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L A V I E
DES
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PEINTRES
FLAMANDS,
ALLEMANDS ET HOLLANDOIS*
A V E C DES PO.RTRAJTS
Graves en raille-douce, une md�cation de leur»
principaux Ouvrages, & des R�flexions fur leurs diff�rentes mani�res. ParM.J. B. Des�AMFS, Peintre, Membre ie ['Aca-
d�mie Royale des Sciences3 Belles-Lettres & Arts dt Bonen j & Profejjeur de 1'Ecole du DeJJin de la mems |
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T O M E PREMIER.
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A PARIS,
Chez Charles-Antoine Jo�Birt , Libraire du Roi
pour 1'Artillerie & Ie G�nie , rue Dauphine, d
1'image de Notre-Dame.
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RI I)CC UU,
APPRO34TION ET PRiyZLECE DU ROI. |
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E XPLlC^. TIO N DU FROJST TISPI CE.
* - 4 Peinture assise sur Tes d�bris d'une frise Corz'nm
thienne, tient d*une ma in la palette; et de faut re etle icrit la vie. des Peintres. Trots g�nies lui Jont voir- les cup ra ges des art'istes , pendant qu'un de ces genius y tjui est ce.uide la p&�n**tre , luid�cauvre /es beaut�sde chaque tableau^ et luidicte l* jugement qu'elle place <J la suite de chaque vie. Au bas est un g�nie quilit les auteurs , tandis qu'un autre �crit des eactraits des m�moires dont eet ou- vrage est compos-� ; un autre tire de l'obscurit� fes me- daillons sur lesqttefs sont grav�s les portraits des grands hommes; il les o'~ne de guirlandes de f eurs et va /es at~ tacheraupoitiqeie du temple de M�moire, qu'on reconnoit au portrait dn fteros, qui est p/ac� dans Ie fronton. Un nuage qui avnit lo?ig-tems cach� �. Ia France la »>ie de ces peintres ha bil es , se dissipe ptu apeu^ �. mesure que eet ouvrage s'avaticr. Les medailles et les chaines sont fes marques honorabies dont plusieurs Princes ont d�cor� les grands hommes. |
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[Cet ouvrage se trouve actuellement
A PARIS,
Chez BeJlih junior* libraire , me du F |
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ladf.
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A MONSEIGNEUR.
CLAUDE-ALEXANDjRE DE VITXENEUV�
C�MTE DE VENCE,
MARhCHALDES CAMPS ET ARM�ES
DU ROY,
COLONEI.-L1EUTIN ANT DU REGIMENT ROYAl,
INFANTERIE-ITALIENNE-CORSI. Monseigneur,
Apeine ai-je eu l'honneur dt
vous communiquer mon projetct�crirc
aij
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'Wt
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la Vie des Peintres F'lamands, que y
non content de m'enhardir a cette entreprife, vous ave^Jait naitrc mes r�jlexions , vous ave^ �clair� nies doutes , vous m'ave^ aid� de vos avis , vous mave^ ouvert la porte de la cani�re. Qid pouvoit, en effet, ■plus f�rement que vous , MON- SEIGNEUR , meguider dans ces fentiers difficiles ? Enfignalant votre valeur dans les arm�es, vous ave%_ content� votre gout pour la peinture, Apr�s avoir contribui au gain des bata�les , a laptife des villes ? vous vifitie^ hs cabinets des curieux & les ateliers des plus c�l�bres artifles; &en achetantd grandprix leursplus |
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heaux ouvrages de peimure, vous
ennchijjiei Paris ( * ) des chefs- d'czuvres jlamands, Cejl leur Hif~ toirt que je vous retrace.; cejl la gloire de leurs auteurs , que je tdche defoutenir; cefont les hont�s 1 dont vous mhono.re^ , que je publie. Si ce foible hommage ne peut vous marquer toute ma reconnoijfance j ( * ) M. Ie Comte de V e n c e a orn�
fon cabinet de plufieurs tableaux j dont les auteurs font a peine connus a Paris. Il a joint a ces richefles de la Flandre , des morceaux pr�cieux d'Italie 6c de France. On y admire cntr'autres deux beaux tableaux de M. Pierre , premier Peintre de M. Ie Duc d'Orl�ans j Sc Profefleur de 1'Acad�mie Royale. Ils font places a c�t� d'un tableau du Rimbrant} ils s'y fou- tiennent pour la couleur 3 mais ils font grand tori a celui duflamandj du c�t� de. la corre<2ion & de 1'�l�gance du deflin. � � �
au;
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il vous afjurera du moins du pro'
fond rejpecl avtc lequel jefuis , |
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MONSEIGNEUR,
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Votre tr�s-humble & tt�s-ob�iflant
Serviteuc ^ J. B. DJESCAMPS, |
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AFERTISSEMENT.
�Nne connoii�oit avant la derni�re
guerre qu'une partie des Peintres Fla- mands, Allernands & Hollandqi--. Le f�jour que nos troupes ont fait en Flandres, a donn� lieu aux amateurs d'�tendre leurs connoiffances & de rechercher les tableaux des plus c�- lebres maitres ; mais il manquoit peut- �tre a la France , un livre qui tit con- noitre enti�rement la vie & les ou- vrages du plus grand nombre. Monfieur F�liblenvi^ fait que nom-
mer les Peintres Flamands; ii n'a �crit la vie que de tr�s-peu d'artiftes. M. de Piles s'eft born� a 1'hiftoire de 81 peintres , encore n'avoit-il pas puif� a la fource. Il n'eut pour guide dans fes recherches que Sandraert, peintre Al- lemand , qui avoit �t� lui-m�me copifte peu exacl: de Carle van Mander, & de quelques autres �crivainsqu'il a fuivis, ians examiner les faits ni v�rifier les a iv
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viij AVERTISSEMENT.
ciates. FlorentleComte a�critdepuis les n �mesauteurs un plus grand nombre de Vies; mais il eft moins inflruftif, moins fuivi & moins int�reffant que M. de �Pi/es. Les deux volumes & Ie fuppl�- m�nt de M d'Argenville, ont m�rite 1'�- loge d'undenos meilleurs journaliftes; & rien n'eft plus flateur que Ie fuffrage des perfonnes dignes elles-m�mes de louanges. Mais 1'ouvrage que j'an- nonce eft d'une plus grande �tendue. Il y a pres de quinze ans que j'ai com- menc� a faire des notes fur la vie des Peintres Flamands. J'ai compar� dans ces notes les auteurs les uns avec les autres; j'ai d�m�l� , autant qu'il m'a �t� poffible j Terreur d'avec la v�rit�. Mon ouvrage augmentoit �nfeniible- ment; jen fis part a quelques amis �clai- Jf�s., & a des perfonnes diftingu�es par leur rang & par leurs connoilTances, qui m'engag�rent a Ie pourfuivre & a raffembler en corps ces difF�rentes par- ties. Les Flamands m�mes , peu con- tens de ieurs �crivains , me promirent de m'aider de leurs fecours, & m'ont engag� dans une carri�re qui m'a offert, en la parcourant, des dfifficult�s que je n'avois pas pr�vues. L'auteur qui a |
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AFERTISSEMENT. ix
conduit laplupart de ceux qui m'ont
pr�c�d� eft Ie c�lebre Carle van Man- der , peintre & hiftorien Flamand; il a �crit depuis 1'origine de la peinture a Thuile, c'eft-a-dire , depuis envirort 1366 , jufqu'en � 604. Il m�rite af�ur�- ment notre eftime & notre reconnoif- fance pour fon exa&itude; mais il auroit �t� a fouhaiter qu'il e�tmis dans (es �crits lesgraces&la pr�cifion qu'on admire dans fes tableaux. Il eft trop dif�us : ce n'a pas �t� fans une attention p�nible , qu'il m'a fallu d�barraffer Jes faits int�- reffans d'avec une multitude de d�» tails qui ne Ie font pas. Cornille de Bie a moins fait 1'hiftoire de quelques jpeintres de la m�me nation, que leurs eloges en vers ; ils font tous , a 1'en- tendre, des artiftes admirables, ils n'ont pas Ie moindre d�faut: il n'�toit pas fa- cile de faifir la v�rit� a travers des hy- perboles qui la couvrent. Arnold Houbraeken, peintre Hollan-
dois &continuateur de Carle van Man- der , eft eftimable pour fes talens & pour fes moeurs. Il eut 1'avantage de voir les tableaux dont il a fait la defcrip- flon j & de connoitre les peintres dont il a fait 1'hiftoire; mais on d�fireroit |
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x AVERTISSEMENT.
qu'il fe fut plus �tendu en quelques
endroits & reirerr� en d'autres. Ses dates font plac�es coniuf�ment, fans chronologie, fans aucun ordre. Nous avons trois volumes in-4J de Camp o Jf^eyermans, autre peintre Hoilan- dois. Il a compil� Houbraeken qu'il a d�- figur� ;ila remplifes �crits d'ordures , d'impi�t�s& decalomnies;ilacondam- n� 1'ordre & la lageiTe qui r�gnentdans les ouvrages de M de Piles, au lieu de s'efforcer de lesimiter. Johan van Gooi vient de publier
deux volumes in-8° furlam�mema- ti�re; Ie premier en 1751, & Ie fecond en 1752. Il n'aque Ie m�rite de 1'exac- titude : il ne porte aucun jugement fur les tableaux dont il parle ; il ne lui �chappe pas la moindre r�flexion fur les manieres difF�rentes des peintres. Son ouvarge n'eft qu une compilation de faits & une lifte de tableaux ; il furcharge & interrompt , comme les autres, (es narrations de vers d�plac�s, qui ne marquent ni fon jugement ni fon gout. Tous ces �crivains, qui fe contre-
difent fouvent, ne pouvoient �tredes guides fi�rs. Il m'a fallu puifer dans d'autres fources : j'ai lu les hiftoriens |
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AVERTISSEMEN7. xj
des villes dont j ai eu occafion de
parier ; je n'ai point n�glig� les poeres qui ont v�cu du temps des peintres qu'ils ont lou�s ; j'ai tranfcrit les regif- tres de diverfes compagnies; j'ai tir� les dates des �pitaphes, des extraits raortuaires, & d'autres monumenspu- pjics Les cabinets des curienx m'ont �t� ouverts ; des titres de plufieurs fa- milies m'ont �t� confi�s: on m'a en- voy� de diff�rens pays des inftruc- tions de toutes efp�ces, �crites en di- verf�slangues que j'ai Ie bonheur d'en- tendre J'ai eu des relations intimes & descorrefpondances particuli�res avec desfavans & d'habiles artiftes. Quand tous ces fecours ne fuffifoient point , je me fuis tranfport� fur les lieux pour �claircir les faits obfcurs : enfin j'ai paffe ma jeuneffe en Flandres , ma pa- tne, ou j'ai v�cu au milieu des rares produftions que je fais connoitre. Plein d amourpour mon art, j air�fl�- chi fur les grands mod�les qui m'en- tpuroient ; j en ai �tudi� 1'efprit ; j'ai tach� d'en faifir les cara��res. Il ne iuffit pas de marquer la maniere d'un peintre ■ � faut la d�velopper, � 1'on peut parier ainfi, ia comparer avec celle |
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xij AVER TI SS E ME NT.
d'unautre. Les comparaifons font des lumi�res qui donnent a 1'objet un �clat plus v if. Ce n'eft pas par des termes fa- vans qu'on fe fait Ie tnieux entendre ; c'eft par une expofition d�taill�e de toutes les parties du tableau: cette ex- pofition les doit pr�fenter a 1'efprit telles qu'elles s'offrent aux yeux , & met fouventlesmoins cannoifleurs en ctat d'en juger; aufiin'ai-je employ� , autant qu il m'a �t� poflible , les termes confacr�sa laPeinture , que quand la langue ne m'en fourniffoit pas d'autre, ik j'ai eu foin de les expliquer dans des notes. Cet ouvrage commence en 1366,
par la vie des fr�res van Eyck , inven- teurs de la peinture a 1'huile , & conti- nue jufqu'a notre fi�cle. L'ordre chro- nologique s'y foutient d'un bout k 1'autre. Les dates font marqu�cs a,la t�te de chaque hiftoire ; quand eiles font inconnues , je les indique- a peu pres, iur les conje&ures que je tire du temps ou Ie p�re , Ie maitre ou les con- temporains du peintre dom j'�cris la vie ont v�cu ; j'ai recours a�x ann�es marqa�es fur les tahieatix cju'il a peints; & fouvent les plus petites circonf- |
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AVERT1SSEMENT. xiij
tances, m�l�es a 1'hiftoire d'autres
peintres, m'ont conftat� Ie tempsa peu pres ou il a v�cu. L'ordre que je me fuis prefcrit ,
comme Ie plus clair&le plus fimple ,e{t de faire connoitre 1'ann�e , la ville ou Ie peintre a recu Ie jour. J'expofe (on extra&ion, je Ie fuis chez (es maitres & dans les pays ou ii voyage, j'en raconte des �v�nemens, lorfqu'ilsontquelque rapport avec fon talent, & je marque Ie temps de fa mort. Lorique (es ouvra- ges me font bien connus, je d�figne ion genre & je tached'appr�cier fon m�- rite; mais lorfquejene connois point par moi-m�me fes tableaux, j'indique o� ils font: j'en fais mie efp�ce de cata- logue, eniorte que 1'on fait en quel en- droit un tableau �toitautrcfois , a qui il a appartenu, & dans quei cabinet il a �t� tranfport�. C'eft par cette route inftruftive que j'arrive jufqu'aux cabi- nets de nos Francois curieux , pieins de connoilTances & de gout, quipof- f�dent les plus pr�cieux tableaux de Hollande & de Flandres. Pres de deux cents portraits, gravcs
par les mcilleurs artiftes de Paris, & pla- ces a la t�te de la vie �es plus grands |
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xiv AVERTISSEMENT.
Peintres, font les pius beaux ornemens
de eet ouvrage. Ces portraits cara&�- rifent par les vignettes qui les entou- rent, les talens particuliers de chaque maitre , enforte qu il fuffit de voir ces attributs, pour juger quel �toit legenrc du Peintre. La clart� du flyle, 1'ordre des faits, la
rapidit� de la narration , beaut�s effen- tielles aux �loges hiftoriques , font celles que j aurois bien voulu r�pandre dans mon livre. Etranger &artifte , je crains bien de n'en avoir eu que la volont�. J'abandonne a la critique quelques exprefi�ons n�glig�es, quel- ques tours hafard�s ; mais j ofe repr�- fenter, que dans un ouvrage tel que celui-ci, qui fe fouttent & int�reffe par lui-m�me , on doit avoir, fuivant Ie pr�cepte deQuintilien,moins d'atten- tion pourles mots que pourleschofes. N'avancer rien que devrai ouconnu pour tel,par rapport aux �v�nemens de lavie de chaque peintre ; donner pour douteux ce qui Teft ; rejetter ce qui eft licencieux, de mauvais exemple, peu agr�able, peu int�reffant; n'attri- buer a chaque artifte que les ouyrages qu'il a faits; lui �ter ceux dont il n'eft |
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AVERTISSEMENT. xv
pasl'auteur; les rendrea qui ils appar-
tiennent; en porterunjugement que l'on croit �quitable., & toujours fond� fur celui du Public �clair�: voila ce que j'ai fait, ou tach� de faire. La plupart desPeintres ne mettent
fur leurs tableaux que les lettres ini- itales de leurs noms. On fait avec quelle diff�rence les Franc.ois, les Fla- mands & les Hollandois �crivent les in�mes noms de bapt�me. Pour pr�ve- nir eet inconv�nient, j'ai mis tour. au long Ie nom & Ie furnom de 1'artiile dans les deux diff�rentes langues; par exemple, page i i,Hans(jean)Memme-> linck. Hans eft Ie nom flamand, qui fignifie Jean en francois, &c. On va voir les r�volutions que la
Peinture a �prouv�es en Flandres & en Hollande; elle a fuivi Ie fort detous les A rts. Quand les Princes 1'ont prot�g�e, elle aeu de grands fucc�s; quand ils 1'ont abandonn�e, elle ad�g�ner�. Le Prince Charles de Lorraine , gouverneur des Pays-Bas, commence aujourd'hui a la tirer de la langueur o� elle �toit depuis quelques ann�es. LEcole Flamande reprend de la r�putation ; mais il lui manque encore bien des avantages qui diftingxient celle de Paris. Elle doit �tre |
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xvj AVERT1SSEMENT.
regard�e par 1'ordre qui y r�gne , par
rinftruftion quis'y donne , par t'�mula- tion & les r�compenfes, comme Ie mod�le de toutes les academies de Funk vers.Ilyapeud'artiftes dans Ie monde qui �galent ceux dont elle eit compof�e; un grand nombre d'entr'eux joignent au g�niedupinceaule talent d'une plume elegante ; & a 1'art de faire des chefs- d'ceuvres, Ie don d'en bien juger. Je dois unt�moignage public de ma
reconnoiffance a quelques illuftres amis qui m'ont aid� dans eet ouvrage. M. mathieu de Vifch ,Peintre & Direfteur de l'Acad�mie de Bruges , malgr� fes occupations importantes , m'afait part de fes favantes recherches. Je dois un remere�ment a M. Elfen , peintre Fla- mand , & Affoci� de l'Acad�mie de Rouen, qui pendant mon abfence a bien v oulu fe charger de conduire Ie bu- rin des plus habiles graveurs de Paris , pour les portraits qu il a embellis en partie de fes ing�nieufes compofitions. Le fecond volume va paroitre ince�
famment; il commencera par la vie de van Dyck: les autres le fuivront, fans autre interruptionque cellequi fera n�- ceffaire pour achever le grand nombre ide portraits auxquels ontravaille. HUBERT
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HUBERT ET JEAN
VAN EYCK,
�LEVES DE LEUR PERE.
Vj kst a la petite ville de Maafeyk, fitu�e-
fur les botds de la Meufe., que nous devons Ie fecret de la peinture a. 1'huile, que les anciens ne connoiflbient pas , & auquel les moderwes doivent la confervation de leurs diefs - d'cEuvres. Cette ville donna Ie jour a iiubert Fan �yck Sc i Jtan fon Fr�ie. Le Aomc �� A |
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� La Vle des Peintres
______premier naquit en 136$ , & Ie fecond en
^ lis �tudi�rent & fuivirent tous deux les principes
de leur p�re. Cette familie fembloit �tre n�e pour la peinture : Marguerite leur focur fut c�l�bre dans eet art; elle refufa de »fe maner pour pouvoir s'y livrre toute enti�re. Quoique Jean fut �l�ve d'Hubert fen fr�re aiu�j.
il lc^furpafla. Il �toit non-feulement bon peintre , ma�s il avoit une inclination d�cid�e pour d'autres fciences, Sc fur-lout pour la chymie. En cher- chant Ie moyen de puriner fes couleurs pour les rendre plus durables, il avoit trouv� un vernis qu'il appliquoit fur fes tableaux, Sc qui les rendoit lui- fans Sc pleins de force. La recherche de ce vernis avoit occup� tous les peintres d'Itahe pendant plufieurs ann�es. Comme ce vernis ne fe f�choit point de lui-m�me, Sc que Ie peintre �toit obli- g� de 1'expofer a 1'ardeur du foleil, un hafard procura a. la peintiue �« facc�s dont nous jouif- fons. Jean van Eyck ayant pof� au foleil un tableau ' qui lui avoit co�c� beaucoup de foin , ce tableau, qui �toit fur bois, fe f�pdra en deux. La douleur de voir ainfi d�truire Ie fruit de fes travaux, lui fit avoir recours ala chymie , pour tenter fi, par Ie moyen deshuilescuites, ilnepourroitpas trouver celui de faire f�cherfon vernis fans Ie fecours du foleil ou du feu : il fe fervit des Huiles de noix & de lin, comme les plusJiccadves; Sc en lesfaifant cuire avec d'autres drogues, il compofa un vernis beaucoup plus beau que Ie premier. Il �prouva- de plus que les couleurs fe m�loient plus facile- ment avec i'huile qu'avec la colle ou 1'eau d'oeuf, dont il s'�toit jufqu'alors fervi; ce qui d�termina notre artifte a fuivre cette nouvelle methode. Ses |
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Flamands% Al�etnands & Boilandois. $
coulciirs, fans s'emboire ( i ), conferv�ient leiirs ni�raes tons, & n'avoient pas befoin de vernis: elles fe f�choient promptement; &il fautajouter encore qu'il trouva plus de facilit� a les melen Tous ces avanrages lui firent abandonner la colle & 1'eau d'ceuf, p�ut fe mettre dans 1'ufage des couleursa 1'buile, ouil acquit, ainfi que fon fx�rej une grande r�puiation» lis eurent aufli tous deux grand foin de cacher bttl fecret. Lears principaux tableaux font ceux qu'ils
firent a Gand en Flandre. Parmi les plus con- f�d�rables , on admire celui de Saint- Jean, qu'ils peignirent pour Phi�ppe Ie Bon, duc de Bour- gogne , comte de Flandres. On y voit fon portrait fur un des volets (2)1 il y eft peiut a cheval. Lededans du tableau icpr�fente les Vieillards qui adorent 1'Agneausfujettir� de 1'apocalypfe.C'eft un prodige que la quancit� d'�uvrage & que Ie fini dont il tft. On y compce 350 t�tes, fans y en trouver deux qui fe refT�mblent. On voit fur Ie volet droit, Adam & Eve repr�fent�s avec beaucoup de noblefTe Sc de d�cence j fur 1'autre volet eft une Sainte-C�cile & quelques autres figures de cavaliers avec leulrs chevaux. Les deux freres fc font peints aux c�t�s: Hubert, comme fain�, eft a la droite; ill�paro�t m�m« par la phyfionotnie : il a fur la t�te un bonnet fourr�, .(1) Un tabfeau estembu, lorsquel'huile�tantentree
3ans la toile, laisse les cculeurs mattes. Les toiles nouvellement imprim�es, sont sujettes a ernboire les couleurs. (2) Les anciens �toient dans 1'usage de fermer
�eurs tableanxavec des volets, pour consewer 1'�clat de teurs couleuts. A z
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4 ■�<* Vit des PeiMrtS
'------mais d'une forme finguli�re' & retroufle paf
i}66. devznt:Jean vanEyck eft alagauche, coiff� eu
bonnet de la forme d'un turban} il eft v�tu d'une robe no.'re \ il a un chapelet rouge a la main, avec une medaille pendante au bas. Les attitudes font belles & bien deffin�es j les t�tes pleines d'�xpref- fions d'advniration , de d�votion 8c de candeur ; les cheveux, les poils des barbes font d'un d�tail & d'un fini fingulier. Il en eft de m�me des crins des chevaux. Le payfage eft agr�able j les arbres, les plantes du pays & �trang�res , font bien deffi- n�s Sc d'une grande v�rit�. La compofition du tout enfemble eft fans embarras &.pleine d'efprit. Les figures font drap�es dans le gout d'Alben Durer : les couleurs principales, les rouges, les pourpres & les bleues, font auffi belles & aufll f ra�ehes que fi on venoit de les appliquer : auffi ne voit-on que rarement ce tableau *, il eft toujours ferm�,&: ne s'ouvre qu'a certains jours de fetes, ou a la demande des gens de confid�ration. PhUippc . Premier _, Roi.d'Efpagne, n'ayant pu obtenit ce tableau , en fit faire une copie par Michel Coxcie, peintre de Malines, laquelle fut tr�s-bien rendue j on lui reprocha feulement d'avoir pris troj» de licence dans q»elques changemens , fur-tout dans la Sainte-C�cile , qui regarde derri�re elle fan« iaifoii.Il employadans la robe de la Vierge pour 31 ducats de bleu qae le Titien envoya d'ltalie par les ordres de ce prince. La copie lui co�t» pres de 4000 florins : le peintre y avoit employ� deux ann�es de travail. Brugcs & Ypres pofs�dent deux tableaux de
Jean van Eyck. Celui d'Ypres eft dans le chceur de S. Martin. On y voit le portrait de' 1'abbc |
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Ftamands , Allemands & Hotlandois. 5
Priamo. Les volets n'ont point �t� finis^ Jls font----------
remplis d'embl�mej qui onc rapport au myft�re de 13 <>�.
la Sainte Vierge. La v�rit� dont eft rendue chaque chofe, momre qu'il s'�toit attach� a imiter tout d'apr�snature. Il faifoitbienle portrait, & ornoit fes fonds de payfages agr�ables. Carle van Mander ( 1 ) dit avoir vu chez
Lucas de Heere, fon ma�tre , Sc peintre a Gand, un portrait de femme, �bauch� avec autant de corre�fcion & de fra�cheur que les plus finis qui aient jamais �t� faits par d'autres peintres. Marie, veuve du Roi d'Hongrie, fit la d�couvertc d'un tableau pr�cieux du m�me auteur : il repr�fentoit deux jeunes perfonnes qui font a la veillede s'unir par les nceuds du mariage. Ce morceau fingulier fut trouv� dans la boutique d'un perruquier, qui rec.ut en �change de la princefle, une charge qui �appertoit 100 florins par an. Apir�s avoir rlni fon gcand tableau a Gand ,
Jean retourna i�xer fa demeure a Bruges, qui pour lors �toit la plus brillame viile de 1'Europe pour Ie commerce : a. peine pouvoit-il fuffire a 1'em- prei��ment des feigneurs du pays & �trangers, qui achet�rent fes produftions. Elles faifoientl'ad- miration des aitiftes & des connoii��urs.Fr�d�ric duc d'Urbin eut de lui un beau tableau , repr�- fentant un bain. Laurent de M�dicis lui fit faire plufieurs ouvrages, entr'autres un S. J�r�me. La r�putation de ce pe�itte fit tant de bruit en (1) Carle van Mander, peintre etpo�ie, a�crit
la vie des peinlres italiens, flamands, hollandoi.9 et allemands , jusqu'a 1'ann�e 1604. Nous avons du m�me un traite en vers sur la p»inture, tr�s-esUui�, et une explication des fables �'Qvide. |
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6 la Fit des Pet nerts
Itali�, que qnelqires n�gocians da Ft�rencs �h*
atfiet�rent un tableau, dont ils firenc pr�fent .i Alphonfe roi de Naples , qui i>e celfa d'admirec cettemervei�e& Ie iecret de cetre efb�cede pein* ture. Antaneilo, on Anto'me de Mejpne, peintre» qui �toic pour-lors a Naples pour des affaires m>me(tiquesi, quitra tout, 6c fut chercher 1'auteur dans 1'intention de d�cpuvrir fon fecrer. An�v� a Bruges , il Bt affiduement fa cour a van Eyck; & par bien des pr�fens, &c fur-tou: par de beai7X deflirw d'Italie, (c'eftainiiquelesartiftesdcivent commercer enfemble ), il gagm Tannine & la confian.ce du Fiamand ,|qui lui enfeigna fa pr� � paration des couleurs a l'huile, qu'Antonello porti chezles Italiens quidepuisl'ont renduepublique. lis m�ritoieiit de routes mani�res de po/T�der ce fecret admirable, Ces deux fr�res, Hubert & Jean va"i Eyck,
ont tcwjours v�cu dans une grande union. lis onr �t� fort eftim�s de Pkl/ippe^ duc de Bourgogne, qui confid#r&ic les taleos & la foliciit� de 1'efprit, de Jean. 111'honora d'une place dans fon conleit Huben efl: mort & enrerr� i Gsnd, ou Ton voir qu'il eft d�c�de* Ie 18 feptembre 14KJ, ag� de 60 ans. Jean eft mort depuis fort ag�: il eft enterra a Bruges en Flandre. Lebeau fini des ouvrages des fr�res van Eyck ,
§c leuv foin a conferver leurs couleurs pures, juf- ques dansles ombres, auroit augmenr� Ie prix de leurs tableaux , s'ils avoient of� facrifier quelques tons de couleurs, fouvent trep aigus (. 1 ), <% (1) Trop ar'gvt. Danslepremipr temps <*e la peinfur^
on ae connoissoit pas 1'union des couleurs. On voty. |
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J�HIiSiiil.....iniim^
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Tlamanisj Allemands & �tollahdoli. 7_______
aprefque jamais aff�z d�grad�s , alnfi qu un gout , J(J <j
«ie deffin pen elegant. Un voile �pais leur avoit d�rob� les graces que 1'andque feul peut enfei- gner, & que certe �cole n'a conn�es que long- temps apr�s. Mais ils ont Ie m�rite d'avoir trouv� Ie fecret de pr�parer les couleurs a. 1'huile j & c'en eft afTez pour les rendre immortels, & m�riter en tout temps notre admiration & notre reconnoif» fance. On conferve avec diftinftion dans Ie cabinet
du duc d'Orl�ans, deux tableaux; Tun eft Ie portrait des deux fr�res, 1'autre 1'adoration des Mages, peints par Jean van Eyck. ROG E R,
SURNOMM� DE B RU GES,1
�LEVE DE JEAN VAN EYCK. |
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oger, natifdeBroges, �l�ve de Jean van
Eyck, a bien imit� fon ma�tre. Il eft un ^es fremiers qui aient peint a 1'huile apr�s van Eyck.
1 peignoit en grand ,5c def�lnoitbien fes figures. Van Mander Ie regarde comme un bon artifte: il dit avoir vu de lui plufieurs grands morceaux a la colle Ie a 1'eau d'ceuf, qui, felon 1'ufage du rles couleurs enl��res, plac�es I'une pres de 1'autre ,
foujoursbrillantesjlebleu, Ie rouge, Ie jaune, leverd et ] e pourpre sont conserv�s avec to�t leur �clat, ce qu� rend leurs ouvrages comme des d�coupuressans har-» mooie. A 4
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V
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La Vu des Peintres
"~t«ns, ferv�ieat de tapifleries dans les apparte-
i}66. mens» Les �glifes de Bruges �toient orn�es de
fes ouvrages: fa maniere de peindre eft gracieufe,
fon deifin ailez correft 3 &fes compofitions fpiri-
tuelles.
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HUGUES
TANDER G O E S , �LEVE DE JEAN VAN EYCK.
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vander Go�s , autre �l�ve de Jean
van Eyck, eft natif de Bruges. Son g�nie �lev� brille dans fes ouvrages : il peignoit auffi i 1'huile : on voit de fes produdtionj avant & apr�s 1480. Van Mander loue beaucoup fes tableaux^ il nons a laiflT� la defcription de plulieurs, entr'au- tres d'un petit, qui eft piac� dansl'�ghfe de Saint- Jacques a Gand, 8c qui orne 1'�pitapne de Wouter Gaultier. Le dedans repr�fente la Sainte Vierge: la t�te eft belle & gracieufe, d'une excellente pro- prcr� & d'un grand fini: le fond, la terrafle, les herbes & l?s petits caillous font bien imit�s. On voit dans la m�me ville, chez le fieur Weytens, un tableau repr�fentant Abiga�l qui vient au-devant de Pavid. On ne fauroit afTez admirer la noblefTc �c la modeftie dei femmes qui y paroiffenc. David eft repr�fente a cheval avec fa fuitc : la eompofition du toui eft ing�nieufe. La ville de Bruges pofT�doit un grand nombre des ouvrages d? Hugo.es. KIe confervoit encore dans T�glife |
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Flamandsj Allemands & Hollandois. 9
de S. Jacques un tableau d'aucel. Dans Ie temps
des r�volutions & de la deftr��fcion des �glifes, ce tableau fut �pargn� , mais gat� par 1'ignorance d'un barbouilleur , qui Ie choifit pour �crire en l«ttres d'or les tables de la loi de Mo�fe. Mal- gr� eet accident, Ie tableau a �t� nettoy� avec pr�cautian j & par Ie fecret d'enlever Ie mordant de k couleur d'or, on 1'a r�chapp�. Le tempi de la mott de Hugues eft ignor� , ainfi que le lieu de fa f�pulture. |
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A L B E R T
VAN OUWATER,
yj. lbert van Ouwatcr, n� en la ville d'Harlem;
a peint un des premiers a l'huile dans cettc ville, du temps m�me des van Eyck, ou peu apr�s. Il peignit dans la principale �glife, a c�t� du grand autel, un tableau pour la chapelle dei p�lerins , repr�fentant S. Pierre Sc S. Paul: les figures font grandes comme nature. Il avoit trac� au-deflbus de ce tableau, un payfage o� 1'on voyoit des p�lerins, les uns fe livrant au repos & les aarres faifant un repas champ�tre: le tout �toit bien traite, tant pour le deflin que pour la cou- leur. Les extr�mit�s font tr�s-finies & les drape- ries afTez bien rendues, le payfage fur-toutpafloit pour le meilleur du temps ^ & felon le rapport dei pemtres anciens, ceux * d'Harlem ont �t� les pre- miers payfagiftes de bon gout. Albert a peint |
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10 La f ie des Peintres
�ncore la r�furredion du Lazare : Van Manief
en a vn une copie �bauch�e , Sc a jug� que la figure �toit bien def�n�e pour Ie cemps, quoique mte ; Ie fond �toit d'une belle archite&ure, & les aporres 8c les femmes d'une belle expreflion. Hemskerck a fouvenc �t� voir Sc admirer ce trfbtem avecfon fils, fon �l�ve.fans pouvoir s'en rafTiner. LesEfpagnots en eniev�rent furtivement i'originat, nind qu-e d'autres morceaux auffi pr�- cieux, !orf!]ii'ils eurent pris la ville d'Harlem. |
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GUERAPlD
E SAINT-JEAN,
�LEVE D'OUWATER.
x\.t.BSRT d'�mvatsr joint a la gloire d'avoir
cxce�� dans fon art, celle d'avoir fait un �l�va du plus grand m�rite. Il fut nomm� Guerard d'Harlem j parce qu'il naquit en certe ville, on Guerard de S. Jean , parce qu'il demeurott dans un couvam de ce nom, fans avoir �t� de eet ordre. Il �toi: n� peintre; 8c quoiqu'n n'aitv�cu que 18 ans, il a �gal� fon maia-e, Sc il 1'a m�me furpafT� dans rordonnance de fes fujets, dans !e deiiln&dans rexvn-e.llon. Il fit dansl'�glrfedeS: Jean, au grand autel, un tableau dont Ie fujet eft Notre Seigneur crucifi�. Il avoit peiut une defcente de croix fur un des volets, & fnr 1'aiure un fujet diff�rent. Il n'�chappa a !a fnreur du fo'dat, dans 1'affaut de la ville d'Hai'em , qu« |
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Flamandj., Allemands & Hottattd�ls0 }
volets de ce tableau , qui font chez Ie com- nttanc, dans Ie nouveau batiment. Celui qui ' " |
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repr�fente la defcente de croix eft d'une grande
beaut�^ tour y eft furprenant peur les expreffions.: la douleur y eft peinte fur les phyfipaomies des Mar�es& des Ap�tres , a.vecbeaucoup d'art & de v�rit�. Les arciftes du temps regardoient eet ouvrage comme Ie plus beau tableau du i'�cle. L'aureur favoit bien la perfpedtive. Il avoit peint 1'�glife d'Harlem , de facon a tromper 1'ceil par i'effet; aufil Alben Durer, qui fut a Harlem pout voir ces ouvrages ? dit tont haut qu'il jalloit �tre favorif� de la nature pour en venir a ce point de perfe�ion. |
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DIRK
(THIERRl) D'HARLEM.
jtj.ARi.EM donna encore Ie jour a Dirk, II
fut contemporain de Guerardj qvtelques - uns cifent qu'il v�cut avant lui. Il ctoit habile peiutra pour te temps. Quo'iquAlbert Durcr foit plus moderne que lui, la maniere de Thierri eft aufii finie que celle de ce peintre : elle eft beaucoup moins s�che & moins tranch�e (i) , (� nous en ''i) Ttitwlh. Ie d�faut des anciens peinlres�toft
d'apprnther snHterrprit les clairs contre les ombre«. Les couleurs de chair coupoient s�chement sur les fonds , sans m�ler mo�lleusement les bords. C« d�iiiut rend leurs ouvrages plats et sans rondeur. |
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il La Vu desPeintres
---------croyons van Mander; il dit avoir vu de lui il»
1449. tableau d'autel, ayec deur volets, dans la ville de
Leyden.Le dedans repr�fentoit Notte Sauveurjon voyoit fur 1'un des volets S. Pierre, 8c fur 1'autre S. Paul. Les t�tes font de grandeur naturelle; les cheveux &c les barbes en fo«t bien termin�s. Ce tablea» fut fait en 1461. L'auteur demeura quelque temps a Louvain. Le temps de fa mort eft ignor�, ainfi que celle de Guerard. |
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HANS(JEAN)
HEMMELINCR.
-------- \, ARLE van Mander, dans fon hiftoire des
1458. peintres , page 117 > dit que d�s les premiers,
temps de la peinture a l'huile j la ville de Bruges donna le jour a Hans Memme�nck , &c. Cet �crivain fe trompc; Jean Hemmdinck efl
l� v�ritable nora de cetartifte, qui naquit dans 5a petite ville de Damme, a une lieue de Bruges. Il eft probable qu'il a v�cu du temps des fr�res van Eyck, ou a peu pres, puifque nous avons de fes ouvrages avant 1479. On ne fait rien de fes premi�res ann�es, 8c on
ignore fon ma�tre. On dit qu'il s'enr�k par liber- tinage en qaaht� de fimple foldat, & que fe voyant reduit i la derni�re mis�re dans 1'h�pital de SaJnt- Jean de Brnges, comme s'il n'e�t pas eu plus de reflburce que fe dernier de fes camarades, il ouvrit les yeux f»r le d�rangement de fa conduite. |
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TUmands 3 Allemands & Holtandois'. i j'
�l eft rare qu'un homme d« g�nie refte long-temps
dans Ie d�fordre. D�s qu'il fut convalefcent, il peignit quelques petits tableaur pour fe r�cr�er & pour fe procurer un peu d'argent. Il n'en falloit pas davantage pour Ie faire connoitre. Quelques fir�res de eet h�pital, furpris de la beaut� des ouvrages du malheureux peintre, publi�rent la d�couverte qu'ils venoient de faire , & Hemme- linck fut bient�t reconnu pour Ie plus habile de fon fi�de. On obtint fon cong� , & il fit un tableau poiuThopital, en reconnoiirance des foins que 1'on avoit eus de lui pendant fa snaladie. Ce tableau a deux volets. Il a peint au milieu la naif�ance de Notre Seigneur & les bergers en adoration. Une architecture ruin�e 8c de fort bon gout j repr�fente 1'�table de Bethl�em; on apper- c,oit par quelques ouvertures du batiment 3 des montagnes & des lo'mtains a perte de vue. A tra- vers une fen�tre, on voit Ie portrait du peintre, repr�fente aveclarobe des malades. Sur un des Volets, il a peint des anges qui adorent 1'enfant J�fus dans la cr�che , & fur 1'antre volet la pr�- fentation au temple. On lit fur la bordure, en gros cara�t�res, OPUS JOHANNfS HEM- MELINCK, M. CCCC. LXXIX. avec fa marque ordinaire. Ce tableau fixa Hemmelinck a Bruges; Sc
c'eft dans ce temps qu'il peignit la cnaff�oii reliquairecjuife conferve danslem�me h�pital^de S. Jean ^ avec plufieurs compartimens dans lef- quels il a rendu la vie 8c Ie martyre de Sainte- Urfule & des onze mille vierges. Dans Ie m�me hopital on voit encore uti
tableau de ce peintre. Il a deux volets, a 1'aneie» |
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Lx Vit des F�lntrei
g, pour Ie conferver. La Vierge, i*«nfa�f
ui» Sainte-Catherine, Sainte-Barbe & Saint-
1450. Jean-Baptifte, Saint-Jeanl'�vang�lifte & des anges qui joiiunc ele diff�rens inftrumens > font bien rcpr�fent�s Air ce tableau. Sur 1'un des volets, on voit Ie martyre de Saint-Jean-Baptifte , & fur Tautte, Saiut-Jean 1'�vang�lifte dans 1'ifle de Patmos > �ciivant fon apocaJypfe. 'Dans la falle des dke&euts de 1'h�pital de S.
Juli�n, en la m�me ville , on voit un grand tableau de Hemrnelinck■$ repr�fcntant St-Chrif- tophe qui porte 1'enfant J�ius en paflant une rivi�re. Sur les deux volets qui renferment ce fujet, font peints les portraiss de quel^ues frcres hofpi- taliers. Dans 1'�glifc paroiffiale d� Saint-Sauveur eft Ie
martyre d'un faint �cartel� par quatre chevaux. Chez M. Libouton, on voit tin Chrift , avec la
Vierge & Sauu-Jean au bas de la croix. Hemmelinck avoit un meilleur gout de deffin
que les peintres de ce temps-la 5 il groupo.it (es �gures avec plus d'ordre; fes fujets font bien difpof�s. Il y a une d�gradation fenfible dans fes couleurs j il a fait uil afl�z bon choix dans 1'ar- chitefture, Sc o� apper^oit qu'il en favoit tr�s- bien les r�gies, ainu que de la perfpedtive. Cet artifte a au moins �gal� les fr�res van Eyck, & dans quelques parties il les a furpafles- On s'�tonne que les tablea�x de ce peintre ne foient qu'a 1'eau d'ceuf (1) j fans doute qu'il �toi t attach�» (1) Le m�lange des couleurs, avant la d�cou-
verie de 1'nsage de peindre a 1'huile, se faisoit a la col Ie, a la gomme, et commuji�tnent avec une eau qui, se tiroit du blanc d'oeuf.. |
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T�&fn&nds 3 Alkmands & Uollqndols. i J
paf pr�jug�» a ce genre de peinture, Sc cju'il ��ioic peu de cas de la peinture a l'hiule , donc ^'} 1'ufage �toit �tabli depuis 80 ans. Il ae pouvoit en ignorei le fecret trouv� dans la ville �u il faifoit ia demeure. D'ailleurs, rien u'eft plus beauui plus frais que ce qui �ious refte de lui & que nous avons cu�. On peut anfli ajouter que rien u'eft garde avec plus de foin. Le reliquaire de l'h�pital de S. Jean eft enferm� dans une autre artri�ire defti- n�e a le conferver. On a f�uvent offert mie chaire de la m�me grandetrr en argent, �c on a toujours , refuf� 1'�change. Le reliquaire? �ft ouvert tol»
les ans pendant 1'octave de Sainre-Urfule. Il cfi; peu de tableaux a 1'eaa d'csuf qui foienc rnieux, & ce font autant de monumens pr�cieux de lx maniere dont on peignoit alors dans ce genre. On n'a rien fu de la mort de Hemmclinck, n� A\i lieu de f,i f�pultur�. |
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GUERA.RD
VANDER MEIRE.
c \J u 1 r a n. o naquit a Gand , Sc fut un des
premiers p^intres a 1'huile apr�s van Eyck. Tous fes ouvrages font d'un beau fini, On voyoit en Hollande , dans le cabinet de M. Jacques Ravard, une Lucr�ce peince par vander Meire, II colorioit bien , & fon deffin eft afiez corre�, * |
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frS La. Vit des Peintres Flamands &c.
J � A N
MANDYN.
" JVIandyn de la ville d'Harlem , aimoit i
1450. peindre des fujets plaifans & grotefques, dans lc
gout de J�r�rne Bos. Il eft mort a Anvers, pen- fionn� de la ville. »��■����^mmmmmm*mm1� 1 1
V O L C K A E R T.
Voukaert , fils de Nicolas , naquit a
Harlem. La maifon de ville pofs�de de lui plu- fieurs ouvrages en d�trempe, d'une grand» ma- niere. Il deffinoit dans Ie gout de Tantique; il compofoit avec facilit�. Il a beaucoup deflin� peut les peintres fur verre. |
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QUINTIN
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Q U I N T I N
MESS IS.
IL naquit dans la ville d'Anvers. On 1'appelle ■ ,. _
quelquefois Ie Mar�chald'Anvcrs,^>vccef\ui\ avoit J4J°» exerc� ce p�nible m�tier jufqu'i l'age de 20 ans. Une longue & dangereufe maladie Ie mie hors d'�tat de pouvoir ^agner Ta vie Sc celle defam�rc, chezquiii demeuroit. Ils'en plaignoic a ceux quivenoient levifiter. On rapporto qu'un� proceffion anciennement �wblic pour les iepreux ou aucresmalrides,danslaquelleondifli":bucit des im» ges de conff�ries, grav�es enbois, lui douua li*�t de Terne I. ij |
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18 La Fle des Peintres
-connoitrefon talent. Il lui comba entre les mains
I4J0< une de ces images, qu'on lui confeilla de copier pour fe d�fennuyerj ce qu'il fit avec tant d'ardeur �c de difpofition , qu'il continua depuis & devin: bon peintre. Cet �change du marteau contre le pinceau fe raconte encore autrement. Il devint, dit-on, amoureux d'une fille qui �toit deftin�e i un peintre. Quintin en �toit aim� j & defiroit de s'unirielle par les liens du manage j maiss'�tant appercu que fon m�tier �toit un obftacls i fes delirs, il Ie quitta, & f e mit a �tudier la peintu.re avec une application extreme. L'amour fut fon maitre , & avec une difpofition naturelle il r�ufllt. Cette derni�re hiftoire n'eft recue &c appuy�e que fur les vers que Lampforiius a mis au bas de ion portrait. La premi�re eft plus cornmun�menC adopt�e, & fur-tout par van Mander {on hifto- rien. ( Je fouhaiterois que la derni�re fut vraie , j'en faurois gr� a l'amour. ) Quoi qu'il en foit, il devint bon peintre pour Ie fi�cle o� il vivoit. Un de fes plus beaux tableaux , eft une Defcente «Ie Croix, qu'il fit pour Ie corps des menuifiers d'Anvers: ce tableau fut place dans 1'�glife de Notre-Dame. Le Chrift eft fort beau, ainfi que les Maries: fur un des volets qui ferment ce ta- bleau, eft Ie Martyre de S. Jean, dans une chaudi�re d'huile bouillante j fur 1'autre volet eft H�rodias danfant devant H�rode: pour le prix de la danfe elle .recoit la r�te de Saint-Jean. Philippe II, roi d'Efpagne , a fouvent offert de ce tableau des fommes confid�rables, fans pouvoir 1'obtenir. Ce corps de m�tief , dans un befoin , 1'expofa ea venteen 1577j les magiftrats 1'achet�rent, pat le co�feil ds Martin Devos ,1500 florins, Quintin |
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Flamands s Alkmands & Hollandois. 19
a fait pluf�eurs autres tableaux 3 difperf�s dans les
cabinets , o� ils font conferv�s avec une eonfid�- ration particuliere: chez l'�le&eur Palatin, deux tableaux , dom 1'un repr�fente laVierge & 1'En- fant J�fus, 1'autre un Chnft & fa M�re. Il a fait beaucoup de portraits tres - finis: fa maniere eft tranchante. Il mourut a Anvers tres - vieux en 1519. Il a laif�e un fils nomm� Jean Mejjis, aulli peintre , qni, \\ fuivi, fans changer de gout. On voit beaucoup de fes ouvrages j parmi fes plus beaux qui fetrouvent a Amfterdam, on remarque celui de quelques banquiers occup�s a compter de 1'argent. Les ouvrages de Quintin Meffis �toient autre-
fois finguli�rement eflim�s. L'Angleterre s'en procura a tr�s-grand prix. La fingularit� de fon hiftoire fit d'abord & fait encore la m�me im- preflion. Cependant, i\ 1'on en excepte leur fini , aufli froid que fee , on ne peut comparer (es ta- bleaux qu'a ceux du premier temps de la peinture a 1'huile , & on nedoit en placer Tauteur qu'apr�s van Eych. Me/lis ne fut jamais en Itali�, quoi qu'en dife Florent Ie Comte, Sec. |
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JEROSME BOS.'
J f. r o m e Bos niquit a Bois-1 JJpitc. Quoiqu'il
ait �t� un des premiers peintres a 1'huile , fa ma- niere eft moins dure & fes drapenes font de meil- leur gout j les plis font plus fimples ie moins r�p�t�s que ceux de fes contemporain-,. Ses fujets �toient terribles, & il femble qu'il fe plaifoit � B x
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La FiedesPeintres
peindre PEnfer.Il peignoit tout au premier coup, fans que fes tableaux aient jamais chang�. Sa maniere eft libre & prompte: Pimpreffion de fes panneaux �toit blanche, & il favoit m�nager des tons tnnfparens > qui ont rendu fes tableaux chauds de couleur. Ses ouvrages font difperf�s dans les �glif.s & lescabinets. Ii y en a quelques- uns en Eipagne j les �glifes de Bois le-Duc en confervent beaucoup. Van Manier loue fort une Fuite de la Vierge en Egypte , o� S. Jofeph de- mande aun payfanle chemin. Le fond du payfage eft fingulier : dans le lointain on voit une efp�ce de rocher efcarp�, au pied duquel on d�couvre une auberge-, on y voit auffi une quantit� de peuple |
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'450.
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3
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ui regarde une danfe d'ours. On parle encore
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*tin autre tableau , o� notie Seigneur poree fa
croix. Cet ouvrage tient raoins que les autres de 1'exrraor�naire defon g�nie. Il a peiut un Enfer, -o� le Sei?nenr d�livre les anciens patnarches. Ce tableau eft d'une imagination origmale\ le feu, les flammes font d'une grande v�rit� j les diables prennent Judas par le cou , le renrent de 1'Enfer & le vont pendre en 1'air. Dans le c.ibinet de Jean Di�tring a Harlem, on voyoit d'autres ou- yrnges dece pe'ntre : le principal eft une difpute entre un religieux & des h�r�tiqiies', !e religieux offre pour derni�re �preuve, de mettrede part&r d'a'itreleurslivresau feu,&: leur faitentendre que ceux qu^ne fe^P^ point�pnrgn�s par les flammes feront jug�■ mauvais: tous fjnt d�truits , exrept� le �vre du religie ix , qni eft rejett� par les fta.m- roes. Plufieurs �glifes deBois-le-Duc font i�co- r�es (\?s ouvrages cle re peintre. On en conferve CnEfpagne a l'jEfcurial,quelqaes tableaux aves |
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Flamands 3 Alkmands & Bollando�s. % i
autant d'attention que ceux des plus grands ma�--
rres. 14J°- La maniere de Jerome Bos eft ficile : tous fes
ouvrages piroiflent faits de ven; on y appercoit rimpreffioii de fes panneaux& des tons de couleur feulement glac�s& heurt�s avec efprir. C'eft bien dommage qn'il n'ait jamais concu que des idees monftrueufes Sc terribles: re quiftfrprend , c'eft: que fes rableaux ont �t� fort rhers. A quel prij auroient-ils donc �t� j s'il avoic traite des fujets rians ? |
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JEAN-LOUIS
D E B O S.
C E peintre �toit aufll de Bois-'e-Duc: il excel-
loit a peindre des fruit» <k des fletirs d'un fini & d'une v�rit� fingu i�re. On ne puit �'i�res aller plus loin pour la propret� & la rrafcheur des couleurs:ony remarque jufqu'aux gouttes de rnf�e. Les tranfpirens donnent une grande l�?�ret� 1 tout ce qu'il a fait. Il mettoit dans tous fes bou- quets, de petits infcftes qu'il falliit examirief a la loupe. Il repr�fentoit fouvent fes fle"r<; dms un bocal de verre ou de rriftal. Van JW ander na r�en d�couvert de particulier de fa vie. B f
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'lx La Vie des Peirttres
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�RASME.
\j-UERIT OM.Did.ier Erafmc , n� a Pvoterdam Ie
18 ottobre 14�5 ou 1467 , nis de Guerard de la ville de Gouda, a�t� eftim� des princes & admir� des favans. Sa vie & fes ouvrages fonr trop con- nus pour citer ici mon auteur , qui dit a - peu- pr�s la m�me chofe que Moreri. Voici ce que nous apptend Dirch van Blayfwych, dans Ion introdu&ion a la defcription de la ville de Delft. Il dit que lorfque Erafme fe fut retir� dans Ie mo- naft�re d'Erna�s ou Tenft��ne , proche de Gouda, qu'il avoit choifi pour la biblioth�que feulement, qui �toit k plus belle du fi�cle , il s'appliqua par intervalle a la peinture, ou il r�uffit, & fit les m�mes progr�s que dans fes autres �tudes. Parmi une quantit� de tableaux qu'il avoit faits, Ie plus con- fid�rable �toit un Calvaire o� notre Seigneur eft repr�fent� dans 1'inftant qu'il fut crucifi� : il �toit conferv� avec v�n�ration dans Ie cabinet de Cor- nille Mufcius , prieur de la m�me maifon. Le m�rite de fes tableaux eft atteft� par les artiftes du temps ; mais 1'auteur ne croit pas qu'il en foit �chapp� aucun dans la ruine de cette maifon ; a. peine fait-on o� elle avoit �t� batie. Il mourut a Bale d'une diffcnterie, le 17 juillet 153^, ag� de 70 ans & quelques mois. Ainfi la m�moire de ce grand homme doit �tre auiTi pr�cieufe aux peintres quJa tous les favans. |
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Flamands 3 A[Iemands & Holtandols. 23
C ORNILLE
ENGHELBRECHTSEN.
Vj o k. n 1 l l e vint au monde en 1468 dans Ia��tt
ville de Lcyden ; il prit pourguideles ouvrage, l^ de Jean van Eyck : il eft Ie premier qui ait peint i 1'huile dans fa patn�. Il �toit bon deffinateur & il peignoic avec autant de force que de promp- tituds en d�trempe ( 1 ) comme a 1'huile. Ses ouvrages �chapp�s aux troublcsdu pays,& gardes avec refpecl: par les bourgeois dans la mailon de ville de Leyden , farent deux tableaux d'autel , avec les volets qu'on a vus depuis dans 1'�glife de Notre-Dame da Marais. L'un repr�fente notre Seigneur en croix entre leslarrons, 1'autre Ie Sa- crifice d'Abraham, &un autre une Defcente de Croix, entour�e de petits tableaux qui repr�feotent raf�lidtion Sc les douleurs de la fainte Vierge. On conferve dans Ie m�me endroic une tenture en d�trempe, repr�fentant 1'Adoration desRois: 1'or- donnance en eft belle & les draperies riches & bien jett�es, les plis en font moins fecs. Lucas de Leyden s'eft form� fur cette maniere j mais Ie plus bel ouvrage deCornille, felon notre hifto- rien (z), eft un tableau d deux volets, deftin� (1) D�trempe. Xe m�lange de la couleur se fait avec
de la colle 011 de 1'eau gomm�e. (2) Carle van Mander.
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*4 Let VU des Peintrts
§1""a enr�chlr I'�pitaphe des feignears de Lockhorjt.
Il �toit dans leur chapelle dans 1'�glife de Saint Pierre de Leyden, & en 1604 a Utrecht chez M. vanden Bogaert , gendrs de M- van Lockhorfi. Le dedans repr�fente' 1'Agreau de 1'Apocalypfe : une muitirade de figures bien difpof�es, les phy- (�cMiotnies nob'es & gracieufes, & la miniere d�- lu'ate defon pinceau , onr fait rsgarder ce nbleau cornmefon chef-d'cBiivre. Son g�nie le pirta X faire une �tude parcicuhere des mouvemens de Time , qu'ii a i'i exprimer dans chaque phyfio- nom.e. II fjt regarde nar les ma�tres du temps comme un des plus gr.inds peinrres. Il mourut a Leyden en 15 5 j , ag� de 6 5 ans. ALBERT DURER;
� L � V E
DE MICHEL WOLGEM UT.
A-Ibert eft Ie premier Allemand qui ait ofa
)f r�f->rmer le mauvais gout dans h patrie. II naquit a JN"aremberg eh 1 470, & fut deftin� par ion p�re , habi'e orf�vre > a fuivre la m�me profef- fion ' ma�s fo j inclination le portoit a graver & a defl�iier. Il eut enfin le bonheur d'entrer chez E'pfe. Martin , psintre & graveur. II y fit de gra�fls pr>gr�, dan& la gravure, & commen^.i a pei ndre. Il entra peu de temps aprcs chez Michel Wo�gcmut. C'cft chez ce dernier qii'il s'appliqua |
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Flamands } Allemanis & Hollandois. 15
plns particulitrement a la peinturc, & n�gligea---------
quelque temps la gravure. Ne fe contentant pas �74°«
de la peinture feule, il �tudia la perfpedive, 1'ar- chiteclure rivile 5: militaire , fur iefquelles il donna des traites. Avant d'avoir quitte 1'�cole , quelques ou-
vrages difperf�s Ie rirent connoJtre a la cour de 1'empereur Maximdien. Ce monarquc Ie fit de- mander pour l'ex�cution de quelques grands pro- jets. Un jour, en dsfl�nant fur uae muraille trop �levce, Vempereut, qui �toit pi�fent, dit a un gentilhomme de fe pclet de facon que Ie pcintre p�t fe fervir de lui pour s'�lever ailez haut. Le gentilhomme repr�fenta hnmblemtnt qu'il �toit pret aobcir, ma�s qu'il trouvoit cette pofition trop numihante., & qu'on ne pouvoitgu�ies plusavihr la nobleiTe,qu'en la faifant fervir de mnrche-pied. Cepemtre ( r�pondit 1'empereur )(?/?�>/«.? que noblc par fes talens : jepeux d'un pay fan faire un noble s muis d'un noble je ne ferois jamais un tel artijle. Alben fut ennobli par ce prince , qui lui donna pour armes trois �cuflbns d'argent, deux en chef Sc un en pointe , fur un champ d'azur. L'empereur Charles V', Sc Ferd�nand roi de
Hongrie & de Boh�me., eurent pour .Albert la m�me eftime. Il avoit une f�gure aimable, des mani�res nobles , une converfation fpirituelle Sc cnjou�e : il vivoit avec les grands , fans m�ptifer fes �gaux. Accoutum� a louer les artiftes, il en �toit ador�. Quelques-uns des (es ouvrages port�s en Itali�,
lui ont m�rit� 1'eftime de Rapha'�l. Albert lui en- vova fon portrair & quelques gravures de fa main: 11 obtint en reconnoniance pluiieur* deiiins avec |
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L :_________
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i6 la Vit des Peintres
Ie portrait de Rapha�l, qui, grand admirateur de
la finefle du burin d'Albert, fit voir ces eftampes a fon graveur Mare Antoine , ainfi qua. Mare dt Ravenne. Le premier fit plufieurs tentatives pour imicer notre Allemand; il copia rn�me les 3 6 morceaux de la Paffion, en y mettant la marque & le nom d'Albert Durer. Ce dernier, fach� de fe voir fi mal copi�, fit expres Ie voyage de Venife, & porta fes plaintes au f�nat, qiii ordonna que fa marque feroit efFac�e , avec d�fenfes a tous graveurs de copier les ouvrages d'Albert. Il retourna chez lui avec cette l�gere fatisfadion, Sc commenc.ade nouvsau a peindre & graver. Alberts'�toit marie fort jeune. Son talent pou-
voit bien fuppl�er anx d�penfes de fa femme, mais tout fon efprit n'en pouvoit adoucir le cara�t�re : il s'en �loigna & pafla en Hollande. Il s'arr�ta chez Lucas de Leyden. Ces deux grands hommes s'ellim�rent, & une �mulation digne d'exemple fit toute la douceur de leur commerce. Us firent leurs portraits alternativement, & fe f�par�rent avec regret. Albert, de retour a Nuremberg , fut nomm�
membre du confeil. Ces honneurs , ces richefTes & 1'eftime du public, nele d�dommag�rentpoint du malheur d'avoir une femme difficile : il eti mourut de chagrin le 8 avril 1518., a 1'age de 57 ans. Il fut enterr� a Nuremberg, dans le cime- ti�re de Saint Jean. On lic fur fa tombe cette �if- cription: ME:AL:DU:
Quicquid Albcrti Duren mortale fiat 3 fub hoc
conditur tumulo. Emigravit VIII. Idus Ali M. D. XXFUL |
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Flamands j Allemands & Bollandols. 27
Le m�rite d'Albert eft connu, non - feulement
par 1'�loge qu'en a fait Rapha�l3 mais par Ie nom- * bre d'Italiens quiont fuivi fa maniere. Quelques- uns ont cru qu'il avoit �tudi� en Itali� : on s'eft tromp�; lc voynge de Venife n'eft point a citer: il n'y refta pas al�ez de temps ponr m�diter fur les beaut�s de 1'antique. On Ie remarque d'ailleurs dans fes ouvrages , puifqu'il lui man que ce qui n'auroit point �chapp� a un g�nie comme Ie fien, s'il avoit vu Rome. Il devoit tout a fon g�nie. Quoique fup�rieur aux peintres de fa nation, il ne put �viter enti�rement leurs d�fauts, tels que la i�cherefle (1) de fes contours, fes expreffions fans choix, fes draperies boudin�es (2), nu�e d�gradanon des couleurs : on ne nouve dans aucuns de fes ouvrages, ni la perfpe�hve a�nenne (3), ni Ie cqftume (4) ; mais auili avoit-il beau- (i)S�ckeresse : d�faut ordinaire de ce temps. On con-
noissoit pen ces contours ondoyans qui marquent si bien les belles formes et 1'insertion des musclesjau contraire, la nature paroissoit roide ou d�charn�e. (2) Draperies bouainces : les belles forrnes du nud se
f rouvoient cach�es sous des plis a 1'infini, sans choix ni v�rit�. (3) La perspectivt a'�rienne est une d�graclation des
tons de couleurs , qui �loifrne les diff�rens plans, k mesure que Ie peinfre inlelligent sait y r�pandre do la vapeur; et par-la nous force en quelque facon de croire r�el ce qui n'est qu'illusoire. (4) Costume. Le peintre, en repr�senlant quelque
Irait de 1'histoire, doit non-seulement �lre exact a suivre le texte, mais il doit repr�senter le lieu o� 1'adion s'est pass�e, soit a Rome ou a Ath�nes, etc. pres d'un fleuve ou sur les bords de la mer, dansun palais ou dans une campagne, dans un paysfertileou aride; il faut que les habillemens et les usages de chaque peuple, soit en paix ou en guerre, distinguent les Grecs et les Romains, etc. |
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La Vu des Vc�ntrti
-coup d'�l�vation & de jugement dans fes cottipo-
1470 fitions. Il finii�bu fes tableaux avec une propret� furprenante , & jamais homtne n'a plus produit. Les premiers tableaux que nous connoif�bns de lui, font Ie portraic de fa m�rej Sc celui qu'il a fait d'apr�s lui-m�me , a 1'age de 30 ans, peint en 1500. Il eft place dans la galerie de 1'empereura Prague. On eftime beaucoup plufieurs tableaux;, tels que les Mages, h Vierge avec des Anges qui la couronnent de rofes; Adam & Eve de gran- deur naturelle ; Ie Supphce de plufieurs martyrs. Cedernier tableau cft date de 1508. Il s'y eft peint lui-m�me , tenant ur petit drapeau dans lequel on lit fonnom. Le plus beau tableau qu'il ait fait, repr�fente notre Seigneur fur la croix , envi- ronn� d'une gloire : au-dei�ous Sc dans le bas on voit 1111 grouppe de papes, de cardinaux & d'empereurs , 8cc. Il y eft aufli repr�fente tenant un petit tableau fur lequel on lit : Al~ bertus Durer, Noricus, faciebat anno de Firgin�s Partu ij 11. Tous ces tableaux �toient dans le cabinet de rempereur & Prague. On en remar- quoit un repr�fentant notre Seigneur porunt fa croix. Les principaux du confeil de Nuremberg y �toient peints , parce quMs en avoient fait pr�fent a 1'empereur. On vante encore de ce peintre une Aflomption qui rapportoit un grand profit aux religieux de Francfort _, qui exigeoient toujours quelquc r�compenfe pour ouvnr & fer- mer lej volets du tableau. On voit encore de lui a Nuremberg, dans hf
maifon du confeil, plul�enrs portraits d'empe- reurs , quelques autres tableaux Sc les douze Apotres. |
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Flamands, Allemands & Uollandois', 19
Dans la galene du grand-duc, Adam & Eve,
les t�tes de S. Phitippe, de S. Jacques & fon por- x47Ot trait, font eucore des morceaux eitim�s. On conno�t du m�me, chez l'�le&eur Palatin,
unefainte Familie & les dix mille Martyrs, troij tentures de tapifleries dans les appartemens du roi de France , le portrait d'un homme a demi- corps, tenant un papier; uneNauvit�; une Ado- ration des Rois, & une Fuite en Egypte: ces trois fujets ne font qu'un tableau dans la colle&ion du du duc d'Orl�ans. Ses tableaux r�pandus en Itali� Sc par toute
1'Allcmagne font confid�rables. Ses gravures fonc en grand nombre. Voici celles de fon premier temps : 1'eftampe d'apr�s Jfra�l de Mayence, repr�fente les Graces, & dans le ciel un globe fur lequel on lic fon nom & la date 1497 : il avoit pour lors 27 ans. Il y a cependant des sftampes de lui avant ce temps-la, mais fans date. Le Sauvage avec une t�te de mort dans fon boucher, eft date de 1503; Adam & Eve en 1504; les deux Che- vaux en 1505 ; la Paf��on de notre Seigneur, grav�e en cuivre, eft de diff�rentes dates, en 15 07, 1508 & J51Z; le portrait du duc de Saxe en 15 ia ; Melanchthon en 15 %6. Ses autres gravures en rmvre & en bois ne font que trop connues , ainfi que fes deffins qu'il a fini, quclquefois fttitant que fes gravures. Alberc Durer ne s'eft point born� a la fimple
pmtione de fon art : il en connoilloit les r�gies par h rh�orie. Tl a �crit fur les proporrions du corps hurr.ain. Outre ce traite, il en do na aufli fur la geometrie, fur la perfp.dive & fur 1'architecr ture civile & militaire. |
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La Vu des Peintres
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JEAN SWART.
--------J ean Swart j de la ville de Groningue en Oofl-
1480- frife , a fait honneur a fa patrie par la beaut� de
fcm talent. Il peignoit �galement bien L'hiftoire & Ie payfage: fa maniere approchoit beaucoup de celle de Schoorcl. Il voyagea en Itali� , & refta ai�ez long-temps i Venife. De retour en Hollande , il fat uii de ceux qui r�form�rent Ie gout, en y apportant la belle maniere dJItalie. II demeura a Tergoude en 1 5 n ou zj. Ses ouvrages font aflfez rares. On voit d'apr�s lui quclques gravures en bois, repr�fentant des Tucs a cheval, arm�s de fl�ches & de carquois, & notre Seigneur dans un bateau , pr�chant Ie peuple. Tous ces fujets fonc 1 connoitre Ie bon gout de ce psintre. |
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DAVID JORISZ.
JL/a v 1 d Jorisz de Delft, & felon Moreri ,
de Gand ., �toit bon peintre fur Ie verre , plein d'efprit, d'une figure aimable & d'un langage f�dutfant, mais enthoufiafte.il d�bitafesextrava- gances en 1516. Ses difciples annonc�rent deux faux proph�tes Sc deux vrais ; Ie pape Sc Martin Lutlwr �toient les faux, Sc Jean de Leyden Sc Davidjoris les vrais. Joris fe difoit Ie vrai Meffie, Ie troti��me David , neveu de Dieu , non pas par la chait , mais par 1'efprit. Je ne fuivrai poinc |
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F lamanis 3 Allemaads & Hollandois. 31
Weyermans (1) dans tout ce qu'il rapporte de ces' 'T
r�veries : Moreri les raconte tout au long. Il I4�Ot mourut a Bale Ie 16 ao�t 1556 , fous Ie nom AeJean van Broeckj nom qui Ie cachoit aux pour- fuites de la juftice. Il fut enterr� dans la princi- pale �glife. Moreri ditqu'il fut exhum� trois jours apr�s & br�l� pour fes erreurs. On voit de fes def- fms afTez correds chez les curieux. Jacob Moelaert en pofs�de quatre. On conno�t de lui un Moyfe fauv� par la fille de Pharaon , la Terre promife, S. Pierre qui regoit de notie Seigneur les clefs du Paradis, Sc Ie Centenier. Sa maniere tient beau- coup de celle de Lucas de Leyden. |
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JOACHIM
PATENIER;
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peintre �toit de la ville de Dinant dans
Ie pays de li�ge : il fut rec.u dans 1'acad�mie de peinture , a Anvers, en 15 15. Son talent �toic depeindre Hes payfages , qu'il a fort bien traites. Les petites figures font fpirituelles & les fonds agr�ables: les arbresont de belles formes : il poin- tilloit les feuilles artiftenient. Il �toit fort crapu- leux , & 1'ivrognerie Ie perdit enti�rement. Albcr Durer, pafiant par Anvers, vit fa maniere de peindre, & en fiifoit grand cas; �Vpour marquer ion efhme , il deffina Ie portrait de ce payfagifte. (1) "Wever-mans , peintre hollandois} a^crit la
vie des peintres, depuis Houbraken. |
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jt %a T'le des Pelntres
"�T Les ouvrages de Patinier fe trouvent dans lei
*4 °' plus be.iux cabinets. Il a fait quelques batailles, & il a eir pour �lcve Framjois Mojlaert. Patenier rendoit fes tabieaux reconnoil�ables par un petit �bon hommechianc, qu^il mettoit par-tout: c'�toit- l.i Ie coin du peincie. JEAN CRANSSE.
Cet artifte demeuroit a Anvers j o� il fut recu
dans Ie corps des Peintres, en 1515. On voyoit autreLis de lui, dans T�glife de Notre - Dame, natre Seigneur qui lavoit les pieds aux Ap�:res. Cp.rk van Mandcr !oue fort ce tableau.
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HENRY DE BLES.
X1.ENRY de Bles : on lui donna ce nom pour
une tache blanche ou une portion de cheveux blancs qu'il avoic fur la t�te. Il naqiut dans laville de Bovuie, procliede Dinant. Quoiqu'on ne lui connoii�e point de ma�tre j la nature Ie forma & Ie rendit pL:s habile payfagifte que Pa- tenier. Ses payfages f mu van�s & f.i touche fiere. Ses ouvrages font ton recherches en Itali� , fous Ie nom de tableaux a la Chouette. Il fe plaifoit & en peindre une dans chique tableau. La ville d'Amllerdam pofi�de un berin pnyfa^e ^e lui', on y voit fius un arbre un Por".-balle enc'.ormi , pen- dant qu'une .tr»upe de Singes s'emparent de fa boutique
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Flamands j Allemands & Hollandois. } )
boutique , dont iLs ont foin d'�taltr les diff�rens
bi/oux aux branches des arbres. On voyoit dans J4 Ol la m�me ville chez Melchior Moutherotij un petit tableau orn� d'un grand nonibre de figures,dont Ie Chateau d'Emma�s fait 1'objet principal ; les deus p�ierins font a table : fur Ie premier plan & dans Ie fond,laPaflion enti�re de noireSeigneur, la ville de J�rufalem, Ie Calvaue , avec une mul- titudedepeuple. Lecabinetde 1'Empereur pof» s�de de fort oeaux tableaux da meme peintre. |
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LUCAS-GASSEL
VAN HELMONT.
JLj u c a s excelle parmi les grands payfagifles
de Flandres : il demeuroit a Bruxell�s. Van Mander en dit peu de chofes: il rapporte qu'il % peu :ravaill� , mais qu'il �toit fort eftimc & grand ami du favant Lampfonius. |
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ROGE
VANDER WEYDE.
p A N Msnder dit beaucoupde bien de Koger\
il Ie regarde comme celui qui a commenc� a perfedtionner Ie go�r. Ce peintre naquit a Bru- xelles: il fe fit une �tude des cxpreffions de 1'ame: Tome �. C |
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Ja FkdesPemtres
1480. ce 1ui a rendu fes fujets fenfibles. II peignit dans
les falles duconfeil de la ville de Bruxe)les,qaatre tableaux quiont rapport a la juftice.Un de ceux qui font Ie plu;> d'impi-eilion , reprefente un Vieillard mouranc dans fon lit qni embralTe fon fils convamcu d'un crime , & qui en m�me temps 1'�gorge pour Ie punir. La t�te du vieillard, quoi- tjue mourante , eft terrible : il porte fur fa phy- iionomiele cara&�re d'une ameoutr�e de douleur & de vengeance. Les autres tableaux , quoique dift�rens, font aufli remarquables. Roger fit une Pefcente de croix pour 1'�glife de Notie-Dame de Louvain : elle eft retnplie de figures d'une ex- preflion vraie. Ce tableau fut enVoy� en Efpagne pour Ie roi: il �chappa heureufement aux flots , quoique Ie vaifleau p�ntj&lefoin quel'onavoit pris de Ie bien emballer, 1'emp�cha d'�tre gat�. Michel Coxcis en a fait une copie , qui efta Lou- vain dans la place ou �toit l'original. Roger fit les portraits de plufieurs Reines & autres perfonnes diftingu�es. Il �toit fort riche ,& il partagea fon bien avec les pauvres. Il mourut dans la force de fon age , d'une maladie �pid�mique , qu'on nom- moit �e mal Anglois , qui ravagea tout Ie pays en |
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F lammis 3 AHemands & Hollanlols. 3 5
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R I C H A R D
AERTSZ,
�L�VE DE JEAN MOSTAERT.
J\. brtszou Richard alajambe de bois ,
dejean Mojiaert _, doitfon talent a la perte d'une 11S4 |ambe. Il naquit dans Ie bourg de W^yck fur mer, dans la province de Noort-Hollande , en 1481 , de pareus pauvres p�cheiirs. Dans fa plus tendre jeune/Te , il eut Ie malheur
de fe br�'er la jambe. On 1'envoya a Harlem pour fe faire gu�rir j mais, foit que la plaie e�t �t� n�- ghg�ejou que Ie mal fut trop grand,oh fut oblig� de la lui couper. La nature, pour Ie d�dommagcr de cette perte , montra en lui on talent qui Ie diftingua dans la fuite. Pendant qu'il �toit con- damn� a une ennuyeufe gii�rifo::, aifis au coin du feu, Ie charbon lui fervoita rcndre furla chemin�e & lesmurailles toutcequilui frappoicles yeux.On lui demanda un jour fi la peinture feroit de fon gout, & il marqua un grand defir de pouvoir entrer chez quelque ma�tre. Il fut place chez Jcan Mojiaert } ou il fit voir en peu de temps , par des progr�s rapides.ce qu'ildeviendroit dans la fuite. Il a peint deux volets au tableau d'autel des
porteurs de la ville d'Harlem : fur 1'un des deux, les fr�res de Jofephqui viennentacherer des bleds «n Egypte 5 & fur l'autre,Jofeph a/��s fur Ie trone. |
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3 ij La Vit des Peintres
o Le dedans �coic pemt par Jacques de Harlem , mal-
tre de Mojiaert. ■ La plus grande partie de fes ouvrages �toient
en frtfe: mais ayant prefque tous �t� d�truits , a peme peut-on en trouv.er. Il nxa fa demeure a. Anvers, & fut admis a
Tacad�mie en 1510. Il fut eftim� autant pour fa conduite que pour fes talens. 11 �toit d'un bon tem- perament & d'une humeur fort enjou�e. Il avoic une belle t^te pitcirefque,que Floris a copi�e pour peindrer fon S.-Luc. Sur la fin de fes jours il de- vintprefqii'aveugle. Ses par.neauxavoientquelquc- fois F�paifTeur d'un pouce de couleur, ce qui les rendoit moins a^gr�ables ^ il s'en facha : & quoi- qu'il ne vit prefque point , il croyoit le pubhc moins �clair� que lui. Aucun de fes enfans n'a �t� peintre : �l.mourut vers le mois de mai en 1577.» ag� de 95 ans. ■■ IIIIIIIII�MllllllilW tllMII IIWIIWI "f If «IIIMH ■ ■■^[■Illllll MUI
LAMBERT
L O MBARD,
PEINTRE ET ARCHITEGTE.
\^j E favant artilte naquic dans la ville de Li�ge.
Il ne n�oligea rien pour fe faire un grand nom dans la peinture, 1'arcHte�ture & la perfpedive. Son talent 1'a fait admircr. Sa r�putation s'eft en^ core �tablie par de c�'�bres �l�ves,tels queFr^n- co�s Floris i W'�lcm Key 3 Hubert Goltyius } &c quantit� d'autxes. Il voyagea dans toute TAile- |
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F lamanis ,Allcmand$ & Hollaniols. J7
magne & la France 3 avec beaucoup de fruift II o
puifa les principes de fon talent en France , en * defimant les �difices ruines »par les ravages de la guerre. Il fut enfuite en Itali� : Rome fut I'�eolc o� il fe perf�clionna. De retour a Li�ge, il y �u- bht Ie bon gout du deffin en peinture: il fubftitua 1'antique au gothique. Un choix d'�tudes & des connoiffances acqtufes, prouvent afle-z qu il n'avoit pomt �t�oififdans fes voyages.Sa demeurectoit. nors de la ville , o� �tant peu diftrait, il s'appli-' . quoit , apr�s fon travail ordinaire , a 1'�tude d�s ,; belies-lertres. Foere &c phiiofophe a la fois , fes ouvrages en ce genre font d'un grand jngement. ; On voit Ie m�me efprit dans fes tableaux,dontun grand nombre eft grav� , entr'atitres Ia C�n�. '� Cette compofition e(l belle Sc d'uu efFetadmirable. Van Mander f�nit ici, & Ie loue comm; un des premiers peintres de fon temps. |
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A R N O L D
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� E R
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D E
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JL/ e B � i r. a pafT� pour bon peintre dans"
fon temps : il s'elr diftingu� dans Ie deffin. Il M90- demeura a Anvers, Sc fut re^u dans Ie corps des peincres de la m�me ville ea i 529. |
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C J
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BERNARD
VAN ORLEY,
Eleve de Raphael.
"\_j'est a la ville de Bruxelles que Van O�ley doit
Ie jour.. On ignore 1'ann�e de fa naiflTance. Il fut auili nomm� Barent de Bruxelles.il cjuitta la Flan- dre fort jeune , pourfe rendre en Itali� ,o� il de- vint �l�ve du c�l�bre Rapha�l. Ce grand maure exerca fon difciple a de tr�s-grands tableaux , o� il perfe�tionnafes talens& acquit la belle maniere. De retour en Brabanc, il s'adonna a peindre des |
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1490.
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La Vic des Peintfcs Flamattds ,
en grand , que Charles V aimoit beaucoup
i Il l |
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& r
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1490.
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for�t de Soigmes , avec les plus belles vues des
environs , o� ce pnnce �coic repr�fent� avec les principaiix de fa cour. C'eft d'apr�s ce tableau & quelques aurres cartons de Van �rley , que les belles tapilfenes ont �t� fakes pour l'empereur , potir les princes de la maifon d'Autriche, & pour la duchefle de Parme. Il fit dans ce rcmps-la a Anvers ce beau tableau du Jugement dernier s quel'on voit dans la chapelle des aum�niers. C'eft dans ce tableau o� il a cherch� les beaux tranf- parens , qui ont fi bien r�ufl� dans fon ciel. Pour y parvenir 3 il fit dorer fon panneau , & c'eft de cc fonds qu'il a nr� les tons chauds & brillans que 1'on y voit. Il peignit un autre tableau pour la foci�t� des peintres de Alahnes. Il repr�fente S. Luc raifant Ie portrait de la Ste.-Vierge. Mi.chd- Loxcis a peinc les volets qu on y a ajoutes ponrie conferver. Ce grand homme fit depuis pour Ie pnnce do
Nai�au j prince d'Orange , feize cartons ou mo- dcles, qui ont �t� exccut�s en tapiflenes pour fervir d'omemens au chateau de Breda. L'or Sc 1'argent y �toient artiftement m�!�s arec la foie. On craint que la plus grande partie ne foit con- fondue avec les vols condd�rables que la fille du conci�rge de ce chateau a faits. Chaque canon compofoit deux figures, un cavalier & une dame a cheval ,repr�fentantlesdefcendans de la familie de NaJfau."Le deflin �toit d'une grande correclion & d'une i�ert� digne de l'�cole dont �i'forfoit. Ce prince qui en counoifloit labeaut� & qui Craignbk oe ks perdre , donna ordre i Hans ( Jean ) C
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4° La Vit des Peintrcs
Jordaens d'Anvers ,peintrea.Delft, de les copier �
1'riuile , afin de les conferver pour la poft�nt�.
co R N i L L e
KUNST.
-iV. v n s t naquit a Leyden en 1495. Il �toit
^ & �l� d C lbfl\ |
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1493.
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en naiflanc les difpofitions propres a devenir un
grand peintre : aufll �l�ve n'a jamais fait plus d'honneur a fon ma�cre. De fon temps il fut regarde comme un des premiers peintres de fa pacrie. Les troubles ayant enpartieruin� lavillede Leyden , il alloit quelquefois aBruges j pc rlors ville des plus riches par fon commerce. Les arts y �toient recherches <Sb bien pay�s: il fin quantit� cle beauxtableaux,qui lui rapport�rent beaucoup d'argenc,& Ie mirent fort a ion aife. Il en fitauifi a Leyden en grand �nombre , chez M. van Son- nevelt, entr'autres notre Seigneur portantfa croix au Calvaire , fuivi des larrons & d'une foule de foldats Sc de penple. Les expreflions font belles & couchanres : Ie tableau eft bien peint, & paffe poi^r un de Ces plus beaux. On a auffi de lui une Defcente de croix j morceau chaud de couleur Sc ble»"» rendu , felon Ie fujet. Il fit encore plufienrs bl I d Ldd h |
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de Leyden � rnnis ils ont �t� d�truits ou enlev�s
pendant la guerre. Il s'en troute dans les cabinets de la m�rne ville , une quantit� , fcftt i 1'huile |
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� lamanis , Allemanis & Hollando�s. 41
011 en d�trempe , principaletnenc chez Jacques Vermy. Kan Mander a vu chez la fille de CornilU Kunjij, Ie portrait de ce peintre , aflis dansfon jardin avec fes deux femmes ; & dans Ie fond on roit la ville 5c la poite aux Vaches , Ie tout bien rendud'apr�s nature. Ce peintre eft mort en 1544, ag� de 5 1 ans. |
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CORNILLE,
DIT LE CUISINIER,
Kt�VJDE SONP�RE
CORNILLE ENGHELBKECHTSEN.
J. L �rok fr�re de Comille Kunjl» de ]a m�me ville,
tous deux �l�ves &K�riciers des talens da Corn�lle Enghdbrechtfen3\ewr p�re. iteft furnomm�le Cui- Jin-.er , parce qu'�ranc charg� d'une nombreufe familie , & �cant peu occupp a la peincare, pen- dant la guerre, il fiit oblig� d'�tre akernative- nient peintre :"�< cuif�nier : mais il n*en �toit pas moins boii peintre. Il prit enfin Ieparti dequitter |
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y pgt c/f
roi d'-Atigleterre,pour lapeinture.il paffa a fa. cour
avec fa femme & nuit enfans. On n"*a depuis rien appriscie!ui,ficen'eftc]u'on a vu un de fes tableaux qu� a �t« rapport� d'Anglecerre cnez je fienr Jcan de. Hertagfr. Il y nvo�t beaucoup de fes ouvrages dans Leyden , chez Ie fieur Knottery peintre Sc amateur : piuf�eurs morceaux en d�crempe & * |
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* La Vu des Peintres
140 2 l'huile,bien compof�s & colori�s, fur-t�ut un petit
tableau repr�fentant la Femme adult�re. Chez Jacques Vermy , on en voyoit auffi plufieurs en d�trempe. Lorfque Ie duc de Leicejlcr fut nom- m� gouverneur de ce pays, les feigneurs Anglois de fa fuite cherch�rent avec emprellement fes ouvrages qui �toient fort effcim�s en Angleterre. |
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L U C A S
DE LEYDEN,
ELEVE DE SON PERE HUGUES JACOBS.
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j JLu A nature a fouvcnt fait des miracles. Lucas de
Lcyden en eft une preuve. A peine �toit-il n�dans
la ville de Leyden , a la fin de mai ou au commen- cement de juin 1494, qu'on Ie vit peindre & gra- ver. Il re9ut les principes de fon p�re Hugues Jacobs j qui �toit , .felon Van Mander 3 habile peintre. Depuis il eui pour maitre Cornille Engei- brechtfen. Sa plus tendre enfance fut confacr�e a une �tude opiniatre ^ & malgr� les foins que fa m�re prenoitpourl'end�tourner, � paflbit les muts a �tudier. Il copioit la nature en tout, & fon juge- ment lui fervoit de guide. Il ne voyoit d'autres camaradesque ceux qui avoient la m�me inclma- tion. Avec des difpofuions fi heureufes , on fera moins �tonn� d'apprendre qu'il au mis au jour des fujcts compof�s a. l'age de neuf ans. Tous les genres de peinture lui �toient farni!isrs-,fur verre, |
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Flamands, Allemands &Hollandois. 43
en d�trempe& al'huile, Ie portrait&le payfage, i494. il faifoit touc �galement bien : mais il �tonna les artiftes, lorfqu'ag� de douze ans , il peignit en d�tremperhiftoiiedeSt-HubertpourM.ZocAor/?, qui lui donna pour r�compenfe autant de pi�ces d'orqu'il avoit d'ann�es. Ilgravaa 14 ans Maho- tnet ivre qui �gorge un religieux: cecte eftampe eft dac�ede 1508. Ilgravarann�efuivanteneuflujets de la Padion, en rond, bien compof�s: une Tenta- rion de St-Antoine , ou Ie demon , fous la figure d'unejolie femme , cherche a Ie f�duire. Le fond eft bien entendu & le burin d'une grande intelli- gence. Dans la m�roe ann�e on vit paro�cre de lui une Converfion de St-Paul, conduit aDamas. Ce morceau eft d'une expreffion vraie : les ajuftemens de toutes fes figures font extraordinaires, ainfi que leurs co�rFures,qiupAoiirent convenablesaufujet. Auffi Vasari lemet, en bien des chofes, au-deffus �Alben Durer. « Lucas , dit-il, peut �tre �gal� » a ceux qui ont manie le burin avec fucc�s : fes » fujets d'hiftoire font d'une grande v�rit� \ il a » �vit� la confufion. Auffi a-t-il furpafle Alben » clans la compofition -, il avoit plus que lui ap- » pi'ofondi les r�gies de lJart. A peine Iapemture » pourroit-elle par fes tons de couleur', faire plus ■>■> valoir la perfpective a�'nenne. Les pemtres y » ont puif� les principes de leur art. » Ce font les tennes de Vaffar�. Il ajoute cependant que le dellin A'Alben Durer eft plus corre�l. En 1510,3 1'age de 16 ans, il finit un Ecce Homo. On voit dans eet ouvrage une multitude de peuple ; les attitudes en font bien vari�es, les ajuftemenscon- venables & les draperies bien jett�es : 1'architec- ture en eft difpof�e felon les r�gies de la perfpsc- |
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44 *-a rie aes Peintres
tive : 1'efprit dans cette compofition 3 comme
dans lei autres , eft au-def�us de 1'age de 1'auteur. Dans Ie m�me temps il grava plu- f�eurs planches , repr�fentant un Payfan & une Payfanne aupr�s de trois yaches: ce morceau eft fort recherche j Adam &�ve chafT�s du Paradis terreftre; une Femme quicarefle un peut chien , & une grande quantit� d'autres eftampes de la m�me beaut�. Il avoit un foin particulier de fes �preuves ; une
feule tache�toit capable de les lui faire rebuter. Ses eftampes ont �t� vendues fort cher , de fon temps m�me. Il n'eft jamais forti de FIaiulres. fajjari s'eft tromp� , lorfqu'iiacruqu'il avoic�c^ en Itali�. On pretend qu'outre 1'amiti� qui uniffoit Lucas Sc Alben Durer, il r�gnoit entr'eux une noble �mulation , fans jaloftfie. lis ont fouvent traic� les m�mes fujets,& fe font admir�s l'Un 1'autre. Alben fat voir fon amiaLeyden, o{j �s fe peignirent fur un m�me panneau. Pouvojent_ ils fe donner des preuves plus marqu�es de ]eur amiti� & de leur cftime? Voila les feuls pr^fens que peuvent fe faire ordinairement les peintfej^ Les tableaux de Lucas font bien peints & 4'une>
touche l�gere, quoique finie. Un de ceux O1^ t\ s'eft furpafle, a deux volets: il repr�fente la K^u�- rifon de 1'aveug'le de Jcricho. Golt-(ius l'acl\eta ^ Leyden untr�s-grandprixen i6oi,&l'atoujours regarde comme un des plus pr�cieux de fon cat>i_ net. La couleur eft d'une grande fra�eheu^ g^ 1'ordonnance riche Sc vari�e : Ie payfage, <J'line touche l�gere , foutient agr�ablement Ie fo;ec principal du tableau. Il cfc date de 15 51 , ^ croit que c'eft Ie dernitr quil ait pcint * 1 |
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Flamands, Allemands & Hollandois. 4 j
n'ayanc depuis v�cu que deux ans. Les magiftrats--------*
de Leyden confervent dans leur maifdn de ville 1494.
