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DE LA COM-

MVNICATION DES

fideles qui cognoiffent laveritédel’E-uangile,aux ceremonies des Pa-piftes,amp;’principale!nent à* leurs Baptefmes, Ma-riage$,Mefl'e$,Fu neraiUcs,amp;

Obfeques pour les trefpaflei.

Par Pierre Viret.

SAINCT PAVl BIT.

1. Corinth. lo.

le ne veux pas que foyez participant des Diables, Vous ne pouez boire la Couppc du Seigneur, amp;nbsp;la couppe des Diables. Vous ne pouez eure participant de la Table du Seigneur, amp;nbsp;de la table des Diables.

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PIERRE VIRET

aux leûcuri.

COmbiéquçi’ayefaia quelque diffï cultépremiercmentide bailler à im primer l’Epi dre que i’auoye eferite, tou chant la communication des fidèles, a~ üec les papilles,pour les raifons qui ont 14 efté touchées, touteffois, ie penfe que ceux qui verront ces traittez que i'ad-iouAc encore â celle Epifire, fuyuant prefque ce mefmc propos,n’en feront pas fort efbahiz,amp; ne jugeront pas mon labeur eftre du tout vain,f ilz aduifent diligemment aux raifons que ie leur ay rcndu,amp; que ie leur rendz encore d pre- J fent,qui m’ont défia à l’autre fois,amp; encore maintenantefmeu,i eferire de celle matière. Carfii’ay eu quelque iufte raifon,pour m'induire à l auere fois,d’ef crirc'decetchofe$,iene lay pas moindre maintenant. Etplcu à Dieu que ie ne l’culTe pas tant bonne: mais depuis d lors,i’ay encore expérimenté d’auan-tage,ce que ie craignoyc défia adonc,i^ dequoyi’ay admonncAéles ledeurs, C’etI afauoir, qu'ilz ne filfcnt pas comme les matrons Lefbiens auoyent de

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■Ç AVX LECTEVRS.

couftume.Carau licude mefurcr leur muraille,amp; leur ouuraige à la rcigle, pour le drelTer félon icelle, ilz vfoycnt d’vne rcigle de plomb,laquelle ilz faifoy ent ployer corn me ilz vouloycnt, pour la faire connenir d leur ouurage,non pas leurouuragc d la rcigle, pardaqucllc il dcuoitcftrc corrigé amp;nbsp;redrelTé. Il y en a auiourdhuy plulîcurs:(Ie ne dis pas des papilles: carceux Id fuyuent tous celle couftumc, des maffons Lefbicns.) Mais ic le dy de ceux mefmes qui fe glo rifient de la cognoiffance de l’Euangile, voyre de ceux qui veulent eftre tenuz pour les mieux cntenduz,amp; les plus par fairz doseurs des antres,qui font le fern blable,cn l'expofition des faindes eferi-tures,pour les faire feruir d leurs affections,au lieu de reigler amp;nbsp;corriger leurs a fFcélions,par icelles. Et finguliercmcnt en celle matière, de laquelle il cil main tenant qucllion. Car c’ell vne leçon mcrueillcufement difficile d entendre, amp;d apprendre, d ceux qui n’ont point encore apprins d renoncer d eux mefmes,amp; qui veulent fuyure lefus Clirill, fans porter leur croix après luy.Et pour tant

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AVX LECTEVRS $ tant,f’illz ont trauailé à tranfformcr les faindes Efcritures , en toutes fortes, pour approuuer pariceUe$,ce qu’il z font Contre le commandement de Dieu,a-uant que nul les ayt reprins, amp;nbsp;que nul ayt condamné par eferit leur opinion qu’ilz ont en cecy,Dieu fait quelle violence ilz ont tafehé de luy faire para-pres,quandilz ontfenty comment ilz eftoyentpreflez ,par les tefmoignages de la parolie de Dieu, produidz, par les miniftres d’icclle.Dieu fait les complain tes que plufieurs d'entre eux ont faict, de ceux qui auoyent mieux aymé rendre tefmoignage à la vérité de Dieu, amp;nbsp;faciffaire à leur deuoir amp;nbsp;office, qu’à l'af fediond’iceux. Ayant donc ouy,amp; en tendu ces chofes,amp; les répliqués qu’aucuns d’eux ont encores au iourdkuy, contre ce de quoy ilz deuroyent défia bien eftre plus que fatiffaidz,f’ilz fevou loyent contenter de raifon. l’ay bien voulu mettre la main de rechef à cefte matière, pour monftrer encore plus clai rcment,à ceux qui pourroyent eftre ef-meuz,par leurs raifons, amp;nbsp;offenfez des nofttes,quc la dodrine que nous auons

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^ AVX LECTEVRS.

baillée,touchant ce cas, eft pure, amp;nbsp;fer-mc,amp;prinfe,amp; fondée, non par fur lei raifons de rentendement humain, mais fur le confeil de Dieu, qui nous rft reue lé pa r fa parolle. Moy donc eftant défia fur celte délibération,i ay encore cité efmeu d'auâtaige,â la pourfuyurc,aprcs quei eu veu â Strafbourg quelque ef-crit,d'aucun fanant perfonnaige,qui de mandoit encore confeil fur ceft affaire, amp;nbsp;qui dcclairoitparfon efcrit,qu’il n'c-ftott pas bien content de la rigueur que nous tenons aux üdcks en celle communication aucc les papilles. Voila quant à la principale caufc,qui m’a inci té d faire ce que ie fays maintcnant,có-me il apparoiftra plus clairement, par la leelure des trairtcz fuy uans. Et à celle fin que ceux qui les liront en puif-enc mieux faire leur profita amp;nbsp;fauoir auant qu’entrer en la lecture diceux, qu’ilz en doyuent attendre,amp;qucl fruit ilz en peuuent rapporter, ie les en veux bien aduertir. Enl’Epillre, qui a défia eftéimprimée,i’aytraittéla matière que ie traitre maintenant,en ce prochain traitté,plusen général,fans defeendre point

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AVX LECTEVRS. 't point en particulier,aux cfpeces det cérémonies,amp; idolatries des papilles,que nous condamnons,corne ic le fay main tenant, au traitté fuyuant. Voila donc défia la premiere difference, qui eft entre l’epiftre,amp; ce prefent traitté. Il y a aufiïccla,queic procède icy d’vn autre ordre^qu en l’epiftre, amp;nbsp;que ic traitte la matière d vnc autre forte,amp; par autres iraifonsamp;argumens qui n’auoyét pas en core efté deduidi fi amplement, en l’epiftre. Etpariceux mefmesie refponds auiTl aux obicefions amp;nbsp;répliques, qui ont efté faites par ceux qui répugnent à la doctrine icy traittée,contre les argu mens que nous auions mis en auant co tre eux j Aufquelx i’adioufte encore quelques tefmoignages, amp;nbsp;exemples de l’Eglifc ancienne, pour monftrer cô-menc nous auons pour confirmation de noftre fentence,les tefmoignages, tant de l’Efcriturc fainâc,quc de l’Eglifc ancienne,tant des Ifraclitcs que des Chre ftien8,amp;des Prophètes, Apoftres,do-Ûcurs amp;nbsp;fidèles qui ont efté en icellc.Lc traitté qui va aptes, ceftuy cy,cft plus pour ceux qui font defia en délibérât^

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8 AVX LECTEVRS.

on d’abandonner l’idolâtrie des papilles, amp;nbsp;de fortir d’entre eux , que pour ceux qui veulent maintenir /qu’ilz peu uent encore communiquer en bonne confciencc,â leurs aflcmblécs. Le dernier, nonobftant qu’il foit cfcric,pour ceux qui demourent encore entre les pa piftcs,amp; principalement pour les cour-tifan$,amp; ceux qui ont quelque office pu bliquc,touccffoi$,il netraittepas lesmcf meschofes,qui font déduites aux autres, touchant la communication en i-dolatric aucc les idolâtres, mais des autres poinclz,qui leur peuuent fcruirdc bons aduertilïemens,pourfefauoircon duirefélon Dieu,U ou ilz fonr,fclon les cas diuers qui leur peuuent aduenir: comme le tout fera dit plus amplement, en fon lieu amp;nbsp;en fon ordre. Vcla la fom-me,tant de l’Epiftre, que de tous fes au très traiteez, amp;nbsp;la conucnance,amp;diuer-ficé des matières'traittèes eniceux. Or fil adulent que ic reiterc quelque fois quelque chofej, qui aura defia cfté dicte en vn autre lieu, il n’en faut pas dire ef merucillé.Car il eft bien difficile de trait ter ces matiercs,tant conioincles enfem blc

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AVX LECTEVRS. 9 ble,fans redire quelque fois,quelque chofe qui aura délia eflé dicte, mais non pas en telle forte,ny à tel propos. Par-quoyi’ay bonneefperance,que les Ic-deurs bien affedionnez à la vérité, ex-euferont facilement,non feulement cela, mais beaucoup d’autres ebofes plus dignes de reprehenfiô,qui voudroic iuger de mes efcritz,d lati-gucur,dc l’art des orateurs,

* amp;dclappmpedesle-treshumai-

nes.

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DE LA COMMV-

NIGATïON DES FI-deles, qui cognoiffent la vêrifc de l’Enangile.aux ceremonies des Papiftes:amp; principalement à leurs Baptefmes,Mariages. Meffes, Fane railles, amp;nbsp;Obfe-ques pour les trefpaffez.

jio M B Ï EN ^^iquc ccftequc-Iftion a défia e-jfté traittée amp;nbsp;débattue affez i amplement, amp;nbsp;alTcz furfifam-ment:c’ettafa-uoir,f’ileftlicî te aux fidèles, qui ont cogneu la vérité, de conuerfer auec les Chreftiens Papilles, amp;nbsp;de communiquer auec eux,en leurs facrificet amp;ceremonics,fansof-

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EPISTRE


fenfer Dieu, amp;nbsp;quel moyen il y faut te-^i^iek '’’'^’ tout'ff“*’ il y en a coufiours plu-fefeheufe fieurs, de ceux aufquclz ilfemblc que celle matière attouche de plus près, qui ne fe pcuuent contenter de refponfe qu’on leur puilTc faire , ne de raifons qu’on Icurpuilfe alléguer, touchant ce propos. E t qui eft la caufe pourquoy ilz font tant difficiles à contenter? le ne puis entendre qu’il y aye autre caufe,linon qu’il me femblc, qu’il en prend de cecy comme de ceux qui fe veulent ma ricr,ou quidelibcrent de quelque autre chofe d’importance. le trouuc qu’il y Diueriité en a de trois fortes.Les vns font impru-^ddeUbe'^*^”’ '^ téméraires , qui font tout fans rent de confcil,amp; fans aduis d’autre que d’eux-«T'eiqne mefmes, ne fuyuans finon leur propre affedion. Ily en a des autres tout contraires,qui font plus prudens amp;nbsp;plus fa-ges,qui ne veulent rien entreprendre ne faire fans bon confeil,amp;fans l’ad-uis de leurs amiz ,amp; de ceux qu’ilzco-gnoiffent auoir les moyens, pour les pouuoir addreffer â ce à quay ilz preten dent, ne fe voulans point fier à leur pro pre confeil amp;nbsp;affection. Ceux cy font

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AVX FIDELES. ij autant dignes de louange, que les premiers,font dignes de vitupéré.Or outre ceux C'y, il y en a encore d'vn autre ordre,qui font entre ces deux cy. Ce font ceux qui demandent confeil: mais tou-tcffois il ne fuyuent le confeil qu’on leur baille, finon entant qu’il ert confor me au leur, amp;nbsp;à leurs affections . Car quelque chofe qu’on leur confcille, fi faut il ncantmoins qu’ilz facenttouf-iours cequ’ilz ont délibéré. Dequoy Icurfertil donc,de demander confeilê Seulement pourcouurir amp;nbsp;pour pallier leur folie amp;nbsp;leurs affections de quelque apparence. Parquoy ilz ne font en rien diffcrens aux premiers, finon en ce, qu’ilz font plus grans hypocrites, plus tins, amp;nbsp;plus cauteleux. Car f’ilz pcuuent trouucr vers ceux aufquclz ilz faddreffent, tel confeil qu’ilz le défirent, ilz le fuyuent trefuoluntiers, amp;nbsp;font fortioyeuxd'auoirtrouué le moyen , par lequel ilz pourront donner d entendrc,qu’ilz n’ont rien faid temerai remcntiny fans le bon confeil, aduis amp;nbsp;vouloir de leurs amiz amp;nbsp;de gens fages^ Mais f’ilz ne rencontrent ce qu’ilz cer-

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14 EPISTRE

chent^ilzfont comme 1«premiers,amp; ne fuyuent autre confcil que le leur propre.

Il n’en aduient pas moins en cefte Dioeriité matiere,laquelle nous auonsmaintc-deceux nantà traitter. Carily en apinfieurs, tifientVH”* ^^ ^°*f qu'ilz ayent cognoifTance Ucognoifdcs abnz , amp;nbsp;des idolatries amp;nbsp;fuperftiti-fancc de ons,qui fc commettent aux eg life s papi Sufgüe-ß^j. (QUfçffoij ji2 ne font nulle difficul ' té de fe ruer dedans,fans rien confide-rcr,amp; fans demander aduis ne confcil, fi c’eft bien faidou mal. Car pour le premier , ilz n’ont pas délibéré de faire au-tremé t, qu’ainfi que leur telle leur chan te, amp;nbsp;qu’il leur vient mieux d propos, quelque raifon qu’on leur puiffe mettre en auant, pourtant qu’il n’y a partant de crainte de Dieu en eux,ou deco-gnoiflance,qu’ellc les follicite à f’enque tir de telles chofes. De l’autre part,ilz n’ontpas telle eftime dcl’Eglife de le-fut amp;nbsp;des vrais Chreftiens amp;nbsp;fidèles, ny tant de foing d’auoir bonne renommée amp;nbsp;bonne reputation entre eux,qu’ilz fc foucient beaucoup de les feandalizer, ny d’eftre tenuz d’eux pour idolâtres.

Ceux

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AVX FIDELES. ïy Ceux cy nefontdu tout point hypocri-tes.Car ilz n’aynient Dieu,ny n'cn font lefcmblant. Ce leur eft tout vniCom-nient Dieu fait honnoré oudeshonno-Té,amp; quelle opinion kt gen» debien ayentd eux, mais qutilz puiftent viure au monde Sleur ay fe. Ceux qui font Vne pkilofophie de la religion, amp;nbsp;qui n’en parlent que par manière d'acquit, comme de quelque autre fcience humai ne,font fort de celle bende. Il y en a des autres , qui nonobftant qu’ilz defire-royent bien de demeurer en Icurmai-fon amp;nbsp;en leur pays, auec leurs femmes amp;nbsp;enfant, amp;nbsp;au près de leurs parens amp;nbsp;arnys : tonteffoit craignant d’offenfer Dieu , amp;nbsp;faifan» fcrupule de communiquer aux facrilcgei amp;nbsp;blafphemet dei idolâtres, ilz f enquiercntdcla volonté de Dieu, defirans d’appaifer leur con-gt; fcience: non pas par fcinftife,maitde bonne affedion ,pourfcrnirS Dieu félon fa volunté.Ccux cy font vrais ferui tears de Dieu, amp;nbsp;fans hypocrifie. Et pourtant ilz font leur profit de ce qui leur eft propofé par la parolle de Dicu,amp; ayment mieux renoncer S leurt affe-.

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lÄ E PIS T R E

étions,qu'à le fus Chrift leur Sauueur,amp; abandonnerpluftoft toutes cliofes , que fa paroUe. Et f’ilz font quelqueefpace de temps,difficulté de fe rendre du tout dlefus,amp;fe feparer de toute idolatrie, cela vient,ou d'ignorance,pourtant que ilz ne font pas encore bien inftruiffz fur celle matiere , ou d’infirmité de chair, laquelle touteffois ilz vainquent 7ÿj par apres, par la vertu delà foy ^i eft '^‘/«b'eux,laquelle Dieu leur augmente de loüreniour. Mais outre ceux cy nous auons les hypocrites,qui n’ont pas dcli-bcré,non plus que les premiers, de f ad-donnerdutout dIcfusChrill,amp;de renoncer deuxmefmes amp;dleurs plaifirs amp;nbsp;voluptez. Parquoy ce qu’ilz demandent l’aduis amp;nbsp;l’opinion des autres, fur celle matiere, n’cll linon pour farmer de leur authorité', afin qu’ilz puiffent mieux couurir amp;nbsp;pallier leur idolatrie amp;nbsp;leur lîmulation amp;nbsp;fein^ife: comme l’cxperience le tefmoigrié. Car nous voyons manifeftement qu’ilz font ain-15 des refponfes qui leur font faites fur cela, comme ilz font des fainclcs Efcri-tures.S’il y a quelque fort argument, amp;nbsp;quel-

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AV X FIDELES. 17 quelques fortes raifons, qui les prefTenc plus qu’ilz ne voudroyentjlz regimbent incontinent-, amp;nbsp;grincent lesdens Contre ceux qui parlent autrement que ilz ne défirent.Au contraire,fil y a quel que poind, fur lequelilz puilfent prendre pied, Dieu fait comment ilz le font Valoir, amp;nbsp;comment ilz efpient de près, f’ilz pourront trouuer quelque raifon, qu’ilz puilfent deftoumer â leur fens amp;nbsp;affedion. En quoy il appcrt,qu'ilz ccr-chcnt,cc qu’ilz ne voudroycnt pas trou uer,amp; qu’ilz demandent confeil plus pour pallier amp;nbsp;couurir leur faid,amp; pour fatiffaire aux hommes, qu’ilz ne le font pour cognoiftre la vérité, amp;nbsp;pour fatif-faire à Dieu. le ne dy pas cecy de tous,amp; principalement de ceux qui pechent en core par ignorâce ; mais ic parle de ceux qui font telz queicdy,amp;qui en font conuaineuz pat le tefmoignage de leur propre confcience, trauaillans plus à c-dre veux Chrediens,comme Ananias Aa.y. amp;nbsp;Saphira^, qu’à l’cdre en vérité amp;de faid,comme les vrais Apodres amp;nbsp;difei-ples de lefusChrid. Brief, ilz fuyuent la Voyedc Balaham, demandant confçil à

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EPISTRE

Dieu,lequelilz ne veulent pas fuyure Parquoy, celuy qui les a comparé le pre mice àBalaam,nclcurpouuoit bailler tiltre plus propre, n’vfer de comparai-fon,qui leur full plus conucnable. Puis donc qu'il y a telle diuerfité de gens , amp;nbsp;qu’il y en a de tant quercleux,touchanr ce cas, qu'ilz ne fe pcuuent iamais con-tcnter,de raifons qu'ilz ayent oiiyes ,ic aydélibéré démettre encore quelques poinâz en auant touchant celle marie--, rc, outre ce que i’enay défia eferit: non tejcinre» nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,

pourquoy pas pour efperance que Paye dcpouuoir ce Traidé fatiffaire à ceux qui ne fe pcuuent con-cü fai a. £fnter de ce qu’en a défia efté eferit, amp;nbsp;qui veulent dire contentieux contre la vérité de Dieu,amp; plaider auecluy, niais ( pourconfermer d’auantagc c5cre leurs vaincs raifons,ceux qui ontdefiafaiél leur profit de celles qui ont efté defdui-Ûes furceft affaire :amp; pour effayer fiie pourroye encore profiter quelque choie enuers ceux quipechenten cecy , ou par fimplicicé,ou par ignorance, ou par infirmité,amp; pour expliquer encore plus clairement ce qui a défia efférraielé de Cacy,tantparlcs autres que par moy, Donques

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AVX FIDELES. i^

Doriques pour mieux defduire les inatieres par ordre,amp; pour en auoir plus claire amp;nbsp;plus facile intelligence, il nous faut premièrement confiderer enquoy gift tout le different, amp;nbsp;la difficulté de Lj. peina ceftequeftion. Nous nefommes pas principal en different, nyïn doute, afauoir mon, Jj^^j'j fi idolâtrie eft péché . Car nous tenons g^,,!,^ ^^.^ défia tous, cela pour refolu entre nous, traidée. Le principal poind donc eft: Afauoir mon,fic’eft idolatrie d’affifter aux af-femblées des idolâtres , aufquellcs ilz font profcffion de leur religioniamp;qucl-1e affiftcncc nous y eft licite,ou non. Car quand nous aurons prouué,qucd'y affiftcr, c’eft idolatrie, il fenfuit ncccf-fairemct,que c’eft vn péché, qui ne doit nullement eftre approuuéd vn homme Chreftien. nbsp;nbsp;nbsp;Donques,pour bien co-

gnoiftre,fi cela eft idolâtrie, il eft requis Diffinitiô premièrement de diffinir amp;nbsp;de fauoir ^,*^°^jj, que c’eft qu’idolatrie. Car nous nous rriigi3,amp; pourrions bien tromper autour de cc^iuæfcre mot,iugeans eftre idolatrie, ce que ne“’“' l’eftpas-.ou aucontraire,iugeans n’eftte point idolâtrie, ce qui eft idolatrie mani fefte. Or fi nous voulons bien entendre

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iO nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ÈPISTRE

que c’eftqu'idolatne,prenons fon contraire,afin que par la conference de l’vn amp;de l’autre,nouspuilfions mieuxiu-ger amp;cognoiftre ce que nous querons. (J^i eft le contraire d’idolâtrie ? Serui-ce diuin.Car puis qu’idolatrie fignific le feruice des idoles amp;nbsp;des faux dieux,i] ne y a point de doute qu’idolatrie, amp;nbsp;faulfe religion,ne foyent tout vn:amp; que diuin feruice,amp; vrayc rcligion,nc foyet leurs contraires. Et qu'eft- ce que diuin fer-uice,ou religion f Ce n’eft autre chofe qu’vu feruice pur amp;nbsp;entier, ou vn honneur donné à Dieu, tel qu’il le requiert de nous enfesfainâcs Eferitures. Il f’enfuit donc, qu’idolatrie eft vn feruice ou vn honneur,dóné à autre qu’à Dieu, . ou vn honneur amp;nbsp;vn feruice autre qu’il n’eftcommandéde Dieu par faparolle. Parquoy, nous conelurrons, qu’idola-tric eft vn feruice coloré du Nom de Dieu, par lequel levray Dieu eft dcf-honnoré, amp;nbsp;les faux dieux honnorez, foubz le tiltre de l’honneur de Dieu. Il f’enfuit donc,que tout feruice qu’on veut tenir pour diuin, amp;nbsp;pat lequel on pretend d’honnorer Dieu autrement qu’il

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AVX FIDELES. Il tju’îl n’a commandé par faparoUcicfl’ idolatrie, amp;nbsp;que Dieu n’eftpas honnoré par iccluy,mai$ le Diable foubz le Nom de Dicu,quelquc belle apparéce, ou cou leur qu’il puilïe auoir.

Puis donc que nous fanons que i« paru c'enqu’idolatricamp;feruicediuin,il nous *’ * ^|* faut maintenantcofiderer quelles font «amp;”“,« les parties duferuicediuin,amp;que c’eft ligion. qu’il cóprend:amp; puis eda cogneu, nous entendrons auifbpar le contraire,quel-Ics font les parties d’idolâtrie, amp;nbsp;qu'elle contient - Or pour mieux entendre iuf-ques d ou f’eftend le feruice diuin, nous prendrons le nom d’inuocation ,par le- inuoc»* quel le feruice diuin eftfouuenteffoys non-lignifié amp;nbsp;exprimé aux faindes Efcritu res ; comme il appert par le tefmoiena- . ■. gede Ioel,difanr: Quiconque inuoque- Aa.i. ra le Nom de Dieu,fera fauué. Si le fa- Roin.io’ lut eft promis à tous ceux qui inuoque-ront le Nom de Dieu, fans en point excepter,il eft tout certain que l’inuocati-on du Nom de Dieu,eftle plus grâdfer-uice,que nous puilTions faire à Dieu, amp;nbsp;celuy qui contient quali tout ce que le Seigneur requiert de nous. Car pour le

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EPISTRE

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premier,il comprend la foy, fans laquet Toy vraie |ç ^ ^1^ jfnpQjl',l,[e déplaire d Dicu,amp; par laquelle ce que nous raifonsluyeft aggrcabic. Car comme l’Apoftre le tef-Rom.io. joigne: Comment l’inuoquerontilz, filz necroyenten luy f Puis donc que lafoy efteomprinfe en l’inuocacion du Nom de Dieu,il fenfuit necefTairement qu’elle requiert le cueur,amp; ramc,amp; l’cf-prit.Car la foy ne peut dire fans ces cho fes,attendu qu’elle comprend l’entende ment amp;nbsp;la volunté,amp; qu’elle ne peut e-ftre fans la vraye cognoiffance de Dieu, amp;fans vne perfuafion amp;alTcurance de fes promctres,amp; vn confentement amp;nbsp;v-ne obciifance du cueur fidele d la parol-1e du Seigneur. Pource l’Apoftre ayant did : ce que nous auons defia touché en Rom. to. vn autre lieu: Ûe cueur on croit pour - iuftice.-il adioufte incótinent:amp; on faid confclTion de bouche pour falut. Par cSfeffion Icfquelles paroUes il comprend l’autre amp;nbsp;tefmoi partie de l’inuocation du Nom de Dieu, * ^'’^ ”^ 8*^ P®^ feulement en vne foy * vainc amp;nbsp;morte, ou en vne vainc opini-oh, amp;nbsp;contemplation de la parollc de Dieu: mais en vne vertu amp;nbsp;puilîance de l’£f-

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Avx flDÊLES. tgt; TEfpric de Dieu,qui fort en elFediÄ qui produict lesfruictz del’Efprit de Dieu» auec lequel le cueur fidele cftconioincl par la foy. Et pourtant,le Prophete n’a pas feulement voulu dire : Quiconque croira au Nom de Dieu,il fera fauué: combien qu’il le pouuoit bien dire dla vérité . Car celle propofition cft veritable. Mais afin que nul ne fc deceuft foy-niefme,fe feignant vnc foy à fa pofte, (comme plulîeurs font fc vantant de la foy,amp;fi ne feeurenc iamais que c’eft que foy,amp; n en fentircntiamaisla vertu ) il a mieux aymédite: Qjqieonque inuo-quera le Nom de Dieu,fera fauué : pour mieux exprimer la vertu amp;nbsp;la nature de la foy, amp;nbsp;pour nous donnerplus facilement d entendre quelle cft la vrayc foy, par les fruiftz amp;nbsp;par les œuurcs d’icelle. Car quand il parle d’inuoquer Dieu, il nous renuoye incontinent d la foy,fan» laquelle nous ne pouuons entendre la vraye inuocarion du Nom de Dicu,non plus que les effeelz fans leurs caufes . Et qu’il parle de la vraye inuocation, il appert par ce qu’il promet falut aux inuo-catcuts, lequel n’eft pas promis aux hy-

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*4 EPISTRE

pocritcs,mais aux vrais fideles,aufquelz l’Efcriture fainde faddreffe. Parquoy il la faut entendre félon le fens de ceux aufquelz elle parle,c’cftafauoir des fideles, qui la preneur, au fens de l’Efprit de Dieu, qui parle d eux par icelle. Et fi nous faut encore notcr,que le Prophete n’a pas did: Quicoque inuoquera Dieu, Le Nom mais le Nom de Dieu:non pas qu'inuo-dcDlcu. querDieu,amp;inuoquerleNomde Dieu, nereuiennenttoutenvn. Carie Nom de Dieu,eft prins pour Dieu,qu’il figni-fic. Mais pourtant que le Nom de Dieu emporte auffi amp;nbsp;lignifie le los, la vertu, amp;nbsp;la renommée de Dicu,l’Efcri(ure fain de nous admonnefte par celle manière de parler,que les vrais fidele$,amp; lesvrais innocatcurs du Nom de Dieu, font te-nuz amp;nbsp;obligez, de le magnifier, de publier fon los amp;nbsp;fa renommée, de le célébrer, amp;nbsp;de prefeher en toutes manières fesvcrtuz amp;nbsp;louanges, Parquoy il eft tout certain que le nom d’inuoeation contient mamfeftement la confelTion de bouche,que nous dcuons faire de no lire Foy,amp; la profellion de la rcligion,la quelle nous voulons fuy ure. C’eft aulÏÏ

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AVX FIDELES. tç lacaufe,pourquoy les Prophètes,par-lansduferuice diuin qui doit eftre fait â Dieu,par toute la terre, apres que 1e-fus fera manifefté, ilz le deferiuent, par ees manières de parler: Ployer le genoil, au Seigneur:Iurer,par le Nom de Dieu, amp;nbsp;autres femblablcs.

Nous conelurrons donc,que tout ainfi que ceux font hypocrites, qui in-uoquent D I E V , tant feulement de la Hypocri-bouchc,fans l’amour au cueur,par foy, '^‘^ ^^ qu’auffifcmblablcmcnt,ccux ne font M^^l point vrays Chreftiens, mais vnc autre forte d’hypocritcs,qui fe vantent de la Foy, amp;nbsp;ncantmoins,ilz n’en font point de confeifion ne de profcirion,ny de pa-rollcnyd’œuureSjCXtcricurcs. Carl’vn amp;nbsp;l’autre eft requis. Parquoy 11 ne font pas fort loing,dc ceux, defquclz l’Apo-ftrcdict:Ilz confeffentcognoiftreDieu, ^^^j, mais ilz le nient par œuures.Car fi ceux nientOieu par œuures,qui le confeflent de bouche,amp;neantmoins,ilz ne font point les «uures, correfpondentes, ny conuenables d la confeffion qu’ilz font, ny d la cognoifTance qu’ilz fe glorifient d’auoir , en pouuons nous dire guere

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'' EP IS TRE

moins,de ceux qui fc glorifient, cnucrs aucuns,en particulier,de cognoiftre la vcrité,amp; de renoncer aux abus de l’A n-techrift, touteffoi$,en public,ili feffor-cent,par tous les moyens qu’ilz peuuét, de monftrcr,amp; donner à entendre aux idolâtres, qu’ilz font tclz qu’eux , fai-fans les mefnies œunres qu’ilz font. Si nous entendions bien, la refponfe que Ananias fcift à Icfus Clirift, quand il l’cnuoyoit d Saul,eftantcnDamas,nous n’aurions plus befoingdc difputer lon-gucmenr,dc cefte matière. CarAna-nias,parlât des fideles que Saul eftoit ve j^ nuperfccuteren Damas,ildiiâ;Ilaicy Ibumv autorité,de part les facrificateurs,dc lier leurs du tousccux qui inuoquent ton Nom.Lcf jef«quot;*' quclz entend il, par ceux qui inuoquét

Icnomdclefusî liefttoutccrtain,quc il n’entéd autres, que ceux qu’il a appel lé,fainiftz,par auant c’eft d dire, les fidèles amp;Chrcfticns. Puis donc qu'Ana-niasbaillc'cc tiltre,aux Chreftiens amp;nbsp;aux fideles,amp; que deftre inuocatcurs du nom de Icfus,amp; clirefticn,ou difciple de Iefus,lîgnifie vne mefmc chofe, en c’eft endroit,iin’y apointdc doubte, que ces dite

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AVX FIDELES.


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Chrcftiens,quieftoycnten Damas,ne filTent confelfion de bouche,du nom de lefuSiamp;profelTion de la religion Chre-ftiennciparœuures extérieures,par lef- , . quelles ilz fe moftroycncdiitercns aux ßonae, autres Iuifz,qui eftoyent en Damas, premiers tout ainfi que les fideles amp;nbsp;les faindz, chreihe», ?[ui eftoyent en Hierufalcm auoyent, Aa,i.j. ■

aid. Carilz ne fe contentèrent point d’auoircreu,d la predication de Pierre, mais aucc ccla,ilz voulurent encore fai reprofelfion de celle foy, par le Eatcf-niequilz receurent publiquement,en tefmoignage,qu'ilz fe rendoyent entic renient d lefus, amp;nbsp;qu’ilz fe feparoyent de la generation mauuaife amp;nbsp;peruerfe, félon le confeil de faind Pierre. nbsp;Car

f’ilz u’culfent fait profclTion manifede, du nom de lefus,pourquoy Saul les euft ilperfccutez, en Hierufalemf Étpour-quoy les full il venu cercher, en Da- Aagt;7-S‘P mas pour les meneren Hierufalcm,f’ilz entrent feulement tenu leur Foy f«crc-te, fans la declaircr,par inuocation ma-nifefte du nom de I E S V S, amp;nbsp;mà-nifefte profclTion amp;nbsp;proteftation de l’E-uangilcf Si ne pouvons nous toutef-

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18 EPISTRE

fois alléguer raifó,pour couurir amp;nbsp;pour fon^Xs*' '’^‘-“^’^^ ”°^ fimulations amp;nbsp;feintifes, chrertiens touchant rinuocation du Nom dcDieu, ancici,»- amp;leferuicediuin,qui ne puilTent au-ucc ceux fant,ouplusferuirà ceux ld,pourdiffi-amp;dctluifz muler leur religion,qua nous. Carn auee 1« nous allcgons,que nous ne conuerfons P’P*ûlt;t. pjj entre IcsTurcz,ou entre les Payens, ou les Iuifz,amp; entre des peuples,qui re-iettent manifeftenicnt Icfus Chrift amp;nbsp;fon Euangile,niais entre vn peuple,qui porte le nom deChreftien,comme nous, amp;nbsp;qui eft baptizé,au Nom du Pere amp;nbsp;du Filz amp;nbsp;du faind Efprit,amp; qui fait profcf fion d’vne mefme Foy amp;nbsp;d’vnc mefme religion,auecnous,excepté qu’elle eft corrumpueamp; fouillée par quclquesa-bus amp;fuperftitions,nefer3 il pas facile de répliquer au contraire , que ceux de , Hicrufalem amp;nbsp;de Damas auoycnt toutes ces mefmescxcufes,amp; encore plus péremptoires, amp;nbsp;plus fauorable , que nous* Carilz conucrfoyent,au milieu d’vn peuple, qui eftoit tenu pour peuple de Dieu,qui auoit la circoncifi-on des promenés,la doctrine de la loy amp;nbsp;Kom4.9. ^'* Prophètes amp;nbsp;le feruice diuin,tel que il auoit

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AVX FIDELES. I9 ai auoit efté ordonné de Dieu,beaucoup moins Corrumpu,par traditions humaines, que les papilles ne l’ont pas, fans comparaifon. Car pour le moin$,il n’y auoit point d’idolâtrie manifefte,com-meen lapapifterie,en laquelled peine on peut rien trouuer,pour petit qu’il foit, non pasvne feule ordonnance de Icfus ,qui ne foit prefque totalement Corrunipue amp;nbsp;renuerfée,par fuperftiti-on amp;nbsp;idolatrie,plus execrable qu’elle ne futiamais entre les Payent. le ne dis rien des autres inuentions,qui n'ont ne fondement ne couleur,quelle que ce foit,aux faindes Efcriturcs,mais y repu gnent manifeftement. Si d’autre part, nous allegons les dangicrs,amp; amp;nbsp;les pcr-fecutions,ccuxlacnefloycnt ilz horsî S’ilz eulTcntpcu dilTïmuler,amp; trouuer fulfufantcs noz cxcufes,fans ofFenfer Dieu,penfons nous qu’ilz ne fuirent de chair amp;nbsp;de fang,commc nous, amp;nbsp;qu’ilz n’eulTcnt leur chair autant delicate,que nous la noftre,pour cerchcr les moyens, de fuy t amp;nbsp;euiter les perfecutions amp;nbsp;dan gierse II n’y a point de doute. Mais ilz cognoilfoycnt bien, qu’il ne fc failloit

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JO EPISTRE

pas louer aucc Dieu, ne feruîr â Icfus Cliriftfans croix,pouri’inuocation de fon Nom.

