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L A V I E
DES
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PEINTRES
FLAMANDS,
ALLEMANDS ET HOLLANDOIS*
A V E C DES PO.RTRAJTS
Graves en raille-douce, une mdïcation de leur»
principaux Ouvrages, & des Réflexions fur leurs différentes manières. ParM.J. B. DesüAMFS, Peintre, Membre ie ['Aca-
démie Royale des Sciences3 Belles-Lettres & Arts dt Bonen j & Profejjeur de 1'Ecole du DeJJin de la mems |
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T O M E PREMIER.
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A PARIS,
Chez Charles-Antoine JoüBirt , Libraire du Roi
pour 1'Artillerie & Ie Génie , rue Dauphine, d
1'image de Notre-Dame.
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RI I)CC UU,
APPRO34TION ET PRiyZLECE DU ROI. |
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E XPLlC^. TIO N DU FROJST TISPI CE.
* - 4 Peinture assise sur Tes débris d'une frise Corz'nm
thienne, tient d*une ma in la palette; et de faut re etle icrit la vie. des Peintres. Trots génies lui Jont voir- les cup ra ges des art'istes , pendant qu'un de ces genius y tjui est ce.uide la p&£n**tre , luidécauvre /es beautésde chaque tableau^ et luidicte l* jugement qu'elle place <J la suite de chaque vie. Au bas est un génie quilit les auteurs , tandis qu'un autre écrit des eactraits des mémoires dont eet ou- vrage est compos-é ; un autre tire de l'obscurité fes me- daillons sur lesqttefs sont gravés les portraits des grands hommes; il les o'~ne de guirlandes de f eurs et va /es at~ tacheraupoitiqeie du temple de Mémoire, qu'on reconnoit au portrait dn fteros, qui est p/acé dans Ie fronton. Un nuage qui avnit lo?ig-tems caché ó. Ia France la »>ie de ces peintres ha bil es , se dissipe ptu apeu^ è. mesure que eet ouvrage s'avaticr. Les medailles et les chaines sont fes marques honorabies dont plusieurs Princes ont décoré les grands hommes. |
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[Cet ouvrage se trouve actuellement
A PARIS,
Chez BeJlih junior* libraire , me du F |
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ladf.
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A MONSEIGNEUR.
CLAUDE-ALEXANDjRE DE VITXENEUVï
CüMTE DE VENCE,
MARhCHALDES CAMPS ET ARMÊES
DU ROY,
COLONEI.-L1EUTIN ANT DU REGIMENT ROYAl,
INFANTERIE-ITALIENNE-CORSI. Monseigneur,
Apeine ai-je eu l'honneur dt
vous communiquer mon projetctécrirc
aij
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la Vie des Peintres F'lamands, que y
non content de m'enhardir a cette entreprife, vous ave^Jait naitrc mes réjlexions , vous ave^ éclairé nies doutes , vous m'ave^ aidé de vos avis , vous mave^ ouvert la porte de la canière. Qid pouvoit, en effet, ■plus fürement que vous , MON- SEIGNEUR , meguider dans ces fentiers difficiles ? Enfignalant votre valeur dans les armées, vous ave%_ contenté votre gout pour la peinture, Après avoir contribui au gain des bataüles , a laptife des villes ? vous vifitie^ hs cabinets des curieux & les ateliers des plus célèbres artifles; &en achetantd grandprix leursplus |
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heaux ouvrages de peimure, vous
ennchijjiei Paris ( * ) des chefs- d'czuvres jlamands, Cejl leur Hif~ toirt que je vous retrace.; cejl la gloire de leurs auteurs , que je tdche defoutenir; cefont les hontés 1 dont vous mhono.re^ , que je publie. Si ce foible hommage ne peut vous marquer toute ma reconnoijfance j ( * ) M. Ie Comte de V e n c e a orné
fon cabinet de plufieurs tableaux j dont les auteurs font a peine connus a Paris. Il a joint a ces richefles de la Flandre , des morceaux précieux d'Italie 6c de France. On y admire cntr'autres deux beaux tableaux de M. Pierre , premier Peintre de M. Ie Duc d'Orléans j Sc Profefleur de 1'Académie Royale. Ils font places a cóté d'un tableau du Rimbrant} ils s'y fou- tiennent pour la couleur 3 mais ils font grand tori a celui duflamandj du cóté de. la corre<2ion & de 1'élégance du deflin. • • •
au;
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il vous afjurera du moins du pro'
fond rejpecl avtc lequel jefuis , |
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MONSEIGNEUR,
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Votre très-humble & ttès-obéiflant
Serviteuc ^ J. B. DJESCAMPS, |
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AFERTISSEMENT.
ÜNne connoiiïoit avant la dernière
guerre qu'une partie des Peintres Fla- mands, Allernands & Hollandqi--. Le féjour que nos troupes ont fait en Flandres, a donné lieu aux amateurs d'étendre leurs connoiffances & de rechercher les tableaux des plus cé- lebres maitres ; mais il manquoit peut- être a la France , un livre qui tit con- noitre entièrement la vie & les ou- vrages du plus grand nombre. Monfieur Fèliblenvi^ fait que nom-
mer les Peintres Flamands; ii n'a écrit la vie que de très-peu d'artiftes. M. de Piles s'eft borné a 1'hiftoire de 81 peintres , encore n'avoit-il pas puifé a la fource. Il n'eut pour guide dans fes recherches que Sandraert, peintre Al- lemand , qui avoit été lui-même copifte peu exacl: de Carle van Mander, & de quelques autres écrivainsqu'il a fuivis, ians examiner les faits ni vérifier les a iv
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viij AVERTISSEMENT.
ciates. FlorentleComte aécritdepuis les n êmesauteurs un plus grand nombre de Vies; mais il eft moins inflruftif, moins fuivi & moins intéreffant que M. de •Pi/es. Les deux volumes & Ie fupplé- mént de M d'Argenville, ont mérite 1'é- loge d'undenos meilleurs journaliftes; & rien n'eft plus flateur que Ie fuffrage des perfonnes dignes elles-mêmes de louanges. Mais 1'ouvrage que j'an- nonce eft d'une plus grande étendue. Il y a pres de quinze ans que j'ai com- mencé a faire des notes fur la vie des Peintres Flamands. J'ai comparé dans ces notes les auteurs les uns avec les autres; j'ai démêlé , autant qu'il m'a été poffible j Terreur d'avec la vérité. Mon ouvrage augmentoit ïnfeniible- ment; jen fis part a quelques amis éclai- Jfés., & a des perfonnes diftinguées par leur rang & par leurs connoilTances, qui m'engagèrent a Ie pourfuivre & a raffembler en corps ces difFérentes par- ties. Les Flamands mémes , peu con- tens de ieurs écrivains , me promirent de m'aider de leurs fecours, & m'ont engagé dans une carrière qui m'a offert, en la parcourant, des dfifficultés que je n'avois pas prévues. L'auteur qui a |
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AFERTISSEMENT. ix
conduit laplupart de ceux qui m'ont
précédé eft Ie célebre Carle van Man- der , peintre & hiftorien Flamand; il a écrit depuis 1'origine de la peinture a Thuile, c'eft-a-dire , depuis envirort 1366 , jufqu'en ï 604. Il mérite afïuré- ment notre eftime & notre reconnoif- fance pour fon exa&itude; mais il auroit été a fouhaiter qu'il eütmis dans (es écrits lesgraces&la précifion qu'on admire dans fes tableaux. Il eft trop difïus : ce n'a pas été fans une attention pénible , qu'il m'a fallu débarraffer Jes faits inté- reffans d'avec une multitude de dé» tails qui ne Ie font pas. Cornille de Bie a moins fait 1'hiftoire de quelques jpeintres de la même nation, que leurs eloges en vers ; ils font tous , a 1'en- tendre, des artiftes admirables, ils n'ont pas Ie moindre défaut: il n'étoit pas fa- cile de faifir la vérité a travers des hy- perboles qui la couvrent. Arnold Houbraeken, peintre Hollan-
dois &continuateur de Carle van Man- der , eft eftimable pour fes talens & pour fes moeurs. Il eut 1'avantage de voir les tableaux dont il a fait la defcrip- flon j & de connoitre les peintres dont il a fait 1'hiftoire; mais on défireroit |
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x AVERTISSEMENT.
qu'il fe fut plus étendu en quelques
endroits & reirerré en d'autres. Ses dates font placées coniufément, fans chronologie, fans aucun ordre. Nous avons trois volumes in-4J de Camp o Jf^eyermans, autre peintre Hoilan- dois. Il a compilé Houbraeken qu'il a dé- figuré ;ila remplifes écrits d'ordures , d'impiétés& decalomnies;ilacondam- né 1'ordre & la lageiTe qui règnentdans les ouvrages de M de Piles, au lieu de s'efforcer de lesimiter. Johan van Gooi vient de publier
deux volumes in-8° furlamêmema- tière; Ie premier en 1751, & Ie fecond en 1752. Il n'aque Ie mérite de 1'exac- titude : il ne porte aucun jugement fur les tableaux dont il parle ; il ne lui échappe pas la moindre réflexion fur les manieres difFérentes des peintres. Son ouvarge n'eft qu une compilation de faits & une lifte de tableaux ; il furcharge & interrompt , comme les autres, (es narrations de vers déplacés, qui ne marquent ni fon jugement ni fon gout. Tous ces écrivains, qui fe contre-
difent fouvent, ne pouvoient êtredes guides fiïrs. Il m'a fallu puifer dans d'autres fources : j'ai lu les hiftoriens |
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AVERTISSEMEN7. xj
des villes dont j ai eu occafion de
parier ; je n'ai point négligé les poeres qui ont vécu du temps des peintres qu'ils ont loués ; j'ai tranfcrit les regif- tres de diverfes compagnies; j'ai tiré les dates des épitaphes, des extraits raortuaires, & d'autres monumenspu- pjics Les cabinets des curienx m'ont été ouverts ; des titres de plufieurs fa- milies m'ont été confiés: on m'a en- voyé de différens pays des inftruc- tions de toutes efpèces, écrites en di- verfèslangues que j'ai Ie bonheur d'en- tendre J'ai eu des relations intimes & descorrefpondances particulières avec desfavans & d'habiles artiftes. Quand tous ces fecours ne fuffifoient point , je me fuis tranfporté fur les lieux pour éclaircir les faits obfcurs : enfin j'ai paffe ma jeuneffe en Flandres , ma pa- tne, ou j'ai vécu au milieu des rares produftions que je fais connoitre. Plein d amourpour mon art, j airéflé- chi fur les grands modèles qui m'en- tpuroient ; j en ai étudié 1'efprit ; j'ai taché d'en faifir les caraöères. Il ne iuffit pas de marquer la maniere d'un peintre ■ Ü faut la développer, ü 1'on peut parier ainfi, ia comparer avec celle |
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xij AVER TI SS E ME NT.
d'unautre. Les comparaifons font des lumières qui donnent a 1'objet un éclat plus v if. Ce n'eft pas par des termes fa- vans qu'on fe fait Ie tnieux entendre ; c'eft par une expofition détaillée de toutes les parties du tableau: cette ex- pofition les doit préfenter a 1'efprit telles qu'elles s'offrent aux yeux , & met fouventlesmoins cannoifleurs en ctat d'en juger; aufiin'ai-je employé , autant qu il m'a été poflible , les termes confacrésa laPeinture , que quand la langue ne m'en fourniffoit pas d'autre, ik j'ai eu foin de les expliquer dans des notes. Cet ouvrage commence en 1366,
par la vie des frères van Eyck , inven- teurs de la peinture a 1'huile , & conti- nue jufqu'a notre fiècle. L'ordre chro- nologique s'y foutient d'un bout k 1'autre. Les dates font marquécs a,la tête de chaque hiftoire ; quand eiles font inconnues , je les indique- a peu pres, iur les conje&ures que je tire du temps ou Ie père , Ie maitre ou les con- temporains du peintre dom j'écris la vie ont vécu ; j'ai recours aüx années marqaées fur les tahieatix cju'il a peints; & fouvent les plus petites circonf- |
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AVERT1SSEMENT. xiij
tances, mêlées a 1'hiftoire d'autres
peintres, m'ont conftaté Ie tempsa peu pres ou il a vécu. L'ordre que je me fuis prefcrit ,
comme Ie plus clair&le plus fimple ,e{t de faire connoitre 1'année , la ville ou Ie peintre a recu Ie jour. J'expofe (on extra&ion, je Ie fuis chez (es maitres & dans les pays ou ii voyage, j'en raconte des événemens, lorfqu'ilsontquelque rapport avec fon talent, & je marque Ie temps de fa mort. Lorique (es ouvra- ges me font bien connus, je défigne ion genre & je tached'apprécier fon mé- rite; mais lorfquejene connois point par moi-même fes tableaux, j'indique oü ils font: j'en fais mie efpèce de cata- logue, eniorte que 1'on fait en quel en- droit un tableau étoitautrcfois , a qui il a appartenu, & dans quei cabinet il a été tranfporté. C'eft par cette route inftruftive que j'arrive jufqu'aux cabi- nets de nos Francois curieux , pieins de connoilTances & de gout, quipof- fèdent les plus précieux tableaux de Hollande & de Flandres. Pres de deux cents portraits, gravcs
par les mcilleurs artiftes de Paris, & pla- ces a la tête de la vie óes plus grands |
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xiv AVERTISSEMENT.
Peintres, font les pius beaux ornemens
de eet ouvrage. Ces portraits cara&é- rifent par les vignettes qui les entou- rent, les talens particuliers de chaque maitre , enforte qu il fuffit de voir ces attributs, pour juger quel étoit legenrc du Peintre. La clarté du flyle, 1'ordre des faits, la
rapidité de la narration , beautés effen- tielles aux éloges hiftoriques , font celles que j aurois bien voulu répandre dans mon livre. Etranger &artifte , je crains bien de n'en avoir eu que la volonté. J'abandonne a la critique quelques exprefiïons négligées, quel- ques tours hafardés ; mais j ofe repré- fenter, que dans un ouvrage tel que celui-ci, qui fe fouttent & intéreffe par lui-même , on doit avoir, fuivant Ie précepte deQuintilien,moins d'atten- tion pourles mots que pourleschofes. N'avancer rien que devrai ouconnu pour tel,par rapport aux événemens de lavie de chaque peintre ; donner pour douteux ce qui Teft ; rejetter ce qui eft licencieux, de mauvais exemple, peu agréable, peu intéreffant; n'attri- buer a chaque artifte que les ouyrages qu'il a faits; lui óter ceux dont il n'eft |
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AVERTISSEMENT. xv
pasl'auteur; les rendrea qui ils appar-
tiennent; en porterunjugement que l'on croit équitable., & toujours fondé fur celui du Public éclairé: voila ce que j'ai fait, ou taché de faire. La plupart desPeintres ne mettent
fur leurs tableaux que les lettres ini- itales de leurs noms. On fait avec quelle différence les Franc.ois, les Fla- mands & les Hollandois écrivent les inêmes noms de baptême. Pour préve- nir eet inconvénient, j'ai mis tour. au long Ie nom & Ie furnom de 1'artiile dans les deux différentes langues; par exemple, page i i,Hans(jean)Memme-> linck. Hans eft Ie nom flamand, qui fignifie Jean en francois, &c. On va voir les révolutions que la
Peinture a éprouvées en Flandres & en Hollande; elle a fuivi Ie fort detous les A rts. Quand les Princes 1'ont protégée, elle aeu de grands fuccès; quand ils 1'ont abandonnée, elle adégéneré. Le Prince Charles de Lorraine , gouverneur des Pays-Bas, commence aujourd'hui a la tirer de la langueur oü elle étoit depuis quelques années. LEcole Flamande reprend de la réputation ; mais il lui manque encore bien des avantages qui diftingxient celle de Paris. Elle doit être |
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xvj AVERT1SSEMENT.
regardée par 1'ordre qui y règne , par
rinftruftion quis'y donne , par t'émula- tion & les récompenfes, comme Ie modèle de toutes les academies de Funk vers.Ilyapeud'artiftes dans Ie monde qui égalent ceux dont elle eit compofée; un grand nombre d'entr'eux joignent au géniedupinceaule talent d'une plume elegante ; & a 1'art de faire des chefs- d'ceuvres, Ie don d'en bien juger. Je dois untémoignage public de ma
reconnoiffance a quelques illuftres amis qui m'ont aidé dans eet ouvrage. M. mathieu de Vifch ,Peintre & Direfteur de l'Académie de Bruges , malgré fes occupations importantes , m'afait part de fes favantes recherches. Je dois un remereïment a M. Elfen , peintre Fla- mand , & Affocié de l'Académie de Rouen, qui pendant mon abfence a bien v oulu fe charger de conduire Ie bu- rin des plus habiles graveurs de Paris , pour les portraits qu il a embellis en partie de fes ingénieufes compofitions. Le fecond volume va paroitre ince£
famment; il commencera par la vie de van Dyck: les autres le fuivront, fans autre interruptionque cellequi fera né- ceffaire pour achever le grand nombre ide portraits auxquels ontravaille. HUBERT
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HUBERT ET JEAN
VAN EYCK,
ÉLEVES DE LEUR PERE.
Vj kst a la petite ville de Maafeyk, fituée-
fur les botds de la Meufe., que nous devons Ie fecret de la peinture a. 1'huile, que les anciens ne connoiflbient pas , & auquel les moderwes doivent la confervation de leurs diefs - d'cEuvres. Cette ville donna Ie jour a iiubert Fan Ëyck Sc i Jtan fon Frèie. Le Aomc ƒ„ A |
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Ü La Vle des Peintres
______premier naquit en 136$ , & Ie fecond en
^ lis étudièrent & fuivirent tous deux les principes
de leur père. Cette familie fembloit être née pour la peinture : Marguerite leur focur fut célèbre dans eet art; elle refufa de »fe maner pour pouvoir s'y livrre toute entière. Quoique Jean fut élève d'Hubert fen frère aiuéj.
il lc^furpafla. Il étoit non-feulement bon peintre , maïs il avoit une inclination décidée pour d'autres fciences, Sc fur-lout pour la chymie. En cher- chant Ie moyen de puriner fes couleurs pour les rendre plus durables, il avoit trouvé un vernis qu'il appliquoit fur fes tableaux, Sc qui les rendoit lui- fans Sc pleins de force. La recherche de ce vernis avoit occupé tous les peintres d'Itahe pendant plufieurs années. Comme ce vernis ne fe féchoit point de lui-même, Sc que Ie peintre étoit obli- gé de 1'expofer a 1'ardeur du foleil, un hafard procura a. la peintiue ü« faccès dont nous jouif- fons. Jean van Eyck ayant pofé au foleil un tableau ' qui lui avoit coücé beaucoup de foin , ce tableau, qui étoit fur bois, fe fépdra en deux. La douleur de voir ainfi détruire Ie fruit de fes travaux, lui fit avoir recours ala chymie , pour tenter fi, par Ie moyen deshuilescuites, ilnepourroitpas trouver celui de faire fécherfon vernis fans Ie fecours du foleil ou du feu : il fe fervit des Huiles de noix & de lin, comme les plusJiccadves; Sc en lesfaifant cuire avec d'autres drogues, il compofa un vernis beaucoup plus beau que Ie premier. Il éprouva- de plus que les couleurs fe mêloient plus facile- ment avec i'huile qu'avec la colle ou 1'eau d'oeuf, dont il s'étoit jufqu'alors fervi; ce qui détermina notre artifte a fuivre cette nouvelle methode. Ses |
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Flamands% Alïetnands & Boilandois. $
coulciirs, fans s'emboire ( i ), confervöient leiirs niéraes tons, & n'avoient pas befoin de vernis: elles fe féchoient promptement; &il fautajouter encore qu'il trouva plus de facilité a les melen Tous ces avanrages lui firent abandonner la colle & 1'eau d'ceuf, pöut fe mettre dans 1'ufage des couleursa 1'buile, ouil acquit, ainfi que fon fxèrej une grande répuiation» lis eurent aufli tous deux grand foin de cacher bttl fecret. Lears principaux tableaux font ceux qu'ils
firent a Gand en Flandre. Parmi les plus con- fïdérables , on admire celui de Saint- Jean, qu'ils peignirent pour Phiüppe Ie Bon, duc de Bour- gogne , comte de Flandres. On y voit fon portrait fur un des volets (2)1 il y eft peiut a cheval. Lededans du tableau icpréfente les Vieillards qui adorent 1'Agneausfujettiré de 1'apocalypfe.C'eft un prodige que la quancité d'öuvrage & que Ie fini dont il tft. On y compce 350 têtes, fans y en trouver deux qui fe refTèmblent. On voit fur Ie volet droit, Adam & Eve repréfentés avec beaucoup de noblefTe Sc de décence j fur 1'autre volet eft une Sainte-Cécile & quelques autres figures de cavaliers avec leulrs chevaux. Les deux freres fc font peints aux cótés: Hubert, comme fainé, eft a la droite; illéparoït mêm« par la phyfionotnie : il a fur la tête un bonnet fourré, .(1) Un tabfeau estembu, lorsquel'huileétantentree
3ans la toile, laisse les cculeurs mattes. Les toiles nouvellement imprimées, sont sujettes a ernboire les couleurs. (2) Les anciens étoient dans 1'usage de fermer
ïeurs tableanxavec des volets, pour consewer 1'éclat de teurs couleuts. A z
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4 ■£<* Vit des PeiMrtS
'------mais d'une forme fingulière' & retroufle paf
i}66. devznt:Jean vanEyck eft alagauche, coiffé eu
bonnet de la forme d'un turban} il eft vêtu d'une robe no.'re \ il a un chapelet rouge a la main, avec une medaille pendante au bas. Les attitudes font belles & bien deffinées j les têtes pleines d'éxpref- fions d'advniration , de dévotion 8c de candeur ; les cheveux, les poils des barbes font d'un détail & d'un fini fingulier. Il en eft de même des crins des chevaux. Le payfage eft agréable j les arbres, les plantes du pays & étrangères , font bien deffi- nés Sc d'une grande vérité. La compofition du tout enfemble eft fans embarras &.pleine d'efprit. Les figures font drapées dans le gout d'Alben Durer : les couleurs principales, les rouges, les pourpres & les bleues, font auffi belles & aufll f raïehes que fi on venoit de les appliquer : auffi ne voit-on que rarement ce tableau *, il eft toujours fermé,&: ne s'ouvre qu'a certains jours de fetes, ou a la demande des gens de confidération. PhUippc . Premier _, Roi.d'Efpagne, n'ayant pu obtenit ce tableau , en fit faire une copie par Michel Coxcie, peintre de Malines, laquelle fut très-bien rendue j on lui reprocha feulement d'avoir pris troj» de licence dans q»elques changemens , fur-tout dans la Sainte-Cécile , qui regarde derriére elle fan« iaifoii.Il employadans la robe de la Vierge pour 31 ducats de bleu qae le Titien envoya d'ltalie par les ordres de ce prince. La copie lui coüt» pres de 4000 florins : le peintre y avoit employé deux années de travail. Brugcs & Ypres pofsèdent deux tableaux de
Jean van Eyck. Celui d'Ypres eft dans le chceur de S. Martin. On y voit le portrait de' 1'abbc |
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Ftamands , Allemands & Hotlandois. 5
Priamo. Les volets n'ont point été finis^ Jls font----------
remplis d'emblêmej qui onc rapport au myftère de 13 <>£.
la Sainte Vierge. La vérité dont eft rendue chaque chofe, momre qu'il s'étoit attaché a imiter tout d'aprèsnature. Il faifoitbienle portrait, & ornoit fes fonds de payfages agréables. Carle van Mander ( 1 ) dit avoir vu chez
Lucas de Heere, fon maïtre , Sc peintre a Gand, un portrait de femme, ébauché avec autant de correófcion & de fraïcheur que les plus finis qui aient jamais été faits par d'autres peintres. Marie, veuve du Roi d'Hongrie, fit la découvertc d'un tableau précieux du même auteur : il repréfentoit deux jeunes perfonnes qui font a la veillede s'unir par les nceuds du mariage. Ce morceau fingulier fut trouvé dans la boutique d'un perruquier, qui rec.ut en échange de la princefle, une charge qui ïappertoit 100 florins par an. Apirès avoir rlni fon gcand tableau a Gand ,
Jean retourna iïxer fa demeure a Bruges, qui pour lors étoit la plus brillame viile de 1'Europe pour Ie commerce : a. peine pouvoit-il fuffire a 1'em- preiïèment des feigneurs du pays & étrangers, qui achetèrent fes produftions. Elles faifoientl'ad- miration des aitiftes & des connoiiïèurs.Frédéric duc d'Urbin eut de lui un beau tableau , repré- fentant un bain. Laurent de Médicis lui fit faire plufieurs ouvrages, entr'autres un S. Jéróme. La réputation de ce peüitte fit tant de bruit en (1) Carle van Mander, peintre etpoëie, aécrit
la vie des peinlres italiens, flamands, hollandoi.9 et allemands , jusqu'a 1'année 1604. Nous avons du mëme un traite en vers sur la p»inture, très-esUuié, et une explication des fables ü'Qvide. |
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6 la Fit des Pet nerts
Italië, que qnelqires négocians da Ftörencs Ïh*
atfietèrent un tableau, dont ils firenc préfent .i Alphonfe roi de Naples , qui i>e celfa d'admirec cettemerveiüe& Ie iecret de cetre efbècede pein* ture. Antaneilo, on Anto'me de Mejpne, peintre» qui étoic pour-lors a Naples pour des affaires m>me(tiquesi, quitra tout, 6c fut chercher 1'auteur dans 1'intention de décpuvrir fon fecrer. Anïvé a Bruges , il Bt affiduement fa cour a van Eyck; & par bien des préfens, &c fur-tou: par de beai7X deflirw d'Italie, (c'eftainiiquelesartiftesdcivent commercer enfemble ), il gagm Tannine & la confian.ce du Fiamand ,|qui lui enfeigna fa pré • paration des couleurs a l'huile, qu'Antonello porti chezles Italiens quidepuisl'ont renduepublique. lis méritoieiit de routes manières de po/Téder ce fecret admirable, Ces deux frères, Hubert & Jean va"i Eyck,
ont tcwjours vécu dans une grande union. lis onr été fort eftimés de Pkl/ippe^ duc de Bourgogne, qui confid#r&ic les taleos & la foliciité de 1'efprit, de Jean. 111'honora d'une place dans fon conleit Huben efl: mort & enrerré i Gsnd, ou Ton voir qu'il eft décéde* Ie 18 feptembre 14KJ, agé de 60 ans. Jean eft mort depuis fort agé: il eft enterra a Bruges en Flandre. Lebeau fini des ouvrages des frères van Eyck ,
§c leuv foin a conferver leurs couleurs pures, juf- ques dansles ombres, auroit augmenré Ie prix de leurs tableaux , s'ils avoient ofé facrifier quelques tons de couleurs, fouvent trep aigus (. 1 ), <% (1) Trop ar'gvt. Danslepremipr temps <*e la peinfur^
on ae connoissoit pas 1'union des couleurs. On voty. |
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JÜHIiSiiil.....iniim^
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Tlamanisj Allemands & ïtollahdoli. 7_______
aprefque jamais affèz dégradés , alnfi qu un gout , J(J <j
«ie deffin pen elegant. Un voile épais leur avoit dérobé les graces que 1'andque feul peut enfei- gner, & que certe école n'a connües que long- temps après. Mais ils ont Ie mérite d'avoir trouvé Ie fecret de préparer les couleurs a. 1'huile j & c'en eft afTez pour les rendre immortels, & mériter en tout temps notre admiration & notre reconnoif» fance. On conferve avec diftinftion dans Ie cabinet
du duc d'Orléans, deux tableaux; Tun eft Ie portrait des deux frères, 1'autre 1'adoration des Mages, peints par Jean van Eyck. ROG E R,
SURNOMMÉ DE B RU GES,1
ÉLEVE DE JEAN VAN EYCK. |
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oger, natifdeBroges, élève de Jean van
Eyck, a bien imité fon maïtre. Il eft un ^es fremiers qui aient peint a 1'huile après van Eyck.
1 peignoit en grand ,5c defïlnoitbien fes figures. Van Mander Ie regarde comme un bon artifte: il dit avoir vu de lui plufieurs grands morceaux a la colle Ie a 1'eau d'ceuf, qui, felon 1'ufage du rles couleurs enlïères, placées I'une pres de 1'autre ,
foujoursbrillantesjlebleu, Ie rouge, Ie jaune, leverd et ] e pourpre sont conservés avec toüt leur éclat, ce quï rend leurs ouvrages comme des découpuressans har-» mooie. A 4
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V
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La Vu des Peintres
"~t«ns, fervóieat de tapifleries dans les apparte-
i}66. mens» Les églifes de Bruges étoient ornées de
fes ouvrages: fa maniere de peindre eft gracieufe,
fon deifin ailez correft 3 &fes compofitions fpiri-
tuelles.
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HUGUES
TANDER G O E S , ÉLEVE DE JEAN VAN EYCK.
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vander Goës , autre élève de Jean
van Eyck, eft natif de Bruges. Son génie élevé brille dans fes ouvrages : il peignoit auffi i 1'huile : on voit de fes produdtionj avant & après 1480. Van Mander loue beaucoup fes tableaux^ il nons a laiflTé la defcription de plulieurs, entr'au- tres d'un petit, qui eft piacé dansl'éghfe de Saint- Jacques a Gand, 8c qui orne 1'épitapne de Wouter Gaultier. Le dedans repréfente la Sainte Vierge: la tête eft belle & gracieufe, d'une excellente pro- prcré & d'un grand fini: le fond, la terrafle, les herbes & l?s petits caillous font bien imités. On voit dans la même ville, chez le fieur Weytens, un tableau repréfentant Abigaïl qui vient au-devant de Pavid. On ne fauroit afTez admirer la noblefTc êc la modeftie dei femmes qui y paroiffenc. David eft repréfente a cheval avec fa fuitc : la eompofition du toui eft ingénieufe. La ville de Bruges pofTédoit un grand nombre des ouvrages d? Hugo.es. KIe confervoit encore dans Téglife |
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Flamandsj Allemands & Hollandois. 9
de S. Jacques un tableau d'aucel. Dans Ie temps
des révolutions & de la deftrüïfcion des églifes, ce tableau fut épargné , mais gaté par 1'ignorance d'un barbouilleur , qui Ie choifit pour écrire en l«ttres d'or les tables de la loi de Moïfe. Mal- gré eet accident, Ie tableau a été nettoyé avec précautian j & par Ie fecret d'enlever Ie mordant de k couleur d'or, on 1'a réchappé. Le tempi de la mott de Hugues eft ignoré , ainfi que le lieu de fa fépulture. |
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A L B E R T
VAN OUWATER,
yj. lbert van Ouwatcr, né en la ville d'Harlem;
a peint un des premiers a l'huile dans cettc ville, du temps même des van Eyck, ou peu après. Il peignit dans la principale églife, a cóté du grand autel, un tableau pour la chapelle dei pélerins , repréfentant S. Pierre Sc S. Paul: les figures font grandes comme nature. Il avoit tracé au-deflbus de ce tableau, un payfage oü 1'on voyoit des pélerins, les uns fe livrant au repos & les aarres faifant un repas champêtre: le tout étoit bien traite, tant pour le deflin que pour la cou- leur. Les extrémités font très-finies & les drape- ries afTez bien rendues, le payfage fur-toutpafloit pour le meilleur du temps ^ & felon le rapport dei pemtres anciens, ceux * d'Harlem ont été les pre- miers payfagiftes de bon gout. Albert a peint |
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10 La f ie des Peintres
êncore la réfurredion du Lazare : Van Manief
en a vn une copie ébauchée , Sc a jugé que la figure étoit bien defünée pour Ie cemps, quoique mte ; Ie fond étoit d'une belle archite&ure, & les aporres 8c les femmes d'une belle expreflion. Hemskerck a fouvenc été voir Sc admirer ce trfbtem avecfon fils, fon élève.fans pouvoir s'en rafTiner. LesEfpagnots en enievèrent furtivement i'originat, nind qu-e d'autres morceaux auffi pré- cieux, !orf!]ii'ils eurent pris la ville d'Harlem. |
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GUERAPlD
E SAINT-JEAN,
ÉLEVE D'OUWATER.
x\.t.BSRT d'ömvatsr joint a la gloire d'avoir
cxceüé dans fon art, celle d'avoir fait un élèva du plus grand mérite. Il fut nommé Guerard d'Harlem j parce qu'il naquit en certe ville, on Guerard de S. Jean , parce qu'il demeurott dans un couvam de ce nom, fans avoir été de eet ordre. Il étoi: né peintre; 8c quoiqu'n n'aitvécu que 18 ans, il a égalé fon maia-e, Sc il 1'a même furpafTé dans rordonnance de fes fujets, dans !e deiiln&dans rexvn-e.llon. Il fit dansl'églrfedeS: Jean, au grand autel, un tableau dont Ie fujet eft Notre Seigneur crucifié. Il avoit peiut une defcente de croix fur un des volets, & fnr 1'aiure un fujet différent. Il n'échappa a !a fnreur du fo'dat, dans 1'affaut de la ville d'Hai'em , qu« |
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Flamandj., Allemands & Hottattdóls0 }
volets de ce tableau , qui font chez Ie com- nttanc, dans Ie nouveau batiment. Celui qui ' " |
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repréfente la defcente de croix eft d'une grande
beauté^ tour y eft furprenant peur les expreffions.: la douleur y eft peinte fur les phyfipaomies des Marïes& des Apótres , a.vecbeaucoup d'art & de vérité. Les arciftes du temps regardoient eet ouvrage comme Ie plus beau tableau du i'ècle. L'aureur favoit bien la perfpedtive. Il avoit peint 1'églife d'Harlem , de facon a tromper 1'ceil par i'effet; aufil Alben Durer, qui fut a Harlem pout voir ces ouvrages ? dit tont haut qu'il jalloit être favorifé de la nature pour en venir a ce point de perfeüion. |
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DIRK
(THIERRl) D'HARLEM.
jtj.ARi.EM donna encore Ie jour a Dirk, II
fut contemporain de Guerardj qvtelques - uns cifent qu'il vécut avant lui. Il ctoit habile peiutra pour te temps. Quo'iquAlbert Durcr foit plus moderne que lui, la maniere de Thierri eft aufii finie que celle de ce peintre : elle eft beaucoup moins sèche & moins tranchée (i) , (ï nous en ''i) Ttitwlh. Ie défaut des anciens peinlresétoft
d'apprnther snHterrprit les clairs contre les ombre«. Les couleurs de chair coupoient sèchement sur les fonds , sans mêler moëlleusement les bords. C« déiiiut rend leurs ouvrages plats et sans rondeur. |
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il La Vu desPeintres
---------croyons van Mander; il dit avoir vu de lui il»
1449. tableau d'autel, ayec deur volets, dans la ville de
Leyden.Le dedans repréfentoit Notte Sauveurjon voyoit fur 1'un des volets S. Pierre, 8c fur 1'autre S. Paul. Les têtes font de grandeur naturelle; les cheveux &c les barbes en fo«t bien terminés. Ce tablea» fut fait en 1461. L'auteur demeura quelque temps a Louvain. Le temps de fa mort eft ignoré, ainfi que celle de Guerard. |
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HANS(JEAN)
HEMMELINCR.
-------- \, ARLE van Mander, dans fon hiftoire des
1458. peintres , page 117 > dit que dès les premiers,
temps de la peinture a l'huile j la ville de Bruges donna le jour a Hans Memmeünck , &c. Cet écrivain fe trompc; Jean Hemmdinck efl
lï véritable nora de cetartifte, qui naquit dans 5a petite ville de Damme, a une lieue de Bruges. Il eft probable qu'il a vécu du temps des frères van Eyck, ou a peu pres, puifque nous avons de fes ouvrages avant 1479. On ne fait rien de fes premières années, 8c on
ignore fon maïtre. On dit qu'il s'enrók par liber- tinage en qaahté de fimple foldat, & que fe voyant reduit i la dernière misère dans 1'hêpital de SaJnt- Jean de Brnges, comme s'il n'eüt pas eu plus de reflburce que fe dernier de fes camarades, il ouvrit les yeux f»r le dérangement de fa conduite. |
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TUmands 3 Allemands & Holtandois'. i j'
ïl eft rare qu'un homme d« génie refte long-temps
dans Ie défordre. Dès qu'il fut convalefcent, il peignit quelques petits tableaur pour fe récréer & pour fe procurer un peu d'argent. Il n'en falloit pas davantage pour Ie faire connoitre. Quelques firères de eet hópital, furpris de la beauté des ouvrages du malheureux peintre, publièrent la découverte qu'ils venoient de faire , & Hemme- linck fut bientöt reconnu pour Ie plus habile de fon fiède. On obtint fon congé , & il fit un tableau poiuThopital, en reconnoiirance des foins que 1'on avoit eus de lui pendant fa snaladie. Ce tableau a deux volets. Il a peint au milieu la naifïance de Notre Seigneur & les bergers en adoration. Une architecture ruinée 8c de fort bon gout j repréfente 1'étable de Bethléem; on apper- c,oit par quelques ouvertures du batiment 3 des montagnes & des lo'mtains a perte de vue. A tra- vers une fenêtre, on voit Ie portrait du peintre, repréfente aveclarobe des malades. Sur un des Volets, il a peint des anges qui adorent 1'enfant Jéfus dans la crèche , & fur 1'antre volet la pré- fentation au temple. On lit fur la bordure, en gros caraótères, OPUS JOHANNfS HEM- MELINCK, M. CCCC. LXXIX. avec fa marque ordinaire. Ce tableau fixa Hemmelinck a Bruges; Sc
c'eft dans ce temps qu'il peignit la cnaffèoii reliquairecjuife conferve danslemême hópital^de S. Jean ^ avec plufieurs compartimens dans lef- quels il a rendu la vie 8c Ie martyre de Sainte- Urfule & des onze mille vierges. Dans Ie même hopital on voit encore uti
tableau de ce peintre. Il a deux volets, a 1'aneie» |
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Lx Vit des Fèlntrei
g, pour Ie conferver. La Vierge, i*«nfaöf
ui» Sainte-Catherine, Sainte-Barbe & Saint-
1450. Jean-Baptifte, Saint-Jeanl'évangélifte & des anges qui joiiunc ele différens inftrumens > font bien rcpréfentés Air ce tableau. Sur 1'un des volets, on voit Ie martyre de Saint-Jean-Baptifte , & fur Tautte, Saiut-Jean 1'évangélifte dans 1'ifle de Patmos > éciivant fon apocaJypfe. 'Dans la falle des dke&euts de 1'hópital de S.
Julién, en la même ville , on voit un grand tableau de Hemrnelinck■$ repréfcntant St-Chrif- tophe qui porte 1'enfant Jéius en paflant une rivière. Sur les deux volets qui renferment ce fujet, font peints les portraiss de quel^ues frcres hofpi- taliers. Dans 1'églifc paroiffiale dè Saint-Sauveur eft Ie
martyre d'un faint écartelé par quatre chevaux. Chez M. Libouton, on voit tin Chrift , avec la
Vierge & Sauu-Jean au bas de la croix. Hemmelinck avoit un meilleur gout de deffin
que les peintres de ce temps-la 5 il groupo.it (es ügures avec plus d'ordre; fes fujets font bien difpofés. Il y a une dégradation fenfible dans fes couleurs j il a fait uil aflèz bon choix dans 1'ar- chitefture, Sc oü apper^oit qu'il en favoit très- bien les régies, ainu que de la perfpedtive. Cet artifte a au moins égalé les frères van Eyck, & dans quelques parties il les a furpafles- On s'étonne que les tableaüx de ce peintre ne foient qu'a 1'eau d'ceuf (1) j fans doute qu'il étoi t attaché» (1) Le mélange des couleurs, avant la décou-
verie de 1'nsage de peindre a 1'huile, se faisoit a la col Ie, a la gomme, et commujiétnent avec une eau qui, se tiroit du blanc d'oeuf.. |
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TÏ&fn&nds 3 Alkmands & Uollqndols. i J
paf préjugé» a ce genre de peinture, Sc cju'il £üioic peu de cas de la peinture a l'hiule , donc ^'} 1'ufage étoit établi depuis 80 ans. Il ae pouvoit en ignorei le fecret trouvé dans la ville óu il faifoit ia demeure. D'ailleurs, rien u'eft plus beauui plus frais que ce qui ïious refte de lui & que nous avons cué. On peut anfli ajouter que rien u'eft garde avec plus de foin. Le reliquaire de l'hópital de S. Jean eft enfermé dans une autre artriöire defti- née a le conferver. On a fóuvent offert mie chaire de la même grandetrr en argent, éc on a toujours , refufé 1'échange. Le reliquaire? éft ouvert tol»
les ans pendant 1'octave de Sainre-Urfule. Il cfi; peu de tableaux a 1'eaa d'csuf qui foienc rnieux, & ce font autant de monumens précieux de lx maniere dont on peignoit alors dans ce genre. On n'a rien fu de la mort de Hemmclinck, nï A\i lieu de f,i fépulturö. |
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GUERA.RD
VANDER MEIRE.
c \J u 1 r a n. o naquit a Gand , Sc fut un des
premiers p^intres a 1'huile après van Eyck. Tous fes ouvrages font d'un beau fini, On voyoit en Hollande , dans le cabinet de M. Jacques Ravard, une Lucrèce peince par vander Meire, II colorioit bien , & fon deffin eft afiez corre£, * |
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frS La. Vit des Peintres Flamands &c.
J É A N
MANDYN.
" JVIandyn de la ville d'Harlem , aimoit i
1450. peindre des fujets plaifans & grotefques, dans lc
gout de Jérèrne Bos. Il eft mort a Anvers, pen- fionné de la ville. »——■————^mmmmmm*mm1— 1 1
V O L C K A E R T.
Voukaert , fils de Nicolas , naquit a
Harlem. La maifon de ville pofsède de lui plu- fieurs ouvrages en détrempe, d'une grand» ma- niere. Il deffinoit dans Ie gout de Tantique; il compofoit avec facilité. Il a beaucoup defliné peut les peintres fur verre. |
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QUINTIN
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Q U I N T I N
MESS IS.
IL naquit dans la ville d'Anvers. On 1'appelle ■ ,. _
quelquefois Ie Maréchald'Anvcrs,^>vccef\ui\ avoit J4J°» exercé ce pénible métier jufqu'i l'age de 20 ans. Une longue & dangereufe maladie Ie mie hors d'état de pouvoir ^agner Ta vie Sc celle defamèrc, chezquiii demeuroit. Ils'en plaignoic a ceux quivenoient levifiter. On rapporto qu'unö proceffion anciennement éwblic pour les iepreux ou aucresmalrides,danslaquelleondifli":bucit des im» ges de confféries, gravées enbois, lui douua li*¥t de Terne I. ij |
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18 La Fle des Peintres
-connoitrefon talent. Il lui comba entre les mains
I4J0< une de ces images, qu'on lui confeilla de copier pour fe défennuyerj ce qu'il fit avec tant d'ardeur Óc de difpofition , qu'il continua depuis & devin: bon peintre. Cet échange du marteau contre le pinceau fe raconte encore autrement. Il devint, dit-on, amoureux d'une fille qui étoit deftinée i un peintre. Quintin en étoit aimé j & defiroit de s'unirielle par les liens du manage j maiss'étant appercu que fon métier étoit un obftacls i fes delirs, il Ie quitta, & f e mit a étudier la peintu.re avec une application extreme. L'amour fut fon maitre , & avec une difpofition naturelle il réufllt. Cette dernière hiftoire n'eft recue &c appuyée que fur les vers que Lampforiius a mis au bas de ion portrait. La première eft plus cornmunémenC adoptée, & fur-tout par van Mander {on hifto- rien. ( Je fouhaiterois que la dernière fut vraie , j'en faurois gré a l'amour. ) Quoi qu'il en foit, il devint bon peintre pour Ie fiècle oü il vivoit. Un de fes plus beaux tableaux , eft une Defcente «Ie Croix, qu'il fit pour Ie corps des menuifiers d'Anvers: ce tableau fut place dans 1'églife de Notre-Dame. Le Chrift eft fort beau, ainfi que les Maries: fur un des volets qui ferment ce ta- bleau, eft Ie Martyre de S. Jean, dans une chaudière d'huile bouillante j fur 1'autre volet eft Hérodias danfant devant Hérode: pour le prix de la danfe elle .recoit la rête de Saint-Jean. Philippe II, roi d'Efpagne , a fouvent offert de ce tableau des fommes confidérables, fans pouvoir 1'obtenir. Ce corps de métief , dans un befoin , 1'expofa ea venteen 1577j les magiftrats 1'achetèrent, pat le coüfeil ds Martin Devos ,1500 florins, Quintin |
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Flamands s Alkmands & Hollandois. 19
a fait plufïeurs autres tableaux 3 difperfés dans les
cabinets , oü ils font confervés avec une eonfidé- ration particuliere: chez l'éle&eur Palatin, deux tableaux , dom 1'un repréfente laVierge & 1'En- fant Jéfus, 1'autre un Chnft & fa Mère. Il a fait beaucoup de portraits tres - finis: fa maniere eft tranchante. Il mourut a Anvers tres - vieux en 1519. Il a laifïe un fils nommé Jean Mejjis, aulli peintre , qni, \\ fuivi, fans changer de gout. On voit beaucoup de fes ouvrages j parmi fes plus beaux qui fetrouvent a Amfterdam, on remarque celui de quelques banquiers occupés a compter de 1'argent. Les ouvrages de Quintin Meffis étoient autre-
fois fingulièrement eflimés. L'Angleterre s'en procura a très-grand prix. La fingularité de fon hiftoire fit d'abord & fait encore la même im- preflion. Cependant, i\ 1'on en excepte leur fini , aufli froid que fee , on ne peut comparer (es ta- bleaux qu'a ceux du premier temps de la peinture a 1'huile , & on nedoit en placer Tauteur qu'après van Eych. Me/lis ne fut jamais en Italië, quoi qu'en dife Florent Ie Comte, Sec. |
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JEROSME BOS.'
J f. r o m e Bos niquit a Bois-1 JJpitc. Quoiqu'il
ait été un des premiers peintres a 1'huile , fa ma- niere eft moins dure & fes drapenes font de meil- leur gout j les plis font plus fimples ie moins répétés que ceux de fes contemporain-,. Ses fujets étoient terribles, & il femble qu'il fe plaifoit ï B x
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La FiedesPeintres
peindre PEnfer.Il peignoit tout au premier coup, fans que fes tableaux aient jamais changé. Sa maniere eft libre & prompte: Pimpreffion de fes panneaux étoit blanche, & il favoit ménager des tons tnnfparens > qui ont rendu fes tableaux chauds de couleur. Ses ouvrages font difperfés dans les églif.s & lescabinets. Ii y en a quelques- uns en Eipagne j les églifes de Bois le-Duc en confervent beaucoup. Van Manier loue fort une Fuite de la Vierge en Egypte , oü S. Jofeph de- mande aun payfanle chemin. Le fond du payfage eft fingulier : dans le lointain on voit une efpèce de rocher efcarpé, au pied duquel on découvre une auberge-, on y voit auffi une quantité de peuple |
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'450.
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3
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ui regarde une danfe d'ours. On parle encore
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*tin autre tableau , oü notie Seigneur poree fa
croix. Cet ouvrage tient raoins que les autres de 1'exrraorünaire defon génie. Il a peiut un Enfer, -oü le Sei?nenr délivre les anciens patnarches. Ce tableau eft d'une imagination origmale\ le feu, les flammes font d'une grande vérité j les diables prennent Judas par le cou , le renrent de 1'Enfer & le vont pendre en 1'air. Dans le c.ibinet de Jean Diétring a Harlem, on voyoit d'autres ou- yrnges dece pe'ntre : le principal eft une difpute entre un religieux & des hérétiqiies', !e religieux offre pour dernière épreuve, de mettrede part&r d'a'itreleurslivresau feu,&: leur faitentendre que ceux qu^ne fe^P^ pointépnrgnés par les flammes feront jugé■ mauvais: tous fjnt détruits , exrepté le üvre du religie ix , qni eft rejetté par les fta.m- roes. Plufieurs églifes deBois-le-Duc font iéco- rées (\?s ouvrages cle re peintre. On en conferve CnEfpagne a l'jEfcurial,quelqaes tableaux aves |
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Flamands 3 Alkmands & Bollandoïs. % i
autant d'attention que ceux des plus grands maï--
rres. 14J°- La maniere de Jerome Bos eft ficile : tous fes
ouvrages piroiflent faits de ven; on y appercoit rimpreffioii de fes panneaux& des tons de couleur feulement glacés& heurtés avec efprir. C'eft bien dommage qn'il n'ait jamais concu que des idees monftrueufes Sc terribles: re quiftfrprend , c'eft: que fes rableaux ont été fort rhers. A quel prij auroient-ils donc été j s'il avoic traite des fujets rians ? |
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JEAN-LOUIS
D E B O S.
C E peintre étoit aufll de Bois-'e-Duc: il excel-
loit a peindre des fruit» <k des fletirs d'un fini & d'une vérité fingu ière. On ne puit £'ières aller plus loin pour la propreté & la rrafcheur des couleurs:ony remarque jufqu'aux gouttes de rnfée. Les tranfpirens donnent une grande lé?èreté 1 tout ce qu'il a fait. Il mettoit dans tous fes bou- quets, de petits infcftes qu'il falliit examirief a la loupe. Il repréfentoit fouvent fes fle"r<; dms un bocal de verre ou de rriftal. Van JW ander na rïen découvert de particulier de fa vie. B f
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'lx La Vie des Peirttres
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ÉRASME.
\j-UERIT OM.Did.ier Erafmc , né a Pvoterdam Ie
18 ottobre 14É5 ou 1467 , nis de Guerard de la ville de Gouda, aété eftimé des princes & admiré des favans. Sa vie & fes ouvrages fonr trop con- nus pour citer ici mon auteur , qui dit a - peu- près la même chofe que Moreri. Voici ce que nous apptend Dirch van Blayfwych, dans Ion introdu&ion a la defcription de la ville de Delft. Il dit que lorfque Erafme fe fut retiré dans Ie mo- naftère d'Ernaüs ou Tenftééne , proche de Gouda, qu'il avoit choifi pour la bibliothèque feulement, qui étoit k plus belle du fiècle , il s'appliqua par intervalle a la peinture, ou il réuffit, & fit les mêmes progrès que dans fes autres études. Parmi une quantité de tableaux qu'il avoit faits, Ie plus con- fidérable étoit un Calvaire oü notre Seigneur eft repréfenté dans 1'inftant qu'il fut crucifié : il étoit confervé avec vénération dans Ie cabinet de Cor- nille Mufcius , prieur de la même maifon. Le mérite de fes tableaux eft attefté par les artiftes du temps ; mais 1'auteur ne croit pas qu'il en foit échappé aucun dans la ruine de cette maifon ; a. peine fait-on oü elle avoit été batie. Il mourut a Bale d'une diffcnterie, le 17 juillet 153^, agé de 70 ans & quelques mois. Ainfi la mémoire de ce grand homme doit être auiTi précieufe aux peintres quJa tous les favans. |
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Flamands 3 A[Iemands & Holtandols. 23
C ORNILLE
ENGHELBRECHTSEN.
Vj o k. n 1 l l e vint au monde en 1468 dans Ia——tt
ville de Lcyden ; il prit pourguideles ouvrage, l^ de Jean van Eyck : il eft Ie premier qui ait peint i 1'huile dans fa patné. Il étoit bon deffinateur & il peignoic avec autant de force que de promp- tituds en détrempe ( 1 ) comme a 1'huile. Ses ouvrages échappés aux troublcsdu pays,& gardes avec refpecl: par les bourgeois dans la mailon de ville de Leyden , farent deux tableaux d'autel , avec les volets qu'on a vus depuis dans 1'églife de Notre-Dame da Marais. L'un repréfente notre Seigneur en croix entre leslarrons, 1'autre Ie Sa- crifice d'Abraham, &un autre une Defcente de Croix, entourée de petits tableaux qui repréfeotent rafïlidtion Sc les douleurs de la fainte Vierge. On conferve dans Ie même endroic une tenture en détrempe, repréfentant 1'Adoration desRois: 1'or- donnance en eft belle & les draperies riches & bien jettées, les plis en font moins fecs. Lucas de Leyden s'eft formé fur cette maniere j mais Ie plus bel ouvrage deCornille, felon notre hifto- rien (z), eft un tableau d deux volets, deftiné (1) Détrempe. Xe mélange de la couleur se fait avec
de la colle 011 de 1'eau gommée. (2) Carle van Mander.
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*4 Let VU des Peintrts
§1""a enrïchlr I'épitaphe des feignears de Lockhorjt.
Il étoit dans leur chapelle dans 1'églife de Saint Pierre de Leyden, & en 1604 a Utrecht chez M. vanden Bogaert , gendrs de M- van Lockhorfi. Le dedans repréfente' 1'Agreau de 1'Apocalypfe : une muitirade de figures bien difpofées, les phy- (ïcMiotnies nob'es & gracieufes, & la miniere dé- lu'ate defon pinceau , onr fait rsgarder ce nbleau cornmefon chef-d'cBiivre. Son génie le pirta X faire une étude parcicuhere des mouvemens de Time , qu'ii a i'i exprimer dans chaque phyfio- nom.e. II fjt regarde nar les maïtres du temps comme un des plus gr.inds peinrres. Il mourut a Leyden en 15 5 j , agé de 6 5 ans. ALBERT DURER;
É L Ê V E
DE MICHEL WOLGEM UT.
A-Ibert eft Ie premier Allemand qui ait ofa
)f réf->rmer le mauvais gout dans h patrie. II naquit a JN"aremberg eh 1 470, & fut deftiné par ion père , habi'e orfèvre > a fuivre la même profef- fion ' maïs fo j inclination le portoit a graver & a deflïiier. Il eut enfin le bonheur d'entrer chez E'pfe. Martin , psintre & graveur. II y fit de graüfls pr>grè, dan& la gravure, & commen^.i a pei ndre. Il entra peu de temps aprcs chez Michel Woïgcmut. C'cft chez ce dernier qii'il s'appliqua |
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Flamands } Allemanis & Hollandois. 15
plns particulitrement a la peinturc, & négligea---------
quelque temps la gravure. Ne fe contentant pas ï74°«
de la peinture feule, il étudia la perfpedive, 1'ar- chiteclure rivile 5: militaire , fur iefquelles il donna des traites. Avant d'avoir quitte 1'école , quelques ou-
vrages difperfés Ie rirent connoJtre a la cour de 1'empereur Maximdien. Ce monarquc Ie fit de- mander pour l'exécution de quelques grands pro- jets. Un jour, en dsflïnant fur uae muraille trop élevce, Vempereut, qui étoit piéfent, dit a un gentilhomme de fe pclet de facon que Ie pcintre püt fe fervir de lui pour s'élever ailez haut. Le gentilhomme repréfenta hnmblemtnt qu'il étoit pret aobcir, maïs qu'il trouvoit cette pofition trop numihante., & qu'on ne pouvoitguèies plusavihr la nobleiTe,qu'en la faifant fervir de mnrche-pied. Cepemtre ( répondit 1'empereur )(?/?ƒ>/«.? que noblc par fes talens : jepeux d'un pay fan faire un noble s muis d'un noble je ne ferois jamais un tel artijle. Alben fut ennobli par ce prince , qui lui donna pour armes trois écuflbns d'argent, deux en chef Sc un en pointe , fur un champ d'azur. L'empereur Charles V', Sc Ferdïnand roi de
Hongrie & de Bohème., eurent pour .Albert la même eftime. Il avoit une fïgure aimable, des manières nobles , une converfation fpirituelle Sc cnjouée : il vivoit avec les grands , fans méptifer fes égaux. Accoutumé a louer les artiftes, il en étoit adoré. Quelques-uns des (es ouvrages portés en Italië,
lui ont mérité 1'eftime de Rapha'èl. Albert lui en- vova fon portrair & quelques gravures de fa main: 11 obtint en reconnoniance pluiieur* deiiins avec |
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L :_________
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i6 la Vit des Peintres
Ie portrait de Raphaïl, qui, grand admirateur de
la finefle du burin d'Albert, fit voir ces eftampes a fon graveur Mare Antoine , ainfi qua. Mare dt Ravenne. Le premier fit plufieurs tentatives pour imicer notre Allemand; il copia rnême les 3 6 morceaux de la Paffion, en y mettant la marque & le nom d'Albert Durer. Ce dernier, faché de fe voir fi mal copié, fit expres Ie voyage de Venife, & porta fes plaintes au fénat, qiii ordonna que fa marque feroit efFacée , avec défenfes a tous graveurs de copier les ouvrages d'Albert. Il retourna chez lui avec cette légere fatisfadion, Sc commenc.ade nouvsau a peindre & graver. Alberts'étoit marie fort jeune. Son talent pou-
voit bien fuppléer anx dépenfes de fa femme, mais tout fon efprit n'en pouvoit adoucir le caraótère : il s'en éloigna & pafla en Hollande. Il s'arrêta chez Lucas de Leyden. Ces deux grands hommes s'ellimèrent, & une émulation digne d'exemple fit toute la douceur de leur commerce. Us firent leurs portraits alternativement, & fe féparèrent avec regret. Albert, de retour a Nuremberg , fut nommé
membre du confeil. Ces honneurs , ces richefTes & 1'eftime du public, nele dédommagèrentpoint du malheur d'avoir une femme difficile : il eti mourut de chagrin le 8 avril 1518., a 1'age de 57 ans. Il fut enterré a Nuremberg, dans le cime- tière de Saint Jean. On lic fur fa tombe cette üif- cription: ME:AL:DU:
Quicquid Albcrti Duren mortale fiat 3 fub hoc
conditur tumulo. Emigravit VIII. Idus Ali M. D. XXFUL |
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Flamands j Allemands & Bollandols. 27
Le mérite d'Albert eft connu, non - feulement
par 1'éloge qu'en a fait Raphaël3 mais par Ie nom- * bre d'Italiens quiont fuivi fa maniere. Quelques- uns ont cru qu'il avoit étudié en Italië : on s'eft trompé; lc voynge de Venife n'eft point a citer: il n'y refta pas alïez de temps ponr méditer fur les beautés de 1'antique. On Ie remarque d'ailleurs dans fes ouvrages , puifqu'il lui man que ce qui n'auroit point échappé a un génie comme Ie fien, s'il avoit vu Rome. Il devoit tout a fon génie. Quoique fupérieur aux peintres de fa nation, il ne put éviter entièrement leurs défauts, tels que la iécherefle (1) de fes contours, fes expreffions fans choix, fes draperies boudinées (2), nuüe dégradanon des couleurs : on ne nouve dans aucuns de fes ouvrages, ni la perfpeóhve aënenne (3), ni Ie cqftume (4) ; mais auili avoit-il beau- (i)Séckeresse : défaut ordinaire de ce temps. On con-
noissoit pen ces contours ondoyans qui marquent si bien les belles formes et 1'insertion des musclesjau contraire, la nature paroissoit roide ou décharnée. (2) Draperies bouainces : les belles forrnes du nud se
f rouvoient cachées sous des plis a 1'infini, sans choix ni vérité. (3) La perspectivt a'êrienne est une dégraclation des
tons de couleurs , qui éloifrne les différens plans, k mesure que Ie peinfre inlelligent sait y répandre do la vapeur; et par-la nous force en quelque facon de croire réel ce qui n'est qu'illusoire. (4) Costume. Le peintre, en représenlant quelque
Irait de 1'histoire, doit non-seulement êlre exact a suivre le texte, mais il doit représenter le lieu oü 1'adion s'est passée, soit a Rome ou a Athènes, etc. pres d'un fleuve ou sur les bords de la mer, dansun palais ou dans une campagne, dans un paysfertileou aride; il faut que les habillemens et les usages de chaque peuple, soit en paix ou en guerre, distinguent les Grecs et les Romains, etc. |
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La Vu des Vcïntrti
-coup d'élévation & de jugement dans fes cottipo-
1470 fitions. Il finiiïbu fes tableaux avec une propreté furprenante , & jamais homtne n'a plus produit. Les premiers tableaux que nous connoifïbns de lui, font Ie portraic de fa mèrej Sc celui qu'il a fait d'après lui-même , a 1'age de 30 ans, peint en 1500. Il eft place dans la galerie de 1'empereura Prague. On eftime beaucoup plufieurs tableaux;, tels que les Mages, h Vierge avec des Anges qui la couronnent de rofes; Adam & Eve de gran- deur naturelle ; Ie Supphce de plufieurs martyrs. Cedernier tableau cft date de 1508. Il s'y eft peint lui-même , tenant ur petit drapeau dans lequel on lit fonnom. Le plus beau tableau qu'il ait fait, repréfente notre Seigneur fur la croix , envi- ronné d'une gloire : au-deiïous Sc dans le bas on voit 1111 grouppe de papes, de cardinaux & d'empereurs , 8cc. Il y eft aufli repréfente tenant un petit tableau fur lequel on lit : Al~ bertus Durer, Noricus, faciebat anno de Firginïs Partu ij 11. Tous ces tableaux étoient dans le cabinet de rempereur & Prague. On en remar- quoit un repréfentant notre Seigneur porunt fa croix. Les principaux du confeil de Nuremberg y étoient peints , parce quMs en avoient fait préfent a 1'empereur. On vante encore de ce peintre une Aflomption qui rapportoit un grand profit aux religieux de Francfort _, qui exigeoient toujours quelquc récompenfe pour ouvnr & fer- mer lej volets du tableau. On voit encore de lui a Nuremberg, dans hf
maifon du confeil, plulïenrs portraits d'empe- reurs , quelques autres tableaux Sc les douze Apotres. |
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Flamands, Allemands & Uollandois', 19
Dans la galene du grand-duc, Adam & Eve,
les têtes de S. Phitippe, de S. Jacques & fon por- x47Ot trait, font eucore des morceaux eitimés. On connoït du même, chez l'éle&eur Palatin,
unefainte Familie & les dix mille Martyrs, troij tentures de tapifleries dans les appartemens du roi de France , le portrait d'un homme a demi- corps, tenant un papier; uneNauvité; une Ado- ration des Rois, & une Fuite en Egypte: ces trois fujets ne font qu'un tableau dans la colle&ion du du duc d'Orléans. Ses tableaux répandus en Italië Sc par toute
1'Allcmagne font confidérables. Ses gravures fonc en grand nombre. Voici celles de fon premier temps : 1'eftampe d'après Jfraël de Mayence, repréfente les Graces, & dans le ciel un globe fur lequel on lic fon nom & la date 1497 : il avoit pour lors 27 ans. Il y a cependant des sftampes de lui avant ce temps-la, mais fans date. Le Sauvage avec une tête de mort dans fon boucher, eft date de 1503; Adam & Eve en 1504; les deux Che- vaux en 1505 ; la Pafïïon de notre Seigneur, gravée en cuivre, eft de différentes dates, en 15 07, 1508 & J51Z; le portrait du duc de Saxe en 15 ia ; Melanchthon en 15 %6. Ses autres gravures en rmvre & en bois ne font que trop connues , ainfi que fes deffins qu'il a fini, quclquefois fttitant que fes gravures. Alberc Durer ne s'eft point borné a la fimple
pmtione de fon art : il en connoilloit les régies par h rhéorie. Tl a écrit fur les proporrions du corps hurr.ain. Outre ce traite, il en do na aufli fur la geometrie, fur la perfp.dive & fur 1'architecr ture civile & militaire. |
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La Vu des Peintres
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JEAN SWART.
--------J ean Swart j de la ville de Groningue en Oofl-
1480- frife , a fait honneur a fa patrie par la beauté de
fcm talent. Il peignoit également bien L'hiftoire & Ie payfage: fa maniere approchoit beaucoup de celle de Schoorcl. Il voyagea en Italië , & refta aiïez long-temps i Venife. De retour en Hollande , il fat uii de ceux qui réformèrent Ie gout, en y apportant la belle maniere dJItalie. II demeura a Tergoude en 1 5 n ou zj. Ses ouvrages font aflfez rares. On voit d'après lui quclques gravures en bois, repréfentant des Tucs a cheval, armés de flèches & de carquois, & notre Seigneur dans un bateau , prêchant Ie peuple. Tous ces fujets fonc 1 connoitre Ie bon gout de ce psintre. |
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DAVID JORISZ.
JL/a v 1 d Jorisz de Delft, & felon Moreri ,
de Gand ., étoit bon peintre fur Ie verre , plein d'efprit, d'une figure aimable & d'un langage fédutfant, mais enthoufiafte.il débitafesextrava- gances en 1516. Ses difciples annoncèrent deux faux prophètes Sc deux vrais ; Ie pape Sc Martin Lutlwr étoient les faux, Sc Jean de Leyden Sc Davidjoris les vrais. Joris fe difoit Ie vrai Meffie, Ie trotiïème David , neveu de Dieu , non pas par la chait , mais par 1'efprit. Je ne fuivrai poinc |
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F lamanis 3 Allemaads & Hollandois. 31
Weyermans (1) dans tout ce qu'il rapporte de ces' 'T
rêveries : Moreri les raconte tout au long. Il I4ÖOt mourut a Bale Ie 16 aoüt 1556 , fous Ie nom AeJean van Broeckj nom qui Ie cachoit aux pour- fuites de la juftice. Il fut enterré dans la princi- pale églife. Moreri ditqu'il fut exhumé trois jours après & brülé pour fes erreurs. On voit de fes def- fms afTez correds chez les curieux. Jacob Moelaert en pofsède quatre. On connoït de lui un Moyfe fauvé par la fille de Pharaon , la Terre promife, S. Pierre qui regoit de notie Seigneur les clefs du Paradis, Sc Ie Centenier. Sa maniere tient beau- coup de celle de Lucas de Leyden. |
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JOACHIM
PATENIER;
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peintre étoit de la ville de Dinant dans
Ie pays de liége : il fut rec.u dans 1'académie de peinture , a Anvers, en 15 15. Son talent étoic depeindre Hes payfages , qu'il a fort bien traites. Les petites figures font fpirituelles & les fonds agréables: les arbresont de belles formes : il poin- tilloit les feuilles artiftenient. Il étoit fort crapu- leux , & 1'ivrognerie Ie perdit entièrement. Albcr Durer, pafiant par Anvers, vit fa maniere de peindre, & en fiifoit grand cas; óVpour marquer ion efhme , il deffina Ie portrait de ce payfagifte. (1) "Wever-mans , peintre hollandois} a^crit la
vie des peintres, depuis Houbraken. |
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jt %a T'le des Pelntres
"—T Les ouvrages de Patinier fe trouvent dans lei
*4 °' plus be.iux cabinets. Il a fait quelques batailles, & il a eir pour élcve Framjois Mojlaert. Patenier rendoit fes tabieaux reconnoilïables par un petit •bon hommechianc, qu^il mettoit par-tout: c'étoit- l.i Ie coin du peincie. JEAN CRANSSE.
Cet artifte demeuroit a Anvers j oü il fut recu
dans Ie corps des Peintres, en 1515. On voyoit autreLis de lui, dans Téglife de Notre - Dame, natre Seigneur qui lavoit les pieds aux Apó:res. Cp.rk van Mandcr !oue fort ce tableau.
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HENRY DE BLES.
X1.ENRY de Bles : on lui donna ce nom pour
une tache blanche ou une portion de cheveux blancs qu'il avoic fur la téte. Il naqiut dans laville de Bovuie, procliede Dinant. Quoiqu'on ne lui connoiiïe point de maïtre j la nature Ie forma & Ie rendit pL:s habile payfagifte que Pa- tenier. Ses payfages f mu vanés & f.i touche fiere. Ses ouvrages font ton recherches en Italië , fous Ie nom de tableaux a la Chouette. Il fe plaifoit & en peindre une dans chique tableau. La ville d'Amllerdam pofiède un berin pnyfa^e ^e lui', on y voit fius un arbre un Por".-balle enc'.ormi , pen- dant qu'une .tr»upe de Singes s'emparent de fa boutique
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Flamands j Allemands & Hollandois. } )
boutique , dont iLs ont foin d'étaltr les différens
bi/oux aux branches des arbres. On voyoit dans J4 Ol la méme ville chez Melchior Moutherotij un petit tableau orné d'un grand nonibre de figures,dont Ie Chateau d'Emmaüs fait 1'objet principal ; les deus péierins font a table : fur Ie premier plan & dans Ie fond,laPaflion entière de noireSeigneur, la ville de Jérufalem, Ie Calvaue , avec une mul- titudedepeuple. Lecabinetde 1'Empereur pof» sède de fort oeaux tableaux da meme peintre. |
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LUCAS-GASSEL
VAN HELMONT.
JLj u c a s excelle parmi les grands payfagifles
de Flandres : il demeuroit a Bruxellës. Van Mander en dit peu de chofes: il rapporte qu'il % peu :ravaillé , mais qu'il étoit fort eftimc & grand ami du favant Lampfonius. |
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ROGE
VANDER WEYDE.
p A N Msnder dit beaucoupde bien de Koger\
il Ie regarde comme celui qui a commencé a perfedtionner Ie goür. Ce peintre naquit a Bru- xelles: il fe fit une étude des cxpreffions de 1'ame: Tome ƒ. C |
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Ja FkdesPemtres
1480. ce 1ui a rendu fes fujets fenfibles. II peignit dans
les falles duconfeil de la ville de Bruxe)les,qaatre tableaux quiont rapport a la juftice.Un de ceux qui font Ie plu;> d'impi-eilion , reprefente un Vieillard mouranc dans fon lit qni embralTe fon fils convamcu d'un crime , & qui en même temps 1'égorge pour Ie punir. La tête du vieillard, quoi- tjue mourante , eft terrible : il porte fur fa phy- iionomiele cara&ère d'une ameoutrée de douleur & de vengeance. Les autres tableaux , quoique diftérens, font aufli remarquables. Roger fit une Pefcente de croix pour 1'églife de Notie-Dame de Louvain : elle eft retnplie de figures d'une ex- preflion vraie. Ce tableau fut enVoyé en Efpagne pour Ie roi: il échappa heureufement aux flots , quoique Ie vaifleau péntj&lefoin quel'onavoit pris de Ie bien emballer, 1'empêcha d'être gaté. Michel Coxcis en a fait une copie , qui efta Lou- vain dans la place ou étoit l'original. Roger fit les portraits de plufieurs Reines & autres perfonnes diftinguées. Il étoit fort riche ,& il partagea fon bien avec les pauvres. Il mourut dans la force de fon age , d'une maladie épidémique , qu'on nom- moit ïe mal Anglois , qui ravagea tout Ie pays en |
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F lammis 3 AHemands & Hollanlols. 3 5
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R I C H A R D
AERTSZ,
ÉLÈVE DE JEAN MOSTAERT.
J\. brtszou Richard alajambe de bois ,
dejean Mojiaert _, doitfon talent a la perte d'une 11S4 |ambe. Il naquit dans Ie bourg de W^yck fur mer, dans la province de Noort-Hollande , en 1481 , de pareus pauvres pêcheiirs. Dans fa plus tendre jeune/Te , il eut Ie malheur
de fe brü'er la jambe. On 1'envoya a Harlem pour fe faire guérir j mais, foit que la plaie eüt été né- ghgéejou que Ie mal fut trop grand,oh fut obligé de la lui couper. La nature, pour Ie dédommagcr de cette perte , montra en lui on talent qui Ie diftingua dans la fuite. Pendant qu'il étoit con- damné a une ennuyeufe giiérifo::, aifis au coin du feu, Ie charbon lui fervoita rcndre furla cheminée & lesmurailles toutcequilui frappoicles yeux.On lui demanda un jour fi la peinture feroit de fon gout, & il marqua un grand defir de pouvoir entrer chez quelque maïtre. Il fut place chez Jcan Mojiaert } ou il fit voir en peu de temps , par des progrès rapides.ce qu'ildeviendroit dans la fuite. Il a peint deux volets au tableau d'autel des
porteurs de la ville d'Harlem : fur 1'un des deux, les frères de Jofephqui viennentacherer des bleds «n Egypte 5 & fur l'autre,Jofeph a/ïïs fur Ie trone. |
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3 ij La Vit des Peintres
o Le dedans écoic pemt par Jacques de Harlem , mal-
tre de Mojiaert. ■ La plus grande partie de fes ouvrages étoient
en frtfe: mais ayant prefque tous été détruits , a peme peut-on en trouv.er. Il nxa fa demeure a. Anvers, & fut admis a
Tacadémie en 1510. Il fut eftimé autant pour fa conduite que pour fes talens. 11 étoit d'un bon tem- perament & d'une humeur fort enjouée. Il avoic une belle t^te pitcirefque,que Floris a copiée pour peindrer fon S.-Luc. Sur la fin de fes jours il de- vintprefqii'aveugle. Ses par.neauxavoientquelquc- fois FépaifTeur d'un pouce de couleur, ce qui les rendoit moins a^gréables ^ il s'en facha : & quoi- qu'il ne vit prefque point , il croyoit le pubhc moins éclairé que lui. Aucun de fes enfans n'a été peintre : ïl.mourut vers le mois de mai en 1577.» agé de 95 ans. ■■ IIIIIIIIIÉMllllllilW tllMII IIWIIWI "f If «IIIMH ■ ■■^[■Illllll MUI
LAMBERT
L O MBARD,
PEINTRE ET ARCHITEGTE.
\^j E favant artilte naquic dans la ville de Liége.
Il ne néoligea rien pour fe faire un grand nom dans la peinture, 1'arcHteóture & la perfpedive. Son talent 1'a fait admircr. Sa réputation s'eft en^ core établie par de cé'èbres élèves,tels queFr^n- coïs Floris i W'ülcm Key 3 Hubert Goltyius } &c quantité d'autxes. Il voyagea dans toute TAile- |
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F lamanis ,Allcmand$ & Hollaniols. J7
magne & la France 3 avec beaucoup de fruift II o
puifa les principes de fon talent en France , en * defimant les édifices ruines »par les ravages de la guerre. Il fut enfuite en Italië : Rome fut I'éeolc oü il fe perfèclionna. De retour a Liége, il y éu- bht Ie bon gout du deffin en peinture: il fubftitua 1'antique au gothique. Un choix d'études & des connoiffances acqtufes, prouvent afle-z qu il n'avoit pomt étéoififdans fes voyages.Sa demeurectoit. nors de la ville , oü étant peu diftrait, il s'appli-' . quoit , après fon travail ordinaire , a 1'étude dés ,; belies-lertres. Foere &c phiiofophe a la fois , fes ouvrages en ce genre font d'un grand jngement. ; On voit Ie même efprit dans fes tableaux,dontun grand nombre eft gravé , entr'atitres Ia Cèné. '• Cette compofition e(l belle Sc d'uu efFetadmirable. Van Mander fïnit ici, & Ie loue comm; un des premiers peintres de fon temps. |
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A R N O L D
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É E R
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D E
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JL/ e B É i r. a pafTé pour bon peintre dans"
fon temps : il s'elr diftingué dans Ie deffin. Il M90- demeura a Anvers, Sc fut re^u dans Ie corps des peincres de la mème ville ea i 529. |
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C J
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BERNARD
VAN ORLEY,
Eleve de Raphael.
"\_j'est a la ville de Bruxelles que Van Oïley doit
Ie jour.. On ignore 1'année de fa naiflTance. Il fut auili nommé Barent de Bruxelles.il cjuitta la Flan- dre fort jeune , pourfe rendre en Italië ,oü il de- vint élève du célébre Raphaél. Ce grand maure exerca fon difciple a de très-grands tableaux , oü il perfeótionnafes talens& acquit la belle maniere. De retour en Brabanc, il s'adonna a peindre des |
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1490.
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La Vic des Peintfcs Flamattds ,
en grand , que Charles V aimoit beaucoup
i Il l |
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& r
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1490.
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forêt de Soigmes , avec les plus belles vues des
environs , oü ce pnnce écoic repréfenté avec les principaiix de fa cour. C'eft d'après ce tableau & quelques aurres cartons de Van ürley , que les belles tapilfenes ont été fakes pour l'empereur , potir les princes de la maifon d'Autriche, & pour la duchefle de Parme. Il fit dans ce rcmps-la a Anvers ce beau tableau du Jugement dernier s quel'on voit dans la chapelle des aumóniers. C'eft dans ce tableau oü il a cherché les beaux tranf- parens , qui ont fi bien réuflï dans fon ciel. Pour y parvenir 3 il fit dorer fon panneau , & c'eft de cc fonds qu'il a nré les tons chauds & brillans que 1'on y voit. Il peignit un autre tableau pour la fociété des peintres de Alahnes. Il repréfente S. Luc raifant Ie portrait de la Ste.-Vierge. Mi.chd- Loxcis a peinc les volets qu on y a ajoutes ponrie conferver. Ce grand homme fit depuis pour Ie pnnce do
Naiïau j prince d'Orange , feize cartons ou mo- dcles, qui ont été exccutés en tapiflenes pour fervir d'omemens au chateau de Breda. L'or Sc 1'argent y étoient artiftement mé!és arec la foie. On craint que la plus grande partie ne foit con- fondue avec les vols conddérables que la fille du conciërge de ce chateau a faits. Chaque canon compofoit deux figures, un cavalier & une dame a cheval ,repréfentantlesdefcendans de la familie de NaJfau."Le deflin étoit d'une grande correclion & d'une iïerté digne de l'école dont ïi'forfoit. Ce prince qui en counoifloit labeauté & qui Craignbk oe ks perdre , donna ordre i Hans ( Jean ) C
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4° La Vit des Peintrcs
Jordaens d'Anvers ,peintrea.Delft, de les copier £
1'riuile , afin de les conferver pour la pofténté.
co R N i L L e
KUNST.
-iV. v n s t naquit a Leyden en 1495. Il étoit
^ & élè d C lbfl\ |
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1493.
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en naiflanc les difpofitions propres a devenir un
grand peintre : aufll élève n'a jamais fait plus d'honneur a fon maïcre. De fon temps il fut regarde comme un des premiers peintres de fa pacrie. Les troubles ayant enpartieruiné lavillede Leyden , il alloit quelquefois aBruges j pc rlors ville des plus riches par fon commerce. Les arts y étoient recherches <Sb bien payés: il fin quantité cle beauxtableaux,qui lui rapportèrent beaucoup d'argenc,& Ie mirent fort a ion aife. Il en fitauifi a Leyden en grand •nombre , chez M. van Son- nevelt, entr'autres notre Seigneur portantfa croix au Calvaire , fuivi des larrons & d'une foule de foldats Sc de penple. Les expreflions font belles & couchanres : Ie tableau eft bien peint, & paffe poi^r un de Ces plus beaux. On a auffi de lui une Defcente de croix j morceau chaud de couleur Sc ble»"» rendu , felon Ie fujet. Il fit encore plufienrs bl I d Ldd h |
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de Leyden • rnnis ils ont été détruits ou enlevés
pendant la guerre. Il s'en troute dans les cabinets de la mêrne ville , une quantité , fcftt i 1'huile |
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£ lamanis , Allemanis & Hollandoïs. 41
011 en détrempe , principaletnenc chez Jacques Vermy. Kan Mander a vu chez la fille de CornilU Kunjij, Ie portrait de ce peintre , aflis dansfon jardin avec fes deux femmes ; & dans Ie fond on roit la ville 5c la poite aux Vaches , Ie tout bien rendud'après nature. Ce peintre eft mort en 1544, agé de 5 1 ans. |
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CORNILLE,
DIT LE CUISINIER,
KtÈVJDE SONPÈRE
CORNILLE ENGHELBKECHTSEN.
J. L érok frère de Comille Kunjl» de ]a même ville,
tous deux élèves &Kériciers des talens da Cornïlle Enghdbrechtfen3\ewr père. iteft furnomméle Cui- Jin-.er , parce qu'éranc chargé d'une nombreufe familie , & écant peu occupp a la peincare, pen- dant la guerre, il fiit obligé d'être akernative- nient peintre :"•< cuifïnier : mais il n*en étoit pas moins boii peintre. Il prit enfin Ieparti dequitter |
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y pgt c/f
roi d'-Atigleterre,pour lapeinture.il paffa a fa. cour
avec fa femme & nuit enfans. On n"*a depuis rien appriscie!ui,ficen'eftc]u'on a vu un de fes tableaux quï a ét« rapporté d'Anglecerre cnez je fienr Jcan de. Hertagfr. Il y nvoït beaucoup de fes ouvrages dans Leyden , chez Ie fieur Knottery peintre Sc amateur : piufïeurs morceaux en décrempe & * |
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* La Vu des Peintres
140 2 l'huile,bien compofés & coloriés, fur-töut un petit
tableau repréfentant la Femme adultère. Chez Jacques Vermy , on en voyoit auffi plufieurs en détrempe. Lorfque Ie duc de Leicejlcr fut nom- mé gouverneur de ce pays, les feigneurs Anglois de fa fuite cherchèrent avec emprellement fes ouvrages qui étoient fort effcimés en Angleterre. |
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L U C A S
DE LEYDEN,
ELEVE DE SON PERE HUGUES JACOBS.
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j JLu A nature a fouvcnt fait des miracles. Lucas de
Lcyden en eft une preuve. A peine étoit-il nédans
la ville de Leyden , a la fin de mai ou au commen- cement de juin 1494, qu'on Ie vit peindre & gra- ver. Il re9ut les principes de fon père Hugues Jacobs j qui étoit , .felon Van Mander 3 habile peintre. Depuis il eui pour maitre Cornille Engei- brechtfen. Sa plus tendre enfance fut confacrée a une étude opiniatre ^ & malgré les foins que fa mère prenoitpourl'endétourner, ü paflbit les muts a étudier. Il copioit la nature en tout, & fon juge- ment lui fervoit de guide. Il ne voyoit d'autres camaradesque ceux qui avoient la méme inclma- tion. Avec des difpofuions fi heureufes , on fera moins étonné d'apprendre qu'il au mis au jour des fujcts compofés a. l'age de neuf ans. Tous les genres de peinture lui étoient farni!isrs-,fur verre, |
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Flamands, Allemands &Hollandois. 43
en détrempe& al'huile, Ie portrait&le payfage, i494. il faifoit touc également bien : mais il étonna les artiftes, lorfqu'agé de douze ans , il peignit en détremperhiftoiiedeSt-HubertpourM.ZocAor/?, qui lui donna pour récompenfe autant de pièces d'orqu'il avoit d'années. Ilgravaa 14 ans Maho- tnet ivre qui égorge un religieux: cecte eftampe eft dacéede 1508. Ilgravarannéefuivanteneuflujets de la Padion, en rond, bien compofés: une Tenta- rion de St-Antoine , ou Ie demon , fous la figure d'unejolie femme , cherche a Ie féduire. Le fond eft bien entendu & le burin d'une grande intelli- gence. Dans la mêroe année on vit paroïcre de lui une Converfion de St-Paul, conduit aDamas. Ce morceau eft d'une expreffion vraie : les ajuftemens de toutes fes figures font extraordinaires, ainfi que leurs coërFures,qiupAoiirent convenablesaufujet. Auffi Vasari lemet, en bien des chofes, au-deffus ÜAlben Durer. « Lucas , dit-il, peut être égalé » a ceux qui ont manie le burin avec fuccès : fes » fujets d'hiftoire font d'une grande vérité \ il a » évité la confufion. Auffi a-t-il furpafle Alben » clans la compofition -, il avoit plus que lui ap- » pi'ofondi les régies de lJart. A peine Iapemture » pourroit-elle par fes tons de couleur', faire plus ■>■> valoir la perfpective aé'nenne. Les pemtres y » ont puifé les principes de leur art. » Ce font les tennes de Vaffarï. Il ajoute cependant que le dellin A'Alben Durer eft plus correól. En 1510,3 1'age de 16 ans, il finit un Ecce Homo. On voit dans eet ouvrage une multitude de peuple ; les attitudes en font bien variées, les ajuftemenscon- venables & les draperies bien jettées : 1'architec- ture en eft difpofée felon les régies de la perfpsc- |
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44 *-a rie aes Peintres
tive : 1'efprit dans cette compofition 3 comme
dans lei autres , eft au-defïus de 1'age de 1'auteur. Dans Ie même temps il grava plu- fïeurs planches , repréfentant un Payfan & une Payfanne auprès de trois yaches: ce morceau eft fort recherche j Adam &Éve chafTés du Paradis terreftre; une Femme quicarefle un peut chien , & une grande quantité d'autres eftampes de la même beauté. Il avoit un foin particulier de fes épreuves ; une
feule tacheétoit capable de les lui faire rebuter. Ses eftampes ont été vendues fort cher , de fon temps même. Il n'eft jamais forti de FIaiulres. fajjari s'eft trompé , lorfqu'iiacruqu'il avoicéc^ en Italië. On pretend qu'outre 1'amitié qui uniffoit Lucas Sc Alben Durer, il régnoit entr'eux une noble émulation , fans jaloftfie. lis ont fouvent traicé les mêmes fujets,& fe font admirés l'Un 1'autre. Alben fat voir fon amiaLeyden, o{j üs fe peignirent fur un mème panneau. Pouvojent_ ils fe donner des preuves plus marquées de ]eur amitié & de leur cftime? Voila les feuls pr^fens que peuvent fe faire ordinairement les peintfej^ Les tableaux de Lucas font bien peints & 4'une>
touche légere, quoique finie. Un de ceux O1^ t\ s'eft furpafle, a deux volets: il repréfente la K^ué- rifon de 1'aveug'le de Jcricho. Golt-(ius l'acl\eta ^ Leyden untrès-grandprixen i6oi,&l'atoujours regarde comme un des plus précieux de fon cat>i_ net. La couleur eft d'une grande fraïeheu^ g^ 1'ordonnance riche Sc variée : Ie payfage, <J'line touche légere , foutient agréablement Ie fo;ec principal du tableau. Il cfc date de 15 51 , ^ croit que c'eft Ie dernitr quil ait pcint * 1 |
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Flamands, Allemands & Hollandois. 4 j
n'ayanc depuis vécu que deux ans. Les magiftrats--------*
de Leyden confervent dans leur maifdn de ville 1494.
