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Dit boek hoort bij de Collectie Van Buchell Huybert van Buchell (1513-1599)

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^heoJogîâ

Octavo n“. 450,

Rariora

E. oct

450

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ANATOMIE

Vne Jecljration bien ample amp;nbsp;familière de toutes les parries de la Méfié, voire iuf-qu’aux plus petites.

^ottutl/ement mi/è en lumleee^aneeprêtée, qui em* tienephliewifànUtteMhant l'-niJuid, ctlie ^. H^temit.

^ e B K.- X.

Ïefus Chrift, ayant offert vn feu! facrificepour les peenez, eft afsis éternellement à la dextro Dieu.

/*^.***^‘’*' ^ /ft^''^*^




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SONNET, CONTENA.NT

l’Argument iteeeße Anatomie.

Abigt;m'iiable,auare Zabylone,

Qui tiens la coupe,honneur Je tonthreßof, D 'ire de Dieu tome pleine, er encor nie n’apo nt abyfmé ta co ,rönne!

tAais 'i'atten bien qu'en brief il te ^uerdonne, nquetoy meßne il t’enyitreentonor. Si tun’esbienia mors-iure,^ (i or Ne fens l'enferprochain quitepoin^onM.

yoiey.defalaplns cruelle tepe

De ta maudite éér detePable beße Langit,•voyant approeherfaruine.

1,'ire de Dieu n'eP plus or endormie, Qui deftouurant fa puantepoidrint nbsp;nbsp;quot;^

Tailytiràtous fa yiue Anatomie.

I. T.

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^ MO^r SOIGNE y R

‘ le Marquis Je Vico,

On fcigneur, vous fau« q c'eft la couftume, quand M quclcun fait imprimer vu

Liure, qu’il l'adrefle touC-iours à ccluy auquel il fc fent obligé ,ou duquel il fc affurepour quelque autre bon cfgard,qu’il ferabien receu Car i’cftimc,qil’vn homme neferoit point fi fot de prefenter àvnautre poureftre trouuébo, ce qu’il penferoit luy lt;leuoireftrefafcheux:amp; quicôque leferoit, felô mon aduis,il meriteroit bien auec fou prefent d’eftre reietté à fa grande confufiô. Voila pourquoy, voyâtque l’Anatomie de la Meffe.Sc du Meffcl eftoit imprimée , amp;nbsp;prefte à publier,i’ay efté fi hardy de la vous adreffer,comme à celuy auquel ie fuis plus que redeuable, pour pfufîeurs bonnes rai-fous que ie ne diray point maintenant, de peur d’eftre par trop long.Mais quad il n’y auroit q l’afFeftiô fiogulicre,que vous m’allez toufiours portée depuis que vo’ me co gnoiflez.ie me fen fi tenu à vous, que ie fe-roy e par trop ingrat,fi toute ma vie ie ne rc cognoiffoye vn tel bien amp;nbsp;honneur,lequel ieprife d’autant plus, que iefay queleftlc cœurdontilpart . Il y adauantage,queic fuis certain que ce petit préfet, que ie vous

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s P I s T R I.

fay , ne vous defplaira point, quand il vous fouuiendra que vous fuftes le premier qui medonnaftes courage d’y mettre la main, c'eft à dire, de faire cefte Anatomie en no-Ürc langue Frâçoife. le croy qu’il vous fou uient bien qu’vn iour en deuifantaueques vous, amp;nbsp;aucc le feigneutLaftance, de celle qui eft en Italien, vous me diftes que ie la deuoye mettre cnFtaçois,pour certaines raifons que vous amenaftes : amp;nbsp;que peu de téps apres i’effayay pour vous en faire come vnc monftre à tous deux, afin d’entendre ce qu’il vous en fembleroit : amp;nbsp;vous dy pour lors,que ie ne m’eftoye point affubict tydc rendre mot pour mot, mais que i’a-uoye fuiuy le mieux qu’il m’auoitefté pof-fible la facilité de noftre langue, fans eftre tropfcrupuleux àlatraduâion. Vous me refpódiftes que cefte façon- la vous plaifoic bien,amp;q ie deuoyepourfuiureencefteforte iufqu’au bout;amp; m’exhortaftes bien fort à ce faire, efperant fi elle venoit vne fois en lumière, que plufîeurs y pourroyent profiter. l’obey bien volontiers àccla,préférant voftre aduis amp;nbsp;iugemcnt(lequcl ie cognoy eftre fiogulier,amp; conioinftaucc vne prudence admirable)à mon opinion propre,amp; à la fantafie de beaucoup de gens , qui n’c-ftimentpas qu’vn liurcfoit bien mis d’vnc langue en autre, fi on n’obferue toutiuf-qu’a vn petit mot, fans rié laifler ny adiou-fter aufsi. Car,corne vous difiezpour lors, C’eft

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IT I S T K 1.

c'eft aflet quad on tafchc d’exprimer proprement en fa langue ce q l’autre a faiû,ou pour le moins a voulu taire en la fienne. Suiuantdonques voftrc confeit i'ayppur-fuiuy ce que i’auoye commencé : amp;nbsp;l’ayant paracheuc,monfieur Crcfpin, que vous fa-uez eftre l’vn de mesbien bons amis amp;nbsp;ancles,n’a point fait difficulté de l’imprimer, eftantcfmeu à ce faire d’vn pareil iugemet que vous fuftes, quand vous m’incitaftes à l’entreprendre .Si vous trois eftes trompez de voftrc attente,amp; que l’iffue n’en foit pas telle qucvous alliez efperé du commencement , ic ne laiffcray pas neantmoins d’a-uoir occafion de me contenter, ayant fuiui voftrc confeibeombien que de ma part i’ef pere, Dieu aidant, que quelcun y profitera, amp;que ce ne fera point vn labeur inutile. Au refte,mon fcigncur,il vous plaira m’ex eufer.fi i’ay vfé de trop grande hardiefle en ceft endroit. Car ic vous puis affeurcr ,quc ce n’a pas efté fans bonnes caufcs, que ic vous ay adrefle ce petit L iure,comme i’ay défia dit.Mais ce qui m’a faift le vous prefenter pluftoft qu’à vn autre,a efté principa lement pour donner à entédre à tous ceux qui le liront, en quelle execration vous a-uez eu cefte Mefle,amp; combien vous l’auez eftimée eftre abominable deuätDicu,quäd pour la fuyr comme vnc peftelaplusdan-gereufe qui fut ,onques fur la terre, amp;nbsp;pour y renoncer à iamais, vous auez quitté non

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« P I s T R «J

feulemét prefqucs toutes les richefTes,que vous poflcdici en grade abondance,amp;touï les honneurs exccllens ou vous tftiez défia paruenu-.mais aufsi vous aiiez abandôné voftre pays de Naples ,qu’ó fait cftre vu de» plus plaiuns, amp;nbsp;fertiles qui foycnt en toute l’Europe : amp;nbsp;auquel vous pouiiiczauoir toutes les commoditez , plaifirs amp;nbsp;delices, que les mondains fauroyent fouhaiter, 5e dont ils font fi frians, que pour en iouir ils y cmplcyent amp;nbsp;corps amp;. cfprit. Dauantage, vous auez laiflé mon feigneur voftre pere, qui eft homme aagé de louante amp;nbsp;dix ans, amp;nbsp;auque 1 vous portiez telle amour 6e reuc-rencc,que fils fauroit porter à pere:feló que vous cognoifsiez aufsi,qu’il vous aimoit fi tendrement que rien plus.Apres,vous auez abandonne ma dame voftre femme,laquelle ceux qui la cognoiflènt, tefinoignent e-ftre douée d’vne neauté , grace , 5( bonne* fteté fingulicre. Tous ceux de voftre to-gnoiffance fanent quelle amitié vous luy auez toufiours portée le tïmps que vous a-uezdemeuré auecelle,amp; comment aufsi el le vous a porté vnc affeftion entiere amp;nbsp;incroyable. Et puis vo’auez laiffé mefsieurs voz enfans , qui eftoyent neuf, quand vou» partiftes,tantfilzqucfillcs:tousfibien nez, qu’vn chacun en eft efmcrueillé,amp; aufqucl» vousportiez telle amour que perefauroit faire a fes enfans. Bref, vous auez delaillc coûtée qui empefebe auiourdbuy la plu» part

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I r 1 s T R «•

part des hommes de ne point feruirDieu pnrcmcnt'.amp;vous cftes retiré en l'Eglife de nodrcScignenr lelüs,poutluy faire telhô-mage qu'il requiert de tousles fics,amp; pour mettre en exécution ce qu’il a prononcé de fa bouche facrée, quand il a dit, Qui aime , fon percoiifa mere plus q moy , iln’ell pas “** '’* digne d'eftte des miés: amp;nbsp;qui aime fon fils, ou fa fille plus qmoy,iln’cft pas digne d’c-ftredes mies. Et en vn autre paffage.Si au- ^^ cun vict à moy,amp; ne hait fon ptre,amp;fa mere,amp; fa femme,amp; fes cnfans,amp;fesfreres,amp; fes fœurs , amp;nbsp;encore mefrae fon ame , il ne peut cftremon difciple . 11 n’y a celuy de ceux qui vous cognoiffent ,ic dy tant Princes que grans Seigneurs ,qui ne fache bien que ce n’a point elle pour auoir autrement conucrfé entre eux, que fait vn homme de bien amp;nbsp;d'honneur entre les hommes, que vous aucz tout quitté ce que i’ay dit: ils fa-ucn t tous en quelle intégrité Strodeur vous auez cheminé toute voftre vie, voire e-ftat encores en tcnebres:ils fanent en quelle réputation dés lors tout le monde vous tenoit. Qui eft caufe qu’ils ontcfté,amp; font encores maintenant tous rauis en eftonne-ment, de voirvne telle conftance en vous, Sue toutes ces chofes-la (dont les hommes bnetantde cas)ncvous ont rien eftéau-pris de cefte affeélion ardente, que vous a-Uez de feruir à Dieu, amp;nbsp;que pour rien qui foil vo’ n’en aucz peu eftte diuerty. Et mef

* iüi.

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S P I « T R. I. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I

Uti.u

lines li plupart eftime que c’eft quelque tu meur,comme ils parlent, ou bien vnc folie extreme,dont vous aucz elle ainfi tranfpor té.Mais ces pontes ignerans là n’entendét pas pourquoy vousautz fait vnc telle cn-treprife, amp;nbsp;pourquoy vous y perfeuerez fl conftamment.Car ils ne ptuuent point cô-prcdre,que Dieu parfa mifericorde infinie, après vous auoir reuelé fa volonté par le moyen de là fainfte Parole, amp;nbsp;deelairé ce qu’il requiert de tous fes feruiteurs, amp;nbsp;ce qu’il a en abomination,vous ait fureela tel lement fortifié amp;nbsp;armé de les graces ,quc vo’ aucz eftirné aucc S.Paul toutes les cto fes de ce monde comme fiente amp;nbsp;ordure, quandilacllé queftion de vous dedierplai nement à luy,pourle feruir en cfprit amp;nbsp;vérité félon qu’il demande : amp;nbsp;que vous aucz plus prifé aucc Moyfc l’opprobre de lefus Chrill,que les threlors d'Egypte , ainfi que en parle l’Apodre aux Hebrieux . Ce que vous ne pouuicz pas faire, demeurant par-my les horribles abominations de l’Antc-chrift : amp;nbsp;fur tout, en vous proftituant àcc-fte maudite execration de Melfe.Nous fa-uons qu’en la Papauté elle eft comme vnc touche,à laquelle on efprouuc ceux qui fét bons catholiques ou non : amp;nbsp;que félon que vn chacun la prifc beaucoup,ileft eftirné de autant plus grand ChreftiemtcUement que ccluy qui la detefté, ainfi qu’elle merite,eft réputé execrable par ces Antcchriftsamp; fup.

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« P I J T II 1.

pofts defatan . Or quard noftre Seigneur vous cut ouuert les yeux,amp; enfeigné quelle idolatrie amp;nbsp;facrikge fe ccminct voirc en la moindre partie qui eft là contenue, vous aimaftes trop mieux incontinent tout abandonner, que de faire feulementfem-blantde l’approuuer en forte que cefoit.Et par cela vous auez vrayement monftrepar effeft combien tous fideles amp;nbsp;craignant Dieu l’a doiuent auoir en horreur: amp;nbsp;aucs quant amp;nbsp;quant enfeigné le chemin à ceux qui fc difent auoir la vrayecognoiflance de Dieu, qu’ils ont à tenir quand ilfaut fetuir le vray Dieu à bon efeient, amp;nbsp;fansfeintife. Que s'ils ne vous enfuiuent en cela,ou que ils ne foyent point efmeuz par voftre exem pic, qu’ils retiennent alTeurczque ce ferai leur grande confufion , amp;nbsp;qu’il ne faudra point au iour duiugcmcnt,quc d’autres fe leuent pour les condamner deuant Dieu de lcurobftination,lafchctéamp;trahiron . Car comme il eft dit que N oah par l’Arche que il fit , condamna le monde : aufsi en obeif-fanc à Dieu, amp;nbsp;au commandement de no-ftre Seigneur lcfus,vous auez condamné la dureté, l’ingratitude , amp;nbsp;rebellion de telles gens;5: ce que vous auez efté fi merucillcu fement retiré par la main de Dieu de tant d’erreurs amp;nbsp;abyfmes d’impieté ,môftrc clai 0 lement, que c’eft àbon droit que tous ces traiftres,cndutciz amp;nbsp;obftinez petiffcnt:lef-qucls gt;nbsp;fans doute »Dieu dcliurctoit par fa

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grace amp;nbsp;bonté, s’ils n’eftoyct du tout indignes (Veftre fauuez. Et lur tous q ceux qui ne font que bié peris copagnons auprisdc vous, it dy entoures fortes qu’ils le voudront prendre , foyent certains qu’ils ferôt d’autant moins excufables, qu’ils auront eu plus d’occafion , amp;nbsp;moins d’empefehe-més que vous n’auiea lors que vous eftiez en tel degré d’honneur, amp;nbsp;que vous auicz tant de biens amp;nbsp;richeires,tant de commo-ditez amp;nbsp;occafions pour vous retenir amp;nbsp;arre fter au pays de vourc naiflance.

Voila, mon feigneur. pourquoy ie vous ay adrefTé cefte Anatomie pluftoft qu’à nul *utre:efperanc aufsi qu’elle fera tant mieux reccue de tous, qu’on verra que vous l’aurez approuuée : amp;nbsp;que plufieurs apres l’a-uoir leue feront incitez tant par lesraifons, que i’ay amenées, pour monftrer quelle a-bomination ceft que la Meflè, que par vo-Are exemple, quand ils entendront,que rien de ce monde ne vous a peu engar-der que vous n’ayez renoncé à vne telle puantifé,pour vous adôner entièrement au vray feruice de noftre Dieu, amp;nbsp;vous renger pour iamais à l’obeiflance de noftre Seigneur Icfus. Au nom duquel ie prie à Dieu noftre bon Pcre,qu’il vous maintiéne rouf-jours en fa fainéle protedion , vous donne grace de perfeuerer iufqu’en la fin,amp; qu’il vous augmente de plus en plus fesfaindes bene-

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B r I * T K B.

benediûions. De Gcneue.ce onzième Jour de May, mil rinq cents cinquante amp;nbsp;cinq.

Voftre trcsHumble amp;nbsp;obeiffant feruiteut à iamais, C. D. 1.

^ irr-MitMi,

A tiy Iticy ce^e traduBica, Quàconaiueiii'intre^rii^tyt’tnfalre frètent,que peudi^ne de tty ieprifequot;, iAanconucnantàta prjfeßien, tAonflrant con:biiniefeu'oaircf defflahl Cemlt;i»precy^queie t’aMtemiJe^

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F K. i f -/^ C B ^ fr x

ItHeitrs-

Olis voyons par experience,i^ue les hommes font fi grolsicrs de leur nature, amp;nbsp;d’vn tfprit fi lourd, qu’on ne les peut iamais tantef-moUuoir,quoy qu’on leur

die ou propofe,comme quand on leur met quelque chofe deuat les ycux,amp; qu’on leur raonltre fi clairement qu’ils n’enfauroyét plus douter. Iln’yaceluyqul ne foitbon tcfmoing de ce que ic dy ,amp; qui nc l’experi-mëteto’Ies iours enplufieurs fortes:tclle-ment qu’vn chacun n’eftime rien plus certain, ne plus afieurcq ce qu’il voit à l’œil. Entre autres les Médecins amp;nbsp;Chirurgiens eonfcflèrontaifémentcela.Caril n’y a partie de toute leurfcience, qu’ils eftiment tat certaine,que celle qui s’apprend à veue de-feouuerte, amp;nbsp;qu’on ne peut bien comprendre fans l’œil,c’eftaffauoir l’Anatomie, ou dilTeftiS du corps humain,par laquelle tou tes les parties d’iceluy font bié examinées, amp;nbsp;facilement entendues.Quant aux autres chofes qu’on ne voitpoint, iamais l’homme ne s’en peut afléurer, tellement qu’il ne luy demeure prefques toufiours quelque doute en fon entendement, lequel eft tan -»oft diftraiâ ça amp;nbsp;là, félon qu’il eft fubieft

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ï K s * A e 1.

à vanité; ouy ß Dieu ne luy faiteeftegrace de l’illuminer par fon S .Elptit,pour luy fai rc cognoillre ce qu’autremet il ne pourroit jamais croirciamp;pour l'affeurcr aufsi deeeq il ne voit point, Si dont il doutetoit à tous coups, fans cefte certitude-la, qui furmonte tousnozfcns,5: intelligence naturelle. Or ceuxdefquels i’ay n’agucres parlé, fetien« nentbien affeurez,qu’ils ont certaine co-gnoiflance du corps humain, quand ils ont veu amp;nbsp;examiné diligemment toutes les par tics qui y font,voire iufques aux plus petites ; amp;nbsp;qu’ils ont confideré de près ,amp; co-gneu la fubftance amp;nbsp;nature de chacune à part,amp; puis la grandeur,le nombre, la figure, fituatió,amp; vfage de toutes.Et e’eft à bon droit qu’ils fe petfuadent qu’il n’y a choie plus neceflaire de fauoir en leur art, que font tous cespoinfts-la que i’aydit. Car faute de les cognoiftte comme il eft requis, il aduiendra quelquefois,fi vn nerf eft coup pc,ou vn mulcle,ou vnc artere,quc lefenti-ment du membre , qu’il faut medeciner amp;nbsp;gairir,ou le mouuemêt,amp;quelquefois tous les deux enfcmble périront à iamais: amp;nbsp;qui pis eft encores, bien fouucnt fenfuit de là vnemort fubite.Brcf,ic feroyetrop longlî ie vouloye raconter les inconueniens qui procèdent d’vue telle ignorance.Et pource ils ont en fingulierc recommandation cc-fte cognoiflance de l’Anatomie,par laquelle toutes les parties du corps humain font ieclairces bien au long. Voila aufsi pour*

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r K 1 F A C C.

quoy cc bon perfonnage 1 talie,qui fc nomme Antoine d’Adam(IequcI a depuis quelque temps en ça fi bien cfplufehé les abomi nations amp;nbsp;impietez de la Meffe amp;nbsp;du Mef-fd, qu’il lésa monftrées quafi au doigt) a voulu donner ce tiltre d’Anatomie à vn li-ure qu’ilen a fait, pour mieux exprimer en fomme ce qu’il auoiteferit .C’eft vue matière, qui merite bien d’eftre cogneuede tous, amp;nbsp;d’eftre deelairée en forte qu’vn cita cun entéde que c’eft, comme te monftreray tantoft. Suiuant donques ce qu’en a faift celuy que i’ay défia nommé, i’ay tafehé de faire cefte Anatomieen François, afin que les plus petis mefmes ,amp; les plus rudes de nottre natiô puiflentfauoir que c’eft de tou te la Meffe,amp; du Mcffel aufsi. Mais auant que de venir là, pour auoir vnc plus facile intelligéce,amp; comme vnc ouuerture à tout ce qui fera traifté en ce li«re,il m’a femblé qu’il ne fera point manuals,ny hors de propos,fi ie deelaire quelques poinds touchât cefteAnatomie.Et pourcc,afio de mieux ef claircir le tout, ie touchcray en premier lieu,quelle eft la nature de la Meffe,amp; que vautlemot.-amp; puisquec’eftdu Meffel.Ain fi les Ledeurs ayans cogneucela,pourront plusaifement entendre que c’eft de l’Ana-tomie,qui fefera de l’vn amp;nbsp;de l’autre. Car ils fauront pour le moins quel eft le fubied ou le corps qu'on decoupera, amp;nbsp;quelles en font les parties. Quant à ce mot de Meffe,

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P R Ï » K C I.

51 eft incertain d’où c’tft qu’il aefté tiré.fi-nonqu’ily aapparéce que ç’a efté des obla lions qu’on faiioic à la Ceue.Pour laquelle raifon les anciens Doreurs n’en vftntcó-rnuntment qu’au nombre pluriel.Maisea cores que cela fnft vray, ne voit on pas cornent ii aefté melcbammcnt deftournédc fa propre fignificaiion,pout le faire fcruir à cefte impiété infernallt:qui n’eft autre clio fcqu’vnc inuentiô humainc;ou pluftoft qui aefté forgée enlaboutique de lata,pour fl-gnifier toute l’abomination, qui eftcom-prife amp;nbsp;cachée deflbus?

Or laifl'ant tout le refte,qu’on en pourrait dire, ic vien à la chofe ngnifiée par le mot: c’eft alîauoir,qucla Meffe cft vn aûe eu vne façon de faire introduite au monde par le diable, ou controuuée par luy, amp;nbsp;fes Antechrifts auec tous fes adherans : par laquelle principalement il a tafclié de non feu lemcnt obfcurcir amp;nbsp;peruenir la facrée Cène denoftre Seigneur lefus, maisaufsi du tout l’effacer amp;nbsp;abolir, amp;nbsp;faire qu’elle fuft effacée de la mémoire des hommes:amp;don-ner à entendre qu’elle eft vn facrifice amp;nbsp;o-blatiô du corps de lefusChrift,pour impe-trer larcmifsiondes pechez: ou vne oeuure méritoire tant pour le Preftre , qui offre le lefus Chrift, que pour ceux q font afsiftans à l’oblation qu’il fait, voire mefmes pour les trefpafTez. Voilaen peu de paroles quel-ic-cft la Meffe,amp; fes proprictez.Mais d’au-

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P R i » A e i.

P' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tint que cela fcmbleroit obfcur à plu (leurs

amp;quiGdutoucimpofsibIc à croire, s’il ne eftoit déduit plus au long . Il faut noter en premier lieu , que fatan par Tes inutntions amp;nbsp;rufcs,s’cft de tout temps efforcé d’ef» pendre amp;nbsp;meflerfes tenebresen lafainéfe Cene de Icfus Chrifl.potir la corrompre,de Îirauer.amp;obfcurfîrù tout le moins afin que a pureté d'icelle ne fud retenue amp;nbsp;gardée en l’Eglifc, ainfî que noftre Seigneur l’a-uoitinftituée: comme quand il a faitqu’el-le feroit prife voefois l’an fculemët.St qu’il en a raiii amp;nbsp;rouvrait la m litié à la plus grid part des Chreftiens, quand il ns leur a point efté licite de communiquer au calice. Mais le chef de l’horrible abomination a efté, quand il adreffé vn figne, par lequel cefte facrée Cene fuit totalement renuer-fée,anneantie,amp; arrachée d’entre les hommes . C’eft,quand il a aueuglé quafî tout le monde de ceft erreur peftilentieux , amp;nbsp;impiété pl’ qu’exccrablc,qu’on creuftla Mef-fc eftre vn facrifice, amp;nbsp;oblationpourimpe-trer la remifsion des pechcx , comme i'ay dit-Etcefte opinion n’eft pas feulement rc-ceue des idiots, amp;nbsp;du commun populaire: mais l’aéle qu’ils fonteft teUemét compo-fc,quc c’eft vneefpece d’eipiation,pourfa-tistaire à Dieu des offenles tant des viuant que des morts.Et défait, comme nous verrons cy après, les paroles dont ils vfent, le chantent ainfl.Et l’vfagc ordinaire demon foc

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F K 1 » A « «Ï

Arc que la chofe eft telle . Or il n’y a celuy «les enfansdeOieu gt;nbsp;qui ne fache combien cefte pefte s'eft enracinée auant,amp; commet elle a prefques intefté toute la terre:fous cô bien grande apparécede bien elle fe cacher cornent elle fccouurc du nô de lefusChrift: bref,comment plufieurs fe penfent eópren-dre toute lafomme de la foy,amp; de la Chre-fticntéfouslefeul nom de MclTc. Mais fi îe monftre clairement amp;nbsp;en peu de paroles par l’Efcriturefainfteamp; non autremcc,quc ceft efpouuantable mon dre de Melle,quoy qu’il foit parc,amp; fardé corne vne putain de burdeau,fait m trefgrad deshóneur à lefus Chrift,opprime amp;cnfeuelit fa croix,met en oubly fa mort, nous ofte le fruift qui nous en proucnoit,deftriiit amp;nbsp;difsipe le fainft fa-crement de la Cene,auquel nous eftoit laif fée la mémoire d’icelle mort ; aura-il aucunes puiffances , ou forces qui ne foycnt in-continét renuerfées amp;nbsp;abbatues par ce glai Uc tranchant des deux coftez,c’eft à dirc,la fainde parole de Dieu ? Aura-il aucune fi bellecouuerture,fous laquelle eftit caché, il ne foie tantoft defeouuert par cefte lumière?

le dy donques qu’en laMelTe il fe fait vnblafphcmc amp;nbsp;deshonneur intolerable à lefus Chrift .Car il a cfté eóftitué du Pere, amp;nbsp;confacré Preftre amp;nbsp;Pontifemon pas pour jj^i^ quelque temps,comme cftoyent ceux du (j-x^’^ vieil Teftament,defquels puis que la vie c-

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P R. E Î A C ï’

ffe.vo

Go«.14

Hit.f

ftoit mortelle, la Preftrifc amp;nbsp;Prelature ne pouuoit eftre immortelle.Parquoyil eftoit bcloing qu’ils euircntdes fuccefleurs ,qui fuirent après fubreguez au lieu d’eux,quad ils leroyent decedez . Mais à lefus Chrifti qeft immortel,il ne faut point fubftituer de vicaire.Il adonceftéordonné du Pere.Pre-ftre à touliourr-mais,félon l’ordre de Mel-cliifcdech,alîn qu'il fift l’office dePrefirife» éternellement durante amp;nbsp;permanente. Ce myftere auoit efté long temps deuant figuré en Mclchizedecli, lequel apres qu’il a e-fté vne fois par l’Eferiturc introduitPreftre du Dieu viuant, iamais après il n’en eft fait métion, céme s’il euft toufiours vefeu fan» fin. Par celle fimilitudelelus Chrift a efté dit Preftre félon Ibn ordre. Or ceux qui fa-crifient tous les iours,il eft necelTaire qu’il» ay et des Preftres pour faire leurs oblatiôs, Icfquels foyétfubroguez S', mis en la place de Ief’'Chrift,cóme fucceffeurs amp;nbsp;vicaires. Et par cela non fculemétils le defpouillét de Ion hóneur,amp; luy rauiflct fa prerogatiue de preftrifc eternelle,mais ils s’efforcent de le deietterde ladextee de fô Pcre,en laque! le il ne peut eftre afsis immortel,qu’il ne de meure quât amp;nbsp;quât eterncl.Etpourtâtil eft fcul Preftre 8f n’abefoing de compagnons, puis qu’il ne peut eftre empefehé parmort, corne eftoyent ceux de l’ancienTeftament.

I c dy puis après , que cefte M effe en-fcuclit,amp; opprime la croix amp;nbsp;pafsion de left*

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I R 1 I ACT.

fus dirift.Cïr s’il s’eftofFert foy-meftne en Heb.ia la croix en facrifice, afin qu'il nous fanûi-fiaft à perpétuité , amp;nbsp;qu’il nous ^tqiùft redemption ctcrneUe:qui eft ce qui pourra douter que l'effeft amp;nbsp;l'efficace de ce facrifice ne dure fans fin? Autrement nous ne l’au lions point en plus grande eftime que les fa crifices des belles brutes, qui fc faifoyent fouslaLoydefquels les oblations cftoyent imbccilles amp;de nuleffeftamp;vertu,puis que il les falloir fouuétesfois réitérer. Parquoy il faut conftfler ou bien que le facrifice de lefus Chrift qu’il a faift en la croix ,n’a point eu la vertu d’eterneUe purgatiô,A fâ Ûification.qui eft vn blafpbemc execrable: oubié qu’il afaiftvn feul facrifice vne fois pour toutes. Etc’eft ce que dit l’Apoftre u^,^, auxHebrieux, que ce grid Preftre,ou Pôti felefus Chrift . parle facrificede foy-mef-me eft apparu vne fois en la côlommarion des fieeles,pour abolir le péché, lté, qlavo-lôté de Dieu a efté deno’fanélificrpar l’o- ^‘^-^^ blatiSdeChrift faiélevnefculcfois. Item, Que par vne feule oblatiô il aparfaiél à per pctuitê,ceuxquifôtfanélifiez. Etadioufte vne fentécebien notable,Puis qla remifsió des pechez no’ eft acquife,qu’il ne refte pl’ nulle oblatiô.Celaaufsiaefté fignifié de le fusChrift,par fa derniere parole qu’il pronô ça voulant rendre l’efprit, quad il dit, 11 eft eófómé ,o\bT out eft acheué ,amp; acco ply .Par cet mots-UjU teftific q par fô feul Sacrifice

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cft parfait, amp;nbsp;accôply tout ce qui appartenait à noftrc falut. Ceux donques.qui tous les iours y en adiouftent d'autres innumc-rables, ne veulent-ils pas monftrcr qu’il tft imparfaift,combien que lefus Chrift nous en ait fieuidemment recommandé , amp;nbsp;de-claire la perfeiSion î Puis que la treffainfte parole de Dieu ne nous aiFerme pas feulement , maisaufsi crie amp;nbsp;protefte celacri-ficeauoirefté vne fois parfaift , amp;nbsp;fa vertu amp;nbsp;efficace eftre éternelle : ceux qui en cerebent amp;nbsp;demandent d’autres, ne lere-dargucnt-ils pas d’imperfeûion , amp;nbsp;d’infirmité’ Et la Mefle , qui aeftémife fus à cefte conditio, que tous les iours cent mille facrificcsfoyent faits par le mode,à quey tend elle , finon que la mort amp;nbsp;pafsio de Ic-fusChrift,par laquelle il s’eft offert foy-mcf me vn feulfacrificeau Pere, demeure enfe-uelie amp;nbsp;fupprimee’Y a-ilmaintcnantquel-cun.s’iln’eft par trop aucuglé,qui ne voye «tlaauoirefté labardieffe dcfatan,pour re fiftcramp; combatrecoritre la vérité de Dieu fi aperte amp;nbsp;fi manifefte î le laific pour cefte heure toutes les illufions,defquellcs ce pere de men Congé a accouftumé de couurir cefte fienneaftuce .voulant perfuaderquecene font point plufieurs, ne dîners facrifices, mais vn feul amp;nbsp;mefme facrifice fouuentef-fois réitéré . Car il en fera traifté plus au long en la quatrième partie de cefte Anato raie,quand les abuz amp;nbsp;facrilcgcs de la Mef fe feront dcfcouuerts,amp; monftrez à l’œil.

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Ic vien donc au troificme office amp;nbsp;vertu de la M elfe , que i’ay touché cy dd-fus.c’eft,qu’elle efFace amp;nbsp;ofte de la mémoire des hommes la vrayc amp;nbsp;vnique mort de lefus Chrift . Carcomme entre Icshom-mes la confirmatiô d’vn teftament depend de la mort du teftateur : en cefte manière aufsi noftre Seigneur a côfirmé par fa mort le Teftamcnt,par lequel il nous a faift don de la remifsion de noz pechez, de la iuftice éternelle,amp; de l'héritage cclcfte. Ceuxqui en ce Teftament ofentvarier, ou innouer, defauouent fa mort , amp;nbsp;la reputent comme de nulle valeur. Etqu’eft-ce autre cho-fe,la Meffe.finon vn teftament nouueau amp;nbsp;du tout diuers ? Car chacune Meffe ne promet-elle point nouuelle remifsion de pechcz, St nouuelle acquificion de iuftice: tellement que défia il y aautantdeTcfta-mcns,qu’ily a de MeffesiQue lefusChrift d'Onc vienne derechef,amp; qu’il confirme par vnc autre mort ce nouueau Teftament, ou pluftoft par infinies morts les teftamens qui font infiniz aux Méfiés. Pourtant cela que i’av dit n’agueres, n’cft-il pas trefeer-lain,aflauoir que pat les Méfiés eft effacée amp;nbsp;oubliée l’vnique amp;nbsp;vraycmort de lefus Chrift ? Dauantage, la Meße ne tend-elle pas direftement, à ce que Vilèftoit pofsi-blc, lefus Chrift fut tuc,amp; meurtri encore vne fois?Car,comme dit l’Apoftre,ou ily a Htb.9 Tcftamcntjileftneccflaire que la mort du

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teftateurintcruicniic.La Meffe pretend va nouueau Ttftamein de iefus Clirift:clle re quiert donc fa mort Et puis,il faut neceflai remétque le facrificc.qui eft offert,foittiié, amp;nbsp;immolé.Si lefus Chrift à chacune Meffe cftfacrifié ,il eft neceffairee qu’en chacun xnomét,en millclieux il foitcruellemét tuc amp;nbsp;oceiz.C’eff l'argumét melmes de l'Apo-ftre, difant, Si lefus Chrift euft eu befomg de s’oifrirfoy melmefouuentcsfóis, ilcuK fallu qu'il euft fouffert fouuétesfois depuis Ie commencement du monde.

Quanta cc que i’ay di ét, que la Meflc nous ofte le fruid,qin nous prouenoitdela mort amp;nbsp;croix de lelus Chrift : ie croy qu’il n’y accluy d'entre les fideles,qui ne le voye bien facilement, puis qu’elle faitque nous ne le rccognoiirons,amp;conlt;ïderons point. Car,qui fe penferaeftre racheté par la mort de lefus Chrift, quand il verraen la Meflc vne nouuelle redemption ? Qui fe confiera fespcchez luyauoircfté remis,quand il ver ra vne autre remifsió ? Et ne font que babil lcr,ou pluftoft que fe moquer deDicu,tous ceux qui allèguent, que nous n’obtenons point pour autre caufc la remifsion des péchez en la MclPe, finon pourec qu’ellccft délia acquife par la mort de lefus. Carc’eft âutantcômes’flsdifovent.que nousauons eftérachetez parChrift.à cefte códitió,quc nous nous rachetons nouf-mefmes . Et default, telle doétrinc a efté femée par les Mi-

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BÎftres de fata, amp;nbsp;telle encores auiourdhuy ladefcndcnt-ils par crierics, par glaiuesjà par feuz. C’eft, ai lent ils, quad nous oftrós Clirift auPere en la Meflè , par l’œuurc de cefte oblation nous aquerons rcmifsion des péchez,amp; Tommes faifts participans de lapafsiô de lefus Chrift . Que rcfte il plus à la pafsionde Chrift, finonau’eUefoit vn exépte de tedéption ,par lequel nous apprenons d’eftre nouf-mefmes noz redépteurs?

Il refte maintenat de voir consent la fain fte Cene,en laquelle noftre Seigneur lefus auoit laiffé la mémoire de fa pafsiô engra-uée amp;nbsp;imprimée pour iamais, par la M efle eftoftée,perdue amp;nbsp;abolie. Or nous fanons que laCene eft vn d^dcDieu,lequel deuoit eftre pris,amp; reccu auec aftion de graces.Et que fait-on au contraire? On fciiiA que le facrifice de la Meflè eft vn payement qu’on faitàDieu,lcqucl il reçoine de nous en fa-tisfadion. Autant qu'il y a à dire entre Pié dre amp;nbsp;dôncr,autât il y a de dilFcrencc entre Sacrement amp;nbsp;facrifice . Car le Sacremet de la Ccne nous promettoit, que nous eftions par la mort de lefus Chrift reftituez en vie, non pas pour vnc fois fculeraéc,maisqnous eneftios afsiduellemétviuificz: pource que lors a efté accoply tout ce qui appartenoit , à noftrefalut.Le facrifice de la Meflè chan tebié vnc autre chanfonx’eft qu’il faut que lefus Chrift foit tous les iours facrifié a- lt;; Hn qu’il nous profite quelque chofe . La

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Ccne deuoitefire propofcc , amp;nbsp;diftribuée cn publique congregation de rEgliic,pour nous inftruirc de la ccmmuniö,par laquelle nous femmes tous conioinûs enftmblc à lefus Chrift.Le facrifice de la Melle tópt amp;nbsp;deftruit celle cemmunité.Car après que cefterreur a eu lieu, qu’il failoit qu’il y euft des Prcllrcs qui facrifiaflent pour le peuple,comme fi la Cenc euft ellértfcruceen propre àcesgallans tonduz amp;nbsp;greffez, elle n’a plus efté communiquée à l’Eglife des fidèles, comme le cemmandement de no-ftre Seigneurelloit:amp;; lavoyeacftéoiiuer-tc aux M elfes priuées, (c’eft à dire, toutef-fois amp;nbsp;quantes qu’il n’y a nulle participation de laCenedc noflre Seigneur entre les fidèles,quclquemultitudc,qui y afsille pour regarder. ) Icfquelles reprefentaflent pluftoft quelque excommunication,que ce île communité , qui a efté inftituée de no-ftre Seigneur Ictus. Et pourtat c’eftautant de profanation de la fainélc Cenc. Car que eft eeque nous a commandé le Seigneur! de prendre le pain , amp;nbsp;le diftribuer entre nous. Et quelleobfcruation de cela nous enfeigne fainél Paul ? C’eft que la fraélioii du pain nous foitpour cômunion du corps * delefusChrift. Quaddonques vn homme mange tout luy feul, fans en faire part aux autrcs,qu’eft- ce qu’il y a de femblable auce celle ordonnance! S’ils allèguent, que le Frcllre fait cela au nom de toute l'Eglifc, is

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îc demande en quelle autorité ?amp; qui luy a donné celle charge? N ’cft- ce point le mo quer ouucrtement deDicu, qu’vn hoir me face à part cequi deuoit dire faiten ccm-mun, en la compagnie des fidèles? Mais à caufe que les paroles de IcfusChrift amp;nbsp;de S.Paulfont allez claires ,on peut briefuc-ment conclure, que par tout ou le pain ne fc rompt point poureftrcdillribué entre lei Chreftieiis.iln’y a nulfcns,mai$ vnefauffe amp;nbsp;peruerfe fiftion pour la contrefaire . Ot vnc telle faufle fiftiô.n’eft que corruption; amp;lacorruptió d’vn fi grâd myftere n’eft pa» fans impiété . Et de-là eft précédée celle multitude infinie de MclTcs, qui fe chantés par tout:amp; par ce moyen aulsi le peuple a efté diflrait^a amp;nbsp;làitcliemétqu’iln’ya plu» eu aucune mémoire de la fainéleCcnede noftre Seigneur. Parquoy,ce quei’ay dift par cy deuac de la nature,ptoprietez,vertu» amp;nbsp;office de la Meffe, eft trefeertain » Sc prouuébicn maniteftemenf.c’tftalTauoir, que la Meffen’eft autrechofe qu’vne inué-tion diabolique,qui a efté mife fus pour ré-uerfer la fainôe ordonnance de noftie Seigneur lefus, pour anneantir lafactéc Cene, qu’ilainftituéecnfonEglife, amp;nbsp;pour faite accroire au mode,que c’eft vne œuurc pour acquérir la remifsion des pcchez, amp;nbsp;pour rc concilier les hommes aucc Dieu : bref,que C’eft vn facnfice, ou oblation pour appaifer l'ire de Dieu à l'encôtrc des hommes,à eau

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fc que Icfus Chrift, felon qu’on cuidc,y eft facrifié amp;nbsp;offert tout ne plus ne moins qu'il Fiefté vue fois en la croix, l’ay bien voulu réciter qualî de mot à mot tout ce que i’ay amené cy deflus.du traifté q ce bon ferui-teur deOieuS: fidele miniftrcde fa Parole, IcâCaluin, afaiéldu Sacreméede lafaîéle Cene de noftre Seigneur Iefus,en fô InlU-tutiôClireftiéne; d’autat qu’il m’a femblé, qu’il n’ett pas pofsible de mieux dire,ne pl* proprement exprimer quel eft ce môftre de Meffe.Car on voitaifément par cela quelle en eft la fubftancc, quel en eft le but, amp;nbsp;quelles fontfcsvcrtuz,amp; proprietez.Et come ie n’ay fait aucune difficulté de réciter icyvn tel difeours, fachant bien qu’va chacun n’a pas le moyé d’auoir ce liure la, qui contient tous les points de la religion Chreftienne : aufsü’eftime que i’eufle efté non feulement ingrat, mais par trop fot Sc ridiçule , fi ie n’eufle franchement confelTé d’où ie l’ay pris, amp;nbsp;reengneu l’auteur qui a parlé ainh par la bouchede fon feruiteur. Or ce font chofesbien necelfaires à cognoi lire en general de ce corps monllrueux, a-uantquedevenir à (esparties,pour les de-feouurir amp;nbsp;mettre deuant les yeux d’vn cha eun , à caufe qu’elles feront beaucoup plus facilement entédues , quand l’Anatomiefc en fera. Il relie maintenant, puis que nous fauôs quelle eft ceftcMefre,3c de quelle na iurcamp;propricté,dc dire aufsi en vn mot(có bien

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bien qu’il n’y a fi petit qui ne le facile ) que le Meffcl cftcommevn retrait puant amp;nbsp;in-fed, auquel la Mefle acfté finalementen-clofe , amp;nbsp;ferrée , amp;nbsp;ou ceuiç qui ont affaire d’elle,s’adrefletpour s’en feruir. C’eft tout ainfi qu’vnlicu.ou quelque paillarde,apret auoir toute fa vie couru i’ef2ucillettc,(e fe-roit à la fin retirée, amp;nbsp;qu’elle mcfmc aurait cmpuanty dcfa vilainic. Car il n’y acEofc au monde , à laquelle on feuft accomparct plus proprement la Mefle,qu’à vne paillarde la plus ordc amp;nbsp;la plus detcftable qui fut jamais .N’cft-elle pointplusqu'vne Hélène, pour laquelle les ennemis de la vérité de Dieu bataillent auiourdliuy en fi grade cruauté,cn fi grande fureur,amp; en fi grande rage? Cefte putain cent mille fois plus abominable que ne fut onques Helene , comment eft-ce qu’elle a enyuré, voire du tout enforccllé , amp;nbsp;abefty tous les Rois, amp;nbsp;les peuples de la terre, depuis le plus grand iuf qu’aupluspetit? N’ont-ils pas efté tellement cftourdiz parcepoifonmortel, qui Icuraeftéprefcntc en vaifleau d’or(c’cftà dire, fous le nom de la parole de D ieu) que ils font deuenuz plus belles que les brutes, quad ils ont côftitué le comencement amp;nbsp;la fin de leur falut en cefte feule txecratiô?Cô ment ont ils paillarde aueccllcîN’a ce poît cfté parfomicatiô fpiritudlc.q eft furtou-tes la plus execrable ? Le Mcffel donc neft

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Autre cliofequ’vu recepticle , ou retraifl:, auquel la Meffe eft logée,amp; dont les rufïiés fe feruent, quad ils veulent paillarderauec celle vilaine maftinc, amp;nbsp;truande infame de MclTc. Or d’au tat que tout ce que i’ay touché iufqu’icy tantde la Meffe que du Mef-fd,fera encores mieux entendu,quand l’Anatomie fe fera de chacune partie,ic ne me arrefteray poi ne dauantage pour cefte heure à traiter plus au long tout ce qu’on en pourroitdire.il me fuffîtd’auoirfeulcmét donné à entendre comme en pafrant,que la Mefle depuis vnbout iufques àlautre,eft pleine de toutes efpeces d’impiété, de blaf-pheme,d'idolatrie, de facrilege,fans conlî-derer encores toutes les dépendances, amp;nbsp;Confequences. Etie ne doute point qu’aptes auoir entendu la defeription que i’en aymifc,les Lecteurs ne foyentaucunemet pr^arezpour mieux voir, amp;nbsp;coprendre la diflcélio qui fe fera cy apres d’vn tel corps, C’eft à dire,fi vilain, 11 puant,fi contrefait, amp;nbsp;fi horrible qu’il n’y en eutiamais vn fem blable en nature,quelque ladre,ou pourry, ou monftrueux qu’il aitefté. Car depuis la telle iufques aux pieds,ce n’efl qu’ordureSc puantifc, pour infeter non feulement le Ciel amp;nbsp;la terre,amp;les corps qui y font viuîs, mais aufsi pour traîner les poures amesen ruine amp;nbsp;perditio etemelle.Ôr que ceux qui feront prefens à voir decoupper celle cha-tongne, ne 'touchent paspourtât leurs nez corn-

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lt;cmine craignans d’en eft re empnantiz, amp;nbsp;«qu’ils ne s’clcœurdëtpas aufsivoyans telle vilainie , Siordute fi puante •. maispluftoft tju’ils foycnt diligens à bien examiner le tout.'amp; qu’ils s’afleurenteependant de trou tier, moyennant la grace de Dieu , comme vnecôtrepoifon, ou des fentcurs fi bonnes amp;nbsp;fi douces qu’ils ne feront point empuan-tiz decefte cliarongne. Car ce menftre fera tellemét dccouppé,amp; toutesfes parties de-monflrées,que pourlcs anneantir du tout, afin que iamais il n’en foit mémoire,la fain ûe parole de Dieu,qui eft vnc odeur de vie en vie à tous fideles , fera corne vn perftim fingulier,pourrepouflercefte puantife. Et dauâtage,tout ce corps prodigieux fera de-couppé par cefte meime Parole , qui eft va glaiue tranebant des deux codez, amp;nbsp;quipe neue amp;nbsp;atteinû iufqu’aux moelles. Mais puis qu’il eft queftion de faire l’Anatomie de laMcfle,il nous faut toufiours retenir la proportion 5e fimilitudc,qui peut efire gar dée entre vn corps naturel, amp;nbsp;ce corpscy, qui eft du tout contre nature. Onfait que les Anatomiftes tant médecins que chirur-giens,pour faire leurs diffeftions accouftu-mées, amp;nbsp;principalement aux 'Vniuerfitez, ou elles fc font publiquement, ontbefoing apres auoir tccouuré vn corps humain qui foit défia mort (car autrement ils ne lede-coupperoyent point iamais : amp;nbsp;ce feroit aufsi vnc cruauté par trop barbare, amp;nbsp;vn a-

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ôe pim que brutal, de mettre là en pieces vu home toutvit;)ils ont bcfoing.dy-ic.dc âuoir vu lieu propre amp;nbsp;comode, pour bien inôftrcr à tous les Ipcftateurs ce qui cft ne celFairc de voir : amp;nbsp;puis il leur faut vnc table,pour mettre le corps defrus:il leur faut aufsi quelquesinftrumés propres,cornera-fouers, cou(ïcaux,cifeaux amp;nbsp;autres,pour le dccopperiufqu’aux pl’ petites parties,pour les monftrer puis apres, afin qu’vn chacun d’eux entende quelle en eft la nature, l’office,l’vfage amp;nbsp;proprieté,pour eo mieux faire leur profit. Et pourtant,puis que nous a» uos à faire l’Anatomie de ce mSltrc de M ef fe,il eft neceflàireqàc lousfachentcômenc ce corps hideux amp;nbsp;cfpouantablc a efté tué, amp;nbsp;defeofit par la puinante parole de Dieu: tellement qu’il eft impofsible,qu’en quelque lieu que cefte fainftedoftrinefera re-ceue , ce monftre nefoittout incontinent desfait,amp; mis a mort.Et me fcmblc,quand il n’y auroit autre demonftration de cela, finon ce que i’ay dit ty delTus, que ce fe-roiebien aflez: pour monftrer que laMef-fene peut plus auoir aucune vigueur, puif-fance ne vertu, pour efpouuanter les hommes, comme elle afaift deuantque fonen-nemy mortel, qui eft l'Euangilede noftre Seigneur lefus, euft obtenu la viftoire,par la predication qui en a efté faifte, amp;nbsp;quand il a efté comme de nouucait remis au def-

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fus.ParquoyJlne nous faut point icy dou-ter,que le corps qui feradecouppé, ne foie défia mort par le moyen que i’aytouchéJ amp;n’eftiabcfoing queie m’arreftedauan-tageàmonftrcrcelaplusaulong. 11 refte d'auoir vn lieu propre pour bien le de-coupper , amp;nbsp;pour en faire vne demonftra-tion telle que tous les hommes du monde puilTent cognoiftre que c'eft . Or félon moniugement,iln’y apointde lieu plus commode pour ce faire que toute la terre,afin d’eftte mieux veu,amp; monftré à tous les habitans d'icelle Car puis que ce mon-ftre a dominé par tout, amp;nbsp;qu’il a efpandil fon venin fur tant de peuples amp;nbsp;nations, qu’il a empoifonnees par fi longue efpacc de temps, c’eft bien raifon qu’il foit expo-fé, amp;nbsp;mis corne fus vn efehaffaut publique, poureftreveu de tous ceux qui voudront ouurir les yeux, amp;nbsp;qui nedefirerontpoint de demeurer aueugles àleur efeient. L’Anatomie donques le fera deuant tout le mô-de,amp; toutes les parties feront fi clairement inonfttées, que nul ne les pourra plus do-refenauât ignorer. Car il fera declai ré bien amplement, quelle eft la propriété , amp;nbsp;l’v-fage de chacune : c’eft à dire .quelles font les impietez exécrables à l’encontre de Dieu, quels font les outrages enormes con tre noftre Seigneur lefus,quelles finale-met font les orducesSc puantifes.voire de la

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moinJre pirtic de k Kleffe : afin que de II tous cognoiffent micuiqucl eff ce móftre. Car tout ainfi qu'il n'y a rien au corps hu* main.meftnes iufqu’aux ongles ,amp;aupoil, qui n’ait fon vfage, amp;nbsp;qui ne ferue à quelque chofe:aufsi en ce corps monftrueux de Meffe, il n’y a point vn leul mot, qui ne ferue ou pour fe moquer de Dieu plainc-menc, ou pour le defpicer , ou pour renoncer lefus Chrift gt;nbsp;amp;nbsp;pour foullcr aux pied* fa maiefte, comme défait toute la Meffe ne tend qu’à cela. Quant aux inff rumen* defquets on vfera pourfaire la diflc£lion,ic ay delîaditque cefera la fainfte parole de Dieu,laquelle feule fufFira pourtour ferrc-mens.C’eft vngliiue trop mieux tranchât, que ne font tous Icsrafouersdu mode. No* fanons que c’eft la vraye fonde, amp;nbsp;l’cfprou-uetc,pour bien cognoiffre toutes autres do ftrines ,amp; pour voir quelles on les doit tc-nir.Ce fera donqu:s là, que nous aurons re cours,pour auoir vne certaine cognoiflao-cedes parties de ce corps de la Mcflè , fans cercher d'autres ferremens ailleurs. Or come ceux, qui fe crounenc aux lieux, ou les anatomies fe font,pour eftre cnfeigncz,ont befoing d’vn médecin expert, qui foit là pour deelairer tout ce qui eft au corps burn ain'.aufsi tous ceux qui feront prefens à cefte Anatomie delà Meffe , fedoiuencaf-feurcr,que las l’Efprit de Dieu ils n’y pourront point profiter. Qu’ils fâchent donc.

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que le maiftre fouuerain , qui prefider» pour demonftrer tout par le menu ,fera no-ftre Seigneur lefus , qui parfon fainft Ef-prit fera entendre, amp;nbsp;monftrera comme au doigt, quel eft ce môftre.Sc toutes fes parties . Parquoy il faut bien que les fpefta-teurs foyent attentifs, amp;nbsp;qu’ils appliquent tous leurs fens amp;cntendcmcns à bien con-fiderercequifortiradela bouche d’vntcl Maiftrequi n’apointfon pareil, amp;nbsp;lequel aefteconftituélculamp; vnique dofteur par le Pere celeftc, quand il a commandé haut amp;nbsp;clair .qu’on l’efeoutaft.Ce ftul priuilege merite bien que tous facent filcnce , pour ouir parler vn tel Maiftre ,lequcleft la vérité mcl'me, qui ne peut métir, ne tromper ceux qui l’efeoutcot. Et pour retenir touf-iours ta ftmilitude que nous auons did, amp;nbsp;qui peut aucunement eftre gardée entre le corps humain amp;nbsp;ce möftre, il ne fera point mauuais que les leélcurs foyent auGiad-uertiz, que cefte Anatomie fera diuifée en quatre parties principales, coutaioft que les Anatomiftes diuifcntle corps humain en quatre parties;dont la premiere eft la te fte,Vautre eft le ventre, qu’ils appeleot fu-perieur,ou de deflus; laj.eft le rentre inférieur, ou de delfous , là ou font les trippes: amp;nbsp;la dernicre comprend tout le refte du corps. Aufsi ce móftre de Meflefera diuifé en quatre patties;l’vnc fera depuis l’Intr^b» iufques au Canon; la féconde,depuis le cô-

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r K i r A c 1, mencementdu Canon iufques àlafîo ,qul eftiufques au fécond Per omnia: la troifie-mc , depuis ce Per omn^a , iufques à la finde la Meffe: amp;nbsp;la derniere partie fera des abuz,inipictez,amp; abominations de ce-ftc Mefle . Voilaquelles font les partie» principalles de ce corps monûiueux. Mai» en cefte diireûion-cyirordredcsAnatomi-ftes ne fera pas du tout obft rué . Car combien qu'ils diuifentle corps humain ainlî que nous auons dift ; fi eft-ce qu’ils commencent à decoupper parle ventre inferieur, d'autaneque les entrailles ne fe peu-uent pas fi biengarder, que les autres partie» , à caufc qu’elles font plus fubiet-tes à putrefaûion, amp;nbsp;puantife. Mais en cefte Anatomie-cy, nous commencerons 1 decoupper par la telle,c’eft à dire par 1’1 ntr» ibo. Puis nous viendrons au Canon,lequel peut bien eftre comparé aux deux ventre» du corps humain.Car tous les doûeurs de Mcirccftimct que c’en comme le cœur de la Meffe , amp;nbsp;tout le plus exctllcntqui foit» àcaufedes beaux myflercs, qu’ils imaginent y eftrecôtenuz. Maisquand l’Anatomie fe fera de toutes les parties de ce Canon , amp;nbsp;qu’elles feront demonftrées par le menu ,il n’y aura fi petit alors,ne de fi poure iiigement, qui ne voye incôtinent que c’eft comme le vcntre,ou font Icsboyaux.Car fi en toute laMcffeilyadesvilainies, amp;nbsp;ordures puantes , voire pour infeûertout le œou-

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fnonJe, elles font là. le nemereuxpas amufer icy à monftrer ce que ie dy , m’af-fcurant que cela fera prouué maniftftemét enfon lieu.Seulemét faduerty que fi tous les vôtres qui font fur la terre,cftoyét amaf fer enfemble.amp;qVordureen fuft cfpanduc, qu’il n’enfauroitfortir telle puantifequc de ce Canon. Et pour mieux voircefte fimi licude , y a-il partie en tout ce monftrc hideux plus entortillée ou plus cnucloppée, queccftecylOn leverraenla diffeûiô . t a il ordure plus puante, que là Î Ceux qui l’ont fentyàbon efeient, enpcuuent ai-fément iuger . Quand il n’y auroit autre chofe , finon qu’ils pretendent là de fa-crifier lefus Chrift,?t par mefme moyen le meurtrir, pour l’offrirà Dieu fon Pere, ne eft-ce point aflèa pour faire drefler les clic ueuxenlatefteî Quelle plus grande abomi natiô,Sc quelle impiété plus dcteftablc fait roit-onfongerau monde?Mais le tout fera mieuxentédu, quand ce ventre puant amp;nbsp;in-feft de la Mefle, qui eft le Canon , fera de-eouppé,S: que toutes fes trippes feront m3 ftrées. Puis aptes le reftefa declaircraenfô ordre ll faut aufsi noter que chacune de ces quatre parties principallcs, fera diuifée en Seftions, comme nous verrons.Pour main tenant il fuffira, que les Lefteurs entendét cefte diuifion, afin qu’ils ayent comme vne entrée à ce qui fera traifté cy après en tout le L iure, à ce qu’ils en puiffent mieux A. ü.

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faire leur profit. Et iene doute point que jioftre Seigneur ne face la grace à tous ceux qui le liront diligemment, amp;nbsp;de telle affe-Aion,qu’il appartient,d’en rapporter vn fruid qui ne fera pas petit. l’cntcnccur- la qui n’ont encores telle cognoiffance de l’E fcriturc fainde, qu’ils foyêt bien refoluz en tous les poinds de la religion Chreftiéne. Etc’cftaufsipoiirl’amourd’cuxq ceft argu ment a cfté ainfi traidé familiercmét. Car ceux q ont défia tellcmctjpfité en la faindc parole de Dieu,qu’ils cognoiflent non fcu-lemct les erreurs amp;impiccez de tout le royaume de l’Antechrift,mais aufsi font bié ex creezcnladodrinedcfalut, n’ont pas be-foiogde s’arrefter icy.Etdefaid,ce q icdy, feraaiféicognoiftre partout le dilcoiirs. Car il y abien fonuent des redites, Icfquel-les n’y euffent pas cfté mifes fans ce regard, qui eft d’inftruirc ceux qui font encores rudes amp;nbsp;moins auancez . Et quand iln’yau-roit autre profit â lire cefte Anatomie,finâ ,quc ceux-là feront encores mieux cnfei-gnez amp;confermez en laverité de Dieu,qui en ont défia quelque cognoilTance ,fi ne feroit-il pas à mefprifer. Mais nous fa-uons qu’il y a pluficurs bonnes perfon-nes,àquiDicuafaid lagrace de cognoi-ftre fon Euingilc ,amp; qui fanent bien que la dodrine du Pape eft du tout infemalle, amp;nbsp;pleine d’impiété plus qu’exécrable, qui toutesfois n’ont jamais côfideréde fi près

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T K 1 » A e t.

quelle eftUMeffe . Il y en a beaucoup,qui entendent bien en vn mot, qu’elle ne vaut rien,que c’eft vnc abomination deuant Dicu,d'autant qu’elle a efté inftituéccôtre fa parole.mais h n’ôt ils pas poureât cfpluf ehe tout par le menu . Et pourcc ic croy, que ceux-là ne penferont point auoir perdu leur tcmps,quand ils auront leu cefte Anatomic. 011 fait aufsi,quSd il y a quelque po-ure fidele prifonnier entre les ennemiz de vérité , comment la principaUe demande qu’on luy faiû, eft touchant la Mc (Te , S’il ne croit pas que lefus Clirifteft au pain amp;nbsp;au vin: amp;nbsp;telles autres impictez qui font in finies. Or il eft bien certain,qu’il y en peut auoir aucuns , qui ferôt interroguez de cela,amp; de chofes fcmblables,aufquellcs ils ne fauront pas refpôdre fur le champ ou à cau fc que iamais ils ne la dtrent,ou qu’ils n’en tendent pas le iargon, ou qu’ils ne s’en font pasbeaucoupfouciczen leur vie. Et pourtant ie ne doute point que cefte Anatomie ne profite beaucoup a tels perfonnages , quand il plairoit àDieu les appeler à ce cô-bat,?c qu’ils pourront tellement déchiffrer la M elle, que les cnnemiz mefmes auront hôte de leur turpitude amp;nbsp;bcftife:en laquelle ils ont efté fi long temps abrutiz,que ia-inais ils ne fe font aperceuz de telles impie tez,quc font celles de laMeflc.cômcpour-ra remonftrer celuy ,qui aura eftudié en celle Anatomie. le ne veux pas oublier aufii

A. iii.

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* Il 1 F t e 1.

d’aduertîr les kAcurs, qu’ils ne trouiient point eftrange.fi en quelques lieux de cefte Anatomie il y ides oraifons amp;nbsp;choies fem-blables decUirées, Icfquclles ne font pas en tousM-lFcls .Tant y a,que fi on ne trouue le tout en vn feul, pour le moins ce fera- en p!u5curs.Dauantage,ilfaut notcr,d’autanc que le KMianale liiniwni offl ioruindc Duran-di ferafonuent allégué encefte Anatomie, que ce hure la n’eft autre chofc, qu’vn Bo-bulairc,ou Bouquin, c’eftàdirc,vnamas confuz, plein de fophiderics amp;nbsp;impictez exécrables , que ce malheureux vilain a «lelgofg^M » amp;nbsp;mifes ca luant, pour faire trouucr bon ce qui fc faift en tou: le Serui ce qu'on appelé diuin en la Papauté; amp;nbsp;mef mes pour approuuer toutes les mi nes, fin-gerics , amp;nbsp;badinages qu’on y faift :amp; fur tout quand il eft queftion de la M elfe . On ne eroiroit point que iamaisilyeuft euvn cfpritiî plein de vanité,ny vn cerueau fi farcy de tant de follies amp;nbsp;brutalitez corn* me a efté eeftuy la, n’eftoic que fon Kurc en faitfoy . Et ie ne doute point,que Dieu par fa bonté infinie,amp; Prouidence admirable n’ait voulu que ce Rationale cydemeu-rafiiufques à maintenant, afin que tout le monde congneuft , quels font les fonde-mensdu Royaume de l’Antcchrift,amp; fur quoy eft appuyé ceft abyfmede toutes abominations. 11 t’a nommé amp;.atioaale, ou Ra-tiônel, comme rendant amp;nbsp;donnant raifon.

Et

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y K £ F A C I? '

ît dcquoy ? de chores , ou il n’y en a point: mais au contraire,qui font plus que defrai-fonnables.puis qu’elles font driflécs en def pit de Dieu amp;nbsp;de fa fainfte parole , ainfi qu’on verra par toute cefic Anatomie . Et pourtant c’eft à bon droit que ce Rationnel a eu vn tel tiltrc, pourueu qu’on entende que ça efté par vne façon de parler, dot vfcnt les Latins,quand ils donnétvnnom à quelque chofe,qui luy tft du toutcotraire. Telltmcnt que ce RaticncI, vaut autant à dite comme Irratiénel, amp;nbsp;ou il n’y a ne rime ne raifô.Et qu'ainfi foit, ie m’en rappor te à tout ce qui cft contenu là dedans . Car il n’y eut onques bt ftifes ne cliofes plus fot tesamp; ridicules, voire plus dcttftablcs qu’il y a en ce liure du tout execrable. l’ay bien voulu aduertir de cecy , afin que tous cn-tendentque c’eft , quand il enfera parlé cy apres. Combien qu’en plufieurs endroits i’ay touché comme en paflanc, que c’eft de ccRatiôncl.afin d’en rafraifehir la memoi-te. Aurefte ,ienefcraypas longue exeufe de cequ’cnccliurcie ne me fuis point tellement affubiefly , que i’ayc traduift de mot à mot de 1’1 talico,fans y rien adiouftet culaifler.Carce n’a pas aufsi efté mon intention, quädi’ayentreprinsde fairecefte Anatomie.le me fuis pcrfuadé,quc les Le-Ûturs netrouueroyent point manuals ,Û ie tafehoye de m’accommoder i ceux ,qui oc font du tout inftruiûs, en la congnoifti

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F X I » A C I.

ce de la vérité , tout ainfi qu’afaiél l’autre, eferiuant pour les rudes de fa nation . l’ay quelque fois expofé plus amplement ce qu’il auoit bié diét en peu de paroles. 11 ne eft ia befoing,que ie foye pi* long à reciter comment ie m’y fuis porté . Ceux qui voudront voir ce qui en eft, pourront auoir Tvn amp;nbsp;l’autre : ie parle de ceux, qui entendent la langue. Tant y a, que i’efpere que tous cognoiftront mon intention n’auoir efte autre,finon d’aider à ceux qui n’ont tel le congnoilTancc de la langue Italienne, qu’ils puilTententendre d’eux-mefmes, ce qui eft contenu en l’Anatomie faite en Italien .Quieft caufeaufsi queie me tiens af-feuré.que tousbons fidèles prendront bien eeque i’en ay faift. le prie noftre Seigneur défaire la grace à tous ceux qui liront ce li-ure de tellement y profiter,qu’il en foit glo rifié par tout le monde, amp;nbsp;que le Royaume de noftre fcul Sauueuramp; Redepteur lefus Chriften foitexalté à iamais. Amen.

SOMMAIRE DE LA fremlere Sektion.

Que l’Introibo eft faHjJemetvßirpetleCofiteot fleindsU^Jfthemes : d» deux oraîioi ^ue le Pri Tire marm:nne i'a^prochant defen autel,l'y ne ^flf‘“’lßgt;amp; l’autre pleine d’iir^ieté’

La première

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ir


Et introibo, iufqucs au Canon, Te iÿti*^t diuiféc en (quatre Scâions.


^ Preftte rcucftu amp;equip-pé de toutes fes pieces,cô-*4^^ mence à dire, itintreibo ai

^t;j5ÎS^®“t*'Cwy * l’autel de Dieu-Ca^^y Son clerc,ou ceftuy • la qui

pond, Ai ’Deum^ailatificat !uue»tutem meam'. c’eft à dire, A Dieu qui refiouift maieunef fc . Voila quelle eft l'entrée de cette farce ioyeufe;c’eft,que du beau commencement ily a vue menterie amp;nbsp;fauffeté plusqu’im-pudente . Mais il ne s’en faut point eimer-ueilter,puis que la M effe eft vne inuention humaine,voire du tout diabolique, amp;nbsp;non

pas vne ordonnance diuine: comme i'efpc-rc,Dieu aidant, que nous monttrerons en-cotes !plus clairement en la quatrième partie de ce liurc . Notons donc en premier lieu ,quecctt latnibo ai altars D(»,cftva B.

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'iS nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIE

verfet prins du quarantetsofficme PfeaiP mejqiifcDaùid cofnpofa Ju temps qu’il fut dechaflé de foil royaume par Saul ijamp;au-quel it prioit à Dieu,qu’il te dcliurafi de tous ,ceux qui auoyent côiuré auec ce cruel tyran à l’encontre de luy ,amp; qu’il peuft entrer au Tabernaclc, ou eftoyent les autres fideles, amp;nbsp;chanter là aueC eux les louanges du Seigneur. Et pourtant il nomme ceft autel-la, l’Autcldc Dieu,.àcaufe qu’il auoit efté fai ft parfon'ordonnancc amp;nbsp;com mandement ; comme aufsi tout le refte du Tabernacle,ainfi qu’il eft eferit au trente-cinqieme chapitre de l’Exode. Etcelae-ftoit vnepartie delàloy ceremoniale . Or il n’y a nullc.doutc,que Dauid de ce temps la neparlaft en vérité,amp;bic à propos.Mais maintenant, n’eft-ce pointvne vraye fin-gcrie,oiiplufton: vne pure moquerie , de direencefte façon-la, l’cntreray à l’autel de Dieu : puis qu’il n’y a plus d'autel matériel, ne de tabernacle, ne de fàcrifices de beftes brutesîBrc£,puis que toutes les cerc moniesludaiqucs niôtpl’de lieu entre les Chreftiens, d’autant qu’elles ont efté abolies à la venue de noftre Seigneur lefus Chrift,lequel eft la fin,accompliircment amp;nbsp;confommation de toute la Loy.concluons qu’il n’yaplus d’autel drefle à Dieu , qui foitfaiftde pierr’cs,ou de.briques,ou d’autre matiere terreftre amp;nbsp;corruptible . Mais nous auons maintenant la propre fignifi-î nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;cation

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SE LA MESS s. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;IJ

cation amp;nbsp;vérité de ces autels-la: c’eft afla-uoir lefus Chrift, lequel a fai ft noftre redemption,offrant fon corps en facrifice fur le bois de la croix. De forte que nous fom mes inftruits encores maintenant par la do ftrine defes fainfts Apoftres amp;nbsp;Euangeli-lies ,qu’il fait auiourdliuy ce que fignifi-oyent anciennemet, amp;nbsp;figuroyent ces autels-la: d’autant que c’eft le vray autel amp;nbsp;fpiritiiel, tant de l’holocaufte que de l’en-cenfement. Il eft bien certain que ces deux autels eftoycnt la figure de lefus Chrift. Car comme Dieu vouloir qu’on miftdef-fus iceux les factifices , l’encens amp;nbsp;les opj frandes,autrement rien de tout cela ne luy pouuoit eftre agreable: aufsi deuons-nous auiourdhuy faire toutes noz oraifons Sc bonnes reliures au nom de noftreSeigneur lefus Chrift ,amp;lcs prefenter à Dieu par fon feul moyc,fi nousvoulos qu’elles foyët réceuesde luy. lefus Chriftparlât des prie resi dit, Quelque chofe que vous demâde- lM»i4. rez à mon Pere en mé nom,ie laferay.lté, le vous dy en vérité , que toutes les chofes i«» 15. que vous demanderez au Pere en mon nom, illcs vous donnera.lufques à main--tenant vous n’auez encores rien demandé eh mon nom: mais demandez, amp;nbsp;vous re-ceurez. Et S. Paul dit,Tout ce qvo’ferez, Ctlajp^. (bit deparolc,ou autremét,que celafoit au HÓ du Seigneur lefus,rédans graces àDieu amp;nbsp;Pere par iceluy . Et aux Hebrieux, Par

B. ü.

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to nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMI«

HfJ.ij nbsp;nbsp;nbsp;lu y , dit-il, c'eft alTâuoir parlefus Chrift,

nous oftionsfans ceffe à Dieu hoftiesde louange.c’eft àdirc.lefruift de no^ leurcs, qui coufelTcnt le nom d'iceluy.Mais pour mieux entendre le tout,voicy en vn mot la raifonquei’ameine , C'eft qu’il n’y a nul autel dcOieu.finon celuy qui fe fait par fon ordonnanceamp; commandement. Ornons fanons que celuy dont parle Mefsire lean au commencement de fa M.cflc,n’eft point faift par le commandement amp;nbsp;inftitution de Dieu ; mais que c’eft vneinuentiondes hommes . llfenfuitdonc neceffairement, que ce n’eft pointl’autel de Dieu. Que maintenant les fuppoftsamp; aduocatsde la MeHèmonftrent vnpcu,ou c’eft que Dieu ne lefusChrift, depuisfavenue en terre, ayent iamais commandé ny ordoné qu’on fift autel, fur lequel on deuft faire aucun facrifice: amp;nbsp;ie leur donne la caufe gagnée. Quant à l’autreverfet du mefme Pleaume, qu’ils barbotent aufsi.aflauoir,Con^tehort»-bi in cithara, Dem.Detu mem, Si ce qui fen-fuit : c'eft à dire,Seigneur mon Dicu,ie to louerayfus la harpe : ie ne faypasàqucl propos, ny pourquoy, ven qu’ils n’ont ne harpe, nyautresinftrumensde mufique,-defquels Dauid vfoit en louant Dieu.M ai» on voit qu’ils ne font nulle difficulté de deftourncramp; peruertir l’Efcriturcfainfte, pour la faire feruir à leurs folles fantafies.

Aptes cela,le Preftre pourfuit, difant.

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DlLAMlISl. Il

AÜMtrium rnflnim in nomine Domini : c'eft i dire,Noftre aide foit au nom du Seigneur. Le Clerc refpond, Ç^ui fecitctlumamp;terrain-. c’eft à dire, Qui a fai ft le ciel amp;nbsp;la terre. Voila comment ilsabufent malheureulc-ment du nom de Dieu,pourcouurir toutes leurs ordures. Carpourquoy font-ilsfem-blant de l’inuoquer à leur aide , linon .afin qu'on penfe que le tout eft conduit par luy, amp;nbsp;que par ce moyen on croye que c'eft vne bonne œuurc,amp; qui luy eft agrcableî C’eft la rufe accouftumée dont vfe fatan amp;nbsp;tous les fiens.pour csblouirlcs yeux des poures ignorans: c’eft afl'auoir, de prendre le nom de Dieu,pour plus aifément donner entrée à leurs tromperies amp;nbsp;menfonges.

Séfuit puis apres le ConpieorDeo: auquel il n’y a point vnfeul morde Icfus Chrift: non plus que s’il n’auoit aucune puiflance, amp;nbsp;qu’il ne fuft à rien conté,quad i 1 eft que-ftion de la remifsion des pechez ; ou bien, comme s’il n’eftoit point du tout ny au ciel ny en la terre . Que fi ce Confileor-la deuoi t feruiraux Chreftiens , c’eftoitbien raifon que lefus Chrift y fuft nome pour le mois. Mais voyons vn peu que fait le Preftrepar ce beau Confiteor. Il fe côfeflepremieremét i Dieu, amp;nbsp;puis à labcnoifte vierge Marie, àfainft Pierre,à fainft Paubles vns y fourrent fainét Michcl,amp; fainft lean Baptifte: l’vny met fainft Dominique,l’autre fainft François:l’vnfainft Auguftin , amp;nbsp;l’autre B. iü.

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li.

A NATOMIS

fainft Benoifl,felon la diuerfité des ordres amp;feä:es des Moines .Et aucuns y mettent iniques à fainûe Vrfine auec toute fa belle compagnie. En fommc,ils font métion de tous les Sainfts amp;nbsp;Saintes.Et de lefus Chrift.q eft le Fils de Dieu naturel,lequel a efté crucifié amp;nbsp;mis à mort pour noz péchez,pas vn feul mot. Quelle ingratitude cft-ce-la,ievous prie,de dire qu’on fc côfef fera à des Sainfts, qui ne font pointmorts pour no’,amp;defqucls nul ne no’a rachetez: amp;de lefus Chrift,qui eft noftrefeul Redé-pteuramp; Sauucur, qui feulafatisfaiftpour noz pcchez, ne faire aucune mention, non plus que s’iln’eftoit nullement:Quelle vi-lainieeft-ce-la? N’eft-elle point plus que brutale ? N’eft-ce point vn aucuglement horrible? Satan ne leur a- il pas bien bandé les yeux,ou pluftoft,creué totalemét;quâd il les a ainfi tranfportcz,qu’ils fe font adref fez ou il ne leur eftoit pointlicite,poura-bandonnerceluy feul qui a la puiflance de pardonner les pechez?C’cft l’aftuce amp;nbsp;cau-telc ordinaire du diable, qui les agouuer-ncz en ce Confiteor tant execrable, comme il a fai ft en tout lereftede leur MelTc . Car ie vous demâde,Au nom de quieft-ec que fe fait la penitence, de laquelle vous voulez que la confefsion vocale, ou de voix foit partie?Rcfpôdez,Au nom de qui fc fait-elle ? Eft-ce au nom des Sainfts, ou bien au nom de lefus Chrift ? Or il a prononcé

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B S»Ll AMS S S' I» nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;2} .

nonce luy -meime Je fa bouche fàcrce,que la penitence amp;nbsp;la rcraifsion des péchez fe doitfaire en fon nom ,,ainfi qu’il cft eferit enfainft Luç.Et pourquoy deques ne l’a- i«r 24. uez-vous mis en vodre Confiteor, voire fi vous croyez en luy Ç Que refpondronc icy toutes ces pourcs beftes ? Peut eftre qu’ils diront j qu’il cft faift mention de iefua Chrift en ce mot, Coa/iteorDeo,d’autât que lefus Çhrifteftpieu,£tenceft autre fem-blablement, ou ileftfaiâ mention de tous les Saints ,pourcequ’il eft SainÄ aufsi. C’eft bien à propos • ne voila pas vne belle refponfc amp;nbsp;bien fubtileîEt pourquoy n'eft il pas faift mention de lefusChrift , hom-, me, aufsi bien que des autres,qui ne font que pures creatures? Pourquoy donnent ils plus de priuilegeaux hommes morts, qu’ils ne font à celuyqui cft vray pieu amp;nbsp;vray homme ? Car feins Chrift n’eft pas Dieu feulement, mais il eft homme aufsi:

amp; eft noftre Aduocat,entant qu’il cft homme . Pourquoy ne nous confeffons-nous pas à luy , amp;nbsp;pourquoy ne le prions-nous, veu qu’ileft fcul ordonnés: couftitué de Dieu,noftrc Médiateur amp;nbsp;Interceflcur,8c non pas les Sainfts, comme nous fommes enfeignez par l’Efcricure fainfte? Et ce Rom.,, d’autant plus, que nous ne fommes pas ccr ' Ttm.i. tains nyaffeurezque les Sainfts no’oyét . ^‘^''•7‘ Et fi nous faifons mention des autres en particulier , Icfquels , encores qu’ils

B. iiii.

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»4 nbsp;nbsp;nbsp;AMATOMI»

fuirent faints par la grace de Dieu,ils n'ót pas pourtâcefté fans péché ;pourquoy ne la ferons-nous pas pluftoft de leius Ch ri ft, qui cft le Fils de Dieu,le Sainft desSaïâs, amp;nbsp;quifanéfifie les autres, amp;nbsp;auquel toute plenitude de diuinité habite corporelle-Cgt;Z^a ment, comme dit faind Paul? Qiiieft-cc qui ne voit maintenât, que ce Confiteorüf de la Meffe.n’a rien de Clircftienté, amp;nbsp;que il ne contient fînon toute idolatrie amp;nbsp;impiété plus que detcftable?

Apres le Co»^«or,Mefsire lean commé-ce à barboter le Mrfereaturtur,L'lndul^cn!iagt;» amp;abJolutiQHem: Sc puis, De»« tu cotmer/ur.âC,-iOflettdembù Domine mifiricordiam tuant: qui font autant de blafphemes qu’il dcfgorge, en deftournant ainfi la fainfte parole de Dieu. Somme, en tout cela il n’y a pas vn fcul morde IefusChrift,non plus qu’en leur Clt;l»ƒfe(,r.Quand il agcrgonné en cefte forte,il dit deux oraifons;dontla première cft,Nous te prions, Seigneur, que tu ottci toutes no2 iniquitez , à ce que nous méritions d’entrer au fanftuaire,auec pures cô-fciences,parChrift noftre Seigneur, Ame. Nevoid-on pas aifémentquelle faufTeté. ou pluftoft , quelle impiété il y a en fi peu de paroles,que le Preftre marmonne entre fes dens? Quand il n’y auroit que ces deux mots,Sanftuaire amp;nbsp;Mériter,n’eft-ce point aflez pour cognoiftre que leur intêtion cft de donner à entendre premièrement, que ceft

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» i i À U i a i 1. sy

lt;cft autel matériel, fur lequel la Meffe eft celebrée.eft le (anduaire de DieuîEt qu’e(t ce tout cela, finon fuperftition amp;nbsp;menfon-gc ? Car le Sanduaire, félon l’Efcriture, c-Ûoit vu lieu dedans le Tabernacle , fepa-rc de tout le refte par vn certain voile ou courtine,comme il efteferit en l’Exode.Et Ha«Zilt; nul u’entroit en ce lieu-la, finon le fouuc-rain Sacrificateur vne fois l’an feulement. Et fignifioit le ciel, ou lefus Chrift e(t entré, ayant faid la redemption eternelle,ain fi qu’ileft eferit en l’Epiftrc aux Hebrieux. Htkf

Et pourtant,veu que ccft autel,ou le Pre ftre chante fa Meffe,n’eftpointle Sâduai-re,mais vne iouenrion des hommes, amp;nbsp;nS point vne ordonnance dc Dleu : c’eftàfauf fesenfeignes ,oupluftoft, c’eft mefeham-ment amp;nbsp;malheureufement qu’il eft appelé le Sanduaire;attendu que ce lieu-la,nommé le Sanduaire,eft maintenant aboly,come les autels aufsi le font ; amp;nbsp;n'a plus efté depuis que lefus Chrift eft venu en terre, Carilamis fini ce Tabernacle materiel, aux facrifices Leuitiques,amp; à tout le ferui-ce qui eftoit exterieur amp;nbsp;ceremonial.Et en figne de cela, lefus Chrift eftant mort en la croix (comme les Euangeliftes nousreci- M^nlb.ay tét)lcvoileqfeparoitle Sainddcs Saîds, Mims ou le Sâduairc,dc tout le refte du temple, fut diuifé amp;nbsp;rompu en deux parties,depuis le haut iufques et^bas. C’eftoit pour figni-fier que la loy ceremoniale en tout amp;nbsp;pas

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15 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A N A T O M «I B -

tout auoit prins fin par Icfus Chrift.iln’ap partieut point donques aux hommes mortels,de faire ou baftirnouueauxlhûuaires, fans la parole de Dieu.Et puis,quad il parle de mericer,n'eft- ce point pour toufiours eftablir cefte mauditte opinion , dont les ' hommes font enyurez,voite du tout enfor celez : a(rauoir,que parleurs vertuz, indu-ftrie amp;nbsp;facultcz ils peuuent mentereouers DieU'? Mais nous traiterons ailleurs cecy plus amplement. Pour cefte heure c’eft '• aflèz de venir quelle eft cefte belle re -, quefte.

L’autreoraifon viéc.apres,laquelle Mef lire lean eftant baifle déliant l’autel, pro-■pôee bien àloifir amp;nbsp;aflèz bas,voire en tou tes les MeiTes qu’il chante. Voicy qu’il dit. Nous ce prions, Seigneur, par les merites de tes Saints, dcfquels les reliques font i-cy ,amp; de tous les Sai4ts,quc tu daignes me pardonner tous mespechez . Ne voila pas vne prierebien focte,amp; mefme pleine d’or dure amp;nbsp;de blafphemes? il dit premicremët. Par les mérités des Sainifts , qui ont leurs reliques en ceft autel-la, ou,en cefte pierre la,qu’ils appelent Sacrée. Et qui fait s’il y a des reliques de Sainüs } Quelle certitude J eft-cc que Monfieur le Preftre a de celaî Peut eftre qu’il y aura là des reliques de quelque mefehant, ou d'vn cheual, ou de quelque autre befte morte. Et fi d’auentu-reiln’ya point là de reliques desSainéfs, corn-

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D E 1 A M I Ï s 1 . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;17

comme il ne faut point douter qu’tn la plus grande partie de leurs autels,il n’y a milles reliques des vrais Sainâs; qu’cft-cc que leur profitera cefte belle oraifon-cy, faifant mention des Sainûs qui ne font nullementîMais pofons le cas qu’ily ait là des reliques,voire des plusfaintls perfon-nagesqui furent iamais au monde : quelle impieté cft-cc , quel facrilcge, d’attribuer la remifsion des pecliez aux merites dei ' • hommes : veu que tous,tant qu’ilycncut onques fur terrc,quelques faines qu’ils fuf fent, ont eu befoing de cefte remifsion des pecliez, amp;nbsp;que nul d’eux n’a iamais eftévR»«* fans péché ,comme nous tefmoigne rE- *J’lt;«. feriture en tant de paffages’Et lefus Clirift ^-^H» en l’orailonqu’il enfeignaàfes Apoftres,. ‘ le donne aflez à entendre, leur commandant, quand ils prieront, qu’ils difltnt,, Quitte-nous noz debt es, c’eft à lt;iire, nozgt;j^^^^j, g pechez, ainfî que nous quittons à ceux i^^ qui nous doiuent, Etfainû lean, Si nous i.Im». » , ' difons que nous n’auons point péché,nous nous trompons nouf-mefmes , amp;nbsp;vérité n’eft point en nous.Quelbafphcroc,dy-ie, eft-cc-la, d’attribuer aux hommes, qui ne, font que pures creatures ,cc qui appartient, à lefusChriftfeulementîQiund l’Efçriturc fainfte parle de la remifsion des pe -, chez, elle ne fait point mention d’autre.

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At

A N A T o M I Ï

que delefus Chrift:amp;fi nous donne bien 1 cntédre,q c’eft par les merites d’iccluy feu lement, que les pechez font pardonnez aux hommes.Or celle belle pricre-cy,attribue ceft office-la aux Saints trefpaflez.Sainft l«4»i leanBaptifte monftrant IefusChrift,di-foit,Voicy l’Agneau de Dieu ; voicyceluy qui ofte les pechez du mondc:voulantdirc, C’eft luÿ fcul qui les ofte.Etfainft Pierre Aa.4 aux A êtes des Apoftres, dift , Qifil n’y a point d’autre nom fous le ciel entre les hommes, par lequel il nous fai lie eftre fau uez.Si deques n’y a point d’autre nom,par lequel nous piiifsions eftre faùuez, que ce-luyde Icfus Chrift, ne par autres merites, que par les liens:pourquoy eft-eeque nous en mettons d’autres en auant, quand il eft queftion de la remifsió des pechez? Queft ce,ic vous prie,qu’emporte ce mot d’Eftre fauuez,linon Eftre deliurezdes pechez, ou En eftre quittes, amp;nbsp;abfouts entièrement î WaNamp;.i l’Ange aulsi difoit à lofeph,parlant de le fusChrift,premier qu’il fuftnay,Il fauuera fon peuple defej pechez : voulant dire,luy feul,amp; non autre,le fauuera.Et puis,ne fait on pas bien,que noz pechez nous font pardonnez au nom de ccluy feulement,auquel nous fommes baptizez î Car que fignifie le Baptefme , linon la rcmifsion des pechez, qui nous y eft prefentéerU eft tout certain, #.C»r.t nbsp;comme di ft Sainft Paul,que nous fommes

baptizez au nom de lefus Chrift : amp;nbsp;non pas

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DILAMlStl. nbsp;nbsp;nbsp;I,

pis des Siinâs.ne viuins,ne trefpiffez.E-ttcs-vous(dit-il)bapti2ez au nom de Pauli Comme s'il difoit,Nêny : mais aunornde Chrift. Et lainû lean dit, Enfaiis,ie vous i.I«»». el'cry que voz pechez vous font pardonnez par fon nom; c’eft afTauoirde lefus Chrift. Et qu'eft-ilbefoingd’ amener icy tant d’au très paffages à ce propos’Toute l’Efcriturc tant du vieil que du nonueau Teftamet, eft pleine de cela. Et qu’eft-ce que dit Ifaic en ifil, 53. fomme,finon que Chrift eft mort pour noz pecheziEt lefus Chrift mefme,corne nous £«,24. auons dift cy deflus, declaire bien ouucr-tement,que la rcmifsiondes pcchez fc fait en fon nom . Et entre autres, fainft Paul {^»».3. monftre cecy bien amplement en pluficurs Ephef.t, endroits.Que fi icvouloyc alléguer ce que C^tff.t. il en dit,ie feroye par trop long.Mais d’au “ ’'’’' tat que lichofe eft fi claire que rien plus , à ceux qui ne font pas du tout ignorans des fainftes Eferitures, ie la pafte aufsi d’autat plus Icgicrcmenc.Dites moy vn peu, Mcf-fieurs les aduocats de laMeflc, cuidez-vo’ que ce foit vn petit facri lege , de rauir ainfi l’honneur amp;nbsp;lagloire qui appartient tant-feulement à lefus Chrift.pour la tranfpor-ter à d’autres qui n’y ont rien , amp;nbsp;aufquels elle ne peut conuenir nullement ? N ’cft-cc pas bien lcdeshonnorer,ccla?N’cft-ce pas l'outrager vilainement, amp;nbsp;comme luy cracher au vifageiN’eft-ce point là vnblafphc me plus qu’exécrable ? Que refte-ildone.

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JO ANATOMIE

finon,qiiccefte oraifoneftvne impiété â-bominable, amp;nbsp;vn facnlcgepar trop enorme? Et ne la faut point exeuferpar Vaincs glofcs, ou cauillations frluoles. Carqui-conques la voudra défendre , amp;nbsp;maintenir pour bonne; ilfedeelaireraennemy mortelde l’honneur j amp;nbsp;de la gloire de lefus Chrift.Et outre ce que nous en aiions touché , elle contrediéf aufsi manifelfement à quelques autres parties de leur Meffe , corne àces deux verfets duGioria inexcelfisDeo: ou ils difent à lefus Chrift , Q»;ullispetcata mumliimiferérenobii: qui tollt!peccata mundit fufeipe deprecatiiinemni)flram.C’e(i à dire,Ayc pitié de nous, toy qui oftes les péchez du monde: qui oftes les pechez du monde,rc-çoy noftre priere. Semblablement elle cô-tredit à leur confecration dû-Calice , amp;nbsp;à l’AgmisDei.,011 ils afferment eux-mefmes, que lefus Chrift feul pardonne les péchez,-amp; non pas les Sainéls. . ‘- imnax 1 zoJ’ -

O« ZéKyrieleyfon , ?gt; le Gloria inexcclfts-Deo font dedairetc it putt eflmonfife que pho fieursOraifons,qui ft difentaprès to Gloria in excelÛSjfontmcÇdoaatos, amp;nbsp;pleine) d’abomination.it que ripistrOfl'^ttn^ltj amp;nbsp;ges., nefalement toute la parole de Dieu y eid n/ilai-nttnent traitée,amp;profanée en toutes fortes.

Le

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D Î L A MESSI. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;31

E Preftre eftant venu à fon autel,amp;ayât ouuert le Mel

, mnénce l’Introite, commune met tiré

quesverfets pris des Pfeau tncs.L’Introite parachcué.il dit fon Kjrie-Zeji/on,qui vaut autant à dire en Latin,comme, Di»»igt;K,mifererex'e^ àdire.SeigneuTjfay mifericorde.Mais noftre MaiftreGuillau-me Durandi, l’vn des principaux piliers de la Sorbonne, amp;nbsp;en fon viuant Euefque auf-fi, au quatriemcliure de fon P^ationak diui-tioruoff^icioru.i^m’tfï vn Vocabulaire,auquel il tafchc de rendre raifon de tout ce qu’on fait amp;qu’ondit,non feulement en la Mcf-fe.mais en tout le feruiccdiuindc la Papau té-.afferme pour vray.q ce quot;Hyrieleyfon a encores vne àutrefîgnification:c’eft affauoir, que KjirifignificCtirift‘.f7,Dieu;E7,fay mi-fericordc:So»,à nous;tellemétq Kyriebyfin à fa fantafie , feront quatre mots , Icfquels tous enfemblc frgnifîcrôt,Chrift Dieu,fay nous mifericordc .Dauâtage.ce mefme D 0 ftcurfubtil ameine la caufc, pourquoy on dit ceKymleyÇon par neuf fois,aucc Chriflele y/'»»:c’eft,dit-il,pourplufieurs raifons. La première,afin queleio,ordre,qui aefté re paré d’entre les bornes ,foitmis àlacôpa-Fnie des 9,ordres des Anges.La x,afin que

Eglifeparuiéne à lacôpagniede ces 9,ordres. La 3,cotre les neuf lottes de pechez.

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Jt nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A N A T o M I »

Car il y a, dit-il, le péché originel, vcniel, mortel.Item,le péché de penféc,dc parole, defiift.Ité.dcfragilité,defimplicité,amp; de malignité .De fragilité,par impuiflancc.dc fimplicité,par ignorance:de malignité,par cnuie. Ne voila pas de belles raifons, amp;nbsp;de grand efprit, pour monftrer à quel propos c’eft, que Kyrieleyfoa fc dit par neuf fois en la Mcflc ? Q^i eft-cequi.nc void bien clairement, combien elles font authétiques amp;nbsp;lingulieres? 11 en recite bien encores quelques autres aufsi bonnes ,que ic laine de peur d'eftre long. Mais entre autres chofes il di t, que ce Kyrieleyfon a grande vertu , amp;nbsp;merucilleule efficace . Car vn iour, dit-il, comme le benoitfainft Bafilc crioit à haute voix ce Kyrieleyfon, les portes de l’Eglife de Pauicfurentouucrtes.Et qu’on ditauf-fi,qu’vnc fois il y eut cinq Rois miz en fuite à la feulevoix du benoit faindCeminiâ, qui chanta ce Kyneleyfon.Et dit dauantage, que ce Kyrieleyfondgniamp;e, peut cflre. quelque autre chofe que Domine m/ersre:laquel le toutcsfoisnousne fanons point. Voila commet ce maiftre philofophe en dettife, apres auoir chopiné Sorbonalcmét. Quelles bcftifes font-ce-la? Qui cit-ce qui n’au-roit horreur,en oyant ainfi braire ce grand aine?

Mais ie voudroye bien fauoir en premier lieu , àquel propos c’eft qu’on parle Crée auecles Latins, dcfquels la plus part entend

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DBLAMISSI. nbsp;nbsp;nbsp;J}

entend feulement la langue vulgaire,amp; nó point laLatine: àquel propos,dy-ie, e’eft qu’on leur parle Grec,puis que nous auons le Latin .Si d’auéture on ne vouloir dire, q les parolesGreques font plus faeilemet entendues en Latin , qui eft vne chofe fauffe: ou bien , qu’elles ont plus grade vertu que les Latines, qui eft vne fuperftitiô par trop ridicule. Pourquoy eft-ce donc qu'ils ne di fent pas,Seigneur,fay-no’ mifcricorde,ou Aye pitié de nous,amp; non point Kyrieleyfon: veu que l’vn vaut autant que l'autre, quant à la lignification? Ou pluftofl.vcu q le Latin no’ eft plus aifé à entédre,que le Grec? le vous demande,S’il y auoit quelque Prédicateur Italien,lequel prefehaft à des Italiens,qui n’entendilTent point lalangue de Allemagne,amp; toutesfois qu’il parlaft Allc-manciceux qui leroycnt là pour l’efeouter, n’cftimcroyent-ils pas qu’vn tel prefeheur fe moqueroit d’eux? Ainfî en font tous ceux qui difent la Mcire,Iefquels pallet en Grec aux Latins;ou pltiftoft,qui eft encores pis, à ceux qui n’entendent ne Grec ne Latin.

Dauantage,puis que K^ne/ej/onfigni fie,Scigneur.fay mifericorde;pourquoy eft ce qu’ils ne le difent pluftoft par trois fois feulement,pour dénoter laTrinité,laquelle ils prient par ces paroles -la, amp;nbsp;à laquelle aufsi appartiét faire mifericorde, que neuf fois,pour lignifier les neuf ordres d’Anges? lefquels ils ne prient point en ce Kjrie-

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34 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ANAT0''MIE

kylon,Sc defquels aufsi Icpouuoirnes’eftcd pas iniques là^de nous faire mifencorde. 11 efttout certain , qu’ilfe deuroit beaucoup plus raifonnablement dire feulement par trois fois, pour l’amour des trois perfon-nesdc la Trinité, d’autancquelcurpropre office eftde faire mifencorde,que par neuf fois pour l’amour des neuf ordres d’Anges , Iclquels n’ont point celle puiffance. Et puis , pourquoy cll-cc qu’ils le difenc pluftoft neuf fois, à caufe des neuf ordres d’Anges,qucfept fois; veuque le nôbre de feptfe trouue en l’Efcriturebien plusfou-uent, que le nombre de neuf, ainfi qu’on pourroit monllrer aifémentpar plulieurs paffages? Ou bic.que le nombre de douze: pour l’amour des douze Apollrcs:pour l’amour des douze lignées d’Ifracl,amp; des dou ze eUoilIcs derApocalypfe,amp;desdouze ar tides de la Foy, amp;nbsp;des douze pierres, def-quclles il eft parlé au quatrième chapit.du liurcde lofuéfNediroit-on pas propremét qu'ils ont voulu monllrer à tous , quel eft leur badinage , en allegant telles raifonsî Quand nous auôs à prier Dieu,faut-il que nousdifsions autant de paroles, qu’il y a d’ordres d’Anges,ou d’autres cholestC’eft tout ainfi comme qui diroit cinq 'Patemofler Sc cinq Aae Maria,en l’honneur amp;nbsp;reucren-ce des cinq playes de noftre Seigneur,coin me ils difcnc;ou fept,en l’honneur des fept ioyesde la belle Dame. 'Voila des fottiles tant

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DELAMSSSE. nbsp;nbsp;nbsp;3$

tant abfurdcs,que c’eft pitié. Somme,nous voyons quelle fuperftition c’eft, amp;nbsp;quelle impicté,de dire neuf fois Kyriekyfon, pour ces raifons-la tant friuoles amp;nbsp;ridicules,que les petiz enfans s’en ppurroyent moquer. Et quant amp;nbsp;quant aufsi, on peut aifément cognoiftre par cela,combien les fondemés fur Icfqucls laMeffe eft appuycc,font debiles,amp; pleins de vanité.

Apres que le Kyrîeleyfon eft diét,inc5-tinentfenfuitleG/or«lt;tlt;»exceip De» .C’eft vne tresbellc louage,amp; fainftc,que les Anges chantèrent a la Natiuité de Icfus Chrift,comme recite fainft Luc.le dy belle amp;nbsp;fainéfe, ainfi qu’elle eft mife cnl’E-uangile,amp; no pas commet elle eft chantée à la Meffe , ou elle eft du tout profanée. Car quelle conuenance y a-il entre ce faift des Anges , chantans vne telle louange , pour lagrace que Dieu a faiéf au monde, en enuoyant fon Fils : amp;nbsp;ce que font les Preftres en leur Meffe, ou ils fe moquent de Dieu, amp;nbsp;le defpitcnt,ainlîqu’onvoità l’œil? Autant qu’entre vne chofe vrayc,bó-ne amp;nbsp;fainfte'.amp; vne fable vilaine,mcfchan-te amp;nbsp;abominable . Quant aux paroles qui font apres,c’eft aflauoir,Ldi*.famlt;KJe,Bt7gt;e-diciinns te , iufques à la fin : elles y ont efté adiouftées par Hilaire , comme aucuns penfent. Les autres difent que ç’a efté le PapeThelelphote,qui les y a coufucs. Aucuns eftiraétque ce fut le Pape Simachus, C. ii.

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J6' nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIK

II eftvray,quant à la fubftace de ce qui eft làadioufté , qu’il n’y a pas telle énormité, comme en pluficurs autres parties de la Meflè;amp;nul d’entre nous ne dira , qu’il n’y ait des chofes en ceftc Mcffe,qui appro client de lafainûe parole de Dieu, amp;nbsp;qu’il n’y ait mefme beaucoup de pieces,que ces voleurs amp;facrileges ont arrachées amp;rauies de la dourine de faille; côme bcaucoupde verfets desPfeaumes,amp; plulîeurs fentences des Prophètes,Apoftres,amp; de lefus Chrift. Mais le tout eft,qu’on regarde cornent elles y font mifes,amp; à quelle intention - Or nous fauons, comme i’ay défia dift, quelle eft la rufe de fatau , auteur amp;pere de ceftc Meffe .■ lequelfous prétexté amp;nbsp;couleur du nom de Dieu,amp; des chofes diuines,faitbié tróper amp;: esblouir, voire creuer du tout les yeux de ceux qui ne fc donnent pas garde defes cauteles.Onditen commun Prouer-be, que le venin amp;nbsp;poifon eft toufiours caché fous le miel,ou chofes douces amp;nbsp;delica tes.Et qu’ainfi foit,commét eft-ce, ie vous prie, qu’on empoifonne quelcû ordinairement-H eft bien certain que iamais la poifon n’eft baillée toute feule par l’empoifon neur. raais il lamefle parmy de bonnes via-dés,amp; parmy le.s plus frians morceaux que il peut; afin qu’elle foit plus aifément prife amp;nbsp;aualée.Et voila cornent la mort s’en enfuit . Voila comment il en eft delà Meflè, qui eft vnepoifon plus que mortelle. Car ne

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BILAMESSÏ. nbsp;nbsp;nbsp;37

ne voit-on pas ce que fait fatan l’empoifon neur de noz ames’Poiir mieux defguifcr amp;nbsp;couunrfon venin de M eflè,il a prins quelques parties de la doûrine de falut, comme de ce qu’ont eicrit les Apoftrcs.de l’E-Uangile de rioftre Seigneur Icfus, amp;nbsp;d’au-tresTcntéces de l'Eferiture faindezafin que parce moyen il peuft cacher toutes fes trô-peries,menfonges amp;nbsp;abuz execrables,qu’il amis en auant,pourmenerles ames à perdition. Combien defaufletez,combien de fuperftitions,d’idolâtries,de blafplicmes amp;nbsp;outrages a-il defgorgez contre lamaicfté de Dieu,cotre l’hôneur de noftre Seigneur Iefus,enr3uiffantce quiluy appartient^tât feulement ,pour l’attribuer aux creatures mortelles amp;nbsp;corruptibles,voire fous l’ombre decefte mafquede Meffe? Et c’eft auf-fi en cefte forte que les enchantemés.charmes amp;nbsp;forcellcrics fc font ordinairement. Car combien s’en fait-il au móde,fans que ily ait quelques mots ou fentences de l'E-feriture meflées parmy ? Qui eft-cc qui ne confefleramaintenât,que celaeft vne abomination detcftable deuant Dieu,amp; deuât les hommes :Q_ue fcra-cedonques de cefte impietéinfernalc, qui fe cornet en laMcf-fe , amp;nbsp;de cefacrilcgc plus que diabolique, par lequel la fainûc parole de Dieu eft ain fi profanée?

