MüSÉES DE LA HOLLANDE
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AMSTERDAM
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F I'
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LA HAYE
ÉTUDES SUR L'ÉCOLK HOLLANDAISE
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W. BURGER
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PARIS
JULES RENOUARD, LIDRAIRE-ÉDITEUR
6, RÜE DE TOURNON
A BRUXELLES, CHEZ FERDINUND CUASSEN
BR, ESI Dl: LA 31 A D E l, E I N E
1858
Rétervc tin lous droilü |
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Nous avons restitué, suivant forthographe liollandaise et les signatures
authentiques des artistes, leurs noms, babitueUement défigurés dans toutes les publications franc, aises. Cette correction onoinatographique est utile, non-seulement pour faciliter
les recherches de Thistoire, mais encore pour la constatation de 1'originalité des tableaus. Un amateur, qui a toujours vu écrire Cuyp, Dow, Metzu, etc, ne doit-ilpas hésiter devant des tableaux sigüês Cuijp, Dov, Metsu, etc, et croire ces signatures apocryphes ? Pourquoi aussi dénaturer les prénoms ? pourquoi appeier GuiUaume celui
qui signe W, initiale de Willem? Cette réforme, qui ne saurait plus guère ètre appliquée aux Ualiens, natu-
ralisés Franqais, est possible a l'égard des écoles du Nord. |
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Pari». — Imprimcrie de P.-A. BOUBDIEU et Cp, 30, rue Mazariue,
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1NTR0DUCTI0N.
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On connait assez bien l'histoire de 1'art en Italië.
Les historiens, les critiqucs, les voyageurs, les com- pilateurs, se sont attachés depuis trois siècles a 1'exa- men de cetteéeole qui attirait Ie regard, 1'admiration, et mème 1'imitation de 1'Europe entière. L'Italie est la mère — alma mater — de tous les peuples de ci- vilisation latine, et de la France en particulier. C'est a 1'Italie que Ie Midi et l'Ouest de l'Europe doivent non-seulement leurs arts, mais leur littérature, leur science, leur philosophie, leur religion et jusqu'a leur politique. Leurs origincs sont la, et Ie senti- ment, aussi bien que la raison, devait porter a 1'é- tude de cette société brillante et féconde, qui revit toujours, a peine transformée, dans les sociétés mo- dernes. Il est donc arrivé, chosc singuliere! que, jusqu'a
ces derniers temps, chaque pcuple, mème ceux de race germanique, était beaucoup plus éclairé sur Ia |
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vi LNTRODUCTION.
tradition italienne que sur sa propre tradition. En
France on sait par coeur Ie xvie siècle italien, noms et dates, biographie et iconographie, mais on serait fort empêché d'écrire 1'histoire des artistes et des ehefs-d'omrvre de la Renaissance francaise. Il est vrai qu'en France, récemment, on s'est pris
de passion pour les vieux papiers. On rassemble, on classe, on compare, on interprète tous les documents qui peuvent aider a retrouver une histoire presque perdue. On la retrouvera. Et après ces piocheura viendront les lleuristes. Dans les pays du Nord, mèrae mouvement d'éru-
dition. En Hollande et en Belgique, les archivistes, les bibliophiles, découvrent tous les jours des Iraces intéressantes du passé! L'Allemagne, la première, avait donné 1'exemple
de cctte pieuse et patiënte exhumation des ancètres. Lorsque la collection des frères Boisserée eut remis en évidence les vieilles écoles du Nord, Friedricli Schlegel, Gocthe lui-mêmc, et Ia plupart des érudits allemands, malgró 1'enthousiasme alors général pour les traditions grecque et romaine, commencèrent a redresser leurs grands artistes indigènes, couchés dans 1'oubli. Et maintenant, après les efforts succes- sifs de deux genérations de savants, 1'art du Nord |
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liNTKODUCTION. vu
semble être éclairci dans ses origines, autant sans
doute qu'il peut 1'ètre. Jusqu'au xvie siècle, la Hollande, ainsi que les
Flandres, se confond dans la familie du Nord; elle ne s'en distingne pas plus par son art que par 1'en- semble de sa civilisation. Les artistes primitifs de la Hollande, comme les artistes primitifs des Flandres, appartiennent a ce groupe rliénan dont Wilhelm (1380) et Stephan (1410) furent les premiers maitres a Cologne, dont les van Eyck, a Bruges, furent la plus haute expression, dont Lucas Jacobsz, a Leyde, Quentin Massys, a Anvers, furent les derniers repré- sentants. C'est la branche occidentale de la grande école
germanique. Aussi les auteurs qui ont refait 1'histoire de Tan-
den art allemand ont-ils compris dans Ie mênie cadre, avec les peintres da Rhin supérieur jusqu'a Bale, les peintres du Rhin inférieur jusqu'a Leyde, ceux d'Utrecht et de Haarlem, ceux d'Anvers et de Bruges, — de tout Ie pays hollando-flamand (les anciens Pays-Bas) qui confinc a la raer du Nord. Si 1'on est curieux de connaltrc cette periode ori-
ginelle de 1'art hollandais, on peut feuilleter les sa- vants écrits des Allemands, de plusieurs Belges, do |
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te -»- - -----
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vin INTRODUCTIOX.
quelques Hollandais et de quelques Francais. On y
apprendra des noms et des dates, sur lesquels il y a plus ou moins de divergence, depuis Dirk Stuer- bout, de Haarlem (1410-1470), jusqu'a Cornelis Engelbrechtsen, de Leyde (1468-1533), qui fut lc maitre de Lucas; jusqu'a Jan van Schoorl, ou Schoorel, né a Schoorl, pres d'Alkmaar, en 1495, qui fut élève de Willem Cornclisz, a Haarlem, de Jacob Cornelisz, a Amsterdam, de Jan Gossaert de Maubeuge, a Utrecht, d'Albrecht Dürcr, a Nürn- berg, étudia en Italië les statues antiques et les ceu- vres de Raphaël, de Michel-Ange et des autres artistes célèbres, visita 1'Orient, fut conservateur du Belvédère a Rome, revint a Utrecht, eut de nom- breux élèves, entres autres Martin Heemskerk et Antonie Mor, et mourut en luG2. Ce van Schoorl, si mouvant et si aventurier, a la
fois peintre, musicien, poëte, littérateur, linguiste, marque assez bien la transition entre la première époque, oü les Hollandais gravitent autour des van Eyck, et la seconde époque, oü ils vont se déformer au dela des Alpes. Lorsque 1'émigration se fut généralisée, 1'art hol-
landais, 1'art flamand, 1'art allemand, disparaissent tous ensemble dans un pastiche banal des Italiens, II |
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INTRODUCTION. ne
y eut eneore, sans doute, des maitrcs habiles, que
chacun de ces peuples appela ses Raphaël 011 ses Mi- chel-Ange, mais qui ne comptent plus dans 1'histoire de son art autochthone. Le propre de rhomme est d'inventer, d'être soi et
non pas un autre. La troisième periode de 1'art hollandais concorde
avec 1'affranchissement religieux et politique, qui sus- cita en Hollandc, au commenceinent du xvu" siècle, une société nouvelle, étrange, distincte même des sociétés que le lutheranisme renouvelait sur d'autres points du Nord, et absohunent incomparable au reste de 1'Europe, comme 1'est aujourd'hui la jeune société américaine, protestante et démocratique. Les conditions topographiques de la Hollande con-
tribuent a éclairer ce phénomène excentrique. Dans ce pays bas, — hol land, le mot le dit, — com- posé d'iles et de presqu'iles, de polders et de ma- récages, presque flottants sur la mer ou incessam- ment creusés par elle, rattachés a peine au continent ferme, — on se sentit a 1'aise, une fois secouée toute autorité religieuse et politique, pour en faire a saguise, les pieds dans l'eau ou sur la pointe d'une barque. Si dans le monde physique on avait tout k créer
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x INTRODUCTION:
et a recréer sans cesse , mème Ie sol, — dans Ie
monde moral et intellectuel, on avait également tout a créer, puisqu'on venait de tout briser. On recréa tout, par un élan spontane du génie national. Au milieu de cette crisc, en quelquc sorte géné-
siaque, Ie peuplc hollandais fit des merveillcs. Libre de pensee et d'action, aussi invcntif que courageux, il eut alors son moment de fortune, de puissance et de gloire. Pendant que ses marins tenaient tète a 1'Espagne, a 1'Angleterre, a la Franco, pendant qu'ils allaient échanger les richesses autour du globe, Ie peuple hollandais batissait a la fois ses digues, ses bassins, ses ponts, ses chantiers, ses arsenaux, ses hotels de ville, ses temples, ses écoles, ses bourses, ses marchés, ses hospices pour les orphelins et les vieillards, et mille édifices pour ses compagnies d'arquebusiers, ses sociétés scientifiques, ses cor- porations de travailleurs. Tout date de ce temps-la, non-seulement ses grands navigateurs et ses grands citoyens, mais ses grands poëtes et ses grands pein- tres. Comment s'étonner que 1'école hollandaise du
xvne siècle, émergée ainsi tout a coup dans des cir- constances si exceptionnelles, ne soit point de la mème familie que les écoles du Midi, demeurees cathol iques |
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INTRODUCTION. xt
et monarchiques, et qu'alors aussi clle se séparc de
1'école fkmande, avec laquelle précédemment elle avait eu un commun caractère? Ce qui fait son originalité, son ingénuité, dans Ie
sens du mot latin, c'est précisément qu'elle est Ie produit de sa spontanéité isolée. Prolem sine matre creatnm. Virtualité shigulièrc, dont ne furent point doués les autres pays protestants, lorsqu'ils eurent rompu leurs traditions de quinze siècles. L'Alle- niagne, un peu après la lléformation, n'eut plus d'art. L'Angleterre n'a eu des peintres nationaux qu'au xviue siècle. A causc de cette singularité peut-être, 1'art hollan-
dais du xvne siècle n'a pas été étudié par les peuples du Midi avec la même sympathie que les écoles my- thologiques, chrétiennes ou païennes. Et surtout il n'a guère été compris. Les amateurs de 1'Antiquité, ou du Moyen-age, ou de la Renaissance italienne, ces trois grandes formes de 1'art jusqu'ici, les sectateurs d'une orthodoxie traditionnelle quelconque, ont du anathématiscr 1'originalité hollandaise, tantót sous prétexte d'ignorance ou de déréglement, tantót de bassesse et même d'immoralité, tantót de fantaisie insensée, tantót de naturalisme grossier; les uns au nom d'Apollon, les autres au nom du Christ, d'autres |
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xii INTRODUCTION.
au nom d'un idéal mystique, très-indifFérent sans
doute a la nature et a 1'humanité'. Aussi n'a-t-on point cherché en France a faire
1'histoire de eet art triplement maudit. Aussi ne con- nait-on point la biographie de ces naturalistes et de ces petits maitres dont les ceimes néanmoins se payent assez cher. Fouillez les bibliothèques, con- sultez les bibliophiles, il n'y a rien, en francais, sur les Hollandais du xvue siècle, ou si peu que rien : parmi les vieux livres, celui de Descamps, qui a copié les dates erronées et les contes ridicules de Houbraken et de Weyerman; quelques mauvaises compilations qui ont copié Descamps; parmi les pu- blications récentes, on nc peut guère citer que des notices restreintes dans une Histoire des peintres de toutes les écoiesi, et Ie Catalogue du musée de Paris3, 1 L'histoire, la biographie, la critique, principalement la
noble eslhétique, sont d'accord, dans presqtie tous les livres francais, pour caractériser avcc un souverain mépris cette écolo étrangère aux régies italiennes, et qui a 1'insolence d'inler- préter la nature avec un sentiment particulier. M. Fortoul surtout a merveilleusement formule cette antipathie mysta- gourique contre lo naturalisme tres-humain de l'école hollan- daise. - Piiris, V« .1. Renouard, 2iO livraisons.
1 M. Michiels, dans sou Histoire de lapcinture flamande et
hollandaise, s'est arrêtéaprès l'examen des écoles primitives : |
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INTHODUCTION. xin
savamment rédigé d'après les écrits d'Immerzeel, de
Smith, de M. Waagen et autres étrangers. Car, en hollandais, en allemand et en anglais, il y
a, du moins, quelques livres qui renseignent assez complétement sur les oeuvres de l'école hoUandaise. A la vérité, la plupart des biographies y sont tou- jours fort obscures. Les archivistes et fureteurs ont encore beaucoup k trouver sur ce point-la. Une histoire de 1'art hollandais serait donc sans
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« Pour les grands maitres hollandais, a partir de 1'annéo 4600,
je ne puis mèrae en dire un mot. lis sont si nombreux que leur histoiredemanderait 4 a 5 volumes.» Quant a M. Viardot, qui a visite en détail presque lous les
musées de 1'Europe, et qui en a rendu compte dans une série d'excellents potits volumes, il s'est arrèté devant ce qu'il ap- pelle « Ie ruisseau du Moerdyk, inventé sur les cartes ac- tuelles. » Ce petit « ruisseau du Moerdyk » (1'embouchure de la Meuse.prèsdu village de Moerdijk), «séparant la Hollande de Ia Belgique, » et qui est un bras de mer tout simplement, oü flottent les vaisseaux a trois muts, a été Ie Rubicon de M. Viar- dot. Mais il ne 1'a point passé. Il a écrit cependant sur les mu- sées de la Hollande quelques pages d'après des notes de M. Lamme, a ce que je crois. M. Lamme, beau-frère de MM. Scheffer, est conservateur du musée de Rotterdam. M. Maxime Ducamp, dans des Lettres écritesde Hollande et
publiées par la Revue de Paris (octobre 1857), a aussi parlé très-sommairement des musées d'Amsterdam et de La Haye. Nous citerons, dans Ie cours de ce travail, certaines de ses appréciations. b
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xiv INTRODUCTION.
doutc très-difficile aujourd'hui, presque impossible.
Mais, enétudiantce qui a cté publié dans les langues du Nord, en étudiant surtout les ceuvres de ces origi- naux au milieu de leur propre pays et des mceurs qui les expliquent, peut-être rassemblerait-on des éléments pour cette histoire. Assurément, on ferait jaillir des lumières nouvelles qui aideraient a voir dans leur véritable jour ces artistes si francs, dont plusieurs ont du génie, quelques-uns de la grandeur, ceux-ci de 1'humour, ceux-la de la grace, les uns une intarissable gaieté, les autres une mélancolie très-poétique, tous une couleur merveillexise et une adresse incomparable. De telles études ne sauraient avoir un plan regu-
lier et bicn proportionné. Elles devraient insister sur ce qui est peu connu, et passer sur ce qui 1'cst davan- tage, faire presque Ie contraire de 1'histoire, qui dispose les matériaux déja tailles et ciselés, laissant dans 1'onibrc les bloes informes et les détails indis- tincts. Il faudrait s'attacher aux maitres dont la biogra-
|)hie ou Ie talent demandent des éclaircissementsnou- veaux, comme Rembrandt, Jan Steen, Paul Potter, Metsu et autres; aux maitres dont on ne soupconne point Ie caractère, parce qu'on n'a jamais vu leurs |
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INTRODL'CTION. xv
grandes peintures historiques, comme les Ravestein,
Frans Hals, van der Helst, Ferdinand Bol, Govcrt Flinck, Jacob Backer et autres; aux maitres rares, comme Adriaan Brouwer, llobbema, Pieter do Hooch et autres; aux maitres dont on sait a peine les noms, comme les Koninck, les de Keijser, Jan Hackaert, Nicolaas Koedijk et autres; décrire cepcndant aussi les oouvres de tous les maitres de premier ordre, des Cuijp, des van Ostade, des van de Velde, des Ruijs- dael, des Wouwerman, de G. Dov, Terburg, Frans van Mieris, etc. Par malheur, les principaux musées de la Hol-
lande,—Ie musée d'Amsterdam1, Ie musée van der Hoop (aussi a Amsterdam), Ie musée de La Haye, Ie musée de Rotterdam, — out des catalogues extrème- ment insignifiants et mème très-fautifs. Les collec- tions particulières n'en ont point du tont; ni les hotels de ville 2, palais, temples et autres édiiices publiés; 1 Voir plus loin, p. 3.
2 L'hótel de ville d'Amsterdam, auquel appartiennent même
6 des principalcs peintures exposées au musóe, possède en- ■viron 300 tableaux! la plupart cachés dans les greniers ou derriére des meubles et des tas de chaises. Il.y a la des van der Helst, des Govert Flinck, des Jacob Backer, des Frans Hals, et toute la grande école du xvne siècle, dans ses repró- sentations historiques et civiques. J. van Dijk en avait publió |
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xvi INTRODUCTION.
ni surtout les établissements fondés par des associa-
tions philanthropiques, patriotiques, scientifiques et autres. Ce tjxi'il y a la-dedans, personne ne Ie sait, mèrne en Hollande. Et peut-être, pour en faire 1'in- ventaire, n'aurait-on plus aujourd'hui d'autres res- sources que des traditions verbales. Au milieu de ces ténèbres, oü il y a d'ailleurs des
percées rayonnantes, — a déiaut de documents écrits, les chefs-d'oeuvre des maitres, — je me suis risqué ü tout hasard, me proposant d'aller avec simplicité du connu a 1'inconnu, et prenant pour devise celle de Jan van Eyck : « Als ik kan » [Comme je peux). J'ai donc étudié les inusées et les collections parti-
culières, les monumcnts publics et les fondations civiques dont les murailles sont encore illustrées par tant de témoignages du grand art d'autrefois. J'ai cherché a m'initier au pays lui-même, aux moeurs de ses habitants, a son histoire et a sa vie présente; car on ne saurait comprendre 1'art sans la nature et l'humanité. Aujourd'hui, je public les deux principaux mu-
autrefois une description, qtiand ils ornaient Tanden hotel de
ville, aujourd'hui Ie palais, sur la place du Dam. L'infatigable archiviste d'Amsterdam, M. Scheltema, vient, je crois, d'en dresser une sorte de catalogue, resté manuscrit. |
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[NTRODUCTION. xv»
sées, oü j'ai essayé de rectifier les attvibutions, de
relever les dates, de completer les renseignements, et surtout d'apprécier comme ils Ie meritent, et par conséquent de faire aimer les maitres originaux de la belle époque du xvne siècle. Peut-être ce volume sur les musées d'Amsterdani
et de La Haye sera-t-il suivi de publications ana- logues sur Ie musce de Rotterdam, sur Ie musée van der Hoop, a Amsterdam, sur les superbes gale- ries particulières, telles que celles de MM. Six van Hillcgom et van Loon, du baron van Brienen, du baron Steingracht et autres, sur les hotels de ville et les divers édifices publics qui sont également si riches en tableaux et en objets d'art. |
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MUSÉE
D'AMSTERDAM
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Le musée d'Amsterdam ne date que du commen-
cement de ce siècle, de 1'époque oü, sous la domina- tion d'un roi étranger, l'ancien hotel de ville, place du Dam, commencé 1'année même de la paix de Munster, 1G48, par 1'architecte van Cainpen, fut mé- tamorphosé en palais royal. Jusque-la, 1'hötel civique avait été lui-même une sorte de musée, comme sont certaines églises en Italië. C'est la qu'onallait voir le fameux Rembrandt et le 1'ameux van der Helst, qui émerveillèrent tant lc peintre anglais, Joshua Rey- nolds, lors de son Tour in Holland en 1781. C'est la qu'étaient exposées, dans les diverses salles de la Mai- son commune, les grandes représentations de 1'his- toire nationale au dix-septièine siècle. Six de ces pein- tures, et des principales, sont aujourd'hui au musée; les autressont entassées dansle nouvel hotel de ville, trop petit pour tant de trésors. Le musée n'est point un édifice digne de sa desti-
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KUNSl HISTORISCH l^ol il UUT
DER RIJKSUNIVERSITEIT UTRECHT |
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2 MUSÉE D'AMSTERDAM.
nation. Mais, a Amsterdam, dans eet ilot faetice, élevé
sur pilotis, on n'a pas beaucoup a choisir pour rem- placement. Faute d'autrelocal spacieux, etdeterrain libre pour constraire une véritable pynacothèque, on s'est contenté d'une maison ordinaire, appeléeJn/- penhuizen, enclavée entre d'autres maisons, au bord d'un canal, sur Ie Klovcniers Burgwal. La distribu- tion intérieure n'a mêmc pas pu ètre changée de ma- niere a obtenir du jour. Cc sont encore des chambres a fenêtres latérales, au lieu de salons éclairés d'en haut. Lecabinet des Estampes est au rez-de-chaussée, au
bout d'un couloir orné de grisailles pales et vides, signées etdatées : Gerard de Lairesse, 1G89. Unesca- lier sombre, oü sont accrochées quelques peintures invisibles, conduit au premier étage : deux pièces seu- lement, et si basses, que, dans la principale, on a du poser au niveau du parquet la Ronde de nuit, de Rembrandt, et Ie Repas des arquebusiers, de van der Helst. Dans la deuxiènie pièce, sont les Syndics, de Rembrandt, les Régcnts, de Karel du Jardin, de grands portraits, etc. Au second étage, quatre ou cinq autres pièces, également a fenêtres, et encore plus basses. Ni espace, ni lumière; et, outre que les ta- bleaux sont ïual places et mal éclairés, ils sont loujours couverts d'une buée, résultant de 1'humi- dité atmosphérique; de sorte qu'on ne les distingue que sous un voile et dans 1'ombre ! Le musée est censé administré par tme commis-
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MUSÉE D'AMSTERDAM. 3
sion de quatre directeurs , mais en réalité par deux
inspecteurs, 1'uo plus spécialement conservateur des
estampes, 1'autre des tableaux, MM. Klinkhamer et
Engelberts, seuls fonctionnaires actifs, avec quelqties
rares surveillants. Les directeurs, qui sont des ban-
quiers, des artistes et des amateurs, n'ont rien a faire,
d'aprcs les statuts mèmes de 1'organisation. Lescon-
servateurs ne peuvent rien faire a causc de 1'insuffi-
sance des fonds affectés a 1'établissement. Si bien que
ce magnifique musée reste in statu quo, sans aucune
amélioration. Malgrc la bonne volonté des savants
conservateurs, il n'y a pas même de catalogue im-
primé de la précieuse collection d'estampes, et de Ia
collection de tableaux il n'y a qu'un mauvais petit.
catalogue de 30 pages, sans notices sur les peintres,
sans renseignements sur les tableaux, ni description,
ui signatures, ni provenances, pas même les dimen-
sions'.
1 Depuis que ce livre est a Paris entre les mains de 1'impri-
meur, il a paru — il vient de paraitre — un nouveau catalogue (en hollandais) qui correspond enfin a 1'importanco du musée d'Amsterdam. Ce catalogue est fait sur Ie plan de celui de Paris, et contient, de plus, comme celui de Vienne, les fac-simile des signatures, que nous avions relevées nous-mèmes avec tant de peine. Nos observations et nos critiques sur Tanden catalogue ne sont donc plus qu'un souvenir, qui fora valoir d'autant Ie nouveau travail publié par la commission d'Amsterdam. Nous regrettons toutefois de n'avoir plus été a temps de modificr cer- tains passages de ce livro. Dans 1'impossibilité do remanier toute la composition typographique, nous avons pris Ie parti |
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i MUSÉE D'AMSTERDAM.
Ce catalogue de tableaux (en hollandais el en
francais, 1855) contient, sous Ie titre d'École hollan- daise, parmi laquelle sont mêlés les Flamands, 344 nu- méros;—sous Ie titre d'Écoles divcrses, \ 8 numéros: sept noms d'Italiens, trois noms d'Espagnols, deux noms d'Allemands, un nom de Francais; —et, sous Ie titre de Maitres iaconnus, 40 numéros, presque tous portraits. Un nouveau local, un nouveau classcment des
tableaux, un nouveau catalogue détaillé, voila ce qu'il faudrait d'abord pour 1'honneur de la Hollande artiste, qui devrait avoir a coeur d'éclaircir et de vul- gariser 1'histoire de sa glorieuse école du dix-sep- tième siècle. L'examen complet et sérieux du musée d'Amster-
dam dans ses conditions actuelles est donc très- embarrassant. J'ai eu envie d'abord de refaire Ie catalogue, ta-
bleau par tableau, en suivant 1'ordre alphabétique et de laisser Ie texte tel quel, en ajoutant seulement quelques
notes explicatives ou complémentaires. Nous sommes heureux, d'ailleurs, que les rédacteurs du
catalogue aient utilisé beaucoup de nos remarques et critiques, que nous avions communiquées a M. Engelberts, et que lo nouveau catalogue nous donne raison sur Ie faux van Balen, porté aujourd'hui, conformément a nos indications, a van der Venne, sur les faux van Eyck et les faux Brouwer, qui ont disparu, et sur une foulo de points que nous signalerons en note dans Ie cours de ce livre. |
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MUSÉE D'AMSTERDAM. a
Ie numérotage; ce serait assiirément la i'onne qui
se prêterait Ie mieux a la rectificatioii des dates faus- ses, accolées aux nonis des peintres, a la rectifica- tioii des attributions bien souvent erronées, a 1'ad- jonction nécessaire d'une foule de docuinents; mais un pareil travail n'intéresserait qu'un petit nombrc de critiques et d'amateurs, et serait fort ennuyeux pour la plupart des artistes, a qui suflit la descrip- üon des ceuvres saiüantes. Faire une simple promenade au milieu de tant de
belles cboses, et noter au hasard cc qui frappe Ie plus, serait une autre methode plus aisée et plus amusante saus doute , mais peu instructive , quand ce musée d'Amsterdam offre tant d'élémcnts pour étudier dans son ensemble 1'école hollandaise. Afin de concilier 1'intérêt pittoresque, la vivacité
de Timpression, et un certain ordre historique, Ie mieux peut-être sera d'aller droit aux grands maitres et de grouper autour d'eux leurs disciples et imita- teurs, ensuite les peintres qui se rattachent au même genre ou a la mème spécialité; par exemple Rem- brandt, van der Helst et les peintres de grandes coin- positions; Gerard Dov et les petits maitres précieux; Adriaan van Ostade, Jan Steen et les peintres de mceurs populaires et comiques; Terburg, Metsu et les peintres de mceurs élégantes; Aalbert Cuijp et les peintres d'animaux; Jacob Ruijsdael et les paysa- gistes; Willem van de Velde et les peintres de ma- rine, etc, Classification tout arbitraire; mais 1'ordre 1.
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6 MUSÉE D'AMSTERDAM.
stricteraent chronologique a 1'inconvénient de rom-
prc la filiation d'une tnême familie d'artistes, et 1'or- dre alphabétique, dont Ie seul avantage est de facili- ter les recherches dans une norncnclature , n'est que Ie désordre systématisé. Courons donc tont de suite devant Ie tableau Ie
plus célèbre du plus célèbre peintre hollandais, de- vant la Ronde de nuit, de Rembrandt. |
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Rembrandt. — La Ronde de nuit oceupe, de baut
en bas et de travers en travers, tout Ie lanibris droit de la salie principale du niusée et recoit la lumièrc par les fenêtres a gauche. Ce tableau singulier, avec ses vingt-trois figures entières et de grandeur natu- relle, produit un efièt absolument imprévu. Comme il est pose sur une siniple petite estrade en bois, qui ne 1'exhausse que de quatre ou cinq pouces au-dessus du parquet, comme les pieds des personnages du pre- mier plan touchent Ie bord inférieur du cadre, loute cette foule mouvementée semble se précipiter en avant, inarcher dans la mêinc pièce que Ie spectateÉr et venir vers lui. Au bout de quelqucs minutcs, l'il- lusion est telle, qu'on vit avcc eux comme avec des personnes naturelles. Chosc étonnante, que cettc peinture, la plus fan-
tastique qui existe au monde, sans aucune compa- raison, soit en même temps la plus réelle! Tous ceux qui voient pour la première fois la
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REMBRANDT. 7
Ronde de nnit sont d'abord atterrés' et tombent assis
sur uu grand divan pose en face, au milieu du salon. lis restent la un moment, stupéfaits et silencienx, puis ils s'enhardissent et s'approchent a la rencontre de riioinme noir et de 1'homme jaune qui s'avancent en toto de la bande. L'homme jaune est de taille ordinaire, un peu
courte rnême (Sniitli 1'appelle : a short man), et 1'on peut se mesurer a lui, front contre front, cdü contre ccil, pied contre pied. L'homme noir est plus grand, et d'une prestance
très-majestueuse dans sa simplicité; c'est ponrquoi, sans doute, presque tous les écrivains francais, qui n'ont jamais bien compris Ie sujet de la composition, appellent ce brave bomme : Ie bourgmestre'1. Mais c'est Ie chevalicr Frans Banning Kok, ou Cock, ou Coux, seigneur de Purmerlandetllpendain, alorsca- pitainc d'une compagnie de la garde civique, plus tard colonel, et commandant en chef toute la garde bonr- gcoise d'Amsterdam. A la vérité, il ne porie point d'u- niforme militaire, et il n'a pour arme qu'une épée a long pommeau, suspendue a une large écharpe rouge, 1 « C'est peut-être Ie tableau Ie plus étrange que j'aie vu, et
j'en ai vu beaucoup, » dit M. Maxime Ducamp, dans la Revue. de Paris, octobre 18S7.....« II étonne, il éblouit, il écrase....
La couleur est étourdissantc, elle aveuglo, elle est poussée
aussi loin que possible, etc. » 5 Par exemple, feu M. Gustave Planche, dans un article de
la Revue des Deux-Mondes (juillet 1853). |
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S MliSÉE D'AMSTERDAM.
brodée d'or. Sur son pourpoint noir est rabattue une
large fraise plissée; culotte courte, noire; bas bruns. Ses souliers haut montants sont ornés de rosettes en ruban noir. Il est eoiffé d'un chapeau noir, souplc, a grands bords. Sa barbe est tailléc a la mode Louis XIII. 11 s'en vient de face, la main droite gan- tée appuyée sur une longue canne. La main gauche, étendue en avant et vue en raccourci par Ie bout des doigts, fait un geste de conversation; car il eause avec 1'homme jaune, qui 1'écoute en tournant vers lui la tête de profil. Celui-ci est Ie lieutenant de la compagnie, Willem
van Ruijtenberg, seigneur de Ylaardingen. Il porte un pourpoint de riche ctoffe couleur citron, et brodée d'or, unc ceinture blanche, des hauts-de-chausses avee rubans aux genoux, des bottes a chaudron, couleur chamois, avec des éperons d'or, des gants safran gla- cés de gris. Son chapeau de feutre jaunatre est oinó d'un cordon en pierres précieuses et de longues plumes blanches qui flottent en arrière. Sa main droite est posée sur sa hanchc; sa main gauche tient horizontalement une pertuisane dont la houppe est bleue et blanche, dont Ie manche est guilloché par des clous de métal. Ces deux personnages principaux sont détachés un
peu en avant des autres, vers Ie milieu de la toile. Derriere eux s'agite la troupe des arquebusiers
sortant en désordre d'une arcade sombre, précédée d'un perron. L'un, au bas des marches, a la droite |
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REMBRANDT. 9
du capitaine et presque sur Ie même plan, marchc en
chargeant son arquebuse; il est tont écarlate, snuf des bas couleur tabac d'Espagne et une plume orangc sur son chapeau pourpre; sa poudrière, longue corne suspendue a une chaine de métal, est portee par uu gamin, affublé d'un casque, et qui court a son eóté, faisant glisser sa niain sur une rampe en fer, tjui aboutit sans doute a un escalier par oü va desccndre toute la compagnie. C'est Ie bord extreme du tableau, a gauche du
spedateur. Au-dessus du gamin, un hoinme casqué et tenant
perpendiculairement sa longue hallebarde, un des sergents peut-être, est assis sur une balustrade en pierre, la cuisse droite allongée, et Ie pied perdu der- riere 1'homme rouge. Cette figure est un peu coupée par Ie cadre. A 1'autre extrémité du tableau, a droite, est Ie
tambour Jan van Kanvpoorl, aussi coupé en partie par la bordure; on ne voit que la moitié de sa bonne grosse tète', coiffée d'un chapeau a bords retroussés, 1 M. Maxime Ducamp {Revue de Paris), préoccupó sans
doute de je ne sais qviel idéal italien, n'airae pas beaucoup co tambour, « homme déja vieux, a la face épatóe, un buveur sans doute, pour ne pas dire un ivrogne,.. » ni Ie capitaine, « laide figure, rouge et enhiminée matgré sa maigreur,... etc.» — Cette antipathie contre la grossièreté du style de Rembrandt est d'ailleurs endémique chez presque tous les écrivains fran- cais : « La Ronde de nuit allait bien au génie réaliste et quel- |
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10 MUSÉE D'AMSTKHDAM.
et son bras droit qui frappe la caisse, vivement
éclairée. Un peu au-dessus de lui, un de? sergents, sa halle-
barde sur l'épaule gauche, etend Ie bras droil par mi signe de commandement; vêtement noir, large fraise tuyautée, grand chapeau noir avec un haut panache de plumes brunes; tète sérieuse et superbe. Toute cette droite du tableau, entre Ie lieutenant
et Ie tambour, est dans Ie clair-obscur. On y apercoit, derriere l'épaule du lieutenant, un homme casqué qui tient en joue son arquebuse comme s'il allait tirer; au-dessus de la main du sergent, un homme en chapeau rond ti plumes droites, en costume gris verdatre; quelques autres tètes en casque ou en cha- peau ; et au-dessus d'eux une forêt de piques; il y a encore beaucoup de monde qui vient par la. — Contre Ie tambour aboie un chien perdu dans 1'ombre. Le cceur de la composition, oü se concentre sur-
tont 1'effet lumineux qui balance 1'importance des deux principaux personnages, est entre le capitaine et 1'homme rouge. Cest d'abord un jeune arquebusier qui fait un
brusque écart derriére lc capitaine; on ne voit de lui qu'une jambe allongée de profil et une partie de son |
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que peu grossier do Rembrandt, dit M. Viardot (les Musces
de Hollande)... Le sujet n'exigeait que la vérité vraie, sans noblesse, sans idéal, sans expression... pure et simple repro- duction des choses matérielles... etc. » |
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HEMBRANDT. M
casque orné de feuillages; mais, entre les tètes du
capitaine et du lieutenant, parait Ie bout de sein ar- quebuse avec lc flamboiement du coup qui vient de partir; un honune en toque brune a crevés cherche a écarter 1'arme. C'est, sur la première marche du perron, une
petite fille, Ie cor|)s de profil a droite, la tête de trois quarts, couronnée de pierreries, grosses perles aux oreilles, pierreries et diamants a sa pèlerine d'un ton indescriptible vert jaune bleuté, a sa ceinture oü pen- dent une sorte d'aumónière et un coq mort. Tout cela, en lumière folie, éclate, éblouit, entre l'homme noir et l'homme rouge, sur Ie fond soinbre. Derriere la chevelure dorée de cette singuliere
petite fille, bien mystérieuse au milieu de sou rayon de soleil, on finit par distiuguer une joue, un bout d'oreille et un coin d'ceil; c'est uu petit garcon qui est la et qui accompagne la blondine. Il y a des pein- tres qui ont copié Ie tableau sans avoir jamais décou- vert ce bambino. Car la petite fille est si radieuse qu'elle éclipse autour d'elle tous les objets. C'est comme ca quelquefois dans la nature : quand
un vif coup de soleil frappe sur unpointet l'illumine, tout 1'entourage échappe a la vue; quaud on entre subitcment dans une pièce très-éclairée de lustres et de girandoles, on ne voit d'abord que la lumière. Au-dessus de cette fantasmagorie se dresse Ie porte-
drapeau, Jan Yisser Cornelissen; pourpoint, cein- ture et ïnanteau, d'un vert bleu gris, brodés et bordes |
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12 MUSÉE D'AMSTERDAM.
d'or, large chapeau gris a plumes blanches et brunes;
il tient haut son vaste étendard, et sa tête vue de face domine toutes les autres. Entre les tètes qui s'échelonneut a cc troisième
plan, on remarque encore, au-dessus ducapitaine, celle d'un homme en pourpoint bleu, avec un haut chapeau gris a plumes vertes, attachées au cordon d'or par une pierrerie; au-dessus de 1'homme rouge, une belle tête d'homme a barbe, avec un large col blanc uni et un chapeau a grands bords retroussés; deux ou trois autres tètes d'hommes casqués ; puis, Ie reste s'éteint sous les profondeurs de 1'arcade; au sommet du pilier droit (jui la supporte, on devine seulement un grand écusson sculpté. C'est sur eet écusson que sont inscrits les noms du capitaine, du lieutenant, du porte-drapeau, des deux sergents, du tambour et de onze arquebusiers, en tout dix-sept noms. Mais, pour les lire, il faut une échelle d'abord, et ensuite une loupe, car les caractères sont presque indéchiffrables dans cesténèbres. La signature, tracée au contraire dans des flots de
lumière, est aussi assez difticile a lire et mème a trou- ver. Ellc est sur la première marche du perron, entre Ie pied de la petite fille et la jainbe du jeune arquebu- sier qui tire son arme. Cette signature, en pleine patc écrasée ensuite par des touches superposées el un der- nier glacis de bistre et d'ambre, porte: liembrandt, f. 1042, \edei let presque confondus. Rembrandt,puis- qu'il est né en 1608, n'avait donc que trente-quatre |
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HEMBRANDT. 13
ans lorsqu'il termina ce chef-d'oeuvre. Il est vrai qu'il
avait déja fait, dix ans auparavant, un chef-d'ocuvre d'un autre genre, la Lecon d'anatomie, qui est de 1632. Et maintenant, que font tous ces hommes? d'oii
viennent-ils? et oii vont-ils? Nous savons déja qui ils sont: la compagnie d'ar-
quebusiers du capitaine Gock, et il est entendu que toutes les tètes principales sont des portraits d'après nature. lis vienncnt de leur doele, ou doelen, du local de
leur corporation. Toutes les gildes professionnelles, toutes les assc-
ciations civiques, toutes les compagnies d'arquebu- siers et d'arbalétriers avaient leur maison oü elles se réunissaient pour leurs affaires communes ou pour leurs plaisirs. Les maisons des tireurs a 1'ar- quebuse ou a 1'arbalète s'appelaient Doelen, qui veut dire tir. La grande arcade sombre est une porte intérieure de 1'établissement. Lc lieu ou ils sont est encorc une vaste salie inlérieure, d'oü ils vont sortir en plein air par 1'escalier qu'on devine a gauche. La lumière est pourlant si bizarre, si phénoménale
au premier aspect, qu'on a souvent pris eet efl'et pour un efl'et de nuit, et c'est la sans doute ce qui a con- tribué a faire baptiser Ie tableau du nom absurde : la Ronde de nuit. Mais, quand on a bien étudié et bien compris la
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14 MÜSÉE D'AMSTERDAM.
composition, on constate que cette lumière, a laquelJe
Ie génie du peintre a donné assurément un caractère magique, n'en est pas moins très-juste et très-natu- relle. Elle vient de gauche, ]>ar de hautes fenêtrcs qu'on ne voit pas dans cettc sorte de halle anx voütes extrêmement élevées, comme 1'indique 1'immense ar- cade dont ]c sommet est rasé par Ie cadre. La scène se passé « in a lofty hall, » ainsi que 1'a très-bien dit Smith. C'est donc la lumière du soleil, du plein so- leil, inondant les points sur lesquels ses rayons frap- pent par les ouvertures; ce qui fait paraitre plus som- bres les espaces oü ne glissent pas directement les rayons. La direction de Ja lumière est nettementdétermi-
née par une bizarrerie qui saute aux yeux et que tout Ie monde remarqtie : la main avancée du capitaine, se trouvant dans Ie rayon solaire,faitune siJhouetteen pénombre sur la basque de la casaque jaune-clair du lieutenant qui est a droite ; et en observant toutes les parties du tableau, tous les groupes, tous les détails, il n'y a pas une sculc contradiction a eet indice. Tout est correctement éclairé de gauche a droite, un peu de liaut en bas, un peu d'avant en arrière '. 1 Faute d'avoir compris Ie sujet de la scène et Ie lieu oü
elle se passé, M. Ducamp, que nous citerons encore parce qu'il est Ie dernier critique francais qui ait écrit quelques pages sur les musées de la Hollando, déclare quo « la facon dont Rembrandt a distribué la lumière clans cette toile est tout a fait arbitraire... Le vrai soleil du tableau, 1'astro éblouis- |
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REMBRANDT. lii
Mais oü vont-ils en pareillc cohue, avec eet air de
fète et cette joycuse animation ? La-dessus on a essayé des explications diverses. L'auteur de VHistoire d'Amsterdam', Wagenaar,
rappelle que, dans 1'année oü fut peint Ie tableau, «Ie 14 mai 1642, il avait été ordonné que la milice bourgeoise se tint prète pour une revue Ie soir du 29, sous peine de 25 ilorins d'amende... C'était a 1'occa- sion de la visite du prince d'Orange qu'on attendait avec la fille dej Charles Ier, roi d'Angleterre, la prin- cessc Mary, qu'il venait d'épouser.». Le tableau repre- senterait donc le moment oü Ie capitaine Frans Ban- ning Cock et ses arquebusiers quittent leur doele « pour aller a la rencontre des illustres voyageurs. » Cettc interprétation a été adoptce par un auteur sant qui projette ses lueurs et d'oü rayoiine une lumière essen-
tielle... est une petite fille qui court... On n'est pas d'accord sur ceci, » ajoute M. Ducamp: « 1'artiste a-t-il voulu représenter une scène de nuit ou une scène de jour'? » — Quoique grand admirateur de Rembrandt, M. Ducamp fait beaucoup de ré- serves, et mème beaucoup de critiques sur la Ronde de nuit, qui cc manque de charme et de sérénité; » il y trouve « des exagérations inutiles en la brosse, des effets conquis a force de recherches, des négligences intentionnelles, il est vrai, mais blamables... Rembrandt semble presque en décadence sur lui-mème, car 1'exagération outrée n'est souvent que de la fai- blesse... Rembrandt aété payé par un certain nombre de mi- liciens pour faire leurs portraits. Trop emporté par ses rêve- ries de clair-obscur, il n'a point donné a son tableau la colo- ration que le suJBt exigeait... etc, etc. » 1 Beschrijving van Amsterdam, elu. |
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f KUNSTHISTORISCH liJSIliUUT ]
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16 MUSÉE D'AMSTERDAM.
anglais, M- Nieuwenhuis, dans son livre publié a
Londres, en 1834, et par bien d'autres. Mais cela, néanmoins, n'est qu'une conjecture, que repousse M. Scheltema dans son savant travail sur Rembrandt (Amsterdam 1853). Selon lui, et selon nous, les ar- quebusiers s'on vont tont simplement tirer au hut, quelque part, horsdelavüle, et lapetite fille avec son co([ porto peut-être un des prix dos vainqueurs. De toute 1'acon, il sorait donc niieux do nommerle
tableau : la Sortie des arquebusien. Mais comment changer un nom depuis si longtomps populaire dans toutes los langu os ? Los llollandais cux-mêmes appel- lent leur chef-d'ocuvrc de Rembrandt : de Nacht- wacht; les Flamands: te Night/juard; los Anglais,— Reynolds on 1781, Smith en 1836, etc, — theNight- ivatch; les Francais, au dix-huitièine siècle, 1'ap- pelaient: Ie Guet, la Garde de nuit, la Patrouille de nuit; et aujourd'hui lc titre consacré est: la Ronde de nuit, quoiqu'il ne s'agisso pointde ronde, ni de guet, ni de garde, ni de patrouille, et qu'il fasse plein jour. La Ronde de nuit, sans qu'on sache précisérnent
pour qui olie a été pointe, ni oü olie fut placée prinii- tivement, — sans doute dans Ie doele de la compagnie du eapitainc Coek, — so trouvait, dès Ie commencc- ment du dix-huitième siècle, a 1'ancien hotel de ville, dans la potitc salie du conseil de guerre, qu'elle a quittée seulemont vers 1808, pour passer au muséo. Il y a plaisira rencontror dos tableaux qui n'ont été
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REMBHANDT. 17
reunies que trois fois en trois siècles, qui n'ont jamais
subi Ie caprice des possesseurs successifs et que la patte des restaurateurs n'apoint maculés. La Ronde a pourtant été restaurée a diverses reprises, et tout ré- cemment, en 1852, inais avee unc habileté discrete, par M. N. Hopman, d' Amsterdam. EU e est d'ailleurs dans un état parfait de conservation, quoique, dès 1781, Joshua Reynolds, trompé sans doute par quel- ques chancis, ait prétendu que la pate en était très- détériorée. Une autre question, assez douteuse, est celle de sa-
voir si ce tableau n'a pas été plus grand qu'il n'est aujourd'hui. Une eau-forte de Lambert-Antoine (11 aessens, d'An-
vers, plusieurs fois reproduite par la lithographie, ajoute, en eff'et, a la gauche du tableau, deux figures debout et qui regardent, derriére la balustrade sur la- quelle est assis Ie sergent casqué; a droite aussi, la tète du tarabourest entière, au lieu d'être coupée a moitié par la bordure; en bas, il y a un peu plus de parquet en avant du pied du capitaine; en haut, uu jieu plus de miir au-dessus du drapcau. Un auteur très-consciencieux, qui écrivait, au dix-
huitième siècle, la Description artistique et histori- que de toutes lespeintures de l'hótel de ville, etc.', J. van Dijk, a consigne dans son livre ce rensei- 1 Kunst en historiekundige Beschrijving van al de schil-
derijen op liet Stadhuis van Amsteldam, etc. 2.
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18 MÜSÉE D'AMSTERDAM.
gneinent: « II est déplorablc qu'on ait tant retranché
de cc tableau, pour pouvoir Ie placer enlre deux portes; car il y avait a droite deux iigures de plus, et a gauche 1'homme au tambour était entier, comme on peut Ie voir sur lc modèle authentique (1'esquisse originale), actuellement dans les mains de M. Boen- dermaker. » C'est sans doutc d'après cette esquisse, originale ou non, dont on a perdu les traces, qu'a été gravée 1'eau-forte de Claessens. Un des directeurs du muséc, vieil amateur qui a
fait souvent lui-même, quoiqu'il soit banquier, d'ex- cellentes copies des maitres, et qui a vu la Ronde quand clle était encore a 1'hötel de ville, il y a plus d'un demi-siècle, M. Praetorius, m'aditqu'il ]'avait toujours connue telle qu'elle est encore a présent. La mutilation aurait donc été opérée, comme Ie rap- porte van Dijk, au moment oü Ie chef-d'oeuvre fut installé dans Ia petite chambre du conseil de guerre. Maisencore cst-il sur qu'ü y ait eu mutilation?Les
deux figures en plus dans 1'eau-forte de Claessens ne sont guère rembranesques; et pourquoi neretrouve- t-on pas la première esquisse, si précieuse, que possé- dait M. Boendermaker ? Smith, ordinairement si bien renseigné, et si enthousiaste de Rembrandt, ne signale, a la suite de la Ronde denuit, qu'une «tres- excellente copieen petit, attribuée a Rembrandt dans la collection Randon de Boissct, oü elle futvendue, en 1777, 7,030 francs; attribuée aussi quelquefois a Gerard Dov. » Après avoir passé probablenicnt dans |
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REMBRANDT. 10
la collection de M. Gcorge Gillows, cette copie ou es-
quisse, sur panneau, était, du teinps de Sniith, chez M. William Brett. Elle, a cnviron 2 pieds 1 pouee de liaut, sur 2 pieds 8 pouces de large. Quoi qu'il en soit de cette mutilation supposéc, Ie
grand tableau d'Amsterdam, que j'ai mesure nioi- mêmeavcc Ie conservateur, M. Engelberts, a main- tenant 3 mètres 59 centimètres de haut, et 4 mètres 36 centimetres et demi de large1. Il n'a jamais été gravé, sauf 1'eau-fortc de Claessens, mais il a été lithographié, très-mal, plusieurs Ibis, et très-bien, tont récemment, par M. Mouilleron2. Ce qu'i] fau- drait de ce chef-d'ceuvre, c'cst une photographie, bien venue, si c'était possible avec de si merveil- leuses dégradations des teintes et surtout avec des jaunes et des rouges doininants. La France devrait aussi s'cn donner une copie, de
la dimension de l'original, de mème qu'elle a des co— ]>ies l'aites au dix-septièine siècle, des Raphaël du Ya- ücan, et une copie, par Sigalon, du Jugement der- nier de Michel-Ange a la Sixtine. Il y a tin peintre francais dont Ie talent se prêterait peut-être a repro- duire la Ronde de mat, c'est M. Jeanron, qui a souvent copie des Rembrandt dans leur vrai carac- tère. 1 Le nouv. cat. donno pour mesure : 3,o9 de haut, et seu-
loment 4,3b de large. * On en trouve uno gravure sur bois dans YHistoire des
peinlres de toutes les ècolcs, a la biographie de Rembrandt. |
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La réputation de la Boude de nuit est universelle.
Les Hollandais, les Anglais, les Allemands, en ont écrit avec un enthousiasme prodigieux; les Francais aussi 1'estiment beaucoup sans doute, quoiqu'il n'y en ait daus leur langue aucunc descriptioii exacte. M. Nieuwenhuis, dans sou livre déja cité, appelle ce tableau : unc des merveilles du monde [one of the toonders of the ivorld, et Rcnibrandt, Ie plus par- fait coloriste qui ait jamais existé : the most perfect colourist that ever existed). Smith 1'appelle une oeuvre cxtraordinaire, tmique, disant qu'il ne connait aucune peinture plus parfaite comme clair-obscur, comme couleur, comme cxécution. Très-embarrassé d'cn faire 1'estimation, il hasarde Ie chiffrede 6,000 li- vres sterling (plus de 150,000 francs). Mais, si au- jourd'hui on mettait la Ronde de nuit aux enchères de 1'Europe, elle approcherait du million, car assuré- ment elle vaut bien plus que la belle Vierge aux Am/es, de Murillo, payée, a la vente Soult, 615,300 francs. CEuvre unique, en cffet,' que ccttc Ronde de nuit,
et qui, malgré son originalité presque folie, rappelle trois ou quatre des plus grands maitres : Corrége sur- tout, Giorgione et Titicn, Yelazquez. La petite fille lumineuse est comme Corrége, oui! dans les mor- ceaux les plus radieux du peintre de Panne. Aussi cette analogie est-elle signalée par j\1. Waagen, de Berlin, et par les connaisseurs raffinés. L'homme rouge pourrait être de Titien ou de Velazquez; oui! |
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REMBRANDT. -21
dans ces deux coloristes prestigieux, il n'y a point de
tons plus fantasques et plus justes en mème temps, comme éclat de lumière en certaines parties, ailleurs comme reflet de couleurs environnantes, ailleurs comme transparence de clair-obscur. Giorgione en- corc pourrait avoir peint cette éfoffe écarlate, brisée par des demi-tons vigoureux. La manche a crevés du tambour rappelle tout a fait, par ses harmonies bron- zines, Ie bras élevé de la Fille du Titien, qui porte un plat de fruits dans Ie tableau du musée de Berlin, et une cassette dans la répétition, provenant de 1'an- cienne galerie d'Orléans et appartenant a lord Grey. D'autres tètes, celle du sergent, au-dessus du tam- bour, celle de 1'homme a barbe, au-dessus de 1'ar- quebusier rouge, ont quelque chose de van Dijk, dans sa maniere flamande, raais avec plus de solidité et de profondeur. Chose étonnante! Rembrandt, qui fait quelquefois
penser aux maitres italiens et espagnols, n'éveille ja- mais Ie souvenir de Rubens. Ces deux voisins sont pourtant considcrés comme étant de la même école par la plupart des écrivains francais, qui souvent les rapprochent sous Ie nom commun de « grands Fla- mands, » ou de Néerlandais. 11 n'y a pas dans toutcs les écoles deux peintres
qui différent plus 1'un de 1'autre que Rembrandt et Rubens: cc sont précisément les contraires: 1'un est un pcintre concentré, 1'autre estun peintre étalé; 1'un cherche la simplicité caractéristique, 1'autre une |
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22 MUSÉE D'AMSTKHDAM.
somptuosité ambitieusc ; 1'un ménage ses efï'ets, 1'au-
tre les prodigue aux quatre coins de ses toiles; 1'un est tout en dedans, 1'autre tout endebors; 1'un est mystérieux, profond, insaisissable, et yous fait replier sur vous-même: toute peinture de Rembrandt, mème connuc d'avance par des descriptions ou des estam- pes, cause toujours, quand on la voit jiour la pre- mière fois, une indéfinissable surprise; cen'est ja- mais ce a quoi on s'attendait; on ne sait que dire; on se tait et on réfléchit; — 1'autre est expansif, entrainant, irrésistible, et vous fait épanouir: toute pcinture de Rubens communiqué la joie, la santé, une exubérance extérieure de la vie. Devant Rembrandt on se rccueille, devant Rubens on s'exaltc. Grands magiciens tous deux, mais par des pro-
cédés absolument inverses. lis sont 1'un a 1'autre ce que sont chez les Ita-
liens Ie Vinci et Ie Yéronèse. Pour qui connait a fond Rembrandt, ce n'est point
un paradoxe de dire qu'il a certaines qualités du Vinci; que son tourment, comme celui de Léonard, est l'expression de la physionomie intime; que ce caractère significatif il 1'a cherché, trouvé et gravé, sur des types du Nord , comme Léonard sur les beaux types de 1'Italie. Par ce cóté-la, incontesta- blement, il a quelque chose du peintre de la Jo- conde. Ses analogues dans 1'école italiennc, on peut en convenir volontiers, sont cependant plutót Cor- rége, Giorgione et Titien, que Léonard, de même que, |
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REM BRANDT. 23
dans 1'école espagnole, celui qui se rapproche Ie
plus de lui, c'est Yelazquez. Quant a Rubens, il est Ie frère de Paul Véronèse,
sauf aussi la diflërence des types. Leurs instincts, leurs methodes, leurs résultats, leurs génies, sont les mêmes. On n'a jamais rcmarquc que Rembrandt et Ru-
bens n'ont eu aucune relation ensemble, quoique contemporains; car,' s'il y avait trente ans de dis- tance entre leurs ages, Rembrandt cependant conquit la célébrité presque des son arrivée a Amsterdam en 1630, ou du moins des 1632 après la Leqon cl'ana- tomie^ et Rubens ne mourut qu'en 1640. Les deux maitres, qui n'étaient pas bien loin 1'un de 1'autre, d'Amsterdam a Anvers, auraient pu se connaitre. Il y avait unc circulation assez frequente de 1'école d'Anvers a celle d'Amsterdam, et réciproquement. Jan 'Lijvens entre autres, Ie condisciple, 1'ami et Ie sectateurde Rembrandt, a aussi étudié só-usriniluenee de Rubens. 11 ne parait pas cependant que Ie maitre llamand et lc maitre hollandais aient échangé au- cun témoignage de sympathie. Rembrandt, il est vrai, dans sa precieuse collection, avait un carton d'esquisses de Rubens et un choix de gravures d'a- près Rubens, parm i ses oeuvres de Raphaël, de Michel- Ange et des autres grands artistes; maïs Rubens, qui possédait pourtant quelques Hollandais a cóté de ses Véronèse et de ses Titien, n'avait pas Ie moindre croquis de Rembrandt. Peut-ètre Ie Flamand semi- |
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24 MUSÉE D'AMSTERDAM.
italianisé n'estimait-il pas a juste valeur son naïf et
sauvage compère des Provinces-affranchies.
Le cataloguc du musée d'Amsterdam ne donne
que deux lignes sur le chef-d'oouvre de Rembrandt: « N° 228. La garde civique d'Amsterdam, connue et renommée sous le nom de la Garde de nuit. » C'est tout'. Le second tableau de Rembrandt au musée d'Ams-
terdam est intitulé dans le catalogue : « Les Syndics de 1'ancienne Corporation des marchands de drap a Amsterdam. » Les Hollandais le nomment: de Staal- meesters, les maitres plombiers, ceux qui mettaient 1'estampille, la marque de plomb scellé, ou la pla- que de métal, pour constater dans la gilde des dra- piers 1'origine de la fabrication ou 1'acquit de cer- tains droits. Il provient du local de la Corporation (nominé le Staalliof, dans la Staalstraai) et appar- tient, ainsi que la Ronde, a la ville d'Amsterdam. Avec ces Syndics, qui sont dates de 1661, avec la
Ronde (1642), avec la Lecon d'anatomie (1632), que nous trouverons au musée de La Haye, la Hol- lande, qui a perdu presque tout l'oeivvre de Rem- brandt, 500 tableaux , possède, du moins, précisé- ment les trois chefs-d'oeuvre caractérisant le mieux lesmanières successives du niaitre, ses trois manières, 1 Lc nouv. cat. en donne une description complete, avec une
partie des documents qui s'y rapportent. — De même pour les Syndics (de Staalmeesters), qui suivent. |
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REMBRANDT. 25
si 1'on veut: la première, assez sobre, un peu froide,
très-réelle; la seconde, d'une originalité et d'une fantasquerie extrèmement poétiques; la troisième, large et abondantc, süre d'elle-même, tout a fait magistrale. Le Louvre a un tableau de cette an- née 1661 : l'Évangéliste saint Matthieu (n° 406). A partir de cette date, Rembrandt n'a plus changé; seulement il a un peu exagéré et alourdi 1'ampleur de cette pratique, dans les années qui precedent sa mort (1669). La toile des Syndics a pres de 9 pieds de large sur
pres de 6 pieds de haut; je n'ai pas la dimension exacte; Smith donne en mesure anglaise: 5 pieds 11 pouces de haut et 9 pieds de large'. Les figures, de grandeur naturelle, sont vues jusqu'aux genoux. Les Hollandais nomment les compositions peintes dans cette proportion : kniestuk; les Allemande : kniestück ; les Anglais : kneepiece. Les syndics sont au nombre de cinq. Trois sont
assis de 1'autre cöté d'une table qui occupe une partie du premier plan et coupe ces trois figures a la hauteur du buste. Cette table, couverte d'un gros tapis orien- tal, rougeatre, déborde presque hors du tableau. L'homme assis a droite, le corps un peu de travers, tient de sa main gauche un sac pose sur la table, le sac des estampilles sans doute. Devant les deux au- 1 Le nouv. cat. donne pour mesuro : 1,85 de haut, sur
2,74 de large. |
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2G MUSÉE D'AMSTERDAM,
tres est un livre ouvert; 1'un, la main renversée a plat
sur les feuillets du livre, explique quelque chose a une assemblee qu'on ne voit pas; Ie troisième tourne de la main un feuillet. Tous trois regardent en avant, et avec des expressions variées, vers cette réunion de leurs confrères qui sont censés hors du cadre, a la place d'oü précisément on eontemple Ie tableau; si bien que ces braves syndics ont l'air de vous parier et de vous provoquer a répondre. Il faut que la discus- sion soit d'importance et assez animée; car celui qui tient Ie sac s'impatiente, on Ie devine a un léger fron- cement du sourcil, et il semble pret a se lever pour s'en aller; celui qui parle cependant a l'air très-satis- fait de ses arguments, et son voisin exprime sur sa physionomie : — Hein! qu'avez-vous a dire a cela? Cest sans réplique. Tous trois, de mème age a peu pres, autour de qua-
rante ans, portent Ie même costume : pourpoint et petit manteau noirs, rabat blanc uni, grand chapeau a bords souples, et vaste perruque a longues boucles tombantes; car, hélas ! depuis vingt ans, depuis 1'é- poque de la Ronde, les costumes ont changé, les su- perbes costumes nationaux ont disparu ! Il se trouve que Rembrandt, durant sa carrière de
peintre, a du se conformer a trois modes de la mode: lors de son commencement, vers 1630, on portait encore les belles collerettes tuyautées et fermes en l'air, du seizième siècle; puis, la mousseline, per- dant son empois, la fraise se rnbattit, molle et plissée, |
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REMBRANDT. 27
sur Ie pourpoint; ce qni conduisit au rabat uni,
coupé carrérnent sur lc sternum, a peu pres comme celui des magistrats et procureurs d'aujourd'hui. En mème temps s'introduisit 1'horrible perruque Louis XIV. La barbc aussi, en cct-te periode, subit trois révolu-
tions : a 1'époque de la Lecon d'anatomie, il y avait encore des barbes entières, qui d'ailleurs tinrent bon chez certains excentriques et ne tombèrent tout a fait qu'a la fin du siècle; mais déja on se rasait un peu a la hauteur de 1'oreille, et la mode était une barbe carrée descendant du menton, presque dans la coupe des Assyriens, tels que les représente leur antique statuaire. Le professeur Tulp (1632) et tous ses au- diteurs ont la barbc taillée ainsi, excepté un seul qui a la barbe entière. Dans la Ronde, il y a quelques barbes entières, des barbiches carrées, et des mous- taches avec la longue mouchc Louis XIII. Chez nos trois syndics a perruque, la mouchc est effacée, il ne reste qu'unc légere moustache. Bientöt même, le ra- soir enlèvera ces derniers poils. On voit que la révo- lution avait en Hollande les mêmes episodes qu'en France. La France a toujours donné le ton a 1'Europe en
ces graves matières de barbes et de perruques, de fraises et de paniers. Nous en sommes donc la, en 1661, chez les Hol-
landais. La grande époque originale de la Hollande est déja passée, et ne reviendra plus. |
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28 MUSÉE D'AMSTERDAM.
Le quatrième syndic est un vicillard assis dans un
fauteuil a gauche, et vu presque de dos, la main droite appuyée sur le bras du fauteuil; mais il re- tourne la tète de trois quarts, avec unc certaine hau- teur assez fiere, vers 1'asseinblée invisible, 011 semble ètre le foyer du debat. Il peut avoir environ soixante- dix ans. Vieillesse ne souffre pas volontiers coutra- diction. Il va sans dire que ce \ieux ragcur n'a pas adopté la perruque francaise et qu'il protcste par ses eheveux d'argent contre 1'importation étrangère. A sa barbc Manche il a conservé non moins fidèlement la coupe en pointe. Son col aussi n'a pas pu descendre encore a la fonne du rabat et se bifurque en avant sur deux ailes latérales. Une vive lumière frappe de gauche cette vieille tète caractérisee et en modèle tous les accents. Le cinquième, jeune homme de vingt-cinq a
trerite ans, pcut-être lc fils du vieillard, a qui il res- seinble un pen de loin, est naturellemcnt, a cause de son agc. plus impatient que les autres, et il se leve a demi entre le vieux et celui qui parle. Son regard va chercher également une assemblee fantastique. Comme le père, il s'est refusé a la perruque; il se con- tente de ses eheveux naturels, et il a toujours la pointe de barbe au menton. L'un et 1'autre sont d'ail- leurs en noir et portent le mème grand chapeau traditionnel (pje la perruque n'a point encore fait sacrificr a leurs trote compères. Derriére ces cinq figures principalcs, rangées
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REMBRANDT. 29
'prcsquc sur lc même plan, d'un cöté a 1'autre du
tableau, une sixième figure, debout a quelque dis- tance, regarde aussi en souriant. Cet homme, dont la physionomie est fine et caustique, a la tète nue et de longs cheveux tombant sur les épaules. C'est un des servants de la Corporation. Le fond est une espèce de boiscrie qui lambrisse
la piècc, et a laquclle, tout a fait a droite, au-dcssus de l'homme au sac, est accroché un tableau représen- tant un vague paysage, oü 1'on distingue une tour. Au-dcssus du tableau et d'une petite corniche est la BÜgnature : Rembrandt, f. 1661. Il n'y a rien de plus : ces six figures, le gros tapis
qui tient un quart de la toile et sert de repoussoir, et un fond de lambris uni et neutre. Tout 1'inlérct est dans ces têtes extraordinairement
vivantes, et aussi dans 1'ampleur prodigieuse de l'cxé- cution, dans rharmonie de la couleur, qui est la plus simplc du monde : quatre notes seulement, qui se répondent et se font valoir, avec leurs dièzes et leurs bémols, dans une gamme brune : les chairs, tètcs et mains, et les blancs sont glacés de bistre; les che- veux et les fonds sont glacés de brun; le tapis a du brun dans ses rouges; les noirs ont des reflcts bruns. Cela revient toujours a : ut, mi, sol, ut. Point de discord. Aucune disparate. Un seul effet. La lumicro y est partout cependant et 1'air y circule. Dans la représentation d'une scène réelle, la peinture ne sau- rait aller plus loin, i-
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30 MUSÉE D'AMSTERDAM.