JeJugement dernier. Ce tableau eft d'un d�tail immenfe : la compofition en eft belle. On voi: a quel point il avoit �tudi� la nature dans Ie nud de fes figures: les femmes fur-tout for.r d�licatement peintes , les carnations vraies j ma�s felon 1'ufage du temps, elles tranch�nt trop avec leurs fonds , fur - tout du c�r� de la lumi�re. Sur Ie dehors des volets, font deux figures affifes, Saint Pierre & Saiat Paul, mieux colori�s & les draperies de meil- leur gout que celles du dedans du tableau. Piufieurs princes en ont ten vain offert uu grand prix, les magiftrats ont toujours marqu� la nobleue de leurs fentimens, en pr�f�rant les chef- d'oeuvres du g�nie a un vil int�r�r. Nous avons encore de ce peintre une Vierg�
avec 1'enfant J�fus , tenant une grappe de raifin. L'harmonie de la couleur'en eftremarqiiable. Ce tableau, avec fes deux volets, avoi» �t� fait pour M. Franfois Hoogjlraeten, gentilhomme d'aupr�s de la ville de Leyden. Il a depuis paffe dans l� cibinet de 1'empereur. La date eft du 11, avec fa marqu� ordinaire. On conno�t encore de lui un autrcjtableau 3
Amfterdam, repr�fentant Ie Veau d'or, une p�tite Vierge d'une grande beaut� , faite pour Ie fleur Barth'Ferreris, peintre & amateur, un nombre confid�rable de portraits bienfinis & d'une grande relfemblance. Il a laifls piufieurs grands fujets d'hiftoire peints en d�tr�mpe, a Leyden, cbex M. Knotter : une Rebecca, o� Jacob pres de la fontaine, lui demande a boire. Toures ces figu- res font belles Si Ie payfage fort aer�ab'c °- '« |
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4$ La Vie des Peintres
de lui en la facriftie des J�fuices de la rue Saint'
/ntoine a. Paris, une Defcente de croix, tableau d'une grande compofmon \ Sc un autre au Val- de-Grace, fur Ie m�me fujetj mais plus grand que Ie precedent Sc auf�i eftim�. A Delft plufieurs fujets de 1'hiftoire de Jofeph. Le nombre de ces ouvrages en tout genre de peinture & de gra- vure eft extraordinaire. On ne fait en quoi il a le mieux r�ufli, en peinture fur verre, a 1'huile ou en d�trempe, en gravure au burin ou al'eau-forte. On pretend qu'il apprit a graver chez un armu- ner qui faifoit mordre a 1'eau-forte des ornemens fur des cuirafTes, & qu'il fe perfeftionna depuis chez un orf�vre. Apr�s avoir tant donn� au public , il conc^ut le
defTein d'allcr vifiter les peintres I lamands & Hol- landois, chez qui fa r�putation faifoit grand bruit. A 1'age de 3 3 ans il fit �quiper un navire a fes d�pens, & fut a Middelbourg, voir Jcan de Ma~ bufe , excellent peintre , qu'il admira. * I' donna i fes d�pens une ftte aux peintres de cette ville : il en fit autant a Gand, a Malines & a Anvers, tou- jours accompagn� de Mab�fe. Chaque repas lui co�toit Go flonns. Ces deux peintres, fort riches par leurstalens, firent par-tout une belle figure; Mab�fe rfabill� en drap d'or, & Lucas d'un ca- melot de fcie jaune , qui avoit le m�me �ckt. Ce voyage, qui devoit lui fervir de d�lafllments, lui co�ta la vie. Le public & lui-m�me accus�rent les peintres, jaloux de fa r�putation , de 1'avoic empoifonn�. 11 eft vrai qu'il n'eut jamais, depuis, un moment de fant� , & pendant fix annces il fut prefque toujoursau lit: mais 1'opinion commune attribue fes infkmit�* a la foiblefle de fon temp�- |
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Flamands, Allemanis & Hollandois. 47
rament, Scauneapphcation continuelle.Cet�pm-' fement, qui d�g�n�ra en langueur, 11e 1'emp�clu J494* f>oinc de peindre ni de graver, quoique retenu au
it. Le dernier morceauqu'il grava, eftunePailas, qu'il finit. Peude temps avant fa more, il demanda avec inftance a voir le ciel, & fe fit tranfporter hors de fa chambre. Il mourut deux jours apr�s, en 153$ , ag� de 59 ans. Il s'�toit marie forc jeune a une demoifellede la maifon deBoshuyJen, de qui iln'eut qu'une fille, qui accoucha neuf jours avant qu'il mourut. Ayant demand� le nom de 1'enfant, il parut avoir regret qu'on lui eut donn� le fien , difant qu'on ne cherchoit qu'a fe d�bar- rafler de lui, puifqu'on lui avoit fubftitu� un autre Lucas. Ce dernier Lucas, fon petit-fils, eft mort a Utrecht en 1604, ag� de 71 ans, ai�ez bon peintre., ainfi que fon fr�re Jeande Hoey} peintre a la cour de France. Le portrait de Lucas ds Leyden,pemt &c grav� par lui-m�me , a �t�renda public. Il eft repr�fenr� forr jeune, fans barbe,. a demi-corps, un bonnet fur la tcte , avec des efp�ces d'ailerons , & une t�te de mort eutre fon habir �c fa poitrine. |
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J E A N
L'HOLLANDOIS. p AN Mander rapporte peit de chofe de ce
peintre. Il y a quelque temps , dit - il, qu'on yic paroicre les portraits grav�s des plus habiles |
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4 8 Ja J-'ie des Peintres
"peintresj parmi lefqiiels fe trouve celui de Jean
l'Hollando�s, natif d'Anvers , c�l�bre payfagifte en d�trempe & a 1'huile. Il �coir fouvent a fa fen�crepour examhier lesdifF�rens effets des nua- ges, qui entroienr dans fes payfages. Il favoic fe fervir du fond, foit du panneau ou de la toile, avec fucc�s: maniere que Breughel a bien imit�e. Sa femme fuivoit les march�s, o� elle expofoit fes tableaux, qui font bien recherches encore. Il eft mort a Anvers j on n'en fait point Ie temps. |
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H5H'
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J A C Q U E S
CORN�LLISZ.
I .A ville d'Amfterdam vantc beaucoup les
talents de Jacques Corne�s^ , n� dans Ie bourg d'Oofi-Sancn. Fan Mandcr ne peut exactemenc marquer Ie temps de fa naif�ance \ il dit feule- ment , felon Ie rapport de Jean Schoor�el, �l�ve de Cornelis\, qu' en 15 uil jouilToit d�ja d'unc grande r�putation. Son ma�tre eft �galemenc ignor�. Corrt�/w^avoitpeintdans 1'ancienne �glife d'Amfterdam une Defcente de croix , pour un tableau d'autel : on 7 voyoir une Madelains aflife au bas de la croix ^ on y reconnoiflbit la nature , auffi ne faifoit-il rien fa«s la copier. On voyoit de lui, dans la m�me �glife, les (Euvrcs de mif�ricorde j mais de tous ces rableaux , il en eft peu qui aient �chapp� aux fureurs des guerres de re�gion de ce nemps - la; guerres qui onr toujourc
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Flamands, Allemands & Hollandois. 49
toujours �t� funcftes aux arts. Ven Manier a vu *
a Harlem, chez Ccrmlle Suyker, une Orconnfion I454* peinte en 1517. Il en fait 1'�loge, & dit qu'elle eft dutempso� lepeintre �tou dans fa plus grande force. Il parle encore d'uno Dcfcente de croix, cjui �toic dans 'a-ville d'Akmner. Ce tableaa �toit d'une belle compofinon j !e payfage �tuit de Schoor�e/Cm e �ve Fan Manier vante extreme- ment les mouvement des bourreaux qui �tendent ave efFottnotre Seigneur fir la croix, & qui pa- roiffent remuer, tant 1'adion elt bien rendue. Ce peintre avoit tin frtre nomme Biys, qui a fair de belles chofes,& vn fils non-.m� Lirck Jacob. Ce de mier a bir pkilieurs beanx porrraits dans ley Euttes ( () d'.Amirer<.!am. Il y mo'ir 't en 1567, a 1 'age de 70 ans. Jatques Com�ifc y efl mort as'ffi dans un age av.inc�. PluGeurs des ouvrages de Jacques ont �r� grav�s en bois j neur en rondt repr�ftntani la Paflion denotrt Seigneur, & une ftconde P.iffio.i grav�e auflien boi5^quoiquec:lle" ei t�tbien conipofee, on eftime plus neufplrnches de 'ui j repr�fentant des homines a cbevai. Llles font finguh�res. (1) Buttesi lieux ou s'assemblenf les coirpngnies
de lamilicp bourgeoise ou les roiu'r�ries ('e dif*t»rens exercicei, soit de 1'arc, de 1'aibal�te ou du mail, etc. |
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Tome I. D
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J E A N
SCHOOR�EL,
�LEVE DE WILLEM
(GUILLAUME)CORNELISZ. |
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Jr r A n c Floris Ie nomme Ie flambeau des
peintres flamands. On Ie regarde comme Ie pre- mier qui ait franchi les Alpes & port� en Flandre Ie gout du bel antique. Jean Schoor�el naquit Ie premier d'ao�t 1495 , dans Ie bourg de Schoor�el, proche d'Alcmaer en Hollande. La perte de fon p�re & de fa m�re Ie mit, encore fort jeune,fous |
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La Vu des Ptintres Flamands ,&c. J i
la tutelle de fes parens qui Ie firent �tudier a
AIcmaer julqua lage de 14 ans. il apprit
facilement la langue latine j mais encra�ne par
un talent qui devoit un jour !e diftinguei-j Ie
papier, Ie verre & jufqu'aux�critoires de corne,
tout devint fous fa main figures, animaux 8c
plantes. Il �toit Ie deffinateur gig� de tous fes
camarades. Des parens alTez raifonnables pour ne
rien perdre de ce que la nature annonc.oit dans
ce jeune homme, Ie plac�rent chez Guillaumt
Cornelis\, peincre afFez m�aiocre, qui ne voulut
engager Schoor�el que pour trois ans. i.es parens
s'oblig�rent m�me a payer une fornme 3 en cas
qu'il v�nc a quitter aVant Ie temps prcfcrit. I,e
jeune �l�ve rapporta plus de cent florinsi i)clans fa
premi�re ann�e, au profit du ma��re qiu s'enivroii
fort fouvent. Il faiiic un de ces momens pour re-*
prendre 2 fon mn�cre eet engagement qu'il d�chira.
iyc^oored/commencapourlorsictre plus �bre. Les
f�tes & les dimanches, il alloit hors de la villejo�
il peignoit d'apr�s nature des vues & c'es arbreS
qu'il touchoit d�ja d'une atitre maniere que ceux
qui peignoient de fon temps. Au bout de1; trois
ann�es , il quuta ce maitre, & fut a -Amfterdam
chez Jacqucs Cornelis\, bon peinrre Sc bon dei�l-
nateur. Ce dernier eiubeaucoup d'attention pour
fon �l�ve, 8i Ie regarda comme fon fils; Sc quoi-
que Schoor�el �tudiat chez lui j il lui donna une
penfion, & la libert� de faire des tableaux ponr
fon compte. Quelle difF�rence enrre ces deux
(1) Le florin vaut 40 sous argent de France, oa
quelque chose cje plus, suivant Ie cours des esp�ces. |
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D
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51 La Vu des Peintres
ma�tres! Cornelis^ avoit une fille ag�e de 11 ans;
» Schoor�d 1'aima, & cette inclination 1'emp�cha de fe fixer ailleurs dans fes voyages. . Il quicta fon ma�tre avec amiti� & reconnoif- fance, pour aller chercher Jean de Mabufe, qui �toit a Utrecht au fervice de 1'�v�que Ph�lippe. de Bourgogne. Malgr� les talens & la r�putation de ce peintre , Schoor�d fut oblig� de Ie quitter. Les d�bauches & Ie libertinage du maitr.e avoient trop fouvent expof� la vie de 1'�l�ve II pafla par Cologne, & s'arr�ta a Spire,o� il �tudia, fous uu religieux j 1'architedure & la perfpeftive. Il connnua fa route par Strasbourg, vifitant toujours les peintres jufqu'a Bafle: il travailla par-tout. Une maniere prompte & facil� Ie fit admirer & eftimer. Il demeuraquelque temps a Nuremberg, cliez Alben Durer} ou il feroit reft� plus long- temps, fi ce ma�cre ne s'�tok point trop ouver- rement d�clar� partifan de la r�forme de Luther, II.fut a Stiers en Carinthie, o� les premiers
de la ville 1'occup�rent. Un baron, grand ama- teur, Ie logea chez lui, & fitce qu'il put pour fe 1'attacher : il lui propofa fa fille en manage, mais Schoor�el Ie refufa,& facnfia tout afa premi�re in- clination. Apr�s avoir beaucoup gagn� dans cette ville, il parrit & fut & Venife, ou il fitconnoiflance avecquelques peintres d'AnverSj & particuli�re- ment avecun amateur nomm� Bomberge. On ne voyoitalorsaVenifeqaedesgens qui arnvoient de tous c�t�spour paflera laterre fainte.Un religieux de la ville de Gouda en Hollande, engagea notre peintre a 1'accompagner. Il s'embarqua , & s'oc- cupa fouvent a deffiner les vues des diff�rentes ifles o� ils pafs�rent. Dans les ifles de CWypre &c |
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Flamands, Allemands & Hollandois. j 3
de Candie, il deflma les chateaux , les villes &
autres vues finguli�res. Arriv� a J�rufalem , ag� d'environ 15 ans, il fit connoiffance avec ie gardien du couvent de Sion. lis vifit�rent en- femble les bords du Jourdain , qu'il copioit cor- re�fcement a lapiume. Ces �tudes a fon retour lui fervirent beaucoup dans fes ouvrages. Ce m�me gardien 1'invita a refter chez lui pour y peindrej ma�s prefle de retourn�r par Ie religieux de Gou- da , il pnt fon parci, & promit de faire un tableau pendant fon trajet j ce qu'il fit. Arriv� a Venife, il 1'envoya au gardien. Le fujet �toitS. Thomas ouimet fes doigcs dans la plaie de notre Seigneur. On Ie voit encore aujourd'h�i dans lem�ine cou- vent. Schoor iel pe.'gnit, outre fes deflins, plufieurs chofes d'apr�s nature , comme la Ville de J�ru- falem j leTombeau de notre Seigneur cjti'il termi- na chez lui. Il y eft repr�fent� lui-m�me avec une troupe de chevaliers 8c autres voyagenrs. Du temps de van Mander ce tableau �toic conferv� chez les Jacobins, ou a la cout des princes 4 Harlem. Il quitta la terre fainte en 1510,6? pafTa par
1'ifle de Rhodesj environ trois ans avant que les Turcs en fiflent la conqu�te : il y fut tr�s-bien. regu par le grand-ma�tce qui �toit alleinand. II peignit la ville de Rhodes Sc fes fortereffes. Arriv� a Venife , il 7 refta long-ternps a tra-
vailler. Il vifita enfuite quelques villes d'Italie, jufqu'a fon arriv�e a Rome , o� il s'accacha parti- culi�rement a �cudier 1'antique ■> les ouvrages de Rapha�l, de Michel Aixge 8c de quelqats autres ma�tres. Il deffina les tuines & *e» envitons da Rome. D 2
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54 La Vie des Peintres
On �lut dans ce temps-la a Rome Ie pape
149 f � Adrien VI, n� a Utrecht. &choor�el fe fit conno�tre de fa Saintet� qui lui donna la conduite du Bel- v�d�re j ou il �t plufieurs tab.eaux & ie portrait du S. Poiuife en pied, grand comme nature. Ce portrait fut envoy� au college de Louvain, apr�s la mort du pape qui 1'avoit fond�. Schoor�el qaitta Rome pour revenir en I landres. Arriv�aUtrecht, il apprit avec douleur que fa maitrefle avoit �pou- f� pendant fon abfence un orf�vre a Amfterdam. 11 refta a Utrecht chez M. Lochorjl, un des plus grands amateurs des Pays-Bas, pour qui il peignit i 1'huile & en d�trempe plufieurs tableaux : Ie principal eft 1'entr�e de J�fus-Chrift dans J�rufa- lem. Certe ville , qui fait Ie fond du tableau , y eft repr�fent�e d'apr�s nature j far 1'�tudequ'il en avoit faite : ce tableau avoit deux volets. Il a depuis �t� donn� par la familie de M. Lochorjl, a la principale cglife d'Utrecht. Une fa�bion qui s'�leva dans cette ville entre 1'�v�que &: Ie duc de Gueldres j obligea notre peintre a la quitter. Pr�f�rant Ie repos a 1'efprit de parti, il partit pour Harlem , o� il fut tr�s-bien recju par M. Simon Sa'�n, commandeur de 1'ordre de S. Jean. Cet amateur employa Ie pinceau du peintre. Ua Bapt�me de S. Jean Ie fit connoitre pour imita- teur de Rapha�l. Les airs des t�tes font pleins de graces , de Ie fond , qui eft un beau payfage j en foutient g�n�ralement la compofition. Alafin^ tourment� par Ie grand nombre de ceux qui fe pr�fentoient pour �tre fes �l�ves , il fut oblig� de fe fixer un �tablifTement. Il loua une maifon fpacieufe, o� il peignic plufieurs tableaux, entr'autres un Ghrift pour Ie grand autel d'Arn- |
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Flamands, AUcmemds & Hollandois. 5 5
fterdam. Il r�p�ta ce fujet pour lam�me ville.
Les principaux de la collegiale fond�e par
1'empereur Henn IV, lui firent peindre quatre volets au grand autel. Le milieu du retable �toit en fculpture. Sur le premier des volets il repr�- fenta la fainte Vierge tenant 1'enfant J�fus , 6c S. Jofeph a fon c�t� j fur le deuxi�me, 1'Empereur Sc 1'�v�que Contardus, dans leurs habillemens de c�r�monie : un beau payfage en faifoit le fond. Comme il ne pouvoit pas fi-t�t finir les deux au- cres, il peignit, en attendant, deux taBleanx en d�trempe de la m�me grandeur. Le fujet �toit le Sacrific� d'Abraham, dont le fond �toit un beau payfage. Ces morceaux furent achet�s _, ainfi que d'autres tableaux de Schoor�el, par ordre du roi d'Efpagne , lorfqu'i! fut a Utrecht en 1549. Cet enl�vement,joint au malheur qui arriva en 1 $66, lorfque fes plus beaux oflvrages furent el�trnits a. Amfterdam, a Utrecht & a Gouda , nous priv� prefque de toutes fes meilleures produchons. L'abbaye de Marchienne en Artois ent delui trois tableaux, favoir j un Saint-Laurent; un autre avec deux volets, repr�fentant les onze mille Vierges; le troifi�me, un tableau d'autel avec fix volets , repr�fentant le Martyre de S. Etienne. L'abbaye de Saint-Vaft a Arras eut auffi un
tableau d'autel avec des volets, deftin� pour une chapelle derri�re le checur. L abbaye de Grooft-Ouwen > en Frife j lui fit
peiadre un tableau repr�fentant la C�ne. Toutes les figures en font grandes comme nature, & les t�tes font prefque toutes des portraits v�ritables. Le fleur W�llem Pieters 3 banquier de la cour
de Rome, a Malmes, eut beaucoup de fes ou- D 4
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5<J La V�e des Pe'mtres
vrages : ils �toienc anus & avoient v�cu enfemble
**' a Home. Il fit encore des tableaus fort eftim�s a Breda, pour Ie comce tiend de Na�au & Ken� de Chdl�ns , princes d'�range. Fan Mander loue fort une Pr�fentation au
temple , qu'il a vue a Ha riem, chez Ie fleur Scoterbcfch. Peu de temps apr�s fon retour d'Itiiie} Francois
I. invita Schoor�d a venir en France , avec pro- mefTe de lui donner de gros appointemens \ ma�s la vie tranquillc qu'il aima toujours , 1'eiigagea a remercier ce grAnd prince. I.e Roi de Su�de re-gut, a farecommandation,un archite&e appell� Cujlau , qui lui pr�fenta de la part du peintre 3 .une Vierge qui fut admir�e a la cour. Le roi lui fit pr�fent en �change d'un beau diamant, de peaux «Ie martres , d'un craineau avec 1'�qui- p.ige du chev^l, qui fervoit otdinairement a ce prince, d'un fromage de Su�de de 100 1. pefant, ie tont accoinpagn� d'une lettre de fa majeft� \ mais de ce beau pr�fent il ne pirvinr jitfqu'a lui que cette lettre , encore avoit-on ot� le fceau. Schoor�d a non-feu!ement faithonnenr a la pein- mre,mais fon carad�re doux & fociable le fit g�n�ralement eftimer. Po�te , mu�cien, orateur, il travailli dans difrerens genres, & compofaquel- ques petites pi�ces comiques. Il parloit plufieurs langues , le latin , le francois , Pitalien Sc �'aliemand} & il eut la r�putation d'�tre des plus habiles a tirer de 1'arc. L'ad�duit� au travaille rendit infirme, & !a
gravelle nbr�gea fes jours. Il mouriit a Utrecht le 6 d�cembre i^6xt deux ans anr�s qne fon �l�ve, Anto'me Moro, peintre du Roi d'Efpagnej |
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Flamands, Alkmands & HoIIandois. 57
ent fait fon porcrait. On lit au bas ces vers
latins : Addidit huic arti decus, huic ars ipfa decorum :
Quo moriente mor� ejl 3 hxc quoque vifafibi. Ant. Morus, Phi. Hfp. Regis picior, J. Schordiopic.
F. Aa. M. D. LX. |
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MICHEL COXCIE,
�LEVE DE VAN ORLEY.
(joxcie naqnit a Malines en 1497; & fort---------
jeune, il fut �l�ve de van Orley. Les lecons du 1497-
ma�tre Sc fon application contribu�rent beaucoup a Ie renorebon peintre. Il quirta fa patrie, & fut i Rome, o� il refta
long-temps a imiter les ouvrages de Rcpha'�1. Il peignit une R�furredion en d�trempe, dans 1'an- cienne �glife de S. Pierre, & quelques autres dans 1'�ghfe allemande de Sainte Marie della Pace. Il fe inaria en Itali�, & vint avec fa femme fe fixer dans fa patrie. On voit beaucoup de fes ouvrages a Haifenbergh , a z 011 5 lieues de Bruxelles , 011 Ie tableau du grand autel, qui repr�fentoit notre Seigneur en croix, r�unit les fuffrages des artifte's & des amateurs. Ce ta- bleau fut enlev� dans les troub'es du pays, & rendu, avec plufieurs autres de ce peintre, au cardinal Granvclles 3 par Thomas Wrerry, n�go- ciant de Bruxelles. L'l: fpac;ne les conferve tous. L'�ghfe de Sainte Gudule de cette derni�re
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58 La Vie des Peintres
----------ville, poflT�doit un tableau d'autel, repr�fentant
r497- la more de la Sainte Vierge j mais ayanc �t� enlev�
dans Ie m�me cemps pour 1'Efpagne, il y fuc vendu fort cher. On voyoit dans la m�me �glife une C�ne fort eftim�e. L'�glife de Malines a une chapelle de Saint
Luc j penite par van Orley. M�chel Coxcie y ajou- ta les deux volets qu'il peignit, & que Ie duc Mathieu enleva en quittant les Pays-Bas. Dans l'�glife de Notre-Dame d'Anvers , il
avoit peint, pout la compagnie des archers 3 un S. S�baftien, un Crucifix & plufieurs portraits, o� la nature �coit bien imit�e., Sc dont 1'ex- preflion �toit fort belle. Dans la m�me �glife il a peint, dans Ie tableau
du r�table de la chapelle de Sainte-Annc, une Sainte Familie. Rubens a fouvent lou� ce tableau. Il a peint chez 1'Ele�teur Palatin la R�furrec�on du Lazare. On voyoit par-tout de fes ouvrages , parce
qu'il a beaucoup travaill� & v�cu long-temps. De venu fort riche, il fe fit faire dans Malines trois maifons ou hotels qu'il enrichit de fes tableaux, <jui font fort recherches & difEciles a a?oir. Malgr� fon grand talent, on foupc,onne Coxcie
d'avoir eu peu de g�nie pour la compofition. On reconno�t Ie larcin dans tous fes ouvrages, 8c particuli�rement ce qu'il a pris de Raphael. Auffi fut-il tr�s-fach� lorfque J�fome Cock donna en gravure , au public, 1'�cole de ce ma�tre italien. On prit Ie copifte fur Ie fait- Ainfi les tradu�bions des �crivains �trangers d�couvrent les vols fecrets qu'ils nous font, & ceux que nous leur faifons a notie tour. |
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Flatnands 3 Alkmands & Hollandois-. 5 9
II favoit donner, ainfi que Rapha�i, bcaucoup ���� de grace a fes femmes, & il imitoic fa maniere X497*
yareScfuave de peindre.
Ayanc �t� appel� a Anvers pour orner la maifon
de ville de fes ouvrages, il fe laiffa tomberdans
1'efca'ier, & mourut peu de jours api�s cette
ch�te, en 15pa , ag�de 95 ann�es.
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MARTIN
HEMSKERCK,
�LEVE DE SCHOOR�EL.
-------- La Hollande Pa regarde long-temps
1498. comme un de fes meilleurs peintres. Il naquic
en 1498 , dans Ie village d'Hemskerck. Son p�re, Jacques Willems Vanv�cn, macon , fit ce qu'it put pour emp�cher fon fils d'�tre peintre. Soit que Vanv�cn pensat que fon fils ne pourroit fe rendre un jour hr.Mle dans la peinture, foit qu'il fit peu de cas de eet art, il Ie retira de chez fon |
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La Vit des Pcintres Flamands, &c. S\
maltre, malgr� lui, & Ie deftina aux travaux les
plus vils de la campagne; mais Ie g�nie j ainfi que �'amour, f�rce tous les obftacles. Hemskerck au d�fefpoir imagina nn moyen qui lui r�uffit. Un Jour a fon ordinaire> charg� d'un feau plein de laic, il donna contre une branche d'arbre, & cul- butant Ie feau, Ie lait fut r�pandu par ten-e. Le p�re, fach� de cette pene, pourfuivit Ie fils qui s'�chappa, & pafTa la nuit fur un moneeau de foin. Le lendemaia , a 1'infu de fon p�re , fa m�re le munit d'un petir paquet & de quelque peu d'argent, qui le conduifit le m�me jour a Delft. Il travailla chez Jean Lucas, o� ir s'a- donna enti�re'ment au deflin , ainfi qu'a la pein*- ture. Sa grande difpofition fe d�veloppa, & il devint en peu de temps adez bon peintre. La r�putation de Schoor�d faifost beaucoup debruit; on ne parloit que de fa nouvelle maniere & de fon habilet�. Hemskerck quirta Lucas pour cher- cher Schoor�d. 11 fit tant aupr�s de ce ma�tre, qu'il fut adnus parmi fes �l�ves. Il imira ce |
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i;
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eintre, au point que Schoor�d en fut jaloux, &
fit fornr de chez lui. |
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11 fe retira chez Pierre~Jean Fopfen, qui 1'em-
ploya. Il peignit dans un des appartemens, un Apollon & une Diane de grandeur naturelle, ainfi qu'Adam & Eve. Il fit encore quelques ouvrages pour Jofeph Cornelis^ , orf�vre. Avant que de partir pour Rome, il donna en
fir�fent aux pemtres de Harlem, pour l'autel de,
eur ch?pelle , un tableau repr�fentanr Saint-L�c qui fait le porrrait de la Sainte Vierge, tenant Tenfant J�fiis fur fes genoux. I! �toit peint dans la maniere de Schoor�d, a ne pouvoir pas le diftin- |
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7
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6 x La Vie des Peintres
guer. La t�te de la Vierge & celle de 1'enfanc
1498. J�fus �toient fort belles, eelle de Saint-Luc d'une belle expreffion, II marque dans fon air une grande attention a imirer 1'original qu'il copie. Derri�re S. Luc, efl: une figure couronn�e de lierre, que Ion croic �tre ie portrait de Hemskerck. On remarquoit encore dans ce tableau un Ange te- nant un flambeau j & un Perroquet dans fa cage. Le fond �toit d'une architecture vague. On y lifoit fur un feuillet une infcription en vers, que Martin Hemskerck avoit eompof�e en Thonneur de S. Luc, Sc ou il �toit dit qu'il avoit fait pr�- fent de ce tableau a fes confr�res. Il le finit le x 3 mai 15} 1, ag� de 3 4 an$. Ce m�me tableau eft encore garde par les magiftrtats de Harlem, dans 1'appartement du Sud, a la cour des princes. Hemskerck quitta fa patrie 5c fut a R®me avec des lettres de recommandation. Il y fut bien re^u. Un cardinal lui donna fa table. L'antique & les ouvrages de Michel Ange furent fa prin- cipale �tude. Il copia les ruines des environs de cette capitale. Un Italien obfervant un jour le moment qu'il �toit forti, entra dans fa chambre, enleva tous fes defl�ns , avec deux tableaux qu'il arracha de defTus les chaffis. Hemskerck de retour, fort afflig� de cette perce , foupconna le voleur, fut chez lui, & fe fit rendrela plus grande partie de fes �tudes. Mais la peur le faifit; & craignant que eet homme n'employat contre lui quelque violence , il quitta Rome, apr�s trois an* n�es de f�jour, & revint dans fi patrie, avec une provifion d'�tudes & d'argent. Il arrivoit a Dort, muni d'une lettre d'un jeune compatriote aufll �tudiaat a Romej qui Tadrefl�ic dans une au- |
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Flatnands, Allemands & Hollandois. 6 j
berge de Dorc, o� il fut invite a fouper j mais heureufement pour lui il fut oblig� Ie foir m�me de s'etnbarquer. L'h�te & les domeftiques furent arr�t�s par la juftice : on trouva dans 1'auberge une cave remplie de cadarres. Hemskerck, de retour chez lui, fe mit a peindre.
Sa maniere �toit chang�e depuis fon d�part: quel- ques-uns aim�rent mieux celle qu'il avoit abandon- n�e , c'eft-a-dire, celle de Schooreel, avec cette diff�rence que les bords de fes contours �toient moins tranchants.On s'appercut dece changement dans un tableau d'autel qui fe voyoit a la cour des princes. Le fujet �toit la Naiflance de notre Seigneur & 1'Adoration des Rois, d'une belle compofition. II y avoit plufieurs portraits d'apr�s nature ayec Ie fien. Sur le dehors des volets de eet autel ,on voyoic une Annonciation. La Vierge �toit belle, la draperie de 1'Ange bien jett�e; clle �toit d'une couleur de pourpre , Sc avoit �c� peinte par Jacques Rauwaert, qui demeuroit chez Hemskerck. Le fond �toit d'une belle architecture, Sc qui fentoit biea les �tudes de Rome. II fit plufieurs grandi ouvrages pour la ville
d'Amfterdam; entr'autres,dans 1'ancienne �glife, deux volets pour uu autel. Le dedans repr�fen- toit des fujets de la Paffion de notre Seigneur, & les dehors une R�furre&ion en couleur debronze. Cet ouvrage augmenta beaucoup fa r�putatiorj. Ces volets renfermoient un beau Chrift en croix, par Schooreel. Martin fit pour le ma�tre-autel de la grande
�glife d'Alcmaer, un Chnft. Sur les deux volets �toit la Paflion de notre Seigneur, au-dedans^ Sc au dehors le Martyre de S. Laurent. |
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64 ta Vit des Peintres
Dans les �glifes de Delf: on voyoit beaucoup
1498. de fes tableaux. Dans celle de Sainte-Agathe, ui» tableau d'autel , repc�fentant les trois Rois. Il �toit compof� de facon que fur chaque volet & fur Ie milieu fe trouvoit un des mages j Ie dehors �toit peint en camaycu , & avoit pour fujet Ie Serpent d'airain. Ce tableau lui valut ioo florins par an^ il fe fit par ce moyen beaucoup de rentes viag�res. Dans Ie bourg d'Eertfvjout, au nord d'Hol-
lande, il peignit les deux volets d'un grand, au- tel. Les dedans repr�fentoient la vie de notre Seigneur, & les dehors celle de S. Boniface. Il fit a Medenblick Ie tableau du ma�tre-
autel *, & pour M. Ajjenvelt deux volets au tableau d'autel de la chapelle qui appartient a la familie \ & un autre tableau d'une grande beaut�, o� Ton voit les quatre fins de 1'homme, la Mort, Ie Jugementjl'Enfer & Ie Paradis.Rien ne frappe davantage que les expreflions difFcrentes, la peur , la crainte j Ie d�fefpoir & la joie. On remarque par-tout Ie fpirituel & Ie favant artifte. Ce tableau fut fait pour fon �l�ve Jacques Rauwaert y grand amateur & en �tat de Ie bien r�compenfer. Il paya fon maure d'une facon peu commune , en lui comptant des doubles'ducats fi long-temps & en fi grand nombre, que Ie peintre �tonn� s'�cria plufieurs fois} en voila a(Tez. Van Mander a vu chez Ie fieur Kcmpenaer,
Sc depu�s chez Ie fieur Melchior Wyntgis, une Bacchanale de lui qui a �c� grav�e. On regarde ce morceau comme Ie plus beau qu'il ait fait apr�s fon retour de Rome. On conferve deux tableaux de ce ma�tre dans
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F lamanis t Allcmands & Hollandois. 6<
Ie cabinet de �EleSeur Palatin ; 1'un eft le- iauveur du monde , & 1'autre Mars & V�nus iurpns par Vulcain. Sa maniere de deffiner eft facile & favante. Il
manioit tr�s-bien la plume, & compofoit bien fes iu/ets : il �toit bon architedte , comme on Ie peut voir dans les fonds de fes tableau* , & � peignoit da»s tous les genres. On lui reproch» cependant d etre un peu fee Sc tranche dans fes figures nues. tn confid�rant fes tableaux, on defire dans fes phyfionomies, cette grace touchante qui donne tanc de prix a la compofition. Il a rempli les ca- bmets & les porte-feuilles de fes ouvrages, & il a compof� pour Ie favant Coornhert, une cjuan- tite d'embl�mes grav�s par plufieurs artiftes da temps , & fur-tout par Coornhert. Il a grav� lui- m�me les Batailles de Charles F3 except� celle de Pavie j ou Francois I fut fait prifonnier : elle a �t�grav�e par Corn'dleBos. Quelques ann�es apres fon retour de Rome
il �ponfa Marie Jacobs, une des plus belles filies de la ville , qui, au bout de 18 mois , mouruten couche. Apv�s avoir fini a la cour des princes d'Har-
lem , les deux volets qui renferment Ie MafTacre des Innocens, par Cornille Cornelifo, il �poufa en fecondes noces une fille ag�e, mais tr�s-riche. Elle avoit pour d�faut une envie infatiable d'a- mafler du bien , & m�me injuftement: ce qui d�plut fort au peintre, qui d�dommagea tous ceux a qui fa femme avoit fait tort a fon infu. Il avoit lui - m�me grand foin de s'enrichir , mais avec honneur. Il craignoit de manquer du n�cei�aire dans fa vieillefle. On trouva apr�s fa mort fon Tome I. � |
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'66 la Vit des Peintres
1498. la doublure. Il �toit naturellement fort timide, & il redou-
toit fur-tout les armes a feu. On 1'a vu monter fur une tour pour voir palfer la marche des ar- quebufiers , & a peine fe croyoit - il a 1'abri du danger, quoiqu'il fut dans un lieu fort �lev�. Le magiftrat 4'Harlem lui permit de fortir de la ville, lorlqu'elle fut afli�g�e par les Efpagnols (1). Il fe retira chez fon �l�ve Rauwaert, a Amfterdam. Apr�s la prife de la ville d'Harlem en 157J ,
les Efpagnols enlev�rent pluiieurs de fes ouvrages. La plus grande partie ayant �t� d�truite , ils �ont devenus rares dans fa patrie m�me. Se voyant a la fin de fes jours , fans poft�rit� ,
�l fit plufieurs legs extraordinaires. Il a laiiT� une terre dont le revenu fert a marier tous les ans quelques jeunes filles, aux conditions que le ma- tiage fe fera fur fon tombeau : ce qui fe pratique encore aujourd'hui. Il fit �lever a Hemskerck, fur celui de fon p�rc,
un ob�lifque de pierre bleue. Le portrait de fon p�re y eft taille en haut : un enfant met le feu a un morceau d'o(Temens, & femble s'appuyer fur fon flambeau. ' 'n y volt encore quelques autres attributs de peinture , avec fes araies : 1'infcrip- rion en eft laiine & allemande. On lit fous une t�te de mort, cog�ta mor'u II eft marqu� que fi cette pyramide ne fe trouvoi: point entreteuue (i)Si�gem�moi-abledela ville d'Harlem en 157a ,
qui dura huit mois : elle fut d�fenclue par Hiperdu , gouverneur sous le prince d'Orange, et attaqu�a pav Ferd�ric ? fiU du duc d'Albt. |
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Flamaiids , Allemands & Hollandois. 67
dans Ie m�me �tat, les parens pourront rentrer dans Ie fonds qu'il avoit conftitu� pour eet en- 1498. tretien. .Apr�s avoir fait ces legs , & donn� beaucoup
aux pauvres, �i moutut a Harlem en 1574 , ag� de 76 ans \ & il fut enterr� dans la grande �glife dont il avoit �t� tl ans marguillier. Van Mander a vu a Alcmaer, chez Vandef
Heek, des porrraits A'Hemskerck a 1'huile.» Sc peints a. diff�rens ages. |
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AEET ( ARNAUD )
CLAESSON,
ELEVE
DE CORNILLE ENGELBRECHTSEN. J.L eft commun�ment appe^l� Aertgcn, 8c na-
quit dans la ville de I evden en 1498. Il fit, )uf- qu'a 1'age de 16 ans Ie m�tier de fon p�re , qui �toit celui de fou'on; c'eft pour cela que quelques- uns 1'ont appell� Aertgen T'oulon. Il fe d�clara bien- t�t pour la peinture, & devint �l�ve de Cornille Encelbrechtf.n en 15 i<J. Son applicanon Ie rendit en peude tempspeintrehabile. Il faifoitpeu de cas des fujets de h&ion ou de la fable. Tous fes ta- bleaux font tir�s de 1'ancien &c du nouveau tefta- ment, ou d'hiftoires connues : il recommandale ro�me choix a fes �i�ves. Ses ^compofitions font belles, mais fa maniere de peindre n'eft point E 1
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&S Ia Vu des Pelntr�t
Vagr�able. D'abord fon deffin fut dans Ie gout de
� fon ma�tre, mais il changea cette maniere, lorf- qu'il vit des ouvrages de Schoor�el. Il imita celle de Hemskerck dans 1'archite�fcure, dont il a joint les ornemens a. fes oavrages ; ce qui rendit fes compofitions grandes & favantes. Ce jugementell de Franc-Flore m�me, qui, ayant �t� mande pour faire un Crucifix dans une des principales �glifes de Delft, s'�carta de fa route pour voir Aertgen j & ayant demand� fa demeuie , il fut fort furpris qu'un fi bon peintre fut log� dans une petite maifon proche les remparts. Le ma�tre n'y �toit point, mais fes �l�ves 1'introduifirent dans fon atelier, qui �toit un grenier. Fioris prit un char- bon, & tra<ja, fur un bout de muraille blanchie, la T�te de faint Luc 3 une T�te de b<Euf, & les Armes de la peinture. Si-tot qu'il eut fini fon def- fin , il retouma a fon auberge. Aertgen de re- tour , fut averti, par les traits hardis du charbon, qu'un �tranger �toit venu. Cette avanture eft fem- blable a celle d'Apelles & de Protog�nes. Aertgen n'eut pas plutot confid�r� le deffin , qu'il s'�cria : C'eft Franc-Flore, ce ne peut �tre que lui; ce grand malere s'eft donn� la peine de me venir voir. Il ne put fe d�terminer a lui rendre fa vifite: il �toit fi timide qu'il n'�toit jamais a fon aife qu'avec fes �l�ves. Il paflbit avec eux tous les lundis au ca- baret, non pas comme ivrogne , mais par habi- tude. Il s'eftimoit pen �, il avoit grande opinion des autres. Fioris 1'invita a 1'aller voir ; il s'en d�- fendit toujours, difant qu'il ne m�ritoit pas de fe trouver avec un fi grand homme. Le hafard les fit rencontrer, & Fioris profita de ce moment pour smirer Aertgen > dans 1'intention de lui faire ven- |
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Ftdmands, Alhmanis & Hollandois. �
dre fes ouvrages ce qu'ils valoient 3 puifque, mal- ■
gr� fon travail conrinuel, il ne gagnoic que de quoi vivre tres m�diocrement. Les remontrances du peintre d'Anvers ne firent fur lui aucun effet: il r�pondit que fa vie obfcure & tranquille dans fa petite bicoque, lui �toic plus ch�re que cello d'un r®i dans les grandeurs de fa cour, 8c qu'il ne chamgeroit jamais de fituation. Il compofoit avec une faciiit� �tonnante. Plus
ftirifuel que favant, fouvent peu correct, tant�t fes figuf�s fontgigantefques, & tant�tlourdes: � faifoit beaucoup de deflins pour les peintres fur verre, & ne recevoit jamais plus de 7 fous pour un deflin d'une feuille de papier. Ani�� n'a-t-on gu�- res vu de peintres qui en aient produit en f� grande quantit�. Il favoit donner un tour a fes figures , 8c les grouppcr avec beaucoup d'art ^ mais Ie peu de gain lui faifoit facrifier la corre�tion. On voyoita Leyden, chez Ie fieur Buytenwegk,
ftois de fes plus beaux tableaux , & d'une grande expre/��en. Le premierrepr�fentoit notre Seigneur entre les deux Larrons, lafainte Vierge avec les Difciples, & laMagdelainequi embrauoit lacroixj le fecond , norre Seigneur qui portoit fa croix , fuivi des Maries & d'mi peuple nombreux ; le troifi�me, Abraham qui conduifoit fon fils Ifaac charg� du bois deftin� au facrifice. A Leyden, la veuve de M. Wajfenaer, bourguemcftrc (1) Sc receveur des rentes de laville, pofiedoit un au- tre tableau repr�fentant la NaifTance de irotreSei- gneur: ce tableau eft fort eftim� pour fa com- (1) Les bourguemtfira en Hol lande et en F land re,
lont des maires de villes. E $
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7o La Fie des Pelntrts Flamands , &c.
----!-----pofition , quoique peint avec moins de foin que
1498. les autres. Il y a encore de ce peintre , chez ie
fieur Knotur 3 des tableaux en d�trempe lur toi- le (.)�� Ie plus beau eftune Vierge avec des Anges qui forment un concert. On voit de la meme xnain, chez Ie fieur Jean Dirck de Montfort, un autre tableau avec deux volets; il repr�fente Ie Jugement dernier :fur un des volets eft Ie portrait de Dirck (Thierrv ) & de Jacques de Montjort, fr�res du peintre du m�me nom. On voyoit de lui a Harlem , chez H. Golc<wt
Ie paffage de la Mer Ronee: Gotofiusm faifoit grand cas. La vari�t� des figures, les dopenei , la ftc,on finguli�re de compofer fes co�ffures , & lesbonnets en fbrme de turban , font furprenans. Aertgen avoit une fa^on de faire prix pour fes tableaux J il menoir au cabaret ceux qui trauoient avec lui; & fans penfer a regagnei fon gite , il pafToit Ie refte de la nuit a fe promener dans les mes, en jouant d'une efp�ce de flute. Il lui arnva quelquesavantures qui ne purent jamais Ie guenr d'une fi mauvaife habitude : a la fin il y perdit 1* vie. Ayant fait un jour Ie Jugemeni de Salomon pour Ie fieur Quirinck Cla�s, ils furent enfemble au Cabaret, pour Ie paiement du tableau; ils s y quitt�rent fort tard. Aertgen, au-lieu de rentree chez lui , continua fa promenade nodurne ; & Ie trouvant preff� d'unbefoin, ilfepla^a fur lesbordi d'un canal : apr�s avoir �t� fon habit, dans la crainte de Ie gater , il Ie mit furie talut; ma�s quand il voulut Ie reprendre, fans doiite, il tomba daos 1'eau , & fe noya en 15<J4> *& de 66 ans' |
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(1) Les couleurs employees a la colle ou 1'eau
gomm�e sont en ditnmpc. |
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J E A N
H O L B E E N ,
�L�VE DE SON P�RE.
�e u d'artiftes ont joui d'une olus grande t�-
ptitation. Son p�re Jean Holb�en, peintre -m�- diocre , quitta Ausboarg, lieu de ia naifTance, & alla demeurer a Balie en Suifle, o� naquic Jean Holb�en en 145)8. Il �tudia fous fon p�re» qu'il furpafla bient�r. N� avec d'heureufes dif- po�tioas , il fe perfedtionna de lui-m�me. Ses talens fiirent employ�s, & on vit fortir de &. i d'excelieiu ouviages r�pandut chez les E4
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7* La Vie des Peintrej
__�i-------particuliere. On lui confia auffi des ouvrages
o publics, tels que la Danfe villageoife , qu'on
voit a la Poif�bnnerie j la fameufe Danfe des morts , qui eft au cimeti�re de S. Pierre, & les tableaux de la maifon de ville. Era/me, demeurant a Bafle , trouva ce peintre
digne de fon amiti� : il lui fit faire fon portrait j & lui confeilla d'aller en Angleterre. Il quitta fans peine Ie lieu natal, ou 1'humeur imp�rieufe defa femme lui caufoic quelques d�go�ts. Arriv� a Londres, il pr�fenta au chancelier Morus des lettres & le portrait d'Erafme. Ce miniftre , tou- che de larefiemblancede fon ami, & de la beaut� du pinceau , teqnz Ie peintre chez lui avec diftinc- tion; il Ie garda ainfi trois ans , lui faifant faire plufieurs ouvrages. Morus ayant invite Ie roi Henri VIII a un feftin , il expofa aux yeux de ce prince les chefs-d'oeuvres AHolb�en, qui frap- p�rent Ie roi par leur beaut� Sc la parfaite reff�m- blance de plufieurs portraits : Morus pria Ie roi de les accepter. Le Monarqne demanda s'il ne lui feroit pas
pofl�ble d'avoir 1'artifte a fon fervice. Morus le fit encrer & le pr�fenta au roi, q<ii le nomma fon peintre, & r�pondit a fon miniftre : « Je vous laifTe avec plaifir les pr�fens que vous venez de me faire, puifque vous me procurez 1'auteur ». Holb�cn commenca ponr le roi de beaux ouvrages , qui feront nomm�s avec les autres. Une avanture ex- traordinaire nous fait voir a quel point ce prince 1'aimoit. Ce peintre s'�tant un jour enferm� dans Ion atelier, un des premiers comtes d'Angle- cerre voulut le voir travailler. Holbcen s'excufa polimant j mais ce feigneur croyant qu'on devoit |
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Ftamands, Alltmands & Hollandois. 7 J
tout a fon rang, perfiftaj & voulut fbrcer la porte. ~" L'artifte , irrit�, jetta Ie comte du haut de 1'ef- lW ' calier en bas, & fe renferma d'abord dans fon appartement \ mais pour �chapper a lafureur du ieigneur Sc de fa fuite, il fe fauva par une fen�- tre dans une petite cour, & fut fe jetter aux pieds du roi, en lui demandant fa grace, fans dire fon crime. Il 1'obtintdu monarque, qui lui marqua fa furprife loifqu Holb�en lui eut racont� ce qui s'�toit paffe, & lui dit de ne pas paroitre que cette affaire ne fut termin�e. Oa apporta bientot Ie fei- neur anglois tout meurtri Sc enfanglant�. Il fit fa. plainte au roi, qui chercha a Ie calmer , en ex- cufant la vivacit� de fon peintre. Le comte, piqu� alors ,ne m�nageapoint �es termesj &le roi, peu accoutum� a fe voir manquer de refpe�:, lui dit: Monjieur ,je vous d�fends, fur votre vie, d'attenter h celle de mon peintre. La difference quily a entre vous deux eftfi grande, que de fept payfans je peux faire fept comtes comme vous, ma�s defept comtes je ne pourrois jamais faire un Holb�en. La fermet� du roi Sc quelques autres menaces firent peur au feigneur anglois, qui demanda pardon au roi, Sc promit fur fa t�te de ne tirer aucune vengeance de 1'outrage que lui avoit fait Holb�en. Holb�en3 �tant devenu tranquille, ne j'appliqua
plus qu'a m�riter cette prote&ion. Il acquit 1'efti- me de toute la cour 3 Sc fit dans ce temps ce beau portrait du roi en pied, qu'il a copi� plufieurs fois. Le grand fut place a Witehal ainfi que c�ux du prince Edouard, & des princefl�s Marie Sc Elifabeth. Les portraits des grands Sc des dames de la
cour augraent�rcnt la r�putation Sc fa fortune : |
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74 La Fie des Peintres
Outre Ie portrait, o� il excella, Halbeen fit plu«
145)8. fieurs grands tableaux a 1'huile & en d�trempe. Uu des plus confid�rables eft celui qu'il ex�cuta pour Ie corps des chirurgiens. On y voic Henri yillii�is lat un tr�ne , a[iii donne de la main droite les privileges accord�s au corps, que lei chefs rec,oivent a genoux. On croit que ce tableau n'a �t� fiiu qu'apr�s la mort du peintre , qui n'a- voit pu achever fon ouvrage ^ cependant on ne peut pas d�cider que Ie tableau fok de deux main* diff�rentes. La maifon d'Onent a Londres con- ferve deux grands tableaux en d�trempe du m�me auteur ; ils paroifTent peints pour des plafonds. Le premier repi�fenteleTriomphede la Richefle, & 1 autre celui de la Pauvret� : les draperies & le m�tal font rehau(T�s en or, avec une propret� & un art infinis. Ces tableaux, outre le m�rite de 1'ex�cution , int�rei�ent encore par le g�nie po�ti- que du peintre. Andr� de Loo , grand amateur a Londres,
rechercha avec foin tout ce qu'il put acheter des ouvrages d'Holb�rn, dont il fe forma un cabinet. On y voyoit un beau portrait avec des inftrumens de math�matiques, repr�fenrant maitre Nicolas, allemand de nation , ailronorne du roi; celui de Thomas Cromwel, qui eftpr�fentementau Pa- lais-Royal , a Paris j celui d'Erafme Sc celui de Yarchev�que de Cantorbery � une grande compo- fition en d�trempe , o� les portraits du chance- lier Morus, de fa femme & de fes enfans �toient raflfembl�s. Ce tableau , un des plus beaux d'Hol- b�en, fut achet� fort cher apr�s la mort & Andr� de Loo, par ordre du nev�u de Morus. On voyoit a Amfterdam le poittaic d'une rein*
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Flamands , Alkmands & Uollandols. 75
d'Angleterre, dont 1'habillement de drap d'argent■ furprenoit par Ie brillant & la grande v�rit�. Dans Ie cabinet du duc de Florence font les
portr.irs d'Holl�en , de Luther, de Morus & de Richard Southwal. A DufTeldorp on admire une femme en Bao
chante, un payfage Sc un autre portrair. Dans Ie cabinet du roi de France on trouve
les p^nraits de Fatchev�que de Cantorbcry, du math�maticien ma�tre Nicolas , de leanne de C/�ves , femme d'Henri VIII, d'Hoil�en,�'Eraf~ tne , de Morus 3 d'un homme tenant une tere de mort, Sc lefacrifice d'Abraham. Au Palais-Royal font les portraitsd'une femme
habdl�e en noir, de Morus en robe noire 3 de Gcorge Gifcn, n�gociant, Sc de Thomas Cromwd, habill� en dodreur. A Balie, fa patrie.onvoit laDanfe des Fayf.ns
dans la Poiflonnerie, la Danfecles Morts fur 'es murs du cimeti�re de falnt Pierre : 'es rois , las bergers , les riches , les pauvres , les jeunes Sc les vieux forment une efp�ce de danfe avec la mort. Ce morceau d'all�gorie a fouvent m�rit� les �loges de Rukens. Dans la maifon de ville de Bafle eft la Paffion de nocre Seigneur, en buit compartimens. Holb�en peignoir a 1'huile , en d�trempe & h
gouafTcj il acquit cedernier talent en Angleterre, ou il fit connoiffance avec un habile peuitre, nom- xn� Lucas, qu''Holb�en a furpafle. Fr�d�ric Zucchero ��ant a Londres environ en
1574 , �leva Ie m�rite du peintre de Bafle jufqu'a 1'�galer a Rapha'�l. Il copia a !a plume & a 1'encre de la Chine, les tableaux de la Richefl� & de la |
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6 La Vu des Peintrts
■ Pauvret�. Ce qui �tonna le plus eet Italien, fut le
portrait en pied de la comtefle de Pembrock ; elle �toit habill�e de fatin noir. Zucchero, de retour i Rome, dit a Gotf[ius que l'-Italie n'avoit point de plus grand ma�tre qa Holb�en. C'eft une exag�- ration qui ne doit ni augmenter , ni diminuer Ia eloire d'Holb�en. Le ridicule de cette cornparai- ion ne tombe que fur celui qui l'a faite: il y a des places honorables au-deflbus du grand Rapha�l. Le peintre de Balie avoit des talens pour ce temps-la. On admire la fralcheur de fa couleur , & la viva- cit� Sc le fini de fes tableaux j mais fes draperies fbnt de mauvais gout Sc les plis boudin�s. Il finif�bit les cheveux Sc les poifs des barbes fans f�cherefle. Il a compof� plufieurs ouvrages pour les orf�vres , les graveurs en cuivre & en bois, �c pour les antiquaires. Il deffinoitavec une extre- me propret� a la pointe d'argent & a la plume ; il peignoit & deffinoit de la main gauche. Il avoit tin fr�re ain� nomm� Sigifmond Holb�en , peintre m�diocre. Jean Holb�en a fait un bon �l�ve, Chrijlophle Hamberger, natif d'Ausbourg, auteur de beaucoup d'ouvrages a 1'huile Sc a fraifque (1) en Allemagne. Holb�en mourut de la pefte a Lon- dres en 15 < 4, ag� de 5 6 ans, combl� de gloire & de biens. (1) Fraifque: les couleurs m�l�es avec 3e 1'eati,
s'appliquent sur un enduit de. mortier tont frais ; la dur�e de cette esp�ce de peinture consiste en ce qu'elle s'incorpore dans eet enduit, h mesure qu'il se s�che. |
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Flamands, Allemands & Hollaniols. 77
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GUERAR D
HOREBOUT.
Jfjf orebout naquitaGand; il jouif�oit dans-
fon temps d'une grande r�putacion \ il peignir dans 1'�ghfe de S. Jean , deux volets qui ren- fermoient un retable d'aurel en fculpture. Sur un de ces volets il a peint la Flagellation de norre Seigneur ; fur 1'autre une Defcente de Croix. Ces tableaux �chapp�rent aux ravages de la guerre j les foldats les vendirent a un amateur de Bruxel- les appell� Martin Bierman, qui les rendit pour Ie m�me prix. On conferve encore quelques tableaux de ce peintre dans la m�me ville. Henri VIII, roi d'An^leterre, nomma Horebout
fon premier peintre; il fut confid�i� par ce prince Sc par les grands du royaume. La proteclion qu'il accorda a Holb�en & a Horebout cara&�rife la go�c de ce monarque. |
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1498.
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JEAN MOSTAERT,
�L�VE DE JACQUES D'HARLEM.
xL naquit a Harlem en 1499 , d'une famille-
illuftre. Il h�rita diinom de Mojlaert 3 dont voki l'origine. Un de Ces anc�tres ayanr �t� a la fuite de l'einpereut Fr�dtrie 8c du comtc Floris, aux |
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78 la Vit des Peintres
croifadesde 1'Ori�nt Sc a la prife de Damictte, il y
fit des prodiges de valeur. Uu jour il rompit trois fabres, en comb.utant contre les infid�les, fous les yeux de 1'empereur , qui, pouv inarque de diftmc- tioiij lui donna dans fes armes trois fabres d'or fur uu champde gueules. On 1'appelloit, a caufede fa valeur , fort comme moutarde. Il ne falloit pas moins qu'une hiftoire pour exp�quer cette com- paraifon, imagin�e fans doute par quelque bel efprit hollandois. Jean Mojiaert, d�s fa ren c'.re jeune (Te, apprit i
peindre chez Jacques d'Harletn, aflez bon pein- tre. On avoic cie !ui dans la grande �giife, un tableau d'autel tr�s-cftim�. Mojiaert �toit d'une �<rare aimable \ la nobleiTt; de fe- fennmens & un langage poli jointafon talent, lui acquirent 1'efti- nie des grands. Il devint premier peintre de ma- dame Marguerite , foeur de Pkiiippe I, roi d'Efpa- one; il fiuvit toujours cette pnncei�e & refta a fon fervice pendant dix-huit ann�es. Il fit plufieurs ^rands ouvrages & une quantit� de portraits des dames & feigneurs de la premi�re condition. Combl� de richefles & d'honneurs , il fe retira a Harlem, o� il fut tr�s-employ� �, il avoit prefque tous les jours chez lui les plus grands feigneurs du pays, & �toit fi fam;lier avec eux , que Ie comte de Bunrtj accompagn� de qitelques feigneurs, faifoit des parties de fouper chez Ie peintre , qui les traitoit avec nobleife & fnns profufion.Son atelier fervoit de falle a mang�r; Poeil y �toit auffi fatisfait que Ie gout. I es tableaux de Mof- taert ont d�cor� les principe les �glifes Sc autrei �difices. On voyoit aux Jacohins a Harlem une JSfaiflancede J�fus-Chrift. La beaut� de ce tableau |
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f lamanis, Allemands �� Hollandoisi j*>
fit grand bruit. On connoit encore de ce peintre
un Ecce Homo, grand comme nature , avec plu- f�eurs figures a demi-corps } un Feftin des Dieux , ou la Difcorde jectela pomme : lc dieu Mars y eft pret a tircr 1'ep�e. Ce tableau eft d'un grand m�- rite , & les figures en font d'une belle exprel�ion. On connoit un payfageou quelques vues des Indcs, ou 1'on voit un roe her & quelques maifons j Ie tout d'un gout fingulier. Quelques grouppes de figures nues font la principale p.utie du tableau, qui eft reft� fans �tre fini. On a les portrairs du comre & de la comtefTe de Bors�le, ainfi que Ie fien, qui eft un de fes derniers ouvrages : Ie fond repr�- fente un payfage^ On p?.rloit aufli avec �'.oge d'un autre tableau , o�le bon Sc Ie rmuvais Anges plai- dent leur caufe dans Ie ciel devant notre Seigneur. Ces tableaux �toient du temps de Van Mander,
chez Ie fieut Nicolas Suycher Ecoutet d'Harlem , & petit-fils de Mofiaert. On voyoit a Amfterdam chez Jacques Rauwaert , une familie de fainte Anne ; & chez M. Nicolas Scoterbofch , confeiller a la Haye, Abraham & Sara , Agar & Ifma�l 5 les habillemens en font obferv�s felon Ie cofiume.. Jean Clae\, peintre & �l�ve de Cornille Cornelifi, avoit un faint Chnftophe., tableau grand en tout5 & un faint Hubert qui fe voit encore a la cour des princes. On rematque, outre les beaut�squi d�pendent
de la peinture, qu'i! avoit fait des recherches dans les phyfionomies diff�rentes, & fcrupuleufernent obferv� les r�gies du cofiume. Une partie de fes ouvrages a �t� br�l�e dans 1'incendie d'Harlem ; il n'�chappa rien de ce qui �toit dans fa maifon. ,$on efprit 8c fon jugement ont fait dirc a Hemf- |
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o La Vit des Peintres
kerck qu'il avoic furpafl� les anciens. Jean de Ma-
*f ^>^ f f * & d |
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I499-
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1'abbaye de Middelbourg; mais il s'excufa �tant
au fervice de la princefle , qui Ie nomma fon gen* tilhomme. Il mourut en 1555, ag� de 56 ans. J E A N
VAN KALCKER, �L�VE DU TITIEN.
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peintre a rendu fon nom c�l�bre dans
toute 1'Italie j il �toit n� a Kalcker, ville du pays de Cl�ves. Oo ne conno�t ni fon premier ma�tre, ni 1'ann�ede fa naiflfance. Il avoit en 15 3 6, environ 3 7 ans j il demeuroir pour lors a Venife, o� il s'�toit retir� avec une fille de Dordrecht j qui fuivit cepeintre, afin d'�viter les fupplices quefes parens fouffrirent pour des meurtres commis chez fon p�re , comme nous avons dit dans la yie d'Hemskerck. Kakker devint un des principaal �l�ves du Tuien ; il a fuivi ce ma�tre de fi pres , qu'il eft impoffible de diftinguer leurs ouvrages. Golt^ius, �tant a Naples, prit, en pr�fence de plu- lieurs peintres , les portraits de Kakkerpom ceux du Tuien. Il auroit eu beauconp de peine a fe d�- tromper, fi on ne lui en avoit montr� d'autres aufli beaux, & pourtant de Kalcker. Vafary qui 1'a connu a Naples, dit qu'il �toit impoflible d'appercevoir dans fes tableaux les moindres traces du go�c flamand. Tous les portraitj des peintres, frulp- tcuxi
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Flamands, Allemanis & Hollandois. 11
teurs Sc archite&es 3 dont Vafan a �crit la vie ,�, font aaf�� de/fin�s p.ir Kakker , ain/i q.ie ks 0- I^ res d'anatomie i!e Vefale : 011 peut juger � ion dei��n tenoit e fou pays. Il inanioit forc bien Ie crayon & fur-0 ;t la plame , dans la m ni�ie du Titien. Rubens confervoir dans ion cabinct un� Nativit� de Kakker. La lumi�re du tableau ve- noic de 1'enfint J�fns Apr�s la mort de Rubens■, Sandrart acheta ce tableau Sc Ie revendit a l'em- peretir Ferdmand, qui en faiioic beaucoup de cas. Cepeintremourutencore jeune, a Naples,en 154^. ALDEGRAEF
o u ALDEGREVER,
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lieu de fa nail�ance n'eft poinf connu; on
Ie croit n� a Souft, a 8 lieues de Munfter parce que c'eft Tendroit oii il a Ie plus travaill�. Les �glifes font ornees de fes tableaux. Dans 1'an- cienne �glife de cette ville, on voit de lui une Naiflance de notre Seigneur : ce tableau eft forc eftim�. Nuremberg a du m�me pinceau deux Volets qui renferment un tableau d'Jlbert Durer. I! ne manquoit a ce peiutre que d'avoir vu Rome. Ses draperies font de ma�vais gout; une multitude de replis diftingue fa maniere. La gravure devint ft principale occupation : il y r�u/I�c. Sou uuiin eft net, quoiqu'un peu fee. Il a grav� une Suzanne , les Travaux d'Hercule, douze J Tome /. F |
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11 La Vu des Peintres Flamanis, bc.
Danfeurs & feize petits en i $3» ,. comme on Ie voKpai- les dates d/fes eftampes , ainfi que beau- coupPde hgures nues,& d'autres fingaLctement drap�es. ITmoutut a Souft, & fut ente.re fans c �monie. Un peintre de fes amts, de Munfter, fit plTcerune tombe far fa fofl�, avecune mfcnp- eftampes.
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1499-
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J E A N
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�
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DE MA BUS E.
i-L naquit d Maubeuge > ville de Hainaut, &.
tut contemporain de Lucas de Leyden. Malgr� fa v'e hbertine, Jean de Mabufe hit un excellent Pemtre. Ses ouvrages font d'une propr�t� Sc d'un «ni pen commun. Il avoit �tudi� la nature pen- aam fa jeuneffe 3 & il s'�toit fait une maniere Vraie.H voyagea, mais 1'Itaiie Ie fixa quelque temps. Ce fut lui qui, a fon retour de c�tte �cole du gout, appofta Ie premier en Flandres la namere de traiter Ie nud 3 & de fe fervir de 1 auegone pour 1'hiftoire. Sur fa r�mitation Ie F x
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8 4 -t« Vie des Peintres
"marquis de Veren Ie prit en qualit� de fon
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X499'
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peintre. Malgr� fa pauion pour Ie vin > il fit
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� chez ce feigneur de fort belles chofes. Ce mar-
quis , averti que 1 empereur Charles V devoit pafll-r chez lui , n'�pargna rien pour Ie bien reccvoir. Il fit habiller toute fa maifon , & par diftincYion fes officiers principaux , en damas blanc. Mabufe �toit du nombre des derniers, & lorfque Ie tailleur vint pour prendre fa mefure , il lui demanda T�tofte , fous pr�texte d'imaginer un habillement fingulier. Il vendit cetie �toffe pout beire", &,lorfqu'il fallut paro�tre, il fe fit faire une robe en papier blanc , qu'il peignit en beau damas. Lorfque la marche hu r�gl�e , ils pafs�- rent tous fous un balcon o� �toit 1'empereur avec la cour. Mabufe palTa a fon tour , entre un philo- fophe & un po�te, auffi penfionnaires du marquis. La beaut� du damas frappa tous les yeux. Ma- bufe, qui fervok a table comme les autres gentils- hommes, �toit attentivement examin� par 1'em- pereur _, jufqu'au moment que Ie marquis, inf- truit par quelqu'un de la rufe du peintre, Ie fit approcher de 1'empereur, qui en fut extr�mement furpris; & lorfque Ie fait lui fut racont� } il en rit beaueoup. Ses tableaux font admirables. Un des princi-
paux �toit un tableau d'autel a. Middelbourg, repr�fentant uneDefcente de croix. Alben Durtt �tant a Anvers, fit un voyage expres pour voir ce tableau , qu'il loua beaueoup: il a �t� d�truit, ainfi que T�glife, par Ie feu du ciel. Middelbourg confervoit du temps de Van Mander 3 un grana nombre de fes ouv rages. On voyoit encore une |
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I
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F lammis , Allemands & Hotlandois. 8 �
Defcente de croix , chez M. Magnus. Les figurer |
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font d'une belle compofition & d'un deflin cor- ""
red. On admiroit une Lucr�ce chez Ie fieur Wingtis a Amfterdam; un Adam & Eve chez Martin Papenbroeck ; les figures en font grandes, & paroilTent vivantes. Ce tableau a fouvent �t� marchand�, & m�me a grand prix. Un des plus frappans de fes ouvrages, eft un tableau en ca- mayeu,& prefque fans couleur, repr�fentant une D�colation de S. Jacques. Lorfque Mabufe �toit aufervice du marquisde Vtrcn3 il rit une Vierge: La t�te de la Vierge & de 1'�nfant J�fus font d'apr�s celle de la marquife & de fon fils \ la draperie bleue �toit bien jet�e & bien rendu�; Ie �efte de 1'ouvrage furpafle tour ce qu'il a fait. Ce tableau a depuis pafT� entre les mains du feigneur. Frofmont. On voit encore en Angleterre des por- traics de la main de Mabufe. Ses d�bauches lui firent perdre la libert� j il fut mis en prifon a Mid- delbourg. Il ne laifla pas que de travailler quoi- qu'enferm�. Van Mander"a vu de lui beaucoup de delllns au crayon noir, qu'il trouvoit fort beaux. Il mourut en 1 \ 61. |
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CORNILLE
A N T O N I Z O.
vjoRNHLE Antonizo d'Amfterdam eut 1111
falent pour repr�fenter des villes : on voit de 'ui celle d'Amfterdam, peinte dans Ie vrai, Sc te�equ'elle �toit en ij}6. Ce tableau eft fur 1» F
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8d la Vu des Pe'mtres
-tnuraille de la tr�forerie de la m�me ville. Cor-
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M99* mik �coit pour lors arbal�crier : il fut re^u dans
Ie confcil en 1547. Il a depuis «lonn� l'ancien Amfterdam avcc fi»s �giifes & fes principaux �di- fices en douze planches, grav�es en bois , & d�- di�es a rempereur Charles f. On les trouve en- core chez les curieux. |
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JEAN CORNILLE
VERMEYEN.
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I f oo. XL �toit de la petite ville de Bewervyck , a peu
de diftance d'Harkm. Il naquit en 1500. Il eft fils du c�l�bre Cornillc j autre peintre: fon mai- tre eft ignor� ainfi que les premiers progt�sdefes �tudes , jufqu au temps o� il fut peintre de 1'em- pereur Charles ^qui en faifoitunc grande eftime. Il fuivit ce prince dans toutes fes conqu�tes. Les fi�ges j les batailles de eet empereur furent def- fin�s & peints en p.irtie fur les lieux , Sc ont fervi «Ie mod�les pour les fapifferies. En 1535 il fut i Tunis j lorfque 1'empereur afl��gea ie prit cette ville, & il en fit les deflms, ainfi que ceux du campement & des autres acT;ions m�morables:Les tapilfenes rendront un t�moignage de fon talent. Il �toit bon g�om�tre, & il a fouvent �t� employ� cemme tel. L'abbaye de Saint-Vsft d'Arras pof s�de pluf�eurs.de fes tableanx qui font admir�s ppur leur beaut�. L* ville de Bruxelles avoit de lui une quaatit� de tableaux d'autels ainfi que |
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Flatnands � Alkmanis & Hollandois. 87
tles portraits \ mais une partie a �t� d�truite ou----------
enlev�e dans les ravages de la guerce. Il fit la Naif- r5O8-
fancedu Seigneur & unChriftnud, tenant la main fur la poitrine > pour 1'�gltfe de Saint-Gorick a Bruxelles j ces tablcaux font d'une grande beaut�. Dans fon portrait il s'eft: repr�fent� environn� de garde par quelques foldats, pendant qu'il dell�ne la ville de Tunis: ce tableau fe voyoit du temps de van Mander, a Middelbourg , chez la veuve Cappoen , fille de l'auteur, ainn que fon portraic Si celui de fa belle-m�re, feconde femme de Vcr- meyen, toutes deux habill�es en turques, Lorfque fon fils,habilc orf�vre, demeuroit a Prague au fer- vice du m�me empereur, il avoit chez lui une R�furredhon que/^cr^ejenavoitdeftin�e pour �tre jointe a fon �pitaphe , qui fut r�ellement pbc�e dans la m�me �gliic de Saint-Gorick a Bruxe�es; mais ce tableau ayant �t� furtivement enlev� , fon filsd�couvt�t Ie vol, 5c repritTouvrage. Vertncyen peignit encore une f�te. marine , o� 1'on voyoit plufieurs figures nues bien defl�n�es. Il fut ami imime de Jean Schoor�el. Sa taille �toit fort gran- clej Sc fa barbe fi longue, qu'elle tra�noit a terre, quoiqu'il fe tint debout; Charles /^s'efl: fouvent diverti a marcher defllis. Il eut auffi Ie nom de Jean i la Barbe. Il mourut a Bruxelles en 15 5 9 > ag� de 5 9 ans. Il eft enterr� dans 1'�glife o� avoit �t� fon �pitaphe. |
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38 La Vie des Peintres.
PIERRE KOECK,
�L�VE DE 13ERNARD VAN ORLEY.
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JLj e s legons & la grande maniere de Parent de
' ' Btuxelles, ou van Orley, onc beaucoup aid� a d�velopper Sc a former Ie grand genie de Pierre Koeck. La ville d'Ae'ft fe vante de 1'avoir vu naitte. En quitrant van Orley (on ma�tre , fc Bruxelie<;,il hit feperfc&ionner pendant 'cjnelques ann�es en Jtalie , ou il puifi dans 1'antique les talens que Ion remarque dans fes ouvrages. A ion recour, on chercha a Ie fixer dans fa ville natale, & en Ie nomina peintre & archite�te, avec penhon : il s'y truria, & nV reftaquepeu de temp;. Devenu vcu�, il retournaa Bruxelles j o� il Fut eng.ig� i peiudre des mod�les pour une compagnie de marchands} qiu �tabhrenc a Conf- tantinople une manufai9:ur.e de tapifferies: Koeck fut choifi ppur en diriger & conduire lesouvriers; Ce projer �choua, & les beaux patrons du peintre «e touch�rentpoint Ie Grand-Seigneur Apr�s une ann�e d'abfence, ils revinrent fans aucim fucc�s, �puif�s ded�penfes& de fatigues. Ce peintre avoit appris la langue turque } Sc avoit deffin� la ville de Conframinople �c fes environs : il fit encore fept morceaux des mo2urs de ces peuples; la Mar- che du Grand-Seigneur avec fes Jannitraires, fa Suite a la promenade; une Noce turque , avec les ornemins & les danfes du pays; la Facon d'en- terrer leurs mom hors la ville \ leurs Fcces de la |
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Flamunds, Allemands & Jiollandois. 89
nouvelle lunej Ieurs dif��rens ufages «lans Ieurs--------
rep.is: ieurs voyages, Sc la fagon dont ils fe com- * 500"
portent a la guerre : toutes ces flgures font ha- bill�es felon Ieurs modes; les phyfionomies de ces femmes font choines Sc agr�ables \ les fonds de ces tableaiix foutiennent Sc donnent une grande idee de i'auteur. Toutes ces conipo/Itions ont �t� grav�es en bois en fepr p!anches:il s'eft repr�fent� dans la derni�re,hatnli� en turc, Sc tenant unarc a la main. De retour dans les Pays-Bas, il �poufa en fecon-
cles nores Marie Verh�ljl ou Bejjemmers: II eut d'ellc une rille , qui depuis fut mari�e a Pierre Breughel {on �l�ve. En 15,49 il mit au jour plu- liturs volumes d'architefture, de geometrie Sc de ptrfpedlive. Il traduifit de lTtahen enFlamand les oeuvres de S�bajlien Serlio. Ce qu'il y a de /in- guher, c'eft qu'il a traduit fidellement,& qu'il efl: Beaucoiip plus dair que fon original. Il donna auffi , avec bien de la pr�rifion , la traduction de Vitruvc , Sc 011 vit tout d'un coup l'archite�cure prendre Ie bon gout. Il fit une quantic� de tableaiix d'autels Sc de
cabinets, amfi que iiombre de portrairs. II mou- ftu X Anvers , peintre de 1'empereur Charles V, en 1553. Sa femme donna, apr�s fa mort, lafuite de fes ouvrages fur l'architeclure. Il eut nn flls naturel, nomm� Paul van Aeljl,
^ui copioit fort bien les ouvrages de Jean de Mabufc, Sc qui peignoir d'une extreme propret� ^es bouquets de fleurs dans des vafes de verre. Il mourtrr au/H a. Anvers , Sc fa veuve s'eft rema- «»�e a Gilles de Coninxloo. |
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$c» La. Vie des Peintres
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HANS ( J E A N )
HOOGHENBERG.
--------±1 ooghenberg, Allemand de nation , na-
1500. qUlc vers 1'ann�e 15 00. Il exer^a fon talent a Ma-
lines , o� il eft mort en 1544. Il peignoit bien 1'hiftoire : pluileurs �glifes confervent de fes ouvrages. Il compofoit facilement. I .'entree de 1'empereur dans Boulogne eft de ce peintre : elle eft alTez connue des amateurs. |
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F R A N g O I S
CRABETH.
F rancois Crabeth pe�gnoit en d�trempe avec
autaat,de force que s'il ent peint a 1'huile. H rit j pour les R�colets de Malines, Ie tsbleau du grand autel : Ie milieu repr�fentoit notre Sei- gneur attach� fur la croix j fur les volets, on voyoit des fiijets delaPafllon.Tous fes �uvrages, exceptf s les t�tes , qu'il faifoit dans Ie gout de Quinto McJJis j font dans la maniere de Lucas de Ldtf 11 mourut fort riche a. Malines en a 548. |
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Flamanis, Allemanis & Hollandols. 91
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J E A N
BAMESBIER,
�L�VE DE LAMBEB.T LOMBARD.
Jjamesbiu, Allemand de nation j 3c �l�ve'
de Lambcrt Lombard j �toit bon peintre. Il a fait * plufieurs beaux ouvrages ; ma�s il devmt m�- diocre pouc s'�tre trop livr� a la d�bauche. Il mouriua Amfterdam, ayant v�cu pres de 100 ans. |
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CHARLES
VD'Y P R E S.
IL ccoit n� dans la ville dont il porte Ie nom j
Ie temps de fa naiflance eft ignor� : ©n ne fait pas non plus de qwi il �tVit �l�ve. Il fit beaucoup d'ouvrages dans Ypres Sc aux environs. Api'�s fon retour d'Italie ,il peignoit a frefque & aThuile." Sa maniere approchoic de celle du T'mtoret, fur- tout dans une R�furre�tien qu'ontrouveaTour- "ay , & dans un Jugement dernier , fait pour 1'�g�fe d^Ooghlede, entre Bruges & Ypres \ Fan Mander en a vu Ie deffin entre les ma�ns de fa veuve �, il �toit a la plnme & lav� a 1'encre de la Chine: il en loue fort la compofition Sc la cot- refldon.j il egde 1'autear aiix meilleurs peiatres |
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91 La Vu des Peintres.
-Flamands de fon temps. Il fit grand nombre de
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IS°°* deffins pour les peintres fur verre: On voit en-
core de fes ouvrages aux envirom d'Ypres. Mal- gr� fon embonpoint il �toit d'une foible fant�: il �poufa une fort belle femme , dont il n'eut poinc. d'enfans, ce qui lui attira quelquefois des plai- fanteries de la part de {es amis j ma�s , foit qu'il e�t 1'efprit foible, foit qu'il fut jaloux, il fe donna un jour, �ttnt avec eux , un coup de couteau , dont il mourut quelque temps apr�s, en 1563 ou 64. D'aiitres difent qu'il avoit �pouf� unc femme en Itali� , & qu'ayant abandonn� cette femme, il regardoit comme une pumtion divine Ie cha- grin de n'avoir point eu d'enfans avec la derni�re; ce qui caufa fon d�fefpoir ou fa folie. |
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J E A N
VAN ELBURCHT,
Surnomm� PETITJEAN.
Je*n van Elburcht naquit a Elhourg , pres de
Campen j envirom Pan 1500. On ne conno�t pas fes maitres. Il s'�tablit a. Anvers, & fut admis dans Ie corps des peintres en 1535. On voit en- core de lui , dans P�glife ds Notre-Dame de cette ville , Ie tableau d'autel de la chapelle des marchands de poiflan ; il repr�fente la P�che miraculeufe. On voit trois autres petits tableaux derri�re les chandeliers, dans lefquels il a peint des fujets tir�s de 1'Evangile. Ce peintre enten* |
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Tlam&nds } Alkmands & Holland�is. f$
<3oit bien la figure, Ie payfage, & repr�fentoit---------
bien une mer orageufe. 1500.
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MATHIEU ET J�ROME
K O C K.
(_jf.� deux fr�res �toient de la ville d'Anvers.
Mathieu fut un excellent payfagifte , & un de ceux qui r�form�rent Ie gout en introduifant celui d'Italie ; il favoit imiter la nature & la vnner agr�ablement : il peignit �galement en d�trempe & a 1'huile. J�r�me quitta la pein- ture pour faire Ie commerce , & devint fort riche. Il gravoit bien a Feau-forte. O;i recherche encore 11 payfages grav�s d'apr�s fon fr�re. Il compofojt liu-m�me Ie payfage , qu'il gravoit apr�s. Il �toit aflTez bon peintre , & mourut long- temps apr�s fon fr�re, en 1570. |
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G R � G O I R E
B E E R I N G S.
IL naquit a Malines env�ron Fan 15 00. Il voya-
gea fort jeune, & fut a Rome pour fe forti- fier dans fon art : il y eut de la r�putation. On ne conno�t de lui que des oiivrages en d�trempe, qui fe fentent «Ie la grande �cole o� il avoir |
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94 La. V'ic des Peineres
r�form� fa premi�re maniere. Bcerings airhoit I«
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15CO" plaifir , & fouvent a n�glig� fa rortune. Etant un
jour fans argent, & fe voyant prefle par quelques cr�anciers, il peignit fur une grande toile Ie D�- luge : on n'y voyoit que Ie ciel, 1'eau & 1'arche. Il r�pondoit a ceux qui luidemandoient pouiquoi il n'avoit pas traite ce fujet comme les autres peintres, qu'il aveit peint Ie D�luge dans Ie temps que tout �toit fubmerg� , & qu'on verroit a(Tez de cadavres quand 1'eau feroit rentree dans fon lit. Cette plaifanteiie lui valut beaHCoup : il fut charg� par plufieurs perfonnes de faire des copies de ce Deluge. |
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LANSLOOT
BLOND�EL;
Jjlond�el naquit a Bruges. Il �toit macon dans
fa jeune(Te. On recoanoit fes ouvrages a une truelle qu'il y mettoit pour marque. Il avoit un vrai talent pour peindre des mines
Sc d'autres fujets d'architedture : il aimoit aulli a repr�fenter des incendies. Pierre Porbus �poufa fafille. |
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Flamands , Allemands & Hollandois. 95
H A N S (J E A N)
SINGHER,
Suknomm� L'ALLEMAND.
0 E pe'mtre naquit dans le pays de Heffe. Il----------
peignoit tr�s-bien en d�trempe le payfage 5 fes I5IOt
arbies �toient vari�s 5 on en diftingnoit T'efp�ce par leurs formes. Il fit la plupart des patrons pour les tapiflenes de ce temps-la. Tl s'�tablit a Anvers, & fut admis dans le corps des peintres 6111545. PIERRE PORBUS.
Xierre Porbus , peinrre & g�ographe, n� a
Gouda en Hollande , a fait plufieurs beaux tableaux. Il s'�tablit a Bruges en Flandres , & �poufa la fille de Lanjloot. Il a peint quelques tableaux d'autel dans cette ville. Le plus beau 3u'il ait fait eft dans la grande �glife de Gouda :
repr�fente Saint-Hubert, & quelques autres fujets. Le dehors eft en camayeu : les volets onc ct� depuis port�s i Delft. j\pr�s avoir leve le plan des environs de Bruges , il peignit ce plan en d�trempe fur une grande toile. Le dernier ouvrage de ce peintre, dont pade v«n Mander, |
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9& laVie desPeintres
-�-eft Ie portra�t du duc d'Jlencon , qu'il fit * Air-
i ' vers; il pooit dans ce genre pour Ie plus beau du temps. Ce peintre mourut environ en 158 ?. ff^^-��r�i-m m�^^m�■
HANS ou JEAN
VEREYCKE.
Je A n Fercycke, furnomm� Pet'u ~ Jean, naquic
a Bruges : il peignoir bien Ie payfagc. 11 etoic agr�able dans Ie choix «5c l'ordonnance des fitua- tions, & naturel dans la maniere de les repr�fen- ter. Ses tabieaux �toient ordinairement des fujets tir�s de la vie de la Sainte Vierge. Il eut de la r�- putation pour Ie Portrait. Carle van Mander nous vante beauroup un tableau de familie qa'il a peint: on Ie conferve dans Ie chateau Bleu , pres de Bruges. LI E VIN DE WITTE.
L �toit de la ville de Gand. Dewkte excello�t
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a
v |
peindre lurchite&ure & les peifpedives. Il
eignoit aull� l'Uiftoire , Sc on parie avec �loo-e |
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de fon tableau repr�feucant la Femme adult�fe.
Ses ouvrages font rares Ze peu connus; 011 voit dans 1'�gli'fe de S.iint-Jean plui�eurs vitrts pein- tes d'apr�s fes deffins. JACQUES
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Flamands 3 Alltmands & Hollandois. 97
n�,i, i,r ■ -i 1 1 mi M 1 - B 1 ,,aT
JACQ�ES
G R I M M ER,"
�L�VE DE KOCK ET QUEBURGH.
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I
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L commencja fous Mathieu Koek, Sc depuis_
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chez Chrejlien Queburgh, Le payfage a �t� fon
talent. Il a parfaitement r�uffi a imitet la nature: lS °' fes lointaiiT- & fes cie'<: font d'un ton de couleur & d'une legerere admirables. Outre la touche des arbres , il entendoit tr�s-bien les fabriques. Sa maniere �toit fort prompte. Il copiatous les envi» rons d'Anvers , Sc y fut regu a 1'acad�mie en 154(3. Il �toit bon po�te & grand com�« dien. Il eft mort dans cette ville j on ignore ea quelle ann�e. |
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AD R I E N
DE WEERDT,
�LEVE DE CHREST1EN QUEBURGH.
I /e Weerdt deBruxelles con^men^a a �tudiet
la peinture a Anvers , chez Chrejlien Que burgh , fort bon payfagifte , p�re de Daniel, peintre de Son Excellence a la Haye. De retour Tome I. G |
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8 La Vu des Peintres
■ i Bruxelles , il s'appliqua a 1'�tude de fon talent.