Maisicieuien à ce quifenfuit après le Gloriain exccljînce font quelques oraifôs, C. iii.

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jS ANATOMIB

qu’ils appelcnt Collcftcs,fort à propos, amp;nbsp;le nom eft de mefmes ; dont les vncs font fortes amp;nbsp;pueriles,les autres ne font qu’im-^ietez amp;. blafphemes:amp; y en a pkidcurs de celle forte, comme cft, entre autres, celle qu’ils difentle Mecredy des Quatretemps de leur Aduent.C’eft la premiere:en laquel le ils difent, Dieu tout-puiflant, nous te prions de faire,que lafefte amp;nbsp;folennité pro chaîne de noftre redemption,nous contere amp;nbsp;donne les aides de celle vieprefente , amp;nbsp;les falaircs, ou loyers,de la beatitude éternelle.Ne voila pas quelque chofe de beau? Cela n’eft-il pas bien bafty ? La quatrième oraifon, qu’ils chantent le Samedy enfui-uantde ces Quatretemps-la, dit aulsi de mefmes.Qifon regarde au Meffebpoura-uoir pluftolt fai£l:amp; on verra que c’en . 11 y en a vne autre, amp;nbsp;c’en la premiere qu’ils chantent le Samedy, lequel ils appelent en leur patois, lu albn : qui vaut autant à dire, que le Samedy en blanc: qui cft le premier Samedy d’apres Pafques. Voila queUeeft celle oraifon , Dieu tout-puiflant, nous te prions de nous octroyer, à nous qui auons failli venerablemcnt les feiles de Pafques, que par icelles nous méritions de paruenir aux ioyes cternelles.Quelle beftife,ou plo lloft.quelle impiété y a-il en tout çcla?On voit ce qu’ils demandent,amp; quelle eft leur intention.Ces belles infenfées prient,que par le merite des feiles qu’ils font, tant de

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»ELAMESSE. nbsp;nbsp;nbsp;39

Noel que de Pafques ,Dicu leur donne la beatitude éternelle. O poures aueuglcsl O gens ftupides amp;nbsp;brutaux'. lufques a quand lerez-vous fupportez';Quc dites-vous?Cô ment fepourroit-iHarnais faire ,que pour auoir célébré voz feftes,vous peufsicz mériter la vie amp;nbsp;félicité perpétuelle? Premièrement,on fait qu’en tout le nouueau Tc-ftament,il n’y a nulle fefte commandée de lefus Chrift.ne des Apoftres.Parquoy tou tes celles qu’on fait, font autant d’inuen-tions humaines , amp;nbsp;non point ordonnances de Dieu. Non pas que ic vucillc dire pourtant,que ce fuft mal faiéf.d’auoir quel ques iouts certains pour ouir la parole de Dieu,pour faire la Cene,pour faire pricres publiques tous cnfemble : amp;nbsp;afin aufsi que ceux-làfe rcpofcnt,qui ont trauaillé toute lafepmaine , amp;nbsp;afin aufsi que nous ayons quelque iour,auquel nouspuifsions méditer paifiblemcntles chofes qui appartiennent à noftre falut Mais-pour faire ccla,vn iour n’eft point plus ordonné par le commandement de Dieu,que n’eft l’autre ; de autant que les iours font tous égaux,amp;l’vn n’eft point plus fainft que l’autre,de fa nature,ne par l’ordonnance de Dieu . S,Paul rcprédlcs Galates, de ce qu’ils obfcruoyêt les iours auec grade diffcrcnce;amp; leutdon ne bien à entédre,qu’vnc celle obferuation eft vne chofe Iudaiquc,amp;non Chreftienne. Semblablement eferiuant aux Colofsiens,

C. iiii.

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4S nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIE

Que nul ne vous iuge au mager ou au boire , ou en partie du iour de tefte, ou de la nouuelle Lune,ou des Sabbaths,lefqucllcs chofes font ombres de ce qui eftoit avenir: mais le corps eft enChrift.Parquoy il n’y a nulle fefte,qui (bit comandéc de Dieu, depuis la venue de noftre Seigneur Icfus, lequel a mis fin à la loy ceremoniale : de laquelle cefte obfcruation des jours eftoit v-ne partie,félon la Loy mefme de Dieu. le dy dauantage,combien qu’il y euft au nou ueau Teftament des feftcs commâdées de Dieu,quenousnc pourrionspas pourtant par l’obferuation d’icelles mériter la vie e-ternelle,ou gagner paradismô plus que les Peres anciens n’eftoyent point fauuez par l’obfcruatiô de la Loy cômandéede Dieu. Car iamais nul n’aefté iuftifié nefanué par la Loy, comme dit fainót Pierre aux Aftes des Apoftres.mais to’ ont cfté fauuez par la P^ure grace de noftre Sauueur lefus Chrift. Etpource,nous fommes auiourdhuy aufsi bien fauuez par la mefme grace de noftre Seigneur Iefus,commc l’eftoyent anciënc-ment les Peres fous la Loy.Comblé pour-royc-ieamener icyde paifagesdeS.Paul, fi ic vouloye,pour raonftrer q nous ne fom mes point iuftifiez ne fauuez par les œu-ures de laLoy, ne par autre moyen que ce foit: mais parla feule foy en lefus Cnrift? qui vaut autant à dire côme.parla grace de noftre Seigneur Iefus:ic dy par fa feule gra 'ce.

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DB l A M Ï 3 S B. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;41

ce.Etces vilains amp;nbsp;infames Preftres,nous feront maintenât accroire,qu’en obferuât les fcftes commandées des hommes,Dieu nous donnera la vie éternelle: qu’il n’a ia-mais donnée aux Peres anciens,pour auoir obferué celles qu’il auoit luy-mefme com mâdées,ne pour autre reliure qigt;clconque cômandéc en la Loy’.Nous auôs dit par cy deuât,qu’il n’y a point d’autre nom,auquel nous puifsions dire fauiiez, lînon ccluy de Icfus Chrift feulement.Et ces facrilegcs a-bominables nous voudront perfuader,quc no’ fommes fauuez au nom amp;nbsp;par le moyen des fcftes,trouuécs amp;nbsp;ordonnées par les hommes,lefquelles font folennifées amp;nbsp;car dées,Dieu faitcommcntlCar il n’y a ccluy qui ne fache bien qu’en ce iour-la il fe cornet beaucoup plus de mefcliâcetez,^ trop plus enormes amp;nbsp;exécrables,que tous les au très iours de l’année.Ces orailons-ladon-qucs font pleines d’impieté. E t fi quelcun dit,qu’en la fin d’icelles il y a, VerChriîlum Dominumnoflrumx'e^ à dire,Par Chrift no-ftre Seigneur: pour donner à entendre que nous fommes fanuez par Icfus Chrift:ie dy ?uc celan’eft rien,d’autât que IcfusChrift éul, ou bien fes mentes feulement, nous apportét falut amp;nbsp;la vie eternelle.E t ces denotes oraifons-cy, chantent que nous fommes faiiuez aufsi par le merite des fcftes,en leur attribuant pour le moins en partie, ce que fait Icfus Chriftfcul:amp; deroguét àfon

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41 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIE

honneur mefchamment. Au contraire , la parole de Dieu nous enfei^ne amp;nbsp;veut, que lefus Chrift feul ait ceft oftice ; amp;nbsp;fi ne luy done point de côpagnon,ou chofe du mode qui puiiTe partager aucc luy.Dont il ap pert manifeftement, combien telles orations font pleines deblafphemes. Il y a vu nombre infiny de ces belles Colleftcs-cy dedans le Mciîel.qui font autant d'impie-tez contre Dieu ; mais i’ay voulu feuleméc amener cecy pour exemple,afin que lesLe-ûeurs puiffenc cognoiftre par ce peu que i’ay recité,que c’eft des autres: amp;nbsp;afin aufsi de ne les point ennuyer ne fafeher aucune-inét,fîie m’amufoyepar trop à dire de cha cuneparticulieremêt,amp;que le liure deuint beaucoup plus gros qu’il n’eftde befoing.

Apres que ces Colleûes font parachc-uces ,1’Epiftrc fcdit tout incontinent, amp;nbsp;puis le Graduel, qu’ils appelcnt. Ce font quelques verfets prins des Pfeaumes.Et le plus fouuent ce Graduel eft entrelardé de plufieurs Xlleluya,ou bien du Trait,comme ilsl’appclent en leurgergon: qui font aufsi quelques verfets prins des Pfeaumes : amp;nbsp;a-pres tout cela,l’Euangile fe dit. Il cil vray que ces chofes-lafont tirées de l’Efcriture fainéte, mais elles font deftournées à vue mefehante fin. Car combien qu’elles foyét bonnes amp;fainélesde leur nature ,fieft-ce qu’elles font là profanées, amp;nbsp;indignement traitées . Laraifon,c’eftqu’on les y dich fans

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DILAMISSI. nbsp;nbsp;nbsp;4)

Tins aucunfruiû. Quandil n’y auroit que cela, pour môftrer la profanation qui y cft. Ce neferoit que trop. Caron fait affez ou c’eft que téd tout ce qui eft dit en la Meffe. Mais quel fruiiSt eft-ce , ie vous prie , que peut apporter à ceux qui efeoutent, neVE-piftre,ne l’Euangile,ne les autres chofes de la fainfteEferiture,s’ils ne les entedent pre mieremétîO r il cft bien certain que la plus part du peuple qui oit la Meffe, n’entend rien en Latin.Et que dy-ie du peuple’Ceux lamefmes 'qui la chantent ordinairement, pour la pluspart font tous ignorans amp;gros afnes, qui n’entendent rien de lafentence, qui eft contenue aux paroles qu’ils difcnt: mais comme pies en cages,ou comme Per roquets, iafent amp;nbsp;gazouillent les mots amp;. fentences,fans fauoir nullemétque le tout fignifie.N’eft-ce point vne grand honte,Sc vn ab’ par trop lourd,que ccftuy-la’Et mef mes d’autant plus,que deuatqu’ils chantée l’Euagile, ils barbottét deux oraifons tout bas:dôt l’vne cft,Nettoyé mô cœur amp;nbsp;mes leures. Dieu touc-puiffanc,qui as nettoyé les leures d’Efaye le Prophete , aucc vne pierre embraféc. ainfl qu’il te plaifc,amp; daignes me nettoyer par tamifericordc, afin qucicpuiffedignemétannôcer ton fainét Euangile,parlefus Chriftnoftre Seigneur. Et l’autre eft,Que le Seigneurfoit en mon ' cœur,amp; en mes leures,à ce que i’annôce di gnemét, amp;nbsp;competemmentfon Euangile.

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44 ANATOM lï

A quel propos marmonnent-ils cela? C’eft comme en font iesSinges,quand ils naque-tent les dents pour faire chere à quelcun. Ceux-cy font tout ne plus ne moins, vou-lans carcllcr leur Euangile,auant que la dire. Voila quelle eft la forme de prier, que tiét Mefsire lean,quâdilditfa Meffetout fcul fans auoirvn Diacre , qu’ils appellent. Mais quand il y en a vn,il s’en va deuers le Preftre, amp;nbsp;faifant là quelques lingeries lu y demande fa benediûiondequel liiy donne, difant,Que le Seigneur foit en ton cœur8c entes leurcs, amp;c. Apres qu’il a fai ft cefte belle prière,le Diacre chante l’Euâgile.Or en toutes ces oraifons la,quedemandent ils à Dieu?C’eft,qu’ilspuill’enr annôcerl’Euan gile digneméc,amp; comme il appartiét.Mais comment eft-ce,ie vous prie,que l’Euàgilc peut eftre deuemét annoncé,s’il eft prclché de telle Ibrte qu’il ne foit point entédu, ne de ceux qui l’oycnt,nede ceux mefmes qui le difent,amp; que par ce moyen il ne face aucun fruift?C3Luj eft cclny qui ne voit maintenant , que ces ruftres-cy fe moquent ou-uertement de l’Euangilc,amp; defpirent Dieu plaincment’Car d’vn cofté ils prict à Dieu qu’il leurfacc la grace d’annoncer dignement l’Euangile: amp;nbsp;de l’autre,ils le difent ou le chantent tellement, qu’il n’eft point entendu . Eft-ceannoncerdignement, ou deuement l’Euangile,quand on le lit feulement envnliure? QuadlcfusChriftadift

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D E L A M E s s *• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;45

i fcs Apoftrcs,qu’ils prefchaffent l’Euag'le à toute creaturedeur a-ilcóraandé de pref cher en langue incogneue,amp; qu’on n’cntc-dift pointîÀ quel propos leur dôna-il diuer fes langues,Ûnon afin qu’ils fuflint enten-duz de tous peuples amp;nbsp;nations né la terre? Mais pourquoycft-ceque l’Euâgilefe pref clic,finon à ce qu’il foit reccu,amp;qu’on y ad ioufte foy;Et cornent pourra-il dire receu, ou commenteft-ce qu’ony croira,s’il u dh entendu premièrement: Quelle corriiptiô amp;nbsp;peruerficé vilaineeft-ce la,quela Meffe feradiéle,oucliâtéeàtoutvn peuple,là ou quelque fois il fe trouueravn millier de per loiincs,tant hommes que femmes,amp; grans amp;petiz,dont la plus grande partie oit feulement la voix, amp;nbsp;ne fait nullement que ce eft de tout ce qu’on y ditîO poures gensto pouresbcftes,amp;beaucoup pires que les bru tes! O poiire peupleinfenlél Ontrouuera tel hômejequel par l’cfpace de plus de qua trevingtsans auraefté à la Melle: amp;tou-tesfois il n’y aiamaisrienentcdu,amp; ne fait nullemêt que c’eft qu’il a faift tout ce téps la,non plus qu’vue befte,ou qu’vn tronc de bois .Voila queleft voftrc beau gouuerne-ment,Mefsieurs les Prélats cornuz. amp;nbsp;apo-ftats,qui vous vantez d’auoir la charge des ames.Voila comment vousvous portez en voftre oftice. Voila le dcuoir que vous faites. Voila commet vous traitez les poures brebiz de noftre Seigneur Iefus,lcfquelles

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i,S nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIE

i.Cer.14

vous dcuiez paiftre amp;nbsp;nourrir de fa fainftc parole: voire fi vous cfticz vraisPafteurs,amp; nou pas loups rauiflans: fi vous eftiez difci pies de lefus Chrift, amp;nbsp;non pas fuppofts de fatan : fi vous paifsiez le troupeau racheté du fang dé noftreSeigneur Iclus,comme il commäde qu'il foit repeu;c’cft affauoir.de la viande fpirituelle, quieft la pure vérité de Dieu: amp;nbsp;non pas demenfonges amp;nbsp;de va-nitez infinies,quevous aucz mifes en auat. Pourquoy ne reniediez-vous point par voz Cöcilcs,que vo’ faites (amp; qu’onfait à quel propos) à ceftabiis tant enorme que rien plus:amp; à tat d’autres,qui ne font pas moindres que ceftuy-cyïMais au contraire,pour quoy les maintenez-vous auec telle obfti-nation amp;forcenerie?Pourquoy les augmé-tcz vous deiouren iour,faißs accroire que ce font ordonnances amp;nbsp;ftatuts de l’Eglife? Quellecxciifc péfez vous auoir au iour du lugcment,que lefusChrift tiendrafcs afsi-fes,eftauccnfon fiege ludicialî Quel conte pourrez-vous rendre de cefte adminiftra-tion,dont vous vous glorifiez maintenant? Qui vous a apprins de parlcrvn langage e-ftrange amp;nbsp;incognu en l’Eglife,deuant tout le peuplc?Ne fanez-vous pas bien,que cela eft contre le comandement exprès deDieu, pronôcé par la bouche de fon apoftre fai n ft Paul'lcquelcommadeexprefTemcnt,qu’en rEglifeamp; ou le peuple eft a(rcmblé,on parle en laguc cognuc,amp; qui foit entedue d’vn chacun

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DELA MESSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;47

chacun; amp;nbsp;reprend ceux qui parlent en langage incognu,d’autant que cela eft fans edi fication,amp; fans aucun fruift. Quelle corru ption,amp;peruerfité maudite eft ce-la,de fai re perdre le temps au poure peuple,amp; le détenir tellement embabouiné, amp;nbsp;fi vilainement abiifé, qu’ilcuidc bien faire d’efeou-ter tant feulement,amp; cependant ne rien entendre du tout? Ces afnes-cy,nc fanent-ils point,quelirevne chofe fans l’cntédre.c’eft vn mefpris amp;nbsp;tontemnement,comme dit le Caton,qu’on enfeigne aux petitsenfans? Mais puis qu’ils (ont bebetez iufques la,fedoit-on efmerueiller, fi Dieu les a précipitez au plus profond de tant d’erreurs amp;nbsp;de tenebres fi horribles amp;nbsp;cfpou-uantables?

Q^ant à ce qu’on vfoit ancicnnemec cnl'Eglife de langue Latine,amp; qu’elle fer-uoitpour inftruire le peuple: c’eftoit à eau fe que tous l’entendoyent cómmunement pourlors.Et Gregoire Euefque de Rome, n’vfoit point d’autre langage que Latin, parlant au peuple,ainfi qu’il tcfmoigne luy mefmc en la preface qu’il a faiftefusE-zcchiel ,efcriuant à l'Euefquc Marian. Et mefmes, il eftoit commandé par or-donnancedel’Empereur,que les paroles de la Confecration fuffent prononcées haut amp;nbsp;clair par le Miniftre , afin que le peuple peuft ouyr, amp;nbsp;entendre le tout.

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4} ANATOM IS

i.C»M4

Or il eft certain que cela fe fuft faiftpour néant,amp; fans propos, fi le commun populaire n’euftbien entédu ce que fignifioyet les mots,qu’on recitoit tout haut.Et pourtant nulle oraifon ncfc difoit bas,ny en marmônant corne font les Preflrcs : mais toutes les pricres fe prononçoyent tellement,que tout le peuple les cntendoit.afiii qu'il peuft refpondre, Amen. Qui euft efté vne chofe par trop ridicule, tefmoing Saift Paul au mefnie lieu de l’Epiftre aux Corin thiens quei’ay défia allégué, s’il n’euft bié entendu tout ce quife difoit • Et pourcele Miniftrc voulant faire les prieres,difoit,amp; ces Singes aufsi le difent encores, Oremm: c’eft à dire , Prions. Et par cela il inuitoit toute l’alTcmblée , à laquelle il parloir, de prierDieu, amp;nbsp;défaire tousenfeinble auec Îuy laracfmepriere qu’il faifoit. Ce qui ne fe pouuoitdeuement faire,St ne peut enco rcs ,quoy que ces gentils fauteurs de Pre-flres cuidcntifi cequi eftoit dift par le Mi-niftre,n’euft efté entédu. Parquoy ce qu’on dit en ceftc abomination de Melle, amp;nbsp;l’Epiftre,amp; l’Euangile,amp; tout le rcfte,cn langue Latine.quand il n’y auroit point d’autre impiété , finon que la plus part de ceux qui font là prefens,n’entendent rien à tout ce que Mefsire leangcrgonne. n’eft-cepas vn abus fi lourd amp;nbsp;fi vilain,que tous ende-uroyent auoirgrandc liôtcîN’eft-ce point frauder le poure peuple,amp; luy rauirle bien

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DE LA MESS 1. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;49

amp; profit qu’il deuoit reccuoir de la fainûc parole de Dieu 3 N’eft-ce point vue profanation execrable de l’Euangile de noftre Seigneur lefussN’cft-ce poït l’expofer aux moqueries des infidclesrlc vous prie, fi vn Turc,ou quelque autre Payen, entroit dedans vn temple de la Papauté, amp;nbsp;qu’il vid là quelque Preftre croté difantfa Mcffc,amp; vne grande multitude de gens à l’entour: amp;nbsp;qu’il feu ft bien que tous n’entédiflentric à cefte farce,queioucroitMefsire lea,quc di roit-ilsN e le moqucroit-il pas à bon droit de toutes ces beftes chauffées , qui feroy ét là à efeouter des mots qu’ils n’entendent point ? N e les cftimeroit-il pas bien grans veaux, ou bié des oifons bridexSEt de faift, ils font bien dignes qu’on les tienne pour tcls,puis qu’ils Je laiffent ainfi du tout abc-ftir par telles canailles, fans fauoir, amp;nbsp;fans fe foncier d’entendre à la vérité , s’ils font bien,ou non.

tro'ißcvic Section.

U efiiey declairc^que la friere lt;ju'ils di fint enef-frant l'heflie,qu'ils appela,n'eft qu'imfiete de-teflable'. que c’eflyne inuention humaine zirfri~ uigt;le,amp;- non fas yne ordonnance de 'Dieu ,qut me fier de l’eau auec le ym Qwe la friere qu’ils font enofffant le Calice,eft flehte d’impiété,auf ß bien que l’autre qu’ils font, offrant l’hoTUe.

D.

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5» nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A NATOMI!

PRES qu’ils ont chanté ou diet l’Euangilc,ils coin mécent incôtinent àgrigo ter le Credo, voire les iours defefte , amp;nbsp;les autres non. le ne m'amuferay point i-cy à reciter les belles rai-fons qxephilofopheDurandi allégué,pour monftrer à quel propos ce Credo eft dift en la Meflc.ncles expofitions de chacune par tic,amp; les difputesqu’il en fait. Enfommc, il n’y a pas mois pour rire en tout Cela, que pour s’esbahir de la grade beftife de ce gros afnier. Apres le Credo, viët leur Offertoire, ainfi qu’ils le nomment - Et c’eft fpuuent quelque verfet pris des Pfeaumes;amp; aucu-nesfois quelque autre fentence de l’Efcritu rc, qui fera courte amp;nbsp;brieue, amp;nbsp;aufsi mal à propos comme tout le refte.Quand ils ont di£f,ou bien,cependât qu’ils dnentceft Of fertoire.le ibur des feiles,amp;principalemét le D imanche,l'OfFradefe fait: amp;nbsp;tous ceux

qui y vont, pour porter quelque chofe,bai-feot en d’aucuns lieux le Manipulum du Pre ftre:amp; aux autres,ilsbaifent la Platene: Si à ceux-là qui donnent, ou offrent, quoy que ce foit,onleurdit,Ce;»(M^/MW4rc/f/M,ô' vitam teternamfoßidebis'.c’cil a dire,Tu recc uras cent fois autant,amp; poifederas la vie e-ternelle.Voyons vn peu,ie vous prie,comment ces mal-heureux deftournept amp;nbsp;cor-rópent mefehamment ce paflage.C’eft vue pro-

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DILAMSSSÏ. nbsp;nbsp;nbsp;$1

promefTe.que lefusChrift fit à ceux qui aba donncroyétpere amp;mere,femme amp;nbsp;enfans, leurs biens amp;nbsp;richeffes, pour le fuiure, amp;nbsp;feruir toute leur vie. Et ces ventres infames l’appliquent à ceux qui portent à leur Offrande,amp; qui mettent à la coquille, ou qui crachent au bafsin . N’eil-cc pas bien corrompre amp;nbsp;perucrtir mal-heureufement la parole de Dieu,que ccla’Com^e fi Tinten tion de noftrc Seigneur lefus euft efté, de vouloir dire par ces paroles, Qujeôque bai fera le MdnijiHlam.ou laPlatene, amp;nbsp;portera à la coquille des Preftres , ou des Moines, receura cent fois autant,amp;pofledera la vie éternelle. Voila en quelle forteces malheureux renuerfent les autres paffages de lafainfte Eferiture , pour coulourer leurs fingeries. Nous fanons que les Offrandes que faifoyétanciennemét les fideles,quand ils cclebroyent lafainûe Ccne,eftoyent di ftribuées aux poures par ceux qu’on auoit efleuzàceft office,8tqeftoyét nSmezDia ctes. Mais vnchacun voitbiê àquel vfage font dediées les offrâdes que reçoiuct les Preftres amp;nbsp;Miffotiers.amp;en quoy elles font employées to’ les iours. Ce fcroit vnc cho fe pattropfafcheufe,fi ie mevouloyeamu-fer maintenant à reciter l’horrible difsipa-tiô des biés des poures,que fSt les fuppofts de TAntechrift.Quâdilsont dit leur Offer toire, lors ils offrét leur hoftie:laquelle ne eftconfacrée,corne ils parlétiamp;difent ceft» D. ii.

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^s anatomib

belle oraifon cy , Percfainft , Dieu tout* puiffant amp;nbsp;eternel.pren amp;nbsp;reçoy cefte hoirie fans macule : laquelle moy indigne,Si qui fuis ton feruiteur,mô vray Dieu viuât, je t’oftre pour mes pechez amp;nbsp;offenfes innu merablcs,amp; pour mes negligences,amp; pour tous ceux auisi qui font icy prefens,amp;pour tous les Chreftiens fideles, tant viiians que trefpaflèz.-afin qu’elle me foit profitable,Si à eux pareillement, pourfalut en vie éternelle. Amen. Ne voila pas yne priere plus qu’execrable?Le Preftre dit amp;protcfte hardiment,qu'il offre à Dieu ce pain,qu’ils ap pclent Hoftic, pour fes pechez premie re-mcnt,8tpuis pour ceux de tous fideles vi-uaos Si trefpalTez.-St requiert aufsi que cela leur ferne à falut en vie éternelle,

Ne font-ce point là des cliofcs efpoti uantables,amp; pour faire dreffer les cheueux en la tefteï N’eft-ce point là vu blafphemc du tout intolerable,de dire que leur hoftic, lalt;^uelle mcfmc n’efl: point encores confa-crec,amp; combié encores qu’elle le fuft, puif fcfaire les chofes qu’ils afferment: c’eft af-fauoir,qu'cllc vaille à la rcmifsion des pechez,Si à la vie éternelle?! c vous prie,comment fc peut-il faire, qu’vu morceau de pain,qui n’eftrien que fimple pain felô leur doftrine mefme , face de fi grandes chofes Si fi mcrucilleufcs?Cefontdcs fccrets que tout le monde n’entend pas .Sieft-eeque pour donner couleur à telles impietez, ils n’ont

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BILAMISJS- nbsp;nbsp;53

n’ont vn feulpaffage de l’Eferiture faifte-Quay donc î Voyans qu’ils feront prenez, amp;nbsp;qu’ils n’auront point d’autre couuertu-re,ils diront,pofsiblc, queceftepricrcque ils font, amp;nbsp;les mots qu’ils prononcent, ne s’entendent pas tellement,qu’ils parlent du pain , qui n’eft encores que pain pour lors-, mais qu’ils parlent de ce qui fera après la confecration.Oren difant cela,ils ne peu-uent nullement efehapper , qu’ils ne foy-ent conueincuz de leur menfonge amp;nbsp;impudence par trop vilaine. Car quand cefte hoftie qu’ils prefentent-cy,fera confacrée, elle ne fera plus pain félon leur doûrinc; elle ne fera plus la-mefme qu’elle eftoit au parauant,mais vnc autre:d’autant que premier qu’elle foit confacrée,amp;quand ilsdi-fcnt cefte oraifon,ce n’eft encores que pain feulcmcnf.mais apres laconfecration,c’eft le vray corps de lefus Clirift,amp; nô pas pain matericl,felon qu’ils maintiennêt eux-mef mes par tout. Êtde-faift,cn cefte oraifon cy ils parlent de leur hoftie, laquelle pour lors ils prefentent amp;nbsp;offrent, quand ils di-fent,Perefainft,Dieu tout-puiffant amp;nbsp;eter nel,pren amp;nbsp;reçoy cefte hoftie fans macule; en monftrant ce morceau de pain,qui n’eft point confacré , à caufe qu’ils n’ont pas encores prononcé les mots iaeramentaux. Et ne peuuenc nier,qu'ils n’entendent amp;nbsp;parlent de cela qu’ils monftrent,amp;qui eft pour cefte heure-la,amp; non pas de la chofe qui fe-D. iu.

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54 nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMI«

ra puis après.Dauätagc,nous verrons en U cinquième partie du Canô mefrae, ou il eft dift, Laquelle oblation,toy Dicu,amp;c. que ileft parlé expreftement du pain amp;nbsp;du vin, qui ne font point côfacrez par eux. Qifon voye le lieu:il n ’eft ia befoing de fc trauail 1er beaucoup à môftrer ce que les pctiz en-fans mefmes entendent du premier coup. Comment eft-ce donc que leur lioftic,quc ils monftrent alors , peut remettre les péchez,amp; donnerfalut’Lcs luifs fous la Loy, ofFroyent bien de femblables chofes pour les pechez, fuiuant l’ordonnance du Sci-gncur:mais les Chreftiens(defquels les of-rradcs,cóme dit S.Pierre en fa Canonique, font fpirituelles)n’offrent point telles chofes à Dieu pour leurs pechez. Car ils font certains amp;nbsp;affeurez, qu’ils leur font pardon nez par le fcul lefus Chrift,amp; non poît par autre moyen que ce foit.Ils fauét bien,quc Dieu n’eft pas comme vn petit enfant, que on appaife d’vne pomme , ou de quelque menu fatras : mais que la feule reconciliation,qui eft entre Dieu amp;les hommes,c’eft lefus Chrift,amp; nô autre: amp;nbsp;que nul ne peut eftre agreableà Dicu,finó par lefusChrift. Dont ilfenfuit neceflairemeot, quecefte priere-la n’eft qu’impieté amp;nbsp;abomination dcuant Dieu,comme font aufsi tat d’autres . qu’on dit à la Meffe.

Quand Mefsire lean a offert ainft fon

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BILA M E SS Ï. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;5$

fonlioftie.ilinci du vin dedans le calice,amp; de l’eau aufsi quant amp;nbsp;quant.Ils difent que le Pape Alexandre, premier de ce nom, ordonna d’ainfi faire;amp; allèguent de fort bel les raifons,pourl’approuucr;c’eftpremie-remét pour denoter, que le falut du peuple ( lequel eft fignifié par l’eau , félon qu’il eft eferit en l’Apocalypfe, Les eaux que tu as veucs, ou la paillarde eft afsife , ce font les peuples, les nations amp;nbsp;les langues ) n’a peu eftre fans l’effufion du fang de noftre Seigneur lefus ; ne l’effufion de fang n’a peu effre fans le falut du peuple ■. amp;nbsp;pounât qu’il faut, pour fignifier cela, que l’caufoit mefléeaueele vin. Setondcmét,c’eft pour denoter, difent-ils, que du cofte de noftre Seigneur Icfus Clirift l’eau fortit enfem-bleauec le fang: pour fignifierque lefus Chrift n’eft point fans peuple, ne le peuple fans lefus Chrift. Tierccment,que l’eau fc mefle auec le vin,pour denoter qu’en lefus Chrift eft l’humanité aucques la diuinité. Car félon leur fantafie, ces deux chofes-la font fignifiées par l’eau amp;nbsp;par le vin : affa-uoir, l’humanité par l’eau , amp;nbsp;la diuinité pat levin . N’eft-ce pas là vne philofo-phiebienfubtilc? Y a-il homme au monde de fi peu d’efprit, qui ne voye combien cesraifons-lafont friuoles amp;nbsp;ridiculcs’Les petitsenfans ne s’en pourroyent-ilpas mo quer,comme àbô droit ils en font dignes?

D. iiii.

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$lt; ANATOMIB

Mais,ie vous prie,qui luoit donné charge à ce nigaud de Pape Alexandre, démettre en auant cefte ordonnance-la? Eft-illicite à vn homme mortel,qui que ce foit,dc rien innouer,ou varier:d’adioufter,ou diminuer aux fainfts Sacremens inftituez par le Fils deDieu,qui cftlafagcfle éternelle du Pere,auquer tous les threfors dcfapicce amp;nbsp;de fcience font cachez’Ne fauoit-il pas bié tout ce qui eftoit necelfaire, pour la perfe-ftion entiere defes ftatucs amp;ordonnances? Ornousfauons que Icfus Chrift n’a point inftitué le Sacrement de lafaindc Cene a-uec autres elemens,ou autres chofes,qu’a-uec le pain amp;nbsp;le vin,fans y mefler de l’eau: ne les Apoftrcs aufsi(commc il appert aflèz par ce qu’ils ont efcrit)n’y ont iamais rien adioufté Ne fe deuoit- on pas contenter de cela? La feule autorité de lefus Chrift n’e-ftoit-elle pas fuffifante, pour reprimer l’au daefe amp;nbsp;tepierité des hommes?Dauantage, comme il n’appartient point à créature du monde d’inftituer Sacremens en l’Eglife, d’autant quec’eft l'office proprede Dieu feul, amp;nbsp;de lefus Chrift , lequel eft Dieu amp;nbsp;homme,chefvnique en l’Eglife,feul Legif lateur fur les confciences; aufsi ce n’eft pas à faire à homme viuant fur la terre,d’adiou fter ne diminuer à ce qu’ilavnc fois arre-fté.Car c’eft vne chofepar trop exorbitante, voire vn orgueil diabolique , de vouloir eftre plus fage amp;nbsp;mieux entendu que celuy

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»S LA MSSS 1. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;$7

qui eft l’auteur, amp;nbsp;qui a faiû telles ordonnances: comme font tous ces bös doûcurs de Mefle.qui ont voulu móftrer qu’ils en-tcndoyent mieux les loix amp;nbsp;comandemens de Icfus Chrift,qu’il n’auoit point faiûluy mefrae.Qui fera le fubiet fi glorieux amp;nbsp;ou-trecuidé ,qui ofc rien varier ne clianger des loix amp;nbsp;ordonnances de fon feigneur,ou fu-pericur? N’enpourroit-onpasaucantfaire du Baptefme, amp;y adioufterdu vin, amp;nbsp;alléguer aufsi la raefme raifon, qu’ils alléguée de l’eau? V oire bien, qui le voudroit corré-pre amp;nbsp;peruertir,comme ils ont fai ft la faia fte Ccne de noftre Seigneur Icfus . Car quelle raifon y a- il en l’vn pl’ qu’en l’autreî Ladiuinicé amp;nbsp;l’humanité de lefus Chrift, n’eftoit elle pas aufsibien au Baptefme cô me en laCencîll eft bié certain:amp; mefmes elle fut beaucoup plus expreffementdemó ftrée,quand lefusChrift lùtbaptizé, d’autant que la voix du Percy fut ouye,amp; le S. Efprit veu en cfpecc de colombe : ce qui ne aduintiamais en la Gcne,feló que nous tef-moignent les Euâgeliftcs,amp; tout ce qu’ont efcritles Apoftres. Eepourquoyeft eeque ladiuinitéamp; l’humanité ne pourra pase-ftre aufsi bien fignifiée par l’eau amp;nbsp;pat le vin,énvn Sacrement qu’en l’autre?

Outreplus,nul n’a l’autorité de dónet quelquefignification nouuelleaux Sacrc-mens,finon celuy qui les a infticuez. Or eft il ainfi que lefus Chrift a ordonné luy-mef

*.

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0 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A N A T 0 M I B

me ce qu’il veut que le pain amp;nbsp;le vin no* fi* gnificnt au Sacremet de la Cencx’cft afla-uoir,q le pain fignifieamp;reduit en mémoire fon corps,amp; le vin fon fang. Et n’appartiét point aux hommes mortels d’y rien changer ny adiouftcr,ou diminuer de la fîgnifi-cation de ces chofes-la.Et cefte opinio fan taftique maintient,que le vin fignifie la di-uinité,côbien que lefus Chrift l’ait ordonné pour fignifier amp;rcduire en mémoire fon fang.On voit la grande difference qu’ily a entre le fang amp;nbsp;la diuinité .Car lefangeft vue creature,amp; la diuinité eft Dieu mefme Créateur de toutes chofes. Finalement,S. Paul(lequel fut enfeigné du Seigneur com me la faifte Cene fe deuoit faire,ainfi qu’il le dit en l’onzieme chapitre de la premiere aux Corinihiens)nc fait point aucune men tion de l’eau : amp;nbsp;n’a ramais efté fi fol ne téméraire,de rien adioufter outre ce que lefus Chrift luy auoit enfeigné. Mais ceux cy,comme ils font effrontez amp;nbsp;hardiz à vio lcr toutes les fainftes ordonnâces de Dieu, n’ont eu ne honte ne crainte , en corrompant amp;nbsp;peruertifTant la facrée Cene de lefus Chrift.Et Dieu par fon iufteiugement les a aueuglez,de forte qu’en voulât defgui fer ce fainft Sacrement de la Cene, ils ont monftré que leur Mefle eftoit toute autre, en adiouftantde l'eau au vin, puis que cela tiepeut amp;nbsp;ne doit eftrc faid en la Cene de noftre

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DCLAMISSI. tgt;

ooftre Seigneur lefus.

Après tout ce beau ieu de gobelets,le Preftre prend le calice en fes deux mains: Si dit,Seigneur,nous t’offrons le calice de fa-lut: prians taclcraence,afin qu’il môte de-uât la face de ta diuine maiefté, auec odeur de douceur, pour noftre falut , amp;nbsp;pour cc-luy de tout le monde, Amen. Cefte prière la,n’eft-elle pas aufsi bonne comme l’au-tre;C’cft tout vn.Et pour n’eftre point faf-cheux en redites, tout ce que i’aydit n’a guercs, de leur hoftie,ou de leurmorccau de pain, fedoit aufsi bien dire de leur calice,ou bien,de leur vin meflé auec l’eau : ce eft aflauoir,que cefte pricre-laqu’ils font, eft pleine d’impiété amp;nbsp;d’abomination.Car commentcft-ilpofsible,félon leur dourine mefmes, que le vin non confacré, Si encores qu’il le fuft, vaille amp;nbsp;feme pour leur falut, amp;nbsp;pour ccluy de tout le mondcî N ’eft-ce point vn horrible blafpheme que ceftuy-la,amp;vn facrilege du tout execrable ? Mais quand ils auront prouué leurs menfonges amp;nbsp;vanitez eftre véritables, nous verrons alors que ce fera.Cependant, iln’yauraceluyqui ne fachc,quc cefte o-raifon-cy n’eftqu’impieté, aufsi bien qu« l’autre.qu’ils font en offrant leur hoftic.

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anatomie

Ld qtiatneme SeShon, o» U cTldcmonTlré clairement, ejue flupeuTi era!-fons, qu'ils afi^elent Secrettes, amp;nbsp;cju’ili difent auant leurPer omaii, font damiiableiamp;flei nesd'imfieiétcommepoHrexeinJilecesie-cyjClHi dit que les inf ne s purgent les pechetc., amp;nbsp;nom fontdignesd’auoirlagracede Dieu,amp;nous cS» duif eut à la gloire celeste, amp;àla vie éternelle: fycefleautrcquidit,que Dieueß appaifé parle fain (^par le vin, amp;nbsp;qu'il nous pardonne parce moyen-la noupechesc.

,ENSVIVENT a?) puis après quelques orai-KI ions mefchantes Se abomi nables deuant Dieu, dont il y en a trois qui affermét i5^ que le pain amp;nbsp;le vineft vn facrifice. Mais d’autant

que vers la fin nous traiterons plus à plein de cela,quand nous prouuerons que le pain amp;nbsp;le vin, auant leur confecration, ne leur facrement qu’ils forgent par leurconfccra-tion,ne peuuent eftrefacrifice,voire encores que leurfacrement controuué fiift vne mémoire de facrifice: pour celle heure no* n’en parlerons point autrement, afin de ne eftre contraints de redire fouuent vne mef-mechofe. Nous examinerons feu lernet ce qui refte encores de la premiere partie, amp;nbsp;principalement ces oraifons qu’ils appelée Sccre-

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DI LAM133E^ ‘^I

Secretes,àcaufe qu’elles fedifent tout bas. amp;nbsp;à loifir, pour donner plus d’autorité à la Mefle. Et qu’ils allèguent tant qu’ils voudront maintenant de raifons, pour approu uer leurs façons de fairc.-fi eft-ce qu’en dcf-pitde leurs dens,elles fe deuroyentpluftoft dire tout haut,afin qu’on les ouift.Si d’auc turc ils ne vouloyent dire,que ces Secretes la font fideteftables,qu’elles meritét bien d’eftre diftes en fecret, ou pluftoft,quc ia-mais on n’en ouiftvnfeul mot.Mais cela ne eft pas de telle importâce,quc font les im-pietez amp;blafpliemcs exécrables qui font en aucunes d’icelles.Et entre autres,ily a celle qu’ils difent le Mecredyde leurs Qua-tretemps de l’Aduent: c’eft aflauoir, N ous te prions,Scigneur,que noziufncs te foyet agreablcs:amp; qu’en nous purgeant, ils nous facent dignes de ta grace,amp; qu’ils nous cô-duifent aux remedeséternels . La mefmc Secrctefeditaufsilc Mardy d’apres leDi-manche de la Pafsion : amp;nbsp;encore vue autre fois le Vendredydes Quatretemps d'apres la Pentecofte. Voyons,ic vous prie,qucleft le contenu de celle belle oraifon. En fom-me elle côtient.côbien qu’elle foit briefue amp;nbsp;courte,trois liorriblcs blafpliemes,amp; in fupportables.Lc premier eft,que lesiufnes purifient, ou nettoyët les hommes de leurs pechez . Le fécond,quils nous font dignes d’obtenir la grace de Dieu. Letroificme, qu’ils nous conduifent aux remedes etcr-

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(t nbsp;nbsp;nbsp;ANATOM II

Hft.i «.!«» i lu» I.

i^f'-iV

ncls.Ccfont trois impietez exécrables,que contient cefte petite oraifon en fi peu de pa rôles.Qm fera l’homme fi effronté,lequel ofe dire amp;nbsp;maintenir, q ce ne foyét là trois blafphemesdiaboliques?Premicrement,nc cft-cc pas vn blafphcme dctcftable, que de attribuer aux iufncs , qui fontœuures des hommes mortels,la purgation despechez, qui eft vnc œuure de Dieu feul, parnolfrc Seigneur lefus,moyennant fa mort amp;nbsp;fon fang?L’Apoftrc en l’Epiftre aux Hebricux, ne dit-il pas que lefus Chrifteft ccluy qui fait la purgation des pechez par foy-mef-me î Et S.lean, que le fang de lefus Chrift nous nettoyé de toutpeche?Et lean Bapti-fie ne tefmoigne-ilpas,quec’cft l’Agneau dcDicu,amp;celuy quiollelespechczdu mô-deîEtlfaie n’attribuc-il pas la rcmifsiô des pcchez à lefus Chrift feul,par le moyen de fa mort amp;nbsp;pafsionîBrief, toute la fain ft e Ef criture ne dône-ellc pas ceft hôneur à lefus Chrift feul,amp;nô à autrc?Or cefte oraifon in female, corne on voit,l’attribue à noz iufncs. Voila quels font les beaux facrificcs, qfe font en cefte abominatiô dcMeire,par laquelle lefusChriftaeftéfi lôgtcps outra gé,voire foullé aux pieds,amp; le poure mode fi mal-heureufement trópé,q c’eft vne hor reur que d'ypé(èr.Dauatage,fi nous eftios nettoyez par les iufnes, amp;nbsp;fi noz pcchez nous eftoyent pardonnez par ce moyen-la, ne fetiós-no’ pas iuftifiez par noz œuures: ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;veu

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BILAMKSSI. nbsp;nbsp;nbsp;6j

veu que la iuftification eft la rcmifsló mcf roc des pechea, ou bien,qu’elle n’eft point fans icelle ? amp;nbsp;que celuy fcul nous iuftific, qui nous pardonne ooz pccliezî O r cela eft du tout eötraire à la dourine de S .Paul,lequel nous afleurc en toutes fcs Epiftrcs,amp; lingulieremct en celle qu’il eferit aux Ro- Ram.5.4. mains,amp; aux Galates,quc nous ne fommes G^^“*-!.}. pas iuftifiez par les œuures,mais par lagra- *’J’ Ce de Dieu,moyennant la redépticn faifte par lefus Chrift. Il dit aux Romains, que no® fommes iuftifiez parla grace de Dieu, parlaredemptiôqui eften lefusChrift.Et cncepaflage-la,mettatlcs chofes qui font coniointes auec la iuftification , il allégué Iagr3ce,la redeptionfaifte par lefusChrift amp;nbsp;la foy,laquelle attribue le tout à lagrace de Dieu par Chrift,amp;rien quifoit àl’ho roe.mais pluftoftle defpouilledc toute gloi rc,amp; l’en débouté cnticremcf.amp; done tout l’hôneur,la gloire amp;nbsp;la louage à Dieu feul.

Outreplus, comment cft-il pofsiblc quelesiufnes ncttoyent,oupurgentles pe chcz,puis qu’il faut neceflairement q nous foyos abfouts amp;nbsp;nettoyez,auant que nous facions aucune œuure qui foit agréable amp;nbsp;plaifante àDicu: foit iufne,ou autreœuurc quelconque? Or fi Dieu reçoit amp;nbsp;accepte les iufnes ,ilcft necelTaireque nozpechez nous foyét premièrement pardónez,amp; que no’enfoyosquittes amp;dcliutez.Les iufnes doc ne peuuent eftte nullement caufe de la

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ANATOMI E

rcmifsion des pechez,ne du tout,ny en pir ] tie: mais au contraire.il faut cju’elle precede,amp; qu'elle nous foit ottroyee de Dicu,a-uant que noz iufnes luy puiflcnt eftre a-grcablcs. Et fi quelcun ai legue, qu’il y a au bout de cede oraifon, Par noflrc Seigneur j ïefus Chrift,amp; que les chanteurs de Meffe i par ce mot confeffent que les pechez font ' Îiardonncz par lefus Chrift: ie refpon à cc-a brieuement : c’eft, ou qu’ils veulent que lefus Chrift feulpardénc les pechez,amp; que par luy feul ils foycnt pardonnez: ou bien, non feulement par lelus Chrift, mais aufsi par les iufnes quât amp;quant .S’ils veulét que cefoiepar lefus Chrift feul, à quel propos ymeflct-ils les iufnes? N’eft-cepas femo quer de Dieu, que cela ? S’ils difent que ce i cftpar les iufnes ,aufsi meftez aucc lefus Chrift;premiercment celacftdu tout contraire à l'Efcriture fainfte,laquelle no’ pro pofe amp;nbsp;met en auant lefus Chrift , vn feul, amp;nbsp;pour le tout. Et puis ,ce que i’ay dift n’a gueres,cft bien certain amp;nbsp;plus que manife ttc:aflauoir,qu’il faut que la remifsion des pechez precedeneceffairement les iufnes, auant qu’ils puiffent eftre rcceuz,amp; accep- ! tez de Dieu . Parquoy les iufnes ne pcuuét nullement eftre caulc de la remifsion des ■ pechez,foit qu’ils les conioignent auec lefus Chrift, mit qu’ils les en leparent. Et ß , I d’auentureils vouloyent répliquer, amp;nbsp;dire qu’ils n’entédent pas de la rcmifsiô des péchez,

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»SLAM s’ SSI. g^ cliez.qiüt à la coulpc.mais feulemet quant à la peine: à cela ie dy,quand on parle ditn-plemcnt de la purgation, ou remifsion des pcchez,que cela fe doic entendre de la coul pe , corne de cequicft le principal en la rc-mifsion des péchez . OrceftebeUe Secrete parle fimplcment,ainfî qu’on voit. Elle fc doit donqucs entendre de la coulpe, amp;nbsp;non pas de la peine feulement ■. Dauantagc,fi la coulpe des pechez eft vne fois pardonnée, amp;nbsp;totalement effacée , il n’y peut amp;nbsp;ne doit plus auoir aucune peine pour vne telle coul pe . Car quand la caufc de qiiclque chofe eft oftéej’effeft aufsi qui fenfuit eft ofté quât amp;nbsp;quant.Voicy vne maxime toute refolue. Que la ou il n’y apoit de coulpe,il n’y doit pointaufsi auoirdc peine. Si Dieu pardon ne pleinement les pcchez, A: qu’il ofte parfaitement la coulpe d’iceux, il n’y a nulle doute, qu’il ne pardonne amp;nbsp;remette quant amp;quant la peine,qui fcroit deue à raifon de vne telle coulpe.Car quant à cefte belle di-ftinftion.que font communément les Sor-boniftes, entre la remifsion de peine amp;nbsp;de coulpe, elle n’a aucun fondement en toute l’Efcriture fainéletmais elle a efté forgée amp;nbsp;baftie dedans Icccrucau des hommes.Et ce que Dieu quelque fois, ayant pardonné le péché, enuoyc neantmoins quelque punition fur ceux qui auoyent péché, comme il afaift à Dauidamp; à quelques autres : cela ne fe fait pas pour dire que cefte peine-la

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66 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIB

foit cnuoyécjcomqc quelque payement amp;nbsp;fitisfaftion du péché: mais Dieu,en cefai-fant. a bien d’autres cigards amp;nbsp;confidera-tiôs.Car quelles pcint^le vous prie,pour-roit-on jamais penfer,quelques grandes amp;nbsp;horribles qu’on les imagine , leiqutllesa-maffées toutes enlemble,peufl'cntfatisfai-re au iugement de Dieu , pour la moindre tranfgrelsion que font les hommes contre fafainfte Loy amp;nbsp;ordónances Dercesi Quel payement ou recompenfe pourront trouwer les hommes mortels, quand ils auront violé la maiefté deDieu,qu’ils n’auront tenu conte de fes commandemens, qu’ils auront mefprifé ,amp; comme foulé aux pieds nodre Seigneur lefus, voire tous les iours de leurvic,amp; en tant de fortes, que c’eft vn abyfmcîEn quelle monnoye le pourrôt-ils payeriComméteft ee qu’ils l’appaiferont? Sera-ce par leurs agios,amp; fanfares î Mais pluftoftils le prouoqueront à ire par ce, qu’ils luy apporteront. Les punitions don-ques, que Dieu faift fur les hommes, mef-mes apres leur auoir pardonné leurs péchez,ne font pas pour le payer, ne pourluy fatisfaire des ofFcnfes,amp;forfaits qu’ils auront commis à l’encontre de luy; mais les punitions qu’il cnuoye,font pour humilier amp;nbsp;abbatre l’homme, afin qu’il fe recognoif fie tel qu’il eft,airauoir pourc miferable cre 4turc, remplie de toute corruption , amp;nbsp;a-4Snéeàtoutmal.Elles fontaufsi pour l’exercer

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DB LA MESS B. nbsp;nbsp;nbsp;Q

Xercér à patience, amp;nbsp;pour l’inciter à requérir amp;nbsp;inuoquer Dieu, à ce qu’il luy tiéne la main,le conduifeparfonfain£lElprit,amp; Ic guide tellement tout le refte de là vie, qu’il foit entièrement dédié amp;confacré à fon fer uice.Ou bien,elles font pour donner exern pic aux autres , afin qu’ils ne facent pas le femblablc:amp; que tant luy que tous autres foyent mieux aduifez pour raduenir,fe tc-nans toufiours fur leurs gardes,depeur que ils ne tombent en telles fautes amp;nbsp;ofFenfes. C’eft comme fainft Auguftin en parle au fécond liure Des Merites amp;nbsp;Remifsion des pechez , chapitre trentetroifieme amp;nbsp;trentequatriemedà ou il ameine les peines enuoyces à Dauid, amp;nbsp;aux autres fidèles : amp;nbsp;dit qu’elles ne font point enuoyées comme punitions des pechez, mais comme exercices des iuftes amp;nbsp;gens de bien.

Au refte,ccd autre mot de leur Secrete, qui dit, que les iufncs nous facet dignes de la grace de Dieu:c’eftà dire,qu’ils nous la facent meriter : eft vn erreur par trop e-norme, amp;nbsp;vnc herefie fi detcftable, qu’elle doit eftre condamnée de tous,ainfî que dit fainft Auguftin au liure De la Predeftina-tion des Saints, chapitre deuxième . Ce eftoit l’erreur de Pelagius hcretique malheureux , lequel erreur fut condamné au Cécile Paleftin,parle mefmc Pelagi*, afin qu’il ne fuft point condamné luy-mefmc. £. ii.

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AN A T 0 M I I


Sainft Auguftin dit ceey en I’Epiflre cent cinquième,cent fixieme, centfeptieme, amp;nbsp;en plufieurs autres paHagfs.Maisqu’eft-il befoing d’aUcgucr fain ét Augnftin amp;nbsp;les autres Dofteurs anciens, veu que nous a-uous fainét Paul,lequel parle fi clairement R«»».ii. aux Romains ? quand il dic,Quc ce qui eft par grace,n’eft point par les œuvres: c’eft à dire,par mcrites;amp; au côtraire aufsi,ccqui eft par les œuvres,n’eft point par grace:au-trement, grace ne feroit plus grace, ne les œuures ou mérités ne feroyet plus œuures: d’autant que la chofequ’on merite, n’eft point par grace:amp; celle qui eft par grace,ne eftpoint par les mérites,ou parlesœuures. Et qui plus eft i cefte prière execrable nie apertement la grace de Dicu:amp;contient v-ne comradiétion. Car,commei’ay dift,la chofe qu’on merite , n’eftpointpargrace: mais par les œuures. Parquoy fi noz iufnes eftoyent dignes de la grace de Dieii,amp; que par iceux nous la peufsions mériter,grace ne fieroit plus grace : qui eft vne contradi-ftion mauifeftc,comme dit aufsi S. Augu-Veld Prt^ ftin,au liurc que i’ay défia allégué . C’eft, que la grace ne peut nullement eftre grace, fi elle eft faictc lelon les mentes.

Latroifieme partie de leur Secrete chante, que les iufncs nous conduifent, ou facent piruenir aux remedes éternels: c’eft à dire,à la gloire ccleftc amp;nbsp;perpétuelle. le vous prie , y aura- il homme maintenant fi aueu-

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B I I. A MESSE.

S9 aucugle,ou fi befte,qui ne voyc incontinét que c’eftlà vnblafphcme du tout infuppor table, puisque les hommes ne fe peuueut fauucr pat leurs œuuresunais fculemët par la grace de Dieu,amp; parle fculmoyé de le-fus ChriftîComme faind Paul nous enfei-gne en tât de pairages.Et fainâ.Pierre auf-: f.phe.1. 11 aux Actes, nous affeurc qu’il n'y a point Tii ^. d’autre nom fous le ciel entre les hommes, AflM.4. par lequel il nous taille eftre fauuez ; ainlî que nous auons délia dift cy deflus .Etce-fte oraifon abominable nous fera accroire, que nousfommes fauuez par le moyen des œuurcs,que noms meritôs lagrace de Dieu amp;quenous gagnons.paradis parnozmérites! ,

Ily a encores vne autre Secrete parmy les autres , qui eft bien digne d’eftremilc au ranc de celle que ie vien de reciter.C’eft vnequ’ils difentlamp;vingramp;vniemc Dima- i^.J'afru che d’apres la Pentecofte. V oicy ce qu’elle lu Tnmti, chante,Pren amp;nbsp;reçoy,Seigneur,cftant propice , les hofties, par Icfquclles tu as voulu eftre pacifié amp;nbsp;appaifé, amp;nbsp;nous as reftitué falutpar pUiffante pitié . Quel gergon eft ce-la? Quel eftceblafphcme,que Mefsirc leâ defgûrgeenfon patoisilldit deux cho fes en ce Secret.L’vne eft, que Dieu a voulu eftre appaifé par les hofties,que ces Pre-ftres crotez difent qu'ils offrent. L’autre, que Dieu avoulu,que le falut nous fuftren du par ces hoftiesda. Etou eft ce que Dieu

E. iit.

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A I, A T « M I l


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tdétih.U

MiK.yiJ M^rc ( inc)

a iamaisroulu eftre pacifié par ce morceau de pain, amp;nbsp;par ce vin, qui ne font point Sa-cremens, mcfme félon leur folle fantaficî Et quandencores ils le feroyent vraycmct, (ce qui eft impofsible,puij que leur Melle eft dreffée en delpit de Icfus Chrift) ou eft ce qu’ils ont trouué , que par cela Dieu ait voulu eftre appaifé : ou, que le falut nous fuft reftitué par ce moyé-la? Ou eft-eeque ils ont pefehé , que Dieu ait voulu que telles chofes fc fiflent par ces hofties-la ? En quel lieu de l’Efcriturc l’ont-ils veil? Or nous fauons que l’Efcriture fainéte mon-ftreclairement, que par Icfus Chrift,Dieu eft appaifé enuers nous : amp;nbsp;que nous fom-mes réconciliez aucc luy par ce lèul moyen la:comme il eft eferit en Efaie, Voicymon feruiteur, lequel i’ayefleu : mon bien-ai-mé, auquel mon amea prins fon bon plai-fir. Ce palTagc-cy mcfme,eft allégué par fainét Matthieu, combien qu’il y ait quelque diuerfîté, quant aux mots, amp;nbsp;non pas quanta lafcntence.Carau lieu que lePro-phete dit,Mon feruiteur,l’Euangelifte dit, MonFils:qui eft tout vn,quant a lafentcn ec.Car lefus Chrift,entât qu’il eftoit hom me,a efté feruiteur de Dieu, amp;nbsp;a efté aufsî Fils de Dieu.Semblablement le Pere,ainlî que les Euangeliftes nous recitent, au ba-ptefme de lefus Chrift,amp; à fa transfiguration , luy rendit ce tefinoignage, difanr, Ceftuy-cy eft mon Fils bicn-aimé, auquel

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BEIAMÏJSÏ. nbsp;nbsp;nbsp;71

î’ây prins mon boH'plaifir. Par cela ne voit onpas aifément, que Dieu a elle appaifé par Icfus Chrift.S: que par luy feul les homes font réconciliez à Dieu ? Sainft Paul aux Romains dit lefemblable: c’cfl.Quâd R»»'? nous cftionsenneraiz,que nous allons elle reconciliez à Dieu par la mort de fon Fils. Et aux Colofsiens, Que lebonplaifirdu C^l^-i Pereaefté ,de réconcilier par lefusChrift toutes chofes à foy ,appaifanc par le fang de la croix d’iceluy, pariceluy mefme, les chofcs qui font tant en terre qu’aux deux. Toutes ces fcntcnces-la defainét Paul font fi claires amp;nbsp;manifeftes, que nul n’en peut douter, s’iln’eft du tout enragé . Or nous voyons qu’elles ne contiennent autre cho« fe , fin on que lefus Chrife eft celuy par lequel Dieu eft appaifé ; amp;nbsp;que par luy feul les hommes font réconciliez à Dieu , qui leur pardonne leurs pechez . Mais quoy Î Cefte belle oraifô.ou Secrete,dit que Dieu a voulu eftre appaifé par ces hoftiés.qui ne font encores qu’vn morceau de pain, amp;nbsp;vn peu de vin: amp;nbsp;non point Sacremens , félon l’opiniô mefme de tous les Caphars.A qui donques croirons-nous pliiftoft? Sera-ce au Prophete Efaie,à lavoix du Perc ccleftc amp;nbsp;à S.PauhoubiéàMefsire lean,quipro-noce vne telle impiété,en difâtfa Sccreteî Quat àl’autre poift decefteprière,qdit,q par ces hofties falut no* eft rédu, qu’eft-ce

£. iiii.

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7t nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A N A T o M J gt;

autre chofe qu’vu blafphcmcdiaboïiquejK vu renoncement de la mort^ pafsionde Icfus Chrift ? Car comme Dieu eft appaifé enuers nous par lefus Chriftleul ; aufsilc falut nous eft acquis amp;nbsp;donné par lu y, amp;: non point par autre chofe que ce fort ; veu que luy feul eft noftre Sauucur. N’eft-cc point l’vn des prîcipaux articles de la Chre ftienté,quc noftre Seigneur lefus eft leSau ueurdu monde’Quelle témérité donc eft ce,dc parler ainfi de noftre falut? N ’eft-ce point vnc arrogance plus qu’infernallc, de prononcer filiardimentd’vne chofe de tel* le importance,comme eft le falut des hommes,(ans iafaioéte Efcriturc:amp;,qui pis eft, cotre la parole de Dieu? Maintenant fi quel cun,pour maïtenir vnc telle prière, dit que par ceshoftics-laon ne doit p^s entendre ce qu’elles font pour lors, mais ce qu’elles feront puis après,amp; quand elles feront con facrées,qu’ils appelentmous auons défia rç fpondu à celacy deflus , au chapitre précèdent , ou ilacfté parlé de l’oraifon qu’ils font à l’Offerte de leur hoftie,qui n’eft pas encores confacrée.Ce ne feroitiamaisfait, finous voulions nous amufericy àcfplu-cher par le menu vn grâd nombre de leurs Secretes: qui affermêt que ce pain amp;nbsp;ce vin qu'ils n’ont point encores cöfacrez,oftct amp;nbsp;pardonnent Icspechez. Parquoy,nous re-feruerons cela pour la fin,ou nous prouuc-ronspar vines raifons,que le Sacrement ne ofte

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gt;B 1 A MI***.

W ofte point les pechez,amp; ne les pirdóncnul lemët.Et pource leur pain amp;nbsp;Uur vin,quoy que ce foie,ne les peut aucunement remettre. Dont il appert que toutes ces Secretes amp;nbsp;prières qu’ils font ainfi,ce font autantdc biafphemes à l’cncontre de Dieu.


DE PARTIE PRINCl

PALE DE L’aNATOMIE: OU le Canon eft copris,lequel ilseftimcnç le principal amp;nbsp;le plus facré de toute la Mcflè:diuifée en quatre Serions.

ha premiere Sektion,

laquelle ya tn it parties Ju Canoit Jefchif* fries-.c'efl ajjaueirje Te igitur./e Memento pour let Tgt;iuans,lt;yf ^Communicantes.

PRES que les Secretes fontdiftes, Mefsire lean commence fon Per omma tout liaut,amp; le pourfuit iuf ques à lafin.Puisiladiou-ne Ic San(fiMlt;,qu’ildit pat trois fois .frappantcontre

fa poitrine bien denotement. Îufques icy je ne me fuis point amufé à raconter les fin geries.que ces bafteleurs font dés le com-

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74 anatomib

mencement de leur bidinage.T at y a,qu'il eftimpofsiblc de voir ioueurdepaffepaflè, ou de gobelets, qui face plus demines , ne plus ridicules,que fera le dapindre Preftrot qui foic,cn difant fa Melle”. Iln’eft iabe-foing que ic m’arrefte dauantagc,pour exprimer telle mommerie.Car les petits en-fans mcfmes en vont à la mouftarde,comme on dit. Joint aufsi que i’en toucheray cy apres plus amplement.Mais,de ce grad fer fl)»n!lt;i,vn chacun volt qu’il eft tellement ba fti amp;nbsp;coufu,quccefont comme vieilles pic ces rapetaflees enfemble. On diroit qu’ils ont voulu donner plaifir aux auditeurs , quand ils gringotent ce per cmoM.Inconti-nentqu’on le commécc,chacunfe leue debout, comme fi c’eftoit quelque chofc de nouueau:tout ainfî qu’on fait,quad on veut voir vn baftcleur,qui comméce à faire fauter Ton finge,ou qui veut monftrer la male befte . En fomme, tout ce gentil Per omnia eft tellement compofé,qu’ilfemble que cc fait vn vray amufe-fols,comme de faiftee n’eft autre chofe . Car combien que tous ceux qui l’oyent, pour la plus part n’y entendent rien: fi cft-cequ’ils font là debout, ouurans les oreilles comme feroyét des af-nes,qui leur di roit quelque belle chanfon. Mais pour mieux entendre comment il eft raubobeliné de plufieuts pieces mal à propos , voicy que dit Mefsirc lean, Partons les ficelés des fiecles: les Clercs rcfpondent 4we»;c’eft à dire,Ainfi foit-il.N’eft-cepas

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»BIA MISS B. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;7J

bien rencontré,cela’Mefsirc Icinpourfuit difant,Dieu aucc vous.les Clercs,Etauec ton efprit. Voila comment il y a de mot à mot.Puis le Preftre adioufte , iurfumeordat c’eftà dirc,Les cœurs en haut:amp; les Clerc* difct,Nous auôs au Seigneur.Mefsirc Icâ, Rendons graces au Seigneur noftre Dieu: lesClercs,lieft digne amp;iuftc.Mefsirc Icâ, Vrayemét il eft digne amp;nbsp;iufte,raifönable amp;nbsp;falutairc;amp;parachcue le refte luy toutfcul. Qui eft aufsi bien faift comme ce que i’ay rccité.Car ce n’eft qu’vne pure mquerie de Dieu.Brcf,toutce maiftre Per omnia ne ted ailleurs,finon comme pour refueiller ceux qui font là prcfens, afin qu’ils voyétce que fait le Preftre , quand il a diftfon Sandm. Carcefont myfteresfans parler, d’autant queperfonnen’y entendrien. Et n’eftpai aufsi licite de prononcer les mots à haute voix.Or lailTanslà cefte Preface,qui eft conic le Prologue de lafarce Canonique, venons au Canon mefme,qui fe commece, T« i^itur:ScÇc dittoutbas,amp;bien à loiiîr.Mais auaneque nous ledeclairions,il faut noter premierement,que ce maiftre refueurDu-tandi,maintient qu’il a cfté appclé'Cano», à caufe qu’il eft compofé amp;nbsp;bafty de reiglcs des Percs .Car il y a là dedans ,dit-il,quelqs mots fccrcts, qui ont cfté inftituez par les fainfts Peres’. Il adioufte aufsi,queccmot de Canon en Grec,fignifie vnc reigle;amp; que il eft nommé pareillement Canon, poutee que reguliercmécChcift vray Sacrificateur

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7^ ANATOMIE

y eft reprefenté : op bien, d’autant que la confecration du Sacrcmentfefaitregulie-rement par çe Canon . Voila quelle en eft la fignincation,félon ce philofophc en matière de Mefle.Enquoynous voyôsl’igno rance plus que brutale de ces gros afnes Pa piftiqucsdaquelle ils demonftrent encores mieux,quand ils debatent entre eux,que ce eft la principale partie de la Mefle.Et mef-mes aucuns des plus apparens cuident,que c’eft le vray cômcncemétdelaMelTe-.à eau fc,difent-ils,que tout le refte eft feulement pour la folennité .Et pour monftrer que cela eft vray, ils al lèguent leur D ecret De Coa-fecratiûiie,ea la fécondé Diftinûion, au chapitre Vanii : combien qu’en ce chapitre-la, (quieft intitulé,Leliuredes Sacremës: ou bien, qu’on attribue à fainéh Ambroife ) il n’eft point diû que la M effe commence au Canon ; mais feulement il eft là parlé des mots facramentaux , ou des paroles de la Confçcration, amp;nbsp;non point de tout le Canon.Le Pape Innocét, aux Dccretales, chapitre C»«» ManZ,e,veut amp;nbsp;commande (car il eftoit Pape)que ce Canon foit receu,cômc faiél amp;nbsp;delaifle par les Apoftres. N eft-cc point la yne hardiciTe amp;nbsp;outrecuidace plus que diabolique, ofer fi hardiment comma-der, qu’on tienne comme venant de Dieu, ce que les homes mortels ont forgé en leur cerucau,pourdefpitcrDieuî Et qui eftcc-luy qui ne fache bien, que ces blafphemes

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» l t A M E s s X. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;77

dcteftibles du Canon ont efté mis paref- ' crit, cinq cens ans pour le moins,depuis le temps des Apoftrcs ’Car ce fut vn peu de-uant Grégoire premier , ainfî qu’il le tef-moigne luy-mefme . Et n’y a nulle doute, que ce Canon n’ait eftéeferit parquclquc Sophifte.qui l’a diuifé en onze parties,come nous verrons : dont les vues precedent la Confecration , amp;nbsp;les autres la fuiuent. Combien que ce maiftre RabbobeUi-neur Durandi recite , qu’aucuns tiennent qu’il y en a douze; Scies autres difent qu’il n’y en aquecinq tantfeulemét. llfaut en-cotes noter,que ce venerable Euefque Durandi,en fon liure donti’ay défia parlé,afin de faire trouuer meilleur ce qu’il veut dire de ce Canon,commence aueevnefort gran dercuerence: amp;nbsp;deelaire chacune partie l’v ne apres l’autre, defeouurant les fecrets ef-merueiUables qui y font contenuz,comme fi c’eftoyent quelques oracles tombez du ciel. Etdit, que touteequ’il s’efforce d’en exprimer, le voulant expofer,àgrandpci--nc apparoift-ilde nulle importance.Car la laïque, dit-il, defaut : la parole n’eft point fuftilt;ante,l’efprit eft furmonté, 8e l’entendement accablé . Voila que dit ce Doéleur contemplatif,pour haut louer fon Canon. Puis il adioufte , Si eft-ce que iefrapperay à la porte, afin que md amy me prefte trois pains, qui feront grandement neceflàires en ce banquet : affauoir, dit-il,foy,laquel-

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ft nbsp;nbsp;nbsp;ANATOM II

Ic demande amp;nbsp;reçoit lav ai: efperance, qui ccrclie amp;nbsp;trouuela voyc;amp; charité,qui frap pc amp;nbsp;ouurc la vérité : comme s’il vouloir dire, le pricray Dieu, afin qu’il me reuele ces grans myftcres,amp; fi admirables. Mais voyons vn peu,ie vous prie,quelle eft l’intention de ce maifire Doreur. C’eft, puis que le Clt;«noneft fi mcri)eilleux,amp;fi dinici-lc,que s’il expofe tels fccrcts,ce ne fera pas fans bien fuer, amp;nbsp;fans s’alterer aufsi en vn tel labcur:amp; par confequent de primo ad vl timum, qu’il méritera bien vn bon pot de vin,voirede vin Magiftralamp; Sorbonal.Ec de-faift, tout au commencement de fon beau liuj-c, il auoit protefté, que frappant, il frapperoit à l’huis.Paraucturc,dit-il,que la clef de Dauid daignera bien ouurir, afin que le Roy me face entrer dedans le cellier à vin,ou en lacaue,amp;c. Voila la belle allegorie dont il vfe,fuiuant le Prouerbe,Il fou uient toufiours à Robin de fcs fleuftes.Au rcftc,nous verrôs qu’en tout ceCanonil ne y a point vn feul mot delà fainfte Efcritu-re,finon ceux-là qu’ils gergonnent en leur confccration:ou plufto(t,en leur charme amp;nbsp;forcellerie qu’ils font,pour tranflubftätier leur pain amp;nbsp;leur vin au corps amp;nbsp;fang de le-fus Chrift.Et tout cela n’eft encores que la moindre partie de ce Canon,fi merueilleux amp;nbsp;difficile à expofer . Que fi ce Doéteur fubtil eufi entreprins de declairer l’Euan-gilefainÛ: lean, ou bien, le myfterc de la Tri-

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T) 3 t A M Ï S S B. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;7gt; Trinité,iln’euft pointvféd’vn tel appareil ny fait celle protcftation , comme il fait a-uät que d’entrer en ce Cd»o»;lequcl il expo fe fi diligemment, amp;nbsp;aucc telle reuerence, que c’eft mcrueilles.Mais cefont tels expo fiteurs qu’il faut, amp;nbsp;qui méritent bien de tormenter leurs entendemens iufques au bout,puis qu’ils tafehent d’expofer plus re-ueremment ,amp; aucc plus grande diligence les inuentios l)iimaincs,ou pkiftoft,do£lri-nes des diables,qu’ils ne fontpas la fainâc parole de Dieu.

Orccmaiftrefongecreux,declairat ce Canon,dit des chofes Icspl’ ablurdes,lcs plus ridicules,amp; friuoles,qu’on fauroit ia-mais fonger. Et ce-pendant font autant de inipictezmanifcftes contre Dieu,q tout ce qu’il dcfgorge puis apres .Et pour cognoi-ftre la belle theologie de ce maifireveau, ictouchcray , comme en paflant, quelque peu de ce qu’il a rauaffé entre fes autres be ftifes plus que brutales .11 dit,que cela pof-fiblceft aduenu par la prouidencediuinc, combien qu’il n’ait point efté procuré par induftrie humaine, que le Canoncommen-çaft par la lettre de T,laquelle eft nommée en Hebrieu Taf: Icql Taf en fa forme amp;nbsp;fi-gure,cc dit-il,exprime amp;nbsp;repreféte le figne amp;nbsp;myftere de la croix, félon que Dieu dit par Ezechiel,Marque de Taf aux fronts de ceux qui font dolés,amp;c.Car,dit-il,ces choies ont efté accôplies par lapafsionde Ic-fusChrift en la croix,amp; ôt efficace amp;vettu.

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^C A N A T o M I I

^ t adiouftc ce maiftre fol,quc dedans quel o ies liures,e’eft à dire, V effcis,la maiefté o i Pcrc,amp; la remembrance aufsi du Cruci fix eft peintc:afinque par ce moyen le Prédire voyequafi prefent, celuy qu’il inuo-que,amp; aueclequel il parle,quand il profe-cc ces mots, Te ig!t»r, Sc le refte : amp;nbsp;que la pafsion,qui eft là en peinture par périonna fes,foit mife au deuant les yeux du cœur.

t puis apres il dift.Mais le Preftre baife les pieds de eefte maiefté peinte, amp;nbsp;fe faift le ligne de la croix au front: pour donner à cntendre,qu’auecreucrcnce il va au myfte-rc de la redemption. Toutesfois, dit il,aucuns baifent premièrement les pieds de ce-fte maiefté , amp;nbsp;puis du Crucifix, félon l’ordre du Canon: amp;nbsp;les autresfôt au rebours, car par le Fils on paruientau Perc.Neft-fc pas bien philofophé cela? A voftre aduis, quant mofieur noftreMaiftre contemploit fi profondément fus ccfte premiere lettre du Canon , amp;nbsp;fus les fin^eries, que faiél meflire lean , baifant eefte peinture de fon Meffeheomme feroit vue nngelTc, ou vue marmotte fes petits, quand éleveur bien les carefler : à voftre aduis, dy ie, cftoit-ce deuant defiuner , que noftre Maiftre cftoit ainfî contemplatif; ou pluftoft à l’ombre de quelques pots de vin théologal, comme tels ventres ont accouftumé de caufer fur la vendange?Ie feroye trop fot,fiie m’amu foyc à celle belle chauffée, quad ildiélque

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»KLAMïSSI. 81

la lettre Hebraique Taf, laquelle eftainfî tirée n,reprefente le figue de la croix. Car il n’y a fi petit enfant,qui ne voye le bon c-fprit amp;nbsp;fauoir de ceft ignorant, qui ne co-gnoift pas feulement les lettres dont il par.quot; le- Quieft-cequinecognoift aufsi, que ce gros afne ne fait que braire,amp;fc moquer de Dieu pleinement; voire mefler auec fon or. dure amp;nbsp;fiente fi vilaine,la fainfte parole du Seigneur! Ceft yuronghe amp;nbsp;enragé ne fait nulle difficulté de profaner le paffage du Prophete,en le menant auec cefte puantife du C4»o».Ne voyons-nous pas quelles im-pietez il a méfié parmifes refuerics? Malheureux , qui t’aditquclamaiefté du Pere celefte peut eftre peintc?Quelle fôrme,ou figure luy attribueras-tu ; veu que c’eft vn Efprit fouuerain,amp; du tout incomprehen-fible aux creatures ? Comment le peindras tu ! Poure befte , ne fais-tu point qu’il eft fi eftroitemétdeféduen laLoy du Seigneur, E«lt;(.io. qu’on ne face nulle remembrance, ne figu- V^f,,.^’ re amp;nbsp;image au Dieu vinant?N’eft-ce point ^ 5. vne idolatrie abominable deuant le Sei -gneur! Et quad il dit,que le Preftre fait de telles fingeries, pour monftrer qu’il va re-ueremment au myfterc de la redemption: n’eft-ce pointvnblafpheme infupportable?

Il attribue à ce facrilege diabolique la redemption du genre humain, qui a efté fai-fte par noftre Seigneur lefus en la croix, quand il $’ eft offert à Dieu fon Pere. Mai»

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81 nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMI»

ie ne veux pas icy m’arrefter dauantage, pour remôftrerlcs fonges amp;nbsp;refueries pleines d'impiété ,quc ce vilain fac à vin rotte fus chacun mot de ce Clt;j»o».C’cft aflez d’en auoir touché quelque chofe,comme en paf fant.Car il ferabien facile de iiiger,quel eft tout le refte de fes frenefies. Or ic parle de çe vaillant champion-cy furtous, d’autant qu’il s’eft meflé principalement d’expofer que c’en de la Mefletafin que tous cognoif fent quels font les fondemens, fur lelquels elle eft appuyée;d’autant que tous les fup-pofts de l’Antechritt amp;de la MeflèiComme to’Doélcurs Sorboniqucs,Preftres,Moines amp;nbsp;Caphards, fe font arrefte? au dire de ce bon Theologien amp;rcuerend PercDu-randi:amp;ont cuidéiufques icy,que leur Mef fe eft fi bien fondée amp;nbsp;fouftenue par ce que il en a gazouillé, qu’elle ne peut iamais e-ftre esbranlée,ne mife par terre. Voyons donques maintenant cçClt;j»off,amp; cnl’efplu chant,nous trouucrons ces grans myfteres amp;nbsp;inexplicables, félon l’opinion de ce Po-fteur fubtil.

l ai.fAr- Or le commencement eft tel de mot t’ulu Ca- à mot. Nous donques fupplians, Pere tref-element,te prions par Icfus Chrift ton Fils noftre Seigneur,amp; requérons que tu ayes pour agréables ces dons-cy,ccs prefens,ccs fainûs facrificcs,aufqucls on n'a point toU ché,ne goufté,entiers.(Et faut que Mefsi-re lean, apres auoir baifé l’autel au cofté droit,face icy trois fois le ligne de la croix

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DI LA MESSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;S}

furl’hoftie.Sc fur le calice quant amp;nbsp;quant.) Et puis il adiouftc.Que no’ t’offros en pre mier lieu pour ta faifte Eglife catholique: laqlle vueilles amp;daignes pacifier,défendre, vniramp; gouuerner partout le circuit de la terre,enfêble aueetó feruitcurnoftrePape, Si noftre Prelat. ( ley le Pape eft nômé par fô nom,Si l’Euefque aufsi du diocefc,ou la Mcffcfedit:oubié,fi ce font Moines SiCa phars qui ladifent,ils nôment leur General ou Abbé par leur nom.)Et puis cecy eft ad ioufté,Et pour tous les bons catholiques Si fideles feruitcurs de la foy catholique Si A-poftolique.Voila quelle eft la premiere par tic des onze du Canon : en laquelle Mefsirc lean pric,q le pain Scie vin foyent acceptez amp;nbsp;receuz pour l’Eglife, pour le Pape, pour les Euefques,pout les Generaux amp;nbsp;Abbez, Sepourto’ lesbos catholiques,amp;feruitcurs de la mere fainûe Eglife,pu du fiege Apo-ftolique.Daiiantage,il afferme que ce pain Si ce vin,qu’il n’a pas encore côlacrcz,font Sacrifices faids 8icntiers,8iaufquels on n’a point touché ; Si qu’ils font offerts à Dieu pour l’Eglife,Si pour tous ceux dót il eft là faiftmêtion. Oriln’y a pasicy grade diffi culte,d’autïc que les paroles font affcz elai res,cóme nous dirons cy apres . Mais il y a les trois fienes de la croix,qui fe font fur le pain Si fur le vin , q fignifiét quelques gras myfteres Si fccrets admirables. Efeoutons cequ’en prononce cemaiftre Alliborum.

Î. ii.

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t4 nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIE

Les trois croix,dit-il.ßgnifiSt les trois fois que Chrift fut liuré: l’vne.de Dieu:l’autre, de ludas;amp; latroifiemc,des luifs.Sila rai-fon de ce gros lourdauc eft de mife, pour-quoy eft-ce qu’ils ne fôt quatre lignes de la croix,puis qlefusChrift s’eilaufsi liuré foy i.P«« i mefrae, comme ditfainâ: Pierre, QuJil fe liuroit à celuy, qui Iciugeoitiniuftcment? IcfusChrift .comme cftant homme,amp; com me Sacrificateur, ne s’eft- il point offert à D ieu en facrifice,pour noz péchez! Et faifl: £fhef.$ Paul ne dit-il pas aux Ephefiens,que Icfus Chrift s’eft abandonc foy-mefmepour fon Eglifc,afin qu’illafanélifiaft? Eten l’Epi-Heb.^.io fl-re aux Hebricux,cóbien de fois eft-il dift que Icfus Chrift s’eft offert foy mefme à pjçyj Qjii pluseft,Icfus Chrift ne tefmoi-gne-il pas luy-mefme, qu’il adonne fa vie pour nous ? Quand il s’eft ainfi liuré foy-mefme, cela n’a il point cfté de plus grande importance , que quand les luifs l’ont liuré? Pourquoy donc eft-ce qu'il ne s’en fait nulle mention cnces beauxfignesde croix?Ce bon Dofteur n'y prenoit pas garde de fi près : à caufe, peut-eftre, qu’il lon-geoità lacuifine,ou ailleurs. Celuy eftoit affez, de dire quelque chofe à tors amp;nbsp;à trailers. Il dit bien dauantagc , touchant ces trois croix : c’cft, qu’elles fcfont en l’honneur amp;nbsp;reucrencc de laTrinité;amp; pourre-prefenter la triple vnion, en la receptiô du Sauueur:amp; en mémoire aufsi des trois cru-ci-

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»ELAMBSSK. nbsp;nbsp;nbsp;gj

cifiemens, dont le premier fut en la volonté des perfecuteurs : le feeöd,aux criz’. amp;nbsp;le troifieme fut aux mains amp;nbsp;auxpieds.Item, que ces trois croix fc font à caufe des trois temps de deuant la Loy: c’eft affauoir,depuis Adam iufques à Noé;depuisNociuf ques à Abraham , amp;nbsp;d’Abraham iufques à Moyfc.Que vous en femblei N’eft-cc pas aflez pour en fuer'îN e voila pas bien expliqué ces hauts myfteres’Ie vous prie,quelle vanité,quellebeftife amp;nbsp;badinage eft-cc-la? Ce maiftre fot,apres auoirbicn rauairé,n’a point faift difficulté de dire , que ces trois belles croix ont autant de fignificatiós,que il a peu imaginer de chofcs,quiont ce nô-bre de trois. Qm ne s’efmerneilleroit de ces grans fecrctsda, amp;nbsp;tant difficiles, fi on croitau babildenoftre MaiftreDurandiî Mais ievous prie,qui a donné cefte autorité à ccluy qui a fai ft ce Cdiw», d’attribuer tant de fignifications àcescroix Î Eft-il en lapuiffanced’vnhômc mortel, d’ainfi mef 1er le ciel aiiec la terreîQui eft-cc qui ne co f;noift manifeftement, que tous ces agios a ne font que fuperftirions mefchantes,def quelles il n’a iamais efté faiftc mentiô, ne du temps des Apoftrcs , ne de l’Eglifc pri-mitiuc , tandis qu’elle eft demeurée en fon intcgrité?Ie ne parle point encore icy de ce morceau de pain amp;nbsp;de ce vin,que le Preftrc dit eftre factifices fainfts, qu'il offre pour toute l’Eglifc,amp;pourtous les fideles amp;ca-

F. iii.

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gÿ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A N A T o M I B

tholiques.Car i’efperecy apres de moftrer que cela vaut,c’cft à dire, quelle impiété amp;nbsp;blafphcme cela contient,quand ic prouue-ray que le pain amp;nbsp;le vin,quoy qu’ils foyent confacrez,ou vrais Sacremens,nc peuuent eure facrifices. Quan taux mots dont cefte oraifon eft compo(ée,ils méritent bien d’e-ftre notez en brief.Pour faire valloir ce petit loppin de pain,amp;ccrte goutte de vin mcf lé aucc autant d’eau , amp;nbsp;pour les magnifier iufquesau bout: ils les nommer,Dons,Pre fens,amp; Sacrifices qu’ils offret à Dicu:mais quels font-ils? Saïfts,amp; defquels on n’a pas encores goufté,ne tafté,ou qu’on n’a point touclié,qui n’ont iamais efté facrifiez. Car le mot dont ils vfcnt,lil(fc«flt;t,fîgnifie cela: amp;nbsp;l’ont emprunté des anciens idolâtres,leurs Peres, qui s’en feruoyent parlans de leurs idolatries.Ne voila pas de gentils prefens, pour en faire vn tel bruit?Mais l’impiété SC hypocrifie des hommes n’eft iamais fans orgueil amp;ambition. le laiflèlàtoutlere-fte de cefte oraifon:car ce font autant de fot tifes amp;nbsp;paroles mal coufues, comme il eft: aifé de voir à ceux qui ne veulent point demeurer aueuglcs à leur efeient. Et aufsi,cc ne fcroit iamais faift,qui fe voudroit amu fer feulement à raconter toutes les follies amp;nbsp;badinages que ce gros badaut de Duradi recitc,touchant les mots de ce barragouin tlt; t. f^r- 9“^ ”°“’ auons ouy.

•»dH Ci- Venös donc maintenat à la féconde paï-■quot;• tic de ce Ca»o»,qui eft le Mo»e«o.Et qu’eft

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DE LA MISS I. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;87

Ce tout cela ? C’eft vne requefte, difent- ils, qu’ils font pour lesviuâs;amp; fc cômcncc ain “gt;Qi£'l te fouuicne,Seigneur,de tes ferui-teurs Ütde tes feruâtcs.flcyMcfsirc leâfait oraifon pourquelqs perfonnes particulières,ainlî quebô luy iéble,cSmepour quelques bien-faiseurs,ou autresféblablcs: amp;nbsp;quelq fois pour fa châbrierc, s’il luy en fou uict : amp;nbsp;pour ce faire il eft tout debout,les deux mains iointes cotre fon nez amp;nbsp;fa bou che,enclingatles yeux.On diroitque c’eft pour faire rire les afsiftâs,tant il fait bonne minc:ou bié,pour faire peur aux petits en-fans,oü pourfômeillervn peu. ) Quad il a efté quelque tépsaîlî,iladiouftcpuis après corne s’il venoit de dormir,en reprenât fon haleine,amp; continuant fa priere, Et de tous ceux qfôt icy prefés ,defquels la foy t’eft CO gneue,amp; ladeuotiô notoire; pour lefqucls no® t’o(frôs,ou bien, ils t’offrêt ce facrificc de louage,pour eux,S: pour to’ ceux q leur appxrtiénent:pour la redéption de leurs a-mes,jiour l’efperâce de leur falut amp;nbsp;de leur fance:amp;te rédent leurs vœuz,à toy éternel Dieu viuat amp;vray.En ce venerable Mevie/» il n’y a chofe qu’on n’entédefacilemét.Lc Ereftre afferme,^ ce pain amp;nbsp;ce vin qu’il n’a pas encore côfacrez: mais ne font qpain amp;nbsp;vin,fôt offerts àOieu pour la redéption des âmes de ceux dot ilfait mémoire,Sedereux qui font à l’entour de luy.Quel blafpheme eft-ce-la lt;nbsp;Que deuiédra le benefice i nefti-mable duSeigneur lefuscnuctsles homes*

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Mauh.io

Heb.) i/iftdt.f

88 nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIS

Ou fera lafatisfaftiô,qu’ilafaiûc pour les pecliez du monde ? N ’eft-ce point luy ra-uir fon honneur mal-heureufement?N ’a-il point faift vnefois la redemption des a-mes ? N’a-il point,luy feul,payé la rançon pour tous les nommes,qui eftoyent captifs amp;efclaues de fatan? Ne I’auoit-ilpas ainfî promis au parauant luy-mefmcs î Et toute l’Efcriture faindc ne nous en afleure-eUe pas fi fouirent? Il n’eft donques point licite que nul autre s’ingere de payer la rançon, ou de racheter les ames, que lefus Chrift a rachetées fi chercment,qu’il luy en a courte la vic.L'Apoftrcenl’EpirtrcauxHcbrieux dit, que nortre Seigneur lefus a trouué la redemption éternelle.Etfaindt lean cnl’A pocalypfe. Tu nous as rachetez à Dieu, dit il,parlât à lefus Chrift,en tô fang, de toute Iignée,amp; ligue,amp; peuple,amp; natiô: amp;nbsp;nous as faits à nortreDieuRoisamp;Sacrificateurs, amp;nbsp;régnerons fur la terre.Et combien pour-royc-ie alléguer icy depaflages del’Éfcri-turc Iainfte,fi ic vouloyc, pour confermer ce propos?Mais il n’eft iabefoing, amp;nbsp;cefe-roit aufsi choie fuperflue, d’amener beau' coup d’autres tefmoignages en vnc chofc fi claire amp;nbsp;fimanifefte.Qui eft-ce donques qui fera fl impudét, de dire comme fait ce-fte belle oraifon, que la redemption des a-mes fe fait pour vne piece de pain, amp;nbsp;pour vnc goutte de vin?Icfus Chrift fculeft no-ftre Rédempteur, amp;nbsp;non pas le pain, ne le vin.

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Bl LA Miss s. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;gt;9

▼in,encores qu’ils fuflcntconfacrezdu Pre ftre cent millions de fois s'ils veulent. Car vnc telle rançon ne fe paye pas de morceaux de pain,ou de vin . Cefontchofes de trop petite valleur,pour fatisfaireau iu-gement de Dieu . Qupy? Appartient-il aux creatures mortelles,d’vfurpcr ceft office, de racheter lesames par des créature» corruptibles? Mais encorcs,mettons le cas que ce pain amp;nbsp;ce vin fulTent défia côfacrez, quand Mefsire lean parle ainfi,cequi n’eft pas toutesfois;amp;quelefus Chrifty fufteor Î'0rellement,amp;cn pcrfonne,quieft fauxfc-on leur dourine mefmc ; feroit-ce à dire f'ourtât,qu’il le falluft offrir derechef pour a redemption des âmes? Faudroit-ildirc qu'vne charongne puante amp;nbsp;infcdlc s’adua çaft,pour venir le facrifier à Dieu fon Pere? N ’cft-ce .point vnc audace plus que diabolique, d’entreprendre fi hardiment d’offrir lefusChriften facrifice?Nes’eft-il point offert luy-mcfmc vne fois pour toutes,fans aucun moyen d,es hommes ; voire pour la redemption des ames? Qifeft-il donc plus befoing de l’offrir pour telle caufe?Nc douons-nous point eftre afleurez, amp;nbsp;du tout refoluz,que la redemption a efté faifte par noftre Seigneur lefus,fans cerchcrçànclà qu’elle fc face de nouueau,comme fi elle ne auoit point encore efté faifte ? Parquoy fi quelcun doute plus que ce Mémento nefoit en toutes fortes execrable,amp;plein d’impie-

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ƒ0 nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIS

té,il merite bic d’eftrc en inquietude SC tor ment perpétuel.Au reftc.ilfaut diligément noter ce poinft .quand le Preftreditainfi, ■ Pour lefquels no * t’offrons, ou bié,qui t’of frent ce facrifice de louage pour eux.Car il côfefle parcela,que les alsiftans,amp; mefmc ceux dôt il a fait mémoire au paraiiant,of-frët ce facrifice duquel il parle ; allauoir,lc pain amp;nbsp;le vin;amp; par confequent,qu’ils font Preftres comme luy.Car fclô leur doétrinc mcfme,nulne peut faire,ou offrir ce (acri-fice de leur Meire,s’il n’eft Preftre.-c’eft àdi re,s’il n’eft engrefle par quelq Euefque, Sc qu’il n’ait reeeu leurs ordres facrées:autre-mét ceferoit vnc pollutiéde la Meflè, laquelle perfonne ne peut dire deuëmcnt.s’il n’eft marque,corne l’ay dit.Or Mefsire Ica ^tefte à Dieu en ce Memefo,^ceux qui fôt à l’étour de luy,offrétcefacrifice.11 lenfuit doc qu’ils fôt Preftres,ou PreftrelTes, pour le mois .Car on fait qu’il ne fe ditguercs de Meires,ouil n’y ait des fcmmcs:Scquâdil n’y en auroit point,qui fuflènt là prefenres, fi eft-eequ’igrâd peine ce bon Meme»«» fe fait-il,fans qu’il y ait quelq cômere dcMcf lire lean ,à laquelle il porte boue affeétiô. Brief,quand il n’y auroit q fa châbrierc.qui eftbié foüuét encore au lift,ouil l’alailfée allantdire fa Melfc.fi eft-ce qu’il la fourre en fon Me»»-’«ro. Elle offre donc ce facrifice aufsi bien que fait Mefsire leî.s’ilcft vray ce qu’ildit:corne font aufsi tous les autres, ’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;dont

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• 1 LA MlStl. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;n d6t il s’cft fouuenu enfon Mernef«,?: ceux «juiafsiftét là. Que les Dofteurs dcMeffc accordent maintenât ces fleuftes, s’ils pcu-uét:amp; qu’ils no’ enfeignct,nous qui fômes ignoras, fclô leuraduis.cômentcelafe peut fairc;c’eftaflauoir,qu6nul ne peut faire,ou offrir ce facrifice delaMeffe, s’il n’eft Pre ftre tôdu, amp;cngraiiré tat par les deux pouces amp;nbsp;deux doigts prochains,q par le fômet de latcfte:amp;q ceuxquifontdu Mc»ie»,cô me la châbriere,ou les cotneres deMefsire lean.amp;ccux aufsi qui font prefens à la Mef fc,to’ öftrer ce facrifice,fclon qu’il fait fou côte. fans qu'ils foyet Preftres à leur faço. Si le pl’ habile de tous lesSorboniftes peut bic accorder cela,amp; en faire quelque bô po tage, ic eSfefferay qu’il eft des plus vaillâs fouppiers de toute la Sorbonnc:amp; feray de opinion qu’il ait quclquebonpot de vin, pour fa peine, afin qu’il fe puifle rafraif-chir .lerne doute bien , que le plus bar -dyqui foitentoute latrouppe Sorbonna-1e, pour fe monfter bon fuppoft de la Mef-fc, amp;nbsp;pour foudre cefte difficulté, rottera des Diftingots à force: difant, que cell Offtir-cy le doit prendre proprement, ou improprement ; aéluellement, ou potentiellement : largement, ou cftroitc-jnent. Brief, ce fera njerucilles de ce qu’il forgera. Mais que les Lefteurs aduifent bien à ecquei’ay touché: amp;nbsp;lors ils verrot en quelles fottifes amp;nbsp;abfurditcz ridicules

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yi nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIB

ces pouresbeftes font tombées.Ce mai dre loanncs, qui abafty le Canon, s’eft mdlé quelque peu de vouloir diftinguer,quand il a adioufté cemot,Dc louange.il auoic ouy dire àquclcun.qu’ily adeslacrificcs de lou ange.En rapetaÎTant ce Canon, ilfc trouuoic fort empefché en ceft endroicjd’autant que il cftoit contraint de mettre ces mots, Qui t’offrent cefacrifîce: il voyoit d’autre part, qu’il n'y a que Mcfsire lean qui l’offre, amp;nbsp;qui le mange toutfeul. Pour fe fauuer au-cunemétiila cuidé que ce petit mot entrelardé fuffiroit. Or nous fanons quels font les facrifices de louange , que le Preffre amp;nbsp;ceux qui font à la Melle,offrent à Dieu.Ils fôt fcmblables auxvœuz qu’ils luyrendét, felonque dit Mefsirc Ican.Enfomme,no’ voyons comment ces gros afniers n’entendent rien en tout ce qui eft de l’Efcriturc faîéte;amp; qu’ils polluét amp;nbsp;corropent tout ce qu’ils touchét de la parole deDieu.N0’ fa-uôs côbien les facrifices de louage font recommandez en l'Efcriture ; amp;que ce font exercices continuels pour les Chrefticns: c'eft,qu’en toute leur vie,s’eftans dédiez amp;nbsp;confacrezàDieu, ils le louent amp;nbsp;chantent fabonté,lerecognoiirans auteur amp;nbsp;fontaine de tous biens. T rounera-on cela en la MelTe, ou Dieu eftdefpité amp;nbsp;blafphcmé ouucrtement?Les biens qu’il a faiéf aux ho mes par le moyé de noffre Seigneur lefus, font attribuez à vn morceau de pafte, comme

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DSLAMISSE. gt;J me Pay défia dift par cy deuant.Voila quel eft ce Memento, ou la pricre, que fait le Pre-ftre en cefte féconde partie du Cânen. ^^

Maintenant voyons la troificme , fj^j^ ^ç^ quieft vnc oraifon âufsi que fait Mefsire „^^ lean , laquelleeftpleinc efe fupcrftiiionamp; d’idolâtrie execrable, comme on voit aife-menc. Voi cy de mot à mot ce qu’elle contient, En communiant amp;nbsp;honnorât la mémoire,premieremêt de laglorieufe amp;nbsp;touf iours vierge M3rie,mere de Dieu,amp; de no ftre Seigneurlefus Chrift.amp;detesbenoifts Apoftrcs amp;nbsp;M artyrs,Pierre amp;nbsp;Paul, André, laques, lean; Thomas.laques, Philippes, Barthélémy,Simon amp;nbsp;Tadée, Lin, Clcte, element. Sixte, Corneille, Cyprian, Lau-rcnt,Gryfogone,Icâ5; P3ul,Cofmeamp; Damian,amp; de tous tes Sainas ; par les meri* tes amp;nbsp;prières defquels ottroye-nous,qu’en toutes chofes no’ foyôs muniz, auecl’aide dcta proteaion :pariceluy Chrift noftre Seigneur, Amen. Oju ne s’eftonneroit d’v-nc telle brutalité? Qui eftceluy qui n’au-roit horreur,en confiderant les blafphemcs qui font en cefte oraifonrQuant a ce qu’ils font mémoire de la glorieufe vierge Marie, amp;nbsp;des Sainas qui font icy dénommez, ils difentque ç’aefté le Pape Siritius , qui l’a ainfi ordonné.Mais pourquoy a- il faia pluftcft mention de ceux-cy , que de tant d’autres,qui font en leur Calendrier ? Pof-fiblc qu’il ne le fauoitpas luy mefme. Et

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94 ANATOMIC

pourueu qu’il y cneiift,ccluyeftoittout vn. Eucefte partie-cy,il n’y a rien qu’on n’entende facilement. Mclsirc lean prie, qu’en communiant amp;nbsp;lionnorant la mémoire des Saints qu’il nomme,il foit mu-ny, amp;nbsp;ceux aufsi, pour lefqucls il prie, le foyent en toutes choies , par leurs merites amp;nbsp;prières. Or d’autant qu’il tient pour rclolu , que les Sainfts trefpalTcz prient pour nous, quieft vne inuention humaine , amp;nbsp;contraire à la parole de Dieu , nous aurions bien matière de parler en ceft endroit : mais ce fera en vn autre lieu, de peur que nous ne fafchions les Lefteurs. Pour celle heure nous pourfuiurons ce qui refte.

liSi]iijitrieme,ciigt;qMeme,ßxitme amp;nbsp;feptieme fur-tits du CamntfottticydtclMrées'.c'e^ajfa-»o/V.Hancigituroblationcm, Quamo-blationem, Qui pridiequàm pateretur, amp;, Simili modo poftquam cœnatum eft . î.te^ demonsiré clairement, que tous les fuppoTh amp;lsdu3cats delà Meße ne fanent que c'est de leur confecration, ne far quelles paroles, tse quand elle Je fait.

La

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35

DSLAMESSE.