JeJugement dernier. Ce tableau eft d'un détail immenfe : la compofition en eft belle. On voi: a quel point il avoit étudié la nature dans Ie nud de fes figures: les femmes fur-tout for.r délicatement peintes , les carnations vraies j maïs felon 1'ufage du temps, elles tranchént trop avec leurs fonds , fur - tout du córé de la lumière. Sur Ie dehors des volets, font deux figures affifes, Saint Pierre & Saiat Paul, mieux coloriés & les draperies de meil- leur gout que celles du dedans du tableau. Piufieurs princes en ont ten vain offert uu grand prix, les magiftrats ont toujours marqué la nobleue de leurs fentimens, en préférant les chef- d'oeuvres du génie a un vil intérêr. Nous avons encore de ce peintre une Viergé
avec 1'enfant Jéfus , tenant une grappe de raifin. L'harmonie de la couleur'en eftremarqiiable. Ce tableau, avec fes deux volets, avoi» été fait pour M. Franfois Hoogjlraeten, gentilhomme d'auprès de la ville de Leyden. Il a depuis paffe dans lè cibinet de 1'empereur. La date eft du 11, avec fa marqué ordinaire. On connoït encore de lui un autrcjtableau 3
Amfterdam, repréfentant Ie Veau d'or, une pëtite Vierge d'une grande beauté , faite pour Ie fleur Barth'Ferreris, peintre & amateur, un nombre confidérable de portraits bienfinis & d'une grande relfemblance. Il a laifls piufieurs grands fujets d'hiftoire peints en détrémpe, a Leyden, cbex M. Knotter : une Rebecca, oü Jacob pres de la fontaine, lui demande a boire. Toures ces figu- res font belles Si Ie payfage fort aeréab'c °- '« |
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4$ La Vie des Peintres
de lui en la facriftie des Jéfuices de la rue Saint'
/ntoine a. Paris, une Defcente de croix, tableau d'une grande compofmon \ Sc un autre au Val- de-Grace, fur Ie même fujetj mais plus grand que Ie precedent Sc aufïi eftimé. A Delft plufieurs fujets de 1'hiftoire de Jofeph. Le nombre de ces ouvrages en tout genre de peinture & de gra- vure eft extraordinaire. On ne fait en quoi il a le mieux réufli, en peinture fur verre, a 1'huile ou en détrempe, en gravure au burin ou al'eau-forte. On pretend qu'il apprit a graver chez un armu- ner qui faifoit mordre a 1'eau-forte des ornemens fur des cuirafTes, & qu'il fe perfeftionna depuis chez un orfèvre. Après avoir tant donné au public , il conc^ut le
defTein d'allcr vifiter les peintres I lamands & Hol- landois, chez qui fa réputation faifoit grand bruit. A 1'age de 3 3 ans il fit équiper un navire a fes dépens, & fut a Middelbourg, voir Jcan de Ma~ bufe , excellent peintre , qu'il admira. * I' donna i fes dépens une ftte aux peintres de cette ville : il en fit autant a Gand, a Malines & a Anvers, tou- jours accompagné de Mabüfe. Chaque repas lui coütoit Go flonns. Ces deux peintres, fort riches par leurstalens, firent par-tout une belle figure; Mabüfe rfabillé en drap d'or, & Lucas d'un ca- melot de fcie jaune , qui avoit le même éckt. Ce voyage, qui devoit lui fervir de délafllments, lui coüta la vie. Le public & lui-même accusèrent les peintres, jaloux de fa réputation , de 1'avoic empoifonné. 11 eft vrai qu'il n'eut jamais, depuis, un moment de fanté , & pendant fix annces il fut prefque toujoursau lit: mais 1'opinion commune attribue fes infkmité* a la foiblefle de fon tempé- |
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Flamands, Allemanis & Hollandois. 47
rament, Scauneapphcation continuelle.Cetépm-' fement, qui dégénéra en langueur, 11e 1'empêclu J494* f>oinc de peindre ni de graver, quoique retenu au
it. Le dernier morceauqu'il grava, eftunePailas, qu'il finit. Peude temps avant fa more, il demanda avec inftance a voir le ciel, & fe fit tranfporter hors de fa chambre. Il mourut deux jours après, en 153$ , agé de 59 ans. Il s'étoit marie forc jeune a une demoifellede la maifon deBoshuyJen, de qui iln'eut qu'une fille, qui accoucha neuf jours avant qu'il mourut. Ayant demandé le nom de 1'enfant, il parut avoir regret qu'on lui eut donné le fien , difant qu'on ne cherchoit qu'a fe débar- rafler de lui, puifqu'on lui avoit fubftitué un autre Lucas. Ce dernier Lucas, fon petit-fils, eft mort a Utrecht en 1604, agé de 71 ans, aiïez bon peintre., ainfi que fon frère Jeande Hoey} peintre a la cour de France. Le portrait de Lucas ds Leyden,pemt &c gravé par lui-même , a étérenda public. Il eft repréfenré forr jeune, fans barbe,. a demi-corps, un bonnet fur la tcte , avec des efpèces d'ailerons , & une tête de mort eutre fon habir £c fa poitrine. |
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J E A N
L'HOLLANDOIS. p AN Mander rapporte peit de chofe de ce
peintre. Il y a quelque temps , dit - il, qu'on yic paroicre les portraits gravés des plus habiles |
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4 8 Ja J-'ie des Peintres
"peintresj parmi lefqiiels fe trouve celui de Jean
l'Hollandoïs, natif d'Anvers , célèbre payfagifte en détrempe & a 1'huile. Il écoir fouvent a fa fenêcrepour examhier lesdifFérens effets des nua- ges, qui entroienr dans fes payfages. Il favoic fe fervir du fond, foit du panneau ou de la toile, avec fuccès: maniere que Breughel a bien imitée. Sa femme fuivoit les marchés, oü elle expofoit fes tableaux, qui font bien recherches encore. Il eft mort a Anvers j on n'en fait point Ie temps. |
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H5H'
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J A C Q U E S
CORNÉLLISZ.
I .A ville d'Amfterdam vantc beaucoup les
talents de Jacques Corneüs^ , né dans Ie bourg d'Oofi-Sancn. Fan Mandcr ne peut exactemenc marquer Ie temps de fa naifïance \ il dit feule- ment , felon Ie rapport de Jean Schooréel, élève de Cornelis\, qu' en 15 uil jouilToit déja d'unc grande réputation. Son maïtre eft égalemenc ignoré. Corrt£/w^avoitpeintdans 1'ancienne églife d'Amfterdam une Defcente de croix , pour un tableau d'autel : on 7 voyoir une Madelains aflife au bas de la croix ^ on y reconnoiflbit la nature , auffi ne faifoit-il rien fa«s la copier. On voyoit de lui, dans la même églife, les (Euvrcs de miféricorde j mais de tous ces rableaux , il en eft peu qui aient échappé aux fureurs des guerres de reügion de ce nemps - la; guerres qui onr toujourc
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Flamands, Allemands & Hollandois. 49
toujours été funcftes aux arts. Ven Manier a vu *
a Harlem, chez Ccrmlle Suyker, une Orconnfion I454* peinte en 1517. Il en fait 1'éloge, & dit qu'elle eft dutempsoü lepeintre étou dans fa plus grande force. Il parle encore d'uno Dcfcente de croix, cjui étoic dans 'a-ville d'Akmner. Ce tableaa étoit d'une belle compofinon j !e payfage étuit de Schoorée/Cm e ève Fan Manier vante extreme- ment les mouvement des bourreaux qui étendent ave efFottnotre Seigneur fir la croix, & qui pa- roiffent remuer, tant 1'adion elt bien rendue. Ce peintre avoit tin frtre nomme Biys, qui a fair de belles chofes,& vn fils non-.mé Lirck Jacob. Ce de mier a bir pkilieurs beanx porrraits dans ley Euttes ( () d'.Amirer<.!am. Il y mo'ir 't en 1567, a 1 'age de 70 ans. Jatques Comüifc y efl mort as'ffi dans un age av.incé. PluGeurs des ouvrages de Jacques ont éré gravés en bois j neur en rondt repréftntani la Paflion denotrt Seigneur, & une ftconde P.iffio.i gravée auflien boi5^quoiquec:lle" ei tütbien conipofee, on eftime plus neufplrnches de 'ui j repréfentant des homines a cbevai. Llles font finguhères. (1) Buttesi lieux ou s'assemblenf les coirpngnies
de lamilicp bourgeoise ou les roiu'réries ('e dif*t»rens exercicei, soit de 1'arc, de 1'aibaléte ou du mail, etc. |
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Tome I. D
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J E A N
SCHOORÉEL,
ÉLEVE DE WILLEM
(GUILLAUME)CORNELISZ. |
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Jr r A n c Floris Ie nomme Ie flambeau des
peintres flamands. On Ie regarde comme Ie pre- mier qui ait franchi les Alpes & porté en Flandre Ie gout du bel antique. Jean Schooréel naquit Ie premier d'aoüt 1495 , dans Ie bourg de Schooréel, proche d'Alcmaer en Hollande. La perte de fon père & de fa mère Ie mit, encore fort jeune,fous |
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La Vu des Ptintres Flamands ,&c. J i
la tutelle de fes parens qui Ie firent étudier a
AIcmaer julqua lage de 14 ans. il apprit
facilement la langue latine j mais encraïne par
un talent qui devoit un jour !e diftinguei-j Ie
papier, Ie verre & jufqu'auxécritoires de corne,
tout devint fous fa main figures, animaux 8c
plantes. Il étoit Ie deffinateur gigé de tous fes
camarades. Des parens alTez raifonnables pour ne
rien perdre de ce que la nature annonc.oit dans
ce jeune homme, Ie placèrent chez Guillaumt
Cornelis\, peincre afFez méaiocre, qui ne voulut
engager Schooréel que pour trois ans. i.es parens
s'obligèrent même a payer une fornme 3 en cas
qu'il vïnc a quitter aVant Ie temps prcfcrit. I,e
jeune élève rapporta plus de cent florinsi i)clans fa
première année, au profit du maïïre qiu s'enivroii
fort fouvent. Il faiiic un de ces momens pour re-*
prendre 2 fon mnïcre eet engagement qu'il déchira.
iyc^oored/commencapourlorsictre plus übre. Les
fêtes & les dimanches, il alloit hors de la villejoü
il peignoit d'après nature des vues & c'es arbreS
qu'il touchoit déja d'une atitre maniere que ceux
qui peignoient de fon temps. Au bout de1; trois
années , il quuta ce maitre, & fut a -Amfterdam
chez Jacqucs Cornelis\, bon peinrre Sc bon deiïl-
nateur. Ce dernier eiubeaucoup d'attention pour
fon élève, 8i Ie regarda comme fon fils; Sc quoi-
que Schooréel étudiat chez lui j il lui donna une
penfion, & la liberté de faire des tableaux ponr
fon compte. Quelle difFérence enrre ces deux
(1) Le florin vaut 40 sous argent de France, oa
quelque chose cje plus, suivant Ie cours des espèces. |
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51 La Vu des Peintres
maïtres! Cornelis^ avoit une fille agée de 11 ans;
» Schooréd 1'aima, & cette inclination 1'empècha de fe fixer ailleurs dans fes voyages. . Il quicta fon maïtre avec amitié & reconnoif- fance, pour aller chercher Jean de Mabufe, qui étoit a Utrecht au fervice de 1'évêque Phïlippe. de Bourgogne. Malgré les talens & la réputation de ce peintre , Schooréd fut obligé de Ie quitter. Les débauches & Ie libertinage du maitr.e avoient trop fouvent expofé la vie de 1'élève II pafla par Cologne, & s'arrêta a Spire,oü il étudia, fous uu religieux j 1'architedure & la perfpeftive. Il connnua fa route par Strasbourg, vifitant toujours les peintres jufqu'a Bafle: il travailla par-tout. Une maniere prompte & facilë Ie fit admirer & eftimer. Il demeuraquelque temps a Nuremberg, cliez Alben Durer} ou il feroit refté plus long- temps, fi ce maïcre ne s'étok point trop ouver- rement déclaré partifan de la réforme de Luther, II.fut a Stiers en Carinthie, oü les premiers
de la ville 1'occupèrent. Un baron, grand ama- teur, Ie logea chez lui, & fitce qu'il put pour fe 1'attacher : il lui propofa fa fille en manage, mais Schooréel Ie refufa,& facnfia tout afa première in- clination. Après avoir beaucoup gagné dans cette ville, il parrit & fut & Venife, ou il fitconnoiflance avecquelques peintres d'AnverSj & particulière- ment avecun amateur nommé Bomberge. On ne voyoitalorsaVenifeqaedesgens qui arnvoient de tous cótéspour paflera laterre fainte.Un religieux de la ville de Gouda en Hollande, engagea notre peintre a 1'accompagner. Il s'embarqua , & s'oc- cupa fouvent a deffiner les vues des différentes ifles oü ils pafsèrent. Dans les ifles de CWypre &c |
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Flamands, Allemands & Hollandois. j 3
de Candie, il deflma les chateaux , les villes &
autres vues fingulières. Arrivé a Jérufalem , agé d'environ 15 ans, il fit connoiffance avec ie gardien du couvent de Sion. lis vifitèrent en- femble les bords du Jourdain , qu'il copioit cor- reófcement a lapiume. Ces études a fon retour lui fervirent beaucoup dans fes ouvrages. Ce même gardien 1'invita a refter chez lui pour y peindrej maïs prefle de retournër par Ie religieux de Gou- da , il pnt fon parci, & promit de faire un tableau pendant fon trajet j ce qu'il fit. Arrivé a Venife, il 1'envoya au gardien. Le fujet étoitS. Thomas ouimet fes doigcs dans la plaie de notre Seigneur. On Ie voit encore aujourd'hüi dans lemêine cou- vent. Schoor iel pe.'gnit, outre fes deflins, plufieurs chofes d'après nature , comme la Ville de Jéru- falem j leTombeau de notre Seigneur cjti'il termi- na chez lui. Il y eft repréfenté lui-même avec une troupe de chevaliers 8c autres voyagenrs. Du temps de van Mander ce tableau étoic confervé chez les Jacobins, ou a la cout des princes 4 Harlem. Il quitta la terre fainte en 1510,6? pafTa par
1'ifle de Rhodesj environ trois ans avant que les Turcs en fiflent la conquête : il y fut très-bien. regu par le grand-maïtce qui étoit alleinand. II peignit la ville de Rhodes Sc fes fortereffes. Arrivé a Venife , il 7 refta long-ternps a tra-
vailler. Il vifita enfuite quelques villes d'Italie, jufqu'a fon arrivée a Rome , oü il s'accacha parti- culièrement a écudier 1'antique ■> les ouvrages de Raphaël, de Michel Aixge 8c de quelqats autres maïtres. Il deffina les tuines & *e» envitons da Rome. D 2
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54 La Vie des Peintres
On élut dans ce temps-la a Rome Ie pape
149 f • Adrien VI, né a Utrecht. &chooréel fe fit connoïtre de fa Sainteté qui lui donna la conduite du Bel- védère j ou il üt plufieurs tab.eaux & ie portrait du S. Poiuife en pied, grand comme nature. Ce portrait fut envoyé au college de Louvain, après la mort du pape qui 1'avoit fondé. Schooréel qaitta Rome pour revenir en I landres. ArrivéaUtrecht, il apprit avec douleur que fa maitrefle avoit épou- fé pendant fon abfence un orfèvre a Amfterdam. 11 refta a Utrecht chez M. Lochorjl, un des plus grands amateurs des Pays-Bas, pour qui il peignit i 1'huile & en détrempe plufieurs tableaux : Ie principal eft 1'entrée de Jéfus-Chrift dans Jérufa- lem. Certe ville , qui fait Ie fond du tableau , y eft repréfentée d'après nature j far 1'étudequ'il en avoit faite : ce tableau avoit deux volets. Il a depuis été donné par la familie de M. Lochorjl, a la principale cglife d'Utrecht. Une faóbion qui s'éleva dans cette ville entre 1'évêque &: Ie duc de Gueldres j obligea notre peintre a la quitter. Préférant Ie repos a 1'efprit de parti, il partit pour Harlem , oü il fut très-bien recju par M. Simon Sa'én, commandeur de 1'ordre de S. Jean. Cet amateur employa Ie pinceau du peintre. Ua Baptême de S. Jean Ie fit connoitre pour imita- teur de Raphaél. Les airs des têtes font pleins de graces , de Ie fond , qui eft un beau payfage j en foutient généralement la compofition. Alafin^ tourmenté par Ie grand nombre de ceux qui fe préfentoient pour être fes élèves , il fut obligé de fe fixer un établifTement. Il loua une maifon fpacieufe, oü il peignic plufieurs tableaux, entr'autres un Ghrift pour Ie grand autel d'Arn- |
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Flamands, AUcmemds & Hollandois. 5 5
fterdam. Il répéta ce fujet pour lamème ville.
Les principaux de la collegiale fondée par
1'empereur Henn IV, lui firent peindre quatre volets au grand autel. Le milieu du retable étoit en fculpture. Sur le premier des volets il repré- fenta la fainte Vierge tenant 1'enfant Jéfus , 6c S. Jofeph a fon cóté j fur le deuxième, 1'Empereur Sc 1'évêque Contardus, dans leurs habillemens de cérémonie : un beau payfage en faifoit le fond. Comme il ne pouvoit pas fi-tót finir les deux au- cres, il peignit, en attendant, deux taBleanx en détrempe de la même grandeur. Le fujet étoit le Sacrificé d'Abraham, dont le fond étoit un beau payfage. Ces morceaux furent achetés _, ainfi que d'autres tableaux de Schooréel, par ordre du roi d'Efpagne , lorfqu'i! fut a Utrecht en 1549. Cet enlèvement,joint au malheur qui arriva en 1 $66, lorfque fes plus beaux oflvrages furent elétrnits a. Amfterdam, a Utrecht & a Gouda , nous privé prefque de toutes fes meilleures produchons. L'abbaye de Marchienne en Artois ent delui trois tableaux, favoir j un Saint-Laurent; un autre avec deux volets, repréfentant les onze mille Vierges; le troifième, un tableau d'autel avec fix volets , repréfentant le Martyre de S. Etienne. L'abbaye de Saint-Vaft a Arras eut auffi un
tableau d'autel avec des volets, deftiné pour une chapelle derriére le checur. L abbaye de Grooft-Ouwen > en Frife j lui fit
peiadre un tableau repréfentant la Cène. Toutes les figures en font grandes comme nature, & les têtes font prefque toutes des portraits véritables. Le fleur Wïllem Pieters 3 banquier de la cour
de Rome, a Malmes, eut beaucoup de fes ou- D 4
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5<J La Vïe des Pe'mtres
vrages : ils étoienc anus & avoient vécu enfemble
**' a Home. Il fit encore des tableaus fort eftimés a Breda, pour Ie comce tiend de Na£au & Kené de Chdlüns , princes d'ürange. Fan Mander loue fort une Préfentation au
temple , qu'il a vue a Ha riem, chez Ie fleur Scoterbcfch. Peu de temps après fon retour d'Itiiie} Francois
I. invita Schooréd a venir en France , avec pro- mefTe de lui donner de gros appointemens \ maïs la vie tranquillc qu'il aima toujours , 1'eiigagea a remercier ce grAnd prince. I.e Roi de Suède re-gut, a farecommandation,un archite&e appellé Cujlau , qui lui préfenta de la part du peintre 3 .une Vierge qui fut admirée a la cour. Le roi lui fit préfent en échange d'un beau diamant, de peaux «Ie martres , d'un craineau avec 1'équi- p.ige du chev^l, qui fervoit otdinairement a ce prince, d'un fromage de Suède de 100 1. pefant, ie tont accoinpagné d'une lettre de fa majefté \ mais de ce beau préfent il ne pirvinr jitfqu'a lui que cette lettre , encore avoit-on oté le fceau. Schooréd a non-feu!ement faithonnenr a la pein- mre,mais fon caradère doux & fociable le fit généralement eftimer. Poëte , muücien, orateur, il travailli dans difrerens genres, & compofaquel- ques petites piëces comiques. Il parloit plufieurs langues , le latin , le francois , Pitalien Sc ï'aliemand} & il eut la réputation d'ètre des plus habiles a tirer de 1'arc. L'adïduité au travaille rendit infirme, & !a
gravelle nbrégea fes jours. Il mouriit a Utrecht le 6 décembre i^6xt deux ans anrès qne fon élève, Anto'me Moro, peintre du Roi d'Efpagnej |
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Flamands, Alkmands & HoIIandois. 57
ent fait fon porcrait. On lit au bas ces vers
latins : Addidit huic arti decus, huic ars ipfa decorum :
Quo moriente morï ejl 3 hxc quoque vifafibi. Ant. Morus, Phi. Hfp. Regis picior, J. Schordiopic.
F. Aa. M. D. LX. |
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MICHEL COXCIE,
ÉLEVE DE VAN ORLEY.
(joxcie naqnit a Malines en 1497; & fort---------
jeune, il fut élève de van Orley. Les lecons du 1497-
maïtre Sc fon application contribuèrent beaucoup a Ie renorebon peintre. Il quirta fa patrie, & fut i Rome, oü il refta
long-temps a imiter les ouvrages de Rcpha'è1. Il peignit une Réfurredion en détrempe, dans 1'an- cienne églife de S. Pierre, & quelques autres dans 1'éghfe allemande de Sainte Marie della Pace. Il fe inaria en Italië, & vint avec fa femme fe fixer dans fa patrie. On voit beaucoup de fes ouvrages a Haifenbergh , a z 011 5 lieues de Bruxelles , 011 Ie tableau du grand autel, qui repréfentoit notre Seigneur en croix, réunit les fuffrages des artifte's & des amateurs. Ce ta- bleau fut enlevé dans les troub'es du pays, & rendu, avec plufieurs autres de ce peintre, au cardinal Granvclles 3 par Thomas Wrerry, négo- ciant de Bruxelles. L'l: fpac;ne les conferve tous. L'éghfe de Sainte Gudule de cette dernière
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58 La Vie des Peintres
----------ville, poflTédoit un tableau d'autel, repréfentant
r497- la more de la Sainte Vierge j mais ayanc été enlevé
dans Ie même cemps pour 1'Efpagne, il y fuc vendu fort cher. On voyoit dans la même églife une Cène fort eftimée. L'églife de Malines a une chapelle de Saint
Luc j penite par van Orley. Mïchel Coxcie y ajou- ta les deux volets qu'il peignit, & que Ie duc Mathieu enleva en quittant les Pays-Bas. Dans l'églife de Notre-Dame d'Anvers , il
avoit peint, pout la compagnie des archers 3 un S. Sébaftien, un Crucifix & plufieurs portraits, oü la nature écoit bien imitée., Sc dont 1'ex- preflion étoit fort belle. Dans la même églife il a peint, dans Ie tableau
du rétable de la chapelle de Sainte-Annc, une Sainte Familie. Rubens a fouvent loué ce tableau. Il a peint chez 1'Eleóteur Palatin la RéfurrecÜon du Lazare. On voyoit par-tout de fes ouvrages , parce
qu'il a beaucoup travaillé & vécu long-temps. De venu fort riche, il fe fit faire dans Malines trois maifons ou hotels qu'il enrichit de fes tableaux, <jui font fort recherches & difEciles a a?oir. Malgré fon grand talent, on foupc,onne Coxcie
d'avoir eu peu de génie pour la compofition. On reconnoït Ie larcin dans tous fes ouvrages, 8c particulièrement ce qu'il a pris de Raphael. Auffi fut-il très-faché lorfque Jéfome Cock donna en gravure , au public, 1'école de ce maïtre italien. On prit Ie copifte fur Ie fait- Ainfi les traduóbions des écrivains étrangers découvrent les vols fecrets qu'ils nous font, & ceux que nous leur faifons a notie tour. |
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Flatnands 3 Alkmands & Hollandois-. 5 9
II favoit donner, ainfi que Raphaëi, bcaucoup ———— de grace a fes femmes, & il imitoic fa maniere X497*
yareScfuave de peindre.
Ayanc été appelé a Anvers pour orner la maifon
de ville de fes ouvrages, il fe laiffa tomberdans
1'efca'ier, & mourut peu de jours apiès cette
chüte, en 15pa , agéde 95 années.
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MARTIN
HEMSKERCK,
ÉLEVE DE SCHOORÉEL.
-------- La Hollande Pa regarde long-temps
1498. comme un de fes meilleurs peintres. Il naquic
en 1498 , dans Ie village d'Hemskerck. Son père, Jacques Willems Vanvécn, macon , fit ce qu'it put pour empêcher fon fils d'être peintre. Soit que Vanvécn pensat que fon fils ne pourroit fe rendre un jour hr.Mle dans la peinture, foit qu'il fit peu de cas de eet art, il Ie retira de chez fon |
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La Vit des Pcintres Flamands, &c. S\
maltre, malgré lui, & Ie deftina aux travaux les
plus vils de la campagne; mais Ie génie j ainfi que ï'amour, fórce tous les obftacles. Hemskerck au défefpoir imagina nn moyen qui lui réuffit. Un Jour a fon ordinaire> chargé d'un feau plein de laic, il donna contre une branche d'arbre, & cul- butant Ie feau, Ie lait fut répandu par ten-e. Le père, faché de cette pene, pourfuivit Ie fils qui s'échappa, & pafTa la nuit fur un moneeau de foin. Le lendemaia , a 1'infu de fon père , fa mère le munit d'un petir paquet & de quelque peu d'argent, qui le conduifit le même jour a Delft. Il travailla chez Jean Lucas, oü ir s'a- donna entière'ment au deflin , ainfi qu'a la pein*- ture. Sa grande difpofition fe développa, & il devint en peu de temps adez bon peintre. La réputation de Schooréd faifost beaucoup debruit; on ne parloit que de fa nouvelle maniere & de fon habileté. Hemskerck quirta Lucas pour cher- cher Schooréd. 11 fit tant auprès de ce maïtre, qu'il fut adnus parmi fes élèves. Il imira ce |
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eintre, au point que Schooréd en fut jaloux, &
fit fornr de chez lui. |
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11 fe retira chez Pierre~Jean Fopfen, qui 1'em-
ploya. Il peignit dans un des appartemens, un Apollon & une Diane de grandeur naturelle, ainfi qu'Adam & Eve. Il fit encore quelques ouvrages pour Jofeph Cornelis^ , orfèvre. Avant que de partir pour Rome, il donna en
firéfent aux pemtres de Harlem, pour l'autel de,
eur ch?pelle , un tableau repréfentanr Saint-Lüc qui fait le porrrait de la Sainte Vierge, tenant Tenfant Jéfiis fur fes genoux. I! étoit peint dans la maniere de Schooréd, a ne pouvoir pas le diftin- |
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6 x La Vie des Peintres
guer. La tête de la Vierge & celle de 1'enfanc
1498. Jéfus étoient fort belles, eelle de Saint-Luc d'une belle expreffion, II marque dans fon air une grande attention a imirer 1'original qu'il copie. Derriére S. Luc, efl: une figure couronnée de lierre, que Ion croic être ie portrait de Hemskerck. On remarquoit encore dans ce tableau un Ange te- nant un flambeau j & un Perroquet dans fa cage. Le fond étoit d'une architecture vague. On y lifoit fur un feuillet une infcription en vers, que Martin Hemskerck avoit eompofée en Thonneur de S. Luc, Sc ou il étoit dit qu'il avoit fait pré- fent de ce tableau a fes confrères. Il le finit le x 3 mai 15} 1, agé de 3 4 an$. Ce même tableau eft encore garde par les magiftrtats de Harlem, dans 1'appartement du Sud, a la cour des princes. Hemskerck quitta fa patrie 5c fut a R®me avec des lettres de recommandation. Il y fut bien re^u. Un cardinal lui donna fa table. L'antique & les ouvrages de Michel Ange furent fa prin- cipale étude. Il copia les ruines des environs de cette capitale. Un Italien obfervant un jour le moment qu'il étoit forti, entra dans fa chambre, enleva tous fes deflïns , avec deux tableaux qu'il arracha de defTus les chaffis. Hemskerck de retour, fort affligé de cette perce , foupconna le voleur, fut chez lui, & fe fit rendrela plus grande partie de fes études. Mais la peur le faifit; & craignant que eet homme n'employat contre lui quelque violence , il quitta Rome, après trois an* nées de féjour, & revint dans fi patrie, avec une provifion d'études & d'argent. Il arrivoit a Dort, muni d'une lettre d'un jeune compatriote aufll étudiaat a Romej qui Tadreflöic dans une au- |
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Flatnands, Allemands & Hollandois. 6 j
berge de Dorc, oü il fut invite a fouper j mais heureufement pour lui il fut obligé Ie foir même de s'etnbarquer. L'hóte & les domeftiques furent arrêtés par la juftice : on trouva dans 1'auberge une cave remplie de cadarres. Hemskerck, de retour chez lui, fe mit a peindre.
Sa maniere étoit changée depuis fon départ: quel- ques-uns aimèrent mieux celle qu'il avoit abandon- née , c'eft-a-dire, celle de Schooreel, avec cette différence que les bords de fes contours étoient moins tranchants.On s'appercut dece changement dans un tableau d'autel qui fe voyoit a la cour des princes. Le fujet étoit la Naiflance de notre Seigneur & 1'Adoration des Rois, d'une belle compofition. II y avoit plufieurs portraits d'après nature ayec Ie fien. Sur le dehors des volets de eet autel ,on voyoic une Annonciation. La Vierge étoit belle, la draperie de 1'Ange bien jettée; clle étoit d'une couleur de pourpre , Sc avoit écé peinte par Jacques Rauwaert, qui demeuroit chez Hemskerck. Le fond étoit d'une belle architecture, Sc qui fentoit biea les études de Rome. II fit plufieurs grandi ouvrages pour la ville
d'Amfterdam; entr'autres,dans 1'ancienne églife, deux volets pour uu autel. Le dedans repréfen- toit des fujets de la Paffion de notre Seigneur, & les dehors une Réfurre&ion en couleur debronze. Cet ouvrage augmenta beaucoup fa réputatiorj. Ces volets renfermoient un beau Chrift en croix, par Schooreel. Martin fit pour le maïtre-autel de la grande
églife d'Alcmaer, un Chnft. Sur les deux volets étoit la Paflion de notre Seigneur, au-dedans^ Sc au dehors le Martyre de S. Laurent. |
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64 ta Vit des Peintres
Dans les églifes de Delf: on voyoit beaucoup
1498. de fes tableaux. Dans celle de Sainte-Agathe, ui» tableau d'autel , repcéfentant les trois Rois. Il étoit compofé de facon que fur chaque volet & fur Ie milieu fe trouvoit un des mages j Ie dehors étoit peint en camaycu , & avoit pour fujet Ie Serpent d'airain. Ce tableau lui valut ioo florins par an^ il fe fit par ce moyen beaucoup de rentes viagères. Dans Ie bourg d'Eertfvjout, au nord d'Hol-
lande, il peignit les deux volets d'un grand, au- tel. Les dedans repréfentoient la vie de notre Seigneur, & les dehors celle de S. Boniface. Il fit a Medenblick Ie tableau du maïtre-
autel *, & pour M. Ajjenvelt deux volets au tableau d'autel de la chapelle qui appartient a la familie \ & un autre tableau d'une grande beauté, oü Ton voit les quatre fins de 1'homme, la Mort, Ie Jugementjl'Enfer & Ie Paradis.Rien ne frappe davantage que les expreflions difFcrentes, la peur , la crainte j Ie défefpoir & la joie. On remarque par-tout Ie fpirituel & Ie favant artifte. Ce tableau fut fait pour fon élève Jacques Rauwaert y grand amateur & en état de Ie bien récompenfer. Il paya fon maure d'une facon peu commune , en lui comptant des doubles'ducats fi long-temps & en fi grand nombre, que Ie peintre étonné s'écria plufieurs fois} en voila a(Tez. Van Mander a vu chez Ie fieur Kcmpenaer,
Sc depuïs chez Ie fieur Melchior Wyntgis, une Bacchanale de lui qui a écé gravée. On regarde ce morceau comme Ie plus beau qu'il ait fait après fon retour de Rome. On conferve deux tableaux de ce maïtre dans
lc
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F lamanis t Allcmands & Hollandois. 6<
Ie cabinet de ÏEleSeur Palatin ; 1'un eft le- iauveur du monde , & 1'autre Mars & Vénus iurpns par Vulcain. Sa maniere de deffiner eft facile & favante. Il
manioit très-bien la plume, & compofoit bien fes iu/ets : il étoit bon architedte , comme on Ie peut voir dans les fonds de fes tableau* , & ü peignoit da»s tous les genres. On lui reproch» cependant d etre un peu fee Sc tranche dans fes figures nues. tn confidérant fes tableaux, on defire dans fes phyfionomies, cette grace touchante qui donne tanc de prix a la compofition. Il a rempli les ca- bmets & les porte-feuilles de fes ouvrages, & il a compofé pour Ie favant Coornhert, une cjuan- tite d'emblêmes gravés par plufieurs artiftes da temps , & fur-tout par Coornhert. Il a gravé lui- même les Batailles de Charles F3 excepté celle de Pavie j ou Francois I fut fait prifonnier : elle a étégravée par Corn'dleBos. Quelques années apres fon retour de Rome
il éponfa Marie Jacobs, une des plus belles filies de la ville , qui, au bout de 18 mois , mouruten couche. Apvès avoir fini a la cour des princes d'Har-
lem , les deux volets qui renferment Ie MafTacre des Innocens, par Cornille Cornelifo, il époufa en fecondes noces une fille agée, mais très-riche. Elle avoit pour défaut une envie infatiable d'a- mafler du bien , & même injuftement: ce qui déplut fort au peintre, qui dédommagea tous ceux a qui fa femme avoit fait tort a fon infu. Il avoit lui - même grand foin de s'enrichir , mais avec honneur. Il craignoit de manquer du néceiïaire dans fa vieillefle. On trouva après fa mort fon Tome I. £ |
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'66 la Vit des Peintres
1498. la doublure. Il étoit naturellement fort timide, & il redou-
toit fur-tout les armes a feu. On 1'a vu monter fur une tour pour voir palfer la marche des ar- quebufiers , & a peine fe croyoit - il a 1'abri du danger, quoiqu'il fut dans un lieu fort élevé. Le magiftrat 4'Harlem lui permit de fortir de la ville, lorlqu'elle fut afliégée par les Efpagnols (1). Il fe retira chez fon élève Rauwaert, a Amfterdam. Après la prife de la ville d'Harlem en 157J ,
les Efpagnols enlevèrent pluiieurs de fes ouvrages. La plus grande partie ayant été détruite , ils ïont devenus rares dans fa patrie même. Se voyant a la fin de fes jours , fans poftérité ,
ïl fit plufieurs legs extraordinaires. Il a laiiTé une terre dont le revenu fert a marier tous les ans quelques jeunes filles, aux conditions que le ma- tiage fe fera fur fon tombeau : ce qui fe pratique encore aujourd'hui. Il fit élever a Hemskerck, fur celui de fon pèrc,
un obélifque de pierre bleue. Le portrait de fon père y eft taille en haut : un enfant met le feu a un morceau d'o(Temens, & femble s'appuyer fur fon flambeau. ' 'n y volt encore quelques autres attributs de peinture , avec fes araies : 1'infcrip- rion en eft laiine & allemande. On lit fous une tête de mort, cogïta mor'u II eft marqué que fi cette pyramide ne fe trouvoi: point entreteuue (i)Siégemémoi-abledela ville d'Harlem en 157a ,
qui dura huit mois : elle fut défenclue par Hiperdu , gouverneur sous le prince d'Orange, et attaquéa pav Ferdéric ? fiU du duc d'Albt. |
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Flamaiids , Allemands & Hollandois. 67
dans Ie même état, les parens pourront rentrer dans Ie fonds qu'il avoit conftitué pour eet en- 1498. tretien. .Après avoir fait ces legs , & donné beaucoup
aux pauvres, ïi moutut a Harlem en 1574 , agé de 76 ans \ & il fut enterré dans la grande églife dont il avoit été tl ans marguillier. Van Mander a vu a Alcmaer, chez Vandef
Heek, des porrraits A'Hemskerck a 1'huile.» Sc peints a. différens ages. |
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AEET ( ARNAUD )
CLAESSON,
ELEVE
DE CORNILLE ENGELBRECHTSEN. J.L eft communément appe^lé Aertgcn, 8c na-
quit dans la ville de I evden en 1498. Il fit, )uf- qu'a 1'age de 16 ans Ie métier de fon père , qui étoit celui de fou'on; c'eft pour cela que quelques- uns 1'ont appellé Aertgen T'oulon. Il fe déclara bien- tót pour la peinture, & devint élève de Cornille Encelbrechtf.n en 15 i<J. Son applicanon Ie rendit en peude tempspeintrehabile. Il faifoitpeu de cas des fujets de h&ion ou de la fable. Tous fes ta- bleaux font tirés de 1'ancien &c du nouveau tefta- ment, ou d'hiftoires connues : il recommandale roême choix a fes éièves. Ses ^compofitions font belles, mais fa maniere de peindre n'eft point E 1
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&S Ia Vu des Pelntrèt
Vagréable. D'abord fon deffin fut dans Ie gout de
• fon maïtre, mais il changea cette maniere, lorf- qu'il vit des ouvrages de Schooréel. Il imita celle de Hemskerck dans 1'architeófcure, dont il a joint les ornemens a. fes oavrages ; ce qui rendit fes compofitions grandes & favantes. Ce jugementell de Franc-Flore même, qui, ayant été mande pour faire un Crucifix dans une des principales églifes de Delft, s'écarta de fa route pour voir Aertgen j & ayant demandé fa demeuie , il fut fort furpris qu'un fi bon peintre fut logé dans une petite maifon proche les remparts. Le maïtre n'y étoit point, mais fes élèves 1'introduifirent dans fon atelier, qui étoit un grenier. Fioris prit un char- bon, & tra<ja, fur un bout de muraille blanchie, la Tête de faint Luc 3 une Tète de b<Euf, & les Armes de la peinture. Si-tot qu'il eut fini fon def- fin , il retouma a fon auberge. Aertgen de re- tour , fut averti, par les traits hardis du charbon, qu'un étranger étoit venu. Cette avanture eft fem- blable a celle d'Apelles & de Protogênes. Aertgen n'eut pas plutot confidéré le deffin , qu'il s'écria : C'eft Franc-Flore, ce ne peut être que lui; ce grand malere s'eft donné la peine de me venir voir. Il ne put fe déterminer a lui rendre fa vifite: il étoit fi timide qu'il n'étoit jamais a fon aife qu'avec fes élèves. Il paflbit avec eux tous les lundis au ca- baret, non pas comme ivrogne , mais par habi- tude. Il s'eftimoit pen •, il avoit grande opinion des autres. Fioris 1'invita a 1'aller voir ; il s'en dé- fendit toujours, difant qu'il ne méritoit pas de fe trouver avec un fi grand homme. Le hafard les fit rencontrer, & Fioris profita de ce moment pour smirer Aertgen > dans 1'intention de lui faire ven- |
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Ftdmands, Alhmanis & Hollandois. £
dre fes ouvrages ce qu'ils valoient 3 puifque, mal- ■
gré fon travail conrinuel, il ne gagnoic que de quoi vivre tres médiocrement. Les remontrances du peintre d'Anvers ne firent fur lui aucun effet: il répondit que fa vie obfcure & tranquille dans fa petite bicoque, lui étoic plus chère que cello d'un r®i dans les grandeurs de fa cour, 8c qu'il ne chamgeroit jamais de fituation. Il compofoit avec une faciiité étonnante. Plus
ftirifuel que favant, fouvent peu correct, tantót fes figufés fontgigantefques, & tantötlourdes: ü faifoit beaucoup de deflins pour les peintres fur verre, & ne recevoit jamais plus de 7 fous pour un deflin d'une feuille de papier. Aniïï n'a-t-on guè- res vu de peintres qui en aient produit en fï grande quantité. Il favoit donner un tour a fes figures , 8c les grouppcr avec beaucoup d'art ^ mais Ie peu de gain lui faifoit facrifier la correötion. On voyoita Leyden, chez Ie fieur Buytenwegk,
ftois de fes plus beaux tableaux , & d'une grande expre/ïïen. Le premierrepréfentoit notre Seigneur entre les deux Larrons, lafainte Vierge avec les Difciples, & laMagdelainequi embrauoit lacroixj le fecond , norre Seigneur qui portoit fa croix , fuivi des Maries & d'mi peuple nombreux ; le troifième, Abraham qui conduifoit fon fils Ifaac chargé du bois deftiné au facrifice. A Leyden, la veuve de M. Wajfenaer, bourguemcftrc (1) Sc receveur des rentes de laville, pofiedoit un au- tre tableau repréfentant la NaifTance de irotreSei- gneur: ce tableau eft fort eftimé pour fa com- (1) Les bourguemtfira en Hol lande et en F land re,
lont des maires de villes. E $
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7o La Fie des Pelntrts Flamands , &c.
----!-----pofition , quoique peint avec moins de foin que
1498. les autres. Il y a encore de ce peintre , chez ie
fieur Knotur 3 des tableaux en détrempe lur toi- le (.)•• Ie plus beau eftune Vierge avec des Anges qui forment un concert. On voit de la meme xnain, chez Ie fieur Jean Dirck de Montfort, un autre tableau avec deux volets; il repréfente Ie Jugement dernier :fur un des volets eft Ie portrait de Dirck (Thierrv ) & de Jacques de Montjort, frères du peintre du mème nom. On voyoit de lui a Harlem , chez H. Golc<wt
Ie paffage de la Mer Ronee: Gotofiusm faifoit grand cas. La variété des figures, les dopenei , la ftc,on fingulière de compofer fes coëffures , & lesbonnets en fbrme de turban , font furprenans. Aertgen avoit une fa^on de faire prix pour fes tableaux J il menoir au cabaret ceux qui trauoient avec lui; & fans penfer a regagnei fon gite , il pafToit Ie refte de la nuit a fe promener dans les mes, en jouant d'une efpèce de flute. Il lui arnva quelquesavantures qui ne purent jamais Ie guenr d'une fi mauvaife habitude : a la fin il y perdit 1* vie. Ayant fait un jour Ie Jugemeni de Salomon pour Ie fieur Quirinck Claïs, ils furent enfemble au Cabaret, pour Ie paiement du tableau; ils s y quittèrent fort tard. Aertgen, au-lieu de rentree chez lui , continua fa promenade nodurne ; & Ie trouvant preffé d'unbefoin, ilfepla^a fur lesbordi d'un canal : après avoir óté fon habit, dans la crainte de Ie gater , il Ie mit furie talut; maïs quand il voulut Ie reprendre, fans doiite, il tomba daos 1'eau , & fe noya en 15<J4> *& de 66 ans' |
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(1) Les couleurs employees a la colle ou 1'eau
gommée sont en ditnmpc. |
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J E A N
H O L B E E N ,
ÉLÈVE DE SON PÈRE.
£e u d'artiftes ont joui d'une olus grande té-
ptitation. Son père Jean Holbéen, peintre -mé- diocre , quitta Ausboarg, lieu de ia naifTance, & alla demeurer a Balie en Suifle, oü naquic Jean Holbéen en 145)8. Il étudia fous fon père» qu'il furpafla bientór. Né avec d'heureufes dif- poütioas , il fe perfedtionna de lui-même. Ses talens fiirent employés, & on vit fortir de &. i d'excelieiu ouviages répandut chez les E4
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7* La Vie des Peintrej
__—i-------particuliere. On lui confia auffi des ouvrages
o publics, tels que la Danfe villageoife , qu'on
voit a la Poifïbnnerie j la fameufe Danfe des morts , qui eft au cimetière de S. Pierre, & les tableaux de la maifon de ville. Era/me, demeurant a Bafle , trouva ce peintre
digne de fon amitié : il lui fit faire fon portrait j & lui confeilla d'aller en Angleterre. Il quitta fans peine Ie lieu natal, ou 1'humeur impérieufe defa femme lui caufoic quelques dégoüts. Arrivé a Londres, il préfenta au chancelier Morus des lettres & le portrait d'Erafme. Ce miniftre , tou- che de larefiemblancede fon ami, & de la beauté du pinceau , teqnz Ie peintre chez lui avec diftinc- tion; il Ie garda ainfi trois ans , lui faifant faire plufieurs ouvrages. Morus ayant invite Ie roi Henri VIII a un feftin , il expofa aux yeux de ce prince les chefs-d'oeuvres AHolbéen, qui frap- pèrent Ie roi par leur beauté Sc la parfaite reffèm- blance de plufieurs portraits : Morus pria Ie roi de les accepter. Le Monarqne demanda s'il ne lui feroit pas
poflïble d'avoir 1'artifte a fon fervice. Morus le fit encrer & le préfenta au roi, q<ii le nomma fon peintre, & répondit a fon miniftre : « Je vous laifTe avec plaifir les préfens que vous venez de me faire, puifque vous me procurez 1'auteur ». Holbécn commenca ponr le roi de beaux ouvrages , qui feront nommés avec les autres. Une avanture ex- traordinaire nous fait voir a quel point ce prince 1'aimoit. Ce peintre s'étant un jour enfermé dans Ion atelier, un des premiers comtes d'Angle- cerre voulut le voir travailler. Holbcen s'excufa polimant j mais ce feigneur croyant qu'on devoit |
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Ftamands, Alltmands & Hollandois. 7 J
tout a fon rang, perfiftaj & voulut fbrcer la porte. ~" L'artifte , irrité, jetta Ie comte du haut de 1'ef- lW ' calier en bas, & fe renferma d'abord dans fon appartement \ mais pour échapper a lafureur du ieigneur Sc de fa fuite, il fe fauva par une fenê- tre dans une petite cour, & fut fe jetter aux pieds du roi, en lui demandant fa grace, fans dire fon crime. Il 1'obtintdu monarque, qui lui marqua fa furprife loifqu Holbéen lui eut raconté ce qui s'étoit paffe, & lui dit de ne pas paroitre que cette affaire ne fut terminée. Oa apporta bientot Ie fei- neur anglois tout meurtri Sc enfanglanté. Il fit fa. plainte au roi, qui chercha a Ie calmer , en ex- cufant la vivacité de fon peintre. Le comte, piqué alors ,ne ménageapoint £es termesj &le roi, peu accoutumé a fe voir manquer de refpeö:, lui dit: Monjieur ,je vous défends, fur votre vie, d'attenter h celle de mon peintre. La difference quily a entre vous deux eftfi grande, que de fept payfans je peux faire fept comtes comme vous, maïs defept comtes je ne pourrois jamais faire un Holbéen. La fermeté du roi Sc quelques autres menaces firent peur au feigneur anglois, qui demanda pardon au roi, Sc promit fur fa tête de ne tirer aucune vengeance de 1'outrage que lui avoit fait Holbéen. Holbéen3 étant devenu tranquille, ne j'appliqua
plus qu'a mériter cette prote&ion. Il acquit 1'efti- me de toute la cour 3 Sc fit dans ce temps ce beau portrait du roi en pied, qu'il a copié plufieurs fois. Le grand fut place a Witehal ainfi que cèux du prince Edouard, & des princeflès Marie Sc Elifabeth. Les portraits des grands Sc des dames de la
cour augraent£rcnt la réputation Sc fa fortune : |
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74 La Fie des Peintres
Outre Ie portrait, oü il excella, Halbeen fit plu«
145)8. fieurs grands tableaux a 1'huile & en détrempe. Uu des plus confidérables eft celui qu'il exécuta pour Ie corps des chirurgiens. On y voic Henri yilliiïis lat un tróne , a[iii donne de la main droite les privileges accordés au corps, que lei chefs rec,oivent a genoux. On croit que ce tableau n'a été fiiu qu'après la mort du peintre , qui n'a- voit pu achever fon ouvrage ^ cependant on ne peut pas décider que Ie tableau fok de deux main* différentes. La maifon d'Onent a Londres con- ferve deux grands tableaux en détrempe du même auteur ; ils paroifTent peints pour des plafonds. Le premier repiéfenteleTriomphede la Richefle, & 1 autre celui de la Pauvreté : les draperies & le métal font rehau(Tés en or, avec une propreté & un art infinis. Ces tableaux, outre le mérite de 1'exécution , intéreiïent encore par le génie poëti- que du peintre. André de Loo , grand amateur a Londres,
rechercha avec foin tout ce qu'il put acheter des ouvrages d'Holbérn, dont il fe forma un cabinet. On y voyoit un beau portrait avec des inftrumens de mathématiques, repréfenrant maitre Nicolas, allemand de nation , ailronorne du roi; celui de Thomas Cromwel, qui eftpréfentementau Pa- lais-Royal , a Paris j celui d'Erafme Sc celui de Yarchevêque de Cantorbery • une grande compo- fition en détrempe , oü les portraits du chance- lier Morus, de fa femme & de fes enfans étoient raflfemblés. Ce tableau , un des plus beaux d'Hol- béen, fut acheté fort cher après la mort & André de Loo, par ordre du nevéu de Morus. On voyoit a Amfterdam le poittaic d'une rein*
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Flamands , Alkmands & Uollandols. 75
d'Angleterre, dont 1'habillement de drap d'argent■ furprenoit par Ie brillant & la grande vérité. Dans Ie cabinet du duc de Florence font les
portr.irs d'Holléen , de Luther, de Morus & de Richard Southwal. A DufTeldorp on admire une femme en Bao
chante, un payfage Sc un autre portrair. Dans Ie cabinet du roi de France on trouve
les p^nraits de Fatchevéque de Cantorbcry, du mathématicien maïtre Nicolas , de leanne de C/èves , femme d'Henri VIII, d'Hoiléen,ü'Eraf~ tne , de Morus 3 d'un homme tenant une tere de mort, Sc lefacrifice d'Abraham. Au Palais-Royal font les portraitsd'une femme
habdlée en noir, de Morus en robe noire 3 de Gcorge Gifcn, négociant, Sc de Thomas Cromwd, habillé en dodreur. A Balie, fa patrie.onvoit laDanfe des Fayf.ns
dans la Poiflonnerie, la Danfecles Morts fur 'es murs du cimetière de falnt Pierre : 'es rois , las bergers , les riches , les pauvres , les jeunes Sc les vieux forment une efpèce de danfe avec la mort. Ce morceau d'allégorie a fouvent mérité les éloges de Rukens. Dans la maifon de ville de Bafle eft la Paffion de nocre Seigneur, en buit compartimens. Holbéen peignoir a 1'huile , en détrempe & h
gouafTcj il acquit cedernier talent en Angleterre, ou il fit connoiffance avec un habile peuitre, nom- xné Lucas, qu''Holbéen a furpafle. Frédéric Zucchero éïant a Londres environ en
1574 , éleva Ie mérite du peintre de Bafle jufqu'a 1'égaler a Rapha'él. Il copia a !a plume & a 1'encre de la Chine, les tableaux de la Richeflè & de la |
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6 La Vu des Peintrts
■ Pauvreté. Ce qui étonna le plus eet Italien, fut le
portrait en pied de la comtefle de Pembrock ; elle étoit habillée de fatin noir. Zucchero, de retour i Rome, dit a Gotf[ius que l'-Italie n'avoit point de plus grand maïtre qa Holbéen. C'eft une exagé- ration qui ne doit ni augmenter , ni diminuer Ia eloire d'Holbéen. Le ridicule de cette cornparai- ion ne tombe que fur celui qui l'a faite: il y a des places honorables au-deflbus du grand Raphaël. Le peintre de Balie avoit des talens pour ce temps-la. On admire la fralcheur de fa couleur , & la viva- cité Sc le fini de fes tableaux j mais fes draperies fbnt de mauvais gout Sc les plis boudinés. Il finifïbit les cheveux Sc les poifs des barbes fans fécherefle. Il a compofé plufieurs ouvrages pour les orfèvres , les graveurs en cuivre & en bois, êc pour les antiquaires. Il deffinoitavec une extre- me propreté a la pointe d'argent & a la plume ; il peignoit & deffinoit de la main gauche. Il avoit tin frère ainé nommé Sigifmond Holbéen , peintre médiocre. Jean Holbéen a fait un bon élève, Chrijlophle Hamberger, natif d'Ausbourg, auteur de beaucoup d'ouvrages a 1'huile Sc a fraifque (1) en Allemagne. Holbéen mourut de la pefte a Lon- dres en 15 < 4, agé de 5 6 ans, comblé de gloire & de biens. (1) Fraifque: les couleurs mêlées avec 3e 1'eati,
s'appliquent sur un enduit de. mortier tont frais ; la durée de cette espèce de peinture consiste en ce qu'elle s'incorpore dans eet enduit, h mesure qu'il se sèche. |
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Flamands, Allemands & Hollaniols. 77
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GUERAR D
HOREBOUT.
Jfjf orebout naquitaGand; il jouifïoit dans-
fon temps d'une grande réputacion \ il peignir dans 1'éghfe de S. Jean , deux volets qui ren- fermoient un retable d'aurel en fculpture. Sur un de ces volets il a peint la Flagellation de norre Seigneur ; fur 1'autre une Defcente de Croix. Ces tableaux échappèrent aux ravages de la guerre j les foldats les vendirent a un amateur de Bruxel- les appellé Martin Bierman, qui les rendit pour Ie même prix. On conferve encore quelques tableaux de ce peintre dans la même ville. Henri VIII, roi d'An^leterre, nomma Horebout
fon premier peintre; il fut confidéié par ce prince Sc par les grands du royaume. La proteclion qu'il accorda a Holbéen & a Horebout cara&érife la goüc de ce monarque. |
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1498.
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JEAN MOSTAERT,
ÉLÈVE DE JACQUES D'HARLEM.
xL naquit a Harlem en 1499 , d'une famille-
illuftre. Il hérita diinom de Mojlaert 3 dont voki l'origine. Un de Ces ancêtres ayanr été a la fuite de l'einpereut Frédtrie 8c du comtc Floris, aux |
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78 la Vit des Peintres
croifadesde 1'Oriènt Sc a la prife de Damictte, il y
fit des prodiges de valeur. Uu jour il rompit trois fabres, en comb.utant contre les infidèles, fous les yeux de 1'empereur , qui, pouv inarque de diftmc- tioiij lui donna dans fes armes trois fabres d'or fur uu champde gueules. On 1'appelloit, a caufede fa valeur , fort comme moutarde. Il ne falloit pas moins qu'une hiftoire pour expüquer cette com- paraifon, imaginée fans doute par quelque bel efprit hollandois. Jean Mojiaert, dès fa ren c'.re jeune (Te, apprit i
peindre chez Jacques d'Harletn, aflez bon pein- tre. On avoic cie !ui dans la grande égiife, un tableau d'autel très-cftimé. Mojiaert étoit d'une £<rare aimable \ la nobleiTt; de fe- fennmens & un langage poli jointafon talent, lui acquirent 1'efti- nie des grands. Il devint premier peintre de ma- dame Marguerite , foeur de Pkiiippe I, roi d'Efpa- one; il fiuvit toujours cette pnnceiïe & refta a fon fervice pendant dix-huit années. Il fit plufieurs ^rands ouvrages & une quantité de portraits des dames & feigneurs de la première condition. Comblé de richefles & d'honneurs , il fe retira a Harlem, oü il fut très-employé •, il avoit prefque tous les jours chez lui les plus grands feigneurs du pays, & étoit fi fam;lier avec eux , que Ie comte de Bunrtj accompagné de qitelques feigneurs, faifoit des parties de fouper chez Ie peintre , qui les traitoit avec nobleife & fnns profufion.Son atelier fervoit de falle a mangér; Poeil y étoit auffi fatisfait que Ie gout. I es tableaux de Mof- taert ont décoré les principe les églifes Sc autrei édifices. On voyoit aux Jacohins a Harlem une JSfaiflancede Jéfus-Chrift. La beauté de ce tableau |
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f lamanis, Allemands £• Hollandoisi j*>
fit grand bruit. On connoit encore de ce peintre
un Ecce Homo, grand comme nature , avec plu- fïeurs figures a demi-corps } un Feftin des Dieux , ou la Difcorde jectela pomme : lc dieu Mars y eft pret a tircr 1'epée. Ce tableau eft d'un grand mé- rite , & les figures en font d'une belle exprelïion. On connoit un payfageou quelques vues des Indcs, ou 1'on voit un roe her & quelques maifons j Ie tout d'un gout fingulier. Quelques grouppes de figures nues font la principale p.utie du tableau, qui eft refté fans être fini. On a les portrairs du comre & de la comtefTe de Borsèle, ainfi que Ie fien, qui eft un de fes derniers ouvrages : Ie fond repré- fente un payfage^ On p?.rloit aufli avec é'.oge d'un autre tableau , oüle bon Sc Ie rmuvais Anges plai- dent leur caufe dans Ie ciel devant notre Seigneur. Ces tableaux étoient du temps de Van Mander,
chez Ie fieut Nicolas Suycher Ecoutet d'Harlem , & petit-fils de Mofiaert. On voyoit a Amfterdam chez Jacques Rauwaert , une familie de fainte Anne ; & chez M. Nicolas Scoterbofch , confeiller a la Haye, Abraham & Sara , Agar & Ifmaèl 5 les habillemens en font obfervés felon Ie cofiume.. Jean Clae\, peintre & élève de Cornille Cornelifi, avoit un faint Chnftophe., tableau grand en tout5 & un faint Hubert qui fe voit encore a la cour des princes. On rematque, outre les beautésqui dépendent
de la peinture, qu'i! avoit fait des recherches dans les phyfionomies différentes, & fcrupuleufernent obfervé les régies du cofiume. Une partie de fes ouvrages a été brülée dans 1'incendie d'Harlem ; il n'échappa rien de ce qui étoit dans fa maifon. ,$on efprit 8c fon jugement ont fait dirc a Hemf- |
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o La Vit des Peintres
kerck qu'il avoic furpaflë les anciens. Jean de Ma-
*f ^>^ f f * & d |
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I499-
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1'abbaye de Middelbourg; mais il s'excufa étant
au fervice de la princefle , qui Ie nomma fon gen* tilhomme. Il mourut en 1555, agé de 56 ans. J E A N
VAN KALCKER, ÉLÈVE DU TITIEN.
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peintre a rendu fon nom célèbre dans
toute 1'Italie j il étoit né a Kalcker, ville du pays de Clèves. Oo ne connoït ni fon premier maïtre, ni 1'annéede fa naiflfance. Il avoit en 15 3 6, environ 3 7 ans j il demeuroir pour lors a Venife, oü il s'étoit retiré avec une fille de Dordrecht j qui fuivit cepeintre, afin d'éviter les fupplices quefes parens fouffrirent pour des meurtres commis chez fon père , comme nous avons dit dans la yie d'Hemskerck. Kakker devint un des principaal élèves du Tuien ; il a fuivi ce maïtre de fi pres , qu'il eft impoffible de diftinguer leurs ouvrages. Golt^ius, étant a Naples, prit, en préfence de plu- lieurs peintres , les portraits de Kakkerpom ceux du Tuien. Il auroit eu beauconp de peine a fe dé- tromper, fi on ne lui en avoit montré d'autres aufli beaux, & pourtant de Kalcker. Vafary qui 1'a connu a Naples, dit qu'il étoit impoflible d'appercevoir dans fes tableaux les moindres traces du goüc flamand. Tous les portraitj des peintres, frulp- tcuxi
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Flamands, Allemanis & Hollandois. 11
teurs Sc archite&es 3 dont Vafan a écrit la vie ,—, font aafïï de/finés p.ir Kakker , ain/i q.ie ks 0- I^ res d'anatomie i!e Vefale : 011 peut juger ü ion deiïïn tenoit e fou pays. Il inanioit forc bien Ie crayon & fur-0 ;t la plame , dans la m nièie du Titien. Rubens confervoir dans ion cabinct unö Nativité de Kakker. La lumière du tableau ve- noic de 1'enfint Jéfns Après la mort de Rubens■, Sandrart acheta ce tableau Sc Ie revendit a l'em- peretir Ferdmand, qui en faiioic beaucoup de cas. Cepeintremourutencore jeune, a Naples,en 154^. ALDEGRAEF
o u ALDEGREVER,
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lieu de fa nailïance n'eft poinf connu; on
Ie croit né a Souft, a 8 lieues de Munfter parce que c'eft Tendroit oii il a Ie plus travaillé. Les églifes font ornees de fes tableaux. Dans 1'an- cienne églife de cette ville, on voit de lui une Naiflance de notre Seigneur : ce tableau eft forc eftimé. Nuremberg a du mème pinceau deux Volets qui renferment un tableau d'Jlbert Durer. I! ne manquoit a ce peiutre que d'avoir vu Rome. Ses draperies font de maüvais gout; une multitude de replis diftingue fa maniere. La gravure devint ft principale occupation : il y réu/Iïc. Sou uuiin eft net, quoiqu'un peu fee. Il a gravé une Suzanne , les Travaux d'Hercule, douze J Tome /. F |
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11 La Vu des Peintres Flamanis, bc.
Danfeurs & feize petits en i $3» ,. comme on Ie voKpai- les dates d/fes eftampes , ainfi que beau- coupPde hgures nues,& d'autres fingaLctement drapées. ITmoutut a Souft, & fut ente.re fans c émonie. Un peintre de fes amts, de Munfter, fit plTcerune tombe far fa foflè, avecune mfcnp- eftampes.
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1499-
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J E A N
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DE MA BUS E.
i-L naquit d Maubeuge > ville de Hainaut, &.
tut contemporain de Lucas de Leyden. Malgré fa v'e hbertine, Jean de Mabufe hit un excellent Pemtre. Ses ouvrages font d'une proprété Sc d'un «ni pen commun. Il avoit étudié la nature pen- aam fa jeuneffe 3 & il s'étoit fait une maniere Vraie.H voyagea, mais 1'Itaiie Ie fixa quelque temps. Ce fut lui qui, a fon retour de cétte école du gout, appofta Ie premier en Flandres la namere de traiter Ie nud 3 & de fe fervir de 1 auegone pour 1'hiftoire. Sur fa rémitation Ie F x
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8 4 -t« Vie des Peintres
"marquis de Veren Ie prit en qualité de fon
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X499'
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peintre. Malgré fa pauion pour Ie vin > il fit
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„ chez ce feigneur de fort belles chofes. Ce mar-
quis , averti que 1 empereur Charles V devoit pafll-r chez lui , n'épargna rien pour Ie bien reccvoir. Il fit habiller toute fa maifon , & par diftincYion fes officiers principaux , en damas blanc. Mabufe étoit du nombre des derniers, & lorfque Ie tailleur vint pour prendre fa mefure , il lui demanda Tétofte , fous prétexte d'imaginer un habillement fingulier. Il vendit cetie étoffe pout beire", &,lorfqu'il fallut paroïtre, il fe fit faire une robe en papier blanc , qu'il peignit en beau damas. Lorfque la marche hu réglée , ils pafsè- rent tous fous un balcon oü étoit 1'empereur avec la cour. Mabufe palTa a fon tour , entre un philo- fophe & un poète, auffi penfionnaires du marquis. La beauté du damas frappa tous les yeux. Ma- bufe, qui fervok a table comme les autres gentils- hommes, étoit attentivement examiné par 1'em- pereur _, jufqu'au moment que Ie marquis, inf- truit par quelqu'un de la rufe du peintre, Ie fit approcher de 1'empereur, qui en fut extrêmement furpris; & lorfque Ie fait lui fut raconté } il en rit beaueoup. Ses tableaux font admirables. Un des princi-
paux étoit un tableau d'autel a. Middelbourg, repréfentant uneDefcente de croix. Alben Durtt étant a Anvers, fit un voyage expres pour voir ce tableau , qu'il loua beaueoup: il a été détruit, ainfi que Téglife, par Ie feu du ciel. Middelbourg confervoit du temps de Van Mander 3 un grana nombre de fes ouv rages. On voyoit encore une |
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I
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F lammis , Allemands & Hotlandois. 8 ƒ
Defcente de croix , chez M. Magnus. Les figurer |
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font d'une belle compofition & d'un deflin cor- ""
red. On admiroit une Lucrèce chez Ie fieur Wingtis a Amfterdam; un Adam & Eve chez Martin Papenbroeck ; les figures en font grandes, & paroilTent vivantes. Ce tableau a fouvent été marchandé, & même a grand prix. Un des plus frappans de fes ouvrages, eft un tableau en ca- mayeu,& prefque fans couleur, repréfentant une Décolation de S. Jacques. Lorfque Mabufe étoit aufervice du marquisde Vtrcn3 il rit une Vierge: La tête de la Vierge & de 1'Ünfant Jéfus font d'après celle de la marquife & de fon fils \ la draperie bleue étoit bien jetée & bien renduë; Ie ïefte de 1'ouvrage furpafle tour ce qu'il a fait. Ce tableau a depuis pafTé entre les mains du feigneur. Frofmont. On voit encore en Angleterre des por- traics de la main de Mabufe. Ses débauches lui firent perdre la liberté j il fut mis en prifon a Mid- delbourg. Il ne laifla pas que de travailler quoi- qu'enfermé. Van Mander"a vu de lui beaucoup de delllns au crayon noir, qu'il trouvoit fort beaux. Il mourut en 1 \ 61. |
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CORNILLE
A N T O N I Z O.
vjoRNHLE Antonizo d'Amfterdam eut 1111
falent pour repréfenter des villes : on voit de 'ui celle d'Amfterdam, peinte dans Ie vrai, Sc teüequ'elle étoit en ij}6. Ce tableau eft fur 1» F
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8d la Vu des Pe'mtres
-tnuraille de la tréforerie de la même ville. Cor-
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M99* mik écoit pour lors arbalêcrier : il fut re^u dans
Ie confcil en 1547. Il a depuis «lonné l'ancien Amfterdam avcc fi»s égiifes & fes principaux édi- fices en douze planches, gravées en bois , & dé- diées a rempereur Charles f. On les trouve en- core chez les curieux. |
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JEAN CORNILLE
VERMEYEN.
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I f oo. XL étoit de la petite ville de Bewervyck , a peu
de diftance d'Harkm. Il naquit en 1500. Il eft fils du célèbre Cornillc j autre peintre: fon mai- tre eft ignoré ainfi que les premiers progtèsdefes études , jufqu au temps oü il fut peintre de 1'em- pereur Charles ^qui en faifoitunc grande eftime. Il fuivit ce prince dans toutes fes conquêtes. Les fièges j les batailles de eet empereur furent def- finës & peints en p.irtie fur les lieux , Sc ont fervi «Ie modèles pour les fapifferies. En 1535 il fut i Tunis j lorfque 1'empereur aflïégea ie prit cette ville, & il en fit les deflms, ainfi que ceux du campement & des autres acT;ions mémorables:Les tapilfenes rendront un témoignage de fon talent. Il étoit bon géomètre, & il a fouvent été employé cemme tel. L'abbaye de Saint-Vsft d'Arras pof sède plufïeurs.de fes tableanx qui font admirés ppur leur beauté. L* ville de Bruxelles avoit de lui une quaatité de tableaux d'autels ainfi que |
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Flatnands „ Alkmanis & Hollandois. 87
tles portraits \ mais une partie a été détruite ou----------
enlevée dans les ravages de la guerce. Il fit la Naif- r5O8-
fancedu Seigneur & unChriftnud, tenant la main fur la poitrine > pour 1'égltfe de Saint-Gorick a Bruxelles j ces tablcaux font d'une grande beauté. Dans fon portrait il s'eft: repréfenté environné de garde par quelques foldats, pendant qu'il dellïne la ville de Tunis: ce tableau fe voyoit du temps de van Mander, a Middelbourg , chez la veuve Cappoen , fille de l'auteur, ainn que fon portraic Si celui de fa belle-mère, feconde femme de Vcr- meyen, toutes deux habillées en turques, Lorfque fon fils,habilc orfèvre, demeuroit a Prague au fer- vice du même empereur, il avoit chez lui une Réfurredhon que/^cr^ejenavoitdeftinée pour être jointe a fon épitaphe , qui fut réellement pbcée dans la même égliic de Saint-Gorick a Bruxeües; mais ce tableau ayant été furtivement enlevé , fon filsdécouvtït Ie vol, 5c repritTouvrage. Vertncyen peignit encore une fète. marine , oü 1'on voyoit plufieurs figures nues bien deflïnées. Il fut ami imime de Jean Schooréel. Sa taille étoit fort gran- clej Sc fa barbe fi longue, qu'elle traïnoit a terre, quoiqu'il fe tint debout; Charles /^s'efl: fouvent diverti a marcher defllis. Il eut auffi Ie nom de Jean i la Barbe. Il mourut a Bruxelles en 15 5 9 > agé de 5 9 ans. Il eft enterré dans 1'églife oü avoit été fon épitaphe. |
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38 La Vie des Peintres.
PIERRE KOECK,
ÉLÈVE DE 13ERNARD VAN ORLEY.
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JLj e s legons & la grande maniere de Parent de
' ' Btuxelles, ou van Orley, onc beaucoup aidé a développer Sc a former Ie grand genie de Pierre Koeck. La ville d'Ae'ft fe vante de 1'avoir vu naitte. En quitrant van Orley (on maïtre , fc Bruxelie<;,il hit feperfc&ionner pendant 'cjnelques années en Jtalie , ou il puifi dans 1'antique les talens que Ion remarque dans fes ouvrages. A ion recour, on chercha a Ie fixer dans fa ville natale, & en Ie nomina peintre & architeóte, avec penhon : il s'y truria, & nV reftaquepeu de temp;. Devenu vcu£, il retournaa Bruxelles j oü il Fut eng.igé i peiudre des modèles pour une compagnie de marchands} qiu étabhrenc a Conf- tantinople une manufai9:ur.e de tapifferies: Koeck fut choifi ppur en diriger & conduire lesouvriers; Ce projer échoua, & les beaux patrons du peintre «e touchèrentpoint Ie Grand-Seigneur Après une année d'abfence, ils revinrent fans aucim fuccès, épuifés dedépenfes& de fatigues. Ce peintre avoit appris la langue turque } Sc avoit deffiné la ville de Conframinople êc fes environs : il fit encore fept morceaux des mo2urs de ces peuples; la Mar- che du Grand-Seigneur avec fes Jannitraires, fa Suite a la promenade; une Noce turque , avec les ornemins & les danfes du pays; la Facon d'en- terrer leurs mom hors la ville \ leurs Fcces de la |
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Flamunds, Allemands & Jiollandois. 89
nouvelle lunej Ieurs difïérens ufages «lans Ieurs--------
rep.is: ieurs voyages, Sc la fagon dont ils fe com- * 500"
portent a la guerre : toutes ces flgures font ha- billées felon Ieurs modes; les phyfionomies de ces femmes font choines Sc agréables \ les fonds de ces tableaiix foutiennent Sc donnent une grande idee de i'auteur. Toutes ces conipo/Itions ont été gravées en bois en fepr p!anches:il s'eft repréfenté dans la dernière,hatnlié en turc, Sc tenant unarc a la main. De retour dans les Pays-Bas, il époufa en fecon-
cles nores Marie Verhüljl ou Bejjemmers: II eut d'ellc une rille , qui depuis fut mariée a Pierre Breughel {on élève. En 15,49 il mit au jour plu- liturs volumes d'architefture, de geometrie Sc de ptrfpedlive. Il traduifit de lTtahen enFlamand les oeuvres de Sébajlien Serlio. Ce qu'il y a de /in- guher, c'eft qu'il a traduit fidellement,& qu'il efl: Beaucoiip plus dair que fon original. Il donna auffi , avec bien de la prérifion , la traduction de Vitruvc , Sc 011 vit tout d'un coup l'architeécure prendre Ie bon gout. Il fit une quanticé de tableaiix d'autels Sc de
cabinets, amfi que iiombre de portrairs. II mou- ftu X Anvers , peintre de 1'empereur Charles V, en 1553. Sa femme donna, après fa mort, lafuite de fes ouvrages fur l'architeclure. Il eut nn flls naturel, nommé Paul van Aeljl,
^ui copioit fort bien les ouvrages de Jean de Mabufc, Sc qui peignoir d'une extreme propreté ^es bouquets de fleurs dans des vafes de verre. Il mourtrr au/H a. Anvers , Sc fa veuve s'eft rema- «»ée a Gilles de Coninxloo. |
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$c» La. Vie des Peintres
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HANS ( J E A N )
HOOGHENBERG.
--------±1 ooghenberg, Allemand de nation , na-
1500. qUlc vers 1'année 15 00. Il exer^a fon talent a Ma-
lines , oü il eft mort en 1544. Il peignoit bien 1'hiftoire : pluileurs églifes confervent de fes ouvrages. Il compofoit facilement. I .'entree de 1'empereur dans Boulogne eft de ce peintre : elle eft alTez connue des amateurs. |
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F R A N g O I S
CRABETH.
F rancois Crabeth peïgnoit en détrempe avec
autaat,de force que s'il ent peint a 1'huile. H rit j pour les Récolets de Malines, Ie tsbleau du grand autel : Ie milieu repréfentoit notre Sei- gneur attaché fur la croix j fur les volets, on voyoit des fiijets delaPafllon.Tous fes öuvrages, exceptf s les têtes , qu'il faifoit dans Ie gout de Quinto McJJis j font dans la maniere de Lucas de Ldtf 11 mourut fort riche a. Malines en a 548. |
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Flamanis, Allemanis & Hollandols. 91
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J E A N
BAMESBIER,
ÉLÈVE DE LAMBEB.T LOMBARD.
Jjamesbiu, Allemand de nation j 3c élève'
de Lambcrt Lombard j étoit bon peintre. Il a fait * plufieurs beaux ouvrages ; maïs il devmt mé- diocre pouc s'être trop livré a la débauche. Il mouriua Amfterdam, ayant vécu pres de 100 ans. |
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CHARLES
VD'Y P R E S.
IL ccoit né dans la ville dont il porte Ie nom j
Ie temps de fa naiflance eft ignoré : ©n ne fait pas non plus de qwi il étVit élève. Il fit beaucoup d'ouvrages dans Ypres Sc aux environs. Api'ès fon retour d'Italie ,il peignoit a frefque & aThuile." Sa maniere approchoic de celle du T'mtoret, fur- tout dans une Réfurreétien qu'ontrouveaTour- "ay , & dans un Jugement dernier , fait pour 1'égüfe d^Ooghlede, entre Bruges & Ypres \ Fan Mander en a vu Ie deffin entre les maïns de fa veuve •, il étoit a la plnme & lavé a 1'encre de la Chine: il en loue fort la compofition Sc la cot- refldon.j il egde 1'autear aiix meilleurs peiatres |
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91 La Vu des Peintres.
-Flamands de fon temps. Il fit grand nombre de
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IS°°* deffins pour les peintres fur verre: On voit en-
core de fes ouvrages aux envirom d'Ypres. Mal- gré fon embonpoint il étoit d'une foible fanté: il époufa une fort belle femme , dont il n'eut poinc. d'enfans, ce qui lui attira quelquefois des plai- fanteries de la part de {es amis j maïs , foit qu'il eüt 1'efprit foible, foit qu'il fut jaloux, il fe donna un jour, éttnt avec eux , un coup de couteau , dont il mourut quelque temps après, en 1563 ou 64. D'aiitres difent qu'il avoit époufé unc femme en Italië , & qu'ayant abandonné cette femme, il regardoit comme une pumtion divine Ie cha- grin de n'avoir point eu d'enfans avec la dernière; ce qui caufa fon défefpoir ou fa folie. |
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J E A N
VAN ELBURCHT,
Surnommé PETITJEAN.
Je*n van Elburcht naquit a Elhourg , pres de
Campen j envirom Pan 1500. On ne connoït pas fes maitres. Il s'établit a. Anvers, & fut admis dans Ie corps des peintres en 1535. On voit en- core de lui , dans Péglife ds Notre-Dame de cette ville , Ie tableau d'autel de la chapelle des marchands de poiflan ; il repréfente la Pêche miraculeufe. On voit trois autres petits tableaux derriére les chandeliers, dans lefquels il a peint des fujets tirés de 1'Evangile. Ce peintre enten* |
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Tlam&nds } Alkmands & Hollandöis. f$
<3oit bien la figure, Ie payfage, & repréfentoit---------
bien une mer orageufe. 1500.
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MATHIEU ET JÉROME
K O C K.
(_jf.ï deux frères étoient de la ville d'Anvers.
Mathieu fut un excellent payfagifte , & un de ceux qui réformèrent Ie gout en introduifant celui d'Italie ; il favoit imiter la nature & la vnner agréablement : il peignit également en détrempe & a 1'huile. Jéróme quitta la pein- ture pour faire Ie commerce , & devint fort riche. Il gravoit bien a Feau-forte. O;i recherche encore 11 payfages gravés d'après fon frère. Il compofojt liu-même Ie payfage , qu'il gravoit après. Il étoit aflTez bon peintre , & mourut long- temps après fon frère, en 1570. |
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G R É G O I R E
B E E R I N G S.
IL naquit a Malines envïron Fan 15 00. Il voya-
gea fort jeune, & fut a Rome pour fe forti- fier dans fon art : il y eut de la réputation. On ne connoït de lui que des oiivrages en détrempe, qui fe fentent «Ie la grande école oü il avoir |
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94 La. V'ic des Peineres
réformé fa première maniere. Bcerings airhoit I«
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15CO" plaifir , & fouvent a négligé fa rortune. Etant un
jour fans argent, & fe voyant prefle par quelques créanciers, il peignit fur une grande toile Ie Dé- luge : on n'y voyoit que Ie ciel, 1'eau & 1'arche. Il répondoit a ceux qui luidemandoient pouiquoi il n'avoit pas traite ce fujet comme les autres peintres, qu'il aveit peint Ie Déluge dans Ie temps que tout étoit fubmergé , & qu'on verroit a(Tez de cadavres quand 1'eau feroit rentree dans fon lit. Cette plaifanteiie lui valut beaHCoup : il fut chargé par plufieurs perfonnes de faire des copies de ce Deluge. |
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LANSLOOT
BLONDÉEL;
Jjlondéel naquit a Bruges. Il étoit macon dans
fa jeune(Te. On recoanoit fes ouvrages a une truelle qu'il y mettoit pour marque. Il avoit un vrai talent pour peindre des mines
Sc d'autres fujets d'architedture : il aimoit aulli a repréfenter des incendies. Pierre Porbus époufa fafille. |
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Flamands , Allemands & Hollandois. 95
H A N S (J E A N)
SINGHER,
Suknommé L'ALLEMAND.
0 E pe'mtre naquit dans le pays de Heffe. Il----------
peignoit très-bien en détrempe le payfage 5 fes I5IOt
arbies étoient variés 5 on en diftingnoit T'efpèce par leurs formes. Il fit la plupart des patrons pour les tapiflenes de ce temps-la. Tl s'établit a Anvers, & fut admis dans le corps des peintres 6111545. PIERRE PORBUS.
Xierre Porbus , peinrre & géographe, né a
Gouda en Hollande , a fait plufieurs beaux tableaux. Il s'établit a Bruges en Flandres , & époufa la fille de Lanjloot. Il a peint quelques tableaux d'autel dans cette ville. Le plus beau 3u'il ait fait eft dans la grande églife de Gouda :
repréfente Saint-Hubert, & quelques autres fujets. Le dehors eft en camayeu : les volets onc cté depuis portés i Delft. j\près avoir leve le plan des environs de Bruges , il peignit ce plan en détrempe fur une grande toile. Le dernier ouvrage de ce peintre, dont pade v«n Mander, |
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9& laVie desPeintres
-—-eft Ie portraït du duc d'Jlencon , qu'il fit * Air-
i ' vers; il pooit dans ce genre pour Ie plus beau du temps. Ce peintre mourut environ en 158 ?. ff^^-——r—i-m m—^^m—■
HANS ou JEAN
VEREYCKE.
Je A n Fercycke, furnommé Pet'u ~ Jean, naquic
a Bruges : il peignoir bien Ie payfagc. 11 etoic agréable dans Ie choix «5c l'ordonnance des fitua- tions, & naturel dans la maniere de les repréfen- ter. Ses tabieaux étoient ordinairement des fujets tirés de la vie de la Sainte Vierge. Il eut de la ré- putation pour Ie Portrait. Carle van Mander nous vante beauroup un tableau de familie qa'il a peint: on Ie conferve dans Ie chateau Bleu , pres de Bruges. LI E VIN DE WITTE.
L étoit de la ville de Gand. Dewkte excelloït
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a
v |
peindre lurchite&ure & les peifpedives. Il
eignoit aullï l'Uiftoire , Sc on parie avec éloo-e |
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de fon tableau repréfeucant la Femme adultèfe.
Ses ouvrages font rares Ze peu connus; 011 voit dans 1'égli'fe de S.iint-Jean pluiïeurs vitrts pein- tes d'après fes deffins. JACQUES
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Flamands 3 Alltmands & Hollandois. 97
n—,i, i,r ■ -i 1 1 mi M 1 - B 1 ,,aT
JACQÜES
G R I M M ER,"
ÉLÈVE DE KOCK ET QUEBURGH.
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I
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L commencja fous Mathieu Koek, Sc depuis_
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chez Chrejlien Queburgh, Le payfage a été fon
talent. Il a parfaitement réuffi a imitet la nature: lS °' fes lointaiiT- & fes cie'<: font d'un ton de couleur & d'une legerere admirables. Outre la touche des arbres , il entendoit très-bien les fabriques. Sa maniere étoit fort prompte. Il copiatous les envi» rons d'Anvers , Sc y fut regu a 1'académie en 154(3. Il étoit bon poëte & grand comé« dien. Il eft mort dans cette ville j on ignore ea quelle année. |
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AD R I E N
DE WEERDT,
ÊLEVE DE CHREST1EN QUEBURGH.
I /e Weerdt deBruxelles con^men^a a étudiet
la peinture a Anvers , chez Chrejlien Que burgh , fort bon payfagifte , père de Daniel, peintre de Son Excellence a la Haye. De retour Tome I. G |
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8 La Vu des Peintres
■ i Bruxelles , il s'appliqua a 1'étude de fon talent.