Enferm� dans fa petite chambre, nullement dif- trait par les amufemens de fon age, mais occup� a r�fl�chir fur les mam�res dirf�rentes de chaque maicre, il en devint un lui-m�me. Son payfage �toit d'abord dans Ie gout de Francois Mqflaert, avant qu'il fut en Itali� j o� il �tudia particuli�re- ment la maniere du Parrnefan. Il 1'a non-feule- ment imit�e , mais tr�s-bien fuivie. De retour a Bruxelles en 1566, pour �viter les troubles de la guerre , il fe retira avec � m�re a Cologne. 11 donna dans cette villeplufieurs de fes ouvrages au public, grav�s par un des plus habiles artiftes. Le Lazare, Booz& Ruth avec des petits fonds agr�a- bles ; la Vie de la Sainte Vierge, mie Naillance de notre Seigneur, desEmbl�mes de Coornhcrt, Jes quatre Chafles fpirituelles : tous ces fujets font dans le gout du Parmcfan , au point de s'y tromper. De Weerdt mourut a Cologne fort jeune. |
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ANTOINE MORO ,
�L�VE DE JEAN SCHOOREEL.
V 01 ei un de ces peintres fameux , dont les
honneurs ont �gal� les riche(Tes. Il naquit a Utrecht, & fut �l�ve de JeanSchooreel. Son appli- cation, fous un maitre aufli habile, ne tarda point a d�velopper les talens que la nature luiavoit don- n�s: il en devint un excellent imitateur. Le car- dinal Granvelks le fit entrer au fervice de 1'em- peteuj: Charles V, qui l'envoya en Portugal pojir |
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Flamands , Alkmands & Hollandois. 99
faire les portraits du roi Jean , de la reine , foeur---------
de l'empereur, & de la princefle leur fille, depuis 1 rib.
reine d'Efpagne : ces trois portraits lui furenc pay�s 600 ducuts. Onjoignit derichespr�fensa fes penfions, & les Portugais lui donn�rent _, en leur nom, une cha�ne d'or de la valevir de 1000 rlorms. Il fit les portraits d'un grand nombre de feigneurs a. 100 ducats chacun; il recut auffi quelques bijoux d'or des principaux de la cour. L'empereur 1'employa a pluiieurs autres ouvrages, & 1'envoya en Angleterre , o� il fit Ie portrait de la reine Marie, depms ieconde femme ie Philippe, roi d'Efpagne. II eut encore pour r�compenfe une cha�ne d'or, & 100 hv. flerlings de pennon. Cette prmceffe �toit fort belle } il fit pluiieurs copies de ce portrait, qu'il vendit fort cher aux Anglois. Il en donna une a fon protedleur, Ie cardinal Granvelles, & a 1'Empereur, qui lui fit donner 200 florins , Sc felon d'autres 1000. La paix �tanc faite entre 1'Efpagne & la France, Moro retourna en Efpagne , ou il re^ut chaque jour de nou- ve�es marques de la bont� du roi Sc de toute la cour. Ce prince pouf�a fi loin la familiarit� avec ce peintre , qu'elle penfa lui �tre funefte, �c fut caufe de fa feparation. Il frappa un jour Moro fut 1'�paule en badinant: Moro indifcret- tement en fit autant avec fon appui-main ('i)fur 1'�paule du roi. Les inquifaeurs m�ditoient de Je faire arr�ter, lorfqu'un feigneur inftruifit Moro du danger prochain qui Ie menacoit. Le peintre ayant pr�text� quelques affaires de conf�quence , (1) Appui-main, baton 011 baguefte qui sert � ap*
puyer la main du peinlre en travaillant. G x
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roo La Vit des Ptintres Flamands, &c.
obtint un cong� avec promefle de revenir. Il s'en
alla auxPays-BaSj o� peu de temps apr�s le roi d'Efpagne lui �crivit pour le faire fouvenir de fa promeHe j mais Moro, �chapp� du p�nl, fit na�- tre des obftades a fon retour , a proportion des inftances qu'on lui faifoit pour le hater. Le duc d'Albe* d'un autra c�t� , arr�ta les lettres , dans la crainte da le perdre. Il 1'avoit piis a fon fetvice, & lui fit peindre a Bruxelles toutes fes ma�treiTes. Le toi d'Efpagne gratifia tous les enfans du peintre j il donna des charges honorables aux uns , & aux autres des canonicats. Le duc d'Albc lui demanda un jour fi fes enfans �toient pourvus\ il r�pondit qu'ils 1'�toient, except� fon gendre, qui avoit beaucoup d'efprit, & qui �toit capable « exercer un cmploi. Le duc lui donna fur-le- champ la recette g�n�rale d'Oueft - Flandres , une des plus belles & des plus lucratives de la province. Moro a non-feulement fait le portrait 011 il
«xcelloit j mais plufieurs tableaux d'hiftoire. On connoit de lui une R�finreiStion , un S. Pierre & S. Paul, II fit pour le roi d'Efpagne des copies de quelques femmes diftingu�es , d'apr�s le Talen, & il balan^a les beaut�s des originaux. Son coloris �toit admirable: il avoit puif� la cor- re<ftion du deflin en Itali� , o� il avoit voyag� dans fa jeunefle. Son dernier ouvrage eft reft�- imparfait; c'�toit une Circoncifion pour la cath�- drale d'Anvers. On voit de lui a Paris j dans la colleclion du
duc d'Orl�ans , deux beaux portraits, celui de Grotius j Sc 1'autre d'un Homme qui a la maia sppuy�e fur un dogue. |
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PIERRE
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BREUGHEL,
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�LEVE DE PIERRE KOECK.
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Jl ierre BreugheIj fils d'un payfan, eftn�a.--------
Breughel, village aux environs de Breda. Il 15 io.
conferva Ie nom de fon village , ainii que fes defcendans. Il fut place chez Pierre Koeck d'Aelil: de fon �l�ve il devint dans la fuite fon gendre. .Apr�s avoir appris la peintwra chez ce ma�tre , il fut travailler chez Jcr�mc Koek, & de - la il G }
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ioi La Vie des Peintres
� voyagea en Fr.mce & en Itali�. Il defllna les
j �0> plus belles vues des pays ou il pa(Ta, & particuli�- rement celles des Alpes. A la fin , il travailloit dans Ie genre de j�rome Bofch. Comme il �toit auffi comique que fon ma�tre dans fes compo- f�tions , il fat furnomm� Pierre Ie Dr�le. De retour d'Jta�e , il choilit Anvers pour fa
deraeure, & fut regu dans 1'acad�mie de cette ville en 1551. Ses rableanx plurent beaucoup , ie il travailla long-temps pouf Ie fleur Jean Franc- kaert, n�gociant, qui ne pouvoit fe f�parer du peintre. lis fe d�guis�rent fouvent enfemble pour fuivre ies n�ces ou f�tes de village. Breughel, en fe divertitTaht de le�rs danfes & de leurs aucres uf;iges , ne perdoit rien de leurs aifhons. ( 'eft ainii que Moli�te copioit de tous c�t�s les origi- naux de fes pi�ces. Breughel faifoit cles �tudes dans ces f�tes , qu'il peignoit aclmirablement a 1'huile & en d�trempe. N� pour ces fortes de fujets, il auroit remport� Ie prixdefon art fans Teniers. Ses compofitions font bien entendues j fon d�iliii corre�t , les habillemens de choix , les t�ces, les mains font touch�es fpirituell�meiit; il avoit obferv� g�n�ralement les a�hons , les danfes & les maui�res des villageois.- Ses principaux ouvtages , du t�mps de van
Mander , �toient dans Ie cabinet de 1'empereur. On y voyoit un grand tableau repr�fencanc la Tout de Babylone , il �toit dun travail imtnenfej & Ie m�me fujet en plus petst; notra Seigneur qui porte fe croix j un Mal�acre cles innocens, o� fa maniere eft prefque chang�e , ma:s les ex- preffions font d'une grande v�n t� j_ uneConver- fion de faint Paul, o� 1'on d�couvre, du haut des |
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Tlamanis 3 Allemands & Hollandols. 103
montagnes, une grande �tendue de pays, des villes , des bourgades , dont quelques-unes font prefque cach�es par des nuages rranfparens : c'eft * dans ce tableau qu'on remarque qu'il s'eft uti- lement fervi des �tudes qu'il avoit fakes dans les Alpes. A Amfterdam , chez Ie fieur Willem Jacobs,
on voit une Kermeffi 011 F�te de village , une N�ce de campagne repr�fentant Ie moment ou Ion fait les pr�fens a la nouvelle mari�e : on y re- marque un vieillard des plus confid�rables de la bande , avec une petite b�urfe pendant au cou , comptant 1'argent qu'il deftmeadonner. Quoique ce tableau ne foit qu'en d�trempe , il cft plein de m�rite; on voit que Teniers 1'a pris pour mod�le dans fes pr�cieux tabkaux. Dans la m�me ville , chez Ie lieur Hermann
P�lgrims , eft une N�ce de village : rien n'eft plus ing�nieux, ni plusplaifant. Les tons de chairs font bien van�s , & chauds de couleur. Cc tableau eft peint a 1'huile. Il a peint aufli la Difpute entre Ie car�me Sc
Ie carnaval. Le burlefque de cette compofition caracT:�rife fon auteur. Il vivoit depuis long-temps a Anvers avec une
gouvernante qu'il auroit �pouf�e, � elle avoit pu fe contraindre pendant quelque teraps a ne point mentir. Cette habimde d�plut au peintre: il jeta les yeux fur la fille de Pierre Koeck ; il en fit la propofitton a la veuve de fon maitre , qui ku donna fa fille , a condition qu'il quitteroit Anvers pour Bruxelles,o� eliesdemeuroient. C'eft dans cette ville qu'il a compof� une partie des ouvrages mentionn�s ci-JciTus, ainfi que beau- G 4
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104 La Vu des Ptintres
----------coup d'autres. Breughel a fait auffi beaucoup d'em-
1510. bl�raes finguli�rement compof�s s qu'il a donn�s
au public j fans ceux qu'il croyoit trop libres j & qu'il ordonna de br�ler avant fa mort. Il lailTa deux fils , Pierre & Jean Breughel , qui auront leur place parmi les autres artiftes. |
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J O S E P H
VAN C L � E F.
*J oseph, furnomm� Cl�ef Ie Fou , naquit dans
la ville d'Anvers : on ignore Ie temps de fa naiffance. Les regiftres de 1'acad�mie de pein- ture de cette ville rapportent , qu'en 1 511 elle avoit admis un nomm� Jofeph de Cl�ef, qui avoit fait beaucoup de tableaux de la Vierge , avec des Anges afTez eftim�s j mais en 151 8 , la m�me acad�mie recut dans fon corps Willem de Cl�ef, peintre & p�re de celui dont nous parlons. Van Mander foutient que ce Jofeph de Cl�ef, recju en 15 11, n'�toit point de la m�me familie. Jofeph., furnomm� Ie Fou-, avoit une fort belle
maniere de peihdre : il eft regarde comme Ie meilleur colorifte du temps , Sc fouvent fes 011- vrages furent �gal�s a ceux des plus fameux pein- tres d'Italie. Le tableau place fur 1'autel des chirurgiens , dans 1'�glife de Noire-Dame d'An- vers , repr�fentant S. C�me& S. Dnmien, eft de lui j il eft plus dans Ie gout de 1'�cole de Rome cjne de celle de Flandres. On voyoic de lui 3. Mid- |
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Flamands i Allemands & Hollandois. 105
delbourg, chez Ie fieur Wyntgis, une fort belle
Vierge j Ie fond eft un payfage fort beau de Pat- 15�Ot ta�cr. On trouve a Amfterdam, chez Ie fieur Sion Lus , un gros Bacchus a chevelure grife : Ie pein- tre a voulu faire entendre , par ce gtifon , que 1'exc�s du vin avan$oit la vieillefTe. Ce tableau eft tres - bien peint & colori�. Il y a d'autres ouvrages de ce peintre difperf�s dans les cabinets. Le principedefafolie nelui venoitque d'amour? propre. 11 avoit une ft grande opinion de lui- m�me , qu'en Efpagne , ayant �t� pr�fent� au roi par fon peinrre Anto�nc Moro, il fouffroit de voir qu'on pr�f�roit , quoiqu'avec juftice, quelques tableaux du Tuien a fes ouvrages ; il devint furieux, Sc dit tant d'injures i Moro,qua. la fin ce peintre l'abandonna. Sa folie augmenta toujours , Sc on le vit courir par les rues avec un habit ver- nis de t�r�benthine , fort luifant. Il fit encore d'autres extravagances ; ma�s les plus facheufes furent qu'a mefure qu'il put retrouver de fes tableaux , il les retrancha & les gata. Il peignoit fes panneaux des deux c�t�s , afin qu'en retour- nant les tableaux on ne vit rien de d�fagr�able. Sa familie le fit enfenner. L'�poque de fa mort eft ignor�e. Il eut un nis qui Fa �gal� , mais non pas en folie. Il y avoit, felon van Mander., un autre Jofeph de Cl�ef Sc un Cornille, tous deux bons peintres. |
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La Vit des Vdntrts
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HENRI et MARTIN
DE CL�EF.
Vv e s deux fr�res font n�s a Anvers. Henri
�toic excellent payfagifte j il voyagea long- temps en Itali�. I.es �tudes qu'il fit dans tous les endroits o� il pafTa , lui ont fervi dans la compo- fition de fes tableaux. Il nous rel�e de lui des ruines antiques , qui ont �t� grav�es. Il eut d'un nomm� Melchior Lorch, qui avoit long-temps demeur� a Conftantinople , un gr.uid nombre de deilins; ce qui lui �pargna la peine de voyager. >Ce peintre a foavent travaill� les fonds des
tableaux de Franc-Flore avec tant d'incelligence , qu'il �coit impoffible de foupgonner ces tableaux d'�tre de deux mams diff�rentes. Il peignoit tres- bien Ie payfage. Une touche l�gere , joiute a une belle harmonie de couleur , faifoit Ie m�rite de fes tableaux. Il fut rec^i a 1'acad�mie de pain- ture d'Anvers en 1533. Son fr�re Martin, �l�ve de Franc-Flore, com-
pofoit d'abcrd en grand, mais fon g�nie Ie porta a peindre en peut : il a bien entendu ce genre. Son fr�re a faic les fonds de quelques-uns de fes ouvrages. Plufieurs excellens payfigiftes 1'cm- ploy�rent a peindre les figures de leurs tableaux 3 entr'autres Ie Coniaxloo. Martinne forntjamais de fa patne \ contmuellement tourmentc de la goutte , il mourut a 1'age de cinquante ans. |
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F lamanis i J�emands & Uoltandois. 107
1Tilkm(' Guillaume ) de Ct�efleut fr�re , pei-______
gnoit fort bien en grand : il mourut jeune.
Martin ent quatre hls , tous bons peintres :
Gilles j Martin _, Georges Sc Nicoias. Gilles ie Georges mourureut jeunes. Le premier peignoit bien en pet:t, & fes tableaux , comme ceux de fon p�re , {out tr�s-eftim�s. Il �toit fort d�rang�, & aimoit trop les femmes p- nr vivre long-ttmps. Martin fat long-temps en Efpagne , & de-la aux Indes. Nicolas vivoit encore a Anvers du temps de van Mander, en 1604. |
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C O R N IL L E
VAN GOUDA;
�L�VE D'HEMSKERCK.
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e naquit a Gouda. Martin d'IIems-
kcrck fut fon makre; il �toit uu des meilleurs' �l�ves cle cette �cole. D�ja connu dans le monde par fon talent, le vin devint fa paffion dominante; il d�gcn�ra. Il fit regretter fes bonnes quaht�s, ik il furv�cut a fon m�rite. |
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io8 La Vit des Peintres
PIERRE AERTSEN ,
surnomm� PIERRE-LE-LONG,
�L�VE D'ALAERT CLAESSEN. ---------\_J E la viile d'Amfterdam y il naquit en i $ 19.
IJ19. Il �toit fils d'un fabricant de bas, qui n'avoit
d'autre ambition que de voir fon fils en �tat de Ie remplacer un jour ; mais la peinture fixa l'inclinarion du jeune Aertfen. Il fut place chez Alacn Claejjsn , peintre de r�putation , & de qui on voit encore des portraits dans les buttes de la m�me ville. Il fe fit, d�s fa plus tendre jeunefTe, une maniere hardie &: fiere, qui n'appartenoit qu'a lui: c'eft a cette maniere qu'il doit en partie fa c�l�brit�. Une difpofition heureufe , fous les yeux d'un bon maitre , en fit un peintre d�s 1'age de 17 ou 18 ans. Il entendit parler<iu riche cabinet de la maifon de Bojfu en Hainaut. Muni d'une lettre de recornmandation de YEcoutet d'Amfter- dam , il fut admirer & �tudier les ouvrages des grands ma�tres qui formoient cette colle�tion. De-Ia il vint a Anvers, o� il demeura avec Jean Mani�n , peintre. L'acad�mie de cette ville 1'ad- mit peu de temps apr�s fon mariage. Il s'�tudia particnli�rement a peindre des cuifines & leurs uftenfiles , avec une v�rit� a trompcr : perfonne n'a mieux colori� que lui. Il eft m�me �tonnant qu'apr�s avoir choifi cc genre, o� il a excell�, il ait pcint 1'hiftoire au point de fe faire admirer. |
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Flamands j Allemands & Hollandois. 109
Le fleur Ra.uwa.ert a Amfterdam avoic beau- coup de fes tableaux ; emr'autres , un fort beau qui repr�fentoit une Cuifine , le tout d'un tra- vail immenfe. Il y avoit peint fonfecond Hls Pierre Aertfen. Le dedans du tableau que la ville d'Amfter-
datn lui fit faire pour 1'�glife de Notre-Dame, repr�fentoit la Mort de la fainte Vierge. Ce fujet rempliilbit jufqu'aux volets \ on voyoit fur le dehors 1'Adoration des Mages. On n'y retrouvoit pas le peintre de cuifine j les figures en font bien drap�es, le nud favant, & la couleur chaudc 8c vraie. Sandrart dit que ce tableau ne lui fut pay� que iooo couronnes. On jetta les yeux fur lui pour le tableau du
grand autel de 1'�glife neuve de la m�me ville; ma�s, avant de lui en faire la propofition , on fit venir Mithd Coxcie de Malines, qui refufa de travailler en voyant les tableaux d''Aertfen � 6c furpris du prix modique que ce peintre en avoit recu, il dkque quandon avoit un peintre de cette efp�ce, il n'�toit pas befoin d'en faire venir d'ail- leurs. Ce tableau avoit ejuatre volets j les fuiets en-dedans repr�fentoient 1'Aniionciation, la Naif- fance de notve Seigneur, 1'Adoration des Rois, Sc la Circoncificn j & en-dehors , le Martyre de fainre Catherine. Ce morceau avoi: une force extraordinaire; iln'en relte que les cartons, de la grandein des tableaux qui ont �t� d�trtuts dans les troubles de la guerre. Il avoit peint a Delft un Chrift & la Naifence de notre Seigneur j fur les dedans des volets & fur les dehors , om voyoit les quatre Evang�liftes. On admiroit dans la nouvelle �glife de la m�me ville, rAdoration |
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11 b La Vie des Peintres Flamands 3 &c.
"des Mages & un Ecee Homo* Tous ces tableaux
ont eu Ie m�me fort que ceux de Louvain & de Dieft \ il n'en eft �chapp� que les cartons , au nombre'de 2.5. Amfterdam a conferv� plulieurs de fes ouvra-
ges. On trouve une fainte Marthe chez Ie i�eur Kalraeven \ des figures en grand a la cour de Hollande \ chez ma�tre Nicolae's , Ie Chateau d'Emmaiis , & quelques morceaux de la V ie de Jofeph chez Jean Pieters Rea�l. A Harlem } chez Corn�Ue Corneli^, peintre _, une faince Marthe 8c une efp�ce de Kermejje, ou F�te de village en petic ; mais il n'avoit pas Ie m�me m�rite en ce genre : fon g�nie �toit plus propre aux grandes machines , ou la vigueur de fon g�nie �toit fou- tcnue par celle de la couleur. Il entendoit bien les fonds , 1'architecture & la perfpe�hve ; il enrichilFoit fes compofiiions par des animaux ou autres chofes qui pouvoient y avoir rapport. Il �toit extraordinaire dans les drapenes & les ajuf- temens de fes figures, qui reflembloient quel- quefois a des mafques. Cette fingularit� paroifloit lui �tre propre. Ce peintre vit de fon temps d�truire une par-
tie de fes ouvrages. Jaloux de lailTer a la poft�- rit� de fes productions , il conyit beaucoup de chagrm de cette injuftice ^ il en murmura fouvent jufqu'a rindifcr�tion. 11 meurut a Amfterdam Ie 2 juin 1573 , ag� de 5 b ans. |
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F R A N Q O I S
DE VRIENDT;
ou FRANC-FLORE,
�LEVE DE LAMBERT LOMBARD.
jl rancois de Vriendt, de fon temps appel�
Ie Rapka�l des Flamands _, naquit a Anvers en 1510, d'une familie d'artiftes. Son p�re Cor- nille �toit tailleur de pierres & fon oncle Claude Flore, excellent fculpteur. Franc avoit trois fr�res. Cornille, 1'und'eux, �toit habile fculpteur 5c archi- |
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11 x La Vit des Peintres
■» � ■ -te�te. Les plusbeaux�difices d'Anvers font de lui,
i jzo. tels que la maifon-de-ville, YOoJler-huys ou maifon d'Autriche, &c. Celui-ci mourut en i j 7 5. Jacquet �toit bon peintre fur verre j & Jean s'eft fait une r�putation dans la fayence, qu'il peignoit bien. Il mourut fort jeune en Efpagne, au iervice du roi Ph'dippe, qui l'avoit attir� par une forte penfion. Franc-Flore fut fculpteur fous fon oncle juf- qu'a 1'age de 20 ans, qu'il fut demeurer a Li�ge. �ntra�n� par un penchant naturel, il abandonna Ie cifeau pour la palette , 8c devint �l�ve de Lam- eert Lombard, qu'il a toute fa vie imit� , au point que bien fouvent on a de la peinea les diftinguer. Arriv� a ce degr� de talent, il yoyagea en Ita- li� j o� il �tudia 1'antique , & particuli�rement tl'apr�s les ouvrages de Michel Ange , qu'il def- flna a la fanguine avec une touche libre 8c fiere. Ses contours font favans , 8c fes deflms > quoi- que hachcs , font bien mo�lleux. Il revint a An- vers , apr�s avoir fait une annple nioiflon d'�tu- des , & il �tonna les artiftes de fon temps par un deffin plus corredt 8c un autre gout de compo- fer. Ses ouvrages Ie firent rechercher des grands. Le prince d'Orange , les comtes d'Hoorn & d'Egmont ne ceflbient de le voir & d'eftimer en lui le peintre & 1'homme d'efprit. Tant»d'avan- tages ne purent le d�tourner de la paffion qu'il avoit pour le vin : la crapule lui attira dans la fuite le m�pris des honn�tes gens. Son ami Coorn- hert lui �crivit une lettre en vers , ou il dit « qu''Alben Durer lui avoit apparu en fonge fous >j la forme d'un vieillard refpe�table, qui lui avo�t » beaucoup lou� les talens de Floris , mais en .» m�me temps blam� les exces honteux de fa vie. |
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Fiamaftds, Alkmands &Hoilahdois. x1
II finit en lui difant: « Si ce fonge n'eft pas r�el,.
» du moins je fouhaite que 1'avis vous i&it falu- » taire. » Cet avis, ainli que les autres , furent oubli�s dans Ie vin. Quelques-uns attribuent fon d�rangernent a fa
femme, qui, a mefure qu'elle voyoic augmenrsr les honneurs & les biensde fon mari, redoubioit fon ambition.-EUe fuc caufe en effet d'une partie de fa ru�ne. Sa maifon , quoique fort beiie , lui d�pluc, & elle obhgea fon man rrop facile a en baur une fut" les aeffins de fon fr�re. C'�toic un palais orn� de colonnes. La perce du temps & la d�penfe exceflive 1'endeu�rent. Il y euc regret, ma�s trop tard. Il recomrnanda a fes enfans & aies �lcves de bien �tudier, ma�sfar-t�uc d'�viterles folies de fa vieillefle.illeur avouaqu'il avoit eu 1000 liv. de rente , ioooo liv. plac�es a la banque, & une belle maifon , ce qui faifoit. beaucoupde bien dans ce temps-la;que tont avoic �t� diflip�'par fon nouveau batimsnc, & qu'il �toit la malheureufe vid:ime de fes cr�anciers. Je paiTe fous filence fes paris extravagans. Il faifoic gloire de boire extraordinairem�nt. Ma�s parkms, de fes ouvrages. Il fit pour la confr�rie de Saint Michel den-
vers , Ie tableau d'autel de leur chapelle , dans la cath�drale. Il repr�fentoit laCh�te de Lucifer. Cette compofition eft belie & bien peinte. On remarque 1'�tude des �nufdes dans les mouve- mens forc�s des corps utids des anges rebelles qui font pr�eipit�s, ce qui donne une grande idee du m�rite de ce peintre. Il avoit feit dans la rh�me �glife une Aflomption de la Vierge, peint� fur coutil. Ce tableau ne c�doit en rien a 1'autre. Tornt 1% H |
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� 14 la Vit des Peintres
Les draperies en �toient bienjett�es. Il fut d�truie
pendant les troubles du pays. D'autres difenc qu'il fut enlev� , 8c qu'il elt encore conferv� avec beaucoup de foin en Efpagne. Il peignit Ie Jugement dernier pour tableau
d'autel d Bruxelles, & une Nativit� pour 1'�ghfe de Notre-Dame d'Anvers. Il fit, par 1'ordre de 1'abb� Lucas , un tableau a. quatre doubles volets, pour 1'�glife de Saint Jean de Gand , dans la chapelle de Saint Bavon. Ce tableau repr�fentoit en dedans & en dehors la Vie de S. Luc: van Mander en fait 1'�loge. Il fut mis en s�ret� chez fon maitre Lucas de Heere, pendant les trou- bles du pays, & fervit de mod�le dans fon atte- lier. La maniere de ce peintre, dit van Mander , eft inimitable. Ce tableau eft beau de pies, mais de loin il eft incompr�henlible: on d�couvre & � mefure qu'on s'�loigne, de nouvelles beaut�s. Il avoit 1'art de donner de la force & d'arrondirfes ftijets. En un mot , fes ouvrages & fa maniere femb:oient tenir de la magie. Il avoit une grande faci�t� a produire : .il en donna mie preuve k l^ntr�e de Charles V dans la ville d'Anvers. Charg� de faire les arcs de triomphe , on lui vit faire dans un feul jour fept figures grandes comme nature : il n'employoit jamais que fept henres. Dans la m�me ville , lors de 1'entr�e de Phi-
�ppe j roi d'Efpagne , il fit encore en un jout un fort grand tableau fur toile: c'�toit laVictoire & un strand nombre d'Efclaves enchain�s au-defTous d'elle, Les attributs de Bellone & ceux de Ia Paix omoient cette compofition. Il a �t� grav� & donn� au public. |
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Flamands 3 Alletnands & Hollandois, 11 5
II s'�toit diverci d peindre les dehors de fa mai- '
Con en bas-reliefs qui imkoieut Ie bronze. Les tableaux qui lui ont fait Ie plus d'honnei'r
font ceux-ei, que van Mander a vas. Les neuf Mufeschezlefieur Wyntgis, aMiddelbourg. Dans la m�me ville un grand tableau fur toile repr�- fentant une N�ce marine. Les divinit�s de la mer y pr�fident. On voit dans tous ces corps nuds combienil avoit profit�a �tudier(i'antique» On admirou a Amfterdam j chez Ie fleur jean
van Endt, un grand tableau ou notre Seigneur appelie a lui des enfans 3 & leur donne fa b�n�- didtion. A Anvers chez Ie fieur Nicolas Jonghe/ingh ,
dans Ie fallond'un nouveau baument, lesTravaux d'Hercuie en dix tableaux. Dans Ie fallon des Arts, fept tableaux qui repr�fentent les Arts. Cornille Con les a grav�s d'aprcs les deffins de Simon-Jean Kies d'Amfterdam , �lcve �'Hems- kerck & de Franc-Flore. Ces derniers ouvrages �toient pour Ie grand-
prieur d'Efpagne. Chaque tableau avoit v- pieds de haut. Le premier repr�fentoit notre Seigneur en croix, 8c 1'autre une R�furreclion. Ces deux tableaux furent prefqu'enti�remenr finis^mais les volets n'en �toient que foibiement�bauch�s. Fran- gois Porbus 8c Crijpiaen les ont finis. Il fut admis a Tacad�mie d'Anvers en 1539,
& mourut en r 570 , ag� de cinquante ans. Il a lai/T� plufieurs enfans. Van Mander r'en
nommeque deux: Jean-Bapt�fte Florls qui futaf�af- fin�crutllement parles Efpagnolsjiin atureappell� Francois comme fon p�re _, qui a fort bien peinc en petit. Le nombre des �l�ves de ce peintre Hz
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IJ ZO.
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i � S La Vit des Peintres Fla.man.ds , &c.
eft confid�rable. On en compte 150, parmi lef- 15ZO- quels il y en a qui trouveront leurs places dans |
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cecouvrage.
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MARI N D E SEEU.
ON fait de ce peintre, n� a Remerswalen,
qu'il vivoit du temps de Franc-Flore. Sa maniere de peindre �toit facile & prompte.
Ou croit que la plupart de fes ouvrages font en Z�lande dans Middelbourg , chez Ie fieur Wynt- gis. On voyoit de lui dans fon cabinet Ie Finan- cier , tableau richement compof� avec les attri- buts de 1'Opulence. L'�poque de la mort de ce peintre n'eft point connue. |
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BENJAMIN
SAMELING.
�L�VE DE FRANC-FLORE.
Sameling naquit en 1510, dans la ville
de Gand. Inftruit dans T�cole de Franc-Flore, il pafla pour un des bons �l�ves de ce maitre. Il faifoit tr�s-bien Ie porrrait. On voit dans 1'�glife de Saint-Jean a Gand, plufieurs tableaux de ce peintre, d'apr�s les deflins de Lucas de Meere. |
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M A R T I
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DE VOS,
�L�VEDESONPERE.
artin de Vos naquit a Anvers , de Pierre
Vos, afTez habile r»int-«-»» «-■>..- �" |
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X
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de Vos, afTez habile peinrre pour �tre recu a Ir20..
1'acad�mie de cecte ville, en 1519. Martin eut Ie bonheur d'�tudiei' d'abord fous fon p�re. Les attentions d'un p�re pour uu fils qui embrafTe fa profelllon , font ordinairement plus v^es, plus foutenues que celles d'un maitre etranger. La v�ritable m�re a plus de foin de fon enfaut qu'une. nourrice. Ainfi notre jeune |
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118 La Vit des Peintres
' peintre fut heureufement commenc� par fon
p�re. De cette �ducation particuliere, il pafla, a celle du c�l�bre Franc-Flore , dans l'�cole duquel il trouva de jeunes �l�ves tr�s-forts j, qui excit�rent en lui cette �mulation qui fut toujours la m�re des talens Sc des grands hommes. Le feu de 1'�mulation $c de toutes les paffions
s'�teint quand elles n'ont plus rien a dehrer. Se voyant au-def�iis de fes �mules, il alla chercher aillenrs de nouvelles difticult�s a vaincre , d'au- tres rivaux a furpafler, d'autres mod�les a fuivre, & de plus grands ma�tres a imiter. Et ou pou- voit-il mieux les trouver r�unis que dans la capitale des aits , a Rome ? Il y alla, il y �tudia leng-temps ; mats le g�nie des grands arnftes ne peut demeurer tranquille , tant qu'il leur refte de nouveaux progr�s a faire. Frappe du coloris de l'�cole v�nitienne, il
vola a Veiiife. Il s'attacha au Tmtoret _, & il fut bient�t digne de fon amiti� & de fon euime , puifqu'il 1'employa a peindre le payfage de fes tableaux. Sa facilit�aproduire plat au Tintoret. L'Italien eut la g�n�rofit� de d�couvrir au Fla- mand tous les fecrets & toutes les r�gies de la couleur , fans avoir la foibleffe de craindre d'en �tre furpafT�. D'�l�ve , de Vos devint maure ; d'imitateur , original, fans cependant s'�carter de fon mod�le. Sa r�putation s'�tendit dans toute 1'Italie. Il a fait plufieurs portraits pour la maifon de MedicisSc pour d'autres feigneurs. Ses tableaux d'hiftoires , places en public , achev�rent de <j^ faire conno�tre. Mais 1'amour de la patrie rappelle tous le
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Flamands 3 Allemands & Kollaniois. iio,
hommes. Un peu de gloire born�e dans Ie lieu _______,
ouils fontn�s, les flatte plus qu'une plus eclatante ij-zo.
dans un pays �tranget. Il retourna a Anvers , ou il d�bata par plui�eurs tableaux d'autels qui m�nt�rent de grands �loges, & Facad�mie de Ja m�me ville 1'admit avec diftindtion en 1559. Ce fut pour-lors qu'il fut employ� a peindre Sc a compofer. Il gagna beaucoup de bien, & mou- rut en 1604, fort eftim�, & dans un age avance. De Vos compofoit aif�ment , & la plupart de
fes ouvrages en grand ont de 1'�l�vation. Sa maniere tenoit de celle du Tintoret. Son deifin eft correcl:, fa couleur bonne , & fon ex�cution facile. Il avoit Ie g�nie de fon ma�tre, maismoins de vivacit�. S'il cionnoit moms de tour a fes iigures , peut-�cre en �toit-il plus naturel. Il eft un des peintres defontenips qui a Ie plus produit. Les Sadelers, Colaert , &c. ont grav� beaucoup d'apr�s fes deffins, qu'il faifoit au crayon noir & a la plume , tantot lav�s au biftre , & tant�t a 1'onere de la Chine. Anvers pofs�de fes plus beaux ouvrages en
peinture. On compte dans ia cath�drale 14 tableaux de ce ma�tre , la plupart tableaux d'autels. Dans la chapelle des boulaiigers , au retable , on voit la Prlu'ciplication des pains, un des plus beaux ouvrages de ce ma�tre; dans la chapelle des marchands de vin , la N�ce de Cana , tableau d'autel j dans celle des pel- leti.rs , S. Thomas I'incr�dule. Ce tableau a deux volets; fur 1'nn eft peint Ie Bapttme de notre Seigneur , & fur 1'autre la D�collation de Saint-Jean. Derri�re les chandeliers , font ! ces deux petits tableaux de de Vos. Dans H
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ito La VudesPeintres
zatte chapelle, on voit un tableau d'autel du
m�me auteur avec deux volets \ au milieu* orc admire la Tentation de S. Antoine. S. Roch eft Eeint fur 1'uh des volets, & fur 1'autre S. Hubert.
'ans la chapel'e de la confr�rie des arbal�triers , Ie tableau d'autel repr�fente notre Seigneur accompagn� de S. Pierre, S. Paul, S. Georges & Sainte Marguerite : fur un des volets ont voit Ie Bapt�me de Tempereur Conftantin; fur 1'autre volet, la ConnTu�tion de 1'�glife de S. Pierre de Rome. Ces volets �tant ferm�s , repr�fen- tent en dehors Sainte Marguerite , & S. Georges mont� fur un beau cheval. Trois autres petits tabieaux du m�me font pof�s derri�re les chan- deliers. La chapelle des Tirferands offire aux curieux la Pi�furrecYion de notre Seigneur dans Ie tableau de faut�l. la chapelle du Nom de 5�fus a pour fujer , dans Ie tableau d'autel , 1'Adoration de ce faint nom. Dans 1'�glife paroif- fiale de S. Jacques, & dans la chapelle du S. Sacrement , on voit la C�ne dans Ie fond de 1'autel. On trouve a Oudenarde, dans un couvent ,
plufieurs tableaux de ce pemtre , du nombre defquels font 1'Adoration des Mages Sc une Nativit�. A Florence , Ie grand-duc pofs�de des por-
traits de la maifon de M�dicis_, & un Paradis terreftre , dans lequel les animaux Sc Ie payfage font �galement bien traites. A Paris, M. Ie ducd'Orl�ans a dit m�me deux
grands tableaux , dont Fun repr�fente les prin- Fleuves de 1'Afie & de 1'Airique , des , des Tigres Sc des Crocodiles -y les |
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Flamands l Allemanis & Hollandois. 111
figures font de grandeur naturelle. Sur 1'autre ,
Pan efl: arr�t� par Syrinx, qui 1'emp�che de com~ battre des tigres. Chez M. Ie marquis deLaflay, eft unc Nati-«
vit�. Martin de Vos a eu plufieurs grands �l�ves ,
entre lefquels on diftingue fon neveu Guillaume de Vos, fils de Pierre 3 Sc Koeberger, qui les a tous furpafT�s. Pierre de Vos , fr�re de Martin , �toit habile
peintre. Son hiftoire & fes ouvrages nous font inconnus. |
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ijio.
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1AMBRECHT
VAN O O R T.
V an Oort naquix a Amersfoort vers 1'ann�e
1520. Il �toit bon peintre Sc grand architecle. fut admis dans Ie corps des peintres d'Anvers en 1547. |
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MICHEL DE GAST.
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O ne ^it Ci ce peintre n'a pas voyag� quel-
que temps en Itali�. Tous fes tableaux repr�- ientent des d�bris de 1'ancieune Rome. Il ornok fes ruines de figures & d'animaux. Il demeura a Anvers , o� il fut admis dans Ie corps des peintres en 1558. |
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La Vie des Peintres
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FRAN^OIS e t GILLES
MOSTAERT,
�L�VES DE LEUR P�RE.
Ces deux jumeanx �tonn�rent tout Ie monde
par ieur exa&e reffemblance. Il n'�toit pas poffible de les diftinguer. Il arriva un jour que Jeitr p�re �tant forti j apr�s avoir laifle fa palette far une cluife , Francais entra po.r exammer 1'ouvrage de fon p�re , & s'all�c fu: la palette, qu'il ne voyoit point. Le p�re, de retour, fach� de voir les couleurs de fa palette gat�es, appella fes enfans. Gilles monta Ie premier, il fut. trouv� innocentj il Ie renvoya, & lui dit de faire monter hrancois : celui-d n'ofant monter, donna fon bontiet i' Gilles 3 qui parut une feconde fois devant fon p�re , qui s'y trompa luj-m�m^- & avant interrog� Gilles pour Francois, il ne Ie trouva pas plus coupable. lis naquirent tous deux dans la petice ville
d'Hulft, proche d'Anvcrs : ils defceudoient du vieux Moj�aertj & ils �t >;ent originaires d'Hol- lande. Ils furent avec leur p�redemeurer aAnvers, 011 ils recurenr de lui les premiers principes ; mais ils chang�rent d'�cole. Gilles fut rhez Jean Mandin, & Francois chez Henri de Bles ; ils «levinrent habiles dans ces ccoes : Francois �xcelioit dans Ie payfage, Sc Gilles dans les figures 3a quart de nature. |
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Flamandsj Alkmands & Hollandois. 11 j
Francais faifoit d'abord peindre les figures de "
fes payfages j mais il apprit dans la fuite a fe paf- fer de ce fecours. lis furent reegis a Tacad�mie d'Anversen 155 5. Francois mourut fubitement fort jeune, dans Ie temps que fes ouvrages com-. mencoient a faire du bruit. Il eut plufieurs �l�ves. HansSo'�ns eft celui qui
lui a fait Ie plus d'honneur. Rome Sc quelques autres villes d'Italie pofs�dent de {es ouvrages. Excellent payfagifte & peintre de figures en petit, il fixa fa demeure a Rome, o� ilabeau- coup rrava�l�. Gilles Moftaert peignoit bien l'hiftoire , 8c
entendoit parfaitement la difpofition de fes figu- res. On a vu a Middelbourg, chez lefieur Wyntgis, un grand tableau repr�fentant MM. Schitfen _, faifant , comme feigneurs du lieu , leur entree a. Hoboke. Les payfans y font fous*les armes , & marquent leur joie par des attitudes & des d�monftrations auili vari�es que naturelles. On voyoit encore de ce peintre deux autres
tableaux \ Ie Seigneur portant fa Croix , &S. Pierre dans la prifon d�livr� par FAnge. Un Efpagnol lui fit faire un tableau; mais Ie
pemtre lui ayant fait fentir dans la converfation qu'il n'aimoit point 1'Efpagne , 1'Efpagnol, moins par z�le peut-�tre pour fa patn'e que par mau- vaife foi, chercha des pr�iextes de rompre Ie march� : il all�gua que la gorge de la Yierge �toit trop d�couverte ; & dans 1'efp�rance d'avoir Ie tableau pour rien , il ne balanca point de perdre 1'auteur. Il Ie d�nonca au juge, comme un artifte hcentieux & impie. Il conduifit chez lui Ie vicomte Ernejl, pour faifir Ie peintre Sc |
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't 14 La Vie des Pe'intres
----------Ie tableau. Moftaert, qui, pour fe venger de
1520. 1'Efpagnol , n'avoit peint qu'en d�trempe cette
gorge un peu trop nue , avoit eu Ie temps d'y pafl�r 1'�ponge j 8c de 1'efFacerj Ie juge ne trouva qu'une Vierge modefte Sc admirablemeat peinte. Il r�primanda 1'Efpagnol, &c Ie for^ade payer Ie prix que demandoit Ie peintre. Ce n'eft pas la premi�re fois que 1'avance & d'autres paf- fions ont of� fe cacher fous l'air refpe&able du z�le 5c de la religion. Mqjlaert mourut fort vieux en \6oi. |
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DIRCK (THIERRY)
E T
WOUTER (V A U T I E R)
CRABETE
Oarle van Mandbr ii'ea dit rien dans fon hif-
toire des peintres. Il y a lieu de penfer que ces deux fr�rer, Dirck Sc Wouter Grabeht, lui ont �t� inconnus, ainfi que leur m�rite. Si nous en croyons leihiftoriensdeGoudajles unsdifent qu'ils �toient originaires d'AUemagne: lesautres au contraire les croient Fran^oisj mais leurs defcendans fou- tiennent qu'ils �toient des Pays-Bas. Quoi qu'ilen foit, �coutons van Mander. Cet hiftonen nous parle d'un certaia Adr�cn Piecers Crabeth, qui fut �l�ve de Jean Zwarte ou Zwarte Jan, qui en peu de temps furpafla fon ma�tre. L'�cnvain Almelo* veen croit nou - feulement Claude Crabeth p�re �'Adritn Pieters Crabeth, mais auffi de Dirck Sc |
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Flamands j Allemands & Hollandois. i1 j
W^outer. Il Ie prouve par Ie rapport du m�menom, ~
& les �v�nemens du temps. /^aariervifitalaFrance&l'Italie.Sonufage�toit
de laifler un earreau de vitres ou un chaflis peinc defamain, dans-chaque ville o� il paf�bic. Les connoifleurs conviennent tons que r'aut�tr fur- paflbit fon fr�re Dirck, en couleur 8c en deffin j mais Dirck donnou plus de forcea fes ouvrages: ce qui ht dire dans Ie temps, que Dirck �toit Ie maitre dans les ouvrages o� il falloit de la force, & /-^«nerdansceuxquidemandoientdes lumi�res bnllanres. lis �coient tous deux fort habiles & r�ufl�flbient
�galement en grand comme en petit, avec une promptitude excraordinaire. Apr�s. que V^au�er eut livr� fa premi�re vitre pourla principale �glife de Gouda en 1560 , il fit 1'ann�e fuivante la grande vitre qui fut donnee a lam�me �glife par Ja duchefle Marguerite en 33^4.11 peignit pour la m�me la NailTance de notre Seigneur, a laquelle ilajouta, en 156^, la belle compoiition de la Def- tmetion du temple d'H�liodore. Ces 4 grandes croif�esnelui ont co�t� que fix ann�esde travailj mais Dirck plus prompt que lui, en fit en trois ann�es Cix de la plus grande forme, & d'une auf�� grande rompofition que celles de fon fr�re. En 15 67 il fit une vitre admirable : Ie fujet �toit non e Seigneur qui chafl� les vendeurs du Tem- plej & 1'ann�e fuivante la Mort d'Holoferne. C'eft fon dernier ouvrage , il efl: dans 1'�glife de Gouda. Qnoique ces deux fr�res furTent amis , lis fe cachoient leur ferret. Celui qui recevoit la vifite de fon fr�re , csuvroit fon ouvrage. Il arriva que 1'un ayant demand� al'amre comment il s'y pre- |
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La Vle des Peintres
"*------� noit pour r�uffir dansce qui lui fembloic il diflicile
1 f2°' d trouver, il ne pur avoir d'autre r�ponf� que
celle-ci: Mon fr�re, j'ai trouv�par k trava�l ; cherchc^ , & vous trouvera^ de m�me. lis fe con- tent�rent a la fin de fe voir r*u, & de s'�cnre quand �ls avoient befoin de fetsmmuniquer leurs affaires. lis fkent cant de recherches & tant de frais dans leur art, qu'ils furent oblig�s de tra- vailler comme de fimples vitriers , pour �viter 1'mdigence. Dirck ne fe maria point$ mais Jrautier �poufa
line rille de H familie de Proyen , dont il eut un fils nomm�Pierre> qu) depuis a �t� bonrguemeftre, & une fille qui fut mari�e a Reynier Parfyn, gra- veur, qui a rendu pubhcs les portraits de nosdeux peintres. Wi�an Tomberoe pretend qu'a la mort de ces deux frcres, nous avons perdu Ie fecret de peindre fur verre ^ mais il fe trompe , puifqu'au- jourd'huien Ailerriagne & en Angleterre Ie m�me fe:ret ett en ufage, avec des couleurs , ala v�rit�,. moins vives que celles de l'�ghfe de Gouda. Si 1'ufage n'en eft plus fi frequent , c'eft qu'on s'eft appercu que les vitres colon�es coutentbeaucoup, & rendent les �^lifes trop fombres. Voila , je crois, la feule raifon qui a fak perdre ie fecret , comme 1'a cru Tomberge. Il �toit auffi peintre , mais m�diocre fur verre : il eut pour rnaitre Jf^efterfiout A'XJtrecht.Ce Tomberge eut ordre dans la fuite de r�praer ces belles vitres qui furent pr�f- que d�truites par uu orage en i 574. On recon- no�t a leur m�chocrit� fes ouvrages & fes couleurs, parmi les beaut�s quireftent de nos deux peintres» II mourut en � 67?. C'eft dans Ie temps des fr�res Crabeth, fclon les
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Tlamands , Alkmands & Hollando�s. i i-j
throniques de la ville de Gouda & la defeription
d'Harlempar SamuelAmpfing, que v�curentdeux fort bons peintre-fur verre, W'illem ( Gmllaurne ) Thibout & CornilU hbrantfche Ruffeus. Willem moarut au mois de juin 15 cj<), & Ruffeus au mois de mai 1 61 8. D. van Bleyfwick, dans fa defcrip- tion de Delft, dit que Thibout en 1565 fit la belle vitre qui eft dans 1'�glife de Sainte Urfule de la m�me ville. Philippe II, roi d'Efpagne j y eft repr�fent�avec fa femme Elifabethde P'alois , fille a�n�e A'Henr� II, roi de France. lis font en habits royaux. On voit a leurs c�r�s un Ange gardien & les armes de ces deux maifons fouve- raines. Au haut de la vitre, PAdoration des trois r�is, accompagn�s d'une multitud� de peuple 3 eft bien defl�n�e & bien peinte. On voit encore aujourd'hui dans legrandfdlon
des premi�res butcesdefe ville de Leyden, tous les portraits des comtes de Flandres, repr�feiit�s en pied par les m�mes. |
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IJ2O.
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i
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L A U R E N T
V AN COOL
JLes connoiffeurs ont �t� tr�s-fatisfaits de !a belle
vitre qui eft dans la chapelle du confeil priv� du pavs de Delft. Les portraits des confeillers y font pe;nts grands comme nature & cuirafles depuis ia t�te jufqu'aux pieds, par Ie c�l�bre Laurentyan Cool. |
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H U B E R T
G O L T Z I U S.
ELEVE DE LAMBERT LOMBARD.
-----� 1 L eft n� a Venlo , de pareus originaites de
ijzo. Wirtzbourg. Sa premi�re jeuneffe fut em-
ployee aux" �tudes des belles - lettres : dela, entrain� par tm penchant naturel pour la pein- ture , il choifit pour ma�tre Lambert Lombard. Il copia chez ce peintre beaucoup de dei�ins d'apr�s 1'ant'nue , qui lui rirent na�tre 1'en- vie d'aller fur les lieux , &c de les obfer- ves lui - m�me. Rome lui ouvr.it une carri�re fort
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td Vie des Peintres Flamands 3 &c,
Fort ample, & fes �rudes lui fbufnirenc les mat�- �
riaux de plufieurs ouvrages qu'il accompagna de notes hiftoriques Sc de remarques curieufes. Iicommencaparmettreen ordre fes recherches,
& donna au public un grand volume, ccntenant Ja Vie des emp�reurs romains., depuis Jules C�J'ar jufqu'aux emp�reurs Charles V 3c Ferdinar.d* L'exaclitude raifoir en partie la beaut� de eet ou- vrage j il y avoit joint les porrraits de ces em- p�reurs , tir�s des medailles de leur temps. Ceux qu'il n'avoit pu trouver �toient reft�s en blanc. Ces medailles �toient grav�es en bois par un peintre de Courtrai, appell� Jofeph G�etleugken, l>abile arcifte. Outre la reflemblance , Ie coftum� y �toit obferv�. Il donna cec ouvrage en plufieurs lan- gues. Il avoit chez lui une impnmene qu il di- rigeoit lui-m�me. Son livre , d�di� a rempereur Ferdinand 3 parut en 15 65, en latin , fous Ie titre de Ca�us Jul'uis Cafar. Cet eflai 1'engagea a donner pluf�enrs autres ouvrages recherches depuis pas lesfavans. En 1566 il en fit paroure un nouveau fur les F�tes & lesTriomphesdes Piomains, depuis la fondation de Romejufqu'a la motto.'Auguj�e. Ce livre eft orn� de medailles grav�es par lui- in�me, fous letitre de F aflos. Il Ie d�dia au f�nat de Rome, qui lui envoya la parente de noble citoyen romain 3 avec toutes les franchifes Sc honneurs dont Ie d�cail eft dans la lettre dat�e ea 1657. On ravoitimprim�e dans Ie livre qui parut en 1574, fous Ie titre de C&far Augujlus. Cet ouvrage , divif� en deux parties , enrichi de m�-» dailles Sc de leurs revers grav�s» eft plein de recherches. En 157<J on vit eiicore de lui un volume , fous
Tome I. I |
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ijo La V�e des Peintres
�---------Ie titre de Sicilia & magna Gr&cia, ou 1'Hiftoire
ijio. des Grecs & la defcription de leurs villes, avec
de belles medailles grecques. Ses obfervations lui ont acquis l'eftime des favans. Il paroit qu'il n'nvoit rien n�glig� poiir eendre fon travail utile Sc agr�able , par Ie fo'm de limpreflion & par k choix des caraft�res. Ses ouvrages en peinture font fort rares, quoi-
qu'il ait beaucoup trava�l�. Il compofa a Anvers la Conqu�te de la Toifon d'or, pour la maifon d'Autriche. Hardi dans fes entreprifes & dans rex�cutioiijilnous refte cependant fort peu deta- bleau� de lui. Pendant fon f�jour a Bruges, il fuivit exa�tement les fermons d'un moine gris , nomm� fr�re Cornille , dont il fit Ie ponrait tr�s-re(Tem- blant. Van Mander a vu ce tableau qu'il loue fort. Il �poufa en premi�res noces la foeur de la femme de Pierre Koeck , dont il eut plufieurs enfans, a qui il donna des noms romains, tels que Marcellus, Julius, &c. Il quitta fa femme pour revoir Rome, & il feignit d'aller a Cologne. Devenu veuf, il fe remaria, mais il y eut grand regret ^ fon efprit & fa douceur ne purent rien fur la conduite de fa femme. Il paya la folie de Tavoir �pouf�e , par fa mort qui arriva vers 1583, a Bruges. Il eut les tnlens, les vernis & les chagrins domeftiques de Socrate. |
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't'
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Flafnands > Allemanis & Holt'andcis,
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S I M O N
JACOBS,
�L�VE DE CHARLES D'YPRES.
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Jacobs naqiut a Gouda: il fut �teve de
Charles d'Yprcs. L'appat du gain 1'engagej a peintlre Ie portrr.it, ou il r�uilic. On eftime un porcrait qui fe voyoit a Harlem 3 & qu'il peignic d'apr�s Wilkm{ Gudlaums ) Thi�aut, peimre fur verre. On en cit� enc�replufieursauncs qui foutiennent fa r�putation. Il faifoir bien refl�m- bletr. Sa couleur, eft bonnej mais on vance par- riculi�rement Ie mo�lleux de fon pinceau. Il fuc tu� au fi�ge d'Harlem, en 1572. |
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CORNILLE
DE VISCHER.
J.L flit bon pemtre de portrait. Sa vie feroJc
fbrt longue, h je ne m'�tois pas boni� d �crire fimplenient ce qiu a rapport a ia peinture. Cec homme , qui nJavoit rien d'aiimble cjue fon talent , p�rit dans Ie palTage d'Hambourg a Amfterdam. I 2
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La Vu des Pelntres
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CLAES (NICO LAS)
ROGIER,
ET HANS (JEAN)
RAYNOT.
- 1 l s peignirent bien Ie payfage. Kaynot �toit
�l�ve de Math�eu Cock. Sa maniere eft dans Ie gout de Patenier. Les ouvrages de 1'un & de 1'autre pafl�renc chez 1'�tranger, & en furent eftim�s. BERNARD
DE R I C K E.
XL naquit a Counrai. Sa maniere de peindre
eft grande. On peut jnger du talent de ce peintre par un tableau d'autel de T�glife de S.Martin de Ia rn�me ville. Ce tableau reprefente Notre Seigneur qui porte fa croix : il eft d'une belle compofition. Il changea depuis fa miniere , croyant mieux r�uflir: effe&i /ement fes derniers ouvrages ont leurs partifans. Il fut rees a 1'aca- d�mie d'Anvers en 1561 , & fe fixa dans cette vilie, o� il eft mort. |
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ij 20.
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Flamands _, A�emands & Hollandois. 153
WILLEM (GUILLA�ME)
K E Y.
IL �toit de la viile de Breda, d'une fignre----------.
Sc d'un maintien agr�ables. Il aimoit les ajuf- ,�Oi
temens, 5c fa maifon fe reflenrok de ce gout aa- def�lis de fon �rat j elle �toit proche la bourfe , dans Ie plus bel endroit de la ville d'Anvers. Il" fut �l�ve de Lamhert Lombard , & camarade d'�cole de Franc-Flore. Il ne dut fon talent Sc fes richefTes qu'a fon affiduit� Sc a fon economie. Son talent �toit d'imiter Sc de faifir la nature.
Ses ouvrages furent plus recherches que ceux des autres j par la douceur & Ie mo�lleux de fon pin- ceau. Ses compofitions font figes 8c pleines de jugement : elles ont a la v�rit� moxns cte feu que celles de Franc-Flore ; cela n'emp�cha pas que fes tableaux ne f uiTent fort eftim�s & pay�s tr�s- clier. Le tr�forier Chriftophe Pruym lui fit faire ^
pour la maifon- de - ville d'Anvers j un tableau repr�fentant les portraits des Magiftrats de cette vi�e, en pied 3 grands comme nature : dans Ie haut du tableau j Notte Seigneur Sc des Anges dans une gloire j &c. Ce m�tne tableau pent dans Fembrafement de certe maifon en 15 7^. On voit encore aujourdJhui une �pitaphe } fur
laquelle il a peint les portraits des Fondateurs d� la chap��e des maitres Selliers s dans la cath�- drate d'Anvers j.ou eft place ce tableau. I 7
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i ? 4. -�
Jl fit Ie portrait da cardin <1 Grandvelles dans
{<;- hibit de cardinal. Ce morceau fut fort efti- m� , & rette Fminerce lm envoya s fans avoir fit pm j 40 ry: 'sdaeUers (;\ Apr�s avoir con- fld�rabiement tvr.aill� , ie »iuc d'Alke'e demanda p�'7f lui faire fon ',x>rtrait. �.,n trav ullantj il en- tendit j enrre les juger criminefs & Ie ducj eon- certcr Ia mort du convc d'F.gmont 3c de q';el- q"es aittresfei^ne:tts. Ce complot tyrannique lui fit tam d'impreffion , que 3 de retour chezluij il en tomba raalade 3 & mourut Ie m�rae jour de l'ex�cution des comre<; d'h'gmont & de Hom } Ie 5 juilletj veilte de Ia Penter�te 1568. D'autres difent qa'il �toit mort quelqaes jours avant; & quelqnes-unsj qu'il mourut de frayeur en voyant la phyl�onomie dn duc d'Albe. I! avoit �t� admisal'acad�mie dJAnvers en 1540. |
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AUGUSTIN JORIS
AuG�STiN .Toris j fi!s de Jean } braf�eur de la
ville de Delft 3 n� en 1515 j fit place chez Jac- ques Mondt } peintre m�diocre. En trois ans d'�- tudes ii firpaJ.i fon maitr�j & fut a Malines> & de- ia a Paris. Il s'adrefTa a un graveur , a(Tez bon pour Ie temps _, appeli� Pierre de. la Cuffle., qut demeuroit avec fon fr�re > orf�vre, Augufiin travaiila pour eux pendant cinq ans» (1) Ry.'ksclae�clers, �cu rl'Hollande (Te Ia valeur
de 5o sous , vaut a peu pres 6 liv. en �rance» |
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Flamands j Alkmands & Hollandois. 13 j
De retour a Delft _, il fit cinq tableaux qui
�tablirent fa r�putation. Il travailloit en grand } & compofoit bien fes ouvrages. On voyoit dans la m�me ville j cliez fon fr�rej orf�vre j une Famiile de la Vierge j ouvrage d'une grande beaut�. Ce peintre., en puifant de 1'eau pour n�- toyer fes brolfes 3 fe neya en 15 5 2 , a 1'age de 27 ans. Il a �t� fort regrett� par les aniiles & les amateurs. |
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JEAN FREDEMAN
DE VRIES.
JL/e Vries j n� a Leeuwaerden en Frife > en _
15 ij j eut pour p�re un homme dont la pro- fefl�on �toit bien oppof�e au repos que deman- dent les arts. Ce p�re �toit originaire d'Alle- magne., & canonmer dans 1'arm�e du g�n�ral Schenck. Le jeune de Vries obtint de lui ia per- miflion d'appnndre le deffin. Il commenija dans fa patrie ,, fous Renicr Gueritfen d'Amfterdam. Apr�s avoir �t� cinq ans chez ce mairrej il fut a Campcn 3 ou il refta peu de temps; n'y trou- vant perfonne qui put le perfe�tionntr 3 il fut i Malines j ou les peintres en d�trempe 1'employ�- rent dans leurs ouvrages. De-la il fut appell� i Awvers j o�il travaillaj avec les autres peintres > aux arcs de triomphe pour 1'entr�e de Charles V', Sc de fon fils Ph�ippe 3 roi d'Efpagne , en 1549. Apr�s avoir fini eet ouvraga 3 il retourna enfin j Sc alla a Collunij o� il eut occaf�on de I 4
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Yj'tf La Vie des Peintres
�--------copierj chez un menuifier j Serlio & V'uruve 3
i f27, publi�s par Pierre Koeck. Non-content de cette
etude j il retouma a Malines j & fit pour Claude JDoricij pgiiitcej pluheurs tableaux d'architeftnre. Doric� lui en fit finir un de cette efp�cej com- ftienc� par Cornille de V'iancn 3 affez bon peintre dans ce genre, ma�s auffi lourd dans fa compofi- non que dans fa couleur. De Vries corngea les faures de Vianen _, �c �tablit fa r�putation par ce tableau, Arriv� i Anvers., il fit une Perfpective dans
Ie jardm de Guillaume' Key } auffi peintre \ elle jrepr�fencoit un beau Portique II fitencore j chez Gilles Hofman, en face d'une potte d'entr�ej & fur une muraille, une^efp�ce d� claire-voie j ^ travers laquelle on croyoit voir un jardin. Plu- l�eurs perfonnesj & m�rne ie prince d'Orange y y out �t� tromp�es. Il compofa j pour J�rome Kock3 une quantit�
de fiijets d'Archicedure j dont 14 morceaux repr�fentoient des Ternplesj des Jardins _, des Sal- Jonsj Sec. j tous en perfpedive \Sz 116 autres def- f�ns dans Ie m�me genre , en perfpective j a vol d'oifeau & vus en-deiFous j & quelques-uns en ovale pour les �b�niftes ou tabletiers. Un autre livre de 24 feuilles _, pour Guerard'
de Jode , repr�fentoit des Tombsaux d�cor�s,, entre lefquels on en voit un orn� de Fontaines. Un livre des ordres d'architecture j o� chaque ordre eit en cinq feuilles , fut fait pour Philippes Gallesj ainfi qirune colleclion de plans de Jardins, tTAvenueSj deLabyrinthes.il adonn�j a. 1'ufage «fes menuifier?, un autre livre de Mafquesj de Bu&t-s j &c. Enfin il deffiuaj pour Pierre Balten^ |
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' F lamanis 3 Allemands & Hollandois. 137
les ordres d'architecturej fous Ie ticre de Thea-.
trum de vita humana. Depms Ie Compofite juf- ?i- qu'au Tofcan _, il y repr�fenta les diff�rens degr�s de la vieillefTe jufqu'a la mort. Le nombre de fes ouvrages efi confid�rable \
on compte 16 livres en tont. En 1570 3 la rille de 1'empereur �rant partie pour l'�ipagne 3 & devant pafler par Anvers, les Allemands lui �!e- v�rent un are de triomphej que de Vries fit en cinq jours : il eut 60 rycksdaelders pour giati- fication. Il a fait encore un errand nombre d'ouvracres
en peinture & deffins a Parme 3 a Mons 3 d jAusbourg & a Praguej qui trompent tous �ga- lemenc les yeux. Jl eut deux fils, Paul 8c Sa- lomon de Vries, qui ont eu 1'heureux don de bien imiter leur p�re. Salomon mourut a la Hayeen 1^04. Ses deux fils ont beaucoup travaill� au grand volume de 50 planches d'archicedture que Jean donna en 1 (J04. L/�poque de la mort du p�re & du fils Pierre de Vries n'eft pas connne. |
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CORNILLE
ENGHELRAMS. \. /uoique Enghelrams ne nous ait laifle que
tles tableaux peints en d�trempe 3 il eft regarde comme un peintre habile. Il naquit a Malines en 1527. Ses principaux ouvrages font dans 1'�glife de S. Rombout. Il a repi�fent� fur une grande |
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j 8 La V'ie des Peintres
oiiej les QEuvres de Mif�ricorde. Une multi-
1527. tuoe de figures bien dei��n�es., font 1'objec de certe grande compofmon. Il y a diftingu� avec efpric les pauvres qui meritent norre compafiion, de ceux qui ne la m�ritent pomt. Ses ouvrages font difperf�s dans les principales
villes d'Allema»ne. A Hambourg , clans leglife de Sainte-Catherine _, on voyoit de lui une cora- pofoion grande & favante} qui repr�fentdit la Converfion de S. Paul. Il pcignit pour Ie prince d'Orange, dans Ie chateau d Anvers , riulloire de David j d'apr�s les defiins de Lucas de Heere. De Vries en avoit peint 1'archkeclure j les fnfes, les termes 8c les autres ornemens: tout �toic ex�cut� en d�trempe. Enghelrams mourut en 1) 8 5 j ag� de 5 6 ans. |
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MARC WILLEMS,
�LEVE DE MICHEL COXCIE.
VV x l l e m s naquit a Malines environ 1'an
1517. Il appric la peinture fous M�chel Coxcie. Il furpaflb�t fes contemporains pour Ie genre & la facilt� de cornpofer. Il peignit la D�collation de S. Jean: Ie bras racourci du bourreau j qiu rient !a tcte du Saint j paro�c fornr du tableau. On Ie voit dans 1'�glife de Saint-Rombout. D.uis la rn�ro� �glife il fit un autre tableau, repr�fen- rant Judith qui vieni de conper la t�te d'HoIo- ferne. A 1'entr�e de Philippe j roi d'Efpagne, |
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Flamandsj Allemands & Hpllando'is.
dans la ville de Malines en 1549 3 il fut charg� -
de peindre un are detriomphe, furlequelil repr�- l517< fenra 1'hiftoire de Didon. L'ex�cuuon de eet are & fes autres ouvrages, lui ont m�rit� 1'eftime des con- noifleurs. Il aimoit a obliger, & il �toit prefque Ie compofiteur de tous les peintres} des tapiffiers & des vitriersde (on temps. Willems j aim� pendant fa vie, fut regrett� a fa mort j qui arriva en 1561. |
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J A C Q U E S
DE POINDRE,
�L�VE DE WILLEMS.
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Ej natif de Malines, �lcve & beau-
fr�re de Mare Willems , s'attacha au portrair. Cependant il a r�uflidans les fujets d'hiftoire. Jl peignit un grand tab'eau repr�fentant notre Sei- gneur en croix: il y avoit beaucoup de figures fur Ie devant, qui �toient tous portraits. Apr�s avoir fini celui d'un capitaine anglois,
nomm� Pierre Andr�, il s'appercut que Ie militaire cherchoit plu�eurs d�cours pour avoir ce tableau fans payer. Pour s'en venger , il fit pafTer latcte de 1'anglois a travers une grille de rer qu'il pei- gnit en d�trempe, 6c placa ce portrait i fa fe- n�tre. On y reconnijt 1'origmal qui, fe voyant ainfi captif, fit redemander fon portrait , en payant lib�ralement Ie peintre. Comme la grille n'�coit qu'en d�trempe j un covip d'�ponge mit Tangloii hors de prifon. |
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'140 La V'ie des Peintres
Ce peintre voyagea dans Ie nord , 8c mourut
en Danemarck j en 1570. |
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JOACHIM
BEUCKELAER; E L E V E
DE AERTSEN OU PIERRE -LE-LONG. Jjeuckelaer d'it fon talent au nuriaga d'une
tante, qui �poufa Pierre Aertfcn ou Pierre-lc- Long. Il naquit dans la viile d'Anvers, & de- vint �l�ve de fon oncle. Malgi� une difpoficion marqu�e , il ne put dans fes piemi�res �tudes fe rendre bon colonfie: �lne peignoicqu'avcc peine. Son oncle lui fit colorier d\pr�s nature ce qui fe pr�fentoit, oifeaux, poiftons & autres animaux , neurs, fruits : tout ce qui m�ritoit d'�tre copi� n'�chappa point au jeune peintre. L'envie de devenir habile , diminua la peine qull eut dans Ie commencement de fes �tudes, & on Ie vit s'�le- ver au-defllis de (es contemporains. Ses ouvrages font d'un ton de couleur naturelle: tout y paro�t fait fans travail; fa touche eft l�gere , 8c Ie tout enfeaibie harmonieux. Malgr� fon travail ficile , il fut fi mal pay� de
fes ouvrages, qu'il eat d peine de quoi vivre. It s'attac'ia a peindre des cuifines, avec leurs uften- /i!es. On faifoit � peu de cas de lui, qu'il fuc oblig� de rravailler comme uu ouvrier a jofous |
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t *
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F/amandSj Allemands & Hollando'is. 141
par jour, chez Antoine Moro. Trifte r�compenf�---------*"""1
de tant de veilles '. l5iCl''
II fit une Cuifine pour Ie direclreur de la mon- ■
noie d'Anvers , quide jour en jour lmfaifoit ajou- ter de nouve&ux objets d'apr�s nature. Plufieurs animaux y �toient repr�fent�s; poifTons&r gibier, rien n'y manquoit: ma�s il ne put jamais, dans eet ouvrage , gagner Ie pain qu'il mangeoit. On voyoit autrefois , dans lacath�drale d'An-
f ers , un tableau de ce peintre : il repr�fentoit la F�te des Rameaux. Les connoifleurs du temps eftimoient eet ouvrage qui a �t� d�truit dans les derniers troubles. On a vu a Amfterdam, chez Ie fieur SionLu\ ,
un March� au poiiron , & un March� aux fruits, avec des Figures bien peintes. On voyoit chez Ie fieur Wyntgis, dire�teur de
la monnoie a Middeibourg, une grande Cuifine avec des Figures grandes comme nature , bien coloriees, & des tons de couleurs chauds ; Sc un autre tableau en camayeu , repr�fentant la F�te des Rameaux. Van Mander a vu a Amfterdam _, chez Ie fieur
�Jacques Rauwaert, un tableau en petit qui re- pr�fentoit un March�, & dans Ie fond un Eccs Homo. Il parle de ce tableau comme de quelque chofe de merveilleux. Il y avoit a Harlem , chez Ie fieur Jean Vcf-
■iaen , deux de fes tableaux. Le premier repr�- fente un Evang�lifte, & Tautre une fainteFamilie. Les figures en fout de grandeur naturelle, & d'un bon ton de couleur. Le nombre de fes ouvrages .eft confid�rable, fi on le compare a celui de fes �s. Il mourut a Anvers, ag� de 40 ans, daas |
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La Fie des Pe�ntres
�Ie temps qu'il trivailloit pour un officier-g�n�ral
i j}0. appell� V�tello. Il dit en mourant qu'il regrettoit d'avoirtoujours travaill�a fi vil prix. Ses ouvrages ont �t� vendus apr�s fa more, ioin fois plus que de fon vivant. |
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C R E S P I N
[VANDEN BROECKE, �LEVE DE FRANC-FLORE.
V anden Brofxke , natif d'Anvers y �l�ve de
Franc-Flore , avoit un beau g�nie. Il ne fe bortia pas a la peinture , il fut anfli grand architecte. il cherchoit toujours a placer dans fes tubleaux des figures nues qu'il defiinoi: & peignoir bien en grand. Il voyagea en Hollande o� il eft mort. JACQUES
DE BACKER.
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Ue Backer, de la ville d'Anvers } ent pour
p�re un aflez bon peintre , qui fut oblig� de fe retirer en France, o� il mourut apr�s avoir lenonc� a fon talent. |
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Flamands , Allemands & Hollandois. 145
Jacques demeuroit chez un marchand de-------"""
tableaux nommt Pa/ermo, d o� il fat quelquefois 1J30*
appell� Jacques Palcrmo. Ce marchand tourmenta extr�mement de Bucker, en Ie f,;rchargeant d'ou- vrage. L'application Sc Ie tiavail allidu Ie firent devenir grand peintre; les fetes & les dimanches il deflinoit concinuellement & il modeloit, de fac.on que tons les momens de fa vie n'�toienc employ�s qu'a 1'�tude. Palermo vendoit tr�s-cher fes ouvrages en France, & ailleurs j & malgr� Ie gain confid�rable , il difoit contmue�ement au jeune peintre qu'il falloit faire mieux, qu'ilnepou- voit plus fe d�faire de fes ouvrages , ce qm Ie for- «joita redoubler une application qui abr�gea fes jours. Il quitta eet homine �nfatJable y 8c fut de- meurer chez Henry Steenwyck. TiavailJant tou- joursfans fe difl�per, il devnitlang�iffantj 5c tr.ou- rut d'une efp�ce de pulmonie, nepouvant fe con- foler de mounr 11 jeune : il n'avoit en effet que 30 ans , qu'd avoit confum�s dans Ie travail. Ses ouvrages font dans fous les cabinets. Van Man~ der a vu de lui a Middelbourg, chez Ie fleur Mel-> chior Wyntgis, trois tableaux , Adam & Eve , une Charit� Sc un Chrift en croix| & trois au- tres chez Ie fieur Oppenbergh : V�nus, Junon 8c Pallas ; car la peinture , ainfi que la pcefie , traite �galement Ie facr� & Ie profane. Il efl. ordinaire, & cependant f�ngulier, qu'un peintre repr�fente V�nus du m�me pinceau dont il a peint im Chrift. La difpofition dans tous les fujets �roic belle; Ces draperies Sc �es fonds font tr�s-biea traites. On Ie regarde comme un des meilleuxs coloriftes dJAnvers. |
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�44 L& V'lt des Pc�ntres
J E A N
VAN KUYCK.
V an Kuyck �toitbon peintre fur verre ;mais
■*55Om ayant �t� accuf� pour fes erreurs fur la religion , il fut arr�t� par la juftice j & d�tenu en prifon dans la ville de Dort. Il fut long-temps dans les fers j cependant Jean van Drenkwaert Boude- win^e j �coutet ou chef de la juftice, ayant em- ploy� tous les moyens pour obtenir fa grace , van Kuyck, en reconnoiffance, fit Ie Jugement de Salomon pour ce juge. Il repr�fenta fa figure fous celle de Salomon j ma�s Ie reproche que les eccl�fiaftiques firent a ce magiftrat, jufques dans leurs fermons, de vouloir fauver Ie peintre pouc s'ennchirde fesouvrages j forc�rentle jngeacon- damner van Kuyck. Il fut brille vif fur Ie Nieu- werek a Dort, Ie 28 mars 1571. Il laifla tpr�s lui une malheureufe veuve , une petite fille de fepc ans, & la r�putation d'avoir �t� un bon peintre» Heureux s'il avoit �t� aiiffi bon chr�tien! |
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MARC
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Flamavds, Allemands & Hoi�andois. 145
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MARC
GUERARDS.
Van Mander ne msrque point Ie lieu de -
fanaif�ance. Il dit feulement que parmi les grands peintres de Bruges, Mare Guerards m�rite d'avoic fa place. Il �toit aniverfel ; li peiguoit 1'hif- toire, Ie p.iyfage } l'accliue�ture, 11 fut bon def- f�nateur , graveur a 1'eau-forte, & enluraineur. Laville de Bruges & celles des environs ont delui de beaux tableaux. Il deffina beaucoup pour les peintres fur verre ; il fe plaifou dans les pa>'~ fages a repr�fenter une perite femme q«i pii��, foit furun petit pont ou aiileiirs: c'eft Ie pendant du pent bon-homme du peintre Patenier. Guerards compofa & grava a 1'eau - forte les
fables dJEfope: les diff�rens auimaux fonc touches avec beaucoup d'efprit. Il grava, avant ce temps 3 la ville de Bruges
avec beaucoup d'intelligence. Il alla en Angleterre o� il eft mort. |
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GILLES
C O I G N E T.
Cjoignet, natifd'Anvers, demeura chez An-
toinePalermo } jufqu'a ce qu'il partit pour 1'J talie avec fon compagnon de voyage appell� Stella. lis Tome I. K |
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La Vic des Peintres
ne tard�rent pas a �tre corcnus dans Pvome & aux environs. lis travaill�rent enfemble a plufieurs ouvrages dans la ville de Terny 3 entre Rome Sc Lorecte. On y voic une grande chambre peinte en grote/que, un autel a frefque, & beaucoup d'au- tres dir��rens fujets. Stella fut tu� fur Ie pont St- Ange j par une fuf�e qui lui creva la poitriae 3 Ie jour de la f�te du Pape. Coignet voyagea par toute l'Italie , a Naples 3
en Sicile, &c, & recourna a Anvers 011 il fut ad- mis a 1'acad�mie en ijtJi.A peine fut-il arriv�, qu'il fe vit furcharg� d'ouvrages, de tableaux d'autels & autres pour les marchands �trangers. Il fe fervoit fouvent de Corndlc Molenacr, fur- nomm� Ie Louche, pour pemdre fes fonds} foit Ie fayfage ou 1'archite�ture. Comme Ie prince de
'arme d�foloitalors les Pays-Bas, notre peintre alla chercher Ie repos fi n�ceflaire a 1'�cude j �\ s'�tablit a Amfterdam, Sc de-la a Hambourg , o� il eft mort en 1600. Il�toit forr amufant dans la foci�t�. Il peignoit
avec promptitude & avec facilit�. Tous les genres diff�rens, foir figures j foit payfages j lui ont acquis de la r�putation ; ila fait en petit dei fujets a la lueur du flambeau & au clair de la lnne. On lai reproche d'avoir fait copier par de �l�ves {es ©uvrages qu'� recouchoit peu } & vendoit pour |
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ongmaux.
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Tlamands j 'Allemands & Hollandoh. 14/*'
DIRCK (THIERRY)
DE V R Y E.
Dl V r y e voyagea beaucoup. Il fut long-
tt mps occup� en France. Ce qu'il a fait de beau a Gouda en 15 81, cara�t�nfe la f^gefle 6c la venu des bourguemeftres, Sc les talens du peintre. |
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A D R � E N
VANDER SPELT.
AjE hafard fit na�tre vander Spelt a Leyden. Sa
familie �toit de Gouda. Il eut Ie talent de peindre des fleurs �, il s'attacha fort long - temps a la cour de YElecleur de Brandebouig. De retour en Hol- lande , il �poufa une feirme d;fficile 3 qui fut caufe de fa mort peu de temps apr�s. PIERRE BOM.
JBom, re^u dans Ie corps des peintres d'An-
vers en 15 <�o , pafTe pour un habile payfagifte ea d�trempe. Ka
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148 La Vu des Peintres
J E A N
VAN D A E L E,
IL v�cut a pen pres du temps de Bom ; il
avoit un talent fmgulier pour repr�fenter des lochcrs. J O S E P H
VAN LI E R R E;
De Lierrb , natif deBruxelles, bon payfagifte,"
&c peintre de figares, fur-tout en d�trempej fic
plufieurs patrons p»?.*.ir les tapilTenes, & quitta Anvers pendant les troubles du pays, pour s'�- tablir a Frankendel, ou la p�n�tration de fon efprit Ie fit admectre parmi les membres du con- feil. Attach� a la r�forme de Calvin, il en de- vint un grand pr�dicateur a. Swindrecht, dans Ie paysdeWaes j ceuxd'Anversdelam�me croyance vinrent 1'entendre pr�cher. II abnnd�nna la pein- ture y & fes ouvrages , auffi beaux que rares > i�nt recherches avec empreffement. Il moutut a Swindrecht vers 1583. |
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Flamands j Allctnands & Kollkniois.
LUC AS et MARTIN
DE VALCKEMBURG.
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ville de Malinesa euplufieurs grands peintres ---------
en d�trempe : ces deux fr�res Lucas 6c Martin 1550*
ont ponfT� loin ce ralenr. lis excelloienc a pcindre Ie payfage. Malines & Anvers font les deux en- droits o� ils ont travaUl� jufqu'en 15 66, que les troubles du pays lesfirent forrir, accompagn�s de Hans de Vries ( ou Jean de Vries). Ils furenc enfemble a Aix-la-Chapelle & a Li�ge. Ils def- iin�rent les plus belle� villes v�iiines de cette demi�re , & Ie long de la Msufe. D�s que Ie caltne ie fut r�tabli dans leur pays-,
ils y cetourn�tent. Lucas excelloit non-feulemenc dans Ie payfage , mais dans les pecites figures, &'fui'-tout dans Ie portrait en petit, a 1'huile. Ce dernier genre plut beaucoup an duc Matkieu 3 qin smmena ce peinrre avec iui i Lintz, o� il rut smploy� fort long-temps. Il ne quirta cette vill'e que lorfque Ie dnc encra en Hongrie ; en retournant dans fa patrie , il mourut en chemin. Fl laifTa pkifieurs fils qui ont eu de la r�putation. Martin mourut a Francfort , on ne fait paj
en quelle ann�e. |
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La Vu des Peintres
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A N T O I N E
DE MONTFORT,
OU BLOCKLANT,
�L�VE DE FRANC-FLORE.
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1532. des barons ou vicomtes de Montfort , �toit
fils de Cornille de Montfort, dit Blocklant, �coutet de Montfort j qui y avoit pofled� la belle charge de receveur des rentes des barons de Moriam�s. Antoine fon fils , n� dans cette ville en 15 5 X, fat nomm� Antoine de Blocklant, Ge furnom �toit celui d'un fief fictie entre Gor- cum & Dordrecht, qui leur avoit appartenu , & qui leur revint par Ie teftament d'un neveu qui, en mourant fans enfans , Ie l�gua au fr�re du peintre _, fecr�taire de la m�me ville en 1571. Blocklar,1: commenga la peinture a Delfc, fous fon oncle Henry Ajfuerus 3 peintre m�diocre, mais qui faifoit aflez bien Ie portrait. Il fut 1111 des �l�ves de Franc-Flore. Entiarement appliqu� a copier ce maitre , & a �tudier fouj fes yeux, il furpaflTa en deux ans tous fes compagnons. Il voyagea j & de retour a Montfort, ag� de dix- neuf ans, il �poufa la fille du bourguemeftre. Il alla demeurer a Delft, o� 1'�tude de la pein- tme devint fon unique occupation. Il deffrna t.ou� |
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Flamands , 'Allemands & Hollandoisi 151
«Tapr�s nature, les hommest les femme*, Sc donna beaucoup d'�l�gance a fes concours. Les principes de fon maitre �toient fes guides � il travailla dans fa maniere. Il rendoit bien Ie nud,& fes draperies �toient
de bon gout; les extr�mit�s �toient «u-redes ■ es tetes bien coifF�es, & les barbes des vieil- lards d une grande l�g�ret�. Sa vivacit� 1'emp�- cna de s actacber a peindre leportrait: on voit, par ceux de fon p�re & de fa m�re , qu'il auroit encorc reufl� dans ce genre. Les grandes compofitions, plus convenables
a Ion genie, 1'occup�rent tour entier : il ne nous en refte qu'un tr�s-jpetit nombre. La ville de Uelft regrecte l& bl d'l |
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ce e de Gouda la D�collation de S. Jacques. La
ville d Utrecht confervoit , du temps de van Mander ,1a plus grande partie de fes ouvrages , pluiieiirs i-etr.bles avec leurs volets. L'un repr�- ientoit en dedans 1'Af�bmption de la Vierge, & deux autres 1'Annonciation & la Naiflance de notre Seigneur. On yoyoit encore de lui la Paffion, dans les
butres de la ville de Dordrecht. Etant fans enfans , & defoant extr�mement
de voyager en Itali�; il partit avec un orf�vrc |
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ir a e" I57Z' mais A ne fL!C '�l"6 fix mois
abient. A fon retour, il demeura quelque temps aMonrforr, & de-B il vint fe fixer a Utrecht.
Sa premi�re femme y �tant morte , il fe remar na, & il eut trois enfans de la feconde. Il rit a Utrecht la Vie de fainte Catherine
pour Bois-le-Duc , Sc plufieurs autres tableaux «juioat en partie �t� grav�s par Giuqius , &v'. K4
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r5* La. f ie des Pcintres,
Sa compofition �toit grande , fes airs de t�tes
nobles: fes piofils d# femmes approchoient de ceux du Parm'fan. La douceur de fon caract�re augmenta Feftime
qu'on avoit pouv fes tcilens. Il fit pluheurs bons �l�ves, reis quAdrien
Cluit d'Alcmaer, grand peintre de portraics , mort en 1604; Sc un autre appell� Pierre , fils d'un fameux orf�vre de Delft, qui a �gal� fon ma�rre , & qui 1'auroit furpafle s'il n'�toit pas mort jeune, michel Mirevelt, de Delft, eft ce- lui qui a fait Ie plas d'honneur a fon �cole. Biocklant mourut a Uttecht en 158 j ,a 1'age
de 40 ans. |
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L�CAS DE H E E R E ,
�L�VE DE FRANC-FLORE.
IL naquit dans la ville Gand en 1534. Son
p�re, Jean de Tl�ere , �toit Ie plas grand fculptei�r de fon tempsj & fort bon architedte. Sa rn�re, Anne Srnyurs avoit un talent particulier pour peindre en d�trempe ou gouafle. fan Mander fait l'�loge d'un petit morceau dont cette femme cft 1'autcur. Il repr�fentoit un moulin a vent, avec fes voiles tendues ; Ie me�nier �toit charg� d'un fac en montant 1'efcalier. On voyoit fur la terrafle du moulin un cheval attel� a une char- rette; & a. 1'oppofite, Ie chemin o� 1'on apper- ceyoit des payfans. Ce tableau , fi fmi & li |
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Flamands, AiUmands & Hollandois. 15}
remarquable par Ie travail & la force du pinceau ,"
�toir encore plus fingulier par fa pctitefle , puif-- qu'un grain de bied pouvoic en couvrir lafurface. De Heer e ne pouvoit manquer d'�tre un jour grand peintre > �tant n� de parens qui lui en aroient donn� Ie gout, Ie ralenc Sc l'exemple. Son p�re Ie mena toujours avec lui daas fex voyages. Il copioit les vues de fa route ; il deffina beaucoup de chateaax Sc de villes Ie Iohe; de la Meufe ; il manioir fort proprement la plurae, Sc donnoit beaucoup d'intelhgence a fes def��ns. Ayantacquis, par ce travail & les le^ons de
fon p�re, une grande force de deffin &c beau- coup de facilic� , Franc-Flore 3 ami de Con p�re, Ie prit pour �l�vc. Il ne tarda pas a r�galer & a Ie furpafler dans cette partie de la peinture au deflin. Son maltre Ie fir compofer &: defl�ner long-temps pour les peintres fur verre. Ses def- fins pafs�rent fous Ie nom de Franc-Flore. Il quicta Franc-Flore pour voyager. 11 vint en
France, o� la reine-m�re 1'employaa faire de» deffins pour les tapifleiies. Il refta long - temps a Fontainebleau pour �cudier les antiques ou tableaux de cett« maifon royale 5 & fans aller plus loin, il revint dans fa pacrie pour y fixer fon �ta- blifTement. Il �poufa L�cjnore Carbonnier, fille du tr�tbrier de la ville de Veren, Sc s'atcacha d'abord au portraic : ce talent lui donna beau- coup de r�putation. Sa m�moire �toit fi fidelle , qu'il faifoit un portrait apr�s avoir vu une fois une perfonne. Dans 1'�giife de S. Pierre a Gand, il avoit repr�fenc�, fur les deux volets d'un au- tel, la Defcenre du S. Efprit fur les Apotres. On adraire let draperies Sc la fajou dont il traicoic |
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154 La Vu des Peintres
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1J34- 'e "bleau d'une �pnaphe , repr�fentant la R�-
futre�tion. On voit , fur un des volets, notre Seigneur avec les Maries ; & fur 1'autre, les Dif- ciples d'Emma�s. Il a fait beaucoup de tableaux «Tautels , Sc autres grandes compofitions , quoi- qu'il perdic beaucoup de temps avec les grands feigneurs qui Ie recherchoient pour fes talens. Plufieurs princcs Tont favorif� de leur eftime, & gratifi� de charges konorables. Etant en Angleterre , 1'amiral Ie chargea de
lui repr�fenter j dans une galerie } diverfes Na- tions avec leurs habillemens. Il avoit peint les Anglois a nud, avec toutes fortes d'�tofFes aupr�s d'eux, & les cifeaux d'un tailleur , pour mar- quer, difoit-il 3 qu'il lui feroit impoflible d'ha- billcr une nati�n qui change tous les jours de modes j & qui peut-�tre ne feroit plus connue 1'ann�e fuivante. Cette critique plut beaucoup a la cour. La peinture ne fut pas Ie feul talent qui Ie
fit eftimer : il �t�it un des plus beaux g�nies de fon temps , favant chronologifte , &c fort bon po�te. Il a laifT� beaucoup d'ouvrages en vers ; en-
tr'autres Ie Jardin de la Po�fie , & plufieurs tra-
ducliions de Marot, Ie Templede Cupidon, Sec.
