des DIX COMMAN-DEMENS DV SEIGNEVR, EN lAQVELLE EST TRAICTE quel doit eftre le vray fetuice de Dieu.
D E V T. X I T.
LE SEIGNEVR DIT, Note ^ efeaute ce que ie te com-tti^e:^ et que tu preßiereSyteyf^ tes eitfans apres toy ^quanti tu auras fivctcequiefibS üplai/aitt dessantten Dieu tay feuleitseist ce qsie te te com)naitde,ßiHsy all-totster ne dimmer.
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Conimandeniens du Seigneur.
yVANTety’ENTRERA traiter particulicremétvn ?B chacun commandcmét,il eft bó de premieremet co-gnoiftre cc qui appartiét alacognoiflance vniucr-fe^'felle dheeux. Pourleprc-mier,qnc cela foit arrefté,q ue la vi e de l’homme doiteftre reiglée par la Loy,non feulement àvnehonnefteté exterieure, mais auffi ala iu-fticeintérieure amp;nbsp;fpirituelle. Laquelle chofe, combien qu’elle ne fepuifCenicr,neantmoins eft confiderée de bienpcu.Cela fe fait, pource qu’on ncrcgardcpointlcLegiflatcundc la na turc duquel, celle de laLoy doit eftre eftiméc. Si quelque Roy defendoit par ediâ, de pail-larder, de meurtrir,amp; de dereber : ie confeffe, que celuy qui auroit feulement conccu en fon cueur quelque cupidité de paillarder, ou dcro ber,ou meurtrir, fans venir iufques àl’œuurc, amp;nbsp;fans Pefforcer d’y venir, ne fera point tenu de la peine,laquelle fera cóftituéc.Car,pource
A ii.
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quebproiydece du !egiflateurmortcl,nePc* ftendque iufque^ à l’honcfteté externe ; ^ ordonnances ne font point violées, finon que lemal viencenefFeiâ.Mdis Dieu,dcuantr(til «luqucl rien n’eft caché, amp;nbsp;lequel ne Parrefte point tant à l’apparence extérieure de bien, qu’à la pureté de cueurren defendant paillar-dife,homicide amp;nbsp;larrccin, defend toute con-cupifcencc charnelle,haine, côuoitifedn bien d’autruy,tromperie, amp;nbsp;touteequieftfembh» ble. Car,entant qu’il eft Legiflatcurfpirituel, il ne parle pas moins à l’amc,qu’ju corps. Of» ire amp;nbsp;haine,eft meurtre,quant à l’amc: couoi-lifc,eft larrecin: amour defordonnée, eft pail-lardife. Mais quelqu’vn pourra dirc,qu’auflî bien les loix humaines regardent le confcilamp; la volonté des hommes, amp;nbsp;non pas les euenc-mens fortuits. le le confefle.Mais edaPentend des volontcz,lcfquellcs vienent en auant. Caf elles confiderent à quelle intention vne chacune œuurc a cfté fai de: mais elles n’enquierent point les cogitations fecrctes.Pourtant,celuy qui fefera abftenu de tranfgreffer extencure-ment,aura fatiffait aux loix politiques :au cé-traire,pourcequela Loy de Dieu eft donnés ànozames:finous la voulons bicnobferuer, il fault quenozames foyent principailement reprimées. Orlaplufpattdeshommes,mcfnie quand
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quand ils veulent diffimuler d’etre contempteurs d’icelle, conforment aucunement leurs yeux, leurs pieds amp;nbsp;leurs mains, amp;nbsp;les autres parties de leur corps, à obferucr ce qu’elle co-mandé: cependant,leurcueurdemeure tout aliéné de l’obeiffance d’icelle. Ainii,ils fe pcn-fent bien acquitez, fils ont caché deuac les homes,ce qui apparoift deuantDicu. Ils oyent, Tu ne meurtriras point, Tu ne paillardcras point,Tu ne déroberas poi nt. Pourtant,ils ne dégainent point leur efpéc pour meurtrir, ils ne le meflent point auec paillardes, ils nciet-tét point la main fur les biens d’autruy .Tout cela eft bon: mais leur cueur eft plein de meur tre,amp; brufle de concupifcence charnelle.ils ne peuuent regard er le bien deleur prochain,que de trauers, le deuorant par conuoitife.En cela ce qui eftoit Icprincipal de la Loy,leur defaut. Dont vient, ie vous pric,vne telle ftupiditeifi non quelailïans derriere le Legiflateur,ils ac-commodentla iuftice à leur entendement? A-lencotrc de cefte opinion fainâ Paul cric fort ®-»'*7« amp;nbsp;ferme, difant que la Loy eft fpirituelle. En quoy ilfignifie,que nonfeulemét eUerequiert obcilfance del’ame, de l’entendement amp;nbsp;volonté: mais vne pureté Angélique : laquelle, eftant purgee de toute macule charnelle, ne fent autre chofe,qu’efprit.En difât que le l'eus
A. iü.
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delà Loy eft tel, nous n’apportons point vnî } nouuclle expofition de noufmefmes : mais nous fuynons Chrift,qui en cft tresbon expo* fi.teur.Car,pourcc quelesPhanfiensauoycnt feme entrelepeuplc vncopinionperuerfe:a* fçauoir,que ccluy qui ne commettoit rien par œuure externe contre la Loy, eftoitbon ob-feruateur d’icelle,il redargue ceft crreur:afçi' uoir,qu’vn regard impudique d’vne Icmmc, cft paillardife : amp;quc tous ceux qui hayffent leur f rere, fonthomicides, Car il faitcoulpa* bles de jugement, tous ceux qui auront con-ceu feulement quelque ire en leur cueuncouh , pablcs deuant le Confiftoire,tous ceux qui en , murmurant, monftrent quelque offeniion da courage ; amp;nbsp;coulpablcs de gehëne de feu,tous ceux qui par iniure,auront apertement deelai réleurmalucuillace.Ceux qui n’entendoyent point cela,ontimaginéquc Chrift eftoitvnfe-codMoy leiqui auoit apporté la Loy Euagcli-que, pour fupplier le défaut de la Loy Mofai-qué.Dont eft procédée ccfte fentence, comma vulgaire : Que la perfedionde laLoyEuan-gehque,eft beaucoup plus grandc,qu’cllc n’e-ftoïten l’ancienne Loy.Qui eft vn erreurtref-peruers.Carquand nous réduirons cy après en fomme les préceptes de Moyfe, il apparoidra par fes paroi!es mefmes,combien on fait grad’ iniure
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injure ala Loy de Dieu,en difant ccIa.D’auâ^ tage, de ccftc opinio il fenfuyuroit,que la fain âete des peres anciens ne ditîeroit gueres d’v-nchypocrifie .Finalemét, cc feroit pour nous détourner de la reigle vnique amp;nbsp;perpétuelle dciuftice,quc Dieu lors a baillée. Or l’erreur eft facile à réfuter,pource querelle manière de gens ont penfé que Chrift adioutaft à la Loy, ou tant feulement il lareftituoit enfon entier: afçauoir,cn la purgeant des menfonges, amp;nbsp;du leuaindesPharifiens,dont elle auoitefté ob-fcurcie amp;nbsp;fouillée.
Il nous faut fécondé mentobferuer, que les préceptes de Dieu contienent quelque cho fe plus,que nous n’y voy os exprimé par paroi* les.Ce qu’il faut neantmoins tellement modérer, que nous ne leur donnions pointtel fens^ que bon nous femblera, les tournant çà amp;Ià à noftre plaiür.Car, il en y a d’aucuns, qui par telle licence,font que l’authorité de la Loy eft vilipendée,commefi elle eftoit incertaine, ou bien qu’on defefpere d’en auoir faine intcUi-l nbsp;nbsp;gence. Il fault donc, f’d eft poffiblc, trouuer
quelque voyelaquelle nous conduife feure-' nbsp;nbsp;meni,amp; fans doute,àla volonté de Dieu.C’eft
à dire,il fault regarder, combien l’expofuion fe doit eftendreoutrcles patoUes ; tellement qu’il appatoiffc,que ce ne foit point vue addi-fui.
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tion adioutéc à ia Loy de Dieu,des glofeshu-maines;mais que cc foit ie pur lens naturel du Legiflateur, fidelemét deciairé .Certes en tous les préceptes il cß fi notoire, qu’vnc partie eft mife pour le tout, que ccluy qui en voudroit reftreindrcl’intelBgenccfelon les parolles, ferait digned’eftre moqué. Il eft donc notoire, que l’expcfinon de la Loy ,1a plus fobre qu’on la puiffe faire, paffe outre les parolles ; maisil eft obfeur, iufques ou, finon qu’on diffinifle quelque mefure. Or ic penfc queceftecy fera tresbonne : fi on dirige fa penfée à la raifon pour laquelle le précepte a efte dônc:affauoir qu’en vn chacun précepte on cofidere àquel-Ic fin il nous a efté donné de Dieu. Exemple. Toutprecepte eft pour commander, ou pour défendre. Nous aurons la vraye intelligence dei’vn amp;nbsp;de l’autre, en regardant la raifon ou la finjouil tend. Comme: L a fin du cinq’ieme précepte eft,qu’il fault fendre honneur à ceux aufquels Dieu l’a voulu attribuer. Cefteiera donclafomme,Qu’itplaiftà Dieu, que nous honorions ceux,aufquels il a donné quelque preeminencc:amp; que contemnement amp;nbsp;contumace à l’encontre d’iceux,luy eft en abomi-nationiLa raifon du picmier précepte cft,que txoi.10. Dieufculfoit honoré. Lafomme donc fera: 0t»(-6. Qucla vrayepieté eft aggreable à Dicurc’eftà dire,
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dire,l’honneur que nous rendons à fa maie-fié : aucótraiie,qu’jmpictéluy eft abominable . Ainfi faut-il regarder en tous préceptes, dequoyliefttrriâé. Apres,ilfauteercherla fin calques à ce que n ous trouuions, que c’eft que Dieu veut teftifier luy eftre plaifant, ou defplaifant. Puis,de ce qui eft dit au précepte, ilnousfaut former vn argument au contrane, en cefte manière: Si cela plaiftàDicu,le con-traireluy deplaift-.ficelaluy deplaift,le cotraiv reluy plaift.S’ii comande cela,il defend le co-traite: s’il defend cela,ilcommade le cotraire. Ce qui eft maintenant obfeur, en le touchant brieuemét ,fcra plusfamiliercmét edaircy par. l’experiçnce,quand nous expoieronsles,pièce ptes. Pourtant il fufnra de l’auoir touché : fi-, non qu’il nous faut confermer le dernier que nous auonsdia,quiautrcmét neferoitpoint entendu,ou fcmblcroit auis dcfraifonnablc. Ce que nous auons did:, que là ou lebien eft * commandé,le mal,qui eft. contraire,eft defen« du,n’a ià meftier de probabo ; car il n’y a per-fonne qui ne le concede .Pareille met,le iuge-l métcommun receuera volonticrs,que quand on defend le mal, on commande lebien, qui eft au contraire. Car c’eft vnc chofe vulgaire.^ que quand on condamne les vices, ou recommande le s vertus.Mais,nous demadoris quel-.
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PREFACE.
que chofe d’iuantage, que les hommes n’cö' tendent communément, en confeffant cehlt; Gar par la vertu contraire au vice, ils entendent feulement,f’abftenir de vice. Mais nous paflons outre:afçauoir,en cxpofant quec’eft faire le contraire du mal. Cequii’entendfî mieux par exemple.Car en ce précepte,Tu ne tueras point: le lens commun des hommes ne confidere autre chofe, finon qu’il fe faut ab' ftenir de toute outrage amp;nbsp;de toute cupidité de nuire. M ais ic dy qu’il y faut entédre plus: afçauoir, que nous aidions à conferucrla vie de noftre prochain,par tous moy es qu’il nous fera poflible.Et à fin qu’il ne femble que iep®^ le fans raifon,ie veux approuucrmon dive.Le Seigneur nous defend debleffcr amp;nbsp;outraged noltre prochain, pource qu’il veut que ft vie nous loit chere amp;nbsp;precieufe ; il requiert donc iemblablement les offices decharité, parlef-quels elle peut eftrc conferuée. Ainfi,on peut apperceuoir, commet la fin du precepte nous enleignc, ce qui nous y efl: commandé ou défendu de faire,Si on demande la raifon pour-quay le Seigneur a voulu feulemét à demy fi' gniher fon vouloir,plus quel’exprimer claire mët.Pourrelpôteàcela,on peut alléguer plufi curs raifons;mais il y en a vnc,qui me contente par delfus toutes. C’eft,pource que la chair Peftor-
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f’efforcé touflours de colorer, ou de cacher par vaines couuertures la turpitude de fon péché , finon qu’on la puiffe toucher au doit : il a voulu propofer pour exemple, cequieftoit le plus vilain amp;nbsp;defordonné en chacun genre de péché: afin que l’ouyemefme en euft horreur, pour nous faire detefter le péché de plus grand courage. Cela nous trompe fouuen t en eftimant les vices, que nous les exténuons, fils font quelque peu couuers. Le Seigneur donc nous retire de cefte tromperie,nous accoutumant à réduire vne chacune faute à vn genre, dont nous puiffions mieux cognoitre , en quelle abomination elle nous doiteftre. Ex-emple.Il ne nous fcmble point auif,quc ce foit vnmal fort execrable,que haine ou ire:quand onles nomme de leurs noms : priais quand le Seigneur les defend fous le nom d’homicide, nous voyons mieux en quelle abomination il les a : veu qu’il leur donne le nom d’vn fi horrible crime. Par ainfi,cftans aduertiz pay Iciugemét deDieu,nous apprenons de mieux reputer la grandeur des fautes : lefquclles au-parauantnous fembloyent legeres. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
Tiercement,nous auons à confidcrer,quc c’eft que veut dire la diuifio de la Loy en deux ^^ ^ ^ Tables,defquellesil n’eftpointfaidfifouuét □f«.io. mention enl’£fcriture, fans propos : comme
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touthomme de bon efprir, peut juger. Orb raifon cft fi facile à entendre, qu’il n’eft ià m« ftier d’en faire nulle doute. Car le Seigneur i voulant enfeigner touteiiiPicecnfa Loy,il tellement dwiiée, qu’il aafligné la preniicis aux offices dot nous luy fommes redeuablfS pour honorer fa maiefté: la fe confie, à ce q“’ nous deuons à noftre prochain, félon charité' Certes le premier fondement de iufti«A l’honneui de Dieu,lequel renuerfé,toutcslcs autres parties font diffipéeSjCommelcs pieces d’vn edifice ruiné . Car, quelle iufticeferî-e^ de ne nuirepointànoftieprochain,parh''f' eins, amp;nbsp;rapines ; fi ce pendant, par facnlegc nous rauilfons à la maiefté de Dieii,fag!oird Item,denepoint maculer noftre corps par paillardife ; fi nous polluons le Nom de Dic“ par blafphcmes ? Item, De ne point meurtrit lés hommcsifi nous tafehos d’efteindreUrne-thoiréde Dieu ? Ceferoitdoneen vain,qt*' bous prétendrions iufti ce,fans religion; tout àmfi comme fi quelqu’vn vouloit fairevue belle monftre d’vn corps,fans tefte. Combien , qu’à dire vray, religion non Iculement eftle i chef deiuftice d: vertu, maiseft quafil’amc, i pourluy donner vigueur.Cariamais les boni j mes negarderonr, entre eux équité amp;diledi' 0‘ulans la crainte de Dieu. Nous appelions donc
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Jonde feruicedc Dieu,principe amp;nbsp;fondcméç Je iuftice-.vcu que ccluy o0é,tout ce que peu-uent méditer les hommes pour viure en drei-turc, continence, amp;nbsp;temperance, eft vain amp;nbsp;fri voie déliant Dieu. Pareillement nous l’appelions la four ce amp;efpric de indice: poureeque les hommes, en craignant Dieu, comme itige du bien amp;nbsp;du mal, apprcnentdecela, à viure pLiremétamp;droitcment.Pouitant,1c Seigneur en la premiere Table nous indruita pieté amp;nbsp;rcligiompour honorer fa maiedé. tn la féconde,!! ordonne com.met,(à caufe delà craiii te que nousluy portons,Ïd nous faut gouuer-nerenfemblc. Pour laquelle raifon nodreSei gncurlcfus,comme recitent les Euangebdes, a réduit toute la Loy fommairementendeux Lado, articles-, affauoir,Q^e nous aimions Dieu de tout nodrc cueur, de toute nodre ame, amp;nbsp;de toutes nozforces : Qtic nous aimions nodrc prochain,comme noufmefmes.Nous voyons comment des deux parties, efquclles il comprend toute la Loy,il cnaddrcflePvncàDieu, amp;nbsp;l’autre aux ho mmes.
\ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Touteffois, combien que la Loy foit en-
I tierement contenue en deux poinds, fied-cc l que nodrc Seigneur pour oder toute matière d’cxcufc,a voulu plus amplement amp;nbsp;facilemet s deelairer en dix préceptes, tant ce qui appar-
-ocr page 14-14 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;PREFACE.’ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;I tient àla crainte, amour amp;nbsp;honneur defai-uinité;commeàla charité,laquelle il nous tornade d’auoir à noftre prochain pour l’amour de foy. Pourtant,ce n’cft pas vne eftude inutile, que de cerchcr quelle eft ladiuifion des préceptes,moyennant qu’il nous fouuiene, que c’eft vne chofe,en laquelle chacun peuta-uoirfon iugemétlibre;amp; pourtant,quenous n’ernouuios point contétion contre celuyqui n’accordera point à noftre fcntence.Cecy dy* ie,àfinque perfonnene f’emcrueilledeiâdi-ftindionqueiefuyuray: comme fi dlcoftoit nouuellement forgée. Quant au nombre des préceptes, il n’y a nulle doute: d’autantquele Seigneur a ofte toute controuerfie par fa P*' roîle.La difpute eft fculcmcntàla manierede les diuifer. Ceux qui les diuifent tellement, qu’ily ait en la première Table trois préceptes amp;nbsp;fept en la féconde : effaeent le précepte des images , du nombre des autres : ou bien, le mettent fous le premier : commeainu . foit que le Seigneur l’ait mis corne vn comma demét fpeci al.D’auantagc, ils diuifent inconu derémétendeux parties le dixième précepte'' qui eft, de ne point conuoiter les biens de no- I ftre prochain. Il y a vne autre raifon pour les réfuter : que leur diuifion a cfté incongnuè en PEglifcprimitiuc,comme nous verrons tan-
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toft apres. Les autres mettentbien, comme nous,quatre articles en la premiere Table: mais ils penfent que le premier fou vncfimplc promeffe, fans commandement. Ordema part,pource que ic ne puis prendre les dix pa-roUes, dont Moy fe fait mention, autrement que pour dix préceptes, Gnon queie fois con-Uaincu du contraire par raifon euidentc: d’a-uantagc,pource qu’il me femble,que nous les pouuons diftmâement par ordre marquer au doit ; leur laiffant la liberté d’en penfer comme ils voudront, le fuyuray ce tpi mefemblc le plus profitable. C’eft,quelafentence,dont ils font le premierpreccpte,ticne corne vn lieu de Proemç fur toute lu toy ; puis apres, que les dix préceptes fenfuyuenf. quatre cnlapre-miercTablc,amp;fixenlafecondc,telonl’ordrc or/r.;»j*». quenousles coucherons. Celle diuifioneh quot;^ mife d’Origenefans difficulté,comme reccué communémet de ton temps. S arnd A uguftm auffil’approuue.ll ehbten vray,qu’euvnau- Lib.j.ajB« trelicu,la premiere diuifion luy plaid mieux, “fj, ^ ^^^^ Mais c’eh pour vneraifou trop legere •. afqa- yu f^^^ uoir,pourçe quefi on mettoit feulement trois préceptes eu la première T able,cela reprefen-
1 nbsp;nbsp;tcioitla Trinité;combien qu’eu ce liculàmef me 11 ne diffimulc pas,que la nu lire luy pl aift plus,quant au rçtle.b! ous avions auffi v n autre ineien pcrc,qui accorde à nodre opiuion-.ee..
-ocr page 16-ilf nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;EX PO SITTON
tn’^lesfieii- luyqui acfcntles commentaires imparfaifi* wenl^chry» furfaind Matthicu.Iofepheattribueàthacu-/oß»Mu. ne Table cinq préceptes ; laquelle diftnißion eftoir commune en fon temps, corne on peut coniedurcr. Mais,out, c ce que la i aifon conti edit à cela,veu que la difFerence entre l’honneur de Dieu , amp;nbsp;la charité du prochain,y dl confondued’authonté de lefusChrift bataille au contraire : lequel met le précepte d’no-norerpereamp; merc,aucaralogueclelafecondc
^^tlu f. T able.Mamtcnât efeoutos leSeigneur parler.
LE I. commandement.
le fuis l’Eternel to Dieu, quiùy retiré de la terre d’Egypte , de U , maifonde feruitude. Tunauras point de dieux eftranges déliant ma face. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;i
Ilnepeutchaloir,finousprenonslaprî' f tniercfcntcncc,commepartiedu premierprc‘ ' . ccpte,ou fi nous la mettos feparémétimoyen-liant que nous entendions, que c’eft comme Vrtproémefurtoutcla Loy. Premièrement ^uandon fait quelques lois, il faut doner or-
-ocr page 17-DES DIX COMMAND.
17
dre,qu’elles ne PiboUffent par me pris ou con temnement. Pour cefte caufe, le S cigneur au commencement remedie à ce danger, en prouoyant que lamaicfté de faLoy ne foit contemnée. Ce qu’il fait,la fondant fur trois raifons. Car il T’attribue le droit amp;nbsp;puiffancc decommandenen quoy il nous aftraint en la neceffité d’obéir. Puis apres,il nous promet fa grace, pour nous attirer par douceur à fuy-ure fa volonté. Finalement, il réduit en mémoire le bien qu’il nous a faiftipour nous redargue! d’ingratitude, fi no us mefprifons ce qu’il nous commande. Sous ce nom n’ e-terne L,eftfignifié fon Empire,amp; Seigneu rie légitimé qu’il a fur nous.Car fi toutes ebo-fes vienent de luy, amp;nbsp;confiftent en luy : c’cft raifonqu’elles fovent referées à luy, comme „
i -1 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;n Rom.11,
. dit lainct Paul. Par ce mot donc il nous eft monftré, qu’il nous faut foumettre au ioug du Seigneur; vcu que ce feroit vn monftre, de nous retirer du gouuernement de ccluy, hors lequelnous ne pouuons eftre. Apres qu’il a enfeigné le droit qu’il ha de comander, amp;nbsp;que toute l’obeiffance luy cft deuê : à fin qu’il ne fcmble qu’il nous veuille contraindre feulement par neceffité , il nous amène auflipar douceur,fe dcclairant eftre noftrc D i E v. Carenceftclocution,ily avnecor-
B.
-ocr page 18-l8 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;EXPOSITION
MMilhtZ. Hart it.
De».7.i4-
Leuii.ï?quot;
t^aUc-Z-
rcfpondancc mutuelle : laquelle eft exprime« en cefte promcffe,ou il did:Ie feray leurDicn amp;nbsp;ils me feront pour peuple. De laquelle,! 6' svs CHRIST approuue, qu’Abraham, Ifaac amp;nbsp;Iacob,ont obtenu falut amp;nbsp;vie éternel-le:pourcequeD lE v leurauoitpromis,qu’il feroitleurn i e v. Pourtant,ce mot vaut autant, comme fil difoit: le vous ayelcuzpour mon peuple : non feulement pour vous bien faireenla vieprefente •. mais pour vous conduire à l’eternelle béatitude de monRoyau-me. O r à quelle fin tend cefte grace, il eft di^ enpluficurs paflages. Car quand noftreSei-gneur nous appelle en la compagnie de fon s peuple,il nous clit(ainfi que did Moyfc}poU! nous fandifier à fa gloire:amp; à fin que nousgar dions fes commandemens. Dont vient cefte exhortation, que fait le s E i G n evr àfon pcuplc:Soyez fainds,carie fuis faind. Orde ces deux eft déduite l’ob teftatio'que fait Dim par fon Prophète: Le filz honore le pete, amp;nbsp;le feruitcur fon maiftre. Si ic fuis voftre Mai-ftre,ou eft la crainte ? Si ic fuis voftre Pere, ou eft l’amour?
Confequemment il recite le bien qu’il a faid à fes feruiteurs, ce qui les doit d’autant plus efmouuoir, qu’ingratitude eft vn crime plus dcteftablc que tous autres. Or il remon-
-ocr page 19-DES DIX COMMAND. l^ firoitlorsau peuple d*Ifraelle benefice qu’il Icurauoit faiâ:lequc!cftoit fi grand amp;nbsp;admirable,que c’cftoit bien raifon, qu’il fuft en e-lerncile mémoire. D’auantage,la mention en eftoitcouenablc du temps que la Loydeuoit eftrepubliée. Carie Seigneur fignifie,quc pour cefte caufe il les a deliurés, à hn qu’ils le recognoiffent autheur de leur liberté , luy rédans honneur amp;nbsp;obciffancc.Scmblablemét quand il nous veut entretenir en fon fcruicc,il a accouftumé de s’orner de certains tiltres, par Icfquels il fe difeerne d’aucc les idoles des Pay ens.Car,corne i’ay dift auparauant,nous fom-mes fi enclins à vanité, amp;auec cclafiaudaci- ' eux,qu’incontincnt qu’on nous parle dcDicu, noftre entendement ne fepeut tenir qu’il ne decline à quelque folle fantaific. Le Seigneur donc, pour remédier à ce mal, orne fa diuinité de certains tiltres, amp;nbsp;par ce moyen nous encloft comme dedans des bornes,à fin que nous n’extrauaguions necànelà,amp; que nous ne nous forgions témérairement quelque dieu nouucau, cnlcdelaiffaqluy qui cftlc Dieu viuat. Pourtant,lcs Prophètes en le vou lant proprement décrire amp;nbsp;demonftrcr,mct-tenttouGoursenauantlcs marques amp;enfei-gnes,par Icfquclles il f’eftoit manifefté au peuple d’Ifrael, Car quand il eft nommé,le Dieu B b.
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B X ro SI T i oK
«*«(/,i4.
d’Abraham,ou d’Ifra ci, amp;nbsp;quand il eft affis en fon Temple de 1erufalem au milieu des Che-rubins:telles formes de parler ne font pas mi* fes pour l’attacher à vn lieu ou àvn peuple, mais pour arrefter la penfée des fidèles à ce Dieufeul,lequelf’eftoit tellement reprefen-té par fon alliance, qu’il auoit faide aueefon peuple d’Ifrael, qu’il n’eftoit point licite Je detournerfon efprit à autre part, pourlecer-cher.Mais à fin qu’il ne nous fembîe, que ceh ne nous appartient de rien, il nous fautrepU' ter,que la feruitude d’JEgypte,ou a efté le peuple d’Ifrael ,'éftoit vue figure de la captiuite fpirituelle, en laquelle nous ibmmes tousHe-tenuz;iufques à ce que le Seigneur, nousde-liurantpar fa main forte,nous tranifereaure-gnc de liberté. Tout ainfi donc qu’ancienne-ment,voulant remettre fon Eglife fus en Ifra-el,il a deliuré ce peuple là delà cruellefeigneu riede Pharaon,dontil eftoitopprimé:en telle manière il retire auiourd’huy tous ceux def-quels il fe demonftre eftre Dieu,delamalheu reufeferuitude du Diable;laquelle a efté figu-' réeparla captiuite corporelled’Ifrael. Pour tât,il n’y anulle creature,dont-le cueurne doy uceftre enflabé à efeouter cefte Loy :entât que elle procède du fouuerain Seigneur, duquel cometoutes chofes ont leur origine,auffi c’eft raifo»
-ocr page 21-DES DIX. COMMAND? II taifonqueleurfiny foitdirigée. D’auantage il n’y a nul qui ne doyue eftrcfingulicremcnt incité àreceuoir cc Legiflateur-.pour les com-mandemens duquel obferuer, il fe cognoite-ftreeleu: amp;nbsp;delà grace duquel il attend, non feulement tous biens temporels, mais auffi la gloire delà vie immortelle. Finalement,cela nous doit bien auffi emouuoir àobtempe-xcrànoftreD i E v. quand nous entendons, que par famifericorde amp;nbsp;vertu nous auons c-fté dcliurez du goufre d’enfer.
Apres auoir fondé amp;nbsp;cftably l’authorité de fa Loy, il donne le premier preceptc,que
Nous n’ayons point de dieux e-ftranges deuantfaface.
Lafin duquel eft, queDieu veutauoir feul précmincnce,amp; veut eftre exalté entre fon peuple.Pour ce faire, il veut que toute impiété amp;nbsp;fuperdition, parlaquellela gloiredefa diuinité eft amoindrie ou obfcurcie, foit loing de nous •. amp;nbsp;par mefme raifon, il veut e-ftre honoré de nous par vue vraye affeftion de pieté ; ce qu’emporte quafi la fimplicité
' desparoUes. Car nous ne le pouuons pas auoir pour noftre D ieu, fans luy attribuer les chofes qui luy font propres, Pourtant en cc B. iii.
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qu’il nous defend d’au oir les dieux cftrangïS' en cela il fignific , que nous ne tranfferions ailleurs cequiluy appartie nt.Or combicqu® leschofesq nous deuôsàDieu,foycnt innumS ' râbles : touteffois cll es fc pcuuét bien rappot
ter à quatre poins: afçauoir Adoratio,Fiinc'lt; Inuocatiamp;,amp; Aâiô de graces, l’appelle A dor* tion,la reuerence que 1 uy fait la créature,fefoU mettat à fa gradeur. Fiâce,l’affeurâce de cueuf q nous auôs en luy,parle bié cognoiftrc: quad luy attribuant toutefageffe,indice,bonté,ver tu,vérité,nous eftimons q noftre béatitude A de communiquer auec luy. Inuocation eft, 1^ recours que noftre ame ha à luy, corne à fon cf poir vnique, quand elle eft preffée de quelque ncccflité. Ââion de graces eftjlarccognoif-fance,par laquelle la louange detous bieirJ luy eft rendue. Comme Dieu ne p eut fouffrir qu’on tranifere rien de cela ail leurs, auffi il veut que le toutluy foit rendu entièrement. Car il ne fuffiroit point de nous abftenirde tout dieu eftrange , finon que nous nous rc-pofionsen luy : comme il yen a aucuns mc-chans,lefquels penfent cftrelcur plus court, d’auoiren moquerie toutes religions. Au ton traire, fi nous voulons bien obferucr ce coni' mandement, il faut que la vraye religion pre* cede en noustpar laquelle noz ames foyent di * nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;rigée»
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âgées à Dieu: amp;nbsp;l’ayant cogneu,foyer induites à honorer fa maiefté,à mettre leur fiance en luy , àrequerir fon aide , à rccognoiftre toutes fes graces, amp;nbsp;magnifier toutes fes œu-urcs-.finalcment, entendre àluy comme à leur but vnique. Apres que nous nous donnions garde de toute mauuaifc fuperftition, à ce que noz aines ne foy ent tranfportées ça amp;nbsp;là, àdiuers dieux. Oril nous fauticy diligemment noter la nature d’impiété cachée,comme elle nous déçoit par ces couuerturcs. Car elle ne nous fait pas tellement decliner adieux eftranges, qu’il femblc auis que nous dc-laiffions dutoutlcDieu viuàt;mais enluylaif fantlc fouuerain honneur, elleluy adioint vne multitude de pctis dieux ; cntrclcfquels elle partit fa vertu. Ainfi ,la gloire de fa di-uinité eftefparfe çà amp;nbsp;là, tellement qu’elle eft toute diffipée. En cefte manière les anciens idolâtres, tantluifs, comme Gentils, onti-maginé vn Dieu fouuerain, qui fuft Seigneur amp;nbsp;Pere deffus tous ; auquclils ont affuiety vn nombre d’autres dieux : aufquels ils attri-buoy ent le gouuernement du monde en com mun auec iceluy. C’eft ce qu’on a faid pat cydeuant des faines trefpaffez:caron lésa exaltez iufques à les faire compagnons de Dieu ; en les honorant comme luy, amp;nbsp;inuo-B. üü.