Smith, après avoir décrit assez inexactement les
Syndics, en fait 1'éloge suivant : « La largeur de 1'effet, la puissance de la peintnre, sont stupéfiants; et telles sont 1'energie expressive et naturelle, les chaudes tcintes de vie et de santé qui animent les divers personnages, qu'ils paraissent vivre et respi- rer... lis ressemblent tellcment a la réalité, qu'ils rendent froides et sans yie les ceuvres d'art envi- ronnantes... etc. » Les Syndics ont été gravés a 1'eau-forte par J. de
Frey, a la maniere noire par R. Houston, et tout ré- cemment au burin par M. Kaiser, sur une planche commencée par Couwenberg. Il y en a aussi beau- coup de lithographies. L'ancien catalogue du musée d'Amsterdam, recti-
fié en 1850, attribuait de plus <\ Rembrandt deux tableaux : Ie portrait de Pieter van Uitenbogaard, inscrit aujourd'hui comme étant de 1'école (n° 230), et la Décollation de saint Jean-Raptiste, aujourd'bui porté a Drost, sous Ie ti.tre : Hérodias acceptant la tête de saint Jean-Baptiste (n° 69)'. Van Uitenbogaard, qui était receveur a Amster-
dam, fut en cffet un des amis de Rembrandt. Il lui rendit mème quelques services a 1'occasion de la série de tableaux peints pour Ie prince Frédéric-Henri. Rembrandt a gravé Ie portrait d'Uitenbogaard, a 1'eau- 1 Le nouv. cat. a transporté aux Inconnus Ie portrait de
van Uitenbogaard et conservé VHcrodias a Drost. |
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REMBRANDT. 31
forte, et c'est cela peut-ȏtre qui. lui a fait attribuer Ie
portrait peint, du musée d'Amsterdam. Cettc peinture est très-belle, très-fine et très-forte,
pleine d'expression. Elle n'accuse guère la prs'ique habituelle de Rembrandt, ni mèine celle d'aucup de ges élèves. Elle est d'ailleurs digne du maitre, et très- embarrassante pour les plus profonds connaisseurs. Il ne serait pas impossible qu'elle fut de Rembrandt, dans une des periodes assez caprieicuses de sa pre- mière maniere, oii il a recherche des effets et des pratiques si divers. Car il faut noter que, dès Ie com- mencement de son installation a Amsterdam, van Uitenbogaard était de son entourage assez intime. h'Hérodias seinble bien attribué a Drost. C'est
une peinture extrèmement énergique, exagérant les contrastes d'ombre et de lumière et les brusqueries de la touche, qui caractérisent surtout la dernière periode de Rembrandt. Or Drost, qui est né proba- blement en 1638, n'a pu ctre élève de Rembrandt que vers 1'époque oü Ie maitre, après avoir rompu avec Ie monde, a la suite de ses malheurs en 1656, s'abandonna plus que jamais a la fougue de son talent. Le tableau est en hauteur; les figures, de gran-
deur naturelle, sont coupées aux genoux. Le ton y est superbe, mais il a un peu noirci dans les demi- teintes. Ce Drost est très-peu connu et très-rare. Le cata-
logue de Paris ne le cite point parmi les disciples et |
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32 MUSÉE D'AMSTERDAM.
imitateurs de Rembrandt. Lefcatalogue d'Amsterdam
ne connait pas son prénom, qu'il remplaec par des pointe, et n'indiquc ni date de naissanee, ni date de mort'. Le catalogue du musée de Vienne, qui possède deux tableaux de Drost : Argus et Mercure et un Vieillard faisant lire un petit garcon, 1'appelle Gerhard, et ajoute qu'il vivait vers 1670. Smith 1'ap- pelle R. R. Drost, et dit qu'il mourut en 1690. Il ne signale de lui qu'un tableau « eapital, » a la gale- rie de Cassel2, et il explique la rareté des oeuvres de ee maitre, en supposant qu'a caupe de la bravoure de leur exécution elles ont été souvent prises pour des originaux de Rembrandt et vendues comme tels. Je nc crois pas qu'il y ait un autre tableau de Drost dans toute la Hollande, ni en Belgique, ni en Franee. Peut-ctre 1'Angleterre en possède-t-clle quel- ques-uns; mais, pour ma part, je n'en ai jamais \u dansles eollections anglaises que je connais, a moins que la superbe Adoration des mages. de la galerie de M. Thomas Baring a Londrcs, au lieu d'ètre, comme on le suppose, une répétition par Rembrandt lui-même de VAdoration des mages, de Buckingham Palace, n'ait été peinte par Drost dans 1'atelier et 1 Le nouv. cat. n'en sait pas plus long que 1'ancien, et il
enregistre le nom de Drost fans aucune date, ni renseignement quelconque. 2 C'est une Madcleine, n° 379 du catalogue, oü est enrogistré,
sans autre renseignement, le nom de Drost, mais précédé de deux N.N, au lieu des deux R. R. de Smith, |
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VAN DEK HELST. 33
avec Ie concours de Reinbrandt; cc n'est pas impos-
sible. Van der Helst.— En face de la Ronde de nuit, et
occupant tout lc lambris a gauche dans la même pièce, est un autre chef-d'oeuvre de la grande école hollan- daise: leBanquet des arquebusiers [deSchuttersmaal- tijd), par Bartholomeus van der Helst. Le catalo- gue d'Amsterdam ne lui consacre que deux lignes': « N" 103. Le Banquet de la garde chique a /Vmster- dam, al'occasionde la paix de Munster, en 1648. » Ce tableau, rentoilé, je crois, assez récemment, a
été aussi un pcu restauré, mais avec beaucoup de lé- gèreté et d'adresse, par M. Hopman. 11 a environ IS pieds de large sur 7 a 8 pieds de haut2. Il provient, comme la Ronde, de 1'ancien hotel de ville, oü il or- nait la grande chambre du conseil de guerrc, vis-a- vis la place des Colonels, et, comme la Ronde et les Syndics, il appartient a la ville même d'Amsterdam. La scène se passé dans 1'antichambre du doele de
Saint-George [St. Joris Doele). La sont réunis a banqueter, en 1'honneur de la paix, le capitaine Cor- nelis Jan Wits ou Witsen, le lieutenant Johannes van Waveren, et leur compagnie d'arquebusiers et d'ar- balétriers. Au coin droit de la grande table dressée dans la
1 Le nouv. cat. lui a consacró Irois pages, avec tous les
détails nécessaires. 1 Le nouv. cat. donne : 5,38 sur 2,27. |
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34 MUSÉE D'AMSTERDAM.
largeur de la toile, Ie gros capitaine Wits, assis de
trois quarts, vêtu de noir, avec une cuirasse et une ceinture bleue. Il a les cheveux noirs, et un grand chapeau noir a plumes blanches. De la main gauche il tient appuyé sur sa cuisse un enorme hanap d'ar- gent, ayant en guise d'anse une figure équestre de saint Gcorge, patron de la gilde; cette « corne a boire » [drinkhoorn] est encore aujourd'hui conscrvée au cabinet de Curiosités de 1'hótel de ville d'Amsterdam. De sa main droite il serre la main de son lieutenant, assis pres de lui, et tourné presque de profil. Échange de félicitations sur la paix, sans doute. Le lieutenant van Waveren est aussi très-richement
costumé : pourpoint et hauts-de-chausses gris perle, ouvragés d'or; écharpe bleue, bas verts, bottesachau- dron, et des éperons. Son chapeau noir a des plumes brunes. Derriere eux, trois hommes debout, dont un, le
corps de profil et la tête de trois quarts, tient de la main gauche son chapeau gris a grandcs plumes tri— colores; un quatrième porte une hallebarde; au se- cond plan, arrive une servante avec un large paté surmonté d'un fantóme de dindon. Al'autre angle de la table, a gauche du tableau,
qiielques convives assis boivent, et plusieurs hommes debout, armés d'arquebuses, conversent en avant d'une arcade communiquant avec l'intérieur du doele. Entre ces deux groupes saillante, qui se contre-ba-
lancent aux deux cxtrémités de la composition, sont |
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VAN DER HELST. 33
trois figures, d'une réalité extraordinaire, et les plus
remarquables avec celles du capitaine et du lieute- nant. Au milieu, et un peu en avant, Ie porte-drapeau,
Jacob Banning, assis de trois quarts, la tcte de face, les jambes croisées, son chapeau noir a plumes blan- ches pendant au bout de sa main droite. La main gauche tient Ie drapeau bleu illustré d'une image peinte, et dont Ie haut se perd dans Ie cadre. Il est tout vêtu de noir, avecune large ceinture bleue. Dcvant lui, un tambour sur lequel est un papier oü sont écrits quatre vers du poëte Jan Yos '. A sa gauche, un homme assis, un des sergents a ce
que je pense, pourpoint jaune citron, cuirasse, hauts- de-chausses gris, bordes d'or, bas rouges, bottes molles en buffle, une serviette étalée sursacuisse, tient a pleine main un os de jambon et se retourne vers un hommc debout, qui, chapeau a la main, lui présente respeetueusement un hanap magnifiquement sculpté. Ce vieil échanson a la barbe et les cheveux gris; sur son pourpoint de soie noire, tailladé de jaune, s'étale une large fraise; ceinture rouge, bas jaunes. 1 En voici la traduction : « Le sang répugne a Bellone et
Mars maudit lo bruit du bronze destructeur. L'épée aime le fourreau. C'est pourquoi le brave Wits présente au noble van Waveren la coupe de la paix, pour fêter 1'alliance perpé- tuelle. » — Voyez 1'article sur van der Helst par M. Scheltema, /lans la Revue uniuerselle des Arts, t. V, p. 203. |
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36 MUSÉE D'AMSTERDAM.
De 1'autre cóté de la table sont assis plusieurs au-
tres personnages, celui-ci découpant un poulet, celui- la pelant un citron, etc. En tont, vingt-quatre figures, de grandeur naturelle, en pied, et dont les noms sont inscrits au bas du tableau. Pour fond, au milieu, unc fenètre mi-ouverte, par
laquclle on apercoit des arbres et des rnaisons; a gau- che, 1'arcade qui donnc entree au tir, et une muraille brune. Tout a fait au premier plan, un grand bassin doré, duquel sortent des pampres. Le tableau est signé en gros caractères : Bartholo-
meus van der Helst fecit. A" 1648. Plusieurs des têtes sont prodigieuses de vie, princi-
palement celles de l'échanson a bas jaunes, du porte- drapeau, du peleurdc citron, etc. Les mains ', les étoffes, les décorations diverses, tout est exécuté avec une correction scrupuleuse qui ne sacrilie aucun dé- tail , mais aussi avec une largeur et une justesse de touche, avec une abondance de pate, qui sauvent de la ininutie cette eclatante peinture; trop eclatante par- tout, il faut le dire, et sans parti pris d'ombres et de contrastes, qui, enconcentrant la lumière sur certains points principaux, assurent Turntc de 1'effet. La lu- mière, presque egale d'un bout de la toile a 1'autre, 1 L'auteur de la Description des tableaux de l'ancien hotel
de ville, van Dijk, que nous avons déja cilé, a dit: « Si 1'on prenait toules les mains de ce tableau, et qu'on les jetat pèle- mêle, on pourrait les rapporter loules aux personnes a qui elles appartiennent... » |
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VAN DER HELST. 37
divise trop 1'attention. L'ceil saute d'une figure a un
costume, admire un instant, s'égaro, se fatiguc et ne transmet a 1'esprit qu'une impression multiple. Ch«- que morceau, peint a la perfection, est bien amusant et bien instructif pour les artistes, mais 1'ensemble ne vous saisit point comme la poétique peinture de Rembrandt, qui est en face'. Il est très-curieux de passer quelques hcures entre
ces deux chefs-d'osuvre qui se sont toujours dis- puté la pa/me de la grande école hollandaise et ont souvent excité des fanatismes exclusifs. On se re- tourne de 1'un a 1'autre, on s'étudie, on s'interroge pour chercher a s'expliquer la divergence absolue des impressions qu'ils causent. Tous deux, chacun a sa maniere, poussent la rèa-
lité jusqu'a Villusion. Mais ce rapprochemcnt de mots lui-même prouve qu'il n'y a rien de moins réel que la rèalité en peinture. Ce qu'on appelle ainsi dé- pend de la maniere de voir des individus. Car tantes les combinaisons de 1'effet que peut produire un corps quelconque sont dans la nature, et dans ces combinai- sons, infiniment] diverses, on voit plus ou moins ceci ou cela, selon son imagination iritérieure. Les artistes |
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1 M. Ducamp [Revue de Paris) rabaisse beaucoup ce Ban-
quet de van der Helst: « Je reconnais, dit-il, toutes les qualités qui dominent dans cette vaste composition,... mais... je vois que c'est unepremière toile de troisième ou quatrième ordre... ce n'est point un chef-d'ocuvre... » 4
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38 MÜSÉE D'AMSTERDAM.
vraiment doués de la faculté poétique ont des manières
de voir très-particulières. Ce que Léonard a vu dans
la Joconde, personne ne 1'y eüt vu sans doute. Tous les peintres de la Renaissance se seraient mis a pein- dre ce modèle, que pas un n'eüt fait ce qu'a fait Léo- nard. Est-ce que la Joconde n'est pas la réalité pour- tant? Si tout a coup, sans songer a peinture, on se trouvait face a face avec 1'homme jaune de la Monde, on s'effacerait pour Ie laisser passer avec sa pertui- sane. C'est donc aussi la réalité, mais comme 1'a vue Rembrandt sous un éclair de génie. La maniere de voir de van der Helst, au contraire,
estplus générale,ou plus vulgaire, c'estlcmême mot. Elle s'accorde mieux avec Ie sens commun a la foule. La scène du Banquet apparaitrait ainsi, ou a peu pres, atout Ie monde. Et c'est pourquoi Ie tableau de van der Helst a toujours eu un succes plus universel que Ie tableau de Rembrandt. L'ancicn catalogue du musée d'Amsterdam (1835) n'bésitait même pas a 1'appeler «lc plus excellent de tous les tableaux hol- landais. » M. Duchesne ainé y trouvait tout parfait: « Dans ce chef-d'oeuvre de 1'école hollandaise, com- position , couleur, harmonie , expression , tout est beau, tout est parfait. Van Dijk et Rubens n'auraient pas fait mieux'. » Tout Ie monde n'aime pas la Ronde de nuit, et
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1'on a vu des académiciens faire des si
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r'
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es de croix
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Musée. de peinture et de scutpture, par Réveil, t. X.
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VAN DER HELST. 3Ü
devantcette espèce de sphinx; mais ceux qui 1'aiment,
1'adorent. Le rappi'ochement de ces deux peintures soulève,
par d'autrcs motifs, et sur des points différents quoi- que analogues, les mêmes questions que la comparai- son d'un Raphaël et d'un Rubens. Et, chose singu- liere ! ceux qui sacrifieraient Rubens a Raphaël, « le divin poëte, » sont préciscment ceux qui preferent a ]a poésie sauvage de Rembrandt le réalisme, unpeu banal, de van der Helst. Joshua Reynolds, dans sou Tour in Holland, f'ai-
sant, comme c'est 1'habitude, un parallèle entre ces deux tableaus qui ont toujours été poses en anti- these pres 1'un de l'autre, a commis une cruelle hé- résie contre Rembrandt: « La Garde denuit a trompé mon attente... » Pour être sur qu'elle est de Rem- brandt, il fallut qu'il en eonstatat la signature ! Peut- ètre le grand peintre anglais, qui perdit la vue quelques annces après son voyage en Hollande', ne voyait-il déja plus très-clair en 1781 : il avait alors cinquante-huit ans. Mais il a, du moins, très-bienap- précié le Repas des arquebusiers, de van der Helst, même avec un peu d'exagération : « C'est peut-être, dit-il, le plus beau tableau dportraits qui existe... » Toutes les figures du tableau de van der Helst sont,
1 II s'est représenté lui-mème avec des lunettes, dans plu-
sieursdoses portraits, notamment dans le portrait date 1788, et appartenant a la reine Vittoria. En 1790, il avait perdu un o;il et il dut renoncer a la peinture. |
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40 MUSÉE D'AMSTERDAM.
en effet, des portraits, et qui tous feraient a merveille
dans des cadres séparés. Ce qui n'empêche point, après toutes ces critiques, ou plutot ces explications, que le. Banquet des arquebusiers ne soit en son genre un chef-d'oeuvre, qui devrait avoir une belle place dans une cxhibition eiiropéenne des tableaux les plus saillants de toutes les écoles. Le secrétaire de la société Arti et Amicitice d'Am-
sterdam, M. Kaiser, a publié récemment une grande gravure tres-correcte et très-habile, du Banquet des arquebusiers. Le second tableau important de van der Helst au
musée d'Amsterdam est un autre tableau de doele, intitulé dans le catalogue (n° 104) : « Les Chefs ou Ar- bitres de la confrérie des Arbalétriers, a Amster- dam', i) (lette confrérie ou gilde est celle de Saint-Sé- bastien; Jacob van der Helst, frère de Bartholomeus, fut, en 1664, le chatelain de leur maison de tir, d'oü ce tableau provient. Quatre des directeurs du tir (doe/Jieeren), maitres-
jurés de la gilde, sont assis autour d'une table cou- verte d'un tapisturc2. «Trois d'entre eux montrent au (juatrièine les principaux ornements et objets 1 Le nouv. cat. eonservo le rrême titre, a peu pres: « Les
jurés du Doele de St-Sébastien(De Overheden vanden S' S(- basiiaans Doele te Amsterdam). » La dimension donnée est 2,64 de large sur 1,75 de haut. 2 Nous reproduisons la (lescription tres-exacte donnée par
M. Scheltema. |
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VAN DEK HULST. ïl
de prix de la gilde, consistant en nne magniflque
chaine, un sceptre en ébène, incrusté d'argent, et nne coupe en or. A eóté d'eux, une servante, tenant a la main la corne a boire (drinkhoorri) de la gilde de Saint-Sébastien." Cette corne a boire, la chaine et Ie sceptre sont encore conservés dans Ie cabinet de Cu- riosités appartenarit a 1'hótel de ville d'Amsterdam. On voit aussi sur Ie tableau quelques coupes d'argent et d'autres objets de la gilde. A 1'arrière-plan sont deux jeunes gens, 1'arc a la main. A 1'avant-plan, contre la fobie, est appuyée une ardoise sur laquelle sont tracés ii la craie les noms de trois des directeurs représentés par Ie peintre; ce sont: Albert Pater, Jan van de Poll et Johan Blauw'. Le nom du quatrième ne se trouve pas sur 1'ardoise; ce qui a fait présumer a van Dijk [Description des peintures de l'hotel de ville, etc.) que cette quatrième personne serait van der Helst lui- mèine. Mais il se trompe : la place qu'occupe ce direc- teur du tir ne revient pas a Bartholomé. A mon avis la quatrième personne est Frans Banning Koek, sei- gneur de Purmerland et Ilpenclam, le mème qui, comme capitaine, figurc en avant sur la Ronde de nuit, de Hembrandt, etc. » Ce tableau est signé : Batholomeus van der Helst,
et date, suivant M. Scheltema, de 1653. Pour nioi, 1 Le nouv. cat. reproduit en fac-simile cette inscription :
u DPater, HVPoll (le V accolé au P) et PBlaau. » Ces initia- les des prénoms ne coacordenl pas avec ceux que donne M. Schdlcma. 4.
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42 MUSÉE D'AMSTEHDAM.
j'ai toujours lu 1657'. Cettedatoa une certaineimpor-
tance, a causo de la date du petit tableau du Louvre n" 197. Si Ie tableau du Louvre est date 1653, comme 1'indique Ie catalogue de M. Yillot, il serait done an- térieur au grand tableau d'Amsterdam, et au lieu de n'être qu'une répétition avee des variantes, il serait une composition première, une première pensee. Mais Ie chiffre sur Ie tableau du Louvre n'est-il point aussi 1637 ? Au xvue siècle, les 3 et les 7 se ressemblaient beau-
coup de forme. Reynolds, par excmple, s'y est trompé, en donnant la date de la Lecon d'anatomie; comme Ie 3 de 1632 a une longue queue qui descend de beaucoup au-dessous du niveau des autres chiffres, il a lu 1672 et consigne cette date dans son Tour in Holland, sans faire attention qu'en 1672,1'auteur de la Lecon d'a- natomie était mort. On voit, par 1'explication de ce tableau d'Amster-
dam, que Ie petit tableau presque pareil, appartenant au Louvre, est mal intitulé et mal interprété dans Ie catalogue de Paris. 11 ne s'agit poiut « de jugement du prix de 1'arc, » et les noms écrits sur 1'ardoise ne sont pas «les noms des vainqueurs du tir, » mais ceux des directeurs de la gilde. Les dilFérences entre Ie tableau d'Amsterdam et
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1 Cette dato 1657 que nous avons déja donnée, raalgré 1'au-
torité de M. Schelteraa, dans l'Artiste et dans la Revue uni- verselle des Arts, est eonhrmée par Ie nouv. cat. |
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VAN UKK HELST. 43
celui de Paris sont les suivantes : dans Ie 1'oud a
droite, au tableau d'Amsterdam, il n'y a que deux jeunes arbalétriers au lieu de trois; par la porte ou- verte de cc coté, on apergoit des arbres et un peu de campagne. Au i'ond, a gauche, est un rideau rouge violacé, et au milieu, sur un dressoir, sont ranges des vases et des hanaps a 1'usage de la gilde. Le chien, assis sur son train de derriére, regarde en face'. Outre ces deux grandes compositions, le musée
d'Ainsterdani possède liuit portraits de van der Helst. Portrait du vice-amiral Egbert M. Kortenaar, en
buste, de grandeur naturelle, tenant de la main gauche le baton de coinmandement. Sur 1'épaule est jeté un manteau rouge. Écharpe d'or. ïrès-belle peinture. Portrait de Marie llenrictte Stuart, princesse
douairière de Guillaume II. Elle est de grandeur na- turelle, en picd, assise, tout en blanc, sur un fau- teuil a sculptures d'argent, surmonté d'une tenture en soie violette. Elle tient de la main droite une orange. Très-beau et très-important. Portrait du bourgmestre d'Amsterdam, Andries
Bicker, a mi-corps, la main droite sur la hanche, un livrc dans la main gauche. Il a une large fraise et un vêtement noir. Fond neutre. Ce bourgmestre A. Bicker est sans doute de la mêmc familie que le 1 Le notiv. cat. suppose que le petit tableau de Paris vient
de la oollection du comtu van Polsbroek. |
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44 MliSÉE D'AMSTEHDAM.
capitiiine Roelof Bicker, qui figure sur Ie grand et
tnagnifique tableau d'arquebusiers, date 1643, or- nant aujourd'hui la salie des bourginestres a 1'hótel deville. Portrait du fils du bourgmestre Bicker. Ce gros
garcon, tout jeune et encore sans barbe, a un tripte nienton qui s'étage sur une belle collerette brodée. Il est drapé de velours rouge. De la main droite il tient ses gants contre sa poitrine. La main gauche est posée sur la hanche. Excellent et curieux portrait, qui fait pendant a celui du père. Ce fils Bicker a etc bailli de Muiden'. Les nos 109 et 110 sont un portrait d'homme et un
portrait de femme, inconnus. Le portrait de femme est signé des initiales B v II. Portrait du lieutetiant-amiral Aart van Nes, et
portrait de la femme dudit amiral. Ces deux pen- dants, places aux cótés des Syndics, soutiennent assez bien ce voisinage dangereux. lis sont de gran- deur naturelle et vus jusqu'aux genoux. Belles mains, belles étoffes. La tête de 1'homme est un pen lourde, inais la femme est superbe. L'un et Fautre, iivec des fonds de marine, signés de Backhuizen, sont signés de van der Helst en toutes lettres, et dates 1668, deux ans avant sa mort. En général, ces portraits de van der Helst lui
1 i.cs portraits rin pure et du fils onl été payés 100 (lorins
chaque, en vente publique il Amsterdam (nouv, jcat,)- |
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GOVERT FLINCK. iö
étaient payés 100 ducats, très-haut prix pour 1'é-
poque. Les portraits de Rembrandt lui-mème ne se payaient pas si eher. Vient ensuite dans Ie catalogue d'Amsterdam, un
portrait de 1'amiral Auke Stellingwerf, par L. van der Helst. On peut supposer avec les auteurs de YHistoire de la peinture hollandaise (Amsterdam 1814), MM. van Eynden et van der Willigen, et avec M. Scheltema, que ce L. van der Helst est Ie iils de Bartholomeus. Son prénom est saus doute Ludewijk'. Houbraken avait mentionné, comme ayant été peintre, un fils de Bartholomeus van der Jlelst. Govert Flinck. — De Ja même série que Ie Ban-
quet des arquebusiers et la Ronde de nuit, est un autre grand Schutterstuk ou Doelenstuk, comme disent les Hollandais, par Govert Flinck : « Assem- blee de gardes civiques, commandés par Jan Jluidc- coper, seigneur de Maarsseveen, après la conclusion de la Paix de Munster en 1048. » Ce chef-d'oeuvre de Flinck se classe après les
chefs-d'oeuvre de Rembrandt et de van der Helst, parmi les compositions analogues de la grande école hollandaise, — de Frans Hals, de Jacob Backer et |
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1 Le nouv. cat. onregistre, en effet, co portrait sous Ie nom
do Lodcwijk van der Helst, mais sans aucun renseignement biographique a la suite du nom. |
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4(> MUSÉE D'AMSTERDAM.
autres maitres qui ont représenté les scènes civiques
de 1'histoire de leur temps. La toile a la mème pro- portion a peu pres que Ie Banquet des arquebusiers, et les figures, également en pied et de grandeur na- turelle, y sont presque au raême norabre. La scène, cette fois, se passé en plein air, pres de
1'entrée du doele, dont Ie perron et la grille occupent Ie fond a gauche. De ce cöté est uu groupe de ncuf hommes debout, dont sept avec des arquebuses ou despiques, et deux principaux en avant. L'un, Ie capitaine, je suppose, Jan Huidekoper, seigneur de Maarsseveen, tout vêtu de noir, avcc une ceinture bleue, se présente Ie corps de face, la tète tournee a droite, une main appuyée sur une longue canne, son chapeau a plumes blanches dans 1'autre main. A sa droite, Ie porte-drapeau, Nicolaas van Waveren, aussi en eostume noir, richement brode d'or autour du cou et aux manches; écharpe blanche; bottes a cbaudron, et des éperons. Il tient de la main gauche son chapeau a plu mes blanches et rouges, et de la main droite 1'étendard en soie blanche. Chaque com- pagnie avait ses couleurs. üu cóté opposé, onze personnages, tous debout
également. Le plus en évidence porte Ie hausse-col et 1'épée, un eostume noir et or, une écharpe bleue, des bas blancs. Il a une pertuisane dans la main droite, et a la main gauche son chapeau a plumes blanches. C'est sans doute le lieutenant Frans van Waveren, qui, ainsi que le porte-drapeau Nicolaas |
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COVERT FUNGK. 47
van Waveren, doit êtrc de la familie de Johan van
Wavcren, lieutenant de la compagnie du capitaine Jan Wits, représenté dans Ie Banquet de van der Helst. Un peu plus ü droite, nn grand homme noir, vu
de profil. Entre lui et Ie lieutenant, (ruatre hommes, dont un casqué. Derriere lui, assis vers Ie coin du cadre, un gros personnage vètu de gris, et, tont pres, trois autres arquebusiers, dont deux casqués. Au milieu de la toile, dans un interval Ie que lais-
sent les deux groupes principaux, un homme se baisse pour arrangcr Ie haut de ses grandes bottes molles. En tout, vingt personnages, quoiquc 1'inscription
sur un papier au bas du tableau ne porte que seize noms, y compris, en dernier : Govert Flinck, Pic- tor, 't vreede jaar (1'année de la paix). Govert Flinck appartenait a cette compagnie, ctun des personnages, Ie grand homme noir, vu de profil, a ce que je sup- pose, est son propre portrait. Il y a, d'ailleurs, au musée de Munich, un portrait de Flinck, attribué a Rembrandt. Outre ce nom de Flinck dans la liste des arquebu-
siers, on voit, a gauche, en bas, la signature du pein- tre : Flinck. f. 1648. Pour fond, Ie ciel, sauf, a gauche, 1'entrée du
doele, et, a droite, des feux de réjouissance qui flam- bent dans des espèces de grandes barriques. Sur un papier qui semble glissé entre la bordure
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4S MUSÉE D'AMSTERDAM.
et la toile sont écrits six vers de Jan Vos', en 1'hon-
neur du capitaine van Maarsseveen et de la paix perpétuelle a laquelle la Hol lande et les autres États protestants devaient enfin la liberté de conseience. Ce tableau était place autrefois dans la grande salie
du conseil de guerre a Fanden hotel de ville. Il ap- partient a la ville d'Amsterdam, qui possèdc quatre autres Flinck, deux magnifiques a 1'hötel de ville ac- tuel, et deux, dans le dernicr style italianisé du peintre, au palais sur le Dam. Il n'a jamais été gravé. Au musée on voit encore un Flinck, dans sa ma-
niere rembranesque, et qui mème doit être de 1'é- poque oü il étudiait chez Rembrandt, entre 1635 et 1640. Car cette composition : Isaac donnant sa bé- nédictionè Jacoh (n° 84), a été peintc aussi, presque identiquemeut, par d'autres élèves du maitre, par Ferdinand Bol et van den Eeckhout; et M. Schel- tema2 suppose que ce fut pour quelque concours. Le tableau de Flinck a environ 4 a fi pieds de large
1 Voici la traduction de ces vers de Jan Vos : « Van Maars-
seveen se présente le premier dans la paix perpéluelle, comme son père vola le premier au combat pour Ia palrie. Le génie et la bravoure, qui font la force des Étals libres, renoncent aux vieilles haines, sans cependant déposer la tenue de guerre. Ainsi, après les meurtros et les ravages, on continue a sur- veiller 1'Y (les Hollandais appellent 1'Y — « het Y » — le bras de mer qui baigne le nord d'Amsterdam). Le sage peut laisser reposer, mais non rouiller, le glaive. » s Voir 1'article de M. Scheltema sur Flinck dans la Revue
universelle des Arts, t. VI, p. 501. |
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Éf.OLE DE HEM BRANDT. 49
sur 3 iï 4 pieds de haat. Les Hgures sont de grandeur
naturelle, en costurae du xvue siècle. Isaac est couché et vu de profil. Grande barbe blanche. Manteau j'ouge. Jacob, en pourpoint bleu a raies jaunes, est agenouillé de 1'autre cótc du lit. Il a les mainsgan- tées. Pres de la tête d'Isaae, la tête de Rebecca. Vi- goureuse peinture, d'une touche large et d'une forte couleur. Elle fut achetée par Ie gouvernement a la vente de la collection van der Pot, a Rotterdam, Je 6 juin 1808, —1380 florins. Gravé a 1'eau-forte par ,T. de Frey. École de Rembrandt. — Les ólèves de Rcmbrandl
sontassez nombreax au musée d'Amsterdam, mais, sauf les tableaux de Flinck, ci-dessus décrits, et les tableaux de Gerard Dov, les autres productions de l'école ne sont pas des plus importantcs, et ce n'est point ici qu'on pourrait la juger. De van den Eeckhout, il n'y a qu'un seul tableau,
excellent a la vérité, et d'un ton superbe, digne de Rembrandt: la Femme adultère (n° 78). Les figures enpied sont de petite proportion, une trentaine de centimètres. A droite, un homme vu de dos est d'une tournure très-originale'. De Ferdinand Bol, trois portraits seulement et une
cspèce de madone, intitalée dans Ie livret (n° 33) : 1 Le nouv. cat. fait connaitre que ce tableau a étó aclietë
de C. Josi, a Londres, 3,000 florins, et qu'il avait élé vendu, en 1806, a la vente D. Mansveld, 1,430 florins. 5
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50 MIJSÉE D'AMSTERDAM.
Une Mère et deux Enfants. La femme, a mi-corps,
tieut im enfant debout sur une draperie; composition encadrée dans une fenètre. Dessin rond et commun; ni expression, nicaractère. Signé: FBol. fecit, —l'/et Ie b entrelacés. Les portraits ont plus d'intérêt; car run est Ie
sien propre, 1'autre est celui de 1'amiral Michiel Adriaansz de Ruijter, et Ie troisième (n° 32), inti- tulé un Inconnu, pourrait bien encore ètre 1'artiste lui-mème. Dans son portrait authentiqne, Ferdinand Bol a de
longs cheveux, une splondide robe a dessins d'or et tin manteau rouge. Son bras gauche est appuyé sur une statuc de Cupidon. Bol avait sans doute des pré- tentions a la galanterie. La figure, de grandeur na- turelle, est coupée aux genoux. Dans Ie portrait d'un Inconnu, Ie personnage,
également a longs cheveux, est vètu de jaune, cou- leur affectionnée de Bol, sous un manteau violet. La configuration de la tête ressemble beaueoup a celle du portrait precedent, mais les traits sont accusés, la bouche surtout, avec des accents plus énergkmes et annoncent un naturel difficile et opiniatre. Si ce n'est pas Ferdinand Bol, ce doit être un sculpteurou un architecte, car il y a, au fond a gauche, une statue, et, a droite, une colonne a chapiteau corinthien, en avant d'un édifice. Signé : Bol 1663'. 1 Le nouv. cat. dit que Ie personnage de ce portrait est «Ie
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ÉCOLE DE REMBRANDT. 51
Le portrait de 1'amiral de Ruijter est très-fort et
très-prócieux. Ilporte la signature et la date 1677.
Gravé par W. van Senus.
De Fictoor, est un Joseph expliquant les songes dans la prison, faible peinture qui est pourtant
signée : Johanes Victors fc 1648 '.
Un portrait, assez lourd, du czar Pierre le Grand,
est attribué a Aart de Gelder. On lui attribue aussi
une sortc d'étude d'intérieur, sans personnages :
Vestibule avec un escalier.
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sculpteur Arthur Quellinus. » — Artus Quellin, lo vieux, né
a Anvers, en 1609, mort dans la même ville en 1668, fut chargé par la régence d'Amsterdam des statues, cariatides et bas-reliefs de marbre et de bronze, qui décorent a 1'intérieur et a l'extérieur l'ancien hotel de ville sur la place du Dam. — Voir sur les Quellin le Cat. du musée d'Anvers, 1857. 1 La signalure Jan Victors fc se trouve aussi sur un ta-
bleau du musée de Francfort-sur-Mein (n° 154). Le portrait de Jeune fille du Louvre (n° 169) est signó : Jan Fictoor f. 4640. Parmi les biographes, les uns pretendent que ce peintre est Fiamand et élève de Rubens, les auties qu'il est Hollandais et élève de Rembrandt. On serait assez porté a supposer que Fic- toor et Victors ne sont pas le mème, d'autant que toutes les ceuvres attribuóes a ces deux noms ne se ressemblent point. Le Fictoor du portrait du Louvre est incontestablement Hol- landais et très-bon sectateur de Rembrandt. Les Victors que j'ai vus sont, en général, bien moins forts, par exemple la Prophetesse Arme, signée J. Victor 1643, a la galerie van den Schrieck a Louvain; cependant les dates qui suivent 1'un et 1'autre nom sont toujours autour de 1640 a 1650. Qui éclair- cira la biographie de ce peintre, sur lequel on ne sait rien? |
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52 MUSÉE D'AMSTERDAM.
Sous Ie nom de Lconard Bramer et sous Je noin de
Jacob Sandrart se trouvent deux portraits représentant Pieter Cornelisz Hooft, bailli de Muiden, tous deux en buste, dans la même attitude et avec des détails abso- lument idcntiques. Seulement Ie premier, très-pale et très-faible, est de grandeur naturelle; Ie second , très-vigoureux et très-libre d'exécution, estenpetit. Il est évident que Ie grand portrait n'est poiut un ori- ginal, et il est probable qu'il est unc eopic d'un por- trait de même dimension, dont Ie petit pourrait ètre une étude'. Mais cette vive et ehaude étude est-elle de San-
drart? Immerzeel l'attribue a Theodor de Keijser. Elle tient, en effet, a 1'école de Rembrandt, dont Theodor de Keijser a subi 1'influence, sans peut-être avoir cté disciple du maitre. La familie des de Keizer ou Keijser, nombreuse et
illustre, embarrasse beaucoup les biographes, qui confondent souvent Hendrik, Pieter, Theodor, Wil- lem, etc. Ainsi Ie catalogue d'Amsterdam attribue a 11. de Keizer, né en 1565 et mort en 1G21 , — c'est- ü-dire a Hendrik2, architecte et sculpteur, qu'on sup- 1 Lo nouv. cat. la-dessus ne change rien a 1'ancien. Il nous
apprcnd seulement que ce prélendu Bramer a été acheté 17 florins (35 francs) en vente publique! et la petite ébauche, attribuée a Sandrart, 14 florins. Lo portrait a d'ailleurs étó gravé par A. Bloteling, mais peut-ètre d'après la peinture ori- ginale, qui n'est pas Ie tableau attribuó a Leonard Bramer. 8 Le nouv. cat. conserve cette attribution u Hendrik, 1'ar-
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ÉCÖLE Ï)E REMBHANDT. S3
pose 1'auteurde la statue d'Érasme a Rotterdam , —
un « portrait de R. Hoogerbcets, avec sa femme et ses enfants. » Gette peinture, trop hant placée et dans 1'ombre, paraitrait ctre plutót de Theodor, dont nous trouverons un chef-d'oeuvre au musée de La Hayc. Nous donnerons alors quelques renseigne- ments sur la familie des de Keijser. — A Theodor de Keijser resscmble aussi beaucoup un admirable por- trait, relégué parmi les Inconnus : Bernard Pre- vostius, ministre remonstrant (n° 372). Une bonne peinture de l'école de Rembrandt est
une Jeune fille dans l'embrasure d'ime fenêtre, h'gure de grandeur naturelle, en buste, parNicolaas Maas. La tète a beaucoup de YÏe et d'expression. La main gauche, placée sur 1'appui de la fenêtre, est a serrer dans sa main. La couleur générale est d'un beau ton roux. Signé des grosses lettres habituelles au maitre. Gravé par Lange'. Le paysage, Vue d'ime forêt avcc une, rivière,
attribué a Pbilip Koninck, n'est pas si authentique, et ne mérite pas qu'on s'y arrête2. chitecto et sculpteur, et il donne un monogrammo que nous
u'avions pas découvert: DK, lo k formé dans I'intérieur du D, etaccolé au jambagc vertical. Mais cc monogramme, qui n'in- dique aucun prénom, n'est-il point précisément la marque de Theodor? 1 Provenant de la provineedeGroningue.et acbeté 2,000llo-
rinsen 1829 (nouv. cat.). 2 Le nouv. cat. écrit a lort : de Konir.r. Le pointro signe :
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S4 MUSÉE D'AMSTERDAM.
Jan Lijvens peut être considéré comme un secta-
teur de Rembrandt dont il fut 1'ami. Le portrait de J. van den Vondel, qu'on lui attribue, n'est pas digne de lui, qui était un maitre savant eténergique '. A 1'éeole de Rembrandt se rattache aussi Pieter
Saenredam, qui est censé avoir étudié chez Pieter de Grebber, qui est censé avoir étudié chez Rembrandt. De Grebber, en effet, cherche Rembrandt, comme on le constate par exemple dans ses peintures au pavillon du Bois a La Have. Le musée d'Amsterdam possède deux Vues de l'intérieur de la grande église d Haarlem, par Saenredam. Sur 1'vin de ces deux tableaux il y a une signature avec la date 1636. Un des chef's-d'ceuvre du maitre, Vue de l'ancien hotel de ville d'Amsterdam, est conservé a 1'hótel de ville actuel. Entin, un tableau porté au nom de K. Slal)baert
se rapproche encore du style de Rembrandt. Il re- présente une Femme qui coupe du pain (n° 2S8). La figure est dans le genre de van den Eeekhout, et les fonds rappellent un peu Pieter de Ilooch2. Koninck (voir Trésors d'art exposès a Manchester, etc., par W.
Burger, p. 253 et suiv.). Ce prétendu Koninck d'Amsterdam n'a été payé que 310 florins, a une vente pourtant très-célèbre, celle deG. van der Pot, a Rotterdam, en 1808. 1 Payé 275 florins, a la vente J. de Bosch, Amsterdam
(nouv. cat.). 1 Vente de la baronne van Leijde van Warmond, 1816,
841 florins (nouv. cat.). |
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MIEREVELD, VAN RAVESTEIN, ETC. 5a
Nous réservons Gerard Dov, qui viendra après les
peintres de grands tableaux. MlEREVELD, VAN RaVESTEIN, FrANS HaLS, VAN DER
Venne, Gekard Honthorst, etc. — Un peu avant les
deux artistes — Rembrandt et van der Helst — qui symbolisent Ie mieux la grande peinture hollandaise, la Hollande comptait cependant une foule de maitres très-lbrts et très-originaux ': Miereveld a Delft; Jan van Ravestein a La llaye; Frans Hals, né a Malines, mais naturalisé ii Haarlem; Adriaan van der Venne, de Delft, qui fut peintre de Maurice de Nassau; Ge- rard Honthorst, que Rubens, lors de son voyage en 1027 dans les Provinces-Unies, alla visiter;—et bien d'autres. Le musée d'Amsterdam a quelques échantillons
des peintres de cette génération née dans la dernicre moitié du xvie siècle, et qui enjamba sur la premiere moitié du xvne 2. ' J'omels expres van Haarlem, né en 4562, mort en 1637,
quoiqu'il ait eu, de son temps, une grande renommée et qu'il soit encore Irès-estimé des Hollandais. Mais il avait sacrifió 1'originalité hollandaisa a la mode italienne, qui régna un mo- ment au xvi" siècle. Le musée d'Amsterdam possède de lui : Adam et Èue et le Massacre des Innocents, dans un style pseudo-llorentin, et un mauvais porlrait de D. V. Koornhert. Le Massacre des Innocents est date de 4b90, et l'Adam et Ëve, de 1592, tous deux avec le doublé CC — Cornelis Corne- liszoon (fits do Cornelis) —et 1'H pour: Haarlem. 2 De la génération précédente, qui occupe le commencement
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S6 MUSÉE D'AMSÏERDAM.
De Miereveld, un des plus i'éconds portraitistes qui
uit jamais cxisté, buit portraits, de grandeur natu- relle, tous représentant d'illustres personnages, et presque tous d'une excellente qualité. C'est d'abord Guillaume le Taciturne, en buste,
avee une inscription grecque. Il n'y a qu'un malheur, c'est que Miereveld, étant né en 1568, ne peut guère avoir peint d'après nature le fameux prince d'Orange, assassiné en 1584. Au pavillon du Bois, a La Haye , dans la salie des portraits, on montre aussi un su- perbe portrait du Taciturne, qu'on attribue encore ü Miereveld. Comment croire qu'un enfant de quinzo ans ait été le peintre du héros de la Hollande'! Ce sont les deux üls de Guillaume 1": le prince
Maurice, en pied, et le prince Frédéric-Henri; puïs le prince Philippe-Guillaume. C'est le célèbre Jan van du xvi° siècle, il n'y a rien. Deux noms seulemnnt se rencon-
trentdans le catalogue : Lucas van Leijden, a qui on attribuf faussement un prétendu porlrait de Philippe de Bourgogne, et van Schoorl, qui n'est pas non plus responsable d'une « Madf- leine en méditation, » et d'un « Sujet symbolique représen- tant la fille de Sion *. » 1 C'est, en effol, une copie, par Miereveld, d'après Cornc-
lijsde Visscher.—Gravé par C. E. Taurel et par J. P. Langt?- — (Nouv. cat.) * Le nouv. cat. a supprimé a van Schoorl la Hadeleine, mais i*
lui conserve la Fille de Sion. 11 a aussi laissé a, Lucas van Lcijdeï' le portrait de Philippe de Bourgogne, qui provient des anciennes col" lections royales. C'est une raison. Mais ca ne fait pas l'orlglnalité dc la pcinlurc. |
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MIEREVELD, VAN RAVESTEIN, ETC. 57
Oldenbarneveldt, que le prince Maurice fit décapiter
en 1619; e'estle grand pensionnaire Jacob Cats, poëte et littérateur, dont, plus tard, Rembrandt fitaussi des portraits; c'est Cornelia ïedingh van Berkhout, femme de 1'amiral Tromp; c'est Snieltzing, qui com- battit sous le prince Maurice. Le plus beau de ces huit portraits est celui de Cats,
en buste, tout vètu de noir, avec une fraise rabattue et une fourrure brune. Signé et date 1034. — Celui du prince Maurice est le plus capital. Il est égale- ment signé, ainsi que celui du prince Philippe- Guillaume, en grandes capitales. De Moreelse, élève de Miereveld, un bon portrait de
Maria van Utrecht, femme de Jan van Oldenbarne- veldt, et une Bergere, avec des lleurs et des voiles sur la tête, une houlette a la mam, des draperies jati- nes. Buste de grandeur naturelle. Exécution froide, mais assez habile. Moreelse signe souvent d'un mo- nogramme oü le P est formé sur le premier jambage del'M'. De Jan van Bavestein, deux portraits : J. P. Snoek,
peinture tout a fait magistrale, et sa femme Marga- retha Bal, avec les armoirics de la familie. Mais c'est a I'hotel de ville de La Haye qu'il faut voir et juger |
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1 Lo portrait de Maria van Utrecht est signé ainsi: PMo f. A°
\§\'ö.Mta 63—La Bergere aétépayée 2,150 llorinsala vente Ocke, Leiden, 1817. Elle a été lithographiée par Daiwaille (nouv. cat.). |
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58 MUSÉE D'AMSTEHÜAM.
van Ravcstein, dans les vastes tableaux oü il a ras-
semblé les bourgmestres et échevins de la ville, des compagnies de garde bourgeoise, des groupes d'otïi- ciers; car ces grandes représcntations civiques étaient de tradition en Hollande, avant les chefs-d'ceuvre de Rembrandt et de van der Helst. Rubens estimait beaucoup Jan van Ravestein et il
avait un portrait par lui dans sa collection. Ce n'est point non plus au musée d'Amsterdam
qu'on peut apprécier Frans Hals, cette sorte de Tin- toret hollandais. C'est a 1'hótel de ville et dans plu- sieurs autres édifices de Haarlem , qui possèdent ses compositions principales. L'hótel de ville d'Amster- dam aussi a de Frans Hals un grand et magnifique tableau d'arquebusiers, qui pourrait faire pendant a ceux de van der Helst et de Flinck. Au musée on ne trouve de lui que deux toiles,
mais dont 1'une est bien précieusc; car elle offre Ie portrait du maïtre lui-même, avec celui de sa femme, tous deux en pied et de grandeur naturelle. lis sontassis sous de grands arbres; lui, a gaucbe,
la tête de face, un peu renversée en arrièrc et sou- riante, encadrée dans un chapcau noir a grands bords; il porte moustache et barbiche; son costume de soie est tont noir, et sa main droite, gantée de blanc, est nonchalamment glissée dans Ie pourpoint contre la poitrine. Pres de lui sa femme en jupon noir, cor- sagepuce, avec une grande fraise. Elle met sa main droite sur l'épaule de son mari, par un geste d'affec- |
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MIEREVELO, VAN HAVESTEIN, ETC. 89
lion badine. Sa physionomie est très-vivante et très-
gaic: bonne commère pour ce diablc d'homme dont on raconte tant de brutalités; il a pourtant 1'air d'un vrai gentleman, très-distingué et très-soigné, très- spirituel et tres-fier. Comme il parait avoir trente ans environ et qu'il est né en 1584, la peinture doit ètre de 1615 ii pcu pres. Le fond estun beau paysage aveeune ouverture de ciel a droite sur un pare, oü se promènent quelques couples de petites figures, non loin d'un petit ehateau. Les grands arbres, les terrains du premier plan ,
les détails des fonds, tout est enlcvé avec la plus tran- che adresse, dans une gamme verdatre, du ton de l'o- live. On sent partout le maitre qui couvre une grande toile en se jouant, et dans les têtes la finesse expres- si ve d'un portraitiste consommé. C'est ce portrait de Hals qui, selon moi, rappellc
la figure de 1'homme au grand chapeau dans la pein- ture du Louvrc attribuée a Craesbeek (n° 97), et qui aiderait a prouver que Ie tableau est mal attribué et décrit incxactement'. 11 serait bien simple que la Di- rection du Louvre, a qui sans doute rien n'est diffi- cile, se procurat une photographie du tableau d'Am- sterdam , comme pièce de comparaison. La seconde toile de Hals est un portrait d'homme.
Buste de grandeur naturelle; tète de face sous un vaste 1 Voir Trésors d'art exposés a Manchester, etc., par W. Bur-
ger, p. 262 et suivantes. |
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00 MUSÉE D'AMSTERDAM.
chapeau noir; pointe de barbe au menton; collercttc
tombante; costume jaune charaois, du ton particulier
a Frans Hals. La main droite ouverte est vue de face
en dedans. Physionomie très-vive; touche brusque et
juste'.
Yan der Venne n'ajamais fait, a ma connaissance,
de figures de proportion naturelle, mais on voit au musée d'Amsterdam un grand tableau, Ie plus grand qu'il ait peint peut-être, et qui est un chef-d'ceuvre : Le prince Maurice, ses frères et ses cousins, d che- val (n° 30."). La toile a environ 8 pieds de large sur 4 de haut. Les personnages sont a trois quarts na- ture. Superbe cavalcade qui n'est point composée comme un tableau. Le fils du Taciturne, de profil sur un cheval blanc, est accornpagné de ses frères et de gentilshommes également a cheval. ïous s'avancent vers la droite comme une file de procession. Derriere ce groupe équestre, des pages, des serviteurs et des chiens. Fond de paysage et de ciel sur lequel se des- sinent les figures. Dessin correct, tournures élégantes, physionomies expressives, belle couleur, touche libre et solide, van der Venne y a mis toutes les fines qua- lités qui distiiiguent ses petits tableaux, avec une cer- 1 Signé du monogramme F H, l'F formé sur le premier jam-
bage de 1'H. — Vente de la baroime van Leijde, 4816, 385 florins. —" Le portrait de Hals et de sa femme était autre- fois dans la galerie Six van Hillegom, dont une vente partielle fut faite en 1852. Il a été payé, a cette vente, 600 florins (nouv. cat.). |
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MIEREVELD, VAN RAVESTE1N, ETC. 61
taine grandeur et une fierté très-délibérce. Gravé par
W. Delff. Le musée du Louvre possède de lui, dans un genre
différent, un délicieux tableau signé et date 1616 : Fête donnée a l'occasion de la Trève de 1609; avec paysage et accessoires par Breugel de Velours (n° 545). Le musée d'Amsterdam, sans le savoir, a une autre merveille de van der Venne, assez anale— gue a eclle du Louvre, et qu'il attribue a van Balen'. C'est bien fraternel de la part des llollandais, de lais- ser ce cbef-d'oeuvrc a un peintrc flamand. Le paysage et les menus détails sont d'aüleurs aussi de Breugel de Velours. Ce tableau est intitulé : Composition représen-
tant les diverses sectes da christianisme (nu 11). C'est une piquante satire des adversaires de la Réfor- 1 J'ai vivement reclame contre cette attribution auprès de
M. Engelberls, conservateur de la peinture, et c'est sans doute d'après mes indications, que le nouv. cat. a restitué ce chef- d'oeuvre a van der Venne, sous le titre excellent: les Pécheurs d'dmes (de Zielenvisschcrs). En étudiant la composition on y a trouvé, en effet, des allégories singulières', et les portraits d'Albert etd'Isabelle du cóté des catholiques, les portrails du prince Maurice et du prince Frédéric-Henri, de 1'autre cóté, avec les réformés. — Ce tableau a été vendu en 4735, sous le nom de Breugel de Velours (voir les catalogues de Gerard Hoet), 730 florins, a la vente de Mauritius de Jeude. Le mu- sée d'Amsterdam le tient de la galerie du chateau du Loo. Il ne parait pas qu'on y ait trouvó de monogramme; du moins, le nouv. cat. n'en mentionne point. 0'
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(12 MU9ÉE D'AMSTERDAM.
mation. Comment van Balen, qui était catholique or-
thodoxe , de gré ou de force, sous le paternel gouver- nement des Espagnols , aurait-il osé railier ainsi le dogme romain et les mceurs des hauts dignitaires de 1'Église! A droite est la foule des catholiques, un nain en
tête, sorte de symbolc grotesqne de la Folie. Derriére ee Triboulet, acclamé par des gamins, se pressent des docteurs, des seigneurs, des cardinaux, précédant Ie pape lui-mêmc, porté en triomphe dans cctte cohue earnavalesque. Au milieu de la composition, un grand flcuve, avec des barques pour sauver ceux qui sont tombes a 1'eau et risquent de se noyer — dans 1'hé- résie. Car de 1'autre cöté du fleuve sont les protestants, des milliers de petites figures. Dans le fond, un arc- en-ciel, qui n'est pas celui de l'alliance sans doute, mais le signe de la lumière nouvelle. Si les docteurs hollandais étudiaicnt ce tableau, ils
y trouveraient quantité d'emblcmes et d'allusions caustiques. La composition est, d'un bout a 1'autre, une allegorie très-spirituelle, et surtout exccllem- ment peinte. Le fou et toutes les tètes du premier plan ont une physionomie et une vivacité incomparables. 11 se pourrait bien qu'il y eüt quelque part une si-
gnature, ou du moins le monogramme du maitre, qui est un grand A étèté, croisé a 1'inverse par le V, et contenant sous sa barre horizontale un petit v, pour faire Adriaan van Venne. Ce tableau, d'ailleurs, ne ressemble pas plus a van Balen que le tableau du |
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MIEREVELD, VAN RAVESTEIN, ETC. 63
Louvre ne ressemble a Pourbus a qui on l'a silong-
temps attribué. Van Balen est un peintre gooflé, rond, un peu mou, un peu banal; van der Yenne , au contraire, est serre et nerveux, et il cisèleses li- gures comme Ie plus fin médailliste. La dimension du panneau est d'envirou 5 pieds de
large sur 2 pieds et demi de haut. Le catalogue attribué a van der Yenne uu tout
petit portrait du prince Maurice au ïit de mort (n° 306). 4 pouces sur 2, pas davantage. Brimbo- rion, d'un pinceau assez délicat1. Pavmi les Inconnus est classé un excellent ta-
bleau qui se rapproche aussi de la maniere de \ani der Venne. Il représente le prince Maurice avec un de ses chefs d'armee (n° 371), tous deux a ehetal , et face a face, 1'un sur un cheval blanc, 1'autre sur un cheval rouge. Au fond, un camp, avcc beaucoup de petites ligures tres-adroitement tournees. Miilheureu- sement, cette peinture, pleine de caractère et figou- reuse comme un Cuijp, est trop haut plaeéi! pour qu'on puisse 1'étudier2. Les portraits catalogués llonthorst ne sont pas de
sa meilleure execution : un portrait du prince Fré- |
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1 Attribué maintenant par lenouv. cat. a Cornclis Vicher,
d'après une inscription qu'on a trouvée au revers dn cui-vre : « Le prince Willem I« sur son litde parade, A° \§&, peint par le vieux Cornelis Visscher. » 2 Laissé aux Inconnus dans le nouv. cat., qui rioinHne le
génóral: « Stakenbroek. » |
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«4 MUSÉE D'AMSTEHDAM.
déric-Heuri et un de sa femme, Amélie de Solms; et
deux portraits du prince Guillaumell, quipourraient bien ctre de Willem Honthorst, frère de Gcrard'. Mais on a égaré parmi les Inconnus deux portraits peitils par Gerard incontestablement, et qui valent mieux: La comtessc de Solms, veuve de J. W. vau Brederodc (n° 385), et Sophie Hedwig, femme du cointe Ernest Casimir de Nassau (n° 389). Les portraits du comte d'Egmont et du comte de Hoorn, pendants classes aussi parmi les Inconnus (nos 37G et 377), semblcnt pareillement se rattacher a 1'école de Honthorst. Il j a encorc de cc maitre : Un homme joycux
(n° 130), avec unc belle toqae a plumes, et tenant un violon et un verre. Cette peinture, dans sa pre- mière maniere hollandaisc, avant sa déformation en Italië, a de 1'éclat et de 1'ampleur2. |
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du Jardin.— Qui lc croirait! Karel du Jar-
din, lt peintre des petits anes, des petits troupeauxet des tergères, des petits cavaliers et des maneges, des foires et des hötelleries italiennes, Karel du Jardin |
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ces portraits do Guillaumell est signé (nouv. cat.)
G. Uondhorst, avec de grandes capitales. Gerard signe ordi- nairefnent d'une toute autreécriture, comme on Ie voit au por- trait d'^jjiélie de Solms, outre qu'il met un t et non un d a Ia premiète syllabe de son nom. 5 fajéfi 800 florins a la vente de la comtessc van Moens,
1803 (nouv. catj. |
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KAHEL DU JARDIN. 6,'i
rivalise, au ïnusée d'Amsterdam, avec les peintres
de figures en grand, qui ont représenté les person- nages notables des eorporations publiques ou particu- lières. Ce n'est pas a dire que, malgré sa science et son aplomb, il egale ence genre van der Helst, ou Frans Hals, ou Flinck, ou Bol, ou Ie plus faible d'entre les autres. Il est a peu pres a Rembrandt, ce qu'est Sas- soferrato au Titicn. Il est a van der Helst, ce qu'est van der Werff a Jordaens. Oui, Karel du Jardin, avcc une toile de 12 pieds
8 pouces de large sur 7 pieds 8 pouces de haut, af- frorite, au musée d'Amsterdam, les Syndics de Rem- brandt. Oui, précisément en face des Syndics , dans la petite pièce du premier étage, est un grand Re- yentenstuk, provenant de la maison de corx'ection d'Amsterdam ('t Spinhuis), et représentant les cinq Régents (directeurs) de eet établissement, en pied et de grandeur naturelle, autour d'une tablc couverte de velours violet. Le violet était la couleur privilégiée de Karel. Un des régents, 1c corps tourné a gauche, la tête
de trois quarts, estassis en avant. Sa main droite, ap- puyée sur la table ,• tient un papier a éeusson, date février 1669 et signé : Midelman1; sa main gauche |
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1 Le nouv. cat. dit: Muylman; Smith dit: Muilmans. Je
cvois avoir Men lu : Midelman, quoique ce nom paraisse se rapporter a un des personnages qui se nommerait, selon M. Scheltema : Willem Muylman. 0.
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ütt MUSÉE D'AMSTERDAM.
est posée sur la hanche. De 1'autre cöté de la table,
un second régent a la inain droite sur un registre et tend la main gauche a un serviteur qiii apporte un pa- pier. A ce eoin de la tablc est assis un troisième régent, mi-tourné a droite; c'est Ie meilleur du tableau. Le ijuatrième lui fait pendant a 1'autre angle de latable; le bras gauche appuyé surle dossier de sonfauteuil, il cause avec le cinquiènic collègue, debout, aceoudé a un dossier de fauteuil en velours rouge. ïous einq sont en noir, avec rabat blanc, et grand chapeau noir. Le fond, d'un grisfaible, simule des colonnes canne- lées et des groupes de femmes en bas-relief. A droite, dans la demi-teinte d'une porte ouverte, une servante, les mains croisées contre sa taille, retourne la tête vers un jeune hoinme qui lui parle. Le tont supérieure- ment dessiné, les mains, les têtes, les plis des costu- mes. C'est irréprochablc, mais très-ennuyeux. La froideur correcte de 1'exécution rappelle un peu Pbi- lippe de Champaigne. On pense aussi, malgrésoi, auxpapiers peints pour tapisserie. A gauche sur le mur est la signature : Anno:
1669. — Kakel : du : Iardin : fee. Grande surprise pour les artistcs que ce tableau !
On le donnerait en mille a devincr au plus fin connais- seur et aux admirateurs des pastorales de Karel. Tous cespetits maitres hollandais, si habiles dans
les scènes familières et naïves, sur des panneaux d'un ou deux pieds carrés, se sont perdus quand ils ont voulu leuter des machines d'une certaine dimension |
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KAREL DU JAKDIN. H7
disproportionnée a leur talent. Nous les trouverons
presquc tous ainsi égarés un moment dans des essais ambitieux et impuissants : Paul Potter, Berchem, Wouwerman, Metsu, etc. Et alors ils sont vides, la- ehes, communs et faux. Toutes leurs qualités delu- niière et de couleur, de delicatesse et d'expression, lus out abandonnés. 11 n'y a que les disciples de ltein- brandt qui aient également réussi en grand et en petit: van den Eeckhout, Nicolaas Maas, etc. Dans la même salie, et a droite des Syndics, est
un autre morceau, de la nièrae maniere, et sans doute du même temps, entre les deux séjours en Italië : Ie « portrait du sieur Reynst, » qui fut un des amis et protecteurs de Karel. Figure de grandeur naturelle, jusqu'aux genoux, sur une toile haute de 4 picds, large de 3 pieds 4 pouces. M. Reynst a la tètc mie et une perruque blonde tombant sur ses épaules. Il est vctu de gris violacé, d'un ton de chocolat terreux. Son poignet droit est appuyé sur la hanche, et la main vue du cóté de la pauine; cette main renversée est très-savante. Fond de paysage et de ciel. Deux lé- vriers gris accompagnent Ie personnage. Signé, sans date'. Les admirateurs ne manquent pas a ce portrait en
fer-blanc : ca rcsonnerait si on toquait dessus; car c'est creux. Le musée d'Amsterdam j)ossède aussi un pctit
1 Ce tableau a óté payé 1,000 ilorins (nouv. cat.).
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68 MUSÊE D'AMSTËUDAH.
portrait de Karel du Jardin, par lui-même, sur bois,
haut de 9 pouces seulement et large de 0 pouces et demi. En buste, presque de face, longs cbeveiix noirs et plats toinbant sur Ie cou, mincc filet de moustache, Ie reste de la barbe rasé. Gros yeux saillants, sans expression; bouche forte et bete. Point de front, ni de cervelle : la tctc aplatie. La peau terreuse, et Ie teint de papier maché. L'ensemble du costume est grisatre, avec un grand col uni et des manchettes bouffantes. La main droite, prétentieusement étalée sur la poitrine, drape Ie manteau. Cette petite peinture, si triste comme physionomie
et comme couleur, est très-savante de dessin, très- correete, très-travaillée, et Sinith la qualific « d'ad- nrirable. » Elle vient, de la collection de M. Muller d'Amsterdam, oü ellc fut vendue 1,600 florins, en 1827. Suivant Smith, elle est datéc 1662', un an après Ie Calvaire italien du Louvre (n° 242). On ne sait point exactement la date de riaissance de
Karel, sur laquelle les biographies et les catalogucs se livrent aux fantaisies les plus variées et les plus aveugles. Les catalogues hollandais vont de 1635 a 16'JO! Le catalogue de Paris, qui enregistre un ta- bleau date 1646, suppose cependant que Karel est né vers 1633 ! La date 1662 sur ce portrait d'Amsterdam, dans
1 Lo nouv. cat. nc donnc point de date, et je n'en ai pas
vu non plus sur la peinture. |
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KAREL DU JARDIN. 69
lequel Karel du Jardin semble avoir trente-cinq a
quarante ans, prouverait qu'il est né de 1620 a 1625. A cette date 1662, Karel avait déja longtemps résidé a Rome et se retrouvait peut-ctre dans sa patrie. On voit qu'il ne porie plus la barbe de bouc qui l'avait fait surnommer, en Italië, par la Bande académique: Bokbnard. G'est un monsieur tout a fait rassis, très- empesó, très-grave, et posant en maitre; race abso- lument différente de tous ces braves artistes hollan- dais, si simples et si naturels, comme Adriaan van Üstade et Adriaan van de Velde; si fins et si distin- gués, comme Terburg et Metsu; un pen débraillés parfois, comme Jan Steen. Aussi maitre Karel, trop italianisé, ne put se réacclimater en Hollande, et bientót, avec lc Reynst dont il avait fait Ie portrait, il retourna en Italië, oü il mourut. Le portrait (n° 2uO) du Louvre passé également
pour être le portrait de Karel. On croit mcinc rc- connaitre encore son portrait dans unc figure des Charlatans italiens (n° 243), dans « le personnage enveloppe d'un manteau. » Ces deux peintures du Louvre sont datées de 1657, cinq ans avant le por- trait d'Amsterdam. Karel aurait donc en alors envi- ron trente ans. On peut vérifier si les portraits sup- posés se rapportent a eet age, et au bcsoin les comparcr a celui d'Amstcrdam, qu'on s'accorde géncralement a considérer comme authentique. Smith fait j>ourtant quelques réserves; mais il s'est embrouillé sur ces deux portraits, qu'il n'avait peut-ctre pas vus. |
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70 MliSÉE D'AMSTEKDAM.
Nous retrouvons Ie du Jardin ordinaire dans trois
petits tableaus qui malheiireusenient nc sont pas de haute qualité : un « paysage, » sorte de ferme hol- landaise, avec deux anes, des porcs, une chèvre et ses chevreaux; date 1653, époque du séjour de Karel a Amsterdam; —L'Auberge italienne, au bordd'une route; une femme se montrc a la fenêtre; 1'hóte, avec un plat a la main, s'avance vers deux mule- tiers, conduisant un cheval gris, un mulet, un fine, chargés de bagages; Ie tableau est signé K. vv. Gar- din [sic), ft.; signature fausse sans doute; il se pour- rait bien aussi que Ie tableau fut apocryphe; — un Cavalier devant une auberge; excellent petit tableau, cette fois, et digne de la róputation bien méritée de Karel dans ces sortcs de sujets. Le cava- lier, en manteau bleu, sur cheval gris, boit un verre que lui a donné 1'hótesse, debout pres de la portc; son chien est couché derriere le cheval, pour lequel un garcon préparé la ration dans une auge. Sur toile. 1 pied 5 pouces de haut, 1 pied 1 pouce de large'. Palx Pot jeu. — llclas ! Paul Potter1, comme du
Jardin, a aussi une toile gigantcsque au musée d'Amsterdam : la Chasse aux ours (nc 220), horrible ga lette de 11 pieds carrés2. 1 Ces trois petits tableaux proviennent du cabinet van He-
teren, dont 130 tableaux environ furent achetés, deM. Gevers, héritier de la familie, pour le musée d'Amsterdam. 2 «... IJne Chasse aux ours que je trouve hidcuso, dure,
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PAUL POTTER. 71
Tous les artistes connaissent, par la gravure ou la
lithographie, Ie famcux Taureau de Paul Potter, conservé au musée de La Haye. Il y a bicn a dire sur eet animal de grandeur naturelle, qu'on s'accorde a considérer comme Ie chef-d'oeuvre du maitre, et que les Hollandais placent, avec la Ronde de Rembrandt et Ie Banquet de van der Helst, au-dessus de toutes les productions de leur éeole. Chef-d'reuvre, soit, et mème presque unique en son genre. On trouve en- core, dans la galerie de M. Six van Hillegom, un autre Paul Potter assez étrange : Ie portrait équestre, de grandeur naturelle, du chevalier Dcderick Tulp, frère (de second lit) du docteur Tulp de la Lecon d'a- natomie. Lc malheur est que Ie jeune peintre ne se soit pas contenté de ces deux excentricités plus ou moins heureuses1. Sa Chasse aux ours est bien autrement stupéfiante
que les Régents de Karel, et personne au monde n'en devinerait 1'autcur, si unc signature en lettres énormes ne s'étalait pas sur un tronc d'arbre : « Paulus sèche, en bois, sans véritó et ridicule de mouvement. » —
M. Ducamp, Revue de Paris, oct. 57. 1 On lui attribue un quatrième tableau avec figures et ani-
roaux de grandeur naturelle : deux vaches et deux moutons, un berger et une bergere (liaut. 6 pieds 6 p.; larg. 8 pieds 8 p.); tableau qui fut exposé au musée Napoléon et restitué en 1815 a la galerie de Cassel (aujourd'hui, n° 527 du cat. de Cassel). Mais, suivant Smith, a qui 1'on peut se fier, cette grande peinture est de Camphuysen, imitateur de Paul Potter. |
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72 MUSÉE D'AMSTERDAM.
Potter F 1649. » Deux ans après Ie Taureau de
La Haye, trois ans avant 1'établisseinent de Potter a Amsterdam. A la vérité, la peinture a été fort dénaturée par
les restaurations, et il ne reste presque plus rien du maitre. Nous laisserons Smith décrire ce tableau et en raconter les misfortunes : « Cette singuliere production de 1'artiste est compo-
séc d'un gentleman a cheval, d'un homme a pied, de deux ours et de six chiens; et la lutte sanglante se passé au premier plan d'un paysage découvert. L'ours, rendu furieux par les morsures des1 chiens, s'est dressé, et avec une de ses pattes il étouffe \m chien; avec 1'autre patte, il déchire Ie dos d'un chien qui lui mord la cuisse; sous ses jarrets, il tient ren- versé Ie troisième chien, et Ie quatrième se roule ex- pirant sur Ie sol. En ce moment, un chasseur, tête mie, épée a la main, arrive au galop sur un jeune cheval bai et regarde cette boucherie avec une expres- sion de terreur. L'autre chasseur s'avance prudem- ment, avec sa lance, de derriére un grand arbre, a gauche de la peinture1, oü 1'on voit un chien pour- suivant Ie second ours. A un plan très-reculé, trois cavaliers arrivent au grand galop. « Inutile de rechercher quel motif a décidé ce
1 Quand Smith parle de gauche ou de droite, c'est toujours
relativement au tableau lui-même. Dans nos descriptions, au contraire, c'est toujours relativement au speclateur. |
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PAUL POTTER. 73
peintre distingué a entrcprendre un.pareil sujet, au-
quel évidcmment son génie ne Ie rendait pas propre. L'ambition ou 1'intérèt peuvent 1'avoir influencé, ainai qu'il est arrivé a bien d'autres qui, comme lui^ s'étant écartés de leur sphère habituelle, sont tombes au niveau de la multitude. Se livrer a plus de détails critiques de la peinture, dans son ctat présent, serait injuste; car, bien qu'elle tire son origine de Paul Potter saus contredit, elle a subi tant de changements et de mutilations depuis qu'elle a quitte son chevalet, qu'il faut un oeil très-fin 'pour y découvrir tracé de 1'oeuvre originale. Son annihilation finale [its final annihilation) date de peu d'années (Ie Ye volume de Smith, oü se trouve Ie cataloguc de P. Potter, a été publié en 1834), de 1'époque oü Ie tableau, extrait du musée de La Haye, fut contié aux mains de M. Pieneman, — artiste de quelque réputation dans son propre pays, — qui n'a pas montré, pour 1'auivre d'un si grand peintre, Ie mème bon sentiment et Ie mème respect que montrèient en semblablc occur- rence quelques artistes, se refusant absolument a poser un pinceau sur la peinture d'un maitre supé- rieur ; car il semble avoir pris un plaisir particulier a repeindre tout Ie tableau du haut en bas; de sorte que ce qui avait été laissé par un ignorant nettoyeur de peinture, un moderne peintre de portraits 1'a dé- truit. » Et en note Smith ajoute: cc Si une gravure a 1'eau-
forte [etehing] sur un verre a boire, datée 1656 (sepi |
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74 MUSÉE D'AMSTERDAM.
ans seulement après que la peinture avait été exécu-
tée), aujourd'hui (1834) dans Ie cabinet de M. Moyet, amateur distingué a Amsterdam, fut une copie assez exacte de l'original, il se trouve touta feit changé ma- tériellement, depuis qu'il est sorti des mains du res- taurateur ; car cette gravure représente Ie chasseur portant une belle toque a plumes, et les chiens atta- quent un ours sauvage; il y a aussi un second chas- seur, monté sur un cheval très-animé, et essayant avec son javelot de porter un coup a l'ours. » Ces critiques sont bien rudes pour Ie peintre-res-
taurateur, dont Ie fris est aujourd'hui, coinme son père, un portraitiste « renommé dans son pays. » Unautreconnaisseur anglais, M. Nieuwenhuis, qui avait vu la Chasse d l'ours avant qu'elle fut achetée pour Ie musée de La Haye', pretend qu'elle était dès lors perdue. Quoi qu'il en soit, c'est après la restau- ration par M. J. W. Pieneman Ie père, qu'elle a passé au musée d'Amsterdam. La Chasse aux ours, ne doit plus compter véritable-
ment dans 1'ccuvre du maitre. Mais peu irnporte a la gloire de eet artiste incomparable dans sa spécialité. La Ilollande et 1'Angleterre possèdent de lui assez d'autres merveilles, pour qu'on ne regrette pas trop Ie désastre de cette grande composition, qui fut un égarement hors de son génie particulier. 1 En 1828, a la ventó van Reenen, a La Haye, 7,000 flo-
rins. |
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PAUL POTTER. 75
Ce n'est pas pourtant au musée d'Amsterdam qu'on
rencontre Paul Potter dans toute sa force. Mais Ie musée de La Haye etquelquescollections particulieres en offrent des exemplaires de la plus exquise qualité. Le musée d'Amsterdam, après sa Chasse aux ours,
n'a que trois Paul Potter: Paysage montueux avec du bétail (n° 218); — Orphée domptant les animaux par les accords de sa lyre (n° 219); — Un Pdtre qui se repose et du bétail (n° 221). Ce dernier petit ta- bleau n'est pas mème catalogué par Smith. Il n'a que 10 pouces de large sur 6 de haut. Le berger, gardant des vaches et des moutons, est assis pres d'une maisonnette. Ce n'est qu'une sorte d'excellente ébauche, colorée comme un Cuijp dans de beaux tons roux. L'attribution a Paul Potter est d'ailleurs con- testable, quoique le tableau soit signé Potter f 1645. Ceite absence du prénom Paulus n'est pas habituelle au maitre. h'Orphéeest une composition assez capitale, ettrès-
célcbrca cause de la variété d'animaux quele peintre y a représentés. A gauclie sont de petites collines cou- ronnées d'arbrcs; a droite, une entree de forèt et une percée de ciel. Pour premier plan, une prairie oü 1'on voit un chameau, un sanglier, une vache, un bui'fle, un ane, unbélier, unechèvre, un mouton, et tout en avant un lièvre; vers le second plan, au pied de la colline, Orphée, assis, pince de la lyre; der- riére lui, un chien; devant lui, des lions couchés, un éléphant, un cheval, une licorne blanche, un loup |
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76 MUSÉE D'AMSTEHDAM.
et autres animaux, de toute espèee et de toute taille.