Quand donc tout fera bien confide ré,il eft tout clair, que I’inuocation du NomdcDieu,ainfi entendue,comme n Jus l’auons declairée,amp; comme elle fc doit entendre, comptent toute la premi cre tablc,amp; tout ce qu’appartient au fer uicediuin. Car elle comprend le premier commandement,en tant qu’elle requiert, que nous feruions au vray Dicu,en vtaye crainte amp;nbsp;en vrayefoy. Parquoy elle nous admonnefte, de fuyr tous faux dieux,toutes idolc$,hcrefiesamp; faulfes opinions amp;nbsp;fedes peruerfes ,qui font contraires,^ la parolle de Dieu, en laquelle il feft v rayement manifefté, amp;nbsp;nous admonnefte aùiTi,d’obeyr,à ce cô-mandement: Tuadorcraslc Seigneur ton Dieu,amp; feruiras ^ luy tout fcul. Elle comprend audibles autres comman-demens fuyuans,qui font mention, de fcruiramp;IionnorerDicu,amp;de manife-fter celle foy amp;nbsp;celle crainte dcDicu,que le Seigneur requiert de nous,par le premier commandement. En fommeil

nous

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AVX FIDELES.

fions en feigne par iceux , qu’il ne veut point eftre honnoré, par idoles, ny par cliofes vilîblcs amp;nbsp;marcricles,ny œuurcs humaines, finon en la manière qu’il nous a commandé : amp;nbsp;qu’il ne veut point,que nous abufions de fonNom,amp; que nous le prenions en vain, mais en tout honneur amp;rcucrence,amp;que nous le fanftifions. Il nous commande donc de fuyr les idoles, amp;nbsp;les traditions hu- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.

maine$,amp;dcfFcnd,dclc renier amp;nbsp;blaf- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;f

phemer,cn forte que ce foir. En après, parl’obferuationdufabbatôc du repos, qu’il commande,il nous cnfeigne,cn quel honneur nous deuons auoirfapa-rolle amp;nbsp;fcs facremens,amp; le minifterede iceux, amp;nbsp;les alTemblées de l’Eglife,pour lefquclles chofcs,ila ordonné ceiour la. Car il ne veut point que les fidèles foy-ent efpars,amp; qu’ilz viuent folitaires amp;nbsp;cfquarcez les vns des autres,mais qu’ilz ayent leurs atTemblècs,amp; qu’ilz eilifcnc cclles,aufqucllcs le Nom de Dieu eft in Uoqué amp;nbsp;glorifié, pour conioindre leur inuocation amp;nbsp;confefl’ion,aucc celle des autres fainô'lz,amp; pour trauailler à entre tenirralTcmbléc publique,afin que Iç

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JI EPISTRE

Man.is.

minifl-ere publique foittoufiours mieux conferué en icelle. Laquelle chofe no- . ftre Seigneur Icfus Chrift nous recom- I mande alTez clairement, quand il did: i PartoucUouilxfcront,dcux ou trois, ( affemblcz en mon NomJe fuis au milieu d’eux :amp;ce qu'ilz demanderont leur fera faid. Il monftre bien pat ces parol-les,qu'il veut qu’il yayt vue honnofte fréquentation, des afTcmblécs publiques,amp; qu’vu chafeun y trauaillc. Pour cede mefme raifon, Dauid parle tant fouuent de ces alTcmblécs , difant:le

peuple amp;nbsp;les Roys couicnnenc en - ( PfaI.ioi. feniblc,pourfcruir au Seigneur. LaloU enge d’iceluy, eft en l’Eglife des faindz.

Vous quidemourez en la maifon du Bû,^. Seigneur. Et en Efaie. Ma maifon,fera appcllée maifon d’oraifon, à tous peuples. Puis donc,que ces alTcmblées nous font recommandées,aufqucllcs il nous CO nuient édifier n oftre prochain,amp; elles font comprinfes , en l’inuocation du Nom de Dieu,il f’enfuit aulTî, par confc quent,qu’elle comprend fufFifamment, la fécondé table

S u yuant donc nodre propos 'commence

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K

AVX FIDELES. 14$ |ïiencé;Puis que nous auons parlé des parties 4e l’inuocatió du Nom de Dieu, t c’en 4 dire,du feruice diuin,amp;4e lavraye i religiomVçnos maintenant 4 celles Ji- ^ƒquot;* i dolatrie, Tout ainfi que l’inuocation ^quot;•ç'quot; du Nom de Dieu amp;nbsp;le diuin. feruice , requièrent amp;nbsp;prefuppofent la Foy du cueur,pour le premier,amp; puis la confef-fion de bouche amp;nbsp;laprofclTion amp;nbsp;prote-ftation d’icelle,comme le fruid amp;nbsp;le tef-moignagcdeccllcFoy, aulTiau contrai re, idolâtrie,prefuppofefaulfc fiance, en autre qu’en Dieu,ou autre fiance que Dieu ne la requiert enuers foy, amp;nbsp;puis profeiïion d'icelle, qui fc faici tant de pa toiles que d'œuurcs, par tous les moy es, par lefquelz nous teftifios ,cc qui eft en noftre cueur,ouce que nousvoulôs que les hommes çftiçnent y eftre, Carainfi que Dieu ne fc contente pas de nous, fi quant amp;nbsp;quanç,auec la Foy que nous nous glorifions dauoir au cueur, nous ne luy faifons hommage,amp; ne luy rendons l’honneur qui luy appartient, dcuant les hommes , en fuyuant ce qu’il nous a commandé, amp;nbsp;nous réparant de ce qu’il a défendu,amp; le condam-

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54 EPISTRE

Dluerflté d'idola^ trief.

Efa.tg.

Mau. if.

nant amp;nbsp;deftruifant,tant qu’Il eft en no-ftrepouuoir,aulTi Icdiable, requiert de fes feruiteurs, auec la fiance qu’ilz mettent en luy l’honneur amp;nbsp;l’hommage, qu’appartient au feul Dieu.Parquoy, ce luy qui fait fcmblant par dehors,de fer-uir d Dieu,félon faparolle,amp;qul vfe des niefmes ordonnances amp;nbsp;ceremonies, que Dieu a ordonnées, amp;nbsp;couteffois il n’y a point le cucur,mais il eft conioinâ aucc le diable de cueuramp; de volunté, il n’y a point de doute qu’il ne foit idolâtre. Car il a en fon cueur,l’idole laquelle il adore,combien qu’elle n’apparoilTc pas dehors, amp;nbsp;fert d autre qu’à Dieu, ce cftafauoir,dccluy,à qui il a mis fon cueur: veu que Dieu ne tient point de fernicepour ficn,amp;pour agréable,fil ne procède du cucur,amp; de la Foy en luy,

£°ru***^' ^^”’^®‘1'’^^^‘^ ^°’’f ^^P'*quot;^^quot; Or Dieu n’eft pas fcruy par péché,mais le diable. Les hypocrites, qui ont cfté entre les I uifz,vfans des facrifices, amp;nbsp;des ceremo Ef».t.6ô nies commandées en la loy, contre lef-Amoz 8. quelz,Ics Prophètes ont tant crié, eftoy Hypoerw *ntde tclz idolâtres. Mais pourtant #( nuù. qu’ilz n’ont pas cfté tant manifeftcmét addonnez

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AVX FIDELES. JÇ addonnez au diable,que les payens, qui lt;ftoyentfansDieu,amp; fansloy reuelêc deDieu,l’efcriturefainaeleurfaiiâ ccftEfa.19-honneur,de les appcller,hypocrites. Ce ^’'‘' ®* «cantmoins ,ilz ont efté vrays idola- *^‘^’ très. Carhypocrificn'cft pas fans idola- idolâtrie tric,veu qu’il y a en idolatrie faulfeté amp;nbsp;^hypocri fimulation ,feintife!amp; faulfe imitation “quot; du feruicediuin,comme en hypocrific, qui n’eft autre chofe quefeintife amp;nbsp;ba-ßelcrie, ou mommerie, fi nous voulons regarder, â la naifue fignification du niot,amp; d la nature de la chofe qu’il figni fie. Nous ne pouuons donc feparer ceux cy desidoiatres,attcdu qu’ilz fe feignét laolurw fetuir d Dieu, amp;nbsp;ilz feruent d autre, conuer». foubzlctiltrcdu Nom de Dieutfinon que nous vucillionsdire, qu’ilz ne font idolâtres quedcuant Dieu,amp; non dc-uant les hommes,pourtant que leur ido latrieeftfcctettéen leur cueur,amp; que l’homme n’en peut iuger,finon par le tefmoignage cxtericur.Parquoy ilz ne font pas moins coulpables deuât Dieu, que les premiers; mais ilz le font fou-uenteffois plusd caufe qu’ilz ont plus abufédu Nomdc Dieu. Pourle moins,

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3^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;EPISTRE

ilz font autant idolâtres amp;nbsp;coulpable* d’idolâtrie deuant Dieu, que le paillard M»t.ÿ. qui côuoyte la femme de fon prochain, fans mettre touteffois fa conuoitifeen cxecution,eft addulterc amp;nbsp;coulpahle d'a dultere deuant Dieu.

Or fi ceux font dignes d’eftre tenus pour idolâtres, que dirons nous des autres , qui fe glorifient, d’auoir la premie rc condition, qui eû rcquife amp;nbsp;comprin fe en la vrayc inuocation du Nom de Dieu,maisilz défaillent, en la féconde? S’ilz ne veulent permettre,que nous les tenions totalement pour idolâtres,pour le moins,il leur fera force de nous per-Demyldo mettre, que nous les tenions,pour de-my idolâtres. Et f’ilz ne fe veulent rc-pirfaitz cognoiftre idolâtres deuant Dieu,ilz ne Idolâtres. peuuent,pourle moins efchapper,qu'ilz ne foycnt contraintz de fe rccognoiflre idolâtres deuant les hommes,f’ilz ne font du tout’deshontez, attendu que les hommes iuget des faiSz extérieurs, par lefquelz ilz fe dedairét idolâtres,fai fans les aeuures des idolâtres. Et f’ilz veulent dire que tous n’ont pas telle o-pinion d’eux,pourtant qu’il y en a plu-fieurs.

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AVX FIDELES. J7 fieurs, aufqurlz ilz ont dedairê leur tueur,touceffois ilz nc pcuuent nier,' qu’ilz n’entretiennent en idolatrie les autres ignorant,qui iugent de leur faiâ félon leur fens: amp;qu’ilz n’empefehent, ceux mcffnc,aufquclz ilz ont deelairè lcurcueur,de confelfer Icfus Chriftfi manifeftcmentqu'ilz deuiTent: amp;nbsp;qu’ilz ne foyent en fcandalc aux fideles, principalement aux debilcsamp; ignorant, qui ne cognoilTent pat leur cueur. Mais ’ qu’ilz nient tant qu’ilz voudront, que’' ilz ne font idolâtres, ny deuant Dieu, ny deuant les hommcs,la vérité neant-nioirisles reuaincra. Car puis que fer-üice diuin parfais, requiert confefTion amp;nbsp;profclfion de la Foÿ,qui eft au cueur, par parolle amp;nbsp;par reuurcs, amp;nbsp;que Dieu commande cxprciremcnt,qu’on leglo-rifie,amp;qu’on le confclfe,dcùant les hom mcs,ilf’cnfuitque ccluy quinc comprend toutes ces deux parties du feruice diuin,eft rebelle amp;nbsp;defobeiffant d Dieu, amp;nbsp;qu’il n’ayme pas Dieu de tout fon cueur. Parqüoy il eft tout certain, que il a fon cueur à autre, quelque foy que ilz cuyde auoir;amp;parconfequenr, qu’iV

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j8 EP IS T RE cftidolatrctfinon en tout,pour le moi'n* en partie. S’il l'eft en partie, il ne peut donc nier qu'il ne puiffe cftre iullcmcnt appellêidolâtre,olTenfanc Dieu,par fa defobeiffancc,contre.fon commandement,amp; offenfant fon prochain ,par le fcandale qu’il luy baille. En quoy il eft plus dangereux, amp;nbsp;plus coulpable de-UjntDicu,en tant qu’il touche d la féconde table,qui regarde au prochain, que les prcmicrs,que i’ay appellê hypocrites,qui font plus coulpablcs, en tant qu’il touche la premiere table, qui regar de droit d Dieu. Mais touteffois, ilz ne peuuent nier, ne les vns ne les autres, qu'ilz ne foyent idolâtres, amp;nbsp;coulpablcs iaoU*«« ^tuantOicu, combien qu’ilz le foyent , ‘par manières diuerfcs amp;nbsp;différentes : amp;nbsp;qu’ilz ne le foyent pas du tout tant, que ceux qui le font totalcmcnt,amp; de cucur amp;deprofefrion,amp;qui pefehent manife ftcmcnt,contre la première amp;nbsp;la féconde table,fan$ auoir regard,ny d Dieu ny d leur prochain.

Or puis que nous auons comparé le diuin fcruice,amp; l’inuocationduNom de Dicu,aucc idolatrie amp;nbsp;fuperftition, amp;nbsp;que

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ÀVX FIDELES. )9

■quenousauons examiné la nature,amp; les parties,de l’vn amp;nbsp;de l’autre, confide-rons maintenant.fi les chofes, defqucl-Ics nous fommes en different, font ido-latrie,ou non,amp; fi elles nous peuiient c-ftre aucunement licites, ou fi elles nous font totalement défendues de Dieu, amp;nbsp;illicites. Mais afin que la multitude ne nous engendre confufion, amp;nbsp;ttopgran ' de prolixité, nous ne propoferons pour exemple, qu’aucunes des principales, parlefquelles,il fera facile à iugcr,dc toutes les autres. Nous propoferons donc celles,aufquelles il eft plus difficile de diffïmuler, amp;nbsp;moins facile de f’en exempter: c’eff à fauoir l’affiftence au ^^^^ Baptefmedes papiftcs,d la mcffc,aux fu pointu ncrailles amp;nbsp;obfeques pour les mortz , amp;nbsp;ätWuiti au mariage. Car qui pourra efekapper, de commettre idolatrie,en ces quatre poinclz, il efehappera facilement,par tout. Venons donc pour le premier,au Baptefme.

Quant au Baptefme des papiftes ic feroye moins de fcrupule d’y affifter, amp;nbsp;te Bipter d’y apporter les cnfans,quc Dieu me mtdtsp» donneroit, qu’aux autres ceremonies, ?*“”•

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'40 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;EPIS T RE

dcfquelles il fera tantoft parlé, com* bien que ie n’oferoye pas du tout abfouL dreamp;exeufer ceux qui y afliftentiOU qui y prefentent leurs enfant, qu'il n'y ayt encore de la faute bien grande d reprendre en eux, en tant qu’ilz vfcnt de la forme de Baptifcr,qui cft au iourdhuy rcccué.cntre les papilles . Mais pouf mieux don ner d entendre mon intenti-on,toUchant ce poind,ie mettray premî ercmentenauànt,lesraifons qui m’ef-meuuc nt d condamner aucunes chofesi dignes de reprehenfion, en ceux qui v-fent de celle forme. Etpuis ie defdui-tay les autres raifons qui m’induifent d iuger la faute qui f’y commet, moins vi ticufc,amp;plu$fupportable que celle,de ceux qui airiftct d la mcirc,amp;aux autres fcmblables blafpliemes. La premiere c'ell,que nonobilant que la vraye for-nic,amp; la fub dan ce du Baptefme,ordonné par lefus C hril},demeure entiere ,en oirifonU^’^^^' *’i®P*®*‘® lt;J® baptifer, touteffoys, riprcndrc nous ne pouuohs nyer qu’il n’y ayt beau Ba'fief aucoup d additions,amp; d’inuenrions,cört Btcilrc«. trouvées des hommes, qui ont edéad-, iouftéetdcellefotme,ordonnécpar lefus

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ÀVX FIDELES. 41

lus CErift, amp;nbsp;obferuée par fes Apoftres amp;difciplçs, qui ne font pas pures, mais pleines de beaucoup de vanitez amp;defu perfticiôns amp;idolatrics,lefquellcs il faut que nous approuuionss comme le refle, fi nous voulons communiquer d la forme amp;nbsp;fubftance qui y demeure entière, duBàptefme ordonné par lefus Clin il. Or afin que nul ne f’abufe,i’appeHe

icy approbation d’idolatrie,tout confen Approba^ ternent que nous baillons à toutes cEo- ““quot; ‘*’**’ fes controuuees contre la parollc de Dieu, amp;nbsp;par IcfqueUcs Dieu eft dcsEon-norê. Car qui confentiil approuuc ce d quoy il confent. Et de nyer,quc celuy n’y confenr pas qui fe raift, amp;nbsp;qui difl’i-mule toufiours telles cEofes , fans ia-hiais fonner mot contre icelles, où fans ia mais leseóndamner par quelques figues, par Icfqùelz il manifefte qu’il ne les approuue pas: màis,qui pis eft,il faid femblanr de les approùùer,nous ne le pouùôns nyers fi nous ne voulons contredire d vetité. Car fi nous examinons depreslesparolles de lefusCErift,par lefquelles il admonnefte ceux qui iê Mat-'o-confclTeront, ou qui le nyeront, ou qui

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EPlSTRE


auront honte de luy deuant les hom-* mes,de ce qu’il leur aduiendra,amp; les autres padages de l’Efcriture , qui font mention de l’inuocation amp;nbsp;de la confef lion amp;nbsp;profclTion de noftre religion,quc I le Seigneur requiert de nous, nous co-gnoidrons clairement, que le Seigneur ne fc repute pas feulement eftre nyéamp; blafpliemé,deceux qui Icnyent amp;nbsp;blaf phement manifcftcnicnt,mai$ auffi de ceux qui par leur filence perpetôel le t«ech.ij. trahitfent, amp;nbsp;qui iamais ne fe mondret

Eia.58. auoir zelepour fa maifon,ny fa gloire i cueur: comme il appert par les reproches qu’il en faidtanrfouuent au peuple d’Ifrael, par fes Prophètes. Mais Y* ' nbsp;nbsp;‘Ïof’t '^’'^t “^'ia, que quand il punid vn

lions Je Pieu»

qu«Pquot;ni P‘^“P'‘^ pour fes pechez, qu’il nepunid pas feulement les mefchans qui l’ont prouoqué manifedement direamp;dven geance, mais qu’ilpunidfouuenteffois ceux qui font tcnuz pour les plus iudet amp;nbsp;pour les plus innocens? Il n’y a point

de doute ,qae cela ne vienne en partied caufc du confentement qu'ilz ont tous donné à iniquité: non pasapprouuans manifenement le mal, qui a cfté commis

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AVX FIDELES. 4gt;

tais contre Dieu, comme ceux qui l'ont commis de faid: mais pourtant qu‘il2 l’ont approuué fecretement,entant que Hz l’ont tropdi Simulé, ou par crainte d’encourir les males graces des hommes,amp; de tomber entre leurs mains, ou par trop grande negligence, ou fupport amp;nbsp;faneur ; comme nous en auons Ic'tef-nioignage cnHcli,amp;cn tant d’autres, HcH-defquclz les exemples font tout clairs *•**quot;•■*• aux fainäes Efcritures, amp;nbsp;nommécmét

au faicl d’Acham, du temps de lofué. *^’^ Car fi le peuple a efté frappé de Dieu à '’“''7'* caufc du facrilegc qu’Acham auoit com mis en Hiericho,combien qu’il n’ya-noit nullement confenty,mais,qui plut cfl',qu'il en futîdu tout ignorant,feulement pourCe que ce miferable facrilegc cftoit au milieu d’iceluy ; penfons comment Dieu nous peut tenir pour incoul pables,quand nous endurons tant de blafphemes, amp;nbsp;de facrilcges ex ecrablcs, que nous voyons tous les iours commettre deuant noz yeux contre fa Ma-iefté. Mais que dy-ie,enduronseNous faifons bien pis. Car nous les approu-Uont i deux maint, par le céfencernent

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EPISTRE


que nous déchirons tous lesiours en-uers ces bhfphemes . Et qui plus eût nous enflambons la fureur des tyrans, amp;nbsp;trahylTons hoz frètes, amp;nbsp;fommes eau fc fouuéteffoys, qu'ilz font mis à mort. Car lî nous nous déchirions d’auanta-ge, ou,pour lé moins,fi nous rie faifions rien pour approuuer h faulfe religion des idolâtres 4 au lieu que nous les con-fermôns eri leur erreur amp;nbsp;tyrannie, amp;nbsp;que nous les armons de noftre authority contre noz frercs, amp;fommes en pre-iudice â ceux qui cofeifent IcfusChrift, nous ferions én grand foulas à noz fre-res, amp;nbsp;romprions les cucùrs de leurs ad-Uerfairesi amp;nbsp;nous diminuerions leur au thoricé amp;nbsp;forcc,par h multitude amp;nbsp;confiance des confeifeurs du Nom de DicUi Parquoy nous ne pouuons nycr, que nous ne foyonsparticiparis du mal, amp;nbsp;par confequent, dignes de là punition, que ceux meriterit,aufquclz rious cori-fentons4amp; trop plus, farts nulle compa-raifon,quc lé peuple, qui feritit la mairt de Dieu,pour le péché d’Acham.

Maintenant,puis que nousauorts inonfiré comment toutconfentement don-

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AVX FIDELES. 4'f ^onné à idolatrie , contient approbation d’icellç, amp;nbsp;qu’il y a confentement, Hou il n’y a nulle declaration du contraire,(quelque cliofc que nouspuiffiôs alléguer,de la condamnation fccretc en tioz cueurJ,de telles chofes ) amp;nbsp;fembla-blcnient que cç confentement amp;nbsp;appro bation,eft vnc efpece d'idolatriç amp;nbsp;de fu perftitlon,amp;quc toute idolâtrie amp;fu-perftition defplait d Dieu, monftrons quelles ceremonies il y a au Baptefmc, adminiftté par les preftres papiftes, qui contiennent idolatrie ou fuperftition. Carquand nous aurons monftré cecy au Baptefmc,qui eft l’vn des principaux amp;nbsp;le premier Sacremét del’EglifeChre ftiennc, amp;nbsp;la ceremonie qui cil encore plus demourée en fon entier en l’eglife Papale, amp;nbsp;qui a la moins efté barbouillée des traditions humaines, amp;nbsp;fouillée par idolatrie amp;nbsp;fuperftition ,de toutes celles que les Papiftes ont retenu de l’or donnancc de Icfus Chrift amp;des Apo-ftres,il fera facile diuger quenousde-Uonseftimer des autres. Car fila plus nette eft tant fouillée, que deuons nous attendre pur amp;nbsp;net d’eux; Cecyeftla

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4lt;f E P IS T R E

caufe pourquoy i’enparlcray plus amplement. Car autrement ie me deporte-royc volunticrs d’examiner parleme-j_ nu toutes les fingeries amp;badineries que woniMdu ^^’ preftres font en leur Baptefme. Car Baptrfnie elles font tant fottes, amp;nbsp;tant dignes de Ûrcf^'* ”'°'î^''f*'’'l'^^ '' *^*^ ^^^ ^ iedoyrire, voyant tes finges qui f’efforcent de con trefaire toutes les œuures de Iefus,amp; de les reprefenter,comme baftelcurs ; ou fi ie doy pluftoftplouter, voyant ce faina amp;nbsp;facré Sacrement eftre tellement con-trefaid amp;nbsp;difformé par les inuentions amp;nbsp;traditions des hommes, qu’il reifem-blc plus â vnieu amp;nbsp;à vnc farce,ou bafte-lcrie,ainfi qu’il eft adminifiré par les preftres papiftes, qu’à la pure ordonnan ccdclefus: mais l'indignité de lachofe me contraind. Parquoy,i caufe que pluficurs pcuuent ignorer ces chofes, ou qu’ilz les eftiment plus legeres qu’ci les ne font , i’en toucheray quelques poindz, amp;nbsp;des principaux. Il eft vray quecefte matière n’eft pas totalement conucnablc aux propos, que nous auôs entreprins de demener en ce Traitté, amp;nbsp;qu’elle fepourroittraitter plus proprement

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AVX FIDELES. 47

ment en quelque autre lieu , amp;nbsp;â quelque autre occafion ; mais pourtant que l’occafîon fy offre aucunement, amp;nbsp;que eecy n’a pas encore efté guère traicté de plufieurs ,i’ay penfé qu'en faifantvne autre eliofe, ic pourroye faire cecy auec, amp;nbsp;qu'aucuns en pourroyenc faire leur profit : les autres pourront palTer outre, amp;nbsp;le laitrer,fil leur vient ^ poind, Pour Venir donc aux fingeries amp;fupcrftiri-on$,qui font en cefte forme de baptizer des Papiftes, pour le premier ilz ont cefte obferuation amp;fuperfticion,qu’il faut mettre deference à la manière de porter renfat à l’eglife,felô ce qu’ilcft,ou maf le,ou femelle. S’il eft made,il faut met-^* ^^^ ' tre la tefte d’iccluy fus le bras droit. S’il,näsle ce eft femelle,fus le bras feneftre, comme«!' 1’ fc--f’il y auoit differcnce,en Clirift,entre Ic™quot;'^' ““ malle amp;nbsp;la femelle, amp;nbsp;entant qu’il tou-v^ufc* clic au falut,amp; d la communication des biens celeftes , contre la fentencc de faind Paul, qui did clairement: En Clirift, c’eft d dire, quant d la religion amp;O’l'î» d la communication que nous auons a-Uec lefus Clirift amp;nbsp;auec fon Egl fe,il ne y a Iuif,Hc Gteciil n’y a mafte ne fçmel-r

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48, EPISTRE

leJl n’y a ferfny franc. Car toutes cet differences, qui font entre les hommes, entant qu ilz conuerfent au mcdc,font abolies au Royaume de Dicu,amp;enla vie fpirituelle , amp;nbsp;l’homme intérieur. Puis donc que le Baptefnic eft ordonné par lefusChrift,pourrons,tant malles que femelles, en general,pourquoy y niettent ilz celle difference, tanroft au commencementf Veulentilz fignifier, que les femmes ferôt àfcneflreauiour du lugemcnt,attendu que lafcncllre Matt.iy. ellfouuenteffoysprinfcen male partie, aux Efetituresf l’euffe penfé que celle foie ceremonie amp;fuperftirion full venue de la folie amp;nbsp;fottife des femmcs,fi ie n’en cuife leu la loy amp;nbsp;la rejgle aux lî-ures des prellres,qui contiennent leur forme debaptizcr,amp; dadminillrcr les Sacremens : pour le moins,cela ell en ceux que i’ay veupardtça , Maisç'eft bien le moins,quececy. Carc'eft vue chofc,ou 11 y a plus de folie, que d’idolâtrie : cornbien qu'elle nç foit pas fans fu perdition.

Lesexorz Après cecy,les grans exorcifmes amp;nbsp;ciim« amp;lesGoniuracions f enfuyuent, qu’il faut fai-

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A V X FI D E L ES. '4 ƒ

faire fuj Ic petit enfant, qui eft 5 bapti-2er,comme f’ilauoitvne legion de Dia bles au corps. Car ilz coniurent Satan, amp;ilz luy commandent qu’il forte hors du corps de renfant:amp; cecy,pour la plus grand part,deuant laportedel’Eglife, auant qu’il foit permis,que l’enfant entre au temple. Car il le faut bien coniu-terdeuant,afin que cesDiables,qui font enfon corps,n’y entrent auec luy. Car il y en a défia affez d’autres. le croy, pourtât que leurs temples fontdefdiez au Diable, amp;nbsp;à fes idoles, qu’ilz ont eu peur,que ces petisenfans innocent, qui n’eftoyent encore point fouillez dcsa-■ bominations de l’Antechrift,entraient en iceux, ainfi purs amp;nbsp;netz de telles ordures,qu’ilz ylfoycnt du ventre de leur merc.Parquoy ilz ont aduifé de les bar-bouiller,amp; de leur bailler quelque marque de la Befte,amp; de leu r A ntcchrift, a-uant qu’entrer en ces bordeaux de Satan , craignant qu’ilz nefuffent purement amp;nbsp;totalement defdiez amp;confa-

coniuratî onsfur let enfans.

crez à Iefut,par fa pure ordonnance. Mait pour mieux continuer leur farce cédera commencée, ilz mettent encore dîne-ptcfme. D

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ço EP IST RE

rence entre le Baptefme des fila amp;des filles(pour le moins félon l’vfage des E-uefehez de deça)tellement qu’au Baptef me des enfans martes ,ilz ne nomment le Diable que vingt foys:amp; en celuy des femelles,trente foys. Penfez qu’ily a îcy derechef quelque grand myftercamp; fecret. Toureffoys,ic ne fay que ce peut ertre, fi d’auenture ilz ne veulent figni-fier,que les femmes font plus endiablées,que les hommes,pour le moins du tiers. Enquoy ievous laiiîe dpenfer l’honneur qu’ilz leur font, amp;nbsp;d Icfus Chrifl:,qui les a pleinement deliurées de lapuirtance de Satan par fa mort amp;nbsp;pafljon,amp; par fa refurteftion: Icfquclles chofcs nous font figurées au Baptefme, ■ “* ‘ par lequel nous mourons,amp;fommes en feucliz aucc Icfus Chrift, amp;nbsp;reffufeitos aucc luy. C’eft celuy qui ert venu pour «•leE.j. jçftfQifj ifj œuufes du Diable, amp;nbsp;qui a lié le fort, lt;amp;nbsp;l’a defpouillê de toute fa Mat.it. force amp;puirtancc. C’eft luy qui charte - les Diables par fa vertu, non pas les con iurations amp;nbsp;enchantemens des preftres. ^ Et quand toutes lesparolles qu’ilz di-fent en leur Baptefme ne feroyent autre

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AVX FIDELES. ÿi tre chofe que la pure paroUe de Dieu, il y aurait neantmoins grand faute, en ce ' qu’ilzlcsdifent enlâgage quelcsigno rans ne les peuuent entendre.

Orparmy ces coniurations,il y a encore pluficurs autres badinerics. Car premièrement il faut dufcl,pourfaler Lefei.

g°''g^ ^'* P'*“ enfans. Carilz craignent qu’ilz nepuiffentboirc,f’ilz ne leur falent la gorge de bonne heure. IIz appellent ce fcl,lefcl de fageffe. Carilz n’ont point d’autre moyen pour faire fa gcsny les grans ny les petis ,finon en leur falantla gorgc,comme aux brebis, quand ilz font petis enfans. Et puis quandilzont faiâ cela,illeur femble qu’ilz fc font bien acquittez de leur of* fice, amp;nbsp;qu’ilz n'ont plus nul befoing de enfeigner les hommes. Car ce fd, qui leur eft le fel de fageffe, leur fuffift pour tout ce qui eft requis â leur office amp;au falut de l’homme Chreftien: c’eft afa-uoir, pour la Loy amp;nbsp;la fciencc de la pa-rolle de Dieu, qui eft le vray fel, duquel Mat.y. ûl nous faut eftre falcz, amp;nbsp;qui nous rend incorruptibles,amp; immortelz, amp;nbsp;fauou-reux amp;nbsp;agréables d Dieu, en paroUcs

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ft EPIST RE

col.4.

Le crv chat.

amp;enfaiâz. C’eft le fel, auquel fainft Paul veut que noz paroUes foyentcon fites. Or f’iln’yauoit encore que celle ' application de fel fur la gorge des petit enfant,nous pourrions palTcr cela, com me vnieu,amp; vn tour de bafieleursimais ilz commettent des grant blafphcmcs autour de ce fel,en la coniuration d’icc-luy.Car ilz font pricre à Dieu,que ce fel leur foit faia vn Sacrement falutaire, pour chaffer le Diable, ennemy de l’humain lignage : comme fi le fel auoit efté ordonné de Dieu d cela, amp;nbsp;qu’il en euft faiavnSacrement. Quinyera,qucces manières de faire, ne foyent vrayes for-celleries amp;nbsp;charmeries î Quelle couleur pourrons nous trouuer,pour couurir, que telle inuocation fur le fel, ne foit, non feulement vne fuperftition, mais vnc vrayc idolatrie,amp; vn blafpheme, qui attribue au fel ce qui conuient à le-fus Chrid tant feulement » Touteffoy s, ceux qui fontprefens,pourapprouucr ce Baptefmc,il fautaufri qu’ilz approu-uent ces blafphemes, en la manière que nous auons did deffus.

Il y eft après le crachat,qu’ilz mettent

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AVX FIDELES. $J

tent au nez amp;nbsp;aux oreilles du petit en-fant,pour contrefaire,comme finges, le lik is^ miracle, par lequel lefusChriftguerift [ch.9. ' celuy quieftoit Lourd amp;muet,amp;aufli l’aueuglc.Carilz vfentdes mefmespa-rolles Syriaques, ou Chaldaiques, def-queUes Icfus Chrift a vfé en rendant l’ouyc au Lourd, excepté qn’ilz ne les La uent prononcer,ny cLerire, corn me il ap partient. Car au lieu de lire Ephata, qui îîgnific,Loys ouuert,il2 prononcent F.f-feta,qui fignific vnc choLe fterile, amp;nbsp;qui ne peur plus porter fruid. Enquoyilz monftrent bien leur ignorance amp;nbsp;be-fteric. Etdequoy Lcrecefte badinericî L’enfant eft il Lourd, ou muet, ou aucu-glcî E t quand il le Lcroit,luy rendroy-cnt ilz l’ouyc, ou la parollc, ou la veuë, par leur crachat,amp; par leur Effeta,comme IcLus Chrift a fa ici à ceux qu’il a guery e Mais ie vous laifte â penfer ft cefte ceremonie eft fort honncfte,amp;fort profitable aux péris enfans,de bauet ain fi fur leur vifage tendre amp;nbsp;délicat, amp;nbsp;les empoifonner de baue amp;dc crachat,amp; fur tout quad les preftres fontnaplcut amp;nbsp;gorricrs,amp; qu’ilz viennent de fuct {a

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ç4 EPIS TR s

veröle, comme il adulent founentef-• foy s. Vrayement il y a belle comparai-fon,entre leur faliue,amp; celle de Iefus,amp; entre leur œuure,amp; la fienne. Ne fanent ilz point d’autre feien ce, pour ouvrir les oreilles aux hommes,afin qu’ilz entendent la parollc de Dieuf Pleuft à Dieu,qu’ilz ne les nous euffentpas tant fermées par leur faulfe doctrine, au lieu de les nous ouurir par la parollc de Dieu.Car nous en ferions plus capables que flous ne fommes.

le ne me veux pas arrefter beau-L’huilcamp; coup fus l’huyle amp;nbsp;fus le chrcfmc,qu’ilz lechrelhic bjiHjjjt ^y ji^u ju fainû Efprit, qui eft i.icKx. la vrayc Vnftion, pour laquelle nous Efi.ûi. fommes appeliez Chreftiens,laquelle le feul lefus, le vrày Chrift amp;nbsp;Oind de Dieu,nous donne. le veux feulement qu’on foit aduerty, qu’ilz cftimentplus ceft huy le amp;nbsp;ce chrefme,qui y eft adiou-flé par l’inuention humaine,que l’caue, 'qui eft lefigne exterieur» ordonné de Dieu, au Baptefme. Et qu'il foit vray, nous en auons le tefmoignage publique, des poures ignorans, amp;nbsp;d’eux mef-mes auifi. Car ilz monftient bien en

7 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;H“'^

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AVX FIDELES. Çf quel honneur amp;nbsp;reuerence ilz ont ce faimä chrefme, par ce qu’ilz ne permettent point qü’vnfimplcprcftre le confa creæil n’eft Euefquc,ou ibufFragant:ou pour le moins, fil n’a quelque priuilegc pour ce faire,plus que les autres prefttes communs. Mais pour l’eauë du Baptef-mc,il n’y a fi Ample curé,ou vicaire,qui ne foie plus que trop fuffifantipour con facrer l’eauë des fons amp;dc$ baptiftiercs. 11 y à au ifi cela,qu’aptes qu’ilz ontbap-tizé l’enfant d’eauë,au Nom du Pere, amp;nbsp;du Filziamp; du faincl Efprit, il luy faut en core faire vne croix de ce fai ne! chrefme fur le fommet de la tefte, pour confirma tion,amp;pour le dernier fecl duBaptef-mc. Car le figne amp;nbsp;le feel de l’eauë, or-donnépar lefus Chrift,aueefapromef-fc,ne feroit pas fulfifant,filz ne le con-fermoyent par leur huyle.Qui voudroit raconter les moqueries, folies,fupetfti-tions amp;nbsp;idolatries, qu’ilz commettent en confacrant ce fainâ chrefme amp;nbsp;ce faind huylc,le faluant,comme lî c’eftoit vnecreature raifonnable,onen feroit bien vn liure à part.