Enfermé dans fa petite chambre, nullement dif- trait par les amufemens de fon age, mais occupé a réfléchir fur les mamères dirfërentes de chaque maicre, il en devint un lui-même. Son payfage étoit d'abord dans Ie gout de Francois Mqflaert, avant qu'il fut en Italië j oü il étudia particulière- ment la maniere du Parrnefan. Il 1'a non-feule- ment imitée , mais très-bien fuivie. De retour a Bruxelles en 1566, pour éviter les troubles de la guerre , il fe retira avec ü mère a Cologne. 11 donna dans cette villeplufieurs de fes ouvrages au public, gravés par un des plus habiles artiftes. Le Lazare, Booz& Ruth avec des petits fonds agréa- bles ; la Vie de la Sainte Vierge, mie Naillance de notre Seigneur, desEmblêmes de Coornhcrt, Jes quatre Chafles fpirituelles : tous ces fujets font dans le gout du Parmcfan , au point de s'y tromper. De Weerdt mourut a Cologne fort jeune. |
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ANTOINE MORO ,
ÉLÈVE DE JEAN SCHOOREEL.
V 01 ei un de ces peintres fameux , dont les
honneurs ont égalé les riche(Tes. Il naquit a Utrecht, & fut élève de JeanSchooreel. Son appli- cation, fous un maitre aufli habile, ne tarda point a développer les talens que la nature luiavoit don- nés: il en devint un excellent imitateur. Le car- dinal Granvelks le fit entrer au fervice de 1'em- peteuj: Charles V, qui l'envoya en Portugal pojir |
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Flamands , Alkmands & Hollandois. 99
faire les portraits du roi Jean , de la reine , foeur---------
de l'empereur, & de la princefle leur fille, depuis 1 rib.
reine d'Efpagne : ces trois portraits lui furenc payés 600 ducuts. Onjoignit derichespréfensa fes penfions, & les Portugais lui donnèrent _, en leur nom, une chaïne d'or de la valevir de 1000 rlorms. Il fit les portraits d'un grand nombre de feigneurs a. 100 ducats chacun; il recut auffi quelques bijoux d'or des principaux de la cour. L'empereur 1'employa a pluiieurs autres ouvrages, & 1'envoya en Angleterre , oü il fit Ie portrait de la reine Marie, depms ieconde femme ie Philippe, roi d'Efpagne. II eut encore pour récompenfe une chaïne d'or, & 100 hv. flerlings de pennon. Cette prmceffe étoit fort belle } il fit pluiieurs copies de ce portrait, qu'il vendit fort cher aux Anglois. Il en donna une a fon protedleur, Ie cardinal Granvelles, & a 1'Empereur, qui lui fit donner 200 florins , Sc felon d'autres 1000. La paix étanc faite entre 1'Efpagne & la France, Moro retourna en Efpagne , ou il re^ut chaque jour de nou- veües marques de la bonté du roi Sc de toute la cour. Ce prince poufïa fi loin la familiarité avec ce peintre , qu'elle penfa lui être funefte, êc fut caufe de fa feparation. Il frappa un jour Moro fut 1'épaule en badinant: Moro indifcret- tement en fit autant avec fon appui-main ('i)fur 1'épaule du roi. Les inquifaeurs méditoient de Je faire arrêter, lorfqu'un feigneur inftruifit Moro du danger prochain qui Ie menacoit. Le peintre ayant prétexté quelques affaires de conféquence , (1) Appui-main, baton 011 baguefte qui sert è ap*
puyer la main du peinlre en travaillant. G x
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roo La Vit des Ptintres Flamands, &c.
obtint un congé avec promefle de revenir. Il s'en
alla auxPays-BaSj oü peu de temps après le roi d'Efpagne lui écrivit pour le faire fouvenir de fa promeHe j mais Moro, échappé du pénl, fit naï- tre des obftades a fon retour , a proportion des inftances qu'on lui faifoit pour le hater. Le duc d'Albe* d'un autra cóté , arrêta les lettres , dans la crainte da le perdre. Il 1'avoit piis a fon fetvice, & lui fit peindre a Bruxelles toutes fes maïtreiTes. Le toi d'Efpagne gratifia tous les enfans du peintre j il donna des charges honorables aux uns , & aux autres des canonicats. Le duc d'Albc lui demanda un jour fi fes enfans étoient pourvus\ il répondit qu'ils 1'étoient, excepté fon gendre, qui avoit beaucoup d'efprit, & qui étoit capable « exercer un cmploi. Le duc lui donna fur-le- champ la recette générale d'Oueft - Flandres , une des plus belles & des plus lucratives de la province. Moro a non-feulement fait le portrait 011 il
«xcelloit j mais plufieurs tableaux d'hiftoire. On connoit de lui une RéfinreiStion , un S. Pierre & S. Paul, II fit pour le roi d'Efpagne des copies de quelques femmes diftinguées , d'après le Talen, & il balan^a les beautés des originaux. Son coloris étoit admirable: il avoit puifé la cor- re<ftion du deflin en Italië , oü il avoit voyagé dans fa jeunefle. Son dernier ouvrage eft refté- imparfait; c'étoit une Circoncifion pour la cathé- drale d'Anvers. On voit de lui a Paris j dans la colleclion du
duc d'Orléans , deux beaux portraits, celui de Grotius j Sc 1'autre d'un Homme qui a la maia sppuyée fur un dogue. |
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PIERRE
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BREUGHEL,
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ÉLEVE DE PIERRE KOECK.
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Jl ierre BreugheIj fils d'un payfan, eftnéa.--------
Breughel, village aux environs de Breda. Il 15 io.
conferva Ie nom de fon village , ainii que fes defcendans. Il fut place chez Pierre Koeck d'Aelil: de fon élève il devint dans la fuite fon gendre. .Après avoir appris la peintwra chez ce maïtre , il fut travailler chez Jcrómc Koek, & de - la il G }
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ioi La Vie des Peintres
• voyagea en Fr.mce & en Italië. Il defllna les
j „0> plus belles vues des pays ou il pa(Ta, & particuliè- rement celles des Alpes. A la fin , il travailloit dans Ie genre de jérome Bofch. Comme il étoit auffi comique que fon maïtre dans fes compo- fïtions , il fat furnommé Pierre Ie Dróle. De retour d'Jtaüe , il choilit Anvers pour fa
deraeure, & fut regu dans 1'académie de cette ville en 1551. Ses rableanx plurent beaucoup , ie il travailla long-temps pouf Ie fleur Jean Franc- kaert, négociant, qui ne pouvoit fe féparer du peintre. lis fe déguisèrent fouvent enfemble pour fuivre ies nóces ou fètes de village. Breughel, en fe divertitTaht de leürs danfes & de leurs aucres uf;iges , ne perdoit rien de leurs aifhons. ( 'eft ainii que Moliète copioit de tous cótés les origi- naux de fes pièces. Breughel faifoit cles études dans ces fètes , qu'il peignoit aclmirablement a 1'huile & en détrempe. Né pour ces fortes de fujets, il auroit remporté Ie prixdefon art fans Teniers. Ses compofitions font bien entendues j fon dêiliii correót , les habillemens de choix , les tèces, les mains font touchées fpirituellömeiit; il avoit obfervé généralement les aóhons , les danfes & les mauières des villageois.- Ses principaux ouvtages , du tèmps de van
Mander , étoient dans Ie cabinet de 1'empereur. On y voyoit un grand tableau repréfencanc la Tout de Babylone , il étoit dun travail imtnenfej & Ie même fujet en plus petst; notra Seigneur qui porte fe croix j un Malïacre cles innocens, oü fa maniere eft prefque changée , ma:s les ex- preffions font d'une grande vén té j_ uneConver- fion de faint Paul, oü 1'on découvre, du haut des |
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Tlamanis 3 Allemands & Hollandols. 103
montagnes, une grande étendue de pays, des villes , des bourgades , dont quelques-unes font prefque cachées par des nuages rranfparens : c'eft * dans ce tableau qu'on remarque qu'il s'eft uti- lement fervi des études qu'il avoit fakes dans les Alpes. A Amfterdam , chez Ie fieur Willem Jacobs,
on voit une Kermeffi 011 Fête de village , une Nóce de campagne repréfentant Ie moment ou Ion fait les préfens a la nouvelle mariée : on y re- marque un vieillard des plus confidérables de la bande , avec une petite böurfe pendant au cou , comptant 1'argent qu'il deftmeadonner. Quoique ce tableau ne foit qu'en détrempe , il cft plein de mérite; on voit que Teniers 1'a pris pour modèle dans fes précieux tabkaux. Dans la même ville , chez Ie lieur Hermann
Pïlgrims , eft une Nóce de village : rien n'eft plus ingénieux, ni plusplaifant. Les tons de chairs font bien vanés , & chauds de couleur. Cc tableau eft peint a 1'huile. Il a peint aufli la Difpute entre Ie carême Sc
Ie carnaval. Le burlefque de cette compofition caracT:érife fon auteur. Il vivoit depuis long-temps a Anvers avec une
gouvernante qu'il auroit époufée, ü elle avoit pu fe contraindre pendant quelque teraps a ne point mentir. Cette habimde déplut au peintre: il jeta les yeux fur la fille de Pierre Koeck ; il en fit la propofitton a la veuve de fon maitre , qui ku donna fa fille , a condition qu'il quitteroit Anvers pour Bruxelles,oü eliesdemeuroient. C'eft dans cette ville qu'il a compofé une partie des ouvrages mentionnés ci-JciTus, ainfi que beau- G 4
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104 La Vu des Ptintres
----------coup d'autres. Breughel a fait auffi beaucoup d'em-
1510. blêraes fingulièrement compofés s qu'il a donnés
au public j fans ceux qu'il croyoit trop libres j & qu'il ordonna de brüler avant fa mort. Il lailTa deux fils , Pierre & Jean Breughel , qui auront leur place parmi les autres artiftes. |
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J O S E P H
VAN C L É E F.
*J oseph, furnommé Cléef Ie Fou , naquit dans
la ville d'Anvers : on ignore Ie temps de fa naiffance. Les regiftres de 1'académie de pein- ture de cette ville rapportent , qu'en 1 511 elle avoit admis un nommé Jofeph de Cléef, qui avoit fait beaucoup de tableaux de la Vierge , avec des Anges afTez eftimés j mais en 151 8 , la même académie recut dans fon corps Willem de Cléef, peintre & père de celui dont nous parlons. Van Mander foutient que ce Jofeph de Cléef, recju en 15 11, n'étoit point de la même familie. Jofeph., furnommé Ie Fou-, avoit une fort belle
maniere de peihdre : il eft regarde comme Ie meilleur colorifte du temps , Sc fouvent fes 011- vrages furent égalés a ceux des plus fameux pein- tres d'Italie. Le tableau place fur 1'autel des chirurgiens , dans 1'églife de Noire-Dame d'An- vers , repréfentant S. Cóme& S. Dnmien, eft de lui j il eft plus dans Ie gout de 1'école de Rome cjne de celle de Flandres. On voyoic de lui 3. Mid- |
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Flamands i Allemands & Hollandois. 105
delbourg, chez Ie fieur Wyntgis, une fort belle
Vierge j Ie fond eft un payfage fort beau de Pat- 15ÏOt taücr. On trouve a Amfterdam, chez Ie fieur Sion Lus , un gros Bacchus a chevelure grife : Ie pein- tre a voulu faire entendre , par ce gtifon , que 1'excès du vin avan$oit la vieillefTe. Ce tableau eft tres - bien peint & colorié. Il y a d'autres ouvrages de ce peintre difperfés dans les cabinets. Le principedefafolie nelui venoitque d'amour? propre. 11 avoit une ft grande opinion de lui- même , qu'en Efpagne , ayant été préfenté au roi par fon peinrre Antoïnc Moro, il fouffroit de voir qu'on préféroit , quoiqu'avec juftice, quelques tableaux du Tuien a fes ouvrages ; il devint furieux, Sc dit tant d'injures i Moro,qua. la fin ce peintre l'abandonna. Sa folie augmenta toujours , Sc on le vit courir par les rues avec un habit ver- nis de térébenthine , fort luifant. Il fit encore d'autres extravagances ; maïs les plus facheufes furent qu'a mefure qu'il put retrouver de fes tableaux , il les retrancha & les gata. Il peignoit fes panneaux des deux cótés , afin qu'en retour- nant les tableaux on ne vit rien de défagréable. Sa familie le fit enfenner. L'époque de fa mort eft ignorée. Il eut un nis qui Fa égalé , mais non pas en folie. Il y avoit, felon van Mander., un autre Jofeph de Cléef Sc un Cornille, tous deux bons peintres. |
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La Vit des Vdntrts
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HENRI et MARTIN
DE CLËEF.
Vv e s deux frères font nés a Anvers. Henri
étoic excellent payfagifte j il voyagea long- temps en Italië. I.es études qu'il fit dans tous les endroits oü il pafTa , lui ont fervi dans la compo- fition de fes tableaux. Il nous relïe de lui des ruines antiques , qui ont été gravées. Il eut d'un nommé Melchior Lorch, qui avoit long-temps demeuré a Conftantinople , un gr.uid nombre de deilins; ce qui lui épargna la peine de voyager. >Ce peintre a foavent travaillé les fonds des
tableaux de Franc-Flore avec tant d'incelligence , qu'il écoit impoffible de foupgonner ces tableaux d'étre de deux mams différentes. Il peignoit tres- bien Ie payfage. Une touche légere , joiute a une belle harmonie de couleur , faifoit Ie mérite de fes tableaux. Il fut rec^i a 1'académie de pain- ture d'Anvers en 1533. Son frère Martin, élève de Franc-Flore, com-
pofoit d'abcrd en grand, mais fon génie Ie porta a peindre en peut : il a bien entendu ce genre. Son frère a faic les fonds de quelques-uns de fes ouvrages. Plufieurs excellens payfigiftes 1'cm- ployèrent a peindre les figures de leurs tableaux 3 entr'autres Ie Coniaxloo. Martinne forntjamais de fa patne \ contmuellement tourmentc de la goutte , il mourut a 1'age de cinquante ans. |
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F lamanis i Jüemands & Uoltandois. 107
1Tilkm(' Guillaume ) de Ctéefleut frère , pei-______
gnoit fort bien en grand : il mourut jeune.
Martin ent quatre hls , tous bons peintres :
Gilles j Martin _, Georges Sc Nicoias. Gilles ie Georges mourureut jeunes. Le premier peignoit bien en pet:t, & fes tableaux , comme ceux de fon père , {out très-eftimés. Il étoit fort dérangé, & aimoit trop les femmes p- nr vivre long-ttmps. Martin fat long-temps en Efpagne , & de-la aux Indes. Nicolas vivoit encore a Anvers du temps de van Mander, en 1604. |
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C O R N IL L E
VAN GOUDA;
ÉLÈVE D'HEMSKERCK.
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e naquit a Gouda. Martin d'IIems-
kcrck fut fon makre; il étoit uu des meilleurs' élèves cle cette école. Déja connu dans le monde par fon talent, le vin devint fa paffion dominante; il dégcnéra. Il fit regretter fes bonnes quahtés, ik il furvécut a fon mérite. |
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io8 La Vit des Peintres
PIERRE AERTSEN ,
surnommé PIERRE-LE-LONG,
ÉLÈVE D'ALAERT CLAESSEN. ---------\_J E la viile d'Amfterdam y il naquit en i $ 19.
IJ19. Il étoit fils d'un fabricant de bas, qui n'avoit
d'autre ambition que de voir fon fils en état de Ie remplacer un jour ; mais la peinture fixa l'inclinarion du jeune Aertfen. Il fut place chez Alacn Claejjsn , peintre de réputation , & de qui on voit encore des portraits dans les buttes de la même ville. Il fe fit, dès fa plus tendre jeunefTe, une maniere hardie &: fiere, qui n'appartenoit qu'a lui: c'eft a cette maniere qu'il doit en partie fa célébrité. Une difpofition heureufe , fous les yeux d'un bon maitre , en fit un peintre dès 1'age de 17 ou 18 ans. Il entendit parler<iu riche cabinet de la maifon de Bojfu en Hainaut. Muni d'une lettre de recornmandation de YEcoutet d'Amfter- dam , il fut admirer & étudier les ouvrages des grands maïtres qui formoient cette colleótion. De-Ia il vint a Anvers, oü il demeura avec Jean Maniïn , peintre. L'académie de cette ville 1'ad- mit peu de temps après fon mariage. Il s'étudia particnlièrement a peindre des cuifines & leurs uftenfiles , avec une vérité a trompcr : perfonne n'a mieux colorié que lui. Il eft même étonnant qu'après avoir choifi cc genre, oü il a excellé, il ait pcint 1'hiftoire au point de fe faire admirer. |
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Flamands j Allemands & Hollandois. 109
Le fleur Ra.uwa.ert a Amfterdam avoic beau- coup de fes tableaux ; emr'autres , un fort beau qui repréfentoit une Cuifine , le tout d'un tra- vail immenfe. Il y avoit peint fonfecond Hls Pierre Aertfen. Le dedans du tableau que la ville d'Amfter-
datn lui fit faire pour 1'églife de Notre-Dame, repréfentoit la Mort de la fainte Vierge. Ce fujet rempliilbit jufqu'aux volets \ on voyoit fur le dehors 1'Adoration des Mages. On n'y retrouvoit pas le peintre de cuifine j les figures en font bien drapées, le nud favant, & la couleur chaudc 8c vraie. Sandrart dit que ce tableau ne lui fut payé que iooo couronnes. On jetta les yeux fur lui pour le tableau du
grand autel de 1'églife neuve de la même ville; maïs, avant de lui en faire la propofition , on fit venir Mithd Coxcie de Malines, qui refufa de travailler en voyant les tableaux d''Aertfen • 6c furpris du prix modique que ce peintre en avoit recu, il dkque quandon avoit un peintre de cette efpèce, il n'étoit pas befoin d'en faire venir d'ail- leurs. Ce tableau avoit ejuatre volets j les fuiets en-dedans repréfentoient 1'Aniionciation, la Naif- fance de notve Seigneur, 1'Adoration des Rois, Sc la Circoncificn j & en-dehors , le Martyre de fainre Catherine. Ce morceau avoi: une force extraordinaire; iln'en relte que les cartons, de la grandein des tableaux qui ont été détrtuts dans les troubles de la guerre. Il avoit peint a Delft un Chrift & la Naifence de notre Seigneur j fur les dedans des volets & fur les dehors , om voyoit les quatre Evangéliftes. On admiroit dans la nouvelle églife de la même ville, rAdoration |
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11 b La Vie des Peintres Flamands 3 &c.
"des Mages & un Ecee Homo* Tous ces tableaux
ont eu Ie même fort que ceux de Louvain & de Dieft \ il n'en eft échappé que les cartons , au nombre'de 2.5. Amfterdam a confervé plulieurs de fes ouvra-
ges. On trouve une fainte Marthe chez Ie iïeur Kalraeven \ des figures en grand a la cour de Hollande \ chez maïtre Nicolae's , Ie Chateau d'Emmaiis , & quelques morceaux de la V ie de Jofeph chez Jean Pieters Reaél. A Harlem } chez CornïUe Corneli^, peintre _, une faince Marthe 8c une efpèce de Kermejje, ou Fête de village en petic ; mais il n'avoit pas Ie même mérite en ce genre : fon génie étoit plus propre aux grandes machines , ou la vigueur de fon génie étoit fou- tcnue par celle de la couleur. Il entendoit bien les fonds , 1'architecture & la perfpeéhve ; il enrichilFoit fes compofiiions par des animaux ou autres chofes qui pouvoient y avoir rapport. Il étoit extraordinaire dans les drapenes & les ajuf- temens de fes figures, qui reflembloient quel- quefois a des mafques. Cette fingularité paroifloit lui être propre. Ce peintre vit de fon temps détruire une par-
tie de fes ouvrages. Jaloux de lailTer a la pofté- rité de fes productions , il conyit beaucoup de chagrm de cette injuftice ^ il en murmura fouvent jufqu'a rindifcrétion. 11 meurut a Amfterdam Ie 2 juin 1573 , agé de 5 b ans. |
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F R A N Q O I S
DE VRIENDT;
ou FRANC-FLORE,
ÉLEVE DE LAMBERT LOMBARD.
jl rancois de Vriendt, de fon temps appelé
Ie Rapkaël des Flamands _, naquit a Anvers en 1510, d'une familie d'artiftes. Son père Cor- nille étoit tailleur de pierres & fon oncle Claude Flore, excellent fculpteur. Franc avoit trois frères. Cornille, 1'und'eux, étoit habile fculpteur 5c archi- |
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11 x La Vit des Peintres
■» — ■ -teéte. Les plusbeauxédifices d'Anvers font de lui,
i jzo. tels que la maifon-de-ville, YOoJler-huys ou maifon d'Autriche, &c. Celui-ci mourut en i j 7 5. Jacquet étoit bon peintre fur verre j & Jean s'eft fait une réputation dans la fayence, qu'il peignoit bien. Il mourut fort jeune en Efpagne, au iervice du roi Ph'dippe, qui l'avoit attiré par une forte penfion. Franc-Flore fut fculpteur fous fon oncle juf- qu'a 1'age de 20 ans, qu'il fut demeurer a Liége. Êntraïné par un penchant naturel, il abandonna Ie cifeau pour la palette , 8c devint élève de Lam- eert Lombard, qu'il a toute fa vie imité , au point que bien fouvent on a de la peinea les diftinguer. Arrivé a ce degré de talent, il yoyagea en Ita- lië j oü il étudia 1'antique , & particulièrement tl'après les ouvrages de Michel Ange , qu'il def- flna a la fanguine avec une touche libre 8c fiere. Ses contours font favans , 8c fes deflms > quoi- que hachcs , font bien moëlleux. Il revint a An- vers , après avoir fait une annple nioiflon d'étu- des , & il étonna les artiftes de fon temps par un deffin plus corredt 8c un autre gout de compo- fer. Ses ouvrages Ie firent rechercher des grands. Le prince d'Orange , les comtes d'Hoorn & d'Egmont ne ceflbient de le voir & d'eftimer en lui le peintre & 1'homme d'efprit. Tant»d'avan- tages ne purent le détourner de la paffion qu'il avoit pour le vin : la crapule lui attira dans la fuite le mépris des honnêtes gens. Son ami Coorn- hert lui écrivit une lettre en vers , ou il dit « qu''Alben Durer lui avoit apparu en fonge fous >j la forme d'un vieillard refpeótable, qui lui avoït » beaucoup loué les talens de Floris , mais en .» même temps blamé les exces honteux de fa vie. |
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Fiamaftds, Alkmands &Hoilahdois. x1
II finit en lui difant: « Si ce fonge n'eft pas réel,.
» du moins je fouhaite que 1'avis vous i&it falu- » taire. » Cet avis, ainli que les autres , furent oubliés dans Ie vin. Quelques-uns attribuent fon dérangernent a fa
femme, qui, a mefure qu'elle voyoic augmenrsr les honneurs & les biensde fon mari, redoubioit fon ambition.-EUe fuc caufe en effet d'une partie de fa ruïne. Sa maifon , quoique fort beiie , lui dépluc, & elle obhgea fon man rrop facile a en baur une fut" les aeffins de fon frère. C'étoic un palais orné de colonnes. La perce du temps & la dépenfe exceflive 1'endeuèrent. Il y euc regret, maïs trop tard. Il recomrnanda a fes enfans & aies élcves de bien étudier, maïsfar-töuc d'éviterles folies de fa vieillefle.illeur avouaqu'il avoit eu 1000 liv. de rente , ioooo liv. placées a la banque, & une belle maifon , ce qui faifoit. beaucoupde bien dans ce temps-la;que tont avoic été diflipé'par fon nouveau batimsnc, & qu'il étoit la malheureufe vid:ime de fes créanciers. Je paiTe fous filence fes paris extravagans. Il faifoic gloire de boire extraordinairemënt. Maïs parkms, de fes ouvrages. Il fit pour la confrérie de Saint Michel den-
vers , Ie tableau d'autel de leur chapelle , dans la cathédrale. Il repréfentoit laChüte de Lucifer. Cette compofition eft belie & bien peinte. On remarque 1'étude des ïnufdes dans les mouve- mens forcés des corps utids des anges rebelles qui font préeipités, ce qui donne une grande idee du mérite de ce peintre. Il avoit feit dans la rhême églife une Aflomption de la Vierge, peinté fur coutil. Ce tableau ne cédoit en rien a 1'autre. Tornt 1% H |
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ï 14 la Vit des Peintres
Les draperies en étoient bienjettées. Il fut détruie
pendant les troubles du pays. D'autres difenc qu'il fut enlevé , 8c qu'il elt encore confervé avec beaucoup de foin en Efpagne. Il peignit Ie Jugement dernier pour tableau
d'autel d Bruxelles, & une Nativité pour 1'éghfe de Notre-Dame d'Anvers. Il fit, par 1'ordre de 1'abbé Lucas , un tableau a. quatre doubles volets, pour 1'églife de Saint Jean de Gand , dans la chapelle de Saint Bavon. Ce tableau repréfentoit en dedans & en dehors la Vie de S. Luc: van Mander en fait 1'éloge. Il fut mis en süreté chez fon maitre Lucas de Heere, pendant les trou- bles du pays, & fervit de modèle dans fon atte- lier. La maniere de ce peintre, dit van Mander , eft inimitable. Ce tableau eft beau de pies, mais de loin il eft incompréhenlible: on découvre & • mefure qu'on s'éloigne, de nouvelles beautés. Il avoit 1'art de donner de la force & d'arrondirfes ftijets. En un mot , fes ouvrages & fa maniere femb:oient tenir de la magie. Il avoit une grande faciüté a produire : .il en donna mie preuve k l^ntrée de Charles V dans la ville d'Anvers. Chargé de faire les arcs de triomphe , on lui vit faire dans un feul jour fept figures grandes comme nature : il n'employoit jamais que fept henres. Dans la même ville , lors de 1'entrée de Phi-
üppe j roi d'Efpagne , il fit encore en un jout un fort grand tableau fur toile: c'étoit laVictoire & un strand nombre d'Efclaves enchainés au-defTous d'elle, Les attributs de Bellone & ceux de Ia Paix omoient cette compofition. Il a été gravé & donné au public. |
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Flamands 3 Alletnands & Hollandois, 11 5
II s'étoit diverci d peindre les dehors de fa mai- '
Con en bas-reliefs qui imkoieut Ie bronze. Les tableaux qui lui ont fait Ie plus d'honnei'r
font ceux-ei, que van Mander a vas. Les neuf Mufeschezlefieur Wyntgis, aMiddelbourg. Dans la même ville un grand tableau fur toile repré- fentant une Nóce marine. Les divinités de la mer y préfident. On voit dans tous ces corps nuds combienil avoit profitéa étudier(i'antique» On admirou a Amfterdam j chez Ie fleur jean
van Endt, un grand tableau ou notre Seigneur appelie a lui des enfans 3 & leur donne fa béné- didtion. A Anvers chez Ie fieur Nicolas Jonghe/ingh ,
dans Ie fallond'un nouveau baument, lesTravaux d'Hercuie en dix tableaux. Dans Ie fallon des Arts, fept tableaux qui repréfentent les Arts. Cornille Con les a gravés d'aprcs les deffins de Simon-Jean Kies d'Amfterdam , élcve é'Hems- kerck & de Franc-Flore. Ces derniers ouvrages étoient pour Ie grand-
prieur d'Efpagne. Chaque tableau avoit v- pieds de haut. Le premier repréfentoit notre Seigneur en croix, 8c 1'autre une Réfurreclion. Ces deux tableaux furent prefqu'entièremenr finis^mais les volets n'en étoient que foibiementébauchés. Fran- gois Porbus 8c Crijpiaen les ont finis. Il fut admis a Tacadémie d'Anvers en 1539,
& mourut en r 570 , agé de cinquante ans. Il a lai/Té plufieurs enfans. Van Mander r'en
nommeque deux: Jean-Baptïfte Florls qui futafïaf- finécrutllement parles Efpagnolsjiin atureappellé Francois comme fon père _, qui a fort bien peinc en petit. Le nombre des élèves de ce peintre Hz
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IJ ZO.
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i ï S La Vit des Peintres Fla.man.ds , &c.
eft confidérable. On en compte 150, parmi lef- 15ZO- quels il y en a qui trouveront leurs places dans |
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cecouvrage.
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MARI N D E SEEU.
ON fait de ce peintre, né a Remerswalen,
qu'il vivoit du temps de Franc-Flore. Sa maniere de peindre étoit facile & prompte.
Ou croit que la plupart de fes ouvrages font en Zélande dans Middelbourg , chez Ie fieur Wynt- gis. On voyoit de lui dans fon cabinet Ie Finan- cier , tableau richement compofé avec les attri- buts de 1'Opulence. L'époque de la mort de ce peintre n'eft point connue. |
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BENJAMIN
SAMELING.
ÉLÈVE DE FRANC-FLORE.
Sameling naquit en 1510, dans la ville
de Gand. Inftruit dans Técole de Franc-Flore, il pafla pour un des bons élèves de ce maitre. Il faifoit très-bien Ie porrrait. On voit dans 1'églife de Saint-Jean a Gand, plufieurs tableaux de ce peintre, d'après les deflins de Lucas de Meere. |
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M A R T I
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DE VOS,
ÉLÈVEDESONPERE.
artin de Vos naquit a Anvers , de Pierre
Vos, afTez habile r»int-«-»» «-■>..- •" |
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X
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de Vos, afTez habile peinrre pour être recu a Ir20..
1'académie de cecte ville, en 1519. Martin eut Ie bonheur d'étudiei' d'abord fous fon père. Les attentions d'un père pour uu fils qui embrafTe fa profelllon , font ordinairement plus v^es, plus foutenues que celles d'un maitre etranger. La véritable mère a plus de foin de fon enfaut qu'une. nourrice. Ainfi notre jeune |
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118 La Vit des Peintres
' peintre fut heureufement commencé par fon
père. De cette éducation particuliere, il pafla, a celle du célèbre Franc-Flore , dans l'école duquel il trouva de jeunes élèves très-forts j, qui excitèrent en lui cette émulation qui fut toujours la mère des talens Sc des grands hommes. Le feu de 1'émulation $c de toutes les paffions
s'éteint quand elles n'ont plus rien a dehrer. Se voyant au-defïiis de fes émules, il alla chercher aillenrs de nouvelles difticultés a vaincre , d'au- tres rivaux a furpafler, d'autres modèles a fuivre, & de plus grands maïtres a imiter. Et ou pou- voit-il mieux les trouver réunis que dans la capitale des aits , a Rome ? Il y alla, il y étudia leng-temps ; mats le génie des grands arnftes ne peut demeurer tranquille , tant qu'il leur refte de nouveaux progrès a faire. Frappe du coloris de l'école vénitienne, il
vola a Veiiife. Il s'attacha au Tmtoret _, & il fut bientöt digne de fon amitié & de fon euime , puifqu'il 1'employa a peindre le payfage de fes tableaux. Sa facilitéaproduire plat au Tintoret. L'Italien eut la générofité de découvrir au Fla- mand tous les fecrets & toutes les régies de la couleur , fans avoir la foibleffe de craindre d'en être furpafTé. D'élève , de Vos devint maure ; d'imitateur , original, fans cependant s'écarter de fon modèle. Sa réputation s'étendit dans toute 1'Italie. Il a fait plufieurs portraits pour la maifon de MedicisSc pour d'autres feigneurs. Ses tableaux d'hiftoires , places en public , achevèrent de <j^ faire connoïtre. Mais 1'amour de la patrie rappelle tous le
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Flamands 3 Allemands & Kollaniois. iio,
hommes. Un peu de gloire bornée dans Ie lieu _______,
ouils fontnés, les flatte plus qu'une plus eclatante ij-zo.
dans un pays étranget. Il retourna a Anvers , ou il débata par pluiïeurs tableaux d'autels qui méntèrent de grands éloges, & Facadémie de Ja même ville 1'admit avec diftindtion en 1559. Ce fut pour-lors qu'il fut employé a peindre Sc a compofer. Il gagna beaucoup de bien, & mou- rut en 1604, fort eftimé, & dans un age avance. De Vos compofoit aifément , & la plupart de
fes ouvrages en grand ont de 1'élévation. Sa maniere tenoit de celle du Tintoret. Son deifin eft correcl:, fa couleur bonne , & fon exécution facile. Il avoit Ie génie de fon maïtre, maismoins de vivacité. S'il cionnoit moms de tour a fes iigures , peut-êcre en étoit-il plus naturel. Il eft un des peintres defontenips qui a Ie plus produit. Les Sadelers, Colaert , &c. ont gravé beaucoup d'après fes deffins, qu'il faifoit au crayon noir & a la plume , tantot lavés au biftre , & tantót a 1'onere de la Chine. Anvers pofsède fes plus beaux ouvrages en
peinture. On compte dans ia cathédrale 14 tableaux de ce maïtre , la plupart tableaux d'autels. Dans la chapelle des boulaiigers , au retable , on voit la Prlu'ciplication des pains, un des plus beaux ouvrages de ce maïtre; dans la chapelle des marchands de vin , la Nóce de Cana , tableau d'autel j dans celle des pel- leti.rs , S. Thomas I'incrédule. Ce tableau a deux volets; fur 1'nn eft peint Ie Bapttme de notre Seigneur , & fur 1'autre la Décollation de Saint-Jean. Derriére les chandeliers , font ! ces deux petits tableaux de de Vos. Dans H
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ito La VudesPeintres
zatte chapelle, on voit un tableau d'autel du
même auteur avec deux volets \ au milieu* orc admire la Tentation de S. Antoine. S. Roch eft Eeint fur 1'uh des volets, & fur 1'autre S. Hubert.
'ans la chapel'e de la confrérie des arbalétriers , Ie tableau d'autel repréfente notre Seigneur accompagné de S. Pierre, S. Paul, S. Georges & Sainte Marguerite : fur un des volets ont voit Ie Baptème de Tempereur Conftantin; fur 1'autre volet, la ConnTuótion de 1'églife de S. Pierre de Rome. Ces volets étant fermés , repréfen- tent en dehors Sainte Marguerite , & S. Georges monté fur un beau cheval. Trois autres petits tabieaux du même font pofés derriére les chan- deliers. La chapelle des Tirferands offire aux curieux la PiéfurrecYion de notre Seigneur dans Ie tableau de fautèl. la chapelle du Nom de 5éfus a pour fujer , dans Ie tableau d'autel , 1'Adoration de ce faint nom. Dans 1'églife paroif- fiale de S. Jacques, & dans la chapelle du S. Sacrement , on voit la Cène dans Ie fond de 1'autel. On trouve a Oudenarde, dans un couvent ,
plufieurs tableaux de ce pemtre , du nombre defquels font 1'Adoration des Mages Sc une Nativité. A Florence , Ie grand-duc pofséde des por-
traits de la maifon de Médicis_, & un Paradis terreftre , dans lequel les animaux Sc Ie payfage font également bien traites. A Paris, M. Ie ducd'Orléans a dit même deux
grands tableaux , dont Fun repréfente les prin- Fleuves de 1'Afie & de 1'Airique , des , des Tigres Sc des Crocodiles -y les |
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Flamands l Allemanis & Hollandois. 111
figures font de grandeur naturelle. Sur 1'autre ,
Pan efl: arrêté par Syrinx, qui 1'empêche de com~ battre des tigres. Chez M. Ie marquis deLaflay, eft unc Nati-«
vité. Martin de Vos a eu plufieurs grands élèves ,
entre lefquels on diftingue fon neveu Guillaume de Vos, fils de Pierre 3 Sc Koeberger, qui les a tous furpafTés. Pierre de Vos , frère de Martin , étoit habile
peintre. Son hiftoire & fes ouvrages nous font inconnus. |
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ijio.
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1AMBRECHT
VAN O O R T.
V an Oort naquix a Amersfoort vers 1'année
1520. Il étoit bon peintre Sc grand architecle. fut admis dans Ie corps des peintres d'Anvers en 1547. |
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MICHEL DE GAST.
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O ne ^it Ci ce peintre n'a pas voyagé quel-
que temps en Italië. Tous fes tableaux repré- ientent des débris de 1'ancieune Rome. Il ornok fes ruines de figures & d'animaux. Il demeura a Anvers , oü il fut admis dans Ie corps des peintres en 1558. |
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La Vie des Peintres
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FRAN^OIS e t GILLES
MOSTAERT,
ÉLÈVES DE LEUR PÈRE.
Ces deux jumeanx étonnèrent tout Ie monde
par ieur exa&e reffemblance. Il n'étoit pas poffible de les diftinguer. Il arriva un jour que Jeitr père étant forti j après avoir laifle fa palette far une cluife , Francais entra po.r exammer 1'ouvrage de fon père , & s'allïc fu: la palette, qu'il ne voyoit point. Le père, de retour, faché de voir les couleurs de fa palette gatées, appella fes enfans. Gilles monta Ie premier, il fut. trouvé innocentj il Ie renvoya, & lui dit de faire monter hrancois : celui-d n'ofant monter, donna fon bontiet i' Gilles 3 qui parut une feconde fois devant fon père , qui s'y trompa luj-mêm^- & avant interrogé Gilles pour Francois, il ne Ie trouva pas plus coupable. lis naquirent tous deux dans la petice ville
d'Hulft, proche d'Anvcrs : ils defceudoient du vieux Mojïaertj & ils ét >;ent originaires d'Hol- lande. Ils furent avec leur pèredemeurer aAnvers, 011 ils recurenr de lui les premiers principes ; mais ils changèrent d'école. Gilles fut rhez Jean Mandin, & Francois chez Henri de Bles ; ils «levinrent habiles dans ces ccoes : Francois ëxcelioit dans Ie payfage, Sc Gilles dans les figures 3a quart de nature. |
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Flamandsj Alkmands & Hollandois. 11 j
Francais faifoit d'abord peindre les figures de "
fes payfages j mais il apprit dans la fuite a fe paf- fer de ce fecours. lis furent reegis a Tacadémie d'Anversen 155 5. Francois mourut fubitement fort jeune, dans Ie temps que fes ouvrages com-. mencoient a faire du bruit. Il eut plufieurs élèves. HansSo'éns eft celui qui
lui a fait Ie plus d'honneur. Rome Sc quelques autres villes d'Italie pofsèdent de {es ouvrages. Excellent payfagifte & peintre de figures en petit, il fixa fa demeure a Rome, oü ilabeau- coup rravaülé. Gilles Moftaert peignoit bien l'hiftoire , 8c
entendoit parfaitement la difpofition de fes figu- res. On a vu a Middelbourg, chez lefieur Wyntgis, un grand tableau repréfentant MM. Schitfen _, faifant , comme feigneurs du lieu , leur entree a. Hoboke. Les payfans y font fous*les armes , & marquent leur joie par des attitudes & des démonftrations auili variées que naturelles. On voyoit encore de ce peintre deux autres
tableaux \ Ie Seigneur portant fa Croix , &S. Pierre dans la prifon délivré par FAnge. Un Efpagnol lui fit faire un tableau; mais Ie
pemtre lui ayant fait fentir dans la converfation qu'il n'aimoit point 1'Efpagne , 1'Efpagnol, moins par zèle peut-étre pour fa patn'e que par mau- vaife foi, chercha des préiextes de rompre Ie marché : il allégua que la gorge de la Yierge étoit trop découverte ; & dans 1'efpérance d'avoir Ie tableau pour rien , il ne balanca point de perdre 1'auteur. Il Ie dénonca au juge, comme un artifte hcentieux & impie. Il conduifit chez lui Ie vicomte Ernejl, pour faifir Ie peintre Sc |
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't 14 La Vie des Pe'intres
----------Ie tableau. Moftaert, qui, pour fe venger de
1520. 1'Efpagnol , n'avoit peint qu'en détrempe cette
gorge un peu trop nue , avoit eu Ie temps d'y paflér 1'éponge j 8c de 1'efFacerj Ie juge ne trouva qu'une Vierge modefte Sc admirablemeat peinte. Il réprimanda 1'Efpagnol, &c Ie for^ade payer Ie prix que demandoit Ie peintre. Ce n'eft pas la première fois que 1'avance & d'autres paf- fions ont ofé fe cacher fous l'air refpe&able du zèle 5c de la religion. Mqjlaert mourut fort vieux en \6oi. |
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DIRCK (THIERRY)
E T
WOUTER (V A U T I E R)
CRABETE
Oarle van Mandbr ii'ea dit rien dans fon hif-
toire des peintres. Il y a lieu de penfer que ces deux frèrer, Dirck Sc Wouter Grabeht, lui ont été inconnus, ainfi que leur mérite. Si nous en croyons leihiftoriensdeGoudajles unsdifent qu'ils étoient originaires d'AUemagne: lesautres au contraire les croient Fran^oisj mais leurs defcendans fou- tiennent qu'ils étoient des Pays-Bas. Quoi qu'ilen foit, écoutons van Mander. Cet hiftonen nous parle d'un certaia Adrïcn Piecers Crabeth, qui fut élève de Jean Zwarte ou Zwarte Jan, qui en peu de temps furpafla fon maïtre. L'écnvain Almelo* veen croit nou - feulement Claude Crabeth père è'Adritn Pieters Crabeth, mais auffi de Dirck Sc |
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Flamands j Allemands & Hollandois. i1 j
W^outer. Il Ie prouve par Ie rapport du mêmenom, ~
& les évènemens du temps. /^aariervifitalaFrance&l'Italie.Sonufageétoit
de laifler un earreau de vitres ou un chaflis peinc defamain, dans-chaque ville oü il pafïbic. Les connoifleurs conviennent tons que r'autïtr fur- paflbit fon frère Dirck, en couleur 8c en deffin j mais Dirck donnou plus de forcea fes ouvrages: ce qui ht dire dans Ie temps, que Dirck étoit Ie maitre dans les ouvrages oü il falloit de la force, & /-^«nerdansceuxquidemandoientdes lumières bnllanres. lis écoient tous deux fort habiles & réuflïflbient
également en grand comme en petit, avec une promptitude excraordinaire. Après. que V^auüer eut livré fa première vitre pourla principale églife de Gouda en 1560 , il fit 1'année fuivante la grande vitre qui fut donnee a lamême églife par Ja duchefle Marguerite en 33^4.11 peignit pour la même la NailTance de notre Seigneur, a laquelle ilajouta, en 156^, la belle compoiition de la Def- tmetion du temple d'Héliodore. Ces 4 grandes croiféesnelui ont coüté que fix annéesde travailj mais Dirck plus prompt que lui, en fit en trois années Cix de la plus grande forme, & d'une aufïï grande rompofition que celles de fon frère. En 15 67 il fit une vitre admirable : Ie fujet étoit non e Seigneur qui chaflè les vendeurs du Tem- plej & 1'année fuivante la Mort d'Holoferne. C'eft fon dernier ouvrage , il efl: dans 1'églife de Gouda. Qnoique ces deux frères furTent amis , lis fe cachoient leur ferret. Celui qui recevoit la vifite de fon frère , csuvroit fon ouvrage. Il arriva que 1'un ayant demandé al'amre comment il s'y pre- |
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La Vle des Peintres
"*------— noit pour réuffir dansce qui lui fembloic il diflicile
1 f2°' d trouver, il ne pur avoir d'autre réponfé que
celle-ci: Mon frère, j'ai trouvépar k travaïl ; cherchc^ , & vous trouvera^ de même. lis fe con- tentèrent a la fin de fe voir r*u, & de s'écnre quand ïls avoient befoin de fetsmmuniquer leurs affaires. lis fkent cant de recherches & tant de frais dans leur art, qu'ils furent obligés de tra- vailler comme de fimples vitriers , pour éviter 1'mdigence. Dirck ne fe maria point$ mais Jrautier époufa
line rille de H familie de Proyen , dont il eut un fils nomméPierre> qu) depuis a été bonrguemeftre, & une fille qui fut mariée a Reynier Parfyn, gra- veur, qui a rendu pubhcs les portraits de nosdeux peintres. Wiüan Tomberoe pretend qu'a la mort de ces deux frcres, nous avons perdu Ie fecret de peindre fur verre ^ mais il fe trompe , puifqu'au- jourd'huien Ailerriagne & en Angleterre Ie même fe:ret ett en ufage, avec des couleurs , ala vérité,. moins vives que celles de l'éghfe de Gouda. Si 1'ufage n'en eft plus fi frequent , c'eft qu'on s'eft appercu que les vitres colonées coutentbeaucoup, & rendent les é^lifes trop fombres. Voila , je crois, la feule raifon qui a fak perdre ie fecret , comme 1'a cru Tomberge. Il étoit auffi peintre , mais médiocre fur verre : il eut pour rnaitre Jf^efterfiout A'XJtrecht.Ce Tomberge eut ordre dans la fuite de répraer ces belles vitres qui furent prëf- que détruites par uu orage en i 574. On recon- noït a leur méchocrité fes ouvrages & fes couleurs, parmi les beautés quireftent de nos deux peintres» II mourut en ï 67?. C'eft dans Ie temps des frères Crabeth, fclon les
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Tlamands , Alkmands & Hollandoïs. i i-j
throniques de la ville de Gouda & la defeription
d'Harlempar SamuelAmpfing, que vécurentdeux fort bons peintre-fur verre, W'illem ( Gmllaurne ) Thibout & CornilU hbrantfche Ruffeus. Willem moarut au mois de juin 15 cj<), & Ruffeus au mois de mai 1 61 8. D. van Bleyfwick, dans fa defcrip- tion de Delft, dit que Thibout en 1565 fit la belle vitre qui eft dans 1'églife de Sainte Urfule de la même ville. Philippe II, roi d'Efpagne j y eft repréfentéavec fa femme Elifabethde P'alois , fille aïnée A'Henrï II, roi de France. lis font en habits royaux. On voit a leurs córés un Ange gardien & les armes de ces deux maifons fouve- raines. Au haut de la vitre, PAdoration des trois röis, accompagnés d'une multitudé de peuple 3 eft bien deflïnée & bien peinte. On voit encore aujourd'hui dans legrandfdlon
des premières butcesdefe ville de Leyden, tous les portraits des comtes de Flandres, repréfeiités en pied par les mêmes. |
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IJ2O.
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L A U R E N T
V AN COOL
JLes connoiffeurs ont été très-fatisfaits de !a belle
vitre qui eft dans la chapelle du confeil privé du pavs de Delft. Les portraits des confeillers y font pe;nts grands comme nature & cuirafles depuis ia tête jufqu'aux pieds, par Ie célèbre Laurentyan Cool. |
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H U B E R T
G O L T Z I U S.
ELEVE DE LAMBERT LOMBARD.
-----— 1 L eft né a Venlo , de pareus originaites de
ijzo. Wirtzbourg. Sa première jeuneffe fut em-
ployee aux" études des belles - lettres : dela, entrainé par tm penchant naturel pour la pein- ture , il choifit pour maïtre Lambert Lombard. Il copia chez ce peintre beaucoup de deiïins d'après 1'ant'nue , qui lui rirent naïtre 1'en- vie d'aller fur les lieux , &c de les obfer- ves lui - même. Rome lui ouvr.it une carrière fort
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td Vie des Peintres Flamands 3 &c,
Fort ample, & fes érudes lui fbufnirenc les maté- —
riaux de plufieurs ouvrages qu'il accompagna de notes hiftoriques Sc de remarques curieufes. Iicommencaparmettreen ordre fes recherches,
& donna au public un grand volume, ccntenant Ja Vie des empèreurs romains., depuis Jules CéJ'ar jufqu'aux empèreurs Charles V 3c Ferdinar.d* L'exaclitude raifoir en partie la beauté de eet ou- vrage j il y avoit joint les porrraits de ces em- pèreurs , tirés des medailles de leur temps. Ceux qu'il n'avoit pu trouver étoient reftés en blanc. Ces medailles étoient gravées en bois par un peintre de Courtrai, appellé Jofeph Gïetleugken, l>abile arcifte. Outre la reflemblance , Ie coftumé y étoit obfervé. Il donna cec ouvrage en plufieurs lan- gues. Il avoit chez lui une impnmene qu il di- rigeoit lui-même. Son livre , dédié a rempereur Ferdinand 3 parut en 15 65, en latin , fous Ie titre de Caïus Jul'uis Cafar. Cet eflai 1'engagea a donner plufïenrs autres ouvrages recherches depuis pas lesfavans. En 1566 il en fit paroure un nouveau fur les Fêtes & lesTriomphesdes Piomains, depuis la fondation de Romejufqu'a la motto.'Augujïe. Ce livre eft orné de medailles gravées par lui- inême, fous letitre de F aflos. Il Ie dédia au fénat de Rome, qui lui envoya la parente de noble citoyen romain 3 avec toutes les franchifes Sc honneurs dont Ie décail eft dans la lettre datée ea 1657. On ravoitimprimée dans Ie livre qui parut en 1574, fous Ie titre de C&far Augujlus. Cet ouvrage , divifé en deux parties , enrichi de mé-» dailles Sc de leurs revers gravés» eft plein de recherches. En 157<J on vit eiicore de lui un volume , fous
Tome I. I |
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ijo La Vïe des Peintres
•---------Ie titre de Sicilia & magna Gr&cia, ou 1'Hiftoire
ijio. des Grecs & la defcription de leurs villes, avec
de belles medailles grecques. Ses obfervations lui ont acquis l'eftime des favans. Il paroit qu'il n'nvoit rien négligé poiir eendre fon travail utile Sc agréable , par Ie fo'm de limpreflion & par k choix des caraftères. Ses ouvrages en peinture font fort rares, quoi-
qu'il ait beaucoup travaülé. Il compofa a Anvers la Conquête de la Toifon d'or, pour la maifon d'Autriche. Hardi dans fes entreprifes & dans rexécutioiijilnous refte cependant fort peu deta- bleauï de lui. Pendant fon féjour a Bruges, il fuivit exaótement les fermons d'un moine gris , nommé frère Cornille , dont il fit Ie ponrait très-re(Tem- blant. Van Mander a vu ce tableau qu'il loue fort. Il époufa en premières noces la foeur de la femme de Pierre Koeck , dont il eut plufieurs enfans, a qui il donna des noms romains, tels que Marcellus, Julius, &c. Il quitta fa femme pour revoir Rome, & il feignit d'aller a Cologne. Devenu veuf, il fe remaria, mais il y eut grand regret ^ fon efprit & fa douceur ne purent rien fur la conduite de fa femme. Il paya la folie de Tavoir époufée , par fa mort qui arriva vers 1583, a Bruges. Il eut les tnlens, les vernis & les chagrins domeftiques de Socrate. |
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't'
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Flafnands > Allemanis & Holt'andcis,
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S I M O N
JACOBS,
ÉLÈVE DE CHARLES D'YPRES.
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Jacobs naqiut a Gouda: il fut éteve de
Charles d'Yprcs. L'appat du gain 1'engagej a peintlre Ie portrr.it, ou il réuilic. On eftime un porcrait qui fe voyoit a Harlem 3 & qu'il peignic d'après Wilkm{ Gudlaums ) Thièaut, peimre fur verre. On en cité encöreplufieursauncs qui foutiennent fa réputation. Il faifoir bien reflèm- bletr. Sa couleur, eft bonnej mais on vance par- riculièrement Ie moëlleux de fon pinceau. Il fuc tué au fiége d'Harlem, en 1572. |
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CORNILLE
DE VISCHER.
J.L flit bon pemtre de portrait. Sa vie feroJc
fbrt longue, h je ne m'étois pas bonié d écrire fimplenient ce qiu a rapport a ia peinture. Cec homme , qui nJavoit rien d'aiimble cjue fon talent , périt dans Ie palTage d'Hambourg a Amfterdam. I 2
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La Vu des Pelntres
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CLAES (NICO LAS)
ROGIER,
ET HANS (JEAN)
RAYNOT.
- 1 l s peignirent bien Ie payfage. Kaynot étoit
élève de Mathïeu Cock. Sa maniere eft dans Ie gout de Patenier. Les ouvrages de 1'un & de 1'autre paflèrenc chez 1'étranger, & en furent eftimés. BERNARD
DE R I C K E.
XL naquit a Counrai. Sa maniere de peindre
eft grande. On peut jnger du talent de ce peintre par un tableau d'autel de Téglife de S.Martin de Ia rnéme ville. Ce tableau reprefente Notre Seigneur qui porte fa croix : il eft d'une belle compofition. Il changea depuis fa miniere , croyant mieux réuflir: effe&i /ement fes derniers ouvrages ont leurs partifans. Il fut rees a 1'aca- démie d'Anvers en 1561 , & fe fixa dans cette vilie, oü il eft mort. |
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ij 20.
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Flamands _, Aüemands & Hollandois. 153
WILLEM (GUILLAÜME)
K E Y.
IL étoit de la viile de Breda, d'une fignre----------.
Sc d'un maintien agréables. Il aimoit les ajuf- ,„Oi
temens, 5c fa maifon fe reflenrok de ce gout aa- defïlis de fon érat j elle étoit proche la bourfe , dans Ie plus bel endroit de la ville d'Anvers. Il" fut élève de Lamhert Lombard , & camarade d'école de Franc-Flore. Il ne dut fon talent Sc fes richefTes qu'a fon affiduité Sc a fon economie. Son talent étoit d'imiter Sc de faifir la nature.
Ses ouvrages furent plus recherches que ceux des autres j par la douceur & Ie moëlleux de fon pin- ceau. Ses compofitions font figes 8c pleines de jugement : elles ont a la vérité moxns cte feu que celles de Franc-Flore ; cela n'empêcha pas que fes tableaux ne f uiTent fort eftimés & payés très- clier. Le tréforier Chriftophe Pruym lui fit faire ^
pour la maifon- de - ville d'Anvers j un tableau repréfentant les portraits des Magiftrats de cette viüe, en pied 3 grands comme nature : dans Ie haut du tableau j Notte Seigneur Sc des Anges dans une gloire j &c. Ce mêtne tableau pent dans Fembrafement de certe maifon en 15 7^. On voit encore aujourdJhui une épitaphe } fur
laquelle il a peint les portraits des Fondateurs dé la chapéüe des maitres Selliers s dans la cathé- drate d'Anvers j.ou eft place ce tableau. I 7
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i ? 4. -£
Jl fit Ie portrait da cardin <1 Grandvelles dans
{<;- hibit de cardinal. Ce morceau fut fort efti- mé , & rette Fminerce lm envoya s fans avoir fit pm j 40 ry: 'sdaeUers (;\ Après avoir con- fldérabiement tvr.aillé , ie »iuc d'Alke'e demanda pó'7f lui faire fon ',x>rtrait. ¥.,n trav ullantj il en- tendit j enrre les juger criminefs & Ie ducj eon- certcr Ia mort du convc d'F.gmont 3c de q';el- q"es aittresfei^ne:tts. Ce complot tyrannique lui fit tam d'impreffion , que 3 de retour chezluij il en tomba raalade 3 & mourut Ie mêrae jour de l'exécution des comre<; d'h'gmont & de Hom } Ie 5 juilletj veilte de Ia Penteróte 1568. D'autres difent qa'il étoit mort quelqaes jours avant; & quelqnes-unsj qu'il mourut de frayeur en voyant la phylïonomie dn duc d'Albe. I! avoit été admisal'acadëmie dJAnvers en 1540. |
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AUGUSTIN JORIS
AuGüSTiN .Toris j fi!s de Jean } brafïeur de la
ville de Delft 3 né en 1515 j fit place chez Jac- ques Mondt } peintre médiocre. En trois ans d'é- tudes ii firpaJ.i fon maitrëj & fut a Malines> & de- ia a Paris. Il s'adrefTa a un graveur , a(Tez bon pour Ie temps _, appelié Pierre de. la Cuffle., qut demeuroit avec fon frère > orfèvre, Augufiin travaiila pour eux pendant cinq ans» (1) Ry.'ksclaeïclers, écu rl'Hollande (Te Ia valeur
de 5o sous , vaut a peu pres 6 liv. en ïrance» |
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Flamands j Alkmands & Hollandois. 13 j
De retour a Delft _, il fit cinq tableaux qui
établirent fa réputation. Il travailloit en grand } & compofoit bien fes ouvrages. On voyoit dans la même ville j cliez fon frèrej orfèvre j une Famiile de la Vierge j ouvrage d'une grande beauté. Ce peintre., en puifant de 1'eau pour né- toyer fes brolfes 3 fe neya en 15 5 2 , a 1'age de 27 ans. Il a été fort regretté par les aniiles & les amateurs. |
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JEAN FREDEMAN
DE VRIES.
JL/e Vries j né a Leeuwaerden en Frife > en _
15 ij j eut pour père un homme dont la pro- feflïon étoit bien oppofée au repos que deman- dent les arts. Ce père étoit originaire d'Alle- magne., & canonmer dans 1'armée du général Schenck. Le jeune de Vries obtint de lui ia per- miflion d'appnndre le deffin. Il commenija dans fa patrie ,, fous Renicr Gueritfen d'Amfterdam. Après avoir été cinq ans chez ce mairrej il fut a Campcn 3 ou il refta peu de temps; n'y trou- vant perfonne qui put le perfeótionntr 3 il fut i Malines j ou les peintres en détrempe 1'employè- rent dans leurs ouvrages. De-la il fut appellé i Awvers j oüil travaillaj avec les autres peintres > aux arcs de triomphe pour 1'entrée de Charles V', Sc de fon fils Phüippe 3 roi d'Efpagne , en 1549. Après avoir fini eet ouvraga 3 il retourna enfin j Sc alla a Collunij oü il eut occafïon de I 4
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Yj'tf La Vie des Peintres
—--------copierj chez un menuifier j Serlio & V'uruve 3
i f27, publiés par Pierre Koeck. Non-content de cette
etude j il retouma a Malines j & fit pour Claude JDoricij pgiiitcej pluheurs tableaux d'architeftnre. Doricï lui en fit finir un de cette efpècej com- ftiencé par Cornille de V'iancn 3 affez bon peintre dans ce genre, maïs auffi lourd dans fa compofi- non que dans fa couleur. De Vries corngea les faures de Vianen _, êc établit fa réputation par ce tableau, Arrivé i Anvers., il fit une Perfpective dans
Ie jardm de Guillaume' Key } auffi peintre \ elle jrepréfencoit un beau Portique II fitencore j chez Gilles Hofman, en face d'une potte d'entréej & fur une muraille, une^efpèce dé claire-voie j ^ travers laquelle on croyoit voir un jardin. Plu- lïeurs perfonnesj & mêrne ie prince d'Orange y y out été trompées. Il compofa j pour Jérome Kock3 une quantité
de fiijets d'Archicedure j dont 14 morceaux repréfentoient des Ternplesj des Jardins _, des Sal- Jonsj Sec. j tous en perfpedive \Sz 116 autres def- fïns dans Ie même genre , en perfpective j a vol d'oifeau & vus en-deiFous j & quelques-uns en ovale pour les ébéniftes ou tabletiers. Un autre livre de 24 feuilles _, pour Guerard'
de Jode , repréfentoit des Tombsaux décorés,, entre lefquels on en voit un orné de Fontaines. Un livre des ordres d'architecture j oü chaque ordre eit en cinq feuilles , fut fait pour Philippes Gallesj ainfi qirune colleclion de plans de Jardins, tTAvenueSj deLabyrinthes.il adonnéj a. 1'ufage «fes menuifier?, un autre livre de Mafquesj de Bu&t-s j &c. Enfin il deffiuaj pour Pierre Balten^ |
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' F lamanis 3 Allemands & Hollandois. 137
les ordres d'architecturej fous Ie ticre de Thea-.
trum de vita humana. Depms Ie Compofite juf- ?i- qu'au Tofcan _, il y repréfenta les différens degrés de la vieillefTe jufqu'a la mort. Le nombre de fes ouvrages efi confidérable \
on compte 16 livres en tont. En 1570 3 la rille de 1'empereur érant partie pour l'Éipagne 3 & devant pafler par Anvers, les Allemands lui é!e- vèrent un are de triomphej que de Vries fit en cinq jours : il eut 60 rycksdaelders pour giati- fication. Il a fait encore un errand nombre d'ouvracres
en peinture & deffins a Parme 3 a Mons 3 d jAusbourg & a Praguej qui trompent tous éga- lemenc les yeux. Jl eut deux fils, Paul 8c Sa- lomon de Vries, qui ont eu 1'heureux don de bien imiter leur père. Salomon mourut a la Hayeen 1^04. Ses deux fils ont beaucoup travaillé au grand volume de 50 planches d'archicedture que Jean donna en 1 (J04. L/époque de la mort du père & du fils Pierre de Vries n'eft pas connne. |
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CORNILLE
ENGHELRAMS. \. /uoique Enghelrams ne nous ait laifle que
tles tableaux peints en détrempe 3 il eft regarde comme un peintre habile. Il naquit a Malines en 1527. Ses principaux ouvrages font dans 1'églife de S. Rombout. Il a repiéfenté fur une grande |
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j 8 La V'ie des Peintres
oiiej les QEuvres de Miféricorde. Une multi-
1527. tuoe de figures bien deiïïnées., font 1'objec de certe grande compofmon. Il y a diftingué avec efpric les pauvres qui meritent norre compafiion, de ceux qui ne la méritent pomt. Ses ouvrages font difperfés dans les principales
villes d'Allema»ne. A Hambourg , clans leglife de Sainte-Catherine _, on voyoit de lui une cora- pofoion grande & favante} qui repréfentdit la Converfion de S. Paul. Il pcignit pour Ie prince d'Orange, dans Ie chateau d Anvers , riulloire de David j d'après les defiins de Lucas de Heere. De Vries en avoit peint 1'archkeclure j les fnfes, les termes 8c les autres ornemens: tout étoic exécuté en détrempe. Enghelrams mourut en 1) 8 5 j agé de 5 6 ans. |
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MARC WILLEMS,
ÉLEVE DE MICHEL COXCIE.
VV x l l e m s naquit a Malines environ 1'an
1517. Il appric la peinture fous Mïchel Coxcie. Il furpaflbït fes contemporains pour Ie genre & la facilté de cornpofer. Il peignit la Décollation de S. Jean: Ie bras racourci du bourreau j qiu rient !a tcte du Saint j paroïc fornr du tableau. On Ie voit dans 1'églife de Saint-Rombout. D.uis la rnêroé églife il fit un autre tableau, repréfen- rant Judith qui vieni de conper la tête d'HoIo- ferne. A 1'entrée de Philippe j roi d'Efpagne, |
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Flamandsj Allemands & Hpllando'is.
dans la ville de Malines en 1549 3 il fut chargé -
de peindre un are detriomphe, furlequelil repré- l517< fenra 1'hiftoire de Didon. L'exécuuon de eet are & fes autres ouvrages, lui ont mérité 1'eftime des con- noifleurs. Il aimoit a obliger, & il étoit prefque Ie compofiteur de tous les peintres} des tapiffiers & des vitriersde (on temps. Willems j aimé pendant fa vie, fut regretté a fa mort j qui arriva en 1561. |
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J A C Q U E S
DE POINDRE,
ÉLÈVE DE WILLEMS.
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Ej natif de Malines, élcve & beau-
frère de Mare Willems , s'attacha au portrair. Cependant il a réuflidans les fujets d'hiftoire. Jl peignit un grand tab'eau repréfentant notre Sei- gneur en croix: il y avoit beaucoup de figures fur Ie devant, qui étoient tous portraits. Après avoir fini celui d'un capitaine anglois,
nommé Pierre André, il s'appercut que Ie militaire cherchoit pluüeurs décours pour avoir ce tableau fans payer. Pour s'en venger , il fit pafTer latcte de 1'anglois a travers une grille de rer qu'il pei- gnit en détrempe, 6c placa ce portrait i fa fe- nêtre. On y reconnijt 1'origmal qui, fe voyant ainfi captif, fit redemander fon portrait , en payant libéralement Ie peintre. Comme la grille n'écoit qu'en détrempe j un covip d'éponge mit Tangloii hors de prifon. |
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'140 La V'ie des Peintres
Ce peintre voyagea dans Ie nord , 8c mourut
en Danemarck j en 1570. |
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JOACHIM
BEUCKELAER; E L E V E
DE AERTSEN OU PIERRE -LE-LONG. Jjeuckelaer d'it fon talent au nuriaga d'une
tante, qui époufa Pierre Aertfcn ou Pierre-lc- Long. Il naquit dans la viile d'Anvers, & de- vint élève de fon oncle. Malgié une difpoficion marquée , il ne put dans fes piemières études fe rendre bon colonfie: ïlne peignoicqu'avcc peine. Son oncle lui fit colorier d\près nature ce qui fe préfentoit, oifeaux, poiftons & autres animaux , neurs, fruits : tout ce qui méritoit d'être copié n'échappa point au jeune peintre. L'envie de devenir habile , diminua la peine qull eut dans Ie commencement de fes études, & on Ie vit s'éle- ver au-defllis de (es contemporains. Ses ouvrages font d'un ton de couleur naturelle: tout y paroït fait fans travail; fa touche eft légere , 8c Ie tout enfeaibie harmonieux. Malgré fon travail ficile , il fut fi mal payé de
fes ouvrages, qu'il eat d peine de quoi vivre. It s'attac'ia a peindre des cuifines, avec leurs uften- /i!es. On faifoit ü peu de cas de lui, qu'il fuc obligé de rravailler comme uu ouvrier a jofous |
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t *
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F/amandSj Allemands & Hollando'is. 141
par jour, chez Antoine Moro. Trifte récompenfé---------*"""1
de tant de veilles '. l5iCl''
II fit une Cuifine pour Ie direclreur de la mon- ■
noie d'Anvers , quide jour en jour lmfaifoit ajou- ter de nouve&ux objets d'après nature. Plufieurs animaux y étoient repréfentés; poifTons&r gibier, rien n'y manquoit: maïs il ne put jamais, dans eet ouvrage , gagner Ie pain qu'il mangeoit. On voyoit autrefois , dans lacathédrale d'An-
f ers , un tableau de ce peintre : il repréfentoit la Fête des Rameaux. Les connoifleurs du temps eftimoient eet ouvrage qui a été détruit dans les derniers troubles. On a vu a Amfterdam, chez Ie fieur SionLu\ ,
un Marché au poiiron , & un Marché aux fruits, avec des Figures bien peintes. On voyoit chez Ie fieur Wyntgis, direóteur de
la monnoie a Middeibourg, une grande Cuifine avec des Figures grandes comme nature , bien coloriees, & des tons de couleurs chauds ; Sc un autre tableau en camayeu , repréfentant la Fête des Rameaux. Van Mander a vu a Amfterdam _, chez Ie fieur
•Jacques Rauwaert, un tableau en petit qui re- préfentoit un Marché, & dans Ie fond un Eccs Homo. Il parle de ce tableau comme de quelque chofe de merveilleux. Il y avoit a Harlem , chez Ie fieur Jean Vcf-
■iaen , deux de fes tableaux. Le premier repré- fente un Evangélifte, & Tautre une fainteFamilie. Les figures en fout de grandeur naturelle, & d'un bon ton de couleur. Le nombre de fes ouvrages .eft confidérable, fi on le compare a celui de fes és. Il mourut a Anvers, agé de 40 ans, daas |
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La Fie des Peïntres
•Ie temps qu'il trivailloit pour un officier-général
i j}0. appellé Vïtello. Il dit en mourant qu'il regrettoit d'avoirtoujours travailléa fi vil prix. Ses ouvrages ont été vendus après fa more, ioin fois plus que de fon vivant. |
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C R E S P I N
[VANDEN BROECKE, ÉLEVE DE FRANC-FLORE.
V anden Brofxke , natif d'Anvers y élève de
Franc-Flore , avoit un beau génie. Il ne fe bortia pas a la peinture , il fut anfli grand architecte. il cherchoit toujours a placer dans fes tubleaux des figures nues qu'il defiinoi: & peignoir bien en grand. Il voyagea en Hollande oü il eft mort. JACQUES
DE BACKER.
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Ue Backer, de la ville d'Anvers } ent pour
père un aflez bon peintre , qui fut obligé de fe retirer en France, oü il mourut après avoir lenoncé a fon talent. |
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Flamands , Allemands & Hollandois. 145
Jacques demeuroit chez un marchand de-------"""
tableaux nommt Pa/ermo, d oü il fat quelquefois 1J30*
appellé Jacques Palcrmo. Ce marchand tourmenta extrèmement de Bucker, en Ie f,;rchargeant d'ou- vrage. L'application Sc Ie tiavail allidu Ie firent devenir grand peintre; les fetes & les dimanches il deflinoit concinuellement & il modeloit, de fac.on que tons les momens de fa vie n'étoienc employés qu'a 1'étude. Palermo vendoit très-cher fes ouvrages en France, & ailleurs j & malgré Ie gain confidérable , il difoit contmueüement au jeune peintre qu'il falloit faire mieux, qu'ilnepou- voit plus fe défaire de fes ouvrages , ce qm Ie for- «joita redoubler une application qui abrégea fes jours. Il quitta eet homine ïnfatJable y 8c fut de- meurer chez Henry Steenwyck. TiavailJant tou- joursfans fe diflïper, il devnitlangüiffantj 5c tr.ou- rut d'une efpèce de pulmonie, nepouvant fe con- foler de mounr 11 jeune : il n'avoit en effet que 30 ans , qu'd avoit confumés dans Ie travail. Ses ouvrages font dans fous les cabinets. Van Man~ der a vu de lui a Middelbourg, chez Ie fleur Mel-> chior Wyntgis, trois tableaux , Adam & Eve , une Charité Sc un Chrift en croix| & trois au- tres chez Ie fieur Oppenbergh : Vénus, Junon 8c Pallas ; car la peinture , ainfi que la pcefie , traite également Ie facré & Ie profane. Il efl. ordinaire, & cependant fïngulier, qu'un peintre repréfente Vénus du mème pinceau dont il a peint im Chrift. La difpofition dans tous les fujets éroic belle; Ces draperies Sc £es fonds font très-biea traites. On Ie regarde comme un des meilleuxs coloriftes dJAnvers. |
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Ï44 L& V'lt des Pcïntres
J E A N
VAN KUYCK.
V an Kuyck étoitbon peintre fur verre ;mais
■*55Om ayant été accufé pour fes erreurs fur la religion , il fut arrêté par la juftice j & détenu en prifon dans la ville de Dort. Il fut long-temps dans les fers j cependant Jean van Drenkwaert Boude- win^e j écoutet ou chef de la juftice, ayant em- ployé tous les moyens pour obtenir fa grace , van Kuyck, en reconnoiffance, fit Ie Jugement de Salomon pour ce juge. Il repréfenta fa figure fous celle de Salomon j maïs Ie reproche que les eccléfiaftiques firent a ce magiftrat, jufques dans leurs fermons, de vouloir fauver Ie peintre pouc s'ennchirde fesouvrages j forcèrentle jngeacon- damner van Kuyck. Il fut brille vif fur Ie Nieu- werek a Dort, Ie 28 mars 1571. Il laifla tprès lui une malheureufe veuve , une petite fille de fepc ans, & la réputation d'avoir été un bon peintre» Heureux s'il avoit été aiiffi bon chrétien! |
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MARC
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Flamavds, Allemands & Hoiïandois. 145
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MARC
GUERARDS.
Van Mander ne msrque point Ie lieu de -
fanaifïance. Il dit feulement que parmi les grands peintres de Bruges, Mare Guerards mérite d'avoic fa place. Il étoit aniverfel ; li peiguoit 1'hif- toire, Ie p.iyfage } l'accliueóture, 11 fut bon def- fïnateur , graveur a 1'eau-forte, & enluraineur. Laville de Bruges & celles des environs ont delui de beaux tableaux. Il deffina beaucoup pour les peintres fur verre ; il fe plaifou dans les pa>'~ fages a repréfenter une perite femme q«i piiïè, foit furun petit pont ou aiileiirs: c'eft Ie pendant du pent bon-homme du peintre Patenier. Guerards compofa & grava a 1'eau - forte les
fables dJEfope: les différens auimaux fonc touches avec beaucoup d'efprit. Il grava, avant ce temps 3 la ville de Bruges
avec beaucoup d'intelligence. Il alla en Angleterre oü il eft mort. |
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GILLES
C O I G N E T.
Cjoignet, natifd'Anvers, demeura chez An-
toinePalermo } jufqu'a ce qu'il partit pour 1'J talie avec fon compagnon de voyage appellé Stella. lis Tome I. K |
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La Vic des Peintres
ne tardèrent pas a être corcnus dans Pvome & aux environs. lis travaillèrent enfemble a plufieurs ouvrages dans la ville de Terny 3 entre Rome Sc Lorecte. On y voic une grande chambre peinte en grote/que, un autel a frefque, & beaucoup d'au- tres dirïërens fujets. Stella fut tué fur Ie pont St- Ange j par une fufée qui lui creva la poitriae 3 Ie jour de la fête du Pape. Coignet voyagea par toute l'Italie , a Naples 3
en Sicile, &c, & recourna a Anvers 011 il fut ad- mis a 1'académie en ijtJi.A peine fut-il arrivé, qu'il fe vit furchargé d'ouvrages, de tableaux d'autels & autres pour les marchands étrangers. Il fe fervoit fouvent de Corndlc Molenacr, fur- nommé Ie Louche, pour pemdre fes fonds} foit Ie fayfage ou 1'architeóture. Comme Ie prince de
'arme défoloitalors les Pays-Bas, notre peintre alla chercher Ie repos fi néceflaire a 1'écude j ï\ s'établit a Amfterdam, Sc de-la a Hambourg , oü il eft mort en 1600. Ilétoit forr amufant dans la fociété. Il peignoit
avec promptitude & avec facilité. Tous les genres différens, foir figures j foit payfages j lui ont acquis de la réputation ; ila fait en petit dei fujets a la lueur du flambeau & au clair de la lnne. On lai reproche d'avoir fait copier par de élèves {es ©uvrages qu'ü recouchoit peu } & vendoit pour |
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ongmaux.
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Tlamands j 'Allemands & Hollandoh. 14/*'
DIRCK (THIERRY)
DE V R Y E.
Dl V r y e voyagea beaucoup. Il fut long-
tt mps occupé en France. Ce qu'il a fait de beau a Gouda en 15 81, caraóténfe la f^gefle 6c la venu des bourguemeftres, Sc les talens du peintre. |
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A D R ï E N
VANDER SPELT.
AjE hafard fit naïtre vander Spelt a Leyden. Sa
familie étoit de Gouda. Il eut Ie talent de peindre des fleurs •, il s'attacha fort long - temps a la cour de YElecleur de Brandebouig. De retour en Hol- lande , il époufa une feirme d;fficile 3 qui fut caufe de fa mort peu de temps après. PIERRE BOM.
JBom, re^u dans Ie corps des peintres d'An-
vers en 15 <£o , pafTe pour un habile payfagifte ea détrempe. Ka
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148 La Vu des Peintres
J E A N
VAN D A E L E,
IL vécut a pen pres du temps de Bom ; il
avoit un talent fmgulier pour repréfenter des lochcrs. J O S E P H
VAN LI E R R E;
De Lierrb , natif deBruxelles, bon payfagifte,"
&c peintre de figares, fur-tout en détrempej fic
plufieurs patrons p»?.*.ir les tapilTenes, & quitta Anvers pendant les troubles du pays, pour s'é- tablir a Frankendel, ou la pénétration de fon efprit Ie fit admectre parmi les membres du con- feil. Attaché a la réforme de Calvin, il en de- vint un grand prédicateur a. Swindrecht, dans Ie paysdeWaes j ceuxd'Anversdelamême croyance vinrent 1'entendre prêcher. II abnndönna la pein- ture y & fes ouvrages , auffi beaux que rares > iönt recherches avec empreffement. Il moutut a Swindrecht vers 1583. |
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Flamands j Allctnands & Kollkniois.
LUC AS et MARTIN
DE VALCKEMBURG.
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ville de Malinesa euplufieurs grands peintres ---------
en détrempe : ces deux frères Lucas 6c Martin 1550*
ont ponfTé loin ce ralenr. lis excelloienc a pcindre Ie payfage. Malines & Anvers font les deux en- droits oü ils ont travaUlé jufqu'en 15 66, que les troubles du pays lesfirent forrir, accompagnés de Hans de Vries ( ou Jean de Vries). Ils furenc enfemble a Aix-la-Chapelle & a Liége. Ils def- iinèrent les plus belleï villes vóiiines de cette demière , & Ie long de la Msufe. Dès que Ie caltne ie fut rétabli dans leur pays-,
ils y cetournètent. Lucas excelloit non-feulemenc dans Ie payfage , mais dans les pecites figures, &'fui'-tout dans Ie portrait en petit, a 1'huile. Ce dernier genre plut beaucoup an duc Matkieu 3 qin smmena ce peinrre avec iui i Lintz, oü il rut smployé fort long-temps. Il ne quirta cette vill'e que lorfque Ie dnc encra en Hongrie ; en retournant dans fa patrie , il mourut en chemin. Fl laifTa pkifieurs fils qui ont eu de la réputation. Martin mourut a Francfort , on ne fait paj
en quelle année. |
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La Vu des Peintres
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A N T O I N E
DE MONTFORT,
OU BLOCKLANT,
ÉLÈVE DE FRANC-FLORE.
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1532. des barons ou vicomtes de Montfort , étoit
fils de Cornille de Montfort, dit Blocklant, écoutet de Montfort j qui y avoit pofledé la belle charge de receveur des rentes des barons de Moriamés. Antoine fon fils , né dans cette ville en 15 5 X, fat nommé Antoine de Blocklant, Ge furnom étoit celui d'un fief fictie entre Gor- cum & Dordrecht, qui leur avoit appartenu , & qui leur revint par Ie teftament d'un neveu qui, en mourant fans enfans , Ie légua au frère du peintre _, fecrétaire de la même ville en 1571. Blocklar,1: commenga la peinture a Delfc, fous fon oncle Henry Ajfuerus 3 peintre médiocre, mais qui faifoit aflez bien Ie portrait. Il fut 1111 des élèves de Franc-Flore. Entiarement appliqué a copier ce maitre , & a étudier fouj fes yeux, il furpaflTa en deux ans tous fes compagnons. Il voyagea j & de retour a Montfort, agé de dix- neuf ans, il époufa la fille du bourguemeftre. Il alla demeurer a Delft, oü 1'étude de la pein- tme devint fon unique occupation. Il deffrna t.ouï |
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Flamands , 'Allemands & Hollandoisi 151
«Taprès nature, les hommest les femme*, Sc donna beaucoup d'élégance a fes concours. Les principes de fon maitre étoient fes guides • il travailla dans fa maniere. Il rendoit bien Ie nud,& fes draperies étoient
de bon gout; les extrémités étoient «u-redes ■ es tetes bien coifFées, & les barbes des vieil- lards d une grande légèreté. Sa vivacité 1'empê- cna de s actacber a peindre leportrait: on voit, par ceux de fon père & de fa mère , qu'il auroit encorc reuflï dans ce genre. Les grandes compofitions, plus convenables
a Ion genie, 1'occupèrent tour entier : il ne nous en refte qu'un très-jpetit nombre. La ville de Uelft regrecte l& bl d'l |
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ce e de Gouda la Décollation de S. Jacques. La
ville d Utrecht confervoit , du temps de van Mander ,1a plus grande partie de fes ouvrages , pluiieiirs i-etr.bles avec leurs volets. L'un repré- ientoit en dedans 1'Afïbmption de la Vierge, & deux autres 1'Annonciation & la Naiflance de notre Seigneur. On yoyoit encore de lui la Paffion, dans les
butres de la ville de Dordrecht. Etant fans enfans , & defoant extrêmement
de voyager en Italië; il partit avec un orfèvrc |
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ir a e" I57Z' mais A ne fL!C '•l"6 fix mois
abient. A fon retour, il demeura quelque temps aMonrforr, & de-B il vint fe fixer a Utrecht.
Sa première femme y étant morte , il fe remar na, & il eut trois enfans de la feconde. Il rit a Utrecht la Vie de fainte Catherine
pour Bois-le-Duc , Sc plufieurs autres tableaux «juioat en partie été gravés par Giuqius , &v'. K4
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r5* La. f ie des Pcintres,
Sa compofition étoit grande , fes airs de têtes
nobles: fes piofils d# femmes approchoient de ceux du Parm'fan. La douceur de fon caractère augmenta Feftime
qu'on avoit pouv fes tcilens. Il fit pluheurs bons élèves, reis quAdrien
Cluit d'Alcmaer, grand peintre de portraics , mort en 1604; Sc un autre appellé Pierre , fils d'un fameux orfèvre de Delft, qui a égalé fon maïrre , & qui 1'auroit furpafle s'il n'étoit pas mort jeune, michel Mirevelt, de Delft, eft ce- lui qui a fait Ie plas d'honneur a fon école. Biocklant mourut a Uttecht en 158 j ,a 1'age
de 40 ans. |
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LÜCAS DE H E E R E ,
ÉLÈVE DE FRANC-FLORE.
IL naquit dans la ville Gand en 1534. Son
père, Jean de Tléere , étoit Ie plas grand fculpteiïr de fon tempsj & fort bon architedte. Sa rnère, Anne Srnyurs avoit un talent particulier pour peindre en détrempe ou gouafle. fan Mander fait l'éloge d'un petit morceau dont cette femme cft 1'autcur. Il repréfentoit un moulin a vent, avec fes voiles tendues ; Ie meünier étoit chargé d'un fac en montant 1'efcalier. On voyoit fur la terrafle du moulin un cheval attelé a une char- rette; & a. 1'oppofite, Ie chemin oü 1'on apper- ceyoit des payfans. Ce tableau , fi fmi & li |
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Flamands, AiUmands & Hollandois. 15}
remarquable par Ie travail & la force du pinceau ,"
étoir encore plus fingulier par fa pctitefle , puif-- qu'un grain de bied pouvoic en couvrir lafurface. De Heer e ne pouvoit manquer d'étre un jour grand peintre > étant né de parens qui lui en aroient donné Ie gout, Ie ralenc Sc l'exemple. Son père Ie mena toujours avec lui daas fex voyages. Il copioit les vues de fa route ; il deffina beaucoup de chateaax Sc de villes Ie Iohe; de la Meufe ; il manioir fort proprement la plurae, Sc donnoit beaucoup d'intelhgence a fes defïïns. Ayantacquis, par ce travail & les le^ons de
fon père, une grande force de deffin &c beau- coup de facilicé , Franc-Flore 3 ami de Con père, Ie prit pour élèvc. Il ne tarda pas a régaler & a Ie furpafler dans cette partie de la peinture au deflin. Son maltre Ie fir compofer &: deflïner long-temps pour les peintres fur verre. Ses def- fins pafsèrent fous Ie nom de Franc-Flore. Il quicta Franc-Flore pour voyager. 11 vint en
France, oü la reine-mère 1'employaa faire de» deffins pour les tapifleiies. Il refta long - temps a Fontainebleau pour écudier les antiques ou tableaux de cett« maifon royale 5 & fans aller plus loin, il revint dans fa pacrie pour y fixer fon éta- blifTement. Il époufa Lécjnore Carbonnier, fille du trétbrier de la ville de Veren, Sc s'atcacha d'abord au portraic : ce talent lui donna beau- coup de réputation. Sa mémoire étoit fi fidelle , qu'il faifoit un portrait après avoir vu une fois une perfonne. Dans 1'égiife de S. Pierre a Gand, il avoit repréfencé, fur les deux volets d'un au- tel, la Defcenre du S. Efprit fur les Apotres. On adraire let draperies Sc la fajou dont il traicoic |
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154 La Vu des Peintres
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1J34- 'e "bleau d'une épnaphe , repréfentant la Ré-
futreótion. On voit , fur un des volets, notre Seigneur avec les Maries ; & fur 1'autre, les Dif- ciples d'Emmaüs. Il a fait beaucoup de tableaux «Tautels , Sc autres grandes compofitions , quoi- qu'il perdic beaucoup de temps avec les grands feigneurs qui Ie recherchoient pour fes talens. Plufieurs princcs Tont favorifé de leur eftime, & gratifié de charges konorables. Etant en Angleterre , 1'amiral Ie chargea de
lui repréfenter j dans une galerie } diverfes Na- tions avec leurs habillemens. Il avoit peint les Anglois a nud, avec toutes fortes d'étofFes auprès d'eux, & les cifeaux d'un tailleur , pour mar- quer, difoit-il 3 qu'il lui feroit impoflible d'ha- billcr une natiën qui change tous les jours de modes j & qui peut-être ne feroit plus connue 1'année fuivante. Cette critique plut beaucoup a la cour. La peinture ne fut pas Ie feul talent qui Ie
fit eftimer : il étöit un des plus beaux génies de fon temps , favant chronologifte , &c fort bon poëte. Il a laifTé beaucoup d'ouvrages en vers ; en-
tr'autres Ie Jardin de la Poëfie , & plufieurs tra-
ducliions de Marot, Ie Templede Cupidon, Sec.