On a perdu la vie des peintres flamands qu'il
avoit �crite en vers.
Il mourut Ie 19 avril 1584 j ag� de 50 ans.
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Flamands , Allemands & Hollandois. 155
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DIRCK (THIERRY)
BARENTSEN,
�L�VE DE SON P�RE ET DU TITIEN.
JJarentsin naquit dans la ville d'Amfterdam"
en 1534: il �toit fils d'un peintre appel! � Bar ent Ie Sourd. Ce dernier a peinc , daas la maiibn de ville d'Amiterdam , la S�dition d'une fecte furieufe j qui ne cherchoic rien moins qu'a d�tniire , par Ie fer &: Ie feu , cette grande ville & fes habitans, en 1'ann�e 1535. Celui donc nous �cnvons la vie , rec;ut de fon
p�re les principes de fon art, & a 1'age de z 1 ans il parcit pour 1'Icalie. Venife fut I'endroit ou il chercha a fe perfe�tionner. Une figure aima- ble , & 1'�tude des belles-lettres, ou il avoit fait de grands progr�s, lui attir�rent Tamiti� du Tuien , cjlu Ie recue chez hu avec la tendrefle d'un p�re. Il eut la libert� d'y recevoir & d'jr traiter fes compatriotes. L'eftime d'un tel ma�tre lui acquit celle des citoyens diftingu�s Sc des favans de la rille : il les amufoit par fa con- verfation fpirituelle. Aux talens de peintre , il joignoit ceux de muficien. I! jouoit de pluiieun �nftrumens _; ma�s ces amufemens ne lui firent jamais n�gliger lapeinture, fon etude favorite. Il fit connoiflance avec Ie feigneur d'Alde-
guondc qui, depuis fon retour en Flandres j n'a jamais cerT� d'�tre fon ami intime. |
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'I j 6 La Vit des Pcintres
Apr�sfept ann�es de f�jour en Itali�, il re-
tourna dans fa patrie , & �poufa a Amfterdam une demoifelle alli�e aux ptincipales maifons de cette ville. La premi�re chofe qu'il fit en arrivant, fut Ie
porcrait de fa femme & Ie fien, que 1'on a vus depuis chez fa fille dans la m�me ville. Il corn- pofoit d'une grande maniere. On a encore de lui beaucoup de portraits , tous dans Ie gout du Tuien. On faifoit grand cas d'un tableau d autel qu il
fit a Amfterdam pour les arquebufiers : il re- pr�fentoit la Ch�te de Lucifer. Le nud y �toit corredement rendu, & les paflions & les atti- tudes violentes de la fureur & du d�fefpoir n'y �toient pas moins bien exprim�es. Ce tableau a p�ri dans les guerres de religion : il n'en eft �chapp� qa'im morceauqu'on voitdans les buttes d' Amfterdam. On conferve dans cette ville une Jadith, qu on
regarde comme fon chef- d'oeuvre : la l�g�ret� de fa touche s'y fait admirer. Il fit a Leyden , chez le fieur Sybrant Bruys,
me V�nusj a Gouda, une NaiiTance de^notre 'eigneur j compof�e & peinte dans le gout des grands maitres d'Italie; a Amfterdam 3 chez Ie fieur Ra^et 3 notre Seigneur en croix, 8c au bas une Magdelaine. On voit dans la m�me ville > chez Isbrant
Wilkms, des portraits & plufieurs tableaux d'lnf- toire du m�me auteur; dans les buttes d�s arba- l�triers , une compagnie de plufieurs perfonnes, ■parmilefquclleseftunchaudronnierfiuguh�rement carad�rif� j un autre tableau dans le Clos da
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F Iemands, Allcmanis & Hollandols. IJ7
Mail, repr�fente des gens a table } auxquels on
fert un poiflbn 3 appell� en Hollande Pors. Dans fes buttes des archers , eft encore un
grand tableau , o� Ie peintre a rafTembl� une afTez nombreufe compagnie. A la fin de fes jours il �toir devenu fi gras qu'il ne lui �toit plus pof- fible de vojrager. Il refta toujours a Amfterdam, o� il eft mort a 1'age de 58 ans., en |
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HANS (ou JEAN)
BOL.
L perca la foule des peintres en d�trempe.'
On comptoit alois , dans la ville de Malines , pluj de 150 ateliers. Jean 5o/naquit dans cette ville, d'une fort bonne familie, Ie 16 d�cembre 1 534.Al'agede i4ansilcommen$aaapprendrela peinture pendant cieux ann�es fbus un maitre m�- Siocre.il voyageaen Allemagnej il refta apeu pres !e m�me remps a �tudier a1 Heidelb�rg j &■ rerourna chez lui, o� fans autre maitre il s'ap» pliqua au point qu'il devint excellent peintre. Il inventoit �c ccmpofoit des payfages agr�ables j fa touche & fes couleurs �toient d'une grande Union: il avoit une manitre particuliere Sc vague d'�baucher. Van Mander loue beaucoup un de fes ouvrages en d�trtmpe, qui repr�fentoit la fable de D�dale & d'Icare ; il n'a rien vu ., dit- il, de � beau: du fein de la mer s'�levoit une qiontagne efcarp�e , qui portoit fur fon forames |
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T 51 La Vu des Peintres
- un vieux chateau. Ce rocher peint de plufieurs
IJ34. couleurs; �toit d'une grande harmonie j les mouffes
�c les plantes �toient rendues avec Ie plus grand art; fes fonds fur Ie devant avoient une force fin- guli�re. Ce payfage �toit orn� de quelques figures �galement bien taill�es. Il quitta Malines en 157Z j lorfque cette ville
fut ravag�e par les geais de guerre ; ayant �t� d�- pouill� de tout ce qu'il avoit, il vint plus que nud a Anvers, o� il fut tr�s-bien retju par Antoine Couvreur , qui Ie fit habiller & mettre en �tat de travailler. Entre plufieurs belles chofes qu'il fit a Anvers j on cite un livre rare & eftim�, de toutes fortes d'animaux terreftres 8c aquatiques, peints a gouai�� , d'apr�s nature. Il quitta enti�rement fes grandes toiles en d�-
trempe , ayant remarqu� que Ton copioit fes ou- vrages, & que la copie fe vendoit �galement bien ; il ne fit plus que de petits tableaux a 1'huile, o� des figures a goualTe que Ton recherchoit beaa- coup j & dans ce genre il �toit unique. Il fut obiig� de quitter cette ville pour Ie m�me fujet qu'il avoit quitte Malines, & ilalla a Bergopzoom & a Dort, o� ii refta pres de deux ans \ de-la. il vint a Delft, Sc enfin a Amfterdam, o� fon talent fut fort re- cherche & bien pay�. Il peignit d'apr�s nature la ville d'Amfterdam , du cot� de la terre & du c�t� de la mer. Les vaifTeaux , leur reflet dans 1'eau, rout y �toit a admirer. Il fit encore d'autres vues de villes & de bourgs avec Ie m�me fucc�s : ces ouvrages 1'enrichirent. On voyoit de lui > chez Ie fieur Jacques Ra0.000000e+000t,
plufieurs beaux morccaux,& entr'autresunChrift paflablement grand, richement compof� , o� les |
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Flamands > Allemands & Hollandois. 159
f�gures, les �toffes j les chevaux & Ie payfage font
d'une grande beaut�, &nec�d�ntenrienaux plus fr�cieux tableaux de fon temps. Chez l'�le&eur
'alatin , un perit tableau repr�fentant un Hiver. Cet ouvrage fuffiroit pour montrer Ie m�rite rare de ion auteur. On peut juger de la fertilit� de fon g�nie pur
Ie nombre de, fes compofitions qui font grav�es. Il eft mort a .Amfterdam Ie 20 novembre 1585. Il avoit �pouf� une veuve, dont il n^eut point
d'enfans. Elle avoit d'un premier manage un fils nomm� Franco�s Bo�Uj �l�ve de Bol, qui a beau- coup approch� de fon rha�tre dans Ie m�me gout, Sc qui ne lui a farv�cu que de peu «Tann�es. Le meilleur �l�ve de Bol �toit de Conrtrai : il
fe nommoit Jacques Savery ,�ls d'un peinire m�- diocre. Il avoit une patience extreme a finir fes ouvrages: fon travail qui neparo�c nullememtpein� ni fee j �toit cach� avec art. Ilmourutdela pefte a Amfterdam en 160$. Son fr�re Roelant Sa- very fut queique temps a imiter ce genre j mais il 1'abandonna pour peindrea 1'huile, comme il fera dit ailieurs. |
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J E A N
STRADANUS.'
O tiadanus naquit en la ville de Br-ges en
153^ , d'une familie illuftre , fous le nom de Straet. f es reftes de cette maifon, une des plus auciennfcj de la piovince , furent �ceints ou dif- |
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I6o La Vlc des Peintres
perf�s. On les accufa d'avoir tremp� dans Ie meur-
tre de Charles Ie Bon , treizi�me comte & dix- neuvi�me foreftier deFlandres, qui futaflal�in�en ii 27 dans 1'�glife de fainc Donas. Revenons a notre fujet. Jean de Straet on Stradanus commen- ca a �tudier fon art dans cette ville , Sc voyagea fort jeune en Itali�. Il choifit Florence ou il s'�- tablit j il fit dans cette ville beaucoap de grands ouvrages a frefque & a. 1'huile, & fut d'un grand fecours a Vafary, a qui il aida a peindre les fallons Sc autresapparcemens duduc.Ildevint, apr�stant d'�tudesjiindes plus grands maures defon temps. On voit de lui dansT�glife de 1'Annonciation de cette ville , notre Seigneur en croix j un des bourreaux lui pr�fente 1'�ponge tremp�e dans Ie vinaigie. Cette compofition eft belle; elle a �t� grav�e par Phil�ppe Galle , ainii que la Pallion de notre Seigneur 3 de deux fanons diff�rentes. Il fit, comme Hemskerck , les A&es des Ap�tres, Sc on nombre d'autres hiftoires qui prouv�rent 1'�ten- due de fon talent. Il compofoit & deffinoitbien, Sc pofledoit la bonne couleur. Il fut toujours regarde comme un grand homme & comme un des pnncipaux membres de 1'acad�miede peinture de cette ville ; il y vivoit fort fimplement. Il doit �tre mott vieux, paifque van Mander marque qu'il feportoic encore fortbienen ^ |
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'4$*
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~*?*^
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PIERRE
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JFlamands, Alkmands & Hollaniois. �Si
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PIERRE VLERICK,
ELEVE DE CHARLES D'YPRES,
V lerick naquit dans la ville de Courtrai ed
1539. Son p�re, qui �toit procureur j remarqua 1/39» une inclination f�nguli�re dans fon fils pour Ie deffin. Il Ie plac,a chez Wdltm Snellaert, peintre en d�trempe , o� il ne refta pas iong-temps. ^yant enten du vanier Charles d'Ypres pour 11 corre&ion du delTin & la maniere de pemdre, il pritdefesle5ons& fe perfeciionna; maiscemaitre <jui �toit auffi fou que difl�cile, par fes mauvais trairemens 1'obligea de Ie quitter. Il retourna chez hu : fon p�re naturellement dur3 lui donna fieu d'argent j Sc Ie forc,a a chercher fortune ail-*-
eurs. Les grandes dirHcult�s ne peuvent �braniet un hommebien d�termin�. Vler�ck les franchit toures. II fut a Malines, o� lespeintres en d�treinpe 1'employ�rent a peindre des cartouches pour des infrriptions. Il y devint tr�s-habile, mais il fentic que ce talent �toit trop bom� : il quitta cette ville pour s'inftruirefous les bons peintres d\An- vers. Son d�buta 1'hmlefut de copier un tableau des Ifra�lires adrrant Is Serpent d'airam dans Ie D�fert. Il y r�uflit au gr� de fon maure. Apr�s qnelques autres ouvrages , il fat chez Jacaues F/ore, frtre de Francois. Mais ayant forme Ie projet de voyager, il quitta fa patrie j Sc paffe par la France pour aller en Itali�. Venife lui paruc propre a fon projet: il entr» chez Ie Tintoret,qal Tomc I. J-r |
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��ffl La Fie des Pclnttei
fut charme de fa maniere de peindre, Sc qui airfta
fon cara�bjre. Il avoit m�me envie de Ie fixer, en lui faifant �poufer fa fiUe; m.�s, fok que Vlerick f�t trop attach� a fon pays natal, foit qu'il n'e�c pointencorefatisfait fon gout fur les curiofit�s qu'il s'�toit propof� de voir, il prit cong� de ce grand peimrej & pafla par toutes les villes o� il favoit qu'd pourroit trouver a s'inftruire, & parvint juf- qu'a Rome. Rien ne lui �chappa dans cette ville ni aux environs. Il defllna 1'antique , & toutes les vues du cours du Tibre, a la plume, avec une libert� approchant de la maniere d'Henri de Cl�ef. Ce jugement eftdevanMander, qui avu plufieurs fois fes defllns. Il fut auffi a Naples, & dedina les plus belles vues de Puzzoli & fes environs. Il compofa a Rome quelques tableaux a 1'huile & end�trempe.Les figures quifont dansles payfages de Jer�me Mut^iano , & qu'on voyoit a Tivoli du temps dupontificat dePic//^, font de lui. En quittant Rome il pafla par t'AUemagne, &
fe fixa enfin dans fa patrie, ou les peintres adm�- r�rent les progr�s au'il avoit faits d \ns fes voya- ges. Il peignit en d�trempe Ie Serpent d'airain fur ane grande toile , les quatre Evang��ftes, «ne Judith qui coupe la r�ce a Holopherne , un Cru- cifix o� �toient la Sainte Vierge & Saint Jean. Il changea la pontion du Chrift , que les peintres de ce temps avoient jufques-la repr�fent� debout fur la croix. Il Ie peignit pendant par les bras, fans aucun appui. Il excelloit dans 1 architedture & la perfpe&ive^on reconnoit dans tour la maniere du Tintoret qu'il n'a pas quitt�e. 11 fut demeurer a Tournai vers 15 (�8 ou 69. Il
eut beaucoup a fouffrir dans cette ville; il 7 �il |
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Flamands > Allemands & ��ollaniois.
fait prifonnier j & apr�s avoir vu mourir de la -
pefte deux ou rrois de fes filles, il fuccomba tui� m�me fous cettemaladie en i 581 3 a lage de 44 ans Sc denii. ^2/2 Manier3 qui a �t� fon �l�ve pendant une
ann�e, rapporre que Vkrick avoit autant de mo- deftie que <le m�rite; qu'il lui difoit fouvent,y? vous ne faifieipas mieux que mo'i un pur, je voui confe�lleroisde qultter. Ileftimoitbeaiicoup/vvzflc- Flore, 8c tons les peintresd'Icalie. On lui conno�t un aurre �ltve, LouisH�medeCoumz�, quiimic» h manierede fonmaitredans 1'archiiedture. |
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N. FRANS.
X1 rans naquit a Malines en 1555? 011 40. Il
entra fort joune dans 1'ordre des B�collets. Soa maitredans a peintuie eft inconnui mais fes ouvra- geslui ontfait beaucoupd'honneur.Frdr/zj peignit desfujetsdej'�criture.T)ansr�glifedeNotre-])ame aMalines, en voit de lui une Fuite en Egypte; & a Notre-Dame d'Hanswyck, pr«s de certe ville, 1'jAnnonciation Sc la Vifitation de la Vierde. Les figures font de grandeur naturelle. II deflinoit Sc colorioitbien.il peignoir dans fes fonds Ie payfage avec beaucoup d'intelligence & de choix. Il avoii un �lcve nomm� Francois Verbeeck, de Malines , qui peignoit a gouaiTe des fujets plaifans , dans Ie gout de Jer 'me Bos: on en voit dans pluf�eurs �glifes de la m�me ville. Les ouvrages de Ver» bceckoxxt unegrande propret�,fontd'une heureuf» faciiit�, & pleiiis d'efpritt L x
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xf 4
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VINCENT
GELDERSMAN:
�-------vteldersman, natif de Malines, peignoir bi«n
1539. Ie nud, & fur-tout les chairs des femmes, iron
deflin eft corredt} plus de choix embelliroit fes tableaux. On a de lui l'hiftoire de Suzanne , une Cl�opatre , une L�da , une Defcente de croix avec les Maries. Ce dernier tableau eft dans T�glife de Saint Rombout. Il y a plus d'art dans ces tableaux que dans ceux qu'il a compof�s depuis: il a m�rit� T�loge des aniftes de fo» temps. |
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ISAAG NICOLAY:.
XL eft �tonnant que la v'ille de Leyd�n n'aic
point tnarqu� Ie jour de la naiflance de Nicolay , qui y vint au monde, &c qui fut depuis bourgue-* meftre de la m�mevi�e. On voit mr Ie role des p�res du peuple, qu'il fut �lu en 15 j6. C'eft de- puis & m�me avant cette �poque , que la ville do Leyden conferve de lui des 'tableaux d'une belle ordonnance & bien deffin�s pour Ie temps. La falledutribunal & quantit�d'autresendroitsfont orn�s de ks ouvrages. Il joignoit a une eftime particuliere pour les grands peintr§s, un grand |
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Flamands3 Allcmands & Hollandais. \6\
�amour pour leur talent. Il �leva fes trois nl< dans------------■
Ie m�me art. L'a�n� Jacques - Ifaac Nicolay a 1539.
peint loMg-remps a Naples., o� il �poufaune femme «ju'il emmena dans la patrie en 1617. Api�s avoir long-temps travaill� a Leyden j ilfe reurs a Utrecht 3 o� il mouruten 16) 9. Il y eft enterr�v Nicolas-lfaac Nicolay, fon fecond fils, fe fixa
a Amfterdam,ou il fit grand nombre d'ouvrages. Et ledernier, Willem-Ifaac Nicolay, graveur
eftim�, refta a Delft , o� il fat fait chef d'une. compagnie d'arquebufiers «ie la ville. Il y mouruc en 1611. |
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FRAN^OIS
P O R B U S,
�L�VE DE FRANC-FLORE.
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^ Porbus n� a Bruges en 54
de fon p�re , Pierre Porbus , & depuis celui de Franc - Flore, les a furpafles tous deux. Flore difoit: cc jeune homme fera un jour mon mtitre^ Qnoique fon talent de peindre ie portrait Ie fit particuli�rement admirer,, il peignoir bien 1'hif- toire & les animaux. I/acad�mie d'Anvers 1'admit en 15^4. L'en-
vie de voyager & de chercher d'autres mod�ies que les peintres de fon pays , Ie difpofa a quittec u gatriej mais 1'amour renverfa de � beaux �rc>~- i. h
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Za Vie des Peintres
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---------jets. Il changea de deflein pour �poufer la fille
l5YJt de Cornille Fiore, frcre de fon ma�tre.
Ilfe mit apeindre plufieurs tableaus d'autel;
un dans T�glife de S. Jean a Gand , & un autre porr Ie pr�fident Vigdus, Ce dernier tableau repi�fentoit un Bapt�me. Sur les volets �toisnt (>eincs laCirconcifion & d'autresfujets. Il fit pour
e m�me beaucoup de portraits de familie. On a de lui dins un convent d'Oudenarde, un autel repr�fentaat 1'Adoration des Mages, &c. Il fit a Bruges chez fon p�re, Ie Martyre de S. Georges , pour ime confi�rie de Dunkerque: on Ie voit fouffnr Ie martyre; dans Ie milieu, percer Ie Dra- gon \ dans Ie fond, rcfafer d'adorcr les idoles ; � Fur les volets, il eft peint en dehors en camayeu, lorfqu'il paro�t devant les juges. On remarque dans ce tableau Pexcellence du pinceau & une couleur vraie. Le payfage eft d'une belle touche. On voit aujourdnui dans la m�me chapelle ce tableau , un peu endommag� par un Anglois <]ui 1'a voulu nettoyer. Onaencorede ce peintre un Paradis terreftre;
f'ar eet ouvrage on juge qu'il excelloit a peindre
es animaux & le payfage: fa touche eft belle 8c d�cid�e: on reconnoit le pommier, le poirier , le noyer , &c. par le feuillage. La force Sc r harmonie de fa couleur, la touche
de fon pinceau, 1'ont �iit admirer dansleportrait. Tont ce qu'il a fait eft d'une grande v�nt� j il ne lui manquoit que le f�jour de Romej pour le perfedionner dans le gout du deflin. La ville d'Anvers 1'avoit nomm� enfeigne
dans' fa milice bourgeoife ; ce qui fut caufe de fa mort. S'�unt for: �chaufT�a jouer du drapeauj |
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Flamands, Atlemands & Hollandois. i6y
2 filt fe repofer au corps-de-garde , pres duquel �'�-� on venoicde vuider un�gout. Il fetrouva incom- i j40., mode, tomba malade., & mourui tr�s-prompte- ment, ag� de quarante arr�, en 1 jSo.II laiflaun fi!s nomm� comme lui j fa veuve., en fecondes noces > �poufa depuis Hans ou Jean Jordaens, �l�ve de Martin Cle'ef. Ce Jordaens.dela ville dJ Anvers, fut un des bons peintres de ion temps: Hiftoire , Payfage , Corps-de-garde , F�tes de Villages K P�cheurs, Incendies, Clairs de Lune , tous les genres lui �toient �gaux. Il fut recu en 1'acad�mie d'Anvers en i579.IldemeuraaDelfte»Hollande.. On ne fait pas 1'ann�e de fa moru |
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CHRISTOPHE
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S W A R T S.
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L
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A ville de Munich fe vante de lui avoit
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donn� la nailFance. Il a d�cor� de fes tableaux
les �glifes & les autres �difices publics. Celie des J�fuices pofs�de fes principaux ouvrages. Il fut peintre de l'�le�teur de Bavi�re. Sa compofition eft grande & facile, & fa couleur fon bonne. On voit beaucoup de fes produftions grav�es par Jean Sadler, entr'autres one Pafl�on ®u. notre Seigneur eft prefque roujours par terre. Sa fa$on de compofer, quoique nouvelle, n'eft pointd�fagr�able.Go/qiw�tiin�aMunich en rj^i,. fit fon portrait en crayon. On voita Paris dans le; cabinet de M. Ie comte <3e Vence , une t�tfc Swarts, II mouruten 155)4. |
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i6S La Vit des Vantres
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PIERRE BALTEN.1
---------Dalten �coi't peintre de payfage : fa mani�ra
i CA.Q approchoit aflez de celle de Pierre Breughel. Il tou-
cnoit avec beaucoup de gouc les petites hgures , les foires ou kermefTes flimandes qui font recl^erch�es. II peignoir trts-bien a gouafle, & dans 1'une & 1'autre maniere on admire fa grande facilit�. H avoit aulli un talent lingulier pouc deifiner a la plume. Il fit pour 1'Empereur un pay- fage avec un grand nombre de figures; Ie fujec �coit la Pr�dicacion de Saint-Jean dans Ie D�fert» L'empereur ht peindre depuis un El�phant au- lieu du Saint-Tean ,de forte qu'il paro�t que touc ce peuple efta admirer 1'animal. Ce changement a �t� iufqu'd ce jour une �nigme. Il fut admis a 1'acad�mie d'Anvers en 1579.
Bon po�te & bon afteur, il �toit en correfpon- dance avec Corridle Ketel, peintre & po�te a Gouda. Il mourut a Anvers, |
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Flamands, Allcmands & Ilollandois. 169
G O R N I L L E
MOLEN AE R,
OU
CORNILLE LE LOUCHE 7
�LEVE DE SON PERE.
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E nom de Ncel Ie Louche lui fut donn� a caufe
defond�faut naturel. El�ve de fon p�re & de fon beau-p�re, �galement m�diocres en peinture, il devint un grand payfagifte. Sa d�bauche 1'ayant mis fort mal a fon aife, il fut oblig� de faire , a )o foux par jour, les fonds des ubleauxdes autres peintres. Il avoit une fi grande pratique, qu'il peignoit un grand payfage dans un jour. Il ntf ie fervoit point d'appui-main. Les peincres d'An- vers fe fontprefque tous fervide lui pour peindre les fonds de leurs tableaux: il en faifoit pour 6 ou 7 fous- Ses ouvrages font d'une vraie beaut� , & eftim�s fur-tout des artiftes. Il eftmortaAn- vers , lieu de fa naifTance. |
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ARNOLT MYTENS.
IVLytens naquit dans la v�le de Bruxelles : il ■
porta famour de la peinture jufqu'au trava� Ie IHl- plus rebutant. Non content de peindre Sc de |
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17© La Vit des Peintret
�� deflmer des objets ordinaires, il d�tacha furti-
IJ41. vement plus d'une fois des corps de pendus , pour en mouler les plus belles parnes. H quitta de bonne-heure fon pays pour voyager en Itali�, o� il s'arr�ta quelque temps chez Antoine de Santwoort: il ne peignoir alors que des Vierges * fur cjivre, & en petit. Ses premiers ouvrages Ie firenr connoitre. Jean Sp�ekaert �toit fon ami & fon compagnon d'�tude a Rome. Notre arnfte fut travailler enfuite a Naples, chez un Flamand appel� Cornille Pyp. Il fe maria dans cette ville, o� il a demeuic long-temps occup� a faire des tableaux d'autels. Il ht aulTi grand nombre de portraits, & il envoya daas les pays �trangers plufieurs de fes ouvrages. Sa femme mourut dans Ie temps qn'il �toit en
r�putation; ce qui Ie d�termina a voyager quel- 3ue temps en Flaudres. Il retourna a Naples -y
y fit, pour une �glife proche de cette ville, un tr�s-beau tableau repr�fentant uno Aftomp- tion, avec plufieurs figures d'Ap�tres & d'Anges plus grands que nature. Il peignit dans Naples les quatre Evang�liftes \
un tableau d'aurel pour 1'�glife de S. Louis, 5c un autre qui«repr�fentoit Notre-Dame de Bon- Secours; la Vierge a fous fes pieds Ie Demon qu'e'le �crafe avec une miflTue. Ce tableau effc d'une grande beaut� j & eftim� m�vne par les Italiens. Apr�s avoir fini ces ouvrages; il fe retira avec
fes enfans dansl'Abbruze, & il emporta avec lui un grand tableau fur toile qu'il avoit commenc�: il repr�fentoit notre Seigneur couronn� par les Juifs i la !:,'?ur des flambeaux : les lumi�res |
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Flamands 3 Alkmands & Uo�andois. 17 �
fontbien rtpandues,& les tons de couleur chauds, On voit aufll du mtme peintre, dans j^quila, un grand tableau fur roile , qui remplit tout Ie fond d'une�glife jufqu'a la voute; c'eft un L.hrift avec de grandes figures. Ce tableau furprend les artif- tes \ la toile en ayant �t� maw ffle'e, Ie peintre avoit �t� oblig�, pour Ie peindre , de fe tenir fur une �chelle: ( p�nible travail qnand il eft long. ) Ayant �t� demand� pour faire des ouvrages
dans 1'�glife de S. Pierre de Rome , il y fut avec fa familie, emportanr toujours (on couronnement de Jcfus-Chrift, que 1'on a vu depuis a Amfter- dam chez Bernard de Somer fon gendre. Arriv� a Rome, il y maria fa fille ain�e a
Bernard de Somer, Sc mourut peu de temps apr�s dans cette ville en 1601. �Les Iraliens ont fait 1'�loge d» ce peintre , Sc
ils voient tonjours fes^ ouvrages avec la rn�me admiration. |
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PIERRE
P I E T' E R S ,
�LEVE'�E SON PERE.
X ierre Pieters , �l�ve de fon p�re Pierre Acrt-
fen j imita fa maniere. Jl quitta depuis fon genre pour prendre celuTdu porrrait. Il avoit repr�fent�, pour les boulangers d'Harlem , uu Four ardent j qui fit regretter aux artiftes fa pre--, |
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17* la Vu des Pantres
mi�re maniere. Il mouruta Amfterdam en 16051
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GILLES
DE COONINXLOO,
ELEVE DE LEONARD KROES.
Ajooninxloo naqu�t dans la villed\AnversIe 24
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IJ44. janvier 1544. S�n p�re Ie placa d'abord chez
Ie hls du vieux Pierre van Aelfi. Apr�s quelques ann�es d etudes chez ce premier ma�tre, il fut chez L�onard Kroes , qui peignoit en d�trempe lhiftoire & Jepayfage, & enfuite il fe mi: quel- que temps en penfion chez Gilles Mqftaert. ^ II voyagea fong-temps en France , Sc travailla 3. Pari; & a Oil�aiii. A la veille de partir pour Rome_, on l'obligea de reto.irner a A'uvers pour fe marier. Il travailla dans cette ville, malgr� les troubks du pays , qu'il ne quitta que lorfque la ville fut afli�g�e. Son intention �toic de retour- uer en France , foit pc:r y demeurer ou vendre dubien^u'il y avoitacquisjmais ilfutenZ�lande, & de-la il s'�tablit a Frankendal en Allemagne , ou il refta pres de dix ans , & revint a Anvers avec toute fa familie. Sa r�putation augmenta de jour en jour. Il Jk un grand tableau pour le roi d'Efpagne; uff payfage de feize pieds de longueur pour une maifon 'pres d'Adivers : ce dtr�ier tableau paffe entre les mains de Jacquos |
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Flamands, Ailemands & Hollaniols. 17$
Roleants, avocat. II compofa encore plufieurs
tableaus pour 1'empereur. Ses ouvrages furenc difperf�s par-tout; les rmrchauds �trangers ne Jur laifs�renr prefcjue pas Ie temps de fatisfaire * remprei�ement des curieux de fa patrie. Oa voyoit a Amfterdam, thez MM. Abraham Demares & Jean Ycket, des payfages fort beaux , avec des figurei de Martin van Cl�ef. Ces payfages font d'une couleur agr�abie , & d'une touche J�g�re ; fes fonds toujours vari�s montrent la f�condit� de fon g�nie. A Nacrden , chez Ie iieur Claet^ , on voyoit un grand payfage , avec des fignres & des animaux par de Cl�ef; un autre a Middelbourg^ fur bois, chez Ie fleur Mel- chior Wyntgis , en grand fur toile; & deux en forme ronde a Amfterdam , chez Herman P�lerim Sc Henri van Os. Il y en a encore pkifieurs antres dans dirT�rens cabmets. Cooninxloo , Ie plus grand payfagifte de fon temps 5 fut imire par les meilleurs artiftes. Il vivoit a Anvcrs en 1604. On n'a pufavoir Ie temps de fa mort. HIERONIMUS fJEROSME),
FRANgOIS E t AMBROISE F R A N C K ,
�LEVES DE FRANC-FLORE.
V_jes trois fr�res, n�s a Herentals, �toienr Bis
de Nicolas Franck, que 1'on croit avoir �t� peintre. J�r�mt y Francois 3c Ambroife apprirenr |
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L& Vlt des Peintres
.....la peinturc chez Franc - Fiore. J�rome Tranck
quitta fon ma�tre & voyagea en France. Deja
connu comme bon peintie d'hiftoire &: de por- trait, il fut employ� a Paris. Ses ouvrages furenc eftim�s au point quHenri ///Ie choifit pour fon peintrede portraits. A pres la mort de Franc- f-loret les �l�ves de ce ma�tre quitt�rent leur patrie pour �tudier fous J�rome Franck. Tant d'avantages ne purent Ie fixer^ il remercia Ie roi, quitta Paris 3 & paffa quelque temps en Itali�: enfin il rerourna a Anvers, o� il mourut dans un age tr�s-avanc� , apr�s avoir beaucoup travaill�. La maniere de J�rome tenoit a(Tez de celle de
fon maitre j fon voyaged'Italie Ie charigea peu : on appercoit, dans fes grands tableaux , plus d'ordre dans la difpofr.ion de fes grouppes , & plus «d'intelligence que dans fes petits tableaux qu'il compofoit d'apr�s 1'�criture - fainte , ou 1'hiftoire rovname. On diftingae celui qui eft au retable d'autel de la chapelle des Fendcurs de �bois, dans 1'�glife de Notre-Dame a Anvers. Le fujet eft S. Gomer, qui rejoint enfemble les deux parties d'un arbre fendu en deux. Ce tableau eft date de Tann�e 1607 , & marqu� HF. F. &inv. Le tableau du grand autel des Cord?!i?r<; d
Paris, repr�fentant la Nativit� , eft de J�rome Franck, & fut fait en 1585. |
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Flamands, Alltmands & Ilollandois. 17JI
f r a n g o 1 s
FRANCK, APPELL�LE VIEUX.
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X* RANCois Franck fit dans fa jeunefTe plufieurs ' *
fait peu de chofe de fa vie. On ne doute pas que Francois Franck , appell� Ie jeune , ne foit fon fils, mais on foupconne que S�bajlien Franck 1'eft auffi. Francois Franck fut admis parmi les peintres
d'Anvers en 15^1 , 8c mourut dans Ja m�me ville Ie 3 odtobre 1666. Plufieurs ouvrages de Franck Ie vieux fe confervent en Flandres, Sc principaJement fon chef-d'oeuvre dans 1'�glife de Notre-Dame a Anvers: il repr�fente notre Sei- gneur au milieu des do&eurs. Ce tableau, & les volets qui Ie renferment, font fut 1'autel des maltres d'�cole de la m�me ville. |
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La Vu des Peintr�s
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A M B R O I S E
F R A N C K ,
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Li PI.US JEUNE DES TROIS ,
FILS DE. NICOLAS'
ET �LEVEDEFLORE.
Ambroise Franck furpaffa fes trois fr�res dans
la peinture. L'�v�que de Tournai, chez qui il demeura plufieurs ann�es, employa long - temps ion pinceau. Sonprincipal talent �toit de peindre 1'hiftoire. Plufieurs grands ouvrages d'Ambroife nous font regretrer de favoir fi peu de chofe d« fa vie. Deux tableaux fuffiiont a conft'ter fon m�rite j on les voit dans 1'�glife de Notre-Dame d'Anvers. Le premier repr�fente Ie Martyre de S. Crefpin & de S. Ctefpinien, dans la chapelle des cordonniers. L'autre eft un des volets qui renferment Ie
tableau o� S. Luc fait le portrait de la Vierge , ouvrage deMartinde Vos. L'autte volet eft peint par Ottavcnius. |
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JOSEPH
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Flamands j Alkmands & Ho�andoisi, tjf
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} O S E P H
VAN WINGHJEN.
Van WiNGHfeN jiiatif de la ville deBruxelles,----------
en 1544, quitta fort jeune fa patrie pourvoya- Ji44;
ger. Arriv� a Rome , il s'attacha a un cardi- nal,chez qui il refta quatr� ans a fe former Ie goikd'apr�s les beauc�sconferv�esdatis cerre ville. Au bout de c� temps > il retoutnaa Bruxelles,
ou fes grands talens furent connus. Il en tra au fervice du prince de Parme en qualit� de fon premier peintre. Parmi fes prmcipauxouvrages , bn remarqiie un tableau pour 1'autel de S. Goelen, Sc felon d'autres, pour les fr�res de la Chant�. Ce tableau repr�sente Ia C�ne. L'architedure du fond eft de Paul de Fries : van Mander en fait un grand �log�. Ce peintre aimoit a voyager. Il quitta Ie printe
de Parme , qui donna fa place a Ottovenius. Wingken fut s'�r.iblir � Francf�rt envirpn 1'an 1584. Il fit dans cette ville un tableau, ou ��gne amant d'invention que d'art. Il irepr�fente 1'Allc- magne erfray�e, fous la forme d'une femme hue encliam�e a un r�cher; tu-deiTus d'elle vole Ie Temps, qui vient la fayver & la d�livrei' de fes chaines. �n voit a cot� la Tyranhie f�ns Ia forme d'un honime de guerfe arm�, qui foule aux pieds la Religion avec fes attributs. C'eft une allufion aux malheurs du pays ^ ou la religioa M
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�78 La Vit Jes Pemtret
'-------~& les loix furent outtag�es par les tyrans. Le?
Ji44' crrands �vcnemens d'un fi�cle devroient ctre ainfi
conferv�s a la poft�i-it� pa� la peinuire^ cc icroienc autant de mouurneus pour fkittoire & pout la |
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Voki encore les fiijets de pl�fieurs de fes ta-
"blenux : Apeiles, qi.u en peiguaut Gampafpe en dtvienc aiuuureux \ ce mocceau eft dans Ie tabinet de 1'Empereur. Ie tableau de Samfon, pris par Jes Philisftins dar* les bras de DaUia, chec 1'�lec- teur Palaun. A FtancforE, cliez nn m�decin, 1'on voyoic
«ne Andromcde, & quelqiies ponraits du m�me-. Cornille vander Voort av�it de Itu a Amftcrdam, wne Juftice qui prot�g� l'innocence opptim�e. On a beauco�p grav� d'apr�s fes campofitions.
Quelques-nnes onc �t� exccut�esen capifleries. Il eft mort a. Francfort en 1605, ag� de foi-
xante-un ar.s. Ses ouvrages .connus font en petit notnbre j quoiqu'il ait v�cu afiez long-teiv.ps \ mais ii y en a beanconp de perdus. On fait q'i'il eut ponr �lcve, fon fils J�rcmic
Wmghen. A l';v.7e de dix-haii ans,-en 1604, il �toit d�ja bon colorrfte, & il ent depuis pouc maiire Francais Badens , a Amftcrdam, |
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Tlamands > All�mands & Eo�andois. � 79
HANS ( J E A N )
SNELLINCK.
Van Manber parle de ce peintre dans Ia----�-
vie d'Otto-Fen�us, On vo�t ( dic-il ) h Anvcrs j UiU
les ouvrages d'un excellent peintre de Malines, otednaquiten i^Saellmck pcigr.ok ti�s-bien rhiftoire & les batailles : il fut fouveM emoloy� dans ce dernier genre par des princes. Ila'peint plufieurs batailles des Pays-Bzs On obferve qu'il avoit un talent particulier pour imirer la fumce �de la poudrej il favoit r�pandre un brou�lard l�ger parmi les combattans. Cette ma^ie de la vapeur a�rienne a rendu fes tableaux tr�i-harmo- ineux. Fan Dyck,cLm eitimoit ce peintie, afait fon portrait pour Ie placer parmi ceux du pre- jnier ordre j ce tableau orne T�pitaphe du peintre «Ie batailles, qui fe voit dans reglifc paroiffiale �e Saint-Jacques a Anvers, fur laquelle on lit � Ci-g�t Ie c�lcbre Jcon Sndl�nch , peintre de' �'archiduc Alben & JfabeHe, & de ion exrel- �ence lecomte de M-enfvelt, &c. mort Ie pre- mier odobre M�38 3 ag�de 94ans-, 8c PauOne Cuypers fa femme, morte Ie 6 odobre 163S amh que leur fils Andr� Sndlinck, mort Ie 10 feptembre 1653. |
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la Vii des P�ntrei
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JEAN DE HOEY.
Jean dr Hoey, n�a Leyden en 1545, quitta
& patrie, & felon Flortnt Ie Comte, dans la deux�bnepartiedefon Caiinet d'Architecture,&c. il vinc en Francej & s'atcaclu au fervice d'Heari IV', qui lui donna 1'inlpeftion des tableaux de la comonne j '&c Thonora de la charge de valec de chambre ordinaire. 11 mottrut combl� d'hoa- nems dans fa foixantc-dixi�me ann�e , en 1615. |
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G E O R G E S
HOEFNAEGHEL.
� il oEFNAEGHtL naquit dans la ville d'An vers
en 1546 , d'un marchand de diamans .> puiflam- menc riche, qni deftmoit fon fils a ce corametce. Il s'y pr�ta qiielque temps avec r�pngnance, & il ne trouva Ie moyen de fe d�dommager de 1'ennui qu'illui caufoit, qu'en deffinant. Dant les �coles ou en fe promenant -3 au d�faut de papier, il tra^oit furie fAble : tan: il eft vrai que Ie g�nie 1 emporte toujours, &c ttiomphe de tous les obf- tacles. Son p�re chercha i Ie d�tourrier de cette �nclioation , ■& lui -d�fcndit Ie deffin; mais certe d�fcnfe augmenta en lui Ie defir d'appr«nd�e. Il fe voyoit pourjamais�loign�de eet art qui faifoit fes plus grands plaifirs, lorfque par hafard une main qu'il avoit deffia�e fur une planche,d'apr�s |
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Flam.it.nis > Allemmnds & Hollandols. 181
la Ctenne, fut vue par un ambafladeur de Savoye,.-
qui regarda la violente qu'on �ufoit au jeune peintre, comme une violente qu'on faifoit a Li nature. Il en fit ces reproches. aup�re^q^i permic a fon f�!s de defliner dans, fes heures pc-rdues:. il s'apphqua auili aux belles-lettres, & devini un des favans & des plus. grands potites de ion tenips» II commenca tort jeune a voya^et; il defljna
les vues., les villes, les fortincations, les rubil- lemens des peuples qu'il reucontta �ir �x route, Sc il en fit un volume qu'il donna au public. Toutes ces planches font dans un gahtputorefque. Etant en Efpagne , un peintre Hamand lui
donna 1'ki�e de penidre d gouafjc/y ce fat pai: ce. genre de peintnre quil comme.nca. 11 con�nua d'imiterd'apr�s nature,desanim.mx , des p'anres &c des arbres. De retour en Flandres, il pric des le^ons de Jeaa Bol pour fe perfeiflionner : alorjs il �gala les pl'-'.s grands pelnt.res. cq cc, genre* A 1'art agc�able de ia pejnturs, il joignit Ie
commerce utile des diamans. Il Ie fi: avec fon, p�re, ma�s une Je.ule nuk les mina- On fe fpu-r. viendra touj.outs dans Anvers de la fusie des Efpagnols 5 les tr�-foi's de notre pciatr� ck de iba fl�re �toient cach�s danj terre, & torent trouv�s:
es foldats vicioneux oblig^vient; la femme & la, fervante d'IIeejnaegheld&lss.leii� ■d�couvriri Ce fut; alors que r.pire- peintiie. recaunuE que
les talens font des FeiTc)iirces plus afliir�es que les, ricIxeiTes. Il pstit avec Ortelius. pous; Ye,nife. lis furent bien cecus a, Ausbounj ches fes medleurs. Fo:tckers%,. qui ie.u� doiiu�.rent fte$, fet�es pour i'�lecteur de B.ivF�re. Capdoce leur montra toutes.. fes, quxioik�.s.de fa cour» efp�rant bien que, !e |
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� 8 2 JLa Vu des Pelntrts
■peintrc auroit de quoi le payer de fa complal-
fance. Il ne fut pas tromp� : Hoefnaeghel lui fit voir fon portrait & celui de fa premi�re femme > avec quelques animaux & des arbres peints fut difF�rens morceaux de v�lin, L'�ie�ceur les admira,& envoya le lendemam
demander a les acheter. Notre pemtre n'avoic point encore �t� dans le cas d'appr�cier fes ou- vrages: il �toit accoutum� a les donner. Sa d�li- catefle fut blam�e par fen ami qm demanda cent �cus d'or, qu'il rec_ut dans l'inftaat. L'�leCteuf folhcin notre ptintre de refter penfionnaire a. fa cour. Il 1'accepta» a condition. que ce ne feroit tju'apr�s avoirvoyag�. Lepnnce envoya ala femme du peinrre deux cents �cus d'or, pour venir demeu- rer a Munich, en attendant !e retour de fon mari.. Hoefnaeghel �cant arriv� a Venife, & ne croyant
pas *ue fes talens pulfent fuflire a fa fubfiftance,, prit le p.irti de fe faire courtier ; mais le cardi- nal Farnefe, inftruit par Ortdius des talens fup�- nenrs de fon ami, dernanda a voir quelqu'un de fes ouvrages. Il fut furpiis de leur beaut�, Sc lui offnt mille florms par an pout fe 1'attacher,, cequ'il refufa; il avoir donn� fa parole a 1'�lec- feur de Bavi�re. I! quitta Rome & Venife, fort regretc� , & fut rejoindre fa femme a Munich > o� 1'�ledfceur , outre fa penfion , lui faifoit pr�fent tous les ans de velours & d'�tofFes pour fes habil- lemens. Les plus grands princes eurent la gloire de le
prot�ger. Ferdlnard, duc d'lnfpruck, 1'engagea. dans fa cour avec 1'agr�ment de l'�kcleiir de- Bavicre , pendant buit ans , a huit cents florinv de peiiilon. 11 employa C� temps a. orner un rnill'el |
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Flamands TAlkmands & Hollando�s. 183
de lettres grifes & de vignettes qui avoient rap- "
port au fbjet: fi eet ouvrage furprend par fon 1 �tendue & fon pr�cieux fini., il fait houneur i 1'imagmation d� pemtre. Ce duchu donna > oucre fa penfion , deux mille conronnes d'or, �c unc ehame du m�me m�tal, qui en vr.lc.u cent. 11 fit pour i'enipereur Rodolphe qnatte livres
aanimanx. Cetoiwr.ige lui valut mille �cus d'or avec une penfion anniiellccie ce prince, qui Ie pric a fon ferviee. Il ajouta dans Ie m�me temps un cinquitme livre a fes qnatre premiers. Tant d'ouvrages Ini flequirent de grands biens & une plus grande r�putanon. On voii: peu d'ouvrages de ce printte chez les
particu�ers. Amftesdam confervoit dans Ie cabi- ner du fleur Jacques Ra^ct un'feul mor-ceau de lui. Comme ee peintre fags & phiibfophe aimoic
Ierepos»ilqaiTta ia cour pour demeurer a Viennej. il confacroit k joue i fon art, & la nuit a la pe�fie I.itine. Cette langue lui �toit .iuiii famili�re que Ia fienn-e propre. Il eft mort en 1600 , ag� de 5 5 ans , comL"H d'lronneurs & c!e richeffes qu'it avoit m�rite?, par fes talons Sc par fes vernis , �l laifla un f lis <jUi, eonime foap�re,, fut un boa peintre. |
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. jj^fc^ ^. ~..
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B A R T H O L O M �
S PR A N G E R,
�L�VE DE JEAN MADYN.
~-------uprahger eft uil de ces hommes races que,
s . g la nature fe plak a former. Elev� au milieu des
nche/Tes de 1'antique , il n'a jamais voulu fnivre, les anciens j ni les copiet; & c© qu'il y a d'admi- rable, c'eft qu'il a r�uffi fans leur fecours: exem- ple dangereux pouj ceux qui n'auioienc pas fon, geme. il uaquit daas la ville d'Anvers, Ie 1,1. maft
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la Vit des Pdntres Flamands, &c. 19 J
5, d'une familie diihngu�e danslecommerce.
Son p�re , appell� Jpachim Spranger, & fa m�re «^/7«<r Roelantjirmc, s'appercurent de bonne heure que l'inclinanon de leur troifi�me fils ne penchoic point vers leur profeflion. Le p�re trouvoit fes livres de comptes remplis de figures de caprice j il 1'en blama fouventj ma�s voyant fa vocation U�cid�e pourla peintare, il le plac,a cliez fon amt Jean Mddyn, peintre d'Harlem. Si ce p�re ent contraint ies inchnations de fon fils,, ir en auroit fait peut-�fre un m�diocren�gociant, & ilfuc au bon peinrre. Madyn peignoit dans le goot de Cor- tl�IU Bos. Spranger ne refra que 18 mois a. cette �cole:Madynmoazut.il eucenpeude tempsdeux autres mairres, Francais Moflacn & Cornille van Dalem, chez lequef il avanc.a peu j c'�toit un, genrilhomme riche, qui ne peignoit que pour f�n plaiiifj & qui ne s'occupoit gu�res a inftruire cec cl�ve pendant quatre a'ns qu'il pafla chez lui. Spranger , plus attach� a lire les niitoriens & les po�'tes, quJa exercer le talent pour lequel il �toic �i� , s'�tant apper^u que van Dalem, quoique bon payfagijle, �toic obhg� d'avotr recours a Moftat,rty �u Beukclaer, pour orner fes payfages de figures, pric la r�fbluti�n d'apprendie a les. deltiner l.ui- m�me. Jaaques Wickran , aHemand , f�n amj & �l�ve
de Boxberger, confirma Spranger dans cette idee \ jnais le temps qu'il devoit donner ace pcintre; �tant fini, ilemmena fon carnaradea Paris en i$6}. Spranger s'y pl-aca chez Mare, peincre de la reine-m�re , anez-efti'm� , quoiqu'il ne tra* raillat qu'en d�trempe. Quand on eft n� pour er, ©ofelalTe eieai^ d'uae Xil ii |
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J $<> La Vu des Peintres
---------tion. Spranger, ennuy� de copier les portraits.
,i;4<3. d'apr�sfon nouveau maitrejs'en d�dornmageoic
par des deflins de fon imagination : il en remplic |
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, qq
grande. Mare,fmgtt�, ou peut-�trc jaionxd'un tel
�l�ve, lui confeilla d'entrcr chezun peintre d'h:f- toire. Ce peintre encove plus m�diocre que Ie pre- cedent, achevadcd�go�ter^ran^cTde laFrancej. ri d'
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il fut a Lyon, o� malgr� la quanrit� d'ouv rages
qu'on lui propofa, il refta peu. Son g�nie 1'appel- loit en Itali� ; il fut a Milan; mais la fortune ne paye pas toujours Ie talent a pointnomm�. Spranger ne fachant ni la langue do pays, ni peinclre autre- ment qu'a 1'huile » fe trouva fans ref�ource au milieu d'im hyver fort rude j 1! quittn Milan fans Ie regretter, & s'engagea a Panne, chcz Bcrnard Suwary, �l�ve du Corr�gc.Une difpace fort vive qu'il ent avec Ie fils de �aimifon, Tobligea a la quitter au bout de trois mois. Il regagna arec beaucoup de peine fa denieure, accabl� par la, maladie -y il fe gu�nr Sc lutta centre la mis�re, en travaillant quelquetemps chezun peintre m�dio- cre, a faire des arcs de aiomphe pour 1'entr�e de la princei�ede Portugal. Il partit pour Rome � eu il s'attacha bientota Michel Joncquier, peintre- de Tournai, malgr� Ie parn avantageux que lui offroit 1''archevcque de Maxirr.i.PluGeu�s payfages, un entr'autres o� 1'on vovoit une aflembl�e de Magiciennes au milieu des raines d'un cnlif�e, Ie firent connoitre. Le cardinal Far/j�/� 1'engagea; a paffer trois ans dans fon hotel. II fit pour ce protecteur de tres - beaux payfages. a frefque >. dans fa maifon de campagne de Caprarole. Le cardinal , le pr�fenta. au pape Pk F , cjui lie.- |
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Ftamands, Alkmanis & Bollcndois. 187
nomma fon peintre , & Ie logea au Belv�d�re. Ilypeignit un Jugementdernierfurune plaque de cuivre delix piecis de ham. Ce tableau, ouTo� compte cinq cents t�tesj & dom 1'ex�cucioii eft immenfe, ne co�ta au pemtre cue quatorze mois de travail; on ie voit enccre au mcnaft�re au Bois, entre Pavie & A lexandrie, & il feit d'crne- tneiit au tombeau de Pie V. Vcfar� avcit voulu mdifpofer fa faintet� cuntre Ie jeune peintre, en difant qu'il �toit parefTeux. Sprarger ne fe vengea de cette calorinie , c]uJen faifant �clater fon amour peur Ie travail: il fit en pcu de jours, fur un niorceau de cuivre c!e la grandeur d'une feuille de papier, un tableau de NotFe Seigneur clans lejai'din desOhviers 'y il leprefenta lui-m�me au pape, qui en fut h faiisfait, qu'il lui ordonna de tiaiter cous les fi:jets c!e la Pafiion} ma�s Ie pnpe lui en demanda les deffins avant, ponr en voir Ferlet. Il jetca Spranger dans un grand em- barras, il n'�toit acroutum� qu'a croquerfee idees au charbon & a la craiej il fe trouva forc� de defliner a la plume fur du papier bleu, avec un lavis rehaulTe de blanc. Il vamqiut ces difficult�s, & fit douze morceaux qui furent bien reens \ Ie dernier, qui �toit la Pi�furrecHon de Notre Sei- gneur, n'�toit pasachev�quand Ie pape mourut. La plus grande partie de ces deffins font dans la collecTtion de 1'Empereur j van Mander qui les a vus, en dit beaucoup de bien. La mort de fa faintet� emp�cha 1'ex�cutioa
des projets de Spranger: fon po�t naturel a pcindre
r 1 r ' mi -i i" ir j
en grand ie reveilla: 11 come�en^a pnr I egiiie de
Saint Louis a Rome, o� il peignit a 1'lmile fur les
murs > ua Saint Autoiue, un Saint Jean-Baptifte, |
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la Vu des Pc�ntres
une Sainte Elifabeth ; on voit dans Ie ham Ia
\ierge emouree d'anges. Il � peignic encore a 1'hui'e Air toilej pour Ie
grand amel de I'�glife de b. Jean-Porte-Latine % ie Martyre de ce iaint. Il fit dans lc m�me temps un tableau d'autel
pour une petite egliie proche la fontainc de 1 r�ves. Ce tableau qui repr�fentou les Couches de Sainte Arme , �toit finguli�rement compof�j tl a depuis �t� gat�, les figures en font a peu pres de grandeur naturelle. Ce font la les grands ouvjcages qu'il fit a Rome, mais Ie nambre des petics eft confid�- rable. Apr�s avoir �t� au fervice du pip e pendant vingt-deux mois, il fe livra au plaihr avec un tiche n�gociant des Pays-Bas, cliez lequel il demeuroit a Rome ^ il ne travailloit qu'autanjt 3ue Ie befoin Ie preflbit. S'il e�t �tudi� les beaut�s
e cette capitale des arts 3 on auroic trouv� dans fes ouvrages ce qui y manque ; mais on ne croit pas qu'il ait jamais fait un defl�n d'apr�s 1'an- tique. Quand �es anus lui en faifoient des repro- ches , il r�pondok que rien ne lui �toit �ehapp�, |
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q
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u'il avoi: tout dans fa m�moire. ]1 eft difficile
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e d�cider fi ce- don de la nature eft plus avanta-»
geux que funefte aux artiftes i fi elle leur rend pr�fens les grands mod�les, e!le les trompeanfii quelquefois : ils prenaent leur imagiuation pour une rcminifcenee , & ne fuiyent fouvent, que des chim�res. Quoi qu'il en fuic > notie peintre fu,t plus excufable qu'un autre «Ie compte� fiir fa �k ll i diblLdhr'' |
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(>erg eiwit aRoine, il fit pour uu gen�iihommek
ie portraif d'une des dames de la fuite de la ducheffe x foxz re0e,i^b)antj. quoiqu';!. ijs l'ej�t |
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»■ Flamands, AlUmands & HoKandois. 189
'L'�mpereur Maximilien II fit demander au
c�l�bre Jean de Bologne, natif de Gand, & fcul- pteur du duc de lrlorence, deux habilss aruftes, I'un peintre & 1'autre fculpteur. Bologne choifit fout- peintre Spranger, qu'il avoit connu a Piome, &: Jean Mont, fon �l�ve, pour {culjpteuuSpranger acc«pca cvvec difficult�, ayant deiTein de ne jamais quitcer Home. D'autres difent qu'il avoit projec� d'�tudier 1'antiquej rruis enfin il fe d�termma , ayant fait r�flexion qu'il ne pouvoit manquec d'�u�des ctant avec han Mont, & il crut qu'il auroK toujours occafion de fe diftinguer par fes talentSj en ex�ciuant les grands projecs de 1'Em- pereur. Us quitt�rent Rome en 1575 , & fufent a
Vienne en Autriche. L'�mpereur, a fon retour de Regens�orgk j o� il avoit alfift� au couronneraent tle [<m nis Rodolphe //, roi des Romains, ordonna au peintre de �iice des deffins & des efquiffes, & au fculpteur des mod�les, qui futent approuv�s. lis commenc�rent a cravailler I'un «Sr 1'autre, pour orne-r Ie nouveau cliateau de Fafangarten , a peu d-e diftance de Vienne. Pendant ces grandes occupations, Spranger fit
tin petit tableau fur cuivre en long. Le fujet «ft Notre Seigneur �lev� & attach� a la Croix, & un -autre tableau repr�fentant la R.�furredtion. Ce dernier morceau fert a une �pitaphe dans 1'h�pital de Vienne. Rodolphe fnt couronn� empereuf, 6c Maxi-
milien mourut au mois d'odlobre fuivanten 157*». Nos deux ardftes �toient dans l� fort de leurs ouvrages; Spratigef avoic fait de «rattd�s figures dejiuc, 8c d'autres aThuile, de huit pieds de |
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190 La Vit les P�ntrti
~ "hauteur �, d'autres plus petites, & plufieurs tableanx
l5�l' d'hiftoire p�itr d�cerec Fafangcerun. La mort de 1'JBmpereur leut donna de 1'inqui�cude \ ma�s fon fuccedeur leur envoya ordre de continuer. Spranger fit un tableau ou Mercare pr�fente
Pfy-ch� au confeil des Dieux^un antre iur cuivre» tepr�fentawc Rome fous la figure d'une femme, avec Ie Dieu du Tibre, la louve & les deux en- fans qa'ellc alaire; & un uoiii�me , dont Ie fujet «ft la Vierge avec piafieurs Anges, bisn colori�s. 11 fat tlmg�, ain�i que ion ami Jean Mont,
par les t�iagiftrats de la ville, de conftruire un Are de triomphe pour I'entr�e de 1'Empereur -y tont cohfid�rable que fut eet ouvrage, qui fur- pafl�k en hauteur les plus grandes maifons de la ville, il fut fini en vingt-huit jours. Fan Mander en fait une defcription fort �tendue , & loue beaucoup 1'architedure, qui �toit d'apr�s les def- fins du iculpreur. Cet �crivain y avoit travaill� lui-m�me, I/Empereur, dans Ie commencement, paruc
n�gliger les arts j mais ayant fu que Spranger & Mont �toient a la veille de retouraer a Rome, il donna ordr� au'fculpteur de fiuvre la cour � Lintz , & au peinue de refter a Vienne jufqu'au moment qu'il Ie feroit avertir de fe tranfporter ailkursi La cour fut a. Prague, ou Ie fculpteur s'appercutdejour e,njourcombien il �toit n�glig� 5 il partit fans prendre cong� de 1'Empereur. Les artiftes & la cour regrett�rent un homme d'un fi beau g�nie , & Ie plus grand fculpteur de fon fi�clei On- a �u long-temps apr�s qu'il s'�toit retir� ei Conftantinople, ou il cft more mahor m�tan.. uu so ;. . |
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Flamands _, Allcman&s & HoUcmdois. 191
Spranger quitta le fcrvice de l'Empereur,
outr� de la perte de fon ami , & fe mit a peindre 1 pour les feigneurs & aucres particuliers, qui 1'acca- bl�rent de travailj car iis n'nvoient pu obcenir de fes onvrages pendant le temps qu'il avoit �t� attach� a la cour. Monfi&ur Roitjf, premier valet-de-chambre de
1'Einpereur, apprit enarrivant aVienne, le chan- gement du pemtre; il fut encore 1'arr�ter de la part de fon malere, en lui faifant de grandes pro- .melles. Peu de temps apr�s, S'pranger fut appell� a Prague, o� il fat engag� de nouveau, mais avec plus de diitinchon qa'auparavant. Le priace, pourlu! marquer fon eftime, demanda pour lui ■en manage,la hllcd'unrichejoailLier qusSpranger aimoit. Le p�re fe garda bien de refufer l'�mpe- reur \ il obtint feulement deux ar.n�ss de d�lai avanr la confoir-ination , la fille n'ayant que <jnatorze ans, & ces deux ann�es fe r�duifirent a dix mois. Sprcnger n'ayant plus rien a defirer, & pou-
vant cfp�rer une grande fortune., s'appliqna a fon art avec une nouvelle ardeur. Il commenca a peindre le dehors & le dedans de fa maifon j c? 3ui fe voit encore a Prague. Il fit, po�r l'�glife
e S. Gilles dans la viiieneuve, un tableau d'�pi- taphe : il repr�fentoit Notre Seigneur qui foule aux pieds la Mort & le Demon. Il compofa, pour 1'�glife de S. Thomas, le Martyre de S. S�balHen, avec beaucoup de hgures de quatre pieds de haut. L'Empereur fit pr�fent de ce tableau i l'�lefteur de Bavi�re ,& donna ordre a Spranger d'en frane un autre pour la m�n*e �glife Ce peimre repr�fenta la Juftice, avec &s
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taP"u des Peintrts
atttibuts , & en fit pr�fent aux magiftrats. Il
peignit une Aflbmpri�n , avec les Apotres, pour l�glife des J�fuites j & dans 1'ancienne ville, pour 1'�glife de S. Jacques ± ee m�me faint avec S. Eraune , tous deus dans leurs lubillemens d'�v�que. On regarde comme un des plus beaux tableaiiXj
celui de la petitc �glife de S. Jean j c'eft la Refur- rection de Notre Seigneur, dont 1'�pit.tphe d� fon beau-ptre eft orn�e. L'Empereur prit tant de piaifir dans la conver-
fation de fon pemtre & dans fes ouvrages, qu'il lui ordonna de ne travailler qu'aupr�s de lui : fori attelier �toit 1'appartement o� ce prince rienoit fes d�lafleraens. Sprakger fuivoit par-tout Ia conr: il n'ctoic plus poilible d'avoir de fes ouvrages; II travailla pendant dix-fepn ans dans ce genre, honor� de 1'eftime du prmce & des grands. Il auroit �t� beaucoup plus riche , s'il avoit �t� plus ambitieux; mais il ne demanda jamais tien pour lui, mais fouvent pour fes amis» . En 1588, 1'Empereur 1'ennob�t lui &c fes deC-
cendans; & Ie prince �tant a table j il mit lui- m�me au cou du peintre, en pr�fence de tout� fa cour , uhe chaine d'or a trois rtngs, avec ordre de la porter toute fa vie^ & il ajouta a fon nora celui de vanden Schilde, que fes defeendans ont conferv� long-tsmps. Apr�s avoir fait pour fonbienfaiteur nombre
d'ouvrages en tous genres, il rc^ut de lui Ie plus grand des bienfaits, la hbert� : il lui ordonna cepenclant de faire encore de temps en temps ls tableaux pour lui. Spranger
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Flamands, 'Allemands & Bollandois.
Spranger ayatit �t� trente-fep: ans abfenr de fa ■
patne , profiua de ce repos pour aller voir fa familie Sc les artiftes des Pays-Bas: 1'Empereur lui �t pr�fent de 1000 flotins (1) pour ics frais de fon voyage. Il fuc rec,u par-tout avec ia dif- tindHon qui lui �toit due. La ville d'Anafterdaru lui pr�fenta Ie vin d'honneur. Il fut traite par les artiftes d'Harlem , qu'il traita a fon tour. La chambrc de Rhetorica (1) compofa Sc repr�fenta pour lui une pi�ce qui avoit pour titre les Hon~ neurs de la Peinture. Mais ce qui tnit Ie comble a fon bonheur, il re^ut les m�mes faveurs dans fa ville natale., & par-tout ou il pafla jufqu'a fon retour a Prague. La fe trouvant feul, apr�s la mort de fa femme ie de fes enfans, il ne travailla pius que pour s'amufer. Il mourut a Prague dans |
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un age avance.
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On voit qa'il a fouvent chang� ou corrig� fa
maniere de peindre, &: que fes derniers ouvrages fontlcsmsilieui:s&rlesplusnaturellementcolori�s. Goltqius, qui a beaucoup grav� d'apr�s ce
peiutre, faifoit grand cas de fes deffins, fur- tout de ceux qu'il a faits a la plume. On pourroic cependanc lui reprocher d'avojr prefque toujours �reoutr�, tant dans {e$ contours que dans fes pofitions. (1) Deux mille Hvres enargent de France.
(a) Soci�t� litt�raire eaforoje d'acad�mie. |
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Tornt 1.'
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C H A R t E S
VAN MANDER,
�L�VE DE LUCAS DE HEERE.
Nous �crivons la vie d'un grand peintre, d'un
bon po�te, d'un favant �clair� , d'un fage crici- quej & qui plns eft , d'un homme de bien. Il naquit a Meulebeke a pen de diftance de Cour- trai, au mois de mai 15 48 , d'une familie hono- rable & aif�e. Il eut pour parens des �v�ques, des ambafladeurs, 3c d'autres perfonnes de |
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La Vit des Pe'intrts Piafnands , &c. 195
, qui n'ont point rehaufle fon m�rite.' T~"
Son p�re Cornille van Mander, �c fa m�re Jeanne ■* yander E�ke, n'�parpn�rent rien pour 1'�ducation de ce fils. Il fut place a 1 hielt avec fon fr�re Cornille , pour apprendre la langue latine, & dela a Gand , dans une �colc fran90ifc.Il ent de bonne Leure ie g�nie port� a la po�fie, Sc ne fit dans cette derni�re ville, que des vers & des deflins. X/arnour de la peinture 1'occupant de jour en jour , il fut place a Gand chez Lucas de H�ere, bon peintre ik bon po�te, ou il fit des progr�s dans 1'un & 1'autre genre. Son p�re Ie rttira de chez ce ma�tre pour Ie placer chez Pierre Vlerick , peintre a Courtrai, o� il demeura pres d'un an* L>'ennui de fe voir tourment� par les ft�quens d�m�nagtmens de Vlerick , qui �toir tant�c a Tournai , Sc rantot ailleurs , pour �viter les troubles de la guerre, Ie d�termma a retourner chez lui, o� il fe livra enti�rement a la pe�fie pendant quelque temps. Ce fut p�cif�menr, pour lui j comme pour notre du Frefnoy, que la po�fie Sc la peinture furent feurs. Il com- pofa des trag�dies 8c des com�dies, qui furent jou�es avec applaudifTemens; il en peignoit Iui- ro�me les d�corations- II fit des tableaux d'cglifes Sc quelquc« aurres. .Apr�s avoir compof� cinq ou fix pi�ces de th�atre, il obtint de fon p�re la permiilion de voyager, & partit en 1574. Il vit, dans toutes les villes de fa route, les artiftes Sc leurs produ�bions : il arriva a Rome, o� il refta trois ans : il y trayailla beaucoup, tant a fraifque qu'a 1'huile , & fit plufieurs payfages pour des cardinaux & autres feigneurs : Ie pape lui donna, par diftmdbon, la permiilion qc N x
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13 5 'La P"ie des Vantres
potter 1'�pie. Erant �rroitement-H� avec Sprangtr
leur b o rui 2 conduite & leurs talens les firent conu- <l�rsr. C'eft dans ce temps que 1'on trouva aux �cnvirons de Rome, en fouillantla terre, quel- ques d�bris de temples & de ftatues antiques. Va.n Manier �toit eontinuellement occuo� A ■deflmec ces reftes pr�cieux : � perfonne n'en a faic plus d'�tudes y il eft aufli U premier qui ait peinc des Grotefqucs. Il fit dans la petite ville de Term en Itali�,'
tin tableau repr�fentant Ie Maflacre de la S. Bar- thelemy : on y voit jetter par les fen�tres Ie corps de 1'amiral Coligny. Il paflbitfon temps avec des artiftes italiensj & fut pardculi�rement li� avec Gafpard de Puglia , �l�ve du Grantifco. Rien ne lui eft �chapp� de 1'antique: il copia tout, 8c trava�la eontinuellement jufqu'en 1577, qu'il quitta 1'Italie pour retourner dans fa patrie. Il s'arr�ta quelque temps a Bafle en SuifTe, o� il fit plufieurs tableaux' fort eftim�s, felon Ie rapport de Sprangerj qui 1'engagea a. quitcer cette ville, & aailer a Vienne, pour travailler aux ares de triomphe avec Jean Mondt. Maigr� tout ce que ces artiftes purent faire pour 1'engager au fervice de l'Empereur, il fe f�para d'eux, enrichi des �tudes qu'il avoit faites a Rome & ailleurs , 8c ret�urna chez luij o� il fut rec^i avec autant de joie de fes parens que de fes compatriotes, qui furent au-devant de lui. D�s quJil fut arriv�, il fit uu tableau d'Adam & d'Eve dans Ie para- dis terreftre : les deux figures �toient bien def- iln�es Sc bien colon�es^ Ie payfage & les ani- trianx , tour �toit �galement bien rendu. Co tableaufut fuivid'unautrerepr�fentautleD�luge, |
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'Ttamands j Alkmands & R��landois. 197
Ce fujet frappa tout Ie monde par les expref- Z~~~ fions de douleur & de d�fefpoir qu'il avoic r�- '
jandues dans ccttecompontion. Continuellcmenc occup� dans la maifon de fon p�rej fait d lire,, foit a peindre, il go�ta les plailits de 1'�tude &r de la tranquillit�. il �poufa dans ce tetnps una Jeune fille fort johe j ag�e de dix-huitansj Sc bientot apr�s ils fe trour�rent ob�g�s de fortir du pays, qui �coit d�fol� par les gens degnerre : il y perdit non-fenlcment fon bien, mais il fut vol� �c d�pouill�, ainfi que f* femme & un enfant. En fuyant, ils furent a Brnges a pied 3 non lans c'anger d'�tre mafTacr�s fur la route par les d�ta- ehemens. Il �toit forti de chez lui avcc plufieurs chariots charg�s de meubles , pour fauver les rcftes de fa fortune: il fut rencontre par un parti, ^ui �ta la vie d fes domeftiqueSj >5c qui 1'attacha lui-m�mea un arbrej la corde au col. Dans cette trifle fituatiorij pies d'expifer, il vit palTcr un cff.cier, qu'il crut rcconnoirrc; il lui paria ita- hen, & lui demanda du fecours: 1'ofiicier �tonn� de l'entendre , attaqua avec fa fuite ceux qui vcu- loient �tranglei ce malheureux, & Ie tira de Ieurs mains. Van Mander fe fit connoitre a fon lib�ratenr;,.
quJiI avoit vu particuli�rement aRome, & qui avoit �t� un de fes anijs. Il tenta vainement de lui faire rendre ce qui lut avoit �t� pris: tout ce que put faire 1'officier, fut de Ie conduirs en licu de s�ret�. .Arnv� a Eruges 3 denu� de rent, fans avoir
perdu] fa gaiet� naturelle, il fit des vers fnr ion �tat j& fe mit a peindre avec beauconp de cou» ^� s'�tre procur� 3 par fon travail affidu» N j,
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i<>8 La Vu des Pelntres
d'autres harcles & d'autres meubles , 5c ayant
amalT� une forame pour voyager , il quitta cette ville, menac�e p:ir les ennemis & par la pefte, Sc ils'embirqua avec fa femme & fes enfaos pour la HoHande. Il s'ctablit a Harlemj o� il fat fur- charg� d'ouvrages, tantpour la peincure que pour Ie deffin. Il fit connoifTance avec Golt^�us Sc Cornille : �ls �tablirent cntr'cux une academie j van Manier y fut introduite Ie go�c italien. On peut s'appercevoir du nouveau gout de Golt^ius dans fes Me;ainorphofes d'Ovide. Van Manier fit quelques tableaux en camayeu fort eftim�s,Ia Pallion de Notre Seigneur en douze tableaux, une F�ce Flamande, & Saint Tean pr�chant dans Ie D�fert, David &: AgiJsa�l, Jepht�, & beaucoup d'autres fujets. On eftnne entre fes plus bcaux, Ie Seigneur portant faCroix, 1'AdorationdesMages, Jarob, &c. Il a peint plufieurs beaux payf.iges: fes arbres font d'un aflfez bon choix, la couleur . en eft bonne aini� que celle de fes figures; il compofoit avec cfpntj mus il devint fur la fin un peu maniere dans quelqaes-unes de fes com- pofinons. Le nnmbre de fes t3bleaux e(l confid�rable s
ind�pendammenc de la quantit� de deflias qu'il fit pour le fimi Spirinx , tapii�ier , qui tous ont �t� cx�cut�s. Sa p >ciie & fes ouvrages en profe conciennent plafieurs vol;imes. Outre 1-7 Vit des Peintres, anciens Itallens <S»
Flarnands j qu^il a �crite jufqu'en 1604 , on a de lui nn<i explication de la Fable , &c des com�dies. Toates ces produ�lions ont fait regardercetartifte conme un des- plus grands hommes de fan fi�cle. Ilallaeni�o4demeurcraAmftcrdamjOU deux
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Flamands, A�emands & Hollandois. 199
ans apr�s il tomba malade. Sa maladie j d'abord l�gere, devint dangereufe par 1'ignorance du m�decin en qui il avoit trop de confiance : ce charlatant traita Pinqui�tude de fes amis de folie , & fa mort juftifia trop leur d�fiance. Il mourut enire les bras de fon ami Rauwaert, Ie 11 mal 1 606 {1) , & l�ifla fa veuve avec fept enfans. L'afn� , Charles, a fuivi de pres les traces de fon p�re , 6c a acquis de la r�putation a Delft, ou il s'�toit �tabli, Sc felon Sandrart, a la cour de. Danemarck. Van Mander a. fait de bons �l�ves ; parmi les
premiers font Jacques de Molhero, 'Jacques Macr- tcns, Cornille Enghelfcn, Francois Hals, Everfrd Krins >Henri CerretSj indienj Sc Francois tenant, fans ceux qui nous font inconnus : les talens du inaitre fe font perp�tu�s dans fes �l�ves. Les juge- mens qu'il porte des peinrres dont il a �cnt la. vie, font des monumens pr�cieux du gout de fon fi�cle, & des r�gies s�res pour Ie n�tre. |
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CORNILLE KETEL
�L�VE DE BLOCKLANDT.
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naquit dans la ville de Gouda en 1548.
Charme j d�s 1'age de douze ans, de tout ce qui �toit deilin ou pemturej il commena fous fon oncle., aflez bon peintre, qui Pinftruifit mieax cependant des belles-lettres que de la peintiir�. IL" (1) Sandrart se trompe lorsqu'il dit que van Manier
est mort en 1607. K
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ico la Vu des Vdntrts
entra a c�x-huit ans chez Blocklanit a Delfc} ou
1548. il refta un an; de la il alla a Paris. Il apprit dans cetre capitale que J�rcme Franck 3 Franfen de Mayer & Deriis a Utrecht travailloient enfemble au chateau de Fontainebleauj il alla les joindre : il fut recu parmi eux , & fe mie a peindre : fes progres �tonn�rent fes cornpatriores. La cour �tant venue a Font&iaebleau , il rec,ut ordre de tout qaitter: il revinta Paris, o� il refta tr�s-peu , Ie roi ayant ordonn� aax fujets du roi d'Efpagne Sc anx; autres r�fugi�s de forcir du royaume : il xetourna dans fa patrie, avec 1'intennon de revenic en France a iffi-r�t que les troubles feroient cefT�s. #11 relta pres de fix ans a Gouda s o� fe voyant peu ocevp� p.ir Ie malheur des gnerres qui'acca- bloient les provmeesj il s'ernbarqua pour Lon- dres. Il y fiitbien 1x511 par un fculprcur-architecle,' ami.'e fononcle^ilporraavecluiquelques tabl�aux de fa fa^on qui furentfort recherches. Il fut bien- t&t farcliarg� d'ouvrages, & futpatticuli�rement occup� a faire Ie porcrait. En 1578, Ketel pei^nic Ja Reine } ie comte d'�xfort, Sc les-principaux feigneuirs & dames de la cour & leurs enfans j fouvent en pied , �c toujours de grandeur natu- relle. Il fit un grand tableau repr�fentant la Force dompt�e par la Sage (Te, qui fut donn� par Ie propri�twre a M. Crijlophe Katten ( depuis mort chancelier.) En 1581 il retourna a Amfterdam o� il couti-
nua de peindre Ie portrr.it. Il nt une compagnie d'arquebufiers ent��rejtous en pied 3 avec leurs armes & leur capitaine Herman Rodenborgh Beths a leur t�te. Il s'y eil peint lui-m�me de profil. Ce tableau eft non-feulement beau par la vcnt� Sc la |
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Flamands 3 Alkmands & Holtandois. »or
reflemblance j mais les �toffes diff�rentes en font " bien imit�es 3 & 1'ordonnance en eft fort fiche : il fut place dans la galerie da Mail. En 1589J il entrepnt encore un autre tableaua peu pres dans Ie m�m�-gc�t , pour la compagnie de Saint- S�baftien : on y voit auffi leur capitaine D�d'ur Rofcncrans. Celui-ci ne c�da en rien au premier ; quoique Ie nombre des portraits foit coniid�rable, ce tableau n'eft ni confus ni froid, ( d�faut ordi- naire de ces fortes de compo{it:ons.) Sous les figures de Notre Seigneur & des douze
apotres,nous avons de lui les portraits des artiftes & amateurs de fon fidele , entre lefquels celui de xlcnri de Keyfer tient Ie premier tang. Ma�s voici une maniere de peindrej dont il
n'y a point d'exemple dans les fai}es de Ia pein- ture: en mil cinq cent quatre-vingt-dix-neiif\, il fe mit a peindrs avec les doigts fans pinceaux } &c commenca par fon portrau. Il en fit plufienrs danj ce genre avec un fucc�s extraordmaire : ils �toient parfaitement coiori�s & d'unepuret� �ton- nante. 11 fic pour Ie ficur Hcnri van Os d'Amiler- daim , un D�mocrite & un H�raclite : Ie premier �toit fon portrait, & 1'autrc celui de M. Morojini; apparemment que ce Af. Moroj�n�, digne de por- ter fon n�m, reilcmbloit au trifte H�raclite. he duc de Nemours , qui peignoit lui-m�me, furpns d'admiration, acheta de lui eet H�raciice. Notre peintre fitd'autresprodiges plus finguliers encorej les doigts de fa main gauche �c de fes pieds lui tenoient lieu de brolFe Sc de pinceau j dont il fai- foit rarement ufage. Il faifoit en grand & en petit l'hiftoire j !e
porcrait, rarchitediuej &c: il modeloit en terre |
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lol La Vit des Peintres
& en eire. Comme tl �toit po�te, il a fouvent
1J48. orn� fes rableaux d'embl�mes Sc d'infcriptions : il difoit qu'il s'�toit mis a peindre fans pinceaux, pour monrrer que tout f�rvoit d'outilj avec Ie fecours du g�nie. Cette remarque eft jufte, ce- pendant il a eu plus d'admirateurs que d'imita- teurs : aucun de fes �l�ves n'a fuivi fa nouvelle methode. D�s qu'on peut mieux peindre avec Ie pinceau
qu'avec fes pieds & fes mains, pourquoi aban- donner un ufage plus facile Sc plus s�r ? Le but d'un artifte �tant de faire le mieux qu'il eft poffi- ble, on doit pr�f�rer la maniere de bien faire faci- lement, a celle de mal faire difHcilement. Voila pourquoi les po�tes ont renonce aux fonnets , aux acroltiches Sc aux bouts-rim�s j de beaux vers, dans une mefure libre, font au-deflus de ceux qui n'ont d'autre m�rite que la difficult�. On ne lui connoit d'autre �l�ve qu'Ifaac Oferyn
de Copenhague, qui refta trois anschezluij & qui de la fut a Venife & a. Rome) il mourat fort jeune au fervice du roi de Danemarck} n'ayant pas m�me eu le temps de finir le portrait de ce prince. On voit par les eftampes grav�es d'apr�s Ketel, que fes ouvrages font remplis d'efprit, & qu'un meilleur gout de deflTm auroit rendu fes tableaux plus dignes d'�tre recherches. Il vivoit encore en 1600, lorfque van Mandcr a �crit fa. ▼ie. |
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Flamands j Allemands & Hollandols. io$
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PIERRE
DE WITT E.
JLes dif�erens pays o� lesartiftes s'�tablifTent, font
que fouvenc on change leur nom & Ie lieu de leur naiirance. M. de Piles noinme Pierre de ?Pi«eCANDiTO,parce que fes eftampesfont mar- qu�es fous ce ncm. Il Ie dit n� a Munich : il eft vrai qu'il y a demeur� long-temps _, Sc lJon croit m�me qu'il y eft mort; mais il eft certain qu'il naquit a Bruges en Flandres vers 1'an 1548, II peignoit �galementbicnafraifque&ai'huilej&: il avoic Ie ralenc de bien modeier en terre. �abeau- coup travaill� avec Fajar� dans Ie palais du pape: il fit a Florence pour Ie grand duc plufieurs |
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patrons de tapiiienes, 8c quelques aucres ouvra-
ges. Le duc de Bavi�re Ie prit a fon ferviee. Sadeler Sc quelques autres enc grav� d'api�s fes tableaux. |
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CORNILLE
DE WITTE.
IL �toit fr�re du pr�c�cent, Sc fut recu officier
dans la garde deT�le�teur de Bavi�re. Quoiqu^il fe fut avif� tard de manier Ie pinceau , il fit alTte. bien le payfage. |
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404 La. Vu des Pemtr�s Flamands ,
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HENRI
VAN ST�ENWICK,
�L�VE DE JEAN DE VRIES.
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naquit a" St�enwick environ Fan 1550,
Son maicrej Jean de Vries, qui excelloit dans la perfpeclive , rendk fon �l�ve habiie dans la m�me faence. St�enwick s'appliqua donc particuli�re- menc a l'archke�ture : il d�buta par quelques. petits tableaux, & eet efTai fut un coup de malere. De Vries publia par-toat les talcns de fon �l�ve , tjui vendit fort cher fes tableaux : il croyoit joair tranquillemenf de fa r�putation, lorfque la guerre vint d�foler fon pays. Aprcs avoic err� long- temps, il fe fixa aFrancfort fur Ie Mem: la , dans la crainte de Ie perdre, on lui prop >fa un �tablif- fement avantageux : il y trouva Ie loifir de fe per- f�dfcionner. Il v�cut aim� Sc eftun� pour fes talensj Sc mourut fort regrett� en 1604. Il laiffa un fitj habiie peintre, & deux �l�ves diftingu�s j les Neefs p�re & fils. A Paris, chez M. Ie comte de Vence , on voit
1'int�rieur d'une �glife5peint ^X�Henri St�enwick ta 1604. |
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VENCESIAUS ■
KOEBERGER,
�L�VE DE MARTIN DE VOS.
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XLQoit natif d'Anvers , on n'a pu d�cou-
vrir Ie temps de fa naiflance. Martin de Vos lui enfeigna la peinture; fon g�nie & fa conduite plurent a fon ma�tre, qui ne n�gligea rien pour l'avancer. Il refta quelques ann�es a fe former dans cette�cole; amoureuxdelafilledeak Vost il ��t tout ce qu'il put pour 1'obrenir. Son indif- f�rence pour lui Ie d�tcrmina a yoyager pour |
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io<? La F ie des Pelntres
�oublier fa p.i/��on , & chercher a difl�per fa
m�lancolie. Arriv� a Rome, il �tudia les beaut�s r�patv
dues dans fon enceinte3 & aux environs: il fut de Li a Naples, & fe reniit chez un peintre flamand apptl� Franco , qui avoit une grande r�putation. A peiney fuc-il entre, que la fille de franco ( qui paflbit pour la plus belle de Naples ) fit fur lui la m�me impreffion que celle de de Vos. Il fut plus heureux dans fon nouvelamour; efti- m� du p�re, aim� de la fille , il 1'�poufa. Ce hen l'arr�ta plus long-temps en Itali� j ma�s
fi r�putation fe r�pandit en tous heux. La Flan- dre vit avec chagrm 1'�loignement de eet artifte : ceux d'Anvers lui �cnvirent plufieurs fois pour 1'engager arevenir, & lui ordonneren! un tableau pour la confr�ne de S. S�baftien. Il difF�ra fon retour, & fit le tableau qui repr�fentoit le patron de cette compagnie, & le leur envoya. D�s qu'il fut place j les peintres , les amateurs d'Anvers Sc des environs vinrent en foule pour le voir; tous 1'admir�rent & le lou�rent. Le beau irrite fbu- vent ceux ni�mes qui 1'admirent: on vit quelques jours apr�s deux t�tes de femmes 3 qui �toient peintes fur le devant, conp�es & emport�es. Les recherches qu'on en fit furent fans effet -y on n'a jamiis pu d�couvrir 1'auteur de ce dommage. La difficult� de les r�parer, obligea de renvoyer le tableau a Naples a Koeberger, qui le racom- moda au point qu'on ne s'appercut pas de 1'ou- trage qu'on avoit fait a ce tableau. Il eft dans 1'cglife de Notre-Dame d'Anvers^ on ne cefTe d'en admirer routes les parties, le deflin, le colo- ris & la difpofaion du tout enfemble. Koeberger, |
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Flamands l Allemands & Hollandols. 107
toujoursperf�cut� pour fon retour,quitta 1'ItaLe
Sc arriva a Anvers; il fut dela s'�tab�r a Bruxelles, Sc fut nomm� peintre de 1'archiduc Albert d'Aa- triche , qui 1'eftima de plus en plus 3 non-feule- fnent pour fes talens de grand peintre, ma�s pour fon habilet� dans la po�fie & dans les recherches de 1'antiquit�. Un peintre, ainfi qu'iin po�te, pour excellerdans leur art, doiventfavoir plus que leur art m�me. Nicolas-Claude-Fabri Pe�refc_, fi c�l�bre parm�
les antiquaires , vint a Bruxelles pour s'entretenir avec Koeberger. Ce dernier lui montra fon cabinct de curiofit�s, & fur-tout fon beaum�daillier, con- tenant une fuitedepuis^/ej-C^ar.Il apprita Pei- refc que ce que 1'on prendordinairement pour une pi�ce de monnoie,n'eftfouvent qu'une medaille qui d�figir� les �v�nemens du r�gne de chaque prince. Pe�refc, tr�s-fadsfait des entretiens du peintre, en profita. Il r�gna depuis entr'eux une �rroite liaifon : tous les grands hommes font faits pour�tre amis. Koebergerexcelloit en architecture: rien ne lui
paroifloitdifficilej ce g�nie heureux ne trouva pas plus de bornes dans fes �tudes que dans fes fuc- c�s. L'archiduc lui donna laconduite des fontaines Sc des autres embellifiemens du chateau de Ter- vure proche Bruxelles : il y a furpafl� 1'attente de ceux qui connoiflbient fon g�nie. Il batit 1'�glife de Notre-Dame de Montaigu
dans la forme de Saint-Pierre de Rome, & quel- ques autres, fans les chapelles qu'on voit fut fes deiliiw : il les orna de ies tableaux. |
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io8 La Vit des Pcintres
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ADRIEN CRABETH;
�L�VE DE JEAN SWART.
