LA V I E
PEINTRES
FLAMANDS,
ALLEMANDS ET HOLLANDOIS,
AVEC D ES P O RTRAITS
Gravés en Taille-douce, une indication de leurs
principaux Ouvrages, & des Réflexions fur
leurs différentes manieres.
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Par M. J. B. DESCAMPS, Peïntre, Membre de
t Académie Royale des Sciences, Belles-Lettres & Arts de Rouen, & Profeffeurde l'École du Dejfein de la mime Fille. TOME SECOND.
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PARIS,
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Chez Charles-Antoine Jombert, Libraite du Roi
pour l'Artillerie & Ie Génie, rae Dauphine, a 1'image
de Notre-Dame.
M D C C L I V.
AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DU ROI,
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JACQUES
JORDAENS,
É L E V E
D'ADAM FAN OORT. ORDAENS naquit a Anvers ■——
Ie 19 Mai 1594- («) II eut pour * Maitre, Adam van Oort CePein- tre livré aune crapule honteufe, rebuta tous fes Eleves; mais les ïarmes de Cathetine van Oort fa fille 3 firent Tome II. A oublier («) La Vie de Jacquti jordaens appattient pat 1'ordre chro-
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i La Vie des Pcintres
oublier a notre jeune Artifte les vices du pere,
qui Ie récompenfa de fa complaifance, en la lui accordant en mariage. A peine fut-il engagé, qu'il fentit vivement la perte de fa liberté, & qu'il regretta de ne pouvoir point voyager en Italië, pour fe perfedionner: Ce regret répan- dit fur fa vie uneef pece d'amertume qui nefinit qu'avec elle. Il égaloit déja fon beau-pere; mais peu fatis-
fait de cette gloire, il voulut Ie furpafier : II recherchaenFlandreslesplusprécieuxTableaux des grands Maitres d'Italie, pour fe former fur leur maniere. Il étudia , il copia les Tableaux du Titïen. Bientöt fa réputation s'accrut : C'eft la re-
compenfe d'une étude affidue & bien conduite. Rubens Ie rechercha; les grands hommes ne font ni envieux ni jaloux : Virgile ne Ie fut point d'Horace ni d'Ovide ; jamais Rubens ne Ie fut d'aucun grand Peintre. A peine eut-il connu Jordaens qu'il 1'aima, qu'il vanta fa belle ma- niere , qu'il lui confia quelques ouvrages , &c fur-tout des cartons en détrempe , deftinés au Roy d'Efpagne , pour être exécutés en tapifle- rie fur les defTeins du jeune Rubens. Sandran a prétendu que ce grand Artifte en-
gagea Jordaens a peindre en détrempe , pour lui faire perdre infeniiblement Ie gout du coloris. Loin
nologique au premier Volume de eet Ouvrage, & auroir dü
être placée aprés celle A'Adrien de Bie, page 407. Quelques doutes fur les événements particuliers de fa Vie, ainfi que fur 1'année de fa mort, n'ont pu étre éclaircis que dans Ie voyage que j'ai fait fur les lieux, depuis 1'impreffion du pre- mier Tomc. |
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Flamands 3 Aïlem&nds & Hollandols. 3
Loin de craindre d'être (ürpafle par Jordaens, Rubens lui donna des avis fi utiles, que Jordaem, X594 en imitant la. maniere de Rubens, en devint plus vigoureux &r plus parfait. On acquiertquelque- fois plus de gloire en imitant, qu'en s'effor^ant d'être original. Lafortune de -/ort/tfe/zifutaflezconfidérable:
Ses Ouvrages ne furent pas payés Ie même prix que ceux de Rubens ; mais il avoit tant de raci- lité , qu'il gagna prefqu'autant que celui qu'il prenoit pour modele, parce qu'il faifoit plus de Tabieaux. Charles GuJIavc, Hoy de Suede , lui commandadouzegrandsTableauxrepréfentant la Paflïon de notre Seigneur. Emilie de Solmst Douairieredu PrinceFrédéric-HenrideNaflau, lui fit peindre les aótions mémorables du Prince fon époux , en pluiieurs Tabieaux , auffi ingé- nieux par les allégories,qu'expreflifs paria cou- leur & 1'harnnonie. Le chef d'oeuvre de ce Pein- tre eft le Tableau oü il a repréfenté ce Prince dans un char de triomphe., tiré par quatre che- vauxblancs, entourédegrouppes fymboliques. Ces Tabieaux décorent le fallon d'Orange a la Maifon au Bois, pres de la Haye; &: ils fuffifent pour montrer combien Sandrart s'eft trompé , quandiladit que 7or^e«5colorioit froidement depuis qu'il avoit peinten détrempe : Cet Ecri- vain Allemand auroit du fcavoir que Jordaens étoit jeune, quand il a peint les cartons pour 1'Efpagne, &^ que tous les Ouvrages que nous connoiflbns depuisce temsj Temportent beau- coup fur ceux de ^a premiere maniere. Les Eglifes Sc les Maifons Royales furent
enrichies de fes Ouvrages; mais,pour fedélaffer, Aa il
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4 La Vïe des Peintres
il quitta fouvent les compoiïtions nobles & éle-
vees pour des fujets comiques. On eftprefque certain de réuffir, quandon traite ce qui a rap- port a fon propre caraótere. Son Roy boit3 auilï agréable que fon Auteur, a été loué générale- ment. Jordaens > enrichi par fes Ouvrages ,travailloit
afïïdument Ie jour ; mais il alloitpafler lefoir avec fes amis, la plüpart Artiftes : Cette vie tranquille j qui ne fut jamais altérée par des cha- grins domeltiques , lui procura une heureufe vieilleflè. 11 atteignit 1'age de S4 ans, lorfqu'il fut pris d'une maladie appellée la fuette , dont il mourut a Anvers Ie 18 Octobre 1678. Sa fille Eli\abeth Jordaens décéda Ie même jour : lis furententerrés, comme Calviniltes, dans 1'Egli- fe Réforméede la Seigneurie &Bourgde Putte, oü étoit déja inhumée Catherine van Oort fa fem- me, morte Ie 17 Avril 1659. Dans tous les Ouvrages de Jordaens , on re-
marque une grande harmonie de couleur & une belle entente du clairobfcur: Sescompofitions fontingénieufes & abondantes, fes expreffions naturelles; mais fon delfein étoit fouvent fans gout. Il copioit la nature, fans en choifir les beautés &c fans en écarter les défauts. Ildrapoit de meilleurgoüt, mais fon principal mérite con- fiftedans laracilité & dans la touche de fon pin- ceau. Mal-a-propos a-t-onvoulu 1'égaler k Rubens : Ce dernier avoit bien plus de noblefïè & plus d'élévation. Jordaens fcavoit arrondir fes fïgures & donner Ie même éclata fa couleur &c peut-être plus de vigueur ; mais Ie premier a toujours 1'avantage dans toutes les parties de la Peinture.
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Flamands, Allcmands & Hollandois. 5
Peinture. Nous allons donner une lifte des prin-
cipaux Tableaux de ce Peintre, dont Ie grand nombre fourniroit un volume, fi nous voulions les décrire. On voit chez Ie Duc d'Orléans Ie Portrait
d'un homme armé, accompagné de deux Pages, fur 1'un defquels il s'appuie. Chez l'Ele&eur Palatin , une Aflèmblée d'hommes & de fem- mes affis a table : On croit les voir boire &c manger , on croit les entendre caufer & rire. Une Fuite en Egypte, Saint Jofeph marche Ie premierj une lanterne a la main. La Fable du Satyre qui voit fouffler Ie chaud & Ie froid : Ce Tableau a toute la force &: la perfeftion du coloris, ainfi que celui de Pan & Sirinx ; les figures en font grandes comme nature : ce mor- ceau fut fait en fix jours. Dans PEglife Paroiffiale de S. Jacquesa An-
vers, la Vierge &c pluiieurs Saints fk Saintes , Tableau d'Autel de la Chapelle de la Vierge. Dans 1'Eglife des Beguines 3 un Chrift} la Mere de Dieu & S. Jean a cöté de la croix, & au pied, la Madelaine. Plufieurs Tableaux , dont les fujets font tirés de la Vie de notre Seigneur , font places dans 1'Eglife des Jacobins; d'autres Tableaux du même , dans 1'Eglife des Augu- ftins : Celui du grand Autel repréfente Ie Mar- tyre de Sainte Apoline, Tableau capital & des plus beaux de ce Maïtre. Dans la falle de la Confrérie de Saint Sebaftien , fe trouve unbeau Tableau peint par Jcrdaens & Fyt: Le premier y a peint cinq figures , Diane , Neptune, & Fyt y a ajouté toutes fortes d'animaux, des chiens, des oifeaux èc beaucoup de gibier : Ce beau A j Tableau
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_____ 6 La Vie des Velntres
Tableau eft a la veille de périr. Un Ebénifte
m.......,* ou Menuiiier , chargé de réparer la bordure ,
"•""'" s'eft avifé de frotter la toile par derriere avec de
1'huile d'olive; fok 1'humidité ou cette huilequi ne iéche point, on appercut peu de temps après la couleurs'ecailler. Au lieu davoir recours aux Artiites d'Anvers j capables de Ie réparer , on s'adreffa a un palfanr, qui allura pofleder Ie beau lecret de M. Picot (a), & en conféquence on lui accorda 400 florius pour enlever ce Ta- bleau de deffus ia toile & Ie porter fur une toile neuve ; mais comme on exigeoit de lui une éi-reuve defix mois,c'eft a-dire j qu'il n'auroit été payé que lorfque Ie Tableau n'auroitpoint décollé au bout de ce temps-la, il ne voulut pas Tentreprendre. Il leroit a delirer que ces Meflïeursappellafïènt M. Picot, pour fauver un des plus beaux Tableaux d'Anvers. On voit a Malines, dans 1'Eglife de Sainte
Catherine , Ie Tabieau d'Autel de la Chapelle de Saint Jofeph : 11 repréfèntela Vierge, TEn- £int Jéfus & Saint Jofeph. Aux Religieufes de Leliendael; de 1'Ordre de Prémontré , deux Ta- bleaux, 1'un S. Pierre &r 1'autreS. Paul: Us lont tous deux places au-defliis des deux portes dans 1'Eglife. Aux Carmelites, Ie Tableau du grand Autel ; Jordaens y a peint une Sainte Familie. Dans la petite Ville de Liere , Ie Tableau du maïtre
(a) M. Picot bien connu par te-beau fecret qu'il a trouvé
d'enlever les Tableaux fur toiie , fur cuivre, (ur bqis, fur Ja pierre, &c. Sc de les por:er fur la roijeou tel autre fond; fans altërer ni défunir la couleur : Les épreuves qu'il a faites a Paris & a Verfailles. font plus que fuffifames pour méri- ler la confiance du Public. |
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F lamanis, Altemands & Hollandois. 7 ^^^
maitre Autel de 1'Eglife de S. Gomare, repré- i
fente notre Seigneur crucifié, belle & grande \ compofition de ce Maitre. La naiflance de Jéfus- *"—"' Chrift, Tableau d'Autel dans 1'Eglife Paroiffiale de Dixmude. Notre Seigneur au milieu des Do&eurs j Tableau du grand Autel de 1'Eglife de S. Walburge, a Furnes; c'eft une des plus abondantes &r des plus belles produdions de Jordaens : 11 eft fouvent attribué a Rubens ^ & il feroit honneur a ce dernier. Dans 1'Eglife Pa- roiffiale de S. Brice a Tournay, on trouve du même un Tableau d'Autel, repréfentant Jéfus- Chrift mort fur les genoux de ia mere : Au mi- lieu d'une gloire d'Anges, on voit S. Martin qui chafle ie demon du corps d'un poffedé: Ce Ta- bleau admirableeft dans l'£glile del'Abbayede S. Martin. |
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A 4 ANTOINE
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A N T O I N E
VAN DYCK,
ÊLEVE DE RUBENS.
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A VILLE d'Anvers donna Ie
jour a eet excellent Peintre, Ie 21 Mars 15 9 5>3 & felon d'autres en 1598. Houbrahen nous ap- prendquefon pèreétoitdeBois- le-Duc & qu'il peignoit fur verre. Dans la defcription de laville de Gouda, il ftfiildfildrrc^^j lequel
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1598.
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La Vie des Peintres Flamands, &c. 9
lequel avoit ( dit THiftorien Walvis) travaillé " """""
fept ans chez Weficrhout, &c dela fut a Bois-le- ] Duc, chez Ie pere d'Antoine van Dyck, bon ----"
Peinrre fur verre. 11 ajouce que la mere de notre
Peintre excellent a broder au petit point. Son pere, qui Ie fit étudier dès fa tendre jeuneflè, netardapasa connoïtre Ie penchanrquefonfils avoit pour la Peinture : 11 lui en donna les pre- mières lecons & Ie placa chez Henri van Balen, qui avoit paffe quelque temps en Italië, fous les plus grands Maitres: Le jeune Elevc furpalfa les camarades. La réputation de Rubens tic la vue de quelques-
uns de fes Tableaux, lui firent briguer 1'honneur de devenir fon Eleve. Rubens le recut & prévit en peu ce qu'il feroit dans la fuite ; il lui confia quelquesébauchesd'aprèsfesefquifles:vd« Dyck enamêmefiniquiont paffe pour être de Rubens : II fut d'un grand fècours a fon Maïtre, qui étoit furchargéd'ouvrages. Rubens ne fit bientötque compofer& retoucher les ïableaux d'un Eleve de ce génie & de cetre diitin&ion. Rubens fortoit tous les jours vers le foir, pour
prendre 1'air; les Eleves qui payoient annuelle- mentun petit tributa Valvéken, ancien Dome- ftique de Rub ns, obtenoient la permiffiond'en- trer dans lecabinetde Rubens 3 & d'yobferver fa maniere d'ébaucher & de finir. Un jour que chacun d'eux s'approchoit de plus pres, pour mieux examiner la touche du Maïtre, Diepenbéke poufle par un autre, tomba fur le Tableau qui étoit 1'objet de leur curiofité, & effaca le bras de la Madelaine, & la joue & le menton de la Vierge,
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10 La Vie des Pelntres
Vierge, que Rubens venoit definir dans Ia jour-
née. On palit a eet accident : La crainte d'être ren voyé, allarma toute l'Ecole&r les déterminoit a la fuite, lorfque Jean van Hoek prit la parole & dit: Mes chers camarades, il faut, fans per- drede temps, rifquer Ie toutpourle tout; nous avons encore environ rrois heures de jour, que Ie plus capable de nous prenne la palette , & tache de réparer ce qui eft effacé : Pour moi je donne ma voix a van Dyck, feul de nous en état de Ie faire. Tous applaudirent ; van Dyck feul douta du fuccès : Prefle par leurs prieres, ou craignant lui-même la colere de Rubens, il fe mit a 1'ouvrage & peignit fi bien que Ie lende- main Rubens s en examinant Ion travail de la veille, dit en préfence de fes Eleves qui trem- bloient, voila un bras & une tête qui ne font pas ce que j'ai fait hier de moins bien. Plufieurs rapportent que /J«£e«.y,ayant feu rhiftoirceffa- ca tout: D'autres au contraire difent qu'il Ie faiiïa dans l'état que van Dyck l'avoit mis. On peutvoirceque j'ai rapporté de ce Tableau,qui paffe pour un des plus beaux de Rubens ; C'eft la Defcente de Croix qui eft dans 1'Eglife de Notre-Dame d'Anvers. C'eft 1'époque oü Ton pretend que Ruhens ,
ayant concu une jaloufie extreme contre eet il- luftre Eleve j lui confeilla de faire Ie Portran& d'abandonner 1'Hiftoire ; j'efpere démontrer Ie contraire, par Ie témoignagemême de van Dyck : 11 s'adohna efFeftivement a peindre Ie Portrait ; 11 en fit plufieurs fous les yeux de Rubens , qui
étonnerent tous les Artiftes. Mais, foit qu'il fut tenté
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Flamands, Alkmands & Hollandois. n
tenté du gain, foit par la crainte de ne jamais 7" egaler fon Maïtre dans les Tableaux d'Hiftoire, ^ il pria Rubens de lui laiflèr préférer le Portrait, "" comme un genre qui lui plaifoit plus que les autres parties de la Peinture. On ne croira plus les Ecrivains^ qui ont
avance que van Dyck s'appercutde la jaloufe de Rubens &qu'il leretirajquandon fcauraque Rubens, en parlant lou vent a fes Eleves des beau- tés qu'il avoit remarquées dans les Tableaux des grands Peintresd'Italie,leurconfèilloit,& iur- tout a van Dyck, de faire ce voyage : Ce con- feil eft plutot celui d'un Maïtrebien intentionné pour fon Ecolier , que d'un Maltre jaloux. Van Dyck Ie crut & prit congé de Rubens, après lui avoir donné, pour marque de reconnoiiran- ce, un Ecce homo 8c un aurre Tableau, dont le fujet eft notre Seigneur dans le Jardin des Oli- viers : Ce dernier repréiénte une nuit,touty eft éclairé aux flambeaux ; il eft d'une grande beauté. Rubens le mit dans un de ks principaux appartemens & ne ceffbit de le louer, ainfi que le Portrait de fa femme , peint par le même. Il fit en revanche préient a 1'Auteur d'un des plus beaux chevaux de fon écurie. Van Dyck quitta Anvers 8c paffa par Bruxel-
les, dans 1'intention d'aller en Italië ; mais le penchant qu'il avoit a 1'amour, 1'arrêta auprès d'une jeunePayfanne du Villagede Savelthem , pres de cette derniere Ville : II fut tellemént épris des attraits de cette fille, qu'elle 1'engagea a faire deux Tableaux d'Autel pour faParoifle : Le premier repréfente Saint Martin; il s'eft peint liü-mêmefurlechevaldont2Iïtt£e7;.Ylui avoit fait préient.
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12 La Vic des Peintres
~ préfent. L'autre repréfente la Familie de la
**9 Vicrge (a . 11 mit dans ce dernier Ie Portrait —' de fa Maïtrefle, de ion pere & de fa mere. / Tous ceux qui ont vu ce Tableau, affiirent que / la Payfanney julUfiealfez par fa beauté les atten-
/ tions du jeune Peintre. tiubcns attentif aux dé-
j marches de ce cher Eleve , eut peur que cette
inclination déplacée ne fut un obftacle a Ion
avancement. Il employa fes amis & n'épargna rien pour Ten détourner : 11 réveilla en lui Ie délïr de voyager, & fur-tout celui de la gloire. Si 1'amour ert quelquefois favorable aux talents, il leur eft plus fouventcontraire.Fa/zZ>ji£quitta brufquemenr fa Maïtrefle} mais avec regret: II partit accompagné du Chevalier Nanni, 6c voya- gea par toute 1'Jtalie & s'arrêta a Venife. Le Titien & PaulVeronefe furentceux qu'il pritpour modeles. Il copia beaucoup de leurs Ouvrages &: fit des études particulieres fur leurs airs de têtes: Cette pratique, fuivie des réflexions ju- dicieufes, le forma dans fa maniere delicate 6c' facile. Ne travaillant que pour fe perfeótionner } il
depenfa ce qu'il avoit aporté a cette inrention , & fut de Venife a Gênes: Ce fut-la qu'il donna des marques de la fupériorité de fon talent. Il ratnena ladélicatefle de fes teintes a celles qu'il voyoit dans la nature : II joignit dans fes Por- traits les perfeólions de l'Art aux charmes de la vérité. La fimplicité naïve dont il fcavoit les orner,
(a) Le Tableau repréfentant la Familie de la Vierge , a
èxé enlevé , (ans que 1'on fache par qui & ou il eft platé ki |
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Flamands , Allcmands & Hollandois. i 3
orner j touchoit ceux mêmes qui en ignoroient 1'artifice. Une reifemblance frapante des traits &■ des étofFes, faififlbit tout Ie monde : En ad- mirant fes talents, on Ie combla de richefTes. Il étoit lurchargé d'ouvrages, & les Seigneurs duPays n'auroient pas cru Ie payer fumfam- ment, iï ades fommesconiïdérablesilsn'avoient pas joint des marques de diltin&ion &d'amitié. 11 ne s'écartoit gueres de cette Vüle , que pour celles oü on lui indiquoit quelques '1 ableaux dignes de fa curiofité; mais il revenoit toujours a Gênes. Il la quitta enfin & hit a Rome, oü Ion premier ouvrage fut Ie Portrait du Cardinal de Bentivoglio : 11 iït pour Ie même quelques Tableaux & plufieurs Portraits pour daurres perfbnnes. Il eut Ie déplaifir d'entendre décrier fes Otivrages par fes Compatnotes, parce qu'il n'avoit pas voulu embraüer leur vie libertine , a laquelle il préféra toujours 1'etude ; &: il re- tourna de nouveau a Gênes, oü il fut recu avec joie & fort employé , tant au Portrait qu'a des Tableaux d'hiitoire. Dela il paffa en Sicile, oü il fit Ie Portrait du Prince Phïlbert de Savoye : II quitta des Ouvrages commencés aPalerme, pour éviter la petle qui commencoit a s'y faire fentir. Il s^embarqua iur unegale're pour Gênes, dont il (e retira enfin pour retourner dans fa Pa- trie. Arrivé a Anvers il fit un Tableau de S. Auguftin : On Ie voit repréfenté en extafe ; Ie refte de 1'Ouvrage eft d'une grande compofi- tion. Tous les Artiftes radmirerent & convin- rent que lc voyage que van Dyck venoit de faire avoit embelli fa maniere de peindre , &■ qu'il avoit achevé de prendre des grands Maïtres
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14 La Vie des Pe'mtres
Maïtres ce qui rettoit a acquérir.
Ilfembloit que ce grand homme fut faitpour
effliyer des difncultés: II fut appellé aCourtray par les Chanoinesde la Collegiale , & il fit prix pour un Tableau du grand Autel de leur Egü- fe. Il Ie peignit a Anvers&r alla lui-mêmepour Ie placer ; Ie Chapitre accourut pour Ie voir : En vain Ie Peintre dernanda-t-il jufqu'au lende- main pour Ie placer, difantque Ton en jugeroit micux. On ne Ie rendit point a tout ce qu'il put dire : On fit venir des Ouvriers; on Ie déroula, mais quelle fut la furprile de van Dyck, quand on vit Ie Chapitre entier regarder & 1'Ouvrage ik 1'Auteur avec mépris : On Ie traita de milé- rablebarbouilleur;on lui ditqueleChrift avoit raird'unporte-faix,quelesautresfiguresre(Tem- bloient a des mafques ; & tous lui tournerent Ie dos. Il refta feul avec un Menuifier &-quelques Domeitiques, quicrurentle confoleren luicon- (fcillant d'emporter f on Tableau j en 1'aflurant que tout ne fëroit pas perdu &: que la toile pourroit être employee a faire des paravents. Il ne Ie rebuta point, il placa fon Tableau & Ie lendemainil fut de porte en porteenprier ces Meflieursde revenir ;iln'eutd'eux que de nou- velles injures : Les ignorants ont de plus que leurbétile,leton d'étreincapablesd'unnieilleur avis. Enfin au bout dequatre ou cinq jours, il futpayé, maïs de h mauvaife grace que toute fa vie il n'a ceffe d'en être indigné. Il retourna a Anvers & n'ola jamais parier de cette aven- ture, qui ne refta cependant pas fecrette. Quel- ques Amateurs, paflant par Courtray^ virent ce Tableau avec admiration Sc Ie publierent; bientot
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Flamands, Aüemands & Hollandois. 15
bientötonyvint enfoule : L'aventure futcon- nue& ne tourna pas al'honneur desChanoines. On les traita d'ignorants (épithéte trop modé- rée.) Enfin ils ne purent reruiër une eipece de réparation: lis convoquerent unChapitre, dans lequel il fut arrêté que Ie Tableau étoit beau , & pour conftater Ie mérite de 1'Auteur & ré- parer leur honte, ils ajouterent qu'il falloit lui écrire & lui commander deux autres Tableaux pour differents Autels. Maisva/z Dyck leur ré- pondit féchement qu'ils avoient aflèz de Bar- bouilleurs dans Courtray &r aux environs,qu'ils n'avoient que faire d'en faire venir d'Anvers; & que pour lui il avoit pris la réfolution de ne peindre déformais que pour des hommes, & non pas pour des anes. On pretend que ce der- nier mot formalifa un peu Ie Chapitre, qui, pour s'en venger , ordonna a Gaf par d de Cray er lesdeuxTableauxcommandés ïvanDyck. Cray er fit Ion marché de facon qu'ils s'obligerent de prendre & payer fes'f ableaux bons ou manvais. Le Tableau de van Dyck eit place dans 1'Eglife Collegiale de Notre-Öame au grand Autel, &: reprélente notre Seigneur attaché fur la croix , que les boureaux éleventpour la planter: Celt un des plus beaux de ce Maitre. Les deux au- tres peints par de Crayer , lont dans la même Eglile : L'un repréfente la Sainte Trinité _, &: lautre le Martyre de Sainte Catherine:Ce lont de beaux Tableaux d'Autels, mais inférieurs a celui de van Dyck. Houbraken dit que Rubens lui offrit en ce temps-
la fafiüe aïnée en mariage, &r que van Dyck s'excufa fur ce qu'il avoit envie de retourner a Rome :
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iS La Vie des Pelntres
Rome : D'autres pretendent qu'il ne refufa la
fille, que parce qu'il aimoit paffionnément la
mere.
