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MANUEL

MALADIES DIATDESWES

Goutte, Gravelie, Calculs urinaires.

Rhumatismes, Dégénérescences : graisseuse, athéromateuse, calcaires. Syphilis, Dartres

KT DK

LEUR ÏRAITEME^NT DOSIMÉTRIQUE

Par le DOCTEUR ^URGGRAEVE

. PROKKS8KÜR KMKRITK DR l/UNIVERSITÉ DK GAND (BELGIQUE/ AUTEUR DE LA NouveUd Aféthode dosimétrique.

GAND

CHEZ L’AUTEUR, RUE DES BAGUETTES, 50

ET DANS LES PRINCIPALES LIBRAIRIES

1888

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o. oct.

3619

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MALADIES DIATHÉSIQUES

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PROPRIÉTÉ

Bruxolles. — Typographie V* Cii. Vanoerauwera, rue des Sabies, 16.

UNIVERSITEITSBIBLIOTHEEK UTRECHT liiiiiiniiniHi 4131 3358

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MANUEL

Goutte, Gravelle, Calculs urinaires, Rhumatismes, Dégénérescences : graisseuse, athéromateuse, calcaires, Syphilis, Dartres

ET DE

LEUR TRAITEMENT DOSIMÉTRIQUE

1888

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PRÉFACE

Le terme diathèse vient du mot grec 8iaTÎ0-/),u'. « je'dispose i»; c’est-à-dire que c’est une disposition à telles ou telles maladies humorales, auxquelles les anciens avaient donné le nom de » matières peccantes .

On sait combien la verve satirique de Molière s’est égayée aux dépens de cet humorisme, qui cependant n’avait d’autre défaut que la forme, le fond étant vrai.

Aujourd’hui que la chimie physiologique est parvenue à découvrir les causes les plus fréquentes de ces maladies hu-

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morales (sang ou lymphe), il reste cependant un point à élucider : celui de leur transmissibilité d’un individu sain à un individu malade : telle, par exemple, que la phtisie pulmonaire, dans laquelle 011 a fait intervenir les microbes, comme le Deus ex machina. Mais cette question est loin d’être résolue. L’important, c’est de se mettre en garde contre ces causes occultes.

Parmi les maladies diathésiques, il y en a une qui autrefois faisait de grands ravages, au point que les malheureux qui en étaient atteints étaient exclus de la société. — Nous voulons parler de la lèpre. Cette maladie a disparu de tous les points de l’Europe où les règles de l’hygiène sont bien observées ; ce qui doit nous faire espérer qu’il en sera de même des autres maladies diathésiques.

Nous avons nommé la phtisie pulmonaire. Malheureusement cette dernière

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— VII —

tient à des conditions sociales difficiles à modifier : nous voulons parler de la misère physiologique qui règne au haut et au bas de l’échelle sociale, et où interviennent également les causes morales et les causes physiques.

La lutte pour l’existence devient de jour en joui- plus âpre, tant pour les besoins factices que pour les besoins réels.

Espérons qu’un jour les idées d’internationalité prévaudront et que les peuples finiront par s’entendre, au lieu de s’obstiner dans une paix armée, présage de la guerre.

Espérons également que les grandes industries comprendront qu’il est de leur intérêt d’avoir des ouvriers valides, courageux au travail, consommant leurs propres produits, au lieu d’une classe malingre que la bienfaisance est insuffisante à soutenir.

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Espérons enfin que la médecine fera assez de progrès pour ne pas laisser se multiplier des maladies qu’avec une bonne hygiène thérapeutique il est possible d’éviter.

Tel est le but que nous nous sommes proposé dans le présent Manuel.

D^ B.

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CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES.

Quoique la nutrition consiste dans une rénovation incessante du corps, celui-ci finit par s’obstruer quand cette rénovation est insuffisante ou incomplète.

*

* *

C’est-à-dire que les matières inertes organiques ou inorganiques, en s’accumulant dans les solides et les liquides, rendent le mouvement physiologique impossible et, par conséquent, la fonction.

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Telle est la source d’une foule d’infirmités, et souvent la cause de morts non naturelles.

Ce sont ces affections que nous allons passer en revue dans le présent Manuel, uniquement au point de vue du traitement dosimétrique, le seul capable de les prévenir et de les soulager, quand on ne peut les guérir.

Telles sont, en premier lieu : la goutte, la gravelle, les calculs urinaires, hépatiques, etc. ; les rhumatismes, les dégénérescences graisseuses, athéromateuses, calcaires, etc.

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Ces maladies proviennent, soit d’un excès de nutrition, soit d’un manque de rénovation. Chez les individus qui font peu d’exercice, les matériaux inertes s’amassent dans leur économie. Au contraire, la vie active est un puissant moyen de s’en débarrasser.

* *

L’urée en excès dans le sang, tend à produire les concrétions uratées : goutte, gravelle, calculs. — La cholestérine forme les calculs hépatiques, etc.

Plus la respiration est active, plus la combustion organique l’est également ;

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l’oxygène des globules rouges du sang brûle alors plus de carbone et empêche ainsi les dégénérescences graisseuses des tissus.

*

* *

C’est par la peau que s’éliminent ces produits ; et une action insuffisante de cet émonctoire aide à ces dégénérescences, notamment du cœur et des muscles, enrayant ainsi les mouvements volontaires et involontaires : des poumons, où ils forment des dépôts caséeux; des artères, dont ils constituent l’état athéromateux; du foie, où ils produisent la cirrhose et les calculs hépatiques, etc.

*

* *

Mais tout cela est subordonné à la vitalité; de sorte qu’en tenant celle-ci

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à hauteur, on peut prévenir ces infirmités.

*

Il en est ainsi de ce que le grand poète Racine a nommé “ des ans l’irréparable outrage « ; quoiqu’il ne s’agisse pas de ces trompe-l’œil, de ces cosmétiques qu’emploient ceux qui ont trop abusé de la vie.

La vieillesse n’est pas « ce qu’un vain monde pense » : c’est la robusticité du corps — comme celle du chêne — çà et là, il s’y fait du bois mort, mais qui ne fait que prouver sa résistance.

Il ne faut pas confondre la vieillesse

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avec la décrépitude. Celle-ci peut venir avant le temps; mais la décrépitude naturelle résulte d’une pétrification des fibres organiques, qui finit par obstruer les vaisseaux et rend tout mouvement de rénovation impossible.

Feu le professeur Martens, de Louvain, a démontré que des cœurs de vieillards donnent à l’incinération plus de matières terreuses ou de cendres que des cœurs de jeunes gens.

Ici encore, il dépend beaucoup du régime pour retarder cette espèce de solidification des tissus. Tel est surtout l’usage journalier du Sedlitz Chanteaud, devenu aujourd’hui général. Ce Sel, très soluble, empêche les concrétions en

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entraînant les molécules inorganiques au dehors.

On en facilite les effets par l’usage des alcaloïdes défervescents, agissant à la fois sur tous les systèmes, tant de la vie organique que de la vie animale.

C’est ainsi que la graveUe, qui tend à s’accumuler dans les reins, est cause de coliques néphrétiques. Ainsi, même les urines claires au moment de leur émission, chez les personnes goutteuses laissent déposer en refroidissant, un sable rouge, qui n’est rien que de l’acide urique. Cet acide, en s’unissant aux bases terreuses, forme les calculs.

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Il va de soi qu’en ajoutant au régime salin les alcaloïdes défervescents, qui ont une action d’élimination puissante, tels que la strychnine, l’aconitine, la digitaline, on parera aux effets d’une vie trop sédentaire.

*

* *

Mais le mouvement moléculaire se restreint par l’âge ; de sorte que s’il n’est pas en notre pouvoir d’empêcher la pétrification organique, nous devons, du moins, chercher à la retarder. C’est là où tend notre système de longévité.

Les eaux minérales naturelles sont un grand moyen de rénovation du corps;

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elles rendent le sang plus vif, plus pénétrant, activent les sécrétions et empêchent ainsi les obstructions, en dissolvant les matières inertes qui se sont amassées dans le corps.

* *

Mais pour cela, il faut l’aide des agents vitaux. “ Il n’appartient pas à tout le monde d’aller à Corinthe « ; et il serait malheureux que ceux qui sont attachés à la glèbe professionnelle dussent payer de leur santé ces prédispositions, plutôt acquises que naturelles.

Ceci dit, nous pouvons aborder notre sujet.

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II

GOUTTE.

On ne saurait mieux comparer un goutteux qu’à un mur salpètré. En effet, tous ses tissus blancs sont imprégnés de sels uratés — tout comme un mur humide de sels de nitre.

* *

On comprend les effets que doivent produire ces infiltrations dans des tissus qui, quoique insensibles dans l’état physiologique, deviennent sensibles au plus

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haut degré dans l’état pathologique. (Bichat.)

* * *

Les articulations, les tendons, se gonflent, deviennent spongieux et s’endolo-risent au point de paralyser les mouvements.

* * *

Les concrétions qui se forment alors sont composées principalement d’urates de soude, de chaux, etc., preuve que ces sels viennent de l’intérieur.

* * *

Cependant on y trouve également de l’urate d’ammoniaque, mais en petite quantité ; des phosphates de chaux, de soude.

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L’urine des goutteux laisse déposer un sédiment rougeâtre, composé, en grande partie, d’acide rosacique, qui est un mélange d’acide urique, d’urate d’ammoniaque, de phosphate de chaux, de soude.

*

* *

Il en résulte que le goutteux perd ainsi, en grande partie, son phosphore et que ses organes sont frappés d’atonie — circonstance qu’il ne faut pas perdre de vue pour le traitement.

* * *

La goutte débute soudainement, mais est précédée de symptômes dyspeptiques : malaise, tension épigastrique

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OU précordiale, flatuosités, langue blanche, constipation, etc.

*

* *

Le goutteux a des velléités gastronomiques et sexuelles (i), auxquelles il lui est difficile de résister et qui précipitent les accès.

* *

L’attaque se déclare, le plus souvent, la nuit, par une douleur vive au gros orteil — rarement aux deux à la fois — quelquefois au talon, à la plante des pieds, au gras de la jambe.

* *

La douleur augmente graduellement et bientôt est insupportable et persiste à

(i) Probablement à cause du phosphore qui se dégage.

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ce degré pendant quarante-huit heures. C’est la période de début.

Puis les douleurs deviennent lancinantes, déchirantes, comprimantes, et le malade cherche vainement une position.