On a perdu la vie des peintres flamands qu'il
avoit écrite en vers.
Il mourut Ie 19 avril 1584 j agé de 50 ans.
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Flamands , Allemands & Hollandois. 155
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DIRCK (THIERRY)
BARENTSEN,
ÉLÉVE DE SON PÈRE ET DU TITIEN.
JJarentsin naquit dans la ville d'Amfterdam"
en 1534: il étoit fils d'un peintre appel! é Bar ent Ie Sourd. Ce dernier a peinc , daas la maiibn de ville d'Amiterdam , la Sédition d'une fecte furieufe j qui ne cherchoic rien moins qu'a détniire , par Ie fer &: Ie feu , cette grande ville & fes habitans, en 1'année 1535. Celui donc nous écnvons la vie , rec;ut de fon
père les principes de fon art, & a 1'age de z 1 ans il parcit pour 1'Icalie. Venife fut I'endroit ou il chercha a fe perfeótionner. Une figure aima- ble , & 1'étude des belles-lettres, ou il avoit fait de grands progrès, lui attirèrent Tamitié du Tuien , cjlu Ie recue chez hu avec la tendrefle d'un père. Il eut la liberté d'y recevoir & d'jr traiter fes compatriotes. L'eftime d'un tel maïtre lui acquit celle des citoyens diftingués Sc des favans de la rille : il les amufoit par fa con- verfation fpirituelle. Aux talens de peintre , il joignoit ceux de muficien. I! jouoit de pluiieun ïnftrumens _; maïs ces amufemens ne lui firent jamais négliger lapeinture, fon etude favorite. Il fit connoiflance avec Ie feigneur d'Alde-
guondc qui, depuis fon retour en Flandres j n'a jamais cerTé d'être fon ami intime. |
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'I j 6 La Vit des Pcintres
Aprèsfept années de féjour en Italië, il re-
tourna dans fa patrie , & époufa a Amfterdam une demoifelle alliée aux ptincipales maifons de cette ville. La première chofe qu'il fit en arrivant, fut Ie
porcrait de fa femme & Ie fien, que 1'on a vus depuis chez fa fille dans la même ville. Il corn- pofoit d'une grande maniere. On a encore de lui beaucoup de portraits , tous dans Ie gout du Tuien. On faifoit grand cas d'un tableau d autel qu il
fit a Amfterdam pour les arquebufiers : il re- préfentoit la Chüte de Lucifer. Le nud y étoit corredement rendu, & les paflions & les atti- tudes violentes de la fureur & du défefpoir n'y étoient pas moins bien exprimées. Ce tableau a péri dans les guerres de religion : il n'en eft échappé qa'im morceauqu'on voitdans les buttes d' Amfterdam. On conferve dans cette ville une Jadith, qu on
regarde comme fon chef- d'oeuvre : la légèreté de fa touche s'y fait admirer. Il fit a Leyden , chez le fieur Sybrant Bruys,
me Vénusj a Gouda, une NaiiTance de^notre 'eigneur j compofée & peinte dans le gout des grands maitres d'Italie; a Amfterdam 3 chez Ie fieur Ra^et 3 notre Seigneur en croix, 8c au bas une Magdelaine. On voit dans la même ville > chez Isbrant
Wilkms, des portraits & plufieurs tableaux d'lnf- toire du même auteur; dans les buttes dés arba- lêtriers , une compagnie de plufieurs perfonnes, ■parmilefquclleseftunchaudronnierfiuguhèrement caradérifé j un autre tableau dans le Clos da
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F Iemands, Allcmanis & Hollandols. IJ7
Mail, repréfente des gens a table } auxquels on
fert un poiflbn 3 appellé en Hollande Pors. Dans fes buttes des archers , eft encore un
grand tableau , oü Ie peintre a rafTemblé une afTez nombreufe compagnie. A la fin de fes jours il étoir devenu fi gras qu'il ne lui étoit plus pof- fible de vojrager. Il refta toujours a Amfterdam, oü il eft mort a 1'age de 58 ans., en |
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HANS (ou JEAN)
BOL.
L perca la foule des peintres en détrempe.'
On comptoit alois , dans la ville de Malines , pluj de 150 ateliers. Jean 5o/naquit dans cette ville, d'une fort bonne familie, Ie 16 décembre 1 534.Al'agede i4ansilcommen$aaapprendrela peinture pendant cieux années fbus un maitre mé- Siocre.il voyageaen Allemagnej il refta apeu pres !e méme remps a étudier a1 Heidelbérg j &■ rerourna chez lui, oü fans autre maitre il s'ap» pliqua au point qu'il devint excellent peintre. Il inventoit öc ccmpofoit des payfages agréables j fa touche & fes couleurs étoient d'une grande Union: il avoit une manitre particuliere Sc vague d'ébaucher. Van Mander loue beaucoup un de fes ouvrages en détrtmpe, qui repréfentoit la fable de Dédale & d'Icare ; il n'a rien vu ., dit- il, de ü beau: du fein de la mer s'élevoit une qiontagne efcarpée , qui portoit fur fon forames |
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T 51 La Vu des Peintres
- un vieux chateau. Ce rocher peint de plufieurs
IJ34. couleurs; étoit d'une grande harmonie j les mouffes
öc les plantes étoient rendues avec Ie plus grand art; fes fonds fur Ie devant avoient une force fin- gulière. Ce payfage étoit orné de quelques figures également bien taillées. Il quitta Malines en 157Z j lorfque cette ville
fut ravagée par les geais de guerre ; ayant été dé- pouillé de tout ce qu'il avoit, il vint plus que nud a Anvers, oü il fut très-bien retju par Antoine Couvreur , qui Ie fit habiller & mettre en état de travailler. Entre plufieurs belles chofes qu'il fit a Anvers j on cite un livre rare & eftimé, de toutes fortes d'animaux terreftres 8c aquatiques, peints a gouaiïè , d'après nature. Il quitta entièrement fes grandes toiles en dé-
trempe , ayant remarqué que Ton copioit fes ou- vrages, & que la copie fe vendoit également bien ; il ne fit plus que de petits tableaux a 1'huile, oü des figures a goualTe que Ton recherchoit beaa- coup j & dans ce genre il étoit unique. Il fut obiigé de quitter cette ville pour Ie mème fujet qu'il avoit quitte Malines, & ilalla a Bergopzoom & a Dort, oü ii refta pres de deux ans \ de-la. il vint a Delft, Sc enfin a Amfterdam, oü fon talent fut fort re- cherche & bien payé. Il peignit d'après nature la ville d'Amfterdam , du coté de la terre & du cöté de la mer. Les vaifTeaux , leur reflet dans 1'eau, rout y étoit a admirer. Il fit encore d'autres vues de villes & de bourgs avec Ie même fuccès : ces ouvrages 1'enrichirent. On voyoit de lui > chez Ie fieur Jacques Ra0.000000e+000t,
plufieurs beaux morccaux,& entr'autresunChrift paflablement grand, richement compofé , oü les |
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Flamands > Allemands & Hollandois. 159
fïgures, les étoffes j les chevaux & Ie payfage font
d'une grande beauté, &necèdéntenrienaux plus frécieux tableaux de fon temps. Chez l'éle&eur
'alatin , un perit tableau repréfentant un Hiver. Cet ouvrage fuffiroit pour montrer Ie mérite rare de ion auteur. On peut juger de la fertilité de fon génie pur
Ie nombre de, fes compofitions qui font gravées. Il eft mort a .Amfterdam Ie 20 novembre 1585. Il avoit époufé une veuve, dont il n^eut point
d'enfans. Elle avoit d'un premier manage un fils nommé Francoïs BoëUj élève de Bol, qui a beau- coup approché de fon rhaïtre dans Ie méme gout, Sc qui ne lui a farvécu que de peu «Tannées. Le meilleur élève de Bol étoit de Conrtrai : il
fe nommoit Jacques Savery ,üls d'un peinire mé- diocre. Il avoit une patience extreme a finir fes ouvrages: fon travail qui neparoïc nullememtpeiné ni fee j étoit caché avec art. Ilmourutdela pefte a Amfterdam en 160$. Son frère Roelant Sa- very fut queique temps a imiter ce genre j mais il 1'abandonna pour peindrea 1'huile, comme il fera dit ailieurs. |
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J E A N
STRADANUS.'
O tiadanus naquit en la ville de Br-ges en
153^ , d'une familie illuftre , fous le nom de Straet. f es reftes de cette maifon, une des plus auciennfcj de la piovince , furent éceints ou dif- |
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I6o La Vlc des Peintres
perfés. On les accufa d'avoir trempé dans Ie meur-
tre de Charles Ie Bon , treizième comte & dix- neuvième foreftier deFlandres, qui futaflalïinéen ii 27 dans 1'églife de fainc Donas. Revenons a notre fujet. Jean de Straet on Stradanus commen- ca a étudier fon art dans cette ville , Sc voyagea fort jeune en Italië. Il choifit Florence ou il s'é- tablit j il fit dans cette ville beaucoap de grands ouvrages a frefque & a. 1'huile, & fut d'un grand fecours a Vafary, a qui il aida a peindre les fallons Sc autresapparcemens duduc.Ildevint, aprèstant d'étudesjiindes plus grands maures defon temps. On voit de lui dansTéglife de 1'Annonciation de cette ville , notre Seigneur en croix j un des bourreaux lui préfente 1'éponge trempée dans Ie vinaigie. Cette compofition eft belle; elle a été gravée par Philïppe Galle , ainii que la Pallion de notre Seigneur 3 de deux fanons différentes. Il fit, comme Hemskerck , les A&es des Apötres, Sc on nombre d'autres hiftoires qui prouvèrent 1'éten- due de fon talent. Il compofoit & deffinoitbien, Sc pofledoit la bonne couleur. Il fut toujours regarde comme un grand homme & comme un des pnncipaux membres de 1'académiede peinture de cette ville ; il y vivoit fort fimplement. Il doit être mott vieux, paifque van Mander marque qu'il feportoic encore fortbienen ^ |
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'4$*
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~*?*^
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PIERRE
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JFlamands, Alkmands & Hollaniois. ïSi
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PIERRE VLERICK,
ELEVE DE CHARLES D'YPRES,
V lerick naquit dans la ville de Courtrai ed
1539. Son père, qui étoit procureur j remarqua 1/39» une inclination fïngulière dans fon fils pour Ie deffin. Il Ie plac,a chez Wdltm Snellaert, peintre en détrempe , oü il ne refta pas iong-temps. ^yant enten du vanier Charles d'Ypres pour 11 corre&ion du delTin & la maniere de pemdre, il pritdefesle5ons& fe perfeciionna; maiscemaitre <jui étoit auffi fou que diflïcile, par fes mauvais trairemens 1'obligea de Ie quitter. Il retourna chez hu : fon père naturellement dur3 lui donna fieu d'argent j Sc Ie forc,a a chercher fortune ail-*-
eurs. Les grandes dirHcultés ne peuvent ébraniet un hommebien déterminé. Vlerïck les franchit toures. II fut a Malines, oü lespeintres en détreinpe 1'employèrent a peindre des cartouches pour des infrriptions. Il y devint très-habile, mais il fentic que ce talent étoit trop bomé : il quitta cette ville pour s'inftruirefous les bons peintres d\An- vers. Son débuta 1'hmlefut de copier un tableau des Ifraëlires adrrant Is Serpent d'airam dans Ie Défert. Il y réuflit au gré de fon maure. Après qnelques autres ouvrages , il fat chez Jacaues F/ore, frtre de Francois. Mais ayant forme Ie projet de voyager, il quitta fa patrie j Sc paffe par la France pour aller en Italië. Venife lui paruc propre a fon projet: il entr» chez Ie Tintoret,qal Tomc I. J-r |
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•ïffl La Fie des Pclnttei
fut charme de fa maniere de peindre, Sc qui airfta
fon caraóbjre. Il avoit même envie de Ie fixer, en lui faifant époufer fa fiUe; m.üs, fok que Vlerick füt trop attaché a fon pays natal, foit qu'il n'eüc pointencorefatisfait fon gout fur les curiofités qu'il s'étoit propofé de voir, il prit congé de ce grand peimrej & pafla par toutes les villes oü il favoit qu'd pourroit trouver a s'inftruire, & parvint juf- qu'a Rome. Rien ne lui échappa dans cette ville ni aux environs. Il defllna 1'antique , & toutes les vues du cours du Tibre, a la plume, avec une liberté approchant de la maniere d'Henri de Cléef. Ce jugement eftdevanMander, qui avu plufieurs fois fes defllns. Il fut auffi a Naples, & dedina les plus belles vues de Puzzoli & fes environs. Il compofa a Rome quelques tableaux a 1'huile & endétrempe.Les figures quifont dansles payfages de Jeróme Mut^iano , & qu'on voyoit a Tivoli du temps dupontificat dePic//^, font de lui. En quittant Rome il pafla par t'AUemagne, &
fe fixa enfin dans fa patrie, ou les peintres admï- rèrent les progrès au'il avoit faits d \ns fes voya- ges. Il peignit en détrempe Ie Serpent d'airain fur ane grande toile , les quatre Evangéüftes, «ne Judith qui coupe la rêce a Holopherne , un Cru- cifix oü étoient la Sainte Vierge & Saint Jean. Il changea la pontion du Chrift , que les peintres de ce temps avoient jufques-la repréfenté debout fur la croix. Il Ie peignit pendant par les bras, fans aucun appui. Il excelloit dans 1 architedture & la perfpe&ive^on reconnoit dans tour la maniere du Tintoret qu'il n'a pas quittée. 11 fut demeurer a Tournai vers 15 (ï8 ou 69. Il
eut beaucoup a fouffrir dans cette ville; il 7 èil |
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Flamands > Allemands & ïïollaniois.
fait prifonnier j & après avoir vu mourir de la -
pefte deux ou rrois de fes filles, il fuccomba tui— même fous cettemaladie en i 581 3 a lage de 44 ans Sc denii. ^2/2 Manier3 qui a été fon élève pendant une
année, rapporre que Vkrick avoit autant de mo- deftie que <le mérite; qu'il lui difoit fouvent,y? vous ne faifieipas mieux que mo'i un pur, je voui confeïlleroisde qultter. Ileftimoitbeaiicoup/vvzflc- Flore, 8c tons les peintresd'Icalie. On lui connoït un aurre éltve, LouisHémedeCoumzï, quiimic» h manierede fonmaitredans 1'archiiedture. |
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N. FRANS.
X1 rans naquit a Malines en 1555? 011 40. Il
entra fort joune dans 1'ordre des Bécollets. Soa maitredans a peintuie eft inconnui mais fes ouvra- geslui ontfait beaucoupd'honneur.Frdr/zj peignit desfujetsdej'£criture.T)ansréglifedeNotre-])ame aMalines, en voit de lui une Fuite en Egypte; & a Notre-Dame d'Hanswyck, pr«s de certe ville, 1'jAnnonciation Sc la Vifitation de la Vierde. Les figures font de grandeur naturelle. II deflinoit Sc colorioitbien.il peignoir dans fes fonds Ie payfage avec beaucoup d'intelligence & de choix. Il avoii un élcve nommé Francois Verbeeck, de Malines , qui peignoit a gouaiTe des fujets plaifans , dans Ie gout de Jer 'me Bos: on en voit dans plufïeurs églifes de la même ville. Les ouvrages de Ver» bceckoxxt unegrande propreté,fontd'une heureuf» faciiité, & pleiiis d'efpritt L x
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xf 4
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VINCENT
GELDERSMAN:
—-------vteldersman, natif de Malines, peignoir bi«n
1539. Ie nud, & fur-tout les chairs des femmes, iron
deflin eft corredt} plus de choix embelliroit fes tableaux. On a de lui l'hiftoire de Suzanne , une Cléopatre , une Léda , une Defcente de croix avec les Maries. Ce dernier tableau eft dans Téglife de Saint Rombout. Il y a plus d'art dans ces tableaux que dans ceux qu'il a compofés depuis: il a mérité Téloge des aniftes de fo» temps. |
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ISAAG NICOLAY:.
XL eft étonnant que la v'ille de Leydën n'aic
point tnarqué Ie jour de la naiflance de Nicolay , qui y vint au monde, &c qui fut depuis bourgue-* meftre de la mêmeviüe. On voit mr Ie role des pères du peuple, qu'il fut élu en 15 j6. C'eft de- puis & même avant cette époque , que la ville do Leyden conferve de lui des 'tableaux d'une belle ordonnance & bien deffinés pour Ie temps. La falledutribunal & quantitéd'autresendroitsfont ornés de ks ouvrages. Il joignoit a une eftime particuliere pour les grands peintr§s, un grand |
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Flamands3 Allcmands & Hollandais. \6\
•amour pour leur talent. Il éleva fes trois nl< dans------------■
Ie même art. L'aïné Jacques - Ifaac Nicolay a 1539.
peint loMg-remps a Naples., oü il époufaune femme «ju'il emmena dans la patrie en 1617. Apiès avoir long-temps travaillé a Leyden j ilfe reurs a Utrecht 3 oü il mouruten 16) 9. Il y eft enterrév Nicolas-lfaac Nicolay, fon fecond fils, fe fixa
a Amfterdam,ou il fit grand nombre d'ouvrages. Et ledernier, Willem-Ifaac Nicolay, graveur
eftimé, refta a Delft , oü il fat fait chef d'une. compagnie d'arquebufiers «ie la ville. Il y mouruc en 1611. |
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FRAN^OIS
P O R B U S,
ÉLÈVE DE FRANC-FLORE.
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^ Porbus né a Bruges en 54
de fon père , Pierre Porbus , & depuis celui de Franc - Flore, les a furpafles tous deux. Flore difoit: cc jeune homme fera un jour mon mtitre^ Qnoique fon talent de peindre ie portrait Ie fit particulièrement admirer,, il peignoir bien 1'hif- toire & les animaux. I/académie d'Anvers 1'admit en 15^4. L'en-
vie de voyager & de chercher d'autres modèies que les peintres de fon pays , Ie difpofa a quittec u gatriej mais 1'amour renverfa de ü beaux £rc>~- i. h
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Za Vie des Peintres
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---------jets. Il changea de deflein pour époufer la fille
l5YJt de Cornille Fiore, frcre de fon maïtre.
Ilfe mit apeindre plufieurs tableaus d'autel;
un dans Téglife de S. Jean a Gand , & un autre porr Ie préfident Vigdus, Ce dernier tableau repiéfentoit un Baptéme. Sur les volets étoisnt (>eincs laCirconcifion & d'autresfujets. Il fit pour
e même beaucoup de portraits de familie. On a de lui dins un convent d'Oudenarde, un autel repréfentaat 1'Adoration des Mages, &c. Il fit a Bruges chez fon père, Ie Martyre de S. Georges , pour ime confiérie de Dunkerque: on Ie voit fouffnr Ie martyre; dans Ie milieu, percer Ie Dra- gon \ dans Ie fond, rcfafer d'adorcr les idoles ; • Fur les volets, il eft peint en dehors en camayeu, lorfqu'il paroït devant les juges. On remarque dans ce tableau Pexcellence du pinceau & une couleur vraie. Le payfage eft d'une belle touche. On voit aujourdnui dans la même chapelle ce tableau , un peu endommagé par un Anglois <]ui 1'a voulu nettoyer. Onaencorede ce peintre un Paradis terreftre;
f'ar eet ouvrage on juge qu'il excelloit a peindre
es animaux & le payfage: fa touche eft belle 8c décidée: on reconnoit le pommier, le poirier , le noyer , &c. par le feuillage. La force Sc r harmonie de fa couleur, la touche
de fon pinceau, 1'ont £iit admirer dansleportrait. Tont ce qu'il a fait eft d'une grande vénté j il ne lui manquoit que le féjour de Romej pour le perfedionner dans le gout du deflin. La ville d'Anvers 1'avoit nommé enfeigne
dans' fa milice bourgeoife ; ce qui fut caufe de fa mort. S'éunt for: échaufTéa jouer du drapeauj |
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Flamands, Atlemands & Hollandois. i6y
2 filt fe repofer au corps-de-garde , pres duquel —'—-— on venoicde vuider unégout. Il fetrouva incom- i j40., mode, tomba malade., & mourui très-prompte- ment, agé de quarante arré, en 1 jSo.II laiflaun fi!s nommé comme lui j fa veuve., en fecondes noces > époufa depuis Hans ou Jean Jordaens, élève de Martin Cle'ef. Ce Jordaens.dela ville dJ Anvers, fut un des bons peintres de ion temps: Hiftoire , Payfage , Corps-de-garde , Fêtes de Villages K Pêcheurs, Incendies, Clairs de Lune , tous les genres lui étoient égaux. Il fut recu en 1'académie d'Anvers en i579.IldemeuraaDelfte»Hollande.. On ne fait pas 1'année de fa moru |
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CHRISTOPHE
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S W A R T S.
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A ville de Munich fe vante de lui avoit
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donné la nailFance. Il a décoré de fes tableaux
les églifes & les autres édifices publics. Celie des Jéfuices pofsède fes principaux ouvrages. Il fut peintre de l'éleéteur de Bavière. Sa compofition eft grande & facile, & fa couleur fon bonne. On voit beaucoup de fes produftions gravées par Jean Sadler, entr'autres one Paflïon ®u. notre Seigneur eft prefque roujours par terre. Sa fa$on de compofer, quoique nouvelle, n'eft pointdéfagréable.Go/qiwétiinïaMunich en rj^i,. fit fon portrait en crayon. On voita Paris dans le; cabinet de M. Ie comte <3e Vence , une têtfc Swarts, II mouruten 155)4. |
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i6S La Vit des Vantres
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PIERRE BALTEN.1
---------Dalten écoi't peintre de payfage : fa manièra
i CA.Q approchoit aflez de celle de Pierre Breughel. Il tou-
cnoit avec beaucoup de gouc les petites hgures , les foires ou kermefTes flimandes qui font recl^erchées. II peignoir trts-bien a gouafle, & dans 1'une & 1'autre maniere on admire fa grande facilité. H avoit aulli un talent lingulier pouc deifiner a la plume. Il fit pour 1'Empereur un pay- fage avec un grand nombre de figures; Ie fujec écoit la Prédicacion de Saint-Jean dans Ie Défert» L'empereur ht peindre depuis un Eléphant au- lieu du Saint-Tean ,de forte qu'il paroït que touc ce peuple efta admirer 1'animal. Ce changement a été iufqu'd ce jour une énigme. Il fut admis a 1'académie d'Anvers en 1579.
Bon poëte & bon afteur, il étoit en correfpon- dance avec Corridle Ketel, peintre & poëte a Gouda. Il mourut a Anvers, |
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Flamands, Allcmands & Ilollandois. 169
G O R N I L L E
MOLEN AE R,
OU
CORNILLE LE LOUCHE 7
ÉLEVE DE SON PERE.
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E nom de Ncel Ie Louche lui fut donné a caufe
defondéfaut naturel. Elève de fon père & de fon beau-père, également médiocres en peinture, il devint un grand payfagifte. Sa débauche 1'ayant mis fort mal a fon aife, il fut obligé de faire , a )o foux par jour, les fonds des ubleauxdes autres peintres. Il avoit une fi grande pratique, qu'il peignoit un grand payfage dans un jour. Il ntf ie fervoit point d'appui-main. Les peincres d'An- vers fe fontprefque tous fervide lui pour peindre les fonds de leurs tableaux: il en faifoit pour 6 ou 7 fous- Ses ouvrages font d'une vraie beauté , & eftimés fur-tout des artiftes. Il eftmortaAn- vers , lieu de fa naifTance. |
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ARNOLT MYTENS.
IVLytens naquit dans la vüle de Bruxelles : il ■
porta famour de la peinture jufqu'au travaü Ie IHl- plus rebutant. Non content de peindre Sc de |
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17© La Vit des Peintret
—— deflmer des objets ordinaires, il détacha furti-
IJ41. vement plus d'une fois des corps de pendus , pour en mouler les plus belles parnes. H quitta de bonne-heure fon pays pour voyager en Italië, oü il s'arréta quelque temps chez Antoine de Santwoort: il ne peignoir alors que des Vierges * fur cjivre, & en petit. Ses premiers ouvrages Ie firenr connoitre. Jean Spéekaert étoit fon ami & fon compagnon d'étude a Rome. Notre arnfte fut travailler enfuite a Naples, chez un Flamand appelé Cornille Pyp. Il fe maria dans cette ville, oü il a demeuic long-temps occupé a faire des tableaux d'autels. Il ht aulTi grand nombre de portraits, & il envoya daas les pays étrangers plufieurs de fes ouvrages. Sa femme mourut dans Ie temps qn'il étoit en
réputation; ce qui Ie détermina a voyager quel- 3ue temps en Flaudres. Il retourna a Naples -y
y fit, pour une églife proche de cette ville, un très-beau tableau repréfentant uno Aftomp- tion, avec plufieurs figures d'Apötres & d'Anges plus grands que nature. Il peignit dans Naples les quatre Evangéliftes \
un tableau d'aurel pour 1'églife de S. Louis, 5c un autre qui«repréfentoit Notre-Dame de Bon- Secours; la Vierge a fous fes pieds Ie Demon qu'e'le écrafe avec une miflTue. Ce tableau effc d'une grande beauté j & eftimé mêvne par les Italiens. Après avoir fini ces ouvrages; il fe retira avec
fes enfans dansl'Abbruze, & il emporta avec lui un grand tableau fur toile qu'il avoit commencé: il repréfentoit notre Seigneur couronné par les Juifs i la !:,'?ur des flambeaux : les lumières |
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Flamands 3 Alkmands & Uoüandois. 17 ï
fontbien rtpandues,& les tons de couleur chauds, On voit aufll du mtme peintre, dans j^quila, un grand tableau fur roile , qui remplit tout Ie fond d'uneéglife jufqu'a la voute; c'eft un L.hrift avec de grandes figures. Ce tableau furprend les artif- tes \ la toile en ayant été maw ffle'e, Ie peintre avoit été obligé, pour Ie peindre , de fe tenir fur une échelle: ( pénible travail qnand il eft long. ) Ayant été demandé pour faire des ouvrages
dans 1'églife de S. Pierre de Rome , il y fut avec fa familie, emportanr toujours (on couronnement de Jcfus-Chrift, que 1'on a vu depuis a Amfter- dam chez Bernard de Somer fon gendre. Arrivé a Rome, il y maria fa fille ainée a
Bernard de Somer, Sc mourut peu de temps après dans cette ville en 1601. •Les Iraliens ont fait 1'éloge d» ce peintre , Sc
ils voient tonjours fes^ ouvrages avec la rnème admiration. |
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PIERRE
P I E T' E R S ,
ÉLEVE'üE SON PERE.
X ierre Pieters , élève de fon père Pierre Acrt-
fen j imita fa maniere. Jl quitta depuis fon genre pour prendre celuTdu porrrait. Il avoit repréfenté, pour les boulangers d'Harlem , uu Four ardent j qui fit regretter aux artiftes fa pre--, |
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17* la Vu des Pantres
mière maniere. Il mouruta Amfterdam en 16051
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GILLES
DE COONINXLOO,
ELEVE DE LEONARD KROES.
Ajooninxloo naquït dans la villed\AnversIe 24
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IJ44. janvier 1544. Són père Ie placa d'abord chez
Ie hls du vieux Pierre van Aelfi. Après quelques années d etudes chez ce premier maïtre, il fut chez Léonard Kroes , qui peignoit en détrempe lhiftoire & Jepayfage, & enfuite il fe mi: quel- que temps en penfion chez Gilles Mqftaert. ^ II voyagea fong-temps en France , Sc travailla 3. Pari; & a Oiléaiii. A la veille de partir pour Rome_, on l'obligea de reto.irner a A'uvers pour fe marier. Il travailla dans cette ville, malgré les troubks du pays , qu'il ne quitta que lorfque la ville fut afliégée. Son intention étoic de retour- uer en France , foit pc:r y demeurer ou vendre dubien^u'il y avoitacquisjmais ilfutenZélande, & de-la il s'établit a Frankendal en Allemagne , ou il refta pres de dix ans , & revint a Anvers avec toute fa familie. Sa réputation augmenta de jour en jour. Il Jk un grand tableau pour le roi d'Efpagne; uff payfage de feize pieds de longueur pour une maifon 'pres d'Adivers : ce dtrüier tableau paffe entre les mains de Jacquos |
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Flamands, Ailemands & Hollaniols. 17$
Roleants, avocat. II compofa encore plufieurs
tableaus pour 1'empereur. Ses ouvrages furenc difperfés par-tout; les rmrchauds étrangers ne Jur laifsèrenr prefcjue pas Ie temps de fatisfaire * rempreiïement des curieux de fa patrie. Oa voyoit a Amfterdam, thez MM. Abraham Demares & Jean Ycket, des payfages fort beaux , avec des figurei de Martin van Cléef. Ces payfages font d'une couleur agréabie , & d'une touche Jégère ; fes fonds toujours variés montrent la fécondité de fon génie. A Nacrden , chez Ie iieur Claet^ , on voyoit un grand payfage , avec des fignres & des animaux par de Cléef; un autre a Middelbourg^ fur bois, chez Ie fleur Mel- chior Wyntgis , en grand fur toile; & deux en forme ronde a Amfterdam , chez Herman Pïlerim Sc Henri van Os. Il y en a encore pkifieurs antres dans dirTérens cabmets. Cooninxloo , Ie plus grand payfagifte de fon temps 5 fut imire par les meilleurs artiftes. Il vivoit a Anvcrs en 1604. On n'a pufavoir Ie temps de fa mort. HIERONIMUS fJEROSME),
FRANgOIS E t AMBROISE F R A N C K ,
ÉLEVES DE FRANC-FLORE.
V_jes trois frères, nés a Herentals, étoienr Bis
de Nicolas Franck, que 1'on croit avoir été peintre. Jérómt y Francois 3c Ambroife apprirenr |
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L& Vlt des Peintres
.....la peinturc chez Franc - Fiore. Jérome Tranck
quitta fon maïtre & voyagea en France. Deja
connu comme bon peintie d'hiftoire &: de por- trait, il fut employé a Paris. Ses ouvrages furenc eftimés au point quHenri ///Ie choifit pour fon peintrede portraits. A pres la mort de Franc- f-loret les élèves de ce maïtre quittèrent leur patrie pour étudier fous Jérome Franck. Tant d'avantages ne purent Ie fixer^ il remercia Ie roi, quitta Paris 3 & paffa quelque temps en Italië: enfin il rerourna a Anvers, oü il mourut dans un age très-avancé , après avoir beaucoup travaillé. La maniere de Jérome tenoit a(Tez de celle de
fon maitre j fon voyaged'Italie Ie charigea peu : on appercoit, dans fes grands tableaux , plus d'ordre dans la difpofr.ion de fes grouppes , & plus «d'intelligence que dans fes petits tableaux qu'il compofoit d'après 1'écriture - fainte , ou 1'hiftoire rovname. On diftingae celui qui eft au retable d'autel de la chapelle des Fendcurs de •bois, dans 1'églife de Notre-Dame a Anvers. Le fujet eft S. Gomer, qui rejoint enfemble les deux parties d'un arbre fendu en deux. Ce tableau eft date de Tannée 1607 , & marqué HF. F. &inv. Le tableau du grand autel des Cord?!i?r<; d
Paris, repréfentant la Nativité , eft de Jérome Franck, & fut fait en 1585. |
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Flamands, Alltmands & Ilollandois. 17JI
f r a n g o 1 s
FRANCK, APPELLÉLE VIEUX.
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X* RANCois Franck fit dans fa jeunefTe plufieurs ' *
fait peu de chofe de fa vie. On ne doute pas que Francois Franck , appellé Ie jeune , ne foit fon fils, mais on foupconne que Sébajlien Franck 1'eft auffi. Francois Franck fut admis parmi les peintres
d'Anvers en 15^1 , 8c mourut dans Ja même ville Ie 3 odtobre 1666. Plufieurs ouvrages de Franck Ie vieux fe confervent en Flandres, Sc principaJement fon chef-d'oeuvre dans 1'églife de Notre-Dame a Anvers: il repréfente notre Sei- gneur au milieu des do&eurs. Ce tableau, & les volets qui Ie renferment, font fut 1'autel des maltres d'école de la même ville. |
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La Vu des Peintrés
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A M B R O I S E
F R A N C K ,
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Li PI.US JEUNE DES TROIS ,
FILS DE. NICOLAS'
ET ÉLEVEDEFLORE.
Ambroise Franck furpaffa fes trois frères dans
la peinture. L'évèque de Tournai, chez qui il demeura plufieurs années, employa long - temps ion pinceau. Sonprincipal talent étoit de peindre 1'hiftoire. Plufieurs grands ouvrages d'Ambroife nous font regretrer de favoir fi peu de chofe d« fa vie. Deux tableaux fuffiiont a conft'ter fon mérite j on les voit dans 1'églife de Notre-Dame d'Anvers. Le premier repréfente Ie Martyre de S. Crefpin & de S. Ctefpinien, dans la chapelle des cordonniers. L'autre eft un des volets qui renferment Ie
tableau oü S. Luc fait le portrait de la Vierge , ouvrage deMartinde Vos. L'autte volet eft peint par Ottavcnius. |
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JOSEPH
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Flamands j Alkmands & Hoüandoisi, tjf
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} O S E P H
VAN WINGHJEN.
Van WiNGHfeN jiiatif de la ville deBruxelles,----------
en 1544, quitta fort jeune fa patrie pourvoya- Ji44;
ger. Arrivé a Rome , il s'attacha a un cardi- nal,chez qui il refta quatré ans a fe former Ie goikd'après les beaucésconfervéesdatis cerre ville. Au bout de cë temps > il retoutnaa Bruxelles,
ou fes grands talens furent connus. Il en tra au fervice du prince de Parme en qualité de fon premier peintre. Parmi fes prmcipauxouvrages , bn remarqiie un tableau pour 1'autel de S. Goelen, Sc felon d'autres, pour les frères de la Chanté. Ce tableau représente Ia Cène. L'architedure du fond eft de Paul de Fries : van Mander en fait un grand élogé. Ce peintre aimoit a voyager. Il quitta Ie printe
de Parme , qui donna fa place a Ottovenius. Wingken fut s'ér.iblir ï Francfört envirpn 1'an 1584. Il fit dans cette ville un tableau, ou ïègne amant d'invention que d'art. Il irepréfente 1'Allc- magne erfrayée, fous la forme d'une femme hue encliamëe a un rócher; tu-deiTus d'elle vole Ie Temps, qui vient la fayver & la délivrei' de fes chaines. ön voit a coté la Tyranhie föns Ia forme d'un honime de guerfe armé, qui foule aux pieds la Religion avec fes attributs. C'eft une allufion aux malheurs du pays ^ ou la religioa M
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,
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ï78 La Vit Jes Pemtret
'-------~& les loix furent outtagées par les tyrans. Le?
Ji44' crrands évcnemens d'un fiècle devroient ctre ainfi
confervés a la poftéi-ité paï la peinuire^ cc icroienc autant de mouurneus pour fkittoire & pout la |
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Voki encore les fiijets de plüfieurs de fes ta-
"blenux : Apeiles, qi.u en peiguaut Gampafpe en dtvienc aiuuureux \ ce mocceau eft dans Ie tabinet de 1'Empereur. Ie tableau de Samfon, pris par Jes Philisftins dar* les bras de DaUia, chec 1'élec- teur Palaun. A FtancforE, cliez nn médecin, 1'on voyoic
«ne Andromcde, & quelqiies ponraits du même-. Cornille vander Voort avöit de Itu a Amftcrdam, wne Juftice qui protégé l'innocence opptimée. On a beaucoüp gravé d'après fes campofitions.
Quelques-nnes onc été exccutéesen capifleries. Il eft mort a. Francfort en 1605, agé de foi-
xante-un ar.s. Ses ouvrages .connus font en petit notnbre j quoiqu'il ait vécu afiez long-teiv.ps \ mais ii y en a beanconp de perdus. On fait q'i'il eut ponr élcve, fon fils Jércmic
Wmghen. A l';v.7e de dix-haii ans,-en 1604, il étoit déja bon colorrfte, & il ent depuis pouc maiire Francais Badens , a Amftcrdam, |
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Tlamands > Allémands & EoÜandois. ï 79
HANS ( J E A N )
SNELLINCK.
Van Manber parle de ce peintre dans Ia----—-
vie d'Otto-Fenïus, On voït ( dic-il ) h Anvcrs j UiU
les ouvrages d'un excellent peintre de Malines, otednaquiten i^Saellmck pcigr.ok tiès-bien rhiftoire & les batailles : il fut fouveM emoloyé dans ce dernier genre par des princes. Ila'peint plufieurs batailles des Pays-Bzs On obferve qu'il avoit un talent particulier pour imirer la fumce •de la poudrej il favoit répandre un brouülard léger parmi les combattans. Cette ma^ie de la vapeur aërienne a rendu fes tableaux trèi-harmo- ineux. Fan Dyck,cLm eitimoit ce peintie, afait fon portrait pour Ie placer parmi ceux du pre- jnier ordre j ce tableau orne Tépitaphe du peintre «Ie batailles, qui fe voit dans reglifc paroiffiale ée Saint-Jacques a Anvers, fur laquelle on lit • Ci-gït Ie célcbre Jcon Sndlïnch , peintre de' ï'archiduc Alben & JfabeHe, & de ion exrel- ïence lecomte de M-enfvelt, &c. mort Ie pre- mier odobre MÏ38 3 agéde 94ans-, 8c PauOne Cuypers fa femme, morte Ie 6 odobre 163S amh que leur fils André Sndlinck, mort Ie 10 feptembre 1653. |
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la Vii des Püntrei
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JEAN DE HOEY.
Jean dr Hoey, néa Leyden en 1545, quitta
& patrie, & felon Flortnt Ie Comte, dans la deuxïbnepartiedefon Caiinet d'Architecture,&c. il vinc en Francej & s'atcaclu au fervice d'Heari IV', qui lui donna 1'inlpeftion des tableaux de la comonne j '&c Thonora de la charge de valec de chambre ordinaire. 11 mottrut comblé d'hoa- nems dans fa foixantc-dixième année , en 1615. |
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G E O R G E S
HOEFNAEGHEL.
• il oEFNAEGHtL naquit dans la ville d'An vers
en 1546 , d'un marchand de diamans .> puiflam- menc riche, qni deftmoit fon fils a ce corametce. Il s'y prêta qiielque temps avec répngnance, & il ne trouva Ie moyen de fe dédommager de 1'ennui qu'illui caufoit, qu'en deffinant. Dant les écoles ou en fe promenant -3 au défaut de papier, il tra^oit furie fAble : tan: il eft vrai que Ie génie 1 emporte toujours, &c ttiomphe de tous les obf- tacles. Son père chercha i Ie détourrier de cette ïnclioation , ■& lui -défcndit Ie deffin; mais certe défcnfe augmenta en lui Ie defir d'appr«ndïe. Il fe voyoit pourjamaiséloignéde eet art qui faifoit fes plus grands plaifirs, lorfque par hafard une main qu'il avoit deffiaée fur une planche,d'après |
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Flam.it.nis > Allemmnds & Hollandols. 181
la Ctenne, fut vue par un ambafladeur de Savoye,.-
qui regarda la violente qu'on £ufoit au jeune peintre, comme une violente qu'on faifoit a Li nature. Il en fit ces reproches. aupère^q^i permic a fon fï!s de defliner dans, fes heures pc-rdues:. il s'apphqua auili aux belles-lettres, & devini un des favans & des plus. grands potites de ion tenips» II commenca tort jeune a voya^et; il defljna
les vues., les villes, les fortincations, les rubil- lemens des peuples qu'il reucontta £ir £x route, Sc il en fit un volume qu'il donna au public. Toutes ces planches font dans un gahtputorefque. Etant en Efpagne , un peintre Hamand lui
donna 1'kiée de penidre d gouafjc/y ce fat pai: ce. genre de peintnre quil comme.nca. 11 conónua d'imiterd'après nature,desanim.mx , des p'anres &c des arbres. De retour en Flandres, il pric des le^ons de Jeaa Bol pour fe perfeiflionner : alorjs il égala les pl'-'.s grands pelnt.res. cq cc, genre* A 1'art agcéable de ia pejnturs, il joignit Ie
commerce utile des diamans. Il Ie fi: avec fon, père, maïs une Je.ule nuk les mina- On fe fpu-r. viendra touj.outs dans Anvers de la fusie des Efpagnols 5 les tré-foi's de notre pciatrö ck de iba flère étoient cachés danj terre, & torent trouvés:
es foldats vicioneux oblig^vient; la femme & la, fervante d'IIeejnaegheld&lss.leiiï ■découvriri Ce fut; alors que r.pire- peintiie. recaunuE que
les talens font des FeiTc)iirces plus afliirées que les, ricIxeiTes. Il pstit avec Ortelius. pous; Ye,nife. lis furent bien cecus a, Ausbounj ches fes medleurs. Fo:tckers%,. qui ie.uï doiiuè.rent fte$, fetïes pour i'électeur de B.ivFère. Capdoce leur montra toutes.. fes, quxioiké.s.de fa cour» efpérant bien que, !e |
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ï 8 2 JLa Vu des Pelntrts
■peintrc auroit de quoi le payer de fa complal-
fance. Il ne fut pas trompé : Hoefnaeghel lui fit voir fon portrait & celui de fa première femme > avec quelques animaux & des arbres peints fut difFérens morceaux de vélin, L'éieóceur les admira,& envoya le lendemam
demander a les acheter. Notre pemtre n'avoic point encore été dans le cas d'apprécier fes ou- vrages: il étoit accoutumé a les donner. Sa déli- catefle fut blamée par fen ami qm demanda cent écus d'or, qu'il rec_ut dans l'inftaat. L'éleCteuf folhcin notre ptintre de refter penfionnaire a. fa cour. Il 1'accepta» a condition. que ce ne feroit tju'après avoirvoyagé. Lepnnce envoya ala femme du peinrre deux cents écus d'or, pour venir demeu- rer a Munich, en attendant !e retour de fon mari.. Hoefnaeghel écant arrivé a Venife, & ne croyant
pas *ue fes talens pulfent fuflire a fa fubfiftance,, prit le p.irti de fe faire courtier ; mais le cardi- nal Farnefe, inftruit par Ortdius des talens fupé- nenrs de fon ami, dernanda a voir quelqu'un de fes ouvrages. Il fut furpiis de leur beauté, Sc lui offnt mille florms par an pout fe 1'attacher,, cequ'il refufa; il avoir donné fa parole a 1'élec- feur de Bavière. I! quitta Rome & Venife, fort regretcé , & fut rejoindre fa femme a Munich > oü 1'éledfceur , outre fa penfion , lui faifoit préfent tous les ans de velours & d'étofFes pour fes habil- lemens. Les plus grands princes eurent la gloire de le
protéger. Ferdlnard, duc d'lnfpruck, 1'engagea. dans fa cour avec 1'agrément de l'ékcleiir de- Bavicre , pendant buit ans , a huit cents florinv de peiiilon. 11 employa C£ temps a. orner un rnill'el |
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Flamands TAlkmands & Hollandoïs. 183
de lettres grifes & de vignettes qui avoient rap- "
port au fbjet: fi eet ouvrage furprend par fon 1 étendue & fon précieux fini., il fait houneur i 1'imagmation dü pemtre. Ce duchu donna > oucre fa penfion , deux mille conronnes d'or, êc unc ehame du même métal, qui en vr.lc.u cent. 11 fit pour i'enipereur Rodolphe qnatte livres
aanimanx. Cetoiwr.ige lui valut mille écus d'or avec une penfion anniiellccie ce prince, qui Ie pric a fon ferviee. Il ajouta dans Ie méme temps un cinquitme livre a fes qnatre premiers. Tant d'ouvrages Ini flequirent de grands biens & une plus grande réputanon. On voii: peu d'ouvrages de ce printte chez les
particuüers. Amftesdam confervoit dans Ie cabi- ner du fleur Jacques Ra^ct un'feul mor-ceau de lui. Comme ee peintre fags & phiibfophe aimoic
Ierepos»ilqaiTta ia cour pour demeurer a Viennej. il confacroit k joue i fon art, & la nuit a la peëfie I.itine. Cette langue lui étoit .iuiii familière que Ia fienn-e propre. Il eft mort en 1600 , agé de 5 5 ans , comL"H d'lronneurs & c!e richeffes qu'it avoit mérite?, par fes talons Sc par fes vernis , ïl laifla un f lis <jUi, eonime foapère,, fut un boa peintre. |
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. jj^fc^ ^. ~..
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B A R T H O L O M É
S PR A N G E R,
ÉLÈVE DE JEAN MADYN.
~-------uprahger eft uil de ces hommes races que,
s . g la nature fe plak a former. Elevé au milieu des
nche/Tes de 1'antique , il n'a jamais voulu fnivre, les anciens j ni les copiet; & c© qu'il y a d'admi- rable, c'eft qu'il a réuffi fans leur fecours: exem- ple dangereux pouj ceux qui n'auioienc pas fon, geme. il uaquit daas la ville d'Anvers, Ie 1,1. maft
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la Vit des Pdntres Flamands, &c. 19 J
5, d'une familie diihnguée danslecommerce.
Son père , appellé Jpachim Spranger, & fa mère «^/7«<r Roelantjirmc, s'appercurent de bonne heure que l'inclinanon de leur troifième fils ne penchoic point vers leur profeflion. Le père trouvoit fes livres de comptes remplis de figures de caprice j il 1'en blama fouventj maïs voyant fa vocation Uécidée pourla peintare, il le plac,a cliez fon amt Jean Mddyn, peintre d'Harlem. Si ce père ent contraint ies inchnations de fon fils,, ir en auroit fait peut-êfre un médiocrenégociant, & ilfuc au bon peinrre. Madyn peignoit dans le goot de Cor- tlïIU Bos. Spranger ne refra que 18 mois a. cette école:Madynmoazut.il eucenpeude tempsdeux autres mairres, Francais Moflacn & Cornille van Dalem, chez lequef il avanc.a peu j c'étoit un, genrilhomme riche, qui ne peignoit que pour fön plaiiifj & qui ne s'occupoit guères a inftruire cec clève pendant quatre a'ns qu'il pafla chez lui. Spranger , plus attaché a lire les niitoriens & les poê'tes, quJa exercer le talent pour lequel il étoic ïié , s'étant apper^u que van Dalem, quoique bon payfagijle, étoic obhgé d'avotr recours a Moftat,rty óu Beukclaer, pour orner fes payfages de figures, pric la réfblutión d'apprendie a les. deltiner l.ui- mÊme. Jaaques Wickran , aHemand , fön amj & élève
de Boxberger, confirma Spranger dans cette idee \ jnais le temps qu'il devoit donner ace pcintre; étant fini, ilemmena fon carnaradea Paris en i$6}. Spranger s'y pl-aca chez Mare, peincre de la reine-mère , anez-efti'mé , quoiqu'il ne tra* raillat qu'en détrempe. Quand on eft né pour er, ©ofelalTe eieai^ d'uae Xil ii |
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J $<> La Vu des Peintres
---------tion. Spranger, ennuyé de copier les portraits.
,i;4<3. d'aprèsfon nouveau maitrejs'en dédornmageoic
par des deflins de fon imagination : il en remplic |
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grande. Mare,fmgtté, ou peut-étrc jaionxd'un tel
élève, lui confeilla d'entrcr chezun peintre d'h:f- toire. Ce peintre encove plus médiocre que Ie pre- cedent, achevadcdégoüter^ran^cTde laFrancej. ri d'
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il fut a Lyon, oü malgré la quanrité d'ouv rages
qu'on lui propofa, il refta peu. Son génie 1'appel- loit en Italië ; il fut a Milan; mais la fortune ne paye pas toujours Ie talent a pointnommé. Spranger ne fachant ni la langue do pays, ni peinclre autre- ment qu'a 1'huile » fe trouva fans refïource au milieu d'im hyver fort rude j 1! quittn Milan fans Ie regretter, & s'engagea a Panne, chcz Bcrnard Suwary, élève du Corrégc.Une difpace fort vive qu'il ent avec Ie fils de ïaimifon, Tobligea a la quitter au bout de trois mois. Il regagna arec beaucoup de peine fa denieure, accablé par la, maladie -y il fe guénr Sc lutta centre la misère, en travaillant quelquetemps chezun peintre médio- cre, a faire des arcs de aiomphe pour 1'entrée de la princeiïede Portugal. Il partit pour Rome „ eu il s'attacha bientota Michel Joncquier, peintre- de Tournai, malgré Ie parn avantageux que lui offroit 1''archevcque de Maxirr.i.PluGeuïs payfages, un entr'autres oü 1'on vovoit une aflemblée de Magiciennes au milieu des raines d'un cnlifée, Ie firent connoitre. Le cardinal Far/jè/è 1'engagea; a paffer trois ans dans fon hotel. II fit pour ce protecteur de tres - beaux payfages. a frefque >. dans fa maifon de campagne de Caprarole. Le cardinal , le préfenta. au pape Pk F , cjui lie.- |
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Ftamands, Alkmanis & Bollcndois. 187
nomma fon peintre , & Ie logea au Belvédère. Ilypeignit un Jugementdernierfurune plaque de cuivre delix piecis de ham. Ce tableau, ouToü compte cinq cents tétesj & dom 1'exécucioii eft immenfe, ne coüta au pemtre cue quatorze mois de travail; on ie voit enccre au mcnaftère au Bois, entre Pavie & A lexandrie, & il feit d'crne- tneiit au tombeau de Pie V. Vcfarï avcit voulu mdifpofer fa fainteté cuntre Ie jeune peintre, en difant qu'il étoit parefTeux. Sprarger ne fe vengea de cette calorinie , c]uJen faifant éclater fon amour peur Ie travail: il fit en pcu de jours, fur un niorceau de cuivre c!e la grandeur d'une feuille de papier, un tableau de NotFe Seigneur clans lejai'din desOhviers 'y il leprefenta lui-méme au pape, qui en fut h faiisfait, qu'il lui ordonna de tiaiter cous les fi:jets c!e la Pafiion} maïs Ie pnpe lui en demanda les deffins avant, ponr en voir Ferlet. Il jetca Spranger dans un grand em- barras, il n'étoit acroutumé qu'a croquerfee idees au charbon & a la craiej il fe trouva forcé de defliner a la plume fur du papier bleu, avec un lavis rehaulTe de blanc. Il vamqiut ces difficultés, & fit douze morceaux qui furent bien reens \ Ie dernier, qui étoit la PiéfurrecHon de Notre Sei- gneur, n'étoit pasachevéquand Ie pape mourut. La plus grande partie de ces deffins font dans la collecTtion de 1'Empereur j van Mander qui les a vus, en dit beaucoup de bien. La mort de fa fainteté empêcha 1'exécutioa
des projets de Spranger: fon poüt naturel a pcindre
r 1 r ' mi -i i" ir j
en grand ie reveilla: 11 comeïen^a pnr I egiiie de
Saint Louis a Rome, oü il peignit a 1'lmile fur les
murs > ua Saint Autoiue, un Saint Jean-Baptifte, |
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la Vu des Pcïntres
une Sainte Elifabeth ; on voit dans Ie ham Ia
\ierge emouree d'anges. Il • peignic encore a 1'hui'e Air toilej pour Ie
grand amel de I'églife de b. Jean-Porte-Latine % ie Martyre de ce iaint. Il fit dans lc mème temps un tableau d'autel
pour une petite egliie proche la fontainc de 1 rèves. Ce tableau qui repréfentou les Couches de Sainte Arme , étoit fingulièrement compoféj tl a depuis été gaté, les figures en font a peu pres de grandeur naturelle. Ce font la les grands ouvjcages qu'il fit a Rome, mais Ie nambre des petics eft confidé- rable. Après avoir été au fervice du pip e pendant vingt-deux mois, il fe livra au plaihr avec un tiche négociant des Pays-Bas, cliez lequel il demeuroit a Rome ^ il ne travailloit qu'autanjt 3ue Ie befoin Ie preflbit. S'il eüt étudié les beautés
e cette capitale des arts 3 on auroic trouvé dans fes ouvrages ce qui y manque ; mais on ne croit pas qu'il ait jamais fait un deflïn d'après 1'an- tique. Quand £es anus lui en faifoient des repro- ches , il répondok que rien ne lui étoit éehappé, |
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u'il avoi: tout dans fa mémoire. ]1 eft difficile
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e décider fi ce- don de la nature eft plus avanta-»
geux que funefte aux artiftes i fi elle leur rend préfens les grands modèles, e!le les trompeanfii quelquefois : ils prenaent leur imagiuation pour une rcminifcenee , & ne fuiyent fouvent, que des chimères. Quoi qu'il en fuic > notie peintre fu,t plus excufable qu'un autre «Ie compteï fiir fa ék ll i diblLdhr'' |
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(>erg eiwit aRoine, il fit pour uu genïiihommek
ie portraif d'une des dames de la fuite de la ducheffe x foxz re0e,i^b)antj. quoiqu';!. ijs l'ejüt |
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»■ Flamands, AlUmands & HoKandois. 189
'L'Èmpereur Maximilien II fit demander au
célèbre Jean de Bologne, natif de Gand, & fcul- pteur du duc de lrlorence, deux habilss aruftes, I'un peintre & 1'autre fculpteur. Bologne choifit fout- peintre Spranger, qu'il avoit connu a Piome, &: Jean Mont, fon élève, pour {culjpteuuSpranger acc«pca cvvec difficulté, ayant deiTein de ne jamais quitcer Home. D'autres difent qu'il avoit projecé d'étudier 1'antiquej rruis enfin il fe détermma , ayant fait réflexion qu'il ne pouvoit manquec d'éuïdes ctant avec han Mont, & il crut qu'il auroK toujours occafion de fe diftinguer par fes talentSj en exéciuant les grands projecs de 1'Em- pereur. Us quittèrent Rome en 1575 , & fufent a
Vienne en Autriche. L'Èmpereur, a fon retour de Regensèorgk j oü il avoit alfifté au couronneraent tle [<m nis Rodolphe //, roi des Romains, ordonna au peintre de £iice des deffins & des efquiffes, & au fculpteur des modèles, qui futent approuvés. lis commencèrent a cravailler I'un «Sr 1'autre, pour orne-r Ie nouveau cliateau de Fafangarten , a peu d-e diftance de Vienne. Pendant ces grandes occupations, Spranger fit
tin petit tableau fur cuivre en long. Le fujet «ft Notre Seigneur élevé & attaché a la Croix, & un -autre tableau repréfentant la R.éfurredtion. Ce dernier morceau fert a une épitaphe dans 1'hópital de Vienne. Rodolphe fnt couronné empereuf, 6c Maxi-
milien mourut au mois d'odlobre fuivanten 157*». Nos deux ardftes étoient dans lè fort de leurs ouvrages; Spratigef avoic fait de «rattdês figures dejiuc, 8c d'autres aThuile, de huit pieds de |
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190 La Vit les Péntrti
~ "hauteur •, d'autres plus petites, & plufieurs tableanx
l5¥l' d'hiftoire pöitr décerec Fafangcerun. La mort de 1'JBmpereur leut donna de 1'inquiécude \ maïs fon fuccedeur leur envoya ordre de continuer. Spranger fit un tableau ou Mercare préfente
Pfy-ché au confeil des Dieux^un antre iur cuivre» tepréfentawc Rome fous la figure d'une femme, avec Ie Dieu du Tibre, la louve & les deux en- fans qa'ellc alaire; & un uoiiième , dont Ie fujet «ft la Vierge avec piafieurs Anges, bisn coloriés. 11 fat tlmgé, ainïi que ion ami Jean Mont,
par les tïiagiftrats de la ville, de conftruire un Are de triomphe pour I'entrée de 1'Empereur -y tont cohfidérable que fut eet ouvrage, qui fur- paflök en hauteur les plus grandes maifons de la ville, il fut fini en vingt-huit jours. Fan Mander en fait une defcription fort étendue , & loue beaucoup 1'architedure, qui étoit d'après les def- fins du iculpreur. Cet écrivain y avoit travaillé lui-même, I/Empereur, dans Ie commencement, paruc
négliger les arts j mais ayant fu que Spranger & Mont étoient a la veille de retouraer a Rome, il donna ordrë au'fculpteur de fiuvre la cour £ Lintz , & au peinue de refter a Vienne jufqu'au moment qu'il Ie feroit avertir de fe tranfporter ailkursi La cour fut a. Prague, ou Ie fculpteur s'appercutdejour e,njourcombien il étoit négligé 5 il partit fans prendre congé de 1'Empereur. Les artiftes & la cour regrettèrent un homme d'un fi beau génie , & Ie plus grand fculpteur de fon fièclei On- a £u long-temps après qu'il s'étoit retiré ei Conftantinople, ou il cft more mahor métan.. uu so ;. . |
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Flamands _, Allcman&s & HoUcmdois. 191
Spranger quitta le fcrvice de l'Empereur,
outré de la perte de fon ami , & fe mit a peindre 1 pour les feigneurs & aucres particuliers, qui 1'acca- blèrent de travailj car iis n'nvoient pu obcenir de fes onvrages pendant le temps qu'il avoit été attaché a la cour. Monfi&ur Roitjf, premier valet-de-chambre de
1'Einpereur, apprit enarrivant aVienne, le chan- gement du pemtre; il fut encore 1'arrêter de la part de fon malere, en lui faifant de grandes pro- .melles. Peu de temps après, S'pranger fut appellé a Prague, oü il fat engagé de nouveau, mais avec plus de diitinchon qa'auparavant. Le priace, pourlu! marquer fon eftime, demanda pour lui ■en manage,la hllcd'unrichejoailLier qusSpranger aimoit. Le père fe garda bien de refufer l'£mpe- reur \ il obtint feulement deux ar.néss de délai avanr la confoir-ination , la fille n'ayant que <jnatorze ans, & ces deux années fe réduifirent a dix mois. Sprcnger n'ayant plus rien a defirer, & pou-
vant cfpérer une grande fortune., s'appliqna a fon art avec une nouvelle ardeur. Il commenca a peindre le dehors & le dedans de fa maifon j c? 3ui fe voit encore a Prague. Il fit, poür l'églife
e S. Gilles dans la viiieneuve, un tableau d'épi- taphe : il repréfentoit Notre Seigneur qui foule aux pieds la Mort & le Demon. Il compofa, pour 1'églife de S. Thomas, le Martyre de S. SébalHen, avec beaucoup de hgures de quatre pieds de haut. L'Empereur fit préfent de ce tableau i l'élefteur de Bavière ,& donna ordre a Spranger d'en frane un autre pour la mên*e églife Ce peimre repréfenta la Juftice, avec &s
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taP"u des Peintrts
atttibuts , & en fit préfent aux magiftrats. Il
peignit une Aflbmpriön , avec les Apotres, pour léglife des Jéfuites j & dans 1'ancienne ville, pour 1'églife de S. Jacques ± ee méme faint avec S. Eraune , tous deus dans leurs lubillemens d'évêque. On regarde comme un des plus beaux tableaiiXj
celui de la petitc églife de S. Jean j c'eft la Refur- rection de Notre Seigneur, dont 1'épit.tphe dé fon beau-ptre eft ornée. L'Empereur prit tant de piaifir dans la conver-
fation de fon pemtre & dans fes ouvrages, qu'il lui ordonna de ne travailler qu'auprès de lui : fori attelier étoit 1'appartement oü ce prince rienoit fes délafleraens. Sprakger fuivoit par-tout Ia conr: il n'ctoic plus poilible d'avoir de fes ouvrages; II travailla pendant dix-fepn ans dans ce genre, honoré de 1'eftime du prmce & des grands. Il auroit été beaucoup plus riche , s'il avoit été plus ambitieux; mais il ne demanda jamais tien pour lui, mais fouvent pour fes amis» . En 1588, 1'Empereur 1'ennobüt lui &c fes deC-
cendans; & Ie prince étant a table j il mit lui- même au cou du peintre, en préfence de touté fa cour , uhe chaine d'or a trois rtngs, avec ordre de la porter toute fa vie^ & il ajouta a fon nora celui de vanden Schilde, que fes defeendans ont confervé long-tsmps. Après avoir fait pour fonbienfaiteur nombre
d'ouvrages en tous genres, il rc^ut de lui Ie plus grand des bienfaits, la hbertë : il lui ordonna cepenclant de faire encore de temps en temps ls tableaux pour lui. Spranger
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Flamands, 'Allemands & Bollandois.
Spranger ayatit été trente-fep: ans abfenr de fa ■
patne , profiua de ce repos pour aller voir fa familie Sc les artiftes des Pays-Bas: 1'Empereur lui £t préfent de 1000 flotins (1) pour ics frais de fon voyage. Il fuc rec,u par-tout avec ia dif- tindHon qui lui étoit due. La ville d'Anafterdaru lui préfenta Ie vin d'honneur. Il fut traite par les artiftes d'Harlem , qu'il traita a fon tour. La chambrc de Rhetorica (1) compofa Sc repréfenta pour lui une pièce qui avoit pour titre les Hon~ neurs de la Peinture. Mais ce qui tnit Ie comble a fon bonheur, il re^ut les mêmes faveurs dans fa ville natale., & par-tout ou il pafla jufqu'a fon retour a Prague. La fe trouvant feul, après la mort de fa femme ie de fes enfans, il ne travailla pius que pour s'amufer. Il mourut a Prague dans |
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un age avance.
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On voit qa'il a fouvent changé ou corrigé fa
maniere de peindre, &: que fes derniers ouvrages fontlcsmsilieui:s&rlesplusnaturellementcoloriés. Goltqius, qui a beaucoup gravé d'après ce
peiutre, faifoit grand cas de fes deffins, fur- tout de ceux qu'il a faits a la plume. On pourroic cependanc lui reprocher d'avojr prefque toujours éreoutré, tant dans {e$ contours que dans fes pofitions. (1) Deux mille Hvres enargent de France.
(a) Société littéraire eaforoje d'académie. |
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Tornt 1.'
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C H A R t E S
VAN MANDER,
ÉLÈVE DE LUCAS DE HEERE.
Nous écrivons la vie d'un grand peintre, d'un
bon poëte, d'un favant éclairé , d'un fage crici- quej & qui plns eft , d'un homme de bien. Il naquit a Meulebeke a pen de diftance de Cour- trai, au mois de mai 15 48 , d'une familie hono- rable & aifée. Il eut pour parens des évêques, des ambafladeurs, 3c d'autres perfonnes de |
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La Vit des Pe'intrts Piafnands , &c. 195
, qui n'ont point rehaufle fon mérite.' T~"
Son père Cornille van Mander, öc fa mère Jeanne ■* yander Eéke, n'éparpnèrent rien pour 1'éducation de ce fils. Il fut place a 1 hielt avec fon frère Cornille , pour apprendre la langue latine, & dela a Gand , dans une écolc fran90ifc.Il ent de bonne Leure ie génie porté a la poëfie, Sc ne fit dans cette dernière ville, que des vers & des deflins. X/arnour de la peinture 1'occupant de jour en jour , il fut place a Gand chez Lucas de Héere, bon peintre ik bon poëte, ou il fit des progrès dans 1'un & 1'autre genre. Son père Ie rttira de chez ce maïtre pour Ie placer chez Pierre Vlerick , peintre a Courtrai, oü il demeura pres d'un an* L>'ennui de fe voir tourmenté par les ftéquens déménagtmens de Vlerick , qui étoir tantóc a Tournai , Sc rantot ailleurs , pour éviter les troubles de la guerre, Ie détermma a retourner chez lui, oü il fe livra entièrement a la peëfie pendant quelque temps. Ce fut pécifémenr, pour lui j comme pour notre du Frefnoy, que la poëfie Sc la peinture furent feurs. Il com- pofa des tragédies 8c des comédies, qui furent jouées avec applaudifTemens; il en peignoit Iui- roême les décorations- II fit des tableaux d'cglifes Sc quelquc« aurres. .Après avoir compofé cinq ou fix pièces de théatre, il obtint de fon père la permiilion de voyager, & partit en 1574. Il vit, dans toutes les villes de fa route, les artiftes Sc leurs produébions : il arriva a Rome, oü il refta trois ans : il y trayailla beaucoup, tant a fraifque qu'a 1'huile , & fit plufieurs payfages pour des cardinaux & autres feigneurs : Ie pape lui donna, par diftmdbon, la permiilion qc N x
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13 5 'La P"ie des Vantres
potter 1'épie. Erant érroitement-Hé avec Sprangtr
leur b o rui 2 conduite & leurs talens les firent conu- <lérsr. C'eft dans ce temps que 1'on trouva aux •cnvirons de Rome, en fouillantla terre, quel- ques débris de temples & de ftatues antiques. Va.n Manier étoit eontinuellement occuoé A ■deflmec ces reftes précieux : ü perfonne n'en a faic plus d'études y il eft aufli U premier qui ait peinc des Grotefqucs. Il fit dans la petite ville de Term en Italië,'
tin tableau repréfentant Ie Maflacre de la S. Bar- thelemy : on y voit jetter par les fenêtres Ie corps de 1'amiral Coligny. Il paflbitfon temps avec des artiftes italiensj & fut pardculièrement lié avec Gafpard de Puglia , élève du Grantifco. Rien ne lui eft échappé de 1'antique: il copia tout, 8c travaüla eontinuellement jufqu'en 1577, qu'il quitta 1'Italie pour retourner dans fa patrie. Il s'arrêta quelque temps a Bafle en SuifTe, oü il fit plufieurs tableaux' fort eftimés, felon Ie rapport de Sprangerj qui 1'engagea a. quitcer cette ville, & aailer a Vienne, pour travailler aux ares de triomphe avec Jean Mondt. Maigré tout ce que ces artiftes purent faire pour 1'engager au fervice de l'Empereur, il fe fépara d'eux, enrichi des études qu'il avoit faites a Rome & ailleurs , 8c retóurna chez luij oü il fut rec^i avec autant de joie de fes parens que de fes compatriotes, qui furent au-devant de lui. Dès quJil fut arrivé, il fit uu tableau d'Adam & d'Eve dans Ie para- dis terreftre : les deux figures étoient bien def- ilnées Sc bien colonées^ Ie payfage & les ani- trianx , tour étoit également bien rendu. Co tableaufut fuivid'unautrerepréfentautleDéluge, |
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'Ttamands j Alkmands & Röïlandois. 197
Ce fujet frappa tout Ie monde par les expref- Z~~~ fions de douleur & de défefpoir qu'il avoic ré- '
jandues dans ccttecompontion. Continuellcmenc occupé dans la maifon de fon pèrej fait d lire,, foit a peindre, il goüta les plailits de 1'étude &r de la tranquillité. il époufa dans ce tetnps una Jeune fille fort johe j agée de dix-huitansj Sc bientot après ils fe trourèrent obügés de fortir du pays, qui écoit défolé par les gens degnerre : il y perdit non-fenlcment fon bien, mais il fut volé êc dépouillé, ainfi que f* femme & un enfant. En fuyant, ils furent a Brnges a pied 3 non lans c'anger d'ètre mafTacrés fur la route par les déta- ehemens. Il étoit forti de chez lui avcc plufieurs chariots chargés de meubles , pour fauver les rcftes de fa fortune: il fut rencontre par un parti, ^ui óta la vie d fes domeftiqueSj >5c qui 1'attacha lui-mêmea un arbrej la corde au col. Dans cette trifle fituatiorij pies d'expifer, il vit palTcr un cff.cier, qu'il crut rcconnoirrc; il lui paria ita- hen, & lui demanda du fecours: 1'ofiicier étonné de l'entendre , attaqua avec fa fuite ceux qui vcu- loient étranglei ce malheureux, & Ie tira de Ieurs mains. Van Mander fe fit connoitre a fon libératenr;,.
quJiI avoit vu particulièrement aRome, & qui avoit été un de fes anijs. Il tenta vainement de lui faire rendre ce qui lut avoit été pris: tout ce que put faire 1'officier, fut de Ie conduirs en licu de süreté. .Arnvé a Eruges 3 denué de rent, fans avoir
perdu] fa gaieté naturelle, il fit des vers fnr ion état j& fe mit a peindre avec beauconp de cou» ^è s'être procuré 3 par fon travail affidu» N j,
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i<>8 La Vu des Pelntres
d'autres harcles & d'autres meubles , 5c ayant
amalTé une forame pour voyager , il quitta cette ville, menacée p:ir les ennemis & par la pefte, Sc ils'embirqua avec fa femme & fes enfaos pour la HoHande. Il s'ctablit a Harlemj oü il fat fur- chargé d'ouvrages, tantpour la peincure que pour Ie deffin. Il fit connoifTance avec Golt^ïus Sc Cornille : ïls établirent cntr'cux une academie j van Manier y fut introduite Ie goüc italien. On peut s'appercevoir du nouveau gout de Golt^ius dans fes Me;ainorphofes d'Ovide. Van Manier fit quelques tableaux en camayeu fort eftimés,Ia Pallion de Notre Seigneur en douze tableaux, une Fèce Flamande, & Saint Tean prêchant dans Ie Défert, David &: AgiJsaïl, Jephté, & beaucoup d'autres fujets. On eftnne entre fes plus bcaux, Ie Seigneur portant faCroix, 1'AdorationdesMages, Jarob, &c. Il a peint plufieurs beaux payf.iges: fes arbres font d'un aflfez bon choix, la couleur . en eft bonne ainiï que celle de fes figures; il compofoit avec cfpntj mus il devint fur la fin un peu maniere dans quelqaes-unes de fes com- pofinons. Le nnmbre de fes t3bleaux e(l confidérable s
indépendammenc de la quantité de deflias qu'il fit pour le fimi Spirinx , tapiiïier , qui tous ont été cxécutés. Sa p >ciie & fes ouvrages en profe conciennent plafieurs vol;imes. Outre 1-7 Vit des Peintres, anciens Itallens <S»
Flarnands j qu^il a écrite jufqu'en 1604 , on a de lui nn<i explication de la Fable , &c des comédies. Toates ces produólions ont fait regardercetartifte conme un des- plus grands hommes de fan fiècle. Ilallaenióo4demeurcraAmftcrdamjOU deux
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Flamands, Aüemands & Hollandois. 199
ans après il tomba malade. Sa maladie j d'abord légere, devint dangereufe par 1'ignorance du médecin en qui il avoit trop de confiance : ce charlatant traita Pinquiétude de fes amis de folie , & fa mort juftifia trop leur défiance. Il mourut enire les bras de fon ami Rauwaert, Ie 11 mal 1 606 {1) , & lïifla fa veuve avec fept enfans. L'afné , Charles, a fuivi de pres les traces de fon père , 6c a acquis de la réputation a Delft, ou il s'étoit établi, Sc felon Sandrart, a la cour de. Danemarck. Van Mander a. fait de bons élèves ; parmi les
premiers font Jacques de Molhero, 'Jacques Macr- tcns, Cornille Enghelfcn, Francois Hals, Everfrd Krins >Henri CerretSj indienj Sc Francois tenant, fans ceux qui nous font inconnus : les talens du inaitre fe font perpétués dans fes élèves. Les juge- mens qu'il porte des peinrres dont il a écnt la. vie, font des monumens précieux du gout de fon fiècle, & des régies süres pour Ie nótre. |
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CORNILLE KETEL
ÉLÈVE DE BLOCKLANDT.
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naquit dans la ville de Gouda en 1548.
Charme j dès 1'age de douze ans, de tout ce qui étoit deilin ou pemturej il commena fous fon oncle., aflez bon peintre, qui Pinftruifit mieax cependant des belles-lettres que de la peintiirè. IL" (1) Sandrart se trompe lorsqu'il dit que van Manier
est mort en 1607. K
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ico la Vu des Vdntrts
entra a cüx-huit ans chez Blocklanit a Delfc} ou
1548. il refta un an; de la il alla a Paris. Il apprit dans cetre capitale que Jércme Franck 3 Franfen de Mayer & Deriis a Utrecht travailloient enfemble au chateau de Fontainebleauj il alla les joindre : il fut recu parmi eux , & fe mie a peindre : fes progres étonnèrent fes cornpatriores. La cour étant venue a Font&iaebleau , il rec,ut ordre de tout qaitter: il revinta Paris, oü il refta très-peu , Ie roi ayant ordonné aax fujets du roi d'Efpagne Sc anx; autres réfugiés de forcir du royaume : il xetourna dans fa patrie, avec 1'intennon de revenic en France a iffi-rót que les troubles feroient cefTés. #11 relta pres de fix ans a Gouda s oü fe voyant peu ocevpé p.ir Ie malheur des gnerres qui'acca- bloient les provmeesj il s'ernbarqua pour Lon- dres. Il y fiitbien 1x511 par un fculprcur-architecle,' ami.'e fononcle^ilporraavecluiquelques tabléaux de fa fa^on qui furentfort recherches. Il fut bien- t&t farcliargé d'ouvrages, & futpatticulièrement occupé a faire Ie porcrait. En 1578, Ketel pei^nic Ja Reine } ie comte d'Üxfort, Sc les-principaux feigneuirs & dames de la cour & leurs enfans j fouvent en pied , êc toujours de grandeur natu- relle. Il fit un grand tableau repréfentant la Force domptée par la Sage (Te, qui fut donné par Ie propriétwre a M. Crijlophe Katten ( depuis mort chancelier.) En 1581 il retourna a Amfterdam oü il couti-
nua de peindre Ie portrr.it. Il nt une compagnie d'arquebufiers entïèrejtous en pied 3 avec leurs armes & leur capitaine Herman Rodenborgh Beths a leur tête. Il s'y eil peint lui-même de profil. Ce tableau eft non-feulement beau par la vcnté Sc la |
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Flamands 3 Alkmands & Holtandois. »or
reflemblance j mais les étoffes différentes en font " bien imitées 3 & 1'ordonnance en eft fort fiche : il fut place dans la galerie da Mail. En 1589J il entrepnt encore un autre tableaua peu pres dans Ie mêmö-gcüt , pour la compagnie de Saint- Sébaftien : on y voit auffi leur capitaine Dïd'ur Rofcncrans. Celui-ci ne céda en rien au premier ; quoique Ie nombre des portraits foit coniidérable, ce tableau n'eft ni confus ni froid, ( défaut ordi- naire de ces fortes de compo{it:ons.) Sous les figures de Notre Seigneur & des douze
apotres,nous avons de lui les portraits des artiftes & amateurs de fon fidele , entre lefquels celui de xlcnri de Keyfer tient Ie premier tang. Maïs voici une maniere de peindrej dont il
n'y a point d'exemple dans les fai}es de Ia pein- ture: en mil cinq cent quatre-vingt-dix-neiif\, il fe mit a peindrs avec les doigts fans pinceaux } &c commenca par fon portrau. Il en fit plufienrs danj ce genre avec un fuccès extraordmaire : ils étoient parfaitement coioriés & d'unepureté éton- nante. 11 fic pour Ie ficur Hcnri van Os d'Amiler- daim , un Démocrite & un Héraclite : Ie premier étoit fon portrait, & 1'autrc celui de M. Morojini; apparemment que ce Af. Morojïnï, digne de por- ter fon nóm, reilcmbloit au trifte Héraclite. he duc de Nemours , qui peignoit lui-même, furpns d'admiration, acheta de lui eet Héraciice. Notre peintre fitd'autresprodiges plus finguliers encorej les doigts de fa main gauche êc de fes pieds lui tenoient lieu de brolFe Sc de pinceau j dont il fai- foit rarement ufage. Il faifoit en grand & en petit l'hiftoire j !e
porcrait, rarchitediuej &c: il modeloit en terre |
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lol La Vit des Peintres
& en eire. Comme tl étoit poëte, il a fouvent
1J48. orné fes rableaux d'emblêmes Sc d'infcriptions : il difoit qu'il s'étoit mis a peindre fans pinceaux, pour monrrer que tout fèrvoit d'outilj avec Ie fecours du génie. Cette remarque eft jufte, ce- pendant il a eu plus d'admirateurs que d'imita- teurs : aucun de fes élèves n'a fuivi fa nouvelle methode. Dès qu'on peut mieux peindre avec Ie pinceau
qu'avec fes pieds & fes mains, pourquoi aban- donner un ufage plus facile Sc plus sür ? Le but d'un artifte étant de faire le mieux qu'il eft poffi- ble, on doit préférer la maniere de bien faire faci- lement, a celle de mal faire difHcilement. Voila pourquoi les poëtes ont renonce aux fonnets , aux acroltiches Sc aux bouts-rimés j de beaux vers, dans une mefure libre, font au-deflus de ceux qui n'ont d'autre mérite que la difficulté. On ne lui connoit d'autre élève qu'Ifaac Oferyn
de Copenhague, qui refta trois anschezluij & qui de la fut a Venife & a. Rome) il mourat fort jeune au fervice du roi de Danemarck} n'ayant pas même eu le temps de finir le portrait de ce prince. On voit par les eftampes gravées d'après Ketel, que fes ouvrages font remplis d'efprit, & qu'un meilleur gout de deflTm auroit rendu fes tableaux plus dignes d'être recherches. Il vivoit encore en 1600, lorfque van Mandcr a écrit fa. ▼ie. |
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Flamands j Allemands & Hollandols. io$
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PIERRE
DE WITT E.
JLes difïerens pays oü lesartiftes s'établifTent, font
que fouvenc on change leur nom & Ie lieu de leur naiirance. M. de Piles noinme Pierre de ?Pi«eCANDiTO,parce que fes eftampesfont mar- quées fous ce ncm. Il Ie dit né a Munich : il eft vrai qu'il y a demeuré long-temps _, Sc lJon croit même qu'il y eft mort; mais il eft certain qu'il naquit a Bruges en Flandres vers 1'an 1548, II peignoit égalementbicnafraifque&ai'huilej&: il avoic Ie ralenc de bien modeier en terre. üabeau- coup travaillé avec Fajarï dans Ie palais du pape: il fit a Florence pour Ie grand duc plufieurs |
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patrons de tapiiienes, 8c quelques aucres ouvra-
ges. Le duc de Bavière Ie prit a fon ferviee. Sadeler Sc quelques autres enc gravé d'apiès fes tableaux. |
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CORNILLE
DE WITTE.
IL étoit frère du précécent, Sc fut recu officier
dans la garde deTéleóteur de Bavière. Quoiqu^il fe fut avifé tard de manier Ie pinceau , il fit alTte. bien le payfage. |
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404 La. Vu des Pemtrês Flamands ,
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HENRI
VAN STÉENWICK,
ÉLÈVE DE JEAN DE VRIES.
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naquit a" Stéenwick environ Fan 1550,
Son maicrej Jean de Vries, qui excelloit dans la perfpeclive , rendk fon élève habiie dans la méme faence. Stéenwick s'appliqua donc particulière- menc a l'archkeóture : il débuta par quelques. petits tableaux, & eet efTai fut un coup de malere. De Vries publia par-toat les talcns de fon élève , tjui vendit fort cher fes tableaux : il croyoit joair tranquillemenf de fa réputation, lorfque la guerre vint défoler fon pays. Aprcs avoic erré long- temps, il fe fixa aFrancfort fur Ie Mem: la , dans la crainte de Ie perdre, on lui prop >fa un établif- fement avantageux : il y trouva Ie loifir de fe per- fëdfcionner. Il vécut aimé Sc eftuné pour fes talensj Sc mourut fort regretté en 1604. Il laiffa un fitj habiie peintre, & deux élèves diftingués j les Neefs père & fils. A Paris, chez M. Ie comte de Vence , on voit
1'intérieur d'une églife5peint ^XïHenri Stéenwick ta 1604. |
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VENCESIAUS ■
KOEBERGER,
ÉLÈVE DE MARTIN DE VOS.
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XLQoit natif d'Anvers , on n'a pu décou-
vrir Ie temps de fa naiflance. Martin de Vos lui enfeigna la peinture; fon génie & fa conduite plurent a fon maïtre, qui ne négligea rien pour l'avancer. Il refta quelques années a fe former dans cetteécole; amoureuxdelafilledeak Vost il •üt tout ce qu'il put pour 1'obrenir. Son indif- férence pour lui Ie détcrmina a yoyager pour |
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io<? La F ie des Pelntres
•oublier fa p.i/ïïon , & chercher a diflïper fa
mélancolie. Arrivé a Rome, il étudia les beautés répatv
dues dans fon enceinte3 & aux environs: il fut de Li a Naples, & fe reniit chez un peintre flamand apptlé Franco , qui avoit une grande réputation. A peiney fuc-il entre, que la fille de franco ( qui paflbit pour la plus belle de Naples ) fit fur lui la même impreffion que celle de de Vos. Il fut plus heureux dans fon nouvelamour; efti- mé du père, aimé de la fille , il 1'époufa. Ce hen l'arrêta plus long-temps en Italië j maïs
fi réputation fe répandit en tous heux. La Flan- dre vit avec chagrm 1'éloignement de eet artifte : ceux d'Anvers lui écnvirent plufieurs fois pour 1'engager arevenir, & lui ordonneren! un tableau pour la confréne de S. Sébaftien. Il difFéra fon retour, & fit le tableau qui repréfentoit le patron de cette compagnie, & le leur envoya. Dès qu'il fut place j les peintres , les amateurs d'Anvers Sc des environs vinrent en foule pour le voir; tous 1'admirèrent & le louèrent. Le beau irrite fbu- vent ceux niêmes qui 1'admirent: on vit quelques jours après deux têtes de femmes 3 qui étoient peintes fur le devant, conpées & emportées. Les recherches qu'on en fit furent fans effet -y on n'a jamiis pu découvrir 1'auteur de ce dommage. La difficulté de les réparer, obligea de renvoyer le tableau a Naples a Koeberger, qui le racom- moda au point qu'on ne s'appercut pas de 1'ou- trage qu'on avoit fait a ce tableau. Il eft dans 1'cglife de Notre-Dame d'Anvers^ on ne cefTe d'en admirer routes les parties, le deflin, le colo- ris & la difpofaion du tout enfemble. Koeberger, |
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Flamands l Allemands & Hollandols. 107
toujoursperfécuté pour fon retour,quitta 1'ItaLe
Sc arriva a Anvers; il fut dela s'étabür a Bruxelles, Sc fut nommé peintre de 1'archiduc Albert d'Aa- triche , qui 1'eftima de plus en plus 3 non-feule- fnent pour fes talens de grand peintre, maïs pour fon habileté dans la poëfie & dans les recherches de 1'antiquité. Un peintre, ainfi qu'iin poëte, pour excellerdans leur art, doiventfavoir plus que leur art même. Nicolas-Claude-Fabri Peïrefc_, fi célèbre parmï
les antiquaires , vint a Bruxelles pour s'entretenir avec Koeberger. Ce dernier lui montra fon cabinct de curiofités, & fur-tout fon beaumédaillier, con- tenant une fuitedepuis^/ej-C^ar.Il apprita Pei- refc que ce que 1'on prendordinairement pour une pièce de monnoie,n'eftfouvent qu'une medaille qui défigirè les évènemens du règne de chaque prince. Peïrefc, très-fadsfait des entretiens du peintre, en profita. Il régna depuis entr'eux une érroite liaifon : tous les grands hommes font faits pourètre amis. Koebergerexcelloit en architecture: rien ne lui
paroifloitdifficilej ce génie heureux ne trouva pas plus de bornes dans fes études que dans fes fuc- cès. L'archiduc lui donna laconduite des fontaines Sc des autres embellifiemens du chateau de Ter- vure proche Bruxelles : il y a furpaflë 1'attente de ceux qui connoiflbient fon génie. Il batit 1'églife de Notre-Dame de Montaigu
dans la forme de Saint-Pierre de Rome, & quel- ques autres, fans les chapelles qu'on voit fut fes deiliiw : il les orna de ies tableaux. |
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io8 La Vit des Pcintres
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ADRIEN CRABETH;
ÉLÈVE DE JEAN SWART.