(jrabkth �coic �'�ve de Jean Swart. Il fut
adtiiir4 dans fon temps pour fa grande difpofi- . . '\ r rr r » Tl �
non : encore jeune, il lurpalia ion maitre. II vint
en France avec Ie projec d'aller a. Rome \ mais il fut ari'�t� pour quelques ouvrages dans la ville d'Autun. Il j mouruc au grand regret des ama- teurs. Ce qu'il faifoit �toic furprenant, n'ajrant jamais vu Rome. MATHIEU ET PAUL
B R I L^
� L� V E S
DE DANIEL VORTELMANS. G e s deux fr�res naquirentdansla ville d'AnverSj
Mathieu en 1550, Sc Paul, felon van Mander, en 1 556. Mathieu alla de bonnc-heurea. Rome, o� il fut employ� au palais du Pape, dans les gale- ries Sc dans les falons: on y voit de lui de beaur payfages a fraifque. Il mourut dam cette capi- tale, en 1584, ag� de trente-quatre auj. Paul
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Plamands i Alkmands & Hollandois. i.09
Peul apprenoit a peindre chez Daniel Wond- mans-, ce dernier, quoique m�diocl-edans fon are, Re laifla pas d'avancer fon el�ve , qui, a l'&ae de «juarorze ans j fut employ� a pemurt des clave- cins a gouafl�. Il qukta Anvers puur aiier a Bre- da, ou il rs(k quelque temps. De retour chez lui ,fur la r�putacion que fon frtre avoit a Rome, il forma Ie deiTein d'aller Ie joindre. Cblig� cie cacher Ion d�part d fes parens , il partlc fans faire ti'adieux: il traverfala trance j& demeutu queU que temps a Lyon ; dela il fut a Rome j oti il trouva fon fr�re occup� au Vacican, fon? Ie ponti- ficar de Gri'goireXIII. Il devinr�lcve de Mathku^ Sc quoique m�diocre dans fa jeunefi� , il furpafla depuis fon aln�. .Apr�s fa more il fut charg� des ouvrages qui leur �roient deftin�s a tous deux } Sc il eut la penfion de fon fr�re* Ses principaux ouvtages font prefque tous topo-
graphiques. Dans Ie falon d'�t� du pape il avoit repr�fent� en fix tableaux les fix couvens prin- cipaux du domaine de fa faintet� ; il en choific les fituations les plus agr�ables , & les pei^nic d'apr�s nature. Il fi: des payfagej pour orner un falon chez Ie
cardinal Mathku } & pour Ie fr�re de fon �mi^ nence 3A}drukal Matkieu, & ih autres payfa^es repr�fentant fix rhateanxde ce catdinalj & leurs environs. T�us ce;ir cif�nrpeintsa Phuile. II a �rn� plufieurs �elifes de fes Ouvrages �
celles des J�fuites cv des Th�atins. Son principal tableau eft dans Ie falon nouveau du paps ; il eft peinti ftaifq'-ie; il a <JS pieds de longj & ei� fort �lev�. Le p�vfage eft d'une grande beaut�: les figures rept�fentent Saint Clement attach� a une Tornt I, O |
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X i o La Vit des Peintres
�-------ancre & pr�cip�t� dans 1'eau j & dans Ie hauc i
i j jo. une gloire avec des Anges.
�utre ces grands ouvrages j il a peint beau-
coup de tableaux de chevalet en pctir y fouvent fur cuivre. lis font fort recherches. Ses figures font fpirituelles & bien deffin�es: il fomfia fa maniere fur celle du Tlt�en. Ses tableaux onc beauconp de force _, quoiqu'un pea verds. Son payfage a des lomcams admirables; une touche l�gere termine les malles des arbres qu'il plac.oit avec choix. Le t.ibleau de Campo Vacclano eft de fon
meilieur cemps. I! appartenoit au fieur Henri van Os, & fe crotive pr�fentemeutdans lecabinet du roi de France , qui pofi�de encore �ouze tableaux de ce peintre , dont voici la lifte : Diane &CalixtOj Pan & Sinax _,des Payfans d�pouill�s par des voleursj une Chafle au cerf} autre Chni�e, une 1'emp�tej vue d'un Port de mer, Rebecca j Oiph�e entour� dJanimaux, line Dryade jouant du tambour, S. J�r�me dans le D�fert , S. Jean ie fon agneau , un payfage o� font des P�cheurs, un autre avec des Moutons, 8c une Fuite en Egypte. On a de lui au Palaic-Royal une Sainte Familie,
un payfage avec des ch�vres , une Ghai�e aux canards, une Marine j &: une Danfede Nymphes & d'enfans j avec des Satyres. Il �ineint dans la galene <lu duc de Florence ,
un payfage fur marbrej chez l'�leAeur Palatin , nn payfage a,vec figures. On voit du m�me peintre a Paris j chez M.
le comte de Vence, un Port de mer avec figures; chez M. le marquis de Lajjey t trois payfages, |
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Flamands j Allemands & Bollando�s. 111
«vee des figures peintes par Ie chevalier Jofepin j
chezM. Ie corate de Choifeul j deux payfages , avec des figures par Rottcnhamer; chezM. Blondd de Gagny _, quane payfages avec figures, un de ceux-la reprefente la cafcade de Tivoli; chez M. Pafquier, d�put� du commerce pour la ville de Rouen , un payfage avec deux groupes de figures, un de Carrache�t Fautrede BoullogneVai- n� j chez M. de Julunne3 deux tableaux de deux pieds & detni fur dix-huit pouces de haut, dont run eftuneFoire ou un March�, avec unenvi�re charg�e debateaux & beaucoup de figures; 1'aucre efl: un Pare, avec des figures & des animaux. On Voir chez eer habile connoii�eur trois autres Cableaux du m�me, avec payfage , architecture Sc figures. M. Ie Noir a de ce peintre deux pen- dans de deux pieds quatre pouces j fur un pied dix pouces de haut. L'un eft un Berger qui faic fortir d'une �table un troupeau de rh�vresj Ie payfage du fond eft tr�s-beau; trois figures font fur Je devantj avec un morceau d'architcdlure 5 des maifons &: des viilageois ornent Ie fecond plan. L'autre tableau efl; un payfage 5 on y voit les difciples d'Emma�s & des bergers qiu font pa�- treleurs troupeaux. I.es figures & les animaux font du Carracke:\e payfage eftdumeilleurtemps de P- Bril. hl. Iempereur enpofs�de un tr�s-beau payfage, avec des ch�tes dJeau & des rochers qui produifent des effets furprenans ; des fatyres y occupent Ie premier plan. Ce tableau a trois pieds de largefur deux & denu de haut. Les�l�ves qui om Ie plus fuivi la maniere de
ce maitre, font Bahha^ar Louvers & Gu'�laume Nieulant d=Anvers. Ce dernier a grav� plufienrs O x
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La Vu des Peintres
. morceaux d'api�s P. Bard, ainfique Sadeler, Sic* Paule�. more a Rome en 1616, ag� de 7® ans. |
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F R A N g O I S
M E N T O N,
�L�VE DE FRANC-FLORE.
JMenton naquit a Alcmaer, Sc fut �l�ve de
Franc - Flore. Il devint lui - m�me un maitre habile. Il avoit beaucoup d'efprit. Toutes fes compodtions font marqu�es au bon coin. Il def�i- noit & peignoit bien. Il s'enrichit a faire Ie portrait. Il gravoit avec gout & finefle. Sa r�pu- �tation lui procura un grand nombre d'�l�ves. On ne fait pas Ie temps de fa mort, mais il vivoit encoreen 1^04. ARNO LD PIETERS.
lL�toit fr�re de Pierre Pieters ; qu�ique tr�s-
cap.;ble de peindre 1'hiftoire} il s'appliqua au portrait. &r paffi pour_un grand peintre en ce genre. Fan Mander dit qu'en 1604 il �toit 4 peu pres ag� de 5 4 ani. |
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Tlamands 3 Alhtnands & Edlandois. 11J .
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LOUIS TOEPt/t;
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ille de Malmes fe glonfie d*avoir donn�■
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v
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Ie jour a cepeintre: on ne fait rien de particulier i f ;o.
de lui, fi ce n'eft qu'il demeuroit a Venife, & cjue 1'on a vu de lui des Foiresj des March�s & des Cuifmes, Ie touc bien pe.;nt & bien dif�in�. Le payfage qu'il trmtoit avec une belle touche & une couleur chaude , lui a donn� beaucoup de r�putation. I! demeuroit a Dervifo pres de Venife. Il paffe aufll pour un des mei'.leurs po�tes de fon temps. Il v ivoit encore en 11J04. |
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J O S E P H
DE BEER,
�LEVE DE FRANC-FLORE.
_LJe Beer naquit a Utrecht. Franc-Flore fut
fon maure. S'�tant rendu habile dans fon art, i-I pafTa cjuelque temps a 1'�v�ch� dsTourHai,& ds retour dans fapatris^ il y mouri |
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-> -j
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La Vu des Pcintres
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P I E R R E
STEEVENS.
■�teevens naquit a Malines. Il �toit, du temps
de van Mander j au ievvice de l'empereur , en qualit� de peintre de la cour. Il demeuroit i Prague. Il fut grand peintre dliiftoire & favant deffinateur. |
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g a s p a r d
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H E U V I C K:
JTIeuvick naquit a Ondenarde , environ 1'an
1550. On conno�t fort peu de fes ouvrages j cxcept� en Itahe, o� 1'on croit qu'il eft mort. Heuvick demeura quelqne temps chez Cofte, peintre du duc de Mantoue. Il fe retira dans la Pouille , chez 1'�v�que de Barry 3 o� il fit plu- fieurs grands ouvrages j mais il augmenta fa for- cune en Itahe, dans Ie commerce de bied qii'il fit pendant une ann�e de difette. Van Mandcr loue fort �on talent. |
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Flamandsy Altcmands & Hollandois. 115
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HERD ER.
Hlerder fut contemporain de Curie van Mander.----------
Cer ecrivain Ie viu a Rome. Il vante beaucouples 1 �50.
ouvrages d1Herder, qui mourut a Groningue fa patrie. |
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CORNILLE FLORIS.
_T loris natif d'Anvers, fils de Cornille Floris ,
vivoit en 1604. Il avoit la r�putation de bon peintre.& de bon fciilpteur. On voit encore beau^ coup de fes ouvrages : on ignore Ie temps de fa mort. |
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KRISTIAEN ouCHRESTIEN
J E A N
VAN BIESELINGHEN.
V an Biesf.linghen, contemporain de\Nieulants
�toitn� a Delft j on ignore 1'ann�e de fa naiflance. Il paffbit d�ja pour bon peintre en 15S4. �n O 4'
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La Vit des Peintres*
■��-�� dit que , malgr� la d�fenfe des Etats-g�n�raux^ XS,S°' <\al ne vouloient point qu'on peignit Guillaume I, Prince d'Orange, qui fut, tu� par Baltayir Guerards, de peur, que fon portrait ne tombat entre les mains des ennemis & ne fut infult� , van Biefelinghen ayant vu ce prince infortun� dans fon cercueil, il fe rel�ou-vint fi bien de fes traits j quil Ie def- l�na parfjitement. Guerit Pot pr�f�ra ce portrait a tous ceux quJon avoit faits du prince d'Orange > &. s'en fervit pour faire fon grand tableau- qu'on il place en i<Jiod^as la maifonde villede Delft. Van Biefdinghen defllna dans la prifon Ie meur- trier du prince \ Sc ce portrait en deflin a �t� vu 4epuis a Dorr , ^ans fe cabinet de David' Flud. Van Biefdinghen, fa femme & fes deux enfans» ayant conduic quelques amis qui s'embarquoieat j>our 1'Efpagne , ils mont�rent avec eux dans Ie vaifleau. Le vin ,. qui augmente quelquefois 1'a- miti�, donna anotre artifte un fi grand regret da cjuitter fes amis_, qu'ils k d�termin�rent a quitter- jfa patrie. Il paffa avec eux en Efpagne, o� lfe. roi, pr�venu de fon m�rite, le nomma fon pein- tre. Il y refta jufqu'a la mort de fa femme ^"& il retourna enfuite en Hollande. Il fe remaria j Sc �it demeurer a Middelbourg en Zcelande, oy. Ui jjwirut ag� de 41 ans.. |
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Flamands 3 Allemands & ftollandois. lij
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GUALDORP
GORTZIUS,
DIT GELDORP,
�L�VE DE FRANCOIS PORBUS.
VJuAi.DOR.PHaquhiLouvain en Brabant en i 553.-------
A I'agedei7 oude 18 ans ilquicta cetteville pour T f..
aller a Anvers chercher d'autres tnaitres, & entra chez Francois Franck d'Herentals j qui mourut peude tempsapr�s. Ilfucdepuis �i�ve de Francois rorbus. Sous eet habile imitateur de la nature _, il ent la r�putation d'un des meilleurs de fon temps. Il ne fortit de chez Porbus que pour entree au fervice du duc de Terra nova 3 avec lequel il fut s'�tablir a Cologne. Le pomait n'efl pas Ie feul talent qui 1'aitfaitadmirer, il peignoit �gale- ment Thiftoire : on voyoit chez le fieur Jean Meerman j a Cologne, une Diane; chez le fieur Jaback, une Suzanne , une t�te de Chnft & cel'e de la Vierge. Ces deux t�tes font eitim�es par cjuelques connoifTeursj autant que celles du Giddc, Crifpin Depas les a grav�es. Georges Haecka conferv� de Gua'dorp unE/an-
g�lifte d'une grande beaut�. Ceux qui ont le plus ch�ri les ralens de ce peiwtre } font deux artiftes de la m�me, viiie, Francois Franck & Jaeques Mlli |
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i 18 Ia Vit des Pcintres
Le fieur Gortfen de Hambourg pofledoir encore
1555' de lui un tableau d'une belle compof�tion, repr�- fentant EJlher Sc Affu&us. Lenombredes tableaux de Gualdorp, 8c prin-
cipalement de fes portraits , eft coniid�rable. Il �toit en 1604 dans une grande r�putation. On ne fait rien de lui depuis. |
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HANS (ou JEAN)
S O E N S,
�L�VE DE GILLES MOSTAERT.
ooens naquit a Bois-le-Uuc vers Tann�e 1555.
Il vint fort jeune a Anvers chez Jacques Boon , & dela chez Gilles Mofiacrt. Il fit de grands pro- gr�s dans la mani�ie de ce peintre, qu'il n'a point cjuitt�ej mais dans la fuite il devint un des plus habiles payfagiftes de Flandres. '.�hez Henri Lou- vers a Amfterdam, on avu de fes premiers ouvra- ges egaler ceux des grands maitres. Il peignoit �galement en grand Sc en petit. On eftime de lui plufieurs petits tableaux d'un beau fini, & peints iur cuivre. Il euakta fon pays pour aller a Pvome , o� fes ouvrages furent Fort recherches. On voit beaucoup de fes petits tableaux qui furent achet�s fort cher. Il fut employ� dans le palais du pap« a pein-
dre de tr�s-grands payfages a fraifque dans les frifes. Sa maniere eft prompte & pleine de feu. |
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Flamands , Allemands & Hollandois. 219
Une belle entente de couleurs fait fentir la d�- ■ gradanon de fes plans. Ses ouvrages effacent ceux cjui fe crouvent places aupr�s des iicns. Il couchoitj dans fes petits tableaux , les figures
avec beaucoup d'efprit. Il pafTa au fervice du duc de Panne, & on croit qu'il y refta jufqu'au temps de fa mort, qui eft inconnu. On ne fait pas non plus s'il a fait des �l�ves. |
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D I R C K ( ou T H I E R R Y )
P I E T E R S.
v/�toit Ie troifi�me fils de Pierre Aertfen. Il
s'�tablit a Fontainebleau > ou il fut a�ralfin�. L'a�n� des trois fr�res lailfa un fils y qui fut bon peintre. Il approche beaucoup de la maniere & de la force de fon p�re. |
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J E A N
VAN ACHEN,
ELEVE DE GEORGES ou JERRIGFL
Van Achen naquit en 1556 , dans la ville
de Cologne 3 de parens aif�s qui Tenvoy�rent fort jeune a 1'�cole. La rliyne lui fervoit autant a de�iner qu'a �crire \ mais ce qui �tomu les |
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't x o La Vu des Pdntrts
. artiftes, ce fut Ie portrait tr�s-refTemblant qu'il!
fit d'une duchelfe qui paffe par la ville. Il �toit pour-lors ag� de dix a onze ans: on confeilla a ion p�re den faire un peintre , ce qu'il fit \ 8c apr�s avoir palT� quelque temps chez uu maitre m�diocre, il fut place chez Georges ou Jerrigh , qui peignoit fort bien Ie portrait. En f�xaun�es van Achen devint bon penure} il excel- loit fur - tout i peindre une t�te d'apr�s nature. Il s'appliqua depuis a defliner d'apr�s les ouvrages de Spranger. Ag� de vir.gt-deux ans , il voyagea en Itali� ,
Sc fut adreff� a Venife chez un peintre Flamand nomm� Gajpard lieims Celui-ci Uu demandad'o� il �toit; & air Ie feul nomd"Allemand., fans voir fes ouvrages, il Ie jugea tr�s-m�diocre: il 1'envoya chez uu Italien appell� Moretti, peintre de nom , qui attiroit chez lui les pauvres artiftes, parce qu'il brocantoit leurs ouvrages. Van Achen rit quelquescopiesquiplurentbeaucoup^maisn'ayant pas perdu de vue la t:\con dont Gajpard 1'avoit re^Uj il r�folut de fe peindre dansun miroir _, &c fe repr�fenta riant. Il avoit mis tout fon art a peindre cette t�t&j il 1'envoya a Gafyard Reims, qui avoua n'avoir jamais rien vu de plus beau : i! vint s'excufer de fon imprudence , Sc prit van Achen chez lui. Il a toute fa vie conlerv� ce por- trait j qui fut admii�de toits les connoilTeurs. Van Achtn quitta Venife & fut a Rome. Son
premier ourrage dans cette grande ville , fut la NailTance du Seigneur pour 1'�glife des J�fuites. Ce tableau �toit peint a Fhuile fur une plaque d'�tain ou de plomb. Il fut deftin� pour une de ]«urs chapelies. Ce peintre fit encore fon pottrait j |
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Tldmands 3 'A'demards & Hoilandois. 411
il tient en riant une co;jpe de vm. On voitpr�s de
lui une femme fort connuequi jouoit du luth , nomm�e Madona Venufia. On regarde ce tableau comme Ie plus beau qu'il ait fait. De Rome il alla � Florence , Sc �t Ie portrait de Aladona. Laura j <jui excelloit en poefie. Il retourna a Venife, ou il a fait une quantit�
de tabieaux pour un n�gociant c�e Maftricht y entr'aurresnotr e Seigneur enrre les mams des Juifs, une Dana� grande comme nature } & un Juge- menr de Paris pour un n�gociant de Cologne. Tous ces tabieaux , & en partie ceux qu'il rit a Ja cour de Bavi�re, onr �t� grav�s par R. Sadcler. pendant fon fejour a Yenife , 1'�ledreur de
Bavi�re chargea Ie grand - mr.itre de fa maifon t Ie comte Otto Jicnry de Swartftnbourg, d'engager van Achen d'aller a Munich , o� il peigni t Ie tableau d'autel deftin� a la chapelle du tombeau de ce prince. Il �toit ftir bois , & les figures �toient de demi-grandeur naturelle; Ie fujet repr�fentoit la d�couverte de la vraie Croix ; on en admira & la compoiltion & la couleur. Son deflin eft correcTrj & fes airs de t�tes tiennent fouvent du gout du Corr�ge. Le duc de Bavi�re fut fort fatisfait de ce tableau;
il lui fit faire fon portrait, celui de la ducheffe �c des deux jeunes princes leurs enfans, de gran- deur naturelle, places tous dans le m�me tableau. Apr�s avoir �t� bien r�compenf�, il recut pour pr�fent une chaine d'or de zoo flerins. (i) L'Empereur ayant v I? portrait de Jean de
Boullognc 3 cel�bre fculpreur Hamand , peint par (i) Environ 400 liv. de France.
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au La Vu des Peintres Vlamanis., &d
Achcn , fit demander cepeintre pendant qua-
d fif i ��i 1'i |
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i 556. tre ann�es de fuite, fans avoir pu r�ui�ir a 1'atti-
rer. A la fin il lui envoya tin feigneur de diftinc- tion , pour 1'engager a aller a Prague ou �toit la cour. Kan Achcn y fut, & commenca par un tableau repr�fentant V�nus & Adonis. Sa nou- velle maniere de peindre & de difpofer fes figu- res, fes airs de t�tes pleins de graces, plurent infinimeot a ce prince. On ne fait pomt Ie motif qui 1'engageaa quitterTEmpereui" pourretourn�c a Munich, o� il fit pour les J�fuites un Saint- S�baftien fort eftim� , & depuis grav� par Jean Muller d'Amfterdam. Il fit dans ce temps les portraits de mefl�eurs
Fouchers d'Ausbourg, II �poufa la fille du c�l�bre Laffo , l'Orph�e de fon temps, & retournaaPra- gue une feconde fois , a. la demande de 1'Empe- reur jqui con(jutpour lui une eftime particuliere. Tous les palais font orn�s de fes ouvrages. On voyoit de lui a Amfterdam un beau tableau , avec plulieurs figures grandes comme nature. La principale eftune femme repr�fentant laPaix; les Arts 1'environneat. Ce fujet d'une compofition noble eft parfaitcme.nt pemt. Van Achcn moutut aufervice de 1'Emperenr,
fort regrett� de fon ma�tre , & fur-toutdesartif- tes. Jamais il ne paria mal de perfonne & ne fut plus content que lorfqu'il put obliger. L'�ledteut Palatin pofs�de un tableau de van
jichen j il repr�fente notre Seigneur dans fon tombe au. |
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O C T A V I O
VAN VEEN,
o u
OTTOVENIUS.
Ljzs grands talens de ce peintre l'onr fait admi-
rer. La Flandre lui doit l'mtelligence du cla�r- obfcur , dont il avoit donn� les r�gies & les prin- cipes. Il y a , un des premiers, introduit Ie bon gout. C'�toitce qu'on devoic attendre du maitre du c�l�bre Rubens. Ottovenius naquit a Leyden en 15 5 6 j d'une
familie diftingu�e.Son p�re �toit bourguemeftre , &fam�re Cornetia, d'une des principales maifon* |
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Ia Vu la Pdntrtt
---------d'Amfterdam. Il pafTa fa premi�re jeunefle dans
l , ^ les �coles latincs, Sc �tudia. Ie deflin chez Ifaac
N�colas: quelques d�go�ts ralentirent fes progr�s. Son p�re 1'envoya a Li�ge a 1'age de quinze ans t il y fut re^u avec amiti� par Ie cardinal de Graefi bec, ou Groojbcck, pour-lors �v�que & prince de cette ville. C'eft a 1'amiti� de ce cardinal qu'ii fut redevable des moyens qu'il eut d'�tudiei* la peinture: il en recut des lettres de recomman- dation pour Ie cardinal Maducio a Rome j qui concut pour lui 1'eftime due a fes ralcns. L'�cole de Fr�d�ric Zucherc fut celle o� il s'attacha enti�- rement, & enpeu de temps il donna des marques de fonhabilet�. Il quittal'Itali� apr�s feptann�es d'�tude j il vint en Allemagne & refta au fervice de 1'Empereur. Il fut a la cour de Vienne , a celle de l'�le�leur de Bavi�re 3 Sc d�la chez 1 �- lecteur de Cologne. L'amour pour fa patrie 1'ei-n- poita fur les honneurs Sc fur les penfions qu'oa lui offrit. Les Pays-bas efpagnols , dont pouc lors Ie prince de Parme �toit gouverneur , fix�rent Vcnius. Ce prince Ie reipt avec une fin- guli�re bont� , & ne fut pas long-temps a conno�- tre fon efprit Sc fon g�nie: il l'hoiiora du titre d'ing�nieur en chef, & de jpeintre de la cour d'Efpagne. Ottovenius remplit ces deux places avec honneur. Son m�rite perfonnel Ie fit autanc admirer qu'eftimet des feigneurs de cette cour , & fes belles qualit�s leur firent m�me rechercher fon amiti�. La mort du duc de Parme 1'obligea de changer
de demeure. Il choifit Anvers, o� il exerija fon g�nie & fon pinceaua orner les �glifes Sc les plus beaux �difices de fes tableaux, qui y font encore admir�s
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Flamands , Alhmands & Hollandois. 225
'adm�r�s aujourd'hui. La ville d'Anvers lechargea
dans Ie m�me temps des dei�ins & de la direc- tion des arcs de triomphe qui furent �lev�s a 1'entr�e publique de 1'archiduc Alben. Ce prince fut furpris de Fordonnance ing�nieufe qui r�gnoit dans cesd�corations: 1 enius ree, ut de lui des mar- ques utiles de prote�tion. Il 1'appella a Bruxelles, & Ie fit intendant de la monnoie : ce nouvel cmploi ne 1'emp�cha point de peindre& d'�crire. Il fit les portraits de 1'archiduc Sc de 1'infante Ifabelle en grand j& qui furent envoy�sa Jacques I, roi d'Anglecerre. Louis XIII voulut attirer ce peintre a fa cour j
ma�s les plus flatteufes promeifes ne purent jamais Ie d�tacher du fervice de 1'archiduc. Il refufa m�me de faire quelques defllns pour les tapifle- ries du Louvre, &c mourut a Bruxelles en i<j^4, ag� de 78 ans. Il laii�a deux filles _, qui fe font faic une r�putation dans la peinture, Gertrude Sc Cor- n�lie. La derni�re �poufa depuis un riche n�go- ciant d'Anvers. Gertrude a fait de fon beaux tableauxj entr'autres Ie portrait de fon p�re, qui eft grav�, &' qui fut orn� de ces vers par Ie favant Ericius Puteanus : Artis fu.& miraculo felix Pater
� Filidjam plenus &vo nafcitur , Vidurus omni, clarus at avis Battavis, TiHor, Po-ca, Philofophus , Cajhenfium Callens matkematum, orbita dii ingeni Ter aha vtBus rerum , & ima �i intima Scientiarum, aocta v*na Tome I,
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La Vie des Peintres-
Le chev.ilier Bulart _, qui a �crit la vie d'Or-
tovenius 3 faic fon �lcge, & lui donne le nom d'hiftonen & de po�te : il cic� iin grand ncmbre de fesouvrages, 1'Hiftoire de laGuerre des Bata- ves contre Claudius C�vilis & Cenal�s 3 tir�e des quatri�me&: cinqui�me livres de Corneille Tacite. Cet ouvrage eft enrichi de quarame eftampes. Les Embl�mes dTIoracej avec des'obfervations latines, franc,oifes, italiennes & flamandes j la Vie de S. Thomas d'Aquin 3 orn�e de trente-deux planches ; plufieuis �mbl�mes fur I'amour divin &: profane : il d�dia ce dernier ouvrage a rinfante Ifabelle,qui touch�edefabsaut�jengagea Vcnius a faire les Embl�mes de 1'Aniour divin , ouvrage rempli d'art & de favoir. On a de lui d'autres ouvrages remplis d'une
belle �rndition , & qui out m�rit� le luffrage de Lip/ius. Ottovenius eut deux fr�res 3 Gisbert, graveur,
Sc Pierre : ce dernier ne peignott que pour fon plaifir : les connoifTeurs ont regrett� qu'il n'en ait pas fait fon unique talent, tant il ayoit de difpontion Sc de g�nie. Les principaux ouvrages de ce pe�ntre fe con-
fervent dans les �glifes de Flandres. La cath�- drale d'Anvers nous offre dans la chapelle de S. Nicolas, Notre Seigneur au milieu des p�cheurs convercis j c'eft le tableau d'autel : celui de la chapelle du Saint Sacrement repr�fente la C�ne. On voit dans la chapelle des peintres un tableau de Martin de Vos, avec deux volets, dont un eft peint par Venius. Le tableau du grand autel de la paroifTe de Saint-Andr�, repr�fentant 1» martyre de ce faint, eft de la m�me main, ainfi |
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Flamands t AHemands & Hollandols'.
«que Ie tableau de la Madelaine atix pieds de
!Notre Seigneur, chez Simon Ie Pharifien. Mais ce dernier moixeau eft a Bergues, dans Ie r�fec- toire de l'abbaye de §. Vinox. |
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JEAN DE WAEL.
JL/ e "Wa e t, �l�ve de Francois Franck, m�rita
de la confid�ration dans fon art : il �toit n� � Anvers , o� il mourut jeune. Il fut admis dans la compagnie des peintres de la m�mc ville. |
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i J .
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ADAM
VAN OORT,
EL�VE DE SON P�RE.
C e u x qui ont �crit la vie des peintres, ne par-
lent A'Adam van Oort que pour lui reprocher fej exces. Il �toit originaire d'Amersfort, & naquit a Anvers en i $ 57 : il fut �l�ve de fon p�re Lam- ben van Oort, aflez diftingu� dans la peinture Sc l'archite&ure, & admis parmiles peintres d'An- vers en 1547. Adam auroit eu Ie g�nie Ie plus heureux, su
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La Vie des Peintres Flamands y &e.
avoit �t� plus mod�r� dans fes paffions. Il n�gli- ■ *= gea les beaut�s de la nature, ou peut-�tre ne les 1S57' a-t-il jamais connues. Cependant il eut une r�putation confid�rable, & fit pluf�eurs grands ouvrages dont il fut bien pay�. Il pouvok encore, apr�s ion mariage, fe rendre un des plus grands peintres de fon temps; ma�s il s'�loigna de toute foci�t� :fa brutalit� Ie rendit dangerenx & infup- portable, & il perdit fes amis & fes �l�ves ( du nombre defquels �toit Rubens. ) Jacques Jorda'�ns fut Ie feul qui s'accommoda du g�nie de fon tna�tre , peut-�tre parce qu'il aimoit fa filie, qu'U �poufa fort jeune. Van Oort devint maniere & n�gligea la nature r
il ne regardala peinture que comme un moyen de s'enrichir. L'amour de fon art diminua a mefure «ju'il s'abrntit dans la d�bauche. Ses derniers ou- vrages n'ont d'autre m�iite qu'une ex�cution Eicile & une bonne couleur. Dans fon bon temps il avoit compof� avec plus de choix } & fon def- fin �toit plus correct. Rubens difoit que cepeintre auroit furpafT� fes contemporains, s'il-avoit vu Rome, & s'il avoit cherch� a fe former fur les bons mod�les. Malgr� ces d�fauts 3 il fut bon artifte, & fes tableaux font vus avec plaifir dan« plufieurs �glifes de Plandres.. Il mourut a Aravers en 1641 j ag� de quatre-vingt-quatre ans. Les principaux �l�ves de ce peintre furent
Rubens, Jacques J'orda�ns, Ie Francky & Hertri va» Balen. |
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H E N R I
GOLTZI�S,
�L�VE DE SON P�RE
JEAN GOLTZI�S.
G-oltzius fortoir d'une familie diftingu�e
dans les arts: fes grands p�res & fes oncles �toient tous fculpteurs ou peintres, ainfi que Bubert dont il a �t�^arl� ci-devant. Il naquit au mois de f�vrier 1558, dans Ie bourg de Mulbratk, pres de Venloo dans Ie duch� de Juliets, Son p�re |
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La Vie des Peuttres f lamanis, &c. xy
peignoir bien fur verre : il donna les premiers .
principes du deffin afon fiis 3 en qui il avoit re- connu un penchant d�cid� j d�s Tage de fept on huit ans , il tracoit routes fortes de figures fur les murailles de la maifon : on a vu des deffins de eet age qui ont furpris. Occup� a deffiner fur Ie verre pour fon p�rej ilne lui �toit gu�res poflible d'�tu- dier j il en marqua du chagrin, & s'adonna de lui-m�me a la gravure : ayant fait plufieiirs deffini pour Coornhert, celui-ci propofa au p�re de Ie prendre avec lui pour deux ans r Ie jeune Henri ne voulut point s'engager, il �tudia lui feul la gravure; il ik de fi grands progr�s ,que Coornherty furpris de fon talent, 1'employa, non pas en �co- lier, mais en ma�tre. Il 1'engagea lui & fa familie a Ie fuivre en Hollande, & ils furenc s'�tabliri Harlem. Gokhuis travailla pour Coornhert & pour Phi-
lippe Gulle. Il �poufa une veuve qui avoit un fils nomm� Jacques Mathan , duquel il fit dans la fuite un habile graveur. Quelques r�flexions un peu tardives far f�n
�tat, fur ce qu'il fe trouvoit inan� a 1'age de vingt- nn ans,& dans la n�cel��t� de ronencer ?.u voyage crita�e, chagrin�rent fi fort Goh-^ius qu'il-toniba- dangereufement malade. Il cracha du fang pen- dant trois ans , & fut abandonn� des m�decins : cependant, quoique fcible 6c langui0ant, il fe d�termina $ voyager- pour voir rAnnqiie, difant. que, puifqu'il fallait p�rir, du moms il vouloit auparavant avoir la confobtion de voir les beaut�s de Rome. En 1590, il s'embm-qua a Amftcrdam pour
Hambourgj accompagn� d'tin domeftique, SC P 4
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Xj i La Vie des Peintres
laiflant chez lui fes �l�ves & fon imprimeur. Il
parcourut routes les villes d'AUem.igne, & vifita pai-tout les artiftes fous Ie nom d'un marchand de fromages. Quelquefoi� fon valet pafToit pour Ie maicre; & , fous ces d�guifemens, il eut la fatisfa�tion d'entendre parier librement de fes ouvrages, lui pr�fent, comme s'il n'y avoit point �t�. Ie changement d'air & la fatigue chang�rent fon temperament, & lui rendirent la fant�. Il paffe par Venife, Bologne, Florence \ & enfin Ie io janvier 1591 il arriva aRome, o� il refta long-temps fans vouloir �tre connu t il s'y cacha fous unhabillementgroffier& fous Ie nomi� Henri Bracht. Son admiration vis-a-vis tant de merveilles fufpendit prefque toutes les fon&ions ext�rieures de fon ame, & 1'abforba j il avoit 1'air d'un im- b�cile. L'Italie �toit alors afflig�e par deux fl�aux pref-
qu'inf�parables, la famine & la mortalit�: il fem- bloit que de fes fens il ne fut reft� k Golf(ius que celui de fes yeux : on 1'a vu plus d'une fois def- finer l'Antique au milieu de radavres corrompus, fans s'en appercevoir. Un amufement qu'il mit bien a profit dans fes
heures peidues, fut de fe m�ler fouvent avec ceux qui achetoient & vendoient des eftampes. Il vit Ie cas particulier que 1'on faifoit de fes gra- vures , mais il entendoit ce qu'on y trouvoit a blamer : il proficoit des louanges & des critiques. A la fin d'avril de la m�me ann�e , il panit pour Naples, mais fans fe raire connoitre, avec Jean Ma- thijjerij, orf�vre, & ungentilhomme deBruxelles, nomm� Philippe van Winghen, favant antiquaire. lis fe mirent en route fort mal v�tus, dans la |
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Flamands j Alhmands & Hollandois.
C�ainte d'�tre affaffin�s par des brigands qui infef- toient ces contr�es. Etant arriv�s a Villetri, van Winghen,^�cs Ie fouper, leur montra des lettres qu'il venoit de recevoir de fon pays, une entre autfes du favant Orulius, qui lui marquoit que Gokhuis �toic en Itali� : il d�fignoit Goltqius par fes principaux traits , & par une bruiure qui lui avoit ellropi� la main droite. A ce pomait, Ma- thijfcn s'�cria: Voici Golt^ius, voila biea fon por- trait. Van Winghen neputlecroire : quoilce grand homme auroit pu fe cacher fi long-temps parmi nous ? Non, dir-il, vous n'�tes pas Gohyius, Notre graveur eut beaucoupde plaifir de leur embarras : il tira fa main droite j en riant, 8c dit: Voilala main qui doit me faire reconnoitre. Enm�me temps il leur montra fur fon linge la marque de fes eftam- pes H. G. lis embrafs�rent avec joie ce compa- triote, d�ja leur ami par fon carad�re j �s lui firent des reproches tendres qui ne firent que ref- ferrer davantageles �iacuds de leur union. Apr�s avoir vu a Puzzoly les miracles de la
nature, a Naples ceux de Tart, & apr�s avoit copi� Ie vigoureux Herculedansle palaisdu vice- roi, Golf(ius s'embarqua fur les gal�res du pape pour �tudier les mouvemens des mufcles des ef- claves, qui rament, Ie corps nu: il d�barqua, a caufe du mauvais temps, a Gayeta 3 & de-!a fut a pied a Rome , ou les J�fuites Sc les artiftes Ie reconnurent/: il defl�na au crayon prefque tous les grands hommes: il en fit autant a Venife, a Flo- rence & en Allemagne. lis quitt�rent Rome Ie troifi�me d'aout 1591,
fon ami Mathijfen & lui, pour retourner chez eus: ils prirent leur route par Bologne 6c Venife, en |
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iJ4 &* Vu des Peintres
faifant toujours quelque fejour dans chaque vi�e
pour y voir les artiftes. Goltnus vouliu revenir par 1'Allemague, & s'arr�ter a Munich ( o� il avoit ci-devant jou� Ie r�le de valet.) II fut auffi vifiter tous ceux qui 1'avoient vu fous eet habic: tous en rirent avec lui, except� ceux qui j ne Ie connoilFant pas, avoient dit du mal de fes talens. De )a il fut droit chez lui. On y fut furpris du r�- tabliffement de fa fant� , ma�s elle ne fut pas de longue dur�e } fo:t que 1'air du pays ne lui con- v�nt point,foit chagrins domeftiques, il retomba dans un �tat pire qae jamais. Van Mander, qui a �critfa vie , & qui 1'a beauconp connu , en attri- bue la caufe afon affiduit� au travai!. Tous les fe- crets de la m�decine ne purent'nenop�rer fur lui: il fut reduit quelques ann�es au laitde ch�vre,&a.Ia fin au lait de femme. Fatigu� de tant de rem�des qui ne faifoient qu'achever d'�teindve un refte de vie , il prit la-r�folution de fe promener bca'jccup & de travailler pciij par ce moyen, il r�tablit encore fa fant� : il mourut enfin a Harlem en 1617, ag� de cinquante-neuf ans. Son bun» , aufii facile que fon g�nie f�condj a
beaucoup produit j perfonne na plus delim� dans Rome en auffi peu de temps j il grava a fon re- tour plufieurs de fes dellins. Il imira tous les genres, tant�t celui <i'Hcmskerck, de Fran^ois Floris , de Blocklandt, de Fredertc 8c de Spran- ger : il grava , d'apr�s ce dernier, Ie beau tableau du Feftin des Dieux. Piqu� d'entendre dire que fes ouvrages n'ap-
prochoieut pas de la beaut� de ceux A'Alben Durer, il fit ouelques eftampes dans Ie gout de eet allemand, une entr'autres qui repr�fentoit h |
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Flamands,Allcmanis & Hollandois. 2$ 5
Circoncifion, o� il fe repr�fenta lui-m�me : il
eut grand foin de ne laiiler voir aucune de fes �preuves: il les laifla enfumer, br�la la marque de Ion n�m , & fit colier du papier fur la place. A la foire de Francfort, les connoifteurs furpns de la beaut� de cette eftampe qu'ils n'avoient point vue, & qu'ils crurenc mancjuer a la fjite des ouvrages �Alben, 1'achct�rent Sc la trouv�renc au-deflus des autres. Cet aveu divertic Golt-(ms qui fe fit connoitre, & les confondit en leur mon- trant la planche qu'il avoitgrav�e : cette avcnture ouvrit les yeux des amateurs fur Ie compte de notre illuftre graveur. On fut �tonn� de Ie voir commencer a peindre
a lage de quarance-deux ans: il d�buta par un pent tableau fur cuivre , repr�fentant Motre Sei- gneur fur la Croix, la Samte-Vierge & Saint Jean aux deux c�t�s : ce tableau �toic pur & renipli de beaucoup d'ouvrage. Quoiqu'il ait commenc� fort tard 3 Ie nombre
de fes tableaux eft condd�rable. Le cabinet de rEmpereiir & beaucoup d'autres confervent quan- tit� de fes tableaux : il avoit une maniere de glacer qui lui �toit propre, & il donnoit enfuite des touches qui faifoient un grand effet. IJ a fait aufli fort bicn le portran, ma�s on cice de lui fur- tout une Dana�; a c�t� d'elle on voit Mercnre & une vieille femme : le nu eft favant peur les contours , & la couleur eft fort naturelle. Il �toit habile a la peinture a 1'huile & a la
gravure. Il fit des prodiges fur le verre. On conferve de lui des efp�ces de deffinj en
forme de camayeu , qu'il defl�noit a la pl«me fur de grandes toiles : ces deffins hach�s comme la gravure, font un grand efFet. |
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116 La Vie des Peintres Flamands, &e.
II eut plufieurs bons �l�ves, tels que Jacques
Mathan de Gheyn & Pierre de fode, d'Anvers. |
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REMI
VAN RHENI.
�"----- Van Rh ent , n?tif de Bnixelles, fut grand
imitateur de la nature : les ouvrages qu'il fit pour
Henri comte de Volfes, en AUemagne, de qui il �toit peintre penfionn�en ��oo, ont m�rit� 1'ef- time des connoifleurs. Le chateau o� r�fidoit Ie comte Henri, ayant �t� d�truit & brul� par les SuifTes j Remi retourna a Bruxelles o� il eft mort. *
LOUIS
DE VADDER,
V adder, auffi n� a Bruxelles , �toit grand
payfagifte: il eut foin d'obferver fouvent dans les campagnes le lever du foleil �cartant les vapeurs & les brouillards, & d�veloppant peu a peu les lointains. Ses tableaux font d'une grande v�rit� : il a fu donner la vapeur de 1'air a fes ciels dans fes ouvrages. Ses arbres font de bon gout, bien touches, & agr�ablement r�fl�chis dans les ruii- feaux dom il a ernbelli fes payfages. |
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.....'f
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11-v
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:■/■!'
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H E N R I
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VAN B A L E U,
�L�VE D'ADAM VAN OORT.
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H
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�NRi van Balen naqnit a Anvers : il fut
�l�ve ��Adam van Oort^ qu'il quitta de bonne heure ponr voyager en Itahe, o� il fit de grands progr�s d'apr�s 1'antique Sc les ouvrages des der- niers maatres : il y fut tr�s-etnploy�, Sc revint a Anvers, riche d'argent 8c d'�tudes. Ses tableaux font en aff�z grand nombre: il
peignoit 8c deffinoit bien Ie nu qu'il aimuic i |
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15 8 La Vit des Peintres
repr�fenter dans fes figures. Ses compofitions font
' grandes : il fe fervoit de Jean Breughel pour faire fes fonds. Les deux tableaux qui lui font beau- coup d'honneur, font ceux dont Houbraken (i) fait la defcription \ Ie premier repr�fente Ie Feftin des Dieux : on y voit un grand nombre de figares bien deffin�es & bien colon�es; Ie fond de ce premier tableau eft de Breughel, ainfi que celui du fecond, qui repr�fente Ie Jugement de Paris : les figures peintes avec une grande hafrnonie de couleur paroiflent rondes & fortant du tableau: ileftfur cuivre. Ce bon peintre fut Ie premier maitre d'un plus grand peintre que lui, d'Antoine van Dyck , Sc de Francois Sneyders. Van Balen tient fa place paimi les meilleurs
peintres flamands j il compofoit bien, il favoit donner un tour agr�able a fes figures: la finei�e & 1'�l�gance fe trouvent dans fon deflin, & fa bonne couleur a �t� lou�e par les plus grands maitres. Henri van Balen Sc Marguer�te Bries fa femme,
font enterr�s dans l'�glife de Saint Jacques a. An- vers.' On y voit fon �pitaphe qu'il a orn�a de fon portf ait &c de celui de fa Femme; tous deux fant peints en forme ovale. On lit au bas : Chrifto refurgentifacr... Integra vit& viro, Pittori
eximio, Hennco van Balen, cujus virtutem pr.udens imitdbitur pqfleritas , pen�cillum mirabitur longior atas. Margarita Bries conjugi 17. Jul. 163a., di- nato pojf. & obiit 23 Oct. anno 1638. Horum, tuique, te memorem vult 3 benigne leclor, beatafpes |
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mortalium.
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(1) Houbraken,peintre hollandois, a �crit la vie
des peintres depuis van Minder. |
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Flamands, Allemands & Hollandols.
Un des plus beaux tableaux de van Balen eft
dans 1'�glife de Notre-Dame d'Anvers : il repr�- fente Saint Jean qui pr�cht dans Ie D�fert: il orne Ie retable de la chapelle des menuif�ers. L'�pita- phe de la familie de MM. Humfen eft plac�e con-, tre un «les piliers de cecte �gliie : la Vierge, 1'en- fant J�fus & Saint Jofeph, occupent Ie milieu, Sc fur les volets on voit des anges qui jouentde dif- f�rens tnftrUmens: Ie fond eft un payfage; ily a des fleurs fur Ie devant qui font peintes par Breughel de V'lour, Les Jacobins de la m�me ville ont un tableau
de van Balen, repr�fentant 1'Annonciarion. L'�- giife de Saint -Sauveur a Gand , pofs�de fept tableaux du m�me: Ie premiers 1'Ange qui an- nonce a Saint Jofeph en fonge, 1'arnv�e du Fils de Dieu j Ie fecond repr�fente ia NaifTance de J�fus- Chrift y Ie troifi�me 1'Adoration des Mages; Ie quatn�me la Purification au Temple ^ Ie cinqui�- me la Fuite en Egypte; Ie fixi�me J�fus-Ghrift au milieu desDodteurs; Ie fepti�me, J�fus-Ghrift, la Vierge & Saint Jofeph qiu travaillent de leurs mains. Ces tableaux de moyenne grandeur font places dans la chapelle de Saint Jofeph. On voit du m�me a Gand, chez M. de Schamps,
deux jolis tableaux d'un grand fini. l
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Vit des Pe'intres
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CORNILLE
C O R N E L I S,
� L � V E
DE PIERRE LE LONG LE JEUNE. |
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Vj o rn EiiSj natif d'Harlem en 1561, donna
1562. d�s fa plus tendre jeuneiTe, des marques d'une grande inclination pour la peinture : il tailloit avec Ie couteau des figures de toutes fortes de formes. Sesparens avoient quitc� la ville du temps des troubles de la guerre-, mais de retour chez euxj ils plac�rent Ie jeune Cornille chez Pierre Ie Long Ie jeune , qui avoit de la r�putation. L'�l�ve fe forma en peu de temps j & fut fur- nomm� Cornille Ie Peintre. Il a toujours conferv� ce nom. Il a furpafle de beaucoup fon ma�tre : il quitta fa patrie a 1'age de dix-fept ans, efp�rant de paflfer par la France , & d'aller en Itali�. Il d�- birqua a Rouen, & quitta bient�t cette ville a caufe de la pefte : il retourna en Flandres , & fut a Anvers attir� par la r�putation des grands pein- tres qui habitoient cette ville. Il entra chez Fran- cois Porbus, ik enfuite chez Gilles Coignet, o� il refta un an. Il corrigea fa maniere de peindre qui �toit crue, & fon pinceau devint plus mo�l- leux & plus agr�able. Avant de retourner chez lui, il laiffa a fon ma�-
tre un tableau o� il y avoir plufieurs figures de femmes nues, bien deffin�es & d'un bon ton de couleur j
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Flamands} Allemands & Eollandols. 241
couleur : il fit auill un pot de fleurs, � artifte-
ment touche Sc d'un li beau f�m, que Coignet n'z jamais pu fe d�terminer a Ie vendre , tant il eftimoit ces fleurs peintes d'apr�s nature. Corn�/e, de retour a Harlern, d�buta par un grand ta- bleau pour les Buttes des Arquebufiers : il y avoit .repr�fent� les portraits des principaux de cette compagnie. Ce tableau fut place en 15 S $ ^ 1'ann�e que van Mander alla s'�tabiir dans cette ville : il fut furpris de la beaut� de ce tableau , &il avouaqu'iln'auroit jamais cru trouver a Har- Jem un peintre de cette force. En ef�et dans ce chef-d'ceuvre, outre les per-
fe�fcions del'artj les couleurs font excellentesj 1'ordonnaBce belle, les mains d'un beau deffin , les expreffions nobles : ce ne font cependant que des portraits , mais trac�s par Ie g�nie propre aux tableaux d'hifteire. Comme un po�'te peut im- mortaljfer fa plume par des �loges particuliers » un peintre peut �terniier fon pinceau par des por- traits : 1'un Sc 1'autre doivent int�refl�r autant Je public, que ceux qu'il repr�fent�. Comme notre artifte nJavoit point vu l'anrique, il en amafla des platres ou autres pr�cieux mod�les , fur lefquels il fe forma Ie gout. La nature �toic fidellemenr imit�e dans fes ouvrages : fon go�c de deffin n'eft nullement maniere. Il fit un grand tableau en long 3 repr�fentanc
Ie D�luge , pour Ie comte de Leycefier: il r�p�ta Ie m�me fujet pour Ie fieur Ferreris a Leyden. Lenu, les diff�rens agesfont tr�s-bien rendus. Le nombre de fes tableaux eft confid�rable en grand Sc en petit : il faifoit bien le portrait 3 quoiqu'il Ji'aimac pas ce genre. Peu depeiutres ont�t�plu^ Tome l. Q |
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14* La Fit des Peintres
------� lou�s. Houbraken dit que Cornille refufa 60 flo-
i$6i. rins d'un pied � bieu repr�fent� dans un de fes
tableaux , qu'on peut juger que 1'ouvrage en en- tier devoit �tre fans pnx , ii tout y �galoit la beaut� de ce pied. Ce tableau eft place dans la m�me ville a la cour des princes. Lorfqu'ifou- brakens. voulu relever Ie m�rite de quelques pein- tres } il 1'a �gal� a CornelifJ'cn. Ses tableaux , quoique nombreux , font diffi-
ciles a trouver , par Ie cas que les connoifleurj en font, particuli�rement les Flamands. Il eut plufieurs �l�ves qui ont foutenu fa r�putation , tels que les Gaard Pieten de Delft , Cornille , Jacobs 3 Cornille , Enghelfens , Gerard Nop t Zacharie d'Alcmaer. Quoique Cornille travaillat continuellement j il mourut dans un age aflez avance en 1638 , ag� de foixante-feize ans , 8c illaifla apr�s luiun grand nom, des �l�ves fameux �c des tableaux admir�s. Que pourroit-on ajouter a fa gloire ? |
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PIERRE
L A S T M A Nt
ELEVE DE CORNILLE CORNELIS.
Latsman naquit a Harlem en 1561. Tout
ce qu'on fait de lui, c'eft qu'il �toit �l�ve de Cornille. Van Mander, en �crivant la vie des peintres en 1604 } dit qu'il �toiEalorsaRome, |
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Flamatlds , Allemands & Hotlandols. 24 j
& qu'il promettoic beaucoup. Les hiftoriens rap-
portent plufieursmorceauxdepo�fies afalouange ; j'auroii mieuxaim� voirde lui-quelques tabieaux ; xmis les �loges font fuppofer qu'il les avoit m�rit�s. La raret� de fes ouvrages ou Ie hafard m'en ont priv�. Je puis dire feulement qu'il pafle dans fon pays pout avoir bien compof� Sc bien peint. |
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J E A N
ROTTENHAMER;
�L�VE DE DONOUWER.
R ottinhambr naquit a Muftich en
15 64. Il re$ut les premiers principes de Do- nouwer, peintre m�diocre. L'�l� ve s'appetc, ut bien- t�tqu'un tel makre contribu�roit peu a fon avan- cement \ & n'ayant ni fecours ni mod�le dans fa patrie, il prit leparti de les aller cherchera Rome. Il commen^a a compofer & a peindre de petits fujets fur cuivre \ mais il accrut fa fortune en donnant au public un grand tableau repr�fentanc lagloiredes Saints.Tous ceux qui connoiflbient Ie peuitre, furent �tonn�s de voir changer tout-a-coup ia maniere. L'encouragement porta fes idees plus lom : il fut a Venife pour y apprendre a coloner; il copia d'abord Ie Tint»r$t, qu'il a toujours fuivi, tant pour Ie coloris que pour la pofition de fes figures. Il faifoit de petits tabieaux fur cuivre qu'ilvendoit fort ener, fans n�gliger 1'occafion |
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244 La Vie des Pe'mtres
� <le traiter de grands fujets. 11 fit une Annoncia-
tion pour 1'�glife de S. Barthelemy de la nation allemande, 8c un« Sainte Frabonie pour celle des incu-rables. Ro ttenkamer k mznziV eriifc }8c apr�sy avoir
long-temps travaill�, il re:eurna en Allemagne & ie nxa a Ausbourg. Il peignit en grand & en petic. Il fit un grand tableau pour Ie maitre autel de 1'�glife de Sainte-Croix, repr�fentant la gloire des Saints: ce tableau, dont Ie fujet avoitd�ja �t� traite par notie artifte, eft fup�rieur al'autre. La compofition en eft belle j il y a fu vaner fes figures, fans rien outrer.La couleur & 1'intelligence ont fait confid�rer ce �ableau comme Ie meilleur <le fes ouvrages. Quoique ce peintre e�t fait un long f�jour en
Itali�, il conferva toujours un refte du gout de fa nation, mais plus elegant & plus gracieux que ne font la plupart des peintres allemands. Il de- vint rnani�r� dans quelques-uns de fes ouvrages: les meilleurs approchent de la maniere du Tin- toret. Ses airs de t�tes font gracieux. On s'apper- ^oit par-tout qu'il aimoit a peindre Ie nu : dans la plupart de fes fujets , il repr�fentoit des nym- phes: � donnoitde la grace a fes petites figures , qu'il touchoit avec bien de la nnefle. Il �toit fecouru par deux habiles artiftes , Ie Breughel 8c Paul Bril, qui peignoient les fonds & les payfages : fes petits tableaux font les plus eftim�s & les plus connus en France. Pendant fon f�jour a Ausbourg, il peignit pour
rempereur Rodolphe , Ie Banquet des Dieux : ce grand tableau a'e m�rite de fes meilleurs ouvrages, ainfi que Ie Bal des Nymphes , qu'il fit pour ferdinand, duc de Mantoue. |
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Flamands j Allemands & Hollandois. 24c
La ville d'Utrecht eut de lui dans Ie m�me ~
temps une Aflbmptioa de la Vierge, & un autre tableau repr�fentant Diane Sc A&�on. On voit de lui dans Ie cabinet de l'�le&eur
palatin , Ie Jugement dernier , la Naiflance de norre Seigneur, les Noces de Cana, Ie Jugemenc de Paris, Ie Bain de Diane. A Gand , dans Ie cabinet de M. J. B. du Bois, notreSeigneur dans Ie jardin des Olives. Dans Ie cabinet du roi de France , notre Seigneur portant fa croix: il eft peint fur cuivre. Au Palais-royal 3 deux tableaux fur cuivre, un Cbrift mort fur les ge- noux de la Vierge, &Dana� couch�e fur un [�u A Paris , chez 1VL Blondcl de Gagny, un petin tableau repr�fentant Ie Feftin des Dieux : Ie payfage eft de Brcughel de Vlour. Chez M. de la Bouexiere , Ie Feftin des Dieux en grand, & Ie Bain de Diane en petit :1e payfageeft de Breughel de Vlour. Chez M. de Julienne, chevalier de Saint-Michel , un petit tableau de Diane au bain: ie payfage eft de Brcughel de Vlour. Rottenhamcr, malgr� tant de produ�Hons, �toit
continuellementdans uneforte d'indigence : pro- digue & diffipateur, il mourut pauvre, & fesamis fiirejit oblig�s de fe cotifer pour Ie faire enterrer,. |
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ABRAHAM
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BLOEMAERT.
BtoEMAERT naquit, felon Houhraken l
,______ en 15 64 , & felon Sandraert Sc van Mander y
1564. en 1567 , dans la ville de Gorcum. D�s 1'ea-
fance il copia des deflitts de Franc-Flore , avec une extreme application : il ne dut fon talent qu'a la nature , n'ayant eu pour maitres que des artiftes m�diocres. Son p�re Ie mit chez un bar- bouilleur, qui lui fit peindre quelques figures pour un ma�tre en fait d'armes. L'�l�ve faifoit moins de cas du ma�tre , que Ie ma�tre n'en faifoit de 1'�l�ve. II Ie quitta pour aller chez J�feph de Beer, �l�ve de Flore, qui demeuroic |
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la Vie des Peintres Flamands, &c. 147
aufli 3. Utrecht : ce dernier- n'avoit d'autre m�- "~ 7~ nte que de pofleder de grands mod�les, tels * que eeux de Blocklant. Bloemaert retta quel- que temps a les copier. Son p�re lui fit avoir dans la fuite de bons tableaux. On eftimeune copie d'apr�s Langen Pier} dont Ie fujet �toic grote/que , ma�s bien rendu : c'�toit une cuifine s avec fes uftenfiles. Jl travailla depuis chez van Heel, quiaii-heu d'en faire un �l�ve , 1'employoic ddes foncYions viles. Peu fatisfait de fa condition , fon p�re Ie pla^a chez flcnri Wythotck } o� il'au- roit pu profiter , fans la femme du maitre , qui 1'obligea de quitter , dans la crainte que par fon talent il ne d�cr�ditat celui de fon man. Fatigu� de fa mauvaile fortune, Bloemaert quitta fa patrie. a 1'age de 15 011 16 ans , & fut a Paris: il s'adrelfa. a Jean Bajjat & a ma�tre Hery y tous deux peintres m�diocres: il ne refta avec eux que trois- jwois, dedinatit Sc peignant toujburs de g�nie. II- quitta cetce derni�re ville pour retounier dans la- patrie : il pafTa d'Utrecht a Amfterdain avec fon p�re , qui y fut recu archirede , 8c gratifi� d'une penfion. Abraham exerca fon talent dans cette ville 3 & y fit entr'autres tableaux , Niob� &1 fesenfansperc�sde fl�ches par Apollon &D�ane». Les figures font grandes comme nature, & la compofoion en eft belle ; il a r�p�t� ce m�me tableau pour 1'empereur Rcdolphe, qui parut frappe de la beaut� du premier. On voit de lui un Feftin desDieux, peintdans Ie m�me temps pour Ie comte de la Lippc : les Plaifirs & les Ris y font caradt�nf�s, & la difpoGtion g�n�rale touche ■ Je fpe�batenr. Tous les genres de peindre lm �toien�- familiets ^hors celui du portrait. Son g�nie ne- |
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i4^ ■�« Vit des Pe'mtres
~ potivoit s'arr�ter long-temps a imiter un feul ob-
J^ 4* jet. Il faifoit encore cr�s-bien les coquillages &
les monftres marins: pour rendre ces chofes in-
t�reflanteSj il ajoucoit dans les fonds une Andro-
m�de , ou quelque figure qni e�c rapport au fujet.
Bloemaert, avec toutes les qualit�s d'un grand
peiiitre, euttrop deconfiance en fon propre g�nie: fes compofitions plaifent, parce qu'il fut y r�pandre des gracesj mais il int�refie peu les artiftes par Ie gout maniere de fon deflln. Ses draperies fesnt d'afTez bon gout, & feroient plus fimples 4 fi la nature avoit �t� confult�e. Il colo- rioitbi�n & connoiffbit les avantages du clair-ob- fcur, dont il a fu tirer parti. Tous fes tableaux portent Ie cara�t�re d'une produ�tion facilej ils font peu connus en France : la Hollande , la Flandre & 1'AUemagne pofs�dent en partie tout ce qu'il a fait. Apr�s la mort de fonp�re, il retourna aUtrecht,
ou il eft mort en 1647 , ag� de plus de 80 ans. Il fe maria deux fois & laifla trois fils, Henri , Adrien & Cormlle. Le bonheur qu'il a eu de devoir fes talens a fon g�nie, l'a d�dommag� du malheur d'avoir eu de mauvais ma�tres. Le duc d'Orl�ans a un tableau d''Abraham �
c'eft un Sainc-Jean qui pr�che dans led�fert. |
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Flamands, A�cmands & HoUando�s. 149
J A C Q U E S
DE G H E Y N,
ELEVE DE SON PER.E JEATST DE GHEYN.
De Gheyn , naquit a Anvers en 1565, de Jean ��-�
de Gheyn, fort bon peintre fur verre & en 1 $ $' d�trempe : il peignoir, vers la fin de fes jours, fes cartons a 1'huile fur des toiles: fes portrairs a goiiafle �toient auffi affez eftim�s. Il mourut ag� de cinquante ans. Il laifla un fils ag� de dix- fept ans, & � bien inftruit dans Ie talent de fon p�re,qu'il futcharg�de finirfesouvrages.Comme il avoit grar� avec aflez de fucc�s, fous les yeux de fonp�re,il lui confeilla en mourant, d'aban- donner !e pinceau pour Ie burin : il ne laif�a ce- pendant pas de peindre fur verre & de graver altcrnauvemenr. Les liaifonsqu'il eut avec lesjeunes gens de fon
age, lui firent n�gliger fes �tudes : il fe mariadans l'intention de fe livrer plus tranquille;nentafon arr. Toute fon envia �toit d'�tudier la nature : il fentoit bien qu'il ne pouvoit la poff�der , qu'en s'exer^ant a peindre 5 car on fait que la gravure 'eft aupr�sde lapeinture , ce que la copie eft au- pr�s de fon original. Il abandonna 1'une pour 1'autre, & il regretta
Ie temps qu'il avoit perdua graver. N'ayant point de maitre pour 1'inftruire dans les diff�rens tons de couleur, il imagina lui-m�me une methode |
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15 o La. Vie des Peintres
aflez finguli�re : il pr�para une grande plaiiche,'
qu'il divifa en cent petits quarr�s , peincs dans une diff�rente combinaifon de couleurs : il donna les ombres & les lumi�resa chaquepetitquarr� , & diftingua les couleurs amies d'avec celles qui ne s'accordoient pas: chaqne quarr��toit num�rot� , & il eutfoin detranfcrire dans un petit hvre fes obfervations & fes remarques. C'eft de cecte maniere qu'il apprit apeindre a
1'huile. Il commenca aufii-t�t un vafe plein de fleurs, d'apr�s nature : ce premier tableau , qui a furpris les peintres, �toit dans Ie cabinet de M. van Os a Amfterdam. Le fecond �toit un grand Bocal avec des
fleurs : ce morceau �toit traite parement & bien touche il'Empereur le fit acheterayecunrecueil de fleurs & d'mfedtes, peints a. gouafTe d'apr�s nature parlem�me auteur. Ses tableaux ont �t� admir�s de fon temps j
6c quelques-uns ont un m�rite r�el: du pinceait dont il peignoit le cheval du prince Maur�ce a la t�te de fon armee., il trac.oit V�nus & 1'Amour. Il a fait de bons �l�ves en gravure , tels que
Jean Sanredam & Dolendo : ce dernier mourut jeune; un autre appell� Robcrt 3 & Corniik pafTa en France. |
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Tlamands} Allemands & Hollandois, 151
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J E A N D A C H.
JD ach, �l�ve de Barthelemy, naquit a Cologne
en 1566. Il quitta fa patrie pour voirllraliej en revenant chez lui, il paffa par 1'AUetnagne, o� 1'empereur Rodolphe II con^ut une eftime particuliere pour lui & pour fes talens : il fe prit a fon fervice, & Ie renvoya en Itali� pour y defllner les plus belles antiques. On voit de fes defl�ns en Angleterre : les contours en font fer- mes & �l�gans,& Ie crayon artiftement manie\ il a fait beaucoup de beaux tnbleaux peur la cour de Vienne , o� il niourut fort ag�, combl� d'honneurs & de richefles. |
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TOBIE VERHAEGT.
V erhaegt, de la ville d'Anvers , naquit
en 1566. Il s'eft diftingu� dans Ie payfage \ il en diftribuoit les parties avec un gout qui lui �toit particulier: ilfavoit agrandir fes fonds par Tintelligence des tons a�'riens: tout paroiil�ir d'une grande �tendue. Les ruines & les monta- enes lui ont fervia interrompre fes plans : fes ar- bres ont une forme choiiie & naturelle \ tout �toit harmonieux & int�reflant dans fes tableaux. Avec cette r�putation il voyagea en Itali�: Ie Grand-duc de Florence fit tbeaucoup de cas de foii talent j Sc Rome m�me admira la Tour de |
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151 La Vie des Pelntres
Babvlone , ouvrage immenfe dans fes d�tails,
l$ ' que Verhaegt y peignic pour fe faire connoitre. Cornille dcBie(i) dit qu'il fit Ie m�me fujet trois ouquatre foisdepuis.La villede Li�re enconferve uu des quatre: les figures en ont �t�peintespar Franck. Verhaegt quitta enfin l'Italie & vint s'�- tabiir a Anvers j 011 il mourut en 1631, ag� de 6 5 ans. Carle van Mander en parle, dans la vie d'Ottovenius , comme d'un excellent payfagilte. |
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JOACHIM
UYTENWAEL,
ELEVE DE JOSEPH DE BEER.
U ytenwael naqu:t a Utrecht en \^6G.
Son p�ra peignoit fur verre. Il �toit petir- fils , clu c�t� de fa m�re , d'un afTez bon peintre appell� Joachim van Schuych. Uytenwael fut vitrier& peintre fur verre jufqu'a 1'age de iS ans. D�gout� enn�rement de ce m�tier, il entra chez Jofeph de Beer _, peintre m�diocre , 011 il apprit a peindre environ deux ann�es , apr�s lefquelles il prit la route d'Jtalie. Il refta iPadoue, Sc fit con- noiflance avec 1'�v�que de S. Malo : il voy3gea par toute l'Italie & demeura quatre ann�es avec ce pr�lat, dont il pafla deux ans en France : il employa ce temps a peindre pour ce M�c�ne, Sc retourna a Utrecht 3 o� il a toujours demeur�» (1) Peintre flamand, a �crit la visdespeintresjcn vert.
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Flamands j Allemands & Hollandois. 153
On ne fait s'il faifoit mieux en grand ou en petit,
tant il favoit rendre fes tableaux piquans : une x* bonne couleur & une compofiuoa facile ne laif- fent rien a defirer dans fes ouvrages. Son deffin eft aflez corredt y mais maniere j fes airs de t�tes , toujours les m�mes _, font dans Ie go�tde Spranger jou quelquefois de Bioemaerc ; les poi�- tions de fesfigures font outr�es, & fes maius for- c�es en forme de crochet. Peu attach� au coftume, il drapoit de fan-'
taifie , fans examiner Ie vrai. Ind�pendamment de 1'hiftoire a laquelle il r�ufliiTbit aiFez bien, il entendoit encore a peindre les cuifines de leur? uftenfiles qu'il rendoit d'apr�s nature. On a vu chez un amateur italicn,a Anvers, un tableau de dix pieds fui fix de hauteur , o� Loth & fes lilles font repr�fent�es : ce morceau a paffe pour un de fes plus beaux j Ie nu �toit bien peint, 5c la compofition grande & d'un me�leuc gout de dei�in qu'a fon ordinaire. Van Mander cite de lui un petit tableau fur
cuivre repr�fentant Ie Feftin des Dieux : ce tableau eft pr�fentement chez l'�le�teur Palatin. Le m�me hiftonen parle aufll avec �loge d'tin autre du m�mej repr�fentant V�nus & Mars: ce fujet a �t� r�p�t�. Uytenwael fuc eftim� comme Un des bons peintres flamands. |
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V"u des Pe'intrts
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HENRI CORNILLE
VROOM,
� L E V E
de CORNILLE HENRICKSEN,
SON BEAU-PEB.E. |
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ij66. Vroom naquit a Harletn en 1566. Il per-
dir fort jeune fon pcre appell� Henn Vroom , bon failpteur, & excellent pour la coupe des pierres: la in�re �poufa depms Cornille Hcnrickfen, petntre en fayance , qui lui enfeigna fon talent, il quitta la maifon de fon beau-p�re, qui Ie traitoic avec trop de duret�. -Apr�s avoir voyig� en Efpagne & en Itali�, & s'�tre �chapp� d'un nau- fiage , fon penchant Ie porta a peindre des ma- rines & des vaifleaux : c'eft fur fes defl�ns que Francois Spirinxs fit des tapilleries pour Milord Hauwart, amual d'Angleterre : il y avoit repr�- fent� Ie combat naval de 15S8, entre la flotte d'Efpagne & ctlle d'Angleterre. Sa r�putation augmentoic avec fes produc-
tions: il pafla quelque temps en Angleterre , o� il fut bic-n re^u, & particuli�rement de 1'amiral Hauwart j qui lui fit pr�fent de 100 florins. A fon retour, il fit un tableau repr�fcntant
Ie fepti�tne jour delabatailleentreles dciixflottes d'Angleterre & d'Efpagne : ce tableau pluc beautoup au comce Maurice Sc a Tamiral Jujiin. |
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Flamands, Alltmanis & Hollandols. 255
II peignit Ie d�part de la flotte de Z�lande , Sc~
Ie combat prochede la ville deNieuportjilles fit graver, & les pr�fenta aux Etats & aux principales villes dom il recut des pr�fens confid�rables. Il mourut fort eftim� & tr�s-riche. Son talent
ctoit de peindre des combats fur mer , des pay- fages 9 des chateaux , des ifles , &c. PIERRE CORNILLE
VAN R Y C K,
�LEVE DE JACQUES WILLEMS.
De Ryck naquit a Delft vers 1'an 1566. Il
fut place chez Jacques Willcms , o� il ne refta que deux mois., Sc ennz chez Hu�ert Jacobs, bon peintre de portraits, dans la m�me ville : il paffe enfuite en Itali� avec fon ma�tre, o� il exerca pen- dant quinze ans fon pinceau a copier les grands mod�les & a�tudier. Il travailla fous la conduite des meilleurs de fon temps j& fut employ� par pJufieurs princes & pr�lats. Il retourn» s'�tablir a Delft. Il peignoit�galement a 1'huile Sc i fraif- que : fa maniere eft belle j il paro�t qu'il a parti- culi�rement �tudi� Ie BajJ'an ; fes figures & fes anixnaux font dans Ie m�me gout. |
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MICHEL
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M IR E V E LT,
�L�VE DE BLOCKLAND.
� ■' JU eft regarde comme un des plus fameux peintres
1568. depottraits:il naquic en i5<J8j dans la ville de Delft, d'une familie aif�e. Son p�re , habile or- f�vre, cultiva fa jeunefTe: s'�tant apperc^i des gran- des difpofitions de fon fils , par les progr�s qu'il faifoit dans 1 �cntnre , il Ie pla9a chez Jer�mc Wierinx , fort bon graveur. Son application Ie mit en �tat de mettre au jour plufieurs planches de
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La Vit des Peintres Flamands , &c.
'de fa compofiron , & qu'ii grava d�s 1'age de onze oij dquze ans. 'Mats ion inchnatidn pour la peintme lui fit quirtei Wisrinx pour lemettre fous Blockiandt. Il abandonna le burin pour le pin- ceau ,& eet �changehit heureux , comme il parut ■dans la fuite. Perfonue n'a mieux fuivi fon ma�tredans la difpofition de fes fujets j dans l'har- monie de la couleur j & dans l'imitation de fa maniere. Sa r�piitation le fit conno�tre des �rran- gers. Charles I, roi d'Angleterre, voulut 1'attirec a fa cour pour fe faire peindre avec la reine Hcnriette de Bourbon , fille de Henri IV ^ mais la pefte qui d�fola Londres j fut caule que Mirevele refufa eet honneur. Ilnequittoit la ville.de Delft qu'en failant de temps en temps quelques voyages a la Haye, pour peindre lesprinces de la mailon de Nafiau, ou quelques autres feigneurs. Le duc Albert employa aufli le pinceau de Mircvelt. Il hu fit une penden ; & afin de fe 1'attacher , il lui laifTa la hbtrt� de ronfeience a fa cour : grace d'autant plus finguh�re , qu'il �toit Mennonitc, Sc qu'alors on pourfuivuitvigoureufernentcfcttefe�te redoutable. Le nombre de fes portraits eft ii confid�rable ,
qu'il pafTe dix mille. ;l s'en faifoitbitn payer. Ses tableaux de fonne o'.dinaiit �toitnt a 150 flo- rins 3 & ceux des aucres <:r no urs a proportion. Il a fait qutlaues tableaux repr�fei-iant des cui- f�nes. Il finidoit bien fes tctes : les iievenx & les poils tenoient ai�lzde la touche d'Holteen. On peut conno�tre le taknede ce peintre par les por- traits que fon beau-f rere W �lem ( Gnillaumc ) Delft a grav�s. Son nature! doux&pohle nt efti- mer 3 & le rendit agr�able dans la foci�t�. Il Tomel. R |
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La Vie desPeintrcs
mourut dans la ville de Delft Je 17 ao�t 1641 ,
Ij68. ag�de7jans. Il laii�a deux hls: 1'a�n� 3 Pierre Mirevelt, a foucenu la r�putation de fon p�re j il travai�a dans fon genre, Sc approcha beaucoup de fa maniere. Le talent du fils Ie remarque dans Ie tableau qu'il fit dans la chambre des chirurgiens de la ville de Delft. Tous {es portraits font vrais & bien finis. Michel Mirevelt a fait de fort bons �l�ves : Paul Moreel^e s Pierre Gueerrk^ Montforty Nicolas Cornelis, Pierre Dirck> KLuyt> & bien d'autres qui font honneur a fon �cole. |
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E V E R A R D
KR Y N S ,
ELEVE DE VAN MANDER PERE.
K.R.YNS demeuroit a Ia Haye en 1^04. Il
avoit voyag� long-tempj > & particuli�remenc en Itali�, ou il avoit �tudi� les grands ma�tres. Sa maniere de peindre ctoit agr�able 8c facile. L'hiftoire & Ie portrair nc o�c� �galemenc bien traites par cec arcifle. |
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Flamands, Allemands &Hollandoisi
] E A N
NIEULANT.
JNihulant , natifd'Anvers, recut les premiers
principes de la peinrure de Pierre FranJ\. Ce dernier naqiut a Helvezor dans Ie Sund, en 1569 : fa familie �ioit d'Harlem. Il fka fa demeure d Amllerdam, o� Jean Nieulant avoic fuivi fa familie j pour fe d�robec aux cruaut�s des Efpagnols qui ravag�rent les Pfl/s-Bas. Il fut depuis �l�ve d_- Francois Badens, aufli d'An- yers, & refugi� dans cette ville des 1'age de cinq ans , o�il vinten 15^0 pour �viter les troubles de fon pays. Nieulant �toit fort bon pemtre en petit; il compofoit bien les fjjets de la Bible , & faifoit bien Ie payfage. On ne fait point 1'aa- n�e de fa mort. |
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PIERRE ISACS,
ELEVE DE JEAN VAN AKEN.
J.S.ACS j n� a Helvezor en 1569, commenga Ia
peinture a Amfterdam chez C. Ketel. Apr�s un an 5c demi, il Ie quitta pour aller che? van Achen, avec qui il voyagea en Aiiemagne Sc par t >ute 1'Italie. Quoiqu'il aic fait plufi�urs rableaux , il s'attacha particuli�rement au portrait: il y exceila. R %
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La Vie des Peintrts
On voit a Amfterdam nn grand nombre de fes
ij5>5>." portraitsjilpeignoitune t�te d'une grande reflem- blance,& les mams �toient parfaiftfinaut deflm�es. Il imitoit les fatins 8c les autres �tofFes avec une grandej�rit�. On ne fait ni Ie lieu 3 ai Ie temps de fa morr. |
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J O S E P H
'S W I T S E R ,
OU LE SUISSE,
'A.USSIELEVEDEVAN ACHEN.
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��� Owitser �coit de Berne eny Suifle : fon p�re,
*57Ot architedle de la ni�me ville , concr� ua beaucoup a rendre Jofeph artifte. Il fut a Rome , fans avoir prefqu'aucune pra-
tique de la peinture. Il n'avoit fait que deffiner : van Achcn Ie re$ut chez lui ; & Ie difciple , par fon app�cation , devint bon peintre en peu d'an- n�es. Il deflina tont ce qui lui parut remarquable dans Rome & aux environs: il s'�toit fait une maniere facile Sc fpirituelie a deffiner a la plume, avec un lavis a 1'encre de la Chine. L'Empereur admira fes ouvrages , Sc fur-tout
fes deffins. Il en fit de beaux fur 1'antique a �Rome, par ordre de ce prince. On Ie croit more a fon fervice. |
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Flamands, Alkmands & Hollandois 2.61
ABRAHAM
JANSSEN S.
\_J N n'a pu favoir pr�cif�ment Ie temps de
la naiflance eie JanJJens. Il �ioit d'Anvers , Sc fut contemporain de Rubens. II a �gal� ce dernier dans bien des parties } Sc peut-�tre 1'au- rou-il furpafl�, s'il e�t continue la peinture au- lieu de la n�gliger. Tiop jaloux de la gloire de ce grand peintre., il donna dans des �carts. Ce fut lui, comme il feia dit dans la vie de Rubens^ qui propofa nn d�ri a ce peintre. Ses tableaux d'hiftoire , tant pour les �glifes
que pour les maifons royales & les cabinets , ftxrent recherches Sc eftim�s par les princes & les grands feigneurs. Plnf�eurs P�lev�rent au-deflus «ie Rubens, & laflaterie Ie perdir. Il auroit eu befoind'amislnic�res quilnieul��ntdonn� uneplus jnfte id�c de fes talens & de cenx de fon nval. Il mie Ie comhle a fes folies , en �poufant une femme jolie Sc jeune, qui ne lui apporta d'aurre dot cju'un grand penchanr a la diffipation & a la prodigalit�. A peine !e vit-on alors travaillcr deux heures par jour. Toute occafion de plaifir fuc fiiifie: il perdit un temps pr�cieux dans les pro- rnenades. Les guinguettes lui fervoient d^atte- Uer. Il devinc pauvre ; mais fa mis�re ni fa vanit� n'ont point obfcurci fon merite. Il falloit qu'il en eut beaucoup. R 3
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La Vit des Peintres
Janfjens avoit une belle maniere ; fes compo- fitions ont Ie feu des plas grands rm�tre;, 0011 deflin eft plein de gout, h touche fac�e & r -uW tie ; fes draperies font jeu�es 8c pli�es avec choix. Une difpofition admirable dans fes fujets, & fou« tenue par une entente fivante du clair-obfeur , donnmt de la force a fes tableaux , Sc lui �toit particuliere. Il �toic fur - tont grand colonfte. C'eft avec des talens de cette efp�ce, qu'il a m�rit� d'�tre �gal� aux plus habiles peintres flammds. Il aimoitirepr�feiKer desfiJets �cbir�s au flambeau. IJ aitnoit cette extremit� du clair au grand brun. Sans �tre noir dans �es ombies, on eft furpns de 1'�clat qu'il a donn� a ce qui eft �clair�.Dejx grands tableaux dece maure,expof�s au public & places dans T�glife des Carmes a Anvers , porteront fa r�putation plus loin que nos eloges. En entrant dans cecte �glifeonvoit Ie premier a la drnite j il repr�fente notre Sei- gneur mis au tombeau: 1'autre a la gauche , repr�fente la Vierge qui tient 1'Enfant J�fus. Ony voitauffi Sainte Catherine, Sainte Cecile & plufieurs Vierges avec des Anges. Ces deux tableaux d'une compofition fort riche , tiinfi que leurs figures plus grandes que nature , font d'ura beau choix de deflin & d'un excellent coloris. On y trouve tontes les belles parties de 1'art raf- fembl�esavec jugement. On connok encore de lui deux autres tableaux dans F�glife de Saint Bavon cath�drale de la ville de Gand. Le pre- mier eft place au delTus de la table des pauvres ; & 1'autre eft une belle Defcente de Croix, tableau d'autel dans une chapelle. Il a peint dans Une autre chapelle de 1'�glife de Saint Nicolas, ua |
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L
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Flamands 3 Allemands & Hollandois.
Saint J�r�mel, & dans laparoii�ede Saint Pierre, Ie tableau d'aute qui repr�fente la Vierge cou- ronn�edans Ie Ciel. Il eft peu d'�glifes en Flandres, o� 1'on ne voye
quelques tableaux de ce maatre. Mais Ie chef- d'ceuvre de Janjfens eft la R�furre�tion du Lazare. Ce tableau , 1'objet de l'admiration des connoif- feurs , eft dans Ie cabinet de 1'�ledeur Palatin. |
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G ER RIT (GUERARD)
NOP.
JN o p naquit a Harlem vers 1'an 1570 : il--------
voyagea en Allemagne , &: paffa plufieurs 1570.
ann�es en Itali� , particuli�rement a Rome, On ne nous apprend rien du genre de peinture dans lequel il s'eft exerc�. Van Mander ditfeulement qu'a fon retour dans fa patrie , il fe vit en �tat de donner des preuves de fon talent. |
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J E A N L Y S ,
ELEVEDEHENRI GOLTZIUS.
I L naquit a Oldembourg. Il quitta Ie lieu de
fa naifl~ance pcir entrer dans 1'�cole de Henri. Golf(ius. N� peincre , Sc inftniit des principes par un habile honoie , il fe perfe�tionna ca R4
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l 6 4 La F ie des Peintres
peu de temps dans Ia maniere de fon ma�tre.
bf� l i i |
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de
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1370.
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ne pouvoir aif�ment les diilinguer: les villes
d'A.mfterdam & d'Harleni confervent quelques tableaux de ces premiers temps-la. Le defir d'exceller dans ion talent Ie d�cerrnina
i voir les grands ma�tres; il fut d Paris , dela a. Venife &a Rome. Il changea de maniere dans cette derm�re vilkj & retourna & Venii�: les tableaux qu'il y fic font en difF�rens genres & en nombre confid ;rabie , en grands & petits. Daais 1'�glife de Saint Nicoias de Tolentia;, il fit Saint J�r�me dans le d�fert , une pi nnea la main , �coutant avec efFroi ie fon de ia trompette du jugement deraier. Ses tableaux en grand eurenc de la r�putation , �<r ceux qu'il fit en pent ne riirent pas moins recherches. Parmi ceux d'inf^ toire en pede , on regarde comme pr�cieufe une repr�fencatlon d'Adam ik d'Eve qui pleurent la mort d'Abel. Ses figures nsarquent bea-.icoup d'efprit dans les expreffions. On vante de lui la Chute de Pha�ton , «lont le char & les chevaux tombent du Ciel : un beau payfage en fait le fond. On voit des Nymphes dans lc bas qui paroiflent eflSray�es. Il a peint des F�tes galantes, de petits Concerts, des Bals ave.c des habits de mode a la v�uitienne, des N�ces de villageois & leurs Danfes , ainfi que d'autres fujet, ou il a fu m�ler habilement les aj�ftemensantique. avec les modernes. Ces compofitions mixtes plurenc amant que les autres. On a aufll de lui pluiieurs fujets repr�fentanc
les Tentations de Saint Antoine. Le nngulier & 1'efprit, joints a la couleur, 1'expreflion Sc la touche, fonc le m�rite de ces rableaux recherches. |
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Flamands 3 Allemands & Hollandois. 16$
Son admiration pour 1'antique a toujours paru
lorfqu'il encourageoit fes �l�ves. Pour moi 1570.
( difoit-il) il eft trop tard de fuivre 1'antique \
mon gout de deflin eft trop �loign�; il m'en
co�teroitbien du temps pour y parvenir, & peut-
�tre n'approcherois-je jamais de la perfe�tion que
je defke. Le Tuien, Paul Veron�fe 3 le Tintoret
Sc le Feu, font ceux que je prends pour mod�les.
On voit effe&ivement qu'il s'eft fouvent m�ta-
morphof�; chaque genre que j'ai notnm� ci-deflus
tenoit de fes mod�les. Il emprunroit de 1'un la
bonne couleur , de 1'autre la force & les graces »
& de lautre la d��cateffe du pinceau.
Sandrart, qui a v�cu avec lui, dit qu'il �toic
long-temps a penfer fur le fujet qu'il vouloit trai- ter; mais le fujet une fois d�cid� dans fon imagi- nation , il alloit de fuite \ rarement changeoit-il fes compofitions. Tant de talens ne purent le d�tourner d'une
intemp�rance qui le ruina de toutes mani�res. Il pafloit fouvent deux ou trois nuits a boire , & on ne revoyoit ce peintre que lorfque fa bourfe comraenc,oit a fe vuider. De retour chez lui, il accommodoit fa palette , peignoit jour & nuit, & le tableau fini il retournoit au cabaret. Il pei^nir en Flandres plufieurs tableaux d'hif-
toire & des Converfations ; mais n'y ayant point d'acad�mie pour fatisfaire 1'ardear qu'il avoit de defl�ner, il partit de nouveau pour Venifej ou il mourut de la pefteen 1629 } dans le temps m�me qu'il crovoit aller joindre Sandrart a Rome. Houbraken 1'�gale aux plus grands ma�tres. Il
judique deux tableaux j favoir, 1'Enfant Prodi- |
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166 La Vit des Peintres
�'
\t-ja, M. Schelling, d'un beau de/��a_, Scpe'mts comme
ceux de Rubcns 8c de van Dyck r�unis. Son deil�u eft quelquefois fort beau, fa cou-
leur toujoiirs vigoureufe, fon pinceau moelleux, & fes compoficions pleines d'efprir. |
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L U C A S
ACHTS'CHELLING,
ELEVE DE LOUIS VADDER.
Achtschbiuns, de Bruxelles, fut
«ufli �i�ve de Louis Vadder} bon payfagifte. On voit de lui beaucoup de tableaux a Bruxelles & ailleurs. Sa maniere eft tr�s-facile 8c large. Ses arbres ont tousdu mouvement, font bien defl�n�s Sc bien feuill�s 5 fes fonds font d'un beau fini & de bonne couleur. |
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MARTIN
R Y K A E R T.
RykaeRT fut grand payfagifte. Sa maniere
tient beaucoup de celle de Jofeph de Monper. Il entendoit bien a repr�fenter des d�bris d'ar- ehite&ure , des ruines remplies de moufl� , |
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Flamands 3 Allemsnds & Hollandois. 267
des Rochers , des Montagnes, des Ch�tes d'eau, "
des Vall�es a perte de vue. Beaucoup de fes ''
tableaux ont �t� enrichis des figuresdu Brtughelde Vlour, & pUifent fort aux amateurs. |
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A N D R �
VAN ARTVELT.
V an Artvilt d'Anvers peignoir des marines
avec beaucoup de v�rit�. 'es orages font bien reprefent�s ; fes ubleaux ont une grande force. J A C Q U E S
VAN ES.
