MANUEL
PHTISIE
SON TRAITEMENT DOSIMÉTRIQUE
Par. le DOCTEUR BURGGRAEVE
PROFESSEUR ÉMÉRITE DR I.’üNIVERSITÉ DE GAND (BELGIQUE) AUTEUR DB LA î^ouveUe ^Jélhode dosimétrique.
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CHEZ L'AUTEUR, RUE DES BAGUETTES, 50 et dans les yriniipales librairies
1888 .
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-ocr page 6-PROPRIÉTÉ
Bruxelles.
Imprimerie V* Cn. Vanderauwera, rue des Sables, 16.
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PHTISIE
ET
SON TRAITEMENT DOSIMETRIQUE
Par le DOCTEUR BURGGRAEVE
l’HOFESSEUR ÉMÉRITE DE l/UNIVERSITÔ DE GAND (BELGIQUE} AUTEUR DE LA Nouvelle Méthode dosimétrique.
GAND
CHEZ L'AUTEUR, RUE DES BAGUETTES, 50 et dans les principales librairies
1888
-ocr page 8- -ocr page 9-PRÉFACE
Le mot phtisie (de »Siw, je sèche) veut dire une maladie de marasme — comme une plante qui dessèche faute d’assolement. — C’est donc l’expression de la misère physiologique. On se demande, après cela, à quoi sert la civilisation, puisque ceux qui en sont les pionniers en sont les premières victimes.
Dans les forêts vierges du Nouveau-Monde, ou a les serpents et autres animaux venimeux. Est-ce pour cela que
-ocr page 10-dans le Vieux-Monde on parle tant de microbes? Comme si ces infiniment petits dont on veut faire les boucs émissaires des maladies infectieuses, n’étaient le produit de nos négligences — pour ne pas dire de notre égoïsme.
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Si nos ouvriers étaient bien nourris, bien vêtus, bien logés, pense-t-on qu’il y aurait tant de tuberculeux parmi eux?
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Il en est de la phtisie comme des maladies infectieuses en général. La variole qu’on a prétendu aussi être un mal naturel, les peuples primitifs ne la connaissent pas — et l’histoire des civilisations antiques n’en montre pas de traces.
-ocr page 11-En attendant que le vaccin antiphtisique soit trouvé, appliquons-nous à guérir le mal ou plutôt à le prévenir.
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Tel a été notre but dans le présent Manuel. Non que nous prétendions avoir inventé les remèdes préventifs ou curatifs — mais le mode d’application — modus adminisirandi.
Ces remèdes, ce n’est pas aux spécifiques que nous les avons demandés, mais aux agents dosimétriques. Si nous réclamons pour eux ce titre, c’est qu’avant la dosimétrie il n’y avait en thérapeutique que des systèmes.
-ocr page 12-C’est ce qu’avait compris feu le docteur Marchai (de Calvi) quand il disait, au début de la dosimétrie : “ Il ne faut pas s’arrêter aux mots médecine dosimétrique, qui pourraient donner l’idée d’une réforme générale. Il y a eu, par exemple, une médecine physiologique ; il y a une méthode dosimétrique. Ainsi ramenée à ses proportions, l’œuvre du professeur de Gand reste considérable. En attendant la discussion, j’ai demandé des faits à M. Burggraeve, qui a bien voulu me les promettre. {Tribune médicale, 1871.)
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Des faits? Nous en avons fourni jusqu’à satiété ; mais la discussion est encore à venir.
-ocr page 13-Parmi les remèdes contre la phtisie, deux remontent à la plus haute antiquité : l’arsenic et l’iode; le premier sous forme de sandaraque; le second sous forme d’éponge brûlée, ll y a là une idée fondamentale quant à la cause présumée du mal.
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A ces puissants modificateurs de la nutrition, la chimie pharmaceutique de nos jours a permis d’en ajouter d’autres, d’ordre vital, c’est-à-dire les alcaloïdes, sans lesquels il n’y a pas de thérapeutique possible.
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La mission de l’art, alors qu’il ne peut guérir, est de soulager; or, la médecine
-ocr page 14-dosimétrique est agissante, sans être jamais perturbatrice. Quelle lueur d’espoir après une nuit calme que n’aura pas troublée la toux par ses douloureux déchirements ! La fièvre peut être mitigée, les frissons ou redoublements nocturnes, sinon coupés, du moins diminués. Les sueurs et les diarrhées colliquatives peuvent être supprimées ; en un mot, la phtisie être ramenée à sa localisation première. Or, rarement les poumons sont atteints dans leur totalité, et ils ne sont pas tellement de premier ordre que le médecin n’ait du temps devant soi. Les exemples de cavernes cicatrisées ne sont pas tellement rares qu’il faille désespérer de la guérison d’un mal réputé jusqu’ici incurable.
L’art chirurgical a eu d’heureuses au-
-ocr page 15-daces qu’on aurait tort de vouloir pro-^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;scrire. L’important, c’est que ces opé
rations ne soient pas mortelles par ^ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;elles-mêmes.
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Que de motifs, au contraire, poui' le médecin de ne pas s’en tenir à une stérile expectation, qui voit le mal faire son œuvre, sans rien oser tenter pour le guérir ou du moins l’enrayer ! * * *
En publiant le présent Manuel, notre intention n’a pas été de faire un traité ‘ nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;de la phtisie, mais seulement d’en es
quisser la physionomie, afin d’y appli-lt; nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;quer les ressources de la dosimétrie,
ressources puissantes alors qu’il s’agit d’amender le terrain organique.
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Il est un point sur lequel nous avons particulièrement insisté : l’hygiène thérapeutique des phtisiques. Il est certain qu’on traite ces malades trop mollement : on les séquestre et, pour peu, on les traiterait comme les lépreux, sous prétexte de contagion. Mais indépendamment que celle-ci est loin d’être prouvée, il y a tout motif de les soumettre à l’entraînement non seulement par les agents hygiéniques, mais par ceux d’une thérapeutique sagement combinés.
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Feu le docteur Amédée Latour qui a dit, avec tant de raison, que sans thérapeutique le médecin n’est plus qu’un inutile naturaliste, a proposé contre la
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tuberculose un traitement dont le sel commun (chlorure de sodium), le tannin et l’opium font la base. Ce traitement, quoique logique, est trop grossier pour que les malades puissent le supporter longtemps ; or, la guérison de la phtisie est une question de temps. Voilà pourquoi la dosimétrie, qui est une méthode foncièrement physiologique, est la seule applicable dans les maladies de long cours, les conditions habituelles ou la manière de vivre n’étant pas supprimées.
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MODE DE DÉVELOPPEMENT.
La phtisie est un mal social, une misère physiologique, s’attaquant aux deux extrêmes de la société : les classes inférieures et les classes supérieures; aux premières à cause des privations ; aux secondes, par suite de causes de castes. C’est l’égalité devant la maladie et la mort. Nous l’avons suffisamment démontré dans nos livres d’hygiène populaire pour devoir encore insister sur ce point.
-ocr page 20-Les classes inférieures — surtout depuis l’introduction du travail industriel en commun — sont sujettes à toutes sortes de maladies, mais particulièrement à la tuberculose pulmonaire. Les classes supérieures, par une éducation molle — et surtout en se mariant entre elles'—ont amené la dégénérescence de leur race. Ajoutons à ces causes les unions intéressées, mal assorties.
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Qu’est-ce que le tubercule? En thèse générale, on pourrait dire que c’est l’ivraie du corps animal, puisque, comme l’ivraie végétale, elle se sème et se multiplie. L’analogie ne saurait donc être mieux établie.
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L’élément du tubercule est une petite cellule à enveloppe mince, avec un certain nombre de noyaux, de couleur grise, transparente ou opaline, élastique; du volume d’un vingtième de millimètre à un ou deux millimètres, se présentant sous forme de granulations, pouvant subir la dégénérescence graisseuse ou calcaire.
Cette origine de la phtisie doit être prise en considération, puisqu’elle fait voir qu’il s’agit d’un affaiblissement du sang ou leucémie, et qu’ainsi il ne faut pas désespérer de sa guérison.
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La phtisie confirmée est précédée d’une irritation qui constitue sa première période, et s’accompagne d’une fièvre plus ou moins ardente, qui constitue sa période de consomption, de fonte ou de suppuration. * *
Tant que cette fièvre n’existe pas, le mal peut encore être reculé et même arrêté par un régime et un traitement appropriés. La phtisie a deux sources principales : le ventre et la poitrine. Nous devons entrer ici dans quelques considérations sur les leucocytes. *
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Le sang, hiérarchiquement, se com-
-ocr page 23-pose, indépendamment de ses matériaux plastiques ou sérum, de globules blancs et de globules rouges. Dans les espèces animales inférieures ou à sang blanc, ce sont les leucocytes qui prédominent et même qui existent exclusivement. Dans les espèces supérieures ou les animaux à sang rouge, ce sont les he'maties ou globules rouges.
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L’homme présente également ces gradations ou sélections ; c’est d’abord un animal à sang blanc, puis à sang rouge . (Voir notre Histologie.)
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Les globules blancs constituent en grande partie la lymphe, et sont versés dans le torrent circulatoire par le grand canal thoracique.
-ocr page 24-Ces globules proviennent directement de l’abdomen, qui les transmet aux ganglions du mésentère, d’où ils passent, en partie dans les radicules de la veine porte, en partie dans le grand canal lymphatique. (Voir notre Histoire de l’anatomie.)
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Les globules blancs qui passent par la veine porte et qui traversent le foie, sont destinés à renouveler les globules rouges anciens, mais ne reçoivent leur complète élaboration qu’en traversant les poumons où ils s’oxydent au contact de l’air.
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Ceci nous fait voir que la phtisie est
-ocr page 25-autant abdominale que pectorale, puisqu’elle est due à un appauvrissement du sang, soit par suite de conditions héréditaires, soit accidentellement.
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Ainsi l’alcoolisme, la consanguinité, la syphilis héréditaire, une alimentation insuffisante, un air vicié, le travail dans des ateliers mal ventilés, un travail précoce, la réclusion, les peines morales,etc., sont autant de causes prédisposantes de la phtisie.
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Ce qui prouve qu’il faut surtout s’attacher à écarter ces prédispositions ; malheureusement, elles sont souvent d’ordre social, par conséquent difficiles •—■ sinon impossibles — à extirper. (Voir notre livre Etudes sociales.}
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Les sujets prédisposés à la phtisie sont d’une constitution faible, lymphatiques ou leucocytémiques. Leurs tissus n’ont pas la résistance voulue, et à la moindre irritation s’injectent et deviennent le siège d’une irritation sourde. C’est la première période de la phtisie.
Si ce sont les poumons, ceux-ci deviennent secs et crépitants, le plus souvent à leur sommet, et cette irritation s’étend aux parties environnantes : aux bronches et à leurs ganglions. C’est le début de la maladie.
Tant que les tubercules restent à l’état
-ocr page 27-cru, tout se borne à cette irritation, avec une petite toux sèche, en même temps que la digestion languit, les bronches terminales des pneumogastriques étant en grande partie englobés dans les masses tuberculeuses.
Les deux poumons sont envahis success ivement. Le tubercule jaunit, c’est-à-dire se remplit de graisse et prend une consistance caséeuse, en forme de corpus mortuum, qui finit par tomber en fonte et constitue un foyer pyoémique, lequel s’ouvre dans les bronches et donne lieu aux crachats tuberculeux. La fièvre s’allume et constitue ainsi la deuxième période ou d’élimination.
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Dans la troisième période de la phtisie.
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l’air en pénétrant dans le foyer pyoé-mique altère le pus, et donne ainsi lieu à la période de viciation ou de résorption, avec accès erratiques, chaleur et pouls morbides, émaciation, et enfin tous les phénomènes d’une consomption qui finit par le marasme et la mort.
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SIGNES DE LA PHTISIE PULMONAIRE.
Au début (période de crudité), les régions sus et sous-claviculaires sont légèrement aplaties, les vibrations du thorax sont plus fortes que dans l’état normal, et le son vocal dans le poumon diminue ; la respiration au sommet est moins pleine, en avant et en arrière, rude, saccadée, rare dans l’expiration, quelquefois intermittente, surtout en avant, sous les clavicules et habituellement d’un seul côté. Des bruits secs ou craquements se perçoivent au sommet, en
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avant et en arrière, pendant l’inspiration.
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Dans la seconde période (inflammatoire), les signes de la première période deviennent plus évidents, et des signes nouveaux se manifestent, tels que : craquements humides ou sous-crépitants aux deux temps de la respiration, des râles caverneux, la bronchophonie, surtout quand les cavités sont superficielles. Le poumon a diminué de volume et le cœur a remonté à gauche, et on observe de la matité cardiaque.
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Dans la troisième période (ramollissement, élimination), les bruits caverneux ont augmenté : gargouillements, bruit
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de pot cassé, voix et souffle caverneux, tintement métallique comme dans le pneumothorax. Tous ces signes sont plus ou moins prononcés, selon l’étendue et la profondeur des cavernes. C’est ainsi qu’il y a la pectorologuie (Laënnec), la voix caverneuse éteinte (Barthe et Boyer), la voix soufflée (Woillez). (Voir Mannequin d’auscultation du docteur Collon-g'ies.)
Dans la première période de la phtisie, la toux est sèche, petite, saccadée, quelquefois spasmodique, surtout chez les sujets nerveux, chlore-anémiques. Dans la seconde période, elle est grasse, bronchiale; dans la troisième période, muco-purulente.
-ocr page 32-La fièvre, d’abord peu appréciable, est chaude, aiguë, dans la seconde période ; erratique dans la troisième période. En même temps, la gêne de la respiration, la dyspnée augmentent avec des symptômes cardiaques, hémoptysies, sueurs nocturnes, perte d’appétit, souvent après un appétit augmenté, afifaiblissement général et tous les signes de la consomption.
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TRAITEMENT DE LA PHTISIE.
Ceci dit, nous arrivons au traitement, notre but n’étant pas de faire ici un traité complet de la phtisie, mais seulement de rappeler les circonstances q ui doivent diriger ce traitement.
Il va sans dire que le traitement doit être à la fois hygiénique et thérapeutique, préventif ou curatif.
Hygiène des phtisiques.
Au point de vue de l’hygiène, il faut
-ocr page 34-avant tout un air doux, suffisamment dense et humide. C’est en cela qu’on se trompe en envoyant les poitrinaires dans les climats secs et chauds, et à des altitudes où l’air est raréfié.
On a préconisé avec raison l’air des vacheries.
Il y a à Auteuil, un établissement de ce genre. Les chambres des malades sont établies au-dessus des étables, dont les émanations pénètrent à travers des grillages pratiqués dans le plafond et placent ainsi les phtisiques dans un milieu formé par les chaudes émanations des vaches.