A quatrième partie du Clt;t- la^ p^f non fe commence ainfi gt;nbsp;'quot; ‘^’* ^*' Nous te prions donc, Sei- ”'“ gneur, qu’eftit appaifé, tu acceptes,ou reçoiues cefte oblation de noftre feruice, mais aufsi de toute ta fa

mille; amp;nbsp;q tu difpofes noz iours en ta paix: amp;nbsp;que tu commandes que nous foyons dc-Kurez de damnation eternelle,amp; nombrez au troupeau de tes efleuz.par Clirift noftre Seigneur,Amen.Etvoicy quelleeft lacin- Lx ^,ptr-quieme,qui fuit incontinent après, Laquel *’'‘^’* ^*~ le oblation,toy Dieu,nous te prions que tu quot;** daignes en toutes chofes faire benifte , quot;£nteg!ftrée ,ratifiée ,raifónable ,amp; tu,efaitt acceptable lquot; : afinqu’eUenous foitfaiâe lc corps amp;nbsp;le fang de ton treft ber Fils noftre Seigneur ïefusChrift . Eten difant ces mots,le Preftre faitcinq fois le ligne de la croix; l'vncfuslcs pain feulement,amp; la fécondé fus le calice feulement, amp;nbsp;les trois autres fus le pain amp;nbsp;fus le calice tout cn-fcmblc.On diroit,à le voir faire, qu’il cbaf fe les moufehes de deffus font aftcllicr. V ot la ce que contiennétde mot à mot ces deux parties du Canon ; amp;nbsp;les lingeries quant 8c quantque Mefsire lean fait, en difantees deux belles oraifons . le les av bien voulu reciteren celleforte,afinqu’öpuifle mieux colt derer q c’eft, amp;nbsp;voir la propriété des pa rôles,amp;côment elles s’ettetiennet cnféblc.

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fi nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIE

I.Cer.Ii

Or cc venerable Dofteur Durandi recite à fa façon ordinaire,diuerfcs expofi-tions de ces mots, Benifte, cfcrite,ratifiée, raifonnablc, amp;nbsp;acceptable, amp;nbsp;de ces croix aufsi;amp;trouue d’autres nombres ternaires, qui font differens de ceux qu’il a mis cy def fus. Maisie vous prie,quel befoing eftoit-il de faire tant de badinages,d’ordonner tant de fignes de croix, amp;nbsp;tant de façons fu perftitieufes, comme chofes neceffaircs? Nous fanons queiamais noftre Seigneur lefus ne les a ordonées nefes Apoftres auf-fi , amp;nbsp;qu’elles n’ont point eftéen vfage de leur temps , ne durant l’Eglife primitiue. Sifainft Paul n’a point olé rien attenter, ne melier du lien, quand il a enfeigné les Corinthiens,quel eft le vray vfage amp;nbsp;légitimé de la fainéte Cene: mais au contraire a gardé celle modellie,qu’il n’a point voulu outrepafler les limites que lefus Chrift a mis,cn inftituant fa Cene-.amp;n’a point en-treprinsd’enfeignerautrechofe , finance qu’il auoit du Seigneur, ainfî qu’il tefnioi-gne luy-mefmc, difant, l’ay rcceu du Seigneur ce qu’aufsi ie vous ay baillé, amp;c. n’a cepoît elle vnc audace du tout diabolique, quand les hommes ont inuenté'tant de lingeries, pour delguifcr la fainfte Cene de noftre Seigneur? N e fe deuoit-ou pas bien contenter de la pure amp;nbsp;fimple ordonnance faite par lefus Chrift,amp;obfcruéecn figra de reucrence par les Apoftres ’Ne deuoit

elle

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DE LA MISSI. 97 ellepascftreinuiolablcàiamais? Le Fils de Dieu ne mcricoit-il pas bien tant d’autorité enuers les hommes,qu’ils s’arreftaf-fent entièrement à luy,amp; qu’ils le tinfent à ce qu’il en auoit vue fois prononcé de fa bouche facréeîOr l’outrecuidance des hom mes mortels a efté fi desbordée, qu’ils ont tafehé premièrement de renuerfer,voire to talemêc anncantir, ce que noftre Seigneur lefus auoit dreffé amp;cftably,poureftreper petuel en fon Eglifc, quand ils ont mis en fon lieu vne idole execrable.Et puis,ils ont forgé amp;nbsp;bafty mille inuentionsipour fouil 1er,corrompre amp;nbsp;peruertir le fainft Sacrement delà Cene: toutainfi qu’ils ontfaift du Baptefmc, en y adiouftât du fel,de l’hui le, du crachat, dcsexorcifmcs,ou coniura-tions,amp; chofes femblables;dcfquellcs lean Baptifte.quâdilbaptiza lefus Chrift,nc les Apoftres n’ontiamais vfé . Voilaquellca efté l’audace amp;nbsp;témérité des hommes,à violer toutes les fainftes loix du Dieu viuat-Et fur cela,tels vilains contempteurs amp;nbsp;fa-crileges condamnent hardimcnt,amp; tiennêt pour hérétiques, tous ceux qui gardent amp;nbsp;obferuent en toute rcuercnce les fainftes inftitutions de lefus Chrift,amp;quife régent à fon obeiflancc,pour le feruir en toute hu milité: comme s’ils eftoyent plus tenuz de obéir aux hommes qu’àDieu. Qif vn chacun fidele raaintenantiuge, fi ce que nous difons eft veritable,ou non.Mais ic reuien

G.

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jg nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIB

à CC gergon,duquel M effire lean fe fert,en prelentant l’oblation de fon feruice. Ie fe-roye encore pP lourdaut.fi ie me vouloyc amufer icy à cfplucher les fottifes qui font en cefte requefte- le ne doute point,que les petiz enfans mefme ne fc moquent,quand ils entendront telles manières de prier.Ne font-cc pas chofes bien coniointcs, amp;nbsp;de bonne grace,quand ils difent,Nous te prions,qu’eflant appaifé , tu reçoiues cefte o-blation de noftrc feruice,amp; de toute tafa-millc;amp;puis,Que tu difpofes noziours en ta paix, amp;nbsp;que tu comandes que nous foy-ons deliurez de damnation éternelle ? à la fin,Que nous foyôs nombrez au troupeau de tes cfliizîQuj ne diroit,àles ouir,qu’ils ont cerché comment ils fe pourroyent mo quer de Dieu en toutes fortes? le ne parle point des demandes qu’ils font,lefqucllcs, fi on confiderede près, on verra qu’il n’y a badin au monde , qui en feuft faire de plus ridicules.Car,de-fai£l:,qu’cft-ce qu’ils prient à Dieu?C’eft,qu’ilfoit appaifé.Et com ment? Parcefte oblation de leur feruicc. N'eft-cepas bien raifon?Comme fi Dieu e-ftoit vn petit enfant, qu’on appaifé d’vue pomme,ou auec des hochettes.Cefte oblation n’eft finon qu’vn petit lopin de pafte, amp;■ vne goutte de vin . Dicufera-il appaifé pour cela?Ne fe moquer ils pas ouuertemét de luy?Mais q veulét'ils dire,quad ils appe le t cefte oblation,De leur fcruicc?Nc voila pasvn bcauferuice?Eft-ce ainfi qDieu veut

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DBIAMESSE. nbsp;nbsp;nbsp;99

eftre feruy? Poures beftes, qui vous adift, que Dieu requiert vn telferuice?Nefauez vous point cément Dieu veut eftre feruy? Non;car puis que vous n’auez tenu côte de fa fainûe parole,en laquelle feule fa volété eft fi bien declairéc.quc rien plus'.c’eft bien raifon que vous demeuriez ignorans amp;nbsp;pu res beftes,fans rien entédre de tout ce qu’il veut.Et pourtat,vous auez imaginé en voz cerneaux,q Dieu deuoit auoir pour agréable voftre leruice.x’eft à dire,toutes les ba dincries,agios amp;nbsp;fingetics,impiete2,fuper ftitiôsamp; facrileges,q vo’ auez peu innerer, amp;nbsp;qu’il vous a le mb lé bé de luy prefenter. Que cuidez-vous auoir faiû par ce moyéî Tant s’en faut que Dieu fc foit ainfi appai-fé,que pluftoft vous auez cfté corne tifons, pour allumer fon ire, amp;nbsp;pour le prouoquer à vne végeance horrible à l'encétrc de tout le monde. Car il ne faut point douter,que l’audace amp;nbsp;orgueil diabolique, par lequel les homes fc font efleuez, amp;nbsp;ont ofé entre-prédre deferuir Dieu à leur pofte,ne l’ayét prouoqué tcllemét à fc venger de cefte pre fomption, qu’il a enuoyé vn aucuglcment fur laterre,en forte qu’é n’a veu goutte en plein midy : amp;nbsp;que ceux qui ont voulu c-ftre condufteurs des autres, ontefté doublement aueuglcs. Voila d’où eft venue cefte idolatrie execrable, amp;nbsp;cent mille fu-perftitions,quiregnent encores au monde . Que toute la Preftraillc maintenant G. ii.

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IAO ANAT0MIÎ

fc vante de l'oblation de fon feruice,qu’elle prefente à Dieu, pourledcfpiterouucrte-incnt,puis que c’eft fans fa parole,qu’vn tel feruice fe fait. Mefsire lean adioufte. Que tu difpofes noz iours en ta paix,que tu coin mandes que nous foyons deliurez de damnation eterneUe, amp;nbsp;que nous foyons nom-brez au troupeau de tes efleiiz.lelaiffeaux Ledeursà confiderercefte bellequeuëdc leur oraifon,amp; comment elle eft bien à pro pos.lls ne faucntnullcmêt que c’eft de cc-fte paix dcDieu,qu’ils prient.non plus que d’eftre nombre au troupeau de fesefleuz, Car la vrayc paix Si la principale, n’eft autre cbofeque ce repos de confciencc qu’ont les fideles, feulement lors qu’ils font affeu-rcz, que Dieu leur eft Pcre amp;nbsp;propice, par lemoyen de noftre Seigneur lefus , amp;nbsp;que leurs pechez font pardonnez par la feule grace amp;mifericordede Dieu.Ou eft-ce que ils ont iamais appris celaîEux qui fonttouf iours en doute: eux quicuidét cftrcfauucz en partie par leursœuures . Autant fauent ils que c’eft des efleuz de Dieu , ne comment ils font efleuz . Car on fait que la pure doftrine de l’cledlion éternelle de Dieu,eft du tout corrompue amp;pcrucrtic en la Papauté,comme toute ladoftrinc defa-lut y eft aufsi renuerfée.Maisi'ay dift que ie fcray encores plus foc, fi ic m’amufe d’a-uantage, pour monftrer la fottife plus que puerile,q eft en cefte requefte. le vien dóe

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BE LA MISSE. 101

a li cinquième partie de ce Cantin, laquelle monftre bien clairemet que par ces mots Oblation,Sacrifices amp;nbsp;Dons ,il faut enten» dre le pain amp;nbsp;le vin, qui ne font point encore confacrez: amp;nbsp;que ce n’eft autre chofe, que pain amp;nbsp;vin , d’autant que Mefsire lean prie qu’ils deuicnnentle corps amp;nbsp;le fang de 1 efus Chrift. Et pourtant félon ce C4»o»,vn morceau de pain,qui n’eft que pain firoplc-mét,amp;vn peu de vin,qui n’eft aufsi que vin feulemcnt,font facrifices pour la redéption des ames,amp; pour le faille des hommes,ain-que nous auons dift cy delTus. Or qui fera celuy maintenant, qui ne cognoiftraceft horrible b!afpheme,amp; qui n’aura en exécra tiôvne telle impiété? Et ne faut point que noftre Maiftre Durandi, ou quelque autre femblable lourdaut de Sorbonne,vienne i-cy glofer,ou diftinguer,difant, Que le Canon entend que le pain amp;nbsp;le vin font facrifices pour la redemption des ames,quand ils feront trâffubftanticz,ou côuertiz au corps amp;aufang, ainfi qu’ils parlent. Carvnafnc y mordroit,commeon dit.Vn petit enfant iugerafans difficulté,qu’il entëd de ce pain amp;nbsp;de ce vin, qui doiuent eftre faifts, amp;nbsp;de-uenirle corps amp;nbsp;le fang de lefus Chrift,félon leur opinio infernale.Maisquoy?Leur beftife eft telle, qu’ils furmótent les btftes brutes .ils font fi ftupides amp;nbsp;hebetez,qu’ils n’entendent pas ce qui eft totalement contre eux. 11 eft tout certain,mefmc felô leur

G. iii.

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101 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIB

doftrine,qiie ce pain amp;nbsp;ce vin, qui doiuent eftre conuertiz au corps amp;nbsp;au fang,ne font que pain amp;nbsp;vin fimplcment:amp; toutesfois le Canon chance, que ce font facrifices pour la redéption des âmes .N e faut-il pas que tels facrileges foyent ainfi abrutizîQuels blaf-phemcs,ic vous prie,font-ils contraints de delgorger,apres auoir vue fois reietté la pu re parole de Dieu, amp;nbsp;foullé aux pieds les faindes ordonnances? Quand il n’y auroit que ce feul palTage-cy du C4»o», il cft plus que fuft'ifanc,pourconueincre leur impiété amp;l’outrage qu’ils fôt à noftrc Seigneur le-fus.Touchât à ces cinq mots,dót ils vfent, Bcnifte,Enrcgiftrée , ouefcritc , Ratifiée, Raifonnablc amp;nbsp;Acceptable , on diroit que ce Ioannes,qui a compofé le Canon,ne vou loit autre chofe,finon monftrer,qu’il en a-uoitouy parler à de bons Clercs,amp; qu’il c-ftoit abondant en paroles .11 auoit entendu dcquelcun,que ces mots font en l’Efcritu-rc fainfte;amp; luy de les fourrer en fon orai-fon, à caufc qu’ils luy fcmbloycnt beaux. Mais on voit aifément,cóbien ils font mis à propos en ceft endroit, fans que ie m’a-mufe dauantage à monftrer,qu’ils ne peu-uent nullement couenir à leur oblation,ou pluftoft à leur facrilege abominable.

^ag.par* La fixicme partie du Canon,eft telle, *quot; thi Ca- Lequel (c’eft aflauoir Chrift, duquel il a-uoit efté faid mention en la fin de lacin-H^ie-

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DS LA MISSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;IQJ

quieme partie) le iour de deuanc qu’il foitf-frift,print le pain en fes fainftes mains amp;nbsp;venerables.(Icy le Preftre prend fonhoftie ou le pain, en fa main, amp;nbsp;puis il adioufte,) Et ayant efleué les yeux au ciel,à toy,Dieu fon Peretout-puiflant, te rendant graces, il bénit, ( Icy il fait vnc fois le figne de la croix fur fon hoftie,) rompit,amp;bailla àfes difciples.difant,Prenez,amp; mangez de cecy tous.Carcecyeft thon corps . Et cela prononcé , Mefsire lean haullc fon dieu par deffusfatefte, amp;nbsp;le fait adorer à tous ceux, quifontlàpourouirfaMelTe. Car ils cui-dent que ce n’eft plus pain, quand il le monftre,mais que c’eft Dieumefme,comme nous verrons cy apres . Icfus Chrift, duquel il parle , a-il ordonné vne telle i-dolattie î A-il commandé à fes difciplcs d’adorer le pain qu’il leur bailloit? Nous monftrerons ailleurs , quelle cft l’idola -trie , qui fc commet en celle adoration. Mais pourquoy eft-ce que ces linges rie rô pent pas à l’heure mefmcleur pain , eSme fit lefus Chrift:puis qu’il commanda à fes difciples,qu’ils fiffent cela en mémoire de luy ,amp;nô pas le faire adorer,corne ils font? C’eft ainfi qu’ils corrompent amp;nbsp;peruertif-fentles faïftes ordonnâccsduPilsdcDicu: Steependât ils nclailTent pas de prétendre fon nom;amp;veulent qu’oncroye,q ce qu’ils font,eft venu de luy. N ’eft-ce point là vnc audace amp;nbsp;outrecuidance plus que diaboli-G. iiii.

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104 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMII

que î Quand Mefsire lean a ainfi monftré fon dieu fai ft de pain, amp;nbsp;qu’on l’a adoré quelque tëps,c’eft à dire,tât qu’il luy plaid le tenir en haut, ou bien , tant qu'il peut. (Car ces fricafleurs de Mefles.pour la plus grand part,font tous mangez de grofle ve-rolle:amp; ont tant les gouttes auxbras,qu’ils font contraints de rabaifler incôtinent leur dieu.)Lorsil le couche gentiment fur Tau tel,q eft paré demefme:côbien q ce nefoit pas trop mollement pour vn dieu, d'autant qu’il le met fur vne pierre bien dure. Apres cela,il préd le calice en fa main;amp; ditl’autrc Zlt; 7. f^ir- partic,qui eft lafeptieme duC4»o»:aflauoir, tieduC*' Semblablement,apres qu’oncutfoupé,pre nant aufsi ce calice excellent en fes fainftes mains,amp; vénérables, dc-rechef tercndant graces,le bénit.(Icy le Preftre fait vne fois le ligne de la croix fur le calice, puis il ad-ioufte,)amp; bailla à fes difciples,difant, Prenez,amp; beuuezde cecy tous. Car cecy eft le calice de mon fang, du nouueau amp;nbsp;éternel Tcftament,myfterc de la foy,lequel fera ef pandu pour vous amp;nbsp;pour plufieurs,en la re-mifsiondes pechez.Toutes amp;nbsp;quantes fois que vous ferez ces chofes,vous les ferez en mémoiredemoy . En difantees dernieres paroles, Mefsire leanhauffclecalice, amp;nbsp;le fait adorer àceux qui font là,tout ainfi que nousauons dift qu’il fait du painx’eft à dire, tout au rebours de l’ordonnance de no-ftfc Seigneur Icfus,amp; en defpit de Dieu amp;

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BE LA Mits 1. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;IO$

4c fa fainfte parole.

Or laConfecration, qu’ils appelent, du pain amp;nbsp;du vin, fc fait en ces deux parties icy, comme ils maintiennent. Vn chacun fait que c’eft qu’ils entendent par cefte con fecration’.aflauoir,que le pain amp;nbsp;le vin que ils ont deuant eux , en vertu de ces paroles qu’ils prononcent,font tranffubftantiez amp;nbsp;conuertiz au corps amp;nbsp;fanquot; de lefus Chrift: amp;nbsp;qu’il eft là tout tel qu’il eftoit en l’atbre de la croix. Mais auanc que pafler plus outre,!! fautbien noter, qu'en cefte Confccra non du pain , il y a quelques mots adiou-ftez , qui ne font nullement recitez par les Euangcliftes:comme,Car:amp; puis,De cecy tous .Et en celle du vin,ces paroles-cy font adiouftées aufsi, Eternel,^ Myftere delà foy: lefquelles ne font non plus aux Euan-geUftes, que les autres . QiVon regarde en tous,amp; on verra qu’il eft ainfi.Que peuuét alléguer fur cela tous les Aduocats de la Mefle, amp;nbsp;tous les Doûeurs Sorbonniftes? Ils maintiennêt fort amp;nbsp;ferme,que cefte Cô fecration fe fait feulement par les paroles de lefus Chrift,amp; non autrcmcnf.ils difenc dauantage, qu’il n’eft pas licite d’adioufter ne diminuer rien qui foit à ces paroles-la; voire,amp; d’autant moins,que félon leur do-ûrine,lefus Chrift adonné la vertu de con facrcraux paroles qu’il prononça , amp;nbsp;non point aux autres. S’il eft ainfi, cornent ont ils cfté ft hardiz amp;nbsp;ft prefomptucux,d’y ad-

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lOS nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIE

ioufter vn feul mot ? N’i-ce point efté vnc arrogate par trop vilaine,d’entrepredre có tre ce qu’ilsaffermét auoir efté ordóné par lefus Chrift ? Il a voulu, difent-ils, que la Confecration fe fift par ces paroles feules, fans qu’on y adioufte mot q ce foit. Pour-quoydonquesy ont-ils adioufté tous ces mots que i'ay diét,lînô pour môftrer qu’ils defpitent Dieu de propos délibéré, amp;nbsp;qu’ils font la guerre à lefus Chrift, en toutes les fortes dont ils fc peuuent aduiferî M ais po-fons le cas que pour ces mots,qu’ils ont entrelardez,la fentence ne foit point châgée, ne diuerfe : fî faut-il maugré leurs dcs,i^uc ils confclTent, que ç’a efté vnetcmerite Si audace du tout infupportable,puis qu’il ne cft point licite d’vfcr d’autres paroles , que celles mefmcs que lefus Chrift prononça, d’autant qu’il leur a donné la vertu de con facrer feule ment, amp;nbsp;non aux autres, corne ils difent. Or ne pouuons-nous fauoir à la vérité,quelles font ces paroles-la, find par lesEuangcliftes,ouparfain£l Paul. Qjfils inonftrcnt donc maintenant,s’ils peuuent, que ceux-là aycnt iamais p.irlé, ne fongé à ce qu’adiouftc le Canon, amp;nbsp;puis nous les en croirons.Ce gros fbuppier de noftre Mai-ftre Durandi.cn fonRationelfduqucl nous auons fai ft mention foiiuent)trauaille tant qu’ilpeut,pour foudrecefte difficulté,amp;s’y trouue fort cmpefché.llditpremicremét, Quples Apoftresont reccu delefus Chrift

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DK LA M K S S 1. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;107

I» forme de la Confecration, amp;nbsp;qu’ils l’ont des Apoftres.Et nefe faut point efmerueil 1er, dit-il, fi ces paroles-la, qu’il femble a-uoir efté adiouftées , ne le trouuent point aux Euangeliftes: tant y a,dit noftre Mai-lire,qu’elles ont efté dites par IclusClirift. Caries Euageliftes ont laine pluficurs cho fes àcaufe debrieueté,q les Apoftres ont fupplieés .Et pour le prouuer,il ameine l’e-xéplede l’apparition que recite S.Paul en la premiere aux Corinthiens ; c’cft,quc le- t.C«r.iJ fus Chrift,apres qu’il fut refufcité,apparut à plus de cinq censfreres . De laquelle ap-paritionles Euangeliftes ne parlent point:

amp; toutesfois elle eft certaine amp;nbsp;veritable. Dauätage il allégué, qu’entre les Euâgeli-ftcs,l’vn récite quelque chofe, dont l’autre ne parle pas. Voila cornent noftre Maiftre en deuife.Orileft vray,q les Euangeliftes n’ont pas eferit toutes les chofes q ont efté faites par noftre Seigneur Icfus,amp; que l’vn racôte quelque fois ce q l’autreaura laifle. Mais ce n’eft pas à dire pourtât,qu’il foit li cite aux homes mortels d’adioufter rié qui foit aux paroles desEuageliftes.Car no’ fa-uons que le S .Efprit,lequel a parlé par leur bouche ,n’arienomis de tout ce q eft nc-celTairc pour noftre falut .Et encore que ce la fe peuft faire en quelque endroit, fi eft ce qu’il n’eft point loifible en ces paroles de la Confecration; aufquelles feules le-fus Chrift, félon leur opinion, a donné la Tcrtu de changer le pain au corps, amp;nbsp;le

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lOS ANATOMI B

vin au fang, amp;nbsp;non point aux autres. Et qui a Hilft à ce M aiftre Durandard.que tous ces mots,Car,De cecy tous,Eternel,amp; Myfte-redelafoy, ont cfté prononcez par lefus ChriftîLc bon Doftcurfe trouuât bicnem pcfché,pour defmefler ceftc queftion,a cui dé que c’eftoit affez de dire en vn mot, que ces paroles ont cfté diètes par lefus Chrift. C’eft ainfî que ces vilains porceaux ne font aucune difficulté de mettre leur groin par tout,pour renucrfer amp;nbsp;fouiller la fain été pa rôle du Seigneur . Q^nt àce que lefus Chrift eft apparu à plus de cinq cens frétés, nous n’en fautions nullement douter, puis que fainét Paul nous en affeure , auquel lefus Chrift l’a reuclé . Mais fl fai ntt Paul ne l’auoit point efcrit,amp; que les Euâ-geliftes aufsi n’en parlaffent nullement,cô ment cft-ce qu’on lepourroit fauoir certai nement ? Et en vertu de quoy ferions-nous tenuz de le croirc?SembIab!ement,no*fa-' uons qu’il y adeschofes laiffées par quel-cun des Euîgeliftes, d’autatque l’autre les dit.Que fi tous n’en faifoyent poït de men tion,côment les pourriôs-nous fauoir à la vérité? Voire-mais,noftrcMaiftrc Duradi s’auance,amp; dit que l’Eglifc a receu cela des Apoftres.Vous ledites voirement, Magi-ftetnofter.Etcomment le faucz voiisî Ou l'auez-vous pefché?N’a-cc pasefté fous vo ftre gros bônetcraHèux’Poure befte chauffée, penfes-tu qu’on te croye fi facilement?

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DI IA MISSI. nbsp;nbsp;nbsp;I«,

Illuyeftoit aduis qu’on ticndroit toutce qu'il auroit fongé, pour quelques Oracles d’Apollo. 'N e fait- on pas cóbien de fables, combien de chofes ridicules,amp; mcfmc plei nés d’impiété,les Capliars ont mis en auSt, fous le nom des Apoftres;amp; ont déné à entendre au pourc monde , qu’elles cftoyent venues d’eux,amp; luy ont voulu faire accroire, que vefsies font lanternes , comme on dit’Par ce moyen-la,ne pourreit-on pas at tribucrauxApollrcs tout ce qu’ôvoudroit? Sainéf Pauleferiuant aux Corinthiens', ne leur enfeigne-il point la vraye forme de «■C«»'-»» faire laCene, félon qu’il l’auoit reccue du Seigneur; Ettoutcsfoisilne met pas vn feulmot de tous ceux que ce Canen adiou-fte.lieft bien certain,qu’il enfeigne purement lavraye façon de celcbrer la fainfte Cenc de lefus Chrift. Puis donc que ceux cy font autrement, amp;nbsp;qu’ils adiouftent à ce qui ne leur eft point licite , félon Icurdo-Ûrine mefmc: ne faut-il pas bien dire, que toutes leurs fingeries ne tendent ailleurs, ' finonpour anneantirla fainfte ordónance de Dieu; Sion neconfideroitenleur Con-fecration,quc la fentence feulement : mettons le cas que ce fuft peu de chofe , quand on y adioufteroit quelque mot, ou qu’on en ofteroit,pourucu cependant,que la fen-tence ne fuft point diuerfe. M ais icy,félon leur opinion mefme , il faut poifer toutes les paroles : c’eft à dire, quelles font celles

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IIO nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIB

qui ont la vertu de confacrer, que Icfu» Chrift leuradôné , amp;nbsp;aufquelles il ne faut ny adioufter,ne diminuer. S i la fantafie de ces refueurs-cyeft vraye, affauoir, quele-fus Chrift ait donné la vertu de confacrer aux paroles qu’il dit , amp;nbsp;non point aux autres, pourquoy ont-ils adioufté les au-trcs’C’eft d’autât qu’ils ont cuidé,que leur confccration feroit mieux faifte,quad ils y auroyét meflé quelque chofe du leur.Mais pourquoy cft-cc, qu’en la confccration de leur pain,ils n’ont point mis ces mots,que Xwii. lefusChrift pronSçax’eftaflauoir,Lequel eft donc pour vous, comme dit fainft Luc: i.C»-.ii ou bié,Lequel fera liuré pour vo*: ou,Lequel eft rompu pour vous,ainfî que dit S. PaulïEn la Confccration de leur vin,ils ont bien mis ces mots-cy,Lequel fera efpandu pour vous amp;nbsp;pour plufieurs, en remifsion des péchez .Puis que le corps n’a pas efté moins donné pour la redemption, que le fang: à quel propos ont-ils pluftoft retranché l’vn,que l'autre ’ Il n’y aceluy qui ne voye clairement, ou la beftife de ces gros afnes,ou la malice du tout defefperée, amp;nbsp;cô iointe aucc vne impudence execrable.

Mais voyons maintenantquel eft le coble de l’afneric de ces bons Doâcurs de Meffe.St des vaillas fuppofts d’icelle.Pour la maintenir en fon eftit, ils difent, que ce pain amp;nbsp;ce vin font tranlTubftanticz Secouer tiz.

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B E L A M S S S Ï. lu t«) l'vn au corps, c’eft affauoir le pain : amp;nbsp;l'autre,quicft le vin,aufagde lefus Clirift. Et demeurent icy fort empefchcz,amp; enuc-loppezen grande difficulté . Car ils ne fa-Uent point que c’eft, qui eft demonftré par ceniot,Cecy,quandil eft diél:,HocrSîcorflt;« me»»! : c’eft à dire , Cecy , ou C’cft-cy mon corps.Si par ce mot,Cecy,1epain eft demô ftré,cc qu’ils difent eft faux.Car le pain ne cft pas le corps,amp; n'eft point encores tranf fubftantié,ne côucrty au corps,iufqu’à tat que toutes les paroles de leur confecration foyêtproferées,cômcilsafFcrmëteux-raef mes . Si le corps eft demonftré par le mot, Cccy.le corps donc cft là,allant que les paroles foyent diftcs,amp; auant que leur Côfe-crationfoit faifte.Autât en eft-il des mots de la Confecration du vin.Car ils ne fauent non plus que c’eft qui eft demonftré, quad il eft dift , Hic est fanguit mots : c’eft à dire, Cecy, ou C’cft-cy mon fang . Si le vin eft demonftré, cela eft faux, que le vin foit le fang.Si le fang eft demonftré,le fangdon-ques eft là , auant que leur Confecration foit faifte. Qui eft vne chofe impofsi -ble .voire félon leur doftrinemefme . Et pourtant,les vns difent envne forte, amp;nbsp;les autres , en vne autre . En fomme , pour le faire court, ils ne fauent tous qu’ils difent, ne là ou ils en font - Et n’y' aqu’vne horrible côfufion en tout ce qu’ils babillct.

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Ill. anatomie

t Car aucuns eftiment que ce mot, Cecy.de-môftre en partie aufcns,amp;cnpartie à l'entendement : amp;nbsp;quec’eft icy le fens naturel de ces mots, Cecy, ou,C’eft-cy mon corps: c’eft à dire , Cela , en quoy cefte chofe fera tranlTubftantiée.eftmon corps. Voilal’o-piniô de noftre Mairtre Richardi de faindt

* Viôtor,auliure De la Trinité. Les autres difcnt,que les accidens du pain font démolirez , comme eft la blancheur : amp;nbsp;que ces mots, Cecy eft mon corps, valient autant, corne s’il cftoit diél,En cecy eft mô corps.

5 Aucuns penfent,quece mot,Cecy,fc prend imatericllement, amp;nbsp;que rien n’eft demon-ftré,quandil eft prononcé en la Confecra-tion, mais que les paroles de lefus Chrift

4 font recitées feulemét. Auxaiitres,ilfem ble tout le contraire.Car quad lefus Chrift les prononça, il demonftra quelque chofe, amp;nbsp;confacra . Et pourtant, puis que ce font les mefmes paroles, amp;nbsp;qu’elles ont encores le mefme vfage, qu’elles eurent quad lefus Chrift les dit, elles auront aufsi la mefme lignification. Et comme lefus Chrift alors demonftraquelquechofe,qu’il faut aufsi maintenant,que quelque chofe foit demô-Î ftréc. Le Pape Ionocét,troifieme,aux li-ures De l’office de la Mefle,maintient fort amp;nbsp;ferme , que lefus Chrift a confacréauec autres paroles,que cclles-cy, C’eft- cy mon corps ; amp;, C'eft-cy le calice de mon fang.

4 Les autres ont celle fantafie, que la vertu de

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DM lA MESSE- 113

de cöfacrer a cfté dónée à ces paroles: c’cft à dire,qu’enles proférant, la tranflubftan-tiationfefait. Aucuns difent, amp;nbsp;entre au- 7 tres,cc venerableDuradi,que Icfus Chrift confacra premièrement auec vne vertu di-uinc,quinousefteichée:amp; puis après,que il exprima la forme de laquelle on vferoit apres luy en confacranf.d’autant que lefus Chrift beniftdc fa propre vertu: mais les Preftres beniflent par la vertu qu’il a donnée aux paroles,aueclefquclles oncôfacrc, aflàuoir.Cecy cftmon corps, amp;,Cecy eft mon fang.Et quand le Preftre pronôcc ces mots , que le pain fc change au corps, amp;nbsp;le vin.au fang - Les autres cuident, que le- t fus Chrift cofacra auec autres paroles, que cellcs-cy , C’eft-cy mon corps ; amp;nbsp;quand il benit,qu’ilconfacra. Noftre MaiftreCo- 9 meftoris dit , que lefus Ghrift confacra a-uec ces parolcs,Cecy cftmon corps,amp;,Cc-cy cftmon fang : mais qu’illes dit tout bas à part,5: changea le pain au corps,amp; le vin au fang : amp;nbsp;puis qu’il les redit haut amp;nbsp;clair aux Apoftrcs. Aucuns difent, que lefus j* Chrift pronôçalcs paroles deux fois'la pre miere,pour leur donner la vertu deconfa* crer: amp;nbsp;puis apres,qu’il prononça les mef-mes paroles, pour enfeigner aux Apoftrcs laformedeconfacrer .Et cefteopinion ne ' dilfere gueres d’auec la precedente . Les jj autres penfentquelepain amp;nbsp;levin fc con-facrét 10’ deux enfemblc: c’eft à dire*,quad

H.

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ANATOMI«

le vin eft confacré, lors le pain eft aufsi coll facré,amp; non point denant. Aucuns difent au contraire , que le pain eft confacré pre-15 niieremcr)t,amp; puis le vin. Touchant la for me de la Côfecration du vin,aucuns,côme Bonauéture,amp;plulîeurs autres,au quatrième Hure des Sentences, à la huitième Di-ftinftion, dilentqueccs paroles, C’eft-cy mon fang , font de ta fubftance de laforme delàConfccration du vin;amp;les autres,qui font adiouftécs,afrauoir,Nouueau amp;nbsp;eter-14 net Tcftamenr,font pour ornement-Thomas d’Aquin,en la 3. partie de fa Some,afferme q toutes ces paroles fontdc lafubfta 15 ce. L’Elcot dit.d'autat qu’on ne fait pas au vray, fi elles font de la fubftance de la forme,ou nó, qu’on ne doit point determiner qu’il eft ainfl;mais qu’il les faut dire toutes, comme fi elles eftoyent de la fubftance de la forme: combien que les Doseurs com-munemint s'accordent auec Bonauenture. Ne voila point vne confufion efpouuanta-ble:Ne voila pas autant d’opinions,que de chapperons’Ne voyons-nous point icy vn iufte iugcmentdc Dieu,lequel ateUement aueuglè ces gros afnes,qu’ils ne font finon braire auprès de ces fainftes paroles de no-ftre Seigneur lefus? N’eftoyent- ils pas bië dignes d’eftre ainfi abrutiz,eux amp;nbsp;to’ leurs fcmblables, qui ont plus eftime leurs fon-ges amp;nbsp;refile ries,que la pure parole de Dieu? Nous voyons comment il n’y a eu fi ma-loftru

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DBLAMSSSB. nbsp;nbsp;nbsp;HÏ

loftru de tous ces Doftcurs crottez,qui ne ait gazouillé fur ce paffage, amp;nbsp;qui n’en ait did fa râftcllée.Et faut bien noter icy, que félon la fentéce de l’Efcot, on ne fait point encores quelles font les paroles de la Con-fecrationdu vin.finô en partie.Et de-fai ft, il dit bien vray:c’eft,que luy.ne Bonauen-ture, ne Thomas d’Aquin , ne toute cefte racaille de Dofteurs Scôlaftiques amp;nbsp;Sorbo niftes ,quiontefté les grans Aduocatsdc la Melle, n’ont iamais feu pour certain, quelles font au vray les parties de leur Cô-fccration . Et qu’ainlî foit, voicy vn figne tout euident, que s’ils l’enflent bien feu, il n’y auroit pas vne telle diuerlîté,nc confu-fion d’opinions, comme nous allons veu. Etfinous voulions icy nous amuferdauan tage , nous en pourrions encore dire allez d’autres : mais ce ne feroic ^ue temps perdu , Cefte grande diucrfîte , qui cft entre eux, ne monftrc-eUe pas bien clairement, qu’ils n’ont iamais entendu cefte matière, amp;nbsp;qu’ils n’en ontonques efté certains , ne refoluz; il n’y a point de doute ,fi l’opinion qu’ils défendent par feuzamp; parglai-ucs cftoit vraye, qu’il n’y auroit point tant de fentences.ne ft diuerfes qu’il y a . Mais il a fallu qu’ils fefoycnt ainfi efgarez , a-pres s’eftre vne fois deftournez du droit chemin,amp;qu’ils ayent erré ft lourdement, puis qu’il n’auoyent autre guide, que leurs folles fantafies.

H. ü.

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iitf nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;anatomie

Diujntage,quelle vanité amp;nbsp;fupcrfli-tion a ce efté,de dire,qu’en vertu de certai nés paroles , il fe face vn telchangemét du pain amp;nbsp;du vin, qu’ils font tranlTubftantiez ou conuertiz en la propre fubftâce du corps amp;nbsp;du fang de Icfus Chriftî C’eft vue refue-rie fi detcftable.quc rien plus, amp;nbsp;que tant s’en faut qu'ils la peulïcnt prouuer par l’Ef criture fainfte, qu’elle yen: trop plus contraire fans comparaifon , que n’eft le feu à l’eau.Que la fubftâce des cliofcsfoit changée par la vertu d'aucunes paroles, il n’en cftfaiftc nulle mention en toute l’Elcritu-re.Et ces vilains forciers amp;cnchanteurs-cy nous le feront accroire ? Dautrc part,quel firopos y a-il, qu’en voulant perfuader ce-a au monde, ils ne faüent dire, amp;nbsp;en font incertains aulsi,quelles font ces paroles.la, dont ils veulent faire leur charme? Outre-plus,ces gros afnes gergonnét de cefte Co fecrarion en telle fortc,que félon leur opinion, iamais Icpoure peuple mal-heureux qui eft aflemblepour ouir la Meflè , n’eft certain fi leur Confccration eft faifte , ou non:c’cft àdire,fi leur morceau de paftc,amp; leur vin,font conuertiz au corps amp;nbsp;au fang de lefus Chrift.Car le Maiftre des Sentences dit au quatrième liurc. Que leshcreri-Ctnficen ques ne peuuent • confacrer.Et maintient, qu’il faut necefrairement,que l’intention y foit, autrement la Confecration nefe fait point.Et qui cftccluy,ie vous prie,qui peut eftre

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D 1 VA M S 3 S 1. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;117

eftre affeure de la foy, ne de l’intention de celuy qui chante la Meffe ? Il eft bien certain,qu’il n’y a perfonne,d’autant q ce font chofes qui iont en la confcience de l’homme,laquelle nul ne cognoUt finon Dieu,amp; celuy qui dit Mefle.Le peupledôc.qui oit la Mcire,n’eft iamais affeuré quand la Cô-fecrationcftfaiûe,ou non. Et cependant, ilnelailTepas pour cela,d’adorercepain amp;nbsp;ce vin,ne Cachant s’il a efté faift dicu,com-me il appartient, fuiuant l’ordonnance du Maiftre des Sentences. Quand il n’y au-Toit point vne idolâtrie en cela fi lourde amp;nbsp;fi brutale,comme elle y eft, ainfique nous dirons ailleurs,n’eft-cc point vn péché par trop enormeîT out ce qui eft faift Cans foy, Rquot;» gt;4 dit fainft Paul,eftpéché. Et i’ay mqnftré, que tous ceux qui afsiftent à la Mefle,ado-rent ce pain du tout incertains . Querefte il donc, finon qu’il y a vne horrible confü-fion entre ces pourcs aueugles amp;nbsp;miCera-bles ? Or il y adeuxcaufes,pourquoyccfte confufion eft telle entre eux .L a première, d’autant qu’ils ne fanent que c’eft proprement,que Confecration.Car ce motde Cô fecration fignifie vne choCe, amp;nbsp;eux cuident qu’elle ait vne autre lignification. L’autre eft,qu’ils croyét,ou pourlcmoins, ils dô-nent à entendre qu’ils lecroyent. voirelc prefehent par tout,corne vn article de foy, Que ce pain amp;nbsp;ce vin fe changent, l’vn au vray corps amp;fubftantiel de lefus Chrift,af

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Ilg nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIS

fauoir le pain : amp;nbsp;l’autre, qui eft le vin,au fang naturel d’iccluy.Et adiouftent quant amp;nbsp;quant, que lefus thrift;rcalement amp;nbsp;de faift.en corps amp;nbsp;en ame, aufsi grand amp;nbsp;auf fi g™’ 4“’fi cftoit fur l’arbre de la croix, Se comme il eft maintenant au ciel, eft tout en ce petit loppin de pafte.amp; tout en ce ca-lice,ou eft le vin. Et fur cela, pour mieux faire valoir leurs coquilles,amp; pourplus ai-fementembabouiner le pouremonde,ils content plufieurs miracles ,qui font en ce myfterc; amp;nbsp;maintiennent que ce changement merucilleux, qu’ils appelent Tranf-fubftantiation.fe fait parla vertu des paroles de la Confecration : amp;nbsp;veulent que ce mot de Confecration lignifie changement, ou mutation du pain au corps, amp;nbsp;du vin au fang,qui fe fait par ces paroles-la . Tellement qu’ils font cefte Confecration, tout ainfi que les enchanteurs, eftans deceuz amp;nbsp;poflèdez de fatan,ont accouftumé de faire leurs charmes amp;nbsp;cnchantemens, aueques certaines paroles , qu’ils cuident auoirce-fte vertu , de faire des chofes admirables. Car ces facrilcges de Preftres aueuglcz du diable,penfcnt, amp;nbsp;font accroire au poure monde,qu’en vertu de ces paroles, que ils difent toutbasamp;à loifirmrle painSt fur le calice , ils changent totalement la fubftance du pain amp;nbsp;du vin au corps amp;nbsp;au fang de lefus Chrift.

Orvoicy deux caufes, pourquoy il* ne fauetpar quelles paroles fe fait leur Cô-

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Dl lA MISSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;119

fccratîon,ne quand elle fe fait. Carayan» cefte opinion qu’ils ont, c’eft affauoir, que ce merucillcux changement du pain amp;nbsp;du Viny eftfaift ,ilsfe trouuent bien empef-chez de ces paroles , Cecy eftmon corps. Car ils ne fauent que c’eft, qui cft deroon-ftréparce mot, Cecy: poureeque lift pain cft demonftre , il leur fcmblc que ce qu’ils difent.eft faux.d’autat que le pain n’eft pas le corps de lefus Chrift,tant que les paroles foyent diftes.'amp;quand ils niöftrent le pain, en difant, Cecy, toutes les paroles ne font pas encores diftes. Le corps donc n’y eftat point encore, il ne peut eftre demôftré par ce niot,Cecy Et s’ils difent que le corps tft monftré par ce mot,Cccy ,il ne leur femblc point aufsi que cela foit veritable,C’eft ey mô corps. Carpuisque Iccorps n’eft point encore en leur hoftic,qu’ils appeler,à caufe que les paroles ne font pas diftes.il ne peut eftre demonftré en icelle . Parquey toutes ces pouresbeftes chauffées,amp; tous ces mai Ares veaux de Sorbonne,fe trouuét icy tel-lemét enferrez,qu’ils ne fauét comment fe defpeftrer, à caufe qu’ils ne penuét verifier ce qu’ils difét. Et de quelque cofté qu’ils fe tournet,ils s’epeftrent dauâtagc.Ils fe tor-nientent amp;tcmpcftent en mille fortes,pour trouuer moyé d’elchapper : amp;nbsp;voudroyent bië,s’ils pouuoyét, trouuer quclq lubterfu gc,pour cachet leur turpitude:mais il n’y a ordre,d’autant q Dieu ne leur permet pas.

H. liii.

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lia Anatomib

Egt;«lt;f.î. Et leur en prend corne il fit aux Magicien J de Pharao,qui ne pouuoyent faire ce qu’ils euflent bien voulu . Carces maiftres iou-curs de paffe-paffe-cy , voudroyent bien, s’il leur cftoitpofsible , pourucu qu’ils retinrent toufiours leur opinio,amp; que la Mef fe quant amp;nbsp;quant demeuraft en fon crédit, ilsvoudroyët bien,dy- ie,accorder ces mots de lefus Chrift auec leur folle fantafic amp;nbsp;o-pinionperuerfe qu’ils ont.Mais iln’y a ordre,ne moyen que ce foit. Quails tournent à l’entour du pot tant qu’ ils voudrôt,qu’ils facent amp;nbsp;gazouillent tout ce qu’ils pourront : tandis qu’ils auront celle opinion amp;nbsp;refuerie plus que freneciqueuamais ces paroles de lefus Chrift,Cecy eft mô corps,ne conuiendront auec leur inuention fuperfti tieufc amp;nbsp;deteftablc . Et pourtant leur opinion eft tresfauffe amp;nbsp;damnable,puis qu’ci* * le ne peut accorder nullement auec la pure j. vcritedeDicu:c’eftàdire,fafainftc paro- ! le , qui eft du tout contraire à ce qu’ils ont i forgé,amp; mis en auant. Le femblablc aufsi i eft encore aduenu à ces orgueilleux vilains i Gme/.n. cy,qu’il aduint à ceux qui voulurent édifier la grande tour de Babel,amp; lafaire fi hau tc,qu’elletoucheroitiufques au ciel, félon ! qu’il eft eferit en Gcncfe . Mais Dieu leur enùoyavne telleconfufion de langues,que ils ne s’entendoyent pointl’vn l’autrc,có-bien qu’ils s’accordaffenttous pour la ba-ftir. Car tous ces baftiffeurs, ou maiftres for-

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forgerons de Meße, voudroycnt bien, s’il leureftoit pofsible, l’exalter iufqu'au ciel, amp;nbsp;faire tant pour elle,qu'on la tint comme vne chofe diuine, amp;nbsp;comme vn fouuerain feruice de Dieu. Tous enfemble conuicn-nent amp;nbsp;s’accordent tresbien à ceft edifice, amp;nbsp;s’efforcent tant qu’ils peuuentd’en venir à bout.O r d’autant qu’ils voyent bien,amp;lc craignent aufsi merueilleufcment, fi cela n’eltoit tenu pour certain amp;rcfolu, que le vray corps dclefusChrift cft en leur hoftie, amp;nbsp;fon vray fang amp;nbsp;naturel, en leur calice, que la MefTe perdroit du tout fareputatiô, amp;nbsp;qu'on n’en feroit plus de cas nulle part; voire elle s’en iroit incontinent en fumée, amp;nbsp;n’enticndroit on conte, non plusque de vne vieille fauattc:pour celle caufe,ils taf-chent fur tout de perfuader amp;nbsp;faire accroire par tous moyens qu’ils peuuent, au ponte amp;nbsp;miferable monde; que lefus Chrift cft en leur hoftie amp;nbsp;calice,rcaUement,corporellement, amp;nbsp;tout tel qu’il eftoit en la croix. Etneantmoins Dieu les a tellement rendu!confuz en leurs langues amp;entendc-mens,qu’ils font tombez en tant d’aduiz amp;nbsp;opinions,entantde fantafies,amp; fidiuerfcs amp;eftrangcs façons de parlcr,que l’vn cft dif ferentiamp;mcfme du tout contraire à lautrc, comme nous auons monftré cy delTus.Nc cft-ce point vn ligne plus qu’euident, amp;nbsp;fi manifefte, qu’on n’en peut douter, que ce baftiment monftrueuxdc MclTe, cftabo-

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Il» nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIl

minible déliant Dieu,amp; que finalement il fera ruiné, amp;nbsp;entièrement raie : afin que la fentencede noftre Seigneur lefusfoit veri-Untth.^- fiéex’eft aflàuoir.Q^e toute plantc,quc le Pere celeftc n’aura point plantée, fera arrachée?

le ne m’arrefteray pas pour celle heure, à prouuer bien amplemét que leur opinio eft fauffe amp;nbsp;mefehante, quad ils difent,quc le pain amp;nbsp;le vin font chigezau corps amp;nbsp;au fang de lefus Chrift. Care’eft vnematière fi ample,qu’ó en pourroit faire vn bië gros luire apart. Icmecontenteray donc pour maintenat,de móftrer à tous ces Dofteurs de Meffe, qu’ils ne feurent iamais qu’emporte le mot de Côfccration,combien que ils en ayent tât iafé,que leurs liurcs en font pleins,amp; que laprincipale partie de leur C4 nwfoit parée de ce nom. 11 nous faut donc fauoir,que félon l’Efcriturefain£le,Confa-crer nefignifie pas changer vne chofeen l’autre,par la vertu de certaines paroles,aî-fi que ces gros afnes prennent, amp;nbsp;entendét laConfecrationdupain amp;du vin, quad ils veulent qu’elle foit vn changement,ou mu ration de leurs propres fubftâces en autres; affauoir au corps amp;nbsp;au fang de lefusChrift. Car vne chofe qui fe confacre , c’eft à dire, qui eft dediéc à vn vfage fainél amp;nbsp;facré , ne eft point gaftée,ou corrompue par cela, de forte qu’elle ne foie plus la-melmc, qu’elle eftoit au parauant,quât àfa fubftâce, comme

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Dl LA MBISI. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ill

iDcbarbouiUét ces maiftres veaux de leur pain amp;dcleur vin:difans qu’ils ne font plus de telle fnbftance,après qu’ils ont faift leur Confecration, qu’ils cftoyent auparanant, ains font châgez amp;nbsp;desfaits,amp; ne font plus ce qu’ils cftoyent: mais la cliofe qui cft con facrée,demeure la mefme qu’elle tftoit pre miercmétiamp;n’eft point changée en fa fub-ftâcc,ains feulement cft dédiée,oubic,députée à quelque vfage faiéi: amp;nbsp;facré,auquel elle n’cftoit point auparanant deftinée, ou ordonnée. Voila que c'eft à dire Confacrer proprement. Exemple, V ne maifon cft cô-facrée à Dieu .quand elle cft députée amp;nbsp;ordonnée à quelque vfage fainâ , comme pour prefeher la fainûe parole, pour admi niftrcrles Sacremes, amp;nbsp;pour faire les prières publiques. Ainfi vn homme cftconfa-cré à Dieu, quand il cft dédié amp;nbsp;député i l’vfage facré de fon fcruice .Tous Chreftiés font confacrez à Dieu , c’eft à dire, dédiez amp;nbsp;députez à fon feruice , qui cft vne chofc facrée. Car ils font les vrais temples de Dieu,aufqucls ilhabitc aueefonfainft Ef-prit,comme ditfainft Paul en pluficurs paf i.C»r.j fages.ll appert maintenaDt,que l’homme, i.Ctr.6 pour eftre côfacré à Dieu, n’eft point châ- £ƒ!gt;'ƒ i. gc,quant à fa fubftancc:mais il demeure le mefme,amp; tel qu’il eftoit deuant: il cft feulement dédié amp;deputé au fcruice de Dieu, auquel il n’cftoit pas au parauant.

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* N A T o M l 1

Orcecyqucnoustlifons n’eft point creu en noftrc cerneau , ne folle fantafie: mais il eft pris de l'Efcriture fainûc en plu fleurs endroits,comme de l’Exode,du Le-uitiquc,amp;du liure des Nombres, lieft ef-Er». 1J.15 criten l’Exode , Que tout mafle premier nay,foit confacré àDicu,tant des hommes quedesbeftes . Item, Qif Aaron amp;fes en-fans furentconfacrez,poureftre Sacrifica-Kanii.S. teufs, Qu^pn regarde au liure des Nobres, touchant les hommes amp;nbsp;les femmes,quife ■^^ confacroj'ét à Dieu.lté au Leuitique,dernier chapitre, ou il eftpatlédc laconfecra-tion des hommes, des terres, amp;nbsp;généralement de toutes les chofes con(acrécs:amp; on verra que Confecration ne figoifie pas châ-ger vnc chofe en autre, aucc paroles ; mais dedier amp;nbsp;deputer, amp;nbsp;comme approprier v-ne chofe à Dieu, amp;nbsp;à vn vfage lainû amp;nbsp;fa-cré.Toute chofe qui fera côfacréeà Dieu, dit le Seigneur, foit homme, ou befte, ou tcrrc,cllenefera point véduc, elle ne pour» raeftre rachetée. V oila quelles eftoycnt les confecrations enla Loy, defquclles encore que nous n’vfions point maintenant, fi eft ce que de là nous cognoiflons,que veut dire ce mot de Confacrer: amp;nbsp;que ce n’eft autre chofe,finon dcdicr,ou deputer vne cho fe à vn vfage fainft amp;nbsp;facré. Autanten dirons-nous de ta confecration du pain amp;nbsp;du vin , que ce n’eft point vn changement de leur fubftâce, faià en vertu de certaines pa

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ns LA MSSS s. i^l

rôles ; mais qu’ils font confaerez à Dieu, quand ils font dediez.ou députez à vn vfa-ge facré: c’eft à dire, à cela qu’ils nous doi-iicnt fignifier amp;nbsp;réduire en mémoire du corps amp;nbsp;du fang de Icfus Clii ift,comment j^^^j^^ j^ il les a donnez pour noftreredcptiou. Cô- ,, me 11 dit luy-melme, quand il inttitua le S. /„^^ Sacrement du painS: du vin ; commandât i.Ctr-n à fes Apodres,qu’ils fiflent cela en memoi re de luy . Ileft vray que i’ay efté vn peu long en ce difeours : mais c’a efté pour l’amour de ceux qui font encore rudes amp;nbsp;i-diots,amp; qui n’ont pas fi grande intelligence des chofes,qu’ilferoitbië requis: amp;quc la chofe aufsi eft de telle importance, qu’el le merite blé d’eftre examinée encore plus diligemment,queie n’ay faift.

Ld troifieme SeShon.

IcyldhuiiSeme partie il» CamueVidcclairée, (!)• qnantü' quant mon'Ürt, que ccluy qui dit la îHejfe,vfurfs l^affict qui appartient à \eÇtu Clmsl fcul, f^ non à autre . Ft dauanta^e, quil dit rne oration pleine d’impiété execra île, ffaitunoutra^eà iefiuChri^^dittout iu-fupportable.

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ANATOMIM

O V S auons maintenant à confidcrer, quelle eft la huitième partie du Causa. Voicy ce qu'elle chante, Dontamp;no’ tesferuiteurs, maisaulsi tô peuple faift, ayans fouuenance d’ice-luyChrift ton Fils, noftre Seigneur, de la pafsion fi hcureufe , amp;nbsp;aufside la refurre-ôion des enfers, mais aufside laglorieufe afeenfion aux deux,offrons àton excellente maiefté de tes dons amp;nbsp;prefens, l’hoftic pure, l’hoftie fainfte, l'hoftie fans macule. (Eticy,endifant ces paroles,le Preftre fait trois fois le ligne de la croix fur fon hoftie, amp;nbsp;calice délia confacrez,amp; les faitfur tous

deux enrcmble;puis il adioufte, ) Lefaintl: pain de vie eternelle, amp;nbsp;le calice de falut perpétuel. Et fait encoredeux autres fois le ligne de la croix,l’vnc fur fon hoftie,quad il nôme le pain:3lt; l’autre fur le calice,quad ille nomme. Qnieft-ce qui n'auroit nor-reur,cn voyant vn tel facrilcgclQui cft-cc qui ne tremblera tout, oyant tels outrages faifts à noftre Seigneur lefusî Ce brigand de Preftre afferme, que luy amp;nbsp;ces malheureux idolâtres-, qui font à l'entour de luy, pour la mémoire qu’ils ont de Chrift, de fa mort, rclùrrcftion amp;nbsp;afeenfion , offrent à Dieu cefte hoftie,qu’ils appelcnt, amp;nbsp;ce calice confacré à lcurpofte:qui fontdefia,félon leur dodrine infernale,le vray corps K le

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BllA MISSI. lly

le vray fang de Icfus Chtift-c'cft à dire,quc ce pain amp;nbsp;ce vin font le mclmc corps de le-fus Chrift, amp;nbsp;tel qu’il eftoit en la croix . A qui cft-ct q les cheueux nedrefleroyét en la tefte, quand tels blafplicmes font delgor gcz cotre la maiefté denoftreSeigneur le-fus;Qui cft l'hôme en tout le mode,s'il ne cft totaleraét abruty, ou pluftoft enragé amp;nbsp;hors du fens, qui ne foit efpouuanté amp;nbsp;ef-perdu, quand il entendra telles impietez à l’encontre de Dieu? En quel endroit de tou te l’Eferiture fainftetrouuera-on ,que le Seigneur Dieu , ne lefus Chrift ayent ia-mais ordonné que ces truansde Preftres, ne le peuple,qui que ce foit,doiucnc amp;nbsp;puif fent offrir à Dieu,ou luy facrifier, le corps 6i.lcfangde IcfusChrift? Ueftbiencer-tain qu’il n’en fut onques métion.En quelle autorité donc ces vilains bourreaux entreprennent-ils lîhardiment cela? Nous fommes bien enfeignez par la fainfte para le de Dieu,que tous Chreftiens doiuët foi-gneufement celebrerla mémoire de cefte offrande Afacrifice,que lefus Chrift a fai ft vne fois pour toutcs:amp;c’eft aufsi pourquoy il a inftitué le fainft Sacrement de la Cenc: mais que nous deuions offrira Dieu , ne le corps, ne le fang de fon Fils, pour luy en faire vn facrifîce, jamais luy , ne lefus Chrift, ny aucun de fes Apoftres ,n'en a fait aucune métion. Et à qui eft-cc,ie vous Iftb.f.y, prie,que ceft office d’offrir à Dieu le corps “’•

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JlS nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIl

amp; le fang de lefus Chrift appartient, finon à luy feul,qui eft le fouueraiii amp;eterncl Sa-crificateurî Appartient-il aux homes mortels .de fe mefler d’vn tel office.- lefusChrift ne l'a-il pas faift vne fois pour toutes luy-mefme,quand il s’eft offert de fon bon grc à la croix,amp; qu’il a enduré la mort? Qi/cft il befoing de le reiterer plufieurs fois? Car cefte feule fois-la,qu’il s’eft prefété à Dieu en facrifice, aefté plus que fuffifantc, pour ■ fatisfaire à fon iugement, pour les pechez de tous les fiens. Or ce que nous faifons maintenanten lafainéle Cenc,n’cftpas v-ne offrande, ou vn facrifice du corps amp;nbsp;du fang de lefus Chrift;mais fuiuant l'ordonnance de noftre Seigneur, en célébrant cefte fainfteCcne,nousrcduifonscn mcmoi rece facrifice qu’il a fait vne fois pour no*. Si lefiis Chrift nous a commandé à tous, qu'en faifant la Ccne,nous ayons mémoire de fa mort amp;nbsp;pafsiô, cft-cc à dire que nous le facrifions à Dieu, ou que nousdeuions penferque le pain amp;nbsp;le vin , qu’il a ordonnez , foyent changez en fon corps amp;nbsp;en fon ‘ fang , amp;nbsp;que nous en facions vn facrifice à Dieu ? fi quelcun vouloit dire, que le deuoir de tous Chreftienseft,d'offrir lefus Chrift au Sacrement, à caufe que S.Pierre l iJ*«/.!. dit,que les Chreftiens font vne Sacrificatu- | re royale,pour offrir hofties fpirituclles,ac ceptablcs à Dieu par lefus Chrift ; ie ref-pon, que fainél Pierre ne parle point en ce

pif-

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DC LA Misst. IL9

pifTagc-li du Sacrement: mais il entend des hoftics.c’eft à dire ,facrifices fpirituels, lefquels tous Chreftiens peuuent amp;nbsp;doiiiét offrir à Dieu par le moyen de lefus Chrift. Car il leur feroit impo(siblcd’apparoiftrc deuant Dieu , fans intercefleur. Et lefus Chrift eft ce Mediateur intercédant pour eux, par lefquels ils s’offrent eux mefmes, dr tout ce qu’ils ont,au Pere : d’autant que no’ fommes nouf mclmes en premier lieu ces hofties-la,ou facrifices.qui nous deuos offrir à Dieu,comme S.Paul nous côman- R«»».i* de de faire;c’eft,que nous offrios noz corps enfacrificeviuant ,fainâ:, plaifant à Dieu, raifonnable feruice .Cefacrifice-cy fefait quand nous renonçons à nouf-mefmes.Et puis aptes,il y a les louanges,les avions de graces,lcs auraofnes amp;bien-faiift sien fom-me , toutes les œuures des fideles , ce font autant defacrifices àDieu. Et que S.Pierre l’ait ainfî entendu ,il appertmanifefte-ment.Car il ne parle point e n particulier à ccux-cy,ou à ceux-là feulcmêt,mais à tout le peuple Chreftien, amp;nbsp;à tous fideles, qu’il appelé Gêt efleuc,Gentfain£le,Royale fa-crificature,ou preftrife,amp;c.Parquoy ces fa-erilegcsde Preftres, en difant leur Mefle, vfurpët l’office qui appartiét à lefus Chrift feul.Nous parlerons encore de cecy plus à plein en la quatrième partie de ce liure: ou il fera deelai ré quelle eft leur impi été,quad ils nôment leur morceau dcpafte,Le fainft

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IJO nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIE

pain de vie éternelle,amp; tout le refte.

Ilya puis apres en cefte huitième par lie du Crti»o»,vne requefte plus qu’infernale , amp;nbsp;dont fatan mefme auroit grand horreur. Car ie croy qu’vn diable enchamé ne oferoit point entreprendre de prononcer telle execratió,quc font ces forcenez amp;nbsp;fa-ctilegcs,quand ils difent leur Meffe. Voicy quec’cll qu’ils defgorgent de leur gueule puante, Sur lefquelles chofes, ou bien,Sur Îefquels dons,(Et parlent de leur hoftie,ou pain, amp;nbsp;de leur vin qu'ils ont confacrez, amp;nbsp;qui font, félon leur opinion diabolique, le vray corps amp;nbsp;fang naturelde lefus Chrift.) Sur lefquelles chofes,difenc-ils,que tu dai gnes regarder d’vneface propice amp;nbsp;ferene: amp;nbsp;les auoir acceptables,tout ainfi que tu as daigne auoir pour agréables les dons de tô feruiteur Abel le iultc,amp; le facrifice de no-ftre Patriarche Abraham,amp; celuy que t’of-fritton fouucrain Sacrificateur Melchife-dech,facrifice fainft.hoHie fans macule. O Seigneur tout puiffantl iufqu’à quand fouf friras-tu que tels blafpliemcs te foyét faits en la perfonne de ton Filsbien-aimé? Ne vengeras-tu point d’yne horrible punition ces outrages fi exorbitansîMais pourbien efplucher cefte requefte,il nous faut noter ou que ceux qui l’ont faifte amp;nbsp;dreflec.auec celle qui fenfuit apres, laquelle eft laneuf-ieme partie du Canon, ne croyoyent point du tout, que lefus Chriftfuft, ny en cefte ho-

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DE LA MESS ï. 151 hoftie,ny en ce calice;amp; pourrît,qu’ils ont efté tous herctiques, félon les Aduocats amp;nbsp;fuppofts de la Meffe.qui maintiennent come vn article de foy , que Icfus Chrift eft realemcnt en leur Mene , c’eft à dire , fon corps, touttel qu’il eftoic en l’arbre de la croix:ou bien,s’ils le croyoyent,quelle bru talicé a-ceefté à eux de parler ainfiî Quelle impiété pouuoyent-ils mettre en auant plus enorme, ou plus abominable deuant Dieu ? Car ces mal heureux eifrontex font fi enragez, qu’ils ne font aucune difficulté de demäderen leur pricre,que Dieu vucil-1e auoirpour agréable le corps amp;nbsp;le fang de lefus Chrift,tout ainfi qu’il a eu pour a-greables les dons amp;nbsp;facrinces de ces trois perfonnages,afl’auoir,d’ Abel, d’Abraham, amp;nbsp;de Melchifedech, lefquelsont efté fîm-plcméthomes,amp;non pas fans peché.amp;en-core qu’ils ayét efté iuftes par la pure grace amp;nbsp;mifericorde infinie de Dieu , fi eft-cc qu’ils ont eu bcfoingdc laremifsion des pcchez: par laquelle Dieu les a acceptez, amp;nbsp;confequemment leurs œuures. Si donques il eft ainfi,comme nul n’en peut douter.s’il n’eft du tout infidèle , quelle impiété eft ce aux Preftres, de demander à Dieu en cefte oraifon maudite , qu’il ait pour a-greable le corps amp;nbsp;le fang de lefus Chrift fon Fils , tout ne plus ne moins qu’il a eu pour agréables , les facrifices amp;nbsp;prefens de ces trois perfonnages qu’ils nommentî 1. ii.

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Comme fi fon Fils vnique amp;nbsp;biê-aimé,auquel il a pris fon plaifir.ne luy eftoit point plus agréable : ou pluftoft,comme s’il luy eftoit moins agréable,que les dons amp;nbsp;facri ficcs Je ces troisperfonuages, qui n’ont c-fté que facrificcs de beftes brutes,amp; de créatures morcelles l Quels blafphemes font ce-la:Quçlle impudence amp;orgucilcft ce à ces monftresde PreftreSjd’oferfiiiardimét comparer le Fils de Dieu eternel, amp;nbsp;égal à fôn Pete , ( le parle icy félon leur opinion mefcliâte,qu’ils ont de ce pain, corne nous allons monftré.) à des beftes qui n’ont rai-fon,ny entendemét? Qui eft celuy en tout le monde fi hors du fins, qui peuft douter, que le corps amp;nbsp;le fang de Icfus Clirift eft cent mille millions de fois trop plus agréable amp;nbsp;plaifantàDieu,fans comparaifon, que ne turent iamais tout tant qu'il y eut onques de facrificcs fur la terre’Et mefme, qui doute, ie vous prie, que tous les facrifi-ces,toutes les oblations, tous lesferuices, amp;nbsp;toutes lesbônes œuurcs,tât deces trois perfonnages defia cy deifus nommez , que de tous les hommes qui ont iamais pieu à Dieu,amp; qui luy ont efté agréables, n’ayent efté aprouuées , receuës amp;nbsp;acceptées de luy parle moyen de noftre Seigneur Icfus, de fon corps amp;nbsp;de fon fang, par lefquels il s’eftappaiféenuers nous: Qui doute de cela,dy-ie,finon l’infidele,amp; contempteur de Dieu ; Quels donques doiuent eftre repu-tez

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BE LA MISSI. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;15)

tez ces vilains amp;nbsp;abominables Prcftres,qui demandent à Dieu par cefte oraifon infernale, que Icfangdefon Fils, Rédempteur amp;Sauueurdu monde,luy foit aufsiplaifant amp;nbsp;agréable,comme lefang des belles bru-tes?N e font-ils point plus que facrileges amp;nbsp;blafphemateurs exécrables? Ne furmotenc ils point en orgueil amp;nbsp;audace tous les Geas qui furent iamaisîOferfi hardiment pre-knter à Dieu telles impietcz,tels outrages amp;nbsp;execrations horribles amp;nbsp;efpouuatables? Ne faut-il pas bié que fatan les ait non feu lement enyurez amp;nbsp;abeftiz,mais enforeelez du tout? Que ce vilain yurongne Sorbóni-fte Durandi fe vite maintenat, qu’il abicn filé amp;nbsp;trauaillé , pour declairer ces hauts myfteres du Clt;i»o», qu’il traite fi teuerem-ment. Au contraire,que les Lefteurs iugét combien plus dignement nous le traitons que iamais ne firent tous ces gros veaux amp;nbsp;afoes de Sorbonne.Maispofsiblc quelcun d’entre eux dira,que le Preftre en cefte orai fon ne demande pas abfolumcnt,q le corps amp;nbsp;le fang de lefus Chrift foyent agréables à Dieu en foy, comme les (acrifices de ces trois fainfts pcrfonnages.Garil n’y a nulle doute,que fans coparaifon ils font trop pl’ plaids a Dieu en loy ,amp;de leur nature,q ne font les factifices de tous les hommes du mondeimais qu’il prie,qu’ils foyent agréables pour nous ,amp;qu’il faut ainfî prédre cefte oraifon.Ilfemble bié de prime facc,quc 1. iii.

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telle refponfe foil fubtile.amp;de mifc:amp; peut eftre que fous ombre de cela,quelque que-releux voudra faire le braue, penfant eftre bien equippé contre ce que nous auons dit: mais tout cela n’eft que fumée. Que toute la Sorbóne fc mette en armes, qu’elle crie, qu’elle ergote , qu’elle fiffle tant qu’il luy plaira, fi ne fauroit-cllc iamais faire, qu’il n’y ait vn inconuenient amp;nbsp;abfurdité fi lour de,qu’elle emporte vne impiété plus qu’ex ccrable.Car s’ils veulent prier que le corps amp;nbsp;le fangdelefus Chrift,enfoyconfide-rez,foyenc agréables à Dieu,tout ainfi que le facrificc des hommes mortels,qui eft ce-luy au monde fi befte , qui ne voyc vn tel outrage,amp; vn opprobre du tout infupporta ble ? Dautre part,s’ils prient que le corps amp;nbsp;le fang de lelus Chrift foyentplaifans amp;nbsp;a-greables à Dieu pour nous, comme les fa-crifices de ces trois perfonnages, n’cft-ce Îioint vne pure moquerie de Dieu que cc-a ? Ne voit-on pas quelle impieté c’eft, amp;nbsp;quelfacrilege’Caril eft bien befoing qu’ils foyettrop plus agréables à Dieu pour no’, que ne furent iamais les facrificesde ces trois perfonnages-la.Ne fanons-nous pas, que lefus Chrift, par l’oblation amp;nbsp;facrificc qu’il a faift à Dieu fon Perc de fon corps amp;nbsp;de fon fang, nous a impetre la remifsion despechez, nous a rachetez, nous a acquis iufticc,grace amp;nbsp;la vie eterneUeîCe que n’ôt iamais

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b « L A M Ï S S I. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;15$

Jamais peu faire les facrifices à ceux qui les ontoffcrts.il cft vray que les facrifices anciens fous la Loy, eftoyent bien ombres amp;nbsp;figures de lefus Chrift,mais ils n’cffaçoyét pas pourtant les pechez , amp;nbsp;n’apportoyent pas laluc,corne dit l’Apoftre auxHebrieux. Ce maiftre veau de difme , cnfon Rationnel dit,que ce mot, Comme,ou,Tout aîli, emporte vncfimilitude,amp; non point quâ-tité. Mais cela n’eft rien. Car s’ils offroyét quelque prefent,qui fuft vue pure creature, ils pourrqyent bien demander cela en telle forte ; mais d’autant qu’ils fe vantent d’offrir le Fils de Dieu, lequel cft trop plus a-greable au Pere fans côparaifon , que tous ce5facrifices-la,dótils pariet .leur oraifon n’eft-clle pas mefehante amp;nbsp;abominable douant Dieu.quand ils le prient d’auoir aufsi agréable le corps amp;nbsp;le fang de lefus Chrift, qu’ilaeu les facrifices des hommes mor-telsïC’cft comme fi quelcun ayant ouy parler d’vn grand Seigneur, qui auroitdesri-cheffes infinies,demandoità Dicu,amp; lepri oit,qu’il fift ce feigneur-la aufsi riche, que pourroiteftre quelque homme de baffe cô-dition . Les petiz enfans ne fe moqueroyét jlpas d’vne telle priereîN'eftimcroycnt-ils point que ccftuy-la qui feroit ccfte haren-guc,fcroit vu fot pour tout potage: M ais il y abicnpisenl’oraifon.que font ces effrô-tez?Car ils font fi forcenez, qu’ils ofent le prefenter douant Dieu, comme aduocau I. ini.

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amp; intcrcefleurs, amp;nbsp;prier pour lefus Chrift: lequel ils cuident eftreen leurmorceaude pafte,pour le moins ils le veulent faire accroire .Qui n’auroit horreur d'vnc telle rage amp;nbsp;forctnerie?Prier pour ccluy ^ eft l’innocence mcrme,qui eft lafainftete du mode, fontaine de toute iuftice: duquel tout bien,toute vertu, toute graceprocede: auquel les Anges de paradis doiuent tout ce qu’ils ont de perfeôion: par lequel feul les hommes obtiennent falut,amp; remifsion de leurs pechez: fâs lequel nul n’oferoitfepre fenter deuât Dieu,s’il ne vouloir incôtinét eftre rcietté: fans lequel tousles hommes, qui furent iamais,ou qui font maintenant, amp;nbsp;feront iufqu’à la fin , font abominables deuantDicu:amp;toutes leurs œuures ne font qu’autant d’ordures puantes, amp;nbsp;pollutions exécrables,deuant fa maiefté incomprehé-fible : prier,dy-ie, pour vn tel Seigneur.fi excellent, fi parfaift, qu’il n’y a que redire en luy, n’eft-ce point pour faire trembler tous ceux qui fauront que ces diables font cela,en difantleur Mène? A qui eft-ce que les cheueux ne drelTerôten latcfte,quâd il entendra ceftorgueil plus que diabolique? Qmefteeluy de tous ceux qui ont iamais efté les plusdeuots à ccfte execration de Meflè,quand il entendra que tel s outrages y font faifts à lefus Chrift, qui nefoit ef-pouuanté iufqqes au bout:amp; qui ne s’eferie a haute voix eôme perdu amp;nbsp;plongé au plus pf®'

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DELA Mist I. I}7 profôd des enfers ? qui ne fe retire à Dieu, rccognoiflant en quels goulFresamp; abyfmcs il a ellé englouty? le vous prie,quand il n’y auroit en toutecefte infeûiô de Mefleautre impiété que cefte-cy, n’cft-elle poît fut fifante pour nous la faire detefter à jamais? Et pource que les Lefteurs aduifent bien à cefteoraifon infernale, qui tft vue poifon mortelle,pour mener les ames à perdition éternelle. Enfomme,qui laconfide-rera de près , il troiiucra que celuy qui l'a faiéle,ne croyoit point que le corpsamp; fang de lefusChrift fuften lcurhoftic,ny en leur calice realement,corne depuis l’Antcchrift amp;nbsp;tous fcs adherans ont maintenu à feu amp;nbsp;à fang. Carc’eftoit vne chofe par trop ab-furdc,que de prier en cefte façon; fînon que Dieu l’auoit tellement aueuglé amp;mis en la polTcfsion de fatan , qu’il a peu defgorget desblafplicmes fi horiblcs , que c’eft pour rauiren eftonneraent ceux qui les entendent. Que fi le corps amp;nbsp;fang de lefusChrift eft là,comme ils afferment,amp;que celuy qui a faift cefte oraifon, ne l’ait point creu; il fenruit,felon la doft tine Papale,qu’ilcftoit heretique .Qifcft-ce que pourront répliquer icy tous ces bons fuppofts de Meffeï le fay qu’ils ne fauroyét qu’oppofer, finon leur impudence accouftuméc, amp;nbsp;faire bou clicr dciacouftume. Mais nous auôs la ref péfe en main,pour repoufTer tout ce qu’ils ofent mettre en auanc:c’eft qu’vn fcul mot

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US

ANATOMIE

de la parole de Dieu a plus d’autorité amp;nbsp;d® credit, que n’ont pas tous les hommes mot tels enfemble. T out ce qu’ils auront forge en leur cerneau,n’eft que vanité amp;nbsp;raenlon ge, voire quand il y auroit cent mille ans, qu’il feroit rcceu amp;nbsp;approuué du monde. Nous auons vne feule rciglc , à laquelle il nous faut arrefter, qui cftlafainûe parole de Dieu . Parquoy, que tous ces Doûeurs de Mefle ne nous ameinent point la couftu mc,qui a duré long temps, amp;nbsp;que celle o-raifon a elle envfage par plufieurs années. Car l’impieté amp;blafpncrae qu’elle contict, eft affez fuffifaute pour les confondre, SC renuerfer leur opinion maudite.

Lrf quatnemc Scclim.

ley laneupemefartieduCiaon e7tdecljtrée,ta-lt;Jit3lle e^t(ileMc d'imfietéexecrable . Item,la dixième, qui e^ fitte e^ ridicule, amp;nbsp;contient des ebofis contraires t'y ne à l’autre. Itea», tonKieme amp;derniereye^ aufsiexaminée.

A neuficme partie du Crf-»o»,eftvne priere aufsi mef chante, que ceUeque nous auons n’agueres expofée. Voicy comment ces malheureux parlent, Eftansa-

genouille2,nous te prions,Dieu tout-puif-fant,quc tu commandes que ces chofes- cy (c’en

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B B L A M B S S Slt; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ij9

( c’cft à dire gt;nbsp;ceftc hoftic, ou morceau de pain, amp;nbsp;ce qui cft dedans le calice ) foyent portées par les mains de ton fainét Ange, en ton haut autel,dcuant la face de ta diui-ne maiefté.afin que tous tac que nous fom-mcs , qui prendrons de la participation dc l’autel,le corps fainû amp;nbsp;facré, amp;nbsp;le fang dc ton Fils, loyons rcmplizdc toute benedi-ûion amp;nbsp;grace celefte,par iccluy Chrift no-ftre Seigneur. Eten difant ceftcoraifon,lc Preftre fait trois fois le ligne dc la croix, l’vnc fur fon hoftic,quand ifnSme le corps: amp;nbsp;l’autre fur le calice , quand il nomme le fang : il fait la troifieme , en fe fignant foy mefme. Cefte farce ne fe pourroit pas bien iouer fans tels badinages amp;nbsp;lingeries,corn menons auôs defiaveu pluficurs fois .Mais cofiderons vn peu cefte belle oraifô.Quad Mefsire lean commence à la dire , il s'en-cline quelque peu en bas : amp;nbsp;toutesfois il dit,qu’il prie à genoux.Or nous fauôs que il ne s’agenouille point,mais s’encline feulement,tout ainfi qu’il a dift en la première partie de ce Canon, qu’il s’agenouilloit, amp;nbsp;neantmoins il n’en a rien faift. Et pour quoy ccla’Pour monftrer qu’en toutes fortes il fe moque dcDieu.N e voit-on pas cela que ie dy bié aifementîC’eft corne quad on dit à vn petit enfât pour rappaifcr,’rié, tien:amp; puis on rit fans luy rien bailler.Ces vilains contempteurs dc Dieu, pour dôner à entédre qu’ils ne demadent finon qu’à fe moquer dc luy par tous moycs,y employée

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tous leurs agioz amp;nbsp;fanfares, comme vn cha cun le peut voir facilemét.Au reftc,ce Mai ftre Dofteur contemplatif Durandi, pour cxpofer ces paroles-cy,commande que ces chofes Ibycnt portées par les mains de ton fainft Ange en ton haut autel,amp;c.Philofo-phe de mefme : amp;nbsp;dit qu’elles font de telle profonditc,qu’à ggt;and peine l’entendcméc humain eft-ilfufrifant pour les pénétrer,amp; bien comprendre.Et les voulant deelairer, il allégué premièrement ce que dit Gregoi re au Decret De Confecratiane , Diftinûion fécondé,chapitre Qm'J fît fan^un. Ord’au-tat qu’il fembleq cela ne luy fatisfait pas, il amene trois autres expofitions. La première eft,que ce mot, H«,c’eltà dire,Ces chofes,fe peut entédre,non pas du corps Si du fang, mais des fupplications amp;nbsp;prieres des fideles,lefquelles prieres les Anges offrent à Dieu.Et puis il donne vnc autre ex pofition,qui ne luy fatisfait point aufsi.La troifieme qu’il ameine, eft ccfte-cy. Commande que ces chofcs,c’eft à dire,le corps myftique de lefus Chrift,lequel eft l’Eglifc militante de Dieu ,foit porté amp;nbsp;accompagné en ton hautautcl,c’eft àdire,en l’Egli fe triomphante ;amp; ce par les mains de ton fainft Ange, c’eft à dire, de Chrift, qui eft l’Ange du grand confcil, comme dit Efaie au neufieme chapitre. lien amene encore vne autre,que ie laiire,de peur que ie nefaf ehe les Lcdeurs,cn récitant telles beftifes:

Si

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DS LAMESSI. nbsp;nbsp;nbsp;141

amp; puis,file n’eft pas meilleure que les autres. Or nous voyons de cecy,comment les hommes, qui s'opiniaftrent à maintenir vnc mefehante caufe , par le iufte iuge-ment de Dieu font tellement abeftiz.qu’ils nefauent qu’ilsdifent:fontfi aucuglcz,que ils fc précipitent cux-mefmcs,amp; (ont contraints de dire des chofes fi lourdes amp;nbsp;fi vilaines , que les petiz enfans en auroyent honte. Ce venerable Durandi.eft l’vnde ceux que toutes les efcoles du Pape eftimét des plus habiles amp;nbsp;fubtils, amp;nbsp;qui a beaucoup mérité de la faculté Sorbonnale,félon leur iugement . Nous voyons toutesfois quelle eft fa doûrine.amp;cn quel labyrinthe il s’enucloppe, cuidanc monftrer qu’il eft ingénieux.On diroit qu'il s’cft voulu moquer du monde,quad il a mis en auant tou tes ces belles expofîtios.Càr toutes les glo fes qu’il fauroit inuenter ne font qu’autanc de badinages ,pour amufer les hommes. Qu^il ameine donctaned’expofitions qu’il voudra,pour esblouir les yeux,amp; pour faire accroire que vclTics font lanternes; fi eft ce qu’il ne fauroitiamais tant faire,q quad le Preftre dit,Ces chofes, il ne parle de fon hoftie, St de (on vinconfacrez ,qui (on tic corps St fang de lefus Chrift,felon leur fan tafie, tout ainfi qu’il en a parlé cy deffus en l’autre oraifon.N'cft-ce pas bien à propos, de dire qu’il parlcdes fupplications , prières,amp; du corps myftique de Chrift î Car on

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voit qu’en l’autre oraifon, il n’a fai ft raen» non ne de l’vn , ne de l’autre . Comment donques fe pourroit il faire , que cela fuft demonftré par ce mot, Ces chofcs,veu que il n’en a efté nullement parlé ? Et quand il requiert que Dieu commande,que ces cho fes foyéc portées par les mains de fon fain ft Ange,ilcftbien certain que par ce mot,Ces chofes, il demondre les mefmes dont il a parle : c’eft affauoir, celles qu’il a diftes en l’autre oraifon prochaine. Que fi cela s’en-tendoit d’autres chofes,il n’y auroit propos ne demy,comme il eft facile à voir.Dauan tage,fi ce maidre refucurdifoit vray, quad il imagine qu’il faut entendre ces paroles la des oraifons,amp; du corps mydique , elles ne feroyent pas tant profondes,ne tant ob-feures qu’il dit. Car, quelle difficulté y au-roit-il à les comprendre ? Qui ed ccluy,ic vous prie , qui ne les cntendid du premier coup, fans fe rompre beaucoup le ccrucau? Ce qui ed totalement contre luy,amp; contre ce qu’il a voulu faire accroire, il n’y a donc point de doute, qu’en difanc cede oraifon, le Predre ne parle de fon hodie, amp;nbsp;de fon vin qu’il a confacrez , ou pour mieux dire, qu’il a charmez amp;nbsp;enforcclez:lcfquels,felS leur opinion , font le vray corps amp;nbsp;le vray fang de lefus Chrid : amp;nbsp;qu’il ne prie, qu’ils foyent portez amp;nbsp;prefentez au haut autel de Dieu, c’ed à dire, au ciel, deuant la face de Dieu*

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DE I.A MESSE. 14$

Dieu. Quelblafpheæe eft-ce-laîQuele-fus Chrilt doiuc eftre porté par les mains des Anges ,amp; prclenté deuanc la face de Dieu l Icfus Chrift Sauueur de tout le mS-de.n’cft-il point maintenant de foy-mefmc amp;nbsp;de fa nature, prefent au ciel deuant la face duPerc , (ans qu’il ait befoing d’y eftre porté,ne prefenté par les Anges? £ t que de-uicndra ceft article de noftre foy, ou il eft diû, Que Icfus Chrift eft afsis à la dextre de Dieu le Pere ? Et ce que l’Apoftre cfcril en l’EpiftreauxHebrieux ,qu’ily eft afsis Hebao. perpctucUement?QiVeft-il deques befoing de le porter ou il eft?Ces vilai ns moqueurs de Dieu,n’ont point hôte de defgorger ces blafphemcs tât execrables:amp; pour les cou-urir ,ils difent, que les Anges le peuuent porter, en tant qu’il eft en leur pain amp;nbsp;vin, pourcequ’il eft aufsi en terre à cefte façon la.QuLvnchacun confiderc la vanité de ces mal-heureux, amp;nbsp;qu’elles font les chimeres Clt; môftres qu’ils prodinfent,pour maintenir leur opinio infernale.Car entât que le-fus Chrift eft en leur pain amp;vin àcaufe que il y eft,félon qu’ils imaginent, indiuifiblc-ment,ainfi qu’ils parlent : c’eft à dire, qu’il y eft teUement,qu’il n’en peut eftre feparé: il y eft en telle manière, qu’il ne peut eftre porté,comme lesDofteursmefmes de leur fy‘’^K°S^' maudite tiennent amp;nbsp;défendent. Dauantage, s’il deuoit eftre porté, en tant

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144 ANATOMIÏ

qu’il eft en leur morceau de pafte,amp; en leur vin, ne faudroit-il point que les A nges por talTent au ciel leur pain amp;leur vin’Car leur requefte ne tend-elle'pas à cefte fin-la? Et qui eft-cc qui iamais vid celaîou.qui cft-cc qui ouit one dire que telle chofe ait cftéfai Ûe,depuis que la Mefle eft Meire?ray dit cy deuus,q ccluy qui a entrelardé ces deux oraifons-cy,dédis le Canon, en parlant come il fait,monftre bié qu’il ne croy oit pas laprefcnce corporelle de Icfus Chrift au pain amp;nbsp;au vin , ainfi que i’ay dift en l’orai-fon precedente. Car s’il l’euft creu,il n’euft iamais aifi parlé,pourueu qu’il euft eu vnc feule goutte de (ens amp;nbsp;d’intelligence.Dont ilfcnluit neceffairement, qu’il eftoit hérétique , félon le jugement de tous les vénérables Doreurs de Meflè. Ettoutesfois ce gros veau de Durandi fe trouuant bien cm-peftré,d’autant qu’il voyoit bien que félon fon opinion, ces paroles-cy ne pouuoyent eftre véritables,il les magnifie comme cho fcsdiuinesSc admirables ,amp; les loue tant qu’il peut.Mais tels blafphemcs font bien dignes d’eftre exaltez par vntelyurongnc, que ccftuy-la;qui n’a point eu honte de lou cramp;defédretcls erreurs amp;impictezfima-nifeftes, amp;nbsp;les prifer , comme fi c’eftoyent chofes venantes du ciel, ainfi qu'il s’eft efforcé de faire en fon beau Rationnel,plcin de brutalité amp;nbsp;de beftife Sorbonnale.

La

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DS LAMESSE. 14^

La dixième partie du Canon,eft le Me- la lo.pM mtnto, auquel ils prient pour les trelpaflez: fgt;f^’^ Ca-amp; difentainfî.Q^il te lôuuiéne.au(si,Sei- ”’”' gneur, de tes feruiteurs amp;nbsp;feruantes, ( ley Mefsirelcan faitmemoire enparticulicr de quelque mort, félon fa fantaue, amp;nbsp;com-mebon liiy femble : foit de quelque fieu a-my ,oudequelcun qui luy afait dubien.) Et puis ils adiouftent, Lefquels nous ont précédé auec le ligne de la foy, amp;nbsp;dorment au fomne de paix. (Apres ces paroles-la, Mefsire lean s’arrefte tout court, amp;nbsp;commence à fonger creux fans dire mot,amp; ayant les mains iointes , fait fi bonne pippce, qu’on diroit tjuHl fait cela,pour amufer ceux qui font a l’entour de luy. Et puis,cô-mes’il venoitdc dormir,contiuue fon propos, difant,) Scigncur,nous te prions, que tu donnes à eux,amp; à tous ceux qui repofent en Ctirift,vn lieu de rafraichiiremét,de lumière amp;dc pai*,pariccluy Chrift noftre Sei gneur, Amen . Ne voila pas vnc requefte bien dreflee?Mais auant que nous pafsions outre,il nousfaut voirenbricf,cequece ve nerable Durandi a philofophé en expofant celle partie.Car ilrcncontre aufsibicn icy, qu’il fait par toutjclon qu’il eft fubtil,amp; in genieux en matiere de Meflè . il diétqu’ó croit,que le iour du Dimanche,àcaulé de la refurreélion du Seigneur, les ames ont re-pos.^Le bon Dofteur veut dire, comme ie penfe, qu’elles n’endurent point les peines

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14s nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A N A T o M l 1

«le Purgatoire ce iour-la,mais bien les autres iours feulement . N’eft-ce pas bien amp;nbsp;fubtilement conlîderé à noPere Maiftre , quand il a ciiidé que la raifon veut,que les ames de Purgatoire cliommcnt aufsi bien le iour des Pelles,comme les autres?Pour-quoy n’auroyent-elles autant de priuilege pour s’esbaftre , qu’ont les autres? Mais ie voudroye bien que ce Doûeur contemplatif nous did vn peu, pourquoy c’eft que elles ne fc repofent pas aufsi bien le Ven-dredy, auquel iour noftre Seigneur fouf-frit mort amp;nbsp;pafsion,pour nous deliurer des peines que nous auions méritées,ainfi que nous tefmoigne l’Eferiture en tant de paf-fages, amp;nbsp;principalement en Ifaie : ou il eft V*'5} efcrit,Qifila porté noz douleurs:amp;que le Seigneur a misfurluy l’iniquité de nous tous: amp;nbsp;comment i 1 a efté batu pour les péchez amp;nbsp;forfaits defon peuple: amp;nbsp;pluficurs autres chofes femblables, q* font là efcri-tes.Sainél Paul ne veut point qu’en l’Egli-fe de Icfus Chrift, durant celle vie, il y ait GJI4.4. aucune différence de iours:amp; reprenoit les Galates,qui obferuoyent les iours'. Et aux Cttloff i- Colofsiens,il dit,Qi^ nul ne vous iugeau mangcr,ou au boire,ou en partie d’vn iour de Pelle, ou de UnouueHç Lune,ou des Sabbaths, amp;c. Et ce maiftre veau voudra faire accroire, qu’en l’autre vie il y a difference de iours. Cell ainfi qu’il expofe celle partie du Cauon, qui eft le Mewato , Or

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DE LA MESSE. 147 biflans là tout ce qu’il en barbouille, voyons quelle eft cefte belle oraifon. Qui eft ce qui iamais ouit vne chofe plus forte, plus ridicule , ne plus lourdement faifte? Ne voit-on pas la contradiftion manife-fte qu’elle conticntîLc Preftrc confelTeprc mierement, que les trcfpalTcz, dcfquels il fait la mémoire , dorment au fomne de paix,amp; qu’ilsferepofent enChrift;amp; neât-moins puis apres,il prie,que Dieu leur done vn lieu de rafraichiffement, de lumière amp;nbsp;de paix.Quelle beftife eft-ce-la,ic vous pric?Si les mortsdormét au fomne de paix, amp;nbsp;s’ilsfe repofent en Chrift, n’ont-ils poït vn lieu de paix? N’eft-ce pas tout vn.Dor-mir en paix,amp; Auoir vn lieu de paix?Repo fer en Chrift,amp; Auoir vri lieu de rafraichif fcmentîQuel befoingdôques eft-il,de demander que ceux qui dorméten paix, ayet vnlieu depaixX Que fi les âmes font tor-mentées en Purgatoire, les morts ne font ils pas en tormens ? Comment fe peuuent ilsrepofcr? Les Aduocats du C4»0M,pofsi-ble , refpondront, quand il eft dift que les morts dorment, que cela fe doit entendre du corps, amp;nbsp;non pas de l’ame . Pofons le cas qu'ilfoit ainfi,d’autant q l’ame ne dort point,mais feulement le corps ; n’cft-il pas ditaufsibié,qu’ils ont paix amp;nbsp;repos?Ccqui ne peut eftre entendu raifonnableméi,finQ de la partie, laquelle peut eftre tormentée.

K. Ü.

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14* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A N A T O M I B

E t quel repos fera- ce, de dire qu’on repofe de la partie,qui ne peutrien fentir fans l’aine, amp;nbsp;qu’on foit tormenté en la partie qui fent,amp; vit vrayemcnt? V n chacun fait,quad ils font leurs feruices pour les trefpaffez,amp; qu’ils chantent,KequisfiMt lu face,c’eûa di re, Qif ils repofent en paix,qu’ils entendet cela des âmes, amp;nbsp;non pas du corps:veu qu’il ne faut point prier,que les corps des trefpaf fez repofent,d’autât qu’il eft neceflairc que ils repofent. Mais l’ame,feiôcux-niefmes, peut eftre tormentée amp;nbsp;fouffrir en Purgatoire . Et pourtant ils prient,qu’ils fe repo-fcnt,quant à l ame.Orfainû leanefcriten ^ftea.ïji fon Apocalipfc.Quebien-heurcuxfontle» morts, qui d’orefenauant meurent au Sei-fneur : Ouy,dit l’Efprit,qu’ils fe repofent e leurs labeurs. Qui eft- ce qui dira,qu’il parle du repos du corps des trefpaflèz,amp; nô pas des ames?S’il parle du^ppos des corps, quelle plus grande prerogatiuc auront les corps des iuftes iufques auiourdu iuge-mcnt,que ceux des infidèles amp;nbsp;reprouuezî On fait que les corps des vns amp;nbsp;des autres fe repofent également, amp;nbsp;qu’il n’y a nulle differéce,quant à cepoinft-la:amp;toutesfois S .lean met differéceentre eux,difant,Quç les morts auSeigneur,c’cft à,lire,lesiuftes, font bien-heureux.Et pourquoy bien-heU reui ?Car d’orefenauant ils ferepofent de leurs labeurs, amp;nbsp;font en paix amp;nbsp;tranquillité.Nedonnc-il pas bien à entendre par ce-

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DE LA MISSE nbsp;nbsp;nbsp;149

I a,que les autres ne fc repofent pas de leurs peines amp;nbsp;fafcheries: mais pluftoft.qu’ils en endurent beaucoup dauantage,qu’ils ne firent iamais,àcaufe qu’ils font en peines per petueUesîQiynd donques il eft parlé du rc pos des iuftcs,cela s’entend du repos de l’âme,amp;nonpas du corps. Qui eft du cout cô tre ce qu’alléguée ces bôsD odeurs de Mcf fc.Qui eft celuy maintenant,qui ne voye la contradidion fi vilaine, qui eft en celteo-raifon,laquellc maintiét en vue partie,que les iuftes dorment en paix,amp;qu’ils ferepô fent en Chrift : amp;nbsp;en l’autre, elle demande, que Dieu leur donne vn lieu de paix amp;nbsp;de refraichiffementîComme s’il y auoit repos ou félicité ailleurs qu’en lefus Chrift:com-Oie fi hors de lefus Chrift il y auoit paix,ou vnc feule goutte de bien amp;nbsp;tranquillité . Voila l’impiété qui eft cachée fous cefte maudite amp;nbsp;abominable prière , qu’ils font pour les morts.le ne parle point encore icy de l’execrable impiété,q c’eft de prier pour les trcfpalTez.Car cela fera traité enfô lieu. Venons à l’onzième amp;nbsp;derniere partie de ce Canon infernal.

Voicy ce qu’elle contient, Sembla - ^ ”• blemët à nous pêcheurs. Ces feruiteurs,qui quot;' “ “quot; efperons en la multitude de tes miferatiôs, daigne-nous donner quelque part amp;nbsp;compagnie auec tes fainds Apoftres amp;nbsp;Mar-tyrs,auec Iean,Eftienne,Matthias, Barna-bé, Ignace, Alexâdrc, Marcellin, Pierre, Fe-

K. üi.

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I^U ANATOMIl

licite,Perpétué,Agathe, Luce, Agnes,Ce-cile,Anaftafe,amp; auec tous les Saints:en la compagnie defquels nous te prions que tu nous reçoiues, no point eftimatcur de me-rite,mais donneur de pardon,Par Chrift no lire Seigneur, Amé.T out cela fe dit à voix vn peu haute, afin qu’elles foyét ouyes auf fi quelque peu. Et Mefsire lean Frappe con tre fon ellomach,reprefentant,fe dit noftre MaiftrcDurandart,la contrition amp;nbsp;repentance du larron,qui reprenoit l'autre.Et ne refpond-on point Amen, tat à caufe que les Anges,qui fontlà toufiours prefens,refpó-dent,que pour plufieurs autres raifons,auf fi bonnes corne cefte-la, lefquelles ce mai-lire Sorbônille allégué.Mais voyôs vn peu ic vous prie,quclles font ces belles raifons, amp;nbsp;combien elles font pleines de vanités: de beftife fi lourde, que c’eft pitié. Car fi pourl’afsiftcnce des Anges, on ne refpond point Ame»,ilfenfuitque iamaisonne le deuroit refpondre en toute la Mefle, d’autant que les Anges y font toufiours afsiftSs, Iclô la folle fantafie de ces maiflres veaux. Quand il n’y auroit que ce feul cndroit-cy, il eft plus que fulfifant, pour cognoiftre quels font les fondemés fur Icfquels la Mcf fe eft appuyée S: baftie . Ce Doéletir contemplatif Durandi, remonftre aufsi pour-quoy c’eftqu’Efticnne eftmis icy accompagné de lean , de Matthias, amp;nbsp;de Barna-bé. E epuis, pourquoy il eft faid mention

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DÏIA MESSI. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;151

de Iean,5: non pas des autres Apoftres.Or rnaintenât,puis qu’il n’y a nulle doute,que ce Canon n’ait eftéfait, amp;nbsp;fourré dedans la Meflcpourfcmblablcs raifons qu’ameinc ce Doâeur Durandi.l’vn des plus vaillans champions amp;nbsp;fuppofts de la theologie Pa-piftique amp;nbsp;Sorbonnalc, amp;nbsp;non point pour autres caufes : qu’ils fc vantent d'orelena-uant,que c’eft la principale partie,amp;la plus belle de toute la MeflclN’auôs-nous point monftré maiiifeftement,amp; prouué par vi-ues raifons, qu’il eft tout farcy de fuperfti-tions abominables,d’impietez exécrables, amp;nbsp;plein d’outrages enormes contre Dieu, amp;nbsp;lamaiefté denoftre Seigneur lcfus?S’ils veulent dóe que leur putain detcftable foit mieux fardée , amp;nbsp;plus attrayante qu’elle ne dt, qu’ils luy arrachent hors du ventre ce-fte puantife amp;nbsp;ordure de Canon,qui eft pour infeder amp;nbsp;le ciel amp;nbsp;la terre. Si quclcun leur demandoit,pourquoy ils font iCy mention d’Ignace, d’Alexandre, de Marcellin , de Pierre, qui fut vn autre que Pierre l’Apo-ftre, amp;nbsp;de ces bonnes Dames, qu’ils nomment,amp; de ces M artyrs aufsi, pluftoft que des autres Sainfts amp;nbsp;Sainftes: à voftre ad-uis, que pourroyentrcfpondre les plus habiles d’entre eux: veu principalemét qu’il y en a tât d’autres,qu’ils ont aufsi bié faits amp;nbsp;forgez,corne ils ont la pl’part de ceux qu’ils nômct’Qu^cft-ce q les autres leur ont fait» K. iiii.

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Ifl nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIE

Pourquoy n’ont-ils pas au fs i bien merité d’eftre mis en reng,quc les autres ? Que ne ont mis S.Gautier,S.Guillaume, S.Gode-, grain, fainfte Brigide, fainfte Typhoine» q eftoit la mere du Roy-boit,amp; vn tas d’au tresSainfts Canonisez parlesPapesîIe vou droyebiê que ce gros maftin amp;nbsp;clabaut de Picard, qui fait de fi beaux cotes des Luthe riens entons fcs Sermós,pour mieux amadouer ces pourcs badaux, fe meflaft de dS-ner la raifon de ce grand myftere-cy, puis quelbn grandpercDurandin’y a feu mordre- Mais iecroy qu’il n’en diroitpasdaua tage que luy. Autrement, il feroit plus que ne fitonques Maiftre Gounin,de donner raifon ou il n’y en a poit.Or il ne nous faut pas efmerueiller,fi tels Dodeurs ne penuct rendre raifon de leur impieté fi dcteflablc, amp;nbsp;qui n’a ne fin, ne mefure, puis qu’ils ont. rcno'ncé le Dieu viuât,amp; mis fous les pieds fa fainéte parole.O n dit pour certain, qu’il y a eu quelques Caphards de Cordeliers, qui ont prié amp;nbsp;foUicité grandementles Pa pcs,pour faire mettreleur S.François en cc Canon: mais ils n’ót iamais peu obtenir cela d’eux , à caufe qu’ils craignoyent, pofsi-ble,quc les Moines de S.Benoift,les laco-pins, les Auguftins, amp;nbsp;les autres fedes de Moines amp;nbsp;Moineffes , ne vinfent à s’ef-earmouclicr, amp;nbsp;fupplier pareillement, que leurs bcnoifts Sainfts amp;nbsp;Saintes y fuflènt mis amp;nbsp;couchez, aufsi bien que les autres: corn-

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BELAMIJSI. nbsp;nbsp;nbsp;IT)

commepour exemple,S.Pierre le Martyr, fainfte Catherine de Sienne,laquelle a efté concurrente à S ,F rançois, quant aux marques, ou flaidrillèures, qu’ils difent qu’il a receugt; Oubien, ficeux-cy nepouuoyenty auoirplace.pour le moins les chefs amp;nbsp;principaux de leurs ordres y fuflent receuz. Ne cft-ce point ainfî qu’il faut par le iuftc iu-gement deDicu,que ces mal- heureux foyce abrutiz en leurs impictez? l’ay bien voulu toucher cecy comme en paflant.afin qu’on voye les fuperftitiós amp;nbsp;impictez de ces en-nemiz de Dieu,amp; qu’vn chacun s’en donne de garde,apresauoirefté aduerty de ce qui eneft.

