsp;fruits des arbres cftans deuenus grands luy cauléront en cheant, amp;nbsp;en-grcffantlc terroir. Voire que les fruits qui viennent en lieux non arroufez font ordinairement plus lauourcux, amp;nbsp;le conferucntplus longncmét que ceux,la terre dcfquels on abrcuuc: quoy que quelque-fois y obftant la fc-chcrcllècefruit ne vient en parfait accroilfement, amp;nbsp;accouftuméc grandeur.
Autres ad-ucitiflc-inens pour le maintc-nemét des vergers.
ViN c E N T.Commentfc faut-il gouuerner à plater ces arbres,amp; qucl-lemefureeft-il beloing de tenir en lalignement d’iceux pourmettredi-ftancecfgalc de l’vn à l’autre?
Iean BAPTISTE. A bien plantcr,amp;dilpofcr vn verger fault coalî- fau^'jjep derer en premier lieu la nature du terroir,car fil eft doux,gras,amp;qu’il fail- f^j iç p|jn, le l’atroulcr, il fault auffi tenir loing le plant l’vn de l’autre les compartil- «l’vn vex-fantàtout le moins à trente-fix coudées d’efpacc,amp;chacun arbre de fon S“gt; voifin foit fcparé d’enuiro dixhuiét coudées, amp;nbsp;mefmc fi ce font des pom-miers a caule que cell arbre fclpandplus en branchage , amp;nbsp;deuientpius grand que les poiriers ny cerifiers, ou autres fruitiers femblables. Et qui les planteroit plus efpaiiremcnt,non feulement,cftans paruenus à leur iu-fte accroiirance,ils fcmpclchcroycnt d’eux mclmes,ains donneroyent encor tel ombrage au fons,amp; à la terre d’alentour, qu’on n’en pourroit tirer prouffit quclcoque. Audi ce n’eft pas tout que de voir vn arbre bien chargé de fruit,mais le plus grad plaifir gift à le contempler grâd, bien touffu, amp;nbsp;feftendant en bcllc,amp; large cheuelurc.
Vincent. Pourquoy eft-ce donc que les arbres de ce voftre verger font fi cfpaisen eftant le terroir fi gras,comme la gaillardifc de celle herbe dtuc,amp; verdoyante le monftre?
IEAN BAPTISTE. La naïuc verdure, amp;nbsp;abondance herbue de ce pré ne prouient point de la bonté du terroir qui eft fort maigre, amp;nbsp;argillcux, ains de l’abondance de l’amendement, amp;nbsp;fumier que i’y mets tous les ans niellé auec de la pouflicre, qui le contraint à plus produire que ne porte fonnaturel. A celle caufc,moy cognoilfant ce qu’il valoir, ay fait l’elpacc des allées,amp; alignement de feulement 24.coudées, amp;nbsp;l’intcruaUe des arbres d’enuiron neuf coudées loing l’vn de l’autre.
T i Nc E N T.Mais pourquoy y aucz-vous planté fi grâd nombre de poi-
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0^1 terroir vealêc iespoiaiers
riers amp;nbsp;vnc Ci petite quantité de pommiers.
Le poirier I e A N baptist r. Sçaehant que les poires font plus fragiles, plus Vantéen^ ^°^^^^’ ^ de plus grand liqueur que les pommes, que le poirier ayinc le fic^u fcc'quot;amp; terroir Îàblonneux,marneux,amp;fec,i’ay icyplantcceièarbrc en plus grand ûbloncux. nombre que des pommicrs,amp; le peu delqucls qui font icy, font encor come ûuuagcons,amp;non fi grand leur fruit que depoires.C’eftpourquoy ie loucleScign, JulianCulline, d’auoirfaitembeJIirfongrandiardinfain/i quauezvea)detellc,amp;figrandabondance depommiers, amp;peudcpoi-ricrs,commc bon amp;nbsp;läge mclnagcr qu’il cll,entant qu’il leak que la pomme eft mafiiue dclbn naturel, amp;nbsp;qu’elle croift, amp;nbsp;dénient parfaitement amp;nbsp;bcllc, amp;nbsp;bonne,amp; grande en vn terroir gras,moJ, amp;nbsp;humide tel qn’cll leTien.'Neantmoinsn zelterculcmcntdiCcvct en rzligncmenzfipzrantles elpzces de ^exondées,Scies arbres l’vn de l’autre dc4cizc comme auflîà mettre des amandiers,ceririers,pe{chiers,Sc autres arbres Cemblables aiaCt qaciayfait, ains les plante en vn petit vergeràpart lâns y mellet ny poi~ lier,ny pommier quelconque.
VINGEN T.£t quoy ellimez-vous plus vne bonne poire qu’vue bonne-pomme?
Les poires 114 n BAPTISTE. On nelçauroir nier que la poire ne foit commu-deUcates nbsp;nbsp;«f™cnt plus plairanrc,ôc CauourcuCe au gouft, amp;nbsp;que celles qui font bon-que lespô- -ucs ncfoyentplus cllimées,8c mieux vendues que les pommes.llcAmy naesi nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;quelles ne font Ci faines, mais font plus plaifan tes à manger eu leurfaUbn, cru'cs,3c cuites,pour confire. Seen faire de bons gafleaux.
V i it c EUT. Si ce que vous dites eft veritable, pourquoy ^(^'^^ ^°”*' qu’on ne plante point plus de poiriers que de pommiers, amp;nbsp;non au con-trairc-ainn qu’on en vfc ordinairement!
Iean BAPTIST E.le vousdis que non feulement font à blafmer ceux qui ont leur plan,Sc terroir côinodc pour le poirier,^ cependantypbn-tenr des pommicrs:ains encore ceux qui plantent de mauuaisplans Sc de l’vn,Sc del’autre,ayans le moyen d’en reconurerdc bós, Scprouflitables.. Vincent. Ceult-eüte qu’on ne plate, ou entepoint tant de poiriers, que depómiers,d’autant que la poire a’elk de tclle,^ fi longue durée que la pomme!
Poires de Iean baptist e.Les poiriers ne durent pas moins, ayans leurs fai-* Autonne Ions, veu que des la myMay on voit les petites poires mulquées,lcs poires de rarité nbsp;nbsp;fainäIeai3,poires à deux tcflcs,Bergamotes,Sc autres en nôbrcinliny qui te^^ bon ^^‘^^’^^^^l^l'^^^l^l^l^b^Cf^^^^b^gt; Un outre celles qu’on recueille en Au-chredien, tonne allée leurs deucs circon(lâces,Sclefqüelles durctiufques à Pafques, cailleau- amp;nbsp;d’auantagc:amp;pour leurprecieufe rarité on les vend plus chèrement au louCat, St poids, que les pommes qu’on vend à la mefure.Au rcfle, lequel des arbres autres. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fraiciiers ed-ce qui foit ûbeau,baut,8c droit que lepoirienlequcln’agat
de de tant occuper aueefon ombrage que fairlcpómier: ains encorpot-teprcfquetouslesansfruiâ,la ouïe pommier cd ioarnalierportant vne année amp;nbsp;l’autre non.
VINCENT,
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’oy
V i N c E N T.Iaçoit que les pômiers portent leur fruit ainfi que vous dites par rdafehe d’année,fi cft-ce que l’an d’abondâce en foifonne tant que il redouble la fertilité du poiricr:lcquel outre qu’il eft plus difficile à croi-ftrc,amp; plus mal-aifé à enter que le pommier, encor eft-il plus fubiet en là tendreur d’eftre rongé de vers qu’aucun arbre fruitier qu’on fçaehe.
L’ente du poirier fu-ierte à eftre rongée de vers. Traité fur le planter des arbres fruitiers.
lEAN B A PT i s T E.LaHlànt à part tout ce qu’on fçauroit dire au contraire d’vue part amp;nbsp;d’autre, il eft temps déformais que nous parlions du moyen de planter les arbres qui eft la première requefte que vous m’auez faite, Pour y entrer donc,icdis qu’auant que planter il fault faire Icsfoficz àlçs mettre deux ou trois mois auparauanf.entant que le terroir fe dilpo-fera de telle forte qu’il pourra fccourir alfcz fuffifamment les racines, les faifant, amp;nbsp;plus, ou moins larges amp;nbsp;profondes,, ainfi que le requerront la bonté du terroir,amp; la grandeur de l’arbre. Il eft vray qu’aux petits àrbres le fofle ne doit eftre moindre que d’vn pas amp;demy de tous coftez,amp; de deux à ceux qui font plus grids,ôcencor dauantage,amp; fault mettre le bon gt;nbsp;terroir d’vn cofté,le moins parfait de l’autre,afin que lors que vous plate-rez l’arbre vous mettiez au fonds le meilleur , amp;nbsp;puis l’autre apres en cm-plilfant la folfc.Fault depuis que chafeun arbre foit planté plus, ou moins allant en terre félon fa bonté : drclfant amp;nbsp;accommodant fi bien amp;nbsp;genti-mét les racines à tout la main,que l’vne ne demeure point fur faut te,cou-Urant premièrement le fons de petites pierres,n’ayant la plus grande plus:-d’vn demy pied en circonfcrcnce;à celle fin quc(commc ic dis auant nier) qu elles facent vu pareil cffet,qu’clles font aux foliés des vignes.Et eft requis que le mefnager prenne garde de ne point planter ny durât les grads froids,ny quand il faiéh grand chault,ou vent exceffif, ou quelque longue pkiye,ains feuhment lors que le temps eft doux amp;nbsp;fort ferain, choififtant pluftoft vn iour nuageux que le folcil eftant chaloureux, amp;nbsp;la Lunc croil-lânte.Etlors qu’on lesdcfplantc, pour les replanter fault marquer en la î'^e la manière comme ils gifoiéten terre,afin que la partie de l’arbre qui tcgardoit rOrient,foit aufli orientéc,car fe gouuetnant ainfi à l’endroit de ccftc-cy,lcs autres feront aufli le femblable.
Et fault les arracher la Lune eftât tendre amp;nbsp;nouuclle,fut le foir, amp;nbsp;auec le plus de racines qu’il fera pofliblc ; amp;nbsp;fil en y a quclqu’vnc de gaftée, ou rompue qu’on ne faille de la couper.Que fi on les porte de loing,que fou-dain qu’on les a arrachez , que les racines foient enudopéesde quelque drapeau auec de la te rre,afin de les garder du vent,amp; du lolcil,aufli eftant ainfi gardées elles prendront pied plus facilement. Et plantant ces arbres fault fouler la terre ainfi qu’on la iette fur les racines, auec vue mafluc de bois bien efgalle en fons, afin que les arbres loient plus fermes, contre la ■vehemence des vents.
Vincent. Lcqueltcmpscft-ceqVcvouslouczlepluspourplantcr ^‘^E® arbrcs,ouauantlH.yucr,ouauPrmtcmpsi yicàplan-
1e AN BAPTISTE. Si Ics trouz,ou follcs font faites dés Ics mois de luü- tei lesat-kt,oü Aouftjlç trouucrois meilleur de les plâtcr en O ctobrc,ou N ouem~ bres,
n
-ocr page 114-to6 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;C I NQV Ï E S M B 1 0 V R M E E,
brc,que non en larmier ou Feurier : d’autant que lots la terre ^ageançe amp;nbsp;bien autour des racines de rarbre,qui /ont comme mortes,que lors qu’elles commencent àpoulîcr, amp;nbsp;germer, elles fecourent beaucoup mieux l’arbre que fil eudedé planté au Printemps. Que Ci les rameaux font ef fartez,ou les racines fort gailécsamp; inrcrcirées,ie luis d’aduis qu’on lespla-tc en Feurier,pourucu que les folles foyent faites dés le mois de Dçcera-bre.
Qnéls arbres meilleurs à en-terjes do-meftiques ou les lâu-
VINCENT. Lequel eft le meilleur à planter, ouïes ianuageons depoi-riers amp;pommiers,oales autrespourpuis après les enter,
Ie,4N b A PTi s TE.Iaçoit qu’entrenous on plante les fauuagcons,/î fais-icplus de copte des domeftiquespour y enter dedas.D’autant qu’enta nt vn lâuuageon amp;nbsp;vn domeftique enlcmblc,le domediqueporterafon fruit plus gros,amp; faaourcux,8c ayant plus de liqueur que l’autre.
Auffi voit-on par experience qu’ayant enté fur vn làuuagcon, lors qu’il uageoas. cpmméce à porter fruit. Ci vous y entez encor vn coup les meCmes greffes d’va meCmearbreje fruit en fera,Sc mcillcutôcplus beau.C’edpourqaoy en Flandres,en AJemagne,amp;autres prouinces on neplantcgucrc iamais finon des arbres dome/liquespour fen ferait à enter.
v IN entT.Ce que venez de dire cd allez croyable,entant qaecesat^ bres domediquesfontpluspleinsdedoaceurquclcsautres,SiCauancenC plus faeilementen accroid'ance,Coir en gtodeur ou hauteur.Maisilyadu peril qu’il ne feront de fi longue durée que les fauuages.
Come les arbres veu
I E A N BAPTISTE. Tout ainüique les iardiniers ( au moins commeie penCe dcaroient pludod auoir efgardauproufBe, amp;nbsp;àIhonneur qu’à la pcrpctuité,amp;: longue durée: andi conCiderans la bonté des arbres domediques,ne dearoycntlaidcrdcles planter pour l’opinion qnHs en ont qu’ils ne font pour durer les cent ans ou plas,ainfi que font les faU' uageós.Audi leur doit-il laffirc qu’ils viurót no feulemét durant l’aage à: celay qailes plate ou defes enfans:ains encor de Ces neaeux,Srplas outre, VINCENT. le vous prie de m’enfeigner quelque rcigle pour aider à h gaillardifc de ces arbres,amp;fur toutà les tenir frais,amp;. en bon ordre.
lEAN BAPTIST E.EnpremieiUeu fault que foient bouez,amp;. befehez deux fois 1’an:Se: fur tout veulent cetraittcmentles poiriers,3cpommiers pour edre plus requisSc precieux que les aurres:3c fils font plantez en vn
lent edre
tiaitei 3c pour edreplus rcquisamp;precieux q
caredez. nbsp;nbsp;terroir qui foie maigre,qae fur l’Autonne on les amédeauec du fumier,Sc
terroir mena Caries racines, mais meûé aaec la terre meCme du lieu, Si lomg d’vn pied de la tige,Si tronedeVarbre. Il ed vray qu’il vaulrmieux leur douer à chaCcun vuepeûée de cellepoufliere qu’on recueille en Edé parles chemins,edant la deCpéce de moindre frais,Si la cbofeairez prouf-hcable.Puis fault qu’au mois de Fearieron efmóde amp;: coupe les rameaux amp;■ reieccoas iapertiazau decroid de la Lune,Sc fur tout ceux qui regardée en bas,ou qui l’acrochenc au milieu de l'arbre,amp;: fault l’y gouaemerfélon la gaillardifc de l’arbre à l’efmonder ain Ci. S affife-vous q tant plus ils ferât ordonnezSc traitez aucc difcreeion,queplus aadiils abonderont en bons
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friiifs,amp; en dureront plus longuement. Mais fault faire cccy lors qu’il ne fait ny froid ny vent cxcclTif, ny pluye, amp;nbsp;toufiours auec le fer bien tail- Comroe fc lant,coupant les grosrameaux qui pendent en bas,ouqui font les plus fault gou-prcs du tronc, afin que l’eau de la pluye ne fy arrefte, amp;nbsp;que l’cfcorcc en “émet a croilfant puille couurir ce qui a efte taillé. Mais ferez aduerty de n’vfer de quot;f^o^jç^ cesretaillcmens alors que les arbres font en fleur, d’autant que facile- j^j arbres, ment ils pourroyent fc fecher, amp;nbsp;tarir, ainfi que plufieurs fois i’en ay veu l’expérience. En ce temps meCme fault öfter les fucilles fcches qui ont en elles endos les nids, amp;nbsp;oeufs des chenilles,amp; autres beftiolcsfcmblablcs,.
Icfquellcs confumcnt,rongent,amp; gaftent amp;nbsp;les fucilles,amp; tendrons, amp;nbsp;le fruit mefmc:fans qu’encore elles font fccher,amp; mourir bien fouuent tout . l’arbre,amp; fur tout les poiriers, amp;nbsp;pommiers, pour eftre plus fubieds à ce-fte maudite vcrminc,que le refte des fruiticrs:amp; eft befoin en outre de rc-purgetlcs troncs de toute playe amp;nbsp;entameure que les vers, oufourmis y font, àcaufe que cela caufe leur mort, amp;nbsp;ruine. Ne fault encor oublier que lors que l’arbre ne croift plus en grofteur de fendre l’cfcorcc du tronc en quatre tout du long, ou en cinq lieux félon qu’il fera gros ,amp; lors eu peu de temps on le verra croiftte à mctucille. Encor cft-ce chofe da grand’ confideration que lors que les arbres font chargez de fruit plus que d’ordinaire , ainfi qu’il adulent fouuent qu’il y en a autant ou plus que de fucilles, de les en defehatger de la troificfme partie, ou de la moy-tié , d’autant que ceux qui refteront non feulement dcuiendront plus bcatix,ains encor l’année après il y en viédra plus que fi on les laiÜ'oit ain-fi chargez.
VINCENT, Comme ie prens plus de plaifir en ces aduertiflemens, encore voudroy- ie que me difcouricz d.c la façon d’enter les arbres, amp;nbsp;Ici-quels font les meilleurs pour ce faire.
lEAN B A PT1 s TE.laçoit qu’il y ayt pluficuts moyens d’entcr,fi cft-cc Les arbres que celuy qui fc fait auec le forct,amp; tariere eft le plus en vCige entre nous, amp;celuy qui eft aufli le plus fcur, mefmemét fi c’eft faitau Printemps,lors ■ que les arbres comencent à fuer en leur tronc,amp; rameaux,amp; deflouz ter-rc;amp; les enterez aux mois de Mars,amp; d’Auril,l’ils font placez en lieu expo fé au froid:mais fi leur pli eft regardé du chault,lcs fault enter en Feurier, amp;nbsp;toufiours ains que les greffes commencer à pouffer,amp; germer.Et cefte ey eft la vray e manière qu’il fault fuyuic:cntât'qu ainfi q le chault ouvre, €lucille,amp; contraint tout arbre à germer amp;nbsp;produire,amp; fucilles,amp; fleurs, l’Hyuer au contraire,amp; le froid les fcrrc,amp;lcur endort leur force.Et vault mieux enter fur le foir,que le marin,amp; le plus près des racines que des rameaux,d’autant que tant plus bas eft l’cntcurc,plus grâd vigueur auffi reçoit l’été de l’humeur dç ha terre. Et quit à ce qui touche la Lune ou nou-uclle,ou vieille pour enter,encor eft il plus prouftitable de ce faire durant qu’elle croift,d’autant que les greffes prennent amp;nbsp;f’affetmiflent mieux, amp;nbsp;en croiffcnt,amp; pluftoft,amp;dauiitage.ll eft viay qu’éter au decouts,amp; mcl-mernét depuis ton plein iniques au 14.de fon déclinées entesen ferôt plus
eltans en feue fait bon enter auPtintëps
n ij
-ocr page 116-teS nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ClUQ^ÏtSUn lOVRNEB
abondâtes en fruit à I’aduenir.Si cA-ce que ie Cais d’adais qu’on en vfc in-trcmcnr,amp; Joüe fort ceux qui entent toufiours durât ianouuclle Lune es terroirs qui font maigrcs,amp; en decours en ceux qui font gras amp;nbsp;fertiles.
VINCENT. De tant plus font recômandablcsccux qui entent es mois faCdits, tant plus doit on accu/cr ceux qui le font en Hyucr, amp;nbsp;les entent en l'arbre qui eft encor à planter, lequel ils plantent vers Noël durant les grandes froidures: par ainû ne fault feftonner fi ces arbres font toufiours fi chétifs, amp;nbsp;i’ils défaillent en peu de temps. Ce pendant ie defire fçauoir fèulcincnr quels greffes amp;ïyons il fault cnoifir,amp; de quel cofié de l'arbre il les conuient prendre.
Quel doit eftee l’ar-
Corne on r E A N B A P r r s T E. le feroy d’opinion qu’on efieuft deprifi ceux qui doit choi- rournentàl’Orien fur l’arbre, amp;nbsp;qui font bien proportionnez en beauté, fes r^ter ^großear, a.yans les yeax, 8c boutons gros amp;: eCpais, Sc les fault (Cil eA poifiblcjles enter au/îî tort qu’on les aura coupez de leur mere ioiiebe. Si on les porte de loing,qu’ils ioyen t cnuclopcz auec vu peu de terre Sc dans vu drapeau, ou autre choCe, aßn qu’ils Coyent maniables a c/lrc entez, Sc non Cecs par le vent, Ôc force da Coleil. Il eAvray qu’on les peak porter dansles canncsamp;roleaux bien clos en vnpeu dcmicl.Or fiultil quel’ar-^^ ^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;brefar lequel vous voulez enter Coit lain,ieune,vcrd,rond,nec,non rorca,
flud on '' ^'’® nœuds,amp; de belle couleur,afin que plus aiiemen t le nouueau fyon y ente. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;prenne pied,8i gentile noarrirute.Levoulans enter à fente,oa auec le fo
ret Je fault fier au plus beau lieu de tout l’arbre, mais que le fer loir bien trenchât au poffiblc,afin dépolir la tailleure ;amp; en fendre autantçuïl^ ra befoinjiantpremieremet treßaien le tronc aûn qu’il ne faß fendu plus que de raifon: ^ Ci gentimenr,accommodat le greffe en fa fente, qu’on ne voyc rien de ce qui eft taillé, amp;nbsp;que le premier œil, ou lieu des boutons^ grand peincpuiffcilcfircapcrccu foitfur la taillcure, ou par dehors fat l'efcorce du rameau,ou de la tige: laquelle foit bien liée, Sc couaerte auec de la cire meüéc auec ce qui eA eßargy amp;nbsp;fendu, elle valant mieuxpour conurir qu’autre choie qu on Crache dire, 8c encor pour emplir mieux la fcntc:amp;-autour lierez l’ente de paille defeiglc, accouArée auec vnpeu de terre, afin qaelesgreffcspoußcntScgermentplusfacilcment, Icfquelles ffayentpoint plus dedemypied de hault 8c longueur hors du troncou Jon les plan te.
vi N CE N T.le vouspriecncordem’enfcigncrlemoyend’enceràpeâ-te couronne,ou comme autres dient,à enfeillerles entes.
^ent^/'i ^^quot;^^ BAPTISTE. Ccilcfaçond’cntcmcntncfurgucreiamaiscnv-petite cou- ^^S^panny nous,iaf oit qaô en pculr vier en tour teps que les arbres font sonne. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;en fcue:nonpourtant fen aidelon en Feurier ôcMars, luillct,Sc AouA,f
caufe que lors les arbres font le plus en amour, amp;nbsp;l’airplus doux Sc tempere pour les fecourir.Qui en veut vfer faultpluAoACadreffera ux arbres gros,qacnon pasaux menus, 8cfubtils:à ceux qui ont l’efcorce dure amp;: groAicre,auant qu’aux autres qui l’ont mollette,Sefubtile,y mettant l’ente atfez große, Sc ayant les boutons eCpais, 8ctirée du coAéleplus orienté
-ocr page 117-BE L’A G R I C VITT HE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ÎO9
He Con arbre premier. Er ayant coupé le tronc, auquel on venir la mettre, aueevnefie fubtilc, le fault raider aucc vn couteau iufques à tant qu’il foit bien net,poly,amp; cigal de telle forte, qu’on ne puiire otFcncer aucune-met refcorcc:puis le fault lier aucc vue cordc,ou ceinture près le lieu, ou l’arbre a efté fié, afin qu’il ne fe fende , lors qu’on fichera le coing entre le bois,amp; l’efcorcc.Mais vn cloud de chenal bic limé, y feroit mieux ceft of-fieeque le coing: amp;nbsp;l’aiguifant gentiment, le fault mettre ou le coing, ou le cloud entre le bois,amp; l’efcorce à dextrement non moins de deux doigts dans le tronc del’arbre, regardans de la pointe ronde vers l’efcorce, amp;nbsp;de celle qui eft plate vers le bois: puis façonnerez voftte ente felon la forme du coing,ou du cloud cnuiron deux doigts, y lailîant outre l’efcorce vet-dc,amp; fubtilc,auffi la premiere les accommodant fi bien dans les trous fais aucccesinftrumens qucles efcorces amp;nbsp;du tronc, amp;nbsp;dd’ente fe puilfent entre-baifer fans qu’on voye rien nud du bois taillé: ains la feule cfcorcc y apparoiffe.Et pcult on lai (fer la première cfcorcc au greffe du cofté qu’on n’ageancc point auec de la bouc,toutesfois la fault cllcuer vn pcuamp; en ui-ron deux doigts, à caufe qu’elle poféc en fon lieu fert de deifcncc à l’efeor-cedutronc,comme fic’efioit vn petit chapeau,ou couronne.Accouftre-Jcz an refte ces entes autour du tronc loing l’vne de rautrc,nô moins que de quatre doigts:amp; que foudain vous couurez amp;nbsp;la tailleurc du tronc, 5c la fente de l’efcorce, amp;nbsp;des entes aucc de la cire comme deffus i’ay défia dit. Puis en oftant la corde, ou ceinture, lierez l’efcorce aucevne hard d’ofier fi longue quelle puilfe embrafTer le tronc en trois,ou quatre tours, amp;nbsp;doubles, afin que les entes foyentpar ce moyen deffenducs, amp;nbsp;fe tiennent fermes contre les vents,amp; autre violence:amp;contre le tronc mettrez vn pieu, 5c fouftien pour les fuporter, oftant les reiettons d’alentour do l’arbre: 5c à chafeune des entes lailfervn bouton ou deux des plus beaux quiparoiffent en icelles : d’autant que tant plus le nombre en fera moindre , rhumeur caiifcra la vigueur 5c accroillcmcnt des rameaux qui y feront pour refte.
VINCENT. Encore fouhaiteroy-îe de fçauoir les moyens d’enter à tuyau,ou(ainfi que nous difons)à violette.
lEAN BAPTISTE, laçoit qu’on puilfe enter à tuyau les mois d’Auril, MoyJ d’en 5c de May,fil fuis-ie d’opinion comme pour chofe meilleure que ce foit en ter i tuyau luin, ou fur le commencement de luillct, ayant neantmoins a l’auancer, ■ou retarder felô que le païs eft chaulr,ou froid, 5c encor à choifir les greffes lors que les arbres font en leur pcefedion, quelles foyentncttcs,po-lics, amp;nbsp;prifes du cofté de 1’0 rient,vfànt de foing à cueillir chafeû tuyau,amp; le tordre,5c accouftrer fans le rompre cftant l’efcorce de deflus le rameau fort proprement Ôc de mefme raefurc que le rameau, afin qu’en le mettât deflus, il fcmblc vnc mefme chofe aucc iccluy : 5c n’aura Ce tuyau plus de deux boutons,5cycux,5c en y mettant les plus ou moins félon que l’arbre que vous entez foifonne en rameaux,5c branchage.
V i N c E N T.le fouhaite encor de fçauoir de vous la façon d’enter en et
n iij
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CIN Q^ lïSME lOVRNEE
cnteencf- lEAN BAPTISTE, Pour enter de ccftcforte, faulr cn premier licu 0-cuifon, ^^’^ ^o“® ^^s boutons de l’arbre auec vn couteau bien taillant à la pointe, amp;r ce en formc,amp; Egure d’vn cCcu{ron,amp;: mettre vn greife en licu,amp;placc du rameau que vous en auez ofte,mais qui lbit vn peu plus grandclet afin qu’il empliiîè ce qui cÆ vuide, amp;nbsp;lequel on air moyen de planter vn peu par deilbuz l’cicorcc, liant cbaicun nœud,amp; cCculToa enté aucc vn lien de cicorcetoutautourdurameau , ou tronc enté, ians que la liailè count.' rien deVefcalTon, afin de ncmpeCchcr point qu’il poulie, ôegermeàfon temps amp;nbsp;f^ifon. ToutesFois vaudroit-il mieux coiiurir ce bouton, amp;nbsp;œil entamé auec celle languette d’efeotee qui teilep^t deilbuz, fins qu’on l’uye coupé, amp;nbsp;la lier 2uec vue autre efeotee nulTi lubtile, ce qui eH coupé pur deirouz,amp; a.ubout de cinq, ou Ük iours deüier, Sc dcüioûer le tout: veu que dans ledit temps le bouton,amp;ncud de l’ente Feroit incorporé, 8c vny auec l'humeur du tronc: »Je cependantnefaultfaillir d'oCmondcr amp;nbsp;couper tous les rumilFeaux, de grelFes non entées qui Font à l’entour amp;: tousles reiettonsqui iùrcroiilronticlonIcsFuiFons, iaFqaesiceqacles bonnes entes,amp;cplans Foyent Fortifiez, de pamenas à leur perFeâion. Et ceflc manière d’enter Fc Fait au tronc, Setige de l'arbre tandis qu’il eflicu-nc,amp;tendre,laquelle eflât endurcie,de deuenuëgrofle,amp;: malUue, on enteles rameaux en cFculFon, tantpour-ce qu’ils prennent, amp;nbsp;FafFetmilFcnt bien pour cflrc tendres, quaufli ils Font grand quantité de greffes pour
Fen aider ailleurs,
dc°'j^rFamp; ^^^ CE N T.Et véritablement c’eil art d’enter cil vnedesphw belles amp;nbsp;inuention ^^^c^Umtes choFes qui Foit en toute la fcicnce d’Agriculture: veu la force d’enter. qu’on Fait àla nature changeant les Fanuageons en domefliqaes,Sclesar-bres flcriUcs, en ceux qui Font Fettillcs amp;.dc grand appoi t.: amp;nbsp;trafinuant, ceux qui Font de maunais goufl,en grand delicatcfle, les tardifs en ceux qui viennent auantFailon,ôc les Faifonnez les Font deuenir tardiFs.Diaam tage cell art Fait que non Feulement l’vnc cFpece efl cbangée,amp;ttanFmaée en vnc autrc,amp; que diuers Fruits Faccommodenten, amp;nbsp;lut vn meFrnearbre : ains encor les arbres etrangers paruiennent iniques à nous, amp;nbsp;nous FaiFons largçfle dés noflres aux pars, amp;nbsp;hommes eflrangcrs.
izAN B A PT i s T E. Mais qui Içauroitiamais afFez déduire leprouffit, commodité,plaiFir,amp;: contentemét qu’a le bon mcFnager quientefesar-bres, ayant cefl auantage de recueillir le Fruit aucc ces melincs mains qiu les ont cntez,nouriis de eflcuczp leur ttauail,âi diligécc: Q^F’ilFaiUoit diFeourir de renc quels ont efléiadis les Piinccs, Capitaines, amp;' gransIci-. gneurs, Sciés plus Fcgnalcz du monde qui ontilluflréc, Sc miFe en pris la icience de bien enter,ienc Fçay quand ic pourroy mettre En à mon dire.
V i N c t N T. Puis que nous suons deipeché de ce coflé, vous me Feriez quées^con ^’^^^plaihr, me ds.clairant qaelsFont les meilleurs Fruits qu’on recueille dénées des en ces Contrées.
medecias. j£AN BAPTISTr.Iecommenccrayprcmicremctàvousdcduircdes
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in
poires mufquccs qui font bonnes des la fin du moys de May: amp;nbsp;Icfquclles iiçoit que foiét plaifantes,amp; fort délicates au gouft,fi eft-cc que plufieurs les reicctent,amp; n’en veulent point vfcr,pour-ce que les médecins enblaf-menc rvfage,amp; pour-cc qu’à grand peine font-elles cueillies, qu’on voit foudain qu’elles fe corrompent. Apres ces mufquccsvicnnct les canalicrs, poire pour vray qui merite tel nom pour le gouft agréable quelle a,amp; de autant qu’elle n’a rien de manuals ny corrompu en ellc,amp; cil fa faifon dés l’entrée du mois de luing. A cefte poire fuccedét celles qu’on dit amp;nbsp;nomme glacées;lefquellcs font trefdelicates à les mager crues. Cclles-cy finit hnt viennent les poires de cigoigne plus belles que bones ; amp;nbsp;foudain de celle race celles qui font les moins belles, ont vnc faucur, amp;nbsp;gouft pleins de grand delicatelfc aprochant à l’odcur,amp; faneur des mufcadcllcs. Apres cclles-cy viennent celles qu’on dit grumeUes alfez grolfctcs , amp;nbsp;pleines lt;l’vn gouft dclicaf.lcfquclles finilfant foudain,ou bié toll apres font meures les roufquées non moindres que les canalicrs fufdits,amp; làuourcufes,amp; délicates à caufe de celle odeur fentant le mufe. le pourroy vous deduire Vne infinité d’autres fortes de poircs,mais d’autant que cclles-cy futfifenc pourl’eftéjic vous parleray des meilleures qui fe cueillent en Autonne. Entre lefquellcs eft la bcrgamottc,que ic penfe élire vn des fruits plus fa-Uoureux ôt délicats que Ion fçache:mais n’ell de garde guère longucmét, fl on ne le cueille vn peu auant qu’il foit meur, pour le conferuer dans le foüerre.Syuent apres les poires de certeau. amp;nbsp;cailluau fruit précieux, amp;nbsp;crud amp;nbsp;cuit fi colt que Noclpalfe, mais l’arbre cil tellement alfaiUy de vcrs,que fonuent il en va en ruine: amp;nbsp;par ainfi c’eft bien fait que de les oc-cir auec vn fer fubtil mis au bout du trou ou celle vermine fengendre, amp;nbsp;en vfcr de mefine à tout arbre offence par celle vilennie. Y font les poires encor de dame leannc,lefquellcs outre que font groires,amp; délicates, elles font encor de longue garde amp;nbsp;bóne,encorc la poire de bon Chrellien laquelle pour élire bonne amp;nbsp;crue,amp; cuite en toute faifon,il n’y a aucun qui 1’ctafched’cnauoirenfonvcrger:aullîbienqucdc plufieurs autres ma-niercs,qui durent bonnes prefque toute l’année.
V i N c E N T.Ces poires furent toufiours plus ellimécs que les autres,amp; en la grand cité de Vcnifc,amp; par toutes les autres villes qui l’auoifinent.
1EAN BAPTISTE. le loüe encor à mon polTible les poires d’efpine, tant pour ellre ce fruit abondant tous les ans,que pour ellre bons,amp;cuits amp;nbsp;en tartclagcs,amp; confitures auec le miel,amp; le fuccrc:amp; que l’arbre dure cent ans amp;nbsp;plus,amp; croillcnt plus grâds,amp; plus beaux que cous les autres. D’anantage cucillàt ce fruit bien meur voire amp;nbsp;full-il tombé de l’arbre,amp; en exprimant tout le fuc,amp; liqueur qui cil dedans le faifant bouillir, celle boiffon a telle amp;nbsp;fi grande delicatcffe au goull,qu’clle furmonte la faueur de tout brcuuage,amp; confiture,ou raifiné que fçaehions faire auec des rai-fins,amp;efpicerie pour en vfcr à tabictout le long de l’année.Et voila quant à ces fruits.
Les gra-melks lot
corne poires à deux
teftes. Delicatef-fc de lapai reberga-mocte.
Poires de certeau.
Poires de dame leâ-nc. Poires de bon chre-ftié, amp;nbsp;leur petfedion Poires d’ef pine,iepc-fcque loicc celles que nous apel-ISs calluau veu que l’vfagemef me y cor-refpond.
Ill nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;CINQ^IESME lOVRNEE
V i N c E N T.Ic voudroy f^auoir cncor quelque reigle raaprenant à con' feruer cesBonnes poires.
Cómefe Iean BAPTISTE. En premier lieu fault noter de ne les cueillir point faut gou- que la bruine,amp; roufee Autonalc n’y foit cheute pour le moins trois, ou cuenîk ^ nbsp;nbsp;quatre fois dcirus,d’autât qu’elle fert beaucoup à les fortifier pour la gar-
gardc/ jj* dc,amp; les accroift en bonté,Et faut eftre fi foigneux q de ne les cueillir one fruit. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;durant la pluyc,pluftoft eftât bien feches,amp; elfuyées du Soleil, amp;nbsp;que les
cueillant ne foyent blecez,ny heurtez en forte quclconque:ains les choi-firez Tvn après l’autre aucc voftre couteau à couper amp;nbsp;emmaché au bout d’vue perche,amp; qui foit bien taillant:ou pour cuiter fi grand peine qu’on les face choir dans vu drap cftcndu:oftant de parmy les bonnes les pourries,gaftccs,amp; qui font ofiencées en quelque forte q ce foit: amp;nbsp;ccllcspoi-res qui font bclles,mafiiues,amp; fans offence, ny bleflure les mettrez fut la paille en lieu ou le vent, ny l’air ne les puillc nuire, ny les offencer. Et de mefinc diligence fault vfer à conferuer Icspommcs. Mais pour garder amp;nbsp;Tvn fruit,amp; raurre,àfçauoir,amp; poires,amp; pommesiufques en Carefme,amp; Pafques amp;nbsp;fi frefehes comme fi elles ne faifoyent que fortir de l’arbre : ie dis que cueilly qu’on aura,amp; choify les plus entières, maffiues, amp;nbsp;belles, amp;• non trop meures,!! fault deffoncer vn muid, amp;nbsp;le mettre tout debout, y poiantarrengément ces fruits, maispluftoft y mettant vn lit de paille,; (suis eftendre vue autre lit de fruit, amp;nbsp;continuant ainfi iufques à tant que e vaificau foit plein,lcquel vous ferez refoncer,amp; elorre fi bicn,amp;q“‘'^' bondon,amp; ton t autre trou foit fi bien cftoupé,quc le vent nypiii(^^^'^^'^'‘ nementpenetrer.
V i N c E N T.le vous prie me difeourir encor fur ies meilleures delqucl-les nous ayons cognoifiance de par deçà.
Iean BAPT i s T E.Laprcmicrc forte que nous voyons,amp; quifontlcs Pommes auant laifon parmy nous,font les petites pôincs douces, amp;nbsp;moyennes ici-douces , q quelles font en pcrfcólió au temps mefines que les poires mufquees.Mais tenT dc's nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;paffccsjiln’y a pom me aucune bónc,qui foit digne de qui Ion fa-
Ican ' c^ compte,iufques en rAutonnc,amp; après les vcnd3gçs,ôc lors toutes font, meures,amp; bonnes à recucillir,amp;fur tout files brouillas,amp;:roufccs aucon-nalcs les ont fortifiées,amp; endurcies. Sont délicates encor les pómesrou-Pommes ges,amp; rondes,lefqucllcs pour eftre tédres font bonnes amp;nbsp;crues, amp;: cuites rouges,amp; en conipoftc dans vn pot de terre aucc du fucerc, viande bóne Sc pour les rondes de fains,amp; pour les malades;mais ce fruit n’eft de guère longue durée. Après peu de du- fQ^- Jej pommes qu’on nome de Paradis d’autant qu’elles le gardet affez .
longuemét amp;nbsp;font treffauoureufes apres Noel:amp; en y a de deux fortes,amp; cfpeccs,cn ce cognciies en leur differcncc,que l’vne eft plus longue ql’au-tre.Il y a cncor deux fortes de pómesvn peu rougcaftrcs,mais les aigrettes font plus eftimées que les douces,d’aurât que tout ainfi que les douces ne padent guère plus outre que les feftes de Noel en leur bonté,d’autant que de là en auant elles fe gaftcnt,flcftriirent,amp;diminucnt,c’cft lors que les aigrettes viennent en leur perfcólion,amp; durent plufieurs mois maintenant leur
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goulï,amp; faucur: amp;outre ce qu’elles font plus groires,fermeSjamp; fauoureu-1« que les douces,ellcs font encor meilleures pour cófire,amp; faire copofte fn toute faifon^Sot bones auffi celles qu’on dit calamanes tant pour eftre le péfeque agréables pour leur grand dclicatelTe à chafeun, q pour eftre auffi de lon- j ”f®^“®j guedurée.Mefmepour ce refpeft font prifées les Pommes Pupines,pour pg^çjquot;j’ lescaufcs fufdites de leur bôte^amp; durée.Non moins font louées les rofta- eapedu ou iolcs,ains font plus agréables, pour furpafler en beauté amp;nbsp;liqueur toute de rainette autre forte de pomrnes:amp; par ainfi ne fault f elbahir fi és feftes de Carne-ôal,amp; Mardy gras,on les vend fi chèrement à la icunefle, .amp; lots mefme-tuent qu’ils mal quent amp;nbsp;ballent en public. Après ce font les pommes di- Pommes-’ tesdes Italiens Apote, amp;nbsp;Melle Apie, iadis grandement eftimées par les Apics. anciens,amp; qu’encor de noftic temps on eftime furmonter touteslcs autres en dclicatclfe.le pourroy vous en déduire d’autres fottes,qu’oiitrou-uc en ce païs,mais pource que i’ay defehiffré ce qui eft dé meilleur, il eft temps amp;nbsp;raifon déformais,que nous parlions des autres fruitages.
Vingen t. Anat que vous paffiez outre, ie defire encor que me diffiez quelles font les qualitcz du coing. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Cofidera-
Iean b APT isTE.Ccftcpommecftdiflemblable à toutes les autres non j„ cnformc,cfcorce,folidité,odcur,amp; faueur,amp; pour autât ce fruit n’a point coings amp;nbsp;4uv^ fon pareil à faire Compoftcs,Codignac,diucr(cs gelées,amp; paftez amp;nbsp;diuers. 1® moien ' ^''f amp;nbsp;forts dclicats.Et fi le fruit eft fingulier,l’arbre encor ne luy en doit rien., ^'
® nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i D ' i i teramp; re-d autat que ii vous coupez viuameau d vn an,ou deux,« venez a le plan- plantée ter durant Iccroill'ant delà Lune es mois de Feurier, ou Nouembre, il portera du fruit en peu de temps. Voire fi vous y entez deflus des poires,. pommcs,bïuignons,ou auant- pcfchcs,abticots, amp;nbsp;autres fruits il en fort des plus délicats que des autres entez furies arbres quifont de mcfmc efpccc que rente,pour avoir vue certaine liqueur peculicrc,amp; fpcGialc,amp; icelle pleine de vue grande douceur.
Et deux ans apres on peuk encor öfter ces rameaux cntcz,amp; les planter alanouucUc Lune de Feurier, lefqucls.produiront leur fruitforc délicat eftans à faifon.
de la poire enuers amp;nbsp;en Iho- nbsp;nbsp;Qualité
des poues
Y i N c E N T.Eftlmcz-vous que la propriété me face mefine eftait que la pomme?