Elle cesse d’ordinaire au matin; c’est la deuxième période : le malade éprouve tout à coup un soulagement, qu’étant encore inexpérimenté, il peut croire définitif; il lui prend une douce moiteur et il s’endort. A son réveil, les douleurs ont encore fort diminué et les parties malades sont tuméfiées; le pouls, qui dans la première et la deuxième période était serré, petit, devient ample et dur : c’est

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la période de réaction, mais non de résolution.

*

* *

Tous les soirs, le malade a un redoublement de chaleur et un mouvement fébrile qui diminue vers le matin; cependant la douleur persiste, quoique à un faible degré, pendant le reste de la journée.

La durée d’un accès de goutte abandonnée à elle-même est de deux semaines ; mais il y a des goutteux chez qui les accès se touchent et qui l’ont presque ainsi en permanence. Alors on remarque qu’elle est vague, passant d’une articulation à une autre.

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* * *

Lorsque la marche de la goutte est régulière, les accès sont séparés par des intervalles plus ou moins considérables : trois ou quatre ans; ils reviennent ensuite une ou deux fois l’an, se rapprochant par degrés, et deviennent plus longs à mesure qu’ils perdent d’intensité, accompagnés de douleurs moindres, mais d’un malaise intérieur et de symptômes plus ou moins graves. On dit alors que la goutte est atone, n’ayant pas la force de se développer à l’extérieur. Ce sont ces déplacements qui en constituent le danger et qu’il faut surveiller avec soin.

*

* *

Symptômes stomachigues ou digestifs. — Le plus souvent c’est une paresse, 2*

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une langueur de l’estomac, des étouffements avant ou après la digestion — de la gastralgie, des vertiges ou de la céphalalgie ; le pyrosis, la langue couverte d’un enduit blanc ou jaunâtre, en même temps que les phénomènes arthritiques disparaissent. C’est ce que les auteurs ont nommé « répercussion de l'a goutte ’, et ce qui en réalité est un déplacement du principe goutteux ou uréfique.

* *

La peau prend alors une teinte jaunâtre ; les hypocondres et l’épigastre sont douloureux, tendus ; la constipation opiniâtre ou bien des selles décolorées ; en un mot, tous les symptômes de la dyspepsie gastro-hépato-intestinale. (Voir Manuel des. dyspepsies.}

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*

U n symptôme, qui. n’est, pas rare chez les goutteux, c’est la diarrhée. Si c’est sans coliques ni tranchées, et qu)’’elle‘est séreuse, on peut y voii' un moyen de dégagement et, par conséquent, il n’y a qu’à la laisser aller, tout en y accommodant le régime.

*

* *

Le contraire a lieu si là diarrhée est inflammatoire, accompagnée de coliques, de déjections bilieuses, âcres : auquel cas il faudra l’arrêter ou du moins la modérer.

*

* *

Symptômes, catarrhaux,: brancho-pneu-

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moniques, cardiaques. — Ce sont les plus dangereux — quelquefois foudroyants. On les voit surtout survenir l’hiver dans les brusques passages du chaud au froid. Ce sont donc ces transitions qu’il faut surveiller et ménager.

*

* *

Symptômes cérébraux. — L’apoplexie goutteuse n’est pas rare, bien que toute congestion sanguine vers la tête, chez les goutteux, ne soit pas un signe de pléthore. C’est donc un point délicat de diagnostic, car le traitement qui convient aux goutteux n’est pas le même que celui qu’exige le tempérament franchement sanguin ou pléthorique. — Nous y revenons plus loin.

*

* *

Symptômes rénaux. — Surtout chez

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les graveleux — on voit par là que la gravelle et la goutte sont sœurs.— Dans l’une et l’autre, il y a excès d’acide urique, qui tend à s’éliminer par toutes les voies.

* * ¥

La néphrite est une complication très fréquente de la goutte. Chez les sujets affectés de néphrite goutteuse, il se forme dans les reins, principalement dans la couche corticale, de petits grains de sable fin, de nature urique, pouvant donner lieu à de calculs rénaux; les canaux urinaires peuvent en être également obstrués, et des grains en boule, de la grandeur d’un grain de chapelet, descendent dans la vessie. C’est ce qui nous arrive de temps en temps, depuis que nous avons subi la lithotricie.

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Les urines des goutteux peuvent contenir de l’albumine et parfois aussi du sucre, si l’irritation de la moelle épinière a été très vive, comme dans la myélite goutteuse. * * *

Dans la goutte chromque, tous les organes internes peuvent être atteints à la fois et constituent alors la cachexie goutteuse. L’hydropisie et i’anasarque en sont presque toujours la conséquence.

C’est surtout le foie qui est entrepris et qui est passé à l’état cirrhosique.

On a dit que la goutte est le fruit de

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l’amour et que les femmes en sont moins souvent atteintes que les hommes. Ceci mérite réflexion. Les femmes, sous ce rapport, peuvent tenir de l’homme si elles sont dans les mêmes conditions hygiéniques et manière de vivre. On pourrait appliquer à Hippocrate le : Quandoque bonus dormitat Homerus, quand il a écrit : Mulier podagra non laborat.

*

La goutte se montre plus souvent dans les classes aisées que dans les classes pauvres. C’est une compensation, ou plutôt la peine du talion d’une existence trop égoïste. Les riches ne comprennent pas combien il leur serait utile de sacri-fler une de leurs entrées de tabie au profit de malheureux qui n’ont souvent rien à se mettre sous la dent.

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*

Une nourriture succulente fortement azotée, l’usage de viandes de haut goût et riches en fibrine, des vins capiteux, prédisposent à la goutte, indépendamment que Vénus vient à la rescousse de Bacchus. Inde Bacchi et Veneris ßlia salutatur a poetispodagra, a dit Van Swieten.

* * *

Nos jeunes hommes qui dépensent leurs forces dans une vie active, sont peu enclins à la goutte. Craignons d’en faire des podagres par une vie sédentaire. Ce qu’on amasse sur les bancs de l’école n’est pas toujours de la science, mais plutôt le germe de vices qui n’attendent pour se développer que le moment de l’émancipation.

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* *

Les pays froids, humides, mal drainés, prédisposent à la goutte; mais plus particulièrement au rhumatisme goutteux. (Voir plus loin.)

*

* *

Les considérations dans lesquelles nous venons d’entrer étaient nécessaires pour fixer le traitement de la goutte. Peut-on guérir de cette affection ? Cela dépend des circonstances qui l’ont produite; mais, en tous cas, on peut la mo -dérer en l’éliminant insensiblement.

* *

N ous avons comparé le goutteux à un mur salpêtré. Or, celui-ci, quand il est exposé à un air sec, ne se couvre point

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d’incrustations. Ce qui veut dire que pour le goutteux, la première condition c’est un air vif et le mouvement, une vie sédentaire prédisposant à la formation d’un excès d’urée et d’urates. Mais pour cela, il faut que le podagre s’applique à marcher plus vite que le mal qui l’attend. Chez les anciens, qui pratiquaient la gymnastique avant tout, il n’y avait pas de podagres.

* *

Les podagres de naissance ou d’occasion, doivent donc mener une vie active, et surtout se défier de Vénus et de Bacchus. Ils doivent se vêtir légèrement, afin de faciliter l’aération du corps, et se livrer à des exercices qui poussent à la transpiration. Ils auront soin surtout de prendre, l’été, des bains de rivière ou de mer, en se donnant du mouvement. Les

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bons nageurs sont exempts de goutte. La nourriture sera simple mais reconstituante, et ils se garderont de spiritueux.

Le bonhomme La Fontaine a dit :

. . . Goutte bien tracassée

Est — dit-on — à demi pansée.

Ce qui n’est pas exact, puisque la goutte rend impotent. C’est à la prévenir qu’il faut s’attacher. Ceci nous conduit à la thérapeutique de la goutte.

* SK

Et tout d’abord teniir le corps libre par l’usage journalier duSedlitz Chanteaud. Le sulfate neutre de magnésie ^corrige l’acidité du sang et, par conséquent, la tendance aux produits uratés. Il favorise l’oxygénation et, partant, la combustion des principes azotés et hydrocarbonés surabondants.

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* *

En outre, ce sel détermine sur toute la surface intestinale un mouvement exosmotique qui debarrasse d’autant, le système rénal; dès lors, les affections néphrétiques sont moins promptes à naître.

* * *

Quant aux moyens thérapeutiques proprement dits; ils consistent dans l’emploi, sinon journalier, du moins opportun, de la strychnine (arséniate ou sulfate), de l’aconitine et de la digitaline.

La strychnine, pour combattre l’atonie goutteuse; l’aconitine, pour prévenir la fièvre; la digitaline, pour activer la sé-

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crétion urinaire, en diminuant la pression intra-vasculaire.

* *

On voit que ce traitement n’a rien d’abortif; il est, au contraire, préventif, dans ce sens qu’il élimine insensiblement le principe goutteux, au lieu de le répercuter brutalement, comme font la plupart des médicaments antigoutteux, tels que les drastiques et les diurétiques violents.

* *

Le traitement curatif de la goutte confirmée, 'sera le même — mais beaucoup plus actif : ainsi, au lieu de prendre seulement 5 à 6 granules des alcaloïdes prénommés, on en prendra i ou 2 toutes les deux heures, jusqu’à chute de la fièvre;

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et si eelle-ei tend à devenir rémittente ou intermittente, on aura recours, à la quinine (arséniate, hydro-ferro-cyanate, salicylate) : 3 ou 4granules toutes les heures, entre les accès.

On a prétendu que faire tomber la. fièvre goutteuse, c’est empêcher l’élimina.-tion de. son principe. C’est là une grande erreur — qui a été commise également; dans le traitement des fièvres éruptives» Plus la peau est moite, fraîche, plus cette élimination se fait facilement. Au contraire, c’est quand le corps brûle que les inflammations internes sont le plus près à naître.

On a préconisé contre la goutte différents topiques, dont il y a lieu de se.

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défier, parce que leur action n’est pas constante et peut ainsi donner lieu à des répercussions. Parmi ces traitements, nous signalerons le remède Pradier, dont voici la composition : Baume de la Mecque, 24 grammes; quinquina rouge, 3i grammes; safran, 16grammes; sauge, salsepareille, 3i grammes; alcool rectifié, i kilogramme. On fait dissoudre le baume dans le tiers de l’alcool, et on fait macérer dans le reste les autres ingrédients pendant deux fois vingt-quatre heures. On filtre et on unit les deux liqueurs.