Il fenfuit puis après en cefte onzième partie mefme , Par lequel,c’eft à dire, Par Chrift,tucrécs,Seigneur,toutes ces chofes touGours bonnes,tu les fanftiGes,viuiGes, bénis,amp;nous les donnes amp;nbsp;cflargis.(Eticy Mefsire lean, difant ces paroles, fait trois fois le Ggnc de la croix fur fon dieu, amp;nbsp;fur fon calice tout enfemblc . Et puis ayant defeouuert le calice , il prend fon dieu tout doucement entre fes deux doigts, qui ont efté graillez parl'Eucfquc qui rafaift Pre-ftre.ife adiouftc,) Par iceluy,amp; auec iceluy, amp;nbsp;en iceluy. (Et prononçât ces trois beaux fictiz mots, il fait quant amp;nbsp;quant trois fois e Ggnedclacroix fur le calice,amp; deux autres fois entre luy amp;nbsp;le calice: amp;nbsp;fait cela de fi bonne grace , qu’on dicoit qu'il ioue de

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paflc-piflè.ou des gobelets: ) amp;nbsp;puis il dir, A toy,Dieu,Pcre tout-puiffant, en l’vniié du fainft Efprit,eft tout honneur amp;nbsp;gloire. Tellement qu’en difant fi peu de paroles,il fait, enfome, huit fois le ligne de la croix. Onques finge , ne marmot, ne fit tant de foupplcs fauts,cn fi petite efpace de temps. Ceux qui ont cfté à la Meflè,fanent bien fl ce que iedyeft veritable: 8tlc MelTclaufsi en rend telmoignage. Qui ne péferoit que le Preftre veut faire rire la cópagnie,quand ildemeine ainfifon dieu , amp;nbsp;le fait fauter haut amp;nbsp;bas ? Il femble qu’il ait entreprins de contrefaire vn icunc chat,qui tier quelque fouris entre fes pattes, de laquelle il fe ioue quelque temps, amp;nbsp;puis après il la mâ-ge:ainfifait Mcfsire leandefon dieu. Car tantoft apres, il le met enpicces , depuis il l’auaUe,corne nous dirons.Or ce reuerend Perc Durandi s’efforce tant qu’il peut, de rendreraifon de toutes ces chofes,amp; le fait à fa façon accoufturaéc,amp; comme il en a faift par tout. Mais quelles font toutes les raifons qu’il allégué, tant de ces mots,quc des badinages amp;nbsp;lingeries qui fe fonticy? Elles font vaines,friuoles,ridiculcs amp;nbsp;mcf chantes du tout. Car il abufeimpudément deplufieurs paflages de l’Efcriture faifee, pour les faire fcruir à fon impiété execrable . Ce n’euft iamais efté fai ft, fi i’culTc voulu reciter feulement vne partie des rai-fons

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SI I. A

Kl 1 S S X. 15$ fonsfolles,ou pluftoft,des beftifes que ceft afoe met en fon Rationnel,qui cft plein de brutalité , ainfi qu’on peut aifément voir en le lifant. Que fi ceux qui ont compofé le CtMott, Ç ie dy ceux,d’autantqu’il n’a pas efté faift du premier coup, mais a cfté rap-petafle par plufieurs, ) ont efté induits par les raifons,que ce gros veau met en auant, comme de-faift il eft bien certain, qu’ils n’en ont point eu d’autres meilleures: les fuppofts delà Meffe nefe pcuuent-ilspas bien hardiment vanter,que ce Cdnooeft la plus excellente piece de leur Meffe? S ion efpluche tout ce que gazouille ce venerable Durandi,il n’y a point de doute, qu’on trouuera qu’il n’y a nul fondement, ne mef me apparence aucune, qu’elle euft peu ia-mais fubfifter vnc feule minute de temps, files hommes n’euflènt eu les yeuxben-dez,voire du tout creuez par le iufte iuge-ment de Dieu;qui les a abandon nez,amp; mis enfens reprouué, d’autant qu’ils l’auoyenc delaiffé , amp;nbsp;reietté fa fainfte parole, amp;nbsp;fa pure vérité , pour adherer aux menfonges amp;nbsp;tromperies de fatan, qui eft le pere de toute fallace amp;nbsp;menterie . Quanta tous ces lignes de croix, qui ont tant de lignifications , comme ce Durandi maintient fort amp;nbsp;ferme,il faut bien dire,que ceux qui les ont difpofez amp;nbsp;ordonnez en ce Canon, auoyent grade autorité,puiflance amp;nbsp;vertu:

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I^f nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIE

veu principalement qu’il s’en fait tanten cefte MelTe.quitoutesfois n’ontpoittouf-iours les mcfmes fignifications:mais main tenant vne,amp; maintenant l'autre, félon la diuerfité des lieux ou ils fefont. Par cela nous voyons comment ces mal-heureux fc font moquez de Dicu,amp; fe moquent encores auiourdhuy en tous leurs badinages ,cô me nous verrons plus à plein cy après.

Mais auant que ie paffe plus outre,il m’a femblé bon d'aduertir aufsi les Lenteurs , qu’il y a certains loppins de ce Clt;»-»0», qu’on atrouué dedans quelques vieux Meflels, amp;nbsp;qu’on ne trouuc point dedans ceux qui font imprimez. Entre autres, il y en a vn, dedans lequel tout le Canon eft ef-crit en lettres d’or:ou,apres qu’ils ont dift en la troifieme partic,quife commence,En communiant ,amp;c.iufcjues à,DeCofmc8c Damian,il y a adioufte,E t de Denis,Boni-face, Martin,Gregoire, Auguftin, Hterof-mc,Benoift,amp;deces Saints aufsi,defquels la folênité eft auiourdhuycclebréedeuant la face de ta maiefté,Seigneur noftreDicu, par t0utc la terre, amp;nbsp;de tous, amp;c. iniques à ce mot. Et de tous tes Sards .Et puis en celle partie,ou ils difent à la fin du P4rer,No* te prions, Seigneur, que tu nous deliures* amp;c.iufques à André ,ces mots-cy font entrelardez incontinent après. Et aufsi de Boniface ton benoift Martyr amp;nbsp;Pape , amp;nbsp;de tous,amp;c.Dauantage,il y a dedans ce Canon d’or.

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BI LA MISSI. 157

lt;l’or,vne oraifon toute entière,qui n’eft pas dedans les Meffcls : amp;nbsp;commence ainfi, le le prie,Seigneur,que tu ayes fouuenice amp;nbsp;pitié de moy ; combien, Pere fainû. Dieu lout-puiffant, éternel, que cesfactifices te foy et offerts indignement par mes mains, qui ne fuis pas digne d’inuoquer ton nom; neantmoins d’autant qu’ils font offerts en rhôneur,lçuâge amp;nbsp;mémoire de ton trcfglo rieuxaimé Fils,noftre Seigneur Dieu, le-fus Chrift,qu'ils foyent allumez corne en-cens douant ta maiefté diuine , par iceluy lefus Clirift noftre Seigneur.Or cefte orai fon-cy eft mife apres ce mot,Quo no* foy-ons rempliz de toute benediftion celcfte, amp;nbsp;degrace:dcuant leur fécond MemenfOjOU ils difent,Aye aufsi fouuenancc,Soigneur, amp;c.Au rofte.outrequece Mofîtl-laeft au-thétique, le commencement mefme de ce M«Mgt;e»to,monftre bien qu’il y a eu quelque autre Memen/o, lequel a precede ceftuy-cy, qu’on trouue en tous Mefl’els, amp;nbsp;vne autre oraifonfemblable . .Garce mot,Etilt;o», ou Aufsi,en telle fignification,con)oint ordinairement chofes qui font femblables , Et dc-faift,ily abien apparence, que Mefsire lean ne s’oublie pas tant,qu’il ne prie pour faperfóne.Et qui plus tft,ce venerable Du-râdi recite, que iadis cefte priere cftoit de-dansquelques vieux Meflèls: mais que de fon temps elle ne fe trouuoit point en ceux qui eftoyenten vfage.Parquoy nous voyos

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15* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIE

comment ce Clt;i»o» tant facré,cft rompu Si defehiré par pieces, amp;nbsp;qu’il y a plufieurs morceaux, lefquels y defaillêt-Dont il fen-fuit , que ce n’eft pas fi grand chofe, qu’ils voudroyent bié faire accroire.Car s’ils l’e-ftimoyét fi précieux,que ne Vont-ils gardé en fon entier, fans le laiflerainfi vilainement defmembrer ? Sic’eft la principale partie de toute leur Mefle, comment ont ils efté fi lafehes , de ne la contregarder mieux qu’ils n’ont faiftïMais par cela voit on,que ce n’eft point vue chofe fi excellente, quand ils ne l’ont point gardée en fon entier, veu principalement que c’eft de là que l’eau vient à leur moulin. Qif ils s’allient maintenant vanter de leur Cano» tant facré,duquel ils n’ont que des morceaux amp;nbsp;pieces mal coufuesenfcmble,comme nous auoos défiamonftré.Venons au refte.

LA TROISIE-

ME PARTIE DE CE-

ST E ANATOMIE, lA QJf E I. LK commence depuis la fin du €««gt;»,amp; pourfuit iufques à la fin de la Meffe, SC cftdiuifée en quatre Serions.

quot;La première Se^ion.

laquelle tîl mensiré,que dire des oraifens en fe» cret,

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B * l A M B S S M. 15, tTtt^t^youloireju'iin y nfponje Ameh, fans lisamir entendues,neme/mes ouyes, comme il fe fait alaM effe.c’efi yne chofe lourde, fitte, fans raifon, ^ contre ce lt;]ue dit faincl Paul. QueVoraifonqui fe ditafresie Pater,nesl que yne pure be^ife. Pt que faire trois parties de leur dieu, f^ enmefer irnedes trots auec le yin,escyne chofe par trop abjurde.

E C4n»»paraclicuc, Mef-firc lean dit à haute voix, qu’vnchacun l’entend, Per omniafeculafeculorum:c'c(b à. dire , Par tous les fieele» des ficelés. Et on luy ref-pond , Ame»: ceft à dire,

Ainfi foit-il. Or il conioint ces quatre mots-cy auec les precedens, qui font en la fin du Clt;i»o»,c’eft aflauoir, Par iceluy,auec iceluy, amp;nbsp;en iceluy tout honneur amp;nbsp;gloire eft à toy,Dieu,Pere tout-puiflant,en l’vni-tc du fainft Efprit. Puis ce Per omnia fuit, auquel on rtfpond, Awe». Mais ie demande à ceux qui ont ordonné , ou bien, qui veulent que ce maifire Ver omnia ,foitdit à haute voix, amp;nbsp;qu’on y refponde , Amen, Sc qui veulent que tout ce qui va deuant cela , foit dift fi bas que nul ne l'entende, finonceluyqui le marmonne tout feul entre fes dcos : ieleur demande, dy-ic,à quel propos ils veulent , que tout le peuple , qui eft là prefent, ou bien, le Clerc au nom

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Ifo ANATOMIS

de tous rePponde,Awe»,s'il n’a rien ouy,ny entendu de tout ce qu’a barbotté le Preftre en cefte oraifon .qui va deuant ce Ter omni^ feculafeculontmtCotameaz pourra refpondre Amcn.celuy qui n’a rien entendu,ny ouy de touteequiaefté diû ? Carqu’eft-ce autre ehofe à dire,Amen,(înonAinu, foit-il?Eccô ment peut-on refpondre,Ainfifoit il,c’cft à dire, félon qu’il a efté dift amp;nbsp;demandé, fi premièrement on n’a bien entendu, ce qui a efté dift amp;nbsp;requis par le Preftre ? Vn perroquet n’en fcroit-il pas bien autant, ou quelque pie en cage ? Quand il n’y auroit que ce mal-la,cncorene ferait-cc que trop, mais ily a beaucoup pis.Car n’auons-nous pas defia môftré, que tout cela que ce malheureux facrilegc de Preftre a defgorge, font autant de blafphemes pleins d’impiété,contre lamaiefté facrée du Dieu viiiantî amp;nbsp;autant d’outrages qu’il a faift à noftre Seigneur lefusî Defqucls to’ ceux qui font là prefens,font coulpables,cóme nous verrons plus amplement cy apres ,amp; qu’eut mefmes Icmonftrcntaulsi parla refponfe qu’ils font : d’autant qu’ils ne peuuent ref-pondreA?ne»,qu’ils n’approuuent quant S quâttoutcequ’àfait8c dit Mefsire lean, amp;nbsp;qu’ils n’y confentent enticrement,c’eft à dire,qu’ils ne defpitent amp;blafphemét Dieu vilainement. Mais n’eftee point vne chofe par trop exorbitante,que le peuple rcfpon-de Amen,8c qu’il conferme vne chofe, dont

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DE LA MISSI. iSl

îl eft du tout ignorant ? Saiuft Paul dit ex-preffemét,qu’on ne peut refpondre, Amen, igt;C»i’. 14» fi lachofe n’eft bien entédue premiereniét à laquelle on doit refpondre Âwf». Etces maintes ruftres-cy,quoy?Ilsfe moquée,no feulementdu peuple abruty,amp; bien digne d’auoir telsDodcurs.puis qu’il n’a tenu cô te de la dourine de falut:mais ils defpitent Dieu ouuertement,amp;combattent à l’encô tre de fa fain été parole,publiée par la bouche defon feruiteur . Et ne font point cecy pour vnc fois feulement : mais en deux autres lieux ils font le femblable : c’eft affa-uoir,apres les Secrettcs,qu’ils difent deuât leur Preface, qu’ils appelent, amp;nbsp;dont nous auons parlé cy dcflus,d’autât qu’ils les bar-bottent tout bas, amp;nbsp;pour cela aufsi ils les nomment Secretes. Et incontinent que le Preftre les a paracheuées , il dit fon grand fer omniafeculaj'eculorum.!ice\uy qui n’a rien ouy, ny entendu de tout ce qui a efté dift, relpond à l’eftourdie,A(»e/». Le femblable aulsi fe fait en leur oraifon, qu’ils difent a-pres le Ptfter, laquelle ils marmonnent tout bas entre leurs dens:amp; puis,quand ils l’ont paracheuée,ils difent encores à haute voix, Per omnit fecula feculorum : amp;ceux qui n’ont rien ouy de tout ccla,refpondent à tors amp;nbsp;à trauers. Amen .N’eft-ce pas bien rencontré? Le poure mode n’eft-il pas plus qu’abefty, voire du tout-enforcelé,quand il eft fi hebe té,de confentir amp;nbsp;approuuer ainfi à l’aucn-

L.

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Itfl nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;AN ATOMIÏ

ture vne ctofc , dont il n’a nulle cognoif-fance? Ne faut-il pas bien dire que fatan a bédé les yeux, ou pluftoft creué, à ceux qui n’apperçoiuent point vn tel abus amp;nbsp;fi cnor mequeccftiiy-cy ? Ne voit-on pasaifémét par cela,que les bornes nefcfoucient gue-res de ce qui eft de leur falut? Qin eft celuy qui ianiais ait confenty.ou approiiHéchofc que ce foit, fans falloir premièrement que 1 c’efi? Etneantmoins icytous rcfpondenc I A»gt;ï»,fans fauoiràquelles enfeignes. C’eft j ainfi que le diable fût bien tromper ceux 1 qui n’ont pas grandfoing de feruir à Dieu, 1 amp;nbsp;qui font beaucoup plus diligens à faire leur cas,que de s’enquérir de fon vray ferui ce. Mais il a fallu que telles beftifes avenc régné aumonde,àcaufe des pechez infiniz des hommcs,quife font desbordez en tou te iniquité. Que fi le Prcllrequiditces o- I raifons en fccret, lequel poffible fait que ce eft qu'il a prononcé,voire s'il entend le ger gon,refpondoit luy feul Ame«,il n'y auroit pas vne telle énormité, comme quand il le , faitrefpondre àceuxqui ne fauét que c’eft qu’il a dit. Combien que le plus fouuent Mefsire lean mefme n’eftqu’vn grosafnc, qui ne fait ce qu’il a dift,pource qu’il eft du tout ignorant de la langue Latinexomme font cous ces Preftres crottez,curez de villages , amp;nbsp;la plus part de ces Moines amp;nbsp;Capbards ; brief, tous ces gros fallourdiers,

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DE lA MESSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I^j

qui fans difficulté refpondent Amena toutes heurtes. Etdc-faiâ.Ia Meffen’eft-ellc pas bié digne d’auoir de celles beftes chauffées pour fes cfclaues,quc font tous ces af-nicrs que i’ay nômez,c’eft à dire,fi ignoras amp;abrutiz en tout amp;par tout,qu’ils ne fauét amp;nbsp;n’entendent rien en ce qu’ils font ?N 'cft ce pas de tels afnes qu’il faut que la Meffe foit honnorée amp;nbsp;feruieîamp;quelle foit maintenue par ces pures beftes,amp;Prcftrcs igno-rans ? Maisvoyôs ce qui fenfuit apres ceft Ame». Le Preftre dit tout haut, Prios,Eftäs aduertiz par coramandemens falutaires,amp; enfeignez par l’inftitution diuine,nous pre nons hardieflè de dire Pater no^ter , e^c . Or ce maiftre rauaudcur deDurandi,com-mcila philofophéfus tout ce qui eft en la Meffe, n’a pas oublié de barbouiller cefte priere, laquelle de foy eft fain de amp;nbsp;fingu-licre,d’autât qu’elle a efté faifte par noftre Seigneur Iefus,amp; laquelle tous Chreftiens doiuent bien fauoir,pour en vfer quand ils veulent prier Dieu:mais ce vilain pourceMi n’a pas fait difficulté d’y mettre fon groin puant pour la fouiller amp;nbsp;perueriir.Or il di-uife cefte priere en fept demandes, ou rc-qucftcs,lefquelles figuifient, comme il dit, les fept paroles que dit Icfus Chriftenla croix ; ou les fept que la vierge Marie a diéles de luy.Et puis il les accommode aux fept vertuz, aux fept dons du S .Efprit, aux fept beatitudes, amp;nbsp;contre les fepe peehez

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1^4 nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIS

mortels contnires aux fept vertuz . Mais c’cft merucillesque ce Dofteur fubciln'a point mis les fept pianettes, les fept cftoil-les, les fept efprits, qui fouten l’Âpocaly-pfe.les fept heuresCanonialcs, les fept iours de laSepmiine,amp; tant d'autres fcptenai-res : amp;nbsp;fur tout, de ce qu’il a oublié les fept ioyesnoftrc Dame,qu’ils appelent. quot;Voila comment ce maiftre Arithméticien en cote. M ais ou*a il pefché , que Icfus Chrift a ordonné,qu’il y tuft fept requeftes en cefte oraifon, pour fignifiertant de nombres de fept ? Nous fanons qu’elle ne contient que fix petitions. Car l’Euangelifte parlant en cefte forme,Ne nous indiiy point en tentation, mais dcliure-nous du maling : lie ces deux membres enfemble,pour en faire vue feule petition. Comme s’il difoit. Ne permets point que nous foyons veincuz de tc-tation, mais pluftoft , donne fecours à no-ftrefragilité, amp;nbsp;deliure-nous, de peur que Aw^w E»- nous ne fuccombions. Et de-faift, les an-/«««»ƒ ciensDoéleurs accordent àcefteexpofitio. r.ii6 Chn Dont il eft facile à iuger,que cequicft ad-/eHom.au- iouftéen fainft Matthieu,amp; queceftuy-cy tarafitr im amp;fes fcmblables ont prins pour vne feptie-fir/eéli. me petition , n’cftqu’vne explication de la fixicmc,amp; fe doit rapporter là.Et pourtant ç’a efté vne fottife trop lourde à ce maiftre reuerend,d’auoir ainfi diuifé cefte oraifon en feptarticles.amp; vnebeftife plusque brutale, quand il a inuenté tant de nombres

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BS lA MESS S. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;!lt;■$

de Pept: comme fi lefus Chrift euft jamais fongé à tels badinages, quand il enfeigna cefte façon de prier à fes difciplcs. Et tou-tesfoisce Rationnel de Durandi contient cela.Ne font-ce pas de belles raiPonsî Qui ouytonques parler de cliofc plus dcfraifon nable,plus inepte,amp;pl’abPurde qu’eft cefte laiOr ce liure- la eft farcy de telles beftifes, amp;nbsp;inuentions pleines d’impietez, pour ap-prouuer tout ce qui eft dift ft faift en la Mefle. Et par cela il eft bien aifé à voir, que ce n’eft autre choie de laMelTe.finô va nieflinge amp;nbsp;rauauderie d’opinions amp;nbsp;relue ries humaines , fnperftiticufes , amp;nbsp;du tout mefchantcs. S’il y aquelcunqui aitenuic de perdre le temps, corne font ceuxqui vôt à la Meire,qu’illifece Ratiônel,pour voir vnpcu les fpeculations amp;fubtilitez dcDu-randi:il trouuera là dedans comme vne ga renne de toutes impietez amp;nbsp;erreurs abomi nables.

Apresque MePsire lean a barboté le Pater »oÿfer,il dit cefte oraifon, qui fe commence ainfi,Ame» nous te priôs,Seigneur, que tu nous dcliures de tous maux paflcz, prefens amp;nbsp;à venir:amp; par l’interccfsion de la benoifte amp;nbsp;glorieufe , amp;nbsp;toufiours vierge, Marie mere de Dieu, amp;nbsp;de tes benoifts À-poftres,Pierre,Paul,amp; André,amp; de tous les Sainfts,donne-nous,cftantpropice,la paix en noziours,afin qu’aidez parle fecours de tamifericordc, nous foyons toufiours de-L. üi.

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1(6 nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIE

liurez amp;nbsp;de pêché, amp;nbsp;aflèurez de tout trouble,par le mefme lefus Chrift tóFils noftre Seigneur, q vit amp;nbsp;regne auectoy,Dieu,en I’vnicc du S.Efprit. Etditcefteoraifö tout bas,amp;fecrctcmét.Ordeuinezpourquoy,ie vo’ pric.LcRationnel de Duradi anerme, q cefte lingerie de filéce fignifie Ic tour du Sabbath, auquel le corps du Seigneur fe re pofa dedans le fepulchre, pource qu’alors nul nc prefcha la toy. E t vn peu auparauant au tilte du Pater iKÜer,Sc de l’expofition d’i celuy,il allégué vne autre raifon aufsi bonne que cefte-cy: airauoir,quc cefte oraifon fe dit ainfl bas ,amp; aueques ulence, en fignc q Chrift s’eft teu quelquefois en prefchant. Ne voila pas vne raifô plus q vainc amp;nbsp;friuo le? Et pourquoy cela ne peut-il fignifier auf fi bic quad ilfe teut fous Caiphc, Herodes amp;nbsp;Pilate,côme quand il prefchoit?Mais au contraire, pourquoy ne le dit-il tout haut, pour denoter que lefus Chrifta quelquefois parlé haut amp;nbsp;clair, corne quand il cria en la croix,He/i, HeUi Et mefmeenfa predication,quand il crioit, Siquelcun afoif, qu’il vienne à moy, amp;nbsp;qu’il boitte ? Voila quelle cftlavanitédeccDofteurde Melle amp;nbsp;de tous fes fcmblables, qui veulent rendre raifon de toutes les fottifes qui fe font en cefte execration.Tantoft apres,le venerable Durandi ( c’eft toulîours en fon Ra-tionnclfans raifon,comme il eft vnblafphe m ateur irapudét iufques au bout)defgorge ce

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DI I.A MISSI.' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ilt;7

Ceblafphemc,D’autant, dit-il,que nous ne fommes pas dignes de mériter pardon des chofes pafl'ces,prefentes amp;nbsp;à venir, fi ce ne eft que nous l’obtenions par l'incerceffion amp;nbsp;priere de la benoifte vierge Marie,Sides benoifts Apoftres, Pierre, Paul, André, 8c des autres Saints ; pour cede caufenous les inuoquons icy à noftre aide amp;nbsp;fecours. C’eft ainfi que ce vilain pourceau gródc,amp; qu’il tafelrede polluer auec fan groin puât amp;nbsp;infc£t,tout ce qui doit eftre pur amp;nbsp;net en la religion Chreftienne.Mais,ie vous prie, par le moyen Sf incerceffion de qui ont efté pardônez les pecliez de S,Pierre,de S.Paul amp;nbsp;de tous les plus fainds qui furent one au mode’ll eft bic certain qu’il n’y eut iamais borne fur la terre ( excepté feulemét noftre Seigneur Iefus,quieft l’Agneau fans macu lc)quin’ait efté entaché de quelque vice amp;nbsp;pcché.No’fauôs quelle eft la condition de tout le gére humain,depuis la cheute de no lire premier pere Adam.Tous naiflent en-fâs d’ire,St fubiets à la malcdiftio deDieu, puis qu’ils lot de celle malTc corrôpue.Qui fera doc celuy qui pourraeftre exéptédepe chi’Pas vn feul.Et pourtât,to® ontbefoing de ce pardó.par lequel leurs trâfgrelTiôs ne ▼iennétpasen cotedeuantDieu,Slt; fansle-quel to ’ homes luy font abominables,puis qu’il eft la fontaine de toute iuftice amp;nbsp;fain-ftetc. Dont il appert côbien ce blafphemc eft horrible, de dire que nous ne méritons L. iiii.

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T«S nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIB

iIm» x. Rom.8, i.rlt;»».j. Ueb.j.y,

point pardon,fi ce n’cft par les prières delà oenoifte vierge Marie,amp; des bcnoifts Apo ftres, Pierre, Paul, André,amp; des autres Sainfts: aufquels Dieu parfa pure grace amp;: niifcricorde infinie,s’eft monttrédouxSc pitoyable,quand il leur a pardonné tout ce qu’ils auoyent commis à l’encontre de fa maiefté facrée-Maisou trouueraon en tou te l’Efcriturc fainfte,que nous ne mérinos pardon,ou remifsionde nozpcchez, finon parles oraifons,ouintercefsiódes S ai néts? Ou eft-ce que ce rcueréd a pefebé cela? Ne eft-ce point vue pure beftile, voire mefme vne rage,de cuider q les pechezfoyent par-donez par autre moyé,quepar lefusChrift feul? Comment peut-on parler afleurémet ou prononcer chofe certaine de laremif-fion des pechez,finó par la parole de Dieuî Orellenous enfeigne en tant de lieux,que par l’intcrccfsion feule de lefusChrift,noz pechez nous font pardonnez; amp;nbsp;qu’il cft no ftrc Mediateur,Aduocat amp;nbsp;InterceflèunSC ne nous en adreffe point d'autre que luy feul, amp;nbsp;ne nous renuoye point ailleurs que là.Et toutesfois ces trompeurs tafehent de nous faire accroire, que par les prieres des Saints noz pechez nous font pardonnez. Pourquoy nedifent ilsaufsi bien parl’in-tercelsion de lefus Chrift ? Car c’eft celuy qui nousaefté donné du Pere celefte,pour eftre noftre Médiateur amp;nbsp;Aduocat enuers luy, par la conduite duquel nous puifsions fran-

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BI IA MISSI. tS9 frinchement approcher de kiy:eftans afleu rcz,puis que nous auós vn rel Inttrccflcur, qui ne peut en rie eftrc refufc du Perc, que rienaufsi nenousferadcnic,de tout ce que nous demanderons enfon nom. A quel pro nos donques les hommes ont-ils forge en leur cerucau d’autres Aduocats,amp; d’autres Incerceffeurs’le voudroye bien que ce mai lire Durandi,auec fon Rationnel, amp;nbsp;aucc fa Meffe, me dift vn peu au nom amp;nbsp;par Ic moyen de qui c’eft, que les Sainds cy def-fus nômez,amp; tous les autres aufsi,ont rité amp;nbsp;obtenu pardon de leurs pechez.Car il eft bien certain que tous ont faift quelque faute; amp;nbsp;pource ils onteubefoingdcla remifsionde leurs pechez.S’il vcutrcfpon-dre pertinemment,il eft neceflaire qu’il cS felle,q ç’a efté par lefus Chriftfeul,amp; non point par autre,puis que l’Efcriture en pro-nôce ainfi. Pourquoy doc eft-il fi impudét, auec tous fes femblables , d’en nommer vn autre q luy ,qui que ce foit en tout le monde, quad il eft qiieftion de pardóner les pc chez;veuqu’iln’y a qu’vnfeulmoyé deles remettre aux hommes,ainfi que nous en af feurc S. lean en fa première Canonnique? c’eft aflauoir,que lefus eft la propiciation, ou appointement pour noz pechez ; amp;nbsp;non feulement pour les noftres,mais aufsi pour ceux de tout le monde. Voila en peu de paroles , quelle eft l’impiété de cefte belleo-raifon, amp;nbsp;quels blafpbemes elle contient.

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173 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A NATOMIS

tnetunt I’intcrccfsion des Sainfts en au at: de laquelle i’ay touché en brief, craignant d’eftre trop log. Si quelcun defire vne plus ample declaration de ce poinft-cy,qu'il life diligementen l’Inftitutiö Chreftiéncde M.lcan Caluin.au i$.chapitre,ou il traite de l'Oraifon fi bien , qu’il n’y a que redire, non plus qu’en tous les autres points,qu’il declaire fi diligemment amp;nbsp;fi au long,qu’il ne laifTcricn.

Apres que Mefsire lean aparacheué eefte oraifon, il prend fon dieu de parte au delTus du calice,amp;puis il le dcfpece premie remet en deux loppins: après il met l’vn de ces deux morceaux fur la platene,amp; rompt l’autre encore en deux pieces,dót il en mec l’vne aufsi defs’ la platene auec ce premier loppin qu’il y auoit défia mis Etpuistenat en fa main l’autre piece de ces deux demie rcs.delTus le calice aufsi,il dit, Per omniafecu laficulorivn’.Si on luy refpond, Ame». Puis il adiourte, P4:e Viomini fit femfier vobifcMm,c'camp; adire.LapaixduSeigneurfoittoufîours a-uec vous.Et en difant ces mots,il fait trois fois le figne de la croix fus le calice auec ce petit morceau de fon dieu. Ayant diéf ces mots,amp; fai ft ces trois croix,il laiffe tôber ce morceau dedans fon vin, amp;nbsp;dit ces mots cyfelô quelques vfagcs,Que lacommixtió ou meflinge,amp; la confecration du corps de nortre Seigneur lefus Chrirt nous foit fai-fte,à nous qui la prendrons, ou bien, en la rece-

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DÏLAMÏSSÎ. 171

receuant en vie éternelle, Amen.Ou autre-met,comme on voit dedans quelques Mef fels,Que ceftc fainde amp;nbsp;facree mixtion du corps amp;nbsp;du fang de noftre Seigneur lefus Chrift me foit faifte,amp; à to’ ceux qui la re-ccuront,falut d’entendement amp;nbsp;de corps,amp; vnc preparation falutaire , pour reccuoir la vie éternelle, Amé.Et difét cela après leurs Aç»lt;« 0«. Or toutes ces fingeries-la ont leur lignifications amp;nbsp;myfteres, c’eft à dire, leurs fuperftitiôs amp;nbsp;impictez, côme to* les Dofteursde Mefl’clemonftrctalTcz.N’eft ce pas bien obey à lefus Chrift,en ce qu’il a enfeigné comenton doit célébrer le S .Sa crement de faCene’Ou cft-ce qu’on trouuc qu’il ait mis vnc partie du pain dedas le ca-lice’O n fait comment il bailla le pain prc-iniercmét,amp; puis le vin,fans mefler l’vn a-uec l’autre.Et ccux-cy,tout au rebours,fot ▼n tripotage à leur fan tafie. M ais il ne s’en faut pas beaucoup efmerueiller,puis q tout ce qu’ils font en leur Mcire,ne téd ailleurs qu’a renuerfer , voire anneantir du tout la tainéfeCene denoftre Seigneur lefus. Et cela s’eft fait par le iufte iugemet de Dieu, afinquetouscognoiffent que laMeflcre-femble trop mieux fans nulle comparai-fon à vne farce,ou pluftoft à vnieu de gobelets , ou de pafle-pafle, qu’à chofequi foit au monde. Orce venerable Durandi. en fon Rationnel afferme , qu’il y a trois raifons, pourquoy vn tel potage fe fait:

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17* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIB

la premiere, pour fignifier que le corps de Chrift n’eftoit pas fans le fang , ne le fang aulTi fans le corps:la fécondé,pour denoter qu’il ne fe fait qu’vu Sacrement des efpe-ces du pain amp;nbsp;du vin: la troifiemc,pour lignifier le retour de l’ame au corps . Voila comment ce gentil philofophe triôplie fus ce paflage. Ce feroit cliolè ridicule,de reciter toutes les fottifes que ce badin ameine en fon Rationnel. On ne croiroit pas aifé-ment, qu’il y euft iamais eu vne telle belle aumonde,qu’eftce Durandi, fi on n'auoit fon liure:auquel fabeftife eft tellement cô-Îirife, qu’il n’y a quafi mot dedans, qui ne a defeouure.Ét ceuxqui ne l’ontpoint leu nepenferoyent point qu’il y euft tant d’erreurs amp;nbsp;d’impietcz,qu’il y a par tout. Mais que veut dire ce mot de Côlecration,quâd le Preftre marmonne entre fcs dens,Que la commixtion amp;nbsp;confecration du corps amp;nbsp;du fang de noftre Seigneur lefus Clirift foit faifte’Leur confecration n’cft-elle pas défia paracheuéeïLe pain n’cft-il pas défiacha gé au corps,amp; le vin aufang,commeilsdi-lent eux-mefmes î Quclbefoin cft-il donc de la faire de nouueau, fi elle eft defia fai-Ûe ? Qif ils glofent tant qu’ils voudront,K qu’ils gergonnent tout ce qu’ils pourront, fine feront-ilsiamais accroire à vn homme de fens radis , qu’il y ait ne rime ne rai-fon en toutes leurs rauauderies. Venôs à ce qui s’enfuit.

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DB LA MISSE. nbsp;nbsp;nbsp;I/J

Ld féconde Se^ion.

iJ entity traité de l'A^nus'Dei,destroiforaifont ^uUsdifent aiiant qu’ils auallentleur dieu, çygt; desdeux quifuluent afres. item ,quelaf!us grande farde des dernieresoraifonsdelalsA effi font abominables, e^ pleines d'imfieté, dJ'les autres font du tout contraires aux bAeßesfri-uées.

’A^ntes Dei vient apres ce que nous allons récité cy dcflus,voirebienfelô quel ques vfages, amp;nbsp;fe dit par trois fois : puis il y atrois oraifons,q ditMeUire lea.

En la première, il demâde que Dieu ne regarde pointàfes pechez, amp;nbsp;qu'il luy plaife félon fon vouloir,pacifier amp;nbsp;vnirl'Eglife- Enlafecôde.queparlecorps facré ,amp; fang de Chrift , il le deliure de fes iniquitez, amp;nbsp;de tous maux ; Si qu’il le face toufiours obéir à fes commandemens.

amp;que iamaisilnefoitfeparédc luy. Enla troifieme ,il demande que ce myfterc ne luy foit point en iugcmencamp; condamna-tiô.mais qu’illuy foit dcfenfe, tat du corps que de l’Efpric. Apres qu’iladift ces trois oraifons,il prend en fa main fon lioftic,di-fant.Ie prendray le pain cclefte,amp; inuoque ray le nom du Seigneur. Et puis il frappe

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174 ANA TOMIB

contre fapoiftrinc par trois fois,amp; ditauf-fi par trois fois le Do»gt;lt;»e nonjum di^ntu. Et ayantprins fonhoftie en famain.ildit, Le corps de noftre Seigneur lefus Chrift con-ferue mon ame, amp;nbsp;me conduifc en la vie e-ternclle.Amen.Ayâtdift cela,il aualle fon hoftie,faifant fort bône pippée,comme on fait.Puis il préd en fcs mais le calice,difat. Que rendray-ieau Scigneur?amp; eequifen-fuic.il adioufte apres,Le fang de noftre Sci gneur lefus Cliriftgarde mon amc,amp; lacé duife à la vie éternelle. Amen. Et fur celai! troufle le gobelet, amp;nbsp;hume ce fang qu’il a-uoit faiftde vin,amp;le tout fe faitauecforce agios. Apres qu’il adefpefehé l’vn amp;nbsp;l’autre, il dit deux petites oraifons,amp;courtes. En la premiere, il prie qu’il reçoiue ce my-fterc auec vnepurc confcience, amp;nbsp;qu’il luy foit tourne en remede perpetuel. En la fe-conde,que le eorpsamp; fang de Chrift s ’appro chent de fes entrailles,amp; qu’il ne demeiirc en luy aucune tache de péché . Ces deux o-raifons paracheuées,amp;s’eftantpurifié amp;nbsp;laue d’eau, ou de vin, ou bien, de tous deux enfemble,il dit apres laPoft-communion, qu’ils appclentcn leurgergon,c’eftà dire, quelques petit verfets des Pfeaumcs,oude quelque autre part de l’Efcriturc.Et puis il dit les dernières oraifons de laMcffe,quelquefois vne feule , fi c’eft vne Feftcfolen-ncllc, aucunefois deux, aucunefois trois.

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BB LA MISS Ï. 17$ quelque fois dauantage,felon qu’il aduiët. Orpourlaplus part,toutes ces oraifons la font exécrables,amp; pleines d’impiété: comme celle qui fe commence ainfi , N ous te prions, Dieu tout-puiffant amp;nbsp;mifericor-dieux , que les Saertmens que nous auons receuz, nous purifient amp;nbsp;nettoyent : amp;nbsp;fay que ce tien Sacrement ne nous rende point coulpablcs,pourcftre puniz;mais qu’il no* foit vnc interceffiô falutaire, pour obtenir pardon, qu’il nous foit vn lauement de noz iorfai£l;s,vne force pour les debiles,amp; confirmation contre les dangiers du monde,SC finalement, qu’il foit larcmÜTion de tous les pecliez des fideles,tant vifs que trefpaf-fcziamp;commc cefte autre qu’ils difent,Que celle Communion nous purge de péché,amp; par l’interccCsion de Marietenoifte mere de Dieu,nous face eftre participans du remède celcftc.amp;ccfte autre,Seigneur,que la reception de ce Sacrement me foit la re-mifsion de mes pechez : amp;nbsp;ce qui fenfuit. Il y en a pluficurs autres fcmblables ,qui fontmention,queparla reception delcur facrilcge,les pechez font oftez,ou remiz amp;nbsp;pardonnez: amp;nbsp;que par ce moyen la au(ri,Ie faille eterncl amp;nbsp;la gloire celefte eft donnée aux hommes .Leur puant retrait de Mcflel eft farcy de telles oraifons,tantdeuant leur confecration qu’aprcs;amp; principalemét les dernieres font autât d’impietez amp;nbsp;blafphe-mes. Car nous fauons que les S acre mens.

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17^ nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIE

voire mefme ceux que Dieu a inftituez en fon Eglire,amp; qu’il veut y eftre receuz amp;nbsp;ho notez, ne remettent pas les pcchez,amp; enco re moins donnent falut, amp;nbsp;la vie eterneUe aux hommes,d’autant qu’ils ne font pas or donnez à cela; comme nouscnfeigncl’Ef-criture fainûe , amp;nbsp;comme nous le ptouue-rons bien amplement cy après en la quatric me partic:ou nous raonftrerons,que l’office de pardonner les pechez n’appartient pas aux Sacrcmens,non pas mefme à ceux que lefus Chrift a lailïèz en fon Eglife, amp;nbsp;qu’il veut y eftre perpétuels . Et ces mal-heureux voudront faire accroire,que leur facri lege de Mefle aura ccfte vcrtulqueccfte im pieté execrable,qui a efté dreffée pourdef-piter Dieu ,amp; anneantir la mort amp;nbsp;paffion de noftre Seigneur lefus, pardonnera les pe chez,amp; fauucra les hommes! Les cheueux ne doiuent ils point drefler en la tefte à to* ceux qui oyent parler d’vn tel defpitement amp;nbsp;outrage, que ces diables encharnez font à Dieu,a fa maiefté,amp;à fon Fils noftre Sau ueuramp;Redempteurvoique? le n’inlîfte-ray point beaucoup pour cefte heure fur ce poinél-cy , tant pource que nous en auons deflaparlé cy déliant, qu’à caufe aulTique nous en parlerons encores cy apres.

Il faut noter dauantage,qu’ily a plu-fieurs de ces oraifons,qui font du tout contraires à leur Mefle priuée , c'eft à dire, à celle, ou le peuple ne communique point, mais

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DÏ L A M B S S Ï. 177 maisfculemct Ie Preftre fait fon cas à part amp;nbsp;auallefou dieu.amp;trouffele gobelet tout feul.fansen faire part aux autres.Car il eft faift métioncxprelfe en icelles,que la mul tituJe du peuple a participé,ou communiqué à leur facnlege,amp; non pas fculemét le Preftre: comme cft celle qui dit. Seigneur, tu as foulé,ou ralTalîé ta famille de dons fa-crez:amp; cela s’entend de leur Sacrement.Et cefte oraifon fe dit le plus fouiiét,apres que ils ont mangé leur fouppc au vin- Et cefte autrc,ouils difent,Eftans rempliz du facri-fice du corps facré,5t du précieux fang. Et tant d’autres qu’il y a par tout IcMeffebqui donnent à entendreque le peuple a efté de l’efeot de Meflire lean, comblé qu'il n’en eft rien,comme on le voit.Or il n’y a nulle doute, que ccs oraifons-la ne foyét pleines de menfonge, fi le peuple ne communique au Sacrementdu Prcftrc;amp;toutesfois il eft fi impudent,qu’ilprotcfte auffi hardiment, quela multitude y a communiqué,comme s’ileftoit vray .Par ccs oraifons-la,amp;vn tas d’autres femblablcs,que IcPreftre dit apres qu’il a auallé fon dieu ,amp; humé fon fang,ne eft-il pas bié facile à iugcr,du temps qu’elles furent faites, que cefte execration de Meffe n’eftoit finon vu defgiiifcmcnt, ou vne mafque,pourdcfigurer lafainftc Cene de noftre Seigneur lefus Chriftîoubicn,v-nefingerie, pour faire femblâtque c’lt;ftoit la fainde communion, inftituée par lefus M.

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17* AMATOMII

Chrift’ Car s’ils n’eulTent eu quelque couleur , pour donner luftre à leur abomination,ils enflentefté incontinent reiettez de tous. Etpource ils ont voulu contrefaire quelque peu de ce qu'on faifoit à la Cene, laquelle eftoitfouuent célébrée. Et n’y a point de doute, que du commencemét que ce facrilege de M clTc fut introduit,le peuple nccommuniquaft au pain amp;au vin.Car ils n’eulfcnt point parlé en cefte forte, fi le Preftreeuftmagé le pain amp;nbsp;beu le vin tout feul.Dauâtage.cclaeufteflé par trop ertrage du premier coup,qu’vn feul eu ft faiélcc que tous deuoyent faire enfemblc,amp; par ce moyen la tromperie de fatan eurt efté quat amp;nbsp;quant defeouuerte. Et ne faut point que les Doéleurs de Mefle cauillent icy à leur manière accouftumée, difans qu’en ces o-raifons il eft parlé en nombre pluriel,amp; no pas du Preftrefeulement,à caufequeMef-fire lean communique au nom de tout le peuple.Carie leur demande,Quelcun peut ileftre baptizé pourvu autre? Ils n’ofe-royent dire autrement que non. Pourquoy donc veulent-ils qu’vn eSmunique au Sacrement pour l’autre ? le croy qu’il fafehe-roit bien à tous Mefsicurs les Sorboniftes, quad ils font en leurs fertins amp;nbsp;baquets,amp;: qu’ils font bien délibérez d’eftre feulcméc trois ou quatre heures à table, pour vn dif-ner,ou foupper.fi IcurBcdeau aucc fon mu feau enluminé, venoit à dire tout haut i l’entrée de table, Magirtri nortri, il a efté

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DS IA MISSE. I7, conclud amp;nbsp;déterminé par la Faculté deuc-inent congregée, que de tous ceux qui font icy prefens.il n’y en aura pasvn qboiue ne mage tout au log du difner,finó Monfieur le Doyen,qui mangera amp;nbsp;beuura pour to’, amp;nbsp;les autres le regarderont faire fculemét. A voftre aduis,n’y en auroit-il pas là debié eftonnez,Sc de bien fafcliez,ayans ouy telle determinatiô’Ceux-la qui ne difneroyét point, fcroyent-ils raffaGez , quand ils au-royent veu boire amp;nbsp;manger monGeur le Doyen,voire iufques au creuer? Qui fera l’homme G infenfé, qui confeiTe que l’vn màgc,ou boit pour l’autreïChacun ne mage il pas pourfoy,amp; nô point pour autruyJ Qu^eft-ee que me pourroit feruir ce qu’vn autre boit,ou mange? AinG eneft-il de la fainfteCene de noftre Seigneur.Ilfaut que vn chacun la reçoiue pourfoy,amp; non pour les autres, fuiuant l’inftitutiô de noftre Seî gneurlcfus Chrift . Etqu’eft-ce qucMef-nre lean a de femblablc à cela,quad il boit amp;nbsp;mage tout luy feul,fans en faire part aux autres ? 11 faut bien dire que les hommes font du tout hors dufens, s’ils croyent que le Preftre mange amp;boiue pour eux. Et de faift,s’ils n'auoyct les yeux creuez, amp;nbsp;quat amp;nbsp;quant perdu l’cfprit, ils cognoiftroyent airémeot,que ç’aefté pour cftourdir le po-ure monde,que ces diables en difant telles oraifons,fe tournent vers le peuple,qui eft là prefent. Etpourles mieux embaboui-M. ii.

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iS« A N A T o M I B

ner.difent tout haut,Orem««,e’eft à dire,Pri ons tous de compagnie; pour faire femblat que le peuple prie corne eux,S: par ce moyen , qu’il communique aiiffi à ce facrilcgc: c’eft affauoir, qu’il mange de ce dieu qu’ils ont forgé de pafte,amp;boiue de ce fang qu’ils fe vantent d’auoir faift de vin. Or voit-on le côtrai rc en ce qu’ils font, amp;nbsp;les petiz en-fans en pcuuent iuger. Toutes telles orai-fons donc font totalement côtraircs à leurs Mefles priuées : c’eft à dire, quafi à toutes celles qui fé difent en cét mille lieux, tous les iours de l’année. Car on fait cjue le peuple ne communique nullement a leur pain ny à leur vin,pour en tafterfculement.Dôt il appert, que toutes leurs oraifonsqu’ils barbotent apres leur communion,qu’ils ap pelent, ne font qu impiece? exécrables , amp;nbsp;pures moqueries de Dieu : comme c’eft là auffi que tend toutecefte abomination de Mefle . Il y a,pour la fin de toute la farce, Vite M»jj/ieyj:duqucl ce maiftre refueur Du-randi recite mcrucilles, comme de tout le refte. Il dit que le Diacre le prononce tout haut, reprefentant ce qui fut dit aux Apo-ftres. Ce Iefus-cy,quieft edeué d’aueevo* au cicl,amp;c.N’cft-ce pas bien à propos cela? le m’en rapporte aux petiz enfans mefmes. Puis ildonne trois èxpofitions deceft Ire VH/fa eff. La premiere,côme s’il eftoit did, Retournez-vous-en à voz propres.(Voila corne parle ce gros vcaudedifmc.) Iccroy

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DK LA MESSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iSl

qu’il veut dire, QiTvn chacun s’en retour., ne à fa maifon . Il adioufte pourquoy,Car, dit-il,l’hoftie falutaire eft enuoyée, ou offerte à Dieu,pour le genre humain. C’cfl: ainß qu’il perfide en ce blafph'emc infernal,que la Meffe eft vn facrifice pour le falot des homes.La féconde,Que ccluy q dit iteMilfaeTl prononce que la Mefle, ou les prières,font paracheuées;d’autant qu’il fut arrefté au Concile d’Orléans, que nul ne doitfortir dcl'Eglifc,iufqu’àce queleMi-niftre l’ait annoncé. Latroifiemeexpofi-tion , Le Miffaest ,c'eii à dire , Allez apres Chrift,amp;lcfuiuez.Dontil appert bien,que les pontes belles, qui font à la MclTe, ne vont point apres lefus Chrift, amp;nbsp;ne le fui-uent pas, tandis qu’ils font là, puis qu’On leur dit,qu’ils y aillcnt,amp;qu’ils le fuiuent, quad cell Mefle eft parachcuée. Voila quel le eft la queue de ce monftre execrable.

Ld troißeme SeSUon, Ïnlaquelle il e^ traité enbrief, de la Meffe Jei *'^J^‘*jfix~.C'c^i,qaela fremiereoraifonerifi fotte,querien^lttf,eé?' du tout fans propm.Que l'Epifirequ'ilsdifent de l’ ^pocalypfe,eil contraire non feule ment à la premiere oraifon,maK ^eneralementà toute laMeffe des morts. Que l'Offertoire esl vue demande pleine d’impiété, ^ d execration diabolique.

M. iii.

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iSi nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIE

Vfques icy nousn’auons point encore traité en par üculicr de la Meffe des trefpaflez , mais de celle des viuans-Et fi nous vou liôs nous arrefter, comme nous pourriôsbien faire,

pour efplufcher par le menu les erreurs in-finiz,amp; toutes les impietéz qui y font,ce ne feroit iamais faift-Car c’en vn tel abyfme, qu’il n’y a ne fond ne riue : ou vn tel labyrinthe,qu’il n’y a nulle iffuc. Et mon inten tion aulsi du commencement n’a efté,finS de môftrcrparceftc Anatomie,que la Meffe eftvne execratié la plus dcteftable,amp;vnc abomioatio la plus horrible,qui fut iamais en la Chreftienté. Ceferabien allez pour maintenant,d’auoir deelaire cela. Etie ne doute pas aufsi,q cefte Anatomie-cy, telle qu’elle cft,affauoir,rude amp;nbsp;grofsierc,ne dô ne courage cy apres àquelqucs bös perfon nages,amp;de meilleur efprit que ie ne fuis,amp; qui entendent mieux les chofes que moy, de pollir,raboter amp;nbsp;dcfduire ceft argument amp;nbsp;matiere-cy beaucoup plus amplement, amp;nbsp;félon que la chofe le merite, que ie n’ay pas fait.Et les prie de bien bô cœur au nom de noftre Seigneur Iefus,de s’employer diligemment à vne telle entrcprife,amp; que le toutfoit à l’honneur de Dieu,amp; à l’auance met de fon Eglife,amp; a l'édification de tous fcs fidcles.Carc’eft vn poinû qui emporte beaucoup, amp;nbsp;bien digue d élire traité aucc

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Bl t A U B $ s B. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;18}

toute diligence.

Or venons àcefteMcfledes trefpaffcz. Mais auant qiievoir de quay elle eft baftie, il faut noter que comme par cy deuant no’ auons monftré que la Meflepour les viuâs eft vnfacrilege diabolique;aufsi nous mô-ftrerons claircmét.que cefte-cy eft vne im pieté horrible, amp;nbsp;dreflee contre la fainfte parole de Dieu , voire pour le defpiterdu tout. Qifainfi foit.la premiere oraifon qui fe fait là, demande que l’ame du mort, pour lequel Mefsire lean prie , ne foit point liurée entre les mains de l’enne-my, mais qu’elle foit receue des fainfts Anges,amp; conduite au pays de Paradis:afiii qu’ayant crcu amp;nbsp;efperc,clle n’endure point les peines éternelles, mais qu’elle poflede les ioyes fempitemelles. Or à quel propos cefte belle oraifon-cy requiert-elle,que l’âme du mort n’endure point les peines eter nelles,fi elle eft en tel eftat,qu’elle ne puif-fc eftre damnée,amp; pour laquelle cefte prière ne puifle eftre faiéielCar il eft bien certain q l’Eglife ne prie iamiis pour ceux qui font dînez, no plus que pour ceux qui font blé-heureux,amp;q font en la vie cternellc:cc qu’eux-mefmes eöfeffent, amp;nbsp;ne l’oferoyét nieraufsi. Côme ainfî foit dóc,qu’il n’y ait nuldagier, voire qu’il foit du tout impofti blc,q les ames des fideles,apresqu’cllcs fôt forties de cefte vie mortelle,puiflent eftre dîaces,mais pluftoft elles fôt certaines de

M. iiii.

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1*4 ANATOM! s

leur falut, lequel cd fondé en noftre Seigneur lefus, amp;nbsp;ne fe peut faire autrement, qu'elles ne foyét fauuces.-qu’cft-ilbefoing de prier pour elles, que Dieu ne les damne poinuCes mal-lieureux-cy nefe moquent ils pas bien apertement de Dieu ?N’cft-ce pas autant comme s’ils luy difoyent,Nou3 te prions de ne faire point ce que tu as promis de nefaire iamais? Enquoy ilsmon-ftrent leur impudence par trop effrontée, amp;nbsp;quant amp;nbsp;quant leurbeftifc par trop lourde. Car felô leur dodrine mcfmc.ils ne de-uroyent prier, finon qu’elles fuffent deli-urées des peines du feu deleurPurgatoirc, lequel ils ont forgé pour faire fumer leur cuifine.amp;non pas des peines etcrnclles:dôt fans nulle doute elles ont efté dtliurécs par la pure bôté amp;nbsp;mifericordc de Dieu,amp; par la grace infinie de noftre Seigneur lefus Cbrift: amp;nbsp;font hors du dangier d’y entrer-Parquoy c’eft follie à eux , ou pluftoft vnc rage de faire vne telle Oraifon,qui eft plci ne d’impieté , d’autantqu’clle met en doute le falut des ames des fidèles , duquel elles fonttrefeertaines amp;nbsp;adeurées. En fom-me,les ames des trefpaflez font,ou desvrais fideles,ou non; fielles ne font des fideles,il ne faut point prier Dieu,qu’il Icurfoitpro-pice Car cela ne leur fcruiroit de rien, puis qu'elles font ou Dieu parfon iufteiugemét les a côdamnées.Que fi elles font des vrais fidèles, il n’eft point befoing de prier qu’el

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»B lA MBSES., IÎ5;

les foyent dcliiirées des peines éternelles, d’autant que telles prières nelcurprofitéc de rien, puis qu’elles en font défia affran-chies par le feul moyen que i’ay dift, amp;nbsp;lequel nous eft môftré en l’Efcriture. Quant à leur Purgatoire, qu’ils ont bafty pour les ames des trefpaflez , ie n’en parleray point pourcefteheure - Seulementque les Le-éteurs ayent fouuenance,que c’eft vne inué tiôdiabolique,lür laquellecefte belle Mef fc des trefpaflez a efté fondée, pour attrap-perdeniers tât feulement ,amp;döt tout le fer uice qu’ils appelent des morts,depéd.Mais voyôs ce qui fêfuitpuis apres en cefte Mef fe.Quand le Preftre a chanté cefte oraifon que nous auons recitée, ou quelque autre femblablc , ( Car il y en a plufieurs qui ne font pas meilleures que ceftc-la ) il vient à fon Epiftre,qui eft quelque fois ce pafla-ge del Apocalypfe ,ou S. lean recite qu’il .^pK.^. ouyt vne voix du ciel, luy difant, EIcry, Bien-heureux font les morts,qui d orefena uant meurentau Seigneur. Ouy,ditl’Ef-prit, qu’ils fe repofent de leurs labeurs , amp;nbsp;leurs œuures les enfument. V oila de mot a mot ce que dit S. lean. Or le Preftre, auant qu’il commence fon Epiftre , foit pourref-ueillcr fes auditeurs, ou bien pour donner luftrc à ce qu’il defguife, il adioufte du fié, Indiebiu 1/1«: c’eft a dire, En cesiours-la, afin qu’on entende que c’eft vn finge , qui veut contrefaire les feruiteurs de Dieu,qui

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ANATOMIE

ont vfc quelque fois de cefte façon de parler,En ces iours-la.Mais venons à ce qu’ils j ofcntvfurperdeS.lein. S’ileftainfique j ceux qui meurent au Seigneur, font en repos,amp; hors de toute fafeherie: amp;nbsp;que ce ne foyentpoint les hommes qui dilentcela, mais l'Êfprit de Dieu,lequel ne peut men-tir:à quel propos faudra-il prier pour eux, ' q Dieu les coduife en vn lieu de rafraichif fementî S’ils ferepofent de tous leurs tra-uaux amp;nbsp;labeurs,s’ils font en paix amp;nbsp;hors de tout cnnuyamp;tormét:quel befoing eft-il de prier amp;requerir,que Dieu leur done ce que tous vrais Chreftiens fanent certainemet, qu’ils ont défia obtenu,amp; dôtils iouylTent plcinement’L’Efpritde Dieu ne nous afleU j re-ilpas, qu’ils lé repofent de toutes leurs fafeheries amp;nbsp;labeurs? Concluons donques, qu’ils font affranchiz de toute peine,amp; que ils n’ont que faire d’efire deliurez. le vous prie,s’ils eftoyent en Purgatoire,corne ces mal-heureux ontfongé,ou s’ils enduroyét quelque peine en façon quece foit,l’Efprit de Dieu prononccroit-il comme il fait,que ils font en repos,amp; deliurfz de leurs fafche ries? Mais pluftoft il fcroit demander cela. Qui eft-ce maintenant qui ne voit, que ce feruice qu’ils font pour les morts, fc cotre-dit manifeftcment,amp; qu’il eft du tout contraire à l’Eferitore fainfte ? Car on voit que d’vn cofté, il tient que les ames des fidèles font en repos : amp;nbsp;de l’autre, il prie qu’ils

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Bl lA MESS I. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;187

qu’ils obtiennét repos. Mais e’eft àinfî que le menfonge le defeouure foy-mefme.

Dauancage , quand ils chantent leur Epiftre , qu’ils ont tirée du liuredes Ma-chabces,pourquoy n’ont-ils recité le texte de mot à mot, comme il eft là couché, fi-non d’autant qu’ils fefont voulu monftrer faulTaires? A quel propos ont-ils laifféce mot de Sacrifice? Voicy comment il y a au texte, Aufsi lehudah, homme tresfort,a- a.Mxc.ta* près qu’il eut faift lacolltftc, il enuoya en Î crufalcm douze mille drachmes d’argent, pour offrir facrifice « pour les pechez de ceux qui eftoyent morts : amp;ce qui fenfuit.

Et ces fauflaircs ont mis,Pour les offrir là »ffirriM pour les pechcz,amp;c. Etpourquoy cela? Il'^ faut bien qu’ils y ayent Congé quelque malice , puis qu’ayans prins tout le reftede ce paflage , ils ont feulement laiiTé ce mot de Sacrifice.Car,poùrquoy l’eulTent-ils reiet-té pluftoft, que quclcun des autres ? le ne doute pas, qu’ils n’ayeni craint que ce fcul mot ne rëuerfaft leur opinio execrable, ou qu’il donnait occafiô de péfer de plus prci à leur facrilcge abominable.Qupy qu’il en foit, ils ont bien monftré par cela, quels ils font, amp;nbsp;de quelle fidélité amp;nbsp;rondeur ils ont vfé en ceft endroit , comme ils ont faiéten tout amp;nbsp;par tout. Et Dieu , par fon iufteiugement, les a tellement aueuglez, que leur faulfeté a elté defeouuerte par

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188 nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIE

cela mefme, dót ils lapenfoyée couurir.Et e’eft bié raifon qu’il en aduiéne ainfi àtous ceux qui veulent mettre leurs refueries en auant par femblablcs faufletez amp;nbsp;defgui-femens. Mais pleurt à Dieu que ce fuft la i plus grande de leurs fautes , que certe-cy- i Leschofesne feroyentpas auiourdliuy en tel defordre, ny en telle confufion qu’elles font.Au rerte,iln’ertiabcfoingque ieiîi’a mufe à dire quel eft tout leliure des Ma-chabées, duquel ils ont pefehé cefte Epi-ftre,qu’ils chantêt en leurMelTe des morts. 11 faut feulement voir l’InftitutionChre-ftienne,en la fin du neufieme chapitre.

11 y a puis apres l’Offertoire,qu’ils ap pelent.Car ie laiffe làie ne fay combien de Euangiles, qu’ils difent félon que bon leur fembïe. Or voicy comment Meffire lean j prie en eeft Offertoire , Seigneur lefus I Chrift, Roy de gloire ,'deliure les amesde tous fideles trefpafTez de la main d’enfer, amp;nbsp;du lacprofond ; deliure-les de la gueule X^rMw»/ du lion,de peur que T artarc ne les englou tillê.dc peur qu’elles ne tombét dedans les lieux obfeurs des tenebres:mais que le Por te-enfeigne S. Michel lesreprefente en la lumière lainéle, laquelle tu as proraifele temps pafle à Abraham amp;nbsp;à fafemëce.Puis après il adiourteceblafphcme, qu’ils nomment Verfet, Seigneur,nous t’offrons hollies amp;nbsp;priercs:toy,reçoy-lespourles aines dcfquellcsnousfaifons auiourdhuylame-moi-

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DE lA MESSE. 13^

moirezfay- les, Seigneur,paffer de la mort à lavie faille.Nevoit-on pas quelle eft l'enor mitédeceftOffertoire amp;requclte,que font ces mal-licureuxïlls demandent q lesames de tous fideles trerpaffez,foyent affraebies par lefus Chrift des peinesd’enfcr(comme ils font aufsi en la premiere ,que nous auôs défia recitée) amp;dc la gueule du lion,c’efi à dire,du diable : amp;nbsp;que Tartare, c’eft à dire,le profond de rabyfme,nc les engloutif-fe point,amp; qu’elles ne tombent point dédis les lieuxobfcurs des tenebres.Tout ce ger gon de ces gueux de l’hoftiaire , ne tend-il pas àcebut? amp;nbsp;afin de monftrer que les a-mes des fideles, aptes qu’elles font forties de ces corps mortels, font encores en dangler d’eftre danées en enfer ? d’eftre liiircts en la puiffance de fatan, pour en faire à fon plaifirtd’cftre précipitées aux plus profôds abyfmts des tenebres horribles’ 'Voila vn erreur plus que pernicieux amp;nbsp;damnable,lequel en du tout côtraite à la doéfrinc de fa lut. Mais le meilleur eft,qu’il reuerfé encie rement l’opinion de ceux-mefmes qui forgent vn Purgatoire pour les trefpaffez.Car ils confeffent bié que les ames de ceux qui meurent engrace, ( amp;nbsp;pour Icfquels feulement l’Egliie prie ,amp; non point pour les autres,)ne peuuent eftre damnéesnout ain fi que les reprouuez, pour Icfquels l’Eglife ne prie point, ne peuuent iamais eftre fau-uez. Pourquoy donc cefte belle oraifon.

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1,3 ANATOMIl

qu’ils nomment Offertoire, ne requiert-el lcpluftoft,quc IcfusChrift deliurecesa-mes-lâdes peines de Purgatoire,que de cd les d’enfer, ou elles ne peuuét iamais aller! Pofsible qu’ils s’efforceront de cauiller icy à leur façon accouftumcc,amp; dirôt,quepar ces mots. Des peines d’enfer , Gueule du lion,Lacprofod,Tartare,amp; Lieux obfeurs detcncbrcs,il ne faut pas entendre les peines, ou le lieu des damnez, mais le Purgatoire.Or les pctiz enfans fe moqueront d’/ ne telle fophifterie. Car,quicftceluyqu» ne iuge incontinent, qu’ils (ont effrontez, comme des putains de bordeau, quand ils terginerfenten cefte forte! Ne fait-on pas bieo,que ces mots-la ne conuiennent nullement à leur Purgatoire? amp;nbsp;qu’ils font répugnas aux proprietez, lefquelles eux-mef mes luy ont données?!! n’y a donques nulle doute, qu’ils ne doiuent eff re entenduz de l’enfer des damnez,amp; des peines eternel lcs:commegt;l’a aufsi entendu la premiere o-raifon , laquejle fait mention exprefle d’icelles,amp; non pas du Purgatoire. Parquoy cc(t Offertoire n’eft autre chofe qu’vneim pieté execrable,pour defpiter Dieu,amp; ruiner, s’ileftoit pofsible.fafainéle parole : a eaufequ’elle ne tend finonpour faire accroire que les araes des efleuz de Dieu peu uent effre damnées .après qu’elles font forties des corps. Quant au verfet qu’ils ad-iouftent,c’eft pour monffrer leur lacrilcge.

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D B l A M I S S B. UI par lequel ils fc vantent d’offrir à Dieu des nofties.pour le falut des trcfpaflez'.amp; de là ils veulent donner àentêdre,queleur Mef fe eft vn facrifice aufsi bien pour les morts que pour les viuans. N’eft-ce point vnblaf pheme plus que diabolique; Mais nous a-uons défia touché ce poinft parcy deuant, amp;nbsp;en traiterons encore plus à plein cy a-pres.le laiffe vn tas d’oraifons,qui font en leur Meflel,dontles vnes font Secretes, cS me ils les appeler,les autres font leur Poil-communion; amp;nbsp;toutes ne contiennent en fomme, que blafphemcs exécrables, qu’ils defgorgent cotre Dieu,en difant leur Mef-fe des trefpaffez,comme il eft ailé à voir là dedans.Or venons maintenant à la dernière Scûion de celle troifieme partie, en laquelle nous ferons brieuement l’Anatomie de ce qui relie en ce puant retrait de MclTcl,

Lrf quatrième Sc^on.

toutes les ienedieticnsiejuils affelent,corne dis cendres,deschitndelles,des rameMX,du feu,de l’encens,du cierge de Pafque,dufrotnmage, des aufs,dulia!namp;del'eau,ne fontquimpieteK.amp; {ufersHt!onsex:crables,defquellesle bAejJeleß tout furry, i^ de plusieurs autres abominations ftmblables.

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ANATOM IB

A benediftion de la cèdre, n'eft pas feulement pleine defuperftition amp;nbsp;d’impiété , mais auffi de blafphc-me deteftable , amp;nbsp;du tout diabolique, lln’yaccluy | qui ne fache bien,amp; qui ne

ConfclTc volontiers,que c’eft vn blafpheme par trop enorme , quand on attribue à vne pure creature,ce qui appartient à Dieu amp;nbsp;à IcfusChrift feulcmcnf.côme font,pardonner les pechez,iuftifier amp;nbsp;fauiier.Orvoyos vnpeuceque prononcent ces facrileges, en taifant la bcnediétion de leur cendre. 11 y adcnx ofaifons entre autres,dont l’vne eft, Ottroye-nous par l'inuocation de ton fainftnom,que tous ceux qui aiirôt de ces cendres fur eux,amp; qui en mettront fur leur tcfle, pour la redemption de leurs pechez, reçoiucntla fanté de leur corps ,amp; la tuition,ou defenfe de leur ame.En l'autre,ils afferment amp;nbsp;confeflent,qu’on met ces cendres fur la tefte, pour monftrer ligne d’humilité,amp; pou r mériter pardô de fes pechez: amp;nbsp;difcnt ainfî , O Dieu, qui ne délires pas , la mort des pecheurs, mais leur repentâce, ) regarde tresbenignement à la fragilité de laconditionhumaine, amp;nbsp;daigne par ta pitié bénir ces ccndres-cy: lefquelles nous a-uons délibéré de mettre fur noz telles,afin de monltrer humilité , amp;nbsp;afin aufli de mériter pardon de noz pechez ; amp;nbsp;ce qui fen-fuit.

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DI L A M E S 5 I. lÿj fuit. Nc côfcflcnt- ils pas tout ouuertemét par CCS deux oraifoos ,quc les hommes prç-nent de ces cendres pour leur redemption, amp;nbsp;afin de mériter la remifsion de leurs pc-chez? N’eft-ce point la vn blafphtmc plus qu’execrablc,dc dire que nous rachèterons noz pechez par de la cendre? Et pourquoy ne les rachèterons-nous pas aufsi bien par des eftoiippes,ou par tels autres menuz fatras? Mais qu’eft ilbcfoing defe trauailler beaucoup,pour reicttcr vne impiété fi lour de,amp; vn blafphemc plus que maniftfte?Ne voit-on pas que ce mal-heureux Antechrift auec tous fes complices. ne prifc gueres la redemption des pechez,laquelle iamais n’a peu eftre faifte,linon que le Fils vnique de Dieu fuft failli hommc,finon qu’il nafquift ennozmifercs, qu’il enduraft tâtd’ennuiz amp;nbsp;de fafeheries,qu'il fuft perfecute des mcf chaos amp;nbsp;iniques .qu’il fuft trahy,pris,batu, moqué,fouetté amp;outragéen toutes fortes, amp;àlafiniugé amp;nbsp;mis à mort,voire la mort de la croix: bricf,qu’il fuft abailTc amp;nbsp;humi lié iufques au bout?Ecces monftres-cy di-fent,quc la redemption des pechez fc fait auec de la cendre, levons prie, celaeft-il à 1 fupporter? Quel propos y a-il,d cnclorrc la redemption des pechez dedans des cendres , laquelle lelus Chriftfeul a faiéfepar fon fang précieux,amp; par fa mortbicn-heu-reufc?S’il y auoit vne feule goutte de crain te amp;nbsp;reucrêce de Dieu aux hommes, pour-N.

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194 nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIS

royét-ils endurer tels blafphcmes? Qifon regarde ce retrait puât de Meflel,amp; on vçr ra (i ce que i’ay recité n’y eft pas. le dy que gt;nbsp;cçux qui entédentcebeaugergon du Mef-fel.lifent dedas,amp;ils y trouuerôtceblafphe me diabolique . Quat à ceux qui n’y enten | dent rien, ie m’affeure qu’ils ne douteront point q ie n’aye fijelemét dit en noftre lan gue,ce qu’ils gergonnent en leur patois.

Quat à la benediftio des cierges,qu’ils font le iour,qu’ils appeler la Purificatio de la vierge Marie; en la première oraifon,ils prient qu’il plaife à Dieu de bénir amp;nbsp;fanéÜ fier ces cierges-la,ou châdelles,pour l’vfâ-ge des bornes, amp;nbsp;pour le falutdes corps S^ desames,foit és eaux,ou en terre,par l’inuo cation de fon nom trcflainâ:,amp; parl’inter-ceffionde la benoifte ,amp; toufiours vierge Marie,amp;par les prières de tous les Saints-Mais ou eft-ce qu’ils ont pefebé,qu’vuecre attire corporelle,amp; faifte de la main des lié mes,côme cierges,cbadelles,amp; autres feffl biables, aiteefte vertu amp;nbsp;vfage de donner falutà l’ameïPour le moins,ceia nefe trou i uera pas en toute l’Eferiture fainfte.Nous ■ fauôs que le falut amp;nbsp;fanté des ames,c'ell: b remiffion des pechez,amp;lafanftificatió. Oi# ce font chofes fi grandes amp;nbsp;excellétes,qu’ci les ne fe font pas ,finó par la feule mifericor i de de Dieu, amp;nbsp;par la grace de noftre Sei- | gneur lefus. Et qui pluscft,ceftc belle oral amp;n fe côtrcditmanifeftemcnt.Cat eu la fin

cUe

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DE lAMESSE. 155 elle châte,q cefte troupe qui porte ces cier ges, aefté rachetée par le précieux fang du 1 nbsp;nbsp;Seigneur Dieu,Créateur du ciel amp;de la ter

re,Roy desRois,amp;SeigneurdcsSeigncurs: amp;auparauant elle a dic,q ces chadeUes font pour l’vfage des homes, amp;nbsp;pour la fanté amp;nbsp;faluedes ames,c’eft à dire, pour la remilTiô des pechez.Car c’eft ainfi qu’ils entendent cela. Orcôment pourront-ils accorder ces deux poîfts-cy enfemblc,affauoir,QiK les homes foyét rachetez par le fang duFils de Dieu:qui eft chofe toute certaine amp;nbsp;afleu-rée:amp; q les cierges amp;nbsp;chadelles foyét le fa-lut amp;nbsp;fanté de leurs ames 5 Or la remifTion des pechez eft la redemption mefme, ainfi 1 q S. Paul tefmoigne en plufieurs paflages. Bjm.i. 1 Parquoy fi les cierges amp;nbsp;chadelles remettét Ifhr^t. les pcchez,il n’y a nulle doute,que la redé- CAff,i. ptiô nefoitfaifle parce moyé-la.Mais le-fus Chrift feula faift laredéption par fon fang,amp; nô point par cierges,ne telles cho-fes corruptibles.le ne doute pas,q ces aca-riaftres,amp; to’ ceux qui font cofics en fuper ftitiôs.ne grondét icy côme maftîs,amp;qu’ils n’enragent. Mais que tous fideles amp;nbsp;crai-i gnas Dieu confiderent diligcment,amp;qu’ils 1 i ^iugent, fi ces cierges ainfi coniurcz par les

' forciers amp;nbsp;enchîteurs de rAntechrift,pcu-uent faire ce qu’ils difcnt. Apres qu’ils ont parachcué leur malcdiftion de cierges, amp;nbsp;qu’ils les ont arroufez de leur eau maudite* qu'ils nomment beniftc,5lt; les ont allumez, N. Ü.

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196 nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIB

ils chantent quelques verfets, puis ils font leur procefsion,qui eft la plus vraye mom-merie qu’on fauroit voir; ik chantent trois Antiennes, comme ils les appelcnt en leur gergon;(lefquelles la fécondé contient vne impiété amp;blarphcmc infupportable.Voicy qu’ils chantent,Sion, orne amp;nbsp;parc ton lift, amp;nbsp;reçoy Chrift le Roy:embrafle Marie,laquelle eft la porte du ciel: D’aucant,difent ils,qu’clle porte le Roy de gloire . Or ils n'oferoyent nier,qu’ils ne crient icy à gorge dLfp(oyée,amp; qu’ils ne maintiennét,que la vierge Marie eft la porte celefte. Et ce n’eft pas aufsien ceft endroit feulement, qu’ils defgorgent ces blafphemcs diaboliques,maisquafi par tout ou ils font féblant de louer la fainfte Vierge : comme quand ils la conftituent Roine du ciel, Roinede mifericorde,qu’ils l’appelée Leur vie,Leur douccur,amp; Leur cfperance,Leur Aduoca-te,8cqu’ils luy attribuée femblables eiltres, Icfquels n’appareiennent qu’au fcul Dieu viuâe,amp; à noftre fcul Sauueur lefusChrift-N’eft-cc point vne chofe efpouuantable. du tout horrible , que d’ouyr tels facrile-ges ? N’eft-cc pointdefpiter Dieu-pleine-ment,quand on luy rauit fon hóneur, pour’ le tranfporter aux creatures?N’eft-ce point fouller aux pieds fa maiefté làcréc, quand fon Fils vniqueeft defpouillé parles hommes mortels,entât qu’en eux eft,de lagloi re qui ne peut conuenir à aucune creature

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DI LA MISSI. 197 du monde,quelque excellente qu’elle foitî le fay bien que toutes ces beftes enragées, qui font cfclaues de fatan, amp;nbsp;de fon Ante-ebrift, amp;nbsp;qui contrefont les bons zélateurs de l’honneur de la bien-heureufe Vierge, comme font tous ces vilainsamp; infames Sor bonniftes,ouDoéteurs de la Papauté,tous cesmafques deCaphards, tous ces pourceaux de Moines,toute ceftecanaille de Preftres, tous ces maftins de Chanoines, amp;nbsp;touteceftepuantifede Moinelles amp;Non-nainsûe fay bien,dy-ic,que toute cefte ver mine infernale,pour entretenir leurs cuifi-nesamp;fouppes graffes, ont accouftumé Je fc tempefter incontinét que quelque home debienamp; craignant Dieu s’oppofe hardiment à cefte forceneric,de laquelle ils font tranfportez. Ils crient, qu’on deshonnore la vierge Marie,quand on ne veut pas con -fentir qu’ils en facétvnc idole deceftablc, qu'ils la mettent en la placedu Dieu viuâc, ou qu’on la face fa compagne : ils hurlent, quand on ne veut pas endurer qu’ils la fa-cent vncfacrilegc,oubrigandc, qui rauidc la gloire de fon Fils lefus Chrift : ils cnra-gent,quandon remonftre quelle iniurc amp;nbsp;’opprobre ils font àIafain£lcVierge,cn luy attribuant ce qui ne luy peut aucunement coropeter.Nous fanons,voire par la parole de Dieu, amp;nbsp;non autrement, que la vierge Marieaefté vne creature finguliere,amp; ex-CeUétepar deflusles autres; à laquelle Dieu N. iii.

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I,Î nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;AN ATOM II

a tant fait d’honneur,qu’il a voulu que foa F ils bicn-aimé noftre Seigneur, feul Sau-ucur amp;nbsp;Redempteurdu monde,print chair humaine en fon ventre, amp;nbsp;qu’elle fuft le vaifleau , pour porter ce threforineftima-ble : nousfauôs auffi.qu’elle a efté humble amp;nbsp;obeiffante a Dieu.rccognoiflant les dos amp;nbsp;graces qu’elle a teceuës dé fapure bonté amp;nbsp;mifericordc, comme ellc-mefme le tef-inoignchaucamp; clair en fon Câtique.Brief, nousfauons comment en toute fa vie elle s’eftportéc,cn quelle modeftie amp;nbsp;reueren-ce elle s’eft gouuernéc aucc fon Fils noftre Seigncur:amp; que iamais elle n’a efté fi terne raire.ny outrecuidée,qu’elle ait rien voulu entreprendre par delTus luy. Tous les E-uangeliftes font fideles tefmoings de fcs vcrtiiz excellentcs:amp; n’y a homme mortel qui iamais puifle mieux louer ne magnifier la Vierge, qu’ont faift les faines Euange-liftes, parlefquels feulemct,amp; nopas d’ail leurs, fes vrayes louanges peuuct eftre co-gncucs:amp;aufquels no’adiouftons entièrement foy en ceft endroit,côme no* faifons aulTi en toutes autres chofes qu’ils no* ont laiftees par efcrit,amp; dont nous ne pouuons aucunement douter . Mais d’en faire vner | deeffe.ou vnc idole,de la mettre au lieu de . fon Fils;fomme,d’en faire comme ils font, \ quelle raifon y a-il? N’eft-ce point la def- ' honnorer par trop’Ou eft- ce qu’ils trouue- | ront, que la fainde Vierge demande tels hon-

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D E 1 A M E s s I. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;IS?

honneursîSi elle cftoit encore icy bas,con-uerfant aucccespouresinfenfez , qui font femblantde I’lionnorcr par deflus tous les autres, amp;nbsp;qu’elle cntéJili ces beaux tiltrcs qu’ils luy donnent, ne leur cracheroit-elle pas au vifage à tous coups’Endureroit-clle que l'honneur fouuerain,qui appartient au feul Dieu,amp; à lefusChrift.amp;qu'clle eftime trop pl’ fans côparaifon, que tout ce qu’on fauroit comprendre,luy tuft attribué, ou à creature du mondcîNous fanons que lefus Chrift feul eft noftre vie,amp; noftre elperan-ce,qu’il eft la porte du ciel,amp;noftre feul Ad itM i.S, uocat,qu’il eft la fontaine,le Roy,amp; le Pe- n cir 14. rc de mifericordc . Tous ces tiltres-la ap- Colaß:5. partiennentàDieu amp;à lefus Chrift.Care- ,”,^’°’ ftte la porte du ciel,amp; noftre Aduocat, con ,’ ^“^ j, uiét à lefus Chrift Dieu amp;nbsp;hómc:mais les ^Sefj^, autres copetent à Dieu,amp; à Chrift, entant qu’ilcft Dieu. Quelle impiété donc eft-cc que commettent ces diables encharnez, quand pour honnoret la faiiifte quot;V ierge,ils luy attribuent l’honneur qui eft dcu leulc-ment au Seigneur Dieu , amp;nbsp;à lefus Chrift?

Que font-ils,fino outrager vilainementlâ quot;Vierge bicn-heureufe , en chantant leur Salue Kegina, leur huemarU Jîefi4,leur Rf^i-n4 cali,Sc tant d’autres blafphcmes fembla-bles ? Quelle plus grande iniure luy pour-roycnt-ils faire , finon qu’en d’efpitant Dieu, ils la veulent efleuer par deffus luy, OU pour le moins,laconftituer égalé à luy?

N • un.

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too nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMII

Car tous ces tiltres-cy qu’ils luy donnent, emportent cela. A quoy tafchent-ils en ce failant,fînon de deftourner, ou dcfgoufter les hommes de porter vne telle affedioni Dieu amp;nbsp;à lefus Chrift,qu’ils doiuenüN’eft ce poi nt de là que procédé cefte rage diabo lique,qui regne auiourdhuy quafi par tout le monde,auauoir, qu’au lieu que tousde-uroyent requérir amp;nbsp;inuoquer Dieu par le moyen de noftre Seigneur lefus, amp;nbsp;recourir a luy en toutes leurs nccefsitez amp;nbsp;affaires,mettans là du tout leur fiance amp;nbsp;efpe-rance,ils s’adreflent aux creatures,comme à la vierge Marie,aux Anges,amp; aux Saints trefpaffez, amp;nbsp;les conftituent en la place de noftre fcul Sauneur amp;nbsp;Rédempteur lefus, amp;nbsp;du Créateur vniquc du ciel, amp;nbsp;de la ter-rc?ll n’tftiabefoingque ie m’arreftedaua tage fur ce propos: d’autant qu’il n’y a hom me de fens rafsis,qui ne voye clairement ce que ie dy eftre veritable. Que ces vilains blafpbcmateurs amp;nbsp;facrilcges abominables grondent maintenant tant qu’ils voudrôt, qu’ils creuent amp;nbsp;tempeftent iufques au cre uer, qu’ils nous blafmêt tout leur foul,quc ils nous calomnient de toute leur puiffan-cc: tant y a,qu’ils ne feront iamais accroire aux hommes qui aurSt vne feule goutte de bon iugement,qu’ils ne foyent blafphenia teur»de Dieu, amp;nbsp;facrilcges deteftablcs,cn difdt,q la vierge Marie eft la porte du ciel, amp;autrcs telles impietcz,que nous aubs tou chéet.

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BB IA MBISB. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;201

Aées.Dc Doftre cofté,nousfemmes aflèu-rez,voircp2r l’Efchturcfainftc, que nous maintenons l’honneur de Dieu,amp; la gloire de noftrc Seigneur lcfiis:amp;que nous por tons celle reucrence que nous deuons à la Vierge bienheureule,quand nous ne fouf-frons point, que ce qui appartient au feul Dieu,amp; à noftrc Sauucur feulcmét,luy foie attribué en forte que ce foit ; comme nous fauons aufsi, que celaluy eft abomination amp;nbsp;puancife execrable.

Quant à la benediftion des rameaux, qu’ils font le Dimâche de Pafques fleuries, en la première oraifon , qui fui t la Preface de cefte benedidion , ils prient, qu’à ceux qui prendrôt de ces rameaux, ils leur foyet proteftion amp;nbsp;defcnfc,tant de l’ame que du corps,amp; en remede de leur falut,par Chrift noftrc Seigneur.En la quatrième,qui fe cô menceainfi. Dieu,qui parla branched’vn oliuier,amp;c.ils demadentqu’il plaifc àDieu debenir amp;fâûifierces rameaux d’oliuiers amp;nbsp;d’autres arbres,afin qu’ils foyent profita blés enfalutà tout le peuple.Ne voila pas des propos pleins de(upcrftition amp;nbsp;impieté toute manifefte?Sont-ce chofes de fi petite importance, que d’eftre proteftio de l’ame amp;nbsp;du corps,d’eftre remede, ou bien .profita bles à falut, pour les attribuer à des branches dcboisîOuirouuera-onquc Dieu fe fbitiamais feruy de tels moyens, pour défendre noz ames, amp;nbsp;pour nous fauner i 11

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101. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A NATOMI!

n’y a poît vne feule fyllabc de eda en toute Ctl^.i I’Efcriture. S. Paul dit,qu’en lefusChrift nous fommes parfaits, e’eft à dire, quant auxehofes qui concernent noftrefalut,quc nous n’auons autre moyen que noftre Seigneur lefus. Car en luy amp;nbsp;par luy nous a-uons tout ; amp;nbsp;en le poffedant, nous iouyf-fons d’vnc perfection entiere amp;nbsp;folidc.S’il cft queftion deques de la remifsion des péchez,de laiuftification,de la repentance,de la fanftification,amp; de noftre falut,nous ob tenons tout cela en lefus Chrift, amp;nbsp;par fon inoyen:amp; non point par des branches d’o-liuiers,ou de palmes,ou de bouys,ou d’autre chofe que cefoit , £cdauantage,n’cft ce point vnc fuperftition plus que brutale, de vouloir faire accroire, que les branches d’oliuiers, ou d’autres arbres , en vertu de ces malédictions faites auec telles paroles, figues de croix, amp;nbsp;tant d'autres lingeries amp;nbsp;agios, que font ces mal heureux for ciers,ont la puiflance de faire chofes fi gra des amp;nbsp;fi excellentes, que font celles-là? Nous ne lifons point, que iamais les Prophètes,ne les Apoftres,ne lefus Chrift mef ine,ayent vfé de tels moyens,ou qu’ils ayét donné telle vertu par leurs paroles aux cho fes terriénes amp;nbsp;caduques, qu’elles peuflent faire des ceuures fi excellentes amp;nbsp;admi -tables.

Le Samedy , qu’ils appelcnt Sainift, ils benifient le feu, l’encens, amp;nbsp;le cierge, qu’ils

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BS LA MESS S. IB) qu’ils nommentPafqual.Quand ils benif-fent le feu,en la féconde oraifon.qui fc cô-nience,SeigneurDieu,Pere tout puifTanc, amp;c.ils priét qu’il plaife à Dieu de benir ce luminaire,c'eft à dire,ce feu allumé,afin q eftant benift amp;nbsp;fanftific par luy, qui a illuminé tout le monde,no’foyons,difent-ils, cfclairez par ce luminaire,amp; illuminez du feu de fa clairté. Par ces mots ils vculét que Dieu leur efclaire par ce feu benift,amp; qu’il les illumine du feu de laclairté d’iccluy.En quay ils monftret leur beftife par trop lour de.Car no* fanons que Dieu,pour illuminer les cœurs des hommes, ne fe fert pas du feu matériel,comme s’il eftoit inftrument ou moyen de cela; mais il v fe de fa fainûc parole , amp;nbsp;defon S.Euangile, par lequel il donne ce feu cclefte du S. Efprit, qui produit tels effeéls aux cœurs des bornes. Ce n’eftdoncqu’vnc pure moquerie de Dieu, tout ce qu’ils gergonnent de leur feu.

Il y a puis après labenediCtió de leur enccs,q cft vne oraifon qui fc cômence ain fi,No’ te prions,Dicu tout-puiirant,amp;c. amp;nbsp;priét premicremét,qu’ilviéne fus ccft encés vne grade infufiô.c’eft à dire,q Dieu arrou fc,ou face découler largemët fa benediéliô deflus ceft encés.Et puis ils afFermét,q ceft encés,auec tout le reftc, aflauoir, le cierge Pafqual, le feu, amp;nbsp;autres badinages qu’ils font,eft vn facrificc,lequel a efté taiél cefte nuift-la: amp;nbsp;difent cela,d’autant que ce que ils chantent, autresfois fc faifoit de nuift.

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104 nbsp;nbsp;nbsp;ANATOM!«

Ils prient,que nonfeulcméc il reluifc auec la mixtion fccrete delà lumière de Dieu, mais aufsi que de tout lieu ou on portera de ce mj'ftere, c’eli à dire, de ce facrifice, foicdcchaffée la malice de lamefchanceté diabolique,amp; que la vertu de la maiefté di uiney foit afsiftente.Qui fera ccluy,ie vo’ pric,qui ne penfera,incontinent qu’il enté dra ces mots, que ce font enchanteurs, ou forcicrs qui parlent! Mais que veulent-ils dire cnfomme?S’ils entendent que ceft encens , auec tout le refte de leur charme, eft vn facrifice offert à Dieu cefte nuift la, 5c qu’il ait cefte vertu,dc chaffer le diable, on voit quelle fuperftition amp;impicté c’eft.Cat on netrouueraiamaisentoutc l’Eferiture fainèfte,quelqucs paroles qu’on puiffe dire, ou barboter,que par cela vne chofe tire ver tu nouuelle,amp; laquelle iamais elle n’ait eue.Que s’ils vculct qu’on croye à leur fol lie, il faut premièrement qu’ils prouuent, pourquoyc’eftqu’vne telle vertu eft pluf-toft donnée aux paroles qu’ils marmonnêt pour bénir leurs fatras, que nôpas aux autres.Et dauantage. qui leur adiélque tels badinages peuuent eftre nommez Sacrifice? Il faut bi en di re que ces di abl es enchar-nez ont applique tout leur fensamp;eftude, pour defpiter Dieu , amp;nbsp;fa fainfte parole . L’Eferiture nous monftre bien,que les lou anges de Dieu, les aumofnes, les œuurcs de charité , font facrifice phifant amp;nbsp;agréable

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ni LA MESSE. 10$ bic à Dieu . Mais ou trouueront-ils, que depuis la venue de noftre Seigneur le/us, les Chreftiens doiuét offrir à Dieu de l’en-cés,dufeu,amp; des cierges’ lln’y accluy qui ne fache , que ce font toutes inuentions Sc imaginations friuoles des hommes pleins de vanité amp;nbsp;d’impieté,qui ont voulu feruir Dieu à leur pofte , amp;nbsp;luy dreffer vn feruice à leur fantalîe.MaisquoyîLc Seigneur les a aueuglez,comme ils en cftoyent bien dignes, puis qu’ils ne fe contentoyent pas de fa pure parole , qui eft la feule rcigle , ou il faut compaffer tout ce que nous auons à faire,quand il eft queftion de lefcruir fidelement. Il fautaufsi notcr,combien ceftau tre erreur eft à condamner , aflauoir ,qu’à toutes ces chofes-cy, qu’ils ont forgées de leur cerueau,ils ont donné plufieurs figni-fications ,lefquelles neferuentdc rien qui foit, finon pour fe moquer ouuertement deDicu.Car,amp;lcpeuple qui eftlàprefent, ne fait que c’eft,amp; encore moins ces bafte-leurs,quiiouenclafarce:amp; n’y en a pas de mille vn,qui entende ce qu’ilfait. Aquel propos faire tant de ceremonies .tant d’agios, tant de fingeries, amp;nbsp;leur donner tant de lignifications,que la milliefme partie de ceux qui les regardet, ne fait ou tout cela tend,ne que veulent dire ces loueurs de paflè-pafle’Iccroy qu’il n’y a celuy qui ne me confclTc volontiers,que ce que ie dy ne eft que par trop vcritablc:amp;toutcsfois c'eft

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135 nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMI«

vn erreur commun à toutes les ceremonie» de la Meflè.Car vn chacun voit combien il y a de fortes d’accouftremens amp;nbsp;de vefte-més:commc chappes,chafubles,tuniques, cftolcs, manipulons, ceintures, chemifes, ou aubes,amiz,corporaux,platenes:amp;puis il y a tant de mines amp;nbsp;grimaces, qu’il fem-ble que le tout foit pour faire rire ceux qui font là prefens.Car maintenant ils ioignét les mains, amp;nbsp;puis ils eftendent les bras corne Gueux de 1’hoftiaire:maintenant ils les referrent, puis ils conioignent les doigts, tantoft ils les eflargiflent, Apres,vn tas de figues de croix qu’ils font : B rief il y a tant de diucrfesfaçons défaire encefte execration de M ellè,quc c’eft vne confufion horrible. Et qu’eft-ce que le peuple y entend? T out autant que feroit vn trouppeau d’oi-fons.Sicesgentilsdoreurs demines amp;dc menuz fatras defiroyent, comme ils en font femblât,que le peuple receuft quelque profit de leurs ceremonies, que ne Îuy dô-nent-i Is à entendre toutes ces belles figni -ficatiôs qu’ils ont forgées en leur cerneau? Ce reuercnd PereDurandifduquel nous a-uons fi fouuent faift mention ) en fon Ra-tionnel,qui eft par tout plus que defraifon nable, attribue à ces chofes amp;nbsp;femblables, rant-de fignifications,tât de myfteres amp;nbsp;fe-creis,quc c’eft vn abyfme: amp;nbsp;neatmoins co bien y en a-il qui les fachentîMais c’eft af-fez que cela eft efetit en fon liure,ouy bien pour

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D1I.A MESSE. 407 pour cognoiftre leur turpitude amp;nbsp;impiété deteftablc.Qifon demande vn peu àtoutc cefte troupe de poures beftes,qui afsiftét à ce fcruice,que font leurs Preftres par toute la Papauté,le Samedy,qu’ils appeler Saift, quelfruiét ils ontrapporté.pourauoir veu ceft encens,ce beau cierge,cc feu,amp; to* les autres badinages qui s'y font, amp;nbsp;pour y a-uoir demeuré quatre ou cîq heures la gucu le bée,corne on dit : que refpondra le plus habile d’entre euxïS’il vouloit confeffer la vérité,que fauroit-il dire,finon que le pro fit qu’il afaiûlà,c’eftd'auoirperdu le téps? amp;qui pis eft,qu’il s'en retourne tout farcy defuperftitions maudites amp;nbsp;abominables deuant Dicmquandil s’eft lailTé perfuader que la cire du cierge Pafqual a puilTance cô trcles cnnemiz,contre le diable, amp;nbsp;contre les forcieres:amp; qu’elle a grade vertu,quâd elle eft mife deffus les huiz des maifôs,dedans les cornes des boeufs amp;nbsp;vaches, amp;nbsp;d’autres beftes;3lt; qu’elle eft bonne contre la tempefte , fi on la met deffus les efchal-laz des vignes? Ne voila pas vne brutalité plus qu’efpouuantable?Ettoutesfois, c’eft ainfi que tous les poures Papiftes font inftruits par ces condufteurs d’aueugles. Voila quelle eft la doftrine de ce diable amp;; de ceft Antechrift de Rome,amp;en laquelle tous fes complices amp;adhcrens font du.tout confits.

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tol nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIl

II y â puis apres la benediftio du cierge, qui fc commence ainfi , Que la tourbe Angélique des cieux fe refiouifle maintenant,amp;c.C’eft,en fomme,vnc chanfon tou te pleine d’impietez amp;de blafphemes exécrables, par laquelle ces facrilegcs n’ont point hôte d’appeler leurs cinq grains d’é-cens , qui font mis dedans le cierge en façon de croix,Sacrifice du vcfpre,lequel eft offert à Dicu:amp;prient que ce cierge confia cré en l'honneur de Dieu,perfeuere incefi-famment à deftruire l’oblcurité de cefte nuift-la, afin qu’eftant accepté de Dieu en bon odeur amp;nbsp;gracieux, il fioit meflé auec les luminaires d’enhauc: Si que l’aube du iour(c’eft à dire, (efins Chrift,comme ils ex pofientapres) trouue les flammes d’iceluy. Brief, ils attribuent à ceft encens amp;nbsp;à leur cierge , tout ce qui leur fiemble bon, voire comme en defpitaot Dieu.Car fi nous voit Ions offrir cliofesplaifiantes au Seigneur,il faut bien que nous luy facions d’autres pre fens, que d’encens amp;nbsp;de cierges, ainfi que nous fiommes enfeignez par toute l’Efcri-ture fiai été .Ce fieroic follie à moy ,fi ie m’ar reftoye dauancage à cfiplucher toutes les fotti(es amp;nbsp;agios, qui font en cefte maledi-étion de leur cierge.Car ce ne fieroit iainais faiét enteile contufion.

Les trois benediétions qui fènfiui-uent, font en la fin, c’eft à dire, au fond de ccretraitpuantde Meffel. Enlabencdi-étion

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DE lA MESSE. X09

ftion du froramagc,amp; des œufs , ils prient que Dieuefpäde fa benediûion deiTus l'vn amp;nbsp;l’autrerafin que tous ceux qui engoufte-ront, eftans armez de celefte defenfe, cela leurfoit profitable en vie etemelle.En celle du pain,ils prient que tous ceux qui pren dront de ce pain , bénit de la bencdiftion fpirituclle,il leurfoit àfalut,tantdcl’amc que du corps:amp; defenfe,ou proteftion con tre toutes maladies,amp;toutes les embufches desennemiz.il yen a auffi vneautre,qu’ils appliquent à tout ce qu’il leur plaid : c’eft comme vnefelte à tous cbeuaux.Ils prient paricclle,que Dieu benifle cede creature, c’ed airauoir,cellequ’ils veulent benir:à ce qu’elle foitremcdc falutaire au genre humain : amp;nbsp;que tous ceux qui en prendront, ou qui en gouderont par l'inuocationdu fainft nom du Seigneur , ils prennent la fanté du corps,amp; la tuition de l’amc. Qm cd l’homme tant hebeté.ou de fi poure cî-prit,qui ne cognoiffe aifément,queccs mo queurs de Dieu attribuent icy aux chofes corruptibles amp;nbsp;caduques,ce qu’il n’ed poît licite d’attribuer, non pas mefme aux Anges de paradis’A qui cd-cc qu’il appartient defauuerles hommes feulement? C’edà Icfus Chrid, amp;nbsp;non à autre, comme nous auons mondré par cy deuant.Que deman dent donc ces ventres infames, quandils requièrent que le frommage , les œufs , le pain,amp; chofes fcmblables,qu’ils.charmcnt O.