-ocr page 35-Dans les appartements ordinaires, il faudra donc constamment entretenir un air chaud et humide. On aura soin que cet air soit constamment renouvelé, et de placer à distance des terrines avec de l’eau de chaux, afin de décomposer l’acide carbonique de l’atmosphère ambiante.
On fera des fumigations guytoniennes ou sulfureuses, pendant que le malade aura changé de chambre.
Les matières de l’expectoration seront constamment désinfectées au moyen de l’acide phénique, et les linges de corps.
-ocr page 36-ainsi que les habillements et literies, au moyen d’une lessive à la térébenthin e.
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Ces précautions sont d’autant plus nécessaires que la phtisie, si elle n’est pas contagieuse dans le sens absolu du mot, est infectieuse. *
L’iode est un puissant moyen de désinfection, soit à l’état de trichlorure, comme fumigation, soit à l’intérieur par l’iodoforme, une des préparations les plus riches en iode. (Voir Manuel de pharmacie et pharmacodynamie.')
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La créosote est également un agent de désinfection, et nous voudrions voir
-ocr page 37-établir des hôpitaux en planches et poutres créosotées. On a remarqué, en effet, (|ue les ouvriers employés aux chantiers de créosotage des billes des chemins de fer, sont rarement atteints de maladies de poitrine.
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Le goudron est aussi un désinfectant, soit en capsules, soit en solution dans de l’eau ou du lait. Il faudra dans ce cas l’associer à la codéine, afin d’amortir la toux.
Enfin, nous citerons les balsamiques, tels que le baume de copahu, lequel a pour effet de produire un érythème qui agit comme révulsif.
-ocr page 38-Le régime des poitrinaires doit être gymnastique ; mais il faut les y préparer par les stimulants toniques, tels que : la quassine, l’arséniate de soude, pour activer la digestion, la strychnine pour leur donner plus de ton. C’est une sorte d’entraînement qui permettra de les soumettre à des exercices corporels, tout en évitant cependant l’excès. La marche, l’équitation, la natation, surtout dans la mer, sont particulièrement indiqués. Il en est de même des douches et de l’hydrothérapie en général.
Nous conseillons également l’aérothé-rapie, qui a pour effet de dilater les poumons et de s’opposer à leur retrait
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par le développement des tubercules. Le docteur Clarke préconise le chant comme une sorte d’aérothérapie naturelle. Toutefois cette gymnastique de la voix a besoin d’être bien conduite, sans fatigue pour les poumons, c’est-à-dire en introduisant dans ces derniers de l’air, par une lente inspiration, et en le laissant échapper graduellement, selon l’effet qu’on veut produire — comme l’organiste au moyen des pédales et des touches de l’orgue.
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MOYENS DE FAVORISER LA CRASE
SANGUINE.
Nous en venons maintenant aux moyens de favoriser la erase sanguine. Et, avant tout, de l’air pur. Dans les ateliers, comme dans les boudoirs, les sujets à poitrine faible subissent une lente asphyxie, surtout dans le jeune âge : la poitrine s’aplatit et sa capacité diminue, d’autant que ces sujets ont un genre de vie sédentaire ou du moins peu actif.
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C’est un reproche qu’on peut faire à la demeure de l’ouvrier et aux hôpitaux mal ou pas ventilés.
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On évitera les courants, qui ont pour effet de répercuter l’action de la peau. Nos ouvriers des fabriques, les femmes et les enfants, notamment, sont insuffisamment vêtus, de sorte qu’à la sortie de l’atelier, ils s’enrhument facilement et qu’ainsi le début de la phtisie est avancé (i).
(1) Nos manufacturiers sont mal inspirés en ne payant pas suffisamment leurs ouvriers; s'il en était autrement, la consommation des fabricats augmenterait. (Voir notre livre: Concours Guinani.')
-ocr page 43-Il ne faut pas tomber dans un excès contraire en habillant les personnes à poitrine faible trop chaudement, puisqu’elles ne sont que trop sujettes aux transpirations et que celles-ci amènent des refroidissements.
Les poitrinaires ont besoin d’une nourriture substantielle. Voilà pourquoi la quassine et l’arséniate de soude leur sont utiles. On conseille les peptones, mais il faut y avoir peu de confiance, parce' que l’estomac doit produire ses propres peptones. (Voir Manuel des dysphagie s.)
Le régime doit être succulent, et les
-ocr page 44-matériaux azotés et hydrocarbonés en quantité proportionnelle, pour un bon assolement. On évitera surtout les mets réchauffants. * * *
Pour boisson de l’eau minéralisée, riche en phosphates calcaires, ce sel étant nécessaire à la nutrition. (Voir Manuel des dyspepsies.}
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Autant on évitera les substances sucrées amylacées, autant on insistera sur le régime salin, tels que sardines, harengs saurs, etc. (Voir notre livre : Amelioration de l’espèce humaine.}
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Pour les jeunes sujets, on donnera la
-ocr page 45-préférence aux viandes blanches sur les viandes noires, parce qu’elles sont riches en albuminates et n’ont pas les qualités ataxiques des secondes.
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Parmi les légumes, on choisira ceux riches en principes azotés : fèves, lentilles — et en principes alcalins ; choux et en général les légumes d’hiver qui permettent un régime gras.
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Mais à côté de cette sorte de surmenage, il faut l’emploi du sel rafraîchissant au sulfate neutre de magnésie, (Sedlitz Chanteaud, etc.).-Ce sel active l’oxydation du sang, et par conséquent la combustion des produits de la méta-
-ocr page 46-morphose régressive. De cette manière, on évitera la formation des acides abnormes : lactique, butyrique, oxalique, qui jouent un si grand rôle dans les maladies humorales.
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Hygiène thérapeutique.
Nous entendons par hygiène thérapeutique, non pas seulement l’hygiène naturelle, c’est-à-dire par les modificateurs naturels ; l’air, la nourriture, les aliments, mais l’hygiène artificielle par les agents thérapeutiques proprement dits.
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Sans doute la plupart de ces agents existent dans les aliments et les bois-
-ocr page 47-sons, mais plus souvent ils y font défaut ou n’y sont pas en proportion suffisante pour une bonne nutrition.
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L’arsenic et ses sels — arséniates — comptent parmi ces agents de l’hygiène thérapeutique des poitrinaires, et c’est pour cela que les eaux minérales arsenicales leur sont utiles; elles augmentent l’énergie de toutes les fonctions nutritives, mais ce sont également des agents antidéperditeurs, notamment chez les poitrinaires, qui perdent une partie de leurs forces par les expectorations et les sudations exagérées.
Parmi les sels d’arsenic, on choisira ceux qui sont les plus en rapport avec la
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constitution des malades; ainsi, l’arsé-niate de fer aux cliloro-anémiques; l’ar-séniate de soude aux dyspeptiques ; l’ar-séniate de strychnine aux épuisés, aux énervés ; l’arséniate d’antimoine aux rhumatisants, aux arthritiques, etc. (Voir Manuel des diathèses.)
Parmi les agents de l’hygiène thérapeutique, il faut encore ranger l’iode, les chlorures, les bromures. Les eaux minérales iodées contiennent insuffisamment ces substances et quelques-unes y manquent absolument — comme dans le Valais, où l’on observe des goitreux. Il semblerait que le corps thyroïde — qui est un agent de sanguification dans la vie intra-utérine—continue à se développer après la naissance pour suppléer à l’insuffisance de la erase sanguine.
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Il sera bon, en tout cas, de donner aux poitrinaires des conserves de plantes marines : varechs, fucus, etc., qui forment un assaisonnement agréable et digestif; en même temps on leur fera prendre quelques granules d’iodoforme dans l’intervalle des repas.
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Le phosphore et ses composés sont également des agents puissants d’hygiène thérapeutique. On pourrait les nommer proliférants, quand on voit l’énorme développement des animalcules phosphorescents. Nous parlons plus loin de leurs propriétés médicinales (du phosphore et de ses composés).
-ocr page 50-En tant qu’agents diététiques, on a : le phosphate de chaux soluble; le phosphate lacto-phosphaté de chaux; les phosphites et les hypophosphites. Ces sels sont d’autant plus utiles aux poitrinaires que la calcification des tubercules est un des modes que la nature emploie pour la nécrobiose des tubercules.
On donnera de préférence l’hypophos-phite de soude comme étant plus soluble et se prêtant le mieux à l’assimilation.
Le chlorure de sodium, qui existe en si énorme quantité dans la nature, puisqu’il forme en grande partie la salure
-ocr page 51-de l’eau de mer, est également un des excitants de la vie les plus énergiques, puisque sans sel marin les êtres supérieurs, et par conséquent l’homme, ne sauraient vivre, ou du moins tomberaient dans un état de deliquùim, voisin du scorbut. (Voir notre livre : Économie medicale.}
On connaît le système antiphtisique du docteur Bouyer, de la Creuse, par le lait chloruré. Aussi ne saurait-on assez recommander aux éleveurs et maraîchers de donner du sel à leurs bestiaux. Virgile avait déjà dit que l’usage du sel et des herbes aromatiques fait donner plus de lait aux chèvres. (Voir notre livre : Amélioration de l'espèce humaine par le régime salin.}
-ocr page 52-Et puisque nous venons de citer Virgile, disons combien il importe de faire de l’hygiène thérapeutique par le lait maternel. C’est faire, comme on dit, deux, pierres d’un coup. Ainsi beaucoup de jeunes femmes d’une constitution faible et menacées de phtisie, gagneraient à nourrir leur enfant, et elles le pourraient si elles y étaient convenablement préparées.
Ainsi il faudrait les soumettre, avant,, pendant et après leur grossesse, aux. agents prophylactiques que nous venons-de passer en revue.
-ocr page 53--TRAITEMENT MÉDICAL DE LA PHTISIE.
En tant que spécifiques, il n’y a pas de traitement antiphtisique absolu, puisqu’il faut agir d’après les causes et d’après les symptômes, c’est-à-dire par la dominante et la variante. (Voir Manuel .thérapeutique dosimétrique.)
La dominante se trouve dans les moyens d’hygiène thérapeutique que nous venons d’indiquer, et par consé-
-ocr page 54-quent appartiennent surtout à la prophylaxie de la maladie. Disons que la dominante doit être instituée pendant toute la durée du traitement, et même être poussée à saturation, puisque c’est la seule manière de modifier le terrain organique. C’est généralement parce qu’on désespère de la maladie cju’on perd le malade.
Traitement arsenical.
Ce traitement est fort ancien, puisqu’il remonte à Dioscoride : en fumigations contre la toux invétérée et l’expectoration. En 1786, Fowler et Pearson le mirent en usage comme antidiathésique, dans les fièvres intermittentes et les débilités en général.
-ocr page 55-Trousseau est le premier qui l’ait expérimenté sur les phtisiques et les poitrinaires par faiblesse de constitution, et il obtint ainsi une suspension momentanée des symptômes intercurrents, tels que la diarrhée, les sueurs, l’expectoration. Son malheur fut de ne pas connaître la dosimétrie, qui lui eût permis de donner, en même temps que la dominante, la variante, c’est-à-dire les alcaloïdes calmants et défervescents. Il reconnut toutefois que l’arsenic doit être donné à doses fractionnées, si on ne veut dépasser le but, c’est-à-dire un poison au lieu d’un remède.
Mais, à la longue, l’usage de l’arsenic pousse à l’obésité; or,ce n’est pas guérir
-ocr page 56-un phtisique que l’engraisser. Il en est comme de l’alimentation forcée, ou le gavage dont on a assez parlé à l’Académie de médecine, pour ne plus rien en dire (ce qui est le plus sage).
Les sels arsenicaux, au contraire, peuvent être donnés sans qu’on ait à craindre leur accumulation dans l’économie, parce qu’ils sont très solubles.
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Nous noterons principalement l’arsé-niate de strychnine, parce que c’est, avant tout, un modificateur névrosthénique et myosthénique. Toutes les fonctions se font alors avec plus d’énergie ; surtout la fonction locomotrice, et le malade peut se livrer aux exercices corpo-
-ocr page 57-rels, sans éprouver cette anhélation qui tient le malheureux phtisique dans son lit quand on le soumet à un traitement affaiblissant, comme c’est l’ordinaire.
*
* *
Nous donnons donc à nos phtisiques des granules d’arséniate de strychnine : 5 à 6 par jour, que nous combinons à l’aconitine et à la digitaline quand il y a fièvre continue : i granule de chaque toutes les heures. * * *
La fièvre continue étant ainsi rendue rémittente et même intermittente (si la lésion n’est pas trop avancée), nous donnons l’arséniate de quinine : 3 granules de chaque toutes les heures, sauf à revenir aux précédents quand la fièvre reprend une marche aiguë.
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* *
Il n’est pas nécessaire de donner l’ar-séniate de strychnine pendant toute la durée du traitement : dès que les forces sont relevées, on revient aux préparations antidiathésiques : arséniate de soude, d’antimoine, de fer, selon les indications.
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* *
Entre-temps, nous modérons la toux et désinfectons les crachats par la codéine et l’iodoforme, i granule de chaque à la fois, d’après l’intensité et la fréquence de la toux, l’abondance et l’infection des crachats. Nous faisons, dans ce dernier cas, mâcher au malade i granule d’iodo-forme, afin de répandre autour de lui une atmosphère iodée, ce qui est le meilleur moyen de désinfection.
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* *
Pendant toute la durée du traitement, nous soutenons les forces digestives par la quassine et l’arséniate de soude : 3 granules de chaque aux repas principaux.
* *
Règle générale, il faut éviter d’affadir les malades par des potions écœurantes ; tout au plus on lui fera prendre du lait froid par gorgées, en y ajoutant chaque fois un granule de kermès minéral, qui de cette manière ne subit pas de décomposition pai' l’air et la lumière, comme quand on le prescrit en potion.
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Contre la diarrhée, qui est le plus sou-
-ocr page 60-vent un fait de relâchement, on donnera i granule de tannin combiné à i granule de narcéine. Mais on aura soin de laver tous les matins le tube intestinal avec le Sedlitz Chanteaud, une cuillerée à café dans un demi-verre d’eau, et après, deux ou trois gorgées d’eau fraîche.
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Le traitement du docteur Amédée Latour, par le tannin, l’opium et le chlorure de sodium, se rapproche de notre traitement ; mais il est rare que le malade le supporte pendant longtemps.
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Les sueurs nocturnes seront atténuées par le sulfate d’atropine, et mieux par le valérianate, pour peu qu’il y ait agitation et insomnie. On donnera i granule le soir, au coucher, qu’on renouvellera
-ocr page 61-d’heure en heure, tant que le malade ne dort pas.
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En général, on évitera les narcotiques et les anesthésiques, parce qu’ils dépriment et tiennent le malade dans une somnolence qui réagit sur son système fonctionnel général — et qu’ils rendent la bouche mauvaise.
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Comme on le voit, il y a loin de ce traitement actif au traitement négatif des allopathes qui, à force de déceptions, finissent par ne plus rien faire.