(jrabkth écoic é'ève de Jean Swart. Il fut
adtiiir4 dans fon temps pour fa grande difpofi- . . '\ r rr r » Tl •
non : encore jeune, il lurpalia ion maitre. II vint
en France avec Ie projec d'aller a. Rome \ mais il fut ari'êté pour quelques ouvrages dans la ville d'Autun. Il j mouruc au grand regret des ama- teurs. Ce qu'il faifoit étoic furprenant, n'ajrant jamais vu Rome. MATHIEU ET PAUL
B R I L^
É LÈ V E S
DE DANIEL VORTELMANS. G e s deux frères naquirentdansla ville d'AnverSj
Mathieu en 1550, Sc Paul, felon van Mander, en 1 556. Mathieu alla de bonnc-heurea. Rome, oü il fut employé au palais du Pape, dans les gale- ries Sc dans les falons: on y voit de lui de beaur payfages a fraifque. Il mourut dam cette capi- tale, en 1584, agé de trente-quatre auj. Paul
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Plamands i Alkmands & Hollandois. i.09
Peul apprenoit a peindre chez Daniel Wond- mans-, ce dernier, quoique médiocl-edans fon are, Re laifla pas d'avancer fon elève , qui, a l'&ae de «juarorze ans j fut employé a pemurt des clave- cins a gouaflè. Il qukta Anvers puur aiier a Bre- da, ou il rs(k quelque temps. De retour chez lui ,fur la réputacion que fon frtre avoit a Rome, il forma Ie deiTein d'aller Ie joindre. Cbligé cie cacher Ion départ d fes parens , il partlc fans faire ti'adieux: il traverfala trance j& demeutu queU que temps a Lyon ; dela il fut a Rome j oti il trouva fon frère occupé au Vacican, fon? Ie ponti- ficar de Gri'goireXIII. Il devinrélcve de Mathku^ Sc quoique médiocre dans fa jeunefiè , il furpafla depuis fon alné. .Après fa more il fut chargé des ouvrages qui leur éroient deftinés a tous deux } Sc il eut la penfion de fon frère* Ses principaux ouvtages font prefque tous topo-
graphiques. Dans Ie falon d'été du pape il avoit repréfenté en fix tableaux les fix couvens prin- cipaux du domaine de fa fainteté ; il en choific les fituations les plus agréables , & les pei^nic d'après nature. Il fi: des payfagej pour orner un falon chez Ie
cardinal Mathku } & pour Ie frère de fon émi^ nence 3A}drukal Matkieu, & ih autres payfa^es repréfentant fix rhateanxde ce catdinalj & leurs environs. Töus ce;ir cifönrpeintsa Phuile. II a örné plufieurs éelifes de fes Ouvrages ï
celles des Jéfuites cv des Théatins. Son principal tableau eft dans Ie falon nouveau du paps ; il eft peinti ftaifq'-ie; il a <JS pieds de longj & eiï fort élevé. Le pïvfage eft d'une grande beauté: les figures reptéfentent Saint Clement attaché a une Tornt I, O |
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X i o La Vit des Peintres
—-------ancre & précipïté dans 1'eau j & dans Ie hauc i
i j jo. une gloire avec des Anges.
üutre ces grands ouvrages j il a peint beau-
coup de tableaux de chevalet en pctir y fouvent fur cuivre. lis font fort recherches. Ses figures font fpirituelles & bien deffinées: il fomfia fa maniere fur celle du Tltïen. Ses tableaux onc beauconp de force _, quoiqu'un pea verds. Son payfage a des lomcams admirables; une touche légere termine les malles des arbres qu'il plac.oit avec choix. Le t.ibleau de Campo Vacclano eft de fon
meilieur cemps. I! appartenoit au fieur Henri van Os, & fe crotive préfentemeutdans lecabinet du roi de France , qui pofiède encore üouze tableaux de ce peintre , dont voici la lifte : Diane &CalixtOj Pan & Sinax _,des Payfans dépouillés par des voleursj une Chafle au cerf} autre Chniïe, une 1'empêtej vue d'un Port de mer, Rebecca j Oiphée entouré dJanimaux, line Dryade jouant du tambour, S. Jéróme dans le Défert , S. Jean ie fon agneau , un payfage oü font des Pêcheurs, un autre avec des Moutons, 8c une Fuite en Egypte. On a de lui au Palaic-Royal une Sainte Familie,
un payfage avec des chèvres , une Ghaiïe aux canards, une Marine j &: une Danfede Nymphes & d'enfans j avec des Satyres. Il Üineint dans la galene <lu duc de Florence ,
un payfage fur marbrej chez l'éleAeur Palatin , nn payfage a,vec figures. On voit du même peintre a Paris j chez M.
le comte de Vence, un Port de mer avec figures; chez M. le marquis de Lajjey t trois payfages, |
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Flamands j Allemands & Bollandoïs. 111
«vee des figures peintes par Ie chevalier Jofepin j
chezM. Ie corate de Choifeul j deux payfages , avec des figures par Rottcnhamer; chezM. Blondd de Gagny _, quane payfages avec figures, un de ceux-la reprefente la cafcade de Tivoli; chez M. Pafquier, député du commerce pour la ville de Rouen , un payfage avec deux groupes de figures, un de Carracheöt Fautrede BoullogneVai- né j chez M. de Julunne3 deux tableaux de deux pieds & detni fur dix-huit pouces de haut, dont run eftuneFoire ou un Marché, avec unenvière chargée debateaux & beaucoup de figures; 1'aucre efl: un Pare, avec des figures & des animaux. On Voir chez eer habile connoiiïeur trois autres Cableaux du même, avec payfage , architecture Sc figures. M. Ie Noir a de ce peintre deux pen- dans de deux pieds quatre pouces j fur un pied dix pouces de haut. L'un eft un Berger qui faic fortir d'une étable un troupeau de rhèvresj Ie payfage du fond eft très-beau; trois figures font fur Je devantj avec un morceau d'architcdlure 5 des maifons &: des viilageois ornent Ie fecond plan. L'autre tableau efl; un payfage 5 on y voit les difciples d'Emmaüs & des bergers qiu font paï- treleurs troupeaux. I.es figures & les animaux font du Carracke:\e payfage eftdumeilleurtemps de P- Bril. hl. Iempereur enpofsède un très-beau payfage, avec des chütes dJeau & des rochers qui produifent des effets furprenans ; des fatyres y occupent Ie premier plan. Ce tableau a trois pieds de largefur deux & denu de haut. Lesélèves qui om Ie plus fuivi la maniere de
ce maitre, font Bahha^ar Louvers & Gu'ülaume Nieulant d=Anvers. Ce dernier a gravé plufienrs O x
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La Vu des Peintres
. morceaux d'apiès P. Bard, ainfique Sadeler, Sic* Pauleü. more a Rome en 1616, agé de 7® ans. |
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F R A N g O I S
M E N T O N,
ÉLÈVE DE FRANC-FLORE.
JMenton naquit a Alcmaer, Sc fut élève de
Franc - Flore. Il devint lui - même un maitre habile. Il avoit beaucoup d'efprit. Toutes fes compodtions font marquées au bon coin. Il defïi- noit & peignoit bien. Il s'enrichit a faire Ie portrait. Il gravoit avec gout & finefle. Sa répu- •tation lui procura un grand nombre d'élèves. On ne fait pas Ie temps de fa mort, mais il vivoit encoreen 1^04. ARNO LD PIETERS.
lLétoit frère de Pierre Pieters ; quöique très-
cap.;ble de peindre 1'hiftoire} il s'appliqua au portrait. &r paffi pour_un grand peintre en ce genre. Fan Mander dit qu'en 1604 il étoit 4 peu pres agé de 5 4 ani. |
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Tlamands 3 Alhtnands & Edlandois. 11J .
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LOUIS TOEPt/t;
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ille de Malmes fe glonfie d*avoir donné■
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v
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Ie jour a cepeintre: on ne fait rien de particulier i f ;o.
de lui, fi ce n'eft qu'il demeuroit a Venife, & cjue 1'on a vu de lui des Foiresj des Marchés & des Cuifmes, Ie touc bien pe.;nt & bien difïiné. Le payfage qu'il trmtoit avec une belle touche & une couleur chaude , lui a donné beaucoup de réputation. I! demeuroit a Dervifo pres de Venife. Il paffe aufll pour un des mei'.leurs poëtes de fon temps. Il v ivoit encore en 11J04. |
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J O S E P H
DE BEER,
ÉLEVE DE FRANC-FLORE.
_LJe Beer naquit a Utrecht. Franc-Flore fut
fon maure. S'étant rendu habile dans fon art, i-I pafTa cjuelque temps a 1'évêché dsTourHai,& ds retour dans fapatris^ il y mouri |
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-> -j
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La Vu des Pcintres
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P I E R R E
STEEVENS.
■Öteevens naquit a Malines. Il étoit, du temps
de van Mander j au ievvice de l'empereur , en qualité de peintre de la cour. Il demeuroit i Prague. Il fut grand peintre dliiftoire & favant deffinateur. |
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g a s p a r d
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H E U V I C K:
JTIeuvick naquit a Ondenarde , environ 1'an
1550. On connoït fort peu de fes ouvrages j cxcepté en Itahe, oü 1'on croit qu'il eft mort. Heuvick demeura quelqne temps chez Cofte, peintre du duc de Mantoue. Il fe retira dans la Pouille , chez 1'évêque de Barry 3 oü il fit plu- fieurs grands ouvrages j mais il augmenta fa for- cune en Itahe, dans Ie commerce de bied qii'il fit pendant une année de difette. Van Mandcr loue fort ïon talent. |
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Flamandsy Altcmands & Hollandois. 115
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HERD ER.
Hlerder fut contemporain de Curie van Mander.----------
Cer ecrivain Ie viu a Rome. Il vante beaucouples 1 ƒ50.
ouvrages d1Herder, qui mourut a Groningue fa patrie. |
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CORNILLE FLORIS.
_T loris natif d'Anvers, fils de Cornille Floris ,
vivoit en 1604. Il avoit la réputation de bon peintre.& de bon fciilpteur. On voit encore beau^ coup de fes ouvrages : on ignore Ie temps de fa mort. |
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KRISTIAEN ouCHRESTIEN
J E A N
VAN BIESELINGHEN.
V an Biesf.linghen, contemporain de\Nieulants
étoitné a Delft j on ignore 1'année de fa naiflance. Il paffbit déja pour bon peintre en 15S4. ün O 4'
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La Vit des Peintres*
■——-—— dit que , malgré la défenfe des Etats-généraux^ XS,S°' <\al ne vouloient point qu'on peignit Guillaume I, Prince d'Orange, qui fut, tué par Baltayir Guerards, de peur, que fon portrait ne tombat entre les mains des ennemis & ne fut infulté , van Biefelinghen ayant vu ce prince infortuné dans fon cercueil, il fe relïou-vint fi bien de fes traits j quil Ie def- lïna parfjitement. Guerit Pot préféra ce portrait a tous ceux quJon avoit faits du prince d'Orange > &. s'en fervit pour faire fon grand tableau- qu'on il place en i<Jiod^as la maifonde villede Delft. Van Biefdinghen defllna dans la prifon Ie meur- trier du prince \ Sc ce portrait en deflin a été vu 4epuis a Dorr , ^ans fe cabinet de David' Flud. Van Biefdinghen, fa femme & fes deux enfans» ayant conduic quelques amis qui s'embarquoieat j>our 1'Efpagne , ils montèrent avec eux dans Ie vaifleau. Le vin ,. qui augmente quelquefois 1'a- mitié, donna anotre artifte un fi grand regret da cjuitter fes amis_, qu'ils k déterminèrent a quitter- jfa patrie. Il paffa avec eux en Efpagne, oü lfe. roi, prévenu de fon mérite, le nomma fon pein- tre. Il y refta jufqu'a la mort de fa femme ^"& il retourna enfuite en Hollande. Il fe remaria j Sc £it demeurer a Middelbourg en Zcelande, oy. Ui jjwirut agé de 41 ans.. |
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Flamands 3 Allemands & ftollandois. lij
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GUALDORP
GORTZIUS,
DIT GELDORP,
ÉLÈVE DE FRANCOIS PORBUS.
VJuAi.DOR.PHaquhiLouvain en Brabant en i 553.-------
A I'agedei7 oude 18 ans ilquicta cetteville pour T f..
aller a Anvers chercher d'autres tnaitres, & entra chez Francois Franck d'Herentals j qui mourut peude tempsaprès. Ilfucdepuis éiève de Francois rorbus. Sous eet habile imitateur de la nature _, il ent la réputation d'un des meilleurs de fon temps. Il ne fortit de chez Porbus que pour entree au fervice du duc de Terra nova 3 avec lequel il fut s'établir a Cologne. Le pomait n'efl pas Ie feul talent qui 1'aitfaitadmirer, il peignoit égale- ment Thiftoire : on voyoit chez le fieur Jean Meerman j a Cologne, une Diane; chez le fieur Jaback, une Suzanne , une tête de Chnft & cel'e de la Vierge. Ces deux têtes font eitimées par cjuelques connoifTeursj autant que celles du Giddc, Crifpin Depas les a gravées. Georges Haecka confervé de Gua'dorp unE/an-
gélifte d'une grande beauté. Ceux qui ont le plus chéri les ralens de ce peiwtre } font deux artiftes de la même, viiie, Francois Franck & Jaeques Mlli |
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i 18 Ia Vit des Pcintres
Le fieur Gortfen de Hambourg pofledoir encore
1555' de lui un tableau d'une belle compofïtion, repré- fentant EJlher Sc Affu&us. Lenombredes tableaux de Gualdorp, 8c prin-
cipalement de fes portraits , eft coniidérable. Il étoit en 1604 dans une grande réputation. On ne fait rien de lui depuis. |
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HANS (ou JEAN)
S O E N S,
ÉLÉVE DE GILLES MOSTAERT.
ooens naquit a Bois-le-Uuc vers Tannée 1555.
Il vint fort jeune a Anvers chez Jacques Boon , & dela chez Gilles Mofiacrt. Il fit de grands pro- grès dans la manièie de ce peintre, qu'il n'a point cjuittéej mais dans la fuite il devint un des plus habiles payfagiftes de Flandres. '.„hez Henri Lou- vers a Amfterdam, on avu de fes premiers ouvra- ges egaler ceux des grands maitres. Il peignoit également en grand Sc en petit. On eftime de lui plufieurs petits tableaux d'un beau fini, & peints iur cuivre. Il euakta fon pays pour aller a Pvome , oü fes ouvrages furent Fort recherches. On voit beaucoup de fes petits tableaux qui furent achetés fort cher. Il fut employé dans le palais du pap« a pein-
dre de très-grands payfages a fraifque dans les frifes. Sa maniere eft prompte & pleine de feu. |
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Flamands , Allemands & Hollandois. 219
Une belle entente de couleurs fait fentir la dé- ■ gradanon de fes plans. Ses ouvrages effacent ceux cjui fe crouvent places auprès des iicns. Il couchoitj dans fes petits tableaux , les figures
avec beaucoup d'efprit. Il pafTa au fervice du duc de Panne, & on croit qu'il y refta jufqu'au temps de fa mort, qui eft inconnu. On ne fait pas non plus s'il a fait des élèves. |
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D I R C K ( ou T H I E R R Y )
P I E T E R S.
v/étoit Ie troifième fils de Pierre Aertfen. Il
s'établit a Fontainebleau > ou il fut aïralfiné. L'aïné des trois frères lailfa un fils y qui fut bon peintre. Il approche beaucoup de la maniere & de la force de fon père. |
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J E A N
VAN ACHEN,
ELEVE DE GEORGES ou JERRIGFL
Van Achen naquit en 1556 , dans la ville
de Cologne 3 de parens aifés qui Tenvoyèrent fort jeune a 1'école. La rliyne lui fervoit autant a deÜiner qu'a écrire \ mais ce qui étomu les |
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't x o La Vu des Pdntrts
. artiftes, ce fut Ie portrait très-refTemblant qu'il!
fit d'une duchelfe qui paffe par la ville. Il étoit pour-lors agé de dix a onze ans: on confeilla a ion père den faire un peintre , ce qu'il fit \ 8c après avoir palTé quelque temps chez uu maitre médiocre, il fut place chez Georges ou Jerrigh , qui peignoit fort bien Ie portrait. En fïxaunées van Achen devint bon penure} il excel- loit fur - tout i peindre une tête d'après nature. Il s'appliqua depuis a defliner d'après les ouvrages de Spranger. Agé de vir.gt-deux ans , il voyagea en Italië ,
Sc fut adreffé a Venife chez un peintre Flamand nommé Gajpard lieims Celui-ci Uu demandad'oü il étoit; & air Ie feul nomd"Allemand., fans voir fes ouvrages, il Ie jugea très-médiocre: il 1'envoya chez uu Italien appellé Moretti, peintre de nom , qui attiroit chez lui les pauvres artiftes, parce qu'il brocantoit leurs ouvrages. Van Achen rit quelquescopiesquiplurentbeaucoup^maisn'ayant pas perdu de vue la t:\con dont Gajpard 1'avoit re^Uj il réfolut de fe peindre dansun miroir _, &c fe repréfenta riant. Il avoit mis tout fon art a peindre cette tét&j il 1'envoya a Gafyard Reims, qui avoua n'avoir jamais rien vu de plus beau : i! vint s'excufer de fon imprudence , Sc prit van Achen chez lui. Il a toute fa vie conlervé ce por- trait j qui fut admiiéde toits les connoilTeurs. Van Achtn quitta Venife & fut a Rome. Son
premier ourrage dans cette grande ville , fut la NailTance du Seigneur pour 1'églife des Jéfuites. Ce tableau étoit peint a Fhuile fur une plaque d'étain ou de plomb. Il fut deftiné pour une de ]«urs chapelies. Ce peintre fit encore fon pottrait j |
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Tldmands 3 'A'demards & Hoilandois. 411
il tient en riant une co;jpe de vm. On voitprès de
lui une femme fort connuequi jouoit du luth , nommée Madona Venufia. On regarde ce tableau comme Ie plus beau qu'il ait fait. De Rome il alla ü Florence , Sc üt Ie portrait de Aladona. Laura j <jui excelloit en poefie. Il retourna a Venife, ou il a fait une quantité
de tabieaux pour un négociant cïe Maftricht y entr'aurresnotr e Seigneur enrre les mams des Juifs, une Danaé grande comme nature } & un Juge- menr de Paris pour un négociant de Cologne. Tous ces tabieaux , & en partie ceux qu'il rit a Ja cour de Bavière, onr été gravés par R. Sadcler. pendant fon fejour a Yenife , 1'éledreur de
Bavière chargea Ie grand - mr.itre de fa maifon t Ie comte Otto Jicnry de Swartftnbourg, d'engager van Achen d'aller a Munich , oü il peigni t Ie tableau d'autel deftiné a la chapelle du tombeau de ce prince. Il étoit ftir bois , & les figures étoient de demi-grandeur naturelle; Ie fujet repréfentoit la découverte de la vraie Croix ; on en admira & la compoiltion & la couleur. Son deflin eft correcTrj & fes airs de têtes tiennent fouvent du gout du Corrége. Le duc de Bavière fut fort fatisfait de ce tableau;
il lui fit faire fon portrait, celui de la ducheffe êc des deux jeunes princes leurs enfans, de gran- deur naturelle, places tous dans le même tableau. Après avoir été bien récompenfé, il recut pour préfent une chaine d'or de zoo flerins. (i) L'Empereur ayant v I? portrait de Jean de
Boullognc 3 celèbre fculpreur Hamand , peint par (i) Environ 400 liv. de France.
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au La Vu des Peintres Vlamanis., &d
Achcn , fit demander cepeintre pendant qua-
d fif i éïi 1'i |
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i 556. tre années de fuite, fans avoir pu réuiïir a 1'atti-
rer. A la fin il lui envoya tin feigneur de diftinc- tion , pour 1'engager a aller a Prague ou étoit la cour. Kan Achcn y fut, & commenca par un tableau repréfentant Vénus & Adonis. Sa nou- velle maniere de peindre & de difpofer fes figu- res, fes airs de têtes pleins de graces, plurent infinimeot a ce prince. On ne fait pomt Ie motif qui 1'engageaa quitterTEmpereui" pourretournëc a Munich, oü il fit pour les Jéfuites un Saint- Sébaftien fort eftimé , & depuis gravé par Jean Muller d'Amfterdam. Il fit dans ce temps les portraits de meflïeurs
Fouchers d'Ausbourg, II époufa la fille du célèbre Laffo , l'Orphée de fon temps, & retournaaPra- gue une feconde fois , a. la demande de 1'Empe- reur jqui con(jutpour lui une eftime particuliere. Tous les palais font ornés de fes ouvrages. On voyoit de lui a Amfterdam un beau tableau , avec plulieurs figures grandes comme nature. La principale eftune femme repréfentant laPaix; les Arts 1'environneat. Ce fujet d'une compofition noble eft parfaitcme.nt pemt. Van Achcn moutut aufervice de 1'Emperenr,
fort regretté de fon maïtre , & fur-toutdesartif- tes. Jamais il ne paria mal de perfonne & ne fut plus content que lorfqu'il put obliger. L'éledteut Palatin pofsède un tableau de van
jichen j il repréfente notre Seigneur dans fon tombe au. |
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O C T A V I O
VAN VEEN,
o u
OTTOVENIUS.
Ljzs grands talens de ce peintre l'onr fait admi-
rer. La Flandre lui doit l'mtelligence du claïr- obfcur , dont il avoit donné les régies & les prin- cipes. Il y a , un des premiers, introduit Ie bon gout. C'étoitce qu'on devoic attendre du maitre du célèbre Rubens. Ottovenius naquit a Leyden en 15 5 6 j d'une
familie diftinguée.Son père étoit bourguemeftre , &famère Cornetia, d'une des principales maifon* |
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Ia Vu la Pdntrtt
---------d'Amfterdam. Il pafTa fa première jeunefle dans
l , ^ les écoles latincs, Sc étudia. Ie deflin chez Ifaac
Nïcolas: quelques dégoüts ralentirent fes progrès. Son père 1'envoya a Liége a 1'age de quinze ans t il y fut re^u avec amitié par Ie cardinal de Graefi bec, ou Groojbcck, pour-lors évêque & prince de cette ville. C'eft a 1'amitié de ce cardinal qu'ii fut redevable des moyens qu'il eut d'étudiei* la peinture: il en recut des lettres de recomman- dation pour Ie cardinal Maducio a Rome j qui concut pour lui 1'eftime due a fes ralcns. L'école de Frédéric Zucherc fut celle oü il s'attacha entiè- rement, & enpeu de temps il donna des marques de fonhabileté. Il quittal'Italië après feptannées d'étude j il vint en Allemagne & refta au fervice de 1'Empereur. Il fut a la cour de Vienne , a celle de l'éleóleur de Bavière 3 Sc déla chez 1 é- lecteur de Cologne. L'amour pour fa patrie 1'ei-n- poita fur les honneurs Sc fur les penfions qu'oa lui offrit. Les Pays-bas efpagnols , dont pouc lors Ie prince de Parme étoit gouverneur , fixèrent Vcnius. Ce prince Ie reipt avec une fin- gulière bonté , & ne fut pas long-temps a connoï- tre fon efprit Sc fon génie: il l'hoiiora du titre d'ingénieur en chef, & de jpeintre de la cour d'Efpagne. Ottovenius remplit ces deux places avec honneur. Son mérite perfonnel Ie fit autanc admirer qu'eftimet des feigneurs de cette cour , & fes belles qualités leur firent même rechercher fon amitié. La mort du duc de Parme 1'obligea de changer
de demeure. Il choifit Anvers, oü il exerija fon génie & fon pinceaua orner les églifes Sc les plus beaux édifices de fes tableaux, qui y font encore admirés
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Flamands , Alhmands & Hollandois. 225
'admïrés aujourd'hui. La ville d'Anvers lechargea
dans Ie même temps des deiïins & de la direc- tion des arcs de triomphe qui furent élevés a 1'entrée publique de 1'archiduc Alben. Ce prince fut furpris de Fordonnance ingénieufe qui régnoit dans cesdécorations: 1 enius ree, ut de lui des mar- ques utiles de proteótion. Il 1'appella a Bruxelles, & Ie fit intendant de la monnoie : ce nouvel cmploi ne 1'empêcha point de peindre& d'écrire. Il fit les portraits de 1'archiduc Sc de 1'infante Ifabelle en grand j& qui furent envoyésa Jacques I, roi d'Anglecerre. Louis XIII voulut attirer ce peintre a fa cour j
maïs les plus flatteufes promeifes ne purent jamais Ie détacher du fervice de 1'archiduc. Il refufa même de faire quelques defllns pour les tapifle- ries du Louvre, &c mourut a Bruxelles en i<j^4, agé de 78 ans. Il laiiïa deux filles _, qui fe font faic une réputation dans la peinture, Gertrude Sc Cor- nélie. La dernière époufa depuis un riche négo- ciant d'Anvers. Gertrude a fait de fon beaux tableauxj entr'autres Ie portrait de fon père, qui eft gravé, &' qui fut orné de ces vers par Ie favant Ericius Puteanus : Artis fu.& miraculo felix Pater
£ Filidjam plenus &vo nafcitur , Vidurus omni, clarus at avis Battavis, TiHor, Po-ca, Philofophus , Cajhenfium Callens matkematum, orbita dii ingeni Ter aha vtBus rerum , & ima £i intima Scientiarum, aocta v*na Tome I,
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La Vie des Peintres-
Le chev.ilier Bulart _, qui a écrit la vie d'Or-
tovenius 3 faic fon élcge, & lui donne le nom d'hiftonen & de poëte : il cicë iin grand ncmbre de fesouvrages, 1'Hiftoire de laGuerre des Bata- ves contre Claudius Cïvilis & Cenalïs 3 tirée des quatrième&: cinquième livres de Corneille Tacite. Cet ouvrage eft enrichi de quarame eftampes. Les Emblèmes dTIoracej avec des'obfervations latines, franc,oifes, italiennes & flamandes j la Vie de S. Thomas d'Aquin 3 ornée de trente-deux planches ; plufieuis Ëmblêmes fur I'amour divin &: profane : il dédia ce dernier ouvrage a rinfante Ifabelle,qui touchéedefabsautéjengagea Vcnius a faire les Emblèmes de 1'Aniour divin , ouvrage rempli d'art & de favoir. On a de lui d'autres ouvrages remplis d'une
belle érndition , & qui out mérité le luffrage de Lip/ius. Ottovenius eut deux frères 3 Gisbert, graveur,
Sc Pierre : ce dernier ne peignott que pour fon plaifir : les connoifTeurs ont regretté qu'il n'en ait pas fait fon unique talent, tant il ayoit de difpontion Sc de génie. Les principaux ouvrages de ce peïntre fe con-
fervent dans les églifes de Flandres. La cathé- drale d'Anvers nous offre dans la chapelle de S. Nicolas, Notre Seigneur au milieu des pêcheurs convercis j c'eft le tableau d'autel : celui de la chapelle du Saint Sacrement repréfente la Cène. On voit dans la chapelle des peintres un tableau de Martin de Vos, avec deux volets, dont un eft peint par Venius. Le tableau du grand autel de la paroifTe de Saint-André, repréfentant 1» martyre de ce faint, eft de la même main, ainfi |
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Flamands t AHemands & Hollandols'.
«que Ie tableau de la Madelaine atix pieds de
!Notre Seigneur, chez Simon Ie Pharifien. Mais ce dernier moixeau eft a Bergues, dans Ie réfec- toire de l'abbaye de §. Vinox. |
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JEAN DE WAEL.
JL/ e "Wa e t, élève de Francois Franck, mérita
de la confidération dans fon art : il étoit né ï Anvers , oü il mourut jeune. Il fut admis dans la compagnie des peintres de la mêmc ville. |
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ADAM
VAN OORT,
ELÈVE DE SON PÈRE.
C e u x qui ont écrit la vie des peintres, ne par-
lent A'Adam van Oort que pour lui reprocher fej exces. Il étoit originaire d'Amersfort, & naquit a Anvers en i $ 57 : il fut élève de fon père Lam- ben van Oort, aflez diftingué dans la peinture Sc l'archite&ure, & admis parmiles peintres d'An- vers en 1547. Adam auroit eu Ie génie Ie plus heureux, su
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La Vie des Peintres Flamands y &e.
avoit été plus modéré dans fes paffions. Il négli- ■ *= gea les beautés de la nature, ou peut-être ne les 1S57' a-t-il jamais connues. Cependant il eut une réputation confidérable, & fit plufïeurs grands ouvrages dont il fut bien payé. Il pouvok encore, après ion mariage, fe rendre un des plus grands peintres de fon temps; maïs il s'éloigna de toute fociété :fa brutalité Ie rendit dangerenx & infup- portable, & il perdit fes amis & fes élèves ( du nombre defquels étoit Rubens. ) Jacques Jorda'éns fut Ie feul qui s'accommoda du génie de fon tnaïtre , peut-être parce qu'il aimoit fa filie, qu'U époufa fort jeune. Van Oort devint maniere & négligea la nature r
il ne regardala peinture que comme un moyen de s'enrichir. L'amour de fon art diminua a mefure «ju'il s'abrntit dans la débauche. Ses derniers ou- vrages n'ont d'autre méiite qu'une exécution Eicile & une bonne couleur. Dans fon bon temps il avoit compofé avec plus de choix } & fon def- fin étoit plus correct. Rubens difoit que cepeintre auroit furpafTé fes contemporains, s'il-avoit vu Rome, & s'il avoit cherché a fe former fur les bons modèles. Malgré ces défauts 3 il fut bon artifte, & fes tableaux font vus avec plaifir dan« plufieurs églifes de Plandres.. Il mourut a Aravers en 1641 j agé de quatre-vingt-quatre ans. Les principaux élèves de ce peintre furent
Rubens, Jacques J'ordaéns, Ie Francky & Hertri va» Balen. |
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H E N R I
GOLTZIÜS,
ÉLÈVE DE SON PÈRE
JEAN GOLTZIÜS.
G-oltzius fortoir d'une familie diftinguée
dans les arts: fes grands pères & fes oncles étoient tous fculpteurs ou peintres, ainfi que Bubert dont il a été^arlé ci-devant. Il naquit au mois de février 1558, dans Ie bourg de Mulbratk, pres de Venloo dans Ie duché de Juliets, Son père |
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La Vie des Peuttres f lamanis, &c. xy
peignoir bien fur verre : il donna les premiers .
principes du deffin afon fiis 3 en qui il avoit re- connu un penchant décidé j dès Tage de fept on huit ans , il tracoit routes fortes de figures fur les murailles de la maifon : on a vu des deffins de eet age qui ont furpris. Occupé a deffiner fur Ie verre pour fon pèrej ilne lui étoit guères poflible d'étu- dier j il en marqua du chagrin, & s'adonna de lui-même a la gravure : ayant fait plufieiirs deffini pour Coornhert, celui-ci propofa au père de Ie prendre avec lui pour deux ans r Ie jeune Henri ne voulut point s'engager, il étudia lui feul la gravure; il ik de fi grands progrès ,que Coornherty furpris de fon talent, 1'employa, non pas en éco- lier, mais en maïtre. Il 1'engagea lui & fa familie a Ie fuivre en Hollande, & ils furenc s'établiri Harlem. Gokhuis travailla pour Coornhert & pour Phi-
lippe Gulle. Il époufa une veuve qui avoit un fils nommé Jacques Mathan , duquel il fit dans la fuite un habile graveur. Quelques réflexions un peu tardives far fón
état, fur ce qu'il fe trouvoit inané a 1'age de vingt- nn ans,& dans la nécelïïté de ronencer ?.u voyage critaÜe, chagrinèrent fi fort Goh-^ius qu'il-toniba- dangereufement malade. Il cracha du fang pen- dant trois ans , & fut abandonné des médecins : cependant, quoique fcible 6c langui0ant, il fe détermina $ voyager- pour voir rAnnqiie, difant. que, puifqu'il fallait périr, du moms il vouloit auparavant avoir la confobtion de voir les beautés de Rome. En 1590, il s'embm-qua a Amftcrdam pour
Hambourgj accompagné d'tin domeftique, SC P 4
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Xj i La Vie des Peintres
laiflant chez lui fes élèves & fon imprimeur. Il
parcourut routes les villes d'AUem.igne, & vifita pai-tout les artiftes fous Ie nom d'un marchand de fromages. Quelquefoiü fon valet pafToit pour Ie maicre; & , fous ces déguifemens, il eut la fatisfaótion d'entendre parier librement de fes ouvrages, lui préfent, comme s'il n'y avoit point été. Ie changement d'air & la fatigue changèrent fon temperament, & lui rendirent la fanté. Il paffe par Venife, Bologne, Florence \ & enfin Ie io janvier 1591 il arriva aRome, oü il refta long-temps fans vouloir être connu t il s'y cacha fous unhabillementgroffier& fous Ie nomiï Henri Bracht. Son admiration vis-a-vis tant de merveilles fufpendit prefque toutes les fon&ions extérieures de fon ame, & 1'abforba j il avoit 1'air d'un im- bécile. L'Italie étoit alors affligée par deux fléaux pref-
qu'inféparables, la famine & la mortalité: il fem- bloit que de fes fens il ne fut refté k Golf(ius que celui de fes yeux : on 1'a vu plus d'une fois def- finer l'Antique au milieu de radavres corrompus, fans s'en appercevoir. Un amufement qu'il mit bien a profit dans fes
heures peidues, fut de fe mèler fouvent avec ceux qui achetoient & vendoient des eftampes. Il vit Ie cas particulier que 1'on faifoit de fes gra- vures , mais il entendoit ce qu'on y trouvoit a blamer : il proficoit des louanges & des critiques. A la fin d'avril de la même année , il panit pour Naples, mais fans fe raire connoitre, avec Jean Ma- thijjerij, orfèvre, & ungentilhomme deBruxelles, nommé Philippe van Winghen, favant antiquaire. lis fe mirent en route fort mal vêtus, dans la |
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Flamands j Alhmands & Hollandois.
Cïainte d'être affaffinés par des brigands qui infef- toient ces contrées. Etant arrivés a Villetri, van Winghen,^ïcs Ie fouper, leur montra des lettres qu'il venoit de recevoir de fon pays, une entre autfes du favant Orulius, qui lui marquoit que Gokhuis étoic en Italië : il défignoit Goltqius par fes principaux traits , & par une bruiure qui lui avoit ellropié la main droite. A ce pomait, Ma- thijfcn s'écria: Voici Golt^ius, voila biea fon por- trait. Van Winghen neputlecroire : quoilce grand homme auroit pu fe cacher fi long-temps parmi nous ? Non, dir-il, vous n'êtes pas Gohyius, Notre graveur eut beaucoupde plaifir de leur embarras : il tira fa main droite j en riant, 8c dit: Voilala main qui doit me faire reconnoitre. Enmême temps il leur montra fur fon linge la marque de fes eftam- pes H. G. lis embrafsèrent avec joie ce compa- triote, déja leur ami par fon caradère j üs lui firent des reproches tendres qui ne firent que ref- ferrer davantageles ïiacuds de leur union. Après avoir vu a Puzzoly les miracles de la
nature, a Naples ceux de Tart, & après avoit copié Ie vigoureux Herculedansle palaisdu vice- roi, Golf(ius s'embarqua fur les galères du pape pour étudier les mouvemens des mufcles des ef- claves, qui rament, Ie corps nu: il débarqua, a caufe du mauvais temps, a Gayeta 3 & de-!a fut a pied a Rome , ou les Jéfuites Sc les artiftes Ie reconnurent/: il deflïna au crayon prefque tous les grands hommes: il en fit autant a Venife, a Flo- rence & en Allemagne. lis quittèrent Rome Ie troifième d'aout 1591,
fon ami Mathijfen & lui, pour retourner chez eus: ils prirent leur route par Bologne 6c Venife, en |
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iJ4 &* Vu des Peintres
faifant toujours quelque fejour dans chaque viüe
pour y voir les artiftes. Goltnus vouliu revenir par 1'Allemague, & s'arréter a Munich ( oü il avoit ci-devant joué Ie róle de valet.) II fut auffi vifiter tous ceux qui 1'avoient vu fous eet habic: tous en rirent avec lui, excepté ceux qui j ne Ie connoilFant pas, avoient dit du mal de fes talens. De )a il fut droit chez lui. On y fut furpris du ré- tabliffement de fa fanté , maïs elle ne fut pas de longue durée } fo:t que 1'air du pays ne lui con- vïnt point,foit chagrins domeftiques, il retomba dans un état pire qae jamais. Van Mander, qui a écritfa vie , & qui 1'a beauconp connu , en attri- bue la caufe afon affiduité au travai!. Tous les fe- crets de la médecine ne purent'nenopérer fur lui: il fut reduit quelques années au laitde chèvre,&a.Ia fin au lait de femme. Fatigué de tant de remèdes qui ne faifoient qu'achever d'éteindve un refte de vie , il prit la-réfolution de fe promener bca'jccup & de travailler pciij par ce moyen, il rétablit encore fa fanté : il mourut enfin a Harlem en 1617, agé de cinquante-neuf ans. Son bun» , aufii facile que fon génie fécondj a
beaucoup produit j perfonne na plus delimé dans Rome en auffi peu de temps j il grava a fon re- tour plufieurs de fes dellins. Il imira tous les genres, tantót celui <i'Hcmskerck, de Fran^ois Floris , de Blocklandt, de Fredertc 8c de Spran- ger : il grava , d'après ce dernier, Ie beau tableau du Feftin des Dieux. Piqué d'entendre dire que fes ouvrages n'ap-
prochoieut pas de la beauté de ceux A'Alben Durer, il fit ouelques eftampes dans Ie gout de eet allemand, une entr'autres qui repréfentoit h |
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Flamands,Allcmanis & Hollandois. 2$ 5
Circoncifion, oü il fe repréfenta lui-même : il
eut grand foin de ne laiiler voir aucune de fes épreuves: il les laifla enfumer, brüla la marque de Ion nöm , & fit colier du papier fur la place. A la foire de Francfort, les connoifteurs furpns de la beauté de cette eftampe qu'ils n'avoient point vue, & qu'ils crurenc mancjuer a la fjite des ouvrages ÜAlben, 1'achctèrent Sc la trouvèrenc au-deflus des autres. Cet aveu divertic Golt-(ms qui fe fit connoitre, & les confondit en leur mon- trant la planche qu'il avoitgravée : cette avcnture ouvrit les yeux des amateurs fur Ie compte de notre illuftre graveur. On fut étonné de Ie voir commencer a peindre
a lage de quarance-deux ans: il débuta par un pent tableau fur cuivre , repréfentant Motre Sei- gneur fur la Croix, la Samte-Vierge & Saint Jean aux deux cótés : ce tableau étoic pur & renipli de beaucoup d'ouvrage. Quoiqu'il ait commencé fort tard 3 Ie nombre
de fes tableaux eft conddérable. Le cabinet de rEmpereiir & beaucoup d'autres confervent quan- tité de fes tableaux : il avoit une maniere de glacer qui lui étoit propre, & il donnoit enfuite des touches qui faifoient un grand effet. IJ a fait aufli fort bicn le portran, maïs on cice de lui fur- tout une Danaé; a cóté d'elle on voit Mercnre & une vieille femme : le nu eft favant peur les contours , & la couleur eft fort naturelle. Il étoit habile a la peinture a 1'huile & a la
gravure. Il fit des prodiges fur le verre. On conferve de lui des efpèces de deffinj en
forme de camayeu , qu'il deflïnoit a la pl«me fur de grandes toiles : ces deffins hachés comme la gravure, font un grand efFet. |
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116 La Vie des Peintres Flamands, &e.
II eut plufieurs bons élèves, tels que Jacques
Mathan de Gheyn & Pierre de fode, d'Anvers. |
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REMI
VAN RHENI.
—"----- Van Rh ent , n?tif de Bnixelles, fut grand
imitateur de la nature : les ouvrages qu'il fit pour
Henri comte de Volfes, en AUemagne, de qui il étoit peintre penfionnéen ïóoo, ont mérité 1'ef- time des connoifleurs. Le chateau oü réfidoit Ie comte Henri, ayant été détruit & brulé par les SuifTes j Remi retourna a Bruxelles oü il eft mort. *
LOUIS
DE VADDER,
V adder, auffi né a Bruxelles , étoit grand
payfagifte: il eut foin d'obferver fouvent dans les campagnes le lever du foleil écartant les vapeurs & les brouillards, & développant peu a peu les lointains. Ses tableaux font d'une grande vérité : il a fu donner la vapeur de 1'air a fes ciels dans fes ouvrages. Ses arbres font de bon gout, bien touches, & agréablement réfléchis dans les ruii- feaux dom il a ernbelli fes payfages. |
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.....'f
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11-v
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:■/■!'
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H E N R I
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VAN B A L E U,
ÉLÈVE D'ADAM VAN OORT.
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H
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£NRi van Balen naqnit a Anvers : il fut
élève èüAdam van Oort^ qu'il quitta de bonne heure ponr voyager en Itahe, oü il fit de grands progrès d'après 1'antique Sc les ouvrages des der- niers maatres : il y fut très-etnployé, Sc revint a Anvers, riche d'argent 8c d'études. Ses tableaux font en affèz grand nombre: il
peignoit 8c deffinoit bien Ie nu qu'il aimuic i |
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15 8 La Vit des Peintres
repréfenter dans fes figures. Ses compofitions font
' grandes : il fe fervoit de Jean Breughel pour faire fes fonds. Les deux tableaux qui lui font beau- coup d'honneur, font ceux dont Houbraken (i) fait la defcription \ Ie premier repréfente Ie Feftin des Dieux : on y voit un grand nombre de figares bien deffinées & bien colonées; Ie fond de ce premier tableau eft de Breughel, ainfi que celui du fecond, qui repréfente Ie Jugement de Paris : les figures peintes avec une grande hafrnonie de couleur paroiflent rondes & fortant du tableau: ileftfur cuivre. Ce bon peintre fut Ie premier maitre d'un plus grand peintre que lui, d'Antoine van Dyck , Sc de Francois Sneyders. Van Balen tient fa place paimi les meilleurs
peintres flamands j il compofoit bien, il favoit donner un tour agréable a fes figures: la fineiïe & 1'élégance fe trouvent dans fon deflin, & fa bonne couleur a été louée par les plus grands maitres. Henri van Balen Sc Marguerïte Bries fa femme,
font enterrés dans l'églife de Saint Jacques a. An- vers.' On y voit fon épitaphe qu'il a ornéa de fon portf ait &c de celui de fa Femme; tous deux fant peints en forme ovale. On lit au bas : Chrifto refurgentifacr... Integra vit& viro, Pittori
eximio, Hennco van Balen, cujus virtutem pr.udens imitdbitur pqfleritas , penïcillum mirabitur longior atas. Margarita Bries conjugi 17. Jul. 163a., di- nato pojf. & obiit 23 Oct. anno 1638. Horum, tuique, te memorem vult 3 benigne leclor, beatafpes |
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mortalium.
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1
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(1) Houbraken,peintre hollandois, a écrit la vie
des peintres depuis van Minder. |
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Flamands, Allemands & Hollandols.
Un des plus beaux tableaux de van Balen eft
dans 1'églife de Notre-Dame d'Anvers : il repré- fente Saint Jean qui prêcht dans Ie Défert: il orne Ie retable de la chapelle des menuifïers. L'épita- phe de la familie de MM. Humfen eft placée con-, tre un «les piliers de cecte égliie : la Vierge, 1'en- fant Jéfus & Saint Jofeph, occupent Ie milieu, Sc fur les volets on voit des anges qui jouentde dif- férens tnftrUmens: Ie fond eft un payfage; ily a des fleurs fur Ie devant qui font peintes par Breughel de V'lour, Les Jacobins de la même ville ont un tableau
de van Balen, repréfentant 1'Annonciarion. L'é- giife de Saint -Sauveur a Gand , pofsède fept tableaux du même: Ie premiers 1'Ange qui an- nonce a Saint Jofeph en fonge, 1'arnvée du Fils de Dieu j Ie fecond repréfente ia NaifTance de Jéfus- Chrift y Ie troifième 1'Adoration des Mages; Ie quatnème la Purification au Temple ^ Ie cinquiè- me la Fuite en Egypte; Ie fixième Jéfus-Ghrift au milieu desDodteurs; Ie feptième, Jéfus-Ghrift, la Vierge & Saint Jofeph qiu travaillent de leurs mains. Ces tableaux de moyenne grandeur font places dans la chapelle de Saint Jofeph. On voit du même a Gand, chez M. de Schamps,
deux jolis tableaux d'un grand fini. l
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Vit des Pe'intres
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CORNILLE
C O R N E L I S,
É L È V E
DE PIERRE LE LONG LE JEUNE. |
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Vj o rn EiiSj natif d'Harlem en 1561, donna
1562. dès fa plus tendre jeuneiTe, des marques d'une grande inclination pour la peinture : il tailloit avec Ie couteau des figures de toutes fortes de formes. Sesparens avoient quitcé la ville du temps des troubles de la guerre-, mais de retour chez euxj ils placèrent Ie jeune Cornille chez Pierre Ie Long Ie jeune , qui avoit de la réputation. L'élève fe forma en peu de temps j & fut fur- nommé Cornille Ie Peintre. Il a toujours confervé ce nom. Il a furpafle de beaucoup fon maïtre : il quitta fa patrie a 1'age de dix-fept ans, efpérant de paflfer par la France , & d'aller en Italië. Il dé- birqua a Rouen, & quitta bientót cette ville a caufe de la pefte : il retourna en Flandres , & fut a Anvers attiré par la réputation des grands pein- tres qui habitoient cette ville. Il entra chez Fran- cois Porbus, ik enfuite chez Gilles Coignet, oü il refta un an. Il corrigea fa maniere de peindre qui étoit crue, & fon pinceau devint plus moël- leux & plus agréable. Avant de retourner chez lui, il laiffa a fon maï-
tre un tableau oü il y avoir plufieurs figures de femmes nues, bien deffinées & d'un bon ton de couleur j
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Flamands} Allemands & Eollandols. 241
couleur : il fit auill un pot de fleurs, ü artifte-
ment touche Sc d'un li beau fïm, que Coignet n'z jamais pu fe déterminer a Ie vendre , tant il eftimoit ces fleurs peintes d'après nature. Cornü/e, de retour a Harlern, débuta par un grand ta- bleau pour les Buttes des Arquebufiers : il y avoit .repréfenté les portraits des principaux de cette compagnie. Ce tableau fut place en 15 S $ ^ 1'année que van Mander alla s'étabiir dans cette ville : il fut furpris de la beauté de ce tableau , &il avouaqu'iln'auroit jamais cru trouver a Har- Jem un peintre de cette force. En efïet dans ce chef-d'ceuvre, outre les per-
feéfcions del'artj les couleurs font excellentesj 1'ordonnaBce belle, les mains d'un beau deffin , les expreffions nobles : ce ne font cependant que des portraits , mais tracés par Ie génie propre aux tableaux d'hifteire. Comme un poë'te peut im- mortaljfer fa plume par des éloges particuliers » un peintre peut éterniier fon pinceau par des por- traits : 1'un Sc 1'autre doivent intéreflêr autant Je public, que ceux qu'il repréfenté. Comme notre artifte nJavoit point vu l'anrique, il en amafla des platres ou autres précieux modèles , fur lefquels il fe forma Ie gout. La nature étoic fidellemenr imitée dans fes ouvrages : fon goüc de deffin n'eft nullement maniere. Il fit un grand tableau en long 3 repréfentanc
Ie Déluge , pour Ie comte de Leycefier: il répéta Ie même fujet pour Ie fieur Ferreris a Leyden. Lenu, les différens agesfont très-bien rendus. Le nombre de fes tableaux eft confidérable en grand Sc en petit : il faifoit bien le portrait 3 quoiqu'il Ji'aimac pas ce genre. Peu depeiutres ontétéplu^ Tome l. Q |
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14* La Fit des Peintres
------— loués. Houbraken dit que Cornille refufa 60 flo-
i$6i. rins d'un pied ü bieu repréfenté dans un de fes
tableaux , qu'on peut juger que 1'ouvrage en en- tier devoit être fans pnx , ii tout y égaloit la beauté de ce pied. Ce tableau eft place dans la même ville a la cour des princes. Lorfqu'ifou- brakens. voulu relever Ie mérite de quelques pein- tres } il 1'a égalé a CornelifJ'cn. Ses tableaux , quoique nombreux , font diffi-
ciles a trouver , par Ie cas que les connoifleurj en font, particulièrement les Flamands. Il eut plufieurs élèves qui ont foutenu fa réputation , tels que les Gaard Pieten de Delft , Cornille , Jacobs 3 Cornille , Enghelfens , Gerard Nop t Zacharie d'Alcmaer. Quoique Cornille travaillat continuellement j il mourut dans un age aflez avance en 1638 , agé de foixante-feize ans , 8c illaifla après luiun grand nom, des élèves fameux êc des tableaux admirés. Que pourroit-on ajouter a fa gloire ? |
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PIERRE
L A S T M A Nt
ELEVE DE CORNILLE CORNELIS.
Latsman naquit a Harlem en 1561. Tout
ce qu'on fait de lui, c'eft qu'il étoit élève de Cornille. Van Mander, en écrivant la vie des peintres en 1604 } dit qu'il étoiEalorsaRome, |
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Flamatlds , Allemands & Hotlandols. 24 j
& qu'il promettoic beaucoup. Les hiftoriens rap-
portent plufieursmorceauxdepoëfies afalouange ; j'auroii mieuxaimé voirde lui-quelques tabieaux ; xmis les éloges font fuppofer qu'il les avoit mérités. La rareté de fes ouvrages ou Ie hafard m'en ont privé. Je puis dire feulement qu'il pafle dans fon pays pout avoir bien compofé Sc bien peint. |
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J E A N
ROTTENHAMER;
ÉLÈVE DE DONOUWER.
R ottinhambr naquit a Muftich en
15 64. Il re$ut les premiers principes de Do- nouwer, peintre médiocre. L'élè ve s'appetc, ut bien- tótqu'un tel makre contribuéroit peu a fon avan- cement \ & n'ayant ni fecours ni modèle dans fa patrie, il prit leparti de les aller cherchera Rome. Il commen^a a compofer & a peindre de petits fujets fur cuivre \ mais il accrut fa fortune en donnant au public un grand tableau repréfentanc lagloiredes Saints.Tous ceux qui connoiflbient Ie peuitre, furent étonnés de voir changer tout-a-coup ia maniere. L'encouragement porta fes idees plus lom : il fut a Venife pour y apprendre a coloner; il copia d'abord Ie Tint»r$t, qu'il a toujours fuivi, tant pour Ie coloris que pour la pofition de fes figures. Il faifoit de petits tabieaux fur cuivre qu'ilvendoit fort ener, fans négliger 1'occafion |
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244 La Vie des Pe'mtres
— <le traiter de grands fujets. 11 fit une Annoncia-
tion pour 1'églife de S. Barthelemy de la nation allemande, 8c un« Sainte Frabonie pour celle des incu-rables. Ro ttenkamer k mznziV eriifc }8c aprèsy avoir
long-temps travaillé, il re:eurna en Allemagne & ie nxa a Ausbourg. Il peignit en grand & en petic. Il fit un grand tableau pour Ie maitre autel de 1'églife de Sainte-Croix, repréfentant la gloire des Saints: ce tableau, dont Ie fujet avoitdéja été traite par notie artifte, eft fupérieur al'autre. La compofition en eft belle j il y a fu vaner fes figures, fans rien outrer.La couleur & 1'intelligence ont fait confidérer ce ïableau comme Ie meilleur <le fes ouvrages. Quoique ce peintre eüt fait un long féjour en
Italië, il conferva toujours un refte du gout de fa nation, mais plus elegant & plus gracieux que ne font la plupart des peintres allemands. Il de- vint rnaniéré dans quelques-uns de fes ouvrages: les meilleurs approchent de la maniere du Tin- toret. Ses airs de têtes font gracieux. On s'apper- ^oit par-tout qu'il aimoit a peindre Ie nu : dans la plupart de fes fujets , il repréfentoit des nym- phes: ü donnoitde la grace a fes petites figures , qu'il touchoit avec bien de la nnefle. Il étoit fecouru par deux habiles artiftes , Ie Breughel 8c Paul Bril, qui peignoient les fonds & les payfages : fes petits tableaux font les plus eftimés & les plus connus en France. Pendant fon féjour a Ausbourg, il peignit pour
rempereur Rodolphe , Ie Banquet des Dieux : ce grand tableau a'e mérite de fes meilleurs ouvrages, ainfi que Ie Bal des Nymphes , qu'il fit pour ferdinand, duc de Mantoue. |
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Flamands j Allemands & Hollandois. 24c
La ville d'Utrecht eut de lui dans Ie même ~
temps une Aflbmptioa de la Vierge, & un autre tableau repréfentant Diane Sc A&éon. On voit de lui dans Ie cabinet de l'éle&eur
palatin , Ie Jugement dernier , la Naiflance de norre Seigneur, les Noces de Cana, Ie Jugemenc de Paris, Ie Bain de Diane. A Gand , dans Ie cabinet de M. J. B. du Bois, notreSeigneur dans Ie jardin des Olives. Dans Ie cabinet du roi de France , notre Seigneur portant fa croix: il eft peint fur cuivre. Au Palais-royal 3 deux tableaux fur cuivre, un Cbrift mort fur les ge- noux de la Vierge, &Danaé couchée fur un [ïu A Paris , chez 1VL Blondcl de Gagny, un petin tableau repréfentant Ie Feftin des Dieux : Ie payfage eft de Brcughel de Vlour. Chez M. de la Bouexiere , Ie Feftin des Dieux en grand, & Ie Bain de Diane en petit :1e payfageeft de Breughel de Vlour. Chez M. de Julienne, chevalier de Saint-Michel , un petit tableau de Diane au bain: ie payfage eft de Brcughel de Vlour. Rottenhamcr, malgré tant de produóHons, étoit
continuellementdans uneforte d'indigence : pro- digue & diffipateur, il mourut pauvre, & fesamis fiirejit obligés de fe cotifer pour Ie faire enterrer,. |
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ABRAHAM
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BLOEMAERT.
BtoEMAERT naquit, felon Houhraken l
,______ en 15 64 , & felon Sandraert Sc van Mander y
1564. en 1567 , dans la ville de Gorcum. Dès 1'ea-
fance il copia des deflitts de Franc-Flore , avec une extreme application : il ne dut fon talent qu'a la nature , n'ayant eu pour maitres que des artiftes médiocres. Son père Ie mit chez un bar- bouilleur, qui lui fit peindre quelques figures pour un maïtre en fait d'armes. L'élève faifoit moins de cas du maïtre , que Ie maïtre n'en faifoit de 1'élève. II Ie quitta pour aller chez Jüfeph de Beer, élève de Flore, qui demeuroic |
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la Vie des Peintres Flamands, &c. 147
aufli 3. Utrecht : ce dernier- n'avoit d'autre mé- "~ 7~ nte que de pofleder de grands modèles, tels * que eeux de Blocklant. Bloemaert retta quel- que temps a les copier. Son père lui fit avoir dans la fuite de bons tableaux. On eftimeune copie d'après Langen Pier} dont Ie fujet étoic grote/que , maïs bien rendu : c'étoit une cuifine s avec fes uftenfiles. Jl travailla depuis chez van Heel, quiaii-heu d'en faire un élève , 1'employoic ddes foncYions viles. Peu fatisfait de fa condition , fon père Ie pla^a chez flcnri Wythotck } oü il'au- roit pu profiter , fans la femme du maitre , qui 1'obligea de quitter , dans la crainte que par fon talent il ne décréditat celui de fon man. Fatigué de fa mauvaile fortune, Bloemaert quitta fa patrie. a 1'age de 15 011 16 ans , & fut a Paris: il s'adrelfa. a Jean Bajjat & a maïtre Hery y tous deux peintres médiocres: il ne refta avec eux que trois- jwois, dedinatit Sc peignant toujburs de génie. II- quitta cetce dernière ville pour retounier dans la- patrie : il pafTa d'Utrecht a Amfterdain avec fon père , qui y fut recu archirede , 8c gratifié d'une penfion. Abraham exerca fon talent dans cette ville 3 & y fit entr'autres tableaux , Niobé &1 fesenfanspercésde flèches par Apollon &Dïane». Les figures font grandes comme nature, & la compofoion en eft belle ; il a répété ce même tableau pour 1'empereur Rcdolphe, qui parut frappe de la beauté du premier. On voit de lui un Feftin desDieux, peintdans Ie même temps pour Ie comte de la Lippc : les Plaifirs & les Ris y font caradténfés, & la difpoGtion générale touche ■ Je fpeébatenr. Tous les genres de peindre lm étoienï- familiets ^hors celui du portrait. Son génie ne- |
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i4^ ■£« Vit des Pe'mtres
~ potivoit s'arrêter long-temps a imiter un feul ob-
J^ 4* jet. Il faifoit encore crès-bien les coquillages &
les monftres marins: pour rendre ces chofes in-
téreflanteSj il ajoucoit dans les fonds une Andro-
mède , ou quelque figure qni eüc rapport au fujet.
Bloemaert, avec toutes les qualités d'un grand
peiiitre, euttrop deconfiance en fon propre génie: fes compofitions plaifent, parce qu'il fut y répandre des gracesj mais il intérefie peu les artiftes par Ie gout maniere de fon deflln. Ses draperies fesnt d'afTez bon gout, & feroient plus fimples 4 fi la nature avoit été confultée. Il colo- rioitbién & connoiffbit les avantages du clair-ob- fcur, dont il a fu tirer parti. Tous fes tableaux portent Ie caraótère d'une produétion facilej ils font peu connus en France : la Hollande , la Flandre & 1'AUemagne pofsèdent en partie tout ce qu'il a fait. Après la mort de fonpère, il retourna aUtrecht,
ou il eft mort en 1647 , agé de plus de 80 ans. Il fe maria deux fois & laifla trois fils, Henri , Adrien & Cormlle. Le bonheur qu'il a eu de devoir fes talens a fon génie, l'a dédommagé du malheur d'avoir eu de mauvais maïtres. Le duc d'Orléans a un tableau d''Abraham •
c'eft un Sainc-Jean qui prêche dans ledéfert. |
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Flamands, Aücmands & HoUandoïs. 149
J A C Q U E S
DE G H E Y N,
ELEVE DE SON PER.E JEATST DE GHEYN.
De Gheyn , naquit a Anvers en 1565, de Jean ——-—
de Gheyn, fort bon peintre fur verre & en 1 $ $' détrempe : il peignoir, vers la fin de fes jours, fes cartons a 1'huile fur des toiles: fes portrairs a goiiafle étoient auffi affez eftimés. Il mourut agé de cinquante ans. Il laifla un fils agé de dix- fept ans, & ü bien inftruit dans Ie talent de fon père,qu'il futchargéde finirfesouvrages.Comme il avoit graré avec aflez de fuccès, fous les yeux de fonpère,il lui confeilla en mourant, d'aban- donner !e pinceau pour Ie burin : il ne laifïa ce- pendant pas de peindre fur verre & de graver altcrnauvemenr. Les liaifonsqu'il eut avec lesjeunes gens de fon
age, lui firent négliger fes études : il fe mariadans l'intention de fe livrer plus tranquille;nentafon arr. Toute fon envia étoit d'étudier la nature : il fentoit bien qu'il ne pouvoit la pofféder , qu'en s'exer^ant a peindre 5 car on fait que la gravure 'eft auprèsde lapeinture , ce que la copie eft au- près de fon original. Il abandonna 1'une pour 1'autre, & il regretta
Ie temps qu'il avoit perdua graver. N'ayant point de maitre pour 1'inftruire dans les différens tons de couleur, il imagina lui-même une methode |
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15 o La. Vie des Peintres
aflez fingulière : il prépara une grande plaiiche,'
qu'il divifa en cent petits quarrés , peincs dans une différente combinaifon de couleurs : il donna les ombres & les lumièresa chaquepetitquarré , & diftingua les couleurs amies d'avec celles qui ne s'accordoient pas: chaqne quarréétoit numéroté , & il eutfoin detranfcrire dans un petit hvre fes obfervations & fes remarques. C'eft de cecte maniere qu'il apprit apeindre a
1'huile. Il commenca aufii-tót un vafe plein de fleurs, d'après nature : ce premier tableau , qui a furpris les peintres, étoit dans Ie cabinet de M. van Os a Amfterdam. Le fecond étoit un grand Bocal avec des
fleurs : ce morceau étoit traite parement & bien touche il'Empereur le fit acheterayecunrecueil de fleurs & d'mfedtes, peints a. gouafTe d'après nature parlemême auteur. Ses tableaux ont été admirés de fon temps j
6c quelques-uns ont un mérite réel: du pinceait dont il peignoit le cheval du prince Maurïce a la tète de fon armee., il trac.oit Vénus & 1'Amour. Il a fait de bons élèves en gravure , tels que
Jean Sanredam & Dolendo : ce dernier mourut jeune; un autre appellé Robcrt 3 & Corniik pafTa en France. |
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Tlamands} Allemands & Hollandois, 151
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J E A N D A C H.
JD ach, élève de Barthelemy, naquit a Cologne
en 1566. Il quitta fa patrie pour voirllraliej en revenant chez lui, il paffa par 1'AUetnagne, oü 1'empereur Rodolphe II con^ut une eftime particuliere pour lui & pour fes talens : il fe prit a fon fervice, & Ie renvoya en Italië pour y defllner les plus belles antiques. On voit de fes deflïns en Angleterre : les contours en font fer- mes & élégans,& Ie crayon artiftement manie\ il a fait beaucoup de beaux tnbleaux peur la cour de Vienne , oü il niourut fort agé, comblé d'honneurs & de richefles. |
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TOBIE VERHAEGT.
V erhaegt, de la ville d'Anvers , naquit
en 1566. Il s'eft diftingué dans Ie payfage \ il en diftribuoit les parties avec un gout qui lui étoit particulier: ilfavoit agrandir fes fonds par Tintelligence des tons aè'riens: tout paroiilöir d'une grande étendue. Les ruines & les monta- enes lui ont fervia interrompre fes plans : fes ar- bres ont une forme choiiie & naturelle \ tout étoit harmonieux & intéreflant dans fes tableaux. Avec cette réputation il voyagea en Italië: Ie Grand-duc de Florence fit tbeaucoup de cas de foii talent j Sc Rome même admira la Tour de |
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151 La Vie des Pelntres
Babvlone , ouvrage immenfe dans fes détails,
l$ ' que Verhaegt y peignic pour fe faire connoitre. Cornille dcBie(i) dit qu'il fit Ie même fujet trois ouquatre foisdepuis.La villede Lière enconferve uu des quatre: les figures en ont étépeintespar Franck. Verhaegt quitta enfin l'Italie & vint s'é- tabiir a Anvers j 011 il mourut en 1631, agé de 6 5 ans. Carle van Mander en parle, dans la vie d'Ottovenius , comme d'un excellent payfagilte. |
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JOACHIM
UYTENWAEL,
ELEVE DE JOSEPH DE BEER.
U ytenwael naqu:t a Utrecht en \^6G.
Son pèra peignoit fur verre. Il étoit petir- fils , clu cóté de fa mère , d'un afTez bon peintre appellé Joachim van Schuych. Uytenwael fut vitrier& peintre fur verre jufqu'a 1'age de iS ans. Dégouté ennèrement de ce métier, il entra chez Jofeph de Beer _, peintre médiocre , 011 il apprit a peindre environ deux années , après lefquelles il prit la route d'Jtalie. Il refta iPadoue, Sc fit con- noiflance avec 1'évêque de S. Malo : il voy3gea par toute l'Italie & demeura quatre années avec ce prélat, dont il pafla deux ans en France : il employa ce temps a peindre pour ce Mécène, Sc retourna a Utrecht 3 oü il a toujours demeuré» (1) Peintre flamand, a écrit la visdespeintresjcn vert.
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Flamands j Allemands & Hollandois. 153
On ne fait s'il faifoit mieux en grand ou en petit,
tant il favoit rendre fes tableaux piquans : une x* bonne couleur & une compofiuoa facile ne laif- fent rien a defirer dans fes ouvrages. Son deffin eft aflez corredt y mais maniere j fes airs de têtes , toujours les mêmes _, font dans Ie goütde Spranger jou quelquefois de Bioemaerc ; les poiï- tions de fesfigures font outrées, & fes maius for- cées en forme de crochet. Peu attaché au coftume, il drapoit de fan-'
taifie , fans examiner Ie vrai. Indépendamment de 1'hiftoire a laquelle il réufliiTbit aiFez bien, il entendoit encore a peindre les cuifines de leur? uftenfiles qu'il rendoit d'après nature. On a vu chez un amateur italicn,a Anvers, un tableau de dix pieds fui fix de hauteur , oü Loth & fes lilles font repréfentées : ce morceau a paffe pour un de fes plus beaux j Ie nu étoit bien peint, 5c la compofition grande & d'un meüleuc gout de deiïin qu'a fon ordinaire. Van Mander cite de lui un petit tableau fur
cuivre repréfentant Ie Feftin des Dieux : ce tableau eft préfentement chez l'éleéteur Palatin. Le même hiftonen parle aufll avec éloge d'tin autre du mêmej repréfentant Vénus & Mars: ce fujet a été répété. Uytenwael fuc eftimé comme Un des bons peintres flamands. |
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V"u des Pe'intrts
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HENRI CORNILLE
VROOM,
É L E V E
de CORNILLE HENRICKSEN,
SON BEAU-PEB.E. |
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ij66. Vroom naquit a Harletn en 1566. Il per-
dir fort jeune fon pcre appellé Henn Vroom , bon failpteur, & excellent pour la coupe des pierres: la inère époufa depms Cornille Hcnrickfen, petntre en fayance , qui lui enfeigna fon talent, il quitta la maifon de fon beau-père, qui Ie traitoic avec trop de dureté. -Après avoir voyigé en Efpagne & en Italië, & s'ètre échappé d'un nau- fiage , fon penchant Ie porta a peindre des ma- rines & des vaifleaux : c'eft fur fes deflïns que Francois Spirinxs fit des tapilleries pour Milord Hauwart, amual d'Angleterre : il y avoit repré- fenté Ie combat naval de 15S8, entre la flotte d'Efpagne & ctlle d'Angleterre. Sa réputation augmentoic avec fes produc-
tions: il pafla quelque temps en Angleterre , oü il fut bic-n re^u, & particulièrement de 1'amiral Hauwart j qui lui fit préfent de 100 florins. A fon retour, il fit un tableau repréfcntant
Ie feptiètne jour delabatailleentreles dciixflottes d'Angleterre & d'Efpagne : ce tableau pluc beautoup au comce Maurice Sc a Tamiral Jujiin. |
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Flamands, Alltmanis & Hollandols. 255
II peignit Ie départ de la flotte de Zélande , Sc~
Ie combat prochede la ville deNieuportjilles fit graver, & les préfenta aux Etats & aux principales villes dom il recut des préfens confidérables. Il mourut fort eftimé & très-riche. Son talent
ctoit de peindre des combats fur mer , des pay- fages 9 des chateaux , des ifles , &c. PIERRE CORNILLE
VAN R Y C K,
ÉLEVE DE JACQUES WILLEMS.
De Ryck naquit a Delft vers 1'an 1566. Il
fut place chez Jacques Willcms , oü il ne refta que deux mois., Sc ennz chez Huèert Jacobs, bon peintre de portraits, dans la même ville : il paffe enfuite en Italië avec fon maïtre, oü il exerca pen- dant quinze ans fon pinceau a copier les grands modèles & aétudier. Il travailla fous la conduite des meilleurs de fon temps j& fut employé par pJufieurs princes & prélats. Il retourn» s'établir a Delft. Il peignoitégalement a 1'huile Sc i fraif- que : fa maniere eft belle j il paroït qu'il a parti- culièrement étudié Ie BajJ'an ; fes figures & fes anixnaux font dans Ie même gout. |
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MICHEL
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M IR E V E LT,
ÉLÈVE DE BLOCKLAND.
— ■' JU eft regarde comme un des plus fameux peintres
1568. depottraits:il naquic en i5<J8j dans la ville de Delft, d'une familie aifée. Son père , habile or- fèvre, cultiva fa jeunefTe: s'étant apperc^i des gran- des difpofitions de fon fils , par les progrès qu'il faifoit dans 1 écntnre , il Ie pla9a chez Jerómc Wierinx , fort bon graveur. Son application Ie mit en état de mettre au jour plufieurs planches de
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La Vit des Peintres Flamands , &c.
'de fa compofiron , & qu'ii grava dès 1'age de onze oij dquze ans. 'Mats ion inchnatidn pour la peintme lui fit quirtei Wisrinx pour lemettre fous Blockiandt. Il abandonna le burin pour le pin- ceau ,& eet échangehit heureux , comme il parut ■dans la fuite. Perfonue n'a mieux fuivi fon maïtredans la difpofition de fes fujets j dans l'har- monie de la couleur j & dans l'imitation de fa maniere. Sa répiitation le fit connoïtre des érran- gers. Charles I, roi d'Angleterre, voulut 1'attirec a fa cour pour fe faire peindre avec la reine Hcnriette de Bourbon , fille de Henri IV ^ mais la pefte qui défola Londres j fut caule que Mirevele refufa eet honneur. Ilnequittoit la ville.de Delft qu'en failant de temps en temps quelques voyages a la Haye, pour peindre lesprinces de la mailon de Nafiau, ou quelques autres feigneurs. Le duc Albert employa aufli le pinceau de Mircvelt. Il hu fit une penden ; & afin de fe 1'attacher , il lui laifTa la hbtrté de ronfeience a fa cour : grace d'autant plus finguhère , qu'il étoit Mennonitc, Sc qu'alors on pourfuivuitvigoureufernentcfcttefeóte redoutable. Le nombre de fes portraits eft ii confidérable ,
qu'il pafTe dix mille. ;l s'en faifoitbitn payer. Ses tableaux de fonne o'.dinaiit étoitnt a 150 flo- rins 3 & ceux des aucres <:r no urs a proportion. Il a fait qutlaues tableaux repréfei-iant des cui- fïnes. Il finidoit bien fes tctes : les iievenx & les poils tenoient aiïlzde la touche d'Holteen. On peut connoïtre le taknede ce peintre par les por- traits que fon beau-f rere W ülem ( Gnillaumc ) Delft a gravés. Son nature! doux&pohle nt efti- mer 3 & le rendit agréable dans la fociété. Il Tomel. R |
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La Vie desPeintrcs
mourut dans la ville de Delft Je 17 aoüt 1641 ,
Ij68. agéde7jans. Il laiiïa deux hls: 1'aïné 3 Pierre Mirevelt, a foucenu la réputation de fon père j il travaiüa dans fon genre, Sc approcha beaucoup de fa maniere. Le talent du fils Ie remarque dans Ie tableau qu'il fit dans la chambre des chirurgiens de la ville de Delft. Tous {es portraits font vrais & bien finis. Michel Mirevelt a fait de fort bons élèves : Paul Moreel^e s Pierre Gueerrk^ Montforty Nicolas Cornelis, Pierre Dirck> KLuyt> & bien d'autres qui font honneur a fon école. |
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E V E R A R D
KR Y N S ,
ELEVE DE VAN MANDER PERE.
K.R.YNS demeuroit a Ia Haye en 1^04. Il
avoit voyagé long-tempj > & particulièremenc en Italië, ou il avoit étudié les grands maïtres. Sa maniere de peindre ctoit agréable 8c facile. L'hiftoire & Ie portrair nc oécé égalemenc bien traites par cec arcifle. |
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Flamands, Allemands &Hollandoisi
] E A N
NIEULANT.
JNihulant , natifd'Anvers, recut les premiers
principes de la peinrure de Pierre FranJ\. Ce dernier naqiut a Helvezor dans Ie Sund, en 1569 : fa familie éioit d'Harlem. Il fka fa demeure d Amllerdam, oü Jean Nieulant avoic fuivi fa familie j pour fe dérobec aux cruautés des Efpagnols qui ravagèrent les Pfl/s-Bas. Il fut depuis élève d_- Francois Badens, aufli d'An- yers, & refugié dans cette ville des 1'age de cinq ans , oüil vinten 15^0 pour éviter les troubles de fon pays. Nieulant étoit fort bon pemtre en petit; il compofoit bien les fjjets de la Bible , & faifoit bien Ie payfage. On ne fait point 1'aa- née de fa mort. |
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PIERRE ISACS,
ELEVE DE JEAN VAN AKEN.
J.S.ACS j né a Helvezor en 1569, commenga Ia
peinture a Amfterdam chez C. Ketel. Après un an 5c demi, il Ie quitta pour aller che? van Achen, avec qui il voyagea en Aiiemagne Sc par t >ute 1'Italie. Quoiqu'il aic fait plufiéurs rableaux , il s'attacha particulièrement au portrait: il y exceila. R %
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La Vie des Peintrts
On voit a Amfterdam nn grand nombre de fes
ij5>5>." portraitsjilpeignoitune tête d'une grande reflem- blance,& les mams étoient parfaiftfinaut deflmées. Il imitoit les fatins 8c les autres étofFes avec une grandejérité. On ne fait ni Ie lieu 3 ai Ie temps de fa morr. |
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J O S E P H
'S W I T S E R ,
OU LE SUISSE,
'A.USSIELEVEDEVAN ACHEN.
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——— Owitser écoit de Berne eny Suifle : fon père,
*57Ot architedle de la niême ville , concrü ua beaucoup a rendre Jofeph artifte. Il fut a Rome , fans avoir prefqu'aucune pra-
tique de la peinture. Il n'avoit fait que deffiner : van Achcn Ie re$ut chez lui ; & Ie difciple , par fon appücation , devint bon peintre en peu d'an- nées. Il deflina tont ce qui lui parut remarquable dans Rome & aux environs: il s'étoit fait une maniere facile Sc fpirituelie a deffiner a la plume, avec un lavis a 1'encre de la Chine. L'Empereur admira fes ouvrages , Sc fur-tout
fes deffins. Il en fit de beaux fur 1'antique a •Rome, par ordre de ce prince. On Ie croit more a fon fervice. |
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Flamands, Alkmands & Hollandois 2.61
ABRAHAM
JANSSEN S.
\_J N n'a pu favoir précifément Ie temps de
la naiflance eie JanJJens. Il éioit d'Anvers , Sc fut contemporain de Rubens. II a égalé ce dernier dans bien des parties } Sc peut-être 1'au- rou-il furpaflé, s'il eüt continue la peinture au- lieu de la négliger. Tiop jaloux de la gloire de ce grand peintre., il donna dans des écarts. Ce fut lui, comme il feia dit dans la vie de Rubens^ qui propofa nn déri a ce peintre. Ses tableaux d'hiftoire , tant pour les églifes
que pour les maifons royales & les cabinets , ftxrent recherches Sc eftimés par les princes & les grands feigneurs. Plnfïeurs Pélevèrent au-deflus «ie Rubens, & laflaterie Ie perdir. Il auroit eu befoind'amislnicères quilnieulïèntdonné uneplus jnfte idéc de fes talens & de cenx de fon nval. Il mie Ie comhle a fes folies , en époufant une femme jolie Sc jeune, qui ne lui apporta d'aurre dot cju'un grand penchanr a la diffipation & a la prodigalité. A peine !e vit-on alors travaillcr deux heures par jour. Toute occafion de plaifir fuc fiiifie: il perdit un temps précieux dans les pro- rnenades. Les guinguettes lui fervoient d^atte- Uer. Il devinc pauvre ; mais fa misère ni fa vanité n'ont point obfcurci fon merite. Il falloit qu'il en eut beaucoup. R 3
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La Vit des Peintres
Janfjens avoit une belle maniere ; fes compo- fitions ont Ie feu des plas grands rmïtre;, 0011 deflin eft plein de gout, h touche facüe & r -uW tie ; fes draperies font jeuées 8c pliées avec choix. Une difpofition admirable dans fes fujets, & fou« tenue par une entente fivante du clair-obfeur , donnmt de la force a fes tableaux , Sc lui étoit particuliere. Il étoic fur - tont grand colonfte. C'eft avec des talens de cette efpèce, qu'il a mérité d'ètre égalé aux plus habiles peintres flammds. Il aimoitirepréfeiKer desfiJets écbirés au flambeau. IJ aitnoit cette extremité du clair au grand brun. Sans ètre noir dans £es ombies, on eft furpns de 1'éclat qu'il a donné a ce qui eft éclairé.Dejx grands tableaux dece maure,expofés au public & places dans Téglife des Carmes a Anvers , porteront fa réputation plus loin que nos eloges. En entrant dans cecte églifeonvoit Ie premier a la drnite j il repréfente notre Sei- gneur mis au tombeau: 1'autre a la gauche , repréfente la Vierge qui tient 1'Enfant Jéfus. Ony voitauffi Sainte Catherine, Sainte Cecile & plufieurs Vierges avec des Anges. Ces deux tableaux d'une compofition fort riche , tiinfi que leurs figures plus grandes que nature , font d'ura beau choix de deflin & d'un excellent coloris. On y trouve tontes les belles parties de 1'art raf- fembléesavec jugement. On connok encore de lui deux autres tableaux dans Féglife de Saint Bavon cathédrale de la ville de Gand. Le pre- mier eft place au delTus de la table des pauvres ; & 1'autre eft une belle Defcente de Croix, tableau d'autel dans une chapelle. Il a peint dans Une autre chapelle de 1'églife de Saint Nicolas, ua |
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L
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Flamands 3 Allemands & Hollandois.
Saint Jérómel, & dans laparoiiïede Saint Pierre, Ie tableau d'aute qui repréfente la Vierge cou- ronnéedans Ie Ciel. Il eft peu d'églifes en Flandres, oü 1'on ne voye
quelques tableaux de ce maatre. Mais Ie chef- d'ceuvre de Janjfens eft la Réfurreótion du Lazare. Ce tableau , 1'objet de l'admiration des connoif- feurs , eft dans Ie cabinet de 1'éledeur Palatin. |
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G ER RIT (GUERARD)
NOP.
JN o p naquit a Harlem vers 1'an 1570 : il--------
voyagea en Allemagne , &: paffa plufieurs 1570.
années en Italië , particulièrement a Rome, On ne nous apprend rien du genre de peinture dans lequel il s'eft exercé. Van Mander ditfeulement qu'a fon retour dans fa patrie , il fe vit en état de donner des preuves de fon talent. |
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J E A N L Y S ,
ELEVEDEHENRI GOLTZIUS.
I L naquit a Oldembourg. Il quitta Ie lieu de
fa naifl~ance pcir entrer dans 1'école de Henri. Golf(ius. Né peincre , Sc inftniit des principes par un habile honoie , il fe perfeótionna ca R4
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l 6 4 La F ie des Peintres
peu de temps dans Ia maniere de fon maïtre.
bfè l i i |
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de
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1370.
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ne pouvoir aifément les diilinguer: les villes
d'A.mfterdam & d'Harleni confervent quelques tableaux de ces premiers temps-la. Le defir d'exceller dans ion talent Ie décerrnina
i voir les grands maïtres; il fut d Paris , dela a. Venife &a Rome. Il changea de maniere dans cette dermère vilkj & retourna & Veniië: les tableaux qu'il y fic font en difFérens genres & en nombre confid ;rabie , en grands & petits. Daais 1'églife de Saint Nicoias de Tolentia;, il fit Saint Jéróme dans le défert , une pi nnea la main , écoutant avec efFroi ie fon de ia trompette du jugement deraier. Ses tableaux en grand eurenc de la réputation , ó<r ceux qu'il fit en pent ne riirent pas moins recherches. Parmi ceux d'inf^ toire en pede , on regarde comme précieufe une repréfencatlon d'Adam ik d'Eve qui pleurent la mort d'Abel. Ses figures nsarquent bea-.icoup d'efprit dans les expreffions. On vante de lui la Chute de Phaëton , «lont le char & les chevaux tombent du Ciel : un beau payfage en fait le fond. On voit des Nymphes dans lc bas qui paroiflent eflSrayées. Il a peint des Fêtes galantes, de petits Concerts, des Bals ave.c des habits de mode a la véuitienne, des Nóces de villageois & leurs Danfes , ainfi que d'autres fujet, ou il a fu mêler habilement les ajüftemensantique. avec les modernes. Ces compofitions mixtes plurenc amant que les autres. On a aufll de lui pluiieurs fujets repréfentanc
les Tentations de Saint Antoine. Le nngulier & 1'efprit, joints a la couleur, 1'expreflion Sc la touche, fonc le mérite de ces rableaux recherches. |
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Flamands 3 Allemands & Hollandois. 16$
Son admiration pour 1'antique a toujours paru
lorfqu'il encourageoit fes élèves. Pour moi 1570.
( difoit-il) il eft trop tard de fuivre 1'antique \
mon gout de deflin eft trop éloigné; il m'en
coüteroitbien du temps pour y parvenir, & peut-
être n'approcherois-je jamais de la perfeótion que
je defke. Le Tuien, Paul Veronèfe 3 le Tintoret
Sc le Feu, font ceux que je prends pour modèles.
On voit effe&ivement qu'il s'eft fouvent méta-
morphofé; chaque genre que j'ai notnmé ci-deflus
tenoit de fes modèles. Il emprunroit de 1'un la
bonne couleur , de 1'autre la force & les graces »
& de lautre la déücateffe du pinceau.
Sandrart, qui a vécu avec lui, dit qu'il étoic
long-temps a penfer fur le fujet qu'il vouloit trai- ter; mais le fujet une fois décidé dans fon imagi- nation , il alloit de fuite \ rarement changeoit-il fes compofitions. Tant de talens ne purent le détourner d'une
intempérance qui le ruina de toutes manières. Il pafloit fouvent deux ou trois nuits a boire , & on ne revoyoit ce peintre que lorfque fa bourfe comraenc,oit a fe vuider. De retour chez lui, il accommodoit fa palette , peignoit jour & nuit, & le tableau fini il retournoit au cabaret. Il pei^nir en Flandres plufieurs tableaux d'hif-
toire & des Converfations ; mais n'y ayant point d'académie pour fatisfaire 1'ardear qu'il avoit de deflïner, il partit de nouveau pour Venifej ou il mourut de la pefteen 1629 } dans le temps même qu'il crovoit aller joindre Sandrart a Rome. Houbraken 1'égale aux plus grands maïtres. Il
judique deux tableaux j favoir, 1'Enfant Prodi- |
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166 La Vit des Peintres
•'
\t-ja, M. Schelling, d'un beau de/ïïa_, Scpe'mts comme
ceux de Rubcns 8c de van Dyck réunis. Son deilïu eft quelquefois fort beau, fa cou-
leur toujoiirs vigoureufe, fon pinceau moelleux, & fes compoficions pleines d'efprir. |
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L U C A S
ACHTS'CHELLING,
ELEVE DE LOUIS VADDER.
Achtschbiuns, de Bruxelles, fut
«ufli éiève de Louis Vadder} bon payfagifte. On voit de lui beaucoup de tableaux a Bruxelles & ailleurs. Sa maniere eft très-facile 8c large. Ses arbres ont tousdu mouvement, font bien deflïnés Sc bien feuillés 5 fes fonds font d'un beau fini & de bonne couleur. |
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MARTIN
R Y K A E R T.
RykaeRT fut grand payfagifte. Sa maniere
tient beaucoup de celle de Jofeph de Monper. Il entendoit bien a repréfenter des débris d'ar- ehite&ure , des ruines remplies de mouflè , |
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Flamands 3 Allemsnds & Hollandois. 267
des Rochers , des Montagnes, des Chütes d'eau, "
des Vallées a perte de vue. Beaucoup de fes ''
tableaux ont été enrichis des figuresdu Brtughelde Vlour, & pUifent fort aux amateurs. |
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A N D R É
VAN ARTVELT.
V an Artvilt d'Anvers peignoir des marines
avec beaucoup de vérité. 'es orages font bien reprefentés ; fes ubleaux ont une grande force. J A C Q U E S
VAN ES.