Et que dirons nous du béguin amp;

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^e EPI s T RE

du chrcfmelct i qu’ilz mettent en la te-Bxel«^'*^ de du petit enfant, pour mieux contre- .

garder amp;nbsp;honnorer celle fainde greifet t Mais que lignifient ces paroUes qu’ilz f difent en le mettant: Reçoys la robbe ' blanche,fainde amp;fans macule,laquelle tu puilTes porter deuant le Throne de Chrift, afin que tu ayes la vie éternelle, amp;nbsp;que tu vines éternellement. Saind ^^j nbsp;nbsp;nbsp;Paul tefmoigne que ceux qui font bap-

tizez ont veftu lefus Chrift.il nous ex- : horte aulfi fouuentcffoysdedeueftirle icony vieil homme,amp;dveftir le nouueau, qui gt;nbsp;Eph.j. cftlefusChrift.C’eftlarobbenuptiale, '

amp; la robbe d’innocence, qu’il nous faudra porter,quand nous comparoiftrons ' deuant le Throne de fa Maieftémonpas des béguins amp;nbsp;des chrefmcletz. Ont ilz la puiffance, ces béguins, de nous faire viurc éternellement lt;nbsp;Si nous n’auons autre robbe pourcouurir noz ordures, elles feront mal couuertes. Qui ne voit clairement,qu’ilz attribuent Ä vn linge amp;à vn béguin, ce qui neconuient que t» torche aufeul lefus ? Et la torche qu’ilz mettenten la main de l’enfant, qu’ilz appel lent la lampe ardente amp;nbsp;irreprehenfi-ble.

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AVX FIDELES.' Ç7 igt;k,n’eft elle pas bien propre,pour l’illuminer, au lieu de la parolle de Dieu,qui félon le tefmoignage de Dauid , c'eft pfji.u3. la lampe de noz picdz,amp;noflre lumieref le me déporté des autres fanfares,qu’ilz font vers l’autel,amp;en toute celle farce, q u’ilz iouënt. Il me fuffifl-,d’auoir tou ché ces poinclz,lefquclz i’ay traitez quel que peu plus amplcment,queie n’auoye délibéré, pource que plufieurs ne fen prennent pas garde, amp;nbsp;qu’ilz n’en ont pas efté aduertiz.

Or nonobftantqu'ilfcmble,que ces l«appro; ceremonies ne font pas de telle impôt- bationd’i tance,qu’elles nous puilfent aucune- ‘*®*»wle ment fouiller,cftans prefens a tel Bap- Bapiefme tcfmc,amp; y prefentâtnoz e n fa ns,tou refers pre foys, il y a plus d’approbatió d’idolâtrie, ®”*' qu’il ne féblc.Car les adiuratios amp;les in uocatios qui fefont,fur tous ces fatras, fclz,cracharz,huylesamp;crcfmcs,voirefur l’caue' mefme,font toutcspleinesde fu-pcrftitions,idolatries amp;nbsp;blafphemes plus euidentes qu’on nelcspourroitnyer,lef quelles il femble que nous approuuions par noftreprefence. Et nonobftant que on puilfe alléguer, que ces chofes peu-

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EPISTRE

uenteftre tenues pour indifferentes, lt;S pour«”4“’*^^'* ff’ne prinfes des anciens qui ont «Tenioniadioufté ces ceremonies au Bapcefmt **’n*'fllP°“'^'^^”*^'‘*^^^facrement plushonnora roenoug*^^'’^?®“^^' ^^''’^ auoir aux hommes kg deußgen plus grande reucrcnce,amp; pourfigni-auoir. gçj. par ces chofes vifibles les dons amp;nbsp;graces inuifibies qui font baillées aux fi deles par le Baptefme,nous auons beaucoup de raifons pour refpondrc contre toutccla. Carpour le premieree ne confeffe pas que toutes ces mocqueries foyent prinfes des anciens, qui font dignes d’eftre tenus pour anciens de i’E-glife Chreftienne, amp;nbsp;qu’ilz en ayent v-fé comme ceux cy. En apres quand il nous confteroit tout manifeftement, que les anciens auroyent cfté auteurs amp;nbsp;inuenteurs de toutes ces ceremonies, comme nous lifons,qu’ilz font quelque mention de ces exorcifmes,ilnef’en-fuitpas touteffoys,qu’lln’y puilfc auoir de lafaute,vcu qu’elles ne font point or données de Dieu. Mais il femble pluf-toft que cela peut eftre iugé vue grande prefumption que les hommes, de leur autorité,ayent ofé entreprendre d’ainfi barbouil

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AVX FIDELES. nbsp;nbsp;5y

barbouiller les faindes ordonnances de . Dieu,fans en auoir aucun comniande-nient,ny fondement aux fainefes Eferî turcs. Carpcnfentilz mieux Iionno-terlesfacrcmcns, que Dieu qui en eft l'auteur f Penfent il mieux fauoiramp;co gnoiftre, ce qui eft propre, pour efmou-Uoir les hommes à deuotiô,amp;â teuere ce enuers les facrerhens que Icfus Chrift, Matt.j; qui l’a ordonné? ou que fainét lean Ba- tue.?. tifte,qui a efté le premier par lequel ce j^j''’ƒ facrement 5 efté praâiquéjou que les A aA.kj. poftres amp;nbsp;difciplcs de Icfus, qui fe font 8-16. bien contentez delafimplc ordónance de Dieu,fans y mefler tât de badinages, que ceux qui fe glorifient d'eftre leurs fucceffeurs y ontadiouftéê Nous en a-^ons les exemples amp;nbsp;les tefmoignageî, aux hy ftoires de l’Euangilc,amp; aux Actes des Apoftres, en ceux qui ont efté bap-tizez,tant par fai net lean,que par les dif ciplesdeIcfus Chrift. Etnousamp;lcs anciens, nous pouuons bien contenter, de ce dequoy ceux cy fe font contentez, fans vouloir eftre plus fages qu'eux. Et quand tout fera bien aduifé, nous ne pouuons nyer qu’il ny ayt défia eu ia-

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«fo E P I s T R E

His beaucoup de fupeftitions entre IcJ anciens, dés incontinent apres le temps des Apoftres: comme leurs liurcs mef-meslctcfmoigncnt, amp;nbsp;nomméement fainâ Auguftin, qui faiâvnc fi grand complainète,cn l’Epiftrc qu’il a eferit i Iannuarius,de la trop grande multitude des ceremonies qui eftoyent defia entre les CIirefticns,de fon temps, trop plus intolerables,quc celles des luifz. Nous ne deuons donc pas incontinent tout te nir pour fai net amp;nbsp;parfaict, ne comparer aux facremens amp;nbsp;ceremonies ordonnes de Dieu,ce qui nous cft propofé, foubz le tiltre d’antiquité,amp; de l’Eglife ancien nc,fans l’examiner,d l’examen de la pa-rolle de Dieu.Mais l’expérience ne nous monfire elle pas affez clairement,de | quoy ces ceremonies ont profité, aux la Abus des cremenst Dequoy y ontellcs feruy,fi- ■ ecremoni non pour obfcurcir,amp; anneantir la gra-cede Iefus,amp;la vertu des facremens, S pour amufer les hommes du tout aux chofes vifiblcs,amp; pour les arrefter du tour, aux foies amp;nbsp;vaincs traditions des hommest Car fi nousconfiderons feulement ces ceremonies,qui ont efté ad-iouftées

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AVX FIDELES. «t iouftées au Bapte{rne,n’ont ellcj pas tel lenient aueuglè les yeux des koninies, qu’ilz les ont plus eftimez,fans compa-raifon,quece qui eft de la propre fub-flance du Baptefmee

Quand il n’y auroit que le chref-me,duquel nous auons parlé, en quelle reuerence a il eftér Qu aefté l’eaue du Baptefme,au pris d’iceluy ê Lachofe n’eft elle pas venue iufques la, que l’on J n’euft pas tenu pour eflre bien baptizé, i celuy qui euft feulement efté baptizé, enla forme que S.Iean,amp; que les Apo-! ftres auoyent baptizé,fil n’euft palfé par toutes ces ceremonies ? exepté en 1 cas d’extreme necetfiré. Car à lors ilz ont bien baillé puilfancc à toutes per-fonnes, voire aux femmes mefmes de baptizer fans fel,cracliaf, ne chrefme. Mais touteffoys , fi l’enfant furuiuoit, plus qu’ilz ne penfoyéc, amp;nbsp;qu ilz le peuf ; fentporteràl’Eglifc, ou qu’on peut a-; uoirvn prcftre,pour le Baptizer, il fail-j loit encore auecl’cauë qu’il auoit defia 5 receue; qu’il fud embarbouillé de tou-tes leurs barbouillcurcs. Enquoyilz - ont bien monftré, que leur doctrine eft

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St

EPISTRE

fort vaîne.Car manlgré qu’ilz en ayent eu, ilz ont efté contrainétz de confeiTer que le Baptefmc, donné fans leurs in-uentions,feulement auec leaué,cftoit , futfifant, voire, donné pat les femmes, Sicnneccffité, le baptefmc adminidré | feulement en eaué , auec les promclTcs ; de Dieu, eft tenu pour vray Bapcefme, ilf’enfuytdonc,fclonleurdoarinc mef me,queleBaptc£mecftvray Baptefmc, ! fans les ceremonies qui y ont efté adiou liées par eux. S’il eft vray Baptefmc, pourquoy ne fc contcntctilz,dccc que en a défia efié faicl,fans fe faire de reelief apporter l’enfant , comme fil n’eftoit pas parfaiclemept baptize,fans leurs fa--1 trasf Et filz n’eftimcnt,que ce Baptefmc foit parfaid,pourquoy permettent ilzde baptizeri autres,qu’aux mini-lires de l’Eglifc,amp; fingulierement aux femmes,aufqueUes Dieu n a point baillé la charge,n’y la puilfance du minille-re de l'Eglifef Aulfi en ces pays de de-ç^,quand on apporte vn enfant aupre-ftrc,pour le baptizcr,il demande dcuant toutes chofes;y a il que bien; Si l’enfant h’a point efté baptisé par les femmes, ci les

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AVX FIDELES. tfj les rcfpondcnr,qu’il n’y a que bien. Il fenfuyt donc félon leur manière de par 1er,qu’il y a du mal fil 5 efté bapcizé,par les femmes. Si nous voulons donc exa miner leurs manières de faire, nous ne pourron$iuger,finon qu’ilz condamnent eux mefmes leurs cérémonies, en approuuant le Baptefme,donné fans i-celles:amp; qu’ilz les requièrent de rechef, somme necelfaires, quandilz ne fe con tcntentpa$,que les enfans foyent bap-tizez,fansicelles.Et pour plus grande confirmation, de l’incertitude amp;nbsp;incon fiance qui efi en leur doârinc, n’auons nous pas auiourdhuy les exemples tout frais,qui nous en font foy? Les anciens conciles ontiugé, que ceux qui a-Uoyent efté baptizez,par les hcreciques, félon la forme de l’Eglife de Dieu,qu’ilz i eftoyent vrayement baptizez, amp;nbsp;qu’ilz ne deuoyent point efire rebaptizez. Mais auiourdhuy:en combien de lieux de lapapifterie,ont efié rebaptizez,par les prefircs, ceux qui auoyent efié bapri zez,par les minifires de l'Euangilef Et pourquoy faifoyencilz cela, linon pour tant qu’ilz n’eftimoyentpas que ces en;

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«4 EPISTRE

fans fuirent bien baptizezf Et pourquay | en auoyentilz celle opinion ? Ilzfa-uoyent bien qu’il? auoyenc cfté bapti-zez d’caué\au Nom du Pere amp;du Fiizamp; du faind Efprit- Parquoy,combien que nous ferions hérétiques corne ilz nous cftiinent,toutcftoys,encore feroyent ilz contre les anciens conciles. Et faifans I cela,ilz fc dedairent vrays Anabaptiftes amp;rcbaprizeurs,contraires aux conciles, qu’eux mefmes ont approuuez. Qui clldonc la caufc,qui leur faidt rebapti-2erlesenfans,baptizez parles vrays mi niftres de l’Euangileifelon l’ordonnance de Dieu,Sc la forme de l’Eglifc ancien ncêlln’y a point dedoubtc,quc la principale caufe ne vienne de ce qu’ilz n’efti nient pas ces enfans bien baptîzez.pour tant qu’ilz n’ont point efté falez de leur fcl, amp;nbsp;qu’ilz ne leur ont point baué amp;nbsp;craché furie vifage,amp; qu’ilz ne les ont point engrclTez de leurs huylc$,ny embéguinez,amp; lauez de leur eauc charmée ' amp;coniurée. Puis donc qu'on met celle j neccirité,en ces cérémonies,amp; que ceux quilesobferucnt,lèsobferuentauec tel f le opinion; amp;nbsp;qui plus ell,puis qu’il fy !

commet

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AVX FIDELES. S^ kommet des blafphcmcs tout euiden J,amp; qu'il n’eft polTibie d’en-vfer, fans faire quelque adoration amp;reuerence à leurs idoles, elles ne peuuent plus eftre proprement tenues pour indifferentes,fi nous les receuons fimplement,fans aucune fignification ou declaration qu’ci les nous dcfplaifent,amp; que nous les con damnons.

Mais Ion me pourra répliquer,fur ^j^.^j^^ cccy,qu’il ne feroit donc nullement li- s/vahu, cite, de iamais conuenir aux affcmblées d’aucun», publiques,en quelque Eglifc que ce fuft J^“^“^^ nyd vfer de ceremonie quelconque,,„ce de» non pas mefme des facremens, ny d’au- autre», cune cérémonie , ordonnée de Dieu, pourtant qu’il y en a, en toutes affem-blÉc$,pourChreftiéncs qu’elles foyent, toufiours quclcuns,qui n’y conuicn-nent pas,amp; qui n’vfen t pas des ceremonies ordonnées de Dicu,commc il appar ticnt,fans y apporter quelque mauuaifc opinion,pourperuertir l’ordonnance de Dieu: corne nous en auons tant d'exem

j pies,au peuple d’Ifrael. nbsp;nbsp;Carcombien

que ce peuple euft la loy de Dieu, toutef fois,il n’eftpas feulement reptins ,d’a-

E

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EPISTRE


uoir feruy aux dieux eftranges, â l’imi-tationdes Genrilz amp;nbsp;Payens, mais les Prophètes »comment les condamnent i ilz? Quelz reproches leur font ilz,à tfi-i.çS. caufede la faulfe opinion qn’dzappor-66. toyentdeleurmaifon,auxfacrifices or Amoz.3. donnez de Dieu f amp;nbsp;de leur foie fiance ~ -’' nbsp;nbsp;amp;nbsp;intention peruerfe, par iefquelles ilz

abufoyent desfacrificesj lafoitqu’ilz les filfenr, quand à la forme extérieure, en la mcfmc manière,qu’ilz auoyente-fté ordonnez de Dieu, amp;nbsp;pratiquez,pat les anciens patriarches amp;nbsp;prophètes? Il ! eft bien adui$,que ce feroit vue trop grâ de fuperftition,amp;vn empefehement qui ne nous laifleroitiamaisfcruird Dieu, nyvferdefes ordonnances,fil failloic ■ que noftre confeience fuR tellement lubiede à celle d’autruy, qu’il ne nous full nullement loyfible, d’vfer des cho-fes dcfquelles les autres abufent.Car ia-mais il ne fuft amp;nbsp;ne fera, que plufieurs, mais que la plus grand part, n’abufent des ordonnances de Dieu mefmes, amp;nbsp;qu’ilz ne les corrompent amp;nbsp;peruertif- ’ lent,par leur entendement corrompu, amp;nbsp;par leur faulfe opinion. Il nous faudra

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AVX FIDELES. «’7

^ra donc aller feruir d Dicu,auec les anges,ou attendre deluy feruir,iufqucsa-pres la refurredion, quand l’Eglife de Dieu fera toute purgée d’hypocrites,d’ignorance,d’erreur amp;nbsp;d’abus. C ar nous ne la trouuerons iamais tclle,en ce mon de,qu’il n’y ayt toufiours de l’yuroyc “**•*?• niertée-parmy le bon grain, amp;nbsp;des poif-fons pourris,au filêamp; retzdel’Euan-

Il fcmblc bien, que ces raifons aycnt grande apparence. Mais il y a grand Refpöfe.

I difFetence , entre les ceremonies, qui font auiourdhuy aux Eglifes papiftes,amp; lefaiddeccux ,qui y communiquent: amp;nbsp;entre les ceremonies du peuple d’If-rad, amp;nbsp;le faict amp;nbsp;l’vfage des fainclz, qui ont cfté en iccluy .Car pour le premier, 11 nous faut noter que nous auons à con fidcrcr diuctfcs fortes de ceremonies, aux Eglifes papilles,‘comme elles ont auffieftéen Ifrael,du temps qu’il aefté feduiclamp;corrompu,par idolatrie. IlyDiuifion a des ceremonies, oui font encore de- ‘’““quot;'’

* nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;/ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1 i 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i • nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;monief»

mources de Fordonnanec de Dieu. Il y

, en a des autres qui ont totalement eftê

■ controuuées , par l’entendement hu-i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;E t

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ÄS EPIST RE

main. Touchant celles qui font de-s montées, de l’ordonnance de Dieu,il les nous faut encore confidercr,en troys fortes. Carily enaïquifontdcmçu-rées pures,fans eftre corrumpues par au cnn mertinge, des traditions humaines, qui contiennent en foy,quelque profef fion d’idolâtrie,ou de fuperftition amp;nbsp;de blafpheme. 11 y en a des autres,qui ne font pas demeurées en leur pureté,amp;def quelles nous ne pouuons vfer,fan$ com mettre quelque cfpcce d’idolâtrie ,fi nous ne condamnons aucunement, l’abus qui y eh. Touteffoys,combien que il y a de la corruption beaucoup,cn iccl- ■ les, ce neantmoins,’la fubftanceamp; la for me de l’ordonnance de Dieu, y demeure cnticre,en forte,qu’il y a encore du bié, du quel on peut prendre le fruia. Il y en a des autres, qui ont bien fuccedé au lieu des pures ordonnances de Dieu, amp;nbsp;qui nous fontpropofées, au lieu d’icel-les,amp;enfemblentauoir quelque imita tion,maisil y eftfipeu demeuré de bon amp;nbsp;de l’ordonnance de Dicu,amp; il y a tant d’adiou(lé,des inuentions de l’Ante-çhrift, amp;nbsp;de fon lcuain,qu’il n’yeft rien demeuré

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ÀVX FIDELES, ^^

Henicuré,dc quoy Icfidde fe puiffe fet-uirjoufte l’intention de Dieu, qui a ordonné la chofe, amp;nbsp;qui ne foit du tout conuerty en vrayepoifon.Maij afin que tout cecy foit mieux entendu, nous déduirons maintenant tous ces poihelz, par ordre, amp;nbsp;monftrerons par exemples, quelles ceremonies font de ces diners or dres,propofez par nous. Et en la dedu-dion de cede matière, nous traiterons quant amp;quant,ccs quatre poindz que nous auons promis,(clon l’ordre amp;nbsp;l’cf-pece des ceremonies, qui leur conuien-dront. Quant d la première manière des cercmonies,contenues en cefte diui Aon,nous y pouuons mettre la circonci fion entre les Iuifz,les facrificesamp; les ce remonies commandées en la loy, qui font toufiours demeurez en leur entier, entre le peuple d’Ifracl. Mais ie ne fay, ceremoi fi entre les papilles nous en pourrons nies du pointtrouucr,de telles. Enquoy nous P'jquot;”“ auons bien occafion de gémir, amp;nbsp;de de-plourcr noz malheürs,qüc nous foyons tumbez en tel abyfme d’ignorance, d’er reur amp;d'abns,qu’il ne foit rien demeuré de pur amp;nbsp;d’entier, en la Chreftienté ,de

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70 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;E P I S T R E

tout ce quiaefté ordonné de DîeUiamp; que nous foyonsdeuenuz en pire eftat que iamais les luifz ne furent, quelque corruption qui ay t eflé entre eux. Par-quoy les argumens que nous faifons, prins de la coniparaifon de l’affiftence, que les Prophètes ont faid au temple de Hierufalem,amp; aux facrifices amp;nbsp;ceremonies des luifz n’ont point de conuenan ce, aucc ce que nous pouuons faire, aux temples'des idoles, amp;nbsp;aux alTemblêes Oifferéce‘^^’’‘loiatres . Car nonobftantqu’ily entre U» eut des hypocrites,amp; des idolatres,entrc erdfern ^' P^^P^^ ^’^fracl,toutcffoys,puis que ce pie de Hie temple auoit eftè cdifié,amp; député au fer rufilcm, nice de Dieu, par le commandement d’i ^«***”•,^'^“7’ “^ ^^’ ceremonies fcmblablemét, âci.^^f^' qui y eftoyent en vfage,les vrays ferui-teursdcDieucnpouuoyent amp;nbsp;deuoy-entvfer,fans fcrupule de confcicnce.

Mais qui plus eft, ilz euflent mal faief, f’ilz n’en eulfentvfé. Carilz auoyent commandement de glorifier Dieu, non feulement en fccrct,cnlcur'cucur amp;nbsp;en leursmaifons,mais publiquement,en fon Eglife,amp;de faire profeifion de fon Nom amp;nbsp;de fa religion. Or ilz ne le pou-uoyent

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AVXPIDELES. 71

uoyent faire que par le moyen queDieu leur auoit lt;iónê,en fa loy.Carde co trou ucr der nouuelles manières ,dc feruiri Dieu,amp; laiffcr celles qu’il auoit ordonnées,afin qu’ilz n’eufient rien de commun aucc les hypocrites , ou aucc les i-dolatres,il ne leur eftoit pes licite. Car en cuydant cuitcrvn’inconuenicnt, ilz fuffettumbez cnvn autrc.Puisdôc que il n'y auoit point d'autre manière de 1er ij escien uiri Dieu,qui luy fuft agréable, fi non ce JafiJe celle, queluy mefmc auoit ord0né,non

obftat que les hypocritcsamp;fuperftitieux te àl’lnfi idolâtres en abufoyent, touteffoys la dde. confcicnce des fideles n’eftoit pas fubie-âeâ l’intention, nyâla faulfe opinion de ceux qui abufoyent des pures ordonnances de Dieu. Carpuys que les fer-uiteurs de Dieu en vfoyent,tcndans à la fin pour laquelle ces ceremonies e-ftoyent commandées de Dicu,les hypocrites amp;nbsp;fuperftitieux n’en pouuoyent pas prendre fcandalc,pour eftre édifiez amp;nbsp;confermez en’lcur faulfe opinion,at-tcndu que les fainelz ne peruertilfoycnt point la fin,ncl’vfage des ordonnances de Dieu.C ar les fainâz ne font pas fub-

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7t nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;EPISTRE

îcaz,de penfer à toutes les fantafies,qué les folz pourroyent imaginer en leur cerueau,ny adeuiner,toutes les opinions foies ,qu'ilz pourroyent auoir. Il fuffift; qu’eux ne baillent pas occafion de fcandale,aux autres . Si les autres le prennent fans caufe,ce n’eft pas la coul-pe des ferultcurs de Dieu: Ce feroit leur coulpe,f’ilz vfoyent de quelque manière de faire,qui ne fe peuft interpreter,en bonne partie:ou qui auroit en foy quelque apparence de mal: comme nous en auons l’exemple en beaucoup de traditions humaines defqucllcs iamais la fin ne fuftbonne, ne 1’inftitution d’icelles? ou fil y a eu quelque apparence de bien, touteffoys la pratique n’en valut iamais rien,fclon laquelle on iuge de la chofe, tellement qu’on n’en pcutvfcr,fans con fermer l’erreur des errans,qui ne regardent qu’d la fin,pour laquelle ilz entendent que la chofe leur a efté commandée. Ainfi donc que ie ne puis affubie-âirlesconfcienccs des debiles,ou des (impies amp;ignorans,diuger bien d’vne chofe, en laquelle il y a manifefte apparence de mal,comme i’en pourroye iu-g«

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AVX FIDELES. 7? gerfdon ma fcicnce,mai$ il faut que i’en demeure d leur jugement, veu que l’en vfe,quant à l’apparéce, comme eux. Auflï d’vue cEofe qui eft bonne defoy, ie n’en doy pas eftre fubiet d la foie fan-tafic de perfonne, ny d fon fol iugemét: mais il faut que les autres en foy ét fub-ietz au mien: ou autrement, jamais ie n’oferoyc faire âumofne, ou pricre, ou quelque autre bonne œuurc.Car il n’y a fi bonne œuure,de celles niefmcs qui font cômandées expreffement de Dieu, de laquelle les ignorant amp;nbsp;les hypocrites n’abufent. Car ilz les font auec opinion de mérite, qu’ilz attribuent d celle œuure,par laquelle ilzaneantilTcntlc Merite de lefus. Mais puis que l’œuurc eft bonne defoy,amp;m’eft commandée de Dieu, ie ne fuis tenu que de la faire, félon fon ordonnance. Si ceux qui la voycnt,en iugent autrement, que mon intention ne porte,ic ne fuis point fubiet dleur iugement en cela, amp;nbsp;ne fuis pas tenu d’obuier d toutes les penfées qu’ils peuuentanoir. Carie ne pour-royc. Puis donc que i’ay faid l’œuure d telle intention qu’elle a efté ordonnée

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74 EP IS T RE

de Dieu, üz font pins tenuzdefuyur« mon intention,que moy la Icur.S’ilz ne le veulent ou fanent faire, ie m’en rapporte d eux. Mais des ceremonies amp;nbsp;des œuurcs qui ne font pas commandées de Dicu,amp; qui font fcandaleufes, amp;nbsp;que ie puis obmettre fans offenfer Dieu, amp;nbsp;ie ne les peux faire fans Poffen fer,ou,pour le moins,fans offenfer mon procliain,ic m’en doy deporter,amp; doy entendre que mon intention doit eftre fubiette d celle de celuy qui en iuge, attendu qu’il en iuge félon l’intention pourquoy la cho fe a efté ordonnée, amp;nbsp;félon la pratique d’icelle. Carainfi que ie veux que l’intention de mon prochain foit fubiette d la mienne, en ce que i’enfuys l’intention de Dieu,aux œuurcs commandées de luy, auffi il faut que mon intention foit fubiette d la ficnne, en ce que i’enfuys les œuurcs inuentées par les hommes,tant qu’il en iuge félon l’intention de ceux qui les ont ordonnées amp;pra-diqnées.'V’oyla quant aux iugemés des infidèles amp;nbsp;debiles.

■Venons aux fidèles. Hz n’ont point auffi iufte occafion d’etre feandalizez des

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AVX FIDELES. 75 Jes bonnes ttuures des Saindz, mais e-difiez d'auantage, amp;nbsp;toufiours mieux incitez i louer Dieu •. qui eft l’vnc des fins principales, pourquoy les affem-blêes des fidèles fc font,amp; pourquoy Dieu a commandé qu’il fuft glorifié amp;nbsp;confeffé en icelles, par le publique tef-moignage de fes cérémonies amp;nbsp;ordonnances . Mais ily a encore d’auantage. Carles Saimäz rcprcnoyentpublique-ment les abuz, amp;nbsp;les faulfes opinions, que les hypocrites apportoyent,aux ordonnances de Dieu. Et combien qu’ilz fulTcnt conioinâz auec eux, quant aux corps, amp;nbsp;quant d l’apparence de l’œuure extérieure , qui eftoit commune tant aux vns qu’aux autres, neantmoins ilz eftoyent feparez les vns des autres, non feulement quant au tueur, en fccret, mais aulTï quant à la profeiTion qu’ilz faifoyent de leur religion, tant de paroi lesqucd’œuures. Car ilz auoycntles Prophètes qui prefehoyent purement la Loy de Dieu, amp;nbsp;qui ne ceffoyent de reprendre lesfaulfes opinions amp;lcsa-buz,qui ponuoyent corrompre le fetui-cediuin. Puis donc que les Prophètes

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7^ IP IS TRE faifoyentprofeffion manifefte de la pa-rolle de Dieu, amp;que leur minifterca-uoit lieu entre les fideles, il eft tout certain que les Prophètes amp;nbsp;leurs difciples ne deuoyent point eftre empefehez d rendre leur deuoir par la niauuaife con-feiencedes autres .Et du temps de lefus ' Chrift mefme, nonobftant que les Scri-Mit.iÿ. bes amp;nbsp;Pharifiens culTcnt fort corrompu les entendemens des hommes,par leurs traditions :touteffoys encore lefus Chrift tcfmoigne,qu’ilzprefehoy-Matt.1}. 'quot;f ^“ ^^y de Moyfe,amp;commande de

Iesouyr,amp;delcurobeyrencela. Pour le moins, ilz n’enduroyent point d’idolâtrie manifefteau Temple de Hierufa-lem. Parquoy,combien qu’ilz abufaf-fent de la Loy de Dieu, amp;nbsp;des facrifices, amp;des traditions de leurs anceftres, par leurfaulfe intelligence amp;nbsp;opinions cor rompues, neantmoins lefus Chrift amp;nbsp;lesSainâz qui onteftédece temps,cohi lue 1.1.3. meZacharie,Elizabeth, tehan Baptifte, Îêh.i 7. Simeon, Anne, lofeph, la vierge Marie, Mat.is. amp;nbsp;des autres femblables,n’ont pas laiffé

de frequenter le Temple, amp;nbsp;de feruiri ;

Dieu félon faLoy,vfan$ des ceremo

nies

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AVXFIDELES. 77 pies amp;nbsp;des facriflccs d’icelle.Mais quand il eft venu â poinâjlz ont condamné amp;nbsp;reprins les abuz qui cftoyent, tant en la peruerfeobferuationde la Loy, qu’aux traditions des ancicns:commcilconfte, tant parles fermons de Iclian Baptifte, que ceux de lefus Chrift amp;dcfcs Apo-ftres. Puis donc qu’ilz condamnoyent manifeftement ce qui eftoit à repren-dre,ilz pouuoyent bien,fans nulle diffi culté,vfer des ordonnances de Dieu, au lieu eleu de Dieu, mefme au milieu des hypocrites.

Et nonobftant que tous les fideles, qui pouuoyét eftre de ce temps là, n’euf fent pas la charge amp;nbsp;l’authotité d’enfei-gncr, comme Icfus Chrift, ou comme Zacharie,lehan Bapciftc,amp; autres fem-blablcs,nc telles occafions, pour repren dre les abuz, il n’eft touteffoys pas vray femblable, qu’ilz fe foyent totalement tcuz,fans donner aucun ligne de la do-ftrine’qu'ilz appronuoyent. Et quand ilz n’euffent faid autre chofe, que fuy-ure fimplement la doctrine de lefus, de Ichan Baptifte,amp;des vrays feruiteurs de Dieu, ce neantmoins cela leur fuffi-

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78 EPISTRE

foltiveu qu’il y anoitpubliquc profeffi-on de la vraye dodrine amp;nbsp;religion de Dieu,amp; qu’eux ne faifoyent rien qui fuft contraire à icelle,pourapprouuer faulfe religion. Autant en pourrions nous maintenant dire de nous, qui fom mes aux lieux, aufquelz nous auons liberté de conuenir en l’Eglife pour ouyr la parolle du Seigneur, amp;nbsp;pour eekbrer fet faindz Sacremens, amp;nbsp;qui auons les Palpeurs, qui prcfch.cnt l’Euangile purement. C ar combien qu’il y ayt plu- : lieurs hypocrites , amp;nbsp;idolâtres entre nous,ilnousfufFit,quenou$ auonsle minifterede l’Euangile, amp;nbsp;l’vfage des Sacremcns,puramp;franc,amp; que les abuz 1 fontcondânez par lesvrays feruireurs I dcDieu,rant en publie,qu’enparticu-lier.Puis qu’il y a telle liberté,amp; que les fidèles pcuuent feruir à Dieu, fans aucun ligne euident d’aucun confente-menr,ou approbation d’idolâtrie,ou de fuperftition, cela nous fufFit. Voyla quant à la premiere confideration des i ordonnances de Dieu, qui font encore ' demeurées en l’Eglife, en leur premiere pureté, fil y en a touteffoys point en l’e

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A V X FIDELES. j? ghfe Papifte , Dequoy ie doubte encore. Carie n’y en fay point,connue en celle des I uifz.

Venons maintenant à la féconde. Ilyad’vne autre forte d’ordonnances, ^‘'''™‘’f qui nonobftant qu’elles renennet quelcond 01, que chofe de la première ordonnance de Hrc. Dieu, ce neantmoins elles font corrotu pues parle mcllingcdcs inuentions hu maines, mais les vues plus, les autres moins. Les vnes font tellement corrom pues, que ia foit qu’à peine ilfoit polTi-ble de pouuoir vfer de ce qui y eft demeuré de bon,fans commettre en quelque endroit, quelque efpece d’idolâtrie, touteffoys la fubtlancc,amp; la forme de l’ordonnance de Dieu y demeure encore entiere. Nous auons exemple de cecy au Baptcfmc des Papilles,amp; fi nous vou te B apte! Ions,au Mariageaufii.Car combien que mcdeiprc le Baptcfmc ayt fortefté barbouillé amp;‘^'’“‘ fouillé par ces menuz fatras ,defquelz nous auons parlé.-touteffoys la vrayc forme amp;nbsp;fubftance du Baptcfmc, c’eft a-fanoir,la promeffe de Dieu,amp; le figne vi fiblc de l’cauc,dcmcurét purs amp;nbsp;entiers, tellement que les plus grans Papiftci

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8o EPISTR E

du monde, font encore co nt rainez de confcirer,commeiladefiaefté touché, qu’en cas de nccclTité, ceux doyucnt e-Ûre tcnuz pour vrayement baptizez, qui ont eu reaué,aucc la promeffe. En quoy vérité les contraint, de confelfer, que tous leurs autres badinages,ne font pointdclafubftance amp;nbsp;de la vraye forme duBaptcfme,iafoit qu’autrement îlz les eftiment plus que ce quicA de l’ordonnance de Dieu, attendu qu’ilz ont mis telle nccciTité au Baptefme extérieur, qu’ilz condamnent d mort etet nelle tous ceu x qui ne l’auront receu.