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Après cet exposé général, nous avons hâte d’en venir aux faits cliniques, parce
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qu’en médecine un fait bien observé vaut plus que la plus savante dissertation. Les médecins dissertants sont, en général, de pauvres praticiens. Leur théorie qu’ils ont devant les yeux les empêche de voir, comme les chevaux dans la meule : ils vont! ils vont! et au moindre heurt, ils appuient sur le licol au risque de le briser.
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FAITS CLINIQUES.
I®*’ Fait. — Ne serait-il pas trop indiscret, Monsieur le Professeur, de vous demander une consultation pour une personne de ma famille atteinte gravement de phtisie depuis huit ans. Trente-quatre ans, née de parents bien portants ; d’un tempérament nerveux, légèrement lymphatique ; douée d’une grande force morale. Toux fréquente; crachats épais, légèrement verdâtres ; râles dans le haut de la poitrine, à gauche surtout ; de temps en temps, insomnie et sueurs nocturnes et fortes hémorragies utérines ; appétit capricieux; marche très pénible, surtout en montant.
-ocr page 64-Traitement actuel. — Huile de foie de morue créosotée ; solution Coire : pcrchlorure de fer ; applications, souvent répétées, de vésicatoires. La malade, au lieu d’aller mieux, me semble décliner de plus en plus.
P. Serres, médecin vétérinaire en premier, au ler spahis, à Médéah (Algérie).
On voit par là l’impuissance de l’allopathie. J’ai conseillé le traitement exposé plus haut, mais sans beaucoup d’espoir, à cause de l’ancienneté de la maladie.
a® Fait. — Très honoré et vénéré Maître, je vous remercie d’avoir compté sur mes efforts pour affirmer la réalité des doctrines dont vous êtes l’apôtre, et l’efficacité de la thérapeutique que vous nous enseignez : beaucoup de confrères savants et sincères l’appliquent avec succès. Pour ma part, depuis quinze ans, j’exerce la médecine à Paris, et j’ai toujours eu à me louer des alca-
-ocr page 65-loïdes, que j’emploie à hautes doses sous leur forme la plus simple : ce sont donc de vieux amis avec lesquels je ne suis pas disposé à rompre.
Cependant l’action de beaucoup d’entre eux me semblait peu connue, et leurs indications mal déterminées, lorsque vos travaux, si clairs et si afErmatifs, sont venus modifier des notions puisées dans ma pratique ou dans des ouvrages incomplets et de parti-pris. Le résultat de ces études a été immédiat.
La première malade rigoureusement traitée par moi, d’après vos doctrines, vos indications thérapeutiques et vos préparations, a été une jeune phtisique âgée de vingt ans, dont le père était mort tuberculeux. Elle se trouvait dans une institution religieuse ; et deux confrères fort répandus — l’un allopathe, l’autre homœopathe — l’avaient successivement traitée. Ils étaient parfaitement d’accord quant au pronostic : c’était la mort à bref délai. Je me rangeai de leur avis. Cependant je soumis cette malade à votre médication, combattant les symptômes morbides par vos préparations, comme si chacun d’eux constituait une maladie isolée. Je pus alors assister à une véritable résurrection : tous les phénomènes
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pathologiques disparaissaient l’un après l’autre. L’effet produit, je supprimai le médicament ; et en quatre mois, la jeune malade était complètement guérie. Il y a deux ans de cela. C’est donc à vous que cette jeune malade doit la vie ; elle le sait fort bien. Je suis heureux de vous en renvoyer tout l’honneur, car j’ai eu, pour ma part, une autre satisfaction : c’est la clientèle de l’Institution en question.
J e n’ai pas toujours été aussi heureux ; mais j’ai la conviction que vos doctrines me réservent encore d’autres surprises aussi agréables dans des cas désespérés et considérés comme incurables.
Dr Bertrand,
Paris, rue Faubourg-Montmartre, 25.
Reßexions. — L’auteur de la lettre qu’on vient de lire est trop modeste. Le succès qu’il a obtenu fait voir sa sagacité de praticien. Quand il s’agit d’idées nouvelles, non encore acceptées par ce qui en fait la force, c’est-à-dire l’opinion publique, il y a une responsabilité, partant, un danger à courir; et il faut le
-ocr page 67-— 59 — sentiment du devoir professionnel pour s’engager dans la voie nouvelle, alors que dans l’ancienne ornière de la routine on est couvert par l’autorité de l’École. C’est là ce qui a fait que la dosimétrie a rencontré jusqu’ici tant d’obstacles à sa divulgation. Ne pouvant la combattre, on lui fait la guerre du silence.
Dr B.
3« Fait. — M“^ L..., demeurant rue Christine, à Paris, vingt-deux ans, à la suite d’une lactation prolongée avait eu la phtisie des nourrices, pour laquelle elle avait déjà subi un traitement sans résultat.- Elle vint me trouver le 3 août, à la consultation de la Société dosimétrique. Je constatai de l’oppression sous-sternale; toux fréquente, quinteuse ; expectoration purulente très abondante ; fièvre ; pouls, I2o ; chaleur de la peau ; appétit nul ; absence de sommeil et transpiration nocturne; enfin tous les accidents du troisième
-ocr page 68-degré ; cavernes aux deux sommets ; déformation de la poitrine.
La phtisie étant ainsi complètement déclarée, mon moyen d’investigation était inutile, puisque son utilité n’existe qu’au début du mal ; je pratiquai cependant la pressinervoscopie pour confirmer la cause de l’oppression sous-sternale. En effet, en comprimant les pneumogastriques, je ne provoquai même pas la sensation physiologique et l’irradiation était complètement absente. Cette absence était due à l’hypertrophie des ganglions bronchiques qui comprimaient les nerfs et arrêtaient les courants nerveux.
J’essayai ensuite l’électricité, en posant le pôle négatif comme explorateur et le pôle négatif sur le trajet de la huitième paire (pneumogastriques). Le courant ne s’établit pas ; il y avait donc arrêt complet de la circulation nerveuse.
Traitement. ■— Arséniate d’antimoine ; 8 granules par jour, en quatre fois ; arséniate de strychnine, i granule le matin et i granule avant le second déjeuner ; quassine, 4 granules avant chaque repas, et pepsine : 4 granules après le repas.
Le matin, une cuillerée à café de Sedlitz, dans un demi-verre d’eau. Le soir, prendre, jusqu’à
-ocr page 69-sédation de la toux, i granule de sel de Gregory (codéine et morphine), et i granule d’iodoforme. Liniment : iode, i gramme ; iodure de potassium, 4 grammes; glycérine, 3o grammes. Faire, matin et soir, un badigeonnage sur toute la région antérieure et supérieure de la poitrine, et mettre par-dessus un gilet ouaté.
Atropine (sulfate), i granule le soir, contre les transpirations de la nuit.
Le 6 août, je présentai ma malade au Congrès dosimétrique, où je fis surtout remarquer à mes confrères l’arrêt complet des courants nerveux et la complète insensibilité du pneumogastrique.
Le 17 août, je revis la malade. La toux s’est calmée au deuxième granule de sel de Gregory et au second d’iodoforme, qu’elle a dû continuer pour éviter le retour. Les crachats ont changé et sont devenus blancs et mousseux. L’oppression est bien diminuée, la marche plus facile. L’appétit est revenu et doit être modéré. Les digestions se font bien. Pouls à loo. Je comprime le pneumogastrique droit : l’irradiation se produit au lobe moyen seulement, parce que les ganglions bronchiques sont dégorgés, mais pas assez encore pour laisser passer entièrement le courant nerveux au lobs supé-
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rieur. A gauche, le pneumogastrique qui était d’abord insensible, commence à redevenir sensible. Je place alors le pôle négatif sur le pneumogastrique droit, et le pôle explorateur sur le lobe moyen : la malade éprouve, sur l’endroit désigné plus haut, la sensation de milliers d’épingles tremblotantes ; au sommet, je n’excite qu’une douleur locale, les nerfs étaient encore comprimés ; à gauche, le courant est sensible, sans localisation de la douleur. — Même traitement en doublant la dose de l’arséuiate de strychnine.
Le 3i août, mieux appréciable; la circulation nerveuse est presque rétablie à gauche. En avant, au lobe moyen droit, la sensibilité se rétablit de plus en plus. — Même traitement.
Le 4 septembre, le mieux se maintient ; rétablissement complet du courant nerveux. A l’auscultation, à gauche du lobe moyen, respiration rude, craquements humides ; rien au lobe inférieur. A droite, au sommet, souffle rude, frottement pleural; vers la deuxième côte, respiration rude. La pressinervoscopie renvoie une douleur à l’angle inférieur de l’omoplate. A l’auscultation, gargouillement et égophonie.
M”« L... désire aller voir sa famille, qui habite
-ocr page 71-Fontenay-anx-Roses. Connaissant la situation de cette localité, j’accorde seulement une journée. La nuit elle est prise de trois à quatre quintes, et le lendemain elle est courbaturée et a de l’oppression. (Je noterai, en passant, que la hauteur barométrique et l’air vif de Fontenay-aux-Roses sont mortels pour les phtisiques ou toute personne attaquée de la poitrine; mais, par contre, il est excellent pour les personnes délicates et les enfants, qui s’y fortifient à vue d’œil.) A son retour à Paris, ces accidents passagers se dissipèrent et elle put reprendre ses occupations.
La pressinervoscopie et l’électricité donnent une douleur vive aux deux sommets ; l’auscultation, des râles ronflants.
Même traitement.
Le 5 octobre, je présentai cette malade à mes confrères de la Société de thérapeutique dosimétrique, et leur montrai le terrain conquis. En effet, voici ce que j’ai obtenu : 10 dégorgement des ganglions bronchiques, par conséquent, rétablissement de la circulation nerveuse des pneumogastriques et de leurs fonctions ; 2° commencement de cicatrisation des cavernes aux deux sommets; 3“ crachats muqueux, le matin, plus épais ;
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4“ l’appétit et les forces revenues ; 5» une irradiation légère aux sommets.
Traitement. — Je diminue l’arséniate d’antimoine et j’augmente l’arséniate de strychnine; ce qui fait 6 granules en deux fois. A ce moment-là, si j’avais eu une malade d’une position aisée, je serais certainement arrivé à la guérison. Malheureusement, M™L... habitait une petite chambre au quatrième, malsaine, sans air, et était obligée de faire son ménage elle-même.
Le 12 octobre, le froid commence à se faire sentir ; la malade est fatiguée ; elle se dégoûte des médicaments ; enfin se décourage ; ses transpirations reviennent ; l’appétit diminue ; elle ne dort plus ; l’atropine lui donne du délire ; le sel de Gregory l’excite ; la toux augmente ; l’oppression est revenue.— Je supprime à regret l’atropine et le sel de Gregory, et donne le sulfure de calcium et l’arséniate d’antimoine.
Le 27, j’ai perdu tout le terrain gagné : l’oppression est complète ; insensibilité des deux pneumogastriques ; sueurs nocturnes ; toux, crachats purulents ; les cavernes se sont rouvertes ; ce n’est plus qu’une affaire de temps. Elle a voulu
-ocr page 73-retourner à Fontenay-aux-Roses, chez ses parents.
Dr Pinel, à Passy.
Réflexions. — Malgré la mauvaise issue, le traitement du docteur Pinel n’en a pas moins été méritant, et dénote la sagacité du praticien. Il y a eu un mal contre lequel il a lutté vainement : la pénurie intérieure de sa malade. Le public ne se rend pas compte des angoisses du médecin; ou plutôt mesure son dévouement à son aune, c’est-à-dire l’intérêt matériel. Ah! s’ils pouvaient se faire payer comme les princes de la science, ils seraient plus considérés.
L’observation qui suit a dû consoler le docteur A. Pinel. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;D’' B.
4® Fait. — Mquot;® Berthe C..., dix-sept ans, de-
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meurant à Paris, rue Amelot, i32. Au retour d’un voyage en Bourgogne est venue à la consultation dosimétrique de la rue des Francs-Bourgeois, le 14 septembre 1878; elle était pâle, triste, inquiète, avec une toux quinteuse, sans expectoration ; se plaignant d’une légère oppression sous-sternale ; pouls, 88 ; peau chaude. Elle était venue déjà avec sa mère pour nous amener sa sœur, prise d’un commencement de phtisie, et nous l’avions toujours vue gaie et rieuse. Je fus étonné de son changement, et l’attribuai d’abord à l’inquiétude qu’elle avait de se trouver les mêmes symptômes que sa sœur.
La pressinervoscopie me donna de l’irradiation au sommet droit, produisant une douleur locale sur une surface de 5 centimètres de circonférence, dans la région sous-claviculaire. Par l’électricité, même effet, mais plus sensible, très bien circonscrit avec le pôle explorateur.
A l’auscultation, au sommet eten avant, souffle vésiculaire ; râles muqueux dans tout le creux sous-claviculaire, répondant à la surface ci-dessus. A la percussion légère matité dans la même région. Au côté gauche, le pneumogastrique est sensible dans la fosse sous-épineuse, en avant,
-ocr page 75-quand je pratique la pressinervoscopie et que je ne sers de l’électricité.
Traitement. — Sedlitz : une cuillerée à café dans un demi-verre d’eau, tous les matins; logranules, par jour, d’arséniate de soude : i par i, en dix fois; lo granules de sulfure de calcium en dix fois ; sulfate de strychnine, 3 granules le matin, et 3 avant le second déjeuner ; avant les repas, 3 granules de quassine pour exciter l’appétit ; le soir, r granule de sel de Gregory et i d’iodoforme. Liminent : iode, iodure de potassium et glycérine. Badigeonnage matin et soir; gilet ouaté, sans manches.
Le 21 septembre, l’oppression sous-sternale a diminué, plus à droite qu’à gauche. La pressinervoscopie et l’électricité ne donnent à droite qu’un point sensible, avec oppression légère sur une surface de 5 centimètres, que j’avais limitée le 14, par l’électricité.
Le côté gauche est mieux ; la respiration libre ; la toux moins fréquente ; l’appétit est revenu et la gaieté aussi ; pourtant en examinant l’angle inférieur de l’omoplate droite, j’entends un léger souffle. Je donnai, pour le soir, 3 granules de sel de Gregory et 3 d’iodoforme, et ordonnai des badigeonnages sur le dos.
-ocr page 76-Le 27 septembre, elle n’a plus d’oppression sous-sternale, les pneumogastriques sont insensibles à la pressinervoscopie et à l’électricité — toutes les fonctions sont rétablies. Je maintiens encore le traitement pendant un mois, époque à laquelle la malade étant rétablie, je fais tout cesser.
D’après mes observations, le premier degré de la phtisie existe à la moindre sensibilité des pneumogastriques répondant aux poumons, et est immédiatement révélée par l’électricité. Pour que la santé soit parfaite, il faut que le courant électrique ne provoque aucune sensation. On ne sera donc pas étonné que les accidents aient été arrêtés en treize jours.