Van Dych eut quelque difficulté avec les Re-
ligieux Auguftins; ils 1'obligerent de changer 1'habillement du Saint, de blanc en noir. Le Tableau fini,il neputêtrepayé; ilss'excuferent fur le pcude fonds qu'il y avoit dans leurs coffres; &: on lui fit entendre que, s'il faifoit préfent d'un Chrift de fa main , Ton ne tarderoit pas a chercher les moyens de le fatisfaire. Quoi- qu'indigné de cette mauvaife foi, fon befoin d'argent lui fit accepter cette condition: II don- na le Chrift , qui eft eftimé plus que le grand Tableau ne leur a couté. Autant qu'il fut loué par Rubens & les grands
Maitres, aurant fut-il critiqué par les Peintres fes Camarades d'étude , tels que Schilt, &rc, Ils oferent dire qu'il n'avoit qu'une peti te maniere, qu'il ne (cavoit pas manier la brofle ; qu'ils lui avoient vu peinurela poitrined'un Ange grand comme nature (dans le Tableau des Auguftins) avec un petit pinceau........&c. Ennuyé de ces
tracafleries, il abandonna d'autres Tableaux ,
quoique commencés, pour aller a la Cour de h'rederic de Najfau, Prince d'Orange, qui 1'en folücitoit, & pour s'éloigner desingrats &des envieux.ennemisordinaires des grands hommes. Il pafla a la Haye^ oü il peignit en pied le Prince, la PrincerTe d'Orange Sc leurs Enfants: La beauté de ces Portraits engagea tous les Seigneurs de cette Cour , les Ambaffadenrs, les riches Négocians a fe faire peindre; plufieurs Etrangers y vinrent de leurs Pays, pour le même fujet :
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Flamands> Allemands & Hollandois. \y
fujet: Le nombredes curieux de les Tableaux u™ augmentant de jouren jour, il les leur fit payer 1 *>9 ' auffi cher qu'il le voulut, fans jamais réuffir a ~—" les en dégoüter. L'idée que 1'on a de la libéralité des Anglois
& de leur gout pour les arts, le conduiiit en Angletene: II y fit quelques Tableaux dignes de lui; mais ce voyage ne fut pas auffi heureux qu'il auroit du 1'être. Il revint a Anvers, & fongea a réparer le
temps qu'il difoit avoir perdu en Angleterre & en France; car on ne fcait pas plus par quelle fatalité ce grand Peintre n'y eüt pas tout le fuc- cès qu'il méritoit. Le premier Tableau qu'il fit a Ion retour en Flandres, fut un Crucifix pour les Capucins de Dendermonde : II paffe pour le plus beau qu'il ait fait. Il peignit auffi uneNa- tivité pour la grande Eglile de la même Ville. On voit de lui un autre Ouvrage chez les
Francifcains d'Anvers, dans la Chapelle de FAbbé Scaglia , c'eit Jéfus-Chrift mort (ur les genoux de la niere; quelques Anges fontauprès, ainli que le Portrait de eet Abbé , qui en avoit fait prélènt a cette Eglife. Ce fut a peu pres dans ce tems qu'il fit le
Tableau deS. Antoinepourl'Infanted'Efpagne. Après la mort de cette PrincefTe, il paffa entre les mains du fieur Jabach , qui 1'achetapour le vendre en France. Quelques portraits'de van Dyck, pafles en
Angleterre, firent repentir cette Nationdu peu. d'attention qu'elle avoit eu pour fes talents. Le Roy chercha même a 1'attirer a fa Cour ; mais van Dyck, mécontent de la facon dont il avoit Tome II. B été
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i 8 La Vit des Peintres
7" été recu dans i\m premier voyage, n'yferoit I
I^9 " jamais retourné fans !e Chevaiitr Digby , ion
*^?*" ami,quirydétermina:ll remmenalui-même;
il Ie prétenta au Roy , qui Ie rec:ut avec bonté ,
lui fit préient de fon Portrait garni de diamants
&■ orné d'une chaine d'or : il y ajoutal'Ordre
du Bain & une peniion conüderable. 11 aima.
van Dyck jufqu'a defcendre dans les détails qui
pouvoientcontribuer afa fortune^ &alui faire
trouver Ie féjour d'Angleterre plus agréable. Il
taxa fes Portraits en pied a iooliv. iterlings ,
ceux a derai-corps a 50 liv. Il lui donna deux
logements j un d'hyver aBlaiforre, & celui d'été
a Elthein.
Van Dyck profita des bontés du Roy, & mon-
trafareconnoiflance a l'Angleterre, en travail- lant fans reiache. 11 enrichit Ie paysde fes Por- traits & de fes admirables compolitions. Charles I. ie piaifbit a s'entretenir avec eet
Artirte : II raifoit un jour Ie Portrait dece Mo- narque, qui fe plaignoit afTez bas au Duc de Nortfo'.ckae Tétatde (èsFinances; Ie Roy ayant remarqué que van Dyck 1'écoutoic , lui dit , en riant: Et vous, Chevalier, fca\rez-vousceque c'elt qued'avoir beioin de 5 011 6oooguinées? 11 répondit, oui,Sire, un Artiftequi tient ta- b!e ouverte a les amis, &: bourfe ouverte a fes maitrefTes, ne fènt que trop lbuventle vuide de ion cofFre fort. 11 fit nne autre réponfe aflez heureufe a la
Reine Margueritc de Bourbon, fille d'Henri IV. qu'il peignoit :EIie avcit des mainsadmirables. Van Dyck excelloit a rendre ces extrémités: Comme il s'y arrêtoit long-temps, laPrincefle s'en
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Plamands 3 Allcmands & Hollandols. 19
s'en appercut 6c lui demanda, d'un air enjoué , T" pourquoi il careflbit plus les mains que fa tête ? *J^ C'efl, dit il, Madame, que j'efpere de ces belles ~—" mains une récompenfe digne de celle qui les porte. Van Dyck devint fort riche, fa dépenfe pro-
digieufè, feséquipages brillants , fa table ou- verte atout Ie monde & fon nombreux Do- meflique , n'auroient même point dérangé fa fortune, s'il avoit, comme fbn Maïtre, méprifé les preftiges des Alchymiftes : Jl donna dans Ie faux de cette charlatanerie. Il fit batir un labo- ratoire a grands frais, & il vit enpeu de teaips s'évaporer par Ie creufet Tor quil avoit créé avec fon pinceau. Les vapeurs du charbon & Je déplaifir de fe voir trompé , lui cauferent beaucoup de chagrin : Epuiié d'ailleurs par fes plaifirs, il vit fa fanté diminuer avec fa fortu- ne, &Ton craignit pour fes jours. Le Duc de Bucquingham crut rétablir cette
fanté épuifée , en le dérobant a fes maïtreflès; il le maria, avec 1'agrément du Roy , a la fille de Milord Ruthven, Comte de Goree, Seigneur Ecoffbis. Marie Ruthven , qui étoit une des plus belles femmes de la Grande-Bretagne , ne lui apportapour dot que cette grande beauté &rle nomd'une M ai fon illuftre ,dontladiigracedu pere avoit caufé la ruine. Il paffa avec fa femme a Anvers, pour vifi-
ter fa familie & fes amis. D'Anvers i! alk a Paris: Le Pouffin y étant arrivé de Rome avant lui, fut chargé de peindre la Galerie du Lou- vre, qui étoit cependantroccalion & le butdu B z voyage
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10 La Vie des Peintres
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i 98 voyaoe ^e van DyQk: H pafla deux mois a Pa-
^.., ,^, ris 6c retourna en -Angleterre. Pen après, ia femme accoucha d'une fille qui
mourutrbrtjeune ;van 2)yc£neluifurvécutpas long-temps: Epuifé de foibleflè, exténué de remedes, il tomba dans une efpecedephthilie. Le Roy en eut beaucoup de regret, il promit a Ion Medecin 300 guinées, s'Ü pouvoitlegué- rir. La nature étoit éteinte en lui, les foins des plus habiles Medecins ne purent retarder fa mort; il cefla de vivre en 1641 : II n'étoit agé que de 41 ans; il hu enterré avec pompedans 1'JEglife de S. Paul. On peut juger des fommes prodigieufes qu'il
avoit gagnéesj parce qüi lui relta après des dépenfès exceilïves &: fa folie du grand oeuvre : On lui trouva cent mille rifdales ou pieces de huit. SaveuvecpoufaleChevalier Price; mais elle
ne furvécut pas long-temps fon premier mari: Le Poëte Anglois Couwley a fait en vers 1'épi- taphe de notre Peinrre célébre. Quand on confidere le grand nombre d'ou-
vrages que nous a LxiiTésvan Dyck, étantmortfi jeune , on ne peut nier qu'il n'ait eu la plus grande facilite dont on ait connoüïHnce. On fcait qu'il commencoit le matin apeindreune tête ; qu'il retenoit a diner la perfonne qui fe faifoitpeindre, & qu'après le dïné il la fimiroit: Rarement avoit-il a y travailler le lendemain. Tons lesTableauxde Ion dernier temps, lont d'une négligence qui en diminue le prix ; on lui en fit desreproches, en comparant fes premiers Tableaux avec les derniers: J'en fcai, dit-il, la différence
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Flamands, Allemands & Hollandois. 2.1
diffV'rence & je n'en luis pas étonné; mais fachez auffi qu'autrefoisj'ai travailié pour ma réputa- tion, &: qu'aujourd'hui je travaille pour ma fortune. Van Dyck avoit rait biendes Portraits en ce temps-Ia 5 qui font des modeles de finefle & de précifion: 11 peignoit fes têtes avec tant d'art & de vérité, qu'il n'eft guerespoiliblede Ie furpaffer: II deflinoit &. colorioit de tnêtne les mains; fes attitudes lont fimples, mais avec choix. 11 lèmble qu'on ne devroitregarder van Dyck que comme Peintre de Portraits; cepen- dant il a fouvent égalé f on Maïtre dans fes Ta- bleaux d'hiftoire: 11 avoit moins de génie &: peut-être moins de feu; mais tous les ouvrages n'en manquent pas. Si van Dyck eüt fait moins de Portraits & plus de Tableaux d'hiftoire, peut-être auroit-il égalé Riéens, comme il 1'a iiirpafle dans la délicatefle de fes teintes &: dans lafontede ks couleurs: Ce fut Ie fentiment des ennemis mêmes de van Dyck, en voyant Ie Ta- bleau qu'il rkpourrEgliiedeGand; mais com- me il ne faut pas jugerïurdes conjeclures, nous dirons feulementquev^zöjt^a fiirpaflë Rubens dans lePortrait, &: qu'il lui fut inferieur dans les Tableaux d'hiftoire. Voici fes principaux ouvrages: En France,
Ie Roy a de ce grand Maïtre, notre Seigneur en croix , un S. Sébaftien, Ie Portrait de Marie de Médlcis , lamême dans un fauteuil; celui du Marquis d'Aytona ; une Vierge & S. Francois de Paule; uneViergeavec 1'enfant Jéfus & deux figures a genoux; une autre Vierge avec la Ma- delaine & Ie Roy David; une defcente de croix ^ l'Annonciatiou copiée d'après Ie Tuien ; Vénua B 3 failant;
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ij La Vie des Peintres
" o faifant forger des armes pour Enée ; les deux
^ *' Portraitsdes Princes Palatins; celui du Duc de Z«x;celuiderinfanteElizabethen Religieufe; Ie Portrait de Rubens & de ion fils , celui de fa femme & de fa fille ; celui de van Dyck & un homme furun cheval blanc careflantun chien. Chez M. Ie duc d'Orleans, on voit une tête d'homme, avec nne chaine d'or \ une femme avec un grand mouchoir; la Familie d'Angle- terre; Marie de Médicis -y une femme en pied , qui tient un éventail; un homme en pied; un Pair d'Angleterre; une Princefle veuve, tenant une canne; la PrinceiTe de Phalfbourg appuyée fur un maure, qui tient une corbeille de fleurs; Ie Comte d'Arondel affis dans un fauteuil; Ie Peintre Snyders fa femme: la Vierge & TEnrant T r r
Jelus.
Chez lePrincedeMo/Mcojdeux Portraits de
van Dyck ; celui du Marquis de Monterofe , Gé- néral au fervice de Charles I. Roy d'Angle- terre. Chez Ie Maréchald'/|/è/2°7zie/2, un grand Pur-
trait de femme. Chez M. Ie Comte de Fence, une tête du
même Peintre. Chez Ie Duc de Tallard, une Dame tenant
un enfant fur fesgenoux ; un homme en robe noire; la ReconnoilFance d'Achille. ChezM. de la Boücxiere, Fermier Général,
deux Tableauxd'un beau fini; Charles I. Roy d'Angleterre & la Reine fonépoufe, tous deux en pied; Ie fond eft un Palais d'Architeólure, par Henri Steenwyck Ie fils; deux grands Portraits en pied, d'un homme 6c d'une femme: la fem- me |
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Flamands, Ailemands & Hollandols. 2 3
me a un enfantprès d'elle, & 1'homme des bu- lies de marbre & de bronfe. Chez N. de Gaïgnat, Ie Portrait du Préfident
Rkhaniot, Miniftre de Philippe II. avec fon fik Chez M. Ie Marquis de Foyer, Ie Btrger
Paris. Chez M. de Julienne , Chevalier de S. Michel,
un Portrait & une femme avec une lumiere. Chez feu M. Ie Marquis deLaJjay, Charles
I. Roy d'Angleterre, en pied, aca mpagné de
fa fuite, un Ecuyer tient labride de ion che-
'< val: Tableau capital. Deux autres Portraits,
la Vierge & 1'Enfant Jéfus
PrincipauxTableaux devanDyck, confervés
dans Iesvillesde Flandres: On trouve a An- [ vers, dans la f alle des Adminiftrateurs desPau- vres de l'Eglife de Notre-Dame } Ie Portrait duBourguemeftre Rockox ; 1'épitaphe de Jcan Breughel, dans 1'Eglife deS, Jacques, eft ornée du Portrait de ce Peintre par van D\ck , ainfi fjue celui de Jean Snellincks, place au-deffus de iontombeau ,dans lamême Eglife. Jéfus-Chrift mort ,1a Vierge, Saint Jean & la Madelaine , Tableau capital dans 1'Eglife des Béguines. Dans 1'Egliiè des Religieufes Annonciades, Ie Portrait du Fondateur de cette Maifon. Au Convent des Jacobines [ ou Religieufes del'Ordre de S. Dominique] notre Seigneur en croix , au bas font S. Dominique, Sainte Rofe & un Ange. Un Portement de croix , tableau d'Autel dans 1'Eglife des Dominicains. Dans 1'Eglife des Ré- colets, la Vierge, l'Enfant Jéfus & Sainte Ca- therine : Le Tableau d'Autel de la Chapellc B4 des
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24 La Vie des Peintres
des Douleurs repréfente Jéfus-Chrift mort fur
les genoux de fa mere : Les figures de S. Jean & de la Madelaine &c d'un Ange ent rent dans la compofitionde ce Tableau regarde comme un des plus beaux de eet admirable Peintre. Dans la Chapclle du Tiers-Ordre, eft Ie Portrait en pied d'un Eccle'liaftique. Le Tableau d'Auteï de la Congrégation des Jéfuites repréfente* ,1a Vierge, 1'Enfant Jéfus, S. Pierre, S. Paul., Sainte Rofe& des Anges. Aux Carmes Déchaufleson voit un Portrait qui décore une épitaphe. Dans 1'Eglife des Auguftins,le Tableau du grand Autel repréfènte la mort de S. Auguftin: C'eft une compofition confidérable & d'une belle exécu- tion. Ce Tableau fmi, van Dyck, pour en être payé, fut obligé, comme je 1'ai dit, de faire un Chrift, qui eft place dans la Chambre du Prieur. AGand,dans TEglife paroiffiale de S. Mi-
chel, eft le Tableau de notre Seigneur attaché fur la croix ; fa mere, S. Jean, la Madelaine font au pied de la croix : On voit a eeké un Bourreauquipre'fenteréponge au Chrift mou- rant, & de I'autre cöté deux Cavaliers: Dans le haut font des Cherubins qui pleurent: Ce beau Tableau eft place al'Autel de Sainte-Croix. Dans la même Ville j chez M. le Chanoine Baut,eft le Portrait d'un enfant qui tient un faucon fur fa main. A Malines, dans 1'Eglife des Récolets, font
trois Tableaux; 1'un de Saint Antoine de Pa- doue, de S. Bonaventure, & le crucifiement de notre Seigneur place au grand Autel. AuxChartreux, aLiere, pres de Malines,
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F Iemands 3 Allemands & Hollandois. z j
Ie Portrait d'un de leurs Prieurs. A 1'Höpital de Vilvorde, uu beau Tableau
repréfèntant S. Antoine de Padoue, la Vierge & 1'Enfant Jéfiis. A Lille , dans 1'Eglife des P»écolets , eft Ie
Tableau de notre Seigneur en croix; la Vierge & S. Jean f'onta cöté, & la Madelaineembraiïe la croix: Ce beau Tableau eft place dans Ie maïtre Autel. Deux autres Autels font décorés par Ie même Peintre, un des deux repréfente S. Antoine,quicommunie un Vieillardau mi- lieu d'une foiile de Peuple. A 1'Höpital-Général eft un très-beau Tableau, 1'Adoration des Ber- gers. A Ypres, S. Martin coupe fon manteau pour
en faire part a un pauvre, & dans Ie maïtre Autel de 1'Eglife des Jéfuites , on admire la Réfurredtion de notre Seigneur. A 1'Hötel de Ville de Bruxelles, on voit un
grand Tableau oü font repréfentés les Magi- ftrats; un Portrait qui décore une épitaphe dans 1'Eglife de Sainte Gudule; & dans celle des Capucins, un beau Tableau d'Autel; dans la Chapelle de S. Antoine de Padoue , on y voic ce Saint tenant 1'Enfant Jéfus, au milieu d'une gloire & des Anges 5 au-deffiis de Ia porte de la Sacriftie , une delcente de Croix ; dans Ie chceur, derriere 1'Autel, huitTableaux qui re- préfentent des Saints de 1'Ordre de S. Francois ; & a cóté du grand Autel, les deux portes qui s'ouvrent dans Ie chceurjfont deux toiles clouées fur de grands chaflis, van Dyck a peint defïüs deux belles figures : Ces excellents Tableaux font mutilés & deftinés aêtreouverts & fermés tres-
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x6 La Vie des Peintres
T" très-fouvent avec des cordes : Ün les a fi peu
*9 ' ménages, qu'on y a fait des trous pour y met-
"■~' tre des gonds 6c des clanches. Le Cabinet du
Prince Charles de Lorraine eft enrichi de douze
Tableaux de van Dych; d'un S. George , d'un
S. Sébaftien, d'une Téte de Bacchus ,d'une Tê-
te qui n'eit qu'une efquifledu Portraitde Dom
Jean d''Autriche, de celui de Ph'dippc II. Roy
d'Efpagne : Ces deux derniers font au Chateau
de lervure, a deux lieues de Bruxelles.
A Bruges on voitdans l'Abbaye aux Dunes
[ de l'ürdre de Saint Bernard ] trois beaux Ta- bleaux : Le premier repréJente notre Seigneur couronné d'epines; ledeuxiéme la Defcente du S. Efpritfur les Apötres; & le troifiéme Saint Jean Baptifte & S. Jean l'Evangélifte: Ces trois Tableaux étoient autrefois roulés dans un gre- nier , fans qu'on crüt mêmequ'üs méritaflènt un meilleur lort. Le Procureur de l'Abbaye aux Dunes, amateur des beaux Arts, dans une de fes vacances, fe trouva dans l'Abbaye..........
en Artois; & après avoir parcouru tous les
Tableaux de la Maifon , un Religieux de fes amisluidit: Si vousaimez les Tableaux, Nous en avons ici deux ou trois roulés dans le grenier, qu'un Abbé a fait faire &: dont il faifoit cas ; mais nous ne nous connoiffbns point en Pein- ture &perfonnede nous ne les a vus. LePere Procureur obtint de l'Abbé la permiflion de les voir; il eut bien de la peine a cacher fa furpri- fe : II diflimula cependant, & demanda a les acheter. L'Abbé dit qu'il ne vouloit point d'ar- gent; mais qu'il les laiflfoit pour une piece de vin de Bourgogne. Le marché fut conclu , & les
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Flamands, A/Iemands & Jlollandois. 27
les trois Tableaux portés a Bruges, y firent 1'ad- miration des Ariiites & des Curieux : lis font encore dans la même Mailbn, oü Ton en fcait mieux la valeur ; chacun de fes Tableaux a dix ou douze pieds de hauteur. On chargea van Ooft. Ie pere de les réparer; il ne demanda rien pour les frais, li on vouloit lui permettre de les copier: Mais la premiere copiefaite, on lui payalesco- pies &■ les frais de réparation. Les copies font dansl'Eglifede 1'AbbayeauxDunes, &lesori- ginaux dans un des appartements de 1'Abbé. Onvoitchezl'Ele&eurPaIatin,notreSeigneur
crucifié, un Polonois a cheval, Ie temps qui cou- pe les ailes de 1'amour; Ie Portrait d'une Dame Hollandoife, habillée en f atin blanc: elle a pres d'elleun négre ; un bomrae en manteau noir ; Ertvelc Peintre de Marines; une Dame ; une PrinceffèdelaMaifon Royale, derriere Ion fau- teuil , Milord Arondel, un nain , un fou & un chien. On voit dans Ie même Palais, Vénusen- dormie, découverte par Jupiter transforméen latyre; un grand Portrait d'hommejS. Sébaftien attaché a un arbre & percé de fléches (grande compoikiondansla maniere du Titïen ;) notre Seigneur mort f ur les genoux de fa mere j Jéfus- Chrift au milieu des quatre Pêcheurs; la guéri- fonduParalytique ;leDucde Wolfgangzvecvm grand chien; refquifle de ce Portrait; Ie Portrait de Jean Breuehel, celui de van Dyck, la Vierge , 1'Enfant Jéfus & S. Jean; Ie Portrait d'un hom- megrand comme nature; Ie Martyre de Saint- Sébaftien attaché a un arbre; Jéfus-Chrift mort; rApparitiondelaTrinitéafainteRofalie;Sainte Rofalie enlevée au Ciel par les Anges; Jéfus- Chrift
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_ x 8 La Vie des Peintres
( g" Chriftmortj&auprèslaVierge, S. Jean & la
' Madelaine. Londres poflède Ie Crucifiement de notre
Seigneur, avecles douze Apötres ; la Familie entiere de Pembrock eft a Awitton, dans la Pro- vince de Wiltchire jlePortrait de Milord Denby eft dansleCabinet du Ducd:'Hamilton en Ecofle. Dans la Galerie duGrand-Duc de Tofcane ,
font fix Portraits, compris celui du Cardinal Bentivoglio. Chez Ie Roy d'Efpagne, a 1'Efcurial, on voit
dans Ie Chapitre Ie Martyre de Saint Sébaftien ; Jéfus-Chrift mort furies genoux de fa mere : Dans Ie mêmeTableau font la Madelaine &S. Jean. Ona du même une Vierge tenant 1'Enfant Jéfus, peints en demi-figures. |
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FRANgOIS VERWILT,
ELEFE DE CORNILLE DE BOIO.
VE R f i l T recut Ie jour en la Ville de
Roterdam ; Cornille de Boio lui enfeigna a peindrelePayfage , & il fut furpaffé par fon Eleve. Fcrwilt a feu rendre fes Payfagesagréa- bles, la plüpart lont clairs 3 avec des débrisd'Ar- chitedlurede fort bon gout: Les figures qu'il y introduiloit font dans lamaniere de Poeienburg j & trompent tous les jours, tantileftimitateuc de ce Peintre. Les Cabinets Hollandois 8c Fla- mands font ornés des Ouvrages de ce Maïtre. DANIEL
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Flamands, dllemands & Hollandois. 29
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DANIEL VERTANGHEN, ~
ELEFE DE POELENBURG.
VErtanghen naquit a la Haye , i! fut
Eleve de Poelenburg : Ses Payfages font dans Ie goütde ceux decebon Peintre. il apeint des Chaflès au vol, dei Bains de Nymphes & ) des Fêtes avec des Bacchantes. On ne peut (
mieux faire fon éloge, qu'en difant qu'on Ie !
prend tres f011 vent pour fon Maïtre. ^
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SAMUEL HOFMAN,
ELEFE DE RUB E N S.