Autant en pouuons nous dire du te Maria f^ 3 ri age, combien que le Mariage n’eft pascomprins au nombre des Sacremés, aux faindes Efcritures,fi nous prenons

, Sacrement proprement enlafignifica-tion que nous le prenons, quand nous parlons du Baptefme,ou de la Cene.Car

Gen.j. ®‘”“ ne pouuons nyer que le Mariage Mat.19.. ne foit ordonné de Dieu. Et là ou il y a

amp; contrat légitime, entre le

'’ ' mary amp;nbsp;la femme,il n’y a point de doub te que le Mariage ne foitferme amp;nbsp;legiti me deuant Dieu: combien que l’efpoux amp;

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AVX FIDELES. 8i amp;l’efpoufe ne feroyentpoint efpoufez t en l’Eglife. CedecouÄume donc,que £f,„„^ nous allons d’efpoufer en TEglife, n’eft fom. pas venue, ny obferuéc en l’Eglife par vn exprescóniandementde Dieu,corn niedecelebrer leBaptefme oulaCene: mais pour honnorcr le Mariaged'auan-tage,parrinuocation duNomdc Dieu, fus les nouucaux mariez,amp;pour mieux obuier aux fcandale$,fraudes,amp; trompe ries,qui fepourroyét commettre foutz l’ombre de Mariage .En tout cccy il n’y a rien qui ne foit conforme à la parolle de Dicu.Car de prier pour les nouucaux mariez, amp;nbsp;de leur remonftrer quel eft leurofficcparla parollede Dieu,cela eft l’office des Pafteurs amp;nbsp;des MiniftreS , amp;nbsp;de toute l’Eglife .Scmblablcmcnt,dc vc j nir faire profelfion publique du faina , Mariage en l’Eglife , cela fert d l’hôneur du Mariage,pourobuier aux paillardi-fet qui fe pourroyent commettre foubz le tiltre d’iccluy. Il fert pareillement à - l’ordre publique, amp;nbsp;d la paix amp;d l’édification del’Eglife,pourobuier auxin-' conucniens,cautclcs amp;fcandales,qui autrement y pourroyent aduenit.Nous

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81quot; ÉPISTRE

ne ponuons auflï nyer, que cecy ne foif Mu.i$. du Commandement de Dieu , qui commande que nous nous gardions defcan i.cot.14. ’ή1^’lt;^ 4®'rout foit faid en l’Eglife par bon ordre.Puis qu'ainü eft,quel empef-chemét me doit retarder, d’v fer de cefle fainde ordonnance, amp;nbsp;de cefte louable couftumedc l’Eglife? Quand cecy fe fe-roit en la forte que nous cnvfonsaux Eglifes,aufquclles le vray vfagc du mi-niftcre cft reftitué, la queftion n’auroif point de difficulté. Mais en la Papifte-rie, nous y trouuons la mcfmc difficul-té,quc nous trouuons au Baptefme;ex-cepté premièrement, que cede profeifi-on extérieure du Mariage,n’cft point de telle qualité amp;nbsp;importance,que celle du Baptefme. En apres,elle n’a point d’exprès Commandement, de la célébrer en telle ou en telle manière, amp;nbsp;par certaines ceremonies, comme nous Fanons du Baptefme. I tcm,lc fcandalc ne ferait pat fi grand, d’obmettre cefte ceremo-nic,que d’obmettre le Baptefme. Mais au reftc,il eft tout certain, qu’il efi force d ceux qui fe veulent efpoufer en la Pa pifterie,d’approuuer tout plein demenuz

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AVX FIDELES. 8J' nui fatras i que les prcilres ont tnefle.^ panny cefte kenediâion du Mariage, amp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;'

certaines cérémonies amp;nbsp;inuocations, qui ne font pas fans efpece d idolatrie, comme au Baptefme. Et qui plus eft, ceux qui f’y efpoufent, font côtraindi, pour lapluspart,decomparoiftre ou â leur Melfe^ou à leurs Vcfpres,ou à quel que autre maniéré de faire, qui ne vaut guère mieux, Lefquelles chofes ne font pas exemptes d’idolâtrie, CarauxVcf-près mefmes, combien y aild’inuocati- ”' ousd autre qu’à Dieu?

C^’eft il donc de faire fur cecytV aut il mieux lai (fer les enfans fans les bap-tizer, amp;nbsp;les nouucaux mariez, fans les cfpoufer,quc venir aux prcllrcs en telle forte, amp;nbsp;vfcrde leurs manières de fairct Que icpuilfe exeufer totalement ceux qui y vont en la forte que i’ay défia did, amp;nbsp;les abfouldrc de toute efpece d’idolâtrie, ie ne puis bonnement pour les rai-fons deifus alléguées, Caries ceremonies qu’il faut icyobferuer ne font pas de telle nature,que celles que lesSaindz qui ont efté encre le peuple d I fracl, ont ebferuêes,envfantdes ordonnances de

F t

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EPISTRE


Dieu.Mais puis que i’ay promis d’expô-«nldte * ^'’^ *“ quelle manière il eft licite aux fi- , d’affifler deles d’afiifter en cefte manière de Bàp-auEaptef' tefmc, amp;nbsp;qu'il y a à reprendre, amp;nbsp;à fup-medetPa nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• nbsp;nbsp;• „ j

pift« . amp;P'’'‘f*^'gt;’'''iendray maintenant fur ce fil lefautpoina. Et puis il fera facile àiugerdu I du tout re Mariage.

Pour le premier, ic ne fuis point de L’inUltu/aduis, que les fideles gardent leurs cn-tionduBafans,fan$ les faire baptizer: amp;nbsp;cccy pour Mat.}.»8. plufieurs caufes. La premiere, pourtant Eph.S. que le Baptefme eft le Sacremetit de no

Aftl.

Tit.J. i

Gene. 17

ftrc regeneration, amp;nbsp;le premier, pär lequel nous fommes receuz amp;nbsp;incorporez en l’Eglife de Icfus. Semblablement l’alliance que Dieu a faiâeaucc nous amp;nbsp;’ ’âuec noz cnfans,cft confermée en nous amp;nbsp;en eux par iceluy. Parquoy ic he voU droye point, que moy, ne que le miens, fuflent priucz des graces amp;nbsp;bénéfices, qui nous font promis au Baptefme : ny delà confolation que nous y receuons, parlctcfmoignage quinousyeft donné de l’alliance de Dieu,auec nous amp;nbsp;les nôtres, amp;nbsp;de la confirmation que nous y receuons de noRre Foy, amp;nbsp;des prières qui f y font par l’Eglife,pour ceux qui y font

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AVX FIDELES. 8$ fontprefentez.Car ie fuis certain que la vertu desSacremens ne depend pas du Miniftre, par lequel ilz font admini-ftrez,mais de l’ordonnance de Dicu,qui les a ordonnez . Parquoy il me fuffift, que ie reçoyue leSacrement enticriquel que le Miniftre foit. Car il ne me peut pas priuer de ce qui m’y eft promis de Dieu,moycnnant que ie n’aneantilfe fa grace,par mon infidélité amp;nbsp;par ma coul P'’

- D’autrepart, il y a auffi grand dangler de fcandalc pour le prochain, fi le Baptefme cft obmis. Car puis que le Baptcfme eft la premiere profeffion amp;nbsp;proteftation que iepuis amp;doy faire de la religion Chreftienne,fiien’cn tient conte, ie bailleray occafion aux vns de ’'’g'f que ie fuis vn homme fans Dieu, fans Loy,amp; fans Foy.ou,pour le moins, que i’ay mauuaife eftime de la religion Chrcftienne, amp;nbsp;du Baptcfme : ou que ie fuis quelque Anabaptifte. Et par ainfi. Dieu fera deshonnoré en deux fortes. La première, par ce que ie ne luy rendz pas l’honneur qui luv cft deu,par publique confcifiQû, amp;nbsp;tefmoignage «le m»

F 3

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8tf nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;EPISTRE

Foy.L’autre eft «n ce,que par vn tel mef prisse baille occaßon aux mefclians,ou de mefprifer le Baptefmc, amp;nbsp;la religion Chreftienne, amp;nbsp;les prepare â venir fans Dieu amp;fans religion: ou ic leur baille occaHon de blafplicmer l’Euangilf,com me vne dodrine diabolique, qui côdam aie le Baptefmc, ou qui approuue l’opinion des Anabapciftes amp;nbsp;de ceux quî blafmcnt le Baptefmc des pens enfant. Etaux bons amp;nbsp;aux de biles, ic don ne oC cation, ou d'auoir mauuaife opinion de i moy,amp; de fc retirer de la dodrine,de laquelle ilz entendent que ie fay profel- 1 lion:oii de faire le frmblable que moy. 1 le conclut donc, que f’il cdpolfiblc !

d’auoir Miniftre, nous ne deuons pas ' mefprifer le Baptefmc, quel que le Mini dre puiffe edre, attendu que le Sacrement qu’il minidre, foit Sacrement en vraye fubdancc amp;nbsp;formc,amp; que le Mini drefoit Minidrcpubliquc.Qjiandiedy . Minidre publique, i’entens qu’il foit ap pcllé amp;approuuêde quelque congrega j tion,cn laquelle le Nom de Icfus foit in uoqué. Car nonobdanr que les predret , papides foyent admiz en leur office par

4 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;l’Ante-

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AVX FIDELES. 87, I’Antcchrift^toutcffoy» puis qu'ils tiennent le lieu de Miniftre,amp; que ic n’en puis auoir des autres ,amp; que tenant le lieu des Apoftresde lefus Chrift, ilz me adminiftrent le mefme Baptefme que les Apoftres ontadminiftré ,ie ne puis totalement condamner leur miniftere, en ccftendroit,nô plus que Icfus Chrift a condamné le minifterc d’Anne amp;de Cayplie.ou des Scribes amp;des Pharifiés, quand ilz ontprefehé la Loy,ou admini ftré la Circoncifion,ou les autres Sacrc-mens amp;nbsp;facriamp;ecs de l’Eglifc de Hierufa lem. Car nonobftant qu'au refte ilz fif-fent l’office d’Antechrift, amp;nbsp;qu’ilz fuf-i fent paruenuz par mauuais moyens en l’office qu’ilz exerçoyent : touteffoys, puis qu’ilz cenoyenc le lieu des Sainâz, ce qu’ilz faifoyent comme fainâ,à l’imi tation de ceux,dcfquelz ilz tenoyent le lieu, ne deuoit pas eftre reietté ne condamné,d caufe de leurs perfonnes, amp;nbsp;de la faute qui eftoit en eux aux autres chofes. Aulfi nous ne condamnons pas totalement le Baptefme,qui a e-fté adminiftré par les preftres papilles , comme nous condamnons leurs

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88 EPISTRE

MeiTet, Pareillement nous nefaifons pas rebaptizer ceux qui ontefté bapti-zez par eux: mais nous approuuons ce Bapcefmc, entant que IcfusClirift y a efté inuoquè : combien que nous condamnons les vaines amp;nbsp;fuperftitieufes ccrcmonics,defquclleslla eflé barbouil lé.Er pourtant,ie trouuc feulement vne difference entre l’adminiftration des Sa ’ r cremens ,dcfquclz nous parlons main-: tenant »faiâc par les faux preftres, qui ont efté en Hierufalem, amp;nbsp;celle des Papi ftes ,c’eftqu’ilz cftoycntplus purement obferuez entre les luifz, félon l’ordonnance de Dieu, qu’ilz ne le font entre

-les Papifte$;ic dy ceux qui y font 1er ’ .plus purs. Parquoy, nous pouuons . moins communiquer à ceux des Papilles , fans péché, que ceux du temps des Scribes amp;nbsp;Pharifiens, ne faifoyét à ceux du Temple, pour les raifons qui ontdef iaclfédcfduiclcs. nbsp;nbsp;Mais en ceux,auf-quelz la fubftance amp;nbsp;la forme demeure purc,ie fupportc ceux qui y alfiftcnr, pourtant que f’ilz n’y alTiftcnc ^en cuy-dant euiter vninconuenient ,iiz tombent en des autres plus grans,comme ie

i’ay

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AVX FIDELES. 8gt;

l’ay défia monftré.Car îafoit qu’il ne fail le pas faire mal, afin qu’il en vienne du *®'“^quot; bien , touteffoys , quand deux maux nous font propofez, amp;en telle forte, que nous ne pouuons euiter, ou l’vn ou l’autre, il vaut toufiours mieux eflire le moindre.

si ie fuys donc en cefte neceflïtÉ,ou queie foye contraint,de faire baptizet mô enfant aux prefttes papiftcs,ou qu’il demeure fans eftrebaptizé,amp; que ie ne le puyiTe garder fans eftre baptizé, que ie n’offcnce Dieu de l'autre collé , amp;nbsp;mon prochain fcmblablemcnr,péchant contre la première amp;nbsp;la fécondé table,amp; fans dangier encore d’eftte bruilé auec tout cela, amp;nbsp;de donner grand fcandalc à laparoUe de Dieu,ilell encore plus expedient amp;nbsp;plus requis, que ie le face bap tizer, qu’autrement. Puis donc queie fuys défia preffé iufque là, ie dois adui-fer,fi ie pourroye trouner quelque moy en,pour euiter l’idolâtrie, que ie feray contraint d’y commettre. le dois ad-uifer,fi ie pourroye auoirle moycn,d’al leren quelque atfcmbléc Chreftienne, ou ie puilfe auoir le Baptefme pur amp;nbsp;net

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5»o nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;EPISTRE

fans foui lieu redes traditions humaines comme il fe peut quelque foys faire,aux villes qui ont quelques Eglifes prochai nés auxquelles le vray vfage des fa cremens eft reftituè:ou aufqucllcs il y a quelque nombre de fideles,qui peuuent auoir quelques afTcmblées, au milieu des idolâtres,ou par les maifons, ou par les autres lieux ,'qui leur font les plus propres, félon l’exigence des temps amp;nbsp;dcscirconftanccs;comme les fideles de la premiere Eglife faifoyent en Hicrufa lcm: amp;nbsp;comme ilz ont faiél fouuentef-foys,du temps des perfecutions. Ou ie dois aduifer, fi ie pourroye auoir,par quelque bon moycn,dcs miniftres , qui Icsjpeulfêt adminiftrer, ainfi qu’il appat tient. Si cela n’y eft,il faut confiderer, fi on pourroit trouuer quelque moyen, pourdeclaircr ce qui nous defplait,en ce que nous faifons,amp; ce que nous approu uon$,ou reprouuons. Si tout cccy dc-faut,amp; que nous n’ayons pas encore la foy, ne la conftancc,pour venir iufques d telle dcclaration,n’y le moyen,pour le faire fans dangier, ny le cncur pour pou uoir encore foubftenir tel dangier, reco gn or lions

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AVX FIDELES. 51 gnoiffonj noftre infirmité deuantDieu, amp;fn vfant de ce qui eft bon,demandons | luy pardon, de ce qui cft mauuais , qui ! nous dcfplait, amp;nbsp;toutcIFoys nous ne Lofons encore condamner, mais feniblc que nous l’approuuions.

Touchant le mariage, il y a prefque Afflûmee vnc mefme raifon: exepté, que nous^’^JJ** nous pourrions mieux déporter en icel- pipiocu luy, de la ceremonie de l’Eglife, qu’au Baptcfmc,pour les raifons deiTus dides. Il y a aulfi cela,qu'il feroit plus facile, à f’en abftcnir,ou plus facile,^ le edebrer, entre les fidèles. Car celle cérémonie, n’cncloft point neceffaircment deprofef fion,dela religion Chrefticnne,nc des autres dependances,qui font aux facre-mens , proprement appeliez facre-niens. T out le dangier qui pourroit c-ftreàf'abftenir de celle ceremonie,feroit au fcandalequi f en pourroit enfuy nre,dc l’opinion que les ignorant pour-roy ent auoir de paillardife, ou d’adultère,commis entre ceux qui ne tinedroy-ent point pour mary s amp;nbsp;femmes, par faute de cefte confirmation,amp; approbation publique: lequel fcandale ne feroit

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5gt;t nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;EPISTRE

pas petit,ne peu au deflionneur de l’E-«angile. Car ilz pourroyent alléguer, que ceft Euangile,,veut abolir le mariage, amp;nbsp;entretenir toute ordure amp;nbsp;paillar dife. Car il ne faut pas grande occafion aux mefchan$,pourcalumnier la parol-lede Dieu. Touteffoys,puis que le mariage n’eft pas tenu pour facrement, en l’Efcriture,commele Baptefme,amp; que la ceremonie qui eft obfernéc d’iceluy, en rßglife,n’cft pas cômandée de Dieu, comme: vn facrement, finon en tant, que l’ordre publique, amp;nbsp;l’inuocation du Nom de Dieu nous font recommandez: Puis aulfi que ie pourroyc inuoqucf Dicu,amp; protcfter,par autre moyen, que par telles efpoufaifons,qucle party,auec lequelic conuerfe, m’eft conioincl par mariage: c’eft afauoir, par tefmoings,amp; par in ftrumés publiques, du contrat le gitime de mariagc,amp; par l’ordre de la iu nice ciuile,auec ma confelfion amp;nbsp;de ma partie ou quelque autre fcmblablc moy en, i’aymeroye mieux me déporter du tout de celle cercmonie,f’il m’eftoit poflï ble,que de l’acheter, par la moindre fi-gniheation d’idolâtrie,que i’y pourroyc commet-

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AVX FIDELES. jl Commettre. Touteffoys, fiienepuis autrement, i’en dis comme du Baptef-me: Combien que la neceffité n'eftpar ’^y fi grande,qu’au Baptefme.

11 refte maintenant, la troyziefmc forte des ceremonies , ordonnées de cercmoni Dieu qui font corrompues,par les in- «dutroy Uentions humaines: mais plus que ccl j'^“°*'' les defquelles nous auons maintenant parlé : c’eft afauoir,de celles qui lot telle mét corropues amp;peruertics, qu’il n’y eft demeuré ny fubftâce, ny forme entière, de lavraycordónanccdeDicu,finó quel que vaine imagination, amp;nbsp;faulfe repre-fentation,pour faire â croyreaux hommes, que c’eft l’ordonnance de Dieu. , Nous mettrons la meflè en ceft ordre, afin que nous mettions fin aux quatre poincl2,quionteftè mis en auant,au comencement. Car quand nous auros parlé de la mclfc, il fera aulfi facile den-tédre,que nous deuons eftimer,d’alTifter aux funérailles amp;nbsp;obfeques pour les mortz. Quand à la mcffc,ie n’ignore pas ^^^j®*quot;' les coleurs qu’on luy baille,pour la faire „uni. trouuer meilleur, qu’elle n’eft. le ne dis pas feulement les papiftes, qui l’ont

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54 EPISTRE

en fi grande reucrence, qu’ilz efiiment, que toute la ChreftientéeftU comprin fe, amp;nbsp;que tout leur falut y gift. Caret eft la plus grande idole, qu’ilz puilTcnt auoir. nbsp;nbsp;Mais ie parle autfi, de ceux qui

fe glorifient,de cognoiftre la vérité, qui voudroyentbien trouuer coleur,pour pallier,l’airiftencc qn'ilz y font.Ceux cy ne peuuct nyer,dc la meiTc, ce que nous en auons did,que ce ne foit la plus gran dc,amp; la plus execrable idole, non feulement qui foit en la Chreftienté,niais qui a iamais efté foubz le ciel;comme il me feroit facile à le monftrer,fi le temps le portoit maintcnant,amp; fi la chofe le re Î[ueroit. Mais cefte matière a défia af- ' éz efté debatue amp;nbsp;manifeftée, tant par parolle que par efcrit ,de plufieursfa-uans perfon nages,aux raifons defquclz nul ne peut contredire, f il ne veut refi-fter manifeftementâ vérité. Et ceux pour Icfquelz nous eferiuons ces ebofes n’ygnorent pas ce que ie dis. Parquoy ie n’ay pas befoing d’en faire plus long procès. Car noftre different n’eft pas,8-ucceux,f'il y a idolatrie en la meffe ou non. Careuxamp;nout,tenonsdcfiacc- • la

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AVX FIDELES. ÿf la tout pour rcfolu:maij fil y a moyen d’y Pouuoir alîiftcr amp;nbsp;comparoiftre,aucc^* ^'quot;quot; 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;fence ton

1 les papittcs , fans communiquer aucc chantraf j eux, à l'idolâtrie qui y eft commife, amp;nbsp;liftcncc à ' fans en faire aucune profeiïion. Uzdi-*”“*^’ I fentqu’ouy. Nouslenyons. Ouyons donc les raifons,qui font alléguées d'vn cofté amp;nbsp;d’autre , amp;nbsp;puis on iugera,quelles font les meilleures.

Ceux qui afferment qu’on y peut comparoiftte,fan$ offenfer Dieu,par ido t« «'ß» latrie,allcguentprcmieremét,quc non- ^^j ,quot;ƒ obftant que la mcirc,tellc qu’on la cele- prouuent. breâprefcnt,foitpleine de fuperftition^’»^*'*™* amp;nbsp;idolâtrie,amp; blafphcme,contre la mort^'jJJ^, amp;nbsp;palTion de Icfu$,ellc eft touteffoys def cenduede la Cenede lefus Chrift. Mais qui plus eft,ilz luy font ceft honneur de l l’appeller,laCenede lefus. Ilzdifent 1 auffi que les additions qui y ontefté ad ■ iouftécs,yont efté adiouftée$,pour la plus grid part,'par les pere$,qui ont efté en l’Eglifc,anciennc. Parquoy,pui$ que ainfîeft,il nefautpas pour la peruerfe i opinion,que les ignoran$,amp; que les infidèles y apportent, amp;nbsp;pour la corrupti-j on qui y eft venue,de leur part, que ce

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5^

EPISTRE

qui y eft prins de la fainde Cenede Ie-fus,amp; des faindes ordonnances de l’E-glife ancienne , foit reprouué,amp; quc ceux foyentiugcz idolâtres, qui y alfi-ftcnr,fans aucune lignification d'idolâtrie, ny de communication d icelle,V-fans des chofes bonnes,qui y fonr,fclon l’intention de ceux qui les ont ordonnées. Voila leurs raifons,lefqucllcs il« veulent colorcr,ptcmicrcmcnt par vne crainte qu’ilz ont de donner fcandale d perfonne, filz n’euitent la fufpicion qu’ilz pourroyent donner d aucuns, oU à tous leurs aduerfaires amp;nbsp;aux debiles amp;ignor8ns,d’cftrcfansDieu,amp;fans foy, fans loy amp;nbsp;fans religion, filz ne Eantoy ent point en l’Eglife,aucc les autres, amp;nbsp;f’ilz ne communiquoycnt nullement aueccux,pourdeclarer leur religion. L’autrecolcur cft ptinfc,de l’exemple des fidèles amp;nbsp;des fainctz,qui ont efté en cnlbaeL trc le peupled lfracl,du temps que les veaux de Hieroboam ont efté dreftez en Dan amp;nbsp;en Bethel, amp;nbsp;que les hautz lieux onteftécnfigrandvogue,tanten luda qu’en Ifrael amp;nbsp;en Samarie.Item,du teps que le feruice de Baal y eftoit, amp;nbsp;que le temple

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AVX FIDELES. 57, temple de Hierufakm niefme , a cûé fouillé par les idolatries qui y ont eHé drelféesitantparles Roys amp;les Princes, j que par le peuple de luda. Car nous ne ' pouuons nyer, qu'Vrias,le preftre de 4.Ro.rtf. Hicrufalem, n’ayt édifié au temple vn *^‘’'*quot;“ autel,contre le comandement de Dieu, de Hierum par le commandement d’Aliaz, Roy de fa em. luda, du temps mefme d'Efayc,fcmbla.. ble à ccluy de Damas,ville de Syrie. Il n’y apointdedo«bte,qu’iln’y euft mar nifefteidolatrie,cn ccla,amp; que les facri-[ fices n’y aycnteftéfailt;âz,qui deuoyent ' eftrefaiâz fur l’autel du Seigneur,le- j^ 5 quelaeflémcfprifé,poutlionnorcrce- -' i luyla. Enaprcs,n'cft-ilpas efcrit,quc 4.Ro.iSlt; Ezechias ftoilfa le ferpent d'ærain ,quc “’ - ■ Moyfe auoit faidf Pourtant que iufques à ces iouts la,lcs enfans d’Ifracl luy fai-foyentdesencenfemensf Ilyauoitdôc idolatrie en cela,laquelle fcmble totalc-■ ment conuenir,auec celle qui eft auiour ' dliuy entre les papilles, en l’euchariftie, feenlamelfe. Carainfique le ferpent i lt;î’ærain,n’auoitpas eftédrclféau defert j par le commandement, ou par l'inuenti i on des hommes,mais il auoit efté dreifé

G

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ÿS EPISTRE

par Moyfe vray feruiteur de Dieu par le Commandementd’iceluy: auffilaCcne n’eft pas vne inuention hunainc, mais vne ordonnance de Dieu, ordonnée par i lefus Chriftnoftrc Seigneur. En apres ainfi que le peuple, a par apres abufé de • ceferpcntd’xrain,amp;l’a honoré, vn log efpace de temps, par encenfemens, com me vn reliquaire précieux ,• auiÏÏ les Chrefticnsontabuîédcla Cenedeno-ftre Scigneur,amp; l’ontconuertic en mef-fe,amp; en l’idolâtrie qui y eft maintenant commife,qui a longuement duré. Ou-treplus,n’cfl'ilpascfçrit de rechef,que ^«,0.18. Manaflet Roy de Iuda,redifia les hautz lieux que fon pere Ezechias auoit dc-Aruidze amp;nbsp;qu’il reloua les autelz d Baal, amp;nbsp;planta vn boys comme Achab auoit faiâamp; adora tout l’cxercite du cielj luy feruit? Il édifia aufli des autelz en la maifon du Seigneur à tout l’excrcitc du ciel,es deux portes de la maifon du Seigneur; Il miftaufli vne image,au boys qu’il auoit planté en la maifon du Sci-gneur.Ne lifons nous pas pareillement, •.Cbrap les execrables blafphcmcs amp;nbsp;abomina-tiont qui cftoycnt,tant au temple de ~ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Hicrufa-

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AVX FIDELES. $9

ÏIierafakmqu’autourd'icfluy„qnï ont^ Ro.x^ «fté abatucsjïngulicremcnt par Ezechi

SS, amp;nbsp;par Iofias,Roy dc ludaf Sem-E««b.8. fclablemcnc , Ezcchicl, quel reproche faia il aux anciens amp;nbsp;au peuple d’Ifracl, de l’idolâtrie qu’ilz commettoyent au tcmplef Ne did il pas qu’il a veu en l’entrée d’iceluy, l’image de Baal, laquelle il appelle l’image dc ialoufie amp;nbsp;du zelc, prouoquantDicudiref Ne diâ-ilpas auffi, qu’il y a veu, toutes les paroitz peintes de toute efpece de reptile, amp;nbsp;de nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.

befte abominable, amp;nbsp;toutes les images de la maifon d’Iftael,amp; par tout à l’enui * ron, amp;nbsp;les anciens qui leur offroyent encenfemensf Item les femmes qui plouroycnt Tammuz amp;nbsp;Adonis? Et les hommes, qui eftoyent tournez contre Orient,qui adoroyent le foleilî

Mais que veulent ilz conclurre par ces exemples? Premièrement que les ^,p„„j. Prophètes amp;nbsp;les fideles qui eftoyent de print des ce temps tant les Roys amp;nbsp;Princes les peuples n’ont pas laiiTé à frequenter * les lieux ou ces idoles eftoyent drelTécs, n'y d’entrer au temple amp;nbsp;d’yenfeigner de facrifier corne leurs prcdcceircucs fai-

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loö .EP IS TRE

foycnt auant qu’Ifrael, amp;nbsp;que Ie temple de Dieu full fouillé amp;nbsp;poilu, par idolatrie. Dequoy nous en auons les exemples tout euidens, en Iofophatamp; Eze-t.chr.io çjjjgj_ Carileft cfcritde Iofophat,que quand celle cruelle guerre des Moabites amp;dcs Ammonites,f’eflcua contre luy, il vint au temple du Seigneur, amp;nbsp;fift là alTcmbler tout le pcuple,hommcs amp;fcm mes amp;nbsp;petitz cnfans;amp; y fift fa priere,en laprefenccde tous, laquelle full exaucée de Dieu. Il y clloit aulTi le Prophe- 1 te Iahazicl,âlz de Zacharie,qui prophe tifoit,amp; qui leur annonça la vidoirc. H J 4.Ro.t9. en cil autant efcritprcfquc,d’Ezechias, quad Sennacherib efmeut la guerre con tre Iuy,amp; qu’il affiegea Hierufalem. 11 cil là did claircment,quc ces bons Roy s auec tout leur peuple font vcnuz prier au tcmplc,amp; qu’ilz ont, efté exaucez de Dieu,nonobllantquc le temple eull e-llé poilu amp;nbsp;fouillé d’idolâtrie,parauant. Laquelle chofe ilz n’culfent pas faiâ,ne j permis aux autres,f’il y cull eu de la faU , te amp;nbsp;que cela ne fc full peu faire fans of fcnfer Dicu,par idolatrie. Parquoy ilz concluent qu’il ne nous cil pas moins ,' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;loyfible

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AVX IFIDÈLES. lór Ioyfible,par 1e fctnblable qu’à ceux la de frequenter les fàfcrificei des papilles, amp;nbsp;d’y affilier à l’intention que ceux cy, defquelz nousparlôs,y affilient amp;nbsp;d’vn telcueur qu’ilz y Von t,fan s idolâtrer au cunement. Camonobllantqueles papilles ayent leur feruice diuin corroni- Differenz pu par beaucoup de fuperllitions amp;nbsp;d’i- “, 'quot;‘^ dolatries,touteffoys nous ne pouuons liefjes nyer qu’ilz ne foyent auffibicn peuple luifelle« de Dieu,amp; qu’ilz n'en portent le Nom: “”’’ amp;nbsp;le nom de Chrcllien comme le peuple d’Ifrael,corrompu par idolatrie ,portoit le nom du peuple fainaamp;edeu. Car nous ne deuons pas auoir telle eftime des papilles que nous l’auons des Tucz, ou des luifz de maintenant, qui fe dc-clairent manifellemcntennemis de no lire religion comme les Gcntilz amp;nbsp;les Payens fe deelairoyent alors ennemis ouuersdes Ifraelites. Carf’ilzelloycnt telz,il ne feroit loyfiblc aux fideles d’y communiquer aucunement,non plus que les Prophètes amp;nbsp;les fainelz, qui ont eftè en Ifrael ont communiqué auec les Payés,en leurs idolatrics;qui touteffoy s n’ont pas faid difficulté de communi-

G J

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EPIS TRE

IOt

ü quer auec leurs freres,let enfans d’Ifra-el cobien que l’hypocrjfic, amp;nbsp;l’idolâtrie fuft grand entre eux. Caries papilles portent le mefme nom de Chreftiens, que nous portons. Ilz confelTent le mef Differéce *”' Di'U. Brief,ilz confelTent les mef-entre le» mes articles de foy que nous côfclTons. pipiftciamp; Carquidemandcrad vn papille qu’elle ^1«M?' eftfafoy amp;fa creance,il mettra en a-uant le mefme Ctcdo,amp; le mefme Sym boledcs Apollres,que noufmefmes tenons. Mais qui plus cll,ilz le chantent ouillerecitcnt.tousles jours en leurs MclTcs. En quoy gift donc le différente Il negiftpas en ce qui elide la fubftan-cede noftre foy amp;nbsp;religion,comme il I fcmblc: Mais feulement,en certaines traditions,amp;inuentions humaines, lef quelles nous ne voulons nullement re-' ceuoinains nous les condamnons comme blafphemes damnables : eux au con traire les veulét tenir amp;obfcruer,nó feu A nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;lement côme la parolle de Dieu: mais il

les ont en trop plus grâd honeur amp;'reue réccqueccquicftcomandédc Dieu ex prclTement.Il fcmblc aduis quand tout fera bien calculé, félon l’opiniô de ceux, lt;7

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AVX FIDELES. tóf

lt;7,qu’il n’y a non plus de difference en- nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, tre les papilles amp;nbsp;nous,qu’il y en auoiti^treVa» entre Ifraelamp; Iuda,du temps qu lfracl damp;iud^ I auoit fes veaux d’or,amp; fon feruice diuin

en Dan amp;nbsp;en Bcthel,amp; qu'il auoit Baal, amp;nbsp;que ludafctenoittantfeulemcntau temple de Hicrufalcnbamp; au feruice diuin,qui luy auoit effé commandé par la loy.Óu pour mieux dire il y peut auoir telle difference, qu’elle eftoit en luda mcfmc,du temps que luda fuftauffi cor rompu comme lfrael,amp; que les vns ft tenoyentâla première ordonnance de Dieu,amp; le feruoyent tant feulement félon fa loy:amp; les autres vouloycnt feruir Û Dieu amp;nbsp;à Baal,tout cnfcmblc,amp;con-ioindre les inuentions amp;nbsp;traditions humaines,auec la loy de Dieu, comme les papilles les veulent entretenir,aueci’E-uangilc.Cariafoitqu'Ifracl,amp; ceux qui eftoyent en Iuda, fuyuans leurs meurs, fuirent cheuz en idolatrie amp;nbsp;fuperftiti-on:touteffoys,ilz nenyoyétpas manife ftement la loy de Dieu donnée par Moy

; fc, comme les Payens ou comme le»

; luifz amp;nbsp;les Turez condamnent mainte

' fiant l’Euangilc,niais ilz la conffffoyet,

4.

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EPISTRE

IiO4

tout airtfi que les papilles confclTcnt l’E uangile . Parquoy il fcmble bien,qu'ily ayt quelque raifon,amp; vue belle apparen ceauxargumensqueceux cy auoyent, aufquelz nous auons maintenant affai re. Mais puis que nous auons ouy leurs raifons,cxaminonslc$de plus prcs,amp; les collâtionons aueclcs no ftres,qui feront amenées au contraire,pour mieux pouuoiriuger lcfquelles auront plus de iuftre,amp; quelles feront plus conformes âla vérité de Dieu.