Reßexions. — La manière d’interroger les organes malades par la pressinervoscopie et l’électricité constitue un progrès réel sur les autres modes d’investigation. La guérison obtenue par le docteur Pinel sera-t-elle définitive? on peut l’espérer; mais la phtisie, latet sub herba. Le traitement devra donc être
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continué pendant des mois et même une année, en y revenant de temps en temps, à la moindre poussée inflammatoire. L’allopathie va beaucoup plus vite, puisqu’elle se fait l’auxiliaire de la maladie en débilitant les malades. J’ai été souvent écœuré, à l’hôpital, en voyant comment on traite les phtisiques, c’est-à-dire avec des drogues qui leur enlèvent tout appétit. D*quot; B.
5*= Fait. — Phtisie. — Hydropneumothorax. — Laryngite tuberculeuse.— Le 28 février dernier 1881, j’étais appelé auprès d’un jeune homme dont le m édecin refusait de se trouver en consultation avec moi. Le père désolé, auquel on avait ôté tout espoir, me suppliait de vouloir bien m’en occuper. Je ne le fis qu’avec une extrême répugnance, ne voulant pas marcher sur les brisées d’un confrère (1), ni prendre la responsabilité
(i) On peut se demander de quel côté est la loyauté ;
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d’un cas que je jugeais moi même désespéré.
Je trouve donc le jeune D..., âgé de dix-sept ans, malade depuis le mois de septembre précédent, traité d’abord à Paris — où il était ajusteur-mécanicien au chemin de fer de l’Ouest — par le médecin de cette compagnie, pour une bronchite, puis chez lui par le confrère en question.
Après des symptômes de bronchite tuberculeuse datant de plusieurs mois (toux fréquente, fièvre plus marquée le soir, douleur au côté, gêne de la respiration, perte d’appétit et de forces, vomissements après les repas, sueurs nocturnes), il avait été pris, le 25 décembre, d’un point de côté à gauche, plus violent et plus persistant, avec oppression considérable, suivie de fièvre plus forte, d’une toux incessante et d’une sensation de flot dans le côté gauche de la poitrine.
A ce moment — qui avait été celui d’une perforation de la plèvre par le ramollissement d’un tubercule superficiel, avec ses conséquences : épanchement de gaz et de liquide dans la cavité de celui du médecin de la famille qui déserte son malade, ou du médecin étranger qui sacrifie sa dignité à son devoir professionnel.
-ocr page 79-thoracique, pleurésie, etc. — on avait prescrit : diète, potages, lait; calmants et sinapismes comme traitement. L’état aigu un peu passé, on avait cessé la diète. Vin créosoté ; atropine; calmants. Les choses avaient ainsi continué pendant deux mois avec les mêmes symptômes ; l’affaiblissement continuait ; un peu de diarrhée de temps en temps.
Le cœur refoulé tout à fait à droite, battait très fort au moindre mouvement ; menaces de syncopes, étouffements, impossibilité du décubitus à gauche, muguet, laryngite, extinction de la voix, vomissements glaireux, etc.
C’est à cette période que je fus appelé et qu’au soir je trouvais le malade dans un triste état : émaciation, sueurs, toux continuelle, crachats abondants et caractéristiques, voix éteinte, anhélation, etc.
A l’auscultation, craquements humides au sommet gauche, dans le tiers supérieur, môme un peu de gargouillement ; puis, dans les deux tiers inférieurs les signes d’un hydropneumothorax abondant qui refoulait le cœur tout à fait à droite ; fluctuation thoracique par succussion hippocratique, égophonie, tintement métallique, etc.
J usque-là on n’avait rien fait ou peu de chose.
-ocr page 80-pas plus au moment de la perforation de la plèvre que depuis. Le malade marchait donc rapidement vers sa fin, qui paraissait ne pas devoir se faire attendre. La base du poumon droit avait aussi quelque chose : l’oreille y percevait une crépitation fine. Je me mis résolument à l’œuvre, mais sans espoir.
Traitement. — Granules d’émétique et d’émétine : i de chaque tous les quarts d’heure, jusqu’à effet, le matin à jeun. Puis, arséniate de quinine, d’antimoine, hypophosphite de strychnine, de soude, 2 granules de chaque. Dans les intervalles : aconitine ou digitaline, 6 par jour, seuls ou dans une cuillerée d’un looch, sulfate d’atropine ; i ou 2 dans la soirée, contre les sueurs nocturnes, grand vésicatoire à gauche ; puis un plus petit à droite. Pour le larynx, fumigations, émollients, balsamiques ; pulvérisations phéniquées.
Ce traitement fut ainsi continué pendant quelque temps avec des variantes : sel de Gregory, iodoforme, cyanure de zinc pour calmer la toux, sulfure de calcium quand l’état aigu fut un peu tombé, scillitine, hyosciamine, bromhydrate de cicutine ; plus tard, cautères autour du thorax, me réservant de faire la thoracocentèse, si besoin était.
-ocr page 81-All bout de quelque temps, je fus étonné de voir du mieux; cependant l’épanchement, qui n’était pas purulent, diminua ; le cœur reprit peu à peu, presque sa place normale, sans la ponction ; on continua, en alternant avec les arséniates indiqués ci-dessus, le sulfure de calcium, les hypophosphites de soude et de chaux, l’acide tan-nique, l’huile de foie de morue iodée, la créosote, le releveur de la vitalité (l’hypophosphite, arsé-niate et sulfate de strychnine, l’acide phospho-rique), les calmants variés de la toux (codéine, morphine, cicutine, hyosciamine, cyanure de zinc, iodoforme, etc.), l’atropine (contre la sueur), les défervescents (aconitine, digitaline); les toniques de l’estomac (quassine, brucine). Grâce à tout cela et aussi au lavage intestinal par le Sed-litz Chanteaud, l’appétit n’avait pas tardé à revenir, et enfin on arriva à ce résultat « que vous allez apprécier (écrivai-je, il y a près de trois mois, àmon ami Krishaber, auquel j’avais adressé mon malade pour l’examen du larynx), résultat qui s’il n’est la guérison, est toutefois inespéré, et auquel a concouru sans doute et en même temps, l’influence heureuse de l’hydropneumothorax sur la marche de la phtisie signalée au Congrès
-ocr page 82-d’Alger par Hérard. Mais incontestablement le traitement dosimétrique actif y a été pour la plus grande part. Vous allez constater, disais-je, que le malade a repris des forces, un embonpoint tel, que de io8 kilog., il en pèse i5o ; que si le poumon gauche n’est pas guéri, si le sommet présente encore des craquements humides — moins marqués et beaucoup moins étendus — la base est redevenue presque perméable ; l’épanchement ayant disparu avec le bruit de flot, avec l’égophonie et le tintement métallique. Plus de sueurs ; appétit énorme depuis longtemps ; toux et crachats seulement le matin, enrouement moindre, etc. »
Mais il y a de cela près de trois mois, je le répète, alors que Krishaber, qui me remerciait de lui avoir fait connaître ce cas intéressant au plus haut point, voyait dans les signes stéthoscopiques encore toute la gravité d’une situation à peine passée, trouvait les cordes vocales ulcérées, tuméfiées, rouges, d’aspect tomateux et chagriné : en un mot, offrant l’exemple de tubercules in loco, manifestait son étonnement et concluait, en disant à ce jeune homme qu’il me devait une belle chandelle; Krishaber, dis-je, ne se doutait pas qu’en
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parlant ainsi, c’était à la dosimétrie surtout qu’il rendait hommage.
Or, aujourd’hui le mieux ayant continué crescendo, il serait encore plus étonné ; il trouverait la voix plus claire, la respiration meilleure, le poumon plus perméable à sa base, plus près de la réparation au sommet, les forces encore augmentées, avec l’appétit et l’embonpoint; en un mot, le malade presque guéri. Quelle que soit l’influence des moyens externes et de l’hydropneumo-thorax, sans la dosimétrie on n’aurait pas obtenu ce résultat.
Df Bourdon, à Méru (Seine-et-Oise).
Reßexions. — L’observation qu’on vient de lire est intéressante à cause d’un cas presque analogue d’un personnage éminent, cas devant lequel sont venus échouer toutes les ressources de l’allopathie; si l’on veut espérer détruire un état diathé-sique, ce n’est qu’en saturant l’économie par les agents antidiathésiques : les ar-séniates, les hypophosphites, les alca-
-ocr page 84-loïdes défervescents, l’iodoforme, ainsi que l’a fait le docteur Bourdon. On dira que le malade n’est pas tout à fait guéri : c’est que c’est affaire de temps ; et il faudra encore revenir à la médication dosimétrique. En attendant, les forces sont revenues et le malade a repris les signes d’une nutrition luxuriante, puisque son poids a augmenté dans une notable proportion. D“quot; B.
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* *
6« Fait. — Don D. V..., trente ans, tempérament nerveux, constitution délicate, thorax étroit, cou long, enclin à prendre des refroidissements, sans souffrances antérieures notables jusqu’en 1876, où il fut atteint d’une hémoptysie légère qui céda à l’emploi des astringents ; cette fois l’hémoptysie étant revenue en août de la même année, elle fut dissipée par les mêmes moyens. En novembre se déclara une pneumonie pleurétique latérale gauche ; combattue par le système mixte
-ocr page 85-de Laënnec, elle se termina au second septénaire.
Le cinquième jour de la convalescence, survint une fièvre rémittente, qui fut traitée par le sulfate de quinine à l’intérieur, en frictions sur la colonne vertébrale et en lavements, sans que l’intensité diminuât d’un atome.
La ténacité de cette fièvre me fit soupçonner, ainsi qu’à mon confrère, le célèbre praticien docteur Vicente Grau, que derrière elle se cachait une lésion organique jusqu’alors inappréciable, mais qui en se localisant pourrait être déterminante de la réaction.
Effectivement, le 22 novembre, à onze heures du soir, le malade me fit appeler pour combattre une toux qui le fatiguait depuis neuf heures et qu’il ne pouvait plus supporter.
J’accourus à la hâte et le trouvai assis sur le lit, avec grande dyspnée, forte toux et abondants crachats, clairs et écumeux, comme de la salive battue, arrivant par quintes et produisant le vomissement. Le malade était très inquiet, ne pouvant respirer, et disait avoir la poitrine et le ventre si fatigués qu’il doutait de pouvoir résister à l’attaque.
Me basant sur son âge, son tempérament, sa
-ocr page 86-constitution, ses souffrances antérieures et sur la persistance de la fièvre et les symptômes décrits, je ne doutai plus : il s’agissait d’un cas de phtisie passant de l’invasion à la première période.
Pour ne pas augmenter l’inquiétude du malade, assez érudit pour comprendre son état, je ne procédai pas à l’examen par l’auscultation et la percussion. Je pensai tout de suite aux moyens qui me permettraient de dominer cette situation ; et convaincu par l’étude que seuls les moyens dosimétriques pourraient procurer l’énergie et la promptitude suffisantes pour atteindre le but, je me bornai pour le moment à administrer l’iodo-forme et la codéine : i granule de chaque (ensemble) toutes les dix minutes.
A la troisième dose, les effets bienfaisants se manifestèrent, les intervalles des quintes étaient plus longs et l’accès se termina à la neuvième dose. Il s’ensuivit que le malade put effectuer une position plus horizontale et dormit jusqu’au matin, avec quelques courtes interruptions.
Le 3o, à l’heure de la visite, je racontai au docteur Grau ce qui s’était passé la nuit précédente, et avec toute la prudence voulue, nous
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procédâmes à l’examen par la percussion et l’auscultation.
A la première, nous trouvâmes, au sommet ■— dans les régions supra et infra claviculaires des deux côtés, plus prononcé à gauche et à la seconde — dureté du bruit respiratoire et frottement pulmonaire. Ces symptômes, unis aux précédents, confirmèrent malheureusement le diagnostic. Grand fut notre chagrin à la découverte d’un si terrible ennemi, chagrin d’autant plus grand que, dans ce pays, la phtisie parcourt ses périodes en très peu de temps. Dans presque tous les cas, elle est galopante.
Convaincu de l’inefficacité de tous les moyens allopathiques dans ces cas, je rappelai à mon confrère l’existence d’un traitement rationnel par la méthode dosimétrique; je le lui expliquai de mon mieux, et nous en fîmes la lecture plusieurs fois, et mon confrère l’ayant approuvé et considéré comme un traitement logique, ne comptant plus sur les autres remèdes qui, dans sa longue pratique, ne lui avaient procuré aucun succès, il résolut d’adopter ceux de la dosimétrie.
Le malade, soumis au début à un traitement
-ocr page 88-allopathique, avait eu dans la nuit du 3o (et encore trois jours après) ses accès, combattus comme la première fois et avec le même insuccès : respiration très difficile ; fatigue au moindre mouvement; douleurs intercostales ; pouls, iiS ; température, 38° c. ; les crachats étaient plus épais et opaques, avec quelques stries jaunes, preuve que l’affection avançait rapidement.
Le 4 septembre, le traitement fut enfin établi comme suit ; i° contre la fièvre, aconitine, véra-trine, digitaline ; 2° contre la toux, codéine et iodoforme; 3° contre les douleurs intercostales, cicutine ; 4° quassine, avec une alimentation analeptique, et lavage intestinal, le matin, avec le Sedlitz Chanteaud.
Pour ne pas fatiguer le lecteur par le récit de chaque jour, je dirai que ce traitement fut continué pendant quarante-quatre jours, au bout desquels le malade se trouva dans une amélioration progressive : plus de chairs et plus de forces, de l’appétit et une bonne digestion ; quelques accès de toux la nuit, de loin en loin et de courte durée; l’expectoration moins abondante est plus muqueuse; pouls, 78 à 86. Pendant ces oscillations, j’ai employé l’hydro-ferro-cyanate de qui-
-ocr page 89-nine; température 35° et 35°,5 (les défervescents ont été suspendus). La différence entre la température et le pouls provenait de l'état anémique du malade.
Depuis cette date, j’ai administré les arséniates de strychnine et de fer, les hypophosphites de soude, de chaux et de quinine ; l’iodoforme et la quinine, alternant celle-ci avec la cicutine, dissoutes dans la salive. Certaines nuits j’employai le sel de Gregory : les premiers pour combattre la cause de la maladie — dominante — à la dose de 6 à 8 granules ; les seconds, comme variante, jusqu’à effet.
Cette médication fut continuée jusqu’au mois de mai, où par suite d’une légère irritation de l’urètre, les arséniates furent suspendus et remplacés par l’hypophosphite de strychnine, les salicylates de fer et de quinine — traitement qui fut suspendu le 3o avril, parce que le malade se sentait en état de se promener à pied et à cheval, et se plaisait au chant, avec une voix forte et sonore (pouls, 8o; température, 37°,2), et avait quatre livres de plus qu’au commencement du traitement.