V an ESjnatif d'Anvers, s'eft fait un nom en
pcignant des poiflbns j oifeaux, fleurs & routes fortes de fruits. Il repr�fentoitla nature avec tant de v�rit� , que fes tableaux ont fouvent trorrip� la vue. On ne peut mieux copier Ie coquillage , les �crevifles, les crabes Sc autres poiflbns de cette efp�cc. Il r�uffit aulli parfaitement en imitant les fr aits. Sa l�g�ret�dans fes fleurs les rend d'un beau tranfparentx& d'une belle couleur. Voilice qui �.nt Ie m�rite de fes tableaux : on voyoitles pepinj dans fes raifins, a travers leur peau. |
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^catffiuiu
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2 68 La Vie des Peintres
GUILLAUME et GILLES
barer�el:
Oes deux fr�res, n�s a Anvers 3 furent diff�rens
IJ7O. dans leurs genres & dans leurs moe ars \ l'un f>eignoit Ie payfage , 1'autre lafigure-, l'un aimoit
a. magnificence j & 1'autre la fimphcit� ; l'un eft mort a Anvers , & 1'autre a Rome.' lis ont �c� les defcendans habiles d'une familie confacr�e aux arts. Rome a toujours pofled� quelques artiftes de ce nom \ s'il en partoit un , il y en revenoit deux. Sandrart en a compt� fepc a huit dans Rome du m�me nom; tous avoient du m�- rite , & tous aimoient Ie plaifir. PIERRE
VANDER PLAS-
O N fait que ce peintre eft Hollandois, fans
favoir Ie nom de fa ville , pi Ie temps de fa naifTance , ni celui de fa mort. On connoit de lui plufieurs grandes compofi-
tions, qui Font fait regarder comme un grand peintre. La ville de Bruxelles coaferve beau- coup de fes ouvrages: il tnoufut dans cette ville «u il a beaucoup travaill�. |
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Flamands } Allemauds & Hollandois.
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J A C Q U E S
DE GHEEST.
JJe Gheest , quoiqne grand peintre d'Anvers,
n'a laifle de traces de fon merite que dans les po�fies du c�l�bre Vondel , qui 1'a combl� de lonanges: mais quelques vers d'un po�te illuftre affurent 1'immortalit�. G U E R A R D
B A R T E L S.
T o u t ce qu'on fait de Bands , c'eft qu'il
finit fa vie malheureufement. Une pierre d'une grofleur enorme �crafa ce peintre, qui fut tr�s- eftim� dans fon are. PIERRE N�EFS,
ELEVE DE HENRI STEENWYK.
Pierre N�efs, dont les ouvrages font fi nom-
brenx malgr� leur grand fini , n'eft connu que par fes tableaux. On ignore les particularit�s de fa vie,, 1'ann�e de fa naitfance & ce�e de |
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La Vu des Pcintres
■ fa mort. Il naquit a Anvers j Sc fut �l�ve d«
i f,o St�enwyck 3 qu'il a toujoars pris pour mod�le. Il ne s ecarta pas d abord du principe do ion mai- tre , qui �toit de n'avoir d'autre guide que la nature. Il repr�fentoitl'int�rieur des �glifes gothi- ques avec tant d'exa�titude, qu'on reconno�t aif�- ment toutes celles qu'il a peintes ou imit�es, Sc fouvent r�p�t�es. N�efs, en habile artifte , a fu tirer avantage
de ce genre de talent. Il auroit pu devemr froid & peu int�reflant} mais Ie g�nie eft f�cond en reffburces. Chaque tableau de ce mairre eft digne de l'attention des connoilFeurs. On faic qu'une feule lumi�re �clairant un baciment regulier , ne peut produire les effets frappans qui r�mltent des oppofmons & des d�gradations ienfibles; il a fu y fuppl�er. Tant�t c'eft un Buffet d'orgue, tan- t�t un Maufol�e qiii, place heureufement, inrer- rompt la r�gularit� j & donne roppofition des ombres & des lumi�res. C'eft ainfi qu'il a rendu piquant tout ce qu'il a peiat. Les tableaux clairs de ce peintre (ont les plus eftim�s, & 1'on voit qu'il a cherch� a fornr de la premi�re maniere obfeure de fon makre. Mais, quoiqu'il f�tfoumis a des r�gies ferviles, il ne faifoit jamais mieux que quand il repr�fentoit des nuits ou des �glifes fom- bres , puifqu'on y d�couvroit jufqu'aux plus petits d�tails. Si les ombres, les lumicres & la bonne couleur fonr r�pmdues dans fes ouvrages, on y appergoit encore une vapeur d�grad�e qui fait recaler les objets 8c diftinguer les degr�s de dif- tance eatra les chofes repr�feut�es. Comme il ne peignoit pas bien la figure , i! laiflbit cette partie a remplir; les Franck, les Tenicrs, Breughel, van |
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flamands, Alhtnands & Uo�landois. ijl
Thulden, Sec. ont orn� les tableaux de ce ma�-"" � tre.On en trouve encorequeloues-unsfans figuresj lS7°* Toici lts principaux qui font connus dans Paris & ailleurs. Dans Ie cabinet de M. Ie duc d'Orl�ans, deux
tableaux fur cuivre \ 1'un repr�fente Ie dedans d'un �glife vue de face. On y voit un pr�tre fous un dais, portant Ie viatique a un malade j 1'autre eft dans Ie m�me gout : les figures font �Abraham Teniers. Dans Ie cabinet de M. Ie comte de Choifeul,
un tableau de 14 poucesde haut, fur 11 & demi de large. C'eft Ie dedans d'une �glife �clair�e aux flambeaux : on y voit un pr�tre a 1'autel, cele- brant la mefle de mimik , & beaucoup de figures peintes par Breughel de Vlour. Dans Ie cabinet de Ni.de Julienne, cinq tableaux
repr�fentant des �glifes dans leur int�rieur. Dans un de ces tableaux , qui eft fort clair , on voit un pr�dicartur en chaire , au milieu d'un aud�- toire nombreux. Il y en a deux autres petits en ovale, bien nnis , & avec des figures. Dans It cabinet'de M. Ie comte de Vence , Ia
repr�fentation de 1'int�rieur d'une grande �glife* Ce tabler.u eft en long, & 11 y a de;, figures. Chez M. de Jully de la Live, 1'int�rieur d'une
�glife c'^nvers. Tableau en long, avec des figu- res de Franck. Chez M. ie Proir, une petite �glife tr�s-cJaire,
avec figures; c\ ft du plus beau de ce ma�tre. Ce tableau eft de forme ovale , de quatre pouces Sc demi de haut fur fept pouces de large. A Gand, dans Ie cabinet de M. �. B. du Boisf
font deux de ces tableaux en long, repr�fentant |
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y La Vu des Pe'inires
■
�J70. figures. Tous deux font du bon temps de ce maitre. On voit du m�me , dans la m�me ville, chez
M. van Tyghem , trois tableaux repr�fenrant des �glifes avec des figures. On en trouve encore beaucoup dans d'autres cabinets de Flandres. On fait quelquefois pafferfous fon nom plufisurs tableaux de fon fils , Pierre Ne'efs, fon �l�ve , qui a finvi la m�me maniere _> ma�s avec bien moins de fucc�s. On n'a rien appris de la vie ni de la mort de ce peintre. |
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TH�ODORE
B A B E U R.
Babeur, hoilandois , peignoit dans la maniere
de Pierre K�cfs. N'ayant rien vu de lui, je aeferai que Ie nommer. CHRIST�PHE-JEAN
VANDER LAENEN
Vander Laenen peignoit ordinairement des
ftijets gaians , des aflembl�es & des tabagies. L'amour & Ie vin y dominent, & y prennent quelquefois des libert�s tr�s-blamables. Au refte il compofoit avec efprit. v HENRI
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Tlatnan&s 3 Allmianls & Hollandois, zjy
H E N R I
DE R L E R C K;
�LEVE DE MARTIN DE VOS.
De Klerck fut po�te &r peintre : fes ouvrages
font compof�s avec efprit, ainfi que ceux du Q peintre dont nous venons de parier. On en voit
tkns les �s;!ifes de Bruxtlies , &c. �l a fait des cama�eux dans Ie gout de ceux de fon rru�tre, qui font eftim�s. A N T O I N E
S A L A E R T;
SalaerTj natif de Bruxelles , a fa�t plufieurs
tableaux d'hiftoire , d'un bon gout de deflln & de couleur , & bien entendus pour la partie du clair-obfcur. Il eft mort dans la m�me vill» o� il eft n�: Ie tems n'en eft pas connu. |
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Tornt I.
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174
GUILLAUME
M A H U E.
---------3VI a h u e vivoit dans ce m�me temps : n� a
lS7Ot Bruxelles, o� il eft more, il a eu de la r�puta»
tion pour Ie portraic |
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AUGUSTN BRUN,
et HANS (JEAN)
HOLSMAN.
C e s deux peintres ont �t� eftim�s dans la
ville de Cologne, lieu de leur naiflance. C'en eft aflez pour �tre cit�s: on nen. fait d'ailleurs aucun d�tail. Fr�dericBRENTEL,
et JACQUES
VANDER HEYDEN.
Ils font n�s aStrasbourg; ils ont �t� confid�-
r�s par plufieurs princes. N'eft-ce pas �cre s�r iU on^ eu des wiens ? |
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JFlamands j Allcmands & Bollandois. 175
D A N I E L
VAN ALSLOOT.
Van Atsloot fut peintre de 1'archiduc
Alben , gouverneur des Pays-Bas : c'eft 1'�loge de eet artifte. Il falloit avoir du m�rite pour �tre diftingu� par un prince qui pouvoit cho^fir parmi tant d'habiles gens. |
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DAVID DE HAEN.
J_) aviddeHaen, n�i Pvoterdam , voyagea
loiig-temps en Itali� , & refta a Rome. Il �toic bon peintre : on ne connoit ni fa vie ni fes ouvrages. |
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ABRAHAM
MATHI S SENS.
Abraham Matmissens , d'Anvers, s'eft faitun
nom parmi les bons payfigiftes & peintres d'hif- toire. Nous connoiffbns de ce peinrre deux tableaux en public : un dans la cath�drale d'Anvers, derri�re Ie grand autel ; il y a peint S a
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La ViedesPe'mtres
la mort de la Vierge : 1'autre, la Vierge , 1'Enfant
1570. J�fus & S. Franqois : celui-ci orne fon �pitaphe aux R�collets de la m�mc ville. |
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& G I D I U S
VAN TILBURG;
O E peintre �toit auffi d'An vers: il avoit voyag�.
Il faifoit des foires , des f�tes de village d'une compofition agr�able : on n'en fait pas plus de eet artifte. JACQ�ES
WILLE MS DELFT.
X o r t bon peintre de portrait. La ville de
Delft conferve dans fes Buttes les reftes d'un tableau repr�fentant les portraits d'une compa- gnie d'Arquebufiers de fon temps : ce tableau, bien peint & compof� artiftement j eut Ie ibic de bien d'autres qui futent d�truits par leboule- verfement d'un magafin a poudre o� Ie feu avoit pris. Cependant il fut r�par� par les foins de fon pet�c-fils Jacques Delft, qui en r�unit foigneufe- ment lesd�bris. Ce peintre �leva fes trois fils dans la peinture,& les nourrit: dans l'amour qu'il avoit pour eet art. L'a�n�, Cornilk Delft, prit lesprin- |
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Flamands j A�emands & Hollandois. tyj.
cipes fous fon p�te , & devint fort bon peintre ~
fous Cornille Cornelis d'Harlem. Le fecond, Roch l f7°« Delft, �toit anfll bon peintrede portrait. Le plus jeune W Mem ( Gu�laume ) Delft s'attacha a la gravure : il �poufa la fille de M�chel Mirevele, excellent peintre de portrait, dont il eft parl� ci-devant. Il a grav� les principauxportraits de fon beau-p�re, qui font encore conferv�s dans les porte-feailles des curieux. |
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f r a n g o i s
PORBUS. I L �toit fils de Francols Porbus, Sc �l�ve da
fon p�rc,qu'ila, felon quelques-uns, furpaff�. �leftcertaindumoins qu'� 1'a�gal�dans bien des parties : 1'hiftoire 8c le portrait ont �t� fes prin- cipaux talens. Il voyagea long-temps 3 & fe fixa a Paris ,.o� il fut tr�s-employ� a peindre le por- tr�t: on en voit une quantit� dans les cabinets des curieiix.Ontrouvedans ceU� du duc de Flo- rence , le porcrait du peintre , fait par lui-tn�me ; dans celui du roi c!e France,les portraits d^Henri IV , arm� & fans armes; celui de Marie de M�dicis , & celui do la paix entre la Hollande & 1'Archiduc, dont le fond cfi: un payfage : au Pa'ais-royal on voit le portrait d'Henri �V , de qtiatorze pieds de haut, peint fur bots. Hans la maifon de ville de Paris font deux
tableanx de la minorit� de Louis XIII. Dans le premier, le roi encore enfanc, efl: affis fur for», S3
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478 La Vu des Peintres
----------tr�ne : a fes genoux paroilTenc Ie prevot dej
IJ7°» marchand-s & les �chevins ,tous peintsd'apr�s na-
ture^ 1'autre tableau repr�feate la majont� du roi: la couleur vraie & la belle fimplicit� des drape-« ries font oublier un refte du go�i de fon p�re. Le tableau d'autel de 1'�glife de S.Leu eft; de
lui , ainhque deux autres tameaux d'autel 3 dans deux chapelles de 1'�glife des Jacobins, rue S.- Honor� \ Pun eft une Annonciation, & 1'autre un S.-Fran^ois. A Toumai, dans P�ghfe de 1'Abbaye de S.-
Martin , on y voir notre Seigneur en croix entre les Larrons : beau tableau du m�me auteur II fut a Parii) contemporain de Freminet } Sc
ne lui furv�cut que de trois ou quatre ann�es : il mourut dans cettevillc en 16 � i , & fut enairr� aux Petits-Auguftins du fanbourg S.-Germain. |
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WOUTER (VAUTIER)
CRABETH,
�L�VE DE 'CORNILLE KETEL.
Orabeth naquit dans la ville de Gouda:
il �toit petir-fils de Vaut�cr Crabtth , fi fameiix par fa peinture fur verre. Vautier, �l�ve de Cornille Ketel, avoit furpafT�
dans cette�cole fes autres contemporains. A peine fut-il le m�lange des couleurs , que, c�dant a 1'envie de voyager, il parcourut toutes les villes de France, & pafla dela en Itali�: il y etudia |
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Flamands, Allemands &Hollandois. 179
tout ce qui fe trouvoit de Tanden & du nouveau gout. Rome 1'arr�ta pendant treize ans a copier " ce qui lui parut propre i Ie perfeclionner. Il eft peu de grands peintres, de grands po�tes, de grands pnilofophes qui n'aient voyag�. De retour a Gouda en \6 8 , il y �poufa
Adrienne Vr�efen. Apr�s eet �tabliflement, il peignit plufieurs tableaux d'hiltoire & de por- traits , difperf�s & eftim�s par-tout. Dans lesbuttesdeS. George a Gouda 3 011 voit
de lui un tableau en grand , repr�fentantles prin- cipaux officiers de la compagnie de ce temps-la. On a encore de lui une AfTomption de la Vierge dans une chapelle. Il tenoit plus de 1'�cole d'Ita- lie que decelle de fon pays. Sa mort eft ignqr�e. |
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PAUL MOREEL ZE.
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Ci E pe'mtre naquit a Utrecht en 1571 : il fut
�l�ve de Michd Mirevelt : fon talent �toit Ie portrait. Carle van Mander en parle comme d'un excellent peintre. Il a fait quantit� de portraits d'une grande v�rit� & d'une belle ma- niere : entre fes plus beaux, font ceux du comte & de la comtefTe de Kuylemberg en pied , & grands comme nature; on cite aufli celui de Mada- me Cnotter. Il futaRome pour apprendreapein- dre 1'hiftoire, mais fon talent pour Ie portrait fut fi d�cid� & 1'employa tint , qu'a peine il put y fufEre \ ainfi Ie portrait feul 1'a prmcipalement occup�. On juge cependant qu'il �toit capable de faire autre chofe par un embl�me 011 tabieai* |
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i8o La Vit des Peintres
��� all�gorique qu'il a peint aux environs d'Utrechr
lj7i. Il �toit bon architecte : U porte de Sainte- Catherine de la m�me ville en eft unepreuve: ce morceau d'archite&ure eft d'une belle com- pofition. Il mourut en 1638 , ag� de foixante* lepe ans j fort confid�r�, & rev�tu de la charge de confeiller 3c de bourguemeftre de la ville d'Utrecht. Il y fut enterr� avec les plus grandes marques de diftin&ion. |
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F R A N g O I S
B A D E N S ;
9 �L�VE DE SON PERE.
XL naquit a Anvers en 1571 : il fut �l�ve de
fon p�re , qui n'�toit qu'un pc'mtre m�diocre. Dela il fut en Itali� avec Jacques Mathleu. Il y fit des progr�s � rapides, qu'apt'�s quatre ans do f�jour, il m�rita a fon retour a Amfterdam Ie nom du pc'mtre hallen. En effer, il avdit faifi parfaitement Ie goiit de compofer & de colorier aes grands artiftes de ce pays, fi vant� a jufte tirre. Son pinceau flou Sc d'une touche fiere, fa couleur chaude & dor�e , lui ont acquis lagloire d'�tre Ie premier qui ait introduit Ie bon gout du coloris : il a r�uffi �galement dans 1'hiftoire 5c dans ie portrait. Il nous refte de lui d«s fujets |
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Flamands , Allcmznis & HoUandois.
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de(i) converfation , & des modes du i��cle ou 1C71.
il a v�ciij peintes dans la grande maniere. Sa mort eft ignor�e. |
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S�BASTIEN
F R A N C K.
ON ne fait f\ S�baftien Franck eft fils de '
on Ie croit ft�re a�n� ds Francois Franck Ie jeune, & c'eft alTez !e fentiment commun. Voic� ce qu'en die Van Mander : S�bajlien Franck s'eft ijjftruit de la peinuue chez Adam van Oort: il peut avoir pr�fentemenr (1 ^04) envjron trente- un ans, ainfi il eft n� vers 1) 73 , «re. Le g�nie de ce peincre �toitde peindre des Bacailies 8c les fiijets ou il r�uffiflbit parfaitcment a repr�fentec des chevanx. Le payfage ne iat pas un; des mom- Jres parties defon talen: :n!ie bonne couleur Cc v.ne rouche l�gere en font le m�rire pnncipal. La maniere dece peinrre a �rc copi�e par pluf�curs; leur m�diocric� emp�che de $'y m�prendre. On ne fait fi ce peintre eft mbi 1 a /invers j o� il a. demewr� long-temps. Deux tableaux ds S�bajlien fe trouvent places avec diilinftion chez P�lecieur Palatia : 1'un repr�fente les (Euvrcs demif�ri- corde , Sc 1'autre une AfTembl�e de feigneurs& de dames. (1) On appellc en Flandres un pein tre de (onverfa-
tion, quand il repr�sente des assemblees galante* 3 comme celles de ip^attaa, Pater, etc. |
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i8z La Vu des Peintres Flamqfids , &c.
l u c a s
F R A N Q O I S.
L�cas Francois , contemporain A'Adam
El^heimer, &c n� la m�me ann�e en 1574 dans la ville de Malines , fut plus heureux : il ne tarda point a percer la foule. Pendant les fix ann�es qu'il exenja fon pniceauen qualit�de peintre de la cour de France & du roi d'Efpagne, il gagna beaucoup de bien. Il �toit �galement bon peintre «Thiftoire & de portrait. Les �glifes, les falles de confr�ries , les cabinets de Malines font garans de fa r�putation. De retour dans fa ville natale o� il travailla quelque temps , il y mouruc Ie 16 feptembr,e 1643 , combl� d'hon- nenrs & de riche�es, & au milieu de fa fortune. Il laii�adeux fils qui r�uffirent dans fon art : je les placerai dans leur temps. |
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ADAM
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ELZHEIMER.
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JIilzmeimer prit naii�ance a Francfort en 1574. ■
Sonp�re �toit tailleur d'habits: s'�cant appergu de x574* 1'inclinarion de fon fils pour la pcinture, il Ie placa chez Philippe Offenhach, bon peintre de la m�me ville. L'�l�ve furpafTa Ie maitre en peu de temps: mai1; voyant que l'A llemagne ne lui rourniflbit rien qui fut capable del'avancer dans fon art, il prit Ie cliem'mdeRome,o�ilfit connoiflanceavee Pierre Laflman,JeanPinas d\Amfterdam, JacquesEneJl Thoman, 8c gwelques autres c�l�bres artiftes. Il fe |
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it4 La Vie des Peintres
----------fit avec eux une maniere de peindre& definirett
* J74* pet'c»(3ui UJi abien r�uffi: il tut lemeiileur defon
�i�cledansce genre. 11 peignit toutd'apr�s nature : une m�moire rare lui fit faire des chofes f�ngu- li�res. Ilpeignit tr�s-fidellement/<z f'igne Madame de fouvemr j les arbres Sc leurs formes, les mafles principales, jufqu'aux accitl�ns ordinaires des ombres , rien ny �toit oub��. Mais ee qui devoit faire fa formne , fut en partie caufe de fa mis�re :1e tempsqu'ilemployoitafinirfes tableaux �toit trop long pour Ie prix qa'il en recevoit. Il �poufa unejolie perfcnne a Rome, dont il eutunenombreufefamilie:cetce.f�condit�, joiute alam�diocrit� de fon revenu ,1e d�couragea: il devint fauvase, 8c n'eut bient�t d'autre f�jour que les ruines des environs de Rome. Accabi� de dectes 3 ilne s'occupoit plus qu'a �viter fes cr�an- ciers. Il fut arr�t� & mis en p'rifon : il ne laifTn. pas de travailler dans ce trifte �tat; il y mouruc enfin delangueur , fous Paul V , en 1610, ag� de cinquante-fix ans , & digne d'un fort plusheu- reiax. Sestableaux, quoiquepetits^ font fort chers depuis fi mort: il auroit �t� a fouhaiter qu'ils reuifent �t� pendant fa vie. Le m�rite des onvmges A'�fykeimer confifte fur-
toat dans Ie gout du deflin , dans une diftribution adrnirable de fes fajets , & dans une rouche fpi- rituelle : excellent colorifte , toujoms pr�cieux&: piquant , fa maniere a fait bten de<: imitaceurs. Tkoman&c le comtede Gaud ont ftiivi ce grand makrej David Tenicrslt p�re Sc BambochcXonx. �uidi� , & c'eft d'apt�s lui qu'ils ont excell� dans leur genre. Ses tableaux les plns confid�rables font lc jeune Tobie ronduit par 1'Ange , & fuivi |
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Flamandi 3 Alhmanii & Hollando�s. 18 j
d'un petit chien qui parok fauter d'une pierre a-----*"""""
une autre, & qui eft arriftement �clair� du foleil. 1574»
Ila peintune Latoneavec fes enfans : despayfans
chang�s en grenouilles , femblent troubler
1'eau par leurs mouvemens. Un autre tableau
admirable eft Procris blefT�e : C�phale tache de
gu�rir fa plaie avec des herbes. On voit dans Ie
fond des Satyres avec des Dryades qui font du
feu a 1'entr�e d'un bois. On conno�t auffi un S.-
Laurent nu devant Ie juge qui Ie condamne 3
mort, furie refus qu'il fait d'adorer fes faux dieux.
Ce tableau appartient au comte de NafTau Saer-
brugge , & f� voit dans Ie chateau d'Idftein. On
a du m�me peintre un fecond St.-Laurent en
habit d'�ghfe, il fut fait pour Ie neveu de Joa-
chim Sandrart: ce martyr tient d'une main Ie
gril, Sc de 1'autre une branche depalmierj un
payfage ome Ie fond du tableau j un foleil cou-
chant y fait beaucoup d'eff�t fur des eaux qui s'y
trouvent agr�ablement r�pandues : la figure du
Saint eft peucorrecte; mais ficed�faut �toitcauf�
par 1'habitude de faire trop en petit, on fent ce-
pendantpar fa faciiit� qu'il auroit r�uffi en grand ,
&■ on Ie remarque dans quelques-uns de fes autres
tableaux.
On voyoit en 1666 ,aFrancfort chez M. du
�ay 1 du m�me Ehheimer, un tableau de g�nie & d'irnagination: il repr�fentoit leDefir & 1» Jouiflance fous deux jolies figures : au-de(Tus dans un ciel �toit Jupiter la foudre a la main j & fur la terre des hommes 8c des femmes de tous �tats , livr�s al'objet de leurs differentes paflions. Les ca- rad�res font bien rendus fur les phyfionomies J les yertus Sc les vices font 1'objct de cecce com* |
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iS<> la Vit desPeintres
pofition. Ce tableau a touche tous les curieus l
Sc donne une grande idee de 1'efprit de fon auteur. El\heimer a peint d'une plus grande forme Ia
finte de la Vierge en Egypte avec l'Enfant J�fus fur fes genoux. S.-Jofeph conduit 1'ane pendant la nuit a. travers une rivi�reorn�e de toutes fortes de plantes aquariqiies : il tient dans la main gauche une branche de pin allum�e qui lui fert de flam- beau. On voit dans Ie lointain un grouppe de ber- gers qui fe chauffeur aupr�sd'un feu , fur les bords d'une mare , o� ils gardent leurs troupeaux: ils paiflent aupr�s d'une �paii�e for�t : Ie ciel eft lempli d'�toiles; la voie laft�e un peu au-deffus de f horifon , �claire la plaine & fes objets avec une finguli�re v�rit�. Ce tableau paffe pour fon chef-d'ceuvre: il a �t� grav� par M. de Gaud , gen- tilhomme d'Utrecht, qui en a grav� plufieurs au- tres. Ce feigneur �toit un des principaux bien- faiteurs ��El\heimer : il acheta tous fes ouvrages & les paya plus cher qu'on ne les vendoit alors j il adoucit fa prifon en lui fournilTanr de 1'argent, mais Ie mal �toit trop grand pour y pouvoir re- m�dier. M. de Gaud fe fit une manierede peindre fur les tableaux qu'il avoit achet�s d'�/^eiOTcr, Sc qui lui fervoient de mod�le , au point qu'il peignit dans Ie m�me gout. Apr�s la mort du malheureux peintre , il revint a Utrecht , & ter- mina fes jours par un accident: une dame con- $ut tant d'amour pour lui, qu'elle lui fit prendre un breuvage qui eut un effet contraire a fes de- firs. En 1614 il perdit la m�moire , & eut 1'ef- prit ali�n� jufqu'dla fin de fes jours : la peinture feule lui donna des intervalles de xaifon, & il |
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FlamandS) Allcmands &Hollandois. 187
n'eut de jugement que pour ce talentjufqu'a fa
mott : on ne connoit de lui que fept planches grav�es d'apr�s El\heimer. La veuve Sc quelques enfans de ce peintre, vivoient encore en 1632. Les ouvrages du p�re font difperf�s dans 1'Europe. A Dufleldorp chez 1'�le�teur palatin, on voit quatre tableaux de cema�tr� :En�eavecfon p�reAnchifej un Saint Jean-Baptifte dans un beau payfage j un autre Payfage avpc des figures , & Ie fu rifice d'Iphig�nie. Dans l� cabinet du duc d'Orl�arts, au Palais-royal, deux tableaux du m�me , dont 1'un repr�fente une nuit, ou des gens qui fc chauffent au bord de 1'eau ; 1'autre repr�fente un beau payfage �clair� de la lune. |
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N I C O L A S
DE LIEMAECKER,
SURNOMM� ROOSE,
�L�VE D'OTTOVENIUS. Liemaecker , n� a Gand en 15 7 5 , fut place fort
jeune chcz Mare Gueraert, bon peintre d'hif- toire : il appnt fous lui les principes de ion art. La more de ce peintre lui donna quelques inqui�tudes ponr fon avancement; mais il r�para cette perte , en prenant des lecons d'Ottovenius. Ce dernier s'attacha a Roofe , avec une affe&ion qui lui pro 'ira depuis fa fortune: 1'�cole de Venius �toit pour lors la meillcure de la Flandre , Sc la plupart de ceux qui la compofoient ont �tc de |
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188 La Vle des Pcintr�s
1 grands artiftes': Rubens �toit du nombre des �l�-
IS7S- ves. L'amui� de Rubens Sc les le^ons du maicre tcndirenc Ie jeune Roofe Ie digne rival de Rubens Sc un des premiers �l�ves de i^en�us. Apr�s avoir pafle plufieurs ann�es dans cette
�cole , Sc m�rit� Ie nom de bon peintre, fon maitre l'envoya au prince �v�que de Paderborn , avec une lettre de recommanda�on : il y fut bien recu, & employ� par Ie prince Sc les principaux feigneurs. Son talent fut admir�, & Tartifte y fut combl� de gloire &: de bienfaits ; mais Ie cli- mat �tant contraire a fa fant� , il tomba malade d'une fi�vre continue j qui fit craindre pour fa vi�. Ilquitta cette cour pour reprendre 1'air natal, & fut s'�tablir a Gand, o� il adepuis travaill� & peint plufieurs beaux tableaux. Rubens,de retour de Li�e o� il venoit de faire Ie tableau d'autel de Sainte-Catherine, fut demand� par ceux de la confrairie de S.-Michelde Gand, pour peindre au retable de leur autelj un tableau repr�fentant la ch�te des Anges : Rubens leur confeilla d'em- ployer Ie pinceau de Roofe , en leur difant: Mef- fieurs , quand on pofs�de une rofe fi belle, on peut Hen fe pajfcr defieurs �trang�res. L'�loge d'un fi crand peintre fe foutient dans les ouvrages que 'Roofe nous a laifles. Il compofa ce tableau que Rubens refufa de faire : il pafle pour un de [es chef-d'ceuvres , & ne c�de en rien aux plus beaux de fon fi�cle. Roofe peignit Ie plafond de Ia Chapelle de 1'�-
v�que j dans 1'�glife de S. Bavon , Sc un tableau d'autel, o�l'on voit la Vierge & 1'Enfant J�fus dans une gloire entour�e de Saints. Ce tableau »ft d'une grande ordonnance j 1'efFer r�pond aux ^utre
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i 'Allematlds & �totlandois. 28^
a�tres belles parties de i'art: il eft en face dans
cette chapelle. On remarque pl�fieurs tableaux du m�me artifte qui ornent les piliers. Dans 1'�glife paroifl�ale de S. Nicolas, on voit
Ie tableau de la Ch�te des Anges, dont j'ai parl�: & dans la chapelle des chiturgiens, Ie Samaritain bleff�i Le grand tableau d'autel de la m�me �glife, repr�fente S. Nicolas qu'on �l�ve a 1'�pif- copat. J'ajouterai ici une fimple �num�ration des tableaux de Roofe. Dans 1'�glife de S. Jacques 3 le tableau d'autel
de la chaptlle des tonneliers : dans la chapelle de S. Ambroife, le dernier Jugement, compofi- tion confid�rable, o� le genie de 1'auteur eft fans bornes. Dans 1'�glife de S. Sauveur, contre les piliers , douze grands tableaux repr�fentant le jBapt�me de Notre Seigneur, z Jefus-Chrift tent� dans leD�fert. j Notre Seigneur pendant la tem- p�te r�veille par fes Difciples. 4 La R�furrection du Lazare. 5 Le Miracle de 1'Aveugle n�. 6 Les Vendeurs chaff�s du Temple. 7 La Transfigu- ration. 8 Le Demon chafle du corps d'un poi�ed�. y La Samaritaine. 10 Jefus-Chrift qui gu�rit plu- f�eurs malades. 11 La P�che miraculeufe , o�. Notre Seigneur fe prom�ne fur les eaux. 12 L'en- tr�e de Jefus-Chrift dans Jerufalem. Dans la chapelle de la Sainte-Trinit� , le tableau
repr�fente ce Saint Myft�re : il eil auffi bien- colo- ri� que s'il �toit de Rubens. Dans 1'�glife des Auguftins, huit tableaux re-
pr�fentant 1'hiftoire du Sacril�ge de pl�fieurs hof- ties qui furent vol�es & difperf�es avec impi�t�. Dans 1'�glife des Dominicains, 1'Apparition de la Sainte Vierge i Sainc Dominique. Danj la Tornt 1. T J |
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190 La Vit des Peintres
1 ' chapelle de Saint Pierre & de S. Paul, de la m�me
*57S' �g�fe, ces deux faints repr�fent�s avec Saint
Thomas d'Aquin , tableau d'autel. Dans 1'�glife du petit enclos des B�guines, la
Pr�fentation au Temple, tableau d'autel. Dans 1'�glife des religieufes Bernardines , la
Sainte Vierge & 1'Enfant Jefus dans une gloire c�lefte j entour�e de Saints j & au haut du ciel, ■la Sainte Trinit�, tableau d'autel. La multiplicit� des figures ne rend point cette compofition con- fufe : Ie 'bon gout du deffin & la facilit� du pin- ceau s'y font admirer, comme dans tous les ou- vrages du m�me artifte. Dans 1'abbaye des dames de Nieuweii-Boflche
-( ou -Nouveau Bois ) ) on voit encore plufieurs tableaux deRoofe; la NaiiTance de Notre Seigneur ador� par les Anges, tableau du grand autel : S. Beno�t qui dit la MefTe al'intention des ames du Purgatoire j Ie tableau des Anges qui appor- tent au Saint Ie plan du monafl�re^ 1'appari- tion de la Sainte Vierge & de Sainte Humbhne a 5. Beno�t; dans la m�me �g�fe 3 deux autres
grands tableaux. A Brnges , chez les Dominicains , dans Ia cha-
pelle de la Vierge, 1'apparition de la 5ainte Vierge a S. Dominique. On voit encore dans les villes deFlandres plu-
fieurs tableaux Ae Roofe. Il en faifoit peu de che- valet; la grande facilit� 8c Ie feu de fon imagina- tion Ie portoient plus a traiter fes fujets en grand qu'en petit : fes figures font toujours grandes, 6. paroiffent m�mecoloflales, mais elles fontd'un
bon gout de deffin. C'eft a fa grande pratique que Ion actribue quelquefois fa couleur froide, |
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'flamakds i All�matids & Tiollandois. ifl
"tkant fur Ie n�ir, prmcipalement dans fes ombres. ■
Ses couleurs de cfuur font fouvent rouges &: peu *57S' agr�ables. Ces d�fauts ne font pas dans tous fes ouvrages y & plufieurs de fes tabl�aux font co-> lori�s comme ceux de Rubens; la Ch�ce des An- ges en eft une preuve. �l def�lnoit bien Ie nu, il aimoit a Ie repr�fenter , & rarement a-t-il man- qu� 1'occafion de 1'introduire dans fes ouvrages^ Roofe n'a eu qu'une fille, morte en i (J77, reli- gieufe dans 1'abbaye de Nieuwen-BofTche» II fit plufieurs tabl�aux qu'il donna pour fa dot. On ne fait pas pourquoi il fut appell� Rooft : ce nom lui fut donn� dans fa j.eunef��. Il fut �lu chef 011 doyen des peintres de Gand en \6x% Sc i6}6, il fut aim� pour fes mceurs & la fagefTe de fa conduite , Sc fort regrett� a fa mort qui arriva en 1^49 : il �toit ag� de 71 ans. On Ie croit en- terr� aux Auguftins a Gand. |
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WA ERNAERT
yAND�N* VALKAERT,
�L�VE D'HENRI GOLTZIUS.
VV A e R n a e r t �toit d'A mfterdam : la date de
1'ann�e i<»2j,qu'on lit au bas d'un de fes plus beauxouvragesjfaitcroire} avecaflfez de vraiiem- blance, qu'il naquit vers la fin du quinzicmefi�cle: ce tableau repr�fente Saint Jean dans Ie D�fert. Parmi une multitude de figures qui peuplenc Ie payfage , quelques-unes des principales fur T 2.
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aj>t -k* Vu des Pelntres Flamahds, &d
Ie devant, font des porcrairs : il s'y eft peint lui-m�me; Ie S. Jean eft d'une belle proportion> bien peint &c dans Ie gout de fon ma�tre : toutes ces figures font grandes comme nature. |
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JEAN BADENS,
�L�VE DE SON P�RE.
Jean Baden s, fr�re de Francais Badens ;
naquit a Anvers Ie 18 novembre i$y6,&c fut �l�ve de fon p�re, qu'il quitta de bonne heure pour voyager , particuli�rement en Itali�, o� il fit de bonnes �tudes : il excella au point que les Allemands ne purent fe raflafier de les ouvrages \ les plus grands feigneurs excrc�rent fon pinceau. Il gsgna beaucoup de biens \ & retournant chez lui, il futpill� & maltrait� par des gens deguerre: ne pouvant fe confolec de cette perce , il moumt de langueur en 1605. |
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R O L A N T
SAVERY.
XVoi a nt Savery naqnit aCourtrai en i$7<>.-
II �toit fils deJacques Savery, peintre m�diocre j qui lui apprit les premiers �lemens de la peinture, &l'exercaa peindre desanitnaux, desoifeaux, des poii�ons, &c. Il imita la maniere de fon fr�re a�n�, peintre en d�trempe : mais cette partie pa-< rut trop born�e a Kolant, il s'artacha au payfage 3u'il a rortbien traite. Il aimoit beaucoup les vues.
u Nord, des tochers, des chutes d'eau qu'it |
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i* des Peintres
ornoit avec des fapins. L'empereur Rodolphe Ie
i jj6. prit a fon fervice, a la fei�e infpe��on d'un de fes tableaux : il 1'envoya defl�ner les vues finguli�res du Tirol. Ce peintie employa fon temps a copier d'apr�s nature > & en deux ann�es il rapporta uu rr�s-grand livre rempli de beaux deflins, en partie dellin�s a la plume & lav�s, & les auctes au charbon. Il s'eft fervi toute fa vie de fes �tudes dans fes tableaux : il orna la galene de Prague en Boh�me de fes payfages qu:'jf gidius Sadeler a grav�s. On regarde comme un de fes principaux tableaux, un payfage d'une �tendtie immenfe de pays j avec un S. Jer�me dans fa p�nitence : il a. �t� grav� par Ifaac Major, �l�ve de Sadelerj qut Ta ren du public. Apr�s la mort de Pempereur Rodolphc en 16\ 2,
Savery revint a Utrecht o� il fit plufieurs tableaux en grand «Sc en petit: il foutenoit fon application par une diffipiition agr�able \ les matinees �toient enii�rcment employees a peindre avecfcn neveu, Jean Savery, aiiffi penitre de payfages, 8c les apr�s-din�esiuifervoientde d�lanernenr. Un choix d'amis, eomme lai fans: engagemens, lui faifoit go�ter Ie plaifir qu'on trouve dans tine ioci�t� enjiou�e; c'eft ce qui n'a pas peu contribu� a Ie faire vivre auffi long-temps qu'il a v�cu : il rnoit- rut a Utrecht en 16 3 55, ag� de ^3 ans. On lit fous fou portraitj peint par Henri Lamben Rog- man. Rolant Savery, peintre de Rodolphe & de Ma*
thieu j empereurs rcmains. Savery avoit le.fini de Paul Bril Sc de Breughcly
on remarque dans quetques-uns de fes tableam un peu de. fech.er.efle dans fa toucht?: fes idees. |
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Flamands, Allemands & Hollandolsl
font grandes , fes diftributions agr�ables, Sc � y
aun grand art dans fes oppulltions : la couleur bleue domine dans fes tableaux : quelques-uus m�me en font moins eftim�s. Ce peimre a bien fait les petkes figures & les animaux qu'il delli- noit & qu'il touchoit avec efpiit. La plupart des ouvrages de Savery font en Allemagne: on en trouve auffi , mais en petit nombre, dans les cabi- nets d'Hollande & de Flandre, &c. Houbraken vante un tableau de ce maitre, re-
pr�fentant Orph�e quij par les fons de fa lyre , attire autour de lui une mukitude d'animaux : Ie payfage en eft tr�s-beau. Weyermans fait auffi la defcription d'un ta-
bleau de ce ma�cre , dans lequel il avoit voulu fe furpaflTer ; c'eft une efp�ce de For�t, reraplie de chevaux indompt�s : les pofitions extraordinaires & les mouvemens forc�s dans chaque animal, donnent une idee de la grande facilit� de celui qui les a repr�fent�s. On voit de lui chez l'�lecteur Palatin deux
tableaux, dont 1'un eft un payfage avec des ani- maux d'efp�ces difF�rentes,& 1'autre une Bataille, avec beaucoup de figures & des animaux. A Gand, chez M. van Tygfrem, eft un autre
tableau de Savery : c'eft probablement celui dont Houbraken a donn� la defcription j c'eft du moins Ie m�me fujet, & on Ie regarde cornrne un des. plus beaux de eet artifte., |
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x»)6 La Vic des Peintres Flamands, &c.
ADAM
WILLARTS
JNaquit dans la ville d'Anvers en 1577. La
peinture Sc la po�fie furent alternativemeni exer- e�es par Adam. De la premi�re, il avoit fait fon talent dominant, & 1'autre lui fervoit de d�lai�e-* ment. Il excelloit a peindre, fur-tout des rivi�res avec de petits bateaux; des rivages Sc petites marines; des barques de p�cheurs remplies de petites figures fpirituellement touch�es & natu-» rellement repr�fent�es. Il mourut a. Utrecht o� il avoit fix� fa d�meure. On voit deux tableaus de ce peintre a Paris, chez M. Ie comte da Vence :. 1'un repr�fente une marine j & 1'autrs la vue d'une rivi�re. AART (ARNOLT)
JANSSE DRUYVESTEYN.
Vjarie van Mander rapporte qu'il a vu
a Harlem un jeune homtne j excellent peintre de payfages, avec de petites figures, nomm� j/iartjanjje Druyvefleyn,, qui n'exerc,oit fon talent <jue pour fon amufement. Favorif� d'une fortune lionn�te , il ne peignoit que pour fon plaifir. Il eft inpi� parmi les bourguemeftres de cette ville A
fut. �lu ancien de T�glife �f�
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PIERRE-PAUL
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R U B E N S.
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<J donnant la vie du prince des peintres'
flamands, nous avons a faire connoitre dans eet illuftre artifte , Ie favant , Ie politique & l'homme du monde. Pierre-P aul Ruhens �toit fils de Jean Rubens
Sc de Marie Pipelings , tous deux d'une tr�s- bonne familie. Son p�re, profefleur endroit Sc �chevin de la ville d'Anvers , abandonna eet emploi pour fe mettre a couvert des calamit�s 4e la guetre civile qui ravageoit alors Ie Bra-: |
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Zd Vit des Peintres
m------<■ bant. II fe retira dans la ville de Cologne. C'eft-
IJ77. ^ <Iue Rubens recut Ie jour Ie 2.8 juin 1377. Sa.
premi�re jeunefle fut cultiv�e avec loin, Sc il repondit a cette �ducation par les plus heureufes difpofitions. Il s'attacha avec fucc�s aux belles- lettres , & il fit des progr�s rapides dans la lan- gue latine. Ainfi les grands hommes annoncent d'ordinaire, d�s leurs premiers ann�es , ce qu'ils doivent �tre dans la fuite. Le duc de Parme ayant remis la ville d'An-
vers fous la domination de 1'Efpngne , Rubens Ie p�re, qui avoit quitte Cologne jpour Utrecht, retourna dans fa patrie, y repric fes charges. Son �ls �toit d:unefigureaimable, il le plaga chez la comtefl� de Lalain, en qualic� de page. La vie licentieufe de fes camarades n'�tantpas du gout de ce jeune homme bien n�, il follicita, mais en vain, fes parens de le rappeller aupr�s deux. Son p�re �tant mort , Rubens fe retira chez fa m�re , Sc lui fitconnoure le defir qu'il avoit de fe livrer a la peinture. On le pla5a d'abord chez TobicVerhaejl, habile payfagifte , & enfuite chez Adam van Oort. La conduite crapuleufe & libertine de ce dernier, jointe afon humeur brutale > deplut a Rubens: il lequittapour aller chez Ottovenius, qui �toit alors le Rapha�l flamand. Le difciple s'appliqua non- feulement a imiter la beaut� du pinceau de ce nouveau ma�tre qu'il �gala j mais il fe fit un mod�le de fa conduite, de fes mceurs, defapoli- tei�� & de fon application a 1'�tude. Vers 1'age de vingt trois ans, Rubens fe crut en �tat d'eflayec de voler de fes propres ailes. I/habitude de vivre dans. le grand monde , lui donna acces chez les pnnces. Ils'y fit remarquer par "fa fageffe& f�a |
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Flamands, Allemands & Hollando'is.
g�nie. Quelques-uns difent,& entr'autres San-
drart, qu'Albert, archiduc d'Autriche, envoya Ie l $77* jeune Rubens a Vincent de Gon^ague^ duc de Man- tou�, qui Ie recut favorablement, & Ie pric a fon fervice en qualit� de gentilhomme \ il y refta pen- dant fept ans, plus occup� a�tudier fon art d'a- pr�s les grands maures, qu'a fuivre les amnfemens frivoles de ceux avec qui il vivoit. On raconte que Rubens j ayant un jour a peindre Ie combat de Turnus & d'En�e, & fe croyant feul, r�citoit, pour �chauffer fon g�nie , ces vers de Virgile: llle etiam patri�s agmcn ciet , &c.
Le duc qui 1'avoit �cout� , entra en riant j Sc
lui paria en latin , croyant 1'embarraffer Sc qu'il n'entendoit pas cette lafigue ; mais quelle fut fa furpnfe, lorfquecepeintre lui r�ponclit en cermes dignes du fi�cle de Giceron! Il ceGTa d'�tte �tonn� de fon �rudinen, lorfque P.ubens lui eut appns quelle �toitfa familie. Sa naiffance., festalens&fes vertus aimables , lui acqiurcnt tant de confid�ra- tion dans 1'efprit du prince, qu'ille nommafon envoy� a la cour de Phl�ppe III 3 roi d'Ef- pao-ne. Rubens partit charg� de riches pr�fens pour le duc de Lerme , un des principaux favoris. Ces pr�fens fnrent ofFerts avec des graces qui en augment�rent le prix, Sc qui ajou- t�rent au m�rite de l'envoy�. Il fat eftim� du roi & de route la cour II y fit une quantit� de portraits & de tab!e;ux d'hifl-oire, qui lui valurent des fommes immenfes. La r�putation de Rubens fit tant de bruit, que Jean duc de Bra- gance { depuis roi de Portugal) , prote�teur des |
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joo La Vu desPeintrrs
""fciences & des arts, �crivit a un feigneur de
lJ77' Madrid, pour engager notre peintre a venir a Villaviciok , o� Ie duc faiioit fa r�fidence. Ru- bens accepta eet honneur, & fe mit en chemin avec un train fi confid�rable , que Ie duc effray� de la d�penfequ'untelhocepourroitoccafionner, d�p�cha un gentilhomme au-devant de 1'artifte , qui ri*etoit plus qu'a une journ�e de fa cour ,pour Ie prier de remettre fa vijite a un autre temps. Ce compliment�toit accompagn� d'unebourfede 50 piftoles , pour d�dommager Rubens de fad�penfe & du temps qu'il avoit petdu. Rubens r�pondit qu'ilne recevroit pas cepr�fent j qu'iln'�toitpoint venu pour peindre, mais pour s'amufer hu'u ou dix jours a Fdlaviciofa, & qu'il avoit apport� avec lui mille piftoles pourles depenfer pendant fonf�jour. Unefi vapide fortune fit voir dans ce jeune peintre autant de conduite que de talens , & fa r�ponfe autant denobleffe que ded�fint�refTement. De retour a Mantou� , Ie duc 1'envoya a Rome
pour y copier les principaux tableaux des grands ma�tres, & ces copies valoient prefque les ori- ginaux. Rubens obcint enfuite la permiilion de �uirrel les �tudes qu'il s'�toit propof� de faire en quittant fa patrie. Les ouvrages du Titien & de Paul V�ron�fc 1'attir�rent a Venife. Ce fut dans cette excellente �co'.e du colons qu'il en puifa les r�gies s�res , dont il ne s'eft jamais �cart�. Il refta long-rernps dans cette ville a r�fl�chir fur Ia ma- niere de chaque maitre, & en pratiquant d'apr�s leurs chefs-d'oeuvres, il s'en fit une qui lui �toit propre 3 & qui approche peut-�tre autant de la nature. Notre illuftre artifte retourna dela a Rome^ & y fit quelques tableaux d'autel, qui |
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Flamands, Allemands & Jiollandois. jol
prouv�rent aux connoiffeurs combien ie f�jour de Venife lui avoit �t� utile. Rubens quitta Rome & fut a G�nes, ou des
tableaux d'hiftoires Sc des portraits 1'occup�renc long-temps. L'�glife des Jefuites fut orn�e de fes ouvrages. Les p'rmcipaux de cette ville employ�renc fon pinceau. Rubens leva Ie plan des plus beaux �difices, & deffinalui-m�me ies�l�va- tions qu'il fit graver 3 ce qui compofa un tres-* grand volume, qui fut fi bien rec,u du public qu'il en parut deux �dmons de fuite. Notre jeune peintre �toit dans Ie fort de tas
ouvrages j & combl� chaque jour de nouvelle* tnarques d'eftime,lorfqu'il fetrouva forc�de touc quitter. La nouvelle de la maladie dangereufe de fa m�re Ie fit partir a la hate j mats, quelque dili- gence qu'il p�c faire 3 il n'eut point la fatisfaclion de la trouver en vie. Il fut p�n�tr� de la plus vive aflfli�Hon. L'abbaye de S. Michel d'Anvers fut fa recraite. Il n'y vit perfonne : la peinture euc feule Ie drou de faire quelquefois diverfion a fa triftelTe. Kubens joignit la vertu d'un bon fils a tant d'autres vertus. D�s que fa douleur fat un peu calm�e, il ne
fongea plus qu'a fuir les lieux qui la lui retra<- «joient. Il forma Ie projetde retourner aMantou�: mais 1'archidnc Alben en �tant inform�, lui t�^ moigna combien il �toit m�content de ce d�part. Il lui fit dire qu'il ne foufiriroit qu'avec pcine, que Mantou� enlevat a la Flandr-e efpagnole fon plus pr�cieux ornement. Ces raarques de bont� & de diftin<5tion , toutes flatteufes qu'elles �toient de la part de fon prince, n'eui�ent peut - �tre point �t� capables de retenir Rubens, Ci 1'amour |
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301 La Vic des Peintres
ne fe fut mis de la partie. Les charmes d'Elifabeth
l$77» Brants Tarr�t�rent; il l'�poufa. Quelque temps apr�s il batir une maifori, on
plut�t un palais \ il Ie fit pemdre en dehors& en oedans. Son cabinet j form� en rotonde & �clair� par en haut, fut orn� de vafes de porphyre Sc d'agate les plus recherches , de buftes antiques Sc modernes les mieux travaill�s , d'un riche m�dailler, & des tableaux les plus pr�deux detou- tes les �coles. Cette collec�on �toit plut�t celle d'un prince que celle d'un particulier. Le duc da Bouquingham la vir, & en eut envie. Ilpna inrtam- mentRubensde vouloirbienluien ceder dumoins une partie. Il lui envoya Michel le Blond, hornme de gout, avec 6bocoflonns(i) pour achever de le d�terminer. Malgr� cette fomme confid�rable,, Rubens ne confentlt qu'avec Ie plus grand regret a fe d�tacher de eet amas rare qui faifoit fon amu- fement, maisil ne put r�fiiter aux inftances r�it�- r�esdufeigneur anglois, qui de fon cot� ne crut pouvoir payer lefacrifice que lui avoit kit Rubens, que par la proteclrion la plus marqu�e & l'amiti� la plus tendre. Le Blond choifit en connoifTeur, & fit pafTer en Angleterre la plas belle partie de ce magnifique cabinet. Rubens commenca a jouir tranquillement de fa
r�putation & de fa fortune; & s'il concinua de peindre, ilfembloit que c'�toit plus pour conten- ter fon gout, & par complaifance pour les curieux qui montroientleplusvif emprefiement aobtenir quelques - uns de fes ouvrages, que par int�r�t. Ses biens �toient tres - confid�rables, & cette (i) 120000 livres de France.
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Tlamands j Aliemands & Hollandois. $0$
Complaifance les rendit immenfes.
Rubens imaginoit facilemenc 3 8c ex�cutoit de
tn�me : il pouvoit travailler long-temps fans alt�- rer fa fant�. Mais pour fuflire aux difF�rentes fortes de cennoifFances dont fon efprit �tou avide , il avoit mis un ordre_, que nen ne changeoit, dans 1'emploi de fontemps. Ses heures �toient r�gl�es, Sc ne prenoient jamais nen les unes furies autres: ma�s il favoit cependant adrnettre emfemble les occupations qui n'�toient pas oppof�es. Il ne pei- �noit jamais fans fe faire lire quelque morceau d'hiftoire facr�e ou profane 3 de morale ou depo�- jfie. Les auteurs de chaque nation lui �toient fami- liers , par 1'ufage qu'ii avoit des langues : il en parloit fept difF�rentes. Cet amas de fciences avoit cnrichi de connoifllinces Ie g�nie du peirure , & orn� de faits & d'agr�mens l'efprit de Thommedu monde. Rubens employa utilement tous fes mo- mensj il ne fut jamais oifif. Il appelloit fes heures de r�cr�ation celles qu'il confacroit aux belles * lettres j il veilloit& s'endormoit avec les mufes. Le nombre de fes tableaux eft auffi confid�-
rable qu'ils font exquis. Les quatre Evang�liftes des jacobins d'Anvers, la fameufe Defcente de Croix de la cath�drale , font de fa main.Toutes les villes des Pays-bas fe difput�rent a 1'envi 1'honneur de pofleder quelques-uns de fes chefs- d'oeuvres j les villes d'Italie montr�rent auffi le m�me emprelTement. G�nes , Bologne , Milan n'obrinrent que par uneefp�ce de faveur untr�s- petit nombre de fes tableaux, & on les y pla$a au rang des merveilles del'Italie. A la fin, furcharg� d'ouvrages , Rubens prit le
par�i d'employerfesplushabiles �l�ves. Il les fai^ |
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'364 La Vu des Peintrtt
»�_____ foit travailler fur fes deflins, & ne faifolt que
� j66. tetoucher, mais fi favammentj qu'il faut �tre tr�s- fin connoifleur pour ne pas s'y m�prendre. W�dens Sc van Uden peignoient Ie payfage ; Sneydcrs, les firuits, les fleurs & les animaux. Rubens pr�fidoit, Sc favoit accorder avec tant d'art les mani�res dif- f�rentesj qu'il fembloit qu'une feule main y e�t travaill�. Une r�putation f\ g�n�rale & fi m�rir�e ne pou-
voit manquer d'exciter 1'envie. Rubens , doux & affable , bienfaifant, protedeur des arts _» fe vi� attaque par les artiftes m�mes qu'il avoit Ie plus aid�s. On ofa dire qu'il auroit �t� incapable de r�uffir dans tous ces diff�rens genres de pein- ture, fans Ie fecours des peintres dont il employoit les talens. Rubens ne r�pondit a ces critiques 3 ou plut�t a ces calomnies, que comme il fied aux grands hommes d'y r�pondre } en produifant de nouveaux miracles.Il fit feul plufieurs beaux pay- fages: Ie plus remarquable �toit celui dans lequel il repr�fentoit fa maifon de campagne entre Mali- nes Sc Anvers. Tousont �t� grav�s. La honte qui en retomba mr fes ennemis, que
Rubens convainquoit d'impofture , ne fit que les acharner de plus en plus contre lui. Janjfens Sc Rombouts , qui�toienta la t�te, lev�rent Ie maf- que Sc fe d�clar�rent ouvertement. Janjfens eut la t�m�rit� de propofer a Rubensun d�fi de peinture. Rubens, aull� mod�r� qu'habile 3 fit dire qu'il accepteroit ce d�fi quand Janjfens prouveroit par fes ouvrages qu'il pouvoit �tre fon concurrent. Vers ces temps-la un alchymifte Anglois nomm�
Srendel, fut trouver Rubens, 8c lui promit de partager avec lui les tr�fors dont rafliiroit fon art, s'il
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JFlamands, Allemandt & Jiollandols. j © e
s'il vouloit feulement conftruire un laboratoire & payer quelques pecits frais n�ceiraires. Rubens, 1577'
apr�s avoir �cout� patiemment les extravagances dufouffieur, Ie mena dans fon attelier : Vous �tes Venu , lui dit- ily vingt ans trop tard ; car, depuis ce temps, j'ai crouv� la pierre phiiofophale avec cette palette 8c ces pinceaux. La gloire de Rubens parut dans tout fon �clat
Vers 16 zo , lerfque Marie de M�dicis, de retour a Paris, Ie choifit pour peindre dans une des ga- leries du palais du Luxemboiarg, les pnncipaux �v�nemens de fa vie, depuis fa naiflance jufqu'a raccommodemenr qu'elle avoit �vt a Angoulcmo avec Louis XIII, fon fils. Rubens vint, compofa fes fujets, en fit les efquiff�s, que M. Felibien a vues chez l'abb� de Saint-Ambroife. Cette galerie contiene 24 tableaux . 10 de cha-
que c�t� entre les croif��s, un fur la chemin�e, deux a roc� & un au fond de la galerie, en face de cette chemin�e. On pretend que notre peintre avoit eu ordre de repr�fenter \,\ vie cYHenri If dans une autre galerie , & qu'il en avoit d�ja faic quelques efquines : on n'a cependant jamais nen vu de ce dernier projet. On peut regarder ces 24 tableaux conimi un po�me �pique en peni- ture , & compof� avec autant de fagede que d'efprit : les all�sones en font ing�nieufes fans �tre trop charg�es, 8c la fn�cheur de ces ta- bleaux continue d'y ftire 1'�loge du coloris ad- tnirable de 1'auteur. Ce grand ouvrage fut ex�- cut� en entier, a Anvers, except� deux des ta- bleaux cjui furent faits a Paris , car la ttine avoit marqu�aiuantdeplaifiras'entretenir avec Rubens, qu'a ie voir peindre. Il fit dans ce temps plufieurs Tornt. I. V |
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La Vie des Peintres
portraits de cette princefle & quelques autres des pnncipaux feigneurs de la cour. Les talens fup�rieurs de Rubens dans la pein-
ture , ne lui ont pas feuls m�rit� 1'eftime des fou- verains de 1'Europe ; fon inclination pour les fciences & les arts y a beaucoup contnbu� ; il ne fe borna point a les effleurer, il les approfon- dit: p�n�trant & folide, 1'ufage qu'il avoit du monde &le f�jourqu'il avoit fait dans diff�rentes cours de 1'Europe, lui avoient donn� une con- noiflance tr�s-�tendue de la politique 8c des inte- rets des princes. L'infantelfabelle, dans quelques entretiens qu'elle eut avec lui fur la fituation des affaires du Pays-Bas, Ie reconnut tr�s-propre au deflTein qu'elle avoit de communiqucr au roi d'Ef- pagne, l'�tat pr�fent du gouvernement du Bra- bant. Rubens recue les inftructions n�cefTaires, 8c paffe i la cour d'Efpagne : il eut plufieurs conf�- rences avec Ie roi, Ie ducd'O�vare^�c Ie marquis de Spinola , qui furent tous fatisfaits , non-feule- rnent de la maniere dont il avoit ex�cut� fa com- miffion, mais des avis qu'il avoit propof�s lui- m�me, 8c qui furent fuivis. Le roi Ie fit traiter avec une grande diftincTrionj il fut conduit a 1'Ef- curial,o� les tableaux d'Italie fix�rent toute fou attention : il en copia quelques-uns d'apr�s Ie Titien.L.e duc d'OIivare^ chargea Rubens de com- miflions fecrettes , & lui donna de la part du roi tin diamant de grand prix, llx beaux chevaux �c la charge de fecr�taire du confeil priv� j avec Ie brevet de la furvivance de cette charge pour fon fils. De retour en Flandres, il fut tr�s-bien re^u par 1'infante Ifabelle , qui 1'employa de nouveau en Hollandc, uu il paiTa fous pr�cexte |
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Flamands , Allemands & Hollandois. 307
de fes propres affaires. Le v�ritable motif de '-
ce voyage, �toic de propofer une tr�ve entre * 577 �
1'�fpagne & les Provinces - Unies. Cccce n�go- cianon fut bien conduite , & alioit avoir un plein fucc�s, quand elle fut interrompue par ia mort de Maurke prince de NalFau. Le roi d'Efpagne, par le confeil du duc d'�li-
yc.re^, qui nt entenure a ce prince coinbietl Rubens �toit propre a propofer au roi d'Angle- terre des condiuons pacifiques, par l�troite ami- ti� qui r�gnoit entre le duc de Bouquingham 8c ce peintre j le roi, dis-je, le chargea de cette com- iniflion, d'autant plus delicate , qu'il ne lui �toic permis de faire fes propofitions, qu'api�s avoir ibnd� les difpofitions ae la Grande - Bretagne pour la cour d'Efpague. Rubens pafla en Angle- terre comme voyageurj il eut lnonneur d ctre pr�fent� au roi, qui le recut avec bont�: ce prince parut charme de fa converfation , & ce fut dans un de ces entretiens particuliers, que des chofes indifrerentes Rubens pa(Tj a de plus f�neufes. Il glii�a adroitement qu'il le pouvoit que le roi d'Ef- f)agne ne fut pas �loigne de conlermr a la paix :
e roi d'Angleterre lui demanda s'il avoit ordre «Ten parier, & lui lailFa entrevoir que les propj- fkions n'en feroient pas mal recues. Rubens faific le moment 3 il montra fes iectres de cr�ance, avec les intentions du roi fon ma�tre \ la fagefle de Rubens parut dans cette affaire j & lui attira une eftime g�n�rale. Le roi lui donn; une pretive convaincante de ia fiennc , en le d�corant dans 1'inftant du coidon de fon ordre Sc d'un riche diamant. Ce traite fut conelu pendant les mois de novembre <3t decembre en 1630. Milord Vi
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3oS La Vie des Peintres
*-�------- Francois Cottington fut envoy� en Efpagne pour
*S77- Ie radrier, & dotn Carlos Colonne vint pour Ie
m�me fujet en Angleteirc. Ainfi, Rubens eut TadreflTe & la gloire de con-
clure une paix devenue fi necelFaire a l'Elpagne , depuis que les Anglois 1'avoient faite avec la France, Sc de plaire au roi d'Angleterre, auquel il la demandoit. Ce prince fut fi content du n�go- ciateur, qu'apr�s 1'avoir cr�� chevalier en plein parlement, il lui donna la m�me �p�e avec la- quelle il avoit fait la c�r�monie : il joignit a cette marque de diftinctionj Is pr�fent d'un fervice complet de vaifTelle d'argent, de la valeur de douze mille florins. On fait que la reine Marie de M�dicis Sc
Monfieur , fortant de France , s'�toient redres 2 Bruxelles; l'infante chargea Rubens de les inftruire de fes pr�tentions & de celles de la cour d'Ef- pagne. Il fe tira avec habilit� de cette commiffion dilficile. Il ne s'acquitta pas moins bien de celle que Ie marquis dJyetone lui donna anpr�s des �tats-G�n�raux : il s'agifloit de les amufer pa* des propofitions de paix de la part de Ia cour d'Efpagne, & il y r�uffit. Il contribua beaucoup a faire rentrer les Provinces-Unies fous la domi- nation de cette cour. Ce fut a peu pres dans ce temps-la (1) que Rubens �poufa en fecondes noces Helene Forman : elle �toit d'une rare beaut�, &lui fervit fouvent de mod�le pour les t�tes de femmes. On la voit tr�s-bien repr�fent�e dans Ie tableau qu'il fit pour la chapelle o� il eft enterr�, dans 1'�glife de Saint-Jacques. (1) Rubens perdit sa premi�re femme en 1636.
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Flamands , Allemands & Holland'ois. 309
Rubens au milieu des honneurs & des richefles,'
fentant d�ja les infirmit�s de la vieillefTe, fe d�- 1577* roboit peu a peu au tumulte du monde qui Ie cherchoit. Afflig� depuis quelque temps d'un tremble-
ment de mains & de la goutte, il fe renferm» dans fa belle maifon , Sc ne peignit plus que des tableaux de chevalet: dans ce travail, 1'appui- main lui procuroit Ie foulagement dom il avoit befoin. Il compofa cependant encore quelques grands ouvragesj tels que les arcs de triomphe pour 1'enrr�e de Ferdinand, cardinal in fant d'Ef- pagne; mais il eut Ie chagrin de ne pouvoir affifter a cecte entree. Theodore van Thuldena.gca.ve a l'eau forte ces arcs de triomphe : c'eft un volume in- folio avec de favantes obfervations latines de M. G�evaerts, hiftoriographe du roi d'Efpagne. La caducit� de Rubens augmenta de plus en plus 5 il mourut Ie 30 mai 1640 : il fut enterr� avec de grandes marques d'honneur. On porta devant fou cercueil un carreau de velours noir, fur lequel ctoit une couronne dor�e: la principale nobleffe, Ie clerg� , les artiftes & les amateurs s'emorefs�- rent a lui rendre les derniers 'evoirs : il fut inhu- m� dans la chapelle derri�re Ie chceur, en 1'�glile paroiffiale de S. Jacques a Anvers. Le chevahcr Bullart a compof� pour lui cetcc
�pitaphe: Ipfa ft/os Iris, ded'a ipfa Aurora colores j
JSox , umbras, Titan , numlna clcira tibi.
Das tu Rubenius vitam , mentetnque Jrguris, Et per te vivit lumen, & umbra, co/or.
Quid te, Rubeni, nigro mors funere volvit? Viivicla tuo,picla colcrerubet* |
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1 o La Vic des Peintres
Rubens lailla apr�s lui, fa veuve, une fille Sc
lS77' deux fiis j 1'ain�j Alben 3 occupa la charge de fecretaire du confeil priv�; & paffe pour un des beaux g�nies de fon temps. Les ouvrages de Rubens font en grand nombre.
La France, 1'Italie, 1'Anglete: re & la Flandre en font remplies: nous en indiquerons les principaux, apres avoir fait quelques r�flexions fur fa maniere, Bien des auteurs ie font content�s dedire que
1'on voit per. de tableaux enti�rement: de lui, 3c qu'il ne faifoit fouvei;t que recoucher ceux de fes �l�ves j c'eft uue erreur: les tableaux de fes �l�ves qiu onr �t� retouches, fonc aif�s a. reconno�tre : on n'y trouve pas les tranfparents dunt ce grand peintre nroit � bien parti : ceux qui font de van JDyck embarrafTent Ie plus; mais encore raremenc peut-on s'y tromper. La touche de van Dyck e.il: plus tendre j elle n'eft ni fi facile, ni fi large cjue celle de fon maitre. Il femble que dans les tableaux de Rubens, les mafles priv�es de lumi�re 11e foient prefque point chaig�cs de couleur: c'�toit une des critiques de fes ennemis , qui pr�tendoient que fes tableaux n'�toient point affez empdt�s, & n'�toiem: prefque qu'un ver- nis colori�.a.ufli peu durable que 1'artifte. On voit a pr�fent que cette pr�didtion �ioit tr�s^mal fond�e. Tout n'avoit d'abord , fous Ie pinceau de Rubens, que 1'apparence d'un glacis; ma�s quoii qu'il tirat fouvent des tons de 1'impreffion de fa toile, elle�toit cepqndant enti�rement couvertede couleur : il a connu parfaitement celle qui n'alt�- roit ni la v'vacit�, ni la dur�e de 1'autre. Une des maximes principales qu'il r�p�toit Ie pjus foijvent datis fon �cole fur Ie coloris, �toitj, |
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Flamands , Allemands 6' Hollandois. 511
cju'il �toit tr�s-dangereux de fe fervir du blanc ~------�
& du noir. Commcncc^ , difoit-il, a peindre l�gere.- * �77*
ment vos ombres; garde^-vous d'y laiijer g'iQer du blanc j c'e/i Ie poijon d'un tableau , except� dans les lumi�res � Jl Ie blanc �moujje une fois cette pointe brillante & dor�e j votre couleur ne f era plus chaudey mais lourde & grif e. Apr�s avoir d�montr� cette pr�caution fi n�ceiraire pour les ombres, & avoir d�fign� les couleurs qui peuvent y nuire , il con- tinue ainfi: Iln'en efipas de mime dans les lumi�res; on peut charger fes couleurs tant que l'on Ie ju ge a propos : elles ont du corps ■ il faut cependant les tenir pures : on y r�uffu en placant chaque teinte dans fa place j & pres l'une de l'autre, enforte que d'un l�ger melange fait avec la broffe ou Ie pinceauy on parvienne u Iesfondre en les paffant l'une dans l'autre fans les tourmenter, & alors on peut retour- ner fur cette pr�paration & y donner des touches d�cid�es % qui font toujours les marques diftinclives des grands maltres, Voila quelcjucs-uns des principes de Rubens t
on les reconno�t dans fes ouvrages: fa couleur eft tendre , vive x fra�che 8c naturelle : il avoit une finguli�re faeilit� a op�rer, & par-la il cachoit fa palette (\) dans tout cc qu'il a produit. Il tcnoit eet artifice de 1'examen des ouvrages du Titien , de Paul Veron�fe & du Corr�ge, &c. S'il a cepen- dant moms fondu fes couleurs, il nous laifle la 'route plus fray�e que ces ma�tres italiens, qui nous d�guifent leur marche pas; une fonte prefqu'in* (1) Expression en peihture: on dit les couleuri
sonl trop enies, elles sentent la pahtte ,i:'cst-a-dira qu\lles n'iiniteot point assez celles de la nature. v
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31 i La Vie des Peintres
fcnfible. Nous pouvons donc Ie regarder comme
l577' un tna�tre aufli bienfaifintqu'habile., qui vetu bien nous r� veler les myft�res de cette forte de magie {\ difficile a devincr , & dans laquel'e il n'a pas en- core �t� furpafle. Quel avantage n'a-t-il pas nr� du clair obfcur? avec quelle induftrie a-t-il fa lier fes grouppes , r�pandre & fourenir les grandes malles de lumi�res par celles des ombres? Un f�nie fi �lev� &c fi lavant dans l'hiftoiie &c les
.Hes-lettres �toit auffi digne d'�tre admir� cjue ca")able d'inftruire. Abondant & facile dans fes produ&ions, vari� dans fes attitudes auffi fimples que naturelles , & toujours contraft�es , fans �tre oiitr�es; jufte dans fes expreil�ons , ncble & exa»^: dans 1'expofinon, & plein de jugement quand il a fair ufage de 1'allsgorie, fes draperies font convenables aux fujets; les �toffes groilidres ou l�g�res font jet�es avec art. Il n'y a ninle affec- tation dans les plis qui font amples, Sc fous lef- quels fe dtffine Ie nu : on y reconnoit diflindre- mem la foie, la laine& Ie lin. Rubens a peut-�tre manqu� quelquefois a 1'�l�gance 8c au choix de la belle nature : il cft m�me quelquefois maniere, fur-tout dans fes extr�mit�.s& les emmanchemens de fes fieuresj maisce d�faut ne lui eft point ordi- naireril a n�s-fouvent faifi dans la nature des beaut�s qui lui �toient �chapp�es dans les auti- ques j ou plut�t qui ne s'y trouvoient point. S'il a quelquefois n�glig� la corredion du de/Tin j il eft iouvent dans cette partie �gal aux plus grands tnaitres : 1'�loge que nous ferons de la plupart de fes �l�ves, doit encore ajouter a fa gloire. / ulens peignoir 1'hiftoire , Ie portrait, Ie pav^.
fage, les fruitSj les fleurs & lesanimaux, & |
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Flamands, Allemands & Ho�andois, 31 y
dans chaque genre il �toit habiie j il avoit tant de .
refTources dans Ton g�nie qu'il a compof� jufqu'i 1 577. trois ou quatre fois Ie m�me fujet dans Ie m�me inftant, lans qu'il y euc nen de relTemblant. Nous avons plufieurs efquifles de lui, faites pour Ie m�me tableau. On en connoic trois en France du tableau d'autel des Auguftins d'Anvers, une chez JV1. de foyer d'Argenfon , 1'autre chez M. de JuIUnne, & la troifi�me a Rouen, tr�s-fmie, chez 1'auteur de eet ouvrage. Toutes ces efquifles �toient fur Ie panneau, la toile ou Ie papier huil� : il favoit y r�pandre la m�me intelligence que dans un tableau ceimint.1! en �toit de m�me des �tudes particuli�res qu'il faifoit avec beaucoup de feu : quand il ne peignoit pas fes efquiifes ou fes �tudes, il les faifoit au crayon noir, au crayon rouge ou charbon huil�, reliaufl� de blanc, fouvent avec un lavis d'encre de la Chne Sc d'antros coulecr? a la gonmie. On voit dans (es deflins toure la fone & toure la vigueur d'un tableau : aufl� font» ils fort recherches & pay�s rr�s-ciier. On Ie chargea a Rome de peindre un S. Gre-
goire entoiu� de faints Sc faintes : ce tableau fe trouva trop petit pour fa place. On pretend que la t�te d'une Samte Catherine de ce tableau, �toit d'apr�s celle d'une courtifanne fort belle Sc fort connue. C'eft ainf� que Santeuil a quelquefois d�rob� les traits dont le.s po�ees profanes ontpeint leurs h�ro�nes, pour tracer les faintes qu'il a c�l�- br�es. Il fit un autre tableau furie m�me fujec, & Ie premier fut envoy� a Anvers j o� il fe voit encore a 1'abbayedeS. Michel, mais emi�rement gat� par 1'ignorance de celui qui Ta voulu nettoyer. Rubens ie vit imit� de pres dans quelques com- |
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314 L<? Vie des Pc�ntres
-pofitions de David Teniers. Il vouli.it s'e'gayer i
lbn tour dans les bambochades de ce grand inuta- teur, & il fit quelques tableaux dans fon genre. Le plus beau &le plus confid�rable ie v�it a Gand dans le cabinet de M. Lucas de Schamps: c'eft une Aflembl�e de payfans qui boivent Sc jouenc aux cartes, Sec. Les figures out environ neuf pouces de hauteur. Rubens s'y eft fi bien cach� fous le mafque de Teniers, que les plus habiles ont cru Teniers auteur de een excellent morceau. Noiispourrions rapporter plufieiirs autrestraits de la vie de eet admirable arnfte _, ma�s nous nous bornerons a ceux-ci qui fuffifent pour le faire conno�tre. Nous nous contenterons m�me dJindi- querfesprincipaux ouvrages^ 5c d'ailleurs, Rubens, tour grand qu'il eft , n'eft pas le feul dont il nous rel'te a parier. On voit en France dans le cabinet du roi, fept
tableaux de ce grand maitre: une Fuite en Egypte, la Vierge dans une Gloire environn�e d'Anges, une Noce de Village , I.ot & fes filLes, le portrait d'Anne d'Autriche, la Reine Thomiris j & un Pxyfage fous le titre d'Arc-en-Ciel. Chez le duc d'Orl�ans, douze efquifles de
Thiftoire de Conftantin, la reine Thomiris qui regarde plonger la t�te de Cyrus dans un vafe remplidefangj la Continence deScipion, Diane revenant de la Chafle, 1'hiftoire de S. Georges, le Jugement de Paris, Mars �c V�nus, 1'Enl�- vement de Ganym�de , & 1'Aventure de Philo- pemen. La galerie du Luxembourg eft enrichie de
yingt-quatre tableaux de eet artifte : ils contien- Jienc les principaux �v�nemens de la vie de Marie |
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Flamands, Allcmands & Hoi�andois. 515
de M�dicis 3 reine de France. Le premier repr�-------�
fente les Parques qui filent fes jours fous les yeux 1J77-
de Jupiter & de Junon : le fecond, fa Naiflancej le croili�me, fon Education � le quatri�me, Henri IV, lorfqu'il d�cide fon manage avec cette princefle \ le cinqui�me , ce m�me Mariage \ le iixi�me, le Debarquemenc de la Reine au Port de Marfeille -y le fepti�me, la Ville de Lyon lorfqu'elle va au-devant d'elle j le huiu�me, la Naiifance de Louis XIII, fon nis ; le neuvi�me, le D�part d'Henri IVpom �'A llemagnej le dixi�me, le Couronnement de la Reine j le onzi�me , 1'Apotli�ofe d'Henri If ; le douzi�me, le Gouver- nement de Marie de M�dicis j le treisi�me, fon Voyage au Pont-de-C�^ le quatorzi�me, T�change qui fe fait des deux Puncd�es, cjuand Anne d'Aurnche, infante d'Efpagne, vient en France �poufer Louis XIII, & quE�fabeth, fceur du roi, va en Efpagne �poufer 1'Infant, depuis Pk'dippe IV; le quinzi�me, le Bonheur du Pcuplc ious la r�gence de la Eeinei le feizi�me, la Majorit� de Louis XIII; le dix-fepti�me, la Reine fuyant de la ville de Blois; le dix-huiti�me, fon zele pour la Paix j le dix-neuvi�me, la conclufion de la Paix j le vingti�me , la Paix ratifi�e dans le Cielj le vmgt-uni�me, le Temp? qui d�couvre la V�rit�; le vingt-deuxi�mej Marie de M�dicis fous la forme de Pallas \ le vingt-rroifi�me, le Grand duc deTofcane, Francois I, p�re de cette princefle j le vingt-quatn�me , Jeanne d'Autriche% duchei�e de Tofcane, fa m�re. Dans les principaux cabinets de Paris, on con-
ferve avec diftin�tion les Ouvrages de Rubens. Le Pr�nce de Monaco pofs�de un tableau repr�- |
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3 i � La V'ie des Pcintrcs
_ fentant un Enfant qui joue fur une tablc. M. Ie
comte de Vence a du m�me un tableau piquant, c'eft la repr�fentanon d'une Lam�re. M.le mar- quisde P'oyerzdtax tableaux AeRubensj dans 1'un on voit quatre Enfans, panni lefquels on remar- que une petite i�lle qui carei�e un mouton : les fruits dont ce tableau eftorn�, font peints par Sneyders. L'autre eft une efquifie du tableau qui fe voit aux Auguftins d'Anvers. M. Ie comte de Choifeu�l a aufli une efquiffe tenrun�e de ce ma�rre , une Suzanne furprife par les Vieillards. On trouve chez M. de la Bouexi�re, trois ta- bleaux j les Grarcs font peintes dans Ie premier, & des Tctes en fonne ovale dansles autres. M. de Jui�cnnez de Rubcns trois excellens morceaux , un beau Payfage, Ie portrait de la femme de ce peintre Sc tine belle efquilfe flnie. Chez M. Ie marquisc/e Lajfay, un Payfage admirable,dont Ie fujet principal eft une Charrette ernbourb�e. Chez M.le duc de Tallard, cinq tableaux du m�me peintre, Ie portrait d'un homme tenant un livre, M�l�agre pr�fentant une hure de fanglier a Atha- lante, Sainte C�cile jouant de 1'orgue &: envi- ronn�e de plufieurs enfans, un beau Payfage de 1'Adoration des Rois. Chez M. Paquier, d�put� du commerce pour la villc de Rouen, fix tableaux de Rubens, Re'mus & Romu/us, Orph�e & Eurid�ce, Perfee & Andromcde, un homme Sc une femme repr�fent�s a mi-corps, Sc un autre en forme de portrait. Chez M. de la Lyvc de Jully, une femme peinte de profil, qui litj un autre grand tableau , une femme tenant un enfant fur fes genoux, & un autre enfant a c�t� cl'elle : ce ta- bleau qui n'eft qu'une �bauche, excepc� les t�tes |
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Flamands, Alhmanis & JJo�andois. 5 1 f
Sc les mains, a toute 1'harmonie d'un tableau---------
termin�. On y d�couvre la marche de ce grand 1S77*
pia�tre , & on eft furpns des eftets finguhers qu'il fait, quoiqu'il ait co�t� peu de travail a 1'auteur : les beaux tranfparens & Ie faire de ce tableau en g�n�ralj eft une grande lecon pour ceux quipeu- vent Ie voirfouvent. Le cabinet de 1'�lecbeur Palatin eft orn� de
quarante-fept tableaux du m�me peincre, donc voici les difrerens fujets : la Ch�te des Anges, tableau de 14 pieds 10 pouces de hauc, fur 9 pieds 10 pouces de large 5 1'AlIbmption de h Vierge, tableau de 1$ pieds 11 pouces de haut, fur 9 pieds j une Vierge avec 1'Enfant J�fus fuc fes genoux; Latone dans* 1'Ifle de D�los , les Payians chang�s en grenouilles y Saint Chriftophe qui potte 1'Enfant J�fus fur fes �piules �, une T'�te de femme; le portrait de Ruitens & celui de fa premi�re femme, Elifabeth Brants\ un Crucifix peint fur bois j une Challe au Sanglier, les ani- maux font peints par trancou Sncydtrs; la Ren- contre de Jacob Sc d'Efa� ; la F�te de laPente- cote ou la Defcente du Saint Efpri� fur les Ap�- tres; le portrait d'Helene Forman 3 feconde fem- me de Rubens; la Pompe fun�bre de Germanicus, fils de Drufus & d'Antonla ; un Payfage avec un Arc-en-Ciel ; Samfon furpris par les Philiftins dans les bras de Dalila; la Mort de S�u�que au au milieu de fes amis; le Dieu Silene , ivre 8c 'port� en triomphe par des Bacchantes; Marsou la Vigilance couronn�e par la Renomm�e; des Enfans au nombre de fept qui fe jouent, avec diff�rens fruits qui font pemts par Sntyders \ la Sainte Vierge entouc�e d'onze enfans, les fleur» |
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} 18 La V'ic des Peintrei
"" � & Ie Payfage font peints par Breughel de Klour;
les fupphces des R�prouv�s condamncs au feu de 1'enfer; Ie Cardinal Infant a cheval, de grandeur naturelle. On voit dans Ie fond du tableau la batailledeNordlinguej deux Femmes nues viol�es par deux Romains \ les P�cheurs convertis aux pieds de notre Seigneur j Ie Jugemenc dernter j Ie Ven�te Benedicli j laConverfion de Saint-Paul j la Paix entre les Piomains & les Sabins', leMartyre de S. Laurent j la Naiflance de Notre Seigneur j la Bataille des Amazones j la D�faite de 1'Arm�e du roi Sennacherid , o� 1'Ange d�truit 185000 hommes 5 Sa�l facr� par Ie pvoph�te Samuel j Diane ik fes Nymphes endonnies; un Satyre qui examine toutes ces beaut�s abandonn�es a fes re- gards avides; Ie Payfage, Ie gibier & les chiens font peints par Breughel de Vlour^ des Soldats qui pillent des Pay fans; Diog�ne la Ian terne alamainj V�nus qui fait fes efforts pour emp�cher Adonis d'aller a lachalTe; les portraics du roi & de la reine de Pologne, Ie roi eft aflis fur fjn trqne^ te portrait de Philippe II, roi d'Efpagne, & celui de la reine fa femme; Ie portrait cte Thuldeus, do�leur en th�ologie; Silene avec detixBacchantes Sc un tigrej Ie portraic du G�n�ral d'un Ordre religieux j Ie portraic du cardinal infant^ Ie Juge- ment dernier, tableau tle vingt pieds de haut fur quinze pieds cinq pouces de large , il eft capital \ cV enfin Silene ivre avec deux fatyres. L'Empereur pofi�de a Vienne une Bacchanale
de Rubens. L'�lecteur de Bavicre une ChafTe au lion, avec
des chevaux barbes. Il y a a Neubourg fur Ie Danube j cinq ta-
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Flamands , Allemands & Hollando�s. 319
bleaux du tn�me artiftej Ie Jugement dernier j une Nativit�, une Pentecote , la Chuce des mauvais Anges.» Saint Michel qui tue Ie dragon» Dans l'�gfife de Sainte Croix a Ausbourg, une
Aflomption de la Vierge. Dans la galerie du duc de Mod�ne 3 Saint
J�rome avec un lion. A la V�nerie pres de Turin, quatre fujets de
ChalTe & un Saint J�i'�me. A G�nes, dans 1'�gliie de Saint Ambroife des
J�fiutes , Saint Ignace qui gu�rit les Infirmes & les Eftropi�s, Sc une Cxrconcifion. En Elpagne , au palais Della-Torre Della-
Parada , plul�eurs delTus de portes, o� Rubcns a repr�fent� des fujets tir�s des M�tamorphofes \ Sneyders a peiat les animaux , les fruits & les fletirs. Dans 1'�glife appell�e 1'H�pital des Fla-, mans a Madrid j Ie Martyre de Saint Andr� , Saint Auguftin <Sc Sainte Monique fa m�re, au pied d'nn Chnft. Au palais de la tn�me ville, plufieurs beaux
Portraits de la Maifon royale j l'Enl�vemenr. des Sabines, Sc Ie Combat des Sabins Sc d*s Romains. A Fefaldana , pres Valladolid 3 un tableau de
la Conception, chez les Religieufts du m�me nom. Au palais ds Buen-Retiro, Ie Jugement da
Paris. Dans la facriftie de 1'Efcunal , S. J�rome en grand, Sc les P�lei'ins d'Emma�s. Dans Ie cha- pitre de la m�fne i-naiion, une Sainte Familie; au m�me couvenc 5 dans Tappartement du roi, la Vierge, 1'Enfant J�fus, & pluiieurs Figures , tableau pr�cieujc peipt fur cuivre. |
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51 o La Vu des Peirures
Dans Ia vilte de Lorc�ies , chez les Carmes
d�chaufles, qtiatre Cartons d'apr�s lefquels on a fait des Tapifleries. l.a ville d'Anvers qui eft fi ricf?<? en tableaux,
nous en offre trente-(ix du pn�m � auteur, qui font expof�s en public , fans coropter ceux qui font chez des p^rticuliers. L'�glife de Notre- Dame pofs�de fon chef-d'oeuvre, dont noms avons d�ja parl�> c'eft Ie tableau de 1'H�tel de la Con- fr�rie du Mail : il a deux volets, Ie milieu repr�- fente une Defcente de Croix ^ fur un des volets (>aro�t la Vifitation de la Vierge , & fur 1'autre
a Pr�fentation au Tcmple : au dehors des vo- lets , Saint Chriftophe portant 1'Enfanc J�fus, Sc un Hermire qui conduit ce faint la lanteme a la main. Un tableau, J�fus-Chrift mort, placecontre un des piliers de T�glife Notre-Dame , ome 1'�pitaphe de la familie de MM. Michielfens : on appercoit fur un des volets la Vierge Sc TEn- fant J�fus, Sc fur 1'aurre Samt-Jean-1'Evang�- lifte: les volets fenn�s font volt Notre Seigneur &■ la Vierge. Dans l'�glife paroiffiale de Saint-Walburge ,
Ie grand autel eft orn� d'un tableau capital, c'eft Notre Seigneur attach� fur U Croix,que les Bour- feaux �l�vent pour la planter; les volets repr�- ientent Sainte Catherine Sc Saint Eloi: <e m�me autel a �r� r�edifi� en 17-57 par Ie fculpteur Kercks Ie jeune. Ona fupprim� plufieurs tableaux de Rubens , qui �toient auparavant deux An^es peints fur bois & d�coup�s -y une image de Dieu Ie p�re qui �toic au-de(�us de 1'autel, Notre Sei- gneur en croix, la mort de S. Walburge, & les Anges qui enl�vent Ie Corps de ce Saint: il ne refte
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Flamands j Alkmands & Hollandois. 3 i i
refte plus que le tableau d'autel, & fes volets ,
lesautres ayant �t� vendns �ur laBourfe en 1737. Le chcEur eft d�cor� d'une �pitaphe & d'un beaa rableau de ce malere , notre Seigneur iffis fur fon tombeau , au milieu de trois Anges, foulant aux pieds la mort. Ce rare tableau "sft prefque perdu par la n�gligence deceux auxquels tl a �t� confi�. Dans �'�glife paroifliale de Saint Jacques, on
voit laChapelie dans laquelle eft enterr� Rubens, Sc pour fon �pitaphe un tableau capital , ou il s'eft peint lui-mt;me& fes femmes. On en admire la compohrion & la couleur , ma�s ce tableau eft peint plus crument que fes autresouvrages. Les religieufes Annonciades confervent un
petit tableau qui repr�iente le fmnt-enfaiit Juf- tus d�coll�. On le voit marcheravecfa tcte dans fes maitis j deux autres figures font a c�t� de lui j & des cavaliers paroilTenc dans le lointain. L'�ghfe de 1'abbaye de Saint-Michel pofs�de
1'Adoration des rois, tableau pr�cieux qui n'a occup� Rubens que treize jours. Saint Norbei t eft peint fur 1'autel qui porte fon nom-. On aflure que » ce dernier tableau a �t� fait aRome; maisce 1'au-
teur chargea, pour des raifons qui nefont pa^ <;o!i- nues , Saint Philippe de Neri en Saint Norbert. Il a fait encore un tableau qui erne 1'�pitaphe d'un abb� de Saint Michel. Notre Seigneur j la foudre a la main , menace
Ie monde , dans un tableau du ma�trc-autel des Dominicains de la �n�me ville ; la Vierge & plu- {ieurs Saints interc�dent pour les p�cheurs : ce tableau eft un des beaux de Rubens. On voit dans la crupelle du Saint-Sacrement ,un ConcileCEcu- m�nique , ou fe trouve un grand nombre de Pr�-; Tome L X |
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3-ii �<z Vk des Pe�ntrcs
- lats en habits pontificaux : ce morceau eft d'una
1577> riche compofition. On voit encore pres de 1'autel du rofaire & vis-a-vis de la chaire , une Naif- fance de J�fus-Chrift , dont les figures font plus grandes que nature. En face de la chaire plufieurs artiftes y ont peint les quinze Myft�res : une Fla- gellation de Rubens en fait Ie prmcipal ornemenr. Aux R�collets , legrand autel eft d�cor� d'un beau tableau de ce peintre , notre Seigneur en croix entre les larrons. L'efquii�e de cette belle production eft conferv�e dans la m�me maifon j a la charabre des H�tes. Notre Seigneur mon- trantfes plaies a Saint Thomas, eft peint derri�re Ie chffiur , fur 1'�pitaphe du bourguemeftre Roekokx: ce magiftrat & fa femme font vus fur les volets. Dans la chapelle du tiers-ordre , on trouve un Crucifix de trois pieds de hauteur j d'un beau fini j en pent une efquiOe de la Def- cente de croix de la cath�drale j tableau de quatre pieds de haut; un autre Crucifix , grandeur de nature ; Sc leCouronnement de la Vierge dans la chapelle qui porte fon norh. Le grand autel de i'�gl'tfe des J�fuites a �t�
bati fur les defi�ns de Rubens : on en conferve J'efquifle dans la m�me maifon. Quatre grands tableaux, deux de Rubens } font places 1'un apr�s �'autre fur eet autel : 1'un des deux de Rubens re- pr�fente Saint Ignace qui chafle le demon du corps d'un pofT�d�; 1'iutre , Saint Xavier quiref- fufcite un hommemort : la compofition decelui- ci eft immenfe & pleine d'art : les deux efquifles font a c�t� de eet autel. Le tableau d'autel de la chapelle de Saint Jofeph , repr�fente la Vierge 5c Saint Jofeph. Uae Ai�bmption, autre tableau |
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Ftamands, Alleman&s & Hollandois'.
admirable , pare 1'autel de la chapelle de la Vier-
ge j eet autel eft de marbre. Cn y voit encore un grand tableau de fleurs , peint par Ie fr�re Seghers ; Rubcns a peint au milieula"Vierge, VKri- fant J�fus & plufieurs Ch�rubins : et dans la con- gr�gation d'en bas , fe voit Ie tableau d'autel cjiii repr�fente une Annoneiation, & qui fait la gloire de Rubens. Il peignit avant fon voyage d'Italie, 1'Adoration
«les Rois 3 petit tableau d'autel ., fous Ie jub� de 1'�glife desCarmesj c'eft notre Seigneur etendu mort fur les genoux Ae fon p�re: lesAnges y portent les iriftrumens de la paffion. Les Carmes d�chauff�s pofs�dent ,(a c�t� du
grand autel, unChrift mort, quieft�tendufur les genoux de fa m�re. Le tableau d'autel de la Sainte Vierge, repr�fente Sainte Anne Sc SainE Joachim, avecdesanges qui font dans le ciel j no- tre Seigneur qui apparo�t a Sainte Th�r�fe , 8c plufieurs autresfignresj au-def�bus un Purgatoire, tableau fort eftim�. L'�glife des Capucins con- ferve le Crucifiement de notre Seigneur entre les deux larrons , avec les Manes & beaucoup d'au- tres figures : ce tableau eft place au maitre au- tel. La Vierge , 1'�nfarit J�fus & Saint Fran^ois ' font un tableau d'autel dans la chapelie de ce Saint. �n remarque dans 1'�glife des Auguftins , un
tableau capitai , qui repr�fente plufieurs Saints &Saintesj au haut eft la Vierge avecTEnfant J�fus qui donne 1'anneau A Samte Catherine ; derri�re la Vierge eft Saint Jofeph; a fa gauche , Saint Jean pr�chant dans le d�fert; a fa droice , Saint Pierre Sc Saint Paul; au bas Saint Georges |
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La Vit des Peintres
______ tenant un �tendard & �crafarit un monftre; t Saint S�baftien t Saint Auguftin , Saint Laurent,
Saint Paul 1'hermite., &c. & plufieurs anges :
Kubens a cherch� dans ce tableau a r�unir routes les grandes parties de la peinture, la coippofition , Ie dcflin, Ie coloris, I'in-telligence; c'eft un gr'and mod�le a imiter : ce tableau eft prefque peint de rien, on voit par-tout la toile , & il eft brillanc pour fa boane couleur & fes tranfparens. Ce grand maitrea fait plufieurs efquiflespourcefujet: M. Ie marquis de Foyer en a une qui ne paro�c que fouffl�e j je pofs�de une efquifTe tr�s-finie du m�me fujet. Ce tableau eft place au grand autel de 1'�glife des Auguftins. On voit chez M. Lundens un trcs-beau payfage:
c'eft une vue de Laeken pres de Bruxelles ; il y a divers animaux & plufieurs figures: dn y diftingue une Femme qui porte fur fa t�te un pot au lak ^ decuivre,fuivantl'ufagedupays. Un autre beau tableau , eft Ie portrait d'une demoifelle Lundens : la t�te eft couverte d'un chapeau qui y porte 1'ombre 3 enforte que cette t�te n'eft �clai- «�e que par la r�flexion des lumi�res qui 1'en- vironnent. Ona dit que Tamour conduifit alors Ie pinceau de Rubens, & qu'il avoit voulu �poufet cette aimable perfonne. Neuf beaux tableaux fe trouvent expof�s en
public , dans la ville de Gand , dans la Cath�- drale de S. Bavon \ on y voit S. Li�vin avecbeau- coup de figures. Ce tableau confid�rable �toic autrefois place au grand autel, mais eet autel fuc fait en fculpture en 1719 , Sc depuis il fert i l*au- tel d'une chapelle de la m�me �glife. Paos 1'�gUic des J�fuices, Ie tableau du gcajui
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Flamtnds, Allemands & Hollandois. 51$
«utel exprime Ie martyre de S. I.i�vin, patron de _nmmmm
Gand: il eftchang� pendant quelqnesmoisderan- 1577. n�e,&:on Ie remplace par uneDefcentedecroix, beau tableau de Crayer. L'�glifedes R�collets eftenrichiedetroisbeaux
tableaux de notre grand peintre: celui du ma�tre autel repr�fente notre Seigneur irrit�, tout pr�c alancer la f�udre&aan�antir 1'univers \ laVierge arr�te d'une main ce bras vengeur, & de 1'autre montre fon fein; S.Franc.ois les yeux lev�s au ciel , adrefTea Dieu des pri�res ferventes,& couvre de fon manteau Ie globe du monde : cette allegorie tr�s-in^�nieufe eft bien caradt�rif�e, parl'efprit qui r�gne dans cette compofirion.il y aencore un S. Francois qui re^oitles ftygmates 3 tableau d'au- tel; & une Magdelaine enextafe,foutenuepardes Anges , a cot� du grand autel. ChezM. Deyne , on voit deux beaux portralts
du m�me auteur. A Tournai, dans 1'�glife cath�drale, on admire
un Purgatoire & des Anges qui en retirent les ames; ce morceau eft place au retable du grand autef : il eft prefque perdu par la n�g�gence de ceux qui auroient du veiller afa confervation. Le tableau d'autel dans la chapelle derri�re le chceur, re- pr�fente le martyre des Machab�es: ces tableaux font admirables. Aux Capucins de Tournai , le tableau princi-
pal de leur �glife , eft une Adoration des Mages: compofition d'une grande richeffe. Dans 1'�glife principale de Berg-Saint-Vinox j
au trrand autel fe voit une Adoration des Rois s, tableau peint dans une belle maniere. |
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La Vie des Peintrcs
. A Namur, dans 1'�glife des J�fuitesj Rubens 1577" a repr�fent� la vie de la Vierge.