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ANATOMIS

no 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;foyent en ßlut,en vic éternelle, amp;nbsp;defenfe

de l’ame amp;nbsp;du corps? Comment cft-il pof fible,que ce qu’on mage amp;nbsp;qu’on boit,foie frofitable à la vie éternelle , amp;nbsp;au falut de ame amp;nbsp;du corps’foit vne proteftion contre les cnnemi2,amp; vne tuitiô de l’amc? le-; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lAntth.i; fus Chriftdit.que ce qui entre par labou- -

ehe,ne fouille point l’homme. Si donc il ne peut fouiller, ny apporter aucune nuifance fpirituclle à l’ame, il ne Iny peut aulsi don ner aucune aidefpirituelle. Et S.Paul aux Ri»B.i4 Romains,Le royaume dcDieu,dic-il,n’eft point en manger, ny en boire : voulant fî-gnifier.que le royaume de Dieu,quicftfpi rituel,ne confifte point en chofes corporel : nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;les,mais fpirituelles. Parquoy tout ce que

on mange,ouqu’onboit,nepeutfairedes j nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;œuures fi merueilleufcs,comme chantent

5 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;CCS maiftres de bencdiflionsen leurs re

queues, qui ne font qu’inuentions humaines,êcforgées cotre la pure parole deDieu: Si fur tont,d’autant qu'elles font de chofes qui periiTent,quand on en vfc , ainfi qu’en , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;parle S.Paul aux Colofsiés. Oueft-eeque

on trouuera en toute l’Efcriturc , que ia-raais Dieu par le moyen de certaines paroles,ait donné vne telle efficace amp;nbsp;vertu aux chofes corporelles amp;nbsp;caduques? Et fi quel-cun réplique icy, que famét Paul toutef-*■^lt;'»,4 foisdit à Timothée, que les viandes font fandifiéespar la parole de Dieu,8: par l’o-raifon: amp;nbsp;pourtant que par telle fantfifi'^a-tion

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DB IA MESSE. HT tion,oubencdiftion, elles peuuent aiioir quelque autre vertu, qu’elles n’auoyent point au parauant :ie refponà cela,que S. Paul en ce paflàgc, parlant de la fanftifica-tion des viandes, n’entend pas qu’elles rc-çoiuent vnc nouuelle vertu, amp;nbsp;fçirituellc, amp;nbsp;laquelle auparauât elles n’euflent point: » mais par la fandificatio ,il entend le pur amp;nbsp;légitime vfaee , que Dieu a donné aux fi-ddes, lefquds peuuent en tout temps vfer de toutes fortes de viandes, pourfuftenter amp;nbsp;entretenir leur vic,en remerciant Dieu, qui a créé toutes viandes pour leur vfage. Parquoy il nous faut noter, que le peuple de Dieu,anciennemcnt fous la Loy ,ne pou uoitpas manger de toutes viandes à fon plaifir;mais tant feulement de celles que le Seigneur luy permettoit en fa Loy. Toutes les autres cftoyét appelées immondes, ou fouillées amp;nbsp;communes ,c’cft à dire,def-quelles pouuoyent manger les Payons 8c infidèles. Et à l’oppofitc, toutes celles doc le peuple dcDieu pouuoit manger,eftoyée fand:ifiécs,c’eft à dire,que l’vfagc en eftoit licite amp;nbsp;pur,felon la parole de Dieu . Or depuis la venue de noftre Seigneur lefus, d’autant qu’il eft licite aux Clircftiés d’vfcr déroutes viandes,Si que ceflc defenle, qui eftoitfous la Loy, n’a plus de lieu , toutes fortes de viandes leur font fandifiées. Et c’eftaufsi ou tendoit la vifionqu’eut faïd ^(htio Pierre, quand il vid vn linceul plein de

O. ii.

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tu nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIS

/ Tilli

toutes cCpcccs d’animaux , tant de purs SC nets,que de fouillez amp;nbsp;immondes:^: qu’il ouyt vne votx,difant, qu’il tuait de ces be-ftes, amp;nbsp;qu’il en mangeait. Et quand il eut refpondu, qu’il n’auoit iamais mangé clio fe (ouilléc amp;nbsp;commune,à la façon dcsPay-* eus amp;nbsp;incrédules, mais qu’il auoitobferué diligemment la Loy en ceft endroit: il luy fut did, Ce que Dicuafanftific.tu tiédiras point qu’il foit cômun. Pat cela celte voix edefte donnoit bien à entendre , que toute viande eftfanftifiée au fidele, c’eftàdi-refaietepureamp; licite: commeditaufsiS. Paul,Que toutes cliofcs font pures amp;nbsp;nettes,à ceux quifontpurs amp;nbsp;nets : amp;nbsp;au contraire,Q^aux infidèles amp;nbsp;polluz,ricn n’eft pur,ne nct:mais que leuraffeétion amp;nbsp;con-fcience elt pollue amp;nbsp;fouillée. Quand donc le fidele prend de la viande,qu’il prie amp;nbsp;réd graces à Dieu , cefte viande-la luy elt fan-Âifiée,c'clt à dirc,que l’vfage luy en elt li-citc;attcndu que maintenant apres lavenue de lefus Chrift, il n'y a plus de difference aux fideles entre celte viande-cy amp;nbsp;celte la,corne elle eftoit fous la Loy,pource qu’il elt en leur liberté d’en vfcr indifferemmét auecaétion degraces.Et de là voit-on auf fi,quelle audace amp;nbsp;outrecuidance diabolique ç’aefté aux hommes mortels, quand ils ont défendu l’vfage des viandes,q Dieu auoit permis fi libéralement. Parquoy ce n'eltpasfans caufc,que S.Pàul dic,que tel-

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BELAMÏSSS. nbsp;nbsp;nbsp;lIJ

le doftrine, cft vnc doftrinc des diables,amp; i.Kw.^ contraire à la parole de Dieu.Car la viande amp;nbsp;toute choie créée pourl’vfagede l’hô tnc,eftfâftifiée; c’eft à dire,l’vfage d’icelle en cft faift licite par la parole de Dieu , amp;nbsp;par l’oraifon. Premièrement, par cefteparo le de la creation,laquelle a faiéd toutes viâ-dcs,amp; toutes chofes corporelles,pour l'vfa cede l’homme.Etpuis,par cefte parole auf n queS.Pierre ouyt,qui futvrayement pa rôle deDicu.Et par cefte parole femblable-ment,laquelle nous certifie amp;nbsp;a (Teure, que nousfommes aftrâchizduiougdela Loy, amp;que nous pouuons vferde toutes viandes,quand nous en auôsbefoing.cn remerciant Dieu, amp;nbsp;en faifant oraifon : d’autant que l’homme fidele ne doit iamais prendre larefe6tion,ny vfer d’aucune viande,que la priere amp;nbsp;action degraces n’aille déliant, 8e qu’elle ne fuiue aulsi après le repas. 'Voila donc ce qu’entend S .Paul,quand il parle de la fanftification d es viandes, qui n’eft autre chofe que l’vfage pur amp;nbsp;licite d’icelles.

Labenediûion de leur eau benifte, eft toute pleine de fuperftitions vilaines,amp; d’impietez abominables. Et qu’ainfi foit, premièrement ils cxorcifcnt,c’eft à dire, coniurent amp;chatment le fcl:amp; prient,qu’il foit fel exorcifé.ou cóiuré,pour le falut des croyans: amp;nbsp;qu’à tous ceux qui le prendrôt, il leur foit fanté, tât de l’amc que du corps: amp;nbsp;fur cela, ils font trois fois le ligne de la O. iii.

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114 aMatomii

croit. Ils difent encore le femblablc en la fecôde oraifon,c’cft à falloir, que ce fcl foit falut de l’âme amp;nbsp;du corps à tous ceux qui le prendront : amp;nbsp;font deux fois le ligne de la croix. En l’autre qui fuit,ils cxorcifent, ou charment amp;nbsp;coniurent l’eau gt;nbsp;amp;nbsp;prient qu’elle deuiéne eau cxorcifce,ou charmée, pourdcchafler toute puilTance de l’enne-my ,amp; qu’elle puiffe defraciner amp;nbsp;arracher l’ennemy mcfme,auec tous fes Anges Apo flats,par la vertu de noftre Seigneur lefus Chriftiamp;fontaufsi trois fois le fignedela croix En celle qu’ils difent apres,ils requie rent que Dieu donne à cefte eau qu’ils con iurët,la vertu de fabenedi6lion:amp; font encore vnc fois le ligne de la croix ; amp;nbsp;adiou-ftent, Afin que la creature du myftere de Dieu luy feruant,rcçoiue l’elFcft de fa grace diuine,pourchaircr les diables, amp;nbsp;pour gairir les maladies : amp;nbsp;que tous les lieux, ou elle fera efpandue , foyent nettoyez de toutes ordures,amp;deliurc2 de toute nuifan-ce;que l’efprit peftiléticux n’y relîde point, ne l’air corrompu. Et pour mieux encores foudroyer, Que toutes les embufehes, di-fent-ils,de l’ennemy caché fc defpartcnt;amp; s’il y a rien qui porte enuie ou à la fanté, ou au repos des habitans,qu’il s’enfuyepar l’afperlion ,ou arroufemenede cefte eau, amp;e. S’il y eut iamais enchanteur , ou forcier, qui ait mieux faift fes coniurations, que ceux-cy font les leurs, ie fuis le plus

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D I I A M B s s I. 11$ esbay du monde .Car qu’eft-ce que tout leur ftilcjfinon coniurations comme ils les nommét eux-mefmes ? On fait qu’Exorci-fer proprement fignifie Coniurer. Or ils c-xorcifent Se coniurent le fel amp;nbsp;l’eau . Et pourquoy cela ? Afin que l’vn amp;nbsp;l'autre,di-fentils,foit pour le (alutdes amesamp; des corps, pourenafler les diables, pourgairir les malades, amp;nbsp;pour faire tout Ce au’ils ger gonnent . Et les forcicres , ou enchanteurs que font ils dauantage ? En quoy font ils dilferens de ceux cy? QuJvn chacun en foie iuge. Mais ie vous prie,à quel propos font ils telles coniurations, finon pourdefpiter Dieu manifeftement ? pour renuerfer l’ordre de nature , amp;nbsp;pour mettre tout en con-fufion ? Car ne tafchent-ils pas comme en defpitde Dieu , àperuertirl’vfagcdcs créatures , pour les faire feruir à leurs folles imaginations? Nous fanonspourquoyno ftreSeigneur adonné aux hommes amp;nbsp;le fcl,amp; l’eau:amp; comment il veut qu’on en v-fe. Et ces Geans- cy, ou pluftoft,ces mon-ftres d’enfer, les veulent appliquer ou bon leur fcmble . 11 eft tout certain, que Dieu n’a point attribué au.fel, ny à l’eau , les vertux que ces enchanteurs luy veulent donner par leurs malcdiftions. Eft-ilpof-fibleque le monde foit tant abruty , qu’il fe laifle perfuader, que l’eau charmée amp;nbsp;eoniurée par la bouche de ces charongnes puantes amp;nbsp;infeûcs.puiffe faire ce que nous O. iiii.

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US A N A T o M I s

ne lifons point auoir ianiiis cfté fait par le s paroles de l’Efcriture fainde, qui font paroles forties de la bouche facree du Dieu viuant’11 cft vray,que nous trouuons bien que Icfus Chrift amp;nbsp;les Apoftres, en parlât, ont faiû des œuures merucillcufes ; mais qu’ils aycnt doné aux paroles qu’ils ont di-ûes,aucune vertu, quand vn autre les prononcera,pour faire quelque miracle, ou v-ncœuureextraordinaire, il n’en eft point parlé en toute l’Efcriture. le ne m’arrefte-ray pas dauantagc,pour monftrer plus amplement, combien eft grande l’énormité, quels font les blafphemes,amp; abominatiôs, qui fontcn cefte coniuration execrable de leur eau benifte. Car ie fuis certain, qu’il n’y aura celuydc ceux, qui verront fl peu que i’en ay touché, qui n’ait en horreur tout ce qu’ils font,amp; qui ne les detefte, comme mefchas , amp;nbsp;côtempteursde Dieu. Et quant à toutes leurs benediétions, que i’ay récitées, vn chacun peut voir, que ce ne font que toutes fupcrftitiôs,amp; impietez infernales. Il y a encores dedans ce retrait de Meflcl quelques autres benediûions, ouplustoft malcdidions, comme du ba-fton,amp; de la befaife des Pèlerins, qui veulent alleren pèlerinage, qui font fl brutales, que c’eft vn horreur . lefcroye troplóg fi iem’amufoye à les reciter.Mais tantya, qu’elles fonttoutes profanes,fuperftitieu-fes amp;nbsp;pleines d’impictez:comme de-faift.

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Dl LA M l 3 S 1.' 217 il n’y a rien en tout ce Mcffcl infernal, qui ne foi t execrable deuît Dieu.E t cela feroit bien facile àprouucr,qui voudroitcfplu-cher tout par le racnu:amp; mettre feulement ce qu’il contient,en lâgage cogneu de to*. Or quand il n’y auroit autre cnofc, que ce quei’en ay défia dit,ce ne feroit que trop, pourcognoiftre ce qui en eft.alTauoir,qu'é tout le Mcflcl il n’y a que pures moqueries de Dicu,que menua fatras amp;nbsp;badi nages: amp;nbsp;puis vnabylmc defuperftitions,amp;vngouf fre d’impictez plus que diaboliques.

Quant à la benediftio des Agnm Def du Pape ,qui font faiûs de cire blanche,ic croy qu’ils ne l’ont point cnregiftree dedâs le Meflêl,d’autant qu’il n’y a que ceft An-tcchrift feulement qui les face.Et pourtant il fc referue le liure,ou les fingencs qu’il y fait,font deferites. Ce vencrabre Durandi, au fixiemeliure de fon Irrationncl,dit que ces A^nM Deife font de cire neuuc benifte, ou bien du cierge Pafqual de l’année prcce dcnte,mcflé auec lecrefme. Et recite là ce maiftre Alliborum,les fignifications, pro-prictez amp;nbsp;vertuz de ces Aginn Dei: Icfquels puis apres font diftribuez au peuple, par le Pape mefme , le premier Samedy d’après Pafque,qu’ils nommêt en leur gergon. Le Samedy en blanc. Et à la fin deferiuant l’ef ficace amp;nbsp;vertu de ces A^nM De»,il dit,qu’ils défendent de la foudre amp;dela tempeftc,lcs amp;dclcs,en vertu de leur confecration amp;nbsp;bc-

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US nbsp;nbsp;nbsp;AKATOMII

hediftion.Si cft-cc,quoy qu’il cnpuifle dl re.quelc Pape leura faift grand tore. Car ayant l’autorité amp;nbsp;ptiilTance.cómc il fe vâ-te mefchamment,dc donner toutes les ver-tuz qu’il luy plaift aux chofes, ainfi qu’il la donc aux cendres defairelaredéptiondes pechez,amp;à l’eau benifte fallée( laquelle peut faire vn chacun defes Preftres, quelque maloftru qu’il foit)la vertu de chaffer les diables,amp; defauuer les homes, amp;nbsp;principalement à celle de leur Samedy fainét/ laquelle on porte aux maifons dedans de» boutcilles,ou autres vaiffeaux, pour la gar dcr,amp; en vfer quand il tonne, ou qu’il taie Sue tépefte,ou pour chaffer les efprits;

Jl a donné à tant d’autres chofes de ff merueillcufes vertuz , comme nous auons

WK dtr f^ tultr^jti imflrt.

delîadeclairé : ayant,dy-ic,telle autorité, n’a-il pas bien malfaiét, d’autant qu’il n’y aqueluy feulqui face cefte benediûion, qu’il n’a dó né à fes h^mu De» la vertu de la plante nommée Agnus caftus, donc parle DitßtriJt Diofcoridc amp;Gallien-.vcu que toute fa ver premier mine de Prcftraillc , tous les vilains Ca-Ziw'e.flwp. phards, tous fes ordsamp; infames Moines, amp;nbsp;toutes fes puantes Moineffes ,amp;cnge-tm»» . » nçrji^toutfon Clergé abominable, en ont fi grand befoing? Car puis que toutes ces canailtes-cy onefaift le vœu de chafteté, amp;nbsp;que le fainft mariage inditué de Dieu, leur eft défendu par cclt Antechrift de Ro-

me: cela n’cuft-il pas cfté beaucoup mieux

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Dl LA MESS s. amp;!gt; apropos,qu’il euftdoneafes Agit’üti telle vcrtu(afin qu’vnc ordure tant execrable,có me eft ceftc-la,n’cuft point régné au monde,amp; qu’elle n’euft point tellement infeûé amp;nbsp;empuanty toute la tcrrc,quc la puanteur en môtc'iulqu’au ciel)q de leur dôner puif fance contre la foudre amp;nbsp;tcmpcftc:Quel a-ueuglcmenteft-ce-la,de ne voir goutte en telles enormitez’Leshômes nefont-ils pas du tout infcfe2,amp; pi’ qu’abrutiz,dc ncs’ap pcrccuoirnôplus q trocs de bois, cément ils font trépez amp;moqucz fi vilainemét,quc les belles brutes en auroyetbéteiMaispae qui,amp;côment font-ils dcccuz fi miferablc-mentîPar ceux qui fe vâtent d’eftre les pil-licrs dcrEglife: parceux qui fe difent eftre Lieutenas de IcfusChrift.amp;fucccflcurs des Apoftres;par ceux q vfurpet le tiltre de Pa-fteurs,amp;quiveulétfaireaccroirc,qu’ilsont le foing des pourcs ames : amp;nbsp;toutesfois on voit qu’ils ne tafehet finon à ruiner toutamp;à renuerfer la dourine de falut.On voit que ce font gouffres iBfatiablcs,amp;qui ne fe fou cient que de leur vcntrc,ambition amp;nbsp;cupi-ditez.N’eftee point parvn iufteiugement de Dieu q cela fe fait ? Le môdcn’eft-ilpas bien digne d’vnc confufion cent mille fois plus horrible’N c voit-on pas,quâd on pref cirera des fables, amp;nbsp;qu'on mettra en auanc les fonges amp;nbsp;refueries des homes, cément vn chaeû les cfcouteîcémcnt to’ y croyétée les embraffetî Si on ÿpofe chofes abfurdes

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11«

ANATOMIE

amp; plus que brutales,qui cft-ce qui ne les re çoitî ou, qui cft-ce qui y contredit? ou,qui s’cmploye vaillamment pour les rcpouilcr? Et au contraire , lî on vient à prclcher la fainfte parole de Dieu , fi la pure vérité eft dcfcouucrtc,fi l’Euagiledc noftreSeigneur Icfus fe manifeftc : lors l'impiété cachée le monftre ; la plus part cuide que cela eft va erreur pernicieux : les vns eftiment que ce n'cft finon vne femence de troubles amp;nbsp;que-rellcs:les autres crient,que c’eft la plus dâ-gcreufe peftc, qu’onfauroit imaginer. Et fiir cela,beaucoup fe iettent hors des gons, amp;nbsp;fe desbordent en toute mefchaceté.Aucuns fe moquent apertement de Dieu, les autres enflambez d’vnc ragefurieufe, s’acharnent à l’encontre de ceux qui s’arreftét entièrement à la doftrinc de falut, amp;nbsp;les pcrlccutent à feu amp;nbsp;à fang,amp; exercent toute la cruauté qu’ils peuuent, afin de les exterminer.N’cft-ce pas bien raifon que tels inonftres foycnt aucuglez,tellement qu’ils croyent aux menfonges de fatan ,amp; deto’ fes fuppofts’amp;qii’ils foyét fi abeftiz en tout amp;nbsp;par tout, qu’ils iugent le noir eftre blac, A: les tenebreseftre la lumicreîVoilacoW met il en eft aduenu à to’ceux qui ont-sd-ioufté foy au perc de mcfonge,amp; à fon An-techrift,amp; à toutcsfesillufions.

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DE La MESSE.

111

LA OyATRIE

ME ET DERNIERE

PARTIE DE CESTE ANA-toiTiic,ou ilcft traité de plufieursa-buz,abrtminations amp;nbsp;iropietczde la Meflè: amp;nbsp;ert diuifée en fix Serions.

Lv^ première SeBion.

On il eîi iedniré que laJAejJine remet point les pechex.'quellen'eTlpoinfvne fatisfacUon pour iceux,amp;qu'elle ne peut appliquer telles ebofes à l’homme.

Ombien que par cy deuat no’ayôs touché pluficurs abuz, erreurs, fuperftitiôs Si impictez,dont la moindre partie de toute cefte ex ecration de Mefle eft farcie, amp;nbsp;que nous ayons no

té le tout,félon qu’il eft làcouché:fi eft-cc qu’il nous faut fpecialement traiteren celte dernicre partie , de beaucoup d’erreurs abominables,amp; impietez plus que diaboli qucs , qui ont régné par fi long temps au monde,Sf qu’on acuidé eftre la fommede toute la Chrcfticnté.Cômc quand on fait

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XIL nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIE

accroire que ce facrilege de MefTe pardon ne les pechez: qu’elle Utisfait à Dieu pour iceux: ou bien .qu'elle applique vne telle rc mifsion, ou fatisfadion aux hommes : K que c'eft vn facrifice pour les viuas amp;nbsp;pour les trefpalFez . Et puis aufsi, il nous faut mondrer par certaines raifons,que la Mef fc eft vne inuention infernalle, amp;nbsp;non pas diuine,rappetaccepar pluficurs. Et finalement , dcclaircr beaucoup d’autres erreurs par trop enormes,dcfquels nous auons def ia traite en partie, amp;des autres,dôt no’ n’a uos point encores faiûaucunemétion.En premier lieu donques ,nous prouucrons S'aremifsiondespechez ncpeuteftre par celle aborainationde Meffe ; amp;nbsp;que Dieu n’eft point appaifé, ne fatisfaift par cela: amp;nbsp;qu’elle ne peut edre le moyen, pour appliquer aux hommes ce pardon amp;nbsp;fatisfaidion , qui leur a edé fai£le par no-dre Seigneur Icfus : amp;nbsp;quiconque dira du contraire, qu’il ed vn fuppod de fatan , amp;nbsp;membre de V Antechrid. Voicy donc comment ic môdre cedarticle.Ccux qui maintiennent fi fièrement,amp;d’vne audace fi def efperée (comme fonttous lesPapides)que laMelTe a telle vertu amp;efFicacc,qu’elle fait vne œuure fi grande Si admirable, que de pardonner les pechez, amp;nbsp;facisfaire à la iu-ftice de Dieu pour iceux:en parlât ainfi,ou ils entendent de toute laMclTe.c’cd à dire, de cous les mots donc elle ed badie, amp;nbsp;de

tou-

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OI LA MISS K. IXJ toutes les ceremonies qu’on y faift, depuis le commencement iiifqucs à la fin, amp;nbsp;de tout ceft amasconfuzde paroles,de mines amp;badinagesqui s’yfont:ou bié,ils entendent feulement cela de leur facrcment, qu’ils appclcnt,du corps amp;nbsp;du fang, lequel fur tout ils confiderent amp;nbsp;regardent en la Mefle.S’ils entendent de toute cede confit fiô.c’efi vne chofefaufle,amp; fi abfurdc,que tien plus.Car,qui eft ccluy qui ne voye nié amp;qui neconfeffe du premier coup,que les péchez ne fe pardonnent pas en barbotant des mots,ny en faifant des fingerics amp;nbsp;ceremonies tant qu’on voudra;QuJainfi foit, nous fauons que la Bible cil la pure parole de Dieu ; fi quclcun la recite,ou la dit cent fois toute,depuisvu bout iufques à l’autre, eft-cc à dire que par ce moyen il obtiendra remifsion de fes pechez ? 11 n’y a celuy qui n'eull honte de taire femblât d’y auoir fon gé, mefmc en dormant.Cément déc eft-il pofsible,qu’en difant la Mefle (qui eft vne inuenciondu diable,ainfî que nous prouiic rés cy après en la j.Scótió)lcs pechezfoyét pardónez,ouqu’on fatisface pour iceux’Or que pour dire des paroles,voire fainftes,5e pour faire des ceremonies, les pechez ne foyét point pardénez , il appert manifcftc-ment.Car autrcmêt,laiuftification dcl’hô me fcroit par les œuures. Ce qui eft contre toute la dourine de S.Paul.Qui cft-ce qui peut nicr,q dire amp;nbsp;prononcer des mots,eft »ne œuure d’hômeîEt mcfmc,qui eft ccluy

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114 ANatomiï

quelque hypocrite,amp; infidèle qu’il foit,lequel ne puifle barboter force Pfeaumes,dire des oraifons tant amp;nbsp;plus,amp; faire cét mil le ceremonies,amp; des mincsamp; badinages in finiz’Et qui pl* eft.fatan le pere de toute i-niquité, ne peut-il pas bien dire amp;nbsp;pronon cerbeaucoup de paroles fainftes,amp; tirées dcladoftrinedcfalut? S. Paulditen plu-Ram. 5.4. fleurs paffages,q par les œuures de laLoy, 8' cômandées de Dieu(amp; entéd cela de toute boy, foit du Decalogue, qu’on appelé la C^pa. boy morale,ou de latoy cercmoniale)nul n’eft iuftifié,c'eft à dire,nul n’obtiét remif fion defes pcchez-Etces facrileges detefta blés voudront faire accroire,que pour lire, ou pour dire des paroles, ou bien pour ob-feruer des ceremonies que Dieu n’aiamais commandées,mais que des charongnespu antes ont controuuées amp;nbsp;bafties à leur po-IJc,lespechez fontremiz! N’cft-cepoint vne audace plus que diaboliquc,amp; vne impudence du tout intolerable? Que s’ils di-fent qu’ils n’entendent point cela de toute leur puantife de Meße,mais de leur facre-menc abominable, lequel ait cefte vertu S efficace de pardonner les pechez, amp;nbsp;dcfa-tisfaire àDieu pour iccux,ou bié, appliquer la redéption faifte parnodre Seigneur Ic-fusChrift,àceux pour Icfquels laMefleeft difl:e;cela n’eft aufsi que méfonge plein de impieté execrable. Car encores que ce que ils font enfoufflätfur leur pain amp;nbsp;leur vin,

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DI LA MISSI nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;115

amp; tout le refte , fuß vu vray Sacrcmcnt(cc qui eft impofsiblc, comme nous auós did) fieft-cc que l’office des Sacremens n’eft point de faire des œuures fi admirables: mais bien de les lignifier,les reduire en me moire , les reprefenter, amp;nbsp;de nous en rendre certains amp;aircurcz,St de fécllcr cela en noz cœurs . Car fi les Sacremens auoycnt cefte vertu la , ce feroit principalement en ceux qui les reçoiuenc, amp;nbsp;prennent dignement , Or ne l’ont-ils point en ceux-là ; ils ne l’ont donc point en nul autre.

Que non feulement IcfaindSacre-mentde laCene duSeigncur,mais que nul autre n’ait point ceft office,il appert: d’autant que la vrayc , amp;nbsp;pure reception du Sacrement, foitdc lafaindcCene, ou du Ba-ptcfme,preruppofc,amp; ne fe fait iamais, que la remifsion despccliez , amp;nbsp;la iuftification n’aille toufiours dcuât. Parqu*y ne l’vn ne l'autre des deux Sacremés ne pardóne poît les peclicz,amp; ne iuftifiepas les peclieurs.il cftbieu certain , que nul ne fe doitingerer à receuoir quelque Sacrement, pourueu qu’ilIbit en aagede difcrctió, s’il n’a vrayc repentance des fes fautes,amp; vnc vrayc foy, amp;affcurance en lefusChrift . Orquicon-ques fe repent vrayement, amp;nbsp;croit fermement en noftre Seigneur lefus, il a remif-fion defes pecliez,amp; eft iuftifié , comme il encftparlé aux Ades des Apoftres. Saind ^Hju Pierre eftât à Cefatec en la maifon de Cor-

P.

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IIÄ ANATOMIl

AAF.ij

Mao,

Dille le Centenier, A ceftuy- cy,dit-il(par* lancde lefos Chrift)tous les Prophètes ren dene tefmoignage: que quiconque croit en luy,il a remifsion de fes péchez parfon nô. Et S.Paul dit aufsi,Qtfi[vousfoit notoiregt; homes frètes, que par iceluy(il parle de le-fus Chrift)la remifsion des peenez vous eft ânnoncée:amp;de tout ce dequoy vous n'auez peu eftre iuftifiez par laLoy de Moyfe,quiconque croît eft iuftific par luy .Si donc on peut auoir la foy,amp; la repentâce non feulement fans les Sacremés,maisaufsi il eft ne cefTaire que l’vn amp;rautrc precede les Sacre mens,fi ceux qui font en aage les veulct rc ceuoir dignement: il fenfuit oien que la re-mifsiondes pechez,on bien la iuftification Dedepéd pas des Sacremcs,amp;qu’ils ne font point caufe que les pechez foycnt pardonnez,ou que la remifsiô amp;nbsp;iuftificatiô foyce appliquez a«x homes par ce moyen la.Car ilfaucnecelTairementquc ces deuxehofes foycnt appliquées deuât qu’on rcçoiiic les Saeremens.Et l’vfage comun de l’Eglife le monftreallez, laquelle nedonneiamaisle Baptefrac a vn home d’aageamp; de diferetiô, qu’il ne face confefsion de fa foy premiere ment,amp; qu’il n’en rende raifon. Autant en diras-nous de lafainéteCene denoftre Sei gneur lefus, laquelle tous côfclTeot ne dc-uoir eftre receue finon de celuy qui a repé-tance de fes pechez . Quant au Baptcfnie. nous en auons l’exéple aux A des, ou il eft

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D Î LA MESSE. 117 parlé de l’Eunuque,lieutenant de la Roinc Candaces:auquel Philippe ne voulut point adminiftrer le Baptcfme, qu’il ne cofcllaft premieremét,qu’il croyoït de tout fô cœur Nous Cauôs auGicornent Abrahâfut iufti- Cw'-’S fié allât q receuoir la Circôciiîon,aiufi que en parlcMoyfciaffauoir.qii’Abrahâacreu à Dieu, amp;nbsp;il luy aefté réputé àiufticc:c’cftà dirc.aefté iuftifié par foy.EtS.Paulallégué R'”quot;-4 ceft exéple, voulat prouuer q la iuftificatiô n’eft point par les œuuret, ne par les Sacre mens: amp;nbsp;dit qu’Abrahâ fut iuftifié deuât la Circôcifiô.amp;q laCircôcifiô luyfutvn feau de laiufticedcfoy . En quoy il donne bien àentédre, que l’office des Sacremens n’eft pas de remettre les pechez , ou de iuftifier les hommes:mais d’eftre fignes amp;nbsp;féaux de tellesgracesdeDieu . Dontil apertqu’e-ftans comme féaux,ils n’en peiiucceftre les caufes.il n’y accluy qui ne lâche la grande difference , qui eft entre la caufcdcquel-que effeft,amp; le ligne d’iccluy .Or les Sacre mens font fignes amp;fcaux,amp;non pas les eau fes de la remifsiô des pcchez:ils ne les pcu-'lient donques nullement pardonner.

Dauancagc,fi les Sacrcmés remettoyét les pechez,amp; q fans iceux la remifsion n’en peufteftre faitee: il s’enfuiumit q la grace de lefus fcroit de moindre efficace depuis fa venue au monde,qu’elle n’cftoit deuât la Loy.Or ce feroit vnc chofepar trop abfiir-dc,amp; cotre toute raifon, de dire q la grace P. ii.

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118 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;AN A T o M I B

de Chrift fuft de pl* petite vertu âpre? qu’il cftapparuaux home?,qu’elle n’auoitefté ait parauant .Car quelle moquerie feroit-ce de affermer maintenant que noftre Seigneur a accôply toutes les Prophéties, qu’ilafait la redemption de? péchez , que c’eft le teps de plenitude , le temps agréable, le temps degrace,5c les iours de lalut,?equc fa grace fuff de moindre vertu Se efficace, qu'elle n’eftoitauant qu’il vint? Et toutcsfois il faudroit neceffairement que cela fuft vray, fi les Sacremens eftoyét neceffaircs à la rc-miCsion des pechez. Qu^ainfi loit, auant que la Loy fuft donnée parMoyfc.nousfa-uonsqu’Abcl,Enoc,Noah, Se Abtahâ,du- j qucH’Eferiture fait mention exprefle, Sc tous les autre? fainds perfonnages aufsi, ontefté iuftificz par la bonté infinie de Dieu,Se par lagrace de noftre Seigneur 1e-fus Chrift,votre fans aucunsSacremens. Pourqiioy donques la grace de noftre Seigneur lefus n’auroit elle pas maintenant lamcfme vertu Se efficace, qu’elle auoit pour lors ? Il cft bien certain qu’vnc chafe, laquelle peut faire foneffeéf fan? l’aide,ou moyen d’autruy ,cft île plus grande efficace Sepui (Tance, que celle qui en a befoing, St | qui ne s’en peut paffer . Parquoylî lagrace j de Dieu,Sc la vertu de lefus Chrift a maintenant befoing des Sacremens pour faire cell effeéf de la remifsiô des pechcz,Sc que au parauant elle n’en euft que faire: il n’y a point

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DILA MISSI. »1gt; point de doute qu’elle ne foit à cefte heure de moindrevertu,qu’elle n'eftoit de ce téps la,d’autant qu’elle ne peut pas faire de foy, cela qu’elle pouuoit faire pour lors que le-fusChrift n’eftoit point encores manifefté-en chair. Elle fera donques maintenant de moindre vertu amp;nbsp;puifTance,qu’elle n’eftoit en ce tépsla. Qm eft vne chofepar trop def raifonnable.amp;indigne d’eftre mifeenauât.

Mais combien suons-nous d’exemples en l'Eferiture fainûc , amp;nbsp;mefmes au nou-Ueau Teftament, par Icfqucls on voit que les Sacremens ne (ont point caufe de la re-mifsion despechez? La femme pechcrclTe, le Paralytique,la famille de Zachce,lc Brigand qui fut crucifié auedefus thrift , amp;nbsp;Cornillc duquel nousauSs parlé,ncreceu-rent-ilspas tous la remifsion de leurs péchez par la feule foy,amp; non point parles Sacrcmens?Parquoy IcsSacremens ne pardonnent pas les péchez.Si quelcun allégué en ceft endroit le dire commun des Do-fteurs,c’cft alTauoir, que les Sacremens de la Loy nouueUc font cela mefmes qu’ils figurent, amp;nbsp;fignifient ; amp;nbsp;mefmes ce que dit lainftAuguftin en la Preface du Pfeaume 75, lequel traitant la difference entre les Sacremens de l’ancienne Loy , amp;nbsp;des no-ftres , dit que ceux-là promettoyent feulement le Sauueur,amp;rcdépteur,mais les no-ftres donner falutûe refpon à ccla,qu’ilfaut bié aduifee amp;nbsp;cofiderer p rudement telles fa P. iii.

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IJO nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIB

çons de dire, pour les expofer en forte,que le fens conuienne, amp;nbsp;qu’elles foyëtvrayes: amp;nbsp;non pas les eftendre tellement »qu’elles foyent par trop excelsiue8:amp; leur faut don ner la mefme intclligéce, q les Ancics leur donnet. S.Auguftin en plufieurs paffages veut,que les Saertmés de laLoy Mofaiquc ayét preannoncé lefiis Clirift:amp; que les no C»»t.F4«. ftre l’annôcét.ll dit eferiuât cotre Fauftus, M.iÿ.cap. LaLoyamp; les Prophètes ôt eu des Sacremés ' pour denócer auparauant ce qui cftoit à venir: noz Sacremés annocent q ce qui cftoit lors promis eft aduenu,tellcmét qu’ils font différés quât à la manière de lignifier: mais quât à la chofe lignifiée , ils côuiennent amp;nbsp;Cafr.Pf/»- pareils. AuTiure cotre Petilian il dit, Itanltb.i- q les Sacremés des Iuifs,ont efté diuers en quot;f-i7 nbsp;nbsp;nbsp;lignes,mais en lachofe lignifiée,parcils:di-

uers cnvilible apparence, pareils amp;nbsp;vns en vertu amp;nbsp;efficacefpirituclle . Ilditaufsifur A» traiHé S .Ica, Noftre foy amp;nbsp;celle desPeres eft en fi f^s. !«» gnes diucrs,cómeen paroles diuerfes.Car î^iO 45 les mots changent leurs fonsfclôla diuerfi té des téps: amp;nbsp;les paroles n’ont autre effeift que les lignes.Les Peres Anciés ont beu vn mefme breuuage fpirituel qnous,côbien q leur breuuage corporel fijft autre. Ainfî les lignes ont efté châgez fans lechâgemét de foy.LaPierre leur cftoitadóc Ief’Chrift:amp; eeqno’eft prefété à l'autel,c’efi lef’ Chrift-Ce leur a efté vn grand myftere,ql’cau que ils ont beu,venant de la Pierre. Les fideles fauent ce que nous beunons. Si on regarde l’apparence vilîblc,il y a différence: fi on re

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Dl I. A M Z S S 1. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;131

girdc la (ignificatió intérieure,c’eft toutvn it ailleurs ilclit.Noftreviâdeamp;uoftrebrcil SurlePfi, uage eft vn auec celuy des Percs anciens, 77 quit au myfterc, c'eftàdire, quanta ce qui eft fignifié,nonpas quat au figne apparent. Carc eft vumeune lefus Chrift, qui leur a efté figuré en la picrre,amp; qui no’ a efté ma nifefte en chair.Si nous voulôs doc que ces façôs de parler cy foyét vrayes,il les faut ne cclTaircmét expofer,côæe no’ auSs fnôftré deS.Auguftin: C’eft,q ladifferéced'être les Sacremés de l’ancicne Loyamp;lcs noftres,cft en la manière de fignifier amp;nbsp;reprefcntcr:de autant qceux la fignifioyct la chofe avenir, amp;nbsp;les noftres la prefentét,amp;la môftret qua* fi côme au doigtx’eft à dire,ils ne la figni-fiétplus avenir,mais qu’elle eftprcfente,amp; defia vcnue,amp;qu’on ne l’attend plus.Et par cecy mefrae nous forames certains,qles no ftres emportée vnc lignification beaucoup plus exprefle, amp;nbsp;plus claire, q ceux de l’an-ciéne Loy. Car comme de noftre téps,il y a plus ample cognoiflacede lefusChrift amp;dc fa gracc,à caulc q c’eft le téps de plenitude: aufsi noz Sacremésont vne fignification,amp; reprefétatiô des chofes, beaucoup pl’claire amp;manifefteqn’ôt iamais eu ceux de laLoy. Mais de dire qu’ils puiflent ne fatisfaireà Dieu,ne remettre les pechez, ne iuftifier le homme, ne donner grace, ne l’appliquer d pctfonneic’eft vne relucrie par trop lourde, voire vne impiété plus qu’execrable.Tout ainfi que no’ auôs deûamôftré cy dclTus,^

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t}! nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMI«

Rsw.j

lesSacremcnsde l’ancienne Loyne pou-uoyent rien faire de tout cela , come il eft bien certain que la remifsió des pccliez,amp; laiuftificatiô n’endependétpas:caril faut que l’vne,amp;l’autre precede toufiours les Sa cremens,fi on les veut receuoirdignemcnc amp;nbsp;félon l’ordonnance du Seigneur. Quant cftaufsidu moyen d’appliquer aux hommes la ratisfâftion,amp; redemptiô faiöepar IefusChrift,nousfauons que cela fe fait par la feule Foy: laquelle accepte amp;nbsp;reçoit tout le myftere de noftre falut, amp;nbsp;le reco-gnoift de la pure grace , amp;nbsp;mifericorde de Dieu par Icfus Chrift,amp; cmbraflcla remif fion des péchez,la iuftificatiô.lafanftifica tiô amp;nbsp;laredemptió;amp; tient le toutde la feu le grace,amp;bonté de Dieu par lefus Chrift, amp;nbsp;non poinrd’aillcurs: amp;nbsp;luy attribue amp;nbsp;dó ne toute la louange,amp; Iagloire,ainfiqu’en p.irle fain ft Paulaux Romains. Etc’eftauf fi pourquoy noftreScigneur Icfus fait fi fou uentmentió deceftefoy, difant, Qui croit en luy,qu’il a la vie eternelle.En quoy il lignifie que c’eft par le moyé de la foy,qu’on reçoit tous les biés appartenâs au lalut, de la grace de Dieu par lefus Chrift:amp; quicô-ques ne l’a point, il ne peut eftre participât de tels bénéfices.

Mxrc i.

Quand donqucs nous trouuonsauz Iuangcliftcs,ou aux liures des anciens Do fteurs,quelesSacrcmens remettent les péchez, comme quand fainft Marc amp;fainft Luc

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B B L A U B Ï S «. IJJ

Luedifent, que lean Baptifte prefehoit le i»V Baptefmc en remifsion des pecnei : amp;nbsp;aux Aftesdes Apodres, qu’Ananias dit à Paul, Leuetoy,amp; foisbaptilc,amp; laue tes pechez, amp;nbsp;autres telles fentéces, lefquelles iemblct attribuer cefte remifsion au Baptefme:ie dy qu’il faut entendre cespaflages là amp;nbsp;les expofer fobrement, amp;nbsp;en toute modeftic. Caron voit facilementquece font manières de parler, par lefquelles on attribue au ligne ce qui cd de lachofe fignifiéc.Et faut tenir en ceft endroit vnc telle mcfure,que les Sacremens n’obfcurcilTcnt point la gloi redenoftre Seigneur Icfus : amp;nbsp;cependant toutesfois qu’ils ayent leur efficace, vertu amp;nbsp;vfagelegitime.Parquoy ilfautfauoir en Îiremier lieu, que c’eft Dieu fcul qui nous aueamp;nettoyé de noz pechez par le fang de fonpils ; amp;nbsp;aureftc,annqu’vn tellaucmét aitfon efficace en nous, qu’il befoegne par vnc vertu fecrettc de fon Efprit. Et pource quand il eft queftion de la remifsion des pe chez,il n’en faut poïtcerchcrd’autre auteur q le Perc cclcftc:amp;quât à la caufc materiele , qu’on appelé , il n’en faut point forger d’autre,quelc fangde lefus Chrift. Mais quandon vient à la caufc,qui en eft la for-me,il eft vray que le faind Efprit tient icy le premier lieu ; fi cft-ce toutesfois que la predication del’Euangilc,amp; le Baptefmc aufsi en font comme inftrument inférieur. Orcombien que Dieu feul befongnepar

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vne vertu intérieure de fon Efprit: néant-moins cela n’empefehe pas que félon qu’il luy plaid,amp; que bon luy femble,il n’ordô-nc des inftrumcnsamp; moyens , qu’il co-gnoift eftre propres amp;nbsp;côucnables: non pas qu’il enferme ou enferre dedans ceft élément quelque chofe,comme eftâtoftee ou de fon Efprit, ou du fang de lefusGlirift: mais c eft d’autant qu’il veut que le figne foitvneaidede noftre infirmité . Entant donc que le Baptefme aide noftre foy, à ce qu’elle recoiuc la remifsion despechez,du feul fang de IefusChrift:ileft appelle laue-ment de l’amc . Ainfi,ce lauemcnt,dont S. Luc fait mention aux Aâes,ne denote pas la caufe: mais il fc rapporte au fés de faind Paul, Icquclayant receu ce fymbolc , cognent mieux que fcs pechez cftoyent nettoyez amp;nbsp;lauez . Combien qu’il faut noter quantamp;quant,qu’au Baptefme on ne propo fe point vne figure vuide amp;nbsp;nue ; mais que la chofe mefme y eft aufsi prefentée . Car Dieu ne trompe point en ce qu’il promet: mais il accomplit ce qu’il fignifie parles figures qu’il metenauant. Si eft-ce qu’il fe faut bien garder toufiours , que la grace de Dieu ne foit point attachée aux Sacremés. Car l’adminiftracion extérieure du Baptef-roe ne profite de rien , finon quand il plaid ainfi à Dieu.Ilfautdonquesprendrcen ce-fte forte ce que difent fainft Marc,amp;fâinift Luc : c’eft afPauoir, que le Baptefme eftle figne

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B 1 l A M I J S I.’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tjf

figne, amp;nbsp;Icfciu ,ou comme Tn gage de la remifsion des péchez. Ce qu’Ananias dit à Paul,Laue tes pechez, eft pour exprimer la vertu amp;nbsp;le fruiû du Baptefmexem-mes’ileuft dit, Laue tes pechez par le Ba-ptefme.Et quand fainû Picrrcdit,Rcpcn- AÆâ tcz-vous,amp; qu’vn chacun de vous foit ba-ptizé au nom de Icfus Chrift en remifsion des pechez:celaeft bié aile à entendre. Car combien qucDieu fe foit vne fois réconcilié aux hommes en lefus Chrift,ne leur im putant point leurspechez, amp;nbsp;que maintenant par fon Efprit il engrauc dedansnoz cœurs la vérité de cefte reconciliation: toutesfois d’autant que le Baptefme eft: le feau , par lequel il nous conferme ce bien ineftimable , C’eft à bon droit qu’il eft dit, qu’il nous tft donné en remifsion des pechez . Car puisque nous reccuon» par foy les dons de noftre Seigneur lefus, amp;nbsp;que le Baptefme eft vnebône aide pour confermer amp;augmentcr la foy:voila pour-quoy laremifsion des pcchez,qui eft vn ef-Kft de la foy, luy eft conioinûc comme a vn moyen inférieur.

Et faut dire le femblablc de tous les autres paflages, ou la remifsion des pechez eft attribuée aux Sacremens , amp;nbsp;leur dônet vn vray fens naturel ; aftauoir, que ce font lignes amp;nbsp;féaux de telle rcmifslô,amp; lefquels en rendent certains les fidclcs;mais ils n’en font pas pourtant la caufc .£ t fî quclcun de-

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ijrf anatomie

mandoit, A quel propos donquesc’eft que les Sacrcinens font donnez, puis qu'ils ne fontrien de toutes ces chores, e’eif à dire, puisqu’ils ne pardonnétpoint lespechez, qu’ils ne iuftifient point les hommes,qu’ils ne les ranftifient,amp;ne les fauuent point auf fi,amp; mefmes qu’ils ne leur appliquent rien de tout ecla:ie refpon,comme i’ay dift par ey deuant, que l’office des Sacremés eft de eftre lignes, pour nous teftificr de toutes ces chofes là , amp;nbsp;d’eftre comme féaux certains amp;nbsp;authentiques, pour nous afleurer de la remifsion des pechez, de la bonté infinie de Dieu,de la pure grace de noftre Sei gneur lefus Chrift, amp;nbsp;de noftrefalut,amp; vie éternelle.Noftre bon Dieu,amp; Pere miferi-cordieux Stpitoyable,voyant que de noftre nature nous fommes tous incrédules,amp;in-firmes; pour aider noftre rudefle , amp;nbsp;nous fouftenir comme de fa main, afin d’eftre co fermez de plus en plus en vrayefoy,amp; cfpe rance, ne nous fait pas feulemét prefeher fa fainfte Parole, ^ fon facré Euangilc, mais par le moyen des Sacremens il nous affeu-re amp;nbsp;cooferme en la foy,nous louant comme le menton pour nous donner courage, amp;nbsp;monftrer à l'œil par fighes certains amp;nbsp;vi fibics tout ce qui eft prefthe de fa Parole. Et pource, quad nous oyons dire,qui croit à rEuangilc,que fes pechez luy font pardó-ncz : amp;nbsp;que puis apres nous voyons baptize rquelcun aueede l’eau, amp;nbsp;que nousfa-uons

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BI la MISSE. *57 lions pourvray.quece Baptcfmc-lacft ordonné de Dieu poumons fignificreda, amp;nbsp;nous en afleurerdors nous femmes d'antât plugt; confirmez, c’eft à dire , nous croyons encores beaucoup plus fetmement kquand nous voyons le Baptefine auoir efté infti-tuéde Dieu: pour nous afleurer .comme l’eau naturellement eft pour lauer les taches,ou ordures du corps: queceluy aufsi qui croit, eft laué amp;nbsp;nettoyé au dedans en fon ca:ur,amp;en fon ame.Lcs Sacreraensont bien enéorcs d’autres offices , dcfqutls nous ne parlons point pour maintenant- Il luffit qu’entre les autres ils ont ceftuy-cy, allauoir, qu’ils nous certifient,amp; affeurent de la rtmifsiondespechez , de la bonté amp;nbsp;grace de Dieu,amp; de noftrefalut,non point feulement pour le temps qu’ils nousfonc donnez, mais aufsi pourtour le reftede no ftre vie, toutes amp;nbsp;quantcs fois qu’ils nous viennent en mémoire , pourucu que nous creyés -Et encores ne font-ils pas vn tel ef-feftde leur propre vertu: mais d’autâtquc c’eft vnc ordonnancediuine:amp; pource auf-fi qu’ils fontvn minifterederEfprit, comme la Parole Dieu.

Pour reuenir donqucs à neftre propos,ie dyque c’eft vn erreur pernicieux,v-nefuperftition mefehante ,amp;vne impiété abominable , de maintenir que. le Sacrc-métde l’EncharifticiOU delà fainûc Cene de noftre Seigneur lefus, pardonne les pc-

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«3* ANATOMI B

chez.Car c’eft la feule bonté,grace amp;mifc-ricorde infinie de Dieu, laquelle remet les péchez par lefur Chrift.quâd nous croyons d’vue vraye amp;nbsp;ferme foy:amp; nô pas le Sacre met de l’Éuchanftic.lieft vrayqu'ilno’ en certifie bié,d’autat qu’il nous ramétoit que Chriftadonné fou corps amp;nbsp;fon fang pour noftre redéption, amp;nbsp;comentfamort amp;nbsp;paf-fio eft caufe de noftre vie: mais quât à la rc niifsiô de noz péchez,le facremet ne lafait point,amp; fi ne la peut faire nullement,corne nousauonsprouiiécydeffus. Quefera-ce donc,ic vo’ prie,de ce facrilege cxccrablcq ces malheureuxPreftres côméttét.amp;Icql ils appelée Sacremét du corps,amp; du fang;Pour ra-il pardôner les pechez aux homes, ou fa tisfaire à la iuftice duDieu viuât,ou leur ap pliquer telles graces?n'cft ce point vn blaf pheme diabolique, amp;nbsp;vne impiété plus que infcrnallc.dc dire cclaîQui eft celuy qui ne ait horreur d’ouyr parler d’vne telle abomi nationîEt quad nous côfellcrions que telle execration eft vn vray Sacremét, ce qui eft impofsible;cncores ne feroit il iamais cccf dot nous parlôs:côme nous auôs défia mô-ftré.Queccsfuppofts d’éfcr,amp; adiiocatsde Mefle le vantét maintenant tit qu’ils voudront, amp;nbsp;qu’ils criét à gueule ouuertc s’ils vculét,qu’ils pardonnét les pechez quad ils la difent. Tant y a,qu’il faut premiercmet qa ils monftrct,quc leur abominatioeft vn vray S icrcmét : amp;nbsp;quâd i Is l’auront fait,ce qu’ils ne ferôt iamais,fi n’aurôt-ils rien de tout ce qu'ils pretêdent: car ce n’eft poit au

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DK LA MISSI. 1}, Sacremét de eöferer telles graces . Par cc-cy q nous auós dedairé iufqu’à prefenr,tou tes les caiiillatiös,efcliappatoires, amp;nbsp;diftin diós des dofteurs de Mene fótmifes bas, amp;nbsp;s’en vont en fumée . Et quoy qu’ils ga-loillct en leurs bourbiers.fi ne gagnent ils rié, finô que leur impudéce amp;nbsp;brutalité eft tat pl’ dcicouuctte,qu’ils ccrchét à couurir leurs impietez énormes.Ils difët qu’ils enté dët de la remifsióde peine,amp; non point de coulpe,quâd il affermét q IcurMeHc pardô ne les pechez: amp;nbsp;qu’en cefte forte aulsi, on doit entcdrelcs oraifôs,qui fôt en ce retrait puJitdeMcflcliaufquclles ileft parlé de telle remifsiô:qutlles s’entédét de la remifsiô de peine,amp; no poït de coulpe.Mais ne voit on pas qu’en ces oraifons-Ia ils font métion fimplemét de la remifsiô des pechez, amp;nbsp;que ils ne fpccifiét point la peine?Dót il appert, qu’ils cntëdëtdc lacoulpe,quicftlachofe principale du peché:amp;lcs mots mcfmes,qui y font couchez,le móftrét bien. Exëplc,celle qui dit,Que cefte cômuniô,Seigneur no* purge de cri me; elle ne dit pas, nous deli lire de peine ,mais de crime ,c’eft à dire, de coul pe.Et l’autre quidit,Qu^ellefoitabfolutió descrimcs;amp; puis elle dit aufsi,qu’elle foit remifsiô de to* délits aux fidèles tât viuâs, que trefpaflez.On voit bié que ces mots là ne peuuêt pas eftre entëduz de la peine feu lemct,amp;nô poït de la coulpe:d’autât qls fôt dits en general de to’pechez desviuâsamp;des mort$.Dauàtage,ce$fophiftes ôtauocats de

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«40 nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIE

U Mcffcidifcnt que l’office amp;effeftdc leur facreméc,qu’ils appelée,eft de remettre les péchez veniels,comme ils les nomment,Si les péchez mortels aufsi,defqucls l’homme n’a pas la coiircicnce,c’cft à dirc(felon mon aduis.amp;fclon qu’ils entendent) ou quand l’homme ne s’en fouuient pas,ou bien,quc il ne cuidc point que ce foyent pechez mot tels,encore qu'ils le foyét. Entre les autres Sophiftes,il y a celuy qui a fait ce liurc,que ils appelent La Somme Angelique, qui le dit,parlant des cffcéls de l'buchariftie. Et le Maiftre des Sentences, au quatrièmeli-ure, àla douzième diftinftion, fur la fin,af ferme,qu’elle remet les pcchez veniels .Et Thomas d'Aquin dit le fcmblable en ce quatrième liure aufsi des Sentences, à la mefmcdiftinclion: amp;nbsp;qu’elle pardonne encore les pechez mortels,defquels l’homme nefe fouuient pas.Et le mot decefte belle oraifon, qui dit, QifeUe foit vn lauement des pechez . fc peut entendre en deux manières ; c’eft allauoir, ou entant qu’elle les cmpefche,o'jbien,elles’entéddes pechez, defquels l’homme n’a point de fouuenance-Tous ceux-cy font fuppofts de la Mcflc,^' toutesfois , ils maintiennent que leurEu-chariftic,non fculemét remet la pei ne,mais aufsi lacoulpe. Combien que ces deux di-ftindios qu’ils font, l’vnc du péché veniel amp;nbsp;mortel, amp;nbsp;l’autre de la remifsion de la coulpe Si de la peine,ne font que pures fo-phi-

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Bl LA MISSI. 141 phifteries amp;nbsp;badinages,qu’ils ont controu-ucz amp;nbsp;mis en auanc, fans vn fcul mot de la parole de Dieu. Quant à leur première di-Kindion,elle eft du tout faune amp;nbsp;ridicule; d'autant que fi nousvouloos parler proprement, tout péché de foy eft mortel, quand on confidere la rigueur de la Loy . Car le péché n’eft point péché , finon entant qu’il eft contre la Loy: autremét ce neferoit pas Îeché.Or s’il eft contre la Loy,il n’y a nul-e doute qu’il ne maudilTc, amp;nbsp;rende fubiet à la mort,celuy qui le cornet, ainfi qu’il eft dit au Pfeaume, Maudits font ceux qui de-clinent de tes commandemens. C’eft vnc feoteneeque Dauid a prins de Moyfe au ^^ Deuteronome;ou il dit que maudit eft quiconque n’eft permanent en toutes les cno-fes qui font eferi tes au liurc de la Loy,pour les faire.Et c’eft aufsi pourquoy S .Paul dit aux Romains, que la Loy engendre ire : amp;nbsp;g*/.* aux Galates,que la Loy maudit tous hom-mes,d’autât que nul ne l’obfcruc.Et pourtant il faut que Icfus Chrift deliure de telle malcdiétion.ceux qui croyenten luy.Tcl-Icmcnt que cefte forte diftmftion, à parler proprement,ne vaut rien.Car le peché,que ils appeler Vcniel.s’ilcft péché,il faut qu’il lefoit d'autant qu’il eft contre laLoy. S’il eft contre la Loy , il maudit amp;nbsp;condamne: s’il maudit amp;nbsp;condamne,neceffairement il eft mortel. Mais il ne fenfuie pas pourtant, fi on dit que tout péché eft mortel, qu’on

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141

A NATOMIS

dife aufsi que tous péchez foyent égaux» comme quelques fantaftiques ontcuidé'.8c ne faut pas penfer pour cela qu'vn péché ne foie plus grand,amp; plus énorme que l’autre: comme,pour exemple, vn homicide qu’vn larrecin : mais on dit feulement que tous pechez en foy , amp;nbsp;de leur nature font mortels,eu conlîderant la rigueur de la Loy.Et puis , quel blafphcmc eft-cc de dire , q leur abomination de Meffeparddne les pechez vcniels Je non pas les mortclsîCarnous fa-uons,que la rcmifsion des pechez , eft vne œuuredeDieuqui cftparhiélc.EtDieu ne remet point vn péché , qu’il ne les remette tous cnfcmblc . Car comme ccluy qui fait penitence d’vn péché , il faut qu’il la face quantamp;quantde tous,pour le moins en ge ncral.autremct nul péché ne luyfcroit par-donnérattendu que la repentance cft,quand l’homme eftât contrifté en Ibn ca;ur,amp;do-Icnt d’auoir ofFenfé Dieu en quelque forte qu’il ait offenfé , fc defplaift à bonefeiant enfoy mefme ,amp; qu’il croit que parlcfus Chrill tousfes pechez luy font pardonnez: amp;nbsp;fi quelcun fe repentoit d’auoir commis vn péché,amp; non pas tous,ce ne feroit point vne vrayc repentance faide au nom du Sei gncurlcfus .aufsi eft-il du tout impofsibic, que la M elfe pardonne les pechez véniels, qu’elle ne pardonne aufsi bien les pechez mortels. Et de-fait,cllc pardéne autant les vns comme les autres:c’eft tout vn. Quant à l’autre

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BI LA MESSI. 14}

a l’autre diftinftion qu’ils ont f orgée,de la remifsiô de peine amp;nbsp;de coulpe.c’cu vne im pieté abominable , amp;controuuée comme pour defpitcr Dieu,amp; renuerfer fafainéle parole. Car nous fauons ce que dit le Seigneur par fon Prophete leremic.c’elt qu’il If«m.5i n’auroit plus fouuenâce des pcclicz.Q^cft ce à dire,qu’il n’auroit plus fouuenance des péchez? Il eft bien certain que celuy qui pu nit le péché,en a fouuenance. Dauantagc, quand Dauid dit, que bien-heureux eft ce- Pfi^u.^t luy,auquel le Seigneur n’a point imputé le péché,qu’eft-cc à dire,n’a point imputé,fi-non pardonné, tout ainfi que s’il n’euft pas cfté taidî Car voila ce qu’emporte le mot, N’imputer point. Orqu’eft-cc autre cho-fc, ic vous prie, pardonner le péché , finon ne le punir point? Et fi Dieu pardonne les pechez,cft-ce à demy qu’il le fait? Mais pi’ toft, il ne les pardóne iamais,quc ce ne loit en perfedion telle , qu’il n’y a que redire: comme aufsi toutes fes œuurcs font par-faiftcs amp;nbsp;accomplies en tout amp;nbsp;par tout. Concluons donques hardiment, puis qu’il pardonne libéralement les pcchet, qu’il n’en requiert aucune punition. Car s’il en requeroit en forte que ccfoit,ilne pardon-neroit pas parfaitement. Et par ce moyen, il ne feroit point mifcricordieuxenpcrfc-ftion,neliberal enuers fes cfleuz. Qui eft vne chofe totalement contraire à fa nature.

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144 nbsp;nbsp;nbsp;AN ATOM! 1

R»m.8 Outreplus, Si liiufticc de lefusChrift eft ’• C'’'•’ imputée à tous vrais fideles amp;nbsp;croyâs,tout ne plus ne moins que fi elle leur eftoit pro pre , veu que Dieu en leur donnant Icfus Chrift , leur a donné quant amp;nbsp;quant fa iu-ftice;qui eft- ce qui ofcra dire,que ceux qui font iuftifiez par icfus Chrift foyentpuniz aucunement ? Seroit ilraifonnable, qu'il y euft aucune punition, la ou eft la iufticc de Icfus Chrift,puis qu’lia entièrementfatif' faift? Autrement,ne faudroit-il pas dire qu’il n’auroit point receu ne fouffert enfa perfonne, toute la peine que les efleuz de Dieu meritoyent à caufe de leurs pechez,amp; tranfgrefsions infiniesîQui feroit vnecho fepar trop abfurde , amp;nbsp;du tout contraire à lafainfic parole de Dieu laquelle nous cn-feigneen tac de paffages , que Icfus Chrift ^f‘-i^ nbsp;nbsp;nbsp;* Souffert amp;nbsp;enduré toutes noz iniquicez,

amp; forfaits. Dauantage, ne s’enfuyuroit il pas,s’il y auoit autreslatisfadions,ou puni ,ti«s,quc celle de noftre Scigncurlcfus,que la iufticc de Dieu n’auroit paseftédutout appailée parfon moyé,amp; foil’ll n’auroit pas efté parfaitement rccôcilieaux homes par l’obéifsâce incôprchenlîble de fon Fils blé aimé’Qui pl* cft.ilfenfuiuroit que la mort amp;nbsp;pafsion bicn-heureufcdu Fils de Dieu n’auroitpointefté fuffifante.pour la redeffl ption du genre humain.Brief,puis que tous les efleuz font,non feulement enfansde Dieu, amp;nbsp;frères de Icfus Chrift, mais aufsi mera-

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BI l A M Ï S S 1. I4Ç

ftébres de fon corps, ce feroit vn trop grid deshóneur amp;nbsp;outrage,qui le feroit à la ma-iefté de noftre Seigneur Iefus,dc dire qu’il n'auroitpas entièrement fatisfait pour Ici pechezdetous les efleuz.Et n'y anullc don te,quc lefus Chrift ne reputaft toute la peine qu’endureroyent pour vne telle caufe tous ceux qui font conioints à luy d’m lien tant eftroit, eftre faifte comme à fa propre perfonne. Et fi Dieu quelque fois ayât pardonné le péché ,amp; apres que la penitence en a efté faide.n’a pas laiilé pourtant d’en chaftier aucüs,cómc Dauid,amp; quelques au très : cela n'a poit efté qu'il ne Icurcuften-tierement pardéné, ou que telle peine fuft pour luy fatisfaire du péché cómis:mais ç'a efté vn exercice pour eux, amp;nbsp;pour autre ef-gard,quc pour punir leur peché,qu'il auoit defiapardonné: ainfî q S.Auguftin dittref bié , que les peines amp;nbsp;chafticmés que Dieu enuoye aux homes, doiuent eftre confide-rez diuerfement.Car aux fideles,apres que ilsontrcceu la remifsiondc leurs pechez, «cfont autât dccóbatsamp; d’cxerciccs:mais aux reprouuez, qui n'ont nulle remifsion, ce font autant de punitions amp;nbsp;fupplicesde leurs iniquitez.Ou il ameine l'exemple de Dauid,amp; des autres. Et de cela,nous en a-

•Au 2.liu» D? ÿfcfiit, n^H

uons defia parlé cy deflus.

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14^

ANATOMIB

Ldfécondé Scclion.

Q«t la Me (Je n'e^ pointynfacrifict, ne memotre de facrifice.

’EST vn abus par trop ^°“f^ ’ ^ ''“' beftife trop ^I^^^OÂ ^°^'' ’ ‘’® vouloir faire fert ^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;“**■ quelque chofe que ce

’©^^ÿM ^®“ * '^*’® ^” ’ ®“ vfage, Wt^lt;^^^ ^“4“'^ elleneconuiétnul lement. Et n’yaccluyqui ne le confefle de bouche, amp;nbsp;bien aifernent, 0 r nonobdant cela,tous les fuppofts amp;nbsp;ad-uocats de la Meffe maintiennent tit qu’ils peuuent, que celle abomination eft vn fa-crificc,qui fe fait à Dieu pour les viuansic pour les trefpaflez. Etqu’ainfifoit,tantde fentences, qui font là contenues, amp;nbsp;qu’ils difentenleur MclTe.en rendent certain tef moignage '.comme quand ils difent, Seigneur,que nous foyons receuz de toy en cfprit d’humilité,amp;en cœur contrit: amp;nbsp;aini fi,que nodre facrifice foit faift auiourdhuy deuant ta face, amp;nbsp;qu’il te foit plaifant amp;nbsp;a-greabIc,ScigncurDieu.Etce q difenteeut qui font là prefcns,Que le Seigneur reçoi-ue ce facrifice de tes mains,à la louange amp;nbsp;gloire de fon nom. T out cela le dit après roffertc de leur hoftie amp;nbsp;de leur calice, deuant leur Preface, dont nous auons par-

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BB LA M E S 5 K. 147 lé . Et puis aufsi, cela qu’ils difent en la fin de leur Meflc,SainftcTrinité,que l’o-bciflance demon feruice te foitagréable: amp;nbsp;fay quele facrificc,lequel,moy indigne, i’ay offert aux yeux de ta maicfté,tcfoit plailaut, amp;c. Et vn tas d’autres pacages infiniz, lefqucls font tous mention, que la Meife, ou bien, leur facrement execrable, eftvn facrifice . Et les bures de tous les Dofteursde Mefle font pleins de ce blaf-pheme tant horrible. Or combien que nous ayons monftre aucunement en la Sc-ftion precedente , que c’eft vn erreur pernicieux que ceftuy-la, voire vnc impiété plus qu’infernale, d’autant que fi la Méfié ne pardonne point les péchez, elle n’eft non plus facrificc pour iccux : neantmoins pour plus ample declaration,amp; plus expref le probation de la vérité ,àc3ule que c’eft icy vn article , qui emporte beaucoup , nous monftrerons par viues raifons , que cefte execration de Mefle n’eft point vn facrificc:combicn que fatan.qui en eft l’auteur, par le moyen de fes fuppofts fèfoit cf forcé d’enyurcr , ou pluftoft, d'cnforcelcr ''du tout le pourc monde , duquel il a crcué les yeux de cefte mefehâte St deteftable 0-pinion. Mais pource que ce mot de Sacrifice fe prend en diuerfes fortes,afin que nous entendions mieux comment c’eft, amp;nbsp;en quelle manière ils cuidét que 1-urMcfle

Q^ iiii.

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14* nbsp;nbsp;nbsp;ADATOM IC

eft vn facrifice : il nous faut noter qu’il eft fai ft mention en l’Efcriture fainfte de plu-Ex»lt;ir 19 fleurs fortes de facrifices,comme en l’Exo-(quot;“io ti ’^^’*“ Lcuitiquc,amp; aux Nombres.Là ou il iiaî^ j.' '® móftréquels facrifices,amp; enquellema-^2x. nicre , amp;nbsp;pour quelle caufc ilsfcdeuoycnt Homi.i.S. faire-.amp; principalement au Lcuitique.ou il J.«S.*?- eft traite bien au 16g des facrificcs:lcfquel$ en fomme , peuuent eftre tous réduits à deux cfpeces:allàuoir,aux facrifices expia-'t^ht *oi''es,amp;aux facrifices de louange,ou d’a-‘^iMde U ^æu de graces .Et encore que cefte diuifió Ctnt, cy ne comprift pas entièrement tous les fa crifices: fi cft-cc que ce fera tout vn, pour-ucu que nous prouuions que la M elle n’eft point vn fâcrince, de la forte qu’ils pretendent. Lesfacrificesexpiatoires, eftoyent ceux qui fefaifoyét pour purger amp;nbsp;nettoyer les nomes de leurs pechez.ou bicn,pout fatisfaire pouriceux: comme ccluy duieu-L««*.4' ne veau , duquel il eft eferit au Lcui tique, amp;nbsp;tant d’autres qui fc faifoycnt pour les pe chez . Q^nt à tout le refte des facrifices, qui fe faifoyent pour autre cfgard , nous les auons nommez engencral Sacrifices de louange,ou d’Aftion de graces.

Or flees Doftcurs de MefTè,qui affet ment qu’elle eftvnfacrificc , difoyentque c’eft vn facrifice de louangc,ou d’aftion de graces.il y auroit quelque peu plus d’apparence en leur dlre.qu’il n'y a pas,quand ils font fi effrontez, ou pluftoft fi enragez, de dire

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BI LA U l I t I. 141 dire amp;nbsp;maintenir, voire à feu amp;nbsp;à fang,que e’eftvn facrifice expiatoire,e'eft à dire,pour purger,ou bien,nettoyer amp;fatisfairc pour les pechcz,non feulement des vifs,mais auf fi desmons.Nous fanons quec’eft vneœu ure admirable,amp; qui appartient à Dieu feu lement, d’effacer, abolir amp;nbsp;purger les pc-chez,unt des viuans que des trcIpafTez.Ou eft ce qu’ils ont trouué,quc leur MelTe fait cela?D’ou l’ont-ils pcfché,ic vous prie? Eft , ce du vieil Teftamentî 11 n’y a celuy qui ne fache bien, qu’il n’eft là fai cl aucune mention de la Meffe, d’autant qu’elle n’cftoit point encores au monde , amp;nbsp;que le diable ne l’auoit point encores introduite poUt lors.Ils diront parauenturc, qu'ils ontpris cela du nouucau Teftament . Or qu’ils nous y monftrent vn feul mot, ou Îefut Chrift, ne tous les Apoftrcs ayent iamais , dift,qu’vne telle abomination eft vn facrifice pour les vifs amp;nbsp;pour les morts, amp;nbsp;nous leur donnerons cau(ê gagnée . 11 eft vray, qu’ils trouucront bien , que le Sacrement delafainfte Cenede noftre Seigneur Ic-fus,eft vn memorial du facrifice vniqucamp; perpétuel, qu’il a vnc fois offerten la croix àDieu fon Pere pour nous, c’eft à dire, vn memorial de fa mort amp;nbsp;pafsion . C’eft luy mefrac qui en a ainfi prononcé , quand il a ^^^„i, 14 inftitué fa fainfteCenc, côme nous le tcf- -M^rc 14 moignent les Euangeliftes,amp; S. Paul aufsi Lor ai en la premiere aux Corinthiens : c’eft affa- i.Cw.ii

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»5 a nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIB

ûoir,Faites cecy en mémoire de moy:mais poureela, diront-ils, quelaMelFeeft vnfa-crifice ïTrouueront-ils moyen de prou-uer par ces paroles,qui font n claircsamp;ma-nifedes, qu’elle eft ordonnée par la parole de DieuîÔn voit qu’ils font fi efFrôtez,que ils ne font que torcher leur bouche, quand ils font plus que conucincuz de leur impu dence defefperéc;fi eft-ce qu’ils n’oferoyêc maintenir leur impieté par tels pafTages. Car les petiz enfans mefmes leur crachc-royent au vifage, s’ils difoyent auoir peP ché au nouueau Teftament vn tel blafphe-me .Car pofonslecasquela fainfteCene fuft vn facrificetcl qu'ils l’entédcnc, qu’eft «que cela feruirapour leur Meffe ? Ne faudroit-il point premieremét qu’ils mô-ftraflcntparl’Efcriturc.quc la Cene de le-* . fus Chrift amp;nbsp;leur facrilegc de Meffe font tout vn ? Et quand fera-cc qu'ils l'auront prouué? Ce fera lors qu'ils nous auront raift accroire,que les tcnebres font lumière, que men fongc cd vérité, amp;que les in-uentions de fatan font ordonnances du Dieu viuant.En vue chofede fi grande im portance que cede-cy,comment eft-ce que tous les hommes du monde,voire amauez enfemblc , ont efté fi audacieux , que de mettre en auanc vne telle fencence, fans aucune autorité de l’Efcriturc fainfte?N’a «point efté vn orgueil plus que diabolique , quandils ont ofé prendre la hardief-

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OB IA MISSI. 151 fe Je dcfeorger vne telle impiété amp;nbsp;blaf* pheme fi execrable à l’encontre du Fils de Dieu ! Comment eft-il polsible que les hommes fâchent qu’vnechofefoit lacrifi-ce pour effacer les pechez , fi la parole de Dieu ne l’cnfcigne? Commet ferions-nous affeurez dcnoftrefalut;qucDicu eftnoftre Pere par le moyen de noftre Seigneur Ic-fus : que nous ferons participans de la vie eternelle:que nous refufciterons,fi la fain* Ôc parole de Dieu ne le prononçoit ainfi? Or il n’y a nulle doute que cela quieftfa-crifice pour les pechez , nefoit le mefme qui nous faune. LaMeflcdonques,ou leur facrcmeot,qu’ils appclcnt,fera ce qui nous fauucra : amp;nbsp;Icfus Chrift ne fera point no-ftre Sauueur , mais la Meffe, ou le facrc-ment d’icelle!En quoy nous voyons labc-ftife par trop lourde, amp;nbsp;lafottife brutale de tous ces Dofteurs de Mefle.Car encore pofé le cas qu’il yeuft vn vray facrement en leur abomination(cc qui eft du tout im-pofsiblc: )fi faut-il en defpit de leurs dens, qu’ils confeflent que ce facremcnt-la ferait vnechofe,laquelle feroit totalemét re pugnâte amp;nbsp;contraire à fon office.Or eft-il ainfi que nousauôs défia dit cy deflus, que l’office du vray Sacrement eft , de nous lignifier amp;nbsp;afleurer quant amp;nbsp;quant, que le-fus Chrift eft mort pour nous,en rcmifsion de nez pechez : amp;nbsp;de-fait,noftre Seigneur

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i^l nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIS

lefus mefme ledit ainfi : amp;de nousenfeï-gner que lefus Chrift remet les péchés: amp;nbsp;ceux-cy neantmoias veulct que leur facre-ment pardonne les pechez . Comment eft il pofsiblc que ces deux chofes-cy puilPent compatirenfcmble.c’eft aflauoir,que cela qui lignifie amp;nbsp;afTeure qu’vnc autre chofe remet les pechez,cependät les remette mef me,a(rauoir le Sacremcnt’QuLils accordét vn peu cela, s’ils peunent ; Si le Sacrement pardonne les pechez,commet il fignifie amp;nbsp;afTeure.que lefus Chrift les pardonne . Ne faudra-il pas dire à ce conte , que ce n'eft Îas lefus Chriftqui remet les pechcz, mais e Sacrement?

Or pour toutes defenres,^ pour faire bouclier à l’encontre de Di eu,ils presen dent amp;nbsp;s’arment du nom des Peres anciés, amp;difcntqucS. Ambroife, S.Auguftin, Si les autres,l’ont appelé Sacrifice;amp; pourtât, qu’eux aufsi l’appelent Sacrifice.Et puis ils feignent que l’Efcriture le dit, comme le Prophete M alachie, quad il introduit Dieu parlant en cefte forte ,1e n’ay point de plai-firen mus (dit le Seigneur des armées) K n’auray pas agreable l’oblatiô devoz mais. Car depuis Orient iufquesen Occidetmô nom eft grand entre les gens:5ten tout lieu encenfementeft offert à mon nom,amp;obla tion nette amp;nbsp;pure . Car mon nom eft terrible entre les gens, dit le Seigneur des armées. Voila,difcnt ces boas Doélcurs.cô-

ment

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DI LA MISSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1$)

Blent la Meffe eft vn facnficc,lequel fc fait à Dieu depuisOrient iufques en Occident: amp;nbsp;eft appelée du Prophete,Oblatiô pure êe nette , laquelle eft offerte en tout lieu , en Francc,en Efpjgne,en Flandres,enAllcma gne.en Italie,amp; autres pays. Voila quelle^ iont les raifons qu'ils allèguent. Mais auâe que i’y refponde,ic prieray les Lefteurs de confiderer diligemment, combien tout ce qu’ils ameinent eft friuole amp;nbsp;ridicule : amp;nbsp;comment ils font bien fondez, pourfoufte nir vn tel article que ceftuy-cy,pour lequel tous les fuppoftsdu Papc côbatent auiour-dhuy fi furicufcmcnc,amp; auec telle rage,que quiconque y contredit, eftant entre leurs mains,n’en peut efchapper,finon en y laif-fant la vie . ledy donc quant au premier poinô.pour approuucr leur phantafiedia-noliquc, qu’ilsont du Sacrifice de la Meffe , que les anciens ne fe doiuent nuUemet amencr,cómes’ils fauorifoyét àccla.Vray eft qu’ils vfent bien de ce mot de Sacrifice en parlant de la fainfte Cenc de noftre Seigneur lefus ; mais iis dcclairent quant amp;nbsp;quant, qu’ils n’entédent autre chofe, que la mémoire de ce vray amp;nbsp;feul facrifice, qu’a parfaiéf lefus Chrift en la croix:lequel auf fills appclent toufiours noftre Sacrificateur. LesHebrieux dift S.Auguftin,facrt- y,«.« rï fians les beftes brutes, s’exerçoyent en la *« faufi. prophétie de l'lioftie,que lefus Chrift aof- thof-it fertc : les Chreftiens en l’oblation amp;nbsp;corn-

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1J4 ANATOMIE

inunion du corps de Icfus Chrift,célèbrent li mémoire du facrifice défia parfait.Cc-rte fentence eft couchée plus amplement au bure,qui eft intitulé De laFoy,à Pierre Diacre,qu’on attribue aufsi à faint Augu-ftin.Les paroles font telles,Tien pour certain,amp; ne doute nullement ,que le Fils de Dieu s’eftant faift homme pour nous.s’eft offert à Dieu fon Perc en hoftie de bonne odeur: auquel on facrifioit du téps de l’ancien Teftament des beftes brutes; mais maintenat, on luy offre facrifice de pain amp;nbsp;vin . En ces hofties charnelles, ily auoit vnc figure de la chair dcChrift,qu’iI deuoit offrir pour nous:amp;de fon fang,qu’il deuoit efpandre pourlaremifsiondc nozpechez. En ce facrifice dont nous vfons, il y a aftio de graces,amp;memoirc de la chair de Chrift, qu’ila offerte pour nous:amp;dc fon fang,que il a efpandu .De là vient que le mefme Do-ûcur,ie dy S.Auguftin,appclc foutientcf-fois la Cene,Sacrifice de louange. Et fou-uent on trouuera en fes liurcs,qu’cllc n'eft nommée Sacrifice pour autre raifon,fînoo entant qu’elle eft mémoire,image amp;nbsp;atte-ftatiô du facrifice fingulicr,vray amp;vnique, par lequel lefus Chrift nous a rachetez. A quoy aufsi s’accorde fainft Chryfoftome. le pourroye amener pour plus ample confirmation de ce propos, pluficurs des anciens, comme fainft Cyprien, fainéf Am-broife, S: beaucoup d’autres, qui font tous con-

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DI LA MSSS 1. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;M5

conformes à ce que i’ay dift : amp;nbsp;mefmc Pierre Lombard , que les Sopbiftes nomment le Maiftredes Sentences,en fon qua tricmc bure , diftioftion douzième, dit le fcmblable: mais ieferoye trop long, fi ic m’y amufoyedauantage . Etencotesque tous les anciens Doreurs diflent, que ce eft vrayement vn facrifice,que la MciTe (ce qu’ils n’ont iamais Congé : ) fi eft-cc que nous ne ferons point obligez à les en croire , d’autant qu’ils n’ont point la parole de Dieu pour eux.Car puis que c’eft vne choie qui concerne la foy, il faut qu’elle foit fondée en la parole de Dieu , amp;nbsp;non point des hommes ;amp; qu’elle ne dépende point d'aucune autorité humaine, ne de longueur de teps, ne d’autres apparences quel conques.

Quant au pafTagede Malachic ,ie dyque ces malheureux fauffaircs le corrompent amp;nbsp;perucrtiflcnt mefehamment: comme c’eft leur façon accouftumée de ré uerfer le Cens naturel de toute l’Eferiture, pour la faire feruir à leurs impietez,s’ils pouuoyent. Car s’ils veulent que cc-fte fentence du Prophète face pour eux, amp;nbsp;qu’elle prouue leur opinio tant execrable , il faut neceflairement, qu’ils mon -firent que Malachie parle là de la Mefle. Mais,difcnt-ils,ilprononcc,Quç par tout encenfement eft offert à Dieu , amp;nbsp;oblation pure amp;nbsp;nette . Cela eft tout certain:

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15^ ANATOMIE

mai» dit-il que cefte’oblation nette Sc pure foit la Meflèîll s’en faut beaucoup. Qupy donc? 11 fait mention feulement de l'oblation pure amp;ncttc,fans fpecifier cefte-cy,ou cefte la.Etccs facrilegcs-cy,enfcmoquât de Dieu , fongcnt amp;nbsp;afferment qu’il parle de leur abomination de MclTc. Ne voila point vne audace plus qu’infernale? N’eft ce point fe moquer de Dieu plainement, voire luy cracher au vifage, quand ils expo fent amp;nbsp;deftournent ainfi là famfte.parole? Mais pour faire accroire ce qu’ils mettent en auant,il faut en premier lieu,ou’ils proU uent que leur Meffe eft vn facrince,amp; puis que le Prophète parle d’elle, ou de Icurfa-crement. Orcft-il ainli queiamais ils ne pourront prouuer nel’vnnc l’autre par la parole de Dieu .Car il n’y a point vne feule ^llabc en toute l’Efcriturc fainftequité-de là. Mais pofons le cas queMalachiepar* le du Sacrement de la Ccne , amp;nbsp;que ce fuH vn facriftee, lequel on oftrift en tout lieu, qu’auroycnt-ils gaigné pour cela?Car quad nous leur aurions accordé ces deux points la,fi eft-ce que pour obtenir ce qu’ils demi dent,ilfaudroit maugré cux,qu'ils prouua* fent,que ce fuft vn facrifice d’expiation,ou expiatoire pour les pechez, ainli qu’ils entendent, quad ils difent que leur Meffe eft vnfacrifice. 11 cftvrayquclc Sacrement delà laiofte Cene, d’autant qu’en iceluy nous rendons graces à Dicud’vn fi grand

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BB LA MESS B. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1^/

benefice,qu’il nous a donc en Icfus Chrift, amp;nbsp;que nous y annonçons amp;nbsp;rememorós fa mort amp;nbsp;pafsiun : à bon droit peut cftre appelé Sacrifice,voire de louange,amp;d’a£tion de graces ; mais fi ne fauroycnt-ils iamais prouucr par le paflage de M alachie,que ce foit vn facrificc d’expiation pour les péchez, comme ils feignent, quand ils appc-Icntleur Mefle Sacrifice.S’ils difcnt,Coni mcntdonques faut-il entendre ce que dit le Prophete, amp;nbsp;de quel facrifice parle- ilî le rclpon àcela, combien que mon intention n’eft pas pour mainte nant d’expofer ce paf fage , mais feulement de monftrer que la probation des Dofteurs de Mefle ne vaut rien,ainü qu’on voit manifeftementmeät-moins ie touchcray comme en paflant, ce qu’il veut dire. 11 nous faut fouuenir des deux fortes de facrifices dont i’ay parlé cy deflus, aflauoir,expiatoires, amp;nbsp;d’aûion de grace,ou de louange. Or notons,que fous cefte dernicre cfpece font contenuz tous les offices de charité, Icfquels,quand ils fc font à noz prochains,fc rôdent aucunemet à Dieu,lequel eft ainfihonnoré enfesmé-bres. Sont aufsi contenues toutes noz prie-rcs,louangcs, aûions de graces, amp;nbsp;tout ce que nous faifons pour feruir amp;nbsp;honnorer Dieu. Lcfquellcs oblations dependent tou tes d’vn plus grid facrifice,par lequel nous fommes en corps amp;cnamc cófacrezS.'dédiez pour fainäs tcples àDicu.Car ce n’eft R.

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IjS nbsp;nbsp;nbsp;A NATOMIS

point affcz, fi noz avions extérieures foot employées à fon feruice:mais il eft conuc nable,que nous premièrement allée toutes noz œuures, luy l’oyons dediez , afin que tout ce qui eft en nousferue à fa gloire , 8e exalte fa magnificence. Cefte manière de facrifice n’appartict rien à appaifer l'ire de Dicu,amp; impetrer remifsion des pechez,ne Çouc mériter amp;nbsp;acquérir iufticc; maisfeu-ement tend à magnifier amp;nbsp;glorifier Dieu. Cardle ne luy peut eftre agréable, fi elle ne procède de ceux, qui, ayans obtenu re-milsion despechez , font défia reconciliez à luy,amp;'iuftifiez d’ailleurs. Etdauantage, tel facrifice eft fi ncceftaire à l’Eglife,qu’il n’en peut eftre hors. Et pourtant il ferae-ternel, tant que durera le peuple de Dieu. Et c’eft ainfi qu’il faut prendre ce tefraoi-gnagede Malachic . Carzn tel facrificefe fait par tout, Je eft fpirituel. Ainfi fainft Itom.ii Paul nous commande que nous offrions noz corps, facrifice viuant, fainû, plaifant à Dieu,raifonnableferuicc . Auquel lieu» i 1 a parlé trelproprement,quand il a adiou-fté, que ceftuy eft le feruice raifonnable que nous rendons à Dieu. Car il a entendu vnc fpirituelle forme de feruiramp; honno-rerDieu.laquelleila oppofée tacitement aux facrifices charnels de la Loy Mofai-que.En cefte manière les aumofnes amp;nbsp;bic-faiffs font appelez Hoftics,efquclles Dieu P'»quot;l’A prend plaifir. En fomme,le Prophete entend

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BI LA MISSE.' 15» tend toutes les oblations amp;nbsp;facrifices fpi-ritucls , dont parle aufsi fainft Pierre, lcf-*'^quot;*‘* quels fôt agréables à Dieu par leCusCbrift. Car ç’a efté, vn mefme Efprit, qui a parlé par la bouche des vns amp;nbsp;des autres. Voila comment nous ne parlons pointa la volée, ny à noftre fantafie:mais félon la pure parole de Dieu . Nous ne mettons point noz fonges amp;nbsp;refueries en auant, comme font ces facrilegesdeteftables , quidifent que la Meffe eftvn facrifice d'expiation, pour effacer les péchez des vifs amp;nbsp;des morts : amp;nbsp;cependant ne pcuuent,ny ne fa-uent amener vn feul mot de toute l’Efcri-ture fainde.qui face pour eux.Et non fans caufe:car les tenebres ne font point maintenues par la lumiere, ne les méfonges par la vérité.Quand il cftqueftion dufalut des ames, amp;nbsp;de chofes femblablcs, qui font de fi grande importance que rien plus:ce n’eft pas affez de les ponuoir defedre feulcmét en quelque forte:mais il les faut necefTaire met defédre amp;nbsp;prouucr par l’Eferiture faî-ûe,laquelle ne peut tróper nullemét. M ail que font ces criars,qui difcntquela Meffe eftvn facrifice pour les pechez? Ils s'efFor-centen toutes les fortes qu’ils peuuent, de maintenir ccftc impiété aucc tant de di-ftinûions.tant defophifteries amp;'cauillatiôi que c’eftvn abyfme.lls ont mille inuentios pour la colorer : amp;nbsp;furcela,ilsfc côtencent de necuiderpas eftre côueincuz,combicn

R. ii.

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240 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;AMATOMIS

qu’en defpit d’euxils Icfoycntila vérité. Ét leur en prend icy cotnme il a faift en toutes les opinions qu’ils ont de la religiô Clirtlïicnnc. Car les vns font tellement contraires aux autres,qu’ils font toufiours en querelle.Comme pour cxéple,les Tho-miftes amp;nbsp;Scotiftcs;chacun d’eux defend fa fantafic : il n y a ne fin ne mefure en leurs difputes , amp;nbsp;fi iamais on ne fait qui a tort, ou droit-Si faut il bien,puis quils ont contraires opinions , que pour le moins l’vne des deux foit faufle : amp;nbsp;neantmoins ils la maintiennent hardiment, amp;nbsp;auec vnc impudence dcfefperéc . Quand il eft queftion des chofes qui concernent l’honneur de Dieu, amp;nbsp;Icfalut des homes, eft-ccaffez, le vous prie,de cerchcr feulement de pouuoir defedre fon opiniô en quelque forte que ce foit,veu mefme que les choies fauffes pcu-uent fouuent eftre palliées, amp;nbsp;défendues par cauillarions amp;nbsp;brouillcries’Mais au co traire, il faut que nous approuuions noftre opinion parla pure parole de Dieu,laquelle foit claire amp;nbsp;manitefte: autrement,!! ne nous eft point licite de l’afFcrmer amp;nbsp;maintenir, comme fi elle eftoit du tout certaine.

Ormonftronsmaintenât,qncla Mef fe,ne leur facrcmentnc fontpoint facrifi-cespour lcspcchez,ne des viuans,ne beaucoup moins des trefpalTez.Premièrement, ou ils entendent cela de toute la Meflè, comme nous auons did cy deffus, c’eft à dire,

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DB lA MSSS B. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iSl

dire , de tout ce meflinge, ou amas de mots, de geftes, de ceremonies amp;nbsp;badinages, qui font là dedans depuis vn bout iuf-ques a l’autre; ou bien,ils l’entendent feulement du pain amp;nbsp;du vin qu’ils offrent, amp;nbsp;de leur facrement .S’ils entendent cela de toute la M elle entièrement, il eftimpofsi-ble qu’elle foit vn facrifice . Car,comment fepourroit-il faire, qu’vnechofcpleinc de mille menfonges amp;nbsp;fuperftitions infinies, vnechofe farcie de tant d’impietezamp; blaf phemes eiecrablcs, vne chofe dreffee pour defpiter Dieu en tant de fortes,pour le dcf honnorer,amp; comme luy cracher au vil age, vne choie qui ne tend qu’à rcnuerferlagloi rede lefus Chrift, l’arracher de Ion liege, amp;nbsp;anneâtirfa maiefté facréc,voire pour abolir la vertu de fa mortamp; pafsion bien heu reufe : cornent,dy-ie,vn tel monftre pour-roit-il eftre vn facrifice pour effacer les péchez des vifs amp;nbsp;des morts?Nc feroit- ce pas bien fe moquer de Dieu, que de luy vouloir faire facrifices de blafphcmcs amp;nbsp;im-pictez tantenormesî N’cft-ce pointvne rage plus quefurieufe, de longer fculcmét àeela? Quefcra-cedonc devouloircon-traindre les hommes à le croire , comme font ces Antechrifts îefuppoftsde (acan, qui maintiennent cela en toute cruauté amp;nbsp;auec telle furie, qu’il fcmbleque ce foyent belles enragées,ou pluftoft des diables cn-charnezî On voit par tout, quelle eft leur

R. iii.

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ȣt nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIE

forcencrie, amp;nbsp;commet le fang innocent eft cfpandu par eux,afin que cefte opinion demeure entre les hommes, aflauoir,que cefte abomination de Meffe eft vn facrifice pour les pechez,tat des vifs cjue des morts. Or nous auons défia monftre par cy deuât, amp;nbsp;prouuc bien amplement par la pure parole de Dieu,que ce n’eft qu’execration infernale , que toute la Mefle ; amp;nbsp;qu’elle eft pleine de toutes efpcces d’impictez horribles,amp; de blafphemcs efpouuâtables.Quç s'ils entendent feulement du pain amp;nbsp;du vin , amp;nbsp;de leur facrement, amp;nbsp;non point de toute la Mefle,il faut qu’ils entendent cela,ou du pain amp;nbsp;du vin,qui ne font pas encores confacrez,corne iis parlent: ou bien, depuis qu’ils lefont. Enquelqucforteque ils le prennent, cela eft faux, qu’ils foycnt vn facrifice pour les péchez; comblé qu’on fait affez qu’i Is veulent amp;nbsp;afferment que ce foit vn facrifice en toutes les deux manières,amp;aprcs amp;nbsp;dcuantlcurconfecration.il n’y a nulle doute , que félon leur opinion, le pain amp;lc vin ne foycnt vn facrifice apres leur coofccration. Car lefus Chrift, à leur fantafie,eft là dedans tout entier, en corps amp;nbsp;en ame,aufsi gros amp;nbsp;aufsi grand qu'ile-ftoif en la croix,amp; que ce n’eft plus pain ne vin; d’autant qu’ils imaginent l’vn amp;nbsp;l’autre eftre tranflubftantié, ou changé en autre fubftance: amp;nbsp;pourtant qu’il n’y aolus quclcfus Chrift feulement,lequel eftvn vray

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BI LA MISSI.

x^î vray facrificc . Et comment oferoyent-ils nier,quelque impudcee defefperce qui (oit en cm,qu’ils necuident,amp;qu’ils ne tafehét de faire accroire,que deuant leur confecra-tion , ce pain amp;nbsp;ce vin loycnc vn facrificc, veu qu’ils difent tant d’oraifons amp;nbsp;de Secretes qui afferment cela î amp;nbsp;fur tout, leur Canon execrable , ainfi que nous l’auons veu ? Car en la première partie,ne requiert il pas à Dieu,qu’il beniffe ce pain amp;nbsp;ce vin, les appelant en nombre pluriel, Sacrifices fainôls,amp; aufqucls on n’a point touchc?Et en la féconde, c’eft airauoir,au Memento, ne les appelc-ilpas Sacrifice de louange, lequel eft offert pour la redemption des a-mesîEten la quatrième,Oblation? Enla cinquième, ne pric-il pas Dieu , qu’il daigne auoir celle oblation pour agréable, a-fin qu’elle dcuicnne,ou foit faiÀc le corps amp;lcfangdcfontrefcherFils ? Ils veulent donques, que ce pain amp;nbsp;ce vin, qui ne font point encorcconfacrc2,foycnt vn facrificc pour la redemption des amcs,amp;prict qu’ils deuiénent le corpsamp; le fig de lefusChrift. S’ils prient qu’ils deuiennent tels, il fenfuit bien qu’ils ne font pas encore côfacrez .Car quad ils le font,tout aufsi toll iis font faits le corps amp;nbsp;le fang, felon leur imagination brutalc:amp;n’cll plus bcfoing de prier qu’ils foyét faits tels,puis qu’ils le fôt defia.Mais il eft facile de môftrer,q ce pain amp;cc vin nô C0facre2,nc fôtvn facrificc pour les pechez, K. iiii.

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164 ANATOMIE

C,!»ft

t.Pitir.X

Cir nous fauons par la dourine de I’Efcri-turefainfte.que le feul facrifice pour les pe chcz,eft celuy lequel nous a rachetez:d’au-tant que la redemptiô emponc auecfoy la rcmifsion des pccliez, ainlî qu’en parle S. Paul aux Epheüens amp;nbsp;auxColofsicns. Or eft-il ainfi , que nous ne femmes point ra-dietcz ne par pain , ne par vin , mais par le feul fang de l'Agneau (ans macule , qui eft lefusClinftxomme dit fainû Pierre, V ous fauez que vous auez efté rachetez de voftre vaine conuerfation(qui vous auoitedé en-feignée de voz Percs ) non point par cho-fcs corruptibles, comme par or, ou par argent , mais par le fang précieux de Chrift, comme d'vu agneau (ans feuillure amp;nbsp;fans tache . Le pain amp;nbsp;le vin nonconfacrez,nc eft-ce point vne chofe caduque amp;nbsp;corru-Êtible,ainlî que font toutes autres viandes? n quelle cftirac,ic vo’ prie,ccs facnlegcs dctcftables tiennent-ils la redeption faide par nortre Seigneur lefus;Quel conte font ilsdefonfang(i pretieux » Ne leioulét-ils pointaui pieds,quand ilscnfontfi peu de cas,qu’ils l’accôparentà vn loppin de pain» amp;nbsp;à vne goutte de vin? Ó bla(phemes exe-crablcsiO impictez plus qu’infernales! Le Seigneur Dieu tout puiflànt n’a point vou lu que les pechez fuirent pardonnez aux h6 mes.finô par le leul moyen de fon Fils bié-aimc;il n'a iamaispeu eftre fatisfait ne cotent , linon par la feule mort amp;nbsp;pafsiondc no-

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BE LA MISS K. 15$ noftre Sauucur lefus Chrift: iln’a pcueftrc ippaifé, ne rccócilié aux hammes , que par le fang de fonfils vnique : amp;ces monftres abominables veulent que les pcchezfoyéc pardonnez par le moyen d’vn morceau de pain, amp;nbsp;d’vn peu de vin , qui ne font feulement que pain amp;nbsp;vin! Ne faut-il pas qu’ils foyentbien endiablcz, pour dcfgorgcrtels blafphemcs?£t touteffois ils ont abbreuué, voire du tout enforedé le poure monde de cefte opinion diabolique.

Or maintenât ic dy bien dauantage, c’eftquelcpainamp; le vin,mefmes apres que leur confecratiô eft faiûe, ne font point vn facrifice pour les pechez. Et cobien encore qu’il n’y euft pl’ là de pain,ne de vin,mais qucle corps amp;nbsp;le fang de IciusChrifty fuft, corne ils imaginent mefehâment : iî eft-ce qu’ils ne font point factifice , amp;nbsp;beaucoup mois le font ils,fi le pain amp;lcvin demeurét, amp;s’ils font Sacrement,cequ’ils ne pcuuent eftre en vn telfacrilegc. Qu’ainfifoit,l’A-poftreen l’Epiftre aux Hebrieux (laquelle ^r.^.t.^ fi les Aduocats de laMeire eurent le moins O-*»-du monde confiderce , ils n’eufl'entiamais ofé fi hardiment dire, que c’eft vn Sacrifice ) dift premièrement, qu.’il y auoit plu-fieurs Sacrificateurs en la Loy, d’autant qu’ils eftoyent mortels. Mais que lefus Chrift,qui eft immortel, a vnc Sacrificatu-re éternelle : amp;nbsp;pourtant qu’il peut fauuer pleinement tous ceux qui s’approchent de

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1.66 nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIS

Dieu par luy, toufiours viuant pour intercéder poureux. Et puis apres il adioufte, queers Sacrificateurs, ou Pontifes,auoyct befoing d’offrir facrifices ,non feulement pour les péchez du peuple, mais aufsi pour leurs propres.Mais ilfalloic q lefus Chrift fuft impollu,innocent,amp; qui n’euft que fai ’ rc d’offrir to* les iours,prcmieremét pour foy,amp; puis pour le peuple;d’autant qu’ill’a fait vnc fois pour toutes , quand il s’eft offert foy-mefme : comme ainfi foit que la Loy conftitue amp;nbsp;ordonne des hommesSa-crificatetirs,qui ontinfirmitc:mais laparo le du iuremenc (c’eftafrauoir,diuin, amp;nbsp;du-Pfitiu.no quel parle Dauid ) lequel eft apres la Loy, ordonne leFils,parfaiéf eternellement.En quoy nous auôs deux articles qui font bien ncceflaires,amp;dignes d’eftre notez.L’vn eft que nul ne peut offrir facrifice qui vaille, quant à Dieu, pour les péchez, finon lefus Chrift, lequel eft pur, innocent, feparc des pécheurs, Sacrificateur parfait dtperpetueh qui s’eft offert foy-meirne, tellement que fon facrifice eft le Sacrificateur mefme, S^ le Sacrificateur eft aufsi le facrifice mef-me . Car pour offrir facrifice pour les péchez,il n’eft pas fculemét requis que lefacrifice foit pur, net amp;nbsp;fans macule : maisil eft neceffaire que celuy qui l'offrc,foit pur amp;nbsp;net aufsi bien , amp;nbsp;qu’il n’ait que faire de l’offrir pour fes pechez propres. Nous fa-uons qu’entre les hommes,fi onfaitprefen ter

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DI LA MISSI. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;2.^7

ter quelque chofe par les mains d’vn,qui ne foil point en la bóne grace de ccluy auquel le prefenteftfaift, combien que lachofe, de fa nature,foit bonne amp;nbsp;precieufe: néant moins elle ne luy fera pas agréable, d’au-tat que ccluy qui la prefente, luy dcfplaift. Puis donques qu’il faut que ccluy qui offre àDieu facrifice pour les pccbez,leic pur amp;nbsp;net,amp; fans aucun péché, comment eft-il pofsiblc,que ces factileges de Preftres,qui difent la Mcllè, offrent à Dieu vn facrincc pour les pechez’veu quccen’cftqu’ordurc amp;nbsp;puantilé d’eux?vcu qu’il n’y a qu’iniqui-té amp;nbsp;rebellion en eiix.'brief, veu qu’il n'y a que péché amp;nbsp;toute abominationgt;£t quand ainfiferoit qu’ils offriroyent Icfus Chrift vne autre fois, fi cft-cc ueantmoins , que celle oblation-la ne vaudroit rien pour les pechez. Car il faut,pour faire vne telle œu ure, que l’vn amp;nbsp;l’autre foit pur, amp;nbsp;fans aucune tache, nonfculement le facrifice,mais aufsile Sacrificateur . Qui eftvnc chofe qu’on ne trouucra iamais en tous les hommes du monde, quelques purs amp;nbsp;innocens qu’ils foycnt. Et c’eft la caufc pourouoy il a fallu nccclTaircmcnt, que lefus Cnrift full celuy mefmc, qui offrift amp;nbsp;facrifiaft à Dicufon Pere, amp;nbsp;nul autre que foy-mef-me: d’autant que luyfeul eft fans péché, amp;que tous les autres font pécheurs. L’autre poinél,qui nous eft ieyenfeigné par les paroles de l’Apoftre, mérite bien aufsi

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1«? nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A N A T O M I E

d’cftre mis en mémoire, affauoir, qu’il ne eft point licite aux homes mortels de faire plus de Sacrifice pour les pechez ; d’autant que ccluy que lefus Chrifta faift vncfois amp;nbsp;non plus,eft fufFifantpour iarnats,àcau-fequ’ilaefté parfait,puis que lefus Chrift mefme eft le Sacrificateur eternel,lequel fc eftoffert foy-mefme.Si ce facrifice-la,ayat vncfois efté faift,cft fuffifant, à quel propos en fera on d’autresïou quclbcfoing fe-ra-il de le reiterer d’autres foisrQm eft l’a-ueugle,qui nevoye du premier coup,que ce feroitvne chofe fuperftue?amp; non feulement cela,mais pluftoft vne audace diabolique, pour derogucr à l’excellence amp;nbsp;dignité in-comprehenfiblcd’vnfi grand, Stli admira blc facrifice ? Car ne faudroit-il pas dire, qu’il n’auroit point efté fuffifant ; Parquoy l’exccrable facrementde la M elfe ne peut cftrenullemét vn facrifice pour les peenez.