HOfman étoit de Zurich; déja alTez
avance dans les principes de la Pcinture, il quitta fa Patrie pour f 111 /re 1'Ecole de Rubensy quieut pour lui une attention particuliere : H profita des leconsd'un tel Maïtre&devint graad Peintre. 11 Ie quitta , pénétrede reconnoiffance, & fut s'établiraAmfterdam. Aprèss'être marie en i6z8 , & avoir travailié quelque temps, il retourna avec route fafamillea Zurioh &: y fut forteftimé: II finit enfin par s'établira Franc- fort. L'Hiitoire ik Ie Portrait lui ont tait une grande réputation; mais Ie Tableau qui lui fit !e plusd'honneur, fut celui qui e ft place dans 1'Hó- tel oii s'aflèmblelc Confeil: II a beaucoup tra- vailié |
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5 o La Vie des Peintrei
mmmT vaillépour leDucde Milan. Après de violens
* acces de goute, il en fut la vi&ime en 1640, ~~* prefqu'encore a la fleur de fon age. Après fa mort, fa venve retourna avec fes
deux filles a Amfterdam, oü elles ont exercé la Peinture avec aflez de fuccès. |
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NICOLAS VANDER HORST,
ELEFE DE R U B E NS.
VAnder Horst, natif d'Anvers, fut
élevé dans 1'Ecole de Rubens ; déja habile dansfonArt, ilparcourut l'Allemagne, laFran- ce & ritalie : II ti\aitaparfaitementl'Hiftoire& Ie Portrait. Ayant acquis la réputation d'être un beau génie , il fe fixa a Bruxelles, oü il eut i peine letemps de peindre, tant il étoitoccupé adeffiner 6c compolèr pour les Libraires & Gra- veurs. L'Archiduc Alben Ie nomma un des prin- cipaux de fa Garde : II a exercé eet te Charge honorabie jufqu'a famortjqui arriva aBruxelles en 1641?. Les Deffèins de rtf/zütr7/c>#? font moins rares que les Tableaux : lis ont de Ja finefle & delacorreclion, & font recherches par les Ama- teurs. |
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MATHIEU
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Flamands , Allemands & Uollandois 3 I
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MATHIEU KAGER
E Peintre natif d'Aufbourg , n'eft connu
hors de fon Pays que par les Eftampes que Sadeler a gravées d'après fesüuvrages : JI a de- j meiiré long-temps en Italië. On appercoit qu'il avoit étudié d'après 1'Antique & d'après les plus l grands Maïtres. L'FJecleur deBaviere eft celui ' quia Ie plus favorilé notre Artifte ; il Ie nomina Ion premier Peintre, avec une penlion confidé- rable. On ne fcait ce qui 1'obligeaa retournera Aufbourgj oü il eft mort tort jeune : Le fut apparemment 1'amour de la Patrie. |
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ADRIEN VAN UTRECHT
Aquit a Anvets Ie 12 Janvier 1599; Ie
hazard Ie détermina a peir.dre des Fruits, I des Fleurs & des Animaux, & ks Ou vrages ont j mérité place dans les plus beaux Cabinets. Quelques Oifeaux, qu'il avoit peintspour fon
I amuièmentjlui en firent Faire un grand nombre: [ La mode vint d'en orner les appartements, tant ^ces Oifeaux paroiilbient animés & légers dans ^ leurs plumes. Encouragé par ce fuccès, il compora des Ta-
ibleauxjoüleplus fouventil placa des Oifeaux _, i des Fleurs, des Fruits, enièmble ou féparés. , Outrele mérited'un pinceau flou &r d'une tou- ' che légere3fes couleurs étoientfraïches Sc belles: Ce
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31 La Vit des Peintres
Ce qu'il a fait eftd'une grande vérité. Il nepef«
doi t pas de remps,&: outre fon travail auffi affida que facile j il ne put fuffire a 1'emprefTementde ceux qui vouSoient avoir de fes Ouvrages. Le R oy d'Efpagne fe faififlbit de prefque tout ce qui fortoit de fa niain: Ce Prince fut fon Prote&eur & eut fes principaux Tableaux. Il mourut riche en 1651. |
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JEAN MEEL,
ELEFE DE GUERARD SEGHERS.
COrnillc de Bie nomme ce Peintre Jcan Meel,
connn en France fous le nora de Jcan Miei : LTtaliepeut reclamer eet Artilte pour fes talents; mais la Flandre pour lui avoir donnë naiflance en 1599. Guerard Seghers fut Ion premier Mai- tre , & il étoit un de les bons Eleves , lorfqu'ü pïit ie parti d'allera Rome: Quelques copies d'après de beaux Tableaux j donnerent lieu a André Sacchi de lerecevoir dans fon Ecole & de le faire peindre a fes propres Ouvrages. Le Maï- tre raifoit un Tableau pour le Palais Barberin : Le fujet étoit la cavalerie du Pape; Jean Miei y mit trop du fien. Il avoit legénie porté auxfiijets grotelques, & fans avoir egard a la majefté de Thiftoire , il ne fit que des b" ambochades: II ne put par cette mépriie éviter la difgrace du Maï- tre;, qui le fit fortir de chez lui. Il peignitcependantpourAhxandreVII.dans
la Galerie deMonte.Cavallo;rhiIl:oire deMoïfe qui
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Flamands , Alkmanis & Üollandois. 3 3
qui frape Ie rocher: Ce n'étoit plus Ie Peintre de compofitions baflès,ilmontraqu"ilfcavoitplier fon génie aux différents fujets qu'on exigeoit de lui. On lui confia alors de grands Ouvrages, tels que Ie Baptême de S. Cyrile, qu'il peignit a frailquefurlamuraille aSan-Martino-Dei-Mon- ti; une Annonciation dans l'Eglife de 1'Anima, ainfi qu'une Chapelle & la Coupole, oü il apeint a frailque la vie de S. Lambert. A S. Laurent in Lucina, Iemiracled'unenfant mort&refllifcité par S. Antoine de Padoue, & deux autres mor- ceaux de la vie du même Saint. Plufieurs fujets de 1'EcritureSaintej tous a fraifque, dans une Chapelle pres de la chambre du Pape; dans Ie Palais Raggi, deux Tableaux en long : II y a repréfenté la rue du Cours > oü fe^tiennent les Mafcarades de Rome. Tan t de preuves de capacité mériterent a notre
Peintre une place a 1'Académie de Rome: Cette marque de diftindion lui fut accordée en 1648, &augmenta tellement faréputation,queleDuc deSavoie Charles-E'manuel, 1'engagea apaflTera fa Cour : II Ie nomma fon premier Peintre; il Ie décora de 1'Ordre de S. Maurice & lui donna laCroix garnie de diamants, d'un prix confidé- rable. Il y débuta par peindre dans les compar- timents du plafond, auChateau de laVenerie, onze fujets des métamorphofes & dix chafles; fcavoir, 1'aflèmblée des Chaffèurs, keuree3 Valler au bois, un beau payfage oü 1'on court lecerf, fix autres chaflès de différents animaux. Les honneurs & les faveurs ne purent détour- ner Jean Miei de 1'envie qu'il eutde revoir Ro- me : II chercha les moyens de quitter la Cour j Tome II» C mais |
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34 .La Vie des Pelntres
mais il y étoit confidéré 8c chéri j 8c le Dilc né
1599- put fe déterminera Ie laifler retourner. On croit *S5^ qu'il en prit du chagrin , qu'il tomba malade 8c qu'il en mourut en 1664.
Quand on confidere que Jean Miei a peint
tant de beaux Ouvrages d'hiftoire 8c en grand, on a de la peine a croire que ce n'étoit ni fon genre ni des fujets propres a fon caraftere. On admire dans fes grandsTableaux, de la couleur &de rexpreffion; mais il étoit moins bonDef- finateur en grand qu'en petit: II n'avoit pas les graces ni 1'élévation qu'il faut dans cette belle partie de la Peinture. Il eft excellent dans les Tableaux de chevalet qu'il nous a laifles: II eft fin, piquant 8c fpirituel. Les Paftorales & les fujets de fantaifie , font les Tableaux que nous avons de lui en France. IlparoïtquecePeintre n'a fuivi & imité que lesOuvrages è&Bamboche : II a la même vigueur & la même force dans fa couleur. Il a peint quelquefois des fonds dans fes Tableaux, auffi clairs que ceux de Carle du Jardin ; mais quand il approche de fes premiers plans, il force les ombres toujours larges, com- me s'il n'avoit fait fes études qu'en plein Soleih Nous allons ajouter aux Ouvrages que nous avons cités de ce Peintre, ceux qui font les plus connus en France. Le Roy poflede deux Tableaux de Jean Miei;
1'un repréfente des gens qui boivent a la porte d'un Cabaret; 1'autre eft une Halte de Camp. AuPalaisRoyal onvoit uneVendange, avec
beaucoup de figures; un homme & une femme qui danfent j le fond eft un beau Payfage; 6c une ChalTe. Ji
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"Flamands, Allemands & Hollandois. 35
A Paris, chez M. de la Bouexiere, deux pe*:.ts Tableaux repréfentant des Bergers.
Chez M. Ie Marquis deVoyer, une diftribution
d'aumönes.
Chez feu M. Ie Marquis de Laffay, unPayfage
avec figures & un autre de gens a table.
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PIERRE EYKENS-,
SURNOMME' LE VIEUX.
EYkens naquit vers 1'an 1599* a Anvers;
on ne connoït point fon Maitre: Weyermans a écrit fa vie & a indiqué [es Ouvrages; mais tout en eft faux &c abfurde. Eykens s'eft marie fort jeune; Ie manage Ta
fixé a Anvers, oü il a beaucoup travaillé: II étoit fort bon Peintre d'hiftoire.Ses compofitions font abondantes & pleines d'efprit., fes figures ont de 1'élévation; unbongoutdedeflïn &: une bonne couleur j Ie feronttoujours regarder comme un grand Peintre. Il avoit un pinceau agréable quï aidoit a la délicatefle de fes teintes de chairs, lorfqu'il avoit arepréfènter desnymphes &des enfants en petit: II peignoit très-bien en camayeu des bas-reliefs & des vafes de marbre ou de pierre pour les Peintres de fleurs, & il ornoit de figures les Tableaux des Peintres Payfagiftes. Notre Peintre a eu plufieurs enfants, parmï
lefquels fe fontdiftingués fes deux fils, Fran^ois & Jean Eykens, dont il fera parlé. On ne fcait pas Ie temps de fa mort. Nous
C 2 allons
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$6 La Vie des Pelntres Flamands, &c.
allons indiquer fes principauxOuvrages:Onvoit dans la Cathédrale d'Anvers Ie Tableau d'Autel de la Chapelledes Fripiers, qui repréiènte Sainte Catherine diïputant contre lesDo&eursPaïens. Dans 1'Eglife de S. André, un beau Tableau repréfentant la Céne, il orne la Chapelle de la Communion; S. Jean prêchant dans Ie défert, Tableau du grand Autel de 1'Eglife des Peres Bogaerde; quelques Tableaux du même dans 1'Eglife des Auguftins. A Malines, dans 1'Eglife des Jéfuites , Saint
Xavier qui baptife un Roi idolatre; un autre Tableau oü Ie même Saint refliifcite un mort. |
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HUBERT JACOBS,
SURNOMME' GRIMANY.
JACOBS né a Delft, voyagea de bonne heure
en Italië & paffe dix ans aVenife, attaché au Doge, dont il eut Ie furnom de Grimany, qui a pafle a fes Defcendants. Son talent étoit Ie Portrait: II peignit plulieurs Anglois , & on pretend que voyant que leur impatience les empêchoit de lui donner Ie temps qu'il eüt voulu j il fe forma une maniere expeditive, qui a nui a la valeur de fes Ouvrages & a fa réputation. Il mourut chez lui dans leBriel en i<Jz8 ou
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JEAN-
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JEANDAVID
DE HEEM, Eleve de son Pere
DAFID DE HEEM. E Pe int re naquita Utrecht -------
en 1600, d'une familie aifée. Son 1600.
pere David de Heem peignoit bien les fleurs & les fruits, & en- feigna a fon fils Ie même genre, dans lequel ce fils 1'a furpaflTé: II cft vraifemblable que Ie jeune Davidn'z jamais eu d'autre Maïtre que fon pere t qu'il ne quitta point. C 3 De |
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La Vic des Peintres
De Heem fe maria fort jeune a Utrecht; il y
fut très-employé, & chaque jour on vit multi- plier fes talents, fa fortune &c Ie nombre de fes Admirateurs : Ses Tableaux furent mis par les Connoiflèurs audeflus decequi avoitparujuf- qu'alors dans Tart de rendre les fieurs &les fruits. Ses Ouvrages furent fi recherches &r pouffes a fi hautprix, qu'il n'y eut bientöt plus que les Princes qui puffent y pretendre. On ne fait par qui il fut ennobli & nommé Chevalier. Savietranquille, ce bienfidéfiréparceuxquï
aimentl'étude, ne futpointtraverféeparaucun malheur : II fut Ie plus grand Peintre dans fon genre & Ie plus occupé defontemps. Il jouiiToit d'une fortune méritée par fon afliduité & par les talents, Mais la Guerre de 1671 & la dé- folation de fa Patrie lui firent quitter Utrecht & fon repos. Il choifit Anvers pour fa retraite: II n'y vécut que peu d'années; mais aflTez ce- pendanr pour former desétabliflèmentshonnê- tes a fes fix enfants. Il mourut en 1674, regret- té comme pere, comme ami& comme illuftre dans fon Art. Si de Heem n'avoit point laiflfé despreuvesde
fon. mérite perfonnel, des Eleves tels qu'^ra- ham Mignon, Heuri Schook, fes deux fils, & fur-tout Cornille deHéem3 auroientpu 1'attefter. Le beau fini des Ouvrages de Jean-Davïd de
Heem ne fent point Ie travail: Une touche lar- ge & légere termine les formes avec unart fur- prenant; la nature eftembelhe, quoiquecopiée fidélementj la vérité, la parfaite imitation, l'intelligsnce, 1'union des couleurs auflï fraiches que naturelles, fixent radmiration. Quand il a voulu
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Flamands, Allemands & Hotlandols. $9
voulu repréfenter des vafes d'or, d'argent, de marbre ou de criftal, il 1'a fait a tromper les yeux des Connoiireurs: II diftinguoit les lumie- res de corps polis, mats ou tranlparents jufqu'a éblouir. Il fcavoit empêcher Ie choc des ombres dures contre des corps lumineux, par des corps oppofés qui réfléchiflbient; enforte qu'il trou- voit fréquemment dans fon art des reflburces qu'il femble que la nature ne donne fouvent que par une efpece de hazard. Les produ&ions de ce Maïtre furent payées
fort cherde Ion temps & Ie font encore aujour- d'hui. Il fit un beau Tableau pour Jean vander Méér Peintre, qui pofledoit une fameufe Ma- nufa&ure de blancde plomb; il en recut 1000 florins. Vander Méer^ après avoir été ruiné par lesGensdeGuerre, n'eutd'autrereiïburcequ'en ce précieux morceau; on lui confeilla d'en faire préfent au Prince d'Orange Guillaume III. de- puis Roy d'Angleterre. Il fit peindre dans cette Guirlande de fleurs que repréfentoit Ie Tableau, Ie Portrait de ce Prince, qui Ie recut avec ad- miration & 1'emporta en Angleterre : II lui donna dans laVille d'Utrecht unEmploi, pour lequelleMagiftrat lui donna la Charge de Con- troleur deiDroits du Canal qui paflè a Vréef- wick & aVianen. Les Auteurs Hollandois font ladefcriptiondeplufieursTableauxoulesfleurs, les fruits, les vales d'or, d'argent de de criftal, font admirables: Ces morceaux tiennent leurs places parmi ceux des plus grands Maitres. OnvoitaParis, chezleMaréchal d'Ifenghein,
un de ces Tableaux de Jean-David de Heem, C 4 repré-
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1600.
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4© La Vle des Peintres
l"' repréfentant des fruits; un autre a Gand, da
l6o°' même, mais plus grand, & raflemblant des fruits "*--*■ de toutes efpeces; il eft chez M, Lucas deSchamps: M. Baut, Chanoine de la même Ville, en a un dans Ie même genre. On voit, avec un plaifir tonjours nouveau ,
chez Ie FrinceCharles deLorraine, deuxTableaux de la même main; l'un repréfente des fleurs & des inftruments demufïque, &c. & 1'autre, une table ou deflert de toutes fortes de fruits. Chez M. Ie Lormier, a la Haye, fept Ta-
bleaux, unquine repréfente que des fruits, un avec des fruits, des fleurs & des vafes d'or; une montre&du fruit avec des fleurs; une guirlande de fleurs, au milieu de laquelle efl: peint Ie Por- trait du Roy Guillaume en 1699; Ie Portrait de la Reine Marie, entouré d'une guirlande de fleurs, &rdeux autres, ce font des bouquets de fleurs, la plüpart des tulipes. Chez M. van Heteren, un Tableau capital,
qni repréfente des fruits & des fleurs. Chez M. van Brémen, une table fervie d'une
quantité de fruits ornés de fleurs. M. vander Linden van Slingdandt, a Dort,
poflede Ie portrait de de Heem, peint dans une rorme ovale & environné de fruits & de fleurs. A Amfterdam , chez M. Braamkamp, un
beau bouquet de fleurs. Chez M. Leender de Neuville, des fruits &
des fleurs, Tableau qui fait pendant avec un autre de van Huiffum. A Roterdam, chez M. Leers, un Tableau de
fleurs d'un beau fini: chez M. JBiJfchop, dans la même
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Sj dllemands & Hoüandois. 41
même Ville, une guirlande compofée de fruits & de fleurs; deux autres Tableaux de fleurs & fruits. AMidelbourg, chez M. van Cauwerven, un
Tableau oü 1'on trouve des fruits Sc des fleurs. |
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ZACHARIE PAULUTZ.
IL naquit a Amfterdam Ie 5 Novembre 1600;
il peignoit bien Ie Portrait: Ses Ou vrages font répandus dans la Hollande. Il fit en 1610 les Portraits de laNobleflè & des principaux Offi- ciers des Bourgeois A rquebufiers. Huit ansapres il entreprit un grand Ouvrage, dans lequel il repréfenta fept autres Chefs de cette Compagnie de la Ville d'Alckmar : On y voit encore les niêmes Tableaux qui feront toujours honneur a eet Artifte. |
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GUERARD SPRONG,
ELEFE DE SON PERE.
GUerard Sprong eut fon pere pour
Maïtre, mais il Ie furpafla : II a fait plu- fieursTableaux; il y a repréfenté des Aflemblées Bourgeoifes. On en voit encore dans les falles des Butes de la Ville d'Harlem, lieu de fa naif- fance: II tient fon rang parmi les bons Peintres de Portraits. HENRI
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La Vit des Pelntres
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HENRI ANDRIESSENS,
SURNOMMÉ
MAN C KEN HEYN.
AN'driessens naquit aAnvers; on ne
fcait pourquoi on lui donna Ie nom de Mancken Heyn , qu'il a lui-même quelquefois écrit lur fesTableaux, dont les fujets font pour la plüpart inanimés: SesTableaux font faits avec choix, compofés avec jugement & d'un beau fini. Quoiquefort employé dans la Flandre, il pafla en Zélande oü il «ft mort en 165 j. |
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1600.
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PIERRE GREBBER.
GR E B B E R naquit a Harlem; on ne f^ait
fi ce Peintre avoit été a Rome, mais on juge par fa grande maniere qu'il falloit qu'il eüt vu les grands modeles. 11 peignoit bien 1'Hiftoire & Ie Portrait. On voit dans la Ville de Harlem plufieurs de fes Tableaux places en public &: dans les Cabinets. Sa foeur, appellée Marie Grebber, avoit une grande intelligence de l'Architedure & de la Perfpedive. Grebber a eu beaucoup a Eleves qui ont fait
honneur a fon Ecole. PAUL
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Flamands, Alkmands & Hollandois. 43
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1600.
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PAUL DE VOS.
PAul DE Vos né a Aloft, s'efl: fait une
réputation dans la Peinture: Son genre fut desBatailles, des Chafles &" des Animaux, oü il fait paroitre beaucoup de feu. Tous les Ani- maux qu'ilapeints font d'après nature. Peude perfonnes obtinrent de fes Tableaux : L'Empe- reur, Ie Roi d'Efpagne & Ie Duc d'Arfchoty acheterent a grand prix tous fes Ouvrages: Ce dernier en a formé unCabinet. Onne fcaitrien de plus furla vie de ce Peintre, qui vivoit en- core du temps de Cornïllc de Bie, |
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H E N R I POT.
POT né a Harlem, ent des qualitésperfon-
nelles qui Ie firent autant aimer que les ta- lents Tont fait eftimer: II donna des preuves de facapacité dans plufieurs Tableaux d'Hiftoire. Theodore Schreveüus fait 1'éloge d'un de fes (Ju- vrages qui reprefentoit Judith coupant la tête d'Holopherne : Ce Tableau appartenoit a M. Hofman. Il n'a pas moins réufli dans lePortrait; il fit ceux du Roy & de la Reine d'Angleterre, & de la principale NoblefTe: On voit de lui a la Cour desPrinces, a Harlem, un grand Ta- bleau repréfentantlecharde triomphe du Prin- Ce d'Orange, 8c dans lesButes des Arquebu- fiers
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4+ La Vie des Pelntres
fiersdelamêmeVille, les principaux Officiers
* °°' de cette Compagnie ; Ses Portraits charment par un air de vie & de reflemblance. Bon Pein- tre & bon Deffinateur, il a mérité Ie fufFrage des Artiftes & des Hiftoriens. |
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JUSTE SUSTERMANS.
JUs T E né a Anvers, eft peu connu, même
dans fon Pays; il paffe encore jeune en lta- lie,ou fa maniere de peindre lui donna un grand nom. Le Grand üuc de Florence 1'appella a fa Cour, le nomma fonPeintre, avec unepen- fion confidérable. L/eftime de ce Prince alla au point qu'il ne quitta prefque jamais notre Pein- tre; il le vifita dans fon attelier; il étoitpréfent lorfque Suficrmans compofoit & finiflbit fes Ou- vrages. On pretend que cette amitié fut pouflee au point qu'elle infpira dela jaloufiecontreno* tre Peintre aux Courtifansj qui fe virent négli- gés & qui chercherent a fe venger; mais notre Artifte eut tant d'égard pour tout le monde, que peu a peu il acquit 1'amitié de ceux-mêmes qiu' avoient cherché a le perdre : II fembloit leur demander pardon, par fa modeftie, de la fupériorité de fon mérite. On ne fcait rien de plus fur la vie ni la mort de Suftermans. On aflure que fes compofitions en hiftoire font belles & fpirituelles; qu'il étoit bon Deffinateur & grand Colorifte; qu'il plioit bien fes draperies, & que fes Ouvrages font d'une belle entente de clair-obfcur. IlpeignoitbienlePortrait, Scla plüpart
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Flamands, Allemands & Hollandois. 45
plüpart de fes Ouvrages font en Italië s & par- ticulierement a Florence. |
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1600.
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CORNILLE WIERINGEN.
LA nature ne perd gueres fes droits, & mal-
gré unétat tout oppofé, qu'avoit embraffe Wieringen dans Harlem, lieu de fa naiflfance, un penchant invincible Ie ramena a fon vrai talent, qui étoit la Peinture. Cornille avoit voyagé plufieurs années; ca-
pable de commander lui-même, &, en cas de befoin, de conftruire Ie Navire, on Ie vit aban- donner la mer3 pour ne plus s'occuper qu'a nous en tracer les horreurs & les dangers. Il s'appliqua d'abord a deffiner des Marines
& des VaifiTeaux de formes difFérentes; il ren- doit fes Defleins intéreflants par 1'exaftitude des manoeuvres : II avoif une mémoire admi- rable pour repréfenter Ie local de eet element. A peine eut-il eflayé, que fes commencements furent des fuccès qui ne firent que s'accroitre depuis. Ce qu'il a fait dans fon bon temps, ne cede en rien aux belles productions du cé- lébre Henri Vroom. |
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WARNARD
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lü Vit des Peintfei
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WARNARD VAN RYSEN,
ELEFE DE POELEMBURG.
1600. X étoit Eleve: II voyagea long-temps en Ita-
TTST lie, & par une ingratitude marquée, il quitta la Palette pour faire en Efpagne Ie conimerce
des diamants.
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FLORIS VAN DYCK.
L'HlSTOKlEN Schréveïtus, en citant plu-
fieurs autres Peintres a 1'huile & fiir verre, qu'il ne fait que nommer, dit: Si vous cherchez unPeintre quifcacheimiterparfaitement toutes fortesdefruits, adrellèz-vous a FlorisvanDyck: II peut, par fon Art3 tenter les friands & trom- per les oifeaux, tant il fcait bien rendre fur la toile ou fur Ie bois ce qu'il a voulu repréfenter. Cet Ecrivain a grand tort de ne point parier des talents de ce Peintre pour 1'Hiftoire : II y a également réuffi; mais la rareté de fes Ta- bleaux dans fon Pays même, 1'a prefque laifle dans 1'oubli en ce genre. Nous ne connoiflbns de lui en France que deux Tableaux: L'un eft Agar préfèntée a Abraham; & 1'autre, Agar chaflee. lis font tous deux a Paris, dans Ie Ca- binet de M. de Gaignat, >VILLEM
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Flamands, Allemands & Hollandols. 47
WILLEM (OU GUILLAUME)
STEENRÉE, NEFEU ET ELEFE DE POELEMBURG.