A droite, au bord de la forèt, un cerf. Tout cela est bien froidement tourné, petitement exécuté, mais très-curieux. « Chaque objet, dit Smith, est peint avec la plus scrupuleuse attention dans le détail, mais on doit avouer que peu de ces animaux ont 1'ex- pression caractéristique de leur espècc. » En effet, la béte fauve sort de la compétence du
« Raphaël des vaehes, » comme on aquelquefoissur- nommé grotesquement Paul Potter. Les lions ap- partiennent a Rembrandt dans 1'école hollandaise, ainsi qu'a Rubens et a Snyders dans 1'école flamande. Het Orphée avec sa menagerie n'était point du tout 1'affaire de Paul Potter, qui n'a rien de sauvage, ni de mythologique. Le petit troupeau ruminant dans son paturage. au bord d'un canal, le patre qui regarde par-dessus une barrière, la laitière qui trait sa belle vache d'or, des fonds unis, a pertc de vue, avec des moutons inicroscopiques, voila ce qu'il lui faut. UOrp/we, sur toile, a environ 3 pieds de large et
plus de 2 pieds de haut. Il est signé Paulus Potter f. 1650. A la vente Lormier, a La Have, 1703, il fut vendu 1,300 florins; l'année suivante, a la vente van der Wouw, il descendit a 975 florins. Smith 1'esti- mait en 1834, 600 livres sterling. On pourrait har- diment doubler aujourd'hui, et mème tripler cette estimation. Le paysage avec animaux est d'une qualité incom-
parablement supérieure. Aussi Smith 1'estimait-il |
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PAUL POTTER. 77
1,300 guinées (environ 40,000 francs). Au milieu,
un taureau rouge debout, un bceuf, une vache cou- chée ; puis un cheval, un ane, un bélier, une chèvre, deux brebis, un agneau. Pres d'un arbre, a droite, un berger, debout, joue de la cornemuse; une femme assise allaite son enfant; leur chien noir est a cóté d'eux. Sur la gauche, des terrains montueux, oü paissent des moutons et des chèvres, sont couronnés d'arbres au grêle feuillage. Les fonds sont assez boi- sés et 1'on y remarque une tour ronde. Signé et date 1651. Hauteur 2 pieds 3 pouces, largeur 3 pieds 2 pouces. Sur toile. Provenant de la vente van dei- Pot, 1808, oü il fut payé 10,050 florins. Une répé- tition de ce tableau fut vendue en 1796, a la vente Valkenier, 3,025 florins; a la vente Bryan, en 1798, 1,170 guinées. Elle passa ensuite chez Ie duc de Bedford et fut exposée en 1815 a 1'Institution biïtan- nique, a Londres'. Le peintre des Régents et Ie peintre de la Chasse
aux ours nous amènent, avec leurs petits tableaux, aux artistes qui ont représenté les scènes familières, les usages de leurs compatriotes de toute classe, les divers aspects de la nature dans leur pays, et qui — si 1'on met a part Rembrandt, van der Helst et quel- quesautres maitres de la grande peinture, —consti- 1 Le nouv. cat. donnele tableau d'Amsterdam, comme ayant
passé dans les deux ventcs Valkenier et van der Pot, et ne parait pas connaitre la répétition qui était en 1834 chez le duc de Bedford (voir Smith). 7.
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7K MUSÉE D'AMSTERbAM.
tuent spécialement 1'école hollandaise. Peintres de
genre, comme on les appelle d'habitude; peintres de mceurs; peintres rustiques ; peintres du salon et du cabaret, de la ville et de la campagne, des forêts et de la mer ; peintres de la nature animée et de la na- ture tranquille; depuis les élégantes conversations de Metsu, les chassesde Wouwerman, lesestaminets de vanOstade, les orgies de Steen, les troupeaux de (Aiijp, les cascades de Ruijsdael et les marines de Willem van de Velde, jusqu'aux pots de Kalf et aux fleurs de van Huijsum. Gerard Dov. — Gerard Dov passé pour Ie pre-
mier des petits peintr.es hollandais, comme son maitre Rembrandt pour Ie plus grand artiste de la Hollande. Cela est vrai de Rembrandt, qui, en effet, domine
incommensurablcment tous ses compatriotes, et a pris rang dans la pléïade suprême, consacrée, au- dessus des nationalités diverses, par 1'humanité eu- tière. Lc Vinci, Michel-Ange, Raphaël, Corrége, Titien, Velazquez,— Jan van Eyck, Albrecht Dürer, Rubens, Rembrandt, — comme Dante, Cervantes. Molière , Shakespeare , Goethe, — appartiennent a tous les peuples '. 1 M. Théophile Gautier annonce: Les Douze Dieux de la
peinture, a quoi M. Arsène Houssaye a répliqué qu'il n'en connaissait que sept. En fait de dieux, chacun se crée ce qu'il lui plait. Quels peuvent èlre, outre les dix grands hommes |
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(iliKARI) DOV. 79
Reinbrandt est saus pareil dans sou pays — et dans
Ie monde. Gerard Dov a beaucoup d'égaux dans son pays, quoiqu'il n'ait de semblablcs nulle part. Les trois Adriaan (Ie nom est de bonheur!) — van Os- tade. Brouwer et van de Velde, — Aalbert Cuijp, Paul Potter, Jan Steen, Pieter de Hooch, Terburg, Metsu, Philips Wouwerman, Willem van de Velde, Ruijsdael, Hobbema, valent assurément Gerard Dov, chacun en son genre, et avec un génie différent. La Hollande a ee privilege unique, d'avoirproduit
plus d'une douzaine d'artistes parfaits en ce qu'ils sont. Dans les autres écoles, mêine les plus fécondes, combien comp(e-t-on de peintres hors ligne? Chez les Florentins: Masaccio, Lconard, Michel-Ange, 1'ra Bartolommeo, Andrea del Sarto;... chez les Vénitiens: Giovanni Bellini, Giorgione, Tiziano, Tintoretto, Veronese;... chez les Espagnols: Ribera, Velazquez, Murillo, Zurbaran;... chez les Flamands : Jan van Eyck et Memling, Rubens et van Dijk. Ces grands hommes dispensent des autres qui, autour d'eux, obeissaient a la même inspiration et la traduisaient, avec plus ou moins de talent, dans Ie mème style. Mais il n'en est point ainsi chez les Hollandais.
Chacun y a son caractère original et sa maniere per- sonnelle. Gerard Dov nedispense point de van Ostade, nommés ci-dessus, les deux autres arlisles que M. Gautier en-
tend déiiier pour faire sa douzaine? Paolo Veronese? MurilloV — Peut-ètre Poussin, en maniere de galanterie a i'école fian- caise. |
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80 MUSÉE D'AMSTEHDAM.
ni Metsu de Jan Steen; Paul Potter n'efface point
Aalbert Cuijp; ni Ruijsdael, Hobbema. Tousontuno
individualité très-distincte, et facilement reconnais-
sable.
Cette qualité, inherente a leur pays de Hbre exa-
men, oü les imaginations, comme les esprits et les consciences, ont une indépendance absolue, est une des causes qui ont fait monter Ie prix des peintures hollandaises. Les maitres d'une école italienne s'entre-confondent
a ce point que la plupart de leurs tableaux ne sau- raient être baptisés d'un nom propre et que les ceuvres attribuées aux peintres même les plus cé- lèbres sont souvent contestables. En fait de peinture italienne, on n'est jamais bien sur de ce qu'on a. Les musées eux-mêmes, a moins d'une tradition directe et certaine, ne pourraient pas garantir tous leurs Raphaël ou leurs Titien. Ceux-ci ne sont-ils point de Palma, les autres de Jules Romain ? On ne donne pas volontiers 100,000 francs d'un tableau qui peut être une imitation de 1'école, ou une copic. Mais avec les Hollandais il n'y a point a se trom-
per, ni a être trompé. La Jeanne d'Aragon, attribuée a Raphaël, au Louvre, est presque tout entière de Giulio; mais la Femme hydropique est bien tout cn- tière de Gerard Dov, et non point de quelquc autre. Quand une fois un tableau hollandais a été re-
connu, il ne peut plus jamais être méconnu. On 1'a- chète donc en toute sureté. Le Congres de Munster, |
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GEHARD nOV. 81
de Terburg, sera toujours un Torburg; le Buisson,
de Ruijsdael, un Ruijsdael. Les Hobbema de lord Hertford demeureront des Hobbema, et c'est pour- quoi, outre des raisons qui tiennent a leur mérite, ils valent 100,000 francs. Le musée d'Amsterdam a quatre Gerard Dov1,
deux de première importance, et deux fort ordi- naires. D'abord : « N° 65. Le tableau très-renommé,
l'Ècole du soir » ; ainsi 1'enregistre le catalogue. Le maitre d'école, en toque rouge, tourné de trois quarts a droite, est assis de\ant son pupitre, sur lequel sont une chandclle allumée et un sablier. Il menace du doigt un petit garcon qui s'en va vers le fond, oü plu- sieurs écoliers sont assis autour d'une table a peine éclairée d'une chandelle, pres d'un escalier en coli- macon par lequel descend unc figure presque imper- ceptible. Une grande draperie brunatre, accrochée en haut sur le devaut, cache d'ailleurs la moitié des fonds, artifice employé sans doute pour mieux con- centrer les effets de clair et d'ombre sous cette sorte de rideau de tbéatrc. Devant le maitre, une pelite 1 Le nouv. cat. persiste a donner 1613 comme dale de nais-
sance de Gerard Dov, malgré 1'inscription de la Femme hydro- pique du Louvre, oü M. Villot croit lire que « G. Dov avait 65 ans en 1663, » ce qui a déterminé le rédacteur du catalogue de Paris a inscrirc pour date de naissance, 1598, au lieu db 1613. Les HoUandais ne veulent pas decette date 1598, et ils ont raison (voir Trésors d'art, etc, par W. Burger, p. 258 et 259). |
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Xï MUSÉE D'AMSTERDAiYI.
fille, vue de profil et penchée contre la table, épèle
des lettres en les suivant du bout de son doigt. A gauche, autre groupe : jeune garcon, assis et vu de dos, ócrivarri des calculs sur une ardoise, a la lumière d'une chandelle que lui tient une fillette debout et montrant de sa main gauche les chiffres. Enlin, une quatrième chandelle brüle dans une lanterne posée par terre, au pied de la table, vers Ie milieu de la pièce. Tont cela agencé sur un petit panneau haut de
1 pied 8 pouces, et large de 1 pied 3 pouces. Litho- graphié par van Loo. La signature, bien pure, un grand G auquel est
accolé Ie petit dov, se lit au milieu du bas, sur Ie socle de la table. Cette précieuse peinture fut payée 4,000 llorinsa
la vente de madame C. Backer, Leyden, 1766, et 17,500 florins a la vente van der Pot, Rotterdam, 1808. Ce qu'on y admire sans doute, c'est ce combat de chandelles; un tour d'adresse, si 1'on vent, très- vrai et très-habile. Pour ma part, je ne suis pas fou de ces espèces de
jongleries en peinture', dont quelques grands maitres 1 « ... On montre ici avec orgueil un Gérard Dow (sic) qui
a une réputalion européenne: l'École du soir; c'est puéril a force de minutie, c'est peint avec des cils d'enfant nouveau-né, et j'avoue que je ne me suis pas senti Ie courage de m'exta- sier sur quatre ditférents effets de chandelle. » — M. Ducamp, Revue de Paris, oct. 57. |
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GERARD DOV'. S3
ont pourtant donné l'exemple : Corrége, dans sa fa-
meuse Nttit (1'Adoration des bergers), du musée de Dresde; Rembrandt, dans une Adoration des ber- gers (a la National Gallery de Londres), oü, comme dans Ie tableau du Corrége, Ie centre de la scène est illuminé par Ie radieux bambino, lumièrc surria- turelle et éblouissante qui fait jaunir les torches et les lanteraes portées par les bergers. Chez ces magiciens leur caprice est sublime. Mais quand Honthorst (Gerardo del la notté) voulut imiter Ie Corrége, il devint faux et n'arriva qu'a la fantasma- goric. Gerard Dov, cherchant aussi a se créer une spécialité de ce qui fut chez son maitre une fantaisie accidentelle, j témoigne sans doute d'une incompa- rable industrie, c'est Ie mot, mais 1'art véritable n'a point de ces préoccupations futiles. L'art est plus spontane d'impression, plus franc dans ses résultats. j'aiine mieux une tètenaïvementpeinte sous un rayon <le soleil, que les plus ingénieuses combinaisons de lumières factices. Et puis, Ie malheur est que pres- que toujours ces beaux effets de lanterne, de Gerard Dov, font lanterne, comme on dit dans les ateliers : la lumière qui éclaire ses figurcs passerait a travers, si on les regardait de 1'autre cóté. C'est cette maniere de Gerard Dov qui fut imitée
par Schalcken, et que M. van Schendel s'efforce d'i- miter aujourd'hui. Smith (n° 79) vante beaucoup l'École du soir;
mais, après avoir dit que « rien ne peut surpas'ser |
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KUNSTHISTORISCH INSTITUUT I
DER RIJKSUNIVER$)T£|T UTRECHT\ |
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84 ML'SÉE ft'AMSTERDAM.
1'effet magicpie de la lumière et de l'ombre dans cettc
peinture, » ilajoute : « Le maitre semble avoir choisi des difficultés, afin de montrer avec quelle supéric— rite de talent il saurait les vaincre. Quelques connais- seurs considèrent ce tableau comme le plus capital de Gerard Dov, depuis la perte de la fameuse Chambre de ïaccouchée', mais 1'auteur n'est pas de eet avis; car plusieurs peintures de 1'artiste possèdent un plus haut fini (possess much higher finishing), et sont plus agréables a la fois dans la composition et dans 1'effet. Il est regrettable aussi que le temps ait un peu fait pousser au noir cette peinture, — circonstance qui lui est très-défavorable. » Gerard Dov, a mon sentiment, est préférable dans
le tableau n° 68, oü il a peint « un Seigneur et une Damea » au milieu d'un paysage de Berchem. L'homme est debout, de face, la main droite ap-
puyëe sur une canne. Il a un grand chapeau noir, un grand col rabattu, bordó de guipures dentelées; 1 La Chambre de l'accouchée (Smith 38), mentionnée par
Dcscamps comme étant, en 1754, chez la veuve van Hoeck, avait été payée 6,000 florins a la venle d'un membre de cette familie, Amsterdam, 4719 ; elle passa ensuite dans la célèbre collection Braamcamp, et a la venteBraamcamp, 1771, elle fut achetée 44,100 florinspour l'empereurdeRussie; maislevais- seau qui 1'emportait avec beaucoup d'autres objets de grande valeur fit naufrage et le tableau fut perdu; il avait deux volets, peints a l'intérieur par Gerard Dov. * Le nouv. cat. dit que ces portraits sont ceux de Pieter
van der Werf, bourgmestre de Leiden, et de sa femme. |
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* r.ERAïtn nov. ss
pourpoint et hauts-de-chausses noirs; petit manteau,
d'un noirbrun, sur 1'épaule gauche, et cachant tont 1c bras qui repose sur la hanche; bottes molles en cha- mois, et deséperons. Il occupe Ie milieu du panneau. A droite est assise la femme, tournee de trois
quarts vers lui. Elle a une cornette empesée, faisant couronne autour de la tète, un col a riches gui- pures, un corsage camellia. a reflets rouges et argen- tés, avec des broderies etdeslacets d'or, des manches brunes, de hautes manchettes bordées de guipures comme Ie col, une jupe de soie orange foncé, a reflets verdatres. Sa main droite gantée et appuyée sur son giron tient un éventail en plumes. Le bras gauche est abandonné tout droit le long du corps; le gantde cette main est tombe a terre. Ces figures ont presque 1 pied de haut. Les tètes
sont merveilleuses; celle de 1'homme surtout, qui est vivante et fiere. Malgré 1'extrême finesse de la tou- che, ce n'est ni sec, ni maigre, ni petit. Au contraire, c'est large et fort. On pourrait regarder ces portraits par le petit bout d'une lorgnette : ils paraitraient de grandeur naturelle, réels, francs, solides, comme des portraits de van der Helst. La même cxpérience ne réussiraitpas, d'ordinaire,
avec les personnages de Gerard Dov. Vous auriez beau les grossir par 1'artifice de verres optiques, ils sembleraient souvent d'ingénieuses marionnettes, dé- licatement modelées en carton, sur une frêle arma- ture de fils d'archal. Mais essayez cela sur les petites 8
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Sfi MUSÈE D'AMSTKHDaM.
figures de Kembrandt, sur sa petite Vierge mère
(n° 410 au Louvre), et vous verrez une vraie femme en chair sur une charpente d'os. Le paysage, par Berchem, est un fond de bouquets
d'arbres, assez sombros, sur lesquels se dessinent les personnages. A droite, un tronc de grand arbre est coupé par le hautdu cadre; a gauche, entre les feuil- lages, on apercoit un peu de ciel et un horizon de montagnes. Sur le premier plan, du mème cèté, un epagneul roux est tourné vers les personnages. Il y a aussi un morceau de pierre seulptée, avec un petit buste. Ce paysage a sans doute poussé au noir, et il est devenu du ton des Poussin. Ondirait la nuit dans oette campagne; mais les figures sont frappées de lumière, et ce contraste sert a les faire ressortir. La signaturc de Berchem est au bas, a gauche;
celle de Gerard Dov sur le petit buste sculpté. Le panneau a 2 pieds 8 pouces de haut, sur 2 pieds
de large. — Vente de la comtesse van Moens, 3,200 florins. Gerard Dov parait avoir eu, durant une certaine
periode, cette maniere peu connue. On en ren- contre toutefois de beaux exemplaires en Hollande, notamment dans deux portraits de la galerie Stein- gracht, a La Haye. Je ne saurais fixer précisément 1'époque de ce style dans la carrière du maitre, mais ce doit être entre 1650 et 1660. d'après le carac- tère des costumes. La collaboration de Berchem (né en 1624) a oe tableau du niusóe d'Amsterdam indique |
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GEHARD DOV. 87
aussi a peu pres cette date. G'était peut-être la vue
des grandes et magnifiques peiiitures exécutées en Hollande, après la paix de Munster, qui avait in- fluencé momentanément Gerard Dov. 11 a d'ailleurs fait, ce qu'on ne sait guère, quelques figurcs de gran- deur naturelle, — un portrait de sa' mère, par exem- ple, — au sortir de 1'atelier de Rembrandt'. Le troisième Gerard Dov est eneore un effet de
lumière: Jeune tille, encadrée dans une fenètre ovale, avee une lampe a la main. La signature habituclle est sur le rebord de la fenètre. Très-petit tableau en hauteur, gravé par Valck. Il était, en 1756, dans la colled ion van Heteren. Le quatrième 2 représente un Ermite en prière,
dans une grotte. Il a été payé 1,100 florinsa la vente van der Pot, Rotterdam, 1808. Sur panneau, hautde 9 pouces, large de 7 pouces. L'ermite a un chapelet a la main; devant lui, un crucifix. 1 Ce portrait, dit la Mère de G. Dov, était, au temps de
Smith, dans la collection W. Wells. —Lebrun, dans sa Gale- rie des peinlres flamands, mentionne une autre grande pein- ture de Dov, faite au sortir de 1'atelier de Rembrandt, et qui de la rnllection Braamcamp passa en Angleterre (Smith, no1i0). Elle représentait Tobie en présence de son père, et avait 3 pieds et demi de haut sur pres de 4 pieds et demi de large! J Smith, dont le Ier volume, contenant le catalogue de l'ceuvre
de Gerard Dov, fut publié en 1829, mentionne, comme étant alors au musée d'Amsterdam, un cinquième Gerard Dov : Homme assis pres d'une table et jouant de la flüte. Mais ca tableau n'est plus au musée, |
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88 MUSÉE Ü'AMSTEHDAM.
Gerard Dov affectionnait ces petites tètes ridées
de vieux solitaires, auxquelles se consacra aussi, presque exclusivement, un de ses imitateurs, Jan Adriaan van Staveren. Notons une de ces imita- tions par van Staveren : Vieillard priemt sous une voüte. Petit" tableau assez fin, signé en toutes lettres. Le plus consciencieux et le plus patiënt des imita-
teurs de Gerard Dov, P. van Slingeland, a deux ta- bleaux au musée d'Amsterdam : YIntérieur d'une habitation rustique; un homme joue du violon; un petit garcon l'accompagne de la voix; une femme préparé le diner. Signó : P : V: Slingeland Fecit. Sur bois. II. 1 pied 6 pouces, L. 2 pieds. «Bel exemplaire du maitre, » dit Smith. —Et uneespèce de portrait d'homme en habitjaponais. —Tous deux du cabinetvan Heteren. Autre élève de Gerard Dov, — Schalcken, —avec
cinq tableaux : Portrait de Guillaume III, roi d'An- gleterre, en armure, et éclairé par une torebe; buste de grandeur naturelle; gravé par M. J. W. Kaiser; —Jeune femme mettant dans une lanterne une chan- delle allumée; et pour pendant, Jeune homme assis, fumant sa pipe; — Chacun sa fantaisie; un garcon mangedela soupe; un autre mange un ceuf; tableau signé : G. Schalcken.pinxit; et pour pendant, un intérieur avec trois hommes; deux causent, le troi- sième allume sa pipe. De van Tol un seul tableau: JNU 280. Trois En-
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liEKAHÜ DOV. 89
f'ants juyeux. Un jeune garcon, appuyé sur Ie re-
bord d'une fenêtre cintrée, tient un chat et lui montre une souricière. Deux autres enfants Ie regar- dent en riant. Signé : D. v. Tot. Vente de Mme Heems- kerk, 1770, La Haye, 420 florins. Mais Ie meilleur des élèves de Gerard Dov est in-
contestablement Frans van Mieris Ie vieux, qui, ason tour, et sans compter ses üls et petits-fils, engendra une foule d'imitateurs. Il ne inanque pas de quelque originalité, a une place intermediaire entre son niai- tre et Gabriel Metsu ; et, dans certaines de ses pein- tures distinguées et rares, il lui arrive d'égalerapeu pres 1'un ou 1'autre. Le ïnusée de La Haye et les collections particu-
lières montrent plusieurs de ses petits chefs-d'oeuvre. Au musée d'Amsterdam, lc catalogue enregistro deux Mieris : une Femme qui pince de la guitare (n° 182), eiïet de chandelle, a la Gerard Dov; pe- tit panneau de 6 pouees, absolument insignifiant, et mème contestable'; et une Femme qui écrit une lettre (n° 181). Elle est assise, en robe de satin jaune, a une table eouverte d'un tapis de velours écarlate et sur laquelle est un instrument de musique. Un page debout pres d'elle attend ses ordres. Sur une chaise garnie de velours vert, un petit chien endormi. Ce |
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1 11 provient cependant, selon le nouv. cal., de cabinels cé-
libres*. van Zwieten, 1731, de Fraula, 4738, Lormier, 1763, et van He teren. 8.
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90 MÜSÉE D'AMSÏEHDAM.
tableau, mentionné par Descamps, a 10 pouces de
haut et 8 pouces de large; sur bois. Il a été payé, en 1765, a la vente Cauwerven, 2,100 florins; en 1771, vente Braamcamp, 3,610 11.; en 1777, vente Randon de Boisset, 8,100 francs; en 1787, vente Beaujon, 7,000 fr.; en 1808, vente van der Pot, 2,025 florins. De Willem van Mieris, fils de Frans Ie vieux :
un Marchand de volailles; de Frans Ie jeune, fils de Willem : un Ernnte en prière, attribué a Willem lui-même par Immerzeel. Un tableau assez curieux, de 1'école de Gerard
Dov, est catalogué comme représentant « Grotius, agé d'euviron douze ans, dans son cabinet d'études (n° 89), )> et attribué a Joost van Craesbeek Ie Fla- mand, né en 1608; or Grotius est né en 1383 ! Le catalogué n'a point songé au rapprochement de ces dates. Ce petit portrait, minuticusement fini, ne re- présente donc point Grotius, et il n'est point non plus de Craesbeek , 1'élève et 1'ami de Brouwer; il est de; van Gaesbeeck, dont le nom, oublié aujourd'hui, fut, assez célèbre. La signature : « A. van Gaesbeeck. fècit », s'étale en toutes lettres au bas du pan- neau'. 1 J'ai montré cette signature è M. Engelberts. Le nouv. cat.
a donc misce tableau a van Gaesbeeck, et enregistré la signa- ture; mais il ne parait pas connaitre ce van Gaesbeeck, ni 1'é- poque oü il a peint, puisque le personnage est toujours nommé Hugo de Groot (Grotius) « a 1'ège de 12 ans. » Gaes- beeck est né bien après Grotius, puisqu'il s'est formé sur |
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GERARU DOV. 91
Hoet, dans ses remarques sur van Gooi, parle de
ce peintre, qu'il nomme Grasbeck, comme d'un pein- tre de société, ou de conversation [Gezelschaps- schilder). La mème dénomination est appliquée a Gaesbeeck par les anciens catalogues de ventes, a propos de ses petits tableaux (dans la maniere de Dov et de Slingeland), lesquels se payaient alors des prix considérables. Aujourd'hui ils sont prcsque introu- vables, et ce n'est pas grand dommage. Je ne connais de lui qu'un autre tableau, également signé A. van Gaesbeeck f., au musée de Berlin (n° 1021). A ce misérable petit miniaturiste aboutit la grande
éeole de Rembrandt, après avoir passé par 1'adroit GerardDov, par Ie fin Mieris, par Ie maigre Schalcken, par Ie minutieux Slingeland. Quelle antithese de Rembrandt a Gaesbeeck! les deux extrèmes de la peinture! Le style de presque tous les maitres a été ainsi per-
ver ti, de chute en chute, par une succession de des- cendants illégitimes , dont les derniers ne sont plus que des industriels aveugles. Raphaël aussi n'a-t-il pas eu pour arrière-batard — Sassoferrato! Mais cependant 1'influénce de Rembrandt contri-
bua indirectement a former d'autres artistes de qua- lité, qui, sans avoir été sesélèves, ont quelque chose, Gerard Dov et Slingeland. Ce tableau a été payé 41 florins, a
la vente W. F. Taaiman Kip, en 1801. C'est plus cher qu'il ne vaut. |
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92 MÜSÉE U'AMSTERDAM.
non pas de son style qui est unique, mais de sa pra-
tique. A. van Ostade. — Adriaan van Ostade est une
sorte de Rembrandt en petit. Il approche bien plus de ce niattre que Gerard Dov lui-même. Sans doute, Ie génie de Rembrandt est a une dis-
tance infinie au-dessus de tous les artistes de son pays; mais ce qu'on pouvait prendre au peintre, sinon au poëte original et au penseur profond, Adriaan van Ostade se 1'estapproprié. Dans des sujetsd'un carac- tère tout dineren t par leur naïveté et leur simplicité, il a transporté certaines des qualités de Rembrandt: la transparence des onibres, qui résulte beaucoup d« la maniere de peindre les fonds en frottis légers; 1'harmonie générale, qui résulte d'une dominante (comme on dirait en musique), courant surlesnotes variées et assurant leur accord. La gamme de sa cou- leur est souvent la même que celle de Rembrandt, dans un ton roux qui se dore aux accents lumineux. Excellent peintre que ce van Ostade, et un des plus
parfaits de 1'école hollandaise, comme exécution. Les plus malins critiques ne sauraient a quoi s'attaquer dans ses peintures, — si ce n'est aux sujets. Mais vrai- ment il y a temps pour tout. L'ltalie catholique a fait des dieux et des héros. Laissons la llollande nous faire un peu des hommes et des bohémiens. Est-ce que Ie Sganarelle de Molière ne vaut pas 1'Agamem- non de Racine ? |
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VAN OSTADE. 83
Un des deux tableaux de van Ostade au musée
d'Amsterdam est 1'Intérieur de son atelier (n° 205), oü il s'est représenté lui-même, assis devant son che- valet et peignant quelque belle scène ostadesque. Malheureusement on ne Ie voit que de dos et de profil perdu. Il n'a point pensé a montrer sa bonne physio- nomie honnète et joviale, mais a se placer comme il faut pour avoir sur sa toile une vive lumière qui vient de gauche par une large fenêtre. Il porte une barrette rouge sang, et un pourpoint d'un violet glacé d'ar- gent. Un de ses rapins préparé une palette dans la demi-teinte, et un autre broie des couleurs. Car les Hollandais faisaient souvent eux-mêines la cuisine de leurs couleurs, et eest a cela en partie que leur peinture doit sa conservation. Devant Ie broyeur est un petit chien noir couché. Divers bibelots d'a- telier sont épars ca et la. Mais presque tous ces dé- taüs sont noyés dans Ie clair-obscur, la lumière étant réservée pour 1'important personnage si occupé au travail. Il y avait, sur une table a gauche de la fenêtre,
une signature, indéchiffrable aujourd'hui. Le pan- neau n'a que 1 pied 1 pouce de large sur 1 pied 4 pouces de haut. Yan* Ostade lui-même a gravé a 1'eau-forte cette
composition, dont le musée de Dresde (n° 1218) pos- sède un duplicata. Descamps mentionne un de ces deux tableaux comme étant a son époque dans la col- lectiondeM. Bouxière. Celui d'Amsterdam provient, |
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91 MUSÉE D'AMSTEHÜAM.
je pense, de Ja vente Pourtales, en 1 826, oü il fut payó
405 livres sterling, après avoir été payé 2,901 francs a la vente Grandpré en 1809. Ce n'est pas cher pour unchef-d'oeuvre'. Le second van Ostade est intitulé : Béunion villa-
f/eoise (n°204). Mème dimension que le precedent. Il a 1'avantage d'être signé et date : A. Ostade. 1671. Le peintre avait déja soixante etun ans, mais on ne s'en apercoit guère. La touche est toujours leste et ferme a la fois. Bien plus tard, le vieux maitre faisait encore des tableaux irréprochables. Dans une cour d'cstaminet, sur un banc ombragé
d'arbres, sont assis deux hommes qui causent : 1'un a droite, vu de profil et tenant sa pipe a la main, est un chasseur dont le fusil et la camassière sont dépo- sés la tout pres; il a une toque tourterelle, une veste rosatre et une culotte d'azur, toutes coideurs de ber- ger. Son partner, pour écouter a 1'aise, s'est débar- rassé de son chapeau gris, de son havre-sac et de sa pipe, qui font trophée sur un escabeau en avant; mais il n'a point abandonné le piot, qu'il serre dans sa main. Entre eux deux, 1'hötesse, debout, de face, ap- 1 Le nouv. cat. ne parle point de ces provenances, et cite
seulement la vente van der Pot, avec le prix de 600 ffotïns. Il a lu pour signature les deux iniliales A O. II intitulé le tableau simplement: Intérieur d'atelier, avec un peintre quelconque, sans doute parce qu'on ne voit pas assez Ia figure du person- nage pour y reconnaitre Ostade. Mais la tradition constante est que c'est le portrait du maitre. |
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VAN OSTAuK. f>5
puyée sur Ie dossier du banc. Derriére elle, la maison,
et a gauche, en plein air, cinq ou six petites figures de buveurs. « Belle peinture, » dit Smith. Mais cependant ou
en trouve d'autres bien supérieures, au musée de La Haye et dans les collections particulières. Isack, comme son frère, n'a au musée d'Amster-
dam que. deux tablcaux, très-bons tous les deux : un Paysan qui rit, son pot de bière a la main; signé: Isack van Ostade; — et des Voyageurs arrêtés d la porte dun cabaret de village; provenant des ventes Fouquet et van der Pot. A la suite des van Ostade il faut ajouter les élèves
d'Adriaan : Cornelis Bega et Cornelis Dusart. CeJui-ci a trois tableaux: une Poissonnerie, vantée par Immer- zeel; signée, avec la date 16S3, et payée 1,663 florins a la vente van der Pot; — une Vue de village, et une Cour de cabaret, avec beaucoup de petites fi- gures. Bega, deux tableaux : un Vieillard dam son cabinet d'étude, peinture un peu grise, qui pa- rait chercher Gerard Dov; et une Réunion rustigue, oeuvre de premier ordre pour Ie maitre, et signée : C, bega [sic). lei encore je rassemblerai quelques artistes secon-
daires, mais non pas sans talent, qui ont traite des sujets analogues a ceux des Ostade. Je n'ai point a parier du condisciple d'Adriaan van
Ostade chez Frans Hals, — de Brouwer, puisque les deux tableaux qu'on lui attribue, et qu'Immerzeel |
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9,6 MUSÉE D'AMSTERDAM.
cite de confiance ', ne sont que de misérables copies
de 1'école de Breugel Ie vieux2.
Mais il y a de Brekelenkamp deux excellents ta-
bleaux. On a supposé que ee maitre avait travaillé chez Gerard Dov; il ne lui ressemble point, comme pratique; mais il est évidemment sectateur d'Adriaan van Ostade. Sa touche est ample et simple; ses per- sonnages sontsolides, naïfs, franchement plébéiens. Dans un de ses tableaux, un vieillard a barbe blan-
che est assis devant un rouet; un pêcheur, habillé de noir et coiffë d'un grand chapeau, tenant d'une main sa ligne, de 1'autre main son panier a poisson, entre dans eet intérieur. Le pendant représente un autre in- térieur avec deux figures; Brekelenkamp ne mettait jamais beaucoup de personnages dans ses composi- tions. Un bonhomme a barbe blanche, vu de profil, allume sa pipe dans un réchaud; un autre homme, assis , tient un pot. A gauche, une cheminée. Fond neutre. Signé Q. Brekelenkam {sic) 1664. Les deux tableaux viennent de la vente van der Pot. Arij de Vois a aussi, au musée d'Amsterdam, un
de ses bons ouvrages : un Homme joyeux, tenant un verre de vin et un violon. Cet homme joyeux porte un chapeau brun et un manteau noir. Son teint 1 M. Maxime Ducamp, dans la Revue de Paris, les cite aussi
comme originaux d'Adrien van (sic) Brouwer. 8 Rejetésaux Inconnus dans le nouv. cat., d'oü le nom de
Brouwer a disparu. |
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VAN OSTADE. 91
coloré rappelle en petities types de Jordaens. Le ta-
bleau, signé a droite, provient, je crois, de la vente de la baronne van Warmond, oü il fut payé 900 flo- rins. Un deuxième Arij de Vois est intitulé : Marchand
de poisson en bonne humeur (n° 314). Signé, comme le precedent: A D Vois, 1'A, le D, le V emmêlés en monogramme. Brakenburgh — il signe ainsi d'habitude (au mu-
sée de Yienne, par exemple, deux tableaux), etleca- talogue d'Amsterdam a tort d'écrire le non sans Yh final, — Brakenburgh est censé élève de Mommers, imitateur de Berchem. Maïs il a bien plus d'adhé- rence a 1'école des Ostade et de Jan Steen. Le seul tableau de lui au musée d'Amsterdam, Réunion rustique (n° 37), ne suffit point a le faire connaitre. Passons. Un tableau de Thomas Wijck, peintre habile, dont
la biographie est assez obscure, semble aussi se rap- porter a 1'école des van Ostade : Intérieur avec une femme qui file. Mais il est trop haut pour qu'on en puisse parier. Ce Thomas Wijck, né a Haarlem en 1616, a peint
des sujets bien différents : des intérieurs de paysans, des alchimistes, des ruines, mème des marines; même un sujet turc avec des figures de grandeur naturelle, suivant Walpole. Il avait passé quelques années en Italië, oü il imita, un moment, le Bamboccio. Il vint, sous la restmiration (Charles II), habiter 1'Angle- 9
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96 MUSÉpl D'AMSTERDAM.
terre, oü il mourut en 1682 '. Son portraitet celui de
sa femme ont été peints par Frans Hals. Il a gravé très-spirituellement quelques eaux-fortes. Son fils, plus connu que lui, quoiqu'il nelevaille pas, fit sur- tout des batailles, et il sert de lien entre Philips Wouwerman, dont il fut sectateur, et Jan van Huch- tenburgh, qui fut son élève. L'Angleterre, oü il se maria, oü il eut plusieurs disciples, et oü il mourut en ■1702, possède quantitéde ses tableaux, quelques-uns d'assez grande dimension. Il a peint des chevaux dans «erlaines compositions de K nelier, et il a laissé un ]ivre de dessins de chasses. Kalf encore. Il a étudié chez Henri Pot; maïs, a
son maiti'e si fin et un peu minutieux, il semble avoir préféré la touche et Ie ton d'Adriaan van Ostade. Sa Nature morte (n" 152) est une vaillante peinture, d'une couleur chaude et énergique. Pletek de Hooch. — Comme Adriaan van Ostade,
ij tient de très-près a la methode rembranesque, «& peui-être découvrira-t-on quelque jour qu'il a tra- vaillé chez fiernbrandt, ou peut-ètre chez Nicolaas |
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Ses tableaux sont très-rares, même en Hollande.
Lesiausées de La Haye et de Rotterdam n'en ont poiut! J Le nouv. cat. dit, a tort je pense^ 1686. — Voir Walpole,
Anecdotes of painting in England, etc, London, 1782, t. 111, p.249. |
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PI ETER DE HOOCH. 9»
mais Ie musée van der Hoop en a quatre; les collec-
tions van Brienen, van Hillegom et van Loon, plu- sieurs très-importants. Le musée d'Amsterdam n'en a qu'un, et un petit
portrait qui passé pour être le portrait de 1'artiste, j)eint par lui-même a 1'age de dix-neufans. Je erois que M. Charles Blanc en a publié une gravure sur bois dans!''Histoire des peintres. La tète est sérieuse, 1'opil profond, la peinture large et solide, autant qu'on en peut juger a la hauteur oü ce précieux petit pan- neau, qui n'a pas 1 pied carré, a été accroché en mauvaïse lumière. Il serait pourtant bien interessant de s'assurer d'abord si l'oeuvre est de Pieter de Hooch'. Encore resterait-il a constater que ce portrait le repré- sente lui-même. De cela je ne sais, quelles raisons peu- vent ètre données : une tradition plus ou moins ob- scure, sans doute. Car on ne connait presque rien de la \ie de ce grand artiste, qui probablement, comme Cuijp, Hobbemaet plusieurs autres, ne fut pas estimé a sa valeur par ses contemporains : 1'observation est de Smith. M. Viardot signale un autre portrait de Pieter de
1 Le nouv. cat. donne le monogramme DH, pres duquel
est 1'inscription : JZtatis 19. Voila pour 1'originalité de la peinture ; mais cela ne dit rien pour le personnage. Ce tableau a été acheté en vente publique a Amsterdam. — Le cat. écrit le nom : de Hooge, ce qui est plus conforme a 1'orthographe reguliere, mais le peintre lui-même, dans ses rares signatures, écrit habituellement: de Hooch. |
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100 MUSÉE D'AMSTEHDAM.
Hooch dans la galerie du comte Czernin, a Vienne.
On pourrait, au moyen de la photographie, comparcr ces deux têtes pour voir si elles se ressemblent. Mais, quoiqu'ilen soit de ceportrait, Ie tableau re-
présentant un Intérieur, sorte de vestibule pavé de dalles jaunes, est une belle produetion du maitre. Il a pres de 2 pieds de large, et 2 pieds 2 pouces de haut; sur toile. Jl provient de collections célèbres : J. de Bruyn, Amsterdam, 1798,2,600 llorins'; Smeth van Alpen, 1810, 3,023 florins; madame Hogguer, Am- sterdam, 1817, 4,010 florins. Smith (1833) 1'esti- mait 600 guinées. Il faudrait doubler cette somme aujourd'hui. L'effet de lumière est prestigieux, comme tou-
jours. A droite,au fond du vestibule, une porte ou- verte laisse voir un petit salon resplendissant, dont la fenêtre, ouverte aussi, donne en plein air. ïrois de- grés de jour très-différents ! Dans Ie petit salon, une chaise avec un coussin, et, au-dessus de la chaise, un portrait d'homnie accroché au lambris. A gauche, de cöté, dans la première pièce éclairée
par une petite fenêtre, une autre porte entrebaillée, d'oü sort une femme de profil a droite, donnant un pot a une petite fille, de profil en vis-a-vis. La femme est coiffée d'un serre-tête blanc; elle a un caraco rouge a manches bleutées , un jupon bleu perse. La petite fille est vêtue de gris perle, avec un beau bonnet 1 « J. J. de Bruin, 1765,450 florins, » suivant Ie nouv. cat.
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UiS CÜIJI'. 101
brode. Öes cheveux blonds en désordre couvrent pres-
que tout son visage. Elle avance gentiment sa petite main gauche vers Ie pot. Cest délicieux de naïvete dans les personnages, et superbe de simplicité dans 1'ensemble. Signé : P. D. IL, sans date. Nicolaas Koedijk a-t-il été élève de Pieter de
Hooch? S'il est né, comme on Ie dit, en 1681 seule- ment, c'estun peu tard; il est vrai qu'on ne sait point quand moiirut de Hooch. En tout cas, Koedijk la iniité supérieurement. Le petit portrait en pied du lieutenant-amiral P. P. Hein, qu'on lui attribue au musée d'Amsterdam, parait très-fort; mais il faut do bons yeux pour le deviner a trois mètres en 1'air. Ces maitres rares devraient, quoique secondaires dans 1'écolc, avoir des places choisies enlumière favorable. Au ïnusée van der Hoop, on retrouve ce Koedijk i dansun deses meilleurs ouvrages. Mais, pour suivre la lignée de Rembrandt, j'ai
laissé en arrière un grand peintre qui était né trois ans avant lui, et qui se classe auprès de lui dans 1'é- cole hollandaise : Aalbert Cuijp. Les Cüijp. — De Jacob Gerritz, pèred'Aalbert, et
fondateur de la société des peintres a Dordrecht, oü il résidait et oü naquit Aalbert, les tableaux sont presque introuvables. La France et la Belgique n'en ont point, du moins dans les musées et dans les gale- ries notables. En Allemagne, jene trouve qu'au mu- t>ée de Berlin (n° 743) un portrait de vieille femme, 9.
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102 MUSÉE D'AMSTERDAM.
signé I. G. Cuijp fecit, Anno 1624; au musée de
Munich (n°454, 2e série), une Vue de ville au bord d'un large fleuve, et au Stadel'sche Institut de Franc- fort-sur-Mein, un portrait de femme (n° 241). Le citalogue de la galerie Lazienki, a Varsovie, men- tionne aussi un portrait d'homme, par J. G. Cuijp. En Hollande, je ne connais que le tableau du mu- sée d'Amsterdam. Peut-être y en a-t-il d'autres dans des collections particulières que je n'ai point visitées. Le tableau du vieux Cuijp, au musée d'Amsterdam,
est donc très-précieux. C'est, de plus, une excellente peinture. Il est intitulé : Tableau de Familie (n° 59), et il représente, suivant Immerzeel, la familie du peintre Cornelis Troost; familie gaillarde et nom- breuse : la grand'mère, le père et la mère, quatre garcons et deux filles, tous un peu courts et trapus, du moins telsque les a faits 1'artiste. Aalbert aussi, comme son père et son maitre, a
toujours carrément établi ses personnages, gentle- men ou paysans, cavaliers ou patres. La sveltesse et Félégance ne se rencontrent que par exception dans la race hollandaise, et dans ses interprètes plas- tiques. Pres de la familie Troost, qui s'en va se promener
en fète quelque part, est une charrette attelée d'un beau cheval noir, de ces types frisons qu'Aalbert lui- même s'estplua rej)roduire. Les têtes, les costumes, l'espèce de paysage, un peu étouffé, sur Iequel se |
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LES CUIJP. 103
dessine Ie groupe, tout est peint magistralement, lar-
gement, a pleine patc, et d'un ton vigoureux'. Pour Aalbert, ce n'est pas au musée d'Amsterdam,
ni même dans les autres musées de la Hollande, qu'on peut 1'apprécier. Dans quelques collections pri- vées, oui; mais surtout en Angleterre, oü quantité do ses oeuvres superbes ont cté importées. Le musée d'Amsterdam n'a qu'un seul tableau
d'Aalbert : Paysage entrecoupé par vne rivière (n° 60). Le catalogue ajoute cependant, n° 61, Un Combat de cavalerie"*. Je n'ai jamais deviné a quel tableau apocryphe pouvait s'appliquer cc titre. Je ne sache pas qu'Aalbert ait jamais représente de bataille, et, sur 277 numéros de son catalogue, Smith n'en mentionne pas une. Le paysage, sans ètre de premier ordre, a de belles
parties, et surtout une lumière juste et profonde. Aalbert Cuijp n'a point volé son surnom de « Claude hollandais. » On sait toujöurs quelle heure il est dans ses paysages, et quelle saison. lei nous sommes en automne, le matinl Au pre-
mier plan, a droite, deux grands arbres; a gauche, 1 Acheté de Mme Schol, a Amsterdam, 600 florins (nouv.
cat.). 1 Le nouv. cat. atlribue toujours ce tableau a Cuijp, et il
en donne la signature, qui est évidommenl apocryphe : « A Cyvp. » II suffit de la comparer a la signature de 1'autre tableau, oü le nom, comme d'habitude dans la seconde ma- niere du mattre, est écrit : A. cuijp. |
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104 MUSÉE D'AMSTEHDAM.
un honunc sur unane, et unhonime apied, en veste
rouge. Au milieu, quatre vaches qui s'en vont paitre,
etune bergere sur son ane. Au second plan, une ri-
vière, des arbres, une tour; et pour fond, des mon-
tagnes.
Le tableau, sur toile, a plus de 3 pieds de large sur
environ 3 pieds et demi de haut. Il a été payé 3,800 flo- rins ala vente van der Pot, Rotterdam, 1808. A cóté de Cuijp il convient de niettre son ami et
collaborateur Aart van der Neer*, dont on voit au mu- sée d'Amsterdam un Effet d'hiver, assez ordinaire, mais bien authentique, et signé du monogrannne A. V. entrelacés, suivis de 1'N accolé au D. D'Eglon van der Neer, qui travailla d'abord chez
son père et imita ensuite différents maitres, notam- ment Terburg, il y a aussi un seul tableau : le Jeune Tobie avec l'ange. Signé: E. H. van der Neer f. 1644. Aalbert Cuijp, comme on sait, était« un vrai gentle-
man, » qui peut-être, on le suppose, peignait par vocation et par plaisir; on dit aussi qu'il était calvi- niste rigide. En contraste, je prendrai donc après lui une des figures les plus débraillées de l'école hol- landaise : maitre Jan Steen, le franc rigoleur, ex- cellent catholique, du reste; 1'humoriste spirituel et profond, qui semble avoir choisi, pour texte de ses peintures, la comédie humaine. Jan Sjuen est au grand complet dans les niusées
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JAN STEEN. in;;
de la Hollande : Ie musée d'Amsterdam en a 8; Ie
musée van der Hoop, 5 ; Ie jnusée de La Haye, 6; Ie musée de Rotterdam, 3; sans compter des chefs- d'ceuvre dans les collections particulières. Les Hollandais estiment beaucoup Jan Steen, et Ie
tiennent, avec raison, pour un des maitres les plus originauxde leur école. lis s'y reconnaissent, par un certain cöté, dans quelques-uns de leurs trans natio— naux. Mais Yépopée de Jan Steen va plus lom que Ie caractère d'un peuple, elle touche au fond même de 1'humanité. Il a eela de commun avee Molière, — et aussi avec
Balzac, — que, dans sa comédie humaine, ce sont d'habitude les meines personnages qui reviennent, jouant toujours un role analogue, quoique dans des pièces différentes. Comme Molière, il a ses Sgana- relle, ses Arnolphe, ses Dorine; toute une troupe bien apprise, consacrée a Bacchus et a Yénus; jeunes vauriens et vieillards ridicules, duègnes et soubrettes, grosses commères et capricieuses fillettes, buveurs très-illustres et ribauds très-précieux. Lui-mème est presque toujours de la compagnie,
trinquant avec les autres et leur versant a boire, tan- töt jouant du violon pour les faire danser, tantöt les regardant en philosophe, de quelque coin ombreux oüil fume sapipe. 11 n'y a pas vine omvre de Steen qui ne soit une
raillerie sur les moeurs ou sur les passions. Ses sujets peuvent se classer en quelques séries
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106 MUSÉE D'AMSTERDAM.
principales, sortes dechapitres de Ia même farce pan-
tagruéiique.
Les Intérieurs de familie, oü 1'on se réjouit tous
ensemble, depuis Ie grand-père jusqu'aux nourris- sons : fêtes des Rois, fètes de la Saint-Nieolas, fctes du bon Dieu et du bon Diable, oü la table est toujours dressée au milieu et couverte de jambons et de broes; sur les genoux du vieux bonhomme sautille un petit enfant en chemise et en bourrelet; au sein de la grosse jeune mère tette un baby; Ie père enseigne a un de ses garcons 1'art de fumer. Maïs tous ont tou- jours une main occupée a tenir un verre. Quelquefois la scène se passé entre Ie couple mari-
tal qui se grise en tête a tête; mais, tandis qu'ils chan- tent a table, les enfants cassent tout dans la maison, et, parquelqueporte entr'ouvertc, on apercoitdans Ie fond la meisjie (la meschine, la servante) qui fait I'a- mouravecson galant. Quelquefois Ie mari et la femme dorment en pen-
dant, pres 1'un de 1'autre, mais, chacun tourné de son cóté, 1'un accoudé a la table, 1'autre renversée sur sa chaise; ou bien 1'homme lit, et la femme qui s'en- nuie, s'endort. Quelquefois la femme est en train de rire avec son
amant, lorsque arrive Ie vieux mari. Les Noces se rattachent a cette comédie de la fa-
milie. Avec un vieux tout pimpant et très-cossu, les garcons de nocc poussent narquoisement la jeune ma- riée, fraiche et gaillarde paysanne, qui hésitc a « sau- |
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JAN STEEN. 107
ter Ie pas. » üu bien les épousés sont jeunes tous deux
et se font des tendresses; mais quèlque fumeur, assis sur un tonrieau, ricane en les regardant passer, et se demande combien ga durera. Les Orgies, — chapitre Bacchus, — intérieurs
d'estaminet, oü les hommes boivent et braillent; mais voila qu'au seuil de la porte, une femme chargée d'enfiints vient appeler son ivrogne qui n'y prend garde. Kermesses en plein vent, oü 1'on danse, oü 1'on joue aux boules et aux quilles, oü 1'on se roule sur des gerbes, oü 1'on badine sous des treilles. Franche gaieté, point de souci! On ne s'amuse ainsi quechez Rabelais. Les Médecins, charlatans et alchimistes. Le méde-
cin d'amourettes — chapitre Vénus — est surtout le triomphe de Jan Steen. Ce n'est pas tant le méde- cin qu'il a plaisanté, que 1'amour féminin qu'ila cé- lébré. Il s'agit toujours de quelque jolie fille, qui n'a guère 1'air malade, et ce n'est que grand hasard si elleen est venuejusqu'aux pales couleurs. Parfois le vieux docteur est-très-sérieux et semble
de bonne foi consulter toute sa conscience pour remé- dier a une pareille désolation, passagere heureuse- ment. Le spectateur devine très-bien la cause du mal, — a un billet doux, chiffonné devant le miroir, — a un. petit portrait en medaillon que la fillette n'a pas eu le temps de cacher tout a fait sous son oreiller. IVest-ce pas la un comique comme celui de Molière, dansles scènes oü Arnolphe écoute complaisamment |
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108 MUSÉE JVAMSTERDAM.
les confidences et les contes du jeune Horace, tandis
que Ie spectateur du théatre comprend la tromperie
d'Agnès?
D'autres fois, Ie médecin, qui connait 1'affairer..
sourit a la duègne dissimulant sous son tablier fVn- strument de Diafoirus, et, par un signe grotesqueTif indique Ie moyen de sauver la belle défaillante. D'habitude, pendant ces graves consultations, oü
Ie médecin regarde Ie soleil a travers un bocal mys- téricux, arrive quelque page avec un papier plus sa- lutaire que les drogues pharmaceutiques; ou bienr par une fenêtre on entrevoit un jeune cavalier qui rode et qui cntreratout a rheureacheverlaguérison. En certains cas compliqués et dése^pérés, Ie re- mede de Jan Steen est un paté qu'on apporte avec une grosse amphore et de gentils verres en cristal. C'est, par exemple, quand ily a la, pres de la ma- lade, un vieux Dandin qui Jasurveille. Il s'agit de faire passer Ie temps, en atteni|ant que Ie bonhommc aille vaquer dehors a ses affaires. L'amant n'est pas loin. Outre les gais bohémiens ei les jeunes sentim|n-
tales a talons courts comme on disait au xvi* sièqle, les écoliers sont encore les favoris de Jan Steen. Son système d'éducation, de même que son système mé- dical, repose également sur la nature et la liberté. Dans ses Écoles, on n'apprend rien d'inutile, car Ie magister dort Ie plus souvent; et les jeunes citoyens s'apprennent tout sculs a faire des cocottes avec leurs |
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JAN STEEN. 109
livres ou a dessiner sur la muraille la silhouette du
pédagogue qui rontle. Oh! les bons petits Panurge que ca fera! Ce n'est pas que Jan Steen ne se soit jamais élevé
aux sujets graves, aux compositions bibliques et hé- roïques. Si vraiment! N'a-t-il pas représenté, a plu- sieurs reprises, les Noces de Cana? Admirable prétexte pour exalter dignement Ie miracle du changement de 1'eau en vin! C'est Ie seul miracle qui, dans toute 1'Écriture sninte, paraisse avoir touche Jan Steen. Il n'y a pas une de ses kermessesoü 1'on s'cnivre mieux que dans ses Noces de Cana. Il a mème fait vin Romain, choisi tout expres bien
en harmonie aVec sa rigide moraJe. Oui, il s'est amuse a peindre : la Continence de Scipion! Et nn autre jour il a mème peint un Grec : Diogène cher— chant un homme. Vous pensez si la foule de ribauds et de gamins se moquent du philosophe lanternier , bien empêché de trouvcr un sage dans cette bande <le fous. Après tous ces tableaux oü la vie humaine est sai-
sie par son cöté sarcastique, oü s'étalent les ridicules, les passions et même les "vices, Jan Steen sans doute ne peut manquer d'ètre damné. Il mérite assuré- ment de faire compagnie a Panurge, a Sganarelle, ii Sancho, a Falstaff, a Pangloss, et aux derniers de ces grands réprouvés, Robert Macaire et Vautrin. Non-seulemcnt dans les caractères, mais dans la
ïnise en scène de ses personnages, Jan Steen a encore 10
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110 MUSÉE D'AMSTËHDAM.
ceite ([ualité de Molière : une extreme elarté; il est si
expressif et si simple, que tont Ie monde Ie com- prend, Ie peuple et les enfants, aussi bieö que les lettres et les raffinés. Il n'a pas besoin, comme les peintres mystiques, de mettredes banderolcs au-des- sus de ses héros; on sait ce qu'ils disent et ce qu'ils pensent, en voyant a merveille ce qu'ils font. Pourtant il a la manie de coller souvent aiix murs
de ses cabarets de belles sentences explicatives et édi- iiantes : « Tel père, tel fils. — Quand les vieux s'amu- «ent, les jeunes en font autant, etc. » Car il faut ajouter que les inventions burlesques de Jan Steen , loin d'être la glorification des égaremcnts qu'il se plait a retracer, ont toujours au fond une significa- tion morale. L'intempéraiice, lc libertinage, la pa- resse, Ie désordre, montrent toujours leur punition dans quelque percée même du tableau. Absolumen) comme dans Ie marquis de Sade ou dansM. Bouilly. Pour ce qui est du métier de ppindre, personne ne
Ie pratique mieux que lui. Reynolds, —voila qui est surprenant! —Reynolds lui a trouvé des analo- gies avec Raphaêl! « Jan .Steen, dit Ie peintre an- glais, a un style vigoureux et male, qui approche même du dessin de Raphaël. Il a manifesté la plus grande habileté dans la composition et dans Ie nié- nagement de la lumière et des ombres, comme aussi une grande vérité dans l'expression et Ie caractère de ses tigures. v Après cette citation, j'oserai dire, a mon tour, qu'on
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JAN STEEN. Hl
voit de Jan Steen quelques figures de médecins qui
font penser a Titien et a Velazquez dans sa maniere ferme. Quoique hautes d'un pied sculement, elles ont une structure qui conviendrait a un personnage de grandeur naturelle. 11 est vrai que Jan Steen n'est pas souvent de cette
force-la. Toujours spirituel, il est quelquefois un peu
enilé de dessin , a la maniere de Jordaens; car il est
Ie Jordaens de l'école hollaridaise. Et c'est ce style-la
qu'on connait surtout de lui en Fx'ancc, avec une
gainme de ton trop rougeatre. Mais, dans ses oeuvres
distinguécs, il est aussi correct de dessin que Terburg,
etniême plus solide; aussi fin de couleur que Metsu,
mais plus ample de touche; aussi vigoureux que Pie—
ter de Hooch, mais plus mouvementé. Quelques-
uns de ses tableaux pourraicnt être pris pour les
meilleurs. Adriaan van Ostade. 11 a, dans ses ma—
nières très-diverses, presque tout.es les qualités des
maitres de son école. Mais il est Ie plus expresgif
de tons. Sa mimique est incomparable. Et la-dessus,
dans quelque école que ce soit, personne ne l'a sur-
passé.
Il y a de lui cepeudant une certaiue quantité de
tableaux, —parfaitenient authentiques, — mais qui sont assez faibles et semblent des ébauches mal réns- sies. L'intention comique et la physionomie s'y trou- vent toujours indiquées, mais 1'exécution est aban- donnée et impuissante. Commente*pliquercela d'un homnic ^i vaillantdans ses bonnes veines? |
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112 MUSÈE D'AMSTERDAM.
Si ces sorkis de tableaux appartenaient a sa periode
primitive, on pourrait croire qu'il eut un moment de débrouillement difficile; mais ils sont de diverses époques, et même souvent postérieurs a ses bons ouvrages. Serait-ce vers sa fin, au contraire, que sou talent
perdit une partie de son adresse et de sa süreté? Sc- rait-ce un effet de sa propre intempérance? Car ce grand et joyeux philosophe, pareil au bon curé de Meudon, cherchait souvent sa philosophie au fond du pyt. Peut-être, quelquefois, quand l'<jeil et la ma In, i'a-
tiguós par quelque orgie nocturne, ne répondaient pas tout de suite a son hallucination intcrieure , re- noncait-il a son fantóme incomplet. Peut-être, au milieu même de ses compagnies joyeuses, barbouil- lait-il de ces pochades qu'il laissait la dans-l'estami- net. (rest la suppositiou faite par Smith, qui assure qu'on rencontrait autrefois des tableaux de Steen dans tous les cabarets [li/jiior sliop) de la ville de Delft. — II y a des Jan Steen qui valent 500 francs, d'autres qui valent 50,000 francs. ('ihose singuliere, que ce soient les Anglais qu i aieat
Ie plus relevé Ie talent de ce peintre débraillé! lis en possèdent plus d'ouvrages non-seulement que la Hol- lande, mais que toute 1'Europe. Lord Ashburton, lord Ellesmere, lord Dudley, lord Scarsdale, lord Overstone, Ie marquisdeBwtc, lady Peel,M. W. Beck- ford, M. Munro, M. Walter, M. Hope, toutes les col- |
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JAN STEEN. H3
lections principales en ont. La galerie de la reine,
au palais de Buckingham, en a six. Le grand lord Wellington surtout adorait les Steen, et il en avait réuni quantité dans la collection qui appartient au- jourd'hui ason fils, a Aspley House. On en comptait onze a 1'Exhibitiön de Manchester '. Les niusées de Vienne, de Dresde, de Munieh, de Berlin, a eux qua- tre, n'en ont que six. Parmi ceux du musée d'Arasterdam, il y en a un
de la meilleure maniere, sans être d'importance; un avitre très-bon, un autre interessant en cequ'il estlo portrait dn peintrelui—mème, deuxoutrois fort mé- dioeres, et unou deux assez mauvais. Il faut les pren- dre comme ils sont. Tous d'ailleurs ont leurs titres en regie, et proviennent de collections plus ou moins céIebres. « N° 270. Intérieur avec iigures, panni lesquelles
mie femme qui donne a manger ii un perroquet. » (Vest le plus beau. A droite sont des joueurs de tric— trac, un assis, 1'autre debout; un troisième homme les regarde en fumant. A gauche, devant une che- minée oü cuisine une femme, un petit gareon fait manger un chat. Au milieu , en avant, une jeune tille, debout et vue de dos, leve le bras \ers une ca ge pendue au plafond; a la porte de la cage se pencbe un perroquet pour becqueter la main de la fille. Sur un fauteuil, au premier plan, est jeté le manteau d'un f VojrTrêsorsd'arl, etc, par \V. Burger, p. 281 et suiv.
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H 4 MUSÉE D'AMSÏEHDAM.
des jouems de trictrac. Au bas, a droile, la belle «i-
gnature eii toutes lettres, Ie J du prénom entortillc dans uu S capital. La jeune fille, motif principal du tableau, est d'une tournure ravissante. Dessin con'ect, modelé tres-ferme; la lumière partout avec des dé- gradations merveilleuses; Ie ton local vigoureux comme chez les Vénitiens. Ce tableau sur toile a été collé sui1 bois, ce qu'on
appelle marouflé. Il a 1 pied 8 poucesdc baut, 1 pied )J pouces de large. Gravé par J. de Mare. A la fa- meuse vente Lormier, en 17G3, il fut payé 540 flo- rins. Ces prix du xvm8 siècle, que nous donnonsparcu-
riosité, comme certificats d'origine et utres de no- blesse, ne signiflent plus rien a présent. En général, ils doivcnt ètre au moins décuplés; pour certains peintres doat la renommée a monté, les florins se- raient reinplacés par des billets de 100 francs ; pour certains tableaus même, et nous en citerons qui au- raient cette chance, il faudrait aller bien au dela. Pour ce Jan Steen spécialement, les guinées rempla- cant les florins n'arriveraient pas a sa valeur. Steen d'ailleurs est de ceux qui, pendant une periode assez longue, ne furent pas estimés autant qu'ils Ie niéri- taient. Mais, comme dit Ie proverbe anglais: Le temps finit toujours par mettre la vérité en lumière, Time brings truth to light. Smith intitule cette composition : les Joueurs de
trictrac; M. van Westrheene, de La Have, dans sou |
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JAN STEEN. HS
catalogi ie plus complet que celui de Snjitb, adopte Ie
titre : la Perruche'. « N°265. Un intérieur bourgeois; tableau connu
sous Ie nom de la Fète de Saint-Nicolas. » Sujet affectionné de Steen <jui 1'a répété souvent, avec va- riantes. lei, la mère, en caraco vert, bordé d'hermine, jupon lilas, est vue de profil, assisea droite prèsd'une table chargée de patisseries et de bonbons ; elle tend les bras a une petite tille qui emporte des jouets a pleines mains et dans un seau do fer-blanc. Les autres enfants, trois ou quatre garcons et une lillette, rient ou pleurent selon les faveurs de saint Nicolas et se font des malices. Le père est au fond dans la demi-teinte. Nombreux accessoires, fionne peinture, un pen usée par place. Signé, sansdate. 2 pieds 8 pouces de bant, 2 pieds 3 pouces de large. Vente Seger Tierens, La Ilaye, 1743, 69S florins. « N° 264. Portrait de 1'artistc. » Ikiste de gran-
deur naturelle, tournó a droite de trois quarts; avec les deux inains appuyees sur un dossier de fau- teuil. La tètc de Steen est bien comme ; il s'est peint lui-
mêmc assez souvent, non-seuleraent dans ses conipo- sitions, mais en portraits sépiirés, qui valent mieux 1 Lo nouv. cat. : la Cuge duperroquet. — II faut noter, en
passant, que le nouv. cat., d'après 1'excellent travail do M. van Westrheene, donno 1626 et 1679, comme dates de la naissance et de la mort de Jan Steen. II faudra bien'que le cat. rlu Louvre change ses dates I63G-1689. |
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110 JUSÉE D'AMSTERDAM.
que celui-ci. Smith a fait graver, pour sou VI" vo-
lume, le charmant petit portrait en pied, que possé- dait alors le baron Verstolk van Zoelen de La Have. On y trouve le vrai Jan Steen, qui chante et qui rit, en s'accompagnant de la mandoline. Il est assis pres d'une table sur laquelle sont des papiers de musique et une cruche de quelquechose a boire. Dans le portrait d'Amsterdam, la physionomio est
assez sérieuse et même triste, avee toutefois un pen de sarcasme. Le nez baroque pointe en 1 'air; petite mous- tache, longs cheveux bruns. Sur la casaque sombre, un rabat blanc. A droite, une échappée de ciel opaque. Tout a poussé au noir. La peinture, d'ailleurs, na ja- mais été de belle qualité : indifferentlypainted, dit, Smith. La signature est sur lebord d'une fenêtrea droite. La toile presque carrée a 2 pieds et quelques pouees de haut. Gravé par J. de Mare'. «N°269. Un Charlatan vantant sa marchandise.»
II est debout sur une cstrade, a 1'ombre d'un arbre. Beaucoup de petites figures, toujours très-spirituelles, et des episodes comiques : une femme amène dans une brouette un homme ivre, sans doutc pour que 1'éloquent docteur le guérisse de l'ivrognerie. Un paysan se fait opérer par la commère du charla- tan, etc. Exécution très-libre et très-légère. Sur bois. II. 1 pied 2 pouces, L. 1 pied 7 pouces. Encore de la collection Lormier : 420 florins. ' Adieté I-J0 lloriiiS; de M. Ilortgos (nouv. cal.).
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JAN STEEN. 117
De la collection Braamcamp, non iiioins célèbre,
une toile assez grande, 2piedsct demi de large sur 2 pieds 2 pouces de haut, qui fut payée seulement 360 florins. Sortc d'ébauche, très-lachée, et qui n'a de mérite que Ie mouvement de la composition et une indication de physionomies. Sur Ie devant, un canal et un bateau dans lequel sont un batelier, un garcon jouant de la tlüte et une femme allaitant son enfant. Au bord du canal un homme fait des signes a la femme et s'en va rejoindre un groupe de buveurs a une au- berge. De la collection van der Pot, deux panneaux : Un
Boulanger étalant son pain, et une Servante de paysan écurant un pot d'étain. Le boulanger range ses galettes sur la devanturo
desa boutique; une femme vientpour en acheter; un petit garcon sonne de la trompe en maniere d'ap- pel auxpratiques. Date 1659. Gravé par J. Bemme. Payé 705 florins a la vente van der Pot, Rotterdam, 1808, après avoir été payé 160 florins a la vente Wierman, Amsterdam, 1762'. La Servante, dans son intérieur de cuisine, est en
caracoblancet jupon bleu. Prèsd'elle, sur une table, unc lanterne et des ustensiles de ménage. Tout petit tableau, très-fini. 255 florins a la vente van der Pot. 1 D'après une inscription au dos du panneau, les fi'gures de
cette composition sont les portraits du boulanger Oostwaard, de sa femme, et d'un des nis de Jan Steen. Le nouv. cat. ne donne pas la date .1659, mais seulement la signature. |
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118 1MUSÉE D'AMSTKKDAM.
Entin, une Noce de campagne. Le marie, la ma-
riée, leurs amis, sont a tablc. On va danser. Les musiciens sont la. Signé et date 1672'. Au revoir, Jan Steen! et a meilleure rencontre !