IE A N B A P T i S T E. 11 n’y a pas guère grande difference du naturel de l’vnfruit,à la namcté de 1’autre:vcu que toutes les fortes prefque des poi- ^ ^ . tes font de tant plus aftringcntes,commc elles ont de l’aigrcur,amp; afpreté: cecyritaHS neantmoins font bonnes à reftraindre le vomiffement, amp;nbsp;fluz de ventre, qui apellc amp;àeftanchcrlafoif,amp; alteratiomCc qu’aufli font les pommes aigrettes, Ccrife cd-amp; non du tout meures. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;le qui eft
V i N c E N T.lc fouhaite encor que vous pourfuiuicz à me dire les autres ^’’'jçj’pj^ fortes des fruits félon que vous le verrez neceftaite,amp; à voftre plaifir,loi- ^^jj l’apel-fir amp;nbsp;fantafic. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;leGume,
Le AN B APT i ST-i.le vous parléray donc des Cerifes,puis que ce font amp;nbsp;raigret-dts premiers fruits qui fe voy ét an-mois d’Auril, ou aucomencement de- te,C«ifc.
O
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CINQVIESME lOVRNEE
May’: or quay qifellcs royentfortpriCées,de tant plus elles Pont belles,d câ-cc que touhoars ce fruit ett mal faia, d autant qu’il engendre de mau-uaifes humeurs en l’eü:omach,ôcdes vers au corps,SeCont de peu de août-riture,comme auFTi font les Cœurs qui viennent bientôt apres.
les apelle
Apyes vieimét celles qui participent du doux ôc 3.igre, amp;nbsp;lont dclicatesP ' Sc bonnes à confire aucc du fucre, tantpourles fains, que pour les malades,qui faydent de celle liqueur fi foefue que ce fruit produit en fa faifon. Or en ces fruits-font à louer plus ceux qui naiffent és Cerifayes, Se furies petits arbres,à caufe que ceux-cy portétplus que les grands amp;nbsp;haalt cûc-uez,amp;qa ils germent cnplus grand abondance vers le pied: mais quien- ' teroit des greffes des bas cerhies furies grands, il cauferoit Scplus grand quantité de frair,Sc plus groifes les cerifes, telles que font noz atrriottes Pour bien oup“’g3rreaux,pourauoirplusdegrâsraineauxqiicn’onrccuxq^ij font roit toutes comme trainans patterre. Vous diray encor que fi les entant on mettoit les eCpeces le bouton. Si œil du greffe en bas que les rameaux en fortansfe comporte ce Finit, teroict de la forte mefme,cc qui feroitfort agréable à voir. Ces Cerifayes iefui^Dio- ^°‘^‘' ^^^^ ^^^^^ ^^^ iardins pour le plaifirde l’ombrage, mais dans la court feot. liut.i. ^^quot;^ logis,ou ailleurs non,à caufe que la volaille,amp;: geliaes poucroiéc ga-chap. iz}). fier le fruit en le becquetant. En ce me fine temps font meures les menfes, lefquelles iaçoit que foyent plus petites que les gaines, fi font-elles bónes crucs,mais meilleures feches,ôc en faulces,paflez,tartelages. Les Cœurs VltaUen de Agriottes peuuent efire entées fur ces Guiniers communs Scvaufi mieux ce faire far les fauuages,que fur les domefliques. Etquoyqueles Cerifes trop aigres ne font guercs piaffantes à les manger cracsàcaafede leur aigreur, amp;: afpreté,fifont- elles trefbonnes à confire dt a les manger fechées ou au fourgon au foleil.
B rognes, amp;nbsp;Sufine le Fruit.
A quay feraent les Prunes de Damas. Prunes de Aoud ont conuenan-
ViscENT.A prefent qae vousm auez ütisfait touchât ces ftaits.qai font pcefque d'vue meCme fotteputtéds que vous me parliez des Prancs, amp;nbsp;diaeriité d’icelles qui font entre nous.
ItAN B ARTISTE.Les premières font celles qu’on dit de Damas,lef-quelles quoy que foient les pluspetitcs d’entre toutes, fontneantmoins ce aaec le belles,fauouceufes,dcfainesfilesmangercruës,maisplafloûcaites,oafe-Damas, nbsp;nbsp;ches,dc me finement en lafaulce des volaillcs,poules,di autres oyfeaux.Et Ugoaaa'^ P^ns cela ce fruit efi boit faire bon vôtre,le fai faut vn peu bouillir aaec vu fauouieux P«^“ d’eau de le mager ainfi mol,dcbié facréiil eh vray que legros Damas Ces Mica- amp;nbsp;qui efldoux,amp;: bien meut vault mieux pour ce(t vfage que tout autre: bofans, ie rnais quoy qu il en fait,de crues, amp;C cuites, feches,ou vertes,eflâs trempées ^ont^celles d^^ns de l’eau tiede,elles eflachent la Ibif Après fuyaétles Prunes d’Aouft que aous‘ lefquellesaaecce qu’elles font belles,vnpeu lôgues,amp;groffetes,font en-apdlons corfortfaincscracs,cuites,amp;fechées.Lesgroflesprunesencor,óclefqael-prunes de les font rôdes, fl OU les laufe bien incurirpeuuent porter le tiltre debate, Datte. nbsp;nbsp;nbsp;^2iais dauantage qui les ferait cuire foubs les cendres chaudes(enuelopées
neaemoins auec quelque fucillc) de puis les efcorccr,dcpcler,dclcstrcfbié charger de facre ains q lesmanger:ou vaudra mieux les peler toutes crues.
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amp;les faire cuire dans vn pot de terre aucc du fuerc.Mais pour manger des Prunes fainement, de les meilleures, fault choifir celles trois fortes, que nous apclons Mirabolans,violets, blancs, amp;nbsp;iaunes,quifont parfaites,cn-core que nefoyent cuites. Et font trcfloüables, amp;nbsp;de grande lecommen- PrunesCa-dation les Prunes qu’on nommcCathclancs bien meures,qu’on peult ma thelanes. get crues,amp;les plus prifées d’entre toutes font les blanclies,vertts,viülec-tes,ou qui ont la couleur du cramoify.
V IN c E N T. Véritablement ie ne cognoy fruit quipuiflèPcfgallcr àcc- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' ftui-cy en douceur,ny quiaye la liqueur fi plaifante,ôclauoureufc,amp;fi de-licate,voire ne qui conforte de tantreftomaeb de rhommc,alors qu’il eft faify de quelque grande chaleur,loif,amp; extreme alteration. Que dira Ion de l’allégement, amp;nbsp;réfrigéré que lent vn panurehomme alTaiUy de la fic-urCj-voyant que le medecin luy permet de mager vne Cathelane, ou Pruß' de datte bien meure le la mettanten bouche bien pelée,amp;la fauourant ainlifrefchc,,amp; pleine de bonne liqueur comme elle eft ?veu que par le moyen de ce rafrefchilfcment l’ardeur de la heure famortift, amp;nbsp;le patient ïecouure quelque peu l’apetit qu’il auoit défia perdu, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;j, lEAN BAPTISTE. Vous aurez auffi bonne occafion de parler des Atmonia-prunes d’Aouft blanches,des noires de Septembre,des Maximinianes,dcs qgt;ïes,Alber prunes de Perdigon,de Icrufalem, amp;nbsp;autres diuerfes fortes : mais pource qu’il refte grand nombre, amp;nbsp;iccluy diuers de fruits à difeourir, laillant le propos des prunes,nous parlerons des Armoniaques (qu’on a eftimé vne cfpcec d’abricot)lefquclles ontl’odcur fort foëfuc,amp; agrcable,la couleur plaiGncc à voir,à caule qu’elle fe raporte à l’or, amp;nbsp;au gouft ttefdelicates,fi elles fon entées. Mais pour le plus commun ne font fi faines que les Prunes,amp; ne fe gardent guère longuement leurs arbres, amp;nbsp;for tout fi on les ente fur des Pcfchicis: là où elles durent amp;nbsp;fe maintient leur arbre plus long temps fi on l’ente fur le prunier, amp;nbsp;plus fi fur l’Amandier, ou fur vn Çoignadicr.
ges,’amp; Abri cots apro-chent fort
v i N C E H T.I’ay toufiours fort aymc cc gétil fruit pour auoir deux fin-gularitcz en produifant deux chofes bonnesj à fçauoir l’Arraoniaque qui cft fon fruit,amp; le noyau qui eft dedans l’oz d’icelle. *
lEAN BAPTiSTE.'Vo’ aucz encor les abricots, Icfquclsquât au fruit
en gouft les vus des autres, amp;nbsp;n’y a pref-que que la diuctfité du nomA-bricots, amp;nbsp;omis doi-uent eftre entez. DesAlber-
quand fait bon planter leur» noyaux.
De ces
fur Diol-
cor.liu. i;
font prefque fcmblablcs aux Armoniaques, amp;nbsp;en partie fe raportent aux Pefches,fauf pour le fucillage,amp; Icfqucllcs onpeult allez bien enter for le Prunier,amp; mieux encor fur les Armoniaques. Mais-d’autat qu’à grad difficulté l’ente prend faite en fente ôefelonl’vfagccómun,ilvaultmieuxde haus voy prendre les greffesqui ne foyent guere tédres,ny ieuncs,ou pour plus gai- M»dieolc gner les enter a tuy au,à caufe qu’ils prédront plus facilement. Les Albcr-ges font encor fort rccómandécs,lefquelles ou peult à la façon fufdite en- cbap.iji. ter fur des pefchiçrs,amp; Pruniers: toutesfois le chemin plus affeure c’eft de planter les oz,amp; noyaux pluftoftl’Autonne,qu’attendre iufqucs au Prin-temps.Vous Içauez puis aprcs.de combien de fortes de pdehes nous aiiôs en no2 carncrs, amp;nbsp;eôbicn facilcmciu l'arbre croift,amp; naift en noz terres.
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CINQVIESME lOVRNEE
mais il fy maintient fort foiblcmcnt, entant que le froid les fait Bien toft cnuicillir en ce païs,amp; que les neges,gelées, amp;nbsp;brouillars qui furuicnnent apres qu’ils ont fleury,lcs aneantiilént,amp; gaftent.
V i N c E NT.Neiçauez vous pas quelque remede pour les colcruer plus longuement, amp;nbsp;des moyens pour empefeher qu’ils ne craignifFent point, ainli qu’ils font,ces inalediélions,incômoditez, amp;nbsp;aHàults de la froidure? ^6du***f nbsp;nbsp;’ ^^^ B APT i STE.Pourconicrucrces arbres, il fault les en ter fur des
chier amp;cS Coignicrs,oupkiftoft les marier auec quclqucAincndicr.Mais lors qu’ils me il le 1°’'*^ naturels les fault tailler non iculemenrvn peu plus hault (fuppofé fatilt gou- que tant plus le tiennent balles, de tant elles en font durables) mais ceux inerncr. nbsp;nbsp;nbsp;qui trauerfcnt les fault couper au milieu:mais entanclùr la verge, amp;nbsp;tronc
la fault couper rez à rcz de terre, lors que l’été eft grolle comme le dolgr, afin que pluftoft elle prenne racine quclc tronc deuienue en hauteur,laÜ-fanr croidre feulement vnreiettonjduquel proccdétles autres.Maispour garentirtoutpefehier,lors qu’il eft en danger défaillir, amp;/clecher,fault relIàrtcr,amp;cnoftertousJes rameaux, toutainfi qu’on en fai taux Saules quand on les etefte amp;nbsp;coupe: car en cede forte ils deuicnnentgail-Moyensde lards,amp;aulîi bien ramez qu’au parauant. Dauanrage en fendantl’cfcorce ks pcf”” entière de la tigc,amp; troncfcoinme i’ay dit par cy deuanr)laquelle fonuenc .cluers. pour edraindre par trop rarbrc,cd caufe qu’il le meurt, amp;nbsp;dedèche. Suis encore d’aduis qu’on replante tout pclchier tandis qu’il n’ed encor guère gros, amp;nbsp;le mettre dans la folle en long, toutainfi qu’on envfe'il’o^^^^'^ de la vigne,laillànt fortir, amp;nbsp;fauancer fur terre vn (cul ramaal^^l^^ ‘''quot; uc de tronc,amp; de rige:amp;ainfi il lcra de longue durée à cauledu bon nombre des racinesqu’il aura luy lèruant de fondement amp;nbsp;nourriture; mais fault couper la plus longue branche qui Ibit droite fur toutes les autres: Ce qu’encore on deuroit oblcruer à l’endroit de tous les arbres fruitiers» lors qu’on les replante, à caulc que c’cd celle qui les empdehe déporter du fruit en abondance.
VINCENT. Quefaultilfairepourcaudrquelespclchcsdeuicnncnf, amp;nbsp;plus grodcs,amp; meilleures que de coudume?
Pourren- lEAN B A P T i S T E. laçoit que le fumer, amander, amp;nbsp;befeherautour dre Icspcf- du pied detoutarbre lôit ebofe fort pro uffita b le, encore l’edilplusàl’é-ches meil- droit dupelchier,quifen lent lècouru grandement.Ccluy donc qui veuh Jeures amp;nbsp;despefehes bonncs,grollcs,amp;rcmplics de chair,fault que houe, amp;nbsp;remue plus bel- la terre du pied de l’arbre pour le irfoins quelques trois fois l’an :amp; luy “' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;donne du ncniamp;zerroic gras,amp; fort menu vn peu auant qucl’Hyucr vié-ne,amp; fur tour du fumier desporchcrics, qui les fait deuenir plus gros que Qualitez toutcautre ’forced’amendement. Orn’yailcfpeccaucuncdcccfruitde amp;nbsp;proplie- pefehierfôitmade, ou femelle, quincfoit nuifiblcà redomach,pourlc rez de la nbsp;corrompre fort facilement, amp;nbsp;par ainli les fan Je manger deuantJerepas: pelchc. nbsp;nbsp;gyj oiangc les fleurs de pefehier à icun cela aide à rendre benefice de ven
tre, empdehele vomi(lemenc,confor[elecœar,amp;: occidlcs vers quil’engendrent dans le corps.
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V i N c.Vous pUifc doc de difeourir encor fur U qualité des bones figues lEAN BAPTIST E.11 u’cft aucun qui ne fçache que les figues font: des meilleurs amp;nbsp;plus précieux fruits que nous ayos: amp;nbsp;Icfquellcs fclon la terre,amp; plant ou elles font mifes,fc mondrent ou plus, ou moins douces, amp;nbsp;fiiioureufes.Et cecy procède pour raifon de l’air froid,ou chault, ou tempere: ou pour l’efgard des terroirs fees, ou humides, gras, ou maigres, af-prcs,ou mols,forts,oulcgers,amp; facilcs,pierreux,ou Uns roch,amp; carrière, otialfisen quelque ancienne mafure. Êt d’autant que la diuerfité eneft fort grande,en y ayant de groircs,amp; menues,rondes, amp;nbsp;aigues, blanches, noircs,vcrtcs,amp; grifaftfes,chafcun y prend plaifir,ainfi qu’il a le gouft, amp;nbsp;fagrée en la couleur. Et quoy que ce foir le dernier fruit que nous man« gioiis,fine fail!et onc guère ces arbres à porter,àcaufe qu’ils ne font point endommagez par les negcs,amp; gelées,broüillars,amp;grandes froidures ainfi qrfil en aduient à pluficurs autres.
Diuerfité de figues defquelles les petites Îmfaftres ont les pl* ■fauourcu-fes.
Quels fruits font les plus fin gullen.
VINCENT. l’ay toufiours ouy dire, voire pratiqué que les figues, pef chcs,i?c raifins font la courónc,amp; ornement fur tout autre arbre qui portentfruit.
lEAN BAPTISTE. Gertaidemeut vnc pciche bonne en perfedion a de tout teps edé eftimée de chacun,inais,amp; le taifm, amp;nbsp;la figue ont encor eu plus de loüangc;amp; pris que ceft autre. Entant que corne ces deux font fingulicrs eu cfgard à leur plante,moéllc,fueillagcc,raraeaux, amp;nbsp;fruir,cn-corc (ont-ils accomplis,amp; fort fingulicrs en gouft,amp; prouffitable bonté. Le figuier n’eft- il pas admirable qu’il porte ion fruit par deux fois en vne année? Audi voit on que non feulcmét les fleurs en font bonnes à mâger, ains font fcmblablcs aux fccods fruis foit en cfcorcc,couleur,grain,amp;tor-mequoy que le fruit foit plus gros: amp;nbsp;par ainfichafeun en deuroit tenir grand coinpte,amp; mefracment voyant que fon fruit eft de grand fubftâce, Propriety amp;nbsp;nourriture, amp;nbsp;qu’il amollift le ventre, fans qu’encor la figue eftant fc- de lafiguc. the eft bonne auxdurtcz,amp; à l’enrouement, amp;nbsp;efcorchcures du gofier e-ftant gargariféc;amp; pour latoux,caterrcs, amp;nbsp;difficultcz d’haleine apliquée cncmplaftrc.
v i N c E N T. A ce que dites que prouffitent les fleurs des figues,amp;quel-les font bonnes à mangcr,ie refpós que les médecins les ont en fi inauuai-gt; fc opinion pour la fanté(pour dire cela corne la poifon, amp;nbsp;malice de rout l’arbte)qu’ils ne fouffriroyent pour chofe du mode qu’vu malade en vfaft, quoy qu’ils accordent aflez fouuent l’vfage des figues aux paciés, lefqucl-Ics fortent des rameaux les plus tédrcs,amp; les fleurs feulement des figuiers qui n’ont encor qu’vu an. Et que ces fleurs foy eut nuifiblcs, l’cxpcticnce nous le fait voir, entant que les pourceaux les fuyent au polTiblc, quoy qu’ils mangent les figues aifez gloutemcnt. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ou fault
lEAN BAPTISTE, Adiouftaut foy à voftre dire, autfi veux-ie que ces plants (®® arbres foyent plantez en lieu fee, près les murailles, ou mafures, es terres |””jç^ pierreufcs,amp;calciueufes,voire dans les mefmes murailles eftans fendues, jgjjg pj^j ouademy ruinéc«,à caufe que le fruit en eft meilleur,amp; fc garde mieux és fains.
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JicuXjiSi; afficttcs chaudes, que/bufrans quelque froidure. Mais pour les alfeurer de la gelee, il fault que des auat la faintMartin on les couorc tld-bien de paille,ou des relies du lin,lianr ces choies à la tige, amp;nbsp;au rameaux lî bien qu'on ne voyc rien de laplante. On plante encor les reiettons de deux ansbeaux,amp;ronds,que Ion met fous terre, toutain/î qu'on fait aux plans, amp;nbsp;verges qui ont leurracinc. Maispourles faire mieux prendre pied, vous ofterez l’clcorcc par le bas enuiron vn demy pied au fons de la f^g^j^’y laillànt neantmoins attachée, afin que telle clcorce le conuerti/re en racines.
v t N c E N T,Puis que i ay entendu ce que ie vouloy Içauoir touchanfle figuier, amp;nbsp;ion traiccnicnt, ie délire encor d’entendre coin me il faultma-
Desgrena-des, amp;nbsp;de leurs diuer fitez.
Moyen de
garder que les grenades ne fe-
datent e-ftans meures.
lüft de gre rades bon en fauces.
lEAN BAPTIST r.Combié qu’il y ait de diucrlès fortesde grenades, les vues edans douccs,lcs autres aigres, amp;nbsp;le troifielmc genreparticipant de tousles deux: fi cft-cc qu’en général tout arbre tel demäde l’air chaule, ou qui loir à tout le moins temperé, d’autant qu’il cllprefqucimpoifitile qu’on les eilcue en pais froid,amp; moins y pcuuent-ils dire confcrucz,ouy porter fruit quelconque. On les plante és mois de Feurier,amp; de Macs durant la nouucJlc Lune amp;nbsp;ce auât qu’ils poullent,ouicttét hors germe, ny fucillc quelconque.-^prennent facilement,^«: aucç racine, amp;nbsp;lansicellc, pourueu que les rameaux Ibyent bien polis,amp; lillcz,amp; encoreieancs.
VIN cm T.Sçaucz'voaspasquclquefecretpour empclcherquclcfruii de ced arbre ne fouate,amp;i’efclatcpointi
LEAN BAPTISTE. Comme ainfi foie que les anciés yptopofentpiu-ficurs remcdcs,fi cd-cc que n’en ayant expérimenté pas vn fciih ic fais ac-coullumé de ne planter, ou enter que ceux-là lculcmenr,qui ne ercuét ou f’efclatcntpoint edans Icurfruit en maturité,amp; choifis toufioursdespius beaux,amp;meilleurs quife puiffent tcouucc.Et pour faire engroUir le fruit, non feulement yfert le den des pourceaux, ains de tant plus on en met au pied du g):cnadier,de tant auffi les plus aigres gfenades deuiennét douces, amp;: plailanccs, au goad. Bien cd vray que les aigrettes ibntplus prouffitar blcsà l’cdomachiodent la foifiSa alteration, arredent le vomidement, Sc
rcllraigncnt le dus de ventre,.
V t NcE N T.I'ay roufiours fort àynié les bonesgrenades, mais ie ne peux Mathcole ’^^^^^^ coalcruct hifeiucs à la fin du mois d’Aoulfqui cilla laifon que les furie i. de malades en ont Je plus d’affaire ,amp;: que dauantage ils les fouhaitendoint Diofeoti- que leur rac,8iiad cil plus par fait,ôc plaidant far la viade roilie,ou es fände cha.iij ccs.dapoiffon,amp;autrescliofes,amp;. beaucoup plus délicat que celuy des o-mLiere nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^^mons.
on confer- * ^ -^ N B A PTi ST E.L’cxcellcnt medeci n Sc fimplicOle Mathcolc,tiét uelongue- quece fruit fe côfciacfott longaemét fi lors qu’il cffmcur,âc cilat encor ment les fur l’arbre OU luy tordvn peu le petit rameau, amp;quot;nbsp;queüe à laquelle la grc-grenades. j^ade tient: amp;nbsp;autres diieneque mettat ce fruit dans de la craye trempéea-uecl’eaa, puis l’expo faut au Soleil pour l’y faire fcchcr, il gardecaaufG
Dl l’AGHTC VLT VRl. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;119
bien tout le long de I’an.Se confcruent encor fi on les cueille durât la Lu-, ne vieille, amp;nbsp;moyennement meures,amp; bien fechcs,amp; fans eftre mouillées pardelTus, les ayant tenues trois ou quatre ioursau Soleil, amp;furvnaiz. aiât la fleur dclPous le fruit,les tournât d’vu cofl:é,amp;d autre pour le moins; vue fois le iour,afin que le Soleil les touche de toutes pars,lans que pourtant il atraingne aucunement la fleur, d’autant que cela cauferoit que le fruitn’efclataft,amp; fefendift, amp;nbsp;apres les mettre en vos greniers, amp;nbsp;furies plâchers: d’autres les fontdemouter quinze, ou vingtsiours à la fumée iufqiics à tant que l’cfcorcc foit bien fcchc,puis les enfermer corne dit eft.
Qliant à moy,ic les fais fcchcr(lcs ayant cueillies en la manière fuf-dicte) les tenant vn iour,ou deux au Soleil la fleur par dcirous,puis les mets dans, vu pot de terre bien elTuyé, amp;feché , amp;nbsp;lecouuerclcdupotcftant clos de poix,ou treibien bouché auec de la cirene tafehe q l’air n’y entre point, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. -ÿ
iufquesàtant que ie vueille les öfter pour mon feruice.
V i N c E N T. Ayant eu de vous des aduertiflèmens plus fccrets que ie Confide-ne penfois, ic vous prie me diré les qualitez des meuriers tant noirs que rations des blancs. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.
» nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;» nbsp;nbsp;nbsp;■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;rant blaes
ÎEAN BAPTISTE. laçoit quc 1 vn,amp; 1 autre des meuners tant blancs ^„g noirs, que noirs (oient femblables àproduire leurs fueilles plus tard que pas vn des autres arbres,fi eft-ce qu’ils ont de la diuerfité enfemblc foit en fleur, fueille,amp; autres qualitez amp;nbsp;confidcrations:entant que le noir eft no (cu-Icment meilleur en fon fruit que le blâc,ains encor eft plus gros de tronc, fon fruit plus beau,plus fauoureux,amp; qui abode plus en liqueur, outre ce que lafuciUe eft plus grandc,amp; dure,amp; l’arbre qui eftant planté,prend a-uecplus de difSculté,amp;demeure plus long temps à croiftre, amp;nbsp;à deuenir gfänd.Et pour-ce ne faut f eibahir fi le nobre en eft fi petit pour n’eftre a-pte ceft arbre à eftre planté par plantes, amp;nbsp;fions,amp; à eftre pouruigné fous terre auec fa mere fouche, ainfi qu’on en vfe aux blancs,lefqucls croilfent par le pais, foit pour eftre ainfi rcnouucllez par le plant des lettons,. ou à caufc des milliers qu’on en feme de plus en mieux fuyuant l’inuétion que on a trouuée de noftre temds.
Vincent. Comment eft-ce donc qu’on peult ferneries meuriers en fi grande quantité que vous dites?
IEAN BAPTISTE. Ouy Certaine mcnt,on les feme auec grand facili-.. nbsp;comme
té amp;nbsp;ils naiflent trefbien fi la terre eft bóne,amp; bien culciuée. Bien eft vray qu’il y a peu de meures qui ayent femécc,amp; laquelle eft cogneüe lors que le fruit eft meur ( ce qui adulent au commencement de luing) fi qu’ayant pluficurs grains en (a maturité, c’eft (ans doubte que le refte ne fera au fil fans en auoir:amp; ceux-cy fault plater tous vcrds,amp;entiers que font en terroir bien gras,net,amp; poly,amp; poudreuxdreflant l’aUgnemét en bône mer fuie pour efloigner la faméce ainfi qu’il fault pour le moins quatre doigts l’vne de rautre,afin qu’on puiffe belcher entre les deux lignes, amp;nbsp;les nettoyer tout à l’aife.Et pout mettre ce terroir en perfcdio n’y a meilleur que le cribler de la hauteur de demy pied auec vn .crible de fil de fer ou d’ar-
faut ferner les meures pour auoit abondâce de tels arbres.
CINQ^IïSME lOVRNEE
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Moye de choifit le grain da menner pour le ferner.
QneUet fueilles font bonnes à faire Ufoye.
chart non guère menu,amp; cler:amp; afin que tort certe femence nailfe.eft bc-foing de la couurir aucc des.ertoupes,afin que le Soleil n’y pénétre, amp;nbsp;les feche plus qu’il nc faut,amp; les arroufer vn peupar deirus,afin que le tenoit lie fcngrofliflc,amp; caille en mottes,amp; durtcz,faifânt cccy tous les foirs ic-lon la neceffité des femeces.Mais nc fault Poublier de les arracher au prin» temps pour les planter àla ligne en autre lieu gras,amp; fertil femblablcmér,. amp;nbsp;bien curtiué cfloignant les pieds des arbres Tes vns des autres en quarre pour le moins d’vue en-iambcc,pour les befcher comodcmcntpluficurs fois l’annéc.On peurt bien les laincr au lieu où ils aurot erté femez, pour-UCH q fils font plus cfpais qu’il nc faut,on en orte les fuperflus feulement, Icfquels rcplâtercz autre part,corne dit crt,lesentourant de pctis bartons amp;nbsp;perchcs,tant pour afin qu’ils n’aillent par cerrc,amp; fe perdent, que pour garder que les bertes ne les endommagent. Mais fi vous voulez en ferner au printéps,ie fuis d’opinion que foudain qu’aurez cueilly le fruit vous en iettez ce que voulez gardcr,dâs vn feau,ou autre vafe plein d’eau,les frot-tant,amp; calfant de telle fortc,amp; bien atout les mains que la bonne fernen -cc,amp; grains ailler aufonds,amp; que cc qui nc vault ricii,amp; les peaux briffas de la meure rertent fur rcau:puis cfpuifant l’eau tout bcllcment:iufq^csà la femence qui fera au fons,ortcrcz les grains,amp; les ferez fccher fur des art à l’ombre les gardant iufques au mois de Mars : amp;nbsp;lors les ferner au croif-fant de la Lune,ou attendre celle d’Auril,amp;du foir,car il fuffit que lors on les fcme,vcu qu’auffi bien nc germent ou produifcnt-cllcs rien influes à tant que le folcil,amp; chaleur les ont touchées,amp; cotraintes de pouder-'Y feruantpar mefine moyen de les couurirauec dcs crtoupcs,i5lt;rt5arroulct félon la neceffité, amp;nbsp;d’y remuer fouuent la terre, aucc le farclct ou petite houe. Auili en femant ces grains enecs deux faifons,quad bien celles plâ* tes qu’on auroit accourtrécs,amp;pouruignées au commencemét de liung, ny la feméce mife fur terre failliroit alors, peut ertre que celle du printeps ne vous feroir point faurtc:outre que amp;nbsp;l’vne, amp;nbsp;l’autre manière luflifent à.rendre la femence qu’on y employe,
V i N c E N T. Lefquellcs fueilles font les meilleures pour faire la foye,ou d u mûrier blanc,ou du noir»
Iean BAPTISTE, laçoit quc Celle dunoir face la foyc meilleure,fi crt-cc qu’ertant trop dure, elle n’ert bonne pour les vers qui la filcnt:mais-cnl’Abbaic du Polefin les fueilles des meuriers y font parfaites pourceft crtaic,lcfquelles outre qu’elles abondent plus, amp;nbsp;font meilleure foyc,le fruit y ert encor vn peu rougeartre, quoy que nonplus grad quc les meu* res blanches.
Moi^d’en-ter les mcuticts.
VINCENT. Nc fèroit-il pas bon d’encer ces blancs de eefte fortepuis-qu’ils prcndcoicnc,amp; foifonncroient auffi aifément que les noirs?
11A N BA PT i s TE. le louerois cede cntrcprifc,pourueu qu’on prift les greffes amp;nbsp;iertons des meuriers blancs d’alfcz bonnegroifeur, amp;que l’année enfuiuantfur la fin de luing on les entart à tuyau;car par ce moien en peu d’années on cauferoit vue grande, abondance de bons, amp;nbsp;par-faitSz
-ocr page 129-Igt;E LAG RI C V LT VRE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;UI
feits mciiriers,amp; principalement fi les entes eftoient prifes des arbres qui portent le fruit plein de grains,amp; bonne fcmencc-.d’autant qu’en recueillant tous les ans,amp; multipliant ce peuplement d’arbres, en peu de temps le pais en foifonneroit à luflîfancc.
Vincent. Puis que ces Meuriers fc peuuentainfi enter, ne penfez-voiis pas que lès gros noirs ne le puilfent pas eftre auffi bien , amp;nbsp;mefmc-ment fur les blancs,quoy que ce foit difficilement qu’on en recouure en . -grande abondance.
1EAN BAPTISTE. D’autant que les Meuriers qui portent les gloires meures noires naiircnt,amp; croilfcnt aucc grand peine, amp;nbsp;difficulté, ic fuis d’aduis qu’on les ente à tuyau,fur les blancs au téps fufdit,mais que les entes ne foient plus grolfcs que d’vu bon doigt. Et bien choify qu’aurez les greffes,vous rcplâtcrez le Printemps fuy liant toute la tige , amp;nbsp;les entes de lôg,ainfi qu’on en vfe aux vignes;à caufc qu’ainfi elle fe nourrift fur terre, amp;nbsp;croift puis apres,de deuiét en vn beau arbre auec le téps; amp;nbsp;qui fy gou-uernoit autremét,fcroit que la tige du blanc meurier feroit fuflbquce par lagroircuramp; faix de l’ente du noir, àcaufedefa gaillardife amp;nbsp;grand nu-meur.Qif on plate.neantmoins ces arbres loing des maifons,afin que l’infinie multitude des mouches qui fy aflemblent, le fruiteftant meur, ne Meures fafehent les habitans : mais en tel lieu que les poules le puilTent manger, bon fruit lors qu’il tombe,à caufc que cefte viande les engreffe fort amp;nbsp;fouftient. nbsp;nbsp;nbsp;pour nour-
Vincent, l’attends que vous me difeouriez quelque cas du naturel,, “ƒ ^’ P°'*’
amp; qualité de la noix,amp; noyer.
lEAN BAPTISTE, Ccft arbre porte le nom de noix du verbe Latin ^,^^;^ p^,.^. TSSocerc, quifignifie nuire, d’autant qu’on voit par experience qucfivn le norm de homme fendorc deflbus,il fen rcleuera auec vue grande pefanteur de te- nui fan ce. fte,amp; fl eftourdy que urefque il ne fc peut remuenvoire eft fi maligne fon Traité des. ombre que rien de beau n’y peultprouffitcrdcfloubs, amp;nbsp;qu’auHi cefont quot;°^^ ^^^_ les racincs,eftans de merucillcufe eftendu'e, qui empefehét tout le terroir nderanon. où ceft arbre eft aflis ée planté.Et par ainfi font à blafmer ceux qui tiennét ces arbres dans leurs champs,amp; fur tout en ceux qui font les plus gras, amp;nbsp;fenils ; commeainfifoit qu’ils deuroienc les planter feulement versie Septentrion fur ie bord des chemins,ou ailleurs, où il n’y a point d’autres fruits qui puiUtnt rcceuoir dômage de ccft arbre:amp; plater de celles noix, amp;nbsp;noyers qui portent abondance de fruit,qui font fubtiles de coque, blâ-chcs,plcincs,amp; groflès. Ce fruit eft bon auxeftomachs debiles, amp;nbsp;pcult fetuir,eftant pilé amp;nbsp;brayé en dmerfes faulccs,§c viandcs:voire cftans con
Quelles noix il faut planier.
fites auec du miel,ou fucrc, cftans à my faites, à tout leur tan amp;nbsp;coquille, Aquoy fer-ellesfont fort délicates à manger. Danantage feruent grandement a faire uétlcsnoix de l’huile qui fert à paindre,à fen efclaircr,amp;auflî à le mangcr,felon qu’on ^^'^ »quot;y«* en vfe en pluficurs pais amp;nbsp;contrées. Qj^antaubois,ilcft bon,amp; gentil à çftte mis en œuurc, amp;nbsp;à faire de beaux ouurages à caufc qu’il eft lifté, amp;nbsp;poly de fon propre naturel. On voit encor ordinairement que tant plus ceft arbre eft batu tous les ans, de tant l’année enfuyuant il porte du fruit
P
-ocr page 130-fît nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;crNoyiEîMÉ iovrnei.
en plus grand abondance, amp;nbsp;que Ces rameaux font greffez amp;ronipuz. Et par ainü ne faut trouuer cftrange fi pliificurs bons mcfnagcrs font diÜ-gens àchafircr amp;nbsp;eflàrtcr les rameaux de tel arbre, ains encor font degrades amp;nbsp;diucrfèsincifionsaucclcferautroncjamp;tigcdïceluy.
Vincent. Puis que ielçay ce qui eft de bon amp;nbsp;de manuals en cefiaf bre,ie iouhaite encor le mefine de l’amandier,le volant tant cbcry de cha-Traité des lcun,à cau/c de ion fruit.
Amadiers Iean BAPTISTE. ‘CeA arbre n’c/l point foiConné en frultfll Sc où il les n’eAplanréfur les coftaux, amp;nbsp;regardant vers le M.idy,oa le Leuanr : ou és fault plan- J,eux prochains des monts, mais qui ont viCéc aux lieux fufdits : amp;nbsp;ou le terroir efi pierreux, ou marneux. Et certes fi cefi arbreportoit en toute terre, ainü que font le relie des fruitiers , Si qu’il ne fe huHuH pas tant de flcurir(à. caufe qucleplus ibuuenr ces fleurs font endommagées du froid) ■c’en fans faillir qu’il kroit fi abondant que les amandes ne vauldroycntle quint de« qu’on les vend couflumicrement. Vous içanez quelle cilla perfedion de ce fruit, lequel on mage non feulemet crud tout le long de l’année,ains encor cuit on en fait des lairsd’amandes,des potages,fourres, L’Aman- Marzapas,amp; autresfcmblables dcUcacelfcs. Etpourcc ie vo^côfeilled’en d'et^dc planter quantité. Si des meilleures, ayant vollrc heritage fort à propos, amp;nbsp;degrid ’°“‘^ ^ “’'^ “y ® S'’^”‘^ ^^^’^ ^ rcntrcfcnlr,ny garderie fruit. Si lequel eâ de proufît,amp; gf^^flprouffit à fon mainte,Si de moins de dommage que tout autre,veu reuenu. nbsp;nbsp;nbsp;quefouz iccluy le bled y croift fort bcau,amp; gaillard,ayant l’amandierpeu
de fucille,Si icelle fort mcnuc:Neantmoins ne faillez de le belcher,Si ferner tous les ans, en oftansles reiettonsinuriles, Si les lecoarans contre les vers.
v i N c E N T.Que vous femhlc-il des AaeUaines Sinoifettes,troaaez-vo* Traité des ptoufhtable ny bon que nous les plantions en quantité en nos vergiers! noiCenesSe In An baptist e. Non feulement meplaifie en ces arbres,puis qu’il Audlaiaes eH ainf qu’ils produifont du fruit,SiCain Si agréable, Si defqucls chafeun tofehe de faccommoder,ains trouae bon encor d’en auoir grande quatité és lieux conuenables,cóme és coartils,Sibairc-courts,Si près des granges où habite lapoulaille,afîn qa elle fypuilfe retirer àl’ombre, Sif’yfauuct encor pour cuiter les buaux,Si Milâs qui font la guerre aux poamns.Scr' uent encor les Aaellainiers , Si Coaldricrsbieniouucnt dehayeauxiaC-dins,tant pour le prouSit qu’ils font, que pour la beauté les faifant bon voir,loxs qu’ils font bien ageancez,Si ordonnez par leiardinier.
Corne faut nbsp;V tn cent. Mais comment entendez-vous qu’on les doiue ageancer’
i £ A N B A P T i S T E.Ceux qui Veulent faidercômodément deced ar-noifettes, hre,pour en tirer du fruit, faut q tous les ans au renouueau les facet beiße Cou- cher près le pied,Si àl'entour, amp;nbsp;leur oder les reiettons (ans y lailferqae ^^'e ”' I ^°^^»°^ quatre verges pour plant Si touffe. Si icelles bien nettes en haul-iieu fepiX' f^ur,n’y laifsatny brache,ny rameau à trois,ou quatre braffesdu Gammée, fenc les nbsp;nbsp;ft outre que ced arbre fouhaite d’edre près des eaux,ou és lieux qu’on ar-
Coudioies roufe,à caufc que celaluy aide,tant pour la produéfion abondante de fon
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njr-
früir,quc pour fi duvécicncor le bénéfice des eaux y fert en ce que les plates amp;nbsp;racines germent, amp;nbsp;poulFcnt de telle forte, qu’on en pcult replanter tant que lonvcultfansen ferner en forte quelconque. Au refte pour cfgard de fruit prouflitablc, il n’en y a point qui foit cfgal à la Chaftaignc, fou qu’on aye garde à fa formc,ou naturel,ou qu’on rclpcdle la nourriture qu’elle donne à rhommezainfi qu’on peult voir en nox montaignes,cf-quelles vnc infinité de peuple ne vit d’autre chofe que de ce fruit, le mangeant, ores roily,ores bouilly, tantoft fcc,vnc autre fois en pain,amp; qui en bouillie aucc le laiéi, amp;nbsp;qui en farine cuite en autre forte. Et veritable-ment la nature n’a pas Iculcmcnt fingularifé ccd arbre, luy produifant le fruit bon,quoy qu’il foit planté vers la Bifc, ou Tramontanc : ains encor pour le bien des mortels ce mefine fruit eft fortifie d’vn fort barnois, amp;nbsp;anncurc fi puilfante qu’elle eft faite à l’cfprcuue, ôc de la dent des belles, amp;nbsp;du bec des oyfeaux,. tandis que le fruit eft endos foubs vnpelon amp;nbsp;el-pineufe couucrrurc.Et outre cccy, elle ne fè contentant point de confer-uerlachaftaigne foubs la garde de cefte forterefle amp;nbsp;rempart pour quelque temps elle luy a encor donné vnc belle efcorcc alTcz dure par delfos (lepeloncn cftanthors) amp;nbsp;vneautreplus molle, amp;nbsp;fubtilctant de plai-fir elle prend en la variété de fon art, amp;nbsp;induftrie. Et quoy que eeft arbre produire naturellement des chaftaignes lefquclles font toufiours bonnes amp;nbsp;prouffitables, fl eft-ce que les entant auee de bons Marrons, à Ef-culfon,pctiu: couronne,ou à tuyau, ils foifonnent encor de plus gros, amp;nbsp;beau-fruit, amp;nbsp;lequel eft amp;nbsp;plus délicat ,.amp; fauoureux que les chaftaignes
Toutes ces manières fyfenten Limofin p-my Icsp ay-fans. Louange du chaUai-gniet..
Bon d’enter les cha-ftaigniers.
communes.
VINCENT. Comment, fault il mefnager, pour auoir quantité de ces: arbres?
lEAN B APTi sTE.,Pourcncftrcfoifonné,commcàfouhait,ilvault Moyé d’a-mieux les lemer que planter,amp; les mettre en terroir,rcgardant pluftoft le uoir des Septentrion,ÓC citant humide,que fcc,amp; ayant regard au Midy : d’autant fb^ftai-que eeft arbre ay me mieux l’ombre que le folcil, les vallons,que les mon- ^^^^ ƒ quot;* taigncs,la terre molle,que celle qui eft dure amp;nbsp;maftiue. Or fault il les fc- q„ fault; mer au mois de Mars en vn terroir bien loûc,amp; remué,nn,amp; amédc,plû.- planter ou tant deux trois amp;nbsp;iufques à quatre chaftaignes la pointe enfuz, mais lepa- ferner les rées d’cnfcmble, amp;nbsp;par tout le champ clloignécs l’vne de l’autre és mon- chaftai-ceaux à tout le moins d’vnc braire,y mettant vn ballon,ou rofeau és lieux ^^’„^ n où les chaftaignes font plantées., afin qu’on puifte cognoiftre ou il faudra nbsp;nbsp;nbsp;bô fc-hoùcr,amp; öfter l’hcrbe:amp; paUcz trois ou quatre ans les fault replanter par merles , tout lieu qui foit propre ,à caufe q eeft arbre croift de mieux en mieux en chaftai-chafeunelaifon.Vous feauezde quelleconfcquencefont eesarbrespour ^““’ faite les vaiireaux,^ merrain à mettre vin,amp;: autres boifsôs,amp;breuvagcs, amp;nbsp;non moins prouffitablcsà dreftet ponts. Canaux, Colonnes, amp;nbsp;autres chofes infinics,foit pour lesbaftimcns,cngins,cfchalas des vignes, cloftu-tes de parcs,iardins amp;nbsp;autres lieux commodes aux champsttellement que nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
it ne voy dende nuifrblc en eeft arbre,lauf que le bruflant il fait la cendre
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-ocr page 132-114 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;CINQVIESME lOVRNEB
fi mauiiaifc,que faifant la Icflîue d’icelle,iamais les draps, amp;nbsp;linges qui en cadres de font touchez ne font fans en porter la tachc,amp;fouïlleurc.
ehaftai- VINCENT. Allez VOUS point quelque Iccrctpour confcrucrlcschâ-uaT quot;'en' ^^'g’^'“^ ^ marrons verds amp;nbsp;entiers tout le long de l’année.