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E X PO S 1 T I ON
cant, fleurs rendant graces de tous biens. Il ne nous femble point auis, que la gloire de Dieu foit en rien obfcurcie par cefte abomi- ' nation.Cobien qu’elle foit pour la plus grand’ part fupprimée amp;nbsp;efteinte: lin ô que nous auos quelque imaginatio,qu’il hafouuerainevertu par deffusles autres.Pourtant,fi nous voulons auoir v n feul Dieu,qu’il nous fouuicne que ft gloire ne doiteftre nullcmët amoindrie; mais, q toutes chofes,qui luy font proprcs,luy foy^^ g ardées. Il f’enfuy t apres au texte,que nous ne deuos point auoir desdieux cftrâgcs,deuaDtft face. Enquoy ilnousadmoncftc,quenousnc nous pouuons reuoltcr à impiété, qu’il ne fou tefmoing amp;nbsp;fpedateur de noftre facrilege.Cât l’impiété eftplus audacieufe, d’autant qu’clk penfepouuoir tromper Dieuenfes cachettes fccretes. Mais le Seigneur au côtraire dénonce,que tout ce que nous machinons amp;nbsp;®^^‘' i tons,luy eft notoire.Pourtant fi nous voulons approuuer noftre religio à Dieu,que noftreeo fciencefoit pure de toutes mauuaifes cogitât'' ons,amp; qu’elle ne reçoyuc nullepéfée, dedeen ner à fuperftitio amp;nbsp;idolatrie . Carle Seigneur ne requiert point feulement, que fa gloire fort conferuée par cofeffion externe: mais ^tiuanr fa face : àlaquelle il n’y a rié qui ne foit vifio ® amp;nbsp;manifefte.
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IE SECOND COMMANDEMENT.
Tunete feras point image tail-lee,ne femblance aucune des cho-fes,qui font en haut au ciel,ne ça bas en la terre,ne es eaues deffous la ter-re.Tu ne les adoreras,ne honoreras.
Commeil f’eft déchiré,au prochai n commandement,eftre le feul Dieu, outre lequel il n’en faut point auoir ne imaginer d’autre: ain fi,il demóftre plus clairement,quel il cft,amp; cornet il doit eftre honoré; à fin que nous ne forgions nulle cogitation eharnellé de luy.La fin du precepte eft, que Dieu ne veut point,le droit honeur,que nous luy douons, eftre profane par obferuations fuperftitieufcs. Pourtat en fomme, il nous veut rcuoquer amp;nbsp;retirer de toutes faço s charnelles de faire,!efquel les no-ftreentendemêtcontrouuc,apres qu’il acoccu Dieu félon farudefie:amp; confequêment il nous réduit au droit feruice qui luy eft déumfçauoir fpirituel,amp; tel qu’il l’a inftitué. O r il marque le vice, qui eftoit le plus notable en ceft endroit: ceftl’idolatrie externe. Touteffois, le comandemêt ha deuxparties.La premiere re-primenoftre témérité, àceq nous neprefumi-■onsd’alTuietir Dieu, qui eft ineoprehcnfiblc.
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EXPOSITION
anoftrefens,ou de le reprefenter par aucune image. La féconde partie defend d’adorct aucunes images par manière de religio.La rd-tgt;eM.^. fon de la premiere partie, eft notée en Moyfci quad il elldit:Qu’il te fouuiene qleSeigneut a parlé à toy en la vallée de H oreb. Tu as ou/ fa voix tu n’as point vcu de corps.Garde toy Ie/Â4o. dóedeluyfaire aucunefimilitude,amp;c. Uûit *^- ^' auffi vfefouuent de ceftargumêt:q c’eftéesho ^^' norer la maiefté de Dieu, fi on le veut repreif ter par maticrecorporellc,ou image vifiblc,o^ inlenfiblc,luy qui eft fpirituel,inuifiblc, amp;nbsp;Qquot;* donne mouuement à toutes creatures : paN*'' lementfi on accomparage fon cffcnceinba'^ à vnc petite piece de bois, de pierre, d’or, ou d’argent, Ceftemefmc raifon eftalléguée de aÆi7. fainä Paul, enfa predication aux Athénien’'
Puis que nous fómes,dit il, lalignéede Die“' nous ne deuos pas eftimer que fa diuinitéfon fern blable ny à l’or ny à l’argent, ny à piet’“ taillée, ny à rien qui fe puifle faire d’artifiee d’homme. Dont il appert,quc toutes ftatueS qui fe font pour figurer Dieu, luy deplaifc»’ du tout,comme opprobres de fa maicfté.Iled bien vray, que o i k v a quelque fois de | elairé fa prefence par certains fignes, fie“' demmét,qu’il eft dit auoir cfté veu face à face-Mais toutes telles manières de fignes,demon-firoyent
-ocr page 27-DÊSOIX COMMAND. 1/ ftroyent pareillement fon effenceeftre inco-prchenfiblc : car il eft quafi toufiours apparu £1-9.40. en nuée,en flambe,amp; en fumée. Dont il eftoit E^’ i^* ^’g‘'ifié,quc le regard de l’homme ne peut pc- ^’ ^' netreriufques à le contempler clairement. Et pourtant Moyfe, auquel il f’eft communique plus familièrement qu’à tous autres, ne peut Jamais obtenir de vcoir fa face. Mais aucon-traire luy fut refpondu, que l’homme n’eft point capable d’vnc fi grande elarté.Mcfmc le ’«••)?• Propitiatoire,dont le Seigneur demonftroit la vertu de fa prefence, eftoit tellement com-pofé, qu’ildenotoit que le meilleur regard que nous puiffions auoir de fa diuinité, eft,de nous en efmerucillcr,comc d’vnc chofefurmô tant noftrefens. Car les Chérubins eftoyent E*».Mquot; pourlc couurir de leurs ailes:ily auoit vn voile pourle cacher : amp;nbsp;le lieu eftoit tellement retiré amp;nbsp;obfcur,qu’il eftoit affez fecret de foymeC-me.Pourtàt il appert,quc ceux qui,pour defé-dre les images de Dieu amp;nbsp;des fainfts,allcgucnc les Chérubins, que Dieu commanda de faire, ne font pas en leur bS fens.Car que fignifioy et autre chofe ces images là,finon qu’il n’y a nulle image propre à figurer les my fter es de Dieu? veu qu’elles eftoyent tellement faites, qu’eu couurant tout de leurs ailes,elles reprimoyent la curiofité de l’œil humain, de la contempla-
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tiondeDieu? D’auantage, ilfautnoter qui toutefcmblacen’cft pas moins défendue, qu( , image taillée : enquoyeft refutéelafotedif ference que font les Grecs . Car ils fc penfent eftre bien acquitez, fils ne taillent pointDicH au marteau:mais cependant ils ont plus défu' perftitionaux images paintes, que nul autre peuple. Au contraire le Seigneur,non feulemet defend que nul tailleur ne le figure: mais du tout il ne permet qu’on luy faceimage:pour-ce qu’en ce faifant, on le contrefait auecop-. profite de fa maiefté. Outreplus, les forme’ iont exprimées en ce texte,dont les Payensa* uoyent de couftume de figurer Dieu. Parles efiofes quifont au ciel, il entend le Soleil, 1’ Lune amp;nbsp;les eftoilles,amp; poffifile les oifcaW'.có' me au quatrième du Deuteronome, expofant fonintention,nomme tantlcsoifcaux, corne les eftoilles. Ce que ie n’euffe point noté,!!' non que i’en veoy d’aucuns rapporter cela aui Anges: amp;nbsp;pourtant ie laiffeles autres parties comme affez cognues.
S’enfuyt la fécondé partie du précepte,qugt; eft de l’adoration •. laquelle eft mechante en toutes images de Dieu: en autres images, com me de fainds amp;nbsp;fainftes, eft doublement e«' crafile. Car voicy les degrés d’idolâtrie .Pre'. . mierement l’entendement de l’homme, comme
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il créue d’orgueil amp;nbsp;de témérité, ofe imaginer Dieu félon fon apprehenfiori : amp;nbsp;commeil eft plein de rudeffe amp;nbsp;ignorance, au lieu de Dieu il ne conceoit que vanité amp;nbsp;vu phantofme. Il fenfuytapresvne autreaudace, quel’hommc attéte de reprefenter Dieu au dehors tel qu’il l’a conceu au dedans:pourtant l’entendement engendre l’Idole, amp;nbsp;la main l’enfante. Que ce foitlà l’origine d’Idolâtrie, que les hommes ne peuuét croire,que Dieu leur foit prochain, finon qu’il y ait vne prefence charnelle,il ap-pertpar l’exemple du peuple d’Ifrael l lequel difoit à Aaron: Nous ne flânons qu’il eft advenu à ce Moyfe:fay-nous des dieux qui nous precedent. Certes ils cognoiffoy ent bicn,que celuy eftoitDieu,duquelils auoyentefprouué la v crtu en tant de miracles : mais ils ne pen-foyent point qu’il leur fut prochain, finon qu’ils en viffent à lœil quelque apparence corporelle , qui leur fuft tefmoignage, que Dieu les precedoit. Pourtant par quelque image precedente ils vouloyét cognoiftre que Dieu lesconduifoit enleurchemin, Nousvoyons auffi tous les iours cela par experience : que la chair n’eftiamais àrepos,iufqu’à ce qu’elle ait trouué quelque fcinâifc leblable à fa nature, en laquelle elle fe reiouyffe, corne en l’image de Dieu.Parquoy quafi en tous temps,depuis
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que Ic monde a. efté créé,les hommes,fuyUîn5 cefte cupidité,fc font forgés des images ,püUt f’affeurcr que Dieu eftoitpres d’eux,quandil’ en auoycnt quelque figne à lœil. Or d’autwt qu’ils ont peß veoir Dieu en telles images»'quot; l’y ont adoré.Finalcmcnt fichans là toute lequot;' VCUCamp; penféc, fefont encores plusaUuó^' e’eft que, comme f’il y euft eu quelque diuùquot;' té dedas la pierre ou le bois,ils ont efté ernenn à reuerence amp;nbsp;admiration. Il appert maintenant, que iamais l’homme ne fe met à adores les images, qu’il n’ait eonceu quelque fanta^' fie charnelle amp;nbsp;peruerfemon pas qu’il les eft' me eftre dieux:mais pource qu’il imagine que quelque vertu de diuinité y eft côtenuc. Pûquot;'' Unt foit que quelcun veuille figurer Dieu quelque fimulachrc,ou vnc creaturc,quan’ “ f’cncline deuant,pour luy faire hóncur,defia» eftabbreuuéde quelque fuperftition.
Aceftecaufe le Seigneur non feulement a défendu de forger des ftatues pour le ^' rerrmaisauffi de confacrer tiltres ou pierres ou on fift reuerence. Que ceux donc qui cer-chent vaines eouuertures pourexeufer l’ido' latrie execrable, dont la religion a efté pe'' due amp;nbsp;dcftruitecy dcuant par longues années dreffenticy les oreilles amp;nbsp;leur entendement. Nous ne reputons point, difent-ils, lesimi'
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gts pour dieux.Et auffi les luifs n*eftoyent pas Wnt hors du fens,qu’ils ne fe fouuinffent qu’il y auoit eu vn Dieu, lequel les auoit deliurez de la feruitude d’Egypte,deuat qu’ils forgeaf-fcntles vcaux.Etdefaiâ,quand Aaronleurdc Kxiui-jx. nonce,apres auoir forgé les veaux, qu’ils vie-nent adorer les dieux, qui les ont dcliurez de la terre d’Egypte ; ils accordèrent volontairement à fou dire.En quoy ilsfignifioyét, qu’ils vouloyentbienf’arrefterau Dieu viuant, qui les auoit dcliurcz,moyennât qu’ils en euffent vnc remembrance au veau.Pareillement il ne faut pcnfer,les Payés auoir efté fi rudes, qu’ils n’entédiffent bien qu’il y auoit vn autre Dieu que de bois amp;nbsp;de pierres. Pour cefte caufe ils changeoyent leurs fimulachrcs, quand bon leur fembloit, retenans toufiours les mefmes dieux en leurs cueurs. D ’auatage,ils faifoyent à vn mefmc dieu pluficurs fimulachrcs : amp;nbsp;par celanc penfoyent point que ce fuffent dieux diuers. Finalement ils confacroyent tous les iours des ftatucs nouuelles ; amp;nbsp;ne penfoyent point que ce fuffent nouueaux dieux. Qu’on life les excufcs que faind Auguftin raconte auoir efté prétendues par les idolâtres de fon temps. Car les fimplcs mefmes amp;nbsp;idiots refp6-doycnt qu’ils ii’adoroyent pas l’image vifiblc, mais la diuinité qui habitoit là dedans miufl-
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blement.Et ceux qui n’erroyent pas fi lourdement, refpondoyent qu’ils n’adoroyent point ne fimulachre ne Diable, mais qu’en l’effigie corporelle ils contemployentle figne d’iccluy qu’ilsdeuoyentadorer. Qupy donc?Certes i tous idolatres, tant luifs comme Payens,ont | culafantafiequenousauons difte : c’eft,lt;]“' ; n’eftans point cotens d’vue cognoiffaneelp*' ' rituelle de Dicu,ont penfë qu’ils enauroyet'^ j vue plus certaine, en faifant des fimulachre^' j Or depuis que ceftc fauffe amp;nbsp;peruerfe renieW' brace de Dieu a efté introduiâe,il n’y a eU nu lefin-.iufqu’àceque conceuans erreur fus et' rcurjls ont penfé finalement que Dieu dédît' | roit fa vertu en fes images. Neantnioins h® luifs ontpenfc honorerleDicu éternel, «r®*' ; tcur du ciel amp;nbsp;de la terre, adorans les image®’ amp;nbsp;les Payés ont penfé adorer leurs dieux, qquot;' | ils imaginoyent habiter au ciel. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;,
Ceux qui nieront le femblablc auoird e faid le temps pa{ré,amp; eftre faid en la Papiß'' ric,mentiront fauffemenLCar pourquoyi i gcnouillcnt-ils deuantles images? Pourquo/ viencnt-ilslà deuant pour prier? commet approchoyét,ence faißt,des oreilles dePteii' , Car ccqueditfaind Auguftin quelque p^'’ . cft très vray,quc nul ne peut en priant,ou a^ rant,regardcr vn fimulachre, qu’il oefoitM
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ché en fon efprit,comme Pil deuoit eftre exaucé d’iceluy, ou qu’il h’efpereauoirfecours de la.Pourquóyya-ilfigrade différé ce entre les images d’vnmcfmcDieuîquc l’vnc eft mepri-féc du tout, oulegerement honorée;! ’autre eft en principale eftime amp;nbsp;honneur? Pourquoy prenent-ils tant de peine à faire pelerinage, pour vifitcries idoles,dont ils ont les fcmbla-blesenleursmaifons? Pourquoy en prenent ils auiourd’huy autant de combat,comme Pil cftoitqucftiondc combatre pour fcmmesamp; enfans, amp;nbsp;leurs propres vies ; tellement qu’ils fouffriroyent plus aifément, qu’on leur oftaft Dieu,queleurs images? Et ncantmoins,ic ne récite pas encordes lourdes fuperftitiqns du populaircdefqueUes lot qùafi infinies', amp;nbsp;font enracinées au cucur de la plufpart du monde; feulement iemonftrt, en payant, ce qu’ils allèguent,quand ils fe veulent défendre amp;nbsp;purger d’idolatrie.M'ais nous n’appelions pas,di-
■ l nbsp;nbsp;fétils;lèsimagcs,no2.dieux. Auffi ne faifoyét
■ 1 nbsp;nbsp;pasancicnnemétlesIuïfs,nclesPayés.Ettou-
U teffois les Prophètes leur reprochent affiduel- 0?’»«^/« i 1 nbsp;nbsp;lemét, amp;nbsp;mefme toute l’Éferiture: qu’ils pail- ^^!^^i^^
! ' nbsp;nbsp;lardoy ent aueelebois amp;nbsp;les pierres-.non pour mie ^ Exf-
autre caufe,que pour ce que font auiourd’huy ‘^»‘l-
- j ceux qui fe vantent d’eftre Ghreftiéns * Afça-' ( uoir, d'’âutantqu’ils adoroyiet charnellement H nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;C.
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exposition
Dieu, en remembrance de pierre amp;nbsp;de bois.
Leur dernier refuge eft, de dire que ce fût les liures des idiots. C^and nous leur con«' derós cela,combien que ce foit menfonge,vcii qu’on ne les a en toute la Papifterie q ue pour les adorer; ienc veoypoint touteffoisquel fruiâpeuuent reccuoir les idiots des images: cfquelles Dieu n’eft figuré, fino n pour les rendre Anthropomorphites:c’cft à dire, qu’ils eu Çoyuent vn dieu corporel Qu’on life ce qu’en ont eferit Ladance amp;nbsp;Eufebc:lefqiiels nedoU tentpointde conelurre, que tous ceux qu’un peut reprefenter par fimulachrcs, ont efté homes mortels. DontfaindAugiiftin ne va plgt; loing, prononçant que c’eftehofe méchante) non feulemét d’honorer les images,mais d’en criger à Dieu aucunement.Combien qu’ainh par lâc,i! ne dit rien qui n’euft cfté long temp auparauât conclud aucocile Elibertin : autre tefeptieme chapitre, auquel font co tenuités mots:Nous auonsordoné, qu’on n’ait point de paindures aux eglifcs,àfin que ce qui eft ho noré ou adoré,nc foit poi nt paindaux murai! Ics.CeUcs qu’on fait pour figurer les fainâs,de quoypeuuent elles feruir,finond’eftre exemples depompe amp;nbsp;turpitude? Et tels exemples, que fi quclcun les vouloirenfuyure, ilferoit digne d’auoir le fouet.C’efi vne grand’ honte de
-ocr page 35-DESDIX COMMAND. 3? deledirc, maisileft vray, que les paillardes d’vnbordeau font plus chaftemêt àmodefte-ment par ces,qu’on ne voit les images des vier ges aux temples. L’ornemêtdes Martyrs n’eft de rien plus conuenable.Qu’il y ait doc quelque peu d’honefteté en leurs images, à fin que leursmenfongesncfoyentpasfi impudentes: quandils prétendront que ce foyent liures de fainôcté.Mais encore nous refpondrons, que cefte n’eft point la manière d’enfeigner le peu pic Chreftien au temple : lequel Dieu a voulu eftre inftruit en bien autre doftrine,que de ces • fitras.Carilavoulu qucla predication de fa parolle,amp; la communication defés Sacremes fuftlàpropoféeàtous, comme vne doßrinc commune,à laquelle n’ont gueres bonne affe-âion tous ceux qui ontloifirde ietter les yeux çà amp;nbsp;là,pour contempler les images. D’auan- , tage,ic]eur demande, qui font ceux qu’ils appellent idiots,defquelslarudeffe ne peuteftre enfeigneeque parimages ? Car au contraire, noftre Seigneur auoue tous Chreftiens pour fes difciplcs :leur fait, eeft honeur de leur reuo-ler fa fageffe celefte,amp; commande qu’ils foy et inftruitsdesfecrets dcfon Royaume. lecon-feffequ’ilfen trouuera beaucoup auiourdhuy quinefe peuuent paffer de tels liures: c’eftà dire,d’idoles. Mais dont vicnc,ie vous prie,
C. ü.
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cefte ftupiditè, finon qu’ils font déniiez de 11 dodrine,laquelle feule cftoit propre à les enfd Glt;»i#.3. gnerj SainâPaul tefmoigneque i e s v s
c H R i ST nous eftpainft parla vraye pK' dication del’Euangile:amp; qu’il eft comme cm cifié deuantnoz yeux. Dequoy donc fer-ùoit-il d'eleuer tant de croix de bois,de pierre) d’argent amp;nbsp;d’or, fi cela euft cfté bien imprime au peuple? que c H r i s T a efté crucifié poue noz péchés, àfin defouftenirnoftre maledi' dion en la croix, amp;nbsp;d’effacer noz tranfgref fions?• Carde cefte fimple parollc les fimples cüflentplus profité,que de mille croix de boiî ou de pi erre. Quant à celles d’or amp;nbsp;d’argent ie confeffe que les auai icieux y prendrontpius de gouft,qu’à nulle parolle de Dieu.
Touteffois,ienefuis pas tant fcrupuleui, d’eftimer qu’il ne faille endurer nullement aucunes images-.mais d’autant que l’art depain-dre amp;nbsp;de tailler font dons de Dieu, ic requier' que l’vfage de l’vn amp;nbsp;de l’autre foit pur amp;net, afin queleschofcs que Dieu aordonnéesàfa gloire amp;nbsp;pour noftre bien, ne foycnt fouillé« par mcchantabus, amp;nbsp;non feulement fouillées, mais auffi conuertics en occafion de ruine, j Nous eftimons,que de figurer Dieu parfimu- . lachre vifible,c’eft vnc chofe peruerfe, d’autat qu’il l’a défendu; amp;nbsp;ne fe peut faire, fansob- j feurdr
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fcurcir aucunement fa gloirc.Et à fin qu’on ne penfepoint,quc cefoit vne opinion noiiuelle, ceux qui ont leu les Doâcurs anciens,fçaucnt bien qu’ils ont reprouué cela, comme nous. S’iln’eftpointlicitede faire à Dicuvneima,-gcvifible, il eft beaucoup moins permis d’adorer l’image au lieu de Dieu, ou d’adorer Dieu en icelle. Ilreftcdonc qu’on ne pain-dé ou qu’on ne figure, finon les chofes qui ap-paroiffcnt vifiblement : amp;nbsp;que la maieftéde Dieu, laquelle ne fe peut veoiràl’œil,nefoic pollue par effigies peruerfes amp;nbsp;indecentes. Quant eft des chofes qu’on peut licitement reprefenter,il y en a deux cfpeces. En la première font contenues lesbiftoires:en lafecon-delcsarbres, montagnes,riuicres,amp;perfon-nages qu’on paint fans aucune fignification. La premiere efpece emporte enfeignement : lafeconden’eft que pour donner plaifir. Et touteffois, c’eftchofe notoire, que telles ont cfté prefques toutes les images, qu’on a eu iuf-ques à cefte heure parles eglifcs;c’eft à dire, fans vraye fignification, ou enfeignement ; dont il eft aifé de cóclurre,qu’ellcs n’ont point efté faites aucc lugemenc ne difcretion, mais d’vue foteconuoitife amp;nbsp;inconfideréc.Ie laiffe a dire combien elles font mal appropriées pour ce qu’elles rcprçfentent,amp; combien les C. iü.
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paintres amp;nbsp;tailleurs Py fotionczà plaifir.ScH' lementie dy, qu’encore quM n’y euft autre vice, elles ne font nullement accommodées ' pour enfeigner. Mais encore que nous laiP fions cefte diftindion,auifons brieucmcntPil eft expedient que les Chreftiens ay ent du tout quelques images en leurs temples, foitpout leur figurer de bonnes hiftoires,foit pour leur reprefenter des marmoufets fans autre figu'' fication.Premierement,finous auons en quel' que reuerence l’Eglifc ancienne, pour eftree-meuz de l’authorité d’icelle: qu’il nous foU* uiene que par l’efpacc de cinq cens ans ou eu* uiron,que la Chreftienté eftoit vrayementeu fa fleur,amp; qu’il yauoit plus grande pureté de doârine, les temples Chreftiens ont efté fgt;n’ images. On a donc commence de les intro* duirc,pour orner les temples, du temps que'*: , ininifterc de la Parolle eftoit defia enf*’®’ ' corrompu.le ne difputcray pointficcuxq“' , en ont efté les premiers autheurs, ont eu que** j queraifon:mais fi on fait comparaifon del’'' 1 ncaage à l’autre,on cognoiftra qu’ils aueyeu* | defia fort décliné de l’intégrité de ceuxqquot;* gt;nbsp;f’eftoyentpalTez d’images. O rie vous prie/* ftimerós-nous que les fainâs peres, qui onte' fté les premiers fedateurs de l’Eglifc, l’eufleu fi long temps laiflée fans images, Pilseufleu jugé que ce fuft chofe profitable poutiw*
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Mais aucotrairc, pour ce qu’ils voyOy ent que c’cftoit vne chofe de bien petite vtilité, ou dû tout nulle, amp;nbsp;qui tiroir vne trefmauuaife queue, à caufedu danger qui fcn pouuoit en-fuyurc; ils l’ont pluftoft reictée pour bonne raifon,qu’ils ne Vont oubliée par ignorâce,ou nonchalance. Ce que tefmoigne fainét Au-guftinclairement, endifant; que quand on Ei)iJî.4s.î» colloquelcs imagescnhautamp; en lieu hono- ’‘Plt;-“}-rablc'.tcUcment que ceux qui prient ou facri-fient, les regardenf.par lafimilitudc qu’elles ontauec l’hommc vitrant, elles emeuuentles entendemens des hommes, tellement qu’il fembleauis qu’elles ayent vie amp;nbsp;efprit. Tan-toftaptesil adioute: Les fimulachrcs ont plus de force à courber en cogitatio charnelle no-ftte mal-heureufe ame,en tant qu’ils ont bou-
1 nbsp;nbsp;nbsp;che ,y cux,aureilles,amp; pieds-, qu’ils n’o t àla cor l rigcr,amp; ramener au droit chemin,en ce qu’ils l nbsp;nbsp;ne parlent point, amp;nbsp;ne veoyentgoutte, amp;nbsp;ne l nbsp;nbsp;oyent, ne cheminent. le penfequepour 1 celle caufe faina lehan nous a commandé \ de nous garder non feulement de l’idolâtrie, 1 mais aufli des idoles. Et de faiâ,nous auons 1 expérimenté trop plus qu’il ne nous feroit de 1 nbsp;nbsp;befoing,par l’aftcftio entagée,qui a régné log 1 nbsp;nbsp;temps au monde, qu’ incontinent qu’ on met y des images envntemple,c’cft ebmeftondref-
C, irrt.
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foit vn eftendart d’idolâtrie, pource C|UC ta folie des hommes nefe peut tenir, qu’elle ne decline à leur faire quelque honneur parfu-perftition. D’auantage, encore qu’il ny euft pas fi grand dangcr,toutelfois, quand ic regarded quel vfage font dediez les temples, ilnemefemble pas que cefoit ehofeconue-nableàleur faindeté, d’auoir autres images que les images vines, que Dieu mcfmeacon-facréespar faparolle: i’enten leBaptcfme, amp;nbsp;la Cene de noftre S eigneur, aucc l es autres ce-rernonies,lefquellcs nous doyuentemouuoit tat au vif, que c’eft chofe fuperflue puis après de fouhaiter autres images.
Or pour deelairer plus exprefiement,com bien eft execrable toute idolatrie auS eigneur, il eft confequemment adioufté au précepte: Qu’ileftl’EternelnoftreDieu, fort, ialour. £xod.zo. amp;c- Ce qui eft autant, comme f’il difoit: qu’il eft luy feul, auquel il nous faut arrefter. Et pour nous induire à cela, il nous monftre fapuiflance, laquelle il ncpeut fouffrir eftre meprifée.Puis il fe nommeialoux, pour figni-fier qu’il nepeut endurer compagnon . Ticr-cemétil denonce qu’il vengerafa maieftéamp; fa gloire, fi quelcun la tranffere auxcrcatu-res, ou aux idoles: amp;nbsp;que ce ne fera point vnc fimplc
-ocr page 41-DESDIXCOMMAND. 41 fimple vcngeace qu’il paffe dcleger:mais qu’el le Peftcndra fur les cnfans, ncueux, amp;nbsp;arriére noueux,lefquels enfuy uront l’impiété de leurs predeceffeurs ; comme d’autre part il promet fa mifericorde amp;nbsp;bénignité en mille generations à ceux qui l’aimeront, amp;nbsp;garderont fa Loy.Cen’eftpas chofe nouuclle au Seigneur, de prédre la perfonne d’vn mary enuers nous. Carlaconiondion, pariaquelle il nous con-ioint àfoy,cn nous reccuant au fein de l’E-glife,eft, comme vn mariage fpirituel, lequel requiert mutueUeloyauté. Pourtant, comme le Seigneur en tout amp;nbsp;par tout fait l’office d’vn fidele mary, auffi de noftre part il deman de que nous luy gardiós amour amp;nbsp;chafteté de mariage •. c’eft à dire,que noz ames ne foyent point abandonnées auDiableamp; aux concu-pifcences de la chair; qui eft v ne efpcce de pail lardife. Pour laquelle caufe,quand il reprend les luifs de leur infidélité: il fe complaint que ils ont adultéré, rompansla loydu mariage. Parquoy comme vn bon mary, d’autat qu’il eftplus fidele amp;nbsp;loyal, eft d’autantplus cour-roucé,s’il veoit fa femme decliner à quelque paillard;en tellefortelc Seigneur,lequel nous a cfpoufez en verité,tefmoigncqu’il ha vne ia loufie merueilleufc,toutcffois amp;nbsp;quantes,quc en meprifant la chafteté de fon mariage,
ifff.j. ofte 1.
4z nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;EXPOSITIOM
nous contaminons de mauuaifcs cócupifccn-ces ; amp;nbsp;principalement quand nous tranifc-rons ailleursfagloiredaquellefur toutes cho-fesluy doiteftreconferuécenfon entier: ou bien que nous la polluons de quelquefupcr* ftition.Car en ce faifant, non feulement nous rompons la Foy que nous luyauons donnée en mariage: mais auffi nous polluons noftre amepar paillardifc.
E.roife 3 4, Nff»».l4.
Iïn:.3i.
OCM.^.
Il faut vcoir que c’eftqu’il entendent menace,quand il did, qu’il vifitera l’iniquité des peres furies en fans, en la tierce amp;nbsp;quatri^ me generation. Car outre ce,que cela ne con-niendroit point àl’equité de laiufticediuinq de punir l’innocent pour la faute d’autruy : l® Seigneurmefme dénoncé, qu’il ne fouffrit* quelefilzportel’iniquitédu pere. Etneant' moins celle fentence eft fouuent répétée, qt*® Icspcchczdcs peres feront puniz en leurs cU' fans. Car Moyfeparlefouuent en ceftcrotté Seigneur,Seigncur,qui rétribués le loyer ®* niquité des peres,fur les enfans. Pareillement Icremic:Scigneur,qui fais mifericorde en mi le generations, amp;nbsp;rciettes l’iniquité des peres au fein des enfans. Aucuns ne fe pouans depe* cher de celle difficulté,enten dent cela des pet' nes temporelles : Icfquelles il n’eft pas ineen' uenient que les enfans fouffrent pour leurs P®
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res : veu que fouuent elles fontfalutaires. Cc qui eft bien vray. Car Ifaic denonçoit au ip-^« Roy Ezechias, qu’àcaufedu péché parluy commis, le Royaume feroit ofté à fes cnfans:
amp; feroyent tranfportez cnpais eftrange. Pa- c,„.jj. rcillemcnt les familles de Pharaon amp;nbsp;Abi-cen.io. melcch ont efté affligées, à caufe de l’iniurc qu’auoycnt faiâc les maiftrcs à Abraham, Et pluficiirs autres exemples femblablcs. Mais cclacftvnfubterfuge, pluftoft qu’vncvrayc cxpofition de ce lieu. Car le Seigneur dénonce icy vne vengeace fi gricue,qu’elle ne fe peut reftraindre à la vie prefente. 11 faut donc ainfi prendre cefte fentence'.Quela malediftion de Dieu non feulement tombe furlatefte de l’inique : mais eft efpädue fur toute generation. Quand cela eft, que peut-on attendre, finon quelepereeftantdclaifle del’Efpritde Dieu, viue méchamment? le filz, eftant auffiabandonné de Dieu, pour le péché de fon pere, fuy ue v n metme train de perdition? Le neueu amp;nbsp;les autres fuccefl'curs,eftas execrable lignée demechansgens, aillent apres en mefme rui-ne?Premicrement voyons fi telles vengeances rcpugnétàlaiufticedeDieu.Orpuis que tou te la nature des hommes eft damnable, il eft certain que la ruin e eft appareillée à tous ceux aufquelslc Seigneur ne communiqué point
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E«.i8.
fagrace: amp;nbsp;ncantmoins UsperifTent parleUf propre iniquité, amp;nó point par haine inique de Dieu. Et ne fc peuuent plaindre de ce que Dieu ne les aide point de fagracccnfalur, W' me les autres.Quad donc cefte punition auiet aux mechas pour leurs pcchez, que leurs nuirons par longues années font priuées delà g« cede Dieu, qui pourra vitupérer Dicupour celaîMaislc Seigneur, dira quelcun, prononce au contraire,qüç l’enfant ne fouffrirapoiue la peine pour le péché de fon pere. 11 nous faut notereequi cftlàtraiâé. LesIfraelites,ayaus eftélonguement affligés de diuerfes calanu-tcz,auoyent vn prouerbe commun, qucleuts peres auoyent mangé du ver-ius, amp;nbsp;quele$ dens des enfans en eftoyent egacées. Enquoy ils fi gnifioy ér,que leurs parens auoyent commis les fautes, pour lelquclles ils enduroyent tant de maux, fans les auoir méritez ; amp;nbsp;ce pat vneirede Dieu trop rigoreufe,pluftoftq^^ par vnefeuerité modérée. Le Prophete leur denonce,qu’il n’eft pas ainfi:mais qu’ils enén rent pour leurs propres fautes; amp;nbsp;qu’il necon-uientpas àlaiufticc de Dieu, que l’enfant iu-fte amp;innocétfoitpuny pourlcs fautesdefon pere. Ce qui n’eft pas auffi dit en ce paffage-Car fi la vifitation,dont il eft icy parlé,eftlors accomplie, quand le Seigneur retire de la mai
-ocr page 45-DES DIX COMMAND. 4$ fon des iniques fa grace,! a lumière de fa vérité, amp;nbsp;toutes autres aides de falut : en ce que les enfans, eftans abandonnez de Dieu en aueu-glemêt,fuyuent le train de leurs predeceffeurs, en celailsfoufticnent la malcdiâion de Dieu. Ce qu’âpres Dieu les punift, tant par calami-tez temporelles, que par la mort cternelle, cc^ la n’eft point pour les pechez d’autruy, mais pour les leur.