Premièrement quant d ce qu’ilz al Mxraifö« lèguent,que la melfe tient quelque cho fus dites, ff delà Ccne,amp;de l'ordonnance de le-fus,amp; qu’elle leur peut feruir d’vn me-nît^nquot;dc *”°quot;^‘^icelle:ie tefpons que nonobdat lameflê. qu’il y ayt en icelle des parolier prinfes dclaCene,quellcn’arien de femblable d la Cene,non plus que les charmes, for cellcrics,cnchantcmens amp;nbsp;inuocations des diables d la parolle de Dieu, amp;nbsp;aux faindes £fcriturcs,amp;aux oraifonsdes faindz,iafoit que ces chofes contiennét en elles beaucoup de prieres amp;nbsp;de motz de laparolle de Dieu,amp; des manières de faite des faindz,amp; qu’elles en fcmblent t nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;auoif

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AVX FIDELES. 107 ' suoir quelque imitation. Parquoy ie ne confeireray pasdelaMelTc,ce que i’ay Concédé dû Baptefme des-prertres : c’eft afauoir , qu’elle foit- la.'Cenc de Icfus Chrift, amp;nbsp;qu’elle foit encore digne de ce nom,amp; d’cflrc tenue pour telle,amp; qu’elle ayt autant de conuenanccaucc la Ce ne de Iefus,amp; aucc la pratique qui a e-flé d’icelle en l’Eglifc des Apodres, que leur Baptefme en a aucc celuy des Apo-ftrcs,amp; aucc laptaclique de l’Eglifc pri-mitiuc.Car en la Melle tout y cil renuer fé entièrement:tellement qu’il n’yeft demeuré ny fubftance, ny forme aucune de la vrayc Ccnede Icfus,ny rien de la fin,pour laquelle elle a edé ordonnée. Et nonobdant qu’elle ayt des beaux fardz,pour esblouyr IcsycUxdcsfim-plcs,amp; pour les feduire plus facilement, foubz l’ombre de la Ccne de Icfus, amp;nbsp;de l’ordonnance amp;des datutz de l’Eglifc ancienne:touteffoys il ne nous faut pas : nbsp;nbsp;nbsp;arreder feulement au fard qui y rd,non

plus qu’aux beaux motz amp;nbsp;aux beaux Noms de Dieu,desAngcs,amp;des Sainitz, ! que les Magiciens amp;nbsp;Enchanteurs mec-t tent en leurs charmes amp;enchanteméss f nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;G 5

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IO« EPISTRE

mais il nous faut regarder tout le corps« amp;nbsp;le principal de la matière,amp; comparer ce qui fe faid en la Meffe, amp;nbsp;fa fin pour-quoy elle fe chante,3 ce que IcfusChrift * ordonné en fa Cenc, amp;nbsp;à la fin d’iccllc. Et alors ontrouuera qu’il y a autant d dire de l’vnc a' l’autre, que de la lumière aux tenebre$.amp; que l’vncdeftruid tota lement l’autre, amp;nbsp;qu’il n’yachofe plus contraire au monde. Parquoy,d'autant qu’elle a plus d’apparence de faindeté, amp;nbsp;qu’elle a plus defrobé des couleurs de la Cene amp;des meurs de l’Eglife anciéne, d’autât elle eft plu$dâgereufe,amp;plu$ exe crable.Carpour le premicr,iln’y apoint Comniiv de comunication en la Mefle, mais fcu-nioa. lement vne excommunication. Car comment pouuons nousappellercom-mun,ce qui eft à vn tout feule Or il eft tout certain, qu’en la Meflc nul ne com muniqued la Cene de Icfus.Carlc peuple y eft totalement priué de la commis ta com. nié, laquelle le preftre referue pour luy feul.Mais fi nous voulons encore parler laMcfTe. plus proprement, nous ne pouuons pat dire d la vérité, que le preftre co munie. Car nous nepouuons pas, d bien parler, appel-

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AVX FIDELES. 107, appellcr communion,fondeieufner amp;nbsp;ft fouppe au vin,qu’il prend ld publique ment dcuant touj,veu qu’iln’y a que luy feul d table, amp;nbsp;que nul n’y communique auecluy .Carcommentefteom-mun,ce qui n’eftqu’dvn tout fculf Et de répliquer, qu’il communique pour^®™“quot;*' les autres, il n’y a non plus d’apparence,i‘’“'X-» que de dire,qu’ildifne pour les autres.Ie fuis esbaby,fi ceux qui fe contentent de la communion que le preftrefaid pour eux en la MclTc, fe contenteroyent que le preftre difnaft au (T pour eux : amp;nbsp;f’ilz nevoudroyent point auffi difnereux-mefmes en propre perforine, amp;nbsp;fans vicaires . T outeffoys,c’cfi tout vn,dc ce que ic dy. Car puis que l’homme iufte A’jic.%. vit de fa Foy, il ne peut viurc de celle de ’'°'quot;' *• vn autre, non plus que dcl’ame d’au-^ j^y^’ truy : ne receuoir nourriture pour fon ame,dc la nourriture qu’vu autrerc-Çoit,pour la ficnne,fi luy mefme ne la re çoit auffi pourfoy : nonplus que mon Corps ne peut receuoir nourriture de ce qu’vu autre mange, fil n’a auffi fa refe-âionpourluy. Carnonobftant que *quot;«gt;•**• nous foyons toux vn corps, amp;nbsp;membres gp^.i***

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io8 EPISTKE

lesvnsdes autres,par la Foy en lefus, touteffoys vnne peut pascroyre pour tous, ny femblablement nous ne pouvons cftre membres de ce corps, fi nous n’auons vncIiafcunnoftreFoy ,quicft l’âme de noftre ame, pour nous vinifier, non pas par celle d’autruy. Carnepen-fohs pas que nous foyonsnourriz delà Foy d’vn autre, amp;nbsp;que nous communiquions aux biens fpirituelz qui font en Iuy,ainfi qu’vu enfant eft nourry au vétre de fa mere de la nourriture qu’elle reçoit pour foy .Car ainfi qu’il eft necef-faire qu’vu chafeun des membres qui font en vn corps, foyent participant de l’ame qui eft au corps,amp; qu’ilz en ayent leur portio, ou autremét ilz font mortz amp;nbsp;fans vie, fans mouuement nyfenti-meutiaufli il eft requis que tous ceux qui font membres du corps de Icfus, foyent participans del’Efprit de Icfus, amp;de celle Foy, par laquelle il nous eft communiqué : ou autrement ilz font mortz. Puis donc qu’il eft requis qu’vu chafeun ayt fa Foy, de laquelle ilviue, qui u’eft touteffoys qu’vue mefnic foy de tous en Icfus,auffi ileft requis qü’vu chaf-

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AVX FIDELES.

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chafeun ayt fa nourriture propre, pour nourrir cede Foy ; amp;nbsp;qu’ily communiqué,non pas par vicaire, mais en propre perfonne.Cat qui n’y cft,rien n’y prend. Puis donc que le miniftere de la parolle amp;nbsp;les Sacremens font ordonnez pour nourrir,pour augmenter, amp;nbsp;pour confir mer noftre Foy d'auantage ,il eft requis que nous y communiquions noufmef-mcs:lî telle neceffité ne nous empefehe, qu’il ne nous foit nullement polTiblc. Mais fi cela nous aduicnt,il nous faut rc courir à la feule Foy, amp;nbsp;n’efipoint de bc foing que nous mettions des vicaires pour edebrer les Sacremens en nofirc nom. Car nous n’en aurons point d’a-uâtage,par le moyen de ceux qui y com muniqueront pour nous, que f’ilz n’y communiquoyent point. Mais qui pis eft, ilz nous priuent du fruid que nous en reccuriôs par noftre Foy,par la foleamp; faulfe fiâce que nous mettos en leur œu ure,fansenauoirpromeftcdc Dieu au-cunc.Car quand Icfus Clirift a ordonné fa Cene,il n’a pas diet du pain: Prenez le vn de vous, amp;nbsp;qu’il le mange pour tous les autres.Mais il a did à tous: Prenez le

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no

EPISTRE

amp; le mangez. Et du vin,il n’a pas didl; tuciî^' ®®“’“'’! If I vn pour l’autre : mais, Pre-kcor.w. nez ie,amp; lediuifez entre vous. Comme donc nul ne peut eftre baptizé pour moy,auffi nul ne peut participer à la Ce nepourmoy. Effiles Preftrespeuuent célébrer la Cene pour nous, amp;nbsp;qu’elle nous profite tant mortz que vifz,ilz pcuuent autTi eftre baptizez pour nous, non feulement quand nonsfommesvi üans,mai$ anffi quand nous fommes mortz;veu que la Cene qu’ilz font profite,félon leur doctrine, tant aux mortz qu’aux vifz. Carie ne puis cognoiftre, puis que le Baptefme eft vn Sacrement, aufti bien que ta Cene, quelle apparence,ou quelle couleur il y peut auoir gue rc plus grade en l’vn qu’en l’autrc.Voy-1a quant à la communion que les pre-ftres fon t pou r tou s.

Mais il y a encore p!s,c’eft que les pre aJikuidc^^“”'f‘’'’fP°'quot;^ «ft«c5niunion que 11 Cene ilzfont cnla mémoire du facrifice de la i.cor.u. niort amp;pafljon de lefus ,qui eft la fin, pour laquelle Icfus Chrift a ordonné fa faincte Ccnc:mais au contrairc,ilz abo-ülTent par leur Me fie la mémoire de ce fa-

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AVX FIDELES. tit

Sacrifice, amp;nbsp;ilz ancantilTcnt la vertu de lecluy, amp;nbsp;la grace qu’il nous a apportée. Carnonobftant que Icsprcftres facent nicntion de cefte mémoire aux parolier facramentales,prinfc$ delaGenc,lcf- “’f^t“^ quelles ilz prononcent: touteffoys tou- Lue n. tes les autres parollcs qui vont deuant i.cor.iu amp;nbsp;apres,tefmoignent clairement que ce qu’ilz font eft vn facrifice, non pas vue Commémoration du facrifice de Icfus. Et quand ilz voudroycnt glofer amp;nbsp;expo fer leurs parollcs autrement, nous auSs le Canon de leur Mefre,amp; leur doctrine, expofitions amp;nbsp;praciiquc,pour glofe, qui les condamnent. Puis donc qu’il y a fa-crifice en la Mclîc pour la redemption des ames: c’eftdonc à dire, que ccluy de Hebr.ÿ.v.' lefus n’eftpasparfaicl.Ecparainfi lefut ^5.10.

Clirift n’eftpas Icfus Chrift: amp;nous ne i fommes pas rachetez par fa mort amp;pal

Abolition du mérite fion, mais nous fommes encore en noz Je !«amp;»amp; pechez, félon les conclurons de fainclquot;quot;“quot;^' Paul.Ne voylapas vne belle commemo ù iiioitamp; ration de la mort amp;nbsp;pafTion de lefus e le pikton-pourroye pourfuyurc ce propos plut am plement, amp;nbsp;femblablcmcnt celuy de la tranlfubdantiation , amp;nbsp;de la prefence

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EPISTRE

IIX

charnelle du corps amp;nbsp;du fang de Chrift, amp;nbsp;de l'idole qu’on a faid du pain, par laquelle la Ccne cil plus que peruertie, amp;nbsp;conuertie à la plus horrible idolâtrie, amp;nbsp;au plus execrable blafphemc qui fut ia-mais vtu,ny ouy fur la terre. Mais pour tan t que ces poindz font défia tout con felfcz par ceux pour qui nous eferiuons cecy ,amp; que nous n’auons pas maintenant entreprins d’expofer ces chofesau long aux autres qui ne les entedentpas encore,ie me deporteray d’en parler d'a-uantagc,pour le prefenr. lime fuffit d’auoir montré qu’il n’eft rien demeuré de la vrayc fublfancc, ny de la forme de la Cene,cn la Melfe, dequoy vn hom me fidele puifie aucunement faire fon profit, ne qu’il puifie approuuer, fans confentirà ceux qui renoncent la mort amp;la palTion de Icfus Chrift, Carpuls qu’il n’y a point de vrayc communion, félon l’ordonnance de lefus Chrift,ny de vrayc commémoration de fa mort amp;nbsp;paiîion, mais vn renoncement amp;blaf-pheme tout euident d’icelle, amp;nbsp;de fon fa crifice, par quel tiltre pourrons nous ap peller,amp; tenir la MclTcpourCcnc de le fusf

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AVX PID EL ES. IIJ fusfEt fi quflcun veut replîquer,qu’elle peut cftre Cene de Icfus â ceux qui la tiennêt pour telle, combien qu'elle foit Vn blafphcmc aux idolâtres: ie leur demande la manière comment elle fera Cene? I Iz me diront que cela fe peur fai rc en deux fortes.La première,quand a-nec la Meffe il y a communion, comme il aduict à Pafques amp;â autres telz iours. Car après que le preftre adéficuné,amp; faid fafouppc auvin,ilfe monftre vn petit plus charitable ces iours là,que les 1 autres. Car il eft hoftc,amp; il baille auffi à ! defieuner aux autres, qui affilient à fa i Meffc,f’ilz veulét: mais ce n eft pas fans ! leur faire bien payer leur efeot. Ettou-1 teffoys,ia foit qu’il leur faid quelque 1 part à fon banquet, ce neantmoinsilne i leur baille pas encore du mefme vin qu’il boit, amp;nbsp;fil v a encore quelque difference entre fon pain, amp;nbsp;celuy qu’il di-ftribue aux autres. Parquoy ie nepuis 1 nullement approuuer celle cômunion. i Car pour le premier, puis qu'il y a de la , difference entre la communion du Mi-nillre,qui minillrc le Sàcremenc,amp;ccux qui le reçoyuce, la communion ne peut

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«4- EPIST RE

eftrevrayc. D’autrepart, en plufieurt lieux, auant qu’on puiffe communier en ce poindjl faut premièrement acheter IcfusChrift du preftre, comme Ier luifz l’achetèrent de ludas: amp;ccluy qui rachete,approuue le vendeur, amp;nbsp;fc rend coulpable amp;nbsp;fubiet 5 la malediâion que Xa.S. fainâ Pierre a donné en Simon le Magi cien,à ccux qui veulent auoirledonde Dieu pour argent. D’auantagc,puis que celuy qui minière le Sacrement, a con-facré en fa Meße les lignes vifiblcs qu’il me baille,auec l’opinion, que ces chofes vlfibles font le propre corps amp;nbsp;le propre fang naturel de Icfus Chrift,moy qui le reçoy ,i’approuuc amp;fa Meffe amp;nbsp;tout ce qu’il faid : vcu que ie ne fay pas autrement que les autres, qui font de telle o-pinion.Il y a auffi cela, qu’il ne nous eft pas loyfiblc de defguifer amp;nbsp;de changer l’ordonnance de Dieu.Carfi faind Paul ^cor;«. areprins tant griefuement les Corinthiens, amp;filz ont eftéchaftiez de Dieu de maladies amp;dc mortz,pour l’abus que ilz commettoyent en la Cene ,penfons comment il pourra approuuer amp;nbsp;endurer vn tel changement amp;vn tel abus de

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ÄVX FIDELES. HÇ û fainâe Cene,quc cefluy, qui cft,fans •lulle comparaifon, trop plus intolera-lleiquecduy des Corinthiens. Par-HUoy ic ne puis encore trouuer raifon luffifante,pourapprouucr telles MclTci amp;nbsp;telles Ccncs;aucc ce qu’encorc n’y eft guère fouuent célébrée telle communion.Il y a encore vnc autre raifon, qu’ilz pourront alléguer,c’eft qu’à eux, qui ont la fcicnce,amp; qui fauent difeerner le mal du bien,ellc leur fcrt de Cene. Car il y a beaucoup de bons poindz, par lef-quelz ilz fincitét â glorifier Dieu. S’ils pouuoyent tellement feparer la poyfon de la bonne viande, qu’ilz ne touchaffen t point â la poyfon,leur raifon pourrait auoir quelque apparcnce.Mais coin ment fe fera cclagt;Car par fcniblables rai fons,ie pourray approuucr, comme i’ay défia did, tout ce que les Enchanteurs font,amp; me feruit de leurs charmes. Et quand ainfi fcroit,que quant à moy amp;nbsp;â macanfciencc,ie me pourroye garder ' de la poyfon quiy cft,toutcffoy$ en la j faifant manger, par mon exemple, aux ' autres, qui n’ont pas celle feienec, pen-fant que i’approuue tout ce qui y eft, ie

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ti6 EPISTRE

les tue,amp; fuis meurtrier d’iceux . Combien que ie ne puis tellement feparer l’vn de l’autre, que ie n’aualle de la poy- i Ç nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;/ fon,entant que ie ployé manifeftement

le genoil à Baal, quelque couleur que ie puilfe bailler à mon oeuure. Et quand i'en pourroye eftre exempt, quant d ma partie deuroye touteffoys auoir memoi rc de celle fentenee de faind Paul : La i-cor.S. Science enfle:charité cdifie:amp; me garder de tuer mon frerc par ma fcience.

Il f’cnfuit donc, que quiconque veut comparai approuuer qu’il y a quelque chofe de fondes fa bon en la MciTc, dcquoy le fidele fe peut gt;nbsp;cnficesde# feruir,commc de la Cene, en y affiliant, doiaircs ' fl“' P®' ^'^^' mefme raifon il pourra auf auec ceux fi approuuer l’vfage des charmes amp;nbsp;for-d« papiz ccllcrics,amp; toutes les idolatries,nonfeu lement des Ifraelites,mais aulTi des Pagt; yens amp;nbsp;des Turez. Car quelle idolatrie ’ eftoiten Ifrael,qui n’euft claire imitation des facrifices des Patriarchcs,amp; exé-ples,pour leur donner couleur plus belle, que nous ne pourrions dla Mefiei Mais fans les eplufeher toutes par le ) j. Rois.ij mcnu,prenons les veaux d’or,amp; le tem- ■ pic de Bethel amp;nbsp;de Dan, amp;nbsp;les hautr 1 lieux.

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AVX FIDELES. 117 lieux. Puis que les Patriarches auoyent • lîcrifié aux montagnes amp;nbsp;aux boys, amp;nbsp;, i ^u’ilz y auoyent drclPé des autel2amp; des ; I Uiemoriaux,en l’honneur de Dieu, corn ; nicl’Efcriture le tcfmoigne,principale-l luentd'Abraham,Ifaac,Iacob,amp;plu- GcncM.' ( fieuts autres, les luifz n’auoyentilz pas i grand apparence défaire le femblablef , En apres. Bethel dontauoit il prins ce Rethii. ( nomê Pourquoy a eftè appellé Bethel ce lieu qui parauanteftoit nommé Luz,fi- Loz.

[ nonacaufequcDicueflUapparuà la- Gcn.iS.;

,, cob, amp;nbsp;que lacob a là veu le ciel ouuert, ^ ’^* t amp;nbsp;l’cfchele qui attaignoit de la terre au , i ciel, par laquelle les Anges montoyent f amp;dcfcendoycntf Parquoyilappcllace ,, lieu,la Maifon de Dieu, qui eft la figni-j fication de ce nom Bethel: amp;y facrifia , au Seigneur, amp;nbsp;y drefla vn autel amp;vn { memorial, en l’honneur amp;nbsp;en la memoi . rc du Seigneur qui luy eftoit apparu, amp;nbsp;,| qui l’auoit deliuré de tous maux . Les ,i Ifraclites n’auoyent ilz pas belle cou-ƒ leur d’edifier là des chapelles, des tem-£1 pies amp;dcs autelz ,pouren confacrer à , Dieu la mémoire à tout iamais,amp; pour t louer Dieu ,là ou ce fainâ Patriarche «■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;HJ

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118 EPISTRE

l’auoitlouêf Eftilpoffiblede tronnef lieu plus fainâ au monde,attendu les grant merueilles que Dieu y a laides a-uec Iacob t Et combien qu'ilz auoyent leweaiix'^^'^'^ “^^^ veaux d'or,ilznc condam-d’or. noyent pas touteffoys la Loy de Dieu î-Roi».!;pour cela,mais ilz l’appronuoycnt,amp; cntcndoyent de fa cri lier d Dieu, félon icclle,comme lacob auoit faid: amp;nbsp;de fai re là d Dieu le mefme feruice qu’ilz luy culTcntfaidcn Hierufalem. Mefmeilz auoyent belle apparence dédire qu’ilz faifoyent cela pour euiter les danglers, les fachcrics,amp; la defpenfe que le peuple euftfaid fans propos amp;nbsp;fans nul profit, allant en Hierufalem fi Ioing,lt;Sc pour a-uoir plus grande commodité de feruit i Dieu,afin qu’il full mieux feruy.

Ilz auoyent trop plus d’apparence, fans nulle comparaison, que noz Papilles. Car pour le premier,outrc ces rai-fons que i'ay alléguées,ilz n’auoyent pas totalement changé amp;contrefaiâle feruice diuin, commandé de Dieu en la Loy,comme ceux cy ont faid. Il n’y a-uoit guère autre diffcrcncc,finon qu’ilz le faifoyent en vn autre lieu, que celuy que

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AVX FIDELES, U^

■queDieuauoit ordonné, amp;qu’ilz y a- , , Uoyenc adioufté des images.Mais enco- p7dcTif rc elles eftoyenr plus d fupporcer, que raeUtes amp;nbsp;l'idole de la Meffe.Car ilz n’eftoyent pas ^” ’‘»PH fi beftes,qu’jlz cuydaffent que ces ima- ®“' ges fulTcnt dieux, ne qu’ilz les adorai-fient comme dicuxmiais ilz les auoyent fieulemcnt pour vne remembrance de Dieu, comme les Papiftes difient qu’ilz ont les leurs,excepté leur fainâe hoftic. ^^^ ^^^, Car ilz nedifient pas fieulemcnt qu’ilz ae hoAk la tiennent en la remembrance de Icfus Chrift, mais que c’cftlcfus Chriftluy-mefime, en propre perfonne,tout entier,

| en corps amp;nbsp;en ame,en chair amp;nbsp;en os, i v ray Dieu de vray hô me, amp;nbsp;qu’il la faut adorer comme Dieu. Voicy vne idola-trie,quifurpalTe toutes les autres.

Donqucs,fi Dieu n’a peu approu-ucr ce tcmplc,amp; ces facrifices de Bethel, quelques belles raifions que les Ifracli-tes culTcnt peu auoir, mais les a rciettez amp;condamncz,plus qu’on ne pourroit di re, voire en telle forte, qu’il a changé le nom à ce lieu là,amp; l’a faid appeller,Bcth Bethiuî, auen,par fies Prophètes,qui fignific,mai fon de vanité, qu d’iniquité, au lieu de

’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;5 .4. ‘ quot;

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XtO nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;EPISTRE

Bethel,qui fignifioit maifon de Dien, commentpourrailendurer,quela Mef fc,qui eft trop plus execrable que ne fut jamais Bethel,fait appellee,ou tenue pour Cene de lefus ? veu qu’il n’y a rien au monde plus contraire d icelle,amp; d tout le mérite de lefus f Lifons nous point,quc ianiais Prophete, ny vray fer uitcur de D I E V ,foit alléfacrifier en Bethel f Nous lifons bien , que Hieroie« pre- boarn a ld eu,comme Micha, fes preftres ft«« de ■ mercenaires ,aufquelz il confacroit les Hiemboa mains,pour facrifier en fon templc,coni me le Pape les confacrc aux liens. Mais nous ne lifons point,que les vrays Preftres , amp;nbsp;les vrays Leuites amp;nbsp;Prophètes, y foycnt jamais allez facrifier, ne qu’ilz ayent induict le peuple d y aller, ou que ilz ayent appronué ce que f’y faifoit, mais tout le contrairc.Carincontinent que ces autelz furent dreffez, il y alla }.Roi«t} bien vn Prophete,enuoyé de Dicu:mais non pas pour y facrifier, ains pour reprendre Hicroboam, amp;nbsp;pour luy annon cer la ruine quiluydeUoit aducnir,amp; fur toute fa maifon amp;nbsp;fon Royaume , i caufe de celle idolatrie.

Or !

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AVX FIDELES.


IZI


Or ce que nous auons did: de Bethel, Mous le pouuons auffi dire de Dan,amp; en temple de fore plus du temple de Samarie,qui e- 8 anurie, ftoit en la montaigne de Garizim. Car Combien qu’il eut encore plus d'apparen Cequelameffe des papiftes,toutcffoys les Samaritains eftoycnt differens aux Ifraelites idolatres,en ce que les Ifracli- ri“j„*^ tes eftoyent de ce peuple, qui auoit re- Uur oru ceu la Loy de Dieu par Moyfe,amp; que les Samaritains efloyentylTus des peuples idolâtres qui auoyent Id efté admenez parles Roys d’Airirle,qui iamais n’auoy ent feruy à Dieu puremét félon fa Loy. Carau commencement quand ilz furent en celle terre,ilz ne feruoyent qu’d leurs dieux amp;nbsp;à leurs idoles, aufquelles ilz auoyent feruy,en leurs paysiufques d tant que le Roy d'Alfyrie leur enuoya des Leuites,pour lesenfeignerà feruir au Dieu d’Ifrael,fclon faLoy à caufe des lyons quiles venoyentdeuorer. Mais touteffoys,ilz n’abandonnèrent iamais du tout leur idolatrie .-ains ilz ont depuisfaidvn meflinge de la Loy dcDieu auec leurs anciennes fupcrftitions,fcm-hlable à celuy des Papiftes . Par-

H 5

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EPIST RE

ItZ

quay nous pourrions j bon droit mieux comparer noz papilles aux Samaritains qu’aux Ifraelitcs:amp;cecy par beaucoup de raifons , Icfquellcs ie ne veux pas Kn«d« m^intenantpourfuyure. Touteffoys, Iuifzamp; combien que les Samaritains du temps des sam* de Icfus Chrift ne fuirent point tant ido ricams. lattes qu’ilz auoyent cfté parauant, amp;nbsp;que nous ne lifons pas que le different, qui cftoit entre eux amp;nbsp;les Iuifz,vintdes idoles;mais du temple tant feulement, amp;nbsp;combien que la religion fuft fort ab-baftardie entre les Iuifz,ccncantmoins il y auoit vne mcrueilleufc feparation amp;nbsp;haine à caufe de celle diuerfitê ; comme il appert par beaucoup de paffages de l’Efcriture. Premièrement, par les pa-Jeh*n4. rolles que la Samaritaine did à lefus Chrift,amp;puis par le manuals accueil, xuamp;g. que les Samaritains luy firent quand il palfoit par leur contrèe,pourtant qu’ilz cogneurent,qu’il montoit en Hicrufa-Ich,S. lcm;amp;par ce que le nom de Samaritain cftoit tenu entre les Iuifz,cómclc nom d’vn hérétique. Les Samaritains auoyét touteffoys belle colcur. Car comme la Samaritaine allégué d lefus Chrift , Iacob

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AVX FIDELES. lïj col) auoit habité en celle mótaigne,amp; il y auoit ferny i Dieu.Si quelenn des fer-uiteurs de Dieu,qui eftoyent entre fon peuple,fuft allé en ce temple de Gari-zin),aux alfembléct des Samaritains,ou à celles des Ifraclites, qui facrifioyent en Bethel,lequel des Prophètes, ou des Apoftres,l’euftpeuapprouuerf Ilenft touteffoys peu alléguer, qu’il n’y com-mettoit point d’idolâtrie,principalemét en Bethcl,amp; qu’il n’y adoroit point les veaux d’or,mais qu’il y aiîiftoit, d caufe des facrifices qui f’y faifoyent, à l’imitation des pere$,'amp; de la Loy,amp; d caufe de célébrer la mémoire des graces que Dieu auoit faid dleurperclacob,cncc lieu.

Mais quelcun pourra répliquer,que les fideles qui eftoyent en ce temps'ld, auoyent beau moyen de feruir d Dieu, i.M«t autre part,amp; de faire profefGon de lcuræ'^”®^ foy.au temple ordonné de Dieu,en Hie-rufalcm. Parquoy d’aller Id, ilz enflent tenté Dieu. Car l’idolâtrie de Bethcl,de Dan,de Berfabée amp;nbsp;des hautz lieux n’e-ftoit pas au temple de Hicrufalem, mais c’eftoyét lieux fepatez loing du temple.

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EPISTRE

lefqudz 1« idolâtres feftoyent cfleus. Mais c’eft autre cliofc de ceux qui n’ont nul autre moyen,pour glorifier Dieu en fon Eglife,linon entre les Papilles. Et que diront ilz des Ifraelites mefmes, qui elloyent fideles entre ces idolâtres des dix lignées qui eftoyét fubieâes au Roy Hieroboam? Quelle liberté auoy-ent ilz,d’aller en Hierufakni e Autant que les fidcle$,qui font foubz le peuple de viure félon l’Euangile. Car qui euft peu aller pourfacrifier en Hierufalem, puis que Hieroboam auoit cllably fa ma nicre de faire;amp; qu’elle auoit efté reccué par le peuple, fans dangier d’ellre tenu pour rcbelle,amp; pour mutin amp;nbsp;feditieux digne de mort. Etdu temps d’Achab amp;nbsp;de Icfabel,queleferuiccde Baalamp; des tetempie bautz lieux eftoyent en fi grand bonde ittabel neur amp;nbsp;fi bien maintenus,lequel des vrays feruiteurs de Dieu y cil allé communiquer auec les idolâtres qui elloyent toutclFoys du peuple d’Ifrael? Pour le moins ces fept mille, defquelz le Seigneur tefmoigned Helic,qu’ilz n’ont Romii.pgjjjf ployé le genoil à Baal n’y font point allez,amp; n’y ont nullement com-!

muniqué

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AVX FIDELES. **$ mu niqué node parollc nede faia,nepar fcintifc. Et ceux qui y font allez,qucl-le louange en ont ilz de D I E V i amp;nbsp;de fes Prophètes? Nous le pouuons entendre par la louange qui eft donnée d ceux qui ont faid le contraire.Si les Pro phetes, amp;nbsp;tant de gens de bien, qui ont efté pcrfccutez , pourtant qu’ilz n’ont pas voulu ployer le genoil à Baal,cuf-fent voulu faite comme ceux cy veulent faire entre les papilles, lefabcl ne les euft pas perfecutez fi cruellement.

Et que dirons nous des fidèles de lu- Le tép» da,quieftoyentdutempsquclc temple“^' '?'°' mefme de Hierufalem fut poilu amp;nbsp;fouil jc^quot; Ja. lé,par les abominations dcfquellcs il a efté parlé cydeffus? le nenicray pas, que les Prophètes, amp;nbsp;les feruitcurs de Dieu,n’ayent vfédu tcmplc,amp;qu’ilz n’y foyent côuenuz , comme il appartenait fclonlaloy:Maisicne confetTeray pas, qu’ilz ayentiamais communiqué auec les idolâtres,amp; qu’ilz fe foyet adioinâz d leurs alTcmblêcs, quand ilz facrifioy-ent d leurs idoles,' amp;nbsp;par autre manière, que celle qui aUoit efté commandée en la loy,quc prCfnictement cela ne

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EP IST RE

mefoitprouuénonpai par imagination,mais par les faindes Efcritures,auf-quclles ie trouuc tout le contraire. Car nous lifons les rcprehenfiós,amp; les repro dies,que les Prophètes en ont faid aux prcftres,aux Princes amp;nbsp;au peuple, amp;nbsp;les reformations qui en ont efté faides par les bons Princes. Mais qui plus cft, le Seigneur ne fe plaind il pas,que ces ido lattes,ont ddaifTé fon temple,pour facri fier ailleurs» Parquoy ie fuis grandement cfbahy de ceux qui nous mettent en auant l'exemple de lofaphatamp;d’Eze chias; I Iz monftrent bien,ou qu’ilz ont trcfmal leu l'Eferiturc fainde, ou tref-mal aduifé en la lifanc d ce qu’ilz lifoy-ent.ou qu’ilz eftoyent tellement affedi oncz,dy trouuer quelque poind,pour colorer leur erreur amp;nbsp;idolatrie, qu’ilz ont du tout efté aueugle$,aux autres paf fagc$,amp; qu’ilz n’y ont vcu que ce que leur fembloit faire pour eux. Car n’eft *'dgt;r.i7.j{ pjj eferit, de lofaphat auant qu’il ay t faid celle alfcmblée, amp;nbsp;celle prière, qu’ilz metten ten auant,qu’il au oit défia reformé la religion,par tout fon pays, tancod au commencement de fon regn«

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AVX FIDELES. I«7, gne» II n’auoit donc pas laiiFé l’idolâtrie au temple. Et Ezechias en a il moins Faift. N’a il pas commencé fon regne, par la reformation de la religion.N’cft il x,chrjp, pas eferit notamment de luy, qu’il a cô-mandé aux preftres amp;nbsp;aux leuites, d’o-fler toute l’ordure du fanduairee Mais l'exemple du ferpent d’ærain, n’eft ilpas allégué bien d proposf Ilz nepourroyét trouuer exemple plus propre, pour ruiner leur Meffe,laquelleilz veulent fl bien colorer,par la comparaifon qu’ilz en font auec ce ferpent d ærain. Car fl £zechia$ ne lapeutfouffrir, iafoit qu’il fuft demeuré tel qu’il auoitcfléfaiclpar Moyfc mais l’a fait abbatre fans le vouloir autrement reformer, feulement d caufedclafuperftitiondu peuple, com ment approuueroit il ces beaux reforma teurs de la meire,qui eft du tout contrai redDieuf

Et quand les Prophètes n’ont pas tu les Roys,telz qu’ilz deuoyent eftre, amp;nbsp;qu’ilz ont fou de nu amp;nbsp;nourry l’idolâtrie au lieu de l’abolir,ilz n’ont pas laif-\ fépourtât,de la reprendre amp;côdamner, . amp;nbsp;non feulement eux, mais aulTi leurs

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1*8 EPISTRE

aJheranj,aufquelz cela dcfplaifoit,amp; quifuyuoyent ladoärinf des Prophe-te$:ou autrement,pourquoy eulTent e-rté perfecutez les Prophètes,comme Efa ie,Hieremie,Amoz,iic les autres fembla J bles,amp; pluheurs gens de bien,amp; d’hom- !

4.Rlt;’i».iiniesiuftes,tantpar les Roysquepar les preftresamp;parlepcuple,quilcurfauori-

4 Roi«.xi£(jy^j^^quot; Poycquoy ^ j^^ jgj,|. jj fangiu ftc amp;nbsp;innocent efpandu en,Hierufalcm, ' j.Chr.ji-paf ManafTestNe font pas racontez aux ïiuresdes Roy$,le$prefches que les Pro phetcsontfaia,concrc l'idolâtrie dice-luye la foit donc qu’il y cuti de l'idolâtrie en la ville amp;au temple,touteffoys» les fidèles n’y conuenoycnt pas auec les infidcles,cn vnc mefme idolâtrie : mais ilz auoyent leurs alTcmblées amp;nbsp;leurs fa-crifices d part, telz qu’il appartcnoit:ou ilz declairoycnt qu’ilz ne confentoyent i pas aux abominations des idolâtres. ' vilksmef Nous auons par dc-ça des villcs,auf 1 lées depa quelles les habitant ont liberté d’aller, dr'^âek '”’ ^ l’Euangilc,ou d la mcirc,amp; aufqucl eftant'en les les vns fontpapiftcs,amp; viuent félon liberté dcleur papifterie,amp;lcsautres,felon la refor r\.“^| mationderEuangilc. Entrelefquclles *“'” nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nous

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AVX FIDELES. tt? nous prendrons pour exemple la ville d’0rbe,de laquelle ie fuis natif,qui a celle liberté,! caufe de la diucrlîté de religion,qui eft aux deux feigneuries, c’eft afauoir Berne amp;nbsp;Fribourg,aufquelles et leeft fubiette. Etpourtant,les citoyens amp;nbsp;habitans,ont liberté de fuy urc la quelle qu’ilz veulent,de ces deux religi ons fans perfecution,nc contrainte, ny d’vn cofté ny d’autre. Les fideles amp;nbsp;les papiftcs y ont tous vn mcfnie temple,au quel les papiftes ont leurs autelz , amp;nbsp;leurs idoles, amp;kurs autres inftrument d'idolatric,amp; leurs heures déterminées, pour faire leur diuin feruicc. Les fideles de l’autre part, ont auffi leurs heures. Et quand les vns ont faid leur tour,les autres font le lcur,quand leur heure eft vc nue:amp; cela tout en vn mefme templc,amp; par l’accord des deux feigneuries. Mais les fideles n’approuuét pas pourtant,l’i-dolatrie des papiftcs;côbicn qu’ilz con-uiennentau mefme temple,auquel les papiftcs conuiennent: Carilz n’y con-uiennent pas aucc cux,ny pour les cau-fes, pour Icfquclles les papiftes f’y aftem (»lent. Car les papiftes f’y afTcmbleht

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ÎJO EPISTRÊ

pourblafphcmerDieu,par leurs idolatries,amp; les fideles,pour y ouyr la parolle de Dieu,amp; pour l’inuoquer félon icelle, amp;nbsp;pour célébrer les facremens ordon-viiletn’i nez de Dieu,amp; pour condamner les er-yjn, pas rcurs des papilles,amp; faire profelfion tou liberté, te contraire,!} la leur. le ne doute pas que les fideles, qui eftoyent entre les / luifz amp;nbsp;les IfracLiccs,ne fiifcnt le fem-/ blablc,quandilzconucnoyentau temple de Dieu.