ïeuücug. — Parmi ce&petits grands peintres hol-
landais, il y en a un qui ne s'est jamais encanaillé. C'est ïerburg. Vrai gentleman, comme Cuijp, et de la mème génération. Il est né la mème année que Rembrandt, en 1608. il a sa bonne part d'influene'e dans 1'école de sou pays. Metsu est son jeune frère, et son égal. Tous deux, dans leur genre, qui est ana- logue, distancent de bien loin tous leurs rivaux. Mais Terburg a sur Metsu 1'avantage d'ètre 1'initiateur. ' 1'est lui qui a inventé les scènes d'intérieur elegant, conversations, parties de cartes, galanteries discrètes, réception de billets doux, concerts intimes, dans un petit salon tendu de soie, oü de jeunes ladies coquet- tement parées étalent avec nonchalance leurs robes de satin. La robe de satin appartient a Terburg. Il a fourni 1'étoffe a Metsu, a Mieris, mème a Wouwer- man pour ses cavalcades seigneuriales, même a Jan Steen qui ne 1'a point trop froiseée dans ses belles nia- lades d'amour. Terburg a beaucoup voyagé et il est le seul artiste
de son pays, qui, en son temps, ait ainsi couru le 1 Vente J. Hoogenbergh, 1713, Amsterdam, 81 floriiu
inouv. egt.). |
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TERBLHd. 119
monde. Il a vièité 1'Italie et il a étudié les grands
maitres; il a vu 1'Allemagne et il a peint d'après na- ture son Congres de Munster; il a tu 1'Espagne, oii, <lit-nn, il ne fut pas insensible a la beauté des femmes, et il a du connaitre a Madrid Vclazqliez ; il a peint en France, peut-ctre mème en Angleterre. Et, mal- gré tout, il est demeuré pur Hollandais de style et d'exécution. La terrible épreuve de 1'Italië ne Fapoint perverti. La fréquentation des rois, princes, ambas- sadeurs, cardinaux, grands personnages de tant de pays, ne lui a point fait perdre Ie naturel; il n'y a gagné qu'une rare distinction et une grace exquise pour interpréter la société hollandaise dans ses types des classes supérieures. Aucun des maitres étrangef» ne luia laissé la moindreempreinte, quoiqu'il se soit assimilé mvstérieusement leurs plus fmes qualités. S'il a songé paribis a quelqu'un d'eux, c'est peut-êtrc a Velazquez, et il en a, dans certains de ses tableaux, les tons verdatres argentés, d'unc nuance si harino- nieuse et presque indéfinissable. Smith lui trmrve de la ressemblance avec « la maniere fascinatrice » du Corrége! Qite ces Anglais sont exccntriques : Rey- nolds mèlant Rapbaél a Jan Steen, Smith mêiant Corrége a ïerburg! La vérité est que Terburg ne ressemble apersonne.
C'est la tin maitre original et de premier ordre. Je ne sais pas si, après Rembrandt, on ne devrait pas Ie inettre tout a fait hors ligno, seul a son rang, comme les vrais grands hommes. |
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120 • MUSÊE D'AMSTERDAM.
Le musée d'Amsterdam n'a de lui qu'un tableau,
assez célèbre: la Robe desatin, précisément. On ap- pelle quelquefois ainsi cette charmante composition, qui a été gravée a 1'aquatinte par Yaillant. Le cata- logue 1'intitule : « Jeune Dame, habillée en satin blanc, conversant avec uu seigneur et une dame. » (n°277.) La jeune lady est debout, de dos, la tête penchée
en avant et ne laissant voir que sa nuque blanche et son chignon blond clair. Elle a une pèlerine noire sur sa robe de satin blanc. Elle se découpe en partie sur une table couyerte d'un tapis rouge, en partie sur les baldaquins et les rideaux rouges d'un lit qui oc- cupe la moitié du fond; 1'autre moitié du fond est uu simple lambris gris, avec une porte fermée. Sur Ia table, qui est a gauche, un miroir, une coupe, un flambeau d'argent, deux peignes, un cordon rose; nous sommes dans le sanctuaire intime, dans la cluimbrc a coucher. A droite, le gentleman, assis de profil sur une
chaise a dossier rouge, une jambe croisée sur 1'autre, tient a la main gauche son grand chaj)eau gris a lon- gues plumes azur et citron ; sa main droite, mi-levée, fait un geste d'explication avec la femme debout qu'il regarde. II ressemble un peu a ïerburg jeune. 11 a de longs cheveux, une casaque courte, couleur cha- mois, des hauts-de-chausses lilas; son épée a poignée d'acier traiue le long de sa chaise, derriére laquelle est un grand lévrier gris dans la pénombre. Entre lui et |
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TERBURG. 15>i
la femme en satin blanc, une jeune femme blonde,
assise de trois quarts, vêtue et encapuchonnée de noir, boit dans un verre a pied, qu'elle soutient de la main droite et a travers lequel on apereoit la moitié du visage. C'est délicieux. « Une des meilleures oeuvres du
maitre, dit Smith, et de la plus haute beauté. r> Par malheur, la peinture est très-usée en plusieurs en- droits, ce qui diminue de beaucoup la valeur du tableau. Tous les amateurs connaissent d'ailleurs cette com-
position par un chef-d'oeuvre de Wille. La gravure de Wille, intitulée : — on ne devine pas pourquoi,— l'Instruction malernelle, a été faite, non d'après eet original, mais d'après une répétition offrant de légers changement* ; par exemple, Ie lévrier y manque. Cette répétition, qui a passé dans les cabinets les plus célèbres, appartient aujourd'hui a lord Ellesmere (Bridgewater Gallery), et a été exposée a Manches- ter, en 1857 '. Il y en a encore une répétition avec va- riantes au inusée de Berlin, n° 791. Lc tableau d'Amsterdam est sans doute celui qui
tit partie de la collection Lormier, et qui, a la vente, en 1763, fut payé 823 florins. Il vaut aujourd'hui plus de 1,000 guinécs, et s'il était de bonne conser- vation, les Anglais se Ie disputeraient au dela de 3,000 livrcs. 1 Voir, pour les détiiils, Ttèsprs d'art, etc, par W. Burger,
p. 273. il
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122 MUSÉE D'AMSTERDAM.
La toile a 2 pieds 4 pouces carrés. Les figures fint
environ 1 pied de haut. A la suite de Terburg, Ie catalogue enregistre,
comme étant copiée d'après ce maitre, une espèce de petite ébauche, intitulée : la Conclusion de lapaix de Munster. Smith dit que ce tableau a été gravé par Simon Fokke, et que ce pourrait être une pre- mière étude pour Ie fameux Congres, que les artistes francais ont adrniré dans la galerie de la duchesse de Berri. Mais assurément Terburg est étranger a cette mauvaise pochade. Nous trouverons, au nmsée de La Ilaye, Ie por-
trait de Terburg, par lui-même, en pied, dans son costunie de bourginestre de Deventer. On voit encore plusieurs de ses chefs-d'oeirvre chez les richcs ama- teurs d'Amsterdam, notamment un bijou, une iner- \eille incomparable, dans la galerie van Loon. Gaspar Netscher, de Heidelberg, a travaillé sous
Terburg. Un de ses meilleurs tableaux est au musée d'Amsterdam : « Femme pompcusement mise, ajus- tant la chevelure d'un petit garcon (n° 201). » Le costunie de la femme est, en effet, très-élégant : ca- raco de satin bleu foncé, bordé d'hermine, jupon.de satin, couleur safran, avec des lisérés d'argent. Assez beau ton, mais un peu lourd. Elle peigne un gentil pctit enfant agenouillé pres d'elle. Un autre enfant, debout contre une table a tapis turc, se fait des gri- maces dans une glacé. Sur la table, une boite en argent, une assiette, une coupe, très-délicatement |
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METSU. 123
peintes. Une servante arrive, portaiit un plateau d'ar-
gent. En avant, une chaise couverte de velours rouge, sur laquelle sont déposées une toque et des plurnes. Derriere la chaise de la jeune femme est un chat. Haut., 1 pied 6 pouces; larg., 1 pied 2 pouccs; sur toile. Signé, sans date. Smith, qui fait grand éloge de ce tableau, 1'inti—
tule : Occupation maternel le. Le catalogue attribue encore a Gaspar Netscher,
un « portrait de Constantin Huygens père '.» Metsu. — A coté de Terburg, — Metsu. J'ai rec-
tifié ailleurs2 plusieurs points de sa biographie, et en particulier la date de sa mort, que tous les cata- logues de 1'Europe fixent a 1658, quand, au musée de La Haye justement, il y a do lui un tableau date 1661a. Avec ses airs de marquis, ce délicat Metsu fut ea-
rnarade de Jan Steen, un peu plus jeune que lui. Mais il quitta Leyde pour Amsterdam, vers le mo- ment oü Steen se mariait a la fille de van Goijen. Je 1 D'après lo nouv. cat., ce tableau, acheté par le roi Guil-
laume I'r pour le musée, est signé : C. Netscher 4 672. s Voir Trêsors d'art, etc, par W. Burger, p. 274 et suiv.;
et VArtiste, livraisons do février 1858. 3 Les rédacteurs du nouv. cat. d'Amsterdam n'ont point
eux-mêmes connaissance de cette date authentique, et ils inscrivent encore 1648 comme date de la mort de Metsu ! II n'y a pourtant pas loin d'Amsterdam a La Haye. |
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124 MUSÉE D'AMSÏERDAM.
suppose qu'ils continuèrent, a distance, des relations
d'amitié. On remarque mème quelquefois dans leurs ceuvres une mutuelle influence. Quand Steen peignait des ladies en caraco de velours bordé d'hermine, il n'était pas sans songer a son ami Metsu, et celui-ci s'inspirait un peu de Steen, quand il composait des scènes populaires, telles que Ie beau Marchê mix her bes d' Amsterdam (n° 292 du Louvre). Smith, qui appelle Metsu Ie van Dyck hollandais.
Ie trouve tres-inférieur a Steen, « conmie invention, expression et facilité d'exécution. » Quoique parfaite- ment juste, cette appréciation, par un des plus pro- fonds connaisseurs en peinture, a de quoi surprendre ceux qui sont peu familiarisés avec 1'ceuvre de 1'in- coinparable Jan Steen. Il est vrai que Smith ajoute tout de suite : cc Mais pour Ie ehoix, plein de gout, des sujets, pour la griice de 1'expression et 1'élégance des tournures, Metsu est sans rival. » (Vest a cette grace et a cette finesse que Metsu pro-
bablement dut Ie privilege d'être toujours préféré par les amateurs hollandais a tous les peintres de leur école, Gerard Dov et Mieris exceptés. Mais aujour- d'hui Metsu est mis au-dessus de Mieris, et mème de Gerard Dov; et quant aux autres peintres qui parais- sent avoir été un peu dédaignés par les anciens bour- geois hollandais, comme Cuijp, Steen, llobbema et bien d'autres, ils ont conquis, au jugeinent de la pos- térité, un rang indiscutable désormais. Les deux Metsu du musée d'Amsterdam sont tres-
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METSU. 123
charmante, sans avoir aucune importance dans son
(EUTre : N° 17JI. Un Homme et une Femme assis a ime table garnie de mets. N° 172. — Vieillard assis pres d'un tonneau de bière. Us sont fort petits lous les deux : 1'un, sur toile, n'a pas 1 pied de large sur un pen plus de 1 pied de haut; 1'autre, sur bois, n'a que 9 pouces de haut et 8 pouces de large. Le premier, assez frotté, malheureuseinent, a
perdu toute sa fleur. La femme, en corsage cainellia tendre, jupon violacé, tablier émeraude, fichu blanc a deux pointes, est assise a droite, presque de profil, versant du vin, d'une cruche de grès, dans un long verre. L'homme, en veste pucc, prcnd sur la tal tic un plat de viande. 11 y a encore sur la table, couyertc d'un tapis perse et d'un surtout en linge blanc, des assiettes, du pain, des couteaux, un verre. Le fond, a droite, est vague, avec unc indication de porte. A gauche, un rideau vert sombrc. Les personnages ne sont vus que jusqu'aux genoux. Signé G. Metsu. Gravé par ü. .1. Sluijlcr. Vente Lormier, 17(i.'ï, 60S florins. Le Vieux buveur est de meilleure conservation, et
d'une qualité exquise. 11 a de longs cheveux gris et une barbe grise, courte. Joyeuse trogne, vive expres- sion. Ne tient-il pas sa pipe d'une main qui repose sur un tonneau, et de 1'autre main, un pot en étain, appuyé sur sa cuisse? Aux bons vivants les mains pleines. Il a une chaude houppelande grise, et une belle toque rouge, gavide de fourrure brune. 11 ne li.
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120 MÜSÉE D'AMSTEHDAM.
lui manque rien. Cet homme est parfaitement heu-
reux. Au-dessus du tonneau, une cruche de grès et une ardoise, accrochées a des clous. Le reste du fond, ncutre, dans une harmonie gris perle, tres-fine. Le personnage est aussi coupé a la hautcur du genou. De 1810 a 1827, ce petit bijou a doublé de prix.
Payé 1 ,oOO florins a la vente Sineth van Alpen (1810), il monta a 2,860 florins a la vente Gerrit Muller (Amsterdam, 1827). Combien a-t-il gagné depuis trente ans ? Je ne trouve point d'élève notable de Metsu au
musée d'Amsterdam; c'est pourquoi je passé a un autre maitre aussi adiniré dans son genre, que 1'est Metsu dans le sien. Philips Wouwerman. —Suivant moi cependant,
Wouwerman, malgré toutes ses qualités, n'est pas absolument a la même hauteur que les premiers, les princes [principes) de 1'école, comme on disait jadis. Duc, soit, ou comte, gentilhomme assurément, et de race distinguée, mouvante, adroite, spirituelle. Mais Cuijp est plus fort que lui; Terburg et Metsu ont plus d'élégance; Adriaan van Ostade et Adriaan van de Velde ont la naïveté, qu'il n'a pas; Jan Steen a le véritable entrainqui lui manque... Bah! toutes ces hiérarchies en peinture ne signifient rien. Chacun a le droit d'adorer ses idoles, de vanter le noble dont il sait comptcr les quartiers, — ou de sympathiser avec des misérables comme Jan Steen et Brouwer, |
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PHILIPS WOUWEHMAN. 127
Qui a fait, mieux que Wouwerman, de petits
départs pour la chasse, au bas du perron d'un eha- teau, les ladies a cheval, faucon au poing, les meutes aboyant entre les pieds des chevaux; de petites arri- vées a 1'hötellerie, de petits chocs de cavaliers? per- sonne. Et parmi les artistes qui, après lui, et en s'inspirant de lui, ont répété ces sujets, personne ne 1'a égalé. Convenons donc que Ie gout des colleetion- neurs ne s'égare point sur ce peintre précieux. Si Philips Wouwennan vaut dix fois van Huehten- burgh, cinquante Ibis van der Meulen, pourquoi un tableau de lui ne vaudrait-il pas 10,000 francs, 50,000 francs?— 100,000 francs? Le musée d'Amsterdam est assez riche en Wou-
werman, du moins par le nombre. Il a neuf tableaux de ce mattre. C'est peu, a la vérité, comparativement au musée de 1'Ermitage, qui en a quarantc-neuf, et au musée de Drcsde, qui en a soixante-trois! plus que n'en a conservé la Hollande, en additionnant tous ccux des musées et des collections particulières. Le musée van der Hoop n'en a que trois-, le musée de La Haye, neuf, comme le musée d'Amsterdam; le musée de Rotterdam, trois. Ce n'est guère que le tiers du nombre de Dresde! Sur pres de mille ta- hleaux que Wouwerman a peints, Smith en a cata- loguéS22. Le malheur est que nos neuf Wouwerman du
musée d'Amsterdam — le nombre est pourtant de bonheur — ne sont pas de la qualité des treize — le |
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128 MUSÉE D'AMSTERDAM.
nombre a perdu sa fatalité — que possède Ie Louvre.
j'cn donnerai seulementunenomenclaturesuccincte. Nous apprécierons plus complétement, au musée de La Haye, Ie maitre du Coup de pistolet, du Chariot de foin, du Marché mix chevaux. de tant de chasses, de haltes de cavaliers, et de batailles inimitables. « N° 328. Un Paysagc montagneux. » Cc n'cstrien.
<( N° 329. Un Paysage avec des chevaux et des
flgures. » C'est peu de chose. «N°330.Ze Pillaged'un village, les paysans re-
foulant les gens de guerre. » Assez important, mais pas très-heureux. Figures innombrables, episodes variés. Des soldats attaquent des paysans en un vil- lage environné de bois. Au premier plan, un officier demi-nu, les bras lies, est entrainé par des paysans qui s'affublent de son uniforme; un paysan frappe un t-oldat étendu par terre; des morts, des blessés; des chevaux renversés, croupe par-dessus tête; un enfant tué, etc. Au sccond plan, continuation de la hitte : les soldats se sauvent, poursuivis de tous eótés. Signé du doublé monogramme complet, avec YSfi- nal de Philips, entortillé sur Ie second jambage de ÏH.—Haut. 1 pied 10 pouces; larg. 2 pieds 6 pouees. Sur toüe. Vente Dornburgh, La Haye, i 7iö, avec un pendant, 1,400 florins; van der Pot, 1808, 3,(525 florins. « N° 331. Une Chasse aux hér ons. » (>lui-ci a
passé dans des collcctions célèbrcs : Choiseul, 1772, 3,000 francs; prime de Conti, 1779, 2,700 francs; |
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PHILIPS WOUWERMAN. 12!»
Tolozan, 1801, 2,720 francs; van der Pot, 3,030 ilo-
rins. Il n'a pas 1 pied de large sur 10 pouces de haut. Il a été gravé par Dunker, dans la Galerie Choiseul. La composition est très-animée : huit ou dix chasseurs et une femme a cheval sont dispersés dans un fin paysage. Quelques autres figures d'hom- mes, de femmes et d'enfants. C'est un des plus dis- tingués. Signé du douhle monogramme, sans I'S. « N° 332. Une Rixe de paysans. » lis se battent,
hommes et femmes, en avant d'une maison. Au loin, une foire. Malgré sa dimension, 2 pieds de haut sur 2 pieds 8 pouces de large, ce tableau n'a été payé que 600 florins a la vente van der Pot. Signé comme Ie precedent. «N0 333. UnPaysan avec un cheval blanc» Voila
un excellent exemplaire du maitre. Le cheval Liane, inonté par un cavalier, est au milieu; d'une made, il vient de renverser une femme portant un pa- nier de pommes; un autre cavalier, sur cheval bai foncé, galope a gauchc sous de grands arbres; ix. droite, un palefrenier tient par la bride un cheval rouan, d'un ton tournant au lilas. Une lady et un gentleman regardent ces chevaux qu'on exerce. Ton vigoureux, belle exécution. Signé du doublé mono- gramme, avec I'S. Vente de la douairière Boreel, 1814, Amsterdam, 2,82o florins. Haut. 1 pied 3 pouces; larg. 1 pied 1 pouce. Sur bois. «N° 334. Un Paysage avec une Chasse aux cerfs.»
Quatre chasseurs et une femme, a cheval; au pre- |
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130 MUSÉE D'AMSTEHÜAM.
mier plan, les chiens saisissentle cerf. A gauche, uu
petit torrent; des ruines, dans Ie lointain. 1 pjed carré, environ. Signé. Yente J. de Wit, 1741, 234 florins; Lormier, 17G3, 1,010 florins; N. Nieu- holf, 1777, 1,995 florins. <cN°335. Un Manege. » Composition assez impor-
tante, surtoilede 2 piedsdelarge. Au milieu, un ca- valier en bleu, sur un cheval gris moucheté, vu de croupe. A gauche, un autre homme dresse un che- val u sauter, et une femme, son enfant dans les bras, s'etifuit pour éviter les ruades; a droite, un paleire- nier amène un cheval hors de 1'écurie. Signé du doublé monogramme'. Eniin, « JNTo 336. Un Paysage, » tout petit, avec
quelques figurines. De Pieter Wouwerman, frère de Philips, un seul
tableau : La Prise de la place de Coevorden, en 1672. Signé : PW. D'Emmanuel Murant, 1622-1700, élève de Phi-
lips : Une Maison rurale en ruines. De van Huchtenburgh, élève de Philips, au se-
cond degré : Un Combatde Cavalerie. J'ajouterai ici, ne sachant oü Je classer ailleurs :
un Corps de garde, de Jan Le Ducq. Ce peintre, as- |
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1 Dans le fac-siniile donné par le nouv. cat., la signatureest
assez particuliere: le premier monogramme du prénom, formé du P et de PH, est suivi d'un p, pour le second p de Philip; vient ensuite le W habituel. |
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CLAAS BERCHEM. 131
sez adroit, qui est censé avoir été élève de Paul
Potter, doit ètre, selon moi, un clève de Palame- des. En tout cas, c'est Palamedes qu'il a suivi, et il parait aussi avoir étudié Wouwerman et les autres peintres de soldatesque. Claas Berchem. — Claas ' ou Nicolaas Berchem,
qu'on a 1'habitude d'élever au premier rang, est même bien inférieur a Philips Wouwerman. Sans doute il est aussi adroit que pas un; il est na-
turel et fort, dans sa première maniere, o(r il s'est inspiré de la vue de son pays et de son propre senti- ment. Sans doute il a gagné en Italië, si 1'on veut, des pratiques assez magistrales et un style plus relevé, — mais moins naïf. Il a gagné d'arriver a composer des paysages et des scènes rustiques, sans regar- der la nature, mais de chic, comme on dit dans les ateliers, au moyen du procédé subjectif qu'avait inauguréla nobleet majestueuse école du Poussin et de ses acolytes les Dughet. Seulement, au lieu de pasticher des aspects antiques, grecs ou romains, en mettant par-ci par-la un édifice a colonnes, quel- ques modèles desbabillés ou un bonhomme en tuni- que, Ie Hollandais continua ses pastorales, avec un tronc d'arbre, quelques pierres au bord d'un gué, et 1 II signe, Ie plus souvent un C pour son prénom, comme
on Ie voit dans les signatures des nos 17, 18, 27 du musce de Paris; et presque toujours Berchem. |
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132 MUSÉE D'AMSTËRDAM.
a 1'horizon uneligne demontagnesbleues; pourper-
sonnages, un patre, couvert d'une peau de chèvre, une paysanne en jupon bleu, assise sur son ane; tou- jours Ie même ane et Ie même jupon, et la même peau de ehèvre sur Ie dos du même berger. C'est- a-dire que Berchem perdit en Italië toute indivi- dualité. Les maitres hollandais qui ne subirent point cette
intluence meridionale conservèrent, au contraire, une persoimalité très-caractérisée. En allemand, on dirait qu'ils s'attachèrent a la methode objective. Leur point de départ est toujours la nature : ils 1'aiment, ils la contemplent, ils 1'étudient, ils se tiennenten comnin- nication intime avec elle, et quand ils la traduisent, ils rimprègnent du sentiment qu'elle leur a inspiré. Ils ont beau faire toujours a pen pres les mèmes sn- jets, bien simples, ils y mettent toiijours de la non- veauté au fond, parce qu'ils ont éprouvé une impres- sion différente sous un effet particulier. A la réalité, consciencieusement observce avec une sorte de passion placide, ilsajoutentuneinterprétation vivement sen- tie au contact même de la nature. Ils animent la vie extérieure au feu de leur propre originalité. Est-ce la ce qu'on appelle Ie naturalisme ? Ce natu-
ralisme a du bon, décidcmcnt. Tel Ie est la divergence radicale entre Berchem et
les vrais Hollandais, entre Ie nuütre falsitié par un mélange étranger et les maitres du crii. La France n'ayant presqn e jamais été dansles arts
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CÏAAS BERCHEM. l.i:i
plastiques qu'un reflet de l'ltalie, devait préférer les
peintres Viybrides, teintés d'italianisme, aux francs artistes, demeurés libres des systèmes transalpestres et de toutes ces methodes dangereiises qui, a la poésie spontanée, jaillissant de la nature, quand on la con- sulte avec aniour, substituent des combinaisons sté- réotypées par une science réflective. C'cst pourquoi, en France, Berchem, Karcl du Jardin,Jes Both, et en général les affiliés a la Bande académique de Rome, ont toujours óté plus estimés, et bien plus connus aussi, que Jan Steen, Pieter de Hooch et autres ori- ginaux, qui, n'ayant jamais démarré de leurs rivages, sont peu classiques. La Hollande n'a rien a apprendre a la France sur
Ie chevalier van der Werff. Mais, siu- ses petits mai- tres purcmcnt indigènes, et même sur Ie génie de Rembrandt, la Hollande peut révéler encore a la France et aux peuples d'origine latine. l)ien des se- erets, très-neufs. Berchem est parfaitement familier aux artistes et
aux amateurs francais, puisque Ie Louvre a réuni onze tablcaux de ce maitre. Le musée d'Amsterdam n'en a que sept; le musée van der Hoop, trois; le muséc de La Haye, quatre; le musée de Rotterdam, deux. Seize en tont, pour les galeries publiques de la Hollande. Quelques-uns de ceux d'Amsterdam sonttrès-no-
tables, et d'une belle qualité, particulièrement un (i Paysage montagnenx avec des patres et du hétail 12
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134 MUSÉE D'AMSTERDAM.
(n° 18), » et un « Paysage en Italië, au bord d'iino
rivière (n° 21)-». Le premier représente un troupeau passant un
gué, avec la bergere, le patre et deux chiens; en avant, caracolc un beau taureau blanc; le groupe d'animaux est parfait. A gauche, une paysanne, montée sur sa vache, cause avec la bergere; le pays est découvert de ce cöté et laisse voir un fond de mon- tagnes. A droite, des pins et autres grands arbres. Signé en toutes lettres : Berchem. f. 1656. Surpan- neau. Haut. 1 pied 3pouces; larg. 2 pieds'. Dans lc second, une femme, en corsage jaune et
mantcau bleu, montée sur un cheval Liane, des pa- tres, un taureau, des vaches, des moutons, une chè- vre, un ane, attendent le bac, plein de passagers, qui revient de 1'autre coté de la rivière. Sur les terrains montueux, quclques arbres, quelques maisons, un chateau, une tour. Fond de rnontagnes bleues. Effet de matin. Composition très-riche et très-capitale; très-italienne, — trop. Signé, sans date. 3 pieds et demi de large> au moins, sur plus de 2 pieds et demi de haut2. Viennent ensuite : un autre Paysage italien, effet
de soir, un peu dans la maniere de Both; — Rutli et 1 Vente de Mme van Heemskerk, 1770, La Have, 1,265 flo-
rins (nouv. cat.). * Vente Antonij Sijdervelt, 1766, 1,530 florins; vente de
Mlne Bicker, 1809, Amsterdam, 3,040 florins (nouv. cat,). |
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ADBIAAN VAN DE VELDE. 13Ü
Büoz dans uu champ de blé; iigures de plus d'un pied
de proportion'; — deux Vues d'hivcr, assez singu- lières, et qui pourraient bien ètre d'un autre maitre, presque dans Ie style de Pieter Wouwerman2; prove-' nant de la collection Govers, Rotterdam, 1827; haut. 1 pied 3 pouces; larg. 1 pied 7 pouces; sur bois; — et 7°un petit Paysage italien, provenant, jecrois, des collections Tolozan et van der Pot. Signé, sans date. Les seuls élèves ou imitateurs de Berchem, au mu-
sée d'Amsterdam, sont : Jan van der Meer Ie jeune : « un Paysage avec des brebis; » et Willem Romijn, trois Paysages avec animaux. Adhiaan van de Velde. — Dans des sujets analo-
gues a ceux de Berchem, Adriaan van de Velde lui fait cependant un contraste absolu. Né quinzc ans après Berchem, et mort onze ans avant lui, il n'en a pas moins, a mon avis. laissé un oeuvre plus précieux que celui de Berchem. C'est cclui-la qui aimait la nature naïvement, et pour ainsi dire avec une chasteté respectueuse! Quand il 1'avait ótudiée jusque dans 1 Le nouv. cat. donne Ie fac-simile de la signature, qui est
fort singuliere : N Berighem, 1'N accolé au B. Il se pourrait bien que cette signature eüt été mal lue, ou qu'elle soit apo- cryplie; ce qui ne fait rien a 1'incontestable originalité du ta- bleau. J L'une cependant est signée et datée 1647 ; elle vient de la
collection van Heteren; 1'autre, sans signature ni date, a été payée 3,040 florins a la vente de Mme Bicker, Amster- dam, 4809 (nouv. cat.). |
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136 MUSÉE D'AMSTERDAM.
les libres les plus délicates et les plus inthnes, il la
voilait d'une tendre et mystérieuse harmonie.
Charmant jeune homme, un pen rèveur comme
lespoëtes, doux comme une fille, sympathique atous les artistes de son temps. Collaborateur de son maitrc, Wijnants, ami de Wouwerman, qui avait aussi étudié chezWijnants, Adriaan n'a-t-il pas prêté son taleni a van der Heijden, a Moucheron, a Jan Hackaert, a llobbema et a Ruijsdael, et même a des paysagistes moins célcbres, comme Abraham Yerboom. On voit son portrait, gracieux et souriant, au rau-
sée van der Hoop, dans Ie chef-d'oeuvre oü il s'est représenté avec sa femme et ses enfants, au milieu d'une belle campagne; car il lui fallait ton jours des arbres et la lumière du ciel. Il n'a jamais peint une scène qui ne fiit en plein air. Le musée d'Amsterdam ne possède que deux
tableaus de lui : un petit « Paysage avec des figu- res et du bétail, » et un autre « Paysage avec une chaunrière. » Le petit paysage, largede 1 pied seulement ethaut
de 1 pied 3 pouces, est délicieux. Pres d'une fontaine sont arrêtés des paysans avec leurs troupeaux : un patre, vu de dos, sur son iine, une femme en rouge. sur un cheval rouaii, une femme a pied, qui cause avec elle. Quelques moutons, et le chien du berger. Une vache boit a la fontaine, dans 1'ombre, sur la gauche, oü s'élève une petite colline rocailleuse. A droite, de l'eau, avec un bac qui passé un troupeau. |
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ADRIAAN VAN DE VELDE. 137
Une petite figure debout, tournee Yers Ie bac, Ie re-
garde venir. Date 1666. « Belle production, très-étu- diée, « dit Smith. L'autre paysage (n° 304) est bien plus important,
et même de qualité supérieure. Smith 1'appelle une « peinture très-capitale et admirableinent finie.» Elle vientde collections distinguées : Braamcamp, 177'], 2,420 florins; Valkenier, Amsterdam, 1796, 4,020 llorins; voila déja Ie prix doublé; Gildemcester, 18Ü0, 4,825 florins; et général Brentano, 1822, 8,290 florins; roila Ie prix doublé une seconde fois. On peut décupler aujourd'hui Ie chiffre de la vente Braamcamp'. Deux figures seulement, hautes d'environ 4 pou-
ces : une bergere et un paysan. La bergere est assise devant la porte d'une chaumière, au pied d'un coteau boisé qni monte jusqu'aux deux tiers de la toile; c'est Ie seul défaut de la composition ; mais Adriaan sans doute a voulu en faire une sorte de petite oasis bien solitaire. Cette jeune femme, en jupon azuré, corsage un pcu entr'ouvert, recoit un coup de soleil sur sa gorge mi-nue. Le corset strictement agrafe n'est pas de rigueur dans ces nids agrestes. Passé cependant un jeune voisin, monté a poil sur son che- val blanc etportant au bras un panier. Sa toilette est aussi sans facon: il a les janibes nues et une casaque 1 Le nouv. cat. ne donne qu'une partie de cette traditipn,
Jl ne mentipfine pas )a date 1666 du tableau precedent. 12.
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138 . MUSÉE D'AMSTEKLIAM.
rougeatre. Il s'en va aux champs, ou au bois. Com-
ment ne point s'arrêter, pour causer en passant? On ne Ie voit que de dos, mais on devine qu'il pourrait bien parier a la bergere du beau temps qu'il fait pour 1'amour, — honnêtement toutefois, et non pas a la maniere de Jan Steen. Tout Ie premier plan du paysage est un pré oü
sont dispersés des moutons et des vaches. Pree de la chaumière, un grand arbre découronné. Belle signa- ture:A. V. Velde f, et la date 1671. L'année d'a- près, Adriaan van de Velde mourait, agé seulement de trente-trois ans! La toile a environ 2 pieds 4 pouccs de haut sur
2 pieds de large'. On trouve des figures par Adriaan dans les tableaux
de quatre peintres, au musée d'Amsterdam. Le vieux Wijnants d'abord. Il avait quarante ans
de plus que son cher élève, et il vécut plusieurs années encore après lui. A soixante-quinze ans, il peignait toujours avec autant de verdeur que de finesse. Car le musée de La Haye possède de lui un tableau date 1673. Ce qu'il y a de curieux, c'est que les cata- logues des musées de la Hollande, celui de La Haye compris, donnent 1670 comme date de la mort de Wijnants ! Seul le catalogue du musée van der Hoop fait exception et indique la date 1677 2. 1 74 centim. sur 63 (nouv. cat.).
8 Los rédacteurs du nouv. cat., qui, apparemment, ne con-
naissent guère le musée de La Haye, donnent toujours 1670 |
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ADHIAAN VAN DE VELDE. 139
Wijnants avait done de soixante a soixante-dixans,
lorsque, a ses paysages, Adriaan ajoutait de gracieuses figurines. Adriaan étant mort en 1672, ce fut sur- tovit Lingelbach qui étoffa les tableaux de la der- nière periode de Wijnants; car Philips Wouwerman était mort aussi, des 1668. Le vieux maitre avait ainsi perdu, coup sur coup, ses deux disciples les plus habiles et les plus illustrcs. Adriaan van Ostade, a qui il avait eu recours autrefois, était lui-mème bien vieux alors, étant né en 1610. Je rappelle ces faits chronologiques parce qu'ils peuvent aider a re- connaitre les dates des ceuvres de Wijnants. C'est d'abord — rarement — Ostade qui 1'aide; c'est en- suite Wouwerman, puis van de Velde, puis Lingel- bach. Cette succession toutefois n'est pas rigoureuse, car, a certains moments, ils ont pu, les uns et les au-> tres, travailler avec Wijnants. Il faut remarquer que Philips Wouwerman avait
presque vingt ans de plus qu'Adriaan van de Velde, qu'ils n'ont jamais été condisciples a 1'atelier de Wij- nants, comme le supposent les biographes francais, et notamment le rédacteur du catalogue du Louvre. Philips était déja un peintre très-renommé et ne pouvant suiïire ii ses commandes, avant que le petit van de Velde, qui fut pourtant si précoce, eüt com- mencé ses premiers barbouülages chez Wijnants. comme date de la mort de Wijnants! sans doute d'après des
papiers quelconques; mais les ceuvres des maitres eux-mèmes onl plus d'autorité que toutcs les pap»rasses. |
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140 ML'SÉE D'AMSTERDAM,
Jan Wijnants est une des principales souches (ce
vilain mot peut s'appliquer ici) du paysage hol- landais. ïous les naïfs paysagistes de son pays ont un peu suivi son ins[)iration, qui était de rc- garder la nature de très-près, d'en étudier les dé- tails, d'en admettre conseiencieiiseinent et délicatc- ment les petites fantaisies, d'adorer 1'inlinie variété dans 1'unité. Bembrandt fut, a F inverse, 1'autre grand initiateur
de 1'espèce de panthéisme qui caractérise les paysa- gistes hollandais. Lui, Ie poëte qui contemple d'en hant et de loin, il a enseigné a voir la nature dans son ensemble, dans ses plans immenses, et il a su faire quelquefois des lieues de terrain, en étalant son pinceau sur une bande horizontale large d'un pouce. Philips Ivoninck et Jacol) Ruijsdael Font imité sou- vent dans ces aspects de la terre a vol d'oiseau. On doit croire que Wijnants, malgré sa longue vie,
n'a pas énormément produit, peut-être a cause de sa maniere assez minutieuse; car les quatre musées principaiix de la llollande n'ont que treize Wijnants : Ie musée d'Amsterdam, 4; Ie musée Aan der Hoop, 4; Ie musée de La Have, 2 ; Ie musée de Rotterdam, 3. Le Louvre aussi n'en a que 3 ; Dresde, 3 ; Vienne, 2; Munich, 4 ou S ; Berlin, point du tont. A Manches- ter, il n'y en avait que deux, insignifiants. Smith, néanmoins, en catalogue 176, la plupart dans les collections anglaises, d'autres qui se sont égarés après avoir passé dans des ventes anciennes, |
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ADRIAAN VAN DE VELDE. 141
Deux, sur les quatre du musée d'Amsterdam, ont
des figures par Adriaan van de Velde; petits tous les deux, 1 pied carré environ; des terrains sablon- neux, comme toujours. Le n°339, signé des initiales, sous la bordure, est assez faible ; le n° 340, signé a droite, en toutes lettres, sans date, est excellent. Le troisièine, intitulé : « Paysage avec une habi-
tation rustique, » est de la première maniere du maitre. Lc quatrième est porté au nom de Lingelbach,
qui en a peint les figures et les chevaux. L'illustra- tion, en effet, est plus importante que le paysage lui-mcme, et rarement Lingelbach s'est montré aussi animé, aussi fin, aussi spirituelque dans eet étoffage dont la campagne est 1'accessoire; on dirait presque Philips Wouwerman; aussi Lingelbach a-t-il signé de son monogramme L B, le B accolé intérieurement au jambage horizontal de L. Lingelbach a encore un Manege, de sa première
(jualité, signé en toutes lettres; et deux Ports de mer en Italië, assez ordinaires, 1'un portant la gignature entière : I. Lingelbach, et la date ltS64, l'autre, le nom, sans 1'initiale du prénom, et sans date. Les autres tableaux iüustrcs par Adriaan van de
Velde sont: un Paysage de Frederik Moucheron, un Paysage de Jan Hackaert, et trois Intérieurs de ville, par Jan van der Heijden. Dans le petit paysage de Moueheron, qui n'a pas
1 pied de large , Adriaan a peint un Départ de |
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142 ML'SÉE IJ'AMSTERDAM,
chnsse, hors d'un pare: cavaliers, piqueurs, meute
de chiens. Le paysage lui-même est exquis. Ce Mou- cheron, un peu grèle et mesquin, d'ordinaire, un peu patte de mouches, est ici toujours tres-fin, mais onctueux et plein d'harmonie. Le tableau est signé : Moucheron f. — Vente
Borcel, 1814, Amsterdam, 273 florins. Jan Hackaert est presque inconnu en Franee, et
son nom n'est pas même cité dans lc catalogue du Louvre. Il est né a Amsterdam vers 1636 et on sup- pose qu'il est mort vers 1699. Il a fait, d'ailleurs, peu de tableaux de chevalet. Il avait voyagé, tout jeune, en Allemagne et en Suisse, et, a son retour en Hol- lande, il exécuta beaucoup de grandes compositions décorativcs. Il a laissé aussi beaucoup de dessins et d'aquarelles; il a même gravé six eaux-fortes, très- si)irituelles, décritespar Bartsch. Smith n'a catalogue que 23 tableaux de Jan Hac-
kaert, parmi lesquels, avec éloges, celui d'Amster- dam, qui représente la lisière d'un pare, bordure de hauts arbres élancés, et, sur la droite, une large pièce d'eau. C'est le matin; on sort pour aller eourir le cerf; a la porte du pare, le maitre du chateau sou- haite bonne chance a la troupe de chasseurs, gentle- men et ladies, a cheval; élégantes figurines par Adriaan, ainsi que d'autres chasseixrs a pied, des serviteurs, des chiens tenus en laisse. Composition gravée par Daudet dans la Galerie Le Brun. — H. 2 pieds 2 pouces, L. 1 pied 9 pouces. Sur toile. Citc |
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ADRIAAN VAN DE VELDE. 143
[mmcrzeel, comme ayant étépayé 3,00r! florins
vente van der Pot. ackaert et Moucheron n'ont pas d'autres tableaux
(ïusée d'Amsterdam. ander Heijden est, avec Wijnants, Ie peintre qui
Ie plus favorisé par les figures d'Adriaan. Ses
! tableaux du musée en ont. Adriaan et lui, du
ne agc a deux ans pres, ont du être intimement
II y a beaucoup d'analogic dans leurs manières
leindre. Tous deux ont ceci de rarissime, et mènie
trotlvable chez n'importe quel autre peintre dö
oporte quelle autre école, — excepté toutefois
nling et peut-ètre Jan van Eyck, — qu'ils ont su
rimer tous les détails, l'un dans la figure humaine,
tre dans l'architecture, en les réduisant a une
portion microscopique, et sans mesquinerie, sans
leresse, aussi largement en apparence, aussi ma-
ralement, que si les objets avaient leur grandeur
urelle. C'est la un tour d'adresse dont Ie secret
t perdu. Les üls van Mieris et Ie chevalier van
_„ Werff ne 1'avaient pas. L'Allemand Denner ne
1'a pas retrouvé en son temps. M. Meissonier Ie
cherche aujourd'hui, et il brille, comme on dit aux
jeux innocents; mais cependant il n'a toujours fait
que donner des gages, sans toucher précisément Ie
point mystérieux.
Les trois van der Heijden représentent, bien en-
tendu, des Vues de villes hollandaises. Tous trois sont sur panneau. L'un, provenant de la collection Ge- |
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144 MUSÉE D'AMSTERDAM.
vers, a pres de 2 pieds de large sur 1 pied et demi de
haut. Uncanal, un pont-Ie vis, des barques Je long du quai bordé d'arbres, et des rangées de maisons. Signé: VB Heijden, les trois lettres eapitales accolées et for- mant un nionogramme. Les deux autres se font pen- dant et ont été achetés 1,0 40 tlorins a la ven te van der Pot, Rotterdam, 1808. lis n'ont que 1 pied 2 pouces de haut sur 1 pied 6 pouces de large. Dans 1'un on admire un petit personnage qui lit unc affiche sur une colonne. Il tiendrait assis dans un O; mais il a de quoi grandir jusqu'a six pieds. L'autre est délicieux de ton et de lumière. Le premier plan est occupé par un canal; a ganche, des arbres et des maisons; a droite, un quai égalemcnt ombragé d'ar- bres, avec de gentilles figures dans la demi-tcinte. Signé : VHeijden, le V et l'll accolés, mais sans D. A présent, deux élèvcs d'Adriaan : Dirk van den Bergen, un Paysage avec animaux, et son pen- dant ; des plus beaux du maitre; signés, tous deux : D.V.D.Bergen1; — et Simon van der Does, trois Paysages avec patres et troupeaux2. 1 Les signaturen de ce maitre varient souvent. On trouve au
Louvre et au musée de Vienne : D. V. Berghen. Le plus sou- vent il signe : D. V. Bergen, sans le second D (pour den) des signatures constatóes ci-dessus. Van Bergen, névers -1645, est mort vers 1689, et non 1680, date donnée par le catalogue du musée du Louvre, oü, précisément, il y a, de van Bergen, un tableau, n° 15, dalé 1688. 5 Signés tous trois; 1'un : S. V. Does, 1706; l'autre : S. V.
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POELENBURG, LAIRESSE, VAN DER WERFF. 145
Poelenburg, Lairesse, van der Werff. —Avant
de passer aux paysagistes purs et aux autres spécia- lités de 1'école, marines, architecture, nature rnorte, fruits et fleurs, j'ai a expédier quelques peintres dont la célébrité fut prodigieuse a leur époque, et mème depuis, trop prodigieuse, selon moi, pour un mérite si vulgaire. Poelenburg, qui eut la prétention de suivre Ra-
phaël, 1'honneur d'ètre estimé de Rubens, la chance d'ètre appelé par des souverains comme Charles Ier d'Angleterre. Gerard de Lairesse, Ie Wallon de Liége, qui alla
se mèler, on ne sait pourquoi, aux maitres d'Am- sterdam et eut Ie privilege, bien exceptionnel en Hol- lande, d'ètre surnommé Ie Poussin du Nord. L'illustre chevalier van der Werff, qui porta si ma-
jestueusement Ie même prcnom que Brouwer, van Ostade et van de Velde, qui fabriqua des galeries en- tières pour 1'Electeur palatin de Dusseldorf et fut recherche par tous les princes. Les princes peuvent se tromper — en peinture. Poelenburg avait formé sa maniere en Italië. G'é-
tait encore la mode d'y aller, deson temps, et de s'i- talianiser; car il est de la génération qui clót Ie xvie siècle. Au xvue, Ie voyage outre-monts n'est plus qu'une exception. La vie éclatait en Hollande; pour- Does, 1708; Ie troisième : S. Van der Does MDCC14 (nouv.
cat.). |
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140 MUSÉE U'AMSTEHDAM.
([uoi s'en aller chez les morts? La pauvre grande
Italië avait accompli son oeuvre. La Renaissance mi- païenne et mi-chrétienne ne devait plus être qu'un souvenir désormais, une tradition comme les arts de 1'antiquité et du moyen age, assez indifferente d'ail— leurs au peuple hoUandais renouvelé par la liberté civique et religieusc. Les petits Amours et les petits anges de Poelenburg, cette cspèce d'AJbane septen- trional, devaient sembler un pen vieillots aux eon- temporains de Rembrandt. Les tableaux de Poelenburg au musée d'Amster-^
dam offrent, suivant son habitude, des nympbes surprises par des satyres, de petites femmes nues dans de petits paysages italiens, et aussi: Adam et Ève expulsés du paradis. Gerardde Lairesse, né plus d'un demi-siècle après
lui, conthnia ces mytholagiades. Nous avons donc a Amsterdam : Mars, Vénus, Cupidon et Mercure ; — .Mars, Vénus et Cupidon; — Diane et Endymion, assez grandes figures, très-bètes; — deux « Gom- positions syinboliques, » en grisaille; — et «Séleu- cus cédant sa femme et son sceptre a sonfils Antio- chus. » D'Adriaan van der Wcrff, trois chefs-d'ceuvre :
i° Le portrait d'Adriaan par lui-mème, en buste, de grandeur naturelle. Il est drapé d'un manteau de velours rouge, sur un pourpoint jaune. Au cou pend la cbaine, avec une medaille du patron, le prince palatin. Dans la main gauche, la palette et les pin- |
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POELENBURGj LA1HË8BÊ, VAN DKH WERFF. 147
eeaux; dans ld droite, une miniature' représentant la femme et 1'enfant de 1'artiste. Signé et date 1699. Adriaan avait quaraute arts. Ceportrait, précieux apparemment pour les admirateurs du chevalier, a été payé 6,000 florins a la vente Gevers Arnoiitz, Rotterdam, 1827. 2°Sainte Familie. Tableau cclèbre, ayant fait par-
tie de la colleclion Lortnier, et gravé dans la Galene Cholseul, par Rousseau. Yoici ses titres— finan- ciers-—: Vente Choiseul, 1772, 3,700 francs; duo de La Vallière, 1780, 6,110 fr.; Le Bceuf, 1782, 6,600 fr,; Destotiches, 1794, o,200 fr.; van der Pot, 1808, 8,228 flofins9. Ce petit panneau n'a pourtant pas 1 pied de large, Comme je me récuse sur ce peintre, a öausd de mon antipathie person- nelle, j'empruntefai la deêcription de Smith: « La \ierge, en corsage jaune pale et ïnantüau gris, est penchée avec une maternelle tendresse ver» l'Enfant, (!öuohé tout nu sur une draperie; il etend ses bras et prend d'uue main quelques cerises ;i une branche que lui presente Joseph. Celui-ci, un peu en arrière de, la Yierge, est en partie caché dans 1'oinbre. Deux 1 II y de van tier Werff, au musée de Munich, uu tableau
allégorique, oü un génie couronne les portraits du prince pa- latin, et oü la muse de la peinture tient a la main le propre portrait du peintre. 2 Lenouv. cat. ajoute: vente Lorfnier, 1763, 4,305 florins.
Ce tableau était porté sur le catalogus Lormier, comme étant d'Adriaan et de Pieter. |
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148 MUSÉE D'AMSTEHDAM.
roses en avant, par torre. An excellent example of
(jreat beauty andperfection. »
3° Un paysage avec deux figures; signé : Chev vd
Werff fc 1718. "Vient ensuite : Psyche et Cupidon, dans Ie style
du maitre, dit seuleinent Ie catalogue'. De Pieter van der Werff, frère puiné et collabora-
teur d'Adriaan, sont: Saint Jéróme au dêsert; signé et date 1710; — Deux jeunes filles ornant de fleurs la statue de Pan; et une Jeune fille dessinant la statue de Vénus. De Hendrik van Limburg óu Limborch, élève
d'Adriaan van der Werff, un seul tableau : Groupe d'enfants jouant au colin-maillard2. Avec van der Werff, la décadence est complete.
Après ce glorieux chevalier, tout est iini pour la peinture hollandaise , comme pour la peinture ita- lienne après la fatale école des Carraehe. Van der Werff mourut en 1722. L'école hollandaise avait dure juste un siècle : Ie dix-septième. Les paysagistes. —Les paysagistes ne brillent pas
au musée d'Amsterdam. Outre Wijnants,dont nous avons parlé a propos d'Adriaan van de Velde, on n'eu 1 Attribuó au chevalier lui-même par Ie nouv. cat.
• Le nouv. cat. en ajoute deux autres : Amour et Psyche, el
les Bergers, provenant, ainsi que le Groupe d'enfants, du ca- binet van Heteren. |
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LES PAYSAGISTES. 149
compte guère qu'une douzaine: van Goijen, Jacob
Ruijsdael, van Everdingen,van der Hagen, van Yries, Verboom, Herman Saftleven, Jan Griffier, les Both, Pijnacker et van der Ulft. Jan van Goijen, contemporain deWijnants, apro-
duit, de son cöté, toute une lignée de paysagistes. Ne en 1596, il fut très-probablement Ie maitre de Salo- mon Ruijsdael, né vers 1610, lequel fut probable- ment Ie maitrc de son frère Jacob. Peut-être Hob- bema lui-même a-t-il aussi travaillé chez Salomon. Van Goijen se trouverait donc être 1'origine d'une pléiade non moins illustre que celle qui entoure Wijnants. L'analogie est incontestable entre Hob- bema et Jacob Ruijsdael, entre Jacob et Salomon, entre Salomon et van Goijen. Encore faut-il ajouter a ce groupc les nombreux sectateurs de Jacob et de Hobbema. Nous n'avons de van Goijen qu'un seul paysage,
signé et date 1645, grand, vrai, mais pas très-heu- reux. Rien de Salomon. Deux paysages de Jacob, seulement. Point de Hobbema! Le musée de La Haye n'en a point non plus; le musée de Rotterdam n'en a qu'un petit. Le musée van der Hoop en a deux. Mais les collections particulières en ont de superbes. L'un des Ruijsdael représente un pays sauvage et
montagneux, avec .un torrent qui tombe en avant parmi des roes et des troncs d'arbres brisés. Un ber- ger et son troupeau passent le long d'une route rabo- teuse sur la pente d'une colline, A gauche, au som- 13.
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ISO MIISÉE tVAMSTERDAM.
met des rochers, tin grand bfttiment qui ressetuble au
chateau de Bentheim, tant de fois peint par Ruijsdael. « Aclear and beautiful product ion, » dit 8mith. Sur toile haute de 2 pieds 2 pouces, lnrge de i pied 9 pouces. Signé'. L'atitre, de qualtté supérieure, selon moi, pöiirfait
ètre intitulé la Cascade; car tout Ie premier plan est couvert d'eau et d'écume. A gauche, des boüquets d'arbfes, et au fond line tour; a droite, des cöllincs avec vin cbiteau. Grande toile de plus de 3 pieds de large, et de pres de 4 pieds de haut. La signatufe est entière: Ritisdael, Ie jambage \ertical de R se ter- minant en J, et portant accolé Ie petit v ponr van. Car Ie nom véritable est van Ruisdael ou Ruijsdael, j)iii«qu'on trouve presque toujours ce V dans les si- gnatures et monogrammes des deux frères. Il a même quelquefois plus d'importance que I's dans les signa- tures de Salomon. Aldert van Everdingen eut, dit-on, de 1'influence
sur Jacob Ruijsdael, plus jeune que lui. Quand lis peignent des pays analogucs, des sites du Nord, ils ont, en effet, quelque resscmblance, par Ie caractère plug que par 1'exécution. Everdingen fut toujours plus sec et plus mince que Ruijsdael. Il n'a qu'un seul tableau, peu retnarquable, au musée d'Am- sterdam. Signé: Evkrdingen. • Vente G. G. baron Taets van Amerongen, 4805, 7öO flo-
rins; de Smeth, 1810, Amsterdam, 710 fl, (nouv. cat.). |
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LÜS I'AYSAÜISTES. \M
Un setll tableau égaJemelit de llenier van Vries ,
beau paysage avec de grands arbres, chei'chant Ie style deHobbema; earvan Vries, élève de RuijsdaéJ, se rapprocbe parfois de Ilobbema au point de trofnper les demi-connaisseurs. Signé : R.V. Vries /'. Jan van der Hagen tient aussi a Huijsdael. Son
grand Paysage uvec tin punt de heilage n'est pas très-intéressant. Acheté 1,405 florins a la vente van der Pot, 1808. D'Abraham Yerboom, unede ses amvres capitales:
Intérieur de forêt. 10 pieds de large sur 6 de haut. Peintüre libfe et magistrale, tournant au style déco- ratif. Sigtté: A.S.V.Boomfèclt. A, 16Ö32. Un autre groupe issii de van öoijen difïère beau-
coup, comme sentiment et comme pratique, de 1'é- cole de Ruijsdacl. Herman Sai'tleven, qui avait étu- dié chez van Goijen, mais qui ne conserva point rampleur de son maltre, forma, a son tour, Jan Griffieri Tous deux ont laissé quantité de unes vues du Rhin hollandais. Noue en avons trois de Saftleven et une de Grifiier. Un des Saftleven est signédu mo- nogramme 11 S, I'S entoHillé sur Ie second janibage de 1'H, avec la date 1678. Le Grifiier est signc en toutes lettres, avec 1'initiale du préuom. 1 Vente P. Loquet, 4783, 280 florins; WesselsReijers, 1814,
Amsterdam, 55b fl. (nouv. cat.) 2 Le nouv. cat. a omis de donner cette signature. Le tableau
a été acheté 600 ilorins de la douairière Balguerie, |
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132 MUSÉE D'AMSTERDAM.
Restent maintenant les paysagistes italianisés :
deux tout petits van der Ulft : Sites d'Italië; un grand Pijnacker médiocre, signé en toutes lettres, 1'A du prénom formant monogramme avec Ie P : Paysage montagneux aux bords d'une rivière, avec des arhres d haute futaie1; et deux Both, très-leste- ment catalogués: JS° 34. Paysage en Italië : N° 33. Idem. Ces deux tableaux, fails, comme d'habitude, par
collaboration de Jan et d'Andries, sont extrèmement vantés par Smith, et je lui en laisserai donner la description, d'autant que je ne suis pas fou de cette peinture, sorte de pastiche de Claude, et qui, a la vé- rité, en attrape quelquefois cërtaines qualités lumi- neuses. « Halte de voyageurs d lombre d'arbres. Cette
admirable peinture représente un site sauvage et ro- cheux, avec des arbres et des dessous de bois, vivement coloréspar la cbaleur d'un beau matin d'été. Sous de hauts arbres a gauche est un groupe de voyageurs qui se sont arrêtés pour laisser reposer leurs animaux fatigués : une femme sur un ane auquel un homnie donne a manger; pres d'eux, un autre voyageur de- bout a cóté de son cheval blanc; un peu en arrière, un patre conduisant deux bo3ufs Ie long d'une route montueuse. A droite, une rivière coule a travers une vallée fertile; plus loin on apercoit un pont et une • PayO 1,£00 flprins a la vente van der Pot (nouv. c^t.),
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LES PEINTHES D'AHCHITECTURE. 153
tour ronde. Sur bois. H. 1 pied t> pouces; L. 1 pied
il pouees. Vente van Slingeland, 1783, 2,575 flo- rins. » Le second tableau est intitulé : Ie Bac. « Beau
paysage, avec beaucoup d'arbres et une ?ioble rbfiere qui coule a la base de montagnes vers le premier plan. Le bac contenant trois passagers et troisvaches vient de toucher le rivage, oü semblent 1'attendre, pour traverser, une lady sur cheval gris, un gentle- man en rouge et un boy tenant une mule. A travers un bouquet d'arbres, on voit une ruine, et de la le regard s'etend sur un vaste pays jusqu'a des monta- gnes dans le lointain. Un brillant coucher de soleil ajoute un charme indescriptible a cette scène. Both a fait une eau-forte analogue a cette composition. Sur toile. H. 2 pieds 5 pouces; L. 2 pieds 101/2 pouces. Vente van der Pot, 1808, 3,690 florins. » • A ces deux tableaux, le catalogue d'Amsterdam
ajoute, sous le nom de Jan Both tout seul : une Écurie '. Les peintres d'architecture.—On adéja rencontre
le précieux van der Heijden avec son ami Adriaan van de Velde. Après cela, nous n'avons presque rien : 1 Le nouv. cat. a mis au nom des deux frères ce troisième
tableau, payé 610 florins a la vente de madame Boreel, Amster- dam, 1814, et signé, comme les deux autres : JBoth, le pre- mier jambage du B faisant le J. |
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<i>4 MtSÉK D'AMSTEHIJAM.
urie Vue de l'ancien hotel de ville d'Amsterdam, pur
(ierrit Berckheijden; signé ; Gerit Berck. 1677; — les Ruines du inême bötel de ville après 1'incendie de i 632, par Jan BeeMraaten, de qüi Ie musée d'Amsterdam a aüssi deux marines : Vue d'hiver, prise du cóté de 1'Y t\ Amsterdam, et la Bataille navtile de 1666 entre les flottes hollandaise et an- glaise ; toile de 8 pieds de large'; — un excellent Intérieur de 1'église ancienne a Delft, par Hendrik van Yliet; signé et date 1634; — et un autre Inté- rieur d'église, par Emmanuel de Witte2, ïié en 1607, mort en 1692; élève, dit-on, de Evert van Aalst de Delft, mais sectateur d'Aalbert Cuijp, dans sa maniere de peindre les interieurs de monument». Le Louvre n'a aueun tableau de ces deux derniers artistes, et leurs noms ne sout pas cités dans lo cata- logue du musée de Paris. On peut ajouter ici Egbert van der Poel, dout la
spécialité était les incendies. Deux tableaus de lui : Ruim du magasin dpoudre d helft en 1654, et VIn- térieur d'une habitation rustique; le premier, signé: E van der Poel, 12 octb 1634; le second : Egbert vn der poel, 1646. Les peintres de marine. — Ceux-ci ont au musée
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1 L'lncèndie et la Bataille sont signés: I
la Vue d'hiver : I. Beerestraaten. * Signé : E. De. Witte; provenant de la collection van der
Pot (nouv. cat.). |
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LES PEINTKES DE MARINE. 155
d'Amsterdam des oeuvres de première importance,
Willem van de Velde surtout. D'abord, Ie plus grand tableau que Willem ait
peint, a ma connaissancc : Vue de la ville d'Amster- dam, prise de 1'Y. La toile a environ 10 pieds de large sur plus de 5 pieds de haut'. Au milieu, un grand vaisscau de guerre, aux couleurs hoUandaises, sa poupe richement sculptée et dorée; a droite, un yacbt Ie salue par une décharge d'arüllerie; a gaucbe en avant, une barque d'amiral. Une foule d'autres navires, petits et grands, circulent a 1'entour. Bello. signature W. V. Velde f. 1686. Cette date est pré- cieuse en ce qiï'elle prouvo que Willem van Yelde, <[iü s'était fixé en Angleterre ainsi que son père, et qui, des 1675, recevaitde Charles II une pension an- nuelle, revint quelquefois en HoUande, ou, du moins, en cette année 1686. — On doit penser que Willem, qui connaissait si bien 1'architecture navale, s'est donné de 1'agrément avec ce vaisseau d'une propor- tion qu'il n'avait jamais risquéc, Pourmapart, je 1'aime mieux dans ses petits tableaux. Deux compositions très~célèbres en Hollande :
Scène de la bataille navale de quatre jours en 1666. Un ancien catalogue du musée d'Amsterdam les dé- |
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1 Le nouv. cat. donne pour mesure: 3,11 sur 1,76. — La
magnifique marine de Willem, exposée a Manchester par lord Herlford, n'a que 8 pieds de largo, mais 6 pieds de haut. Voir Trésors d'art, etc, par W. Burger, p. 311. |
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iöd MUSÉE D'AMSTERDAM.
crit ainsi: « N° 324 (aujourd'hui n° 297). Cette pein-
ture rappelle une periode glorieuse pour la nation hollandaisc. Elle représente la prise d'un vaisseaude guerre anglais, lc Prince-Royal, de cent canons, commandé par Sir George Askew. Au moment oü il abaisse sou pavillon, les marins hollandais abordent le batiment. On voit encore d'autres vaisseaux de guerre, et aussi Ie petit canot sur lequel Ie célèbre peintre s'était fait amener pour prendre ses esquisses. Cet evenement eut lieu Ie 13 juin 1666, troisième jour de la bataille donnée par Ie lieutenant-amiral M. A. de Ruijter a la Hotte anglaise commandée par I'amiral Monk, duc d'Albemarie, et Ie prince Ru- pert.—N° 325 (aujourd'hui n° 298). Le pendant, qui est la continüation du precedent, représente quatre vaisseaux de ligne pris aux Anglais dans la même ac- tion... » Tous deux proviennent de la collection van der
Pot et furent achetés, en 1808, 8,000 florins par Je gouvernement hollandais. Hauteur pres de 2 pieds sur 2 pieds *7 pouces delarge'. On a remarqué, dans la description, le petit canot
1 Lo nouv. cat. donne le faosimile d'une singuliere signa-
ture, qui se trouveraitsur le tableau de la Bataille : A. v. V. Que veut dire cet A pour piénom, au lieu du W de Willem? Il faut croire que cette signature, évidemraent fausse, aura été apposée par un barbouilleur ignorant, qui aura confondu Willem avec son frère Adriaan, d'autant que cet A rappelle la forrae de ceux d'Adriaan dans ses signatures authentiques. |
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LES PEINTBES DE MARINE. 187
sur lequel 1'artiste assiste au combat. Willem,en
effet, dessinait d'après nature ses batailles navales, et aussi ses tempètes et scs naufrages. Dans la Vie de 1'amiral de Ruijter, Gerard Brandt, parlant de 1'enga- gement qui allait avoir lieu entre les Anglais et les Hollandais, raconte spécialement eet episode : « Du 6 au 13 juin 1666, Willem van de Velde venait chaque jour a la flotte dans l'intention de prendre des esquisses de ce qui allait se passer__II se faisait con-
duire sur line galiote aux places d'oü 1'on pouvait Ie
mieux voir__» Après ces trois tableaux précieux viennent encore
trois marines ordinaires: une Eau ac/itée, comme dit Ie catalogue; effet de fraiche brisc; trois vaisseaux de guerre et quelques autres batiments; qualité mé- diocre; hauteur 3 pieds 2 pouces, largeur 3 pieds 8 pouces; — et deux Eaux calmes; la plus petite de ces compositions, sur panneau de 1 pied carré en- viron, est la meilleure : a droite, une jetée en plan- ches, qui avance; un navire, quelques barques. Petits personnages de 9 a 10 lignes, très-fins. En mer, un trois-mats et des barques éloignées. L'autre Calme est un peu plus grand : environ 1 pied et demi de large. Aucun de ces trois tableaux n'est signé. L'oncle de Willem, Esaias van de Velde, né en
1597, mort en 1648, frère de Willem Ie vieux, est 1'auteur d'un « Sujet symbolique tiré des temps du prince Maurice, » tableau qui parait curieux, mais qu'on voit a peine a la hauteur oü il a été place. |
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Ui8 MUSKË U'AMSTERDAM.
J'ai rencontre dans ma vie quelques belles ma-
rines de Backhuizen, et je suis ainsi forcé de Ie tenir pour un maitre d'une certaine valeur; maisj'avoue qu'en général sa peinture me semble misérable, pe- tite, froidc, manieree. Cc commis de comptoir, cc oajjigraphfi qui vendait ses tours d'adrosse a la plume jusqu'a 100 ilorin9,-^le prix de la fameuse eau- forte de Rembrandt, Jésus guérissant les malades, — ce professeur d'écriture, devenu peintre plustard, n'a jamais eu, a monavis, Ie sentiment artiste. Si Backhuizcnn'existaitpas, il nefaudraitpasl'irrventer, car il est d'uji triste exemple, Dans Ie sublime aspect de la nier, c'est Ie détail qui Ie préoccupe! On dit pourtant qu'il se faisait conduire en pleine mer par la tempète, a 1'iinitation de Willem van de Yelde sans doute. Joaeph Yernet aussi se procura souvent cette émotion. Mais les tempêtes de Backhuizon et celles de Yernet, quoique très-estimées en leur temp», ont déja baisse et elles baisseront encore. Il y a toujours, en tout pays, parmi les contempo-
rains de chaque école, un parti de riches bourgeois qui s'amourachent des peintres vulgaires. Les rnar-^- chands hollandais du xvne siècle, qui dédaignaient Cuijp, Metsu, Pieter de Hooch, Jan Steen, Hobbema, nepouvaient manquer d'exalter Backhuizen, et il ent un grand succes, de son vivant. Smith raconte, d'après je ne sajs qui, un trait as-
sez caractéristique de Backhuizen- A la mort de eet ancien burcaucrate, bon compagnon d'ailleurs, a ce |
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LES PEINTHES DE MARINE. 130
qu'il paralt, on trouva dans sa chambre une bourse
cöntenant des florins, en nottlbre égal aux années de sa vie (78), avec une note exprihiant Ie désir quê cët argent füt distribué a certains peintres désigriés, qui seraient invites a assisteï è ses fünérailles. Il ordon- nait en même temps de donner a chaque personne présente une bouteille d'uti yin qu'il avait mis en ré- serve pour cette clrconstartee; —< a condition que 1'ar^- gent füt dépensé, et lc vin bu gatenient a sa mémoire. Un de ses tableaux au musée d'Amsterdam offre uit
intérèt historique. Il représente « Ie Grand-Pension- naire Jan de Witt s'embarquttnt pour diriger 1'expédi- tion de la flotte hollandaise » dans Ie conflitde 1666. Le rivage est couvert d'une foule iiöhlbreuse, et Jan de Witt lui-même arrive^ entouré d'une escorte. Des vaisseaux de guerre et aütres navires sont la, préts a partir. Grande toile de 4 pieds en hatiteur et de 4 pieds et demi eil largeur. Sigué, eü lettres fantastiques: L. BakhA'lWO1. Un pccond tableau représente Ie Quai aux Moules,
sur 1'Y it Amsterdam. Beaucoup de iiavires dans lê port, et des figures sur la digue, femmes et enfants, marins, et un personnage qü'on dit être le portrait du peintre. Signé : L.Backhuy et date 1673. Hauteur 2 pieds 8 poucee, largeur 2 pieds 2 pouces. Payé 1,005 florins a la vente van der Pot. En conscieiicê, c'est très—laid. 1 Acheté 4,600 florins (nouv. cat.).
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160 MUSÉE D'AMSTERDAM.
Le troisième tableau, venant aussi, je pense, de la
mèine collection, est plus petit, et meilleur, sauf les personnages qui sont horribles. Il est intitulé : Mer houleuse par une bourrasque qui se retire au loin- tain. Signé : L. Bakh 1692. Hendrik Dubbels, qu'on donne quelquefois pour
maitre ;i Ludolf Backhuizen, en est bien plutót le disciple. Il est postérieur a Backhuizen, très-certaine- ment, et encore plus faible que lui. Nous avons de Dubbels, au musée d'Amsterdam, un Calme. Son chef-d'oeuvre est au musée van der Hoop. Renier Nooms, surnommé Zeeman, approche sou-
vent de Willem van de Yelde. C'cst un maitre très- serré et très-correct, comme on peut le voir dans son précieux tableau représentant Tanden Louvre, au musée de Paris (n° 586); car il a fait des vues de ville aussi bien que des marines. Ses oeuvres sont rares, et,quoiqu'il soit censé avoir habité longtemps Berlin, le musée de cette ville n'a point de tableau de lui. Amsterdam en a un : la Bataille navale devant Li- voume en 1612. On en trouve un autre, excellent, au musée de Rotterdam. Jan van de Capelle fut aussi un bon mariniste, de
cette génération qui occupe le milieu du xvne siècle. Son seul tableau, au musée d'Amsterdam, est signé et date 1650. Le catalogue 1'intitule (n° 51): « une Rivière are flets d'eau, avec quantitéde navires. » Du mème temps est Lieve Verschuur, né a Rot-
terdam. Nous avons de lui : le Chdtiment de la ca/e |
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UN PEINTHE D'OISEAUX V1VANTS. 16i
infligè au chirurgien du vaisseau de l'amiral van
Nes, et XEntree de Charles II d'Angleterre dans Ie port de Rotterdam. Ces deux tableaux sont signés en toutes lettres. D'un maitre plus ancien, H. C. Vroom, 1566-
1640 : l'amiral Heemskerk coulant a fond les ga— lères espagnoles devant Gibraltar en 1607. Signé : Vroom 1617. Enfin, de J. C. Rietschoof, 1652-1719 : un Calme
et une Mer agitée. Un peintre d'oiseaüx vivants. —Très-bonpeintre,
vraiment : Melchior de Hondecoeter, dont Amster- dam et La Haye possèdent des chefs-d'oeuvre. Per- sonnen'a fuit mieux que lui coqs et poules, canurds et canes, et surtout les poussins et les canetons. 11 a compris ces families avec autant de profondeur que les Italiens la Sainte Familie mystique; il a exprimé la maternité des poules, aussi bien que Raphaël la maternité des vierges; a lavérité, Ie sujet compor- taitplus de naturel, sinon autant de sublimité. Nous avons la, de Hondecoeter, une mère poule qui, pour la tendresse, affronterait la Madone a la Chaise. Elle est accroupie avec sollicitude, ses ailcs étalées, sous lesquelles sortent des tètes éveillées de petits pous- sins; sur son dos est perché Ie bambino privilegie; elle n'a garde de bouger, la bonne mère! Sur les huit Hondecoeter du musée d'Amsterdam,
Ie plus célèbre est celui qu'on intitule du noin consa- li.