QUo IQ u E Steenrée ait eu quelque réputa-
tion, fes Ouvrages font en fi petit nom- * 0O* Dre, qu'a peine on les connoït. On n'en fcait ~~"~" pas plus fur 1'Auteur. |
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JEAN-BAPTISTE FRANCK.
ON croitJean-BaptiJle Franck, fils de Sebaf-
tien Franck; il fuivit la maniere de foa pere : II la corrigea d'après les Ouvrages de Rubens & de van Dyck, qu'il prit pour fes mo- deles. Il peignit long-temps des fujets de 1'Ecri- ture Sainte & de 1'Hiftoire Romaine; mais dans la f ui te on vit de lui plufieurs Tableaux de che- valet, qui repréfèntent des Cabinets ornés de Peintures, deBuftes &deVafes. Houbraken & Weyermans font la defcription d'un fort beau Tableau dans ce genre. Il appartenoit a M. Jean Bcfoyen a Roterdam, &repréfentoit Rubens & van Dyck, jouant a un jeu approchant du triftrac.Une grande reflTeTnblance &. une iinefle finguliere dans la touche, ont fait regarder ce Tableau comme un des plus beaux de ce Pein- tre:
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48 La Vie des Pelntres
tre : L'appartement repréfente un Cabinet de
Curieux, oü il y a plufieurs Tableaux, dans lefquels on diftingue parfaitement les différents Maïtres, par Ie deflein, Ia compofition & Ia couleur. Jean-Baptijle Franck a fait plufieurs Tableaux comme celui que nous venons de citer. A 1'égard des autres Franck, tels que Maxi-
m'dien, Gabriel & Confiantïn Franck, on ne fcait rien de leur vie. Gabriel fut Directeur de 1'Aca- démie d'Anvers en 1634, & Confiantin en 1694. On fe trompe quelquerois fur leurs Ouvrages j leur maniere étant a peu pres la même. Jean- Baptijle les a furpafles en petit, de fouvent on rnet les Tableaux des autres Franck fous fort nom pour les faire valoir. Tous les Franck ont aimé a finir leurs Ouvrages jufques dans les plus petits détails; on pourroit défirer plus d'élégan- ce dans Ie deflein & moins d'égalite dans Ia diftribution des lumieres &C des ombres : Ce défaut d'harmonie fe laifle appercevoir dans Ie détail de leurs compofitions; tout étant égale- ment fini & éclairé, 1'ceil n'a point oü fe repo- fer. Cependant plufieurs Tableaux de ce Mai- tre font exempts de ce défaut. La finefle de la touche & la bonne couleur font leur principal me'rite. |
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i6oo.
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JEAN
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TFlamands, Allemands & Holtandois. 49
J E A N WILLEM (GUILLAUME) BAUER,
ELEVE DE FREDERIC BRENDEL.
BA u E R naquit a Strafbourg vers 1'année ------*
i6oojEleve de Frederic Bende/, Peintre 1600. a gouaflè , il prit fa maniere , qu'il n'a jamais ■ quittée: II a furpafle fon Maitre, & les Ouvra-
ges ont plus de génie. La vogue qu'eurentfes Tableaux, ne firentqu'augmenterdanslecceur de Bauerïe déiir de feperfe&ionner. Dans cette vue , & fur-tout de Ie fortifierdansle Delfèin , il alla a Rome bien réfolu de n'y voir perfonne, d'être ignoré tk d'avoir tout ion temps a lui. Il peignit une des Places de cette grande Ville & copia quelques ruines, mais en Maitre & en y ajoutant unegrandequantitéde figures} qu'il kut niême rendre intéreflantesparquelque trait d'hiftoire; il fit entr'autres Ie Tableau d'un triomphe, qu'il neput s'empêcherde montrer : La reputationdece morceau lui artira un grand concours deenrieux & de connoiffèurs; & s'il gagna du cöté de Peftime, il perdit de 1'autre ce loifir qu'il avoit cru ii nécelïaire a fes études & a fon progrès. Bientöt tous les grands Seigneurs voulurent
avoir de fes Tableaux, il ne tut plus Ie maitre
du choix ni du temps qu'il employoit fi utile-
menta étudier 1'Antique j mais on vouloit fur-
Tome IL D tout
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-J-L
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50 LaViedesPeïntres
tout des copies des monuments. Il deffina les
vues, les campagnes, les paylages des environs pour les placer dans fes Tableaux & leur donner Ie mérite qu'on leur demandoit. Le Duc dcBracciano logea notre Peintre dans
fon Palais; il Poccupa luifeul, il voulut le fixer a fon fervice: Mais Bauer aimoit fa liberté , il quitta Rome en 1637 &rfut a Venifè. L'Em- pereur Ferdinand qni venoit de monter fur le 'f hrónej appella eet Artifle a Vienne , le nom- ina fon Peintre & lui procura un etabliflement fort avantageux. Bauer ne jouit paslong-temps de ce bonheur, il mourut a Vienne en 1640. Bauer a poufle la Peinture a Li gorame anffi
loin qu'il paroït poffible; tout a la même force que les Tableaux les plus piquants a 1'huile : C'eft un Peintre de génie & abondant dans fes compofitions, c'eit un Artifte admirablepour la rmefle de la touche. Ses petites figures qu'oa ■ ne diftinguequ'aveclaloiipe, font variéesavec efprit. Quand il a peintle nud il eft au-deflbus du médiocre; fes fonds repréfentent des rues de Romeou de Venifè, des Paylages qu'il fcuten- richir des débrisde 1'Architect ure: Ses couleurs locales f ont vraieSjfes opofitions fcavantes.Quel donimage qu'il ne fut pas meilleur Deffinateur! Ses Ouvragesdéjachers, auroient étéfans prix. Ila gravé quelques-unes de fescompolitions;
les plusconfidérables forment un volume: Ce font les Fables d'Ovide. Des Sujets de I'Hiftoire Sainte, gravés par Melchior Kujfel, font un au- tre Recueil. L'EledeurPalatin pofledetrois Tableaux de
Guillaume Bauer; 1'un repréfente les boureaux qui
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1Ó00.
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Flamands , Allemands & Hollandols. 51
qui élevent la croix , f'ur laquelle eft attaché notre Seigneur: L'autre eft Ie Supplice d'un criminel roulédansuntonneau; & Ie troifième eit mie Bacaille. Cornille deBie fait la defcriptionde deuxpré-
cieux Tableaux du même Peintre ; ils apparte- noient a M. vander Leyen a Aiivers: L'uii repré- lentoit 1'Armée vidtorieufe de üavid. On y voyoit Ablalon pendu par fes cheveux aux branches d'un arbre & percé par Joab. L'autre étoit auffi une Bataille. On volt a Dort , chez M. vander Linden ,
van Slingelanjt , uu Tableau confidérable de notre excellent Peintre :Le fujeteftla conftruc- tion de la tour de Babilone ; il fut peint a Rome en 1634. |
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JACQUES VAN OOST,
SU RN O MM É LE FIEUX.
JAcqüES VAN Oos T naquit a Bruges
vers 1'an 1600 , iiïu d'une ramille très- ancienne & très-aifée ; il recut dans fajeuneflè une éducation qui a fait Ie bonheur & 1'agré- ment du refte de fa vie. La peinture étoit la Profeffion a laquelle on Ie dellina: II negligea pour elle fes autres exercices. On ne Icait qui fut (on Maitre ; mais Ie 18 Odlobre 1611 , il fit dans Bruges fon chef-d'ceuvre: II mérita de ce jour Ie nom de Peintre habile. Ce fuccès n'aveugïfe-^as ce jeune Artifte : II fentit Ie be- D 2 foin
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_____ 51 La Vie des Peintres
foin de voyager en Italië & d'aller a Rome.
^ Van Ooft y admira les grands Maitres & nou-
blia rien pour en profirer; il copia indifferem-
ment tout ce qu'il voyoit, tont lui parut utile. Mais la naturequi donneaux hommes plusou moins dedifpofitionsj leur donne auffi des goüts différents : Dela cette variété dans la maniere de chaque Maïtre, & cette difference dépend afïèz fouvent de notre temperament ou de no- tre éducation. Celle de Rubens fut noble , fes ièntiments paflerent dans {es compofitions. Brauwer & Craesbéhe furent adonnés a la cra- pule, &rhabitude du cabaret leu? fit peindre les iiijets bas qui les entouroient. Van Ooft fe fixa &T pris ponr guide Annibal
Carrache, qu'il étudia avec tant de fuccès que les compofitions devenoient des imitations de ce Maïtre, au point qu'elles étonnerent les Ar- tiftes dans Rome. L'amour dela Patriele rap- pella chez lui; il quitta Tltalie pour retourner a Bruges,oii malgréle nombre de grands hom- mes que cette Ville pofledoit, il ne laiffa pas d'êrre un des premiers : II fut chargé d'entre- prifes confidérables; Tableaux d'Autels, Por- traits, tout lui a réuffi. Ce Peintrefut infatiga- ble au travail, & on eft furpris du grand nom- bre de Tableaux qu'il a produits : II époufa Marie de ToHenaere d'une Familie diftinguée, dontileut deux enfans; Jacques Van Ooft, dont il fera parlé , & Marie fa fille , morte Chanoi- neffè Reguliere en 1697 , dans 1'Abbaye de S. Tron a Bruges. Van Ooft a eu un frere, auffi bon Peintre, qui fe fit Jacobin. On voit dans rEglifédecesReligieux un Tableaudfiui; c'eft uu
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Flamands, Allemands & Hollandois. 5 5
un fujet tiré de la vie d'un Saint de fon Ordre: 16oo> Le Payfase eft peint par Achtfchelims. Le tra- , vail continueln'altérapoint la fanté de Van Ooft
le pere; il futoccupéjufqu'au dernier moment de fa vie: II eft mort a Bruges en 1671. Van Ooft avoit de grandes parties dans Ia
Peinture.Dans fa jeuneile il avoit copié Rubens & van Dyck avec tant d'art, que fes copies trompenttous les jours. Voila ouilacommencé a prendre la couleur, fa fontc & fa belle touche. Ilpeignoit 1'hiftoireen grand & onneconnoït de lui aucuns Tableaux de chevalet, excepté des efquiiles qui lont faites avec peu de travail , & ne lont tont au plus qu'heurtées; fes compo- fitions lont limples & réfléchies: II y introduifit peu defigures, a 1'exemple des grands Maïtres; toutes y font néceflaires, &c on n'en défire pas davantagej mais il les pofoit avec noblefle. Ingénieux &fimple dans leurs ornements, il les drapoit bien. Comme il n'aimoit point apeindre le Payfage, il ornoit fes fonds avec de l Archi- teóture, qu'il entendoit très-bien , ainfi que la Perfpettive. Sou deflein eft de fort bon gout, moins chargé que celui du Carrache; tout ce qu'il a fait elt cependant dans la maniere de ce Maitre: La couleur dans les chairs eft fraïche &: naturelle; il n'en eft pas de même de fes draperies: Des couleurs peu rompues donnent fouvent de la crudité a les étoffes. 11 a paru vouloirquelquefois changer fa facond'operer; on voit des Tableaux peints avec une fonte de couleuradmirable: D'autres font faits avec tant d'art, que de pres il eft impoffible de pouvoir y rien aiftinguer, & qu/ils font un grand effet Dj de
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54 La Vie des Peintres
~~ de loin. A fon retour d'Italie, il avoit pour
* maxime de hacher fes lumieres, comme les blancs en deflein; il abandorma cette pratique, peu agréable pour Ie Portrait (autre genre dans lequel il a été un grand homme,) II faifoit bien reffembler,&: on reconnutlePeintred'Hiftoire; dans lespofïtionscompofées, cene font pas des Portraits froids , mais des Tableaux: On vante fur-tout un Portrait d'un Medecin &r de fa fem- me , aquile Docteilr ta te Ie pouls: L'expreflion dans 1'un marque 1'attention a étudier Ie mal de la malade, &: dans 1'autre 1'inquiétude avec la- quelle elle attend Sc épie les mouvements de celui qui la doit guérir. On voit très-bien que cette femme eft grofïè; c'eft ainfï que van Ooft donnoit a fes Portraits 1'intérêt qui manque a tant d'autres. Voici la plüpart de iès Tableaux places en public. On voit a Bruges, dans 1'Eglile Cathédrale
de S. Donat, la Réfurrection de notre Seigneur, grand Tableau qui eft: place pendant quelques mois de 1'annéeau maitre Autel. Dans la Col- legiale de Notre-Dame j Ie Tableau de 1'Autel des Orfévres, repréfentant Saint Eloy. Dans FEglifè de S. Sauveur, au-deflbus de la voute, leBaptême de notre Seigneur: Ce Tableau eft très-grand & très-beau. Le Martyrede Sainte Godelive ome 1'Autel de la Chapelle de cette Sainte. Le Tableau d' Au tel de la Chapelle de • S. Hubert, repréfenteceSaintagenoux devant la Vierge & Sainte Anne qui lui donnent les ornements de 1'Epifcopat. A 1'Au tel des Char- pentiers, on voitS. Jofèph qui admire 1'Enfant Jéfusportantun petit panier avec des outils: Le fond
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Flamands , Alkmands & Hollandois. 5 5
fond eft un attelier.avec l'attirail de charpentie r. Dans la Chapelle des Douleurs.f ont deux grands Tableaux: Le premier repréfente des Anges qui offrent a la Vierge tous les inftruments de la Paffion; &■ 1'autre notre Seigneur quittantfa mere pour aller au Calvaire. A cóté du grand Autel, font deux figures peintes a demi-corps; 1'une eftS.Jean, &: 1'autre S. Pierre. Au deffus delaTabledes Pauvres, fontpeinreslesoeuvres de miféricorde en fept petits Tableaux, quatre font peintspar van Ooft, &c lestrois autres, dans la même maniere , parJofeph vanden Kerck Ho- ve. Dans 1'Eglifè Paroiffiale de S. Jacques, mie préfentation au Temple , fertde Tableau d Au- tel a la Chapelle de la Vierge. Dans 1'Eglifè Paroiffiale de S. Gilles, le Myftèrede la Sainte Trinité , eft le Tableau du grand Autal. Dans 1'Eglife de 1'Abbaye aux Dunes, font les trois belles copies d'après van Dyck : Nous en avons rendu compte dans le Catalogue de ce Peintre. L'Eglife des Jéfuices pofledele chef-d'oeuvre de van Ooft: C'eitune Defcente de Croix ; les ex- preffions, le deffèin , 1'ordonnance, la couleur &l'entente du clair-obfcurdonnent ace Tableau un rang honorable parmi les plus beaux de Flandres. Chez les Jacobins , van Ooft apeint pour 1'Autel, 1'Enfant Jéfus debout dans une gloire &■ adoré par plufieurs Saints. Les Reli- gieufes Jacobines ont du même,notre Seigneur, laVierge&S. Jeanfonta cótéde la croix. On voitaux Récollets ,une Circoncifion: Dans Ia même Eglife , S. Antoinede Padoue enlevé au Ciel; pres fbn tombeau, des malades &: des eftropiés demandent au Saint leur guérifon: D 4 C'eft
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1600.
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j 6 La Vie des Peintres
~~Z C'eft laqu'eft la belle copie d'après Rubens, S.
^......°' Francoisrecevant les ftigmates dans laContre-
— tabledc laChapelle duS. Sacrementil'original
eft dans 1'Eglilè des Récollets a Gand. Dans 1'Egliiëdu Cou vent des Soeurs noires, on adore noire Seigneur en croix ; laVierge &: S. Jean font aux cötés, & la Madelaine au pied de la croix : Ce Tableau eft peint en 165o, imrné- diatement après ion retour d'ltaiie. En 1'Eglilè deNotre-Dame, appelée Ttr-Poonerie, on ad- miredansi'Autel la naiiumce de none Seigneur; il eft entouré de bergers: Ce Tableau raflemble les plus belles parties de la Peinture. Ce même fujet a écé répété par Ie même a 1'Autel des Religieufes de Sainte Claire : On voit des An- ges qui adorent i'enfant Jéfus dans la crèche ; c'eft un petit Tableau acoté du grand Autel des Carmes. Dans 1'Egüfe des Auguftins,le Tableau du grand Autel reprélenceleMyltère de la Sainte Trinite'. Il y a du même, dans i'EglifederHö- pital de S. Jean s trois Tableaux. Le premier au grand Autel, on y voit la Vierge , 1'Enfant Jéfus & pluheursSaints; a cöté eft une Mere dedouieurj le Chrift mort eil fur fes genoux , &■ S Jean &c Ia Madelaine font au pied du Chrift: Ce Tableau a deux volets j fur lefquels on voit peinte la Supérieure de ce temps-la,& quelques- autres ReÜgieufes. L'Autel de la Chapelle de Sainte Apolline efl: ornéd'un Tableau ou cette Sainte eft élevée au Ciel dans unegloire. Neuf Tableaux de ceMaitreenrichiflentrAbbaye de S. Tron; dans 1'Eglife, le premier repréfente S. Martin qui coupe fon manteau pour en faire part aun pauvre. Le deuxiéme eft Sainte Ger- trude,
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Flamands, Alkmands & Hollandols. 5 7
rrude, Abbefle de eet Ordre; c'eft le Portrait -------
dela filledu Peintre, lorfqu'elle fefit Religieufe l6o°'
dans cette Maifon. Le troifiéme eft S. Tron , ^^^ Abbé & Fondareur de cette maifon, qui en exa- mine le plan qui lui eft préfenté : Dans le fond, on voit conftruirel'édifice. Lequatriéme eftS. Jofeph qui conduit 1'Enfant JéTus par la main. Le cinquiéme eft S. Jean 1'Evangélifte. Leiixiéme , S. Profper qui confond 1'ignorance des Païens. Le feptiéme, S. Jean dans le défert. Le huitiéme, S. Auguftin qui lave les pieds de notre Seigneur, fous la forme d'un pélerin:c'eft le Tableau d'Autel. Le neuviémeeft furprenant pour 1'illufion & 1'ingénieufe compolition; il mérite bien unede(criptionparticuliere:Lefond du choeurde ces Dames eftunemuraille unie, fur laquelle il a repréfenté un beau Portique a Tentrée d'un Temple qui commence depuis le bas jufqu'enhaut ;l'entablementeft(butenupar quatre colonnes de marbre blanc, le refte de 1'Architedure eft de marbre blanc & noir, avec des ornements d'or : Les profils & les formes de cette Architeóhire fontadmirables. L'entrée du Temple eft mafquée par un rideau noir qu'un jeune homme ouvre ( ce jeune homme eft le fils de van Ooft) : Ce rideau entr'ouvertfaitvoir le dedans de ce bel édifice , dans lequel eft re- préfenté le S. Efpritqui defcend fur la Vierge & furies Apötres. La grandelumiereque pro- duifentlesrayonsdu Cieljfoutenus parlesopo- litionsdesmarbresduPortique,enrendentlesef- fets iiirprenants: Au bas fe trouvent cinq mar- chespour monter, fur lefquelles on voit quatre Apötres, qui font furpris de ce qui fe pafTe en de- dans : |
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5 S La Vie des Peintrcs
dans: Un d'eux monte les marches avec préci-
1600. pjtatjon &fefoutient a la premiere colonne.
^S=" Sur les marches Ie Peintreacherchéa inteirom-
preles formes froides &régulieres: ici c'eft un livreentr'ouvert, la font des papiers ou manuf- crits : Ce morceau trompe tous les jours les Artiftes mêmes. ^a«Oo/?s'eftpeintfous lafor- me d'undes Apótres qui font lur Ie pas de ren- tree ; la perfpedive y eft aufli bien obiervée que Tharmonie de la couleur : II peignit ce grand morceau l'année que ia fille fit profeffion en 1658. Une des Salles de la Jurifdiftion de Bruges
préfente encoredelui un Tableau d'unegrande beauté ; tous les Magiftrats y font affemblés & places felon leurs rangs, &c condamnenta mort un criminel, a qui on lic la fentence : Les fi- gures en font bien grouppées & fans aucune uniformité dans les poiitions. Ce font des Por- traits fans que la compofition fouffre de la ref- fèmblance : Ce Tableau fut fait en 1655). La Cathédrale de la Ville d'Ypres poflede
aufli de lui un fuperbe Tableau; il repréfente les Nationsprofternées & adorantle S. Sacre- ment : II eft place a TAutel de la Chapelle de la commimion. On ne finiroit pas, fi on fai- foit la defcription des Ouvrages de van Ooft Ie pere, & fur-rout des Portraits dont il a enrichi les différentes maifons & les falles des Compa- gnies : Ce qu'on peut ajouter a la Vie de ce Peintre (ce qui fait unélogeremarquable) c'eft que fes derniers Ouvrages font les meilleurs. |
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JEAN
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Flamands } Jlllemands & Hollandois. jj
J EAN VAN HOECK,
E L E V E DE RUBENS.
JEan van HoECKa prefque égalé fon
Maïtre Rubens en talents & en honneurs : il naquit a Anvers vers 1'an ■• 600. Sa jeuneflefut cultivée avec foin; il étudia les Sciences & les Lettres avec liiccès , avant que de Ie décider pour la Peinture. Rubens !e forma dans eet Art, fans lui faire perdre 1'amour des Lettres: Ces deux goüts réunis dans Ie Maïtre & 1' Lieve, les attacherent réciproquement 1'un a 1'autre. Ru- bens prévoyoit déja que van Hoeck augmente- roit un jour la gloire de Ion Ecole. Van Hoeck deja connu pour Peinrre habile,
voulut voir, comme les autres, la grande Ecole: II traverfal'AUetnagne& vinten Italië. Arrivé a Rome, il étudia quelque temps fans fe faire connoïtre; ma is il ne put fecacher long -temps. Ses premiers Ouvrages Ie décelerent; il fut re- cherche & vifité par les Grands cV les Artiftes. Van Hoeck n'avoit été jufqu'alors regarde que comme Peintre , bientöt il fut admiré comme Scavant: On ne parloit que de lui. Plufieurs Cardinaux occuperentfonpinceaujles Cabinets lesplnscachéslui furent ouveits : II futadmis dans les Sociétés des gens de Lettres, & tout ce qui étoit dans Rome lui étoit dévoué. Notre Artilte ne perdit pas fon temps dans
ces Sociétés diffeïentes : 11 étudia de plus la Peinture & prit pour modeles les plus grands Maïtres:
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< 60 La Vie des Peintres
1600 Maïtres. On chercha a Ie fixer a Rome ; mais
m i'Empereur Fcrdinand II. 1'avoit déja engagé fous main a paflerafacour. Les fbllicitations
les plus vives ne purent 1'arrêter, il quitta 11- talie &: fut porter fes talents a la Cour de 1'Em- pereur. Les Palais & les Eglifes furent décorés de fès Ouvrages : II peignit les Portraits des Princes & des principaux de TAllemagne. Il eut permiffion d'aller voir les Eledeurs, qui obtinrent de fes Ouvrages. Jamais Artiite ne fut plus confidéré &c ne jouit de plus de gloire. On lui fit les ofFres lesplus capablesde 1'arrêterj & on lui propofadesétabliflèmenshonorables; il les refufa tous pour retourner en faPatrie: 11 accompagna en Flandres 1'Archiduc Leopold, & fut décoré du titre de premier Peintre des Princes. Le iéjour de van Hoeck dans Ie Brabant n'a
point enrichi cette Province de fès Ouvrages ; il étoit occupépour les Princes étrangers. Auffi eftimé dans fa Patrie que dans rAllemagne &c 1'Italie, il menoit une vie agréable & rut fort regrettéa fa mort, qui arriva en 1650. Jouir de 1'eftime publique pendant fa vie, ék merker a fa mortd'être regretté , quel objet plus digne de 1'ambition d'un Artifte! Van llocck compofoit bien & deffinoit avec
finefle; fa couleur eil vigoureufe &c naturelle; fon pinceau délicat n'affbiblit point la vigueur de fès grands Ouvrages. Il peignoit les Portraits très-reflemblans; ils approchoient aflez de la beauté de ceux de van Dyck: Tels (bnt ceux du Duc Alben & d'Ifahei/e,dans le Cabinet du Prin- ce Charles de Lorraine, a la Cour de Bruxelles. L'Eglife
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Flamands, Allemands & Hollandois. <f i
L'Eglife deNotre-Damea Malines, poflède un beau Tableau de van Hoeck : II repréfente oc Jéfus-Chriftmort pres de la Vierge, S. Jean & ^~*^ la Madelaine; il décore 1'Autel qui eft derriere Ie choeur. Dans Ie Cabinet deM. van Héteren, a la
Haye,on trouve un beau Tableau de van Hoech: LePeintre arepréfènté Pallas qui embraflè la prudence & foule fous fes pieds les vices. |
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JEAN VANDER LYS,
ELEFE DE POELENBURG,
IL doit fa naiflance a la Ville de Breda : II
devint Elevede Poelenburg, &ril imita de fort pres fa maniere. 11 y a quelques Tableaux de lui, qui, quoique peints avec moins de lége- reté, égalent prefque ceux de fon Maïtre: auffi f'ont-ils pris parlesdemi-connoifljurspourceux de Poelenburg. On voit a Roterdam } chez M. Bifichop, un
Bain de Diane, Tableau piquant par vander Lys. |
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PHILIPPES
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P HILIP PE S
VAN
CHAMPAGNE,
ÊLEFE DE FOUQUIERES.