Apres,il eft dift en la mefme Èpiftre, fletr.i. que lefus Chrift a obtenu plus exccllétead-miniftration,ou Sacrificaturc, que les anci ens Sacrificatcurs;d’autant qu’il eft Media tcur de meilleur Teftament.qui eftcftably en meilleures promefles. Et l’Apoftre déclarant quel eft ce nouueau Teftament, Xrrr.)i nbsp;nbsp;allégué lercmie difanc, Voicy le Teftamét

queiedifpoferay àlamaifon d’Ifrael apres ces iours ia,dift le Seigneur: c’eft que ie do neray mes loix en leur entendement,amp; les eferiray en leur cœur,amp; feray leur Dieu, amp;nbsp;ils

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DE LA MESSE. Z£9

ils feront mô peuple. Et vn peu après il ad-ioufte, leferayappaifé quâtà leurs iniufti-ces amp;nbsp;à leurs péchez, amp;nbsp;n’auray plus mémoire de leurs iniquitez.Deces paroles-la il nous fautneceflairement conclurre.qu’il n’y a poît d’autre facrifice pour les péchez, que celuy que noftre Seigneur lefus a faift vne fois à Dicufon Pere.Voicy quediâ: le Seigneur,lequel ne peut mentir,c’eft,qu’cn donnant vn nouueau Teftament il feroie appaifé de forte , qu’il ne kiy louuiendroit plus des pechezde fon peuple, c’eft à dire, des fideles. Cela donc bien à entédre, qu’il feroit parfaiftemét appaifé,amp; pour iamais. Et pour quelle raifon feroit-il ainfi appaifé, finon àcaufe du Médiateurd’vn tel Teftament,qui eft lefus Chrift,p.ir lequel ce Te ftament a efté eftably amp;nbsp;ratifié? Et cornent cft-cc que Dieu a efté appaifé par lefus Chrift,finon parle Sacrifice qu’il a faiû, s’offrant foy-mefmes à Dieu pour les péchez de fon peuple ? Nous fanons que l’ire de Dieu n’a point efté autrement appaifée, finon d’autant qu’elle s’cft defployée,par manierede dire,fus lefus Chrift:duqueI le Prophete Ifaiedit, lel’ay battu pour les forfaiéls de mô peuple.Concluôs deques,fi par lefacrifice de lefus Chrift Dieueft appaifé, amp;qu'iln’ait pl’fouuenace de noz pe-chez,qu’il n’eft plus befoing d’auoir autre Sacrifice pour les pechez. Car s’il en vou-loit d’autres, ic dy qu’il ne feroit point par

ip-n

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l/a nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMI«

fiitemèntappaifé , amp;nbsp;qu’il n’auroit point oublié noz iniquitez,en requerat autre fa-crifice.lcqueldcuftfatisfaire pour icelles. Y a il homme de fi poure efprit au mode, ou quifoit fi befte , lequel n’entende bien maintenant cela.qui eftfi clair,qu’vn afnc y mordroit,ainfi qu’on dit?

Hei/.j L’Apoftre en ceftc mefme Epiftre,mettant la difference entre les Sacrificateurs anciens,amp; lefus Chrift,ditquele Sacrifiez teur Leuirique entroit fcul vnc fois l’an au tabernacle,qui cftoit nommé Le lieu tref-faindmon point fans fang,lequel il offroit pourfoy-mefme,amp; pour les ignorances du peuple. Et dit,que les dons amp;nbsp;lacrifices qui eftoyent offerts,ne pouuoyent félon la cô-fciéce,fanftifier ccluy qui faifoit le feruice diuin.Maisq lefus Chrift,fouuerain Sacri ficateur desbiés à venir,parfon ^prefang cft entré vne fois es lieux fain£fs,ayâtobte nu redéptionéternelle.Et puis il adioufte, que fans eft'ulion defang, la rcmifsion des pechez ne fc fait point.Et dcclairant quels font ces faifts lieux,ou lefusChrifteft entré,il dit que c’eft le cicl:amp; qu’il y eft entré afin que maintenant il apparoiffe pour no* douant la face de Dieu,non pas qu’il s’offre fouuentesfois foy-mefmc,cóme Icfouuc-rainSacrificateurentroit és lieux fai ft s cha cun an auec autre fang:au tremét il luy euft fallu fouuentesfois fouffrir depuis lafonda non du monde:mais maintenant vers la câ fommation des teps, il cft apparu vne fois,

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DE LAM ESSE. l^l

par lefacrificedc foy-mcfmc , pour la dc-Ûniftio de péché.Et tout ainfi qu'il elt ordonné aux hoiries de mourir vne fois,amp; a-pres cela,le iugcmentiaufsi femblablcmét lefus Chrift s’eft oftert vne fois, pour abolir les pechez dcplufîcurs. Toutce propos cy ne môftre-il pas euidcmcnt,quc la Mef-fe,nc leur facrement n’eft pas vn facrifice» L’Apoftre dit premiercmét,que les donsSc faenfices qui eftoyent offerts, ne pouiioyét félon la confeiencefantifier l’hôme: corne s'il difoit,qu’ils n’ont peu remettre les pechez,ne nettoyer parfaitemét l’hôme,mais le dô amp;nbsp;le facrifice de lefus Chrift eftccluy qui rend l’hôme parfait félon la confciécc. Nous fauons que lefacrifice de lefusChrift a efté fait pour to’ les efleuz du monde,tat pour ceux qui oncdefiaprecedé ,que pour ceux qui font encore viuâs,amp; quiviendrôt apres,ainfi que S .lean en parle enfa Cano-niquc'.c’eft,que lefus Chrifteft l’appointe- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*

mét pour les pechez de tout le móde,amp; les a réduz parfaits félon la confciécc,c’eft à di re,lcs a parfaitemétrachetez, deliurez,fan ftifiez,laucz amp;nbsp;nettoyez.E t luyfeul a fai ft ce que ne pouuoyct faire tout tât qu’il y a-uoit de facrifices en la Loy:amp; parlé feul facrifice il a appaifé amp;nbsp;rendu trâquillcsamp;pai fibles leurs confciences,Scies a affeurez de fa grace,c’eft àdire,dela remifsion de leurs pechez,de leur reconciliation Sc paix auec Dieu, 8c de leur falut. Tout cecy fert pour rendre l’homme parfait félon la cofcience.

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l/i ANATOMIE

Quelbefoing dogues eft-il maintenant de plus faire d’autres licrifices , amp;nbsp;de vouloir encore faire derechef celuyq IcfusChrift afaift parfaitement, fans que rien luy défaille, comme s’il ne l’auoit point fait! ? A quel propos dirctantdc Mefles pour cela? Ne font-ce point autant d’abominations amp;nbsp;puantifcsdeuant Dieu? A ce mefme but tédeeft autre motqui fenfuit,3flauoir,quc lefus Chrift a obtenu redemption éternelle,c’eft à dire,la deliurancc parfaite des pe chez, delà mort, de damnation, amp;nbsp;de tous maux àiamais,pour tous lesefleuz du mode, voire par lefacrifice qu’il a fait vnefois aueefon fang,amp; par fa mort amp;nbsp;pafsio.Si le Fils de Dieu par fonfacrifice qu’il a fait V-ne fois,a obtenu redëption eternelle,c’eft à dire,qui durera toufiours,fâs iamais defail lir;qu’eft-il plus befoing d autres facrifices pour les pechez? Ccftuy-lade lefus Chrift qu’il afait vne fois à Dieu fon Pere,par lequel il a obtenu redéptiô eternelle,n’eft-il pas fuff'll it,de fone que to’ autres mainte-nît ne font qu’ordurcs amp;nbsp;cxccratiSs deuît le Seigneur? Et quad il adioufte puis après, i que fis eftufió de fang la remifsió ne l'e fait ' pas,que Veut-il dire autre chofe.fînon qu’il taurqu’au facrifice q fe fait pour les pechez amp;nbsp;qui les pardône, il y ait du fang eipâdu, amp;nbsp;qu’on latisface pour les pechez îEt c’eft 1 aiifsi pourquoy il a efté neceffaire quclefus Chrift refpaudift fon fang , pour faire la re-

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ÖX LA MESSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i/J

remifsion des péchez. Orvn chacun fait qu’il n’y a point de fang efpandu en cefte a-bominacion de Meffe : il fenfuit donc que elle n’eft point vn facrifice pour les péchez. Quantàeequi eftditpuisaprcs,que Icfus Chrifteft entré au ciel, afin qu’il apparoif-fe pour nous deuant la face de Dieu , non pas qu’il s’offre fouuétesfois foy-mclmes: d’autant,veut-il dire, qii’vne feule fois a c-fté fuffifante : car autremét il luyeuft fallu fouuentesfois fouffrir depuis la fondation du monde ; qu’eft-ce que l’Apoftre veut fî-gnifier,finon que Icfus Chrift ne peut eftre offert pour les pechez plus d’vnc fois’amp;que fi on le veut offrir dauantage,que cefte ab-furdité fenfuit,affauoir,qu'il euft fallu que Chrift euft foufferr. fouuentesfois dés le cómencement du môdeîOr ces meurtriers cy fe vantét d’offrir Icfus Chrift à Dieu,en leur Mefle deteftablc,non feulement pour les pechez des viuas, mais aufsi pour ceux des trefprffcz. Mais quoy ? Dieu par fon iu fte iugement s’eft vangé dcleur audace dia bolique,quand ils font tombez en telle for cencrie. Si Icfus Chrift s’eft offert vnc fois feulement, amp;nbsp;que cela ai t efté fuffifant pour appaifer l’ire de l'ieu cotre les hömes.-qucl befoing cft-il pP de l’offrir en quelque for te qu’on fauroit imaginerîfi cefte feule fois la a efté fuffifante pour la remifsion des pc chez,la Meffe,qui fe dit à telle intcntiö,nc eft elle point pour defpiter Dieu , amp;pour

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174 nbsp;nbsp;nbsp;A NATOMIS

ASto. «ÿ-'S

aneatir la mort amp;pafsió de noftrc Seigneur lcfus?Voire-mais,difent cesfuppofts de fa-tan, Ia Meflc eft le moyen,par lequel eft ap pliqué le merite de la pafsiô dcIclusChrift. Et qui leur a dift cela ? n’ont-ils pas forgé vn telblafpheme en leur cerueau ? ou plus toft le diable , qui tft le pere de menfonge, ne Icura-il pas foufftécela aux aurciliesî Eft-ce aflc2,ie vous prie,quad il eft queftiô du principal article de noftre falut, de dire en vn mot,qu’il eft ainfi î Non non' mais il faut prouuerfô dire par l’Efcriture fainfle: autrement, phy de toutes lesrefueries que fauroyent amener les bornes pour esblouir les yeux des pouresignorans . Pour appliquer le mérite de la mort amp;nbsp;pafsion de no» ftrc Seigneur Icfus,toutes les Mclîcsdu monde ne pcuuent rien .Car cela n’eft qu’a-bominationau Seigneur.lln’y aquclafcU le foy,qui vaille à cela,comme nous auons dit parcy deuant.Car,tefmpings S. Pierre amp;nbsp;S.Paul,quicôqucs croit en lefus Chrift, fes pechea luy font pardonez, amp;nbsp;eft iuftific. L’autre motqu’adioufte l’Apoftic,eft, que maintenant vers la confommation des tép$ lefus Chrift eft apparu vnc fois par lefacri-ficc de foy-mefmes, pour la déftruélion de peché:c’eft à dire,de tous les pecbez des e-leuz.Si par fon facrifice,qu’il a faitvnefois iladeftruiö lespecbcz,à quel proposfau-dra-il plus faire d’autres facrifices ? Ne fe-soit-ce pas bien perdre temps, de faire ce

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DE LA MESSE, i/J quiaeftédefia faiftvne fois pour toutes! Mais que veut dire 1’Apoftrc, quand il ad-ioufte,Que tout ainfi qu’il cft ordonne aux hommes de mourir vne fois,amp; apres cela Ic iugemcnt:aufsipareillemét lefus Chriftfe eft offert vue fois,pour abolir les pechez de plufieurs,c’eft alfauoir.de tous les cfleuzîll nous faut noter qu’en l’Efcriturefainâc ce mot dePlufieurs,eftfouuentpiis pour tous leseflcuz:comme en S.Matthieu,ou lefusMatt 10. Chrift dit,que le fils de l’homme cftoit ve nupourdonnerfon amc en la redemption de plufieurs.Et en inftituant fa fainfte Ce- Mawè. jS ne il dit, quefon fang fcroit cfpandu pour plufieurs.Et S.Paul aux Romains dit,Que _ par l’obeiflânee de lefus Chrift , plufieurs ””‘*' font conftituez iuftes. Ce mot dePluCeurs, en tous ces paflagcs-la,vaut autant comme tous les efleuz. Mais pour reuenir à noftre propos,s’ileftoit ordonne que lefus Chrift s’offrift vne fois pour abolir les pechezde plufieurs,corne il eft ordonné à tous hommes de mourir vne fois ; qu’eft-il plus bc-foing de l’offrir? Voulons-nous contreue-nirà l’ordónance duDieu viuantîEft-il aux homes mortcls,d’aneätircc qu’il a vne fois conftituéîCes bons aduocats de Meffe répliquent icy,quc lefus Chrift voircment fc eft offertvnc feule fois foy-mefmes en ceftc forte-la , c’eftà dire,quand il a fouffert mort amp;nbsp;pafsiô'.amp; qu’il ne le faut plus offrir en cefte manière, d’auunt que ceftc feu-

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i76 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A N A T 0 M 1 I

féulc fois-la,cft fuftifante pour toujours: mais que maintenant il cft offert d’vneautre façon , par laquelle il peut efire offert plufieurs fois pour les péchez. Voila quelle eft la diftinftion de ces gros afniers,amp;do fleurs de Mclïè. Maisy ailperfonne de fi poure iugeméc,ou de fi lourd efprit, qui ne cognoifle aifément,que ce n’eft qu’vnc pure beftife , ce qu’ils eftiment bien fubtilî Çar fi lefus Chrift a deftruifl les pechez en ceftefculefois , qu’il s’eft offert foy-mcf-mes: à quel propos,ie vous pric,lc faudra- il offrir pour faire ce qui a efté défia fait vnc fois pour toutes ? Si la deftruflion de tout les pechez , a efté faifle par ccftc feule fois, que lefus Chrift s’eft offert fey-mef-mes : ce n’eft pas vnc fimple follie aux hommcs,maispluftoft vnc rage amp;nbsp;forcent rie , de la vouloir encores faire en quelque forte que ce foit.

Ueb.io

Dauantage, l'Âpoftre en ceftemefme epiftre dit, que fi les facrifices, Icfquels on effroiten la Loy. euffentpeu fanûificrlcs liommcs,c’eft à dire,les nettoyer parfaifte ment,on ne les euft pas rciterez fouuentef-fois,commeonfaifoit : car ceux qui facri-fioyent eftans nettoyez vnc fois , n’eulîênc plus eu aucune confcicnce de péché, c’eft à dire,remors de péché : d’autant que ce qui efface les pechez,ofte quant amp;nbsp;quant le remors de confcicnce au regard du péché.Et Je mot de Péché, cft mis là pour tous les pe chez.

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BI LA MISSI? 1/7 chez.Et adioufle puis apres,qu’il cftoit im pofsible d’ofter les péchez par le fang des taureaux, amp;nbsp;des boucs . Pource entrant au inonde,ildit,Tu n’as point voulu Sacrifice Pfe.4« ny offrade: amp;nbsp;ce qui eft là dit. Et puis. Par laquellevolôté nous fommes fan6lifiez,par l’oblation vne foisfaittc du corps de lefus Chrift . Et apres comme rendant la raifon, pourquoy no’ fommes fanftifiez par l’obla tiô du corps de Chrift vne fois faitte, il dit. Par vne feule oblation il a confacré à perpétuité ceux qui font fanûificz.Cc qu’auf-fi le S .Efprit a tefmoignc,quâd il apredit, que Dieu feroit vn nouucau Teftament. Et entre autres chofes il a dit, qu’il n’auroit plus fouucnancc de leurs peenez amp;nbsp;iniqui-tez, c’eft à dire de fon peuple , amp;nbsp;de fes cf-Icuz . Ecadiouftc,Làou ily aremifsiôdes pechez, qu’il n’y a plus d’autre oblation,ce eft à dire,qu’il nefautpius faire de facrifice pouriceui. Tous ces mots-la, ne font-cc point comme autant de coups d’artillerie pourruinertouteebaftiment de Mcife’ou autant dcfpées,pour coupper la gorge de ce monftre fi efpouuantablc ? Quand nous ne aurions que cela feulement pour combatte à l’encontre de ces Aduocats de Meflc,nc faut-il pas qu’ils foyent veincuz pouria-mais.amp;leur impieté du tout enfeuclie?L ’A poftre dit premieremét,fi les fâcrifices,que on offroit du temps de la Loy, euflentpeu fanéfifier les hoœmcs,qu’on ne les euft pas

S. iii.

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178 ANATOMIl

réitérez tant de fois, à caufe que ceux qu* facrifioyenteftans nettoyez gt;nbsp;n’euffent plus eu aucune confciencede péché . Ne voit-on pas icy manifcftement,quc c’eft vne pu refollie , que de réitérer les facrifices qui oftent les pechez, ou bien, qui fanélifient les hommesîCar,à quel propos fe feroit cela,finon pour fe moquer de Dieu,amp; fouller aux pieds le fang de noftre Seigneur Icfusî Sidonques la Mellcabolift, amp;pardôneles pechez,ainfî que feignent ces Antechrifts, pourquoy la difent-ils fi fouuent,amp; en tant de licuxîneferoic-cepas aflez d’en dire vne feule, pour fatisfaire entièrement, amp;nbsp;pour remettre les pechez de ceux qui la difet ? Il y a expreflèment au texte, que les facrifices anciens eftoyét réitérez, d’autant qu’ils ne pouuoyent point effacer les pechez. Sils les euflent donqucs oftez, il ne les euft point fallu reiterer.Mais ceux qui maintiennent cefte execration de MefTe, cauillent icy,5: difent qu’en leur MefTe ils ne font point de autre facrifice que celuy mefmes,quc lefus Chrift a faift,amp; qu’ils le font ainfi fouuen-tefois. Ne voila pas de belles imaginatiSsï ou pluftoftvn blafphemepar tropenormeî Ilfenfuie dóc,qu’ils crucifiét plufieurs fois le Fils de Dieu à leur efeient, amp;nbsp;de propos délibéré.Les luifsnefauoyentpas q lefus. fuft leChrift,ouMefsias qui leurauoitefté promis,amp;ne le cognoiffoyét point,amp;pour-i.C»r,i tant ils le crucifierét,corne en parle S.Paul.

Et ceux-cy fe glorifient de fauoir que lefus

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SI LA Misii. xy,

eft le Chrift:amp; neantmoins ils le crucifient tant amp;nbsp;tant de fois le iour,quc c’en vnc hor rcut.Car il n’y a nulle doute,qu’ils ne fe ré det coulpables du corps amp;nbsp;du fang de Icfus Chrift autant de fois qu’ils difent Meflè,i caufe qu’ils le prophanét par vn tel facrile-ge.N’eft-cepointvn beau facrificc.quc cc-ftuy-Ia? mais,ie vous prie, que fauroy et répliquer ces enragez cotre la raifon que met rApoftre,quâdil dit,Si les facrifices qu’on falloir du téps delaLoy, euflent peu öfter les pechez, qu’ils n'cullent point efte réitérez pluficurs fois,corne ils l’cftoyétile leur demande,Si la Mefle ofte les pechez, ainfi qu’ils veulent faire accroire aupouremô-de,à quel propos la rcdifcnt-ils tat de fois? £t puis comme nous auons défia dift, fi le facrifice, lequel lefus Chrift a fait vnc feule fois, alTauoir quand il s’eft offert foy-mefmes, a remis les pechez alors ,amp; que cefte feule fois-la a efté fuftifante, qu’eft il plusbefoing de faire facrifice pour les péchez? L’Apoftre dit apres, que nous fom-mes fanûinez par la volonté de D ieu, voire par l’oblation vnc fois faitte du corps de leUis Chrift.Si nous fomraesfâ£lificz,c’eft à dire,finous fommes nettoyez,amp;quenoz pechez nous foyent remis pat le facrifice de Chrift, lequel a cftéfait vue feule fois pour toutes; àquelpropos fera-on d’autresfa-crifices?ou quelbcfoin eft-il de le réitérer, côme s’il n’auoit pas efté fuffifantîL a cau-fc de tout cecy eft incontinent rendue par

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iSo nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;AN A TOMI*

I’Apoftrc,quand il adioufte,quc par vne o-blacion amp;nbsp;facrifice, lefus Chrift a confacré pour iamais ceux qui font fanftificz:c’cft à dire, tous les efleuz depuis le commencement du monde iufques à la fîn. Si cefte fen tence cftreccnc comme elle doit,aflauoir, corne venue du ciel, amp;nbsp;pource indubitable; fera-il licite de faire encore quelque facrifice pour les pechez, neceftuy-la mefmes que lefus Chrift a faiû, ny autrequclcon-que’Et pourtant il dit,quc tous ceux-là font confacrez à perpétuité , qui font fanétifiez. S’ils fô t côfacrez amp;nbsp;parfaiftcmét nettoyez, amp;q rien ne leur dcfaille,qu'ont-ils plus que faire defacrificesîEt puis,fi le S.Efprit,lc-quel ne peut mentir, tefmoigne que Dieu par le moyen de noftre Seigneur lefus ne auroitplusfouuenancc des pechez de fon peuple,c’eft à dire,qu’il les leur pardonne-roit entièrement, amp;nbsp;en toute perfeûion: quelbefoing cft-il plus de faire facrifices pour les pechez î Finalement, fi,là ou il y a remifsion ,ou facrifice pour les pechez,il ne y a plus d’autre oblation,ou bien de facrifice pour iceux,ainfî qu’il y a au texte, d'autant que celle de lefus Chrift eft fuffifante: à quel propos,ic vous prie, voudra- on plus faire defacrifices pour les pechez, s’ils font du tout pardonnez,amp;tellementque iamais Dieu n’en aura fouuenance ? Nous voyons donc maintenant par toutes ces fentences de I’Apoftrc, IcfqueUes font fi euidentes, que

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BI lA MISSI.' lïl que rien plus,amp; dót nulnc peut douter,s’il n’eft ftupidc amp;nbsp;hebetc iufqu’au bout, qu'il n’y a point d’autre facrincc pour les péchez , fin ô eeluy que I efus Chrift a vne fois fait en la croix. Puis qu’il eft ainfi,amp; qu’il eft impofsible d’anneantir cefte fainde doctrine qui eft infallible amp;ctcrnclle,nc faut il pas conclure neceffairement,Sc fans doute aucune, quecefte abominationde Mcf-fc,amp; fon Sacrement, ne peut nullement e-ftre vn facrifice pour Icspechcz’Etfî quel-cun demandc,Comment eft-cc donc que la remifsion de tous tes pechez a cfté faiûc v-ne fois par Icfus Chrift,fi tous les iours el-lefe fait par penitence? amp;nbsp;lefus Chrift mef mes ne nous commâde-il pas en l’Oraifon, qu’il aenfeignée à to* fes fidèles,qu'ë priât Dieu, nous luy demandions qu’il nous remette noz dcttes,c’cft à dire,qu’il no* pardonne noz pechez ? s’il les a défia pardonnez,pourquoy veut-il que nous priés pour en obtenir remifsion ? La refponfe eft bien facile à cela. Car quand l’Apoftrc dit, que par le facrifice de lefus Chrift tous les pechez nous font pardonnez,c’cft i dirc,tanc ceux qui font défia paffez, que prefens, amp;nbsp;à venir:comme S.Iean auffi en fa Canonique* •***•* afFcrme,qu’il eft l’appoinftementou propi tiationde tous lespechez du monde: amp;nbsp;S. i.pit.» Picrre,que lefus Chrift a porté noz pechez en fon corps defTus le bois : amp;nbsp;Ifaie fem- V*’ii blablemct,quc Dieu a chargé les iniquicez

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iSi

ANATOMI £

de nous tous fur luy, affauoir Icfus Clirift: il nous faut prendre tous ces paffages-cy, amp;nbsp;autres fcmblables de l’Efcriture encefte forte : c’eft, quenoftre Seigneur lefus a du toutfatisfait au iugement de Dieu (auquel tous homes font redcuables ) pourrons les péchez de fes efleuz,tât paflez.q ptefens amp;nbsp;d venir: amp;nbsp;quac à ce regard,q Dieu n'atcéd point d’autre fatisfaftion,ou payemét.Car lefusChriftl’a parfaiftemétcontcntc,amp; fa tisfait iufqu’au bout pour noz pechez.quâd il s’eft dôné foy-mefmes en facrifice,amp;que il afouffert amp;nbsp;enduré la mort pour nous; SC n’y auoit nul autre moyend'appaifer Dieu, ne de luy fatisfaire que ceftuy-la feul. Si nous prenons en cefte forte les pallàges cy dclTus alléguez,la rcmifsion de tous les pe-chez,prefcns,pa(rez Sc à venir de tous les cf leuz du mode eft faittc,tellemét qu’ils font défia pardônez:St ne faut point attendre de autre remifsiô,d’autâc qu’il n’ya point d’au tre fatisfiftion pour les pechez des homes, Itquand on dit,qpar penitence les pechez fc pardonnent tous lesiours,cela doit eftre rapporté à nous:pourcc que nous acceptos telle remifsiô par foy, laquelle eft côiointe auec pcnitéce,amp; qu’elle en eft la cauferSt q nous entrós en la cognoilTance de la grace,-amp; mifericorde deDieu,qui nous a efté fakte par lefus Chrift en larcmifsion detous noz pechez.Et de là nous voyons,felô que lefus Chrift a fatisfaift feulement pour les efleuz, Sc nô point pour les autres,aufquels fa mort amp;nbsp;pafsion ne ptofite de rien: q ceux

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OB t A M B g S B.' iSj laaufsi ontfcnlemét la vrayefoy,amp;cognoif fent la remifsió des péchez, qui leur a efté faitte par IcfusChrift.Et poureejarepétan ce, amp;nbsp;la foy uc per donnet point les pechez. Car lafeule grace deDicu,ou fa pure mife-ricorde par noftre Seigneur, à caufe qu’il a fatisfait pour no’,eft celle qui remet les pc chez.Maiseeq la remifsiondiceuxeft attribuée à la penitence amp;nbsp;à la foy, n’eft fino d’autant que la foy eft celle,qui cognoift amp;nbsp;appréhendé telle remifsió,amp;puis l’accepte. Au refte , quand nous demandons tous les jours à Dieu en l’oraifon que nous luy fai-fons,qu’il nous pardônc noz pcchez,c’cft a-fin que nous les ayant pardônez, il nous do ne plus ample cognoiiïance,amp; plus grande certitude de cefte remifsion,de laquelle nul des fideles ne peut doutcr,qu’elle ne luy ait eftéfaiâe en Chrift: amp;nbsp;requérons quant amp;nbsp;quant de cognoiftre toufiours mieux cefte rcmiffîon, amp;nbsp;d’en eftre de plus en plus certains amp;nbsp;alîèurez : laquelle cognoiffance amp;nbsp;Ccrtitudc(qui n’eft autre chofeq la foy mef mcs)n’eft iamais figrâde,qu’elle nepuifle croiftre amp;nbsp;deucnirplusgrade.Parquoy les vrais fideles tous les iours, voire toutes les fois qu’il leur fouuient de leurs pechez, de-mâdenc la remifsion d’iccux,afin d’auoir la cognoiflace,amp;ccrtitude plus grade de telle remifsió. Qui pi’ eft,noftre Seigneur veut qu’é priât toiles iou» no’ demâïiôs àDicu la remifsió de noz pechcz,pour no® faire co gnoiftre q nous fômes pécheurs, £lt; q nous

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18 ANATOMI«

I’offcnfons continuellemét.Or en cognoif fant cela,nous fommes humiliez premiere-mct:amp; puis,it no* fait cognoiftre côbicn fa bôté,amp; mifcricordc eft grade enuers nous. Et de cefte cognoiflànce -la,vient que nous fommes plus enflambez à l’aimer, honno-rer,craindre,reuerer,amp;feruirde toutnoftre cœurS: puis à fon cxéple,d’aimer noz prochains,leur bien faire ,les fecourir,leur pardonner quad ils nous offenfent, amp;nbsp;oublier toutes les iniures qu’on nous a faittes : lef-quelles en comparaifon de celles,que nous faifons à Dieu,qui font infinies,amp; tâtenor mes que rien plus,nous deuons eftimer n’e-ftre point iniures,amp; de nulle importance.

Il reftc maintenant que nous monftriôs en brcf,que le Sacremét de leur Mefle exe-erablc,qu’ils appellent,n’eft point mémoire deSacrifice.Car s’il eftoit mcmoirc,ainfî qu’ils feigncnt,il faudroit qu’i 1 fuft vray Sa crementSt ordonné de Dieu.Or cft-il ainfî qu’ilnelepeuteftre enforte quecefoit: amp;nbsp;principalemét à ceux qui font là prefcns, S qui ne dißt pas la Mefle. 11 n’eft doc point mémoire de facrifice. Siie prouue qu’il ne eft pointvray Sacrement,nemonftreray-ie pas quant amp;nbsp;quant,qu’il n’eft nullement mémoire de facrifice? Premiercment,n'eft-il pas necelTaire à vn vray Sacrement, que la parole y foit adiouftéc,fans laquelle il ne peuteftrc Sacrement:amp; qu’elle loitenten-due aufsi, comme en parle mefme lainét

Au-

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Pi LA MESJE. iSf

Auguftin’Quelaparole,dit-il,foitconioin ^’•1'luxK’ te au figne terrien , amp;nbsp;il fera fait Sacremét. jl^'^’'’^’ • Ornousfauons , que ceux qui font prefens * à la MelTe, n’entendent tien à ce que les Preftres gergonnent, amp;nbsp;fur tout quand ils forgent leur Sacrement. Car lors ils marmonnent entre leurs dens , amp;nbsp;parlent fi bas que nul n’y entend rien . Et quand encores on entendroit tout te qu’ils di-fent pour faire leur Sacrement, qu’eft-cc qu’il y a de parole de Dieu pour dire que ce foit vn Sacrement? qu’elle inftruûion peut receuoir le peuple , par vn langage qui luy eft incogneu ? M ais quelle patofe de Dieu prefcntent-ils à ceux qui font là? Tout ainfî que feroycnt quelques forcicrs,ou enchanteurs,comme nousauons montré par cy deuant. Quand il n’y auroit autre chofe, finon qu’ils ont du toutrcnuerlë l’inftitu-tion denoftre Seigneur lefus en leur Sacrement abominable , comment pourroic-il eftre vray Sacrement? Si quclcun dit, que le Sacrement ne lailTe pas d’eftre vray, encores qu'on n’oye point, ny entende les paroles qui fc difent , veu qu’on baptize tien les petis cofans,l’cfquels n’entendent rien de ce qu’on y dit ; la relponfc eft bien aiféc:c’eft,qu’il y agrande difference entre les petis enfans ,amp; ceux qui font en aage de difetetion. Car combien que les enfans n’oycnt, amp;nbsp;n’entendent point, fi eft-ce que ils pcuuenc amp;nbsp;doiuent eftre baptizez, fui-

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1S5 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;AM A TOMIS

nantie commandement de Dieu, amp;nbsp;felon que nous enfeigne l’Efcriturefiinâ:e;mais ceux qui font délia bien aagez, ne peuuent amp;nbsp;ne doiuent point eftre baptizez, s’ils ne entendent ce qu’on dit :amp; mefmes il faut qu’ils ayent la foy,amp; qu’ils en facent confef «on . Que s’il fc faifoit autrement, cela ne leur fcroit point vn vray Baptefme:par plus forteraifon donques cela aura lieu au Sacrement du pain amp;nbsp;du vin, auquel ne participent linon ceux qui font en aage de difere tion,amp; qui entendent la parole de Dicu,par laquelle eft fait le vray Sacrement, amp;nbsp;non par autre moyé. Et c’eft aufsi pourquoy an ciennementtout ce qu’on difoit à la Ccne, eftoit prononce tout haut, afin qu’vn chacun l’entendift. Etainfi nous voyons,puis que lefacrement de leur MelTen’eft point vn vray Sacrement, mais pluftoft vne abomination,d’autant qu’il eft du tout contrai re à la parole de Dieu, qu’il ne peut eftre mémoire de facrifice . Dauantage, il nous fautbien noter,qu’vnvray Sacrcmentn’eft pas vne chofe,qu’on doiuc conliderer /implement, ou abfoluement, comme on dit: mais qui aefgard ailleurs, c’eft alTauoir, à l’vfage , auquel il eft ordonné de Dieu : amp;nbsp;que licelan’y eft,on ne le peut proprement nommer Sacrement, à caufe que ce n’eft autre chofe que pollution amp;nbsp;ordure deuint Dieu : d’autant que c’eft vn defguifemene,

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DE lA MISSE. 187, amp;nbsp;corruption de ce qui fc deuroît faire. Orle vray vfage du Sacrement de la fain-fteCenc,eft, qu’ilfoitdiftribué au peuple, qui eft là prefent : amp;nbsp;c'eft aufsi à cefte fin qu’il aefté inftituéde noftre Seigneur lefus. Et qu’ainlî foit, en faifant faCene il ne bailla pas le pain, amp;nbsp;le vin à vn feulement,mais à tous fes difciples : amp;nbsp;leur dit, qu’il falloit qu’ils en fiffent entre eux comme il leur monftroit, amp;nbsp;qu’il faifoit alors. Ét comment cft-cc qu’il a faift? A il fouffé deffus le pain amp;nbsp;le vin, ainfi que fontees enchanteurs de Preftres ? A-ilfait les fin-geries , amp;nbsp;mines que font ces forciers, quand ils coniurent, amp;nbsp;charment leur pain amp;nbsp;leur vin, pour les tranfTubftanticr amp;nbsp;leur faire perdre leur nature: Mais au cô traire,il leur cômanda que tous en prinffent, amp;nbsp;que ils mangeaflèntlcpain , amp;nbsp;beuffentlc vin. Voila qu’il fit, amp;nbsp;leur dit quant amp;nbsp;quant, qu’ils en fiflent ainfi qu’il auoitfaift,amp;quc il leur aiioit monftré?Si nousvoulons don-ques auoir le vray Sacrement de la Ccne, ne faut-ilpas faire, amp;nbsp;obferucr tout ce que dit amp;nbsp;commanda lefus Chrift, amp;nbsp;non point vnc partie feulement? Maisque fontees vi lains pourceaux en leur Meile ? Premiere-met le peuple n’entéd rien à ce qu’ils font: amp;nbsp;puis, ils auallent tout, fans en faire part aux autres, qui demeurent là .comme n’c-ftans point de l’efeot de Mefsire lean . Et Dcanunoins , aptes auoir fait tout cela«

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x88 anatomie

i.Or.ii

ils fe vantent qu’ils ont cöinunic;amp; appelée prédre ce pain amp;nbsp;humer ce vin,Cómuoion. Enquoyilsdcclairent leur impudence pat trop vilaine: car ce qu’ils gourmandent ain fi tout, amp;nbsp;que les autres en font excluz, ne eft ce pas pluftoft vue excommunication toute manifeftc,que communion î On fait affez que veut dire ce mot deComuniquer, amp;nbsp;deCommunion:c’cft quad plufieurs font participans d’vnemefme choie, amp;nbsp;non pas quand vn tout fcul la prend pour foy ; ainfi qu’on voit qu’il fe fait en toutes ces abominations de Mefles priuées,dcfquclles nous auons défia parlé quelquefois par cy deuat* Quj eft-ce maintenant,qui ne voit,que ce Sacrement execrable de laMcffenepeut e-fire vnvray Sacrement? Parqiioy,fi fainft Paul àcaufedu defordre , oui cftoit entre les Corinthiens, ainfi qu’il le recite luymef me, alTauoir, qu’ils ne s’attendoyent point l’vn l’autre pourcelcbrer la Ccne,qui cftoit peu de chofe au pris de celle peruerfité , Ä corruption.-fifainél Paul,dy-ie,3 prononcé par l’Èfprit deDieu,quecc qu’ils faifoyent en tel defordre n’eftoit point manger la fainéle Cene du Scigncur:que dirons-noui ie vous prie , de ce lacrement detcftablc de laMeffe .auquel il n’y a pas vn feuldelbr-dre amp;nbsp;abus, mais vnc infinité d’erreurs amp;nbsp;d'impietez? auquel l’ordonnance de noftre Seignetsr Icfus eftrenuerfée,fon comman-demét foullé aux pieds,bref,tout le vray v-fage

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DE LA MESS S. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;iS^

Tage Je fa AiniSe Cene corrompu , amp;nbsp;pro-phané? Il acomandé exprefltmêtquetous prennent de ce pain amp;nbsp;de ce vin ; amp;nbsp;en la Mefic.vn feu! boit amp;nbsp;mangetout.

O r pour mieux deelairer encores ce que i’ay touché , ie dy que le droit amp;nbsp;pur vfage d vn vray Sacrement, eft comme de fon ef-fence amp;nbsp;nature : tellement que là ou vn tel vfage,c’eft à dire,auquel il eft dcftinc,n’cft pointobferué,lcSacrcmét n’y eftpoint à la vérité. L’vfagede lafaindc Cenedenoftre Seigneur IeHis,n’eft pas de marmonner ccr raines paroles,comme feroit vue pie en cage , delTus le pain amp;nbsp;le vin , ne de fouffler ainfi que font ces charmeurs en faifant leur forcelcrie; mais à l'oppofite,c’eft, que plu-ficurs prennent l’vn amp;nbsp;l'autre , mengent le pain amp;nbsp;boiuent le vin , félon l’ordonnance de Icfus Ghrift .Là ou donc vn tel vfagc ne eft point, lieft impofsiblc qu’il y ait Sacre-méc.Or eft-il ainu,que cela ne refait point en laMcfle.mais tout le contrairc:d’autanc qu’vn feul,c’cftàdirc, le Preftre, mange Si boittout . 11 n’y a donques point de vray Sacrement .Prenons pour exemple de cecy le BapteCme, afin qu’il n’y ait ccluy, qui île voye comment le Sacrement confifte en l’v fage,amp; que s’il n’eft obferué,il n'y a plus de facrement. L’eau du Baptefmc n’eft pas fa-crement.finontandisqu’elle laue,amp; qu’elle eft cfpanduc fur celuy qu’on baptiCe,durant que le Miniftrc prononce ces mots,Ie T.

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igo nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIE

te baptize au N pm du Pere , amp;nbsp;du Fils, amp;nbsp;du fainft Efpric . Si cefte cail la tombe en vn vaifleau, après que la pcrlonnc eft baptizée,on fait qu elle n’eft plusSacremét, mais feulement comme d’autre eau . Ainfi en eftoldu Sacrement de la Cene : cependant qu’on diftnbuc le pain amp;nbsp;le vin , c'eft vn Sacrement : amp;nbsp;ce qui refte puis apres du painamp; du vin,n’eft pas Sacrement, mais on le peut manger amp;nbsp;boire comme d’autre pain amp;nbsp;d’autre vin,d'autant qu’il n’eft plus deftiné à tel vfage.Semblablemct les miettes du pain qui tombent en terre ne font pointfacrement. Par cefte mefmeraifon faut conclure neceflairement,comme la ve rite eft,que toutes leurs boftics qu’ils tiennent enfermées dedas leurs Ciboires,amp; au très tabernacles , ne font qu’au tant de pro-phanations du fainô Sacrcmcnt:amp; que tou tes telles corruptions ne tendent,fînon que à defpiter Dieu , amp;nbsp;fe moquer de Icfus Clirift,amp;defa famfte ordonnance,d’autant qu’il n’y a nul vfage du Sacrement, qui eft de lafubftace d’iceluy. ledy donques,tout ainfi que l’eau du Baptefme n’eft plus Sa-cremêt,fi le pur amp;nbsp;vray vfage n’y eftquant amp;nbsp;quant obferué ; qu’aufsi ce n’eft point le Sacremét de la Cene,quand l’vfage cftren-uerlé , c'eft à dire , quand il n’y a perfonne qui prcnne,qu’il n’y a rien diftribué, qu’on ne boit gt;nbsp;ny ne mange , amp;nbsp;qu’vn feul riffle tout.

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DS LA MESSE.

tout. le dy qu’on ne boit ny ne mange en commun: àcaufcquelaCencdu Seigneur n’eft pointvn afte d’vn homme particulier, mais de plufieurs.Er d’autant qu’vn tel vfa-gc n’eft point gardé en la Meffe , mais le Preftre fcul mange amp;nbsp;boit tout, fans que nul autre y touche, ne communique ; il eft bien certain qu’il n’y a point de yray Sacrement en toute cefte execration- la. Dont il fenfuit,qu’il n’y peut aiioir aucune memoi rede Sacrement.Qui eft le poinû quei’a-uoyc entrepris de monftrer . Dauantage, que pourront répliquer tous lesdofteurs de Meffe , quand on leur dira qu’il eft im-pofsible que le maffacre qu’ils y font, foit mémoire de facrifice ? Car il faut tou hours reuenirà ce principe , Qiftil eft neceffaire que ce (bit vn vray Sacrement, pour eftre mémoire de facrifice. Et comment feroit-ce vnfacrement, veu qu’ils maintiennent que leur pain amp;nbsp;leur vin changent defub-ftance , amp;nbsp;font transformez au corps amp;nbsp;au fang de lefus Chrift, comme nous auons délia monftré ? On fait ce qui eft requis en vn vray Sacrement, c'eft , que les Clemens vifiblcs amp;caduqucs y retiennent leur nature amp;fubftancc. Or félon Icurdoûri-nc,cela ne fe trouue point en leur Sacrement de Meffe . Quercftc-il donques, fi-nô qu’elle n’eft point mémoire de facrifice? Mais pofons le cas que tous ces abuz,amp; im T. ii.

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1lt;)1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIB

pictcz que ie vié de toucher, ne fuflét point en leur abomination defacrement : que di-rôt.ic vous prie,tous ces enragez,fi on leur monfire, que pas vu de tous ces gallans de Preftres greffez amp;nbsp;tondiiz ne peut vraye-. ment faire leur facrement, felon meimes leur opinion, qu’ils maintiennent partout? Ils dilent que nul ne lepeutfaire, s’il n’eft Prcftre,amp;quicóquenc l’eft.qu’il ne peut cô facrer. Orpoureffre Preffre à lcurguifc,il eft neceflaire d’eftre cofacré par vn quifoit vray Euefquc , lequel par fa confecration, imprime vn charaftere, q eft vnc vertu fpi-rituellefelon leur phantafie, que l’Eucfque leur confère en faifant fes ordres . Si l'opinion amp;nbsp;dourine qu’ils maintiennent eft ve ri table , affauoir, queccluy qui n’eft point Eucfquenc peut ordonner ne faire desPre-ftres: il fenfuit neceffairement,que depuis tat amp;nbsp;tat d’années,il n’y a point eu de vrais Preftres,d’autant qu’ils n’ontpoint efte ordonnez par vrais Euefques: comme ainfî foit que nul ne peut eftre vray Eucfqiie,s’il n’a pour le moins ces deux conditions-cy, Icfquclles font neceflaires à vn Euefque. L’vne eft,qu’i I foit efleu du peuple: amp;nbsp;l’autre , qu’il paiffe le troupeau , lequel by eft commis, c’eft à dire, qu’il prefehe luy-mefmes à fö peuple la pure parole deDieu, Ce finit deux conditions neceflairement re quifes, félon que nous enfeigne l’Efcriturc fainétc.

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DELA MEISE.


*’Î

faînftc . Car quant à la première, nous ayons aux A des des Apoftres , que fai nd AS.u^. Paul, amp;nbsp;Barnabas, qui auoic fi grande autorité , amp;nbsp;principalement faind Paul, lequel auoit eftéinftitué Apoftre par lefus Clirift mefmes,amp; nommé par luy VailTeau d’eledion.ordonnèrent des Preftres par les villes (c'eft à dire des Euefques .d’autant qu’alors il n’y auoit point de difference entre Preftres,amp; Euefques)amp; ne les firent pas à leur appétit, ny à leurpofte,mais par clc-élion.Et les ancicosCanons aufsi n’approu OiPm- St. uoyent point pour Euefques ceux qui n’e- 'j ^^'^^g' ftoyent pas efieuz du peuple , comme il eft eferit au Decret mefmc.Quant à la fecon- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

de, puis que le nom d’Euefque eft vn nom d’office, amp;nbsp;d’œuurc(felô qu’en parlefaind Paul à Timothée,quand il dit,Quiconque i.Tim.) appete l’office d’Euefque,il defire vne œu-ure excellente:il ne dit pas,quiconque defire vne dignité)touc ainfi q le nom de Pa-fteur ne couient point finô à celuy quipaift amp;nbsp;cobien que celuy qui ne paift point, foit nommé Pafteur,fi cft-ce que iamais il ne le peuteftre à la vérité ■. autant en pouuons nous dire en ceft endroit, c’eft, que nul ne peuteftre vrayEuefque,nevray Pafteur,fi-non celuy qui fait l’office de rcpaiftre le troupeau,amp; de prefeher l’Euangile deno-

| ftre Seigneur lefus. Puis donques qu’ileft \ ainfi, nous pouuons bien hardiment conclure qu'il n’y a pas vn de tous tant qu’il y T. iii.

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2^4 ANATOMII

a de Preftres greflèzamp;faifts par ces Eucfqs corniiz,amp; mafquez,quifoit vrayemét Prc-ftre, non plus qu’il n’y a pasvnde tous ces fentils Eucfqiics tonduz , qui les ontor-ónez,lequel foit vrayemét Euefque. S’ils ne font point Preftres , ils ne pcuuent pas cófacrer, fdó Ia phantalic inefmes des do-ftcurs de Mefle. Et s’ils ne pcuuent confa-crer, ne fenfuit-il pas bien que leur facre-ment n’eft point vn vray facrement .mais vne abominació execrable’Et s’il n’eft poïc vrayfacrement,ilne peut eftre mémoire de facrifice .Nous voyonsdonques maintenant, quelles impietez amp;nbsp;idolatries ont régné au monde il y a fi long temps,amp;y régnent encores auiourdhuy . On fait quels lacrilcges fe commettent tous les iours: amp;nbsp;comment les hommes font cnforcellcz de cefte maudite opinion,que la Mefle eft vn facrifice pour les pechez.Eft-ce peu de cho fe de defpirer Dieu en telle façon,que font cesforcenez,qui abrutiffent tellement les ignorans,qu’ils leurfontaccroire vnecho-fe fi abo minable que ccftc-la ? de leur per-fuader qu’vnc telle execration foit vn facrifice, amp;nbsp;fur cela leur faire adorer, amp;nbsp;reco-gnoiftre pour le vray Saiiueur du monde, amp;nbsp;pour le Fils vnique du Dieu viuant ? ne eft-ce point vne audace plus que diabolique ? n’eft-cc point foullcr aux pieds la maiefté facrée de lefus Chrift ’ ou luy cracher au vifage? Les diables d’enfer mef-me(

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Bl LA MESSI. 19$ mes n’auroycnt-ils point horreur défaire vne telle entreprinfe ? Il eft bien certain i|u’ouy.Et ces diables encharnez-cyne font nulle difficulté,mefmes ne font que ri re,quand ils meurtriflent cruellemêtceux qui s’oppofent à leur rage, amp;nbsp;furie du tout infcrnalle.

Lit tro^eme SeShon.

Que la iAejJi n'a f oint eflé ordonne de lefuiChn/t^ ^desAjgt;oflres;maiifluJloflque e'eß-rneinnen-tion du diable,mifeenaitant far leshommes.

’Autant qu’en tout le di-feours, que nous auons fait en ccfteAnatomie,par ce nom de Meffe, comme il a efté touché du commencement,nous n’enten

dons point le Sacrement de la fainfte Cc-ne, lequel fans aucune doute , noftre Seigneur lefusinftitua en ion dernier foup-per auant qu’il mDuruft,amp; que lesApoftres ont depuis fouuent célébré, amp;nbsp;qui a touf-iours efté reueremmét obferuc en la vrayc Iglife iufqu’à maintenant,amp;le fera pour la mais,tandis qu'il y aura des fidèles au mon de : mais nous entendons tout ce meflinge, amp;nbsp;amas de paroles, de geftes, de mines) amp;nbsp;ceremonies,qui font làdepuis vn boutiuf-qu’à l’autre,côme il eft aufsi entédu de tous T. iiii.

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1$6 nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIB lt;

ordinaircmcnt:ou bien leur facretncnt,que ils appellent ; amp;nbsp;qu’en quelque forte qu’on l’entende, tous lesaduocats d’icelle crient par tout,amp;tafchent de faire accroire,q c’eft vne inftitution amp;nbsp;ordonnâce diuine,amp; que les Apoftres inelmcs l’ôt obferuée, amp;nbsp;ditte bien deuotemcnf.ilferabon que nousmô lirions bnefuemét quciamais lefus Clirift, netousIes.Apoftrcsn’ontdit, ny ordonné tellccxecratiô.cn quelque manière qu’ils la puiffent prendre . mais au contraire que ce eft vne inuencion infcrnalle,quc fatan a introduite au monde , par le moyen non pas d’vu homme feulement,mais de plufîcurs, qui ont efté fes fuppofts,amp; vrais inftrumes, pourdreder vne telle impiété. Premiere-met,fi parce nom de Melle on entéd toute celleconfufion, amp;nbsp;meflinge, qui clldepuis l'httroiho ,iufques à l’I/e Mz/pe/?.-iedy que cellouurage-laefl Ibrti delà boutique de lâtan;amp; que tous ceuxparqui la Meffe a c-llé rapetacée,ont efté comme autant de ra-uâudcurs,ou rabobclincurs, que ce perede menfonge a fufeitez en diuers temps, pour parachcuerce beau chefd’œuurc.Etqu'ain fi foit,les grans amis mefme de laMcffe en rendét tefinoignage. V ray eft,pour donner luftre à tout le refte de leur impieté plus que deteflable , qu’ils difènt, que lefus Chrift en a ordonné le làcremcntimais i’ay défia monftré que c’eft vn menfonge execrable,amp; vne impudence defefperée, d’autant

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DB LA MESSI. nbsp;nbsp;nbsp;1^7

tantqu'il eft drefle tSt pour dePpiterDieu, amp;nbsp;fe moquer de fa maieftéfacréc,que pour anneantir la mort amp;nbsp;pafsiondc noftre Seigneur lefus, amp;nbsp;renuctfer fa faimfte Ctne. Or en continuant leur mcntcric impudente , ils afferment que fainâ. Pierre y adiou-fta le ^atcrnoßer,amp;i S. Iaques Euefque de le rufalem l’augmctatmaisils ne difrntpoint quelle piece ç’eftqu’ilyadioufta . Apres ils viennent à nommer ceux qui l’ont forgée, amp;nbsp;qui y ont mis quelque piece.En quoy ils n’ont point vfé^dc telle impudence , qu’ils ont fait en ce que i’aydit.Ilsaireurcnt que Bafile l’a depuis augmentée ,que le Pape Celcftiny a adioufté le ludicamcDtusAc Pa pe DamafuSjla confefsion que fait le Prc-ftre : aucunsdifent que ce fut Pontian . Et puis q Grégoire premier,y a mis l’introite: amp;nbsp;qu’il ordônaquele Kyrieleifon fediftpar neuf fois : Telefphore , le Gloria in excelßi DeeiGclafe premier,les Colltâ:cs,c’ift à di rc,leurs oraifons, qui vont deuSt l’Epiftrc: Hyerome,l’Epiftre, amp;nbsp;l’Euangilc. Anafta-fe ordonna, quad on diroit l’Euangile, que tous fe leuaflent debout,mais qu’ils fuflent enclinez,amp; auec reuerenec. Le Papq M arc inftituaqu’on chantaft le Credo leipprdes feftes, amp;nbsp;que ce fuft le peuple là- prefent quiledift: St Damafe confermadepuis celle belle ordonnance.Gclafc ordonna l’An tiphonc qui fuit le Credo. Quant à l’enccn-fcract,ilsrontpris des Cérémonies ancien

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i^S ANATOMIB

nes,ou pluftoft des Payens, qui en vfoyent fort en leurs Sacrifices .comme vn chacun fait.Ce Gclafîus que i’ay nommé , ordon-naqu’on y diroit les Prefaces qui vont déliant le Slt;»nfif«5,qui font neuf, amp;nbsp;la dixième y a efté adiouftée parle Pape Vrbain. Sixte premier ordonna, qu’on y chantaft le S-m-é/«j.Quant au Canon,qui commence Te t-^ünr de/nenti^ime fater , aucuns difent que Gelafe compofa le commencement, ainfî qu’il eft pour cede hcureiamp;lePapcSiritiuï, le Commimicames: amp;nbsp;Alexandre premier,le QhipriditefHampjtmtur.Le Pape Leon premier,adioufta îhtnci^ituroblaiiiinem: Si Grc goire, ces deux requeftes, aiTauoir, Et que tu difpofes noz iours en ta paix , Et que tu commandes, que nous foyons dcliurez de damnation éternelle, amp;nbsp;que nous foyons nombrez au troupeau de tes efleuz.Lesau très difent que le Canon a efté fait par Scho lafticus.Tant y a,qu’on voit bien qu’il n’a pas efté faift par vn fcul, ny en vn temps, mais qu’il a efté rabbobelliné parplufieurs amp;nbsp;en diuers temps : amp;nbsp;encores moins que l’ordre des temps y ait efté gardé,e’eft à dire, que cela que les plus anciens y ont mis, foit triaintenant lepremierau Canon,mais au contraire . Car Alexandre fut premier que tous ceux cy. amp;nbsp;neatmoinsle Ó^ipridie 5»4'»/)lt;ttererar,lequel il y adioufta.eft au (Îx-ieme lieu.EcleTei,çie»r(lequel,côme ils di fent,Gelafius afaift.qui aefté lôgtéps dc-puisAlcxâJrc)preccde toutes les autres par

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Dl I.A MISSI. i-99 ties du Canon.Grégoire adiouftafeló q dit Durandienfon Irrationnel Ja preface du îater.c’eA affauoird'OrsmHJ freceftitfalutari fc»(M((i»««:amp;ordónaquc ïeVaternoflerCe dift, ainfi qu’il afterme en fon regiftre ; difant que ce fcroitvne chofe indigne qu’on dift I’oraifon dcScholafticus(duqucI nous aiiós faift mention cy dcffus,)c’cft à dire, le Canon , amp;nbsp;que I’oraifon de Chrift ne fe dift point,aflauoir,lc laternnfter. Lc Pape Scr-gi’ premier,inftitwa l’A^zwJDe(,amp; qu’il fuft chapté par trois fois . En fomrae,Icfus Chrift felon eux-mefmes n’a rien ordonné de toute cefte abominatio de Meffe, excepté leur Sacrement .Tout le refte y a efté adioudede plufîcurs,amp; en diuerstemps. Ccux,qui voudrôt lire Platina en la vie du Pape Sixtepremier,lc Ratiônel de Duran-di Des offices diuins au quatrième liure,amp; PolydorusVergilius liurccinqicmedc In-uentoribus return, chapitre dixième, trou-Ueronc qu’ils difent tous que Icfus Chrift n’a rien dit de toute cefte Meffe, finon les paroles de leur Confecration.Mais d’autât. que ceux à qui s’adreffent principalement cefte Anatomie, n’entendent pas la langue Latine,fans aller fueillcttcr ces hures la,ils peuuentvoir tout ce que nous auons dift de cesrappetaflèurs de Meffe, au liure intitulé,Des Aûesdesvraisfucceffeursde le-fus Chrift amp;nbsp;de fes Apoftrcs,amp; des apoftats del’eglife Papale , qu’afaiû cebon ferui-teur de Dieu, M. Pierre Viret: auquel il a fi

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JOO nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIE

bien, amp;nbsp;fi fiJelement recueilly tout ce que en ontcfcritles autres, que rien plus ;amp; a tellement déduit ceftematicre,qu’il n’arié laide. 11 a monftré bien au long comment, amp;nbsp;par qui la Meffe a efté rapetacée,amp; equi pée de toutes fes pieces.

Or il nous tant noter, que les Aduo-cats delaMelTe dilcnr,que c’eft vneinftitu-tion diuine;àcaufequï le facrement,qu’ils appellét,eftle principal d’icelle: amp;nbsp;qu’il eft bien vray,qu’elle a efté augmentée amp;enri-chie de pluiîeurs, amp;nbsp;en diuers temps : mais que neantmoins elle ne laide pas pour cela d’eftre vnc ordonnance deDieu,à raifon de la principale partie : amp;nbsp;que tout ce qu’ony aadioufté eft pour ornement amp;nbsp;parure : à quant à la fijbftance (qui eft leur facremét) qu’elle a efté faifte par lefus Chrift.Telle-ment qu’ils parlent de leurabyfmedc Mcf fe, ainfî qu’on feroitde quelque grode ri-uiere,commedu Rofne,oude Loire,ou de Senc,qui font petites riuieres quant à leurs commencemens amp;nbsp;fources , d’autant que ce ne font que petites fontaines:mais pour* ce qu’il tombe pluficurs autres riuieres de dins,clles deuiennent puis apres bien grof fes: S: neantmoins elles retiennent touf-iours leurs premiers norris. Ainfîces gétils Aduocats en veulent faire de leur Mede. Mais on voit aifément que ce n’eft que vanité, amp;purcbeftire . Caril n’eft point icy queftion du mot. Que tout ce medinge,ôt amas

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»BLA Miss K. 301 amas foit appelé Méfie , amp;nbsp;leur Sacrement encores foie ainfi nommé tant qu’ils voudront : nous debatons maintenant de l’in-fiitution de la Mefie : amp;nbsp;difons que tout ce monftre compofé de tant de pieces,de tant de mines amp;nbsp;ceremonies, n’a point efié introduit au monde par noftreSeigneur lefu j neparfes Apofires: mais par ces forgeron s de Satâ,c’eft à dire,par les Papes,ainlî que nous allons môftré par letefmoignageque en rendent ceux qui fauorifentà la Mefie, amp;nbsp;n’eft ia bcfoing d’infifter icy dauantage.

Quant à ce qu’ils pretendent que la Mefie a efié infiituée par lefus Chrift,d’au tant qu'ils vculét faire accroire que leurfa-cremét abominable a cftéordonnéparluy, amp;nbsp;obferué des Apofires: c’eft vue impudeu cepartrop vilaine .Maisquoy ’puisqu’ils ont vne fois perdu toute honte,il n’y a plus de mefure en tout ce qu’ils difent.Commet prouucront-ils,ic vous prie,qu’vn tel facri ‘i^g®’ qu'ils appelent Sacremêt, ait efié in-ftituépar lefus Chrift’il eftdu toutimpof-fiblc:car nous fanons quel eft le Sacrement de lafainéte Cene de nofire Seigneur, amp;nbsp;combien il eft different de cefte impieté plus quediabolique. Onvoitcônient tout cela que font ces facrileges, n'tft que pour renuerfer la pure ordonnance de Dieu,8c pourfe moquerplainemét de lefus Chrift, amp;nbsp;pour le defpiter en ce qu’il a inftitué. Q^on regarde ce qu’il a laiû, quand il a

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jot ANATOM! 1

baillé le pain amp;nbsp;le vin.N’a-il pas prononce haut amp;nbsp;clair,amp; en telle forte que tousentc-doycnt ce qu’il difoit’Et ces badins-cy.quc font- ils? Pour môftrer qu’ils defpitét Dieu à leur efcient, ils marmonnent entre leurs dens le plus bas qu’ils peuuent,en forte que on n’y entend rien.Et cornent fcroit-ce vn facrement à ceux qui n’entendent amp;nbsp;n’oyêt point lcsparolcs,Teu qu’il n’y a rie qui puif fe eftre Sacrement,s’il n’y a parole ouye,3c entédue premiercmet’Et puis lefus Chrift en prononçant les paroles qu’il ditàfesA-poftres,lefaifoit-ilacefte inrentió,quc les fubftances amp;nbsp;natures du pain amp;nbsp;du vin fuf-fent châgees en fon corps amp;en fon fang,ain fi que ces enchanteurs feignet’Mais au c5-traire,tout fon propos ne tendoit finô pour môftrer que l’vn amp;nbsp;l’autre font figues,pour auoir fouuenance de luy,amp; pour reprefen-ter ce qu’il donne àfes fideles en fa fainfte Cene, corne les paroles mefmes le donnent bien à entendre .Nous voyons donc, puis que leurintentiô eft toutau rebours dccel le de lefus Chrift, 5f qu’ils font tout autrement qu’il n’a fait, que leur facrement.que ils appelent,n’eft point vn facrement de no ftre Seigneur lefus,mais pluftoft vnc abomination execrable, qu’ils ont iouentéci leur fantafie.pour fe moquer de Dicu,amp; a-neantir fa fainfte ordonnance. Dauantage, le Sacrement, que lefus Chrift a inftitué pour eftre perpétuel en fon Eglifegt; àquoy

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DE LA MISSE. 30;

tend-il,finon qu’il nous foit vn banquet fpi rituel pour eftre diftribué à tous encom-munîÉtceux-cy fSt-ils en ceftc forte ,qu2d le Preftrc mange fonfacremct tout fcul,amp; n’en fait point part aux autresîDira-on que il y a là Cómunió,ou vrthöme eft feul participât de ce quifefaitfComeainfi foitdóe qu’il n’y ait rien de fcmblablccn tout ce qu’ils font en leur faercment à ce que lefus Chrift a faift, voire qu’ila cômandé qu’on face en fa fainfteCeoexe n’eft qu’abomina tiô que tout ce qu’ils font.côrae nous auôs défiamonftré cy deffus enla Seftion prece dente. Dont il appert manifeftemét.que ce n’eft point vne iuftitution diuine,mais vue inuentiô defatan mife en auâtpar le moyc des bornes. Parquoy ,quc tous les doften rs amp;aduocats de cefteexecration gazouillct, qu'ils gloféc,crgotctamp; diftinguët tout leur foui, qu’ils entendétpar leur Mefle lequel qu’il leur plaira dcsdcux,ou ce meflinge amp;nbsp;amas de paroles amp;nbsp;de mines qui font là depuis vnbout iufqu’à l’autre,ou bien leur fa crement feul; d’autant que ce n’eft qu’abo-mination.ilfauc neceflairement conclure, que ce n’eft point vneordonnance deDicu, mais du diable,amp; de fcs fuppofts . Et néant moins, comme ils font du tout enragez, ils veulent faire accroire, que c’eftvn facrifi-ce plaifânt à Dieu , amp;nbsp;vn feruice , qu’ils luy font, combien que ce foit contre fon com-maademet exprès.Car il neveut point eftre

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J04 nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIE

' honnoré, ne ferui par traditions humaines, ainfi que nous auons défia dit tant de fois. Quant au mot de Mefle , i’en ay touché aulsi en la Preface de ce liure . Qui eft caiifequciene m'y amuferay point pour cefte heure .lieft vray que la beftife de ce venerable Durandi fe monftre aufsi bien en ceft endroit,comme en tout le refte que il traifte des offices diuins; mais ce feroit vne chofc longue,amp; trop fafeheufe,de recî ter fes refueries . Comme quand il dit au commencement de la quatrième partie de fon Irrationnel, que ce mot de Mefle fe prend quelque fois en general pour tout ce meflinge:amp; quelquefois c'eft vn nom propre; amp;nbsp;vn tas d'autres badinages,qu’il raeô te au lieu que i’ay dift. Tant y-a, qu'on ne trouuera point vn feu! lieu de toute l'Efcri turefainfte , ou il foit fait mention de ce morde Mefle: amp;nbsp;non fans caufe, puis qu’il lignifie vne abomination tant execrable, ainfi que nous auons defia monftre bien amplement.

L,^ quatneme Se^ion.

Qut la MejJeeffvn recueil, fy-mone,tau,oupluflofi vnemeramp;ahyfrne defuperjUtioas, d'abux., amp;nbsp;d'imiiieteK.du tout infernalles.

le

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D S t A M 1 S Ï I. ^07

£ n’ay pas intention pour cefte heure,de dire amp;amaf fer icy tous les abuz amp;nbsp;im pietez enormes, qui font en la Mefle . Cariecroy qu’il eft impofsible à l’hô-me de les bien fauoir : amp;

quand encores on les pourroit aifément cô prendre,fi eft-ce qu’il y en a tant,qu’il faudrait faire vn gros liurc , qui les voudroit deferiretout au long . Mais ce me fera af-fcz d’en toucher quelque douzaine amp;nbsp;demie,comme en paflant,donton puiflèfaci lement iuger,quelle execration c’eft que la Meffe. le dy,toucher en particulier, d’autant que par toute cefte Anatomie il en a efté traité,quand l’occafîon s’eft prefentée, c’eft àdire,quafi depuis vn bout iuftjues à l’autre. Orl’vne des principales impietez, I eft l’adoration de leurhoftie amp;nbsp;de leur calice .Car c’eft vnc idolatrie mefehate amp;dc-teftablc. D’où eft-ce que ces facrilcges ont pefehé,qu’on doiue adorer mefmc les vrais facremés, inftituez de noftrc Seigneur Ic-fus’Nous fanons que ceux-là doiuent eftrc celebrez en toute rcucrcnce, comme chafes facrées, amp;nbsp;ordonnances diuines : mais qu’on les doiue adorer en façon que ce lôit, on ne le trouuera point en vn feul lieu de toute lafainfte Eferiture, ne que les Apo-ftres, amp;nbsp;autres fideles feruiteurs de Dieu, rayent iamais faift. T out ainfî qu’on n’a-

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JOÄ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;XNATOMIS

dore pas le Baptelrae, mais ce nous eft vn feau , qui nous alPeurc que les péchez nops y font pardonnez parlcfangde noftre Seigneur lefus : aiifsi en la Cene , le pain amp;nbsp;le vin n’ydoiuent pas eftre adorez. Car lefus Ghrift ne les apoint ordónez àcefte fin-là:, mais il les a inllitucz pour nous réduire en mémoire fon corps amp;nbsp;fon fang , qui ont c-fté donnez en remifsion de noz péchez, 8C pour nous certifier que vrayemét ce qu’ils nous rcprefentent,nous y cliquant amp;nbsp;quât offert. Voila pourquoy le pain amp;nbsp;le vin eft diftribué en la Cene,amp;non pas pour y eftre adoré, comme font tous ces idolâtres, qui fc trouuent à la Meffe.Penfons-nous,s’ils deuoyent eftre adorez,ainfi que fongét ces poures beftes chauffées, que les Apoftres ne l’cuffcnt pas fait,quand lefus Chrift in-ftitua le Sacrement de fon corps amp;nbsp;de fon l^ng ? Qn^on life ce qu’en ont eferit les E-uangehftes, pour voir s’ils firent femblant mefme de l’adorer. Mais au contraire,on verra qu’ils ne fc bougèrent de la table,ou ils auoycntfouppé . Etfans amener tout cecy, on fait bien qu’ils ne peuuent cou-urir vnc fi lourde idolatrie du manteau de ^H-^ liMrt ancienneté .Carcequcditle PapeHono-^eiDecret» nus donne bien à entendre, que cefte ado-trtDtl brutale n’eft pas vnc chofe ancicn-brxthM*~ ne,maisnouuclle.Etmefme,illèmblcque Mijfintm. cefojt vne des ordonnances de ce Pape-la, qui mourut l’an mille deux cens vingtfix-yoi-

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' DïlAMISJB. 507

Voils commet il parle, De peur que l’indi gnation diuinc nefe courrouce plus grie-uement,à caufe de la nonchalance des Pre* ftres,nous commandons bien cftroitcméc, que l'Euchariftie eftant honnorablement colloquée en lieu fingulier , net amp;nbsp;ferré, foit deuotement amp;nbsp;fidelemét gardéc:mai$ que le Preftreenfeigne fouuent fon pcu-Îde, de s’encliner rcuetemment, quand on eue en haut l’hoftie falutairc,cn célébrant Mcfle:amp;défaire lcfcmblable,quad le Pre ftre la porte à vn malade, ley ce Pape com mande que le peuple s'enclinc deuant cefte hoftic: il ne dit pas exprefTement, qu’il l’adore,mais qu’il s’cncline tantfculemët. Il monftre allez par cela,ou qu’il eft l’auteur de telle façon de faire, ou bien,qu’il n’y a-uoit pas long temps qu’on l’obferuoit.Car fi c’euft efté vnc couftume ancienne , quel befoing eftoit-il de faire vn commande-mét ficftroit.pourlafaire garder; veuque les chofes qui le font par couftume,font ob feruéesfans aucuncommandement?Et n’y a nulle doute ,que fi cefte couftume euft efté deuant Honorius, qu’il n’euft allégué l’auteur,amp; dit le nom: ou pour le moins,il euft faift mention de telle couftume, fans parler ai nfi qu’il a faift.

Mais noz Aduocats amp;nbsp;fuppofts de MelTe répliqueront icy, que leurs Chrift peut amp;nbsp;doit eftre adore par toutou il eft:

V. ü.

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AN ATOM IS


I.«t 24 ^an 16 ^^^ 12. J ^pi’fr^

amp;puis ils paffcront outre,iffauoir,qu’il eft en leur lioftic,amp; pourtant qu’il y doit eftrc adoré.A quoy iercfpon,que la vraye adoration cft vn aéte de foy, amp;nbsp;qu’elle en depend du tout. Or la foy ne peut eftre finon par la parole de Dieu, laquelle nous afleu-rc de ce que nous deuons croire amp;nbsp;tenir, fans varier aucunement. Qif ils nous mô-ftrent vn peu , voire s’ils le peunent faire, par la parole de Dieu,que lefus Chrift foit en leur lioftic en forte que ce foit, amp;nbsp;nous irons leur tenir compagnie pour l’adorer. Nous adorons lefus Cnrift au ciel,d’autât que l’Efcriture nous certifie clairement qu’il y eft monté, qu’il eft là afsis àladcx-tre deDieufon Pere . Etquieft-eequi af-feure ceux qui font à la Mefle, que lefus Chrift foit en l’hoftie amp;nbsp;calice du Preftre? Premièrement, ilsnefontpas certains que il aitconfacré, n’ayans point ouy les paroles.Dauantage,il les peut auoir diâ;es,quc laconfecration ne ferapoint encore faite, d’autant,ou qu’il n’aura pas eu l’intention, ou la vraye foy,qui font chofes neceflairc-ment requifes à leurcôfecration, ainfi qUe dit le Maiftre dcsScntences:ie parle maintenant félon leur opinion. M ais nous auos défia monftré par plufieurs raifons,que tou te leur M effe n’eft que facrilcgc,amp; leurfa-crement vne abomination diabolique, d^ impiété infernale . QiTils aillent maintenant,amp; qu’ils fe vantent que lefus Chrift^

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DE LA MESSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;JOJ

eft en chair amp;nbsp;en os,aufsi grand amp;nbsp;gros que il cftoit en la croix.Tant y a que nous leur pouuons bien dire ce que le Seigneur dit à la Samaritaine, Vous adorez ce que vous Ie4»^ nefauezpoint. Ilyabeaucoup d’autres chofes que ic pourroye dire icy,mais ie les laiflè,dc peur que ie ne foyc trop long.

L’autre abus eft, qu’ils marmonnent * entre leurs dens les paroles de noftre Seigneur Iefus,amp; qu’elles ne font point enté-dues , comme elles deuroyent, puis qu’ils les ont tirées de l'Euangile,lequel il a com mandé d’eftre prefehé à toute creature . Et qu’eft-eeque contiennent ces paroles-la, finonque lefus Chriftadonnéfoncorps amp;nbsp;fon fang pour noftre redemption,amp;pour la remifsion de noz péchez? N’eft-ce point vn article,qui doit eftre neceflairemet pref ché à tous Chreftiens ? Etquiconque ne le croit,commcnt peut-il eftre dunôbre des enfans de Dieu? S’il y auoit quelque apparence feulement de pieté en ce qu’ils font, ne prononceroyent-ils pas telles paroles haut amp;clair,afin que tous les entendiflent, ainfi qu’on faifoit anciennement en la fain fteCcnc?Cesbós Aduocats de Melfe trou uent iey de belles exeufes, amp;nbsp;entre autres, ils afferment que ces mots-lafedoiuentdi re en fccrct,dc peur que les paroles facrées ne foycnt profanées amp;nbsp;mefprifées d’vn cha cun: amp;nbsp;qu’il en pourroicaduenir ainfi que du temps qu’on difoit le Canon tout haut;

V- ni.

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(IO ANATOMIS

c’eftque tous prefques fauoyent ces mots la,amp; les chantoyent publiquement par les rues amp;nbsp;par les places. Dont iladuintvne fois, comme quelques bergiers chantoyét ces paroles- la, apres auoir mis du painfur vne pierre , que le paindeuinten chair à la prononciation de ces mots : amp;nbsp;pourcevn feu tomba du ciel,qui les côfuraa. Parquoy les faines Peres firent cefte ordonnance, que fous peine de malcdiftion,ces paroles fe diflent Lecretemet en la Mcfle,amp;auec ve ftemens facrez. Voila ce qu’en dit ce bôDo ûeur Durandi cnfon Irrationnel.Nefont ce pas de belles raifons, amp;nbsp;bien pertinétes, pourmonftrer querelles paroles doiuent dire diftes en feerer?Mais ie vous prie,ne eft-ce point là vn vray conte de vieilles,ou du liure des quenouilles,que recite ce gros afoe,pour approuucrfonbadinage? Y eut il iamais au mode vieille fi radotée,qui cô taft vne refuerie plus forte, ne plus ridicule que cefte-la? C’eft aïfî que tels Doûeurs prouuent leurs fonges cornuz. Si ces mots doiuent eftre dits en fccrct,de peur que les fainftes paroles ne foyet vilipédées.côme ilsdifent:nefalloit-il pas aulsibicdircfc-cretement le fainót Euangilc de noftre Sei gneur,amp; non pas le prefeher publiquement amp;nbsp;à haute voix deuâtto’?Car ya-il paroles plus facrées.que celles de l’Euangilc’Daua tage,pourquoy eft-ce que les fainfts Peres qui ont fait cefte belle ordonnance,otiy s’il eftvray qu’ils J’ayét faite,ne cômandoyent

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D E I A M I s s E. 511 pluftoft,qu’on prononçai! les fainftes paro les auce toute reuerenee, q de les faire dire tout bas’ Car y a-11 rien plus neceflaire de fauoir àtous Chreftiens.que IcfusChrifta donné fon corps amp;nbsp;fonfang pour noftrc re déptlon’amp;qu’en mémoire perpétuelle d’vn tel Hiyftere amp;nbsp;bénéfice ,i l a ordené le S acre ment de fa fainéfe Cene’Doiit on peut voir que c’eft de leur facrcmenc abominable, qu’ils fe vantent d’auoir en la MefTe.Mais il n’eft iabefoing de s’arrefter dauâtage en ce qui eft fi manifefte. Car vn chacun voit quel abus c’eft, que de marmôoer entre les dens, cela qui deuoit eftre. dit amp;nbsp;prononcé clairement,pour eftre entendu de tous.

Il y a vn autre abus en la Melle, qui eft 5 par trop enorme, amp;nbsp;qui s’y commet, céme pourdefpiter Dieu tout oiniertement, amp;nbsp;pour monftrerque La Mefle eft dreflee feu lement, pour renuerfer l’ordonnacc facrée denoftre Seigneur Iefus;c’cft,quefamorc bié-heureufe n’eft pas là annôcée à ceux q font prefens. Or S.Paul enfeigne, que la i.C»r.rt mort du Seigneur doit eftre annôcée en la fainfte Cene,quâd il dit,Toutes fois amp;qua tesquevo’ mâgerezccpain,amp; beuurezde Ceftc couppe,vo’annôcerez la mort du Sei gneuriufqu’àce qu’il vicne.Et cornent eft elle annoncée en la Mefle,ou il n’y a nulle aftio de graces, nulle cognoiflance d’vn fi grädbien,nullepredicatiô de laparolede Dieu’Etmefme quad ils fôt leur cômuniô,

V. iiii.

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JU nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIE

que le peuple s'en va là, pour fe polluer en vn tel lacrilegc.de quoy eft-il queftio pour lors, finon qu’il faut qu’vn cnacun croye fous peine de damnation éternelle,que le-fus Chrift eft en ce morceau de parte,aufsi gros amp;aufsi grand qu’il crtoit en l’arbre de Ta croix;Ne voila point des chofes fi horribles,que c’ert pour faire dreffer Icscheueux en la tertc?

4 L’autre abus ert,que le Prertrefcul mange tout, fans en faire parc aux autre s. Car c’ert mefme contre ce qu’ils maintiennent,difans,que leur facrement ert vnc co-muniou. Mais pour deelairer toufiours mieux,que tout ce qu’ils font eft en defpit de Dieu, ils vfent ainfi de leur facrement. lefus Chrift a inftitué fa fainfte Cenc, afin qu’elle foit prifc amp;diftribuée en commun, amp;nbsp;non point en particulier. Et S .Paul,au lieu que i’ay allégué, repréd les Corinthiés de ce qu’ils ne prenoyent pas la Cene tous enfemble,amp; deeequ’ils n’attendoyentpas l’vn l’autre. Ceux-cy,au contraire,ne s’en foucicnt point ; mais ils s’en glorifient, amp;nbsp;font leurs triomphes, de ce qu’ils foulent au pied la pure ordonnance de nortre Seigneur lefus. Si fain61 Paulreprcnd à bon droit, amp;nbsp;fi afprement, ceux qui ne s’atten-doyenc pas l’vn l’autre, combien que tous ne laiflàflent point de prendre la Cene :ie vous prie,de quelle vehemence euft-il vfc contre ces vilains martins gourmans, qui man-

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BILA Misst. JIJ mangent tout fans les autrcs?Or felon que ils font eifrontez, comme putains de bor-deau, ils ne font que torcher leur bouche, quand on leur rcmonftre qu’ils font contre les mots de noftre Seigneur qu’ils prononcent de leur gueule puante, Prenez, amp;mangeztous dece pain.Quandonleur dit,Que ne le baillez-vous donc à tous,fui liant ce que Icfus Chrift commande ? ou à plufîeurs,comme vous auez gloféî Ils demeurent là tous acculez ainli que chiens, linon qu’on en trouuc quelques vns , qui, ne pouuans mordre, grondent feulement, amp;nbsp;difcnt,que lefus Chrift adreffoit ces paroles- la aux Apoftres , amp;nbsp;non pas aux autres. Voila comment ils cuidét efehapper. Mais leur impudencefedefeouure d’autant plus,qu’ils tafehent de la couurir. Ne fait-on pas bien, que lefus Chrift enfei-gnoit fesApoftres par les paroles qu’il leur difoit, comment ils deuoyent faire amp;nbsp;ad-miniftrer le Sacrement de la Cenc ? Et s’il euft dift cela feulement pour les Apoftres, ils n'euflènt pas feu commet ils le deuoyét adminiftrer aux autres,mais tat feulement àeux.Dauantage,ilcft certain qu’ancicn-nementonne difoit point de Mefles pri-uécs,c’eft à dire, qu’vn fcul print le Sacrement,comme font lés Preftresmaintenât; mais la communion fe faifoic touftours. En ligne de quoy, les Grecs n’ont jamais voulu accepter la Melle priiiéc. Dont il ap

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JI4 ANATOM!«

pert q ceux cy n’ont tafché Anon de renuer fer amp;anneätir tout ceq eft de IcfusChrift.

5 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;11 y a vn autre abus amp;nbsp;impiété execra

ble en la Mefle : c’cft, qu’elle fert à toutes chofes,amp; qu’ils l’appliquent à tout ce qu’il Icurplaift . Ils en font tout ainfî qu’on fait d’vne Celle à tous cheuaux. Elle eft bonne, diCent-ils.pourla pluye,pour le beau teps, contre la tempefte,contre la guerre,contre la cherté,cotre la pefte, amp;nbsp;cotre toute forte de maladies: pour le bô air,pour l’abôdan ce desbiens, pour la paix, pourlafantédu corps,pour ceux qui font voyages,pour les cfpoux amp;nbsp;cCpourcs,côtrclcsenncmi2,pour les viuâs amp;nbsp;pour les morts: brief,y a-ilcho fc au mode,pour laquelle on ne die la Mef fe?Ellc fe dit en l’hôneur de la benoiftevier gc Marie,dcs Anges,des Saifts amp;nbsp;Saiftes, pour les penitas,pour ceuxqui font des au-moCnes, pour ceux qui font fur la mer, qui font en prifon, pour la ftabilité de quelque licu,pour obtenir fapiencc,contre les perlé cuteurs,pour quelque affliftiS que ce foit, pour le Roy, pour l’Empereur, contre les Payens amp;nbsp;infidèles, contre les tentations, pour trouucrce qui eft perdu,pour les be-ftes,pour les vaches, pourles bœufs :fî vn cheual a quelque mal aux yeux,ou aux ianl tes , vne MclTey eft bonne : au Csi eft-elle bien pour cous ceux qui confcllênt les autres , Car elle eft caufe qu'ils actrappent de bons deniers, amp;nbsp;plufîcurs autres chofes: quand

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BïlAMlSS». 31t quand ils enioignent pour penitéce à ceux qui vont à contcflc.dc faire dire force Mcf fes,amp; qui les font fi bien payer,que fouuét ces pourcs veaux fe grattent ou i l ne leur démangé pas.En fomme,l’herbe qu’on ap peleButoine,laquelle atantdc vertuz que c’eft mcrueilles,ainfi que difent les Arbori ftes,n’cft rien au pris de la Mefle. Et ne fe faut point cfmerueillcr,fi elle eft fi bonne à tatde chofes.puis que ceux qui l’ont introduite au monde,ont trop plus de puilTancc que n’eurent onques les Apoftrcs:aufouels comme dit S. Paul,a efté donné puiffance en édification , amp;nbsp;non pas en deftruûion: mais tous ces forgerons de MclTeont pki ne amp;nbsp;entiere puiffance de perucrtir,dc con fondre le ciel auec la terre,de gallcr amp;nbsp;ruiner touteschofes.Etqui plus eft,quandils ont fait tout ce qu’il leur plaift,nul ne leur peut dire, Pourquoyfaites-vousainfi’ Car ils font par deflus tous les autres,amp; ne peu lienteftre iugez de perfonne. N’cft-ce pas la vnegrande puiffance amp;nbsp;admirableîQue nul donc nes’eftône, fi leur Mefle atâtdc vertuzqu’ilsdifent. Quels môftres y eut il iamais au monde pareils àceux-cyî Eft-il croyable, fi l’cxperiéce ne le môftroit, que iamais il y ait eu fur la terre de telsGeïs.ou de tels Cyclopes,quefontceux-cy:Lcs Poètes ont reinft ,’quc iadis les Geans entaf-foyent montagnes fur montagnes , pour monter au ciel, amp;nbsp;de là arracher lupiter;

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que les Cyclopes eftoyent forgerons Je Vulcain, amp;nbsp;qu’ils forgeoyent les foudres de lupiter. On fait bien que ce font autant de fables,quc tout cela . Mais quedirons nous de ces montres d’enfer, ou pluftoft, de ces diables enchamez, qui font fi enragez,qu’ils ne font aucune difficulté d’vfur-per toute puiffance, non feulement fur la terre,amp; dcflbus,mais au ciel mefmeî Quj veulent faire accroire, que leur abomination infernale a fi grande vertu amp;nbsp;jmiffan-ec,qu’en icelle lefus Chrift eft tire hors de la dextre dcDieu fo Pere? Que par le moyé de certaines paroles, il defeend en chai r amp;nbsp;en os dedans vn petit loppin de pain;amp; tât de telles vilainies amp;nbsp;ordures, qu’ils ont ef-pandu par tout le monde? Sont-cc fables, que cela ? O r il n’y a fi petit, qui ne fache bien,que tous les iours,ceux quife veulent oppofer à telles impiccez, font mifcrable-menc tormentez ,amp; brûliez cruellement, s’ils tombent en la main des bourreaux amp;nbsp;licutenans de fatan, amp;nbsp;de ces Antechrifts. Noftre Seigneur lefus a ordonné fa fain-éte Cene,ann qu’elle foit vn memorial,qui dure à iamais en l’Eglife iufqucs à fon der nieraduencment;amp; afinaufsi qu’elle nous ramentoiuclebeneficede famort,amp;quc la vertu d’icelle foit feéllée en noz confeié-ces.Etceux-cy,pourle defpitcr, onedreffé leur MefTe, pour l’appliquer à cent mille impietez.

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DE IA MESSE.


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V n autre abus par trop vilain , amp;nbsp;du 6 tout infupportablc ; c’eft, que ccluy qui la dit,l’applique à qui il luy plaift. Exemple, pour ccluy qui l’aura pay ée,ou pour quelque bicn-taifteur,ou amy,ou pour fon père , ou fa mere , ou pour quelque autre de fes parés amp;nbsp;alliezxomme s’ilcftoitenluy dedifpenfcràfapofte,tous lesbiés cuver tuz qu’ils feignent eftre en la Meffe • Et quand ainfî fcroit,que cefte execration au-roit tat de vertus qu’ils difent, ce q eft neât mois du tout impofsible,cóment fe pour-roit-il faire ,qu’vn mal-heureux garnemet amp;nbsp;fi deteftable,corne font tous ces facrile-ges,qui difent Meflc,euft l’autorité de di-ftribucr à fon plaifir tels biens amp;nbsp;graces, qu’ils maintiennent eftre en leur abomina tion?Il y a bien grande difference entre pri er, amp;nbsp;diftribucr telles vertuzdela Meue. Car félon leur opinion mefme, tels biens font Je lefus Chrift.Commétdonc fepeut il faire, que celuy qui dit Meffe les diftri-bue, puis qu’ils ne procèdent point de luy, mais de Dieu fcul|amp; de lefus Chrift?

L’autre abus cft,qu’ils donnent à en- 7 tendrc,qu’vne Mefleeft plusfoléncllc que l’autre : eSme celle ou il y a de plus beaux amp;nbsp;deplus riches paremés,celle qui eft bien gringuenotée, chantée amp;fonnéc à double carriTlon,ou il y a chantrerie bien decoup-pée,ou il y a porteurs de cierges. Acolytes, Diacres,fors-Diacres, ou il y a plus de lu-

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JlS nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIl

t»n^.

niiniires,qu’onioiiêquot;des orgues: amp;ou ily a toutes telles fanfares,ik appelent tels b* dinages,Mefles folennelics : amp;nbsp;tant plus il y a de ces mommeries- la.d’autat plus elles fontfolennclles. En quay ils rcffcmblent aux luifs.ou pluftoft, aux Payens amp;nbsp;idolâtres,qui faifoyét,pour fcruir à leurs idoles» tant de rolcnnitez,tanc de fcftes,tant de pd pes que ricnplus.il eft vray quit aux luifs, du temps des ceremonies,auant layenue de noftre Seigncurlcfus,que ce qu’ils faifoyét félon l’ordonnance de Dieu,ncpouuoite-ftreblafmé fans grande impieté , d’autant queDieuen eftoit l’auteur,amp; vouloir fous telles figures amp;nbsp;ombrages,côduirc aux cho fcs fpirituelles,amp; y entretenir ce peuple tâc enclin àidolacrie,dc peur qu’il ne déclinait aux dieux eftrâgcs:mais àqucl propos ceux quifc difentChreftiens.feront ils telles fo lennitez amp;nbsp;pompes, puis que le temps des vrais adorateurs eft venu , lefcjucls doiuent adorer Dieu en efprit amp;nbsp;vérité,amp; no pas a-ucc vn appareil extérieur,ouvne môftre eX eefsiue, comme dit lefus Cbriftmcfmcsl Et de là voit-on bien facilemcnt,que toute leur Meffe.auec leur Sacrement,n’cft que puantife deuât Dieu.Car puisqueladigni te amp;nbsp;excellence d’vn vray Sacrement procc de feulement de ce qu’il lignifie amp;rcprcfen te,amp; de celuy q l’ainftitue aufsi,il ne peut eftre plus folcnncl vne fois q l’autre.Corne tous Baptefmes font égaux amp;nbsp;pareils en dignité,

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DE 1 A M E S S E. JI* gnité , pounieu qu’ils foyent vrais Biptef-mesiautaut cn eft-ildu Sacremétde la Gene . Parquoy ils monftrent affez eux -mef-mes, quelle execration c’eft que leur facrc-mcnt,3lt; toute leur Mcfle.

quot;^^n autre abus,c’eft qu’vne Meflè 2 vaut mieux que l'autre , felon la dignité des pcrfonncsicoinme pour exemple,celle d’vn Euefque plus que celle d’vn Ample Preftre : celle d’vn Abbé , que de quelque maloftru Moine; celle d’vn gros Curé,que de quelque Prcftrot,oufalourdier. Car fi elles ne vaUoyét mieux,ils ne lesvcndroyét pas plus cher que les autres. Si dauëturc il n’en prend comme il fait quand quelque gros marchant amp;nbsp;d’apparence, vend plus la mefme marchadife que ne fait pas quelque petit compagnon. O r par cela voit-on qu’ils le moquétdc Dieu plainemcnt. Car nous fanons qu'enuers Dieu il n’y a point d’acception de perfonnes, amp;nbsp;que le feruice qu’on luy fait, ne luy eft point plus agréable,pour la grande dignité,ou degré d'bon neur de ccluy qui lefert: mais c’eft à caufc de la grande foy , amp;nbsp;pieté qui eft en luy. Dauantagc,fi leur Mcffe en foy eft celle, qui a les vertuz, le pouuoir amp;nbsp;l’efFicace d’ouurer,comme ils difcnt,clle ne depend point des hommes , mais de Dieu feul. Pourquoy donques cn font-ils vne plus grande amp;nbsp;plus digne que l’autre, félon la diuerfité des perfonnes?

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y 11 y a vn aptre abus fi lourd amp;nbsp;ridicu le,que rien plus:aflâuoir,qu’on ne lapuifle dire fans vn tas de paremens,qu’ils ontin-uentez, pour reparer cefte puante amp;nbsp;abo-rninable putain,comme font l’amy,l’aube, ou grande chemife,le manipulon, l’eftole, la ceinture, la chafublc,force nappes amp;nbsp;fer-uiettes, autels , calices,corporaux, mar -bres,ou pierres confacrées: amp;nbsp;faut que tou tes ces baguenodcries-la foyent beniftes par quclcun de leurs Euefques cornuz. Et ces paremens-la'font de diuerfcs couleurs, félon la diuerfité des iours. Auxfeftes des Martyrs,ils font rouges:des Vierges,blasa des Confefleurs,d’autrc couleur.Hyades paremens de toile,de faree,de draps de toU tes coulcurs:il y en a de foye,dc velours,dc damas, de fatin, de camelot, de brodez de fil d’or amp;nbsp;d’argent. Somme,il n’y amom-merie qu’on nepeuft bien proprement e-quipper des accouftremens qui feruentà cefte paillarde. Ne monftrent-ils pas bien par cela, qu’ils fe moquent ouuertemét de i.Ti»t.2. DieuîSic’eft vnechofeà condamner en vn i.Ptfr,^, homme.amp; en vne femme, quel’ornement fuperflu amp;cxcefsif,d’autât que ce n’eft que pure vanité amp;nbsp;follie : ne fera-ce point vne chofe beaucoup plus àcondamnercnce-luy qui fe vante de traiter les cliofes diui-nes, quand ilferafîcurieufemcntparé , fit aueques telle fuperfluitéque font tous ces Preftres,Moines,fit telles canailles, en fai-fane

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DE LA MESS Ï. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;311

fantleurferuicedevin’ Comme fi Dieu prenoit pliifîr aux ctiofcs extérieures, Si comme s’il en faifoit cas, luy qui requiert vn ornement intérieur, amp;nbsp;vne parure d’ef-prit. Que veut dire cela,qu’on nefaitpoît telles pompes,ne tat d’agios à la parole de Dieuî Pourquoy ne luy met-on tant de beaux paremens.veu qu’on fait tant d’bon neurs à cefte Meffe infernale ? C’eft d’au-tât que la fainftc parole de noftreSeigneur eft pure amp;nbsp;Ample,amp; qu’elle n’a que faire de eftre defguifée . Mais cefte abomination de MeiTe eft fi execrable de fa nature , que fi elle n’eftoit niafquée amp;nbsp;fardée , comme elle cft,vn chacun verroit du premier coup fa turpitude amp;nbsp;vilainie intolerable . C’eft pourquoy ils la parent fi foigneufement, pour mieuxcsblouyr lesyeux,ou pluftoft, creuer à ceux qui la regardent. Si c’eftoit vn vray Sacrement, quel befoing aurait-il de tant defanfarcs,nc d’vn tel bagage ? Ne font-ce point toutes façons ludaiques, ou pluftoft de Payens amp;nbsp;infideles.qu’autre-mct?On recite pour vne hiftoire veritable, qu’onatroiiué à Rome quelques ftatues, amp;nbsp;remembrances de Preftrcs,qui feruoyét au dieu Mars,qu’on appeloitFlamines,lef quelles eftoyétveftucs amp;nbsp;accouftrées tout ne plus ne moins qu’vn Preftre difantfa Meffe; qui donne bien à entendre que la fa çon de tous tels veftemensamp; parures, que ont ces aualleuts de Meffe ,eft venue des

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Gentils amp;nbsp;incrédules,cómc aufsi tout le re ftc de leurs badinages a efté quafi tiré de là.L’vfage amp;confecration,qu’ils appelcnt, de tant d'omemés, eft vne ordonnance du Pape Eftiennc premier, à l’imitation des Imfs. Leurs corporauxont efté inftituez par le Pape Sixte premier. Quat aux calices,du cômencement ils n’eftoyent que de bois.-mais le Pape Sepherinordona qu’ils fuirent de verre.Etdepuisfut arrefté,qu’ils ne feroyent plus ne de l’vn , ne de l’autre: d’autant que le bois s’abbrcuue aifemêt de la liqueur qu’on met dedans,amp;pourcc que le vin y pénétré facilement:amp; quat au ver-rc,qu’il eft fort fr.^ile,amp; fubiet à dire caf fé:amp; pourtant il fut ordonné qu’on ne les fcroit plus que d’or,ou d’argenf.amp; fi la puif fance n’y eftoit,pour le moins qu’on les ferait d’eftain, amp;nbsp;non point d’autre métal, à caufede la mauuaife odeur qu'ont les autres métaux. Aucuns difent q ce fut le Pape Vrbain premier,qui fit ces belles ordonan ccs-Ia.N’eftoit-cepas vn gétil Philofophe quicoque inuéta celaîN’cftoit-il pas mer-ueilleufcmét fubtil amp;nbsp;aigu, d’efplufclier fi bié les eaufes naturclIcs’Que veut dire cela.q les Apoftrcs amp;CCUX de l’Eglifc primi tille,n’ont pas eu l’cfprit de fi biépouruoir aux gobelets’Ie ne m’amuferay point a dire icy tout eeqiepourroye bien,flicvou-loyc : car ce ne fcroit iamais fait. Et ce me eft alTcz de toucher comme en paffant, vne infinité d’abuz amp;nbsp;fupcrftitions qui font en

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DIIAMISSÏ. 5^3

ce gouffre amp;nbsp;abyfme de Meffe.

Ils font accroire aufsi.quc le iour qu’on i« auraony Melle, ileftimpofsiblcd’auoir quelque mal-encôtre Et toutesfois onvoic par experience,q pluficurs rencôtrent tref mal le iourmefme qu’ils y ontcfté,amp; que beaucoup font morts de mâle-mort, voire ontefté tuez mifcrablemeoc.Le Pape Viftor deuxieme,mourut de poifon qu’il but auec le vincôfacré, lequel eftoitempoifon né. Henry fepticme,Empereur Romain, mourut ayant auallc le dieu de pafte,qu’va lacopin luy bailla dedas le chafteau de Bo-conucnto,|l’an ijij. Mais quel befoingeft il de reciter vn nombre infiny de tels exem plcs,veu qu’on voit tous les iours tat amp;nbsp;pl* de ces pourcs beftes q meurét mal-heurcii femet,encores qu’ils ayentefté à la Meffe?

11 y a vn autre abus Stimpieté manifefte: H c’eft,cóbien que la Meflè foit vue inuêtion du diable,introduite au mode par le moyé des bornes,ainfi que nous auôs défia mô-ftré cy defrus,quc neatmois ils comandent qu’on la reçoiue amp;nbsp;obfenic tout ne pl’ ne moins q fi c’eftoitvn cômandement exprès deDicu:voire encore pl’ cftroitemét,cômc

1 on le voit parexperiéce. Et c’eft vne chofe du tout côtraire à la parole de Dieu .lequel ditnotammenc, Fay au Seigneurce que le De«».!» te cômande, fans y adioufter, ne diminuer rien qui foit : amp;nbsp;en contraire aufsi à ce que dit Ifaie,lequel nous auons fouiiéc allègue: V*quot; ^gt; X. ü.

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Jt4 nbsp;nbsp;nbsp;AN ATOMIB

c’eft.que Dieu ne veut point eftre feruy - parles traditions des hommes . EtIefus Chrift alléguant le Prophete,dit le mcfme enfaimSt Matthieu,1$.

L’autre abus amp;nbsp;impieté coniointe a-uec vne impudence amp;nbsp;orgueil diabolique, eft, qu’ils maintiennent audacieufement, que ceux qui difent la Meflc,ont plus gran de autorité, amp;nbsp;font plus cxccllcns que les Anges de paradis , ne mefme la bien-heu-reufe vierge Marie. Voicy comment ils le prouuct;EnlaMeire,latraiiirubftantiation du pain amp;nbsp;du vin fe fait au corps amp;nbsp;au fang de Chrift,c’eft a dire,le pain amp;nbsp;le vin deuié nent le corps amp;nbsp;le fang du Fils de Dieu; ét faut croire qu’il eft prcfent en ce morceau de pain amp;nbsp;dedans ce calice,voire corporellement , rcalemcnt, amp;nbsp;de faift, tout aufsi ' grand amp;nbsp;aufsi gros qu’il eftoit en la croix. Orcft-il ainfi que les Anges, ne mefmcla vierge Marie n’ont pas l’autorité ne la puif fance de faire ce beau myftere-la, mais les Preftres feulement. Ergo,difcnt-ils,lesPre ftres ont plus grade autorité que n’ont les Angcs,nela vierge Marieaufsi:amp;par côfc qiienc,ils font plus dignes,amp;e.Etpour renfort de leur argument cornu,ils adiouftent par manière d’expofition pP ample,que la tresheureufe Mere fit venir lefusChrift en fon ventre virginal,auec huit parolcsfc’eft alTailoi r, Eece ancilla Domini,fiat mihifecudum yerbumiuum^c’eSl à dire, Voiey la feruâte du S ci-

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DS L A M S $ S B. 31$ Seigneur,qu’il me foit fait félon taparole: maisque les Preftreslefont venir en leur hoftie auec cinq paroles feulemét,affauoir, Car c’eft-cy mon corps.Voyons vn peu,ic vous prie, de quelle rage font tranlportcz ce- fuppofts d’enfer,amp; comment ils dcfgor gét bUlphemes fus blafphcmes,pour maî-tenir leurimpieté abominable. Ou cft-ce que ces diables encharnezont efté pefeher, que la vierge Marie a fait venir au monde le Fils deDieu en vertu de ces huit paroles? Qui auoit déné telle puiffance à ces mots la,qu’ils fifîènt prédre chair humaine à le-fus Chrift?Ne fanons-nous pas que ç’a efté vne œuuredu feul Dieu toutpuifsatïamp;quc ç’a efté par le moyen du S. Efpritî Ne voit on pas leur impiété damnable?Eft-ce vn et reur de petite importace q ccftuy-la? Mais ie demâde à tous ces Aduocats de Meirc,5c principalemét à ces oifons bridez,ou à ces grosveaux de Sorbône,pourquoy c’eft que d’vn codé ils louét tat la vierge Marie,que ils ne font nulle difficulté de luy attribuer Ce qui appartient feulement à Dieu amp;nbsp;à le« fus Chrift: ce qu’ils ne peuuét faire fans vn facrilege dereftable, céme quad ils lanom mét Roinc du ciel.Eftoille de la mer,Leur efperacc,Lcur vie,Mere de mifericorde,amp; qu’ils luy douent femblables tiltres amp;nbsp;hon neurs,quin’appartiennenc Gnon qu’au feul Dieu amp;nbsp;à lefus Chrift : amp;nbsp;d’autre cofté,ils l’abbaiffent icy de telle forte,qu’ils la font X. iii.