Quinze jours avant d’abandonner le traitement
6
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et vingt jours après, le malade est allé à la campagne prendre le lait de vache.
Dr José Pena (Espagne).
Reßexions. — La rapidité avec laquelle les symptômes ont disparu doit faire croire qu’il ne s’agissait pas d’une tuberculose confirmée, mais d’une de ces irritations que précèdent les granulations miliaires.
En tout cas, les modificateurs dosimétriques ont empêché la prolifération des cellules en détruisant leur protoplasme. Expliquerait-on sans cela que la phtisie n’a pu prendre la forme galopante propre à ces pays ? Le docteur Vicente Grau, en accédant à la méthode dosimétrique, a fait preuve de plus d’esprit que le confrère maladroit qui refusa de consulter avec le docteur Bourdon. Les hommes de l’École sont comme le Vatican ; ils ont également leur non possumus. D'' B.
-ocr page 91-7® Fait. — Phtisie au premier degré. — La jeune R.., vingt-quatre ans, couturière, tempérament essentiellement nerveux, était atteinte depuis quelque temps d’une petite foux sèche, augmentant dès que la nuit était venue et provoquant, par ses accès, des vomissements ; elle était maigre et d’une faiblesse extrême; la gaieté, l’appétit avaient disparu, elle éprouvait parfois de violentes névralgies dans la tête ; avait eu quelques hémoptysies et éprouvait une forte gêne à la respiration lorsqu’elle montait une côte.
J’ordonnai : hyosciamine, codéine, morphine, en granules Burggraeve, tantôt les uns, tantôt les autres : 6, 7, 8 dans la soirée ou la nuit. Cette médication modifia bientôt la toux et rétablit le volume de la respiration.
Ce calme obtenu, l’aconitine, 8 à 10 granules par jour, fit disparaître ou mieux jugula cette petite fièvre qui la minait. Je pus alors, en employant de temps à autre cette médication, faire usage de l’iodoforme. Ce puissant dépuratif et fondant des petits tubercules crus de la phtisie (à cause de son passage rapide dans l’organisme).
-ocr page 92-uni à 4 granules de strychnine pour relever les forces vitales affaiblies, me procura en quelques jours une grande amélioration.
Mais j’avais affaire à une dyspnée assez tenace ; j’eus recours au tonique de l’estomac, la quas-sine : 3 granules avant chaque repas. Bientôt l’appétit revint, et notre malade put prendre quelque peu de viande rôtie et du vin vieux.
Comme j’avais besoin d’agir sur l’ensemble de l’économie, en réparant les pertes éprouvées, je fis prendre r gramme de phosphate de chaux en solution, dans un sirop d’oranges amères, conjointement avec l’arséniate de fer, afin de détruire cet état chlorotique et augmenter ainsi le nombre des globules rouges. Sous cette médication de deux à trois mois, la jeune femme vit ses forces renaître.
Le sel Chanteaud à petites doses, une fois que les forces furent revenues, permit de lessiver la crasse de sang et de jeter au dehors les substances délétères qui infectaient l’économie.
Après cinq mois de ce traitement, la malade a pu reprendre ses occupations de ménage.
Dr Birabent,
à Masquières (Lot-et-Garonne).
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Reßexions. — Quand feu le docteur Marchai (de Calvi), disait, tout au début de la dosimétrie, « que c’était une méthode et non un système «, il l’avait appréciée, avec son coup d’œil juste de praticien et l’esprit d’équité qu’on est en droit d’attendre d’un homme de science. Si ses confrères de la presse médicale avaient fait comme lui, c’est-à-dire s’étalent donné la peine d’étudier la dosimétrie, ils auraient compris qu’il y avait là une grande et salutaire réforme de la médecine. Au lieu de cela, ils se sont fait les séides d’un culte qui s’en va, c’est-à-dire de l’École allopathique.
On a pu voir par l’observation qu’on vient de lire, combien la méthode dosimétrique se prête aux traitements les plus variés et les plus difficiles. Le confrère de Masquières a rapporté la maladie comme il l’a observée, ou plutôt comme il l’a dirigée vers la guérison;
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car c’est là le propre de la méthode : de servir de guide au médecin dans les cas épineux de sa pratique. D^ B.
* * *
8® Fait.—-Phtisie au deuxième degré. — Le jeune homme qui va être le sujet de cette observation, est âgé de vingt-huit ans, tanneur de son état. Dès les premiers jours de son séjour à Marseille, il eut une fluxion de poitrine. Depuis cette maladie, il n’avait plus été malade. Il appartient à un père et une mère assez robustes. Durant son séjour dans la grande ville, il s’était livré à tous les excès : les femmes, les veillées prolongées, l’abus du vin et des alcools, il avait usé de tout outre mesure.
Lorsque je le vis pour la première fois, le jeune D... rendait des crachats humides et mous, d’une couleur un peu grisâtre ou verdâtre, et avait eu force hémoptysies (époque à laquelle les tubercules se ramollissent). La toux était fréquente, surtout la nuit, et provoquait des vomissements. Les sueurs nocturnes l’avaient très affaibli ; la
-ocr page 95-dyspepsie lui donnait un dégoût de tous les aliments. A la région claviculaire, la percussion donnait un excès de sonorité ; l’auscultation faisait entendre un craquement humide ; les omoplates étaient déformées; de temps à autre, il avait la diarrhée et un état fébrile assez prononcé. L’amaigrissement était extrême elles forces vitales profondément diminuées ; son tempérament était lymphatico-sanguin.
En face d’un pareil désordre, je me hâtai de demander aide et secours aux alcaloïdes sédatifs et défervescents ; il fallait éteindre ce foyer de fièvre qui consumait le malade, et du même coup donner du calme à cette économie épuisée.
Premier jour, et jusqu’à ce que la fière eût disparu : aconitine, vératrine, i granule de chaque par heure ; codéine, hyosciamine, morphine, i granule de chaque toutes les deux heures, alternativement.
Dans l’espace de quatre jours, j’eus un peu de calme dans la toux et un abaissement considérable de la fièvre : je pus donc ordonner la quas-sine : g granules par jour. L’appétit revint un peu et le dégoût des aliments disparut ; il put
-ocr page 96-prendre ainsi quelques bols de bouillon avec du vermicelle et quelque peu de viande.
Les sueurs nocturnes furent combattues par l’atropine. Je lui fis prendre en outre, pour rafraîchir le sang, deux cuillerées de sel Chanteaud, tous les jours, quelques tisanes balsamiques et 5 granules d’arséniate de strychnine par jour.
Une fois que les forces furent un peu relevées et qu’un calme relatif fut obtenu, j’eus recours, simultanément, au plus puissant moyen dans le traitement des maladies des voies respiratoires : le phosphore. Les sels de chaux ne furent pas oubliés et vinrent augmenter la force de la médication. Avec ce puissant excitant des systèmes nerveux et musculaire, avec ce fondant des tubercules miliaires et cicatrisant, par excellence, des cavernes pulmonaires — toujours uni aux armes puissantes de la dosimétrie, je pus mettre l’ordre dans cette économie profondément délabrée. Le phosphore et l’acide phosphorique en réveillant l’appétit, augmentent la chaleur animale et laissent — pris dans la journée — un sentiment de bien-être le soir.
L’arséniate de fer, à la dose de 6 granules par jour, trouva ici son application et put, sous peu
-ocr page 97-de jours, augmenter les globules rouges du sang.
L’huile d’amandes douces phosphorée fut employée en frictions prolongées, soir et matin, à la région sus et sous-claviculaire.
Je fis observer que le phosphore employé extérieurement et intérieurement pourrait amener d’autres hémoptysies, et qu’en le supprimant de temps à autre on pouvait éviter ces accidents.
Je lui conseillai en outre de relever les forces de l’estomac par le tonique amer, la quassine : 3 granules avant chaque repas, et prendre en même temps 2 à 3 granules arséniate de strychnine, afin de réveiller la paresse de ce viscère. Avec l’inhalateur Lefort (de Lille), je fis pénétrer dans les poumons de l’acide phéniqué blanc, de la créosote, ainsi que de l’essence des meilleurs balsamiques, le camphre, le tolu, le goudron, la térébenthine.
Divers moyens employés alternativement, produisirent en quelque temps les meilleurs effets, en calmant la toux, en purifiant les crachats et les rendant plus rares.
Quelques granules de brucine, furent aussi administrés de temps à autre, afin de favoriser l’expectoration, faciliter la respiration et la défécation.
-ocr page 98-Ce traitement, continué pendant sept à huit mois, finit par être maître de l’affection pulmonaire. Étant en tournée, je pus, longtemps après, constater les bons effets de cette médication ; l'embonpoint, la fraîcheur des joues, les allures dégagées, la vie de la jeunesse surabondaient chez ce jeune homme.
(Idem.)
Réfiexions. — La phtisie pulmonaire est une de ces maladies à long cours où le médecin ne saurait avoir trop de moyens à sa disposition — s’il veut conserver la confiance de la famille — mais qui doivent tendre au même but, au lieu d’un vulgaire empirisme : aujourd’hui l’un; demain un autre ; et ainsi de suite, “ tant qu’ils guérissent ,,, c’est-à-dire que le malade n’en soit pas dégoûté. Nous ne parlerons pas desdéfervescents, qui sont suffisamment connus et dont Vindication est précise, mais du traitement phos-phoré, qui a eu ici un si bon résultat.
-ocr page 99-Cet agent est surtout utile dans les maladies de consomption, notamment la tuberculose et les pertes séminales, pour compenser les pertes de l’économie en phosphore; les hypophosphites sous toutes les formes sont donc indiqués, bien qu’ils n’aient point les qualités fulgurantes du phosphore en substance. L’auteur a eu raison de recourir à l’huile d’amandes douces phosphorée. Nous approuvons également le créosotage des bronches. Nous avons déjà fait la remarque que les ouvriers employés aux chantiers de créosotage des billes de chemin de fer, sont rarement atteints de maladies de poitrine. D'' B.
g® Fait. — Phtisie au troisième degré. — La nommée F..., vingt-quatre ans, vivant seule avec sa mère, est atteinte de phtisie au troisième degré. Malade depuis deux ans, elle a pris tous les
-ocr page 100-breuvages et potions allopathiques, mais sans aucun résultat. Fièvre ardente, toux continue s’exaspérant la nuit et empêchant tout repos ; sueurs nocturnes, maigreur extrême, sans forces, sans appétit ; les crachats qu’elle rend à pleine bouche ont une odeur fétide sut generis, qui vous fait reculer; deux immenses cavernes existent dans les deux poumons ; elle a eu plusieurs hémoptysies.
En présence de cette situation, je n’eus aucun espoir de guérir cette pauvre fille ; je pris cependant mon courage à deux mains et prescrivis le traitement suivant, pensant bien ne plus la revoir.
Traitement. ■— Aconitine, vératrine : i granule de chaque, toutes les heures ; atropine 5 à 6 granules dans la journée et le soir; 4 granules de strychnine, 10 de quassine, d’iodoforme, de codéine : ceux qu’elle pourrait prendre.
Ne me voyant pas revenir, les parents m’écrivirent que la malade allait mieux et qu’elle désirait me revoir. La fièvre avait un peu diminué, l’appétit s’était un peu réveillé depuis quinze jours.
Je conseillai de la bonne nourriture, sous toutes les formes, le vin vieux, et de continuer le même traitement, en y ajoutant le biphosphate
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de chaux : 3 grammes par jour dans un sirop d’écorces d’oranges amères, et des frictions à l’huile d’amandes douces phosphorée ; 4 grammes de bismuth dans du sirop de tannin, à prendre par cuillerées à bouche durant la nuit, afin de diminuer la diarrhée.
Étant revenu une quinzaine de jours après, je trouvais ma malade bien mieux ; presque pas de fièvre, bon appétit, crachats moins abondants, sueurs nocturnes presque nulles, plus de diarrhée.
Huit jours après, une amélioration s’accentuant de mieux en mieux, je supprimai la quas-sine, l’aconitine, la vératrine et la codéine, que je remplaçai par l’iodoforme, la narcéine, la brucine et l’arséniate de fer.
Sous l’impression de ce nouveau traitement, notre malade alla de mieux en mieux. Je la vis quelque temps après ; elle s’était levée à plusieurs reprises, pour faire une petite promenade dans son jardin.
Voyant les voies respiratoires et les poumons capables de supporter les inhalations, je prescrivis l’acide phénique, le créosote, alternativement. J’ordonnai aussi la térébenthine, le gou-
-ocr page 102-dron, le tolu, le camphre en inhalations, et fis continuer ma dernière prescription.
Neuf mois après, la jeune personne avait repris la clef des champs, à la grande satisfaction de sa pauvre mère et des parents.
Voilà, mon cher et honoré Maître, ce qu’a pu faire le traitement dosimétrique, uni au phosphore et aux désinfectants. Que conclure de tout cela ? Que sans la dosimétrie qui est venue à mon aide par ses moyens sûrs et énergiques, je n’aurais jamais pu avoir raison de cette fièvre de consomption qui minait l’organisme de cette jeune malade ; que la toux et les sueurs nocturnes auraient pu difficilement être arrêtées ; que sans la quassine et les autres granules énoncés dans ce traitement complexe, je n’aurais pu réveiller les forces vitales si rudement atteintes et que les préparations phosphorées n’auraient pu seules remédier à cette situation délicate. Qu’on vienne maintenant parler contre la dosimétrie !
(Du même.)
Réflexions. — Les trois observations qui précèdent prouvent que la phtisie
-ocr page 103-pulmonaire, bien attaquée dans ses divers degrés, n’est pas incurable. Comme nous l’avons dit, en commençant, ce résultat ne peut être obtenu qu’en sursaturant l’économie contre le principe morbide ; microbes ou granulations miliaires. Ce n’est qu’en soutenant fortement la vitalité et non en la débilitant qu’on obtiendra des résultats concluants. Non que dans la situation actuelle le mal puisse être extirpé. C’est un mal social, et il faudrait changer les conditions de la société, au point qu’il n’y eût plus ni riches, ni pauvres. Ne tombons point dans ces utopies, mais atténuons le mal physique dans la mesure du possible. D’' B.
* *
IO“ Fait. — Phtisie pulmoKaire. — Bernardino de Cerqueira Coelho, Portugais, vingt ans, constitution régulière, habitant Magy Mirina. Traité sans aucun avantage pendant environ vingt jours
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pour une pneumonie gauche. Ce malade s’est confié à mes soins le 24 février 1881, dans l’état ci-après : triste, craintif, pâle, amaigri ; douleur lancinante au côté gauche du thorax ; toux fréquente ; expectoration épaisse ou visqueuse ; respiration étouffante et difficile ; douleur dans la région dorso-spinale, rayonnant vers les épaules et occasionnant un grand abattement des bras. Dans le poumon gauche, bruit respiratoire très faible; voix rauque ; fatigue à la moindre conversation ; pulsations cardiaques exagérées; langue sabur-rale, nausées et constipation ; frissons ; accès de fièvre peu intense, tantôt le jour, tantôt la nuit; sueurs abondantes l’obligeant à changer de linge huit à douze fois dans les vingt-quatre heures.