Il y a des autres villes, cfquelles il n’y a pas fi grande liberté. Car l’Euangile n’y cd point prefcké,amp; i’vfage des facre niens,n’y ed pas puramp; franc,d caufe que les Seigneurs qui y font,nc le permettét pas, Parquoy les fideles qui y font ne pcuuentconuenir auec les Papides fans idolatrer,maisilzfc feparcnt d’eux, amp;nbsp;•Vontcomuniquer,auecles Eglifes pro cliaincs,aufqucllc$ ilz font profcdion, de leur rcligion.Car nonobdant que les Seigneurs amp;nbsp;Magidratz de ces lieux, ne fauorifentpas d l’Êuangilc,touteffoys ilz ne perfecutent pas fi cruellement les fidelcs,commc en plufieurs autres pays-Qui pourroit ainfifaire,par toutld 0“

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AVXFIDELES. tjt il y a des fideles,la difficulté que nops a lions,en cefte matière, feroit tantoft o-ftée. Mais il n’eft poffiblc d la plus part fan s dangier de la vie.

V oila pourquoy nous querons ces cfchappatoircs,amp;pourquoy nous allons cerchcr ces raifonsamp; exemples,Icfquelz ne font pas fuffifans,pour fatiffaire aux confciences,qHi font en fcrupule de ce-cy,ny pour renuerfer les raifons de l’E-fcriture,qui ont defia efté alléguées con trecefteopinion: mais les conferment d'auantage, fi le tout eft bien examiné amp;nbsp;entendu. Et fi ces raifons,alléguées per ceux cydoyuent auoir lieu, nous pourrions approuucrpariccllcs mefmes toutes religions nonfeulemctdcsSama ritains amp;nbsp;des Ifraclitcs idolâtres, mais celles aulTi tant des anciens payés, com me de s T urez,attendu qu’elles ont tou-tes-quclque imitation des anciens peres amp;nbsp;des vrays feruiteurs de Dieu, laquelle n’a pas moins de colcur que celle qui peuc eftre en la mclTe. Car tous les fa- j^ jj^^ Orifices des Payens anciens, d’où ont ilz (jç„ eu leur foutee, que de ceux des Patriar- payensan ehest Douant le deluge d’où eft venue ci*quot;*’

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I j t^ E PIS T R E

la cóüftumf,amp; la Loy de facrificr,que la maifon d’Adam? Et après le delugc.quc de la maifon de Noé amp;nbsp;de fes enfans?

Gtn.8, Combien penfons nous auffi que les au très peuples amp;nbsp;nations ayent prins des manières de faire des Hebrieux, amp;nbsp;de leurs ceremonies, principalement ceux auec Icfquclz ilz ont efté meflez, amp;nbsp;ont Conuerfe e Semblablement la Loy de L’Alcoz Wa^iomct, amp;fon Alcoran,combicna il ran de dcpieces prinfcs,tantdu vieil que du Mahoratt nouucau Teftament? Combien a il de bonnes fent;nces,amp;dc bons paflagcs,de laparolledcDien, amp;de beaux tefmoi-gnages de lefus Chrift? Mais qu’eft-ce autre chofe qu'vu amas amp;nbsp;vn meflinge, du vieil amp;nbsp;du nouucau Teftament,amp;de$ herefies, erreurs,traditions amp;nbsp;opinions des hommcs,commc la loy amp;nbsp;la doctrine du Pape? Il y a encore cela de meilleur qu’il condamne l’idolâtrie, amp;nbsp;qu’il n’en approuue point manifeftement, cô me le Pape amp;nbsp;les fiens qui tient plus des Payent anciens, fans nulle comparai- i fon, que Mahomet. Approuuérions nous donc l’Alcoran pourtant,amp; les hc- j relies pareillement, qui font prefques i tou

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AVX FIDEL ES. Ijj toutes forgées de plufieurs paflages de I'Efcriture,makentenduz amp;nbsp;mal appli-, quez? Iln’yapasplusderaifond’ap-proiiuer la jnelTe, ne d'y communiquer que de communiquer à toutes ces cho-fcs,auecccuxquilcs fuyuent.

Or fi les facrifices mefmes, qui ont efté faia,entrc le peuple d’ifrackâ l’imitation des Patriarches, félon l’opinion desidolatrfs,contrclaparollc de Dieu, touteffoys font reprouuez de Dicu,amp;dc fes Prophètes amp;nbsp;Apoftres,fi ceux qui y ont communiqué font condamnez,pen fons quelle raifon il y a,dc comuniquer d ceux,qui mefme n’ont ne fondement en l’Efcritute,non pas en apparence mcf me, ny cxcple,ny imitation des faindz: mais font ouuertement condamnez, parlaparollcdcDieu,amp; du tout prins ou des luifz infidèles,ou des Turcz , ou ceremoni des anciens idolâtres amp;nbsp;de leur imitati- quot;nbsp;‘*“*®quot;t „ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, payenne«

on? Or nous ne pouuons nyer,qu’en la meflc,amp; en plufieurs autres traditions papales il n’y ay t beaucoup de telles cc-remonies,qui font du nombre de celles que nous allons mifes en la premiere di uifion: c’eft afauoir,celles qui ne font

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ij'4 EPIS TRE

nullement commandées ne de Dîeo, ne de fes feruiteur$,amp; qui n’ont ne fondement n’antorité, ny exemple en la fain deEfcriture,nyimitation aucune, ny des Patriarches,ny des Prophètes,ny des Apoftres. Car quel exemple pour-rontilz allcgucr,de rEfcriturc,pourap-prouuer leurs images amp;nbsp;reliques, amp;nbsp;les adorations amp;nbsp;reuerences qu'ilz y font, qui font chofes défendues manifefte-sl on peut mcnt,enlaparollcdeDlcuf Etl’inuoca dire pre » non amp;nbsp;l’intcrccfTio des hommes mortz, meffc”fij 4“'^ fondement a ellc,en l’Eferiture’La idolatrie. Coftume d’en faire des dieux, des aduo-cas,patrons,amp; médiateurs,dont eft elle prinfc, quedesPayens amp;nbsp;des idolâtres! S’eftil iamais trouué nul des fainöz,ap pronuez en l’Efcriture,qui ay t faid, ny enfeigné telles chofes? Les Tnrez font encore plus d fupporter en ceft endroit. Car nonobftant qu’ilz tiennent Mahomet comme vn grand Prophete de Dieu: touteffoys,ilz ne l’adorent pas, comme Dieu,amp; n’en font pas leur aduo car amp;nbsp;patron. Et du Purgatoirc,amp; des fuperftitions amp;nbsp;idolatries, qui fe commettent autour des mortz,qu’cn dirons nous

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AVX FIDELES. Ijj nous? Nous suons afTez montré, tn des autres lieux,comment’toutecefte doârinc,amp; manière de faire, eft prinfc des Payens enticrement.Parquoy ,puis que la mclTceft compofée pour la pluf grand part-dc telles abominations, je lailTe d penfcr,à ceux qui font de fain iugcment,comment nous y pouuons af fifter,fans commettre idolatrie amp;nbsp;autres femblables blafphemcs '.

Et pourtant ie fuis fort efbahy, de ceux qui fcpromctteDt,amp; qui nous veu lent faire à croire, qu’ilz y airiftcnt,amp; qu’ilz y peuuent comparoiftre, fans y bailler aucun confcntemcnt,ou ligne d’idolâtrie. Carcomment peuuent ilz nycr que la meffe ne contienne vnc entifre amp;nbsp;folennellc obligation, d toute la doctrine amp;nbsp;faulfe religion de l’Antc-chrift ? comme il leur a délia efté prouuê par argumens inuinciblcs,par ceux qui onteferitde ceftematiere. D’auancage, filzeftoyenten la meire,fans donner aucun ligne d’y prendre plaifir, amp;nbsp;f'ilz ne faifoycnt,ponr le moins en partie, comme les papiftes qui y font, mais que ilz dcmauraltent là, au milieu deux,

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IJ^ EPÏSTRE ,

fans honnorf r leur idole,qui y eft Icuée, deuant les yeux de tousecommentl en-dureroyent les idolâtres auec lefquelz ilz falTcmblentf Nefontilz pas con-traindzd’y approuuer le plus execrable facrilege amp;nbsp;blafphemc, qui fy com-meteê Et toutcffoys,ilz ofentdire,que ilz n’y donnent nulz lignes d'idolâtrie. Mais f’ilz ne faifoyent cela,ilz offenfe-roycntplus,ccux auec lefquelz ilz taf-chentdcf’cntrctcnir,qu’ilz ne feroyent f’ilz n’alloyent nullement à la meffe: at tendu qu’ilz n’y vontpourautre chofe, que pour les cô téter, amp;nbsp;qu’ilz ne les peu ucnt contenter,linon en leurdeclairant par leur fimnlation,qu’ilz veulent eftrc tenuz pour tclz qu’eux. Car d’alléguer qu’ilzn’y vontpas pour cela,ce feroit parler,contrc leur propre confcience.

Carileft tout certain,qu’ilz n’y vont pas pour gouft qu’ilz y préncnt,nepouf profit qu’ilz en puilfcnt raporter,ne que ilz en attendent quelque couleur qu’ilz veulent alleguer,dc l’ordonnance de le fus,amp; des percs.attendu qu’il n’y a rien en la mclfcde tout cela,dequoy ilz fe puilfcntferuir,fans auallcr lapoyfon.

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AVX FIDELES. 137 qûi eft méfiée parmy ce qui femble a-«oir plus d’apparence: veuauin qu’ilz pourroyent trop mieux trouuer hors de la MefîciCe pourquoy ilz difent qu’ilz y Vont.Parquoy ic concluz, que fans faire,pour le moins,quelqueffoys manife-fte declaration, qu’ilz condamnent la Meffe enticremenr,ilz n'y penuentaffï fter,fans approuucr amp;nbsp;confermer l’idolâtrie qui y eft commife, f'ilz ne m'amei nent d’autres raifons,pour leurdefenfe, que celles que i’ay vcu amp;ouy iufques

Touchant ce qu’ilz allèguent,de la crainte qu’ilz ont de venir cnfufpicion Refponfe d’eftre fans religion, amp;nbsp;de donner occa-fion auxinfirmes amp;debiles,dc penfer ic qu’ilz foyent du tout fans Dieu ,fan$ Loy amp;nbsp;fans Foy, f’ilz ne vont d l'Eglife, Comme lesautres, amp;nbsp;f’ilz ne font quelque femblant de feruir à Dieu , comme eux, il y a belle refponfe, laquelle i’ay ■ ' différé iufques icy . lieft certain que fainct Paul nous admonnefte de pour- nom'.ai Hoir toutes chofes bonnes amp;nbsp;honneftes deuanttou$,afin que nous ne donnions occafion de fcandale à perfonne,amp;dc

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Ij8 EPISTRE

blafphemerlaparollcdeDi’cu. Mais ce choUs°î'^ quot;’'^ P®* pourvoir à chofes bonnes amp;nbsp;ces déliât honnetlcs, en contreuenant au comtes hâmes niandemcnt de Dieu , pour contenter les hommes : ou autrement nous pourrons, par femblablcs raifons, confentir prefques 5 toutes mcfthancetcz . Car i.picr. 4. comme faind Pierre le did: Pourquoy elles vous hays, chairez amp;nbsp;perfecutez des infidèles amp;nbsp;des mefehâs, finon pour tant que vous ne vous desbourdez aucc eux en leurs vilennies amp;nbsp;dilTolutions? Si nous craignons donc d’eftre tenuz pour gens fans Dieu amp;nbsp;fans Loy, comme nous le deuôs craindre, d bon droit, tefmoignons noftre religion par noftre fainde vie amp;nbsp;conuerfation, tant de pa-rolles que de faid, amp;nbsp;nous conuaincros facilement demenfonge tous ceux qui nous voudroyent changer de telz crimes. C’eft le confeil que faind Pierre ••Wer.j. Jonne aux femmes fideles. Il ne leur did pas qu'elles fréquentent, aucc leurs mariz infidèles,les temples des idoles,amp; les facrifices amp;nbsp;abominations des idola-tres:mai$ que par leur fainde conuerft-tion amp;nbsp;honnêteté, elles trauaillcnt 1 è^Z

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AVX FIDELES. t}^

I gJgner leurs marîz à I E S V S Ckrifl. Saind Paul fcmblablemcnt, quand il enfeigne les ferfz ,il ne leur commande col. J pas, fi leurs maifires amp;nbsp;Seigneurs font infidèles amp;nbsp;idolâtres,qu’ilz leur tiennét compagnie en leurs idolatries,mais que t.Tlm.tf« ilz les icruent loyallcment, amp;nbsp;qu’ilz fc Tit.1. conduyfentauec eux en telle forte que leurs maifircs foycnt contraindz de louer la dodrine Chreftienne, que leurs fermtcurs fuyuent,amp; qu’ilz Icspuiflcnt gagner d lefusChrift, par leur loyauté amp;nbsp;honnefic conuerfation. Voylalc moyen,par lequel il y faut ptoccder.Car il nous faut eftte Icfel de la terre,amp; la lu Mathea miere du monde .lieft donc requis que nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-

Ce fel monftre fa vertu,amp; que noz paroi l«s,amp; toutes noz oeuurcs, foycnt confi- Colio.4.’ tes en ce fcl,felon le confeil de l'Apoftre.

11 cft requis que cefte lumière Inyfe de- waty^ uant les hommes,amp;qu’elle foit mife fus le chandelier, afin qu’elle luyfe à tout ceux qui font en la maifon , amp;nbsp;non pas foubz le muyd amp;nbsp;foubz lelid.Carla cité qui eft fituée fut la motagne, ne peut eftre cachée.

Et pourtant,fi nous ne courons pas

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140 EP IS TRE

auec les idolâtres en leurs idolatries,fai-

Euangeliz des terne«» raire.

fons des autres chofes, Icfquellcs ilz fo-ycnt contraindz de iuger eftre aulTi bonnes,ou meilleures, qu'ilz neiugent leurs ceremonies. Noftrelangage foit tcl,qu’ilz cognoiffent que nous ne fom mes pas fans Dieu, mais que tout ce qui eft contraire d fa fainde voluntê,nous dcfplait.Si nous n’allons plus offrir aux preftres,amp;fi nous no donnons plus à ceux qui chantent, donnons d ceux qui plourét, amp;nbsp;faifons tant d'aumofnes aux poures,aulieu de ce que nous offrions aux preffres, que les hommes cognoiffent que nous nefommes pasfcmbla-blcs d vn tas de moqueurs, qui fe glorifient de l’Euangile, amp;ilz n’en font autre profeffion, linon enmefprifant les cérémonies du Pape, amp;nbsp;en fe moquant des preffres, amp;nbsp;de leurs facrifices. IIz font bons Euangcliffcs, moycnnît que ilz ne leur offrent plus rien, qu’ilz man gent de la chair tous les ionrs, amp;nbsp;qu’ilz facent autres chofesfemblablcs,tour-nans la liberté de l’Euangile en toute li cence charnelle, fans deelairer par fain-dc vie amp;nbsp;conuerfation, quelz fruielz la P»-

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AVX FIDELES. 141 parolle de Dieu porte.!l eft tout certain, qu’il y a beaucoup de telz Euangeliftes, folz,téméraires ,outrecuydcz,amp; moqueurs de Dieu amp;nbsp;des hommes, qui ne fccurent amp;nbsp;n'entendirent iamais, que c’eft que l’Euangilc : amp;nbsp;qui ne cognoif-fent quclcsabuz dcl’Antcchrift,pour fen moquer,comme Lucienfaifoit de ceux des Payens. Mais ilz ne cognoif-fent pas lefusChrift,comme illefaut cognoiftre, pour le glorifier. Et pourtant, telz perfonnages donnent fou-Uent occafion aux ignotans d’eftimer que la dourine de l’Euangilc eft vnc vraye apoftafic,amp; vn mefpris de Dieu amp;nbsp;de fa pa rolle. C ar ilz iugent de la doâ tine, amp;nbsp;de tous les autres qui la fuy uent, félon ce qu’ilzvoycnt en ceux cy. Ilz Voycnt bien, que ceux cy fc moquent de la religion , laquelle eux tiennent pour vraye amp;nbsp;fainclc, amp;nbsp;ne voyent rien ' d’auâtage en ces nouueaux Chretiens. Car ilz n’y voyent point d'autre manie re de feruir d Dieu. I Iz n’y voyent point de vraye penitence,d’amendement de vie,de crainte de Dieu,ne de Foy.llz n'ÿ Voyent point d’inuocation du Nom dé

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141 ÈPISTRE

Dieu, de prières ny d’oraifon$,d’atftî-nence ncdefobrieté,ny desœuuresde charité. Mais aucontrairc,founcntef- ; foys ilz voyent que telz Euangcliftet ; font plus desbauchez en toutes diffolu-tions,que nulz autres, amp;nbsp;que leur Euan gilc ne leur fert que pourvue farce amp;nbsp;gaudilTcrie. Quant à moy, ic hay plus telz Chrefticns,qucles Papilles,qui vi-uent en leur ignorance. Car ilz ne fer' uent d rEuangile,que pour donner occa lion aux aduerfaires de le blafphenicr, amp;nbsp;de ic perfecuter d'auantage,amp; de feaU dalizerîes iguorans, amp;nbsp;les reculer de la 1 vérité. Mais ceux qui cognoilTcnt ■ vrays vrayement IcfusChri 11,11 n'y a point de ebreâiés. doubte,qu’ilz ne viuent en telle crainte de Dieu,de en telle reuerence de fa paroi le,amp; qu’ilz ne foycnt fi modeftes en leurs diâz amp;nbsp;faidz, qu’ilz ne contraignent leurs aduerfaires,à confclTer, que l’image de Dieu rcluyften eux:ou,pour le moins, à confeiTer, qu’ilz ne font pas fans crainte de Dieu.

Les Prophètes, amp;nbsp;les Apoftres, amp;nbsp;leurs difciples, ne font pas allez aux af-femblées des idoiatres,pour eniter ces j blaf- 1

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AVX FIDELES. 14J fclafmes :comljien qu’Jlz ont fouuent e-fté accufcz d’cftrc blafphematcurs amp;nbsp;có tcnipteurs de toute religion , pourtant qu’ilz condainnoycnt l’idolâtrie. Car ilz ont mieux aymé cidre blafphcmez euxmefæes , amp;nbsp;blafmcz en cefte forte, îniuftcment,amp; eftre tcnuz pour blafphe niateurs,hérétiques amp;nbsp;fehifmatiques, deuant les hommcs,que l'eftrc d la vérité dcuant Dieu. Combien que pour con Uaincrcles mefehans de leurs faulfes ac eufations amp;nbsp;calumnies,ilz ont alTez ma nifefté, tant par leur doedtine, que par leur vie,qu'ilz eftoyent tout autre$,que les mefehans nedifoyent. Ilz ncfe font pas rompu la telle, pour fatiffaire d tous les hommes amp;nbsp;principalement aux mef chans. Car ilz cognoilToycntbien que cela eftoit impolTible. Mais il leur a fuf-fy de fatiffaire premièrement d Dieu, entant que leur infirmité humaine y a peu attaindre ; amp;nbsp;puis,d ceux qui eftoy-entdignes qu’on euft regarddeux,amp; qui prenoyent raifon en payement. Nous auons l’exemple aux premiers Chreftiens, qui furent en Hicrufalem, de la manière comment il nous faut cm

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X44 EPISTRE

ter telz fcandales amp;nbsp;tclz reproches, Ces tó i.3'4 gjfjcs auoyent leurs alTctnblécsparv-ne cliafcune niaifon, amp;nbsp;leur manière de viure i part,différente aux autres habitant de Hierufalem , qui feftimoyent 'bien les plus religieux,amp;lcs plus fainâz de la terre. Mais la Foy amp;nbsp;la charité e-Roit fi grande eneux ,amp;ily auoit vue conuerfation fi honnefte,quc tous en e-ftoyent cfmerueillez, amp;nbsp;les auoyent en telle reucrcce,que nul ne fofoit adioin-drc à eux . Qjjand nous fuyurions les meurs de ces bons Chreftiens anciens,fi non en tout,pour le moins en partie, nous fermerions facilement la bouche à noz aduerfaires, amp;nbsp;remédierions ayfée-ment au fcandale que nous craignons, fans idolâtrer auec les idolâtres.

De répliquer que nous ncfomnies cément il P®^ ^’“ Prophetes,ny Apoftrcs,ny Mi-apparnét niPres, amp;nbsp;qu’il ne nous appartient pas, a tout lie ou que nous ne fommes pas renuz de fó^abui*^^ f^’^ comme eux, ny de reprendre les a-buz, comme ilz les ont reprins, il n’y a point d’apparence .Car nonobffant que nous n’ayons pas tous telle charge amp;nbsp;cômiirion,quelcs Prophètes amp;nbsp;les Apn lires

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AVX FIDELES, i4Ç

Ares amp;Mîniftres de l’Eglife, ce néant-moins fi fommes nous tous tenuz amp;o-tfigez ,d’cftrc le fcl de la terre, amp;nbsp;la lumière du monde,en noftreendroit:amp;de

watt, t* Ephlt;. Mat.lS,

luyre au milieu des renebres, amp;nbsp;des en-fans de tenebres, corn me des lampes amp;nbsp;des luminaires ; amp;nbsp;de nous garder de tous fi;andales,amp; de le donner d perfon-ne:comme il appert, tant par la dodrinc de noftre Seigneur Icfus Chrifi, que par les admonitions que l'Apoftrc en faia aux fidèles. D’autrepart,combien qu’il ne nous appartienne pas à tous d’enfei-gner publiquement en l’Eglife,ny de prendre vn fouet,pour en chaffer les’ marchans qui y font, comme I E S V S Chriftlesa chaffez du Templcde Hieru ' falemiOU d'abattre les idoles,corne Eze-chias amp;■ lofias les ont abattues, amp;nbsp;corne l’office desvrays MagifiratzChreftiéslc requiert, ce neantmoins il n’eft loyfible à nul fidele d’enfeigner, ny d’approuuer faulfcdoffrinc amp;nbsp;idolatrie, en quelque forte que ce foit! maisau contraire,vn chafeunefftenu en fon particulier,de f’en retirer, amp;d'eftudierd en retirer les ïUtres, amp;nbsp;principalement ceux qui leur

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X4^

EPISTRE

attouckent de pluj pres,amp; qui leur font plus fpccialement commis, amp;dc faire quelque profclfion de la dodrine Chre-ftienne. Car de fen taire perpetuelle-mét,cela cft vne cfpece de renycr Dieu: amp;nbsp;encore plus d'approuuer par figues extérieurs ce qui cft rcprouué de Dieu. Et fur tout, quand les peres de famille, amp;nbsp;ceux qui ont charge de peuple, ne tra uaiilent point de faire cognoiftre Dieu, amp;nbsp;5 Icglorificr, d ceux defquelz ilz ont la charge, mais les laiffcn t viure perpétuellement en erreur amp;en ignorance, cela cft vne chofe merueilleufemcntdef plaifanted Dieu. Abraham cft grandement loué de D ieu,de ce qu’i 1 apprenoit â fes cnfans,amp;aux enfans de fes enfans, â craindre amp;nbsp;d honnorer Dieu. D’autant donc que Dieu luy baille plus de louange,pour cefte œuure,d'autât nous donne il mieux d entendre, quel reproche ceux auront deuant luy,qui auront faid le contraire. Careequieftdidpar E«f.î îî Ezechiel aux Pafteurs,eft did aux peres amp;mercs,amp;d tous ceux quiontcharge d’autruy.S'ilperiftnuldeccux qui nous font commis parnoftrecoulpc,lefang diceux

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AVX FJDiELES. 147 'i’iceax.fcra requis de noz mains. îe ne fay donc que ceux qui ont offices amp;nbsp;bénéfices entre les Papiftes, amp;nbsp;charge d'âmes amp;nbsp;dépeuplés, refpondront a' celle fentence d'Ezechiel,amp; quelle exeufe ili pourront auoir deuantDieu,de feftre, non feulement toufiourt teuz,mais,qui plus cft,d’auoir entretenu par leur filen ce Äfeindife amp;nbsp;dilTimuIation, les autres en erreur amp;nbsp;ignorance. Car fi nous nauonspointl’vfagednminiftere delà parolle amp;nbsp;des Sacremen$,comment fatif ferons nous à ces commandemens amp;nbsp;exhortations, que le Seigneur faiâ tant fouuentà fon peuplefc'cftafauo;r,d'en-feigner fa Loy â leurs cnfans amp;nbsp;fuccef- ®”*quot;®’ feur5,de l’ffcrire de tous collez,.amp; la por ter corne vn figne en leurJbras. Iteni,ce qui cil did de l’agneau pafchal : Quand ^„ „quot;y tes cnfans te demanderont: Pourquoy fefaidcecyê Tu leur raconteras les mer Ueillcs du Seigneur ton Dieu, amp;nbsp;les eau fes pour lefquellcs ce Sacrement aefib ordonné de luy. Or quand les nollrcs auront efté en la Meffe, amp;nbsp;qu’ilz auront ■ven les lingeries qui fy font, que nous diront-ilzf Et que leur refpondrons

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»4.t EPISTRE

nous ? Comment accomplirons nous tfe que fainct Paul nous commandetQuâd vous mangerez de cepain,amp;bcuurez de cehanap,annoncez lamortduSci-gneur,iufqucs à ce qu’il vienne. Comment annonceront nous la mort du Sei gneur, de comment enfeignerons nous ïnoz enfans d l’annocer aucc ceux qui la renoncent’ Il eft touteffoys requis de fatiffaire d ces commandcniens,amp; de fai rc quelque vrayeprofeiTion de nodre re ligion.Carfaind Paul le requiert mani feftemen r par ces parolles. O r il eft tout certain,que tout le contraire fe faia d la Mcirê,amp; que ceux qui y affiftent, reny-entla mort amp;nbsp;paillon de Iefus,aulieu de la confeffer, amp;nbsp;de luy en rendre graces. Ils nepeunent doncpat appeller v--, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ne telle Cene^Euchariftic ,c'cft d dire,3-

dion de gracet.Car il n’y en a point.

i Or combien qu’ainfiföir,toutcf-Li maniefoys de bailler certaines lois, comment re deflixeefte profeflïon fepourroit faire,ilfe-fionquot;*^'^^®** difficile,pourtant qu’il y a beaucoup decirconftances d confiderer,félon les temps,les lieux,les perfonne$,les cas diuers, les diuerfes occafions, amp;nbsp;autres

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AVX. FIDÈLES. 14 9 trei telles chafer,'dèfquellcs on ne pour rolt donner lôi^ fpecialfès, par Icfquel-leson peut comprendre tout cequieft requis d’y aduifer, d caufe de la diuerfité des circonflances, amp;nbsp;des cas qui peunet furuenir.Parquoy il faut laiiTcr cela à la • diferetion d’Vn chafeun fidele, amp;nbsp;â l'E-fprit de Dieu qui les conduit!, qui en temps amp;nbsp;lieu les inftruyra comment ilz fe doyuent porter,mais qu’ilz ncfor* tenr point hors de celle relgle generale: Regle g, c'ellafauoir,que pour chofe quipuiffe ncraie po aduenir,il ne faut iamais confentir à‘'^^^'^ idolatric,ny l'approuuer en quelque ma quot;nbsp;“ ’ niere que ce foie ; amp;nbsp;que le fidele ne doit point demeurer fans faniäifierleNom de Dieu. Du moyen amp;nbsp;de la maniere,il le faut laiiTcr d l Efprit de Dieu, qui habite en nous, amp;nbsp;le prendre en lareigic qui nous eft propose en l’Eferiture, félon l’exigence du cas,amp; les exemples des Sainetz . Car fi nous fuy uóns la pa-roHe de Dieud’Onâion du fainft Efprit nous enfeignera comment il faut vfet des chofes faindes.

Puis que nous auons parlé alTcz

- amplement de ces chofes, il eft mainte..

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IÇO nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;EP SST R E

nant facile à iugçr commeBr nom poo* «iû«'amp;“®”® compatoiftre aux Euneraillcs amp;nbsp;übfeques 0bfeques, qui fe font pour les trefpaf-pour 1« fez,entre les Papiftes. , Car pour le prêtre mier', nous n’ypouuons guère alTïfter, fans alfifterâ la MeiTe quant amp;nbsp;quant. Or il a défia eftémonftré en quelle ton fcienceonpeut comparoiftte cnlaMef fc.D’auantagc,foitqu’il7 ayt Melfe,ou non, nous n’y pouuons eftre prefens, Putgatoi fans approuucr l’opinion du Purgatoire. re, que les Papiftes en ont, par laquelle la vertu amp;nbsp;l'efficace du fang de Icfus, Hebr.i. qui eftlc vray Purgatoire de noz aines, i.cor.s. amp;nbsp;la vertu de fa mort amp;nbsp;pa(f)ôh,eft anc-^P**’®’ antie,auiri bien comme en la Mclfc.Car puis que les Papiftes y vont pour prier pourladeliuracc deramedeceux pour Icfquelz telles Funérailles amp;nbsp;Obfeques fe font,il n’ya point de doubte,que ceux nefoubfigncntparleurprcfence d leurs facrilegcs amp;nbsp;blafphcmes, qui leur tiennent compagnie,fans deelairer qu’ils condînent celle faulfe opinion du Pur-gatoire,pleine de blafpheme contre le-fus Chrift, attendu qu’ilz ont quelquef foys efté de telle opinion,«St qu’ilz n’onc en-

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AVX FIDELES. ijr

lt;ncorc point manifefté qu’ilz croyoy-fnt autrement. Parquoy ,fi ceux qui cognoilTcnt la vérité, y comparoiffent» pour euiterlafufpicion qu’onpourroit auoir d’eux, qu’ilz condamnent le Purgatoire, amp;nbsp;les prières, amp;nbsp;les fuffrages amp;nbsp;facrifices pour les mortz , nul ne peut nycr, qu’ilz ne renoncent manifefte-ment Icfus Chtift,amp; qu’ilz n’yallent expreffement à celle intention. S’ilz le font feulement pour ciuilité amp;nbsp;humani té,ilz doyucnt entendre , que la ciuilité eft trop indigne d’vn Clirefticn, laquelle ne peut effre gardée fans renoncer le fus Chrift, qui nous doit eftre trop plus cher, que trente mille vies, fi nous les auions. Carf’ilnousfautabandonner pères, meres,frètes,feurs, femmes ,en- Luci4. fans,poflcffions amp;nbsp;heritages, voyrc noz propres vies,pour effre de fes difciples, pour le fuyure, amp;nbsp;pour confeffer fon Nom, il eff beaucoup plus requis,de renoncer à telles ciuilitcz.Car nous fom-mes défia de long temps aduerriz par le fusChriffamp;parfonfainff Apoffrc, que fi nous plaifions encore aux hommes, G**’*« i nous ne pourrions effre feruiteurs de

«■ 4.

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.151 EPISTRE

Ich.I^.

Dieu:amp; qu'Il n’cftpofTiblc que le mon* de nous aynie,finous ne fommes des fiens. Parquoy c’eft grand folie,de cuy-der complaire aux hommes, aux chofes contraires d IcfusChrift,amp; demeurer neantmoinsdifciplesdc Icfus Chriftee pendant. Il nous faut donc conclurre, que toutes ces manières de ciuilitex, aufquclles nous ne pouuons feruir,fans communiquer aucunement aux idolatries amp;nbsp;fuperftitions des idolâtres, ne .fontpoint chofcs indifferentes, ny loy-fiblés à l’homme Chrefticn,ny tantâc-ftimer, qu'il les faille acheter par vn renoncement de Dieu.

Orpuis que nous auons affez amplement monftrê,comment il n’eft pof-fiblc de conucnir aucc les idolâtres en leurs an'cmblêes,amp; de faire femblant au cun d’approuucr leur idolâtrie, fans ido latrer,amp; qu’il n’eftpolTibled’y conucnir fans l’approuuer aucunement,fi Ion ne faid quelque profclïion du contraire,amp; fulfifante declaration, qu’il n’y a point de noftre confentement. Puis que nous auons prouué pareillement,que l’idolâtrie , qui eft maintenant entre les Papi-......lies

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AVXFIDELES. Ifj

fles, n'cft en rien plus à fupporter que Celle, qui a efté entre les Payens, nous nionftrerons maintenant,connnent l’o Herefiean pinion de ceux qui fouftiennent qu’on ciéne tou peut diffimuler ces chofcs,amp; alTiftcr aux ^“^„* j facrifices des idolâtres , fans offenfer cation ax Dicu,lcurcft- commune auec plufieurs uecl«ido anciens hérétiques: amp;nbsp;comment elle a ’*‘“*’ eftècondamnée des Peres anciens,pour hérétique.Et pour le premier,nous mettrons en auant,le faux Prophete corn me E^jif^m Elzaiquiaeflêluif,amp; f’ctl conioinct d prophete, la fecte amp;nbsp;hcrefie des 0iTeniens,qui c- ^Î^ÿ' Hoit entre les luifz. Ceftuy comme E-piphaniuslc tefmoigne,difoif.que ce Epip.iii. n’eftoit point péché d’adorer les images, ^“™p\ entempsdeperfecution,veu qu’on ne les adoraft point,en fa confciencc ny de faire quelque confeffion de bouche en lafaueurdes idolatres:mais qu'on ne la fiftdecueur. Etpour mieux deccuoit les hommes,ce trompeur n’auoic point de honte d amener pour tefmoings,vn Phinées,Ptertre,de la lignée de Leui, amp;nbsp;d’Aharon: amp;nbsp;vn autre ancien Phinées, qu'il difoic auoir adoré PJiane du temps de la capciuité deBaby lonc,amp;qu’il auoit

«■ S

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154- EPISTRE

par ce moyen cuité le dangler de mort deuant le Roy Darius. Mais ces tcfmoi-gnages, quelz fondemens ont ilz en l’E fcriturc? S’il l’cntcndoit par ceft Aha-phuXquot;* ton duquel il parloir, le frere de Moyfc: Nom. i$. amp;nbsp;par ce premier Phinées, le filz d’Aharon, qui eft tant loué en l’Efcricurc,d caufe du grand zelc qu’il a monftré, pour la gloire de Dieu,en tuant ce paillard,qui paillardoit aucc la Moabite, les tefmoignages fctoyent manifeflemenc contre luy. Car nous ne lifons point d’Aharon qu’il ay t iamais adoré les idoles: fi nous ne le voulions prendre fur l’exemple du veau d’or. Mais l’Efcritu

Exo n “^^ ”' condamne elle pas clairement A-haron fur ce faictrNon pas qu’elle l’accu fc d’auoir adoré le veau : mais pourtant qu’il l’a faift : combien qu’il Payt faiâ par crainte de mucination, pour entrete nir le peuple, iufques d la venue dc.Moy fe. Et les idolâtres qui l’ont adoré,qucl Icpunicionenoncilz reccu? Touchant Phinées,lcfilz d’Aharon, il a faid tout

leconrraire,vcngeant l’iniurc,rant de l’idolâtrie, qui auoit cfté commife contre Dieu auec Baalpcor,que la paillardi-

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AVX FIDELEÎ. i^f flt;,de «ft idolâtre amp;nbsp;paillard execrable HU’il tua. L’exemple de l’autre Phirces eft controuué à plaitir.ou fil eft vray, il tl’eft pas pourtant approuvé par l’eferi-turc, ne digne de fuyure. Et pourtant, Epiphanius reprouuant cefte damnable opinion diâ de luy en cefte manietc.Il a ntenty contre verité^enfeignant premie rement de renyer Dieu, commandant à Ceux qui lcfuyuoycnt,d’eflre participant des deteftablcs facrifices d'idolâtrie par fimulanon.En apres il a menty, de-ceuantfes auditeurs,leur commandant de nycrde bouchc,leurpropre Foy,affcr mant qu’il n’y auoit point de péché. Par quoy, Epiphanius côclud que leur mala diecftincurable. Car comme il did: fî la bouche qui confeife vérité fe prepare dmcnfonge,qui croira,que le tueur de ceux qui font telles chofes,ne foie cauteleux,menteur amp;nbsp;plein de fraude amp;nbsp;dcttomperierattcnduqucrEfcririire dî uinc prononce, amp;nbsp;enfeigne manifefte-ment: De tueur on croît àiuftice,amp; de stontroi bouche on faiclconfclfion à falur.Voy-la les parolles d’Epiphanius,touchant 1 cefte faulfe opinion,laquelle il reptou-

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ï^lf EP IST RE

ne manifeftcnicnc, fuyuantla doftrine de l’Eglifc ancienne.