Îèfsiiie lEANBAPTiSTE. Q^’ veult garder ce fruit, fault le cueillir moyen-Moyen de nemtnt raeur durant le dccours delà Lune, amp;nbsp;les auoir bien fees, les garder les mettant eu lieu freft dans du fable, ou en quelque vafc, mais que ce foit chaftai- toufioursàlafrefcheur, amp;nbsp;fi bien clos, amp;nbsp;cftoupé qu’il n’y puilfe en-g””* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;trer vu brin d’air,car autrement en peu de temps tout (croit gafté, amp;nbsp;corrompu.
VINCENT. Nous allons aflêz ce me fcmblc arraifonné amp;nbsp;dilcouru. pource fuis-ic content que facios icy paufe, mais que vous m’ayez vu peu parlé des oliucs,amp; de ce qui leur atrouchc.
Traité des oliuiers.
lEAN BAPTISTE,Vous içaucz combien eft fingulicrc la liqueur que produit ce diuin arbrc:lequel eft fi necclfaire àla vie des bornes, que pour la vie amp;nbsp;vûge, pour lcsmcdicamcns,conièruation de pi ufieurs choies à nousprouffitables,amp; pour nous ciclairer durant les tenebres de la nuit,il n’y a rien plus propre que ce qui fort de cell arbre tàc excellét. Lequel defire long temps auant que porter fruit,amp; auifi il eft de grand’ durée, neaf-moinsn’eft fertile en oîiues,fil n’efi planté en lieu hault,fur les cropes des monts,amp; collines, ou à leur pied amp;nbsp;racine expoié au chaulr, toufiours regardant ou l’Orient ou le Midy.
V i N c E N T.N’eftimez vous point qu’il vault mieux planter les iefton^ de roliuier,queles germes du pied,ou qu’en lemer les oz,amp; noyaux?
Corne, ny en quelle
lEAN BAPTISTE. C’cftßnsdoute,pourucuqueceiditslettons,amp; lyonsneibycnt pas plus petits nymenuz que le manche d’vnehoüc,amp; ûifô fault foy cil t bien ronds, liilcz, amp;nbsp;polis d’cicorcc, fins rameau, amp;nbsp;encor coupe olHew ^” ‘l“^^quot;f ^^ Lune nouuclJe, leuâtl’cfcorcc groife enuiron vnc braire,amp; laif fer la verte qui eft plus fubcile: puis les planter au mois de Nouembre, amp;nbsp;en lieu bien chaulr,amp; fi en Fciirier,qucle lieu ibit tcmpcré,amp; tout autant en fcrez,lcs plantant en Mars. Neantmoins fault que les trous à les mettre ibyent fais deux mois auparauant, amp;nbsp;qu’ils foyent bien grands, amp;nbsp;entourez d’e/pincs, ou de fumier biépourry méfié auecle terroir mefme,amp; pre/Terez bien le tout cn/cmble à tout voz pieds à l’entour du ici ton planté, ainfi qu’on luy iettera la terre es enuirons, ou fi voulez la fouler auec vne isalfue de bois, ainfi quei’ay ditpar cy deuant. Et ne ferez fiultc de belcher,amp; autour de ces nouucauxplantez,amp; de tous les autres, à routle moins vnc fois l’an,à fçauoir au Printéps,amp; rnefine les engrefier de amender auec du fumier fort menu, méfié auec la terre, qui efi entour ces plan-En uek ^f“gt;'^“f^*^^®”^.^c®^®”^l^‘’C^®“^*‘»«*”ois‘leFcurier, Sc de Mars, amp;:û mois limit nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;‘^^P^'^ froid en Auril,ou May,ayanc toufiours des ferperons qui ayét
tailleries Ictrcncnant bon,amp;bien acéré, coupant encor ce qui fiircroift au pied du oliuiers. tronc loir fl grand ou petit, durant que la Lune efi en dccours, amp;qucle temps efi lcCjamp;lcrain,cn ofiant auec diligence les rameaux feulctnenrdi-
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uers,amp; fiiperfluz, les fees amp;nbsp;rompuz, amp;nbsp;les germes furnailTans, fi ce n’eft que la plante fut fi yieiüc,foible, amp;nbsp;caflee, quelle euft befoing d’eftre rc' nouuellée: car il faudroit alors y en lailfer vn,ou deux des plus beaux, amp;nbsp;lt;e pendant ne faudroit omettre de tailler tout ce qui lcroit de gafté, pourry,fcc,ou vermoulu en la tige de l’arbre ou es gros rameaux, amp;nbsp;cccy en la faifon nouuclle auec des fers aptes à ce faire iufques à tant que vous ayez defeouuert ce qui eft de bon au bois d’autant que l’ayant ainfi coupé, celle maladie nepafferapoint plus outre, amp;nbsp;cnpeude tcmpslaplayc fera confolidéc , amp;nbsp;rccouuerte auec nouuellc efcorce par le dehors, mais au dedans non, lors que la tige eft fendue. Neantmoins ayant ainfi nettoyé ces lieux oftencez, les fault oindre auecdu marc de l’huile preC-fé,afiuquele bois n’en fouffre, comme il feroit, qui n’y vferoit de ce remède.
VINCENT. Quelle forte de ces arbres fault-il planter, pour en tirer plus grand prouffit?
Quelles 0- , hues fault choifir pour peupler.
Corne doi uent e/he entez les olimei#, '
ieanbaptist E.Onnefçauroitfaillirdcplâtcr,ou enter toufiours despEgroßes,amp; fortes,amp; lefquclles en puiflent germer,amp; produireplu-fieurs, veu quelles produifent plus d’huile que les menues : amp;nbsp;outre que les plus belles fe vendent mieux pour mettre en pot,amp; iaumui re, amp;nbsp;pour Confire ayat plus de chair que toutes les autres de noftre païs:vous aducr-tiffant qu’au feul mois de May,il fault enter ces arbres, amp;nbsp;en efculfon àla manière queie vous ay dit cydeifus. Entez qu'ils lcront qu’on ne coupe point les reiettons qui viendront fur l’ente iniques au mois deMars ou de Aurileniaiuant,amp; toufiours les couper à nct,amp;rcz de la plantc,car par ce moyen elles ne font point endommagées, comme feroyent fi on oftoit pluftoft ces rameaux,amp; reiettons.
VINCENT. le voudroy fort fçauoir comme il fault recueillir les oliucs, amp;C nlt;^ueltemps.
Moyen, amp;nbsp;faifon à cueillir les olines.
TEAN BAPTISTE. On Ics recucillc ordinairement lors qu’elles font bien noircs,amp; pluftoft à tout la main, que les battre, amp;nbsp;fccoucr auec vnc gaule, amp;nbsp;longue perche d’autant qu’ainfi battant l’arbre, on le froiiTe, amp;nbsp;rompt les branches en aifez bon nombre, tellement qu’on fo font bien de tel dommage l’année apres.Et vrayeraent il fait bon voir ceuxqui montet deflus des eichcllcs à main longues de 30.ou ^y.bralfcs, tirer fi diligêment das leur làin,amp; tabliers de cuir,ce fruit choifiifant les oliucs de rameau en ramcau,carils rclfemblct autant d’Efcuricux,fautans, amp;nbsp;roulans ordinairement par,amp; aux entours de l’arbre. Bien eft vray que le fruit qu’on ne peultauoir auede croc,amp;àtout les mains,il eft force de l’abattre auec les perches,amp;lors ceux qui font délions font leur deuoir de les recueillir ainfi qu’elles tombent à terre.Mais pour les confire vertes, les fault prendre lors qu’elles f aprochent àdeuenir noires,amp; fi gentiment qu’elles ne foiét point froilfécs en forte quelconque.
Quelles 0-Imcs fault choifir pour confire.
v i N c E N T.Qucl moyen fuit on à les confire parfaitement?
lEAN BAPTIST E.Pour-cc faire en peu de temps, amp;nbsp;quelles demeu-
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CINQ^ IBSME XOVRNIE
Moyen de confire les oJiucs.
rent vcrtes,bcnes,amp; bonnes les prendrez trois iours apres qu’elles feront recueillies, mais bien teches, ati autrement elles fbufiriroyent en les ac-couArant. Par ainfî ayans rcmply vnemefùre d’oliucs fainfi qu’on les vend en noz Carticrs^faultprcndrc trois picotins de bonn e cendre criblée amp;demy de chaux nette, (fbitelle baignée ou non c’efttourvn) Remettez tout cela dans vn vafe plein d’eau tant que les oliues y baignent de-dans:amp; méfiant tre/bien la chaux, Rela cendre enfcmble, y mettrez auiîî les oliuesparmy,prcnansgardencantmoins qu’elles ne fc mafehent eu fe touchant, ou pre liant : les laiflànt en celle mixtion neuf ou dix heures, puisprenez-en quclqu’vne , amp;nbsp;la fendez pour voir h la chair fe fêpare du noyau, carfen oAant, ccd ûgne qu’elles Conc prcAcsà confire, autrement laiflèzles-y vnpeu plus longuement rcecy fait amp;nbsp;les oflantdccc-Ac compofition les lauerez tre/bien, tant que fbyent nettes, les mettant dans vn vife bien net ,amp;: y faites la fàum urc,mettantparmy du thim,fcr-polct, amp;nbsp;femence d’anis, ou des codes,Se bois de fenoil. Mais qui veult conferuer longuement ces oliues, fault changer ladite faumure de trois en trois mois, car autrement elles perdroyent amp;nbsp;leur gouA, ÔC leur beauté.
v t N c E N T.Cede façon meplaiAplus q celle que fvH avec de la chaux nouucllc, qui a edé caufe que craignat vn degond aies manger,ie me luis remis à les tailler, amp;nbsp;couper, Sc les purger feulement auec belle eau viuc, Sc courante.
Recepre a i e A N BAPTISTE. ConEfant ainûlcs oliues,que ic voasayrbt, elles oIiues^foK ^?^^^^’^^^^^^^^^^'^’^^'^ loyenc mal-faines, qu’outre quelles p[oulStent,ort ttieares.°^ ^«-accouAre plus facilement amp;nbsp;en moins de temps, ioint quelles en demeurent plus ver tes, amp;nbsp;plus belles,
VINCENT. Tramiez vous bon qu’on conRlfelcs oUues qui font fort meures, comme en pluficurs lieux fen ay mangé des grades, qm me dm’ bloyentfortdclicatesî
lEAN BAPTIST E.Non feulement ie loue qu’on en accoudre Scgat’-de de ces noires,puis qu’eUes font plus faines,amp;:meilleures qucles autres, pourucu qu’on lesaccoudreainû. qu’il faalt,aius encorpour-cc qu’elles iont de meilleure amp;nbsp;plus lomic garde, fans qu ’il les faillc mettre dis l’eau, ou faumure.Orpour en cohre vue me{urc,faaltlcsfaircfechcràl’ombre,. en lieu expoféau vent,dc la mettre vue dure de miel, vn’autre d’huile, Si autant de fcl, vue once depoiure,autant de clou degirode, vue d’anis,vne de lenience de coriandrc,lc tout pilc,amp; pulucrifécnfemblc, ayâs exprimé encor le iud de ncaf,ou dix limons,ou oréges de bonnet moyénefaueur entre doux amp;nbsp;aigre,amp;:,tout cecy medé enfcmble,amp;bien ordonné mettez Comme leaueeles. oliues en vn pot de terreau frais,amp; durenrtoutcl’année. learrefùc ^“^^^ c E N T.Faircs VOUS plus de compte de l’hudefa idéaux pieds, que onktlauc dcceluyeiuiedeipraintaupredouéer.
roltue,ou lEAN. BAPTISTE.. C'cd faus faulte que l’Huile foulé aux piedsed hprcllâat. taudoursmeilleur,plus doux,clcr,amp;agréable au mâger enfaladcquêter
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luy qu’ó prefTc.Mais dautat qu’il feroit impoffible de Ic faire tout en foulant,! caufe qu’on ne fçauroit fuffirc à l’abondance du fruit qui fe recueille,pour eilrc plus difficile le fouler, que picilcr amp;nbsp;à caufe du dômage qui f en cniuyuroit en la perte derhuile,entant q le predouër en fait plus rendre beaucoup que les pieds. On pourroit encor difeourir pluücurs autres confiderations touchantceftarbre, mefmement 'combien ilcftgen-til en ouurage, bon amp;nbsp;fain à le brufler,amp; fén chaufcr,amp; que fcs noyaux font la cendre parfaite : mais'en ayans allez dit, il eft déformais temps que nous leuonsd’icy,amp;quc demain nous reuenions pour difeoutir durefte.
Commo-ditez qu'a tire dubois defOliuier
y i N c E N i. le fuis preft à faire félon vohre plaifif.
^FIN DE LA CINQVIESME
J O y R N E E.
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SIXIESME lOVRNEE
DE LAGRICVLTVRE DV
SEIGNEVR AVG V S T I N G A L L O,
CONCERN ANT LES* NOTENs DE
DRESSER LES lARDINAGES SOIT
pour le plaiftr^ ou pour en tirerproufft.
V Icucr du Soleil le iour fixiefine, le feigneur Vincéc retournant au logis de l’Auogadre à l’heure accou-fturnée,amp; voyant vue petite pluye amp;nbsp;rouiee menue tober du ciel,fe craignant de plus grand pluye,monta fur vn coche couuert de cuir : ainfi aflemWez que furent,amp; fapcrceuansde l’eau qui aHoitrcuforcanr,, fen en tretet en vn garderobe qui eftofrioint,amp; cô-tigu à la fale,lequel regardoit au lcuanr,amp; duquel a-iiant on voy oit tout le iardin embelly d’vnc infifiicc de caflincs,amp; pots de terre pleins de Citrons,Limons,amp; Orenges amp;nbsp;d’autres qui cftoient remplis de diuerfes herbes odoriférantes,chargéés.de trclbcllcs fleurs,qui dô-noient vn mcrucillcux plaifir amp;nbsp;contentcmétila veuc.Qui futcaufeque le Magie,ayant confidcré à fou aifc l’ordre gentil obfcruc au compartimet de ces cho(cs,commcnçaà parler en cefte lôrte:Puis qu’il eft ainii qu’hier nous parlâmes de ce qui touchc,amp; concerne les vergers amp;nbsp;lieux propres aux arbres fruitiers, i’ay granddefir que ce iour foit employé au diieours des iardinages,dreircz pour le Icul contentement dcsycux, amp;nbsp;de ceux que on dcllcigne pour le prouffit,amp; feruice aile de tout vn melnagc.
Louange desiardins
Epicure fut le premier qui dre (Ta iar-din en A. thencs.
Iean BAPTISTE. Il n’y a aucune doute que ce n’ayr eflé toufiours vn grand contentement amp;nbsp;plaifir à tout mefnagcr,d’auoir vn iardmet qui fut gentil; amp;nbsp;plus encor fil reftendoit félon les iouhaits, amp;nbsp;aflethons, amp;nbsp;fuyuant le vouloir,amp; puiflance des plus gentils cfprits:ainfi qu’on en voit les defléins dreflez par tout le monde en diuerfes maifbns,amp; ûiperbcs ba-ftimens tant anciens,que modcrnes;tantpar les citez,amp; chafl:eaux,queés villes plus gentilles : fuyuant la premiere defeription iadis faite parle fameux philofophe Epicurc,en la grand cité d’Athencs:Icquel ayant fué, amp;nbsp;ahané longuement à reftude,fcn y alloit tous les iours y pafler fon temps, amp;y
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amp; y reforcer,amp; rauigaicr fon e(prit accable prefque de trauaii. Qnç diras nbsp;nbsp;Alcinoc
nous encor d’Alcinoé Roy des Feaciens? CcHuyayac fait dreller vue infi- Roy des nité de iardinagcs,amp; parterres.chargez de fruitiers,hcrbcs,amp;fleurs de tou „^^^^^ tes fortes,ayant vaqué la meilleure partie du iour aux affaires plus impôt- piaißr aa tans de fon royaumc,cntroit dans ces lieux de plaifir pour y palier fes fan- jardinage. tafics,amp;: foucis qui le plus fouuét luy rongeoyent iniques aux plus fècret-tes,amp;: profondes entrailles du cœur. Le mefme lifons nous de Mecenas, lardins de lequel auoit faitdrefler les iardins de telle beauté amp;nbsp;gétiUeiTe dans Rome, Mecenas que l’Empereur Odauian Auguftc,y alloit bien fouuent Py recréer,amp; de- ^^^^ ’ duire,y trouuant plus de plailîr,amp; contentemet qu’en autre chofe,amp; plus pour jeur bellc,amp; de plus grand coufequence. Plus eft àconfiderer ce que faifoient ^ayeté par iadis amp;nbsp;Diocletian grand Monarque des Romains,^ Circ,Roy de Perfe, l Empe-amp; feigneur ptefque de tout le Lcuant,lcfquels de leurs propres mains-cul- ««Augu-liuoycnc amp;nbsp;drcllbycnt les plans,amp; parterres de leurs iardmages : amp;nbsp;diray Diodetia» qu’ils y eftoyent fi diligens amp;nbsp;niduihieux,qu’ils faifoient eftonner chafeù amp;nbsp;cyte de ccfl exercice fi bien par eux pratique. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;trauail-
Ic vous ay mis en allant ce petit nombre (laifiànt vne infinité d’autres loyentde grands perfonnages qui Py font amufez) pour vous monftrer combien de ^^“^i™X'ns tout temps ç’aeftéchofe fort honorable amp;nbsp;plaifantc defe deleéler ende Autant beaux iardins,amp; vergiers. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ptefque en
V i N c e N T. De tant plus vous m’auez allégué d’exemples de ces hom- a fait de mes illufircs , amp;nbsp;Princes tant cxccllens qui fe font amuicz aucc grand amp;nbsp;“oft« teps merueillcux Poing au iardinage:tant auffi le defir me va le plus en accroiP j ^^5'^0» ’ fant de vous dcmâder,par quel moyen on pcult drefler ces lieux de fi grad jes Turcs, recreation, amp;nbsp;quelle ametteils demandent pour les fair-e beaux, amp;nbsp;corn- Traité ■ modes., nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;pour bien
I e A N B A P T i s.T E.Toutainfi qu’hier ic vous dis les moyens qujl fail- ^^’quot;^ ^^ loit fuyurc à bien drefler vn verger ,jl fault fe gouuerner encor à baftir, amp;nbsp;jJ jj” defleigner vn iardinagcflcqucl (Pil eft poflîblc) eft befoin de faire que foit Comparti-pofé vers la Bife,ou Tramontane,du cofté que le logis du maiftro regarde ment des celle partie du ciel,^fin q des feneftres auant il puifle iouïr de la perPpeéli- parterres uc du lieu:amp; lors mefinemét que cecy eftfait plus pour le plaifir,q prouf- ^* iardins. fit,ainfi qu’àprefenti’entens que nous difeourrons, entant qu’vue autrefois nous parlerons du iardiu de feruice amp;nbsp;comoditez de la maifon. Ayant doc trouué vne afliette a propos,que le iardin aufli foit aligné iuftemét en quarré,amp; foit bicn ccint de muraillc,o.u de haye fort cfpaifle,amp; forte faite d’Aubclpins,DU de verds fanguins, ou autres fortes de plantes toufiues,amp; icelles coupées à lacime amp;nbsp;efgalccs en leur faifon.Or fault que le lieu foit aufli efgal amp;nbsp;vny,amp; fans eftre guère pendant,afin que les pluyes n’enportent en bas,de hors du lieu la greffe de la terrc:laquelle fault que foit bien rompuc,bóne de foy,ncttoyce depierres,ordures,amp; herbes nuifiblcs,amp; à laquelle il fault méfier en temps amp;faifon,dc bon fumier vieux,amp; d’ictluy allez abondâment.Maisie fuis d’aduis que tel iardin foit côparty en quatre quarrcz,aiant chafeun fon allée par le milieu,amp; autour,qui foient non
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SiriESMt lOVKNEB
moins Ipacieufcs en largeur que de trois brafles chalcune.Etfaulf que ces quarrez foyentpauez gentiment de bons carreaux amp;nbsp;tuiles bien cuites,a-nec vn canal autour, qui Ibit à collé du mur, -Se ayant quelque trois pieds dclargc,mais quifoitlêparéedes quarrcauxparlcmoyédcrallée.Etpour . nbsp;nbsp;nbsp;faire plus beau amp;nbsp;gentil le iardin ,ilehbclo!nqucleditcanalamp;Icsquar-
reaux du parterre foyen t faits d’vn petit mur rchaulTé nonplus que d’vu picd,amp; couuerts de belles pieces de pierre tels que font les grez dcfqucls on paue les rucs,ainlî qu’on en voirpluficurs és villes amp;nbsp;citez d’Italie.
Gaillar-dife des quarreaux amp;nbsp;céparti-mens.
v i N c E N T.Co'tainement il fait beau voir vn iardin ainlî drelié q vous le dellcignez, toutesfois mefomble plus gay, amp;nbsp;gaillard vn autre qui fera comparry en dinerfes fortes ayant des figures d’armoiries,roues, quarrez, triâglcs,amp;autrcs telles diofes plailàntcs à rcgardcrilcqucl encor fait plein d’herbettes odoriférantes,amp; làuourculcs,dc lys,petites rôles, violettes de dinerfes coulcurs,amp; qui foitparé,amp; cmbclly tout autour des bordures de pluficurs valcs,danslcfqucls on voye des citrons,œillets,dela marieolai-ne,amp; bafilicplantcz,amp; de toute autre clpccc d’herbes amp;nbsp;bclles,amp;pleinei de grand foefucté amp;nbsp;bonne odeur.
Belle description de vil iardî de
rc perpétuelle.
JEAN BAPTISTE. La forme amp;nbsp;bcauté,amp;ordre fi bien drehe qucra-cóptez,mc plaih trelbicn,amp; mefinement fi les murs du iardin font paints ainlî qu’il fault, amp;nbsp;qu’au bourde ce beau lieu y ayr vn petit portique auec fon petit oratoire bien amp;nbsp;gentiment paint qui correlponde, commepour objet à vollrcprolpeéliuc;amp;das lequel portique vous puilficz vous retirer pour y Iire,chanter,ioiier dcsinllrumcns,ouy deuifer «Se banq^eteta-uec vos amys.I’ay encor veu desiardins tous enceints, amp;nbsp;enuironnezde hayes trcs-toulFuës,amp; fi bien agencées qu’il n’y auoit bout ny rameau qui ylaifaacc. pallall fon ordrc,foit en haurcur,ou felpadant en l’argeur.Etles faifoit encor de rant plus beau contempler, quelles eftoyenr toutes de Lauriers de Mirtcs,amp;lànguin$:amp; outre que les allées, tant à l’entour que par le milieu Places pro- ehoyent faites en forme de croix,«Sebien p3uécs,on y voyoit en lieu de pe-pres à faire nfs rchauHcmés de mur,dc belles bordures de Lauâde,de R ofmarin,Buys caufe^^de* ou autre chofefcmblablc, belles au poffiblc pour n’auoirplus de pied 3c leur verdu- dciuy de haultcur,amp; acouhrées auec telle induhric, qu’il n’y auoitpas vn fcul ramcau,non vne fueille qui paiîàil plus auât quel’autrc ; amp;nbsp;celle liai-fonfi biécomparric les faifoit paroihregrolies Se quarrées,tout ainlî que fi ce fullcnt de petites murailles quarrées.Et corne cecy fut plaçant au regard «Se merucilleux à iouïr de figrande bcauté,eneor donoit-il plus Se de plaifir amp;nbsp;d’cllonnemenr, voyant qae cela feruoit de gide,ôetctraitte à vne infinité d’oyfilions, qui làns celle de nuit,amp; iour y delgoifoyctleur naifSc naturel ramage,accordans auec leurs accords comme à rcnuy,la diuerfité
Ces treilles font ce que nous apeilons Cabinets.
deJcunoyculcMufique. Encor y voyait-on trois treilles faites en berceaux, amp;nbsp;corne petites chapelles, amp;nbsp;oratoircs,qui cftoierdreUecs amp;cou-u erres fort rouffuement de beaux Gcnicmiiis,ou de Rôles Mufquettes^de Mirtes, oude Lauriers : or J’vne de ces treilles, amp;nbsp;Cabinets choir près du portique, ôcluy feruoit d’entrée, amp;nbsp;les deux autres par les codez, mais
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chafcun au bout des ailées qui alloyent par le milieu, amp;nbsp;qui fc ioignoyent àlabaye feruant au iardin de clofture:de force que vous cftant là dedans il vous fcmbloit voir autant de grotefques pour ceux qui prennent plaifir à plulofopher,amp; pour le contentement des efprics Icsplus gentils. Encore ne me puis-ic garder de vous dire que i’ay veu des petits iardins, Icfqucls cftoyent non feulement entourez de belles bayes,mais ayans les parterres ûns rchaulfcurcs, amp;nbsp;petits murs, ne reftoient d’auoirdc beaux Cabinets, amp;petits berceaux de Rofcs,ou Genicmins, Lauriers, ou Mirtes, lefqucls Coimroycnt auec vue grad gaillardife toutes les allées panées, qui eftoiét en croix, amp;nbsp;à l’entour du iardin, amp;nbsp;ces treilles fi bien tapiUécs vous don-noyent vn iîng.ulier plaifir,vous y pourmenant par deflous. Et quoy que leur grandeur amp;nbsp;haultcur ne fulient de grand efiendue, fi eft-ce que leur forme,plaifantc verdure amp;nbsp;gentillclfe, donnoyent vn grand contente-ment, amp;nbsp;refiouïflancc à ceux qui les regardoy ent amp;nbsp;iouilfoy ent de l’aile de les contemple!'.
v i N c £ N T.Si i’ofoy,ie diroy que les iardins font plus beaux efians clos de baye,amp; où les parterres, amp;nbsp;carreaux font embellis de gétillcs bordures verdoyâtes en tout temps: que clos de murailles ou ayât les parterres en-Ceints de rehauecmens fouftenus de tuillcaux ou pierres: veu que(commc Vous dites)ccfte verdure donne plus de contencemét,amp;rénd la perfpecti-ucplus ioyculc,amp; agréable,amp;qu’écor pour ce rcgatd,onioüifi de la dou-ce,amp; plailàntc harmonie des oy féaux qui y repairent.
lEAN BAPTi STE.OnpourroitdilcourirdeplufieursautreSjamp;diuer-fes fortes de compartimés,puis qu’il y en a allez de façons dtuetfihées,entre IcfqueUcs ie ne peux taire ce iardin fingulier des Magnifiques Comtes Martinéguesde Barco,eu cfgard aux beaux treillages, amp;nbsp;cabinets faits de limons,ayâs les allées toutes panées,amp; les rchauccmés, amp;nbsp;bordures chargées d’vue infinité de vafes pleins de diuerfes amp;nbsp;gentiles plantcs,herbesamp; Heurs,Icfqucllcs contentent, auec la foefueté de leur doux flairâte odeur, l’œil,amp; fclpric de chalcun:amp; outre ce, le plaifir y eft plus grand à caufe de pluficurs ruilleaux courans le long du iardin,torcans amp;nbsp;du yiuicr,amp; d’vnc belle amp;nbsp;clerc fontaine,là drelféc d vn art fubtil,amp; auec celle induftrie,quc iepenfc que l’Italie n’en ayc point vue autre qui la puifle féconder.
V r N c E N T.Ic confeife encore que ce iardin eft trefbeau pour pluficurs iailôns,mais parlant de la beauté Se grandeur de la fontaine qui y fourt,amp; produit de foy tât de ruiircaux:fans métir ie ne trouuc pas moins mcrucil-Iciilc celle de Mcfficuis lesCazzaghes à Botecin,amp; mcfmc elle efiât acco-pagnée de pluficurs iardincts fort gctils amp;nbsp;delcélablcs drcircz,amp; comparés de citrons,limons amp;nbsp;orcngcs,amp; qu’elle eft voifinc de la cité,amp;:enuiró-ücc d’aucuns coftaux fort amènes amp;nbsp;plaifans à la veuë.
!EAN BAPTISTE. Pallans outrc,amp; diftouras des herbes qui embcl-hlfent les iardins,amp; font bonnes amp;nbsp;cômodes amp;nbsp;pour les potages,amp; pour hs falades,ic çômçnccray par la lai élue, laquelle eft prifee fur toute herbe ^tuât enfaladcjtantpoar eftre plaifantc au gouft, comme pourcc qu’elle
Singula ri* té du iar-din. tefontaine des Comresde Barco.
Laidue, St fes louan-gcs,amp;; pro-pneux.
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refrefehift le cœur,amp; amollift le vent:rc,fait abonder le bon fang.engedre alFcz de laiét aux nourrices, amp;nbsp;caufe vn douxfommeil la nuit;qui eft cau-fc qu’on la mange mefmement apres le fouper toute crue, i’entens ceux qui font fains, car on la donne cuite aux malades: outre ce qu’elle eft plus Hre aux Choleriques,qu’aux Phlemariqucs ou meiâcoliques.Et quoy y en ayt de diuerfes efpcccs,fi vculét elles toutes auoir le terroir gras, poudreux,nct,lcger,amp;aile à labourer.
De l’endi-uie qui eft cellequ'on 4it icy Chi Corée: 8tdc fl force.
VINCENT. La laidluê m’a toujours efte agréable, tant pourcc qu’on en troune en abondance,que pour (eruir en tout temps,amp; faifon.
*Ccfte herbe me fern .blc celle q nous apel-fons Chri-fte marine, veu les ^-orictezque lauccurluy donne.
La Melide eft nômée par ceftui-cy, Citrona,amp; Baße chia.
Vertui de la Melige.
lEAN BAPTIST E.Cccy aduiét, àcaufe qu’on les ferne tous les mois, lauf lois qu’il fait quelque froid cxcclïif:amp; qu’aulîi on les replan te, ftlon qu’il en eft befoin,tout auHi toft qu’elles ont prins vn peu d’accroilfcmét. Et quant à l’Endiuic quelle elle cft,ic dis que pour la mâger crue, ou cuit-te en faladc,e!le eft prclquc femblablcà la laidluc quant à la bontc,amp;for-ee de rafrefehir, amp;nbsp;mefme ayant eitélicc,amp; qu’elle eft deuneue blanche. Dauantage outre quelle eft trefbonne à diftiHer, amp;nbsp;en boire aiiih l’eau toute pute, amp;nbsp;en Sirop, elle eft encore faine, amp;nbsp;bonne en potages. Peur manger encor en faladc eft bonne l’herbe nomméedu dragon, amp;nbsp;fi fauou-reufe qu’elle pique amp;nbsp;mord la langue aucevnbon gouftamp;piaifantco-deur, elle cftant belle, pour auoir lafucillc verte, amp;nbsp;menue, eftant encor delicate à cofire auec du felamp; vinaigre.Mais à caufe qu’elle ne porte point fcmence,ny graine,on en plantcJcs racines Icfqucllcs germent amp;produi-fent affez de plantes.il eft vray qu’elle ne vient qu’en bon tcrroirÂ^^P°* fc au folcil, amp;nbsp;fc tient toufiours verte, lauf que la fueillc meurt) ^ fane durant le grand froid. Cefte herbe diminue la rate, düfonlt les opilations du foyc, conforte le cœuramp;l’cftomach, fait dencnirla face gentiment coutource,amp; tout le corps en bonne habitude. Parlant puis après dela MclilTc, ie dis qu’elle eft la plus parfaite de toute autre pour efttc odoti-fcrante,fauourcufc amp;nbsp;trefbonneen faladc, voire amp;nbsp;confite auec du vinaigre, voire amp;nbsp;fon eau diftilléc fert grandement en Sirop. 11 eft vray qu’elle ne fe maintient finonen lieu bien aéré ,amp; en terroir qui luyloit propre. Et eft cefte herbe bóne non fculcmét contre la Pefte, en vfant en quelque forte que cefoie : ains encor fi vn homme fc doutoit d’auoir mange quelque viande vcnimcufe,comme il aduicnr fouuent à ceux qui mangent des Potirons,amp; chofes fcmblablcs, elle y eft dcgrandprouffit,amp; y fert defin-gulicrrcmcdc.
v i N c s N T.Puis quecefte herbe fi gentille fc garde fi difficilemér,ic/ê-roy d’aduis que durant les froids on la meift dans des vafes, amp;nbsp;la tint on enfcrmée,amp; couiicrte pour la conlcrucr.
Citronelle.
i E A N BAPTIST E.Vous auez encor la CitroncIIcjlaqnclIe eft gentille amp;nbsp;bcllejamp; bonnc,eftant verte, en faladc, amp;nbsp;quoy que toufiours elle face amp;nbsp;porte fcmence,on la pculc encor replanter fort facilement. Le iuftdc cefte herbe à qui en éprdra trois ou quatre cucillcrées plus, ou moins fclô la force de Ion cftomach , fert de remedefort fingulicr aux morûircs des
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nome Slt;-greiuola.
Eftoik het be Ricole.
fcfpens,dcs Scorpîon$,des Muferaignes, amp;nbsp;à ceux qui font offenerz pour Lqtaüenla aiioir mangé des champignons.Moindre n’en la valeur de la farriette, dite Saturée par Diofeor. amp;nbsp;Cunile par Pline, laquelle d’odeur reflcmblc au thiin,mais elle cft plus perite,amp;alcs fucillcs plus tendres.Et outre qu’elle a le gouft delicat,amp; foucf flairant pour la manger verte,amp; fechc en diucr-fcs viandes,clle eft encor plaifante à voir dans des pots, amp;nbsp;vales le lôg des bordures,on la feme au commencement de f carier, ou après Iclo que les terroirs font en afficttechauldc.oucxpofcz à la froidure. Pourfalade cft encore bone l’herbe nommée cftoilc, laquelle outre que flourift deux ou trois fois ran,durc encor longuement en terre. La ricole ne vault moins que la lulditc portant auffi fa rieur l’an deux ou trois fois, amp;nbsp;fe maintient longtcmps,cftant bonne à diftillcr,amp; fort propre, amp;nbsp;commode à mettre en (trop: La decoétion de laquelle vault contre l’opilation du foye, amp;nbsp;à la douleur des rcins.On peult raefmemét louer l’ozcille, ou acctofe tant cl- propnetex le cftbonne en falade,amp; plaifante au regard: amp;nbsp;qu’aufli elle flourift, amp;nbsp;fe deloieiUe maintient ainfi que les précédentes, amp;nbsp;cftbóne amp;nbsp;àdiftillcr,amp;cnfirops, voire en quelque forte que vous la mangiez,elle cft trcfprouftitablc côtre les fleures d’efté,amp; fur tout contre les peftilctialcs.Et pour faire bons potages,touttcs,amp;: fouaces d’herbes cft bonne amp;nbsp;faine la bourache,voire amp;nbsp;j^[ƒ bouten (àladetandis qu’elle cft tendre,ces fucillcs cftantfingulicrcment bon- rachc. nes amp;nbsp;cuites, amp;nbsp;crues, encor la fleur eft meilleure, comme celle qui re-fiouift le cœur, purge le fang, conforte les cfprits vitaux, donne force aii poulmon, amp;nbsp;en fomme elle eft telle, quelle pcult dire ce qui eft.eferit. Ego fan borrago ijH^gnndinßmpera^o. (C’e ft à dire.)
La Bourrache ie fuis, C^ loye au cœur conduis.
Du perfil amp;nbsp;de fes
forces,amp; vertut.
Apres cccy i’eftime que le pcrfil a de grandes proprictez,entât qu’il le fait bon voir fi tendrelct,amp; menu verdoyer en tout temps,parfait en faladcs,à faite ûuecs, cuit en potages, mis fur le poilfon, oy féaux amp;nbsp;autres viandes pour leur douer gouft: De forte q le coupant forment il dure long temps, mais la premiere année la femence ne vault rié là où puis aptes elle cft bô« ne à femcr.Et outre ce que le pcrfil diftillé fert pour la faute de l’homme,il engédre le fang aigu,amp; fubtil,dc forte qu’il eft meilleur pour les phlcgma tiques,que pour les (ânguins,amp; cholériques: dauantage la racine bouillie aucc de bonne chairfert grandement aux opilations du foyc,à purger les rcins,amp;: à ceux qui font fubiefts à la picttc,ou graueUe. Et parlât des herbes Icfquelles on fait faladcs en elle,le pourpier n’eft des moindresilcquel non feulcmét rafrefehift le foy c, Sc efteint l’ardeur des reins, ains encor le flux dedàug,amp; fur tout ccluy qu’on crache amp;: fort de la poitrine,il cft vtay que celle herbe eft diilîcilc à digérer,amp; de peu de nourriturc.VousIçaucz en p^nr-cncot combié cft faine l’herbe dite Racinellc.que Ion mange,amp; cuite, amp;nbsp;pi«, amp;nbsp;de crue (oit en falade,ou autrement,aucc fcs racines: AulTi foit qu’on la man- i« propne ge,ou qu’on en boinc l’eau diftillcc, elle rorap les durtez amp;nbsp;opilations du ^^^ foye,amp; de la rate, amp;nbsp;eóforte l’eftomach, amp;nbsp;vault mieux replantée que fe- „^Uç. jj ' Bîcc,à caufe quelle en deuiét plus belle, amp;nbsp;fes racines plus grosfettes, def- icm yena
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quelles,eftant nettes,amp; bien accouftrccs,on fait de gentilles falades. , v i N c E N T. Auez vous en mefme ranc cefte racine que la chicorée. ain-fi qu’ordinairement la tiennent noz Apoticaircs,
Des pens lEAN BAPTISTE, laçoit q la chicorée luy (oit dilîemblable enfleur, m°enus^amp; ^ ^°*^^ ^^^^® ayant mefmes proprietez,amp; naturc,fauf que Tvn eh domefti-toufiouis que,amp; la chicorée ch eftimee îauuage. Pour les falades font fort bons cn-T«ds. core les pctis porreaux menus, Icfqucls il fait bon voir à caufe de la fubti-té de leur fucillage (i racnu,amp; qui verdift tout le long de rannée,amp;:lcqucl plain,amp;agréc à chafeun.On les feme au printemps lors quelcs autres bu-Betonique nesherbes font femees.Kefte à parler de labctoniquc,Iaquellcnonfeulc-herbe fort ment cft bonne à manger en falades,potages,amp; autres chofes ; ains lingu-corcliale,amp; Jj^jç pour guérir les blcirures de la teftc,lcs os caliez, amp;nbsp;rompus, les yeux mgu lerc. ofFcnccz,l'cftomach debile,le foyc opilé, les douleurs de la rate des Poulinons,amp; autres dmerfes maladies.
Proverbe fur la Beto nique.
Delà mc-te.
Du pou-lior,amp; fa propriété.
Des efpi-nats, amp;nbsp;de leur bote.
Des poi-técs,amp;leur propriété, amp;nbsp;différé-ee.
V1N c E N T. Puis que cefte herbe cftla roync , amp;nbsp;fleur de toutes les autres on peult dire encor ce prouerbe qui court par la bouche de chakun. Tu as plus de vertu,amp; proprictcz,quclaBctoniquc..
lEAN BAPTIST E.Aprefent que i'ay parlé de la plus grand parried« herbes gentiles qu’on mange en falade, il fault déduire les autres lèmbla-bles,amp; deftpeUes on fe fert en potage, amp;nbsp;qui outre ce cmbcliUent lesiar-dins. Pouc-ce ic commenceray à la mente laquelle ic dis bonneàeftre meflée auec les autres pour faneur és potages,Ibitéspurées,oufrini-res, amp;nbsp;autres aprefts : dccefte-cy fe plante amp;nbsp;n’eft point feinet’* ^'* peult dire le mefme du pouliot, lequel eftant odoriférant amp;nbsp;fauoutcux,. eft bon amp;nbsp;en potage, amp;nbsp;en toute làuce:;amp; outre qu’ilprouoqueles fleurs aux femmes ,amp; refehauffe l’cftomach, l’huile en eft bon poulie foulas des choliqueux,amp; pour aider la ftiftocation de la matrice aux femmes. Parlant puis après des herbes blanclu’s, ic les maintiens iaincs,amp; bonnes en potage, falade, amp;nbsp;atures chofes fans qu’elles fontpiaifantes pour eftre vertes en tout temps, amp;nbsp;flouriftant en chafeune faifon. Les cf pmars encor font bons, amp;nbsp;bouillis,,amp; fricaftez,mi5 en pafte,amp; tourtes,amp; en plufieurs autres manières,amp; fur tout en hyuer,,cn Carclmc, amp;nbsp;iufquei au mois de May. On les feme au mois d’Aouft, amp;nbsp;font cnlcur beauté,, iulqucsà tant qu’il iettent leur femence, amp;nbsp;fi on tarde de les femer:,ils ne produiftnt pointde graine. Ccsheibcs cy font mangée auant toute autre viandc,il eft vray que amoliflent le ventre, mais nuilentà l’eftomach.. Or du temps qu’on les ferne, afin qu’ils naiilcnt bien, les fault mettre en terre le foir, amp;nbsp;les couimr de fouerre, ou auec du chaulme, les arrouiant tousles velpres tout bellement, à tout le moins trois iours de fuite. Et. q.uien vferoitainfi aux autrcsfèmcnccs, qu’on cfpard en efté,clle nai-ftroyent tref facilement. Mais pour garder de gelée les çfpinars les fault couiirir de. fueillcsdc noyer auant quelcs brouillars tombent en forte quelconque. Les poirées encor ne font moindres en potage, tourtes, amp;; tourteaux en.quelque faifon que ce Ibit quelcs çfpinars ,^mais les coulent
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ferner en carefme,amp; le long de l’an pour en anoir toufiours amp;nbsp;de vieilles, amp;nbsp;de ncuiielles : amp;nbsp;choifir pluftoft les blanches que les vertes, pour eftre plus belles,amp; plustcndres.D’autât auffi quelles amoliiicnt le vetre, font eftemuer,purgent le cerueau de catarres,amp; en kuat la tefte aucc leur leP fiuc olient les ordures du cuir delà tefte. Pour herbe odoriférante,kuou-reufc,amp; bonne eft bóne en potage la fehierie auec d’autres herbes;laqucl-Ic veut eftre lemee en carefrne,ôc autre failbn,afin qu’on enayt tout le lôg de l’année. Si vous la faites fccher à l’ombre,«Si la mettez puis dans le vin lors qu’il bout,elle luy donne vn parfait gouft de mufcadet;lc mefme fait fa fleur y bouillant dedans,amp; empefehe que le vin ne chancift,ou fc pour-tife.Pour herbe bône,amp; faine eft encor prife la Bugloirc,kquelle eft mangée amp;nbsp;en potage de en klade , amp;nbsp;eft bon de la diftillcr lors qu’elle eft en fleur,entant que fon eau fert en plufieurs chofes pour la medecine, on la ferne en carenne, amp;nbsp;autres faitons de l’année ainit qu’on veut.
Buglofc herbe médicinale.
Vincent. Vous ayant prefque parlé de toutes les herbes gentilles que nous mangeons en diucrlcs maniercs,ic fouhaite d’ouir parler de celles encor qu’on met en des vafcs pour lefcul embclliftcment des iardi-nages.