Et chez les m�mes p�res a Lille j S. Michel
Archange qui renverfe les Anges rebelles. Cette ville nous offire encore du m�me peintre Ie Martyre de Sainte Catherine , au grand aucel de I'�ghfe qui porte fon nom j & aux Capucins , une belle Defcente de croix, plac�e au ma�tre autel. Dans la ville d'Alft , on voit aufl� un S. Roch
au milieu despeftifbr�s : beau tableau dans 1'�glife de S. Martin j trois autres petits tableaux du m�me , environnent eet autel. L'Angleterre pofs�de un nombre de tableaux
de Rubens j nous ne citerons ici que ceux deBan- queting-Houffe : la chapelle a un fort beau p�a- rond , orn� de neuf tableaux pleins d'all�gories relanvesa laviede Jacquesl Cesmorceauxappar- tenoient autrefois a la falle d'audience do 1'ancien ! paUis de Wtiitehal. Et dans lafameufe colledtion du duc d'Ham�ltoriy
en EcofTe, on diftingue fur-tout un grand tableau de Rubens-y c'eft Daniel clans lafofTe aux lions. |
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MARTIN PEPIN.
Q�oique ce peintre fbit n� a Anvers , il n\i
pas �t� poffible de favoir aucune particula- rit� ni de fa vie ni de fa mort: on fait peu de cbofes auffi de fes talens,& je n'ai rien vu de fes ouvrages. On peut feulement en jager par Ie rap- port de Rubens, qui �toit contemporain de Pepin* Ce dernier alla fort jeune a Rome, o� il �toit re- |
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Flamands , Allemands <S' Hcdlando�s: 317
gaf d� comme un grand peinrrc, &o�feso.uvrages_____
furent recherches. Sur Ie bruit qu'il alloit t ■*%
quitter cette capitale pour defcendie dans les Pays-Bas , Rubens en t�moignade 1'inqui�tude j mais pea de tems apr�s ayant appris que Pepin s'y �toit marie , & qu'il �toit d�termm� d y finit fes jours , il lui �chappa de dire qu'il ne craignoit f'lus perfonne qui pik lui difputex fa gloire dans
es Pays-Bas. Weycrmans ditavoir vu beaucoupde tableanx
de notre artifte, d'une grande beaut�, &c p?.rti- culicrement une Defcente de croix , d'une belle compofit�em , d'un beau defl�n , d'un grand gout de couleur & d'une belle harmonie ; & ponr fi� nir fon �loge d'un feul mot , il ajome que Pcjiin |
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�galoit m�me Rubens..
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D a v I D
VINCKEKBOOMS;
EtIVE DE SONPERE
PHtLIPPE VINCKENBOOjRtS,
lNaquit. a. Malines en 1578..11 pafTa fort jeune
a Anvers avec fon p�re , & de la a j^mfitr- dam : \\ apprit fous lui b peinture. D*abord il ne peignoirqu'en d�trempe ,mais fon pt^re �tant mort, il fe mit de lui-m�me a peindte a 1'huile \ il V "Suflit, fur-tout en petit : fes figufgs font A'xin bon eo�t de defl�n-yic fes tableaus olaifenu,
0 -v -1 |
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.....__ , __________ __ ■»-^"-""'"-
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3 iS La Vie des Peintres
On effcime pour uh de fes plus beaux celui
� de Fhopitaldes vieux hommes d'Amfterdam: il repr�fLme un Tirage de loterie : 1'a�fcion eft de nuit, & on y voit une fonle de peuple �clair� par des lanternes, &c. Ce tableau a huit pieds de haut fur quatorze de long. Ses petits tableaux repr�fernent des F�tes de village ou des Noces *, il a tir� quelques fajets de TEcriture Sainte , $c a m�rit� Ie nom debonpeintre, quoiqu'il n'ait eu d'autre niaitreque fon p�re, peintre en d�trempe. Il peignoir fnr verre a gouafl� , & giravoit fort bien. On voit p�uf�eurs de fes eftampes grav�es ie lui _, & par d'autres d'apr�s lui. I[ a fait Ie Payfage avec fucc�s. On trouve feulement que fes oppofitions deviennent quelquefois dures Sc troppr�cipit�es. Il manque dans les tableaux de ce peincre cette vapeur fi vant�edans Sacht-L�ven &" Wouwermans ; inais on y trouve d'autres belles part'es , bonne couleur } ure touche l�gere , 8c des nV.iirinnes avecdelacorredrion & de Tefprit. F.ottenkamer a fouvent orn� les payfages de Vlnc- kenboorris avec de folies figures. A Paris chez M. Blondel de Gagny , on voir de ce peJntre un payfige , avec des figures pir Rottenhnrner. Et cfiezP�le&eur Palatin , notre Seigneur por-
tantfa trroix rune mulritude de figures bien ren- due.s foiit admirer ce tableau. L'auceiJir de eet ouvrage pofs�de un tableau
de W~irzckenbooms, avec des figures du chevalier Charles &reydel: Ie payfage eft de fort bonne cou- leur , z((ex dans la maniere de Save'ry. H vivoit encore |
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Flamands 3 jillemands & Hollandois.
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SAX. O M O N
DE B R A Y.
ce peintre m�rite d'�tre place patmi '
les autres, il paro�t que ceux qui ont �crit la. 1570. vie Ie louent plus pour avoir eu deux fils qui font devenus habiles fous lui, que pour fes autres ouvrages. Celui-ci naquit a Harlem en 1579 , fon fils Jacques ef� Ie feul dont nous parlerons , ne fachant rien de 1'autre. Jacques eft regarde comme un des plus habiles
peintres dJHarlern. Il pejgnoit bien Thiftoire Sc Ie portrait. On voit de lui David jouant de la harpe devant l'arche, avec une nombreufe fuite de Pr�tres Sc deL�vites, &c. Ce tableau eft d'un beau del��n Sc d'uii pinceau pur & plein d'art. Il eft dans Ie cabinet de M. van Halen , 4 /imfterdam, aufl� frais que s'il fortoit des mains du peintre. Il deffincit avec une touche fiere & des con-
toursfavans, t^ntot fi'r Ie papier, tantot fur Ie v�lin; les crayons rouges Sc noirs font bien m�l�s enfembie. La plu part fotjt dans les norte-feuilles du fieutlfaac Velcourt^ grc.nd amateur. Salomon de Eray mourtit d�s Ie mois de mai
1^64. Son fils Jacques jnourut dans Ie mois d'aviil j ciuelques fginaines avant fonp�re. Il laifla un fils qui peignoit les fleurs j &� qu�
dans la fuite fe f�t moine. Le po�te Rixtel ie fouviert de JacqUcs ds. JBray dans fes po�fies venes. |
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F R A N
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O I S
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S N E Y D ERS,
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ELEVE DE HEK�H
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BALEN.
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)niyders naquit a Anvers en 1579 , &■
5"T9* aPPllt 'a pemture fous ilenr� van Balen. Il m�rica d�ja les �loges de fola maure , lorfqa'il fe mit a peindre des �iruus 5^ enfmte les ani- maux , en quoi il farpriffi ceijix qui avoient �t� avant lui & fes conteniporains. Rubens fat Ie premier a vanter les ta'ens de Sneydcrs , 5c il |
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La Vic des Peintrcs Flamanis , &c, $ j i
commenca par fe fervir de fon pinceau pour- peindre les fruits & les animaux dans fes ouvrages. On vit auffi les tableaux de Sneyders avec des figures peintes par Rubens, 011 Jordaens. 11 n'�toit. pas facile de oiftinguer deux ma�tres dans leurs tableaux ; la corre�hon. , Ie feu de 1'ordonnance «�cne & vari�e , foutemie par une couleur vigou- *eufe & une touche fiere , rendoit d'accord tout ce qui fortoit de leurs mains. Un tableau repr�fcntant une Onaffe au cerf,
fit la fortune a Sneyders. Le roi d'Efpagne Pkl- lifpe III Vavant vu , ordonna a Sneyders de lm peindr^ plufieurs grands fujets de chai�es & de batailles. 'Tout r�ufl�t a eet habile arcifte. L'ar- chidnc t�lbert , gouverneur des Pays-Bas, Ie nomiTiafon premier peintre. Sa fortune �toit ai�u- r�e ainfi cjtie fa gloire. On vit Sneyders peindre des ChafT�s de jiff�rens animaux, des Fruits de diff�rentes flaifons j des C uifines avec leurs uften- �les: tout �toit nne injiration exade de la nature. On eft �tonn� de voir avec quel feu il favoit pofer' Sc def�mer les animanx, tant�t morts , tantfit vivans, tantot tranquilles, &' d'autres dans la rage & la fiireut. Chaque repr�fentation faifit d'�ton- nement , & on finit par admirer. On voit des tableaux rle ce peintre o�lesfruits trompent, tant ils font bien tmit�s; des combats d'animaux qui effraient. lei c'elt unfanglier abattu j nttaqu�par des chiens : quelques- uns font la vidlime de ce monftrueux antmal; la c'eft un combat de lions j de tigres , Sec. Tout y efl: foutenu par de beaux fonds de payfages o� il excelloit. Sa couleur eft chaudeSc dor�e, fa touche eft favante & fiere, |
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La Vie des Peintres
Sc � propre a repr�fenter la foie, Ie po�l , lalaine
&laplume des diffirens anitnaux qu'il introdui- foic dans fes tableaux. La ville d'Anvers �toit lademeure de ce pein-
tre, & il ne la quitta que parordredel'archiduc,, pour demeurerquelque temps aBruxelles , oiiil a travaill� pour ceprince, & ou il afaitplufieursgran- descompofitions. Il a fait de temps en temps des rableaux de chevaiet , & les plus eftim�s font ceax ou Kubcns Sc Jordaens ont peinc les figures. Pouvoic-il mieux�treguid� ? &qael niocifd'cmu- lation que celui de travailler de concert avec ces grands hommes ! Sneyders eft mort fort vieux , environ i ^57. H
a laiiT�' a la poftirit� des tableaux admirables , Sc des �l�ves diftingu�s dans la peintuce. Nous avons de ce pemtre quelques gravures i 1'eau forte, qui nou> font regretcer qu'il en ait �iic fi peu. Les tableaux de ce pemtre font moins r�pan-
das dans Ie public que ceux d'autres arciftes _, a caufe de leur grandeur , Sc parce que la plupart furent faits paur des maifons royales. L'Efpagne en pofs�de un tr�s-grand nombre , 8c 1'�lecteur Palatin a cinq tableaux de Sneyders ; un grand payfage avec un charnot & quelques /eigneurs a cheval ^ une �crevilFe de mer cuite, & un gobelet fur une table; une quantit� de firmts , d.u gibier Sc des oifeaux morts ; une Chafle au fanglier , beaucoup de chiens qui pourfuivent 1'animal, tableaucapital;& Ie portrait de Sneyders peintpar lui-m�me. A Paris, a l'hotel de Bouillon j on conferve
quatre grands tableaux de Sneyders; Hu&ens 8c Jordaens en ont peint les figures. |
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Ftamands 3 Allemands & TJoltando'is.
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A Bruges j on voit a 1'archev�ch�, quatre
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g q p >
tous les animaux & les fruits qui onc rapport au
fujet s'y trouvent repr�fent�s. Lesfigures de gran- deur naturelle font peintes par Kubens. On jr remarque une belle femme enceinre qui touche quelques fruits dont elleaeuvie : 1'expreffion do 1'avidk� en eft admirable. |
*J73*
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FRANCOIS
f *
G R O B B E R,
ELEVE DE SAYERY.
Francois Grobber. j fils de Pierre j naquit ■
a Harlem : il fut �l�ve de Savery. Van Mand�r dit que ce peintre excelloit a peindre Ie portraic en grand & en petit 3 & qu'il traicoit bie» . 1'hiftoire. BERNARD et PA U t
VAN SOMEREN.
Ces deux fr�res naquirent a Anvers. Bernard
voyagea & refta quelque temps en Itali� , od il �poufala 611e $Arnold Mytens, <{n% r~ |
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des Pe'mtres
a Amfterdam, o� il s'�tablit avec fon fr�re. Ber-i
nard hr Ie portrait. Il �toit facile & heureux dans lapofition Sc la reffemblance. Il compofoit inge- nieufement de petits fujets. Paul n'�toit pas moins eftim� , 8c les fucc�s de
fon fr�re n'emp�ch�tent pas qu'il ne fut �galement recherche pour Ie portrait. |
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F R A N g O I S
FRANCK,
DIT LE JEUNE,
ELEVE DE S�N PER E. J? rancois Franck , nis de Fran^ois Franck
-Ie vieux j naquit en 1580. El�ve de fon p�re _,
' il a fuivi fa maniere en grand & en petit. Il voya-
gea en Itali� j Venife fut 1'endroit qu'il crut Ie
" plus propre a fes �tudes. Il y prit pour ma�tres
les plus grands coloriftes. On fut �tonn� de voir
ce peintre s'attacher plus a peindre les folies
du carnaval & d'autres fujets de cette efp�ce j
..ou'a traiter 1'hiftoire en grand 3 mais il s'y livra
'tout entier dans ia fuite.
De retour a Anvers , il y travailla beaucoup ,
& fut adttiis parmi les peintres de cette ville era
1^05. La r�putation de Franck Ie jeune ne fut
. bien �tabiie quelorfqu'il eut fini un tableau avec
" fes deux yoletSj pour la chap'elle des quatre Cou-
rocn�s 3 dans 1'�glife de Notre-Dame d'Anvers.
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Flamanis , Allcmands & Hollandols. j j 5'
Le fujet eft tir� des adres des ap�tres. Il traita
depuis d'autres fujecs d'apr�s Tanden Sc le nou- veau Teftament} & d'apr�s 1'Hiftoire Romaine. On reproche a ce peintre d'avoir compof� avec trop peu d'ordre : il avoit d'ailleurs une bonne couleur , 5c touchoit fes ouvrages avec beaucoup Je fineffe. Corn'dlc de Bie dit qu'il eft mort a invers en
1642, & qu'il eft enterr�a Saint Andr�. |
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EST j ... � ' |
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.1 E A N
WILDENS
, IN aqtjit a Anvers , on ne fait en quelle
1580. ann�e. Il �toit contemporain de Rubens ^ 8c a> peu-pr�s du m�me age. Wildens faififloit toutes les occafions d'�tu-
dier la nature, fur-tout dans les campagnes ou elle eft plus admirable & plus vari�e que dans les villes. Le fpe&acle de la terre & des cieux fe retrace dans fes tableaux , les rend vrais Sc int�reflans , enforte que les plus petits d�tails occupent 1'cfprit dans fes oumges, pan
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La Vu des Pelntrcs Flamanis, &c.
par la comparaifon continuelle qu'il fait de la na----------"
ture avec fon peintre. 1580.
Uu peintre 8c un po�te voient la nature avec
d'autres yeux que Ie vulgaire. Celui-ci l'admire ftupidement: ceux-la 1'etudicnt & 1'imitent j Ie premier n'y appercoit qu'un fpeciade uniforme qui 1'ennuie : les autres y d�couvrent a chaque inftant des nouveaut�s qui les �nftruiient, �ls trou- venr toujours a r�former ou a embellir leurs ta- bleaux fur les ficns. Les.talens fhp�rieursde Wildens lui m�rit�rent
1'eftime & la conSance de Ru'jens. Celui-ci acca- bl� d'ouvrages fe fervoi: ^�]i du pinceau de van Uden j pour peindre Ie fond des tableaux o� il failoic du payfage. Il fe fcrvit aufii de Wddens cjui avoit pius de hberr� que van Uden dans Ie grand, & qui favoi:, comme Ie premier j faire les fond.s harmonieux &c foutenir les accords des figures. Chaque ton de couleur �toit relatif ou oppof�jfa touche �toit l�gere & vagae, &, quand il Ie falloit, prononc�e & d�cid�e. C'eft line gro/Ii�re unpofture q:?e de faire dire
a Wlldens qu'il devoitpartageriagloiredeA'«ie«j, piyfqu'il ne pouvoit fe pafler de nu poi?r peindre fes payfages, & d^.jouter encore que Rubens, pour confondrel'orgueil de notre peintre , apr�s avoir rrac� quelques payfagesj les lui avoit fair voir, �n lui difant qu'il n'�toit q�'un ijTnoranr : mais Wlldens �toit finccrement attach� a la gloire de Rubens. Habile payfagille, rien ne lui pouvoic donner de la jalonfie contre un cu'and pemtre qui ne peignoir pas dans Ie m�me genre. Ce furent Janjfens & Rombouts qui pr�tendoient que Rubens avoit befoin d'eux; & c'eft a eux que ce prand Tomc L Y |
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«3 8 la F�c des Peintres
----------homme tint les propos dont nous venons de 'pat*-
1.580. Ier , comnrte on Ie yoit dans fa vie. W^ildens avoit
tous les talens de fon genre, un g�nie heurcux clans Ie choix de la nature, une ex�cmion facile, une bonne couleur, une grande l�g�ret� dans les ciels & les lointains. Il peignoit & deil�noit bien la Figure. On a avance -qu'il avoit pemt Ie Por- trait^mais� ne peignoit des ligures que dans fes Payfages, & bien fouvent il les faifoit faire par d'autres peintres. Ruh&ns adit de Wildens, qu'aucun peintre n'en-
tendoit mieux qae lui i accorder les fonds qu'if peignoit av«c Ie princip,al fujet, fans d�truire 1'har- moni-e g�n�rale, enforte que les ornemens fera- bloient toujours places par la n�cefl�t�. Deux ta- bleaus fuftifent pour conftater fon m�rite; on les voit a Anversdans 1'�gUfe des Rdigi�ufes appel- l�esFackes; 1'un-repr�fente la Fuite en Egypte, & 1'autre Ie Repos de la Vierge. On y voit des Anges qni paroilTent fervir des rafrakhiiremens. Ces figures font peintes par Lanjen Jan. Le pay- fage furpalTetout ceque nous connoilTons de Wil- dens, & le? figures paroiflent �tre peintes par van Dyck. Ges grands payfages font places dans la chapelle de S. Jofeph de la m�me �glife. � |
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Flamands 3 Allemands & HoUandois. 3 j 9
G U E R A R D
P I E T E Pi S ,
�L�VE DE COB.NILLE CONEUSSE��".
PiETER.s,n� a Amftexd mj& fr�re duc�l�bre----------
organifte Jcan Pieters , commen^a a �rudier 1'art 1580.
de la peinture fous Jacques Lenards , qui excel- loic a peindre fur verre d'une maniere facile & qui Uu �toic particuliere : Lenards avan^a fon �l�ve au point qu'illui confeilla bient�: de cher- cher un ma�tre plus habiic que lui. Pieters trouva |
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p^
qui Ie fit enrrec chez Cornille Corneiiffen : il fut
Ie premier �l�ve de ce peinrre , & devint un
de fes meilleurs. Apr�s deux ann�es de rravail,
il �tudia encore trois ans a H irlem. Van Mandcf
dit que de fots temps on 1'eft'moir comme un des
plus habiles des Pays-Bas pour peindre Ie nu. II
ch�r�Toit fon talent, & difoit (ouvent qu'il ai-
moit mieux �tre pe�ntre qne prince : :1 taut avoir
une haute idee de fon art pour y exce'ler. Il fuc
d'HarlemaAnvers , 5c dela aRome o� il demeu-
ra long-temps. Il retourn.i enfin dans fa patrie , 8c
fe fixa a .Amfterdam. On regrette fort de ne
point avoir de lui de grands tableaux; on ne lui
laifla pas Ie temps d'en faire. Il faifoit Ie por-
trait en perit, des fujets de converfat�on ou des
aflembl�es bien finies & d'une yrande v�rit�. Il
eut pour �l�ve Govarts, bon payfagifte, qui tou-
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'5 4* La Vit des Pelntres Flamands, &c.
----------choit bien les petites figures, & qui moiuuc fort
ij8o. jeune.
Pierre Lafiman travailla fous lui. Onignore Ie
temps de la mort de Guerard Pieters. |
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A D R I E N
STALBEMT,
^i atif d'Anvers, Ie iz juin 1580. N� peintre,
il donna de bonne heure des marques de fon habi- let�. Son talent �toit de peindre Ie payfage qu'il ornoit avec de petites figures j & qu'il favoit finir avec autant de d�licatei�e que de gout. Il fut appell� a la cour d'Angleterre o� il a beaucoup travaill�. Son talent �toit autant pay� que recher- che j il retourna riche a Anvers 3 011 il peignoit encore avec la m�me force a Tage de 80 ans. A Paris j chez M. Ie comte de Vence, on voit
«n joli payfage avec des figures } par Stalbemt. |
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J E A N
VAN RAVESTEIN.
Van Man der dit dans la Vie desPeintres,
page 215: «Je ne dois pas oublier Ie pe�ntre » Ravefiein , demeurant a la Haye , o� il excelle » a peindre Ie portrait. » II ne dit rien de plus. Houbrakentk Wcyermans ne font que r�p�ter les m�mes termes, & Johan van Gooi (1) nous ap- prend ce qui fuit r Ravefiein naquita la Haye environl'an 1580.
(�).Tokm van Gooi, peinlrehollandois,a publi�deo»
Volumessurla Vie des Peintres,ea 1750 et 1751. |
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T g
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La Vic des Peirares
~ Son maicre eft inconnu : on ne fait a qui il doit fa ij8o. belle maniere j ayantfurpaflf� tous ceux qui 1'ont pr�c�d�. Son hillorien ne connok depuis lui que van Dyck , vander Helft, & Covacrt FUnck , qui aient pu P�galerou lefutpafltr. Les trois tablcaux qui d�onenr les iallons du jardmde Tarquebufe a. la Haye j feront roujours des monumens dignes de notre admitation. Le premier tableau eft place dans la falle du
Feftin,o� les officiers des bourgeois de la ville s'affemblcnt. On y voit repreitnt�s trois capi- taines & les lieutenans , & uu nombre des prm- cipanx bourgeois arquebnfiers. Tous ces porcraits tr�s-rePcmblans parci(Tenc en aclions& mouve- mens: il a fii cacher les pofictons ferviles. Ce tableau eft dst� de i(>i<j, les figiires peintss l'afqa'aa genoa , font de grandeur natu- relle. Dans le m�tne appartement il a peint un ta-
bleau de 15 pieds de long : il y a repr�fent� les magiftrars de!?. Hsye, n�is a 1'entonr d'une table cjnarr�e plus lonkte que brgc. Un viei lard rei- pe<ft?b!c , bourgeois ciiftingn�, pr�fenre une re- ciutte au majre van Cuillaumt Qutshoom, qui a 1'air de la r�penrke. Baveflein s'tfl peint dans le m�tne taHep'i. Cfi br.nque� eft entour� par les officiers des bo'ir^cois. Un vienx mngiftrat pr�- fenre un grand v rreple'.n de vin du Rhin au capi- taine c!u dr.-i,peau d'�range. Ce tibleau contieut vingt-fix �gures de grandeur naturelle, 6c eft date de i'ann�e tGi'S. Les noms des principaux qui s*y trouvent peints , font les bourguemeftres MM. Jacques Cornillcvan W^ouWjJean Quartdaer & Covaert yanDuirun ; & les �chevins,MM Jean |
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Flamands 3 AUemands & ��ollandois. $43
tirolf, Jacques Dichs, Jean Nohel , Ewaldus
Schrevelfen , Hcari Schuwen, & Jofeph Dedel; Ie fecr�taire Philippe Doublet 8c Ie penfionnaire Pierre van Veen. Dans Ie troifi�me tableau place dans Ie m�me
cndroitj, il a irepr�fent� fix officiers du drapeau blanc. Dans 1'h�tel-de-vi�le , il a peint un aatre ta-
bleau repr�fentant les magiftrats en charge en 1'ann�e i6$6. lis font afl�s a une table couverte d'un tapis verd. Quintin de Veer occiipe Ie haut bout comme maire. Pres de lui j les bourgue- meftres MM. Nicaife Hanneman, Albert Bofch , & Arnold Quartelaery�c les �chevius, MM. Henri van Schlitht-Eorjl 3 Conrard Houttuin 3 Cornille Zoutlantj. Adrien van AJjendeljt, Ewald Brandt Sc Jacques Sels } & Ie fecr�taire Philippe Doublet. RaveRein �toit a la t�te des 48, tant peintres
<jue fculpteurs 8c amateurs, oi'i pt�fent�rent leur requ�te en 1655, psur ie ftpdrer des peintres ;i labrofleou barbonilleurs, ceaui leurfuraccord� : & on vit alor^ les «ais aniftffs iz diftingaer des finiples oiivriers. On ne fait rien de plusfet !t» vie de re peintre:
il fut dans» fan tt-mps fort employ� au poftr&i'dj on juge (ut ceux dont nous avons pari� ci-cie(Tus, qu'il avoit routes les parties d un grand maiire. Ses compofitions font pieines de feu & de juge- ment: il favoit donncr des poluions agreabies &: vari�es : tont parok tn mouvement. L entenaolt bien la perfpedive a�rienne& Ie melange harmo- nieux dans fes couleurs. Ses. lumi�ix-s& fes ombres. font r�^mdues ave^ art. Cetre rlemi�rc intelli-- gence fe fait rcm»cc|HBr dans fes onvrages 5 d'une * 4.
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5 44 La Vie des P�lntres
�-------fa^on a furprendre. Sa couleur eft bonhe, & f*
x j8o. touche lsrge.
Ravefidn eft mort ag�, mais on ignore Tann�e.
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J A N S O N S
VAN KEULEN;
U n tableau pof� a' cot� de ceux de RaveJIein y
dans 1'H�tel-de-Ville de la Haye , nous fera parier de Janfons van Keulen. Ce peintre^ fans favoir d'ou il eft, ni qui �toit fon malere, a paffe une partie de fa vie a la cour de Londres, pen- dant Ie r�gne du roi Charles I. Tous ies avantages qu'il put avoir dans ce royaume, n'etnp�ch�rent pas qu'il ne pr�f�rat une vie tranquille a celle de voir un royaume continuellement d�thir� int�- rieuremenr. Il qiutta tout& fut s'�tabhra la Haye. Il fut charg� par Ie magiftrat de cette ville, de de faire un tableau pareil a ceux de Raveflein y c'eft-a-dire, qui repr�fentat les boMr^it-cnieftres Sc les �chevins de ce temps-Ll : il eft date de 1'ann�e 1647, & compof� de quatorzefigures en pied , de grandeur naturelle. Ce tableau, quoique beaiij c�de la palroe a. ceux de Raveftein. Un autre voifin pouc van.Keukn aurojt moins laille a def�rer au talent de eet artifte , qui av�it d'ail" leurs du m�rite. - ■ . ■ ' :
f . . »■"�'
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Flamands) Allemands & Hollandois, 345
COENIIIE
VANDER VOORT.
lLeftn�a Anvers, environ 1'an 1580. Il quitta
Ie Brabant & fut s'�tablir a Ainfterdam , o� il fut fort rechercli� pour peindre Ie portrait. Sa maniere eft belle : il colorioit avec beaucoup de fraicheur j & fes portraits reiremblans font en- core eftim�s. J A C Q U E S
H EUGERS BLOK,
JL)E la ville de Gouda, fut de bonne heure
fe perie�tionner en Itali�. Il �tudia la peinture & les hautes fciences. Les math�matiques Ie por- t�rent a peindre l'architefture & des perfpecVives. Rubens j en voyageant, luirendit plnfieurs vifites. Il dit tout haut, qu'il n avoit jamais connu parmi les Flamands, un pelntrc plus f avant a reprcfenter l'architecture & les perfpeclives. Il entendoit bien l'architeclure militaire, ce
qui porta Ie roi de Pologne a lui donner une diredion dans les fortifications. Le cr�dit de .B/Waupr�s du priixce , donna de la jaloufie aux |
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La F ie des Peintres
--------- courtifans, qui mediteren: fa peice; il en fut
1580. averti , & obtint fon cong�. A peine fiic41 de
retour chez lui, que Ie g�n�ral Percival Ie choifit pour fon makre de math�matiquts. L'archiduc Lcopold fit tant d'inftances, qu'il Tobtint a fon fervice : il lui donna une penfion conl�d�rable; il J'emmenaavec lui dans touies fes campagnes, &c lui donna , outre fa penfion , fept (1) fluiuis par jout pour fa d�penfe \ il ne quitta jamais l'archiduc qui 1'honoroit de fon amici�. Blok a la ccre cie qutl- quesmakres, pour obferver les fortincations.de Berg-Saint-V inox , en paifant un petit nulFeau , deflus une planche , tomba en bas ae fon cheval qui avoit fait un faux pas. Tous ies ioms & Lus regrets de 1'archiduc ne purent lui fauver la vie. Ii mourut& fut enterr�dans 1'�g�fe des Jacobias de la m�me ville. vSon hls Ie rempla^a; mais il fut bleffc peu de temps apr�s, & mourut de fes bief� fures. Sa veuve retourna dans Ie Brabant avec une penfion que 1'archiduc hu afl�gna jufqu'a fa mort. |
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N I C O L A S
VANDER HECK,
�L�VE DE JEAN NAEGHEL.
Van Mander parle peu de vander Heek.
Bo�braken & Veyermans nous apprennent de cc bon peintre ce qui fuic. (i) Eaviron quatorze francs.
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j AlUmands & Hollandois. 347
Vander Heek, �l�ve de Jean Naeghel,ett. un ^ des defcendans de Martin Hemskerck. Il �toic ■> bon peintre d'biftoire & plus grand payfagifte. On voit a la maifon de ville d'Alcmae�, dans la chambre des �chevins , trois beaux tableaux de lui. Le premier repr�fente Ie Jugement de mort pronoiu� contre lt baili� de Zu^t-Holland , qui fut d�coll� pour ayoir vol� une vache a un payfan. Cette extLUtion fut ordonn�e par le comte Guil- lavme III, furnomm� U Bon, Le fecond eft le JuguTient terrible du roi Cambyfe �, & le troi- ficme repr�fente le Jugement de Salomon. ^ II a fait plufieurs autres tableaux d'hiftoire &
de tr�s-beaux payfages. Sa maniere de compofer ef' grande & lavante; il colorioit bien, Sc enten- do it le clair-obfeur. Il eft un de ceux qui contri- bu�rent a �'ever un e foci�t� de peintres dans la ville d'A lcmaer en 16 31. On ne fait o� il eft mort, ni en quelle ann�e. |
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D E O D A E T
D E L M O N T
JNaquit a S. Tron en 1581 , d'une familie
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noble, qui lui donna dans fa jeuneiTe 1'�ducation , g.
n�ceflaire a fa condition. Oiure les langues qu'il pofT�doit, il �toit grand g�om�tre & bon aftro- nome. ( De Bie pretend qu'il avoit 1'art de pr�- dire , & qu'il avok annonce Tann�e de fa more Sc long-temps avant. ) |
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� V des Peintres
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Je pafTe l�g�iement fur ce qu'il dir a cette
occafionj pour rappeller les honneurs que foii beau g�nie tui a attir�s. Il avoit pafT� beaucoup de temps a la cour du duc de Neubourg & avoic �t� dans fa jeunefTe , charg� de quelques commif- f�ons du roi d'Efpagne , en quahc� d'ing�nieurj il fut confid�r� de ces deux puifTances, il en re^ut plufieurs gratifications & d'autres r�compenfes nonorables. Aniiintime de Rubens, il devint fon �lcve Sc
compagnon de voyage dans toute 1'Itaiie. Tant de talens, un bon guide & 1'amouf de la peinture lui ont danslafuite acquis Ie nom de bon peintre. Plufieurs belles produclions de fa main font r�pandues dans toas ies pays. On voit de lui trois beaux tableaux dans la vi�e
d'Anvers: uh tableau d'autcl chez les religieufes appe��es Facons} lequel repr�fente l'Adoratioh des Rois. L'autre eft la TransfiguratK>n de notre Seigneur, dans P�glife de None Dame; & Ie troiii�me orne i'�glife des J�fuices: c'eft notre Seigneur qui porre fa Croix. Ce peintre mourut a Anvers Ie 25 novembre
1634, forc regfert� poar fes belles qualit�s Sc fa douceurdans la fociet�. Sa coippofition eft noble 8c �lev�e , fon delliti
correct, fa couleur & fa touche fort belles. Il a m�rit� les �loges de Rulens qui fuffifent bien pouE m�riter Ie notre. ....... (
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Flamands ^Allcmands & Hollandois. 349
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DAVID TEN�EPlS
L E VIEUX,
E L � V E DE R�BENS,
JNaquit dans la ville d'Anve^s en 1'annpc
15S1. Le choix qu'il rit de prendre Bakens pour �rsa�cre, lui a r�ufll : il refta dans cette grande �cole, jufqu'au temps qu'il fe crut en �tat de voyager. 11 alla direclement a Home , oii il fit coanoii�ance avec hl^hchncr. La maniere de ce peintre lui plut, 8c fans abandonner le grand, il peignoit le peut qu'il adopcadans la fuite. Il de- meura dix :.;\s dans Rosne avec Efyhcimer, com- ponint & imitanc cout�� les difierentes mani�res. De retour chczlui, il hc plufieurs tableaax en
grand, & d'autres dans le gpdt d'EI-{heanerj niais en plus petit; il repr�fentok des F�tes de Flan- dres, qu'il traitoit avec efprit, des eftamin�es de Buvenrs, des Chymifl.es: ce hirent les fujets qu'il aimoica peindre. Il �Tioarut a invers en KJ49. Ses tableaux foncvpleins d'efprit, & plurent
beaucoup , parnculi�rement a fes deux fllsj David Sc Abraham} qui ontfuivi la m�me ma- ni�re , avec cette difF�rence, que David Yj. fur- pafle. Nous avons en France plufieurs tableaux de
Teniers le p�re. M. da Gaignat a Paris, pofs�de une Noce de v�lage; c'eft le plus capita] de ce |
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peintre.
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GASPARD
DE CRAYER.
EL�VE DE RAPHAEL COXCIE.
- DeCrayer naquita Anvers en 158*. Onne
Ij8i. fait pas pr�cif�ment s'il commen^a la peinture dans cetteville, mais on cft cerraip qu'il a tra- vaill� fous Rapha�l Coxcie 1 Bruxelles. Ce jeune artifte donna des marques certaines de la beaut� de fon g�nie, en furpaffant fon maitre, avatic |
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la VkdcsVimtrts Tlamands, 6c, 551
m�me de Ie quitter. Sans forrii- de Bruxelles , il "
fit un choix des plus beaux tableaux expof�s en public j & prenant avec eux la nature pour guide, � forma fa belle maniere. Crayerfous on mairre m�diocre& prefoue d�nuc c!e iccours �tiungersj nelaifla poincde briller aveele plus grand fucc�sj. ce qui nous proiive eju'une �tude r�flichic & un» prarique conftante , peur dans un g�nie heureux �emplacer routes ces �eilources. Crayer fut charg� de peindre qnelqnes grands
tableaux, qui port�renc fon nom jufqu'd la cour de lirnxe�es. Il y fit quelques portraits qui lui procur�tent la cohhance du cardinal Fcrdwand, qui fe fit peindre par lui. Ce beau portrait en pied & de grandeur de nature, fut envoy� au roi d'Efpagne, fr�re de fon �minence. Touie la cour loua cc tableau , fk Ie roi envoya an peintre uns- chp.Jne & une medaille d'or, avec uneforte pen- fion. La fbrtunefut des plus favovablesa ce peintre: on ne parloit que de lui : Rubens fit hii-m�me Ie voyage d'Anvers pour voir notre artiftej &en Ie voyanr faire ce beau tableau du r�fedoire de 1'ab- baye d'Ar��eghem , il dit toi.it haut«: Crayer, Crayer, perfonnc ne vousfurpajjera. Cec �loge judi- cieux �toitfenl capable de ramenet rous les fuf- frages en fa faveur. On'chercha dans Bruxelles a nrr�ter ce grand homme pour toujours, 8c on Ie d�cora d'ur e charge honorablc-Cemoyenfi propre a fix�r tout autre, eut un effet contraire chez lui: a mefuie que 1'on cherchoit a Ie combler d'hon- nenrs, il croyoir devoir refufer tous ceux qu'i! ae tiroit pas de fon propre talent j & pour 1'angmen- ter, il fe d�roba au grand monde, qui lui faifoit perdre Ie plus pr�cieux de fon temps. Sans rien |
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351 La Vu des Pe�ntres
---------dire a perfonne, except� a fon ami & fon �l�ve
1582. Jean van Cleef, il fit louer une maifon fpacieufe
a Gand j ou il fe retira abandonnant la cour 8c 1'emploi donc on 1'avoit gratifi� : il tronvoit, difoit-il, dans ce repos, 1111 bien dont il n'avoit joui depuis long-temps. A peine fuc-il en �tat de travailler, qu'il s'ap-
per$ut qu'il s'�tok bien d�rob� a la vie tumul- tueufe, mais que fon �loignement n'avoit rien diminu� de 1'�clat de fon uom. La ville de Bruxelles lui demanda beaucoup de tableaus, & celle de Gand feule eut tont de fuite de fa main vingt-un grands tableaux d'autcl: c'eft dans cette ville o� il a Ie plus travaill�. Toutes celles de la Flandre &: du Brabant occup�rent fon ptneeau. Le.nombre d'ouvrages qu'il a("ai:s eftprodigieux. Voi( i ce qui arriva a de Cray er pendant fa de- meure a. Gand. Van Dyck, dans Ie premier voyage qu'il fit en
Flandres , pendant fon f�jour en Angleterre 3 pafla par Gand pour y vifiter fon ami de Crayer, Sc voir en m�me remps les progr�s de fon talent & de fa fqrtune. D�s Ie lendemain de fon arriv�e il fat chez^e Cray er, & pour ne Ie. pas manquer, il etit envie de Ie furprendre au Ut; comme il �tcit tr�s-matin , Ie domeftique ne voulut point �reiller fon ma�tre. Van Dyck infiita, & for^a Ie valet d'aller avertir notre peintre que van Dyck �toit a Gand, & qu'il 1'attendoit a faporte.Ce nom frap- f&dc Crayerj qui faura dulit ,& un bras feulement dans fa robe de chambre, il courut au devant de van Dyck, qui �clata de rire de Ie voir dans un il plaifant d�shabill� : Je veuXj dit-il, vous peindre.
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Flamands , Alkmands & Hollandols. $ 5 j
peindre dans ced�fordreficonvenableauxartiftes
quand il eft arrang� avec gout; il lui tint parole , ma�s cependant dans un habillement decent. C'eft d'aprcs Ie portrait qu'il en fit que nous avons pris celuiqui fevoit ia,lequel tientun rang diftingu� parmi ceux des grands artiftes que van Dyck a �mmoi tailles par fon pinceau. De Cray er travailla fans relache; fa vie r�gl�e lui
procura une longue vieiileffe , pendant laquellefon pinceau fe foutint avec toute la force qu'il avoit dans fon age ie pias floiii�ant: c'cft ce qu'on voit avec admiration dans Ie Martyre de S. Blaife fait a §6 ansjil neputl'achever, puifqu'ilmourut Ie 27 janvier 1669 j & eft enterr� dans la chapelle de Saiure Iloole aux dominicains, 011 eft fon dernier tableau qui fut fini a la fin de 166S. On croit que ce peintre a toujours v�cu dans Ie c�libat. 11 avoic avec lui une fcEur:onne fait (1 elle lui a furv�cu. On comparele m�rite de de Cray er a celui des plus habiles FJamands.il avoit moins de feu queRubens, mxis fon dellin eft quelquefois plus correcl. Ses compofitions font fages & d'un pttic nombre de figures ; il �vitoitles d�tails fuperflusj & ne s'at- tachoit qu'aux grandes parues qu'il finifloit routes avec ie plus ^rand foin. Il grouppoit fes figures avec art j & les expreffionsont toute la v�nt� de Ja nature; fes draperies font vari�es & pli�es avec f�mplick�. Quant a la couleur , il pofledoit cette partie de la peinture tr�s-bien, Sc fur-tout d avoic une fonte de couleur admirable. Il eft de tous les peintres celui que 1'on peut comparer a van Dyck. Ses tableaux d'hiftoire ont Ie fini & la fonte des portraits de ce grand peintre, & fon �loge ne peut ctre miaix coiiltat� que par la difticuit� que Ton Tome 1. Z |
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J54 La V�c des Pe�ntres
.----------a qtielquefois adiftmguer ces devix ma�tres , parti-
i f82 culi�rement dansqiieiqiies portraits qnede Cray er
a faits avec Ie plus grand fucc�s, quoique foti principal talent fut de peindre des fujets faints. Nous allons mdiquer quelques-uns de fes ouvrages. Nous avons de liii dans la cath�drale de Samc Bavon a Gand, la D�collation de S. Jean-Baptifte, tableau d'autel dans une croif�e pres du Jubcj Sainte Barbe, tableau d'autel dans la chapcile de cette.Sainte; Job fur ie fumier. tableau dans la m�nie chapelle ■, rAflbinption , tableau d�i'autel delaVierge; & Saint Macaire , tableau d'autel. Dans 1'�glife patoifliale de S. Michel, la Def- cente du S. Efpritj tableau d'autel de la cha- pelle des pauvres. Sanite C:\therine enlev�e au ciel j tableau d'une nnagmation iinguli�re & d'une grande beaut� , dans la chapelle de cettc Sainte. Dans 1'�glife des J�fuites, une Defcente de
Croix , tableau du grand autel: dans quelques jours de 1'ann�e on 1'�te de fa place pour y en mettre un de Rubens , qui repr�fente Ie Martyre de S. Lievin, La Rifurrection de notre Seigneurj tableau d'autel des ir�res de la charit�: de Crayer avoit fait ce tableau pour �tre place au-dei�us de fon �pitaphe , mais ces religieux en firent l'ac- quifition apr�s fa mort. C'eft un des plus beaux tableaux qu'il aitpeints \ il s'y eft repc�fent� fous Ia flgure d'un garde. Dans T�g�fe des Auguftins,le couronnement
<le plufieurs Saints, tableau d'autel a 1'entr�e du clioeur. Saint Nicolss de Tolentin diftnBuaiit les pains-benits aux pauvres & aux maladcs , tableau d'autel- |
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Flamands, Allanands & "Bollandois. 355
Dans 1'�glife des Carmes , trois tableaux en
ovale places au-def�us de la potte; 1'un repr�- fente S. Simon Stock qui recoit Ie fcapulaire de la Sainte Vierge; 1'autie , les Ames d�livr�es du purgatoire par Ie fcapulaire j & Ie troifi�me j Ie pape qui coniirme �'mrciuition du fcapulaire. Dans 1'�glife paroiffiale de S. Jacques, la Sainte-
Trinit�, tableau d'autel 5 on voit au bas de ce tableau Ie rachat des captifs chr�tiens. Dans la chapelle des douleurs , la Sainte Vierge dans Ie ciel , qui interc�de pour les pauvres infirmes repr�fent�s au bas du tableau. Ce grouppe eft bien diftnbu� ; 011 y voit des boueux, des aveuglesj des paralytiques, des peftif�r�s, &c. Les caracl�- res y font parfaitement bien rendus. Dans 1'�ghfe paroiiliale de Notre-Dame fur
Ackerghem , plufieurs beaux tableaux. En la chapelle de Sainte Croix, Ie Crucifiement du Sei- gneur, tableau d'autel. Une Mater dolorofa fou- tenue par des Anges: la m�re de Dieu y efc repi�- fent�e dans un abattement de d<juleur _, dont 1'ex � preflion ef� frappante ; au haut du tableau _, on voit une Gloire de ch�rubins.Le tableau du grand auteldans la m�me �ghfe j repr�fente la r�fuc- redrion de notrc Seigneur ; les gardes & les fol- dats au bas du tableau font un effet admirable. Dans 1'�glife paroiffiale de Norre-Dame, fur la
montagne de S. Pierre j on voic derri�re Ie grand aurel 3 un tableau qui repr�fente l'Afcenfion. Dans une chambredejunfdidiondeGand , on
voit un grand tableau qui repr�fente Ie Juge- ment de Salomon.Il eft p!ac� fur une chemin�e. Dans Ie r�fe&oire de 1'abbaye d'Afflegliem fe
voit un tableau qui tienc toute la largeur du Z x
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i 5 6 La Vie des Peintres
ba,timent;ilr«pr�feate leCencenierquidefcendde
cheval pour fe profterner aux pieds de J�fus- Chr�l: cJe(l ce tableau que j'aid�ja dit avoir m�ri- t� les �loges de Rubens. La multitude du peuple Dealtere nullement 1'accord de ce tableau. Daas lam�me abbaye un autre tableau repr�-
sentant un fujec tir� de la vie de S. Benoit : 1'efquifle de ce beau tableau eft dans la maifoa de d�funt N. van Sufter. A Courtrai, dans 1'�ghfe de Notre-Dame 3 un
tableau de la Sainte Trinit�, & un autre repr�- f�ntant Ie Martyre de Sainte Catherine. Ces deux tableaux �toient deftin�s a van Dyck. On verra dans fa vie ce qui 1'emp�cha de les faire. Dans P�glife des capucins de Bruges on voit
Ie tableau du grand autel j ou les Juifs diefTent la croix fur laqueile notre Seigneur eil attach�! Dans la chapeile de S. Nicolas unc belle Def- cente de Croix. Les amateurs de la ville de Gand confervenc
avec eftime beaucoup d'autres tableaux de de Crayer. Le nombre en eft tr�s-grand , fans ceux que pofs�dent les autres villes de la Flandre. |
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Flamands, Alkmands & llollandois.
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H E N R I
VANDER BORGT,
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E t E V E
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DE GILLES VAN VALKENBORG,
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Jl, s t n� a Bmxelles en 1583. Les troubles--------
de la guerre oblig�rent fon p�re Sc fa m�re 1385.
a fuir & a ie retirer en Allemagne. Hcnri avoit a peme trois ans. D�s qu'il commenca a penfer , -il chercha ^
deffiuer. Sur cette envie, lepere Ie placa chcz Gilles van Jralkenborg, oiti il avanca au pomt qu'il fut bient�c en �tat de voyager. 11 refta plu� fieurs anti�es a Rome a �tudier les ouvrages Hes grands ma�tres. En quittant ITtalie il voyagea par toute 1'AUemagnc, & s'�tablit a Frankenaal, & en 162.7 il vint fe fixer a Francfbrt fur Ie Mcin. S'il avoit la r�putatien de bon pcintre3 il avoit
cncore celle du plus favant antiquaice de fon tefnps. On Ie confult�it fur toutcs les fingulari- t�s , & fouvent il a donn� fon jugement iur de3 antiquit�s Grecques & Romaines, qui embar- rafloient les favans de fcn temps. Le comte d'Arondd avoit pour lui uae �nguli�re eftime t ainfi que les favans i\nglois. On nefak o� il eftmortni en qticl temps.
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5 5 �> La F�e des Pe'mtres
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J A C Q U E S
WOUTERS VOSMEER,
.���. JU E l'ancienne familie des Vofmetr 3 eft ns
1784- �*■ Delfc environ 1584. Dans les commence-
mens il peignoir Ie payfage _, & fut en Itali�
exercer fon pinceau.Il y changea de gout, & quicca
Ie payfage ponr peindre des flcurs & des fruits.
Il retourna aDelfcen i�>o8,ao;�de pres de z^ans,
&d�cor�j<juoique jeune j du nom de bonpeintre. Ses tableaux font eftim�s & pleins de m�rite. Il moururdans ce"te ville 3 major des bourgeoisy en 1641. |
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PIERRE yALKS
JN aquit en 1584 dans la ville de Lewarde j
en Frife. Son p�re �toit orf�vre , & vit avec plaifir fon fils fe porter a la peincure. L'envie d'�tre peintre lui fervic de maicre. Il �tudia > de lui-m�me , d'apr�s les ouvrages & Abraham Bloemaert. Il s'apper^ut enfuite qu'il lui falloit plus d'un guide. D�ja en �tat de faire choix des plus belles parties , il ne lui manquoit que les beaux onginaux. * II parcourut Tltalie jufqu'a Rome, o� II pafla
plufieurs annces a fe perfe�lionner d'apr�s 1'an j tique & les grands maicres. |
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Flamands j Allemands & Hollartdo�s. 559
De retour chez lui, o� il s'employa a pein-
dre 1'hiftoire & Ie payfage , il y acquit de la r�putation , ainfi que dans Ie portrait. 11 d�cora la cour des princes a Lewarde ; on
y voit encore la plus grande partie de fes portraits, tableaux d'hiftoire & payfages. Il s'�toit man� peu apr�s fon retour de Rome ,
& eut deux fils dont un fut peintre. Ces deux fr�res voyag�rent enfemble en Itali� , o� ils furent malheureufetnent vendu» par un G�nois qui, ayant promis de les paffer d'un endroit a un autre, les livra pour une iomme aux Ccrfaires de Barbai�e , d'o� ils ne font jamais revenus. |
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FR A N .Q O I S
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HAL
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S.
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GE grand peintre de portrait naquit en 1584,
dans la ville de Maiines. On ne fait prefque rien de particulier de ce maitre. Van Dyck a f�rpafT� Francois Hals a peindre
Ie portrait; mais peu d'autres* 1'ont �gal�. Loif- que van Dyck fut d�termin� a paflTer en Angle- terre , ij fut expres a Harlem pour y voir Hals. Inutilement fuc-il fouvent chez lui ; il �toic les trois quarts de fa vie au cabaret. Le peintre denvers lui fit dire que quel- |
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la Vu des T'tintres Flamands, &c.
qu'un 1'attendoit chez lui , pour fe faire - peindre. D�s que Hals fut arnv� , van Dyck lui dit qu'il �toit �tranger ,� qu'il vouloit fon f)ortrait _, mals qu'il n'avoit que deux heines a
ui donner. Hals prit la premi�re toile venne, arrangea fa palette affez mal , & cemmenea a. peindr»: peu de temps apr�s il dit a van Dyck qu'il Ie pnoit de fc lever, pour voir ce qu'il avoit fait; Ie mod�le patut fort centent de la copie, & apr�s avoir cauf� fur des chofes mdWt�rentes, van Dyck lui dit que la peincute lui paroifioit a(fez aif�e , & qu'il vouloit a fon tour effayer. Il pric une autre toile, & pria Hals defe mettre a la place qu'il venoit de quitter. Celui-ci, quoique furpris ne tarda pas a s'appercevoir qu'il avoit affaire a quelqu'un qui connoifloit la palette & fon ufage. peu de temsapr�s, van Dyck Ie pria de fe lever a fon tour. Quelle fut fa f�rprife! Vous �tes van Dyck _, s'�cria-r-il en 1'embraffant; il n'y a que lui qui peut fiiire ce que vous avez fait. Van Dyck voulnt 1'engager a Ie fuivre en ^n-
gleterre ; il lui promit une forrune bien au-deflus. de Ion �tat, qui �toit affez mif�rable ; il ne put rien gagner.Abruti parle vin_, Hals r�ponditqu'il �toit heureux , & qu'il ned�firoit pas un meilleur forr. lis fefcpar�rent avec regret. Van Dyck fit enle-
vcr fon portrait que Hals venoit de faire , apr�s avoir r�pandu dans les mams des enfahs du peintre quelques f^uinces , que lepere prit a fon �rour , pour les r�pandre dans lesguinguettes. Hals peignoit Ie portrnit d'une grande refTetrjbi.ince., Sc d'une belle maniere , pleine d'art. Il �bau- chou fes portraits avec pr�cifiou 3 fes c�uleurs |
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3 6- La Vie des Peintres
�toient m�l�es cendrement: mais avec un pinceau
hardi ilfavoit leur donnerde la force. Il en fiifoit de m�me pour les lumi�res ,& difoir a ceux qui lui demandoienc raifon de cetce prariquej c'eft que je travaille pour mon nom. Le maitredoic cacher 1'ouvrage fervile& pinible de lJexa6�tude que demande Ie portrait. . Van Dyck r�pctok fouvent que /fa/jauroit�t�
Ie plus grand penitre de portraits, s'ilavoitpu rendre fa^oulenr plus tendre. Il ne connoiilbit, dlj ali l �df i |
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Auffi fes tableaux onc-ils une grande force,
fes porcraits une vive expreffion : ces derniers font en grand nombre, & fur-tout dans les villes d'Harlem & de Delft. Dans cetre derni�re il y a un tableau au Mail, o�font repr�f�nt�senpied les principaux de cette compagnie, (1) clegratv- deur naturelle. La vie efl: r�pandue dans chaque figure. Son frcre Dirck ( 011 Thierry ) Hals , peignoir
fort bien des converfations �c des animaux en petit. Il mourut avant 1'autre en 1656. Francois mourut ag� de pres de 80 ans, Ie
20 ao�t 1666.. Il laifTa plufieurs enfans qui ont tous�t� peintres ou muficiens, & dat v�cu com- me Ie p�re. Ses principaux �l�ves , font Adritn Brauwer ,
Thierry van Balen , Sec. M. Ie Comce de Vence pof- f�de un tableau de Hals ■ c'eft un fou qui nent une marotte. (1) La Hollande et la Flandre sont remplies do
toutes sortes de soci�t�s, sous Ie nom de compagnies: ils ont des statuts et dps r�glemens comme une troupij militaire. Cello du Mail est sur Ie m�me pied que 1'Arbal�te, 1'Arc et 1'Arquebuse. Los salles o� iis s'assemblcnt se nomment Butes. |
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Flamands j Allemands & TloIIandois. 3 63
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GU1LLAUME
NIEULANT,
ELEVE DE ROLAND SAVERY,
JN aquit dans la ville d'Anvers- en 1584.----------
lls'engagea de boime heure avec Roland Savery 1584.
poiir apprendie la p�ititure. Capable de pro- duire de liu-m�me, il voyagea en Itali�, Sc demeura trois ans a Rome avee Paul Bril. On voir quelques-uns de fes ouvrages dans la ma- niere de ce dernier ma�tre ; mais il la changea , Iorfqu'il fat de retour en Hollands & fe fixa a Amfterdam , o� fes ouvrages lui ont acquis 1'ef- time des connoifTeurs. Ses tableaux rcpr�fentent des Arcs de tnomphe , des Ruines , des Bains , des Maufol�es. Tout cc que Ie temps a �pargn� des anciens monumens, faifoit fon �tude. Il gra- voit aufli au burin Sc a l'e,au-fotte. Plufieurs de fes compofitions font grav�es de fa mam ; & 011 eftime fes deilins qu il faifoit ' avec beaucoup d'intelligence Sc defineffe: il �toit aufli bon po�te. Il mourina Auifterdam en KJ3 5 , ag� de j 1 ans. |
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164 La. V'ie dis Peintres F lamanis, &c2
f ILLEM(GUILLA�ME)
VAN VLIET,
��-----D E 1'ancienne 8c noble familie de Vander
IJ04. Poort, naquit a Delft en 1584. Il avoit mie
grande maniere de peindre. Sa touche �toic fer- me & facile. Dans fon premier remps il peigns�c l'hiftoire , & finit par Ie portraitou il r�uffit. Il mourut ag� de 58 ans, en 1642. HENRI VAN VLIET,
ELEVE DEGUILLAUME VLIET,
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i4 u t long-temps fous la conduite de fon oncle
Gidllaume Vliet : il peignoit rhiftoire , des clairs de lune & des perfpeftives. Ilfemit, a I imitation de fon oncle, a faire Ie portrait; il fe perfedionna dans cegenre , foas Ie c�lcbre Mire- velt. Ses portraitsfont bonsj mais, au-lieu de faire des perfpecflives, des dedam d'�glifes qu'il ornoit ds jo�esfiguresdansle gout d''Emmanuel de Wit, 1'int�r�t 1'engagea a nous laifler des portraits communs, au-lieu des excellens tableaux qnt au- roient m�rit� des places diftingu�es dans les cabinets des criiieux. |
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CORNILLE
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POELENBURG
JNaqhit a Utrecht en 1586, & commenga la
peinture fous Abraham Bloemaert _, qu'il quitta pour voyager en Itali�. Arnv� a Rome, il s'at» tacha d'abord a h ma.n�tved'E/^keimer qui lui pluc beaucoup, & enfuite a ceJle de Raphcel qui f�- duifoit Ie jeune peintre par fa douceur & fts gra- ces: il a �tudi� dans ce grand maitrequelques par- lies j mais il a n�glig� la principale , qui pft Ie dettixi, Sc oui rendroit fes ouvrages plus pr�cieux. |
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1586.
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La Vicdes Peintres
_J_____. Ses tableaux plurent aux R.omains. Il en fiV
�, quelques-uns pourdes cardmaux o ui pnrent plai-
i j06. / v / r- j ti r c ■ - J lir a Ie voir peindre. 11 Ie rorma une maniere ten-
dre, & s'attachmt a imiter la nature, ii Timita
roujonrs agr�ablement \ il fut aufll Ie pemtre Ie plus laborieux de fon temps. Il quitca avec peine 1'Itahe pour retonmer a
Utrecht , & il parfa par Florence o� Ie Grand- duc lui l�t beauco'ip de carei�es, & voulut Ie re- tenir \ mais il ne put jamais 1'arr�ter. Il lui fit peindre plufieurs tableaux , apr�s qtioi Vodenburg retourna chez lui, honor� de 1'eftime des Italiens. Arriv� a Utrecht , fes ouvrages en petit lui
�rent bsaucoup d'honneur: tous les connoifleurs Ie loir�rent. Rubens, dans Ie voyagequ'il fit en Flan- dres , refta quelque temps chez Poclenburg. Non feixlement il accorda fon eflime aux tableaux de ce peintre , mais il lui en fit f <ire plufieurs dont il oma fon cabinet. L'eftime de Rubens ach�ve 1'�loge de Poelenburg. CharlesI, roi d'Angleterre, appella eet artifte
a fa cour , & 1'ernploya a peindre plufieurs ta- bleaux qu'il paya fort cher. Il voulut m�me 1'at- tacher afon fervice. Po denburg y auroitjoui d'une aufli grande forrune que van Dyck qui y fixoit fon f�jour, maisl'exemple de ce peintre ne Ie tenta point : il pr�f�ra fa patrie a une cour �trang�re : il retourna a Utrecht o� il jouit d'une fortune qui ne dimiuua point, puifqu'il pcignit jufqu'au der- nier jour de fa vie. Il mourut en 1660 , ag� de 74 ans. La maniere de Poelenburg efl: fuave Sc l�gere :
la nature eftrepr�fent�e dans tout ce qu'il a peint j tou: yet� vagueSc rai�de pea de travail.Ses malles |
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F lam ands, Al Iemands & Hollandois.
font larges : il aimoit a. retoucher fes ouvrages ,. lorfqu'ils �toient faits. Untravail l�ger les fimiioit. Ufavoit choillr des lointains agi�abics qu'il tm- bellillbic de petits �diiices l�tu�s aux environs de Rome. Ses fonds fur ledevant fourenoient 1'har- monie de fes tableaux: )1 entendoit bien Ie clair- obfcur jles petitesfigures qu'il faifoit fouvent nues font bien colon�es; � fe piaifojc fur-tout a. peindre des femmes. Sa touche �toit pleine d'efprit, mais Ie deflin en elt rarement correct; il lui manquoic en ce genre cette finefTe qu il avoit dans Ie pinceaii. Il y a de joiis payfagesde Poelenburg , dont les
figures & les animaux ne font pas de lui. Plufieurs' ptintres en g�c fait , particuh�rement Berghcm: A y en a deux clans Ie cabinet de M. Ie comtc de Vencc a Paris , dans 1'un defquels les animaux & les figures font peiots par Berghcm. Jacques Mcyers , n�gociant a Roterdam , avoit
une belle collec�ion de ce peintre. Weyennans dit qu il avoit un pent cabinet tout rempii des ou- vrages du m�me auteur. On eftim^, comme Ie plus beau de fes ta.-
bleatix,laNaiiTauce de Notre Seigneur,dans Ie cabinet de M. Grenier , a Micldelbourg. Ses tableaux en pent font les plus recherches:
Ie nombreen eft confid�rable. On ne doit cepen- dant pas les confondre avec ceux de (es �l�vcs <]Ui ont imit� fa manier?. Poelenburg a grav� a 1'eau-forte avec bien du
fucc�s, ma�s les �preuves en font plus rares que fes tableaux : ceux-ci fe trouveiit dans les cabi- netsles mieux choiiis. Le roi de France pofs�de quatre tableaux de
cepeincrej deux vues du Campo Vacciano , |
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3 <5"S La Vit des Peintres
une Diane au bain 3 Sc Ie Martyre de Saint
Etienne. Dans Ie cabinec du duc d'Orl�ans, il y a quatre
tableaux du tn�rae. C�phale & Procris: un Pay- fage avec dei ruines d'architedfcure: un autre Payfage avec des Vaches, & un avec des Nym- phes ik des Faunes. Chez M. de la Bouxi�re, eft un Bain de Diane , 1c fxmd eft un payfage tr�s- fini. Chez M. Pafquier, une Diane au bain avec fes nytnphes, «Sc une Fuite en Egypte. M. Blondd de Gagny a cmq tableaux de Poelenburg des plus finis: 1'un eft Loc & fes iiilesj lesautres^ Dian; revenanc de la chalFe , &c cette D�efFe endormie dans une caverne, entour�ede fes nympnes: deux aurres pecics Payfages avec figures. Dans Ie ca- biiiec deM. de Jullienne, on trouve deux petits tableaax de Poelenburg avec figures. M. d'Argen- v��e a dans fa colleclion cinq tableaux du m�tne, parmi lefquels on voit une Sainte Familie & des Nymphes qui fe baignent. Et chez M. Ie Noir, il y aauili de notce peintre deux petits tableaux tr�s-finis : on y trouve Payfage , Architecture, Figures & Animaux. A DufTeldorp, chez l'�letteur palatin, on voit
deux rableaux du m�vne fujet : la Naiflance de notre Seigneur, Lot & fes filles : ma�s un des ouvrages de notre aniftedes plus dignes d'admi- ration, eft Ie tableau de la Familie electorale de Fr�d�r�c V. |
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DIRK
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F lamanis s Allemanis & Hoi�andois.
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DIRK-TH�ODORE-RAPHAEL
KAMPHUIZEN,
ELEVE DE THIERE.YGOVERTZ.
JLL �toit n� dans la ville de Gorkum en 1586:
fon p�re, Raphael Kamphuizen , d'une familie noble , pafloit dans fon temps pour un des plus c�l�bres chirurgiens. Il eut Ie malheur de perdre fa m�re a l'age de 8 ans & fon p�re peu de temps apr�s. Son �tat d�pendoit de fon fr�re.ain�, auffi chirurgien, qui avoit prls la tnaifon de fon p�re, &qiu appercut quelqnes difpofitions pour la pem- ture dans fon cadet : il Ie placa chez Thierry Goverts , bon peintre, qu'il �gala bientot Sc furpafla dans la fuite. Son talent �toit de peindre des Pay fages en petit,
avecdes mafures, des �curies, des peutes figures,
chevaux, vaches, &c. qu'il touchoit tous avec
, bien de 1'intelligence. houbraken } qui a �crit fa
vie, a vu de fes ouvrages, qu'il loue beaucoup.
Ayant exerc� la peinture jufqu'a l'age de 18
ans, il fut confeill� par fes amis de s'adonner aux fciences : il apprit plufieurs langues favantes & la th�ologie, o� 1'efprit de parti Ie d�termina a �tre pr�dicateur : il faifoit par fon �loquence beaucoup de prof�lytes. A la fin , pourfuivi par toutes les autres fecles,il fut fugitif& errant, on ne fait point fa mort. Il eut un fils j aufli peintre, mais qui n'a pas fait grand bruit. Torn e I. Aa
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3 7° La Vie des Peintres
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g e o r g e s
VAN SCHOOTEN, ELEYE DE KOENE.AET VANDER. MAES.
IL �toit n� a Leyden «11587. La nature ex-
15S7. cita en lui 3 d�s fa jeuneffe, l'amour de la peincure : Ie papier fur lequel il apprenoit a �crire , refTembloit plut�t a celui d'un �l�ve deffi- nateur , qu'a celui d'un apprentif �crivain. Les menaces & les reprimandes ne fervirent quJa lui faire tracer un peu plus de lettres que defigures., Sc peut-�tre a augmenter en lui l'amour de 1'ait pour lequel il �toit n�. Un des amis de fon p�re, amateur des beaux
arts, obnnt de Ie faire entrer chez un peintre: il fut place , a l'age de 14 ans, chez Kocnraet vander Maes qui excelloit dans leportrait. Il fit entrois ann�es des portraits furprenans pour fon age & pour Ie peu de temps qu'�y employoit. Deux ou trois ans apr�s ,1'envie de voir 1'Italie & 1'AUe- magne lui fit tout quitter \ mais fes parens trou- v�rent Ie moyen de 1'an�ter en Ie mariant. Il a toujours reft� a Leyden, o� les tableaux d'hiftoire & Ie portrait ont occup� alternativement fonpin- ceau. On y voit encore de fes po�traits chez quelques particuliers', & on trouve dans les butes ou falles publiques, des compofitions ing�nieufes dp eet artifte. |
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Flamcnls 3 Allemands & Hollandois. 371
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HENRI
TERBRUGGEN,
ELEVE D'ABRAHAM BLOEMAERT,
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Sc de Bie fe font tromp�s fur fon nom & Ie ijSS-
lieu de fa naiflance , qu'ils difent �tre Utrecht. Je ne fais a quoi atttibuer Terreur du nom^ ils 1'ap- pellent Verbruggen-^ maispourcelledefanaiflance, ce qui aura pu y donner lieu , c'efl que Ie p�re de ■ Henri fe fauva a Utrecht, avec fa familie , pour �viter les troubles dont fon pays �toitagit�. Il demeura, il eft vrai, dans cette ville : mais fon petit-fils Henri Terbruggen^ fit depuis fa r�fidence a la Haye. Lorfque Henri, celui dont nous parlons , eut
appris a peindre fous Abraham Bloemaert, Sc qu'il fut capable de fe produire lui-m�me par fes ou- vrages j il voyageaquelque temps & fut en Itali�, o�i�refta dix ans. La r�patation de grand peincre Ie fit confid�rer
dans Rome : il fit quantit� de grands tableaux d'hiftoires, qui furent difperf�s. On en voit de lui un fort beau dans une des principales �g�fes de Naples : la compofition Ik. la fiert� de fon pmceau fuppl�ent afon nom qu'il ne mettoit point fur fes tableaux. On voit de lui un tableau admirable chez M.
vander Streng , a Middelbourg : il repr�fente un Aa z
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57* La vie des Peintres
� Feftin, avec des figures grandes comme nature»
J II y en a un autre a Delf:, chez Ie fieur Verbruggen, bijoutier. Ces deux tableaux firent dire a Rubens (lorfqu'il
voyageoit en Flandre) qu'il �toi: un des grands peintres de la Flandre : 1'eftime de ce maitre vaut celie de tous les connoifTeurs. Il mourut a Utrecht Ie premier Novembre
ag� de pres de 42 ans. |
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J A C Q U E S
ERNEST THOMAN,
lM aquit en 1588, dans Hagelftein. Il etit a
17 ans la r�putation de bon peuure : il quitta alors fa pame pour voir 1'Italie, o� il a reft� 15 ans a�tudier Ie beau & la nature. Rome, Naples Sc G�nes furent les villes o�. il exer^a fes talens. Il fut afToci� a Adam El\heimer, a Pierre Latfman
Sc a Jean Pinas. Dans les m�mes �tudes ils con- fid�roient avec attention tous les ph�nom�nes qui accompagnent Ie lever 8c Ie coucher du foleil, rien ne leur �chappoit dans la uature:c'eft Ie livre des peintres. La maniere &El\heimer eft celle qu'il a imit�e. On a de la peine a diftinguer ces deux maitres, quoique la touche du dernier foit plus fine : des connoifTenrs y ont �t� tromp�s. Il n'autoit jamais quitte Rome fans la mort
�iElyheimer. La douleur de la perte de eet ami Ie d�termina a retourner dans fa patrie. Il mourut a Landau .au fervice de 1'empereur.
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Flamands j Allemands & Hollandols. 373
PIERRE
F E D D E S.
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Xl a place Feddes parmi les grands
peintres , fur Ie t�moignage de ion portrait grav�
avec une palette , & cette infcription , Petrus Feddes pi�or. On ne fait pas s'il peignoit fut Ie verre ou a l'hui'.e j il �toit natif d'Harlingen. On voit de lui des eftampes grav�es a 1'eau-forte, marqu�es P. Harlitigmfa. |
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PIERRE
BRONKHORST.
JN aquit a Delft Ie \G mai 1588. S'il n'a
point pris en peinture Ie genre Ie plus agr�able, il a fuivi Ie plus p�nible. Son tulent �toit de peindre les vues d'�glifes & des temples , tant en dehors qu'en dedans. quoiqu'il eut celui de traiter bien fes fujets, ils �toient int�reflans par des traits d'hiftoires qui rendoient fes tableaux moins froids & plus agr�ables. Sa r�putation eft d�cid�e par deux tableaux de
lui : Ie premier eft dans la maifon de ville de Delft. Ce tableau eft grand & d'une belle com- Aa 3
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3 74 La Vie des Peintres
pofition d'architedure j il repr�fente Ie temple
ou Salomon prononce fon premier jugemenr. L'autre ell Ie temple ou notre Seigneur chai�e |
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les vendeurs. On Ie voyoit chez la veuve de fon
fik. Ses tableaux font d'un beau fini. Il entendoit
l'arcnite&ure a fond, & peignoit bien fes petites figures & de bonne couleur. Il mourutle 22 Juin 1661. |
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A D R I E N
VANDER VENNE,
ELEVE DE J�ROME VAN DIEST.
_____- IL eft n� a t)elft en 1589, d'une familie con-
0_ fid�rab!e,quirenvoya fort jeune a Leydenpour
15 y' y faire fes �tudes. La langue latine lui fit naitre
1'envie de lire les po�tes anciens : ils firent fur fon efprit des impreffions qu'il chercha a rendre fur Ie papier. Il compofa lui-m�me des deffins : non content de ce qu'il faifoit , il eut recours a un orf�vre appell� Simon de pralck , qui exenjoit atiili la peintute. H commenc.a fous lui aapprendre Ie denm:de-la il fut chez J�rome 'van Dieji, bon peintre 3 particuli�rement en ca-ma�eu. Il fit chez ce dernier tant de Progr�s dans la pein- turej qu'en peu de temps il fut en �tatde travailler feul. Son application augmenta ces fucc�sdejour en jour. Ses Ouvragos furent recherches pac Ie |
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Flamands , Allemands & Eollandois. 375
roi de Dannemarck, Ie prince d'Ol'ange & plu-----------
fieurs feigneurs. 1589.
Ses tableaux font en fi grand nombre qu'il
feroit trop long de les rapporter. Il peignoit, comme fon ma�tre , en cama�eu : il Ie furpafla & fur-tout en richefTe de compofition. On vante beaucoup un tableau qu'il fit pour un comte polonois : ce tableau avoit 12 aunes de longueur, xl repr�fentoit une Bataille de Flandres. On a de lui plufieurs fujets all�goriques. Il com-
pofoit des vignettes pour les imprimeurs. On recherche encore celles qu'il fit pour 1'�dition des (Euvres du chevalier Cats , po�te hollandois. Il fut un des meilleurs po�tes de fon temps &
il �crivit beaucoup. Ses ouvrag�s les plus connus font fes embl�mes : 1'Etincelle fur la tourbe hollandoife , Ie R�ve fur la nouvelle fagefTe., la Folie du vieux mar�chal italien ., �n-doinp 3 avec lc Tableau du monde ridicule , 1^35 ,in-quarto. |
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Aa 4
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J E A N
BREUGHEL,
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o U
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BREUGHEL DE VLOUR,
ELEV� D;E GOE-KINDT.
- J ean Bkeughel naquit a Bruxelles,environ l'an
i62i): il �toit fils de Pierre Breughel, qu'il perdit
fort jeune, Sc il fut �lev� chez fa grand-m�re,
veuve de Pierre van Aelfi. Il apprit chez ei/e a
peindre en d�trempe, & fut place chez Pierre
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La � V'ie des Peimres Flamands j &c. 377
Goe-Kindt, o� il commenc.a a peindre a 1'huile.
La commodit� de copier en r�fl�chif�ant furies tableaux de diff�rens ma�tres, chez Goe-Kindt, fortifia Ie jeune Breygkel dans fon art. Il quitta ce ma�tre & fut a Cologne, o� il �tudia long-temps les beaux effets de la nature. Attach� uniquement a peindre des fleurs & des fruits , fes tableaux furent d�ja regardes comme des prodiges, qui port�rent par-tout fa r�putation. De Cologne il paf�a en Itali�, o�il vit fes ouvrages recherches. Il eut occa/ion de peindre quelques Payfages dans jRome. Le plaifir de repr�fenter de belles vues, lui fit abandonner les fruits & les fleurs, qui ne lui ont fervi dans la fuite qu'a orner les fonds de fes tableaux. Ilobferva la richefTe & F�tendue des plus belles
contr�es, & il avoit toujours 1'efprit occup� de celles qu'il ne pouvoit alors deffiner : voiLi. pour- quoi nous voyons de lui tant de tableaux d'un gout fi vari�. Apr�s avoir beaucoup travaill� en Itali�, il re�
tourna chez lui o� tout d'un coup on vit forrir plufifurs beaux tableaux de fon pineeau : on ne pouvoit �tre plus laborieux ni plus fertile a pro- duire1 Son m�rite fut atteft� par les plus grands peintres. Il peignoit le payfage qu'il ornoit de pe- tites figures touch�es avec finefTe & d'un bon gout. Breughel avoit le talent de faire les fonds de
payfages aux tableaux des plus habiles peintres, reis que Rubens, van Balen & Rottenhamer: il faifoit avec le m�me fucc�s les figures dans les ouvrages de Steenvick ■, Momper _, &c. On ne peut voir unplus beau tableau que celui
qu'il fit, de concert avec Rubens : il repr�fente |
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La vie des Peintres
le Paradis terreftre. Si Rubens a pris plaifir a peindre d'un grand fiui Adam & �ve, Breughel a cher- ch� a rendre ce tableau digne de la production de ces deux grands maitres. Ce payfage eft vari� a l'inrini; les arbres , les planten font d'un beau choix & d'une couleur vraie j les animauxj les infectes font au m�me degr� de beaut� : ce ta- bleau eft regarde comme Ie plus pr�cieux qu'il air fait : il a pafte du cabinet de M. de Bie (Ie M�c�ne de Girard-Douw) dans celui de M. de la Court Vander Voort, a. I eyden. Notre arcifte enrichi par fes ouvrages aimoit
la magnificence. Ses habits d'hiver �toient de ve- lours j & c'eft dela que Ie nom de Breughel de Vtour lui fut donn� , comme Breughel d'Enfer k fon fr�re _, pirce qu'il repr�fentoit ordinairement 1'Enfer ou des Incendies. Houbraken a vu vendre un tableau de Breughel'a
Amfterdam en 171 3 : il avoit quatre pieds de large fur trois de haut. Il rapporte que tous les connoif- feurs furent faifis d'admiration , en Ie voyant: il fait fur-tout remarquer unFiguier qui �toit au milieu. La nature, dit-il, ne produit nen de plus beau ; aui�i ce tableau fut-il vendu 28x5 flonns d'Hollande: les deux figures dans ce tableau font peintes par Rubens, & repr�fentent Vertumne & Pomone. Le pendant fut vendu Ie m�me jour 1875 fl.
il repr�fentoit une Nymphe endormie avec un Satyte qui admire fa beaut�. Ces figures font auffi de Rubens. Ses ouvrages font en grand nombre ; on ne
peut toucher le payfage avec plus d'efpnt : les arbres y foac d'une belle forme , les fonds fur |
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Flamands s Allemands & Hollando�s. 579
Ie devant d'une grande richefTe , les plantes, les---------
fleurs & les fruits admirablement finis. Tantot il 1589.
repr�fente un Moulin , tantot un petit Pont, on Village furie bord d'une rivi�re, qu'ilornedequel- ques Bateauxa la voile ou autres objcts ^de V01- tures dans les routes, avec nombrede penteshgu- res toujours vari�es , toujours pr�cieufes & d un bon gout: fa couleur eft excellente, qaelquetois un peu bleue dans les lointains. Sa mort eft ignor�e par les �crivains flamands.