En voyant cette inflammation imparfaitement jugulée, j’ai pensé que la pneumonie avait laissé des germes de phtisie maintenant en pleine évolution, et je commençai le traitement de la manière suivante : 1° Sedlitz Chanteaud, tous les jours, à dose laxative ; 2° arséniate de strychnine, pour relever la vitalité; 30 digitaline, comme modérateur et régulateur des mouvements du cœur ; 4° vératrine, comme controstimulant pour combattre le point de côté; 50 kermès minéral.
-ocr page 105-comme expectorant, alterné avec l’acide arsénieux; 6» l’arséniate et l’hydro-ferro-cyanate de quinine, contre les exacerbations fébriles ; 7° codéine et atropine, comme calmants et contre les sueurs nocturnes, quassine aux repas, comme tonique; 8° et enfin un vésicatoire loeo dolenti. Pour alimentation, lait avec cognac le matin ; œufs à la coque, bouillons substantiels, viande légèrement salée, vin généreux, café ; aussitôt que les accès de fièvre auraient disparu. Ce fut la seule médication pendant les cinq premiers jours. Le malade sentait une légère amélioration, la toux diminuant légèrement dans la journée, et continuant rebelle la nuit, au point de l’empêcher de dormir ; les sueurs nocturnes continuaient à être abondantes ; le vésicatoire fonctionnait régulièrement.
Je fis continuer la médication en supprimant l’arséniate et l’hydro-ferro-cyanate de quinine, puisque les accès de fièvre avaient peu après disparu, et les remplaçai par l’arséniate de potasse et 2 granules d’atropine dans la journée. L’état saburral moins intense, un peu d’appétit.
Le lendemain 29, le malade ressentait une céphalalgie frontale, avec peau sèche : il n’avait
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pas du tout transpiré la nuit précédente. J’attribuai cet incident à l’atropine ; je recommandai au malade de s’en tenir à la dose primitive et combattis la céphalalgie par la caféine.
Au dixième jour du traitement, l’état du malade était satisfaisant ; il toussait peu et crachait sans grande fatigue. Le point de côté se faisait sentir seulement lorsque le malade se couchait sur le côté droit et qu’il parlait avec excès. La respiration était faible et imperceptible au niveau du point de côté ; il y avait des râles catarrheux dans les deux poumons ; le vésicatoire ayant séché, je fis appliquer au même point un emplâtre de poix de Bourgogne. La sueur avait beaucoup diminué, la langue était bonne et le malade se sentait en appétit.
Prescription. — Hypophosphite de strychnine et émétine, scillitine : i granule de chaque toutes les deux heures ; i granule arséniate de fer et de soude : 2 granules de chaque de deux en deux heures, alternés avec les précédents. Continuer avec la codéine et la quassine.
A partir de ce moment, le malade est venu tous les jours à ma clinique; son état général présentait une véritable restauration ; la toux et le
-ocr page 107-point de côté étaient les seuls symptômes, qui se montraient de loin en loin, mais à peine perceptibles.
L’auscultation accusait un état favorable des fonctions respiratoires, sauf la faiblesse de bruits. Je conseillai au malade de reprendre la véra-trine et la digitaline, lorsque le point de côté se ferait ressentir.
Dans le cours de la maladie, j’ai encore employé, lorsque je le jugeai à propos, l’acide phos-phorique, le lactate de fer, la morphine, l’aconi-tine, et enfin l’hypophosphite de chaux, sans omettre la strychnine, qui constituait la. dominanle. A l’extérieur des révulsifs variés.
Aujourd’hui, 20 mai, après avoir continué pendant un mois l’hypophosphite de chaux, plus ou moins, le malade ne ressent plus la moindre douleur thoracique, ni toux, ni point de côté; il a repris ses couleurs et se sent dispos ; sa physionomie est une véritable antithèse de ce qu’elle était au commencement de la maladie. De plus, la respiration est ample.
L’absence de symptômes franchement inflammatoires de la pneumonie, la fièvre peu intense et le type légèrement intermittent, la persistance de
-ocr page 108---lOO -- la toux et du point de côté, l’abondance des sueurs et l’amaigrissement progressif nous ont servi de base pour le diagnostic et le traitement.
Dr Venancio Naguera DA Sylva, à Mogy Murine, San-Paulo (Brésil).
Remarques. — On dira que c’était là une pleuropneumonie; mais n’est-ce pas ainsi que beaucoup de phtisies débutent? Il n’est pas nécessaire pour cela que les granulations évoluent ; la persistance de la toux indiquait la présence de ces granulations que le traitement a. fait avorter.
Quant à ce traitement, il a été rationnel : l’auteur a commencé par faire tomber la fièvre par les défervescents, tout en soutenant les forces et en facilitant l’expectoration, puis a combattu l’état diathésique par les hypophosphites et les ferrugineux.
Quaut au nombre et à la variété des
-ocr page 109-granules, ils ont été en rapport avec les symptômes : or, la dosimétrie seule permet de faire une médication aussi complexe, les granules allant chacun à leur destination. (Voir Manuel de la pharmacie ei de la pharmacodynamie.)
D^- B.
♦ *
ii® Fait. — Un honorable confrère nous écrit: J’étais à Madrid lorsqu’un jour j’entends dire qu’un médecin étranger, un docteur du nom de Burggraeve, donnait une conférence au Collège San-Carlos. Attiré par la nouveauté, j’y assistai, et je me rappellerai toujours les impressions que j’ai eues ce jour-là.
Il était certain que la science comptait des médicaments précis et sûrs pour combattre les maladies. Il était vrai qu’avec ces alcaloïdes, jusqu’alors considérés comme de terribles poisons, le médecin pouvait marcher sûrement et non à l’aveuglette, sans savoir ce qu’il pouvait espérer du médicament qu’il avait prescrit. Il était pos-
-ocr page 110-— 102 — sible de juguler une affection à son début, de l’abréger ou l’enrayer avec la même assurance que le pilote dirige son navire ; que le mathématicien résout une équation.
Sceptique alors, une telle doctrine me paraissait une utopie; mais je me dis qu’on ne perdait rien à l’expérimenter et à l’étudier. Justement, à cette époque, celle qui est aujourd’hui ma femme, commençait à souffrir d’une affection qui avait été diagnostiquée : phtisie pulmonaire, par tous les médecins qui l’avaient examinée. Toux sèche et déchirante ; hémoptysies abondantes et fréquentes ; douleur oppressive dans la poitrine et les épaules; lassitude après la marche; absence de règles ; amaigrissement progressif et accès de fièvre intermittente : tel était le tableau qu’elle présentait lorsque je fus chargé de lui donner mes soins.
Elle vit encore, et c’est une de mes premières victoires obtenues par la dosimétrie. Sous l’influence de l’hydro-ferro-cyanate de quinine, de l’arséniate de fer, de la quassine, de l’iodoforme et de la codéine, disparut complètement le tableau symptomatique ci-dessus.
Depuis six ans, ma femme jouit d’une bonne
-ocr page 111-— io3 — santé, s’étant soumise à un régime hygiénique approprié.
D'' Juan Fernandes Ballesteros, à Séville.
Remarques. — La lettre du docteur espagnol me rappelle une des circonstances les plus heureuses de ma vie, et dont j’ai donné la.relation dans le Livre d'or de la médecine dosimétrique. En Espagne, comme ailleurs, on croyait peu à la vertu des médicaments, parce que avec l’allopathie il y a de nombreuses déceptions.
Aujourd’hui, c’est en Espagne que nous avons nos adeptes les plus convaincus. Il est vrai que nous avons trouvé à Madrid, dans le docteur Vallédor, un homme toujours prêt à aller de l’avant, qui a pour principe, que pour réussir il faut vouloir. Là aussi, on nous fait la guerre du silence, mais qui ne fait qu’ajouter à l’extension de notre méthode. D’ailleurs, comme dit le pro-
-ocr page 112-verbe : “ Qui ne dit rien consent,,, seulement c’est un consentement dont leurs malades ne profitent pas, puisqu’ils leur appliquent les vieux agissements de l’École officielle.
D*- B.
12« Fait. — M™« Jean Capdevielle, tempérament lymphatique, grande blonde d’une constitution délicate, mère de deux enfants, demeurant à la Nouvelle-Orléans, a. joui d’une bonne santé jusqu’à l’âge de quarante-cinq ans ; depuis cinq à six ans elle contracte des rhumes avec la plus grande facilité. Le i6 février 1880, à la suite d’un froid humide, elle était affectée de bronchopneumonie et se trouvait dans un état tellement grave que son mari me fit appeler.
Après quelques jours de sa bronchite habituelle, la bronchopneumonie se déclara par un frisson suivi de chaleur, avec crachats rouillés abondants, douleur pongitive sous la mamelle droite, difficulté de respirer, toux, soif vive, débi-
-ocr page 113-lité extrême, etc. La percussion donne un son mat dans le côté droit, surtout dans l’endroit affecté. A l’auscultation on entend un râle crépitant.
Traitement.—Tous les quarts d’heure i granule d’arséniate de strychnine et d’hydro-ferro-cyanate de quinine, ensemble, avec un looch kermétisé. une infusion de fleurs de mauve sucrée, chaude ; le matin, une cuillerée à soupe de Sedlitz, dans un demi-verre d’eau fraîche.
Le 17 février, je revois la malade et je constate une amélioration de tous les symptômes. Les crachats sont encore abondants, mais ils ne sont plus rouillés ; l’expectoration est facile.
Prescription. — Looch kermétisé; digitaline et vératrine, i granule toutes les heures (ensemble) ; continuation de la tisane.
Le 18, la respiration est plus libre ; la toux moins fréquente, moins fatigante, suivie toujours de beaucoup de crachats. Examen de la poitrine : sonorité à peu près normale; la douleur pongitive disparue; râles ronflants et muqueux disséminés sur plusieurs points ; souffle amphorique avec gargouillement en arrière. Le murmure vésiculaire s’entend mieux pendant l’inspiration et
-ocr page 114-l’expectoration ; les crachats toujours abondants.
Presmption. — Arséniate de strychnine et iodo-forme : i granule de chaque toutes les demi-heures. Inhalation de vapeurs de goudron, deux fois par jour, pendant un quart d’heure.
Le 19, il y a encore, sous la mamelle droite, un peu de matité, avec un léger affaiblissement du murmure vésiculaire, et çà et là quelques bulles de râles muqueux.
Pfescription. — Arséniate de strychnine et iodo-forme (ensemble) : i granule de chaque, matin et soir; continuer encore les inhalations de goudron.
Ce traitement a été suivi jusqu’à la fin de février.
A cette époque, j’ai pratiqué la percussion et l’auscultation, qui ne m’ont rien révélé d’inquiétant ; l’état de santé m’a semblé si satisfaisant, que j’ai cessé de la visiter.
Ce cas est encore un beau triomphe pour la dosimétrie.
Dr Escoubas,
à la Nouvelle-Orléans.
Réflexions. — On sait que la Nouvelle-
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Orléans, située à l’embouchure du Missis-sipi, au milieu d’un terrain d’alluvion, sous un soleil ardent, est fréquemment décimée par les malades palustres, lesquelles, à leur tour, produisent la tuberculose pulmonaire. Il ne faut donc pas s’étonner du grand nombre d’adhérents que la dosimétrie y a rencontrés, parmi lesquels le docteur Escoubas est un des principaux. Nous saisissons cette occasion pour lui témoigner toute notre gratitude.
Dgt;- B.
* * *
i3e Fait. — Phtisie aiguë. — Le i6 octobre dernier, j’ai été appelé rue des Blancs-Manteaux, 32, à Paris, auprès d’un jeune homme de dix-neuf ans, malade depuis une douzaine de jours. Le médecin de la famille avait porté un diagnostic très alarmant, et les parents ne voyant survenir aucune amélioration, s’étalent décidés à essayer de
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la médication dosimétrique, sur laquelle plusieurs guérisons remarquables avaient déjà appelé leur attention.
Une chose me rassura tout d’abord et me fit présager, sinon une guérison immédiate, du moins une issue heureuse : j’avais affaire à une affection fébrile aiguë ; je devais en triompher par les alcaloïdes défervescents.
J’en étais sûr, et je fis immédiatement passer ma conviction dans l’esprit des parents.
Le médecin auquel je succédais avait diagnostiqué très vaguement une affection continue grave. Je m’informai : il y a encore des tuberculeux dans la ligne paternelle. Je pensai à une phtisie aiguë. En effet, la maladie avait débuté presque subitement par des frissons répétés, une grande fréquence du pouls, une chaleur vive et une anxiété précordiale persistante. Depuis le premier jour, le sujet maigrissait à vue d’œil, il avait des sueurs nocturnes très considérables, au matin. Il n’y avait pas cet état apathique qui accompagne la fièvre typhoïde ; d’ailleurs, la langue était nette et humide; il n’y avait pas de symptômes gastriques; au contraire, il y avait une hyperesthésie très aiguë, une toux presque
-ocr page 117-incessante, de l’insomnie, une expectoration nulle.
Au ’premier abord, l’auscultation et la percussion ne révèlent pas grand’chose, car dans ce cas les nombreuses granulations miliaires sont entourées d’un tissu perméable encore; la dyspnée intense, la suractivité cardiaque qui accompagnaient cet état fébrile, pouvaient faire croire à une simple hyperesthésie pulmonaire. Mais je m’y pris à plusieurs fois. Une auscultation très prolongée, très attentive, me fit découvrir au sommet des deux poumons un bruit bien léger de froissement; ce signe était précieux, et j’acquis presque aussitôt la conviction que, sous chaque clavicule le son était un peu plus obscur qu’à l’état normal. En même temps l’application de la main me révéla une augmentation de vibrations quand le malade parlait.
Le temps était précieux : il fallait instituer un traitement énergique. Je prescrivis : vératrine, aconitine, codéine, arséniate de quinine : i granule de chaque (les 4 ensemble), d’heure en heure; digitaline, i granule de quatre en quatre heures ; atropine, 3 granules le soir ; Sedlitz le matin ; un vésicatoire sous chaque clavicule.
-ocr page 118-Le lendemain, le pouls qui la veille était à i3o était descendu à 120.
La même médication fut continuée pendant le jour.
Que dirai-je? peu à peu la chaleur est tombée, le pouls a diminué, la toux s’est apaisée, la respiration est devenue plus facile, les sueurs nocturnes, si opiniâtres, si abondantes, ont presque cessé.