D’autre cofté eft donnée vne promeffe,. qucDieu edendrafa mifericorde en mille gc-_ nerations fur ceux qui l’aimcront,laquelle eft. fouuenteffoismifeen l’Efcriture: amp;nbsp;eftinfe-rée en l’alliance folennclle, que fait Dieu auec fonEglife: le fcray ton Dieu,amp;lc Dieu deta pj,,^_ lignée apres toy. Ce qu’a regardé Salomon,di if«.}i. fantqu’apreslamort dcsiiiftcs, leurs enfans îrw-io» feront bien-heureux : non feulement àcaufe de la bonne nourriture amp;nbsp;inftruâion, laquelle de fa part aide beaucoup à la félicité d’vn homme, mais auffi pour cefte bcnediamp;lô,qu c Dieu a promifeà fesferuiteurs: que fa grace, refidera éternellement en leurs familles. Ce qui apporte vne finguliere confolation aux fideles^amp; doit bien èftonner les iniques,Car fi, la mémoire, tantde iuftice comme d’iniquité, hateHe vigueurjenucrs Dieu,apres la mort de l’homme, que la benc4iâiQ0. dç U première
-ocr page 46-4^ EXPOSITION
Peftende îufques àlapofterité, amp;lamaledî âion delafeconde:par plus forteraifon,ccluy qui aura bien vefcu, fera bénit de Dieu fans fin •.amp; ccluy qui aura mal vefcu,maudit. Or a cela ne eontreuicnt point, que de la race des mechâs,aucunefFois il en forte de bons: amp;nbsp;au-lt;otrairc,de la race des fideles, qu’il en forte de medians : car le Seigneur n’a pas voulu ieye-ftablirvne reigle perpétuelle, laquelle dero-gaft àfon eledion.Caril fuffit,tantpourcon-folerleiufte,que pourepouanter le pêcheur, quecefte dénonciation n’eft pas vainc ne Ri' uole;combien qu’elle n’ait pas toufiours lieu-Car comme les peines temporelles, que Dieu enuoye à d’aucuns, font tefmoignages de fou ire contre les pechez,amp; figues du iugementfo tur, qui viend ra fur tous pêcheurs : combien qu’il en demeure beaucoup impuniz en lavie prefentc:ainfi le Seigneur,en donnât vn exemple de cefte benedidion, c’eft, de pourfuyure fa grace amp;nbsp;bonté fur Icscnfans des fideles, à caufe de leurs pcres : il donne tcfnioignage, commentfa mifericorde demeure ferme éternellement fur fcs feruiteurs. Au contraire, quand il pourfuyt vnc fois l’iniquité du pc-re iufqu’au filz : ilmonftrequelle rigueur de iugementeft appreftée aux iniques, pour leur propres pcchcz;cc qu’il a principalementre-
-ocr page 47-DES DIX COMMAND,
47
gardé en ceftefentence. D’auantagcil nous a voulu,comme en paflant,fignificr la grandeur delaniilericorde,l’eftendarit en mille generatios : commeainfi foit qu’il n’euft affigné que quatre generations à fa vengeance.
LEIII. commandement.
Tune piedraspointleNomde l’Eternel ton Dieu en vain.
La fin du precepte eft,qucle Seigneur veur, lamaieftédefon Nom nous eftrefainâ:eamp; fa crée. La fomme donc lcra, qu’icelle ne foie pointprofanée de nous, par mefpris ou irre-Ueréec. Alaquellcdefcnfei cfpond le précepte d’autrepart: qu’elle nous foit en recommeda-lion amp;nbsp;honneur fingulier. Etpourtat il faut, tant de cueur comme de bouche , que nous fuyons inftruits à ne penfer amp;nbsp;ne parler rien de Dieu ou de fcs myltercs,finon reueremmét amp;auecgrandefobricté ; amp;nbsp;qu’en eftimantfes œuures,nous ne conceuions rien,qui nefoit à fonhonneur. Il faut diligemment obferuer ces trois poinds. C’eft que tout ce que noftre efprit conçoit de Dieu, ou qu’en parle noftre langue,foit conuenable à fon excellence, amp;nbsp;à
-ocr page 48-4?
EXPOSTT 1 ON
la faindeté de fon Nom: amp;nbsp;tende à exalter^ grandeur.Secondemcnt,que nous n’abufions point de fa fainâe parolle tenicraircmêt, amp;nbsp;^ nousnerenuerfions point fcs myfteres,poUf fcruirànoftre auaricc,ou à ambition,ou 3 noz folies.Mais corne la dignité de fon Noio tft imprimée en fa parolle amp;nbsp;fcs myfteres: que nousles ayos toufiours en honneur amp;nbsp;en efti' me. Finalement, que nous ne mefdifionsne detradions de fes œuures: comme aucuns m^ chans ont couftume d’en parler par contumC' lie: mais à tout ce que nous recognoiffos f3iô de Iuy,quc nous donnionsla louange dcfag^l' fc,iuftice,amp; vertu.Voila que c’eft,Sandifer 1' Nom de Dieu.Quand il en eft autremét faid) il eft méchamment pollué, pource qu’onleti-rchors de fonvfagc légitime, auquel il eftoit confacré: amp;nbsp;quand il n’y auroit autre mal,il eft amoindry de fa dignité, amp;nbsp;eft rendu con* téptiblc . Orfic’cftfimalfaidd’vfurpertrop Icgercmentlc NomdeDieupar témérité: c® fera beaucoup plus grand péché, de le tirer en vfagc du tout mcchant:commc de le fairefcruir à forcclcrie, nécromancie, coniurations illicites,amp; telles manières de faire. Touteffois, il eft icy parlé en cfpecial du iurement, auquel l’abus du Nom de Dieu eft fur toutes chores dctcftable. Ce qui eft faid,pour nous engendrer
-ocr page 49-DES DIX COMMAND. 4p drer vn plus grand horreur de toutes autres ef peces d’ en abufer.
Premièrement il faut entendre, que c’eft que iurement.lurcment,cft v ne atteftation de Dieu, pour confermer la vérité de noftre pa-rolle. Car les blafphemes manifeftes, qui fc font comme pour dcpiter Dieu,nefont pas di gnes qu’on les appelle iuremés. Or il eft mon-ftré enplufieurs paffages de l’Efcriturc, que telleatteftation,quand elle eft deuemét faite, eft vne efpece de glorifier Dieu.Comme quad lefaiedià,queles Affyriens amp;nbsp;Egyptiens fe- lA-i’-rontreceus cnl’Eglifc de Dieu -.Ilsparleront, dit-il, la langue de Canaan, amp;nbsp;iurcront au Nom du Seigneur ■. c’eft à dire qu’en iurant pirlcNom du Seigneur,ilsdeelairerotqu’ils le ticnent pour leur Dieu. Item quand il parle comment le Royaume de Dieu fera multiplié: Quiconque,dit-il,demaderaprofperité, l«p.6î-ilia demaderaenDieu: amp;nbsp;quiconque iurcra, iurcraparle vray Dieu Item,lercmieiSilcsdo fteurs enfeignét mon peuple de iurer en mon ^quot;*ui. Nô,come ils l’ont enfeignéde iurer par Baal, ie les feray profpercr en ma maifon.Et eft àbo droiâ qu’en inuocant le Nom de Dieu en tefmoignage,il eft did quenous teftifions noftre religion enuers luy . Car en telle forte, nous le confeffons cftiela vérité éternelle amp;
D.
-ocr page 50-$0 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;EXPOSITION
iJrem.iS.
^fi-7-lere.ij.
immuable: veil que nous l’appelions non fcU lernet comme tefmoing idoine de verité:mais corneVeluy auquelfcul appartict delà maintenir, amp;nbsp;faire venir en lumière les chofes cachées : d’auantage comme celuy, qui cognoit fcul les cueurs .Car quad les tefmoignageshumains nous defailléc, nous tefmoing: amp;nbsp;mefme quand
prcnosDieu pour ileftqueftiond’af
Jere.^. So^ho.l,
Leul.19
fermer ce qui eft caché dedans la confeien«-Pourtant le Seigneur fe courrouce amereniét contre ceux qui lurent par les dieux enrages: amp;nbsp;prend vnetelle manieredeiurement comme vn figne de renoncement de fon Noni.Co me quand il did: Tes enfans m’ont abandonné : amp;nbsp;lurent par ceux qui ne font point dieux. D’auantage il denote par la gradeur^t la peine,combien ce péché eft exccrablc;quâlt;l il did, qu’il deftruira tous ceux qui iurentau Nom de Dieu, amp;nbsp;au nom de leur idole. Or puis que nous entédons,que le Seigneur veut, l’honneur defon Nom ehre exalté ennoz^t mens:nousauons d’autantplus ànous garder, qu’au lieu de l’honorer,il n’y foit mefprifé ou amoindry.C’eft vne contumelie trop grande, quand on fe pariurepar fon Nom;amp; pounât, cela eft appelle en la Loy,profanation. Calque reftera il à Dieu,fil eft defpouillé defave «téî line fera plus Dicu.Oronl’en dcfpouil-
-ocr page 51-DESDIX COMMAND. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^I,
Ic, en Ic faifant tefmoing amp;nbsp;approbateur de faulfeté. Pourtant lehofua voulant contrain- leh»f.7. dre Acham de confeffer vérité, luy diâ ; Mon enfât,donne gloire au Dieu d’Ifrael.En quoy il denote,queDicu cft gricuement déshonoré, fi on fc pariurc en fon Nom. Ce quin’eft pointde mcrueille:car en cefaifant,il neticnt point à nous,qu’il ne foit diffamé de menfon ge. Et de faià,par vnefemblabicadiuration que font les Pharifiens en l’Euangile Saines ie/, ,jgt;. lehan, il appert qu’on vfoit de cefte forme de parler communémét entre les Iuifs,quand on vouloir ouyrquclcun par ferment, Auffilcs formules de l’Efcriturc nous enfeignét quelle crainte nous deuons auoir de mal iurer;com-mequandileftdiâ-.Le Seigneur eft viuant: lotu. LeScigneUrm’enuoyetelmal amp;nbsp;tel. lté,Que i.slt;t»».i4. Dieu enfoittefmoingfurmon ame. Lefquel- ^..R'jss. les dénotent,que nous ne-pouuons appeUer ' Dieu pour tefmoing de noz parolles, qu’il ne venge la pariurc,ü nous iurons faulfcment.
Quand nous prcnoslc Nom de Dienen fermétverltable,maisfuperflu,combien qu’il ne foit pas profané du tout, touteffois il eft rendu contemptible, amp;nbsp;abbaiffé de fon honneur. C’eft donc la fe conde efpece de ferment par laquelle il cft prins en vain. Pourtant il ne fufht pas de nous abftenir de pariurc ; mais il D. Ü.
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faut auffi qu’il nous'fouuiene, que le ferment n’apasefté inftituépour le plaifir defordon né des hommes : mais pour la neceffité, amp;nbsp;que autrement il n’eft permis. Dont fenfuy r,que ceux qui le tirent à chofe de nulle importance, outrepaflent le bon vfage de licite, Or on ne peut prétendre autre neceffité,fmon qu’en fer uant à la religion ou à charité. En quoyon peche auiourdhuy trop dclordonnément. Et ce d’autant plus, que par trop grande accou-ftumancc celà eft eftimé pour néant:combien qu’il ne foit point de petit pois au iugement de Dieu. CarindifFeremment onabufedu Nom de Dieu en propos de folie amp;nbsp;vanité: amp;nbsp;penfe-on que ce n’eft point mal faid, pource queles hommes,par leur licence, font venuz quafi en poffeffion de ce faire. Neantmoins le mandement de Dieu demeure toufioursiU menace,qui y eft adiouftée, demeure inuiola-b!c,amp; aura vne fois fon cffcâ:par laquelle vue vengeance fpirituelle eft dénoncée fur tous ceux , qui auront prins le Nom de Dieu en vain. Il y a vne mauuaife faute d’autre codé, queles hommes en leur iurement prenentlc le no des fainds, pour le nom de Dieu ,iurans parS.Iaquesou S. Anthoinc.Ce qui eft vneim pieté euidente : vcu quela gloire de Dieuleur «?ft ainfi tranfferée.Car ce n’eft point fans taufe,que
-ocr page 53-DES DIX COMMAND. 5'3 fe,quc Dieu nommémet a commandé, qu’on iuraftparlonnom: amp;nbsp;par mandement fpeciai dsh.iJ. nous a défendu de iurerpar dieux eftranges. 010 Et c’eft ce que l’Apoftre Jift en cfcriuant, que g^’“^’'^’ les homes en leurs fermés appellét Dieu corne leur fupericur: mais que Dieu iure parfoy-mefrne, àcaufe qu’il n’a nul plus grad que luy.
Les Anabaptiftes,non contens de cefte moderation, con lamnét fans exception tous iuremens: d’autant que ladefenfe deChrift eft generale : ou il dit, le vous defen de ne iu-rcr du tout, mais que voftre paroUe foit ouy, i^^tii.^, ouy ; non, non, ce qui cft outre, eftmauuais. u^.^. Mais en ce fai Tant, ils fontiniureà Chrift,le faifant aduerfaire de fon Perc, corne fil eftoit venu en terre pour anéantir fes commande-mens.Car le S cigneur en fa Loy non feulemét E*«-«« permet le iurement,commc chofe licite,ce qui deuroitbicn fuffirc ; mais commande d’env-ferenneceffité. OrChnfttefmoigne,qu’il cft uh.io.ti^.'^ vn auec fon Pere:qu’il n’apporte rien,que fon Pere n’ait commande •. que fa dourine n’eft point de luymefmc.amp;c. QiPeft ce donc que ils diront? Feront-ils Dieu repugnant àfoy, pour defendre amp;nbsp;condamner ce qu’lia vnc fois approuué,en le commandant ? Pourtant leurfcntence ne peut cftrercceue. Mais pour-ce qu’il y a quelque difficulté aux parollcs de
D. iii.
-ocr page 54-J4 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;EXPOSITION
tiatih,^.
Chrift ,il nous les faut regarder de plus près. Defquellrs certes nous n’aurons point l’intel Iigéce,finô que nous cofiderions fon bur,amp; di rigions nofti c penfee à ce qu’il pretend en ce paifage là. Or eft-il ainfi, qu’il ne veut point amplifier ne reftreindre la Loy ; mais leulemct la réduire en fon fens naturel, lequel auoite-fté grandement corrompu par les faulfes glo-fes des Scribes amp;nbsp;Pharifiens. Si nous tenons celà, nous ne penferons point que Chriftait voulu codamnertous fermés vniucrfelleniet; mais feulcmét ceux qui tranfgreifent lareiglf de la Loy .11 appert de les parolles,que le peu-plenefegardoitpourlors fmodefepariurer: corne ainfi foit que la Loy ne defende pas feulement les panures: mais les iuremés fuperflus. Parquoy le Seigneur Iefus,vray expofiteurdc la Loy,admoncfte,que non feulcmét c’eft mai faid de fe pariurer,mais auffi de iurcr. Comment iurer’Af^auoir, en vain. Mais les fermes que la Loy approuue,illes kiffe libres amp;nbsp;en leur entier. Mais ils Parreftent à cefte diâion D v T o v T-.laquelle touteffois ne fe rapporte poitau vcrbequieftlamis,afçauoiri v ker: mais aux formes de iuremens qui fenfuyuét a-pres.Car c’eftoit là vne partie de l’erreur,que eniurantparleciel, amp;nbsp;par la terre, ils nepen-foyentpas attoucheric Nom deDieuLeSci-gneur
-ocr page 55-DES DIX COMMAND. îî gneur donc,ayant corrigé la principale tranf-grcifion,leur ofte apres tousfubterfuges, afin qu’ils ne penfent pas cftre efchappez,fi en fup-primant le Nojn de Dieu,ils lurent parle ciel, amp;nbsp;parla terre.
Pourtant ce ne peut eftre chofe douteufe à gens de lain cntendemét,quele Seigneur ne icprouue en cepaffage autres fermés,fino ceux qui eftoyét défendus par la Loy. Car luymcf-nie,qui a reprefenté en toute fa v ie 1 a perfedi-onqu’il a comandée, n’a point enhorreur de iurer,quand la chofe le requeroif. amp;nbsp;fes difei-ples, que nous ne doutos point auoir gardé fa reiglc,ont fuyuy vn mefme cxéplc.Qui oferoit^^^^^ ^ dire,qucS. Paul euft voulu iurer,fi leiuremét euft ché du tout defendu?Or quad la matiere lercquieri,iliurefans aucun fcrupule,adiôu-tant mefme aucuneffois imprécation. T outef fois,la queftion n’eft pas encorefolué:pource qu’aucuns penfent qu’il n’y a que les fermens publiques, qui foyent exceptez •. comme font ceux q le Magiftrat requiert de nous : ou que le peuple fait à fes fuperieurs: ou bien les fupc rieurs aupcuple:lesgens d’armes à leurs Capi taines;amp; les Princes entre eux,en faifat quelque alliacé. Auquel namp;bre ils camp;prencnt(amp; à bo droiél)tous les fermés qui font en S. Paul, veuqueles A poftres en leur office n’ot point Kpotu.
D. iiii.
-ocr page 56-5^
EXPOSITIOÎlt;.
tleb.i;.
efté hommes particuliers,mai s officiers publi quesde Dieu. Etdcfaift,ieneniepas, que les fermés publiques ne foyent les plus leurs,d’au tât qu’ils fût approuués de plus fermes tefmoi gnages dcI’Efcriture. Il eft commandé au Ma giftrat, de contraindre vn tefmoingàiureren chofes douteufes, amp;nbsp;Ictefmoin eft tenu d’éref pôdre.Pareillemér,l’Apüftre did, que les co-trouerfies humaines font décidées par ce renie de.Pourtatl’vn amp;nbsp;l’autre ha boneapprobatio de ce qu’il fait. Et de fai(â,on peut obierucr,q les Paycns anciennemet auoyét en grade religio les fermés publiques amp;nbsp;folénels: au côtrai re,qu’ils n’eftimoyét pas beaucoup ceux qu’ils faifoyét en leur priué : corne fi Dieu n’en euft tenu copre.Neantmoims de condanerles fermés particuliers, qui fe font fobremét és chofes neceflaires auecreuerence, c’eft vne chofe trop pcrilleufeiveu qu’ils font fondés fur bone raifon,amp;exéples del’Eferiture. Car fil eft H citeàpcrfônespriuécs,d’inuoquer Dieu pour luge fur leurs propos; parplus forte raifon il leur fera permis de l’inuoqucr pour tef-moing.Exemple. Ton prochain t’aceuferade quelque deloyauté:tu tacheras par chanté de tepurger;il n’acceptera aucune raifon enpa-yemét.Si ta renommée vient en danger,pour l’obftinaùün qu’il ha en fa mauuaife fantafie: fans
-ocr page 57-DES DIX COMMAND. $7 fans ofFeiifc tu pourras appellerau iugcment deDicu:à fin qu’il declaire ton innocence. Si nous regardons les parolles;ce n’eft pas fi gtad chofe d’appellcr Dieu en tefmoing, que pour luge.Ie ne voy point donc, pourquoy nous deuions reprouuervne forme de ferment, ou Dieu foit appelle en tefmoignage.Ec pour cela nous auons pluficurs exemples. C’eft que Abrahamamp;. Ifaac ont faid ferment à Abime-lech.Sion allégué quecefoyent feimenspu-bliques,pourle moins,lacob amp;nbsp;Laban eftoy et Gf».3i. perfonnes priuées,amp; neantmoins ont confer-mé leur alliance par iurcment.Booz eftoitho- ^t^’-i-niepriué,qui a ratifie par ferment le mariage promis à Ruth.Pareillement, Abdias,homme iuftcamp;craignant Dieu(comme ditl’£fcritu-re)lequel ceftifie par iurement ce qu’ilVeut per fuader à HeIic.Ie ne voy point donc meilleure reigle,finon que nous modérions noz fermes en telle forte, qu’ils ne foy ent point téméraires, legerement faids, ny en matiere friuole. nycnaffedion defordoanée : mai s qu’il s fer-ucntàlaneceffité: afçauoif, quandileft que-fiion de maintenir la gloire de Dieu, ou con-ferucr charité enuers les hommes;à quoy tend le commandement.
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LE IIII. COMMANDEMENT.
fylJ.lO.
Qu’il te fouiiiene de fandifier leiourdurepos. Tubefongneras fix lours, amp;nbsp;feras toutes tes œiiures. Le feptieme eft le repos du Seigneurton Dieu. Tu ne feras ait* cune œuure:ne toy,ne ton filz,ne ta fille, ne ton feruiteur, ne ta chaW' briere,ne ton beftail, ne l’eftrangcf qui eft entre tes portes. Caren fi^ | iours,ôlt;c.
La fin du précepte eft, qu’eftans morts i noz propres affedions amp;nbsp;œuures, nousmedi' rions le Royaume de Dieu : amp;nbsp;qu’à cefte méditation nous nous exercions par les moyens qu’il a ordonncz.Ncantmoins pource qu’111 vnc cofideration particulière amp;nbsp;diftinde des autres,il requiert v ne expofition vn peudiuct fe.Les anciens Dodeurs ont couftume de le nommer ombratile;pource qu’il contient où feruation externe du iour-.laquelle a efté abolie à l’aduenemêt de Chrift, comme les autres figures.
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figures. Ce qui eft bien veritable: mais ils ne touchée la choie qu’à demy:pourtât il faut pré dre l’cxpofirion de plus haut : amp;nbsp;confiderer trois caufesjefquclles font contenues fous ce commandemét.Car le Seigneur, fous le repos du feptiemeiour, a voulu figurer au peuple de lfracî,le repos IpirituehC’eft que les fideles fe doyuent repoier de leurs propres œuures: à findelaifferbefongner Dieu en eux. Secondement,il a voulu qu’il y euftvniourarrefté, auquel ilsconuinlient pour ouyr la Loy, amp;nbsp;v-fer defes cérémonies. Tier cernent, il a voulu donner vn iour de repos aux feruiteurs amp;nbsp;gés dctrauail,quifontfouslapuiffance d’autruy, afin d’auoir quelque relâche deleur labeur, Touteffois il nous eft monftré en plufieurs ^”^j‘^' pa(rages,quecefte figuredurepos Ipiritucl a j*’'’*/ ’ euleprincipallieucnce précepte. Car DieuEv.io.?!. n’aiamais requis plus eftroidcmcnt l’obeif- O' ^3-fance d’aucû précepte,que de ceftuy cy.Quad **A^^' il veut denoter en les Prophètes, toute la religion eftre deftruiâe: ilfecomplaint quefon Sabbath a cfté pollué amp;nbsp;violé;ou qu’il n’a pas efte bien gardé nefandifié. Comme fiende-laiffant ce point,il ne reftoit plus rien,en quoy ilpeuft eftre honoré. D’autrepart, il magnifie grandementl’ûbferuation d’iceluy ; pour laquelle caufe les fideles eftimoyent pardeffus
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Ni/jc ^.
txoi.Jl-
Ixtch4’lt;i.
tout le bien qu’il leur auoit Eiiâ, vn bien fin-gulier, en leur reuelant le Sabbath. Car ainlî parlent lesLeuitesen NehemiahiTuas mon-ftréànozperestonfainftSabbath, tes com-mandemens amp;nbsp;ceremonies: amp;nbsp;leur as donné la Loy par la main de Moyfe. Nous voyons co-ment ils l’ont en finguliere eftime pardelîus tous les autres préceptes. Ce qui nous peut monftrer la dignité amp;nbsp;excellence du Sabbath. Laquelle eft auffi dairemét expofee par Moyfe amp;nbsp;Ezechiel.Car nous liions ainfi en Exode: Obferuez mon Sabbath: car c’eft vn figne entre moy amp;nbsp;vous en toutes voz generations: pour vous donnera cognoiftre que ie fuis!« Dieu qui vous fanâifie'.gardez doc mon Sib-bath:car il vous doit eftrefainâ. Que les en-fans d’Ifraellegardent,amp; le celebrent en leurs generations:car c’eftvne alliance perpétuelle, amp;nbsp;vn figne à toute éternité. Cela eft encore plus amplement diâd’Ezechiel ; touteffoisb Ibmme de fes paroUes renient là, que c’eftoit vnfigne, dont Ifraeldeuoitcognoiftre, que Dieueftoitfonfanâificateur.Or fi noftrefan âification confifte au renoncement de noftre propre volonté,de là défia apparoift la fimili-tude entre le figne cxtcrnc,amp; la ehofeinterieu rc.ll nous faut du tout rcpofer,à fin que Dieu befongne en nous:il nous faut ceder de noftre volonté,
-ocr page 61-DES DIX COMMAND. lt;^1 volonté,refigner noftre eueur,renoncer amp;nbsp;qui ter toutes les etwidîtez de noftre chair : brief, il nous faut ccfler de tout ce qui procédé de noftre en tendement, afin qu’ayans Dieu be-fongnanten nous, nousacquiefeiens enluy: H«tr.3.4. comme auffi l’Apoftrc nous enfeigne.
Cclaeftoit reprefenté enllrael par le repos du feptieme iour. Et à fin qu’il y euft plus grade religion à ce faire: noftreSeigneur confermoit cell ordre par fon exemple. Car c’eft vne chofe qui ne doit point emouuoir petitement l’homme, quand on l’enfeigne de ftiyure fon Créateur. Si quelcun requiert vne lignification fectette au nombre de fept: il eft vray-femblable,puis que ce nom en l’Eferitu* te lignifie perfeâiô: qu’il a efté eleuen ceften-droit,pour dénoter perpétuité: àquoy fe rapporte ce que nous voyos en Moyfe. Car apres nous auoir did,que le Seigneur Peft repofé au feptieme iour, il n’en met plus d’autre apres, pour luy determiner fa fin. On peurroit aufli amenerquat àeela, vneautreconiedurepro-bablc. C’eft tpe le Seigneur par ce nombre a voulu lignifier, que le Sabbath des fideles ne feraiamais parfaidcmcntaccomply, iufques au dernier iour.Car nous le commentons icy amp;nbsp;le pourfuy nous iourncllemenf.mais pour ce que nous auons encore bataille affidueUe co-
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tre noftre chair,ilne fera point acheué,iufqu’3 ufa-Jtmtr. ccquelafcntcnce delefaie foit verifiéeiquadif ï.c#r.is. nbsp;nbsp;dit,qu’au royaume de Dieu il y aura vn Sab
bath continué cterncllcmcnt:afçauoir, quand Dieu fera tout en tous. II pourroitdoncfcni-blcr auis,que par le feptieme i our, le Seigneur ait voulu figurer à fon peuple la per fcûion du Sabbath qui fera au dernier iour •. à fin dele faircafpircrà icelle perfeâion, d’vneeftude continuelle,durant cefte vie.Si ceftc expoCtiu femblctrop fubtile, amp;nbsp;pourtant que quelcun ne la veuille reccuoir;ie n’cmpechc pas, qu’un nefecontente d’vneplusfimple. C’eft,quele Seigneur a ordonné vn iour,par lequel le peuple fuftexcercité fous la pedagogic de la Loy» i à mediter le repos fpirituel, qui eft fans fin* Qu’il a affigné le feptieme iour, ou bien pen' fant qu’il fufhroit,ou bien pour mieux inciter le peuple à obferucr cefte ceremonie, luy pro* pofant fon cxeniple:ou pluftoft pour luy ®°' ftrerqucle Sabbath netcndoitàautrefin,fi-non pour le rendre conforme à fon Créateur. Car il n’en peutgueres chaloir, moyennant que lafignification du myfteredemeurc;c’cft, que le peuple fuft inftruit,de fc demettre deles œuurcs. A laquelle contemplation les Prophe les reduifoyent affidueUement les luifs : a fin qu’ils ne penfalTent i’acquiter, en f’abftenant d’eeuures
-ocr page 63-DESDIXCOMMAND. 6’J d’œuures manuelles. Outreles paffagesque nous auonsalleguez,il eft did enlcfaie: Situ iefa.5S. tererircsau Sabbath, pour ne point faire ta Volonté en mon faind iour,amp;celebres vn Sab bath faindamp;; délicat au Seigneur de gloire: amp;nbsp;le glorifies,en ne faifant point ces œuures,amp;ta propre volonté n’eft point trouuée, lors tu prolpercras en Dieu.O r il n’y a doute, que ce qui eftoit cérémonial en ce precepte, n’ait efté aboly parl’aducncmentdeChnft, car il eft la veritè,qui fait par fa prefence euanouir toutes les figures.!! eft le corps, au regard duquel les ' ombres font laiffées.ll eft,dy-ie, le vray acco-pliflcmcntdu Sabbath. Car cftans enfcueliz ’‘’*’'*’
( auccluy par leBaptcfme, nousfommes entez en la compagnie de fa mort, à finqu’eftans faiâs participans de farcfurredion,nous cheminions en nouucauté de vie. Pourtant dit l’Apoftre,qucle Sabbath a efté ombre de ce Co/ojfî. quideuoitaduenir: deque le corps en eft en Ghrift:c’eftàdire,lavrayc fubftanceamp; felide de la verité'.laqueileil explique bien en ce lieu là. Or icelle n’eft point contente d’vu iour; mais requiert tout le cours de noftre vieduf-ques à ce que,eftans du tout morts à noufmef-mes,nousfoyonsrempliz de la vérité de Dieu. Dont ilfenfuit que toute obferuatio fupeifti-cieufe des iours, doit eftre loingdes Chteftiés.