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l«2 MUSÉE D'AMSTERDAM,
cré : la Plume flottante. Cette plume de canard
flotté a la Sürface d'urte pièce d'eaü, au bord de la- quelle miroitent des canards, un pélican, un flamant et au tres oiseaux aquatiques. Ne soufflei pas sur la plume, elle s'envolerait. Le fond de paysage est un pare. La toile a pres de G pieds de haut sur 4 a 8 de large. Signé en toutes lettres : M t) Bonde- coeter. Dans un autre : Pare avec des canards et des pi-
f/eons, il y a aussi une plume qui flotte sur un bassin; car le peintre s'est amuse souvent a repeter cette babiole, pour 1'ébattöinent des amateurs. Mais ce tableau-ci ne vaut pas 1'autre. La Plume /lottante n'est pas cependant, a mtm
avis, le meilleur Hondecoeter du musée d'Amster- dam. Le n° 123, Paysage avec un paan, unepaonne et des oiseaux exotiques, est supérieur, comme am- pleur d'exécution et comme harmonie générale. Les deux paons sottt a droite; a gauche, une poule blan- che, entourée de ses petits; vers le milieu, un de ces poussins effrontés, au plumage feuille morte et a la tête touge, et qui fera un beau coq, se rebecque ga- lamment contre le paon. Yigoureuse peinture, pro- venant de la collection Lormier. Environ 4 pieds de large sur plus de 3 pieds de haut. Le n° 127, Paysage avec de la volaille morte,
est a peu pres'de la mème proportion que la Plume /lottante; on y voit un héron, une oie, des canards; et sur une souche d'arbre, une pic vivante. Signé |
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UN PEINTRE D'OISEAUX ViVANTS. 163
des initiales M. D. H. Dans le pendant, n° 128, un
lièvre, un faisan, etc, et un paon vivant, pres d'un grand vase. Le n° 128 est très-petit, 1 pied de large a peu
pres, sur 1 pied et demi de haut. Une perdrix morte et une brochette de quatre petits oiseaux. Rare qua- lité. Les deux derniers représentent, 1'un des perrc-
quets, des oiseaux exotiques et mème des singes, 1'autre des fleurs et des plantes '• Jan Asselijn, né a Diepen, iuivant son inscrip-
tion au registre de la bourgeoisie d'Amsterdam, et non a Anvers2, comme le suppose a tort le cata- logue du Louvre, Jan Asselijn— qui le croirait? — a peint un Cygne de grandeur naturelle, et que
Hondecoeter pourrait signer; c'est pourquoi je men- tionne, a la suite de Hondecoeter, cette singularité du peintre de paysages et de ruines. Le cygne de Jan Asselijn a les ailes déployées, et signifie allégorique- ment, dit le catalogue, la vigilance du Grand-Pen- 1 Le nouv. cat. enregistre un neuvième tableau de Honde-
coeter : Combut d'oiseaux. 1 II est étonnant que le nouv. cat. donne aussi Anvers
comme le lieu de naissance d'Asselijn, quand un des livresde la bourgeoisie d'Amslerdam inscrit, comme ayant été recu bourgeois le 24 janvier 1653 : « Joannes Asselijn, van Diepen. » — Voir Scheltema : Redevoering over het leven en de ver-
diensten van Rembrand, etc, Amsterdam, 1853 ; page 69. — Le Cygne d'Asselijn provient de la venle Gildemeester, 1800, Amsterdam, 95 llorins. |
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104 MI'SÉE D'AMSTERDAM.
sionnaire Jan de Witt. Signé du monogramme JA.
Excellente peinture.
Un peintre de gibiek mort. — Jan Weenix. A un
grand vase, orné de bas-reliefs, sont suspendus deux lièvres; un faisan, une oie, un coq, des perdrix, sont étalés au premier plan. Sur Ie \ase, la signature : /. Weenix / 1714. Le peintre avait soixante-dix ans. Il mourut cinq ans après. Autre grand tableau de Weenix, 4 pieds sur 3 :
du Gibier mort et des Fruits; et un troisième : un Lièvre suspendu avec des accessoires de chasse'. Peintres de fruits et de fleurs. — lis sont tous
ici: David de Heem et son fils Jan Davidsz; Abraham Mignon, 1'Allemand, qui vint étudier chez Jan Davidsz; Rachel Ruysch, dont le Louvre n'a rien; Jan van Huijsum, qui se forma d'après les de Heem et Mignon; son contemporain, C. Roepel, né a La Haye en 1678, mort en 1748, dont nous avons un tableau de fleurs et un tableau de fruits, signés : Coenraet Roepel fecit 1721; Pieter de Ring, a moi inconnu 2, si ce n'est par son excellent tableau de Fruits avec accessoires. |
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1 Ce dernier tableau a été payé 1,055 florins a la venle
Herman ten Kate, 4800; et 2,5(0 ü. a la vente van der Pot (nouv. cat.). ? Inconnu augsi au nouv. cat., qui nc donne ni date, n\
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LES PEINTRES DE FRUITS ET DE FLEURS. 16o
üavid de Heem, un tableau; — Jan Davidsz, deux, assez bons; 1'un est signé :Johan D Heem f 16..; 1'autre : 1 D De Heemp.;—Mignon, deux : un Vase avec des Fleurs, et un Verre, des Fruits et acces- soires, signés en toutes lettres; —- Rachel, un seul: Bouquet de fleurs delicieuses, avec des papillons et des insectes, signé du prénom et du nom, en toutes lettres. Toile haute de 1 pied 6 pouces, large de 1 pied 3 pouces. Payé 680 florins a la vente de la baronne de Thoms, en 181C '. Le talent de Rachel, dans ses productions choisies,
est plus sympathique aux artistes que celui de 1'Alle- mand Mignon, dont la touche est si maigre et k couleur si froide. Pour moi, ces fleuristes de profes- sion ne m'inspirent pas une admiration très-passion- née. J'aime mieux les fleurs pointes quelquefois par Rubens, par Velazquez, et par certains maitres de la grande peinture, que les bouquets les plus fins et les plus chers de van Huijsum. Il faut remarquer d'ail- leurs que van Huijsum, le plus estimé des fleuristes hollandais, n'était pas de la grande époque, qu'il vint au moment de la décadence, quand tous les gé- nies de la Hollande étaient morts, et qu'il travailla pendant la première moitié du xvine siècle. Il me |
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renseignement, a la suite du nom. Le tableau vient de la coll.
van Heteren. 1 Et, deux ans auparavant, a la vente de la douairière
Boreel, 570 fl. (nouv. cat.). |
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m MUSËE IVAMSTERDAM.
semble que Metsu, s'il s'en était mêlé, eut fait de
plus belles fleurs que van Iluijsum.
Cette Rachel était une vaillante femme, qui moit-
rtit a quatfe-viflgt-six ans et peignit pfesque jusqu'li son dertiief jour. M. Six van Hillegom a d'elle deux pendarits, «ignés ét dates 1730, et qui n'aecusent au- cune faiblesse, quoiqu'elle eüt alors soixante-six ans. Née a Amsterdam, en 1664, d'un professeur dis—
tingué, ellê apprit, tout enfant, la peinture chez Willem van Aalst, mort en 1679. Elle était déja cé- lèbre quand elle Se maria, en 1695, avec Ie portrui- tiste Jurriaan Pool. Tous deux sont inscfits, en 1701, au registre de la gilde des peintres de La HajO [Haagsche Broederschap). Malgré son assiduité a peindre, elle tl'a pas laissé beaucoüp de tableaux, sans doute a cause du soin qu'elle y mettait. On dit qu'elle paesa sept années suf deux chefs-d'oeuvre qu'elle dortna en dcrt a üne de ses filles; — elle avait dix enfants! 11 pafait que les enfants lui coutaieilt moins a faire que les fruits et lès fleurs. Yan Huijsuni, comme on sait, a peint quelquéfois
de petits paysagés très^-fins, pointillés a la facoli des ïniniaturistes, et qui serviraient bien de pcndants aUx plus minutieux ouvrages des héritiei's de Frans Mieris. La nature n'y étant pour rien, il y introdui- sait de petits monuments microscopiques, avec des colonnes et de menus déguisements a 1'antique, et il appelait ca des Arcadies ou autrement. Le musée d'Amslerdam a de cette fabrique deux petits bijoux, |
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LES P0RTRA1TS. 167
signés en toutes lettres. Les Areadies de van Huijsum
sont infmiment nioips chères que ses Vases de fleurs. G'est justice. Maïs Ie musée d'Amsterdam a aussi des Fruits
et des Fleurs de van Huvsuni- Les Fruits sont peut- ètre Ie tableau qui fut vendu 3,610 florins a la vente van der Pot, Le& Fleurs, roses, hyacinthes, mones, etc., sont groupéos en un vase orné de reliëfs et place sur unc tablctte de marbre, a cöté d'un nid contenant quatre ceufs. Fond clair, ee qui est une grande qualité dans ces sortes de compost tions. Sur pannoau large de 2 pieds, haut de 2 pieds 7 pouces. Cette elegante et delicate peinture est datée 1723, du plus beau temps du maitre. Un tableau ana- logue, ou peut-ètre celui-ci, a été vendu 3,800 florins a la vente Braamcamp, 1771, et 1,950 florins a la vente J. Gildemeester, 1800 '. Lks poutbaits, -— J'ai parlé, a 1'occasion, des poiv
traits exécutés par les maitrea d'un vrai mérite, JLe musée d'Amsterdam en possède quantité d'autres, plus ou moins estimableB comme peinture, mais qui offrent un intérêt historique. En voici lft nomencla- ture : 1 Le nouv. cat, ne confirme pas celle tradition et nintlique
que la vente Johan van Schuijlenburg, bourgmestre de La Haye, 4735, oü ce van Huijsujn fut payé seulement 450 florins. Les Fruits et les Fleurs sont signés en toutes lettres, avec un y au lieu de 1'ij de la signature des Aroadïes. |
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168 MUSÉE D'AMSTERDAM.
Leprince Guillaume IV, par J. Aved. Je suppose
que eet Aved, inscrit sans autre désignation, doit être celui qui faisait partie de 1'Académie de Peinture en France, au milieu du xvmc siècle, Guillaume IV étant précisément de ce temps-la'. Le Grand-Pensionnaire Jan de Witt; noble tète,
mains longues et fines2; et Cornelis de Witt, son frère, bourgmestre de Dordrecht; par Jan de Baen, né a Haarlem en 1633, mort a Amsterdam en 1702; auteur d'un troisième tableau représentant « les Ca- davres mutilés de ces frères Jan et Cornelis de Witt. » Pour de telles scènes et de tels personnages, il est regrettable que le peintre soit assez insignifiant. Jan de Baen eut cepeiidant grande réputation a son épo- que, et fut appelé en Angleterre, oü, suivant Wal- pole, il a fait quantité de portraits du roi Guillaume et de la reine Mary. Marie van Reigersbergen, femme de Grotius, par
üavid Baillij, né en 1384, mort en 1638. Signé : D Baillij fecit A" 1624. Fernand Alvarez de Tolède, duc d'Albe (le fameux
executeur de Philippe IV d'Espagne, dans les Pays- Bas), par Dirk Barendsen, né en 1534, mort en 1592. Malheureusement, ce n'est rien comme peinture. 1 Le nouv. cat. ajoute au nom de « Jaques André Joseph
Aved » cette petite notice : « Né a Douai en 1702, élève de Bernard Ficart et de Le Bel; mort a Paris en 1766. » — Le portrait est signé : 3 Aved 1751. 2 Gravé par L. Visscher (nouv. cat.).
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LES PORTRAITS. 169
Le vice-amiral A. Bankcrt, par Hendrik Berck-
man, né en 1629, mort en 1690. Si Berckman est 1'auteur de ce portrait, sa date de naissance, in- scrite au catalogue, doit être fausse ; car la peinture est datée 1645, et il n'est pas probable qu'un ar- tiste de seize ans ait été appelé a faire le portrait d'un arniral'. Les Syndics de la corporation de Saint-Luc k
Haarlem, sept figures, de grandeur naturelle, a mi- corps ; composition analogue a celles que faisaient Rembrandt, van der Helst, Ferdinand Bol, Govert Flinck, Jacob Backer, Frans Hals, et les autres mai- tres de la grande peinture; par J. de Bray, mort en 1694. Ce de Bray, dont le prénom est Jacob, était le fils de Salomon de Bray, né a Haarlem en 1597, mort en 1667, et qui a signé : £. Bray, 1640, des peintures notables, dans la salie d'Orange, au pavil- lon du Bois, a La Haye, comme accompagnement au chef-d'ceuvre de Jordaens : le Triomphe de Frêdêric- Henri. Mais le fils Jacob de Bray n'est pas si fort que son père Salomon 'z. 1 Le nonv. cat. donne la date 1648, et, de plus, la signature
de Berckman, qui aurait eu dix-neuf ans en 1648. 8 Le nouv. cat. donne des renseignements sur ce tableau
curieux, date 1675 : quatre des figures sont peinles par J. de Bray; lui-même, qui se trouve la, comme membre de la gilde, est peint par Dirk de Bray, son frère sans doute, et secrétaire de la gilde; les deux autres personnages se sont peints eux- mêmes : .1. van Gating et .1. de Jon^. 15
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170 MUSÉK D'AMSTERDAM.
Portrait de Jan ten Compe, par lui-mênie; ce
peintre, né en 1713, est mort en 1761'. Le contre-amiral W. Crul, par C. van Cuilen-
burg, né a La Ilaye. Portrait de Joost van Geel, par lui-même; né a
Rotterdam en 1631, mort en 1698. Le vice-amiral J. A. Zoutman, par August
Christian Hauck, né a Mannheim en 1742, mort a Rotterdam en 1801. Le vice-amiral Jan van Nes; assez faible, froid et
vide; mais les mains sont bien peintes; signé : L. J). Jong, A° 1666,1'L, le D et le J, d'une forme très- recherchée, lies ensemble, et le g finul enrichi d'une espèce de parafe; — Alctta Ravensburg, femme de eet amiral; avec 1'inscription : JEta 33. — 1668. Ludolf, ou Lieve de Jong, né en 1616, est mort en 1769. Il semble avoir suivi 1'école de van der Helst2. Le lieutenant^amiral Cornelis Tromp, — et sa
femme, « par A. Mytens, né en 1612. » A. Mytens3 est probablement fils—-oufrère—de DanielMijtens, né a La Haye en 1590, peintre de Charles Ier d'An- gleterre, avant 1'arrivée de van Dyck a Londres, et 1 II parait qu'on y a decouvert la signature : T. Regters f.
1751. Le nouv. cat. 1'a donc transporté au nom de Regters. 8 II a travaillé cliez Cornelis Saftleven, chez Antonie Pala-
mede-sz Stevens et chez Jan Bijlert, suivant le npuv. cat. » Le nouv. cat. donne le prénom Johannes, et dit, d'après
Immerzeel, quo ce Johannes Mytens, né a Bruxelles en 1612, fut élève de A. van Opstal et de N. van der Horst. |
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les PühTHAiTS. m
presque aussi habile que Van Dyck. A. Mytens est
lourd et faible a cóté de Daniel. C'est tristè póur 1'amiral Tromp, un des héros de la marine hollan- daise, avec de fluijter. Jan Wagendttr, histofiographe d'Amsterdam,
paf Tiebout Regters, né en 1710, hlört en 1768. Signéetdaté 1761. Le prince Eugène de Savoie', paf Jacob van
Schuppen, né en 1623. La princesse Anne dAtigleterrë. femme de Guil-
laume IV, par M. Terwesten, né a La Haye en 1670, mort en 1730. Portrait de Cofnelis Troost, par lui-mème. Nous
trouverons de lui, au musée de La Haye, quinze dessins de scènes comiques, rassemblés a paft dans un petit cabinet. J'ajouterai ici les portraits catalogués sans noms
d'auteur : Lé chevalier Frans van Borselen — et la comtêsse
Jacqueline dé Bavière; vieux portraits, fortcürieux, qüi paraissent être de la fin du xve siècle, ou du com- mencement du xvi"; mais ils sont très-haut places'. Kenau Hasselaer. Date 1573.
Hugo Grotim, k 1'age de quarante-huit ans; —
W. van de Velden, secrétaire de Gfotiüs, «■» et sa femme E. van Houwening. 1 Sür les fonds sonl peints les écussons des deux families,
donnés en fac-simile par le nouv, cat. |
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172 MUSÉE D'AMSTERDAM.
Le comte Adolph de Nassau.
Amalia de Solms, veuve du prince Frédéric-
Henri. Le vice-amiral Witte Corn. de Witte.
Le commandant Heraugiere, « qui a pris la place
de Breda au moyen d'un bateau a tourbes, en 1590.» Le fils du lieutenant-amiral A. van Nes.
L'empereur, « Charles le Grand. »
L'épouse du même empercur.
Les comtes Louis, Jan, Adolph et Hendrik de
Nassau, en pied. Peinture assez savante, mais très- 1'roide. Le comte Ernest Casimir de Nassau.
Le même, en picd.
Henri Casimir, en pied.
Un des comtes de Nassau, inconnu.
«Idem. » Très-bon.
Le comte de Leicester.
Gaspard de Coliyny, amiral de France. Je ne sais
pas si c'est Coligny. Mais la peinture ne signifie rien. Ripperda. commandant de Haarlem, lors du
siége. Philippe IV, roi d'Espagne. Rien.
Albert, archiduc d'Autriche, — et sa femme Isa-
belle (copies d'après Rubens). Jjepape Adrien VI.
Une princesse espagnole. Un inconnu, « habillé avec distinction » (copie
d'après van Dyck). |
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PEINTRES DIVERS. 173
Quarante portraits, représentant des princes d'0-
range, des comtes de Nassau, et autres personnages historiques. Peintres divers. — Comme ce travail s'adresse
aux artistes et aux amateurs qui étudient 1'histoire de la peinture, je tiens a noter, du moins, les ceu- vres qui ont échappë a mes catégories. La plupart n'ont aucune valeur artistique, mais elles peuvent avoir un certain intérêt a titre de document. A. van Beijeren: Tab Ie garnie depoissons. Appa-
remment que les rédacteurs du catalogue ne savent rien de ce peintre, puisque son nom n'est pas même accompagné d'une date. Le catalogue du musée de Rotterdam oü 1'on voit un tableau analogue, assez bon, dit quAlbert van Beijeren vivait au milieu du xvne siècle. Nous ne sommes pas beaucoup plus avances '. P. van Hillegaard, mort en 1638 : le Congé donné
aux milices, dites Waardgelders, a Utrecht, en 1618 2. (( G. Hoedt, » né u. Bommel en 1648 , mort a La
Have en 1733 : Manage d'Alexandre avec Roxane ; le Triomphe d'Alexandre, pendant du precedent; 1 Rien non plus dans le nouv. cat. Le tableau est signé d'un
monogramme AVB accolés. * Le tableau est signé : pauwels van Hillig 4627 (nouv, Ift-
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474 MUSÉE DAMSTEHDAM.
Ct deux paysages. Petits tableaux assez fms, dans Ie
style pscudü-italien. Signés tous les quatre. Ce Gê- rard Hoet est Ie père de Gerard Hoet, qui a publié deux volumes de Catalogues de ventes, La Haye, 1752. Il était élève de son père Moses Hoet, de W. Van Rijsen et de Cornelis Poelenburg. Les mu- sées de Drcsde et de Yieline possèdent de lui chacun un petit tableau. Janson « 1'ancien, » né en 1729, mort eu 1784 :
Ie Chdteau de Heemstede. Signé et date 1765. L. de Moni, né (a Breda) en lüt)8, mort (aLeyde)
én 1771 : uue Femme arrosant des fïeurs. Louis de Moni était élève de Philip van Dijk j d'Amsterdain , iniitateur de Mieris. Matthijs JNaiveu, né en 1647, niort en 1721 :
Saint Jérómepriemt. Signé et date 1670. J. Oudenrogge (saus autre désignation); l'Atelier
dun tisserand. Signé et date 1652. Isaak Ouwater, né a Amsterdam en 1747, mort
eu 175*3 : deux Vues d'Amsterdam. J. Quinkhard (sans plus) : Intérieur avec deux
personnes qui font de la musique'. J. de Ruyter (sans plus2): unePoissunnièrre (sic).
A. van Strij, né (a Dordrecht) en 1753, mort (ibid.)
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1 Signé : Julius Quinkhard pinx. 4755. Ce peintie, né en
1736 a Amsterdam, y est mort en 4776. Élève de son père, Jan MauiiU (nouv. cat.). J Signé et date— 4820 (bouv. cat.).
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ÉflOLE FLAMAINDE. 173
en 1824 (Ie catalogue de Rotterdam dit: en 1826):
un Jeune homme qui dessihe. Abraham vati Strij éteit satis doüte Ie frère ainé de JaCob van Strij, né en 1756, mort en 1615, assez connu comme ayaftt beau- coup pastiche Aalbef t Cuijp, Paul Potter et autrés inaitres du Xvir3 siècle. D. Virtkboom, né en 1578, mort en 1629 : Ie
prince Matinee allant d la chasse, accompagné dé sa suite. David Yinkboom était hé a Malincs, mais il 8e iixa a Amsterdam, oü il taourut. Il était élève de son père Philip. 11 a peirtt beaucoup de petits tfr* bleaux, sur cliivre souvent, oti sur bois, quelqucfüis en collaboration de Jan Rottehhammél1. Les musées de Berlin , de Yienne, de Drcsde en ont plusieurs. Sa marque ordinaife est un pinson [vink en hollan- dais) qu'iLperchait sur quelque arbf e de ses paysages'. A présent, j'ai réussi a renfermer dans ce comptc
rendu tous les peintres hollandais du catalogue du musée d'Amsterdam, avec toutes leurs oauvres. Món plaisir est qu'il n'y en manque pas un2. École flamande. — Hélas! les Flaniands ne font
pas beUe figure chez leurs voisins, —anciens amis , 1 Le nouv. cat. écrit, d'après Immerzeel, Vinckenboons.
* Je ne trouve de plus dans le nouv. cat., en fait de Hollan-
dais a ciler, que S. van Hoogstraaten: le Convive indigne; et un Paul Potter: « les Coupeurs de paille (de Stroosnijdcrs); rionné (récemmentsans doute) par le baron van Spaen van Biljoen. » |
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176 MI'SÉE D'AMSTERDAM.
anciens ennemis, —les Ilollandais. Leurs nomsmè-
mes sont défigurés, quoiquc les deux langues soient pi'esque pareilles, et 1'on dirait que leurs oeuvres sont aussi étrangères au dela du Moerdijk, que les oeu- vres des peintres d'Italie oud'Espagne. Le catalogue enregistre trois tableaux des van
Eyck: «N° 80. UnTemple gothique. N° 81. LaSainte Vierge avec l'Enfant. N° 82. L'Adoration des mages d'Oriënt.» Les deux premiers sont censés de Hubert et de Jan; le troisième, de Jan tout seul. Il faut no— ter que le catalogue donne 1445 comme date de mort de Jan; on devrait savoir en Hollande qu'il est mort au mois de juillet 1441 '. J'ai cherché longtemps ces précieux van Eyck ,
m'étonnant bicn de ne les point trouver; car des van Eyck , cela saute aux yeux. J'avais passé vingt fois devant eux sans m'arrêter. Les trois prétendus van Eyck sont de niisérables copies de je ne sais quelle misérable peinture qui n'est pa.s mème de 1'époque. lis gisent au rez du parquet, dans un petit défilé obscur entre deux portes, quoiqu'on les défende au musée comme authentiques, etqu'Immerzeel2ait eu 1 Le nouv. cat. a conservé les deux vieilles dates données
par SandrartjDescampsetautres: 1370-4445. — II asupprimé deux des faux van Eyck, mais il en a conservé un : L'Adora- tion des mages. On se décide avec peine a n'avoir plus du tout de van Eyck, quand on avait cru en posséder trois! 1 M. Michiels (flistoire de la peinture hollandaise, etc.) ne
s'y est pas laissó prendre, comme Immerzee!:« Les prétendusj |
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ÉCOLE FLAMANDE. 177
Ja Jiaïveté de les citer comme tels, deux fois dans
son livre. Mais ce biographe des artistes hollandais et flamands ne connaissait absolument rien a la pein- ture. La peinture ne s'apprend pas dans les biblio- thèques. Les trois van Eyck ne valent pas 100 florins a eux
trois. Du xvc siècle, nous sautons a la dernière moitié du
xvi°: Paul Bril, un paysage insignifiant; — Hen- drik van Balen, que Ie catalogiie hollandais fait naitre en 1633, et mourir en J702 ! au lieu de 1360-1632, un tableau vrai, avec Diane, Bacchus, Pan, des sa- tyres et des nymphes; on lui attribue aussi, en col- laboration avec Jan Breugel, la Composition sym- bolique, représentant les diverses scctes du Christia- nisme, que nous avons restituée précédemment a van der Venne. De Breugel lui-même, surnommé Ie velours, dit
Ie catalogue, il y a cinq tableaus, dont quelques-uns assez fins : une Scène de la fable de Latone, trois paysages et une Forêt; ce dernier tablean est signé Brvegel, qui est Ie nom véritable, comme 1'ont tou- jours signé les membres de cette familie; — de Josse de Momper, que Breugel a souvent étoffé de ses ngurines, un assez bon paysage; — de R. Gyzels, van Eyck d'Amsterdam n'ont jamais occupé Ie célèbre peintre,
ni déshonoré son pinceau » (t. II, p. 126). Mais M. Viardot les acceple et les cite, de confiance sans doute, puisqu'il n'a point visite les mnsées de la Hollande. |
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178 MUSËE D'AMSTERDAM.
élève de Breugel, une Vue de village; — et de Jan
Van Breda, qüi, plus d'un siècle après, imita tantót Breugel et tantót Wouwerman, un Paysage avec des chevaux. Peeter Neefs a trois Intérieurs d'cglise catholiqtle.
Le n" i 96, Intérieur d'une église d Anvcrs, signé Peeter Nefs , est de belle qualité et d'une certaine importance pour le maitre '. « Pourribus Jr. (F.), né 1570, décédé 1622. Por-
trait d'Elisttbeth, reine d'Angleterre. » Pourribus, qu'cst-ce que cela? Les dates nous font devinef que le catalogue vent parier de Frans Poufbus le jeune, d'Anvers. Il n'y a pas si loin d'Anvers a Amsterdam, qu'on ne dut ici connaitre au moins le nom de cette familie d'artistes célèbres2. Avec Otho van Veen, nous tenotis la grande école
de Rubens, son élève. Le catalogue enregistre «douze pièces relatives a 1'histoire des anciens Bataves et des Romains, par O. Yettius, mort en 16343; » il fau- 1 Les deux autres sont signés également, 1'un : Peeter
NEEffs; 1'autre : Petrus Nefs 1636 (nouv. cat.). On sait com- bien ce maitre était capricieux dans ses signatures. * II va sans dire que le nouv. cat. a corrigé ces orthogra-
phes baroques. Il attribue ce porlrait d'Élisabeth a Frans le. père, 4540-1580, et non plus au flls. L'un ou 1'autre peuvent avoir peint Élisabeth, née en 1533, morte en 1603. Je ne crois pas que Frans le vieux ait jamais été en Angleterre, mais Frans le jeune a beaucoup voyagé. 3 Cette fausse date est conservée dans le nouv. cat., qui dé-
crit au long les 12 tableau» üe van Veen, |
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ÉCOLE FLAMANDE. 170
drait 1629; erreur d'ailleurs commise aussi par Ie
catalogue du Louvre et par les catalogues de Berlin et de Vienne. C'est au nouveau catalogue d'Anvers qu'on doit la rectification de cette date. Rubbens, ainsi est écrit Ie nom du grand artiste
flamand par Ie catalogue hnllandais, Rubens n'a que deux tableaux : la Piété filiale et une « ébauche, re- présentant Jésus-Christ trainant sa croix. » A mon .avis, la Piété filiale n'est pas peinte par lui, mais dans son école, d'après sa composition. Smith ce- pendant accepte cette faible peinturej comme éiant originale et 1'enregistre n° 382. Elle a étó gravée par A.Voet. Ala vente Stiers d'Aertselaer, Anvers, 1822, elle fut payée 5,300 (lorins, Hauteur 4 pieds 9 pou- ces; largeur 5 pieds 9 pouces. Sur toile. Rubens a fait plusieurs compositions de ce sujet
romain. La galerie Marlborough en possède une, presque semblable a celle d'Amsterdam, et gravée par J. Smith; cc doit être 1'original. Panneels aussi a gravé a 1'eau-forte une Charité romaine, difTérem- ment composée. Le Jésus-Christ trainant sa croix eet une excel-
lente esquisse du grand et magnifique tableau con- servé au musée de Druxelles : « N' 163, le Christ montant au calvaire, » peint en seize jours! après 1631, et gravé par Paul Pontius. Rubens avait fait deux esquisses pour ce chef-d'oeuvre, et Smith, qui se trompe quelquefois, les catalogue toutes deux comme étant au musée d'Amsterdam. Celle du mu- |
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180 MUSÉE D'AMSTERDAM.
sée d'Amsterdam n'a que 2. pieds 2 pouces de haut,
sur 1 pied 6 pouces de large'; 1'autre, que j'ai vue a Londres, il y a environ cinq ans, chez un marchand de tableaux du Strand, a plus de 3 pieds de haut et plus de 2 pieds de large; elle provient, je crois, de la vente Horion, Bruxelles, 1788, — 165 florins. Toutes deux sont sur panneau. Nous ne sommes pas plus heureux avec van Dyck
qu'avecRubens. Deux tableaux attribués a van Dyck, seulement; encore peut-on douter qu'ils soient de lui. Puisque cependant Smith les accepte aussi, nc soyons pas trop rigoureux. Portrait de Jacob van der Borcht, bourgmestre
d'Anvers, de grandeur naturelle, en pied, debout dans un vestibule, d'oii 1'on apercoit un fond de ma- rine. Le bourgmestre est vètu de soie noire; sa maiii gauche est voilée sous le petit manteau; sa main droite fait un geste en avant. 6 pieds 6 pouces de haut sur 4 pieds 4 pouces de large. Gravé par Ver- meulen. Payé 1,000 florins a la vente Stiers d'Aerl- selaer. —1,000 florins,—a Anvers, en 1822 ! — ce n'est pas bon signe d'authenticité pour van Dyck. « Portraits (supposés) de la princesse Marie Hen-
riette Stuart et do son frère le prince de Wallis, en- fants de Charles Pr, roi d'Angleterre, » en pied, de grandeur naturelle. Le petit prince parait avoir en- viron douze ans ; il est tout vêtu de soie rouge ; de sa 1 72 centim. sur 35, d'après le nouv. cal.
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VAN DYCK. 181
main gnuche il tient son chapeau, de sa main droite la
main de la petite princesse richement costumee en satin blanc, avec per les et diamants. 4 pied 6 pouces de hauteur, sur 3 pieds 6 pouces de largeur. La pein- ture, très-froide d'apparence, est très-usée en plu- sieurs endroits et défigurée par des restaurations. Il se peut qu'elle ait été originale'. Viennent ensuite un seul Jordaens, assez faiblc :
Paysage avec Ie satyre Pan2, et deux Snyders : un plat garni de fruits avec du cjihier mort et un che- vreuil mort, une hure de sanglier et des légumes ; ce dernier tableau de belle qualité. David de Coninck, né a Anvcrs en 1636, mort a
Rome vers 1686, est 1'auteur de deux superbes chasses, aussi fortes que des Snyders : une Cliasse aux cerfs et une Chasse aux ours3, placees dans 1'es- calier, ainsi qu'un Chevreuil mort, porté aux Incon- nus, et qui doit être du même maitre. Pour en finir de la grande écolc flamande, restent
trois tableaux de Gaspar de Crayer, qui sut conserver 1'indépendance de son talent a cóté de Rubens dont il 1 On trouve dans Ie nouv. cat. un van Dyck de plus: La
Madeleine repentante, de grandeur naturelle. Je ne connais point ce tableau. 8 Vente S. J. Stinstra, en Frise, 360 florins. Gravé par
Bolswert (nouv. cat.). 3 Ces deux belles peintures n'ont coülé que 144 florins a la
vente van der Pot. La Chasse aux cerfs est signée en toutes lettres (nouv. cat.). . IC
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182 MUSÉE D'AMSTERDAM.
était 1'ami: un Ecce Homo, peu remarquable'; une
grande Adoration des bergers et une magnifique Descente de croix, d'environ 3 mètres en hauteur. Despetits maitres flamands, il n'y en aque deux:
David Teniers Ie jeune, en quatre tristes excmplaires, et David Ryckaert : un Cordonnier et autres per- sonnes dans un intérieur; peinture très-solide et très-colorée. Il y a aussi une marine de Jan Peters, d'Anvers, 1624-1677 : la Flottille anglaise hridée a Chattam, en!6672. Il faut pourtant mentionner les Teniprs, rnalgré
leur insignifiance : N° 273. Demeure rustique avec un homme tenant a la main une pipe et un pot de bière. N° 274. Compagnie de gens joyeux; tableau couvert de repeints. N° 273. Tentation de Saint- Antoine; 1 pied de haut sur 10 pouces de largc; Smith 1'estimait 80 guinóes : on yoit que c'est peu de chose, quoiqu'il ait passé dans la collection Braam- camp. Et JN° 276. Corps de garde ayecplusieurs gens |
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1 AUribué maintenant a Pieter van « Moll, né en 4580. »
Les rédacteurs du nouv. cat. devraient avoir vu dans Ie beau cat. d'Anvers que van Mol, et non Moll, est né en 1599, et nonen 1580. — VEcce Homo pourrait bien d'ailleurs n'êtro ni do Mol, ni dé Crayer, mais la copie d'un Rubens, puisqu'il a étó gravé par F. Galle « d'après Rubens». 1 Un Frans Francken Ie jeune, signé et dato 1616, et un
grand Hieronimus Francken Ie vieux, l'Abdication de Charles- Quint, se trouvent de plus dans Ie nouv. cat.; cadeaux récents, faits, jo crois, par Ie baron van Spaen van Biljoen. |
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ÉCOLES niVEHSES. 183
de guerre et quantité d'attributs militaires; grand
tableau assez vide, date 1642 '. Écoles biverses. — lei nous sommes tout a fait
perdus. Les deux pages du catalogue consacrées aux Italiens, aux Espagnols, aux Allcmands et aux Fran- cais sont cependant une curiosité bibliograpliique pour la maniere dont les noms sont écrits. Nous avons Cyrus Ferrus (Ciro Ferri), unMariarje
de la Vierrje, qui a été un bon tableau italien, de je ne sais qui;— Giarofolo, une Adoration des mages; copie par un Flamand;—Jean Lanfranck, un Saint Jean-Baptiste; copie d'après Spada, je crois ;•— et quelques copies d'après le Guide, le Parmesan, Allori, le Caravaggio. C'est tout pour les Italiens2. En Espagnols nous avons: « Spagnoletti, Velas-
ques, eïMorillos. » Le Murilloparaitvrai; c'est une petite Annonciation, d'une très-belle couleur. Je crois qu'on l'attribuait autrefois a Rubens! et qu'il a été catalogue comme tel par Smith, sans doute sur de fausses indications. Le Velazquez est un des mille 1 1641, suivant le nouv. cat., et provenant de la vente Lor-
mier. 2 Les noms sont rectifiés dans le nouv. cat., mais les attri-
butions ne sont pas changées, si ce n'est qu'on donne comme originales les peintures cataloguées précédemment comme co- pies! par exemple : la Judith d'AUori, dont« le palais Pitti a Florence possède une répétüion(eene herhaling)'. » |
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184 MUSÉE D'AMSTERDAM.
portraits apocryphes du petit prince Balthazar, lïls
de Philippc IV '. Il n'yaqu'un nom francais: Nicolas Bertin, 1667-
1736, pour deux Sujets de la Bible; et deux noms allemands : Rottenhammer, une Vierge et une Vénus; et Hans Holbein Ie jeune, a qui on attribue quatre portraits: un Maximilien, un Érasme, un Ro- bert Sidney et un Charles-Quint; celui-ci est très- bon et pourrait ctrc de Ilolbein; les autres, non. MaItres inconnüs. — Dans cette categorie sont
compris divers portraits, que nous avons mention- nés déja, et cinq tableaux de nulle valeur, dont tin néanmoins a un titre qui éveille vivemcnt 1'inté- rèt: « Rubbens,' van Dyck et Brouwer, travestis en paysans, jouant aux cartes devant une auberge. » Quel précieux tableau ce serait avec ces trois por- traits ! Van Dyck en paysan, jouant aux cartes, a la porto d'un cabaret! entre Rubens, Ie prince des peintres, et Brouwer, Ie prince des bohémiens! Mais de Brouwer, de van Dyck et de Rubens, il n'y a personne. Pour completer la description du musée d'Amster-
dam, il conviendrait de faire sur Ie cabinet des Es- 1 Nous apprenons par lo nonv. cat. que ce Velazquez ori-
ginal a óté payó 31 florins en vente puhlique a Amsterdam, en 1828. Un Velazquez a soixante et quelques francs, ce n'est pas cher! |
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LE CABINET DES ESTAMPES. 183
tampes ce que nous ayons fait sur la galerie de ta-
bleaux. Mais, notre objet spécial étant la peinture, nous nous contenterons de signaler la collection de gravures et d'eaux-fortes comme une des plus riches du monde, avec celle de Paris et cel Ie de Londfes , au British Museum. L'ocuvre de Rembrandt, au musée d'Amsterdam est, je pense, Ie plus beau qui existe; c'est tout naturel. Ceux d'Albrecht Dürcr, de Rubens, de van Dyck, etc, sont magnifiiques. On trouvc aussi dans Ie cabinet des Estampes
d'Amsterdam une série unique, d'une soixantaine de maitres primitifs, innommés et indécrits. Le con- servateur, M. Klinkhamcr, en a seulement publié un catalogue succinct dans la Revue universclle des Arts. |
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MUSEE
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LA HAYE
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LA HAYE
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Le musce de La Haye se trouve a un anglc de la
place nommée le Plein, tout pres de la voüte en ar- cade qui conduit au Binnenhof, ancien palais des stalhouders, dans une maison assez moderne, appc- lée Mauritshuis. Ce petit édifice a fronton, etprécédé d'une cour, a sur la Trippen/mis d'Amsterdam 1'a- vantage d'ètre isolé de tous au tres batiments. On entre d'abord, par un perron, dans un grand vesti- bule. Le cabinetde Curiosités est adroite, au rez-de- chaussée. La collection de tableaux occupe le premier étage. Six pièces : une première salie carrée, com- muniquant d'un coté avec deux petits salons consa- crés exclusivement a 1'école hollandaise; la Lecon d'anatomie de Rembrandt est la; — de 1'autrc cöté, avec deux petits salons parcils, oü sont placées les écoles étrangères; — en arrière, avec la grande salie oü est le Taureau de Paul Potter. Comme au musée d'Amsterdam, toutes ces chambresne sont éclairées |
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100 MUSÉE DE IA HAVE.
que par une lumière oblique, venant de fenètres
latérales. Le"baron Steingracbt, Ie père, qui a formé la belle
collection de tableaux appartenant aujourd'hui a son fils, fut un des principaux organisatcurs du musée de La Haye. Le directeur actuel estM. Mazel, secré- taire au ministère des affaires étrangères; le sous- directeur, un banquier, M. Landry. Point d'artistes dans la commission. Lc catalogue, aussi imparfait que celui d'Amster-
dam ', comprend 287 numéros, savoir: première sec- tion, ÉcolesdesPays-Bas, 185 numéros; — deuxième section,Ecölesétrangères, 63 numéros; i 5 allemands, 5 francais, 6 espagnols, 39 italiens;—Mattres in- connus de 1'école italienne, 13 numéros; Maitres in- connus en général, 11 numéros;— Sculpture, 13 numéros. — En tont, 30 pages de texte en gros ca- ractères, chaque tableau n'étant désigné, en général, que par uit titre bref. Il va sans dire que beaucoup d'attributions sonterronéés. Rembrandt. — Au musée de La Haye, comme au
musée d'Amsterdam, c'est Rembrandt qui domine tont. Ce génie duNord est toujours etpartout le pre- mier, du moins parnii ses compatriotes. L'admira- tion cependant se partage entre lui et Paul Potter au 1 II est probable que la publication du cataloguo d'Amster-
dam encouragera la commission du musée de La Haye a faire aussi un nouveau catalosue de cette belle collection. |
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REMBRANDT. 191
muséc de La Ilaye, comme entre lui et van der Helst
au musée d'Amsterdam. La-bas, Ie fameus Banquet des arquebusiers semble aux Hollandais un chef- d'oeuvre cgal a la Ronde de nuit; ici, Ie fameux Taureau, un chef-d'oeirvre égal a la Lecon d'ana- tomie. Le musée de La Haye offre eet intérct, qu'on y
peut étudier, mieux qu'en aucune autre galerie du monde, ce qu'on appel lc la première maniere de Rembrandt; car, outre la Lecon d'anatomie qui en est le type, le musée possède encore quatre Rem- brandt de eette periode originelle : Siméon au tem- ple, Suzanne au bain, un Officier et un Jeune liommc. Rembrandt, comme on sait, quitta son moulin de
Leyde pour venir s'établir a Amsterdam vers 1G30. Il avait déja fait saus doute beaucoup de peintures, niiüs on n'en a retrouvé aucune avec une date an- térieure a 1631; quelques-iines de ses eaux-fortes seulement portent la date de 1628. A 1631 corn- mencc la série authentique des ceuvres du peintre, et on peut la suivre, année par année, saus interrup- tjon, jusqu'aux Syndics de 1661. Après 1661, les tableaux dates sont très-rares. On rencontre cepen- dant a la galerie du baron van Brienen un superbe portrait d'homine, date 1663. Au musée van der Hoep aussi est une vaillaiite peinture de cette der- nière époque, mais oü la date est indéchiffrable. Ce sont la, avec Je portrait du bourgmestre Six (sans |
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192 MUSÉE DE LA HAYE.
date), de la galerie de M. Six van Hillegom, les trois
seuls tableaux de Rembrandt, postérieurs a 1661,
que la Hollande ait conservés, quoiquc Rembrandt
n'ait cesséde peindre jusqu'en 1669, 1'année de sa
mort.
Le Sbnéon au templc du musée de La Ilaye est
donc bien précieux a causc de sa date authentique : 1631. Au milieu du temple, dont 1'architecture fantas-
tique se perd dans 1'ombre, est un groupe sur lequel se concentre 1'effet lumineux. Sept personnes : Si- méon a genoux, tenant dans ses bras 1'enfant Jésus et levant les yeux vers le ciel; barbc et cheveux blancs; grand manteau doré; —la Yiergc a genoux, vue de face, mains croisécs contre la ceinture; robe d'un azur très-clair; ■— saint Joseph a genoux, dans la demi-teinte, et portant les deux colombes desti- nées a 1'offrande; — un pen a gauche et en pendant au Siméon, le grand-prctre, debout, de profil perdu, pi'esque de dos, avec un long manteau trainant; il élève la main droite en pleine lumière, comme pour bénir; le Christ ressuscitant Lazare, dans la célèbre eau-ibrte (Rartsch 73), rappelle un peu cette tour- nure;— derriere la Vierge, deux rabbins, debout, dont 1'un porte un haut bonnet grisatre. A gauche, et au fond, dans la nef, divers groupes presque im- perceptiblcs parmi les ténèbres, semées cependant de rayons d'or a quelques reliëfs des colonnes ou des décorations architecturalcs. A droite, dans unc pé- |
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REMBHANDT. 193
nombre transparente, une fovile qui monte ou dcs-
cend un perron au sommet duquel setient unprêtre. En avant et au premier plan, du mcme cóté, un banc oü sont assis deux vénérables personnages. C'est sur 1'appui de ce banc qu'est Ie monogramme RII (Rem- brandt llermansz), comme on Ie trouve dans les eaux-fortes de ses premiers temps, et la date 1631'. Le Siméon est pcint sur un panneau cintré au
sommet. Ilauteur 2 pieds 3 pouces, sur 1 pied 6 pou- ces; figures principales, environ 5 pouces. Il fut transféré au Louvre durant les guerres impériales, et restitué en 1815. Gravé par J. de Frey, dans le Musée francais, et par Bierweiler, a 1'aquatinte, en 1835. Cette petite mcrveille2, la première dans 1'ordre
chronologique de 1'oeuvre, révèlc déja pleinement, 1 Smith (n° 34), par une erreur qu'il répète aussi dans sa
nolice biographique, et que Nagler et Rathgeber ont copiéo, donne la (late 1630. — II se trompe encore en supposantque le Siméon est un des tableaux auxquels fait allusion une lettre de Rembrandt, datée 1638, et adressée a Constantijn Hui- gens. — Smith (en 1836)estimait \e Siméon 1,800 guinées, pres de 47,000 francs. M. Scheltema, dans sa précieuse brochure, commet égale-
ment une erreur en disant que le Siméon fut peint pour Jan Six, puisque le futur bourginestre, étant né en 1648, n'a- vait alors que 13 ans. C'est bien plus tard que Rembrandt de- vint 1'ami de Jan Six, et qu'onpeut constater leurs relations. 2 M. Maxime Ducamp en parle avecbeaucoup (^enthousiasme
dans la Revue de Paris, oclobre 1857. 17
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194 MI.'SÉE DE LA HAYE.
par ram})lcur de la touche et 1'originalité de 1'effet
général, Ie style propre a Rerabrandt, celui qui Ie caractérise, aussi bien a son origine que dans sa ma- turité. Le groupe central, il est vrai, et surtout la Vierge, qui se dessine tont entière en clair, sont peints avec une minutie un peu froide. Getto petite ügure, mais c'est la seule du tableau, fait com- prendre qu'on ait osé quclquefois comparcr la pre- mière maniere de Rembrandt a ccllc de Fraiis van Mieris le vieux! Le galbe, le modelé, les moindres détails y sont accusés par unc exécution fine et cor- recte. Les autres figures, quoique frappées des plus vifs éciats de lumière, sont déyorées en partie par des demi-teintes et des ombres. Avant 1'Exhibitiou de Manchester, on ne connais-
sait que le Siméon qui eüt la date irrécusable de 1631'. A Manchester la reine Vittoria a envoyé de Windsor Castle un portrait de jeune homme, qui n'avait jamais été signalé nulle part, pas mènie dans Smith, et qui porto aussi une belle date 1G312. L'année suivante, 1632, Rembrandt 1'aisait sou 1 Smith signale cependant deux portraits qui spnt censés da-
tes de 4631 : un portrait de femme, qui appartenait, en 1836, a M. de la Ilante, le spéculateur en tableaux, et un portrait intituló Sobieski (Sobieski est nó en 4 629!) au musée de 1'Er- mitage a Saint-l'étersbourg. Il faut ajouler un Loth et ses ftlles, gravé par van Vliet, d'aprós Rembrandt, avec la dato 4634. Mais ce tableau est égaré depuis longtemps, et sur les deux premiers la date n'est point du tout certaine. 2 Voir Trésors d'art, etc, par W. Burger, p. 246.
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ftEMBRANDT. 195
premier chef-d'ocuvre, la Lecon d'anatomie, et des
lors il dépasse tous les maitres de son pays. Daiis urlc salie d'amphithéatre, voütée, Ie savant
professeiir Nicolaas Tulpl, aihi et protecteur de Rcm- brandt, est représenté démontrant, sur « un sujet male», comme dit Smith (n° 142), 1'anatomie du bras. Il est de trois quarts tourné a gauche, vètu d'un pourpoint et d'un mahteau noirs, avec col uni rabattu, et manchettes unies; chapeaü mou, a très- larges bords; barbe au mentoii et moustaches; sa main gauche, mi-soulevée, fait un geste explicatif, pendant que la droite saisit ayec des ciseaux un des tendons du bras disséque. Le cadavre est couché devant lui, de biais et en
raccourci, sur une table. Un groupe de cinq figures est échelonné a la droite
du doeteur, et deux autres personnages sont assis en avant de la table, tout a fait a gauche. Ces sept au- diteurs ne sont pas des ecoliers et des carabins quel- conqms2, mais des docteursa barbe drue, tous, sauf |
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1 On retrouve en IJollande, notamment dans la galerie de
M. Six van Hillegom, d'autres portraits de ce doeteur Tulp, qui fut Ie protecteur de Paul Potter et de plusieurs peintres, et dont Jan Six devintle gendre en 4655. Il étaitné le 9 octo- bre 1593, fut bourgmestre d'Amsterdam en 1654, et mourut le 12 septembre 1674. Il avait donc trente-neuf ans a 1'époque oü fut peinte la Lecon d''anatomie. — Jacob Iloubraken a gravó un portrait de Tulp, en ovale, « d'après ftembrandt. » 8 Dans un article de la Revue des Déux-Mondes (15 juillet
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196 MUSÉK DE LA HAVK.
un, maitres-jurés de la gilde des chirurgiens d'Am-
sterdam ; ils s'appellent, en prenant les tètcs a partir de celle de Tulp et en suivant jusqu'au hord gauche du tableau : Hartman Harmansz, c'est lui qui tient ouvert un papier sur lequcl sont inscrits les sept noms; Matthijs Kalkoen, un pcu penché en avant; Jakoh de Wit, presque de profil, lc cou tendu, avec une extreme attention, et dont la collerette touche presque la tête du cadavre; au-dessous de lui, Jakoh Blok, 1'ceil fixe et Ie sourcil crispé; au-dessus de Blok, Frans van Locnen, Ie seul qui ne soit pas maitre de la gilde; enfin, plus bas, et au premier plan du tableau, Adriaan Slabbraan, vu presque de dos, tête retournce de profil a droite, main droite ac- cotée a la tablc; et Jakob Koolveld, tout a fait de profil, et Ie dernier a gauche. Tous, têtes nues, sont vêtus de noir et ont des fraises plissées, rabattues. Harmansz soul porte la fraise tuyautée et ferme, a la mode qui va passer. Peut-ètre y a-t-il encore d'autres auditeurs dans la
salie, car Ie professeur regarde devant lui, comme s'adressant a une assemblee qu'on ne voit pas, et 1853), M. Gustave Planche ratiocinant sur cc tableau, qu'il
n'avait jamais vu et dont il ignorait la dato, supposo que les auditeurs de la Lefon d'anatomie sont des élèves, dont plusieurs « ne trouvent pas dans leur intelligence la force de compren- dre; » et plus loin : « Cette toile n'a pu ètre concue quo par un « esprit habitué dès longtempsè la méditalion. » — Rembrandt avait vingt-quatrc ans! |
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REMBHANDT. 1!»7
Slabbraan, Hannansz et van Loencn jettent aussi
par la un coup d'oeil. Les compositions de Itembrandt ne sont jamais
emprisonnées dans leur cadre : il y a toujours 1'in- fini tout autour. L'angle inférieur de la toile a droite est occupé
par un immense in-folio ouvert, contre lequel se dressent dans 1'ombre les deux pieds du cadavre. Il est singulier qu'on nc pensc point a ce cadavre
qui est la, tout de son long sur Ie dos, et dont on pourrait toucher les pieds; qu'on ne Ie voie pour ainsi dirc point, quoique tout Ie corps, la poitrine bombée et Ie bras droit, en pleine lumière au milieu de tous ces vêteinents noirs, prennent un ton blême et verdatre, extrèmement vrai. On peut être sur que ce sujet a été peint d'aprcs nature', aussi bien que toutes ces têtes animées et vivantes. — C'est la Ie mcrveilleux artifice de cette composition, qui, en présence de la mort, ne fait songer qu'a la vie. Au-dessus de la tête de Frans van Loenen qui
tient Ie sommet du groupe, est inscrite dans la demt- teinte, sur une sorte de pancarte collée au mur, la signature : Rembrant [sic) f. 1632'. Les figures sont de grandeur naturelle, a mi-corps.
Ilaut. 5 pieds 4 pouces; larg. 7 pieds 1 pouce. Sur 1 Sir Joshua Reynolds, qui, dans son Tour in Holland, 1781,
a décrit ce tableau sous Ie titre : École de chirurgie, indiquo la date 1672! Ce qui 1'a trompé sans doute, c'est la forme du 3, dont la partie inférieure, allongée disproportionnément au- 17.
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19S MUSÉE DE LA HAYE.
toile. Gravé par de Frcy et aussi, je crois, par Cor-
nilliet. Lithographic récemmeiit par C. Binger.
Ce tableau fut exécuté par Rembrandt sur la de-
mande de ïulp lui-mème, qüi Ie donna en souvenir a sa corporation. Il fut place dans une des salles de la gilde, qui occupait et occupe ciicore unc partie de l'édifiee appelé Sint-Antonie-Waag (Ie Poids-Saint- Antoihe, oü est Ie poids municipal), sur Ie Marché- Neuf; c'ctait autrefois une des portes d'Amsterdam. Il y resta sans déplacernent jusqu'en 1828, et c'est ce qui explique sa conservation extraordinaire. En 1828, la corporation, pressée par des embarras iinan- ciers, résolut de Ie tnettre en tetltc publique, au pro- fit du fonds des Veüirës de chirurgiens, et il fut com- pris atee d'autres dans ün catalogue. |
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dessous des autres clnffres, simule presque, en effet, Ia queue
d'un 7. Cette fausse date 1672 est encore reproduite aujour- d'hui, d'après Reynolds, par les Guidcs publiés en Angleterre. — M. Ducamp, dans la Revue de Paris, indique aussi une dato erronée: 1631. Mais il décrit longuement et très-bien la compo- sition. Il préféré a la Ronde de nuit la Lefon d'anatomie, qu'il appelle « un tableau européen, universel, éternel, qui vivra tra- ditionnellement dans les souvenirs; car c'est une des rares cho- ses sorties des mams de 1'hoinme qui soit belle absolument. • La signature Ilembrant sans d estparfaitement authentique et pure. Elle se trouve aussi sur quelques eaux-fortes, mais seulement des premières années de 1'artiste. Dans un livro qui parattra prochainement: Rexbrandt, l'homme et son muvre, nous donnons des renseignements sur ces variantes des signa- tures. |
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REMBRANDT. 19!)
En vente publique, les Anglais n'eussent pas man-
qué de Ie conquérir pour 1'importer dans leur ile, eüt-il monté a 10,000 ou 15,000 guinées, et il les vautbien. Le bourgmestre d'Amsterdam, Ie ministre lui-inême, intervinrent, et en définitive, pour sauvcr Tulp des Anglais, on ne trouva d'autre moven que de le faire acheter a 1'amiable par le roi Guillaume Ier. Le prix en fut fixé, sur expertise, a 32,000 ilorins1. Dans ce local de la gilde des cbirurgiens, la Lecun
d anatomie avait pour pendant un aütre tableau de Reinbrandt : le doctcur Johannes Deyman, inspec- teur du Collegium medicum, dissóquant aussi un cadavre. Cette toile fut grandeincnt endonnnagée par un incendie en 1723; mais cependant Sir Josbua Reynolds, qui la vit en 1781, au premier étage du Poids-Saint-Antoine, en parle ainsi: « Le professeur Deeman place pres d'un cadavre, qui est si fort en raeeourci que les pieds et les mains se touclient pour ainsi dire; le mort est couché sur le dos, avcc les pieds tournés vers le spectateur. Il y a quelque cbosc de subliinc dans le caractère de la tète, qui en rap- pelle une de Micbel-Ange. Le tout est bien peint, et le coloiïs tient beaucoup de celui du Titieri. » Ce tableau n'a pas eu, comme la Lecon d'anato-
1 Lc chiffre de 32,000 ilorins, donné par M. Scheltoma et par
M. Immerzeel, est offlciel; mais Smilh a marqué 36,500 florins, y comprenant sans doute divers frais, par exemple ceux de Texpertise, a laquello f «rent employés par la corporation MM. AI- bert Brondgeestet de Vries, parle roi MM. Apostoleet Saportas. |
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200 MUSÉE DE LA HAYE.
mie, la chance d'échapper a la déportation anglaise.
Mis en vente Ie 7 février 1842, il fut acheté C60 flo- rins seulement par unAnglais. Il est ctonimnt'qii'on n'en ait plus entendu parier depuis. George Sand a écrit: « Les chefs-d'oeuvre ont des
défants. » La Lecon d'anatomie n'en a pas. Mais peut-ètre cst-ce un défaut que de n'en point avoir. Comme peinture, c'est une oeuvre accomplie en son genre. Senza errore. J. Reynolds avait raison de dire : « Les peintres peuvent aller en Hollande pour apprendre 1'art de peindre. » On mettrait devant ce tableau-la une bande d'académiciens, ou de Ro- mains... de la dócadence, qu'ils n'y trouveraient rien a blumer, comme exécution. Dessin, modelé, drape- ries, clair-obscur, perspective, fïgures et fond, tont est irréprochable. Le raccourci du cadavre est. bien plus étonnant que Ie fameux raccourci de la jambe du Christ mort, dans la TrinitédeRuhens, du muséc d'Anvcrs, tableau qui, d'ailleurs, fut peint avant Ie voyage d'Italie. La tcte de Tulp est tres-belle et très- simple; toutes les autres sont pleines d'expression dans leurs différents caractères. Il n'y a point lad'es- camotage, ni d'effets tourmentés. L'ensemble est tranquille et sage, la lumière douce et juste partout, chaque détail rcndu avec une correction naïve et presque minutieuse, quoiqne Ie ton général enve- loppe tout dans rbarnionie. Le peintre « n'y est que pour la main-d'ceuvre, la
nature poiu1 Ie demeurant, » Je ne crois pas que dans |
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REMBRANDT. 201
aucune école il y ait un tableau qui représente plus
sincèrement et plus intimement la nature. Ainsi parfaite, la Lecon d' anatomie ne serait-elle
pas un ehef-d'd'uvre de premier ordre? Peut-être. Les raffinés lui preferent, et de beaucoup, plusieurs autres tableaux de Rembrandt : la Ronde de nuit, incomparablement'. Cette Lecon d'anatomie est la nature, mais un peu comme tout Ie monde la voit (est-ce Ie suprème mérite dans les arts?) et comme Ia rendrait une belle photographie. Lc génie particulier qui saisit un aspect imprévu de la vie n'a point passé par la, et « la griffe du Hou » n'y a point gravé son empreinte. Le signe mystérieux, qui éclate dans la Ronde de nuit et stupéfie tout le monde au premier regard, n'y est point. Bembrandt a ce moment-la, s'il était de la force des premiers maitres, nc s'était pas encore cependant trouvé lui-même tout entier. Plusieurs tètes des chirurgiens rappellent d'autres pcintres, auxquels sans doute il ne songeait point. Détacbésdans uncadre, lesdevix portraits de gauehe, Slabbraan et Koolveld, pourraient ètre pris pour des van Dyek; le Jakob de Wit, penché en avant, et un peu lourd d'expression, ressemble a un van der Helst; 1 Depuis que co livro est a l'imprimerie, M. Théophile Gau-
tier, dans un article du Moniteur universel (juin 1858), a confirmé notre sentiment, presque dans les mêmes termes: « Le Rembrandt de La Haye, dil-il a propos de la Lecon d'a- natomie, est le Rembrandt réaliste, auquel nous préférons de beaucoup le Rembrandt visionnaire d'Amsterdam. » |
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202 MUSÉE DE LA HAYE.
Miereyeld et mcme Moreelse ont fait quelques tetes
prcsquc aussi belles que celles de Kalkoen et de Blok. Il nianque enfin, dans les figures et dans 1'ensemble, cette particularité origiuale, qui fait crier : Ah! Rembrandt! Il y a ponrtant quelqué chosc de très-original et de
très-neuf dans la Lecon d'anatomie : c'est 1'idée même de la composition, idee originale et neuve parce qu'elle est toute simple. Du premier coup clle nous révèle Ie caractère de Ilembrandt, qui est Ie ca- ractère de son pays et de son temps, et qui marqueru toutes ses ceuvres jusqu'a la fin. Qu'est-ce que la Lecon d'anatomie? C'est la re-
présentation de la Science, et non pas seulcment un episode d'atnphithéatre; tellement, que 1'impression qu'on cprouve devant ce tableau est celle d'un ensei- gnement émis avcc autorité, recueilli avec empressc- meht et avec respect. On oublie Ie lieu et Ie sujet, répulsifs assurément, si 1'esprit n'était pas emporté de force dans üne région intellectuelle, par la pröfon- deur impériense, quoique sans la moindre affectation, des physionomics et des attitudes. Or, comment 1'art a-t-il fait, d'ordinaire, en Italië,
en France et ailleurs, quand il a youIu exprimer la Science? Il a représonté une figure allégorique, avec des globes, des livres et autres emblèmes; ou bien il a déterré dans Ie passé quelque fait, quclque tradition, n'ayant rien de réel ni d'actuel, pour 1'élever a la hauteur d'unc sorte d'allégorie. |
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REMBRANDT, -J03
Quand Ie divin Raphaë] concut la représentation
de la Science, au licu de prendre ses contemporains, — 1'Italie el Ie monde ne manquaient pas alors de savants et de philosuphes, — il alla chcreher a dix- huit siècles en arricre et chez nn antre peuple — rÉcole d'Athènes. Il en fut de mêine pour représenter toutes les qua-
lités humaines et loutes les manifesiatiqns socialcs. Cet art symbolique n'est pas très-diflicile, sous
réserve du génie qui a créé l'Ecole d'At/iènes. On apprend tout de suite que, pour faire l'Astronpniic on pose unc femme Ie nez en 1'air et on sème d'étoiles sa robe; pour une Yille commercantc, on assied une grosse femme sur un ballot, pn la coiffe d'architec- ture, et la ville est hatie; pour un puissant empereur, on lui met une boule dans la main; pour faire un ange, on lui met des ailes; pour un diable, on lui met des cornes. C'est tont simplcment la substitutjpn de hiéro-
glyphes, de logogryjthes et d'énigmes, a 1'Iiomme mèrne. C'est Ie saeritice de 1'humanité rayonnante et expressive, a des signes extérieurs, matériels et con- ventionnels. Ce que 1'esthétique appelle 1'idéal, cc que les rhé-
teurs scolastiques appellcnt Ie grand art, serait-cc donc Ie mythe au lieu de la réalité, la mort au lieu de la vie? Ces sublimes tliéories, poussées a toute extrémité,
n'ont d'autre aboutissement que de dénaturer la pein- |
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204 MUSÉE DE LA HAYE.
ture en une sorte d'algèbre, de geometrie transcen-
dante, et de produire des pcintres... qui ne peigncnt pas '. L'objct de la peinturö, c'est la vic naturelle, non
1'idée abstraite, en supposition et en fantóme, mais 1'idée incarnée dans une forme palpitante, 1'idée incorporée, imbodied, comme disent les Anglais. Elle y est tont de mème, et bien mieux. Il n'y a point de figure mythique, füt-elle couron-
née de scalpels comme d'une couronne d'épines, qui puisse aussi bien exprimer la science médicale, et ses lecons, et ses dévouements, que eet honnête Tulp, a 1'oeil limpide sous son grand chapeau bossué, un pcu de travers, avec ses manchettes retroussées, une miiin a 1'ouvrage, 1'autre main délicatement arquée par un geste de démonstration, Ie pouce et 1'index rapprochés, 1 « A Munich il n'est point rare de voir des peintres qui ne
peignent pas. M. Cornelius par exeraple... Louis Schwantha- ler, a qui la peinlure colossaledes vingt-quatre chants de 1'lliade a été confiée, ne peint pas, mais son imagination est d' une verve intarissable..., etc. » (M. Fortoul, de l'Art en Allemagne.) Ces peintres, qui ne peignent pas et qui ont tant d'imagina-
tion, font par Ie premier venu, traduire, leurs idees en lignes allégoriques et en teintes plates Ie long des murs. Il y a ainsi, dans VAthènes allemande, des lieues de symboles auxquels Ie eommun des hommes ne comprend rien. Apparemment que Lessing, dans son livre sur les Limites de la peinlure et de la poésie, aura trop vaguement défini ces limites, puisque 1'art de son pays fait do la poésie biéroglyphique au lieu de pein- ture. |
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REMBRANDT. 205
comme s'il tenait une petite fleur au bout de ses
doigts. Jamais, dans aucune autre écolc, un peintre n'eüt
osé risquer de pareilles naturalités. Rembrandt ne prend pas la vie sur 1'idée, il la
prend sur Ie fait. C'est un peintre qui peint, et qui peint bien, parce qu'il voit bien '. Ce qui ne 1'em- pèche pas de penser et de sentir profondément. Au contraire. Suzanne au bain est de la même année que la
Lecon d'anatomie : 16322. Debout, toute nue. un peu courbée en avant, Ie
corps de profil a gauche, Suzanne retourne la tète de trois quarts vers Ie spectateur. La main gauche ramasse vivement entre les cuisses une draperie blanche; Ie bras droit se serre contre Ie sein, par un mouvement de surprise et d'effroi. Le pied gauche est en arrière, dans une sandale brune; le pied droit pose sur I'autre sandale. Grands cheveux roux, ballants; sur le front une féronnièrc d'or. Collier et bracelets de perles. Derriere elle, sa robe rouge et sa chcniise qu'elle vient de quitter; au-dessus, fond de feuillages, soinbre, frès-empaté, oü 1'on dis— tingue vaguement entre les buissons une tcte curieuse. 1 Molière a dit, dans le Mariage forcé: « Ceux qui pensent
bien sont aussi ceux qui parlent le mieux. » — Ceux qui pei- gnent Ie mieux sont aussi ceux qui voient bien. * Smilh et ses copistes Nagler et Rathgeber ne mentionnent
point la date de la Suzanne. is
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200 MUSÉE DE LA HAYE.
Au bord de 1'escalier qui descend dans 1'eau, unc
aiguière d'or avec son plateau, sur unc pierre sculptéc. A gaucbe, au second plan, architecture bizarre avec balustrades, et au dela, fond de montagnes. ïous ces entourages sont très-sacrifiés pour faire
valoir la figure nue et lumineuse, qui n'cst pas laide du tont1, et rappelle un peu la saine femme aux cbeveux d'or, du muséc de Paris (n° 419). Pent- être bien est-ce lc mème modèle, et il est mallicureux qu'on n'ait pas la date du portrait consevvé au Louvre et qu'on doit supposer, a cause de 1'ampleur de 1'exé- pution, d'une époque postérieure. Muis cependant l'étude chronologique des oeuvres de Rembrandt prouve qu'il a souvent entrcmèlé cc qu'on est convenu d'appeler ses manières. Un de ses tablcaux les plus finis qui existent, la Femme adultère, de la National Gallery de Londres, n'cst-il pas de 1644 2, deux aps après la Ronde de nuit! Kt de son commencement, 1 Cependant M. Viardot — sans 1'avoir vue— a éorit dans
ses notes sur les musées de Hollande: «La Suzanne... d'un dessin ignoble, d'une couleur prodigieuse,... montre Hem- branilt au comble de ses mérites et de ses défauts. » J Du moins, toutesles traditions, tous les témoignages s'ao
cordent pour ótablir cette date, enregistrée aussi par Ie cata- logue dela National Gallery. Smith, M. Waagen et d'autres écrivains pretendent même que Ie tableau est signé et date. Quant a moi, j'ai fait de vains efforts pourdécouvrir celle date étonnanto sur la peinture, que recouvre mallieureusement une belle vitre , selon la mode anglaise appliquée aux chefs- d'ceuvre. |
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REMBRANDT. 207
au contraire, combieu rie pourrait-on pas citer de
peintures très-larges et très-fougueuses. Rembrandt a fait un pcu comme Murillo, dont les
trois manièrcs ne furent pas successives, mais em- ployees selon les sujets, quelquefois peut-ctre selon Ie gout du destinataire de 1'oeuvre, quelquefois réunies sur une mcme toile. Il y a des Murillo dont Ie haut est peint dans la maniere Taporeuse et fantastique, Ie bas dans la maniere froide et ferme. 11 y a des Reïn- brandt, et Ie Siméon en est déja un exemple, oü Ie ceeur de la composition est peint avec une delicatesse minutieuse, tandis que 1'entourage est largement brosse. La Suzanne de La Ilaye, que Smith appclle « une
production très-finie,» est, a la vérité, dessinée et modelée avec soin, mais chaudement colorée, dans unc gamme de ton roux, qui monte du marron d'Inde a 1'orange. Un peintre de Paris, M. Carrier, en avait autrcfois
une variante oü la ügure, posée exactcment dans la mème attitude, mais laissant deviner des repentirs et des tatonnemcnts a 1'endroit des bras, est d'un type tout autre, peu distingué de formc; oü la couleur générale, plus bronzée, indique peut-être une date postérieure et se rapproche de la superbe Baigneuse de la National Gallery. Sir Joshua Reynolds, qui vit la Suzanne en 1781
dans la galerie du prince d'Orange, la considérait comme une étude pour un tableau qu'il possédait |
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208 MUSÉE DE LA HAYE.
lui-même et oü la figurc était de grandeur naturelle.