AN CHAMPAGNEnaquit
aBruxellesen \6oz , deParents peualeur ai(e;dès Ion enfance il aimoit la Peinture:ll fut place pendant quatre ans chez un bon _ Maïtre appellé Bouii/on.Vonék peindre en petit, il entracnez JVaichelBourdcuux, qui travailloit dans Ie genre qui plaifbit a fon E leve.
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La Vie des Peintres Flamands y &c. 6$
Eleve. Fouquierei, habile , Payfagifte, qui vi- fitoit fouvent Bourdeaux, vit avec plailir les difpofitions de Champagne : II lui préta de fes Delfeins qu'il copia avec fuccès. 11 entra chez Fouquieres; il étudiala manierede ce dernier & y réuffit au point que Ie Maïtre, en retouchant légerement les Ouvrages, les a vus confondre avec les fiens. A 1'age de i<> ans, Champagne fut a Paris ,
dans 1'intention d'y refter quelqne temps , & d'aller enfuite a Rome. Un Particulier lui fit peindre plufieurs Portraits:Ennuyé de ce genre, notre Artifte entra chez Lallemand , Peintre Lorrain ; d'oü, s'étant appercu de fon peu de progrès,il fortit &: cherchaa s'avancerpar lui- même. Quelques Portraits aflez heureufèment finis lui donnerent la hardieflè d'entreprendre ce- lui du Comte de Mansfeit, qui lui fit honneur; maisfrapéde la beauté des Ouvrages du PouJJln; qui arrivoit de Rome &: qui demeuroit dans Ie College de Laon, il prit un logement dans la mêmemaiibn: lis firent connoiflance & hirent bientöt amis. LePovJjïn lui fit faire un Payfage dont il futcontenc & qu'illoua par-tout. Cham- pagne travailloit avec Duchefne au Palais du Luxembourg. Quoique fupérieur a Duchefne, ce dernier avoit la direótion de cette entreprife. Le PouJJln fit quelques petits Tableaux dans Ie lambris; Champagne étoit chargé des Tableaux de Tappartementde la Reine : Cesderniers Ou- vrages augmenterent la jaloufie de Duchefnecon- treChampagne, qui, lasdecestracafTeries, fous prétexte de quelques affaires de Familie , partic pourBruxelles. Son projet étoit d'aller dela en Italië
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64 La Vie des Peintres
<jOi Italië par 1'AIlemagne; mais Ie Sur-Intendant ,
_ YAbbéde S.-Ambroife, \ni manda la mort de Duchefne & Ie rappela en France: De retour
a Paris en 1628 , la Reine lui donna un loge- ment au Luxembourg, avec la direólion des Tableaux, & noo liv. de penfion. 11 époufa la fille de Duchefne, & fes premiers
Ouvragesfurent fix Tableaux pour les Carmé- lites duFauxbourgS. Jacques , & un Crucifix dans la voute. Il fit, avecl'agrément de la Reine, plufieurs
Tableaux pour Ie Cardinal de Richelieu , a la petite galerie du Palais Royal,pour les Chateaux de Richelieu ik de Bois-le-Vicomte : II eut or- dre de travailler a la galerie de ce Palais; M, Vouct y fit plulJeurs Portraits. En 1^4411 peignit Ie Dóme de la Sorbonne,
oü font reprélentés quatre Peres de l'Eglife dans unegloire Sc entourés d'Anges. Ayant perdu fa femme & f on fils, il fit venir
de Bruxelles fon neveu Jean-Baptijle Champagne, aquiil enfeigna, &qui travaillaavecluiatous fes Ouvrages. Philippes fut élu Profefleur de TAcadémie Royale de Peinture, &rdepuis Rec- teur; il avoit été recu un des premiers, après rétabliflement de cette Académie: Sonmorceau deréception repréfènte S. Philippes en médi- tation. Ilfit,parordredeZou« XIII. pour 1'Eglife
de Notre-Dame, un Chrift mort ; au pied de la croix, Ie Roy y eft repréfenté offrant ce Ta- bleau en aftion de grace d'êrre échapé de la maladie que S. M. avoit eue a Lyon en 1630. Il peignit pour l'Eglife de S. Gervais trois
Tableaux,
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Flamands, Allemands & Hollaniois. 65
Tableaux, dont les fujets font tirés de la vie de ce Saint. Dans 1'appartement deVincennes, Ie Roy fous la figure de Jupiter : Aux Tuileries, lePortrait de Monfeigneur Ie Dauphin; 1'Edu- cation d'Achilles, & quelques-autres Tableaux qui ont été fïnis par fon Neveu. On dit que les Marguilliers d'une Paroiflè de
Paris, ayant demandé a. plufieurs Peintres des Efquiflès pourunS.NicoIas, Champagne, avant que les autres Artiftes euflènt produit leurs Efquiflès, placa fon Tableau dans la Chapelle: Sa promptitude donna lieu a une plaifanterie, on lui demanda combien il vendroit un cent de Saints Nicolas. A tant de talents, Champagne joignoit une
fimplicité de moeurs & de cara&ere qui lui atti- rerent Tamitié de tout Ie monde. Etant au fer- vice de la Reine, Ie Cardinal de Richelieu lui fit des offires confidérables pour fe 1'attacher : II répondit au Premier Valet de Chambre du Cardinal (qui lui en fit la propofition) que s'il étoit poffible a Son Eminence de Ie faire plus grand Peintre, il entreroit volontiers a fon fer- vice; mais que cela étant au-deflus du pouvoir de Son Eminence, il nedefiroitquelnonneur de fes bonnes graces. Ce refus, loin d'irriter ce Miniftre, augmenta 1'eftime qu'il avoit pour ce Peintre : 11 lui fit faire plufieurs fois fon Portrait, & d'autres Ouvrages dans la fuite. Champagnepoiiüx. la modeftie & la délicateflè
j ufq u'au point de ne faire aucunsTableaux donc lesfigures fuflent nues. Il ne voulutmêmepoint faire Ie Portrait d'une Demoifelle qui entroit au Tome II. E Couvent
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_____ G6 La Vie des Peimres
Convent des Carmélites, parce qu'il Ie falloic
\- OZJ faire leDimanche.
Champagne ne murmura point, lorfqu'il vit
Ie Brun, a fon arrivée de Rome, remplir la place de premier Peintre duRoy; ilneleplai- gnit pas non plus du procédé deFouet, qui lui avoit enlevé, par brigues & follicitations, la galerie des Hommes illuftres qu'il avoit déji commencée. Il ne chercha qu'a fe retirer de 1'embarras du monde. Il choifit Ie Port-Royal, oü il vécut parmi fes amis, & particulierement avec fa fille, qui étoit Penfionnaire dans Ie Couvent des Religieufes de cette Maifon. Ce repos ne dura pas long-temps, il tomba malade pendant qu'il peignoit aux Tuileries 1'apparte- ment de Monfeigneur Ie Dauphin : II ne put fmirl'Educationd'Achilles, Tableau qu'il avoit commencé, & il mourutem674, agé de -jt. ans, eftimé de tout Ie monde & généralement regretté. Quoique Champagne eut une grande facilité
a produire, les Ouvrages n'en ont pas plus de feu; trop attaché a la nature, fans en faire choix j fon modele étoit fbn unique guide, & i'es copies font quelquefois froides. Son Deflein très-correét fe fentit fouvent du même défautj il n'avoit pas, dans Ie génie, la reflburce qu'ont les grands hommes, de ramener la naturea 1'art. Ses Tableaux font de bonne couleur, fans être brillants, bien finis, &■ particulierement fès Portraits : II peignoit bien Ie Payfage & 1'Ar- chitedure. Voici fes principaux Ouvrages. On voit a Paris quatre Tableaux dans 1'E- glife
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Plamands, Allemands & Hoüandöis. 6y _____
glife des Carmélites \ un Crucifix, la Vierge & , S. Jean au plafond de 1'Eglife; rAffbmption I de la Vierge, la Réfurrettion duLazare, la Defcente du S. E{prit fur les Apotres. A la Sorbonne, Ie Döme & les quatre angles. Au Port-Hoyal de Paris, la Céne, Tableau du grand Autel; une Madelaine, la Vierge & S. Jean au pied d'un Crucifix; en haut Ie Pere érernel dans une gloire avec des Anges: Ces quatreTa- bleaux font dans 1'Eglile des Filles du Calvaire. Aux grands Auguftins, Ie Tableau desCheva- liers du S. Efprit. Dans 1'Eglife de S. Gervais» trois Tableaux, dont 1'un repréfente les Corps des Saints que Ton découvre, 1'autrele moment oü on les porte en proceffion; Ie troifiéme, S. Ambroife qui les voit en fonge, Le Va-u de Louis XIII. a genoux devant la Chapelle de la Vierge, a Notre-Dame. Cinq grands Tableaux dans le Chapitre, la Naillance de la Vierge, faPréfentation auTemple,Ton Mariage & fbn Couronnement. Aux Incurables, uneFuiteea Egypte & l'Ange Gardien aux deux Chapelles latérales.Une Préfentation auTemple, au maï- tre Autel de 1'Eglife de S. Honoré. A Sainte Genevieve desArdens, les Nóces deCana, la Vifitation & la Mort de la Vierge. Au Chapi- tre des Chartreux , un Crucifix au maïtre Au- tel de 1'Eglife, Jéfus-Chrift parmi les Dodeurs. Dans 1'Eglife de la Culture Sainte Catherine, une belle Annonciation. Dans 1'Eglife des Peres de 1'Oratoire, derriere Ie maïtre Autel, une Annonciation; dans une Chapelle a gauche, une Nativité a 1'Autel; fur les panneaux des lambris, une Vifitation, S. Jofeph réveille par E 2 l'Ange;
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68 La Vie des Peintres Flamands, &c.
l'Ange j & dans Ie plafond, l'Aflbmption de la *• Vierge. Des fujets de la vie de S. Benoït dans —" 1'appartement de la Reine, au Val-de-Grace. S. Pnilippes en méditation, Tableau de récep- tion de Champagne a 1'Academie Royale. On connoit a Rouen dumêmePeintre, dansl'Egli- fe Cathédrale, derriere Ie Choeur, Ie Tableau d'Autel delaVierge, repréfentantl'Enfant Jéfus dans la crèche & adoré par les Bergers. Dans une Chapelle de 1'Eglife de S. Michel,
aGandj Ie Tableau de l'Autele&de Champagne: S.Grégoire y décide du plan d'une Eglife. |
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SIMON
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■tl ïh-l ' Fl&JUeb Soulf).
SIMONPIERRE
TILLEMANS,
SURNOMMÉ
SCHENK.
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CHENK originaire de Brê-
me, paiïa plufieurs années en Italie,&yfuteftimépourfonta- lent a peindre Ie Payfage. Quoi- qu'habile dans ce genre, iltrou- _ va plus d'avantage a peindre Ie Portrait: II y réuffit & fes Ouvrages fe fou- tiennent a cöté de ceux des plus grands Maïtres. E j II
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7 o La Vie des Pelntres
II a peint a Vienne en Autriche Ie Poftrait de
1'Empereur FeHinand fk de plufieurs autres Seigneurs des plus diftingue's. Sa fille a eu de la réputation pour Ie Payfage
&r lesFleurs, qu'eüe peignoit agouafle & d'un grand fini. Schenk vivoit eneore en i6<J8 : On ne fcait point 1'année de fa mort. |
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EVERT (EVERARD)
VAN AELST.
VAnAelst néa Delft en 1G01, fut un
bon Peintre dans fon genre : II repréfènta avec fuccès lesfujetsinanimés, particulierement des oifeaux morts, &c. des cuiraifes, des caf- ques &: toutes fortes d'inftruments de guerre. Van Aelfipeignoit fouvent des oifeaux morts,
pendus a un clou fur un fond blancoutrès-clair. Il finiflbitavec tantde foin fes üuvrages, qu'on y voyoit les plus petits détails rendus avec une grande vérité; une bonne couleur, un pinceau floufaitadmirer fesTableaux, quoiquepeuin- téreflants; mais toujours payés cher & fort rares. Il mourut en 1658. 11 eut pour Eleve fon neveu Willem (Guillaume) vanAelft, qui 1'a furpaffe. M. Blondel de Gagny poflede a Paris un Ta^-
bleau de ce Peintre: C'eft une perdrix d'un précieux fini. JUSTE
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Flamands, Allemands & Hoüandols. -j \
JUSTE VAN EGMONT.
VAn EgmoNT naquit a Leyde en 1602 : ~
Son Maïtre n'eft point cönnu. Il voyagea J de bonne heure, & fon plus long féjour rut en ----
France. Il fut Peintre de Louis XIII. de Louis
XIV. Sc un des douze anciens, lors de 1'établif- fement de 1'Académie Royale dePeinture &: der Sculpture de Paris Ie 20 Janvier 1648. Van Egmont fut un de ceux qui travailla Ie
plus aux entreprifes de M. Vouet: II peignoit 1'Hiftoire en grand & en petit. 11 fut confideré en fon temps, &: fur-tout a la Cour. On ne fcait ce qui engagea ce Peintre a quitter la France : II retourna a Anvers oü il mourut Ie 8 Janvier 1674; fa femme eft morte Ie 19 Juin 1685, & font tous deux enterrés dans 1'Eglife de S. Jacques. f
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E 4 JEAN
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J E A N
VAN
BRONKHORST.
giRONKHORSTnéaUtrechc
en i<Jojj futplacédès 1'aged'on- ; zeans chez Jeaa Verburg, Pein- j tre fur Verre, qui donna au jeune Elere les principes du defleinrll .....SÜ|| eut depuis deux autresMaitres,
tnais médiocres. En 16zo, il quitta faPatrie pour
voyager : II paflaa Arras, oü il travailla chez Pierre Mathieu, qui avoit la réputation de bien peindre fur leVerre; il y refta 18 mois, & dela fuc |
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La Vie des Peintres Tlamanis, &c. 7 j
aParis, oü ildemeura long-temps chezChamus, habile dans ce genre. 11 retourna a Utrecht mé- content de fon talent. L'amitié de Poelenburg Sc Fhabitude de Ie voir peindre, acheverent de Ie déterminer a quitter la Peinture fur verre pour s'appliquer apeindreaThuile: Quelques Ouvra- ges de commande Ie détournerentencorequel- que temps de ce projet. Enfinen 1639, il s'ylivra entierement & fans être guidépar perfonne. Son ami Poelenburg étoit paue en Angleterre: Ainfi il ne dut fon avancement qu'a fon génie.On doit du moins s'étonner, enexaminant fesOuvrages, des progrès qu'il afaits fans Ie fecoursd'aucun Maïtre. SesTableaux font recherches, fesVitres fonttrès-belles, &fur-tout celles de la nouvelle Eglife d'Amfterdam. |
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NICOLAS KNUFER,
ÊLEFE D'ABRAllAM BLOEMAERT.
KN u F E R prit naiflance a Leipfic en Saxe
en 160 3: II eft du nombre de ceux dont Ie talent fe déclare dès Ie berceau. Son Maïtre a écrire eut beaucoup de peine a Ie réduire a faire des lettres au lieu de figures, dont fon papier étoit toujours rempli. Les chatiments Sc lesme- naces Tobligerent enfin a quitter Ie papier pour barbouillerlesmurailles de toutce qui luipaf- foit par 1'imagination. Son pere ne lui voyant aucune difpofition pour 1'etude, mitfousfes yeux tous les Arts & Métiers par écrit, & lui donna
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74 I-a yiz des Peintres
'lG donna lechoix. Le jeune .KVi^rnebalanca pas,
,i il prit laFeinture. Il fut mis chez Emanud Nyfen ( Peintre iu-
connu ) oü il ne reita que deux ans : II ne put s'accommoderd'unMaïtrequi de (onElevehii- loit {'on Domeitiqne. 11 s'echappa & s'en alla a Magdebourg, oü il s'occupa a faire des pinceaux pourvivre: Delailfutchezunbarbouilleur juf- qu'en 1630. Il le quitta &c vinta Utrecht : II s'adrefTa aAbraham Bloemaert, qui vit avec plai- fir 1'inclination de 1'Artifte, & ent pitié de fon état; il le reait chez lui, lui donna fes lecons avec amitié, & en fit en peu un Peintre habile. Le Rö"y"deDannemarck lui commanda trois Ta- bleaux repréfentant trois Batailles gagnées par fes PrédécefTeurs. Ces produ&ions furent bien recues du Prince & des Artiftes. Campo W^eyermans fait la defcription d'unTa-
bleau de Knuferquïl avoit acheté a laHaye: II repréfëntoit une Bergere couronnee defleurs & conduite par la main par un Berger. On voit, dit-il, danslaphyfionomieduBerger,unrefpe<5t qui touche autantque la pudeur&labienfe'ance de la Bergere. Il allure que ceTableau eft d'un beau deflein &c peintenMaïtre. On voit chez M. Fayel a la Haye, une jolie
femme qui eft en priere, Tableau très-fin; un autre, 1'aflemblée des Dieux, & un troifiéme-, des Enfants au milieu des fleurs. |
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JEAN
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Flamands, Allemands & Hollandoïs. 7 j
JEAN COSSIERS,
ÊLEFE DE CORNILLE DE VOS.
COssiers naquit a Anvers en 1603, & -------
fut Eleve de CornilU de Fost fous qui il de- x6o3• vint habile. Il voyagea quelque temps: II en "----
profita, & ia réputation pafla dans les Cours
Etrangeres. Il fit, par ordre du Roy d'Efpagne & du Cardinallnfant, plufieursTableaux d'Hif- toire, qui lui ont mérité 1'eftime de ces Princes, ainfi que de 1'Archiduc Léopold & d'autres Grands Seigneurs pour qui il a travaillé. Cojjiers compofoit en grand Maïtre: Ses figu-
resfontbiendeffinées: Ilicavoitlesgroupper, & varier leurs attitudes avec jugement. Ses fonds font riches & fur-tout quant il y reprelentoit de 1'Architeóture. Il avoit une maniere de peindre fortlarge&facile: Sa couleur eftbonne, quel- quefois un peu jaunatre, mais ce n'eft pas tou- jours un défaut dans fes Ouvrages. Yoici les principaux places en Public : Dans 1'Eglife des Béguines a Malines, la Paffion de notre Sei- gneur en cinq Tableaux, au defllis de 1'Autel trois Tableaux qui fe terminent a la voüte de 1'Eglife, repréfentant Ie Crucifiement de notre Seigneur.CnezlejReligieufes deSiecke/ieden au grand Autel, la Naiflance de notre Seigneur: Au Séminaire, Ie Tableau d'Autel repréfente laPréientation auTemple, beau Tableau de ce Peintre. Il avoit rempli la place de Diredeur de 1'Académie d'Anvers en 1639. PIERRE
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PIERREJEAN
VAN AS CH.
AN ASCH dut Ie jouralaVil-
I Ie de Delft en 1603; fon talent étoit a peindre lePayfage en pe- tit: II a égalé les plus habiles. Continuellement occupé a fou- lager fon pere & fa mere qui fu- rent long temps malades 3 il ne lui reftoit que peu de temps apeindre: C'eft ce qui rend fesTa- bleaux rares & chers. Ce Peintre fut très-eftimé pour fes talents & pour ihs bonnes qualités : II vécut très-vieux:On ne fcait ni l'annee ni Ie lieu de fa mort. SIMON
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La Vie des Peintres Flamands+ &c. 77
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SIMON DE VOS.
DE Vos naquit a Anvers en 1603. On ne
fcait rien de fa vie :Toujours occupé de fon Art, il eft un de ceux qui en a Ie plus approfondi les régies. Il peignoit egalement bien 1'Hiftoire en grand & en petit. On voit dans plufieurs Vil- les de Flandres des Ouvrages de famain. De Vos apeintdesChafTesavecfuccès. Onvoitunbeau Tableau, dans cedernier genre, chez FEleóteur Palatin. |
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JEAN BYLERT.
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UTRECHT Ie vit naitre d'un Peintre fur
verre. Malgré fonpenchantauxplaifirs& la diffipation de fa jeunefle, il devint bon Peintre d'Hiftoire. Ses Tableaux ne font ni grands ni petits, ils font de bonne couleur; & felon de Bie, ils furent en partie tranfportés dans les Cours de 1'Europe, ce qui les rend rares chez les Particuliers. |
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DANIEL
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La Vie des Peintres
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7s
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DANIEL VANHEIL.
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VANH
II lè |
EIL naquit a Bruxelles en 1604;
fit d'abord une grande réputationt
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1604.
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dans Ie Payfage: II quitta ce genre pour peindre
des Incendies qu'il a repréfentés avec tant d'art & devérité,qu'on en eft effrayé: Aufïï difoit-on dans Ion temps qu'il ne manquoit a f esTableaux que la chaleur. Houbrakcn diftingue parnii fes Tableauxj 1'embrafement de Sodome &c 1'in- cendie de Troye. On voit de lui a Bruxelles, dans Ie Cabinet du
Prince Charles de Lorraine, un beau Payfage, repréièntant un Hyver: On peut placer ce Ta- bleau au rang de ceux des plus grands Maïtres dans ce genre. Vanheïl avoit une touche légere, colorioit vivement, fcavoit difpofèr fes plans & varier les fites dans les Payfages. |
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KRISTIAEN (CHRETIEN)
VAN KOÜWENBERG,
ÉLEFE DE JEAN VAN ES.
KOuvenberg né a Delft Ie 8Septem-
brei(?O4, choifit pour maïtre Jean van Es, qu'il ne quitta que lorfqu'il fut en état de voyager. Il pafla en Italië oü il étudia long- temps
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Flamands 3 Alkmanis & Hollandols. 79
temps avec fuccès, & retourna a Delft oü il ~~~ fit plufieursTableaux d'Hiftoireen grand, d'une l °^' belle maniere:II étoitcorre6ldanslondc(rein& ----'
excellent pour la couleur. Il peignoit très-bien
lenud: On voit de fesTableaux dans lesCha- teauxdeRifwick&rauBois: II s'éublitaColo- gne, oü il eft mort riche Ie 4 Juillet 166j. |
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PIERRE DANKERS DE RY.