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Ncantmoins, d’autantque Ics deux deP nicres caufes nefe doyuent pointmettre entre les ombres anciennes : mais conuicnent egalement à tous fiecles-.combien que le Sabbath foitabrogé, cela ne laifiepointd’auoir lieu entre nous,que nous ayos certains iours,pour nous aflcmbler à ouyrles predications, à faire les oraifonspubliques, amp;nbsp;cclcbrerlesSacre-mens. Secondement,pour donner quelque relafcheaux feruiteurs amp;nbsp;gens mcchaniques.il n’y a nulle doute,que le Seigneur n’ait regardé l’vn amp;nbsp;l’autre,en commandant le Sabbath. Quant au premier : il eft affez approuué paf l’vfagemefmedesluifs. Lefecond aefténote bew.5. parMoyfeau Deutéronome cnces paroHes: Afin que ton feruitcuramp;tacbambricrefere-pofentcommetoy. Qu’il te fouuiene que tu aseftéferuitcur en Egypte. Item, en Exode: A fin que ton beuf, amp;nbsp;ton afne, amp;nbsp;ta meignie fe repofe.Qui pourra nier,que ces deux chores ne nous conuienent auffi bien qu’auxluifs? Les aHemblées Ecclefiaftiqucs nous font com mâdées parlaparolle de Dicu:amp; l’expcricnce mefmenous monftre quelle neceffité nous en auons.Or i’il n’y a iours ordonnez : quandfe i.Cor.14. pourra-on aflcmbler ? L’Apoftre enfeigne que toutes chofesfe doyuét faire decentemec amp;nbsp;par ordre entre nous. Or tant fen faut que l’honefteté
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l’honcftcté Ôc l’ordre fepuiffe garder fans cc-ftepolicc des iours;quc fi elle n’eftoit, nous verrions incontinent merueilleuxtroublcs^amp; confufion en l’Eglife. Or f’il y a vne mçfnre ncceffité entre nous, à laquelle le Seigneur a voulu remédier,en ordonnant le Sabbath aux Iuifs,qucnul n’allegue celle loy ne nous appartenir de rien. Car il eft certain,que noftre ho Pere n’a pas moins voulu prôuuoir à noftre ncceffité,qu’à celle des luifs. Mais que ne nous alTcmblos-nous tous les iours, dira quel cun, pour öfter ceftedifference? ieledeure-rois bicn;amp; de faift, lafagelTe fpirituelle de Dieu feroit bien digne d’auoir quel que heure au iour,qui luy fuft deftinéc. Mais fi cela ne fe peut obtenir de l’infirmité de plufieurs, qu'on Paffcmblc iourneUement •. amp;nbsp;la charité ne per met point de les contraindre plus outre:pour-quoy ne fuy lions-nous la raifon,laquelle nous aefté monftrée de Dieu?
11 nous faut eftre vn peu plus longs en ceft endroit, pourcequ’aucuns entendemens légers fetépeftentauiourd’huy à caufe duDima ehe :carils fe plaignent,que le peuple Chreftié eft entretenu en vn ludaifme:veu qu’il retient encore quelque obferuation des iours. A cela ierefpon que fans ludaifmc nous obferuons lcDimanchc,veuqu’il y a grande diffcréce en-
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EXPOSIT ION
Ctbjj'.t,
GaltU.^.
R.no.1^.
trc nous amp;nbsp;les luifs. Car nous ne l’obferuons point d’vncrcligion eftroi te comme d’vnc ceremonie,en laquelle nous penfions eftre com-pnns vn myfterefpiritucl: mais nous en vfont corne d’vn remede neceflaire, pour garder bo ordre en P£glifc. Maisfainâ Paul,difcnt.il$, niequc les Chreftiensdoyucnt eftreiugezen l’obferuatio des iours:vcu que c’eft vn ombre deschofesfutures: amp;pourccftc caufe craint d’auoirtrauaiHé en vain entreles Galatiens: d’autâtqu’ils obferuoycnt encore les iours.Et aux Romains il afferme,que c’eft fuperftition, ft quelcun difeerne entre iour amp;nbsp;iour. Mais qui eft l’iiome d’entendemet raflîs,qui nevoye bien de quelle obferuation parle l’Apoftre? Car ils ne regardoycnt point à ceftcfin,que nousdifons,d’obferuerla police amp;nbsp;ordre en 1’Eglife:mâis en retenant les feftes, corne ombres des chofes fpiritucllcs, ils obfcurcilToyét d’autant la gloire de Chrift, amp;nbsp;la clarté de l’Euangile: ils ne f’abftenoyentpointd’œu-ures manucllcs,pource qu’elles les empechaf-fentde vaquer à mcditerla parolle de Dieu: mais par vnc folle deuotió,d’autat qu’ils i ma-ginoyent, en fe repofant, faire feruice à Dieu. C’eft donc contre cefte peruerfe dodrinc que criefainâ Paul:amp; non pas contrel’ordo-nancc légitime, qui eftmife pour entretenir
P«*
-ocr page 67-DES DIX COMMAND, Ä7 paix en la copagnic des Chrcftiês.Car les Egli-fcsqu’il auoitedifiées^ardoyentle Sabbath en ceft vfage : ce qu’il moftie en affignat ce iour là aux Corinthiés, pour apporter leurs aumofncs enl’Eglife.Sinouscraignôslafuperftitiô:ellc ’•Cw.rtf. cftoit plus à craindre aux feftes ludaiqucs, qu’elle n’eft main ten at au Dimächc.Car come il eftoit expedient, pour abbatre lafuperftitió, on a delailfé le iour obferué des luifs: amp;nbsp;come il cftoit neceffaire pour garder ordre,police amp;nbsp;paix enl’Eglife,on en a mis vn autre au lieu.
Cobien que les anciens n’ont point choify le iour du Dimanche pour le fubftitucr au Sabbath fans quelque confideration.Car puis quclafinamp;accompliffemëtdc ce vray repos qui eftoit figuré par l’ancien Sabbath,eft acco plyenlarefurreftionde noftre Seigneur: les Chreftiés fbt admon'eftez par ce mefmc iour, qui apporte fin aux ombres, de ne Parrefter point àla ceremonie qui n’eftoit qu’ombre.Ie ne m’arrefte point au nombre fepticme, pour affuietirl’Eglife en quelque feruitude : car ic ne condànerois point les Eglifes, qui auroy et d’autres iours folennels pour Paffcmblcr , moyennant qu’il n’y ait nulle fuperftition ; comme il n’y en a nulle, quand on regarde feulement à entretenir la difciplinc. Que lafommcdonc du précepte foit telle. Cona-E. ii.
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me la vérité cftoit demonftréc aux lui fs fou» figure, ainfi fans figure elle nous eftdeclairée: c’eftquc nous méditions en toute noftrevi« vn perpétuel repos de nozoeuures,à ce que Dieu befongne en nous par fon Efpiit. Secon dement,que nous obferuions l’ordre légitimé de l’EgIife,àouyr la parolle,célébrer les facre-mcn$,amp; faircles prieres folcnnelles. Tiercement,que nous ne grcuions point par trop» ceux qui font en noftre fuicâion. Ainfi 1e-ront renuerfez les menfonges des faux do-fteurs,qui ont abbrcué au temps palfé le po-ure populaire d’opinion ludaiqiie, ne difeer-nans entre le Dimanche amp;nbsp;le Sabbath autre-mcnt,finô que le feptieme iour eftoit abrogé qu’on gardoit pour lors-, mais qu’il en falloit neantmoins garder vn.Or cela n’eft autre cho fcàdire,qu’auoirchangélc iour en defpitdes Iuifs:amp;neantmoins demeurer enla fuperfti-tionquefainft Paul condamne: c’eftd’auoir quelque fignification fecrete,ainfiqu’ellec-ftoit fous le vieil Teftament. Etdefaid,nous voyons ce qu’a profite leur dodrinc.Car ceux qui la fuyucnt,furmontent les lui fs en opinio charnelle du Sabbath: tellement que les re-•i cgt;î8. prehenfions, que nous auons cnlefaic, leur conuiendroyent mieux,qu’à ceux quelc Prophète reprenoit de fon temps.
lE V.
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69
LE V. COMMANDEMENT.
Honore ton pere amp;nbsp;ta mere,à fin que tes lours foyent prolongez fur la terre, laquelle le Seigneur ton Dieu te donnera.
Lafineft: pource que Dieu veut quel’or-dre qu’il a conftituc foit entretenu'. qu’il nous -fautobferuer les degrez de préerninencc corne il les a mis. Pourtant la fomme fera : Que nous portions reucréce à ceux que le Seigneur nous a ordonnez pour fuperieurs: amp;nbsp;que nous leur rendions honneur amp;nbsp;obciffançç,àUec rc-cognoiffancc dû bien qu’ils nous ont faiâ. De cela fenfuy t la defenfe, quenous ne defó-gions à leur dignité, nepar contemenmenc, ne par contumace, nepar ingratitude; carie nom d’Honeur, Peftéd ainfi amplemét cnl’E-fenture.Comme quand l’Apoftre dit, que les Preftres, qui.prendent bien, font di^es de double honneur : non feulement il pàrle delà reucrence qui leur cft deuë: mais auffi delà re-muneration que meri te leur labeur. O r pour-ce que ce commandetnent,lequel nous affuic-tit ànozfuperieurs,cft fort contraire àla per-uerhee denoftrç nature: laquelle,commeel-
* E. üi.
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le creue d’ambition amp;nbsp;orgeuil, ne fe fournît pas volontiers: à cefte caufe la fuperiorité, laquelle eftoit la moins odieufe amp;nbsp;plus amiable de toutes, nous acfté propoiee pour exé-ple:pource qu’elle pouuoit mieux flefehir amp;nbsp;amolir noz cueurs à fc foumettre en obeif-fancc. Parquoy, le Seigneur petit à petit, pu la fuietion qui eft la plus douce amp;nbsp;la plus facile à porter, nous accouftume à toutes fuie-tions: pource que c’eft vnc mefmc raifon. Car quand il donne precminêcc à quelcun, entant que meftier eft pour la conferuer, il luy com-muniquefon nom.Les tiltrcs,de Pere,dc DiW amp;nbsp;Seigneur, luy font tellement propres, que quand il en eft faiâ menti on,il faut que noftre cueur foit touché delà recognoiffance de fa Maiefté. Pourtant, quand il en fait les hommes participans, il leur donne comme quelque eftincellc dcfa clarté, à fin de les anoblir, amp;nbsp;les rendre honorables félon leur degré. Par quoy en celuy qui eft nomé Pere, il fautreco-gnoiftrç quelque honneur diuin : veu qu’il ne porte point letiltre de Dieu fans caufe. Pareillement celuy qui eft Prince ou Seigneur, communique aucunemét à l’honcur de Dieu. Parquoy il ne faut douter, que le Scigneür ncconftitueicy vnereigle vniuerfellc. C’eft, que félon que nous recognoiffons vn chacun
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cun nous cftrc ordonné de Dieu pour fripe-rieur,que nous luy portios honneur,reueréce, amp;nbsp;amour:amp; que nous luy facionsles (cruices qu’il nous fera poffible. El ne faut point regarder fi nozfupericurs font dignes de ceft honneur,ou non.Car quelconques ils foycnr, ils ne font point vcnuz fans la volonté de Dieu en ce degré : àcaufe duquel noftre Seigneur nous cómande les honorer. Touteffois nommément il nous cómande de teuerer noz parens,qui nous ont engendrez en ceftevie.ee que nature mefme nous doit enfeigner.Car tous ceux qui violent l’authorité paternelle, ou par mépris,ou par rebellion,font monftres amp;nbsp;non pas hommes.Pourtant noftre Seigneur cómande de mettre à mon tous ceux qui font deCobeiffans à pere amp;nbsp;à mere: amp;nbsp;ce à bóne eau fe.Car puis qu’ils ne recognoiflent point ceux, par le moyen defquels ils fontvenuz encefte vie, ils font certes indignes de viure. Or il appert parplufieurs paflages delà Loy , ce que nous auons did eftte vray:afçauoir,que l’ho-ncur,dôtil eft icy parlé,hatrois partics,rcucrc ce, obei{rance,amp; amour procédant delà reco-gnoiffancc des bienffaids. La premièreeft cô-madéc de Dieu, quad il commade de mettre à j^,^ j,, mort c duy qui aura detradé de pere amp;nbsp;de me- L.w xo. ic.Car en cela il punit tout conténemet amp;nbsp;mef P****®*
E. üü.
-ocr page 72-^3. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;EXPOSITION
pris.La féconde,en ce qu’il a ordoné,quc Pen-ßt rebelle amp;nbsp;defobeiffat fuft auffi mis à mort. Latroificme eftapprouuée en cequcditlefus Chrift au iy. de S.Matthieu,que c’eft du com-mandemét de Dieu,de feruir amp;nbsp;biêfaire à noi parés.Touteffois amp;nbsp;quatesqucS.Paul faitæé tion de ce prccepté,il nous exhorte à obeiflan* ce: ce qui appartientàlafccondepartie.
La promeffe eft quât amp;nbsp;quant adiouftee, pour plus grande recômédation:à fin de nous àdmonefter, combien ceftefuietion eft ag* greablc à Dieu . Car fainét Paul nous incite f ar ceft aguillon:quand il dit: que ce précepte eft le premier aucepromefle.Car la promeffe, que nous auos eue cy deffus enla première La ble,n’éftoitpas fpccialeà vnpreccptcfeulcm?t, mais Peftendoit à toute la Loy. Quant eft de Pintélligécede cefte cy,clle eft telle : C’eft que le Seigneur parloitproprement aux Ifradites* dclaterre qu’il leur aùoit promife en heritage. Sldoncla poffeffion de cefteterre eftoit vne arre de la bénignité de Dieu : il ne nous faut éfmemeillcr f’il leur a voulu teftifier fa grace ^ en leur promettant longue vie: par laquelle ils pouuoyent plus longuement iouyr , de fonbencficc.C’cft donc comme Pildifoit: Honore pere amp;nbsp;rncre,à fin qu’en viuat logue-ment tu puiffes.îôüyr plus long temps delà
-ocr page 73-DESDIX COMMAND. Jj tsrrcdaquelle te fera pour tefmoignage dema grace. Au refte pource que toute la terre eft benite aux fideles,àbon droid nous mettons lavicprcfentc entre les bencdidios de Dieu. Parquoy, entant que la longue vie nous eft ar gument de la bcneuolencc de Dieu fur nous, cefte promeffe auffi nous appartiët. Car la Ion guc vie ne nous eft point promeffe; comme elle n’a point efté promife aux luifs, poürcc qu’elle contiet enfoy beatitude ; mais pourcc que c’eft aux iuftcs vne enfeigne delà bonté de Dicu.S’il auient donc,que quelque enfant bien obeiffantàfesparens trefpaffe en faieu-ncffc(commcfouuentiladuient)Dieu nclaif fcpas de demourer coftammet en fa promeffe, mefme ne l’accomplit pas moins, que fil don*-noit cent arpens de terre à quelcuh, auquel il enauroitpromisdcilx arpés. Letoutgiftenr cela, q la longue vie nous eft icy pfomUc, en^ tant qu’elle eft benedidion.D ’auantage qu’c le eftbenedidion de Dieu, entât qu’elle nous teftific fa grace ; laquelle il deelaire à fes ferui» teurs cent mille fois plus en la mort. Au cony traire, quand le Seigneur promet fa bcncdir dion en lavieprefénte ,à ceux quife feront rendus obeiffans à percs amp;nbsp;à. meres ; fcmbla-blement ilfignifie que fa malcdidion adaien dra à tous ceux qui auront efté defobeiffans.
-ocr page 74-74 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;EXPOSITION
Et à fin que fon iugement foit execute, il ordonne en fa Loy,qu’on en face iuftice. Et s’ils échappent de la main des hommessen quelque manière que ce foit, il en fera la vengeance. Car nous voyons de cefte manière de gens co-bien il en meurt,ou en guerre, ou en noifc, ou en autre façon:tellemét qu’on apperçoitquc Dieu y bcfongne, les faifat mourir mabheu-reufement. Etfi aucun y en a qui échappent jufques à la vicilleCfe ; veu qu’eftans priuez en cefte vie delà benedidio de Dieu,ne font que languir, amp;nbsp;pourlefutur fontreferuezàplu’ grand’pcinc; il fcn faut beaucoup qu’ils foyet parti ci pans de cefte promefle. Pour faire fin, il faut bricuemét noter,qu’il ne nous eft point commadé d’obéir à noz parés,finon en Dieu: ce qui n’eft point obfcur par le fondemêt que nous auons mis.Carils prefident furnous,en-tant que Dieu les a eleus : leur communicant quelque portion de fonhonneur. Pourtant la fuietioh, qui leur eft rendue, doit eftre comme vn degré,pour nous conduire à la reueren-cede Dieu,qui eft le fouuerain Perc.Parquoy, fils nous veulent faire tranfgreffer fa Loy, ce n’eft pas raifon que nous les ayons pour pères: mais nous doyuent eftre lors pour cftran-gers,qui nous veulent deftourner de l’obeif-fance de noftre vray Pcrc.II faut auoir vn mef me iu-
-ocr page 75-DE s Dl X co M M AND. 7y Sie jugement de noz Princes,Seigneurs,amp; fu-perieurs. Car ce feroit vnc chofe trop deraifo-nablc, que leur preeminence valluft quelque chofe pour abbaiffer lahautcffe de Dicu;vcu qu’elle en depend, amp;nbsp;ladoitpluftoft augmen ter,qu’amoindrir: confcrmer,quc violer.
lE v I. CO « M AN DE M E NT.
Tu n’occiras point.
La fin eft •. d’autant que Dieu a coniolnt envnité toutlcgcnre humain:quc lefalutamp; laconferuationdetous doit eftre en recommandation à vn chacun. Parquoy enfomme, toutcviolécc amp;nbsp;iniurc amp;nbsp;nuifàncc,par laquelle le corps de noftre prochain eft blclTé, nous eft intcrditc.De là nous faut venir au comma-dement: c’eft, Quefi nous pouvions quelque chofe pour coferuer la vie de noftre prochain, il nous y faut fidèlement employer ; tant en procurant les chofes qui y apparticnent,qu’en obuiantàtouteequi y efteontraire: pareillement fils font en quelque danger ou perplexité,de leur aider amp;nbsp;fubuenir. Or fil nous fou uicnt, que Dieu eft le legiflateur qui parle en ' «’eft endro it ; il faut peider, qu’il donne cefte
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reiglc ànoftrcamc. Car cc fcroit chofe ridi-c'alc,qiic celiiy qui contemple les penfécs du cucur,3i: Parrefte principalement à icelles,n’m ftruiftàvrayciufticc,qùenoftrecorps. Par-quoy l’homicide du cueur eft icy defendu : amp;nbsp;nous eft commandée l’affedion intérieure de conferuer la vie de noftre prochain.Car combien que la main enfante l’homicide : toutef-foislecueur le conçoit,quandil eftantaché d’ircamp; dehainc. Regarde fi tu te peux courroucer à ton frère,'que tu n’appetes de luy nui re. Si tunctcpeuscouroucer:auffinelepcus tu hayr,quetu h’aycscc mefmc defir :'VcuquJ haine n’eftqu’ire enracinée Combien que tu diffimulcs,amp; taches par couuerturcsobliquci d’échapper ; il cft certain, que haine amp;nbsp;ire ne peuuenteftrefanscupiditédemal faire. Situ veux encores tergiuerfer: défia il a efté pro--ftoncé par le faind Efprit : que tout homme -qui hait fon frere en fon cucur, eft homicide. .Ïleftprononcé parla bouche de Chrift;que ccluy qui hait fon frere,eft coulpabl c deiuge-mcnt;Qui monftre figne de courroux,eft coul pable d’eftre condamné par tout le Confifto-ire: Quiconque luy did iniure, eft coulpable de lagehcnnedu feu. L’Eferiture note deux raifons,fur lefqucllcs eft fondé ce précepte. C’eftque l’homme eft image de Dieu: puis aul5
-ocr page 77-DES DIX COMMAND. 77 aufficftnoftrçchair.Pourtantfi nous mevou lonsviolcrl’imagc de Dieu: nous ne deupns faire aucune offenfe à noftre prochain. Étd nous ne voulons renoncer toute humanité; nous le deuons entretenir comme noftre propre chairr. L’exhortation qui fc peut tirer pour cela du bénéfice de la redemption de lefus Chrift, fera traitée ailleurs. Mais le Sei -gneuravoulu,quc nous confiderions naturel lementees deux choies ia dites, en l’homme: lefqucllcs nous induifent àluy bien fairc:c’c(\ qu’envnchacun,nousreucrions fon image, laquelle y eft imprimée: amp;nbsp;aimions noftre pro pre chair . Parquoy, ccluy qui Peft abftenu d’effufion defang:n’cft pas pourtât innocent du crime d’homicide.Car quiconque,ou com metparoeuurc, ouPefforce amp;nbsp;eftudie, ou cen çoitenfon cueur aucune chofc contraire au bien dcfon prochain, eft tenu de Dieu pour homicide. D’autrepart,finon que nous nous employôs fclô noftre faculté,amp; l’occafion qui nous fera donnée, à bien faire à noftre prochain ; par telle cruauté nous iranfgrelTons ce précepte. Or file Seigneur fe foucie tant du fa lut corporel d’vn chacunide cela nous pouuôs entendre, combien il nous oblige à procurer lefalut des ames, lefquelles font fans coparau ion plus precieufes douant luy.
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EXPO sIT I ON
lEVII. COMMANDEMENT.
Tu ne paillarderas point.
Lafineft. Pourcc que Dieu aime pureté amp;nbsp;chafteté: que toute immondicité doit eftre loing de nous.La fomme donc fera: Que nous ne foyons entachez d’aucune ordure ou intemperance de la chair. A quoy refpond le précepte affirmatif: c’eft que noftre vie en toutes fcs avions foitreigléc à chafteté amp;nbsp;co-tinenc«. Oril defendnommémétpaillardife, d laquelle tend toute incontinccc:àfin que pat la turpitude amp;nbsp;deshonnefteté, qui cft en pail-Iardife,plus vifible amp;nbsp;apparcte, entant qu’elle dcfhonorc noftre corps;il nous rend toutein-continencc abominable. Pource que l’homme a efté créé à cefte condition, de ne viure point folitaire,mais auoirvne aide fembla-ble à foy. D’auantage que par la malediâion du péché il a efté encores plus affuiedy à cefte neceffité : d’autant qu’il eftoit expedient,le Seigneur nous a donné remede en ceft en-droit,eninftituant le mariage: lequel aprcsl’a uoir ordonné dcfon authorité,l’afanâifié de fa bcncdidion.Dontil appcrt,quc toute com pagnie d’homme amp;nbsp;de femme, hors mariage, cft maudite deuant luy : amp;nbsp;que la compaignie dem»'
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de mariage nous eft donnée pour remede de noftre neceffité : à fin que nous ne lâchions la bride à noftre concupifccnce. Ne nous flattons point donc,quad nous oyosque l’homme ne peut cohabiter aucc la femme,hors ma riage,fanslamalediôfiondc Dieu.
Or comme ainfi foir,que nous ayos doublement meftier de ce remede: afçauoir, tant pour la condition de noftre premiere nature, qucpourlcvice quiy eftlurucnu: amp;nbsp;quede cela nul ne foit excepté, fino celuy à qui Dieu afaiftparticulièrement grace :qu’vn chacun regarde bien ce qui luy eft donné. le confefle bien,que virginité eft vnc vertu qui n’eft pas à mefprifer : mais d’autant qu’elle n’eft pas donnée à chacun, amp;nbsp;aux autres elle n’eft donnée que pour v n temps, ceux qui font tormen tez d’incontinence, amp;nbsp;ne la peuucnt furmon» ter, doyuent recourir au remede de mariage, afin de garder chafteté, félon le degré de leur vocation.Carfi ceux qui n’ont point receu vn teldon(i’enten de continence)nefubuien-nentàlcur fragilitépar le remede qui leur eft offert amp;nbsp;permis de Dieu, refiftent à Dieu amp;nbsp;à fon ordonnance. Et ne faut que quelcun obieâeicy ce qu’ont accouftumé plufieursde fairc:quepar l’aide de Dieu il pourra toutes chofes. Car cefte aide n’eft point donnée, û-
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Matth 19,
J.Ciir.'/.
non à ceux qui cheminent en leurs voycs: c’eft à dire en leur vocation. D c laquelle fc détournent tous ceux qui endelaiffant tous les moyens que Dieu leur baille, veulent pat folle témérité furmonter leur neceffité. Le Seigneur prononce, que continêcc eft vn don Gngulier,lequel n’eft point donné indifferein ment à toute fonEglife:mais àbien peudefes membres. Car il nous propofe vn certain genre d’homme,lequel feft chaftré pour le Royaume des cicux;c’eft à dire ,*pour vaquer plus librement à feruir à la gloire de Dieu. Et à fin que nul ne pcnfaft,quc cela fuft en noftre vertu,il auoit auparauant did, que tous n’en font point capables,mais tant feulement ceux, aufquels il eft donné du ciel. Dontilconclud, que celuy qui en' pourra vfcr, en vfe. Sainâ Paul cnfcigne de mefme,plus elairemét ,quad il did: Qu’vn chacun a receu fa propre grace de Dieu: l’vn en vne forte, l’autre en l’autre. Puis que nous fommes aduertiz par vnetelle dénonciation,qu’iln’eft pas en la puiflance d’vn chacun de garder chaftetéhors mariage, mefme qu’il y euft dcuotion,amp; qu’on Peffor-çaft de le faire; puis aufli qu’il nous eft dénoncé,quec’eft vne grace fpeciale de Dieu,laquelle il ne donne qu’à certaines perfonnes,à fin deles auoir plus propres amp;nbsp;plus à deliurc à
-ocr page 81-DES DIX COMMAND. 8l fonferuicc. Ne combatons-nous point cotre Dieu, amp;nbsp;contre la nature qu’il a inftituée,fi nous n’accommodons noftre fa^on deviure àlamefurc denoftre faculté? Dieu defend paillardifeen ce commandement: il requiert donc de nous pureté amp;nbsp;chafteté. OrlefcuI moyen delà garder eft, qu’ vn chacun regarde fa portée,que nul ne mefprife le mariage, com me inutile ou fuperflu;quc nul ne defire de fen pafler,finon qu’il fc puiffe abftenir de femme: que nul ne regarde en ccft endroit ou fon repos ou fa traquillité charnelle : mais qu’il ccr-che feulement d’eftre mieux difpofé àferuir à Dieu ,eftant depefehé de tout lien qui l’en puiffe diftraire. D’auantage,pource que plu-fieurs n’ont le don de continence, finon pour vn temps, comme nous auons did: que celuy qui l’ha f’abfticne de fe marier, cependat qu’il fen peut paffer,amp; nonplus. Si la force luy de-faut,pour dompter amp;nbsp;vaincrela concupifeen-ce de fachair,il entende par cela, que Dieu luy impofe neceffité defe marier, ce quede-monftrel’ Apoftre, quand il commâdc, qu’vn chacun, pour euiter paillardife, ait fa femme, amp;nbsp;qu’vue chacune femme aitfon mary. Item, que celuy qui ne fe peut contenir, fe marie en Dieu.Prcmicrcmcnt il fignifie par cela,quela plufpart des hommes eft fuieteauvice d’in-F.
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continencc.Secondementiln’en excepte nuls de ceux qui y fontfuiets, qu’il ne commande à tous de recourir à ceremede vnique, que il propofepour obuier à impudicité. Par-quoy, quiconque ne fe contient,fil mefprife deremedier àfon infirmité par ce moyen,il peche,mcfmeàcequ’il n’obtempere pointa ce commandement de l’A poftre.
Et ne faut pasqueceluy quife contient depaillarderaduellement,fcflatc, comme fil n’eftoit point coulpable d’impudicité, fi ion cueur brûle de mauuaife concupifccnce. Car fainâ Paul di ffinit que la vray e chafteté contient pureté de l’ame , auec Phonnefteté du corps. Celle di t-il,qui eft hors mariage,pen fe à Dieu, comment elle fera fai nde de corps amp;nbsp;d’efprit. Et pourtant,quandil adioutcla raifon, pour confermer cefte fentence,quccc-luy qui nefe peut contenir,fedoit marierai ne did pas feulement,qu’il eft meilleur de pre-dre vne femme,que de fouiller fon corps auec vnepaillarde:mais qu’il eft meilleur defe marier,que de brûler. Omoz Preftres, Moynes amp;nbsp;Moyneffes, laiffans cefte confideration derrierre,fe confient bien qu’ris fe pourront contenir. Et qui leur a rcuelé,qu’ils pourront garder chafteté toute leur vie, àlaquelleilsfo bligentA toufiours? Ilsoyentlafentencedc Dieu,
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Dieu, touchant la condition vniucrfelle des hommes ; c’eft, qu’il n’cft point bon àl’hom-med’eftrefeul. Ils entendcnt(amp; pleuft.àDieu qu’ils ne le fentiffent point) combien les aiguillons d’incontinence font afprcs en leur chair. De quelle hardieffe ofenr-ils reietter pour toute leur vie cefte vocation generale: veuquelcdonde continence eftle plus fou-uent donné à certain temps, félon que l’opportunité le requiert? En telle obftinatio que ils n’attendent point qu e Dieu leur doy ue ai-der.maispluftoft quils fe fouuienent de ce qui efteferit: Tu ne téteras point le Seigneur ton Dieu. Or cela eft tenter Dieu,de fcfforcer cotre la nature qu’il nous adonnée, amp;nbsp;contemner les moyés qu’il nou s prefente ; comme fils ne nous appartenoy ent de rien. Ce que ceux cy non feulement font; mais n’ont point hon te,d’appeller le mariage,pollution ; duquel noftre Seigneur n’a point penié 1’inftitution^'Y^Y cftreindigncdefamaiefté-.lcquelilapronon jj'J[''^’ cé eftrehonorable en tous:lcquel lefus Chrift afanâifié par fa prefence, amp;nbsp;honoré parfon premier miracle. Et font cela feulement pour magnifierl’eftatqu’ilsticnenf. c’eftdefabftc-nir de mariage, corne fil n’apparoiffoit point parleur vie mefme, que c’eft bien autre chofe d’abftinencc de mariage, 5: de virginité. Et
E. ii.
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ncantmoins,ils font fi effrontez, que d’appcl-ler leur vie AngcIique.En quoy certes ilsfont cropgrâd’iniureaux Anges de Dicu:auqucls ils accomparagent paillars amp;nbsp;adultérés,amp; encore beaucoup pires. Et de faidjilnefautpas icy grans argumens : veu qu’ils font conuain-euz par la vérité.Car nous voyons à l’œil,com bien par horribles punitions noftre Seigneur punit vne telle arrogance, amp;nbsp;contemnement defesdons : amp;nbsp;ay vergongne dedecouurirce qui eft plus occultc,combié qu’o en fcait trop la moitié,tellemét que l’air en put. Mais nous aurons encore à parler en vn autre lieu de là témérité de ce vœu. Quant eft de ladefenie qu’on a faide aux Preftres de fe marier : iedy qu’eu cela il y a eu vne méchante tyrannie, no feulement contre la parolle de Dieu,mais auf-fi contre toute équité. Pour le premier,il n’c-ftoit nullemét licite aux hommes de défendre eeque Dieu auoit mis en noftre liberté.Seco-demér,c’eft vnechofenotoire, amp;nbsp;laquelle n’a pointmeftierde probation, que noftre Seigneur aexprelfément ordonné,que cefteli-berté ne fuft point violée. Outrcplus, faind Paul, tantà Tite, qu’à Timothée,ordonne qu’vu Euefquefoit mary d’vue feule femme. Mais, comment cuft-il peu parler auec plus grande vehemence , que quand il dénoncé, qu’il
-ocr page 85-DES DIX COMMAND. 8j qu’il y aura des medians, lefquels défendront le mariage: proteftantquelelainâ Efprit les rcuele, arin qu’on fen donne degardezamp;no-nie telle manière de gens non feulement fc-duamp;eurs,mais Diables. Voyla donc la Prophétie S: le tcfmoignage du fainâ Efprit, par lequel il a voulu dés le commencement prémunir les Eglifes : c’eft, que la defenfe du mariage,cft dourine diabolique. Mais noz aduerfaircs penfentauoir trouué vne belle e-chapatoirc, quand ils expofent cela eftre did d’vnefeâe ancienne d’heretiques,qu’on nom moit Taciens. Ce font,difenc- ils,ceux-là qui ont reprouué Ic mariage,amp; no pas nous.Com meficefte Prophétie,encorequ’eUeeuft efté vne fois accomplie aux Taciens, nepouuoit audibien conuenir à eux. Mais nous ne condamnons point,difent-ils,le mariage du tout, feulement nous le défendons au Clergé.Com me G vne cauillationtant puerile, eftoit digne d’eftre receuê;de dire,qu’ils ne défendent point le mariage, d’autant qu’ils ne le défendent point à tous. Cela cft autant comme fi quelque tyran difoit,vneloy qu’il auroit fai-âe n’eftre point inique, d’au tat qu’elle ne gre uctoit qu’vue partie du peuple.
llsobiedcnt,qu’ily doit auoir quelque marque ,pour difeerner le Clergé d’auee les F. in.