Pour l’usage, on mêle la teinture obtenue avec trois fois autant d’eau de chaux; on agite la bouteille avant de s’en servir et on en arrose de larges cataplasmes qu’on applique à chaud sur les surfaces endolories.

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Le remède de Turk consiste en lotions d’aluminate de potasse. On prépare ce sel avec de l’alun bien pur, que l’on combine à une solution de potasse ou de soude, plus ou moins concentrée. Ces lotions ont pour but de neutraliser l’acidité des sécrétions cutanées — comme le remède Pradier de les activer — mais on comprend que ce ne sont là que des adjuvants de la médication interne.

* * *

Cette médication — indépendamment du traitement antifébrile mentionné plus haut — doit avoir particulièrement pour effet d’activer les fonctions de l’estomac par la quassine et l’arséniate de soude : 3 granules de chaque aux repas, et dont

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le goutteux devra faire usage pendant tout le temps des intervalles d’accès,

* ''

Nous devons maintenant mettre le public en garde contre les moyens perturbateurs de l’allopathie, tels que les purgatifs drastiques (aloès, jalap, scam-monée), les vomitifs, les sudorifiques, les stomachiques, les élixirs soi-disant anti-goutteux, notamment la liqueur de La-ville — qui font tant de victimes, en rejetant la goutte sur les organes nobles : l’estomac, le cœur, les reins, etc.

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III

GRAVELLE, CALCULS URINAIRES.

Ce que nous venons de dire de la goutte s’applique, en grande partie, à la gravelle et aux calculs urinaires, puisqu’il n’y a que les lieux de dépôt qui diffèrent, ainsi que les formes de précipitation et d’agglomération.

* *

Tantôt c’est un sable ou poudre fine ; tantôt des concrétions en forme de paillettes ou de grains du volume d’une tête

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d’épingle ou d’un pois ; tantôt des masses plus ou moins concrètes ou calculs. Les mucosités servent ici de liant.

* * *

La composition chimique est plus variée que dans les concrétions goutteuses ou tophacées : c’est de l’acide urique pur, du phosphate ammoniaco-magnésien, du phosphate ou de l’oxalate de chaux. ♦

* *

Ces variations dépendent, en grande partie, du régime : ainsi l’abus du sucre tend à produire de l’acide oxalique et, par conséquent, des calculs d’oxalate de chaux, calculs très durs et en forme de mûres ou mûraux.

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*

* *

Les graviers très fins sont généralement formés par une seule substance, tandis que les calculs peuvent être formés de plusieurs. Ainsi l’acide urique est presque toujours associé à de petites quantités d’urates de potasse, de soude, d’ammoniaque, de chaux, d’oxalate calcaire ou phosphate.

* * *

Ce qu’il y a à remarquer ici — comme chez les goutteux — c’est l’énorme déperdition de sels devant servir à la consolidation des tissus; d’où les ramollissements ou ostéomalacies, propres à ces genres de déperditions, notamment des phosphates ; et la conséquence à en tirer pour le régime, qui doit être tonique,

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reconstituant, et non affaiblissant — comme on le fait en allopathie.

*

Les troubles fonctionnels chez les graveleux sont comme chez les goutteux :

Digestifs ou dyspeptiques—indépendamment des symptômes réflexes dus à .la présence des calculs dans les reins, les uretères, la vessie (Voir Manuel des maladies urinaires.}-,

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*

* *

Le traitement de la gravelle et des calculs urinaires est préventif ou curatif.

Le traitement préventif consiste surtout dans le régime, c’est-à-dire— comme pour la goutte — activer la digestion et les fonctions d’assimilation, afin de ne pas laisser dans l’économie des acides ou des bases sans emploi.

*

* *

C’est ainsi que chez les enfants il faut éviter les sucreries et, au contraire, leur donner un régime salin. (Voir Manuel des maladies dès enfants.)

*

* *

De la même manière, il faut neutraliser les acides abnormes de l’estomac

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par la quassine, l’arséniate de soude aux repas. (Voir Manuel des dyspepsies.)

On activera les fonctions d’assimilation par la strychnine (de préférence l’hypophosphite), en même temps que la circulation et les sécrétions de désassimilation (urinaire, cutanée), par l’aconitine et la digitaline : 3 granules de chaque le soir, au coucher.

Mais on aura surtout soin de laisser le corps libre par l’usage matinal du Sedlitz Chanteaud — ainsi que nous le disons plus haut.

* * *

Le traitement curatif consistera sur-

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— 41 -tout dans l’emploi des dissolvants, tels que les eaux minérales alcalines.

* *

Ainsi les eaux de Vichy dissolvent les concrétions d’acide urique, d’urate d’ammoniaque, de phosphate ammoniaco-magnésien, en un mot, toutes celles formées par un excès d’acide urique.

Les concrétions formées par un excès de bases devront plutôt être attaquées par les eaux minérales acidulées, telles que : de Saint-Galmier, de Seltz, de Schwalheim, d’Orezza, etc.

* *

On comprend que cette dissolution n’est possible qu’autant que les éléments des calculs puissent encore être désagrégés ou attaqués chimiquement.

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On a cherché à dissoudre les calculs sur place, au moyen des agents chimiques ou physiques, notamment l’électricité; mais les insuccès et d’ailleurs les accidents inflammatoires ont forcé de renoncer à ces manœuvres de laboratoire. — C’est donc, en fin de compte, à la chirurgie qu’il faut s’adresser. (Voir Manuel des maladies urinaires.)

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IV

RHUMATISME (few).

Le mot rhumatisme (de pew, couler) serait inusité de nos jours, si — comme dans la goutte, la gravelle — il ne s’agissait d’une diathèse humorale. Aussi les rapports de ces trois genres d’affections sont-ils intimes.

*

Nous parlons du rhumatisme articulaire, qu’il serait difficile de séparer de la goutte, puisqu’il s’attaque aux mêmes

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éléments histologiques : fibreux, synoviaux, cartilagineux et osseux. C’est l’arthritisme proprement dit.

* * *

Mais il y a, en outre, le rhumatisme musculaire qui s’attache aux corps charnus, et le rhumatisme viscéral qui s’attaque aux parenchymes. * * *

C’est dans ce sens que nous allons passer en revue ces divers genres de rhumatismes en leur appliquant le traitement dosimétrique.

Tous ont un caractère commun, mais qui varie d’après les tissus attaqués et la fièvre, dans l’état aigu.

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Le rhumatisme articulaire aigu se ■caractérise — comme la goutte — par le gonflement et une douleur vive, spontanée, augmentant par le mouvement et le moindre contact.

*

* *•

Comme dans la goutte, elle se calme dès que survient le gonflement œdémateux.

*

* *

Comme dans la goutte aussi, la fièvre est aiguë avec des phénomènes inflammatoires et angioténiques.— Pouls à 120 — chaleur, 40, 41° c.

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*

* *

Dans le plus grand nombre de cas, les symptômes généraux se montrent en même temps que les symptômes locaux : Frisson de début, céphalalgie, courbature, malaise ; dérangements digestifs : nausées , vomituritions, constipation ; urines rares, rouges, ll s’élève des parties malades une vapeur âcre, acide, qui indique la nature du mal. Le corps se couvre d’une transpiration profuse, également acide. Le pouls est tantôt plein et dur, tantôt faible et dépressible.

* *

La fièvre, après avoir monté à son apogée, devient rémittente, quelquefois typhoïde, avec des redoublements plus ou moins réguliers et qui, abandonnés à eux-mêmes, se traduisent en septé-

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naires pour s’éteindre peu à peu, laissant le malade dans une anémie profonde, à cause des pertes qu’il a subies de ses éléments salins, notamment l’acide phos-phorique et les phosphates. — On voit que c’est la répétition de la goutte aiguë.

*

* *

On ne doit donc pas s’étonner de l’assimilation que les auteurs ont faite des deux affections.

Les complications les plus à craindre sont : l’endopéricardite, les phlegmasies des méninges cérébrales et spinales, la pleuropneumonie, etc. De là le danger du traitement abortif par le salicylate de soude, à dose massive.

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* * *

I ci — comme pour la goutte — c’est la fièvre qu’il faut traiter et, subsidiairement, la diathèse.

Le traitement de la fièvre consiste dans l’emploi des alcaloïdes déferves-cents : strychnine, aconitine, digitaline ; puis des antipériodiques : arséniate, hydro-ferro-cyanate et salicylate de quinine. (Voir Mamiel de la fièvre.)

Le traitement antidiathésique est également, comme contre la goutte, les toniques et les neutralisants, principalement la quinine et l’arséniate de soude.

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Le traitement local consistera dans la compression méthodique au moyen d’un bandage ouaté, dans les badigeonnages iodés, les frictions au baume de Fiora-venti ; quelquefois les vésicatoires volants, pour empêcher l’hydrarthrose.

Généralement, on sera sobre de déplétions sanguines, à cause de la nature essentiellement adynamique de la fièvre.

* * *

La marche de la maladie sera d’autant plus courte — et partant aussi la convalescence — que la fièvre aura été traitée avec plus de décision ; surtout qu’on n’aura pas provoqué des irritations internes par les prétendus antiarthritiques.

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*

Rhumatisme musculaire.

Dans le rhumatisme musculaire, il y a également acidisme — comme dans les affections goutteuses et arthritiques. Le suc musculaire qui, dans l’état normal, est neutre, douceâtre, devient acide dans l’état rhumatismal ; de là rigidité et douleur dans les mouvements. Quelquefois aussi il s’y fait des concrétions, comme dans la goutte, et de même nature.

Le rhumatisme musculaire peut avoir une marche aiguë, sans cependant présenter les symptômes des phlegmasies franches, ni les complications. La douleur — térébrante, exacerbante — est plutôt celle de la névralgie.

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*

* *

C’est également dans ce sens qu’il faut le traiter par les alcaloïdes déferves-cents : notamment, l’aconitine, la digitaline; les antipériodiques ; quinine, etc., et localement par les bains simples ou aromatiques, les bains de vapeur, les frictions iodées, narcotiques, les teintures, l’hydrothérapie, l’enveloppement et les sudations, les bains turcs, le massage — selon le degré d’avancement du rhumatisme.

Le traitement antidiathésique sera le même que pour la goutte et le rhumatisme articulaire.

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Rhumatisme interne ou viscéral.