V an ESjnatif d'Anvers, s'eft fait un nom en
pcignant des poiflbns j oifeaux, fleurs & routes fortes de fruits. Il repréfentoitla nature avec tant de vérité , que fes tableaux ont fouvent trorripé la vue. On ne peut mieux copier Ie coquillage , les écrevifles, les crabes Sc autres poiflbns de cette efpècc. Il réuffit aulli parfaitement en imitant les fr aits. Sa légèretédans fes fleurs les rend d'un beau tranfparentx& d'une belle couleur. Voilice qui £.nt Ie mérite de fes tableaux : on voyoitles pepinj dans fes raifins, a travers leur peau. |
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^catffiuiu
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2 68 La Vie des Peintres
GUILLAUME et GILLES
bareréel:
Oes deux frères, nés a Anvers 3 furent différens
IJ7O. dans leurs genres & dans leurs moe ars \ l'un f>eignoit Ie payfage , 1'autre lafigure-, l'un aimoit
a. magnificence j & 1'autre la fimphcité ; l'un eft mort a Anvers , & 1'autre a Rome.' lis ont écé les defcendans habiles d'une familie confacrée aux arts. Rome a toujours pofledé quelques artiftes de ce nom \ s'il en partoit un , il y en revenoit deux. Sandrart en a compté fepc a huit dans Rome du même nom; tous avoient du mé- rite , & tous aimoient Ie plaifir. PIERRE
VANDER PLAS-
O N fait que ce peintre eft Hollandois, fans
favoir Ie nom de fa ville , pi Ie temps de fa naifTance , ni celui de fa mort. On connoit de lui plufieurs grandes compofi-
tions, qui Font fait regarder comme un grand peintre. La ville de Bruxelles coaferve beau- coup de fes ouvrages: il tnoufut dans cette ville «u il a beaucoup travaillé. |
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Flamands } Allemauds & Hollandois.
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J A C Q U E S
DE GHEEST.
JJe Gheest , quoiqne grand peintre d'Anvers,
n'a laifle de traces de fon merite que dans les poëfies du célèbre Vondel , qui 1'a comblé de lonanges: mais quelques vers d'un poëte illuftre affurent 1'immortalité. G U E R A R D
B A R T E L S.
T o u t ce qu'on fait de Bands , c'eft qu'il
finit fa vie malheureufement. Une pierre d'une grofleur enorme écrafa ce peintre, qui fut très- eftimé dans fon are. PIERRE NÉEFS,
ELEVE DE HENRI STEENWYK.
Pierre Néefs, dont les ouvrages font fi nom-
brenx malgré leur grand fini , n'eft connu que par fes tableaux. On ignore les particularités de fa vie,, 1'année de fa naitfance & ceüe de |
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La Vu des Pcintres
■ fa mort. Il naquit a Anvers j Sc fut élève d«
i f,o Stéenwyck 3 qu'il a toujoars pris pour modèle. Il ne s ecarta pas d abord du principe do ion mai- tre , qui étoit de n'avoir d'autre guide que la nature. Il repréfentoitl'intérieur des églifes gothi- ques avec tant d'exaótitude, qu'on reconnoït aifé- ment toutes celles qu'il a peintes ou imitées, Sc fouvent répétées. Néefs, en habile artifte , a fu tirer avantage
de ce genre de talent. Il auroit pu devemr froid & peu intéreflant} mais Ie génie eft fécond en reffburces. Chaque tableau de ce mairre eft digne de l'attention des connoilFeurs. On faic qu'une feule lumière éclairant un baciment regulier , ne peut produire les effets frappans qui rémltent des oppofmons & des dégradations ienfibles; il a fu y fuppléer. Tantót c'eft un Buffet d'orgue, tan- tót un Maufolée qiii, place heureufement, inrer- rompt la régularité j & donne roppofition des ombres & des lumières. C'eft ainfi qu'il a rendu piquant tout ce qu'il a peiat. Les tableaux clairs de ce peintre (ont les plus eftimés, & 1'on voit qu'il a cherché a fornr de la première maniere obfeure de fon makre. Mais, quoiqu'il fütfoumis a des régies ferviles, il ne faifoit jamais mieux que quand il repréfentoit des nuits ou des églifes fom- bres , puifqu'on y découvroit jufqu'aux plus petits détails. Si les ombres, les lumicres & la bonne couleur fonr répmdues dans fes ouvrages, on y appergoit encore une vapeur dégradée qui fait recaler les objets 8c diftinguer les degrés de dif- tance eatra les chofes repréfeutées. Comme il ne peignoit pas bien la figure , i! laiflbit cette partie a remplir; les Franck, les Tenicrs, Breughel, van |
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flamands, Alhtnands & Uoïlandois. ijl
Thulden, Sec. ont orné les tableaux de ce maï-"" • tre.On en trouve encorequeloues-unsfans figuresj lS7°* Toici lts principaux qui font connus dans Paris & ailleurs. Dans Ie cabinet de M. Ie duc d'Orléans, deux
tableaux fur cuivre \ 1'un repréfente Ie dedans d'un églife vue de face. On y voit un prêtre fous un dais, portant Ie viatique a un malade j 1'autre eft dans Ie méme gout : les figures font üAbraham Teniers. Dans Ie cabinet de M. Ie comte de Choifeul,
un tableau de 14 poucesde haut, fur 11 & demi de large. C'eft Ie dedans d'une églife éclairée aux flambeaux : on y voit un prétre a 1'autel, cele- brant la mefle de mimik , & beaucoup de figures peintes par Breughel de Vlour. Dans Ie cabinet de Ni.de Julienne, cinq tableaux
repréfentant des églifes dans leur intérieur. Dans un de ces tableaux , qui eft fort clair , on voit un prédicartur en chaire , au milieu d'un audï- toire nombreux. Il y en a deux autres petits en ovale, bien nnis , & avec des figures. Dans It cabinet'de M. Ie comte de Vence , Ia
repréfentation de 1'intérieur d'une grande églife* Ce tabler.u eft en long, & 11 y a de;, figures. Chez M. de Jully de la Live, 1'intérieur d'une
églife c'^nvers. Tableau en long, avec des figu- res de Franck. Chez M. ie Proir, une petite Églife très-cJaire,
avec figures; c\ ft du plus beau de ce maïtre. Ce tableau eft de forme ovale , de quatre pouces Sc demi de haut fur fept pouces de large. A Gand, dans Ie cabinet de M. ƒ. B. du Boisf
font deux de ces tableaux en long, repréfentant |
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y La Vu des Pe'inires
■
ÏJ70. figures. Tous deux font du bon temps de ce maitre. On voit du même , dans la même ville, chez
M. van Tyghem , trois tableaux repréfenrant des églifes avec des figures. On en trouve encore beaucoup dans d'autres cabinets de Flandres. On fait quelquefois pafferfous fon nom plufisurs tableaux de fon fils , Pierre Ne'efs, fon élève , qui a finvi la même maniere _> maïs avec bien moins de fuccès. On n'a rien appris de la vie ni de la mort de ce peintre. |
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THÉODORE
B A B E U R.
Babeur, hoilandois , peignoit dans la maniere
de Pierre Kécfs. N'ayant rien vu de lui, je aeferai que Ie nommer. CHRISTÜPHE-JEAN
VANDER LAENEN
Vander Laenen peignoit ordinairement des
ftijets gaians , des aflemblées & des tabagies. L'amour & Ie vin y dominent, & y prennent quelquefois des libertés très-blamables. Au refte il compofoit avec efprit. v HENRI
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Tlatnan&s 3 Allmianls & Hollandois, zjy
H E N R I
DE R L E R C K;
ÉLEVE DE MARTIN DE VOS.
De Klerck fut poëte &r peintre : fes ouvrages
font compofés avec efprit, ainfi que ceux du Q peintre dont nous venons de parier. On en voit
tkns les és;!ifes de Bruxtlies , &c. ïl a fait des camaïeux dans Ie gout de ceux de fon rruïtre, qui font eftimés. A N T O I N E
S A L A E R T;
SalaerTj natif de Bruxelles , a faït plufieurs
tableaux d'hiftoire , d'un bon gout de deflln & de couleur , & bien entendus pour la partie du clair-obfcur. Il eft mort dans la même vill» oü il eft né: Ie tems n'en eft pas connu. |
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Tornt I.
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174
GUILLAUME
M A H U E.
---------3VI a h u e vivoit dans ce mème temps : né a
lS7Ot Bruxelles, oü il eft more, il a eu de la réputa»
tion pour Ie portraic |
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AUGUSTN BRUN,
et HANS (JEAN)
HOLSMAN.
C e s deux peintres ont été eftimés dans la
ville de Cologne, lieu de leur naiflance. C'en eft aflez pour être cités: on nen. fait d'ailleurs aucun détail. FrédericBRENTEL,
et JACQUES
VANDER HEYDEN.
Ils font nés aStrasbourg; ils ont été confidé-
rés par plufieurs princes. N'eft-ce pas écre sür iU on^ eu des wiens ? |
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JFlamands j Allcmands & Bollandois. 175
D A N I E L
VAN ALSLOOT.
Van Atsloot fut peintre de 1'archiduc
Alben , gouverneur des Pays-Bas : c'eft 1'éloge de eet artifte. Il falloit avoir du mérite pour être diftingué par un prince qui pouvoit cho^fir parmi tant d'habiles gens. |
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DAVID DE HAEN.
J_) aviddeHaen, néi Pvoterdam , voyagea
loiig-temps en Italië , & refta a Rome. Il étoic bon peintre : on ne connoit ni fa vie ni fes ouvrages. |
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ABRAHAM
MATHI S SENS.
Abraham Matmissens , d'Anvers, s'eft faitun
nom parmi les bons payfigiftes & peintres d'hif- toire. Nous connoiffbns de ce peinrre deux tableaux en public : un dans la cathédrale d'Anvers, derriére Ie grand autel ; il y a peint S a
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La ViedesPe'mtres
la mort de la Vierge : 1'autre, la Vierge , 1'Enfant
1570. Jéfus & S. Franqois : celui-ci orne fon épitaphe aux Récollets de la mêmc ville. |
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& G I D I U S
VAN TILBURG;
O E peintre étoit auffi d'An vers: il avoit voyagé.
Il faifoit des foires , des fêtes de village d'une compofition agréable : on n'en fait pas plus de eet artifte. JACQÜES
WILLE MS DELFT.
X o r t bon peintre de portrait. La ville de
Delft conferve dans fes Buttes les reftes d'un tableau repréfentant les portraits d'une compa- gnie d'Arquebufiers de fon temps : ce tableau, bien peint & compofé artiftement j eut Ie ibic de bien d'autres qui futent détruits par leboule- verfement d'un magafin a poudre oü Ie feu avoit pris. Cependant il fut réparé par les foins de fon petïc-fils Jacques Delft, qui en réunit foigneufe- ment lesdébris. Ce peintre éleva fes trois fils dans la peinture,& les nourrit: dans l'amour qu'il avoit pour eet art. L'aïné, Cornilk Delft, prit lesprin- |
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Flamands j Aüemands & Hollandois. tyj.
cipes fous fon pète , & devint fort bon peintre ~
fous Cornille Cornelis d'Harlem. Le fecond, Roch l f7°« Delft, étoit anfll bon peintrede portrait. Le plus jeune W Mem ( Guülaume ) Delft s'attacha a la gravure : il époufa la fille de Mïchel Mirevele, excellent peintre de portrait, dont il eft parlé ci-devant. Il a gravé les principauxportraits de fon beau-père, qui font encore confervés dans les porte-feailles des curieux. |
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f r a n g o i s
PORBUS. I L étoit fils de Francols Porbus, Sc élève da
fon pèrc,qu'ila, felon quelques-uns, furpaffé. ïleftcertaindumoins qu'ü 1'aégalédans bien des parties : 1'hiftoire 8c le portrait ont été fes prin- cipaux talens. Il voyagea long-temps 3 & fe fixa a Paris ,.oü il fut très-employé a peindre le por- trüt: on en voit une quantité dans les cabinets des curieiix.Ontrouvedans ceUü du duc de Flo- rence , le porcrait du peintre , fait par lui-tnème ; dans celui du roi c!e France,les portraits d^Henri IV , armé & fans armes; celui de Marie de Médicis , & celui do la paix entre la Hollande & 1'Archiduc, dont le fond cfi: un payfage : au Pa'ais-royal on voit le portrait d'Henri ÏV , de qtiatorze pieds de haut, peint fur bots. Hans la maifon de ville de Paris font deux
tableanx de la minorité de Louis XIII. Dans le premier, le roi encore enfanc, efl: affis fur for», S3
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478 La Vu des Peintres
----------tróne : a fes genoux paroilTenc Ie prevot dej
IJ7°» marchand-s & les échevins ,tous peintsd'après na-
ture^ 1'autre tableau repréfeate la majonté du roi: la couleur vraie & la belle fimplicité des drape-« ries font oublier un refte du goüi de fon père. Le tableau d'autel de 1'églife de S.Leu eft; de
lui , ainhque deux autres tameaux d'autel 3 dans deux chapelles de 1'églife des Jacobins, rue S.- Honoré \ Pun eft une Annonciation, & 1'autre un S.-Fran^ois. A Toumai, dans Péghfe de 1'Abbaye de S.-
Martin , on y voir notre Seigneur en croix entre les Larrons : beau tableau du même auteur II fut a Parii) contemporain de Freminet } Sc
ne lui furvécut que de trois ou quatre années : il mourut dans cettevillc en 16 • i , & fut enairré aux Petits-Auguftins du fanbourg S.-Germain. |
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WOUTER (VAUTIER)
CRABETH,
ÉLÈVE DE 'CORNILLE KETEL.
Orabeth naquit dans la ville de Gouda:
il étoit petir-fils de Vautïcr Crabtth , fi fameiix par fa peinture fur verre. Vautier, élève de Cornille Ketel, avoit furpafTé
dans cetteécole fes autres contemporains. A peine fut-il le mélange des couleurs , que, cédant a 1'envie de voyager, il parcourut toutes les villes de France, & pafla dela en Italië: il y etudia |
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Flamands, Allemands &Hollandois. 179
tout ce qui fe trouvoit de Tanden & du nouveau gout. Rome 1'arrêta pendant treize ans a copier " ce qui lui parut propre i Ie perfeclionner. Il eft peu de grands peintres, de grands poëtes, de grands pnilofophes qui n'aient voyagé. De retour a Gouda en \6 8 , il y époufa
Adrienne Vrïefen. Après eet établiflement, il peignit plufieurs tableaux d'hiltoire & de por- traits , difperfés & eftimés par-tout. Dans lesbuttesdeS. George a Gouda 3 011 voit
de lui un tableau en grand , repréfentantles prin- cipaux officiers de la compagnie de ce temps-la. On a encore de lui une AfTomption de la Vierge dans une chapelle. Il tenoit plus de 1'école d'Ita- lie que decelle de fon pays. Sa mort eft ignqrée. |
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PAUL MOREEL ZE.
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Ci E pe'mtre naquit a Utrecht en 1571 : il fut
élève de Michd Mirevelt : fon talent étoit Ie portrait. Carle van Mander en parle comme d'un excellent peintre. Il a fait quantité de portraits d'une grande vérité & d'une belle ma- niere : entre fes plus beaux, font ceux du comte & de la comtefTe de Kuylemberg en pied , & grands comme nature; on cite aufli celui de Mada- me Cnotter. Il futaRome pour apprendreapein- dre 1'hiftoire, mais fon talent pour Ie portrait fut fi décidé & 1'employa tint , qu'a peine il put y fufEre \ ainfi Ie portrait feul 1'a prmcipalement occupé. On juge cependant qu'il étoit capable de faire autre chofe par un emblême 011 tabieai* |
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i8o La Vit des Peintres
——— allégorique qu'il a peint aux environs d'Utrechr
lj7i. Il étoit bon architecte : U porte de Sainte- Catherine de la même ville en eft unepreuve: ce morceau d'archite&ure eft d'une belle com- pofition. Il mourut en 1638 , agé de foixante* lepe ans j fort confidéré, & revêtu de la charge de confeiller 3c de bourguemeftre de la ville d'Utrecht. Il y fut enterré avec les plus grandes marques de diftin&ion. |
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F R A N g O I S
B A D E N S ;
9 ÉLÈVE DE SON PERE.
XL naquit a Anvers en 1571 : il fut élève de
fon père , qui n'étoit qu'un pc'mtre médiocre. Dela il fut en Italië avec Jacques Mathleu. Il y fit des progrès ü rapides, qu'apt'ès quatre ans do féjour, il mérita a fon retour a Amfterdam Ie nom du pc'mtre hallen. En effer, il avdit faifi parfaitement Ie goiit de compofer & de colorier aes grands artiftes de ce pays, fi vanté a jufte tirre. Son pinceau flou Sc d'une touche fiere, fa couleur chaude & dorée , lui ont acquis lagloire d'être Ie premier qui ait introduit Ie bon gout du coloris : il a réuffi également dans 1'hiftoire 5c dans ie portrait. Il nous refte de lui d«s fujets |
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Flamands , Allcmznis & HoUandois.
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de(i) converfation , & des modes du iïècle ou 1C71.
il a véciij peintes dans la grande maniere. Sa mort eft ignorée. |
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SÉBASTIEN
F R A N C K.
ON ne fait f\ Sébaftien Franck eft fils de '
on Ie croit ftère aïné ds Francois Franck Ie jeune, & c'eft alTez !e fentiment commun. Voicï ce qu'en die Van Mander : Sébajlien Franck s'eft ijjftruit de la peinuue chez Adam van Oort: il peut avoir préfentemenr (1 ^04) envjron trente- un ans, ainfi il eft né vers 1) 73 , «re. Le génie de ce peincre étoitde peindre des Bacailies 8c les fiijets ou il réuffiflbit parfaitcment a repréfentec des chevanx. Le payfage ne iat pas un; des mom- Jres parties defon talen: :n!ie bonne couleur Cc v.ne rouche légere en font le mérire pnncipal. La maniere dece peinrre a érc copiée par plufïcurs; leur médiocricé empêche de $'y méprendre. On ne fait fi ce peintre eft mbi 1 a /invers j oü il a. demewré long-temps. Deux tableaux ds Sébajlien fe trouvent places avec diilinftion chez Pélecieur Palatia : 1'un repréfente les (Euvrcs demiféri- corde , Sc 1'autre une AfTemblée de feigneurs& de dames. (1) On appellc en Flandres un pein tre de (onverfa-
tion, quand il représente des assemblees galante* 3 comme celles de ip^attaa, Pater, etc. |
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i8z La Vu des Peintres Flamqfids , &c.
l u c a s
F R A N Q O I S.
Lücas Francois , contemporain A'Adam
El^heimer, &c né la même année en 1574 dans la ville de Malines , fut plus heureux : il ne tarda point a percer la foule. Pendant les fix années qu'il exenja fon pniceauen qualitéde peintre de la cour de France & du roi d'Efpagne, il gagna beaucoup de bien. Il étoit également bon peintre «Thiftoire & de portrait. Les églifes, les falles de confréries , les cabinets de Malines font garans de fa réputation. De retour dans fa ville natale oü il travailla quelque temps , il y mouruc Ie 16 feptembr,e 1643 , comblé d'hon- nenrs & de richeües, & au milieu de fa fortune. Il laiiïadeux fils qui réuffirent dans fon art : je les placerai dans leur temps. |
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ADAM
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ELZHEIMER.
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JIilzmeimer prit naiiïance a Francfort en 1574. ■
Sonpère étoit tailleur d'habits: s'écant appergu de x574* 1'inclinarion de fon fils pour la pcinture, il Ie placa chez Philippe Offenhach, bon peintre de la même ville. L'élève furpafTa Ie maitre en peu de temps: mai1; voyant que l'A llemagne ne lui rourniflbit rien qui fut capable del'avancer dans fon art, il prit Ie cliem'mdeRome,oüilfit connoiflanceavee Pierre Laflman,JeanPinas d\Amfterdam, JacquesEneJl Thoman, 8c gwelques autres célèbres artiftes. Il fe |
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it4 La Vie des Peintres
----------fit avec eux une maniere de peindre& definirett
* J74* pet'c»(3ui UJi abien réuffi: il tut lemeiileur defon
ïiècledansce genre. 11 peignit toutd'après nature : une mémoire rare lui fit faire des chofes fïngu- lières. Ilpeignit très-fidellement/<z f'igne Madame de fouvemr j les arbres Sc leurs formes, les mafles principales, jufqu'aux accitlèns ordinaires des ombres , rien ny étoit oubÜé. Mais ee qui devoit faire fa formne , fut en partie caufe de fa misère :1e tempsqu'ilemployoitafinirfes tableaux étoit trop long pour Ie prix qa'il en recevoit. Il époufa unejolie perfcnne a Rome, dont il eutunenombreufefamilie:cetce.fécondité, joiute alamédiocrité de fon revenu ,1e découragea: il devint fauvase, 8c n'eut bientót d'autre féjour que les ruines des environs de Rome. Accabié de dectes 3 ilne s'occupoit plus qu'a éviter fes créan- ciers. Il fut arrêté & mis en p'rifon : il ne laifTn. pas de travailler dans ce trifte état; il y mouruc enfin delangueur , fous Paul V , en 1610, agé de cinquante-fix ans , & digne d'un fort plusheu- reiax. Sestableaux, quoiquepetits^ font fort chers depuis fi mort: il auroit été a fouhaiter qu'ils reuifent été pendant fa vie. Le mérite des onvmges A'Èfykeimer confifte fur-
toat dans Ie gout du deflin , dans une diftribution adrnirable de fes fajets , & dans une rouche fpi- rituelle : excellent colorifte , toujoms précieux&: piquant , fa maniere a fait bten de<: imitaceurs. Tkoman&c le comtede Gaud ont ftiivi ce grand makrej David Tenicrslt père Sc BambochcXonx. éuidié , & c'eft d'aptès lui qu'ils ont excellé dans leur genre. Ses tableaux les plns confidérables font lc jeune Tobie ronduit par 1'Ange , & fuivi |
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Flamandi 3 Alhmanii & Hollandoïs. 18 j
d'un petit chien qui parok fauter d'une pierre a-----*"""""
une autre, & qui eft arriftement éclairé du foleil. 1574»
Ila peintune Latoneavec fes enfans : despayfans
changés en grenouilles , femblent troubler
1'eau par leurs mouvemens. Un autre tableau
admirable eft Procris blefTée : Céphale tache de
guérir fa plaie avec des herbes. On voit dans Ie
fond des Satyres avec des Dryades qui font du
feu a 1'entrée d'un bois. On connoït auffi un S.-
Laurent nu devant Ie juge qui Ie condamne 3
mort, furie refus qu'il fait d'adorer fes faux dieux.
Ce tableau appartient au comte de NafTau Saer-
brugge , & fê voit dans Ie chateau d'Idftein. On
a du même peintre un fecond St.-Laurent en
habit d'éghfe, il fut fait pour Ie neveu de Joa-
chim Sandrart: ce martyr tient d'une main Ie
gril, Sc de 1'autre une branche depalmierj un
payfage ome Ie fond du tableau j un foleil cou-
chant y fait beaucoup d'effèt fur des eaux qui s'y
trouvent agréablement répandues : la figure du
Saint eft peucorrecte; mais ficedéfaut étoitcaufé
par 1'habitude de faire trop en petit, on fent ce-
pendantpar fa faciiité qu'il auroit réuffi en grand ,
&■ on Ie remarque dans quelques-uns de fes autres
tableaux.
On voyoit en 1666 ,aFrancfort chez M. du
Ëay 1 du même Ehheimer, un tableau de génie & d'irnagination: il repréfentoit leDefir & 1» Jouiflance fous deux jolies figures : au-de(Tus dans un ciel étoit Jupiter la foudre a la main j & fur la terre des hommes 8c des femmes de tous états , livrés al'objet de leurs differentes paflions. Les ca- radères font bien rendus fur les phyfionomies J les yertus Sc les vices font 1'objct de cecce com* |
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iS<> la Vit desPeintres
pofition. Ce tableau a touche tous les curieus l
Sc donne une grande idee de 1'efprit de fon auteur. El\heimer a peint d'une plus grande forme Ia
finte de la Vierge en Egypte avec l'Enfant Jéfus fur fes genoux. S.-Jofeph conduit 1'ane pendant la nuit a. travers une rivièreornée de toutes fortes de plantes aquariqiies : il tient dans la main gauche une branche de pin allumée qui lui fert de flam- beau. On voit dans Ie lointain un grouppe de ber- gers qui fe chauffeur auprèsd'un feu , fur les bords d'une mare , oü ils gardent leurs troupeaux: ils paiflent auprès d'une épaiiïe forêt : Ie ciel eft lempli d'étoiles; la voie laftée un peu au-deffus de f horifon , éclaire la plaine & fes objets avec une fingulière vérité. Ce tableau paffe pour fon chef-d'ceuvre: il a été gravé par M. de Gaud , gen- tilhomme d'Utrecht, qui en a gravé plufieurs au- tres. Ce feigneur étoit un des principaux bien- faiteurs óïEl\heimer : il acheta tous fes ouvrages & les paya plus cher qu'on ne les vendoit alors j il adoucit fa prifon en lui fournilTanr de 1'argent, mais Ie mal étoit trop grand pour y pouvoir re- médier. M. de Gaud fe fit une manierede peindre fur les tableaux qu'il avoit achetés d'£/^eiOTcr, Sc qui lui fervoient de modèle , au point qu'il peignit dans Ie même gout. Après la mort du malheureux peintre , il revint a Utrecht , & ter- mina fes jours par un accident: une dame con- $ut tant d'amour pour lui, qu'elle lui fit prendre un breuvage qui eut un effet contraire a fes de- firs. En 1614 il perdit la mémoire , & eut 1'ef- prit aliéné jufqu'dla fin de fes jours : la peinture feule lui donna des intervalles de xaifon, & il |
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FlamandS) Allcmands &Hollandois. 187
n'eut de jugement que pour ce talentjufqu'a fa
mott : on ne connoit de lui que fept planches gravées d'après El\heimer. La veuve Sc quelques enfans de ce peintre, vivoient encore en 1632. Les ouvrages du père font difperfés dans 1'Europe. A Dufleldorp chez 1'éleóteur palatin, on voit quatre tableaux de cemaïtré :Enéeavecfon pèreAnchifej un Saint Jean-Baptifte dans un beau payfage j un autre Payfage avpc des figures , & Ie fu rifice d'Iphigénie. Dans lé cabinet du duc d'Orléarts, au Palais-royal, deux tableaux du même , dont 1'un repréfente une nuit, ou des gens qui fc chauffent au bord de 1'eau ; 1'autre repréfente un beau payfage éclairé de la lune. |
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N I C O L A S
DE LIEMAECKER,
SURNOMMÉ ROOSE,
ÉLÈVE D'OTTOVENIUS. Liemaecker , né a Gand en 15 7 5 , fut place fort
jeune chcz Mare Gueraert, bon peintre d'hif- toire : il appnt fous lui les principes de ion art. La more de ce peintre lui donna quelques inquiétudes ponr fon avancement; mais il répara cette perte , en prenant des lecons d'Ottovenius. Ce dernier s'attacha a Roofe , avec une affe&ion qui lui pro 'ira depuis fa fortune: 1'école de Venius étoit pour lors la meillcure de la Flandre , Sc la plupart de ceux qui la compofoient ont étc de |
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188 La Vle des Pcintrés
1 grands artiftes': Rubens étoit du nombre des élè-
IS7S- ves. L'amuié de Rubens Sc les le^ons du maicre tcndirenc Ie jeune Roofe Ie digne rival de Rubens Sc un des premiers élèves de i^enïus. Après avoir pafle plufieurs années dans cette
école , Sc mérité Ie nom de bon peintre, fon maitre l'envoya au prince évêque de Paderborn , avec une lettre de recommandaüon : il y fut bien recu, & employé par Ie prince Sc les principaux feigneurs. Son talent fut admiré, & Tartifte y fut comblé de gloire &: de bienfaits ; mais Ie cli- mat étant contraire a fa fanté , il tomba malade d'une fièvre continue j qui fit craindre pour fa vié. Ilquitta cette cour pour reprendre 1'air natal, & fut s'établir a Gand, oü il adepuis travaillé & peint plufieurs beaux tableaux. Rubens,de retour de Liüe oü il venoit de faire Ie tableau d'autel de Sainte-Catherine, fut demandé par ceux de la confrairie de S.-Michelde Gand, pour peindre au retable de leur autelj un tableau repréfentant la chüte des Anges : Rubens leur confeilla d'em- ployer Ie pinceau de Roofe , en leur difant: Mef- fieurs , quand on pofsède une rofe fi belle, on peut Hen fe pajfcr defieurs étrangères. L'éloge d'un fi crand peintre fe foutient dans les ouvrages que 'Roofe nous a laifles. Il compofa ce tableau que Rubens refufa de faire : il pafle pour un de [es chef-d'ceuvres , & ne cède en rien aux plus beaux de fon fiècle. Roofe peignit Ie plafond de Ia Chapelle de 1'é-
vêque j dans 1'églife de S. Bavon , Sc un tableau d'autel, oül'on voit la Vierge & 1'Enfant Jéfus dans une gloire entourée de Saints. Ce tableau »ft d'une grande ordonnance j 1'efFer répond aux ^utre
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i 'Allematlds & ïtotlandois. 28^
aütres belles parties de i'art: il eft en face dans
cette chapelle. On remarque plüfieurs tableaux du même artifte qui ornent les piliers. Dans 1'églife paroiflïale de S. Nicolas, on voit
Ie tableau de la Chüte des Anges, dont j'ai parlé: & dans la chapelle des chiturgiens, Ie Samaritain blefféi Le grand tableau d'autel de la même églife, repréfente S. Nicolas qu'on élève a 1'épif- copat. J'ajouterai ici une fimple énumération des tableaux de Roofe. Dans 1'églife de S. Jacques 3 le tableau d'autel
de la chaptlle des tonneliers : dans la chapelle de S. Ambroife, le dernier Jugement, compofi- tion confidérable, oü le genie de 1'auteur eft fans bornes. Dans 1'églife de S. Sauveur, contre les piliers , douze grands tableaux repréfentant le jBaptême de Notre Seigneur, z Jefus-Chrift tenté dans leDéfert. j Notre Seigneur pendant la tem- pête réveille par fes Difciples. 4 La Réfurrection du Lazare. 5 Le Miracle de 1'Aveugle né. 6 Les Vendeurs chaffës du Temple. 7 La Transfigu- ration. 8 Le Demon chafle du corps d'un poiïedé. y La Samaritaine. 10 Jefus-Chrift qui guérit plu- fïeurs malades. 11 La Pêche miraculeufe , oü. Notre Seigneur fe promène fur les eaux. 12 L'en- trée de Jefus-Chrift dans Jerufalem. Dans la chapelle de la Sainte-Trinité , le tableau
repréfente ce Saint Myftère : il eil auffi bien- colo- rié que s'il étoit de Rubens. Dans 1'églife des Auguftins, huit tableaux re-
préfentant 1'hiftoire du Sacrilége de plüfieurs hof- ties qui furent volées & difperfées avec impiété. Dans 1'églife des Dominicains, 1'Apparition de la Sainte Vierge i Sainc Dominique. Danj la Tornt 1. T J |
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190 La Vit des Peintres
1 ' chapelle de Saint Pierre & de S. Paul, de la même
*57S' égüfe, ces deux faints repréfentés avec Saint
Thomas d'Aquin , tableau d'autel. Dans 1'églife du petit enclos des Béguines, la
Préfentation au Temple, tableau d'autel. Dans 1'églife des religieufes Bernardines , la
Sainte Vierge & 1'Enfant Jefus dans une gloire célefte j entourée de Saints j & au haut du ciel, ■la Sainte Trinité, tableau d'autel. La multiplicité des figures ne rend point cette compofition con- fufe : Ie 'bon gout du deffin & la facilité du pin- ceau s'y font admirer, comme dans tous les ou- vrages du même artifte. Dans 1'abbaye des dames de Nieuweii-Boflche
-( ou -Nouveau Bois ) ) on voit encore plufieurs tableaux deRoofe; la NaiiTance de Notre Seigneur adoré par les Anges, tableau du grand autel : S. Benoït qui dit la MefTe al'intention des ames du Purgatoire j Ie tableau des Anges qui appor- tent au Saint Ie plan du monaflère^ 1'appari- tion de la Sainte Vierge & de Sainte Humbhne a 5. Benoït; dans la même égüfe 3 deux autres
grands tableaux. A Brnges , chez les Dominicains , dans Ia cha-
pelle de la Vierge, 1'apparition de la 5ainte Vierge a S. Dominique. On voit encore dans les villes deFlandres plu-
fieurs tableaux Ae Roofe. Il en faifoit peu de che- valet; la grande facilité 8c Ie feu de fon imagina- tion Ie portoient plus a traiter fes fujets en grand qu'en petit : fes figures font toujours grandes, 6. paroiffent mêmecoloflales, mais elles fontd'un
bon gout de deffin. C'eft a fa grande pratique que Ion actribue quelquefois fa couleur froide, |
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'flamakds i Allèmatids & Tiollandois. ifl
"tkant fur Ie nóir, prmcipalement dans fes ombres. ■
Ses couleurs de cfuur font fouvent rouges &: peu *57S' agréables. Ces défauts ne font pas dans tous fes ouvrages y & plufieurs de fes tabléaux font co-> loriés comme ceux de Rubens; la Chüce des An- ges en eft une preuve. ïl defïlnoit bien Ie nu, il aimoit a Ie repréfenter , & rarement a-t-il man- qué 1'occafion de 1'introduire dans fes ouvrages^ Roofe n'a eu qu'une fille, morte en i (J77, reli- gieufe dans 1'abbaye de Nieuwen-BofTche» II fit plufieurs tabléaux qu'il donna pour fa dot. On ne fait pas pourquoi il fut appellé Rooft : ce nom lui fut donné dans fa j.eunefïè. Il fut élu chef 011 doyen des peintres de Gand en \6x% Sc i6}6, il fut aimé pour fes mceurs & la fagefTe de fa conduite , Sc fort regretté a fa mort qui arriva en 1^49 : il étoit agé de 71 ans. On Ie croit en- terré aux Auguftins a Gand. |
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WA ERNAERT
yANDËN* VALKAERT,
ÉLÈVE D'HENRI GOLTZIUS.
VV A e R n a e r t étoit d'A mfterdam : la date de
1'année i<»2j,qu'on lit au bas d'un de fes plus beauxouvragesjfaitcroire} avecaflfez de vraiiem- blance, qu'il naquit vers la fin du quinzicmefiècle: ce tableau repréfente Saint Jean dans Ie Défert. Parmi une multitude de figures qui peuplenc Ie payfage , quelques-unes des principales fur T 2.
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aj>t -k* Vu des Pelntres Flamahds, &d
Ie devant, font des porcrairs : il s'y eft peint lui-même; Ie S. Jean eft d'une belle proportion> bien peint &c dans Ie gout de fon maïtre : toutes ces figures font grandes comme nature. |
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JEAN BADENS,
ÉLÈVE DE SON PÈRE.
Jean Baden s, frère de Francais Badens ;
naquit a Anvers Ie 18 novembre i$y6,&c fut élève de fon père, qu'il quitta de bonne heure pour voyager , particulièrement en Italië, oü il fit de bonnes études : il excella au point que les Allemands ne purent fe raflafier de les ouvrages \ les plus grands feigneurs excrcèrent fon pinceau. Il gsgna beaucoup de biens \ & retournant chez lui, il futpillé & maltraité par des gens deguerre: ne pouvant fe confolec de cette perce , il moumt de langueur en 1605. |
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R O L A N T
SAVERY.
XVoi a nt Savery naqnit aCourtrai en i$7<>.-
II étoit fils deJacques Savery, peintre médiocre j qui lui apprit les premiers élemens de la peinture, &l'exercaa peindre desanitnaux, desoifeaux, des poiiïons, &c. Il imita la maniere de fon frère aïné, peintre en détrempe : mais cette partie pa-< rut trop bornée a Kolant, il s'artacha au payfage 3u'il a rortbien traite. Il aimoit beaucoup les vues.
u Nord, des tochers, des chutes d'eau qu'it |
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i* des Peintres
ornoit avec des fapins. L'empereur Rodolphe Ie
i jj6. prit a fon fervice, a la feiüe infpeóüon d'un de fes tableaux : il 1'envoya deflïner les vues fingulières du Tirol. Ce peintie employa fon temps a copier d'après nature > & en deux années il rapporta uu rrès-grand livre rempli de beaux deflins, en partie dellinés a la plume & lavés, & les auctes au charbon. Il s'eft fervi toute fa vie de fes études dans fes tableaux : il orna la galene de Prague en Bohème de fes payfages qu:'jf gidius Sadeler a gravés. On regarde comme un de fes principaux tableaux, un payfage d'une étendtie immenfe de pays j avec un S. Jeróme dans fa pénitence : il a. été gravé par Ifaac Major, élève de Sadelerj qut Ta ren du public. Après la mort de Pempereur Rodolphc en 16\ 2,
Savery revint a Utrecht oü il fit plufieurs tableaux en grand «Sc en petit: il foutenoit fon application par une diffipiition agréable \ les matinees étoient eniièrcment employees a peindre avecfcn neveu, Jean Savery, aiiffi penitre de payfages, 8c les après-dinéesiuifervoientde délanernenr. Un choix d'amis, eomme lai fans: engagemens, lui faifoit goüter Ie plaifir qu'on trouve dans tine iociété enjiouée; c'eft ce qui n'a pas peu contribué a Ie faire vivre auffi long-temps qu'il a vécu : il rnoit- rut a Utrecht en 16 3 55, agé de ^3 ans. On lit fous fou portraitj peint par Henri Lamben Rog- man. Rolant Savery, peintre de Rodolphe & de Ma*
thieu j empereurs rcmains. Savery avoit le.fini de Paul Bril Sc de Breughcly
on remarque dans quetques-uns de fes tableam un peu de. fech.er.efle dans fa toucht?: fes idees. |
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Flamands, Allemands & Hollandolsl
font grandes , fes diftributions agréables, Sc ü y
aun grand art dans fes oppulltions : la couleur bleue domine dans fes tableaux : quelques-uus même en font moins eftimés. Ce peimre a bien fait les petkes figures & les animaux qu'il delli- noit & qu'il touchoit avec efpiit. La plupart des ouvrages de Savery font en Allemagne: on en trouve auffi , mais en petit nombre, dans les cabi- nets d'Hollande & de Flandre, &c. Houbraken vante un tableau de ce maitre, re-
préfentant Orphée quij par les fons de fa lyre , attire autour de lui une mukitude d'animaux : Ie payfage en eft très-beau. Weyermans fait auffi la defcription d'un ta-
bleau de ce maïcre , dans lequel il avoit voulu fe furpaflTer ; c'eft une efpèce de Forêt, reraplie de chevaux indomptés : les pofitions extraordinaires & les mouvemens forcés dans chaque animal, donnent une idee de la grande facilité de celui qui les a repréfentés. On voit de lui chez l'électeur Palatin deux
tableaux, dont 1'un eft un payfage avec des ani- maux d'efpèces difFérentes,& 1'autre une Bataille, avec beaucoup de figures & des animaux. A Gand, chez M. van Tygfrem, eft un autre
tableau de Savery : c'eft probablement celui dont Houbraken a donné la defcription j c'eft du moins Ie même fujet, & on Ie regarde cornrne un des. plus beaux de eet artifte., |
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T
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x»)6 La Vic des Peintres Flamands, &c.
ADAM
WILLARTS
JNaquit dans la ville d'Anvers en 1577. La
peinture Sc la poéfie furent alternativemeni exer- eées par Adam. De la première, il avoit fait fon talent dominant, & 1'autre lui fervoit de délaiïe-* ment. Il excelloit a peindre, fur-tout des rivières avec de petits bateaux; des rivages Sc petites marines; des barques de pêcheurs remplies de petites figures fpirituellement touchées & natu-» rellement repréfentées. Il mourut a. Utrecht oü il avoit fixé fa dëmeure. On voit deux tableaus de ce peintre a Paris, chez M. Ie comte da Vence :. 1'un repréfente une marine j & 1'autrs la vue d'une rivière. AART (ARNOLT)
JANSSE DRUYVESTEYN.
Vjarie van Mander rapporte qu'il a vu
a Harlem un jeune homtne j excellent peintre de payfages, avec de petites figures, nommé j/iartjanjje Druyvefleyn,, qui n'exerc,oit fon talent <jue pour fon amufement. Favorifé d'une fortune lionnête , il ne peignoit que pour fon plaifir. Il eft inpié parmi les bourguemeftres de cette ville A
fut. élu ancien de Téglife éfé
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PIERRE-PAUL
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R U B E N S.
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<J donnant la vie du prince des peintres'
flamands, nous avons a faire connoitre dans eet illuftre artifte , Ie favant , Ie politique & l'homme du monde. Pierre-P aul Ruhens étoit fils de Jean Rubens
Sc de Marie Pipelings , tous deux d'une très- bonne familie. Son père, profefleur endroit Sc échevin de la ville d'Anvers , abandonna eet emploi pour fe mettre a couvert des calamités 4e la guetre civile qui ravageoit alors Ie Bra-: |
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Zd Vit des Peintres
m------<■ bant. II fe retira dans la ville de Cologne. C'eft-
IJ77. ^ <Iue Rubens recut Ie jour Ie 2.8 juin 1377. Sa.
première jeunefle fut cultivée avec loin, Sc il repondit a cette éducation par les plus heureufes difpofitions. Il s'attacha avec fuccès aux belles- lettres , & il fit des progrès rapides dans la lan- gue latine. Ainfi les grands hommes annoncent d'ordinaire, dès leurs premiers années , ce qu'ils doivent être dans la fuite. Le duc de Parme ayant remis la ville d'An-
vers fous la domination de 1'Efpngne , Rubens Ie père, qui avoit quitte Cologne jpour Utrecht, retourna dans fa patrie, y repric fes charges. Son üls étoit d:unefigureaimable, il le plaga chez la comteflè de Lalain, en qualicé de page. La vie licentieufe de fes camarades n'étantpas du gout de ce jeune homme bien né, il follicita, mais en vain, fes parens de le rappeller auprès deux. Son père étant mort , Rubens fe retira chez fa mère , Sc lui fitconnoure le defir qu'il avoit de fe livrer a la peinture. On le pla5a d'abord chez TobicVerhaejl, habile payfagifte , & enfuite chez Adam van Oort. La conduite crapuleufe & libertine de ce dernier, jointe afon humeur brutale > deplut a Rubens: il lequittapour aller chez Ottovenius, qui étoit alors le Raphaël flamand. Le difciple s'appliqua non- feulement a imiter la beauté du pinceau de ce nouveau maïtre qu'il égala j mais il fe fit un modèle de fa conduite, de fes mceurs, defapoli- teiïè & de fon application a 1'étude. Vers 1'age de vingt trois ans, Rubens fe crut en état d'eflayec de voler de fes propres ailes. I/habitude de vivre dans. le grand monde , lui donna acces chez les pnnces. Ils'y fit remarquer par "fa fageffe& fóa |
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génie. Quelques-uns difent,& entr'autres San-
drart, qu'Albert, archiduc d'Autriche, envoya Ie l $77* jeune Rubens a Vincent de Gon^ague^ duc de Man- touë, qui Ie recut favorablement, & Ie pric a fon fervice en qualité de gentilhomme \ il y refta pen- dant fept ans, plus occupé aétudier fon art d'a- près les grands maures, qu'a fuivre les amnfemens frivoles de ceux avec qui il vivoit. On raconte que Rubens j ayant un jour a peindre Ie combat de Turnus & d'Enée, & fe croyant feul, récitoit, pour échauffer fon génie , ces vers de Virgile: llle etiam patriïs agmcn ciet , &c.
Le duc qui 1'avoit écouté , entra en riant j Sc
lui paria en latin , croyant 1'embarraffer Sc qu'il n'entendoit pas cette lafigue ; mais quelle fut fa furpnfe, lorfquecepeintre lui réponclit en cermes dignes du fiécle de Giceron! Il ceGTa d'êtte étonné de fon érudinen, lorfque P.ubens lui eut appns quelle étoitfa familie. Sa naiffance., festalens&fes vertus aimables , lui acqiurcnt tant de confidéra- tion dans 1'efprit du prince, qu'ille nommafon envoyé a la cour de Phlüppe III 3 roi d'Ef- pao-ne. Rubens partit chargé de riches préfens pour le duc de Lerme , un des principaux favoris. Ces préfens fnrent ofFerts avec des graces qui en augmentèrent le prix, Sc qui ajou- tèrent au mérite de l'envoyé. Il fat eftimé du roi & de route la cour II y fit une quantité de portraits & de tab!e;ux d'hifl-oire, qui lui valurent des fommes immenfes. La réputation de Rubens fit tant de bruit, que Jean duc de Bra- gance { depuis roi de Portugal) , proteóteur des |
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""fciences & des arts, écrivit a un feigneur de
lJ77' Madrid, pour engager notre peintre a venir a Villaviciok , oü Ie duc faiioit fa réfidence. Ru- bens accepta eet honneur, & fe mit en chemin avec un train fi confidérable , que Ie duc effrayé de la dépenfequ'untelhocepourroitoccafionner, dépécha un gentilhomme au-devant de 1'artifte , qui ri*etoit plus qu'a une journée de fa cour ,pour Ie prier de remettre fa vijite a un autre temps. Ce complimentétoit accompagné d'unebourfede 50 piftoles , pour dédommager Rubens de fadépenfe & du temps qu'il avoit petdu. Rubens répondit qu'ilne recevroit pas cepréfent j qu'iln'étoitpoint venu pour peindre, mais pour s'amufer hu'u ou dix jours a Fdlaviciofa, & qu'il avoit apporté avec lui mille piftoles pourles depenfer pendant fonféjour. Unefi vapide fortune fit voir dans ce jeune peintre autant de conduite que de talens , & fa réponfe autant denobleffe que dedéfintérefTement. De retour a Mantouë , Ie duc 1'envoya a Rome
pour y copier les principaux tableaux des grands maïtres, & ces copies valoient prefque les ori- ginaux. Rubens obcint enfuite la permiilion de ïuirrel les études qu'il s'étoit propofé de faire en quittant fa patrie. Les ouvrages du Titien & de Paul Véronéfc 1'attirèrent a Venife. Ce fut dans cette excellente éco'.e du colons qu'il en puifa les régies süres , dont il ne s'eft jamais écarté. Il refta long-rernps dans cette ville a réfléchir fur Ia ma- niere de chaque maitre, & en pratiquant d'après leurs chefs-d'oeuvres, il s'en fit une qui lui étoit propre 3 & qui approche peut-être autant de la nature. Notre illuftre artifte retourna dela a Rome^ & y fit quelques tableaux d'autel, qui |
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prouvèrent aux connoiffeurs combien ie féjour de Venife lui avoit été utile. Rubens quitta Rome & fut a Gènes, ou des
tableaux d'hiftoires Sc des portraits 1'occupèrenc long-temps. L'églife des Jefuites fut ornée de fes ouvrages. Les p'rmcipaux de cette ville employèrenc fon pinceau. Rubens leva Ie plan des plus beaux édifices, & deffinalui-méme ieséléva- tions qu'il fit graver 3 ce qui compofa un tres-* grand volume, qui fut fi bien rec,u du public qu'il en parut deux édmons de fuite. Notre jeune peintre étoit dans Ie fort de tas
ouvrages j & comblé chaque jour de nouvelle* tnarques d'eftime,lorfqu'il fetrouva forcéde touc quitter. La nouvelle de la maladie dangereufe de fa mère Ie fit partir a la hate j mats, quelque dili- gence qu'il püc faire 3 il n'eut point la fatisfaclion de la trouver en vie. Il fut pénétré de la plus vive aflflióHon. L'abbaye de S. Michel d'Anvers fut fa recraite. Il n'y vit perfonne : la peinture euc feule Ie drou de faire quelquefois diverfion a fa triftelTe. Kubens joignit la vertu d'un bon fils a tant d'autres vertus. Dès que fa douleur fat un peu calmée, il ne
fongea plus qu'a fuir les lieux qui la lui retra<- «joient. Il forma Ie projetde retourner aMantouë: mais 1'archidnc Alben en étant informé, lui té^ moigna combien il étoit mécontent de ce départ. Il lui fit dire qu'il ne foufiriroit qu'avec pcine, que Mantouë enlevat a la Flandr-e efpagnole fon plus précieux ornement. Ces raarques de bonté & de diftin<5tion , toutes flatteufes qu'elles étoient de la part de fon prince, n'euiïent peut - être point été capables de retenir Rubens, Ci 1'amour |
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301 La Vic des Peintres
ne fe fut mis de la partie. Les charmes d'Elifabeth
l$77» Brants Tarrêtèrent; il l'époufa. Quelque temps après il batir une maifori, on
plutót un palais \ il Ie fit pemdre en dehors& en oedans. Son cabinet j formé en rotonde & éclairé par en haut, fut orné de vafes de porphyre Sc d'agate les plus recherches , de buftes antiques Sc modernes les mieux travaillés , d'un riche médailler, & des tableaux les plus prédeux detou- tes les écoles. Cette collecÜon étoit plutöt celle d'un prince que celle d'un particulier. Le duc da Bouquingham la vir, & en eut envie. Ilpna inrtam- mentRubensde vouloirbienluien ceder dumoins une partie. Il lui envoya Michel le Blond, hornme de gout, avec 6bocoflonns(i) pour achever de le déterminer. Malgré cette fomme confidérable,, Rubens ne confentlt qu'avec Ie plus grand regret a fe détacher de eet amas rare qui faifoit fon amu- fement, maisil ne put réfiiter aux inftances réité- réesdufeigneur anglois, qui de fon coté ne crut pouvoir payer lefacrifice que lui avoit kit Rubens, que par la proteclrion la plus marquée & l'amitié la plus tendre. Le Blond choifit en connoifTeur, & fit pafTer en Angleterre la plas belle partie de ce magnifique cabinet. Rubens commenca a jouir tranquillement de fa
réputation & de fa fortune; & s'il concinua de peindre, ilfembloit que c'étoit plus pour conten- ter fon gout, & par complaifance pour les curieux qui montroientleplusvif emprefiement aobtenir quelques - uns de fes ouvrages, que par intérêt. Ses biens étoient tres - confidérables, & cette (i) 120000 livres de France.
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Tlamands j Aliemands & Hollandois. $0$
Complaifance les rendit immenfes.
Rubens imaginoit facilemenc 3 8c exécutoit de
tnême : il pouvoit travailler long-temps fans alté- rer fa fanté. Mais pour fuflire aux difFérentes fortes de cennoifFances dont fon efprit étou avide , il avoit mis un ordre_, que nen ne changeoit, dans 1'emploi de fontemps. Ses heures étoient réglées, Sc ne prenoient jamais nen les unes furies autres: maïs il favoit cependant adrnettre emfemble les occupations qui n'étoient pas oppofées. Il ne pei- £noit jamais fans fe faire lire quelque morceau d'hiftoire facrée ou profane 3 de morale ou depoé- jfie. Les auteurs de chaque nation lui étoient fami- liers , par 1'ufage qu'ii avoit des langues : il en parloit fept difFérentes. Cet amas de fciences avoit cnrichi de connoifllinces Ie génie du peirure , & orné de faits & d'agrémens l'efprit de Thommedu monde. Rubens employa utilement tous fes mo- mensj il ne fut jamais oifif. Il appelloit fes heures de récréation celles qu'il confacroit aux belles * lettres j il veilloit& s'endormoit avec les mufes. Le nombre de fes tableaux eft auffi confidé-
rable qu'ils font exquis. Les quatre Evangéliftes des jacobins d'Anvers, la fameufe Defcente de Croix de la cathédrale , font de fa main.Toutes les villes des Pays-bas fe difputèrent a 1'envi 1'honneur de pofleder quelques-uns de fes chefs- d'oeuvres j les villes d'Italie montrèrent auffi le même emprelTement. Gènes , Bologne , Milan n'obrinrent que par uneefpèce de faveur untrès- petit nombre de fes tableaux, & on les y pla$a au rang des merveilles del'Italie. A la fin, furchargé d'ouvrages , Rubens prit le
parïi d'employerfesplushabiles élèves. Il les fai^ |
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'364 La Vu des Peintrtt
»„_____ foit travailler fur fes deflins, & ne faifolt que
ï j66. tetoucher, mais fi favammentj qu'il faut être très- fin connoifleur pour ne pas s'y méprendre. Wüdens Sc van Uden peignoient Ie payfage ; Sneydcrs, les firuits, les fleurs & les animaux. Rubens préfidoit, Sc favoit accorder avec tant d'art les manières dif- férentesj qu'il fembloit qu'une feule main y eüt travaillé. Une réputation f\ générale & fi mérirée ne pou-
voit manquer d'exciter 1'envie. Rubens , doux & affable , bienfaifant, protedeur des arts _» fe viï attaque par les artiftes mêmes qu'il avoit Ie plus aidés. On ofa dire qu'il auroit été incapable de réuffir dans tous ces différens genres de pein- ture, fans Ie fecours des peintres dont il employoit les talens. Rubens ne répondit a ces critiques 3 ou plutót a ces calomnies, que comme il fied aux grands hommes d'y répondre } en produifant de nouveaux miracles.Il fit feul plufieurs beaux pay- fages: Ie plus remarquable étoit celui dans lequel il repréfentoit fa maifon de campagne entre Mali- nes Sc Anvers. Tousont été gravés. La honte qui en retomba mr fes ennemis, que
Rubens convainquoit d'impofture , ne fit que les acharner de plus en plus contre lui. Janjfens Sc Rombouts , quiétoienta la tête, levèrent Ie maf- que Sc fe déclarèrent ouvertement. Janjfens eut la témérité de propofer a Rubensun défi de peinture. Rubens, aullï modéré qu'habile 3 fit dire qu'il accepteroit ce défi quand Janjfens prouveroit par fes ouvrages qu'il pouvoit être fon concurrent. Vers ces temps-la un alchymifte Anglois nommé
Srendel, fut trouver Rubens, 8c lui promit de partager avec lui les tréfors dont rafliiroit fon art, s'il
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s'il vouloit feulement conftruire un laboratoire & payer quelques pecits frais néceiraires. Rubens, 1577'
après avoir écouté patiemment les extravagances dufouffieur, Ie mena dans fon attelier : Vous étes Venu , lui dit- ily vingt ans trop tard ; car, depuis ce temps, j'ai crouvé la pierre phiiofophale avec cette palette 8c ces pinceaux. La gloire de Rubens parut dans tout fon éclat
Vers 16 zo , lerfque Marie de Médicis, de retour a Paris, Ie choifit pour peindre dans une des ga- leries du palais du Luxemboiarg, les pnncipaux évènemens de fa vie, depuis fa naiflance jufqu'a raccommodemenr qu'elle avoit £vt a Angoulcmo avec Louis XIII, fon fils. Rubens vint, compofa fes fujets, en fit les efquiffès, que M. Felibien a vues chez l'abbé de Saint-Ambroife. Cette galerie contiene 24 tableaux . 10 de cha-
que cóté entre les croiféés, un fur la cheminée, deux a rocé & un au fond de la galerie, en face de cette cheminée. On pretend que notre peintre avoit eu ordre de repréfenter \,\ vie cYHenri If dans une autre galerie , & qu'il en avoit déja faic quelques efquines : on n'a cependant jamais nen vu de ce dernier projet. On peut regarder ces 24 tableaux conimi un poëme épique en peni- ture , & compofé avec autant de fagede que d'efprit : les allésones en font ingénieufes fans être trop chargées, 8c la fnïcheur de ces ta- bleaux continue d'y ftire 1'éloge du coloris ad- tnirable de 1'auteur. Ce grand ouvrage fut exé- cuté en entier, a Anvers, excepté deux des ta- bleaux cjui furent faits a Paris , car la ttine avoit marquéaiuantdeplaifiras'entretenir avec Rubens, qu'a ie voir peindre. Il fit dans ce temps plufieurs Tornt. I. V |
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La Vie des Peintres
portraits de cette princefle & quelques autres des pnncipaux feigneurs de la cour. Les talens fupérieurs de Rubens dans la pein-
ture , ne lui ont pas feuls mérité 1'eftime des fou- verains de 1'Europe ; fon inclination pour les fciences & les arts y a beaucoup contnbué ; il ne fe borna point a les effleurer, il les approfon- dit: pénétrant & folide, 1'ufage qu'il avoit du monde &le féjourqu'il avoit fait dans différentes cours de 1'Europe, lui avoient donné une con- noiflance très-étendue de la politique 8c des inte- rets des princes. L'infantelfabelle, dans quelques entretiens qu'elle eut avec lui fur la fituation des affaires du Pays-Bas, Ie reconnut très-propre au deflTein qu'elle avoit de communiqucr au roi d'Ef- pagne, l'état préfent du gouvernement du Bra- bant. Rubens recue les inftructions nécefTaires, 8c paffe i la cour d'Efpagne : il eut plufieurs confé- rences avec Ie roi, Ie ducd'Oüvare^êc Ie marquis de Spinola , qui furent tous fatisfaits , non-feule- rnent de la maniere dont il avoit exécuté fa com- miffion, mais des avis qu'il avoit propofés lui- même, 8c qui furent fuivis. Le roi Ie fit traiter avec une grande diftincTrionj il fut conduit a 1'Ef- curial,oü les tableaux d'Italie fixèrent toute fou attention : il en copia quelques-uns d'après Ie Titien.L.e duc d'OIivare^ chargea Rubens de com- miflions fecrettes , & lui donna de la part du roi tin diamant de grand prix, llx beaux chevaux £c la charge de fecrétaire du confeil privé j avec Ie brevet de la furvivance de cette charge pour fon fils. De retour en Flandres, il fut très-bien re^u par 1'infante Ifabelle , qui 1'employa de nouveau en Hollandc, uu il paiTa fous précexte |
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Flamands , Allemands & Hollandois. 307
de fes propres affaires. Le véritable motif de '-
ce voyage, étoic de propofer une trêve entre * 577 •
1'üfpagne & les Provinces - Unies. Cccce négo- cianon fut bien conduite , & alioit avoir un plein fuccès, quand elle fut interrompue par ia mort de Maurke prince de NalFau. Le roi d'Efpagne, par le confeil du duc d'öli-
yc.re^, qui nt entenure a ce prince coinbietl Rubens étoit propre a propofer au roi d'Angle- terre des condiuons pacifiques, par lïtroite ami- tié qui régnoit entre le duc de Bouquingham 8c ce peintre j le roi, dis-je, le chargea de cette com- iniflion, d'autant plus delicate , qu'il ne lui étoic permis de faire fes propofitions, qu'apiès avoir ibndé les difpofitions ae la Grande - Bretagne pour la cour d'Efpague. Rubens pafla en Angle- terre comme voyageurj il eut lnonneur d ctre préfenté au roi, qui le recut avec bonté: ce prince parut charme de fa converfation , & ce fut dans un de ces entretiens particuliers, que des chofes indifrerentes Rubens pa(Tj a de plus féneufes. Il gliiïa adroitement qu'il le pouvoit que le roi d'Ef- f)agne ne fut pas éloigne de conlermr a la paix :
e roi d'Angleterre lui demanda s'il avoit ordre «Ten parier, & lui lailFa entrevoir que les propj- fkions n'en feroient pas mal recues. Rubens faific le moment 3 il montra fes iectres de créance, avec les intentions du roi fon maïtre \ la fagefle de Rubens parut dans cette affaire j & lui attira une eftime générale. Le roi lui donn; une pretive convaincante de ia fiennc , en le décorant dans 1'inftant du coidon de fon ordre Sc d'un riche diamant. Ce traite fut conelu pendant les mois de novembre <3t decembre en 1630. Milord Vi
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3oS La Vie des Peintres
*-—------- Francois Cottington fut envoyé en Efpagne pour
*S77- Ie radrier, & dotn Carlos Colonne vint pour Ie
même fujet en Angleteirc. Ainfi, Rubens eut TadreflTe & la gloire de con-
clure une paix devenue fi necelFaire a l'Elpagne , depuis que les Anglois 1'avoient faite avec la France, Sc de plaire au roi d'Angleterre, auquel il la demandoit. Ce prince fut fi content du négo- ciateur, qu'après 1'avoir créé chevalier en plein parlement, il lui donna la même épée avec la- quelle il avoit fait la cérémonie : il joignit a cette marque de diftinctionj Is préfent d'un fervice complet de vaifTelle d'argent, de la valeur de douze mille florins. On fait que la reine Marie de Médicis Sc
Monfieur , fortant de France , s'étoient redres 2 Bruxelles; l'infante chargea Rubens de les inftruire de fes prétentions & de celles de la cour d'Ef- pagne. Il fe tira avec habilité de cette commiffion dilficile. Il ne s'acquitta pas moins bien de celle que Ie marquis dJyetone lui donna anprès des Ètats-Généraux : il s'agifloit de les amufer pa* des propofitions de paix de la part de Ia cour d'Efpagne, & il y réuffit. Il contribua beaucoup a faire rentrer les Provinces-Unies fous la domi- nation de cette cour. Ce fut a peu pres dans ce temps-la (1) que Rubens époufa en fecondes noces Helene Forman : elle étoit d'une rare beauté, &lui fervit fouvent de modèle pour les têtes de femmes. On la voit très-bien repréfentée dans Ie tableau qu'il fit pour la chapelle oü il eft enterré, dans 1'églife de Saint-Jacques. (1) Rubens perdit sa première femme en 1636.
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Flamands , Allemands & Holland'ois. 309
Rubens au milieu des honneurs & des richefles,'
fentant déja les infirmités de la vieillefTe, fe dé- 1577* roboit peu a peu au tumulte du monde qui Ie cherchoit. Affligé depuis quelque temps d'un tremble-
ment de mains & de la goutte, il fe renferm» dans fa belle maifon , Sc ne peignit plus que des tableaux de chevalet: dans ce travail, 1'appui- main lui procuroit Ie foulagement dom il avoit befoin. Il compofa cependant encore quelques grands ouvragesj tels que les arcs de triomphe pour 1'enrrée de Ferdinand, cardinal in fant d'Ef- pagne; mais il eut Ie chagrin de ne pouvoir affifter a cecte entree. Theodore van Thuldena.gca.ve a l'eau forte ces arcs de triomphe : c'eft un volume in- folio avec de favantes obfervations latines de M. Géevaerts, hiftoriographe du roi d'Efpagne. La caducité de Rubens augmenta de plus en plus 5 il mourut Ie 30 mai 1640 : il fut enterré avec de grandes marques d'honneur. On porta devant fou cercueil un carreau de velours noir, fur lequel ctoit une couronne dorée: la principale nobleffe, Ie clergé , les artiftes & les amateurs s'emorefsè- rent a lui rendre les derniers 'evoirs : il fut inhu- mé dans la chapelle derriére Ie chceur, en 1'églile paroiffiale de S. Jacques a Anvers. Le chevahcr Bullart a compofé pour lui cetcc
épitaphe: Ipfa ft/os Iris, ded'a ipfa Aurora colores j
JSox , umbras, Titan , numlna clcira tibi.
Das tu Rubenius vitam , mentetnque Jrguris, Et per te vivit lumen, & umbra, co/or.
Quid te, Rubeni, nigro mors funere volvit? Viivicla tuo,picla colcrerubet* |
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1 o La Vic des Peintres
Rubens lailla après lui, fa veuve, une fille Sc
lS77' deux fiis j 1'ainéj Alben 3 occupa la charge de fecretaire du confeil privé; & paffe pour un des beaux génies de fon temps. Les ouvrages de Rubens font en grand nombre.
La France, 1'Italie, 1'Anglete: re & la Flandre en font remplies: nous en indiquerons les principaux, apres avoir fait quelques réflexions fur fa maniere, Bien des auteurs ie font contentés dedire que
1'on voit per. de tableaux entièrement: de lui, 3c qu'il ne faifoit fouvei;t que recoucher ceux de fes élèves j c'eft uue erreur: les tableaux de fes élèves qiu onr été retouches, fonc aifés a. reconnoïtre : on n'y trouve pas les tranfparents dunt ce grand peintre nroit ü bien parti : ceux qui font de van JDyck embarrafTent Ie plus; mais encore raremenc peut-on s'y tromper. La touche de van Dyck e.il: plus tendre j elle n'eft ni fi facile, ni fi large cjue celle de fon maitre. Il femble que dans les tableaux de Rubens, les mafles privées de lumière 11e foient prefque point chaigécs de couleur: c'étoit une des critiques de fes ennemis , qui prétendoient que fes tableaux n'étoient point affez empdtés, & n'étoiem: prefque qu'un ver- nis colorié.a.ufli peu durable que 1'artifte. On voit a préfent que cette prédidtion éioit très^mal fondée. Tout n'avoit d'abord , fous Ie pinceau de Rubens, que 1'apparence d'un glacis; maïs quoii qu'il tirat fouvent des tons de 1'impreffion de fa toile, elleétoit cepqndant entièrement couvertede couleur : il a connu parfaitement celle qui n'alté- roit ni la v'vacité, ni la durée de 1'autre. Une des maximes principales qu'il répétoit Ie pjus foijvent datis fon école fur Ie coloris, étoitj, |
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cju'il étoit très-dangereux de fe fervir du blanc ~------•
& du noir. Commcncc^ , difoit-il, a peindre légere.- * ƒ77*
ment vos ombres; garde^-vous d'y laiijer g'iQer du blanc j c'e/i Ie poijon d'un tableau , exceptê dans les lumières • Jl Ie blanc émoujje une fois cette pointe brillante & dorée j votre couleur ne f era plus chaudey mais lourde & grif e. Après avoir démontré cette précaution fi néceiraire pour les ombres, & avoir défigné les couleurs qui peuvent y nuire , il con- tinue ainfi: Iln'en efipas de mime dans les lumières; on peut charger fes couleurs tant que l'on Ie ju ge a propos : elles ont du corps ■ il faut cependant les tenir pures : on y réuffu en placant chaque teinte dans fa place j & pres l'une de l'autre, enforte que d'un léger melange fait avec la broffe ou Ie pinceauy on parvienne u Iesfondre en les paffant l'une dans l'autre fans les tourmenter, & alors on peut retour- ner fur cette préparation & y donner des touches décidées % qui font toujours les marques diftinclives des grands maltres, Voila quelcjucs-uns des principes de Rubens t
on les reconnoït dans fes ouvrages: fa couleur eft tendre , vive x fraïche 8c naturelle : il avoit une fingulière faeilité a opérer, & par-la il cachoit fa palette (\) dans tout cc qu'il a produit. Il tcnoit eet artifice de 1'examen des ouvrages du Titien , de Paul Veronèfe & du Corrège, &c. S'il a cepen- dant moms fondu fes couleurs, il nous laifle la 'route plus frayée que ces maïtres italiens, qui nous déguifent leur marche pas; une fonte prefqu'in* (1) Expression en peihture: on dit les couleuri
sonl trop enies, elles sentent la pahtte ,i:'cst-a-dira qu\lles n'iiniteot point assez celles de la nature. v
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31 i La Vie des Peintres
fcnfible. Nous pouvons donc Ie regarder comme
l577' un tnaïtre aufli bienfaifintqu'habile., qui vetu bien nous ré veler les myftères de cette forte de magie {\ difficile a devincr , & dans laquel'e il n'a pas en- core été furpafle. Quel avantage n'a-t-il pas nré du clair obfcur? avec quelle induftrie a-t-il fa lier fes grouppes , répandre & fourenir les grandes malles de lumières par celles des ombres? Un fénie fi élevé &c fi lavant dans l'hiftoiie &c les
.Hes-lettres étoit auffi digne d'être admiré cjue ca")able d'inftruire. Abondant & facile dans fes produ&ions, varié dans fes attitudes auffi fimples que naturelles , & toujours contraftées , fans être oiitrées; jufte dans fes expreilïons , ncble & exa»^: dans 1'expofinon, & plein de jugement quand il a fair ufage de 1'allsgorie, fes draperies font convenables aux fujets; les étoffes groilidres ou légères font jetées avec art. Il n'y a ninle affec- tation dans les plis qui font amples, Sc fous lef- quels fe dtffine Ie nu : on y reconnoit diflindre- mem la foie, la laine& Ie lin. Rubens a peut-être manqué quelquefois a 1'élégance 8c au choix de la belle nature : il cft même quelquefois maniere, fur-tout dans fes extrémité.s& les emmanchemens de fes fieuresj maisce défaut ne lui eft point ordi- naireril a nès-fouvent faifi dans la nature des beautés qui lui étoient échappées dans les auti- ques j ou plutót qui ne s'y trouvoient point. S'il a quelquefois négligé la corredion du de/Tin j il eft iouvent dans cette partie égal aux plus grands tnaitres : 1'éloge que nous ferons de la plupart de fes élèves, doit encore ajouter a fa gloire. / ulens peignoir 1'hiftoire , Ie portrait, Ie pav^.
fage, les fruitSj les fleurs & lesanimaux, & |
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Flamands, Allemands & Hoüandois, 31 y
dans chaque genre il étoit habiie j il avoit tant de .
refTources dans Ton génie qu'il a compofé jufqu'i 1 577. trois ou quatre fois Ie même fujet dans Ie même inftant, lans qu'il y euc nen de relTemblant. Nous avons plufieurs efquifles de lui, faites pour Ie même tableau. On en connoic trois en France du tableau d'autel des Auguftins d'Anvers, une chez JV1. de foyer d'Argenfon , 1'autre chez M. de JuIUnne, & la troifième a Rouen, très-fmie, chez 1'auteur de eet ouvrage. Toutes ces efquifles étoient fur Ie panneau, la toile ou Ie papier huilé : il favoit y répandre la même intelligence que dans un tableau ceimint.1! en étoit de même des études particulières qu'il faifoit avec beaucoup de feu : quand il ne peignoit pas fes efquiifes ou fes études, il les faifoit au crayon noir, au crayon rouge ou charbon huilé, reliauflë de blanc, fouvent avec un lavis d'encre de la Chne Sc d'antros coulecr? a la gonmie. On voit dans (es deflins toure la fone & toure la vigueur d'un tableau : auflï font» ils fort recherches & payés rrès-ciier. On Ie chargea a Rome de peindre un S. Gre-
goire entoiué de faints Sc faintes : ce tableau fe trouva trop petit pour fa place. On pretend que la tête d'une Samte Catherine de ce tableau, étoit d'après celle d'une courtifanne fort belle Sc fort connue. C'eft ainfï que Santeuil a quelquefois dérobé les traits dont le.s poëees profanes ontpeint leurs héroïnes, pour tracer les faintes qu'il a célé- brées. Il fit un autre tableau furie même fujec, & Ie premier fut envoyé a Anvers j oü il fe voit encore a 1'abbayedeS. Michel, mais emièrement gaté par 1'ignorance de celui qui Ta voulu nettoyer. Rubens ie vit imité de pres dans quelques com- |
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314 L<? Vie des Pcïntres
-pofitions de David Teniers. Il vouli.it s'e'gayer i
lbn tour dans les bambochades de ce grand inuta- teur, & il fit quelques tableaux dans fon genre. Le plus beau &le plus confidérable ie vóit a Gand dans le cabinet de M. Lucas de Schamps: c'eft une Aflemblée de payfans qui boivent Sc jouenc aux cartes, Sec. Les figures out environ neuf pouces de hauteur. Rubens s'y eft fi bien caché fous le mafque de Teniers, que les plus habiles ont cru Teniers auteur de een excellent morceau. Noiispourrions rapporter plufieiirs autrestraits de la vie de eet admirable arnfte _, maïs nous nous bornerons a ceux-ci qui fuffifent pour le faire connoïtre. Nous nous contenterons même dJindi- querfesprincipaux ouvrages^ 5c d'ailleurs, Rubens, tour grand qu'il eft , n'eft pas le feul dont il nous rel'te a parier. On voit en France dans le cabinet du roi, fept
tableaux de ce grand maitre: une Fuite en Egypte, la Vierge dans une Gloire environnée d'Anges, une Noce de Village , I.ot & fes filLes, le portrait d'Anne d'Autriche, la Reine Thomiris j & un Pxyfage fous le titre d'Arc-en-Ciel. Chez le duc d'Orléans, douze efquifles de
Thiftoire de Conftantin, la reine Thomiris qui regarde plonger la tête de Cyrus dans un vafe remplidefangj la Continence deScipion, Diane revenant de la Chafle, 1'hiftoire de S. Georges, le Jugement de Paris, Mars ëc Vénus, 1'Enlè- vement de Ganymède , & 1'Aventure de Philo- pemen. La galerie du Luxembourg eft enrichie de
yingt-quatre tableaux de eet artifte : ils contien- Jienc les principaux évènemens de la vie de Marie |
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Flamands, Allcmands & Hoiïandois. 515
de Médicis 3 reine de France. Le premier repré-------—
fente les Parques qui filent fes jours fous les yeux 1J77-
de Jupiter & de Junon : le fecond, fa Naiflancej le croilième, fon Education • le quatrième, Henri IV, lorfqu'il décide fon manage avec cette princefle \ le cinquième , ce même Mariage \ le iixième, le Debarquemenc de la Reine au Port de Marfeille -y le feptième, la Ville de Lyon lorfqu'elle va au-devant d'elle j le huiuème, la Naiifance de Louis XIII, fon nis ; le neuvième, le Départ d'Henri IVpom Ï'A llemagnej le dixième, le Couronnement de la Reine j le onzième , 1'Apotliéofe d'Henri If ; le douzième, le Gouver- nement de Marie de Médicis j le treisième, fon Voyage au Pont-de-Cé^ le quatorzième, Téchange qui fe fait des deux Puncdïes, cjuand Anne d'Aurnche, infante d'Efpagne, vient en France époufer Louis XIII, & quEüfabeth, fceur du roi, va en Efpagne époufer 1'Infant, depuis Pk'dippe IV; le quinzième, le Bonheur du Pcuplc ious la régence de la Eeinei le feizième, la Majoritó de Louis XIII; le dix-feptième, la Reine fuyant de la ville de Blois; le dix-huitième, fon zele pour la Paix j le dix-neuvième, la conclufion de la Paix j le vingtième , la Paix ratifiée dans le Cielj le vmgt-unième, le Temp? qui découvre la Vérité; le vingt-deuxièmej Marie de Médicis fous la forme de Pallas \ le vingt-rroifième, le Grand duc deTofcane, Francois I, père de cette princefle j le vingt-quatnème , Jeanne d'Autriche% ducheiïe de Tofcane, fa mère. Dans les principaux cabinets de Paris, on con-
ferve avec diftinétion les Ouvrages de Rubens. Le Prïnce de Monaco pofsède un tableau repré- |
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3 i € La V'ie des Pcintrcs
_ fentant un Enfant qui joue fur une tablc. M. Ie
comte de Vence a du méme un tableau piquant, c'eft la repréfentanon d'une Lamère. M.le mar- quisde P'oyerzdtax tableaux AeRubensj dans 1'un on voit quatre Enfans, panni lefquels on remar- que une petite iïlle qui careiïe un mouton : les fruits dont ce tableau eftorné, font peints par Sneyders. L'autre eft une efquifie du tableau qui fe voit aux Auguftins d'Anvers. M. Ie comte de Choifeuïl a aufli une efquiffe tenrunée de ce maïrre , une Suzanne furprife par les Vieillards. On trouve chez M. de la Bouexière, trois ta- bleaux j les Grarcs font peintes dans Ie premier, & des Tctes en fonne ovale dansles autres. M. de Juiïcnnez de Rubcns trois excellens morceaux , un beau Payfage, Ie portrait de la femme de ce peintre Sc tine belle efquilfe flnie. Chez M. Ie marquisc/e Lajfay, un Payfage admirable,dont Ie fujet principal eft une Charrette ernbourbée. Chez M.le duc de Tallard, cinq tableaux du même peintre, Ie portrait d'un homme tenant un livre, Méléagre préfentant une hure de fanglier a Atha- lante, Sainte Cécile jouant de 1'orgue &: envi- ronnée de plufieurs enfans, un beau Payfage de 1'Adoration des Rois. Chez M. Paquier, député du commerce pour la villc de Rouen, fix tableaux de Rubens, Re'mus & Romu/us, Orphée & Euridïce, Perfee & Andromcde, un homme Sc une femme repréfentés a mi-corps, Sc un autre en forme de portrait. Chez M. de la Lyvc de Jully, une femme peinte de profil, qui litj un autre grand tableau , une femme tenant un enfant fur fes genoux, & un autre enfant a cöté cl'elle : ce ta- bleau qui n'eft qu'une ébauche, excepcé les têtes |
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Flamands, Alhmanis & JJoüandois. 5 1 f
Sc les mains, a toute 1'harmonie d'un tableau---------
terminé. On y découvre la marche de ce grand 1S77*
piaïtre , & on eft furpns des eftets finguhers qu'il fait, quoiqu'il ait coüté peu de travail a 1'auteur : les beaux tranfparens & Ie faire de ce tableau en généralj eft une grande lecon pour ceux quipeu- vent Ie voirfouvent. Le cabinet de 1'élecbeur Palatin eft orné de
quarante-fept tableaux du mème peincre, donc voici les difrerens fujets : la Chüte des Anges, tableau de 14 pieds 10 pouces de hauc, fur 9 pieds 10 pouces de large 5 1'AlIbmption de h Vierge, tableau de 1$ pieds 11 pouces de haut, fur 9 pieds j une Vierge avec 1'Enfant Jéfus fuc fes genoux; Latone dans* 1'Ifle de Délos , les Payians changés en grenouilles y Saint Chriftophe qui potte 1'Enfant Jéfus fur fes épiules •, une T'ête de femme; le portrait de Ruitens & celui de fa première femme, Elifabeth Brants\ un Crucifix peint fur bois j une Challe au Sanglier, les ani- maux font peints par trancou Sncydtrs; la Ren- contre de Jacob Sc d'Efaü ; la Fète de laPente- cote ou la Defcente du Saint Efpriï fur les Apó- tres; le portrait d'Helene Forman 3 feconde fem- me de Rubens; la Pompe funèbre de Germanicus, fils de Drufus & d'Antonla ; un Payfage avec un Arc-en-Ciel ; Samfon furpris par les Philiftins dans les bras de Dalila; la Mort de Séuèque au au milieu de fes amis; le Dieu Silene , ivre 8c 'porté en triomphe par des Bacchantes; Marsou la Vigilance couronnée par la Renommée; des Enfans au nombre de fept qui fe jouent, avec différens fruits qui font pemts par Sntyders \ la Sainte Vierge entoucée d'onze enfans, les fleur» |
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} 18 La V'ic des Peintrei
"" — & Ie Payfage font peints par Breughel de Klour;
les fupphces des Réprouvés condamncs au feu de 1'enfer; Ie Cardinal Infant a cheval, de grandeur naturelle. On voit dans Ie fond du tableau la batailledeNordlinguej deux Femmes nues violées par deux Romains \ les Pècheurs convertis aux pieds de notre Seigneur j Ie Jugemenc dernter j Ie Venïte Benedicli j laConverfion de Saint-Paul j la Paix entre les Piomains & les Sabins', leMartyre de S. Laurent j la Naiflance de Notre Seigneur j la Bataille des Amazones j la Défaite de 1'Armée du roi Sennacherid , oü 1'Ange détruit 185000 hommes 5 Saül facré par Ie pvophète Samuel j Diane ik fes Nymphes endonnies; un Satyre qui examine toutes ces beautés abandonnées a fes re- gards avides; Ie Payfage, Ie gibier & les chiens font peints par Breughel de Vlour^ des Soldats qui pillent des Pay fans; Diogêne la Ian terne alamainj Vénus qui fait fes efforts pour empêcher Adonis d'aller a lachalTe; les portraics du roi & de la reine de Pologne, Ie roi eft aflis fur fjn trqne^ te portrait de Philippe II, roi d'Efpagne, & celui de la reine fa femme; Ie portrait cte Thuldeus, doóleur en théologie; Silene avec detixBacchantes Sc un tigrej Ie portraic du Général d'un Ordre religieux j Ie portraic du cardinal infant^ Ie Juge- ment dernier, tableau tle vingt pieds de haut fur quinze pieds cinq pouces de large , il eft capital \ cV enfin Silene ivre avec deux fatyres. L'Empereur pofiède a Vienne une Bacchanale
de Rubens. L'électeur de Bavicre une ChafTe au lion, avec
des chevaux barbes. Il y a a Neubourg fur Ie Danube j cinq ta-
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Flamands , Allemands & Hollandoïs. 319
bleaux du tnême artiftej Ie Jugement dernier j une Nativité, une Pentecote , la Chuce des mauvais Anges.» Saint Michel qui tue Ie dragon» Dans l'égfife de Sainte Croix a Ausbourg, une
Aflomption de la Vierge. Dans la galerie du duc de Modène 3 Saint
Jérome avec un lion. A la Vénerie pres de Turin, quatre fujets de
ChalTe & un Saint Jéi'ême. A Gênes, dans 1'égliie de Saint Ambroife des
Jéfiutes , Saint Ignace qui guérit les Infirmes & les Eftropiés, Sc une Cxrconcifion. En Elpagne , au palais Della-Torre Della-
Parada , plulïeurs delTus de portes, oü Rubcns a repréfenté des fujets tirés des Métamorphofes \ Sneyders a peiat les animaux , les fruits & les fletirs. Dans 1'églife appellée 1'Hópital des Fla-, mans a Madrid j Ie Martyre de Saint André , Saint Auguftin <Sc Sainte Monique fa mère, au pied d'nn Chnft. Au palais de la tnême ville, plufieurs beaux
Portraits de la Maifon royale j l'Enlèvemenr. des Sabines, Sc Ie Combat des Sabins Sc d*s Romains. A Fefaldana , pres Valladolid 3 un tableau de
la Conception, chez les Religieufts du méme nom. Au palais ds Buen-Retiro, Ie Jugement da
Paris. Dans la facriftie de 1'Efcunal , S. Jérome en grand, Sc les Pélei'ins d'Emmaüs. Dans Ie cha- pitre de la mêfne i-naiion, une Sainte Familie; au même couvenc 5 dans Tappartement du roi, la Vierge, 1'Enfant Jéfus, & pluiieurs Figures , tableau précieujc peipt fur cuivre. |
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51 o La Vu des Peirures
Dans Ia vilte de Lorcïies , chez les Carmes
déchaufles, qtiatre Cartons d'après lefquels on a fait des Tapifleries. l.a ville d'Anvers qui eft fi ricf?<? en tableaux,
nous en offre trente-(ix du pnèm • auteur, qui font expofés en public , fans coropter ceux qui font chez des p^rticuliers. L'églife de Notre- Dame pofsède fon chef-d'oeuvre, dont noms avons déja parlé> c'eft Ie tableau de 1'Hótel de la Con- frérie du Mail : il a deux volets, Ie milieu repré- fente une Defcente de Croix ^ fur un des volets (>aroït la Vifitation de la Vierge , & fur 1'autre
a Préfentation au Tcmple : au dehors des vo- lets , Saint Chriftophe portant 1'Enfanc Jéfus, Sc un Hermire qui conduit ce faint la lanteme a la main. Un tableau, Jéfus-Chrift mort, placecontre un des piliers de Téglife Notre-Dame , ome 1'épitaphe de la familie de MM. Michielfens : on appercoit fur un des volets la Vierge Sc TEn- fant Jéfus, Sc fur 1'aurre Samt-Jean-1'Evangé- lifte: les volets fennés font volt Notre Seigneur &■ la Vierge. Dans l'églife paroiffiale de Saint-Walburge ,
Ie grand autel eft orné d'un tableau capital, c'eft Notre Seigneur attaché fur U Croix,que les Bour- feaux élèvent pour la planter; les volets repré- ientent Sainte Catherine Sc Saint Eloi: <e même autel a éré réedifié en 17-57 par Ie fculpteur Kercks Ie jeune. Ona fupprimé plufieurs tableaux de Rubens , qui étoient auparavant deux An^es peints fur bois & découpés -y une image de Dieu Ie père qui étoic au-de(ïus de 1'autel, Notre Sei- gneur en croix, la mort de S. Walburge, & les Anges qui enlèvent Ie Corps de ce Saint: il ne refte
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Flamands j Alkmands & Hollandois. 3 i i
refte plus que le tableau d'autel, & fes volets ,
lesautres ayant été vendns ïur laBourfe en 1737. Le chcEur eft décoré d'une épitaphe & d'un beaa rableau de ce malere , notre Seigneur iffis fur fon tombeau , au milieu de trois Anges, foulant aux pieds la mort. Ce rare tableau "sft prefque perdu par la négligence deceux auxquels tl a été confié. Dans ï'églife paroifliale de Saint Jacques, on
voit laChapelie dans laquelle eft enterré Rubens, Sc pour fon épitaphe un tableau capital , ou il s'eft peint lui-mt;me& fes femmes. On en admire la compohrion & la couleur , maïs ce tableau eft peint plus crument que fes autresouvrages. Les religieufes Annonciades confervent un
petit tableau qui repréiente le fmnt-enfaiit Juf- tus décollé. On le voit marcheravecfa tcte dans fes maitis j deux autres figures font a cóté de lui j & des cavaliers paroilTenc dans le lointain. L'éghfe de 1'abbaye de Saint-Michel pofsède
1'Adoration des rois, tableau précieux qui n'a occupé Rubens que treize jours. Saint Norbei t eft peint fur 1'autel qui porte fon nom-. On aflure que » ce dernier tableau a été fait aRome; maisce 1'au-
teur chargea, pour des raifons qui nefont pa^ <;o!i- nues , Saint Philippe de Neri en Saint Norbert. Il a fait encore un tableau qui erne 1'épitaphe d'un abbé de Saint Michel. Notre Seigneur j la foudre a la main , menace
Ie monde , dans un tableau du maïtrc-autel des Dominicains de la ïnème ville ; la Vierge & plu- {ieurs Saints intercèdent pour les pécheurs : ce tableau eft un des beaux de Rubens. On voit dans la crupelle du Saint-Sacrement ,un ConcileCEcu- ménique , ou fe trouve un grand nombre de Pré-; Tome L X |
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3-ii £<z Vk des Peïntrcs
- lats en habits pontificaux : ce morceau eft d'una
1577> riche compofition. On voit encore pres de 1'autel du rofaire & vis-a-vis de la chaire , une Naif- fance de Jéfus-Chrift , dont les figures font plus grandes que nature. En face de la chaire plufieurs artiftes y ont peint les quinze Myftères : une Fla- gellation de Rubens en fait Ie prmcipal ornemenr. Aux Récollets , legrand autel eft décoré d'un beau tableau de ce peintre , notre Seigneur en croix entre les larrons. L'efquiiïe de cette belle production eft confervée dans la même maifon j a la charabre des Hótes. Notre Seigneur mon- trantfes plaies a Saint Thomas, eft peint derriére Ie chffiur , fur 1'épitaphe du bourguemeftre Roekokx: ce magiftrat & fa femme font vus fur les volets. Dans la chapelle du tiers-ordre , on trouve un Crucifix de trois pieds de hauteur j d'un beau fini j en pent une efquiOe de la Def- cente de croix de la cathédrale j tableau de quatre pieds de haut; un autre Crucifix , grandeur de nature ; Sc leCouronnement de la Vierge dans la chapelle qui porte fon norh. Le grand autel de i'égl'tfe des Jéfuites a été
bati fur les defiïns de Rubens : on en conferve J'efquifle dans la même maifon. Quatre grands tableaux, deux de Rubens } font places 1'un après ï'autre fur eet autel : 1'un des deux de Rubens re- préfente Saint Ignace qui chafle le demon du corps d'un pofTédé; 1'iutre , Saint Xavier quiref- fufcite un hommemort : la compofition decelui- ci eft immenfe & pleine d'art : les deux efquifles font a cóté de eet autel. Le tableau d'autel de la chapelle de Saint Jofeph , repréfente la Vierge 5c Saint Jofeph. Uae Aiïbmption, autre tableau |
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Ftamands, Alleman&s & Hollandois'.
admirable , pare 1'autel de la chapelle de la Vier-
ge j eet autel eft de marbre. Cn y voit encore un grand tableau de fleurs , peint par Ie frère Seghers ; Rubcns a peint au milieula"Vierge, VKri- fant Jéfus & plufieurs Chérubins : et dans la con- grégation d'en bas , fe voit Ie tableau d'autel cjiii repréfente une Annoneiation, & qui fait la gloire de Rubens. Il peignit avant fon voyage d'Italie, 1'Adoration
«les Rois 3 petit tableau d'autel ., fous Ie jubé de 1'églife desCarmesj c'eft notre Seigneur etendu mort fur les genoux Ae fon père: lesAnges y portent les iriftrumens de la paffion. Les Carmes déchauffés pofsèdent ,(a cóté du
grand autel, unChrift mort, quieftétendufur les genoux de fa mère. Le tableau d'autel de la Sainte Vierge, repréfente Sainte Anne Sc SainE Joachim, avecdesanges qui font dans le ciel j no- tre Seigneur qui apparoït a Sainte Thérèfe , 8c plufieurs autresfignresj au-defïbus un Purgatoire, tableau fort eftimé. L'églife des Capucins con- ferve le Crucifiement de notre Seigneur entre les deux larrons , avec les Manes & beaucoup d'au- tres figures : ce tableau eft place au maitre au- tel. La Vierge , 1'Énfarit Jéfus & Saint Fran^ois ' font un tableau d'autel dans la chapelie de ce Saint. Ün remarque dans 1'églife des Auguftins , un
tableau capitai , qui repréfente plufieurs Saints &Saintesj au haut eft la Vierge avecTEnfant Jéfus qui donne 1'anneau A Samte Catherine ; derriére la Vierge eft Saint Jofeph; a fa gauche , Saint Jean prêchant dans le défert; a fa droice , Saint Pierre Sc Saint Paul; au bas Saint Georges |
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La Vit des Peintres
______ tenant un étendard & écrafarit un monftre; t Saint Sébaftien t Saint Auguftin , Saint Laurent,
Saint Paul 1'hermite., &c. & plufieurs anges :
Kubens a cherché dans ce tableau a réunir routes les grandes parties de la peinture, la coippofition , Ie dcflin, Ie coloris, I'in-telligence; c'eft un gr'and modèle a imiter : ce tableau eft prefque peint de rien, on voit par-tout la toile , & il eft brillanc pour fa boane couleur & fes tranfparens. Ce grand maitrea fait plufieurs efquiflespourcefujet: M. Ie marquis de Foyer en a une qui ne paroïc que foufflée j je pofsède une efquifTe très-finie du même fujet. Ce tableau eft place au grand autel de 1'églife des Auguftins. On voit chez M. Lundens un trcs-beau payfage:
c'eft une vue de Laeken pres de Bruxelles ; il y a divers animaux & plufieurs figures: dn y diftingue une Femme qui porte fur fa tête un pot au lak ^ decuivre,fuivantl'ufagedupays. Un autre beau tableau , eft Ie portrait d'une demoifelle Lundens : la tête eft couverte d'un chapeau qui y porte 1'ombre 3 enforte que cette tête n'eft éclai- «ée que par la réflexion des lumières qui 1'en- vironnent. Ona dit que Tamour conduifit alors Ie pinceau de Rubens, & qu'il avoit voulu époufet cette aimable perfonne. Neuf beaux tableaux fe trouvent expofés en
public , dans la ville de Gand , dans la Cathé- drale de S. Bavon \ on y voit S. Liévin avecbeau- coup de figures. Ce tableau confidérable étoic autrefois place au grand autel, mais eet autel fuc fait en fculpture en 1719 , Sc depuis il fert i l*au- tel d'une chapelle de la même églife. Paos 1'égUic des Jéfuices, Ie tableau du gcajui
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Flamtnds, Allemands & Hollandois. 51$
«utel exprime Ie martyre de S. I.iévin, patron de _nmmmm
Gand: il eftchangé pendant quelqnesmoisderan- 1577. née,&:on Ie remplace par uneDefcentedecroix, beau tableau de Crayer. L'églifedes Récollets eftenrichiedetroisbeaux
tableaux de notre grand peintre: celui du maïtre autel repréfente notre Seigneur irrité, tout prêc alancer la föudre&aanéantir 1'univers \ laVierge arrête d'une main ce bras vengeur, & de 1'autre montre fon fein; S.Franc.ois les yeux levés au ciel , adrefTea Dieu des prières ferventes,& couvre de fon manteau Ie globe du monde : cette allegorie très-in^énieufe eft bien caradtérifée, parl'efprit qui règne dans cette compofirion.il y aencore un S. Francois qui re^oitles ftygmates 3 tableau d'au- tel; & une Magdelaine enextafe,foutenuepardes Anges , a coté du grand autel. ChezM. Deyne , on voit deux beaux portralts
du même auteur. A Tournai, dans 1'églife cathédrale, on admire
un Purgatoire & des Anges qui en retirent les ames; ce morceau eft place au retable du grand autef : il eft prefque perdu par la négügence de ceux qui auroient du veiller afa confervation. Le tableau d'autel dans la chapelle derriére le chceur, re- préfente le martyre des Machabées: ces tableaux font admirables. Aux Capucins de Tournai , le tableau princi-
pal de leur églife , eft une Adoration des Mages: compofition d'une grande richeffe. Dans 1'églife principale de Berg-Saint-Vinox j
au trrand autel fe voit une Adoration des Rois s, tableau peint dans une belle maniere. |
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La Vie des Peintrcs
. A Namur, dans 1'églife des Jéfuitesj Rubens 1577" a repréfenté la vie de la Vierge.