Il en possédait aussi une étude peinte, et il en con- naissait une troisième, alors chez M. Blackwood. Il en avait même un dessin, avec les variantes repro- duites dans Ie grand tableau. C'est, je erois, cette grande peinture de 1'ancienne eollection Reynolds, qui a reparu un moment chez M. Paul Périer. « 11 semble fort singulier, ajoutait Reynolds, que Rem- brandt se soit donné tant de peinc pour produire a la fin une figurc si laide et si désagréable; mais son attention était principalement fixée sur Ie coloris et sur 1'effet, dans lesquels il est parvenu, sans contre- dit, au plus haut degré d'excellence... » La vérité est que la Suzanne hollandaise est très-éloignée du type de la beauté anglaise, telle que 1'offre la nature et telle que Reynolds la comprenait. La Suzanne de La Haye est peinte sur panneau,
haut de 1 pied 6 pouces et deini, large de 1 pied 3 pouces. La iigure elle-même a environ 1 pied de pro- portion. La signature affleurant Ie cadre, dont Ie bord la
couvre en partie, a la droite du bas, se lit a peu pres ainsi: Roubrant f. 1632. C'est évidemment quelque griffonnage de restaurateur qui aura badigconné la signature primitive. Smith (en 1836) estimait la Suzanne 300 gui-
nées. Si on la mettait en \cnte aujourd'hui, elle se vendrait certainement trois ou quatre fois davan- tage. |
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REMBRANDT. 209
Le quatrième Rembrandt du musée de La Haye,
intitulé un Officier, n'est j>as date, mais on peut le classer, a mon avis, dans cette première periode. Le ton roussatre se rapproche du ton de la Suzannc, L'exécution en est tres-correcte, assez sobre pour Rembrandt, le dessin très-décidé. Je ne serais pas étonné qu'il ent peint cette tête d'après la sienne propre, quoique avec un peu de fantaisie : elle lui res- semble dans le inodelé des plans du visage, dans cer- tains méplats du nez et des joues; olie rappelle aussi les deuxportraits du Louvre, de 1033 et 1634. La tête, de grandeur naturelle, est tournee a droite,
de trois quarts, mais le buste est vu presque de dos. Ce jeune homme a les cheveux bruns, frisés, pas longs; la moustache blonde et frisée. Il est coiffé d'une tofjiie brunc, a crevés, surmontée de plumes brunes, un peu dans le gout de la coiffure de 1'homme a la fenêtre dans 1'eau-forte du Samaritain (Bartsch 90), qui est de 1633. Il porte des boucles d'oreille d'or, Ce qui sans doutc 1'a fait ïiommer un Officier, c'est qu'il a un hausse-col en fer garni de clous. Le fond est neutre. On y lit la signature : Rembrandt. f. Je crois en avoir vu, je ne sais oü, des répétitions. Haut. 2 piecls 3 pouces sur 1 pied 11 pouces. Sur panneau. Smith l'estimait seulement 120 guinées. Toutes ces estimations sont très-arbi- traires. lei on peut doubler hardiment. Le cinquième et dernier Rembrandt, portrait d'a-
dolescent, uussi sans date, pourrait bien ctre ante- |
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210 MUSÉE DE LA HAYE.
rieur au Siméon. Suivant moi , e'est une oeuvre
toute priiliitive, peut-être niême du jeune artiste lorsqu'il était encore dans son moulin ;\ Lcyde. Peut-être nième est-ce son portrait. On y trouvc quelque analogie avec son premier portrait a 1'eaü- forte (Bartsch 1), signè de son monogramme, mais non date. Le petit personnage, en buste court, et d'unc pro-
portion un peu au-dessous de la nature, est vu de tfois quarts, tourné a droite. Il a la tête nue, lesche- veux touffus. La lumière venant de gauche frappe très-vivement les plans du visage et éelate sur le front a la naissance des cheveux. C'est étonnant d'ef- fet, c'est mème très-fort d'exécutioiij mais sec, dur, un peu comniün, dans une gamme de vert marmo- réen, assez étrangère a Rembrandt, et dont Fictoor offrirait plutót des exemples. On dirait presque un van der Werffgrossi par une lunette. Aussi est-on porté, au premier coup d'weil, a contester cette pein- ture peu attrayante et qu'on dpprécie mal dans le coin oü elle est placée. J'ai obtenu la faveur de la faire décrochcr et de la regarder en belle luimère* et, après eet examen, je la tiens pour Rembrandt; mais je n'en ai jamais vu qu'une autre de cette manière-la : un portrait d'enfant, qui est certainement aussi un des premiers essais du inaitre, dans la riche collection du baron van Brienen. A la suite des cinq Rembrandt, le catalogue men-
tionne, comme étant « du inaitre ou de son école, » |
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PAUL POTTER. 211
un buste de vieillard; peinture faibte et blême, qui
ressemblc tout au plus'a un de Gelder. Paul Potter. — Les trois Paul Potter du musée
de La Have avaient été enlevés au paVs par «Ie droit de la guerre, » et les vieux amateurs francais pcu- veüt se souvenir de les avoir vus au Louvre; trois chefs-d'ceuvre, très-différents entreeux:/e Taureau, la Vache qui se mire, et une Cour de ferme. J'ai entendu des Ilollandais prétendre très-sincè-
rement que « Ie faraeux Taureau » de Paul Potter surpasse tout cc que Raphael a pu faire. Il est vrai qu'on ne connatt pas beaucoup en Ilollande tout ce que Raphaël a fait. Ce grand tableau, si célèbrc, est pourtant, selon
moi, bien loin de valoir les petites peintures du mai- tre. Il contient, comme on sait, — outre Ie jeune taureau brun rouge et tacbeté de blanc sur les reins et au front, — une vache jaunatre a tète blanche, couchée de face, en raccourci, une brebis blanche et son agneau, couchés, un bélier debout, un berger appuyé cotitfe un vieux saule, de 1'autre cóté d'une barrière; tous, hoinme et aniinaux, de grandeur na- turelle. Le terrain est un paturage uni, a perte de vue sur la droite, tandis qu'a gauche 1'homme, le saule et la barrière semblentplaques contrcuncielen papier gris mat. Ces fonds a droite, oü 1'on apercoit dans le lointain de petits troupeaux microscopi(iues, exagèrenl encore prodigieusement la saillie du pre- |
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212 MUSÉE DE LA ÜAYE.
mier plan, oütoutes les lierbettcs sontpeintes en dé-
tail, avec unc extreme minuiie. Il y a la unegrenouille aussi bien imitèe que celles de Bernard Palissy en faïence coloriée et vernie. Le vice principal du tableau est que les grands
animaux aussi sont exécutés et en quelque sorte ino- delés en relief, au moven d'empatements superposés et palpables, comme serait un trompe-l'osil en terre cuite on en carton recouvert de eire', avec les touffes de poil et les moindres particularités du pelage. Tout y est, et on en pourrait, a pleine main, toucher la réalité. Mais on n'aurait pas peur de prendre par les cornes ce taureau fanfaron, car on yoit bien qu'il est en pate et qu'il ne bougerait point. Au contraire, 1'Angleterre possède de Paul Potter quelques petits taureaux, de la grosseur d'un lapin, qui sont terri- bles et se défendraient contre des lions, — comme des lions. Je ne crois pas qu'on ait jamais fait en peinture un
bon tableau de gros animaux dans leur proportion naturelle, a moins qu'ils ne soient 1'accessoire d'un sujet humain, — des chasses comme celles de Ru- bens, — ou qu'ils ne soient animés par une actioti |
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1 Nous nous félicitons de trouvor encore ici M. Théophilo
Gautier d'accord avec nous, clans son artielo de juin 1838 : « Le Taureau de Paul Potter, toile d'un prix inestimable, dont, a notre grand regret, nous n'apprócions pas tout le mérite... Lo tsuroau nous a pa'.u copié s.ur une bèle etnpaillée,.. etc. « |
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PAFL POTTEH. 213
draniatique, — un combat de buffles contre des ti-
gres, une j)anthère saisissant une gazelle, etc. En sculpture, oui bien; depuis les lions fantastiques de Babylone jusqu'au lionde M. Barye. C'est une déco- ration annexée a la pierre des édifices, ou noyée dans Ie plein air d'un pare. Mais Ie portrait d'un gros boeuf ruminant, pendu contre Ie mur d'une salie, c'est inacceptable en pcinture. Quelqu'un qui aurait 1'idée de peindre une maison
de grandeur naturelle ne serait-il pas un peu fou? Le malheur est, de plus, que 1'effet, adopté trop
naïvement par le peinlre, ne comportc point d'om- bres. La lumière est egale partout, monotone, et sans demi-teintes. Car le temps est un peu sombre; le ciel n'a pas un nuage, mais une sorte de voile opaque, tendu entre la terre et le soleil, et qui inter- eepte tout rayonnement. La Hollande ofïre souvent eet effet-la, et c'est pour-
([uoi clle est si triste durant plusieurs mois de l'an- née. L'air n'a aucune transparence, sans qu'il y ai* meme au-dessus du sol un brouillard perceptible, comme en Angleterre par exemple. En Hollande, 1'hiver, 1'obscurité seinble toinber d'en haut. Jamais un Italien ne devinerait cela. Les Francais aussi ont peine a comprendre ces ciels sans profondeur. L'efi'et du tableau de Paul Potter est donc vrai, d'une vérité relative; mais il ne s'accoinmode point au sujet, oü précisément il out fallu un ciel fantasque qui per- mit des contrastcs d'ombre et de clair-obscur, pour |
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214 MUSÉE DE LA ÏIAYK.
y dissimülër cCrtaines parties de ces grandes ma-
chines animales. Rcinbrandt cüt iiivenló ces jeux de lumière, saus
trahir 1'ingéhuité du réalisme hollandais, mais en choisissiuit un effet ofigitial de la nature et en Fin- terprétiiul avec pöésie. Assurément Paul Potter traduit bien la lumière,
— c'est mème la un de ses mérites, — mais la lu- mière locale, plutot que 1'ensemble de 1'effet lumi- neux, c'cst-a-dirc qu'il rend avcc précision lc ton local produit par une lumière quelconque sur un corps quelconque. Personne ne sait mieux que lui photographier un morceau clair, mais il a horreur des oppösitions d'ombres. En général, sa gamme de coloration se tient a un denli-jour, très-franc et tres- juste, qui s'arrête devant Ie crépusculc et ne se ris- que pas davantage sous 1'éclat d'un trop vif soleil. Ce défaut, que de sages connaisseurs considèrent
comme une qualité, on peut lc remarquer dans la ^)lupart de ses tableaux, ttlême très-célèbres, dans la Scène en avant d'ime ètable, exposée a Manchester par la reine Yittoria, dans FOrphée du musée d'Am- sterdam, oü la lumière a la mème valeur d'un bout a 1'autrc de la composition. Il est vrai, encore une fois, que la monotonie
chromatique est un des caractères du pays hollan- dais et qu'elle a aussi inüuencé les autres artistes de 1'école, notamment les i)aysagistes, dont la gamme de couleur est assez bornée, Van Goijen et Salomon |
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PAUL POTTER. 21a
Ruijsdael sont gris, Cuijp est blond, Jacob Ruijs-
dacl est brun, les Ostade sont roux, llobbema est olivatre, etc. Aucun d'eux ne s'égarc jamais dans des accords très-éloignés de leur dominante. Et,cela fui- sant, üs obéissent au ciel de leur climat, les bons patriotes. Le Hollandais ainie tant son pays! — en proportion de la peine qu'a eoütée cette conqnètc d'une terre sur la nier. Un vrai llollandais, en abordant sur ses polders, dirait volontiers comme eet Anglais qui, au retour d'un voyage en Italië, en Grèce, en Oriënt, toucbant du pied le sol britanniqiie, s'écriait, les yeux levés au ciel: — Ah! voila un eiel! Paul Potter n'ayait que vingt-deux ans quand il a
peint cette grande toile de 12 pieds de large sur 8 de haut, et il a signé en grosses lettres : Paulus Potter f. 1647. Le peut tableau, n° 399 du Louvre, est de la mème année'. Le maitre était d'ailleurs alors dans toute sa fovce. Des son enfance, n'avait-il pas deyiné, plutöt qu'appris, la structure des animaux, qu'il dessine avec une correction parfaite? Que lui man- quait-il? Un peu plus de liberté dans sa scienco, un peu plus de variété dans la lumière, un peu plus de génie persqpnel dans les effets. Quand il fut venu babiter Amsterdam en 1652, le
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1 Le superbo petit Taureau, appartenant a M. John Walter
du Times, la Grange, appartenant a M. H. T. Hope, exposés a Manchester (voir Trésorsd'art, etc, parW. Burger), et bien d'autres chefs-d'ceuvre sont de la mêrae année 4 647. |
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210 MÜSÉE DE LA HAYE.
style et la pratique de Rembrandt semblent 1'avoir
impressionné; car il a laissé, de cc temps-la, quel- ques pcintures très-vives et très-spontanées, trahis- sant de nouvelles tendances. xMais, hélas! ilétait mou- rant déja, et il s'éteignit a 1'age de vingt-neuf ans. Le Taureau fut vendu 630 florins seulement a la
vente de Willem Fabricius d'Almkerk, le 19 aoüt 1749, a Haarlem : «N° 1 du catalogue. Un très- grand et capital tableau, avec figures de grandeur naturelle, comprenant un taureau, une vache, un bélier et une brebis, avec un paysan qui les regarde; autres additions, et une vue de lointain; par Paulus Potter, 1647. Cctte pièce, pour 1'exécution, la puis- sance et la vérité, est la plus importante connue de lui dans son pays1. » Smith, qui vante excessivement cc chef-d'oeuvre,
1'estimait, en 1834, 5,000 guinées; inais 1'Angle- terrele prendrait bien aujourd'hui, et la Hollande ne le donnerait pas, pour un demi-million. Le Taureau a été gravé par Le Bas, dans la Ga-
lerie Lebrun, avec cette inscription fallacieuse : « Tiré du cabinet de M. Lebrun; » inais il n'a jamais fait partie de cette collection. Gravé encore par Couché, par Baltard, etc., et par M. Denon, a 1'eau-forte. Cette belle eau-forte est, je crois, assez répandue dans les ateliers des artistes francais. Le seeond Paul Potter, la Vache' qui se mire, est
1 Voir le Recueil de cataloguos, do Gerard Hoet.
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PAUL POTTER. 217
de 1'année suivante : 1648. Il porto cette date, avec
Ie nom en toutes lettres. C'est un vrai chef-d oeuvre, a mon avis, et non pas seulemont un hors-d'oeuvre, comme Ie Taureau. Paul Potter y a peint cependant ce qu'il n'a jamais peint ailleurs : —■ des figures nues! oui, des baigneurs, qui ont même fait baptiser Ie tableau par Smith : the Bathers. Le premier plan est occupé par une nappe d'cau
qui s'étend a gauche. Au milieu, pres du bord de la rivière, un vieil arbre dépouillé et des groupes de saules; quelques moutons et une chèvre sont eouchés dans la prairie; une vache vient boire; une autre vache et un bélier ont les pieds dans 1'eau, qui réflé- chit leur image. Oh! qu'elle est jolie dans ce miroir la petite vache fauve, a 1'envers ! Plus a gauche, les baigneurs, quelques-uns nageant ou s'amusant dans la rivière, les autres se déshabillant sur la berge; ces petites figures nues sont étonnantes de dessin, de modelé, de mouvement, surtout une debout et vuc de dos. Au second plan, un petit carrosse atteié de si\ chevaux, des arbres, vin village, et au fond, tout a fait a 1'horizon, une ville en miniature. Sur la droite, pres d'une chaumière, est un groupe
principal qui rappclle un pen la disposition du pré- cieux petit Paul Potter de la galerie d'Arenberg a Bruxelles. Une femme trait une vache noire sur la- qitellc est accoudé un paysan qui seinble causer avec la laitière. A cötó d'eux, une vache blanche, a tète noire, et une vache bai, couchée. Les herhes et fleu- 1!)
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218 MUSÉE DE LA HAVE.
reltcs de ces terrains en avant sont fines et colorces,
comme dans les tableaux de Jan van Eyck et de
Memling.
lei le ciel a laissé tomber son voile d'hiver, et tout
est gaiement radicux. La llollande est charmante en été, dans les parties oü les arbres s'entremêlent aux paturages et aux canaux. Yous voycz bien qu'il y fait chaud, puisque la rivière a des baigneurs. Le tableau, de la plus exquise qualité, est sur bois,
large de 1 pied 9 pouces, haut de 1 pied 4 pouces. II a été gravé par Fortier, et dans le Musée fr&nqtiis, par Duparc. Je ne sais pas d'oïi il vient, rnais je sais bien oü il irail, — en Angleterre, — si La Haye vou- lait 1'échanger contre 2 a 3,000 guinées. Le troisième Paul Potter est intitulc dans le eata-
logue : Paysagc avec des vaches et des — cochons. 11 faut bien dire le mot, puisque 1'image y est. La fa- milie s'y trouve mêtne au complet: la mère, couchée avec ses trois petits pres d'elle, et le père, debout, se frottaiit avec volupté contre un tronc de saule accoté au pan d'une chaumière. C'est 1'épisode de droite. Au milieu, une belle vache gris souris, debout, de pro- fil ; et a gauche,unevache blanche, tachetéed'orangc, s'cn allant paitre aiileurs; entre elles, une troisième vache couchée. Un peu en arrière, un groupe de chaumières, de grands arbres, et un pré oü pait une vache fauve. Effet brumeux sur la terre, avec beau- coup de lumière dans le ciel, et de petits nuages, fins et légers, cuuleur d'or pale. C'est uu de ces combats |
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PAUL POTTER. 219
d'automne, assez fréquents entre Ie soleil et Ie brouil-
lard; les feuilles des arbres sont déja desséehées et roussies. Dans eclte ehaude peinture, Paul Potter, quelquefois un pcu sec et 1'roid, est vaporeux comme Claude Lorrain, large et ferme comme Cuijp, har- monieux comme Adriaan van de Velde. Signé et date 1652. Gravé dans Ie Musée francais
par Laurent, dans lc Musée Napoléon, et par Couché, Guyot, Garreau, etc. Largeur 1 pied 6 pouces, hau- teur 1 pied 2 pouces. Sur bois. Autrefois dans la collection van Slingeland. Vendu 730 llorins a la ventc du comte Fraula, Bruxelles, 1738. Nous avons au musée de La Have Ie portrait de
1'illustre artiste, son portrait bien authentique', et peint, dit-on, trois jours avant sa mort. Il est ericore assis a son chevalet, sur une chaise a
dossier de Ixüs, devant une toile blanche, qu'il n'aura pas Ie temps de couvrir! Sa main gauche, appuyée sur Ie genou, tient une palette pen chargée et des pin- ceaux; la main droitc est renversée contre lahanche. Il n'a gucre la force de travailler, et il retourne de trois quarts sa jeune tête maladive, ombragée de longs cheveux d'un rouge jaunatre, qui tombent en boucles molles sur Ie cou, qui jouent en mècbes lu- niineusos sur un front très-développé aux arcades 1 Nous trouverons tont a 1'hpure, dans un tableau aitribué
a Tilborg, un autre portrail, en petit, do Paul Potter, « avec sa femme et ses enfants. » |
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220 MÜSÉE ÜE LA HAVE.
soureilières. Un sillon longitudinal se creuse assez
profondément au-dessus de ces sourcils bombés. Tête artiste, selon les indications de la phrénologie, avec toutes les facultés perceptivcs dominant les réflecti- ves. Une généreuse physionomie : de la douceur et de la solidité, de la mélancolie et une certaine causti- cité; les yeux bleus, couleur d'un ruisseau peu pro- fond qui reflète Ie ciel; les lèvres assez fortes, un peu relachées, avec une mince moustache blondine; Ie nez et Ie inenton carrés, modeiés par méplats; Je teint safran blême, avec de petites veines bleutées aux tempes; —temperament un peu lympathique. C'est la proéminence des sourcils et la fermeté du
menton qui expliquent la puissance de travail et de production chez cette nature assez molle, rê- veuse, placide, nervcuse comme une organisation de femme. On ne se figurerait point ainsi Paul Potter d'après ses oeuvres. Mais tel qu'il est, on 1'aime; on 1'airne mème mieux que Ie Paul Potter qu'on eut imaginé. 11 est vêtu d'une casaque simple, en velours noir.
Une manche blanche bouffante sépare du velours la main gauche, vue endedans. Son lo! blanc, toutuni, est attaché par deux longs cordons a glands qui pen- dent. Le fond est d'un gris neutre, très-harmonieux. La toile a environ 3 pieds de haut; car la figure, de grandeur naturelle, est vue jusqu'aux genoux. Ce précieux portrait, d'une exécution superbe, a
été jieint par van der Helst, de premier coup saus |
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ÉCOLE DE REMBRANDT. :M1
doute, d'un jet tout magistral, comme faisaient les
peintres de ce temps-la. On y admire la certitude et la simplicité du dessin, la franchise calme de la tou- che, la justesse du ton, et, dans 1'expression générale, une sorte de sincérité eloquente, qui conmumique au spectateur rémotion intime que Ie portraitiste a res- sentie devant la nature. Il faut que van der Helst, peu chaleureux d'habitude, ait été vivement remué, ce jour-la, en contemplant Ie jeune et glorieux artiste (fui allait mourir. École de Rembrandt. —Les tableaux de 1'école
de Rembrandt sont assez rares au musée de La Haye. Ferdinand Bol a deux portraits, interessants par Ie nom des personnages qu'ils représentent : 1'amiral de Ruijter et son üls Engel de Ruijter; — Nicolaas Maas, un portrait de « Magistrat, probablement Ie Grand-Pensionnaire Cats ; » peinture assez vulgaire et qui rappelle très-peu la tète du poëte si populaire en Hollande, telle (jue Rembrandt 1'a gravée dans une de ses eaux-fortes; — van den Eeckhout, l'Ado- ration des matfes, tres-bon tableau dans la maniere de son maitre; un des mages, en manteau rouge, est agenouillé devant Ie petit Jésus; un autre, debout a droitc, porte un riche manteau doré; couleur vigou- reuse, savant clair-obscur; les qualités de 1'école, mais rien d'extraordinaire; —Philip de Koninck, « un paysage étendu, » e'est-a-dire une vue de ces terrains plats, avec uu horizon très-éloigné, sans ac- 19.
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222 MUSÉE DE LA HAYE.
cidents intermédiaires, comme Rcmbrandt les a si
bien peints quelquefois; les figures sont de Lingel- bach; — enfin. Samuel van Hoogstraten. Celui-ci est presque inconnu en France, et ce n'est
pas tres-grand donjmage. Il n'est point cité dans Ie cataloguedu Louvre. On nc saurait guère oü signaler beaucoup de ses tableaux. Un de ses meilleurs est au musée van der Hoop, a Amsterdam. Le musée de Vienne en possède deux : l'un, signé en toutes lettres et date 1652 ; 1'autre, date de 1653 et signé du mo- nogramme avec I'S entortillé sur le premier jambage del'H, dont le trait horizontal dejonction formeunv. ,(e n'cn connais point d'autres en Allcmagne,— ni en Belgique. Hoogstraten, neen 1627 a Dordrecht, y mourut
ca 1678. Après avoir étudié chez son jière, qui était peintre, il entra chez Rembrandt. 11 parait avoir beau- coup voyagé et il a séjourné a Vienne, oü mourut, en 1634, son jeune iïère et son élèvc, Jan van Hoog- straten. Son tableau de 1632, au musée de Vienne, représente méme la vue d'une place de cette ville. Suivant Walpole {Anealotes of painting inEng-
land, t. III, p. 21), Hoogstraten aurait aussihabité 1'Angleterre; car George Vertue découvrit en 1730, dans une salie de Covent Garden, un tableau oü se trouve un almanach anglais de 1'année 1063, et le portrait du peintre, avec la signature S. V. Hoog- straten. II a peint toute sorte de sujets et imité plusieurs
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ÉCQLE DE REMBRANDT. 223
maitres. 11 a fait des porlraits, des paysages, des ma-
rines, de 1'architecture, des fruits et des fleurs, et surtout des scènes d'intérieur oü il cherche Peeter de lloocb. On dit que c'est lui qui avait raconté au jeune Ar-
nold Houbraken les contes publiés plus tard sur Rembrandt (Amsterdam 1718) et reproduits jusqu'a nos jours, inême depuis la brochure de M. Scheltema qui en a démontré la fausseté. Le tableau du musée de La Ilaye tient a la fois —
mais de bien loin — a de Ilooch et a Rembrandt: Grand portique oü se trouve une dame avec un chien. La femme vient de face, en lisnnt; elle est censée se promener dans eet intérieur, dont la haute et noble architecture est assez bien peinte; elle re- lève, de sa main gauche, le pan d'une ample robe jaune ananas. Gette figure n'a pas 2 pieds de haut, et 1'épagneul, qui précede Ia dame et lui touche pres- (}ue sur les dalles du parquet, est de grandeur natu- relle. Défaut de proportion et surtout de perspective. La toile est très-grande, et la composition tres-vide par conséquent. Je pense qu'il y a le monogramme du maitre sur quelque détail de 1'architecture dans le bas; mais il est difücile de s'en assurer, manque de jour suffisant a 1'endroit oü est accroché le tableau, a gauche de Fescalier. Nous avons, du moins, Gerard Dov en première
qualité: «ÏSTu 30. Une Femme assise dans un intérieur, devant une fenctre ouverte; a cóté d'ellc, un enfant |
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224 MUSÉE DE LA HAVE.
au berceau; beaucoup d'accessoircs enrichissent la
composition. » Ce tableau, appelé quelquefois la jeune Ménagère, on Ie Ménage, est un des principaux trésors du musée de La Have;, et Men supérieur au « tableau très-renommé, » l'École dusoir, du musée d'Amsterdam. Smitli leclasse immédiatement après la Femme hydropique, du Louvre, laquelle est ae- ceptée partout comme Ie chef-d'ceuvre du maitre. La femme assise est charmante dans son galant
négligé. Elle travaille a 1'aiguille, pres du berceau, contre lequel une jeune iille agenouillée s'appuie pour regarder Ie petit enfant. A gauche, dans 1'angle, un fauteuil, et sous la fenêtre ouverte, qui laisse voir quelqucs maisons au loin, une table et un pot. A droite, une autre table garnie de gibier, de légumes, de pots, de paniers, et un de ees fameux balaisqui étaient si longs a faire. Une lanterne en cuivre eten corne est renversée, presque au milieu du premier plan, sur Ie parquet oü sont encore épars divers objets, un panier a ouvrage, une assiette avec du poisson, des poteries, etc. Entre les deux femmes, un peu en arrière, a une
colonne ornée d'une sculpture d'enfant nu et ailé, sont accrochés une cage, une épée, un manteau. Au- tour de la colonne circule un escalier en bois, sur- monté d'une balustrade sur laquelle pend une dra- perie brunatre. Un lustre en cuivre, qui sebalance sous cette sorte de galerie, complete 1'ameublement un peu désordonné de cette demeure familiale, |
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ÉCOLE DE GERARD DOV. 223
Au fond, vers Ie milieu, sous une arcade, dans une
pièce a peine éclairée par deux fenètres et par un feu qui brüle dans 1'atre, on découvre deux figures : une femme pres du foyer et un vieux bonhomme. Le tableau, sur bois, cintré au sommet, a 2 pieds
3 pouces de haut, 1 pied 9 pouces de large. Il a fait partie de 1'ancicnne collection des prinees d'Orange. Conquis par les armées francaises, il fut emporté au Louvre, et, en 1813, restitué a la llollandc. Je ne sache pas que cette précieuse peinture, datée
1658, cinqans avant la Femme hydropique, ait ja- mais été gravée. Comptez qu'elle se vendrait plus de 100,000 francs. Il y a encore un autre Gerard Dov : Femme d une
fenêtre, et tenant une lampe d la main. Mais c'est peu de chose, et cela ressemble a Schalcken. Égole de Gerabd Dov. — Schalcken lui-même,
qui avait étudié chez les deux maitres précédents, et dont nous avons déja vu cinq tableaux au musée d'Amsterdam, a encore cinq tableaux au musée de La Haye : un second portrait de Guillaume III, roi d'Angleterre; — une Jeune femme devant sa toi- lette, éclairée par une chandelle; c'est, je crois, la peinture qui, en 1726, dans la collection d'un ambas- sadeur d'Espagne, fut vcndue 263 florins; — la Pré- caution inutile, belle jeune femme, élégamment vêtue, assise pres d'une table et tenant a la main une riche cassette. Un vieux fou, arrivant avec un livre |
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220 MUSÉE DE LA HAYE.
sous Ie bras, semble lui donner de sages conseils.
Mor ah inntilc serait donc Ie vrai titre du tableau : the useless Memons trance, comme Sniith 1'a catalo- gué, ajoutant (jue e'est une belle production du mai- tre. — Le Médecin empirique, avec une femme de- bout qui pleure et un gentleman assis qui la regarde et qui, mieux que le médecin saus doute, doit con- naitre la cause du mal. Gravé dans le Musée francais; car ce tableau a aussi passé dans les fourgons des guerriers. — 5" Enfin, une Vénus avec des colombes, provenant de la collection van SI ingeland; petite peinture coquette et manieree, comme en firent plus tard les artistes francais sous le règne de la gracieuse marquise de Pompadour. Frans van Mieris le vieux pourrait bien compter
comme un chef d'école; car, s'il a imité quelquefois Gerard Dov, il s'est fait aussi une maniere propre, oü avec 1'influence de Gerard Dov se combine cello de Metsu. Nous le trouvons ici dans ces deux uui- nières. Son portrait d'abord, avec celui de sa femme,
arrangés en une petite scène familière, tout a fait charmante. La jeune femme, en cornette blanche, en caraco rouge, bordé d'hermine, jupon de soie bleue brochée, est assise, de proiil, et vuejusqu'a mi-jambe, pres d'une table avec un tapis perse et une guitare dessus. Elle tient de sa main gauche un petit épagneul [king-charles) couché sui1 son giron, et un autre épa- gneul cherche a grimper sur ses genoux. Mieris, de- |
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ÉCÜLE DE GKHARD DOV. 227
bout, de face, au milieu, lui parlc en riant et cnaga-
cant Ie petit cbien dont il lire 1'oreille. Sa femme lc repoussc de la main, en baissant les yeux, avec une expression très-co([uette. On dirait qu'il s'agit de ga- lanterie et de séduction entre les deux époux. Mieris a une tête assez belle, d'une beauté bour-
geoise; la physionomie honnête et joviale, mais sans originalité. Il porte un grand chapeau brun a plumes blanches, et un grand manteau gris, doublé de ve- lours. Ses longs cheveux tombant en boucles sont — une perruque; car la peinture, non datée, doit être d'environ 1665, Mieris (né en 1635) paraissant avoir une trentaine d'années. Ce petit bijou, aussi délicieux qu'un Metsu, pro-
vient des collections baron Droste, 1734, 725 florins, et van Zwieten, 1741, 910 florins. Il a été gravé, par' Audouin, dans Ie Musée francais, et a 1'aquatinte par Greenwood. Peint sur panneau, haut de lOpouces seulement, et large de 8. La galerie de Buckingham Palace, a la reine
d'Angleterre, en possède une rópétition, mentionnée par Descamps, et qui a passé dans la collectioiï van Slingeland. Un autre Mieris, du musée de La Haye, se trouve
également en doublé a Buckingham Palace. Son titre consacré est : les Bidles de savon. Le peintre a répété quatre fois ce sujet. Descamps mentionnc une des répétitions comme étant, en 1734, chez le duc d'Or- léans; a la vente de Calonne, Londres, 1795, olie fut |
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228 MUSÉE DE LA HAVE.
vendue 48 livres sterling; puis, a deux ventes de lord
Rendlesham, en 1806, 189 livres sterling; en 1809, 131 guinées; elle a été gravée dans la Galerie Le- brun et aussi par Ingouf. Le tableau de Buckingham Palace parait être celui qui a fait partie de la collec- tion de M. G. Morant. Le quatrième, enfin, était, en 1829, dans la galerie de lord Mulgrave. Celui du musée de La Have, provenant des collec-
tions Schönborn, 1738, 620 florins, et Lormier, 1763, 1,360 florins, a figuré au Louvrc, ainsique le portrait de Mieris avcc sa femme, et il a été gravé par Pigeot dans lo Musée francais. 11 est date 1663. Haut. 9 pouces, larg. 6 pouces et demi; panneau cintré au sommet. Le beau petit garcon qui fait des bulles est encadré
dans une fenètre entourée de pampres; sa toque rouge a plumes blancbes est déposée a droite sur le rebord de la fenètre, pres d'une bouteille d'oü sort un brin d'héliolrope; plus haut est accrochée une cage. Der- riere 1'enfant, se tient, dans la demi-teinte, une jeune femme avecun chien entre ses bras. C'estsur 1'appui extérieur de la fenètre qu'est écrite la date en chilires romains : mdclxiii. Willem van Mieris a sou vent imité cette composi-
tion de son père, par exemple dans son tableau du Louvre, n° 326, qu'on attribuait même autrefois a Frans. La première invention de ces petits faiseurs de bulles appartient d'ailleurs a Gerard Dov. Le troisième Mieris au musée de La Have est le
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ÉCOLE DE GERARD DOV. 229
portrait de Horatius Schuil, professeur de botanique
a Leyde, exquisitely painted, dit Smith; trop déli- catement même, trop minutieusement; genre porce- laine. On y lit la signature entière : F. van Mieris f'. A° 1666. Pour ma part, je préféré de beaucoup la maniere grasse et spirituelle dans laquclle Ie peintre a exécuté sou propre portrait. Du fils Willem, nous avons un de ses tableaux
importants, une Boutique d'épicier. Triste peinture! Ne nous arrêtons pas devant cette boutique. Les imitateurs de ces Mieris pèrc et fils ne nous
manquent pas. Arij de Vois, quoiqu'il ne paraisse pas avoir tra-
vaillé chez Frans Ie vieux, s'en rapproche assez dans un petit tableau très-fin et très-harmonieux, qui est certainement un de ses chefs-d'ceuvre. En Chasseur, tenant a la main une perdrix, est assis, jambes nues, contre un tronc d'arbre. Signé : AD Vois f., 1'A, Ie 1), Ie V, entrelacés en un monogramme. Cité par Immerzeel, comme ayant été payé, dans je ne sais plus quelle vente, 1,210 florins. Philip van Dijk, quatre tableaux: une Dame devant
sa toilette; assez bon pour Ie petit maitre; — wie Dame pincant de la guitare; — Judith avec la tëte d'Holopherne; porcelaine; —et un Homrne taillant une plume; détestable. Louis de Moni, élève de Philip van Dijk : une
Vieille femme et un jeune yarcon, encadrés dans une fenêtre cintrée; 1'enfant fait des bulles de savon, la 20
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230 MUSÉE DE LA HAYE.
vieillefaitdeladeotellc. Signé:L. DeMonif. 1742.
A. de Pape, aiitre scctateur des Mleris : Intérieur,
avec une vieille femme qui plume un coq, et un petit garcon agenouillé pres d'elle. Assez bonne peinture du maitre, signée a gauche. Immerzeel dit que ce tableau a été payc 490 florins a la venle Gerrit Muller. En ajoutant ici deux tableaux du chevalier van
der Werff, nous en aurons fini avec les peintres trop pré deux. L'un de ces van der Werff est Ie portrait d'un ma-
gistrat, oouvert d'uri affreux tnanteau bleu a petits plis secs. L'autre est une Fuiteen Egypte, quel'em- pire francais nc manqua pas de s'approprier. Le che- valier Adriaan passail alors, comme d'ailleurs pen- dant tont le xviir" siècle, pour un des plus grands ar- tistesqui eütjamais existé. Ln Fuite en Ec/ypte adonc été gravée dans le Musée francais. Elle n'a que 1 pied 6 pouces de haut sur 1 pied 2 pouces de large. On y voit la Vierge, de profil, en mantcau bleu de Prusse, accompagnéc de saint Joseph qui conduit 1'ane. Us cheminent le long d'un ruisseau. Le paysngeest orné d'un portique, de ruines, et de groupes d'arbres. Cctte peinture avait été donnce par 1'artiste a sa
fille, qui la vendit, a M. Sclmijlenburg, 4,000 flo- rins! A la vente Sclmijlenburg, La Have, 1765, elle monta encore a 2,500 florins. Louis XVI payait bien 33,000 francs cinq van der Werff qui sont toujours au Louvre. |
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THEODOR DE REIJSER. . 231
Theodoh de Kkijser. — Pour nous reposer de ces
miniaturistes, jeprendrai un grand peintre, presque inconnu, Theodor de Keijser, dont Ie musée de La Haye possède un petit chef-d'ceuvrc, provenant du cahinet Braamcamp et supérieurement gravé par J. Suijderhoef': F Assemblee des bourgmestres d'Am- sterdam d ïarrivée de Marie de Médicis, en 1638. Il n'y a pas, dans toute 1'óeole hollandaise, de bic—
graphies plus ol>scures que eelles des membres de cette familie de Keijser, artistes très-illustres cepen- daat a leur époque, et dont les archives d'Amsterdam et des autres villes de la Hollande doivent avoir con- servé des traces. En eflet, Hendrik de Keijser, né en 1564, fut ar-
chitecte et sciilpteur de la ville d'Amsterdam, oü il éleva les églises du Sud, du Nord et de 1'Üuest (Zui- derkerk, Noorderkerk, Westerkerk). On lui doit aussi Fholel de ville de Delft, et on lui attribue la belle statue d'Érasme qui orne encore Ie Groote Markt (grand marché), a Rotterdam. Des 1540, Érasme avait déja une statue en bois, a la niêine place; en 15o7, la statue en1 bois fut remplacée par une statue en pierre, et en 1022, la statue en pierre par la statue de bronze, dont Hendrik est présumé 1'auteur. Hen- drik, il est vrai, était mort en 1621, mais la statue |
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' Jonas Suijderhoef a aussi gravé un portrait de Hendrik
de Keijser, dessiné par Theodor, car on y lit cetto suscription: TKeijser delineavit 1621. |
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232 MÜSÉE DE LA HAVE.
a pu ètre inaugurée un an après la mort du statuairc.
Pieter de Keijser, fils de Hendrik, succéda a son
père, comme architecte et sciüpteur de la ville d'Am- sterdam. 11 a fait les tombeaux de 1'amiral Tromp, a Delft, de Guillaume Louis de Nassau, a Leeuwarden, et beaueoup d'autres sculptures publiques. Une de ses filles é])ousa Nicholas Stone, né en 1586, a Wood- bury, pres d'Excter, lcquel était venu d'Anglcterre étudicr 1'architecture et la sculpture chez Pieter. Theodor de Keijser est probablement un des fils de
Hendrik, et Ie frère de Pieter, par conséquent. On ne sait s'il est né a Amsterdam, a Utrecht, ou ail- leurs; ni quand. On ne sait pas davantage quand il est mort. Les dates de ses tableaux, dit-on, font sup- poser qu'il est né vers 1595, et mort vers 1660 '. Mais oü est donc cette série de tableaux dates'2? |
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1 Ces dates sont proposées par MM. van Eynden et van der
Willigen (Geschiedenis der vaderlandsche Sehilderskunst), qui croient que Theodor de Keijser est né et mort a Amslerdam, C'est a leur Histoii-e que Nagler, Rathgeberet les autres bio- graphes rt critiques ont emprunté Ie peu de renseignements qu'ils donnent sur Theodor. * II y a cepnndant, a ma connaissance, deux points extrèmes
entre lesquels doit so classer l'a:uvre de Tlieodor : lo ]>ortrait de 1621, gravé par Suijderhoet', et Ie tableau de Munich, que nous citons plus loin, aVec sa date 1650. Entre 1621 et 1650, on trouve encore divers poinls de repère: un tableau d'Ar- quebusiers, mentionné par van Eynden et van der Willigen comme date 1633 , cette Assemblee de bourgmestres en 1638, etc, etc. |
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ÏHEODOR DE KEIJSER. 233
II y a ensuite un Willem de Keyser, —Hollandais,
suivant Immerzeel,—peintre de paysage et de fleurs, qui habita Londres, oü il mourut en 1670; puis un Willem de Keyser, né vers 1647, a Anvers, qui alla aussi en Angleterre, fut peintre de Jaeques II, et mourut en 1692, suivant lc catalogue van der Hoop, oü on lui attribue un portrait de vieillard ayant un livre a la main. Ces deux Willem ne doivent faire qu'un, malgré les contradictions sur la nationalité el sur la date de la mort. Wralpole, dans ses Anecdotes of painting in England, ne mentionne qu'un William de Keisar [sic) d'Anvers, d'abord joaillier, puis peintre en miniature, en email et a 1'huile, attiré a Londres par lord Meifort, qui Ie patrona pres du roi Jaeques. Ce de Keyser « mourut a 1'age de quarante- cinq ans, quatre ou cinq ans après la révolution» (de 1688) : cette date concorde avec 1647-1692. 11 avait une iille qui exerca la peinture et mourut en 1724. Willem de Keyser ne se rattacherait donc point sans doute a la familie des Keijser hollandais. Il y a encore un Jan Keyser, de Housum, qui fut
admis a la bourgeoisie d'Amsterdam, Ie 3 juin 1650. Mais Jan Keyser n'est sans doute pas de la mème fa- milie que les précédents. Le nom de Keiser, —Kei- ser, Keijser, Keijzer, — qui veut dire empereur, est tres-eommun en Hollande et dans les Flandres. Les émbrouillements que les Ilollandais eux-
ïnèmes font de ces Keijser, quand il s'agit de pein- ture, sont inconcevables, Ainsi nous avons déja vu 20.
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234 MÜ8ÉE DE LA HAYE.
que Ie catalogue du musée d'Amsterdarn attribue h
Hendrik, 1'architecte, un portrait de Hoogerbeets. C'est aussi a ce Hendrik, mort en 1621, qu'Immer- zeel attribue l'Assemblee des bourgmestres en 1638! Hendrik a-t-il fait de la peinlurc ? C'cst douteux, quoiqu'on lui prète un monogrammcH. D. K'. Bien plus, Ie catalogue lui-même du musée de La
Have donnepour prénom au Keijser, auteur de l'As- semblee des bourgmestres , 1'initialc A ! Qu'est-ce que ce nouveau « A. de Keyzer,« inventé par Ie cata- logue de La Have? Comme cenom est suivi des dates 1595-1660, qu'on applique ordinairement a Theodor, 1'A serait-il une faute typograpliiquc pour T? Tont cela est difficile a éclaircir, comme on voit. Pour moi, je laisse la Hendrik, Pieter, feWilleni
et Jan, et je ne connais comme peintre que Theodor, et je Ie tiens pour 1'auteur de l'Assemblee des bourg- mestres, du musée de La Haye, et, sur ce type de son talent, je Ie place carrément a la droite de 1'auteur de la Ronde de nuit et des Syndics. Il me semlile meme que rintluence de Rembrandt est incontes- table dans Ie petit chcf-d'oeuvre de Theodor '2. 1 Voir précédomment, p. ü2, au musée d'Amsterdam, oü Ie
portrait delloojjorbeets est toujours attribue a Hendrik par Ie nouveau catalogue qui donne un monogrammo. 8 Theodor de Keijser peignait, il est vrai, une dizaine d'an-
nées avant Rembrandt; mais, rle 1630 a 1650, qui est sa helle époque, son talent peut avoir été intluencé par Rembrandt. Du lïioins, les quelques tableaux authenliqiics quu je connais do |
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THF.onOR DE KEIJSER. 23S
Quatre eitoyens en noir', avec collerettes ou fraises
blanches, grands ehapeaux noirs et souples, a la mode du temps, sont assis dans des fauteuils, autour d'une tablc couverte d'un tapis uni, verdatre, glacé de bistre. A gauche, un d'eux, vu de trois quarts, semble parier; Ie second, presque de dos, a la tête de profil; Ie troisième est de face, de 1'autre cóté de la table, sur laquelle il appuie sa main droite; Ie qua- trièmc, aussi de face, a la main droite sur 1'angle de la table, la main gauche sur Ie bras de son fauteuil. Par une porte dissimulée dans 1'angle du tableau, un hommc botte, chapeau a la main, la tète et Ie corps de profil, entre, ("est 1'avocat Davelaer, qui vient respectueusement annoncer a ces honnêtes repré- sentants de la ville d' Am sterdam l'arrivée de Marie de Médicis. Tout te fond est neutre, dun tori gris supcrbe,
digne de flembrandt ou de Vela/que/. On dcvine seulement une statue dans une niche du lambris. Je n'ai jamais pu découvrir ni signature, ni date, ni monogramme, ni marque quelconque. On peutcroire que la peinture est de la même armee que la scène qu'elle représente : — 1638. Le tableau dans lequel s'arrangent ces cinq per-
Theodor le rattachent a Rembrandt et aussi a Aalbert Cuijp,
né en 4605. La date 11395, proposée pour la date de naissance de Theodor, paraït donc un peu trop reculée. 11 doit ètre né seulement au commenrement du \vne siècle. 1 On trouve leurs notns sui la gravure de Suijdcrhoex.
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236 MUSÉE DE LA HAYE.
sonnages n'a pas 1 pied de hauteur. lis y vivent
pourtant, et tres a 1'aise, et chacun y a son caractèro décidé. Les petites têtes sont prodigieuscs d'cxpres- sion sous les ailes noires de leurs chapeaux. Les pe- tites mains sont correctement modelées. L'ensemble des ligures, dessinées avec une rare solidité, a du na- turel et de la grandeur. La touche est ample, ferme, juste oü il faut, et rien que ce qu'il faut. Simplicité, force, harmonie, tout y est. Et cette peinture si simple a néanmoins une originalité étrange. En 1'apercevant, on s'écrie aussitot: —Ah! quelle oeuvre de maitre! — Mais de quel maitre? Après avoir pensé a Rerabrandt, on pense un peu a Cuijp. Van dei- Helst? il n'a pas cette intimité. Terburg, de Hooch? ils ont bien quelque analogie cloignée, mais non pas cette largeur que sembleraient seules comporter des figures de grandeur naturelle. On rêverait presque plutöt a un Concile du Titien ! Tel est Theodor de Keijser, eet inconnu de génie,
dont on aurait peine a signaler plus d'une douzaine de tableaus. Je ne crois pas qu'il y en ait un seul en France, en Espagne, en Italië. Parmi les musées d'Allemagne, Berlin enregistre
(no7."i0) aunepeinture de familie (Familiengemüldé)^ par Theodor de lv eiser, qui üorissait, dit Ie rédacteur du catalogue, M. Waagen, vers 1(520. » On y voit Ie portrait du père, 48 ans, de la mère, 40 ans, du iils ainé, 22 ans, du plus jeune fils, 8 ans, de la fille ainóe, 19 ans, et de deux autres jeunes filles, 1'une |
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THEODOR DE IvEIJStlt. 237
de 14, 1'autre de JO ans, tous habillés de noir, avec
des cols blancs. Et les ages susindiqués sont inscrits pres de chaque personnage! Singularité que ne prati- quaient plus guère les peintres au xvne siècle, et qui seraitbien étonnante chez Theodor de Kcijser. Je ne me rappelle plus cc tableau du musée de
Berlin. Peut-être est-il de Hendrik, a supposer, comme on Ie dit, que Hendrik ait fait de la peinture. Et s'il est de Theodor, il appartient sans doutc a ses premiers temps. Mais comment 1'auteur, si prodigue de chiffres et d'inscriptions, n'a-t-il pas mis quelque part une date avec son nom, ou pour Ie moins un monogramme? M. Waagen n'en cite point. — Le monogramme de Theodor est un grand T, avec le d et le k entre-eroisés et accolés a la partie inférieure du jambage vertical de T. Au musée de Munieh, on trouve un Theodor de
Keijser, date 1650. Il représente une Vieille femme assise et un homme debout (n° 418 du cat., IIe partie, p. 240). Le cataloguc du Stadel'sche Institut, de Francforl-
sur-Mein, rédigé par M. Passavant, enregistre aussi un « Theodor de Keyser (n° 202) : Portrait d'un cavalier avec deux levriers. » Ce tableau porte un monogramme, que M. Passavant aurait bien du donner. Le docteur Georg Rathgeber, qui ne connait en
tout que septtableaux de Theodor, pretend qu'il y en a trois a sa galerie de Gotha, parmi lesquels un |
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238 MllSÈK DE LA HAYE.
Bourgmestre d'Amsterdam, avec femme et enfants,
dans un paysage'. A la National Gallery de Londres, il y a encore
un très-bon tableau de Theodor, représentant « un Marchand assis pres d'une table et son comrnis qui lui remet un paquet » (n° 212). Petites figures cn- tières. Lc musée de La Haye montre un second tableau
de Theodor de Keijser : Portrait en pied d'itn ma- gistrat. C'est encore un cbef-d'oeuvre, comparablo aux portraits des maitres les plus éminents. L'homme est assis de trois quarts, devant unc table
couverte d'un tapis rouge des Indes. Il feuillette, de la main gauche, un livre pose sur un pupitre; mais il ne regarde pas Ie livre, il regarde Ie spectateur. Il a des cheveux gris, assez courts, et une moustache; 1'ceil plein de feu, la physionomie très-cxpressive. Il est coiffó d'un large chapeau noir. Une fraise blanche éclatc sur son pourpoint de soic noire ouvrce; bas de soic noirs, et souliers a belles rosettcs. La maiti droite, qui est superbe, s'étale sur la cuisse droite. Le parquet est dallé de pierre noire et de pierre
grise. Le fond, très-sobre, ne sertqu'a faire valoir la figure. Il y a cependant une indication de bibliothèquc sur la gauche. Le personnagc est assez grand, cette fois : au tiers
a peu pres de la proportion naturelle. 1 Annalen der vicdcrlündisvhen Malerei, etc, Golha, 1839.
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ADRIAAN VAN OSÏADE. 23a
On ne trouve point Theodor de Keijser dans les
deux autres musées de la Hollande', — musée de Rotterdam et musée van der Hoop, — mais l'Assem- blee de bourgmestres et Ie Portrait de magistrat suffisent pour constater sa haute valeur dans 1'école de son pays. ArmiAAN van Ostade.—II a aussi deux oeuvres
de premier ordre, au musée de La ITayc. On ne s'en döuterait pas, a lire Ie catalogue : N° 106. L'intérieur d'une maison, ornée de figures. —N° 107. L'exté- rieur d'une maison mstique. Essayez, après cela, de vous rendre compte de
quelque peinture d'un musée, en consultant les ca- talogues, notices ou publications qucleonques, qui la concernent. Il en est ainsi pour tous les catalogues de la Hollande2, pour tous ceux de la Belgique, sauf Anvers, pour ccux de 1'AHemagne, sauf Berlin, qui est excellent, et Vienne qui a ses qualités, pour tous ceux de 1'Italie, sansexception, pour ceux de Madrid, pour tous ceux de la France, sauf celui du Louvre, |
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1 A la galerie Steingraeht, a La llaye, il y a un bon portrait
par Theodor. — En Bslgique, on pourrait eucore en signalur quelques-uns : par exemple dpnx porlraits, npparteiiüiit a M. Dulnis do Gisignies, et qui ont été exposés en 1855 au Palais Ducal aBruxelles. * Sauf Amsterdam raaintenant, depuis son nouveau cata-
lo"ue. |
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240 MUSÉE DE LA HAYE.
Ie meilleur de 1'Europe, malgré ses nombreuses
erreurs et ses quelques imperfections. Il faut excepter encore Ie catalogue de la National Gallery, de Lon- dres, qui est assez complet et très-correct. Les catalogues de collections appartenant a des fon-
dations particulières, ou a de riches amateurs, dans tous les pays de 1'Europe, sont encore pires que ceux des galeries publiques. En fait de peinture il faut absolument voir de ses
propres yeux, ne juger qu après autopsie, nach Au- topsie, comme disent les Allemands, en employant a mervcille Ie mot selon son etymologie : conos :■>.;, — voir soi-nième. Et c'est pourquoi les livres d'art,
— rédigés avec des livres seulement, — sont tou-
jours trompcurs et détestables. Les deux tableaux d'Adriaan van Ostade étaient na-
turellement de la rafle faite par les troupes impériales sur Ie pays conquis, et ils ont été gravés dans Ie Musée Napoléon, et par Bovinet, dans Ie Musée francais. Ils sont a peu pres de mème dimension, — 1'un 17 pouces de haut sur J4, 1'autre 16 pouces sur 15, — et se font très-bien pendant. Mettons une centaine de mille francs la paire, et 150,000 francs si les Anglais s'cn mèlaient, — et ils s'en mèleraient. On voit dcja que Ie musée de La Haye vaut de 1'ar- gent. Quand les Ilollandais seront embarrassés dans leurs affaires commerciales, ils n'auront qu'a offrir en adjudication leurs tableaux de La Haye et d'-Amster- dam. |
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ADRIAAN VAN OSTADE. 2il
L'intérieiir de la maison est orné de huit person-
nages de haute distinction, — et d'un chien. Groupe principal, au milieu en avant, trois hommes et une femme; un des hommes, assis a gauchc sur un banc très-bas, allume sa pipe dans un réchaud pose sur un tabouret avec un hanap et une pipe; un autre, assis a droitc dans une chaise, élève en Pair son verre plein, et de sa main gauehe tient un pot qui sans doute n'est pas vide; entre eux deux, lc troisième gentleman ac- corde son violon. On fête a la fois Apollon et Baechus. La femme, appuyée sur Ie dossier d'une chaise, de- vise avec ces nobles artistes. A gauehe, pres d'une ouverture en arcade, qui laisse voir un arbre au de- hors, une petite fille assise s'amuse d'un petit épa- gneul blanc qui la regarde. Au f()nd, a droitc, Ia cheniinée flambante, et trois buveurs-fumeurs dans 1'ombre. C/est parfait de tournure, d'esprit, de cou- leur. Signé: A V. Ostade. 1662; 1'A et Ie Y accolés. Peinture sitperlative, dit Smith. L'extérieur de maison rustique est encore mieux
orné de figures pittoresques que la tubagiedevillage. Le plein air aussi prête a des effets de lumière plus variés. Ce cottage rustique est d'aineurs ravissant, avec sa porte surmontée d'un auve^t en bois et en- tourée de vignes et de plantes griinpantcs, avec sa muraille multicolore, décorée de pofg et d'ustensiles accrochés a des clous, et mème d'un(; affiche ülustrée d'une petite vache comine symbole Ju texte. Sur le battant inférieur de la porte s'accr),,,],, nne |
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242 MUSÉE DE LA HAVE.
femme; a sa gauche, un honïme, accouru pour voir,
avance une tête curieüee, et un troisième personnagc parait dans la demi-teinte de l'intérieur. Qu'y a-t-il donc a voir au dehors? G'est Ie vieux inénétrier qui fait sa tournee. Il est
la, debout, jouant du violon, et accompagné de son petit conducteur fidele. Il a un magnifique chapeau gris, qui ferait envie a Frédéric Lemaitre. Et la belle pose sentimentale qui trahit Ie virtuose! Et comme il raele avec amour son stradivarius d'occasion! C'cst a se tordre d'attendrissemcnt—ou de rire. Aussi, un philosophe de campagne, assis sur un banc exté- rieur, a gauche de la porte, et serrant, a la maniere de Sganarelle, entre ses jambes écartées, une cruche chérie, se renverse en ricanant vers les hótes de la maison. A droite, une petite tille tient un baby assis sur un
petit escabeau, et un boy, assis par terre, agace un chien couché pres de lui. Deux autres enfants com- plètent ce groupe. La signature A V. Ostade est suivie de la date 1673.
Le peintre avait soixante-trois ans. On ne s'en doute- rait pas, a voir la franche gaieté de la composition, la fraicheur délicieuse du coloris, 1'abondance et en mèine temps la süreté de la pratique. Rien d'Isack van Ostade! Qui croirait que cc maitre
se rencontre si rarement en Ilollande? Il n'y en a point non plus au musée de Rotterdam, et qu'un seul, très-ordinaire, au musée van der Hoop. Ce sont |
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AimiAAN VAN OSTADE. 243
les Anglais qui ont tous les plus beaux ouvrages
d'Isack. L'Exhibition de Manchester en montrait qua- tre, d'une vaülante qualité. Le catalogue attribue a Tilborg, sans autre indica-
tion, un curieux tableau : « N° 156. Une société de peintres d un repas chez Adrien van Ostade. Au nombre des convives se trouve le peintre Potter, avec sa femme et ses enfants. « Le catalogue entend sans doute designer Gilles van Tilborg, ou Tilborgh, ou Tilburg, nc a Bruxelles en 1625, et qui fut, dans 1'é- cole flamande, une sorte de rival deTeniers. Le tableau est si mal éclairé qu'on ne peut s'assurer de son au- thenticité. Tilborg a sans doutc habité la Ilollande, et je crois même qu'on le suppose élève d'Adriaan. Toujours est-il qu'Adriaan se trouve la, assis au
milieu, ayant ;\ sa droite sa femme, puis un homme, puis une femme. A la gauchc cstmaitre Potter, avec ses longs chevcux, son grand cbapeau, un pourpoint gris perle et des bas rouges; Fair assez gaillard et lu nez retroussé; bien portant et très-vivant. Ce n'est point alors le mélancolique du toucliant portrait de van der Helst. Pres de lui, sa femme, debout, en jupon bleu tendre; fcmmelette assez mince, pas très- gracieuse, et qui pourrait bien 1'avoir un pcu tour- menté. Deux autres peintres, debout sur la gauchc, causent ensemble. Qui sont-ils ? peut-ètre Tilborg et Isack van Ostade,
a moins qu'Isack ne soit rhomme assis a table pres de la femme d'Adriaan. Muis je ne suis pas sur |
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244 MUSÉE DE LA HAYE.
d'avoir jamais vu ces deux artistes ', quoique je con-
naisse de vuc la plupart des maitres hollandais de ce bon vieux temps, et leurs allures et leurs costumes, et leur familie et leurs amis, et les licux qu'ils fré- quentaient, leurs promenades ou leurs estaminets d'affection. Car de presque tous on a eonservé des portraits, et aussi des traditions sur leurs alliances, leurs demeures, leurs habitudes. Eux-mcmes ont souvent ])ris soin de se montrer dans leur intérieur, ou dans leurs distractions au dehors. De beaueoup on pourrait dire comment ils levaient Ie coude en bu- vant un verre, comment ils jouaient aux quilles Ie dimanche, comment ils travaillaient les autres jours, faisaient jouer sur leurs genoux leurs petits enfants, embrassaient leurs femmes, comment ils portaient sur 1'oreille la toque ou Ie chapeau, quelques-uns 1'épée au cöté, la dentellc aux poignets, les rubans ïi leurs hauts-de-chausses. Toute leur vie est écrite dans leurs ceuvres et dans Ie souvenir de leurs com- patriotes. N'est-il pas surprenant qu'ellc n'ait point été écrite dans les livrcs, et que les deux ou trois bio- graphes leurs contemporains aient remplacé la vérité naïve par des contes calomnieux ou insignifiants! Terblrg. — Voici maintenant 1c j)ortrait de Ter-
1 Dans la Familie d'Adriaan, au Louvre (n° 369), il y a
aussi un jeune homme debout, « qu'on suppose être Isaok. » Je ne me rappelle pas assez sa figure pour dire s'il est Ie même qu'un des personnages du tableau de La Haye. |
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TERBURG. 243
burg, — nous les passerons tous en revue, — petit
portrait en pied, dans Ie costume de bourgmestre, — Terburg a été bourgmestre de Deventer, oü il mourut, — portrait sérieux, planté droit sur Ie par- quet, comme une statue sur un socle. Ce Terburg est un grand original dans son école :
il en a la simplicité, la grace, avec je ne sais quelle dignitó exceptionnelle et une certaine froideur dans sonélégance. Un siècle plus tot, il eiit fait des Romains tout comme un autre. Il est debout, de face, grave sous son manteau
noir, tombant jusqu'aux genoux et sous lequel sont dissiinulés les bras; les deux jambes rapprochées, la droite en avant cachant presque la gauche. On dirait un terme antique, habillé a la mode hollandaise du xvuc siècle. Une majestueuse perruque, enfoncée bas sur Ie front, se déroule en grosses boucles sur les épaules et fait cascade jusque sur Ie rabat en guipure. Des noeuds noirs pendent a la jarretière sur des bas de soie gris. De longues rosettes noires ornent les hauts souliers, de forme Molière. Tout ce costume accuse sa date. Nous sommes vers
1660. Terburg a environ cinquante ans. Sa tcte effilée est un peu revêche. Il a Ie nez long,
inincc et droit, la bouche ferme, surmontéc d'une grele moustache, Ie menton très-long et plat, c'est-a- dire une très-longue distance du nez au bas du men- ton ; signe habituel de rigidité. Les tètes de ses tableaux ont souvent de son propre type. On met |
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24fi MUSÉE DE LA HAYE.
toujours un peu de soi-mème dans les autros. Le
type affectionné de chaque peintre pour scs person- nagcs lui resseml)le toujours uu peu. Je croirais bien d'ailleurs, h un certain air de familie, que la femme au long profil froid, qui revient d'habitude dans les tableaus de Terburg, celle qui chante au Louvre (n° 528), est sa fille, la Constantia, qui fut pcintresse. Le fond du portrait est gris neutre, comme le par-
quet, et tout eet entourage de la figure se eonfond dans une fine harmonie et parait peu. Cela rappelle certains portraits doux de Yelazquez, oü il semble qu'il n'y ait que de I'air autour du pcrsoniiage. La toile a seulement 2 pieds de haut sur 1 pied
8 pouces de large. Smith enregistre ce portrait comme étant celui
d'un « gentleman.» Mais, sans aucun doute je pense, ce gentleman est bien maitre Terburg, bourgmestre de Deventer, et le catalogue du musée de La Haye n'hésite pas a le signaler comme tel. Le second Terburg du musée est assez célèbre. 11
est mentionné par Descamps, il a passé dans la col- lection van Slingeland, il a eu les honneurs du rapt militaire et il est gravé, par Audouin, dans le Musée francais. Nieuwenhuis, dans son livre, 1'intitule : la Dépêche; Smith, tlnteniiption; le catalogue de La Haye le décrit ainsi: a N° 15 i. Un Officier, ayant a la ïnain une lettre remise par un trompette, et une Dame écoutant avec attention. i> La vérité est que Mars, Vénus, et même Bacchus,
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TERBURG. 247
sont compromis dans 1'affaire , et il est étonnantque.
sous l'Empire, on n'uit pas donné au tableau ce triple titre, qui aurait eu peut-être 1'ineonvénient de rappeler Hetiri IV, Ie vert galant qui boit et qui bat. L'oflicier, en riche tenue, tout botte, tout cuirassé,
et coiffé d'un chapeau gris a larges bords, profitc d'un moment que lui laisse le dieu des batailles. Il u'a eu que le temps de déposcr son arquebuse sur une table, a eóté de verres et. de flacons. Il est assis dans une chaise basso, la main gauche caressant 1'épaule de sa maitresse, voluptenscment accroupie a sespieds. Klle, avec son bonnet chiffonné, est char- mante, avec gon corsage citron et sa robe fraise. Terrible trompette ! Est-ce que 1'ennemi est aux
portes do la ville? Ara lui dire, comme les gentils- hommes de l^ontenoy : — Commcncez, messieurs! Tirez les premiers ! nous vous répondrons tout a 1'heure. Le troinpette est deboiit, de profil, en uniforme
bleu. Il a fait son devoir et remis la lettre a son supé- rieur. — C'est bon; merci. Selle mon cbeval.__ Mais ponrquoi eet aimable officier n'a-t-il pas été
chez sa dame, au lieu de 1'amener dans sa tente , ornée de faisceaux d'armes accrochés au fond? Cette peinttire, très-belle d'ailleurs, a beaucoup
poussé au noir et est devenue sombre dans les entou- rages. On a cru, bien a tort, la raviver par d'épais vernis, qui, au contraire, empêchent de la voir. Le |
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248 MÜSÉE DE LA HAYE.
panfleau a 2 pieds 1 pouce de haut sur I
10 p<mces de large. Uu élève de Terburg, Gaspar Netscher, nous offre
aussi sou propre portrait, — avec ceux de sa femme et de sa jeune fille. Le peintrc, de profil, en casaque rougs h ci-evés, tient a la main une guitare. Sa femme est assise, dans la deini-teintc, de 1'autre cöté d'une table a t,ipis de Perse. A droite, la jeune fille, de- bout, presque de profil, chante. Elle a des plumes dans les cheveux, et une bello robe de satin blane. Sur Ie dos du fauteuil de Netschcr est la signature, avec la date 1G65. SiTiith catalogue, comme étant au musée de La
Haye, et date également 1663, un tableau « repré- sentant les portraits de Netscher, de sa femme et de son enfant, » roais il en doune une description toute différente, ajoutant que cette peinture provient des collections Schonborn et van Slingeland, et qu'elle a été gravée parDavid. Je n'ai pas vérifié si la gravure de David se rapporte, en effet, au tableau décrit par Smith, üü au tableau du musée de La Haye. |
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Metsu. — Les trois tableaux du rival de Terburg
sonttrès-remarquables : 1'un, poursaqualité; 1'autre, pour la proportion de la flgure qu'il represente; le troisième, acause de sa date. Nous commencerons par celui dont la date authen-
tique permet de rectifier la biographie de Metsu. |
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METSU. 249
Tous les biographes, tous les critiques d'art, tous les
eatalogues de musées et collections, y compris Ie ca- talogue du Louvre, y compris ceux de la Hollande, et même celui de La Ilaye! écrivent que Metsu est mort en 1658. Or voiei un de ses petits chefs-d'oeu- vre, Ie Chasseur tenant un verre de vin d la mam (n° 88), oü, a la suite d'une belle signature en toutes lettres : G. Metsu, on trouve, bien authentique et bien pure, la date 1661. Metsu n'était donc pas mort en 1661, puisqu'il — peignait encore. Diverses indi- cations doivent mème faire supposer qu'il vécut plu- sieurs années après cette date. Le petit chasseur, vêtu d'écarlate, col et raanchettes
blanches, est assis, la main droite appuyée contre son chapeau pose sur ses genoux; de Ja main gauche il tient un beau verre de Bohème a pied colorié. Il a de longs chevcux, unc physionomie délicieusc d'es- prit et de gaieté. On le voit ainsi encadré dans une fenêtre sur le rebord de laquelle sont un pigeon ra- mier mort, une poire a poudre et un pot d'étain. La signature et la date, en bas de Tappin de la fenêtre. Sur panneau. Haut. 10 pouces, larg. 8 pouces 1/4. Autrefois dans la collection van Slingeland. Gravé par David et dans le Musée francais. La Société de trois personnes faisant de la musi-
que est une peinture exquise, mème un peu trop raffinée a la Mieris en certaines parties. Elle a été gravée aussi dans le Musée francais et par Watson. — Tout ce qu'il y a de beau au musée de La Ilaye |
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•>oO MUSÉE DE LA HAYE.
a passé par les mains des conquérants de l'Empire.
Nous n'en ferons plus 1'observation. Au milieu est assise une jeune femme qui écrit.