Le rhumatisme — en tant que fluxion — peut s’attaquer aux organes internes et à leurs enveloppes : au cerveau, au cœur, aux poumons, à l’estomac, auxintestins, à l’utérus, à la vessie, aux nerfs, etc,

* *

La méningo-cérébrite — ainsi que nous l’avons dit plus haut — n’a pas le caractère franc propre aux inflammations non diathésiques ; elle tient plutôt de la nature des névralgies, c’est-à-dire que si la fièvre qui l’accompagne est caractérisée par des accès plus ou moins réguliers, elle n’en a pas également les suites phlegmasiques, tels que : épanchements,

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— 53 —

exsudations, suppurations. Souvent la fièvre prend un caractère adynamique, comme dans les fièvres pernicieuses. Aussi elle réclame — dès le début — l’usage des défervescents et des antipériodiques : aconitine, digitaline, strychnine, quinine (hydro-ferro-cyanate, arsé-niate, salicylate).

Mêmes observations pour la cardite et l’endocardite rhumatismales. Ici ce sont encore les phénomènes névralgiques qui sont les plus prononcés : dyspnée, palpitations, syncopes, irrégularités du pouls, etc. Ces affections exigent, dès le début, l’intervention de la quinine, si l’on veut conjurer les symptômes apo-plectiformes.

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Il en est de même encore dans la ' pleuropneumonie, la bronchite, la laryngite rhumatismales.

Dans le rhumatisme gastrique, ce sont encore les symptômes gastralgiques qui l’emportent sur les symptômes inflammatoires : gêne et pesanteur à l’épigastre, crampes d’estomac, pneumatoses, flèvre peu accentuée. Le traitement est le même que celui indiqué plus haut.

* * *

De même encore dans le rhumatisme intestinal, qui est plutôt de l’entéralgie. Souvent il se termine en dysenterie dans les pays chauds et humides.

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Le rhumatisme de la vessie donne lieu à de fréquents besoins d’uriner ; àl’ischu-rie, la dysurie ; il y a peu ou pas de changernent dans l’état des urines : ni sang, ni pus. En général, les rhumatismes viscéraux s'adressent aux plans fibre-musculaires plutôt qu’au plan muqueux.

* *

Le rhumatisme utérin présente les caractères de douleur ou tranchées partant du fond et s’irradiant autour du col. Les douleurs arrêtent le travail de l’accouchement et exigent l’emploi de la strychnine, de l’hyosciamine, de l’ergo-tine, de l’aconitine, de la quinine. (Voir Manuel des maladies puerpérales.}

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* *

Le rhumatisme des nerfs — telle que la sciatique — a son siège dans le névri-lème; de là des symptômes d’étranglement qui occasionnent des douleurs térébrantes, tensives, propres à ces inflammations et qui suivent les ramiflca-tions des cordons nerveux — la morphine calme ces douleurs, mais pour un moment seulement. Il faut les attaquer par l’aconitine, la cicutine, l’hyoscia-mine, la strychnine, la quinine, d’après la marche du mal : continue, rémittente, intermittente. (Voir Manuel des névralgies.)

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DÉGÉNÉRESCENCES GRAISSEUSES ET ATHÉROMATEUSES.

Ainsi que nous l’avons dit, ce sont les matières grasses incomplètement brûlées qui donnent lieu à ces dégénérescences.

*

* *

Tantôt elles envahissent les fibres — en tant que néoplasmes — et Tendent ainsi ces fibres hors d’état d’agir.

* * *

C’est ce qu’on observe notamment

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dans les muscles striés (volontaires) et les non striés (involontaires), et dans les muscles mixtes (cœur, matrice) subissant plus ou moins l’empire de la volonté.

* * *

La dégénérescence graisseuse du cœur rend cet organe incapable d’agir normalement : ses pulsations sont faibles, irrégulières; ses parois sont amincies.

Il ne faut pas confondre cette dégénérescence avec l’obésité du cœur—ou l’accumulation du tissu adipeux entre ses faisceaux ou plans musculaires, comme chez les obèses en général. Ici ce sont plutôt des compressions, un sentiment de poids, d’anhélation.

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— 59 —

*

* *

Dans la dégénérescence graisseuse proprement dite, les fibres musculaires ont pris une teinte plus pâle et se sont atrophiées. Généralement, ces dégénérescences tendent à l’anhématosie et à l’hydropisie du péricarde et sont caractérisées par l’état cyanotique, le cœur ne se débarrassant qu’incomplètement du sang noir.

* *

Dans ces cas, il faut venir en aide à l’organe par la strychnine, la digitaline : la première, en vue de la systole et de la diastole ; la seconde, en vue de la diurèse. L’hyosciamine et les narcotiques, en général, doivent être administrés avec réserve.

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La dégénérescence athéromateuse des vaisseaux artériels —■ qu’il ne faut pas confondre avec l’ossification —• a lieu particulièrement entre la tunique interne et la tunique moyenne et rend ces vaisseaux durs, cassants; aussi est-ce une cause d’apoplexies sanguines, comme cela a lieu chez les individus secs. Il y a peu de chose à faire, sinon modérer l’impulsion du cœur par la digitaline et la strychnine, et tenir le corps constamment libre par l’usage journalier du Sed-litz Chanteaud,

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VI

CIRRHOSE, — CALCULS BILIAIRES.

La cirrhose s’entend de la dégénérescence du foie (mais qui peut exister également ailleurs) en une sorte d’adipocire, avec ratatinement du parenchyme qui le rend impropre à fonctionner. Le tissu hépatique est changé en une foule de bosselures formées par de la matière grasse; les éléments histologiques ont disparu par atrophie ou compression.

*

* *

Dans la cirrhose, les reins étant obli-

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gés de suppléer le foie, finissent également par devenir malades, et il existe alors de l’albuminurie néphrétique ou maladie granuleuse de Bright.

* *

La cirrhose hépatique est souvent précédée de maladies du cœur, ce qui rend toute guérison impossible. C’est donc au début qu’on peut encore attendre quelque chose du traitement.

Ce traitement consistera principalement dans l’emploi de la quassine, de la caféine (comme antidéperditeurs),de l’ar-séniate de soude et dans un régime rafraîchissant. On soutiendra la vitalité par la strychnine, l’aconitine, la digitaline.

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— 63 —

* *

Les calculs biliaires — ou la lithiase hépatique — sont également dus à l’accumulation des matières grasses du foie ou cholesté rine. Il est probable que cette matière procède des aliments — comme chez les ruminants, où l’on rencontre fréquemment des calculs biliaires.

*

* *

Ces concrétions sont presque exclusivement formées par la partie colorante de la bile ; et la cholestérine est en bien moindre quantité que dans les calculs hépatiques—comme chez le porc nourri de déchets gras.

* *

Il faut donc aux personnes qui ont des

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calculs biliaires un régime maigre et l’usage de la quassine et de l’arséniate de soude aux repas — le matin, à jeun, le Sedlitz Chanteaud — pour boissons, les eaux minérales alcalines coupées. En même temps, une vie au grand air, afin de brûler les matières hydrocarbonées du sang. Soutenir la vitalité par la strychnine, l’aconitine, la digitaline — dissiper les spasmes par l’hyosciamine.

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VII

CASÉOSE. — TUBERCULOSE. -DÉGÉNÉ

RESCENCE CALCAIRE.

Nous rapprochons ici ces trois états morbides, parce qu’ils sont, en quelque sorte, solidaires.

La caséose s’entend du dépôt de matières caséuses dans les ganglions lymphatiques, les poumons, les os, où ils forment des masses qui font disparaître les éléments histologiques normaux par

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atrophie ou compression, et qui donnent lieu à des cavernes ou foyers de résorption des matières purulentes.

* *

On trouve dans ces matières des proto-organismes ou microbes qui font croire à une maladie parasitaire, tandis qu’au fond, ce sont des dépôts organiques qui détruisent les parenchymes par une sorte d’atrophie ou de nécrose.

*

La dégénérescence caséeuse présente deux phases : celle d’irritation et celle de fonte. Dans la première phase, il se fait autour des dépôts un travail inflammatoire plus ou moins aigu : chaleur, tumeur, douleur. Des abcès se forment, tantôt chauds, tantôt froids, et la matière caséeuse se mélange au pus.

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*

* *

Telle est, généralement, la marche des scrofules. Quand ce sont les ganglions superficiels qui sont le siège du dépôt de la matière caséeuse, celle-ci en se fondant donne lieu à des abcès laissant des traces cicatricielles plus ou moins apparentes, selon qu’on les a laissés s’ouvrir d’eux-mêmes ou qu’on les a ouverts avec le bistouri. On évitera ces cicatrices en traversant ces abcès d’un fil qui servira de drain.

Quand la scrofulose se fixe sur les os, ceux-ci se ramollissent, se carient, et à leur suite il y a des cicatrices adhérentes qu’on ne pourra détruire que par excision, ou par autoplastie.

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* *

Quand ce sont les ganglions intra-parenchymateux qui sont entrepris, la fièvre de résorption tourne généralement en phtisie, à moins d’un traitement énergique. Il en est de même quand la matière caséeuse s’épanche dans les parenchymes.

La scrofulose exige un traitement par les alcalins, principalement l’arséniate de soude, qu’on donnera aux repas, conjointement avec la quassine : 5 à 6 granules de chaque ; en même temps qu’on excitera la vitalité par l’hypophosphite de strychnine : progressivement, jusqu’à 20 granules par jour. Un air vif, des exercices journaliers, un régime tonique

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— 69 — salin, les bains froids aideront à la reconstitution des humeurs. Celles-ci étant acides, à cause des acides butyriques, lactiques, oxaliques, il faudra pour boisson des eaux minérales acalines coupées.

* * *

La tuberculose s’entend de productions miliaires où l’on a voulu voir des microbes, tandis que ce sont des germes morbides qui se sèment dans le tissu cellulaire interstitiel ou parenchymateux, et qui probablement sont formés de globules blancs du sang ou leucocythes.

* *

La microscopie fait voir que lorsque ces globules sont en excès dans le sang, un grand nombre émigrent, en passant à travers les pores des vaisseaux, par un

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mouvement propre ou amyboïde, et se répandent dans le tissu connectif, où ils finissent par constituer un corpus mortuum, qui, en s’enkystant, forme ces granulations auxquelles on a donné le nom de tubercules.

*

* *

Ce n’est peut-être là qu’une hypothèse, mais qui conduit à un traitement rationnel.