Et chez les mêmes pères a Lille j S. Michel
Archange qui renverfe les Anges rebelles. Cette ville nous offire encore du méme peintre Ie Martyre de Sainte Catherine , au grand aucel de I'éghfe qui porte fon nom j & aux Capucins , une belle Defcente de croix, placée au maïtre autel. Dans la ville d'Alft , on voit auflï un S. Roch
au milieu despeftifbrés : beau tableau dans 1'églife de S. Martin j trois autres petits tableaux du méme , environnent eet autel. L'Angleterre pofsède un nombre de tableaux
de Rubens j nous ne citerons ici que ceux deBan- queting-Houffe : la chapelle a un fort beau pïa- rond , orné de neuf tableaux pleins d'allégories relanvesa laviede Jacquesl Cesmorceauxappar- tenoient autrefois a la falle d'audience do 1'ancien ! paUis de Wtiitehal. Et dans lafameufe colledtion du duc d'Hamïltoriy
en EcofTe, on diftingue fur-tout un grand tableau de Rubens-y c'eft Daniel clans lafofTe aux lions. |
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MARTIN PEPIN.
Qüoique ce peintre fbit né a Anvers , il n\i
pas été poffible de favoir aucune particula- rité ni de fa vie ni de fa mort: on fait peu de cbofes auffi de fes talens,& je n'ai rien vu de fes ouvrages. On peut feulement en jager par Ie rap- port de Rubens, qui étoit contemporain de Pepin* Ce dernier alla fort jeune a Rome, oü il étoit re- |
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Flamands , Allemands <S' Hcdlandoïs: 317
gaf dé comme un grand peinrrc, &oüfeso.uvrages_____
furent recherches. Sur Ie bruit qu'il alloit t ■*%
quitter cette capitale pour defcendie dans les Pays-Bas , Rubens en témoignade 1'inquiétude j mais pea de tems après ayant appris que Pepin s'y étoit marie , & qu'il étoit détermmé d y finit fes jours , il lui échappa de dire qu'il ne craignoit f'lus perfonne qui pik lui difputex fa gloire dans
es Pays-Bas. Weycrmans ditavoir vu beaucoupde tableanx
de notre artifte, d'une grande beauté, &c p?.rti- culicrement une Defcente de croix , d'une belle compofitïem , d'un beau deflïn , d'un grand gout de couleur & d'une belle harmonie ; & ponr fi— nir fon éloge d'un feul mot , il ajome que Pcjiin |
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égaloit mème Rubens..
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D a v I D
VINCKEKBOOMS;
EtIVE DE SONPERE
PHtLIPPE VINCKENBOOjRtS,
lNaquit. a. Malines en 1578..11 pafTa fort jeune
a Anvers avec fon père , & de la a j^mfitr- dam : \\ apprit fous lui b peinture. D*abord il ne peignoirqu'en détrempe ,mais fon pt^re étant mort, il fe mit de lui-même a peindte a 1'huile \ il V "Suflit, fur-tout en petit : fes figufgs font A'xin bon eoüt de deflïn-yic fes tableaus olaifenu,
0 -v -1 |
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.....__ , __________ __ ■»-^"-""'"-
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3 iS La Vie des Peintres
On effcime pour uh de fes plus beaux celui
• de Fhopitaldes vieux hommes d'Amfterdam: il repréfLme un Tirage de loterie : 1'aéfcion eft de nuit, & on y voit une fonle de peuple éclairé par des lanternes, &c. Ce tableau a huit pieds de haut fur quatorze de long. Ses petits tableaux repréfernent des Fêtes de village ou des Noces *, il a tiré quelques fajets de TEcriture Sainte , $c a mérité Ie nom debonpeintre, quoiqu'il n'ait eu d'autre niaitreque fon père, peintre en détrempe. Il peignoir fnr verre a gouaflè , & giravoit fort bien. On voit pïufïeurs de fes eftampes gravées ie lui _, & par d'autres d'après lui. I[ a fait Ie Payfage avec fuccès. On trouve feulement que fes oppofitions deviennent quelquefois dures Sc tropprécipitées. Il manque dans les tableaux de ce peincre cette vapeur fi vantéedans Sacht-Léven &" Wouwermans ; inais on y trouve d'autres belles part'es , bonne couleur } ure touche légere , 8c des nV.iirinnes avecdelacorredrion & de Tefprit. F.ottenkamer a fouvent orné les payfages de Vlnc- kenboorris avec de folies figures. A Paris chez M. Blondel de Gagny , on voir de ce peJntre un payfige , avec des figures pir Rottenhnrner. Et cfiezPéle&eur Palatin , notre Seigneur por-
tantfa trroix rune mulritude de figures bien ren- due.s foiit admirer ce tableau. L'auceiJir de eet ouvrage pofsède un tableau
de W~irzckenbooms, avec des figures du chevalier Charles &reydel: Ie payfage eft de fort bonne cou- leur , z((ex dans la maniere de Save'ry. H vivoit encore |
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Flamands 3 jillemands & Hollandois.
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SAX. O M O N
DE B R A Y.
ce peintre mérite d'être place patmi '
les autres, il paroït que ceux qui ont écrit la. 1570. vie Ie louent plus pour avoir eu deux fils qui font devenus habiles fous lui, que pour fes autres ouvrages. Celui-ci naquit a Harlem en 1579 , fon fils Jacques efï Ie feul dont nous parlerons , ne fachant rien de 1'autre. Jacques eft regarde comme un des plus habiles
peintres dJHarlern. Il pejgnoit bien Thiftoire Sc Ie portrait. On voit de lui David jouant de la harpe devant l'arche, avec une nombreufe fuite de Prêtres Sc deLévites, &c. Ce tableau eft d'un beau delïïn Sc d'uii pinceau pur & plein d'art. Il eft dans Ie cabinet de M. van Halen , 4 /imfterdam, auflï frais que s'il fortoit des mains du peintre. Il deffincit avec une touche fiere & des con-
toursfavans, t^ntot fi'r Ie papier, tantot fur Ie vélin; les crayons rouges Sc noirs font bien mêlés enfembie. La plu part fotjt dans les norte-feuilles du fieutlfaac Velcourt^ grc.nd amateur. Salomon de Eray mourtit dès Ie mois de mai
1^64. Son fils Jacques jnourut dans Ie mois d'aviil j ciuelques fginaines avant fonpère. Il laifla un fils qui peignoit les fleurs j &• quï
dans la fuite fe fït moine. Le poëte Rixtel ie fouviert de JacqUcs ds. JBray dans fes poëfies venes. |
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F R A N
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O I S
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S N E Y D ERS,
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ELEVE DE HEKÏH
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BALEN.
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)niyders naquit a Anvers en 1579 , &■
5"T9* aPPllt 'a pemture fous ilenrï van Balen. Il mérica déja les éloges de fola maure , lorfqa'il fe mit a peindre des £iruus 5^ enfmte les ani- maux , en quoi il farpriffi ceijix qui avoient été avant lui & fes conteniporains. Rubens fat Ie premier a vanter les ta'ens de Sneydcrs , 5c il |
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La Vic des Peintrcs Flamanis , &c, $ j i
commenca par fe fervir de fon pinceau pour- peindre les fruits & les animaux dans fes ouvrages. On vit auffi les tableaux de Sneyders avec des figures peintes par Rubens, 011 Jordaens. 11 n'étoit. pas facile de oiftinguer deux maïtres dans leurs tableaux ; la correóhon. , Ie feu de 1'ordonnance «ïcne & variée , foutemie par une couleur vigou- *eufe & une touche fiere , rendoit d'accord tout ce qui fortoit de leurs mains. Un tableau repréfcntant une Onaffe au cerf,
fit la fortune a Sneyders. Le roi d'Efpagne Pkl- lifpe III Vavant vu , ordonna a Sneyders de lm peindr^ plufieurs grands fujets de chaiïes & de batailles. 'Tout réuflït a eet habile arcifte. L'ar- chidnc tïlbert , gouverneur des Pays-Bas, Ie nomiTiafon premier peintre. Sa fortune étoit aiïu- rée ainfi cjtie fa gloire. On vit Sneyders peindre des ChafTès de jifférens animaux, des Fruits de différentes flaifons j des C uifines avec leurs uften- üles: tout étoit nne injiration exade de la nature. On eft étonné de voir avec quel feu il favoit pofer' Sc defïmer les animanx, tantót morts , tantfit vivans, tantot tranquilles, &' d'autres dans la rage & la fiireut. Chaque repréfentation faifit d'éton- nement , & on finit par admirer. On voit des tableaux rle ce peintre oülesfruits trompent, tant ils font bien tmités; des combats d'animaux qui effraient. lei c'elt unfanglier abattu j nttaquépar des chiens : quelques- uns font la vidlime de ce monftrueux antmal; la c'eft un combat de lions j de tigres , Sec. Tout y efl: foutenu par de beaux fonds de payfages oü il excelloit. Sa couleur eft chaudeSc dorée, fa touche eft favante & fiere, |
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La Vie des Peintres
Sc ü propre a repréfenter la foie, Ie poïl , lalaine
&laplume des diffirens anitnaux qu'il introdui- foic dans fes tableaux. La ville d'Anvers étoit lademeure de ce pein-
tre, & il ne la quitta que parordredel'archiduc,, pour demeurerquelque temps aBruxelles , oiiil a travaillé pour ceprince, & ou il afaitplufieursgran- descompofitions. Il a fait de temps en temps des rableaux de chevaiet , & les plus eftimés font ceax ou Kubcns Sc Jordaens ont peinc les figures. Pouvoic-il mieuxêtreguidé ? &qael niocifd'cmu- lation que celui de travailler de concert avec ces grands hommes ! Sneyders eft mort fort vieux , environ i ^57. H
a laiiTè' a la poftirité des tableaux admirables , Sc des élèves diftingués dans la peintuce. Nous avons de ce pemtre quelques gravures i 1'eau forte, qui nou> font regretcer qu'il en ait £iic fi peu. Les tableaux de ce pemtre font moins répan-
das dans Ie public que ceux d'autres arciftes _, a caufe de leur grandeur , Sc parce que la plupart furent faits paur des maifons royales. L'Efpagne en pofsède un très-grand nombre , 8c 1'électeur Palatin a cinq tableaux de Sneyders ; un grand payfage avec un charnot & quelques /eigneurs a cheval ^ une écrevilFe de mer cuite, & un gobelet fur une table; une quantité de firmts , d.u gibier Sc des oifeaux morts ; une Chafle au fanglier , beaucoup de chiens qui pourfuivent 1'animal, tableaucapital;& Ie portrait de Sneyders peintpar lui-même. A Paris, a l'hotel de Bouillon j on conferve
quatre grands tableaux de Sneyders; Hu&ens 8c Jordaens en ont peint les figures. |
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Ftamands 3 Allemands & TJoltando'is.
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A Bruges j on voit a 1'archevêché, quatre
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g q p >
tous les animaux & les fruits qui onc rapport au
fujet s'y trouvent repréfentés. Lesfigures de gran- deur naturelle font peintes par Kubens. On jr remarque une belle femme enceinre qui touche quelques fruits dont elleaeuvie : 1'expreffion do 1'avidké en eft admirable. |
*J73*
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FRANCOIS
f *
G R O B B E R,
ELEVE DE SAYERY.
Francois Grobber. j fils de Pierre j naquit ■
a Harlem : il fut élève de Savery. Van Mandèr dit que ce peintre excelloit a peindre Ie portraic en grand & en petit 3 & qu'il traicoit bie» . 1'hiftoire. BERNARD et PA U t
VAN SOMEREN.
Ces deux frères naquirent a Anvers. Bernard
voyagea & refta quelque temps en Italië , od il époufala 611e $Arnold Mytens, <{n% r~ |
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des Pe'mtres
a Amfterdam, oü il s'établit avec fon frère. Ber-i
nard hr Ie portrait. Il étoit facile & heureux dans lapofition Sc la reffemblance. Il compofoit inge- nieufement de petits fujets. Paul n'étoit pas moins eftimé , 8c les fuccès de
fon frère n'empêchètent pas qu'il ne fut également recherche pour Ie portrait. |
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F R A N g O I S
FRANCK,
DIT LE JEUNE,
ELEVE DE SÓN PER E. J? rancois Franck , nis de Fran^ois Franck
-Ie vieux j naquit en 1580. Elève de fon père _,
' il a fuivi fa maniere en grand & en petit. Il voya-
gea en Italië j Venife fut 1'endroit qu'il crut Ie
" plus propre a fes études. Il y prit pour maïtres
les plus grands coloriftes. On fut étonné de voir
ce peintre s'attacher plus a peindre les folies
du carnaval & d'autres fujets de cette efpèce j
..ou'a traiter 1'hiftoire en grand 3 mais il s'y livra
'tout entier dans ia fuite.
De retour a Anvers , il y travailla beaucoup ,
& fut adttiis parmi les peintres de cette ville era
1^05. La réputation de Franck Ie jeune ne fut
. bien étabiie quelorfqu'il eut fini un tableau avec
" fes deux yoletSj pour la chap'elle des quatre Cou-
rocnés 3 dans 1'églife de Notre-Dame d'Anvers.
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Flamanis , Allcmands & Hollandols. j j 5'
Le fujet eft tiré des adres des apótres. Il traita
depuis d'autres fujecs d'après Tanden Sc le nou- veau Teftament} & d'après 1'Hiftoire Romaine. On reproche a ce peintre d'avoir compofé avec trop peu d'ordre : il avoit d'ailleurs une bonne couleur , 5c touchoit fes ouvrages avec beaucoup Je fineffe. Corn'dlc de Bie dit qu'il eft mort a invers en
1642, & qu'il eft enterréa Saint André. |
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EST j ... • ' |
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.1 E A N
WILDENS
, IN aqtjit a Anvers , on ne fait en quelle
1580. année. Il étoit contemporain de Rubens ^ 8c a> peu-près du même age. Wildens faififloit toutes les occafions d'étu-
dier la nature, fur-tout dans les campagnes ou elle eft plus admirable & plus variée que dans les villes. Le fpe&acle de la terre & des cieux fe retrace dans fes tableaux , les rend vrais Sc intéreflans , enforte que les plus petits détails occupent 1'cfprit dans fes oumges, pan
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La Vu des Pelntrcs Flamanis, &c.
par la comparaifon continuelle qu'il fait de la na----------"
ture avec fon peintre. 1580.
Uu peintre 8c un poëte voient la nature avec
d'autres yeux que Ie vulgaire. Celui-ci l'admire ftupidement: ceux-la 1'etudicnt & 1'imitent j Ie premier n'y appercoit qu'un fpeciade uniforme qui 1'ennuie : les autres y découvrent a chaque inftant des nouveautés qui les ïnftruiient, ïls trou- venr toujours a réformer ou a embellir leurs ta- bleaux fur les ficns. Les.talens fhpérieursde Wildens lui méritèrent
1'eftime & la conSance de Ru'jens. Celui-ci acca- blé d'ouvrages fe fervoi: ^é]i du pinceau de van Uden j pour peindre Ie fond des tableaux oü il failoic du payfage. Il fe fcrvit aufii de Wddens cjui avoit pius de hberré que van Uden dans Ie grand, & qui favoi:, comme Ie premier j faire les fond.s harmonieux &c foutenir les accords des figures. Chaque ton de couleur étoit relatif ou oppoféjfa touche étoit légere & vagae, &, quand il Ie falloit, prononcóe & décidée. C'eft line gro/Iière unpofture q:?e de faire dire
a Wlldens qu'il devoitpartageriagloiredeA'«ie«j, piyfqu'il ne pouvoit fe pafler de nu poi?r peindre fes payfages, & d^.jouter encore que Rubens, pour confondrel'orgueil de notre peintre , après avoir rracé quelques payfagesj les lui avoit fair voir, én lui difant qu'il n'étoit qü'un ijTnoranr : mais Wlldens étoit finccrement attaché a la gloire de Rubens. Habile payfagille, rien ne lui pouvoic donner de la jalonfie contre un cu'and pemtre qui ne peignoir pas dans Ie même genre. Ce furent Janjfens & Rombouts qui prétendoient que Rubens avoit befoin d'eux; & c'eft a eux que ce prand Tomc L Y |
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«3 8 la Fïc des Peintres
----------homme tint les propos dont nous venons de 'pat*-
1.580. Ier , comnrte on Ie yoit dans fa vie. W^ildens avoit
tous les talens de fon genre, un génie heurcux clans Ie choix de la nature, une exécmion facile, une bonne couleur, une grande légèreté dans les ciels & les lointains. Il peignoit & deilïnoit bien la Figure. On a avance -qu'il avoit pemt Ie Por- trait^maisü ne peignoit des ligures que dans fes Payfages, & bien fouvent il les faifoit faire par d'autres peintres. Ruh&ns adit de Wildens, qu'aucun peintre n'en-
tendoit mieux qae lui i accorder les fonds qu'if peignoit av«c Ie princip,al fujet, fans détruire 1'har- moni-e générale, enforte que les ornemens fera- bloient toujours places par la néceflïté. Deux ta- bleaus fuftifent pour conftater fon mérite; on les voit a Anversdans 1'égUfe des Rdigiëufes appel- léesFackes; 1'un-repréfente la Fuite en Egypte, & 1'autre Ie Repos de la Vierge. On y voit des Anges qni paroilTent fervir des rafrakhiiremens. Ces figures font peintes par Lanjen Jan. Le pay- fage furpalTetout ceque nous connoilTons de Wil- dens, & le? figures paroiflent être peintes par van Dyck. Ges grands payfages font places dans la chapelle de S. Jofeph de la même églife. • |
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Flamands 3 Allemands & HoUandois. 3 j 9
G U E R A R D
P I E T E Pi S ,
ÉLÈVE DE COB.NILLE CONEUSSEïü".
PiETER.s,né a Amftexd mj& frère ducélèbre----------
organifte Jcan Pieters , commen^a a érudier 1'art 1580.
de la peinture fous Jacques Lenards , qui excel- loic a peindre fur verre d'une maniere facile & qui Uu étoic particuliere : Lenards avan^a fon élève au point qu'illui confeilla bientó: de cher- cher un maïtre plus habiic que lui. Pieters trouva |
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p^
qui Ie fit enrrec chez Cornille Corneiiffen : il fut
Ie premier élève de ce peinrre , & devint un
de fes meilleurs. Après deux années de rravail,
il étudia encore trois ans a H irlem. Van Mandcf
dit que de fots temps on 1'eft'moir comme un des
plus habiles des Pays-Bas pour peindre Ie nu. II
chérüToit fon talent, & difoit (ouvent qu'il ai-
moit mieux être peïntre qne prince : :1 taut avoir
une haute idee de fon art pour y exce'ler. Il fuc
d'HarlemaAnvers , 5c dela aRome oü il demeu-
ra long-temps. Il retourn.i enfin dans fa patrie , 8c
fe fixa a .Amfterdam. On regrette fort de ne
point avoir de lui de grands tableaux; on ne lui
laifla pas Ie temps d'en faire. Il faifoit Ie por-
trait en perit, des fujets de converfatïon ou des
aflemblées bien finies & d'une yrande vérité. Il
eut pour élève Govarts, bon payfagifte, qui tou-
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'5 4* La Vit des Pelntres Flamands, &c.
----------choit bien les petites figures, & qui moiuuc fort
ij8o. jeune.
Pierre Lafiman travailla fous lui. Onignore Ie
temps de la mort de Guerard Pieters. |
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A D R I E N
STALBEMT,
^i atif d'Anvers, Ie iz juin 1580. Né peintre,
il donna de bonne heure des marques de fon habi- leté. Son talent étoit de peindre Ie payfage qu'il ornoit avec de petites figures j & qu'il favoit finir avec autant de délicateiïe que de gout. Il fut appellé a la cour d'Angleterre oü il a beaucoup travaillé. Son talent étoit autant payé que recher- che j il retourna riche a Anvers 3 011 il peignoit encore avec la même force a Tage de 80 ans. A Paris j chez M. Ie comte de Vence, on voit
«n joli payfage avec des figures } par Stalbemt. |
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J E A N
VAN RAVESTEIN.
Van Man der dit dans la Vie desPeintres,
page 215: «Je ne dois pas oublier Ie peïntre » Ravefiein , demeurant a la Haye , oü il excelle » a peindre Ie portrait. » II ne dit rien de plus. Houbrakentk Wcyermans ne font que répéter les mêmes termes, & Johan van Gooi (1) nous ap- prend ce qui fuit r Ravefiein naquita la Haye environl'an 1580.
(ï).Tokm van Gooi, peinlrehollandois,a publiédeo»
Volumessurla Vie des Peintres,ea 1750 et 1751. |
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T g
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La Vic des Peirares
~ Son maicre eft inconnu : on ne fait a qui il doit fa ij8o. belle maniere j ayantfurpaflfé tous ceux qui 1'ont précédé. Son hillorien ne connok depuis lui que van Dyck , vander Helft, & Covacrt FUnck , qui aient pu Pégalerou lefutpafltr. Les trois tablcaux qui déonenr les iallons du jardmde Tarquebufe a. la Haye j feront roujours des monumens dignes de notre admitation. Le premier tableau eft place dans la falle du
Feftin,oü les officiers des bourgeois de la ville s'affemblcnt. On y voit repreitntés trois capi- taines & les lieutenans , & uu nombre des prm- cipanx bourgeois arquebnfiers. Tous ces porcraits très-rePcmblans parci(Tenc en aclions& mouve- mens: il a fii cacher les pofictons ferviles. Ce tableau eft dsté de i(>i<j, les figiires peintss l'afqa'aa genoa , font de grandeur natu- relle. Dans le mêtne appartement il a peint un ta-
bleau de 15 pieds de long : il y a repréfenté les magiftrars de!?. Hsye, nüis a 1'entonr d'une table cjnarrée plus lonkte que brgc. Un viei lard rei- pe<ft?b!c , bourgeois ciiftingné, préfenre une re- ciutte au majre van Cuillaumt Qutshoom, qui a 1'air de la répenrke. Baveflein s'tfl peint dans le mêtne taHep'i. Cfi br.nqueï eft entouré par les officiers des bo'ir^cois. Un vienx mngiftrat pré- fenre un grand v rreple'.n de vin du Rhin au capi- taine c!u dr.-i,peau d'ürange. Ce tibleau contieut vingt-fix ügures de grandeur naturelle, 6c eft date de i'année tGi'S. Les noms des principaux qui s*y trouvent peints , font les bourguemeftres MM. Jacques Cornillcvan W^ouWjJean Quartdaer & Covaert yanDuirun ; & les échevins,MM Jean |
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Flamands 3 AUemands & ïïollandois. $43
tirolf, Jacques Dichs, Jean Nohel , Ewaldus
Schrevelfen , Hcari Schuwen, & Jofeph Dedel; Ie fecrétaire Philippe Doublet 8c Ie penfionnaire Pierre van Veen. Dans Ie troifième tableau place dans Ie même
cndroitj, il a irepréfenté fix officiers du drapeau blanc. Dans 1'hótel-de-viïle , il a peint un aatre ta-
bleau repréfentant les magiftrats en charge en 1'année i6$6. lis font aflïs a une table couverte d'un tapis verd. Quintin de Veer occiipe Ie haut bout comme maire. Pres de lui j les bourgue- meftres MM. Nicaife Hanneman, Albert Bofch , & Arnold Quartelaeryêc les échevius, MM. Henri van Schlitht-Eorjl 3 Conrard Houttuin 3 Cornille Zoutlantj. Adrien van AJjendeljt, Ewald Brandt Sc Jacques Sels } & Ie fecrétaire Philippe Doublet. RaveRein étoit a la tête des 48, tant peintres
<jue fculpteurs 8c amateurs, oi'i ptéfentèrent leur requête en 1655, psur ie ftpdrer des peintres ;i labrofleou barbonilleurs, ceaui leurfuraccordé : & on vit alor^ les «ais aniftffs iz diftingaer des finiples oiivriers. On ne fait rien de plusfet !t» vie de re peintre:
il fut dans» fan tt-mps fort employé au poftr&i'dj on juge (ut ceux dont nous avons parié ci-cie(Tus, qu'il avoit routes les parties d un grand maiire. Ses compofitions font pieines de feu & de juge- ment: il favoit donncr des poluions agreabies &: variées : tont parok tn mouvement. L entenaolt bien la perfpedive aérienne& Ie melange harmo- nieux dans fes couleurs. Ses. lumièix-s& fes ombres. font ré^mdues ave^ art. Cetre rlemièrc intelli-- gence fe fait rcm»cc|HBr dans fes onvrages 5 d'une * 4.
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5 44 La Vie des Pèlntres
—-------fa^on a furprendre. Sa couleur eft bonhe, & f*
x j8o. touche lsrge.
Ravefidn eft mort agé, mais on ignore Tannée.
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J A N S O N S
VAN KEULEN;
U n tableau pofé a' coté de ceux de RaveJIein y
dans 1'Hótel-de-Ville de la Haye , nous fera parier de Janfons van Keulen. Ce peintre^ fans favoir d'ou il eft, ni qui étoit fon malere, a paffe une partie de fa vie a la cour de Londres, pen- dant Ie règne du roi Charles I. Tous ies avantages qu'il put avoir dans ce royaume, n'etnpêchèrent pas qu'il ne préférat une vie tranquille a celle de voir un royaume continuellement déthiré inté- rieuremenr. Il qiutta tout& fut s'étabhra la Haye. Il fut chargé par Ie magiftrat de cette ville, de de faire un tableau pareil a ceux de Raveflein y c'eft-a-dire, qui repréfentat les boMr^it-cnieftres Sc les échevins de ce temps-Ll : il eft date de 1'année 1647, & compofé de quatorzefigures en pied , de grandeur naturelle. Ce tableau, quoique beaiij cède la palroe a. ceux de Raveftein. Un autre voifin pouc van.Keukn aurojt moins laille a defïrer au talent de eet artifte , qui avöit d'ail" leurs du mérite. - ■ . ■ ' :
f . . »■"•'
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Flamands) Allemands & Hollandois, 345
COENIIIE
VANDER VOORT.
lLeftnéa Anvers, environ 1'an 1580. Il quitta
Ie Brabant & fut s'établir a Ainfterdam , oü il fut fort recherclié pour peindre Ie portrait. Sa maniere eft belle : il colorioit avec beaucoup de fraicheur j & fes portraits reiremblans font en- core eftimés. J A C Q U E S
H EUGERS BLOK,
JL)E la ville de Gouda, fut de bonne heure
fe perieótionner en Italië. Il étudia la peinture & les hautes fciences. Les mathématiques Ie por- tèrent a peindre l'architefture & des perfpecVives. Rubens j en voyageant, luirendit plnfieurs vifites. Il dit tout haut, qu'il n avoit jamais connu parmi les Flamands, un pelntrc plus f avant a reprcfenter l'architecture & les perfpeclives. Il entendoit bien l'architeclure militaire, ce
qui porta Ie roi de Pologne a lui donner une diredion dans les fortifications. Le crédit de .B/Wauprès du priixce , donna de la jaloufie aux |
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La F ie des Peintres
--------- courtifans, qui mediteren: fa peice; il en fut
1580. averti , & obtint fon congé. A peine fiic41 de
retour chez lui, que Ie général Percival Ie choifit pour fon makre de mathématiquts. L'archiduc Lcopold fit tant d'inftances, qu'il Tobtint a fon fervice : il lui donna une penfion conlïdérable; il J'emmenaavec lui dans touies fes campagnes, &c lui donna , outre fa penfion , fept (1) fluiuis par jout pour fa dépenfe \ il ne quitta jamais l'archiduc qui 1'honoroit de fon amicié. Blok a la ccre cie qutl- quesmakres, pour obferver les fortincations.de Berg-Saint-V inox , en paifant un petit nulFeau , deflus une planche , tomba en bas ae fon cheval qui avoit fait un faux pas. Tous ies ioms & Lus regrets de 1'archiduc ne purent lui fauver la vie. Ii mourut& fut enterrédans 1'égüfe des Jacobias de la méme ville. vSon hls Ie rempla^a; mais il fut bleffc peu de temps après, & mourut de fes bief— fures. Sa veuve retourna dans Ie Brabant avec une penfion que 1'archiduc hu aflïgna jufqu'a fa mort. |
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N I C O L A S
VANDER HECK,
ÉLÈVE DE JEAN NAEGHEL.
Van Mander parle peu de vander Heek.
Boübraken & Veyermans nous apprennent de cc bon peintre ce qui fuic. (i) Eaviron quatorze francs.
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j AlUmands & Hollandois. 347
Vander Heek, élève de Jean Naeghel,ett. un ^ des defcendans de Martin Hemskerck. Il étoic ■> bon peintre d'biftoire & plus grand payfagifte. On voit a la maifon de ville d'Alcmaeï, dans la chambre des échevins , trois beaux tableaux de lui. Le premier repréfente Ie Jugement de mort pronoiué contre lt bailiï de Zu^t-Holland , qui fut décollé pour ayoir volé une vache a un payfan. Cette extLUtion fut ordonnée par le comte Guil- lavme III, furnommé U Bon, Le fecond eft le JuguTient terrible du roi Cambyfe •, & le troi- ficme repréfente le Jugement de Salomon. ^ II a fait plufieurs autres tableaux d'hiftoire &
de très-beaux payfages. Sa maniere de compofer ef' grande & lavante; il colorioit bien, Sc enten- do it le clair-obfeur. Il eft un de ceux qui contri- buèrent a é'ever un e fociété de peintres dans la ville d'A lcmaer en 16 31. On ne fait oü il eft mort, ni en quelle année. |
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D E O D A E T
D E L M O N T
JNaquit a S. Tron en 1581 , d'une familie
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noble, qui lui donna dans fa jeuneiTe 1'éducation , g.
néceflaire a fa condition. Oiure les langues qu'il pofTédoit, il étoit grand géomètre & bon aftro- nome. ( De Bie pretend qu'il avoit 1'art de pré- dire , & qu'il avok annonce Tannée de fa more Sc long-temps avant. ) |
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£ V des Peintres
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Je pafTe légèiement fur ce qu'il dir a cette
occafionj pour rappeller les honneurs que foii beau génie tui a attirés. Il avoit pafTé beaucoup de temps a la cour du duc de Neubourg & avoic été dans fa jeunefTe , chargé de quelques commif- fïons du roi d'Efpagne , en quahcé d'ingénieurj il fut confidéré de ces deux puifTances, il en re^ut plufieurs gratifications & d'autres récompenfes nonorables. Aniiintime de Rubens, il devint fon élcve Sc
compagnon de voyage dans toute 1'Itaiie. Tant de talens, un bon guide & 1'amouf de la peinture lui ont danslafuite acquis Ie nom de bon peintre. Plufieurs belles produclions de fa main font répandues dans toas ies pays. On voit de lui trois beaux tableaux dans la viüe
d'Anvers: uh tableau d'autcl chez les religieufes appeüées Facons} lequel repréfente l'Adoratioh des Rois. L'autre eft la TransfiguratK>n de notre Seigneur, dans Péglife de None Dame; & Ie troiiième orne i'églife des Jéfuices: c'eft notre Seigneur qui porre fa Croix. Ce peintre mourut a Anvers Ie 25 novembre
1634, forc regferté poar fes belles qualités Sc fa douceurdans la focieté. Sa coippofition eft noble 8c élevée , fon delliti
correct, fa couleur & fa touche fort belles. Il a mérité les éloges de Rulens qui fuffifent bien pouE mériter Ie notre. ....... (
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Flamands ^Allcmands & Hollandois. 349
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DAVID TENïEPlS
L E VIEUX,
E L È V E DE RÜBENS,
JNaquit dans la ville d'Anve^s en 1'annpc
15S1. Le choix qu'il rit de prendre Bakens pour ïrsaïcre, lui a réufll : il refta dans cette grande école, jufqu'au temps qu'il fe crut en état de voyager. 11 alla direclement a Home , oii il fit coanoiiïance avec hl^hchncr. La maniere de ce peintre lui plut, 8c fans abandonner le grand, il peignoit le peut qu'il adopcadans la fuite. Il de- meura dix :.;\s dans Rosne avec Efyhcimer, com- ponint & imitanc coutöï les difierentes manières. De retour chczlui, il hc plufieurs tableaax en
grand, & d'autres dans le gpdt d'EI-{heanerj niais en plus petit; il repréfentok des Fètes de Flan- dres, qu'il traitoit avec efprit, des eftaminées de Buvenrs, des Chymifl.es: ce hirent les fujets qu'il aimoica peindre. Il ïTioarut a invers en KJ49. Ses tableaux foncvpleins d'efprit, & plurent
beaucoup , parnculièrement a fes deux fllsj David Sc Abraham} qui ontfuivi la méme ma- nière , avec cette difFérence, que David Yj. fur- pafle. Nous avons en France plufieurs tableaux de
Teniers le père. M. da Gaignat a Paris, pofsède une Noce de vülage; c'eft le plus capita] de ce |
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peintre.
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GASPARD
DE CRAYER.
ELÈVE DE RAPHAEL COXCIE.
- DeCrayer naquita Anvers en 158*. Onne
Ij8i. fait pas précifément s'il commen^a la peinture dans cetteville, mais on cft cerraip qu'il a tra- vaillé fous Raphaël Coxcie 1 Bruxelles. Ce jeune artifte donna des marques certaines de la beauté de fon génie, en furpaffant fon maitre, avatic |
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la VkdcsVimtrts Tlamands, 6c, 551
même de Ie quitter. Sans forrii- de Bruxelles , il "
fit un choix des plus beaux tableaux expofés en public j & prenant avec eux la nature pour guide, ü forma fa belle maniere. Crayerfous on mairre médiocre& prefoue dénuc c!e iccours étiungersj nelaifla poincde briller aveele plus grand fuccèsj. ce qui nous proiive eju'une étude réflichic & un» prarique conftante , peur dans un génie heureux ïemplacer routes ces ïeilources. Crayer fut chargé de peindre qnelqnes grands
tableaux, qui portèrenc fon nom jufqu'd la cour de lirnxeües. Il y fit quelques portraits qui lui procurètent la cohhance du cardinal Fcrdwand, qui fe fit peindre par lui. Ce beau portrait en pied & de grandeur de nature, fut envoyé au roi d'Efpagne, frère de fon éminence. Touie la cour loua cc tableau , fk Ie roi envoya an peintre uns- chp.Jne & une medaille d'or, avec uneforte pen- fion. La fbrtunefut des plus favovablesa ce peintre: on ne parloit que de lui : Rubens fit hii-même Ie voyage d'Anvers pour voir notre artiftej &en Ie voyanr faire ce beau tableau du réfedoire de 1'ab- baye d'Arïïeghem , il dit toi.it haut«: Crayer, Crayer, perfonnc ne vousfurpajjera. Cec éloge judi- cieux étoitfenl capable de ramenet rous les fuf- frages en fa faveur. On'chercha dans Bruxelles a nrrêter ce grand homme pour toujours, 8c on Ie décora d'ur e charge honorablc-Cemoyenfi propre a fixér tout autre, eut un effet contraire chez lui: a mefuie que 1'on cherchoit a Ie combler d'hon- nenrs, il croyoir devoir refufer tous ceux qu'i! ae tiroit pas de fon propre talent j & pour 1'angmen- ter, il fe déroba au grand monde, qui lui faifoit perdre Ie plus précieux de fon temps. Sans rien |
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351 La Vu des Peïntres
---------dire a perfonne, excepté a fon ami & fon élève
1582. Jean van Cleef, il fit louer une maifon fpacieufe
a Gand j ou il fe retira abandonnant la cour 8c 1'emploi donc on 1'avoit gratifié : il tronvoit, difoit-il, dans ce repos, 1111 bien dont il n'avoit joui depuis long-temps. A peine fuc-il en état de travailler, qu'il s'ap-
per$ut qu'il s'étok bien dérobé a la vie tumul- tueufe, mais que fon éloignement n'avoit rien diminué de 1'éclat de fon uom. La ville de Bruxelles lui demanda beaucoup de tableaus, & celle de Gand feule eut tont de fuite de fa main vingt-un grands tableaux d'autcl: c'eft dans cette ville oü il a Ie plus travaillé. Toutes celles de la Flandre &: du Brabant occupèrent fon ptneeau. Le.nombre d'ouvrages qu'il a("ai:s eftprodigieux. Voi( i ce qui arriva a de Cray er pendant fa de- meure a. Gand. Van Dyck, dans Ie premier voyage qu'il fit en
Flandres , pendant fon féjour en Angleterre 3 pafla par Gand pour y vifiter fon ami de Crayer, Sc voir en même remps les progrès de fon talent & de fa fqrtune. Dès Ie lendemain de fon arrivée il fat chez^e Cray er, & pour ne Ie. pas manquer, il etit envie de Ie furprendre au Ut; comme il étcit très-matin , Ie domeftique ne voulut point éreiller fon maïtre. Van Dyck infiita, & for^a Ie valet d'aller avertir notre peintre que van Dyck étoit a Gand, & qu'il 1'attendoit a faporte.Ce nom frap- f&dc Crayerj qui faura dulit ,& un bras feulement dans fa robe de chambre, il courut au devant de van Dyck, qui éclata de rire de Ie voir dans un il plaifant déshabillé : Je veuXj dit-il, vous peindre.
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Flamands , Alkmands & Hollandols. $ 5 j
peindre dans cedéfordreficonvenableauxartiftes
quand il eft arrangé avec gout; il lui tint parole , maïs cependant dans un habillement decent. C'eft d'aprcs Ie portrait qu'il en fit que nous avons pris celuiqui fevoit ia,lequel tientun rang diftingué parmi ceux des grands artiftes que van Dyck a ïmmoi tailles par fon pinceau. De Cray er travailla fans relache; fa vie réglée lui
procura une longue vieiileffe , pendant laquellefon pinceau fe foutint avec toute la force qu'il avoit dans fon age ie pias floiiiïant: c'cft ce qu'on voit avec admiration dans Ie Martyre de S. Blaife fait a §6 ansjil neputl'achever, puifqu'ilmourut Ie 27 janvier 1669 j & eft enterré dans la chapelle de Saiure Iloole aux dominicains, 011 eft fon dernier tableau qui fut fini a la fin de 166S. On croit que ce peintre a toujours vécu dans Ie célibat. 11 avoic avec lui une fcEur:onne fait (1 elle lui a furvécu. On comparele mérite de de Cray er a celui des plus habiles FJamands.il avoit moins de feu queRubens, mxis fon dellin eft quelquefois plus correcl. Ses compofitions font fages & d'un pttic nombre de figures ; il évitoitles détails fuperflusj & ne s'at- tachoit qu'aux grandes parues qu'il finifloit routes avec ie plus ^rand foin. Il grouppoit fes figures avec art j & les expreffionsont toute la vénté de Ja nature; fes draperies font variées & pliées avec fïmplické. Quant a la couleur , il pofledoit cette partie de la peinture très-bien, Sc fur-tout d avoic une fonte de couleur admirable. Il eft de tous les peintres celui que 1'on peut comparer a van Dyck. Ses tableaux d'hiftoire ont Ie fini & la fonte des portraits de ce grand peintre, & fon éloge ne peut ctre miaix coiiltaté que par la difticuité que Ton Tome 1. Z |
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J54 La Vïc des Peïntres
.----------a qtielquefois adiftmguer ces devix maïtres , parti-
i f82 culièrement dansqiieiqiies portraits qnede Cray er
a faits avec Ie plus grand fuccès, quoique foti principal talent fut de peindre des fujets faints. Nous allons mdiquer quelques-uns de fes ouvrages. Nous avons de liii dans la cathédrale de Samc Bavon a Gand, la Décollation de S. Jean-Baptifte, tableau d'autel dans une croifée pres du Jubcj Sainte Barbe, tableau d'autel dans la chapcile de cette.Sainte; Job fur ie fumier. tableau dans la mênie chapelle ■, rAflbinption , tableau döi'autel delaVierge; & Saint Macaire , tableau d'autel. Dans 1'églife patoifliale de S. Michel, la Def- cente du S. Efpritj tableau d'autel de la cha- pelle des pauvres. Sanite C:\therine enlevée au ciel j tableau d'une nnagmation iingulière & d'une grande beauté , dans la chapelle de cettc Sainte. Dans 1'églife des Jéfuites, une Defcente de
Croix , tableau du grand autel: dans quelques jours de 1'année on 1'óte de fa place pour y en mettre un de Rubens , qui repréfente Ie Martyre de S. Lievin, La Rifurrection de notre Seigneurj tableau d'autel des irères de la charité: de Crayer avoit fait ce tableau pour être place au-deiïus de fon épitaphe , mais ces religieux en firent l'ac- quifition après fa mort. C'eft un des plus beaux tableaux qu'il aitpeints \ il s'y eft repcéfenté fous Ia flgure d'un garde. Dans Tégüfe des Auguftins,le couronnement
<le plufieurs Saints, tableau d'autel a 1'entrée du clioeur. Saint Nicolss de Tolentin diftnBuaiit les pains-benits aux pauvres & aux maladcs , tableau d'autel- |
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Flamands, Allanands & "Bollandois. 355
Dans 1'églife des Carmes , trois tableaux en
ovale places au-defïus de la potte; 1'un repré- fente S. Simon Stock qui recoit Ie fcapulaire de la Sainte Vierge; 1'autie , les Ames délivrées du purgatoire par Ie fcapulaire j & Ie troifième j Ie pape qui coniirme ï'mrciuition du fcapulaire. Dans 1'églife paroiffiale de S. Jacques, la Sainte-
Trinité, tableau d'autel 5 on voit au bas de ce tableau Ie rachat des captifs chrétiens. Dans la chapelle des douleurs , la Sainte Vierge dans Ie ciel , qui intercède pour les pauvres infirmes repréfentés au bas du tableau. Ce grouppe eft bien diftnbué ; 011 y voit des boueux, des aveuglesj des paralytiques, des peftiférés, &c. Les caraclè- res y font parfaitement bien rendus. Dans 1'éghfe paroiiliale de Notre-Dame fur
Ackerghem , plufieurs beaux tableaux. En la chapelle de Sainte Croix, Ie Crucifiement du Sei- gneur, tableau d'autel. Une Mater dolorofa fou- tenue par des Anges: la mère de Dieu y efc repié- fentée dans un abattement de d<juleur _, dont 1'ex • preflion efï frappante ; au haut du tableau _, on voit une Gloire de chérubins.Le tableau du grand auteldans la même éghfe j repréfente la réfuc- redrion de notrc Seigneur ; les gardes & les fol- dats au bas du tableau font un effet admirable. Dans 1'églife paroiffiale de Norre-Dame, fur la
montagne de S. Pierre j on voic derriére Ie grand aurel 3 un tableau qui repréfente l'Afcenfion. Dans une chambredejunfdidiondeGand , on
voit un grand tableau qui repréfente Ie Juge- ment de Salomon.Il eft p!acé fur une cheminée. Dans Ie réfe&oire de 1'abbaye d'Afflegliem fe
voit un tableau qui tienc toute la largeur du Z x
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i 5 6 La Vie des Peintres
ba,timent;ilr«préfeate leCencenierquidefcendde
cheval pour fe profterner aux pieds de Jéfus- ChrÜl: cJe(l ce tableau que j'aidéja dit avoir méri- té les éloges de Rubens. La multitude du peuple Dealtere nullement 1'accord de ce tableau. Daas lamême abbaye un autre tableau repré-
sentant un fujec tiré de la vie de S. Benoit : 1'efquifle de ce beau tableau eft dans la maifoa de défunt N. van Sufter. A Courtrai, dans 1'éghfe de Notre-Dame 3 un
tableau de la Sainte Trinité, & un autre repré- fèntant Ie Martyre de Sainte Catherine. Ces deux tableaux étoient deftinés a van Dyck. On verra dans fa vie ce qui 1'empêcha de les faire. Dans Péglife des capucins de Bruges on voit
Ie tableau du grand autel j ou les Juifs diefTent la croix fur laqueile notre Seigneur eil attaché! Dans la chapeile de S. Nicolas unc belle Def- cente de Croix. Les amateurs de la ville de Gand confervenc
avec eftime beaucoup d'autres tableaux de de Crayer. Le nombre en eft très-grand , fans ceux que pofsèdent les autres villes de la Flandre. |
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Flamands, Alkmands & llollandois.
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H E N R I
VANDER BORGT,
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E t E V E
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DE GILLES VAN VALKENBORG,
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Jl, s t né a Bmxelles en 1583. Les troubles--------
de la guerre obligèrent fon père Sc fa mère 1385.
a fuir & a ie retirer en Allemagne. Hcnri avoit a peme trois ans. Dès qu'il commenca a penfer , -il chercha ^
deffiuer. Sur cette envie, lepere Ie placa chcz Gilles van Jralkenborg, oiti il avanca au pomt qu'il fut bientóc en état de voyager. 11 refta plu— fieurs antiées a Rome a étudier les ouvrages Hes grands maïtres. En quittant ITtalie il voyagea par toute 1'AUemagnc, & s'établit a Frankenaal, & en 162.7 il vint fe fixer a Francfbrt fur Ie Mcin. S'il avoit la réputatien de bon pcintre3 il avoit
cncore celle du plus favant antiquaice de fon tefnps. On Ie confultöit fur toutcs les fingulari- tés , & fouvent il a donné fon jugement iur de3 antiquités Grecques & Romaines, qui embar- rafloient les favans de fcn temps. Le comte d'Arondd avoit pour lui uae üngulière eftime t ainfi que les favans i\nglois. On nefak oü il eftmortni en qticl temps.
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5 5 •> La Fïe des Pe'mtres
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J A C Q U E S
WOUTERS VOSMEER,
.———. JU E l'ancienne familie des Vofmetr 3 eft ns
1784- •*■ Delfc environ 1584. Dans les commence-
mens il peignoir Ie payfage _, & fut en Italië
exercer fon pinceau.Il y changea de gout, & quicca
Ie payfage ponr peindre des flcurs & des fruits.
Il retourna aDelfcen i£>o8,ao;éde pres de z^ans,
&décoréj<juoique jeune j du nom de bonpeintre. Ses tableaux font eftimés & pleins de mérite. Il moururdans ce"te ville 3 major des bourgeoisy en 1641. |
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PIERRE yALKS
JN aquit en 1584 dans la ville de Lewarde j
en Frife. Son père étoit orfévre , & vit avec plaifir fon fils fe porter a la peincure. L'envie d'être peintre lui fervic de maicre. Il étudia > de lui-même , d'après les ouvrages & Abraham Bloemaert. Il s'apper^ut enfuite qu'il lui falloit plus d'un guide. Déja en état de faire choix des plus belles parties , il ne lui manquoit que les beaux onginaux. * II parcourut Tltalie jufqu'a Rome, oü II pafla
plufieurs annces a fe perfeélionner d'après 1'an j tique & les grands maicres. |
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Flamands j Allemands & Hollartdoïs. 559
De retour chez lui, oü il s'employa a pein-
dre 1'hiftoire & Ie payfage , il y acquit de la réputation , ainfi que dans Ie portrait. 11 décora la cour des princes a Lewarde ; on
y voit encore la plus grande partie de fes portraits, tableaux d'hiftoire & payfages. Il s'étoit mané peu après fon retour de Rome ,
& eut deux fils dont un fut peintre. Ces deux frères voyagèrent enfemble en Italië , oü ils furent malheureufetnent vendu» par un Génois qui, ayant promis de les paffer d'un endroit a un autre, les livra pour une iomme aux Ccrfaires de Barbaiïe , d'oü ils ne font jamais revenus. |
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FR A N .Q O I S
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HAL
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S.
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GE grand peintre de portrait naquit en 1584,
dans la ville de Maiines. On ne fait prefque rien de particulier de ce maitre. Van Dyck a fürpafTé Francois Hals a peindre
Ie portrait; mais peu d'autres* 1'ont égalé. Loif- que van Dyck fut déterminé a paflTer en Angle- terre , ij fut expres a Harlem pour y voir Hals. Inutilement fuc-il fouvent chez lui ; il étoic les trois quarts de fa vie au cabaret. Le peintre denvers lui fit dire que quel- |
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la Vu des T'tintres Flamands, &c.
qu'un 1'attendoit chez lui , pour fe faire - peindre. Dès que Hals fut arnvé , van Dyck lui dit qu'il étoit étranger ,• qu'il vouloit fon f)ortrait _, mals qu'il n'avoit que deux heines a
ui donner. Hals prit la première toile venne, arrangea fa palette affez mal , & cemmenea a. peindr»: peu de temps après il dit a van Dyck qu'il Ie pnoit de fc lever, pour voir ce qu'il avoit fait; Ie modèle patut fort centent de la copie, & après avoir caufé fur des chofes mdWtérentes, van Dyck lui dit que la peincute lui paroifioit a(fez aifée , & qu'il vouloit a fon tour effayer. Il pric une autre toile, & pria Hals defe mettre a la place qu'il venoit de quitter. Celui-ci, quoique furpris ne tarda pas a s'appercevoir qu'il avoit affaire a quelqu'un qui connoifloit la palette & fon ufage. peu de temsaprès, van Dyck Ie pria de fe lever a fon tour. Quelle fut fa fürprife! Vous êtes van Dyck _, s'écria-r-il en 1'embraffant; il n'y a que lui qui peut fiiire ce que vous avez fait. Van Dyck voulnt 1'engager a Ie fuivre en ^n-
gleterre ; il lui promit une forrune bien au-deflus. de Ion état, qui étoit affez miférable ; il ne put rien gagner.Abruti parle vin_, Hals réponditqu'il étoit heureux , & qu'il nedéfiroit pas un meilleur forr. lis fefcparèrent avec regret. Van Dyck fit enle-
vcr fon portrait que Hals venoit de faire , après avoir répandu dans les mams des enfahs du peintre quelques f^uinces , que lepere prit a fon •rour , pour les répandre dans lesguinguettes. Hals peignoit Ie portrnit d'une grande refTetrjbi.ince., Sc d'une belle maniere , pleine d'art. Il ébau- chou fes portraits avec précifiou 3 fes cóuleurs |
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3 6- La Vie des Peintres
étoient mêlées cendrement: mais avec un pinceau
hardi ilfavoit leur donnerde la force. Il en fiifoit de méme pour les lumières ,& difoir a ceux qui lui demandoienc raifon de cetce prariquej c'eft que je travaille pour mon nom. Le maitredoic cacher 1'ouvrage fervile& pinible de lJexa6ütude que demande Ie portrait. . Van Dyck répctok fouvent que /fa/jauroitété
Ie plus grand penitre de portraits, s'ilavoitpu rendre fa^oulenr plus tendre. Il ne connoiilbit, dlj ali l ïdf i |
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Auffi fes tableaux onc-ils une grande force,
fes porcraits une vive expreffion : ces derniers font en grand nombre, & fur-tout dans les villes d'Harlem & de Delft. Dans cetre dernière il y a un tableau au Mail, oüfont repréféntésenpied les principaux de cette compagnie, (1) clegratv- deur naturelle. La vie efl: répandue dans chaque figure. Son frcre Dirck ( 011 Thierry ) Hals , peignoir
fort bien des converfations èc des animaux en petit. Il mourut avant 1'autre en 1656. Francois mourut agé de pres de 80 ans, Ie
20 aoüt 1666.. Il laifTa plufieurs enfans qui ont tousété peintres ou muficiens, & dat vécu com- me Ie père. Ses principaux élèves , font Adritn Brauwer ,
Thierry van Balen , Sec. M. Ie Comce de Vence pof- fède un tableau de Hals ■ c'eft un fou qui nent une marotte. (1) La Hollande et la Flandre sont remplies do
toutes sortes de sociétés, sous Ie nom de compagnies: ils ont des statuts et dps règlemens comme une troupij militaire. Cello du Mail est sur Ie mème pied que 1'Arbalête, 1'Arc et 1'Arquebuse. Los salles oü iis s'assemblcnt se nomment Butes. |
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Flamands j Allemands & TloIIandois. 3 63
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GU1LLAUME
NIEULANT,
ELEVE DE ROLAND SAVERY,
JN aquit dans la ville d'Anvers- en 1584.----------
lls'engagea de boime heure avec Roland Savery 1584.
poiir apprendie la pêititure. Capable de pro- duire de liu-même, il voyagea en Italië, Sc demeura trois ans a Rome avee Paul Bril. On voir quelques-uns de fes ouvrages dans la ma- niere de ce dernier maïtre ; mais il la changea , Iorfqu'il fat de retour en Hollands & fe fixa a Amfterdam , oü fes ouvrages lui ont acquis 1'ef- time des connoifTeurs. Ses tableaux rcpréfentent des Arcs de tnomphe , des Ruines , des Bains , des Maufolées. Tout cc que Ie temps a épargné des anciens monumens, faifoit fon étude. Il gra- voit aufli au burin Sc a l'e,au-fotte. Plufieurs de fes compofitions font gravées de fa mam ; & 011 eftime fes deilins qu il faifoit ' avec beaucoup d'intelligence Sc defineffe: il étoit aufli bon poëte. Il mourina Auifterdam en KJ3 5 , agé de j 1 ans. |
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164 La. V'ie dis Peintres F lamanis, &c2
f ILLEM(GUILLAÜME)
VAN VLIET,
——-----D E 1'ancienne 8c noble familie de Vander
IJ04. Poort, naquit a Delft en 1584. Il avoit mie
grande maniere de peindre. Sa touche étoic fer- me & facile. Dans fon premier remps il peignsïc l'hiftoire , & finit par Ie portraitou il réuffit. Il mourut agé de 58 ans, en 1642. HENRI VAN VLIET,
ELEVE DEGUILLAUME VLIET,
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i4 u t long-temps fous la conduite de fon oncle
Gidllaume Vliet : il peignoit rhiftoire , des clairs de lune & des perfpeftives. Ilfemit, a I imitation de fon oncle, a faire Ie portrait; il fe perfedionna dans cegenre , foas Ie célcbre Mire- velt. Ses portraitsfont bonsj mais, au-lieu de faire des perfpecflives, des dedam d'églifes qu'il ornoit ds joüesfiguresdansle gout d''Emmanuel de Wit, 1'intérêt 1'engagea a nous laifler des portraits communs, au-lieu des excellens tableaux qnt au- roient mérité des places diftinguées dans les cabinets des criiieux. |
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CORNILLE
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POELENBURG
JNaqhit a Utrecht en 1586, & commenga la
peinture fous Abraham Bloemaert _, qu'il quitta pour voyager en Italië. Arnvé a Rome, il s'at» tacha d'abord a h ma.nïtved'E/^keimer qui lui pluc beaucoup, & enfuite a ceJle de Raphcel qui fé- duifoit Ie jeune peintre par fa douceur & fts gra- ces: il a étudié dans ce grand maitrequelques par- lies j mais il a négligé la principale , qui pft Ie dettixi, Sc oui rendroit fes ouvrages plus précieux. |
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1586.
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La Vicdes Peintres
_J_____. Ses tableaux plurent aux R.omains. Il en fiV
„, quelques-uns pourdes cardmaux o ui pnrent plai-
i j06. / v / r- j ti r c ■ - J lir a Ie voir peindre. 11 Ie rorma une maniere ten-
dre, & s'attachmt a imiter la nature, ii Timita
roujonrs agréablement \ il fut aufll Ie pemtre Ie plus laborieux de fon temps. Il quitca avec peine 1'Itahe pour retonmer a
Utrecht , & il parfa par Florence oü Ie Grand- duc lui lït beauco'ip de careiïes, & voulut Ie re- tenir \ mais il ne put jamais 1'arrêter. Il lui fit peindre plufieurs tableaux , après qtioi Vodenburg retourna chez lui, honoré de 1'eftime des Italiens. Arrivé a Utrecht , fes ouvrages en petit lui
ürent bsaucoup d'honneur: tous les connoifleurs Ie loirèrent. Rubens, dans Ie voyagequ'il fit en Flan- dres , refta quelque temps chez Poclenburg. Non feixlement il accorda fon eflime aux tableaux de ce peintre , mais il lui en fit f <ire plufieurs dont il oma fon cabinet. L'eftime de Rubens achève 1'éloge de Poelenburg. CharlesI, roi d'Angleterre, appella eet artifte
a fa cour , & 1'ernploya a peindre plufieurs ta- bleaux qu'il paya fort cher. Il voulut même 1'at- tacher afon fervice. Po denburg y auroitjoui d'une aufli grande forrune que van Dyck qui y fixoit fon féjour, maisl'exemple de ce peintre ne Ie tenta point : il préféra fa patrie a une cour étrangère : il retourna a Utrecht oü il jouit d'une fortune qui ne dimiuua point, puifqu'il pcignit jufqu'au der- nier jour de fa vie. Il mourut en 1660 , agé de 74 ans. La maniere de Poelenburg efl: fuave Sc légere :
la nature eftrepréfentée dans tout ce qu'il a peint j tou: yetï vagueSc raiïde pea de travail.Ses malles |
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F lam ands, Al Iemands & Hollandois.
font larges : il aimoit a. retoucher fes ouvrages ,. lorfqu'ils étoient faits. Untravail léger les fimiioit. Ufavoit choillr des lointains agiéabics qu'il tm- bellillbic de petits édiiices lïtués aux environs de Rome. Ses fonds fur ledevant fourenoient 1'har- monie de fes tableaux: )1 entendoit bien Ie clair- obfcur jles petitesfigures qu'il faifoit fouvent nues font bien colonées; ü fe piaifojc fur-tout a. peindre des femmes. Sa touche étoit pleine d'efprit, mais Ie deflin en elt rarement correct; il lui manquoic en ce genre cette finefTe qu il avoit dans Ie pinceaii. Il y a de joiis payfagesde Poelenburg , dont les
figures & les animaux ne font pas de lui. Plufieurs' ptintres en güc fait , particuhèrement Berghcm: A y en a deux clans Ie cabinet de M. Ie comtc de Vencc a Paris , dans 1'un defquels les animaux & les figures font peiots par Berghcm. Jacques Mcyers , négociant a Roterdam , avoit
une belle collecïion de ce peintre. Weyennans dit qu il avoit un pent cabinet tout rempii des ou- vrages du méme auteur. On eftim^, comme Ie plus beau de fes ta.-
bleatix,laNaiiTauce de Notre Seigneur,dans Ie cabinet de M. Grenier , a Micldelbourg. Ses tableaux en pent font les plus recherches:
Ie nombreen eft confidérable. On ne doit cepen- dant pas les confondre avec ceux de (es élèvcs <]Ui ont imité fa manier?. Poelenburg a gravé a 1'eau-forte avec bien du
fuccès, maïs les épreuves en font plus rares que fes tableaux : ceux-ci fe trouveiit dans les cabi- netsles mieux choiiis. Le roi de France pofsède quatre tableaux de
cepeincrej deux vues du Campo Vacciano , |
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3 <5"S La Vit des Peintres
une Diane au bain 3 Sc Ie Martyre de Saint
Etienne. Dans Ie cabinec du duc d'Orléans, il y a quatre
tableaux du tnêrae. Céphale & Procris: un Pay- fage avec dei ruines d'architedfcure: un autre Payfage avec des Vaches, & un avec des Nym- phes ik des Faunes. Chez M. de la Bouxière, eft un Bain de Diane , 1c fxmd eft un payfage très- fini. Chez M. Pafquier, une Diane au bain avec fes nytnphes, «Sc une Fuite en Egypte. M. Blondd de Gagny a cmq tableaux de Poelenburg des plus finis: 1'un eft Loc & fes iiilesj lesautres^ Dian; revenanc de la chalFe , &c cette DéefFe endormie dans une caverne, entouréede fes nympnes: deux aurres pecics Payfages avec figures. Dans Ie ca- biiiec deM. de Jullienne, on trouve deux petits tableaax de Poelenburg avec figures. M. d'Argen- vïüe a dans fa colleclion cinq tableaux du mêtne, parmi lefquels on voit une Sainte Familie & des Nymphes qui fe baignent. Et chez M. Ie Noir, il y aauili de notce peintre deux petits tableaux très-finis : on y trouve Payfage , Architecture, Figures & Animaux. A DufTeldorp, chez l'életteur palatin, on voit
deux rableaux du mêvne fujet : la Naiflance de notre Seigneur, Lot & fes filles : maïs un des ouvrages de notre aniftedes plus dignes d'admi- ration, eft Ie tableau de la Familie electorale de Frédérïc V. |
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DIRK
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F lamanis s Allemanis & Hoiïandois.
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DIRK-THÉODORE-RAPHAEL
KAMPHUIZEN,
ELEVE DE THIERE.YGOVERTZ.
JLL étoit né dans la ville de Gorkum en 1586:
fon père, Raphael Kamphuizen , d'une familie noble , pafloit dans fon temps pour un des plus célèbres chirurgiens. Il eut Ie malheur de perdre fa mère a l'age de 8 ans & fon père peu de temps après. Son état dépendoit de fon frère.ainé, auffi chirurgien, qui avoit prls la tnaifon de fon père, &qiu appercut quelqnes difpofitions pour la pem- ture dans fon cadet : il Ie placa chez Thierry Goverts , bon peintre, qu'il égala bientot Sc furpafla dans la fuite. Son talent étoit de peindre des Pay fages en petit,
avecdes mafures, des écuries, des peutes figures,
chevaux, vaches, &c. qu'il touchoit tous avec
, bien de 1'intelligence. houbraken } qui a écrit fa
vie, a vu de fes ouvrages, qu'il loue beaucoup.
Ayant exercé la peinture jufqu'a l'age de 18
ans, il fut confeillé par fes amis de s'adonner aux fciences : il apprit plufieurs langues favantes & la théologie, oü 1'efprit de parti Ie détermina a être prédicateur : il faifoit par fon éloquence beaucoup de profélytes. A la fin , pourfuivi par toutes les autres fecles,il fut fugitif& errant, on ne fait point fa mort. Il eut un fils j aufli peintre, mais qui n'a pas fait grand bruit. Torn e I. Aa
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3 7° La Vie des Peintres
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g e o r g e s
VAN SCHOOTEN, ELEYE DE KOENE.AET VANDER. MAES.
IL étoit né a Leyden «11587. La nature ex-
15S7. cita en lui 3 dès fa jeuneffe, l'amour de la peincure : Ie papier fur lequel il apprenoit a écrire , refTembloit plutöt a celui d'un élève deffi- nateur , qu'a celui d'un apprentif écrivain. Les menaces & les reprimandes ne fervirent quJa lui faire tracer un peu plus de lettres que defigures., Sc peut-être a augmenter en lui l'amour de 1'ait pour lequel il étoit né. Un des amis de fon père, amateur des beaux
arts, obnnt de Ie faire entrer chez un peintre: il fut place , a l'age de 14 ans, chez Kocnraet vander Maes qui excelloit dans leportrait. Il fit entrois années des portraits furprenans pour fon age & pour Ie peu de temps qu'üy employoit. Deux ou trois ans après ,1'envie de voir 1'Italie & 1'AUe- magne lui fit tout quitter \ mais fes parens trou- vèrent Ie moyen de 1'anéter en Ie mariant. Il a toujours refté a Leyden, oü les tableaux d'hiftoire & Ie portrait ont occupé alternativement fonpin- ceau. On y voit encore de fes poïtraits chez quelques particuliers', & on trouve dans les butes ou falles publiques, des compofitions ingénieufes dp eet artifte. |
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Flamcnls 3 Allemands & Hollandois. 371
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HENRI
TERBRUGGEN,
ELEVE D'ABRAHAM BLOEMAERT,
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Sc de Bie fe font trompés fur fon nom & Ie ijSS-
lieu de fa naiflance , qu'ils difent être Utrecht. Je ne fais a quoi atttibuer Terreur du nom^ ils 1'ap- pellent Verbruggen-^ maispourcelledefanaiflance, ce qui aura pu y donner lieu , c'efl que Ie père de ■ Henri fe fauva a Utrecht, avec fa familie , pour éviter les troubles dont fon pays étoitagité. Il demeura, il eft vrai, dans cette ville : mais fon petit-fils Henri Terbruggen^ fit depuis fa réfidence a la Haye. Lorfque Henri, celui dont nous parlons , eut
appris a peindre fous Abraham Bloemaert, Sc qu'il fut capable de fe produire lui-même par fes ou- vrages j il voyageaquelque temps & fut en Italië, oüiïrefta dix ans. La répatation de grand peincre Ie fit confidérer
dans Rome : il fit quantité de grands tableaux d'hiftoires, qui furent difperfés. On en voit de lui un fort beau dans une des principales égüfes de Naples : la compofition Ik. la fierté de fon pmceau fuppléent afon nom qu'il ne mettoit point fur fes tableaux. On voit de lui un tableau admirable chez M.
vander Streng , a Middelbourg : il repréfente un Aa z
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57* La vie des Peintres
™ Feftin, avec des figures grandes comme nature»
J II y en a un autre a Delf:, chez Ie fieur Verbruggen, bijoutier. Ces deux tableaux firent dire a Rubens (lorfqu'il
voyageoit en Flandre) qu'il étoi: un des grands peintres de la Flandre : 1'eftime de ce maitre vaut celie de tous les connoifTeurs. Il mourut a Utrecht Ie premier Novembre
agé de pres de 42 ans. |
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J A C Q U E S
ERNEST THOMAN,
lM aquit en 1588, dans Hagelftein. Il etit a
17 ans la réputation de bon peuure : il quitta alors fa pame pour voir 1'Italie, oü il a refté 15 ans aétudier Ie beau & la nature. Rome, Naples Sc Gênes furent les villes oü. il exer^a fes talens. Il fut afTocié a Adam El\heimer, a Pierre Latfman
Sc a Jean Pinas. Dans les mêmes études ils con- fidéroient avec attention tous les phénomènes qui accompagnent Ie lever 8c Ie coucher du foleil, rien ne leur échappoit dans la uature:c'eft Ie livre des peintres. La maniere &El\heimer eft celle qu'il a imitée. On a de la peine a diftinguer ces deux maitres, quoique la touche du dernier foit plus fine : des connoifTenrs y ont été trompés. Il n'autoit jamais quitte Rome fans la mort
èiElyheimer. La douleur de la perte de eet ami Ie détermina a retourner dans fa patrie. Il mourut a Landau .au fervice de 1'empereur.
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Flamands j Allemands & Hollandols. 373
PIERRE
F E D D E S.
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Xl a place Feddes parmi les grands
peintres , fur Ie témoignage de ion portrait gravé
avec une palette , & cette infcription , Petrus Feddes piÊor. On ne fait pas s'il peignoit fut Ie verre ou a l'hui'.e j il étoit natif d'Harlingen. On voit de lui des eftampes gravées a 1'eau-forte, marquées P. Harlitigmfa. |
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PIERRE
BRONKHORST.
JN aquit a Delft Ie \G mai 1588. S'il n'a
point pris en peinture Ie genre Ie plus agréable, il a fuivi Ie plus pénible. Son tulent étoit de peindre les vues d'églifes & des temples , tant en dehors qu'en dedans. quoiqu'il eut celui de traiter bien fes fujets, ils étoient intéreflans par des traits d'hiftoires qui rendoient fes tableaux moins froids & plus agréables. Sa réputation eft décidée par deux tableaux de
lui : Ie premier eft dans la maifon de ville de Delft. Ce tableau eft grand & d'une belle com- Aa 3
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3 74 La Vie des Peintres
pofition d'architedure j il repréfente Ie temple
ou Salomon prononce fon premier jugemenr. L'autre ell Ie temple ou notre Seigneur chaiïe |
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les vendeurs. On Ie voyoit chez la veuve de fon
fik. Ses tableaux font d'un beau fini. Il entendoit
l'arcnite&ure a fond, & peignoit bien fes petites figures & de bonne couleur. Il mourutle 22 Juin 1661. |
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A D R I E N
VANDER VENNE,
ELEVE DE JÉROME VAN DIEST.
_____- IL eft né a t)elft en 1589, d'une familie con-
0_ fidérab!e,quirenvoya fort jeune a Leydenpour
15 y' y faire fes études. La langue latine lui fit naitre
1'envie de lire les poëtes anciens : ils firent fur fon efprit des impreffions qu'il chercha a rendre fur Ie papier. Il compofa lui-même des deffins : non content de ce qu'il faifoit , il eut recours a un orfévre appellé Simon de pralck , qui exenjoit atiili la peintute. H commenc.a fous lui aapprendre Ie denm:de-la il fut chez Jérome 'van Dieji, bon peintre 3 particulièrement en ca-maïeu. Il fit chez ce dernier tant de Progrès dans la pein- turej qu'en peu de temps il fut en étatde travailler feul. Son application augmenta ces fuccèsdejour en jour. Ses Ouvragos furent recherches pac Ie |
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Flamands , Allemands & Eollandois. 375
roi de Dannemarck, Ie prince d'Ol'ange & plu-----------
fieurs feigneurs. 1589.
Ses tableaux font en fi grand nombre qu'il
feroit trop long de les rapporter. Il peignoit, comme fon maïtre , en camaïeu : il Ie furpafla & fur-tout en richefTe de compofition. On vante beaucoup un tableau qu'il fit pour un comte polonois : ce tableau avoit 12 aunes de longueur, xl repréfentoit une Bataille de Flandres. On a de lui plufieurs fujets allégoriques. Il com-
pofoit des vignettes pour les imprimeurs. On recherche encore celles qu'il fit pour 1'édition des (Euvres du chevalier Cats , poëte hollandois. Il fut un des meilleurs poëtes de fon temps &
il écrivit beaucoup. Ses ouvragés les plus connus font fes emblèmes : 1'Etincelle fur la tourbe hollandoife , Ie Rêve fur la nouvelle fagefTe., la Folie du vieux maréchal italien ., ïn-doinp 3 avec lc Tableau du monde ridicule , 1^35 ,in-quarto. |
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Aa 4
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J E A N
BREUGHEL,
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o U
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BREUGHEL DE VLOUR,
ELEVÉ D;E GOE-KINDT.
- J ean Bkeughel naquit a Bruxelles,environ l'an
i62i): il étoit fils de Pierre Breughel, qu'il perdit
fort jeune, Sc il fut élevé chez fa grand-mère,
veuve de Pierre van Aelfi. Il apprit chez ei/e a
peindre en détrempe, & fut place chez Pierre
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La • V'ie des Peimres Flamands j &c. 377
Goe-Kindt, oü il commenc.a a peindre a 1'huile.
La commodité de copier en réfléchifïant furies tableaux de différens maïtres, chez Goe-Kindt, fortifia Ie jeune Breygkel dans fon art. Il quitta ce maïtre & fut a Cologne, oü il étudia long-temps les beaux effets de la nature. Attaché uniquement a peindre des fleurs & des fruits , fes tableaux furent déja regardes comme des prodiges, qui portèrent par-tout fa réputation. De Cologne il pafïa en Italië, oüil vit fes ouvrages recherches. Il eut occa/ion de peindre quelques Payfages dans jRome. Le plaifir de repréfenter de belles vues, lui fit abandonner les fruits & les fleurs, qui ne lui ont fervi dans la fuite qu'a orner les fonds de fes tableaux. Ilobferva la richefTe & Fétendue des plus belles
contrées, & il avoit toujours 1'efprit occupé de celles qu'il ne pouvoit alors deffiner : voiLi. pour- quoi nous voyons de lui tant de tableaux d'un gout fi varié. Après avoir beaucoup travaillé en Italië, il re—
tourna chez lui oü tout d'un coup on vit forrir plufifurs beaux tableaux de fon pineeau : on ne pouvoit être plus laborieux ni plus fertile a pro- duire1 Son mérite fut attefté par les plus grands peintres. Il peignoit le payfage qu'il ornoit de pe- tites figures touchées avec finefTe & d'un bon gout. Breughel avoit le talent de faire les fonds de
payfages aux tableaux des plus habiles peintres, reis que Rubens, van Balen & Rottenhamer: il faifoit avec le méme fuccès les figures dans les ouvrages de Steenvick ■, Momper _, &c. On ne peut voir unplus beau tableau que celui
qu'il fit, de concert avec Rubens : il repréfente |
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La vie des Peintres
le Paradis terreftre. Si Rubens a pris plaifir a peindre d'un grand fiui Adam & £ve, Breughel a cher- ché a rendre ce tableau digne de la production de ces deux grands maitres. Ce payfage eft varié a l'inrini; les arbres , les planten font d'un beau choix & d'une couleur vraie j les animauxj les infectes font au même degré de beauté : ce ta- bleau eft regarde comme Ie plus précieux qu'il air fait : il a pafte du cabinet de M. de Bie (Ie Mécène de Girard-Douw) dans celui de M. de la Court Vander Voort, a. I eyden. Notre arcifte enrichi par fes ouvrages aimoit
la magnificence. Ses habits d'hiver étoient de ve- lours j & c'eft dela que Ie nom de Breughel de Vtour lui fut donné , comme Breughel d'Enfer k fon frère _, pirce qu'il repréfentoit ordinairement 1'Enfer ou des Incendies. Houbraken a vu vendre un tableau de Breughel'a
Amfterdam en 171 3 : il avoit quatre pieds de large fur trois de haut. Il rapporte que tous les connoif- feurs furent faifis d'admiration , en Ie voyant: il fait fur-tout remarquer unFiguier qui étoit au milieu. La nature, dit-il, ne produit nen de plus beau ; auiïi ce tableau fut-il vendu 28x5 flonns d'Hollande: les deux figures dans ce tableau font peintes par Rubens, & repréfentent Vertumne & Pomone. Le pendant fut vendu Ie même jour 1875 fl.
il repréfentoit une Nymphe endormie avec un Satyte qui admire fa beauté. Ces figures font auffi de Rubens. Ses ouvrages font en grand nombre ; on ne
peut toucher le payfage avec plus d'efpnt : les arbres y foac d'une belle forme , les fonds fur |
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Flamands s Allemands & Hollandoïs. 579
Ie devant d'une grande richefTe , les plantes, les---------
fleurs & les fruits admirablement finis. Tantot il 1589.
repréfente un Moulin , tantot un petit Pont, on Village furie bord d'une rivière, qu'ilornedequel- ques Bateauxa la voile ou autres objcts ^de V01- tures dans les routes, avec nombrede penteshgu- res toujours variées , toujours précieufes & d un bon gout: fa couleur eft excellente, qaelquetois un peu bleue dans les lointains. Sa mort eft ignorée par les écrivains flamands.