Delà Mai icolainc,amp; fespropric-tcz.
i E A N BAPTIST E.Pout faite gentils ces iardincts,amp; parterres predi-tcs,ic loue fur tout la maticokinc,entant que toufiours elle verdoyé, de a l’odeur fort focfuc,amp; eftant touftue en rameaux,amp; de fucillagc mcnu,nó (eulement la peut-on ageancer dans les vafes,ains encor la diftiller,car tcl-le,amp; réduite en lefGuc,cllc defleche les catarres,amp; faleté de la tcfte,fans q le iuft d’icelle tiré par le nez fait eftemuer,amp; purge treibien le cerueau:ôc ne luy doit guère le Bafilic en odeur,de verdurc,dé en beauté pour bié parer quelque vafc de terre à cauic de la facilité de les fucille|S,dc ram.caux. On en vie de mefme à l’endroit du Mirte le mettant en des pots de terre pour ornement d’vn iardin à caufe qu’il flaire bon, amp;nbsp;dure vcrdfort long temps de flourift l’année plufieurs fois,dlt; f en peut-on feruir en plufieurs manières,de forte que les parfumeurs f aident fort de fon eau, amp;nbsp;en font grand eftime.
Du Mine, amp;nbsp;de fa foefueté.
Des violiers de tou te lottes.
Vi N c E N T. Il n’y a perfonne qui ne fc rcfiouilfc voyant vn beau iardin cmbelly de quelque grand diuerfité de vafcs ageâcez par ordre fur les parterres auec ces herbes odoriférantes, qui.rcifcmblcnt autant de fontcnel-Ics fur les carreaux ou de tours,pyramidcs,nacelles, boules, hommes, oy-feauxdc autres animaux.
Des oeillets , amp;nbsp;girofliers. -
Iean BAPTISTE. Les violiers font rccommundablcs pour leur naturelle beauté à tenir das des vafes pour verdoyer,toufiours,amp;flourir fou-ucnt,qiii eft vn grand plaifir, amp;nbsp;allcgrclfe, voyant telle diuerfité de couleurs,ainfi q les fleurs font auffi diuerfes. Apres fait bon voir les girofliers, amp;nbsp;pots à œillcts,tant pour eftre toufiours vcrds,amp;ayas des fleurs preique toute l’année diuerfes couleurs blanc, vermeil, incarnat,grifaftre,amp; mek langé,lefqucls outre leur beauté fingulicrc font les fleurs plus foëf-flaiià-tes que nous ayons.
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v i N c E N T. Puis qu’auez difcouru de toutes ces gctilIcfTes i attens 1 at^ raifonncmcnt des herbes qu’on femc,amp; plante pour le proufiit,amp; les iar-dins dcfqucllcs on tient en là main, ou bien on les donc à ferme ou à mol* tié,ainfi que plufieurs en vfent en nos carriers. DBS IARD INS C 0 MM V N S.
Iean BAPTISTE. Laillàns à part les rcigles qu’on obferuc ordinairement pour faire croiftrc amp;nbsp;embellir toute forte d’herbes, amp;nbsp;fruits d’autat que ceux qui en font profclîîon,en ont auffi la cognoillâncche comnicn-ceray à uous dilcourir des choux,à caufe que nous en auons en grad abon-dancc,amp; Icfquels demandent le terroir net,gras,amp; leger, venans pluftoft es lieux temperez, que non es païs qui Ibntchaults ordinairement ; aulfi voit-on que durant les grades chaleurs ils ne font point fi plailàns au raa-fer,ny fains à l’cftomacn, feulement eft leur làifon au printemps ou bien Autonne, amp;nbsp;fin tout eftans mortifiez par les gelées. Et quoy que ceux qu’on arrotilc durant l’cfté loyent beaux, amp;nbsp;verdoyans, fi voit-on qu’eu toute autre làilon font plus fauoureux beaucoup ceux qui ianiais ne fenti-rent tel arroufcmcnt.Et outre qu’il y en a qui font crefoez, defehiquetez,, cabus,amp; choux fleuris,amp; choux en raue(lclqucls on plante en Aurilpour l’hiucr, amp;nbsp;en Aoufi pour la carefine ) on leur coupc encor les bouts alors de leurs racines.
V iN CE NT. Les choux m’ont toufiours grandement pleiten Icurlüfou, mcfinemcntdec3bus,ouquionrculcsfommctsdes fucillcs liezen Autonne, d’autanrqu’en peu de temps ils deuicnnent blancs mais il vaut mieux de les coucher de pied en pied fouz terre 5^ ^‘^ couvrit, car ils en font amp;nbsp;plus blancs,amp; plus délicats.
lt; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ieanbaptiste. le fuis d’aduis qu’on ne les feme, nyplanteiaman •
' près les vigncs,vcu qu’ilsleursfonttcllcmcntcnncmis,qu’cfles fenefloi-gnent,rout ainfi que l’vn cnnemy de l’autre;finsq l’expérience nous fait voir,q fomâtlcur feméce de trois ans,elles produilent no des choux, mais Hiftoire aurat de raucs.Depuis le broder des choux cuirs-efianr beu trépéauecée d”clipux* ^’^“^^® '’” P^“ allant le repas,, amollir le verre:amp; en oflàt la premierc eau, amp;nbsp;en y mettant d’autrc,fait au contraire, amp;nbsp;le refiraint ; amp;nbsp;outre que leur iufl auec du foccrc fert. cotre la coux,amp; les afinariqucs,amp; rifiqucs,ia femé-cc cfl auflifortprouflitable pour les péris cnfàns,fors qu’ils font molcftcz des vcrs.Et qui fe laucroit la tefle auec de la Icflîuc faire de cendres de cotons de choux,il ofleroit amp;nbsp;la rignc,amp; lcs ordures qui naifienten la telle.
Mais en yenans depuis aux choux blancs qui ont la teile ferme amp;/crrée corne vnc ce nquot;cft’au ^^^^‘^ toute rôdc,ie dis, que iaçoirqu’en partieils foientfcmblables au rc-Lîgiicdoc, fie des choux communs,fifont-ils diffères en bote pournoits,^ ce ned es ils ne valet moys de May, amp;nbsp;de luing, quoy qu’à VeniCe foyentpriiez durant l’hiuer:. guère ny mais ils demennent beaux en certains terroirs, amp;nbsp;iceux fumez plus que de ^^w^amp;L Coulfume.Sont encor de grand prou Ait les raues,qu’on fome en filing, amp;nbsp;moins en luiller,à cau/c que leurs fucillcs font bonnes plufieurs moys durantrinais hwer, CCS raucs wntplus fonc,dcfoouillcc5 de leurfuciUagc, amp;plas demeurent cllçi
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lit
elles petites,S: ne deuiennent point en leur gtoireur naturelle , nycroil-fent en abondance,fi leur terroir ne correipond à leur naturel, amp;nbsp;fil neft fuflîfamment anicndé.Et ce fruit eft bon, amp;nbsp;fut toufiours plaifant en potages,amp; à faire des tourtes,amp; tourteaux,amp; autres chofes fcmblablcs.
Gestourtes fc font en Italie, de paftes, amp;nbsp;herbes c5-
Dauantage ce fruit outre qu’il eft lauourcux cftant cuit fous les braifes
pour en faire falade,amp; boulu pour con)poftc,il prouoque rvrine,prouffi-te aux reins,donne bonne nourriture,quoy que grofficre; amp;nbsp;qu’il foit aucunement nuifible à l’cftomach,àcanie de fcs ventolîtex, fi en permet on quelque-fois l’vfagc aux maladcsd’cfcorce duquel eft bonne fritte, cftant au-parauant fechc,pour la carcfmc.
mevnpafté dans Tnc padie.
Or ce fruit a en loy vn malhcur,qui iamais ne faut en ce pais,quieft,que quelque part qu’il foit femé, il n’y croit iamais plus de beau fourment, ou autre grain,quelque fien ou fumier qu’on y mette. Et ne fault dire que la Milloquen’ayerienquila fécondé pour amaigrir tout terroir, d’autant que larauc dommage beaucoup plus qu’elle, ll eft bien vray que ic loue ceux qui en fement en leurs iardins des plus petites, amp;tard, afin que les lailîaus en terre,ils en puilfent manger vers le Carefmc, d’autant qu’alors elles font délicates.Et paftant oulttc les Naucaux qui font femblablcsaux raucs,fauf qu’ils font vn peu plus folides,amp; iaunes,ic diray les qualitcz du ^^^'’“’^ • petit naucau long amp;nbsp;pointu,dit Rauaiot, amp;nbsp;parles Vénitiens Bifi, lequel eft délicat à manger en pluficursfortcs:On lc plante àla my-Fcuricr,puis tous les quinze iours,pour en auoir de verds de moys en moys corne plus ôn en met en terre , amp;nbsp;encor en fait-on fecher an Soleil pour en vfer en CarLfmc,amp; autres faifons:il eft vray que ce fruit eft toufiours venteux,amp; à caufe de fa douceur il engendre des vers aux enfans.
Vincent. Ce fruit m’a toujours agrée verd au potage, amp;nbsp;cuit aufli en eau fimplemcnt.Duis le préparant,amp; taillant à rouelles en vu plat auec de 1 huilc,(cl,amp; vinaigre, amp;nbsp;elpiccs.
Eebues pnmctât-nes.
1ean B APT i STE.Moins neft à louer la febue qu’on plante csiardins en Odobre,Noucmbrc,amp; Dccembrc(pourucu que la terre ne foit point
gelée)pour en mager auprintemps,amp; vertes,amp; cuites en dinerfes manie-rcs.Pour le prouftit aufti du mefnage eft bon de ferner abondance de por- jj^^ . rcaux dés l’entrée de Feurier,amp; les replanter en Aouft, coupât le fommet, rcaux, amp;nbsp;amp;nbsp;bout des fucilles,d’autant que tout ainli q tout l’an on mange des fueil- leur euku-Ics en potage,amp; autrcment,aufli vfc l’on du fruit,amp; crud amp;nbsp;cuit en diuers temps,amp; faiions.Bicn eft vray,quc tous pourreaux font nuifibles à l’efto- ^^^ ^^j_ mach pour eftre venteux, mais cuits en vne féconde eau font fains alfcz: veaux, fans encor que bouillis en de l’huile ils oftent la douleur des oreilles, amp;nbsp;la femence eft fort prouffitable contre les venins.
rc. Médecine
VINCENT. Q^y que long temps,i’aye vfé de cefte viande,amp; cuittc,S: cruc,frl’ay-ie difeontinuée puis peu de temps en ça, pour n’eftre propre à mon cftomach,mais pluftoft la nourriture des païfans amp;nbsp;ruftiques.
l E A N BAPTISTE. Puis que femmes venus lur les viandes ruftiques.
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ic veux que parlions de l’ail, lequel on plante ordinairement en Feurier, Corne les mais il vault mieux en Noucmbrc,afin qu’il foit plus gros,pourueu que le aulx doi- terroir y loit à propos,amp;roufiours durant que la Lune eft tcndrc,amp;nou-uellcicarfi elle eft vieille, amp;en decours, il fault belcher lors que l’ail eft forty à trois fucilleSjCarleshcrbes n’y croidrôtpas fi roftà l’entour, comme quand la Lune eft nouucllc.Or pour garder long temps les aulx,faulc les lailfcr bien mcurir,amp; les cueillir au decours de la Lune, les tenans au
uenc eftre rukiuez.
ProprifCez des aulx.
Corne en Cafeoigne qu’on en lait des. faulces.
Soleil tant qu’ils fcchent trelbicn,puis les mettre en lieu qui ne foit point hutnidc,amp; où route-fois le Soleil ne f elpande point,car ils ne durcroyent guere.Et a ce fruit plufieurs proprictcz,amp; lùr tout contre les vcrs,amp; voila pourquoy à bon droit on l’apclle le Triade des rulliqucs. On le mange cuit contre vne vieille toux,pour les angofifes de lapoitrinc:amp; crud contre les vers: amp;nbsp;le potage auquel on cuit amp;nbsp;le coton, amp;nbsp;les fueillcs des aulx mis en cliilcrc, ou bien en fomantarionfurie vôtre dcliurc ceux quifouf-frent colique amp;nbsp;chafic les ventofitez.
VINCENT, J’ay toufiourseuccfruitpoHragrcable, àcaulequ’on le mange crud, tandis que ces fueillcs fon t tcndreletces, auec le fel, ou en û-lade, amp;nbsp;encor au potage,outre ce qu’eilauc meur on Icpille, amp;nbsp;cuit filon les coullumes des pais es maifons.
Difference fies aulx,amp; ekhalores
lEAN BAPTis TE,Nousauonscncorlcs clcbalottcs,lcfqucllcs,bfin que foyent aucunement Icmblablcs eu odeur,amp; lâueur aux aulx,amp; qu’elles foyent plantées pareillement, fi c/l-cc qu’elles leur font en ancre cas difièmblablesicar corne ainfi foit que l’ail produifint en vn chefpl^^^^’-^ gouilès,fi fait-il nafilrc fur terre vn fcul pied, amp;nbsp;branche auec 1« fueillcs
JongucSjamp; quclqucpcu Jargcs:amp;au contraire les cfchalortes, quoy que d’vue teile en forcent pluiîeurs Ci cA-ce que vous ne voyez aucun pied,ny feda fur terre, fculemenrde chaicune gouilè elles produilenrdepetites fueillcs menues, amp;nbsp;rondes, Iclqucls puis apres pour naiftre fèpt ou huid cnlèmblc,font vn toupet allez beau,amp; verdoyât,amp; qui durera par l’c^a-cc deplufcurs mois.Ces inclines fueillcs font auflî bonnes en ùladc toil-
tes crucs,amp;cuitçscnpotagcauccautrcscholcs.
Sulfifc-vous quclcsproprictcz decefruit fclgallcntà celles des aulx, lauf qu’il cil plus falclieux à l’ellomaclî à caulc qu’il ell cncorplus aigu,^ fubtil en goull que Icprecedcnt.
Vincent. Les clcnalotrcs onttoufiours elle viande agréable aux pii-fans , amp;nbsp;d’autant que tont le long de l’an elles le maintiennent fous terre, aulfi fis en mangent,amp; cuitres,amp; crues en toute failon.
nAt^ B AP Ti s T E. Pour viifruit,quilôitforr, amp;nbsp;autre-fois douxau ^^' goull font les oignonsJcfouelsdcmàdent vn mefine terroir que les aulx, ® nbsp;nbsp;nbsp;’ nbsp;nbsp;nbsp;amp;nbsp;veulcnrquclatcrrcloitbicnagcancc'c,amp;cultiue'c; amp;nbsp;tous de quelque forte ou cfpccc qu’ils foyent blancs, ou rouges, ou ronds fi les faultlcmcr en Aoull, dcrcplantcr à Palqucs, amp;nbsp;loin l’vn de l’autre, afin quepuiUent grolfirtoutcàlcurailc.
v i N c E N TJajoir que les oignons foict la viande propre des vilains,amp;:
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contadins,à caufe qu’on les mange fauoureufement toutvers en plufieurs fortes dés le temps qu’il moiffonnent les bleds,iufques à Pafques: fi eft- îl qu’encor les grans en vient depuis le mois de Septembre, foit en falades, fricalfécs, ou nachis, amp;nbsp;paftez, ainfi qu’il eft de couftume : mais d’autant qu’ils ne fc gardent guère en ce païs,on les trempe en l’eau, puis font con. feruez tout le long de l’an dans dû vinaigre.L’oignon tout crud, eftat mis Venu de fur quelque partie que ce foit du corps qui ait clié efehaudée, amp;nbsp;brufléc. L’oignon en ofte la bruflurc,amp;apaifefoudain la douleur. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;bruiste*
lEAN B A P T i s T E.Pour fruits froids de leur qualité font les Cocom- “ “'^‘ bres Icfqucls on mange cruds en falade durant les grandes chaleurs, amp;nbsp;en potage taillez àmenusmorccaux.On les lime au mois de Mars, tout ain-fi que les Courgcs,Citroiiilles,amp; Mclós,puis on les mange en Iumg,Iuil-lct,amp; Aouft,amp; veulent le terroir qui foit gras,amp; mollet.
Concombres 5f de leur culture.
VINCENT. Mange qui voudra de ce fruit quant à moy îc me veux tenir au confeil de l’exccllcntMathcol,qui admonefte qu’on n’en tienne comptc,d’autant que fa nourriture faflcmblc fi bien en nos veines,que fy pourriirant à la moindre occafion,engendre en nous de grandes fieuresÄ: icelles difficiles à guérir.
Matheol condamne les Conco mbies.
lEAN BAPTISTE. Moyeftamdcvofticaduis,fuisauffid’opinion, que parlions d’vn fruit plus agréable que nous ayons durant les grandes chaleurs à fçauoir des Melons, lelqucls demandent non feulement le terroir chault, ains encor léger, net, bien cultiué,amp; amendé r Ôn les ferne ordinairement en Mars fur des couches en lieux feparez amp;nbsp;non expofez à l’ombre •. amp;nbsp;fault que le fumier, amp;nbsp;terroir pour les. cngrcHcr (oit vieux, recent,ou nouueau,amp; de brebis ou de chieute pluftoft que de Bœufs, ou de cheuaux,amp;autrcs bcftes,’que les femences miles en terre foyent tenues nettement,amp;qu’on en ofte toutes herbes qui y croiffent autour,auffi fou-dain qu’elles fournées, iufques àcc que lafemencc aye produit ,.amp; fleurs, amp;nbsp;fruit.
Du Melon.
V i N c E N T.laçoic que les Melons foyent trompeurs cnlcur bôté en ce pais, ccluy neantmoins, qui aie terroir à propos, en pcult ferner pour le grand prouftit qu’on en tire, amp;nbsp;fur tout des Pepons, amp;nbsp;Succrins, à caulè qu’ils ne faiflét point en leur douceur. Bien eft vray qu encor quelcs médecins aeçufent toute cfpccc de Melons pour eftre mal fains, encor blaf-ment-il ces Pepons fur tous autres. Vray eft que l’efcorcc eft bonne à raf-ftefehir, amp;nbsp;engrefler les chenaux : amp;nbsp;outre qu elle fert à eftre confite auec du miel,ou fuccre,ou pour eftre mife en comporte,eft bonne auffi pour la manger fritte en car.efme,fi on les coupe fubtilcmét, amp;nbsp;depuis on lcs met p^^ æ^ç^ Stecher au Soleil. Les femences confittes auec du fitccre font délicates dcsMclôs. f'our les fains,amp; non nuifiblcs aux malades,à caufc que non feulement el-es raffrefehiflent l’cftoinach,amp; le difpofent,ams prouoquent encor l’vri-ne, nettoyent les reins amp;nbsp;en oftent la graueile, fie fablon, amp;nbsp;font amollit ^pi«r«gt;
lEAN BAPTISTE. Pouifiuitdciatdinagciln’cnyapoint demciV
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leur que font les Coucourdes blanches, lefqueUes durant l’ardeur de l'e-fté font faines amp;nbsp;aux potages,amp; aux tourtes,frittes encor en l’huile,outre ce que les cotons d’icelles font fort bons amp;nbsp;parfaits en coinpoftc Icsac-Des Ceu- couftrantauec du miel,amp; du fuccre. Leurs grains font plantez au mois de couidcs,amp; Mars feparez les vus des autres, ainfi qu’on en vfe à ferner les Melons, amp;nbsp;comme les ^^ lieux gras, amp;nbsp;bien nets, mais tenus premièrement en l’eau afin qu’on uerne^”*^' ^’^ plante ce qui tient au bout du grain, amp;nbsp;qu’auffi lesbons qui iront à fonds,feront ceux qui fortiront amp;nbsp;mieux, amp;nbsp;pluftoft. Encor vaudroit-il mieux les tenir toute vnc nuit à tremper en du lait, d’autat que faifanspa-reilproulfit, encor le fruit en fcroit plus iàuoureux. Les fault replanter prclque dés que font forties, amp;nbsp;quelles ont deux ou trois fucillcs,amp; les mettre en lieu, où elles puillcnt facilement monter en hault, afin quedc-liiennent meilleures, que ne font eftant lefruit couche par terre :amp; de .tant plus elles font longues,amp; fubtilcs, audi font elles plus tendres, amp;nbsp;fa-uourcufes,pourueu qu’on prenne les grains de celles qui font les plus longues, amp;nbsp;la pointe tendant en hault, à caufequ’ainfi les Coucourdes en viennent plus longues. Neantmoins fault accourciriSc cfpointcrles bouts dés qu’ils font vn peu grandelets, afin qu’ils'produilent plus de ra’ triage amp;nbsp;branches, amp;nbsp;en icelles plus grand abondance de fruit. Et outre les proprietez d’icelles affez notoires à chafeun, elles valent mieux pour les cholériques, amp;nbsp;chaults de complexion, que pour les flegmatiques, amp;nbsp;choleriqucs.k'lailfeàpartles Citrouilles tant marines,qucTurquc/ques, Jcfquclles font bonnes en potage,tourtes, amp;nbsp;en fritturc auccdd fi'''^ en hyuer,amp; en Carefrae, lefqucllcs il fault auffi planter, amp;nbsp;gouuerner a a manière que deifus.
VINCENT. Les Coucourdes ne me plaifent pas par les feules rar-fons qu’auezia déduites, ains encor à caufc quelors qu’elles fontmeu-res,amp; feches,on en fait des flafeons, amp;nbsp;Calebalfes. pour y mettre, amp;nbsp;vin, amp;nbsp;huile,ainfl qu’en vfent, amp;nbsp;ceux qui voyagent, amp;nbsp;ceux qui eultiuent les champs.
DesCarot- ip^N B A P T i S T ï.Entre les fruits du iardin commun,font bónts cU' corlcs Carottes,à caufc qu’on en mange tout le long de l’hyucren faladc, .amp; le Carefme en comporte : amp;nbsp;les feme Ion au mois de May en terre bien nette amp;nbsp;fumée, puis on befehe diligement le lieu amp;nbsp;eft tenu net de toutes herbes fauuages, tandis qu’elles font tcndrclctrcs : amp;nbsp;font bonnes dés le mois d’Oéfobre iufqucs à Pafques : Bien eft vray qu’il les fault cueillir en DesPafte- Nouembrc,cnofterlafucille,amp; la garder foubs le fable, car autrement nagucs. nbsp;nbsp;elles feroy ent corro mpucs par la gclée.Et parlans encor des Paftenagucs,
ie dis,que iaçoir qu’elles veulent vn mefme terroir que les Carottes, amp;nbsp;a-yent mefme racine,amp; forme: neantmoins font diflcmblablcs en couleur, faneur,amp;longucur.Onlcs feme en May,amp; luing feules,amp;parmy les Ca-rottcs,amp; raucs,amp; le conferuent vn an entier, ou deux en terre, tellement qu’on en trouuc par la cheute des fleurs de vieilles, amp;nbsp;de nouuellcs, qui font bonnes l’hyucr,amp; enCarefme foie frittes,ou autrcract,lcfquclJes qui
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mage fent que luy prouoquét l’vrine amp;nbsp;les mois aux femmes:amp; les fueil-Ics pilées,amp;mifcs lut les playes qui viennent aux iambes des panures par-fans,y font trefproulficables,amp; allègent grandement leur douleur.
VINCENT. le ne tins iamais compte de ce fruit, à caufe qu’il eft plus propre pour les ruftiques,que pour l’eftomach des délicats amp;nbsp;gentils.
lEAN BAPTISTE. Sont bons encor les Rifforts, Icfquels on lerne en Auril,pour les manger à la my luin, amp;nbsp;mclÎTie pour ceux qui coupent les bleds,mais à caufe qu’aulli toll: ils font feméce, on les feme de techef, à la fin de luillet pour en manger dés le mois de Septembre iufques àPafqucs: neantmoins les fault cueillir auant qu’il gcle, amp;nbsp;les cffucillans les mettre foubs le làbion pour les garder: Ce fruit mange au commencemét du re-p.is,prouoquc i’viine.amoilit le vétrc,amp; aiguife l’apetit.Mcfme IcsRaua-nels femez au mois d’Auril,font bôs à my luin, mais à caufe qu’ils grainct aulTitoft, on les relcme en luillet,amp; accouftrez foubs le fablon,ils durent iufques à Palques. Ceux cy cuits comme raucs, deliurent l’homme qui v-nne difficilement amp;nbsp;aucc ardeur, amp;nbsp;font fortir la pierre, amp;nbsp;fablon, de la vclhc,amp; des reins.
VINCENT. Cefte viande eft bonne auffi pour les moy Ifonncurs aux t’lnmps,mais fort inutilc,amp; mal propre à mon cftomach.
iean BAPTISTE. Ayans dilcouru des herbes ruftiques, il eft raifon que parlions encor de celles qui ont quelque gentil eße,amp;parmy lefqucl-Ics ie commenceray enrollcr le fenoil, lequel fe trouue ordinaire en tout iardin,amp; qui eft femé es terroirs légers, amp;nbsp;de femence, n’ayant point plus Avne anncc:amp; qui reuftit plus doux au gouft fi on met les grains ains que les ferner en l'eau micllée,ou dans du laiét durât vue nuit à tremper. Et le fault tenir nettement tandis qu’il naift,amp; iufques à ce qu’il foit paruenu à fonaccroilfcmcnt, car autrement les meichantes herbes pourroyentle fuffoquer.Le fruit du fenoil mangé en quelque forte que ce foit,chaire les vcntofitcz,amp; fait venir le laid aux femmes. Et pulucrifé à vertu amp;nbsp;propriété fcmblablc.
DesRaua-nels,amp;Ieur propriété.
Du feaoîl amp;nbsp;fes pro-prietet.
De l’herbe fainte en Diofeori-
V i N c E N T.Cc fruit gentil a toufiours cfté trefbon, amp;nbsp;propre à mager de apelléc verd des le commencement d’Aouft,voirc les cotés amp;nbsp;troncs plus tédres peuuent eftre confits,amp; les rameaux chargez de fes grains aucc fel amp;nbsp;vinaigre en des vafes de tertc,pour en vfer en toute failon,amp; fur tout,durant qu'il fait quelque chaleur cxcclhuc.
lEAN BAPTIST E.Encre les herbes plus laines amp;nbsp;prouffitables, il ne fen trouue pas vue qui furpalfc celle qu’on dit bonne ou fainte hcrbc:par ainfi ne fault l’efbahir fi nous en voulons treftous auoir en noz iardins. Et quoy que fon fruit puiflé eftre feme, fi eft- ce qu’elle produifant pluficurs pieds amp;nbsp;rameaux en chafeun d’iceux,on cnprcnd,amp; Icsplâtcon en quelque autre lieu,lcfquels croilfcnt fort facileméf.lcqucl fruit,outrc qu’il eft bon crud en diuerfes chofes,auffi fcc on le mâge, amp;nbsp;pulucrifé diticrfemét, fans que fes fueilics font bones en falade tandis quelles font tcndrcttcs,amp; en potage,courtes amp;nbsp;tourteaux à noftre mode. On plante cefte herbe aux
vetuame, liu. 4. cha. ƒ S Mais ce n’ed cefte cy, aïs plu-ftoft de l’Auronne ou garderobe,de laquelle voy Matheole fut Diofeo ride.liu.3. cha.xj.
141 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;SIXIESME lOVRNEE
mois de Febrier^ou de Mars,mais au laige:à caufc que long temps elle eft en terre,amp;produit des iettons d’an en an:amp;ainfi citant cfpailFe l'vne racine empiétant fur l’autre, cil caufc que tout fc corrompt. Sera bon toutes-fois de remuer les pieds de celle herbe , amp;nbsp;fcs racines de trois en trois ans, amp;nbsp;les planter en autre lieu: icelle fechéc à failfeaux à l’ombre,amp; bien bat-tucjcll bonne puis apres à pliifieurs mal3dics,outre ce que bcuiiant le ruft d’icelle aucc vn peu de vinaigre à ieun, tell ramt le fang, qui vient par la bouche: amp;nbsp;pris uns vinaigre,occit les vcrs,amp; fi vous en mettez aux orcil-lcs,il en apaifc la douleur. Pour plulîeurs raifons i’ay toufiours ay mé celle herbe bcnille,de laquelle ie me Icrs en pouldrc, que ie mets en mes draps amp;nbsp;habits le mois d’Auril,à caufe quelle rend fort bonne odeur, amp;nbsp;les garde des teignes,
lEAN BAPTIST E,En CCS grands iardins mefmementon doit planter des lai élues, clpinacs,poirécs,amp;autrcs gentiles herbes par nous mentionnées: amp;nbsp;ces autres cncor,côinençans à la rue,laquelle veult élire femée au De la rue Printcmps,amp; fe maintient verte vn an ou deux en fa force. Et quoy que Se fes pro- celle herbe foit amere, fi en y a il, qui en mangent au mois de May pour pnetez. nbsp;nbsp;nbsp;médecine, prenans les rendrons aucc du pain, amp;nbsp;du fcl ; outre ce elle eft
bonne à faire de l’huile qui praulfitc contre la douleur des flancs,amp; tintement des oreilles,
VINCENT, Encor non feulement cil elle bonne contre les venins, lt;5^ pource les femmes en mangent allans contre les ferpens, ains fen irdene auffi les cxorcilles contre les malins clprics,
lEAN B A p T i s T E.On ne doiepas faire moins de comptcdel’Abnn-Dc rA!ui- ce,ou Aluinc,qui fc ferne en Feurier, amp;nbsp;en Mars es terroirsquiluy foyent ne amp;nbsp;fes propres, encor peulc on planter fes getmesaucc leurs racines, amp;nbsp;les riquot; meaux vn peu retors: amp;nbsp;quoy que celle herbe foit des plus amères qu on voyc, li cll-ce que fa dccoclion vfée guérit les hidropiques, amp;nbsp;fonluc, ou Imilc occift les vers qui le créent aux oreilles,
V r N c E N T,le loüc aulli l’Aluinc,puis que les rameaux, amp;nbsp;fucillcs verdoyantes fontprouftitablcs à toute blclFeurc faite fur le corps : amp;nbsp;citant propre au mald’ellomach,amp; fcc,amp; vetd, on en fait encor de l’huile pour la guciilon de pluficurs maladies.
De l’Aehe. i E A N BAPTISTE.le prifc auffi fort 1’Ache,d’autar que femé au Prin-tcmps,c(l bon pour toute mcurtrilfcurc amp;nbsp;fang figé de quelque coup que ce foit,fans ce que fort huilcfert à plulîeurs maladics,amp;lur tout aux efeor-cheures qui viennent au dedâs du goficr,fi on en oincl fouuct la partie of-Deraneth, fcnlce. Apres cecy,efl cllimé l’Anetb pour herbe laine, lequel on lerne au Printemps, l’huile duquel feruam pour pluficurs maladies, pluficurs mâ-gent fes fucillcs en potage aucc diucrfiié d’autres herbes enfemblc.
Diofcoii- V t N e E N T,Diolcoridc dit, que la dccoéliô des fucillcs amp;nbsp;rameaux fees-de, liure 3. de celle herbe,amp; la femence enfemblc font reuenir le laid aux nourrices,, cha.fS. ont refolution de vcnrofitcz,allegent le corps de doulcur,arrcllcnt le vo-nulleracnt,amp; le fimglot,ou hoquet,amp; prouoquent l’vrinc.
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ISAM BAPTISTE.IcpourroyencordifcourirfurI’lierbediteMarru- D“Mamt-bic(les apocicaires rapcUent Praße) amp;nbsp;de fes qualitcz amp;nbsp;vertus, auffi bien j^æJ-^’”^ que des proprietez de l’herbe Turque,amp; de rHifope,amp; autres de pareille j^ üme ellotFc,que ie ladre pour ehre pluftoft medccinales,quc boucs à manger: chap,105. -mais d’autant que ceJles,dcfquelles nous allons parlé fuffifent, il fault en-Cor parler de quelque peu d’auttcs,amp; puis nous ferons fin. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Delà fa»-
Cc fera donc de la Sauge que fera noftre propos, laquelle pour eftre fai- g'gt; *^ f*-nc,amp;prouffitablc,on en void grand abondance par tous les iardins.Ccllc ’®‘™‘ herbe bénite croift plus facilement es lieux expofez au Soleil, amp;nbsp;chaleureux,qu’es ombrageux,amp; humides .: amp;nbsp;pourueu qu’on ne la plante point en terre afpc,glaireufe,ou marefeageufe,quelque iTiaigrc,ou pierreux que foule tcrroir,cllc y croift abondamment,amp; y dénient fort belle. Et quoy quelle defire d’eftre bienhoüce à l’entour,amp; tenue nette,amp; de fueillcs,amp; rameaux qui font gaftcz,amp; qu’on la peult ferner au mois de Mars,amp; d’A-rrtil,fi vault-il mieux planter les reiettons auec leurs racines, amp;nbsp;encor les rameaux amp;nbsp;bouts d’iccux,çftans rctors,amp; au mefme temps fufdit,ou bien fi voulez au mois d’Octobre,Et pour la renouucller,il la laut tailler cnFc-uriertout rez de terre, car elle en deuiét plus belle,plus tendre, plus drue, amp;nbsp;clpailEc en peu de tpmps.Onfe fert de celle herbe gentille en pluficurs chores de cuilinc,foit à ro(lit,chair,volaillc,ou poilfon, amp;nbsp;encor en pota-ges,fans qu’elle eft fauoureufe fritte(cflant tendt eilet te) amp;nbsp;acouftrée auec du fucrc,amp; en diuctles compofitions:amp; pour plus grad fanté,il y en a qui en mettent grand’ quantité ay pain qu’ils mangent,amp; dans leur vin, pour obuier aux catarres,amp; autres nuifibles humeurs. La conferuc de fcs tucil-les,amp; fleurs conforte l’cftomach, amp;nbsp;allege les douleurs de la telle : cuit-tc dans du vin , fi on fen laue la bouche, elle nettoyé les dents, amp;nbsp;gcn-ciiics, amp;nbsp;fait bonne amp;nbsp;foefue l’aleinc : amp;nbsp;de l’eau dillilléc d’icelle les yeux en ellans lauez,cela cfclaircit mieux la veuë.
v i N c E N T.Entre les proprietez de celle hcrbe,Matheolc dit,quc fi vue ç^^^z ' Uu fcmnic boit vu voirre du iufl de la fauge auec vn peu de fcl fe tenant qua- deDiofeo-trc iours fans auoir alfairc à Ibn mary, amp;nbsp;que puis elle couche auccîuy, ridc.ch.54, foudain elle fe fentira enceintc.Et pour exemple de cccy, met en auât que les Egyptiens ordonnèrent, après vne grande pellilcncc, que les femmes vfaflent de celle rcccptc,afin quelles engcndralTent plufieurs enfans.
Iean BAPTIST E.Parlant aulTi du Rofmarin, ie dis qu’outre qu’il le Oy-Rofma fait beau voir és iardins,à caufc que toufiouts il ell verdoyant, il eft aulfi rin, fa cul-fauoureux au mâger en toutes les fortes mcfmes,quc laSauge,amp;pour ob- turc amp;ver-uicr à pluficurs maladies.O n le plante és lieux chaults, ou à tout le moins *’“• expofez au folcil, amp;nbsp;nô fubicts au vent de Bile, à caufe que celle plante ne peult guère endurer la froidurc.Et pource le fault planter en Mars, fur le Midy,amp;: cotre quelque muraille,amp;en terre graire,foit auec racinc,ou tordant le pied qu’on met foubs tcrrc,à caufc qu’il fe prend facilement.
V i N c E N T.E,ntrc fes bonnes qualitez,fon eau dillilléc conforte tous les, membres de l’homme,amp; cuifant les fucillcs en du vin blanc,qui f en laue-
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toit la tcftc, hiy endurciroit la pcaii, conforteroit la ccriiclle amp;nbsp;garderoit que le poil ne luy chetroit pointzoutre ce que les fleurs mifes en conferu« confortent rcftoniach,amp; font bonnes aux mélancoliques.
De» A(jgt;et-ge», amp;nbsp;cô-rae les faut coltiuct.
lEAN BAPTIST E.Pour VU fruit fain amp;nbsp;délicat ic loüe les belles Afper-gcs,qui font tendres qui croiflent grofles en vn terroir fpongieux,amp; gras, pourueu qu’on les nettoyé bien,amp; ibient emûdez comme il fault. On les feme au mois de Feuricr,ou de Mars,durât que la Lune eft nouuelle, mais il vault mieux planter les racines,lefqucllcs pcuplét mieux,amp;pluftbft que Icsfemcnccs , neantmoins les fault il replanter la fécondé ou troificfmc année.Et d’autant que tant plus bas on met les racines en terre, tant plus elles iettent de germes, amp;nbsp;les Afperges en font plus grofles: àcefte caufe on creufc la terre de tous les collez d'vne bonne coudec en largeur, amp;nbsp;la met-on feparcment entre les racines plantées au moins d’efpace, amp;nbsp;haul-teur qu’il eft poflible : mais fault premièrement couurir le fonds de cornes de belles, quieftans couuertes de terre trclbonncdeuxou trois doigts auant en icelle,amp; pofets fur les Afperges aydét fort à tenir les racines en force amp;nbsp;les deliurcr de l’eau de la pluye : amp;nbsp;les fault planter en lieu {gt;lat,amp; de telle forte, que l’vn pied foit efloigné pour le moins vn pied de ong de l’autre:d’autant que tant plus grandes font les iambes, ou troncs, tant plus fault que foit grand’ l’elpace de l’vn à l’autre : autrement eftans clpaiflcmcnt plantez les pieds ils fe fuffoqueroient facilement les vns les autres, fans produire ny porter que bien peu de fruit. Et apres les aaoit fdantées en pied amp;nbsp;racine, y fault letter par deflusla troilrcfnep^”''^^ ., a terre cauee fans plus, amp;nbsp;la cribler,ains que l’y mettre, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
puifle penetrer plus auant,amp; tire à foy les Afperges. Et delà enauantny fault faire autre cas, que les tenir fort nettement de toute forte d’herbes, amp;nbsp;au mois d’Oélobre y mettre par dclTus de bó flens bic pourry, ou pluf toft des ratilîcurcs des cornes,amp; par deflus grand abondance de pépin, Si marc de vigne,amp; raifins.Et fur le mois de Feurier leur faut mettre par def-fus vnc troificfmc partie de la terre fufditc bien criblée amp;nbsp;nette de pierres, amp;nbsp;autres chofcs,puis la charger de flens, ainfi que dit eft au mois d Odo-bre: amp;nbsp;l’année d’après au mois de Feurier aufli, qu’on iette dertùs toute la terre qu’on trouucra cauéc autour,S: laquelle non feulement fera criblée (corne dit cft)aucc vn crible de fli de rechal,ou de fer,afin qu’elle foit plus ncttc,ains à celle fin que plus douccmétamp; faeilemet on eipointe les bouts des Afperges qui auront pouflé.Or n’eft il befoing les couper que iufques au troificfmc an,amp; encor au mois de May , à caufe que tant plus fouuent on les coupe plus auffi elles f’aftoibliflcnt amp;nbsp;dccroiflent : amp;nbsp;les coupant fault voir diligemment que ce foit foubs tcrre,car fi c’cft dcirus,lcs coftôs qui reftent lut terre fruftrent les racines, fans qu’ils vous donnent aucun prouflît:amp; ne fault oublier que tous les mois d’Oélobrc on les charge de bon fumier gras,amp; en Feurier de gros terroir auec pierres,amp; quelque autre chofc que ce foit,les befehant bien autour,mais non plus profond que de quatre doigts,afin que pluftoft elles fortent fur terre.
Vincent,
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Vincent. Ainfi que i’ay pris grand plaifir à ouïr rarraifonnement de ces reigles, ic voudroy fçauoir cncor,fi on peut donner d’autre forte d’a-mendement aux Alperges.
Iean a A PT i s T E. Outre cequciay dit, onypcultmcttrcdauan-tagedufien tout pur des chenaux, debrebis,colombsamp;poulaillc, mais qui foit gardé amp;nbsp;pourry dés long temps : mais mieux vault la bouc amp;nbsp;ordure des cfgouts,amp; cloaques,amp; la pouflîcre qui fort de la laine quand elle eftbatué.
v IN c E N T.Trouucz-vous bon qu’on dclplantc amp;nbsp;replante tous les dix ans les Alperges,ainfi que font pluheurs,cftimans quelles deuiennétpius belles?
IE A N BAPTIST E.Ou nc deuroitiamais les remuer de leurs place,linon quand elles font trop clpaillcs,il faudroit defcouurirles racines,amp;: en öfter toutes celles qui font iuperflucs,pour les planter ailleurs,Car ce fai-fant deux ou trois ans de fuite, non feulement en oftera Ion toutes celles qui font enlallces,amp; freftcs,ainsncttoycrczccllcs quircftcront,lcfqutlits
on pourra couurir de pied en picd,auec vu peu de fien fort bié làifonné,amp; pourry,amp; mefté auec autant de terre criblée:criblant encor le furplus,qui eftoit delfus au parauant,amp; le remettant en là place gentimét, ainfi qu’on l’y aura trouue. Et ceftuy eft le vray moyen pour faire q les Alperges pro-duifent de gros, amp;nbsp;treib eau fruit, lans les prouigner ou replanter ailleurs, ainfi que font plufîcurs,mais mal à propos, qui eft aulîi yn erreur amp;nbsp;faute treflourdc,amp; mefmement fi on les diuilc amp;nbsp;romp l’vn pied de l’autre,left quels iamaison nc deuroit ainh rópre,pluftoft faudroit eftre diligent que l^midtitude en fut abondante, L’Alperge eftant vn fruit délicat, amp;nbsp;fain à ehalcun,dc fur tout quand elle eft grofte,tendre,douce,amp;non trop cuitte, elle rend! appétit à vn malade,l’il en vie auant le repasdert côtre la pierre, ƒƒ ”ƒ amp;nbsp;à la douleur d’eftomach,amp; au mal de coftez : fait auoir bonne couleur ' * ^’’'' au vifigc,amp; bonne odeura toutie corps,
g*-'
VINCENT, Puis quefay prisplaifirencesaducrtiftcmcns,ie voos prie m’enfeigner denxou trois moyens,pourfairegroffir les Artichaux
Des A nicha iix, amp;nbsp;manierede les culnucr
Iean battiste. Qui en veulc recueillir de beaux,fault auffi q choi-filfcla femécc,amp; graine la plus belle,amp;dcsplus gros qu’il pourra trouucr: amp;nbsp;la ferner au mots de wars duist la Lune nouucilc,en terroir bon,gvas,amp; net à L’aduâtagff,Et eft befoin de mettre ciuqou fix graïs en autât de trouz
en vn rond,atin qu’ils faeent vn beau toupet,amp; plante,amp; vnc coudée plus loing en (emet autant,afin que l’vnc plante n’empefehe point l’autre.Bien cft vray qu’il vaut mieux planter les lettons,amp; branches que la fctncncc,à caufc qu’on en recueille pludoft du fruit:outrc ce que les plantât, amp;nbsp;pro-uignaut ainh tous les mois des ccluy de Mars iuftpes en Nouébre, on aye du fruit en diuerfes faifons de l’annécien l’an premier,amp;lc fécond an félon lacôuftumc,quelqucsfois plus,amp; d’autres moias,ftlon q la terre eftgrai-fe,pu maigre,qu’ellc eft en lieu chaut,ou humide,ou h le terroir cft dur,amp; malapropos pour cefte plante.Et fur tout fault plâceralcceux qui portet f
-ocr page 154-I4lt;î nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ÏIXIÏSMI IOTR.NEB
du plus beau fruît,ainfi qu’il en y a de diuerfes cfpeccs en groflcur,cn Ion« gueur,amp;enrondeur,dediuerfcscouleurs,amp; faneurs, les vns eftansefpi-neux, amp;nbsp;les autres fans pointure.