11 a eferit femblablement, qu’il y^a l’hiiloire cu vn’fanantperfonnage, nommé The de Theoz odotius,quiacftéprifonnier,dcaufe de eXi» 1gt;'‘ ^’ religion. Ceftuy iafoit qu’il fuft fa-Tom.j uant,iln’apas touteffoysconfclfé lefus hxr.y4' CIirift,aucc ceux qui ont cfté prifon-niersauccluy,amp; qui ont foüffert martyre, pour le nom d’iccluy, mais l’a nyé. Et pourtant que les fidèles qui le.co-gnoirtbycnt,luy reprochoyent ccllapac tour,il leur refpondit, à la fin, qu'il n’a-noit pas renyé Dieu, en renyant lefus Chrift,mais vn liomme.Et dés lors pour fauuer fon honneur,amp; euiter le vitupéré qu’ilauoitd’auoirrenyé lefus Chrift, il nyaque lefus Chrift fuft Dieu, affet-manc qu’il n’eftoit que pur liommc.Cc-ftuymefmeaefté le premier auteur,de Theodoe la fede amp;nbsp;lie relie des Tlicodotlcns ,qui *“quot;‘* ont retenu fon nom, âcaufe qu’ilz ont fuyuyfes opinions amp;herclîes. Nous - voyons icy mainifeftcment,vn merueil leux exemple du iugement de Dieu, fur ceux qui pour fauuer leur honneur amp;nbsp;pour pallier leurs pechez, ofent exeufer

amp;

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AVX FIDELES. Ilt;i7

amp; Refendre ce qui cft totalement con~ treOieu. Et pleuftd Dieu, que nous D’en culüons point de noftre temps,qui en eurent faici au tan t ou plus, pour eui ter les perfecutions amp;nbsp;pour couurir leur honneur deuan t les hommes. Car combien en auons nous veu, qui pour fem-blables caufes font venus iufques, ou d niefprifer,ou 4 condamner amp;nbsp;renier du tout la doûrine de verité,voire iufques d la pcrfecuterfNous deuons donc gran dement craindre, quand nous voyons telz exemples,qu'il ne nous en aduien-ne autant. Mais combien y a il auiour dhuy d’Atheiftes, c'eft à dire,des homes fansDieu qui nefôt ne luifz,tie Turcz, ne Papifl-cs,nc Chreftiens, qui n’ont ne Foy ne Loy:mai$ fe mocquent de toutes les religions du móde,amp; viuent com me Epicuriens,fans attendre point d’au tre vie que cefte icy,non plus que les bc hes? Et d’où font ilz ylTus? lieft certain qu’vne grand partie en a cfté engend réc,en l’Eglifc papale:mais il y en a auffi grand nombre,qui ont eftè de ces Chreftiens dclicatz,qui n’ontpeu fouf-frir les efpines de Icfus Chrift. Parquoy

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ïç8 EPIS TRE

Îlz fc fontprcmîfrcmentvolu flatter, amp;nbsp;ontvolu nager entre deux eauc^quand îlz ont veu que la confelTion du nom de lefuseftoît fi dangereufe. Et puis ilz ont volu maintenir que ce n'eftoitpaJ malfaiâ^dediiTimuleride renyer lefus Chrift,parfimulation$ amp;nbsp;communications aucc les idolâtres. Et puis de la, ilz font venuz d fc mocquér amp;nbsp;reiettet totalement lefusChrift amp;fon Euangi-le. Mais ilz ne fontpas touteffoys re-tornezau Pape. Car ilz fanent bien, qu'ilne vantrien : mais ilz n efiiment , guère lefus Cliriftd’auantagc. Ce font gaudilfeurs qui ne fc foucient,quede vi U re â leur aile.Et plcuft d Dieu que celle 1 pelle d'I talie,amp; de la courtR omaine qui elide ne croire point en Dieu, ne full point tant cfpandue,amp; en France,amp;aux autres terres amp;nbsp;pays. Les Libertins font forty s d’vnc telle fource,amp;font tombez par telz degrez en cell abyfmc d’erreur auquelilz fôtabyfmez.Etauiourdhuy, , nous voyons encore tous les iours ^experience de telles ebofes,en plufieursde , ceux qui veulent maintenir amp;nbsp;faire le ! J contraire, dece que nous enfeignont • icy. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Nous

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AVX FIDELES. nbsp;nbsp;If ƒ

Nous lifonsparcillcmentque’non obftant qu’Origencs ayt efté contrainä j-orj”* amp;nbsp;efforcé,par les Payen$,de tédre, maul n«, gré foy des fucilles des Palmes, d ceux Epiph .li. qui montoyent,pour adorer l’image Hc*’^“™^,' Serapi$,amp; qu’il diâamp; qu’il cria publique mentdeuantcux:Ic ncles prefente pas d Sarapis:mai$ à Chrifl',rouccffoys,pour tat qu'âpres beaucoup de perfecutions, faiefes contre luy, il promit par contrainte de facrificrdel'cnces aux dieux des Payent, amp;nbsp;qu'âpres celle promefle, les Payens luy auoir ieelé de l’encens en la’mainje menèrent au près de l’Autel,! 1 a ellê reieàé de l’Eglifepar les mar tyr$amp;confeireur5,quandilz furent ai uertys,qu’il auoit faid cela en Athenes. Epiphanius ne diel pas qu’il ayt offert l’encens.Triais feulement pourtant qu’il a promis de le faire, fe voyant pre lie, amp;nbsp;en dangier,amp; que fuyuant celle promef fe,lc$ Payens l’ont mené par force iuf-ques à l’Autel,auec de l’encens en fa niain,ces bons Peres anciens ont tenu cela pour vn renócemetde Icfus Chrill. Et pourtant, ilz luy ont tenu celle ri-gueur,cn forte qu’il a efté grandement

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r(?o EPISTRE

déboute, par toutes les Eglifes, ou il eft allé,par apres,quant elles ont cfté aJuer ties de ce faicl. Or penlons,pui$ que ces Eglifes anciéncs,onttenu telle rigueur d ce perfonnage,tant fanant,amp; qui a rît trauaillé pour l’Eglife,en quelle reputation les anciens peres ont eu ces fimula tionsamp; dilTimuiarions d'idolâtrie,kf-qucllcs pluficurs eftiment tant peu.

Mais que dirons nous du ditîcrent «n^L V ^’’^ isinct Paul amp;nbsp;faintt Barnabas ont Paul amp;de' C“ fi grand enfemble, que l’vn f’eft fepa Barnabas ré de l’autre, à caufe de Ichan Marcf

Qjielcrimeauoitcommis Ichan Marc, pourquoy faincl Paul ne le voloit plus en fa compagnie? Il n’y auoit autre,fi-non que Ichan Marcf'en cftoit retourné, fans paraclicucr le voyage qu’il a-uoitcntrcprins auec eux, Sainâtuc qui raconte l’hiftoire, nacufe point Jehan Marc,d’autre vice, amp;nbsp;n’cfcrit point que faincl Paul aytfaid difficulté de le reccuoir,amp; de l’adioindre en leur compa gnic,cn ceft autre voyage,qu’il entrepre noit auec Barnabas,hnon pour celle feu i^âan If^aufif- Orconfidcrons,quclpcrfon-Marc. nage Ichan Marc cftoic. Pour le premier

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AVX FIDELES. i6f

mier,il cftoitcoufin de Bamabai amp;nbsp;filz d’vne fainde femme , de Hierufalem, nommée Marie, en la maifon de laquel le les fideles cftoyent affembicz quand faind Pierre fut deliuré de la prifonde Herode, amp;nbsp;en laquelle il fe retira tout droit apres fa deliurance. En quoy nous pouuons cognoiftre,de quelle reputation cede femme eftoit,amp; toute fa famille. D’autre part,quand ces deux grans Apoftres, Paul amp;nbsp;Barnabas ,auoyent eleu ce Iclian Marc pour leur tenir com pagnie, en vn voyage de fi grande importance, amp;nbsp;pour feruir au miniftere de rEuangile,aueceux,ilz ont clairement tefmoignê_, quelle opinion ilz auoy ent d’iceluy,amp; quel tcfmoignage l’Eglife en rendoir. Et qu’a il commis depuis, pourquoy faind Paul n’a volu nulle-mét permettre,qu’il allaft plus auec eux pour raifon que Barnabas Ïuy ayt peu al leguerf Quand il n’y euft point eu autre raifon,que pour gratifier à Barnabas Aa.ij. fon compagnon,tant loyal amp;nbsp;tant fidele en l’œuure de Dieu, qui eftoit coufin ^udidlehan Marc,ficft il bien aduis, que faind Paul ne le deuoit aucuncniét

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1^4 EP 1ST RE

rcfufer fil n'y auoit quelque grâJ crime en luy qui prelTaft fort fa confcience. Il fembloit bien que la faute que lelian Marcauoit comniifcn’eftoit pas grande. Il Defeftoitpas reuolté contre l’E uangile.amp;il n’eftoit pas rctorné pour embralfer le monde,amp; pour renoncer à i.Tlm.4. l’Enangilc,cóme Demasduquelfaind Dcmu. Paul fc plaint fi fort. 11 ri’auoit point commis d'ade d’idolâtrie, ne digne d’c-fire réputé crime. Il n'y auoit rien ire prcndre,finon quelque affedion humai ne, amp;nbsp;quelque infirmité, amp;nbsp;quelque le-gereté,ou inconflâce,ou crainte humaine qui le retira pour quelque temps; no pasdel’Euangile: mais du voyage auquel il auoit efté adioinû aucc ces deux Apofires. Et touteffoy s jamais Barnabas n’a peu induire fai nd Paul i le recc-uoirde rechef, pour feruir auec eux au minifierermaii ilz fonttombez en figra de fafcheriel’vn auec l’autre d caufc de 'Afiaf, cela,qu’ilz ont rompu compagnie l’vn i l’autre,tcllement que Barnabas fen eft alléprefcherd’vn codé aucc fon coufin lehan Marc,amp; fain J Paul de l’autre a-necSylas fon compaignon. Or fi faind Paul

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AVX FIDELES. lO'

i Paula efté tant offencê contre lehan Marc,à caufe de celle infirmité amp;nbsp;legie-reté, qui ne luy cd aduenue que celle foys,qu'il l’a cftimé indigne d’aller en fa \ compagnie,comment endureroit il, ou Cornent approuueroitildes Chreftics,amp; fur tout,ceux qui fie mederoyent d'en-feigner les autres qui aurbyent renoncé

; lewsChrid? Et f’ilfaifoit difficulté de ’ receuoir ceux qui l’auroyét vue fois rc-' noncépourcraintedes tormens,corn-men treceuroit il ceux qui le renoncent tous les iours ,voyre fians y edre con-trainciz,par formens,feulcmét pour pre uenirlc dangier qu’ih craignent,du-j ^uclilz ne font pas encore aircurez que j il leur aduiendra : bu poUr gratifier amp;nbsp;' pour plaire aux hommesîPour le moin» lie fuis aircuré, que faina Paul n’eud pas 1 receu au mînidcre,éeux qui eufTent vric foysrenoncéteTus Clirid,en quelque manière que ce foit, fians grande peni-i tence,amp;fians grans tefimoignages d’iccl-I le: amp;nbsp;qu'ilz n’eu d'en t non feulement j tonfelfé leurpcchédeuanf l’Eglife,maî$ qu’ilz ne l'eulfent plouré autant que J‘ïind PierreploUra le fien,après qu'il Matt.iô.

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\i^4 IFfsTlÉ '

cut renyé Icfus Chrift. Nous Iepouop$ u'feucriz ^*^^ prefumcr par cc ff exemple, de lélia té des an MarC. ; ,

tiens con Nous auons auffija pradique,^ les quin’»- *^f oiplcs de la fpucritè ,amp; rigueur de FË ooyêt pat glifc ancienne,Contre ceux qui auoyenc tóé fer/ renoncé Icfus Chriff,par contrainte, ou mes aux nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;-

tonnent. P®^ Crainte des tormens.Et entre les au-trcs,i’en racontcray vnc hiftoire qù'Epi a Tom » P^®^’“’ en a efcrit,en çeffe manière: Du sêaa.ô8?tcnipsdcla pc(fccution,qui aeffé faiffe contre l’£gli{e,par l’Empereur Diockti , en amp;Maxittufnlt;il y a eu deux Euefques tous deux grant pciifonnagcs, l’vn nom ^^fquot;* dr ^^ Picrrc,Ë^efquç. d’Alexandrie en É-Aielidriegyp^^-. Etrautrç,Mcl,çtius EuefqueJe amp;nbsp;Mêlez . TEcl)aide,qui cftauiri pareillement vnc *^“*’ Cité d’Egypte. Ges dçux Euefque$,Fu-rent tous deux prins dç’émprifonUezià-ucc plu fleurs autres Martyrs, àcaufede la religion Chreftienhcspaj-ceux qui a- j uoyent efté ordonnez du Roy pour ce faire, iceux idemeurerent long temps en vnc mefmcprifon,pour effre mcnc2 au martyre. Ce pendant il aduint que .? • pluficurs des autres y furent mencz,au,--quclilz morurcntjconfelfans conflam-i ment;

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AVX FIDELES, i «5

*lïcnt Icfus Chrift.Mais' ces deux Eucf-4Ucï furent referucz pour les derniers« îflninic les principaux amp;nbsp;les plus grans. Or il aduint' qu’entre .ceux qui furent nicnez au martyre,les vns l’endurerent ronftamnient,amp; les autres défaillirent» amp;feruircnt aux idoles amp;nbsp;leur facrific-rent par contrainte.Ceux cy qui auoy-entdcfailly,fc retirèrent par deucrs les confeifeurs amp;nbsp;les martyrs, qui cftoyent en rEglifc-,d celle fin qu’ilz obtinfent mifericorde par penitence. Les vns e- ^*“ifion ftoyent gendarmes amp;nbsp;les autres clerz de^J^Jy“’ diucrseftatz.Lcsautreseftoyent des mî nifircs amp;dcs anciens de l’EgIife,amp; les au très diacres.A caufe de cecy,21 y eut grof feefmotion,amp;vn tumulte entre les mat tyrs qui ne fut pas petit. Car les vns di-foyent, que ceux qui eftoyent vncfoys. cheuz,amp; qui auoycnt abiuré,amp; n’auoy-entpas perfeuerbeonftamment ne bataillé pour le nom de Iefus,nc deuoyent j point eftrereceuz à penitence, afin que» ceux qui rcftoyentencorc,nefe fouciaf fent moins des reprehenfions, amp;nbsp;de la peine qui eftoiteniointe,â telzpcrfon-iiages:amp; qu’à caufe du pardon, qui leur;

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~i6S ’ EP IS TRE

aaroitefti donné fi toft,les autres ne prinfent plus de hardiefte d tranfgrelTcr, amp;nbsp;qu’ilz ne fuffcnt induiâz à abiurer, amp;nbsp;d confentir aux abominations des Payens. Ceuxquieftoyentdecefteo-pinion,c’eftoyent Meletius amp;nbsp;Pclcu$,amp; plufieurs autres, tant martyrs que céfef feurs,enfembleauec eux,qui cftoyent en ceftc fentence,pour le zele amp;nbsp;l’affeâi on qu’ilz auoyent d l’Euangile. Ilz ne refufoyentpas touteffoy$,qucccux qui f’eftoycnt monftrez tant debiles au mat tyre, ne fuirent apres quelque long efp* ce de temps, quand la perfecution feroit finie, reccuz en l’Eglife pour leur dé net lieu depenitcnce:amp;qu’ilz nefuflent rc ceuz pourfidclc$,aprcs qu’ilz auroyent faiiS penitencc,amp; monftré les fruitz d’i-cellc:mais ilz n’eftoyentpastouteffoys d’aduis qu’ilz fulTcnt remis en leur premier cftat,ny en leurs premiers offices, f’ilz en auoyct quclcun en l’Eglife,ains qu’ilz fulTcnt fculemét ad mi s,en la coni munion de l’£glife,comme membres d’i celle amp;nbsp;comme quclcun du peuple. Or Pierre l’Eucfque d’Alcxandric,efmeu de pitié amp;nbsp;de mifericorde, enuers ces pou-

urct

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A VX FIDELES. 1^7, Ures infirmes, prioicamp; fupplioit qu’on les receuft endcrcmét,en tdeftat qu’ilz « ftoyent parauant,fan$ les priuer totale ment de leurs offices, apres qu’ilz au-toyentfaid penitence, amp;nbsp;fatiffaief au fcandalc, fa id par eux, d celle fin que d auentureceux quieftoyent défia vne foys tombez en confufion,d caufe de leur infirmité amp;nbsp;débilité,par les tentations du diable, ne fuiTent totalement fubuercis,amp;pcrduz du tout,f’ilz dc-meuroyent fi long temps,fans eftre rc-ceuz.

Voicy donc des opinions fortdiucr fes,Icfquellcs ont toutes grande apparence. Car les vncs font pour la faneur de vérité,amp; du zele,qui doit eftre entre les fideles amp;nbsp;les autres, pour la faueur de mifericorde amp;nbsp;d'humanité. Ce différent a efté prefques femblable,à ccluy de faind Paul amp;nbsp;de Barnabas,fînon que la caufe de lehan Marc n’eftoit pas du tout femblable. Aulfi il a efté caufe d’vn tel fehifme, que Pierre, Euefque J^é^j^ d’Aleiandric,auec;fcs adherans, feft fc- ird« paré de Melctius Euefque de Thebaide, martyr» amp;nbsp;de ceux qui fuyuoyent l’opinion d’i-^Jj.“‘

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ilt;58 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;EPISTRE

Ccluy : amp;; Mclctius,amp; les fiens de l’autre cofté,fe font mis à part, en telle forte que des lors,ilz n’ont plus Comuniquè enfemble,mais ilz faifoyent leurs allem Liées i partlt;amp; prioyent amp;nbsp;celebroyent la Cene,feparez les vns des autres.Tou-teffoys,Meletius,qui fouRenoit l’opinion la plus rigoreufe, eut plus grand fuy te, amp;nbsp;la moindre partie demoura auec Pierre d’Alexandrie,qui par après fouf-frit martyre,pourlç nom de lefus.EtMe letius, combien qu’il ne fuft pas mis ^ temarty morr,comme PicrrcrArcheucfqucd’E-redePier gypfç^toufeffoyj , il fut Confiant, telle- ' 3tandnéamp; 4“’^^ f^^ banny, amp;nbsp;enuoyé aux de Mêlez métaux,qui eftoit vne peine, corne qui ti“« diroit maintenant enuoycr fur galere.

Et depuis, combien que d’vn co fié amp;nbsp;d’autre,ilz demouroycnt tous fermes en vne mcfmc doctrine amp;nbsp;en vne mefme Foy, ce neantmoin$,la diuifion fut tel-le,amp;lesfedesentre eux,que ceux qui fuyuoyent l’opinion de Pierre d’Ale -xandrie , fc faifoyent appcllcr’l’Egli-fc Catholique : amp;nbsp;ceux qui fuyuoy- ( ent celle dcMclccius,rEglifedcs martyrs.

Of

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AVX FIDELES. lO

Orvoyons maintenant de quoy ceft : nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;, ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;y nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;J nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Abjurer

exemple nous peut feruar. Nous pou- ,j(„j Wons cognoiftre pariceluy combien l’E chrift. glife ancienne atrouué fcandaleux de abiurer Icfus Chrift,pourfauuer fa vie, amp;nbsp;de donner le moindre ligne du monde de confentement aux abominations des Payent, du temps desperfecutions. Car nous voyons icy quelle difficulté les vns ont faift à reccuoirceux qui ne auoyentpas effé conftans. Car iafoit qu’ilz ne fuirent pas Nouatiens, amp;nbsp;que ’*®quot;*‘**’« ilz ne vouluffentpas nyer penitence i ceux qui apres leur abiuration, fc vou-loycnt réconcilier d l’Eglife, ce néant-moins ilz ne vouloyent pas permettre, qu’ilz fuffcnt recenz facilement en la communion de l’Eglifc,ne dvn long efpacc de temps: mais qu’ilz demouraf-fent comme excommuniez,iufques d Ce qu’ilz euffent monftrê certains lignes de repentance, par vn long temps. Etpuis encore apres qu’ilz feroycnt rc-'‘ ceuz en la communion, comme vn du peuple,ilz ne vouloyent nullement per mettre qu’ilzfuffcntiamais admis,ou icftituez en leurs offices amp;nbsp;premiers e-

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170 EPISTRE

ftatz, attendu qu’ilz feftoyent fi mal portez . Et pourquoy faifoyent ilz cecy« ce n’eftoit pas pour enuie, ne pour hay-nc qu’ilz euffent contre les pourcs pécheurs , ny d’vnc arrogance Pharifien-nc.Car ilz auoyenc bien pitié amp;nbsp;conipaf fion des poures infirmes.Mais ilz le faifoyent en partie,d’vh tel zclc,quc fain^ Paul auoit refufé IchS Marc: amp;nbsp;de crain te qu’ilz auoyent,que fi on ne tenoit quelque rigueur en ce cas,que plufieurs netinlTenr pas grand conte de renoncer lefus Chrift, amp;nbsp;de communiquer a-ucc les idolâtres,amp; que par ainfi plufieurs neperdilfcnt courage au martyre,à l’exemple d’eux . Et les autres,qui eftoyent de la bende des mifericordieux encore n’eftoyencilz pas d’aduis qu’on les receuft,anant qu’ilz eurent tefmoi-gné leur penitence. Le different cftoit feulement en ce,que ceux cy ne les vou loyent pas fufpendrc,ny entretenir fi long tcmp$,que les autres, ny les priuer totalement de leurs offices enl’Eglife, amp;à toutiamais. Orpenfons, puis que ces fainffz Euefques, amp;nbsp;tant de confef-fcurs,amp; de martyrs, qui font mortz par

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AVX FIDELES. 171 apres, ou qui ont,pour le moins, beaucoup fouffcrc,pour le tcfmoignagc de vérité,ont eu tel différent pour cefte ma tierc,comment ny les vns ny les autres, pourroyent, ic ne dy pas feulement cx-cufer de péché, mais tenir pourChre-ftiés,amp; reccuoiren leur cémunion,fans gradepenitéce, amp;nbsp;eóftffion de leurs fau te$,ccux qui font meffier de communiquer aucc les idolâtres,amp;de renycriefut Chrift tous les iours par leurs fimulari-ons amp;diiTimulatiós:voyre,auant qu’ilz foyent perfecutez, ny en danger de leur vic,feulcment pour preuenir le danger, lequel ilz pourroyent mieux cuiter a-uant qu’ilz foyent tombez en la main de leurs cnnemiz,fans idolâtrer, que les autres qui font défia prins,amp; qui ne peu uent fuyr, ains font contrainclz, ou de mourir,ou d’abiurer. Card’allegucr que il eff plus licite dcnycrlcfus hors de la perfecution, amp;nbsp;quand on ne nous en re quiertpas expreffe confcffion,quc quâd il adulent le contrairemous auons défia affez refpondu 5 cefte rcpliquc,cn l’Epi-ftre,laquelle a cfté premièrement eferi-tc fur cefte matière. Et femblablcmcnt

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17^ EP IS TRE

à la difference qu’on pourroît mettre entre l’idolâtrie des Payens, amp;nbsp;celle des Papilles, amp;nbsp;les manières d’abjuration, amp;de nyer lefus Chrift. Mais auant que nous fortions du tout hors de cell exem pie ,,il nous faut encore noter la grande difficulté que les anciens pères ont faid à reccuoir perfonnc,dc quelque eftat ou qualité Jqu’clle full, en leur communion,fi elle n’eftoit en tout amp;nbsp;par tout d’ac cord,amp;d’vn mefme confentement en toute la dodrine, amp;nbsp;aux ceremonies, amp;nbsp;façons de l’Eglife,cn laquelle ilz conuer foyent: fi ce n’eftoyent quelques chofes lcgieres,qui n’eftoyent pas de grande importance,amp; qu’on lai doit en la liberté de tous,fans nul dommage de la paix amp;nbsp;de la concorde de l’Eglife, Car nous voyons icy comment ceux qui tenoyét le party de Pierre d’Alexandrie,fe font feparez de Meletius,amp;defa bende:amp; Weletius amp;lcsfiens,de Pierre amp;dc ceux qui le fuyuoyent.Ilz n’eftoyent toutcf-foys en rien diffcrcns,ny en la dodrinc, ny aux ceremonies, amp;nbsp;en ladifciplinc, amp;aux meurs dclavraye Eglife,finon en ce point,que les vns vouloyent la di,-fei-

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AVX FIDELEÎ. 17? fcipline de l’Eglifc plus rigorcufe en cell endroit» que les autres. Or logeons maintenant, fi ces faindz perfonnages fe font feparez de la communion Icsvns des autres, en forte qu’ilz faifoyée leurs affcmblêcs d part, feulement d caufe de celle diuctfité d’opinions, comment ny les vns,ny les autres euffent peu admet tre en leurs affemblées, amp;nbsp;recognoidre pourvrays fidclcs,ccux qui font en celle opinion,contre laquelle nous eferiuons maintenant. Icdy cccy,nonpasquc îe vueillè totalement approuuer celle fi grande feuenté amp;rigueur,qui a efté entre les anciens en telz cas : mais feulement pour monftter que ces chofes ,dcf quelles h'oüjjdifputons d prefentin’euf-fent pas efté ellimécs fi legieres en ce tèmpsi'dj^r^àsperes anciens, lefquclz ceux cÿ Vêhlèar faire les autheurs des addirios qui forttenlaMcfle,qui ont par après efté corrompues par lafaulfe Intel ligence amp;nbsp;par les faulfes opinions de leursfucccifeurs. Voyla la caufepour-quoy nous mettons en auant telles lu-fioires?^''-

Nous auons encore vn autre exem

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174 EP IS T RE

plc en l’hißoire Ecclefiaftique,touchant HWo.Tri ce pointibien digne de nicmoire.il eft li pinub.ö. raconté comment lulicnl’Apoftat cer-Autrr«, choit tous les moyens,par Icfquclzil empif. pourroit exalter les ceremonies, amp;nbsp;ma-c/îTcauz uiercs de faire des Payens, Orentreles idede lu autres,il en trouua vn méruciUeufe-henrapo nient cautclcux. Les anciés Empereurs lï^counu auoyentaccouftumé de donner des dós me de« amp;nbsp;des edrennes d leurs gendarmes amp;fer Empex uiteurs :cc qn’ilz faifoyent voluntiets mains. amp;nbsp;’” commencemet dc Ianuier,ou le lour leurse- qu'on celebroit la mémoire de la natiui Arennes. té du Prince,ou de quelque ville royal-

1e. En ce temps la, lulien eftant Empereur, voyant qu’il ne pounoit, ny par menaccs,ny par flatterie, deftoumer les Chrefliens, qui efloyent en fa court, amp;nbsp;en fon feruice, ny fes autres fubieâz fcmblablemét,dela religion Chreflicn-ne , pour les faire facrifier aux dieux des Payens,amp; â fuyure leur religion,Ia-quellcilf’efforçoitd’honnorer en toutes les manières qu’il pouuoit ; il cercha cauteleufcment le moyen pour les dece noir, foubz l’ombre dc fimplicité, amp;nbsp;de la couflume ancienne des Empereurs.

Et

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AVX FIDELES. 17^ Et pourtant, il commanda qu’vn chaf-cun qui venait d la main de l’Empereur pour l’Iionnorer, offrir premièrement de l’encens, eftant admonnefté de ce faî re par les offices amp;nbsp;officiers. Or il y a-Uoit deuant luy vn autel amp;nbsp;de l’encens, qui eftoit Id mis, félon l’ancienne amp;fo-lennelle coutume des Romains. Alors les vus mondrerent franchement amp;ma nifedement leur vertu amp;nbsp;confiance, amp;nbsp;ne voulurent nullement offrir, ny prefenter l’encens,nyprendre don.nye-flrcnnc de l’Empereur. Les autres,d l’occafion de la loy amp;nbsp;de la coudume an cicnne, furent dcccuz, tellement qu’ilz ncfapperceurent nullement dclacau-tcle de l’Empcreur,amp;nc penferent point â la faute qu’ilz faifoyent. Les autres, combien qu’ilz cogneur.cntbicnla malice amp;la cautelc de Iulicn,touteffoys îlz ne peutent décliner ny euiterla Pa-yennerie: les vus edans furprins de l’amour du gaing qui edoit aux edren-nes: les autres, edans troublez de peur, ou cdonnez parlefoubdain comman-dementqui leurenfutfaid. Orilad-Uint,quc pluficurs de ceux qui auoyent

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I7(f EPISTRE efté dcceuz par ignorance 5 inuoquoyét Icfus Chrift, félon leur couftume,cn mangeant amp;beuuant,aufquelz quel-cun diet : Qu’auez vous trouuc,d’inuo-quer Chrift, lequel vous auez, il n’y a guère renyé,quand receuant les dont amp;leseftrenne$ de l’Empereur,vousa-nez mis l’encens au feu ? Quand ces gen darmes eurent ouy ccla,amp; qu’ilz eurent entendu ce qu’ilz auoyent commis par amp;*lt;^Î^*S’’°’^®”*''’ *'’*^°'’***’®*’* faultans hors ccd’au- de la table,ilzfcprindrentd courir par Clins gcH les rues publiques, d’vue grande impe-chrXê« f“°fité,crians après leur Dicu,amp;tef-’ moignans à tous hommes,qu'ilz eftoy-ent Chreftiens, amp;nbsp;qu’ilz perfeueroyent en ce nom:amp; qu’ilz auoyent faid par i-gnorance,ce qu’ilz auoyentfaiâ enuert l’Empereur, Et pourtant ilzdifoyent, ) nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;f’il eftoit licite d’ainfi parlcr,que la main

auoitfeulementefté Payenne,non pat la cófcience:veu que cela auoit efté faid par ignorance. Et quand ilz furent vc-nuz au Prince,ilzietterent Id deuant luy l’or qu’ilzenauoyentreceu,amp;luy requcroyent à haute voix, qu’il reprint ce qu’il leur auoit baillé , amp;nbsp;qu’il let J nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;tuaft.

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AVX FIDELES. 177

tuaft. Carilz confeffoyent, qu’Ilz fe re-pentoyentde cequ’ilz auoycntfaia,amp; qu’ilz en faifoyent penitence. Etpour-tant que leur dextre auoit pêché par im prudence amp;nbsp;fans confidctation,ilzdefi-royent de fubmettre tout leur corps i pcine,pour le Nom de Chrift, à taufe de la faute qu’ilz auoyent commife contre luy. Et ainfi qu’ilz le dirent de bouche, ilz le monftrerent auffi par effeft. Car quand l’Empereur commanda,que la tefte Icurfuft couppée,ilzallerentvoi luntiers à la mort. Et quand ilz entendi rent que la fureur du tyran eftojt paf-fée, amp;nbsp;qu’il auoit rcuoqué fa fentence^ ilz en furent fort marriz. Car ilz voua» loyer de bon cucur tefmoigner parleur fang,lc defplaifir qu’ilz auoyet, d’aüoir deshonnorè. Icfus Chriftpar ce moyens combien que lecaseftoit pitoyable,amp; digne d’exeufe. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;n- n'.)