M. Felibicn croit qu'il eft mort en i64z. Ses ta- bleaux font recherches dans les plus beaux cabi- nets*del'Europe. Nous indiquerons feulement les plus connus. Dans Ie cabinet du roi de France on voit
fept tableaux de Breughd : une femme qm careüe un chien , la Bataille d'Alexandre contre Danus, la Bataille de Prague , Orphée aux enfers, une Rivière chargée de bateaux „ une Tempête , & une Halte de chafle a la porte d'une hotellene; & chez M. Ie duc d'Orléans cinq tableaux du même: la Tranfmigration de Babylone , les Paflagets, Ie Chariot , une Marine avec des?êcheurs , Ie même fujet avec beaucoup de Póilïbns. Dans la ga- lerie de 1'Archevêché de Milan on admire une Chafle remplie de beaucoup de figures , & Saint- Jéróme dans Ie défert; les payfages y font beaux, la figure eft peinte par Gio-Baüfta Crefpi. Vmgt tableaux de Breughd, fe voient dans labibho- thèque Ambrofianne jfavoir ,Danieldans la fofle aux Lions , Ie ded*ans de la grande éghfe d'An- vers , les quatre élémens. Ce tableau repréfente tous les objets qu'on peut peindre dans la nature : on y admire Ie fini, la couleurj tout y eft a |
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380 La Vie des Peintres
~ furprendre.Les autres font 1'incendie deGomorre,
li°9- pluheurs Vafes avec fleurs & fruits , une Vietge peinte par Rubens: Breugkelapemtane Guirlande de fleurs au même tableau. Deux petites plaques en ivoire en forme ovale : fur la première eft reprefenré un Crucinement rempli d'une multi- tude de Figures, & fur 1'autrela vifite de Sainte- Elifabethjle refte de fes tableauxfontde fortbeaux Payfages. L'Eleóieur palatin poiïède 3 7 tableaux confidérables de Jean Breughel, dó*nt voici la lifte : Ie Baptême de 1'Eunuque de la reine de Candace, dans un beau payfage ; la. Vierge avec onze petits en fans qui font environnés de fleurs j la Ptédi- cation de notre Seigneur fut les bords de la mer : une multitude de petites figures, desanimaux & desPoiflons rendent ce tableau un des prmcipaux Ïu'il ait fait j un Payfage oü il a repréfenté une
)anfedepayfans; un Port de mer avec beaucoup de figures; S. Jérómedans un défert; un CarofTe, deux Chanots & beaucoup de figures Sc des Am- maux dans une grande campagne; un beau Payfage oü Flore fe troiive couronnée par une Nymphé: les figures font peinte^ par Rubens j les quatre Saifons en quatre tableaux f les figures par Benrï van Balen; Ie Paradis terreftre : Adam & Eve font peints par Ie Klerck; deux ports de mer avec des Vaifleaux & des figures; un Village en pleine campagne avec nombre de Figures \ 1'Adoration des Rois, beaucoup de Figures a leur fuite j Scipion 1'Africain a la tête d'une multitude depeuplesj un Payfage oü les figures font d'Renri van Balen , & repréfentant une Fête de Bacchus', notre Sei- gneur crucifié ; quatre petits Payfages j une Maf- carade fïngulièrement compofée, autre Fête de |
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Flamands j Allemands & Hollandois. 381
Bacchus j dont les figures {ontd'.Henri van Balen j -
S. Jean qui prêche dans Ie défert au milieu d'un nombreux auditoire j un Pa/fage & Ie rivage de la mer ; un Payfage dans lequet on voit un Mou- lin a vent j an tableau avecplufieurs Oifeauxpeïnts avec une extreme flneflej un Payfage avec un Chariot & beaucoup de Figures; un Payfageavec figures de van Balen, repréfentant Diané & fes Nymplies qui prennent Ie divertiflement de la Pêche j un tableau de fleurs , 8c , pour finir, un Rivage de la mer avec des Vaifleaux & quantité de Figures. Dans les riches cabinetsde Paris on a de Breughel
plufieurs beaux tableaux. On en admire deux chez M. lemarquis de Voyer • Ie premier eft une Foire ou Féte de village fur Ie confluant du Rupel & de 1'Efcaut \ plus de deux cent cinquante figures s'y trouvent dans un payfage clair & pi- quant; Fautre eft un Camp nombreux. M. Ie comte de Vence a du même une vue de Scheve- linghe, payfage avéc beaucoup de figures. |
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1589.
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J E A N
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TORRENTIUS.
_ IL naquit a Amfterdam en 15 89. Si fes ouvra°es
enpetit , mais d'un beau fini, n'étoient pas
aufficonnusque fes mauvaifes mceurs , je neparle-
rois pas de lui. La fineiïe de fon pinceau ajoutoit
beaucoup a fes fujets lafcifs 3 qu'elle mettoit dans
un plus grand jour ,& auxquels elle donnoit plus
de foi-ce& d'expreffion. Les fujets de fes tableaux
enchérirent be'aucoup fur ceux cCAréün & Pétrone:
Les libercins mém* avoient horreur de fes com-
pofwions. Il fit des afTemblées d'impies comme
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i;89.
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La Vu des Peintres Flamands 3 &c. 383
lui, ou de ceux qu'il avoit corrompus : il y en- feignoit tous les crimes, il y foutenoit que Jéfus- 1 ƒ89. Chnft n'étoit poinc exempt du péché originel, qu'il ne falloit faire aucun cas des loix divines & humaines, que les hommes & les femmes étoient nés pour vivre eri commun. Je pafïè fous fflence les autres abominations. Averti queles Ma- giltrats indignés cherchoient Ie chefde ces afTem- blées , il n'en fit que rire, prétendant en ètre quitte pour nier tout. Il fut enfin arrêté & condamné par la juftice
d'Harlem a fubir la queftion. Les tourmens ne firent fur lui aucun efFet \ il nia toujours. Il fut condamné a 20 années de prifon ; mais a la fclli- citationdes Grands , & particulièrement de 1'am- bafladeur d'Anglecerre, il eut la liberté de pafïèr a Londres , oü fon habileté lui ent acquis beaucoup d'eftime, fi fes mauvaifes mceurs ne lui eufTent pas attiréle mépris d'une nation qui chérit autant la vertu que les talens. Torrentius retourna a Amfterdam, Sc y demenra caché jufqu'a fa mort qui arriva en KJ40 } agé de 51 ans. Ses puvrages furent recherches , & ceux que 1'on put décou- vrir,brülés paria main du bourreau. Les peintres & les poëtes excellens 3 lorfqu'ils font nnpies , font d'autant plus dangereux qu'ils prêtent des attraits aux crimes. Théodore Schrevelius dans fon hiftoire d'Har-
lem , nous écrit ainfi la vie & la fin de Torrentius. Houbraken Sc VTeyermans difent que ce peintre eft mort dans les. tourmens de la queftion. Nous nous en rapporterons au récit du premier qui a écrit d'rprès les aftes publics. • |
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H E N R I
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STEENWICK,
L E F I L S.
—-------- X o v s les auteurs fe font trompés , en écri-
1580. vant lavie de ce peintre : on 1'a confondu
avec fon père, ou avec N. Steenwick, dont il fera parlé. Henri Steenwick , Ie fils ', étudia fous fon
père. Jl a fuivi fa maniere , 8c 1'a fouvent iurpafle. Van Dyck , qui eftimoit fes ouvrages, Ie fit connoïtre a la cour d'Angleterre. Le roi
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La Vie des Peintres Flafhands j &c. $Ê f
toi occupa ce peintre long-temps. Il quitta có -
qu'il avoit de fombre dans la fac^on de peindrè
qu'il tenoir de fon père _, de peignit 1'intérieur des éghfes & des palais. Il a quelquefois peint les fonds d'architecture aux portraits que faifoit van Dyck. Oa en connoic deux en France (1 ): ce font les portraits du roi & de la reine d'An- gleterre (i), peints en 1(337 : lesdeux figuresfont debout, & ontenviron unpied de hauteur. Jamais van Dyck n'a fini avec autant de foin. On peut egaler ces deux portraits aux plus précieux de Mirh : Ie, fond du tableau eft fort clair & re- Jjréfepte une fa^ade de quelque maifon royale , d'une belle architecture. Cet ouvrage eft d'Henri Steenwick Ie fds; c'eft ce même Steenwick peint par van Dyck, & qui fe trouve a la fuite des artiftes que 1'on a gravés. Sandrart 8c d'autres écrivains depuisj 1'ont toujours pris pourlepère , qui niou~ rut en 11J04, lorfque van Dyck n'avoir que cinq ans:ainiiil n'a pu lepeindre ni travailler avec lui* L'abus de Ie nommer Nico/as Steenwick ne vient que dela relTemblance de nom avec celui qui naj quit en KJ40, & que les auteurs nomment iV. Steenwick,pzïceqm fon nom de baptéme eft ignoré» Steenwick Ie fils fit fortuneen Angleterre , out il mourut encore jeune :fa veuvequi avoitappris a peindre des perfpectives , retourna dans fa pa- trie, Sc demeura a Amfterdam , oü fes ouvrages furent aflez eftimés. On peut cornparer Ie mérite du fils a celui du
(1) A Paris dans lecabinet de M, de ia Bouex'ere,
Fennier-général. (2) Charles I et Henrietfe de Bourbon, soeur de
Louis XIII. . - Tome L B b
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La Vit des Pelhtrti
_____ père : quelques-uns 1'eftiment plus, parceque fei
, f g tableaux font fort clairs: ils font affez rares. Il ne travailloit que pour Ie roi d'Angleterre : on en trouve chez quelques particuliers a Londres &: en Flandres } mais nous ne connoiflons de lui en France} que ceux qui font dans Ie beau ca- binet de M. de la Bouexiere. |
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GÜERAHD
SEGHERS.
Güerard Seghers naquit a Anvers, vers
1'an 1589.: il eft Ie frère aïné de Dariiei Seghers , peintre de fleurs. Guerard fut place chez Hcnri van Balen. Encore jeune il pafTa a Rome: la au milieu de tant de chef-dJQBUVi"es Seghers ne put fe déterminer a prendre aucun maïtre pout guide. Il copia toutes les manièves différentes, & quand il compofa lui-mème on ne lui reconnut aucunes de celles qu'il avoitimitées- A la fin _, plus touche de celle du Manfrsdi , il s'y attacha fi bien que fes imitations embarrafsèrent les connoilTeurs d'Italie. Szghc s nepenfaplus qu'a retourner dans fa patrie, & crut y faire fortune avec fes ouvra- ges. Les premieis qu'il fit a. Anvers fufErent pour Ie dêtromper. Oa aimoit mieux les tableaux clairs de Rubens que les fiens, qui tenoient un peu de 1'école du Carravage. Notre artifte en habile hom- me, prit un milieu entre la maniere du Manfredi Sc celle de Rubens , & alors il fut employé a dé- corer les églifes d'Anvers, &c. Ce peintre avok |
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JFamands j Alltmands & Hollandois. 387
Ie caradère doux & aimable : il futua des grands *"
iamis de Rubens8cde van Dyck ; la jaloufie ne put jamais les féparer. Scghers gagna beacoup de bien&mourut a Anvers en 1651 , agé de 6z ans : on ne lui connoit qu'un fils, qui fut aufli peintre. Les tableaux d'hiftoire de ce peintre font bien
compofés, fon deflln correób; & fa couleur chaude & vigoureufes eft foutenue par une belle entente du clair-obfcur. On a dit qu'il employoit trop de jaune dans fes clairs \ mais fes ouvrages Ie juftifient & font tomber cette critique : nous allons indiquerlesprincipaux. On voit de lui, dans 1'églife de S. Jacques a
Anvers , deux tableaux d'autel : Ie premier repréfente S. Yve,& 1'autre, Saint Roch. Dans 1'églife des religieuies appellées Fackes, trois au- tres grands rableaux : fur 1'un on voit S. Jofeph endormi, a qui 1'ange ordonnede fuir en Egypie ; fur 1'autre, la naiflance de notre Seigneur j &*le troifième eft un tableau d'autel , oü il a peint 1'enfant Jéfus, Marie & S. Jofeph. Dans l'eglife des Jéfuites, notre Seigneur attaché fur la croix que les bourreaux élèvent, tableau ennèrement aansla manitre du Tintoret, deftinéaêtre place quelques mois de l'année au grand autel, avec <eux de Rubens & de Schut. Deux autres tableaux de lui , auffi dans la maniere d'Italie, font places dans la même éghfe: les fujets font tirés de la vie de notre Seigneur. Au-deflus de la porte de la facnftie de la congrégation de ces ptres , on voit un Chrift très-beau, par Seghers, Sc un Saint Igrtace a cóté de 1'autel. Un tableau d'autel ■de ce maitre fe remaique pat fa fingularité J il Bbi
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33S La Vie des Peintres
eft fi fort dans Ie gout de Rubens qu'on 1'a cru
"de ce dernier: il orne Ie maitre-autel des Carmes. Mais Ie clief-d'oeuvre de ce peintre eftle Mariage de Ia Viergé , compofoion immenfe : il eft place au grand autel des Carmes-déchaufTés. Dans 1'églife cathédrale de Gand, Seghers a
peint Ie Martyre de S. Liévin , évêque, tableau d'autel pres de la facriftie. Six grands tableaux de la vie de ce faint, par Ie même peintre, font places dans la nef de 1'églife des Jéfuites. Le cabinet de M. Deyne eft enrichi d'un tableau afTez connu dans le monde, puifque Vorjlcrmans 1'a rendu public : le fujet eft S. Pierre reniant le Seigneur, au milieu d'une troupe de foldats: tout y eft éclairé au flambeau, 8c c'eft la première maniere de Seghers a fon retour de Rome. On voit un beau tableau de lui a Dunkerque, place a 1'autel de la Viergé, dans la grande égliie: il repréfente la Viergé, 1'Enfant Jéfus debout fusr fes genoux, Sc pluneurs autres faints. |
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¥ lamanis j Allcmands & Hollandois. 3 8 £
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d a v 1 d
BA I L L Y, EL E V E
DE CORNILLE VANDER VOORT, Natif de Leyden, & nis de Pierre Bailly , ~
aflezbon peintre, qui vit de bonne heure Ie pen- chant de fon fils pour la peinture. Sans lui donner de le^ons , il lc lailFa grinonner d'après des deilins Sc des eftampes. Il eiu occafion de voir Jacques de Gheyn , graveur, chez qui il s'exeixa au burin pendant un an , maïs il préféra la peinture. Le père, pour le fatisfaire, le p'aca chez Adrien Verbught, &c dö-la chez CornUte Vander Voott\ peintre de portraic , eftimé a Amfterdam. Les le^ons du maitre & les bons tableaux qu'il eut occafion de copier chez lui , entr'autres, un de SteenTfick, que 1'auteur même n'auroit fu diftmguer d'avec 1'original, engagèrent Bailly a pafler fix afis chez vander Voort. Il fut d'Amfter- dam a Leyden _, ou il refta peu de temps. 1'envie de voyager le fit pafler a Hambourg, de-la a Francfort, Nuremberg, Ausbourg, par le Tirol, a Vemfe & enfin a Rome, oü il comptoit refter pour profiter de tous les beaux modèlesque cette capitale renferme^ mais quelques raiions inconnues le firent retourner a Venife , oü il travailla plus long-temps. En revenant par 1'Allemagne, il fuc bien re^u par le duc de Brunfw'tck, qui lui fit; ofFre d'une penfion annuelle qull refufa. Bb 3
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ij 90.
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La Vie des Pe'intres Ftatnands3 &c'.
De retour a Leyden en i<> 13 , après cinq; iS9o- années d'abfence, il fe mit a peindre jufqu'en 161$ qu'il quitta la palette pour Ie delfin. It avoit 1'art de deffiner des portraits a la plume, avec un petit travail au pinceau, qui plurent beau« coup, & ou il fut fort employé. Simon LcuWen, hiftorien de Leyden , parle
dans ce mème temps d'un bon peintre de payfages, appellé Jean Annts. |
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D A N I E L
S E G H E R S ,
JÉSUITE,
ELEVE DE JEAN BREUGHEL,
OU BREUGHEL DE VLOÜR. IL rec,ut Ie jour a Anvers en 15 90. Il commenc.a
a étudier la peinture fous Breughel de Vlour, qui peignoit en ce temps-la les fleurs qu'il quitta aans la fuite pour Ie payfage. Seghers s'appli- qua , fous ce maïtre , a étudier 1'harmonie des couleurs, dans cette belle nature qu'il cherchoic i imiter. Bb4
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? J1 CIi;ra de bonne heöre chezles Jéfuites ;
.^^«deftèr^quoiquil fut toujours oom- me Ie pere Seghers.) Son noviciat flni, il reprit Ja palette , & orna 1 eglife des Jéfuites d'Anvers : il rut envoyé a leur maifon de campagne , oü il fitpour lenr eglife plufieiirs payfages avec des lujets de la vie de qüelques faints è& 1'ordre. Cestableaux font auptii-d'hui places ,: au-defllis «es confeiüonaux.,. ;; , II obSj&rfe pêrmiffioii d'aüer k Rome: il v
etudia les dedans & lés\dehors de cette capitale J avec bèaucoup d'afliduité. Après avoir fait uine nche moiflon d'étüdès s il revint a Anvers.' On s'apper^ut aifément combien ce voyage
lui avoit été .profitable; fes tableaux n'eurent preique point deprix : les particuliers ne purent pomt y atteindre. La réputation de Seghers pafTa par-tout. te
}>nnC€ d'Orange dépêcha fon premier peintre Thomas WÜUborts, pouravpir un tableau de lui. Il compofa un bouquet dans un bocal de fleurs , accompagnées detoutesfortesd'infedes qu'il finit avectant d'art, que les artiftes de fon temps , ne ceiToient de 1'admirer. Il envoya ce tableau en préfent, au nom de fon ordre , au prince qui Ie re5ur avec un extreme plaifir: il ne put aflez admi- rer ce tableau. Le prince répondit I ce préfent paf une efpèce de chapelef compofé de dïx grains , quirepréfentoientdix.órangesrichementémail.lées en or, & une palette èc des antes (1) dep'mcezax (i) Ante ou manche, pe(it baton au bout duquel on
ante lepiuoeüu ' ' < |
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Flamands j Allcmands & llollandois. 395
de cette précieufe matière , Je tout accompagné <
(Tune lettre pleine de reconnoiflance. II fit nn fecond tableau: il avoit amalTé dans
un beau vafe toutes les fleurs du printemps , plufieurs branches avec des fleurs d'orange,& quelques oranges encore vertes. .Ces fleurs êc ces fruits artiftement diftribués avec des infeótes de toutes efpèces, faifoient 1'ornementde ce tableau. Il en fit préfent a la pnncefle dJ0rauge , qm fut touchée de fa beauté \ elle ne voulut point ceder en généroLité au prince fon époux. Êlle envoya aux Jéfuites d'Anvers, 1111 Crucifix d'or j émaiilé artiftement&pefant une livrej avecun paflë-port ou fauf-conduit pour voyager dans les Pays-Bas , Sc y veiller aux interets de leurs maifons. Ces deux tableaüx' pafTent pour fes princi-
paux. Le feu du ciel en a détruit de fort beaux de lui , dans 1'églife d'Anvers , pnncipalement un grand , ou Rubens avoit peint S. Ignace. Ce Saint étoit couronné &c entouré dé guirlandes de fleurs. Ces tableaüx , dans la gajerie & dans les chapelles , étoient autant de témoignages de 1'ha- bilité de ce peintre. On en compte deux des plus précieux de fon
temps, un a la Haye , chez le baron de Bree , & 1'autre a Amfterdam, chez le fleur JeanStaxts , courtier. Il avoit' un talent particulier a peindre les lis
blancs & les rofes rouges, & tout ce qui étoic tiges ou feuilles, particulièrement le houx. La belle couleur, les tranfparens, les feuilles minces 6c légères 3 les infecles , tout eft bien fait: fa tou- che eft large. Il avoit tout ce qu'il falloit pour inériterl'idée que les grands peintres ont eue de lui. |
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3 94 La Vie des Pelntres
—------II mourut e:i 1660 agé de 70 ans. Il- fait voic
lS9°' 1ua ^es Jéfuires ont eu auffi de grands hommes
dans la peinture. On voit dans l'églife des Jéfuites d'Anvers Ie
chef-d'oeuvre du frère Seghers s c'efl: une guir- lande de fleurs : tout ce qu'on peut voir dans la nature , dans 1'une & 1'autre fiifon , fe trouve ra- jm(Té avec choix dans ce tableau; fleurs, fruits, infe&es, tout y eft du plus grand fini. Rubens a peint au milieu la Vierge Sc 1'Enrant Jéfus. Chezl'éled^ur Palatin ,une autre guirlande pat
Ie même , au milieu beaucoup de figures repréfen- tant une Fête bachique: &a Rouen, chez 1'auteur de eet ouvrage , deux tableaux : ce font deux vafes de criftal 3 avec des fleurs & des infectes peints fur cuivre. |
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A D R I E N
VAN LINSGHOOTEN;
ELEVE DE SPANJOLET.
ÏL prit naifTance dans la ville de Delft en 1590.
Le nom de fon makre eft contefté , mais Ie plus grand nombre dit que ce futle Spanjolet. Sa vie étoit auffi peu réglée que celle de Brau-
wer; cela ne diminue rien de la beauté de fes tableaux, qui, quoiqne bien payés , n'auroient jamais fauvé 1'auteur d'une grande misère, fi deux fcEursnereulTent prévenue par leur mort; devenu héritier, il fe vit fort i fon aife. |
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Flamands , 'silkmands & Hollandoïs. 395
En 1634 il fut dans le Brabant, oü il époul'a-
une petite fille jolie & fans bien, avec qui il eut deux enfans. Au bout de quelques années de ré- fïdence dans ce pays, il alla detneurer a la Haye , oü il aété fort employé. On vante de lui en Hollande un tableau qui
repréfente S. Pierre devant la fervante de Pilat». Un eccléfiaftique , touche des expreflïons qu'il avoit données a fes figures, lui demanda pour pendant, le Repentir du méme faint, oü il réuflit également. Le peintre lui dit, d'un ton railleur, tant d'impiétés, que le prêtre en eut horreur & s'en alla fans vouloir le tableau. On voyoit de lui un Chymifte, a Delft, chez
M. van Heul j entrepreneur de poudrea Canon. Ce tableau eft bien compofé Sc plein de génie : la figure principale bien peinte & deflinée. Dans la même ville Sc ailleurs on voit beaucoup d'aurres tableaux de lui. Ildoit être mort vieux: on Fa vu travaillerdans
cette ville a Fage de 87 ou 88 ans : on ne fait pas précifément le temps de fa mort. |
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-PIERRE
S O U T M A N,
ELEVE DE RUBENS.
vje Peintre , quoiqu'il n'ait point été uri^des
moindres de ceüx qui font fords de 1'école de Rubens, on ne fait cependant ri.en de particulier, |
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La V"ie des Peintres
ni du lieu de fa naiflance, ni de celui de fa mort.
™ ' dmpfing, hiftorien de la ville d'Harlem, dit, en faifant fon éloge, qu'il avoit été peintre de 1'éleóteur de Brandebourg : il avoit auflï pafïe quelque temps a la cour de Pologne, oü il fut fort, eftimé. IJ peignoit 1'hiftoire Sc Ie poctrait, & il étoit
également recherche dans 1'un Sc 1'autre genre. |
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ESAIE (ou ISAIE)
VAN DE VELDE.
xsaie Fan de Velde^i en Hollande,s'eft très-
diftingué a peindre 4e5 Batailies; tantót il repré- fentoit des rencontres de cavaliers, tantót des attaques de voleurs: Ü nabilloir fes figures a 1'ef- pagnole. En 1.6.16 t\ deme^roit a Harlem & en 1650 aLeyden. Ses:®uvrages eftanés furentpayés cher: il faifoitfouventtles.figures dans les tableaux d'autres peintres.On croit ^i//t77z(ouGuill?.ume} van de Velde, frère de eelui-ci. |
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3 n
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Flumands , Alkmands & JJoüandois. J 97
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J E A N
ROODTSEUS;
ELEVE DE PIERRE LASTMAN.
Jban Rootseus, fils A'Albert, apprit'
la peinture fous Pierre Laftman. Le portrait en grand fut fon principal talent. Queques-uns 1'onc voulu egaler én mérite a Bartholomé vander Helfi : s'il n'a poinc égalé ce dernier, il a fait plufieurs beaux portaits. Dans les buttes anciennes & nou- velles de la ville d'Hoorn en Hollande , fe voit repréfentés en grand les Officiers des bourgeois : ces tableaux ont le mérite de ceux qiu ont excellé dans ce genre : il fit ces trois tableaux a 1'age de 40 ans. Roodtfeus étoit infatigable au travail, peudiffi-
pé & d'une conduite fort reguliere. Il eut un fils appellé Jacques _, qui fut élève de Jean-David de Hèem3 qui Pimita de fort pjcs. Ses ouvrages re- .cherchés lui ont procuré beaucoup de biens. |
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CORNILLE
SCHUT,
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atit de laville d'Anvers& élèvedeRubens,
i ƒ90. étoit bon poëte. Nous avons de lui des ouvrages oü brille 1'allégorie. 11 étoir habile peintre d'hif- toire & fur-tout propre aux grandes machines. On voit de lui la Coupole de Notre-Daine d'Angers, Sc dans la même églife plufieurs autres ouvrages. Le frère Seghers, jéfuite, s'eft souvent fervi du
pinceau de Schut pour peindre des camaïeux & «utres iïgures dans fes guirlandes de fleurs : il |
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La Vie des Peintres Flamatids, &c. 399
gxava auffi a 1'eau-forte, On a de ce peintre plu- — Beurs eftampes d'après fes tableaux & fes com- IJJ>°* pofitions : auffi fécond qUe fon maïtre , quoique moins correct, il avoit Un feu txtraordinaire , mais fouvent il donnoic dans Ie gris. Il y a ce- pendant de fes tableaux bien coloriés Sc peints avec force. Van Dyck a fait fon portrait qui fe voit dans
Ie nombre des artiftes peints par ce maïtre. Voici les principaux tableaux de Schut. On voit
Ie MartyredeS. Georges , place a 1'aurel de la confrérie de Tarbalête, dans la cathcdrale d'An- vers; Jéfus-Chrift mort, tableau au-de(Tus d'une épitaphe dans 1'églife S. Jacques : ce fujet fe trouve répéré ponr une épitaphe dans la même é^life;dans legüfe des Pécollets un tableau d'autel: lefujct eft tiré de la vie d'un faint de 1'ordre S. Francoisj dans 1'églife des Jéfuites deux beaux tableaux j Ie premier repréfente une Aflon-'ption : re grand tableau eft un des quatre qui font pofés alternr tivement au grand autel , ie 1'autre eft 1?. IS'aiflance de notre Seigneur ; il eft place au-deflus des confeflionnanx. On voit a Gand , dans 1'églife des Jéfuites, une AiTomp- 4 beau tableau par Schut. |
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400 ,. La Vie des Pelntrei
ALEXANDRE
RIERINGS.
■-------- Kj E grand peintre en payfages n'eft prefque
i ƒ90. . connu qu'en Hollande. Nous avons pen de fes
tableaux en France ; excepté celui qui eft dans 3e cabinet de M. Ie comte de Vence, & un chez M. Blondel de Gagny , je ne crois pas qu'il s'en trouve beaucoup d'autres. Kïerings vanoit peu fes payfages , il fe con-
tentoi: de copier exa&ement tout d'après nature, & finir avec une extreme panence jufqu'aux fibres du bois & les écorces des arbres. Il y ghflbit dif- férens toiis de couleurs qui fe trouvent dans la nature , & qui ne s'appenpiventque quandon eft habile. Ce fidele imitateur avoit une maniere qui lui étoit propre pour tsucher la feuille de fes arbres ; on y connoifibit chaqueefpèce : fes fonds fur Ie devant font piquans , & Ie grand fini n'y donne point de la féchereffè. Ce peintre eut re- cours a Poelenburg pour orner fes payfages de quelques figures : & dans tous ceux que j'ai vus de Kïerings , les figures étoient de Poelenburg. LUCAS DE WAEL
ELEVE DE JEAN BREUGHEL,
----------NÉ i Anvers en 1591 , étoit fils d\in peintre
icoi. appellé Jean de Wad. Il marqua dès fa jeu-
nelFe 1'inclination qu'il avoit pour la peinture. Soa
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F/ama/ids, Allemands & Hollandois'. 40il
Son père lui donna les premiers principes., Sc il fe perfe&ionna fous Jcan Breughel , qu'if a fuivi de fort pres dans fa maniere. Il voyagea en France Sc en Italië öö il fit de
grands & beaux ouvrages a fraifque Sc a 1'huile.' Son principal calent écoitde reprefenter dans fes payfages des Rochers efcarpês, desCnütes d'eau, des Soleils levafis Sc couchans t des -Orag«s 5' ' des Eclairs. Tous.ces fiijers , bien-nacuielJement•■'•; imités j approchoienc de la maniere defbfrmajrréY On Ie dit mort a Anvers, mais oa. nV pai
marque Je temps. - - - • . ■• . • «•..><
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Tornt J.
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O N nfcdit point en^uejle viH& de-Frife il prit
naiffance : il étóït peintre d'hiftoire , & fort éftimé par fes contemporains. Il paffa plufieurs années eu Italië , & fur-tout a Rome oü il a beaucoup travaillé : il fut nommé par les peintres de cetteville,le nobleFrifois, tant ils eftimoient fes talens. On peut jager de fon exaiLtitude dans fes études de Rome, par Ie livre intitulé Cabinei 'des Statues, imprimé a Amfterdam en i7°i- Les figures & les piédeilaux y font copiés *vec beau-. |
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_ I__
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La Vie des Peintres ¥ lamanis, &c. 40 j
coup de foin : on y reconnoïc Ie gout de chaque
maïtre. On indicjue dans Ie même ouvrage ies endroits oü ils font places. Son petit-fils Wy brand de Ghéefi exenja auflï la
peinture , & fat éiève d'Jntoine Coxcie. |
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GUERARD
HONT HORST,
ÉLÈVE D'ABRAHAM BLOEMAERT,
JNaquit en 155)2. dans la ville d'Utrecht. Il
appnc les prmnpes de fon art fous Abraham Bloemaert, & fut a Rome oü il a travaille pour 1592. pludeurs cardinaux & autres perfonnes de dif- tinótion. Tous Ces ouvrages ne lont point diftrait ni empéché d'étndier Ie beau. A yant pairéplufieurs années en Iralie , il fut en Av,g eterre , oü Ie roi lui ordonna plufieurs tableaux qu'il fit avec ap- plaudillement. Sa conduite fage lui donna entree chez les
grands •, il fit les portr 'lts des princes, enfans de la remede Boicnie, celui du prin~eRobert£c de l'Eleóteur Palati'.. Ces tnble-aux furent envoyés en Angleterre a leur oncle Charles JL 11 enfeigna a dediner a la princefTe Sophie & a 1'abbede de Maubuiffon. II fit auili Ie porrrai: de la reine Marie de Médicis, & plufieurs tableaux pour Ie roi de Dannemark ; & il fe fixa enfin a la Haye avec Ie titre de peintre du prince d'Crrfnge, pOur qui il travailla beaucoup dans fes maifons fc Cc 1
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404 L* W' des Peintrcs
(hareaux , particulièrement dans celui au Bois :
jl y travailloit encore en 1662.
Sa maniere eft belle & fcn deflin correft. Il a
mérité Ie nom de grand peinrre, & fes tableaux places dans les plus beaux cabinets , font foi de I'eftime due a 1'auteur. On voit dans Ie cabinet de M. Ie duc d'Orléans
une Judith peintepar G. Honthorjl j chez 1'élec- teurPalatin, 1'Enfant Prodigue parmi les Prof- tituées i un S. Sébaftien dans la cathédrale de Gand, 8c une Defcente de Croix, oü 1'on voit Notre Seigneur fur les genoux de fa ;Mère, tableau d'autel qui décore la chapelle de 1'Évêque dans la même égiife. H E N R I
BLOEMAERT.
t
Henri, élève de fonpère, médiocre peintre,
d'un génie lourd, n'a nen laifTé digne des Bioe- maert. Adrien Bloemaert. fecond fils & Abraham , s'eft
fait une répatation \ il voyagea en Italië, 011 il profita beaucoup : il qnitra Rome & fut a Salfe- bourg; on y voit de fort bearix tableaux de lui chez les BénédiótiiT-.Dans un duel qu'il eut contre qn érudiant, il re^ut un coup d'épée dont il mou- jrut fur la place. Corniiie Bloemaert, troifième fils, après avoir
peint pendant quelque temps, quitta la peinture pour la gravure : Crefpin JDepas fut fon makre |
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Flamands , Aüemands & Hollandois. 40 J
dans cedernier talent: fa réputation augmentoit de -
jour en jour : il donna au public les deflïns de fon père & de quslques aurres bons peïntres. II cjuitta fa patrie pour fe rendre a Paris, & de-la en Italië oü il grava une quantité de planches d'après les plus beaux tableaus de Rome. Son abfenca caufa du chagrin a fon père , qui, fe voyant tres— agé , Ie rappella plufieurs fois, mais inutilement: Corn'dle avoi.t de la peine a séloigner de la lource du beau Comme il étoit pret a partir 3 il rec,ut la nouvelle de la mort de fon père, ce qui Ie déterrnina a refter en Italië , oü il eft mort dans un age avance, très-efthné pour fon talent, & fort recherche par les amateurs. PIERRE SNAYERS.
On ayers naquit a Anvers en 159}. On Ie croit -
élève d'Henri van Balen, Sc c'eft tout ce que nous avons appns de fon premier temps. On ne fait s'il fut a. Rome, mais on eft certain qu'il a voyagé. Snayers étoit fibien fondé dans les régies & la pratique de fon art, qu'on Ie vit exceller en même temps a peindre 1'hiftoire , des batailles > Ie payfage & Ie portrait. L'archiduc Albert 1'ap- pela a. Bruxelles, Ie nomma fon peintre avec une bonne penfion , & lui procura Ie moyen d'exercer fon génie & fon pinceau. Les églifes & les piin- cipales maifons de Bruxelles Sc des environs furent enrichies de fes ouvrages. Rubens Sc van Dyck louèrent fes talens : Ie dernier fit fon por- trait pour être place parmi les grands hommes de Cc 3
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'406 la Vie des Pcintrcs
fon temps. Quelques ^tableaux de Snayers furent
envoyés a la cour d'Efpaene: Üs y portèrenc fa répntation au point qu'on lui en fit faire beaucoup d'autres, & que Ie cardinal Infant Ie nomma dans la fuite (ön premier peintre. Il fut auili un des plus heureux de fon temps: eftimé des grands, aimé par fes égaux, il a vécu fort long-temps, puifqu'il travailloit encore en 1661. Pour donner une jufte idee de fes talens, on doit 1'éga'er aux bonspeintres d'hiftoire, aux meilleurs payfagiftes, êc a. ceux qui ont Ie mieux peint les batailles & Ie portrait. Ildefliiiabieiij&quelquefois il colonoit comme Rubens. On trouve peu de fes ouvrages en France. M. Ie comte de Vence a de Snayers Ie portrait d'un peintre payfigifte. |
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ADRIEN DE BIE,
ÉLÈVE DE WOUTER (VAUTIER) ABÏS,
IN atif de Lière en 15 94. Il comtnenca la, peinture
1/SM* fous Vautïer Aks, peintre médiocre. L'Élève fur- parfa fon maïtre en peu de temps : il fut a Paris a. 1'age de 18 ans, oü il refta deux ans chez Rudolf Schoof j peintre de Louis XIII. L'application fous ce maïtre Ie fortifia beaucoup: il partit pour Rome ot' il a refté huit années de fmte a copier & étu- dier les grands maitres. Il fut employé par les principaux de la cour de Rome 5c par les étran- gers : plufieurs cardinaux 1'engagèrent a peindre, fut des plaques d'or & d'argent j fur des pierres précieufes; la pureté avec laquelle il faifoit ces petits fujets eftpeu commune. |
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Flamands, Allemands & Hollandois. 407
En 1613 , de retour a Lière , il fit beaucoup;
de bons tableaux & de portraits. On regarde comme le plus beau celui qu'il fit pour le corps de métier des maréchaux & ferruriers, repréfen- tant S. Eloy, place dans 1'églife de S. Gommer de la même ville. Sa mort eft ignorée : il laifla a la poftérité un
grand nom. Son fils, Corn'dle de Bie, a écrit fur la peinture , & fait 3a Vie des Peintres, én vers, fous le titre de Gulde Cabinet der Edele ScKdder-K.on.fl. |
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CORNIHI
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'm:
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D E W A E L,
ÉLÈVE DE SON PÈRE JEAN DE WAEL,
jN aquit a Anvers en 1594. Iletoit fils de Jean
de Waelèc frère de Lucas : il eut les principes de fon père, & travailla fous plufieurs maïtres. ll-rfif- parier de lui de bonne heure. Le duc A'Arfchot Je demanda a fa cour, le nomma fon premier pein- tre : il fit pour ce même fergnexir plufieurs beaux tableaux en Efpagne, ainfi que pour le roi Phi- üppe III. Il paflaquelques années dans les-Pays- Bas; on ne fait point 1'endroit oü il a demeiué : on fait feulement qu'il étcit excellent peintrë de■. '' batailles. Perfonne n'a mieux repréfenté les aitn- buts de Bellone } les fiéges, les attaques ? 'les déroutes: il imitoit tous ces genres également bienjl'effiroi régnoit par-tout ,1'horreurétoit mar- quéefur les phyfionomiesj Sc la douleur furie» blefles. Cc 4
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s
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IÜCAS
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iVA'N UDEN,
ÉLÈVE DE SON PÈRE.
V an Uden naquit a Anvers Ie 18 ocftobre i 595.
^on P^e étoit auffi peintre j Bc donna des le^ons a fon fils qui Ie furpafïa bientót. En état de fe former lui-même , il eut recours a la nature, & dès Ie lever de I'aurore il parcourut les cam- pagnes, toujours Ie crayon a la main. Il médita liir les effets difFérens qu'il eut occadon de remar- quer dans 1'inftant que le/bleil diilipe les vapeurs |
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%$•}.
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La Vie des PeintresFlamands3 &c. 409
de la terre, jufqu'au moment que eet aftre fe perd
dans Thonfon. Ainfi , guidé par un fi beau modèle, il mit en exécution fes études & Ie fruit de fes réflexions. Quelques tableaux de van Uden lui méritèrent
J'eftime de Rubens. Ce grand peintre 1'aida de fes avis, il orna même plufieurs de fes payfages avec de jolies figures : ce feivice mit au grand jour Van Uden 8c fes talens, & fit acheter cher fes tabieaux; c'eft ici Ie temps de fes grandes entrepnfes. La ville de Gand lui commanda plufieurs payfages pour orner les chapeiles de 1'églife cathédrale de S. Bavon j & on vit dans les plus beaux cabinets les produdrions de ce maïtre. On ne fait autre chofe de fa vie \ il mourut agé, mais on ignore 1'année de fa more Pour faire 1'éloge de ce peintre 3 il fuffit pref-
que de dire que Rubens nous force a 1'admirer , puifqu'il s'eft fervi du pinceau de ce payfagifte pourpeindre, de concert avec lui, plufieurs de ïes ouvrages. Ses payfages font intéreflans; des cieux & des tamtams ciairs, une étendue de pays, des arbres variés: une touche légere donne du mouvement a fon feuillé. Sa couleur eit naturelle, tantót tendre & quelquefois vigoureufe : fin Sc piquant dans fes petits tableaux, large Sc décidé dans Ie strand j on peut Ie mettre au rang de ceux qui ontle mieux peint la figure. Il fera toujours place avec difhnótion d cóté des plus grands mai- tres : il a ce rang dans bien des cabinets. Nous nous contenterons d'indiquer ceux qui font les plus connus. A Paris, dans Ie cabinet de M. Ie comte de
Vence, onvoitdelui un beaupayfage avec figures. |
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'410 La. Vu des Peintres FSaffiands, &c.
" Dans celui de M. Blondel de Gagny, deux payfages avec figures, 1'un repréfentant 1'Hiver. Dans 1'églife cathédrale de S. Bavon, a. Gand,
dans les chapelles a 1'entour du chaeur, plufieurs grands payfages avec figures. Cestableaux paflenc pour les plus beaux de ce peintre. 1 )ans la même rille, chez M. Jean-Bapüjle Dubois , deux petits payfages avec fignres , très-piquans:, & dans Ie cabinet de M. JDeyne, feigneur de Lievergem, un payfage, grand tableau avec les figures da . D. Teniers. |
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DIRCK (THIERRY)
VAN
HOOGSTRAETEN.
J. hierry naquit en 1596, dans la ville d'An-
vers. Son père fut s'établir en Hollande dans Ie temps des calamités qui Ie forcèrent a quicter fa patrie. Ce père ne penfa alors qu'a élever fon fils dans une profeflion honnête : il Ie plac.a cliez un orfèvre habile, oü il apprit Ie deffin & la gravure. |
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4ii La Vle des Pelntres
- On futfurpris desprogrès qa'il fit.Encore jeune,
1796. il deffina &grava un EcceHomo. Certe peute ef-
tampe eft encore eftimée. Il 11'en falloit pas davan- tage pourle diftinguer parmi ceux de fon temps , qui travailloient a 1'orfévrerie. Hoogflraeten vit avec chagrin, que les orfèvres d'Alleimgne 1'em- portoient de beaucoup fur ceux da fon pays po ut la doture fur 1'argent; il en paria a fes parens & obcint Idrpermilllon de voyager, dans 1'efpérance d'apporter ce fecret cliez lui. En arnvant dans une des pnncipales villes im-
périales , il y trouva quelques-uns de fes compa- triotes& particulièrement des peintres. Le plaifir de les voir travailler augmenta a mefure qu'il vivoit avec eux, Sc enfin quelques clluiis le déter- ïninèrent k prendre la palette & ■ hanger de talent. Il y réuflit a éconner ceux qui lui donnèrent des lec^ons, puifqu'illes furpaflajmais un evenement le forc.a a quitter 1'Allemagne 8c a retourner chez lui. Alors fon père qui n'étoit point inftruit du changement qu'il avoit fait, lui propofa un éta- bhiTement, & voulut le faire paner maitre orfè- vre. Vous avez fans doute, lui dit-il, dans vos voyagesj appris ce que vous vous étiez propofé d'apprendre. Non , répondit Ihïerryz fon père: je m'étois bien propofé de m'inftruire dans 1'orfé- vrene; maïs j'ai eu occafion d'apprendre la pein- turequejeneconnoiflbis pas,& je me fuisreconnu pour eet art un talent fi décidé, que je ne le cjuitterai jamais. Il eft devenu bon peintre dans la fuite, & nous difons après Houbraken j que fon deflln eft bon & fa couleur raaturelle. Thierry eft mort a Dort le 20 décembre 164o. Il eut deux fils peintres, Samuel Sc Jean, qui parokront |
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Flamands, Allemanis & Hollandois. 41 j
dans eet ouvrage. 1/aïné Samuel qui a écrit fur la
peinture, page 107 , dans l'introdu&ion de YEcole de la Peinture , dit en parlant defon père , « qu'il « ïmitoit la nature avec une grande intelligence « & bien de la vérité. » Les ouvrages de ce peintre ne nous font pas affez connus pour en dire davantage. |
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JACQÜES
FRANQUAERT.
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peintre favant a fait honneur a la ville de
de Bruxelles, lieu defanaifTince. Dès fon enfance on Ie vit briller dans Jes études latines, travail péniblepotu les enfans }Sc qui ne leur laifleaucun vide. Franquaert feul , croyoit avoir bien du temps de refte, après avoir rempli les devoirs preC critspar fes maiires.Letemps dont il pouvoitdifpo- fer, foit pour Ie jeu on pour la promenade, il 1'em- ploya auxfeiences les plus abftraites. Les mathé- manqnesqu'ilentendoitdéja fort bien, Ie condui- fïrent a en chercher 1'application: il apprit de lul— même 1'architedture. Infenfiblement il obtint un maïtre de deffin,
& alors il reconnut Ie talent qui devoit un jour 1'élever aux plus grands honneurs. Lejeune élève intérefTafon maïtre qui Ie vit avaucera grands pas. Il refta peu dans cette école ( dont Ie maïtre ne nous eft pasconnu ) & pritla route d'Italie. C'eft dans Rome ou il fe forma j il y étudioit avec Ie |
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es Pelntres
mème fuccès la peinture, l'archice&ure, Sc il fit
des progres dans la poene Le commerce qu n eut dans cette ville avec les favans, lui donna auflï 1'entrée des premières maifons d'Italie : c'eft ainfï <ju'ilpa(ïa plulieurs années dans Rome. Franquaert crut pouvoir paroitre dans fa patrie , oü fa répu- tation étoit déja établie. Il retourna a Bruxelles, oü 1'archiduc Alben, inftruit de fes grandes qua- lités, le nomma fon peintre & fon architedte. Il remplit ces deux places avec beaucoup de diftinc- tion : fa maniere de vivre fagement & fa conver- fation fpintuelle lui donnèrent entree chez 1'ar- chiduclieffe, lors même qu'elle étoit défendue aux grands de fa cour. Il eut 1'honneur de s'entre- teniren particulier avec cette grande princefTe, qui pnt beaucoup de plaifir a 1'entendre. Honoré de l'efl:ime& comblé des bienfaits de ces illuftres protecteurs, des ofFres av^ntageufesnel'ont jamais détaché de leur fervice, qu'il ne quitta qu'a la mort de fon Mécène. Il éleva a fa mémoire une Chapelle ardente dans 1'églife de SainteGndule, oü il a épuifé {es talens pour fe furpafler. Il jol— gnoit fes regrers a ceux du peuple inconfolable de cette perte : il y a un hvre entier qui contient la defcription de cette pompe funèbre. Franquaert fut auffi fort eftimé du prinre de
Barbanfon. Il fit conllruire plufieurs ouvrages fur fes deflins, dans le chateau de fon nom 3 Sc on ad- mire la chapelle qu'il y fit faire. Il enfeigna la peinture a Anne-Prancoife de Bruins, mère da chevalier Bullart: elle palfoit pour la plus hnbile de fon remps dans eet art. Il la préfenta a Tarchi- duchefle qni !a recut avec diftincirion. Wcyermans dit axl/aieile lui commanda les myftères dut |
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Flamands } Alkmands & Hollandois. 415
rofaire, dont elle fit préfent au pape. Houbraken, au contraire, dit que ces tableaux font faits par Franquaert. L'archiduchefTe en fut très-fatisfaite, ainfi que fa fainteté. Ses tableaux Tont eftimés comme tout ce qu'il a fait en architecture. L'églife des Jéfuites de Bruxelles eft un de fes plus beaux morceaux. On voit de lui encore des reftes de fortifications faites fous fa conduite. Savant mathé- maticien & poëte eftimé, il quitta a la fin de fes jours tous ces travaux j fe üvra a la culture d'un beau jardin, oü il cultiva des fleurs de toutes ef- pèces. C'eft dans eet innocent amufement qu'il termina fes jours y on ne fait pas au jufte 1'année. |
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7 .Jft(J.
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1ENARD
B R A M E R
v
JN aquit a Delft en 15 96. Ayant étudié les prin-
cipes de fon art, il pafTaal'agede 18 ans par Arras, Amiens & Paris ou il refta quelque temps, & fut de fuite par Marfeille & Gènes d Rome. Appliqué pendant pliüïeurs années a copier 5c étudier routes les beautés renfermées dans cette vüle,il devint habile&fefit connoïtre par un grand «ombre de tableaux. Il en fit plufienrs en grand & en petit pour Ie
prince Marie Farnèfe, duc de Panne , qui lui |
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attiïerent
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F/amands j Allemands & Hollandóis. 41^
attirtrem une grande réputation. Il acquit beau
coup .tcgloire dans piniieurs ourr^ges qu'ïl iïc a
Venife , Florence, Mantoue, Naples & Padoue.
Farmi Ie nombre confidérable de tableau* qu'il
peignit errltali€,au gre des connöiireurs, on en
dittingue deux : Ie premier til ia Réfurrection dit
Lazare,quieicd>unegrdimecompofir!on,& rempü
de figures plcmes d'expreffiond'mi bon gout Sc
de bonne couleur; & 1'autre repréfence un Saint
Pierre qui iv-nie Nctre Seigneur. I,es expreffions
dans les rigures rendent ces tableaux fltperieurs a
fes autres ouvrages. Il furpaiïbit fes contenipo-
rains en Italië, d peindre des vafes d'argent,
d'or, de bronze ou de marbre. Une imitarion
fervile n'a rien diminué de la touche légere qu'if'
avoit acquife pour ce genre particulier.
De retour enFlandies, il fixa fa demeurei
Delft, oü il donna ües preuves qu'il n'avoit pas perdu fon temps pendant fon abfence, &' qu'une application conftante aétudier les grands hommes & la nature, lui avoit acquis des talens (i juftemenc confidérés par les vrais connoiflèurs. Il compofoit facilementj fécond a produire,
on voit de lui un grand nombre de deflins & plu— fiéurs fujers differemment trairés. SeS ouvrages font rerher«"hi's par les curieus. On s'eft plaiut fouvent qu'il épargnoit tr p Ie papier; rarement voit-on un deffin de lui fans êrre tracé des deiïX £Ótés. Il fitde beauxouvrages pour la maifon de Ryf~
vyck ; fes tablea 1 en pent cuivre fonr ingénieu- fement compofés. Te poëte Smids a fait en vers 1'éloge d'iui rableaurepréfentantPyrame&rT hisbé'-' Ce peintre moumt^cin neiaic enqu " i Tornt h 134 |
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418 La Vle des Peintres Flamandsj &c.
Bramer peignoit bien en grand, comme nous
1'avons dit \ mais la plupart de fes petits tableaus font des Nuits, des Incendies, des Cavernes & des Souterrains éclairés aux flambeaux. Les petites figures font fpirituelles & touchées avec bien de la fineflè. Sa couleur eft naturelle & vigoureufe 3 c'eft ce qui a fait croire qu'il étoit élève de Rim~ bram. On voit un tableau de ce peintre a Paris, dans Ie cabinet de M. Ie comte de Vtnce : il re- préfente deux doókeurs qui difpucenc. |
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J E A N
yAN GOYEN,
ÉLÈVE DE WILLEM GERHITS.
Jean van Go yen, fils de Jofeph } naquit a
Leyden. en 1596. Son père, amateur de pein- ture & de deflin, fe détermina a lui faire ap- prendre cec are. Il fut d'abord place chez Schil- peroort) payfagifte , qu'ü quitta pour entrer chez M. Jean Nicolaï, bourguemeftre & bon peinrre. Le jeune van Goycn panit être difficile a flxerj il buicca biencóc fon nouveau makre, pour entrer Dd 2
|
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4io La Vie des Peintres
■ fuctselnVement chez de Man , chez Henri
Kick, &enhn chez Wil'cm ( Gu.illav.me ) Gerrits, demeurant i Hoorn : celui-la fut 1'arrêter deux ans. Pendant ce temps qu'tl cmploya a érudier , il avanca au point qu'il fecru: en état de travaiüer feul: il retourna chez fon père, oüil continua a étu- dier jufqu a 1'age de 19 ans, que 1'envie de voyager lui prir. Il parcourat toutes les prmapales villes de France , oü il exerc,a fon talent & particuliè- rement a Paris j & fans aller plus loin , il retourna chez lui, oü fon pcre, qui étoit bon juge, Ie trouva fort avance, & crut qu'il ne lui falloit ?u'un grand maitre pour en faire un de fon fils.
Is pardrent enfemble pour Harlem, oü il Ie pla5a chez Ifaïe vanden Velde : ce célcbre payfagifte \\z avcc plaiiir fon élève en un an devenir grand peintre. Il retourna fe fixer a Leyden, oü il fe maria
peu de temps après fon retour : fes tableaux furent recherches. Il travailh affidument jufqu'en 1631 qu'il quitta Leyden pour des raifons que les au- teurs ne rapporteur pas, & demeura depuis ai la |
||||||
Hayejufqu'aGmonquiarrivaalafind'avril $
Ses payfages font variés, & repréfentent ordi-
nairement des rivières avec de petits bateaux de pêcheurs, ou d'autres remplis de payfans qui reviennent du marché. On y voit toujours dans les lointains, foit un petit village , ou un petitbourg. Il y régne par tont une touche facile Sc expédi- tive. Tout ce qu'il a fait eft naturel, auffi n'a-t-il prefque rien fait fansl'avoir defliné d'après nature. Ses deffins aflez nombreux au crayon noir & blanc, font recherches par les curieax. Ses tableaux tiennent tous un peu du gris 9 ce qui ne dépend |
||||||
Flamands, Allemands & Holiandols. 411
pas de fa maniere d'opérer \ iis n'étoient pas de
même fortant de fa main : 1'ufage d'un bleu qui
étoit pour lors forta la mode (appellé bleu d'Har-
lem) qui en a trompé d'autres que lui j en eft la
feule cnufe. Tout ce qa'il a peint eft fait de peu de
chofe; quelques tableaux de lui ont été regardes
pour être p.eints par Davïd Teniers. Il avoit une
facilité peu commune a opérer. Hoo°jlraeten dans
Ie quatrième livre defon Ecole de Peinmie, nous
rapporte quevö/z Goyen, Knipbcrgken & Parodies
ont fait une gageure a qui fcroit mieux un tableau
dans Ie jour, & cela en préfence d'autres artiftes
leurs amis. Van Goyen furprit tout Ie monde dans
fa manoeuvre: ilpritfon panneau,& fansdeffiner
defllis, il frotta par-tout du clair, du brun plus
ou moins j enforte qu'on ne favoit ce que cela
produiroit. Alors on Ie vit retourner fur fes pas j
6c on voyoir. fortir de ce cahos un ciel léger, des
lointains, avec de petites maifons : un refte de
fortifications s'ofrroit fur Ie fecond plan , avec une
porte d'eau qui laillbit voir pres de la une chüte
con^dérable , une rivière avec des vaiffeaux , des
bateaux pleins de petites figures j & fur Ie devant
<lu tableau, des malTes larges & oinbrées qui
donnoient la pcrfedlion a ce tableau, heurtéavec
efprit Sc d'une excellente couleur. Knipberghen
commen^a fur une grande toile un autre payfage :
il paroidbit que celui-ci prenoit fur fa palette des
ciels , des lointains, des rochers , des ruiffeaux &
des arbres tout faits, qü'il ne faifoit que les appii-
quer fur la toile j il eft certain qn'on ne peut allee
plus vite : ce bon tableau fut auffi fini avant !e
temps. Mais Parcelles démonta ceux qui Ie virent
commencer: il prit fa palette Sc fes pincaaux, &c
Dd|
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4** La Vit des Peintres
---------refta long-temps devant fa toile a réfléchlr fur ce
I ƒf>(. <luü alloit faire _, & il paroifïoit que ce peintre ne
finhoit jamais, lorfquetout d'un coup il commen- c,a avec une extreme vitelïe j il eut auffi fini pour Ie temps : c'étoic une marine qui enleva tous les fuffirages. Ce tableau étoit produit avec réflexion , 1'auteur 1'avoit conc.u avant de Ie faire, pendant que les autres n'avoient penfé qu'en faifant. Celui de van Goyen & de Kniphcrghcn étoient faits avec cfprit Sc pleins de r^out; mais Parcel/es avoit pouc' lui toutes ces parnes, & de plus la vérité d'une étude d'apiès nature. 11 ne dut donc Tavantage qu'a la réflexion. C'eft bien Ie principe général, qu'il faut penfer avant que «l'agir: qui pourra tependant dire que les deux autres n'avoient point également concu leurs tableaux avant de les faire? Parce qu'ils ont été moins ce temps a réflécliir, ne pouvoit-il point arriver qu'ils penfaflent plus vite? On voit a Paris, chez M. Lempereur, trois pay-
fages de van Goyen, deux en forme ovale; & a Rouen, che? l'auteur de eet ouvrage 3 un p»yfage repréfentant une petite rivière chargée de pecits bateaux,avec figures, un village dans Ie fond , & fur Ie devant des mafures & des arbres j il eft du bon ternps de ce peintre. |
||||
F lamanis 3 Alhmands & Hollandois. 413
PIERRE DE NEYN,
ÉLÈVE D'ISAIE VANDEN VELDE.
O N fera toujours étonné en voyant les ouvrages---------
de ce peintre, fur-tout lorfqu'on fera attention 15-07,
a la difficulté & au peu de temps qu'il employa pour réuffir dns fon art. Il naquit a Leyden Ie 16 janvier 1597, de pa-
rens peu a leur aife. Son père, Pierre de Neyn, tailleur de pierre, deftina ce fits, feulement agé de 11 ans, a ce métier pénible qu'il exer^a pen- dant quelques années. Son génie,au-deiïusde eet art mécariique, fe porta a des connoiflances abf- traites, fans aucun fecours que de ce qu'il pouvoit ménagerjournellement fur fon travail: ill'employa a 1'achat de livres, Sc il apprit les mathéma- tiques , l'architeóture & la perfpedtive au poinc que les artiftes Ie confultoient, & qu'a la fin il enfeigna publiqnement ces fciences. Parmi fes élèves, il eut Ifaïe vanden Velde ,
qui paflbit pour un des meilleurs peintres dans fon genre; il 1'enfeigna fous condition qu'il lui prète- roit des deflins, qu'il copioit a furprendre : après quelque temps, il lui donna des le^ons pour Ie mélange des couleurs, quelques bons tableaux a. copier ,& enfin on Ie vit auffi-tót makre qu'élève. Il abandonna la pierre pour la palene ^ fes tableaux plurent; chaque jour on les voyoit augmentet en tien: on ne padoit que de ce prodige. En 1639 , fon mérite connu par les principaux
■Dd 4
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414 La. Vie des Peintres F lamanis, &c.
*--------de Leyden lui fit donner la charge d'archite&e
ï J97? de la ville. Il remplic cette place di^nement, tou-
jours en exercant la peinrure jufcju'a l'année de fa
.fnort qui arriva en
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R O E L A N T
R O G M A N
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a Amfterdam en 1597. Son ulent
ptoit d.e peindre Ie payfage : il avoit beaucoup d'intelligence, mais fes ouvrages font crus: on y voit, a ;ela prèsj beaucoup de vérité : tour ce qu'il faifoit étoit d'après des deflins copiés fur la nature. On voic en Hollande plufieurs eftampes gravées d'après lui, repréfentant la plus grande partie des cnateaux & des débris de fortiiïcations : fes dellins font eftimés par les artiftes. I! étoit ïntime ami de vanden Lechkout 6c de
Kimbrant. Il vivoit encore a l'age de 88 ans, & inourut peu de temps après: on ignore en quelle année. |
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THEODORE
ROMBOUTS,
ÉLÈVE DE JA NS SE NS.
peintre, élève de Janjfens, hérita du génie--------
de fon malere j de fon envie contre Rubens, &c de 1597.
la folie ambition de vouloir 1'égaler. Il naquic dans la ville d'Anvers en 1.597. II
étudia fous Janjfens3 oüfes progrès rapides an- noncèrent ce qu'il devint dans la fuite. En 1617., étant en étar alors de voir les beautés des grands maïeres, il partir pour 1'Italie. Quelques. ouvrages lui procurèrent la connoifTance d'un gentilhomme |
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La Vie des Peintres
qui lui commanda douze tableaux de 1'ancien Teftament. lis firent connoitre ce jeune peintre dans Rome: on ne parloit que de lui j chacun voulut un tableau de fa main. Le grand duc tle Tofcane le rit appelera fa cour j il exerca le genie & le pinceau de liombouts. Plulieurs grands tableaux d'hiftoire qui plurent au prince , lui méntèrent fon eftime : il en écoit aimé \&c avanc fon retour en Flandres, il le gratifia de préfents, outre 1'argent qu'il lui avoit donné pour fes oa- vrages. A peine fut-il arrivé a Anvers, qu'il fit éclater
fa jaloufie contre Rubens ; on 1'entendoit toujours contredireceuxqui difoient du bien de ce peintre. Parbleu, il ne peut rien manger, difoit-il ,fans le partager avec moi. Cette exprellion bafle hgnifie que Rubens devoit partager fa gloire avec lui. On aflure qu'il ne pcignoit jamais mieux, que
lorfqu'il éto.it animé contre ce peintre & fes ou- vrages» On pent juger de ce feu pat les beaux tableaux qu'il fit alors , tels que S. Fran^ois qui re§oit les Stigmares; Abraham pret a immoler fon nis; Thémis & fes attributs : ce deniier fe voit dans la falle de juftice a Gand. Ce tableau étonna Rubens même : il y a des parnes ou 1'on pretend qu'il avoit furpafTé ce grand peintre : c'efl: beaucoup dire. Il mérita, a tous egards, le nom de graad artifte. On regrette le temps qu'il a paiTé a peindre des décorations de théaires, fou- vent des fujets de cabarets & de tabagies, des boutiques de charlatans; il y étoit porté par le gnin. hes figuresfont prefque grandes comme na- ture , Sc font d'un beau dcffin, d'une expreflïon , d'une couleur chaude Sc fiere , |
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Flamands j Allemands & Hollandois. 417
ie d'une touche de pinceau large & facile. -
Non content de vouloir egaler Rubens dans la
peinuu'ejilpouiTa la vamtéjufqu'a. vouloir atteindre afa magnincence. Comme il gagnoitbeaucoup, il forma Ie projet de batir un palais, & Ie mu en exéciuion. Il paroït qu'il n'avoit fait Ie devis qu'un peu tard.- A peine fon hotel étoit-il a moitié, qu'il apperejut que tous fes fonds étoient épuifés. La guerre lui èta les moyens de remplacer cette dé- penfe : il vit fa folie, & il en ent regret: il 'pré- texta que Ie duc de Tofcane Ie demandoit avec mftance pour peindre de grands ouyrages , & par- la il crut cacher la néceiïlté oü il étoit d'aban- donner fa maifon. Il fe préparoit a partir jmais Ie chagrin .ruina fafanté, ilmouruta.Anvers,felon Weyertnans , en 1640 , & felon Houbrahen , .en ÏÖ37. Il fut enterré dans 1'églife des Carmélites de la même ville. Ou voit a Gand , dans 1'églife cathédrale de
S. Bavon, nne Defcente de Croix, tableau d'autel compofé & peint dans la maniere des plus grands maitres. Et chezM. Dcyne, feignenr de Lievergem, un autre tableau repréfentant plufieurs foldats qui jonent aux cartes. Les figures font grandes comme nature. Plufieurs églifes & cabinets fe rrouvent décorés par ce peintre. JEAN PARCELLES ,
ELÈVE D'HENRI VROOM.
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^ néa Leyden , on ne fait pas 1'année;
on Ie place aupiès de Pinas j environ 1'an 1597.
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41 $ La Vit des Peintres
II eft élève d'Henri Vroom; il peignoit ordi-
nairement des mannes. Les tableaux ru il a re- préfenté la mer dans fon calme_, font beauxj on y voit une foule de peuples, de pêcheurs ou mate- lots étendre ou jeterleurs filets. Toutcs ces figures font d'une jolie touche pleine d'efprit j chaque petit tableau eft agréable par la repréfsncanon vraiequ'il a lui -même étudiéed'après nature. Mais ceuxoü il excelloit, font les orages, les mers agi- tées, les naufrages oü Ie ciel eft confondu avec la mer, les éclairs, toutes les horreurs d'une tem- pête*, des vaifleaux brifés ou prêts a être englou- tis : ces fortes de fujets font très-bien rendus : on ne peut les imaginer fans les voir d'après nature : ilfaifitaufll toutes les occafions,fouventavec pérü. Il mourut a Leyerdorp , & laifTa ün fils appellé
Jules Parcelles , qui 1'a fuivi de pres dans Ie même genre. Les connoiireurs les ont quelquefois con- fondus : d'ailleurs, leurs tableaux font également marqués d'un /. P. |
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JEAN et JACQUES
PINAS,
F R È R E &
C«es deux frères font nés dans la ville d^Harlem.
lis peignoient tous les deux également bien la ügure Sc Ie payfage. Jean Pinas a furpafle fon ftère: il demeura long-temps en Italië avec Pierre |
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Flamands 3 Allemanis & Hollandois. 419
tajlman. Ses ouvrages y furent répandus dans les maifons èc cabinets. Sa maniere un peu rem- brunie ne laifla pas que d'avoir des partifans: on dit généralement qu elle plaifoit a Rimbrant, & qu'il a fonné la fienne d'après Pinas. On vante un tableau de Jean j representant Jofeph vendu par fes frères. On ne fait rien de plus de leurs vies, finon que leurs ouvrages furent eftimés. |
|||||||
PIERRE MOLYN,
Aussi d'Harlem,& contemporain des frères
Pinas. Molyn étoit bon payfagtfte. Ses cieux Sc lointains font d'une grande légèreté, &fes fonds fur Ie devant de bonne couleur. |
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Fin du premier Tome.
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TABLE ALPHABÉTIQUE
"DES
NOMS DES PEINTRES
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CONTEN.TJS
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DANS CE PREMIER VOLUME.
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Earentfen , Dirck ( Tliier-
r ) '55
Kartels, Gterard, 269
|
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Jx. c H e N , Jean van ,
Page 2I9 Achtfchelling, Lucas , 16
Aertfen , Pierre io8 Aercz, Rickard, 5 5
Aldegraef ou AHegrever, M
Alfloot, Da'ieiva/i, xjs Antonizo, Corniïe, Sj Arents , jean , 390 Artvelt, jindré van , i6j
|
|||||||||||||||||||||||||
Beer, A'iioid ue ,
Beer, /o/i, A de , Beerings, Gregoire, |
37
213 93
|
||||||||||||||||||||||||
BeukeiJir, j cachim , > ^o
Bit, /drien ac , 406 Biefeliurhen, CiueftUn van,
|
|||||||||||||||||||||||||
Bnc, i't-.ri de,
B!o.-k, / cq Rcugers , Bockiand: , Antoin de Moti'foit,
B'oercïtrt, Airskam |
|||||||||||||||||||||||||
:-<■
|
|||||||||||||||||||||||||
ivo
,246 440
94
'57 M7 '9
2.1 357
|
|||||||||||||||||||||||||
•Dabeur , Tkïodore, 272
Backer, Jacjucs de, 142. Badens, Franfois, 280 Badtns, Jean, Z92 Bai'li, David , 389
Bakeree! , Guillsume
& Gilles, 268
Balen , i/fnri van , 237
Balten, Pierre, lü% Bamesbier, Jean; yi
|
|||||||||||||||||||||||||
Blcndeel , Lcnsioot ,
Bo', fiiuu ( Jean ) Bom, Pierre, Bos , Jtromt, Bos . j'aii-louis , Borgt j Henri • ander3 Braeraer, Ltnard, Bray , Sa'omon de , liientclfFrédéric, |
|||||||||||||||||||||||||
274
|
|||||||||||||||||||||||||
TA B
Breugliel, Jean , 376
|
Z E. 43»
Druyveft«yn, Arnoltjanjfe,
|
|||||||||||||||||||||||||||||||
Breuglir-I, Pierre, 101
Bril, Mathieu & Paul, 208 Durer, Alben,
Broecke, Crifpin vanden,
142 E
|
||||||||||||||||||||||||||||||||
Bronckhorft, Pierre > j*73
|
E
|
|||||||||||||||||||||||||||||||
LBRUCHT, Jean van, yz
|
||||||||||||||||||||||||||||||||
Brun, AuguJUn , 274
|
||||||||||||||||||||||||||||||||
Elzheimer, Adam , 2§j
Englielbfechcfen, Cornilie, Enghelrams, Cornille, 137
Erafnie, Diaier, 22 Es , Jmques van , z.6j
Eyck, Huben &c Jean var.,
|
||||||||||||||||||||||||||||||||
L»L AESSOON, Aert
( Arnaud ) 67
Cléef, Joeph van, 104
Cléef, l/c/z/v ü Martin, de,
Coignet, Gilles 147
Cocl, Laurent van, 1 27
Cooninxloo , Gilles de ,
172
Cornelis, Corni'le, 240
Corne'ifz., Jacques, 48 Coruilie, af/t /t Cuijlnier, Coxcie, Mickel, 57
Crabec , : ^>cA & Wouter
( Vautier ) j 24 Craberh , Franfois , 90
Crahtrh , siarien , 208 Crabetli, Wouter\Vautier) |
||||||||||||||||||||||||||||||||
-T EDDES , Pierre, 273
Florr , Franc ( Franfois de
grindt) in |
||||||||||||||||||||||||||||||||
Floris, Cornille,
|
21 f
|
|||||||||||||||||||||||||||||||
Frans, AT.
Franck , Jéróme , & Ambroife ,
Franck , Franfois , Franck, A-ubioife, Franck , Sébaftien , |
||||||||||||||||||||||||||||||||
7^
176 |
||||||||||||||||||||||||||||||||
3^4
^ , 282
Fiancquaerc, Jacques ,41}
|
||||||||||||||||||||||||||||||||
CranfTe , Jean , 32
Crayer , Gufpard d: , 350
D
JL'aïi.e , J«a^ va», 148
Lkch, Jean , 2 f t DaÜCj Jacques WiLUms ,
276
Delmont, Deodaet, 347 |
||||||||||||||||||||||||||||||||
CjA s t, Mickel de, 111
GeJ?ietfniaii, Vincent, 164 Gheeft, J.,cques de, i6<) GbetÜ, Wybrand de , 402 Gheyn , Ja, :'ues de, 249 Goes, Hugues vander , 8 Goltzius, Huben, 128 |
||||||||||||||||||||||||||||||||
TAÈLE*
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
341
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Goltzius , Henri ,
Gortzius , Gualdorp dit Ge/dorp,
Gouda, Cornille van, Goyea , Jean van , Grimmer, Jacques, Grobber, Franfois, |
|
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Guerards, Mare, 14J
H
xl A EN , David dt, 275
Hals, Franfok, 360
Harlem , Dirck ( Thierri)
11
Heek, Nicolasvander, 346
Heere, Lucas ie , I52 Helmont, Lucas-Gajfel 12 Ml
Hemmelinck, 2£a«.t ( J«an")
van, 33 Hemskerck , Martin , 60
Herder, 215 Heu vick , Gafpard, 214
Heyden, Jacques vander, Hoefnaeghel, Georges, iS©
Hoey, Jean de, 180 Holbetn , Jean , 7T
Hollandois, Jean l', 47
Hollman, Hans {Jcan), 274 Honthorit, Guerard, 403 Hooghenberg, üanf {Jean) Hoogftraeren , DzVd:
Tkierri ) rj.i, 411
Horebout, Guerard, 77
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
JValgker , Jean van , 80
Kamphuyfen, Dirck-Tkéo- dore Raph.e'l, \6<)
Kavnoi.-, Nicolas j Roger
öc Jean, 132
Ketel, Conille, 199
Keulen , Janjons van , 344
Key, IViltem ( GuiUaume ) 133
Kierings , Alexandre , 40W
Klerck , Henri de, 27 5 Koeberger. F~ nce/l.iusyl<>$
Koeck , Pierre , 8S Koek, Mathieu Sc Jéróme ,
93
Kryns, Everard, 2J5
Kunfl, Cornille, 4»
Kuyck , /«as van, I44
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
J-iAENEN, Chriftophe-Jean
vander, X72.
Laftman, Pierre, 242
Leyden, Lucas -van, 42
Lietnaclfe1 .'•■i.oias d" ,
furnonmé Rooft, 2§'7
Lierre, Jojeph v n , 1^$
Linscliooten , Adrien van ,
394
Lombard , Lambert, $6 Lys, Jean, 263'
Mandyn ,
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
J ACOBS! Simon, 131
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
TJBLE.
Ottovéniu»
|
43j
OéJavio van
|
||||||||||||||||||||||||||||||||
M
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||
veen, 2.23
Ouwater, Albtrt van, 9
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||
Labüse , Jeande , 85
iiiie , Gnillaume, 174 Mander, Cark ( Charles ) van , 194
M;i :dyn , Jean , 16
Mathilfens, Abraham, 275
Mrire, Guerardvander, ij Men ton , Franfois , 112 M-flls, Quintin, 17 Mirevelt, Michel, 2J<»
Molenaer, Cornille, 169 Molyn , Pierre , 429 Montfort, Antoine Blotk-
lant, 150
Moreelze, Pau/, 279
Moro , Antoine, 98 Moftaert, Jean , 77
MolLerr , Franfois
& Gilles , 121
Mycens , Amoli, 169
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||
-t atenier, Joachim,
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||
Parcelles, /<ran,
Parcelles , Jules, Pepin , fllartin, Piece-s , Pierre, Pitters, Amold, Pieters , Oïrck, Pieters , Guerard, Pinas, Jean, |
4*7
4iS 326 171 nx 219 330
41S |
||||||||||||||||||||||||||||||||
Plas, Pi rrt vander, 26$
Poelenbarg , Cornille, $6$ Poindre, J.icques de, 11><) Porbus, Pierre , £)ƒ Po bus, Franfois ,
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||
Porbus, franfois ,
|
^77
|
||||||||||||||||||||||||||||||||
R
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||
N
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||
-LLavesteyn, /fö/z v*n ,
Rh -ni, Remi van , 236
Rkke, Bernard de , ijl |
|||||||||||||||||||||||||||||||||
J-NeEïs, Pierre,
|
269
|
||||||||||||||||||||||||||||||||
Neyn, Pierre de, ^_ ,
Nicolay, Ifaac, 164 Nieulanc, Jean, 2 f 9
Nieulanr, Guillaume, 363
Nop, Gernt , 2Ój O
Uort, hambrecht van^
III Oorc, .A&zrn ra» , 228
Orlejr, Bernard van , 38 |
|||||||||||||||||||||||||||||||||
Rogman, Rolant, 424
Rsmbouts, Tkeodore, 42c Roodcfeus, Jean, 39-7 Roofe, Nicola< de Liemac- cker, 287 Rottenhamer, ƒ«««, 243
Rubens, Pierre Paul ,207 RyGk, Pierre Cornille van , Ryka«rtj Martin, z6i
E e
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||
454 TABLE.
S Tilburg , JEgidius van .
|
||||||
:,Antoinet 273 Toeput, Louis, 213
Sameüng, Benjamin , 116 Torrenrius, Jean, 382
Savery, Roland, 293 V
Schooréel, Jean , 50 tt
Schóoten , Gcorges van, V ADDER, Louis de, 1$6
370 Valckemburg, Lucas
Schut, Cornille, 39S & Martin , 149
Sétu , Marin de, 116 Valcks, Pierre , 358
Seghers, Guerard,' 386 Valkaert, IVaernaert van-
Segher? , Daniel, UJ'rere den, 2<)l
Jé'uite, 391 Veen, OÜivio van ( 0«o-
*«Bgher , i&M (Jean) 9J venius) 223
t^yers , Pierre, 40ƒ Velde , JT/aiV:, 396
Sntllinck, /fünj C Jean ) Venne , yJ^'«ra vander,
179 374
Sneyders , Franfois, 230 Vereycke, iï<z«J ( Jtan }
Soens , iïanj ( Jean ) 218 9^
Someren , Eernard & Pfl«/ Verhatgt, T»bie , 25'
van , 333 Vermeyen , Jean Cornille ,
Soucman, Pierre, 395 S"
Spilr, Adrien vander, 147 Vinckenbooms , David ,
SpraDget, Bartholomé, 184 3*7
Stalbemt, Adrien\ 340 Vifcher, Cornille de, 131
Steevens, Pierre,' . ZI4 Vlerick , Pierre, 161
Steenwick , Henri, 240 Witt, Willem (Guillaume)
Sreenwyck, Henri, 384 vi«, 364
Scradamus , Jean, IJ9 Vliet, Henri van, 364
Swart ,Jean, 30 Volckaen, li
Swarts, Chriftophe, 167 Yqok , €orr.ille vander ,
Switfer, yc/ipA. 260 345
Vos, Mertin de, 117
Vofmer , J^cques Wouters,
T .358
^, Vrie , P/re* ( Thierri ) <k
X zmï*.s,David,levieux, 147
349 Vriendt, Franfois de Franc-
Terbrngghen , Henri, 371 f/ore, III
Thoawu , J»equcs-Erncft, Vlies , Jean Freieman ie ,
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TAB IE.
Vroom, Htnri CornilU , Wty4e, Rêgcrvander,
2J4 Wildens, Jean, 3 U Willaerts, Adam, 9
UWillems, Mare, 138
den , Lucas van, 408 Winghen, Joftpk van j 177
XJytCQvcael, Joachim, ijl Witte , Lievin de, 96 Witte , Pierre de ; aoj
W Witte, CornilU de, 28j W ael, Jeande, 217 Y
Wad , Lucas de, 400 -yr
Wael, Cornille de , 407 I MUS „Ckarlts d' JB
Weerdt, Adrien de, 98
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Fin de la Table. .
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Ee
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TABLE
DE S PEINTRES AVEC PORTRAIT.
Gove/ij Jean van,
B '<■■'■' TJ tt . H
JLJ ALEN j Henn van, ■»- j-
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^ 57 gj
Bloematrtj Abraham, Hemsherck _, Martin, ó'o
24^ Holhcen j ]ezn, 71
Braemer3 Lenard ,"410 Hoogjlraeten _, Dirck
Breughel, Pierre, 101 (Thierri) 411
Breusheli Jean, 376* K
C_£V OEBERGlRj Veil-
s/rE^j Gafpard ceflaiis, zoj de, 350
E M
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j Jean, %}
é ±$i Mander, Carle ( Char-
Eyck j Hubert £" Jean les ) van , 194
van j 1 Mcjfis 3 Quincin, 17
G Mireveltj, Michei, i$6
\j-HEESTj Wybrand, q
401 ^
'Golf£ws3 Hubert, 128 %^/ORTj Adam van,
Golf(iusj Henri, S
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TABLE. 4?7
0rley3 Beraard van, 3 8 Spranger, Bartholomé,
184
P Steenviick 3 Henri ,384 |
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OELENBURGjCoï-
mlle, 3*5 T
R 382
j /ean '
t,^' rr. ,341 fziKjOetAviovan;
Rombouts j Theodore 3 ( Ottovenius) 213
» 1 ü- P4V rojj Martin de, 117
Rubais, Pierre-Paul, Friendt ^an^oii de,
197 (Franc-Flore) til
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j Rolant , -
Z9i [JdjeNj Lucas van?
Schooréel 3 Jeanj 50 408
Schut j Cornillej 398 ^-
•y^AerjjDaniel, Ie frère ~fW7~
Jéfuice, 391 ff lLDEXS,Jean,
Sneiders, Fran^ois, 330 3 J ^
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Fin de la Table des Portraits.
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A P P R O B A T I O N.
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J
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*Ailu,par ordre de Monfeigneur Ie Chanceliw, im
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Kfanufcrit intiruié : La VU des Peintrcs Fiamands ,AHt-
mands & Hollandois , ouvrage d'urie grande recherche, exécuté avec autant de fagefle & de gout qu'il eft inté- retTant dans fon objet, & qui m'a paru très-digne de flmpreflïon. A Paris, ce vingt-neuf juin nul fept cent cinqusnte-deux. Signé, ROUSSELET. |
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PRIVILEGE D U R O I.
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■"oüi's , par la grace de Difii, roi de France & de
Navarre : A nosamés & fiaux Confeillersles Gens tenant nos Cours de Parlement, Maitres des Requêtes ordinaires ie notre Hó^el, Grand Confeil, Pri^vót de ,Paris, Baillifs. Sén^chaux, leurs Lieutenans Civils & autres nos Jufticieti ip'il appartiendra , Salut. Notre amé Ie fieur Descamps Nous a fait expofer qu'il dtfireroit faire imprimer Sc don- ner au Public un ouvrage qui a pour titre : La Vit des Pezntres Fiamands , Allemands & Hollandois, t'il nous plaifoit lui accorder nos Lettre? de Privilege pour ce né- cefTaires : A ces causes, voulant favorablement traiter J'Expofant, nous lui avons permis & permettons par ces prefentes, de faire imprimer ledit ouvrage en un ou p!u- lïeurs volumes & autant de fois que bon lui femblera, & de Ie faire veadrei£ débiier par-toutnotre royaume, pen- dant Ie temps de quinze années confécutives, a compter du jout de la date des Préfentet. Faifons défenfes a tous im- primeurt, Libraires 8c autres petfonnes de quelque qüalité & condition qu'elles foient, d'en introduire d'impreflioa étrangère dans aucun lieu de notre obéiffance : comme auffi d'imprimer ou faire .imprimer, vendre , fa're vendre, (Jcbirer ni conttefaire ledit ouvrage, ni d'en faire aucun extrait, fons quelque prérexte que ce foit, d'aagmenta- tioa, cetrettiou, changement ou autres, fans la peraiiflloo |
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par éetit du<3it eipofanc ou de ceux qui ayrontdrott
de lui, a pcine de confifcation des exemplaires con- ttefaics , de trois mille lirres d'amende contre cliacun des contrevenarcs, donc «n tiers i nous, uu tiers a 1'Hotel- Dieu de Paris & Pautre tiers audir. expofantoua celui qui aura droit de lui, & de tous dépess , dommages & inte- rets : a la charge que ces préfentes feront enregiftrées tout au long fur Ie regiftre de la commuuauté des impritneuts Sc libraires de Paris, dans trois mois de la date d'icelles j «jue 1'impreffïon dudit ouvrage fera faire dans notre royau- me &non ailleurs, en bon papier & beaux caradères, con- formément a !a feuilie imprimée , attachée pour modèl^ fous Ie contre-fcel des préfcntis; que 1'impérrant fe con". fótmera en tout aux régleme^s de la librairie, & notam- Kient a celui du 10 avril 1715 ; qu'avant de 1'expofer en vente , Ie raanufcrit qui aura fervi ds copie i 1'impreliloa dndir ouvrage, fera remis dans !e même érac ou 1'appro- bation y aura ité donnée, h mains de norre tres ~ che^ 5c féal ch«valier, chancelier de Trance , Ie fieur de la Mbi- gnon , & qu'il en fera enfuite rrmis deux exemplaires daljs notre bibltothèque pubiique, un dans celle de notre cha^ teau du Louvre, un dans celle de notredit très-cher Sc féa! cbevalier , chancelier de France, Ie (ïeur de la Moi- gnon, & un dans celle de notie très-cbet & ftal rhevalier, garde des fceaux de France, Ie fieur de Machault, com- mandeur de nos ordres, 1c touv a peine de nullité des pré- fentes ; du contenu defquel'es yous man jons & enjoignons de faire jouit ledic expofant & fes ayans-caufe, pleine- ment Sc paifiblement, fans foufFrir qu'il leur foic fait au- cun trouble ou empêchement. Voulons que la copie des préfentes , qui fera imprimée tout au long au commence- ment eu 3. la fin dudit ouvrage, foit tenue pour duement fignifiëe,& qu'aux copies coüationn^es par 1'un de nos amés & féaux confeillevs fecrétaires, foi foit ajoutéa comme kl'original. Cornrnandons au premier notre huif- fier ou ferg«nt fut ce requis, de faire pour 1'exe'cu'ioa i'icelles , toHS actes requi1; & nécefTaires , fans demander autre permiflion, & nonobftant clameur de ba'o, charte normaiide 8c lettres a ce contraires ; car tel est notre plaisir. Donné a Compifgne , Ie qainzième jour du mois de juiüet, 1'an de gtace mil ftpt cent ciuquame-deux |
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& ie notre tégnt Ie treau-feptirme. Par Ie roi en fon
confeil. S/£^, SAINSON , avec grille & paraphe. |
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Regiftréfur Ie regiftre XIII de la chambre royale des
ftbraires & imprimeurs de Paris, nö. 16 fol. 17,conforme- ment au reglement de 1715 , quifait défenft, article IV, a toutes perfonnts de quelque qualiré & conditïon qu'ellel foient, autre^queles libraires & imprimeurs, de vendre, débiter Sc faire afficher aucuns livres pour les veadre en leuts noms, foit qu'ils s'en difent les auteurs ou autrement, & a la charge de fournir neuf exemplaires a la fufdite ckambrt, prefcritspar l'article ic8 du. même réglemmt, A Paris, Ie Urfeptembrc 1751. Signé, J. HER1SSANT, cdjtint. |
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De 1'impriraerie d'ABRAHAM VIRET, imprimeur ordi-
naire de l'Hötel-de-Ville & de 1'académie royale des fciences, belles^ettxes & arts de Rouen, rue Sénécaui, prèi S. Martin fut Renelle, 17;!. |
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