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laiz ; come fi Dieu nouait point preueu quels font les vrais ornemens qui doyuét eure aux gens d’Eglifc.En parlât ainfi,ils blafmcntl’A-poftre, comme fil auoit confondu l’ordre de l’£glife,amp; renuerfél’honnefteté d’icelle: veu qu’en donnât comme vn patron d’vn vray E-uefque, entre les vertus qu’il y requiert, il y metle mariage.Icfcay bien cornent ils expofêt cela :c’eft, qu’il ne faut point elire pourEuef-queceluy qui aura cfté marié pour la féconde fois.Et de faiâ,ic cofcffc,quc cefte interpretati on n’eft pas nouuelle : touceffoisil appert par la procedure,qu’elle eft fauflc,d’autâtqu’inco tincntapres il ordonne quelles doyuent eftre les femmes des Preftres amp;nbsp;Diacres. Voiladôc S.Paul,qui metle mariage entrcles vertus d’vn bo Euefque.Ceux cy difet que ceft vn viccin-tollcrableen l’eftatEcclefiaftique.Quipiseft» n’eftans point contens de l’auoir blalmècn général, l’appellent fouillure amp;nbsp;pollution charnelle ; qui font les parolles de ce vicieux Pape,récitées en leurs Canons.Qu’vn chacun penfe en foymefme, de quelle boutique cela eft party. Noftre Seigneur Icfus faiteeft honneur au mariage, de le nommer image amp;nbsp;reprefentatio de l’vnitéfainâe amp;nbsp;facréequ’il ha aucc l’Eglife. Que pourroit-on dire plus, pour exalter la dignité du mariage? QucHc impu-
-ocr page 87-DES DIX COMMAND. 8/ impudccc donc cft-ce,de lùppeller immonde ou poilu,quad il nous demonftre la grace fpi* ritueHede lEsvs CHRIST^ Or comme ainfi foit, que la prohibition répugné ain-fidaircmét àlaparolle de Dieu:touteffois en coreilsont Vne couuerture,pour monftrer que les Prcûres ne fe doyuent point marier. C’eft que fil a fallu que les Preftres Leuiti-ques, quand ils approchoyent de l’autel, ne cohabitaffentpointauec leurs femmes, à fin de faire plus purement leurs facrifices: que ceneferoit point raifon,qucles Sacremens deChreftienté, qui font plus nobles amp;nbsp;plus excellcns,fuffent adminiftrezpar gens mariez . Commefi c’eftoit vn mefmeoffice du miniftereEuangelique,amp; delaPreftrifeLe-ui tique. Au contraire,les Preftres Leuitiques reprefentoyent la perfonne de lefus Chrift: lequel,eftant Médiateur de Dieu amp;nbsp;des hommes, nous deuoit reconcilier au Pere par fa pureté trefaccomplic. O r comme ainfi foit qu’iceux cftans pécheurs, ne peuffentrefpon-dreen toute manière à fa faindeté : à fin delà reprefenter aucunemét en figure,il leur eftoit commandé de fe purifier outre la couftume humaine, quad ils approchoyent du Sanduai rc,d’autant que lors proprement ils portoy ét la figure de Chrift, en ceque,commc moyens
F. üü.
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£ir.j}.
neurs, ils apparoiffoy ent deuät Di eu,au nom du peuple, au Tabernacle, qui eftoit comme image du Throne celeftc. Or puis que les Pa-fteursEcclcliaftiques n’ontpoint cefteoffice amp;nbsp;perfonnedacomparaifon n’eftpointàpro-pos. Pourtant,l’Apoftre, fans aucune exception, afferme que le mariage eft honorable entre tous : mais q Dieu punira les paillars amp;nbsp;adultcrcs.Et de faid,les Apoftres ontapprou ué parleur exêplc, queie mariage ne derogoit dla faindeté d’aucû eftat de quelque ex cell été qu’il fuft. Carfaind Paul tefmoigne, que non feulement ils ont retenu leurs femmes, mais auffi qu’ils les ont menées en leur compagnie.
D’auatage, ce a efté vnegrande impudence,qu’ils ont exigé vne telle chafteté,pour cho feneceffaire, Enquoyils ont faic g rand opprobre àl’Eglife ancienne : laquelle combien qu’elle ait efté excellente en pure dodrine,ne-antmoins a encore plus fleury en faindeté. Car que diront-ils,ie vous prie,de tous les pères anciens,lefquclsonveoit non feulement auoirtolleré le mariage entres les Euefques, mais auffi l’auoirapprouué ? Il fenfuyuroit, qu’ils ont entretenu vne profanation des myfteresde IDieu ; puis que, félon l’opinion de ceux cy, ilsnc les traitoyent point pure-mët.Bien eft vray,q cefte matière fut agitée au
Concile
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Concile de Nice: amp;nbsp;comme il Pen trouuetouf jours quelques fuperftitieux, qui fongétquelq refueric nouuelle pour fe rendre admirables) il y en auoit qui euffent voulu le mariage eftre interditaux Preftres. Mais qu’eft-ce qu’il y fut coftitué? C’eft que la fentence de Paphnu-lius fut reccuë : lequel declaira, que chafteté cftoit cohabitation de l’homme auecla fem-me.Parquoy, le fainâ mariage demeura en fon entier,amp; ne fut poi nt réputé à deshonneur auxEucfques qui eftoyent mariez:amp; neiugea on point, que cela tournaft à quelque maeufe auminiftere. Depuis furuinrintd’autres téps auquels T’augmenta cefte folle fuperftition, d’auoireneftime exceffiue l’abftinence de ma tiage. Car la virginité eftoit tellement priféc, qu’à grand peine eftimoit-on,qu’il y euft vertu digne d’accomparer àicelle. Et combien quele mariage ne fuftpasdutout condamné comme pollution,touteffois la dignité d’icc-luy eftoit teUemét obfcurcie,qu’on n’eftimoit point qu’vu homme afpiraft droiftement à perfeâion,linon qu’il fen abftint. Delàfont vcnuzles Canons,par lefqucls il aefté ordonné, que ceux qui eftoyent défia enl’eftat de Preftrife nefe marialTentplus.Puis après d’au très, par lefquels a efté défendu d’en rcceuoir qui fulTent mariez,finon par le confentement
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expöSitiön
de leurs femmes,ils promiffent chadeté perpe« tüelle-.pourcc qu’il fembloit aLits,que cclafcr-uoit à refidre U Preftrife plus honorable, on l’a fauorablemcnt reccUiTouteflois fi rioî aduerfaircs nous obicâoyent l’ancienneté : ic reponpremièrement, quecefte liberté a elle du temps des Apoftres,amp; a duré affez longue* nient apres, que les Preftres pouuoycnt eftre mariez: mefmes quelcs Apofircs,amp; les autres fainds pères de l’Eglifcprimitiuc,n’ont point faidfcrupulcd’en vfer. le dyfecondement, quenous deuons auoir en telle eftime leurc« ple,qucc’eftmal iugé à nous, de tcnirpouril-licite ou deshonnefte ce qui a efié lors non feulement vfité, maisauffi prifé.Ic dy d’eua-tage, que mefme du temps que Icmanagcn’a pluseftéen telle reuerence qu’il appartenoit, par l’opinion fuperfticieufequ’on auoitdela virginité:ficft-cequ’onn’apointdu premier ; coup defédu aux preftres dele marier, comme ] fi c’eftoit vnechofe neceftaire: mais pource qu’on preferoit au mariage l’eftat de continc-cc,Finalemcntiedy,quecefteloy n’apas tel- \ lementeftércquife lors, qu’on contraigniftà j continenceceuxqui nela pouuoycnt garder. Qu’ainfi roir,lcs Canos anciens ont ordonne grieues peines furies Preftres qui auroyent paillardé:ceux qui auoyentpris femmes,ils les ont
-ocr page 91-DES Dix COMMAND. SI ont feulemêt demis de l’office. Parquoy,tûu-lelFoisamp; quantesquc nozaduerfaires, pour maintenir cefte nouuclletyrannic, dont ils v-fent, nous allégueront l’Eglife ancienne : nous répliquerons au contraire, qu’ils mon firent en leurs Prefires vnc telle chafteté, qu’eftoit celle desPreftres anciens : qu’ils o-ftent tous paillars amp;nbsp;adultérés •. qu’ils ne permettent point, que ceux lefquels ils ne peuuent foutfrir habiter auec vnc femme en mariage, T’abandonnentàtoutevilenie: que ils remettent au deffus la difciplinc ancienne, laquelle eft abolie entre eux, pourrepri-merla deshonefteté qui fe commet entre eux: amp;nbsp;qu’ils deliurent l’Eglife de cefte honte amp;nbsp;turpitude, par laquelle elle a efté ia log temps défigurée. Quand ils nous auront odroyc tout cela, nous aurons encore vnc autre répliqué à leur faire; qu’ils n’impofent point ncceffité en vne chofe, laquelle de foymef-meeftlibre, amp;nbsp;fedoit accommoder àl’vtili-té de l’Eglife. le ne dy pas ces chofes pour accorder qu’on doyuc aucunement donner lieu aux Canons, qui ont aftraint les gens d’Egli-fc àl’eftat de continence: mais afin que toutes gens de bon efprit cognoiflent queUeimpu-dence c’eft à noz aduerfaires, de tant diffamer le faimâ mariage fous couleur dcl’Egli-
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MiimJi.
Iniunt cr».
fc ancienne. Quat eft des peres,defque!s nous auonslcsliures, excepté Hierome, ilsn’ont point detraâé fi fort de l’honncftetédu maria ge: mcfme quand ils declairent priiiémcntcs qu’ils en penfoycnt. Nous feras contens d’vn tefmoignagede faind Chryfoftome:veuqu’11 n’eft point fufpcâ d’auoir trop fauorifé au mariageimaisau contraire a trop encline àpd fer amp;nbsp;magnifier la virginité.Or il parle en«' ftemaniere:Lcprcmicr degréde chafteté/ft virginité immaculée. Le fécond, efimariag® loyalement gardé. C’eft donc vnc féconde e* fpece de virginité, que l’amour du mary amp;nbsp;d® la femme,quand ils viuent bien en mariage.
Maintenant,fi les gens mariez recognoif fcnt,quclcur compagnie eftbenite de Dieu: cclales doit admonelter de ne la point contaminer par intemperance difloIuë.Car comblé que l’honefteté du mariage couurc la turpitude d’incontinence: ce n’eft pas à dire, que ce en doyuc eftre vne incitation. Pourtant ils ne doyucnt pas penfer, que toutes chofes leur foyentlicites;mais vn chacunfe doit tenirfo* brement auec fa femme, amp;nbsp;la femme mutuellement auee fon mary ; ft gou uemans tcllemét qu’ils ne facent rien contraire à la fainâete du matiage.Car ainfi doit eftre rei gléc,amp; à tel le modeftie fe doit réduire l’ordonnancede
Dieu:
-ocr page 93-DES DIX COMMAND. ÿj DieuiiS: non pas fedcfborder en dilTolution. Finalement il nous faut regarder quel legifla-teurc’eftqui condamne paillardife: c’eftafça uoir,celuy qui nous poffede entièrement. Et pourtant àbon droit rcquiertdc nous intégrité, tant au corps, qu’en l’ameamp; eni’efprit. Quand donc il defend de paillarderàl defend iuflî, ou par habillemcns immodcftes,ou par geftes amp;nbsp;contenances impudiques, ou par vilaines parolles,tédre àinduircles autres à mal. Carvn Philofophe nommé Archclaus, ne dit pointfans raifon àvnieunc homme trop délicatement veftu,que c’eftoit tout vn, en quelle partie du corps il monftraft fon impudicité. Cclady-ie,haraifondeuar Dieii,lequclhaen abomination toute ordure,en quelque partie qu’elle foit, ou de l’ame ou du corps.Età fin que nul ne doute de celaxonfidcros que Dieu nous recommande icy chafieté.S’il l’a com-mandèeùl condamne tout ce qui y contrarie. Parquoy, fi nous voulons obéir à ce commâ-dcmentjil ne faut point que le cueur brûle intérieurement de mauuaifeconcupifccnce,ou que le regard foit impudique, ouquelafacc foit ornée,comme pour maquerclagcs,ou que la langue par vilaines parolles attire à paillar-dife,ou quela bouche par intéperance en donc matière. Car tous ces vices font corne ma-
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culcs,parlefquclles chafteté amp;nbsp;continence eft entacncc,amp; fapuretc eft fouillée.
tE vm. COMMANDEMENT.
Tu ne déroberas point.
La fin eft, pource que toute iniufticeeft defplaifante à Dieu ; qucnous rendions à vn chacun ccquiluy appartient.Lafommedonc fcra-.qu’il nous deféd detacher à attirer ànous les biens d’autruy: amp;pourtat nous commande de nous employer fidelement à conferuet le fié àvn chacun.Car il nous faut eftimer,que cequ’vn chacupoffedc,ncluy eft point adue--nu par cas fortuit: mais parla diftribution de Dieu:amp; àcefteraifon, qu’on nepeut frauder perfonne defes richefTes, que la difpenfation de Dieu ne foit violée. Or il y aplufieurs efpeces de larcin. L’vnc gift en violence: quand par force, amp;nbsp;quafi par vne manière de briganderie, on voie amp;nbsp;pille le bien d’autruy . L’autre gift en fraude de malice : quand cautcleufement on appourift fon prochain, en le trompant amp;nbsp;dcceuant. L’autre ha vne a-ftuce encores plus coiiuertc, quand fous couleur de droit, onpriuc quelcun defes biens. L’autre en flaterie: quand par belles parollcs
-ocr page 95-DES DIX COMMAND. 9$ parollesonatcireàfoy, ou fous uitrede donation, ou autrement, ce qui deuoit appartenir à vn autre.Mais pour ne point trop nous arrefter à raconter les genres diuers : il nous fautbrieuement noter,que tous moyens dont nousvfons pour nous enrichir au dommage d’autruy, quand ils dedinent de lafyncenté Chreftienne, laquelle doit eure gardée en di-leftion: amp;;fedefuoycnt àquelquc obliquité ii’aftucc,ou de toute autre nuifance, doyuent eftretenuzpour larcins. Car combien que ceux, qui y procèdent en telle façon,fouuen-teffois gaignent leur caufe deuant le luge : * neantmoins Dieu ne les a pour autres que lar-! rons. Caril veoitles embufehes que font de loing les fines gen s, pour attrappcr les fini-pies enlcurs rets ; il veoit la rigueur des exa-‘ ftions que font les plus grans aux plus petis, pourlcs fouler ; il veoit combien font vcni-nieufcslesflateries,dontvfentceux qui veulent emmieller quelcun pour le tromper: Icf-queUes chofes ne vicnent point à cognoiffan-1 ce des hommes. D’auantage la tranfgref-fion de ce précepte ne gift pas feulement en cela quand'on tait tort à quelcun enfonar-gent,cn marchandife,ou pofleffiommais auffi en quelque droit que ce foit. Car nous frau-dos noftre prochain de fon bié,finousluy de-
-ocr page 96-5lt;f nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;EXPOSITION
nions les offices,auqucls nousluy fommeste' nuz.Parquoy fi vn receucur, ou metayer, ou fermier, au lieu de veillerfurlc bien de fon maiftre, vit en oifiuetc,fans fe foncier depro-curcrlebiendcceluy qui le nourrift:f’ildilTi’ pcmal ccquiluy cft commis, ou en abufeen fuperfluitc: fi vnfcruiteur fe mocque de fon maiftre,f’il diuulguefcsfecrets,Pil machinerie contre fon bien, ou fa renommée, ou fa vie:fi d’autre part le maiftre traite inhumainement fa famille,e’eftlarcin deuant Dieu. Car celuy qui ne f’acquite point enuers les autres,du de-uoirqucportefavocation,retient ce qui appartient à autruy.
Nous obéirons donc au commandement, fi eftans contens de noftrc condition, nous ne tachons à faire gain, finon que honefte amp;nbsp;]cgitime;fi nous n’appetons point de nous en-richir,cn faUat tort à noftre prochain ; fi nous ne machinons point de le deftruirc,pour attirer à nous fon bien :fi nous ne mettons point noftre eftude àaffemblcr nehefles dufangde la fucur d’autruy : fi nous n’attirons point de ^à amp;nbsp;de là, à to rt amp;nbsp;à traucrs, tout ce qu’il cft polfible, pour remplir noftrc auarice, ou dcf-pendre enfuperfluité.Mais au cótraire,fi nous auons toufiours ce but d’aider à vn chacun, tantquenouspouuons, de noftrc confeil,amp; de no-
-ocr page 97-DES DIlXTC ÓM M A KD. ?gt;7 it neftre fuftance , a conferuer lefien.. Et Pi/ auient que nous ayons à faire auec mefehan# gens amp;nbsp;trompeurs'.que nous.loyos prefbi pluf-toft dequiter duDoftKiqUftdecombâtreauee ■eux par melmc manee.EcKo:n ftulementçq^: mais quand nous verrons aucuns en, pourcté, nous comuniquions à leur indigence , amp;nbsp;fou-lagionsleur neceffité parinüftre abondance. Finalement qu’vn chacun regarde çnquoy il cft obligé du deuoir defon office chuers lcs .autres,à fin de Pacquiter loyaumcnt.Par cefte »aifon,que le peuple porte honneur à fes fupe-ticurs, fe foumettant à eux de boncueur,o-beiffant àleursloixamp;commandcmens.ncrç-fufant ne qu’ilpuiffe faire fans offéfer Dieu. -D’autre part que les fupctieurs ayent foing amp;nbsp;folicitudede gouuernerleur peuple, de con-feruer la paix par tout, d efcn dre les bons, cha-.ftier les manuals,amp; gouüerner, comme ayans à rendre copte de leurofficc à Dieu fouuerain •iuge; QiiclesMiniftrCsEcclefiaftiqueS admi--niftrent fidèlement la par^oUede Dieü,nccoi}-jompans point la dourine de fa’lut,mais- coq-’feruans laipuretc d’icella. Et que noafcul^ mentils mftruifent le peuplc cnbonne doâîi ne: mais auffi en exemple de vie. Brief qu’ils •prefident comme bons payeurs fur les brebis.
D’autre part quel: peupk les reçoyuc pour -erq nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;C.
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exposition
mcfragcrsamp; Apoftres de Dieu ; leur rendant l’honneur que noftre Seigneur leur attribue, amp;nbsp;leur donnant àviure. Que les parens fern ployét à nourrir,inftruire, amp;nbsp;gouuerncrleurs enfans,corne leur cftans comis de Dieu, neirt .traitans point trop rigoreufement, pour leur faire perdre courage; mais les entretienenten douceur amp;nbsp;bénignité conuenable à leur per-fonnc ; corne il a efte did, que mutucllcmét les ^enfans leur doyuent reuerenec amp;nbsp;fuictioft. -ïtem,Qiie les ieuncs portent honcur aux vieil les gens,corne noftre Seigneur a voulu ceft aa-gelàcftre honorable.: amp;auffi que les anciens tachen t de dreffer les jeunes par leur prudence, ne les traitans point par trop grande ri-^iicur,majs vfans d’vnc grauitc tempérée aucc douceur amp;nbsp;facilité. Quelesferuiteursfcren--deutferuiablesàlcursmaiftres, amp;nbsp;diligensi leur complaire : amp;nbsp;no point feulement à l’ceü» mais aufti de cueur,commc feruans à Dieu. Que les maiftres auffi ne fc rendent point trop difricilcs amp;nbsp;intraidables à leurs ferui-teurs: lesopprimansdctrop grande rigueur, ou les traitans contumelieufement: mais plus 'toft qu’ils les recognoiflent pour frères amp;nbsp;'leurs compagnons aufcruicc dcDicu;àfindc les entretenir humainement. Qu’en cefte ma-nierc donc vn chacun repute ce qu’il doit il fes pro-
-ocr page 99-DES Dix COMMAND. '^ÿ prochains,en fon ordre amp;nbsp;degré,amp; leur rende ce qu’il leur doit.D’auantage il faut quetouf-iours noftre mémoire foit dreffée aulegifla-teur-.àfinqu’il nous fouuicne, que cefte reiglc n’eftpas moins ordonnée au corps,qu’à i’.ime, à ce qu’vu chacun applique fa volonté à con*-feruer amp;nbsp;auaccrlc bié amp;nbsp;vtilité de tous homes.
LE IX. commandement.
Tu ne feras point faux tefmoing contre ton prochain.
La fin eft ; pource que D icu ,qui cft vérité, ha (uéfonge en exccratio, qu’il nous faut garder vérité fansfeintife. Lalomm: donefera, que nous ne bleffions la renommée de perfon ne par calonies ou faux rapporcs;ou que nous le greuions en fa fuftancc. Brief, que nous ne facions tortaperfonnemy en mcdifant,ny en nous mocquât. A cefte defenfcrcfpondleprc-cepte affirmatif: qu’aidios à vu chacun, fidèlement à maintenir la verité;foit pour confer-uct fon bien, ou fa renommée. Il appert que noftreScigneur a voulu cxpoferle fens de ce précepte au aj.chapitre d’Exode. Difant: Tu ne maintiendrasparollc de méfonge: amp;nbsp;ne te coioindras à porter faux tefmoignage pour le tm.!^. menfonge, ltem,Tufuyras tous menfonges.
G. ii.
-ocr page 100-.|lt;gt;o nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;^ v ■ E-X lt;gt;4) 5 I T I O N, ,,
•Et«n yn autre lieu, nonfeulement il nous dc' fend d’c(UerapporteurSjdetraiSeurs,amp; medi-fans;mais auffi de deceuoir noftre frere : car il :parledel’vnamp; de l’autre nomément. Certes ÿ n’y a doute, que comme cydeffus il a voulu corriger cruauté, impudicité, amp;nbsp;auarice: auffi qu’il veut icy reprimer faufleté: laquelle cH comprife en ces deux parties, que nousauons diftes.Car ou en mcdifant nous bleffons lare-nomee demoûre prochain:ou par menfonges amp;nbsp;parollcs obliques nous empefchós fon profit. Or il ne peut challoir, fi on entendicy te^ moignagefolennel,quife rend en iugement, ou qurgift en parollcs priuécs:car il faut rouf-jours làreuenir:que d’vn chacun genrede vices,noftre Seigneur nous propofc.vnc efpecc po ur exemple,! laquelle il faut rapporter routes les autres.' D’auantagequ’il choifitcellfi en laquelle il apparoift plus de turpitude. Co-bien quei’aime mieux prendre ce commanr dcniontcngencrakd’autânt que fauxtefmoi-gnagc en iuftice n’eft jamais fans pariure. Or du pariure il en a efte parlé en la premiere Tables Maintenant nous voyons, que pour bien obfemer cé précepte, il faut que nous facions feruir'’noftre bouche à noftre prochain en
' vérité, tant pour luy conferuer fon eftime, quefonprofit. L’équité cft bieneuidente.Car fi bon-
-ocr page 101-DE S ft IX tbMttAND. löt fibone renommée eftplus'precieurcqûéthré--forquelconquc,onne fait point moindré tort. àPh'omme en luy offât fa bonne eftime^qu’em ledcfpouiilant de.fi fuftance. D-’autrepart onufait aucuneffois plus de dommage au prochain par menfonge, quepar larcin.’ NW antmoins c’eft mcrucillcs, comment on nefçj foueye point d’offenfer en ceft endroits Carib yena bien peu qui ne foyent entachez, bien, fonde ce vice: comctoutle monde eftenclin àefpluchcr, amp;dôfcouunr les vices d’autruy i. Et ne faut penfer, que ce foit exeufe vallable,i fi nous ne mentons point : carceluy quideféd de diffamer le prochain en mentant 5 veut que. foneftimefoitconferuée, entant quhlfe peut» faireauec vérité. Car combi en qu’il ne de-.' fendefinon de la bleffer par menfonge;toutef-' fois en cela il figniamp;cqu’il l’ha enrecomméda-tion.Oril nous doit bien fufhre, quand houi voyons que noftre Seigneur pren4 ccftc foli-’ ôtude, que noftreprochain ne foitpoint dif-» famé. Parquoy toute detradioh efticy con-. danéefans doute.Par detraftion, nous entendons, non point reprehenfion qui fc fait pour' corriger 1’homme:non point aceufationiudi-dairc,qui fe faitpour remédier aux vice's; non 1 point corredion publique,qui fe fait dèqud-cun pour desnner crainte aux autres s no point ^c.otijfuîh nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;G. iii.
l
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EXPOSITION
aducrriflcincnt, qu’on fait de la méchanceté d’vn homme à ceux aufqiiels ileft expedient delà cognûiftre,ahnde n’en eftrepoint abu-fez: mais iniurc odieufe, laquelle fé fait de mauuais vouloir, ou de cupidité de mcdirc. D’auantage ce précepte l’çftcnd iufques là, que nous n’affedions point vne plaiiantcrie d’honcftcté,amp; vne grace de brocarder amp;nbsp;mordre en riant les vnsamp;les autres, comme font aucuns,qui fcbaigncnt,quandils pcuuent faire vergohgne à quelcun. Car par telle intempérance fouuenteffois quelque marque demeure furl’homequ’on a ainfi noté. Maintenant lî nous confiderons le legiflateur, U-quel ne doit pas moins dominer fur lesau-reillcs amp;nbsp;fur lescueurs, que fur les langue.*, nouscognoiftrons qu’icy là cupidité d’ouyr les detradeurs, amp;nbsp;la promptitude de leurprc-ftcrl’aureillc, amp;nbsp;de croire légèrement à leurs mauuais rappors, n’eft pas moins défendue, quededetrader. Car cefcroitvnemocquerie de dire que Dieuhaitlc vice de maledicence enla langue: amp;nbsp;qu’il ne réprouuaft point la malignité du cueur, Pourtanr,fi nous portons V raye crainte amp;nbsp;amour à Dieu, mettons peine,tant qu’il eft poffiblc amp;nbsp;expcdiét,amp; entant qudacharité requiert,dc ne point accommoderne les aureiUes, nela langue,àblafme, ..i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;detradion,
-ocr page 103-DES DIX COMMA ND. »ji detra dion,ou brocardilctde ne donner point facilement lieu en noftre cueur à maxtuaifes fufpicions : mais prenant en bonne part les faifts amp;nbsp;diâs de tout le monde,conferuons en toute manière l’honneur à vn chacun.
lE X. COMMANDEMENT.'’
Tu ne conuoiteras point la mai-fon de ton prochain,amp; ne délireras pointfafemme,ne fon feruiteur, ne U châbiiere,ne fon beuf, ne fon af*-ne,ne nulle des chofes qui lot à luy^
La fin cft;Pource que Dieu veut que toute noftre ame foit replie amp;nbsp;pofTedée d’affeâia de charité, qu’il faut ietter hors de noftre cueurtoute cupidité contraire'. Lafomme donefera, qu’il nenous vicne aucunepenfee en l’cntendcmct,pour emouuoir noftre cueur à concupifcence: laquelle emporte nuifance ou detriment à noftre prochain. A quoy ref-pond d’autrepart le précepte affirmatif. G*eft:-que quelque choie que nous conceuions,dcli fierions, ou appetions,ou pourfuy uions: que cclafoitconioindaueclebiê«SL vtilité dç no-ftreprochain. Maisily aicyvne grade difficulté. Car fi Ce que nous auos diâ par cy de-t G. iiii.
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umtcft vray i que hoftïe Scigiïcur, en defendant la paillardiie amp;nbsp;larcin,par cela defendoit impudtfKé,amp; fout vouloir de nuire, tromper amp;^lrO'bcr ; il Sembler oit auis eftre fupeiflu, de maintenant interdire feparéement lacon-cupifcencc. des. biens ^d’antruy . Toutef-fojs nou? pourrons foudre cefte queftion, en «onfiderant quelle-différence il y a entre qonûiiE amp;nbsp;concupifçence. Car nous appelions confeil, vn propos délibéré de la volonté:'quand le cueüfMel^Ebmmc eft vaincu amp;nbsp;fuhiugué par .la. tentation.. '' Concupifeçnce ppjjtieftic lans .tclle'del^oation ou confen-tement : quand Ic'cueur éft feulement chatouillé amp;nbsp;picqué defcommettre quelque mef-ehaheetî* Parquoy,'’comme cy deirus,le hei-gnoura voulu, que les voletez, entreprinks dtKXUuteside e’nômefuffent modérées félon la reigle decharitétainfi maintenant il veut,quo les penfees de l’entendement y foyentduifi rapportées: à ce quil nfy en ait nul qui incite au contraire. Gbmme au parauant il ade-» fcndu',quele cucur ne fuft induit à ire', haine, pailUrdife,rapine, menfonge : ainfi à prefent à defend ', qu’il n’y foit prouoqué ou emeu. Et n’eft pas fans caufe quùl requiert vneü gra* de droiture. Car qui eft-^cc qui niera,que ce nefoit râifon,quetoutês lesvertuz ded’arac
• ' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;foyent
-ocr page 105-DES DIX COMMAND.' Wf foment appliquées à chari té ? Et fi aucun en eft. deftourué , qui cft-ce qui niera , qu’elle ne fuit vicieufe? Or dont vient cela, que quelque cupidité dômageufe à ton prochain, entre en ton entendement-.finon d’autant,qu’en négligeant les autres,tucerches feulement ton profit ? Car fi tout ton cueur eftoit occupé do charité-nulle telle imagination n’y auroit.cn-gt; trée.11 faut doc dire' qu’ri eft vuy de de charité-, entât qu’il reçoit tel! es cocupifcences. QucI-conobieftera,qu’il n’eft pas touteffois conue-t nablc que les fâtaifies,qui vol tiget au cerucau, amp;nbsp;apres Peuanouyffent,foycnt condamnées. pourconcupifccnccs;lcfquclles ont leur fiegc. dedans le cueur. Ic refpon, qu’il cfticy que-ftion des fantaifics, lefquellcs non feulement paffent au traucrs du cerucau : mais aulfi poi-gncntlccueurdeconcupifcence: vcu que ia-mais nous ne conceuons en la penfée quelque defir oufouhait,quclc cueur n’en foit touché amp;nbsp;enflambé. Noftre Seigneur donc comman de vnc mcrueilleufe ardeur de charitc;.laqueli le il ne veut eftre empefehée de la moindre co cupifcence du monde. Il requiert vn cueur merueilleufemcnt tempéré : lequel il ne.veut eftre aucunement picqué d’vn feul aguiHon contre la loy de charité. Sai nâ Auguftin m’a faitouuerture à entendre ce précepte ; afin:
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qu’il ne femble à quelcun queiefoye feulêfl mort opinion. Or combien que l’intention de Dieu a efté,de défendre touteniauuaife eu pidité: neantmoins il a mis pourexcmpldcs obiefts, qui ontaccouftumé le plus fonuent de nous attirer amp;nbsp;deccuoir. En quoy fartant, il ne permet rien'à la cupidité de l’homme: quandil la retire dcschofes,efqucllcs elle cd principalement endinée. Nousauons maintenant la féconde Table de la Loy laquelle nousadmonefte ampicrnentdc ce que nous deuons aux hommes pour l’amour dcDieur^ lur lequel eft fondée la charité. Parquoy oo auroit beau inculquer les choies qui fonten-feignéesen cefte féconde Tablc,finonquetel lcdodrine fuft premièrement appuyée furli crainte amp;nbsp;reucrencede Dieu,comme fur fou fondement.