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JL« nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A N A T O M I 1

moindre que le plusmaloftru Preftrequl foiten toute cefte vermine amp;ordurede Pre ftraille,voire que le plus mefehât amp;nbsp;le plu» execrable qui foit entre eux . Car on fait comment ils crient par tout,qu’il n’y a Pre ftre qui ne tranffubftantie ce pain amp;nbsp;ce vin en foufflant deiTus amp;nbsp;prononç ant les mots facramentaux, dequclque condition qu’il foit,amp; fuft-il vn meurtrier,vn brigand, va facrilcge,vn empoifonneur, vn paillard,a* dultere amp;nbsp;inccfte.N’eft-cepas bienhonno rablement parlé de la fainfte Vierge, que cela’de la faire moidre que tels vilains por ceaux amp;chié$ infames,de l’ordure defquels l’air eft infeûé, amp;nbsp;tout le monde empuan-ty? Voila comment labien-heureufe Vierge eft louée de tels facrileges.Nous auons mooftré par cy deuant quelle forccllerie K abomination c’eft, que toute leur tranffub ftantiation amp;nbsp;Sacrement, qu’ils appclent* Qtf ils nous raonftrent maintenât que Ic-fus Chrift eft là prefent en chair amp;nbsp;en os,é£ qu’ils le font venir là par leur charme. Si puis nous longerons vn peu à cefte grande dignité,qu’ils fe vantentd’auoirpar deflus les Anges amp;nbsp;la vierge Marie.

iJ II y a vn autre abus bien fot amp;nbsp;ridi-culex’cft que ceux qu’ils appelent Laiz,ou qui ne font point marquez du coing de la befte, nedoiuent nullement toucher, non pas du bout du doigt, aux corporaux, au calice,ny à leur dieu de pafte : Afin,difent

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DK LA MISSE. 517 ils, qu’on porte plus grande reuerence à la Meffe,amp; qu’on y ait aufsi plus grande de-Uotion . Ceftoffice-la de toucher librc-ment à tout ce beau bagage , n’appartient finon à ceux qui font grailTez amp;nbsp;tonduz. Mais pourquoy n’ofcroit-on toucher de la main vne chofe, fi elle cft nette,laquelle on mange,amp; qu’onboit? Ils veulent bien que on prenne leur idole de pain , amp;nbsp;qu’on le mange, ce qui ne fc peut faire fans le toucher des dcns, amp;nbsp;des Icures , amp;nbsp;de la langue : pourquoy donqucs défendent-ils qu’on y touche des mains? Ne voit-on pas que c’eft vne fupcrflition mefehante,qu’ils ont dreflec en dcfpit de l’ordonnance de lefus Chrift, amp;nbsp;contre la couffume des A-Îoffres ? Car noffre Seigneur en baillant e pain amp;nbsp;le calice à fes difciples , leur dit qu’ils les prinfcnt:amp; lors ils prindrent l’vn amp;nbsp;l’autre auec leurs mains, amp;nbsp;n’y a nulle doute qu’ils ne les touchaflent. IdusChrift ne leurmitpas le morceau dedans le bec, comme on dit, ainfi qu’on feroit à des pc-tizenfans. Qui eft-ce qui dira que no-ffre Seigneur lefus ait diftees paroles-la. Prenez, mangez , amp;nbsp;beuucz, pour les A-poffres feulement, amp;nbsp;non point aufsi pour tous les autres? Il n’y a nul, s’il n’cff du tout effronté amp;nbsp;hors du fens,qui ne confef-fe incontinent, qu’il les dit pour tous ceux qui deuoyent receuoir ce fainft facrement:

X. liii.

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Jtï nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMÏl

(.C«r.n comme S. Paul aufsi le donne bien à entf-dre,quand il recite les propres paroles de lefus Chrift, amp;nbsp;qu’il enfeigne ce qu’ont à faire non feulement IcsM ini(lrcs,mais auf fi toute l’Eglife. Cela eft dôques commun à tous vrais Chreftiens, de prendre amp;nbsp;toucher le Sacrement de lafainôeCene.Dont il appert derechef, combien eft abominable ce facrement de M elfe, amp;nbsp;combien il eft contraire à la Cenc de noftre Seigneur: puisqu’il n’eft point licite à tous d’y tou-cher.L’Eglife anciéne amp;nbsp;les Apoftres bail-loyent le Sacrement de la Cene en la main de tous ceux qui le rcceuoyent.Et ces nou ueaux religicux-cy, pour toufiours dcfpi-ter Dieu ^toutes les ordonnances,ne veulent point que tous puiflent toucher leur idole.Parquoy que tous fideles fc donnent bien garde non fculemét d’y toucher,mais aufside iamaisen approcheren forte que cefoic,depeur d’en eftre polluez.

14 L’autre abus plein d’idolâtrie, eft, qu’ils difent leurs Méfies en l’honneur des Saints amp;nbsp;des Saintes. Car fi leur facrement, qui eft la fubftancede la Mef-fe,a efte inftitué, comme ils difent,en mémoire de Chrift, qui eft mort pournoftre redemption,il ne l’a donques point cfté en l’honneur des Sainfts. Pourquoydonene difent-ils la Méfie en mémoire de Chrift, amp;nonpointen l’honneur des Saints,def-quels nul neles arachctcz,nuln’ayiftituc

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Dl LA M I 1 gt;nbsp;1. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Jl*

Ic Sacrement, mais il a efte ordonné en mémoire de Chrift? Noftre Seigneur, en faifant fa Ccne, dit à fes Apoftres, Faites cecy en mémoire de moy : amp;nbsp;ceux- cy, en defpit de luy , font leur Sacrement en mémoire des S aids. N’eft-cepas autat corne fi onprelchoitl Euangileen l’honneur des Saîfts,lcql eftde Icfus Chriftfcul;Nc voit on pas que ces beftes,pires qucbrutes,font de leurs Meffes tout ainfi que les poures i-gnoransfontdc leurs oraifons, quand ils s’en vont dire vn Aue Maria en l’honneur dé rainä Chriftofle, amp;nbsp;vne Patinoftre en l’honneur de fainfte Luce, ou de quelque autre femblable?11 n’y a celuy qui ne fache que le monde eft plein de ces abuz amp;nbsp;erreurs , amp;nbsp;de tant d’autres fi lourds amp;nbsp;fi c-normes, que c’eft pitié : amp;nbsp;neantmoins il demeure du tout abruty, croupi (Tant en fon ordurc,tant qu’il y foit totalement pourry.

■Vn autre abus amp;nbsp;menfonge par trop ij impudent, c’eft qu’ils difcnt,que les Anges auec toute la Cour celefte , font pre-îens à leurs Mefles.En quoy ils monftrent leur beftife plus que brutale. Quainfi foit, nous fanons que les Anges amp;nbsp;les ames des fidèles, nepciiucnteftrefinon envn lien feuLOr fi leur fonge eftoit vray.il faudroit neceffairement dire , qu’ils font par tout ou la Meße le dit. Car puis qu’ils doiuent tenir compagnie à Icfus Chrift,lequel felo leur folle fantafic,eft en to* les lieux ouils

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IJO nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIl

difent MefTc, il faut bien aufsi qu’ils (ôyct là prefens. Et par ce moyen les pures creatures feront en vn mefme temps en diuers lieux. Ils n’oferoyenc dire que les Anges amp;nbsp;âmes bien-licureufes accompagnent IcfusChriftpluftoften vn lieu qu’en l’autre,puis qu'il eft egalement par tout ou eft leur Sacrement,ainfi qu’ils afFcrmct. Par-quoy il faut qu’ils confcflent,ou que la Coureelefte l’accompagne en tous lieux, ou bien en pas vn feul. N e voila point vnc refuerie fi lotte que rien plus?Et toutesfois cela eft tenu de tousles Docteurs de Mef-fe comme vn article de foy.

Itf C’eft vn autre abuz amp;nbsp;impiété enorme , de ce qu’ils difent la Mené pour les morts . Et nefauroyent mieux monftrer que toute leur Mef[camp; leur facrement ne eft qu’abomination deuant Dieu, que par cefte opinion-la. Car ils donnent aftezà cognoiftre , qu’il n’y a nul Sacrement en tout leur badinage. 'Vn chacun fait bien que lesvrais Sacremens ne feruent de rien, finon à ceux pour lefquels ils ont efté in-ftituez , amp;nbsp;non point pour les autres. Or eft-il certain qu’ils ont efté inftituez pour les viuans,amp;non point pour les morts. Il fenfuit donqucs, qu’ils ne leur feruent de rien. Quant au Baptefmc,nous fauons qu’il ne fert de rien aux morts. Garonne les baptize point, amp;nbsp;nul n’eft baptizé pour

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» I L À M l s « 1. D*

pour eux. Autant en eft-il de la Cene, laquelle a efté inftituéepour 1» riuans , % non point pour les morts. Caraufsi ne,la fauroycnt-ils faire en mémoire de lefus Chrill.S’ils difent que les morts voircmet nelapeuuét pointraire, mais bien les vi-uans pour eux : ie leur demande pourquoy c’ert qu’ils la peuuent faire, amp;nbsp;non point receuoir le Bapcefme pour les morts? Il eft vray qu’il y a difference entre l’vnamp; l’autre Sacrement : car le Baptefmc effad-niiniftré vnc fois feulement à vn chacun pour toute fa vie, amp;nbsp;la Cene par pluficurs fois. Il y a bien encore d’autres differences : mais pour tout cela on ne dira point, quand on fait le Baptefme , qu’on le puiHc receuoir pour les morts. Et combien qu'on baptize ordinairement vn grand nombre depetiz cofans ,amp; qu’au Baptefme on face mémoire de la mort amp;nbsp;pafsion,amp; de lafc-pulturc de lefus Chrift, amp;nbsp;de la remifsion aufsi des péchez , laquelle il femblc que il»»»X. l’Eferiture attribuepluftoft au Baptefme, ^‘‘‘Ji-^ qu’à la Cene: voire fi on regarde feulement à la lettre .commequand il eftdift que lean baptizoit en remifsion des pc- y'“** chcz,amp; end autres paUages.ainli que nous A^ï.a.u« auôs défia dit; fieft-cc neatmoinsque per fonnc n’a iamais ofé dire que le Baptefmc ^fitaft aux morts.Pourquoy déc leur ferui ralafaïûeCencîMais encore qu’ainfifuft, Sequela Cene du Seigncurferuiftdc quel-

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JIJ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMI«

que chofe aux trefpaffez , ce q eft faux tou tcsfois: fera-ce à dire pourtant que cela ap partientà la MelTc’A quellescnfeignes,ie vo’ prie,pourroit-on attribuer la moïdrc chofe q foit en laCcne de noftreSeigncur, à eefte execration infernale’Qifils aillent maintenant fc vanter, qu’elle profite aux morts. T ont autât qu’à des afnes, ou à des veaux.

17 Ilyavn autre abus vrayement ridicule,alïàuoir, cefte grade diuerfité degeftes, de mines,amp; de façons fi eftranges,qu’il n’y a point vn tel badinage au monde.On voit Mefsire lean qui fait maintenant vnc grimace,maintenant vnc autre. life baille à cefte heurc,amp; tatoft il cft tout droit .Quelque fois ilioinft les mains amp;nbsp;les doigts,amp; quelque fois il les eftend: pluftoft ilhauflc lesbras,pluftoft il les abaiffe ; maintenant *^ gergonne,maintenît il ne dit mot;quel-que fois il marmonc entre fes dcns,amp; puis ilhauflefavoix. Ilfcratantoft àvncofté defon autel,tantoft à 1’autre:il porte amp;nbsp;rap porte fon MclTel. Par fois il fc tourne de-uers le peuplc,amp;tout incontinét il kiy mô-ftrefon derricre:il y a quelque temps qu’il fait du fonge creux. Et puis il fait tant de fois lefigne de lacroix,quemerueitles.On diroit proprement que c’eft vn badi n chaffant des moufches:?ê qu’iln’eft là que pour faire rire le monde , tant il fait de mines amp;nbsp;de fingerics . le fay bien qu’ils ont autant

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DS LA MISS 1. BJ tant forgé de fignifications, qu’il y a de geftes amp;nbsp;agios en tout leur badinage: amp;nbsp;Dieu fait commet,amp; de quelle grace.Mai» à quel propos tout cela? N’eft-ce poîtpour tou flours mieux declairer qu’ils fe mo -quenede Dieu? amp;nbsp;que tout ce qu'ils font en leur abomination de Meffe,n’eft que pour le defpiter ouucrtement,amp; monftrer qu’ils ne tiennent rien de lafainéteordon-nâce de noftre Seigneur lefus? Car nous là uons,quand ilainftitué faCene, qu’il n’a rien ordonné de toute telle baftcllerie, fie queiamais les Apoftres n’en ont vle;mais il a voulu qu’on y gardaftvne fimplicité, modeftie, amp;nbsp;honnefteté , telle que merite vn myftere fi excellent que ceftuy- la . Si toutes telles baguenoderies eull'ent efté neceflaires,à voffre aduis, n’en euft-il fon-né mot,comme il afaift ? Les Doûeiirs de Meireparauenturcpourroycntdire,enco-res que ce ne foyent point chofes neceffai-rcs,que toutesiois elles font pour ornement, amp;nbsp;pour mieux folenniferleurfacre-ment : amp;nbsp;pour ccfte caufe, que les fainfts Percs ont ordonné tant de geftes amp;nbsp;fa -çons de faire en la Meffe. Voire-mais s’il eft ainfl, qu’elles ne foyent neceffaires , poiirquoy ont-ils commandé qu’on le» obferue fous peine de péché mortel ? amp;nbsp;quiconque ne le fera , qu’il peche mortellement ? Quand on commande vne chofe fout telle peine, qu'on peche mortelle -

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ment,fl elle n’eftgardée.il me fcmble que elle eft de necefsité , amp;nbsp;non point pour ornement,ou parure,comme difent ces gentils AJuocats.llsne pouuoyent pas mieux monftrer, qu’en toute leur abomination ils ne tiennent rien de toute l’inftitution de lefus Chrift,fînon en adiouftant ces ordures infinies, qu’ils ont commande d’e-ftre gardées fous peine de péché mortel. Carnortre Seigneur requiert des flens v-nc obeiflance prompte , amp;nbsp;veut qu’ils fa-cent ce qu’ila enfeigné amp;nbsp;commandé de faire , fans y rien adiouftcr ne diminuer. tuotj. quot;Vous cftes mesamiz , dit-il, fi vous faites les chofes que ic vous ay commandées. Et fiinét Paul n’a point cfté fi Hardy,de jamais rien adioufter, ne diminuer , ne changer à l’ordonnance du Seigneur.maij ils’eft contenté de la feule inftitution amp;nbsp;pure de lefus Chrift: amp;nbsp;aainfi enfeigné les Corinthiens, amp;nbsp;en leurs perfonncs tous gt;.C«r.ii. Chreftiens, l’ay receu,dic-il,du Seigneur, cequ’aufsi ie vousay baillé, amp;c. Comme s’ildifoit, le ne vous forge pointvne ordonnance à ma pofte, ne félon ma fanta-fie: ce que ic vous ordonne,eft la vraye in-ftitution de lefus Chrift,amp; non pas la mié-nc. Mais ic vous prie,y a-i! plus belle parure ou ornement de toutes les faindes ordonnâcesde Dieu,amp; denoftre Seigneur lefus,que de faire fimplement amp;nbsp;purc-mentee qu’il a commandé, fans vouloire-ftre

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Bl LA MISS Z. 5J$a

Äre plus Cages,ou aduifez que luy? Ces glo rieux coquars-cy ne veulent-ils pas qu’on les repute beaucoup plus entenduz,que n’a cfté lefus Chrift, quand ils veulent parer ce qu’il a ordonné Ne Ce declairent ils point cftre vrais Antechrifts,quand ils veu lent obliger les hommes à pcclié mortel, C^eft à dire,à damnation éternelle ? Y a- il autre que Dieu,lequel puiffe fauuer,ou dâ-nerrle m’en rapporte à ce qu’en dit fainft ^‘'3quot;*'1l laqucs.N’eft-cepoït s’affoir au temple de Dieu , que cela? c’efl à dire, regner fur les eôfciences, amp;nbsp;les alTubiettir a la feruitudc amp;tyrannie maudite des hommes mortels? N’eft-ce pas bien contre ce que dit fainft Paul,que nous ne deuôs point eftre eCcla-Ues des hommes? lefus Chrift nous a dcli-urez de la damnation eternelle,dc laquelle nous menace la LoydcDieu.-amp; ces fup-poftsd’enfer-cy veulent faire Cerfs du diable , amp;nbsp;damner éternellement ceuxqui ne obferuent point leurs traditions infernales. N’cft-ce point là vn abus inCupportable , amp;nbsp;vn orgueil amp;nbsp;outrecuidance diabolique?

Il y a vne autre impiété plus que ** manifefte en leur Mefle, amp;nbsp;dont les pe-tiz enfans peuuent eftre luges : c’eft cc-fte foire amp;nbsp;marchandife execrable qu’ils en font par tout le monde. N’cft-ce point vnechofe mcruciUcufe, que le prîuilege

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dc ces foires-h, au pris de toutes les autres,qui fc tiennent en tous payz ? Car durant les autres, ilya quelque difference de iours ,amp; a-on quelque cfgard aux fe-Res,amp; aux lieux principalementqu’ils efti mentfacrez: mais en cefte-cy, d’autant plus que la fefte eft grande, amp;nbsp;plus folcn-nelle, c’eft quand les traffiques font plus grandes, amp;nbsp;que la foire eft plus folennel-le , amp;nbsp;que la marchandifeeft mieux deme-née: amp;nbsp;d’autant qu’ils penfentqucle lieu eft plus facré , c’eft là ou fe fait ceftemar-chandife.il eft vray que ceux qui tiennent hoftelleric , amp;nbsp;qui font cauerne, ne regardent point aux iours : ils reçoiuent amp;nbsp;logent ceux qui arriuent lj,auisi bien les fe-ftescomme les iours ouuriers, fans en faire aucune difficulté : mais fi font-ils, pour le moins , quelque difference des lieux. Car ils ne tiennent pas tauerne partout. Qui eft l’hofte, outauemier, qui drefTaft fa tauerne en vne Eglife,qu’ils appelentî Orces marchansde Meffe ne fefoucient pointde tout cela : mais pluftoft, d’autant que le lieu eft réputé plus facré,c’eft ou ils vendent plus volontiers, amp;nbsp;ou la Meffe eft mieux achetée. Et ont obtenu ce priuilege tant ample amp;nbsp;tant excellent, comme âufsi tous les autres , qui font infiniz ,decemaudit Antechrift,lequela toute puiffance fur toutes telles chofes.

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Dl l Jk M E S S S. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;J37

En forte,qu’il aefté vn teps.que cefte mar-chandife (e vendoit bien chèrement : mail depuis quelques années en ça,on en a faiû meilleur marché , au grand regret de mef-fieurs lesmarchans.Carmaintenanton aura vne Meffe pour vn foui, voire pour moins , félon les lieux amp;nbsp;les perfonnes qui fauent bien marchander. Celle foire dete-ftablca efté le moyen d’enrichir les Pre-ftres,les Moines, Chanoines, amp;nbsp;toute telle vermioe-De-là ont efté fondées tât de cha-pelles,tantde temples édifiez, tant de cha-noineries , d’Eglifes cathédrales qu’ils ap-pelcot,tant de Moinerics, de Conucncs,de Abbayes,tant de Gommandcries:bref,c’eft elle feule qui a enrichi ce puant amp;nbsp;infame Clergé,ou eftat Ecclefiaftique qu’ils nomment en leur gergon, amp;nbsp;qui l’a eflcué fi haut,qu’on le voitauiourdnuy. C'eft cefte bonne Dame, qui donne fi grands reuenuz à meffieurs tes reucrédifsimes Cardinaux, 8t qui les fait aller deffus ces belles Mules fi bien parées de velours, amp;nbsp;tant dorées que rien plus : amp;nbsp;qui leur donne ces beaux chapeaux rouges, lefquels lignifient l’ordre des Séraphins ardcs,amp; enabrafez decha tiré amp;nbsp;d’amour diuinc . C’eft elle qui leur faitauoirtantdecheuaux ,fi grande compagnie de gentishommes, comme fi c’e-ftoyent quelques Princes, amp;nbsp;feigneursdu fang royal.' Voila ce qu’ils ont par la Meffe. Qwt àmefsieurslcs Euefques cornua, Y.

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on fait comment ils font mignard« de ce-fte vilaine maftine de MclTc . Elle eft cau-fe qu’ils font tous à leur aife, amp;nbsp;fans aucun foucy défaire l’office ou ils font fcmblant d’eftre appelez .11 s’amufent feulement à quelques badinages pour contrefaire les E-ucfques.l Is baptizent des cloches, ils benif fentdes pierres amp;dcs murailles,voire aueC plus grand foing amp;nbsp;diligence que s’ils-ba-ptifoyent le fils d’vn Roy, ou d’vn Empe« reur, amp;nbsp;que s’ils adminiftroyent l’Eucna-riftie aux grands Monarques du mondc.Ec à quel propos tout cela? pour feulement fai revaloir leur Mefle , qui les entretient fi Çros amp;nbsp;fi gras, comme on les voit. Q^ant a prefeher la parole de Dieu, ils ne fanent q c’eft . Car aufsi n’cft-ce pas leur gibbier: e’eftàfaire àdepoures maloftruz.Somme, cefte abomination de Melfc eft la mere du Purgatoire,lequel purge bourfes,greniers, maifons amp;nbsp;canes: tellement qu’il n’yacho-fc en ce monde qui nettoyé mieux vnc place, que fera le Purgatoire . le feroye pat troplong,fi ieme vouloye amuferdauâta-ge à cfplufchertoutcs les traffiques, amp;mar chandifes.qui fe font de cefte Mcflè infer-nalle: ce m’eft afTez d'en auoir touché coin me en pafîant,amp; me fuffit qu’on voyeceft abuz amp;nbsp;impiété tant enorme,qui eft en cefte foire execrable.

W II y a encore ceft abuz diabolique, ée intolerable encefte execration de Méfié, affa-

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BllA Misse. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;53J

alTiuoir, qu'elle dcftourneamp; engarde les hommes d’ouïr la parole de Dieu . Pour prouuer cela, il ne faut point amener beaucoup de raifons. L'experience feulcle mon ftre allez en tout le royaume du Pape. Qifainfifoit.s’ily avnhomme qui pref-che quelque part entre les Papilles, amp;nbsp;que au beau milieu de fon fermô,quelque mef-fire lean equippé detout fon bagage pour dire fa Melle,vienne àfortir d’vn co!ng,amp; qu’ilfoitapperecu : ne voit-on pas tout incontinentiaplus part de ceux qui efeou-toycnt,tourner le derriere au prefeheur, amp;nbsp;courir viftement après celle marque pour dire à fa Meflc? C’eft vnc cliofeplùs que certaine,que la plus grande partie du monde a trop plus de deuotion àla Meffe , qu’à lafaindieparoledeDieu,amp; àl’Euangile de nollre Seigneur Icfus . Et qui cil caufe de cela, linon la pure malice amp;nbsp;peruerfité des homnies, que fâtin a tellement aueuglcz, qu’ils font aifément dillraits, amp;nbsp;retirez de l’Euangile , amp;nbsp;de la parole de Dieu par le moyende celleabominatiS, de laquelle.ils font enforcellcz , ou pluftollempoifonnez mortellement J lefus Chrift dit, que bien- i»fn heureux font ceux, qui oyent la parole de Dieu, amp;nbsp;qui la gardent: amp;faindt Paul,que K»’»« l’Euangilc ell la vertu amp;nbsp;puillanccde Dieu

* à tous croyans :amp; celle impiété de Melle retire, amp;nbsp;empefehe les hommes d’entendre celle faindc Parole amp;nbsp;dodlrine de falut, amp;nbsp;Y. ii.

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34* nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIl

par ce moyen leur ferme la porte de Para* dis , amp;nbsp;leur ofte la vie éternelle. Quand il n’y auroicautre mefchacetc, ny autre abus que ceftuy-cy en toute la Mefle, ie vous prie,n’cft-ce point aflez poumons lafaire deteder,comme vnciouention du diablegt; amp;nbsp;vu facrilegc abominable, qu’elle eftî Y a il homme au monde,lequel peuft traiter v-nc telle execration comme elle merite ? Et lacaufeaufsi pourquoyfatan a cerché tous les moyens qu’il a peu pour la parer , ou pluftoft,pour la farder amp;nbsp;defguifer corne v-nc putain de bordcau, n’a edé dnô pour ai* Icichcr amp;nbsp;amadouer les peuples amp;nbsp;nations de la terre, amp;nbsp;les inciter plus facilcmeut à paillardcraucc elle, voire d’vne paillardife fpirituclle :qui ed fans comparaifon trop plus execrable deuant Dieu, que toutes les paillardifcscharnclles du mode. QtVed ee autre chofe de tant de Cérémonies , depa-remens, amp;nbsp;de tout ce beau mefnagc qui cd en cede M cire,fînon autant de parure amp;dt fard, pour attirer les hommes à l’amout de cede madine fi vilaine , amp;nbsp;fi puanteque rien plus ? H y a vnc infinité,voire vn abyf' me d’autres aouz, erreurs, fuperditions, S impietez en cede execration de Melle j qui voudrait tout rcciter,comme i’aydel- , ia dit,il faudroit faire de bien gros liureslt; i M ajs de ce que i’en ay touché, on pourra | facilement cognoidrc,quc c’td vn mondre fi horrible, amp;nbsp;efpouuantablc, qu’il n’y e”

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» 1 t' A M 1 s s I. J4I eut iimiis vn tel au monde, pourueu que le tout foit bien poifé,S: confidcré aucciu-gemét, amp;nbsp;prudéce de l’Efprit du Seigneur.

L^ cin(iie7ne ScSHon.

Qi« la MeJfe eß le flmgrandfacrUe^e, CJ-ynta. bominatiS la plus execrable qui fut iainaitfur la terre depuis que le monde cß monde, ^quec'efl legrand myßere dei AtUeclirifi,

E ne doute point,que to* ceux qui font ignorans de la venté deDicu,ncfoyét bien eftonnez,amp; mcfmes qu’ils ne m’eftiment mef chant amp;nbsp;malheureux de ce que ic traiûc amp;nbsp;manie

en telle forte ce corps monftrueux de Mef-fe;amp; fur cela qu’ils ne crient,amp; fc tépeftent â l’encontre de moy furieufement. Mais fi ces poures gens-la fauoyent bien que c’eft d’vue telle execration , ils en iugeroyent bien autrement,amp; confefleroyent quant amp;nbsp;quant auec moy,que ie n’en ay pas encores diél lacentiefme partie:amp; de fait,fi i’entre-prenoyc de les efplufeher toutes iiifqu'à la derniere , ic n’en pourroye iamais venir à bout. Si eft-ce que poureela ie ne laifièray de pourfuiurc toufiours ce que i’ay eSmen té,fachantbicn que c’eft la pure vérité de Y. iü.

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341' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ANATOM!.B

Dieu,que ie maintien par fa fainfie Parole.le dy donc maintenant, que la Meffe eft vnfacrilege le plus enorme, amp;nbsp;vnc abomi-. nation la plus deteftable , qui fut iamais au monde, amp;nbsp;que c’eft le grand myftere de l'Antechrift . Ce que i’ciperc,Dieu aidant, monftrer par (i bonnes raifons,que ceux qui font modeftes amp;nbsp;paifiblcs le contenteront de ce que i’en auray dît. Quant aux querclleux, amp;nbsp;accariaftres,ie ne m’y amufe point,amp; ie les labre là pour tels qu’ils font. Nous fauons, comme dit fainft Paul, que la cognoiffance du péché eft par la Loy ; K que tout péché eft contraire à la Loy de Dieu.Or cefte Loy(c’cft à dire,les dix com mandemens, qu’on appelé la Loy morale) eftdiftinguée,ainfî qu’vnchacun fait,en deux Tablcs;dontla première concerne le feruice de Dicu, amp;nbsp;regarde droiftemét fon honneur amp;nbsp;fa gloire.La féconde inftruic K enfeigne les hommes, du dcuoir qu’ils ont Icsvns enuers les autres.Tous ceux qui ont cognoiffance de l’Efcriture fainéle, entendent très-bien ce que iedy . Mais d’autant que l’honneur amp;nbsp;la gloire de Dieu cftfanl compiraifonde trop plus grande importai! ce , que ne font point toutes les chofes qui touchent les hommestilfautbien neceflai-rcmentque nous tenions pour rcfolu, que les pechez qui font contre la première Ta-ble,(óntbcaucoup plus grands amp;plus enor mcs,qucccux qui font contre la féconde,à eau-

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BB l A MESSI. 34)

taufe qu’ils font direÛement contre l’honneur de Dieu. Parquoy l’infidélité,l’idolâtrie,les blafphemcs,qui font péchez contre la premiereTable,font beaucoup plus gras amp;plus execrables, que n’eftvn homicide, »n larrecin,vncpaillardifcamp;autreE péchez, q font cotre la féconde,amp; cotre les homes. 11 n'y a nulle doute à cela .Dauâtagc,il no* faut noter que tout ainfi qu’entre les pc-chez,quifont contre la féconde T able,rvn eft plus grand amp;nbsp;plus excefsif que l’autre, comme radukereeft plus grand péché que vn Ample laiTccin,amp; vn meurtre eftplus grand que l’autrc;commc le meurtre du pe reoudclamere,cft plusgrâdpéché que ne eft pas le meurtre commis en vnc autre pet fonnc ; aufsi entre les péchez,qui font contre la première T able, l’vn eft plus cnor-toe que n’eft pas l'autre. Exemple,vnblaf-pheme eft plus grand que l'autre , comme Icfus Chrift le tefmoigne,quâdil did, que Mành.it tous pechez,amp; blafphcracs feront remis Ma«} aux hommes: mais quiconques blafphemc iw»» la contre le faind Efptit,iamais ilncluy fera pardonné.Par cela on voit qu'il y a des blafphcmcs plus grands lesvns que les autres. Autant en eft-il derinfidclité,amp;de l’i-dolatric,c'eft que l'vne eft beaucoup plus a-bominable que l’autre. Et qu’ainfi foit,nul homme defensrafsis n’oferoit nier,que l'idolâtrie H“® ^® peuple de Dieu, c’eft a dire,

. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Y. nii.

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544 nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIE

E.«gt;n.i

Ktm.j.

M.iJ^

les luifs, commettoycnt, neftift vn péché beaucoup plus enorme, que celle des Gentils amp;nbsp;Payent. Ceux-cy cftoyét incrédules amp;nbsp;idolâtres allant que Icfus Chrift leur fort annoncé,amp; adoroycnt les creatures au lieu du Créateur:ilsadoroycnt les images,amp;fta tues; bref,ils cdoyent plongez aux profondes tenebres d'infidélité, d’ignorance, âC d’erreurs. Ils auoycnt bien la Loy de nature : mais par la corruption d’icelle , qui eft en tous hommes à caufe du péché,cefte loy naturelle eftoit tellcmct obfeureie en eux, qu’elle n’eftoit point fuffifante pour les en feigner amp;nbsp;inftruire , ne pour les adreflerau chemin de faluc : lequel fans Icfus Chrift on ne peut iamais obtenir, combien qu’elle fuft plus que fuffifante pour les conucin cre,amp; rédre du tout incxcufablcs.Et Dieu, côme dit aufsi fain ft Paul, les a laiffé cheminer és téps paflèz en leurs voyes , c’eft i dire, par les tenebres amp;nbsp;erreurs , fans leur donner la lumiere de fa fainftc Parole,amp;de fon fainft Efprit: tellement qu’ils cftoyent comme poures aueugles ne voyant goutte, amp;nbsp;ne fachans ce qu’ils faifoyent.Et a la vérité c’eftoit vn merucillcux iugement de Dieu, par lequel nous voyôs comme en vn miroir, quec’eft que peut faire l’homme quand Dieu le dclaifle en fon naturel, amp;nbsp;| qu’il ne luy efclairc point par fa Parole, Ä -par la lumiere de fonEfprjt.Car que peut-il I faire,

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BB tA UBBIl. Î4Î faire, finon errer amp;nbsp;vagucrçaamp; là corne'à trauer* champs I Quj fait-il qu’il fait,fan* ceftcconduite-laîN’eft-il point comme tu phreactique.ou pluftoft comme du tout en ragé, felafchant la bride amp;nbsp;s'abandonnant à toutes fes cupidicez brutales? J l n’y a donc point de doute,que lesPayens n’ayét grief-uement péché en leur infidélité ,commct-tans idolatric,amp;blafphcmâs leur Créateur. Si eft-cepourtant qu’ils pechoycnt pari-gnorâce, amp;nbsp;ne pouuoyent faire aucrcmcntgt; puisqu’ils n’auoycntpointcefte vrayelumière de l’Efcriturefainûc . Mais le peu-oie ludaique, auquel Dieu auoitfaiA ceft nonneur amp;nbsp;grace de communiquer fa pure parole fi familièrement, qu’il ne le pou-Uoit ignorer: n’a-il point péché beaucoup plus vilainement en fon infidélité maudite amp;nbsp;execrable, quand il a idolâtré, amp;nbsp;blafphcmé le Dieu viuant, que n’ont point faift les GcntiIs?Car n’eftoit-il pas du tout fcmblablc àccluyqui voitvnc toffe deuât fes pieds,amp; non obftant cela depropos deli bere , amp;nbsp;ayant les yeux ouuerts fc précipité là dedans,comme forccné,ou furicui?ll eft bien certain que ceftuy-la offenfe Dieu beaucoup plus griefuement, lequel a commandement expres de luy, amp;nbsp;fait fon vou-loir,amp; cependant toutesfois y contreuient, amp;nbsp;fait tout au rebours de fa volonté,quc ne fait point ccluy qui ne la fait pat : ainfi

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)4^ nbsp;nbsp;nbsp;ANATOM!»

Ijk il.

qu’en parle noftre Seigneur lefus, difant» l.eferuiteur,quia cogneu la volonté de fon maiftre,amp; nel’a point faille,fera battu plus griefuement : mais ccluy qui ne l’a point cogneue, amp;nc la fait point,fera bien Dattu,mais non pas tant cornme celuyqui la fait.Parquoy,quâd lés luifs adorèrent le veau au delert,ils pecherent beaucoup plus malheureufement que les Payens ôe Gentils qui adoroyent les idoles. Et poiirquoy cela? D’autant qu’vn peu au parauantils a-uoyent efté aduertiz de Dieu mefmes, qui leur bailla la Loy, amp;nbsp;leurcômandaexpref-fement qu’ils ne filPent aucune image, ou ftatue pour adorer : amp;nbsp;n’antmoins ils en firent côtre ce commandement fi expres. Et ainfi, tant d’autresfois qu’ils ont idolâtré, corne nous voyons au liuredesRois.amp;aux Prophètes,ils ont beaucoup pl’ grieuemet offenfé Dieu,amp; plus vilaincmét pcché,que lcsGctils:amp;l’ont pl* prouoqué àireamp; cour roux, amp;nbsp;leur idolâtrie a efté plus abominable deuant la face du Seigneur, amp;nbsp;leur infidélité plus deteftable,que n’a point efté cel le des Payens . Et pour cefte caufe aufsi. Dieu les a bien plus afprement menacez, que non pas les Gentils. le vous pric,com-bien d’affliftions, de miferes, amp;nbsp;cala mitez ont-ils foufferc pour leur defloyauté fi vilaine ? Combien ont-ils enduré de ruines fi horribles, que c’eft pour faire dreffer les cheueux

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Bl 11 Mist B. 547 cheueux en la tefte quand on y penfc, voire à caufc de leurs idolatries tant enorme* amp;nbsp;exécrables} Pourquoy a ce efté , que le» nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;’'

dix lignées ont efté parlât de fois affligée* de la main de Dieu , amp;nbsp;en lafînpfiuéesde leur pays, amp;nbsp;trainees en captiuité perpétuelle par Salmanafar Roy des AfTyriens, a.Rwit finô à caufc de leur idolatric?En cobten de fortes la lignée de luda a-clle efté petfecu-téctantdefcsvoifins,que des nations c-ftranges,commecftoyentlcs Cbaldécns,amp; les Allÿricns ? Pourquoy fut elle menée captiue enBabylone? pourquoy le tcplc fut ildeflruit, amp;nbsp;toutlcrcfle mis en ruine, fi-non pourfon idolatrie ? Toutes ces chofe» cy que ie recite,font alTcz notoires .On fait auBi ou elles font eferites. Et poureç ie nc‘ m’y arrefteray point dauantage maintenant.

Combien de fois Dieu a-il menacé de ruiner les idolâtres’ Qifon regarde en l’E- Exed.)i iode,au Deutéronome, au liure de Paraît- Dmr.4 pomcnon,caleremie,en Ifaie,enEzechicl, i•P*r*^1 «tentant d’autres lieux des Prophètes.L’i-’”'quot;quot;•41 dolatric eft nommée Abomination en l’E-fcriture,d'autant que Dieu la hait plus que ^^i^h^ toutes les chofes du monde . Qu^on voyc ^45 en l’Exode, au Deuteronome, au premier liure des Rois, ou le Prophete Ahiapre- p”, dit la captiuité, amp;nbsp;difperfion des lignées , ^^^ ,^ d’Ifrael , à caufc de leur idolatrie, amp;nbsp;en £^,.8.10 Ezechiel aufsi . Et en tous ces lieux amp;nbsp;a.Rwiÿ

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34$ ^ ANATOM!«

pafligej-U on trouuera que l'idolâtrie eft appeße Abominatió, pour la raifon que ic vica d’alléguer. Puis donques qu’il eft ain-lî que Dieu detefte fur tout l'idolâtrie, en quelque façon qu’elle fe commette,amp; qu’il a toufiours eu en plus grande abomination celle qui fe commettoit en fonpeuple,que non point celle que commettoyent les autres, pource que ceftuy-la auoit fa cognoif-fance, amp;nbsp;auoit efté enfeigné par fa Parole du vray fcruice qu’il requiert des liens , ce eft à dire, comment il le deuoit adorer 8c lionnorcr.amp; non pas les autres peuples qui peeboyent par ignorancc:nc faut-il pas bié auf?î conclurc,fientrc le peuple Chreftien, lequel eft maintenant le peuple de D icu,on trouue quelque idolatrie, qu’elle eft trop plus execrable deuant Dieu, que nulle au-tre,non feulement des Payens,maisdu peu pleludaiquc î Carou ily a plus ample co-gnoilTancede Dieu, amp;nbsp;de fon vray fcruice, amp;nbsp;ou la vérité eft plus manifettée, là l’idolâtrie , amp;nbsp;l’infidélité font péchez trop plus enorm es,amp; plus abominaoles, que la ou il n’y a point fi grade eognoifsàcc, amp;ou la vérité n’eft point tant defeouuerte ne fi bien cogneue . Etquieft eequi doute,qu’entre le peuple Chreftié il n’y ait bcaucoupplus grande cognoiffance de Dieu, de fon vray Icruice amp;nbsp;de lefus Chrift, qui eft la Vérité mefmes, ainli qu’il le tefmoigne, di(ànt,Ic iMaif. fuis la voyc, la vérité, amp;nbsp;la vie, qu’il n’y a point

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BE lA MEISE.


54,


point entre tous autres peuples,amp; nations? W’a-il point déclaré luy-mefmesquel cft le vray fctuice de Dieu,quand il a dift à la Sa Ilt;’lt;»4. maritaine, que les Chrtftiens,(c’eft à dire, le peuple amaffé tant des luifs fidèles q des Gentils,Icfquels ont eftéconuertizà lefus Chrift parla grace de Dieu)feroycntlcs vrais adoratcurs,quiadoreroyëtle Pereen efpritamp;vérité? N’auons nous point plut grande cognoiflance de Dieu maintenant, que nous cognoilTons beaucoup plus clairement Icfus Chrift, par le moyen duquel Dieu eft vrayemet cogneu,qiic n’auoit pas le peuple Iudaique?Y ail quelcun qui doute de cela, s’il n'eft du tout ignorant de lefus Chrift amp;de fa vérité? Nous fauont qu’il y a autant a dire entre ce temps, auquel le Fils de Dieu a efté manitefté en chair,amp; le temps de la Loy,auquel ont vcf-cu les luifs,qu’il y a entre le iour amp;nbsp;la nuiû.Car ils auoyent vn feruice extérieur, amp;nbsp;charnel,c’cft à dire,les facrifices,amp; tou

tes les ceremonies que Dieu leur auoit ordonnées : mais nous auons le feruice fpiri-tuel,qu'ildemandc des fiens. Ils auoyét les ombres amp;nbsp;figures, amp;nbsp;nous auons le corps amp;nbsp;la vérité, commeditfainû Paul. Laco-gnoiftance, qu’ils auoyent cftoit obfeure, d’autant qu’elle eftoit enueloppée de voiles amp;nbsp;ombrages,qui la couuroyent comme d'vn manteau,Celle que nous allés eft clai-tc,nuc,amp;defeouuette . £c de fait,nous co-

C.b.a.

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Î$o ANATOM II

R«w.4 1/4» Il

gnoiffos beaucoup mieux lei bics,amp;grace« oeDicii par lefus Chrift,qu’ils ne failoycnt pas .Nous fauons mieux comment les péchez nous font pardonnez, comment nous Tommes iuftiGez amp;fauuez.Nous cognoif-fons maintenant que lefus Chrift eft mort pour noz péchez, amp;nbsp;qu’il eft refufeité pour noftre iuftification,ainfîqu’en parle faimft Paul.Nous fauons qu’il eft afsis à la dextre deDieu,amp; que là ou il eft,nous y ferons auf ïî, comme il le dit en fain ft Iean,amp; en fom mes bien certains amp;refoluz.Nous croyons fermement,amp; n’enpouuons douter,que Ic fus Chrift eft vray Dieuamp;vray homme.Of il eft bien ccrtain,quelcs luifs necognoif-foyent pas ces cliofcs-la fi clairement comme nous faifons. Et qu’ainfifoit, les Apo-ftres mefmes de noftre Seigneur, combien qu’ils l’cuflcnt ouy long temps, 5: qu’ils eulîènt conuerfé auec lu y familièrement,fi eft ce qu'ils ne penfoyent pas pourtant que parla mort,amp; principalement celle delà croix,il deuft faire la redemption du monde , amp;nbsp;qu’il deuft eftre le facrifice, amp;nbsp;fatif-faftion pour noz pcchez . 11 n’y accluy de ceux qui ont leu lesEuangeliftcs,qui ne fache ce. que ie dy eftre veritable. Puis don-ques qu’il eft ainfi, que là ou il y a plus ample, de plus claire cognoiffancede Dieu , de noftre Sauueur Icfus, amp;dcfonvray ferui-ee,('idolatrie,l’infidelitè,amp; les blafpheracs font

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DI LAMKJSÏ. j5l fontpechez plus enormes amp;nbsp;plus detefta« bles, que là ou il n’y a point vnc fi grande ne fi claire cognoiflancc : il n’y a nulle doute ,fi telles abominations fe trouuent entre ceux qui fe difenteftre Cbrefticns, qu’elles ne foyent beaucoup plus dcfplai-fantes à Dieu, amp;nbsp;qu’il ne les ait en plus grande execration que toutes les idolatries, toutes lesinfidelitcz,8: touslesblaf-phemes des Payent, ne mefmc du peuple ludaiquc.

Or voyons maintenant fi ces pcclicz tant horribles, amp;nbsp;abominables ne fe trouuent point entre les Chrefticns,ie dy ceux qui le vantent à gorge defployée de l’c-ftre. Et pleurt à Dieu que l’expérience n’en furt pas telle,comme on la voit par tout le royaume de l’Anteebrirt. Combien d’infi-dclitcz enormes y voit-on ? Combien de blafphemcs horribles ? combien d’idolâtries exécrables y commet-on fans ceffe? le vous prie, n'eft-ce point vnc infidélité, amp;nbsp;idolâtrie du tout intolerable, que d’adorer les hommes mortcls’Que dy-ic adorer les hommes mortels ? Ert-ce idolatrie d’adorer leurs oz,leurs ccndres,leurs habille-mes,leurs cheueux,leurs ceintures,amp; leur» braycs? Voire , d’adorer ce qu’on ne fait point’Comme bien fouuent les os de quelque mefehât amp;nbsp;malheureux hommeiEt qui plus eft, les oz de quelque befte, ainfi qu’il

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J$l nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A N A T o U I I,

encftiduenucnplufleurs pays au lieu det reliques des Saints? Ne fauos nous pas auf fi,commet en diucis lieux on adore diuert corps,comme fi c’eftoyent corps d’vnmef-mc faind’Et le commun peuple ne croit-il pas,q l’vn amp;nbsp;l’autre font corps de ce fainâ, comme fi vn borne auoit eu deux corps, ce eftidirc,cóme s’il auoit efté vn móftredu rant fa vie?En la ville d’Arles ils monftrent rn corps qu’ils difent auoir efté d’vn fainft Antoine abbé , amp;nbsp;à Viennes en Dauphiné ils en monftrent vn autre , qu’ils afferment auoir efté le corps de ce fainû Moine. Les Sienois difentque le corps de fainft Guillaume eft en vne Abbaye de leur pays,amp; le monftrent : amp;toutesfois au pays des Gri-fons en vn lieu qu’on appelcLa vallée de S. laques,ils maintiennent qu’ils ont le corps de ce mefme fainû Guillaume , amp;nbsp;en font grand cas: ils l’adorent, ils ont recours à luy pour auoir de lapluye, amp;nbsp;pour le beau temps, amp;pourpluGeurs autres necefsitez-Combien monftre-on de teftes de faioft lean Baptifte en diuers lieux’Quelle bruta lité, ou pluftoft quelle rage eft ce, que les hommes perdent ainfî leiens commun, K qu’ils'ont beaucoup moins de iugemét que les afnet,ne toutes les autres beftes brutes? Tepourroyeicy reciter fi ic vouloyc vnein finite de telles impietez amp;nbsp;idolatries,qui rc gnent auiourdhuy parmy le monde, amp;nbsp;que les petisenfans pcuuent voir deuz-mefmes lias

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Bl LA MISSE. 3ÎÎ fans qu’on n’en fonoc mot: mais ie feroyc par trop long.Et fi quclcun defire d’en voir dauantage,qu’il life leT raifté des reliques qu’a fait M.Iean Caluin.Car il mondrc là bien clairement les abuz,amp;vilainics quife commettent en cefte abominable adoration de reliques. lereuien à noftre propos: N’cft-ce point idolatrie,que d'adorer les i-inagcs amp;nbsp;ftatucs ? de s’agenouiller deuât,amp; s’y profterner ? de leur allumer , amp;nbsp;prefen-terdes chanddes.’ y mettre des lampes, amp;nbsp;des cierges îles inuoquer Î, leur faire des vœux? de leur pédre des torches,des draps, dugrain,desveftcmés,des yeux,des mains, des iambes,maintenant de cire, maintenât d’argent î d’attacher là deuant,des images ou remembrances d’hommes. Je femmes, d’enfàs,dc bœufs,de vaches,amp;de cheuaux? N’eft-cc point idolâtrie , ou pluftoft , vne forcencrie, d’auoir plus grande deuotion à vne image ou ftatue, qu’à l’autre, qui fera d’vn meune fain6t,ou fainfteîcomme pour exemple,à cefte idole infemalle de l’Aurc-tc, qu’à celle de l’Annontiade de Fleurêccî à cefte idole de Chartres, qu’à vn tas d’autres femblables:amp; cuidercependant q cefte cy face plus de miracles que cefte la? N’cft-ce point idolâtrie que défaire vne image de la Trinité ,qui d^ vn Efprit fouucrain, qu’on ne peut nullement peindre, ne figurer? Et nonobftant cela,contre l’expres cS-mandement de Dieu, ces idolâtres execra-

Z.

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ANATOUIl

bles ne la peignent-ils pas amp;nbsp;figurent,COM me ils feroyent quelques monltres eftran-ges’C’eft aüauoir,quelquefois en forme de vn home à trois teftes,quelque fois en forme de trois homes à deux iabes: amp;nbsp;fous ces figures ils l’adorét, amp;nbsp;luy font des vœus tat Srplus. Qucfauroyent ils répliquer icy i Ne font ils point plus qu’eftrontez,s’ils o-fentnier que ce ne foyent idolatries plus qu’abominables’Qu^cft-ce q leur peut fer-uir en ceft endroit la belle diftioéfiô,qu’ils ontforgée,de Dulie,Hyperdulic,amp;Latrief le nem’amufe point à deelairer ces beaux noms-la, ne cefte diftinftion qu’ils ont in-uétéc,on faitbien pourquoy.Tanty aque vn chacun voit aifémét, fi telle idolatrie amp;nbsp;impiété fi lourde ne faifoit venir l’eau au moulin , que les images amp;nbsp;ftatues n’au-royentpas fi grand vogue qu’elles ont, S que toutes leurs Dulicsamp; Hyperdulies feroyent ruinées amp;nbsp;abolies tout incontinct.

Parquoy,nul n’oferoit nier,s’il ne eft du tout impudent, Voire plus qu’infen-fé , qu’il n’y ait entre ceux qui fe difent Chrefticns,des idolatries, des blafphemes, infidelitez,amp; des facrileges fi enormes amp;nbsp;fi deteftables, que rien plus. l’ay monfiré comment l’honneur de Dieu , amp;nbsp;de nortre Seigneur Icfus y cft.non feulement renuer fé, peruerty, amp;nbsp;foulé aux pieds, maisaufsi prefques totalemét anneäty, puis qu'il luy cû rauy amp;nbsp;transféré aux hommes mortels.

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D E t A MESSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;35$

amp; mefmcs aux charognes puantes, amp;nbsp;abominables. Et fi ie vouloyc möftrer cela par le menu,ce ne fcroit iamais fait. En fôme, ç’eft vn abyfme horrible,queues idolâtries innumerables.qui font auiourdhuy en tout ce royaume de l’Antechtift, amp;nbsp;Icfqiiellcs y ont régné de fi long temps. Mais entre tou tes, le chtfeft celle de la Meffe . le dy que c’eft la plus execrable , amp;nbsp;lapins à detefter quetoutes les autres,non feulement à cau-fc qu’on y adore vn petit morceau de pafte ^ vnpeu de vin, au lieu de uoftre Seigneur lefus,comme s’ilcftoitlà en chair amp;nbsp;en oz, ainfi que nous auons monftré cy deflus.cn déclarât cefte partie duCanon,ou il cft parlé de la Confecratiommaisbeaucoup plus, d’autâtquecesfacrilcges amp;nbsp;diables enchar nez maintiennent à feu amp;nbsp;à fang, que toute cefte execration de Mefleeft vnferuice plaifântàPjcu,amp; que c’eft vnfacrifice pour les pechçztant des viuansque des morts, ?iuquelDicu eftferui amp;nbsp;honnoré ,amp; mefmcs que lefus Chi.ft y eft offert. Dót il ap-Îiertmanifcftement.qucc’eft vne idolâtrie a plus grade,qu’ô fauroit imaginer. Nous fanons qu’idolatrie n’eft pas feulement, quad on adore quelque idole,ou quelque j-mage amp;nbsp;ftatue: mais que tout fcruice,qucl qu’il foit, qu’on fait à Dieu fans fa Parole, amp;nbsp;hors foncômandement exprès, n’eft que pure idolâtrie , d’autât qu’vn tel feruice ne çft point vray,mais defplaifât à Dieu, amp;nbsp;ne 2. ii.

Sam.ij

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5f^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIS

luy eftqu'abominatio puante amp;deteftable. Car coniine nous anons foiiuent dit, Dieu nous defend bien eftroiftemét de le feruir amp;nbsp;honorer à noftrephantafie amp;nbsp;félon qu’il nous femblc bon:mais au contraire il nous commande que nous le feruions,amp; honno-rions ainfi qu’il nous enfeigne amp;nbsp;monftre IA't9 nbsp;nbsp;nbsp;P^'^ ^^ Parole,corne il dit en Ifaie,amp; noftre

tAaiih.i^ Seigneur lefus l’allégué en fainft Matthieu . Nous auons défia cy deffus prouué manifeftement, que toute la Meffe eft vnc inuention du diable, mife en allant par le moyen des fuppofts de l’Antechrift: amp;nbsp;cela eft n bien refolu amp;nbsp;arrefté par la fainfte pa rôle de Dieu, qu’on n’y fauroit contredire, finonaueevne impudence extreme,amp;vn orgueil plus que diabolique .Ne faut-il pas donques neceflàirement conclure,en la cô-ftituant vn feruicc de Dieu, ou pluftoft en la faifant comme la fom me amp;nbsp;le comble de toute la religion Chreftienne, que c’eft vnc idolatrie pleine d’impieté,puis que c’eft vn feruice inuente des hommes fans la parole de Dicu,amp; mefme du tout contraire, comme i’ay défia dcclalré?

Mais il nous faut voir maintenant qu’elle forte d’idolâtrie c’eft que la Meffe, puisque nous ne pouuons plus douter que ce nefoit idolatrie. Premièrementelleeft farcie d’abuz infiniz, amp;nbsp;de tromperies incroyables , ainfi que nous auons monftré. Et entre autres, il y a, que ces malheureux (»quot;b

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PB lA Misst. 357 ßcrilcges font accroire au poure monde, comme fi c’eftoit vn article de foy,quc lefusChrift non feulement cft en leur no-ftie qu’ils appclent, amp;nbsp;en leur Calice, cor-porelcment.realement amp;nbsp;de fait,amp; fur cela luy font adorerl’vn amp;nbsp;l’autre: mais encores qu'il y eft aufsi grand, amp;nbsp;aufsi gros,corne il cftoit fur l’arbre de la croix , amp;nbsp;qu’il eft tout entier non fculemét en ce petit lop pin de pafte , mais en chacune partie ou miette de ce pain, amp;nbsp;en chacune goutte de ce vin;amp; qu’il eft au ciel,amp; en la terre,amp; en tous les lieux ou il y a de leurs hoftics con-facrées. Et puis ils donnée aufsi à entendre que toute la cour edefte eft là, Se qu'il n’y a plus ne pain,ne vin,mais feulement les ac Cidens de l’vn amp;nbsp;de l’autre: amp;nbsp;que leurs fub ftances fonttranlTubftantiées, c’eft à dire, changées amp;nbsp;conuertiesaucorps,amp; fang de lefus Chrift. Et ontinuenté tout cela , amp;nbsp;tant d’autres menfonges, pour donner plus fraud credit à leur abominable Mcflc,a-n que les poures gens y ayent plus grande dcuotion . Ils ont faift accroire qu’elle eft bonne à toutes chofes, amp;nbsp;qu’elle a des vertuz infinies:bref,ils ont controuiié tout ce qu’ils ont peu pour perfuader leurs im pi etez, tellement que c’eft vne chofc horrible que d'y penfcr.Dauïtagc,n’auons-nous pas monftre cuidemment par tout ce difeours que nous auons fait en cefte Anatomie depuis vnbout iufques à l'autre, combien il Z- iii.

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3$S ANATOMIH

y a de faufletez, combien de fuperftitionî, combien de bUrphemes amp;nbsp;d’impietez en toute cefte execration de Meflè ? En combien de fortes , ie vous prie, Dieu y eft-il moqué î la maiedé de lefus Chrift vitupérée, amp;nbsp;fou honneur foulé aux pieds? La re-mifsion des pechez , la fatisfadion ,1aredemption des aracs, l’intercefsion 8e lefa-lut des hommes, à combien de chofes tout cela eft-il attribué en cefte abomination execrable ? Eft-ce vn petit (acrilege,que de arracher à Dieu ces tiltres de louanges-la? Eft-ce peu de cas,que de luy rauir fon honneur,amp; fa gloire? N'eft-cepointvnc audace diabolique, amp;nbsp;vne rage plus qu’infer-nalle ? Y cut il iamais idolatrie entre le» Payens amp;nbsp;Iuifs,en laquelle tât d’impietez, amp;nbsp;fi enormes ayent efté commifes , qu'on en voit en cefte execration de Meflè?

Et pour mieux entendre ceque iedy, il nous faut noter, que comme noftre Seigneur Icfus eft le bien aimé de Dieu ,amp; qu’il n’aime rien au monde tant que fon propre Fils vnique, ie parle mefmes entant qu’il eft homme;amp; qu’il n’y a point vnefeu le creature fur la terre,amp;n’y en eut onques, amp;nbsp;n’y en auraiamais,quipuiflènullement feréconcilier, ne retourner en graceaucC Dieu, fi non par lefus Chrift: amp;nbsp;qu’il n’y a chofe,lbitoraifon, adion de graces,ou autre œuure quelconque, qui loit plaifante ny agréable à Dieu, finopar lefeulmoyen

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»B lA Misst. 35# denoftre Seigneur Icfus : amp;nbsp;que nous ne pouuonsobtenir vn feulbien ,qui concerne noftre falut, excepté par kiy feulement: aufsi fâchons au contraire,qu'on ne fauroit rien faire plus defplaifant à Dieu, ne qu’il ait en plus grande abominatió,que faire la moindre chofe qui foit cotre lefus Chrift, amp;nbsp;qui derogue à fon honneur, amp;nbsp;à fa gloi-re;amp; félon qu’elle luy eft plus contraire,de autâtplus eft eUcdefplaifante à Dieu,amp; l'a en plusgrandc deteftation, comme rien ne luy peut eftre agréable que par fon moyen. Or pource qu’il n’y eut iamais idolatrie au mode,laquelle fuft ficôtraire, ne qui dcro-gaften tantdeforres à lamaieftédu Fils de Dieu ,q fait ce môftre infernal de Mefle,ne nous faut-il pas bien conclure qu’il n’y eut onques idolatrie fur la terre,quelque enorme amp;nbsp;deteftable qu’elle ait efté , que Dieu ait eu en fi grande abomination, qu’il a ce-fte execration de Meffe? Pour plus aifémét Comprendre cecy, confiderons les idolatries des Payens . lieft bien certain , que ils n’auoyent nulle cognoiHance de lefus Chrift , amp;nbsp;pourtant ils ne pouuoycht pas le • deshonnorer,ne dcroguer à fa gloire en telle forte que fait la Mefle : en laquelle ces facrilcgcs de Preftres font fi fouuent mentionexpreflede luy,qu’on voit bien que c’eft le diable qui les poflede, amp;nbsp;qui les induit à fc moquer de Dieu. 11 eft vray que

Z. üü-

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5^0 nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIÏ

ceux-l» desliônoroyent bié le Fils,puis que ils rauiffoycnt rhôncurduPerc,pour le traf fercraux créatures corruptibles: mais fine auoyent-ils nulle cognoiffance de luy,amp; n’en faifoyent point aufsi profefsion. Et ces fuppolis de fatan-cy.quilc vantent d’e-ftre fuccclTeurs de lefus Clirift,de le co-gnoiftre,d’entendre fa Parole, comment le defpouilent-ils de fa gloire qui eft incom-prehenfîble aux hommes î Q^nt aux idolatries des luifs, il n’y a nulle doute,qu’ils n’ont point fi expreflèment ancanty l’honneur de lefus Chrift, que font ces enragez en leur Mefle. Qu^on examine l’idolâtrie, qui fut commifeaudefcrt,quand ils adorèrent fi vilainemét le Veau d’or.N ul n’igno re,quecenefuft vn crime par trop enorme,amp; plein de lafchctéinexcufablc. Sieft-ce que cela aduint, faute de bien confide-rer comme il falloir,le commandemét exprès deDicu,quand vn tel tumulte s’efleua entre le peuple,amp; que leur furie amp;nbsp;rage fut allumée. Et défait, Aaron y confentit àfon £*■•(/ ta gr^“'i regret, amp;nbsp;par vnc crainte qu’il eut, ‘’ ainfiqu’ilefteferiten l’Exode.Tatya,que ce pourc malheureux peuple-la, n’auoic point fi grande cognoiflancc de lefus Chrift, comme l’ont ou doiuent auoirces traiftres, villains amp;nbsp;abominables qui font des grans Chreftiens, amp;nbsp;qui veulent eftre tenus pour tels . En cefte idolatric-la des luifs

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»Elli MISS«. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;3^1

luifs, iln’cftoit point queftion de kremif-fion dcspechez,de la fatisfaftion pouri-ceux,de la redemption des ames, ne de cEo fes femblables , qui appartiennent feulement à l’office de noftre Seigneur Icfus. Bref, lefus Chrift n’y cftoit point defeiré en tant de pieces , ne fon honneur ainfi prophané, comme il eft en cefte impiété infernallede Meffe . Autant en dira-on de toutes les idolatries de ce peuple ludaique, tant de la lignée de Iuda,que des dix autres fi on les confidere de près. Car les dix lignées adoroyent les deux veaux d’or, que . ce mefehant apoftat lcroboam auoit leuez, l’vn en Beth-el, amp;nbsp;l’autre en Dan. Orc’eftoit vne idolatrie vilaine, pour deux raifons : la premiere, d'autant que par le commandement expres de Dieu il falloit adorer en Icrufalem feulement , amp;nbsp;non point ailleurs . L’autre, pource qu’ils adoroyent ces deux images de veaux , quie-ftoyent entaillez,contre ce que le Seigneur auoit expreffement commandé en fa Loy: c’eft, de ne faire aucune image, ou ftatuc “*•“•*• * taillée , ny engrauéc , ou de quelque autre forte quece fuft,pour l’adorer.Elles adorc-rentaufsi l’image de Baal fous le Roy A- , . chab.comme il eft eferit au liure des Rois, du temps d’Elic le Prophete, amp;nbsp;luy facri-fierent. Ceux de la lignée de luda, amp;nbsp;de Beniamin ont fcmblablemcnt idolâtré par

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3^1 nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIl

plufieurs fois: Icfquets.combiéqu’ils ayent plusgriefiiement pcché en idolâtrant que les oix autres lignées , d’autant qu’ils a-uoyent plus grande cognoiflance de Dieu, à caufe qu’ils eftoyent mieux inftruifts, amp;nbsp;enfeignez en fon feruice amp;nbsp;en fa Loy ,pour-cc qu’ils auoyent plus grande abondance de Prophètes,amp; que la dodrine de Dieu c-ftoit plus pure A: moins corrompue amp;nbsp;aba-ftardie entre eux, qu’elle n’eftoit entre les autres lignées: fieft-cc toutesfois,qu’ils ne auoyent point encores vnc fi ample co-gnoiflance de Dieu , ne de Icfus Chrift, comme nousauons:amp; n’offenfoyent point en tant de fortes,ne fi diredement no-ftre Seigneur lefus,qu’on fait en cefle execration de Meffe,ainfi que nous allons défia monftré manifeftementeydeffus. Puis donc maintenant,que nous voyons en cefte Mefle abominable que la maiefté du Dieu viuanteft violée,l’honneur de lefus Chrift fon Fils foulé aux pieds, amp;nbsp;la gloire quafi du tout anncantic, votre trop plus vilainement qu’elle ne fut iamais en toutes les ido latries qui ont efté au monde,foit entre les Payent ou entre les luifs : ne faut-il pas bien dire neceflairement,que c’eft vnc idolatrie laplusdeteftable qui futonquesfur la terre ? Qui eft le poind que i’auoyc entrepris de monftrer an commencement de cefte Scdion. Et pour mieux comprendre

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o i i A M E ( s Z. ;#'} dre amp;nbsp;retenir ce que i’ay dit iufques icy, ie feray vn petit recueil, amp;nbsp;comme vn (om-maire de toutce difcours.C’cft,quc l’idolâtrie , ou le fcruice execrable, par lequel on derogiic en plus de fortes à l’honneur de Dieu,amp; à la gloire de Icfus Chrift,amp; qui ie commet en vn peuple lequel a pfus grande cognoiflànce de Dieu, amp;nbsp;de noftre Seigneur que n’ont les autres ; cefte idolatrie la.dy-ie, eft vn facrilege, amp;nbsp;vne abomina-tiô plus deteftablc, que toutes celles qui fit rentiamais au monde.Voila quieft fi clair amp;fi certain,que nul ne le peut nicr.finon a-uec vne impudence extreme.Ori’ay mon-ftreque laMcflccft vn fcruice mefehant, amp;nbsp;vne idolatrie, par laquelle l’honneur de Dieu amp;nbsp;de Icfus Chrift eft trop plus vilipendé,amp; fa gloire anéantie amp;nbsp;en beaucoup plus de fortes qu’en nulle autre,amp; eft en vn peuple qui a plus de cognoiffance de noftre Seigneur Icfus, que n’ont tous autres peuples de la terre, d’autant que c’eft entre le peuple Chrcftien.C’cft donques vnfacri lege, amp;nbsp;abomination la plus execrable,qui futiamais depuis q le mode eft mode.Que la MclTefoit vn fcruice, amp;nbsp;idolatrie telle q il n’y en eutonquesfurlaterre,ou lamaie-fté dcDieu aitefté fi vilainemet m6quée,amp; l’honneur de fonPils vniqueainfirenuer-(e comme là, ie i’ay monftré cy deffusbicn

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3^4 A NATOMIS

clairement. Car ceft vne inuention du diable mife au mondepar fon Antcchrift,5t parfcs fuppofts •.’amp;puis , d’autant que le pain amp;nbsp;le vin y eft adoré, comme le Dieu viuant. Et qu’elle ancantiffe l’honneur de lefus Chrjft, il appert, d’autant que ce Sacrilege de Preftre qui la dit, vfurpemef-chamment l’office de noftrc seigneur lefus Chrift, quand il fe vante de l’olrrir amp;nbsp;fa-crifierà Dieu fon Pere ; car tous les aduo-eats de Mefle l’afferment ainfî . Or nous fauons qu’il n’appartient à creature qui foit d’offrir Icfus Cltrift qu’à luy-mcfmes feu-lemenc,lequel comme fouuerain Sacrificateur s’eft offert vnc fois en facrifice à Dieu fon Pere fur l’arbre de la croix. Dauanta-ge , celuy qui dit la Méfié, ne fe fait-il pas intercefïeur des hommes,en fe conftituanc aduocat,amp; moyenneur cntre-eux,amp; Dieu? Qui eft l’office propre de IefusChrift,amp;no point des créatures. Et puis,il fait accroire que fa Mefle eft vn facrifice pour les péchez : ce qui appartient femblablement au fculPilsdcDieu noftre Seigneur lefus,ain fi que i’ay deelaire plus à plein en la féconde Seftion de cefte quatrième partie.Tous les doreurs de Meflè maintiénent, qu’elle pardonne les pechez , tant des viuants que des trefpafTez , qu’elle fatisfait pouriceux, amp;nbsp;qu’elle faune les hommes : qui font cho-fes propres feulement àlagraceamp;miferi-cordc

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DE LAMBSSI. 36'$ corde de Dieu par lefus Chrift : amp;nbsp;font offices qui appartiennent tant feulement à noftre Seigneur lefus, amp;nbsp;non point à autre . l’ay monftré en la preface de cefte Ana tomie,amp; puis par tout le difcours du liure, que cefte execratio de MclTe anneantiftla Pafsion delefusChrift »efface lavertu de fon fang, amp;nbsp;deftruitfa mort, amp;nbsp;abolit fafe-pulturetd’autSt que tout ce qu’il a fait pour noftre redemption eft attribué à cefte a-boraination,amp; impiété infernalle. Pour le moins, félon leur phantafic, elle fait tout autât pour le falut des hommes, qu’a fait le Fils de Dieu .Et qu’eft- cc,ie vous prie,dero guer,ou pluftoft anneantir fon honneur amp;nbsp;fa gloire, fi cela ne l’eft ? alfauoir, de luy 0-fter amp;nbsp;rauir la louange de fouuerain Sacri-ficateur’dc luy voller l’office d’interceffeur amp;nbsp;Aduocat vnique entre Dieu amp;nbsp;les hommes ? de le dcfpouiller de fon facrifice,qu’il afaift vne fois pour toutes ? amp;nbsp;finalement de le renier eftre feul Redempteur,amp; Sau-ueur de tout le monde? Nous auons défia monftré bien au long combien ilyad’a-buz fi lourds, amp;nbsp;fi intolérables que rien plus,combien de fuperftitions raefehantes, combiëd’impietez abominables, amp;nbsp;de blaf phemes font cachez en cefte execration. N’eft-cc donc point vn facrilege, amp;nbsp;vne a-bomination,qui furmonte tous les facrile-ges amp;abominatiôs du mode que cefte Mef

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3$^ nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMI I

fe, puis que c’eft le comble , voire vn abyf-medc ficrileges énormes , amp;nbsp;d’abominations deceftab les ? Qui cft-ce qui l’oferoit maintenant nier ? Ne faut-il pas bien dire que ceux-la font du tout endiablez, qui la maintiennent ? Il eft aifé d’en iuger pat ce que nous allons 11 clairement montré iuf-ques icy. Parquoy il n’y a nulle doute, que ce ne foit le plus grand facrilegc,amp; l’abomi nation la plus execrable, qui lut iamais fur la terre.

Or qu’elle foit aufsi bien le grand my-fterc de l’Antechrift, il eft facile à prouuet par ce que nous allons défia dit. Car fila Meffe eft vn facrilegele plus enorme,amp; v-ne abomination la plus dcteftable, qui fut iamais au monde , il faut bien dire qu’elle eft le grand myftere de l’Antcchrift,lequel fainft Paul nôme myftere d’iniquité, pour mieux exprimer que c’eft. M ais afin que la chofe foit encore plus claire , amp;nbsp;mieux entendue , ic diray en bref ce que l’Efcriturc nous en enfeigne. lieft tout certain que l’Antechrift eft le principal fils amp;nbsp;membre, ou inftrument efieu amp;nbsp;eboifi de ce pere de menfonge, amp;nbsp;meurtrier fatan : lequel eft nommé par faind Paul fils depcrdition:a-ucc lequel, amp;nbsp;par fon moyen le diable taf-che en toutes les fortes,amp; façons qu’il peut iniientcr,d’airaillir noftrcSeigneur lefus Chrift, amp;nbsp;batailler contre luy. Ce qu’il fait

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st L A M E s s E. 3^7 fait en deux manières principaUement.-l’v-neeftouuertc, amp;nbsp;qu’vn chacun voit aife-ment à l’œil: l’autre eft cachée, amp;nbsp;eft beaucoup plus dangereufe. La premiere fe voit parles perfecution»amp;cruautez horribles, qu’il exerce iournellement à l’encontre des poures cnfans deDieu,amp; des feruiteurs de noftre Seigneur Icfus Ghrift, lefquels il afflige , tormente , amp;nbsp;meurtrift cruellement par le moyen de fes bourreaux , qui font les grans princes, amp;nbsp;Monarques de ce monde:bref,parlemoyendubras fcculier, qu’ils appclent. Car,ic vous prie, qui font tous ceux-là, qui font auiourdhuy vnc fi cruelle boucherie qu’on la voit par tout, des poures Chreftiens, Sc membres de noftre Seigneur Icfus Chrift, finon autant de bourreaux , amp;nbsp;de bras plus-que barbares de ceft Antcchrift, malheureux amp;nbsp;infernal de Rome, parle moyendefquels il fait la guerre ouuerte à Dieu , amp;nbsp;combat’à l’encontre de noftre Sauueur Icfus Chrift ? Et combien que parauenturc tous les Princes, qui font fous fa patte amp;nbsp;maudite tyrannie, ne s’apperçoiuent pas d’v-nc telle inhumanité , amp;nbsp;rage plus que diabolique , dont ils font executeurs mifera-blcs: fi cft-ce qu’ils font vilainement trô-pez amp;nbsp;abrutiz, par cefte deteftable troupe d’Antcchrifts , amp;nbsp;apoftats defefperez, qui régnent amp;nbsp;ont auiourdhuy la vogue en

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3«S nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A N A T o M I B

leurs Cours , qui font farcies amp;nbsp;pleines de tels monftres amp;nbsp;fuppofts de fatan.Et encore que cefte façon -cy de combatte , amp;nbsp;faire la guerre à lefus Chrift foit cogneue de tous ceux qui veulét ouurir les yeux: neât-moins .d’autant que ce malheureux Ante-chrift eft plein de myfteres amp;nbsp;fecrets d’iniquité, amp;nbsp;de malice infernalle, il la dclguilc en telle forte,amp; vfc de prétextes amp;couleurs fi mefehates, comme il eft maling amp;nbsp;tuzé, qu’il la fait fembler toute autre qu’elle ne eft point. Car combien que cefte manierc-cy de perfecuter lefus Chrift foit toute plei ne de rage,amp;du toutfurieufe , fi fait-il accroire toutesfois, que c’eft yne bonne œu-urc amp;fain£te:amp; que c’eft le feul amp;nbsp;vray moyen de maintenir la religion Chreftien-ne,amp; de la conferuer en (on eftat : donnant ’ à entendre à ces poures beftes pires que les brutes,que les fideles feruiteurs de noftre Seigneur lefus, font mefehans hérétiques, fehifmatiques, amp;_gcns qui troublét tout le monde,amp;quc les vrais Chreftiés font malheureux amp;nbsp;abominables. 11 fait accroire qu’il eft lieutenant de lefus Chrift , voire qu’ileft Dieu en tcrre,ayant toute puilfan-ce,amp; qu’il ne peut errer: amp;nbsp;toutesfois il ne tafehe à autre chofe, finon que la do'ftrine de noftre Seigneur lefus Chrift foit eftein-fte amp;nbsp;enfeuelie par tout, d’autant qu’elle defcouurc, amp;nbsp;rcuelie au monde quel il eft-

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Dl 1 A M Î S J I.' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^gf

elle monftrc comme au doigt, combien il eft audacieux amp;nbsp;arrogant, en s’attribuant tels tiltres. Somme,elle dépeint fi bien ce móftre infernal de toutes fes couleurs,que il n’y aceluyqui ne s’en puifle facilement apperceuoir,s’il neveut eftre aucugle à fon efcient,8c ne voir goutte en plein inidy.Et cependant il fait tous fes efforts pour n’c-ftre point cogneu tel qu’il eft ,c’eft à dire, Antechrift:qui vaut autant comme le grâd aduerfaire amp;nbsp;ennemy mortel de lefus Chrift. N’eft-ce pointlà,ic vous prie, vnc nouuellc façon de faire guerre contre vn Prince,quand quelcun cerchera tous moyens de le defeonfire , tuer tous les fiens , 5c dele ruiner entièrement : amp;nbsp;d’autre part voudra donner à entendre amp;nbsp;faire accroire au monde,qu’ileftpource Prince-la,qu’il fait pour Iuy,amp; qu’il ne preted à autre clio fe,fînon à le maintenir en fon eftat, amp;nbsp;à le coferucrenfon empire amp;nbsp;puiflancc’Quçl-1e manière de faire cft-ce laï Quelle ruze amp;fineffcfauroit-on penfer pluscauteleu-ferQuelle malice pP defefperce’de tafeber manîFeftement à ruiner du tout vn hôme, i amp;d’autre part donner à entendre aux hom mes,que tout ce qu’on fait eft pour le fcr-uir,amp; pour luy faire plaifir?Voilacornent en faiteeft Antechriftà l’encontre de no-ftre Seigneur lefus . Carne voyons-nous point qu’il eft fon ennemy mortel, qui luy fait la guerre inceffamment J amp;nbsp;ce pendant Aa.

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J79 A N A T 0 M I 1

ne fc vantc-il pas d’eftre fon Lieutenat, amp;nbsp;que tout ce qu’il fait eft pour le fcruir, K pour maintenir fon royaume j c’ell àdire, foil Eglife? Ne faut-il pas bien qu’il y ait eu vn aueuglement horrible parmy le mode, que les nommes ayent efté fi long téps trompez,amp; fi miferablement traitezîN’cft ce point vn iugcment de Dieu efpouuanta ble,duqucltous eftoyentbicn dignes,puis qu’ils ont mieux aimé les tenebres que la lumière?les menfonges que la vérité ? amp;nbsp;qu’ils ont préféré la tyrannie cruelle de fa-tan au ioug de noftre Seigneur lefus, lequel eft doux amp;nbsp;gratieux?

L’autre façon de batailler contre lefus Chrift eft plus cachée amp;nbsp;plusfecrete,amp; ne l’apperçoit- on pas comme la premiere: mais elle eft beaucoup plus pernicieufeSc dommageable fanscomparaifon.Carcefte la s’adrefle droitement pour ruiner les corps, amp;nbsp;cefte-cy pour perdre les ames,amp; pour les trainer aux enfers : d’autant que beaucoup plus finement,amp; parmoyésplus obliques, elle falfîfie la pure doftrinc de lefus Chrift,fon fainft Euangilc,amp; la vérité de Dieu.elle peruertitfa parole,amp;l’expo fe tout au contraire, amp;nbsp;s’en fert corne d’ar-meures pour batailler contre noftre Seigneur lefus,amp; contre fa vérité: amp;nbsp;fait cela uns aucune crainte dcperfecution:amp; fous efpecc de pieté amp;nbsp;de religion , elle fait accroire que toutes fauÛctez,idolatries, im-

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DS LA MISSE. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;jyj

pietez amp;nbsp;b1afphemes font autant de chofes fainCtes amp;nbsp;diiiincs.Comme font,pour exc-plc, les pardons amp;nbsp;indulgences , Icfquclles vn chacun,qui a des yeux,voit cftre vne pu re tromperie amp;nbsp;abus par trop vilain amp;nbsp;detc ftablc: amp;nbsp;neantmoins ceft Antcchrift a dô-né à entendre au poure monde,que les péchez font rcmiz par le moyen des bulles,en vifitant des Egliîes, qu’ils apptlent, enfai-fantlcs ftatiôs,allantcn pèlerinage,en por tant des cordes,des ceintures,habiUemens, amp;nbsp;telles follies , amp;nbsp;que tout cela eft vtile amp;nbsp;bon pour obtenir falut ,amp; acquérir la vie e-temelle . Ce feroit vne chofe par trop longue de s’amufer icy à reciter vne partie de femblablesvilainies qu’il a mifes en auant: mais ce fcul exemple des Pardons futfira, fiour monftrer comment fous ombre de rc igion,ceft Antcchrift infernal afait accroi re ce qu’ilavouluOrpour veniràmô pro pos,entre toutes les inucntions,ru2cs,malices,abuz,tromperies,amp; fauffes dodrines de ce maudit Antcchrift, en trouuera-on vne fi mefchante,fi pleine d’aftucc,amp; fi farcie de myfteres amp;nbsp;fecrets, comme eft cefte execratiô de Me(rc,en laquelle fatan amp;nbsp;fou Antcchrift amis toute fon eftude, amp;nbsp;a employé fafinclTe amp;nbsp;malice, pour la forger, Î.ourla faire tenir amp;reputerdes hommes e principal fcruice de Dicu,amp; eSme la fom me de toute la religion Chreftienne? Et faut noter cc que nous auons monftré cy Aa. ii.

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J7i nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIÏ

deflilSjque ce myftere infernal n'a pas cfte baftyde laraain d’vnfeul Antcchrift, mais de plufieurs. Car on fait combien d’années font pairées,amp; combié de baftifleurs y ont mis la main.auant qu’il ait eftéparacncué, comme il eft maintenant.L’vn y a mis vnc piece,amp; l’autre vne autre,felon qu’il y a eu Îdufieurs Antechrifts, amp;nbsp;qu’ils ont fuccedé es vns aux autres. Et cela n’eft point de merucillcs .Car comment eft- ce qu’vn feul homme euft iamais peu, ie ne dy pas faire, mais inuentercefte confufion’ll a bien fallu que fatan y ait mis lamain,amp; qu’il en ait pouffé plufieurs,pour cnvenir à bout.Mais par quel moyen le tout a-il efté fait ? Sous ombre de religion, amp;nbsp;fous couleur de faire vne chofe plaifante amp;nbsp;agréable à Dieu , amp;nbsp;pour le bien amp;nbsp;profit tant des ames que des corps.Et non fans caufe l’Antechrift a employé tout fon fauoir amp;nbsp;induft rie à ce bafti ment execrable: car il a veuquefon royaume amp;nbsp;tyrannie confifte 1 à principalement, comme en vn fort chafteau , amp;nbsp;bien rauny de toutes prouifions. E t de-fait,la M effè e-ftant ruinée,amp; entièrement anneStie,tout le royaume de l’Antechrift eft quat amp;nbsp;quat ictté par terre,ainfi que tous fidelesfauent bien.Ce n’eft donc pas pour néant qu’ila toufiours tafehé en toutes les fortes qu’il a peu fonger, amp;nbsp;qu’il tafehe encore tous les iours de la défendre,maintenir,conferuer, amp;nbsp;luy donner tous les priuilcges dont il fe peut

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DÏ LA MISS K. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;37J-

peut aduifcr.ll ne fe foucic pas q tout aille c’en dcirusdcirous,que le ciel foit meße a-Uec la terre ; brief,qu’il y ait confuGon par tout, pourucu que fa tyrannie demeure en fon entier,amp; qu’il domine à fa manière ac-couftumée. En foramc,iln’y aefprit humain qui feuft penfer, ne langue exprimer la malice, les ruzes amp;nbsp;tromperies qui font en cefte execration de Meße: amp;nbsp;efl impof-fible d’eßimer le dommage amp;nbsp;mal heur qu’elle a apporté depuis fon cômencemenc amp;qu’cllc apporte tous les iours aux poures aueugles, Y a-il pcfte,ou maladie en tout le mondc,dont les corps foyent autant In-fe£tez,que les âmes le font de cefte puante Mcffe?Lapefte tue les corps feulement: amp;nbsp;cefte abomination traine les antes en perdition.Si lapefte eftenvnc villc,elle ne fera pas en l’autre ; fî elle fc met en vn pays, l’autre en fera exempt: fi elle vient envn temps,elle ne viendrapas en 1’âutre:elle ne dure pas ordinairement long temps, mais quelques mois feulement: amp;nbsp;c’cft racrueil-lcs,fi elle côtinue vn an entier; mais le mal amp;iufeaionde cefte Meffe a efté commune à tout le peuple qui fc nome Chreftien, amp;nbsp;l’eft encores auiourdhuy, amp;nbsp;a duré tant d’années qu’on fait,amp; fi dure encore maintenant , 5: durera iufques à ce qu’il plaife à Dieu de l’exterminer du tout,amp; en purger la terre,qui en eft empuantie.

Or combien qu’on pourroit icy ame-Aa. üi.

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J74 nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIl

nerbeiucoupd’autres raifons , pourmon-ftrerque cefte impiété de Meflè eft vraye-mentle grand myfterede l’Antechrift ; A eft. ce que cela appert fi manifefteraent par ce que l’en ay dit en brief,que nul n’en peut , plus douter. Vay fouuct aduerty.que ce ne Îéroit iamais fait, fi on fe vouloir arrefter a defehiffrer par le menu tout ce qui eft en ce monftre tant horrible amp;nbsp;efpouuantable • Mais ic dy bien encore dauâtagc.alTauoir» qu’il eftquafi impofsiblc qu’vnfcul home peuft defeouurir toutesJes tromperies, fai laces amp;nbsp;impictez qui font là dedans . Qui eft-eequipourroitafTez amplemëtdire cô bien cefteMefle eftabominableicôbien el le eft defplaifante à Dieu;cébien elle eftex ccrabledeuât fa maiefté facrcc?amp; combien elle prouoquc fon ire,fa fureur amp;nbsp;vengeance à l'encontre des hommes? Nous fanons que le Seigneur fe courrouça fi afprement cotre le peuple ludaiquc à caufe de fes idolatries, qu’il l’affligea en tant de fortes que Îx^d-ji c’eftmcrueilles : premièrement audefert* pour l’idolâtrie du veau d’or:amp; puis en particulier les dix lignées en la terre de pro-mifsion , lefquelles il extermina amp;nbsp;fit trainer en captiuité miferablepour fes idola-*.Rwi7 tries,ainu qu’il eft eferit au liurcdes Rois.

Dauàtage, combien de fois le peuple de lu da a-il efté affligé miferablement, à caufe de tant d’idolâtries, qu’il côraettoit maintenant parmy les montagnes amp;nbsp;vallées;, main

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Dl LA MISSE. 375

maintenant parmy les bois amp;nbsp;foreftsî amp;nbsp;à la fin n’a-il pas cfté mené efclauc en Babylonne,pour cefte melme taifon ? Brief,ce mal-heureux peuple des luifs, après auoir vedu Icfus Chrift,amp; l’auoir crucifié,amp; puis apresauoir perfecutéfes Apoftres,mal trai té amp;nbsp;mis à mort fes difciples, amp;nbsp;fur tout, a-pres auoir reietté le fain ft Euangile , n’c(b il pas encore auicurdhuy en vnecaptiuité horrible,amp; le plus mal traité que ne fut on-ques peuple de la terre , amp;nbsp;beaucoup plus grieuement afflige que n’ont efté les dix li gnéesîEt qui plus elf,n’a-il pas efté reprou ué de Dieu,pour n’eftre pl’de fô peuple,ain fi que noftre Seigneur lefus l’auoit prédit? M««6.m Q^fera ce donques,ie vous prie,du peu-pie qui fe nomme Chteftien ? Ne voit-on pas comme nous allons monftré cy deflus, qu’il merite fans eóparaifon beaucoup pl* grieue punitió que ceux-la?Lesluifs ont i-dolatré enpluficursfortes.Mais quoy?Les Chreftiens en combien de façons,voire cét mille fois plus mefehantes idolâtrent-ils tous les iours?N’âUons-nouspoint prouué que cefte abomination de Mefle eft la plus grande amp;nbsp;la plus deteftable idolatrie qui fut iamais fur la terre? Les luifs ont vendu lefus Cbrift vnc fois feulemcnt:amp; les Prc-ftres le vendét tant de fois,qu’on ne les fau-roit conter, ludas le védit amp;nbsp;liura pour trea te deniers: amp;nbsp;ces facri leges le vendent amp;nbsp;le liurét pour beaucoup moins.Lesluifs l’ont

Aa. iiii.

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37« nbsp;nbsp;nbsp;ANXTOMIB

crucifié vne fois feulement,amp; par ignorance , ne faclians point qu’il eftoit le Chrifl: i.Cer.j. comme S.Paul en parte, S’ils l’eulfcnt co-gneu,dit-il, iamaisils n’euflent crucifié le Seigneur de gloire. Et toute cefte canaille de Preftres amp;nbsp;de Moines,quife vantent de lccognoiftre,amp; qui conftlTent de bouche qu’il eft le Chrift, ne lexrucifient-ils pas tous les iours autant de fois qu’on dit de Meffes par le monde? Si ceux-la,qui fans comparaifon ont efté moins idolâtres , amp;nbsp;qui ont beaucoup moins crucifié le fus Chrift que ces vilains abominables Preftres , ont efté toutesfois fi rudement cha-ftiez amp;nbsp;puniz de Dieu , iufques à eftre menez en captiuitc perpetucllc,que fera-ce de ccsfacrileges detcftablcs ? Silesluifs ont efté fi afprement traitez,amp; en la fin reprou uez deDicu,que doiuent attendre ces malheureux fuppofts defatan , amp;nbsp;de fon Ante-chrift, pourrecompenfe d’vnc fi execrable idolatrie, qu’ils commettent en leur Méfie ,cn laquelle le Dieu viuant eftoffenfé, amp;nbsp;fa maiefté violée en tant de fortes ? amp;nbsp;noftre Seigneur lefus foullé aux pieds, fa gloire anneantie, amp;nbsp;fa mort amp;nbsp;pafsion ef-wcée entant qu’en eux eft? Si la fainûc parole de Dieu eft veritable, comme elle ne peut eftre autrement : fi le Seigneur eft toufiours femblable à foy-mefmc , comme il l’a toufiours efté, amp;nbsp;ne peut eftre

Dieu,

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DE LA MISSE. 577 DicUjfinondcmeurant à iamais confiant amp;nbsp;immuable en tout amp;nbsp;par tout : amp;nbsp;qu’aptes lespechez énormes amp;nbsp;abominables, amp;nbsp;que les hommes font demeurez en leur rebellion , fans aucun amendement ne repentance , amp;nbsp;qu’ils ont continué de mal en pis en leurobuinationdiâbolique'.fi apres tout cela l'horrible vengeance de Dieu, les affligions efpouuantables, amp;nbsp;finalement les ruines amp;nbsp;dcfolations extremes font enfuiuies de tout temps,amp; que iamais il n’en foit aduenu autrement : que pou-uons nous conelurre maintenant , Ünon qu’il tombera ou vn mefme orage,ou bien vue plus horrible tempefle dclîtis les hommes, félon aufsi qu’ils ont péché plus gric-Uement, amp;nbsp;qu’ils l’ont prouoqué à ire amp;nbsp;Courroux, pour l’enflammer contre eux î Y a-il quclcun quinedoiue falloir maintenant, que le Seigneur Dieu punit d’autant plus rigoureufement, qu’il efi tardif à enuoyer fes chaftiemcns?E t quâd il commence vne fois à frapper à bon efeient.que il frappe d’autant plus afprtment} Nous voyons comment cefi ennemy mortel de toute laChrefiienté, qui efi le Turc, s’approche tous les iours auec vne fi grade puif lance,que c’efi pour efionnertout le mode: voire mefme no’ voyôs cobien il a gagné défia de l’Europe,amp;cóment de iour en iour U s’auâcc,îlt;mct le pied plus auât qu’ilne fit

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}7$ nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMII

onqties. N’cft-cc point par vn iufte jugement dc Dieu ? Pouuons nous douter que cela ne foit point fon ouurage,amp; que ce ne eft pas fa main qu’il eilend, pour nous ad-uertir,pour nous menacer amp;nbsp;conuier à repentance? Et neantmoins les hommes,corne du tout aueugles amp;nbsp;Cupides,fans confl derer la bonté infinie amp;nbsp;la patience admira blc de Dieu, ne ceffent point d’amaffer péchez fur pechcz,amp; de thefaurifet l’ire amp;nbsp;fil rcur dcDieu fur eux,l’irritant amp;prouoquât à plus grande vengeance inceflammét.Les banniiTemens, capttuitezamp;feruitudes, Si toutes les autres peines temporelles, en cô paraifon de ce que nous auons mérité,font de bien petite importace,amp; chaftimens biê legicrs,d’autant qu’el les paifent tantoft,amp; prennent fin auec cefte vie prefente : mai» qui cft-ce qui pourroit eftimer, ne fi bien confiderer comme il appartient, les peine» lpirituclles,amp; tormens des ames,qui durée fans fin,c’cft à dire,la réprobation éternelle, amp;nbsp;douleurs horribles amp;nbsp;perdurablcsà iamais’Puis donques qu’il eft ainfi,que to’ fuyentSt deteftent d’orefeoauanc comme me perte mortelle de leurs ames,certc execration de Mefle, laquelle enflamme l’ire de Dieu en tant de fortes, amp;nbsp;le prouoque à faire vne vengeîce horrible fus tout le mode.Et principalement tous ces pourcs aucU gles mifcrables(qui ont feruy amp;nbsp;feruét encore

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DC LA Misse. gt;79 core maintenant àvnetelle abomination, puis qu’ils cognoiffentq c’cft.)qu’ilsfc dc-portét pouriamais de la dire, ou ceiebrer: qu’ils la rcnôcentamp;ayét en ciccratiô-.quc ils ceflent de faire cômettre vne idolatrie fi deteftablc aux poures peuples de la terre: q ils fe repentent de leur vie palKe,amp; de tant d’impietez qu’ils ont commifes:qu’ils prient ce bon Pere edefte plein de mifericor-dc amp;nbsp;bonté incomprehenfible, qu’il n’entre pas en conte ny en iugement aucc eux, félon leurs fautes amp;nbsp;tranfgrefsions : mais 3u’il fe porte enuers eux, amp;nbsp;qu’il leur par-onne amp;deliure de tous maux,félon la œul titude de fes mifericordes.par le moyen de fon Fils vnique noftre Seigneur, Sauueur amp;nbsp;Rédempteur lefus Chrift, amp;nbsp;non point autrement.

Lafixicme Sektion.

lt;J«e la MtjJi est p abominable Cr fîpleine dt toute execration ,(]u'il ne^i licite en forte que ce fait à homme f iuant de la dire, ne de l’ouyr,tude s’y trouuer pour quelque re^ard^ «y occafiou , ou couleur que ion puiffe pre tendre.

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J«9 nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIE

A nature de l’homme eft fl fine amp;nbsp;fi eauteleuic, qu’elle fait bien s’abufer foy -mefme.amp;fe tromper ifoo cfcient.On trouucra affez de gens parle mode ft ru-fez,amp; fi faits à tromper leS

autres,qu’ils donnet latroufleàtousceux qui ont affaire à eux; amp;nbsp;faut bien que ce-ftuy- la foit prudét amp;nbsp;auifé,qui pent efehap per de leurs mains fans eftre trompe. Sieft ce toutesfois,qu’ils ne trompent lêulemét que les autres,amp; non pas eux;ils s’en engar dent bien . Mais la nature de l’homme eft fi caurcleufe,qu’elle fe fait trôper foy- mef-me aufsi bien comme les autres.Et principalement elle fait tresbicn fe tromper aux chofes qui luy plaifent,amp; qui font à fon pro fit.Et fcmble que l’homme ait apprins l’art de tromperie du ferpent cauteleux, lequel par fes belles paroles amp;promclTès amadoua fi bien noftre premiere mere Heue, qu’à fa perfuafion elle mägea du fruit de fcicce de bien amp;nbsp;de mal contre le command emet de Dieu;amp; luy fit accroire vne chofe pour l’au tre.Voilacornet l’hômeen fait enuersfoy mefme. Il fait bien farder amp;nbsp;defguifer fine-met fes fautes,amp;les colorer touliours,pour s’exeufer amp;nbsp;couurir d’vnfac mouillé. Si eft ce neantmoins, apres qu’il a bien tourné à l’entour du pot,amp; cerché toutes les exeufes qu’il peut fôger,qu’ilfe trouue à la fin trô-

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DS LA MSSS S.

pé amp;nbsp;vilainement abiifé;amp;cognojft à la fin q toutes fes rufesamp;finefles n’ont efté qu’au tat de vaines follies. Hy en apourleiour-dliuy plufieurs en Allemagne,France,Hef-pagne amp;nbsp;Italie(amp; pleuft à Dieu qu’il n’y en euft pas tant comme on en voit : ) lefquels ont bien reccu l’Euangilc,amp; ont lacognoif fance de lefus Chrift : mais d’autant qu’ils font au milieu des cnnemiz,amp; qu’ils craignent les horribles perfecutions,amp; cruau-tez plus que barbares, qu’ils voyent eftre dreffees amp;nbsp;exercées inhumainement cotre les poures fidèles amp;nbsp;enfans de Dieu, que le monde appelé Lutheries,pour les detefter amp;nbsp;rendre odieux par tout;amp; que les vns de entre eux font prifonniers, les autres condamnez amp;nbsp;enuoyez aux galères, les autres gehénez amp;tormctez cruellemct,lcs autres penduz, aucuns icttez en vn fac aual l’eau, les autres ayas eu premièrement la langue couppce,font bruflez tous vifs: voyans,dy ic,telles cruautcz,ilsfontefpouuâtez:amp; là deffus, afin qu’ils ne foyent point notez ou aceufezd’eftre Luthériens,ils s’en vont à cefte execration de Mefle,amp; ne font pas deconfcience ne fcrupulcdcfc proftituer deuâtcefteidole cxccrable,amp; de fc polluer en ces impietcz abominables. Et qu’ainfî foie, ne fait-on point bien , fi ce n’eftoit la craïte qu’ils ont d’eftre perfecutez en leurs perfonnes,ou en leurs bics,qu’ils n’iroyent pas fc fouiller en telles ordures amp;nbsp;puâtifes?

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jSt nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ANATOM!«

11 eft bien certain qu’ils ne s’y trouueroyét jamais, d’autant qu’ils fauent que c’eft VQ ade mal-heureux, amp;nbsp;qu’ils font mefeham-ment, Jt cotre leur propre côfcience,quand ils vont à telles abominations. Combien en cognoilî'ons-noiis, ie dy chacun en fon endroit ,lefquels font plus que conucincuz far la faifte parole de noftte Seigneur,que a Meflèeft vne telle execration deuant fa maiefté facrée, qu’il n’y en eut onques vnc femblable;amp;qu’ils font contraints en def-pie de leurs dens ,de confeffer que c’eft vne telle idolâtrie, qu’ils n’y peiiuent afsifter fans eftrc cnueloppcz en mille irapictez: qui toutesfois craignas leur peau,ou la per te de leurs biens,qui font fouuent de petite valeur,font comme les autres ? c’eft à dire, pour faire des bons catholiques, vont à la Mefle’fc polluent en ces fupcrftitions Si impietez exécrables? Et afin qu’ils fepuif-fent cxcufcraucunemétd’vnc telle lafchc-té amp;nbsp;trahifon mefchante,ils allèguent quel ques prctextcs,defqucls ils fe trópenteux-mcfmes,amp;cuidcnt cependant eftre quittes acabfoutsde leur impiété: amp;penfenten a-maiTant toutes les cauillations,fubtcrfuges amp;nbsp;couleurs qu’ils peuuent, pour defguifer ce qu’ils font, que Dieu fe tient pour con-tcnt.amp; bien payé.

Or entre autres chofes qu’ils pretendent, amp;nbsp;dont ils fe couurent, ils difent premièrement , s’ils ne vont à la Mefle, ny a Vef-

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Cl LA MISSI. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;52}

Vefpres,amp; aux autres ceremonies accouru méesen l’Eglifede l'Antechrift,qu’ils crai gnent de fcandalizcr les infirmes amp;nbsp;Amples gens,amp; de leur donner occafion de pé fer ou foupçonner qu’ils font côtempteurs, voire moqueurs de la religion Chreftien-ne , ou bien heretiques 5r cnnemiz de l’E-gli(b:amp; n’allât point .à la Meflc,quon leur donne mauuais exemple,d’autant qu’ilse-ftiment que ce font chofes légitimés amp;nbsp;Chreftiennes. Et que pour cefte feule con-fideration c’efl bien fait d’aller à la Mefle, amp;nbsp;fe trouuer au feruice qu’ils appelent Di-uin, amp;nbsp;difsirnuler iufqucs à tant qu’ils ayet la vraye cognoiflance .Autrement ils pren -nent mauuais exemple.amp;font lefcmblable contre leurconfcience.

Et puis fainft Paul.difent-ils, ne no’ cnfeigne-il pas de nous accômoder à tous, amp;nbsp;de nous conformer auec les autres,quad ildit,qu’il s’eft alferuy à tous, côbien qu’il i.Ctr.f. fuftfranc ? qu’il s’eft tait aux luifs comme luif, afin de les gagner : à ceux qui eftoyét fous la Loy,corne s’ileuft efté fous la Loy, afin de les gagner: à ceux qui eftoyent fans Loy,comme s’il euft efté fans Loy, côbien qu’iln’eftoie point fans Loy,quant à Dieu? Brief,qu’il s’eft fait toutes chofes à tous,a-fin qu’à tout le mois il en fauuaft quelques ▼ns?Si fainft Paul s’accommodoit à tous, amp;nbsp;s'ilcnfeigneà tous de faire le fcmbla-blc : pourquoy.difentees pourcs mal-lieu-

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}?4 ANATOMIE

reut, n’irons-nous pas à la Meflcaueele« autres, fai fan s comme eux,nous accommo dans à leur infirmité,en tafchant de les gagner?

Dauantage, l’Efcriturc nenous dit-elle pas, que Dieu eft fcrutateur des coeurs, amp;nbsp;qu’il regarde principalement les confcien-ccs,amp;confidere à quelle fin amp;nbsp;intention fe font les chofes? Cela eft bien certain . Si quclcun donc va à la Meffe en bonne inten tion , non point pour ofFenfer Dieu , mais feulement pour les caufes ia alleguccs,c’eft à dire, afin de ne donner mauuais exemple aux autres,de ne point fcandalifer les infirmes ,mais pluftoftafindeles attirer peu â peu à la cognoiflance de lefus Clirift, il ne peche point;amp;fur tout,quand il ne confient point aux abuz amp;nbsp;fiuperftitiôï qui s’y commettent; d’autant que le péché eft en la volonté amp;confentement ,amp; non pasenvnc demonftrance extérieure.