* *

Ce traitement consistera dans l’emploi —tant diététique que thérapeutique—de reconstituants, comme on fait pour les plantes étiolées, maladives, par un bon assolement.

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*

* *

Ce sont les arséniates qui doivent prévaloir ici : l’arséniate de strychnine, comme excitant vital; l’arséniate de fer, contre la cholorq-anémie ; les hypophosphites de chaux, de soude, les phosphates, etc.

*

* *

Ces agents pouvant être combinés avec l’alimentation, devront être donnés jusqu’à saturation. *

La fièvre qui donne à la maladie une marche galopante, devra être combattue par les alcaloïdes défervescents : aconitine, digitaline, quinine, d’après l’état de la fièvre.

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*

* *

Comme il faut aux phtisiques une forte nourriture, on leur fera prendre, avant les repas, laquassineet l’arséniate, desoude: 3 ou 4 granules de chaque, et, le matin, le Sedlitz Chanteaud, non seulement pour laver toute la surface intestinale, mais pour ouvrir le champ de l’absorption.

*

* *

Comme généralement dans la phtisie: laryngique, bronchiale ou pulmonaire, il y a hypersécrétion des glandules mu-(jueuses, on facilitera l’excrétion par le sulfure de calcium, l’iodoforme — tant comme anesthésiques que comme antiputrides—et même, s’il y ades microbes, pour les tuer et empêcher ainsi la mala-

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— 73 — die de s’étendre. On y ajoutera la codéine, la narcéine, pour calmer la toux.

Tel est le traitement dosimétrique de la phtisie tuberculeuse. S’il n’est pas radical, il a du moins le mérite d’être rationnel, physiologique.

Quant à vouloir extirper le mal, c’est impossible, puisqu’il revient sans cesse sous l’influence de causes soit héréditaires, soit acquises : principalement la misère physiologique.

* * *

La dégénérescence calcaire a quelquefois pour résultat d’arrêter la dégénérés-

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■ cence tuberculeuse quand celle-ci n’est pas trop étendue. Ainsi nous citerons le fait d’un élève en médecine, que, depuis des années, on considérait comme phtisique. L’auscultation ne faisait cependant reconnaître rien de décisif. Un jour, à la suite d’une violente quinte de toux, il expectora une boule calcaire du volume d’un gros pois. Au centre on reconnaissait le creux où la matière tuberculeuse avait été contenue. Dès lors, tous les symptômes de consomption disparurent et le jeune homme fut rendu à ses études. C’est aujourd’hui un de nos bons médecins.

*

* *

On voit par là combien les hypophosphites de chaux, de soude, sont utiles pour préparer cette calcification—comme la poule mange de la chaux pour former

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l’écaille de ses œufs. Dans le monde pathologique, comme dans le monde physiologique, tout se tient.

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VIII

SCLÉROSES.

Les scléroses sont des productions, tantôt organiques, tantôt inorganiques, qui se forment dans les tissus, où ils pénètrent plus ou moins profondément, à la manière d’un cor, produisant ainsi des douleurs vives par compression et étant ainsi cause des convulsions — comme dans l’épilepsie — ou des paralysies — comme dans les amauroses.

* *

Dans l’ataxie locomotrice, la sclérose

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est cause du tabes dorsalis de Nimeyer, ou périmyélite, caractérisés par des douleurs fulgurantes, des élancements dans les membres, des troubles de la coordination des mouvements, suivis de paralysie progressive, avec atrophie des muscles. C’est un mal irrémédiable, mais qu’on peut soulager par la dosimétrie. (Voir Faits cliniques.)

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IX

CANCÉROSE.

Le cancer est l’hydre de la médecine, car extirpé sur un point, il renaît sur un autre — et souvent sur plusieurs autres à la fois.

***

Ses manifestations diffèrent selon les tissus où il se forme : l’épiderme, les ganglions lymphatiques, les glandes, les os et leurs dépendances ; les viscères : estomac, cerveau, etc. A proprement

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parler, c’est une dégénérescence de ces tissus ou hétéromorphie.

*

* *

De tout temps, on a cherché à extirper l’hydre sans y parvenir. Hippocrate l’a déclaré un mal incurable; un noli tue iangere.

* *

Il est certain que, quant aux guérisons, on a souvent pris pour cancers, des fibromes, des épithélioma, hypertrophies glandulaires (mamelles, prostate, etc.), dont la destruction est généralement définitive, tandis que les cancers véritables, il est rare qu’ils ne récidivent, et ne font même que généraliser la diathèse.

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La cancérose est donc une maladie générale, une perversion du nisus forma-Uvus, dont les éléments primordiaux sont fournis par le sang. * * *:

Ce sont, généralement, des cellules, d’ordinaire plus volumineuses que les cellules normales, à noyaux multiples qui se répandent dans les tissus sains après la rupture ou la déhiscence des cellules mères. * *

Les sucs cancéreux ayant été ensuite résorbés, le sang en est infecté, au point que la nutrition générale est altérée : de là les signes cachectiques qui signalent la dernière période de lacancérose:amaigrissement, teint jaune, pâle, troubles de la digestion, etc.

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* *

Nous n’insisterons pas sur les formes des cancers, parce que celles-ci sont fort variables et même ne sont pas en rapport avec les organes au sein desquels ils se produisent.

*

2k *

Ainsi les cancers des os sont généralement mous, médullaires; le cancer des seins, squirreux; le cancer du cerveau, fongueux, etc. Mais tous se terminent de la même manière, c’est-à-dire par la fonte ichoreuse, avec des débris, tant du cancer que des tissus qu’il a envahis et corrodés.

Ainsi on trouve dans le cancer épider-

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inique ou épithélial des cellules ou squames cornées; dans le cancer des seins, des restes de vaisseaux galacto-phores ; dans le cancer des os, des cellules ostéogènes.

*

On prétend y avoir trouvé également des microbes. C’est probable, puisqu’il y en a dans tout liquide ou solide en voie de désagrégation ou de dissolution putride.

*

* *

On a fait à ces infiniment petits une part pathogénique trop grande, puisqu’ils sont effet et non cause des maladies. Ce n’est d’ordinaire que dans la dernière période des maladies infectieuses qu’ils se manifestent, et qu’alors seulement ils deviennent contagieux, c’est-à-dire sus-

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- 84 -ceptibles de reproduction — comme tous germes vivants.

Ce que nous disons ici de la cancérose s’applique à toutes les affections virulentes.

*

* *

Le traitement de la cancérose doit être antidiathésique, c’est-à-dire amender le terrain organique par une bonne hygiène thérapeutique ; la quassine, l’ar-séniate de soude, l’arséniate de fer, comme reconstituants du sang ; aussi il ne faut pas craindre d’en saturer l’économie, en les faisant marcher de pair avec l’alimentation, qui doit être substantielle.

* *

Afin de calmer les douleurs lancinantes

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des cancers, on a la cicutine, la morphine.

* *

Enfin, pour soutenir les forces vitales et empêcher la fièvre de résorption, on aura recours à la strychnine et à la quinine (arséniates, hydro-ferro-cyanate).

* ♦ *

Quant aux soins locaux, ils consisteront particulièrement dans la propreté des pansements et des applicata en général. On s’attachera à momifier le cancer en voie de dissolution, par l’iodo-forme, le perchlorure de fer neutre, les salicylates ; mais on se gardera d’y toucher avec l’instrument tranchant, toute perte de sang étant préjudiciable au cancéreux.

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Que si on veut employer les caustiques, c’est aux caustiques coagulants qu’il faut recourir, telle que la pâte de Canquoin, au chlorure de zinc.

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SYPHILOSE.

La syphilose, c’est l’infection de l’économie par le mal vénérien ou le

chancre.

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* ’F

Un grand progrès a été fait sous ce rapport, dans le sens qu’on ne considère plus comme syphilitique que le chancre huntérien. Encore y a-t-il de vives controverses sur l’unité de ce virus.

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*

* *

On a dit que le chancre induré était le seul indice de l’infection générale : et cependant le chancre mou peut également donner lieu à des symptômes secondaires; mais il y a cette différence que généralement les symptômes secondaires du chancre mou sont également la mollesse, tandis que ceux du chancre induré sont la dureté, ou une sorte de tissu nacré.

* *

Prenons, par exemple, le bubon : s’il succède à un chancre mou, il est phleg-moneux; si, au contraire,il estleproduit d’un chancre induré, le ganglion s’indure lui-même et entre les doigts on a la même sensation d’un pois chiche coupé en deux.

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* *

Nous n’insisterons pas ici sur la syphi-lographie, qui est suffisamment connue, mais nous dirons un mot du traitement.

* » *

La dosimétrie restreint ce traitement en le réduisant presque exclusivement aux granules de proto et deutoiodures de mercure, avec lesquels on est certain de guérir le mal, sans exposer le malade au mal du remède, c’est-à-dire au mercurialisme.

*

* *

Si les maladies syphilitiques virulentes sont aujourd’hui moins fréquentes et moins hideuses qu’autrefois, c’est que les trois quarts de ces prétendues sy-

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philis étaient des affections mercurielles. C’étaient les préparations de mercure administrées en excès intus et extra, qui nécrosaient les os, ulcéraient les parties molles et finissaient par produire ces cachexies qui remplissaient les hôpitaux de leurs victimes.

* *

Pour guérir une syphilis primitive, quelques granules de deutoiodure de mercure suffisent ; mais il faut avoir soin, en même temps, de donner les reconstituants du sang, principalement les arsé-niates de soude, de fer, soutenus par un régime tonique.

* * *

011 fera donc prendre aux malades une dizaine de granules de deutoiodure de mercure par jour : trois ou quatre

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chaque fois; et aux repas, on lui donnera la quassine, l’arséniate de soude : 3 à 4 granules de chaque.

Avec ce traitement,la maladie deviendra rarement chronique, et on ne sera pas obligé de recourir aux iodures et bromure de potassium, qui font du corps des malades un évier.

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XI

DARTROSES.

Ce sont des productions morbides qui s’attachent à la peau comme les mousses aux arbres, c’est-à-dire qu’elles sont le résultat d’un terrain organique malsain.

* * *

Ce sont ; les dartres furfuracées {Pty-riasis —■ Lepra vulgaris) — les dartres sqameuses ÇHerpes sgammosus — Eczema— Lichen, etc.). — les dartres rongeantes (Lupus) — les dartres crustacées

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{Herpes crustaceus — Impetigo) — les dartres pustuleuses {Acne — Sycosis) — les dartres phlycténoïdes, érythénoïdes.