Orconfiderons maintenantÿfices gendarmes approuucroyent ce qUc plu-' licurs,qui veulent eftre tenuz pour homes fort fauans,amp;fort affcelionncz envers la vérité,approuuent â prefent.m Penfons comment ilz confentiroyent ‘:°“«iß» M

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178 .EPIS T REquot;’ ' I suedes courtifans de noftre temps,amp; auec tous ceux quifuyuent les courez des Princes, amp;nbsp;fur tout, auec ceux qui deulfcnt enfeigner les autres,qui ne cef fentd’attrapper tous les Jours offices amp;nbsp;bcncüces,amp; depourchaiferyerslcsPrin ee$,d'auoir non feulement des eftren-ncs,mais des Euefehez, Abbayes, étoffés,mitres amp;nbsp;prebendes,defquclles ilz ne peuuent iouyr, fans commettre mille foy s plus d'idolâtrie, que tous les autres , amp;nbsp;fans eftre les ouuriers amp;nbsp;les in-ftrumens des idolâtres, amp;nbsp;de toute idola trie. le voudroyc bien quetelz courtifans cxaminalîent diligemment tek cxcmplcs,amp; qu’ilz apprinfent pariceux ' à fc dcfplairc mieux, amp;nbsp;à mieux cognoi Äre leurs imperfedions, amp;nbsp;combien ilz fontloing dclaperfcdion,ienedypas des anciens Euefques,amp; des principaux Chreßiens,qui ont cûé entre les anciés, j ' mais des gendarmes, qui éÂoyent en la i court d’vn tel apoRat,que luUen. Car j celle conPanec amp;nbsp;vertu, eftplus mer-ueilleufc en des gendarmes,qui couRu- nbsp;nbsp;^

micrement font des gens les plus def-i j baucliez,qu’elle n’eß en des autres. Qr fi '

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AVX FIDE LES. 17^^ fi ceux cy ont faîâ fi grand confciencc d’auoir donné le moindre confentemec du monde d la Payennerie , mafquée neantmoinsdela couleur de l’honneur amp;nbsp;de l'obeylTancc qu’ilz deuoyent â leur Empereur, voy re encore par ignorance :pcnfonj en quelleconfcienccilz approuucroyétee de quoy aucuns font; auiourdhuyfipeude conte, amp;nbsp;qu’ilz ne Veulent cognoiilrc eftre péché: qui fans nulle coniparaifon,cft trop plus d reprendre, que ce que ceux Idontcomis. Ceux qui ne fc contentent pas de la refponfe qui leur adefia efié faiâc, touchant la confeffïon que nous reque rons qu’ilz faccnt entre les Papiftes, mais veulent, puis que nous Icurfom-rnes, d leur femblant,fi rigoreux ,que nous leuren donnions quelque reigle plus certainc,amp; plus fpecialc:ilz ont icy Vn excmplc,qui leur pourtoitbien fer-uirdcela. Hz demandent,fil leur fuf-fift de faire vne telle confelTion de lefus Chrift,que fainft Pierre l’a faide auprès **’**‘*®’ de Ccfatée:ou que celle dcMarthc,quâd lehamU j lefuj Chrift vint relTufciter fon frète: lonqucceUc de l’Eunuque, baptizé pat *^'®’ Mi'

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l8Ö ’EPÎSTRE

fai net Philippe ièti celle, de laquelle S, Paulparlc au dixiefnie des RomainsJe leur refpond fur cela,que nonobftant que celle confcfTion comprend fommai rement toute la dourine Chreftienne, qu’elle neferoit pasaffez fuffifante au temps prefcnt,pour nous bien acquirer de noftre office entre les Papilles. Alors que le different eftoit entre les fideles amp;nbsp;lcsinfidelcs,fi Icfus eftoit leChrift,amp; fil eftoit Filz de Dieu,ou non: celle con fclfion eftoit affez ample. Car elle de’ lt;nbsp;elaroit manifeftement quelle opinion ! « ceux qui la faifoyét,auoyct de la doâri- I « ne Chreftienne,amp; de toutes les doâri- 1 nes amp;nbsp;religions, qui y contreuenoyent. i Orcelaeft requis en vnevrayc confef- 1 fion, c’eft afauoir, qu’elle monftre claire [ c ment,amp; fans fophiftcrie,quclle religion 1 ä elle approuuc,ou reprouue. Puis donc» Je que maintenant le different que nous î f auons aucc les Papifte$,n’eft pas fi lefus fi eftleChrift,amp;leFilzdc Dieu,ou non, il e eft requis quenousfaifions confelfion, pariaquelle nousdeelairions que nous D n’approuuons point ce qui eft contre le ft fut, amp;nbsp;que nous voyons eftrecondam- P

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AVX TlDEVES. iWi

hè par fa parollc;ou fi nous ne le dedai-rons manifeftemenr,pour 1e moins,que nous ne failions rien qui ay t apparence de l’approuucr. Or le different que nous auons auec les Papilles, n’eft pas touchant la confelfion de bouche, de ces propoficionsdclTufdiiSes, Car eux amp;nbsp;nous les confêlions tout d’vn accord: niais il y a difference en Ce qu’eux les confclTent tant feulement de bouche,amp; ilz les renycnt par œuurcs:amp; nous les ConfelTons de bouche amp;d’œuute. Et 1 qu’il foit vray,leur pratique Scieurs tra dirions lenoustefmoignent. Car par leurs ceremonies amp;nbsp;facrifices,ne renyét ilz pas pleinement IefusChrill,tranf-portansfon merite ailleurs? Puis donc , que le different vient de leurs traditio s • amp;de leur pratique,il faut quenollrc ConfelTion feilende iufqucs à la réprobation de celle pracliqUe amp;nbsp;manière de faire, en forte que la difference quiell ffttre eux amp;nbsp;nous,foit cogneuë. Pour-, ^Uoy a donné le Seigneur autres Sacre-Wes d fon peuple,que les autres n’ont,fi ; Oon pour tefmoigner la difference amp;fe ' Paradon manifefte qui doit dire entre il ■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;MJ,

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i8t EPI S TRE

les fideles amp;nbsp;les infidèles f Et rexcommunication pourquoy eft elle ordonnée} Il faut donc faire telle confeiTion, qui aboliffe toute approbation d’idolâtrie,comme ces courtifans amp;nbsp;gendarmes de lulicn ontfaid,quand le temps • le requiert. le n’entend pas tonteffoys par cecy,quc les fideles qui font aux courtz des princes infidèles, amp;nbsp;qui con-uerfent entre les Papilles, fe viennent prefenter à la mort,commc ceux cy ont faid .• amp;nbsp;ne requier pas de tous v ne telle vertu amp;nbsp;confiance. Car iefay bien que ce feroit en vain. Mais ie defire feulement, que laconfclfion que nous ferons foittelle,quc les idolâtres ncpuif-fent point prendre de inftcoccafion d’i-celle,de fe venter,ou d’eftimer que nous approuuôs ce qui eft reprouué de Dieu, amp;nbsp;ce que nous condamnons en noz cucurs.S’ilz le fe vculentfaire accroyre, • amp;nbsp;nous ne leur en auons pardonné iu- ' fte occafîon,nous ne les en pouuons pas garder. Mais fi nous auensfaid chofe parquoy nous leur ayons donné iufte occafion, d’auoir telle opinion de nous, nous deuons trauaillcr en toutes manie '

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AVXHFIDEEES. iSÿ res â leur donner à entendre le contraire, par ici meilleurs amp;nbsp;plus gratieux moyens que Dieu nous donnera. Etfl nous n'auons pas la hardieffe amp;nbsp;la confiance pour ce faire, reCognoilTons noz intirmirez,à prions Dieu qu’il nous for titie d'auantage. Car quand il vient à fairevneconfeiTion,il faut aduifer en quoy giftle poinfl principal du different. Car de confclfer de bouche,aucc les Papilles,tous les articles de la Foy,amp; puis au refte, faire comme eux, amp;nbsp;diffi-mulcr toute ma vie, amp;nbsp;m’accorder aucc eux en leurs traditions, amp;nbsp;en la practi-que d’icelles, par lignes extérieurs : cela ne feroitpas affez côfciTer lefus Chrift, mais le renyer. Les Papiftes mefmes le nous donnent aflez à entendre.Car filz doubtent de quclcun de nous,quc nous ne foyons pas des leurs, ilz ne fe conten tent point,quc nous confeffions les arti des de la Foy aucc eux, amp;nbsp;que nous con fe(rion$,quc nous croyons ce que fain-âc merc Eglifc croyt, mais il y faut ad-ioufter, la fainde Eglife Romaine, la Mefle, Purgatoire, amp;nbsp;antres telles cho-fes. Or fi l’Antechrift requiert vue con-

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Ü84 'lEPISTRE

fclTton tant oùuette de nous', en ferons nous vnc fophifte pourlefus Chriftî Mais puis que nous fommes fur les txemplecourtifans,mettons en enauant des au-Exo^x^f*^*'^* P^*^* anciens. Moyfc a eftévn Hebr-v. grand courtifan: car il a efté nourry dés •^ 7. fon enfance en la coUrt de la fille du roy Pharaon, amp;nbsp;à eftê tenu aux cfcoles des Egyptiens. Il auoit là le moyen d’auoir tout ce que foncUeur euft feeu defirer, amp;dc parucnir en plus grand honneur amp;nbsp;dignité, qu’homme qui fuft en Egypte. Car la fille de Pharao le tenoit pouf fonfilz,amp;ilauoit bien le fauoir amp;lc$ moyens, pour eftre préféré à tous les au très. D’auantage,nous ne lifons point qu'il aytiamais efté contraint d’idola-trcr,non plus que Iofeph,qni a auffi efté quot;‘ ' vngrandcourtifan,deuaptletemp$dc Moyfe. Cariafoit que les Egyptiens fuftent d’vne autre religion que les He-brieux,amp; qu’ilz haylTcnt celle des Ifra-elires .• touteffoys nous ne lifons point, qu’ilz ayentcontraint les Ifraelites de adorer leurs faux dieux, ainfi que Nabu Dan-J, chodonozorPafaid en Babylonc. Car nous auons le tefmoignage tout clair, 1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;corn-

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AVX FIDELES. îSç Commentlofepheftant^n Egypte,tenait toufiours fa religion à part, amp;nbsp;com ®'“‘‘^î’ mentileftoitfeparédesEgyptiens,i eau fe d’icelle,mefme en fon boyrcamp; mâger: córnét il appert par le baquet qu’il fit à fes freres.En aprcs,Moyfc voyât la capti uité en laquelle ce pouure peuple d’Ifra eleftôitderenu,n’auoitilpas belle couleur de dirceDieu m'a bien amené icy.Il me faut bien garder d’en bouger. Carie puis beaucoup feruir à mes frètes amp;nbsp;à tour ce peuple eftât en ceft efiat, amp;nbsp;trop plus que fi ie l'abandónoyc.Mais au con traire,fiie l’abandonne ie petdtay tous les moyens que i’ay à prefcnt,amp; i’efmou uray le Roy d’auantage contre eux amp;nbsp;Contre moy, amp;nbsp;madame ma maiftrelTe auiri,qui mefaidtant d’honneur amp;nbsp;de bien. Outreplus, n’auoitilpas l’excm-pic de lofeph qui a bien habité en Egy- icfeph. ptc,entre les Egyptics,fâs offenfer Dieu amp;nbsp;qui a efié en grand foulas, fon Pere 5 fes frètes amp;nbsp;à toute leur famille?Moy-fen’enpouuoitil pas autant efperetf Car iafoit que le Roy qui eftoit pour Iors,fuft fort côtraire au peuple de Dieu il pouuoit alléguer qu’il y auoit efperan, M S

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ï8(f EP IS TRE V

cc,ou qu’il châgeroit de courage,ou que il en viendrait vn meilleur, ou pour le moinj qu'il pouuoit plus ayder à fes fre JiinSz reSicftant en ta court que dehors : com-counißs. me il eft aduenu premièrement en lo-feph. Et puis apres le temps de Moyfe, parle moyen des bosferuitcurs de Dieu qui ont efté tant en la court des Roy s des Babylonnicns que des Mediens amp;nbsp;Perfiens,par la volunté de Dieu amp;nbsp;pour celle caufe. Car nous n'ignorons pas Daniel Combien Daniel a profité en la court de Nehcmias Nabuchodonofor amp;nbsp;de Darius. Et Ne-doSé^^*^ i*'i’*aî’Ezras,Mardochée amp;nbsp;Efther, ont Eilher. üz pru fccouru i leurs ptuplcs,cllans a-uancezenla court desRoys dePerfeamp;de Medeê Mais quelque chofe qu’ilz ayent faift, nous ne lifons point touteffoys, qu'ilz ayentiamais communiqué i l’idolâtrie des Roys amp;nbsp;des Princes amp;nbsp;des peuples, auec lefquelz ilzonc côuerfé. Nousauons le tefmoignage tout cui-dentdecela en Daniels en fes compagnons. nbsp;nbsp;Et fi entre les Ifraelitcsilfen

cll'trouué’qui ont obey aux mandemes iniques,faietz par les Roys de Babylône amp;nbsp;de Medc,aulquclz Daniel amp;nbsp;les compagnons

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AVX FIDELES. 187

pagnoni ont refiftéton qui foyent allez aux procelTionides Babylonnienj,dcf-queUesBamefaia mentioulz n’en font pas à louer, amp;nbsp;l’Eferiture fainde ne les approuue pas pourtant,mais elle les con damne,enapprouuant ce que Daniel amp;nbsp;Dan.j.7-fcs compagnons ont faid. Parquoy ce qu’aucuns allèguent des proedTions dcf quelles Baruc parle, n’eft pas fufFifant, pour approuucr leur opinion. Car met tóslecas,quccelintefuftdetellc antori té que les autres de l’Eferiture Icfquelz nous appelions canoniques,amp; que Hie-remicluymefme, eufteferit celle Epi-dre : il eft tout euident,que celle Epiftre ne lafchepas la brideauxifraelites,pour i aller aux proceffiôs des idolâtres, amp;nbsp;que le cofeil qu’elle leur baille n’eft pas pour ceux qui vont en la proceffion, auec les Babylonic$,mais pour ceux qnin’y vôt l point pour les confermer contre ces abo ! niination$,afin qu’ilz ne foyent point efmeuz,dc ce qu’ilz n’ont point de tel di uin fcruice, ne tétez à fuyure les meurs des idolâtres. Mais voyans bfafphemer Dieu aux autres,qu’eux le glorifient lt;n leur cueur, ayans dcfplaifir de voir.

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185 EPISTRE ^

ainfi defhonnorer Dicu,amp; d’eftre en tel i re eft rage, en laquelle ilz font cotraidz de voir ces abominations,amp; en laquelle ilz ne penuent franchement feruir d Dieu en fon temple,amp; felon les ceremo .• nies'defa Loy. Maisilne fçnfuyt pas

pourtant que Ce peuple ne pouuoit pas-feruir dDieu,au temple de Hierufalcm, ny facrifier félon la Loy: que les fideles aycnt efté idolâtres entre les idolacrcsamp; qu’ilz n’ayent toufiours eu leur manière de viure différente à celle des idolâtres. Et qu’il foit vray,nous lepouuons nlherj. fognoiftrcparl’accufation qu’Amâ fait contre Mardochée,amp; contre toute la na tion des luifz. Carillcs âceufegrief-uement, de ce qu’ilz ont toufiours leurs loix amp;nbsp;leurs manières de viüred part, contraires d tous les autres fubiedz du Roy,amp;de l’Empire d’Affuerus.Et quand Mardochée fut efteuéen fi’grande di--Efther 8. S^*^^ '^ ^^ Court du Roy, l’Eferiture ne

tefmoigne elle pas que plufieurs des Ta yens fefaifoyent luifz,amp;qu'ilz receuo-yent leurs Loix? Parquoy il eft cui-dent,qu’ilz cftoyent differens aux autres,en religion,amp; qu’ilz ne le dilfimu-# loyent

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A V X FIDELES. 185 loyen t pas. Entre les peuples qu’ilz ont conu crfé, ilz ont toufiours eu leurs fy-nagogucs. Carfi Mardochéeeuftvoulu dilTimuler.ny luy ny tous lesluifz ne furent pasvcnuz au dangicr, auquel A-man Icsauoit mis. EtlîEftIierfaifoitEaher.14 confciencc,amp; demâdoit pardon d Dieu, de ce qu’il la falloir aller accouftrée plus pompeufement qu’elle ne defiroit, pour complaire au Roy fon mary,amp; pour en- ■ nbsp;nbsp;^

tretenir fa dignité royalle,pcnfons quel regret elle euft icedé fi elle euft efté contrainte d’idolâtrer.

Mais reuenons à Moyfe,noftre cour-tifan. Puisqu’ilpouuoitmettrecna-uantdcfontemp$,toutesccs raifons amp;nbsp;colcuts,que cens cy ontcu,pourquoy d il laiffé la court? Il eft vray qu’il fut con traint de fuyr d’Egypte pour cuiter la fu reurdu Roy qui le vouloir faire mourir, Exod.i. d caufe de l’Egyptien qu’il auoit occis. ^^J^J, Mais moyfe,pourquoy auoit il occis l’E Liùiyte gyptien? Ne voyoytilpas bien Icdan- deMoy.è gier ou il fe mettoit? Ne pouuoit il pas bien diiTimulerViniure qu’on faifoyt à l’Hebrien pour lequel il’print la querelle? Car puis que luy ne faifoyt iniurc

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150 EPISTRE

à pcrfonne,auoit il à refpondre da pêché de cell Egyptien iniurieux e Ilfemble bien queMoyfe fen pouuoit facilement deporter.Et il ne nous faut pas doubter, qu’iln’ayt bien preueu,cequi luy de-uoit aduenir. Et auant qu’il full fugitif d’Egypte, n’auoit il pas défia abandonné la court,pour aller vifiterfes frc-, ^ res? Et pourtant,le faincl Apofire re-gardant d la vérité de la chofe,âcd la Foy qui conduifoyt Moyfe,ii n’a pas diet: Moyfeaeftébanny amp;chaflré,ou il fen eft fuy d’Egypte:Mais il a dici: Par foy, Woyfe eftant ia grâd,refufaamp; eut en def dain d’ellre nommé filz de la fille dePha rao, ellifant pluftoft ellre affligé, auec le peuple de Dieu,que d’auoir pour vn peu de temps iouy (Tance de péché : eftimant l’opprobre de Chrill,plus grandes richef fes que les trefors qui eftoyent en Egy-pte.Car il auoit cfgard,à la remuneration,Parquoy il lailTaEgyptc,ne craignît point la fureur du Roy. Car il tint bon comme fil euft veu celuy qui eft inuifi-ble. Notons les paroUes de 1'Apoftre.il dia premièrement,que Moyfc refufa,amp; qu’il eut en defdain, d’eftre tenu pour

Filz

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A V X FIDELES. rpi

Filz de la Fille de Pharao. Et ce que les autreseftimoyent vn grand honneur,amp; vnc grand grace,luy l’a eftimê vn def-honneurdcuantDieu. lia mieux ay-mé eUrc chétif amp;nbsp;miferable,félon le mô de aucc le peuple de Dicu,camp;cftre bergier de brebis entre les Madianites , qu’élire grandScigneur en Egypte,amp; voir fes h^.j: frètes affligcz,fans leur fecourir. Et Aa.7. quand a il faiâ cclafJL’a il faid quand il eftoit ieunc cnfant,amp;qu’il n’auoit point le fens raffisfll l’a faia en l’eage de quarante ans,comme tefmoigne S.Efticn-ne:amp;quand il eftoit délia en grand eai ge,pourfauoiriugerdes chofcs,afin que nul ne penfe qu’il l’ay t fait par {cgierc-

1 tê,ou par témérité. Mais fur tour,il faut bien pefer ce motderApoftre,difanr, que Moyfc a plus cher aymé eftire d’e-ftre affligé aucc le peuple de Dieu,amp; por ter l’opprobre de Chrift,qu’auoir la ioyf fance de péché vn petit de temps entre les Egyptiens.Ilf'enfuycdonc,qucMoy fe eftimoit qu’il euft peché,f’il n’euft fait te qu’il a faid. S. Chryfoftome poyfe bié te mot.

'’ - si donc Moyfc a cftiniê qu’il feroit

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EPISTRE

coulpabledc pêché non feulement f’il perfecutoit fes frétés amp;nbsp;fa nation, mais f’il ne leur fecouroit amp;f’il ne les alloit vifitcr en leur affliction, combien qu'il courtifâtP^“^ ‘lemourer en la court, fans idola-lotâiemét trer,amp; fans leur nuy re aucunemét:qucl eotrairej le excufe pourront suoir Ceux qui font * “^ '' par tes courtz amp;nbsp;qui ont credit amp;nbsp;autorité,qui ne fouffrent pas feulement que leurs frètes foycnt perfccutcz,fans leur dôner aydc ny fecours,mais qui plus eft incontinent qu’ilz voycnt'quclcun des fideles,ilz fc retirent d’eux tant qu’ilz pcuuent,craignâs qu’ilz ne leur deman dér quelque aydc. amp;nbsp;faucur,ou qu’ilz ne foyentendangierpoureux? Cclaeft bien loing de faire comme Moyfe,amp; d a bandonnertout, pour effre guydes amp;nbsp;conducteurs des pouurcs fidèles amp;nbsp;les mener par le defett. Mais ceux font encore pis,qui non contansjdc diffimulerj f’aydent mefmc àperfecuterceux qu’ilz deuffentmaintenir. Ilz fontdescour-tifans bien contraires à Moyfe. Car au lieu que Moyfe effimoit péché, non pas f’il perfecutoit fes frercs,car il n’en auoit garde: mais f’il ne leur fecouroit ,dc ce

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AVX FIDELES. I5gt;J qu'ilpouuoit en leun perfecutiós, ceux cy n’eftimét rien de les delaiflcr du tour, amp;nbsp;de bailler faneur d ceux qui les perfe-cutcnt,pour euitcr le dangier ou ilz crai gnent de tomber. Et au lieu que Moy-comparai fc auoic belle colcurdc mettre en anant^pj,''^'“ pour fon cxcufc,l’cxéple de lofcph, qui woyfc, eftoit Tvn des anciens patriarches,amp;nc-antmoinsil n’en a point voulu abufer, pour fc couurif.ceux cy au cótrairc,taf-chent de fe couurir de tous les pairages amp;nbsp;exemples qu'ilz pcuuent rencontrer, à tort amp;nbsp;d travers, pour petit de coleur qu'ilz péfent auoir:combicn que le plut fouucnc,ilz n’ont pas grand apparence: ou qui plus cft,ilz leurs font totalement ç-sncraires. lafoit que Moyfe euft grande apparence de pallier fa demeure en la court, par l’exemple de lofcph,amp; trop plus grande que les noftres n’ont de pal lier leur idolatrie par l’exemple de Naha man:touteffoys il voyoyt bien, que les exemples n’eftoyentpas fcmblablcs, ne les temps,ne les circonftances des pcr-fonnes: amp;quc lofephy pouuoitdemou rcr,cnfcruantdDieu amp;nbsp;d fon peuple, Veules moyens qu’il en auoit pour lors,

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154 EPISTRE

quieftoyent tout autres du temps Je Oene Moyfe. Car lofephauoit cfté mené en '*^' Egypte,patlaprouoyancede Dieu,pour donner le fecours à fon Pereamp;fcs freies,amp; â tout le peuple de Dieu,qu’il leur a dónê,afin que Dieu fut glorifié en luy Gene.u. amp;nbsp;que la prophétie que le Seigneur a-uoit faiâ à Abraham,fuft accomplie en fes fucceifeurs. lofcphdonçeud mal fai J d’abandonner la court de Pharao, puis qu'il eftoit certain,que Dieu l'auoit là appellé,amp; qu’il voyoy t que fa preféce y feruoit â la gloire de Dicu,pour le glo rifier entre les Egyp ticns,amp; à la coniola tion de fon peuple,attcndu qu’il y auoit tel crcdit,amp; telle grace enucrs le Roy amp;nbsp;tout le peuple.Mais Moyfc a affaire â vn tyran,cnncmy deDieu amp;nbsp;de fon peuple, aucc lequel il ne peut glorifier Dieu, ny aiTiftcr d fon peuple,cominc il dcuoit. Il cognoiffoitaufTi que la malediction de Dieu eftoit en celle cou rt,amp; en ce royau nic,veu qu’il perfecutoit le peuple de Cen.17. Dieu. D’autre part il eftoit certain,de la benedidion promife d Abraham, qui de Uoit en brief eftre accomplie,fur fon peu pic. Parquoy fi Moyfcfuft demouréen ccl-

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AVX FIDEIEÎ. 191

celle court tyrannique,il curt approuué la tyrannie der mcfchani,amp; fc fud rendu coulpable de la malcdidion amp;nbsp;de la fureur de Dieu,qui eftoit préparée aux Egyptienr. Etpourtant,ilnef’cftpoint Voulu louer auec Dieu. 11 n’a regardé, qu’à la promelTe amp;nbsp;à la volunté deDieu, amp;nbsp;à fon deuoir amp;nbsp;office. 11 n’a pas faid comme ceux qui, defiramde demourer en court,pourtant qu’ilz ne pcuuent o-blicrEgypce,ny abandonneriez delicci amp;nbsp;players accoftumez d’icelle : veulent donner à entendre,qu’ilz le font pour auoir meilleur moyen,d’ayderaux fidèles amp;nbsp;de mieux auancer l’Euangile: mais qui les verroit en leur confeience on cognoiftroit qu’ilz ne le font que pour euxmcfmc$,amp; que c’eft le moindre de leurs foucyz . Q^and ilz le feroyent coartlù« comme Iofcphamp;Daniel,ou Nehemie amp;nbsp;fidele*. Ezras,ou Mardochée amp;nbsp;Efiller,ou comme Naliaman,amp;Iehan Baptifte,amp; qu’ilz fulTentdetclz courtifans, ce feroit vn grand bien.Nous aurions bien oceafion de les louer,amp; de louer Dieu en eux. Si lehm faind lelian Baprifte euft efté vn tel Eiptiüe. courtifan ,quc ceux cy,amp; qu’il euft fi

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1^6 E P IS T R E

bien fccu flater Hcrodc,comme ceux cy flatent les Princes,amp; entretenir aulTi bien ma dame la putain Herodias, com-Mat.u.i4 me ceux cy fauent entretenir lesDames decourt;fatefte n’y full pas demouréc de gaigc, mais tout le corps, amp;nbsp;l’ame auiîï cutlent cfté en grâddangicr d’aller d per CanU- dition cternelle. Mais on ne trouue plus nauxchrc de tclz courtifans,qui pour dire, amp;nbsp;pour Mat'll f»*feccquefainaichanadit,amp;fait en aA.u,’ court, vueillentimpctrer de tclz chap-peaux rouge$,pour dire relz cardinaux, qu’Herode àfaitfaind lehan Baptillc,amp; faincl laques.

S’ilz répliquent,qu'il ne font pas de telle qualité que ceux lâ,amp; qu'ilz ne font pas appeliez d telles cliofe$,amp;qu’ilz n’ont pas tclz dons dcDicu,ne telle vocation que Moyfe amp;nbsp;les autres, lefquclz nous auons nommcz,amp;que tous ne peu uentpas auoir telle conftance,pour mef prifer ainfi la mort; ie leur réfpondz fur cela,quc ie confelfc bien, qu’ilz ne font pas tclz, amp;nbsp;que ie ne requier pas d'eux, aulTi telles chofcs,que de ceux Id. Carie fay bien,queicperdroy$ mon temps. le ne requier pas qu'ilz tuent le petfecu-tcur

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AVX FIDELES. 1517

teur commeMoyfe a tué l’Egyptien: car leur vocation n’eft pas telle. Maisie dis gj^j; feulement ces chofe$,pour monftrer, cô bien nous fommes loingdcs vertus des anciens, voire de ceux qui ont efté dc-

uant l’aduenemétdc lelus Chrift.Nous wanailfe Voulons bien mettre les exemples d’i- im^tion ceux en auant,f’il y a eu quelque infir- ” mité en eux, pour pallier noz pechez: mais nous lailTos leurs vertus appart, amp;nbsp;ce qui eft dignede fuyureen eux. le le dis feulement,pour monftrer que ceux li n’ont point idolâtré, amp;nbsp;qu’ilz nefe fontpointconformez aux hommes mo dains amp;charneiz en chofequifuft con traire à Dieu. Mais qu’ilz ont toufiours eu en finguliere recommandation,lapa rolle de Dieu, l’édification de fonEglife. le le dis donc: afin que finousnepou-Uons peruenir â telle perfedion de ver-tuz,quepourle moins nous apprenions mieux à nous cognoiftre, amp;nbsp;à nous hu-iuilier,amp; que nous ne faifions pas boucler, pour nous exeufer en noz pechez, de ceux defquelz lesvertuz nouscon-damnent,amp; que nous ne leur imputios pas les pechez qu’ilz n’ont'pas commis.

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EPISTRE


pourtant que nous les conimettons,pé-fans que les nôtres ne ferôtpas péchez, fi nous pouuons monftrer,que nous les 11 ne fantgyQfjj p^yy compagnons. Or fil y a de ptchei is faute aux Sainâz.que nous n’approu dethindz uions pas pour bonne œuurc,lcs péchez quot;maquot;quot;Q”* peuuent efire en eux. Carilz n’ont pas toufionrs efté/ans péché. Et fi nous fuyuons leurs fautes,au lieu delcursver tuz,elles ne feront pas vertuz en nous, pourtant que les fainâz pcuuent auoir commis telles fautes. Mais il nous faut toufiours confiderer que c’eft,que la pa-rollede D I E V appronue,oureprou-uc.

lieft certain qu’il cft bien difficile défaire fon deuoir entre les hbmmes, eSpani/ tant qu’il touche â la religion, amp;nbsp;fingu-fonde» lierement aux courtz des princes. Car elles font tant corrompues, que nous les pouuôs appellcr,d bon droit, la voyc amp;nbsp;la defeente aux enfers, amp;nbsp;principalement celles des prelatz de l’Eglife. Par-quoy ileft bien difficile d’y bien faire, j^j^f jg fans mettre fa vie en grand dangier. Mar'ci4lt; Nous pouuons prendre fur cecy fainâ Pierre pour exemple. 11 n’a pas faiä long

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AVX FIDELES. i^ß

Icngfciouren lamaifondeCayphe,amp; entre les cournfans qui y eftoyent. Et ^“^^^ ce qu’il y eftoit allé, n’eftoit pas pour y auoir fes plailîrs,amp; fuyure la court • Ce neantmoins il n’y a pas beaucoup dc-niouréfans renyer lefus Chrift. lia re-nyé lefusC hrift en la court,amp; en la mai fon du grand Eucfque, amp;nbsp;quand il en a cfté hors amp;nbsp;efloigné, il a plouré fon péché, amp;nbsp;a confclTé lefus Chrift conftam-menr. Il vaut donc trop mieux plourer noz péchez , amp;nbsp;les renoncemens que nous auons faidz de lefus Chrift,eftant auec fai nd Picrre,hors de la court amp;nbsp;des palais des princcs,quc le renyer amp;nbsp;blaf-phemereniceux . Touteffoys,combien que celle manière de viure foit merueil lcufcmétdâgcrcufc,cc neâtmoins nous voyés que plulieurs bons feruiteurs de Dicu,fe font bazardez de bô cueur,pour maintenir la gloire de Dieu, amp;nbsp;pour fe-courir 5fon peuple,voyre auxcourtz des princes tyrans amp;cruclz. Et Dieu les a deliurez de leurs mains: amp;nbsp;leur a don- sdnâx Je né grace denant les tyrans.Saind lehan «quot;«d« Baptifte y a laiffé la teftc,amp; plufieurs MJM4.

Martyrs;mai$Dicuadcliurê Daniel, amp;nbsp;oan.}.7« 5* 4

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too EPISTRE

fet compagnons,amp; pluficurs autr«,quJ fc font mis cn des gros danglers. Et nonobftant queDieu ne face pas auiour dhuy des miracles fi cuidens, qu'il fai-foit alors; toutcffoys il a toufiours beau coup de moyens pour fauuer: comme nous en voyons tous lesiours l’expérience. Car il aduient fouuenteffoys que ceux qui ont plus dilfimulé, amp;nbsp;qui ont eftê plus couuers, amp;nbsp;qui ont eu plus depeurdefemaniferter: qu’ilz font les pluftoft prins,amp; les premiers en dan-gier.Aucontraire,pluficurs qui ont faict merueille, amp;nbsp;qui fe font plus deelairez, durent plus longuement.Car les cucurt prou.1*. des Roy s,amp; de tous les hommes,font en la main de Dieu. Parquoy il les meine, amp;nbsp;il les encline H ou il veut. nbsp;Quand

Nehe.x. Nehemias cftoit deuant le Roy fon fei-gneur, amp;nbsp;que le Roy le veit fi trifte, amp;nbsp;qu’il entendit que celle triftefle dcNc-hemias venoitâcaufe de l’afflidion du peuple d’Ifrael , amp;nbsp;des empefehement qu’il auoit d édifier le Temple,amp; la ville de Hierufalem:lc Roy ne chaffa pas Nehemias de fa court, mais Dieu mit au cucur du Roy,de luy bailler faueur,amp;de l’eo-

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AVX FIDELES,


toi


rennoyer, auec mandemens royaux, pour ayder à fes frères. Et quand Efther fucadnionncftéepjrMardochéefonon Enher 4» cle,d’allcr parler au Roy AlTuerus,pour le peuple d’Ifrael,Efther veoyt clairement qu’elle f’alloit hazarder à la mort: touteffoys, combien quelle ne fuft que vnc femme,fi print elle courage, amp;nbsp;fc re commandant dDien,elle print hardiefTe defe prefenterdeuant le Roy, au dangler de fa vie. Mais la Foy qu’elle auoit en Dieu,ne la decent pas.Car Dieu tour na celle oeuure au falut de tout fon peu pic, amp;nbsp;luy bailla telle grace dcuant le Roy, qu’elle impetra de luy tout ce que elle voulut. Et du temps delà perfc-cution de Hierufalem, quand fai nd E- a a. 8. flienne fut lapidé,les Apoftres,qui e-ftoycntles plus dangereux, ne demou-rcrentilz pas en Hierufalem pour lors, fansdangier? Et au temps de lulicn l’Apoftat,ncfutilpas contraint de défendre les perfecutions,voyant la grande confiance des Chreftiens? Ce que les autres tyrans ont auffi efié contrains de faire fouuenteffoys. Si Dieu nous donnait detelz cucur$,nous efiaindrions

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tot EP IS TRE

les perfccutions,amp; les feux, au lien que nous les allumons amp;nbsp;enflammons, Stlufion • Voyla que i’auoyc àdire,pourle prefent, fur la matière qui a efté dedui-de en ce prefent traitté, par lequel nous auons monftrê premièrement, que c'c-floit que le diuin feruicc,amp; idolâtrie, qui eft fon Contraire : amp;nbsp;par la cognoif-fance de ces deux chofes,nou$ auons aulfi monftrê,fic’eflidolatrie,ou non, de communiquer aux facrifices, amp;nbsp;aux eglifes des Papiftes : amp;nbsp;fi l’homme fidele le pouuoitfaire,fans offenfer Dieu. Et pour mieux donner d entendrecccy par fpecial,amp; par le menu, nous auons aulïï monftré la diuerfité qui efl entre les ceremonies,amp; ce que n ous y eft licite, ou non. Et nomméement au Baptefmc,en la Melfe,au Mariage, amp;nbsp;aux Funérailles amp;nbsp;Obfequespourles mortz.Eten trait-tant ces poindz, nous auons aulfi ref-pondu aux argumcns,amp; aux raifons alléguées contre noftre fcntcce, par ceux qui font d’opinion contraire. Et pour-tan t qu'ilz fc veulent armer de l’au tho-rité des peres ancicns,pour bailler luftre â leur caufc: nous auons aulfi mis ena-

uant

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AVX FIDELES.

uant quelques exemples, prins tant des bures des anciens Doâeurs del’Eglifc, que des hiftoircs £cclcfiaftiqucs,pour monftrerpar iceux, combien les Clire-ftiens anciens leroyentdifferens en opî nions,fila viuoyent maintenât, à ceux qui veulent eftre tenuz pour Chrediés, amp;nbsp;qui eftiment tant peu de participer aux idolatries des Papilles. le ne double point, que pluficurs ne prenent pas grand plaifir d la leflurc de ces cho-fes: mais ides prie, qu’iiz ne regardent pas â moy, ny d leurs afFcâions, mais d Dieu,qui parle en fes feruitcurs, amp;nbsp;aux raifons qui leur font proposes par fa pa rolle.Si elles font telles, qu’ilz n’y puif-fent contredire,fans contreucnirdleur propre confcience:ie les pric,qu’ilz n’en treprenentpas de batailler contre Dieu: mais qu’ilz bataillent contre euxmef-me$,pour vaincre leurs infirmitez amp;nbsp;af fedions, amp;nbsp;qu’ilz f’hnmilient deuant Dieu, amp;nbsp;qu’ilz luy donnent l’honneur amp;nbsp;la gloire qui loy appartient. Quant d moy,ie les prie femblablement, qu’ilz nemctiennentpas pourvu de leurs en nemiz, amp;nbsp;pour vn homme qui defire de

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J04 EPISTRE

troubler leurs poures confciences , amp;nbsp;qui prent plaifir en leurs miferes amp;af, Âiaions. Mais qu’ilz me tiennent pour vn de leurs freres, amp;nbsp;pour vn fidele Mi-niftre de lefus Chrift, qui ne defire que leur bien,amp; leur falnt,amp; de leur donner courage, pour croiftre toufiours de plus en plus, en la cognoilTance de I E S V S Chrift,amp;enlaperfcdion Chreftienne, qui cft rcquifc de nous tous,amp; à laquelle nous fommes tous appeliez de Dieu. Auquel fcul foit honneur amp;nbsp;gloire d tout

jamais.

FIN DE CE Traitté.

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