Dono. '
* Ilncfera pas maintenant difficile àiugff quel eft le but de la Loy :afçauoir vnciuliice parfaidc,à ce que la vie de l’homme foit conformée .à la pureté de Dieu, comme àvnpâ* tron. Car noftre Seigneur a tellcmétdcpeinâ fanaturcen la Loy,quefi quelcun accomplif-foitccqui y eft commande,!! reprefenteroit _ en fa vie l’image de Dieu. Pourtant Moyfe, voulantfommaircmcnt réduire en mémoire au peuple d’ifraelfcs cSmandemensiEcqu’ed
. ce
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celfrad^iloit-il, que tc commadeton Dieu: finon que tu le craignes amp;nbsp;chemines en fes voyes? quetuPaimes, amp;nbsp;que tu le ferues en tout ton cucur,dc toute ton ame : amp;nbsp;garde feS commandemens? Et ne ccffoit dclcur répéter cela touteffois amp;nbsp;quantcs qu’il vouloir rc-monftrer la fin de la Loy. Voila donc à quoy regarde la dodrine de la Loy x’eft de conioin drel’hommeparfainâcté de vicàfon Dieu: amp;nbsp;comme Moy fc dit en vn autre lieu, le faire on«.ii. adherer auccluy. Or l’accompliffement de cefte fainfteté gift en ces deux articles : Que M4«/gt;.ii. nousaimiosleScigncur Dicudetoutnoftre cueur, de toute noftrc ame, amp;nbsp;de toutes noz forces: En après noftrc prochain corne nouf-mefmes. Le premier donc eft,quc noftrc ame foitenticremet remplie de la charité de Dieu. De là apres fenfuyura la dileâion de noftrc prochain. C’cftcequ’cntcndl’Apoftrc,quad i.hm.i.
dit, que la fin des commandemens, cft cha~ rité,üc confcience pure, amp;nbsp;foy non feinâc. Nous voyons comment la bonne confcience amp;laFoy,c’cftà,dirc en vn mot la pieté amp;nbsp;crainte de Di eu,cft mifeau dcffus,comnic au chef:amp; de là apres déduit charité. Ce (croit donc folie, de penfer que la Loy n’enfeignaft «no quelques petis rudimens de iufticc, pour introduire feulement les hommes à Vn cota-
-ocr page 108-Îo8 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ïf t fgt;Ö s K ION. ''’
meiTCcmcnt : amp;nbsp;non pas pour les conduire ni' parfaite voye; voii que nous nefaurions deft-rer vne plus grande perfeâion, que celle qui cft tomprinicenla'fentcnce deMoyfe,amp;cel-i la defainô Paul, Garou voudra tendre ccluy qtli'nc fera point content de l’inftruâion, par laquelle l’homme cft dreffé amp;nbsp;formé àlacrain tedc'Dieu,auferuicè fpintuel deGmaiefté, àJ’obeiflance des commandemens, à la droi-.1 t.wUturamp;de Dieu amp;nbsp;de G voye, finalement à pureté de confciencc,fincerité de foy,amp; dileâion?
.x f.ib'jj 'Parlaq ucllc raifon eft con fermée l’expofitioa qtie nous auons mife, en reduifant aux com-rnandemens de la Loy tout ce qui eft requis a piété amp;nbsp;charité. Car ceux qui f’arreftencàie n'efeay quels elemens, comme fi elle n’enfei-gnoit qu’àdemy la volonté de Dicu:ne nenét point biêla fin d’icclle^commeditl’Apoftrc.
•■•• ■•' TouteffoîspoureequeChriftamp;fesApo ftres aucuneffois en récitant lafomme de la Loy, ne font nulle mention de la première* T able : il faut quenous touchions vn mot de cela ; à caufe que pluficurs Py abufent, refc-rans I es parolles à toute la Loy,lefq uelles font M^di ij diftes delà moitié. Chriftenfainâ:Matthieu disque le principal delà Loy gift en miferi-cordc,iugement amp;nbsp;foy. Par ce mot de Foy, il n’y a doute qu’il ne fignifie vérité. Neant-moini
-ocr page 109-DES DIX OOMMAND. lOp
moins pour çftendre Cefte fcntenceàla Loy vnkierfellc,aucuns prenent le mot de Foy, pour religion. Ce qui cftfriuoIexarChrift parle là des œiiures, par Icfquellcs l’hommp doitfairc apparoiftrefaiuftice . Si nous Qigt; feruonsceftcraifon,il ne nous fera point de mcrueille,pourquoy en vn autre lieu, eRant interrogué,quels font les comandemens qu’ai faut obferuer pour entrer en la vie éternelle: il refpond, que ce font ceux qui f’enfuyuent: Tu ne tueras point. Tu ne paillarderas point. Tunedefroberaspoint. Tu ne diras point faux tefmoignage. n Tu honoreras perc amp;nbsp;mere. Tu aimeras ton prochain comme toy-.mefme. Car l’obier nation delà premiere Table eftoit fituéc ou en l’affeâion i nterieure dp cucur,oucn ceremonies. L’affeâion ducueur n’apparoiffoit point. Les hypocrites obfer-uoyent les ceremonies plus diligemmcnr que tous autres.Ce font doc les œuures de charité
qui rendent plus certain tefmoignage de la iufticc.Maisquclcun demandera,fil y a plu« grande importance, pour obtenir iuftice, de viure bien amp;nbsp;loyaument entre les hommes, que de craindre Dieu, amp;nbsp;l’honorcr par pieté? Acclaicrefponsque non.Maispourcequenul ne peut facilement gar der charité du tour,que premièrement il ne craigne Dieu, lesœuure«
-ocr page 110-no nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;EXPOSJTtOM
Tfiiif.
dc charité font approbation mcfmc de la pieté dcl’hommc.D’auantage,commcainfifoit, que Dieu ne puifle receuoir aucun bienfaiâ de nous, comme il dit parfon Prophète : il ne requiert point que nous nous employons à luy faire du bien : mais il nous exerce en bon- i nes ocuurcs enuers noftre prochain. Parquoy ce u’eft point fans caufe, que fai nd Paul con-ftituctoutclapcrfediondu fidele, en charité. ■ Et en vn autre paffage il l’appelle l’accompli- , fement delà Loy : difant, que celuy qui aims fonprochain,aaccomply laLoy. Puis aptes dit,qu’cllccft entièrement comprinfe fous rt mot : Tu aimeras ton prochain commetoy-mefme. Car il n’enfeignent rien d’auantage, que ce que dit le Seigneuren cefte fentence. Tout ce que vous voulez que vous faccntles hommes, faites leur: car en cela gift la Loy amp;nbsp;les Prophetes. Il eft ccrtain,quc tant la Lof que les Prophetes, donnent le premier lieu à la Foy,amp; à la reueréce du Nom de Dieu: puis après recommandent la dileâion enuers le prochain. Mais le Seigneur entcnd,que là il nous eft feulement commande à’obferucr droiôurc amp;nbsp;équité enuers les hommes, pour teftifier la crainte de Dieu,fi elle eft en nous.
Arreftons nous donc à ce poinâ:que lors noftre viefera bien ordonnée à la volonté de Dieu,
-ocr page 111-DES DIX COMMAND. Tit
t nbsp;Dieu, amp;nbsp;au commandement de la Loy, Celle
l eft profitablrtsii route manière à noz frères. \ 'Au contraire, eh toute la Loy on ne lit point vnefeulcfyllabe,qiii donnereiglc à l’homme deeequ’il doyue faircou biffer,pour fon pro fit. Et certes,puis que les hommes,de leur naturel font trop plus enclins àPaimer, qu’il ne feroildemeftier sil ne falloir ià leur donner commandement pourlcs enflamberà cefta-mour qui de foy mefmc excedoit mefurc. Dot il eft cuidcnt,quc non point l’amour de nouf-mefrne, mais de Dieu, amp;nbsp;de noftre prochain., eftl’obferuation des commSdemens: amp;nbsp;pour tant,queceftuy là vit trcfbien,qui le moins qu’il luy eftpoffible,vit à foymefmc.D’autre-part, que nul ne vit plus defordonnémêt, que celuy qui vit àfoy, amp;nbsp;ne pcnfe qu’à fon profit. Mcfmclc Seigneur, à fin de mieux exprimer quelle affeébon d’amour nous deuons àno-ftre prochain , nous renuoye à l’amour de noufmcfmc, amp;nbsp;nous le propofe pour reiglc amp;nbsp;patron. Ce qui eft diligemment à confidercr. Carilnefaul point prendrecefte fimilitudc, comme d’aucuns Sophiftes ,qui ont penfé, qu’il comandoità chacun de i’aimer en prc-micrlicu,puis après fon prochain. Mais plus loft il a voulu tranffcrer aux autres l’amour que nous attirons ànous. Parquoy,l’Apo- i.c»r.tj
-ocr page 112-ftrc'dit,que charité ne cerche point fon profit .particulier. Et ne vaut pas vn feftu la raifoo ’qu’jls allèguent : cleft, que la rciglc preceded choie,quieftcompaflceàiceUe. Orileftainfb ; difcnt-ils , que noftrc Seigneur compare M i charité denoftre prochain à l’amour de noui* j mefmes. le rcfpon, que noftrc Seigneur ne conftitue point ceft amour de noulmcfnief commcvncrcjgle,àlaquellcfoitrcduitcladi- J ledio denoftre prochain, comme inférieure. , Mais au lieu,que de noftrc peruerfité naturel- I Ic,noftrcamourrcpofoit en nous,il monßre qu’il faut qu’elle l’efpandc ailleurs: à fin que bous ne foyons point moins prefts à bien faire aux autres qu’ànoufmefmes.
-ocr page 113-ÀVTRE EXPOSITION
Des dix Com mande mens. ; . ;
tu7j 'S
Par PH. M. a ;(n
*EST VNE ©HO5B bien profitable amp;nbsp;treffa-lutairc que méditer au« comandemens delà Loy: I car ils eonticnent vnc ( dodrinc tant ample amp;nbsp;1 haute,qu’on ne la pour-
toit ramais affez pleinement co^noifirc. né irmais efpuiler. Parquov la follic de’céurc qui tmaginent qu’on peut fatiffaire à la Loy dé Picu,nousdoit eftre en plus grand’horreur; amp;nbsp;qui plus cft,difans d’auantage qu’il nous eft poflibic de faire quelque chofe par deffus^ voire de meilleures chofes. Ces paroles ne font point humaines, mais femées par le Dia-ble;qui par cefte incarnation tirée de fa pni-d’hommie amp;nbsp;pureté ^ déçoit le genre humain'. Car comme ainfi foit que Dieu demonfire en cefte Loy,à quoy cft créée nature humai nCj deque! degré nousfommes tombez, en quelles miferes amp;nbsp;tenebres nous fommes plongés,
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»14
If drabic cornefc rnôqùamp; de nous, afémé de» parolle5ide^uiféç?gt;:^^^tjflai^tJaLoy dePieu. Sachet'doc les fidèles que ces erreurs des'Pha-rifiès amp;moynes ne lot pas Iegiers:amp; qu’ils prient Dieuque les viUesdbyeiâirachez de no2 cueurs,lcfquels nous empefehentde contéplef deplus près laLoy de Dieu, laquellcàbo elei ent pétçiV cftrcla voix de Dieu, côtenantJe» chores figrxndes,q ne les pourri os entiercmei jç^prendre. DVni. c‘o M m a nd.
J Ë premier commandement contient'eefte 1—'œuurequi eftiàplusfouucraine amp;nbsp;prin^ cipale-de toutes les autfes : afçauoir la vraye cognoiffancede Djeu, vraye amp;nbsp;parfaiteobe-ilTânçc epuers Dieu,la parfaite crainte,fiancf» amp;amourdôDieu.Oril.comprcnddcuxcliOi lis fort excel lentes r afçauoir le moyen de co-gnoiftreDieu,amp; la vraye adoration.Le moyi fn de cognoidre Dicu,cft d’apprehèder Dieu pai;faparolle amp;nbsp;parfontefmoignage. Car poureeque Dieu cftinniûble,il faut neceflai-remet qu’il y ait quelque tefmoignagedclu/» paylequelnoi}sle puiffionscognoiftre amp;cô* prendre! Cotqme l’efptit humain côtemplant Vofmuagadc ce monde,ha quelque penfement ^Dicugt;qui en ed louuricc:mais cede cognoif iàqcc n-ed pas encore fuffifante, laquelleont pqdâbien les.Ethniques amp;Mahometides,)» foil qut^cdiable l’arrache à plufiems. Mai»
-ocr page 115-D E s D4 Xl C O M J*,AND . ^tj cvbi en enc0E«qii?ïlJefoit grande ttcHUefrois, nous demeura cefte doute, afçauoH?.fi. Pieu, noftre créateur Ija foingde nouSÿsM ojt,amp;,g»-; auce noz prières çs’ilA'çut eftre ainfi. adoré, dit, çÔnient il veut eftre axloré.Nous aupas icy bc foing de la paroUede. Di eu, amp;nbsp;de tefittoigna.' ges, Parquoy icy nous eft propolt;jée^nç,ce.rf^. neparollc,amp; VnccrtaintcfmoignagctlcfuisJe, Seigneurton Dietuqui lUy tirého-rs dch ter-, red’Egypte. Queinoftreentendement,donc fuitaffeuré quecôçft celuy Dieu,qui l’eft ma-oifefté, après auoir donné cède paroUe en la motagne de Sina,amp; qui a dit franchemét qu’il eft ton Dieu,quiha foingde toy^quihiielgard ftir toy,qui iuge,defeat, amp;nbsp;punit. ' Le tefmói-f gnagey aefté adipufté.afçiuoircefteijenoméq addiurâce amp;nbsp;proteâ’on de ce peuple, quand.. il cftoit ramené d’Egypte. amp;.c. CoiqbP dqmç' que Dieu foit inuifiblc -, touteffois l’cntenq demont humain irecognoift ceftqy cy eftrçlç, veay Dieu. quif’eft.maififefté en (h paroUe dq pas tcfmoignages ad^mircfcles, amp;a déclaré,çp-met-il v eut eftre idoréfA'nfi fut dominée la par. roUt au comencemet à; Ada en paradis, amp;nbsp;Isy fut propo(éçlxiaaiure'-yhiuevf«ll%ide toutes chofesJaqueUehiy feepit pour vp certain tef-moignagpde Dieu..I)A5iiSjftpras^u’il eut traget grtfféiile^befttiltgjd’iifeÇQ^Qlq^eU'fiqWp ûo defohpéché. Parquoy auffifut adiouftée
-ocr page 116-IVÄ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;»EXPO SIT lÔN. '
vhc autre parolle,afçauoirla parollc de grace, A lfes figntsy eftoyétquant amp;nbsp;quit ; car ieso-blatióris eftóycntrauies par feu celcfte. A inti nous eft auffi propolec ccftc mefnic paroUc d’Euagile/amp; Certain tefmoignage,afçauoirle Fili de DiCU crucifié amp;nbsp;rctTiitcité.IccIluy nous monftre fo» Pere par foy mefme.Quand nous cognoiffos ce Filz.nousinuoquós le Pere eter nefi quïPeftmanlfcfté en fon Filz,cómeil eft didaupremier chap.de SrJchaiNul ne veitia maïs Dieu.Le feul Filz qui eft au fein du Pere,' luymefmc l’a racolé. lté: Qui me veoir,vcüit auffi mô Perc. Itc chap,(i.dc S.Matth.Nul ne eognoitle Pere,finon le Filz, amp;nbsp;cclluy à qui le Filz l’a recelé.Par icdluy le Perc a efté appai-[è;9c pwr l’amour de luy il exauce nozprières .Chrift luymefmc dit au i ^.chap.deS.Ieha, T ont ce que demanderez en mon nom à mon PörCjille vouS donnera.Afleurons nous donc 4 ceftuy tyeft ce Dieu, lequel f’eft maniiefté* nous donnât (oFilZiamp;l’enuoyatpourlcIiurer à mort,amp; Icrcflufcitâtjàfin qu’il futnoftremö diatcutjinterceffeur ,protedcuf, amp;fauueur. D’auâtage que c’éft célUy qui a donc à ce Filz l’Euâgile-de remilfio de péchez amp;nbsp;de vie éternelle. Si paricUe inuocationnous recognoif-fdns le Dieu éternel amp;toutpui(ranf.fi nousa-uOnsfiâceén Icfus Chrift par l’Euangile qu’il i:».^' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;. J. . - ij . nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nous
-ocr page 117-DES Dix ÇOMMAND. H7 nous a donné,nous fauros facilement qu’elle ditferccc il y a entre la vraye inuocatio de l’£-glife, amp;nbsp;l’inuocation de tous les Ethniques amp;nbsp;Gentils. Toutesfois amp;nbsp;quâtes doc quenoftre efpritcriera à Dieu, qu’il inuoque ce Dieu quieftPerc de noftic Seigneur lefus Chrift crucifié (S: rclTulcité, amp;nbsp;que par foy il péfe que l’Euangile nous eft donné par ce Êilz, difant: Touteequedemaderezàmô Pereen mon no il le vous dôncra.S.Paul nous admoneftefou-uençd’vnc telle forme de recognoiftre Dieu. En la i.aux Corint.i.chap. Car puis qu’en la (apiencedeDieu le monde n’a point cognu Dieu par fapiéce, il a pieu à Dieu par la follic de predicatio fauucr les croyâs.D’auantage ce qui eft dift delà facrificaturc de Chrift entrant és Saines des fiinds,nous enfeigne cefte mef-me chofe. Les autres hommes ne cognoiffent pointDicu entât qu’il eft inuifible:mais le feul filzde Dicuencefecret, amp;enccSaimâsdes fainfts.Parquoy quand nous voudras venir à Dieu, recognoilfons ce Sacrificateur nous co diiiiat à fon Perc,amp;: luy offrant noz prières; co me il eft diâenl’epi. aux Ebr. Ayans ceftuy cy pour Sacrificateur,allons auec fiâce au throne de la grace de Dieu.ll eft neceftaire q nous foy ons inftruidsdecefte manière de recognoiftre Dieu,àfin qu’il foitinuoqué corne il appartiêt.
H. iii.
-ocr page 118-\i3 nbsp;nbsp;nbsp;•'^’^^E k y ó s ï t^ö M'S
Orlcshonneursijftenóus deuós aDieU, dèfqutlsil cft icy faiVcoihandémét, lont ceux g*:'CógboÏftre DicU, Gtoirc d 1.1 parolle de ieu, Vrayemet craindréamp;dlmér Dieu,auoir vraye fóy amp;'fiance en Diefui Car il requiert de nous la rfai’n.té,quad H dit;-Ifefü»sle Dieupuif fant,ialoux,vifitac les ihiqiiités.Item:Tu train drasTeSefgneurto Dièu,amp;fcruiras àluy feul. Il requiert amour amp;nbsp;fiacë,quad il dit;Ic luis tó Dieutóutpuiffant, ayantefgard à toyjayant fuing de toy ;te defendant amp;nbsp;lauuat.ltcm :Fai* fant mifcricorde à ceux qui' l’aimer. Item: Ai* méleSeigrteur to Dieu de tout to cueur. Car en quelque lieu que ces paroUes fôyétlcucs,ce font récits dupremier commandement.
Or qu’il requière parfaifte obeilTancciicft demoftré par ces parollcs au ff.chap.de Deut. Aimele SeigneurtôDieudetoutton cueur, de touteton amc,amp; detouteta puiffance.il re quierc dot la crainte,la hâee,amp;amour de Dieu pafdeffus toutes chofes. Et en telle forte requiertil lesvertui,qu’il veut qu’ellesfoyet pu res,ardentes,amp; parfaites fans aucune mixtion de cocupi fcences corropucs. Mais cefte nature humaine cürropue,ne peut redre vne telle par faite obeiffance.Lcs efprits doutent toufiours de l’ire deDieu,amp; defâ mifcricordc.Nul n’ha point yne telle crainte qu’il la doit auoir. Nul n’ha
-ocr page 119-DES DIX COMMAND. SIP n*bi^pas vnefi ardéte dilcftion qu’it lâdoita-Hoir.Et quant amp;nbsp;quat il y a beaucoup de mef-châtesaffcftiosmefléesparmy.ParquoyS.Paul dit;L*affeâiô de la chair eft inimitié à l’enco-itedeDieuJln’entêdpas queceföitvn legier ftial,quand il la nome inimitié à l’encontre de Dieu . Cefte Loy donc toufiours aceufe amp;nbsp;condamne tousles homes en ceftecorruption de nature; car ils ne rendent, amp;nbsp;ne pcuuent rendre parfaiteobeifTànce. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;• quot;1
quot;î' Que quel eu die maintenat:Mais il faut ne-ceffairemêt que ceux qui fot aggreablesàDieu tccopliffent cefte Loy. le refpon : Premiere-' hienton ne peut pas mefme eSmeneer fans la tognoiffance de Ghrift amp;nbsp;de l’Euangile; Car; pource que laLby aceufe amp;nbsp;codamne tous lés-hommes, amp;nbsp;nous cognoiflons que nous fom-Jnes coulpablcs,amp; pleins d’obftination cotre Cefte Loy ; à cefte caufe noz cueurs f’eftoignét de Di eu,ils n’aiment point,ils n’ofent pas demander desbies à Dieu. Mais quad parlapa-rollcde l’Euangile nous cognoiffons que noz pechez nous font pardonnez pourl’amoür de Chrift, amp;nbsp;que nous fomes receuz en grace,amp; faids enfans de Dieu,iaçoit qu’en foyoS indi ^nes,lors cognoiffas l’affiftace amp;nbsp;mifericorde de Dieu,nous l’inuoquons,nous cômenço ns à nous affuietir àluy,à le craindre, à nous fier
H. iiii.
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en lapromeffe de fa mifericordc, amp;nbsp;l’aimer, non comme vn dieu oifeux, mais comme no-Üre Pere, ayant vray ement loing de nous, amp;nbsp;nousfauuant.Commcildit: le fuis ton Dieu. Nous començons donc à faire le commande-ment,quand nous auons cognu Chrift. Puis apres,cobicnquePobeilfancc doit croiftre, touteffois ceux mcfmc qui font régénérez, ne fatiffontiamaisà la Loy : mais les icliques de péché leur font pardonnées,corne nous dirôs cy après, amp;nbsp;font reputez iuftcs pour l’amour du médiateur lefus Chrift. Corne il cft eferit: Chrift eft la confommation de la Loy .Et puis qu’ils font iuftespar ceftc imputation faille pour l’amour du bilz de Dieu,l’obciflance co mécée cft aggrcablc,ia^oit qu’elle ncfoitpoït enricre. Les régénérez donc accopliflent cefte Loy en lacomméçanr,amp; en croyant que pour l’amour de Chrift ils font reputez iuftcs :amp; qu’àcaufe deluylcs reliques de leurs péchez leur font pardonnecs.
Or 11 fera bô par forme d’enfeigner copren dre toutes lesœuures du premier cómandemét par ces parollcs : afç iuoir par ces deux mots Crainteamp;Foy.Car côbicn que Diledionacco pagne neceffairemet la foy,ou la fiâce de la mi-fencorde diurne, toutelfoislemot de Dile-Ûion cft plus obfeur,que de Crainte, amp;dc Foy:
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Foy : pour autant qu’il nous faut experimeter la crainte en la repentance, amp;nbsp;la fiance en la confclacion.
l’ay parlé des œuures du premier coman-demcnt:afçauoir de cognoiltre Dieu, de croi-reenla parollc de Dieu, de la crainte, delà foy, ou hance,de la dileâion de Dieu. Il faut adioufter à tout cecy la paticccenafflifiions, ou quand nous fommes tormentez amp;nbsp;opprimez parla violence iniufte des tyrans, ou autres: ou quand d’autres communes calamitez nous auienent, afçauoir les maladies,la mort, perte de bicns.amp;c. En toutes les deux fortes Dieu requiert obeiffance de cueur.Et l’obcif-fance de l’Eglifc en toutes les deux fortes d’af-fliâions,cft vn œuurc du premier commandement amp;nbsp;de l’adoration deDieu-.cômel’obeif-fance d’Habd en fa mort:l’ûbeiflancc de tous les martyrs en leurs tormens: l’obeilfanccde lob, de Dauid en leurs calamitez domefti-qucs,amp;c. Car ileftcfcrit du premier : Qui me voudra fuyurc,qu’il portefa croix,amp;c. lté, Il nous faut eftre femblables àl’image du Fila de Dieu. Item: Lamortdesfainäseft pre-cieufe deuant la face du Seigncur.il y a done des commandemens euidés de cefte obeiflan-ce:amp; Dieu veut eftre plus craint,que les tyrâs, D’auantage il veut que nous ne torn bions pax
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douleur en defefpoir,nó pas au milieu des tormes,amp; ne pétions pas quclbyons meprifez de Dieu, mais q nousayons celte confoiatió,q.uc Dieu.nous elt propice,amp; qu’ilcoduiraPiHuc-
Quant à l’autreefpcce, afçauoir des caU-mitez cômunes,il eft clcrit: Le lugcmét tomen ce parja maifo de Dieu. Soit doc que cefoyét peines,foitquccefoycnt exercices, leSeigneut Dieu veutqfon Eglife foitfuietteà telles cala mitcz,pourceq la nature de l’hôme cftluiette à la mort,à caufe du péché,lequel eft adherat 4ra chair: amp;pluficurs pechez aduelsde l’Egü fc,voire des tainlt;fts,fontpuniz.Parquoy Dieu veut que fon Eglife l'oit admoneftée de ces pei ncs amp;nbsp;.fâcheries,qu’elle foito beifl'ante,qu’elle foit exercée en la foy, en prières, amp;nbsp;efperance, qu’elle ne tombe point ^en defefpoir, qu’elle ne penfe point eftre reiettée ou meprifée de Dieu: mais qu’elle fe confole en ce, que Dieu luy eftpropice,amp; qu’il gouuemeral’ilfuc. ley apparticnentles fentences, qui commandent d’eftre obeiflant és communes calamitez:amp; defe confolerparfoy : Ne murmurez point c’cftàdirc;nevous courroucez point contre Dicu^ommef’11 vous traitoit ngoreufement: ou comme f’il vousauoit enmefptis. Item: Humiliez vous ious la puiftâte main de Dieu. ItemsvUEfpric abbatu du fentiment de fon mal,
-ocr page 123-DES DI X e o M M A N O.’ ^Jj mal, eftvn facrifice aggreable à Dieu.’ Item: Pfeau. 37,Süisfuict à Dieu,amp;efpereenluyj item: Sacrifiezfacrificedeiuftice, amp;nbsp;clpcrez au Seigneur.
i Regarde combien il y adebönes œuurcs en cefte obeisance , lefquelles apparrienent auffi au premier commandement. La première,c’eft l’obeiffancemefme, laquelle regarde Dicu:amp; de foy eft vne boue œuure, amp;nbsp;l’ordo-nance en ce commandemêt, lequel comande, que Dieu fort plus craint que les tyrans. D’a-uantage il nous commande d’endurer les peines, lefquelles nous font impoféesde Dieu: afçauoir la mort, amp;nbsp;autres femblables t com-meil eft dit:Leiugementcômence par la mai-fondé Dieu. Ou:Nous fomnles corrigez par le Seigneur, à fin que nefoyons condamnez auec ce monde.Il faut que la foy foie comoiri-teauec cefte obeiffa.cc,par.laquelle nous foyos affeurez que Dieu ne nousa point enmefprisj qu’il ne, reiette point les affligez : mais qu’il a efgard ànous,qu’il nous eft propice, à: qu’il nous donnera bonne iffue, félon le fentiment qu’en auoit Dauid lors qu’il cftoit banny .Cei-fte foy amp;nbsp;cefte efperance font œuurcs du pre* mier commandement:amp; d’icelles procedecc-fte vertu j qu’on appelle patience: c’eft à dire, l’obeilïincc qui eft rendue à Dieu auec vne
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EXPOSITION
traquiUité d’efprit,ouauec vne volonté d’obéir, laquelle procédé delà confolation dels foy .Saind Paul appelle toutesces chofcs,Pa«: comme aux Philip. 4, La paix de Dieu,laqiiel- I le furmontc tout entendement, conleruevoï cueurs,amp; voz tens: C’eft à dire, qu’il y ait vue telle paix en vous, amp;nbsp;tranquillité d’efprit, que vous obeifficz à Dieu,amp; camp;fcrmiczamp; fortifiez voz efprits par la confolatio de la foy : en forte q uc vous puiffiez endurer les aducrfitcz,ay ans cfgard à la promefle de Dieu : en laquelle tout ainfi qu’on y contemple la merucilleufe , bote amp;nbsp;mifericorde de Dieu, auffi y apperçoit onfadiledion.
ANTITHESE.
Confiderons maintenant la contumace amp;nbsp;rebellion du genre humain contre le pre mier commandement : à celle fin que nous rc-cognoiflions noftre infirmité,amp; que nous apprenions aucunement de difeemer les degrez despechcz,qui font contrece commandemet. Le premier degré eft des Epicuriens amp;nbsp;Académiques, lefquels nient, ou doutent, qu’ily ait vn Dieu : f’il fefoucie des chofes humaines : fi ccftcparollc,qui eft receuë de l’cglife, eft do-née de Dieu. Telle eft auiourd’huy la plus grand part de tous les hommes, lefquels ont reietc
-ocr page 125-DES DIX COMMAND. JXf reictté du tout toute opinion de Dieu, amp;nbsp;font contens de douter Pd y a vn Dieu, ou non;d6 qui plus eft,ils conferment cefte doute. Par-quoy, après latranfgrelfion de noz premier# pcrcs,fontcnfuyuies de lourdes amp;nbsp;cfpefles ténèbres, amp;nbsp;puis après la malice des hommes conferme telles tenebres, amp;nbsp;le diable y aide.
Le fécond degré eft de ceux qui adorent lesidolcs: c’eft à dire, deeeux qui fc forgent plufieurs dieux , amp;nbsp;attribuent à vn chacun diucrfcpiiiffancc, commè les Ethniques : ou rendent l’honneur qui appartient à vri feul Dieu, afçauoir l’inuocation, aux creatures: comme ceux qui inuoquenl les fainâs morts. Cat l’inuocation attribue toute puiflance:ou bien ils enferment Dieu dedans certaines fta-tues amp;nbsp;images, iaçoit qu’il ne veuille aucunement eftreattaebé en lieu ne chofequelconque fansfa paroilc. Car il eft certain quel« mondea toufiours cfte,amp; eft encore plein d’idoles. EtPinuocation des lainds, amp;nbsp;l’adora-; don des images ne differéten tien des mœurs des Ethniques.
Le 3.degré eft des Magiciens,Icfqucls ont intclligécc auec les diables ennemis de Dieu» amp;nbsp;de ceux auflî qui demandent confeil auM magiciens,amp; de ceux qui font addonez à d’au-tresfuperftitieufes ceremonies amp;nbsp;reucrenccSj
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•fqûellcs ils attribuent puiffance fins ordon» tiance de Dieu. Parquoy f’il Penfuyt aucun effeâ, le diable en eft caufe amp;nbsp;autheUr, amp;nbsp;telle fianceeft appuyée fur les diables. Toutes ces chofesfontdéfendues,corne ileft diâauiO. du Lcui t. L’nomme qui Paddreffera aux magiciens amp;nbsp;diuinatcurs, amp;nbsp;qui aura paillarde àueceux, iemettray ma face contre luy,amp; le retireray du milieu defon peuple-, àlemct-twly àmort. - -nxKl ifîr. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;.»S ni-Mh l ;
t''^ Le 4. degré eft des lui fs, des Philofophes; desHereiiques,amp;des MahometiftéSjlcfquels fc forgent tous des dieux à part ; amp;nbsp;ne veulent point recognoiftre,que celuy eft le vray Dieu, qui par fon Filz lefus Chrift f’eft donné! to-^öiftreencefte fienepafólle: combienqu’d’ irtveutpoint eftrerecognu, ny inuoquéau-tr-êment.ParqUoy-lcs Manichéens corrompét felptöfnicr cotnmadeinent: pour autant quhts iittamp;gincntdcux dieux,1e bon amp;nbsp;Icmaunai5:amp; leS font tous deux éternels.Samofatenus aufß, qui dit qu’il n’yn que la nature humaineen’ lefus Chrift: comme aulGles Mahomctiftesle donfeffentjÄ: atteftentmefehammét. Les Ar-rienrauffi ont corrompu ce comman dement, pourautatqu’ilsontniélc Filzde Dieueftre dchfuftancc du Pere. Semblablement ceux qui ont dit, que le faiadEfprit cftoit tant feulement
-ocr page 127-DES DTX COMMAND. li7 Icmcntvn mouuemét crééamp; formées homes. Le ^, degré eft de ceux qui n’inuoquent point Dieu parle Médiateur leftis Chrift: mais pluftoft ils fe forgent d’autres aduocats amp;nbsp;médiateurs, afçauoirles fainâs, les meffe^ Icsfatiffaâions, ou autres œuures. Itcm,ccut qui difét qu’il fautdoutcniela grace de DiciX Le ff.degré eft de ceux qui fe reuoltent,ou qui ont abandonné la'vraye dodrine del’Bi «angile par crainte j ou haine: commeluda^ Iulianus,amp; autres fcmblables. i-'üruî » d- Le7, degré eft de ceux qui fe dcfcfpereni: comme Saul. Et faut neceflairement quêtons ceux qui n’ontlacognoiffancedel’Euàngile^ delafoy en Chrift, tombent en ce delêfpoifî » Le 8. degré eft de ceux qui n’apprenenc pointl’Euangile ,amp; qui nefe refucillent point deleur.pareue pouroUyr amp;nbsp;cognoiftrcla do*, drinc de lefus Chrift: iaqojt que le Pcrocclfe-» ftcnous ait commandé dei’efeouter.'K.s'f! A * Le 9, degré eft des hypocrites,Icfqoels'camp;d bien qu’ils confeffent la vérité, amp;nbsp;qu’iiS nè foycht point pollux d’idoles externes, neanU moins en leur cueur ils font fans crainte de Dieu,fans foy,amp; ai met mieux leurs voluptex, ôuleursricheffes,que Dieu: comme Nabal. Il y a toufiours beaucoup de telles gens en l’E^ glifc, voire en celle qui ha la pure dodrine,cb-i.