M. Felibicn croit qu'il eft mort en i64z. Ses ta- bleaux font recherches dans les plus beaux cabi- nets*del'Europe. Nous indiquerons feulement les plus connus. Dans Ie cabinet du roi de France on voit
fept tableaux de Breughd : une femme qm care�e un chien , la Bataille d'Alexandre contre Danus, la Bataille de Prague , Orph�e aux enfers, une Rivi�re charg�e de bateaux � une Temp�te , & une Halte de chafle a la porte d'une hotellene; & chez M. Ie duc d'Orl�ans cinq tableaux du m�me: la Tranfmigration de Babylone , les Paflagets, Ie Chariot , une Marine avec des?�cheurs , Ie m�me fujet avec beaucoup de P�il�bns. Dans la ga- lerie de 1'Archev�ch� de Milan on admire une Chafle remplie de beaucoup de figures , & Saint- J�r�me dans Ie d�fert; les payfages y font beaux, la figure eft peinte par Gio-Ba�fta Crefpi. Vmgt tableaux de Breughd, fe voient dans labibho- th�que Ambrofianne jfavoir ,Danieldans la fofle aux Lions , Ie ded*ans de la grande �ghfe d'An- vers , les quatre �l�mens. Ce tableau repr�fente tous les objets qu'on peut peindre dans la nature : on y admire Ie fini, la couleurj tout y eft a |
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380 La Vie des Peintres
~ furprendre.Les autres font 1'incendie deGomorre,
li°9- pluheurs Vafes avec fleurs & fruits , une Vietge peinte par Rubens: Breugkelapemtane Guirlande de fleurs au m�me tableau. Deux petites plaques en ivoire en forme ovale : fur la premi�re eft reprefenr� un Crucinement rempli d'une multi- tude de Figures, & fur 1'autrela vifite de Sainte- Elifabethjle refte de fes tableauxfontde fortbeaux Payfages. L'Ele�ieur palatin poi��de 3 7 tableaux confid�rables de Jean Breughel, d�*nt voici la lifte : Ie Bapt�me de 1'Eunuque de la reine de Candace, dans un beau payfage ; la. Vierge avec onze petits en fans qui font environn�s de fleurs j la Pt�di- cation de notre Seigneur fut les bords de la mer : une multitude de petites figures, desanimaux & desPoiflons rendent ce tableau un des prmcipaux �u'il ait fait j un Payfage o� il a repr�fent� une
)anfedepayfans; un Port de mer avec beaucoup de figures; S. J�r�medans un d�fert; un CarofTe, deux Chanots & beaucoup de figures Sc des Am- maux dans une grande campagne; un beau Payfage o� Flore fe troiive couronn�e par une Nymph�: les figures font peinte^ par Rubens j les quatre Saifons en quatre tableaux f les figures par Benr� van Balen; Ie Paradis terreftre : Adam & Eve font peints par Ie Klerck; deux ports de mer avec des Vaifleaux & des figures; un Village en pleine campagne avec nombre de Figures \ 1'Adoration des Rois, beaucoup de Figures a leur fuite j Scipion 1'Africain a la t�te d'une multitude depeuplesj un Payfage o� les figures font d'Renri van Balen , & repr�fentant une F�te de Bacchus', notre Sei- gneur crucifi� ; quatre petits Payfages j une Maf- carade f�nguli�rement compof�e, autre F�te de |
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Flamands j Allemands & Hollandois. 381
Bacchus j dont les figures {ontd'.Henri van Balen j -
S. Jean qui pr�che dans Ie d�fert au milieu d'un nombreux auditoire j un Pa/fage & Ie rivage de la mer ; un Payfage dans lequet on voit un Mou- lin a vent j an tableau avecplufieurs Oifeauxpe�nts avec une extreme flneflej un Payfage avec un Chariot & beaucoup de Figures; un Payfageavec figures de van Balen, repr�fentant Dian� & fes Nymplies qui prennent Ie divertiflement de la P�che j un tableau de fleurs , 8c , pour finir, un Rivage de la mer avec des Vaifleaux & quantit� de Figures. Dans les riches cabinetsde Paris on a de Breughel
plufieurs beaux tableaux. On en admire deux chez M. lemarquis de Voyer � Ie premier eft une Foire ou F�te de village fur Ie confluant du Rupel & de 1'Efcaut \ plus de deux cent cinquante figures s'y trouvent dans un payfage clair & pi- quant; Fautre eft un Camp nombreux. M. Ie comte de Vence a du m�me une vue de Scheve- linghe, payfage av�c beaucoup de figures. |
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1589.
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J E A N
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TORRENTIUS.
_ IL naquit a Amfterdam en 15 89. Si fes ouvra°es
enpetit , mais d'un beau fini, n'�toient pas
aufficonnusque fes mauvaifes mceurs , je neparle-
rois pas de lui. La finei�e de fon pinceau ajoutoit
beaucoup a fes fujets lafcifs 3 qu'elle mettoit dans
un plus grand jour ,& auxquels elle donnoit plus
de foi-ce& d'expreffion. Les fujets de fes tableaux
ench�rirent be'aucoup fur ceux cCAr��n & P�trone:
Les libercins m�m* avoient horreur de fes com-
pofwions. Il fit des afTembl�es d'impies comme
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i;89.
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La Vu des Peintres Flamands 3 &c. 383
lui, ou de ceux qu'il avoit corrompus : il y en- feignoit tous les crimes, il y foutenoit que J�fus- 1 �89. Chnft n'�toit poinc exempt du p�ch� originel, qu'il ne falloit faire aucun cas des loix divines & humaines, que les hommes & les femmes �toient n�s pour vivre eri commun. Je paf�� fous fflence les autres abominations. Averti queles Ma- giltrats indign�s cherchoient Ie chefde ces afTem- bl�es , il n'en fit que rire, pr�tendant en �tre quitte pour nier tout. Il fut enfin arr�t� & condamn� par la juftice
d'Harlem a fubir la queftion. Les tourmens ne firent fur lui aucun efFet \ il nia toujours. Il fut condamn� a 20 ann�es de prifon ; mais a la fclli- citationdes Grands , & particuli�rement de 1'am- bafladeur d'Anglecerre, il eut la libert� de paf��r a Londres , o� fon habilet� lui ent acquis beaucoup d'eftime, fi fes mauvaifes mceurs ne lui eufTent pas attir�le m�pris d'une nation qui ch�rit autant la vertu que les talens. Torrentius retourna a Amfterdam, Sc y demenra cach� jufqu'a fa mort qui arriva en KJ40 } ag� de 51 ans. Ses puvrages furent recherches , & ceux que 1'on put d�cou- vrir,br�l�s paria main du bourreau. Les peintres & les po�tes excellens 3 lorfqu'ils font nnpies , font d'autant plus dangereux qu'ils pr�tent des attraits aux crimes. Th�odore Schrevelius dans fon hiftoire d'Har-
lem , nous �crit ainfi la vie & la fin de Torrentius. Houbraken Sc VTeyermans difent que ce peintre eft mort dans les. tourmens de la queftion. Nous nous en rapporterons au r�cit du premier qui a �crit d'rpr�s les aftes publics. � |
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H E N R I
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STEENWICK,
L E F I L S.
�-------- X o v s les auteurs fe font tromp�s , en �cri-
1580. vant lavie de ce peintre : on 1'a confondu
avec fon p�re, ou avec N. Steenwick, dont il fera parl�. Henri Steenwick , Ie fils ', �tudia fous fon
p�re. Jl a fuivi fa maniere , 8c 1'a fouvent iurpafle. Van Dyck , qui eftimoit fes ouvrages, Ie fit conno�tre a la cour d'Angleterre. Le roi
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La Vie des Peintres Flafhands j &c. $� f
toi occupa ce peintre long-temps. Il quitta c� -
qu'il avoit de fombre dans la fac^on de peindr�
qu'il tenoir de fon p�re _, de peignit 1'int�rieur des �ghfes & des palais. Il a quelquefois peint les fonds d'architecture aux portraits que faifoit van Dyck. Oa en connoic deux en France (1 ): ce font les portraits du roi & de la reine d'An- gleterre (i), peints en 1(337 : lesdeux figuresfont debout, & ontenviron unpied de hauteur. Jamais van Dyck n'a fini avec autant de foin. On peut egaler ces deux portraits aux plus pr�cieux de Mirh : Ie, fond du tableau eft fort clair & re- Jjr�fepte une fa^ade de quelque maifon royale , d'une belle architecture. Cet ouvrage eft d'Henri Steenwick Ie fds; c'eft ce m�me Steenwick peint par van Dyck, & qui fe trouve a la fuite des artiftes que 1'on a grav�s. Sandrart 8c d'autres �crivains depuisj 1'ont toujours pris pourlep�re , qui niou~ rut en 11J04, lorfque van Dyck n'avoir que cinq ans:ainiiil n'a pu lepeindre ni travailler avec lui* L'abus de Ie nommer Nico/as Steenwick ne vient que dela relTemblance de nom avec celui qui naj quit en KJ40, & que les auteurs nomment iV. Steenwick,pz�ceqm fon nom de bapt�me eft ignor�» Steenwick Ie fils fit fortuneen Angleterre , out il mourut encore jeune :fa veuvequi avoitappris a peindre des perfpectives , retourna dans fa pa- trie, Sc demeura a Amfterdam , o� fes ouvrages furent aflez eftim�s. On peut cornparer Ie m�rite du fils a celui du
(1) A Paris dans lecabinet de M, de ia Bouex'ere,
Fennier-g�n�ral. (2) Charles I et Henrietfe de Bourbon, soeur de
Louis XIII. . - Tome L B b
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La Vit des Pelhtrti
_____ p�re : quelques-uns 1'eftiment plus, parceque fei
, f g tableaux font fort clairs: ils font affez rares. Il ne travailloit que pour Ie roi d'Angleterre : on en trouve chez quelques particuliers a Londres &: en Flandres } mais nous ne connoiflons de lui en France} que ceux qui font dans Ie beau ca- binet de M. de la Bouexiere. |
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G�ERAHD
SEGHERS.
G�erard Seghers naquit a Anvers, vers
1'an 1589.: il eft Ie fr�re a�n� de Dariiei Seghers , peintre de fleurs. Guerard fut place chez Hcnri van Balen. Encore jeune il pafTa a Rome: la au milieu de tant de chef-dJQBUVi"es Seghers ne put fe d�terminer a prendre aucun ma�tre pout guide. Il copia toutes les mani�ves diff�rentes, & quand il compofa lui-m�me on ne lui reconnut aucunes de celles qu'il avoitimit�es- A la fin _, plus touche de celle du Manfrsdi , il s'y attacha fi bien que fes imitations embarrafs�rent les connoilTeurs d'Italie. Szghc s nepenfaplus qu'a retourner dans fa patrie, & crut y faire fortune avec fes ouvra- ges. Les premieis qu'il fit a. Anvers fufErent pour Ie d�tromper. Oa aimoit mieux les tableaux clairs de Rubens que les fiens, qui tenoient un peu de 1'�cole du Carravage. Notre artifte en habile hom- me, prit un milieu entre la maniere du Manfredi Sc celle de Rubens , & alors il fut employ� a d�- corer les �glifes d'Anvers, &c. Ce peintre avok |
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JFamands j Alltmands & Hollandois. 387
Ie carad�re doux & aimable : il futua des grands *"
iamis de Rubens8cde van Dyck ; la jaloufie ne put jamais les f�parer. Scghers gagna beacoup de bien&mourut a Anvers en 1651 , ag� de 6z ans : on ne lui connoit qu'un fils, qui fut aufli peintre. Les tableaux d'hiftoire de ce peintre font bien
compof�s, fon deflln corre�b; & fa couleur chaude & vigoureufes eft foutenue par une belle entente du clair-obfcur. On a dit qu'il employoit trop de jaune dans fes clairs \ mais fes ouvrages Ie juftifient & font tomber cette critique : nous allons indiquerlesprincipaux. On voit de lui, dans 1'�glife de S. Jacques a
Anvers , deux tableaux d'autel : Ie premier repr�fente S. Yve,& 1'autre, Saint Roch. Dans 1'�glife des religieuies appell�es Fackes, trois au- tres grands rableaux : fur 1'un on voit S. Jofeph endormi, a qui 1'ange ordonnede fuir en Egypie ; fur 1'autre, la naiflance de notre Seigneur j &*le troifi�me eft un tableau d'autel , o� il a peint 1'enfant J�fus, Marie & S. Jofeph. Dans l'eglife des J�fuites, notre Seigneur attach� fur la croix que les bourreaux �l�vent, tableau enn�rement aansla manitre du Tintoret, deftin�a�tre place quelques mois de l'ann�e au grand autel, avec <eux de Rubens & de Schut. Deux autres tableaux de lui , auffi dans la maniere d'Italie, font places dans la m�me �ghfe: les fujets font tir�s de la vie de notre Seigneur. Au-deflus de la porte de la facnftie de la congr�gation de ces ptres , on voit un Chrift tr�s-beau, par Seghers, Sc un Saint Igrtace a c�t� de 1'autel. Un tableau d'autel ■de ce maitre fe remaique pat fa fingularit� J il Bbi
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33S La Vie des Peintres
eft fi fort dans Ie gout de Rubens qu'on 1'a cru
"de ce dernier: il orne Ie maitre-autel des Carmes. Mais Ie clief-d'oeuvre de ce peintre eftle Mariage de Ia Vierg� , compofoion immenfe : il eft place au grand autel des Carmes-d�chaufT�s. Dans 1'�glife cath�drale de Gand, Seghers a
peint Ie Martyre de S. Li�vin , �v�que, tableau d'autel pres de la facriftie. Six grands tableaux de la vie de ce faint, par Ie m�me peintre, font places dans la nef de 1'�glife des J�fuites. Le cabinet de M. Deyne eft enrichi d'un tableau afTez connu dans le monde, puifque Vorjlcrmans 1'a rendu public : le fujet eft S. Pierre reniant le Seigneur, au milieu d'une troupe de foldats: tout y eft �clair� au flambeau, 8c c'eft la premi�re maniere de Seghers a fon retour de Rome. On voit un beau tableau de lui a Dunkerque, place a 1'autel de la Vierg�, dans la grande �gliie: il repr�fente la Vierg�, 1'Enfant J�fus debout fusr fes genoux, Sc pluneurs autres faints. |
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� lamanis j Allcmands & Hollandois. 3 8 �
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d a v 1 d
BA I L L Y, EL E V E
DE CORNILLE VANDER VOORT, Natif de Leyden, & nis de Pierre Bailly , ~
aflezbon peintre, qui vit de bonne heure Ie pen- chant de fon fils pour la peinture. Sans lui donner de le^ons , il lc lailFa grinonner d'apr�s des deilins Sc des eftampes. Il eiu occafion de voir Jacques de Gheyn , graveur, chez qui il s'exeixa au burin pendant un an , ma�s il pr�f�ra la peinture. Le p�re, pour le fatisfaire, le p'aca chez Adrien Verbught, &c d�-la chez CornUte Vander Voott\ peintre de portraic , eftim� a Amfterdam. Les le^ons du maitre & les bons tableaux qu'il eut occafion de copier chez lui , entr'autres, un de SteenTfick, que 1'auteur m�me n'auroit fu diftmguer d'avec 1'original, engag�rent Bailly a pafler fix afis chez vander Voort. Il fut d'Amfter- dam a Leyden _, ou il refta peu de temps. 1'envie de voyager le fit pafler a Hambourg, de-la a Francfort, Nuremberg, Ausbourg, par le Tirol, a Vemfe & enfin a Rome, o� il comptoit refter pour profiter de tous les beaux mod�lesque cette capitale renferme^ mais quelques raiions inconnues le firent retourner a Venife , o� il travailla plus long-temps. En revenant par 1'Allemagne, il fuc bien re^u par le duc de Brunfw'tck, qui lui fit; ofFre d'une penfion annuelle qull refufa. Bb 3
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ij 90.
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La Vie des Pe'intres Ftatnands3 &c'.
De retour a Leyden en i<> 13 , apr�s cinq; iS9o- ann�es d'abfence, il fe mit a peindre jufqu'en 161$ qu'il quitta la palette pour Ie delfin. It avoit 1'art de deffiner des portraits a la plume, avec un petit travail au pinceau, qui plurent beau« coup, & ou il fut fort employ�. Simon LcuWen, hiftorien de Leyden , parle
dans ce m�me temps d'un bon peintre de payfages, appell� Jean Annts. |
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D A N I E L
S E G H E R S ,
J�SUITE,
ELEVE DE JEAN BREUGHEL,
OU BREUGHEL DE VLO�R. IL rec,ut Ie jour a Anvers en 15 90. Il commenc.a
a �tudier la peinture fous Breughel de Vlour, qui peignoit en ce temps-la les fleurs qu'il quitta aans la fuite pour Ie payfage. Seghers s'appli- qua , fous ce ma�tre , a �tudier 1'harmonie des couleurs, dans cette belle nature qu'il cherchoic i imiter. Bb4
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? J1 CIi;ra de bonne he�re chezles J�fuites ;
.^^«deft�r^quoiquil fut toujours oom- me Ie pere Seghers.) Son noviciat flni, il reprit Ja palette , & orna 1 eglife des J�fuites d'Anvers : il rut envoy� a leur maifon de campagne , o� il fitpour lenr eglife plufieiirs payfages avec des lujets de la vie de q�elques faints �& 1'ordre. Cestableaux font auptii-d'hui places ,: au-defllis «es confei�onaux.,. ;; , II obSj&rfe p�rmiffioii d'a�er k Rome: il v
etudia les dedans & l�s\dehors de cette capitale J avec b�aucoup d'afliduit�. Apr�s avoir fait uine nche moiflon d'�t�d�s s il revint a Anvers.' On s'apper^ut aif�ment combien ce voyage
lui avoit �t� .profitable; fes tableaux n'eurent preique point deprix : les particuliers ne purent pomt y atteindre. La r�putation de Seghers pafTa par-tout. te
}>nnC� d'Orange d�p�cha fon premier peintre Thomas W�Uborts, pouravpir un tableau de lui. Il compofa un bouquet dans un bocal de fleurs , accompagn�es detoutesfortesd'infedes qu'il finit avectant d'art, que les artiftes de fon temps , ne ceiToient de 1'admirer. Il envoya ce tableau en pr�fent, au nom de fon ordre , au prince qui Ie re5ur avec un extreme plaifir: il ne put aflez admi- rer ce tableau. Le prince r�pondit I ce pr�fent paf une efp�ce de chapelef compof� de d�x grains , quirepr�fentoientdix.�rangesrichement�mail.l�es en or, & une palette �c des antes (1) dep'mcezax (i) Ante ou manche, pe(it baton au bout duquel on
ante lepiuoe�u ' ' < |
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Flamands j Allcmands & llollandois. 395
de cette pr�cieufe mati�re , Je tout accompagn� <
(Tune lettre pleine de reconnoiflance. II fit nn fecond tableau: il avoit amalT� dans
un beau vafe toutes les fleurs du printemps , plufieurs branches avec des fleurs d'orange,& quelques oranges encore vertes. .Ces fleurs �c ces fruits artiftement diftribu�s avec des infe�tes de toutes efp�ces, faifoient 1'ornementde ce tableau. Il en fit pr�fent a la pnncefle dJ0rauge , qm fut touch�e de fa beaut� \ elle ne voulut point ceder en g�n�roLit� au prince fon �poux. �lle envoya aux J�fuites d'Anvers, 1111 Crucifix d'or j �maiil� artiftement&pefant une livrej avecun pafl�-port ou fauf-conduit pour voyager dans les Pays-Bas , Sc y veiller aux interets de leurs maifons. Ces deux tablea�x' pafTent pour fes princi-
paux. Le feu du ciel en a d�truit de fort beaux de lui , dans 1'�glife d'Anvers , pnncipalement un grand , ou Rubens avoit peint S. Ignace. Ce Saint �toit couronn� &c entour� d� guirlandes de fleurs. Ces tablea�x , dans la gajerie & dans les chapelles , �toient autant de t�moignages de 1'ha- bilit� de ce peintre. On en compte deux des plus pr�cieux de fon
temps, un a la Haye , chez le baron de Bree , & 1'autre a Amfterdam, chez le fleur JeanStaxts , courtier. Il avoit' un talent particulier a peindre les lis
blancs & les rofes rouges, & tout ce qui �toic tiges ou feuilles, particuli�rement le houx. La belle couleur, les tranfparens, les feuilles minces 6c l�g�res 3 les infecles , tout eft bien fait: fa tou- che eft large. Il avoit tout ce qu'il falloit pour in�riterl'id�e que les grands peintres ont eue de lui. |
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3 94 La Vie des Pelntres
�------II mourut e:i 1660 ag� de 70 ans. Il- fait voic
lS9°' 1ua ^es J�fuires ont eu auffi de grands hommes
dans la peinture. On voit dans l'�glife des J�fuites d'Anvers Ie
chef-d'oeuvre du fr�re Seghers s c'efl: une guir- lande de fleurs : tout ce qu'on peut voir dans la nature , dans 1'une & 1'autre fiifon , fe trouve ra- jm(T� avec choix dans ce tableau; fleurs, fruits, infe&es, tout y eft du plus grand fini. Rubens a peint au milieu la Vierge Sc 1'Enrant J�fus. Chezl'�led^ur Palatin ,une autre guirlande pat
Ie m�me , au milieu beaucoup de figures repr�fen- tant une F�te bachique: &a Rouen, chez 1'auteur de eet ouvrage , deux tableaux : ce font deux vafes de criftal 3 avec des fleurs & des infectes peints fur cuivre. |
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A D R I E N
VAN LINSGHOOTEN;
ELEVE DE SPANJOLET.
�L prit naifTance dans la ville de Delft en 1590.
Le nom de fon makre eft conteft� , mais Ie plus grand nombre dit que ce futle Spanjolet. Sa vie �toit auffi peu r�gl�e que celle de Brau-
wer; cela ne diminue rien de la beaut� de fes tableaux, qui, quoiqne bien pay�s , n'auroient jamais fauv� 1'auteur d'une grande mis�re, fi deux fcEursnereulTent pr�venue par leur mort; devenu h�ritier, il fe vit fort i fon aife. |
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Flamands , 'silkmands & Hollando�s. 395
En 1634 il fut dans le Brabant, o� il �poul'a-
une petite fille jolie & fans bien, avec qui il eut deux enfans. Au bout de quelques ann�es de r�- f�dence dans ce pays, il alla detneurer a la Haye , o� il a�t� fort employ�. On vante de lui en Hollande un tableau qui
repr�fente S. Pierre devant la fervante de Pilat». Un eccl�fiaftique , touche des exprefl�ons qu'il avoit donn�es a fes figures, lui demanda pour pendant, le Repentir du m�me faint, o� il r�uflit �galement. Le peintre lui dit, d'un ton railleur, tant d'impi�t�s, que le pr�tre en eut horreur & s'en alla fans vouloir le tableau. On voyoit de lui un Chymifte, a Delft, chez
M. van Heul j entrepreneur de poudrea Canon. Ce tableau eft bien compof� Sc plein de g�nie : la figure principale bien peinte & deflin�e. Dans la m�me ville Sc ailleurs on voit beaucoup d'aurres tableaux de lui. Ildoit �tre mort vieux: on Fa vu travaillerdans
cette ville a Fage de 87 ou 88 ans : on ne fait pas pr�cif�ment le temps de fa mort. |
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-PIERRE
S O U T M A N,
ELEVE DE RUBENS.
vje Peintre , quoiqu'il n'ait point �t� uri^des
moindres de ce�x qui font fords de 1'�cole de Rubens, on ne fait cependant ri.en de particulier, |
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La V"ie des Peintres
ni du lieu de fa naiflance, ni de celui de fa mort.
� ' dmpfing, hiftorien de la ville d'Harlem, dit, en faifant fon �loge, qu'il avoit �t� peintre de 1'�le�teur de Brandebourg : il avoit aufl� paf�e quelque temps a la cour de Pologne, o� il fut fort, eftim�. IJ peignoit 1'hiftoire Sc Ie poctrait, & il �toit
�galement recherche dans 1'un Sc 1'autre genre. |
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ESAIE (ou ISAIE)
VAN DE VELDE.
xsaie Fan de Velde^i en Hollande,s'eft tr�s-
diftingu� a peindre 4e5 Batailies; tant�t il repr�- fentoit des rencontres de cavaliers, tant�t des attaques de voleurs: � nabilloir fes figures a 1'ef- pagnole. En 1.6.16 t\ deme^roit a Harlem & en 1650 aLeyden. Ses:®uvrages eftan�s furentpay�s cher: il faifoitfouventtles.figures dans les tableaux d'autres peintres.On croit ^i//t77z(ouGuill?.ume} van de Velde, fr�re de eelui-ci. |
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3 n
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Flumands , Alkmands & JJo�andois. J 97
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J E A N
ROODTSEUS;
ELEVE DE PIERRE LASTMAN.
Jban Rootseus, fils A'Albert, apprit'
la peinture fous Pierre Laftman. Le portrait en grand fut fon principal talent. Queques-uns 1'onc voulu egaler �n m�rite a Bartholom� vander Helfi : s'il n'a poinc �gal� ce dernier, il a fait plufieurs beaux portaits. Dans les buttes anciennes & nou- velles de la ville d'Hoorn en Hollande , fe voit repr�fent�s en grand les Officiers des bourgeois : ces tableaux ont le m�rite de ceux qiu ont excell� dans ce genre : il fit ces trois tableaux a 1'age de 40 ans. Roodtfeus �toit infatigable au travail, peudiffi-
p� & d'une conduite fort reguliere. Il eut un fils appell� Jacques _, qui fut �l�ve de Jean-David de H�em3 qui Pimita de fort pjcs. Ses ouvrages re- .cherch�s lui ont procur� beaucoup de biens. |
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CORNILLE
SCHUT,
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atit de laville d'Anvers& �l�vedeRubens,
i �90. �toit bon po�te. Nous avons de lui des ouvrages o� brille 1'all�gorie. 11 �toir habile peintre d'hif- toire & fur-tout propre aux grandes machines. On voit de lui la Coupole de Notre-Daine d'Angers, Sc dans la m�me �glife plufieurs autres ouvrages. Le fr�re Seghers, j�fuite, s'eft souvent fervi du
pinceau de Schut pour peindre des cama�eux & «utres i�gures dans fes guirlandes de fleurs : il |
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La Vie des Peintres Flamatids, &c. 399
gxava auffi a 1'eau-forte, On a de ce peintre plu- � Beurs eftampes d'apr�s fes tableaux & fes com- IJJ>°* pofitions : auffi f�cond qUe fon ma�tre , quoique moins correct, il avoit Un feu txtraordinaire , mais fouvent il donnoic dans Ie gris. Il y a ce- pendant de fes tableaux bien colori�s Sc peints avec force. Van Dyck a fait fon portrait qui fe voit dans
Ie nombre des artiftes peints par ce ma�tre. Voici les principaux tableaux de Schut. On voit
Ie MartyredeS. Georges , place a 1'aurel de la confr�rie de Tarbal�te, dans la cathcdrale d'An- vers; J�fus-Chrift mort, tableau au-de(Tus d'une �pitaphe dans 1'�glife S. Jacques : ce fujet fe trouve r�p�r� ponr une �pitaphe dans la m�me �^life;dans leg�fe des P�collets un tableau d'autel: lefujct eft tir� de la vie d'un faint de 1'ordre S. Francoisj dans 1'�glife des J�fuites deux beaux tableaux j Ie premier repr�fente une Aflon-'ption : re grand tableau eft un des quatre qui font pof�s alternr tivement au grand autel , ie 1'autre eft 1?. IS'aiflance de notre Seigneur ; il eft place au-deflus des confeflionnanx. On voit a Gand , dans 1'�glife des J�fuites, une AiTomp- 4 beau tableau par Schut. |
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400 ,. La Vie des Pelntrei
ALEXANDRE
RIERINGS.
■-------- Kj E grand peintre en payfages n'eft prefque
i �90. . connu qu'en Hollande. Nous avons pen de fes
tableaux en France ; except� celui qui eft dans 3e cabinet de M. Ie comte de Vence, & un chez M. Blondel de Gagny , je ne crois pas qu'il s'en trouve beaucoup d'autres. K�erings vanoit peu fes payfages , il fe con-
tentoi: de copier exa&ement tout d'apr�s nature, & finir avec une extreme panence jufqu'aux fibres du bois & les �corces des arbres. Il y ghflbit dif- f�rens toiis de couleurs qui fe trouvent dans la nature , & qui ne s'appenpiventque quandon eft habile. Ce fidele imitateur avoit une maniere qui lui �toit propre pour tsucher la feuille de fes arbres ; on y connoifibit chaqueefp�ce : fes fonds fur Ie devant font piquans , & Ie grand fini n'y donne point de la f�chereff�. Ce peintre eut re- cours a Poelenburg pour orner fes payfages de quelques figures : & dans tous ceux que j'ai vus de K�erings , les figures �toient de Poelenburg. LUCAS DE WAEL
ELEVE DE JEAN BREUGHEL,
----------N� i Anvers en 1591 , �toit fils d\in peintre
icoi. appell� Jean de Wad. Il marqua d�s fa jeu-
nelFe 1'inclination qu'il avoit pour la peinture. Soa
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F/ama/ids, Allemands & Hollandois'. 40il
Son p�re lui donna les premiers principes., Sc il fe perfe&ionna fous Jcan Breughel , qu'if a fuivi de fort pres dans fa maniere. Il voyagea en France Sc en Itali� �� il fit de
grands & beaux ouvrages a fraifque Sc a 1'huile.' Son principal calent �coitde reprefenter dans fes payfages des Rochers efcarp�s, desCn�tes d'eau, des Soleils levafis Sc couchans t des -Orag«s 5' ' des Eclairs. Tous.ces fiijers , bien-nacuielJement�■'�; imit�s j approchoienc de la maniere defbfrmajrr�Y On Ie dit mort a Anvers, mais oa. nV pai
marque Je temps. - - - � . ■� . � «�..><
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Tornt J.
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O N nfcdit point en^uejle viH& de-Frife il prit
naiffance : il �t��t peintre d'hiftoire , & fort �ftim� par fes contemporains. Il paffa plufieurs ann�es eu Itali� , & fur-tout a Rome o� il a beaucoup travaill� : il fut nomm� par les peintres de cetteville,le nobleFrifois, tant ils eftimoient fes talens. On peut jager de fon exaiLtitude dans fes �tudes de Rome, par Ie livre intitul� Cabinei 'des Statues, imprim� a Amfterdam en i7°i- Les figures & les pi�deilaux y font copi�s *vec beau-. |
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_ I__
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La Vie des Peintres � lamanis, &c. 40 j
coup de foin : on y reconno�c Ie gout de chaque
ma�tre. On indicjue dans Ie m�me ouvrage ies endroits o� ils font places. Son petit-fils Wy brand de Gh�efi exenja aufl� la
peinture , & fat �i�ve d'Jntoine Coxcie. |
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GUERARD
HONT HORST,
�L�VE D'ABRAHAM BLOEMAERT,
JNaquit en 155)2. dans la ville d'Utrecht. Il
appnc les prmnpes de fon art fous Abraham Bloemaert, & fut a Rome o� il a travaille pour 1592. pludeurs cardinaux & autres perfonnes de dif- tin�tion. Tous Ces ouvrages ne lont point diftrait ni emp�ch� d'�tndier Ie beau. A yant pair�plufieurs ann�es en Iralie , il fut en Av,g eterre , o� Ie roi lui ordonna plufieurs tableaux qu'il fit avec ap- plaudillement. Sa conduite fage lui donna entree chez les
grands �, il fit les portr 'lts des princes, enfans de la remede Boicnie, celui du prin~eRobert�c de l'Ele�teur Palati'.. Ces tnble-aux furent envoy�s en Angleterre a leur oncle Charles JL 11 enfeigna a dediner a la princefTe Sophie & a 1'abbede de Maubuiffon. II fit auili Ie porrrai: de la reine Marie de M�dicis, & plufieurs tableaux pour Ie roi de Dannemark ; & il fe fixa enfin a la Haye avec Ie titre de peintre du prince d'Crrfnge, pOur qui il travailla beaucoup dans fes maifons fc Cc 1
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404 L* W' des Peintrcs
(hareaux , particuli�rement dans celui au Bois :
jl y travailloit encore en 1662.
Sa maniere eft belle & fcn deflin correft. Il a
m�rit� Ie nom de grand peinrre, & fes tableaux places dans les plus beaux cabinets , font foi de I'eftime due a 1'auteur. On voit dans Ie cabinet de M. Ie duc d'Orl�ans
une Judith peintepar G. Honthorjl j chez 1'�lec- teurPalatin, 1'Enfant Prodigue parmi les Prof- titu�es i un S. S�baftien dans la cath�drale de Gand, 8c une Defcente de Croix, o� 1'on voit Notre Seigneur fur les genoux de fa ;M�re, tableau d'autel qui d�core la chapelle de 1'�v�que dans la m�me �giife. H E N R I
BLOEMAERT.
t
Henri, �l�ve de fonp�re, m�diocre peintre,
d'un g�nie lourd, n'a nen laifT� digne des Bioe- maert. Adrien Bloemaert. fecond fils & Abraham , s'eft
fait une r�patation \ il voyagea en Itali�, 011 il profita beaucoup : il qnitra Rome & fut a Salfe- bourg; on y voit de fort bearix tableaux de lui chez les B�n�di�tiiT-.Dans un duel qu'il eut contre qn �rudiant, il re^ut un coup d'�p�e dont il mou- jrut fur la place. Corniiie Bloemaert, troifi�me fils, apr�s avoir
peint pendant quelque temps, quitta la peinture pour la gravure : Crefpin JDepas fut fon makre |
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Flamands , A�emands & Hollandois. 40 J
dans cedernier talent: fa r�putation augmentoit de -
jour en jour : il donna au public les defl�ns de fon p�re & de quslques aurres bons pe�ntres. II cjuitta fa patrie pour fe rendre a Paris, & de-la en Itali� o� il grava une quantit� de planches d'apr�s les plus beaux tableaus de Rome. Son abfenca caufa du chagrin a fon p�re , qui, fe voyant tres� ag� , Ie rappella plufieurs fois, mais inutilement: Corn'dle avoi.t de la peine a s�loigner de la lource du beau Comme il �toit pret a partir 3 il rec,ut la nouvelle de la mort de fon p�re, ce qui Ie d�terrnina a refter en Itali� , o� il eft mort dans un age avance, tr�s-efthn� pour fon talent, & fort recherche par les amateurs. PIERRE SNAYERS.
On ayers naquit a Anvers en 159}. On Ie croit -
�l�ve d'Henri van Balen, Sc c'eft tout ce que nous avons appns de fon premier temps. On ne fait s'il fut a. Rome, mais on eft certain qu'il a voyag�. Snayers �toit fibien fond� dans les r�gies & la pratique de fon art, qu'on Ie vit exceller en m�me temps a peindre 1'hiftoire , des batailles > Ie payfage & Ie portrait. L'archiduc Albert 1'ap- pela a. Bruxelles, Ie nomma fon peintre avec une bonne penfion , & lui procura Ie moyen d'exercer fon g�nie & fon pinceau. Les �glifes & les piin- cipales maifons de Bruxelles Sc des environs furent enrichies de fes ouvrages. Rubens Sc van Dyck lou�rent fes talens : Ie dernier fit fon por- trait pour �tre place parmi les grands hommes de Cc 3
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'406 la Vie des Pcintrcs
fon temps. Quelques ^tableaux de Snayers furent
envoy�s a la cour d'Efpaene: �s y port�renc fa r�pntation au point qu'on lui en fit faire beaucoup d'autres, & que Ie cardinal Infant Ie nomma dans la fuite (�n premier peintre. Il fut auili un des plus heureux de fon temps: eftim� des grands, aim� par fes �gaux, il a v�cu fort long-temps, puifqu'il travailloit encore en 1661. Pour donner une jufte idee de fes talens, on doit 1'�ga'er aux bonspeintres d'hiftoire, aux meilleurs payfagiftes, �c a. ceux qui ont Ie mieux peint les batailles & Ie portrait. Ildefliiiabieiij&quelquefois il colonoit comme Rubens. On trouve peu de fes ouvrages en France. M. Ie comte de Vence a de Snayers Ie portrait d'un peintre payfigifte. |
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ADRIEN DE BIE,
�L�VE DE WOUTER (VAUTIER) AB�S,
IN atif de Li�re en 15 94. Il comtnenca la, peinture
1/SM* fous Vaut�er Aks, peintre m�diocre. L'�l�ve fur- parfa fon ma�tre en peu de temps : il fut a Paris a. 1'age de 18 ans, o� il refta deux ans chez Rudolf Schoof j peintre de Louis XIII. L'application fous ce ma�tre Ie fortifia beaucoup: il partit pour Rome ot' il a reft� huit ann�es de fmte a copier & �tu- dier les grands maitres. Il fut employ� par les principaux de la cour de Rome 5c par les �tran- gers : plufieurs cardinaux 1'engag�rent a peindre, fut des plaques d'or & d'argent j fur des pierres pr�cieufes; la puret� avec laquelle il faifoit ces petits fujets eftpeu commune. |
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Flamands, Allemands & Hollandois. 407
En 1613 , de retour a Li�re , il fit beaucoup;
de bons tableaux & de portraits. On regarde comme le plus beau celui qu'il fit pour le corps de m�tier des mar�chaux & ferruriers, repr�fen- tant S. Eloy, place dans 1'�glife de S. Gommer de la m�me ville. Sa mort eft ignor�e : il laifla a la poft�rit� un
grand nom. Son fils, Corn'dle de Bie, a �crit fur la peinture , & fait 3a Vie des Peintres, �n vers, fous le titre de Gulde Cabinet der Edele ScKdder-K.on.fl. |
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CORNIHI
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'm:
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D E W A E L,
�L�VE DE SON P�RE JEAN DE WAEL,
jN aquit a Anvers en 1594. Iletoit fils de Jean
de Wael�c fr�re de Lucas : il eut les principes de fon p�re, & travailla fous plufieurs ma�tres. ll-rfif- parier de lui de bonne heure. Le duc A'Arfchot Je demanda a fa cour, le nomma fon premier pein- tre : il fit pour ce m�me fergnexir plufieurs beaux tableaux en Efpagne, ainfi que pour le roi Phi- �ppe III. Il paflaquelques ann�es dans les-Pays- Bas; on ne fait point 1'endroit o� il a demeiu� : on fait feulement qu'il �tcit excellent peintr� de■. '' batailles. Perfonne n'a mieux repr�fent� les aitn- buts de Bellone } les fi�ges, les attaques ? 'les d�routes: il imitoit tous ces genres �galement bienjl'effiroi r�gnoit par-tout ,1'horreur�toit mar- qu�efur les phyfionomiesj Sc la douleur furie» blefles. Cc 4
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I�CAS
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iVA'N UDEN,
�L�VE DE SON P�RE.
V an Uden naquit a Anvers Ie 18 ocftobre i 595.
^on P^e �toit auffi peintre j Bc donna des le^ons a fon fils qui Ie furpaf�a bient�t. En �tat de fe former lui-m�me , il eut recours a la nature, & d�s Ie lever de I'aurore il parcourut les cam- pagnes, toujours Ie crayon a la main. Il m�dita liir les effets difF�rens qu'il eut occadon de remar- quer dans 1'inftant que le/bleil diilipe les vapeurs |
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%$�}.
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La Vie des PeintresFlamands3 &c. 409
de la terre, jufqu'au moment que eet aftre fe perd
dans Thonfon. Ainfi , guid� par un fi beau mod�le, il mit en ex�cution fes �tudes & Ie fruit de fes r�flexions. Quelques tableaux de van Uden lui m�rit�rent
J'eftime de Rubens. Ce grand peintre 1'aida de fes avis, il orna m�me plufieurs de fes payfages avec de jolies figures : ce feivice mit au grand jour Van Uden 8c fes talens, & fit acheter cher fes tabieaux; c'eft ici Ie temps de fes grandes entrepnfes. La ville de Gand lui commanda plufieurs payfages pour orner les chapeiles de 1'�glife cath�drale de S. Bavon j & on vit dans les plus beaux cabinets les produdrions de ce ma�tre. On ne fait autre chofe de fa vie \ il mourut ag�, mais on ignore 1'ann�e de fa more Pour faire 1'�loge de ce peintre 3 il fuffit pref-
que de dire que Rubens nous force a 1'admirer , puifqu'il s'eft fervi du pinceau de ce payfagifte pourpeindre, de concert avec lui, plufieurs de �es ouvrages. Ses payfages font int�reflans; des cieux & des tamtams ciairs, une �tendue de pays, des arbres vari�s: une touche l�gere donne du mouvement a fon feuill�. Sa couleur eit naturelle, tant�t tendre & quelquefois vigoureufe : fin Sc piquant dans fes petits tableaux, large Sc d�cid� dans Ie strand j on peut Ie mettre au rang de ceux qui ontle mieux peint la figure. Il fera toujours place avec difhn�tion d c�t� des plus grands mai- tres : il a ce rang dans bien des cabinets. Nous nous contenterons d'indiquer ceux qui font les plus connus. A Paris, dans Ie cabinet de M. Ie comte de
Vence, onvoitdelui un beaupayfage avec figures. |
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'410 La. Vu des Peintres FSaffiands, &c.
" Dans celui de M. Blondel de Gagny, deux payfages avec figures, 1'un repr�fentant 1'Hiver. Dans 1'�glife cath�drale de S. Bavon, a. Gand,
dans les chapelles a 1'entour du chaeur, plufieurs grands payfages avec figures. Cestableaux paflenc pour les plus beaux de ce peintre. 1 )ans la m�me rille, chez M. Jean-Bap�jle Dubois , deux petits payfages avec fignres , tr�s-piquans:, & dans Ie cabinet de M. JDeyne, feigneur de Lievergem, un payfage, grand tableau avec les figures da . D. Teniers. |
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DIRCK (THIERRY)
VAN
HOOGSTRAETEN.
J. hierry naquit en 1596, dans la ville d'An-
vers. Son p�re fut s'�tablir en Hollande dans Ie temps des calamit�s qui Ie forc�rent a quicter fa patrie. Ce p�re ne penfa alors qu'a �lever fon fils dans une profeflion honn�te : il Ie plac.a cliez un orf�vre habile, o� il apprit Ie deffin & la gravure. |
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4ii La Vle des Pelntres
- On futfurpris desprogr�s qa'il fit.Encore jeune,
1796. il deffina &grava un EcceHomo. Certe peute ef-
tampe eft encore eftim�e. Il 11'en falloit pas davan- tage pourle diftinguer parmi ceux de fon temps , qui travailloient a 1'orf�vrerie. Hoogflraeten vit avec chagrin, que les orf�vres d'Alleimgne 1'em- portoient de beaucoup fur ceux da fon pays po ut la doture fur 1'argent; il en paria a fes parens & obcint Idrpermilllon de voyager, dans 1'efp�rance d'apporter ce fecret cliez lui. En arnvant dans une des pnncipales villes im-
p�riales , il y trouva quelques-uns de fes compa- triotes& particuli�rement des peintres. Le plaifir de les voir travailler augmenta a mefure qu'il vivoit avec eux, Sc enfin quelques clluiis le d�ter- �nin�rent k prendre la palette & ■ hanger de talent. Il y r�uflit a �conner ceux qui lui donn�rent des lec^ons, puifqu'illes furpaflajmais un evenement le forc.a a quitter 1'Allemagne 8c a retourner chez lui. Alors fon p�re qui n'�toit point inftruit du changement qu'il avoit fait, lui propofa un �ta- bhiTement, & voulut le faire paner maitre orf�- vre. Vous avez fans doute, lui dit-il, dans vos voyagesj appris ce que vous vous �tiez propof� d'apprendre. Non , r�pondit Ih�erryz fon p�re: je m'�tois bien propof� de m'inftruire dans 1'orf�- vrene; ma�s j'ai eu occafion d'apprendre la pein- turequejeneconnoiflbis pas,& je me fuisreconnu pour eet art un talent fi d�cid�, que je ne le cjuitterai jamais. Il eft devenu bon peintre dans la fuite, & nous difons apr�s Houbraken j que fon deflln eft bon & fa couleur raaturelle. Thierry eft mort a Dort le 20 d�cembre 164o. Il eut deux fils peintres, Samuel Sc Jean, qui parokront |
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Flamands, Allemanis & Hollandois. 41 j
dans eet ouvrage. 1/a�n� Samuel qui a �crit fur la
peinture, page 107 , dans l'introdu&ion de YEcole de la Peinture , dit en parlant defon p�re , « qu'il « �mitoit la nature avec une grande intelligence « & bien de la v�rit�. » Les ouvrages de ce peintre ne nous font pas affez connus pour en dire davantage. |
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JACQ�ES
FRANQUAERT.
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peintre favant a fait honneur a la ville de
de Bruxelles, lieu defanaifTince. D�s fon enfance on Ie vit briller dans Jes �tudes latines, travail p�niblepotu les enfans }Sc qui ne leur laifleaucun vide. Franquaert feul , croyoit avoir bien du temps de refte, apr�s avoir rempli les devoirs preC critspar fes maiires.Letemps dont il pouvoitdifpo- fer, foit pour Ie jeu on pour la promenade, il 1'em- ploya auxfeiences les plus abftraites. Les math�- manqnesqu'ilentendoitd�ja fort bien, Ie condui- f�rent a en chercher 1'application: il apprit de lul� m�me 1'architedture. Infenfiblement il obtint un ma�tre de deffin,
& alors il reconnut Ie talent qui devoit un jour 1'�lever aux plus grands honneurs. Lejeune �l�ve int�refTafon ma�tre qui Ie vit avaucera grands pas. Il refta peu dans cette �cole ( dont Ie ma�tre ne nous eft pasconnu ) & pritla route d'Italie. C'eft dans Rome ou il fe forma j il y �tudioit avec Ie |
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es Pelntres
m�me fucc�s la peinture, l'archice&ure, Sc il fit
des progres dans la poene Le commerce qu n eut dans cette ville avec les favans, lui donna aufl� 1'entr�e des premi�res maifons d'Italie : c'eft ainf� <ju'ilpa(�a plulieurs ann�es dans Rome. Franquaert crut pouvoir paroitre dans fa patrie , o� fa r�pu- tation �toit d�ja �tablie. Il retourna a Bruxelles, o� 1'archiduc Alben, inftruit de fes grandes qua- lit�s, le nomma fon peintre & fon architedte. Il remplit ces deux places avec beaucoup de diftinc- tion : fa maniere de vivre fagement & fa conver- fation fpintuelle lui donn�rent entree chez 1'ar- chiduclieffe, lors m�me qu'elle �toit d�fendue aux grands de fa cour. Il eut 1'honneur de s'entre- teniren particulier avec cette grande princefTe, qui pnt beaucoup de plaifir a 1'entendre. Honor� de l'efl:ime& combl� des bienfaits de ces illuftres protecteurs, des ofFres av^ntageufesnel'ont jamais d�tach� de leur fervice, qu'il ne quitta qu'a la mort de fon M�c�ne. Il �leva a fa m�moire une Chapelle ardente dans 1'�glife de SainteGndule, o� il a �puif� {es talens pour fe furpafler. Il jol� gnoit fes regrers a ceux du peuple inconfolable de cette perte : il y a un hvre entier qui contient la defcription de cette pompe fun�bre. Franquaert fut auffi fort eftim� du prinre de
Barbanfon. Il fit conllruire plufieurs ouvrages fur fes deflins, dans le chateau de fon nom 3 Sc on ad- mire la chapelle qu'il y fit faire. Il enfeigna la peinture a Anne-Prancoife de Bruins, m�re da chevalier Bullart: elle palfoit pour la plus hnbile de fon remps dans eet art. Il la pr�fenta a Tarchi- duchefle qni !a recut avec diftincirion. Wcyermans dit axl/aieile lui commanda les myft�res dut |
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Flamands } Alkmands & Hollandois. 415
rofaire, dont elle fit pr�fent au pape. Houbraken, au contraire, dit que ces tableaux font faits par Franquaert. L'archiduchefTe en fut tr�s-fatisfaite, ainfi que fa faintet�. Ses tableaux Tont eftim�s comme tout ce qu'il a fait en architecture. L'�glife des J�fuites de Bruxelles eft un de fes plus beaux morceaux. On voit de lui encore des reftes de fortifications faites fous fa conduite. Savant math�- maticien & po�te eftim�, il quitta a la fin de fes jours tous ces travaux j fe �vra a la culture d'un beau jardin, o� il cultiva des fleurs de toutes ef- p�ces. C'eft dans eet innocent amufement qu'il termina fes jours y on ne fait pas au jufte 1'ann�e. |
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7 .Jft(J.
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1ENARD
B R A M E R
v
JN aquit a Delft en 15 96. Ayant �tudi� les prin-
cipes de fon art, il pafTaal'agede 18 ans par Arras, Amiens & Paris ou il refta quelque temps, & fut de fuite par Marfeille & G�nes d Rome. Appliqu� pendant pli��eurs ann�es a copier 5c �tudier routes les beaut�s renferm�es dans cette v�le,il devint habile&fefit conno�tre par un grand «ombre de tableaux. Il en fit plufienrs en grand & en petit pour Ie
prince Marie Farn�fe, duc de Panne , qui lui |
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atti�erent
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F/amands j Allemands & Holland�is. 41^
attirtrem une grande r�putation. Il acquit beau
coup .tcgloire dans piniieurs ourr^ges qu'�l i�c a
Venife , Florence, Mantoue, Naples & Padoue.
Farmi Ie nombre confid�rable de tableau* qu'il
peignit errltali�,au gre des conn�iireurs, on en
dittingue deux : Ie premier til ia R�furrection dit
Lazare,quieicd>unegrdimecompofir!on,& remp�
de figures plcmes d'expreffiond'mi bon gout Sc
de bonne couleur; & 1'autre repr�fence un Saint
Pierre qui iv-nie Nctre Seigneur. I,es expreffions
dans les rigures rendent ces tableaux fltperieurs a
fes autres ouvrages. Il furpai�bit fes contenipo-
rains en Itali�, d peindre des vafes d'argent,
d'or, de bronze ou de marbre. Une imitarion
fervile n'a rien diminu� de la touche l�gere qu'if'
avoit acquife pour ce genre particulier.
De retour enFlandies, il fixa fa demeurei
Delft, o� il donna �es preuves qu'il n'avoit pas perdu fon temps pendant fon abfence, &' qu'une application conftante a�tudier les grands hommes & la nature, lui avoit acquis des talens (i juftemenc confid�r�s par les vrais connoifl�urs. Il compofoit facilementj f�cond a produire,
on voit de lui un grand nombre de deflins & plu� fi�urs fujers differemment trair�s. SeS ouvrages font rerher«"hi's par les curieus. On s'eft plaiut fouvent qu'il �pargnoit tr p Ie papier; rarement voit-on un deffin de lui fans �rre trac� des dei�X ��t�s. Il fitde beauxouvrages pour la maifon de Ryf~
vyck ; fes tablea 1 en pent cuivre fonr ing�nieu- fement compof�s. Te po�te Smids a fait en vers 1'�loge d'iui rableaurepr�fentantPyrame&rT hisb�'-' Ce peintre moumt^cin neiaic enqu " i Tornt h 134 |
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418 La Vle des Peintres Flamandsj &c.
Bramer peignoit bien en grand, comme nous
1'avons dit \ mais la plupart de fes petits tableaus font des Nuits, des Incendies, des Cavernes & des Souterrains �clair�s aux flambeaux. Les petites figures font fpirituelles & touch�es avec bien de la finefl�. Sa couleur eft naturelle & vigoureufe 3 c'eft ce qui a fait croire qu'il �toit �l�ve de Rim~ bram. On voit un tableau de ce peintre a Paris, dans Ie cabinet de M. Ie comte de Vtnce : il re- pr�fente deux do�keurs qui difpucenc. |
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J E A N
yAN GOYEN,
�L�VE DE WILLEM GERHITS.
Jean van Go yen, fils de Jofeph } naquit a
Leyden. en 1596. Son p�re, amateur de pein- ture & de deflin, fe d�termina a lui faire ap- prendre cec are. Il fut d'abord place chez Schil- peroort) payfagifte , qu'� quitta pour entrer chez M. Jean Nicola�, bourguemeftre & bon peinrre. Le jeune van Goycn panit �tre difficile a flxerj il buicca bienc�c fon nouveau makre, pour entrer Dd 2
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4io La Vie des Peintres
■ fuctselnVement chez de Man , chez Henri
Kick, &enhn chez Wil'cm ( Gu.illav.me ) Gerrits, demeurant i Hoorn : celui-la fut 1'arr�ter deux ans. Pendant ce temps qu'tl cmploya a �rudier , il avanca au point qu'il fecru: en �tat de travai�er feul: il retourna chez fon p�re, o�il continua a �tu- dier jufqu a 1'age de 19 ans, que 1'envie de voyager lui prir. Il parcourat toutes les prmapales villes de France , o� il exerc,a fon talent & particuli�- rement a Paris j & fans aller plus loin , il retourna chez lui, o� fon pcre, qui �toit bon juge, Ie trouva fort avance, & crut qu'il ne lui falloit ?u'un grand maitre pour en faire un de fon fils.
Is pardrent enfemble pour Harlem, o� il Ie pla5a chez Ifa�e vanden Velde : ce c�lcbre payfagifte \\z avcc plaiiir fon �l�ve en un an devenir grand peintre. Il retourna fe fixer a Leyden, o� il fe maria
peu de temps apr�s fon retour : fes tableaux furent recherches. Il travailh affidument jufqu'en 1631 qu'il quitta Leyden pour des raifons que les au- teurs ne rapporteur pas, & demeura depuis ai la |
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Hayejufqu'aGmonquiarrivaalafind'avril $
Ses payfages font vari�s, & repr�fentent ordi-
nairement des rivi�res avec de petits bateaux de p�cheurs, ou d'autres remplis de payfans qui reviennent du march�. On y voit toujours dans les lointains, foit un petit village , ou un petitbourg. Il y r�gne par tont une touche facile Sc exp�di- tive. Tout ce qu'il a fait eft naturel, auffi n'a-t-il prefque rien fait fansl'avoir deflin� d'apr�s nature. Ses deffins aflez nombreux au crayon noir & blanc, font recherches par les curieax. Ses tableaux tiennent tous un peu du gris 9 ce qui ne d�pend |
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Flamands, Allemands & Holiandols. 411
pas de fa maniere d'op�rer \ iis n'�toient pas de
m�me fortant de fa main : 1'ufage d'un bleu qui
�toit pour lors forta la mode (appell� bleu d'Har-
lem) qui en a tromp� d'autres que lui j en eft la
feule cnufe. Tout ce qa'il a peint eft fait de peu de
chofe; quelques tableaux de lui ont �t� regardes
pour �tre p.eints par Dav�d Teniers. Il avoit une
facilit� peu commune a op�rer. Hoo°jlraeten dans
Ie quatri�me livre defon Ecole de Peinmie, nous
rapporte quev�/z Goyen, Knipbcrgken & Parodies
ont fait une gageure a qui fcroit mieux un tableau
dans Ie jour, & cela en pr�fence d'autres artiftes
leurs amis. Van Goyen furprit tout Ie monde dans
fa manoeuvre: ilpritfon panneau,& fansdeffiner
defllis, il frotta par-tout du clair, du brun plus
ou moins j enforte qu'on ne favoit ce que cela
produiroit. Alors on Ie vit retourner fur fes pas j
6c on voyoir. fortir de ce cahos un ciel l�ger, des
lointains, avec de petites maifons : un refte de
fortifications s'ofrroit fur Ie fecond plan , avec une
porte d'eau qui laillbit voir pres de la une ch�te
con^d�rable , une rivi�re avec des vaiffeaux , des
bateaux pleins de petites figures j & fur Ie devant
<lu tableau, des malTes larges & oinbr�es qui
donnoient la pcrfedlion a ce tableau, heurt�avec
efprit Sc d'une excellente couleur. Knipberghen
commen^a fur une grande toile un autre payfage :
il paroidbit que celui-ci prenoit fur fa palette des
ciels , des lointains, des rochers , des ruiffeaux &
des arbres tout faits, q�'il ne faifoit que les appii-
quer fur la toile j il eft certain qn'on ne peut allee
plus vite : ce bon tableau fut auffi fini avant !e
temps. Mais Parcelles d�monta ceux qui Ie virent
commencer: il prit fa palette Sc fes pincaaux, &c
Dd|
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4** La Vit des Peintres
---------refta long-temps devant fa toile a r�fl�chlr fur ce
I �f>(. <lu� alloit faire _, & il paroif�oit que ce peintre ne
finhoit jamais, lorfquetout d'un coup il commen- c,a avec une extreme vitel�e j il eut auffi fini pour Ie temps : c'�toic une marine qui enleva tous les fuffirages. Ce tableau �toit produit avec r�flexion , 1'auteur 1'avoit conc.u avant de Ie faire, pendant que les autres n'avoient penf� qu'en faifant. Celui de van Goyen & de Kniphcrghcn �toient faits avec cfprit Sc pleins de r^out; mais Parcel/es avoit pouc' lui toutes ces parnes, & de plus la v�rit� d'une �tude d'api�s nature. 11 ne dut donc Tavantage qu'a la r�flexion. C'eft bien Ie principe g�n�ral, qu'il faut penfer avant que «l'agir: qui pourra tependant dire que les deux autres n'avoient point �galement concu leurs tableaux avant de les faire? Parce qu'ils ont �t� moins ce temps a r�fl�cliir, ne pouvoit-il point arriver qu'ils penfaflent plus vite? On voit a Paris, chez M. Lempereur, trois pay-
fages de van Goyen, deux en forme ovale; & a Rouen, che? l'auteur de eet ouvrage 3 un p»yfage repr�fentant une petite rivi�re charg�e de pecits bateaux,avec figures, un village dans Ie fond , & fur Ie devant des mafures & des arbres j il eft du bon ternps de ce peintre. |
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F lamanis 3 Alhmands & Hollandois. 413
PIERRE DE NEYN,
�L�VE D'ISAIE VANDEN VELDE.
O N fera toujours �tonn� en voyant les ouvrages---------
de ce peintre, fur-tout lorfqu'on fera attention 15-07,
a la difficult� & au peu de temps qu'il employa pour r�uffir dns fon art. Il naquit a Leyden Ie 16 janvier 1597, de pa-
rens peu a leur aife. Son p�re, Pierre de Neyn, tailleur de pierre, deftina ce fits, feulement ag� de 11 ans, a ce m�tier p�nible qu'il exer^a pen- dant quelques ann�es. Son g�nie,au-dei�usde eet art m�cariique, fe porta a des connoiflances abf- traites, fans aucun fecours que de ce qu'il pouvoit m�nagerjournellement fur fon travail: ill'employa a 1'achat de livres, Sc il apprit les math�ma- tiques , l'archite�ture & la perfpedtive au poinc que les artiftes Ie confultoient, & qu'a la fin il enfeigna publiqnement ces fciences. Parmi fes �l�ves, il eut Ifa�e vanden Velde ,
qui paflbit pour un des meilleurs peintres dans fon genre; il 1'enfeigna fous condition qu'il lui pr�te- roit des deflins, qu'il copioit a furprendre : apr�s quelque temps, il lui donna des le^ons pour Ie m�lange des couleurs, quelques bons tableaux a. copier ,& enfin on Ie vit auffi-t�t makre qu'�l�ve. Il abandonna la pierre pour la palene ^ fes tableaux plurent; chaque jour on les voyoit augmentet en tien: on ne padoit que de ce prodige. En 1639 , fon m�rite connu par les principaux
■Dd 4
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414 La. Vie des Peintres F lamanis, &c.
*--------de Leyden lui fit donner la charge d'archite&e
� J97? de la ville. Il remplic cette place di^nement, tou-
jours en exercant la peinrure jufcju'a l'ann�e de fa
.fnort qui arriva en
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R O E L A N T
R O G M A N
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a Amfterdam en 1597. Son ulent
ptoit d.e peindre Ie payfage : il avoit beaucoup d'intelligence, mais fes ouvrages font crus: on y voit, a ;ela pr�sj beaucoup de v�rit� : tour ce qu'il faifoit �toit d'apr�s des deflins copi�s fur la nature. On voic en Hollande plufieurs eftampes grav�es d'apr�s lui, repr�fentant la plus grande partie des cnateaux & des d�bris de fortii�cations : fes dellins font eftim�s par les artiftes. I! �toit �ntime ami de vanden Lechkout 6c de
Kimbrant. Il vivoit encore a l'age de 88 ans, & inourut peu de temps apr�s: on ignore en quelle ann�e. |
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THEODORE
ROMBOUTS,
�L�VE DE JA NS SE NS.
peintre, �l�ve de Janjfens, h�rita du g�nie--------
de fon malere j de fon envie contre Rubens, &c de 1597.
la folie ambition de vouloir 1'�galer. Il naquic dans la ville d'Anvers en 1.597. II
�tudia fous Janjfens3 o�fes progr�s rapides an- nonc�rent ce qu'il devint dans la fuite. En 1617., �tant en �tar alors de voir les beaut�s des grands ma�eres, il partir pour 1'Italie. Quelques. ouvrages lui procur�rent la connoifTance d'un gentilhomme |
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La Vie des Peintres
qui lui commanda douze tableaux de 1'ancien Teftament. lis firent connoitre ce jeune peintre dans Rome: on ne parloit que de lui j chacun voulut un tableau de fa main. Le grand duc tle Tofcane le rit appelera fa cour j il exerca le genie & le pinceau de liombouts. Plulieurs grands tableaux d'hiftoire qui plurent au prince , lui m�nt�rent fon eftime : il en �coit aim� \&c avanc fon retour en Flandres, il le gratifia de pr�fents, outre 1'argent qu'il lui avoit donn� pour fes oa- vrages. A peine fut-il arriv� a Anvers, qu'il fit �clater
fa jaloufie contre Rubens ; on 1'entendoit toujours contredireceuxqui difoient du bien de ce peintre. Parbleu, il ne peut rien manger, difoit-il ,fans le partager avec moi. Cette exprellion bafle hgnifie que Rubens devoit partager fa gloire avec lui. On aflure qu'il ne pcignoit jamais mieux, que
lorfqu'il �to.it anim� contre ce peintre & fes ou- vrages» On pent juger de ce feu pat les beaux tableaux qu'il fit alors , tels que S. Fran^ois qui re§oit les Stigmares; Abraham pret a immoler fon nis; Th�mis & fes attributs : ce deniier fe voit dans la falle de juftice a Gand. Ce tableau �tonna Rubens m�me : il y a des parnes ou 1'on pretend qu'il avoit furpafT� ce grand peintre : c'efl: beaucoup dire. Il m�rita, a tous egards, le nom de graad artifte. On regrette le temps qu'il a paiT� a peindre des d�corations de th�aires, fou- vent des fujets de cabarets & de tabagies, des boutiques de charlatans; il y �toit port� par le gnin. hes figuresfont prefque grandes comme na- ture , Sc font d'un beau dcffin, d'une exprefl�on , d'une couleur chaude Sc fiere , |
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Flamands j Allemands & Hollandois. 417
ie d'une touche de pinceau large & facile. -
Non content de vouloir egaler Rubens dans la
peinuu'ejilpouiTa la vamt�jufqu'a. vouloir atteindre afa magnincence. Comme il gagnoitbeaucoup, il forma Ie projet de batir un palais, & Ie mu en ex�ciuion. Il paro�t qu'il n'avoit fait Ie devis qu'un peu tard.- A peine fon hotel �toit-il a moiti�, qu'il apperejut que tous fes fonds �toient �puif�s. La guerre lui �ta les moyens de remplacer cette d�- penfe : il vit fa folie, & il en ent regret: il 'pr�- texta que Ie duc de Tofcane Ie demandoit avec mftance pour peindre de grands ouyrages , & par- la il crut cacher la n�cei�lt� o� il �toit d'aban- donner fa maifon. Il fe pr�paroit a partir jmais Ie chagrin .ruina fafant�, ilmouruta.Anvers,felon Weyertnans , en 1640 , & felon Houbrahen , .en ��37. Il fut enterr� dans 1'�glife des Carm�lites de la m�me ville. Ou voit a Gand , dans 1'�glife cath�drale de
S. Bavon, nne Defcente de Croix, tableau d'autel compof� & peint dans la maniere des plus grands maitres. Et chezM. Dcyne, feignenr de Lievergem, un autre tableau repr�fentant plufieurs foldats qui jonent aux cartes. Les figures font grandes comme nature. Plufieurs �glifes & cabinets fe rrouvent d�cor�s par ce peintre. JEAN PARCELLES ,
EL�VE D'HENRI VROOM.
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^ n�a Leyden , on ne fait pas 1'ann�e;
on Ie place aupi�s de Pinas j environ 1'an 1597.
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41 $ La Vit des Peintres
II eft �l�ve d'Henri Vroom; il peignoit ordi-
nairement des mannes. Les tableaux ru il a re- pr�fent� la mer dans fon calme_, font beauxj on y voit une foule de peuples, de p�cheurs ou mate- lots �tendre ou jeterleurs filets. Toutcs ces figures font d'une jolie touche pleine d'efprit j chaque petit tableau eft agr�able par la repr�fsncanon vraiequ'il a lui -m�me �tudi�ed'apr�s nature. Mais ceuxo� il excelloit, font les orages, les mers agi- t�es, les naufrages o� Ie ciel eft confondu avec la mer, les �clairs, toutes les horreurs d'une tem- p�te*, des vaifleaux brif�s ou pr�ts a �tre englou- tis : ces fortes de fujets font tr�s-bien rendus : on ne peut les imaginer fans les voir d'apr�s nature : ilfaifitaufll toutes les occafions,fouventavec p�r�. Il mourut a Leyerdorp , & laifTa �n fils appell�
Jules Parcelles , qui 1'a fuivi de pres dans Ie m�me genre. Les connoiireurs les ont quelquefois con- fondus : d'ailleurs, leurs tableaux font �galement marqu�s d'un /. P. |
||||||
JEAN et JACQUES
PINAS,
F R � R E &
C«es deux fr�res font n�s dans la ville d^Harlem.
lis peignoient tous les deux �galement bien la �gure Sc Ie payfage. Jean Pinas a furpafle fon ft�re: il demeura long-temps en Itali� avec Pierre |
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Flamands 3 Allemanis & Hollandois. 419
tajlman. Ses ouvrages y furent r�pandus dans les maifons �c cabinets. Sa maniere un peu rem- brunie ne laifla pas que d'avoir des partifans: on dit g�n�ralement qu elle plaifoit a Rimbrant, & qu'il a fonn� la fienne d'apr�s Pinas. On vante un tableau de Jean j representant Jofeph vendu par fes fr�res. On ne fait rien de plus de leurs vies, finon que leurs ouvrages furent eftim�s. |
|||||||
PIERRE MOLYN,
Aussi d'Harlem,& contemporain des fr�res
Pinas. Molyn �toit bon payfagtfte. Ses cieux Sc lointains font d'une grande l�g�ret�, &fes fonds fur Ie devant de bonne couleur. |
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Fin du premier Tome.
|
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TABLE ALPHAB�TIQUE
"DES
NOMS DES PEINTRES
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CONTEN.TJS
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|||||||||||||||||||||||||
DANS CE PREMIER VOLUME.
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|||||||||||||||||||||||||
Earentfen , Dirck ( Tliier-
r ) '55
Kartels, Gterard, 269
|
|||||||||||||||||||||||||
Jx. c H e N , Jean van ,
Page 2I9 Achtfchelling, Lucas , 16
Aertfen , Pierre io8 Aercz, Rickard, 5 5
Aldegraef ou AHegrever, M
Alfloot, Da'ieiva/i, xjs Antonizo, Corni�e, Sj Arents , jean , 390 Artvelt, jindr� van , i6j
|
|||||||||||||||||||||||||
Beer, A'iioid ue ,
Beer, /o/i, A de , Beerings, Gregoire, |
37
213 93
|
||||||||||||||||||||||||
BeukeiJir, j cachim , > ^o
Bit, /drien ac , 406 Biefeliurhen, CiueftUn van,
|
|||||||||||||||||||||||||
Bnc, i't-.ri de,
B!o.-k, / cq Rcugers , Bockiand: , Antoin de Moti'foit,
B'oerc�trt, Airskam |
|||||||||||||||||||||||||
:-<■
|
|||||||||||||||||||||||||
ivo
,246 440
94
'57 M7 '9
2.1 357
|
|||||||||||||||||||||||||
�Dabeur , Tk�odore, 272
Backer, Jacjucs de, 142. Badens, Franfois, 280 Badtns, Jean, Z92 Bai'li, David , 389
Bakeree! , Guillsume
& Gilles, 268
Balen , i/fnri van , 237
Balten, Pierre, l�% Bamesbier, Jean; yi
|
|||||||||||||||||||||||||
Blcndeel , Lcnsioot ,
Bo', fiiuu ( Jean ) Bom, Pierre, Bos , Jtromt, Bos . j'aii-louis , Borgt j Henri � ander3 Braeraer, Ltnard, Bray , Sa'omon de , liientclfFr�d�ric, |
|||||||||||||||||||||||||
274
|
|||||||||||||||||||||||||
TA B
Breugliel, Jean , 376
|
Z E. 43»
Druyveft«yn, Arnoltjanjfe,
|
|||||||||||||||||||||||||||||||
Breuglir-I, Pierre, 101
Bril, Mathieu & Paul, 208 Durer, Alben,
Broecke, Crifpin vanden,
142 E
|
||||||||||||||||||||||||||||||||
Bronckhorft, Pierre > j*73
|
E
|
|||||||||||||||||||||||||||||||
LBRUCHT, Jean van, yz
|
||||||||||||||||||||||||||||||||
Brun, AuguJUn , 274
|
||||||||||||||||||||||||||||||||
Elzheimer, Adam , 2§j
Englielbfechcfen, Cornilie, Enghelrams, Cornille, 137
Erafnie, Diaier, 22 Es , Jmques van , z.6j
Eyck, Huben &c Jean var.,
|
||||||||||||||||||||||||||||||||
L»L AESSOON, Aert
( Arnaud ) 67
Cl�ef, Joeph van, 104
Cl�ef, l/c/z/v � Martin, de,
Coignet, Gilles 147
Cocl, Laurent van, 1 27
Cooninxloo , Gilles de ,
172
Cornelis, Corni'le, 240
Corne'ifz., Jacques, 48 Coruilie, af/t /t Cuijlnier, Coxcie, Mickel, 57
Crabec , : ^>cA & Wouter
( Vautier ) j 24 Craberh , Franfois , 90
Crahtrh , siarien , 208 Crabetli, Wouter\Vautier) |
||||||||||||||||||||||||||||||||
-T EDDES , Pierre, 273
Florr , Franc ( Franfois de
grindt) in |
||||||||||||||||||||||||||||||||
Floris, Cornille,
|
21 f
|
|||||||||||||||||||||||||||||||
Frans, AT.
Franck , J�r�me , & Ambroife ,
Franck , Franfois , Franck, A-ubioife, Franck , S�baftien , |
||||||||||||||||||||||||||||||||
7^
176 |
||||||||||||||||||||||||||||||||
3^4
^ , 282
Fiancquaerc, Jacques ,41}
|
||||||||||||||||||||||||||||||||
CranfTe , Jean , 32
Crayer , Gufpard d: , 350
D
JL'a�i.e , J«a^ va», 148
Lkch, Jean , 2 f t Da�Cj Jacques WiLUms ,
276
Delmont, Deodaet, 347 |
||||||||||||||||||||||||||||||||
CjA s t, Mickel de, 111
GeJ?ietfniaii, Vincent, 164 Gheeft, J.,cques de, i6<) Gbet�, Wybrand de , 402 Gheyn , Ja, :'ues de, 249 Goes, Hugues vander , 8 Goltzius, Huben, 128 |
||||||||||||||||||||||||||||||||
TA�LE*
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
341
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Goltzius , Henri ,
Gortzius , Gualdorp dit Ge/dorp,
Gouda, Cornille van, Goyea , Jean van , Grimmer, Jacques, Grobber, Franfois, |
|
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Guerards, Mare, 14J
H
xl A EN , David dt, 275
Hals, Franfok, 360
Harlem , Dirck ( Thierri)
11
Heek, Nicolasvander, 346
Heere, Lucas ie , I52 Helmont, Lucas-Gajfel 12 Ml
Hemmelinck, 2�a«.t ( J«an")
van, 33 Hemskerck , Martin , 60
Herder, 215 Heu vick , Gafpard, 214
Heyden, Jacques vander, Hoefnaeghel, Georges, iS©
Hoey, Jean de, 180 Holbetn , Jean , 7T
Hollandois, Jean l', 47
Hollman, Hans {Jcan), 274 Honthorit, Guerard, 403 Hooghenberg, �anf {Jean) Hoogftraeren , DzVd:
Tkierri ) rj.i, 411
Horebout, Guerard, 77
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
JValgker , Jean van , 80
Kamphuyfen, Dirck-Tk�o- dore Raph.e'l, \6<)
Kavnoi.-, Nicolas j Roger
�c Jean, 132
Ketel, Conille, 199
Keulen , Janjons van , 344
Key, IViltem ( GuiUaume ) 133
Kierings , Alexandre , 40W
Klerck , Henri de, 27 5 Koeberger. F~ nce/l.iusyl<>$
Koeck , Pierre , 8S Koek, Mathieu Sc J�r�me ,
93
Kryns, Everard, 2J5
Kunfl, Cornille, 4»
Kuyck , /«as van, I44
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
J-iAENEN, Chriftophe-Jean
vander, X72.
Laftman, Pierre, 242
Leyden, Lucas -van, 42
Lietnaclfe1 .'�■i.oias d" ,
furnonm� Rooft, 2§'7
Lierre, Jojeph v n , 1^$
Linscliooten , Adrien van ,
394
Lombard , Lambert, $6 Lys, Jean, 263'
Mandyn ,
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
J ACOBS! Simon, 131
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
TJBLE.
Ottov�niu»
|
43j
O�Javio van
|
||||||||||||||||||||||||||||||||
M
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||
veen, 2.23
Ouwater, Albtrt van, 9
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||
Lab�se , Jeande , 85
iiiie , Gnillaume, 174 Mander, Cark ( Charles ) van , 194
M;i :dyn , Jean , 16
Mathilfens, Abraham, 275
Mrire, Guerardvander, ij Men ton , Franfois , 112 M-flls, Quintin, 17 Mirevelt, Michel, 2J<»
Molenaer, Cornille, 169 Molyn , Pierre , 429 Montfort, Antoine Blotk-
lant, 150
Moreelze, Pau/, 279
Moro , Antoine, 98 Moftaert, Jean , 77
MolLerr , Franfois
& Gilles , 121
Mycens , Amoli, 169
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||
-t atenier, Joachim,
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||
Parcelles, /<ran,
Parcelles , Jules, Pepin , fllartin, Piece-s , Pierre, Pitters, Amold, Pieters , O�rck, Pieters , Guerard, Pinas, Jean, |
4*7
4iS 326 171 nx 219 330
41S |
||||||||||||||||||||||||||||||||
Plas, Pi rrt vander, 26$
Poelenbarg , Cornille, $6$ Poindre, J.icques de, 11><) Porbus, Pierre , �)� Po bus, Franfois ,
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||
Porbus, franfois ,
|
^77
|
||||||||||||||||||||||||||||||||
R
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||
N
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||
-LLavesteyn, /f�/z v*n ,
Rh -ni, Remi van , 236
Rkke, Bernard de , ijl |
|||||||||||||||||||||||||||||||||
J-NeE�s, Pierre,
|
269
|
||||||||||||||||||||||||||||||||
Neyn, Pierre de, ^_ ,
Nicolay, Ifaac, 164 Nieulanc, Jean, 2 f 9
Nieulanr, Guillaume, 363
Nop, Gernt , 2�j O
Uort, hambrecht van^
III Oorc, .A&zrn ra» , 228
Orlejr, Bernard van , 38 |
|||||||||||||||||||||||||||||||||
Rogman, Rolant, 424
Rsmbouts, Tkeodore, 42c Roodcfeus, Jean, 39-7 Roofe, Nicola< de Liemac- cker, 287 Rottenhamer, �«««, 243
Rubens, Pierre Paul ,207 RyGk, Pierre Cornille van , Ryka«rtj Martin, z6i
E e
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||
454 TABLE.
S Tilburg , JEgidius van .
|
||||||
:,Antoinet 273 Toeput, Louis, 213
Same�ng, Benjamin , 116 Torrenrius, Jean, 382
Savery, Roland, 293 V
Schoor�el, Jean , 50 tt
Sch�oten , Gcorges van, V ADDER, Louis de, 1$6
370 Valckemburg, Lucas
Schut, Cornille, 39S & Martin , 149
S�tu , Marin de, 116 Valcks, Pierre , 358
Seghers, Guerard,' 386 Valkaert, IVaernaert van-
Segher? , Daniel, UJ'rere den, 2<)l
J�'uite, 391 Veen, O�ivio van ( 0«o-
*«Bgher , i&M (Jean) 9J venius) 223
t^yers , Pierre, 40� Velde , JT/aiV:, 396
Sntllinck, /f�nj C Jean ) Venne , yJ^'«ra vander,
179 374
Sneyders , Franfois, 230 Vereycke, i�<z«J ( Jtan }
Soens , i�anj ( Jean ) 218 9^
Someren , Eernard & Pfl«/ Verhatgt, T»bie , 25'
van , 333 Vermeyen , Jean Cornille ,
Soucman, Pierre, 395 S"
Spilr, Adrien vander, 147 Vinckenbooms , David ,
SpraDget, Bartholom�, 184 3*7
Stalbemt, Adrien\ 340 Vifcher, Cornille de, 131
Steevens, Pierre,' . ZI4 Vlerick , Pierre, 161
Steenwick , Henri, 240 Witt, Willem (Guillaume)
Sreenwyck, Henri, 384 vi«, 364
Scradamus , Jean, IJ9 Vliet, Henri van, 364
Swart ,Jean, 30 Volckaen, li
Swarts, Chriftophe, 167 Yqok , �orr.ille vander ,
Switfer, yc/ipA. 260 345
Vos, Mertin de, 117
Vofmer , J^cques Wouters,
T .358
^, Vrie , P/re* ( Thierri ) <k
X zm�*.s,David,levieux, 147
349 Vriendt, Franfois de Franc-
Terbrngghen , Henri, 371 f/ore, III
Thoawu , J»equcs-Erncft, Vlies , Jean Freieman ie ,
|
||||||
TAB IE.
Vroom, Htnri CornilU , Wty4e, R�gcrvander,
2J4 Wildens, Jean, 3 U Willaerts, Adam, 9
UWillems, Mare, 138
den , Lucas van, 408 Winghen, Joftpk van j 177
XJytCQvcael, Joachim, ijl Witte , Lievin de, 96 Witte , Pierre de ; aoj
W Witte, CornilU de, 28j W ael, Jeande, 217 Y
Wad , Lucas de, 400 -yr
Wael, Cornille de , 407 I MUS �Ckarlts d' JB
Weerdt, Adrien de, 98
|
||||||||
Fin de la Table. .
|
||||||||
Ee
|
||||||||
TABLE
DE S PEINTRES AVEC PORTRAIT.
Gove/ij Jean van,
B '<■■'■' TJ tt . H
JLJ ALEN j Henn van, ■»- j-
|
||||||||||
^ 57 gj
Bloematrtj Abraham, Hemsherck _, Martin, �'o
24^ Holhcen j ]ezn, 71
Braemer3 Lenard ,"410 Hoogjlraeten _, Dirck
Breughel, Pierre, 101 (Thierri) 411
Breusheli Jean, 376* K
C_�V OEBERGlRj Veil-
s/rE^j Gafpard ceflaiis, zoj de, 350
E M
|
||||||||||
j Jean, %}
� ±$i Mander, Carle ( Char-
Eyck j Hubert �" Jean les ) van , 194
van j 1 Mcjfis 3 Quincin, 17
G Mireveltj, Michei, i$6
\j-HEESTj Wybrand, q
401 ^
'Golf�ws3 Hubert, 128 %^/ORTj Adam van,
Golf(iusj Henri, S
|
||||||||||
TABLE. 4?7
0rley3 Beraard van, 3 8 Spranger, Bartholom�,
184
P Steenviick 3 Henri ,384 |
|||||||||
OELENBURGjCo�-
mlle, 3*5 T
R 382
j /ean '
t,^' rr. ,341 fziKjOetAviovan;
Rombouts j Theodore 3 ( Ottovenius) 213
» 1 �- P4V rojj Martin de, 117
Rubais, Pierre-Paul, Friendt ^an^oii de,
197 (Franc-Flore) til
|
|||||||||
j Rolant , -
Z9i [JdjeNj Lucas van?
Schoor�el 3 Jeanj 50 408
Schut j Cornillej 398 ^-
�y^AerjjDaniel, Ie fr�re ~fW7~
J�fuice, 391 ff lLDEXS,Jean,
Sneiders, Fran^ois, 330 3 J ^
|
|||||||||
Fin de la Table des Portraits.
|
|||||||||
A P P R O B A T I O N.
|
|||||||||||||
J
|
|||||||||||||
*Ailu,par ordre de Monfeigneur Ie Chanceliw, im
|
|||||||||||||
Kfanufcrit intirui� : La VU des Peintrcs Fiamands ,AHt-
mands & Hollandois , ouvrage d'urie grande recherche, ex�cut� avec autant de fagefle & de gout qu'il eft int�- retTant dans fon objet, & qui m'a paru tr�s-digne de flmprefl�on. A Paris, ce vingt-neuf juin nul fept cent cinqusnte-deux. Sign�, ROUSSELET. |
|||||||||||||
PRIVILEGE D U R O I.
|
|||||||||||||
■"o�i's , par la grace de Difii, roi de France & de
Navarre : A nosam�s & fiaux Confeillersles Gens tenant nos Cours de Parlement, Maitres des Requ�tes ordinaires ie notre H�^el, Grand Confeil, Pri^v�t de ,Paris, Baillifs. S�n^chaux, leurs Lieutenans Civils & autres nos Jufticieti ip'il appartiendra , Salut. Notre am� Ie fieur Descamps Nous a fait expofer qu'il dtfireroit faire imprimer Sc don- ner au Public un ouvrage qui a pour titre : La Vit des Pezntres Fiamands , Allemands & Hollandois, t'il nous plaifoit lui accorder nos Lettre? de Privilege pour ce n�- cefTaires : A ces causes, voulant favorablement traiter J'Expofant, nous lui avons permis & permettons par ces prefentes, de faire imprimer ledit ouvrage en un ou p!u- l�eurs volumes & autant de fois que bon lui femblera, & de Ie faire veadrei� d�biier par-toutnotre royaume, pen- dant Ie temps de quinze ann�es conf�cutives, a compter du jout de la date des Pr�fentet. Faifons d�fenfes a tous im- primeurt, Libraires 8c autres petfonnes de quelque q�alit� & condition qu'elles foient, d'en introduire d'impreflioa �trang�re dans aucun lieu de notre ob�iffance : comme auffi d'imprimer ou faire .imprimer, vendre , fa're vendre, (Jcbirer ni conttefaire ledit ouvrage, ni d'en faire aucun extrait, fons quelque pr�rexte que ce foit, d'aagmenta- tioa, cetrettiou, changement ou autres, fans la peraiiflloo |
|||||||||||||
-^� -
|
|||||||||||||
par �etit du<3it eipofanc ou de ceux qui ayrontdrott
de lui, a pcine de confifcation des exemplaires con- ttefaics , de trois mille lirres d'amende contre cliacun des contrevenarcs, donc «n tiers i nous, uu tiers a 1'Hotel- Dieu de Paris & Pautre tiers audir. expofantoua celui qui aura droit de lui, & de tous d�pess , dommages & inte- rets : a la charge que ces pr�fentes feront enregiftr�es tout au long fur Ie regiftre de la commuuaut� des impritneuts Sc libraires de Paris, dans trois mois de la date d'icelles j «jue 1'impreff�on dudit ouvrage fera faire dans notre royau- me &non ailleurs, en bon papier & beaux carad�res, con- form�ment a !a feuilie imprim�e , attach�e pour mod�l^ fous Ie contre-fcel des pr�fcntis; que 1'imp�rrant fe con". f�tmera en tout aux r�gleme^s de la librairie, & notam- Kient a celui du 10 avril 1715 ; qu'avant de 1'expofer en vente , Ie raanufcrit qui aura fervi ds copie i 1'impreliloa dndir ouvrage, fera remis dans !e m�me �rac ou 1'appro- bation y aura it� donn�e, h mains de norre tres ~ che^ 5c f�al ch«valier, chancelier de Trance , Ie fieur de la Mbi- gnon , & qu'il en fera enfuite rrmis deux exemplaires daljs notre bibltoth�que pubiique, un dans celle de notre cha^ teau du Louvre, un dans celle de notredit tr�s-cher Sc f�a! cbevalier , chancelier de France, Ie (�eur de la Moi- gnon, & un dans celle de notie tr�s-cbet & ftal rhevalier, garde des fceaux de France, Ie fieur de Machault, com- mandeur de nos ordres, 1c touv a peine de nullit� des pr�- fentes ; du contenu defquel'es yous man jons & enjoignons de faire jouit ledic expofant & fes ayans-caufe, pleine- ment Sc paifiblement, fans foufFrir qu'il leur foic fait au- cun trouble ou emp�chement. Voulons que la copie des pr�fentes , qui fera imprim�e tout au long au commence- ment eu 3. la fin dudit ouvrage, foit tenue pour duement fignifi�e,& qu'aux copies co�ationn^es par 1'un de nos am�s & f�aux confeillevs fecr�taires, foi foit ajout�a comme kl'original. Cornrnandons au premier notre huif- fier ou ferg«nt fut ce requis, de faire pour 1'exe'cu'ioa i'icelles , toHS actes requi1; & n�cefTaires , fans demander autre permiflion, & nonobftant clameur de ba'o, charte normaiide 8c lettres a ce contraires ; car tel est notre plaisir. Donn� a Compifgne , Ie qainzi�me jour du mois de jui�et, 1'an de gtace mil ftpt cent ciuquame-deux |
||||
& ie notre t�gnt Ie treau-feptirme. Par Ie roi en fon
confeil. S/�^, SAINSON , avec grille & paraphe. |
||||||||
Regiftr�fur Ie regiftre XIII de la chambre royale des
ftbraires & imprimeurs de Paris, n�. 16 fol. 17,conforme- ment au reglement de 1715 , quifait d�fenft, article IV, a toutes perfonnts de quelque qualir� & condit�on qu'ellel foient, autre^queles libraires & imprimeurs, de vendre, d�biter Sc faire afficher aucuns livres pour les veadre en leuts noms, foit qu'ils s'en difent les auteurs ou autrement, & a la charge de fournir neuf exemplaires a la fufdite ckambrt, prefcritspar l'article ic8 du. m�me r�glemmt, A Paris, Ie Urfeptembrc 1751. Sign�, J. HER1SSANT, cdjtint. |
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De 1'impriraerie d'ABRAHAM VIRET, imprimeur ordi-
naire de l'H�tel-de-Ville & de 1'acad�mie royale des fciences, belles^ettxes & arts de Rouen, rue S�n�caui, pr�i S. Martin fut Renelle, 17;!. |
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