* * *

Toutes ces affections ne varient que par la forme et dépendent d’un vice interne. Ce sont, la plupart du temps, des legs héréditaires, des produits de la misère, de la malpropreté, d’une mauvaise alimentation, de diathèses antérieures mal guéries, ou plutôt mal traitées,

* * *

C’est donc le terrain organique qu’il faut amender par les reconstituants : la quassine, l’arséniate de soude, combinés avec l’alimentation ; les excito-moteurs : strychnine, aconitine, digitaline, le sel de Sedlitz, pour empêcher les échauffe-

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— 95 — merits : clans l’herpès, par exemple, dont le liquide est irritant à l’égal du suc des plantes vésicantes.

Parmi les affections herpétiques, nous signalerons le zona, qui forme des courbes plus ou moins régulières autour du corps : tantôt à droite, tantôt à gauche, en suivant la direction des nerfs cervicaux, intercostaux, abdominaux ; donnant lieu à une sensation de brûlant qui lui a fait donner le nom de feti de Saint-A ntoine, de fen sacré — et qui donne lieu à l’engorgement des ganglions lymphatiques, et même à des bubons gangreneux, ce qui le rapproche de la peste d’Orient. C’est donc également une maladie virulente, et il n’est pas étonnant qu’on trouve des microbes dans le liquide des vésicules. En effet, le zona présente quelquefois le

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— 96 — caractère épidémique. Le traitement est celui que nous avons indiqué plus haut.

***

L’acné est une affection pustuleuse, souvent rebelle, qui a son siège dans les follicules sébacées de la peau et envahit le cuir chevelu, la face, par un grand nombre de petites pustules, assises sur un fond rouge enflammé et pouvant ainsi donner lieu à une sorte de fièvre éruptive, comme la rougeole, la vario-loïde, etc. Il faut alors la combattre par les alcaloïdes défervescents indiqués plus haut.

*

* *

La dartre rongeante ou lupus est une scrofulose s’étendant plus ou moins profondément et détruisant les tissus sous-jacents : fibres, cartilages, os, comme à

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la face. Il faut donc les traiter antiscro-fuleusement, notamment par l’huile de foie de morue iodée. Mais, en même temps, il faut les reconstituants, comme nous l’indiquons plus haut. — Localement, il ne faut que des soins de propreté. Les caustiques ne font ici qu’étendre la destruction.

*

Mais de toutes les maladies de la peau, la lèpre était autrefois la plus rebelle, au point de faire exclure les malheureux lépreux de la société. Il faut croire qu’elle comprenait d’autres dartroses, mal appréciées et mal guéries, surtout la syphilose, ce qui expliquait sa contagiosité.

* * *

La lèpre se caractérise par de sortes 7*

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d’écailles ou paillettes, s’étendant circu-lairement sur un fond enflammé, avec un état de tension et des douleurs plus ou moins vives. — C’est une affection épidermique, mais qui peut s’étendre à toute l’épaisseur de la peau. Il faut donc se tenir en garde contre les topiques irritants, De simples lotions légèrement savonneuses suffisent. Le traitement interne consistera principalement dans l’emploi des arsenicaux, sous forme de granules ; acide arsénieux, arséniate de soude, arséniate de fer, arséniate de strychnine, pour relever la vitalité, et l’arséniate de quinine, si la maladie prend une marche aiguë. — En même temps on relèvera les forces digestives par la quassine et on tiendra le corps libre par le Sedlitz Chanteaud.

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XII

FAITS CLINIQUES.

Premier fait. —Phtisie aiguë. — Le i6 octobre dernier (187g), j’ai été appelé rue des Blancs-Manteaux auprès d’un jeune homme de dix-neuf ans, malade depuis une dizaine de jours. Le médecin de la famille avait porté un diagnostic très alarmant, et les parents ne voyant survenir aucune amélioration, s’étalent décidés à essayer de la méthode dosimétrique, sur laquelle plusieurs guérisons fort remarquables avaient appelé leur attention.

Cette famille étant très connue, la mort ou a guérison du malade devait avoir un certain retentissement.

Une chose me rassura tout d’abord et me fit

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présager, sinon une guérison immédiate, du moins une issue favorable. J’avais affaire à une affection fébrile aiguë ; je devais en triompher par les défervescents : j’en étais sûr et je fis immédiatement passer ma conviction dans l’esprit des parents.

Le médecin auquel je succédais avait diagnostiqué très vaguement une affection continue grave. Je m’informai : il y a encore des tuberculeux dans la ligne paternelle. Je pensai à une phtisie aiguë. En effet, la maladie avait débuté presque brusquement par des frissons répétés, une grande fréquence du pouls, une chaleur très vive et une anxiété précordiale persistante.

Depuis le premier jour, le malade maigrissait à vue d’œil ; des sueurs nocturnes très fortes apparaissaient tous les matins ; il n’y avait pas cet état apathique de la fièvre typhoïde ; d’ailleurs, la langue était nette et humide ; il n’y avait pas de symptômes gastriques, mais, au contraire, une hyperesthésie très aiguë, une toux presque incessante, de l’insomnie ; expectoration nulle.

Au premier abord, l’auscultation et la percussion ne me révèlent pas grand’chose, car dans ce cas, les nombreuses petites granulations miliaires

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sont entourées d’un tissu perméable encore ; la dyspnée intense, la suractivité cardiaque qui accompagnaient cet état fébrile, pouvaient faire croire à une simple congestion pulmonaire. Mais je m’y pris à plusieurs fois. Une auscultation très prolongée, très active, me fit découvrir au sommet des deux poumons, un bruit bien léger de froissement, Ce signe était précieux ; et j’acquis presque aussitôt la conviction que sous chaque clavicule le son était un peu plus obscur qu’à l’état normal. En même temps, l’application de la main me révéla une augmentation de vibrations quand le malade parlait.

Le temps était précieux : il fallait instituer un traitement énergique.

Je prescrivis : vératrine, aconitine, codéine, ar-séniate de quinine : r granule de chaque (les quatre ensemble) d’heure en heure ; digitaline : i granule de quatre en quatre heures ; atropine : 3 granules le soir ; sel de Sedlitz le matin ; application d’un vésicatoire sous chaque clavicule.

Le lendemain, le pouls qui la veille était à i3o, était descendu à 120,

La même médication fut continuée pendant le jour. Que dirai-je? peu à peu la chaleur est

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tombée, le pouls a diminué, la toux s’est apaisée, la respiration est devenue plus libre ; les sueurs nocturnes, si opiniâtres, si abondantes, ont presque cessé.

Le 23 octobre, j’ai apporté le changement que nécessitait la nouvelle phase de la maladie. Je prescris : arséniate d’antimoine, 6 granules par jour ; arséniate de strychnine, 4 granules idem ; kermès, codéine, i granule de chaque d’heure en heure ; atropine, 3 granules le soir.

Je continue la digitaline : 4 granules par jour, car le malade éprouvait encore une certaine anxiété précordiale.

L’amélioration s’est soutenue. Deux jours après, l’expectoration commençait à se faire facilement ; je la favorisai encore par l’émétine, administrée à 4 granules le matin, car la sécrétion bronchique est la terminaison la plus heureuse de ces phlegmasies pulmonaires acquises, puisqu’elles empêchent la formation de protoplasmes morbides. L’expectoration d’abord muqueuse, aérée, blanchâtre, rare, devint bientôt grasse et assez abondante.

Quinze jours après ma première visite, le malade quittait le lit. Depuis le milieu du mois

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dernier, il sort, il est fort, vigoureux ; il engraisse rapidement ; il est vrai qu’il boit 6 à 8 cuillerées à soupe d’huile de foie de morue, qu’il prend des décoctions de quinquina. De sa maladie, il reste au sommet du poumon gauche, un bruit de craquement, une toux très rare mais significative, une expectoration presque nulle. Je considère la maladie comme transformée en une phtisie chronique, à marche lente au premier degré, et j’espère arriver à la guérison complète si le malade ne commet pas d’imprudences, et si les voies respiratoires ne subissent aucune nouvelle atteinte par suite des froids rigoureux que nous traversons.

Voici le traitement actuel : arséniate de soude, 12 granules par jour ; iodoforme, sel de Gregory, 4 granules de chaque, le soir ; émétine, 4 granules le matin.

Dr Amédée Andrieux, à Paris.

Remarques. — Cette observation fait voir que si la phtisie pulmonaire aiguë était toujours attaquée avec énergie, la phtisie chronique serait sinon arrêtée du coup, du moins enrayée par la résolu-

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tion complète des granulations miliaires. Ainsi que nous l’avons dit, il est probable que ces granulations sont des leu-cocythes qui peuvent disparaître sans laisser des cavernes dans les poumons, cavernes où Pair s’engouffre et entretient une suppuration constante, avec fièvre de résorption ; ce qui constitue en réalité la phtisie et non les tubercules passés à l’état de fonte. On ne peut donc qu’approuver le traitement suivi par notre confrère de Paris. Üquot; B.

Deuxième fait. —■ Phtisie du premier degré. — M®® R..., âgée de vingt-quatre ans, couturière de son état, tempérament essentiellement nerveux, était atteinte, depuis quelque temps, d’une petite toux sèche, augmentant dès que la nuit était venue et provoquant, par ses accès, des vomissements.

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Elle était maigre et d’une faiblesse extrême ; la gaieté, l’appétit avaient disparu; elle éprouvait parfois de violents maux de tête et à la poitrine. Elle avait eu déjà quelques hémoptysies et avait une forte gêne pour respirer quand elle montait l’escalier.

J’ordonnai : hyosciamine, codéine, morphine, en granules Chanteaud, tantôt les uns, tantôt les autres : 6, 7, 8, dans la journée ou la nuit. Cette médication modifia bientôt la toux et rétablit le calme dans la respiration. Ce calme obtenu, l’aconitine (8 à 10 granules par jour) fit disparaître ou plutôt jugula cette petite fièvre qui la minait.

Je pus alors, en employant de temps à autre cette médication, faire usage de l’iodoforme. Ce puissant dépuratif et fondant des petits tubercules crus de la phtisie (à cause de son passage rapide dans l’organisme), uni à 4 granules de strychnine, pour relever les forces vitales affaiblies, procura en quelques jours une grande amélioration. — Comme j’avais affaire à une dyspepsie assez tenace, j’eus recours au tonique énergique de l’estomac, la quassine, 2 granules avant chaque repas. Bientôt l’appétit revint, et

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notre malade put prendre quelque peu de viandes rôties et de vin vieux.