DAnkers de Ry riaquit a Amfterdam
en 1605. SontalentétoitdepeindrelePor- trait: Ilyaréiiffi, IlfutPeintred'Uladiflas, IVe. Roy de Suéde : On ne fcait rien de plus de ia vie. |
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ALRERT KUYP,
Éleve de son Pere
JAC QUE S GERRITS KUYP. ALb.ERT Kuyp naquit en 1606, dans
la Yille de Dort. Son pere Jacques Gerrits Kuyp peignoit bien Ie Payfage, & fur-tout les vues des environs de Dordrecht. Il faifoit entrer dans fespetitsTableauxdesanimaux, principa- lement lesVaches, les Moutons, tkc. Son fils fut fon Eleve &?le furpafla. Ses Payfages repré- fentent ordinairement des vues agréables avec des rivieres j tantöt des eaux courantes & tan- töt tranquilleSj grnés de bateaux, tantöt des rou- tes |
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80 La vie des Peintret
tes avecdes voitures j des prairies avec des ani-
maux. Il peignoit bienles clairs deLune: On peut juger combien il examinoit la nature par les dé- tails qu'il a feu faire. On diftingue facilement dans fes Tableaux Ie Matin, Ie Midi & Ie So- leil couchant: Tous fes Ouvrages font eftimés; On vanteentr'autres deux Tableaux de lui, 1'un repréfente Ie Marché aux chevaux de Dort, & 1'autre un Manege: II en a peint tous leschevaux d'après nature, il en fit un beau choix. SesPay- fages & fes Animaux font d*une touche fine Sc d'une bonne couleur; fes defleins font fort re- cherches : II les faifoit ordinairement a la pierre noire avec un la vis, fouvent de plufieurs teintes. On voit a Dort chez M. vander Linden van Siïngelandt, dix Tableaux repréfentant des vues de la Ville de Dort. Sur Ie canal font une quan- titédeChaloupes & desBateaux ornés & defti- nés a une fête ou rendez-vous deChafle pourle Prince Maurice d'Orange; deux Payfages avec un nombre de figures; ön autre vue de la Ville de Dort: Du cöte de 1'Oueft, plufieurs Vaiflèaux a la voile &r d'autres a 1'ancre, ce Tableau eft des plus agréables; unHyver avec une multitude dePatineursfurlaglace; unclairdeLune, c'eil une vue Ie long duRhin; une Ferme j lagrange ouverte, fait voir des uftenfiles de la Campa- gne , auprès des beftiaux quifontaiipaturage; une Bergerie ouverte oü 1'on voit des moutons très-finis; un rendez-vous de Chaflè oü eft Ie Prince Maurice; la vue de Dort eft prefque la mêmedu premierTableau ci-deffus; un nombre infini deChaloupes & Bateaux fuivant celui dans lequel fe trouve Ie Prince. PIERRE
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Flamands, Alkmanis & HoUandois. 81
PIERRE FRANgOIS,
Éleve de son Pere
L U C A S FRANgOIS. |
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PlERREFRANfOlsnéa Malines le 10
Oótobre 1606 , fut inftruit dèsfa jeunefle dans la Peinture : II devint Eleve de Lucas Francoïs fon pere, qui étoit un des meilleurs Peintres de fon temps, & qui mit route fon application acultiver les difpofïtions de fonfils. Le jeune Fran^ois marchoit a grands pas fur les traces de Ion pere,lorfqu'il entra a Anvers dans 1'Ecole de Guerard S eghers: Ce fut la oü il aban- donna le grand pour travailler en petit. Plufieurs Payfagiftes habileslni firent peindre les figures dansleursTableaux^Laconfiancequ'ilsavoient en festalentsltu procurabeaucoup d'ouvrage j mais il voulut montrer cequ'il pouvoit faire fans le fecoursdesMaitres : On vitparoïtre plufieurs compofitions de fon génie, toujours en petit, mais fort recherches. Ses Portraits le firent re- garder déja comme Peintre univerfel. On a vu des Portraits de lui peu inférieurs a ceux de Co~ ques, & cependant mieux compofés. Il eut Ia gloire de peindre plufieurs Princes &r Princefles, &: lebonheur de bien réuffir, L'Archiduc Leopold 1'employa long-temps, & eut une finguliere amitié pour notre Peintre. Sollicité par des Seigneurs Francois, il fut a Paris, oü il a de- meuré quelque temps, & oü fes talents furent Tome IL F bien |
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81 La v'ie des Peinlres
~~~7 bienpayés; cela ne 1'empêcha pas de retourner
1600. j r/> t) • r ■ > ■ n- '
^ dans ia Patne. trancois etoit eftime comme
'■■ - ■ grand Peintre, 8c chéri comme 1'homme du
monde Ie plus eftimable dans la Société. Ilavoit Tefprit orné de biendesconnoiflances, &d'ail- leurs il étoitbonMuficien; il jouoit de tous les inftruments. Avec tant de talents& d'heureufes qualités, il a joui agréablement de la vie jufqu'a Ia mort qui arriva Ie 11 Aoüt KJ54. Pierre Francois compofbit bien , il defïïnoit
avec fermeté: II regne dans fes üuvrages beau- coup de génie. Sa couleur qui eft bonne & beaucoup de pureté, rendent tout ce qu'il a fait féduifant. Si fes Ouvrages en petit font recher- ches , on regrette qu'il n'ait pas eu Ie temps d'en faire beaucoup en grand, ilsauroientétémoins rares. Les Religieufes de Bethanien a Malines, confervent dans leur Eglife deux grands Ta- bleaux de notre Peintre ; ils repréfêntent deux Papes &rdeux£vêquesderOrdre des Chanoi- nes Réguliers. |
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LOUIS PRIMO,
SURNOMMÉ GENTIL.
BR UX ELL ES vitnaïtrecePeintreen 1606:
II lè diftingua a Rome parmi les aytres Artiftes, par fon gout pour la parure &T par fa conduite. Toujours parmi les Grands , oü il étoit recherche pour fon talent & eftimé pour la facon de fe comporter., les Peintres luidon- nerent Ie nom de Gentil qui lui a refté. Il
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Fldfnands, Allcmanis & Tiollandois. 83
II peignoit fur-tout Ie Portrait d'un beau fini:
Sa maniere eft belle, il fcavoit par beaucoup de foin cacher Ie travail dans les Ouv rages, il a fait Ie Portrait du Pape Alexandre VIL de plu- iieursCardinaux, & d'autres perfonnesde dif- tin&ion. Il demeura 30 ans a Rome : II vivoit encoreen 1660. On n'a rien appris de plus de fa vie. On ne fcait ce qui porta ce Peintre plus par-
ticulierementa faire lePortrait; il peignoit très- bien l'hiftoireen grand & d'une maniere fi large & ü vigoureufe ,qu'on a de la peine a croire que Ie Peintre d'Hiftoire {"oitle même que celui qui a peint Ie Portrait. L'Eglife Paroiffiale de S. Michel a Gand ,
nous offre un Tableau d'Autel de ce Maïtre , dans la Chapelle de la Trinité ; II repréfente notre Seigneur attaché fur la croix , avec des Anges qui préfentent a Dieu Ie Pere & a la Vierge cette Vidime divine. On voit un Portrait par Gentil} a Middel-
bourg, chez M. Cauwerven: C'eft une femme enveloppée dans une crêpe noire, |
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V x REMBRANT
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REMBRANT
VAN R Y N.
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E GRAND Peintrequi de-
voitfon talenta fon génie &r fes défauts a fon éducation,naquit Ie 15 Juin i6o6,entreles Villa- ges de Leyerdorp & de Kou- kerck, pres la Ville de Leyde. Il étoit fils d''Herman Gerretfc van Ryn , & de Cornelie Willems Van^uubroeck. Son Pere étoit Meünier & occupoit un moulin fitué fur les bordsduRhin jcequi lui adonné lefurnomde van Ryn, fon nom de familie étant Gerrets\. Notre
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La Vie des Peintres Flatnands, &c. 8 5
Notre Meünier eut affez de jugement pour ■ remarquer dans fon fils plus d'efprit que dans " ceux de ion age & de fa profeffion : II trouva '——'" plus a propos d'en faire unScavant qu'un Meu- nier. Il Ie placa a Leyden , pour y étudier Ie Latin ; Rembrant y réufïït peu , Ie Deflein occu- poit tous fes moments: 11 obtint fon retour ehez fon pere , qui Ie mit chez Jacques Van^waan- enburg Peintre. Le jeune van Ryn paffa trois ansdanscette Ecole. Il fit desprogrès qui éton- nerent fon Maïtre. L'Eleve voulant s'ouvrir une route différente, chercha quelqu'un qui put lui fervir de guide : II entra chez Pierre Lajlman a Amfterdam, il n'y demeura que fix mois 3 & quelques-autres mois chez Jacques Pinas. Les uns pretendent que Pinas fut fon premier Mai- tre; & Simon Leewen, dans fa defcription de la Ville de Leyden aflure que Georges Schooten a été le Maïtre de Rembrant. Van Ryn avoit une idee de la Peinture qui
préfagoit bien ce qu'il feroit. Il regardoit la nature comme feule capable del'inftruire. Il ne choifit point d'autre attelier pour étudier, que le moulin de fon pere ; Ce fut-la qu'il jetta les principes d'une maniere inimitable. Ainii écarté du mondejil crut êtreen repos & ignoré; mais on ne le perdit pas de vue : Lui fèul ne con- noiffoit pas ce qu'il valoit dès-lors. LesArtiftes j a 1'envi & par un procédé trop rare, cherche- rent a le faire connoïtre : Un Tableau qu'il ve- noit d'achever , le fit paroïtre au grand jour. Un de fes amis lui confeilla de le porter a la Haye: II lui indiqua un Amateur qui recut très-bien 1'Auteur, & qui luipayafon Tableau F j ioo
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85 La Vie des Pe'mtres
' 100 florins. Cettefomme manquadefairetour-
ner la tête au jeune Artiïte : II avoit fait le-
'——' voyage a pied; mais pour arriverplus promp-
tement chez lui &: faire part a fon pere d'une fi grande fortune, il fe mit dans Ie chariot de poite, & évita par-la Ie fort du Correge. Tout Ie monde fbrtit, lorfque lavoiture arrivaala dinée ; Rembrant ne defcendit pointrlnquietde ion tréfor, il ne voulut point s'expofer a leper- dre. Le garcon d'écurie, en retirant 1'auge por- tative danslaquelleil avoit donnéravoineaux chevaux, ne les avoit nidételésni attachés, ils continuerent de marcherfans qu'on put les ar- rêter, & menerent le chariot a Leyden , oü ils entrerent dans TAuberge ordinaire: Notre Pein- tre fauta promptement de la voiture fk porta ion argent au moulin de fon pere. C'eil 1'époque des grands fuccès de Rembrant:
L'appas du gain le fit travailler avecencore plus d'aifiduité & de zé!e. Il fit quelques Portraits 3ui 1'engagerent a aller plufieurs FoisaAmfter-
am , & dont la réuflite le détermina enfin a monter fur un grand théatre. Ilfut s'établirvers KJ30 dans cette Ville.Surchargé d'Ouvrage & d'Eleves, il loua un magafin dans lequelilpra- tiqua descabinets pour chaque Eleve ; il en fut plus tranquille& fes Eleves moins diftraits: 11 . les faifoit prefque tous commencer par le mo- déle vivant. Rembrant ainfi recherche, & ne doutantplus
de fa fortune, époufa par inclination une jolie Payfanne de Rarep ou Ranfdorp : II a fouvent fait fon Portrait. On la voit a cöté de lui dans V*ne de fes Eftampes. C'efl dans ce temps aufli |
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Flamands , A'/Iemands & Hollandois. 87
que ce Peintre finiflbit les Tableaux autant que "~~" ' Mieris : Tel eft celui du Cabinet de M. de l6°6' Gaignat; la barque de S. Pierre, autrefois a M. —~ Hinloopen y Bourguemeftre d'Amfterdam; Aman & AfTuerus ; la Femme adultére; S. Jean prê- chantdans ledéfërt, peint en camayeu, font de fa jeuneflTe , & joignent au plus grand fini toutela force &: Ie feu de ceux qui ne femblent que heurtés. 11 acquit depuis plus de pratique ; mais plus il gagnoit, plus la ioif infatiable de 1'or augmentoit: Ce vice, qui ne diminue ja- mais avec 1'age, vintaupointqu'il faifoitven- dre fes Eftampes par fon fils, comme fi celui-ci les eüt dérobées & vendues a fon infcu. Il ex- pofoit fes Eftampes dans des ventes publiques , oü il alloit lui-même les enchérir pour les faire augmenterdeprix. Parunrafinement d'avarice jufqu'alors inconnu, Rembrant fitimprimerks Gravures a moitié terminées; on les débitoit, il les finiflbit enfuite, & c'étoit une nouvelle planche : Et quand elle étoit uféé, il y faifoit des changemens qui , pour la troifiéme fois, procuroient la vente de ces Eftampes, quoiqu'a peu pres les mêmes. Il connoiflbit lui-même fon défaut, fans s'en
corriger , comme il fouffroit fans fe facherqne les autres en badinaflent. Plus d'une fois lts Eleves, pour tromper fon avidité , ont peint des pieces de monnoie fur des cartes, &c Rem- brantles ramaflbit ,fans punir cesmauvaisplai- fants de tours fi déplacés. Rembrant étoit très- fingulier de tous points: II n'avoit jamais pris perfonne pour guide;&quelquefois.>enfaifant un Tableau, il s'attachoit a finir avec Ie plus F 4 grand
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8J5 La Vie des Peintres
\6o6. gr&ndfoin lesparties les plus indifFérentes de fa
j t compofition, &:négligeoitlesprincipales, qu'il marquoit a peine avec quelques trainees de brofle. Il répondoit a ceux qui lui en failbient des reproches, que Ie Tableau étoit fini3 lorfque rAuteur avoit rempli Ie but quil s'étoit propofe'. Il prétendoit quelquefoisde la meilleure foi du monde, donner pour une pratique judicieufe, ce qui n'étoit que 1'effet de fon caprice. Ün jour étantoccupéa peindre une familie
entieredans un (èul Tableau, qui étoit prefque fini, on vint lui annoncer la mort de fon finge; Rembrant fort fenfible a cette perte, Ie fit appor- ter , & fans avoir égard aux perfonnes qu'il ve- noit de peindre, il fit Ie Portrait de eet animal furlamême toile : Cette figure déplut, comme de raifon, a ceux a qui Ie Tableau étoit defti- né ; mais il ne voulut jamais T^iFacer, & il ai- ma mieux garder Ie Tableau. On a dit que Rembrant avoit étéa Venife vers
1'an 163 5 ou 1636; M. de Piles 1'a rapporté , & d'autres Ecrivains après lui. Ceux qui 1'ont cru jont été trompés par les dates & lenom de Venife que cePeintre a mis au bas de quelques- unes de fes Eftampes; c'étoit pour les faire ven- drepluscher. Il menacoit fouvent les Hollan- doisde les quitter; tantöt il feignoitde fe dif- pofera pafler en Angleterre, tantöt en d'autres Koyaumes du Nord : On étoit toujours incer - certaindu tempsqu'ildevoit refter. Cesmene'es lui réuffirent; on s'empreflbit a acheter ks Ef- tampes a quelque prix que ce fut. Celle oii notre Seigneur guérit les malades, eft connue fous 1^ nom del Èftampe dq 100 florins : C'é- toit |
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Flamands , Allemands & Hollandns, 89
toit Ie prix de ion vivant, encore falloit-il pour en obtenir, lui faire fa cour. C'ércit une motie, c'étoitune fureurj on étoit preique ridicule, quand on n'avoit pas une épreuve de la petite Junon couronnée & fans couronne , du petit Jofeph avec Ie vilage blanc, & du même avec Ie vifage noir ; de la femme avec Ie bonnet blanc auprès du petit poulain, &c la même fans bonnet, &c. "Notre Peintre ne quicta point Amfterdam
depuis 1'année 1630 qu'il s'y établit juiqu'a fa mort. Il fut plus occupé que tous les autres Artilles enfemble : Et d'ailleurs il tiroit parti mieux que perfonne des Eleves dont il avoit grand nombre; il leur faifoit payer fort cher l'inftru&ion qu'il leur donnoit , Sc il vendoit toutes leurs copies, que quelquefois il retou- choit. Sandrart aflure que ce commerce feul lui valoit 1500 florins chaque année. On peut juger de fes richefles par cette vente fi adroite- ment multipliée d'Eftampes & de Tableaux ; qu'il mettoit a un prix exceffif, & par fon peu de dépenfe. Il ne vivoit qu'avec Ie bas Peuple & desgens bien au-deflbus de lui; s'il recher- choitles honnêtes gens,c'étoit pour les mettre a contribution , encore fe trouvoit-il toujours mal a fon aife avec eux. Dès qu'il avoit tiré leur argent il les quittoit : II difoit pouc s'en juftifier , quand je veux me délaffer, je me garde bien de cher cher les grandeurs qui me gênent, mais bien la liberté; & il ne la trouvoit que dans une vie obfcure & dans la crapule. Si ce Peintre avoit vécu avec des gens d'ef-
prit, c^uelle différence n'aurions-nous pas trou- vée
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90 La Vu des Pe!n tres
vee dans fes Ouvrages! Il auroit fait un plus
beau choix de fujets, il y auroit mis plus de nobleflè; il auroit perfe&ionnéce gout naturel, ce génie de Peintre 3 dont chaque touche de pinceau&depointe.décelenten lui Ie caradere. LeBourguemefhe Six a eflayé plus d'une fois de mener Rembrant dans Ie monde3fans pouvoir jamaisTobtenir : Cet illuftre ami avoit eu la coniplaifance de fe plier au caradere du Peintre- pour acquérir fa confiance & Ie tirer de la mau- vaile compagnie; mais Rembrant ne changea point, iln'aimoitquefaliberté, laPeinture& J'argent: II vécut jufqu'a 1'age de C% anjj & mourut a Amfterdam en KJ74. Rembrant n'eut point d'autres enfants quefon
£ls Titus, qui fut un de fes Eleves, mais qui a ve'cu dans la plus grande obfcurité. Son pere lui a laifle de grands biens, un fond coniïdé- rablede Planchesgrave'es& deTableaux , &cc. Jioubraken dit que ce Peintre faifoit pen de dé- penfe dans fa maifon ; que fes repas n'étoient que d'un hareng falé 011 d'un morceau de fro- mage; que fes Ouvrages furent vendus &: payés cher : Et ajoute que malgré cela . on n'avoit jamais entendu dire qu'il eut laifle un grand bien. CetEcrivain fe contredit, & il eft certain que ce Peintre mourut très-riche. Rembrant auroit été plus grand Peintre, fi
Rome avoit été fa Patrie , 011 s'il en avoit fait Ie voyage ; II n'a du fon talent qu'a la nature & a ion inftind, & il auroit appris a trouver , fans feméprendre, lebeaudontils'efttoujours écarté. S'il en a quelquefois approché , c'a été nioins par réflexion que par hazaxd, ce n'a été que
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,____c.
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Flamands j AlUmands & Hollandois. $l
que par la force de fon imagination & de f on afliijettiflèment continuel a fuivrepas apas la nature,qu'ileft parvenu jufqu'auncertainpoint a la perredion. Ses fuccès les plus décidés lont
dansle Portrait. Il ne faut pas croire que n'ayant point été a Rome , il n'aic point connu les grands Maïtres d'Italie : II avoit fous les yeux d'amples recueils, qui auroient du changer la maniere 3 ou du moins la corriger : mais il ad- miroit tout & ne profitoit de rien : Le genie Italien & le fien n'avoientenfemblë aucun rap- port. Il étoit perfuadé, rbrtmal-a-propos,qu'un amas d'étoffes & de quelques armnres , lui te- noit lieu de ce que Rome auroitpu lui montrer fur 1'uiage qu'en ont fait les Tuien & les Ra- phael: II croyoit les egaler en cette partie, en formant de cesvieilleries un turban ouquelque autre habillement fingulier } dont 1'arrange- ment 3 quoiqu'il ne fut que bizarre, lui coutoit beaucoup de temps. On pretend qu'il en met- toit autanta draper qu'a faire lerefle. A voirla touche hardie des Ouvrages de ce
Peintre, on eft tenté de croire qu'il travailloit promptement; mais 1'incertitude oü Ie laiffoit fur le choix des attitudes & du jet des drapenes, fon peu d'ufage & de connoiflance des belles choles, lui faifoit perdre le feu de fes idees. Il changeoit des quatre &c cinq fois la tête d un Portrait, &r on eüt renonce a fe fairepeindre , fi la vérité & la force defonpinceau, n'euflent pasdédommagé de 1'impatience quecaufoit lou- vent le Peintre. . Malgré ces grands obftacles a la perfeftion ,
Rembrant y avoit fuppléépar un travail opinia- tl'Q
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^_^_ 91 La Vie des Peintres
~ ' tre & par fon jfëul génie. Il femble qu'il eüt
I606. . \ ,, , j-f » • ir 'Tl
_ invente lArt, sil n avoit pas ete trouve : 11
' s'étoit fait des regies & une pratique füre de la
couleur, de (on mélange & des effets de fes différents tons. Il aimoit les grandes oppolitions de la lumiere aux ombres : 11 en poull'a loin 1'intelli gence. Pour 1'acquérir, on croit qu'en- tr'autres tentatives, celle-ci lui avoit Ie plus réuffi : Son attelier étoit difpofé de facon que, d'ailleurs affèz fombre, il ne recevoit la grande lumiere que par un trou, comme dans la cham- bre noire : Ce rayon viffrappoit, au gré de 1'Artifte, fur 1'endroit qu'il vouloit éclairer. Quand au contraire il vouloit fes fonds clairs, il paflbit derriere fon modéle une toile de la couleur du fonds qu'il j ugeoit convenable: Cette toile étoit participante du même rayon qui é- clairoit latête & marquoit fenfiblement la dé- gradation, que lePeintre augmentoit fuivant fes principes. Rembrant ébauchoit fes Portraits avec préci-
fion & une fonte de couleur qui lui étoit parti- culiere ; il revenoit fur cette préparation avec des touches de vigueur : II chargeoit leslumie- res d'épaiflèurs fi confidérables , qu'il fembloit plu tot avoir voulu modeier que peindre. On cite de lui une tête oii Ie nez étoit prefqu'au- tant laillant que celui qu'il copioit d'après na- ture : Cette facon de faire Ie Portrait n'étoit pas du gout de tout Ie monde. Rembrant s'eu embarraffa fort peu; il dit un jour a quelqu'un qui approchoit de fort pres pour voir ce qu'il , peignoit, quun Tableau n'étoit pas fait pour être üéj & que l'oicurde la couleur n'étoit pas faine. Sej
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Flamands s Allemands & Hollandols. 9 j
Ses Portraits étoient d'une reffemblance frap- pante, il f ailifïbit Ie caraótere de chaque phyfio- l nomie: La nature n'étoit point embellie, mais fi vraiment, fi iimplement & fi fidélement imi- tée , qu'il fembloit que fes têtes s'animaffènt 8c fortiiïènt de la toile. La facon de faire de Rembrant eft une efpece
de magie. Perfonne n'a plus connu que lui les ef- fetsdes difiFérentescouleursentr'elles; n'amieux diftingué celles qui font amiesd'avec celles qui ne feconviennent pas. 11 placoit chaque ton ea fa place , avec tant de jufteliè &c d'harmonie , qu'il n'étoit pas obligéde lesmêler & d'enper- dre la fleur & la fraicheur : 11 préféroit de les glacer de qnelques tons qu'il gliffbit artiftement pardeffiis pour lier les paffages des lumieres & desombres,&pouradoucir des couleurs cruës ou tropbrillantes. Tout eft chauddans fes Ou- vrages. Il a feu,par uneententeadmirable du clair-obfcur, produire prefque toujours des ef- tets éclatans dans tous les Tableaux. Tout ce que Rembrant a compoféeft fans no-
bleffè, mais plein d'expreffion : C'eft un génie plein de feu qui n'avoit mille élévation. 11 ne connoiflbit pas plus les reflburces qu'on peut tirer de la Poëlie : L'allégorie lui étoit tota- lement étrangere , ain(i que la connoiflance da Cojlume. Ses habillements font par-tout les mê- mes; ils nefont que bizarres &c plus reflèmblants a une mafcarade qu'a des Nations differentes qu'il avoit voulu, maisqu'il n'a point feu défi- gner. Il n'a pas fait au tant de Tableaux d'hiftoire quede Portraits; &ceux que nous connoiffbns fontpourlaplüpartaufliridicules auxyeux des Scavants,
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94 ï-a Vie des 'Peintres
, ",. Scavants, qu'ils font admirés par les Peintres.
' Si Ton enexcepte fesPortraits., fa facon de deffiner n'eft gueres fupportable \ encore n'en faifou-il bien que les têtes: £t il fentoit li bien fonincapacitéadeffinerles mains, qu'il les ca- choit Ie plus qu'il pouvoit. Pour éviter la diffi- culté , j'ai vu de fes Tableaux, oü quelques tra- ces de la broflè,qu'on ne diftingue pas tropde pres j repréfèntenta une certaine diitance, des mains a la vérité peu décidées, mais qui font cependantprefqu'autantd'effet que file Peintre y avoit mis plus de foin. Ses têtes de femmes n'ont pas allurément les graces du beau fexe. Quand il a eflayé des figures nues, il n'y a mis aucune correótion; elles fontcourtes,les forrnes outrées ou maigres,lesemmanchements lourds, les extrémités trop petitesou trop grandes: Elles manquent toutesdans les proportions. Rembrant eftenmême-temps un deltinareur médiocre Sc un Peintre qu'on peut egaler aux plus grands Maïtres pour la couleur j la touche &c Ie clair- obfcur II foutenoit Tidée de ce coloris inimitable
jufques dans fa Gravure. Communément les Peintres graventa I'eau-forte leurs compofitions en hiftoirejmais fort peu ontgravé Ie Portrait , excepté vanDyckqui en adonné quelqueseffaisr Rembrant les gravoit avec la même intelligence qu'il lesa peint; mais chaque trait de fa pointe étoitfpirituel & repréfèntoit la touche de fon pinceau. On ne pouvoit mieux réuffir a rendre les effets du clair-obfcur : Une pointe légere 6c badine tracoit fes traits & fes hachures; mais avec gout 6c un air defacilitéqui porte a croire qu'il
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Flamands , Allemands & Hollandois. 9 5
311'ilfaifoitce travail fort vïte&r fans beaucoup , ,"
e peine. Rembrant ne reflemble a aucun des " autres Graveurs; les unsfè font diftingués par lafineffèdes tailles coiichéesles unes pres des autres, lans les croifèr,en marquantles ombres par des touches reflènties : Le mérite des autres a été d'ombrer en doublant & quadruplant tres- diftin&ement les tailles croifées les unes fur les autres. Les Bloemaert, les Audran j les le Bas, les Cochin, &c. ces excellents Maïtres efFacent Rem- brant par 1'arrangement de leurs tailles, par la propretédeleurburin. Rembrant feul a I5U fe pafler de ce travail: II avoit rartd'empatter8c de glacer avec la pointe féche, de faire des teintes: L'effet d'un beau tout enfemble étoit Jfon but, & il y eft parvenu. Rembrant n'a jamais voulu graver devant per-
fonne; fon fecret étoit un trelbr , & il étoit avare. On n'a jamais deviné de quelle maniere il commencoit & il finiiïbit ks planches: Tout ce qu'on a feu 3 c'eft qu'a peine avoit-il fait le trait & donné quelques ombres j qu'il fit tirec un nombre d'épreuves. Il mit de nouveau le verni fur fa planche &en augmenta le travail: Cela fe faifoit jufqu'a trois ou quatrefois:Lorf- que la planche étoit ufée, il ébar'ooit les fonds & changeoitles efiets; enforte que la pardequi avoit été ombrée devenoit claire:Cecte derniere tranfpofition ri'a pas toujours réuffi, les épreu- ves dequelques-unesen fontgrifes,approchaa- tes de la maniere noire. 11 ne calquoit gueres fes Deflèins, de peur d'en refroidir 1'efprit : II les deffinoit de fuite fur la planche ( II faut ce- pendanteaexcepter fes Portraits.) II ombroit Sc
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t)6 La Vie des Peintres
6c rempliflbit avec la pointe ; il fouilloit dans
1606. jes ombres} il croifoit & repaflbit fes hachures ^=5r de tout lens, autant de fois qu'il le crut nécef- iaire:La pointe féche lui étoit d'un grand fecours pour donner les accords & glacer par-tout. Je f vais donner une lifte de fes principaux Ouvrages. f On voit en France dans le Cabinet du Roy ,
/ deux Tableaux de ce Peintre; 1'un eft fon Por-
/ trait, 1'autre repréfente le moment ou 1'Ange
I va difparoïtre aux yeux de Tobie.