V i N c i N T.Quoy que les Artichaux foyent de moindre bóté,amp; moins Gins que les Alpeiges,amp; quoy qu’ils ne durent fi long reps en tctrc,àcau-fe que les rats,amp; taupes les mangét facilement foubs icelle: fi cft-ce qu’ils font à tous plus agreablcs,amp;: fe remettent en force auec plus dcfacilitc,amp; portent pluftoft leurs pommes amp;nbsp;fruits.
Jean b a p t i s t e. Non feulemét agréent-ils à tous,amp; frais,amp;tédres, mais il y en a qui les mâgent cruds le matin auec du pain,amp;du fcl,lors que encor ils font tcndrclcts,comme viade fort delicate. Ainfi ceux là fe trompent qui les mangét lors qu ils font trop meurs, à caufe qu’ils font fansfi-ucur agrcablc,amp;plus encor font mal plaifans ceux qui croilfcnt en terroir non bien qualifie: amp;nbsp;ceux là errent amp;nbsp;font mauuais mefnagers, quiayans terre propre à ce fruit,n’en y ferner point,veu le prouffic qu’on en tire, eu dgatd au grand nombre qui fen vend tous les ans en ce pars.
V i N c E N T.Nefçauez-vous point quelque fecret pour les garder de ce-P ut eftil ^^ vermine qui les rouge amp;nbsp;mange par foubs terre en diuers lieux? ger les rats lEAN BAPTISTE. le ne fçauroy pour vray vous dire aucun fecret: qui gaftét neantmoins ay-ic veu quelque vns quientouroyent les plantes de celle les Arti- herbe de quelques ballons de Sureau le fichans vu bon demy pied en ter-chaux par re,amp;fortant autant par delTusamp;efloigncz quelques quatre doigts fculc-on s terre j^ç^j py^ jç rautrc:difàns que ces beftioles abhorrans l’odeur du n’auoyent garde d’en aproener ny dcirus,ny dclfoubs terre tandis qu u cil verd,amp; ainfi des que ces ballons font fees,il les faut rcnouuellet.D autres font vne eloflure tout à l’entour du lieu de chafeune plante, d’efpincs les plus fcches, amp;nbsp;poignantes,amp; logues d’vn doigt qu’ils mettent vn bon demy pied foubs terre,!’vne près de l’autre,amp; ce iufques dcllus la terre,entât que dés que ces rats aprochent,amp; fentent celle pointure, ils ne faillcnt de fe retirer foudaineraent : amp;nbsp;pour les poindre ainfi prouffite fort le pelon, , j amp;nbsp;couucrturc clpineufc de la challaignc,le mettant tout ainfi que les clpi-nes,amp; lequel ne dure pas moins de deux ans. D’autres fe prenans garde, 3‘ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• fe qu’il y a de ces beftioles rongeufes,y iettent deux ou trois féaux d’eau l’vn
’ apres l’autre, amp;nbsp;celle vermine fortant hors, cil par eux occife. D’autres mettent des noix,ou chaftaignes empoifonnées ou ces rats fréquentent, les couurant quelque peu de terre,afin que quelque perfonne ou volaille ne fen cmpoilbnne:ou les mettent és trouz de ces belles, qui les rogeans f’cnucniment,amp; meurent.Mais le meilleur eft de faire boullir des febues en l’eau bien cmpoifonnéc,amp; les mettre aux trouz mefnies, car fentas celle odcur,lcs rats y courent fort.
VINCENT. l’attcndoy que vous me miflîcz en ieu ceux qui ont adcx-trez leurs chats à l'y tenir de nuit,amp; des que ces rats fortéepour faire leur rauagc ils ne faillent de foudain les occir.
lEAN BAPTISTE. Cômc il cft difficile de le fouuenir de tout,ic coa-
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feite encor que iauois mis en oubly à vous dite corne Ion pcult garder les Artichaux,afin qu’ils ne loyent gelez,amp; qu’âpres ils portent fruit en leurs téps. Parainfi les fault bié fumerait mois d’Octobre aucc du fien propre, y méfiât du terroir de plante en plante,auec lequel vous les chauflerez vn pied de haulqreinliant tout dés le pied iufques à la cime, amp;nbsp;liant les bouts desfueillcs aucevu peu de fouërre,lcs couurirez aucc de lapaillc de lin ou chanure,dc forte que non fculemét la gelée n’y puifTe penctrcr,ains encor vous verrez au Printemps le fruit apparant en plus grand nombrejors q on les viendra dcllier. Vousaduertilîantneantmoins d’ofter amp;nbsp;tailler les troncs,amp; cardes deux doigts fur terre dés que le fruit en eft coupé, à caufe qu’ils repullulent de plus beaux lettons pour porter fruit l’année fuiuan-tc,outre ce que les aucuns en porteront pour le mois de Septembre.Et a-uant que les rcchàiifTcr en Oéiobrc,en fault öfter tous les pieds qui y font furcteuz, fans y laifler que le tronc principal, lequel fe fera plus beau, amp;nbsp;portera du fruit en plus grand abondance.
VINCENT. le defire que pouifuiüicz le refte du iardlnagç » aipfi qu’il Vous viendra à plaifir. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ni: mur nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;je;
i E A N BAPTISTE. C’cft raifon que difeourions des Fraifes, à caufe que c’eft vn fruit gentil amp;nbsp;dclicat:lcquel croift fur lescoUines, amp;nbsp;au pied des montaignes, amp;nbsp;plus és lieux ombrageux, qu’expofez au folcil. Cefte herbe ne vient point de grainc,ains la fault replanter en Feurier, ou Mars, alors quelle produit certain filets fubtils, qui rampent par terre, Icfqucls ayans demy pied de long fe fichent fi bien en tcrre,quc puis ils produifent tout autat de racines amp;nbsp;fucilles tout àvn mcfmc temps qu’il les fait beau voir,à caufe que long téps elles demeurent en leur vcrdeur,amp; cfgalcmcnt baffes. Et n’eft-cc pas vn grand plaifir de voir en Auril de May leur fruit foubs les fueillcs qui rcfltmblent autant de pieces de corail y attachéesî Par ainfi tout mefnagçr de gentil efptit en deuroit auoir en abondance en fcs iardins,autour des bayes, ou le long des allées, ainfi que voyez cy près ceViuier.
Comme fault garder les ar. tichaux.
DcjFrai-fes.
VINGEN T.C’cft fans doute,que les Fraifes ont cfté agréables des toute faifon,tant pour eftre les auant coureufes des autres fruits, que pour eftre plaifantcs au manger parmy les compagnies,amp;mcfmc quand on les mange aucc des cuillicrs bien fucciccs, tellement qu’elles relferablét tout autant de groifclles bien cuittes amp;nbsp;faifonnées.
Médecine dciîtiiiei, in Ui.
LEAN BAPTISTE. Auant que parler des groifeUes, que vous m’auez tamcntu'és,ic diray, que quiboiroit dubroüct des racines, ou fueillcs des Fraifiers, cela fert à reftraindre le fang qiettét par labouche ceux qui font tôbez de quelque hault licu.Mais reuenas aux groifclles,ic dis que iaçoit . qu’elles foiét aigrettes,fi font elles plaifantcs pourvenir ainfi à leur faifon, Veu qu’on les mange crues,amp; cuittes enpotagc,ainfi que vous auez dit.
V i N c E N T.Q^oy qu’on die que les groifclles font la viade des femmes ‘ grolfcsjfilouay-ie que ceux qui en ont de belles bayes,qu’ils en départent auxboidurcs des allées de leurs iardins. . a ,
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-ocr page 156-148 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;SIXIESMEIOVRNEE
JEAN BAPTISTE,Or puis que le folcil móftre aiiou' defia fait ptefque ‘ facourfePaprochant lcVcIpre,ie fuis d’opinion que parlions feulement Delà La- des rôles,des lis amp;nbsp;delà Lauandcdaquellceftnon leulcmcnt bonne pour uanilc,amp; faire des bordures baltes,gentilles, amp;nbsp;plaifantcs,amp; qui verdoyent en tous defes pto- tempstains encor eft fort odoriférante,amp;propre, cftantfeche,à la mettre pnetex. parmy le litige,amp; les habillcmcns,leur départant de Ibn odeur,amp; les pre-feruant des vers, amp;nbsp;teignes : voire li auce l’huile de Lauande vous oignez vollrc chef il dcllechc les cararres,amp; conforte grandement le cerueau: amp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'1
en oignant la nuque du col,fcrt contre les fpafiiies,efuanouïircmcns amp;nbsp;e-ftounemes de nerfs aduenans par paraliîîc. Celle herbefe plante au Printemps, amp;nbsp;pluficurs en font grand compte, mefmement aucuns qui la fai-Tans dillillcr, vendent rcau,qui cil fort odoriferateaux perfumeurs, A: en Des Ro- tirent de bons deniers. Quand aux rofes, vous fçaucz qu’il en y a dcplu-fes, amp;nbsp;leur heursfortes:àfçauoir,dç làuuages,que nous dilbnselglantincs,amp; de roll'-diuetfité. nbsp;gçj andj croilfant es bayes,de rofes de Damas,amp; Scarlatines, que nous ar
pelions deProueMce;amp; entrclcs blanches,puttcles lauuages,iJy enades mufquces,amp; les communes,amp;ccllcs qui if ont que cinq fueilles à la fleur, mais les blanches ne font point bonnes à faire du fuccre rolat, ny debóne xau,amp; moins à faire chofes plaif3ntcs,ny mcdccinales : leulementfetucnt à faire fcchcr, pour les mettre entre les draps,amp; fur tout parmy le mefca-gc de lin,à caufe de la foefueté de leur odeur. Parlant donc de ces blather amp;nbsp;non des faiiuagcs, ie dis que la premiere clpcce eft des communesgia ont les fueilles clpailfes amp;nbsp;doubles,amp; font balles de pied, ayasfott^^^“® odeur,amp; les bayes faites de tels rollers font trcfbcllcs amp;fottcnt ces Heurs fur la fin d’Auril. L’autre forte eft de celles qui n’ont que cinqfûciUcs, Si^ qui font bien flairantes, amp;nbsp;en trouue Ion dés le mois d’Auril iufquescii Oélobrc,fortaus d’vn feul pied amp;nbsp;tige de rolicr, qui en peu detempsfé groffit amp;nbsp;renforcc,amp; fc fait iong,auec allez de rameaux, qu’on accoudre 1 en diuerfes manières,afin que feruent d’ombrage,lors qu’ils font deuenus nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I
grands.La troifiefrae forte de rofes blanches font lcsMufqucttes,qui font plaifintcs à voir,pourcftre petites, amp;nbsp;l’arbre bien charge de fueillage,amp; la fleur fort foefue d’odeur, amp;nbsp;qui ne faillcntiamais depatoiftreenleur faifomoutre ce qu’on pculcagcacer leur pied amp;; branches pour faire om-Des rofes bragc,ainfi que dit eft cy deflus. Venas aux rofes rouges,ic dis,qne les Ze-^d^ed -es nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;quot;^ ^^ ti ouucnt propres à faire du fuccre Rolar, à caufe que la coil-
font rôles leur n’en eft point allez viuc,mais font parfeites à taire des firops laxatifs, de ProuC- ù faire de l’eau, amp;nbsp;de l’huile rolâc, du vinaigre amp;nbsp;plulicurs autres bonnes ce. chofes. Les Damafquinesfèruentà tous les effets quedeflus,amp;cncor3 Les efcar- faire du luccre rofoc. Mais parlant des efcarlatincs de cinq fueilles, ie dis font ^rofes 4'*’^^'^5 eftas chargées amp;nbsp;vines de couleur, font meilleures que les autres, de Prouins ® hifo*-’ toutes CCS chofes qu’on fait auec les autres, amp;nbsp;que fou luccre rolàt, ou Confcruc,furpaire tout autre amp;nbsp;en couleur,amp; en bontés
VINCENT. laçoitq toute forte de rofes me plailcnt, hay-ictoufioufs fait plus de compte desDamafquines,amp;cfearlatiries que des autres,à caifr
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fc quelles furmontent ie refte en beauté, amp;: font plus prouffitabics.
lEAN BAPTISTE. Après cellcs-cy, les lys ornent aiiffi grandement Du lys, amp;nbsp;vu iardin,comme ainfi foit qu’il les face beau voir, amp;nbsp;que l’huile, amp;nbsp;l’eau ^'’ propre qu’oo en tire feruent beaucoup à caufe des grandes vertus amp;proprieccz diuerfes de cefte herbe ; on plante les oignons du lys feparement au mois de Feurier, amp;nbsp;en bon terroir, afin qu’il« nailîent toft, amp;nbsp;produifcntleuc fleur en fa faifon. Pline tient que l’oignon du lys mec du vin guérit de morfure de Serpent, amp;nbsp;du poifon des champignons : amp;nbsp;cccy fuffife pour cefte heure : car fi nous reuenons demain, ie ne faudrayà vous difeourir de tout ce qu’il vous plaira me requérir.
VINCENT. Et ie n’ay garde de faillir à vous venir
tronuer, pour cpleuons nous, amp;nbsp;allons où . » lt;; bonvpusfemblcra, caric prensplai-fira vous complaire en
toutechofe,
^FIN-D-E LA S IX I ES MEj
I O V R N E E.
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SEPTIESME lOVRNEE
ADIOVSTEE DE LAGRICVE-
TV RE DE MESSER AVGVSTIN GALL O, COMME IL fAKLT'GQP'P'BUNE K L E S C I T R O N S, LIMONS,
E fèpncfme iour le Seigneur Magie venant à l’hoi« reaccourtumée troiiua lean Bapaifte Auogadre fur la fin de Ion dilhec loubs vne treille, afin de iouïr mieux à fon aile d’vn petit vent doux , amp;nbsp;plailânc qui fai faut trcmblottcr les branches , amp;nbsp;fucillarts des Arbres , amp;nbsp;ondoyer les ficurs diacrfifiecs le long de la pracrie, amp;nbsp;les làrments, amp;nbsp;pampre ‘^‘^ la treille, les Citroniers, Limoniers amp;nbsp;Orengiers de tout fon beau iardinage : après feftre amouteufe-ment entre-làlücz,faffirent, à l’accouHumé, loubs celle frefcade:ou Vincent contemplant cntentiiiementla beaute'du Iicu,amp; deladiucrfi-tc des plantes, amp;nbsp;arbrillèaux mis chafeun en fon terrier, chargez de fruits, fe rcfolut de commercer d’arraifohner Ïbn amy, auquel il parla en celle Ibrtc. Puis que cesJoqts.pa^J^pous auons allez difeouru fiirles vergiers amp;nbsp;iardins, il..mç femamp;|c clf^e eonuenable queparlions des Citrons, Limons,- amp;nbsp;Orenges: car vous es ayant fi grande abondance, amp;c de fi beaux, ic me fais fort qu’auez aulfi le meyen d’en dcuilèr à fuf-filànce. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
JEAN BAPTiSTE.N’atTendczpoinrdemoy^queicvousdilcourefur l’infinité des arbres qui croillen t le long de la Huierc de Genes,de Naples, amp;nbsp;autres pars qui font luf la mcrMedjferitinée,lclqucls font fauorilcz cô-rinuellcmét de la narurc,comme ceux qurlähs elli c cmpclchez,ny forcez parles neges, tcmpclles,froidtjres,.ó#aaefesincómoditczdu rempspro-duilcnt des fruits en toute abondaec.^ßien vous deduiray-ie/eulcmét des arbres,amp; fruirs,qui croisent facilcfeet en celle noftre terre. Et quoy que nous Brelcias n’ayons point l’ait fi heurcment que les proulncci fuldircs, ii auons nous occaCion de nous contenter delà libéralité de lanature qm nous a emichi aoüie icnoii: cnla nuiercSalodi3nc,lçqucl,pour cAïc Noi-
-ocr page 159-DB l’acKT er LTVRE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l^l
^ns de cc grid Lac de la Gardc(lcquel en branade,amp; fureur fcmblc com-barre amp;nbsp;vouloir efgaller l’Ocean) faitparoiftre à chafcun(fi tant on doibt dire de luy)quc c’elt vn pourrait amp;nbsp;paragon du Paradis terreftre.
Lac de Garde, jadis Lac Bc-nac.
R luiere Salodiénc dicte du fleuuc Sa» lo, amp;nbsp;du chateau de mefme nom en Lobardie.
Vingen t.Combien de fortes de fruits fc trouuent en ce pais?
Iean BAPTISTE, Ic penfc que vous cognoilTcz Robin de Maderne, qui eft le plus fameux iardinier qui fc mefle de ce ft art,amp; profeffiô honorable: Ceftui-cy venant tousles ans accouftrer, amp;cultiuermcsiardins,amp; arbres au mois de Mars,en la façon fi excellente que les voyez : dit qu’il y a cinq fortes de ce fruit à fçauoir Citrons,Limons, Orengcs,Pômes d’Adam,amp; Liraonncs,amp; queiaçoit qu’oncognoifleles Citrons,Limons,O-rcngcs,amp; partie de pommes d’Adam, fi eft-il que les Limonnes ne font fi bien cogneües,entant quelles font vn fruit participant de la pomme d’Adam, amp;nbsp;du Limon.
i. .1
Corne faut planter les Orengiers, Citrôniers amp;nbsp;arbres fembla-blcc.
Vincent. Tous ces fruits naillènt-ils d’vne mefme forte, ou fil y a quelque difference aunaiftre , planter, oufemer, quilesfepard’vndc l’autre?
1E A N B A P T i s T E. Il n’y a point de doute que tous fe penuent ferner, amp;nbsp;qu’ils naiflent chafeun en fa taifon,mais non qu’ils viennent tous cfga-lemcnt,d’autant que femantles Citrons,Limoiis,Orengcs,pommes d’A-dam,amp; Limonnes ils font fort long temps auant que porter fruit : mais fi vous plâtez des icttons,amp; fions bien ncts,amp; polis en leur efcorcc, amp;nbsp;coupez franchement, nonplus longs d’vndemy pied, amp;nbsp;le long eftant bien ' rafclé,amp; nettoyé,deux ou trois doigts autant q vous en voulez mettre en tcrre,ils deuiennét foudain fort beaux,amp; prouffitables: fault neantmoins que ne fouffrent ny grâd chault,ny grâd froidçveu que l’vn, amp;nbsp;l’autre leur font grandement nuiiibles,amp; dommageables.Encore eft-il befoing de les planter edoignez l’vn de l’autre demy pied fans plus, afin que facilement on puiffe belcher autour d’cux,ainû que formet il fault ainfi en vfcr: amp;nbsp;faire qu’ils ne foicnt point plus hault de deux ou trois doigts fur terre,mon-ftrans leurs petits bouts nailfans.Bié eft vray qu’ils viennét plus beaux en ptouignantles rameaux,à caufe de l’humeur abondant qu’ils reçoinent de leur tronc,iufques à tant qu’ils ayet pris racine.L’Orengicr neâtmoins ne vientpoint par ce moycn,lequcl ayant le boys fort dur, mal-aifémét préd il racine:par ainfi luy fcul fault que foit femé, amp;nbsp;en bon terroir, d’autant qu’encor eft-il long temps auant q porter fruit,amp; qui vcult l’auancer d’en porcer,fault q l’ente fur les pômiers d’Adam. Aufli depuis cinq ans en ça onfeft tchement accouftuméàenter les Citrons,Limons, amp;nbsp;Orengiers, fur CCS pommiers qu’on ne fçauroit dire le grâd prouffit que ces entes rc-dcnt,foit en la bótc,qüantité,ou beauté, amp;nbsp;grolfeur des fruits qui en for-tcHt,lcfquelî viennent pluftoft que ne font les Gitrons,ou Limons entez fur les Orengiers, ainfi que de long téps on a de couftume amp;nbsp;qu’encor on le fait:m3is on vfc plus dé l’cnture furies pommiers d’Adara,à caufe qu’ils reçoinent les Citrons, Orenges, amp;nbsp;Limons, que de celle quifcfait fur chafeun arbre de fou efpecc:amp; ainfi nefaut feftonnerfi les plus cxccllcns
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iardiniers font toute diligence qu’ils peuuent de plater tou t autant de rameaux amp;nbsp;lettons de ces pommes d’Adarn,pour le prouffit qu’ils en tirent. Et certes ces fruits efioient en peu de rcputation,à caufe que leur fruit ne eft gucre bon à manger crud, ny pour confire, feulement fen feruoit-on pour lauer les mains,ou pour les porter en main,^ caufe de leur beauté, de groffeur qui eft en iceux.Mais eftant ceft arbre de fi grand fecours aux iatr 'dinicrs,n’cn y a pas vn en noftre riuiere, qui n’en plante abondamment, à caufe qu’en peu de temps ils améliorent ce fruit par le moyen des autres.
Vincent. le voudroy fçauoir comment eft-ce que l’on peulc enter les Limons, Citrons, Orenges, amp;nbsp;Limonnes, qu’eft ce que Ion obfcruc changeant d’vue efpecc en l’autre,amp;lefqucls reuÛîirent à plus de prouffit, amp;nbsp;vtilité,
Robin de Mademe excellent iatdiniet. Cóme faut enter les arbres lus nommez.
IE A N BAPTIST E.Robin mon maiftre m’a pluficurs-fois dit,quc quad ie voudroy pläter,ou ferner ces arbres, que ie choififTe des meilleurs qui fc pourroyent trouucr,pluftoft q prendre des moyés,pour y en enter puis a-pres des plus parfaits.Par-ainn ie loüe qu’on ente vn bonCitrônierfurvn meilleur qui loit de fon cfpccc:car il y en a de ceux-cy, qui font ordinairement plus beaux,amp; ayans la cofte relcuée,plus gros,amp; plus long, amp;nbsp;plus délicats encor amp;nbsp;au gouft, amp;nbsp;à l’odeur. Et pour-ce qu’il en y a plufieuts qui entent les Citronniers fur les Limonniers penfans qu’ils vicnnet plus gros,ou d’efcorce, ou de chair : les bons iardiniers toute-fois au contraire
mettet le Limô fur le Citron,à caufe que le fruit en eft produit plus 1’‘^^“^ entant que le Citronnier à beaucoup plus d’humeur pour lanouinrure que n’a pas le Limonicr.Ces fruits.fapellét Limons Citrónez,amp; f®’'^^^'■'“ mez plus proufEtables à l’cftomach que les autres naturels, lefquclsfont froids en leur qualitc:fans que les iardmiers pour leur plus grande vtilite, entent amp;nbsp;Citrons,amp; Linions(cômci’ay dit^îùrlcs Orégiers, tant poutre qu’ils porter plus de fruit qu’en leur tronc naturel, qu'auHi ils ne craignét pas tât le froid,à caufe qu’ils participét de la propriété de l'orcngc,qiu vc-nât fur vn boys dur,amp; fans moelle,rehfte en nollre riuiere au froid, quoy qu’en toute lai fou il loit à defèouucrt.Ainfi'iuftcmér ic loue I’Ardupreftre Settede Maderne, lequel en fcs beaux iardins a vndcfes OrengiersforC grand,que iamais il ne couure, amp;nbsp;auquel ila enté vn Limonnier foubs la plus balfe branche de l’Orangicr, qui demeure ferme contre le froid, amp;nbsp;ne fault tous les ans à porter les Limons fort beaux, lefquels aifé/nent ou difceined,’aueclcsOEcngcs. Et quoy qu’il y cnaytdedoux,d’aigrcs,amp; de faneur entre-aigre,amp; doux,en fort grande abondance, fi ne iont-ils eC-gaulx enbontéà ceux de Gencs , amp;nbsp;des autres pais d’Italie voifins delà mer. Et aduient cecy tant à caufe dd’affiette du. terroir douce d’vn bon air,amp; qu’auffi on les laillc bienmeurirains que les cueillir, route-fois ne lailfent d-’eftre agreablcs,tant pour portcr(com me i’ay dit) da fruit abondamment toufiours, que pour produire de fort beaux arbres, amp;nbsp;lefquels ne craignent point la froidure „ainfi que font amp;nbsp;les Limons, amp;nbsp;les Citrons. Et iaçoit que peufouuent oriente les.Orengiers, fi fuis-ie d’aduis qu’on
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UJ
qu’on change vnc elpcce peu bóne en vnc mcillcure,ou qui fort afiez belle: mais d’autant que l’orange aigre-doux,ell le plus ordinaire entre nous au manger,amp; celuy du lus duquel nous vfonsleplus en nos viandes, aulfi on en plante plus ordinaircmet que de ceux qui font plus doux, amp;nbsp;moins aigres.loint que la pomme d’Adam, amp;nbsp;l’orége font toufiours la fleur plus plcine,amp;que le citron en porte plufieurs vaincs,amp;; inu tiles,amp; le limon de celles qui font de peu d’cftcôl ; par ainfi il fault que la pomme d’Adam amp;nbsp;l’orcngcr foient entez enfembk, à caufc (ainfi que dit ell) que leurs entes, comme on voit ordinairemcnt,prouâitcnt fort,amp; portent fruit en abondance aucc le l'ccours du pied fur lequel on les ente.
V i N c e N T.Siie voulois enterde fi gentils arbres que ceux-cy qu auos nommez,de quelle forte d enteurc fault-il vferî
iEAN BAPTISTE. Le propre moyen pour enter ces fruits, c’eft à cP cuffon,tout ainfi fi i ay dit des oliuiers, mais ne faut oublier de tailler tout ccquicftdcfupcrflucs ycux,amp; boutons qui ne font point entez, amp;nbsp;mef-me en öfter tous les reiettôs, qui y iurcroillcnt par fucceflion de tcmps:amp; fi par cas on laiile le rameau qu’on trcuuc deflus le lieu qu’on ente, qu’on ne laiffc pas pourtant d’y mettre allez de terre,amp; l’agcâccr fi bien que fai-fant racine au dedans ce qui eft enté, on puilïc öfter cellui- cy fans danger l’année cnfuyuant,le plantant encor, afin que puis après on y puillc mettre quelque autre ente.
De melmepcult-on faire au tronc principal tandis qu’il eft icune,amp; tendre, l’entends quant aux rameaux qui feront bons à rcceuoir l’enteurc: Fault neantmoms enter toufiours par Lune nouucllcau mois de Mars amp;nbsp;d Auril,ou vers la fainél lcan,amp; autres fours,afin que le bois luc,amp; foit en feue,amp;amour.
VINCENT. Comme le fault gouuerner pour faire facilcmét multiplier celle belle forte d’arbres?
IEAN BAPTISTE.La voyc plus Ordinaire, amp;nbsp;plus facile eft celle de laquelle vfent les experts iardiniers,lorsqu’ils taillét les fuperfluitez de tous arbres au mois de Mars,5lt;: fur la fin d’iceluy,ou plus tard,félon que le téps eft repurgé du froid.D’autant qu’alors il choifilîcnt les ramcauxà propos, amp;nbsp;placent des ballons de la inclure amp;nbsp;façô que i’ay dit cy dcflùs:quclquc-fois en y mettans fi grâd nombrc,qu’outre ce qui fait befoin ils en platent
Corne faut enter les oregers amp;nbsp;fruits fem-blables.
Comme fe multipliêt les citrons amp;nbsp;arbres fmb labiés.
à milliers,pour en vendre par tout.Et ces arbres cy deuiennenc fort beaux d’ordinaire,à caille qu’ils font fouuent amédez amp;nbsp;hoiiez,voire les arroulc Ion quand il eft requis. Au refte fi on vculc encor augméter ces plates, on le peuk faire,en mettant non Iculcmét des cafles, amp;nbsp;vafes autour des plates,qui foyent pleins de bóne terre amp;nbsp;bien fumée,ains encor des citrouilles vuidcs ou pots de terre cuitte,ou autres vafes,ayans vn trou au fonds, mais fi bien accommodez qu’ils ne puiflent point tombcr,mais fault pre-nrieremet entamer vn peu le ballon amp;nbsp;plante,qui doit élire fiche en terre, afin q les racines fortent plulloll hors,qu’elles ne feroict fil n’auoit point. elle cntamé.Et ce moyé eft ayfé à couper toute forte de rameaux,non tant
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pour en peupler lcsiardins(ain(Iquei’aydit) ains encor eftantlc fruit ra« je,pour en faire part aux amis,ou pour les planter dans des vafcs,ainfi que nous en vfons,clquels il les fait beau voir lors qu’ils font chargez de fruit.
v i N c E N T.Combien de temps font ces baftonsainfiplantcz,amp; leso-rengers femez ains que produirefruit?
lEAN BAPTISTE. Quelque diligéee qu’on face àl’endroit des oren-gcrs femez en tout ce qui cil requis à les cultiuer,fi cft-cc qu’il ne leur faut rien moins de douze ans auant qu’ils portent aucunemét ; or deuinez co-bien doiuent tarder ceux lefqucls on ne befehe point, amp;nbsp;ne font nettoyez ny fumez en forte quclconquc?Mais les citrons, qu’on plante à la manière fufdite(fi le froid,ou autre iniute du temps ne les empefehe) eftans traitez ainfi qu’il fault en vfcr aux plantes tendres de nouuelles, portent (fuit au bout de trois ou quatre ans. Bien eft vray que les limons quinefont point entez,quelque bien eultiuez qu’ils foycnt,atteudcnt cinq ans, auât que porter leurs pommes.
VINCENT, Comment eft-ce qu’on cultiue ces gentils arbres?
Quel fieu eft requis aux Ci-tronSj amp;nbsp;Oronges,
L’eau fort neceflatre aux lardîs.
IEAN BAPTISTE, Sclon les rcigles qu’obferue Robin mon maiftre iardinicr,faul t en premier lieu qu’ils ayent le terroir bien qualifié,qui feit doux,legcr,bien gras,amp; net, fans qu’il y ayt pierre quelconque: qu'encor il fait expofé au loleil, en lieu hault, mais non fubiedt à la Bile, ou vent de Nord,lequcl eft toufiours treC-contraire à cefte plante. Apres eftrequis bien fumer les iardins aucc du fumier bien pourry, qui foit defientede chenal,de bœufs,ou de brebis, vfant de cecy amp;nbsp;auant que planter ksfu^ dits germes, amp;nbsp;ballons, auant que les hoüer, amp;nbsp;ains que les coüurir d’ais pour les garder de la froidurc.Et iaçoit que ces fruits le plaifent toufiours de voirlcfolcil, amp;fur tout les citrons, entant que les autres fuportent mieux la froidure, fi eft-ce pourtant que durantles chaleurs il ne fault Icurlaiirer auoir faulte d’eau, mefmement ces plantes qui ont de couHu' me d’eftre arroufées. Et bien qu’il y ayt des iardiniers fi diligens,qui tiennent leurs arbres fi bien fournis de terre fort gralfc, qu’en laillans toufiours vne bonne partie au pied de l’arbre, fi ne lailfen t ils pourtant de bef-cher autour tous les mois,dcs leMars iufques en Septébre pour le moins, amp;nbsp;puis, auant que couurir le refte des plantes, empliflent les trouz delà terre qu’ils auoyent mife à part durant les mois de la chalcur.Et n’oublie-ray la diligence d’aucuns iardiniers, lefqucls couftumiers d’arroufer leurs arbrcs,amp; n’ayans ny puids,ny fontainc,ouCifternc,fi eft- ce qu’auec grâd’ peine, amp;nbsp;fafçheric ils vont quérir l'eau bien loing, afin que leurs plantes n’endurent point lafoif, quoy qu’à çhafeun pied il n’en y faille pas moins de deux féaux :amp; par ainfilbnt bien-heureux ceux, qui ou dedans leurs iardins,ou non guère loing ont l’eau à commandement, entant qu’ils recueillent d’ordinaire,amp; plus de fruits,amp; deplus beaux,amp; qui font biefai-fonnez.Et par ainfi nous pouuons vfcr de ce prouerbe qu’on dit commu-ncmct,quc tout ainfi que le bonamp; parfait terroir eft toufiours le vray père des plantcs,l’cau aulG qui leur eft donce par meiurc,amp; en temps opor-
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Éün,eft aufli leur mere treßfcrtilc,amp; abondante. On hone donc(coramc , i’aydit)tous les mois autour des pieds de ces plantes, commençant lors que les iardms font eultiuez iufques au mois d’Odobre, aUans diligemment amp;auec grande curiofitéà leur donner ces façons. Et ainhpourlcï remuer par arc,amp; ordonner auec diligence, on paye vn bon manouuricr d’vn tiers mieux que les autres, lequel Içait les moyens, amp;nbsp;de les befeher, amp;nbsp;de les cultiucr,quoy que les autres foyent gaillards,amp; de grand trauaik outre ce fault careifer, amp;nbsp;bien nourrir ceux qui font bons maiftres en ces façons.Et pour côlerucr les branchages de ces plantes,amp; les tenir en force,les fault tailler tous les ans ou plus ou moins, félon que reftimeraehre necelîàirc vn bon amp;nbsp;expert iardinier : d’autant qu’eftans délicats amp;nbsp;précieux ces arbrcs,le maiftre diligent fault auffi que foit curieux en ce retrâ-chement,amp; àlcs faire bien amp;nbsp;Ibignculcment cultiucr. Et n’oublie encor d’en öfter non feulement ce qui y eft de fuperflu auec du fer bientren-cliât,amp; auec leurs mains drelTcr,amp;ploy er les rameaux la part que fcr.a ne-ceftaire, ains encor les haulrent, amp;nbsp;abaiircnt Iclon qu’ils'verront le cas le requérir. Et outre qu’aucc des tenailles ou forces bien taillantes ils oftent les déniions amp;nbsp;cfpincs,amp; coupeur les bouts,amp; germes qui viennent à la cime de l’arbre,oftent aufli ceux qui montent trop hault, afin qu’ils foyer clgauxen mefure conucnable. Et d’autant que près le lieu taillé au fom-metdes rameaux,y furcroilfentplufieurs reiettós,qu’on n’eny laillc point plus hault de trois, coupant le refte, à caufe que le branchage feroit trop cfpais,(Jc touffu. Encor alon couftume de mettre quantité de perches le- . gères, pour fouftenir les rameaux, lefquels ils accommodent fi bien que chafeun pcult porter fruit félon fou naturel ; amp;nbsp;fault auoir toufiours à la maifon quantité de liens en lieu humidc,pour fen féruir en cecy toutes les fois qu’il fera befoin:amp; outre ce conuient tenir l’œil fur les racines,trócs, amp;nbsp;gros ramcaux,afin qu’ils ne fc pourriffentmar qui fauldroit d’y prendre garde,amp;dc les nettoyer fouucnt,ç’cll fans doute qu’ils ne demoureroyent guère en eftre,
VINCENT, Depuis quel temps eft- ce qu’il fault couurit ces iardins, a-fin qu’ils ne foyent furpris des gelées, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. . '
i E A N B A P T i s T E, 011 Ifs couure toufiouts au mois de Nouébre ql- oblcmer que fois bien toft,amp;d’autres tard,félon que les iardiniers voyent que l’air ihr le cou-eft difpole au téps doux,ou qu’il les menace de froidure, Neâtmoins mon uni desü-bon maiftreRobin eft d’aduis qu’on les couure pluftoft de bonne hcure,q renters, attendre quelque froid furuenant au defpourucu,lcqucl nuife aux arbres, amp;nbsp;face périr tout le fruit qui eft défia meur,ainfi que fbuuent eft aduenu à plufieurs iardiniers par leur pare(fc,Et non feulement fault eftre foigneux de les couurir de bonne heure, ains encor ains que ce faire, prendre garde qu’ils ne foiét point mouillczcn forte quelcôque:car fi le froid les lurpre-noit en cefte forte,facilcmét amp;nbsp;ai bre amp;nbsp;fruit feroyent gaftez par la gelee: outre ce que ceftcmoüillcurc cauferoitvnc pourriture amp;nbsp;corruptioanx flcurs,amp; fruits eftâs à couucrt,Mais les bons de experts iardinicrs,pour c-
-ocr page 164-155 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;SEPTIESME lOVRNEE
, uiter cc peril,auant que couurir ces fruits, oftent des Citronniers (eftans Citronnier ccux-cy les plus fubiedsà lafvoidure)toutcs les fleurs, bourgeons, amp;nbsp;ra-en cofitutc •'«eaux plus tcndrelets, lefqucls ils Talent amp;nbsp;confilcnt pour manger celle aucc du fd viade délicate,amp; en Hyuer,amp; en Carcfmc,amp; prefque tout le relie de l’an-nee.Depuis, à caufe que les iardins font ordinairement enclos de muraille,fault que les piliers foyent-ils faits de brique ou de bois,foyét couuerts de bois de challaignicr,proportionnez à la grandeur de l’édifice : mais fur tout prendra garde le pere de famille,qu’il n’y plcuuc point dedans, amp;nbsp;fur Eau dene- tout durant le degel des ncgcs,à caufe que celle eau cil la plus nuifible des ge nuifible autres.Et fil y a quelque fente,ou trou en la logc,qu’cllc loir bien clofc amp;nbsp;^Œ'c”c^ bouchée aucc du foin,ou des clloupes,lefqucls trous on pculr ouunr,lors ' que le temps cil clcr,doux,amp; ferain, amp;nbsp;que le folcil nwnllrc (es rayons,a-«n que ces rays reluifent fur les plantes, amp;cn dcchallcnt tout le mauais air, dellcchansaufli l’humidité corrompante caufée par l’ombre: amp;lors que le foleil decline amp;nbsp;fe retirc,faul t les rclloupcr,afin que le froid ne fai-hirc ces arbres. Les bons iardiniers outre cc, lont fi diligens à voir fil cH belbin que le lieu foit réchauffé par le feu, qu’ils mettent des pots d’eau fur les fcneflres doles de la loge, amp;nbsp;fils voyét que l’eau fiait elprife déglace, ne faillcntaufli toll d’y allumer du feu de bois bien fee, amp;nbsp;fur tout de branches d’oliuc fils en ont, amp;nbsp;encore vfent ils de charbon, à caufe que amp;nbsp;chaleur cil grande amp;nbsp;durealPcz, fans porter dommage aux plantes aucc ‘ Corne on ^fl^m™^ quot;Y fu™ce, Bicnellvray que le iardinicr voyant que les fudlles cogToift ” ‘^^® Citronniers font graircs,amp; ointcs(ellant cela figue qu’ils ont du froid quclesCi- allez) ne fault de leur aprochertoutlcfcu: car alors le fruit qui'^^P°'’'^ uonmers efté fecouru à temps,meurt,amp; fcn va par terre, à l’aprochc du feu: amp;nbsp;ceft W^'^^ ‘^^ '•^quot;'- phisfubicél au froid, comme il a du fuç, amp;nbsp;fubllancc : amp;nbsp;* '®‘ ’ ceux-là font moins fubicéls, qui aulfi en font le moins chargez. Le bon iardinicr aufll n’ell trophatifà delcouurir fes fruits, quoy que le temps fcmblc promettre quelque douceur, amp;fcrcnité, entant que louucntle froid faignant de f en dire allé renient aucc telle vehemence, qu’il ne laif fe arbre ny fruit fans le faifir,amp; le mettre en dager de mourir. Nearmoins le iardinicr voyant que le folcil cil pour reluire quelque temps duiour, quelquefois il ouurc quelque ais,amp; foliuc du toit de la logc,amp; d’autres la laide ouucrtc, afin que les fruits, amp;nbsp;plantes puiflent iouïr deux ou trois heures de la chaleur du foleil.Fault ncâtmoinsdlre aduerty qu’âpres qu’o ode la couuerturc d’ais de dclfus ces arbres, le froid fcn dl allé, fil y a quelques rameaux touchez du froid, n’y fault point toucher, iufquesà tàt que les bons auront poulfé leurs icteons amp;nbsp;branchettes hors, car autrement il ne feroit que bon, que de tailler vn peu ceux qui font ainli malades.
v r N c E N T.Et certes il y a bien de la peine,amp; des fraisa nourrir,amp; gou-uerner ces arbres, tellement que ie pcnlè que peu de iardiniers en facent leur prou Ait,fi cc n’dloitque ie ne içache nation ayant meilleur iugemet fur cede pratique,que les gens de cede riincrc.
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la nourriture des Orégiers.
lEAK baptist E.C’eft fans doute qu’il y a de la fafehene beaucoup, prouffft de amp;nbsp;encor plus de frais qu’on ne dit poinf.mais ic puis vous allcurcr que les proulEtsen font deplus grand importance , entant qu’il y a peu dciardi-niers qui n’ayent cent efcus francs pour an de chafeun iornau de terre. Mais que dirons nous de ces bicn-fortunez iardiniers Icfquels fe trouuét auoir garenty leurs arbres du manuals temps, amp;nbsp;les autres ellans perduz? Ceux-cy au lieu que les autres années auoyentdcproulfit ccntclcus, en ont tiré quatre cens : amp;nbsp;ainfi ne fault felbahir fi on en voit qui font fi riches en celle contrée : amp;nbsp;pourtant ic conclus, que tout ainfi que nous ne fçaurions dire tous les frais qui y font necclTaircs, aulfi le reuenu nous en eft incertain.On fçait que de toute forte d’arbres on tire prouffit,pour les planter ailleurs, amp;nbsp;des fleurs de Citron pour manger en falades, pour les garderaucc du vinaigvc,ou les eófire aucc du micl,ou du fuccrc:amp; de ccl-les des oi cngicrs,amp; ancres,pour en faire eaux de fenteurforc rares,amp; prc-cici]fcs:Dauantage on ne rire pas moins d’argent des fruits meurs, que de ceux qui ne le font point,voire amp;nbsp;des plus petis,aiitât que des plus beaux: à caufe qu’on confie ceux qui ne font point meurs,amp; des petis orenges on fait de beaux chapeaux, amp;nbsp;couronnes plaifantcs à voir, amp;nbsp;fort focfiics à les flairer.Quant aux belles, amp;nbsp;meures chafeun fçait combien on les pri-fe aux banquets,amp; pour les confitures,amp; pour en donner aux malades,amp; les mettre en medecine, ainfi que les bons apoticaircs en pcuuent iuger. Outre ce que de i’efcorce des orenges on fait de bonne mouftardc, de Vo-rcngcc,pain d’efpice, amp;nbsp;autres delicatefres,on vend encor les Citros pour faire la Cittonade efuece de confiture en diuerfes manières: amp;nbsp;en fomme tous les fruits pourris, amp;nbsp;entiers fe vendent foit pour en tirer le ius, ou en auoir lagraine,cntant que celle des Orenges fe plante, amp;nbsp;celle des Citros eft vendue aux Apoticaircs : amp;ainfionenayetoufiours quelque vtilité: dont ic côclus,que fi les fraisy font grands,amp; continuels, le prouffit aulfi en eft toufiours en main.