Comme j’avais aussi besoin d’agir sur l’ensemble de l’économie, en réparant ses pertes, je fis prendre i gramme de phosphate de chaux en solution, dans un sirop d’écorce d’oranges amères, conjointement avec l’arséniate de fer, contre l’état chlorotique et afin d’augmenter le nombre des globules rouges du sang.

Sous cette médication de deux à trois mois, la jeune veuve vit ses forces renaître. — Le Sel Chanteaud, à petites doses, une fois que les forces furent revenues, fut continué.

Au bout de cinq mois de traitement, M™“ R... put vaquer à ses occupations, et même se rendre au chef-lieu de canton, pour ses provisions, comme elle avait l’habitude de le faire avant sa maladie.

Dr Birabent, à Masquière (Lot-et-Garonne).

* * *

Troisième fait. — Phtisie au deuxième degré. — Le nommé D..., vingt-huit ans, tanneur. — Dès les premiers jours de son arrivée à Marseille, fut

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pris d’une fluxion de poitrine. — Antérieurement il n’avait jamais été malade. — Père et mère sont forts, robustes. — Durant son séjour dans la grande ville, D... s’était livré à tous les excès ; les femmes, les veillées prolongées, l’abus du vin et des alcools.

Quand je le vis pour la première fois, D... rendait des crachats humides et mous, d’une couleur un peu grisâtre-vcrdâtre, et avait eu force hémoptysies (époque à laquelle les tubercules se ramollissent). -— Toux fréquente, surtout la nuit, provoquant de fréquents vomissements.

Les sueurs nocturnes l’avaient fort affaibli, et la dyspepsie lui donnait un dégoût de toute sorte de nourriture. A la région claviculaire, la percussion donnait un excès de sonorité ; l’auscultation faisait entendre un craquement humide ; les omoplates étaient déformées. De temps à autre, de la diarrhée et un état fébrile fort prononcé. L’amaigrissement était extrême et les forces vitales étaient profondément diminuées. Son tempérament était lymphatique sanguin.

En présence de pareils désordres, je me hâtai de demander aide et secours aux alcaloïdes sédatifs et défervescents : il fallait éteindre ce foyer

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de fièvre qui consumait le malade, et, du même coup, donner du calme à cette économie épuisée.

Premier jour — et jusqu’à ce que la fièvre fût tombée — aconitine, vératrine, i granule de chaque par heure; codéine, hyosciamine, morphine, r granule de chaque toutes les deux heures, alternativement avec les granules précédents.

Dans l’espace de quatre jours, j’eus un peu de calme dans la toux et un abaissement considérable de la fièvre. — J’ordonnai alors : quassine, g granules par jour, et fis prendre, en outre, tous les matins le Sedlitz Chanteaud, comme rafraîchissant du sang, et 5 granules d’arséniate de strychnine par jour. — Une fois que les forces vitales furent un peu relevées et qu’un calme convenable fut obtenu, j’eus recours simultanément au plus puissant moyen dans le traitement des maladies des voies respiratoires : l’acide phos-phorique. Les sels de chaux ne furent pas négligés et vinrent augmenter la force et l’énergie de la médication.

Avec ce puissant excitant du système nerveux et musculaire (le phosphore), avec ce fondant des tubercules miliaires (l'iodoforme) et cicatrisant

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par excellence des cavernes pulmonaires, toujours uni aux alcaloïdes défervescents, je pus rétablir cette économie profondément délabrée. Je fis alors continuer avec l’arséniate de fer, contre l’anémie ; la quassine, pour relever les forces digestives ; l’huile d’amandes douces phos-phorée, et les inhalations, avec l’appareil Le Fort (de Lille), d’acide phénique, de créosote, d’essences balsamiques (camphre, goudron, térébenthine), aidèrent à la cicatrisation des cavernes.

Ce traitement, continué sept à huit mois, finit par être maître de l’affection pulmonaire.

Étant en tournée de visites, je pus, longtemps après, constater les bons effets de cette médication. L’embonpoint, la fraîcheur des joues, les allures dégagées, la surabondance de vie, tout chez ce jeune homme indiquait le retour à la santé.

{Idem.)

Quatrième fait. — Phtisie au troisième degré. — La nommée Françoise, vingt-quatre ans, seule avec sa mère, est atteinte de phtisie au troisième degré. Malade depuis deux ans, elle a pris tous

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— IIO les breuvages et potions allopathiques, mais sans aucun résultat.

Voici son état : Fièvre ardente ; toux continue, s’exaspérant la nuit, empêchant tout repos ; sueurs nocturnes ; maigreur extrême ; sans force, sans appétit. Les crachats qu’elle rend à pleine bouche ont une odeur fétide, sni generis, qui vous font reculer. — Deux immenses cavernes dans les poumons. — Elle a eu plusieurs hémoptysies.

En présence de cette situation, je n’eus aucun espoir de guérir la malade ; je pris cependant mon courage à deux mains et prescrivis le traitement suivant, pensant bien ne plus la revoir : aconitine, vératrine, i granule de chaque toutes les heures ; atropine, 5 à 6 granules le soir ou dans la journée; 4 granules de strychnine, 10 de quassine, de codéine et d’iodoforme : ceux qu’elle pourra prendre.

Ne me voyant pas revenir, les parents m’écrivirent que la malade allait mieux et qu’elle désirait me revoir.

La fièvre et la sueur avaient un peu diminué ; l’appétit s’était un peu réveillé depuis quinze jours. Je conseillai la bonne nourriture sous toutes les formes, du vin vieux. — Le même trai-

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— III —

tement qu’avant, avec biphosphate de chaux, 3 grammes par jour dans un sirop d’amandes amères ; des frictions à l’huile d’amandes douces phosphorée; 4 grammes de bismuth dans du sirop de tannin, à prendre par cuillerées à bouche durant la nuit et la journée, afin de diminuer la diarrhée.

Étant revenu une quinzaine de jours après, je trouvai ma malade bien mieux ; presque pas de fièvre, bon appétit, crachats moins abondants, sueurs nocturnes presque nulles, plus de diarrhée.

Huit jours après, l’amélioration s’accentuant de plus en plus, je supprimai la vératrine, l’aconi-tine, la codéine, que je remplaçai par l’iodoforme, la narcéine, la brucine et l’arséniate de fer.

Sous ce nouveau traitement; la malade alla de mieux en mieux. — Je la vis quelque temps après ; elle s’était levée quelquefois pour faire une petite promenade dans son jardin. — Trouvant les voies respiratoires capables de supporter les inhalations, je prescrivis les mêmes que dans le cas précédent, et fis continuer le même traitement.

Neuf mois après, Françoise avait repris la

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clef des champs, à la grande satisfaction des parents.

Çldem.')

Remarques. — Ces trois faits sont concluants. Les sceptiques contesteront peut-être l’existence de la phtisie tuberculeuse ; il n’y aurait alors de phtisies que celle dont on meurt. C’est ce qui arrive, en effet, avec les médecins expectants. A force d’insuccès, ils se sont condamnés au rien-faire. Triste position pour un médecin de cœur fet vraiment philanthrope.

*

Cinquième fait. — Scle'rose épinière ou ataxie locomotrice. — Cette affection est caractérisée par un affaiblissement graduel des mouvements volontaires et l’atrophie des muscles, accompagnée de douleurs lancinantes, de convulsions, de

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— ii3 — douleurs tétaniques, qui indiquent une altération de la moelle épinière et des ganglions spinaux. C’est un mal incurable, en tant que lésion de texture, mais que la dosimétrie permet de soulager là où les traitements allopathiques ont échoué, ainsi que le fait voir le fait suivant.

M. X... est atteint, d’une manière très sérieuse, d’une ataxie locomotrice, traitée par un savant professeur de Paris, qui l’avait qualifiée iabes dorsalis à début brusque, et par un autre savant professeur qui l’avait nommée « Périmyélite chronique », maladie grave, il le savait bien, et sur la guérison de laquelle il ne devait pas compter.

Depuis février 187g, à la suite de vives douleurs des reins, il n’avait plus fait de traitement régulier, la maladie étant restée stationnaire; mangeant et dormant mieux, et souffrant moins souvent.

Quoique habitué à l’idée de l’incurabilité de son mal, M. X... voulait tâcher d’éviter lapara-

X

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lysie complète des membres inférieurs, de la vessie et de l’intestin, qui ne fonctionnaient pas ou mal. C’est dans ces conditions qu’il voulut voir si la dosimétrie ne pourrait pas lui être utile.

Il avait ressenti, en 1876, les premières atteintes du mal ; anesthésie des membres inférieurs, etc. Après avoir fait d’abord des frictions excitantes, puis de l’hydrothérapie, deux saisons aux bains Lamalou, sans beaucoup de résultat, et voyant une aggravation de son mal : marche difficile, etc., il était venu à Paris au mois de mars 1878. Depuis cette époque jusqu’en novembre, il avait suivi le traitement du premier professeur, qui avait consisté en pilules de nitrate d’argent après les repas ; seigle ergoté avant, et iodure de potassium, quoique excluant l’idée de la syphilis; petites pointes de feu, de temps à autre, sur divers points de la colonne vertébrale — mais sans résultat.

En novembre 1878, le nitrate d’argent et l’iodure de potassium avaient été remplacés par le phosphate de zinc — de vives douleurs de reins s’étalent manifestées. Ce dernier médicament avait été supprimé en février 1879. — En mai de la même année, le traitement de l’autre

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— ii5 — professeur avait été essayé : quatre cautères à la région dorso-lombaire ; repos au lit ; reprise de l’iodure de potassium ; bains d’électricité ; le tout sans grand résultat.

Depuis mai 1879, M. X..., découragé, a cessé tout traitement, sauf un peu d’hydrothérapie en mai et juin.

Le mal n’avait pas progressé : marche toujours très difficile ; douleurs fréquentes, mais non permanentes. Dernièrement, douleur sciatique, pas de douleurs spinales, picotements aux gros orteils, serrement à la ceinture ; pas d’élancements dans les membres, mais incoordination des mouvements et impossibilité de marcher dans l’ombre ou les yeux fermés; membres inférieurs seuls atteints; vessie paresseuse; constipation.