Chez M. le Duc d'Orléans,un Portrait d'hom-
me avec un chapeau, celui d'une femme, celui du Bourguemeftre....... un S. Francois, une
Nuit, un Payfage avec un Moulin.
Chez M.le Comterfe Fence, douze Tableaux
du meilleurtempsdece Peintre : Son Portrait , Tableau heurté & lurprenant; fon Portrait plus fini; Le Portrait d'un grand Seigneur Ik celui de fa femme repréfentés jufqu'aux genoux , de grandeur naturelle, habillés tous d'eux d'hermi- ne, &c. Le fond du Tableau eft un Payfage. Un Dodeur qui lit, il eft peint en 1643 > un Religieux Francifcain peint en 1660 ; un Vieillard de face en 1660; unefuiteen Egypte, 1'Auteur n'avoitque 18 ansquandil fit celui-ei, Heft date de 1614; un autre Vieillard , le Por- trait de fon pere: Deux Tableaux furprenants, 1'Auteur n'avoitquez4anslorfqu'illes peignit; ils font d'un beau fini fk frapp'ants pour les efFets que produit le Soleil au travers d'une fe- nêtre, dans un Heit vouté, fous terre: Ce font des Philofophes qui étudient. On voit par ces deux Tableaux que Remhrant fcavoit la perfpec- tive. Et un beau Payfage, oü les difFérents plans
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Plamands s Allemands & tioïlandois. 97
plans f ê trouvent (ëparés par de beaux effets. On voit chez M» leComte de Choifcuil, une
Bohémienne avec Ion enfant qui dort. Dans Ie Cabinet de M. de Jutiennc , fix Ta-
bleaux du même Maitre; un beau Pay Fage,deux Pórtraits en forme ovale, SainteAnnequimon- tre a lire a la Sainte Vierge, un Portrait de femme avec deux mains ; autre Portrait de femme qui a des bracelets de perles aüx bras. Chez M. Ie Marquis de Foyer, un grand Ta-
bleau repréfènte Ie Reniement de S. Pierre} un autre , Tobie qui rend la vue a fon pere. Chez feu M. Ie Marquis de Laffay, font deux
Pórtraits j un autre Portrait d'homme , Ver- tumne & Pomone, & les Pélerins d'Emaüs. Chez M. de la Bouexiere, deux Pórtraits eri
ovale, Ie mari &: la femme, & Ie Portrait de 1'Amiral Tromp. Chez M. Pafquier, Tobie rend la vue a fon
pere. Chez M.Blondelde Gagny, on voitune femme
couronnée de fleurs, une autre femme appellée la CraflTeufe. Chez M. de Gaignat^eux Pórtraits d'homme
& de femme; un Tableau d'un précieux fini, une femme qui donne a tetter a Ion enfant, un hofflme qui travaille, &c. Nous en avons déja parlé , il appartenoit autrefois a M. Ie Mafqui* de Voyer. M de la Live de July a de ce grand Coloriftë
deux Pórtraits en rond, un d'homme & 1'autre de femme. M. Ie Maréchal d'lfenghim % Ie Portrait d'ün
Rabin. Torn. II, G M. te
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5>8 La Vle des Peïntres
M.Ie Prince de Monaco, Ie Portraïtde Jan-
l6°6- fenius & celui du Corfaire Barbc-Roufe. M. de Feaux, deux PortraitSj 1'un defquels
repréfente un jeune homme en armure. Dans Ie Cabinet du Prince Charles de Lorrai-
ne, a Bruxelles, font du même deux figures coloriées au flambeau. A Duflèldorp, chez 1'Eledteur Palatin, dou-
ze Tableaux, Ie Porcrait de Rembrant, celui d'une femme , Ie Portrait d'un homme ; une RêTurre&ion: Ce Tableau eftcompofë de douze figures; Ie Portrait d'un homme avecunefraife; deux autres Portraits; une Bacchante , un Cru- cifiement, une Defcente de croix 3 la Circonci- fion & une Afcenfion. Dans Ie Palais Pamphile,a Rome,un Portrait
Cöeffé d'un Turban. Dans la galerie du Grand-Duc , a Florence,
Ie Portraitde cePeintre, celui d'unhomme joi- gnant les mains. Chez Ie Duc dHamilton, en Ecoflè, leSacri-
lïce d'Abraham. Dansle Cabinet du Prince de Heffe, uneDefc
fcente de croix j la tête d'un Vieillardjiiotre Sei- gneur fous la forme d'un Jardinier, Ie Portrait de Rembrant,a.\itt£ Portrait de Rembrant un cha- J>eau fur Ia têtejle portrait d'une perfonneaffife dans un fauteuil,la femme de Rembrant repréfèn- tée jufqu'auxgenoux,elleafurfatête un bonnet garni de plumes, Ie Portrait de Coppenol. Chez Ie Prince de Galles, la femme de Rem-
brant. Chezie Comte de Waffenaer, a Ia Haye;deux tê-
tesde vieillard$,& une troifiéme avec un bonnet. ' . Chez
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F lamanis , Al Iemands & Kollaniois. 99
Chez M. van Simgelandt, Receveur Général
de la Hollande > Ie LJortrait d'un homme , un autre d'un jeune garcon. Chez M. Ie Lormier, une Sainte familie, no-
tre Seigneur que 1'on metau ïombeau, éclairé par différentes lumieres. Un Soldat armé de fa cuirafle, Tableau vi-
goureux appartenant a M, d'Acojla* Chez M. Ferfcheuring, cinq Tableaux, deux
vieilles femmes, les trois autres des Vieillards. Une jeune fille enjouée, chez M. van Bramen.
Chez M. vander Linden van Slingelandt, a
Dort, un Tableau capital, il reprélènte Ie Sa- maritain. A Amfterdam chez M. Bmamkamp, Ie Por-
trait d'un jeune homme, notre Seigneur dans la barque avecles Apötres, un Vieillard Médecin, & Ie Portrait d'un homme. |
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1 606.
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M O N N I X.
MONNIX naquit a Bois-Ie-Duc en i6o6t
II voyagea de bonne heure 3 dans 1'inten- tion de fuivre & d'imiter les grands Maitres. Quelques-uns de fes Ouvragesluimeriterent a Rome l'eftime du Pape, qui Ie prit a fon fervice en qualité de fon Peintre : II y refta treize an- nées de fuite. Sa maniere de peindre approche de celle de
Gerards: 11 aimoit a repréfenter des converfa- tions, &c. Les Tableaux de Monnïx font ra,r,es en Flandres: On y voit quelques-uns de fes G1 Defieins
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ïöo La Vie des Peintrès
Deflèins qui font défirer fes Tableaux. Il vint
dansfaPatrie&moufutaBois-le-Ducen i686> agé de 80 ans. |
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C E S A R
VAN EVERDINGEN,
;É l e v E
BE JEAN VAN BRONKHORST. CE S A R. van Èverdlngen né en 1606dans la
Vilie d'Alcmaer, fut place fort jeune chez Jean vanBronkhorft : Ce Maitre habile vitbien- töt fon Eleve furpaflèr tous ceux de fon Ecole. Il réulïit également dans le Portrait &: dans 1'Hiftoire: 11 fut de plus un des meilleurs Ar- chitedes de Ion temps. Le célébre Archi tedte van Campen le choifit pour faire en relief THötel qu'il fit batir pour lui fur fes DefTeins. La Ville d'Alcmaer poflède plufieurs de fes
Tableaux, tels que les volets qui renferment le buffet d'orgue dans la grande Eglilè: II y a re- préfenté le triomphe de David & la défaite de Goliath. Il a peintdans les Butes decette Ville un grand Tableau 3 oü 1'on voit la nobleflè & les Chefs des Arquebufiers de la MiliceBourgeoi- fe: Toutes ces figuresfontdegrandeur naturelle & en pied. Plufieurs autres Tableaux de ce Pein- tre fe trouvent dans la Ville 6c aux environs: II deflinoitbien&colorioitavecforcejfa touche, quoique
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Flamands j Allemands & Hollandois. 101 ^^_^
quoique fonduend décidée. Il difpofoit fes fu- ' jets avec jugement, Sc iès Tableaux d'hiftoire !
lont compofës avec beaucoup de feu. Il mourut en 1679 , agé de 7} ans.
Chez M. Ferfcheuring a la Haye, un Payfa-
gedans lequelon voit uneChuted'eau. Unau- tre Payfageavec des figures, chez M*BiJfchop , a Roterdam. |
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JOACHIM SANDRART>
ELEVE DE GUERARD HONTHORST.
JOachim SANDR.ART naquit a Franc-
fort fur Ie Mein, Ie 12 Mai 1 6q6 : Son pere LaurentSandran Ie placa aux Ecoles Latines, & dela chez Theodorc de Brie & Mathieu Nierian , oü il apprit a. deffiner. Agé de 15 ans, il fut apied a Prague,pourapprendre la Gravure chez Gilles Sudeler, qui lui confeilla d'abandonnerleburin &deprendrelepinceau. Sa^/erfutécouté&le jeune Sandrart fut a Utrecht, oü il entra chez Guerard Honthorjl, qui Ie mena avec lui en An- gleterre. Il eut occalïon dans cette Capitale de voir Sc d'étudierdebeauxTableauXjparticulie- rement lesdouze Empereurs peintspar/c Tuien , plus grands que nature : G. Sadelcr les grava , lorlqueTEmpereur Ferdinand III. leseutache- tés après la mort du Duc de Bouquingham. Oa les a vusdepuis chez Sa Majefté Impériale, dans fon Palais a Prague. La réputation de Sandrart augtnenta au point que Ie Roy d'Angleterre lui G 3 ordoona.
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lol La Vie des Peintres
~" ordonna plnfieurs Ouvrages, qui, outre un prix
16o<?. confidérable, lui mériterent des prélents de Sa
'»—- Majeité. Il fit pour Ie Comre d'Arondel des
copies des Portraits du Roy Henry VIII. de
Thomas Morus s d'Eraf me & de beaucoup d'au-
tres : 11 y a imité la maniere A'Halbeen, a trom-
per. Tant d'Ouvrages fk de confidération n'é-
teignirent pas Ie défir ardent qu'il avoit de voir
1'Italie. En i6ij ils'embarquaa Londres pour
Venife, oü il fut bien recu par les Artiftes Jean
Lys & NicoUs Ringnerus : ü y admira les chefs-
d'oeuvres du Tuien & de Paul Veroncfe.
11 quitta Venife pour aller a Bologne, oii fon
Parent Michelle Blond étoit pour lors: lis furent cnlèmble a Florence & dela a Rome. Sandrart ctudia dans cette grande Ecole , & fitun S. Jé- röme & une Madelaine, que Ie Cardinal Barbc- rih acheta pour Ie Roy d'Efpagne, qui lui avoit demandé douze Tableaux des plus grands Maï- tres: Rien ne fait plus 1'éloge de ce Peintre que de Ie voir fur la même lifte avec Ie Guïde 3 Ie Guerchin, Jofepin } Majjini, de Gentilefchi 3 Pietre de Cortone, Ie Valentin, André Sacchï} Lanfranc, Ie Dominïquaïn, Ie Poujfin. Pendant fon féjour a Rome, Sandrart f e Ha particulierement avec Pierre de Laer on Bamboche. Le Duc Juflinianï Tattira chez lui & le chargea de la direótion de la Gravure des Statues de fa galerie. Il vifita les autres Villes d'Italie; il pafla d
Naples oüil fut employé: IIy fit plufieurs études d'après les environs de cette Capitale, (k parti - culierementduMontVefuve.il pafla aMalthe, oü fes Ouvrages furent autant recherches qu'il y fut eilimé. Sa réputationnepouvoitman- quer
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Flamands, Allemands & Hollandois. ioj
querde luiattirerdesennemis .-Ilfcut i'elescon- ~ ~~ cilierparfa poluefle & ia douceur. Il voyagea par-tout avec fruit. Il deffina les Villes,les Pla- ces , les vues: Tout ce qui lui parut mériter Tat- tention dun Artifte , enrichit fon porte-feuille. Aprèsavoir parcouru ritalie&pluiieurslfles de la Méditerranée, il retourna a Francfort, ou il époul'a Mar'u de Milkau. Il ne refta pas long- temps dans fa Patrie qui étoit affligée de la fa- mine, il fut a Amfterdam oü il a laiffe de grands morceaux:On diftingue celui qui repréfente une entree de Marie de Médicïs. 11 fit plufieurs au- tres Tableaux pour MM. Bickers & Spieringer:, Ambafladeurs de Suede: II finit par les Portraits detoute la familie de ce dernier. Après avoir demeuréquelquesannées a Am-
fterdam,il retourna en AUemagne pour prendre pofleffion de la ierre de Stockau , pres d'Ingol- itad,dans Ie üuché de Neubourg: II trouva eet héritage en partie tombe en mine, ce qui l'obli- gea aretourner a Amfterdam, pour vendre ce qu'il avoit amafle de Tableaux $c de DeflTeins, &c. M. Spieringer acheta deux volumes de fes Defleins 3500 florins : II vendit ce qui lui en reftoit 4555 florins , & la vente de fes Tableaux monta a 40566 florins : Cette fomme confidé- rable lui fervit a rétablir Stockau , dont il jouit peu ; 1'Armée Francoifè y mit Ie feu : Ce mal- heur altera fa fortune, maïs il en eut aflez pour rebatir fon Chateau. Craignant encore un pare.il déiaftre ; il vendit cette Terre & futdemeurer a Aulbourg ^ II y fut employé par Maximilien , Duc de Baviere, fk TEmpereur Ferdinand , de qui il recut une chaïne d'or. Il fit dans ce temps G4 ie
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ï©4 La Vie des Peintres
Ie Martyre des Saints & la découverte de la
vraie Croix, &c.
Reftéveufen 16yiySandrartquitta Ausbourg
$c s'établit a Nuremberg, oü il époufa en deuxiéme nöce, la fille du confeiller Gudlaume Bloemaen : II y forma , vers cetemps, une Aca- démie de Peinture, & mit au jour fur fon Art plufieurs Ouvrages en Allemand & en Latin , auxquels il a travaiilé jufqu'a 1'age de 77 ans. Oneftime aujourd'huiparticulierement fa Vie des Peintres: II s'eft fervi de Vafary, Ridolfi Sc van Mander. On peut lui reprocher cependant peu de corredtion, & encoreplus de partialité : II a mérité la critique qu'on en a faite. (a) J'ai ibus les yeux 1'Ouvrage oü il a puifé , & j*y trouve de grandes fautes fur les faits & fur Ie cara&ere qu*il donne aux Artiftes. Sandran avoit des talents; il alaifle des Ou-
vrages dignes de la réputation qu'il avoit ac- quife en AHemagne : On croit pourtant qu'il dut aux intrigues & aux follicitations de fes amis d'être en parallele avec les plus grands Maïtres. Il avoit beaucoup d'efprit; maisl''exces de fon amour propre lefittombtr dans bien des tra- vers qui lui ont fait ton. Les grands hommes doivent fe défier de leur jugement, fur-tout quand il eft queftion de comparerleiir mérite a celuides autres : lis font rarement juftes , parce qu'ils s'eftiment trop , ou parce qu'ils eftiment trop peu ce.ux qu'ils cherchent a abaiffer. EMANUEL
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( a ) Richard Terbrugghen a ctitiqué folidement l'Hif-
tolre des Peintres par Sd |
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Flamands j Allemands & Hollandois. 105
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1607.
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EMANUEL DE WITTE,
ÉLEFE D'EFERARD VAN AELST.
EManuel DE Witte prit naiflance
a Alcmaeren 1607 : Sonpere étoit Maïtre de Peniion, aflez bon Humanifte 6c aflez bon Mathématicien. L'intention de Ion pere étoit d'élever ion fils dans les mêmes Etudes: II y fit plus de progrès qu'aucun de ceux de fon age. Il cotnmengalaPeinture a Delft fous Everard
vanAelfofon applicationle fitbientötdiftinguer par plufieurs Tableaux d'Hiftoire , & par des JPortraits. A peine fut il établi a Amfterdam, qu'il quitta l'Hiftoire pour peindre 1'Architectu- re. 11 repréfentoit Ie dedans des églifes avec un art &uneintelligence admirable : II fcavoit faifir les lumieres & lesdifférents tons de couleur, au point que perfonne ne 1'a furpaffe. On voit de lui lesprincipales Églifes d'Amfterdam repréfentées de différents cötés. Il y a tantót place un Prédi- cateur en chaire avec un auditoire nombreux ; tantót c'eft Ie moment oüle mondeentre ou fort del'Eglife : II tiroit un grand avantage par les oppofitionSjfoit dun buffet d'orguesoude quel- que maufolée s Ses figures font bien coloriees , d'une touche fine & fpirituelle. On regrette un defesplusbeauxTableaux,oüilavoitrepréfenté Ie choeur de la nouvelle Eglife d'Amfterdam, & oü eft en marbre leTombeau de 1'Amiral Ruiter; Ce Tableau lui futcommandé par Ie Chevalier 4l
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La Vie des Peintres
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IO(J
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Angel Ruiter, qui mourut avant que ce Tableau
■ fut fini. LePréaicateur Bernard Soomer, gendre de 1'Amiral Ruiter , peu fenfible a la beauté du Tableau ,ne Ie voulutqu'a un prix plus basque celui dont on étoit convenu : 11 lui offrit zoo florins fk enfuite 300. Le Tableau refta au Pein- tre, qui ne voulut rien rabattre fur le premier marché : II fe facha contre le Prédicateur j & finit par un trait de folie; il coupa en pieces ce Tableau , qui a mérité les regrets des Artiïtes& , des Connoiflburs. Cepeintre avoit de 1'humeur & ne pouvoit
vivre avecperfonne.-Recherchépour fon talent, il auroit eu beaucoup d'amis; mais il ne leut jamais les conferver. Le Confulde Danemarck lui fit faire ,parordredu Roy fon Maïtre, deux Tableaux: II lui marqua a peu pres le temps ou il défiroitlesavoir. Lorfque le Confiil fut poli- ment & avec douceur le prier d'avancer les deux Tableaux, dans la crainted'expofer leRoy fon Maïtre a s'impatienter: De Witte lui répon- dit brufquement, fi le Roy des boeufs ne veut point mes Tableaux, je ne fuis pas en peine de les vendre a d'autres Amateurs. Il n'avoitque peu ou point d'amis parmi les
Artiftes. Guerard de Lairejfe étoit du nombre de ceux qui déplaifoient a notre Peintre.-De Lairejfe étant un foir dans un Cabaret, ne putfoutenir les bravades de Witte , qui fe vantoit fur-tout d'étre le feul fcavant Géometre. De Lamifje prit delacraie&luifitquelques propofitionspardes lignes tracées fur la table. L'autre, au lieu d'y répondre, deffina a cóté de ces lignes une figure desplus indécente, & lui dit, voici ce qui vous a fait
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Flamands j Allemands & Hollandois. 107
fait perdre votre nez: (Lairejje étoic extrêmement catnard.) Cettegrolliereinlulte en bonne com- pagnie , fut caufè que LairèjJ'e , avec toute fa douceur , mahraita Ie Peintre impudent, au point que Ie lendemain on ne put Ie connoitre. Quelqu'un de fa connoiüance lui ayant de- mandé qui 1'avoit traite ainfi : C'eft , dit-il , lairejfe qui m'a hier ébauchéa la chandelle, & je Ie chet che pour qu'il me finiflè de jour. La viede eet extravaganteitrempliede traits
decetteforce \ maisjeles pafTe pour parier de fa fin malheureufe : lldevint vieux & pauvre, dé- tefté par- tout. Son Höte lui fit des reproches & imputa fes malheurs a fa conduite, ils en vinrent au point que Ie Peintre jurade ne jamais retour- ner chez lui: II fortit de la maifon , Ie défefpoir peintfurle vifage. Deux perfonnes ayant ap- percu 1'altération de fa phylionomie , lortirent pour Ie fuivre, mais en vain , ils Ie perdirent de vue , Ia nuit étant très-obfcure. Il rut fe jeter a 1'eau & fe noya;il ne fut pêche qu'aprèsle dégel, pres de 1'éclufe d'Harlem : On lui trouva une cordeau col,cequiafaitfoupconnerqu'il s'étoit voulupendreaupont&: quela cordes'étoit caf- fée. Il fut enterré au Cimetiere des peftiférés: il étoitagé d'environ 85 ans, & finit en \6$i. On voitchez M..SIingelandt Confeiller a la,
Cour d'Hollande un joli Tableau , repréfen- tant 1'intérieur d'une Eglife. A la Haye , chez M. Henri van SlmgeUmdt,
Bourguemeftre, la repréfentation du Chceur de 1'ancienne Eglife de Delft. Ledcdansde la nouvelle Eglife d'Amfterdam,
avec beaucoup de jolies figures:CeTableau ap- partient a M. van Brémenji ia Haye, ER ASME |
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1607.
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E R A S M E
QUELLYN»
Ê L E VE DE R U B E N S.
IRASME QUELLYN eft
né a Anvers Ie 19 Novembre 1607; fa premiere jeuneffe fnc 1 employee aux études : II enfei- gna même quelque tems la Phi- I lofophie, avant de penfer a la Peinture. Comme la maifon deifotanjétoitou- vertea tousceux qui avoientdestalents,Q«c//y« y fut admis comme bel efprit & homme de Lettres:
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LaViedes Peintres Flamands, &c. 9
Lettres: C'eft alorsqu'il fentitéchauffer tous les jours fonimagination, & il voulut chereher a exprimer les idees. IlquittafaChairede Profef- feurpourdevenirlui-même Elevefous Ruhens. La vivacitédugéniede Quellyn ,fon application a 1'étude Ie reildit habile en peu d'années. En homme d'efprit, notre Peincre ne vouloit rien ignorer. Pour devenir plus exad & plus inté- reflant.ilétudia 1'Architecture & laPerfpe&ive; il regardoit comme un défaut d'êtreobligé d'a- voir recours a des mains étrangeres pour nnir fes Ouvrages : Auffi n'a-t il pas été médiocre a peindre lesPaïfages dans fesTableaux d'Hiftoi- res. Comme il a réufli au Portrait, il a, comme van Dyck, immortalifé fon nom en p'eignant, par eftime , la plüpart des Artiftes de lbn remps. Quellyn fut encouragé par fon Ami &fon Maï-
tre, qui vanta fes talents: II 1'obhgea lui-même a expofer fes Ouvrages en public. On pretend que Rubens lui a procuré Ie premier Tableau a faire: Cette amitié qui étoit rondée fur 1'eftime, aduré aufli long-temps qu'eux. Quellynïwt fur- chargé d'ouvrages; la fageffe de fa conduite lui procuravin établiflement fort riche. Il eut plu- fieurs enfants. Son fils Jean Erafme, fon Eleve, dont il fera parlé , eft Ie feul qui a été Peintre. Quellyneü:mortaAnverslei iNovembre 1678, agé de 71 ans. Cornille de Bie a écrit en vers la Vie de ce Peintre, ne pouvant 1'égaler aperfon- ne: II 1'éleve au-deflus de 1'antiquité ; Ëloge de Poëte. Erafme compofoit fes fu jets en grandMaï- trejil avoit unebelle imagination qu'il fcutbor- ner par fon efprit: Tout y eft fage &: concu. Son DeflTein eft aflez correel;, fa couleur tient
de
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1607.