Et qui plus eft, combien que nous allions à la Meffe aucc les autres,cc n’cft pas à dire pourtant, que nous y approuuions autrechoficque l’mftitution amp;nbsp;ordonnance de lefus Chrift,c’eft à dire, lefiainéf fiacre-ment de fion corps amp;nbsp;de fon fiang.Car enco rc qu’il y ait beaucoup de chofes adiou-ftées ,fi eftee que pour cela lafiubftancc du Sacremét n’eft pas oftée,ny anneantiertouc ainfi que tant d’adionftions qui font au Ba pcefime, corne le fiel, le crachat, le chrefime,

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D I l A M s s s sê 38$ les cierges allumez,les coniurations qu’on y fait,amp; ce que le petit enfant y cft interro-gué de la foy, amp;nbsp;nnalemct ce,que tout y eft dit en langage incogneu: toutes ces adion-ôions'la ne font pas que le Baptcfine ne foit vray,à caulé que la fubdance d'iceliiy y cft,c’eft à dire l’eau, amp;nbsp;ces faindes paroles cy, le te baptize au nom du Pere amp;nbsp;du Fils amp;nbsp;dufainft Efprit, Amen.Voila,difcnt-ils, corne il en ell de la MclTe.Car cobicn qu’il y ait plufieurs choies adiouftées, amp;nbsp;beaucoup d’inuentioshumaines mcflces parmy : toutcsfoislafubftanccdu Sacrement y cft, a(rauoir,lepaiu amp;nbsp;le vin,amp; les paroles de la confecration, qui font chofes inftituées amp;nbsp;ordonnées de Icfus Chrift: amp;nbsp;noftreinten-tiô n’cft pas d’y approuiier rie autre chofe, que la pure inftitutiondu Seigneur. Eten-core qu’il s’y face quelque adoration, nous n’adorôs pas le Sacrcmét,ia à Dieu ne plai fe : mais nous adorons lefus Chrift,amp; non autre . Parquoy nous ne péchons point en allant à la Mclfc, puis que nous n'y acceptons,ne reccuons rien,linon ce qui eft bon, amp;qui eft de Dieu:ccpédantnous lailTons là tout le refte pour tel qu’il cft, amp;nbsp;cueillons les rofes.comme on dit,d'entre les clpines.

Finalement ces gens debien-cy,pour mieux fecouurir,felon leur opinion,amei-nent quelques exemples qu’ils tirét de l’Ef criture faîfte,amp; mal à propos . Ils mettent en auât Nicodeme amp;nbsp;lofeph d’Arimathée, Sb.

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58^ ANATOMIÏ

Lanv leaa-^J' »?•

qui eftoyent tous deux di fei plcs de lefùî Clirift occultes amp;nbsp;cachez, corne difent les Euangeliftes, lefqucls tefmoignent qu’ils eftoyentiuftes. Sainél Luc dit que lofeph eftoit homme de bien amp;nbsp;iufte:amp; faillît lea eferiede Nicoderae,qu’il vità IcfusChrift premièrement de nuiû, amp;nbsp;puis qu’il le défendit en l’alièmblée amp;nbsp;confcil des Iuifs,S£ à la fin porta cent liures de myrrhe amp;nbsp;d’a-locs pour l’enfeuelir. 11 eft bié certain que ces deux horames-cy eftoyent iuftes,amp; de bonne vie;Sc neanemoins ils eftoyent difci pies occultes, pour la crainte des luifs . Ce qu’ils ne pouuoyent faire fans difsimuler, amp;nbsp;s’accommoder aux autres luifs.Ils amei nent aufsi l’exemple de Naarnan Syrien, duquel il eft eferit au fécond liuredcs Rois cinquième chapitre. lieft ditlà,qu’Elifcc luy permit de pouuoir entrer au temple de Reniraon,qui eftoit vne idole, amp;nbsp;d’adorer en iceluy auce le Roy de Syrie : d’autant que Naaman eftoit gouuemeur de la gêdar meriedu Roy . Etpourquoy,difent-ils,nc pourrons-nous pas aufsi bienfaire le fem-

Voilaqllcsfont lesraifons.excufes.cotl leursamp; prétextes dótees poures miferables ont accouftumé d’vfer amp;fc défendre,quand ils font coueincuz de leur impiété pl’qu’ex ccrable . M ais on voit bien aiféraét que ce font autât de fubterfuges pleins de vanité, amp;nbsp;cômefucilles,defquclles ils voudraient

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■ ELA MESSI? ^7 bien couurir leur turpitude s’ils pouuoyct, amp;nbsp;faire accroire par ce moyen,que ce qu’ils font n’eft pas manuals,ny à eödamner. Or nous môftrerons cy apres,côbien telles ges fe trôpent lourdcmét,amp; quelle beftife c'eft à eux , de fc vouloir ainu couurir d’vnfac mouillé,ainfî q i’ay dit. M aïs allant que de venir là,ic veux môftrer manifeftement ce q i’ay propofé dés le comencement de ce-fte Seftionx’eft aflàuoir,qu'il n’eft pas lie» te en forte que ce foit à vn borne Chreftien de dire,ne d’ouyr, ne d’afsifter à celle execration de Meffe.Et puis ie refpôdray bric uemét à toutes ces belles raifôs.Car il n’eft jabefoingaufsi q ie m’y arrefte beaucoup, d’autât q plufieurs y ont ia refpodu ample-ment:amp; fur tous M.lcan Caluin,lequcl,cô E»^* ’''#• meilcftd’vn iugement exquis amp;nbsp;fingulier-^''’'*^'* en expofant fidèlement l'Eicriture,a fi bien riué les doux à tels ruftrcs,qu’il ne s’en faut ricn:amp;aufsi que ce feroit chofefuperflue de s’yamufer longuemét.Ic dydôc que ccluy qui va àlaMelTeamp;àtoutes telles abominations,commet trois crimes fi enormes amp;nbsp;dcteftables,quc rien plus.Le premier efteS tre l’hôncur de D icu: le fecod cotre le bié amp;nbsp;falut du prochaimle troifieme cotre fon fa-lut ,ppre.Qnâtau premier,nous fauôsque il n’eft iamais licite en quelque cas que ce foit,de rie faire ny attëter côrre l’hôneur amp;nbsp;gloire du Dieu viuac: d’autant q fa maiefté facrécjfonhóneur amp;fa gloire eftde trop pi»

Bb. ii.

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ANATOMIB

grande importace,que n’eft le ciel amp;nbsp;la terre,que ne font tous les Anges de Paradis,ne tous les homes mortels,ne q toutes lescre PruMtb.ii atures du mode.Car le Seigneur Dicu,có-me dit Solomô,aifait toutes chofes pour fa gloirc:c’eft àdire, tout ce qu’il afait,ç’a e-né pour foy: voire mefmes le mefehant au iour mauuais.Or que celuy qui va à laMef fe,ou qui la dit,ou y afsiftc,facc cotre Thon ncurdc Dieu,cela eft toutmanifefte. Car nousauonsprouué parviucs raifons en tou te cefteAnatomie,quelaMcfleeft vneabo mioation la plus deteftable,qui fut iamais depuis que le mode eft monde:à caufe que il fe cornet là vne idolatrie fi horrible, que c’eft pour faire drefler les cheueux en la te-A fte : amp;nbsp;que l’honneur qui appartient feule-■ ment à Dieu amp;nbsp;à lefus Chrift,luy eft rauy, amp;nbsp;tranfporté aux creatures.N’auons-nous pas monftré que la Meffeeft pleine de fauf Ietcz.tröpcrics,abu7.,fuperftitions, impie-tcz,facrilcges amp;nbsp;blafphemes à l’encôtre de Dieu amp;nbsp;de noftre Seigneur lefusrCôment doncferoit-il pofsible que iamais il fuft licite en aucune forte que ce foit à vn Chre-ftien,de la dire,ou de l’ouyr,oud’y afsifterJ Que fi vn hôme,lequel on eftime ordinairement bien nay,amp; de grand courage, fait plus grad cas de fon honneur amp;nbsp;reputatiô, que de fa propre vic.en combien plus grade recomandation deuons-no’auoir l’hôncur amp;nbsp;la gloire de Dieu,pout laquelle nous de-urions,

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DB LA MESS B. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;}8,

Urions abädonncrnon feulement vnc vie, mais cét mille,fi nous les anionstCary a-il vie au mode qui ne foit de luyîN’eft-cc pas de luy q toutes creatures tiennent leur vie? N’enclt-il paslafource amp;lafeulefontaine* On voit aux hiftoircs profanes, q plufieurs incrédules amp;nbsp;idolâtres ont expolé leur pro pre vie , pour maintenir l'honneur de leur pays: 3e ncantmoins ils n’auoyét aucune ef perance de la vie eternelle.Et ceux qui fc di fient Chreftiens, craindront de mettre leur vie,qui eft mortelle amp;nbsp;caduque,pour defen dre l’honneur duDieu viuant, amp;nbsp;denoftre Seigneur lelus ! Icfiquclsfoutesfois font afi feurez,ou le doiuêt cftre,d’auoir la vie immortelle , apres qu’ils feront retirez de ce mànde.Orqu’ainfifoitqu’on ne puiiTeafsi fier à laMefle en bonne confciécc,il appert inanifeflementparce qut’ditS'. Paul, que tout ce qui n’eft de foy eft péché. Qnj eft î(_o»».i4 celuy,le vons prie,lequel cognoiflantbicn qucc’eft de la Me(re,ne fache quant Slt; quât qu’elle eft beaucoup plus contraire à la pa-roledeDieu,qn’eftpas lefeu à l’eau^ S’il eftainfi,cornentfe peut-il trouucrenbône confciécc amp;nbsp;auec foy,àvne chofe laquelle il luge eftre mefehâte,abominable,amp;du tout contre Dieu? Qui doute que ccluy qui fait quelque chofe contre fa confcicnce , ne péché grandement, amp;nbsp;qu’il face ce qu’il'vou-dra* ll n’eft donc point licite nullement,de afisifter à cefte execration de Méfie.

Bb. lü.

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jje ANATOM’ll

Etqueceluy qui s'y trouue, face auf-fi contre Ic bien amp;nbsp;falut du prochain , cela eft tout raanifefte. Premièrement il offen-fe amp;nbsp;nuit beaucoup à ceux qui n’ont point encores la vraye cognoiflance de lefu» Clirift.Car ceux qui voyét afsiftcr à laMef fevnquia la cognoiffance de l’Euangile, 1’ efcouter,s’encliner amp;nbsp;agenouiller deuant ce dieu de parte,amp; radotenque pcuuent-ils-penfer de luy ,fînon qu'il a la mefme opinion qu’ils ont? Etfc perfnadans cela,ils fc conferment de plus en plus en leur impiété •. amp;nbsp;difenteneux-mefmes, Voilaceluy qui s’ertoit fourré en cefte nouuellc opinion , amp;nbsp;qui faifoit femblant d’ertre de ces nouueaux Chreftiens , lequelneantmoins a bien tort châgé defantaue,amp; rctournei la foy ancienne, qu’il auoit au parauant a-bandonnéc.Ce qu’il ne feroit pas,s’il ne co gnoifloit bien maintenant auoir erté trora pé amp;nbsp;deceufous coulcurdcl’Euagilc,amp; s’il ne s’apperceuoit bien q nous auôs vrayc-met l’Euagilc de nortre cofté,amp; la vraye E-glilèamp;la pure religion de Icfus Chrift.Iaà Dieu neplaife que nous abandonnions ia-mais nortre opinio,laquelleceftuy-cy mô-ftre manifertement par fes aftes dire bonc amp;nbsp;fainfte. Voila cornent telle manierede gés fè reculée de rEuâgile,amp;dc la vérité de Dicu,amp; qu’ils s’obftinent en leur aueugle-metamp;erreur plein d’impiété. Eft-ce peu de cEofe, q d’empefeher par nortre ciéple que

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o I L A M s s t !• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;3^1

les homes ne viennent à la cognoiflànce de l’Euâgile,amp; de noftrc Seigneur Iefüs,amp; les confermer cependât en celle fynagoguc infernale de l'Anteclirift?Et puis aulsi cela n’apporte-il pas vn grand damage aux po-ures fidèles,qui font encore infirmes,amp;qui comencent tant leu lernen t de croire à l’E-uangilc?Car quand ils voyent que ceux qui ont plus d’intclligtcc de la parole de Dieu qu’ils n’ont pas,vót toutesfois à celle abomination de Me(rc,ne font-ils pas esbran- ' lez par ce moyen, voire débilitez en la foy beaucoup plus qu’au paraiiantlNe leur dô-ne-on pas occafion de retourner à leurs pre miers erreurs amp;nbsp;fuperftitions damnables? Etainfi,ils font non feulement retardez, mais plulloll dillraits amp;nbsp;empefehez de pro fiter en lafoy,d’autant qu’ils commencét à douter amp;nbsp;à chancelier ça amp;nbsp;là - Or nous fanons quelle eft la fenteoce que prononce le Fils de Dieu fur tous ceux qui fcandalilent les petiz . Quiconque,dit-il,fcandalifc vn Mmth.ii de ces petiz-cy quicroyent enmoy , il luy ^‘tre 9 feroitplus expedient qu’on luy pédiftvne ^quot;^U meule de moulin au col. amp;nbsp;qu’on le iettaft au profond de la mer . DauantagCivn tel aile amp;nbsp;fi mefehant que ccftuy la , nuit grandement à ceux qui font défia confer-mczcnlafoy: amp;nbsp;apporte grand dommage fcmblablemcnt à toute la religion Chre-ftienne . Car celle difsimulation eft caufe que les contempteurs de Dieu fe moquent

£b. iiii.

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JJl nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;AHATOMI!

amp;difent mal plus hardimentde la pure religion,qu’ils la diffament par leurs iniurcj amp;nbsp;outrages en plufieurs fortes, amp;nbsp;qu’ils la rendent odieule entiers les ignorans . Ne voit-on pas,tant plus il y a de gens qui s’ap prochent en apparécc du menfonge amp;nbsp;des errcurs,quc les tromperies,fauffetez amp;nbsp;cor ruptions fe rcnforcentd’autant plus,amp; que la vérité eneft plus facilement perucrtic,5C que Icsmefchans amp;nbsp;cnnemizdc Dieude-uiennent d’autant plus furieux amp;nbsp;enragez} amp;nbsp;prennent hardielTe à opprimer vne fi bS-ne caufe,amp; à ruincrtousceiix qui lamain-ticnnent,d’autant plus qu’ils lavoyent eftre débilitée parlatrahifon amp;lafcheté de ceux qui la deuroyent défendre, voire auec dan-gicr de leur propre vie?

Ilyaaufsi,qu’vn home ne peut commettre vn tel aûc, qu’il ne le face contre fonfalut . Car allant à cefte execration de Mefle contre fa confcience, ne monftre-il pasaffez , qu’il s’aime beaucoup plus foy-mefme, qu’il ne fait point noftre Seigneur Icfus?amp; qu’il eltime plus celle vie prefentc amp;nbsp;caduque , que celle qui dure à iamais î Qmeft-ce qui le contraint d’y aller, finon vne crainte , qu’il a de fa perfonne , ou de perdre fes biens} Or nous fanons l’arreft qu’en a donné lefus Chrift,quand il a prononcé de fa bouche facrée, q ue quiconque aime fon ame,c’eft à dire, celle vie temporelle,il la perdra : amp;nbsp;quiconque hait fon a-me

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BE LAMBS! 1. nbsp;nbsp;3^

ne en ce mondcjl la gardera en la vie etcr neUe. Et puis, Siaucun vient àmoy,amp; ne L«n4 haitfonpere amp;nbsp;fa mere,amp; fafemme, amp;nbsp;fes enfans,amp; fes frères,amp; fes fœiirs, amp;nbsp;encores niefmefon ame, il ne peut eftre mon difei-ple.Iln’y accluy qui ne fache bié,que tous ccu!cqui,ayanscognoifl'ance de l’Euangi-le, vont toutesfois à cefte abomination, le font,commei’ay dit n’agucres,parcrainte de perdre leurs biens,amp; d’eftre perfccutcz. Pourquoy ne font- ils pluftoft le commandement de lefus Chrift, quand il dit, Nc***^^'’» craignez point ceux qui tuent les corps, amp;nbsp;ncpeuiient tuerl’amc : mais pluftoft craignez celuy qui peut perdre l’amc amp;nbsp;le corps cnlagehennc?

Puis donc qu’il eft ainfi, amp;nbsp;qu’on ne peut nier,qu’aller à la Mefle,la dire,l’ouyr amp;nbsp;y afsifter,eft contre l’honneur de Dieu, contre le bien amp;nbsp;profit du prochain,amp; con trclc propre falut deceluy qui y va, ileft bien aifé de refpondre maintenant aux rai-fons friuoles amp;excufes vaines , dont plu-fieurs, comme nous auons dit cy deffus, fe cuident bien couurir,amp; penfent faire bouclier à Dieu.Qu?lt;l ils difent premieremét, qu’ils vont à la M elTe de peur qu’i Is ne fcâ-dalifentles fimples amp;nbsp;infirmes, q lespour-Toyéteftimer contempteurs amp;nbsp;moqueurs de la religion, ou bien hérétiques amp;nbsp;enne-miz de l’Eglife , s’ils n’y alloyent : amp;nbsp;que pour ce regard il eft bon de difsimuler, iuf-

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)*4 A NATOMIS

ques À tant que les debiles foyent conduits amp;nbsp;amenez à la vraye cognoinance.le refpô qu’il y a deuxTortes de lcâdales:l’vn qu’on appelé Scandale donné : l’autre,Scandale prias. Le premier eft, quand queicun fait vne œuurc mauuaife,par laquelle il feanda life amp;nbsp;offenfe le prochain . Cônie pour exemple,Si rn hommeblafpheme,s’il defro-be, ou bien, s’il fait quelque chofe qui foit expreflèment contre la Loy de Dieu : vu telfcandale eft bâillé, ou donné : d’autant que ccluy qui faitvne telle œuure,donne vrayement fcaodale , pource que l’œu-ure de foy eft mefehante amp;nbsp;contre Dieu. Ou bien, fi vneœuure n’eftoit point mau-uaife de fa nature , amp;nbsp;que toutesfois on la peuft lai fier fans offenferDieu :amp; quece-pendant vn homme n’ayant point d’efgard àfon prochain infirme amp;nbsp;bien peuinftruit, la vouluft faire neantmoins,poHr fatisfaire à fon appétit tant feulement. Exemple, Il fe trouuera quelcun qui aura la eognoif-fance de l’Euangite amp;nbsp;de lefusChrift , St faurabien que l'homme fidele peut en tout temps auec aftionde graces vferde toutes viandes pour fa reteftion '.il fe rencontrera quelque fois en la compagnie de coures gens,fimples amp;nbsp;ignorans, qui pen-feront pecher grieuement, s’ils mangent de la chair vn vendredy : amp;nbsp;luy qui a la co-gnoiflance de la venté, pour fatisfaire à - fon

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• I LA Milt I. 3gt;^

lön appétit en veut manger, fans auoîr ef-gard à ce» poures gens-la, qui fe feanda-fifeot de luy en voir manger : ceftiiy-la péché, amp;nbsp;fait contre la rciglc de charité, ain-fi que dit fainû Paul, Si ton frète eft con- X^^-H trifté pour la viande, lors tu ne chemines point défia félon charité. Et en vn autre lieu , Si la viande , dit-il, feandalize mon ••C«r-» frere, ie ne mangeray iamais chair. T eh fcandales font nommez Scandales donnez,à caufeque de-faift,l’homme les bail-lets: par ce moy en il pechc. M ais il y a vnc autre fortedefcandales , Icfquels on appelé Scandales prins: c’eft à dire, quand vn homme fe feandalifede chofes dont il ne fe deuroit point feandalifer, mais prend fcandale fans iufte caufe ne raifon .comme font aucuns, qui fe feandalifent de ce qui eft bien faift: ainfi que faifoyent les Pharifiens , qui fe feandalifoyent de Ic-fus Chrift, d’autant qu’il gairilToitquel-oues malades le iour du Sabbath : ou bien, ils fe feandalifent fiquelcun s'abftient de faire mauuaifes œuures . Or cefte manière de fcandale-cy n'eft pas pechc, pour-ce qu’à parler proprement, il n’eft point donné, mais prins de ceux qui ne le dc-uroyent point prendre pour fcandale, amp;nbsp;qui en ce faifanc pèchent grieuement, pource qu’ils cuident eftre fcandale ce qui eft bié fait.Les fidèles amp;nbsp;ceux qui craignes

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piî ANATOMI*

Dieu ne fe doiuent point foncier fî quelcun fe fcandalife de telles œuurcs, ou de chofes femblables, non plus que noldrc Seigneur lefus ne s’enfoucioitpas aufsi;autrement, ne faudroit-il pas cefler de bien faire? voire mefme,ne faudrait-il point faire mal, fi on vouloir cuiter telle manière de feanda-les’Comme maintenant,fî quelcun fe fcandalife de ce qu’vu autre ne va point à celle abomination de Meflè , ou qu’il n’adore point les images amp;nbsp;marmoufets, s’en doit il foncier nullement? Non- Etpourquoy cela? d’autantque s’il s’en falloir foncier, n’cuft-il point fallu que les fainfls Martyrs euffent adoré les idoles?Car les idolâtres eftoyent fort fcandalilcz de ceux qui ne les adoroyentpas.Ie dy bien dauâtage,que les fimplcs amp;nbsp;infirmes fe fcandalifcnc amp;nbsp;of fenfent beaucoup plus, fi (Quelcun ayant la CognoilTancc de vérité va a la Mefle , que s’il n’y alloic point Je dy qu’ils fe fcandali-fentdu vrayfcandale.Careny allant,com me i’ay monftré cy delTus, on leUr porte grand dommage, d’autant qu’ils font corti fermez en leur impieté amp;nbsp;fuperftition maudite: qui cftvne chofe beaucoup pire poureux,quand ils fontainfî olfenfcz, que d’eftre fcâdalifez de celle autre forte de fea dale,qui n’ed point vray fcandale.

Quant à ce qu’ils allèguent, que fainél Paul s’accommodoit à tous, amp;nbsp;que nous en deuons faire ainfî : amp;nbsp;pourtant al-

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Dl IA MESSE. J^7 1er à Ia Mefle,auecceuxquiy vont: ie dy, que le fainft Apoftre s’eft accommodé à toutes perfonnes,voire en chofes, dcfqucl-Icsilfauoit bien que Dieu nepouuoit cftre offenfé : comme en quelques ceremonies, façons de viurc amp;nbsp;certaines couftumes, lefquellcs n’eftoycnt point contre l'honneur de Dieu, ne melchantes amp;nbsp;dommageables à autruy. 11 conuerfoit aucc les luifs,amp; viuoit comme eux,gardant les ceremonies,amp;s’abftcnant des viandes dont ils s’abdenoyent. Il bcuuoit amp;nbsp;mangeoit auecles Gentils, amp;nbsp;vfoitdcs mefmes viandes qu’eux ; il les hantoit,pour auoir occa-fiondelcs conuertirànoftre Seigneur le-fus.Y auoit-il quelque mal en cela? Eftoit ce contre la Loy du Seigneur? 11 n’y a ce-luy qui ne voycbienque non. Mais penic on qu’il fc fuit iamais accommodé en la moindre chofe du monde, ou Dieu euft e-fté offènfé? Il euft mieux aimé mourir ccntmillcfois. Etquainfi foit,trouuera on qu’il ait iamais adoré les idoles des Paycns ? ou, qu’il ait afsifté à leurs facrifi-ces vne feule fois en toute fa vie ? 11 euft pluftoft defiré d'eftreabyfmé au profond des enfers. Et la raifon ? D’autant qu’il euft offenlé Dieu mortellement. Ainfî donqucs,ceux qui fanent bien que la Mef -fe eft vne abomination execrable, n’y doi-uentnullement aller: maispluftoftmou-

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JjS AMATOMIl

nr de mille morts ,que d’yafsifter, puis qu’elle eft toutalemenc contraire à l’hon -neur de Dieu : amp;nbsp;à la gloire de noftre Seigneur lefus .comme nous auons défia prou manifeftement.

Quant à cefte belle couleur qu’ils a-meinent, que Dieu regarde les cœurs, Sx. confidere à quelle fin amp;nbsp;intention vne cho fc fefait : amp;nbsp;moyennant que l’homme ne confente point de cœur aux abuz amp;nbsp;im-pietcz qui fe commettent à la Meffe, ce n'eft point mal fai ft d’y aller : ie refpon. Si celte raifon-lacftoit vallablc .que les fainfts Martyrs, commei’aydift n’ague-res, enflent peu adorer les idoles fans of-fenferDieu.amp;que nous pourrions en bonne confcience renier, lefus Chrift à tous propos . Car encores que les M arty rs euf-jent adoré les idoles, fi/eft ce que iamais ils ne leseuflent adorées de cœur.mais par lignes extérieurs tant feulement, amp;nbsp;contre leur gré. Etnous.quoy? Ne pourrions nous pas à tous coups renier lefus Chrift de bouche, amp;nbsp;non point de cœur? Mai# quel propos y a-il à cela ? Nevoit-onpas quelle impudence c’eft, que de prétendre telle couleur? Noftre Seigneur lefus requiert-il feulement des fiens, qu’ils croyét en luy,fans qu’ilsen facent aucunecontef-fion de bouche? Mais au contraire, il veut qu'en toutes fortes Je façons extérieures ils

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Bl LA MISSI. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;JS#

ils monftrcnc cc qu'ils ont dedans le cœur, amp;nbsp;qu’ils le confeflènt hardiment déliant tous. Autrement,quelle Chreftienté feroit ce queccfte-laî Eede-faift, ilnelesreco-gnoiftroit point aufsi pour ficus : mais il les defaduoueroitamp; renieroit plai.neracnt: corne il le deelaire affez,quand il dit,Tout ^ii^iijj ,q3 homme qui me confeifera deuant les hommes,ic leconfclEeray aufsi deuanemon Pe-re quieft aux deux. Et en faind Lueil ad-ioufte , Deuant les Anges de Dieu : amp;nbsp;qui Igt;*ci* me reniera deuant les hommes,ie le reniera/ deuant mon Pere qui eft au ciel. Et fainft Paul, On croit de cœur à iuftice : Sji«.t» mais on confefle de bouche à faint . Dieu ncdcmande-il point vne confefsion extérieure de to’ fidclesîc’eft à dire,qu’ils con-felTcnt aux hommes quelle eft leur foy amp;nbsp;religion , voire tant par paroles que par cf-fed ! Et cela pour double efgard, premièrement pour la gloire, d’autât qu’il eft hou noté amp;nbsp;glorifie, quand la vrayc amp;nbsp;pure religion eft manifeftée à tous . Et puis aufsi pour le bien amp;nbsp;profit du prochain, a-fin que par vne telle confefsion il foit conduit amp;nbsp;amené à la vraye cognoiflânee de Dieu amp;nbsp;de fon feruice . Etqii’ainfîfoit, comment eft-ce , ie vous prie , que la religion Chrefticnne a efte multipliée au mondc,finon premièrement par la predica tion de l’E uâgile de noft te Seigneur lefus.

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lt;00 nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIl

St puis par le fang des fai nils Martyrs! Les idolâtres voyansquelcs poures fidèles perfeucroyenteonftammenten la con-fefsion du nom de lefus Chnft, amp;nbsp;qu’ils eftoyenc perfeeutez, emprifonnez , tor -mentez, amp;nbsp;miz à mort cruellement, n’a-uoyent-ils point bien occafion de dire en cux-melmes, ejne tels perfonnages n’euf-fent iamais efte fi conftans,ne d’vn fi grand courage, St. qu’ils n’ciiUtnt point enduré tant de tormens, ne de morts fi afpres St cruelles , s’ils n’euHènt efté bien certains amp;nbsp;perfuadez, qu’âpres cefte vie prefente ils deuoyent rcccuoir des recompenfes incftimables, St que leur religion eftoit pure St entiere î Voila le moyen par 1e--quel pluficurs fe conuertiffoyent à lefus Chrift, St que la religion Chrefticn-nc. c’eft à dire , le nombre des croyans, s’augmentoit tous les iours de plus en plus . Dauantage , ie dy que lavraye foy ne peut eftre lans la Confefsion , non feulement de bouche . mais aufsi d’œu -ures St de faifts . L’Apoftre aux He -atb.a, brieux dit, que par foy les Sainfts ont faiû iuftice:S: qu’aucuns d’eux par foy ont efté eftenduz,tormentez Stbattuz ; les autres lapidez, aucuns trenchez, fcicz, mizà mortparglaiue,St exercez en diuerfes ma t.ZM»{. nicres.EtS.leâdit,quecefteeftlaviftoire qui afutmôte lemôde,airauoir,noftrc foy-Qui-

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BÎ l L A MESS«. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4QI

Quiconqucs a ync vrayeamp; ferme foy.il en fait confcfijign amp;nbsp;la monftrepar faifls amp;nbsp;oeuurcs extérieures En fommedonques,ie refpon à ce beau prétexté , fit dy qu'il cft bien vray que Dieu regarde le cœur, amp;nbsp;que filccœutiieconlentoit point à telles abominations, il n’y auroit nul péché. Maisen cecy pourroiton nier, que le cœur y foit confentant?[l eft impnfsible.Car fi vn hom me ne vouloiç point aller à cefte execratiô de Meffe,iln’y iroitiamais: amp;nbsp;ce qu’ily va n’eft finou d’autâtqu’il le veut ainfi,côbicn que ce foie à regret qu’ily aille.Si dauentu-re quelcun y cftoit porté par force,ou train né aucc des cordes, ou bien aucc des chai-nés de fer,le cœur n’y côfentiroit pas pour-tant:amp; en tel cas il ne pecheroit nullement: comme nous fauons qu’il eneftaduenuen quelque lieu. Mais il s’en faut beaucoup, que tous ces ruftres, qui fe veulent couurir d’vn tel manteau amp;qui fe moquent ainfi de Dieu,aillent à la Meffe contre leur vouloir amp;nbsp;par telle contrainte, que leur volonté y foit du tout contraire , combien qu’ils en foyent fafehez aucuncmét.le leur demâde, Y a-il vne feule partie en tout leur corps, qui s’aduançad pour aller à telles abomina lions, fi l’efprit n’y confentoit premiere-menULcs pieds marcheroycnt-ils’lcs bras fe rcmueroyent-ils ? la tefte fuiuroit-cUe, fi la volonté n’alloit deuant 511 n’y a celuy qui ne le facile par experience, fans que ic Ce.

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401 nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIE

m’amufc plus longuement à le prouuer. Et faut noter que tout ce qu'6n fait auec quelque regret amp;nbsp;defplai'fîr.ne fe fait pas pourtant par force,ou contrainte- d’autant qu’il y a beaucoup de chofes qui fe fôt aueC grande fafcherie amp;nbsp;mal volontiers,!cfquel-Icsneantmoins fefont par leconfentemét du cœur amp;nbsp;de l’cfprit. Exemple, On prendra bien vne medecine fort amere , amp;nbsp;dcf-plaifantc augouft:onfcferabic aufsi coupper quelque partie du corps , qui fera infc-ftéeamp; pour gafter les autres, fi on la laif-fe: mais tout cela fe feroic-il, fi le patient ne le vouloitbien,amp; s’il n’en cftoit conter, amp;nbsp;qu’il y confentift? On fait bien que non. Etpourtant,ceux-laquifc veulent excufer par cefte raifon fi friuole, ne font qu’empirer leur marché . Ce qu’ils pretendent, Moyennant qu’on ait bonne intention, amp;nbsp;que ce foit pour aider au prochain, que ce n’eft point mal fait : tout cela n’eft que vanité,amp; hors de propos. Caril n’eft point licite de faire mal,afin qu’il en aduienne bien.

Quant à l’autre pretexte, alTaiioir, que ceux qui vont à la MelTe, s’ils ont la co gnoiffance de l’Euangile, n’approuueot point les abuz, ne tout ce qu’on y a adioii-fté , mais feulement ce que Icfus Chrift* fai(ft,c’cft à dire, le Sacrement de fon corps amp;nbsp;de fon fang , à caufe que toutes ces additions là n’oftent point la fubftancc du Sacré-:

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DE lA MESSE. 40} creinent ; ie leur refpon en premier lieu, que ce facrcment qu’ils appt lent en la Méfié ,n’eft point le vray Sacrement denottre Seigneur lefus , comme i’ay défia monftré cy deffus bien amplement. Et puis,quand ainfi feroit quecefuft le vray Sacrement, ce n’eft pas à dire pourtant,que ce fuft cEo-feconuenante que d’y afsiftt r, pource qu’il y a vne infinité d’erreurs, d’abua, tromperies, fuperftitions amp;nbsp;impictcz,lt;^ui corrompent amp;nbsp;infeftentlavrayepurete del'infti-tution de lefus Chrifi. Et ne fuffitpasde dire,qu’ils n’approuuentrien,finon ce qu’a faift lefus Chrift . Car i’ay défia monftré, que toute fon ordonnance y eft renuerfée, amp;nbsp;qu’il n’y arien de tout ce qu’ila inftitué, qui n’y foit peruerty ; amp;' quand il y refte-roit quelque chofc,celle approbation la qu’ils en feroyent, de qui feroit elle Ctgt;-gneuc, finon d’eux tant feulement, amp;nbsp;non point des autres î Icfquels voyans quelcun aller à la MclTe, amp;nbsp;y afsifter.péfcnt incontinent, qu’il l’approuue toute entiere.amp;fur cela ils fe conferment en leur impiété amp;nbsp;crrcur,voire s’ils font du tout infidelesiquc s’ils ne le font, ils demeurent grandement fcandalizczd’vn tel aûe . Et encores que nul n’en fuft fcandalizé, ne confermé en fcs fuperftitions , amp;nbsp;impietez : fi eft ce d'autant que ceftç MclTe infemalle eft va amas amp;nbsp;abyfme de blafphemcs , facrile-

Ce. ü.*

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404 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIB ges , amp;nbsp;împietez exécrables, qu’il eftim-pofsiblc que les oreilles d’vn vray fidele peuflent auoir la patience d’ouyr,nc fes yeux de voir vnefî norriblc abominatiô,laquelle derogue en tant de fortes à l’honneur de Dieu, amp;nbsp;de noftre Seigneur Icfus: foule comme aux pieds fa maiefié facrée, anneantit fa mort amp;nbsp;pafsion, amp;nbsp;ofte tout le fruit qui en reucnoit aux homes, ainfi que fouuent il a cfté deelairé cy deifus.

Quant aux exemples, qu’ils amènent de ces bons amp;nbsp;faines perfonnagesNicode-me, amp;nbsp;lofcph d’Arimathée, qui difsimu-loyent pour la crainte des luifs : iedy premièrement , qu’il yabiengrandedifferéce entre ces deux hômes-cy , amp;nbsp;tous ceux qui vont à la Meffe . Car combien qu’ils ne fe defeouuriflent pas à tous, amp;nbsp;qu’ils ne pro-tcftalTent point ouuertement,qu’ils cftoyét difciples de lefus Chrift,pour la crainte qu’ils auoycnt;fî eftee qu’ils n’idolatroyct pas pourtant en façon du monde,amp; ne s’al-loyent pas polluer en telles abominations, commecft la Meffe. Dauaotage,eft-ccvne cicufc raifônable de vouloir couurir,amp; de-fédre fes fautes fous coulcu r que les fai mfts pcrlbnnagcs ont failly Î Lesdeuons-nous enfuiureeschofes, ou ils ont erré ï on fait bien que non:mais fculementen celles qui fontdignes de louange. Celane feroit-il point par trop abfurde, amp;nbsp;lourd, voire du tout

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DE lA MISSI. 40$ tout plein d’impudence defcfpercc,fi vn vilain adultéré vouloir maintenir,qu’cUrc a-dulterc n’eft pas mal- fait, d’autant que Da nid a commis adultère} Ou fi quelque rc-nieurdcDicu vouloir dire,que renier lefu# Chrift n’eft pas péché, ny vn crime detefta-blc,pourcc que fainét Pierre l’a renié trois fois?Ec ceux-cy neantmoinsen fontainfi, Icfqueis fous le manteau de l’infirmité de Nicodeme amp;nbsp;de lofcph,veulent cacher leur turpitude, amp;nbsp;couurir leur impiété plus que execrable ; c’eft à dire , veulent qu’il foit licite d’afsifter à la Mefl'e,amp; de difsimuler, à caufeque ces deuxfainéls perfónagcs-cy craignis les Iuifsontdifsimulé,amp;faicfem-!-blant de n’eftre point difciples de lefus Chrift . Mais que tous tels galans, qui fe veulent défendre de l’exemple de ceux-cy, difent vn peu pourquoy c’eft qu’ils ne les enfuiuenr pas pluftoften ce qu’ils ont fai ft d’vnfi grand courage , amp;nbsp;non point aux a-Ûes de leur infirmité. C’eft aflàuoir,com -bien que tandis que lefus Chrift viuoic fur la terre, ils euffent peur d’eftre cogneuz pour fes difciples ; toutesfois qu’au têps de fa mort,que tous fes difciples le cacherent, excepté lean amp;nbsp;les femmes,amp;quand ils de-uoyent beaucoup plus craindre qu’en nul autre temps,alors ils prindret courage plus que iamais. Que n'en font-ils autant ? que ne prennent-ils courage au temps desad-ucrfîtez,perfccutions,amp; quand il faut tenir Ce. üi.

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4Ótf nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIE

bon? que ne deuicnnent-ils plus hardizJ que n’oftcnt-ils toucecrainte des afflifti-ons?Qnc ne les cnfuyucnt-ils en ceftc force amp;nbsp;conftance,qui tft vnevertu fingulie-re»qu’ils monftrerêtaubefoing, amp;nbsp;non pas en ceftc infirmité de crainte , qui eft vn vice à condamner ? Qui cft-ce qui doute,que lofcph amp;Nicodcmc, quand ils difsimu-loyent à caufe de la peur, ne fuffent des Chreftiens bien infirmes amp;nbsp;imparfaifts, amp;nbsp;qu’ils failloycnt par trop lourdement de ce qu’ils ne confefloyenc point Icfus Clirift hardiment? On voitdonquesmaintenant, q c’eft vne pure moquerie,voire vne impudence par trop fotte, d’alléguer les faines perfonoages aux cliofcs qu’ils ont mal-faiftes pour les enfuiure, amp;nbsp;non pas en celles feulement , qui méritent d’eftrelouées, amp;nbsp;qui font bien faitees. Car c’eft en cela tant feulement qu’on les doit enfuiure, de non point en autre chofe que ce foit.

Touchant l’exemple de Naaman Syrien , ic dyque ceux-cy l’allèguent fort mal à propos,amp;fauflcment, quad ils difenc qu’Eliféeluy permit de pouuoir entrer dedans le temple du dieu des Syricns,noni-mè Rcmmon,aucc le Roy de Syrie,amp;ya-dorcrauec luy. ledyque c’eft vnemcntc-ric irapu dente, amp;nbsp;que tout le contraire ap-A.Roâ-5 P^’'': ^“ l’hyftoircde Naaman : oui! eft dit expreiTement, que Naaman, lieutenant de l’année

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DllAMSSSB. • 407 l’armée du Roy des Syriens,après qu’il eut cfté gairy diuinemct de lalepre par le Prophete Elifée,amp; apres qu’il fe fut bagne par fcpt fois au flcuue du Iordain,eftaDt retour ne aEliicciluy dift,lc fay veritablemét que il n’y a point d’autre Dieu en toute la ter-re,linon en Ifrael.Et puis il voulut faire vn prefent à Elifce,qui ne l’accepta point. A-pres lieft récité , que Naaman pria le Prophète, qu’il luy donnaft de la terre du pays autant que deux mulets en pouttoyent por ter: A caufe,dit-il,que tonferuiteur ne fa-crifiera plusdorefenauant aux dieux eftran gc$,mais au Seigneur tant feulement. Par ces mots-la,ildemonftroit afferqu’il croi-oit au vrayDieu viuât,amp; le confeflbit aufsi quant amp;nbsp;quant. Etpuisiladioufta , Mais ilyavnc chofe, c’cft,quetu prieras pour ton feruiteur, quand mon Seigneur entre-» ra, c’eft à dire le Roy, au temple de Rcm-mon pour y adorer ; amp;nbsp;luy s’appuyant def-fus ma main,fi l’adore auec luy en vn rflef-me lieu, que le Seigneur pardonne cela à ton feruiteur.Et Elilce luy dift,Va-t’cn en paix . Nous voyons icy queNaaroan pria £ lifée,s’il luy aducnoit d’adorer au temple de Rémon, qu’ilpriaft Dieu pour luy, à ce qu’il luy pardonnaft cefte faute; laquelle t’iU’euft faite.il cognoiffoit bié fans doute eftre vn péché énorme . Car s’il n’euft reco gneu q cela cftoit manuals Se cô tre D ieu,il Ce. ilii.

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^o8 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;A N A’T o M l t

n’euft pas dit à Elifée gt;nbsp;qu’il euft prié Dieu pour luy,afin qu’il luy pardónaft.Et le Pro-Îhete luy rcfpôdit, Va en paix.Par ces mots a rouloic-il lignifier,qu’il donnoit congé, ou qu’il permettoit àNaaman depouuoir entrer au temple de Remon, amp;nbsp;d’y adorer? Onfaitbicnqucnon.Qupydonc?Le Prophete luy donnoit àentendre, s’iladuenoit qu’il tombaft en ce péché la, qu’il pticroit Dieu qu’l 1 luy pardonnait. 11 y a bien grande difference de dire a vn homme, le prie-ray Dieu pour toy qu’il te pardonne, fi tu tobes, ou fi tu fais vne telle faute: amp;nbsp;de luy dire, le te done congé, ou le te permets dç lafaire. Que fi quetcun demade,pourquoy le Prophete n’a point reprins Naarnan en luy dilant. Done toy bien garde, Naarnan, de commettre vn fi grand péché comme eff ceftuyla, amp;nbsp;défaire vne fi lourde faute : ic refpon à cela,qu’il ne falloit point luy faire telle rcmonftrancc,ny vfer de tel langage, ne l’aducrtirdc cela • Car Naarnan fauoit bien qutc’eftoit mal-fait, voire mefmes il confeubit'qucc’eftoit vn péché enorme,amp; derplaifant a Dieu , s’il y ni ft tombé, fits’ll l’euft commis.Et peut bié effre que le Prophete Elifée l’admoncftadiligcmmêtdefe donner garde de tomber en vne faute fi vi-laine,quoyqu’ilen deuff aduenir. Car il eff vray femblablc,que tous les propos que ils curent l’vn auec l’autre , ne font pas er

Ecrits

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DI LA MISSI. 409

fcrits au long, d’autant que l’Iiiftoirc eft bricfucincntcfcritc.Et pour donnervn exemple familier de cecy , pofons le cas, que quelcun me vint dire maintenant encefte forte, le fuis preft de m’en aller à la cour du Roy de France.Or d’autât que là ie fuis le bien venu, voire l’vn des mignos du Roy amp;nbsp;des plus fauoriz, qui foyent en toute la cour,il pourra aduenir qucicmetrouuc-ray quelquefois en fa compagnie,qu’il faudra queie le fuiuequandil iraàlaMcïTc. le fay bien que c’eft vn peebe dctcftablc douant Dieu, que d’y aller,amp; vnc idolatrie plus qu’execrablc: neStmoins s’il aduenoit que pour quelque efgard mondain i’y allaf le quelquefois, priez Dieu pourmoy,qu’il luyplaifc me pardonner vntel peche; amp;nbsp;là delTus q ieluydiflê,Allez vous-cnen paix; s’enfuiuroit-il parmon dirc,que ie luy dô-nafle congé,ou que ie luypermilTc d’aller à cefte execration de Mefle ? Nenny ; mais feulemét ie luy diroye par ces mots-la,S’il vous aduenoit de tôber envnfi grandforfait, ie prieray Dieu pour vous, qu’il luy plaife vous pardonner. Voila comment il enfutd’Eliféc,amp;dc Naarnan. Le Prophete ne luy permit pas d’entrer au Temple de Remon,nc d'yadorcr-.mais il luydonna à entendre feulement, qu’il prieroit Dieu pourluy. Parquoy, eeft exemple de Naa-man ne fert de rien à ces ruftrcs,qui fe veulent cxcufer,amp; s’en vculétcouurirpour al-

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410 ANATOMI 1

1er à cede abomination de M elfe, pluftoft il les accufebienafprement. Car s’ils veulent faire comme nt Naaman, ils s’aceufe-ronteux-mefraes, amp;nbsp;confefferont en def-pit de leurs dens, qu’ils feront mal s’ils vôt à la MelTc, tout ainfî qu’il confefla que ce feroit péché, s’il adoroit au temple de Ré-mon . Pourquoy donques ces gaudiflèurs éy ne s’accufenc-ils franchement , reco-gnoiffans la dette ? Que ne demandent-ils pardon à Dieu pluftoitquede s’exeufer, amp;nbsp;couurirvne telle ordurcî

Ils me refpondrontpeut eftre icy , amp;nbsp;diront.queie parle bien à monaife , eftant loiog des coups,amp; hors des daogers:amp; que ilm’cftbicn facile de donner confeil aux autres qui fuis aiTcuré de mon bafton,comme on dit, amp;nbsp;que ie ne crain pas d’eftre pris,ne perfecute: mais quant à eux, qu’ils font bien certains amp;nbsp;affeurez , s’ils-ne vont à la Mefle , de perdre leurs biens amp;nbsp;facilitez, voire leur vie mefmc, s’ils ne veulent renier lefusChrift . Et pourtant,qu’ils ne fauentpasque c’eft qu’ils pcuuent faite en vne telle perplexité amp;nbsp;angoilTc : amp;nbsp;fi i’e-ftoye en leur p!acc,qu’ils fauent bien ce que ie feroyc,pourucu que i’cu(?c aufsi bô courage en effeft, comme ie fuis hardy de paroles.Or ieproteftedeuant Dieu , quei’ay grande pitié amp;nbsp;côpafsion de telles gens, je ne veux point faire du vaillant champion, pour amoindrir,ou mefprifer les autres. le

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D 1 I A U I s s I. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;411

fay bien que la force amp;nbsp;confiance eft vn don fingulierde Dicu,amp; que c’efi vnc vertu qui n’efi pas donécà tous: amp;nbsp;que la plus grande partie des Chreftiens eft infirme,fit débile en foy, amp;nbsp;qu’il y a peu d’hommes quifoyent conftans iniques au bout amp;nbsp;de vn courage entier , pour iamais ue flefehir quoy qu’il aduicnnc . Mais ce que ic rc-pren telle manière de gens qui vont à la Meffe. eftd’autantquils feveulentexcu-fcr, encores qu’ils facent mefehamment, amp;nbsp;qu’ilsfoyent traiftres à Dieu,Sc qu’ils vucillét aucc telles exeufes amoindrir leur faute.Et que profitent-ils cependant,finon qu’ils augmentent,amp; aggrauent leur péché à leur grande condemnation’Que ne s’humilient-ils pluftoft deuant Dieu,confcf-fans en vérité, amp;nbsp;de bon cœur le mal que ils font’ Que ne gemiffent ils fans ceffe, demandons au Seigneur, qu’il leur donne cfpric de force, pour combatte vaillamment , amp;nbsp;vnc foy confiante pour refifter à tous les afiauts de fatan, du monde amp;nbsp;de la chair?

Il vaudroit beaucoup mieux pour Icurfalut,qu’ils femiraffent aux exemples vertueux des lain ft s perfonnages, que de fe arreftetà leurs infirmitez,amp; prendre pour miroirs amp;nbsp;patrons ceux qui ont fait des a-Ûcs cxcellens, amp;nbsp;dignes de louange perpe-tuellexomme pour exemple ,1e bonTobic.

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^It nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIB

fît.!. duquel il eft eferit, qu’eftant le plus kune de la lignée de Neplitalim, il n’alloit point aucc tous les autres adorer les veaux d’or, lefquels [eroboam Roy d'Ifrael auoit dref fez : mais qu’il fe retiroitde la compagnie de tous,amp; alloit adorer Dieu en lerufakra, amp;nc craigooit point d’eftre perfecuté en ne faifant pas comme les autres .Trouuc-ra on que jamais vnfcul Prophete de Dieu foitalle aucc les autres , pour adorer ces ■Veaux-là? ou qu’il ait adoré aux montagnes, ou parmi les bois , comme le peuple taifoitfouuent?Quc ne prennent-ils exemple fus ces trois ieunes enfans, dont il cft D«».» parlé en Daniel,alTauoir, Ananias, Azarias

amp; Mifael : lefquels aimerent beaucoup mieux eftre iettez tous vifs dedans lafour-naife ardente, que d’adorer la datue d’or, qu’auoit fait le Roy Nabucchad-nezer? Pourquoy n’enCuiuent-ilspluftoftlcs fept frères Macchabées amp;nbsp;leur mere, qui eftoit vue femme ayît la crainte dcDicu.lefquels furent cruellement tormentez , amp;nbsp;mis à mort par ce tyran Antiochus, à caufe qu’ils ne vouloyentpoint manger de lachairde pourccau’Qug n’enfuiuét- ils les Apoftres? tant de Martyrs de nodre Seigneur Icfus, non feulement hommes amp;nbsp;femmes, mais aufsi tant de ieunes filles,qui ont beaucoup mieux aimé mourir, q d'adorer les idoles!

Qifils me refpondentvn peu,laquelle des deux idolatries cft plus grade,amp; plus exécra-

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D B t A M £ s $ B. 41} execrable deuant Dieu.ou celle des Payens idolâtres, ou celle qui cft en ctfte abomina lion de Mcflcîcelle des veaux d’or,ou de la Meffe ? Lequel des deux eft plus grand pèche,manger du pourceau,ou d’ouir la Mef fe? N’auons-nous pas móftré par cy deuât, que la Meflè cft vnc idolatrie la plus execrable qui fut iamais au monde} Or nous voyons que les fai mît s perfonnages , que ie ay did, ont mieux aimé perdre la vie,quc de confentir à aucune idolatrie,ne de faire chofe qui foit contre la Loy de Dieu . Et ceux qui fe vantent à pleine bouche d’eftre crans Chreftiens, ne feront point fcrupulc « confentir à vnc abomination la plus dc-teftable qui ait iamais efté fur la terre} Mais laiflbns là à part les fain£l:s,qui mou-royentfi volôticrs,dc peurd’ofFenferDieu, duquel ils auoyent lacognoiflance,amp; de le fus Chrift,amp; de la vraye religion, amp;nbsp;qui at-tendoyentvne vie eterneUeaprescefte-cy qui eft caduque amp;nbsp;mortelle : combien que cela foit digne de grande admiration .Mais que dirons-nousdespoutes idolâtres,qui n’auoyent nulle cognoiffance de lefus Chrift, ne de Dieu,ny aucune efperance de la vie ctemellc } Et neantmoins pour vne vaine ambition, pour l’honneur amp;nbsp;reputation du monde, pour vnc gloire qui ne fait que pafTer.beaucoupd’entre-eux ont endudes tormens horribles, amp;nbsp;des peines incroyables ,iufquts à eftre mis à mort tant

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414


ANAT OMIS


cruelle que rien plus.le laiffe vu grid nom bre de telles gens, dont il cft fait mention aux hyftoires prophancs, craignant d’eftre nop lôg à reciter ce qui eft cogneude tous. Ceux-là fouftroyent pour vn honneur mô-dain, amp;nbsp;pour la querelle de leur pays , amp;nbsp;a-bandonnoyent leur vie aux ennemiz.Et les Chreftiens, pour l’honneur de Dieu , pour l’amourde Icl'us Chrifl,amp; pour la vie éternelle,n’cxpoferont point leur vie mortelle amp;nbsp;caduque ! Auront-ils moins de courage à,maintenir la querelle de no dre Seigneur Icfus Chrift, que les idolâtres n’ont eu pour leur propre gloire , amp;nbsp;autres cf-gardsîScrôt-ils plus lafehes à côbatrc,pour pollëdcr le pays amp;nbsp;heritage , qui dure à ia-mais , que les autres pour défendre leur pays terrien ?N’cft-cepoint vn vice infup-portable, amp;nbsp;vne lafchcté par trop vilaine,fi les Chreftiens pour paruenir au Royaume celcftc,amp;obtenir le fouuerain bien,ne veulent point endurer ce que les hommes pro-phanes, fans religion amp;nbsp;pieté, amp;nbsp;qui n’at-tendoyenc aucune remuneration apres ce-fte vie prefente, ont volontairementfouf-fert pour vne gloire temporele, amp;nbsp;qui ne leur feruoitdc rien!

Concluons donques, qu’il n’eft nullement licite en façon que ce foit, de dire, ne d'ouir , ny afsifter à cefte execration de Mefle , principalement à vn homme Chrefticn,qui alacognoiflince dcr£uanv

s’i=»

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DELAMESSE. 415

gilt, lin fi que nous auons défia monftré fi tnanifeftement que rien plus. E t s’il adue-noit que par infirmité de foy, ou par crainte quclcun y allaft, qu’il fe garde bien de vouloir exeufervn tel crime , ou de le cou-Urir d’exeufes vaines Si f riuolcs, comme fi-rentnoz premiers parens Adam amp;nbsp;Eue: lef quels voulurent couurir leurs parties lion-teufes defucilles de figuier, pcnfant qu’on ne les verroit point • Or nous fauôs que les yeuxdelamaiefté diuinc penetrent amp;ou-trepaflentees fueillcs-cy,Sc voyenc dedans laconfcience des hommes amp;nbsp;iufquesaux plus profondes penfées des cœurs : amp;nbsp;n’y a nul moyen,ne cachettes au monde, pour fc pouuoir fauuer, ou cacher de cefte veue du Dieuviuant. Que les hommes trouuent tant de couiiertures Si d’exeufes qu’ils vou dront: fîeft-cequeleurconfciencc ne fera jamais à repos, mais ils auront toiifiours quelque remors.qui ne les laiflèra point en paixSctranquillitéd’efptit. Sidonques ils veulent eftre bien couuerts deuant Dieu, il faut neceflàirement que comme il fut fait a Adam St Eue , apres qu’ils eurentpe-chc,c’eft a(Tauoir,qu’eftans tous nuds Si ho ceux, amp;nbsp;n'ayans nul moyen defe couurir. Dieu les vcftitd’habillcmés depeaux:ainfi qu’ils priët leSeigneur,8iqu’aueclarmcs ils luy demâdét d’eftre reueftuz de cefte peau ■faïde amp;nbsp;facrée de IefusChrift,afin qu’eftîs cachez fous icelle, ils n'aycntplus de hôte

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4Ilt; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ANATO MII

dc fc trouuer deuant Dieu. Et ccla fc fera-il ens’excufant, oii en fc voulant couuritde fucill»; Mais au contraire, il faut qu'ils fc aceufent à bon efeient,qu’ils rccognoiflènt leur faute, qu'ils facent penitence, amp;nbsp;qu'il* confefTent de bon cœur auoir péché amp;nbsp;of-fenfé Dieu mortellement. Voila le moyen d’obtenir ce diuin amp;nbsp;facré vertement. Et ainfi fuiuans le confeil, ou plurtort le com-mandemét de fainft Paul, ils feront ce que il dit aux Romains, Vertex le Seigneur le-fus Chrift. Autrement ils demeurerôt touf iours nuds amp;nbsp;honteux, c’ert à dire, iamai* ils n’auront repos en leurs cófciences,mais fans cefle ils fcrontinquietcz,amp;tormentez iniferablement, à caine qu'ils auront touf-iours vn enfer aucceui,amp; vnbourreau,qui ne les lailTera point en paix,ny en repos de confcicnce.

Parquoy, comme des le commencement decerte Anatomie, mon intention a efté d’aduertir vn chacun de la lire amp;nbsp;confî derer diligcmmét,afin qu’il entende mieux quelle execration c’ert que la Meffe, amp;nbsp;co-bien il y a d’impietcz,blafphemes,amp; facri-leges cachez deflbus ce mâteau de toute a-bomination : aufsi maintenant fur la fin,a-pres que i’ay mórtré fi clairement quel mô-rtre c’cft,que nul ne le peut plus ignorer, ie prie tous fideles de tellement renoncer i ce rtc Meflè infcrnallc ,quc iamais il ne s’y trouuent, amp;nbsp;qu’ils ayent horreur d’en ouye feule-

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Dl lA M I S S I. 417 feulement parler, le fay bien qu’il y a plu-fieurs pouresgens de touseftats amp;quali-tea , qui ont eue vilainement trompez en Ceft endroit,amp; ont failly par ignorance,cui dans que ce tuft vne chofe la plus fainûc du monde , amp;nbsp;vn fcruice plaifant amp;nbsp;agréable à Dieu,voire plus que nul autre : amp;nbsp;fur Celailsyontfouucnt atsifté ,amp; en grande deuotion, d’autant qu'ils ne fauoyentpas que c’eftoit;fi eft-ce neantmoins qu’ils ont offenlé Dieu mortellement,amp; ne le peiiuét nier fans redoubler leur offeufe . le ne parle pas icy de ceux, qui contre leurconlcien cc,amp; fachans bien que c’eftoit,ont dilsimu lé ou par crainte ,ou par quelque autre tf-gard du mode : car ceux cy ont doublemét péché , combien qu'en demandant de bon cœur paidon à Dicu,amp; en faifant penitéce, iene doute p.nint que noftre Seigneur ne leur face mercy .Mais maintenant que par le moyen de cefte Anatomie les yeux font ouuetts à tous (s’ils lalifent, amp;nbsp;entendent bien)amp;qu’il a efté monftré fi manifeftemét que rien plus, de combien d’abuz,fuperfti-tions, idolatries, blafphcmcs , amp;nbsp;impiétéz elleeft pleine : fi dorefenauant ils l’adifent encores, ou y afsiftenten forte que cefoit, ne feront-ils point plus condamnables que iamaisîy aura il vne feule exeufe donc ils fc puiffent defendreîne pccherôt-ils pas à leur efeient t n’amafleröt-ils point fur eux,volte de leur bon gré, l’ire, amp;nbsp;vengeance du

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418 nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIS

ilauh.iS-

Dieu viuSt? Que Icurferuirad’alkguer.ou prétendre les dangers ou ils font. comme de perdrcleurs biens,leurs families,amp; leur viemefme? Neforomes-nous pointplus qu’eflroiflimcnt obligez,non feulement d'eftimer de nulle valeur, amp;nbsp;comme liante toutes telles choies, qui font en ce monde, fi elles font comparées à lefus Chrift, mais aufsi de les renoncer, amp;nbsp;abaudônerdu tout pour l’amour de luy ? Car c’eft luy quieft le threforcaché dedans le champ, amp;nbsp;la pierre prcticufe,pour laquelleaquerir nousdeiiôs vendre tout ce que nous poITedons fur la terre. Quand nous fommes venus lufques à cefte extrémité,qu'il nous faut perdre to* noz biens amp;noftrcvie,ou renoncer lefus Chrift.qui cft ccluy qui ne confeffe que no* délions tout abandôner pour adherer à luy, amp;nbsp;l’embraffer comme noftre fetil Sauueur amp;fouuerain bien’Quandnous l'auons auec nous,ne poITedons nous pas quant amp;nbsp;quât Dieu,quieftla fontaine de tousbiens’Que profite il à l’homme, dit noftre Seigneur, ®’'’ g^S“^ *°‘”- gt;^ monde, amp;nbsp;qu’il fe face dó magedefon aroc’Qfiellcfollie.on pluftoft quelle rage cft- ce, de gagner toutes les autres chofts qu'on voudra,amp; cependant pcr-drefoy mefmc ? A qui fcrt vn tel gaing ? A qui reuicnt vn tel profit?Etd'autre-part,co-fiderons,quoy qu'il y ait, vueillons ou non fi faut-il que nous laifsions ce monde amp;nbsp;no Are propre vie, d’autant que nous fommes mot»

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Bï IA MESSI. 4I»

mortels,amp; ne pounös pas toiifiours demcii rcr icy: mais nous fommes bic certains que il nous faut partir de cefte vie,amp;changer de pays,c’cft a dire,mourir,amp; paffer à vne autre vic.Voilavne maxime quieft infallible. Puis qu’il eft ainfi,amp; que cela eft tellement neceflaire,que nous ne le pouuonsfuyr,ne vaut-il pas trop mieux quittcrtout pour l’a niour de lefus Chridif ft-ce perdre que ce-kimais aucôtrairc,c’cft vn gamg ineftima-ble , amp;nbsp;vn threfor pluspreneux ^ cent mille mondes, lequeleftant depofeentre fes mains ,cftconlerué à iamais. Nevaut-il pas beaucoup mieux, dy-ie,faire ainfi.que perdre tout en efftft! 11 eft bien certain,qui perd lefus Chrift,qu’il perd quant amp;nbsp;quant toutes chofes : amp;nbsp;au contrairc,qui le poiré-dé,il iouit de tout bien, le fayque ceft An-techrift dcttftablc auecces tyrans,amp; bourreaux pleins de cruauté, comme vn lyon bruyât,cn diuerfes fortes menace l’Agneau amp;nbsp;bataille contre luy, perfecutât fièrement tous ceux qui maintiennent fa quercle , les affligeât A tormentâten toutes faços qu’il Îeut amp;nbsp;en la fin les mcurtnlfant plus crucl-ement, amp;nbsp;plus inhumainement que ne fc-royent point tous les plus barbares du mode.Maisqu’ils facet tout ce qu’ilspourrôt, fi feront-ils finalement defeonfitsamp;ruinez par l’Agneau,comme dit S.lean. Car ileft ^ ^’^ le Roy des rois,amp; Seigneur des fcigneurs, ’* lequel a toute puiffauce au ciel amp;nbsp;en la juan-a* Dd.

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410 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;AKÀT0UII

fhilif.i.

Mlt;M4

terre, amp;nbsp;â vn nom par Je flu s tout nom, de Uint lequel il faut que tout genouil foit ployé de ceux qui font és cicur,amp; en la terre, amp;nbsp;aux enfers , amp;nbsp;n’y a perfonne qui luy puirterefifter. Ilfemblcbicn maintenant qu’il dorme,mais le temps de fa vengeance horrible viendra, que l’Antechrift aucc fe» tyrans, amp;nbsp;tous fcs faux prophètes feront iettez dedans le lac ardent, ou dedans le eftang de feu,amp; de foulfre, auquel ils ferôt tormentez àiamais. Il eftvray que pouf maintenant les pourcs fideles ,amp; enfans de Dieu font entre les mains, ou pluftoftfous les pattes amp;nbsp;griffes des Anthioques ,des Diocletians, des Domitians , des Néron» amp;nbsp;autres telles belles fauuages amp;nbsp;pires que enragées, qui font autant d’Antechrifts amp;nbsp;fuppofts d’enfer, Icfquels ont toufiours affligé mifcrablementle peuple de Dieu.amp;fa poure Eglifc:mais il nous faut auoir patience amp;nbsp;nous armer d’vne confiance inuin cible, comme noftre Seigneur lefus aufsl nous en aduertit, quad il dit, Pofledez voï ames en vofire patience. Et celuy qui perfe uerera iufqu’en en la fin.fera faiiué.Soyons diligens à prier Dieu , ayons fiance en luy par Icfus Chrift.Caril eft aflezfort amp;puif-fant pour nous deliurer de la gueule de noz cnnemiz, amp;nbsp;de nous maintenir à l’encontre de leur rageamp; furie defefperée.Que fi nous voyons les dangers cuidcns,pluftoft que renoncer lefus Chrift, fuyons, fuyons aou;

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SI t A MISS B. 411

fions-en hors de la nation peruerfeSc tortue,s’il 110’eftpofsiblc, enfortcquecefoit. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-•

ît fi nous nepouuons ccla.qu’cft ilde faire, finô de le eöfeffer libtcmêt amp;nbsp;d’vn franc Courage,nous fouuenans toufiours que les vrais Chreftiens amp;nbsp;fideles feruitcurs de Dieu, n’ont point l’Efprit de crainte, mais de force amp;nbsp;de puiiranceîObeilTons pluftoft à Dieu, qu’aux hommes ,lcfqucls peuuent Rjm.g bien tuer le corps, mais non point l’ame. Mox.i* M ouroDs,mourós pluftoft pour le nom du Dieu viuât,amp; pour maintenir la qucrele de noftre Seigneur Iefus,quc d’eftre fi lafehes amp;nbsp;defloyaux que de le renier deuant des ho mes mortels,amp;de pourcs vers de terre.Car vnc telle mort fera pretieufe amp;nbsp;excellente deuant luy amp;fes Anges. Et qu’il nous fou-uicnne toufiours de cela, que nous auons dit par cy dcuant,c’eft qu’il nous faut mourir quoy qu’il y ait. Mourons, dy-ie, auec les Prophètes , auec les Apoftres, auec les fainftsMartyrs,voire auec noftre Seigneur lefusChrift. Pourquoy craindrions-nous ayans de tels compagnons,!! nobles,!! vail lans,amp; fi honorables,lefquels nous ont mô ftré le chemin, en combattant iufques à la mort pour vue mefme caufe? Et lur tout, puis que nous fommes bien certains amp;nbsp;af-Ieurc2,fi nous mourôs cnfemblc auec eux, amp;nbsp;auec noftre Seigneur lefus, que nous régnerons aufsi, amp;nbsp;viurons éternellement a-Uec luy. Combien auons-nous de promef.

Dd. iü.

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41» ANATOMIS

fcs én VrTcriturc fainfte, qui nous doiuent non feulement donner bon courage .mais aufsi du tout enflamber à ne rié elpargncr, non pas mefmes noftre propre vie , pour maintenir l’honneur amp;oloire de noftre Sei gneur lefustPay môftre iufqu’icy,qut Is ou träges amp;nbsp;vilainies font faittes à fa maiefte facréc en toute cefte execration de Mefle. Que contient-elle depuis le cómtneement luiqu’en la fin? Sien l’efplufchc de près, K qu’on regarde ce qu’elle tmporte autc toU tes fes dépendances,amp; la queue qu’elle trai ne corne nous auons môftré: que trouucra on là,finon vn abyfmcplein defupeiftitiôs maudites, defacnlcges horribles, amp;nbsp;d'im-pietczpl’ que dctcftablcs-l’ay prouiié tout cela fi clairement, qu’il tft impofsible d’y pouuoir côtredire fans vnc impudence extreme . N’eft ce point en ceft tndroit,quc il nous faut employer vertueufement, pour refiftertant que nous pourrons à vne telle abomination , amp;nbsp;l’auoir en horreur plus que toutes les chofes du monde?

Et par cela mefmes nous voyonsaufsî combien nous délions detefter tous ces dia bles encharnez , amp;nbsp;les fuir plus que peftes mortelles: ie dy tous ces forcencz amp;nbsp;beftes furicures,qui combatenrauiourdhuy,voire allée vnc cruauté plus que barbare , pour maintenir cefte exerratiô infcmallc. Nous fauonsque le nombre en eft fi grand que

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«SIA MISS a. 4^ il eft prefque infiny , Car cc ft Antcchrift deteftabk, ijui eft leur chef, amp;nbsp;louiicrain protcâeur, a vue telle multitude qui batail le pour cela, que c’eft pour eftonner ceux qui fontencores infirmes . Ne voit-on pas toute cefte ordure de Clergé .toute ceftt puantife de Moines, toute cefte canaille de Prefttes amp;nbsp;caphars, tous ces Eutfques cornus , amp;nbsp;marques de Cardinaux employer leurs finefles , rozes , amp;' puiflance pour défendre leur Mefleè 11 n’y a fi petit qui ne co gnoiflè cela . Ou tendent toutes leurs menées, fait ions, airtmblccs,amp; conciles: Que pretendent-ils par dfte rage , qu’ils exercent tous les iours à l’encontre des cnfans deDicu? Que fignificntles glaiucsdefgai-nez,lcsfe-uz allumez par toutgt;bref,quc taf-chent-ilsdefaire pat cefteboucherie hotri bk qu’ilsfontdes pourcs fideles ? N’eft ce point pour maintenir la MefTe? Etpour-qtioy cela?d’autant qu’ils voyent bien fi elle eftoit vne fois ruinée , que toute leur tyrannie s’en iroit bas quant amp;nbsp;quant. Mais de toute cefte vermine Papale il n’y en a point,qui maintenant combatent pour celle execration plus audacitufement ,nyca plus grande rage,que font ces orgueilleux Sorboniftes. l’enté tous ces grosyurégnes, to’ ces vôtres parelïèux,S, muleaux enlumi nez,qu’on appelé Defteurs en Theologie, amp;nbsp;qui fe font nommer Mclsicurs noz mai ' lires,par toute la tyrannie de l’Antechrift, Dd. iiii.

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414 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;AN* TCMT«

en quelque pays amp;nbsp;nation qu'ils foyent, ainli qu’on voit le monde tfiic rtmpiy de tels nionftrts . Qui eft ce qui ne fait, que tous leurs Col liges font drcllcz pour Itn-tretenement de ce royaume infernal de l'Antechrift ? que toutes leurs eftudes, promotions,degrez , bâcheIttics, licences, do-Ûotics , amp;nbsp;autres badinages qui font infi-niz,quc tout cela a efté iullitué pour defen dre toutes les impittez exécrables deceft AntechriftiNc combattent ils pas fanscef-fepour conferuer la Melle en fon entier? Carou rapportét-ils toutee qu’ils font, linon afin qu’elle demeure touCours en fon cftat?Lcsvns en ont eferitdegros Bobu-laircs , pour la faire trouucr admirable: les autres clirputent tant qu’ils peuuent:la plus part en fait des Sermons en leurs fynago-gues d’enfer. Enfomme, tous cerchent les moyens qu’ils peuuent pour la faire trouucr bonne à tous, amp;nbsp;pour entretenir les po-ures ignoras en celle opinion maudite que ils en ont défia. Et fatanleur capitaine ne cclTc point de machiner tout ce qu’il peut, pour leur fouffler cela en l’aureillc . Oric neparlcray point pour celle heure de ceux qui en ont fait des bures,amp; qui en difputet en leurs efcolcs, ne de tous ceux qui en prefehent publiquement : car ce ne fc-roit iamais fait. Seulement i’en rouchcray va ou deux,comme en pallant, afin que les Icûeur»

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VILA U 1 ( 3 lt;. nbsp;nbsp;nbsp;41^

Ifftcurs puiffint de là juger que c’tft de tout le rtfte , d'autant qu’ils foot tous marquez à vn mefmc coing, amp;nbsp;que qui co-gnoift l’vn cognoift l’autre. V ray tft qu’entre eux les zns ont plus de credit que les au trcs,amp; que leurs ft rmons font bien plus prî fez, quede quelques pourcsmalollruz.qui font neantmoins leurs compagnons. Mais tant y a que tous tendent à ce bue, que ce-fte execration de MclTc demeurefauue , amp;nbsp;toutes les autres impietez que l'Antechrift amifesenauant. De tous ceux que ie cognoy vrais Sorbonniftes, amp;nbsp;fiippofts delà doflrinc Papale,ic prendray Maidre François Picart , lequel a la vogue par dclTus rousts’ puis encore vn autre.pourparachc-uer la couple, le lesdt-feriray leplusbricf-uement que ie pourray,amp; les pcindray non pas au vit,ne de toutes leurs couleurs,comme ils en loin bien dignes: mais feulement i’en feray vn protrait alfcz grofsicr, par lequel neantmoins on verra tacilcmcncqucl» font tous les Aduocats de la MelTc , amp;nbsp;qui s’efehauffent fi fort pour la maintenir: afin que de là on cognoifle que peuuent valloic tous ceux qui combatent pour celle que-rcle . Ce Picart donques ayant obtenu le degré deTlicologien Sorbonnique a tellement prefehé dedansPatis,qu’on l’a eftimé le premier . Pt le moyen qu’il a tenu dés le commencement pour gagner ce poinft,a «dé,d’autant qu’ilfauoit bien qu’en France

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41lt;

*KllT0MIB

ceux qu’ils appetent Luthériens, edoyet K font encores en deteftation prefqu’a tous. 11 a toufiours crié audacieufemét cotre eux en fes fermons,les chargeât auec vne impudence dcfelpeicc , de toutes les calomnie» qu’lia iamaispeu controuuer, ainfique ic nlonftrcray tantoft .Or pour n'eftre point trop long,nefafeheux à déduire le tout par le menu, amp;nbsp;à deelairer cornent il s’eft porté en ce q i’ay dit.ic n’ameneray feuleniét que les beaux fermons qu’il faiibit i! y along temps,pour Icfqutls il fut chaffé amp;nbsp;bany de Paris aucecegrosfoupierde Beda llcftoit defia pour lors fi enragé , qu’il necraignoit pointdecilomnierimpudcmmét des plu» grands de France.Eflât rappelé fi remis en Ion cftat,amp;Dieu fait cômcot.il n’ofa pas du premier coup faire corne au parauant, afia' uoir fe prendre amp;nbsp;attacher aux perfonnes particulières amp;d'au:orité,craignit fa peau. Quny dôcîSivouloit- il pourluiure fô entre prinlè.II brufloir d’ambitiô,il ne demâdoit lînôd’eftre en rcputati0.lt prefehoit foiiuêt dédis Paris,amp;iam lis n’o iblioit ces poure» Luthériens. Brtf.iI a fait ce meftier fi long temps ( car il y a maintenant plus de vingt ans qu'il- l’a commencé ) qu’a la fin il a tellement cmbabi’uint, ou pluftoft enforcel-lé ce poure peuple abruty .que ce qu’il dit amp;nbsp;prononce eft tenu comme vn oracle venant du ciet. amp;nbsp;fur tout.quand il eft queftio de cefte abomination de Mefft.Mais d’autant

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Dl 14 M I J • 1.' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4111

tantqu’on le cognoiftra beaucoup mieux tel qu’il eft,fi le touche vn mot tât de fa do ônne qu'il prcfclic, amp;nbsp;principalement toit chant la Mcirc,quedc fa vie aur3i,ic rcdui-ray le tout à ces deux points la, afiauoir, à cequ’il enfeigne, amp;nbsp;àfesfaiûs . Dont il feraaifé à chacun de iuger,5’il y eut iamais faux prophète en tout le monde,que ceftuy ey l’cft.Prcmiercmët il eft nommé de tous, Picart le prefeheur, comme par excellence, d’autant qu’il fe couiirc du manteau de U Parole de Dieu.Pour mieux feduire.il pred quelque texte de l’Efcriturc fainde, amp;nbsp;pui» il l’expofe à tors amp;nbsp;à trauers ainfi quebon luy fcmble; c’eft à dire, félon qu’il luy vict en fantafic,lc deftoumantca amp;nbsp;là,tautoftà vn fainft,tantoft à vne fainde, qu’on trou-ue auKalendrierdu Pape.le m’en rapporte à ceux qui l’ôt ouy ,amp;qui ont iugemet pour y auoir aduifé. Voilacômét il amadoue cee poures gés,lcsabufât de ce titre, qu’il pref-che laparolede Dieu Et que fait-il cependant? Au lieu d’expoferla pure vérité,on oitdes menfonges exécrables: au lieu de annoncer l’Euangile ,il met en allant fet fonges amp;nbsp;refueries;aulieu de publier le* ordonnances de noftre Seigncur,ilpropofo les traditions humaines;il peruertit amp;nbsp;ren-uerfe toutefainde dodrine. Combien que tout celafoit fi certain,qu’il neferoit ia be-foingde plus longueprciiue : ficft-cequc jereciteray quelques blafphcmcs horrible«

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41* nbsp;nbsp;nbsp;ANATOMIC

qu’il a defgorgez par diuerfes fois en pref-chant ça amp;nbsp;là dedans Paris: non pas qu’il ne y en ait vne infinité d'autres ,naais fi peu que i’cn toucheray d’vn nombre infini,fuf-fira pour comprendre que c’eft du refte . le ne m’amuferay pasicy àdeelairerbienau long ce que plufieurs lauent bien,touchant fa façon accoiiftuméc en tous les Scr-mons,ou il fait de fi beaux contes desLu-theriens,amp; de quelle impudence ilvfeea cela.Comme pour exemple, Quand il con-toit vn iour,félon qu’il eft effronté comme vne putain de bourdeau, que les prefeheurs de Geneue entrans en chaire pour prefeher, ont l’cfpéc au cofté,la plume fut le bonnet, aucc la cappc à l’EfpagnoIlc, amp;nbsp;que le premier venu montoitcn chaire : amp;nbsp;vn tas de telles menteries, oue ceft impudent auoit controuuées fous Ion groschapperon gras, amp;nbsp;fous fon bonnet à chauffe-pied : ne font ce point là des chofes par trop ridicules, amp;nbsp;dont les petis enfans fe pcuuent moquer? Il eft vray, que celle poure belle chaulice, en forgeant telles bourdes ne tafehe fi non de reteni r toufiours le poure peuple en fon ignorance plus que brutallc,amp;cuidc beaucoup gagner par fesmenfonges du tout intolérables. Mais,ie vous pric,combien y a il de gens par tout le móde,qui pcuuët dcf-matir ce vilain efFrôté.amp;méteur defefperé? Combien y a- il d’hommes, voire de grans feigneurs, qui ont efté à Geneue , qui ont veil

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DS LA MISSE. 4lgt; veu tout le contraire de ce que dit ceft audacieux menteur ? Ils ont peu voit l’ordre qu’on tient aux Predications, amp;nbsp;prières qu'onyfait : ilsontvcu comment (ont ac-couftrez les Prcfcheurs,amp; en quelle mode-ftie ils cheminent.Et pareelavoit-on quelle vérité peut fortir de la bouche d’vn tel menteur, qui n’aaucunc honte, ne crainte de Dieu,ne des hommes . Ce luy eft aflez de dire quelque chofe, pourueu qu’il penfe que parfamenterie amp;nbsp;impudence,les vrais M iniftres de la parole de Dieu feront mef-prifez. Etc’eft vue aftucc qu’il tient de fon maiftre fatan, lequel tafehe touGours d’opprimer les fainfts feruiteurs de Dieu, qui annoncent Gdelemcnt la doûrine de falut, afin qu’on n’en tienne conte:il s’efforce tât qu’il peut de gagner ce poinft,q les fainds perfonnages foyent vilipendez. Si ce malheureux cy ofe mentir G hardiment en cho fes cogneues de tant de gens , qui le pour-royentdefinentir,quefera-cc quad il mettra tous fes fonges en allant ? de quelle audace propofcra-il fa dourine diabolique,la quelle n’eft ƒ ou cogncue de la plus part de ceux qui l’elcoutentî Craindra-il de leurdi re tout ce que bon luy femblera, puis qu’il n’a point de honte de prefeher tels men-fongcs?Etde-fait,conimcntparle-il quand il eft queftiô de la Mcffe,amp;dc telles impic-ïcz?Il y a vn hôme de bien amp;nbsp;digne d'eftre «eu t qui l'a ouy dedans Paris prefehantà

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4}O nbsp;nbsp;nbsp;AKATOMI l

fliae Opportune, lequel afferme entre plu fieurs autres blalphemcs horribles , que ce diable cncharné defgorgea en tout fon fer* mon,qu’il fut fi audacieux de pronocer de-uant tous (après auoir conté les propriété! amp;nbsp;vertuzde laMeffe,c'eftàdirc,des chofes «rpouuantablcs à ouir)fi tout ce qu’il en a* uoit recité pour lors, amp;nbsp;qui eft contenu là dedans depuis vn bout iufqu’à l’autre, n’eft bon, amp;nbsp;fainft, amp;nbsp;venu du ciel, que Dieu ne eft pas Dieu . Ne voila point vnblafpheme £ horrible, que c’eft'pour faire dreifer les cheueux en la tefte de ceux qui le confidere ront?amp; fuffifant pour leur faire auoir en de teftation cemefenât fedufteur?Les diables d’enfertous cnfemble en fauroyét-ils dcf-gorger vn plus énorme , ne plus execrable? de dire que Dieu foit ancanty,que fa maie-fté facréc foit abolie, bref,qu’il ne foit poît Dieu,fi cefte abominatiö infemaUedeMef fc n’eft bonne amp;nbsp;fainfte , amp;nbsp;procedée d’en-haut?N’cft-cc point vne impiété par trop exorbitante , de prononcer fi Dieu n’en eft autheur,qu’il n’eft point Dieu! Orie m’af-feurc(gracesau Scignetir')d’auoir deelairé en cefte Anatomic ( ainfi qu’on peut voir en la Iifant)qu’il eft impofsible.qu'vue telle execration ne foit plus abominable déliant Dieu, que toutes les impictez quifu-rentiamais aumonde.Ettoutesfois cernef chant amp;nbsp;malheureux n’eut point honte de dirc,q Dieun’eft pas Dieu, fi elle n’eft bone.

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CI lA M i S i S. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;451

ne,corne s’il tuft dit,fi Dieu ne rapproiiuc amp;nbsp;accepte pour bonne S^lainfte, qu’il n’tft pas Ditu.Quad iln’y auroit qu’vn (cul home qui l'cuft ouy , ce leroit bien a (T. z pour facondanation Ft ce n’eft pas pourvnt fois qu’lia dtfgoigédcs blafphemcsfêblables. le rcciteray ce que i’ay qui Iquefois entédu de mes propres oreilles. Hprefehoit àS. lean en grcuc, vn dimanche après difntr. Or le iour de deuant on auoii bruflé tout vifcnla place Maubert vn poure fidele,qui après auoir louliours perfeueTC en la vrayc confcfsiondu nom de Dieu,amp;dcla pure do flrinedcl’Euangile , inuoquoit fans cefle jioftrc Seigneur lefus,tant qii'il euft rendu l’cfpritCi forcené s’efehaufta tellement a-pres les Lutheries , qu’il dift qucc’eftoit le diable , quiluy faifoit ainfî nommer lefus Chrift. Qm voudroitconfidcrerlamillief-me partie des blafphemcs,amp; impictez abominables ,qui fortentdela gueule puante .de ce chien maftin,feulement aux fermons qu’il fait dedans Paris en moins d’vn an,cc feioit pour eftre efténé iufqu’au bouf.Car il cft bien certain , qu’vn diable d’ëfer n’en fauroit dire dauâtagc,nc de pl’ dctcftables. l’eu touchcray quelques vus des plus notables • 11 y a homme,lequel aefté prefent à fes predications , amp;nbsp;qui a remarqué les jours ilcj mois de l’année, que ce vilain blafphcmatcur defgorgeoit ces impictez cy, pour enfeigner le peuple ■ Le S. iour de

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43» nbsp;nbsp;nbsp;«HATOMta

Septembre,mille cinq cés cinquante trnîj. ll dit, que toutes les graces que Dieu ilon* ne aux liom-ncs, il veut que ce fou par le moyen de la vierge Marie: ce qu’il redit encores deux iours après. Et qu’emporte celledodrine la, finon que lefus Chrift foit dcfpouillé de fon o.fice , amp;nbsp;arraché de fjn fiege celcfteîEn qui t ft ce que le fainét £(pric pronôce que toute plénitude de grace abonde ? De qui cft-cc que nous la délions piiifer, finon de noftre Seigneur lefus? Le vingtneufieme d'Oftobreenfui-Uant,pour non feulement delgouterfes auditeurs de la doctrine de(alut, mais aufsi pour les efpouuanter du tout, à ce qu’ils n’en ofaOcni iamais approchcren efeumât comme vn verrat efthaufFe, apres auoir vo my plufieursautres puantifes, ilfc print d crier que Caluin eft vn diable : amp;nbsp;que tout ce qu’il prefehe dedans Geneue,eft du diable d’enfer : amp;nbsp;s’il y prefehe la vérité , que Dieu n’eft pas Dieu. Voila fon ftylc accou-ftumé de long temps,ainfî que tout le mode fait: amp;nbsp;duquel il vfa quand il vid la confiance inuincibic de ces quatorze fidèles Martyrs de lefus Chrift, qui furent exécutez à Meaux. Carfe voyant côueineu,5lt; ne Îiouuantrefifterau S Efprit,quiparloitpar abouche de ces fainéls perfonnages, comme enragé amp;nbsp;trâfporté d’vnc furie plus que brutale , il prononça en fon fermon qu’il fit deuant tout le peuple,qu’il falloit necef-

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DI LA MISSI. nbsp;nbsp;nbsp;453

fiiremcnt croire que ces pourcs gens-la e-ftoyent damnez en enfer : Slt; lî vn Ange du ciel difoit le contraire,qu’il le faudroit re-ietter. Car autrement, difoit ce mal heureux, Dieu ne leroit pas Dieu. Ne voila pointdes blafphemcs horribles,amp; dontles diables mefmcs auroyent horreur S 11 me fcmblc que fi peu que i’en ay récité cft plus quefulFifant, pour cognoilire quelle eft la doftrine de ce faux prophete, qui s'eft eslc ué de nodre temps, pour feduire, voire du tout abrutir ce poure peuple miferablc, Si bien digne d vn tel iugement de Dieu; lequel exerce à bon droit vne vengeance fi cfpouuantablc qu’on la voit, fur ceux qui ont reietté fa pure vérité pour embraffer le inenronge,amp; qui ont mieux aimé les tene-brcs que la lumière . l’ay touché iufques icy vnbienpeude ceftedoftrine infernale,afin qu’on puific iuger par cela de tout le refie qu’enfeigne cefi ennemy de Dieu , amp;nbsp;denofire Seigneur lefus. Quant àfa vie. iefay qu’on l’efiime irreprehcnfîble, voire corne d'vn Ange,ou d’vn demy dieu.Et de faift, il y a telle apparence , que les poures Amples gens y fout aifément tropez. Mais pourueu qu’on ne vueillc point fermer les yeux, pour ne voir goutte en plein Midy, fon ambition amp;nbsp;orgueil,dont il creue tout, fe monfire fi clairement que rien plus. On voit par experience, qu’il y a en luy vue

Ee.

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454 ANATOMIt

cruauté plus que barbare à I’encontrc de» enfans de Dieu , amp;nbsp;vn appétit infatiable, d'efpandre amp;humer le fang innocent. On voit cela tous les iours : amp;nbsp;y a plus de vingt ans qu’il en fait meftier. Et afin qu’on ne penlc queie le chargea tort de ce crime tant enorme , aflauoir qu’il eft tranfporté d’vne rage plus que brutale à meurtrir cru ellemenc les poures fideles, amp;nbsp;feruiteurs de Dieu,ic m’en rapporte à ce qu'il en faift tous les iours.Mais il ne faut que fa propre bouche pour le conucincre . Carie 15.de Nouembrc,i553. apres s’cftrcbien tempe-fté, pour monftrer qu’il faut exterminer tousles enfans de Dieu , qu’il appelé Luthériens , il cria tant qu’il peut, que le Roy de Francedcuroitfaircfemblantd’cftrc du nombre, amp;nbsp;par ce moyen les faire tous af-fembler en quelque lieu , amp;nbsp;puis les facca-ger, afin qu’il n’en fuft lamais aucune mémoire . Voila qu’elle eft la fainfteté de ce meurtrier execrable.Dont il eft facile à iu-ger, en quelle eftime doit eftre toute fa vie pleined’outrccuidance,d’ambition, amp;nbsp;cruauté du toutenragée. Sa malice eft telle,combien qu’il tafene alfcz de lacouurir, qu’on l’apperçoit à veué d’œil en tout ce qu’il faift . Et nefaut point qu’on l’cxcufc, comme s’ilpcchoit,ou plus tort enrageoit, par Ample ignorance. Car quand il n’y au-roi t que fon orgueil conioinû aucc fa ma-

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ß« LA Misst. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;4}$

lignite defefperéc, e’eft alTezpourluy öfter toute exeufe. Mais quelle moquerie cft-cc de dire,que ce foit par ignorance qu’il com bat ft audacieufement a l’encôtre de Dieu, amp;nbsp;de tous ceux qui maintiennent fa pure parole ? Ce que i’ay touché cy delTus le de-claire manifeftement. N’eftil point plus que conucincu tant par ceux qu’il a ouy parler, que parles liuresqu’il a peu voir, que la doctrine qu’on prefehe à Gencue , cftla vérité infallible du Dieuviuant ? Et toutesfois il prefehe qu’elle eft du diable. Les Scribes amp;nbsp;Phariftensenparloycntain-fi. Seront ils pourtant exeufez d'ignorance! Or il ny a celuy qui ne les condamne, amp;nbsp;à bon droit,comme mefehans qu’ils eftoyct. Et ce malheureux fedudeur-cy ,trop plus dctcftablc que tous ceux la, fera exeufé corne s’il eftoit ignorant?le laifle là tout le re fte de fa façon de faire , qui refséble mieux à celle des beftes brutes, que des hommes. I’ay feulement voulu noter comme en paf-fant,lcs marques de ce faux Prophete,d’au-tantquedc tous les Sorbonniftes, amp;nbsp;fup-poftsdc l’Antechrift ,il n’y en a point vn plus furieux,ne plus endiablé,ne qui fc tor-mente,qui fe tempeftc,qui hurle,ne qui cf-cume fa rage en chaire, eSme il faift, pour maintenir le Royaume de ceft Antechrift infernal, amp;nbsp;defendre toutes fes impie-tez: amp;nbsp;principalement cefte execration de Ee. ii.

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45^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;* NATOMIS

Mcfle, de laquelle il veut que Dieu foi* auteur, amp;nbsp;qu’il l’approuue ; ou autrement qu’il n’eft point Dieu . Ce n’eft donc pas fanscaufe , que i'ay bricuement deferit ce diable cncliari-.é,anii que tous eftans aduer tiz quelle befte c’eft , Icdcteftent, amp;nbsp;tous fes lemblablcs, comme ils méritent. Car quand ic parle de ce maudit blafphema-xeur,i’cntcn aul'si bien toutes ces autres beftes furieufes amp;nbsp;enragées , qui ont efté femblablcmcnt formées, amp;nbsp;font puis aptes forties decefte caucrncd’enfcr,c’cftà dire, de cefte puante amp;nbsp;abominable Sodome Sorbonique ,ou Sorbone Sodomite . On fait que tout le monde eft plein de ces mon ftrcs prodigieux, amp;nbsp;que l’air amp;nbsp;la terre font infeûezde leurs ordures exécrables, amp;nbsp;pl* que brutales.l’en pourroye nommer quelque quantité , voire de ceuxqui veulent e-ftre reputez des plus grans, amp;nbsp;qui tiennent le premier râc entre eux. Mais de peurd’e-flre trop long,amp;furtotitde peur qu’en remuant telles vilainics on n’en foit empu-anty: ic me contenteray , pour fournir la couple que i’ay dit cy dclfus, d’aduertir les Le(ftcurs,qu’iln’ya pointau plus profond des enfers vn diable fi mal-heureux ne fi dcteftablc, commeeft ce vilain puant amp;nbsp;in fame Maiftre lean Maillard , Dofteurde Sorbonne, amp;nbsp;l’vn des principaux Aduo-Câts en matière de cricrie,qui plaident au-iour-

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PB lA MBSSI. 457 iourdhuy en chaire lacaufcde la MclTc. Quant à fa doftrine, d’autant qu’elle accor de a celle dePicarc fon compagnon,ie n’en diray autre chofe pour cefte heure, finon qu’il n’a pas tel credit, amp;nbsp;qu’il n’en fcduit fas tant que l’autre, poureeque la phifpart a en execration. Carc’eftaufsi vnmon-ftre le plus execrable qu’on fauroit imaginer.11 n’anon plus de Dieu,ne de religion qu’vn chien, ou vn pourceau . C’eft vn renient dcDicu ordinaircuedy en fon priué. line fait non plus de difficulté de iurer amp;nbsp;maugréer Dieu à tous propos ,qued’aua-ler vne douzaine de verres de vin en vn baquet Théologal. Brief, c’tft vn contempteur de Dieu en tout amp;nbsp;par tout. Et fa vie abominable en rend tel tcfmoignage, que iufques aux enfans tout le monde fait qu’en Sodome amp;nbsp;Gomorrhe il n'y eutiamaisvn plus vilain, plus fale , ne plus deteftablc, queccftuy la . Etde faift , ileftplusque conueincu de telle énormité amp;nbsp;puantife infernale . Car quand il n’y auroit que ce ieune C 1ère du Palais, auquel ce taureau enragé s’efforça de faire vn outrage fi intolerable, ceferoitaflez pourlc connein-cre,d’autant que ce Clerc le publie par tout ou ilfetrouue.Et l’Epitaphe François,qui fut femé dedans la grande Eglife de label-leDame deParis,defcouuroit affez te faift, amp;nbsp;tout le monde pour lors en alloit à la £c. lii.

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4;J anatomii

mouftardc.Miis Ia qualité de ooftre M ai-ftre,en faucur de toute la Faculté de Theologie Sorbonnique ,ou pluftoft de cefte puante Sodomie , couurit cela peu à peu, en forte que le tout s’eft paffé fans autre punition. Orc’eftvne chofepar trop horrible que ceftc-la,amp; qu’on ne pourroit reci ter fans vnc grande crainte amp;nbsp;vergongne. Sieft-cequ’ileftexpedientqu’elle foitco-gneuc,afin qu’on voye le iufte iugement de Dieu,qu’il exerce à l’cncôtre de ces diables encharnez, qui luy font la guerre tat qu’ils pcuuent: amp;nbsp;afin que tous apprenent dechc miner en crainte amp;nbsp;humilité dcuant Dieu, amp;nbsp;quant amp;nbsp;quant aufsi d’auoir en detefta-tion cefte befte enragée, amp;nbsp;tous fes complices, qui combattent fi fièrement pour maintenir cefte execration de Mefle. Il y a pluficurs icuncs enfans, qui fe pcuuent drefier contre ce vilain abominablciét i’en congnoy quclcun de ceux , aufquels il s’eft adreffé autrefois , lequel Dieu par fa bonté infinie en dcliura plaincmcnt. Kl ais ce feul laquci’aydiâ:,cftplus que fuffifant pour condamner ce malheureux, infame, puant amp;nbsp;execrable, qui n’eut point de honte, félon que Sathan le tient en fa pofTefsion , de luy dire,voyant qu’il ncvouloitpointcon-fentir à fa rage diabolique, Qif vne telle c-normité plus que brutale , n’eftoit pas.

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Dl LA MlJSl. 431 «Jiunt à eux, vn fi grand mal qu’on Ie faift: amp;nbsp;luy tintpluficurs autres propos fembla-bles:ainfique quelcunde mes bons amis eftant à Paris pourlors , ledcclaira en l’Epitaphe,dont i’ay n’agueres parlé;amp; lequel ie n’ay voulu omettre icy, d’autant qu'il comprend en peu de mots ,amp; met lîbien deuant les yeux toute lachofe ,qu vncha-cun l’entendra aifément. Voicy quel e-ftoit cell epitaphe,

^^S'^ f^“'^ Im» MaillarJ, tcMicoufflm bougre lt;jue paillard ; Sou^euant^filacbair irrite yndenox^M aiTtret de Sorbonne, Qu'il ne feebe etiant Sodomite: 7roHuant teile yoye fort bonne'. De peurquyne femme fragile Son fecret neponuant celer, Ne feandalifaTI l'EuangUe, tioVlre Maigre allant deeeler, Quipar fimple amp;nbsp;bonne équité Se feroitàtiiepreilé.

En Comme , ce dctcftablc contem * pteurde Dieu cil maintenant fi bien co-gneu de pluficurs pour tel qu’ileft,que ccui-mclmes qui l’ont fauorifé quelque fois,amp; qui font des plus bigots, amp;nbsp;des plus enforeelez de toutes les lupcrllitions du Papegt;lc tiennent pour le plus abominable

Ec. iüi.

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44® A R A T o M I «

moriftre que la terre fouftienne.Et cependant , c’en Monfieur noftre Maiftre : c’eft vndes plus vaillans champions de laThe-ologie Papale, amp;nbsp;l’vn des grans Aduocat» delà Meile, qui tient bon pour elle. Et ce font aufsi tels (iippofts que ceux-là, qu'il faut pour la maintenir amp;nbsp;défendre. Car il eft tout certain , que jamais homme de bien,amp; craignant Dieu ne fera tranfpor-té de telleforcenerie , qu’il vienne à maintenir vne execration fi horrible,comme eft la MclTc, ainfî quei'ay monftréen cefte A-natomie . Et pourtant il faut bien que ce foyentgens accariaftres, voire abrutis du tout , qui s’cmploy ent tant qu’ils peuuent à fouftenir telle abomination . Ceftcfculc couple de beftes furieufes, ouplus toftdc diables encharnez, que i’ay nommé cy def-fus , fontbons tefmoings dece que ie dy. Et en les cognoifsat ,il fera facile de iuger que c’eft de tous les autres Aduocats,qui combattentpour la Melle. Voiladonques pourquoy i’ay touché en brief, amp;nbsp;fait corn me vne Anatomie de ces deux Monftres hideux, afin que tous les puiflcnt detefter amp;nbsp;fuir comme poifon ou pertes mortelles: félon que i’ay monrtréaufsi par cefte Anatomie, que tous fiJclcs doiiient auoir en liorreur cefte execration de MelTe . Que fl tous en font ainfi, qu’ils ne doutent point que cenefoit vn faciifice plaifantà Dieu, qu’ils

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»ELA MESSE. 44t

qu’ils luy feront,amp; qu’il ne les maintienne toufioutsen fa fainftcproteûion,iufquei à tant qu’il les ait recueillis en fon royaume ctcrntl.qu’illcur a vne fois préparé par le moyen de noftre Seigneur Icfus: auquel foittout empire,amp; honneur, toute gloire, amp;nbsp;louange pour iamais, Amen.

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Eft depuis Et introibogt; iufquesauCanon.di-ftiguée en4.Seaiôs.

Comprend tout le Canô (qui a ii.pertiesjamp;eft diuifée en4. Seâiôs.

Toute l'Anatomie de la \ MefTe eft diuifée en ^ A-parties principales .

Eft depuis la fin du Canon iufqu’à la fin de la Mefle, diftinguée en4.Seâions.

Eft des abui amp;nbsp;impie-tei exécrables de la Méfié, diuifée en S-Serions.

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t dedaire

4

VTntroibo, Ic Confitcor,amp; Ie# deux Oralfons qu'ils difent tout bas.

LcKyrieleyfonJc Gloria inexcelfis Dcogt; amp;nbsp;plulîeurs Omifons.

La prière qui fe fait en offrât leur hoftie amp;nbsp;caliccjÆc le tripotage de l’eau auec levin. Les Secrete# qu on ait deuant le grandPer omnia.

Trois parties I^ 2 M emento pour les vi« du Canon, Ç uans.

' 3 Communicantes, explique La 4.$.^.7- parties du Canon ,amp;que c’eft de la ConUcration.

La 8.amp; l’impiété qu’elle contient.

La 9.10 de ii.parties du Canon.

I nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Des Oraifons diftes en fecrct,amp; d y refp5

dre Amen:del’Oraifon d’après lePatert amp;nbsp;des ^.parties du dieu depafte.

i Q^e la MefTe ncpardone poîtlcs pecbex. gt;nbsp;Qj^'fllc n’eft point vn facrifice, ne memoi re de facrince.

I Qu’elle eft vneinuention du diable.

Q ue c’eft la plus grande abomination dt idolatrie qui fut iamais fur la terre.

^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Qu’il n’eft point licite de la dire,ne de s’y

trouuer ou y cofentir en forte q ce foit»

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Corrigez ainlî les fautes. ^

j L# pygMifr ntmitrf ibm^nßrf Iff p^glt;f^ »^It

31. vn Bobulairs, ij» jJ» P^^ commet 1^. 44. mquettent des, j. $$• elles en. 31. 72.en la Seftion precedente, 22. 80. il proféré, S, Li mefmezoeuant deJ,9. S^.en clignant,». 95, ef facexles deux croix qui font apres raifonnableamp; acceptable. 101. ainâ que, il. 129.par lequel lis,8. 152.n ont-ils, 2. 119. amp;nbsp;les nôtres, 28-

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SONNET, PAR

laques Bourgeois.

Toy qui n’as point encores feu, Oju al’orde Mefle vomie, Regarde cefte Anatomic: Afin den’eftreplusdeceu.

Car Ie monde a long temps reccu La puante,comme s’amic, N e cognoiffant fon infamie. Qu’il amaintenantapperccu.

Comme donc elle t’afeduit. Defeouure la moy par déduit/ Afin qu’à tous foit mieuxcogneue.

Mais fi elle leur puttropfort, Renuoye.Ia,pour vn renfort, En enfer,dont elle eft venue.

Patte» le temp}.

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