-ocr page 128-IZS nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;BXrOSiTION
menout cnfcigne la parabolcdela femence.
Lc lo. degré eft orgcuil, c’eft à dire, cfti-matió ou fiance de fa propre puiffance, fagef-fe,amp; vertu, fans rccognoiftrc fon imbécillité, fans rccognoiftrc qu’il faut inuoquer l’aids de Dieu. Comme Alexandre legrand, lequel ayant mis à fin pluficurs grandes entreprinleJ, eftimccftrcchofegloricufe,qu’il aconqüis vn royaume par fon côfcil,par fa proucfle,amp; fo' cc:il prend plaifir en cefte ficnc prudéce amp;nbsp;ver* tu: il commence à meprifer amp;nbsp;opprimerfeS inférieurs : de ne cognoit point que fi grandes ehofe$amp; tant cxcellétcs ont cfté paracheuées parl’aidc deDi eu,lequel rauiflbit i’empireaux Perfes pour les punir: comme Alcxandreluy mefrne en a cfté puny puis apres, eftantplus méchant que parauant. L’Eferiture nous de» peint en cefte forte Nabuchodonofor, lequel eftatchaftié, rccognoift cefte arrogâce en foy» amp;nbsp;fc corrige. Mais Sénachcrib clcué d’vue telle fiace de foymefme, ne fc corrige pomumit’ il cft tué. Et les hiftoircs nous enfeignent que bien fouuctlcs hommes vertueux amp;nbsp;excellent ontefte finalement accablez par horribles4-uentures. Cela auicnt, pourcc qu’ils pèchent en cefte fortc:afçauoir, ils l’eftiment eux mef-mes,amp; fc fient en leurs dons,fans rccognoiftrc leur infirmité humaine : fans cognoiftre qu’il faut
-ocr page 129-DES .D4 K COMMAND 1^9-faut demander aide à Dieu : amp;nbsp;bien fouuent ils l’efforcent défaire des chofes perilleufcs, voireiniques amp;mefchantcs, felonleursaffe-dions particulières, fe fians en leur propre, puiffaneexomme Poffipée.Il y a encore d’autres vices:afçiuoir,diffolution, meprisjamp;op-preffion des autres: comme Alexandre nefc fouciantdericn,gourmandoit, amp;nbsp;mettoità mort fes principaux capitaines, mefme ceux qurluy auoyent faid plus deferuice: parquoy les peines Pen font enfuyuies. • Les Poctes auffi nous tefmoignent fêblable chofe d’Aiax, lequel ( comme recite Sophocles )dcuint enragé ,pourcc qu’âpres quefon pere Telamon luy eut dit au départir, qu’il fe monftraft vaillant,mais qu’il demadaft la vidoire à Dieu, il refpondit;queles couards mefmes peuuétob-tenirvidoire par l’aide de Dieu; amp;nbsp;quâtàluy, qu’il pouuoitvaincrelas Dieu.Par ccsexêples on peut facilement cognoiftre, pourquoy les gês vertueux amp;nbsp;magnanimes font à la fin cruel lement accablcz.Et de cefte arrogance amp;nbsp;con-fiaccdefoymefmeileftefcrit -. Tout ce qui eft haut amp;nbsp;eleué deuantles homes, cftabomination deuant Dieu. Et ebbien qu’on puiffe ap-perceuoircecy plus facilement éshomesver-tueux ; touteffoistous les hommes ont quelque cotagion de ce mal eneux. PlufieursPap-
■ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;1.
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puyent, amp;fc fient plus en leurs richeflcs,en leurs amis,amp;cn leurinduftric,qu’enDieu.Ap prenons à cognoiftreces maladies, àfinque nous nous amendions,amp; que nous nous fions vrayemet en Dieu:c6meditDauid: Regarde en moy, amp;nbsp;aye pitié de moy, caricfuisfculct amp;nbsp;pourc.Ité: Monpcrcamp; ma mere m’ont dc-laiiré: mais le Seigneur m’a prins en fa charge. Les hypocrites auffifbnt de ce nombre,lef-quels fe fiét en leur propre iuftice deuat Dieu, corne le Phartfien, Luc. i8. Beaucoup d’autres pechczf’affcblcntauecceuxcy:afçauoir,qu’d5 Bereeognoiffentpointleurinfirmjté,qu’ils ne recognoiffent point qu’ils font dignes depei-ne deuant Dieu,que leur fiace efi vainc, qu’ils n’inuoquétpointDieu au nom dcIefusChrifti mais qui pluseft, ilsprefentent à Dieu leurs çeuures en lieu du médiateur lefus Chrift.I’ay (donné place à ceux cy au ç. degré cy defTus.
Le n. degré eft impatience, laquellecft proprement côtrairc au premier commandement ; pource que la volonté refufe d’obéir Dieu au temps del’affliâion. AucuncfoiseUa fe courrouce à Dieu, corne cotre vn Seigneur rigöreuK,ou contre vniugcinique:de laquelle affcdion l’Efcriturebiéfouuentnousadmo-Hefie,comme:Courroucez vous, amp;nbsp;ne pechei point: c’eft à dirç/cfiftez à la douleur, amp;nbsp;de-ftpurpe^
-ocr page 131-DES nrx COMMAND. 151 ' ftournez amp;nbsp;addouciffez voftre affcdion,a fin qu’e’.Ieobciffe à Dieu au temps de Pafflidion, comme auons did cy deffus.
l’ay recueillyles degrez des pechezjef-quels font diredement contraires au premier commandemenf.lcfquels degrezon peut facilement cognoiftre amp;nbsp;iuger, Et pource que le Decalogue eft le fommaire delà dodrinede toutes vcrtiiz, il faut que nous diftribuyons chacune des vcriuz, à vn chaeû des comande-mens. Au premier appartient cefte vertu, qui eft aucuncfois noméc Pieté, aucuncfois Rcli-gion:mais on l’entend mieux quand on dit, la Crainte de Dieu,! a foy ou la fiace, l’amour de Dicu Et à la vérité,cefte vertu qui eft appellee Pieté,comprcnd toutes ces parties. La vertu de patiéce eft auffi de ce nobre. Au demeurât, cemotdePictéeftprefque corrcfpondant au nom delà lufticc générale, fi nous prenons la deiînition de cefte obeiffance qui eft rendue à Dieu en tous ces cômandcmcns(cômc nous dirons puis après) à celle fin que Dieu fort o-bey,amp; que toutes œuures luy foy eut rappor-tées.Soit donc icy mife cefte vcrtu,qui eft no-mée lufticc vniuerfellc.
I. iu
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'EXPOSITION
' DV I I. C O M M ANDE M E N T.
A Pres qu’il a efté parlé des mouuemens de cucur enuers Dieu au prcniicrcomaisde-inent;c’efl: à dire,de la principale amp;nbsp;intérieure adoratiô;pource que Dieu requiert vneobcif fance de cueur non feinte, fclon.ee qui eft dit: Aime ton Dieu de tout ton cucur. Item: Les vrais adorateurs adoreront en cfprit amp;nbsp;vérité. D’auantage,lefecond commandement parle delaprofclïîo extcrnc,par laquelle Dieu veut eftre cognu,amp; inuoqué par noftre voix, Et tout ainfi qu’il fe manifefte par la parollc,auf-fî veut-il quecefte parollc foit diuulguée par tout,amp;: annoncée de viue voix.Parquoy après qu’il a efté parlé des mouuemens du cueur, maintenant il eft parle deceftevoix, qui fait refonner le nom amp;nbsp;la parollc de Dieu.
Tu ne prendras point Je nom de ton Dieu en vain.
AV premier commandement font contenues les parollcs affirmatiucs amp;nbsp;negati-iies:afçauoir;Ic fuis le Seigneur ton Dieu, qui t’ay tiré hors de la terre d’Egypte. Cefte cy eft afnrmatiuc,àlaquclleil faut adiouftcrlcs autres afhrmatiues: afçauoir. Aime le Seigneur ton Dieu de tO'Ut ton cucur. lté :Tu craindras Je Sei-
-ocr page 133-D E s D I X COMMAND. I^J. le Seigneur ton Dieu. Apres les afârmatiiics lontauffi adiouftées les negatiues ; commeeft celle c y ;Tu n’auras point de dieux eftranges.-Par ce moyé quand nous oyons parler des ne-, gatiucs es autres fuyuantes, il nous faut touf-iours premièrement conccuoir amp;nbsp;imprimer en noftre entendement l’aflirmatiuc au premier commandement. En ceftuy cy Dieu defend l’abus de fon nom ; amp;nbsp;toutclfoisil veut que celle parolle foit diuulguéc amp;nbsp;manife-ûéepartout;afçaùoir,le fuis ton Dieu. Ce fot icy donc les vrais vfages du nom de Dieu: a-fçaiïoir,la vrayc prédication, lavraye inuoca-tion.aâion de traces,de la confeflîon. Sachos donc que ces quatre fortes d’œuures fonticy commandées;amp; faut icy alléguer des tefmoi-gnagcs affirmatifs: comme, Allez, enfeignez toutes nations amp;nbsp;gens.Item:lnuoque moy au lourde ta neceffité,amp; ic te dcliureray;amp; tu me. honoreras,ou tu me rendras graccs.Item ; On. croit de cueurà iufticc,amp; on fait confeflîon de bouche àfalut. Ces tefmoignages parlent proprement de ces efpeccs, detquclles auons parlé.Orleiurcmcntell compris enl’inuoca-tion. Car ccluy qui iure,inuoque Dieu,afin qu’ilfoit tefmoingdç fon affeâion,qu’il ne y cutpoint tromper s amp;nbsp;prie que Dieu prene Javengeace, amp;nbsp;qu’ilpuniffeletrompeur:^il iii.
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f’vbligc à cede nicfme peine. Parcccyon pent bien entendre quel lien eft le Ici ment/i U inüO4uesLieu, àhnqu’il face la vengeance lurtoy, lî .uesnicntcui, oufituciompes.Dc quelle charge plus facheufe fe pourron greuer Vhomme’ou co ment fe peut il obliger à plus grande peine ? Parquoy, les iffucs loue corre-Ipondantes, d’autant que cefteobligation eft eftablic,amp; confermée par le droit diuin, allja-uoirencc lieuiDicii n’aura point pour innocent,ccluy qui aura pris fon nom en vain. Parquoy ,lcs periurcs font puniz d’horribles pci* nes,melmement en ce monde.
COMMENT PEVTESTREAC-comply ce commandement.
OR tout ainfi que nous auosdid cy deflus qu’on ne peut faire 1 es œuures du premier commandement fans lacognoiflanceduFiIi de Dieu,amp; fans la foy,autant ch faut-il penfet decefecond commandement. Il eft allez notoire, quel’inuocatio ne peut eftre faiôe,fan» recognoiftre le m cdiateur,qui eft Ictus Chrift. Autant en faut-il dire de l’aâion de graces. I-tem,i' faut ncccfiaircmét quantauminiftere, qi’cI’EuargiIe du fiizde Dieu foitannScée. D’auaniage,et mmcdcfiusi’ay did,qu’il fa-loit que la reconciliation faiâc par le Filz'ic Dieu,
-ocr page 135-DES DIX COMMAND* 13^ Dieu,fut premiei cmcnt appréhendée, amp;nbsp;puis apres que l’obciflance commencée eitoitag-grcabidautât en faut-il peler des autres com-mandemens. Et les ocuures des autres com-mandemens font lors aggieables à Üieu:amp; lors par icelles nous adorons Dieu, quandics ocuures du premier commandement precc-dcnt;af^auoir,€oy,amp; crainte.Et par ce moyen les autreslont latridces de louange,amp; ionc ag-greablesàDicu : amp;lingu!icrcmencJcsceuuie$ dulccod commandement, commcil eft elcnt, amp;nbsp;melmc de celte clpeccde telacnfieray iaci i-fice de louange, Si l’muoqueiay le nom du Seigneur.
LES PECHEZ contre LH fécond commandement.
^ ’Eft vnc mcfmc antithefe ou contrariété '^dece fécond commandemét,que celle du premier quant aux vices intérieurs, defqucls nous auons parlé cy deffus. Ce font donc icy les pochez contraires à ce commandement ; a-fçauoir, les opinions amp;nbsp;proposdes Epicuriens, les méchantes adorations externes, les exécrables inuocations des diables, des ido-les,amp; des morts:fauffedoârine,periures, fer mens iniques, parolles arrogantes amp;nbsp;déclarantes l’impatience de l’homme.comme Aiax
I. iiii.
-ocr page 136-*.ïj(S’ nbsp;nbsp;' E X P Ô s I T^IÔ N'
difoit, qu'il pouuoir obtenir viâoirc fansl’ai-de de Dieu. Itcm, ce ma!trop fouuent vfite: “âfçâu'ôir,fecouurirdunoni‘de Dieu , du nom de irréligion, amp;nbsp;del’Euangfte, pour maintenir fes meichantes affedions, fon atiaricc, arn-‘bitiôh,pa}llardifeS,quot; amp;nbsp;haines.Le Pape a con-qùis puifTance amp;nbsp;autliorité fous le filtre amp;nbsp;‘vrnbrö'du miniftere, ilafait des guerres ini-“quéS, il ai trouué des moyens infinis pour at-‘trapper argent,il a ordoné des idoles,amp; autres füperftitions amp;nbsp;fatras innumerablcs.Aueccc, les hommes d’auiourd’huy donnent bié fou-ïicAtcouleur àleurs afFedions mefehantespar lenomamp;tiltrcde l’Euangile. leyaulfifont compris tous les fcandales , qui blelTent les confciences infirmes, amp;alFoibliflent la foy: ou ceux qui deftournent les volontez d’au*
• cuns de l’Euangile, nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;*
' Les menaces horribles font adiouftées à ces deux premiers commandemens, lefquellés tout ainfi‘qu’elles-parlent des peines corporelles, auffi elles annôncentl’irc éternelle : eär la Loy n’annonce pas la remiffion des pe-■chez, mais l’ire éternelle eft apertement deelairée en l’Euangile contre ceux qui ne ‘L’amendent amp;nbsp;ne fe repentent point: comme ■il eft'did: -Départez vous de moy iniques 'à« feu 'êterhel,Câr-cequi eft iey did des peines
' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;données
-ocr page 137-ÖES DIX COMMAND. 137 âonnèes iufques en la troifieme amp;nbsp;quatrième gcncratiojil Peneend des corporelles. Et tout ainfi que peines font adiouftées àces deux pre miers cômâdcmens,auffi font-elles aux autres cnfuyuans:comme au z7.de Dcut.malediâiô fon adiouftées à tous les c5mandemens. Et ne faut point douter que les calamitez de ce mode nefoyentenuoyées pour la peine de toutes fortes de pechez,félon ce qui eft did au Pfe.II corrige les hommes à caufe de leur iniquité. '
DV III. COMMANDEMENT.
0Utainfi qu’il eftparléau premier com-A mandement des œuiires intérieures de l’a me, de l’entendement, de la volonté, amp;nbsp;du cueur entiers Dieu ; amp;nbsp;au fécond,de la profef-fionextericure;auffi en ce troifieme comman-demcntil eft parlé des ceremonies inftituécs amp;ordonnéesde Dieu. Mais il faut que nous entendios, quelle eft la principale fin d’iceVies. Les ceremonies ont efté ordonnées pourlc-‘miniftere de la dourine, amp;nbsp;luy feruent corn-une d’vnaide.Lecommandementdonedu repos parle principalemet du minifterc de la do-ârinc, amp;nbsp;del’adminiftration des ceremonies ordonnées de Dieu. Comme ainfi foit que le texte neparle point feulement du repos, mais
-ocr page 138-lt;j8 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;EXPOSITION
ftulfi delafandification. ll eft commandé qirt ceiour là les fainâcs œuurcs ibyéc faiâes,c’cft àdirejesœuurcs proprement dédiées à Dieu: afçauoir,quele peuple l'oit enfeigné, amp;nbsp;les ceremonies ordonnées de Dieu,foyent entretenues. 11 faut qu’vu certain iourfoit depute pour cela. Cefte ordonnance eft generalc-mentpour tous hommes,amp; pouttous temps: par ce que c’eft loy de nature. Au demeurant, quantal’obfcruationdufeptieme iour,ilcû. tout certain,qu’aptes l’abolition des cérémonies Lcuiciqucs,ceftc ceremonie mefme .a efte chagée, comme il’eft diâ clairement au a.des Colof. ll eft donc vray qu’il y a deux parties au troificme commandement, l’vne naturel-le,ou morale, ou generale ; l’autre partie c’eft la ceremonie, qui eftpeculicre au peuple d’If-rael,ouefpecedu feptiemeiour. Quantau premier, il eft dit,que la chofe naturelle ou générale elt perpétuelle, amp;nbsp;ne peut eftreancan-tie:afçauüir le commandement qui eft donné pour la conferuation du miniftere public: tellement que lepeuplefoit inftruit vn certain iour, amp;nbsp;les ceremonies ordonnées de Dieu, foyent entretenues.Quant à I’efpecc,laquellc parle nomméement du feptiemeiour, elle eft abolie.
Apprenons donc,que véritablement il eft ilt;7
-ocr page 139-DES DIX COMMAND, 139 icy fait commandement de confcruer Iennui ftere public , amp;nbsp;les ceremonies IcfqncUes font ordonnées de Dieu: lequel, Dieu veut entretenir,à fin quefonEglifccroiircioumcl-Icment amp;nbsp;dure perpétuellement : comme il eft diâau 4 des Ephef. Luymefmeen a donc aucuns Apoftres,aucuns Prophètes,les autres Pa fleurs, les autres Doseurs i afin que le corps de Chri fl foit bafly, amp;nbsp;que ne foyon s plus flot tans,amp; cflans démenez ça amp;nbsp;là à tous vents de doêrinc. Il a donné vnc certaine paroUe par les Prophètes amp;nbsp;Apoftres,laquellccftelparlc par tout, adiouftant certains tefmoignagcs: amp;nbsp;a ordonné des miniftres publiques, pour faire retenir cefte paro!lc,àfin que nous ayons vncdoftrinecertaine amp;nbsp;refoluc de Dieu, amp;nbsp;que nous n’imaginions point de nouuclles religions, comme les Ethniques, ne de nouvel les adorations. Vn chacun doit aimcr,a-uoir en reucrence, amp;donner accroiflement,félon fon pouuoir amp;nbsp;vocation, à ce bénéfice de Dieu tant excellent: comme lefus Chriftdiä, Qui, vousoit,il m’oit:qui vousmefprife,il memefprife. Et les Prophètes plorans la dc-folation amp;nbsp;le defert du rcpos,fe plaignent que le miniflere de la dodrinc eftoi t aboly.
Les œuures donc de ce commandement font: Je faire bien fon deuoir en ce miniflere:
-ocr page 140-140 exposition ouyreeuxqui enfeignentfiddement, amp;nbsp;vfer droitement des facremens,amp; donner aided leur vfagepar noftre exemple,amp; en les frequê-tant, obéir à ceux qui nous enicignent bonne doârine:nourrir, honorer, amp;nbsp;maintcnirles Doreurs fidelcs:dóner faueur à ce qui eft ne-, ceffaireen l’Eglife.Icnc cerchcpointl’allego rie de ce commandement, mais i’enfeigneîe propre amp;nbsp;le principal fens.Car ce n’eft pas vne ceuurelegcre, ne de petite importance que la conferuation duminifccre, qui eft ordonné de Dieu.
Lespechez cotre cecommandemét font: delaifferouabolirl’office de bien enfeigner, enfeigner chores fauffes, corropre les ceremo nies, nefe trouuer iamais ou peu fouuentés predications, en l’aflembléc oul’Eglifceftfi-delcnientinftruite, deftourner les autres des predications ou par exemple ou par quelques au très moyens,lçs deftourner du miniftcrcle-quel n’eft point poilu ne fouillé par idolâtrie amp;nbsp;fuperftition : comme les Donaciftes defen-doyent en leurs afleblécs de n’obéir pointau miniftere delà vraye doârinc, de faire les œu ures manuelles amp;nbsp;feruilcs, c’eft à dire les œu-uresqui empefchétle miniftere,au iour qui eft député pourlapredicaîiô:employcr cesiours lien içux amp;nbsp;gourmandifes, ou autres mef-chan-
-ocr page 141-DE s DIX’CO M M AND. I4^ cbancetcz,mefpriferles bons rniniftreSjamp;Ieur direiniure : ne vouloir rien donner pour les nourrir amp;nbsp;maintenir ; ne co uurir point leur irt firmité, s’ils font ges de bonne doclrinexomc Cham fe mocquoit de fon pcre,le voyat nud: ne fauorifer point aux neceffitez dePEglife.
Or comme il a efté diet cy deffus, que le premier commandement doit eflre enclos en tous les autres •. lefquels d’autant que ce font commandemens de Dieu, il eft befoing d’y recognoiftrel’authcur,amp;: que l’obeiffance luy enfoit rapportée; à cefte caufe la crainte de Dieu amp;nbsp;la Foy font comme la vie des autres œuures, amp;nbsp;doy uét eftre auec toutes les œuures des autres commandemens. Parquoy auant qu’elles puiffent eftre œuures de ce commandement,il faut que la cognoiflance du Filz de Dieu y foit conioi nte;à fin que nous puiffions obéir à ce commandement par foy, amp;nbsp;en in-uoquant Dieu. D’anantage puis que ce commandement parle des ceremonies amp;; du mini ftere, il eft befoing d’y comprédre l’Euangile. Car leminiftcrc de la Loy n’eft autre chofe qu’vn miniftere de mort; mais l’Euangile an-noncelaremiffiondespechez, amp;nbsp;la vieeter-nel!e,à caufe du Filz de Dieu. Auec ce, les ceremonies ordonnées de Dieu, font figures de Çhrift ; parquoy les lui fs mefmc ne pouuoyét
-ocr page 142-î4i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;EX PO SITTON
pas faire lesœuurcs de ce commandement ain ß qu’il appartenoit, fans la vraye cognoiffan-cc de Icfus Chrift. Et quant aux moines, amp;nbsp;prcftrcs,pour autant qu’ils ignorent la do-ârtne de la foy, de la vraye inuocation amp;nbsp;ado ration,il y a beaucoup de vices amp;nbsp;de corruption en leurs ceremonies. Ils penfent fau'demet qu’ils honorent Dieu par les traditions humaines. Ils corrompent la Cene du Seigneur en plufieurs fortcs,amp; rapportent toutes fes cérémonies corrompues à leur propre profit. Ces pcchczfont contraires aufààcc comma» dement,amp; polluent le repos.
Les noms des vertuz contenues au premi er commandemet,appartienét auffi aux deux enfuyuans.
LA SECONDE TABLE.
T^ N core qu’il n’y euft icy autre commande* ment que de la vie publique, touteffoi'h faut-il que la raifon humaine cognoiffe qu’il y aicy vne très bonne forme de gouuernemet public propofée. P remi erem ent 1 a feign eu-riede Dicuefteftablic,l*obeiffance eftcommandée,lapaix eftforrifiée, quandilcA did, Tu ne tueras point.Lçs mariages font entretc-nuz,quand il eft diri,Tu ne paillarderas point. Les poffeffions des biés font conferuées, quad il eft did, T « ne defroberas point. Puis après
-ocr page 143-DES DIX COMMAND, 14} Icsiugemcns fontordonnez , amp;nbsp;Ia vérité eft confermée és contrats amp;nbsp;tranfaóions,qualt;i il eft did,Tu ne feras point faux tcfmoing.Ce font-cy les fou rees desloix politiques.Toutcf foisfçachonsquela vie politique nous efti-ey enfcignéc : mais ily faut adiouftcr deux çhofes. Premièrement retenons que Dieu eft autheur de ces loix,amp; de la vie politique.Par-quoy fçaehonsque pour l’amour de Dieu il faut rendre obciflancc, Afin que le premier commandemét foit enclos en tous les autres, amp;nbsp;la crainte amp;nbsp;la foy gouuernent és autres commandemens l’obeiffance. Secondement apprends que non feulemcntlesœuures exter ncsnous font eâmandées, mais auflî l’obcif-fanec intérieure. La nature de l’homme deuoit eftre tellement ordonnée,qu’elle n’eut aucunes affedions,ouinclinations,ouoeuurcs contraires à ceft ordre,auquel cl le a efté créée, amp;nbsp;lequel eft déclaré décommandé en la Loy.
Or il y adcl3contu macc,defordrcamp; cô-fûfion en la nature des hommcs:fingulicremét en cefte vie politiquc,amp; gouuernement duil. Car combien y a il de rebellion és republiques? combien de cruelles occifions?combien de guerres iniques ? combien de haines? com biend’enuies? Etd’auantage tantdepaillar-djfes dilfoluçs, tant d’amours defordonnées.
-ocr page 144-144 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;EXPOSIT ION
amp; tant de rages des amoureux. Puis apres in-numerables larcins manifeftes,tromperies infinies entre les marchans,vfures,trafiques mef •chantes amp;nbsp;malheurcufes. Outreplus,qui eft celuy qui ne foit tormenté d’auarice ? Qui eft ceUuy qui foit content du fien ? amp;nbsp;vfedefes tiens ainfi qu’il appartient? Finalement tous fçplaignêtdes cauillations amp;nbsp;menfonges, qui fc font es contrats,tranfadions,paches, amp;nbsp;iu gement. En fcs exemples nous voyons mani • feftement vhc confufion en l’ordre que Dieu a inftitué. Apprenons donc qu’il n’eft point parlé feulement des faids externes en la Loy de Dieu: mais que toute la rebellion de la nature de l’homme eft condamnée,amp; quelacon fufion amp;nbsp;defordre intérieur y eft auffi bien comprins que l’extérieur. Parquoy lescom-mandemens de concupifcence font adiouftci en la fin ,lefqucls parlent apertement de la co-tumace intérieure.
Maintenant donc nous traiderons brie-uement les autres coramandemens : lefquels pource qu’ils font politiques,il fautpreniie-rement fçauoir que Dieu commande , que nous viuions en cefte focicté politique, en 1a-quclleil veut eftre cognu, il veut que nous ex-crcitions en foy amp;nbsp;prières communes, en perils amp;nbsp;trauaux communs;!! veut que diledion foit
-ocr page 145-DES DIX COMMAND. 145’ foil entretenue entre les homes, amp;nbsp;qu’vncha cunfoitfuict àla feruitude commune, à cau-fe de luy ; il veut qu’en cecy noftre confeflîon foit publique,àfinqueles autres foyentin-ftruits amp;nbsp;foyentinuitezà la cognoiffance amp;nbsp;crainte de Dieu: comme il eft efcrit, Quevo-ftre lumière reluifedcuant les hommes. 11 ne veut pas que Samuel ouDauid demeurent cachez en quelque defert ou cauernc,amp; que feulement ils vaquent à quelques fecretes cérémonies: mais il veut qu’ils conu erfent au milieu des vagues amp;nbsp;orages du gouuernement publicq, amp;nbsp;là publier par toutladoârine qui leur a efté donnée de Dieu. Ilveut qu’en ces perils ils l’exercent enlaFoy,amp; enfeignent les autres. Il veut faire apparoiftre les tefmoi-gnages de fa doftrinedcfqucls il manifefte par eux. 11 veut qu’ils foyentfuicts à la feruitude commune,àcaufe deV obeiffanecqui eftdcué àDieu. Par ce moyenlaLoy faittoutegal amp;nbsp;vni, commandant à vn chacun de faire fon deuoir,en feruantl’vn àl’autre, amp;nbsp;faifant ce qu’ils doyuent faire ; ainfi que nousfom-mes tous membres d’vnmefme corps ,conjoints par diledion mutuelle, amp;nbsp;feruices mutuels ,àfinquenousobeiffionsàDieu. Sea-chons donc qu’il nous eft icy fait commandement de fuppotter les charges les vns des
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autres, amp;nbsp;la feruitude commune de toute cc-ftc vie : f’employcr l’vn pour l’autre. Et retenons cela, que Dieu nous a créés à ceftefin, que nous nous entretenions en cefte focieté politique. Car la premiere Loy ne commande pas, Cerche le defcrt, cerche ton plaifir, çcrche ton repos: mais elle did, Honore ton pere amp;nbsp;ta mere. Elle eftablit les feigneurics amp;nbsp;l’obeiffance. Apprenons donc que les œu-uresde la féconde Table font vray es adorations de Dieu,comme celles dç la premiere: ainfique cy deffusi’ay défait que c’eftoita-doration: afçauoir quand elles font gouucr-nées parla foy, amp;nbsp;parla crainte de Dieu.Par-quoy quand les Prophètes fontcomparaifon des adorations, les feruiecs politiques font tant de fois préférez aux ceremonies. Efa. i, Donnez jugement au pupille,amp;c. Et$8,Bri-fe to pain à celluy qui en ha neceflîté. Ofee 6, Zacha.7,Iugezdroidiugcment. Etmefme-ment lefus Chrift prife ces plaifirs mutuels, quand il dit que le commandement deladi-lediô duprochain eft femblable au premier; ç’cft à dire que Dieu requiert obciuanceen toutes les deuxfortes, amp;nbsp;que les œuuresdes deux tables,font adoration s de Dieu.
-ocr page 147-DES DIX COMMAND.quot; 147
DV IIII. COMMA ND.
ZARIc quatrième commandement comme ce parle premier degré de feigneurie ou gouuernemétiafçauoir par l’authorité des pères amp;nbsp;mercs,lefquelsdoyuét donner exemple aux autres gouuerneurs:defquels il eft parlé ail leurs,corne aux Rom.13. Et il eft faidcoman-demêt du fouuerain degré d’obcilTancc: afça» uoir de l’honneur , lequel eóprend trois cho-fes.La premiere, c’eft la cognoiffancc deDieu: lequel il nous faut propofer corne autheurde l’affociatio humaine,tant en mari age,qu’en la republique.En ces ordonnaces apparoir la fa-ge(redcDieu,fabonté enuers nous,faiufticc, fon ire cotre les mechas, la protedio de l’inno cence.Ceft honneur donc eft, quand nousco-gnoiffons que cefte foci été eft vncœuure diui ne,vn tefmoignage de ia prouidencc,falutairc augenrehumain, bonamp;honefte: amp;nbsp;quand nous aimons cefte ordre à caufe de Dieuamp; pour noftrcvtilité:amp; quand nous prios Dieu humblcmét qu’il coferuc ceft ordre. Secôde-ment il comprend l’obciflance externe,! celle fin que nous nous employ os mutnclemét à co feruer les républiques,amp; non pas à les deftrui rc amp;nbsp;gafter. Tierce met il eóprend vne équité, par laquelle nous fupportios aucunes fautes é
K. ii.
-ocr page 148-t4^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Ï-XPOSITIOÏ?
nozfupcricurs,voyat ccftcinfirmité humaine» qui eft fi grande: amp;nbsp;par cefte noftrc équité,mo deratióamp; diligence,nous reparios la faute,amp; y donni6srcmede;entelle forte toutcsfoisquc ne facios rien cotre les comandemés de Dieu.