Elle a un caraco de velours cerise, bordé d'herraine, un jnpon jonepiille, en soie bordée d'argent, un ta- blierbleu tendre, une cornette blanche et par-dessus, en arrière, une voilette noire. Le petit bout de son pied mignon, pantouflé de rouge, repose sur une chaufferette. Au dossier de sa chaise, sur la gauche, est accoudé un gentleman debout, en noir, tenant a la main son chapeau. De 1'autre cóté d'une table a tapis persan, une jeune (ille debout pince de la gui- tare. Derriére elle, au fond, une cheminée surmontce d'un tableau. Du plafond pend un lustre en cuivre. Adroite, au premier plan, unépagneul. Haut. f pied 8 pouces; larg. 1 pied 4 pouces. Surpanneau. Assiirément toutes ces coinpositions de Metsu et
de Terburg ne varient guère; mais leur charme est dans la delicatesse des physionomics, la grice des attitudes, la simplicité naïve des scènes, et surtout dans Fharmonie d'une couleur incomparable. Je ne m'explique pas pourquoi Smilh, dans son
catalogue, inentionne comme étant au musée de La Ilaye trois autres Metsu qui n'y sont point: la Lady charitable, le Marchand de volaille, et une Jeune femme pincant de la guitare. En revanche il omet le curieux tableau intitulé : Représmtation cmbléma- tique de la Justice. Cest la, pour le fond et pour la forme, une production exceptionnelle dans l'oeuvre |
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METSU. 231
de Metsu! Une femme, symbole de la Justice, les
yeux bandés, 1'épce dans une main, la balance dans 1'autre, debout, de face, en draperie blanche, foule aux pieds un homme renversé sur des sacs d'or. A droite, un jeune garc-on, vctu de rouge, et une femme portant dans ses bras un petit enfant sont a genoux et prient. En 1'air un génie tient une couronne d'or au-dessus de la tète de la Justice. Au fond, a gaucbc, une sorte de tróne doré, et, de 1'autrc cótc, une co- lonne cannelée. Les figures ont environ 2 pieds de proportion! Quelle idee a ce peintre familier, de s'égarer en
pareille allegorie, avec la vcuve et 1'orphelin, avec tróne et colonne grecque! Qa, ne lui a pas mieux réussi que sa Femme adultère du Louvre. C'est vide, faible, lache, sans caractèrc, etmême sans les qualilés habituelles de coloris et de clair-obscur. Le meilleur élève de Metsu, Uchtervcldt, est 1'au-
teur d'un « Intérieur, avec un marin ofl'rant du pois- son a une dame; » excellent tableau, très-rapproché du maitre et un peu influencé aussi par Picter de Ilooch, dont lc musée de La Ilaye ne possède aucune peinture. Michel van Musseher, autre élève de Metsu, s'est
donné, comme tous ses compatriotcs, le plaisir de transmettre a la postérité son portrait avec sa femme et son fils, assez grandes figures, mi-nature, un peu lourdes. Et il a signé : Ml: v : Musscher Pinxit A" 1081 in Amsterdam. Il avait alors trente-six ans. |
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232 MUSÉE DE LA HAYE.
Jan Steen. — Encore des portraits d'un de ces
vieux amis ! Mais celui-la on Ie rencontre souvent, et nous lc connaissons bien. Maitre Steen est presque toujours de la padie dans scs bambochades, et ce se- rait grand dommage qu'il n'en fut pas; car a lui seul, avec sa physionomie pantagruélesque, il éclaire toute une scène. lei, la chose est solennelle. Le vertueux Jan Steen
a rassemblé autour de lui toute sa familie. Ou peut- on être micux que dans sa maison, — si ce n'est au cabaret ? La réunion est composée de onze personnes. Natu-
rellement Jan Steen est a table, au milieu, de face; longs cheveux, large chapeaü. Que fait—il? Il rit et il fume, en attendant qu'il boive. A sa gauchc, sa bonne grosse femme, un peu jordanesque, en cornette blanche, en caraco de velours bleu, bordé de four— rure, bourre une pipe; soyez sur qu'elle va fumcr. Elle a pres d'elle une autre femme, une sceur peut- être. La vieille mère de Steen, assise a gauche au premier plan, fait joucr sur son jupon rouge un petit enfant debout, en robe citron et en bourrelet. Le vieux père, en luncttes, debout contre la cheminée, chante d'après un papier qu'il tient a la main; il ac- compagne sans doute le füs ainé de Steen, gentil garcon debout, en pourpoint gris, et quijoue du fla- geolet. En avant, un chien, des ustensiles de cuivre et un mortier sur lequel est la signature. Ce tableau, important par sa diniension, 2 pieds
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JAN STEEN. 233
7 poiices de haut sur 2 pieds 10 pouees de large, par
1'intérct des persomiages qu'il représente, est, en outre, de la belle qualité de Steen, dans sa maniere large et abondante, assez analogue, malgré la diffé- rence des proportions, a la maniere de Jordaens quand il peint aussi sa joyeuse femme et ses enfants. Gravé par Villain, et par Oortman dans Ie Musée
francais. Mais les voici encore vraiment, presque les mèmes,
dans une composition intitulée : Tableau de la vie humaine, et gravée également dans Ie Musée fran- cais, par Oortman. II y a plus de monde, ccttc fois : une vingtaine de
figures, en plusieurs groupes. A gauche, Ie vieux père assis fait jouer un petit enfant; pres de lui, une jeune fille accroupie préparé des hui tres. Au milieu, un vieillard offre une huitre a une femme assise. Les enfants s'amusent autour d'eux, 1'un faisant danser un chat, un aulre tenant un petit chien, un autre portant un broc et un panier de i'ruits. A la table scrvie, un peu en ari'ière sur la droite, Jan Steen joue du luth, une jeune femme 1'écoute, un gros compagnon rit, son verre de liqueur a la main. Au fond, groupes de joueurs et de fumeurs. En haut, sur 1'avant-plan, un grand rideau violet etend sa pé- nombre sur une partie de eet intérieur. La signature JSteen, I'S entortillé sur Ie J, est
sur un pilier a droite. Haut. 2 pieds 3 pouces; larg. 2 pieds 8 pouces. Surtoile, comme lc precedent. |
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. 2S4 MUSÉE DE LA' HAYE.
Smith intitule ce tableau : la Fête aux hui tres, et
Ie déclarc « une des meilleurcs peintures du mattre.» Jan Steen se révèlc déja mieux, dans sa force et
sonoriginalité, au musée de La Hayc qu'au musée d'Amsterdam; car, outrc ces deux beaux Intérieurs de familie, il a encore deux Scènes de mèdecin, — un Dentiste arrachant une dent a un villageois, petit tableau assez ordinaire, qui provient peut-êtrc cependant de la collection Lormier, — et une très- singulière composition, intitulée : « une Menagerie, et dans Ie lointain la maison a Honsholrcdijk. » Ce dernier tableau est en hauteur — 4 pieds
4 pouces! — et représente une espèce de cour exté- rieure a une maison de campagne qu'on apercoit sous une grande arcade. D'une plate-forme devant 1'arcade quelques degrés en pierre descendent vers Ie premier plan oii coule un ruisseau et oü se dresse sur la droite un vieil arbre dépouillé, dont une branche sert de perchoir a un paon. Des canards barbotent dans Ie ruisseau. Des poules, des dindons, des pigcons, pico- tent des grenailles dans la cour. Assise sur un des degrés, une petite fille en robe
jaune paille, guimpe et tablier blancs, fait boire du lait dans une coupe a un agneau. Un bonhomme a tète chauve lui parle en riant; il s'en va j>orter quel- que part un panier d'ceufs et un pot vert. Un autre vieux serviteur de la ferme, arrêté sur la plate-forme, rit aussi en regardant sa jeune maitresse. Ceperson- nage qui tient sous son bras gauche une poule, et |
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JAN STEEN. 255
sous son bras droit la nichée de poussins dans une
corbeille, est très-grotesque : nabot, ragot, a jambes courbcs et tortues, ce que les Hollandais et les Fla- mands appellent un krom. Jan Steen s'est bien amuse a Ie peindre d'après nature et il y a mis toute sa science réaliste et exprcssive. La tête du bonhomme au panier d'ceufs est aussi d'une réalité merveilleuse, et je ne crois pas que Jan Steen, ni aucun despetits maitres hollandais aient jamais fait une tête plus correctement modelée et plus vivante. Cette peinture, si volontaire dans Ie dessin, si
ferme d'exécution, si scrupuleuse dans Ie détail, si simple et si juste de lumièrc, ne rcssemble a aucune autre du maitre, et 1'on pourrait d'abord être embar- rassé de nommer 1'auteur. C'est sans doute ce qui a fait supposer a Smith que cette menagerie devait ètre des premiers temps de 1'artiste : — an earlyproduc- tion of the artist. Mais Smith se trompe, car Ie ta- bleau est date 1660, après une signature en toutes lettres. Or Jan Steen 'étant né vers 1625, et non en 1636, comme 1'imaginent tous les catalogues de 1'Eu- rope, y compris celui de La Haye, avait alors environ trente-cinq ans, et depuis dix a quinze ans son talent était complet. Mais ce terrible homme s'cst souvent montré sous
des aspects très-divers. Ses variations de maniere tiennent a la variété des sujets. Son style et sa pra- tique se conformcnt toiijours a la nature qu'il veut traduire. |
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230 MUSÉE DK LA HAYE.
Molière aussi change de style selon qu'il peint Ie
Misanthrope ou Sganarellc, Don Juan ou llarpagon, Célimène ou Dorine. On pourrait eompter plus d'une demi-douzaine de
manières fort distinctès dans 1'o'uvre de Jan Steen; toujours lui-mème cependant, quoique dans les scènes de cabaret il rappelle un peu van Ostade, maïs avec plus de verve satirique, et aussi Brouwer qu'il egale pour I'expression; dans les scènes du monde elegant, Metsu, mais avcc plus de vigucur et d'esprit; dans les festins, Jordaens, mais avec une mimique bien plus vive et des types plus accentués; dans'ses paysages rcmx et ses ciels gris, Ie beau-père van Goijen, mais non pas avec [unc pareille monotonie; ou merne Cuijp, avec presque autant de lumière. Quelquefois, comme dans ces figures des deux vieux
serviteurs de la ferme, il adhère, pour ainsi dire, a la nature, au point qu'on ne sent plus ni maniere, ui procédé quelconques. Ailleurs, dans certaines orgies, il s'abandonne a une fantaisie de pratique aussi origi- nale que la conception mem e des caractères, desphy- sionomics, des attitudes. Et c'est la surtout qu'éclate son génie, mélange inexplicable de science et de licencc, de profondeur et de frivolité; grand prati- cien, qui a ses défaillanccs; grand philosophe, et triple i'ou! Kous n'avions pas encore vu de ses médecins, —
Ie plus admirable est au musée van der Hoop, —mais en voici deux qui ont leur mérite. |
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•JAN STEEN. 257
N° 147. Le Médedn rendant visite a une malade.
C'est sérieux : la jeune fille est au lit; charmante ma- lade dans son petit lit a baldaquin vert. Le gravedoc- teur, fout de noir vètu, est assis auprès. Il a probable- ment consulfé déjü un vase mystérieux, pose sur une chaise devant la couchette, vase en métal, selon la mode du pays; cependant il n'a pas Fair très-sür de son affaire. Que nc regarde-t-il un grand tableau pendu au fond contre le mur : des Centaures enlevant des femmes'! Quel sujet de tableau pour une cbambre a coueher de petite lille! Une femme, la mère sans doute, présente un verre
de vin; les femmes ont toujours de bonnes idees. Ce verre de vin aidera peut-être a sauver la Malade d'a- moiir : on appelle quelquefois ainsi eet excellent ta- bleau. Derriere la femme, une table a tapis turc, et dans lc fond a droite, une porte cintrée et deux petits chiens. La signature est en toutcs lettres, sans date. Le
panueau a 2 pieds de haut sur 1 pied 7 pouces. Il provient des célèbres collections Lormicr et Braani- camp. A la vente Lormier, 1763, il fut payé 460 flo- rins; a la vente Braamcamp, 1771, 310 florins seu- lemcnt. Leshauts prix de Jan Steen ne datent que du dix-huitième siècle, comme on sait. L'autre Srè/ie de médedn, faisant presque pen-
dant comme dimension, est moins inquiétante. La 1 Smilh dit a lort: L'Enlèvement des Sabines.
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258 MUSÉE DE LA
fillette, en corsage bleu, bordé d'hermine, est assise
dans une chaise et abandonne son poignet délicat au docteur, petit homme maigre et décidé. Derriére elle, une servante en jupon jatuie; et au second plan, a droitc, une vieille femme atcronpie devant la che- minée. En avant, un petit épagneul couché sur un coussin bleu. Le lit, a baldaquin rougeatre, est au fond. Sur la gauchc, une table. Signé aussi du nom, et sans date. Ces deux tableaux, très-distingués, sont gravés
dans le Musée francais. |
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Philips Wouwerman.—Nous avons rencontre temt
a 1'heure une assez grande composition allégorique de Metsu; on voit aussi au muséc de La Haye la plus grande toile qu'ait peinte Philips Wouwerman; une Batai/le, de 8 pieds de largc et de plus de 4 pieds de haut! Au milieu, groupc principal de cavaliers attaquant
et défendant un pont; on y remarque un trompette qui sonne la charge, un personnage en pourpoint écarlate, sur un cheval gris; ces figures du premier plan ont environ 8 pouces de proportion; c'est trop pour. Wouwerman; on le retrouve mieux, avec ses fines qualités, dans les groupes semés a droite et a gauche sur des plans plus reculés. En bas est le doublé monogramme du prénom et
du nom, Point de date : le maitre n'en mettait pres- |
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PHILIPS WOUWERMAN. 259
que jamais '; on peut supposer néanmoins que cetle
flasque peinture doit être de la periode transitoire entre sa première et sa seconde maniere, oü il em- ployait souvent des tons bruns un peu lourds. Sans doute il y a du mouvement, de la variété, beaucoup d'adresse, mais une incontestable débilité dans Ie dessin et la charpente de ces hommes et de ces che- vaux d'une proportion inaccoutumée. Van Huchten- burgh a fait aussi bien. Cette ambition d'élargir leurs toiles et de risquer
la grande peinturc, a tourmenté un moment tous ces délicats traducteurs de la nature en petit. Excepté Adriaan van Ostadc et Adriaan Brouwer, il n'y en a pas un pcut-ètre, depuis Gerard Dov jusqu'a van der Werff, qui n'ait tenté quelques essais de ce genre; mais il n'y en a pas un qui ait su y conserver des qua- lités estimables. Quand Ie plus vaillant des ciselcurs modernes,
Benvenuto Cellini, a voulu modeier des statues mo— numentalcs, il a perdu aussi sa supériorité; et pour- tant il s'élevait au plus haut style dans 1'exécution d'un bijou. La moindre de ses figurines sur une petite coupe vaut mieux que son Persé e. C'est précisément Ie style, j'entends la recherche
de la beauté, qui manque aux petits maitres hollan- |
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1 Smith ne cite que 3 tabloaux dates, sur 522 que contient
son catalogue; un de la première maniere, 1646, et deux de la dernière,1657et 1660. |
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KUNSTHISTORISCH INüTH UU^
[DER RIJKPUNIVERSITEITUTRECI |
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200 MUSÉE DE LA HAVE.
dais. Une figure simplement naïve et prise de la vic
vulgaire ne vaut pas la peine qu'on la dresse de toute sa taille sur un piédestal. Elle paraitrait d'ailleurs loujours petite, quelle que fut sa grosseur physique. Le style seul grandit les images, et les artistes doués de cette rare faculté n'ont point a se préoccuper de la dimension matérielle deleurs oeuvres. La grande Bataille de Wouwerman n'en a pas
moins de chauds admirateurs, et le musée de La Haye la compte comme un de ses trésors. II possède, en outre, huit autres Wouwerman, dont plusieurs de premiere qualité. Deux pendants célèbres et qui méritent leur célé-
brité : VArrivée d l'hótellerie et la Sortie de l'hótel- lerie. 2 pieds de large environ sur 1 pied 1/2 de haut. Compositions très-riches, représentant des in- terieurs de remise, avcc quantité de chevaux de toute couleur, les uns montés par des gentlemen, ou des ladies, ou des jockeys, d'autrcs qui mangent, d'au- tresqui sont couchés, d'autres qui secabrent; avec des chèvres qui jouent, des coqs qui se battent, etc.; tous episodes vivement et spirituellement traites. Wouwerman est la chez lui, et incomparable. Un paysage plus célèbre encore et qu'on appelle
le Chariot de foin. La galerie de Buckingbam Pa- . lace possède un sujet analogue, mais d'une qualité bien supérieure. Ici, un large canal oecupe une partie du panneau. En avant, a droite, une femme avec un petit gargon, une charrette a un cheval, conduite par |
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PHILIPS WOUWERMAN. 261
un paysan; au bord de 1'eau, une charrette de foin,
attelée de deux chevaux, et un hommc a cheval, avec une femme en croupe; plus loin, des hommes qui chargent du foin sur des bateaux. Collection Buyten, Delft, 1748, CIO florins. Haut. 1 pied 3 pou- ces ; larg. 1 pied 0 pouces. Gravé dans Ie Musée francais. Un beau « Manege on plcine campagne, avec un
carrosse attelé de six chevaux. » Un cavalier, vu de dos, exerce son cheval au manege. Au premier plan, a gauche, un gentilhomme debout, appuyé sur une canne, Ie regarde; derriére lui, son chevn.1 est tcnu par un page. Toile largo de 2 pieds S pouces, et haute de 2 pieds. Également gravé dans Ie Musée francais. Une Portie de rhassc, groupe de chasseurs qui ar-
rivent a un chateau; un d'eux, descendu de son cheval qui se cabre, présente un verre de vin a xin cavalier, sur cheval gris de fer, vu de croupe; un autre fait boire son cheval a une fontainc oü hoivent deux chienstenus en laisse par un jeune valet; une elegante chasseresse est montée sur un cheval mar- ron. Paysage très-boisé et très-pittoresquc. Gravé par Wachsmuth. Environ 1 pied 1/2 de haut sur 2 pieds de large. Un excellent petit « Paysage avec plusieurs che-
vaux. » Les chevaux et les figures sont d'nne finesse charmante. Le panneau n'a guère que 1 pied de haut. Toujours gravé dans le Musée. francais. |
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262 MUSÉE DE LA HAYE.
Enfin, un Camp, et des Paysans d picd et d che-
val, tableaux assez faibles et sans importance. Rien de Pieter Wouwerman, mais de van Huch-
tenburgh, élève de Philips, deux bons Combats de cavalerie, et Ie prince Eugène de Savoie d cheval, entnuré de guerriers. Bebchem. — Berchem a fait pirc que Wouwer-
man dans sa grande Bataille : il a osé peindre « un paysage italien avec des animaux et des figures de grandeur naturelle. » Toilc de 6 picds 6 pouces de haut sur 8 pieds 6 pouces de largc! C'était peut-être Ie Taureau de Paul Potter qui 1'empêchait de dor- mir; ou peut-être une mauvaise suggestion de la Bande académique de Rome. Toujours est-il qu'il n'a jamais recommencé, et que Ie tableau de La Haye est Ie seul Berchem avec des animaux grands comme nature. C'est une sorte de pastorale qu'il a voulu faire,
sous 1'influence de je ne sais quels maitres italiens. Il n'avait alors que vingt-quatre ans, car la peinture est datée de 1648, un an après Ie Taureau de Paul Potter, et il était tout frais débarqué dans « la ville éternelle. » Bien savant déja, ce tableau Ie prouve malgré 1'impuissance de 1'effet général. Non-seulement les personnages sont de grandeur
naturelle, mais ils sont presque nus, autre ambition académique. Les figures nues exigent plus de style et de beauté que les bonshommes couverts d'une |
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BERCHEM. 263
peau de mouton. C'est égal, Berchem a dessiné son
berger dcmi-nu et couronné de pamprcs, comme un compagnon de Bacchus dans les Bacchanales du ïi- tien. Sa bergere, assise a droite, a aussi Ie torse nu, et tient cndormi sur sa jupe bleue son enfant tout nu, comme un saint bambino de Raphaël. Mais on pense bien qu'il n'y a point a chercher la dedans Ie style des grands maitres italiens. On y trouverait tout au plus Ie froid Sassoferrato. Une vache rouge est couchée, un peu en raccourci,
heureusement. Ajoutez un ane, une chèvre, une bre- bis. Tout cela dans un paysage italien, avec des ar- bres et des broussailles. Ce curieux tableau a été payé 6,000 tlorins a la vente Gevers, a Rotterdam, en 1827. Les autres tableaux de Berchem au musée de La
Haye sont également assez étranges dans son oeuvre, — sauf un Paysage italien (signé et date 1661), de sa maniere habituelle, avec un fond de ruines, et des personnages et des animaux qui traversent un gué; une femme en caraco bleu et manteaii jaune, sur un cheval brun, un paysanqui cause avec elle, un petit patre suivi de son chien, une vache fauve et une chèvre; — car nous avons un Combat de cavalerie dans un dé file de montagne et une Chasse au san- glier. Le Combat est un tableau d'importance, sur toile
haute de 3 pieds, avec d'innombrables figures dis— tribuées en plusieurs groupes. On se bat furieuse- |
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2G4 MUSÉE DE LA HAYE.
ment autour dun convoi de waggons et dans tous les
ravins de 1'étroit passage. Des hommes et des che- vaux gisent sur Ie sol. La confusion est extreme. La terrible Bataille des Cimbrcs, de M. Decamps, ne donrie pas mieux 1'iniage d'une mèlée. — Collection de la baronne Thoms, Leyde, 1816, 7,010 llorins. La Chasse au sanglier, peinte « dans la pluslibrc
et la plus parfaite maniere de 1'iirtiste, » est datée 1659. Beaucoup de chasseurs a cheval et a pied, une femme sur un cheval blanc, un homme sur un che- val bai violacé; des chiens a la poursuite de sangliers; un cerf tué, au premier plan. Les petites figures ont la finesse et 1'élégance de celles de Wouwerman. La toile a un peu plus de 2 pieds de large. Des élèves de Berchem nous trouvons: Soolmaker,
un paysage, oü il a cxagéré les défauts de son maitre, Ie tapotage de la touche et 1'éparpillement de la lu- mière; — Jan Glauber, dit Polidor, un Paysage en Arcadie, avec des figures de son ami Gerard de Lai- resse, dont nous avons aussi un Achille reconnu par Ulysse, personnages mi-nature, oeuvre pitoyable;— et Karel du Jardin. Les deux tableaux de Karel ne sont pas extraordi-
naires. L'un, date 1673, représente une Cascade en Italië; au bord de 1'eau, des pêcheurs tirent un filet; sur la berge, un homme a cheval conduit un ïuie rétif; collection Lindert de Neufville, 1765, 805 flc- rins; — 1'autre, plus petit, montre une Bergere qui fde en gardant son troupeau; pres d'elle, un ane |
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ADRIAAN VAN DE VELDE. 205
eouché, un chien, et, un pcu en arrière, un bceuf
blanc qui se frottc contre un tronc d'arbre. Collection Wierman, Amsterdam, 1762, 325 florins. Ces deux tableaux sont gravés dans Ie Musée francais. |
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Adbiaan van dk Velde. — Adriaan van de Velde
n'a que deux tableaux, non plus, au musée de La Haye, inais ee sont deux chefs-d'oeuvre, deux petits bijonx de la plus adorable qualité. Vue du rivage de Scheveningue. Sur la plage de
sable, a gauche, devant une sorte d'appentis en per- ches et en chaume, groupe de neuf figurines : un vieux marin en chapeau, un autre marin en bonnet rouge, une femme et une petite iille, avec leur chien eouché a leurs pieds, une femme accroupie, un homme qui se repose, un marin en grandes bottcs et bonnet rouge, jouant avec un chien, deux petits gar- cons dont 1'un porte 1'autre. C'est Ie premier plan, avec une charrette et deux chevaux, sur la droite. La plage est nue partout, la mer très-basse;
assez loin, au bord du flot, on apercoit une voiture a quatre chevaux, suivie d'un petit cavalier, ües bar- ques microscopiques flottent sur la mer tranquille. Signé, au pied del'appcntis : A. V. Velde. Sur bois. II. 1 pied 2 pouces, L. 1 pied 5 pouces. « Petite perle d'art, dit Smith, extrèmement inte-
ressante par 1'admirable vérité de la perspecthe aérienne et les teintes locales de la couleur. » Lorsque 53
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266 MUSÉE DE LA HAVE.
cette perle était au Musée francais, oü elle a été gra-
vée par Huik, elle devait briller même a cóté de 1'autre ehef-d'oeuvre (ri° 536 du Louvre), qui repré- sente aussi la plage de Schcveningen. Des bestiaux dans un paysage. « Encore une
pcrle de la plus précieuse qualité. » Paturage en avant d'un bois. Au premier plan, a droite, un chêne, derriére lequel s'avance de profil, en hennissant, un beau petit cheval gris souris, singulièrement coupé en deux par Ie tronc du chène, la tête paraissant d'un cöté, la croupe de 1'autre. Adriaan s'est amuse a répéter cette fantaisie dans plusieurs de ses ta- bleaux, notamment dans un chef-d'oeuvre conservé a Buckingham Palace et dans une autre peinture qui a été en France, chez M. de Morny, sauf erreur. Au pied du chène, deux moutons et une vache cou-
leur chamois, couchée, la tète de face. A gauche, une vache qui pait et des moutons; et sur une émi- nence, au second plan, Ie patre assis pres de sa ber- gere, qui allaite un baby; derriére eux, Ie reste du troupeau. Vers Ie milieu de la prairie, une percée s'ouvre
dans Ie bois, et sur cette douce lumièrc se modèle un petit chevreau blanc, debout et de profil. C'est exquis de couleur. - " Tout cela est en miniature, car Ie panneau n'a pas
1 pied de haut. On aimerait mieux avoir ces deux pclits van de
Yclde que Ie Taureau de Paul Potter, la Vaclie de |
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LES PAYSAGISTES. 267
Berchem, la Justice de Metsu et la Bataille de
Wouwerman. » Nous trouvons encore Adriaan chez ses amis van
der Heijden et van der Hagen. Le van der Heijden, signé, représente l'Intérieur
d'une ville, probablement Anvers selon le catalogue, Dusseldorf selon Smith, mais cc n'est point Anvers, et je nc crois pas non plus que ce soit Dusseldori'. Flamands ou A] Iemands, ou Hollandais, les petits personnages dispersés dans cette villc anonyme sonl délicieux. Des deux van der Hagen, 1'un, Vue en Gueldre,
est très-vrai et très-bon; 1'autre, le Rijnport d Arnhem, est un peu froid. Sinion van der Does, absent au Louvre, est le seul
élève d'Adriaan van de Yelde, dont le musée de La Haye ait un tableau, peinture grossière, molle, com- mune : wie Bergere avec des moutons. Van der Does est quelquefois très-fin et très-lumineux, dans une harmonie qui se rapproche de celle de son inaitre. Les paysagistes. — Débarrassons-nous d'abord
des pseudo-Italiens. Poelenburg a deux petits paysages, 1'un avec des
ruines, 1'autre avec des baigneuses. Bartholome Breemberg, son élève, — son maitre, suivant le ca- talogue, quoique Breemberg soit né en i 620 et Poe- lenburg en 1586, — un paysage, insignifiant. On peut classer après Breemberg, a qui il ressemble |
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208 MUSÉE DE LA HAVE.
quelquefois, Jacob van der Ulft, qui peut-être n'a
jamais étó en Italië, mais a pastiche dans ses tableaux des gravures de villes et de sites italiens. Il a aussi un paysage, « avec edifices et un corps d'armée en marche,» très-important pour lui. Vient ensuite Ie groupe qui se rattache a Claude
Lorrain : Swareveld, un grand paysage; Jan Both, deux tableaux; et de Ilcusch, deux pctits paysages, asscz distingués. Les deux Both sont de la plus belle qualité. Le
grand surtout doit être compté comme un chef- d'oeuvre. Il a été payé 5,610 florins a la vente de la baronne Thoms en 1816. La toile a 4 pieds de large sur 3 pieds S pouces de haut. G'est un soir d'été, dans la campagne italiennc.
Des collines et de petits vallons, de l'eau, des groupes d'arbres élégants. A gauche, unc route sur laquelle s'avancent un muietier conduisant sa mule chargé-, unvoyageur en vêtementrouge, et plus loin un troi- sième homme sur une mule. Signé J. Both, le J formé sur le premier jambagc de B. Dans 1'autre petit paysage, la signature ne porte
que le nom sans 1'initiale du prénom. Adam Pijnacker a sa maniere a part, très-caracté-
risée par des contrastes d'ombres et de lumieres un
peu trop métalliqucs. Nous avons de lui un grand
' paysage, adroitement peint, d'une brosse aiguë et in-
cisive comme la pointe d'un graveur a 1'eau-forte.
Lingelbach, ce maïtre complexe, Allemand de
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LES PAYSAGISTES. 20!)
naissance, Italien souvent par Ie style, quelquefois
Hollandais par la pratique, est bon a étudier au mu- sée de La Haye; car on y voit de lui quatre tableaux, de genre et d'exécution dissemblables : un Port de mer en Italië, avec de grandcs figures, assez mau- vaises; signé I. Lingelbach, 1670; la mème année quö Ie Marché aux herbes, a Rome (n° 270 du Louvre); doublé date qui prouve, en passant, que Lingelbach a séjournó a Rome dans son age mtir, après y avoir étudié dans sa jcunesse; — Ie Dèpart de Charles II de Scheveningen pour 1'Angleterre, en 1660; composition très-riche, très-habile, très-lumi- neuse; — un Pay sage avec un chariot de foin, dans la maniere de Philips Wouwerman;— et une Marche de cavalerie, oü les petites figures sont excellentes et ne trahissent 1'imitation d'aucun autre maitre. En outre, Lingelbach a peint les personnages dans
Ie paysage de Philip Koninck, déja cité, dans deux bons paysages de Moueheron et dans un grand pay- sage de \\ ijnants. Des paysagistes demeurés purs Hollandais, Ie plus
ancien au musée de La Haye est Wijnants, qui ouvre la grande periode du xvnc siècle; il a deux paysages très-reniarquables; 1'un, signé et date 1659; les fi- gures seraient, suivant Smith, delIeltStockade; 1'au- tre—c'est celui dont Lingelbach a fait les figures — porte, avec Ie nom en toutcs lettres : J. Wijnants f., la date authentique 1673, renseignement précieux pour la biographie de 1'artiste, dont la date de mort 23.
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270 MUSÉE DE LA HAYE.
est assez vague. Le musée de La Haye lui-même,
qui possède ce tableau date 1675, inscrit que Wij nants est mort en 1670 ! Ce grand paysage sert aussi a constater la dernière
maniere de Wijnants, plus large et moins line de dé- tail que ses manières précédentes. De Cuijp le musée de La Haye n'a qu'un seul ta-
bleau : Vue aux environs de Dordrecht. A gauchc, un cavalier, de face, sur un cheval bai. Il est coiffé d'une toque noire a plumes rouges. Un pècheur, en bottes fortes, lui offre du poisson. A droite, un épa- gneul couché. Au second plan, des pêcheurs, un cheval noir, et, de 1'autre cöté d'un canal, une maison. Les deux figures principales ont envirun 1 pied de haut. Belle peinture, un peu brusque ce- pcndant. Les trois Ruijsdael sont extrèmement originaux.
Le plus singulier, qui rappelle beaucoup le style
de Philip Koninck et de Rembrandt, est catalogué par cette phrase : «.Du cótó d'Overveen on voit dans le lointain la ville de Haarlem. » Cette vue est prisc, a vol d'oiseau, d'un point élevé. Au premier plan, une prairie plate et rase oü sont étalées, sur 1'herbe, de longues bandes d'étoffe blanche. Les maisons de la blanchisserie se groupent un peu a gauche. Au dela, 1'oeil se perd sur une campagne unie, presque sans arbres et sans habitations, jusqu'a la ligne du ciel. La ville et un clocher de Haarlem se discernent a peine, bien loin, bien loin, al'horizon, Et ces lieues |
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LES PAYSAG1STES. 271
de pays sont représentées sur une pctite toile haute
de 1 pied 8 pouces! Signé a droite : Ruisdael, Ie premier jambage de
1'R formant aussi un grand J et un petit v (Jacob van Ruisdael). A la vente Gerrit Muller, Amsterdam 1827, ce chef-d'ceuvre a été payé 6,700 florins. « Rien de plus parfait n'cst jamais sorti du pin-
ceau du maitre, » dit Smith. En effet, outre la soli- dité des terrains, frappés de coups de soleil en certains endroits, la perspective aérienne et Ie ciel, mélange de gris de fer et de gris d'argent, sont des prodiges. Lc seeond Ruijsdacl, intitulé un ltivage, n'est
guère moins étrange. Il represente la cóte de Sche- veningen, par une fraiche brise, avec des nuages qui annoncent un grain. G'cst dans ces caprices de la na- ture que Ruijsdael montre sa poésie. Lc trouble des élétnents surexcite ses qualités vigoureuses. La Tem- pête du Louvre (n° 471) en est un exemple. lei nous avons a la fois une marine et un paysagc;
les dunes de sable, a droite, et sur la gauche, de pe- tites barques a flot. La plage est animée par beaucoup de petites tigures, hommes et femmes qui se promè- nent, ou font n'importe quoi. Je nc saurais dire 1'au- teur de ces excellentes figurincs; peut-être Storck. La toile a environ 2 pieds de large. Vendu 1,165 flo- rins, en 1808, a la vente van der Pot. Une Cascade! Ruijsdael en a peint beaucoup, mais
celle-ci est d'un ton particulier, assez rapproché des verts glauques de Hobbema. L'eau tombe, rebondit, |
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272 MUSÉE DE LA HAYE.
mousse, scintille, en avant. A gauche, un fond de
forêt; adroite, un coteau surmonté d'un édiflce. Beau ciel orageux. Haut. 2 pieds 3 pouces; larg. 1 pied 9 pouces. A cóté de son compère Ruijsdael, Hobbema man-
que toujours! Mais voici un grand peintre, dont la biographie
n'est pas plus connue que celle de lTobbema, et dont les ccuvres sont encore bien plus rares. On sait seu- lement qu'il est né a Delft vers 1632, et c'est pour- quoi, afin de lc distinguer de ses homonymes, on 1'appelle van der Meer de Delft [Delfsche van der Meer). Suivant Immerzeel, son véritable nom serait Jan Vermeer et il aurait été élève de Karel Fabrieius. Il n'y a aucune preuve de cela, qui d'ailleurs signi- fierait peu, et il faut laisser ce Delfsche van der Meer parmi les « illustres inconnus. » Ou trouver de ses tableaux, pourle connaitre en
1'étudiant? C'est seulement chez M. Six van Ilille- gom, dans deux tableaux très-difïërcnts, une Vue dintèrieur de ville hollandaise, et une figurc de Femme, découpée sur un lambris pïile, qu'on peut avoir une idee de eet artiste bizarre. Il manie lapate comme Rembrandt; il fait jouer la lumière comme Pïctcr de Hooch, qu'il imite un peu; il a aussi quelque chose d'Aalbert Cuijp; et il tourne ses personnages avec une certaine violence, très-partieulière et très- fantnsque. Dans Ie tableau de La Ilayc, Vue de la ville de
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I.ES PAYSAGISTES. 273
Delft, du cuté du canal, il a poussé les empatements
a une exagération qu'on rencontre parfois aujour- d'huichez M. Decamps. On dirait qu'il a voulu batir sa ville avec une truelle, et scs mnrs sont de vrai mortier. Trop esttrop. Rembrandt n'est jamais tombe dans ces exces. S'il empate les clairs quand un vif rayon fait jaillir une forme, il est sobrc dans les demi- teintes, et il obtient la profbndcur des ombres par de simples et légers frottis. La Vue de Delft, malgré cette maeonnerie, est
pourtant une peinture magistrale et tont a fait sur- prenante pour les amateurs a qui van der Meer n'est pas familier'. Elle a été payéc 2,900 ilorins a la vente Stinstra, en 1822. 1 « ... Jan van der Meer, quo je ne connaissais que de
nom... Cela est peint avec une vigueur, une solidité, une fer- meté d'empatement, très-rarcs chez les paysagistes hollan- dais... Van der Meer est un rude peintre, qui procédé par teintes plates largement appliquécs, rehatissées en épaisseur; il a du visiter 1'Italie. C'est un Canaletto exagéré. » — (M. Du- camp, Revue de Paris, \" oct. 18b7.) — Je crois que M. Du- camp se trompe, et que van der Meer de Delft n'a jamais étó en Italië. On ne devine guère non plus quelle est 1'analogie qu'on peut trouver a ce rude Hollandais avec Canaletto, soit danslestyle, soit dans 1'exécution. M. Théophile Gautier n'a pas été moins frappe que M. Du-
camp de ce tableau du musée de La Haye, et il en fait grand éloge dans ses articles, déja cités, du Moniteur (juin 1858) : « Van Meer (sic) peint au premier coup avec une force, une justesse et une intimité de ton incroyables...La magie du dio- rama est atteinte sans artifice. |
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274 MUSÉE DE LA HAVE.
Les marinistes. — Qui Ie croirait! nous n'avons
pas au musée de La Haye une douzaine de tableaux de marine. Deux Willem van de Velde seulement, trois Backhuizen, deux Abraham Storck; et puis ? une Vue de l'Amstel a Amsterdam, n'ayant d'autre va- leur que de rappeler l'aspect de la ville dans la se- conde moitié du xvm* siècle, par Torenburg, né vers 1737 et mort vers 1786. C'est tout, avec les deux ou trois plages de Scheveningen, peintes par des paysa- gistes, et Ie Port italien, deLingelbach. Encore les deux marines de Storck ne sont-elles pas des exem- plaires sur lesquels on puisse apprécier ce maitre habile. Restent donc Willem et Ludolf, qui sont d'aillcurs les premiers types de Fécole hollandaise dans cettc spécialité. Les deux tableaux de Willem van de Yeldc ont la
même dimension, 2 pieds 2 pouces de haut sur 2 pieds 6 pouces de large, et se font pendant. lis ont passé tous deux dans une vente anonyme a Amster- dam en 1765, oü 1'nn a été payé 1,310 florins, 1'autre 930 florins. Tous deux, ayant été emportés par les guerriers francais, ont été gravés dans Ie Musée Napoléon. Véritables compagnons,—comme dit Ie mot anglais, pour pendants, — et insépa- rables. Deux perles pures et brillantes, au ju ge- ment de Smith. Très-pures en effet; diamants de la plus belle eau, limpides, et, malgré leur trans- parence lumineuse, iaattaqués jusqu'ici par 1'air, Ie soleil ou 1'humidité, ni par les agents les plus cor- |
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LES MAIUNISTES. 278
rosifs de la peinture, les restaurateurs et barbouil-
leurs patentés. lis représentent la mer calme, avec des navires de
tout calibre et de toute forme, depuis Ie vaisseau de guerre jusqu'au pctit bateau de pêcheur, et quantité de personnages de toute classe qui se reniuent sur les embarcations. Le n° 165 est signé a droite, au pre- mier plan : ~-, Je n'ai pas trouvé la signature de 1'autre. Les trois Backlmizen sont aussi de premier rang
dans son oeuvre; ce qui ne doit cmpêcher personne de dire ce qu'il en pense. —Le Chantier de'la ci- devant Compagnie des Indes orientalcs a Amster- dam est exécrable, a mon gout. — La Marine par un gros temps est froide et faible, quoique Smith en vante 1'cxécution (an admirable performance); elle est signée sur une barque : Bakhuis (sic). — Le Be tour du roi Gvillaume III d'Angleterre a Maas- sluis, en 1691, ne peut pas compter comme une ma- rine ; toute 1'importance est pour les personnages qui viennent de debarquer. Guillaumc, en costume d'ap- parat, sur un cheval gris qui caracole, est accompa- gné du duc d'Albemarie et] d'un eortége de gentils- hommes et de soldats; une députation de la ville s'avanee pour le recevoir; il y a encore, sur le quai, beaucoup d'autres figures bètement peintes. Mauvais ciel. Tableau très-cher ccpendant a cause du sujet, et mème très-admiré par une certaine classe d'ama- teurs. |
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270 MUSÉE DE LA HAYK.
Les peintres d'arciiitectube. — Cette categorie
n'est pas brillante non plus. Après Hendrik van Steenwijk Ie vieux, des Bdtiments avec figures, — van Bassen, mie Eglise cat/toliqite, — van Vliet, la Vieille étjlise d Delft, — on ne trouve que deux maitres dignes d'attention : Hoekgeest, dont on sait peu de chose, et Dirk van Deelen. Hoekgeest a beaucoup d'analogie avec Emmanuel
de "SVitie, et dans ses excellentes ügurines il rappelle quelqueibis Aalbert Cuijp. Scs deux tableaux offrent l'Intérieur de l'Église neme a Delft, 1'un avec Ie tombeau des princes d'Orange, 1'autre pris d'un point de vue différent, et signé d'un monogramme (II, Ie D accolé a rebours au premier janibage de 1'H, avec la date 1631. Le van Deelen est extrèmement curieux : il repré-
sente « la Salie du Binnenhof d La Haye, pendant la dernière grande assemblee des États en 1651. >> II a, de plus, eet intérêt, que les nombreuses figures ont été peintcs par Palamedes. C'est la seule fois qu'on rencontre dans les musées publics de la Ilollande eet excellent peintre, aussi original qu'il est rare. A la vérité, on lui attribue en tous pays quantité de ta- bleaux vulgaires, exécutés après lui ou autour de lui pardesimitateurs. Dans les galeries parüculières, en Hollande, je ne connais qu'un autre Palamedes, chez Ie baron Steingracht. Le musée du Louvre n'en a point. Lc musée de Bruxelles en a un. Les musées d'Allemagne en ont peut-ètre une douzaine. |
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LES PEhNTRES D'ARCHITECTURE. 277
Mais qucl est cc Palamedes ' ? De qui est-il élève ?
Y a-t-il plusieurs Palamedes ? Sont-ils de la mème familie? Celui qui a fait les portraits en buste de grandeur naturelle, dans la maniere de Cuijp, est—il Ie même que 1'auteur des petits tableaus: d'intérieur, aveede svcltes et élégantcs figurines en pied, conver- sations de gentlemen et de ladies, qui jouent ou qui boivent? Est-cc lui qui a fait également les scènes de I Sans douto Descamps et ses copistes ne sont pas embar-
rassés pour donner — d'après Houbraken que Descamps a copié — quelque petite biographiede Palamedes, ou même de plusieurs Palamedes. Ce qui n'empêche pas que 1'individualité de ces peinlres soit ordinairement confondue. Pour les Pala- medes, comme pour la plupart des maitres hollandais, c'est dansleursffiuvresqu'il faut les étudier; c'est par leurs ceuvres qu'il faut refaire leur biograpliie, et non pas en stéréotypant loujours de premières notcs erronées. Qui veut étudier sérieusement 1'ccole hollandaise doit com-
mencer par laisser la Descamps et tous les livres francais. Il n'y a pas, a ma connaissance, de livres francais qui puissent servir a 1'histoire des maitres lioliandais. II faut écarter aussi Houbraken, source première de toutes
les erreurs, de tous les contes, de toutes les calomnies. D'Im- merzeel il faut se défier, car il a pris partout les éléments do son Dictionnaire, et il ne connait ricn aux oeuvres des maitres. Reste en hollandais 1'Histoire publiée par MM. van der Eynden et van der Willigen (Haarlem 1816), etbeaucoup de savantes monographies. C'est a cetteHistoiresurtoutque lescompilateursallemands,
tels que Nagler, Rathgeber, etc, ont emprunté leurs maté- riaux. Ces compilations horculéennes sont encore — et il n'en pouvait être autrement — remplies d'erreurs. Mais il y a un 24
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278 MUSÉE DE LA HAYK.
soldatesque, intérieurs de corps de garde, oü l'on
joue, oü l'on fume, oü l'on se disputc ? Est-ce cncore Ie même qui a fait les petitcs batailles de cavaliers? Il est certain d'abord qu'il y a Anton Palamedes, surnommó Stevens, nc a Delft en 1604, mort en 1680. Le portrait d'homme du musée de Braxelles (n° 151) est de lui et porte une belle signature au- auteur allemand qui est très-instructif sur les Hollandais (je
ne parle ici que de la grande école du dix-septième siècle); c'est M. Waagen, dans ses Kunsliverke, etc, et dans ses Treasures of art, etc.,parcequoM. Waagen atout vu par lui- même, et qu'il est un des premiers connaisseurs en peinture. Les livres anglais sont excellents en général, et il n'y en a
pas un oü l'on n'apprenne quelque chose. Cela encore parce les Anglais qui écrivent sur les arts étudient les ceuvres des artistes plus que les vieux papiers. Smith, par exemple, est un véritable trésor sur les maitres dont il a fait les catalogues, et de tous les livres sur 1'écolo hollandaise son livre est le meilleur incomparablement. Ce serait rendre service a 1'histoire de 1'art, que de former,
a cöté de chaque musée, comme 1'a souvent proposé le biblio- phile Jacob, une bibliothèque spéciale oü fussent réunis les livres, brochures, revues et journaux, — en toule langue, — contenant des documents relatifs aux arts. Une telle bibliothèque devrait avoir un cataloguo raisonné, qui füt a la disposition des lecteurs et qui les renseignat sur le contenu des ouvrages. On sait combien il est difficilo d'obtenir, dans les bibliothèques universelles, la communication des livres spéciaux, et encore faut-il déja être assez initié a la bibliograpliie pour indiquer le livre dont on a besoin. Le Louvre devrait donner 1'excmple de cette institution et ouvrir aux artistes et aux gens de lettres une salie de lecture annexée a la galerie de tableaux. |
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LES PEINTRES D'AHCHITECTURE. 279
thentique: «Mtatis 40 (c'estl'ège du pcrsonnage).
A° 1650. A. Palamedes pinxit.» De lui aussi est un buste de jeune fille, signó A. Palamt:i, au musée de Berlin (n° 741). Voila notre peintre de portraits, lc- quel est un peu influencé, en cc genrc-la, par Aalbcrt Cuijp. — Le musée de Francfort-sur-Mein possèdc (n° 225) une Société joyeuse, signée : A. Palamedes, et la galerie du palais Lazienki, a Varsovie, un Trom- pette hollandais (n° 26), signé : A. Palamedes 1654. Voiliï donc Anton Palamedes peintre de scènes fami- lie res. De lui encore paraisscnt être, au musée de Berlin
(n° 817), une Scène de soldats dans une maison de pai/sans, signée, cette fois : A. G. Palamedes, et un Combat de cavalerie et d'infanterie (n° 982), avec la signature : Palamedess, 1680. Anton Palamedes au- rait donc eu un autrc prénom commencant par G ; il doublait donc quelquefois I's final de son nom, indi- quant par eet s, équivalent a z, que Palamedes est aussi le nom de son père (Palamedeszoon, fils de Pa- lamedes), et il aurait donc peint des scènes de sol- datesque et des bataillcs ? D'habitude, cependant, on applique le nom ccrit
Palamedess, ou Palainedesz, a un frère d'Anton. Les catalogues de Vienne et de Munich supposent que cc Stevens Palamedesz, né a Londres, eu 1607 suivant Dcscamps, et mort dans la mème ville en 1638, au- rait été élève d'Esaias van de Velde; M. Waagen, dans le cataloguc de Berlin, le dit « élève de son père |
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280 MISÉE DE LA HAYE.
Palamcdes. » Le père Palamedes, premier du nom.
était artiste, en effet, excellent eiseleur, et fut attiré en Angleterre, sous Jacques I", sans doute de 1604 a 1607, entre les dates de naissance de ses deux fils. Lc Palamedes III, dit Stevens Palamedcsz, a fait
des Batailles aux musécs de Vicnne, de Dresdc et de Munich; cellc de Yienne est signéc : P. Pallemedes, A. 1638'. Quoi qu'il en soit de tont ccla, qui n'est pas abso-
lument clair, les figures, dans le tableau du inusée de La Haye, sont d'Anton Palamcdes, le vrai et le bon. Il fut donc ami de van Deelen, lequel était élève de Frans Hals, chez qui probablcment Palamedes, comme son style, son exécution et sa couleur sem- blent 1'indiquer, doitanssi avoir étudié. Peintres d'oiseux et d'animaijx. — Melchior
de Hondecocter est superbe, en son genre, au musée de La Hayc comme au musée d'Amsterdam. Il a ici quatre tableaus : la Menagerie de Guillaume III, au Loo, chateau royal, pres de La Ilaye, avce des ani- 1 Slevens Palamedesz ost porté, dans lo catalogue de la
calerie Eszterhazv a Vienne, comme auteur d'un tableau re- présentant la Mort de Gustave-Adolphe.—Voir sur les Pa- lamedes 1'Histoire de van Eynden et van der Willigen, les Annales de Rathgeber, etc. — Dans le Dictionnaire de M. Siret, on trouve:« Antoine Palamede Stevens, frère de Palamedn, fut admis en 1636 dans la Corporation de Saint-Luc a Delft, et il en fut doyen en 1673. » |
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LES PEINTRES DU XVI' SIÈCLE. 28i
maux et volatiles de toute sorfe ; — Ie Ccrbeau dé-
pouillé des plumes d'autres oiseaux dont il s'était pare; et deux compositions oü s'ébattent des canards et des canetons, des oies et des coqs; Ie caneton sur- tout est Ie triomphe de Ilondecoeter. Jan Weenix, iils de Jan Baptist, n'a pas, d'ordi-
naire, peint la nature vivante. Son Paysage avec un chevreuil et un cygne, qui ne sont point morts, est donc une rareté, outre que 1'cxécution en est large et vigoureuso. Un second tableau de lui représente un Faisan et des groupés de rjibicr mort. LES PEINTRES DE FRUITS ET UE FLEDRS. ---- TOU-
jours les mêmes : Jan Davidsz de Heem, Mignon,
Rachel Iluysch, van Iluijsum; et, de plus, un Vase avec des fleurs, et du Gibier mort, par van Aalst, né a Delft, en 1602, mort dans la même ville, en 1638; inconnu au Louvre. Les deux de 'Heem sont très-bcaux, surtout une
Table avec des fruits et accessoires; 1'autre est un Feston de fleurs et de fruits. D'Abraham Mignon. il n'y a qu'une Corbcille avec des fleurs;—de Rachel, un excellent Bouquet de fleurs, roses, tulipcs, etc, avec papillons et autres insectes; et un second Bou- quet, plus petit; — de van Huijsum, deux pendants. peints surcuivre, Fruits et Fleurs ; aexquisitepro— ductions, » dit Smith. Les peintres du xvie siècle. — Nous avons du
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282 MUSÉE DE LA HAYE.
commencer par la grande génération du xvu" siècle,
qui constitue véritablement 1'ccole hollandaise; il faut donc maintenant revenir un pen en arrière, de- puis Lucas van Lcijden jusqu'a Miereveld. On attribue a Lucas van Lcijden, ou peut-ètre,
ajoute Ie catalogue, a Walter van Assen, qui vécut a Amsterdam en 1517, un tableau original sans aucun doute : « la Fille de Hérodias, ayant la tête de saint Jean-Baptiste sur un plat (n° 83). » Cettc peinture, assez serrée, et d'un caractère mys-
tique, ne ressemble point du tout a Lucas van Leijden; mais ce qu'il y a d'étonnant, c'ost qu'elle porte en haut sur une banderole, avec la date 1524, un mo- nogramme bien visible : I. AA superposés, et un iroisième signe formant unc espècc d'II barre au sommet. Immcrzeel (t. III, p. 273) donne précisé- ment cc monogramme comme étant celui de Jacob Cornelisz ou Cornelisscn, cc qui ne rempèche pas de citer ailleurs la Fille de Hérodias, par Lucas van Leijden. Comment ce monogramme, ou plutot ce pc— lygramme, avec ses deux A, peut faire Cornelisz, on ne sel'explique guèrc; ony trouverait plutót Walter van Assen; mais il aurait du suffire au moins pour faire écarter 1'attribution a Lucas van Leijden. Un chef-d'oeuvre! Portrait d'homme assis devant
une tablc, a mi-corps, de grandeur naturelle, par Antonic Mor, dont lc nom fut italianisé et. espagno- lisé en : Antonio Moro. Cettc peinture est a peu pres de la qualité des beaux portraits exposés a Man- |
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LES PEINTRES DU XVI* SIÈCLE. 283
chestcr ', parmi lesquels était le propre portrait du
maitre. Le catalogue de La Haye inscrit 1512 comme date
de naissance du Moro, et en cela il est plus pres de la véiïté que les biographes qui adoptent la date de 1525; mais il se trompe sur la date de Ia mort — 1568. Du reste, cette date n'est pas comme avecbeau- eoup plus de certitude que la date de naissance. Le catalogue de Paris, qui semble avoir raison, dit : en 1581, a Anvers; le catalogue de Yienne dit : en 1575, a Bruxelks; et dans le catalogue de Berlin, le savant M. Waagen dit: 15822. Au rausée d'Amsterdam, nous avons déja vu un
Massacre des Innocents, par Cornelis van Haarlem (15G2-1638). Lc musée de La Haye possède aussi une composition du même sujet par le mème maitre. On la tient, avec raison je pense, pour le chef-d'ceuvre de ce demi-Italien. Les figures sont de grandeur na- turelle. C'est correctement dessiné, très-savant, très- ambitieux de haut style; mais peut-ètre cependant Cornelis eüt-il mieux fait de rester cbez lui, a Haar-, lem, que d'aller pasticher les Romains et les Flo- rentins. Le Louvre n'a rien de van Haarlem, dont le
nom n'cst pas même cité dans le catalogue de Paris. 1 Voir Trésors d'art, etc, par W. Burger, p. 171 et sui-
vantes. 1 M. Waagen écrit le nom du maftre de Mor: « Schooref,
pour SchooreZ, ou Schoorl. |
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284 MUSÉE DE LA HAYE.
Abraham Bloemaart, son contemporain, préoccupé
comme lui de 1'art étranger, quoiqu'il n'ait jamais été en Italië, mais seulement en France, est 1'auteur d'un grand Festin des dieux et d'un autre tableau; ce n'est pas la peine de s'arrèter a ces insignifiantes peintures. Du plus fécond des portraitistes, de Miereveld, il
n'y a qu'unscul portrait, peint dans sa vieillesse, car il représente Ie prince Frédéric-Henri et sa femme Amélie de Solms; enfin, de Paul Moreelse, élève de Miereveld, il y a deux portraits : Catherine Chris- tine, princesse de Nassau, et une Princesse de Hanau. Divers. — Pour terminer 1'école hollandaise, il
ne reste plus a citer que quatre artistes : Egbert van der Poel, un Clair de lune; — J. de Baan ou de Baen (1633-1702), un portrait du comtc Maurice de Nassau, gouverneur du Brésil, et un portrait du Grand-Pensionnaire de Witt; — Cesar van Ever- dingen et Cornelis Troost. Cesar van Evcrdingcn, frère ainé du célèbre paysa-
giste, n'est guèrc connu. Son tableau du musée de La Have nc manque pas d'une certaine originalité grossière; il représente Diogène cherchant des hommes au marché de Haarlem ; les portraits de la familie du Grand-Pensionnaire Steyn se trouvent panni les personnages de la composition. Toutes ces figures courtes et communes sont assez grotesques. |
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PEINTRES DIVERS. 28o
C. Troost, dont Ie musée d'Amsterdam possèdc Ie
portrait', est très-apprócié par ses compatriotes, qui 1'ont même baptisé Ie Hogarth hollandais; né a Amsterdam en 1697, — un an avant Hogarth, — il mourut en 1750. On lui a fait les honneurs, pour lui tout seul, d'un petit cabinet attenant a la grande salie du Taureau. La sont exposés quinze de ses des- sins a la gouache et au pastei, encadrés et sous verre, lis forment deux séries, 1'une de dix Scènes de co- médics hollandaises; 1'autrc de cinq Scènes d'iine réunion d'amis connus sous Ie nom de Nelri. C'est curieux pour les mceurs et les costumes de la pre- mière moitié du xvme siècle, mais sans valeur aucune comme art. L'esprit comique, Ie wit et Yhumour du caricaturiste anglais n'y sont point. Ce Troost ne prendra jamais rang dans la familie de Hogarth, de Goya, de Gavarni et de Daumicr. La Hollande d'ailleurs était entree, a cette époque,
dans une nouvelle phase. Sa grande histoire et sa glorieuse école n'ont qu'un siècle, celui de 1'indé- pendance et de la liberté, Ie xvne. Au xvm" siècle tout est fini dans les arts et les lettres, aussi bicn que dans la politique; 1'ancienne république hollandaise, qui avait pesé sur les affaires de 1'Europe, qui avait inspiré Rembrandt et Vondel, n'est plus alors qu'une maison de commerce, toujours active et intelligente, mais sans Ie rayonnement du génie. 1 Voir page 171.
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286 MUSÉE DE LA HAYE.
Les Flamands. — Les Flamands sont un peu
mieux ici qu'au musée d'Ainsterdani; encore n'y pa- raissent-ils point a leur avantage, et ils demeurent toujours écrasés par leurs frères et rivaux les Hollan- dais. Ceux-ci, a la vérité, ne font pas belle figure non plus dans les musées d'Anvcrs et de Bruxelles, oü règnent Ilubens, van Dyck et Jordaens, et oü seul Rembrandt se tient victorieuseinent a eöté de ces maitrcs, avec son eclatant portrait de femme a toque rouge, de 1'ancienne galerie de Guillaume II, avec son superbo portrait d'homme, dato 1641, 1'année d'avant la Ronde de raat. Le nom de Hemmelinck (sic) sur Ie catalogue at-
tire d'abord. Mais, quand on a trouvé le tableau, — Descente de croix, — classé avec les Allemands, dans un des pctits salons a droite, on est un pcu désen- chanté. Memling, non assurément. De 1'école des van Eyck, saus doutc. Asscz pres mêmc de Rogier van der Weyden. Mais il s'en faut bien qu'il y ait dans cette peinture, tres-magistrale d'ailleurs, le sentiment exquis de Memling, ni son élégance parti- culiere, ni la claire harmonie de son coloris. « Le catalogue du musée de La llaye, dit M. Mi-
chiels (Histoire de la peinture flamande et hollan- daise, t. II, p. 126), attiibue a Ilcmling une Des- cente de croix, oü règne le style de Jan van Eyck. Un paysage en miniature forme la perspcctive : ou y distingue une ville et une habitation feodale en- tourée d'eau. Les figures du premier plan, vraies et |
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LES FLAMANDS. 287
communes, semblent toutes des portraits. La Vicrge
et unc sainte femme ont Ie front couvert par leur mantille, selon la mode byzantine. Le Christ est maigre, décharné, sans caractère divin : non-seulc- ment la flamme vitale parait absente de cc triste corps, mais on dirait une momie. Les habillcments sont peints avec unc extreme finesse, la couleur a une grande vivacité. Les deux belles tètes de saint Jean et de saint Pierre Temport ent sur les autres. Un évêque agenouillé doit être le donateur. » De Memling nous passons a Breugel de Velours,
né en 1568, mort en 1625 (et non 1581-1642, dates inscrites au cataloguc). Breugel n'a guère travaillé seul; nous le trouvons d'abord associé a van Balen pour un tableau d'une finesse et d'une richesse ex- trêmes : « les Quatre saisom en medaillon entouré d'une guirlande de fleurs; » puis, associé, pour une Fuite en Egypte, a Rottenhammer, qui a peint aussi les figures dans un mauvais Purgatoire de Breugel d'Enfer (mort en 1637, et non en 1625 comme dit Ie catalogue). Deux grands tableaux, le Baptême du More et la
Rencontre de David et d'Abigaïl, sont portés a Breugel de Velours tout seul. Les figures, pres- que de grandeur naturelle, trahissent une cer- taine recherche de Paolo Vcronese et de Tintoretto, et doivent ètre aussi de Rottenhammer, qui avait étudié ces maitres a Venise. Quelques figurines des derniers plans pourraient ótre de Breugel. Le |
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288 MUSÉE DE LA HAYE.
paysage et les ilcurettes sont très-délicats et très-
brillants. Mais Brcugel eut souvent un autre collaborateur,
plus illustre que van Balen et Rottenhammer. Le voiei avec Rubens (le catalogue de La Haye comine celui d'Amsterdam écrit Rubbens ') pour un Paradis, que Sraith nomme une « production sans pareille (inatchlcss), d'un fini exquis, d'un éclat et d'une pureté de coloris vraiment enchanteurs.» Sans pa- reille en effet, dans 1'ceuvre de Rubens, qui, cettc fois, a proportionné son talent a la maniere du mi- niaturiste chargé du jardin tout frais enfleuri, oü s'ébattent mille petits ètres frais éclos et'bien hcu- reux d'ètre au monde. L'Adam et 1'Ève de Rubens sont en harmonie avec cette nature immaculée, pro- prette, ratissée, qui \ient de s'épanouir subitement, et qui n'a encore subi que les attouchements d'une rnain mystique. Je croirais bien que ces figures petitement peintes
doivent être du commcnccment de Rubens. Plus tard, malgré sa bonne volonté de s'accommoder avec Breugel, sa inain robuste cüt ajouté de 1'ampleur 1 II est singulier que ce catalogue de La Haye inscrive tou-
jours que Rubbens est né a Cologne, quand c'estprécisément 1c savant archiviste de La Haye, M. Buckliuisen van der Brinck, qui a prouvó que Rubens est né a Siegen. — Le nouveau ca- lalogue d'Amsterdam aussi donne Cologne comme lieu de naissance de Rubens! Est-ce que les Hollandais ne croient pas a la déoouverte de leur compatriote M. Backhuisen? |
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LES FLAMANDS. 289
et des accenls a la touche modeste du Père Éternel.
('e tableau doit faire les délices des amateurs de
la peinture polie, patiënte et froide. Il a été payé 7,350 florins, a la vente de madame Backer, Leyde, 1766; prix enorme pour ce temps-la. Sur panneau, large de 3 pieds, haut de 2 pieds 6 pouces. Smith, en 1830,1'estimait 1,200 guinées. Breugel de Velours a aussi trayaillé au paysage et
aux accessoires d'une Vémtssvec Adonis, de Rubens, petites iigures égalenient très-finies, dans Ie mème procédé que 1'Adam et 1'Ève. Rubens cependant a ravivé certaines parties des fonds et Ie ciel. Vénus s'eff'orce de retenir Adonis; son char et ses cygnes sont derriére elle; en avant, trois chiens de chasse. Gravé dans Ie Musée francais, et par Tassart. Haut. 2 pieds 6 pouces, larg. 1 pied 9 pouces. Sur bois. üans un tableau attribué « a Rubens ou a son
école, » — des Nymphes avec lacorned'abondance, — Ie paysage, les fruits et les flenrs sont encore de Breugel, quoiquc Ie catalogue n'en diserien. Unedes nyniphes, a droite, \*ue de dos et toute nue, pourrait bien aussi être de Rubens, mais Ie tableau nest pas assez a portee du regard pour qu'on pnisse s'en as- surer. Un sujet tiré de 1'Arioste, « Ie Songe d'Astolphe,
oii Angélique endormie excite 1'amour d'un ermite, » également porté a Rubens ou a son école, semble ètre de la même fabrique. Jusque-la, Rubens ne représente pas très-vaillam-
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800 MUSÉE DE LA HAYE.
ment 1'école flamande au milieu des Hollandais. Mais,
par bonheur, nous avons, de plus, trois portraits dignes de lui: ses deux femmes et son confesseur. Ce confesseur de Rubens et son ami, qu'il fit noni-
mer évèque a Bois-le-Duc, Ie reverend père Michael Ophovius, moine dominicain, est vu de face, dans Ie costume de son ordre. Tête énergique, et robuste santé. Peinture large et vigoureuse. Elle ornait au- trefois Ie monastère des Dominicainsa Anvers. Ven- due 3,800 florins, dans la collection de Vinck de Wezel, Anvers 1814, et 4,650 florins a la vente Stiers d'Aertselaer, Anvers 1822. Sur toile. Haut. 3 pieds 6 pouees, larg. 2 pieds 7 pouces. N° 1,128 du Catalogue van Hasselt. Smith, par erreur, 1'a enre- gistré deux fois, noa 26 et 283. « Catherine Brintes, première épouse de Hub-
bens; » ainsi se trouve débaptisée, dans Ie catalogue de La Hayc, Isabelle Brant, que M. Waagen, dans ses Kunstwerke, appelle aussi Catherine! Elle est a mi-corps, la tête mie, des perles dans les cbeveux. Son corsage noir, coupé carvément, très-déeolleté, laisse voir, a peine couverts d'un fichu de gaze, les deux seins qui se touchent. Les mains sont croisées hori- zontalement contre la ceinture. Oh! les belles mains! Un rideau gros vert sert de fond; mais, en bas, il y a une échappée de ciel. Cette peinture, d'un ton magnifique, est supérieure
au portrait de la seconde femme, Helena Forman, ou Fourment, lequel est cependant de belle qualité. |
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LES FLAMANDS. 291
Helene, la gorge mi-nue, est en riche toilette, toque
noire a pluines Manches, collier de perles, corsage bleu et manches a crevés blens et blancs, grande chaine de pierres précieuses, tombant sur la poitrine. Dans Ie haut, un pan de rideau rouge. Les deux portraits se font pendant. Haut. 3 pieds,
larg. 2 pieds i pouces. Sur panneau, tous les deux. Catalogue van Hasselt, n03 964 et 1,036. Smith, 380 et 381. Rubens est aussi pour sa part dans deux grandea
compositions de Snyders : dans unc Ckasse au cerf, il a peint Ie paysage; dansune Cuisine avec légumea et rjibier, la flgure de femme. Bons tableaux de déco- ratioii. Les Jordaens peuventseclasserparmilesmeilleura
ouvrages du maitre. La Vénus suivie de bacchantes et de satyres ne perdrait ï'ien de sa force entre une Bacchanale de Rubens et une Bacchanale du Titien. Le Faune et la Jeune, fitte tenant une corbcille do. fruits, figures a mi-corps, de grandeur naturelle, est peint avec unc abondance superbe. C'est la beauté, lelie qu'elle se manifeste dans le plautureux pays d'Anvers. Les femmes d'Anvers ont de Ia pomme ou de la pêche; les fillettes, de la ccrisc; il y en a dans la campagne qui ont de l'abricot, halé et vermillonné au grand air; d'autres ont de la poire, ou il en faut. Ce qui frappe dans la beauté du Nord, c'est toujours
le modelé, et non les lignes. Dans le Nord, la forme |
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292 MUSÉE DE LA HAYE.
ne s'accuse pas par Ie contour, mais par Ie relief. La
nature, pour s'exprimer, ne se sert pas de ce qu'on appelle Ie dessin proprement dit. Si vous vous pro- menez une heure dans une ville d'Italie, vous ren- contrez des femmes correctement dccoupées, dont la structure générale rappelle la statuaire antique, dont Ie profil rappelle les camées grecs. Vous pour- riez passer un an a Anvers, sans apercevoir une fornie qui donne 1'idée de la traduire par un con- tour, mais bien par une saillie que la couleur seule peut modeler. L'architecture du Nord ne s'est-elle pas conformée
aux conditions naturelles du climaf? Au lieu de lignes droites et pures, elle aime les lignes courbes et n5non- dies, variées par des creux et par des reliëfs, qui pro- duisent des contrastes de lumière. C'est pourquoi 1'on reproche, bien a tort, aux Fla-
mands et aux Hollandais de ne pas savoir dessiner. Il ne s'agit point de cela vraiment en présence de la nature locale. Les princes du dessin, comme Raphaël et les autres académistes, seraient bien embarrassés pour délinéer, avec leur perfection de trait, des per- sonnages et des objets qui ne se présentent jamais en silhouette, mais en plein, pourainsidire. Aussi, tan- dis que les Florentins, entre autres, se caractérisent par les artieulations du dessin, ce qui caraeterise Ru- bens, et surtout Jordaens, c'est Ie modelé et la cou- leur, de mème que ce qui caraeterise Reinbrandt, c'est 1'effet. |
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LES FLAMANDS. 293
II y a, de plus, une copie en peut — par Rotten-
hammer, je pense, — d'un Banquet des dieux de l'O- lympe, descendus sur la terre, d'après Jordaens. De van Dyck', nous avons aussi un chef-d'ceuvre:
Ie portrait de Quintin Simons, peintre d'Anvers , vu de trois quarts, avec moustaches et barbiche, drapé dans un manteau que soutient la main gauche en avant; magniflque portrait dans la maniere fla- mande du raaitre, plus profonde et plus intime, plus solide d'exécution, que 1'élégante et délicieuse ma- niere, parfois un peu superficielle, qu'il adopta dans ses dernières années h. Londres. Gravé par P. de Jode. N'y en a-t-il pas aussi une eau-forte par van Dyck lui-même? On ne s'explique pas pourquoi Ie catalogue persiste
a intituler : «/e duc et la duchessedeBuckingham» un portrait d'hommeet un portrait de femme qui ne ressemblent pointa ces personnages bien connus. Sir Joshua Reynolds, qui vit en 1781 ces deux van Dyck dans la galerie des Nassau, protcstait déjacontre cette appellation erronée. Smith (1831) proteste a sontour. La femme d'ailleursa étégravéepar B. Clouet, avec Ie 1 Par un exces de bonne volonté lypographique, Ie nom de
van Dyck, Ie peintre flamand, se trouve quelquefois écrit, dans les premières feuilles tirées de ce livre, comme les noms de van Dijk, 1'écrivain hollandais, et de Philip van Dijk, Ie petil peintre né a Amsterdam. C'est asaez de conserver aux Hollandais leur ij, saus l'appliquer aux Flamands, qui ócrivent leurs noms avec y: van Dyck, Snyders, de Crayer, etc. 25,
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2B4 MUSÉE DE 1,A HAVE.
noni d'Aima Wake. L'homme a été gravé, saus uom,
par Ulmer. Les figurcs sont a mi-corps; les deux toiles do mème dimension : 4 pieds 2 pouces de haut sur 3 pieds 4 pouces de large. L'homme est vu presque do face, avec uu grand
niantcau, la maindroite tenant un gant. Date 1627. La femme a Ie corps de profil et la tète de trois
quarts, tournee a droite. ü'une main ellc tient uu éventail en plumes; 1'autre main ballante est admira- ble. llobo de soic noire, manches ii crevés, fichu de dentellc, collier de pevles. Date 1628. Un quatrième tableau, cataloguó van Dyck, re-
présente sur une mème toile, dans six medaillons ovales, sépnrés, les Port mits de la familie Huy- yens. Qiïelqucs-uns de ces portraits sont excellents, d'autres faibles et vulgaires, non-seulement d'ex- pression , mais d'exécuüon. En certains endroils, un trouve hien la touche et la couleur de, van Dyck; en d'autres, tont accuse une pratique d'élève ou de copiste. On a peine a croire aussi que van Dyck ait ima-
giaé celte exhibition de bustes enmédaillonnés, pa- reille a une toile destinée a orncv Ie devant d'une ba- vacnie de foire. Il eut trouvé mieux et plus court de faire un tableau d'intérieur avec ces six personnages, comme il a fait souvent pour la familie de Charles 1". On peut donc supposer que, van Dyck avant peint des portraits de cette familie, détachés sur de petites toiles ovales, quelqu'un a eu 1'idée de les rapprocher |
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[.ES VLAMANDS. 29S
en une sorte de galerie simulée, et peut-ètre d'en
ajouter. Peut-ètre ccla s'est-il fait par un élève de van Dyck; et peut-ètre Ie maitre lui-mème a-t-il touche de sa brosse plusieurs des medaillons. Sebastian Fraiicken est censé avoir ctudió, comme
tlubens, chez Adam van Noort. On trouve de lui, au .inusée de La Have, outre deux petits tableaux histo— i'iques, sur cuivre, insignifiants, deuxautres tableaux très-curieux : un Bal d la cour, avec les portraits d'Albert et d'Isabelle, peint en collaboration dePour- bus; et une Galerie de tableaux d'après différents peintres célèbres; sur Ie devant, Apelles fait Ie por- trait de « Campasme, maitresse d'Alexandre. » II y (i la des CoiTége, des Titien, des Rubcns, ranges contre les lambris d'une salie bien en perspective; et tous ces petits chefs-d'ceuvre sont adroitement pas- tiches. Daniel Zegers, Ie Jésuite d'Anvers, a deux de ses
belles guirlandes de fleurs, Tune antour d'un buste de Guillaume 111, l'autre autour d'une statue de la Yierge nvec 1'enfant Jósus. — Philippe de Cham- paigne, un portraitde aJoseph Govaerts.» —Peeter Neefs, uu Intérieur d'é'jlise. — Rolarid Savery, Or- phée atlirant les animaux, — Un autre paysagistc, son contemporain, David Vinkboom,aié a Malines, en 1578, mort a Amsterdam en 1629, mi-Flamand, mi-IIollandais, un paysage, sans hnportance. J— Viennent eniin David Teniers Ie fils et Gonzales Coques. |
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296 MUSÉE DE LA HAYE.