Dequoy on fait jpf-fit des O-rengiers, amp;nbsp;arbres fembla-blcs.
V i N c E N T. le voudroy fçauoir encor fil y a d’autres fortes d’orenges, Citrons,amp; Limons que ceux defqucls vous aucz défia parlcîjUîn(quc fil y en a)ic puilFc fçauoir Icfqucls font les meilleurs pour les malades,amp; quels politics fains.
Diuetlîte de Citrons cogneus de noftre temps.
lEAN BAPTIST E.l’ay entendu de mon Robin qu’il y a de trois fortes de Citrons,la premiere eft des noftres qui font beaux,les féconds,font les gros de Genes, amp;nbsp;la troificfmc efpecc elf de ceux q ont vne glade au bout les premiers,pour eftre les plus délicats, amp;nbsp;cordials qu’on fçaehe en l’Europe,font les plus priiez tat plus ils font gros, amp;nbsp;logs, amp;nbsp;qu’ils ont les co-ftes rcleuccs de l’vn bout à l’autre. La plate de ceux-cy en porte orcs peu, A: rantolf en abondance,amp;cnproduit encoj de tous rods,les vus aucc telle amp;nbsp;autres non: amp;nbsp;d’autres qui fcmblent dire fans telle,ayant les bouts fort gros amp;nbsp;autres figures monllrucufcs, ainfi qu’il plaill à la nature de fe ioücr en fes nourri lions. Les fecôds qui font les Gcncuois,font fort gros, amp;nbsp;de plus douce faneur que les no lires, mais n’ôt celle foefuete, amp;nbsp;odeur t iij
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agrcable,ny la naïuecé au gouft qu’on fent aux noftres. Les troifiefmesà tout leur gland lont vrayement les uicillcurs de tous,quoy que plus petis: Âmonobllant ils ne font guère en vfage. Bien eft vray que Robin ma fait voir encore vne autre force de Citrons monftmeux, qu’on apeUe defigu-rcz,àcaufc de la variété des formes qui y aparoiffent, amp;nbsp;lefqucls iontaudi bons que les autres, mais d’autant que ces plantes ne portent guère fruit, Diuerfité ils ne font guère en vfage. Quant aux efpeccs des Limôs,ie dis qu’il y ena dcLimos. Je communs,qui font differens cnfemble les vus plus beaux,amp; meilleurs , que les autres ; amp;nbsp;y en a qui font citronnez à caule qu’ils ont la figure, amp;nbsp;beauté des Cirrons,mais ne font fi gros,quoy que loyer entez (comme dit eft) fur ladite plante, afin qu’ils croillcnt en bonté , amp;nbsp;autres parties fus - - ' ‘ recitées. Et vous dis encor dauanragc,quc le Comte François Auogadre en a tccouucrt d’vne forte fort rare à Genes, qu’il a mis auec le refte des fruits qu’il a en fon iardin fi excellent qui eft foubs le Chafteau de la cité,, ains encor produit des Limons,quiclgallcnt en douceur, amp;nbsp;bonté IcSi Orenges.
vi N c E NT.Ien’ouysiamais dire que des Limôs,qui font aigres de leur naturel f en trouuaft de fi doux au gouft que vous dites.
lEAN BAPTISTE. L’arbreduLimontant pluscftieune,amp;plusil produit d’efpincs,ne3htmoins à Maderne en y a qui n’en produifeutaucunement: qui cft vn grand aife à manier celle plante, veu quefelpi-nc d’icelle eft fort poignante, amp;nbsp;la plus venimeufe fur tous les arbres:-amp; la bonté du Limon cft lors plus grande , comme ils font P^“® ‘^^”’ ' drcs,amp; plus meurs amp;nbsp;pourueuzdeiusfuffifamment: quiefteaufeque communément ceux de Genes furpaifentles noftres, àcaufe qu’onlcs lai 11e fur l’arbre afin que le froid ne leur nuife. Et fi en noftreriuierc on en vfoitainfid’vn an à autre, amp;nbsp;qu’ils ne fuirent moleftcz du froid, c’eftfans doute qu’on pourroit paragonner les noftres à tout tant qu’il y en a en cefte contrée. Quant aux Limonnes, iaçoit que foyent de mcl-, me bonté, que les Limons, fi ne font elles guère en vlage, à caufe qu’il ne fait guère beau les voir pour eftre longues, amp;nbsp;allez mal-plailantes au rc-gard,amp;: différentes à la gcntilelfe des Limons. Semblablement venans au naturel des Orenges, chafcunfçait(ainfi que dit cft) qu’il y en a de doux, d’aigres, amp;nbsp;demoyens, mais cecy ne le cognoit qu’en les mangeant, fauf 0 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;que les lardiniers plus expers le dilcernent au fueillagc de l’arbre,amp; à l’cf
eorcc du fruit. Bien cft vray que les Orengiers de Genes font touliouts. des meilleurs que lcsnoftrcs,mais qui lairroit meurir ccux-cy, amp;nbsp;l’iisn’c-ftoyent alfaillis du froid,ils clgallcroycnt les Geneuois, auffi bien que les Limons. Et en fin difeourans des pommes d’Adam, ie dis que ne valent guère à manger, ny pour faire confitures, feulement feruentà rendre les. mains belles en fc lauant auec icelles,ioint qu’eftans belles,großes, amp;nbsp;rôdes, elles feruent d’ornement à vn iardin, amp;nbsp;encore a vne chambre tant, plus grand nombre on en y met. Suffife vous que ceft arbre de pommes. d’Adam cft tref-vtile pour rcceuoir (comme dit cft) toutes les bonnes en-
-ocr page 167-DE l’a G RIC VLTVRF, Jj^ tes de Citrons,Ltmons,amp; Limóncs,amp; encordes Orangers, Sc pour produire bien toft leur fruit, amp;nbsp;du plus beau qu’arbre autre quel que ce foit. Voulat puis apres parler des fleurs deCitró (outre que ic vous ay dit qu’ils en portent en grand nombre) ie dis que quand en vn rameau, amp;ïommet d’iceluy fc trouuc la première fleur eftre vaine, amp;nbsp;fans prouffir, on peur, fans fallir, öfter tout le rameau, d’autant que tout le refte fera fcmblable. Par ainfi fault cognoiftre ains que cueillir ces fleurs, celles qui font bon-'nes d’aucclcs inutiles choiliflanr les vnes, amp;nbsp;laiflant les autres, Qui eft caufe que ceux qui ne font maiftres en telle pratique cueillét la premiere fleur qui fe leur prefente, fins penfer que fouuent ils portent vn grand dommage à leur am y, cucillans tout autant de fruits,qu’ils auront ofté de fleurs. A ceftc caule eftans les fleurs du Citron ( comme dit eft ) la plus-part vuidc,amp; celles du Limon pleines pour le plus, auffi celles de l’Orange, amp;nbsp;de la pomme d’Adam font prelquc toujours parfaites. Et fça-r^fltzqucla fleurde 1’0 rangier a le premier lieu en foëfueté d’odeur, la pomme d’Adam le fécond, le Limon letroifiefme,amp;le Citronnier ne tient que le dernier : qui eft choie efmcrucillable, que le Citron ayant le deifus, amp;nbsp;auantage fur ces fruits, que fa fleur foit moindre en odeur que les autres.
Delà qualité des fleurs de Ciuônier.
Vincent. Tandis qu’il me fouuicnt,ic veux fçauoir de vous, fi ce» arbres font de longue durée, ou non.
lEAN BAPTIST E.ll cft difficile de iugeriuftement dece que demandez,fi eft il que par longue expciiencc plufieurs tiennent qu’ils viuct fort longuement . Car i’ay ouy dire à plufieurs fe tenans le long de ceftc riuic-re,lefquels ont,amp; nonantc,amp;céc ans d’aagc,qui voyas aucus de ces arbres diient n auoir point fouucnance de iamais les auoirveu plâter:voire quelque frères preicheurs du conuent de Sainte Sabine à Rome m’ont récité xju’en leur maifonyavnOranger planté iadis par les mains du benoift pere Saint Dominique, lequel neantmoins produit encor tous les ans de beau fruit, amp;nbsp;fort délicat au manger, amp;nbsp;à dire vrayeeft arbre cft pour a-uoir enuiron de trois cens foixâte lèpt ans. Ce qui eft allez croiableà caufe que le boys de l’Oranger eft non feulement dur dcfolide, ains encor c-ftant planté en terre grallè,amp;à propos,fait fes racines profondes plus que tous ces autres arbres :amp; par mefmc raiibn les fuyucntlcs Limons, amp;nbsp;Citrons, amp;nbsp;autres de telle efpece. Quant à ceux-là font les plus parfaits lefqucls durent vn an, fans eftre dommagez ny du froid, ny d’autre incommodité du temps : amp;nbsp;lefqucls paifans cc temps ou chéent à tcr-rc,ou perdent leur bonté de grande viciUelTc. Que dirons nous des autres perfedions de ces gentils arbres ? Lefqucls ne font pas feulement agréables en toute faifon à la vcüc des hommes, à caufe de la naiucté du fruit amp;nbsp;verdure des fueilles, ains encor fernble que le refte des arbres defpouil-Icz de leur beauté, paroiflent pauurcsamp; miferablesau pris de la beauté, aménité amp;nbsp;gcntillcllc de ccux-cy. Et fil fault difeourir du naturel des fueilles de ces arbres,ie disque celles de l’Oranger font de telle durée.
De la durée des arbres fuf dits amp;nbsp;du moyen de garder leur fruir.
Saint Dominique flourifloit l’an liop
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que iamais elles ne tombent ( fi ce n’eft que l’arbre fois-altéré de quelque /ecrette maladie ) ce qui eft plus que familier à tout autre arbre, amp;nbsp;nom* mément au Citronnier à caufe de fa delicatelTe fur tout autrc.Bicn eft vray que foudain il rccouurc auprintemps tout ce que le froid luy auroit rauy, * produifant des fleursàl’eigalde tous les autres de là force. Et pour-ce ne fault f eftóncr fi au printempsla pluf-part de la contrée de la riuicre,(com-mençant de Salo iufques au dernier village vers Trente) eft agréable à re-garder,amp; trelfocfue à l’odorcr,amp;flairer pour la bonne odeur que rendent les fleurs de loing auant.
V 1NC E N T,Trouuez-vous bon de cueillir les Cedres n’eftans point encore mcurs,amp; encore verdoyâSjamp; qui petit à petit aucc le temps deuicn-nent iauncs, aufli bien que ceux qui font fi meurs, qu’a ies voir on diroit qu’ils font coulourcz de faffran?
Cémefaut J^AN BAPTISTE. Il n’ya point de doubtc que tant plus amp;nbsp;Citrons,, choifir le amp;nbsp;Limons,amp;O tenges font meurs cnperfeâion,amp; de tant leur bonté tft fruit aigre grandc:ce qu’on peult fàirc les choifilfant l’vn après rautre,mais non lors d’auec le que les mailtrcs vendent aux marchâds tout ce qui eft de fruit,amp; dcllus,amp; dclloubs l’arbre en Septembre amp;nbsp;Olt;âobre,amp; q lors ils feparentles meurs d’auec ceux qui ne le font point,pour les porter en Alcmaigne, Hongrie Poloignc,ou Mofeouie:car eftas arriucz les marchads, amp;nbsp;que ce choix eft fait,ils les trouuent tous prefts, amp;nbsp;parfaits foie pour confire,ou les mager cruds,comme la pluf-part les mangent tout ainfi qu’ils les achètent. Puis vendent les plus meurs le pluftoft qu’il leur eft pofliblc,amp; fur rourles Ct-trons,amp; à Vcnifc,amp; par tout le pars voifin pour les confire, Si encore les portent plus loing iufques à Milan.
Et ainfi pouiionsconclurre que pour nous , mieux vault vnbonrtuit frais cueilly, qu’vn autre qui foit mal-meur pour le manger lors qu il fera bien coulouré : amp;nbsp;mefinement ceux-cy qui ne font pas bien agcancei en leurs calles amp;nbsp;panicrs,ainfi que font ceux qu’ô porte es partiesde S’epton-trion.
Vi N c E NT.Commclèfaultgouuerncr,pourcmpelchcr que ces arbres ne montent point plus hault que ne conuient à leur complexion, amp;afin qu’ils portent plus de fruit?
Comefaut lEAN s A P T 1 s t E.Vous mefaites vnc queftion de grandeimportace, accouftret amp;nbsp;que peu degens obferuent : entât que ces arbres croillàns ainfi en hau-Us arbres. teur,nonfeulement neportét tantdefruitqferoienteftans ageancezau-tremcnt,ains encore font Icmblable incommodité fi on n’en ofte la multitude des ramcauxinntiles amp;nbsp;fiiperflusquiatcirétà foy rhuracur,quide-uroit feruir à la fleur,affin de produire, amp;nbsp;mieux nourrir le fruit. Parainfi ne fault fcftonncr,fi tant de plantcs,non dreflées ny ordonées auccla rai-fon qui y eft requife au cultiuer,portent fleurs fans dfed, Si ne donnent fruit quelconque. Qui voudra doc auoir abondâce de fruit,qu’il ne fouf-fre point que les plantes montent plus hault que de raifon,amp; ofte ce qui y. fera de fuperflu, foit cnlong,ou en trauers : vous aduertillant que fi vous coupez
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coupez auec le fer-bien trenchant les cimes des braches qui padent trop, qu’ils ne produirot que trop,lefqucls on pourra rompre à tous les doigts, autrement les fommets feroyét plus chargez qu’au parauant.Et fault vfef de pareille diligence à tous les arbres qui font autour du tronc,amp; corps de l’arbrcxar fi vous y laiffiez celle efpaiîlcur des ramcaux,ou nouueaux,ou vieux, lefolcilnc fçauroit plus pénétrer pourayder par l’ouucrturc des branches,aucc fes rayons,aux fruits : amp;nbsp;qui plus eft les rameaux mefmes feroyent fans porter fruit aucun,ou au moins en petit nombre.
V i N c E N T.Sçauroit-on faire eed oflSee en autre faifon qu’au Printeps, durant lequel chafeun fc trauaille après ces gentils arbres?
Iean DAPT i ST E.Nonfeulement fault-il coupcr,amp; ageancer ces arbres durât le Printcmps,amp; non en autre faifon, ains cil befoin ce faire durant la Lune ellant vieille, quand on taille ce qui y cil de fuperflu, à caufe quelle ne les fait point cngaiUarditainfiq lors quelle cil tendre amp;nou-ucllc-.fans ce que (comme ray dit parlant des autres arbres fruitiers) elle faitprodaire du fruit en plus grande quantité. 11 eft vray qu’en quclejuc faifon que ce foic,ne fault faillit d’ofter à belles mains les rameaux tendre-iets qui font fuperfluz ainfi qu’ils nailfcnqà caufe que cccy ii’cft pas fi pre-iudiciablc à l’arbre comme lors que ces rameaux font grâdclcts, amp;nbsp;qu’on eft forcé de les taillcnaucc ce ne doit on manquer de couurir les cimes des rameaux coupez amp;nbsp;mefmes de ceux qui font les plus gros, à caufe que le lieu incifé lcroit plus dommagépar l’eau qui y entreroit, amp;du loleilqui fechcroit leur humidité,que fi du tout ils eftoient à dcfcouucrt:amp; les fault couurir aucc de la cire blanchc,ou nouuclle meflée aucc de la terre. ,
VINCENT. Quelle faifon eft la plus requite pour arracher ces plantes, foit pour les changer déplacé, ou les porter en quelque lieu loing-tainî
lEAN BAPTIST e.Lcs bós iardiniers ne les bouger ramais de leur lieu, penfant les mcliorer,cómc ainfi foit quelles te porter mieux en leur terre matrice q fi vous les rcmucz.ailleurs,fi ce n’eft qu’ils euftent quelque def-fein qui les meut à ce fairemn ce cas,ou pour les enuoier ailleurs,ils les def plantent ordinairement au Printemps pluftoft qu’en Autonnc:entât que Moyen de tout ainfi que lors le bois t’affermie eftât meur amp;nbsp;à caufe que l’humeur cef p'antet les fc de le fomenter à caufe du froid voilimcn la primeuerc auffi ils commé- orangers, cent à germer,dés que font plantez,amp; produilent fucillcs,voirc des fleurs ^^y^'* files plantes font allez grades amp;nbsp;puiffautcs.Neantmoins fault qfoyez ad- ^j^.^ ucrtis q tant plus ces plantes font grofles, auffi fault-11 que Ion aduife que les parties quiregardoyent le midy foyentrcplâtées en mefme confidera-tiomcar autrement elles fouffriroiét aifez fi le cofté qui eftoit vers la Bife ouTramontane,rcgardoit puis apres vers l’Orient, ou l’Occident, amp;nbsp;pis. fil tournoità la partie Auftrale.Et ceft aduis eft de trclgrandc importâce:.. veu que ceux quifaiUent en cccy,voycnt fouirent leurs arbres morts,ou à tout le moins,qui tardent tr longucmét à porter fruit,à croiftre,^ germer gaiUardcméf.qu’ils euffent fait,fi on les eut plétcz dés qu’ils icttcrcnclcur
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firemicr germe fur terre. Et aduient ce dommage pour le plus a ceux qui aident deuenir fort grans ces arbres dans des miuds, ou pots de terre,à caufe q les portans dedans amp;nbsp;dehors tous les ans, ils ne le prennent point garde de les ageancer en l’eftat mefme qu’ils edoient l’année precedente. Vray cd,quel'll y auoit quelqu’vn de ces vafes,aiant les rameaux tournez à la Bilc.lelquels fudentplus maigres que ceux qui font vers midy,ietrou ueroy bon alors de tourner la plante de l’autre part, d’autant que ces rameaux,par ce moyen,fecouruz du folcil, pourroyent clgalcr les autres en bcautc.Mais qui les voudroit porter loing,ou fur descheuaux, ou en charrette, il fault tellement accommoder leur racine aucedes drapeaux, ou paille liée aucc la terre,qu’elle ne (bit od'enccc,ny du vcnt,ny du lolcil aucunement: amp;nbsp;dés le loir que feront arrinées au lieu où Ion les portoiqqu’d les plante non feulement en terre bonne amp;nbsp;parfaitc,ains les faultlouuent arroufer fur le tard,felon que lancccffité fcmblera le requérir.
v i N c E N T.Puis que fu th laminent vous m’auez difeouru corne il fault amp;nbsp;culciucr amp;: gounerner les citronniers, amp;nbsp;autres fruits d’elpece fembla-ble en cede riuiere de Salo,ic vous prie me dire encor ce qu’ô doit oblct-\ nerenuers ceux que nous auons en nodrecité, amp;nbsp;autres lieux de ce pais amp;nbsp;contrée.
lEAN BAPTi STE.Onadecondumed’accoudrer ces arbres entro« manières,tant à Brede qu’aux villes amp;nbsp;villages voifins:les vus les plantet à midy fans iamais les oder de leur terre,d’autrcs dans les inuids,amp; autres les mettent en des vales de terre. Les premiers font tout itnti ailmex qu’on en vfc en la riuiere, les enfermans amp;nbsp;couurans dés l’Automne ,ann qu’ils ne gclcnt:puis les defeouurans au Printemps afin qu’ils verdoient amp;nbsp;dcuridcntamp; que les fruitsedans formez pni lient tendre à leur perfe-«dion.Lclqucls bien que n’aient pas l’air fi apropos que ceux de lariuiere, fi cd-cc,qu’cdans bien gardez ils deuiennent à la fin audi beaux, amp;nbsp;bons, amp;nbsp;tels que bien fouuent ils furpalfcnc ceux qu’on cultiuc es lieux ordonnez feulement pour ce reucnu,fauf les plus cxcellens des mefiragers, qui fc plaifcnt en la generofité de ces fruits.
Ce Pin fc Les féconds qui eultiuent ces arbres mettent en leurs pots, amp;nbsp;CalTes du apcile La- Pin noir,à caufe que c’ed vn bois fort dur ,amp; lequel rclidc à l’eau, qu’ils clouent à quatre trauerfiers de chadaignier à chafeune Cade, palfans de-my pied à chafeune plante,amp; ces pieces de bois font audi larges,amp; lôgues comme les arbres font grands,mais en fomme, la moindre n’a rien moins d’vn bras amp;nbsp;demy de long, amp;nbsp;peu moins de large. En ces aiz on ticntdc la terre menue amp;nbsp;trclgradê,mcdéc tous les ans de fiante bien cuite amp;nbsp;fai-fbnnéc longucmét,qui foie de pigcó,de poulaille,ou de cheuaux, ou bien de terroir dés efgouts amp;nbsp;cloaques : amp;nbsp;puis vers la fainéh Martin mettent toutcecy àcoimcrtfoubs les loges amp;nbsp;porches de leurs maifons, afin qles premieres gelées n’odencét point ces arbrcs,ou les fruitspendâs en iceux: neatmoinsfault edre foigneux,qu’ils ne toiéc priuez du lolcil d’ieclle lài-fommais vers la fainébe Katherine les faut mettre en des falcs,ou autres li-
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eux bien clos,amp; ferrez, amp;nbsp;y porter, fi le froid eft cxceffif,dcsbraifes, amp;nbsp;eu temps chault d’arroufer leur tcrte,fi elle en abefoin.Puis àlamy Mars on les remet àl’air, toutesfois fouGs leur couuerture, afin qu’ils iouïHcni des rays du lolcil: amp;nbsp;vu peu auant la fainét George, les fault mettre au foleil à defcouucrt,îcs artoufans toutes les fois qu’ils auront faulte d’humeur.Ne fault oublier au mois de Mars, en les mettant hors d’en öfter, amp;nbsp;couper les rameaux fupcrfluz,lcs defehauffans enuiron quatre doigts en terre ,y coupans toutes les racines qui y ferôt trounées autour de l’arbrc,afin que les autres qui font en bas foyent à leur aifc,lcfquelles tant plus font eftoi-gnécsdclafuperficic,tantlcs arbres deuicnnent puiflansà porter fruit. La troifiefme forte de petits atbres,qu’ó met dans des vafcs de terre pain-ie,font cultiuez auccplus grande induftric que les autrcs,lefquels donnée du plaifir,comme ceux, qui non feulement font beaux à voir fut les fene-ftics, ou murs, ains encor portent du fruit à mcrueilles, tellement qu’on voit des arbrilfeaux en ces vafes, qui ont plus grand nombre de beau fruit que de fueilles verdoyantes. N’eft-ce pas chofes merucillcufc, de voir vn pot non plus hault d’vue coudée,amp; large de demy pied au fonds, amp;nbsp;la dedans vn petit arbre planté n’ayant point plus d vne coudée de haulteur, qui foit neantmoins fi chargé de beaux citrons,quc chafeun le voyant,f’e-Ibahit comme il eft poftible que ces rameaux puiflent porter cefte charge fans que tout ne foit rompu,de mis en pièces?
y IN c EN T.C’eft là vrayemét que la nature fait cognoiftre quelles font fes forces és thofes vines, monftrant que tandis qu’vu de ces citronniers (quelque gtos qu’il foit)eft porté fie fouftenu du rameau duquel il prend i’humcur,neâtraoins ne l’accable point aucc fa pefanteumnais fi on le tire de fon lieu, amp;nbsp;qu’il foit rattaché auplcd du bafton qui le pottoit, foudain il plie, amp;nbsp;force tellement le rameau , qu’iceluy mouftre fouimpuiftauceà porter ce faix ainfi ejuauparauant il faifoit,auant qu ils fuflent dcluuis.
lEAN BAPTiSTE. IlucfaultiadouterqueVartaprcfqucparcillcfi-militude àlanature,que le finge Iciublc rapotter àl’hômc: de par ainfi n y a lâgue humaine qui peult racopter fon cftort, à caufe qu’il nous eft incô-prehcnfible,tandis q fommes eniielopez eu la prifon obteure de ce corps. Et pource fommes grandement obligez àDicu, qui nous fouftte d imiter vue partie des œuutes de cefte metutilleuic otiurierc, aueenoftre enten-demcntichofe qu’il nous doune ians aucun noftre merite.
VINCENT, le voudroy fçauoir h en ces vafes ou peult auffibien plan
ter fos Limonniers,amp; 0 tengers,comme les Citronniers.
lEAN BAPTISTE.Selonepuclcsarbtcs,foyentd’Ortges,Ciitons,ou Despots Liinôs,font petits,il fault aufo auoir les vafes de mefmc.aacc peu de terre de mais qui foit bié grafieidc en lieu,où la Bife ne puifle leur nu«e,amp; qui loit 1quot;quot;^,^’”^^ bien acré,à caufe qu’eu trois ans ils porterôt fruit,excepté l’Orégcr,à eau- ^^^^^^ fe deladutté de fon bois: mais qui vtult que ceftuy encor porte h uit bien loft,qu’il l’ente fur dcsCitronniets,ou pluftoft fur les pommiers d Adam, car ainfi ils porterôt de plus beau fruit que d’ordinaiic.Et pour maintenir
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long temps CCS fruits dans leurs vafes amp;nbsp;po ts de terre, il fault les en oftef tous les trois, ou quatre ans, amp;nbsp;enfemblejeur changer la terre à peu près de trois doigts du fond,en y mettant de bien menue, amp;nbsp;gra(rc:amp; par nief-me moyen à couper les bouts des rameaux, afin qu’ils le tiennent bas, amp;nbsp;cnfemblc tailler ceux qui feront fuperfluz,amp; de iong,amp; de traners.Durat lïfté,qu’on ne leur laill’e point anoir difette d’eau, ôc en Hyuerlcs arrou-fer legerement, car autrement ils feroyent en danger d’ertre gelez, par le pied amp;nbsp;racine.
v i N c E N T.Faites vous point differéce des rameaux à mettre encesva-ics,fils ont point défia fait racine ibubs tcrrc,ou qui auront efté choifis de quelque beau tronc d’arbre,amp; mis au baril,ou pot de terre?
P rf 1EAN B A P T i s T E.Etles vns,amp; les autresîbnt bonsà plantcnmaislc' fes amp;nbsp;etis choify du tronc, fera plus agreable à voir lors qu’il fera cnrichyde' maids ou fes fruits : Uçoic que celuy qui fera tiré de terre portera fruit dés l’année 15 plate les fiiy liante.
Orengers. nbsp;nbsp;v i N C E N T.Tout ainfi que vous m’auez apris les moyens de garderlé-
guement ces arbres és vafes de terre, ic voudroy audî fçauoir comme on les peult maintenir en bon chat és Caifes amp;nbsp;muids apteftez pour ce faire.’ lEAN BAPTIST E.Comme on voit que les racines font en trop d’abô-’ dance en la fuperficic, amp;nbsp;près des quatre parts des ais fufdits, ie dis qn an mois dcMars on leuc en hault la plante aucc des cordes hors de fon mmd, amp;nbsp;qu’on la tienne ainfi en hault,iufque à tant qu’vue partie de la ff''''‘^?“ eft autour des racines à demy pied pres,foit ofl:éc,faifans le nicf’^epatde foubs la racine, afin que remettas toute plante en fon lieu propre jC^uiayt de la terre gralfe au fonds,y foit mife dedans auec fa racine,amp;lors faultic-plir tout le muid,de treibonne terrc,d’autant que c’eft ainfi que les arbres rcieuniflcnt,amp;prennent force nouuclle, amp;nbsp;lors ils portent fruit abonda-ment, pourueu qu’on les taille en leur faifon,amp;que les plantes foyent tenues baffes deuëment amp;nbsp;en bonne forme.
v i N c E N T.Ce moyen de rcnouuellcr les plantes me plaift de tant plus, que i’en ay veu pluficurs eure vn fort long temps fins porter aucun huit: amp;nbsp;peniè que le tout aduiçntà caufe qu’il y a trop de racincs,lcfquclles cn-gloutiiTent l’humeur qui deuroit fc/pandre par toutes les plantes.
lEAN BAPTISTE. Enttc Ics gentils ciprits quifeplaifent à tenir ces arbres en bon ordrc,ic ne peux taire.MclI. lean Ange Rota,lcquel agcan-cefigentilcmeutics plantes dedans les pots amp;nbsp;vales de terre, qu’on n’y voit point vnc branche qui palfc l’autre: de forte que chafeun fen clbahit en ce que la naturfc/amp; l’art cnfemblc feftudient à monftrer ce qu’elles ont deforce. Outre ce qu’il n’afon pareil à mettreen point de vafes fcih-blablcs,ou font effigiées diuerfes lottes d’animaux faits de Bafilic, Marjo-lainc,Mirtc,amp; autres plantes femblables,quc chafeun contemple à caufe de leur rareté,amp; gcntillclfc.
v i N c E N t.QjjcI moyen obferuent ceux-cy,à faire queccsarbrillèaux font ordonnez en telle forte?
-ocr page 173-DB t'.AGRIC VLTVRE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l6^
iBAH B APTi sTE.Cesingcnieuxamp;fubtilseiptits^cntrclcsmoyens dcfquels ils vient non feulement retranchent-ils ou auec les mains, ou a-uec les forfettes les rameaux, fleurs, ou femences, amp;nbsp;fruits de ces plantes nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;f
qui font hors de leur ranc, ou qui font doubles, ou trop l’vn fouz l’autre, ams encoi voyans que l’arbrifleau ayc quelqueramcau plus petit,ou fiib-til que les autres, tournent le vaie vers le Soleil, afin que ccfluy-cy prenne force,amp; fengrolîlfcjamp;outrc ce qu’ils font foigneux de les arroufer faifon-nemenr,amp; auec eau qui foit ropo(ce,amp; meflee auec du fumier, ne failicht de les enfermer en h y uct de peur du froid,lcuT douant vue heure ou deux pouriour, iSc fur le mid y le Soleil, afin qu’il les fortifie, amp;enofte toute humidité. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. t
VINCENT. Puis queiufquesicy vous m’auezfatis-faitfvr tout ce que ie vous ay rcquis,reftc feulement à me dire les plus grandes vertus amp;nbsp;pro-prictez qu’ayent les Citrons,Limons,amp; Orenges.
lEAN BAPTIST E.Eftant fur le point de vous difcouiit de ces arbres, Gennllef-amp; de leurs fruits, ie vous diray en premier lieu, que le Citronnier eftant ^' du Ci-bien eultiué , non feulement eft toufrours chargé de fruit, comme celuy ^'°“quot;’“’ qui en a de meurs, de ceux qui meurilfent, de petis, amp;nbsp;trefpetis, qui vont toufioars en acctoiflantiains-cft cilcor bien fourny de fuciflage verdoyât. Par-ainfi ne fault f’eftonner files plus gentils cfprits de ce pars en ont de diucrfcsfortes(commei’ay dit)pourfy recréer les voyant, amp;nbsp;les eultiuât de leurs mains propres.Lailfant puis labcauté, amp;nbsp;bonté de ces fruits pre-
r I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;a du Citron
deux pour en auoir lumlammcnt parle, entre les prcrogatiues que natu- contre i^ reUement ils ont cefte-cy elf rrcf-excellentc, amp;nbsp;rare, qu’ils font propres venin, contre le venin non feulement le fruit mangé, ains encor la graine ; ainfi que Athenée racompte eftre aduenu de fon temps en Egypte. Dauantage qui vfe de la decoftion de ce fruit,amp; la tient en bouche, fait auoir bonne, amp;nbsp;douce haleineflc mangeant-enconfiture, efehaufle l’cftomach, amp;nbsp;leur fuc aigret eftaint l’humeur cholérique,amp; preferue de lapefte, fans que les Sirops dc^ médecins modernes vfent de leurs Sirops médicinaux pour amortir la 2‘“°“ ^* foifésfieurcspcftilentiales. Vous parlant encor de l’arbre naturel du Li- ^^j pgß.^. mon,amp;non de celuy qu’on ente fur le Citronnier,ie dis qu’il ne craint pas Icntiales. tant le froid que le Citronnier,amp;de mefme en font les fruits que naturel- Cecy eft lement il produit ; Icfquels outre que font vn peu aigres, amp;nbsp;d’vne faueur P^*^®^-“' plus piquante que les autres cfpcccs,fon fuc eft aufli plus froid, amp;nbsp;fcc,du- ^æf^o jj que’l on fait de bons firops aufli bien que de Citrons, pour eftaindre l’ar- i.chap. 151. deur de la cholcrc,amp; contre les heures pcftilétihles. Et l’eau d’iceux diftil- Pioprictcz léc en vn Alambic de verre, n’eft feulement bonne pour faire la face bel- du Limon. lc,amp;:polic aux feinmes,ains fert à öfter l’ordure de tous les lieux du corps, fans que donnée à boire aux enfans , occift les vers qu’ils ont dedans le corps. Refte à parler de l’Orenge, amp;nbsp;de fcs effaitsAc bois duquel (comme dit elf on voit eftre fi dur, qu’il refifte à tous les froids qui pcuuent aduc-nir en noftrecontrée, pourueu qu’il foità couuert, amp;non cxpoféàla Bife: mais en la riuicrc Salodianc, n’eft befoin d’en couurir aucun, à caufe
v iij
-ocr page 174-i66 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;SEPTIESMÉ lOVRNBE
Aufsi ne font-ils en Prouence, ny en la pleine de Roufsilló.
que la félicite de l’air leur eft fecourablc, amp;nbsp;quoy qu’il y nege dclTus, ß ne craignent-ils aucune ruine.Ces arbres produilent Icparcmcnt trois fortes de fruit,à fçauoir(ainfi que fay dit)de doux,d’aigrets, amp;nbsp;de faneur moycn-, nc:mais toutes les efpeces ont l’cfcorcc plus amcrc que tousles autres fruits des arbres fus-nommez;amp; laquelle eft parfaite en celle confer-ue qu’on fait à faire de bonne inouftarde,amp; autres chofes alfcz en vfage.Les doux fut chaults en toutes leurs partiesjesautres ont le iuft,amp; fuc froid félon plus, ou moins qu’ils ont d’aigreur en cux:amp; pour-ce les médecins de noftre temps donnent des aigres, amp;nbsp;non des doux, à iufteraifon àccux qui font malades de ficurechaulde. Nous deuiferons de
main de tout ce que bon vous femblcra, , VINCENT. Et ic ne failliray auffi de
venir à vous à l’heure accouftumée:
amp; pour-cc leuons nous amp;nbsp;allons chafeun à fes affaires.
^^F1N DE LA SEPTIESME I O v R N E E. '
HVITIESME lOVRNEE
DE L'AGRICVLTVRt D,E M.
AVGVSTIN GALLO,
STR
P Lf^SlEKKS CHOSES QJ^ON
RECVEILLE DE LA TERRE, QJ/I NK JontpourU nourriture des hommes, ny pafiuredes Animaux.
Ei’ourhuiticfinc nefutfitoftvenuque M. Vincent, n’allall à l’heure accouftumée trouuer Baptiftc A-nogadre,amp; le furprit fur la fin de fon difner loubs vnc belle treille, ouiliouiflbitdela frefcheur d’vn petit vent foef qui faifoit trcmblottcr les rameaux des arbres de fon beau iardin,faifantvndoyer les fleurs du pré voifin,amp; efbrâfler les fruits des Limons, amp;nbsp;Oré-gcrs qui eltoient le long du treillage, amp;nbsp;voicy, après ifeftre filucz,que 1 Auogadre regardant Magic, qui ne diloit rien,luy parla en celle fortc:Scig,Vincent,dequoy vous plaift-il que nous difeourons auiourd’huy,puis que les iournées palfécs nous les auons employées fur les chofes plus grandes,plus rarcs,amp; plus neceiraires,quife recueillent en tout le pais Brellàn.
VINGEN T.Sur ce point que vous aucz parlé,i’ay eu en penfee de m’enquérir de vous d’aucunes chofes qu’on tire de la tcrrc,lcfquellcs quoy que ne loyent pour le manger ny des hommes ,ny des beftes, portent néant-moins quelque prouflitmomme ie dcfire que vous me dilhez particulièrement du Chanurc, commençant au terroir qu’il luy fault pour le faire venir bcau,long,amp;: ayant bonne loye.
i EA N BAPTISTE. QuoY qu’aupaïsBreflan fen y recueille peu, à co-paraifon du terroir Boloignois,ôe autres terres Lobardes, fi trouucroy-ic bon qu’on en y femaft en plus grade quotité:amp; raefme par ceux qui n’ont terroir propre pour le lin,ny eau pour les baigner,qui ncantmoins ont les c5„efa„t champs bien gras,amp; de bon maniémét:àcaulè qu’on voit combien font feiner le ncccllaires ces choies au païs,où elles croilfent bien fans qu’il faille les ar- Chanuie.,
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rotifer. Gchiy done qui aura trouue Ic terroir à fon gré pour yfetnetdu chencuy qu’il faire ure, que tan t plus il cótinucra d’an en an d’en feiner en vu mefme licu(pouiucu qu’il foir engreflede bon ficus, amp;nbsp;bien menu) de tantfon champ deuiendra meilleur pour en produire en plus grade quantité. Par ainfi fault rompre ce champ auant que l’hiuer furuienne,afin que la terre foit mcurc,amp; làifonndc par la gelée : Si lartuicr pafle,dc rechef on y donne vue façon,amp; que la terre foit bien hcrfcc,amp; la dernière fcpmainc de Mars,qu’on laboure le champ,bié fumé,pour la troihefme fois, amp;nbsp;que la (emeftee y foit clpanduc,amp; herfcc,fans le couurir que bien à point.
Neantmoins vault-il mieux faire comme aucuns, quiayans enladittc frifon bien fumé leur champ,le befehent tout,puis le fement, amp;nbsp;raftclcnt de telle fortc,quc toute la femence eft incorporée auec la tcrrc:puis voyas quelctcmpsfcdilpofeàpluye,fôudalnyicttentdu fiens de Colomb par deflus, comme Ec’eftoit autant de fcmcncçJcquclf’incorporant apres la pluycaueclc terroir, fait fortir le chanure le plus beau, amp;nbsp;en plus grand quantité qu’on fçaifroit fouhaiter,amp; ceux qui n’ont fiente de pigeon,ayas rompu la terre iadis femée de celle femence, à la fin de luillct la rompent de rechef,afin qu’elle foit cuitte du Soleil:puis l’ayans bien amendée, y fement des febuesen Odobre, lefquellcs eftans grandclettes au mois de Mars,ils renuerfent auec le foc ou pluftoft auccla houe, comme citant de plus grand prouffit.
v i N c E N T.Combicn faut-il de femence pour demy arpent? -lEAN BAPTIST E.Ccluy qui a le champ gras,amp; de terrepaff^*®^’”*^. fault qu’en y mette plus de quatre quarts,à caufc que la femenceproduira rarement les pieds du Chanurc amp;nbsp;fi gros,amp; grid de iambe, qu’ilforp^' raplusdcvmgt amp;nbsp;cinq hures de chanurc bienfait : mais à caufc qniH^'^^ vu peu grolficr,il ne feruira guère qu’à faire des toiles grollcs, ou des cordes fines,ou filet à coudre amp;nbsp;fort fubtil.
Vray elt,que qui aura le champ moyennement gras, amp;nbsp;pluftoft vn peu--mouillé que fort y pourra mettre plus de Icmcnce qui foit belle, d’autant que le Chanurc naillant clpais fcraplus menu deiambe, amp;nbsp;moinshaulti que le prcccdcnt:duquel non fculcmct ôn pourra faire des toiles groffes, pourfairclàcs,tcntcs,y,Qiles,amp;rctsà pcfchcr:(à caufe que ceux delin durent moins dans l’eau) mais choifilîàns les plus fubtilcs iambes, on en fera de bonnes toiles pour faire des licculs,chcmifcs, amp;nbsp;autres choies feruans aumefnage. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,,
VINCENT. Nctrouucz-vouspasbondebcfcherlc Chanurc, encor qu’on ne befelve point le Lin?
l E A N B A p T1 S TE.Lors qu’il nait rarement, on le pcult beftherauee les befchcs,dcfqucllcsonyfeàbefchcrlcs legumes,le millet, de Icfrou-mct,pourucu(commc fay dit)qu’ils ne foyt lemé clpailTcment en terrc,amp;; afin qu’il croifle amp;nbsp;devienne fubtil, on lebèfche auec des pics n’ayans que ^ deux ou trois doigts dclarge,amp; de l’autre collé deux pointes aiguës,amp; 10- j gués d’vu doigt, d’autant q fouuét peut aduenir qu’on arrache autciccux des
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des Iicrbcs,amp; aiicc les mains mefmes fans dommagcr à la plante.
VINCENT. Qn^cft-cc qu’on y fait après qu’il a efté bien belebe?
lEAN BAPTIST E .Oiî n’y fait autre façon,iufqucs à tant qu’il ITC blan-chift point,car tant plus y a de pieds qui ne deuiennent blancs, autant en fault il arracher, ou pluftoft couper bien près de terre ( ainfi qu’on fait es pais,où il en croill abondance) toutes celles plantes qui font fans femen-ce qui les femelles portent,amp; non les malles. Lcfqucllcs iambes on lailfc pour quinze ou vingt iours , iufques à tant que la femence elf meute, amp;nbsp;puis on en ofte tous les bouts pleins de la graine, qu’on met lut des draps au foleil,amp; eftans bien fees, on en tire la femence, les frottant bien entre les mains, puis les criblant dans vn crible menu, oftant la graine de fon cfcolfe,amp; la gardent iufques au temps qu’il la faille ferner.
VINCENT. Dequoy fe peult-on feruir des pieds qui font trop meurs?
i E AN B A PT 1ST E.Bien quc nos païfans en retirent quelque peud’e-ftoiipefortgrolfe pourfairedes cordesdepeu de valeur, fieft-ce qu’es lieux où lon en recueille en abondance, on cuit le pain aucc cefte forte de chanurc trop meure,à caufe qu’elle brulle trelbien.
VINCENT. Pourfuiuez à me racompter comme lon fe gouuerne aux pieds qui ne portét point grainc,aprcs qu’on les a coupcz,amp;mis en trouf-feaux fort petits.
. 1EAN BAPTISTE. Ou met CCS ttouflcaux en l’eau qui foit peu cou- côfidcra-rantc,où ils foyent baignez trelbien par 1’efpace de fix,fcpt, ou huit iours, tiens pour qu’il leur faut pour les bien amp;nbsp;dcuémét amollir,amp; adoucir,car il y a gran- arroufet le de difteréce à vue caue crue,ou douce,ou du chanure cueilly dur, ou mol, chanurc. ou du temps tardif,ou làifonnc,ou fil fait grande chaleur ou tempcrée,ou fl le ceps eft pluuicux:amp; par ainfi on ne pcùlt determiner au vray le nombre des iours qu’il faut que le chaurc foit en l’eau, mais l’y fault lailfer iniques à tât que les pieds lailTent quelque peu leur cfcorcc:amp; c’eft lots qu’il les fault tirer hors,amp; les faire fechcr au folcil,puis quand bon leur fcmble on les bat lur vn bout de poulttc auec vn batoücr,puis onlcs braie,amp; rôp Mafehoite plus menuement aucc les malchoucres.Cccy fait on entortille le chanure eft ceft in-à plufietirs doubles en vne cheuille de bois qui foit bien forte, amp;nbsp;là on le ftrumetfut tire amp;nbsp;rompt tellement que l’efcorcc en fort fi bien qu’il ne fault plus que ''^quot;^^^ la palier par le fcran,cfpais ou menu,lclon qu’on le veult pour le mettre à jj^jurc nô la quenoiUe pour filer. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;encor batu
V iN e EN T,Dequelchanurc vfelon pourfairclcscordes, amp;nbsp;mefmes les plus grolfcsî
1E A N BAPTIST E.Non feulement prend on les eftoupes moyennes, amp;nbsp;les plus groffes que le chanurc produit aircz,ains encor celle mefehâte eftoupc qui eft,amp; fe tient à refcorce,amp; mefme quand on le rópt,amp; eftefte propriété dés le commenccmét fur le fcr,ou fur la cheuille de bois fufdicc.Lc chenc- du chiure, uy ,ou graine de chanure donnée à mâger, ou boire à l’homme luy fait re-foudre les ventofitcz;amp; fi la volaille en vfc,amp; fur tout les poules, elles feront des œufs tout le long de l’Hyucr, quand les autres n’en font point,.