Comme étiologie, M.X...raedit : i® être tombé en arrière en se dandinant sur une chaise; 2® avoir beaucoup travaillé, veillé, etc. ; 3® peut-être excès vénériens, et aussi, dit-il, excès de sensibilité, le moral frappé dans ses affections les plus chères.

C’est en juin ou juillet dernier qu’il a commencé le traitement dosimétrique — qui s’est toujours fait par correspondance. — Il a consisté

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d’abord dans une cuillerée à café de Sedlitz Chanteaud, le matin en se levant, avec 6 granules de citrate de caféine ; puis en 5 granules de benzoate de soude, bromhydrate de cicutine à midi ; 3 granules d’arséniate de soude et 2 de sulfate de strychnine dans la journée. En se couchant, 2 granules de sulfate de strychnine, 2 d’aconitine,

2 de digitaline, 3 de bromure de camphre, 2 d’hyosciamine ; plus tard, on a ajouté la pilocarpine.

M. X... m’écrit au mois de septembre qu’il va déjà mieux : plus de forces dans les jambes ; la vessie et le rectum fonctionnent mieux ; la marche a gagné, la chaleur a repris dans les membres inférieurs.

Au commencement d’octobre, nous prescrivons — de concert avec notre ami le docteur Paquet — injections de pilocarpine, iodoforme , benzoate de soude, alternés avec l’acide benzoïque, aux repas ; acide chlorhydrique et pepsine ; le soir, au coucher ; strychnine (hypophosphite), vératrine, daturine, digitaline : 2 granules de chaque ; bains de pieds, sinapismes, deux fois par jour; eau de Vittel, comme tisane; pas d’exercice forcé, promenades; bonne nourriture.

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L’amélioration a continué, bien que moins marquée, dans la deuxième quinzaine de novembre.

M. X... m’écrit dans sa dernière lettre ; « Ce qu’il y a de certain, c’est que la dosimétrie m’a donné des résultats tels que tous les traitements antérieurs ne m’ont jamais procurés. »

Dr Bourdon, à Méru (Seine-et-Oise.)

Remarques. — La chose n’a rien d’extraordinaire, la dosimétrie étant une méthode rationnelle et non un spécifique ; aujourd’hui un remède, demain un autre, tant que la patience du malade n’est pas épuisée. On peut se demander ce que peuvent faire ici, le nitrate d’argent ; puis l’iodure de potassium ; puis le phosphure de zinc, auquel il a fallu bientôt renoncer? Il est évident qu’il y avait ici à combattre l’hyperesthésie de la moelle épinière, avant-coureur de la paralysie ; il y avait ensuite à régulariser

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la circulation et les sécrétions. En un mot, rétablir l’équilibre physiologique. C’est ce que le docteur Bourdon a fait, et ce qui lui a valu la reconnaissance de son client.

* * *

Sixième fait. — Phtisie confirmée. — La lettre qu’on va lire est d’un médecin sceptique, qui a trouvé depuis son chemin de Damas. La malade qui en est l’objet est sa propre femme ; par conséquent, il a pu l’observer jour et nuit : nous ajouterons avec peu d’espoir de la sauver.

J’étais à Madrid lorsque j’entendis dire qu’un médecin étranger, un docteur du nom de Burg-graeve, donnait une conférence au collège San-Carlos. Attiré par la nouveauté, j’y assistai, et je me rappellerai toujours les impressions que j’ai eues ce jour-là.

Il est certain que la science compte maintenant

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des médicaments précis et sûrs pour combattre les maladies qui assaillent notre pauvre humanité — il est certain qu’avec ces alcaloïdes, jusqu’ici considérés comme de terribles poisons, le médecin peut marcher sûrement et non à l’aveuglette, sans savoir ce qu’il pouvait espérer du médicament qu’il avait prescrit. Il est possible maintenant de juguler une affection à son début, de l’abréger, de l’enrayer, avec la même assurance que le pilote dirige son navire, que le mathématicien résout une équation. — Voilà ce q,ue nous disait le docteur Burggraeve. Sceptique alors, une telle doctrine me paraissait être une utopie ; mais on ne risquait rien à l’expérimenter, à l’étudier. Justement à cette époque, celle qui est aujourd’hui ma femme commençait à souffrir d’une affection qui avait été diagnostiquée : Phiisie pulmonaire par tous les médecins qui l’avaient examinée. Toux sèche, déchirante ; hémoptysies abondantes et fréquentes ; douleur oppressive dans la poitrine et les épaules ; lassitude après avoir marché ; absence de règles ; amaigrissement progressif et accès de fièvre rémittente : tel était le tableau qui s’offrit à moi lorsque je fus chargé de lui donner mes soins.

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Elle vit encore ; et c’est un de mes premiers prodiges obtenus par la dosimétrie. Sous l’influence de l’hydro-ferro-cyanate de quinine, de l’arséniate de fer, de la quassine, de l’iodoforme, de la codéine, disparut complètement le tableau symptomatique ci-dessus. Depuis six ans, la malade jouit d’une bonne santé, tout en restant soumise à un régime hygiénique approprié.

Ma lettre serait interminable, si je voulais vous énumérer les merveilleux résultats que m’a donnés votre méthode. La réputation que j’ai laissée au Portugal et aux Philippines, et la confiance, de plus en plus grande, dans ma nouvelle résidence, parlent en faveur de votre doctrine.

Df Juan Fernandez Balesteros, ancien médecin de l’armée espagnole, à Séville.

Remarques. — La lettre du docteur Balesteros me rappelle un des événements les plus heureux de ma longue carrière, c’est-à-dire la conférence faite au collège San-Carlos, à Madrid, en présence de plus de quinze cents audi-

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leurs, et à laquelle assista toute la Faculté de médecine, le doyen en tête.

Hélas ! depuis cette époque, deux événements douloureux sont venus frapper le jeune et intelligent monarque auquel l’Espagne avait confié ses destinées. — Nous voulons parler du roi constitutionnel Alphonse XII. ■—• Ce fut d’abord la perte de sa première femme, à la suite d’une fièvre typhoïde ; puis sa mort prématurée, suite d’une phtisie galopante. Nous ignorons la manière dont les deux illustres malades ont été traités, mais ce que nous pouvons dire ici — sans être indiscret — c’est que nos offres de service n’ont pas seulement paru dignes d’une réponse.

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TABLE ANALYTIQUE

Préface ..............i viii

CONSIDERATIONS GÉNÉRALES

Coup d’œil sur la nutrition. — Les matières inertes ou inorganiques non assimilées et les morts non naturelles. — Les maladies diathésiques — La combustion et le mouvement organique — La vieillesse etla décrépitude. — Les alcaloïdes défervescents et les eaux minérales naturelles.........Pages 1-9

II

LA GOUTTE.

Le salpêtrage du corps et les concrétions des articulations — Marche de la goutte. — Ses symptômes : gastriques,

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catarrhaux, cérébraux, rénaux. — Causes de la goutte.

— La peine du talion — Traitement de la goutte.

Pages 11-33

III

ORAVELLE --CALCULS URINAIRES.

Traitement de la gravelle et de la pierre.— Les sucreries et le sel — Les calculs durs et les calculs friables. — La lithotomie et la lithotricie. — Régime des calculeux.--Les dissolvants physiques et chimiques . Pages 35-42

IV

RHUMATISMES.

Le rhumatisme musculaire et le rhumatisme articulaire. — La fièvre rhumatismale aiguë et ses complications — Son traitement. — Rhumatismes internes ou viscéraux .............Pages nbsp;43-56

V

DÉGÉNÉRESCENCES GRAISSEUSES ET ATHÉROMATEUSES.

Dégénérescence graisseuse des muscles et du coeur. — Leur traitement.........Pages 57-60

VI

CIRRHOSE.

Traitement...........Pages 61-64

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CASÉOSE. — TUBERCULOSE. --DÉGÉNÉRESCENCE CALCAIRE,

Leurs causes — Leur traitement. . . . Pages ôS-yS

VIII

SCLÉROSE.

Ataxie locomotrice. — Son traitement . . Pages 77-78

IX

CANCÉROSE, Nature des cancers. — Leur traitement . Pages 79-86

X

SYPHILOSE.

Nature et traitement........Pages nbsp;87 91

XI

DARTROSE.

Nature des dartres.— Leur traitement . Pages 93-9S

XII

FAITS CLINIQUES.

Curabilité de la phtisie pulmonaire . . . Pages gci-i2|

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NOMENCLATURE

DES

MANUELS DE MÉDECINE DOSIMÉTRIQUE

PREMIÈRE SÉRIE.

Manuel des maladies des enfants.

Manuel des maladies des femmes.

Manuel des dyspepsies.

Manuel des maladies des voies urinaires. Manuel des fièvres puerpérales. Manuel de pharmacie et pharmacodynamie dosimétriques.

DEUXIÈME SÉRIE.

Manuel de la fièvre.

Manuel des urines.

Manuel des maladies du cœur. Manuel de la goutte et du rhumatisme goutteux.

Manuel de thérapeutique dosimétrique. Manuel des maladies diathésiques.

TROISIÈME SÉRIE.

Manuel de la phtisie pulmonaire. Manuel des névralgies et névroses. Manuel des maladies dyscrasiques. Manuel de la pleuropneumonie. Manuel des maladies cérébro-spinales. Manuel des maladies abdominales.

Ces Manuels se vendent au prix uniforme de 2 francs.

Les acheteurs d’une série jouiront d’une remise de 3o p. c.

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HYGIÈNE THÉRAPEUTIQUE

A l’usage DOMESTIQUE

SEDLITZ CHANTEAUD. — Sel rafraîchissant et tonique, ne déterminant aucune irritation des voies digestives, et le dissipant quand existe un dérangement intestinal. C’est le Sel de santé par excellence. Aussi son usage s’est-il généralement répandu et a coupé court aux prétendues pilules de santé, dont les drastiques font la base. La vulgarisation de ce Sel est donc un véritable service rendu au public. Pour l’usage habituel, on en fait dissoudre une cuillerée à café dans un verre d’eau, qu’on prend le matin en se levant.

Le Sel Chanteaud se trouve aujourd’hui dans toutes les pharmacies achalandées.

Pour les granules dosimétriques, il faut la prescription du médecin. On aura soin de vérifier si ce sont des granules véritables portant la marque de la maison Chanteaud et la signature de l’auteur de la méthode.

Pour tous les renseignements concernant sa méthode, s’adresser au docteur Burggraeve, à Gand, me des Baguettes, 5o.