Deux Teniers seulement: un Alchimiste, a barbe
grise, assis pres d'une table et tenant un livre; son aide est agenouille pres d'un fourneau allumé; petit tableau sur bois; gravé, je crois, dans Ie Musêe fran- cais ; — et la bonne Cuisine. Fameuse cuisine, en effet, et il faut qu'il s'agisse
d'un gala de conséquence. Gibier, volaille, poisson,- légumes, fruits, il y a de tout, sur les tables, sur Ie parquet. Dans Ie fond, pres d'un grand feu, un cuisinier embroche des viandes; un homme et une femme sont très-occupés pres de lui. En avant, au mi- lieu et en lumière, est assise une jeune prêtresse de Comus, également consacrée a la préparation du saint sacrifice; pour Ie moment elle pèle un citron, qu'un petit néophyte, debout devant elle, vient recevoir dans une assiette; elle a un jupon couleur de sang, et sur son caraco couleur de ciel s'étale un large col, d'un blanc que Metsu envierait. Le tout très-lestement et très-largement peint,
avec cette touche juste et libre, ces accents spirituels qui caractérisent lapratique de Teniers. Date 1644, de son plus beau temps, oü commence la periode ar- gentine. Il avait alors trente-quatre ans. De Teniers, c'est surtout le milieu qui est bon. Dans sa jeu- nesse, il tient encore trop a son vieux père, qui avait étó son maitre. Dans sa vieillesse, son imagination est un peu stéréotypée, et sa main s'alourdit. Teniers est, comme certains de ces poissoqs qu'il
faisait si bien, excellent entre tète et queue. |
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LES FLAMANDS. 297
La bonne Cuisine est peinte sur cuivre, large de
2 pieds et demi, et ne fut payée que 455 flórins a la vente Schuijlenburg, La Have, 1735. Smith, qui 1'appelle « une production splendide, » 1'estimait (1831) 700 livres sterling. Elle vaudrait plus du doublé, a présent. Gonzales Coques est bien rare, et sa biographie
n'estguèreconnue; son nomne se trouve pas mème dans tout Ie cours des catalogues du Louvre. On a supposé qu'il était d'une familie riche, et
qu'il peignit par plaisir; d'une familie espagnole sans doute, comme son nom 1'indiquerait : il y avait, aux xvie et xvne siècles, tant d'Espagnols im- plantés a Anvers, dans les Flandres et dans tous les Pays-Bas, par la longue domination de Charles- Quint et des Philippe d'Espagne. Aujourd'hui en- eore, chez les femmes de Bruges surtout, on re- trouve Ie sang et Ie type espagnolS, la couleur de la peau, des yeux et des cheveux, la tournure et même Ie costume. Né a Anvers en 1618, (lonzales était entre d'a-
bord dans l'ate]ier de David Ryckaert, peintre de scènes populaircs, assez habile, mais sans distinc- lion, et il avait probablement épousé la fille de son niaitre. Cependant son génie — et son origine espagnole
peut-être — Ie poussaient vers un style autre que celui des petits mattres flamands de cette époque. Il était encore tout jeune lorsque van Dyck mourut, |
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298 MUSÉE DE L.A HAYL.
en 1641, uu an après Rubens; mais van Dyck vivait
dans scs élógants portraits, et Gonzales Ie prit pour modèle. Gonzales a dotic deux manières très-distinctes :
dans sa première maniere, il est un peu lou'rd et assez commun; dans la seconde, il est elegant, déli- cat, raffiné, un van Dyck en petit. Ses tableaux de cette seconde époque sont délicieux et extrèmement chers. Deux fois doyen de la gilde de Saint-Luc d'An-
vws, il fut en relation avectous les peintres du pays. Steenwijk lui faisait des intérieurs, Ghering des édifices, van Artois des paysages, Peter Gyscls des fleurs et des accessoires. Il mourut a Anvers, Ie 18 avril 1684. L'inscrip-
tion de sa pierre tumulaire, dans une chapelle de 1'ancienne église Saint-George, a été publiée, en fla- rnand, par M. J'. B. van der Straelen, dans l'An- nuaire de la gilde de Saint-Luc d'Anvers1. Je ne crois pas que cette pièce, interessante pour la biogra- phie du charmant artiste, ait jamais été traduite en francais. Je la donne, ligne par ligne, comme dans 1'original. 1 Jaerboek der vermaerde en kunstrijke (iilde van Sint I.u-
cas binnen de stad Antwerpen, etc, (do 1434 ii I79IÏ;; grand in-8 de 389 pages. Anvers 4855. |
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LES FLAMANDS. 299
D. 'O. M. '
(ioNZALES COQDES püilltrü
mort Ie 18 avril 1684
Jouffe Cathahina Ryckaert sa
femme morte lo 2 juillet 1674
sa fllle madame
Gonzalina Coques femmt! de Mr Loncgraye
morte Ie 41 octobre 1667 son fils......mort
Ie.... 1670
Jouffe Cathabina Rysheuvels
sa seconde femme morte Ie'___
Priez pour leurs ames.
Gonzales eut donc deux femmes, dont la première
doit ètre la fillc de son maitre, David Ryckaert; deux enfants: une fille, Gonzalina, — quel joli nom espa- gnol! — et un fils dont Ie prénom est inconnu; tous les deux morts jeunes, bien longtemps avant leur père qui vécut soixante-six ans. C'est la, je pense, a peu pres tout eequ'on sait sur
Gonzales. Quant a ses tableaux, les meilleurs sont en Angle-
terre2. Aiivers, son pays, Bruxelles et la IJelgique 1 2ö novcmbre 1684 et enterrée dans la cathédrale.
1 Voir Trésors d'art, etc, par W. Burger, p. 232 et sui-
vantes. — C'est encore un Anglais, lord Hertford, qui, a la vente Patureau, a acheté 43,000 francs Ie Repos champétre, |
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300 MÜSÉE T)K LA HAYE.
n'en ont point, sauf une grande toile de la première
maniere dans la galerie van der Schrieck, aLouvain. Vienne, Berlin et les autres musées d'Allemagne, point. Dresde seulement a les portraits de la familie du peintrc; mais deux autres tableaux, inscrits comme Gonzales au catalógue du musée : Portraits de Charles I'T d'Angleterre et de sa femme Henriet te- Mar ie (n"s 96*5 et 966), doivent plutót ètre restitués a üaniel Mijtens, peintre du roi Cbarles, d'autant qu'il ne parait pas que Gonzales ait jamais été en Angleterre. La Ilollande elle-même, dans ses collec- tions publiques, n'a pas d'autre Gonzales que Ie n° 46 du musée de La Have. J'ai tenu longtemps pour apocryphe cette pein-
ture , ovi, dit-on, 1'artiste s'est représenté avec sa familie, au milieu d'une galerie de tableaux. « Les tableaux dont la salie est ornée, ajoute Ie catalógue, sont peints par des élèves de Rubbens, de van üyk. de Rembrandt et autres. » Ces petits tableaux repro- duits sur la composition n° 46 sont, en effet, d'une autre main que la familie groupée au premier plan, et ils paraissent même de plusieurs artistes assez payé 8,000 florins seulement, je crois, par M. Paturean, a Ia
vente du roi Guillaume II, de llollande. —Dans la «alerie de lord Ellesmore (Bridgewater Gallery) a Loudres, il y a trois Gonzales exquis: les portraits de 1'électeur palatin, Frederiek, et de sa femme, la princesse Élisabelh (n°" 155 et 15C), gravés dans la Stafford Gallery; et Ie portrait du David Teniers (n° 221), provenant de la collection G. Watson Taylor. |
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LES FLAMANDS. 301
différent?; c'est la sans doute ce que vent dire Ie ca-
talogue. Le malheur est que cette oeuvre si curieuse pour
1'histoire de 1'art est accrochée trop haut, en face d'une fenêtre, en retour d'un angle, sur la droite du Taureau de Paul Potter. Impossible de la bien voir. sous une lumière écarquillée, et a une pareille dis- tance. Elle porie des dates préeieuses, non-seulement sur les pctits tableaux, qui sont signés soit des auteurs, soit d'après les originaux, mais aussi, en bas a droite, sur le parquet, une signature, — serait- ce celle de fionzales? — avec une date qu'on croirait lire : 17()fi! II y a de quoi embarrasser les connais- seurs les plus perspicaces. Gependant les figures, qui ne sont pas bonnes,
peuvent avoir cté peintes par Gonzales, avant sa transformation que décida Finfluence du style de van üyck. Certains Gonzales, dece premier temps-la, ne sont pas meilleurs. Plusieurs des petits tableaux, entre autres une
raythologiade quelconque, dans le genre de Rubens, avec des femmes nues endormies, sont délicieux. La direction du musée devrait bien mettre en beau
jour et a hauteur du regard cette peinture qui mérite d'ètre étudiée. Après cette rapide analyse des Flamands, et malgré
quelques belles oeuvres de Rubens, de van Dyck , de Jordaens, de Teniers, on voit que ce n'esf pas en Hollande qu'il faut aller cbercber 1'école flamande, 26
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308 MUSÉË DE I.A HAYE.
bien que les amateurs et critiques francais seinblent
s'imaginer que toujours Flandre et Hollande ne font qu'un, comme au bon temps des Pays-Bas espagnols, avant la révolution de 1579. |
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Écoi.es étkangères. — Les Alkmands. — Six
noms de peintres, et seulement quinze tableaux. D'abord Albrecht Dürer, si rare ailleurs qu'en
Allemag ne. Le catalogue devrait savoir la date de naissance de ce grand homme et ne pas inscrire 147 0, au lieu de 20 mai 1471. Mais le catalogue ne se tourmente guère des dates et, après avoir donué exactement, par hasard, la date de mort, 1528, il attribue « d Dure?' ou a son école » trois portraits, l'empereur Maximilien II dans sa jeunesse, Elisa- beth, fille de l'empereur Ferdinand I"', et Anne, fille du mème; —tous trois dates 1530! — trois copies, sans valeur artistique. Deux autres portraits d'homme sont généraleinent
acceptés comme authentiques. On peut hésiter cepen- dant sur le portrait (n° 187) d'homme a cheveux gris et en toque noire. Il a quelque chose d'une belle et ancienne copie qu'un Flamand aurait peinte. Mais le portrait (u° 188) est parfaitement original, d'un grand caractère, et très-beau. L'horame, vu de protil, a les Iraits aigus, et comme ciselés par la main ferme du graveur; il porte une barrette rouge. Quelqu'un qui ne connaitrait de Dürer que cette oeuvre si volontaire |
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ÉCOLES ÉTRANGÊHES. 303
aurait déjii unc idee de son style et de sa pratique
comme peintre. Holbein est superbe, ceite ibis. Quatre portraits.
Thomas Morus, Ie chancelier d'Angleterre, pres-
que de face, cheveux courts, barbe rousse. Il tientun fancon sur son poignet gauche ganté, et de la inain droite, qui est admirable, Ie capuchon de I'oiseau. Je tie sais comment il se fait qiu; Ie tableau porte, je pense, la date 1342, avec : « Anno cetatis xxvm; » ce qui ue saurait s'appliquer a 1'illustre chancelier d'Angleterre, né en lijtóü et mort en lff35. Mais peut-ètre Ie personnage n'cst-il pas Thomas Morus? En lous cas, la peinture est de première qualité. Robcrt Cheseman, tenant avissi un tiercclct sur Ie
poing, est un peu plus faible, ou du moins plus sec, quoiqu'il ait été vivement loué par Joshua Reynolds. Il a une toquc noire, une casaque en fourrure, avec des manches rouges. Ce buste est presque de gran- deur naturelle. On lit sur Ie panneau : Mtaüs steen xuni. Anno dm — mdxxxiii. Jnne Seymour, une des femmes de Henry VIII, les
deux mains croisées. Sa chevelure est rclevce d'or et de noir. Collier de perles sur Ie cou nu. Corsage et manches rouges, dorés. Autour du corsage une ceinture de perles montécs en or. Fin, vigoureux. excellent. Petit panneau de 9 pouces sur 6. Le quatrième portrait— « Portrait d'une dame »
— est anonyme. Cette femme, assise, ses belles mains jointes contre sa taille, a un corsage noir doublé de |
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TJ^ltT^.
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304 MUSËE DE LA HAYE.
fourrure, montant jusqu'au cou, et un tablierblanc;
en dessous du corsage, on apercoit une guimpe plis-
sée. Sur la tête une faille blanche, sorte de voile transparent qui tombe sur les sourcils, mais laisse a travers deviner Ie modelé du front. La figure, a mi-corps et de grandeur mi-naturelle, s'enlève sur un de ces beaux fonds mats, d'un vert bleuté, assez familiers a Holbein. Les trois premiers portraits ont été peints en An-
gleterre, comme Ie montrent les personnages et les dates, mais celui-ci pourrait bien ètre antérieur a 1'émigration de Holbein (1526), et peut-ètre avoir été peint dans les Pays-Bas, lors de son passage a Anvers pour se rendre a Londrcs. Le costume, la faille sur- tout, encore usitéc dans la Belgique occidentale, sont assez du pays et de 1'époque. Le modelé extrêmement fin du visage et des mains, dans un ton indescrip- tible, rappelle l'adorable Fillc d'Offenburg {Frdwlein Offenbury), déguisée en Laïs et en Vénus, au musée de Bale, et qui est datée 1526. En cette periode de son talent, Holbein — 1'obser-
vation sera comprise par ceux qui le connaissent bien — avait dans 1'exécution de ses tètes, dans le modelé intérieur des plans du visage, cette indéünissablc de- licatesse et a la fois cette fermeté sobre et savante qui caractérisent la Joconde de Léonard. Procédé qui échappe a 1'analyse, car on y perd toute' tracé de la toucbc, de la pose et du mélange des couleurs, de la manutention matérielle. |
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ÉCOLES ÉTRANGÈHES. 305
On s'accorde généralement a préfcrer Ie Holbein
devenu peintre de Henri VIII, au Holbein primitif, tel qu'il s'était révélé a Bale. Pour moi, je n'ai ja- mais vu en Angleterre de tableaux de Holbein plus parfaits que ceux de sa jeunesse, par exemple que Ie Bonifacius Amerbach, peint en 1J519, — Holbein avait vingt et un ans! — que Ie Jakob Meier et sa femme, date 1520, — que Ie Cadavre du Christ, date 1521,— que les deux portraits de la Courtisane d'Offenburg, — que la Femme et les Enfants de l'artiste, figures de grandeur naturelle, peintes aussi avant 1'installation en Angleterre, — tous chefs- d'ceuvre conservés au musée de Bale, et qui con- statent la première maniere du profond portraitiste allemand. On attribue aussi « a Holbein ou a son éeole » un
portrait d'Érasme, qui semble très-bon; mais on Ie voit trop mal pour juger de son authenticité. Après Ie Dürer et les Holbein, les autres ^\ 1 Ie-
mands ne signiflent rien : « Burry, un Cupidon ; » qu'e^t-ce que ee Burry?— Adam Elsheimer, de Fraucfort-sur-Mein, deux petits paysages, sur cuivre; ■—Rottenhammer, de Mimich, la Chute de Phaéton, également sur cuivre; — et Johann Heinrich Roos, père de Rosa di Tivoli, mPaysage mèntagneux avec des bestiaux-, peintureassezfaible,signée J. H. Roos fecit, 1670; Ie J et l'II annexés a 1'R et formant mo- nogramme. Les Francais, — lis ne sont que quatre : Claude
26.
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306 MUSÉE DE LA HAYE.
Lorrain, Guaspre Dughet, Sébastien Bourdon, Jo-
seph Vernet. Le Paysage italien attribué a Claude peut être de
lui, mais il a beaucoup poussé au noir et le ciel est entièrement repeint. Le paysage de Guaspre— s'il est de lui — est pré-
cédé de cette notice sur 1'auteur : « POUSSIN (Gas- pard du Guet, dit le), né a Andelys, eu 1594, mort ;\ Rome, en 1G65. » Si le catalogue entend signaler le grand Nicolas Poussin, comme les dates et le lieu de naissance le feraient süpposer, pourqnoi cm- brouille-t-il la dedans Guaspre Dugbet? C'estainsi qu'en Hollande on connait 1'histoire de 1'art francais. Il est vrai qu'en France on le rend bien a 1'art hol- landais. Ne serait-il pas bon enfin de ne plus se dé- baptiser ainsi de peuple a peuple! Le Sébastien Bourdon représente les Quatre par-
ties du monde se partageant uu butin; le paysage de cette allegorie est « dans le style de Poussin » (de Gas- pard du Guet, dit le Poussin, né a Andelys?). Ta- bleau vrai; peu interessant. Les deux Joseph Vernet, une Tempête et une
Cascade, sont très-notables pour ce peintre secon- daire. Dans une excellente étude sur Joseph Vernet, publiée par la Revue universelle des Arts (t. VI, p. 395), M. Léon Lagrange se dcmande si la Tem- pête du musée de La Haye ne serait point « la pre- mière pensee » d'une grande Tempête, récemment retroiwée avec d'autres Vernet a la Rochel le. Mais le |
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ÉCOLES ÉTHANGÈRES. 30T
tableau de La Haye n'est point une première pensee,
ni une esquisse, ni un tatennement quelconque. C'est une peinture très-arrètée et très-froide, exéeutée et terminée avec Ie soin banal et les détails stereotypes qu'on trouve dans les meilleures ocuvves de eet liabile fabricant de marines a tant la toise '. La Cascade en pendant offre les mèmes qualités, si qualités il y a, et il y en a saus doute aux yeux des amateurs de 1'éeole francaise. Les Espagnols.—Quatreaussi : « Valasquez(.s/c),
né en 1594 » (il faudrait en 1599);— « Bartholome Este du (sic) Muril lo (ce n'est plus, du inoins, Morillos, comme au muséc d'Amsterdam), né en 1613, mort en 1G8Ü » (il faudrait Kii8-lü82); — Esealante et « Math. Gerest). » On voit que les noms espagnuls no sont pas mieux
traites que les noms francais dans ces catalogues étonnants. Le Velazquez peut ètre accepté, mais dans uu
ordre tont a fait inférieur : « Portrait de Charles Balthazar, iiIs de Pbilippc IV d'Espagne, a 1'age de onze ans. » Le petit prince est en pied, de grandeur naturelle, botte, armé, équipé et attil'é, comme il convient a Sa Hautesse. Velazquez, heureusement, 1'a peint d'autres Ibis, avec son incomparable magie. Sur celui-la, passons. 1 Probablement ces deux Vernet faisaient partie de la dou-
zaine de tableaux exécutés pour le stathouder, suivant M. Dus- sieux {les Artisles frangais a iélranger,p. 254). |
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308 MUSÉE DE LA HAYE.
Mais je crois bien qu'on pourrait attribuer a Ve-
lazquez, sans trop de hardiesse, un superbe paysage porté a un maitre inconnu (n° 211). ïout Ie monde, du moins, y reconnaitra son école. A droite, trois grands arbres, un chasseur debout, Ie fusil sur 1'é- paule, et tenant une perdrix; quelqucs autres figures, des chiens, du gibier mort. Au milieu, une femme accroupie et des poissons. De petits personnages s'a- percoivent encore a des plans reculés. Fond de mon- tagnes et ciel nuageux. Exécntion libre et généreuse. couleur magniiique. Les deux Murillo méritent qu'on s'y arrête un peu,
car on ne rencontre pas dans Ie Nord beaueoup de ces merveilleux poëtes du Midi. Un Berger cspagnol (n° 209), buste de grandeur
naturelle, la tête de profil en 1'air, est peint dans la maniere la plus vigourcuse et la plus expressive du maitre, quand il combinait la violence de Ribera avec 1'ampleur harmonieusc de Velazquez. Vrai morceau d'artiste, qu'on aimerait a avoir dans un atelier. La Vierge avec l'enfant Jeans (n° 208) rappelle
toutes les compositions analogues de Murillo. La madone glorieuse, assise sur des nuages et tenant sur ses genoux l'enfant debout, de face, tout nu, res- plendit au sein de la lumière céleste; une draperie verte enveloppe ses llancs et ses jambes; son corsage est d'un rose fleur de laurier. Tout Ie haut du fond éblouit par des rayons d'or. TjCS figures sont de gran- deur naturelle. Le tableau a done beaucoui) d'iinpor- |
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ÉCOI-ES ÉTRANGÉRES. 309
tauce, saus ètre néanraoins d'une qualité distinguée
dans cette maniere vaporeuse. La toile peut avoir 8 ]>ieds de haut. Il y a encore, selon moi, un troisième Murillo, ca-
talogué avec assurance comme étant de « Carracci (Augustin), né a Bologne en 1555, mort en 1619 » (il faudrait 1557-1602). Les rédacteurs du catalogue ne connaissent pas mieux la peinture d'Agostino Carracci ([ue les dates qui lc concernent, car Ie paysage qu'on lui attribue n'a rien, absolument rien. dece maitre, ni de 1'école bolonaise en général. En avant d'un site très-pittoresque, une bergere en
jupon rouge, précédée de quatre chèvres, traverse un ruisseau. Le long du chernin a droite s'en va une femme montée sur un cheval blanc. A gauche, assis au bord d'un bois, un patre se déchausse poui1 passer 1'eau. Dans une allee sombre se perd un petit cava- lier. De grands arbres des deux cótés encadrent tout le premier plan et laissent voir a 1'horizon, vers le milieu, un fond de montagnes azurées. C'est dans le ton de ces montagnes surtout, dans la perspective aérienne, dans la touche large et facilc du ciel, dans les qualités de couleur locale, dans les gris perle, dans les blancs onctueux, qu'on retrouve incontesta- bleineut Murillo. Que la diiection du musée consulte autour d'elle et elle se décidera a faire passer son faux Agostino Carracci dans la categorie des Espa- gnols. De 1'Escalante le catalogue n'est pas sur, et il fait
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310 MUSÉE DE LA HAVE.
preuve de réserve en inscrivant que la Bohémienne
(n° 207) est «par ou d'après » Ie maitre de Cordoue.
Mais la Madeleine pénitente, de Mateo Cerezo, est
unetrès-belle oeuvre dece maitre tra pen heterogene, composé de Murillo et de van D\ck, et un des dcr- niers représentants de la grande école de Madrid. 11 a de la morbidesse, du charme, une couleur harmo- nieuse, une certaine mélancolie. Sa pécheresse demi- nue, la tête de profil, s'abime, avec toiite la supersti- tion espagnole, devant un crucifix et une tète de mort. Quelques draperies, Manches et bleues, sont bien agencées pour faire valoir les tons de chair. La figure, a mi-corps, est de grandeur naturelle. Il faut cncore, suivant moi, ajouter aux Espagnols
un grand Portrait de l'empereur Charles-Quint (n° 2S8), catalogué aux « Maltres inconnus de 1'école italienne, » nmis qui parait être de 1'école de Velaz- quez. Belle peinture, frottée et usée, malheureuse- uient. Les Italiens* — Sur les trente-neuf tableaux ita-
liens on doit retrancher d'abord les copies reconnues telles par Ie catalogué : une Sainte Familie, d'après Annibal Carrache; une Madone, et un Jésus au jar- din des Oliviers, d'après Correggio; une Tête de Christ et une Tête de femme, d'après Carlo Dolci; une Sainte Cécile, d'après Ie üominiquin; une Cléopdtre, d'après Ie Guide; la Circoncision, d'après Ie Parmesan; une Vénus, une Sainte Familie, une Sainte Barbe, d'après Itaphaël; une Madone, «par, |
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ÉCOI.ES ÉTRANGÉHES. 'Mi
ou dans Ie genre de » ïitien; peinture vénitienne, oü
il y a de lielles parties; l'Enfant Jéstis et saint Jean sefaisant des caresses, « de 1'école » du Vinci; mau- vaise copicpar un Flamand. J'ajouterai ensuite d'autoritc parmi ces copies les
tableaux suivants, enregistrés comme originaux : la Tètc du Sauveur, d'après Paris Bordone; Saint Sébastien, d'après Ie Guerchin; la Mort d'Abel et un Cupidon, d'après Ie Guide; Ie Martyre de saint Cume et de saint Damien, d'après Paolo Ve- ronese. Pu is il convient de glisser sur les tableaux doiiteux
ou insignifiants : l'Adoration des mages, attribuée a Carlo Cagliari, fils de Paolo; peut-être; — la Vierge, attribuée au Cambiaso; non; — une Vierge avec l'Enfant, attribuée au Cortone; Ie tableau est origi- nal, maïs semblerait plutot de 1'école espagnole; — l'Annonciation, attribuée a Sol imene; contestable;— un Portrait de magistrat, attribué au Tintoretto; c'est très-laid et indigne du maitre. Étiaircissons encore la liste, en donnant une simple
mentiou des tableaux vrais, mais sans grand intérét pour 1'art; — Luca Giordano : les Servantes du peintre, faisant de la musique; yaillante et spiri- tuelle peinture de 1'improvisateur napolitain; — Filippo Lauri : Paysage avec des flgures; les fi- gures sont de lui assurénicnt; Ie paysage est-il aussi de lui? bon tableau original; —Fabricio Santafede : une excellente Sainte Familie dans un paysage ; — |
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312 MUSÉE DE LA HAVE.
Sassoferrato: une Madone, assez bonne pour ce inau-
vais peintre. Que reste-t-il a présent? comptons: — quatre ta-
bleaux a examiner, et huit Salvator Rosa, tous vrais, la plupart superbes. On est fort embarrassé devant un chcf-d'oeuvrc de
la vieille école vénitienne : la Vierge assise sur Ie piédestal d'une colonne tient sur ses genoux l'enfant Jésus; trois saints sont a sa droite et trois autres a sa gauche. Les figures ont presqne la grandeur natu- relle. Le caractère des tètes, la précision du dessin, la solidité du ton général, tont se rapproche de Gio- vanni Bellini et tient a son école. Un fin connaisseur des maitres italiens, s'il y en a, pourrait ratifier ou infirmer 1'assertion du catalogue. Quant a moi, je mets un point d'interrogation: — ? Même cmbarras devant une Sainte Familie, at-
tribuée a fra Bartolommco. Grande tournure, des parties magistrales, du sentiment et de 1'élégance. Ce n'est point une copie. Est-cc fra Bartolommco? Encore : —? Lodovico Mazzolini, que le catalogue appelle Ma-
rino, par corruption sans doute de Vasari, qui 1'ap- pelait Malino. lei, point de doute, je pensc. Ce Massacrc des Innocents, en petites figures, est un très-bel original d'un maitre très-rare et très-pré- cieux. J'y ai vainement cherché une signature, une date, une inscription quelconque, dans 1'espoir de découvrir le fameux mot ze.nar de la signature dn |
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ÉCOLES ÉTRANGÉRES. 313
tableau de Berlin, ou Ie z de la signature du tableau
de Manchester'. Car ce zenar mystérieux a fait bap- tiser Ie peintre du nom de Gennaro par Zani, tandis que Ie rédacteur du catalogue de Paris tient que zenar désigne évidemment Ie mois de janvier. Si zenar se trouvait encore, par bonheur, sur Ie tableau de La Haye, il serait prouvé désormais que Mazzolini ne peignait qu'au cceur de 1'hiver. Carlo Cignani, élève de 1'Albane : Adam et Eve
dans Ie paradis terrestrc; figures nues, de grandeur naturelle, mi-couchées au milieu d'un paysage. La tentatrice, tentée elle-même par Ie serpent enroulé a un arbre, présente a son innocent époux Ie fruit (léfendu. Pomme maudite, que Guillaume Teil a bien fait de percer de sa flèche, en présence de Gessier! N'avait-elle pas déja causé dans 1'Olympe des jalou- sies et des dissensions entre les trois belles déesses expertisées in naturalibus par 1'heureux, berger Paris ! Ce tableau du Cignani est albanesque au possible,
maniere, doucereux, inystagogique et érotique. Un chef-d'oeuvre dans son genre, et qui a les honneurs de la place centrale dans Ie salon des Italiens. Il fe- rait une dróle de mine a cóté de la Lecon $ anatomie de Rembrandt! Mais il nc faut pas oublier cependant que nous sommes, au temps de Cignani, en pleine 1 Voir Trésors d'arl, elc., par W. Burger, p. 100 et sui-
vante's. 27
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314 MUSÉE DE LA HAYE.
décadence du grand art catholique, mythologique,
apostolique et romain. Salvator, qui pourtant était contemporain de
Cignani, console un peu de ce maniërisme dépravé. Il a de 1'originalité et de la force. Un sauvage parmi des eunuques. S'il fait Prométhée, son Prométhée est un homme qui se debat contre Ie bcc de Jupiter. S'il fait Sisi/phe, c'est uu homme qui porte Ie fardcau de la Fatalité; toujours la lutte de la liberté humaine contre la volonté des mauvais dieux, Son Prométhée, en torse de grandeur naturelle, est de la plus valeu- reuse exécution.\Le Sisi/phe, qui sert de pendant, a moins de feu, quoiqu'il soit « aux enfers, « et la couleur en est plus sèche. Savante académie toute- fois, et comme on n'a pas réussi a en peindre beau- coup depuis Ribera et Salvator. Yiennent ensuite de Salvator trois autres couples :
« deux tableaux representant des moines dans une grotte; » trois moines dans chaque grotte, les uns en f roe blanc, les autres en f roe gris, tous assez grotes- ques et peints avec une aisance, une fougue, une vi- gueur très-expressives; — deux bons petits paysages, 1'un avec un saint Jéróme, 1'autre avec une sainte Madeleine; — et enfin, deux grands paysages, de forme ovale, avec figures. Il n'y eu a peut-ètre pas d'une plus belle maniere dans tout 1'oeuvre de Sal- vator. Maitres inconn'üs de l'école italienne.— Sous ce
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MAITRES INCONNUS DE L'ÉCOLE ITALIENNE. 315
titre sont catalogués treize tableaux auxquels on peut
se contenter d'ajouter des observations sommaires : Portrait de femme; école vénitienne; — Madeleinc en adoration; copie de je ne sais qui; — Saint Jean FÊvangéliste; rien;— Dalila covpant les cheveux de Samson; faible peinture, de 1'école napolitaine; — une Sainte Fa?nille; insignifiante; — ïAdoration des bergers; copie d'après Ie Corrége, par un Fla- mand; — une très-bonne Tête de femme, en me- daillon;— l'empereur Charles-Quint; nous 1'avons restitué a 1'école espagnole; — Représentation em~ blématique de ï Amour; au milieu, un Amour tire une flèchc; plusicurs autres figures nues; très-belle peinture de 1'école dn Corrége, d'un des Mazzuoli peut-être; — Cupidon sur un Ut de repos ; faible copie, de 1'école bolouaisc? — deux tableaux avec des ruines; rien; — La Mort de sainte Cécile, sur rnarbre noir; Fart n'a rien a Toir la dedans; — et trei- zièmemenl, buste d'une Nyrnphe; un chef-d'oeuvre. de première beauté. Le buste est nu, de grandeur naturelle, tourné de
Irois quarts, mais la tète est de face; des perles et des rubans ornent la chevelure. Une draperie rouge est jetce derriere 1'épaule. Sur fond d'or. Malgré ce fond d'or, la superbe liberté du dessin,
la peri'ection plastique de 1'ensemble, le caractère de cette beauté point du tout mystique, je ne sais quelle exubérance voluptueuse et irrésistible, tout accuse le plus grand style italien du xvie siècle. |
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316 MUSÉE DE LA HAYE.
De <]iii peut être cette création supérieure? L'ar-
tiste qui a fait cela devait marquer dans n'importe quelle école, même dans la florentine, oü il semble avoir étudié. On ne saurait pourtant nommer aucun des maitres oonsacrés parmi ceux de Florence, ni de
Rome, ni de Parme, ni de Venise. Il faut donc mettre ici a la fois un point d'admiration et un point d'inter- rogation : — ! ? Onze numéros consacrés aux « Maitres inconnus
en général » terminent Ie catalogue de la peinture. Sauf un mauvais petit Paradis, sur cuivre, de 1'école de Breugel, et deux ou trois autres petits barbouil- lages, ce sont des portraits des princes de la maison de Nassau. Sculptdre. — On voit aussi, dans les salles du
musée, treize morceaux de sculpture, bronze, marbre et terre cuite, tous bustes, excepté une petite statue de Guillaume III, par J. Blommendael, 1676, lequel a fait encore du même personnage un buste date 1699. Les autres bustes sont ccux de Frédéric- Henri, de Guillaume II, de sa femme, Marie Stuurt, princesse d'Angleterre, et de Guillaume III, par Rombout Verhulst; tous quatre dates 1683; ceux de Guillaume IV et de sa femme, la princesse Anne d'Angleterre, dates 1733, par J. B. Xavery; ceux de Guillaume V et de sa femme, Sophie- Wilhelmine, princesse de Prusse; un très-beau bronze de Guillaume Ie Taciturne, et qui paralt du |
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SCULPTURE. 317
temps; et deux terres cuites, une de 1'amiral de
Ruijter, 1'autre d'un amiral innommé; on diraitque ce portrait de 1'amiral de Ruijter, qui a les yeux fer- més, a été moulé sur Ie mort; puissante tête d'un grand honinie, puissamment reproduite, soit par une contre-épreuve de la nature, soit par Ie génie d'un artiste. A présent, fennons Ie catalogue que nous avons
analyse jusqu'a la dernière lettre, et repassons en mémoire les trêsors de ce musée de La Haye, trop pen connu des artistes de 1'Europe. Rembrandt et Paul Potter, comme on nc saurait
les voir ailleurs. La Lecon d'anatomie et Ie Taureau ne sont-ils pas, avec la Ronde de nnit, les Syndics, Ie Banquet des arquebusiers, du musée d'Amster- dam, les tableaux les plus importants de toute 1'école hollandaise? Berchem, Metsu et Wouwerman, dans des exem-
plaires tont a fait rares et singuliers, et aussi dans des tableaux de leur meilleure qualité. Gerard Dov, Frans van Mieris, Adriaan van Us-
tade, Jacob Ruijsdael, Jan Steen, Terburg, Adriaan et Willem van de Velde, dans plusieurs de leurs chefs-d'o3uvre. Quelques artistes de haute valeur et presque in-
connus, comme Theodor de Keijser et van der Meer de Delft, Quantité de porlraits de ces maitres : les portrails
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318 MUSÉE DE LA HAYE.
de Paul Potter, de Frans van Mieris, de Michel van
Musscher, de Gaspar Netscher, d'Adriaan van Os- tade, de Jan Steen, de Terburg, etc. Parmi les étrangers : Dürer et Holbein, Rubens,
Jordaens et van Dyck, Murillo et Salvator Rosa. Tout cela vaut la peine de prendre Ie chemin de fer,
n'importe oü 1'on soit, — tous les chemins de fer de 1'Europe aboutissent maintenant a la Hollande par deux grandes artères, a Cologne et a Anvers, — et de venir visiter La Haye et Amsterdam. Une fois la, il est bien facile de voir Ie reste : Rot-
terdam, Dordrecht, Leyde, Haarlem, Utrecht, et tant d'autres villes oü sont disséminés les souvenirs du grand xvii° siècle hollandais; car la Hollande, a 1'in- verse des pays de centralisation, a manifesté sa vie sur tous les points de son territoire. Partout, des hotels de ville, des édilices publics, des établissemenls fon— dés par association, y témoignent d'une activïté géné- reuse et féconde. 1'our avoir une idee du peuple hollandais et de ses arts, il faut 1'étudier non-seule- ment a Amsterdam et a La Ilaye, mais dans ses autres demeures, au milieu des vastes campagnes, derriere ses digucs, au bord de ses fleuves et de ses innombrables canaux. Comme dit Ie proverbe russe : Plus on va loin
dans la forct, plus on trouve de bois. FIN DU MXJSÉE DE LA HAYE.
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CONCLUSION.
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Après avoir parcouru seulerncnl ces deux musées
de Ia Hollande, on comprend déja combien 1'école hollandaise estoriginale et profondément distinctede toutes les autres, sans excepter 1'école Oamandc. Aussi est-il très-singulicr que, d'habitude, les critiques francais' confondent obstinément les Hollandais avec 1 M. Louis Viardot, dans ses Musées d'Europe, passim :
« Jeconfonds en nne mêmc familie les maftresde la Hollande et des Flandres, les grands et les pelits Flamands... — Van der Helst, Terbiirg, Melzu, les petits Flamands comme on les appelle... — Rembrandt procédé de Rubens... — II n'y a pas d'école hollandaise... etc. » M. Arsène Houssaye, dans Ie Monileur universel du 25 mars
•1858, article sur les Musées de province : « Ruysdael traine a sa suite les paysagistes flamands comme Hobéoia (sic), Ber- ghcm, etc... » M. Edmont About, dans Ie Monileur universel, Salon de
1857 : « M. Meissonier est un vrai Flamand qui s'inspire de Melzu... » M. de Saiilt dans la I'resse du 12 avril 1858 : « Voici un
Flamand, Gevaëi t Flink [sic)... Cet arliste. est Flamand... etc.» M. Dréolle, dans l'Arliste du 25 avril 1858: «Dans 1'école
jlamande Paul Potter... etc. » II n'y a pas jusqu'a l'excellent Dictionnaire francais de
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320 MUSÉES D'AMSÏERDAM ET DE LA HAYE.
les Flamands. 11 y a la une hérésie historique et ar-
tistique ' a la fois, un inexplicable oubli de 1'histoire, une pcrversion de la géographie, une vue tout a fait fausse de 1'art lui-même. La llollande et les Flandres ont eu, il est vrai, une
destinée presque commune jusqu'a la grande lutte politique et religieuse du xvie siècle, et jusque-la un art a peu pres commun. Mais, a partir de la Sépara- tion de 1379, il y a un abime entre les deuxpeuples. Les Provinces-Unies, après s'ètre détachées des
Pays-Bas espagnols, constituent géographiquement et socialement une nation a part, qui a pour principe; la liberté religieuse et politique, Ie protestantisme et la république. C'est sous cette influence caractéris- lic[ue que se produit, presque tout de suite, dès Ie commencement du xvnc siècle, une école autochthone, Bescherelle oü 1'on ne trouve : u Adricn Brauwer, pcintru [la-
mand nó a Harlem!... » Et par une autre sinyularité: « Jean van den Hoeck, célèbre peintre hollandais nu a Anvers! un des ólèves les plus distingués de Rubens... » Quelle promiscuitó!
1 a C'est une hérésie historique et artistique, que de soutcnir
1'identité, en leur origine et leur développement, de 1'écoie hollandaise et de 1'école flamande. Rembrandt est Ie centre d'une lout autre pléiade que celle qui s'est formée autour do Rubens; il est Ie moteur d'une impulsion toute nouvelle.,, » — M. van Westrheone : Jan Steen, La Haye, 1857, |
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CONCU'SION. 321
tjui n'a plus aucune adhérence avec les anciens Pays-
Bas, toujours courbés sous Je despotisme de 1'Espagne catholique. Les écrivains francais ne se souviennent donc point de cela, puisqu'ils appellent Flamands — Brouwer , Paul Potter, Berchem , Hobbema , Metsu, Flinck, nés enHollande un demi-siècle après sa constitution en république indépendante, — et mème Rernbrandt!—qui n'est pas moins écarté de Rubens que de Rapbaël. Rubens était chez des vaincus et des esclaves; Rem-
brandt, chez des vainqueurs et des hommes libres. La est surtout la diflerence de leurs génies. Rubens est toujours a la suite de I'art italien,
comme sujets, comme inspirationetcomposition, et il ne s'en distingue que par un style de dessin analogue aux types de son pays. Sur son oeuvre peint, d'envi- ron 1,500 pièces, ily a 6 a 700 tableaux catholiques, ö a 600 tableaux mythologiques! Ie reste, portraits do princes, en général, et quelques paysages. On ne citerait pas de lui plus d'une douzaine de tableaux oü 1'homme soit étudié pour lui-même, et interprété en dehors des traditions du christianisme ou du pa- ganisme.— Soit dit sans entamer en rien son génie abondant et splcndidc. Rernbrandt, au contraire, comme sujets et comme
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322 MUSÉES D'AMSTERDAM ET DE LA HAVE.
interprétation, est absolument neul'. 11 ne s'inspire plus
des morts, mais des vivants. Sur son oeuvre peint, de 6 a 700 piêces cataloguées, si 1'on trouve une cinquan- taine de sujets de la Bible et autant de 1'Evangile. encore n'y a-t-il point suivi 1'orthodoxie, ni dans Ie sentiment, ni dans la forme plastique; il n'y a vu qu'un prétexte pour mettre la, aussi bien qu'ailleurs, 1'honime de son temps et de tous les temps. De my- thologiades, il n'en a guère pcint qu'une demi- douzaine, pour se moquer des vieux dieux : il faut voir son Ganymède, de Dresde, et sa Danaé, del'Er- mitage a Saint-Pctersbourg! Mais Ie fond de son icuvre est la représentation de sujets humains, patrio- tiques, pliilosophiques ou familiers, comme la Ronde- de nuit, la Lecon d'anatomie, de vieux savants qui méditent, des intérieurs de vie domestique, des scènes de travail ou de passions. Cela compte pour une cen- taine dans son catalogue. Et puis, 4 l\ oOO portraits, ou il a étudié directement et exprimé 1'hoimne, la femme, 1*enfant,—1'humanité entière, saisie au vit'. Tel est Ie caraetère de 1'école hollandaise dans son ensemble. La vie, la vie vivante, 1'homme, ses möeurs, ses occupations, ses joies, ses caprices. Les uns ont pris Ie citoyen en action pour la chose pu- blique, qu'il se livre a 1'exercice des armes ou a la |
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CONCLUSION. 323
délibération des affaires; les autres ont pris les fa-
milies chez elles, ou dans leurs distractions exté- rieures; ceux-ci les classes distinguées, ceux-la les classes laborieuses, ou les classes excentriques. D'au- tres ont représenté Ie milieu ou s'agite la vie com- mune, les mers et les plages, avec les episodes de l'existence maritime, si chère au pays ; les campagnes et les forèts, avec les dompteurs de la tcrre et les dompteurs des animaux; scènes agrestes et scènes de chasse; lescanaux et les ruisseaux, avec des moulina, des barques, des pêcheurs; les villes, places et rues, oü la populalion circule avec toute sa variété. Par- tout 1'animation, la vie présente, qui est aussi la vie éternelle, — 1'histoire du peuple et du pays. Véritable histoire, en effet, que la peinture hol-
landaise, et dans laquelle les artistes indigènes ont fixé, en images lumineuses et justes, unc sorte de pho- tographie de leur grand xvue siècle, hommes et cho- ses, sentiments et habitudes, —les faits et gestes de toute une nat ion. Ah! ce n'est plus 1'art mystique, enveloppant de
vieilles superstitions, 1'art mythologique, ressusci- tant de vieux symbqles, 1'art princier, aristocratique, exceptionnel par conséquent, et consacré uniquement a la glorification des dominateurs de 1'espèce hu- |
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324 MUSÉES D'AMSTERDAM ET DE LA HAVE.
maine. Ce n'est plus 1'art des papes et des rois, des
dieux et des héros. Raphael avait travaillé pour Jules II et Léou X; Tiziano, pour Charles-Quint et Franeois ler; Rubens encore travaillait pour 1'arehi- duc Albert et les rois d'Espagne, pour les Médicis de France et Charles 1" d'Angleterre. Mais Rembrandt et les Hollandais n'ont travaillé que pour la Hollande et 1'humanité. Et quel autre peuple a ainsi écrit son histoire dans
ses arts? Aucun, sice n'est, auncertain degré, I'AJ- lemagne. Chez les nations latines, 1'art est demeuré suspendu
en 1'air, au doublé sommet del'Église et de la Cour. bien au-dessus des fidèles et des sujets. En Italië surtout, et même en France, Ie pays de la littérature elaire, signiiicative, indépendante, on n'a presque jamais fait que de la peinture mystagogique, théolo- gique, mythologique et allégoriquc, ou de la pein- ture « d'apparat, » suivant Ie mot d'Émeric David. Les dognies et cérémonies de la rcligion, les baccha- nales et les sacrifices, les hauts faits des souverains, les joutes et divertissements des seigneurs, les images des dieux et des grands, a 1'exclusion de la nation entière, voila Ie cadre infranchi par les artistes méri- dionaux. |
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OONCLUSION, 323
'En Franco on n'a jamais peint les Francais, je ne
dis pas seulement les classes populaires, mais les groupes de tout rang qui constituent eet ensemble varié qu'on appelle la France. C'est ce queM. Alexis Monteil reprochait a 1'histoire écrite. Combien cedé- faut n'est-il pas plus notable dans les arts! La France a des milliers de portraits de Louis XIV et de tous les principicules de sa dynastie, mais de Rabelais, Montaigne, Corneille, Lafontaine, Molière, etc, c'est a peine si 1'on pourrait retrouver la figure authenti- que. La France, dans les tableaux de son école, a des Hébreux, des Grecs, des Romains, des Vénus et des \ ierges, des Ainours et des Anges, des Hercule, des Alexandrc, des César, — raais d'hommes et de femmes, point. Si, pourtant. Jusqu'au xvnc siècle, il y a en France
quelques estampes secondaires, quelques vignettes, quelques caricatures, qui touchent a la vie nationale, mais point de pcinture. Au xvni" siècle, apparaissent trois ou quatre artistes assez originaux. Watteau est unpeintre francais, — 1'égal, non Ie pareu", du grand peintre romain, Nicolas Poussin, — et il a exprimé, sinon la nature naturelle, du inoins une poesje très-humaine par Ie sentiment et très-francaise par l'éléganceet parl'esprit. Et Chardin, et bouclier, 28
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320 MUSÉES D'AMSTERDAM ET DE LA HAYE.
et Fragonard, et Greuze, qui est un pcu plus Nor-
mand que Nicolas des Andelys. Yoila tout. Ce n'est guère. L'art hollandais, avec son naturalisme comme on
se plait a dire, est dpnc unique dans 1'Europe mo- derne. C'est l'indication d'un art inspiré tout autre- ment que l'art mystique du Moyen-age, que l'art allegorique et aristocratique de la Renaissance, tou- jours continuée par 1'arl contemporain. L'art de Rembrandt et des Hollandais, c'e3t tout
simplement l'art pour l'homme. |
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FIN.
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TABLE DES ARTISTES
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CITÉS DANS CE VOLUME.
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Bertin (Nicolas), 184.
Bierweiler, grav., 193. Biji.ert (Jan), 170. Bikger(C), lith., 198. üi.oemaart (Abraham), 284. Blommendael {!■), sculp., 316. Bol (Ferdinand), 48, 49-51, 65, 169,221.
Bordone (Pèris), 311.
BOTH(les), 133, 134, 149, 152- 153, 268.
Bourdon (Sébaslien), 306.
Bovinet, grav., 240. Brakenburg (Renier), 97. Bramer (Léonard), 52. BRAY(I)irk de), 169. Bray (Jacob de), 169. BRAT(Salomonde), 169. Breda (Jan van), 178. Breemberg (Bartholome), 2B7. Brekelenkamp (Quirijn), 96. Breugel (Jan) de Velours, 61, 177, 178, 287-289, 316.
Breughei. (pioter) Ie jeune, 287. Breughel (Pjeter) Ie vieux, 96. Bril (Paul), j77. Brouwer (Atlriaan), 4, 79, 90, 95, 126, 145, 256,259.
BURRY, 305. |
||||||||
Aalst (Evert van), 154.
Aalst (Willemvnn), 166, 281. Aixom (C.)i 183. Asselijn (Jan), 163. Assen (Walter van), 282. Audouin, grav., 221. 246. Aved (J. A. J.l, 168. Backer (Jacob), 45, 169.
Backhuizen (Ludolf), 44, 158- 1G0, 274-275.
Baen (Jan de), 168, 284. Baili.y (David), 168- Balen (H. van), 4, 61-63, 171, 287, 288.
Baltard, gfav., 2»6-
Barendzen (Dirk), 168. Bartolomjieo (fra), 312. Bassen (van), 276. Bkerstraaten (Jan)i 154- Bega (Cornelis), 95- Beheren (Albert van), 173. Beixim (G.), 312. Bemhie (J.)> grav., ITT. Berchem (Qaas), 01, 84-87, 97, 131-135,262-265,267, 317.
Bermheijden (Gel-rit), 154. Berckman (Hendrih)< l"9- Bergen (D'Pk van den), 144. |
||||||||
328 MUSÉES D'AMSÏERDAM ET DE LA 11AYE.
|
|||||||
Cagliari (Carlo), 311.
Cambiaso (Luca), 311.
Capelle (Jan van de), 160.
Caiiavaggio, 183.
Cakracci (Annibale), 310.
Garracci (Agoslino), 309.
Cereso (Mateo), 307,310.
Champaigne (P. de), 295.
Cignani (CarloJ, 313.
Claessens(L. A.),grêiv., 1", 18,
19. Ci.oueT (B.), grav., 293.
Comi'E (Jan ten), 170.
Coninck (David de), 181.
CoQBES(Gonzales),295, 297,301.
Cornelisz (Jacob), 282.
Cornilliet, grav., 198.
Correggio, 310, 315.
Cürtone (P. de), 311-
Couché, grav., 216, 219.
Couwenberg (H.-W.), grav., 30.
Ckayer (Gaspar de), 181-182.
Cuijp (Aalbert), 5^63,75,78,
79, 80, 99, 101, 104, 118, 124, 12G, 154,158,174,215, 219,235,230,256,270,272, 276,277, 279. Cuijp (Jacob Gerrih), 101-103.
COILKNBURG (C. Vatl), 170.
Daudet, grav., 112.
Dam», grav., 248, 249.
Deelen (Oirk van), 27G, 280.
Delff(G.), grav., 61.
Denon, grav., 216.
Dijk (Philip van), 174, 229, 293.
Does (Simonvan der), 144, 145,
267.
Dolci (Carlo), 310.
DoMiMQmN, 310. Dov(Gerard), 5, 18, 49, 55, 78- 91,92,95,06, 124,223-225,
226,228,259, 31'.
Drost, 30-32. |
|||||||
Dobbels (Hondrik), 160.
Ducu (Jan Lel, 130-131. ] Dughet (Gasparl, 306. Dunker, grav., 129. DupARC.grav., 218. Dürer (Albreeht), 185, 302-303, 318.
Ddsart (Cornelisl, 95.
Dvck (Antonvan), 180-181, 185, 293-295, 318.
Eeckhout (G. van den), 48, 49,
54,67,221.
Elsheimer (Adam), 305. Escalante, 307', 309, 310. EvERDiNGE.x- (Aldert van), 149- 150.
Everpingen (Cesar van), 284.
Eïck (les van), 4, 176-177,286. Fabricius (Karel), 272.
Ferri (Ciro), 183. Fictoor (Voyez Victors). FlinckiG.), 45-49, 58, 65, 1G9. Fokke (Simon), grav., 122. Fortier, grav., 218. Frangken (Frans) Ie jeune, 182. Francken (Bieronimus) Ie vieux, 182.
Francken (Sebastian), 295.
Fret (J. do), grav., 30 , 193, 198.
Gaesbctxk (a. van), 90-91.
Gallb (F.), grav., 18?. Gahofolo (B. Tisioda), 183. Garreac, grav., 219. Gatihg (J. van), 169- Gel (Joost Van), 170. Gelder (A. Ue), 51, 211. Gellée (ClaiKjg), 3q6. Gvsels (R.), 177. Giordano (Luca), 311. Glaubbr (Jan), 264. |
|||||||
TABLE.
|
|||||||||||
329
|
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Goijen (Jan van), 123, 149, 151,
21 i, 256.
Greenwood, grav., 227.
Griffier (Jan), 149, 151. Guerchin, 311. GiidoRem, 183, 310, 311. Güïot, grav., 219. Haarlem (Cornelis van), 55,
283.
Hackaert (Jan), 136, 141-143.
Hagen (Jan van der), 149, 151, 267.
Hals (Frans), 45, 55, 58-60, 05, 95, 98, 1G9, 280.
Hauck (A. C), 170. Heem (David Davidsz de), 164- 105.
Heem (Jan Davidsz de;, 164-165, 281.
Heijden (J. van der), 136, 141- 144, 153,267.
Helst (B. van der), 1,2,5, 33- 45, 47, 55, 58, 65, 7 1, 77,
85, 169, 170, 191, 201,220-
221, 23G, 243.
Helst (L. van derï, 45. |
|||||||||||
111, 133, 158, 223, 236.
251, 272.
Hoogstraten (Jan van), 222.
Hoogstraten (Samuel van), 175, 222-223.
Houbraken ;Jacob),grav., 195.
Houston (R.), grav., 30. Huciitenbcrgh (J. van), 98, 127, 130, 259, 262.
Hoijsum (J. van), 78, 164-167, 281.
Hulk, grav., 266. Ingouf, grav., 228.
Jansom (Jacob), 174.
Jarbin (K. du), 2, 64-70, 71,
133, 264-265.
Jode (P. de), grav., 293. Jong (J. de), 169. Jong (Liidolf de), 170. Joruaens (Jacob), 181, 291-29-j, 318.
Kaiser(J. W.),grav., 30,40,88.
Kalf (W.), 78, 98.
Keijser (les de), 52, 53, 231-
239, 317.
Kneller (G.), 98. Kokdijk (Nicolaas), 101. Koninck (Pliilip), 53, 54, 140, 221-222, 269, 270.
LAiRESSE(G.de), 2,145-146,26i,
Lanfranco, 183. Lange (J. P.), grav., 53,56. Laürent, grav., 219. Ladri (Filippo), 311. LeBas, grav., 216. [.bijden (Uicas van), 56, 282. Lijvens (Jan), 54. Limborch (Hendrik van), 148. LrNGEi,BACH(.Ian), 139, 141, 222, 268-269, 274. |
|||||||||||
(e), 268.
HilligAard (Pauwels van), 173. Hobbema (M.), 79, 80, 81, 99, 124, 136, 149, 151 , 15S,
215, 271, 272.
HoEftGEEST, 276. Hoet (Gerard), 173, 174.
Hoet (Moses), 174.
Holbein (Hans), 184, 303-305,
318.
Hondecoeter (M. do), 161-163, 280-281.
HonthOrst (Gerard), 55, 63-64, 83.
Homthorst (Willcio), 64.
Hooch (P. de), 54, 79,98-101, |
|||||||||||
330 MUSÉES D'AMSTERDAM ET DE LA I1AYE.
|
|||||||||
Netscher (Gaspar), 122-123,
248,318.
Nooms (Renier), ICO. Oortman, grav., 253.
Ostade (A. van), 5, 69, 78, 79,
92-98, 111 , 126, 139, 145,
215, 239-244,250,259,317,
318.
Ostade (1. van), 95, 215, 242- 243, 244.
Oudenrogge (J.), 174.
Ouwater (Isaak), 17 4. Palamedes (les), 131, 170, 276-
280.
Panneels, grav., 179.
Pape (A. de), 230. Parmesan (F. Mazzuoli Ie), 183, 310.
Peters (Jan), 182.
PiGEOT, grav., 228. Pijnacker (Adam), 149, 152, 268.
Poel (Egbert van der), 154,284.
Poelenborg (C), 145-146, 174, 267.
PontiI's (Paul), grav., 179.
Pool (Juriaan), 166. Pot (Henri), 98. Potter (P.), 67, 70-77, 79, 80, 131,175, 189,190,195,211-
221,243,262,26C,301,317,
318.
Pourbus (Frans) Ie jeune, 178, 295.
Poussm (Nicolas), 306. Quinkiurd (Jan Maurits), 174.
Qüinkhari) (Julius), 174. Raphael, 310.
Ravestein (J. van), 55, 57-58.
Regters (Tiebout), 170, 171.
|
|||||||||
Loo (van), lith., 82.
|
|||||||||
Maas (Nicolaas), 53, 67, 98, 221.
Mare (F. de), grav., 114, 116. Mazzolini (L.), 312-313. Meer (Jan van der) Ie jeune, 135. MEER(van der) de Delft, 27 2-273, 317.
Memling (Jan), 286-287.
Metsu (G.), 5, 67, 69, 78, 79, 80, 111, 118, 123-126, 158,
166,226,227,248-251,256,
258, 267, 296, 317.
Miereveld (M.), 55-57, 202, 282, 284.
Mieris (Frans van) Ie jeune, 90.
Mieris (Frans van) Ie vieux, 89- 90, 91, 118, 124, 166, 174,
194,226-229,230,249,317,
318.
Mieris (Willem van), 90, 143, 228, 229.
Mignon (A.), 164-165,281.
Mutens (Daniel), 170, 300. Mol (P.van), 182. MOMMERS, 97.
Momper (J.), 177.
Mom (Louis de), 174, 229-230. Mor (Antonie), 282-283. Moreelse (P.), 57,202,284. Moucheron (Fredcrik), 136,141- 143, 2G9.
Mouili.krom, lith., 19.
Murant (Emmanuel), 130. M 183, 307 , 308-309, |
|||||||||
318.
Musscher (Miche) van), 251,318
MïTENS(Jan), 170. Naiveu (Matthijs), 174.
Neefs (Peeter), 178, 295. Neer (Aart van der), 104. Neer (Eglon Hendrik van der) 104. |
|||||||||
TARLE.
|
331
|
||||||||
Sungeland (P. van), 88, 91.
Sluuter (D. J.), grav., 125. Smith (}.), grav., 179. Snyders (Frans), 181, 291. SOLIMENE (F.), 311.
Soolmaker (J. F.), 264.
Spada(L.), 183. Staveren (J. van), 88. Steen (Jan), 5, 69, 78, 79, 80, 97, 104-118, 119, 123, 124,
126, 133, 138,158,252-258,
317, 318.
Steenwijk (Hendrik van) Ie vieux, 276.
Storck (Abraham), 271, 274.
Strij ('Abraham), 174-175. Strij (Jacob van), 175. Suijberhoef, grav., 231, 232, 235.
SwASEVELD (H.), 268.
Tassart, grav., 289.
Taurel (C.-K.), grav., 56. Teniers (David) Ie jeune, 182- 183, 295-297.
Terburg (Conslantia), 246. Terburg (G.), 5, 69, 79,81,111, 118-122, 126, 236, 244-248,
250, 317, 318.
Terwesten (Maltheus), 171. Tilborg (Gilles van), 219, 243- 244.
TlNTORET, 311.
TlTIEN, 311. Tol (D. van), 88-89.
Torenburg, 274.
Troost (Cornelis), 102,171,284-
285.
Uchterveldt (M.l, 251.
ULFT(J.vander), 149, 152, 268. Uliier, grav., 294. Vaillant, grav., 120.
|
|||||||||
Rembrandt, 1, 2, 5, G-33, 37-
39, 41, 45, 47, 48, 49, 51, 52, 53, 54, 55, 57, 58, 65, 67, 71, 76, 77, 78, 79, 83, 86, 87, 91, 92,98, 101, 118, 119,133,140,146,158,163, 169,185,189, 190-211, 214, 216, 221., 222,223, 234, 235, 230,270,272,273,285,286, 292, 300,317. Ribera, 183.
Rietschoof (Jan Claasz), 161.
Rijsen (W. van), 17 4.
Ring (Pieler de), 164.
Roepel fCoenraet), 1G4.
Romun (WiUem), 135.
Roos (Johann Hendrik), 305.
Rosa (Salvator), 312, 314, 318.
RottenhaMmer (Hans), 175, 184,
287, 288, 293, 305. Rousseaü, grav., 147.
Rubens, 179-180, 185, 288-
291, 318. Ruusdael (Jacob), 5, 78, 79, 80,
81, 136, 140, 149-150, 151, 215, 270-272, 317. Ruusdael (Salomon), 149, 150,
214. Ruiter (J. de), 174.
Ruyscii (Rachel), 164-16G, 281.
Ryckaert (David), 182.
Saenredam (P.), 54.
Saftleven (Cornelis), 170, Saftleven (Herman), 149, 151. Sakdrart (J.), 52. Santafede (Fabricio), 311. Sassokerbato, 312. Sayery(R.), 295. Schalcken (G.), 83,88, 91,225- 226.
Schoorl (Jan van), 50, 283.
Schuppen (Jacob van), 171. Slabiuert (K.), 54. |
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332 MUSÉKS D'AMSTERDAM ET DE LA HAM-.
|
|||||||||
Valck, grav., 87.
Veen (O. van), 178-179. Velazoueb, 183-184, 307 308, 310.
Velde (Adriaan van de), 69, 79, 126, 135-144, 145, 148,153,
219, 265-267, 317.
Velde (Esaias van de), 157, 279. Velde (Willem van de) Ie jeune, 5,78,79, 155-157, 158,160,
274-275, 317.
Velde (Willem van de) Ie vieux, 155, 157.
Venne (A. van der), 4, 55, 60-63.
Verboom (Abraham), 136, 149, 151.
VERHm.ST(Rombout),scuIp., 316.
Vermeulen, grav., 180. Vernet (Joseph), 306-307. Veronese (Paolo), 311. Verschuur (Lieve), 160-161. Yictors(J.), 51, 210. VlLLAlN, grav., 253. Vinci (Léonard de), 311. Vinkboom (David), 17 5, 295. Vinkboom (Philip), 17 5. Visscher (Cornelis de), 56, 63. Visscher (L.), grav., 16S. Vliet (van), grav., 194. Vliet (Hendrik van), 154, 27 6. |
Voet(A.), grav., 17 9.
Vois (Arij de), 96-9T, 229. Vries (Renier van), 149, 151. Vroom (Hendrik Cornclisz), 161. Wachsmuth, grav , 261.
Watson, grav., 249. Weenix (Jan), 164, 281. Werff (Adriaan van der), 65, 133, 143, 145-148,210,230,
259.
Werff (Pieter van der), 147- 148.
Weïden (Rogler van der), 286.
WucK(Jan), 98. Whck (Thomas), 97-98. WlJNANTS (Jan), 130, 138-141, 143, 148, 149, 269-270.
Wille (J. G.), grav., 121. Witte (Emmatmel de), 154, 27(i. Wouwerman (Philips), 67, 7f>, 79, 98, 118, 126-131, 130,
139, 141,178, 258-202,264,
267, 269,317.
Wouwerman (Pieler), 130, 135, 262.
Xavery(.I. B.), sculp., --ïïG.
Zegers (Daniel), 29.r>. |
||||||||
FIN DE LA ÏAHLK,
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iuijit Uiu'ric de ï' -A ROIj:il)IEl| et i:1", 30, ru Jiai.nint'.
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mbbaiiue V" J. RENOUARD, 6, hue de todbnon.
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Lc livre de M. W. Burger n'est pas seulement un
compte rendu de l'incomparable Exhibition de Man- chester, c'est aussi une savante étude sur 1'histoire de 1'art dans tous les pays. Il est divisé par écoles, et dans chaque école les maitres sont places par ordre chronologiquc, si bien que les chapitres sont des espèces de monographies de la peinture en chaque pays. Les Italiens, d'abord, a commencerpar les origines
byzantines, et jusqu'aux Bolonais, après avoir passé par les Florentins, los Romains, les Vénitiens, les Parmesans; — puis les Espagnols, principalement Vclazquez et Murillo, si admirablement rcpréscntés a |
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1'Exhibition de Manchester; — 1'art du Nord vient en-
suite : les Allemands, depuis meister Stephan, 1'au- teur de la célèbre Adoration des mages a la cathédrale de Cologne; — les Flamands, depuis van Eyck jus- qu'a la grande école du xvne siècle; — les Hollan- dais : ils y sont presque tous, et de la plus rare qua- lité. — L'école franqaise et 1'école anglaise sont examinées a part. — Quelques autres chapitres sont consacrés a la galerie des portraits et a 1'art orno- mental. — Enfin, les peintres modernes, les aquarel- listes et la gravure terminent Ie volume. Personne en Europe ne connait mieux que M. Bur-
ger 1'art du Nord, qu'il a étudié spécialement en Allemagne, enBelgique, en Hollande, en Angleterrn, oïi il a visite les musées et les collections particu- lières. Mais les écoles italiennes, et surtout l'école espagnole, semblent lui être également familières. Et s'il laisse souvent deviner ses sympathies d'ar- tiste, il n'en est pas moins juste pour tous les grands maitres de tous les styles. W. Burger est une espèce de cosmopolite en matière d'art, et c'est sans doute ce caractère qui a décidé Ie succes de son livre. Les Trésors d'art, en efl'et, ont été appréciés digne-
mcnt par la presse francaise et par la presse étran- gère. En France, les critiques les plus compétents en ont faitl'éloge : dans Ie Moniteur universel (M. Édouard Thierry), dans l'Artiste (M. Paul Mantz), dans l'Illus- tration (M. Philippe Busoni), dans Ie Siècle, dans l'Écho des Deux-Mondes, dans la Revue espagnole et portugaise, dans Ie Bulletin littéraire de la Biblio- thèque univcrsellc de Genève, dans la Revue universelle des Arts, dans la Revue des Beaux-Arts., etc, etc. En |
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Angleterre, les principaux journaux artistiques, the
Art Journal, the Athenceum, en ont publié un- examen détaillé et de longues citations; the Observer, the Satur- day Review, the Manchester Guardian, et autres jour- naux et revues, ont vivement recommandé ce livre aux lecteurs anglais. En Belgique, VObservateur, Ie Télégra- phe, Ie National, la Revue trimestrielle, VUylenspie- gel, etc; en Allemagne la Gazette de Cologne et autres, en ont donné des comptes rendus et des extraits. Les Trésors d'art par W. Burger ont donc pris rang
parmi les livres qui intéressent 1'histoire de 1'art, a cause des faits, des dates, des remarques, des docu- ments de toute sorte qu'ils contiennent sur les maitres des diverses écolos depuis 1'origine de la peintur'e moderne jusqu'a nos jours. |
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