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KTITIESME lOVRNEÏ
cinpcfchccs de l’cxccz de la froidure.
Chardons à foulon: en Friuli-dicsGarzy.
VINCENT. N’eftimez-vous point que ce ne foit vn grand prouSît de ferner des chardons à foulon?
lEAN BAPTISTE. C’eft fans doute qui les femeroit à propos en terroir qui leur fut propre,amp; feroiét cultiuez comme il fault,qu’eu deux ans on en tircroit autant de prouffit amp;nbsp;plus qu’à ferner du froumcnc,ou autre grain quelque ce foit.
V i N c E N T.Mais quel terroir leur fault-il,afîn qu’ils croilfent en abondance?
Iean BAPTIST E.Ccluy leur eft meilleur qui eft vn peu plus mol que dur, leger, que fort, gras que maigre, amp;nbsp;net plu ft oft que falc, où il n’aye picrrcs,ny glairc,amp; qui aum ne foit point marefeageux.
V i Nc E N T.Commcfault-ilferner ces chardons, amp;nbsp;les gouuerneriuf ques à la fin?
Comme fault culti-uer les chardons à foulon.
Iean BAPTISTE. On rompt en premier lieu aiiant que l’Hyucf vicne la terre auec le foc,afin que le froid la cuifc,amp; faifonne,amp; puis furie mois de Fcurieronluy donne vnc autre façon ,amp; eft hetiee trcfdiligem-ment.
Et lors que fur la fin de Mars on les veult fcmcr,ou fur le commenecmée d’Auril(ayant premièrement bieft fume le terroir ) on le laboure Si heik, (mis y feme Ion les chardons le plus rarement qu’on pcult, puis fon rafte-cz auec des raftcaux de fer afin de les faire entrer en terre. Mais ferait mieux fait,fi en lieu de leur donner trois façons auec la ch3.rrné,àe les bic fumer, amp;nbsp;holier tour foudainauant la furuenuederHyucr, oubienl^ que voudrez les mettre en terre,amp;puislcs raftcller,comme dit eft: n oubliant point au commencement de May de les nettoyer, amp;nbsp;farder de vos mains propres,amp; cnluin,ouluillct les belcher encor fil eneftbefoin. * ' Et auant la làinâ: Michel en Septembre on les arrache auec lahoüe,amp;en oftant les teftes,on les replante encor en terre bien nette amp;nbsp;cultiucc,com-me il fault auec des petits pieds de bois loing l’vn de l’autre d’enuiro pied amp;nbsp;demy. Et fault mettre la racine toute dedans les trouz de pied en pied (laquelle eft tout ainfi que celle d’vn reffort ) foulans par deflus deueinct la terre. Dauantage les fault holier cftans aflîs en leur lieu, amp;nbsp;lors qu’ils commencent poindre, Ôc germer, amp;nbsp;encor en Mars, Auril Ôc May, fil eft bcfoin,cat c’eft grand prouffit pour la plante, pourueu que ce ne (oit lors que les chardons commencent à pouller.Et n’y fault faire autre cas, fors que lors que font fortis,il en fault couper ceux qui font carrez amp;nbsp;inutiles, afin que l’humeur de la terre aide amp;nbsp;prouffîte à ceux qui font bons, amp;nbsp;de feruice. Et d’autant que fur leur fleur ils commencent à fleurir des le haultdelatefte,iufqucs à ce que tout foit fleury, la fleur eftant cheute les fault couper le foir,ou le matin ayans demy pied de long, les mettans dix ou douze en vn faiffeau cnfcmblc, les pcndans feparez Icsvns des autres à l’ombre, ou au vent, amp;nbsp;non point au foleil, ny en lieu humide: obfcruanscecy de iouràautre,dufqucsà tant que tousles bons feront
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recueillis. Mais où grande quantité fen recueille les fault mettre en de grandes corbeilles, amp;nbsp;les porter en la maifon, les eftendans en lieu cou-ueit,non cntallez,amp; coupez d’vn demy pied fculcmcnt.Et pofcz ainfi par quelques iouts,fault choifir(mais que ce foycni bornes qui l’y entendent) ceux qui font bons à carder bonnets,amp; les autres qui feruent feulement pour les draps,car les premiers valent mieux quatre amp;nbsp;cinqfois, que les derniers.Les laboureurs experts en ceft art femét les chardons de la meilleure femence qu’ils puiffent choifir (eftant cccy fort à confidcrcr en toute forte de feméce) amp;en bonne terre,mettans demy once de graine à chaf-cun carreau de terre.Et à ccux-cy ils ne font autre cas,quoy qu’ils naillcnc cfpais,quc les nettoyer forment : amp;nbsp;ayans recueilly ceux qui flcurilTent la ÎTcmicre année, lailTcnt venir les autres pour les cueillir l’année enfumât, ors qu’ils feront en fleur. Et les ayant cueillis,les mettent fur le midy au foleil,les tournans deux ou trois fois, puis les attachent à troufleaux deux à deux,amp; les mettent fut vnc pcrchc,tout ainfi que les efttiers pendét des deux codez d’vne felle,amp; en Ucu fcc, où le vent pénétre, les laiflant là iuf-qucs à ce qu’ils les choifi lient fàla manière fufditc)pour les vendre. Bien cft vray qu’il y en a d’autres, qui en lieu fcrablablc mettent ces chardons fur des clayes faites à propos,les mettans en pied,Si la tefte en hault, afin que les efplnes ne fc gaftent en forte quelconque.Et lots qu’ils les veulent porter à vendre, ils les mettent à troufleaux bien grands, ayans deux coudées amp;nbsp;dauantage de long,amp;vne en rond autour d’vnbafton,lc pied eftât par dedans,amp; les efpines dehors,afin que ne fc gaftcnt,amp;ainfi commodément ils en portent deux fais fur les eipaulcs, tout ainfi que fic’cftoyent deux féaux d’eau fur vne courge.
VINCENT, le vous prie que me faites ce bien de parler encor, comme fault lemer le guede ou P aftel,quelle terre cft-cc qu il demande, amp;nbsp;comme on le Cerne,amp; en quel temps.
lEAN BAPTIST E.Toutc forte dc Guede fe plaift plus de la terre forte Du Guede amp;nbsp;charnue que dc la mediocre,amp; moins ay me il celle q eft legete.Depuis ou Paftcl. on le feme en ce pais la dernière fepmamc dc Fcui ier, ou bien la première de Mars ; mais il ne vient ia 1'1 beau es terres labourées, côme fait és autres pais, oùlon le feme en celles qui lont tepofées, amp;nbsp;ont cfté trois ou quatre ans en friche;amp; ainfi le fault ferner cs prez femez dc treffle, qui ayent efté deux ans au parauant préez, ainfi qu’auCfi on y lerne Ic lin, amp;nbsp;fur Iclqucls ne fault pallet Ic foc,iulqucs à tant qu’on y vu cille lemer le Guede.
V iN CENT.Eftesvousd’aduis dc fumer celle terre,auant qu’y paffer le Coc,pour mettre puis apres aueciccluy le fiens foubs terre?
lEAN BAPTIST E.Silc mois dc Feurier precedent ce champ a efté fumé,on le peult labourer,fit lemer le Guede, neantmoins qui luy dóneroit dc quelque autre fiens qui fut bon,^ fiais,la plante en viédroit mieux, amp;nbsp;(croit plusbcUe.Eniât que comme le Paftcl dc loy emmaigrifle vnc terre, ceux-là font grands fols,qui non feulement le lement en terre maigre, ou toufiours il croift pcu,amp;.qui ne vault guère,ains qui pis cft,cfpident celle
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Ui
Moyfd’ac-couftrcr le jGucdc, OU Paftel.
femcncc cn terre qui ne luy eft point propre.
v i N c E N T.Combicn vous fcmblc il que fault de femence au demy at-pent.
lEAN BAPTIST E. Après qu’on a helfe la fcmêce, tant qu’elle fait hic couucrte,amp; bien incorporée aucc la terre,fes iainbes amp;nbsp;plantes ayat leurs fueillcs haultes de deux,ou trois doigts,fault les befeher pour la première fois, amp;nbsp;faire le me fine la premiere fepmaine d’Auril, ou pluftoft, amp;nbsp;plus tard félon que le temps le fera porté ou beau,ou pluuicux;puis eftâs cueillies les fueillcs,depuis le quinziefme deMay on belchera les mefmes pieds pour la troificfmc fois, ou les racines dcfpouillces dcfdites fueillcs : amp;nbsp;en vfans de mefine les fucillcs recueillies que feront cn luillet, Aouft, amp;nbsp;Sc-ptembrc:tcllement que tout ainfi que cinq fois on recueille les fueillcs de pied cn pied,ainfi les fault befeher autant de fois aufti toft que la cueillette cn fera faite : amp;nbsp;ce befeher fc fait ordinairement par fcpt lois, à fçaiioir, ces cinq ia dites, amp;nbsp;les deux premières auant qu’on recueille les fueillcs pourfairele Guede.
v i N c E N T.QiVeft-ce qu’il fault faire,afin queces herbes fc recueillent pour auoir du Guede parlait.
lEAN BAPTIST E.Lc labourcurpratique cn cecy, corne il verra qud les fueillcs commencent à prendre couleur autour, amp;nbsp;non au milieu, les prend de plante en plante aucc la main, amp;nbsp;les romp tellement iufquesàla racine,qu’il femble qu’on les ayt coupées aucc vne faucille, amp;nbsp;les merp^r ordreàrombrc,afin que le foleil ne leur porte dômage:puis les niecioubs la meule tirée d’vn chcual,laquelle tourne dedans vn vafc vnptuplusUV gc que le tour qu’elle pcult faire en rouant autour, amp;nbsp;prclfée qu eft W^^^ celle partie qui pculr audit vafc,on fait arrefter le chenal, amp;nbsp;retourne Ibn les fucillcs preflées tellcmét d’vn cofté, que le fuc qui cn eft forty,tire vers la part qui eft la plus bafte au milieu, lequel cftant mis hors, amp;nbsp;le fonds bien clluyé, on remet les fueillcs encor foubs la meule pour les prefter, ce qui cftant fait, on les réduit en pelotes pelant chafeune vingt ou vingt-quatre onces, Icfquelles léchées au foleil, ou au four 11 le temps eft plu-uieux,on les met au grenier, iufques à la làinâ: Martin, qu’on les prelfc J mur la dernière fois:amp; puis de cefte poudre on fait vn tas aufli hault que e Guede a de quantité,lequel comme comméce fcfchauftcr,aplanit tout Ic tas:mais le tournant fault mettre de l’eau delfus, iufques à tant que fuf-fifamment il foit abrcuué, car comme le trop d’eau le noyé, le peu auffi le fait brullé:puis on I’cntaffc non cn hault,ains en longueur,amp;ainli deiour à l’autre on ne fault point de le remuer iulques à tant qu’il fc refroidit: amp;nbsp;puis Ic remue encor tous les quatre iours,ou de llx cn lix, iulques à ce que du tout il foit refroidy. Et cecy fc fait aucc grand diligence, car 11 on y iai-foit faulte, le Guedeiecuiroit cnfemblc, amp;nbsp;ne vauldroitchofe quelconque. Lequel cftant affine ainfi qu’il conuient on Ic lailfe cn lieu froid, amp;nbsp;bien pané iufques à ce qu’on Ic vend, amp;nbsp;ainfi tant plus il eft amoncelle 15-guemcnr,tantplus fafhne amp;nbsp;deuientmeilleur.
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Vincent. Comment fe gouuerne Ion pour en tirer tant de femcncc ^ju’il en fault(comme vous ditcs)à vn demy arpent?
IEAN BAPTIST E.Mettons Ic cas que le champ aytvnarpcnt,amp; que le guede eftât cueilly ordinairement au mois de Scptcmbrc,on y ferne du fromcntimais en voulant laitier pour fcmcce,il ne paffe point la quatrief-me ou cinquiefme partie,pour la recueillir, puis apres au mois de May ou de luing fuinant: laquelle eftant coupée, on porte en l’aire au Soleil bien battue,amp;vétce,amp; vcnnée,cll portée au grenier pour la ferner en fon téps. Au refte la guede eft de grand valeur,non fculcmct pour taindre les draps ^^ guede. noirs,^d’autre coulcur,ains encor les fucillcs mifes en emplaftrc font rc-folution des apoftumes, amp;nbsp;confolident les playes faites frefehement eftâ-chent le flux de fang, gueriffent le feu fauuage, amp;nbsp;les vlccrcs qui courent par tout le corps.
VINCENT. Puis que vous m’auez monftré comme il fe fault gouucr-net enuers lcPaftcl,ie defire fçauoir cncor,qu’cft-ce qu’on doit faire pour ferner,amp; cueillir la garance, que i’ay entendu effre de plus grand prouftit que le gucde,de moindre frais,amp; peine à la cultiucr.
IEAN BAPTISTE. Cela cft 11011 feulement Véritable, ains cncor cl- De la gale vient amp;nbsp;croift en tout terroir bon, Se fain ; bien eft vray que tant plus il rance. Se eft bon, amp;nbsp;non fort,ou trop léger, de tant plus d’an en an en y croift il en 5°™quot;?' ’' abondance iufques à tant qu’on arrache les racines. On employe autant de greine qu’à ferner le chanure par arpent, amp;nbsp;cecy au mois de Mars, amp;nbsp;fur des coftaux bien amendez, amp;nbsp;fumez, amp;nbsp;quiayent eu trois où quatre^ gt;nbsp;façons aucc la charrue, maisic feroy d’aduis quepluftoft on Ics hoiiâft que labourer , ou pluftoft criucllées: car combien que le cribler là terre S foit plus long temps à le faire, amp;nbsp;de plus grand couft, fi cft-ce (prefupo-fé que cefte cy eft la perfedion du labourage^ on en deuroit cribler vn arpent, ou demy, eu cfgard au grand prouftit qui f en tire. Ainh la femcncc eftant mife en terre, amp;nbsp;en icelle incorporée auedaherfe, amp;nbsp;rafteaux, il ne fault que la tenir nette des herbes nuifiblcs iufques au temps qu’il fauldra cueillir la garance en Septembre pour en auoir la femence ; amp;nbsp;a-prcs ce fault couurit les racines de pied en pied mettans deux doigts de terre fur chafeune prife fur les filions principaux , afin que la gelée ne les offence. Se que les racines cngrofiffcnt, amp;nbsp;l’année enfuyuant, comme les autres rameaux feront coupez en Septembre, Se la femence recueillie, fauldra couurit le pied vers la fainét Martin à la façonfufditei amp;ainficn vfe Ion tous ans, iufques à tant qu’on vient arracher les racines pour faire la garance.
VINCENT. Combien d’années fault- il couurir ces plantes, ou racines pour les rendre parfaites?
1EAN BAPTISTE, ll y Cil a d’aucuns qui ayans le premier an coupé les rameaux amp;nbsp;tccueiUy la graine, amp;nbsp;encor àla faméf Martin recouuertes les racines, l’an apres, faifans le fcmblablc des rameaux, amp;nbsp;cueillans la fc-raence, arracher auflilcs racines qu’ils font fccher au Soleil, puis les vou-
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lans moudre ou prefler, les font encor fcchcr en vu four grâ(i,amp; fait tout propos, puis les preflent foubs la meule incfine ou ils eipraignentU Guedc, amp;ccfte-cyeft la fine garance. Mais la plus part deceuxquife mcflcntdccccy, amp;nbsp;qui veulent tirer plus de prouffit de leur terre, ne fe contentent feulement de quatre , ou fix ans de recueillir la femence, amp;:rccouurir toufiours les racines, amp;nbsp;cœur du piedauecla terre,ainsv-fent de ce menagcmenr,amp; huit, amp;nbsp;dix ans, voire vont iufquesàladou-zicfine année : ayans pratique cccy, que tant plus longuement ils tardent à cueillir les racines,rint plus grand quantité ont-ils de garâce commune tous les ans, amp;nbsp;qui eft plus fine que fils les artachoyent ainfi moins (ài* fonnément.
v i N c E N T. En quel temps arraché-ion ces racines?
lEAN BAPTISTE. La dcmicrc année eftant la graine tecueillicâU mois de Scptcmbrc,on arrache auec la houe, ou pic toutes les racines qui ont efte fouterrécs,lcfqucllcs miles à fcchcr au Soleil,amp; nettoyées tat que la terre en foit oftéc,on les porte puis (quand on veult) aux fours bié nets, amp;nbsp;efehauffez où eftans bié fechées,depuis moulues,amp; brifécs fous lapier-rc,on crible la pouldrc meilleure,amp; plus fine des efcorces:amp; de rcchcfl« meulcnt,y mellans de cefte pouldrc moulue grollemcnt auec les racines de dix-huit mois, amp;nbsp;apellcntcecy la garance terfanine: amp;nbsp;lcreftclafinc laquelle auffi cft meilleure, amp;nbsp;plus belle comme plus longuemcntlcsra-eines ont demeuré fouz terre.
v i N c E N T.Combicn peult valoir le milicr de l’vne, amp;nbsp;l'autre lotte de garance?
lEAN BAPTISTE.Ccllcquiefttcrfamiucamp;groflicre,fevend40-^ 45.efcus le inilier, mais la plus fine (dite pergoline) eft au pris de foixante efeus.
v i N c E N T.Et combien penfez-vous qu’on pourroit tirer d’efeus tous les ans d’vn demy arpent de terre auec cefte femence?
lEAN BAPTISTE.le ne fçauroy en dire le pris certain : entant q non fculcméc vn tcrroir(bicn qu’il loit bon) cft pour en porter plus ou moins qii’vn autrc,ains encor fe cire le prouHit,ou l’enfuit le dommage à cueillit les racines ou pluftoft ou plus tard:toutesfois confiderant que la feule fc-inencc tous les ans eft de plus grâd reuenu que fi on y femoie du froumét, ic penfe qu’en fix ans on en tireroit pour demy arpent, loit de femence ou des garances finc,amp; moycnnc,la valeur de cent elcus.
Châ/cun pays a (bu ïnclinatió à quelque cas parti-calier.
v i N t E N T.Eftant cefte forte de labeur de peu de trauail,pcu de frais,amp; de grâd prouffit,pourquoy eft-cc qu’on n’en feme en ce pais,qui cft allez commode pour en produire fuffifamment ou pourquoy, ceux qui n’en recueillent quere n’en fement en plus grande quantité?
IEAN BAPTIST E.I1 y a dcux railous : l’vne que chafeun pais a fes inclinations à faire porter à fes terres aucunes chofes de bon rcuenu,efqucl-Ics les autres ne fe piaifent point, linfi qu’ôvoit des foycs infinics,qu’ô tire des Meuriers au Friuli, Marche Treuigiane, au terroir Padouade au Vice-
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ùn,Vefonois,amp; Polcfan:amp; toutcsfoislcs BvefTanSjBergamafques secte-marques en rccueillét peu à comparaifon des fus-nommez.L’autre occa-fion pour laquelle on n’en feme grand quantité eft, à caufe qu’on ne pcult longuement tenir les hommes qui meulent, amp;nbsp;puluerifcnt la garance, à caufe que celle poudre eft fi fubtile,amp; de naturel amp;nbsp;force fi pcnctrâte,quc foudiin elle prend le nez de chafcun,amp; l’enuenime, fi qu’en peu d’années elle fait mourrir plufieurs.Par ainfi ne fault f’eftóner ft on en ferne en peu de lieux,puis qu’il vault mieux garder fa fanté amp;nbsp;gaigner moins, que faire grand prouffit,perdant amp;nbsp;fantc,amp; vie.
Pouldrc de la garance dâgeceufe.
v i N c E N T.Éft-il ho de rclTemer encor ccfte graine,au lieu mefmc d'où Ion a arraché les racines?
lEAN BAPTISTE. A caufe qu viî tel champ fe trouue gras fur tout autre alors que les racines en font oftées, les bons laboureurs y fement deux, ou trois ans de fuite,du frouraent, à caufe qu’il y vient beau abondamment, amp;nbsp;puis fement la fus-ditte femence au printemps en vne autre lieu, afin que la terre foicgre[rée,amp; mcliorée,5c laquelle on peut dire que ferepofe lors que la racine ne fait que produire les rameaux de la femen-cc,amp; qu encor les fucillcs qui tombent luy feruent d’autant de nourriture.
VINCENT. En quelle forte fe ferne, ou plante le Tan qu’achètent les tainturiers pour taindre leurs draps, amp;les conroyeursà contoyer leurs peaux,amp; cuirs?
lEAN BAPTISTE. Ccfte plante ne fe ferne point à caufe que ne porte femence qui foit devalcur,mais on plante les lettons aucc leurs racines,amp; afin qu’ils en produiffent abondammcnt,onlcs prouignc,amp;: font remuez de pied en pied fouz terrc,ainfi qu ô en vfe aux Meuriers, ainft que i'ay dit cy deuant:amp; le printemps,après on les oftc,amp; plante de pied à autre chacun à part,amp; aucc fcs racines,8c eftoignez vn bô couldc loingl’vn de l’autre,8c autât en traucrs,afin que puiffent croiftrc,ôc croisant eftre befehez fcparémcnt,amp; remplis de terre autour aucc la hoüc auant que face froid, fie puis les dcfchaultcr au temps doux.
v i N c E N T.Que fait-on ces troncs cftans defeouuers?
lEAN BAPTISTE. Ricn olus faufqu’au commencement à’ Aouft on coupe toutes les braches qui font en bas (fauf de ceux quoprouigne pour plantcr(commc dit eft) 8c autant qu’on en coupe ,lcs fault lier en vn fais autant qu’en pourroit cnla maimpuis les porter en l’aire, 8c laïcs couper ft menuemet que fueillc,ramcau,ny branche n’y demeure ayât la grofleur d’vn doigt,ou longueur d’vne oliuc. Cecy fait,lcsfaut eftendre au Soleil, fie les remuer fouuét tous les iours aucc vn rafteau iufques a tat que fuient bien fees,puis les mettant en des facs, les porte-ion au grenier, ou autres lieux,les y laiffant iufques à ce qu’il les fault vendre.
VIN c EN T.Combien ce vcndccTanàlaliure?
lEAN BAPTIST E.S’ll eft accouftré comme il fault les marchads l’achètent fept ou huit fois la liurc: ôe fil eft plâté en bon terroir,ft ne dure-il
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gucre log temps en terre,fi eft-il qu’on en tire à raifon de 2 j.Iiurcs des no-lires de reuenu de demy arpent pour anncc,amp; cecy vient lans y faire grâd frais en femence,ou autre chofe d’importance,faut'que de befeher en Au-tonnc,amp; Printemps,amp; à le couper amp;nbsp;battre eftant fec,iulqucs à ce que les fucillcs en foicnt 0 ftees.
De raibrc à Tan.
V i N c E N T.Ic penfe que fi celle plante cHoit mife es iicu.'c où Ion feme le lin,qu’clle ne fera fi prouffitable que les lins.
lEAN BAPTISTE. Vous aucz raifon de le dire, fi fon naturel portoit qu’on le plantait en tel rerroir:maiï d amant que celle plante vient aiifli bien en terre pallàblement bonne, on la mer en ce païs au terroir le plus foible,lcqucl en autre chofe peult dire ne fçauroit faire l’aport d’vn cfen de prouflit pour an en demy arpent; amp;nbsp;ainfi confiderât qu’il n’y fault faire delpcnce.ny d’hommes,ny d’argent pour l’arroufer, ic fuis d’aduis qu’en ces terroirs foibles,on en y plante tant qu’il fera poflîblc d’autant que ces champs prouffitét plus que qui y mettroit du bled ou legumes., ioint que toufiours on a l’argent au poing,amp; qu’auHi on y’pcult planter des vignes cnfcrnble,à caufe que leur ombre ne leur pcult dire preiudiciable.
V i N c E N T,Vousn’aucz rien dit touchant le fumer, ou amender celle plante.
I E A N BA p T i s T E. Ic feray toufiours d’aduis qu’on fume la terre ains que plater les rameaux,amp; deux ans après en chaulîànt le pied, ie voudroy qu’on y mdt vn peu de ficus bié mcnu:bicn ell vray,quc pour faircmods de frais, fcroit bon d’y mettre delà poulficre recueillie parles chemins, çomme fouuent i’ay dit,qu’on en vfe durant les chaleurs en Ed«,^ autant que l’Hyucr paH'é,ces plantes en feroyent plus gaillardes.
De la mai-iolainc.
VINCENT. Allez-vous cognoilïàncc de la Mariolainc, qu’on feme au Milannois,laquelle ainfi que i ay entendu,rend grâd reuenu, à caufe de fa graine,qu’on veut en quantité aux marchands qui l’cnuoyét en Flandres, de Allcmagncî
i E A N B A p T. l’en ay veil de fort belle auprès de Milan:ncantmoins fi le terroir ne luy dl à propos,ellc ne porte gucre de fruit, outre qu’c lie ell fi délicate,que La moindre nege qui luy dônc ddfus, ou autre temps mau-uais,taridis qu’elle eft en flcur,cllcdlfans femenee ny fruit quelconque.. ’Mais dlât en bon terroir,amp; aiant le tépsà lbuhait,lçachcz qu’il n’y a chofe entout le terroir fufdit,quileur foit tant prouffitable, vcu qu’on a her-fer à perches,car ainfi apellcnt-ils leurs meuires:mais à caufe qu’ordinai-rement y furuient des neges elles dlât en Hcur,nc faut fdbahirfi fouuent «elle faut,cómc elle fait,à porter. Ainfi ie penfe qu’elle prouffiteroit mieux en ce pais pour n’dlre tant fuiet au froid,amp; neges, q le terroir Milannois.
v i Nc E N T. Quelle terre vous Icmble que requiercdle'planteî
IEAN BAPTISTE. Sans doute le terroir qui eftoit vnpeu mollet, amp;nbsp;fans pierres luy dl agréable, amp;nbsp;ainfi nc feroir mal apropos de la planter,, ou Ion feme les lins,amp; oùils deuiennent trdbeaux.
v i.N c E N T.Côment fault accouflrcr ces tt'rroirs,combiéy faultdcfc-
mence.
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menée à demy arpent,Ce en quel temps dcj’annec la faultfemerî
itAN BAPTISTE. La tcicc cftaiit bonne, fault la rompre aucc le foc auat rHyuer,afin que la gelée la cuifeamp; faifonnç:puis la rompre de rechef vers la famd Antoine en lanuier, amp;nbsp;rayât fumée aucc du fiens vieux, mc-nu,amp; tourné fous terre à tout le foc,faudra ietter deffus vnc liurc de graine pour perche, au commencement de Mars, ceft quatre ou cinq hures pour iornau,ou demy arpcnt,auec laquelle fault y mefler autant dé fable, afin que mieux elle foit departiem’eft pourtant befoin d’oublier à larafte-lertrcfbicn, afin que l’incorpore aucc la terre, llcftvray quevauldroit mieux hoher celle terre depuis la funél Martin l’ayant bien fumée au par-auant,amp; n’y faire autre cas, hifques à tât qu’on la femeroit amp;nbsp;cultiucroit, ainfi qu’auous dit cy deflus. Et diray dauantage que qui cribleroit ces terres hohées demy pied de hault, anant que les enfemencer il y feroit plus de proufEt,à caule que celle herbe eft fi gentille , amp;nbsp;qu’elle porte plus de fruit,tant mieux elle eft eultiuée.-
V i N c E N T.QjLy fait-on auant-qu elle foit recueillie? nbsp;nbsp;nbsp;t
1e AN B APT i ST E.Non feulement fault la bcfchcr,amp; chaulTcrde pied en autre dés qu elle eft fortre de terre,ains encor fi elle eft trop cfpaiHé en faut öfter ce qy eftde fuperflu,amp; le replâtcr deux pieds eùfemblc és lieux oùiln’cny aguerc, neantmoins veulent eftre vndemy pied loing l’vnc planté de 1’autre:car aians rcceu les façons comme i’ay dit, elles rendront plus de lcracncc,quc ne fctoicnt'fi on les plantoir cfpaiffement.On coupe puis apres la femence de temps à.autrc,coramcnçât au mois de luin, luil-lct,5lt;: Aouft,ainfi qu’on voit quelle vict à maturité,amp; quelle eft fcche:cc qui fecognoift en prenant les bouts des fleurs , amp;nbsp;les rompant entre les ' mains,car la graine laultc hors fi elle eftbien meure. Vous aducrtiflant de ne couper point que celte fleur qui eft bien failonnée, labattât fur des lin-cculx,^ eftâtbié fcche,la cribler,voire vcnncr,amp; puis la palier par vn fas, afin que la pouflierc f on aille à terrc,amp;quc la feméce nette demeurcimais rebattant encor les bouts des-fleuts qui reftenc au crible, l«s reduifanten bonne femence comme la precedente.. n-q, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1
V i N c E N T.Combicn fault que le demy arpentrende de graine?
IE A N B A p T i s T E.U dcuroitordmaircmcnt en rendre cent liurcs, fix vingts,fcpt vingts,ou dauantage,amp; fc vend à Milan fix amp;nbsp;lept rcaux la li-uremutre que les bouts fees des fleurs font aufli vendus,à caulé qu’on f en fert aux potages en poudre,pourcc qu’ellerft de bonne odeur.
V i N C E N T.Sçauez-vous point à quoy elle lert à ces peuples qui l’achètent fi bien?
1E A N B A p T i s T E.Ic ne fçauroy lè dirc,fi ce n eft que ic croy qu’ils l’achètent pour en vfer comme de mcdccinc,ou pluftoft pour la mâger pub uerifee en leurs viandes comme nous faifons le Poiurc,Cancllc, amp;nbsp;autre cfpiccric:amp; mefmement que ne rccucillans point de vin, ils l’enfcruét en leurs boiflbns artificielles, à caufc que cefte graine eft odoriférante, amp;. de bonne faueur.
y
-ocr page 186-Î^S nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HVl'ïlïSMB 1 löVRl^rF.
VINCE N’T. Ic VOUS prie encormedirccncombiendc'fortcspcut-011 faire de l’huile,outre ccluy qu’on recueille des Oliucs?
De l’huile i E Ä N- B ^-P T i S T E.Vous fçaucz la grand quantité que nous en tirons-de fernen- de la lênlcilee'dU lin,qui eft 15®n,non feulement pour la lampe,durant ante de Lin. tàtxfneufônces d’fGéluy,quc-fcroyenr douze onces de cekiy d’Oliuc,ainÿ encor le prisen eft femblablc.Er de cecy vous pcuiicnt allcurer les Milan-nois,amp;Bergiinafqnes,qui en achètent grand quatitéde nous pour bruf' lcr,voire le manger l’ayans purge de celle mauuaife odeur, qui luy eft or-dinaire.Et parmy les vertus de ceft huile ctl cefte-cy,qu ƒ liât fait fans eau,' tâtplusilell viel,amp; beu tout chaultgt;apaifo le mal décollé,ainfi queiel’ày expérimenté pluheurs fois. Vous fçauca encor, combien d’huile nous tirons des pépins raftelcz, des grapes de railrn prcllhrécs ; lequel eft bon à-faire lumière fort relplcndillantc. utu' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.)ui.;,i
VINGEN T.Ignorez-Vous que l’huile de la feméce des raues ne foit bon, ainfi que d’aucuns difentî
lEAN BAPTISTE. Si VOUS parlez des raues que nous mangeons au mois de Nouébre,celles-cy ne portent point graine fi-vous ne les mettee auec leur fueillc dans le fable durant les mois de Décembre,Ianuicr,amp; Fc*’ uricr,Ies replantant en Mars auec les raefmes fueiUes, afin qu'elles portée femence au mois de May .•■mais celle grainé rend fort; peu d huile, au ref-’ Ceft de P^*^ d’vnc autre qui eft fculcméc femée pour cell effect: amp;nbsp;ainfi fault laif la nauette fer les autres comme de nulle importance. Par ainfi, qui vcult naoûde qu’ilentéd. l’huile en abondance,qu’il ferne de celle autre forte de raues, incfi^emcnC enluillet,ify vamp;nsd’autriindnllrie que les belcher à temps, comme ou fait les autrcs,lcfquelles fleuriront non feulement au Printemps, ainsferont grand quantitede femence.au mois de May, ainfi les cueillans eftans* mcurcs,amp;lcs preffaut foubs la meule,amp; prciroiicr,où Ion preffe le lin, amp;nbsp;autres huiles en rirèrez les dix-huiél liurcs pour minor,lequel huile,outre qu’il fait belle clarté,ell bon à manger pour la commune, agréant à aucus comme ccluy d’oliues;
v i N c E N T.Combicn peult-on tirer de femence pour demy arpent?
lEAN BAPTISTE .Sicile cil femée en bonne terre,amp; eultiuée félon la faifon, elle rendra cinq charges de femence fine, faiùut deux cens liurcs pour charge. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iî
VINCENT. laçoit qu’entre nous l’huile de noix ne foit en vfage,fi me ferez-vous plaifir den parler comme en pallant.
i E A N B A PT.Ceferoit grade folie à nous d’vfer à faire quantité d’huile de ces arbres fi grands qu’ils croiftroient en ce païs,amp; en nos champs,que nous cultiuôs aucefi grande diligéce,amp; leiournau dcfqucls nous rcuiétà cent amp;nbsp;deux cés efcus:car fi nous confidcrós le dommage que nous fenti-rions,amp; de leur ombre nuifible amp;nbsp;dangereufe, amp;nbsp;de la grande multitude des racincs,amp; quelle perte fur nos chaps aporteroie l’êcrée des palfans depuis q les noix font bônes iufques à tat qu’on les a cueillies,c’elt fans doute que le prouffit qu’ô en peut tirer,u’eft à clgalcr au dômage.Non portât
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fuis-ie d’àdui's t^ué qui àurade bons noyers, amp;nbsp;qùiportet dc btfaû’fruit,amp; bon, qu’il les plante le long des chemins, amp;nbsp;fur les bords des champs, es ”“^ * bóns» campaignes fterilcs,amp;fur les coftaux ou la terre eft maigrejamp;autres lieux tcir«. dclcrts,amp; cfcartez:mais aux champs fertiles nÔiamais,ou le bon frouthêt croift bich,ny aux prcz flcuriflàns,où vignes qui ont lcs'raifinS*dcriCâts,amp; autres lieux qui font de bon réuenu t^ar 01/uc/çâm’olt hier qh’on nfhre de l’huile en-grande abondante de CeS arbres,Îors-qu’às font bons, êcqu'e le temps ne leur eft point Contraire: lequel huile eftant clcr,eft bon à mager , à faire clarté, amp;nbsp;pour autres infinis feruices. le pourroy encor vous difeourir de l’huile qu’on pourroit tiret du Sicomore,du Chelhc porte gland,amp; autres arbres, mais (pcult eftrc)ic feroy trop long, amp;nbsp;par ainfi ie parlerayfçutemcnrVnpeudclafeme,àfçaùqit,dclaYcmcnccduHéftrei Dr l'huile lequel eft non feulement bon amp;nbsp;parfait à majngcr,à efclairer,amp; autres cô- de I» femé-moditez, ains encor en fort fi grande quantité que c’eft prefque chofc in- « de He-croyablc. Et pource noz Montaignâts qui font voifins des Grifons, amp;nbsp;du ^*'‘ Comté de Lodron deuroyent recueillir celle graine, laquelle tombe à milliers de facs des Hefttes qui font parmy ces bois, pour en tirer puis a-pres tant d huile qu’elle rend auec lcurgrandprouffi'r,amp; auatage, amp;nbsp;pour npllrcycilité,à caille duhau.h ptis.dc cas^iiüCips, que nous auon$, qui eft fi cxccdif qu’on n’ypcult dcforn)aiî,attaindvc^,i•
v i N c £ N T.Ie luis ioyeux qu’ayçz ipis fin à Voz dilcours,à caufe qu’il, fault que ie me ttouuc à Brclic aux plaids pour aydervn mien amy: ainfi foubs voftre congé,ie m’en vay monter à chcual,aucc in- ’ tention de ne faillir demaio,afip que nçus parlions encor ’ ^;, , , de quelque chofc de bon, ainfi que iniques à prefent s nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nous allons fait, i £ A n J b A P t i s t r.
Venez quand il vous plaira:Ie feray touf-iours preft à vous fatisfairc.
. . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;(v) s
p^fiN DE L A Èl'viTIESME;
I 0 Y R N E s.
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NEYFIESME lOVRNEE
ADIOVSTEE DE L’AGRICVLTVRE
DE M. AVGVSTJN GALLO,
OP' PLrSlßyRS iCHOSï:^ DIl^£RSES
SONT TRAITEE,', O V PIVSTOST .niijetex^rauagitmmen/, i
U.
o MME le ncufiefmc jour le feign. Vincent Magie fut venu vers l’Aiiogaclre, il Ictroum enfa grand fale le pourmenant: amp;nbsp;f’eftans amyablcméc entte-falùez,comniede couftume,fèmirent àlc allcoir,amp;pcude temps apres Auogadrc regar-dant fon amy, luy dit: Dequoy auez vous en aeÜ-y beration que nous dénions difeourir ^Fa^i*:'^^^ temps celte ioiiméc?
VINCENT. D’autant que tous ces huitiours paircznousauons.panc dcdiiicrfeschofcsjmaisfclon leur ordre,ievoudroy (fi vouslctrouucx bon)que nous arraifonnions d’aucunes encor qui femblcrôt extranagan-tespour eftre diuerfement propofees, ainfi que ie l'ay penfé m’en venant vous vifiter.
lEAN BAPTIST E.DrclTcz voz qucltios tout ainfi que bon vous fera-blcra,amp; ie fatisferay,autant que me (cra polîiblc,à voz demandes.
viNCENT.Ic vous prieray doc pour le premier point,de me dire ƒ il eft meilleur de labourer auec des bœufs,ou auee des cheuaux, ou mulets, ou feulement auec les afiics,ainfi que fontpiufieurs laboureurs en Italie.
lEAN BAPTiSTE.il efthors de doute qu’en Italie les bœufs font plus propres que tout autre animal pour le labouragc,cncant que l’expérience nous fait voir qu’ils-font plus forts,plus adcxtrcs,amp; plus comodes à culti-ucr fi grande diucrficé de terroirs que nous auons,foic es monteignes, co-llaux,vallôs,campagnes.amp;planurc.Lcfqucls pour direfcrtils,ouftenlcs forts,ou raols,alprcs,ou loges,durs,ou faciles,crollâs,.o.u affermis, amp;nbsp;come figez,blâcs,ou noirs,rouges,ou grifallrcs,amp; d’autres f orces qu'il feroit impoffible deracompter, il n’y a doute quelconque que nous nclcaurios nous aydcr de befte plus à propos, que du bœufpour les bien cultiucr. Et pource qu'cnAllcmagnc,amp; autres Prouinccs,ne le trouuét ordinaircmet
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«Je fcrablables terroirs, il n’eft de merucillc fi aufîî on y laboureprcRjuc Ear tout allée des chenaux, corne ceux qui en ont infinité, amp;nbsp;qui font td-unent faits à cecy, qu’ils deipechent deux fois plus de terre que nous ne faiibns. Et aduient encore cecy, à caufe qu’ils ont grand nombre de cam-paigncs fort ipacicuics, Icfquclles naturellement font plus de terre legere que forte ou d’autre manière. Et pourcc n’eft merucillc fi en ces pais le recueille fi grande quantité de bleds,cftans les terres fi bonnes,amp; lefquel-Ics ils lafifcnt repofer, fans les labourer, amp;nbsp;ferner tous les ans ainfi q nous lommes contrains de faire ordinaircmet. Bien eft vray que nous auôs ccft auantage fur eux,qu’ayâs bien cultiuez nos champs auec nos bœufs, nous les pouuons cngrcllcr pour les vendre aux bouchers, ou bien les manger chez nous, ce que ne font ces Septentrionaux de leurs cheuaux, amp;nbsp;autres ,bcftcs, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'
v i N c E N T.Eftant refolu fur cefte demandc,ic voudroy que vous m’in-ftruifiezés préceptes de bien eultiuer les champs, defquels iaçoitque m’ayez parlé en la premièreiournée,fi m’aUcurc-ic quen’clpluchaftcs point tout ce qui fen pcult dire.
lEAN BAPTISTE. Lailfant la plus-part dc cc quc ie VOUS dis alors,ic dis que non feulement la terre defire d’eftre ouuerte petit à petit,amp; qu’on y entre bien allant à tout le foc,ains eft encore befoin que foit bié aplanie, amp;nbsp;trelbicn amendée, amp;nbsp;engreflee. Car l’ayant ainfi clgalée outre que les pluyes, amp;nbsp;l’arrouicment ne leur foy^nt point nuifibles en conduifant ailleurs lagrcirc,lc Soleil aufli,lc chault,amp; le froid luy font grademetprouf-fitablcs,amp;Iarcndcntdc beaucoup meilleure. Et dis encore danantage, que fi eftant bien labouréc,on vient mefler la forte auec la molle, la graf-fc amp;nbsp;la maigre cnfcmblc,amp; chafeune d’icelles auec du fiens, les femences aufiîfincorporent aifémciK auecicelles: amp;aduientcecy mefmementa-f)tcs qu’on a deuëment rompu toutes les mottes dures amp;nbsp;groftes, amp;nbsp;que a terre eft bien briféc,amp; amcnuifée,amp; reduite en pouidre. Il eft vray que P“ ferner aucuns anciens veulent qu on ne laboure point les terroirs qui lont trop fç^hes. fees,à caufe qu’ils fc corrompent, amp;nbsp;ne- reçoinenr pas la femence : cc qui pourroit bien aduenir en leurs climats, mais ceftuynoftre, eft tout au contraire, amp;nbsp;mefmement fi nous Icsièmons n’ayans point efté humcélcz 'auparauant par les pluyes, lefquclles tombans depuis fur les grains clpars efpailTcnicnt ne fault douter qu’elles y font d’vri grand fccours : entant quefe refoluans ces terroirs en pouidre ainfi qu’ils font tout auffitoft .qu’on les rompt, foudainaufti le bled fort, amp;nbsp;commence à poindre, au moins cckiy qui eft polity germer. Icfuisbien d’aduis neantmoins que Nefault vous ne labourez point ces autres qui font trop mois, amp;nbsp;lauez, Icfquels labourer fendurcillcnt depuis en tclleforte,quc de long temps ils ne roçoiuent au- ^“ terres .Cune femence,amp; ne fault cefte rcigle iamais, ftee n’eft que vous leur don- ' niez auant que les rompre, fi bonne quantité de fumier, que parle fccours diccluy, elles produifent les bleds à la couftume, amp;nbsp;raport des bonnes. Et ainfi font louables les laboureurs qui labourent fouuent leurs
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NEVFIESME lOVRNEE
En quel temps fault labsurer les terres foib'es.ae legeres.
champs, amp;nbsp;ne fouffrent qu’ils fendurcilfcnt de telle façon, que puis apre^ ils foyent afpres aulaboui:amp; quilcsouurcnr„amp; rompent en tel temps,amp; auec telle induftriciqutlcur trauail cngcndre,amp; produit vn grand prouf-fit à leur maifon,Et certes cccy eft de h grande importance, que tout ainfi que le laboureur labourant les terres en leur fiilon, les rend meillcutes, au contraire auffi fil y met la main elles citant fort baignées,ou auant que elles foyent tepoféesà tout le moins vn mois apres la première façon, penfant leur feruir de fceours, il eau le leur dommage, ou ne leur nuifant point fl ne lcurportc*il rien d’auancement. Le bon mefnager doit encor eultiuer les terres foibles, amp;nbsp;Icgiercs plultoft en liyucr qu’en autre faifon, amp;nbsp;mefmes qu’en cité, entant que le chault exceffif rcfoult le peu de fub-llancc qui eft en elles, là où l’hyucr incorpore l’humeur des eaux afin que elle putile leur bien faire auec leur humidité. Mais les autres terres amp;nbsp;fur tout les fortes,tant plus elles font labourées, amp;nbsp;hyucr, amp;nbsp;elté, tant plus fe mcuriircnr,amp; fcngrclfent. Outre ce que les fendans à fubtils fcillons, amp;nbsp;mettans bien auant le foc en tcrrc(commc dit cil) non feulement on arra-chc,amp; occill les melchàtes herbes,amp; leurs racines font mifes fus, Iclquch les meurent puis apres battues du Soleil,des vents,amp; gelées,amp; qu’aufli a-ucc les ralleaux, amp;nbsp;herfes, on les ofte pour les brufler, ains encor pour le contraire, tant moins le bouuicr, amp;nbsp;laboureur fait entrer le fer en tcrre,lc champ en demeure plus mol pour produire.