Le 23 octobre, j’ai apporté les changements que nécessitait la nouvelle phase de la maladie. Je prescris : arséniate d’antimoine, 6 granules par jour; arséniate de strychnine, 4 granules par jour; kermès, codéine, i granule de chaque d’heure en heure; atropine, 3 granules le soir. Je continue la digitaline, 4 granules par jour, car le malade éprouvait encore une certaine anxiété précordiale.
L’amélioration s’est soutenue. Deux jours après, l’expectoration commençait à se faire facilement.
Je la favorisai encore par l’émétine : 4 granules le matin, car la sécrétion bronchique est la terminaison la plus heureuse de ces phlegmasies pulmonaires acquises, puisqu’elle empêche la
-ocr page 119-formation de protoplasmes morbides. L’expectoration d’abord muqueuse, aérée, blanchâtre, rare, devint bientôt grasse et assez abondante.
Quinze jours après ma première visite, le malade quittait le lit. Depuis le milieu du mois dernier il sort, est’gai, vigoureux; il engraisse rapidement ; il est vrai qu’il boit six à huit cuillerées à soupe d’huile de foie de morue par jour et qu’il prend des décoctions de quinquina.
De sa maladie, il reste au sommet du poumon gauche un bruit de craquement, une toux très rare, mais significative l’expectoration presque nulle. Je considère la maladie comme transformée en une phtisie chronique, à marche lente au premier degré, et j’espère arriver à la guérison complète, si le malade ne commet pas d’imprudences, et si les voies respiratoires ne subissent aucune atteinte nouvelle par suite des froids rigoureux que nous traversons.
Voici le traitement qu’il suit actuellement : arséniate desoude, 12 granules par jour; iodo-forme, sel de Gregory ; 4 granules de chaque le soir ; émétine, 4 granules le matin.
Dr Amédée Andrieux, à Paris.
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Réflexions. — On ne saurait trop approuver la prévoyance du docteur Amédée Andrieux. Il n’arrive que trop souvent qu’après une pneumonie mal résolue, on abandonne le malade sous prétexte de convalescence. C’est là une faute qui devrait toujours être évitée, car le malade n’est réellement guéri que lorsqu’il n’existe plus aucune trace de son mal. Mais généralement les malades sont impatients, et les familles se soucient peu de voir le médecin prolonger ses visites. S’il y avait l’abonnement, cela n’arriverait pas, puisque malade et médecin seraient également intéressés à la cure définitive. D'' B.
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14® Fait. — Marie Epenat, douze ans, de meurant à Genève, chloro-anémique ; phtisie pulmonaire depuis cinq ans. Toux nerveuse; crachats épais jaunes, assez rares; appétit à peu près
-ocr page 121-nul; respiration pénible; fièvre continue; bruits respiratoires circonscrits dans les lobes supérieur et moyen des surfaces antérieure et supérieure du poumon gauche ; lésion commençante à la partie supérieure; palpitations.
Traitée le 28 décembre avec le Sedlitz Chan-teaud, l’iodoforme, l’aconitine, l’arséniate de strychnine et de quinine, le sulfate de soude. Prompte amélioration. J’ai reçu une lettre de remerciement m’annonçant la guérison de l’enfant.
Dr Bouclé.
Réflexions. — Les enfants de dix à douze ans, sont très sujets à la tuberculose pulmonaire. A Gand, où on reçoit dans les fabriques de coton des enfants de cet âge, il est rare qu’ils ne deviennent phtisiques. C’est le Saturne moderne dévorant ses propres enfants.
Nous allons maintenant mettre en regard des observations qui précèdent, un traitement allopathique, afin de laisser voir la différence avec le traitement dosimétrique.
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i5e Fait. — 17 mai 1870. — M. L,.., dix-neuf ans, employé de commerce, grand, élancé, tempérament lymphatique ; père mort à quarante ans d’une diathèse rhumatique cardiaque, le grand-père goutteux; la grand’mère faible de poitrine.
État du malade. — Épistaxis très abondantes chaque jour, sans céphalalgie ni symptômes aigus quelconques ; faiblesse ; anémie ; toux fréquente ; oppression légère à la moindre fatigue ; pas d’expectoration ; au sommet du poumon gauche en arrière, craquements secs étendus, très perceptibles ; expiration prolongée ; matité ; creux sous-claviculaire très prononcé ; au poumon droit, rien de saillant.
Diagnostic. — Phtisie pulmonaire au début, d’origine arthritique.
Traitement. — Séjour à la campagne; exercices corporels; nourriture tonique; sirop d’hypophosphite arsénié : 3o grammes par jour, en deux fois ; sulfate de quinine, 3o centigrammes en deux pilules, avant la fièvre, pendant plusieurs jours.
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i6 octobre. — La fièvre a cédé, les épistaxis ont cessé, les forces sont revenues ; plus de toux, d’oppression. Parait guéri.
Aux premiers froids, l’affection pulmonaire se icnouvelle : Fièvre tous les soirs; toux fréquente le jour, quinteuse la nuit. Expectoration assez abondante ; amaigrissement ; faiblesse ; perte d’appétit ; au sommet gauche, en arrière, craquements humides, mêlés de secs, à droite et à gauche ; respiration rude.
Traitement. — Sirop d’hypophosphite arsénié : 45 grammes par jour; vésicatoire au sommet droit (laisser suppurer quelques jours) ; sulfate de quinine, 3o centigrammes avant la fièvre. Alimentation riche, vin généreux.
Le 23 octobre. — La fièvre a cédé ; respiration plus facile; toux moins fréquente; appétit bon. Mêmes traitement et régime.
3i octobre. — Le mieux continue ; le malade cesse le traitement arsenical, malgré l’avis du médecin.
8 novembre. — Accès de fièvre très intense ; aggravation de tous les symptômes d’auscultation ; craquements humides au sommet gauche, en arrière, secs à droite, aux fosses sous et sus-épineuse ;
-ocr page 124-murmure respiratoire obscur partout ; aspiration prolongée. Sulfate de quinine, 5o centigrammes en 3 pilules.
g novembre. — Pas d’accès. Même dose d e quinine.
i3 nbsp;nbsp;nbsp;novembre. — Fièvre continue ; sueurs abondantes. Tartre stibié, i5 centigrammes; sirop diacode, 3o grammes; eau de laurier-cerise, 2 grammes; eau, 120 grammes, à prendre par cuillerées toutes les heures, à partir du matin. Éviter les vomissements par la glace, la position horizontale ; le repos absolu ; pas d’aliments dans la matinée.
Le 14 novembre. — Les vomissements, après quelques cuillerées, ne cessent pas. On suspend la potion pour la reprendre le lendemain. Le malade est très fatigué, anéanti.
i5 nbsp;nbsp;nbsp;novembre. — La tolérance ne s’établit pas ; face décolorée ; pouls faible et très fréquent ; sueurs froides très abondantes. On renonce au tartre stibié.
Prescription pour le lendemain : ipéca cassé, 2 grammes dans une décoction d’un litre, à prendre par demi-tasses toutes les heures.
16 nbsp;nbsp;nbsp;novembre. — Pas de vomissements ; le
litre a été absorbé ; bouillon froid, le soir soupe légère et vin de Malaga. Demain matin, même dose d’ipéca et même régime.
18 novembre. — La fièvre a cédé. On suspend la médication ; alimentation et vin généreux.
20 novembre. — Plus de fièvre. Hier soir, quinte et toux très intenses ; chloral, 2 grammes avec sirop d’écorces d’oranges; revenu au sirop d’hypophosphite arsénié : i5 grammes par jour, en trois fois, une demi-heure après les repas,
27 novembre. — Le malade s’est levé trois heures ; appétit bon ; 60 grammes de sirop ; toux très fréquente ; expectoration modérée.
6 décembre. — Amélioration progressive. Le malade sort en voiture; i5 grammes de sirop ; toux très fréquente ; expectoration modérée.
i5 décembre. — Mieux; plus de fièvre ni de sueurs nocturnes; la toux s’améliore; les signes d’auscultation s’éloignent.
25 décembre. — Convalescence complète ; accidents généraux ont cessé ; état local amélioré. Le malade se croit guéri. Invite à persévérer dans la médication arsénico-phosphorée, en diminuant la dose peu à peu.
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14 avril 1871. — Hiver passé sans accidents; toux assez fréquente, avec expectoration ; respiration un peu rude avec aspiration prolongée ; craquements secs, disséminés au sommet à gauche, en arrière.
lo août. — Toux quinteuse, fatigante; oppression. Le malade part pour la campagne ; reprend le sirop d’hypophosphite arsénié.
3o novembre. — Toutes les apparences de la santé; tout traitement suspendu.
12 mars 1872. —Passé tout l’hiver sans garder la chambre ; reprend ses occupations ; déclaré bon pour le service ; auscultation : même état qu’au début, c’est-à-dire que les craquements persistent.
Depuis trois ans je revois le malade, dont la santé se soutient. Espoir de guérison.
Dr Lescalmel, Marseille.
Réflexions. — Nous dirons avec l’auteur : “ Ce n’est qu’un espoir ’,. Hæret lethaUs arundo.
Quant au traitement, on ne saurait contester qu’il n’ait été méthodique; mais le traitement dosimétrique eût été
-ocr page 127-moins fatigant, moins épuisant. Au lieu de combattre la fièvre par le brutal tartre stibié (stygié), on l’eût attaquée par les alcaloïdes défervescents et on eût obtenu ainsi une résolution complète de la pneumonie, qui maintenant est passée à l’état chronique, c’est-à-dire de tuberculose miliaire, ainsi que l’indiquent la persistance de la toux et les craquements secs.
D’- B.
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PRESSINERVOSCOPIE.
Dans sa thèse inaugurale : Recherches sur la pathogénie de l’asthme, considérée principalement au point de vue de ses rapports avec la physiologie des nerfs pneumogastriques (28 août i858), M. le docteur A. Pinel a signalé la douleur produite par la compression sur le trajet des pneumogas-triques et leurs ramifications. En poursuivant ses recherches sur les autres affections thoraciques, il a rencontré constamment cette douleur caractéristique. Il a été ainsi amené à considérer la corn-
-ocr page 130-— 122 — pression de la huitième paire comme un nouveau moyen d’exploration dans la lésion des organes thoraciques, précédant les données fournies par l’auscultation et la percussion.
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L’application du même procédé au grand sympathique, lui a fait aussi rencontrer la douleur dans les maladies abdominales et les maladies cérébrales. Selon lui, la Pressinervoscopie doit attirer l’attention avant que l’auscultation et la percussion aient permis de se prononcer.
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Nous avons cru devoir rappeler, en peu de mots cette méthode, pour les médecins qui ne la connaissent pas et que
-ocr page 131-— 123 — l’École a laissés dans l’ignoi'ance sur ce moyen de diagnostic.
L’espace qui sépare le trou déchiré postérieur de la clavicule est de 14 à i5 centimètres. Les pneumogastriques ne sont accessibles seuls, (jue sur un trajet de 5 à 6 centimètres, commençant à lo millimètres de l’apophyse mastoïde et finissant à l’intersection de l’omo-hyoïdien, c’est-à-dire à 7 centimètres au-dessus de la clavicule.
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Le grand sympathique, de même que la huitième paire, ne peut être atteint qu’en un endroit déterminé : au niveau de là grande corne de l’os hyoïde et surtout au bord postérieur du cartilage thyroïde.
-ocr page 132-Ces nerfs se compriment à partir de l’intersection de l’omo-hyoïdien jusqu’à la clavicule, en suivant le bord interne du faisceau externe du sterno-mastoï-dien. Sont aussi accessibles : les laryngés supérieurs, inférieurs et cardiaque supérieur, émanant du pneumogastrique.
Les laryngés supérieurs, au moment où ils vont se distribuer au larynx, c’est-à-dire à 4 centimètres de l’échancrure médiane du cartilage thyroïde sont limités : en avant, par le muscle thyro-hyoï-dien; en arrière, par la membrane du même nom ; en haut, par l’os hyoïde ; et en bas, par le cartilage thyroïde.
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Les laryngés inférieurs sont accessibles sur les parties latérales de la trachée, entre elle et l’œsophage, au-dessous de la glande thyroïde.
Les cardiaques supérieurs se séparent de la huitième paire au niveau du cartilage thyroïde; quelquefois plus haut, rarement plus bas, se dirigent obliquement de dehors en dedans, sur les muscles sterno-hyoïdiens et sterno-thyroï-diens jusque vers le milieu de la trachée, et descendent verticalement vers le ganglion cardiaque. Ils sont accessibles au moment où ils arrivent sur la partie presque médiane de la trachée, c’est-à-dire à la fourchette sus-sternale.
-ocr page 134-Mode d’exploration. — D’après ces données, si on explore le côté gauche de la région cervicale, avec la pulpe du pouce de la main droite appliquée sur le bord externe de la carotide primitive, et les autres doigts en opposition sur la région postérieure du cou, on sent sous l’artère un corps de forme tendineuse qui fuit sous une légère pression. En fixant ce corps tendineux sur la région antérieure de la colonne vertébrale, on fait naître une impression pénible, due à la pression exercée sur le pneumogastrique.
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Sensations physiologiques. — Pour juger des différents degrés de sensibililité, il faut les comprimer à l’état sain ; dans l’impossibilité de s’en rapporter aux sen-
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sations de chacun, l’auteur a cherché un nerf qui pût produire une sensibilité à peu près équivalente à celle du pneumogastrique, et il a trouvé que le nerf médian comprimé au poignet rappelait assez la sensation pénible qu’il lui fallait décrire ; avec cette différence que la sensibilité est plus grande chez la femme à cause du travail menstruel. La compression du grand sympathique produit un effet sui generis.
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Etais pathologiques. — Les états pathologiques sont représentés par l’exaltation de l’impression physiologique; ils sont caractérisés par une douleur très vive correspondant au côté le plus malade. Le grand sympathique est excessivement douloureux dans les maladies abdominales, les congestions cérébrales, l’épi-
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lepsie, l’hystérie. Un fait à remarquer, c’est que dans l’état d’atonie et d’affaissement général, ces nerfs perdent leur sensibilité, pour ne la reprendre qu’au moment où la maladie est en voie de réparation.
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Irradiation. -— L’irradiation est produite par la compression du pneumogastrique et du grand sympathique, descendant pour le premier, et ascendant poulie second. Lorsqu’il y a irradiation, le caractère spécial de la douleur qui suit son trajet jusqu’à la partie affectée, indique le genre de maladie. Cependant, il est à observer que cette irradiation n’existe, pour le grand sympathique, que dans les maladies cervicales, dans l’épilepsie et l’hystérie.
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Absence de l’irradiation. — La première période de la maladie étant passée, l’irradiation n’existe plus, la douleur est locale et se limite à la partie comprimée, ou bien elle descend et s’arrête toujours aux mêmes points, c’est-à-dire à gauche et à droite du sternum, répondant au deuxième et au troisième cartilages des mêmes côtés. Elle se produit à droite à la même hauteur et plus profondément qu’à gauche, où elle est sous-sternale.