Orleschofcs doyuenteftre feparéesdes perfonnes. Ceft honneur ainfi diuifé en trois, corne i’ay did, eft toufiours deu au fupcrieur: c’eft à dire,à l’aflociatio mefmc du mariage,amp; àlapolitique:laquellecft coiointeparloixho-neftes amp;nbsp;louables,lefquellcs Dieu a imprimées en l’entendement des hommes,amp; autres lois cquitables.En cefte forte les Peres,les Pro phetes,IefusChrift,amp;lcsApoftrcsontapprou ué toufiours le mariage, amp;nbsp;l’ordre politique, amp;nbsp;les ont auouez pour œuures amp;nbsp;bénéfices de Dieu, ainfi qu’ils ontobferué les change-mes des mouuemens amp;nbsp;des temps aux gouuer nemés publiqucs.Dont ils on t péfé que Dieu auoit foing des homes. Cepend at touteffois ilsfcparoycntccs chofes des perfonnes,amp; des ccuurcs du diablc;lcqucl,d’autantplus que les ecuuresde Dieu font grandcs,amp; tant plus Pef forcc-il deles effacer,de les ebralcr amp;nbsp;deftrui rc du tout,comme furieux amp;nbsp;plein de rage. S, Paul doc aimoit l’ordre politique, amp;nbsp;lesloix dcl’épire Romain,amp; obeiffoit à icelles: mais il n’aimoitpoint Nçrp ne Caligula:amp;qui plus eft,
-ocr page 149-ßES DIX COMMAND. Î4p fft,il les auoit en execratió amp;nbsp;horrcur,comein ftrurnensdu diab]e,mauditsdeDieu’. parles inechancctez defqucisil voyoittout l’ordre denatureeftrercnuerfé amp;nbsp;contaminé,IInous faut obleruer cededidinöió des chofes amp;nbsp;des pctfoncs: afin quelesœuurcsdcDieufoycnt fcparéesdesœuuresdu diable. Etcclluyqui pourra difcernerles chofes d’entrel ^^perfo-uesdl aimera mieux,iSlt;:auraen plus grande rc-ucrcncclcsloixciuiles amp;nbsp;gouuernemens publics : amp;nbsp;en confiderant cefte grade cofufion des royaumes amp;nbsp;empires,laquelle procédé du diable amp;nbsp;defes fuppods, il fera plus fâché de vcoir la puiffance du diable,lequel eftantaffiz au plus haut degré de tout le gouuernemenr, auec grade arrogace amp;nbsp;cruauté,declare la haine qu’il ha cotre Dieu,demonftrc cobien peu de conte il fait de tous les hommes,defeouure fatyrannie amp;nbsp;inhumanité. Car quelle chofe plu.s horrible, plus vilaine, plus abominable pourroit-on imaginer, qucles tyrans qui ont efié de tout tcmps?Et cobien de Princes y eut il iamais, qui ayent edé exempts de tyrannie, voire ceux quin’auoyétpas grande puiflance amp;nbsp;authorité?Et cobieny en a-il cncoicauiour dhuy?Certesbicnpeu. Il edbefoinqucnous entédions quelle cd lagradeurdc ccsmanx;amp; nous faut gémir quad nous y penfons, amp;nbsp;faut
K. iü.
-ocr page 150-ljo nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;EXPOS ITTON
prier Dieu qu’il luyplaife corriger telles i-niquitez, amp;nbsp;conferuer les républiques. Et ne faut point exculer, ou fauorifer les vices ious prétextédcl’œuurcde Dieu: nepour l’excellence du lieu ou dignité,foufFrir aucuns torts manifeftes, ny iniures outrageufes , neme-chancctc2,nedebordemcs exécrables oudif-foluiiósdcfordónécs des tyrans, lesquels pil-lcnt,rançonnent,dcftrouflent lans ordre,fans fin, fans mefure. Mais lcreftede ceux qui lont de la république, aufqu«Is le Seigneur Dieua donné l'on glaiue, font tresbien quand il chaf fent du gouuernemét de l’empire tels N erons amp;nbsp;Caligules,tcls monftrcs amp;nbsp;peftes. Comme Traian did tresbic à cclluy qui auoit la charge de toute fa gendarmerie, luy donnant l’ef-pée: Vfe de cefte efpéc pourmoy, quandic te commanderay chofesraifonnablcs : mais fi ie te commande chofes iniques amp;nbsp;deraifonni bles,vfe- en contre moy. Mais fi ceux qui ont le gouuernemét par deflus les autres,fót loyaux: c’eft à dire, s’ils fefforcent aucunemet de faire leur deuoir,amp; fi bien fouuent ils font quelque bonne chofe, amp;nbsp;ferepcntent apres auoirmal fait,il faut cacher leurs fautcs,ou y donner rc-jnede. Tcls ont efté Dauid,Salomon,lofa-phat: Icfqucls combien qu’ils furent Princes exceliens amp;nbsp;vertueux,ncantmoins ils font tô-bez
-ocr page 151-D È S D r X COMMAND. 10 bezlourdemêt;amp;leurs pechezont efté mis par efent : àfinquenousfoyonsadmoneftezque c’eft vne chofe trefdifficile,amp; grandement pc-rillcufe, que Ie gouuernemene d’vn royaume, ou d’vn empire. Car corne ai nfi foit que le dia bic eft meurtrier, il tache à démolir les républiques, àrenuerfer amp;nbsp;ebranler les gouuer-neurs ; ou il ha les fuppofts amp;nbsp;inftrumens entre le peuple: comeiladu tout deftruiâ Saul, lequeltoutcsfois auoitfaidau comencement de grades chofes amp;nbsp;vtiles ,11a tendu les lacqs à Dauid,defquels il s’eft depeftré à grande difficulté. Puis apres il efmeut fonfilz Abfalo con tre luyde forfait duquel attira depuis vnc gran deruinc.Lediablcdôctroublelcsrepubliques amp;nbsp;la nature des hommes eft de foy dcbile,tant celle des gouuerneurs,que du peuple. Ettous deux aiment naturellemét la liberté charnelle, amp;nbsp;hayffent le ioug des loix amp;nbsp;de toute difcipli ne. C’eft bienvn grand amp;fingulier don de Dieu,fe gouuerner moycnnemét au milieu de tant d’embufehes du diable, amp;nbsp;vnc fi grande infirmité humaine entant de fortes debile amp;nbsp;foible. Comme dit apertement Salomon, A fin que l’œil voye, amp;nbsp;que l’oreille oye, le Seigneur Dieu facelesdeux-.c’eftàdireià celle fin que le magiftrat ait bon confeil : amp;nbsp;que les fuietsfoyent obeiflans comme ils doyuenti
K. üü.
-ocr page 152-1J2 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;EXPOSITION
que Dicuy befongnc, amp;nbsp;qu’on cognoiflc que c’cft fon ccuure, laquelle il nianifeftc par les fideles gouuerneurs, entre l cfqucls il y en a de meilleurs les vns que les autres. Il n’y a point de fageffe entreles hommes,ne vertu tat grade fuit-elle, qui puiffe fatiffaire à tant decho-fcs. Parquoy fainâPauldidàlaa. Cor. 3, NüftrcfuffilancceftdcDicu. Item;Nousnc fommes pas fuffifans de nous mefmcs,amp; ne pouuonspas penfer feulement ce qui eftrai-fonnable.Maislafidelité eft rcquifeés perfon-nes:c’eft à dire la volonté de bien faire.i. Cor. 4. Au demeurant, il eft requis aux miniflres. qu’ilsfoyent fideles. Puis donc que l’eftat du gouuememét ciuil eft vn moyen cftat,reco gnoiffons-lepourvn bénéfice de Dieu,lequel Dieu adminiftre par magiftrats fidcles;amp;obe-iffonsà Dicu,qui eft autheur des républiques, D’auantage portons honneur à ceux qui ont charge publique , amp;nbsp;autres qui font à l’entour d’eux,à caufe de leur loyauté, amp;nbsp;de fi grand’labeur qu’ils endurent. C’eft adiré: recognoiffons qu’ils font aides de Dieu, qu’ils font les inftrumens, par lefquels Dieu nous adminiftre de fcs biens ; aimons les, amp;nbsp;nous afluictiffons deux : amp;nbsp;confeflbns que nous deuons rendre graces pour leur grande diligence : amp;fupportons aucunes deleurs fautes,
-ocr page 153-DES DIX COMMAND. If J fautes:en forte touteffoi s,quc nous nc facions rien contre le commandement de Dicu.Cefte équité eftvne grande vertu, amp;nbsp;bien difficile. Pay noté en peu de parolles quelles chofes font comprinfes par ce mot,Honneur: lequel il faut diligemment confidercr:i’ay parléauf-fi de la difference qui eft entre les chofcs amp;nbsp;les perfones.
Or ce commandement contient les dc-uoirs mutuels des fuiets amp;nbsp;de leurs fupericurs. Les deuoirs des fupericurs font fignifiez en ces deux mots, de Perc amp;nbsp;de Mere:auffi en tout le Dccaloge,auquel eft comprifepar tout la manière de gouuerner , toutes les vertuz, amp;nbsp;tous les deuoirs d’vn bon pere, amp;nbsp;d’vn bon gouuer neur;ainfi que cefte fentence eft veritable, come Xenophon a dit: Vn bon prince n’eft en tien differêt d’vn bon pere.La premiere charge doncd’vn bon gouuerncurfoitdela première table •. c’eft à dire, qu’il ait ce foingque les Eglifcsfoycntbien inftruites. Lepercioit fongneux que fes enfans foyent fiddemet cn-fcignezcni’efcholedc lefus Chrift: d’auâta-ge qu’il foitiufte amp;nbsp;conftant quand il faudra fouftenir la querelle de Dieu;qu’il foit ehafte, qu’il foit large enuers les bons, ayant zcle, amp;nbsp;hayflant de tout fon cueur toute vilenie; qu’il foit veritable en dits amp;nbsp;faits : qu’il foit de-
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bonnairc amp;nbsp;fans malice, ou aucun mauuaiî foufpeçon. Qu’il foit diligent à biê employer fes biés, en forte qu’il donne bon ordre àtou-teslcsneccffitez,quifuruiendront. Outrepius (corne i’ay dit) tout le Décalogue cft vne forme dcgouuernemenf.amp; quand Icgouuerneur aura vne affedio paternelle, il f’efforcera aulli àfuyureces vertuz.
Pareillement que ccluy qui eft fuiet,porte honneur àfon fuperieur : c’eft à dire, qu’il rc-cognoiffe que les gouuernemés publiques foC ceuures de Dieu,qu’il obeifle à caufe de Dieu: amp;nbsp;qu’il fupporte quelques fautes.Icy aulTi ap-partienêt ces vertuz:afçauoir, la iuftice généra le,qui eft vne obeiffanec lcgitime,deuè au ma-giftrat: item la charge delà vocation d’vneba cunâtem cefte équité,qu’on doit auoir en cou ■ urant les fautes des fuperieurs, ou en y donnât remcde,à fin que la paix publique ne foit point troublée.
Mais lespcchez ou vices contraires font plus faeilemens cognuz, comme larebellion cotre les fuperieurs, laquelle eft nommée dcf-obeilTance: amp;nbsp;eft vne iniquité generale amp;nbsp;vni-uerfelle.Item,la fedition:item,lapare{fed’exe-cuterfon office:item,f’ingcrcrenla vocation d’autruy. Decevicefontcntachezbienfou-ucntamp; Icsfuperieurs,amp;lesfuiets. Parquoy fainft
-ocr page 155-DES DI X COM MANO. Hf f^inô Pierre defend d’eftre trop curieux és bc-^ongnes des au tres.
D’auantagc, (comme i’ay did cy deffus,) tout ainfi qu’aux gouuernemens publiques ii faut mettre difference entre leschofes,amp; les perfonnes:auffi faut-il mettre difference entre les chofes mefmes. Es autres monarchies le gouucrnenient appartenoit principalement i la defenfe de la focieté ciuilc amp;nbsp;honcftc,iaçoic qu’ils n’euffent aucune cognoiffance de la i e-ligion Chreftiennc:mais au royaume de l’A n-techriff,ils ont des loix perpétuelles ; fingulie-rementlcs loix de fon régne,lefquclles contie-nent vne nouuelle ad oratio plei ne de blafphe-ines,amp; contraire àlcfus Chrift, amp;nbsp;condamnée de Dieu.Et la fin princi pale de ce regne,eft d’abolir totalement le nom de Chrift. Etfous ce prétexté ce regne a cfté bafty, comme Pii appartenoit à la gloire de Dieu, que le nom amp;nbsp;la doârinede Chriftfutcfteintetotalcmét.Tel eft le royaume de Mahomet,LaLoy deMahomet eft vn outrage manifefte contre Chrift. Auccce elle commande le brigandage : car elle commande de tuer ceux quicroycnt lefus Chrift eftre leFilz de Dicu.Item,elle veut que par force amp;nbsp;coufteaux on diuulguepar tout les erreurs. Daniel apredift toutes ceschofes, chap. 7’ parlant delà petite cornc:11 parlera
-ocr page 156-IJlt;Ç nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;BXPOSITIO»
contre l’Eternel, amp;nbsp;brifcra les fideles du très« haut. D’auantage pluficurs fortes de vilenies amp;nbsp;paillardifcs infames font permifes par cede Loy.Et à la vérité les mariages des Mahome-tiftes font nuis ; car il leur eft permis par laloy d.’efpoufer femme,de la répudier, amp;nbsp;après l’a-uoirrépudiée,la rependre, félon la fantafie priuée d’vu chacun,fans cognoiffance de cau-fc.IIspermettentauffi parleurloy des paillardifcs cxecrables,àcaufe defquellcs le Seigneur Dicua deftruit Sodome, amp;nbsp;pluficurs autres citez, Parquoy, tant Pen faut que laloyde ceregnefoitdeDieu, quepluftoft ilya vne rage diabolique, laquelle Dieu permet de régner en orgeuil iufques au dernieriour,pour punirle mode. Ainfi félon que les pechez font crcuz depuis le commencement iufques au-ioud’huy, auffi laferuitude eft creuë, amp;nbsp;li durté des feigncurs,amp;: finalement la confufio. Acefte caufe il faut obferucr la difference qui eft entreles autres monarchies,^: le royaume dcMahomet.Danielpouuoit exercer l’office demagiftratau royaume de Babylonc. Les luifspouuoycntfuyure la guerre fous la conduite d’Alexandrc.LesChrefticns pouuoyent eftre foudars des princes Romains: ainfi que fous l’empire de Marcus Antonius les Chre-ftiens curent pluficurs viâoircs,amp;Iuy parleur loyauté
-ocr page 157-DES DIX COMMAND. IÇy loyauté triompha plufieurs fois enPannoniCî pource qu’lis ne faifoyent guerre pour autre raifonque pourla conferuation, amp;nbsp;honefte entretien de leur république. Mais il n’eft nullem ent licite aux Chreftiens de faire guerre auec les Turcs,lefqucls ne pretendent point de conferuer leur république en honefteré, mais de confermer amp;nbsp;eftendre leur loy . Il eft bienlicitcaux Chrefties d’endurer laferuitu-de:mals il ne leur eft aucunement licite d’aller en guerre auec les Turcs:car le texte dit aper-tement;Il brifera les fideles de Dieu.
lE V. COMMANDEMENT.
Tu ne tueras point.
CE commandement defend non feulcmét les torts externes faits aux corps:non feu-Icmêtlesvengcâces particulières extérieures: mais auffi cefte malueuillacc qui eft au cueur, les haines, rancune, cnuie, amp;lcdefirpriué de vengeance,commelefus Chrift expofe clairement cecommandemetau;, de S. Matthieu. Etau contraire il requiert vue debonnairetc enuers tous,mifericorde, zele, amp;nbsp;cefte fynce-reaffeâion quiefteotraire à malueuillance, manfuetude ,patience, droiture: laquelleeft contente de quitter quelque chofedefonbon
-ocr page 158-«5? nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;« X P o s I T I o M
droit pour les caufesprobables qu’elle veoît: à fin que ceux en qui il y a efpoir d’amendement,foycnt remis au droit chemin : de peut auffi qu’il ne f’engendre des diffenfions publiques apres les difcors particuliers:pour autant que nous fçauons,qu’il y aeftroit commandement touchant les oftenfes particulières : afça-uoir,Pardonnez,amp;ilvousfera pardonné,
D’aiiantage la vengeance n’appartiét pas àvn homme priué tant foit il irrité:maisleSei gneur Dieu veut qu’on luy referue, amp;nbsp;luy a borne feslimites. Parquoy il dit : Amoyla vengeance. Or il eft certain combien de troubles ont efté emeuz par conuoitifes priuées amp;nbsp;dcfirs de prendre vengeance.Parquoy apprenons ce que Dieu a commande touchant la vengeance, amp;nbsp;obeiffons au commandement de Dieu.
Il fauticy adiouftcr auffi,que le magifirat ou le gouuerneur de la république peut licitement vfcr de vengeance, ainfiquc Dieuluy a commandc;amp; l’office du magiftrat eft défaire la vengeance, amp;luy appartient ce qui eft dit: A moy la vengeance, ie 1’executeray. le puni-ray,ou de ma main,ou par permiffion, ou par l’office légitime du magiftrat: car Dieu efta-blit,confcrue, amp;nbsp;changelcs royaumes, les fei-cncurics,amp; républiques,comme dit Daniel au z.chap.
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î.chap. Dieu change les royaumes,amp; les cfta-blit. La vengeance diuinc donc eftvne peine légitimé, amp;nbsp;qui iuftement appartient aumagiftrat, quand il punit les brigans, adultères, periures,deftroufleurs,larrons,amp; ceux qui par fentence criminelle font iugez à mort. L’office amp;nbsp;les guerres légitimés appartienét au ma-giftrat: comme quand Conftantin reprima l’orgeuil amp;nbsp;felonnie de Licinius par armes. Ettout ainfiquelagucrrecftlefouuerain de-Si^éde la puifTance amp;nbsp;authorité du magiftrat; auffionen abufe grandement, amp;il n’auient guiercsfouuentqu’on face guerre iuftement, amp;nbsp;ainfi qu’il appartiét. Mais commeainfifoie SueleDiablcfoitmcurtrier dés Iccomméce-
ment, amp;;ennemy mortel de tout ordre ciuil, ^':srcpubijqyes, g, detoute difciplinc, bien fouuentil fufeite de grandes gu erres fan s gra^ deoccafio^embrafeles courages des deuxeo-ftez d’vne méchante amp;nbsp;inique cupidité. Le Seigneur Dieu permet ces brigandages à celle fin qu’il puniffelcs pechez des deux parties. Comme la guerre de Peloponnefus(qui futla ruine de toute la Grece) fut efmeuë par legeres caufes',iyjant laquelle fut couppé vn bois cipez, equel eftoit confacré félon les cérémonies amp;nbsp;couftutnes des Paycns.La caufe de cc-l e emotion,futquç Pericles fe fentit irrité des
-ocr page 160-Ïffo^ BXPOSITIoH
iniurcs,qui auoyent cfté faites à Afpafia: amp;nbsp;e- | flat efchaufTe,il entreprit la guerre .Et qui plus cft,vn bo droit n’eft pas affez iufte amp;nbsp;fuffifan-tc caufe pour faire la guerre, fingulierement quand lesoccafions font legeres: comme on dit,que bien fouuent le meilleur droit,c’eft vn grand tort amp;nbsp;vnc grandeiniurc. Maisilfaut vfcr d’équité, amp;tafchcrpluftoft à remédier, f’ily a quelqueoffenfe commife, qucpourla faute d’aucus,punir les innoeês,meurtrir ceux qui n’ont point offenfe, nuire fans diferetion aux eglifes amp;nbsp;républiques. Et fâchent les gou-uerneurs amp;nbsp;princes que la guerre doit eftre ' vnc vengeance diuine,amp; qu’elle ne doit point feruir à l’affeâion de l’homme, ou à vn courroux temeraire : comme difoit Abigail àDa-uid, Pour autant que tu fais la guerre du Seigneur,qu’il ne foit poît trouuc de mal en toy.
LE VI. COMMANDEMENT.
Tu ne paillarderas point.
IL y a vne grade confufion publique en l’or-drequi eft ordoné de Dieu,cn ce fixieme cô-mandement, laquelle doit eftre défendue felo l’opinion de tous. OrlefusChrift expofeee comandementen S. Matth chap. S- amp;demon- ( ftre que non feulemct les pechez exter nés font défendu z,
-ocr page 161-DES DTX COMMAND. Iff» I dcfenduz: mais aufli l’inclination peruerfe,amp; les eftranges mouuemcns, qui fontcontraires à ce commandement. Et comme il aeftédift cy deffuSjtoutainfi qu’il faut exelurre aucunes affirmatios auec les negatiues;auffi faut-il noter en cell: endroit, que le vray mariage eft in-ftitué amp;nbsp;confermé, pour autant qu’il eftfou-ftenu par celle loy,laquelle approuuc la con-uerfatjon de mariage:amp; au contraire elle condamne toute affcmblée d’homme amp;nbsp;de femme,faide hors le mariage Icgitime.Ecmenace de punir les paillars en celle vie; amp;nbsp;les eondam ' ne à mort perpétuelle après celle vie:comme il eddiden l’epillreaux Ebrieux,Dieuiugera les fomicateurs amp;nbsp;adulteres.Item aux Ephe.y, ' Vn paillard ou fouillé n’a point d’héritage au royaume de Chrill amp;nbsp;de Dieu: car pour ces chofes, l’ire de Dieu vient fur les enfaus d’incrédulité. Or i’ay did que le mariage cllella-blyamp; confermé par celle loy :pourcc que com bien que le monde ne puniffe point les adulte res,ne les autres paillardifes aulïî: neantmoins Dieulcs punit,amp; ne permet point que fes menaces foyent vaines amp;nbsp;fans effed ; comme les exemples de tout temps ledcmonllrent; voire ceux qui ne font point rédigez par efcrit. T ou teffoisDieua bien voulu qu’aucuns ayentc-fté eferitSjà fin que nous foy os admonetlez de L.
-ocr page 162-jÄ^i nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;EXPOSITION
cefte reiglc,afçauoir, que Dieu fe courrouce à la vérité à tous ceux qui fontfouillcz amp;pol-luzdc paillardife; amp;nbsp;qucmefmeilchaûieri-gourcufcmcnt ceux qui Pen repentent,comme Dauid a efté chaftié: ou il deftruit du tout ceux qui ncPamendent point, comme Sodo me a efté du tout mife à lac. Et non feulement ces cinq villes ont efté du tout dcftruites pour ceftc caufe, mais auffi les paillardifes, adultères, amp;nbsp;fouillcurcs infames ont efté caufe de la ruine de beaucoup d’autres villes : comme de toutes les villes de Grece, de Thcbe,d’Athene,de Sparte. Et non feulement Troyca efté punie àcaufe de l’adultéré ; mais plufieurs R oys font morts honteufement, ont finy leur vie malheureufement à caufe de leurs paillat-difes;commcEgifthus,Clytemncftra,prcfque tous les Macédoniens, Philippe, Alexandre, Demetrius,les Ptolomées,plufieurs Empereurs. Et bien fouuent auffi les royaumes ont efté tranfferez par cruelles guerres pour cefte caufe : comme prefque toute la lignée deBen-iamin a efté du tout deftruitc à caufe dcl’adul tere commis en la femme du Lcuite. Regardons à ces exemples, amp;nbsp;entendons aux mena-cesdiuincs, amp;,obeiflbns volontairement à ce commandemenr,amp; refiftons à toutes mauuai f8saffeâions,amp; defirs illicites. Les vertus qui pen
-ocr page 163-DES DIX COMMAND. Iffj Penfuyucnc,font icy rcquifcs:afçauoir, pudicité,chafteté , ou continence, vergongne, at-trcmpanCe,fobricté:car fans attrempancc nul ne peut contregarderfa chafteté.
DV VII. COMMANDEMENT.
Tu ne déroberas point.
ET icy auffi faut cercher l’affirmatiue ; car dadiftindion des feigneuries amp;nbsp;poffeffi-onsyefteftablic: ce que mcfmc tefmoigncle contenu de ce commandement eftrevne ordonnance de Dieu. Car d’autant que les larcins font de fendue par iceluy, il veut aufft que chacun poffede paifiblcmcnt fou bien. Parcetefmoignage foyentconfutéeslesréue', ries d’vn tas de gens fanatiques, lefquels défait lent lourdement amp;nbsp;au grand defauantage de l’EglifcdeDieu, amp;nbsp;fouftienentqu’enl’Euan-gilc la propriété des biens cftdefendue. D’a-uantage il faut obferuer la defenfe qui nous eh faiàe ; afçauoir que ne conuoitions point les biens d’autruy . Et pour autant que les contrads font ordonnez de Dieu, à fin que les hommes demonftrent l’obeiffance qu’ils doy uet a Dieu par plaifirs amp;nbsp;feruices mutuels, on y doit garder faindeté amp;nbsp;droiture ; cat
L. ii.
-ocr page 164-16'4 nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;EXPOSITION
Dieu punit I’iniuftice , mefme és contrats, non feulement par les peines ordonnées par lemagiftrat ; mais aufti par autres calamitcz, comme diâ Haie: Maledidion fur toy qui deft rouffes,car auffi biê feras tu defpouillé.Dcut. 2j,Ayes vnpoixamp;vnemefureiufte ; àhnque tu viucs longuement. Etnous voyonsparcx-perience la vérité de cefte fentence, qui did: Les chofes mal acquifes fe dechéentde le diminuent malheureufement. Cefte loy contient pluficurs vertus cotraires àauarice,lafchecé,amp; prodigalité :afçauoir, droiture és contrats, libéralité,diligence,cfpargne. Car toutes genJ lafchesquif’attendentfurle labeur d’autriiy,' tous prodigues, font larrons, d’autant qu’de ne pourroyét entretenir leur oifiueté,ne fatif-faire à leur defpenfe,s’ils ne le prenoy ent d’ail leurs, 5c rauiffoyent du bien d’autruy. '
DV VIII. SOMMA ND.
Tu ne diras point faux tefmoignage.
z^ Efte loy cftablit amp;nbsp;conferme les iugemes,'
amp; les paclrcs,amp; contient vne vertu qui eft la plus excellente de toutes les autres:afçauoir Verité.Le profit de laquelle eft cotenu amplement és dodrines, ésiugemcns,éspaches, amp;nbsp;cnli
-ocr page 165-DES DIX COMMAND. iSj enh couerfation. Car toutes les dodrines cor rompues par fraude, ou par l’arrogance amp;nbsp;in-diferetion des efprits : toutes les calomnies amp;nbsp;cauillations faides en iugement, toutes trorn periesamp; trafiques cauteleufes des marchas,tou tesfophift cries,tous ceux qui par leur hypocri fie dc^oyuct amp;nbsp;prenêt les autres au trebuchet, amp;nbsp;ne declairentpoint librement ce qu’ils Tentent, amp;nbsp;quelle eft leur nature amp;nbsp;opinion, corrompent ce commadement .11 nous faut diligemment obieruer cobien grade eftendu:ont toutes ces chofes en noftre vie, à fin que nous apprenios à vrayemét hayr amp;auoir en execra-tionlefard,la diflimulation,oulafophiftcric.
DV IX. ET X. COMMAND.
Le neufieme amp;lc dixième commandemet adiouftentvnc declaratiomàfin que nous fcachions que non feulement les œuurcs externes font commandées par la Loy de Dieu, mais auffi le péché qui eft enraciné en la dodri nehumaine tant corropue, eft codamne amp;nbsp;re-prouué de Dicu-.lequel eft appelle cocupifeen-ce.Car non feulemét font icy reprouuées les ff fedions vicieufes ,efquelles eft adioint le con-fentement,comme on did;mais auffi cefte pcr-uerfe inclination qui eft en nous, par la quelle
L. iü.
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nous auons Dieu en defdain perpétuellement, amp;nous nous deftournos deluy, amp;nbsp;fomesrebel les à fa loy, laquelle auiîî engendre en nous vne cofufion horrible de couoicifes infinies,la foit quele cofentemet ny foie pas toufiours.QiianC à cernai perpecuei,faind Paul dit: Laprudéce delachaireft ennemie de Dieu: car elle n’eft point fuicte à laLoy de Dieu,amp;ne f’y peut affu ietir aucunemêt. Et ne penfons pas que ce foit vn petit mal, que d’eftre cnnemy de Dieu : car l’inimitié entiers Dieu coprend beaucoupde malhcurctcz:afçauoir des doutes de Dieu,rc-culement de Dieu,murmure cotre Dieu,quad nous fommes puniz: puis apres des pen fées va gués, contraires à la Loy de Dieu: afçauoir, confiance en fa propre fagefle ou vertu, con-temnemét des autres,enuie,ambition,auarice, defirs defordonnez de paiHard;fe,conuoitife de vegence. S.paul comprend toutes ces cho-fcs parce mot d’inimitié. Ces chofes font du tout contraires à Dieu : amp;nbsp;Dieu femblable-menteft irrité contre telles mefchancetcz;ia foit que pour l’amour de fon FiIzil pardonne aux fideles. Orce que faind Paul appel le inimitié contre Dicu,ill’a3uffi appellé ailleurs concupifcence : laquelle fignifie vne maiiuai-fc inclination, amp;nbsp;corruption de toutes affe-dions. Par ce moyen il eft certain qu’il n’y
-ocr page 167-DES DIX COMMAND. 1^7 en a pas vn de tous ceux qui font naiz en cc-ftccorruption,qui puiffe fatiffaire à la Loy de Dieuxar la concupifcencecorrompue demeure en cefte nature mortelle,laquelle faind Paul afferme efire péché, au 7.des Romains. Eepuis aprcsil l’appelle inimitié cotre Dieu: amp;nbsp;il adioufte quant amp;nbsp;quant, qu’elle ne peut cftreaffuictieàla Loy de Dieu :parquoy elle eff reprouuée par ce Decalogue. 11 eftbe-foingquenousfoyonsadmoncficzdecescho fcs,àfinque nous puilfions cotemplcr la grandeur de la grace de Dieu,amp; entcndrela dodri ne de la iuftification par la Foy.
Audemeurant, il faut auffmotercccy ;a-fçauoir que combien qu’il ne foit point parlé en tousles commandemens en quelque certain lieu des loyers,ou des peines,neantmoins il faut entendre, que les promeffes amp;nbsp;les menaces apparcienent également à tous les commandemens, amp;nbsp;qu’il en eft faid niétion ailleurs bienfouuét. Le fommaire des promeffes eft coprins en ces paroi lest Qui aura accôply toutes ces chofes, v i ura en i cell es. L e fo m mai-’^tdes menaces eft en cecy : Maudit,celluy qui ne refera point arrefté en toutes les chafes qui font eferites en la Loy. Mais il faut entendre, que toutes les promeffes delà Loy fontfaides fous condition ic’cftafçauoir,
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qu’il ne fe face neu contre la Loy. Or puis que la Loy nous condamne toufiours,ces pro meffesferoyent vaines amp;nbsp;friuoles,fi nous n’c-ftions enfeignez par l’Euangile , comment nousfommes reputez iuftes, amp;nbsp;commcntle commencement de cefte obei{rance,que nous rendonsfelon la Loy ,eftaggreableà Dieu. Les promclTcs donc font faites aux bons par lafoy qui eft en Chrift, amp;nbsp;les promeffesde la Loy font ratifiées : pource que Dieu reçoit l’obeiflancc comme aggreable. Parquoy il donne des loyers amp;nbsp;corporels amp;nbsp;fpirituels, félon ce qui eft did: Donnez, amp;nbsp;il vous fera donné. Etau Pfeaumc3a, Afin qu’il racheté leur vie de mort, amp;nbsp;qu’il les «ourriffe au temps delà famine.
LOVA Hex À Ï.Ï£V.
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