Q^I fu-mid fault mettre éi terres prc-ftetâ le-mer.
VINCENT. le voudroy fçauoir encor quelle forte de fumier trouuez vous le meilleur pour les champs qu’on va ferner,le frais,ou le vieux.
lEAN BAPTISTE. Quoy quc Ics anciens dient qu a tellestcH« on y clpand pluholl le fiens, bien pourry, amp;nbsp;repofé, que le frais, amp;nbsp;nouucauà caufc que ccllui-cy produit abondance d’herbes nmliblcs, amp;nbsp;plus que le vicux,li ell-ce que le frais ayant plus de vigueur, amp;nbsp;force pour greller, amp;nbsp;meliorer la terre, ie ne fais li grand compte de celle produélion de mail-uaifes herbes que du prouftic que ce ficus porte à quelque femence que ce foit : ioint que l’expérience nous fait voir que deux charrettées de ficus tout traisprouffitcut plus queue.fout ny trois,ny quatre deccluyqui ell ainh repolé : lequel tant plus on tarde d’efpandre fur terre ia labourée, va fuccclTiuemcnt perdant fa vigueiWquot;. Si ainh tant plus il cil frais-, amp;nbsp;fou-dain renuerfe auec le foc fouz teure, tant a il plusd’cliort pour lameliorer, amp;nbsp;rendre Icttils. Que fi Louys Rodeugo excellent laboureur clloit icy vous luy orriez dire fur ce propos qu’il fetoitbefoin que tout aulîî tort qu’vue belle à fienté, on deuroit porter la fiente en terre, qui luy eft aufti prouffitablc-, ainfi frefehe, amp;nbsp;elle la louhaitc non moins que l homme fait plus de compte dvn œuf pondu frefehemeut que des long
temps.
v i N c E N T.Qm en vferoit ainfi, ce feroit fans prouffit qu’on mettroit foubs les belles la paille pour faire liticre, entant qu’elle refteroir ciuë, amp;nbsp;fins fe pourrir, amp;nbsp;laifonner, ainfi qu’on voit en aducuir à celle qui à pour le moins demouré vu mois auec la fiente des belles.
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JEAN BAPTISTE. C’cft autre chofe de parler de la paille corne pail- i le,amp; du fiens,ainfi qu’il cil le plus proufficabîc.Car le voulût le laboureur | preualoir des proums de la paille, ou autre cas femblable feruât à lidicrc, » ne fault doubter qu’il ne foit befoing de le mettre en tas, amp;nbsp;lalailTcr là vu i bon mays croupir pour fy altcrcr,amp; iaifonner : neantmoins vous aduer-tis-ic que tant plus vous tardez à l’clpandre fur terre, amp;nbsp;l’incorporer en icelle,que le fumier en perd auffi plus là vigucur,amp; effort.
v i N c E N T.Si en ay-ic ouy parler de ceux qui font profeflîon de l’Agriculture, lefquels difent que tant plus le fiés eft frais,que plus auffi il fuSb-que les femences aucc la vclicmence de fà chaleur.
IEAN BAPTISTE. Sicelaauoitlieucomme cliofcVéritable, malfc porteroiée les champs,qui ne font fumez ou meliorez q de la feule chaulx viueenphificurs endroits du terroir de Corne : amp;nbsp;neantmoins elle eft de tel prouffit,à tout le moins par trois ans de fuite, q ie m’efbahis que nous n’en vfions point,amp; d’autres auffi,qui ont leurs clumps,amp; terres lUriUes comme les noftres.
v i NC E N T. Vous trouncricz donc bon qu’on amendaft nos champs a-uec la chaulx elle eftant fi chcre, amp;nbsp;qu’il en faudroit beaucoup à l’arpent
IEAN BAPTISTE. Voyant,Icprouffit que rendroit vndiamp par Vtilitéd’a-trois ans de fuite,eftant aîfi amédc,ic dis auffi que ce fcroit à moindre frais mendet les qu’aucc le fumier,lequel en pluficurs endrois fê vend allez,amp; trop chcre- terres aucc mcnt,amp; duquel n’en fault pas moins de fept ou huid voycs pour arpent, '“ ehaufx amp;nbsp;encorc.cn y fault y porter toutes les années. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’‘“'‘ •
Car vous deuezfçauoir que la chaulx eft non feulement de plus grand prouffit que le ficns,amp; qui la fccondc,amp; troificfmc année leur fait plus de bien quelapremierc,ce que ne fait le fiens,ains encor cuit,amp; faifonne tellement la terre ,.amp; occift fi bien les mefehantes herbes, que les bleds demeurent tous nets aux moilfons:fans que le prouffit n’y cil pas petit en ce qu’il n’en fault point plushault d’vne voyc pour iornau de laboureur, là où de ficus il y en fault pour les deux façons plus de vingt amp;nbsp;cinq charret-tées au demy arpent. ;
Vincent. Quels terroirs font ceulx qui ne peuuent compartir cefte façon d’amendement fait aucc la chaux? nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'
Iean BAPTIST E.Qui la mettroitauee ceux qui font plains decraye, pierrcux,glereux,(àblonncux, crofians, ou trop durs,non feulement en y fauldroit grande quantité,ains encor la dcfpcncc y fcroit fupcrflue,amp; fans aucun prouffit.
v i N c E n T.Ic voudroy fçauoir encor que fi la chaulx fc pcult donner à moins de frais,en quel temps cft-cc qu’il la fault efpadre en terre,amp; comme il fy fault gouuerner.
iean BAPTISTE. Quant à celuy, en premier lieu, qui la doit prendre du monceau,ou du lieu où elle cfl,eft befoing que fôit vcllu de lin, «Sc toille blanche,amp; tiénc fa face couuerte, afin que la poudre ne luy offence les ycux,lc nçz, ny les oreilles, ou luy entre en la bouche:amp; encor qu’en
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NEVPItSME lOVKNEE
refpandant aux champs,foit fuiuy du laboureur lequel foudain auec le foc la renucrlc (oubs tei le,puis feme dellus fon frounicnt.ou autre grain ainfl qu’il l’a délibéré, amp;nbsp;pour-ce qu’il y en a les aucuns qui ne veulent faire fi gratis frais a achepter la chaulx, ils f y gouuernent ainfi:ils-cn prennent la qiiatricfme partie moins pour arpent,amp; fur le moys de May,y meflent du terroir tiré des lollez,amp; bords des chemins qui foit bié lcc,faifans vn feil-londd’vn, de autant de l’autre iniques à ce que tout foit employé, puis laillàntcecy deux ou trois moys ainfi meflé enfcmble : puis après ils départent ce meßahge fur le mefme champ,ains que le labourer pour fa dernière façon,amp; le lement aufli toft qu’ils ont fait ce rcmuenicnt,ou au pa-rauant,afin que le labourant ils mettent le grain foubs terre.
Mais il vaudroit mieux melier cefte chaulx auec la poudicre rarnalTée durant les grandes chaleurs par les chemins,à caufe que plus aifément elle l’clpandroit,amp; fe mefleroit auecplus de facilite,amp; plus menucmcntparlc champ,amp; porteroit du prouffii dauantageà la terre.
D’autres pour defpendre encor moins,prenncnt feulement les deux tiers de chaulx,amp; la mcflét,commc dit eft cy delfiis,quelque quinze iours ains que fcmer,auec du fiens qui fe fait par les belles allas par les cheminscaulfi ce meflange fe cuit amp;nbsp;parfait en moins de dix iours,amp; ainfi ilsl’cfpandcnt fur la terre qu’ils labourent auant, on apres auoir ietté dellus la femenee.
Il y en a encore pkificurs en ce pais, qui pour cuiter plus grands frais a*' chetent des conroyeurs ce qui leur relie de chaulxfen cllansfcruisàac-coullrcrleurscuirs,amp;: y mettent de cecy deux fois autant que de chaulx, pour arpenr,^ fen trouuent bien à tout le moins pour deux ans.
Louanges 4cTliomas Porcacchy
Outre ce que ces laboureurs achètent autant de cendres qu’ils trou-uent pour les mettre aux terres où ils fement le Lin , encore recouurent ils des lauandicrcs les cendres cuites vices en leur lolîîucs : ce qui me fait dire que ceux-là furpaflent tous les autres de l’cllat de Milan en indullrie du labourage, comm c ainfi foit que leur terroir foit aflèz (lerillc, comme celuy qui ell fort raboteux, amp;nbsp;neantmoins le rendent-ils fertil, amp;nbsp;abondant par leur diligenGc,ainfi qu’on peult recueillir de la doéle deferipnon de la noble Cite de Come,faitcpar mon grand amy le Seigneur Thomas Porcacchy:lcqucli’aymetantpourfon grandIçauoir, amp;nbsp;noblclfc , que pour la gcntilklle des façons, amp;nbsp;manières de faire quilbntcnluy,ioint que fesœuurcs le rendent illullre, amp;nbsp;honoré de ceux qui ne le cognoif-fent.
VINCI N T.Le Porcacchipourvray ell tel que vouslcpâ!gnczyamp; pour tel le recogneuz-ie lors que par vollrc moiê ie pris à luy cognoiflàncc,dc-quoy ie me iens vollrc rcdcuablc.Mais puis q vous auez parlé de celle rare-: façon
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ftçon dclabourngCjic voudroyfcauoir encor pourquoyles bonslabou-reursfement pluftoft es champs du l;n,lc trcfiîc,quc le millet?.
Han BAPTISTE le nay point veu faire cccy au Comalque,trop bie Gonzague à Gonzague foubs Milan,amp; fans que le lin y foit vn brin inter elle, entant ‘^ '’ '®“' q le lin y chant creu de trois doigts fur terre, on feme 1 c tréfilé par deflus, lequel y vient fi beau que le lin chat rccucilly,on trouuc ccfluicy fi hault amp;nbsp;Îi beau,qu’ils le coupent vers la binr^t laques,à la fin de Iuillct:tellcmét que efias fur le point de ferner les bleds en Septembrc,ou Oetobre(quoy qu’il foit hault, cipais, amp;nbsp;fans herbe qui l’empcfchc, fi qu’on le pourcoit faucher pour lapallurcdes belles) fi cll-il rcnucrlc foubs terre auec le foc feruan t de grelle,amp; fumitr,piris le bled y cil lerne par delfos. Chofe louée nbsp;nbsp;’j-reffle
depluficurs expertsau labourage qui ttouuent meilleur d’en vfer ainfi, prouffita-que de ferner le millet apres que le lin cil recucilly:lequtl millet bien que bic aux foit de plus gridreuenu.que le tréfile fauché, fi cmmaigrit-il amp;nbsp;altère tel- champs, lement vn chap,que non feulement ne raporte il point la moitié du frou-ment que de coullurne l’année cnfuyuant,ains deux ans après il le f.nt de ce dommage.
VINGEN T.Qiioy que le premier four vous m’ayez difeouru comme il failloit brillier les eftculcs amp;nbsp;chaumes, fi me ferez vous plaifir de me dire quels font ceux qu’on doit brillier, amp;nbsp;quelmpycn il y fault tenir. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Prouffit de
ieAn B a p T i s T E,Les bons pères dclamillc font a loüîr,lefquels ne brufler les ont point faute de paille à faire liélicrc à leurs beftes, amp;nbsp;en ont pour en eûcuis. brufler,amp; mefine celle qu’ils trouuent chargée de mauuailcs herbes,d autant qu’outre qu’aucc icelles ils en engrefient les champs qui font fccriles amp;nbsp;froids,cncor bruflent-iis par ce moyen les herbes nuifibles, les racines d’icelles, étcnfemblc vn tas de vermine qui fouuent portent dommage aux blcds.Bicn efi vray qu’il fault hure cecy lors que l ait eft nct,.ôe levain,, afin que les cendres amp;nbsp;eftinctlles ne fulfent loing portées, fi les vêts loul-floyentauee efiort, ou que le feu ne nuifit aux voilins, ou à foy-melmc: tontes-fois le fauloil allumer du colle qfoufile quelque ventée air doux, amp;nbsp;léger,amp; fur tout fil y a quelque nuage,amp; qu’on peut l'attendre d auoir bien Coftpluycilaqucliefurucnant après queles chaumes feront bruflees, l’eau feruiroit beaucoup à melier éc incorpore r ces cendres auec la terre, eftanteefie graille fort bonne amp;nbsp;proufiuablc à fairc germer les bleds,amp; à les faire venir à leur perfedtion. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;■»
V i N e E N T. Vous m’ayant parlé du moyen de faire fortir les grains, me foiiucnant que la féconde iournée, vous m’cnfiignafics quelques points feruans au millctne voudroy ouïr de vous, fil vault mieux les lemer, ams que rompre la terre pour la d.rnierefaçon:d’autant(qu’a nioniugcment) ilsdeuroyet plus facilement naiftre,attendu qu’ilne kroit pas fi colbtou-ché du folcil,que famé fur la terre.
Iean BAPTIST E.I1 me dclplâillqucie ne vous dis pour lors,qiicia-maisnefautfcmerlcrnilletforlc point que le champ clllaboure, d’au-tant que rexperitnee me fait vx)ir,que ce grain germe, élt; narft en fouretc.
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NBiTFIESMB lOVRNEÏ
Cómefaci-lemcnt on fait naiftrc le rnillec.
fi on le feme apres que le foleil eft couché, amp;nbsp;qu’on le couiire lendemain le pluftoft qui! fera pofliblc. Auffi ayant efté humeété par la roufée, amp;nbsp;couuert de peu de tcrre,puis foulé auec la herce bien pefante par deux ou trois matins de fuite,il ed impofliblc qu’ils ne fortent toil, amp;nbsp;germent fa-cilcment:d’autant que la nature leur eft telle,que non (culementpairerôt ils par cefte terre ainfi foulée Sc prclfée, qu’il n’y a terroir que ce grain ne penetre:amp; tant plus la terre eft batuc,amp; clpailFe fur iccluy,amp;mieux cft-il defendu des ardeurs du Ibleils, . ?
VINCENT. Puis que m’auez monftré auec quelle facilite nailfent lcs_^^ millets durant les ardeurs de l’Efté, me icmble que deuez m’inftruire lur l’aftaifonncment des autres femences.
L’artfuplée au default de nature.
Moyen de faire venir lesfemcccs durant la chaleur.
lEAN BAPTIST E. L’art a efté ay mé tellement dc tout temps, parles homes ingcnieux,qfouucnt auec leur induftric,ilsfupplécnt aux defaults de la nature:i’ay voulu vous dire ces paroles,d’autât q c’eft fans doute que l’hôme dc bon iugement,peult en temps d’Efté,faire fortir toute femence auec fon induftrie en des grands amp;nbsp;petits vafcs,cn la façon que ic vous di-ray,ncantmoins fuis-ie d’aduis qu’on y face croiftre les feméccsfculcs que on peut replanter,amp; fur tout celles dc Meuricr, à caufe dc la difficulté qui eft à efleuer plus qu’en toute autre femence. Pour vous en racompterdôC la manière qu’ô y doit fuyurc,ic dis en premier licu,qu’il fault ferner toute cfpece de femence en bóne terrc,bien gra(re,ncttc,amp; menué qui fait mife (pour plus grande commodité) en vn vafe dc bois, ayant vn demy pied de haulteur amp;nbsp;largcur,amp; long à l’cquipolcnt fur des petits charriors où il cü aflis,amp;: des ciuicrcs qui les porter, afin q le matin on les conduife*^^'’®'^“ fee,amp; le foleil cfclairât, amp;nbsp;refehaufant fort, on les puifte foudain retitet à rombre,amp; fur le foir les mettre dc rechef au frais dc la ferée. Et cccy peut on faire au mois dc May,amp; autres durant les chaleurs,commc en d’autres vafcs qu’ô porteaifémétfuries bras,amp; dedâs amp;nbsp;dchors.Ncantmoins faut toufiours le tenir pour aduerty,qu’ains que mettre ces femences en terre, vous les ferez tremper par quelques hcurcs,amp; les ayant fait vn peu fecher au foleil,les incorporer bien auec la terre à tout le raftcau,amp; les arroufant quant ferôt altcrées,fans y foufffir aucune herbe eftrangere ou nuifible.Et le Printemps fuyuantn’eft à oublier dc replanter toutes les plantes, foit d’herbes ou d’arbres,durant que la Lune eft tendre, amp;nbsp;fur tout celles des Meuricrs,aufquelles fault changer plus de vingt fois dc placc:auffi fi elles trouuent terre à propos,clles y vicndront,amp; croiftront en abondance.
v i N c E N T.Comment pourra Ion pHluerifcr,amp;efmicr les grolfcs mortes dures quifcndurcilfcnt parle chault,de forte que le temps dc fernerfc pafte.
Moyen de rompre les mottes trop dures.
i E A N B A p T i s T E. Ic ne confeiHcray iamais à hóme,qui voulat rompre ces durtcz,vfc d’arroufement pour ce faire,car il dômageroit fbn terroir plus que luy proufiiter:bicn luy diray, qu’il prenne vne maftùé légué d’vne coudée. amp;nbsp;de la grolleur de la iambe d’vu homme,laquelle eftat bic cnccrceléc par le bout,dc lames de fer, amp;nbsp;manchée d’vn ballon fait céme
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DE L’AGRICVLTVRE.
la hante d’vne arfegaye, de longueur de quatre ou cinq pieds, il en-battra les mottes frac après l’autre, car ainfi il les menuifera facilement comme poudre.
VINCENT. Puis que vous m’auez facilité cccy, qui me fembloit affez diffîcilcàc m'éhardis de vous prier d’vn autre point, lequel me paroit im-poffiblc àfairc,à içauoir, que vous me difficz par quel moyen on peult 0-fter la neige, ayant mefmement elle plus de trente iours fur les bleds, amp;nbsp;lefqucllesles gaftent,ainfi qu’auons vcu puis quelque temps en çà.
En France cela aduinC l’an i s s f. Moyen de fairefondre lej neige».
lEAN BAPTISTE, laçoit qu’on die en commun ptouerbe que la nc-ge pour quinze ou vingt iours,eft la mere nourrice des blcdsmcantmoins leur fert elle de belle mere fafchcufe,y demeurant les trente: amp;nbsp;fi elle pafle outrc,c’ell leur teigne amp;nbsp;corruptiô;or dis-ie qu’on ha peult öfter,y faifant courir de l’eau par deffusfpourueu que ce ne foit point en quelque terroir fort)la rompant auec des rouleaux, amp;nbsp;rafteaux, amp;nbsp;autres inftrumcns,iuf-qucs à ce que foit amenuifée: amp;nbsp;qui n’auroic point d’eau, la deuroit herfer tous les iours, ains que le foleil foit hault, entant qu’en eftat hors la crou-fte glacce,lc foleil fondroit facilement le refte auec fa chaleur. Au default de cecy,aidc la nature,car le temps fc counrant, ou adoucilfant, ou picu-uant,il la refouldra amp;nbsp;fera fondre.
v i N c E N T.Si ie difoy cccy à mes fcrmicrs,amp; laboureurs, ils me refpo-droyentqu’en y iettant de l’eau par deifus ils nuiroyent aux bleds, amp;nbsp;au tcrroir,amp; que la herfer fi fouuét,amp; la peine en feroit fafeheufe, amp;nbsp;les frais non guère plaifans. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l
jiiEAN BAPTIST E.Qp,ind au dommage que feroit l’eau, c’eft peu de cas au pris du prouftit amp;nbsp;bien qu’on feroit au bled : amp;nbsp;quand aux frais en lahcrUnt, c’eft làns doute que toufiours on a trouué bon, amp;nbsp;agréable Ic Carolus,ou tournois,qui raportc vn ducat de prouftit,
VINCENT. Venant aux thofes qui font en la puiifancc de l’homme, ic dis, que tout ainfi que le premier iour vous me dites les moyens de faire mourir amp;nbsp;rats, amp;nbsp;vers, auant qu’on feme les bleds, vousme diffiez orcs comme on les peult auoir lois qu’ils les rongent durant le temps doux.
lEAN BAPTIST E.Ou fait facilement que l’homme ingénieux pour-uoit à cccy allez bien comme à d’autres chofes, qui fcmblent impoftiblcs cnl’Agriculcurc,pourucu qu’il prenne efgard aucommencement,moyeu amp;nbsp;fin de la maticre qui luy eft mile déliant. Par ainfi, qui eft l’homme fi groflier, qui au leuer du foleil voyant manger les racines de fcs bleds, ne doiuecognoiftreque tout ver eft proche amp;nbsp;voifitndclafupcrficie delà terre,commc ainfi foit qu’eu la mt fraefailon ii fait encor remuer lesfueil-les?Et ainfi n’eft guère malaifédeledcfcouurir, amp;nbsp;le tuer. Et certes c’eft grande fotilc de voir tous les iours le dômage qu’ils portcnt,amp; l’en plaindre , comme qui nous rongeroie le cœur, lans y pouruoir touteslois à la façon que ie viens de dire.
Moven de occir les vers lt;]i)i logent le» bleds en terre.
v i N c E N T.Vous m’ayantmonftrc’ce rcmedc,cncorfault-il quem’en-feigniez quelque voye pour delicchcr les paluz non entournez de monts, 2 ij
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NEVPIBSME lOVRNEE
OU collines, ou lieux ayans leur adîette plus haultc que la fuperficiedeC' dits paluz:car autrement il n’y fault point pcnlcr voire n’y deireigneraa-cun remède.
lEAK BAPTIST E. 11 écr)0Jç(cômmc vous ditcs)impofl'ible de faire cP couler les eaux des paluz quigUént entre les monts amp;nbsp;codauXjfiuf filsc-ftoyent minez, (^ que les conduits fc feident par dclfoubs, ce qui ferait i fort diflieilc à faire : ce qui aullîlèroit mal aifé en la meime planure fil n’y auoit quelque panic amp;nbsp;defeente grande,ou petite,voifinc, ainfi que nous '’' nbsp;nbsp;voyons qu’en ont bit.» prclcnt lesfeign.de Venife en la grade paluz Mo-
,ccllolîê,laqjixlleiepenfe aefteinondee d’eaux depuis le déluge,iufquesà tant qu’on luy a donne pallagc dclfoubs le fleune de la Brcnte,amp; du grand Conmp en chemin qui tire à Padoue. TeJlemét que les conduits de ces eaux f efeou-pculttfcou fans vers l’Orient,on recueille en ce trait de pais grand abondace de bleds let es pa- amp;nbsp;autrefeuenu. Mais d’autant qu’il y a diners paluz amp;nbsp;marefts le langde ^^’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;la manne,aparcenans lt;k à la feigiicuric,amp;.au Duc de Ferrarc,lcfquclsinô-
dent denoyent vncinlinitc de terres, pour n’y aiioir aucunevoye pour leur donner illù.c,il n’y aa.ucre moyen, linon que de faire de grands folfcz es lieux ou les eaux courent baHement, afin qu’aucc la terre tirée de ces follcz haults amp;nbsp;largcs,on feit des leuécs, qui donnalfent empefebement, amp;nbsp;aux mare Ils, amp;nbsp;à toute autre forte d’eau, fuû- cede pluye, du fluz de la mer,ou regorgement de riuicrcs.Et voudroy que fur ce folfé li grand, eut vn pontpour palier amp;nbsp;hommes amp;nbsp;belles aucc leurs charriages, amp;nbsp;autres inftrumens propres à les eulriuer: amp;nbsp;qu’en outre les riucs fulfcnt bordées de force laul'es,aulnc.s, amp;nbsp;autres arbres de pareille eftofte, amp;nbsp;qui ayment vnctelle afiiette, amp;nbsp;mefmement files paluzelloycntde terrelegetc,ou. fablonnculc ainfi que lont ordinairemét.Ie dis cccy, à caufe que fi onfoil* loit d’y planter ces arbre s,c’cll fans doute q les leuces du folié fen iroyent par terre,amp; empliroyent le folle,
VINGEN T.lit vraycmcnticconfeircccquc venez de dirc,cllat alfcurc qu’à la lôgue on rehauccroit ces lieux,car tant plus on creuferoit le bas an hauceroit auUi Icslcucestamp;cllfans mentir cncor,q les eaux de qlqucpart que pourroyent venir^conduifans au côtraire amp;nbsp;frblons,amp; autre matière (ainfi que de leur ordinaire elles cnamcinct) amp;nbsp;les fucillcs des arbres en-graillàns le lieu y pourroyét dômager, qui n’y prendroit foigneufe garde,
i E A N B A PTi s T E.Outreq CCSnoz ditcoursibnt prouliitablcs, vou-, droy que tout autour de ce plâ il y eut vn folfé plus large que ceux qui fe-royent faits par le milieu en long, amp;nbsp;au large à traucrs,a caufe que le creu-faut on fcroit vncautre Icuée par dehors,fi grande que nul eau y entreroit en aucû reps, amp;nbsp;faudioit que cefolfé pallalf vny par vnc fi nie bouche, laquelle on peult ettouper, amp;nbsp;dorre aucc vnc tfclulc fouftenne de deux piliers de pierre ou dcbois de Chaftaignier,amp;: fortifiée de chaifncs (comme on fait en diucrshcux)mcfincmét le.s cau.x fc grollilfans par oragcamp; effort des vets impetueuK.Ecparce mo'yéil n’y entreroit d’autre eau q de pluye, laquelle entrée dans les folfez, Icfquels la renuoyeroyet par l’cfclufe vers
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la mer,ou vers les lacs,ou autres lieux aflis plus bas.
VINCENT. Qm auroit des lieux tels, façonnez corne vous dites,com-ment les fault- il eultiuer? '
lEAN BAPTIST E. A caufe i] CCS licux UC font guère Gus eau,ou crou • pillant deifous, ou d’autres que les vcns,amp; pluyes y portét,on les met or' dinairement en pracrics pour toujours ou à tout le moins iufquesaccq ils font fl fccs,qu’on y puilfc feiner les fromés, ou autres grains qu’o voudra choilîr.Et dlans ainh en pré,on y fait grad nombrede loges, aucc des perches autant déliant icelles que le porte la quantité du foing qui l’y rc-ciieillc,pour l’y mettre à counert de y loger les belles ordonnées pour y c-ftre noiirriesiamp;y dre lie Ion encore des maifons pourlcs hommes qui l’attendent amp;nbsp;au foing,amp; à nourrir ce bcftail. 11 cil vray que fi ces lieux peu-uent dire réduits en tel cllat,qu’ris Ibycnt aptes au labourage,amp;y planter la vigne, ou auraoins la plus-parc d iceux:on en fait vne belle diuilion de pollélfions que facilcmcnr,lcs loges,amp; granges eftant drcllees, l’y alienable vne bellecompaignie de laboureurs pour y habiter,
De e« perche» viels en Gafeoi-gne â met-tic le foing prèsIc» maifon».
v i N c E N T.Mais cornent pourroit- on accommoder les terres qui font noyées des cauxpluuialcs,afin qu’elles peuffent lcruir de quelque reuenu, d^que ces eaux qui ne pcuuét l’efcoulcr hors les lcuées,nc loyent augmé-tées par celles de la mer, ou d’ailleurs, ainfi quelles eftoyent auparauant qu’on y mit cell crapdehement pour f aider de la terre?
i E A N BAPTISTE. Ic neferay one d’aduis qu’on femaft aucun grain en lieux fcmblablcs, à caufe de la difficulté de les recueillir, bien trouuc-ray bon pour alfeuré prouffit,qu’on les emplit d’aulnes, qui fulTcnt plantez loing les vus des autres vnecoudée en quarté, entant qu’il en oft croit quelques 14 400. pour arpent,amp;lclquels encore tant plus leroy et en grad nombre,plus hauceroyent le fons,amp; auec la fucillc tombant tous les ans, amp;nbsp;aucc leurs racines, qui font croiftrclc plan auccleur grandeur, amp;nbsp;troc fouz tetre, amp;nbsp;outre ce qu’elles fechcroyent tous les ans la fuperfluité des humeurs de ce lieu, les Aulnes y viendroyent encor fi beaux, puillàns, amp;nbsp;clpais,quc de trois en trois ans ils rendroyét les 15.amp; 14. mille fagots ayas deux brades de long chafeun, amp;nbsp;grande quantité d’arbres à faire diuerfes fortes de pieces propres à Ibuftcnirle.s edifices fais fur pilotis.Mais qui rc-fuferoit d’employer ces lieux en telle forte, on y pourroit faire des lolfcz ayans pour le moins quatre ou cinq bralfécs de large commençans dés le plus hault du lieu iniques au plus bas,amp;:lcs creufer autant qu’il feroit poft fiblc,amp;iceux fuifent efloignez vingt braftées fans plus l’vn de l’autre, la terre oftécdcfquclsfut portée es lieux vuides,ou faits en Icuées, plantant le long d’icelles des fatux,amp; Aulnes,afin quelcsfolfez ncfcmplilfcnt, de entre les plus gros des Aulnes en y planter des plus cfpais, comme dit eft cy dcHuSjOU y femât du gland, ou bien y Enfant des prez, filon qu’on verrait la choie eftre plus prouffitablc.
v i Nc E N T.Sçauriez vous quelque remede pour cfcoulcr vne eau non guère grande ayat fource en quelque coing d’vu champ,laqucllc non feu-z iij
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NEVFISSME lOVRNEE
À faire perdre dci fourect drau earn champ.
lemcnt nuit à la terre, ains contrifte le maiffre n’ayant moyen dcl’oftcr, pour n’auoir heu bas à la faire efcoulcr.
lEAN BAPTISTE. N’y a voyc aucuneà donner chemin à telles eaux, auffi n’en fçay-ic autre cas fino qu’aucûs laboureurs m’ont dit d’en auoir du tout cftaintes, fans y faire autre cas que d’y faire courir d’autres eaux courantes fi long téps, qu’à la fin cellcs-cy ont pris autre chemin fans leur porter aucun preiudice.
VINCENT. Tandis qu’il me fbuuient, ie voudroy fçauoir voffre aduis fur les femenccs faites en Autonne : d’autant qu’en plufieurs pais d’Italie, amp;nbsp;peult eftre par tout,on ne fe foucie point d’augméter la mefure du bled au ferner en vne terre graife : ains la diminuent pluftoft, ce qu’ils ne font aux maigres. Etnous en noftre païs Brellàn, ainfi que nous en mettons quatre mefures pour demy arpent aux champs qui font médiocrement cultiucz,nous en douonsfept amp;nbsp;huit amp;nbsp;plus encore à ceux qui font gras, amp;nbsp;trefbicn accouftrez,amp; aux plus maigres,n’en y mettôs pas plus de quatre :voyans queceux-cy à caufe de leur foibleife n’ont force d’en porter dauantagc,amp; les autres à occafion de leur gaillardife,amp; fertilité font pour porter la fcmencc fufdite.
S'il fault pim douer de fcméce aux diapj grarqu'aux maigiei.
lEAN BAPTISTE. L’expérience nous fait voir, que les champs plus gras produifent auffi plus grand abondace d’elpics,qui font, amp;nbsp;plus longs amp;nbsp;plus pleins de grain que ne font les maigres tant foyont-ils bien culti-uez:par-ainfi eft à louer ce que vous dites eftre obferué en Italie,amp; encor ce que dit le fameux Columellc,qui a ordonné de donner moins de fone-ce aux champs gras amp;fcrtils, qu’a ceux qui font médiocrement bons, amp;nbsp;aux maigres plus qu’a tous : dilànt queceux-cy n’ont point tant d’effort de germcr,amp; produire comme les gras,il fault auffi leur difttibucr plus de fcmencc : au contraire qui en donneroit pareille quantité aux fcrtils que aux maigres,c’eft fans doute, qu’ils ne fçauroyent abonder en grains ainli qu’ils font ordinairement, amp;nbsp;ne ver voit-on rien dauantage ou prouffit de plus,pour la fcmencc fur-auancéc.
v i N c E N T. Puis que vous louez tant ce labourage eftiâgcr,pourquoy cft-cc donc quenoz laboureurs font en ce pais tout le contraire?
lEAN BAPTISTE.Quoyquechàfeunf’cfbahiUedececy,neatmoins il fèmblc à ces laboureurs qu’il n’y a point guère grand diffcrcncc,quât au prouffir, femanten vn mehne temps deux pieces de champ voifines, amp;nbsp;chafeune d’vn iotnau de mefmc terroir, à l’vnc dclqucllcs ils mettrôt fept mefures de bled, amp;nbsp;du mefmc n’en donneront à l’autre que cinq tant feulement: entant que tout ainfi que le premier ne peult produire que peu d’efpics,pour auoir grand abondance de grain fortis fur terre,Bcquil fault que la terre aucc fa graillé nourrille tout ce qui eft germé, iufques à la fin: auffi en l’autre piece pour y auoir moins de fcmencc amp;nbsp;moins de germes, les pieds porteront dauanrage par l’effort de fertilité que ce champ ef-galîera l’autre en grolleur,amp; longueur d’cfpics,amp; au raie grain plus beau, à caufe qu’il a feulement de fcmencc ce qu'il luy en fault,quoy que le prc-
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Ï5gt;I
miet n’aura pas moins d’clpicsquedcfeniencciettce,bicn vray que le tuyau fera fi menu qu’au moindre vent,ou pluye qui faillaillira ils feu ira. à terre. Ainfi nous concluons que tout laboureur peut fans faillir vfer des L’expenc-moyens que la pratique amp;nbsp;experience luy ont mofiré eftre proufiîtables, eftant cclte-cy la vraye maiftrife defeouuraut les fccrets diuers de la terre félon les climats de leur aflicte.
V i N c E N T.Eftans fur les propos de fcmeccs,ic defire fçauoir les moics de faire forcir les Melons,pepons,amp; Citroullcs.
lEAN BAPTIST E.Sur le commencement de May fault prendre de la balle de bled fort pourrie,amp; comme côuertic en marc amp;nbsp;ficus repofée de deux ans,mife en vn pâmer hault de trois doigts, puis en icelle mettre telle quantité de grains qu’on vcult faire naiftre, y adiouftant pareille fom-me de la balle lùf ditce,puis encor autant de femcnce,failàns ainfi par toute la couche, tant que tout foit plein, amp;nbsp;mettans celle claye, ou pannier dedans le four,aufli toll que le pain en cil hors tiré apres fa cuillbn,amp; que Ja chaleur fell vn peu attiedie foudain en elloupans trefbien la guellc,amp; y lailfcz vos femenecs par l’elpace de deux iours,lcfqucllcs tirant hors,vous les verrez qui auront pouiré,amp; lêront nées,puis les plantez aucc leur terroir luldit,meflé toute-fois aucc quelque peu de terre gralfc, fins mettre plus de quatre,ou cinq plantes pour valc ou vous les replanterez.
V i N c E N T.Ie n’ouiz iamais tenir compte de celle balle de blcd,commc vous faites en cccy,amp; à haftet les vignes à produire toll des raifins.
Iean BAPTIST E.Si entre nous BrclTans ne faifions pourrir ces petites paillcs,amp; balle en Autonne pour laietter fur nos prez, ainfi que nous failons, amp;nbsp;la tenions en quelque lieu fepaté, amp;nbsp;à defeouuert l’elpace de deux ans lufqucs à tant que fut conuertie en ficns,non feulement nous en feruirions nous pour Icfdittcs graines, ains encor pour marier les vignes à toute forte d’arbres qui font autour de nos terres, pourueu qu’elles eufset leurs racines de deux ans,afin de les faire ramper auflî bien fur les grands, que fur les mediocres,amp; plus pctis,amp; ainfi fans empefehemét on tireroit tant de raifins de ces champs,qu ils porteroient du vin en abondance:ou-tre cc que tenant les bords bien nets iufques au folié les befehant fouuér, on y femeroit toute forte de bled, làns fouffrir que ces lieux foient occupez par les efpincs,chardons,amp;auttcs herbes launages,ainfi que font plu-Îicursignorans, quinefefoucientdc eultiuer ny pour le prouffit qu’on peut en auoir,ny pour la beauté qu’à peu de labeur ils peuuent à leur hon-neur,donneràlcurs terres.
Vincent. Puis qu’elles entré fur le propos des vignes, i’aurois fort cher fi me difiez quel prouffit en tiret les memagers, qui les couurét fouz terre par tout le mois d’Oélobre,amp; iufques à la fainél Martin.
Iean baptist e. On n’vlè point de celle façon de faire finon à celles qui font plantées, en lieux bas,amp; defeouuers, amp;nbsp;qui font expofez aux froidures de la Bife, qui les alfault, de forte que furuenant le froid, facile-
cc vrayc, amp;nbsp;feule guide à manier la
terre.
Moyen de faire toll naiftre la graine des Melons, 5c Pepons.
Comme fault fou-terrerles vignes fu-ietres à la gelée.
1^Z nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;NEVFIES ME IOVRNEE
merit elles font gelées des le haut iufqnes aux racines:!! qu’eftans ain/Tgelées les faut couper,au moins tout ce qui eft fur terre,attendis qu’elles re-iettenr au pied des autres farmens pour poi ter l’année fuyuâte. Ainfi fail-lent lourdement les vignerons qui les fouterrent ainfi bien nettoyées, amp;nbsp;taillées iufques en hiuer,vcu qu’encor quelles ne fullcnc fubiettes à la gelée que peu fouuér,fi eft-ifquayans vue fois pris la couftiimc de les cou-urir,,cc ieroit folie de la difeontinuer : entant que n’ayans point elfe rompues en les defliant de leurs arbres,amp; les couuranc corne dit eft, fans doute qu’elles faiFeurent contre la gelée mieux que les autres qui font a (Fail- . lies des vcns,des pluyes,amp; des neges:ioint qu’ayans cfté bien ordonnées, onlcsiointamp; lie depuis facilement à leurs arbres félon la couftumedes luldits laboureurs,
V i N c E N T.Cefte façon eftant fi prouffitablc que vous ditres,ie m’edone que la pluFpart des vigneronsne le mettent louz terre tous les ans:car il n’y auroit autre prouftit que de les tailler en ce temps y ayant peud’af-faire,on ne deuroit point dilfcrcr iufques au printemps.
Iean B APT i s T r.Ncfautfclbahirdecccy, veu que chafeun fuit fon ancienne couftumc,n’ayant cure de l’opinion des autres, bien qu’elle foit. mcillcure,amp; de laquelle f’aidcnl plufieurs tant efttangers, que leurs propres vorfins.
v i N c F. N T.Vousm’aucz faitfouuenirde ce filet fubtil, amp;nbsp;beau qu’on blanchift feulement en ce pars pour la valeur de plufieurs miliers d eicus, amp;nbsp;lequel on vend par tout le monde , amp;nbsp;qui eft art propre à toute dame honefte,pour,eftrc chofe rare, amp;nbsp;fort gentille : amp;nbsp;pour-ce que ic fçay que IcsDamoifcllcs de ce carrier en blanchificnt allez,vous me ferez plaifir de me dire comme cft-cc que edafe fait.
lEAN BAPT i s T E.Mafcmnic,auec fes filles, amp;nbsp;châbriercs, enaccou-Da moyen firent bonne quantité auccgrand plaifir: faifans premiercmét la 'cTiue la deblanchir plus forte qu’il leur eft poftiWc pour mettre dans leur cuue, amp;nbsp;le fécond le filet à iouren oftant le filet le fccouentfort, amp;nbsp;le remettent en vu autre cuuicC coudre. j^j^^^ net, ce qu’elles font par l’cfpacc de ij.iouis, à fçauoir Fvn ionr le fc-coijans,amp; le Fullans l’autre en repos, amp;nbsp;voyansqu’il eft amolly, font vue autre lelFiuc,amp; mettans le filet en la cuuefte de boys prennent du SaUon à pieces amp;nbsp;le mettes dedans, amp;nbsp;le iourcnfuyuautlclecoüentdccuuicrà âutrc,amp; l’eftendent fur des ais au Soleil,amp;lur le foir le remettent en la id-fine qui foitbicn clerc„amp;: anec le Sauon meûne, vfans de celle façon tous les iours tant que le filet foit blanc en celle perfédion qu’il eft requis . Ne fault faillir de lailFcr les efeheueaux fur les ais,finon lors qu’à tous les bras on IcsJècoüc amp;nbsp;de leur faire leur lefüue parfaite tous les ioursitifques à la fin,amp; outre que vousfçauez q ce filet a beau luftrc, amp;nbsp;eft fort fubtil,on le véd encor aux marchands amp;nbsp;30. amp;nbsp;40.fols l’once, qui le portent en pais eftrange. Par ainfi ne fault Peftonut r fi chalcun tient fi grand copte de ce filet,amp; li prtfque tous fadonnent à en auoir,n’y ayant que bien peu qui le foucient de faire onurages de chemifes, amp;nbsp;autres choies aucc de la.foye,, voyans
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