Cette absence d’irradiation indique un arrêt dans la transmission du fluide nerveux de la périphérie au centre. L’obstacle existeau point même où elle cesse : il y a donc là un arrêt dans les fonctions
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de la huitième paire ; une paralysie occasionnée par un corps qui la comprime. Ce corps n’est autre chose que les ganglions bronchiques hypertrophiés et qui, arrêtant le courant nerveux, donnent de l’oppression et une douleur sous-sternale.
Anatomie pathologique. ■—■ L’anatomie pathologique démontre l’exactitude de ces assertions. Au Val-de-Grâce, en i858, en recherchant la disposition anatomique des ganglions bronchiques, l’auteur dit avoir constaté dans deux cas anatomo-pathologiques, qu’il fit voir au docteur Trudeau, professeur agrégé et chef des travaux anatomiques de l’École militaire. Après avoir enlevé le sternum du cadavre d’un phtisique au niveau des deuxième et troisième cartilages du même côté et
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avoir séparé le péricarde, l’auteur trouva le nerf phénique, puis, à environ 2 centimètres, en arrière, un ganglion de la forme et du volume exagérés, d’une figue aplatie latéralement, dont le sommet était dirigé vers la clavicule et qui, en haut, comblait l’espace compris entre l’aorte et le cordon fibreux du canal artériel oblitéré. Ce ganglion s’appuyait, à droite, en bas sur l’artère pulmonaire, et à gauche sur le pneumogastrique et la bronche de ce côté. Les parties latérales de ce ganglion, pressées et maintenues entre les parties susmentionnés, le portaient avec force sur les anneaux bronchiques, point sur lequel le pneumogastrique était comprimé. Le poumon était farci de tubercules et les ganglions tuberculeux.
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Sur un autre sujet, mort de pneu-
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morne, après avoir enlevé et maintenu sur le côté gauche, le poumon droit qui était très hépatisé, hauteur vit tout l’espace compris, depuis l’entrée du pneumogastrique dans la cavité thoracique, jusqu’à l’artère pulmonaire, envahi par les ganglions bronchiques, rouges, ecchy-mosés et très hypertrophiés. Ces derniers enveloppaient très exactement la bronche droite, qui divisait cette masse ganglionnaire en deux parties ; l’une, supérieure, juxtaposée et pressée par la plèvre, sur le pourtour supérieur et postérieur des anneaux bronchiques ; l’autre, inférieure enveloppant le reste de la bronche en la pressant en sens inverse, de manière à c omprimer le pneumogastrique aplati et enflammé.
* *
Sur d’autres autopsies, l’auteur dit avoir trouvé des dispositions analogues.
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Il ne faut pas répéter trop longtemps cette exploration, à cause de la souffrance qu’on fait subir aux malades ; deux ou trois fois par mois suffisent pour se rendre compte de la diminution ou des progrès du mal.
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Pleurésie. — Dans la pleurésie, s’il y a pleuropneumonie, la compression donne de la douleur locale et de l’irradiation juste à l’endroit atteint du poumon. Si l’on comprime à la fois le nerf du sixième espace intercostal et le pneumogastrique, la douleur est réciproque aux deux points comprimés. Dans la pleurésie chronique, la pressinervos-copie ne donne rien.
-ocr page 142-Résumé. — D’après le rapide exposé de ces faits, si de la compression des pneumogastriques et du grand sympathique résulte la simple manifestation de la douleur, l’irradiation ou son absence, l’auteur conclut :
i° Que la compression de ces deux nerfs fait connaître l’existence d’une maladie thoracique ou abdominale ;
2° Que le poumon, l’estomac ou le cerveau sont atteints ; on le reconnaît par la direction que suit l’irradiation et par son mode de production ;
3° Que l’absence d’irradiation, avec douleur prédominante, plus d’un côté que de l’autre ou des deux côtés à la lois, indique un arrêt des fonctions dévolues aux cordons nerveux.
-ocr page 143-Mais ce ne serait là qu’une « inutile , nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;histoire naturelle », si la thérapeutique ne venait en aide au médecin pour arrêter le mal ou du moins le retarder quand il en est temps encore. C’est ce que nous avons vu dans les différentes observations produites par le docteur Pinel.
Nous terminons par une remarque : C’est que dans l’École il n’est pas question de la pressinervoscopie du docteur Pinel. Mais aussi de quoi allait-il s'avi-' nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;ser? Qu’au-dessus d’elle il peut y avoir de l’esprit ? Voyez à quoi cela mènerait.
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Dans la phtisie, comme dans la pneu-
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monie tout à fait au début, au moment ou l’auscultation et la percussion ne peuvent offrir au médecin que le doute et l’incertitude, la pressinervoscopie, selon l’auteur, a une importance d’autant plus grande qu’elle donne immédiatement la raison de l’état pathologique du poumon, par le caractère de la douleur qu’éprouvent les malades. La douleur provoquée au cou, est très forte et persiste quelque temps encore après que le doigt a été enlevé. Les malades ressentent de suite une douleur au poumon atteint, douleur qui leur semble produite par un millier d’épingles qu’on enfoncerait dans la peau et qui va en s’affaiblissant.
* *
Ainsi que dans la pneumonie, la compression suivant les progrès de la phtisie, provoque des douleurs de plus en plus
-ocr page 145-— 137 -vives à l’irradiation, qui cesse de se manifester au deuxième et au troisième degré, car alors les ganglions bronchiques sont hypertrophiés. Si la phtisie ne progresse pas, l’irradiation s’affaiblit graduellement, puis disparaît; mais la douleur au cou persiste encore longtemps.
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* *
Mannequin d'auscultation du docteur Col-longue ou pneunioscope. — L’auscultatio n pulmonaire est une des branches les plus importantes de l’enseignement médical ; elle est intimement liée au diagnostic des maladies de poitrine. Aussi les efforts des médecins inventeurs ont-ils eu pour but d’apporter des améliorations et des perfectionnements aux modes d’explorations usités jusqu’à ce jour. Tel a été le but du docteur Collongue par son mannequin d’auscultation ou pneumoscope.
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Le professeur de pathologie interne ne possède aujourd’hui d’autres moyens que le stéthoscope; aussi à la clinique, les élèves se trouvent complètement dépaysés, tant les bruits respiratoires sont souvent faibles et confus. C’est cette difficulté que le docteur Collongue a cherché à aplanir.
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Le pneumoscopedu docteur Collongue se compose d’un buste creux en carton-plâtre, sur la face antérieure duquel sont ménagées des ouvertures pour des tubes portant chacun l’inscription du bruit qui doit être entendu.
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A la base du buste, supporté par un
-ocr page 147-— 139 — pied tout spécial, se trouvent des tubes correspondant à ceux de la paroi antérieure, dans lesquels on introduit un soufflet à main, disposé et préparé ad hoc. Il suffit de presser et de dilater le soufflet pour produire l’inspiration et l’expiration prolongées.
***
L’élève pour contrôler chacun de ces sons, applique le stéthoscope d’une part sur le mannequin et de l’autre à son oreille ; il commence ainsi à s’habituer à la manipulation de cet instrument.
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A chaque son, il transporte le stéthoscope sur l’ouverture où se trouve inscrit le bruit qu’il veut étudier. Veut-il produire et entendre la respiration normale.
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il applique le stéthoscope sur l’ouverture no i, prend le soufflet surmonté d’un tube de verre à double courant, et à l’entrée inférieure de la cavité pneumo-scopique, il fait le jeu de pression et de dilatation graduée, simulant l’inspiration et l’expiration. La respiration forte, le bruit d’inspiration prolongée, sont produits par la fréquence ou la force de pression sur le soufflet.
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Les souffles, soit rudes, soit tubaires, soit amphoriques, se produisent dans des tubes ou des ballons de diamètres combinés exprès. Toute cette classe de bruits est sans altération possible, parce qu’on opère à sec et dans des conditions identiques. Les sons sont déterminés par un liquide.
-ocr page 149-Les râles sibilants, ronßants, muqueux, caverneux, crépitants, se forment avec du liquide — la salive de préférence — mis en contact, tantôt avec une ouverture filiforme, tantôt avec de petits bouts de caoutchouc fendus, des morceaux d’éponge attachés à l’extrémité d’un tube, ou une spirale de cuivre déroulée. Le docteur Collongue décrit tout cela dans sa notice, où il livre des secrets qui lui ont coûté dix ans de travail.
Le meilleur moyen de savoir si tous ces bruits artificiels étaient exacts et identiques à ceux des maladies pulmonaires, était de les soumettre à des épreuves et contre-épreuves. C’est ce que l’auteur a fait avec une persévérance et
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une conscience toutes particulières. En effet, il nous apprend qu’il ne s’est pas tenu à son oreille d’auscultateur expérimenté; il a soumis son premier travail, en 1864, aux maîtres de la science d’alors, Barth, Trousseau, Bouillaud, Blache, Moissenet, etc., et tous ces illustres médecins ont reconnu d’exactitude et la parfaite similitude de ces bruits avec ceux de l’auscultation humaine. Velpeau a présenté un pneumoscope du docteur Collongue à l’Académie des sciences de Paris (séance du 25 mars), et les journaux du temps ont dit, à propos de cette présentation : “ Velpeau, esprit ferme et difficile, auquel personne ne pourra reprocher un excès de complaisance, était joyeux et fier, et ne tarissait pas d’éloges. » Pourquoi l’instrument du docteur Collongue erre-t-il encore dans les limbes de l’Académie. Celle-ci a-t-elle craint le développe-
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ment du nouveau-né ? Ou a-t-elle en peur que l’invention nouvelle ne nuisît à celle de Laënnec.
Tout au contraire, le pneumoscope du docteur Collongue est venu confirmer les résultats du stéthoscope en en facilitant l’application au lit du malade, en écartant toute cause d’erreur et en le poussant plus au fond des bruits respiratoires normaux et abnormaux. Les traités d’auscultation n’enseignent qu’une seule sorte de souffle tubaire, une seule sorte de souffle caverneux et amphorique. Le pneumoscope nous fait entendre deux souffles caverneux; et il est facile de se rendre compte que dans la classe tubaire, ou dans la classe amphorique, caverneuse, etc., on peut produire toute une gamme de nuances tubaires, caverneuses, amphoriques, etc.
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Que de souffles inconnus jusque-là, que le pneumoscope nous fait entendre et comprendre ! Or, comme chaque modification de son tubaire ou de son caverneux, correspond à un changement survenu dans la lésion pulmonaire, le champ de l’étude de ces lésions se trouvait étendu et le diagnostic précisé.
*
* ♦
Mais, nous ne cesserons de le redire, tout cela ne serait qu’une inutile et désespérante histoire naturelle, sans une thérapeutique appropriée à la maladie et au malade surtout. Le docteur Col-longue aura sa place marquée dans l’histoire de la médecine, et c’est à la dosimétrie, qui a fait connaître ses travaux, qu’il le devra.
-ocr page 153-TABLE ANALYTIQUE
PREFACE.
Explication du mot phtisie.— La misère physiologique. — Les forêts vierges du Nouveau-Monde et les microbes du Vieux-Monde. — Causes sociales de la phtisie. — La mission de l'art. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Pages 1-9
I
MODE DE DÉVELOPPEMENT.
Pourquoi les classes supérieures et les classes inférieures sont plus sujettes à la phtisie que les classes intermédiaires. —- Qu'est ce que le tubercule? Son origine, son mode d’évolution — Les leucocytes de la phtisie ou l'ivraie organique. — Constitution des phtisiques. — Marche de la phtisie. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Pages 11-20
II
SIGNES DE LA PHTISIE PULMONAIRE.
Période de crudité — Période inflammatoire. — Période de fonte. — La fièvre des phtisiques.
Pages 21-24
10
-ocr page 154-III
TRAITEMENT DE LA PHTISIE
Hygiène des phtisiques, — Infirmeries-étables. — Désinfection des chambres, des linges, des crachats, — Régime des phtisiques. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Pages 25 3t
IV
MOYENS DE FAVORISER LA CRASE SANGUINE.
Pureté de l’air, — Régime substantiel, — Rafraîchissement du corps. — Hygiène thérapeutique : arsenic, iode, phosphore, chlorure de sodium. nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;nbsp;Pages SS-qq
V
TRAITEMENT MÉDICAL DE LA PHTISIE.
Dominante, variante du traitement. — Traitement de la fièvre. — Défervescents. — Calmants. —Antiseptiques.
Pages 45-54
VI
FAITS CLINIQUES.
Pages 55-119
VH
Pressinervoscopie du docteur A. Pinel. — Mannequin d'auscultation du docteur Collongue. Pages 121-140
-ocr page 155-NOMENCLATURE
DES
MANUELS DE MÉDECINE DOSIMÉTRIQUE
PREMIÈRE SÉRIE.
Manuel des maladies des enfants.
Manuel des maladies des femmes.
Manuel des dyspepsies.
Manuel des maladies des voies urinaires. Manuel des fièvres puerpérales. Manuel de pharmacie et pharmacodynamie dosimétriques.
DEUXIÈME SÉRIE.
Manuel de la fièvre.
Manuel des urines.
Manuel des maladies du cœur. Manuel de la goutte et du rhumatisme goutteux. Manuel de thérapeutique dosimétrique. Manuel des maladies diathésiques.
TROISIÈME SÉRIE.
Manuel de la phtisie pulmonaire.
Manuel des névralgies et névroses. Manuel des maladies dyscrasiques.
Manuel de la pleuropneumonie.
Manuel des maladies cérébro-spinales.
Manuel des maladies abdominales.
Ces Manuels se vendent au prix uniforme de 2 francs. Les acheteurs d’une série jouiront d’une remise de 3o p. c.
-ocr page 156- -ocr page 157- -ocr page 158- -ocr page 159- -ocr page 160-HYGIÈNE THÉRAPEUTIQUE
A L USAGE DOMESTIQUE
SEDLITZ CHANTEAUD. — Sel rafraîchissant et tonique, ne déterminant aucune irritation des voies digestives, et le dissipant quand existe un dérangement intestinal. C’est le Sel de santé par excellence. Aussi son usage s’est-il généralement répandu et a coupé court aux prétendues pilules de santé, dont les drastiques font la base. La vulgarisation de ce Sel est donc un véritable service rendu au public. Pour l’usage habituel, on en fait dissoudre une cuillerée à café dans un verre d’eau ; qu’on prend le matin en se levant.
Le Sel Chanteaud se trouve aujourd’hui dans toutes les pharmacies achalandées.
Pour les granules dosimétriques, il faut la prescription du médecin. On aura soin de vérifier si ce sont des granules véritables portant la marque de la maison Chanteaud et la signature de l’auteur de la méthode.
Pour tous les renseignements concernant sa méthode, s’adresser au docteur Burggraeve, à Gand, rue des Baguettes, 5o.