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mi^_^_am 11 o La Vie des Pelntfes
de 1'Ecole de fon Maïtre : II employoft avec
\6oy- fuccès l'Archite&ure & Ie Païfage dans fes Ta-
bleaux; il n'a pas ignoré 1'intelligence du clair- obfcur , Ces ombres &r fes lumieres fontdiltri- buées avecavantage. Voici quelques-uns de fes principaux Ouvragesen pubic : ün voit dans 1'Eglilè Paroifliale de S. Andréa Anvers,l'Ange Gardien dans la Chapelle de cenom. A Malines,dans 1'Êglile Paroifliale de Sainte
Catherine, la naiflance de notre Seigneur, beau Tableau au grand Autel. Et dans 1'Eglife Pa- roiffiale de S. Sauveur a Gand, Ie repos de la Vierge pendant qu'elle fruiten Egypte, Tableau d'Autel dans la Chapelle de S. Jofèph. |
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ABRAHAM
VAN DIEPENBÉKE,
E L E V E DE R U B E N S.
DlEPENBÉKE naquita Bois-le-Duc;fon
premier Maïtre n'eftpas connu : Ilpaflbit déji pour bon Peintre fur verre,& il falloit bien qu'il Ie fut, puifqu'il fut admis dans FEcole de Rubens. Alors notre jeune Artifte donna 1'eflbr a fon génie : 11 compofa lui-même ks fujets. Diepenbéke encouragé par fes fuccès,quitta An- vers & voyageapar toute Tltalie, oü il fut fort employé. Malgrë fa fupériorité fur les autres Peintres fur verre , il quitta ce genre : Rebuté par Jesaccidentsdu feu,quidétruittrop fouvent de
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Flamands t Alkmands & Bollandols. 111
de beanx Ouvrages, dont il change les cou- ' leurs, il fe mit a la Peinture a 1'huile. Il quitta l6°7'. Rome, revint a Anvers oü il rentra de nouveau —' dans 1'Ecole deRubens : Sous ce Colorifle ini- mitableil fit de grands progrèsdanscette partie brillante de fon Art. Cependant fa trop grande facilité a compofer
& a deffiner, ne lui lailïèrentpasafièz de temps a foigner la Peinture. Tout ce qu'il compolbit étoit agréable: II inventoit avec génie & exécu- toit avec feu ; mais il fut trop diftrait par des compofitions faites a lahate. Il ëtoit liirchargé de théfes, de maufolées & de fujets de dévotion, & quifurent gravés&r enluminés pour être dif- tribués dans les Ecoles & les Confraines. Les Libraires l'employerent fouvent a des vignettes dontils ornoienr les Livres : Celui qui a pour titre Ie Temple des Mufes , fait honneur a eet Ar- titte. Il fut nommé Diredeur de 1'Académie d'Anversen 1641 & mourut dans la même Ville en 1675. Le Poëte Vondel a fait des Vers pour fon Portrait, qu'il avoit peint lui-même. Diepenbeke eft undes bons Eleves de Rubenst
un de ceux qui avoit le plus de génie. Il ne fai- foit pas fbuvent degrandes compofitions \ mais par celles que nous connoiflbns, on peut juger qu'il y auroit réufli. Son voyage d'Italienelui a pas fait changer le gout de fon DeflTein , qui eft trop chargé & peu corred. Il a bien peint & imité de fort pres la maniere de fon Maitre:II donnoitdela forceafesOuvrages & ilsétoient foutenus d'urte belle entente de clair-obfeur. Plufïeurs de fes vïtresfont confervéesavec foin: La plus confidérable eft dans la Chapelle des Pauvres
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111 La Vit des Pe'mtrts
Pauvres de la Gathédrale d'Anvers : II y a fè*
prefenté les (Euvfes de miféricorde & les por-1 traits des Adminilirateurs qui vivoient en ce temps la. Dans 1'Eglife des Dominicains de la même Vslle, font dans Ie Chceur dix belles vl- tresj oü il arepréfènté la vie de S. Paul. Plu- fieurs autresdinsl'EglifedesMinitnes; &chez les mêmes Religieux aBruxelles, la vie de S. Fran^ois de Paule. |
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THEODORE
VAN THULDEN,
E L E F E DE RUBENS.
TH E o D o R E prit naifTance a Bois-le-Duc
1'an 1^07 :Il dütfes rarestalents a Jon gé- nie &c a Rubens Ion Maïtre,dont il tut un des plus dignes Eleves. Il fut un deceuxqui accompa- gnerent ce grand hommes Paris , &: on allure qu'ileutlagloiredetravaillerauxTableauxque ^^/2jfitpourlagalerieduLuxembnurg. Ilpei- gnit dès 1'age de 13 ans la vie de S. Jean de Ma- tha,FondateurdesMathurins: Ces 1 ableaux fe voyent encore dans leur Eglife; maïs ils ont cté repeintsprefqu'enentier,ilne reftede 1'Ouvrage de notre Peintre que la compofition. Il par- courut enfuite une partie de la France: II alla at Fontainebleau deffiner d'après Ie Primatice , ïes Travaux d'Hercule, qu'il grava depuisa Peaii- forte. L'étudeparticulierequ'ilaimoita faire des Tableaux d'Italie, lui fit naitre 1'envie d'aller fe per-
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Flamands, Allemands & Hollandois. 115 _____
perfeólionner a Rome; mais les Parents Ie rap- I(j07
pellerent en Flandres, oü il fut fort employé. r
II remplit les Eglifes & les Cabinets de fes Ou-
vrages. Il aida beaucoup les Payfagiftes 6c les
Peincres d'Archite<5hire:ll ornoit leurs Tableaux
de petites figures jolies & fpirituelles. Il fe dif-
tingua fur-tout par plufieurs Tableaux d'Hiftoi-
re. Quelque gloirequ'il s'acquitdans ce genre ,
fon génie Ie ramenoit cependantauxpetits lii-
jets : 11 peignit desFoires & des Kermeffes dans
Ie gout de Teniers. S'ü eft piquant & ingénieux
enpetitjileit fublime en grandiilfëmbloitavoir
dans 1'ame deux partiesextrêmementdifFérentes,
quile rendoient capablesde ces deux genres op-
pofés : Suivant les mouvements de gayeté ou
d'élévation qu'il refTentoit, il fe livroit tour a
tour aux fujets auxquels elles Ie déterminoient.
Les Villes d'Anvers > de Gand } de Bruges ;
de Malines,&c. fe fonthonneurde ks Tableaux:
Un Couvent de Religieufes de cette derniere
Ville, nommé Muyfen , dont fon frere étoit Ie
Diredeur, occupanotreArtiftefort long-temps.
On voit dans 1'Eglife & dans différents apparte-
ments de la même Maifbn,un aflfez grand nom-
bre de fes Ouvrages.
J'ai cherché inutilement pourquoi il quitta
Anverspourfe fixeraBois-le-Duc., quoiqu'An- vers fut alors Ie (éjourdes plus habilesPeintres & qu'il avoit été Direóleur de TAcadémie en 1638. Oncroit que nepouvant vivre dans une Ville oü il avoit vu mourit Rubens , il préfera celle de Bois-le-Duc, qui d'ailleurs étoit fa Patrie : 11 eft mort vieux , fans que Ion fcache exadement en quelle année. Tom. II, H Tous
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H4 La Vïe des Peintres
Tous les Ouvrages de van Thulden paroiflent
faitsavec tant de facilité, qu'on nefoupconne- roit pasqu'il les düt a un travail pénible & opi- niatre : Mais on fcait qu'en Peinture, comme en Poëfie, plus un Artifte travaille difficilement, plus fon Ouvrage paroit exécuté avec aifance & facilité. Les Tableaux del'Eleve approchent de fort
pres de la perfe&ion de ceux de fbn Maitre & <ie fa maniere : C'eft Ie plus grand éloge qu'on puifle donner a notre Peintre. Autant fon gé- nie paroit avoir d'étendue dans la compofition & dans 1'exécution , autant fes penfées iontno- bles & élevées. Moins bon Colorifte que Rubens, il pofledoit auffi parfaitement rintelligence du clair-obfcur: mais il n'étoitpas meilleurDeffi- nateur; il eit même moins correcl: > tant il eft vrai que les défauts du plus grand Maitre font toujours dangereux pour fon Eleve. Theodore gravoit bienal'eauforte; il gravoit
d'après fes études & celles de quelques-autres Maitres: Cequ'il afait de plusconlidérableen ce genre, c'eft 1'entrée de Ferdinand3 Cardinal Inrantd'Efpagne, dans la Ville d'Anvers. Bolf- wert &c Jean Néefs n'ont fait que très-peu de planches de tout ce beau volume, dont Rubens avoit compofé les Deffeins pour des Arcs de triomphe, &c. 11 grava aufli la vie de S. Jean de Matha, dont il avoit lui-même fait les Ta- bleaux dans les formes du Choeur de TEglife des Mathurins de Paris, & les Travaux d'Her- cule d'après Ie Primaüce. Il me refte a indiquer fes principaux Ouvrages. On voit dans 1'Eglif è des Religieufes appellées
Muyfen ,
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Flamands , Alleinands & JioUandois.
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11
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j
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Muyfen, a Malines 3 un grand Tableau peint en
1659 : 11 repréienre dans une gloire la Sainte Vierge qui rak couler du lak de Ion fein fur S, Bernard. Un autre repréfente la Sainte Yicrge & 1'Enfant Jéius; un autre, Ie Roy David; un au- tre j 1'Apotre S. Paul; un autre, S. Francois d. Paulo; & d'autres, plufieurs Saints; notre Sei- gneur attaché a la colonne, ainli que Ie Martyre de S. Sebaftien & 1'enlevement de la Sainte Vierge au Ciel, lont les f ujetsde plulieurs au tres de fes Tableaux. Chezles Religieuies nommées Bethanien , on en voit un grand, ou lont peintes les quatre rins de 1'homme : C'eft une appari- tion a une Religieufe de la Maiibn. Dans l'Egliie Paroiffiale de S. Michel k
Gand, on ne ie laffe point de coniïdérer Ie Mar- tyre de S. Adrien , Tableau fi beau qu'il a été attribué a Rubens. Le Tableau du maitreAutel dansl'Eglife des
Jéfuites aBruges, eft iï bien dans la maniere de Rubens , qu'il trompe tous les coonohTeurs: L'idée de ce Tableau eft fublime 6c d'un beau génie;on y voit notre Seigneur qui recoit ia mere dans le Ciel: Heft environné de la Cour célefte. Dans la même Ville , chez Madame la veuve
Duhamd, unbeau Tableau de 13 pieds & demi de large iiir onze pieds de haut, repréfentant la continence de Scipion; les caraéières de vertu , d'admiration 6c de reconnoilFance ibnt expri- més furies phyfionomiesdifterentes:CeTableau qui eft enrichi d'un beau fond d'Architecture , {e conferve dans cette Familie depuis 80 ans. Il a été peint en 1638. H i PIERRE
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1607.
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i\G La Vie des Peintres Flamands, &c.
PIERRE VANDER WILLINGEN.
—----• f^* E Peintre naquit a Berg-Op-Zoom vers
1607. \^j i6oy ; fes Ouvrages font eftimés : II ne
"^2? peignoit gueres que des objets inanimés : II
imitoit très-bien les vafes d'or, d'argent, de
nacre, Sec. Le temps de la mort de ce Peintre
eft ignoré.
Ses Tableaux font tous des emblêmes fur la
mort; tantöt il a reprélènté un enfant qui joue avec une boule de Savon, une tête de mort en- vironnée de vafès d'argent, des inftruments de mufique, desLivreSj Sec. Il avoit 1'art Sc la patience de bien finir Sc de bien imiter ces diffé- rents fujets. |
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JEAN
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J E A N
LIEVENS,
E L E V E
BE PIERRE LASTMAN. EANLIEVENSnaquitdans -------
laVilledeLeydenle24.O&obre 1607.
i6o7:Sonpere, habile Brodeur -—- & depuis Fermier des Droits de laVille , appercevant dans fon fils une inclination décidée pour la Peinture , Ie placa d'abord chez Georges van
Schooien , pour apprendrea Defïïner , &c a 1'age H 5 de
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i i' 8 La Vle des Peintres
de dix ans chez Pierre Lafiman, a Amflerdam.
1607. £^v^jdemeura chez eet habileMaïtre 1'efpace ^—"^ de deux ans: II y fit des progrès , car dès lage de 1 z ans on lui vit copier Démocrite & Hé- raclited'après les Tableaux de Cornille vanHaer- lem; on avoitdelapeine a diftinguer ceux qu'il venoit de faire d'avec les Originaux. L'Hiftorien de la Ville de Leyden , en par-
lant de 1'e'motion populaire qui arriva dans cette Ville en 1618,lorfque les Bourguemeftres furent obligés d'armer les Troupes Bourgeoifes pour appaifër ce défbrdre : Cet Hittorien , dis- je, remarque que pendant que tont Ie monde ie fauvoit ou prenoic les armes., Lievens feul reftadans fon cabinet a defllner; a peine fcut- il Ie danger oü il avoit éte' expofc pendantplu- fieurs jours. (a) II a fait fort jeune de beaux Portraits , en-
tr'autres celui de fa mere: II traita quelquefois 1'Hiftoire & y réuffit. On cite de lui un Tableau fïngulier , c'étoit un Ecolier tenant un livre , devant un feu de tourbes :La figure étoit gran- de comme nature. Le Prince d'Orange Ie fit acheter&en fit préfenta rAmbaffadeur d'An- gleterre, qui le préfénta au Roy fon Maitre: Ce Tableau fiirprit par fa beauté, &■ encore plus lorfque I'on fcut que 1'Auteur n'avoit pas 20 ans. Lievens apprenant le cas que 1'on faifoit de
fes
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(a ) Cette htftoire efl a peu pres femblable a celle de Pro-
togene, qui peignoit dans fon atelier, dans un des Fauxbourgs de Ia Ville de Rhodes, affiégée par le Roy Dcmetnus , & qui ne fut point diftrait par les Gens de guerre , ni par. le bruit de leurs machiues. |
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Flamands, Allemands & Hollandois. 119 _____
fes Ouvrages a la Cour de Londres , pafïa en I(j07>
Angleterre,oüilfutbien recti: Ily fit les Por- _ traitsduRoy,delaReinej du Princede Galles &c de plufieurs autres Seigneurs: Cétoit en 1630 , il n'avoit alors qu'environ 14 ans. Il refta trois ans en Angleterre, & delapafla
a Anvers: 11 y époufa la fille de Michel Colins , habile Sculpteur. Iljravailla pour les Eglifes , les Couvents & les maifons des Particuliers: On voit encore aujourd'hui plufieurs de fes Ou- vrages a Anvers 6c aux environs. En 1641 Lievens fit deux grands Tableaux
d'Hiftoire pour Ie Prince d'Orange, un autre pour les Bourguemeftres de Leyden, repréfen- tant la continence de Scipion. Il en fit un autre tres-grand pour la maifon
du Confeil d'Amfterdam •• 11 eft place entre deux Tableaux de Govart Flinck & de Ferdinand Bol, & il foutient la comparailbn. Le Poëte Vondel a célébré le nom de ce Peintre dans fes vers : II y fait une mention honorable des ta- lents de ce grand Artifte , dans les Portraits du Bourguemeftre Lambert Reynfl, de Madame Alida Bikker, de l'Amiral Michel Ruiter & du Vice-Amiral Cornille Tromp. Phillippe Angels , qui a écrit 1'éloge de la.
Peinture en iÓ4i,parlede Lievens avec diftinc- tion : II loue fon génie dans les fujets d'Hiftoire, & fur-toutdans deux Tableaux, dont 1'un re- préfentoit le Sacrifice d'Abraham, & 1'autre David & Bethfabée. On n'a pu découvrir ni le temps de fa mort ,
ni le lieu de fa fépulture. H 4 PALA-
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iio La Vie des Peintres Flamands, &c.
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PALAMEDES STEVERS.
T Es Hollandois ont reclame ce Peintre ,
l6o7- JLjquoiqu'il foitné a Londres en 1607. Son -----' pere étoit habile Tourneur: II avoit la réputa-
tion d'excellera faire des vafes,des coupes de
porphyre jdejafpe, d'agate & d'autres pierres précieufès. Il faifbit fon fëjour a Delft; Ie Roy Jacques I. 1'appella en Angleterre, oü il refta quelque temps: Ce fut alors que naquit Pala- medis. Le pere de retour en Hollande, fe rendit a Delft avecIe jeune>5^vtrj,quidevint Peintre, fans autre Maitre que les Tableaux d'Ifaïe Van- de Velde : II imita de fort pres la maniere dece Peintre; mais il fuivit fon gout dans le choix des fujets: C'étoit des batailles, des campenients & des marches de Troupes. Ce jeune Artifte avoit une idee fi jufte de la
difficultéde l'Art de IaPeinture, qu'après les plus grands progrès , il difoittoujours, enfin je vais commencer; mais il finittrop tot, il ne vécut quejufqu'a ^zans: Jl mourutleid Mars 1638. 11 avoit un frere aïnéquilui a furvécu : II pei- gnoit auffi le Portrait & des Tableaux repréfen- tants des converfations. Ce dernier fut admis dans la Société des Peintres a Delft en 16$6 , & fut élu Chefdelamême Compagnie en 1673. |
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ANNE-
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, IIIIIIIIIIIUIIIMIIIIIIIIIIMIIIIIIMI
lïMiiiiluiiiiiiiihiiiiiiiiiiiïiiill'^
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ANNE-MARIE
SCHUURMJNS.
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ES Poetes Hollandois nom-
rnent dans leurs Vers cette fille illuftre leur Sapho & leur Cor- nelie: Si elle a mérité les éloges de les Compatriotes, elle a auffi obtenu les fuffrages des Grands & des Scavants de 1'Europe.
Anne-Marie Schuurmans naquit a Utrecht Ie
5 Novembre \6o-jiE\\qdonna , dès Ie berceau,
des marques de ce qu'elle deviendroit un jour.
A 1'age de trois ans elle commencoit a lire, &
a fept
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1607.
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122 La Vie des Peintres
"~l a fept ans a parier Ie Latin : Elle 1'apprit du
I6O7. a r r> ' • i> r ■ ■ 1 rr C
mim^m meme 1'receptenr qm 1 enfeignoit a les rreres.
Sa mere lui dérendoit 1'étude } &c la réduiüt, comme les jeunes perfonnesde fon fexe,ades ouvrages a 1'aiguille: Cette occupationne fatis- faifant nullement fongoütjelles'amufaa décou- per avec fes cifeaux;mais bientot on fut étonné de la voir peindre des fleurs j des oifeaux & toutes fortes d'infe&es, lans avoir eu d'autre Maïtre que fon génie.Elle aimoit paffionnement Tétude j & les Arts étoient les jeux de fes heu- res de récréation. Son pere déterminé par eet acharnement, livra eet efprit a fon eflbr, en lui donnant des Livres : II devint lui même fon Précepteur,& fansfuivre la methode ordinair il lui fit expliquer Séneque. A 1'age de dix ans elle traduilïtplufieurs Traites de ce Philofophe en Francois &c en Flamand: Elle fit de plus y dans la Langue Grecque , des progrèsquiéton- nerent les Scavants. Mademoilèlle Schuurmans, après la mort de
fon pere, fe livra a fes Etudes plus que jamais: Les Profeflèurs de 1'Univerfité de Leyden eu- rent ordre de faire conftruire une tribune dans leurs Ecoles & dans les endroits oü Ton foute- noit lesThéfes, afinqu'elleputaffifterpar-tout, fans être confondue avec les auditeurs. Lorfqu'elle eut étudié les Langues Grecque
& LatinejleScavant fojjïuslm enfeignal'Hé- breu: Elle écrivoiten Hébreu,en Syriaque, en Chaldéen j en Grec, en Latin , en Efpagnol, en Italien & en Allemand. Elle faifoitdes Vers en plufieurs Langues : On peut s'en convaincre en lifant fes Ouvrages. Marie de Gon^agues, Reine
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Flamands j Allemands & Hollandois. 11 $
Reine de Pologne, ne fe contenta pas d'admirer de loin les talents de cette fcavante fille , dans Ie voyage qu'elle fit a Utrecht en 1645 , elle fut voir Marie Schuurmans: La Princeffe, aprèss'ê- tre entretenue long-temps avec elle, lui donna les marques les plus flatteufes de 1'eftime qu'elle avoit pour fon mérite. Anne-Marie, Reine de Bohème , & la Prin-
ceire Louife fa fille, lui écrivirent fouvent; & pluiieurs Scavants de 1'Europe chercherent par leurs lettres as'attirer quelques-unes des fiennes. Elle ne mérite pas moins 1'éloge des Artiftes par les Ouvrages en Peinture, en Gravure au burin & a 1'eau-forte: Elle gravoit avec Ie dia- mant fur Ie criftal ; elle faifóit des figures da ronde bofTe en ivoire: Grande Muficienne.,elle jouoit très-bien du luth & touchoit bien du clavecin. Pour ne point m'écarter du but principal de
ce Livre, 6c pour faire connoïtre a quel jufte titre Marie Schuurmans mérite de tenir une place diftinguée parmi les grands Artiftes de (on Pays & de Ion temps, je ne dois pas oublier Ie gout heureux qu'elle eut pour la Sculpture :Elle fit en ronde boffe^en bois depalmier, fon Portrait, celui de fa mere & ceux de fes freres , & on peut jugerde Texcellence de ces Ouvrages par Ie prix qu'y mit Ie Peintre Honthorft : II eftima Ie feul Portrait de cette illuftre fille a mille flo- rins d'Hollande. En fait de Religion, elle parut adopter les
fentiments A'Abadie : Elle fut Ie joindre a Al- tona,oü elle donna au Public , fur fes principes, Ie Livre intitulé Eudcria. Elle mourut dans cette derniere
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1607.
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124 La Vie des Peintres Flamands , &c.
*~ derniere Ville en 1678 , agée de 71 ans. Des _* °7' Scavantsdiftingués, tels que Vojjius ySalmafius, Kj Andreas, & M. Ie Laboureur dans fa def-
cription du voyage de la Reine de Pologne ,
ont fait la plus honorable mention de cette fille
céle'bre.
JMous avons plufieurs de fes Portraits de fa
main, &r entr'autres un gravé a 1'eau-forte 6c
retouche au burin.
On voit au bas ces Vers Latins:
Cernitis hicpicld nojlros in imagine vulcus .*
Si negat Ars formam 3 gratia vejlra dabit. Et fous fon Portrait, qu'elle a modelé en
eire, ceux-ci : Non mihi propojïtum eji humanam eludere fortem 3
Aut vultus folidó fculpere in Are meos : H&c nojlra effigies, quam cera exprejjimus 3 eccc
Materia fragili j moxperitura } damus. |
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GERARD
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GER ARD
TERBURG,
ELEFE DE SON PERE.
ER BURG naquiten 1608 a
Zwol dans la Province d'Over- I{fel,d'une Familie ancienne& eftimée: II apprit de fon pere qui étoit habile &c quiavoitde- _ meuréplufieursannéesaRome, les principes de la Peinture. On ne fcait quel fut fon autre Maïtre a Harlem, qu'il quiita pour voyager : On fcait auffi que quand il par- tit fes Ouvrages étoient déia recherches. Il
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n6 La Vie des Peintres
Ilparcourut 1'Allemagne &rl'Italie; il y a lieu
de croire que les beautés de Rome ne 1'avoient pasavTezfrappé,puilqu'il ne changea ni fbn gout de Deflèin , ni la maniere de compofer : II pa- roït qu'il fecontenta du grand débitde les Ta- bleaux, qui fut réellement ii conlidérable qu'il le mit en état de paroitre avec magnificence au Congres de Munfter en 1648. Le Comte de Pigoranda,Amba.ffa.deur d'Eipagne, avoit char- gé fon Peintre d'un Tableau de Crucifiement j 1'entreprife étoit au-deflusde fesforces, mais il réuflit avec le fecours de Terburg: V Ambaüa.- deur furpris de la beauté de 1'Ouvrage , foup- conna que fon Artifte ne 1'avoit pas fait feul. 11 le lui rit avouer, tk ne le punk qu'en exigeant de lui le nom du véritable Auteur. Terburg fit le Portrait du Comte & bientöt celui de tous les autres Ambafladeurs, & chacund'eux vou- lut lè 1'attacher. Le Comte Pigoranda promit a Terburg des honneurs & une grande tortune en Efpagne & le détermina a le luivre. Le Roy s'étant fait peindre par notre Artifte, le créa Chevalier j & ajouta acette illullration , une chaine d'or, une medaille, une riche épée & des éperons d'argent. Les principaux de la Cour voulurent aulli avoir leur Portrait. Les Dames trouverent fon pinceau li aimable, qu'elles dif- |
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uterent iiqui feroit peinte de la main. On afllire
ue fa figure agréable,lba efprit,fon grand u fage umonde &ciesgalanteriesdonnerent de la ja- |
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loufie aux Efpagnols: II en évita les fuites &c
partit lecrétementpourLondres. Ses Ouvrages ïy avoient annonce ; bientöt il fut furchar gé, &c leprix exceflif qu'il mit a fesPortraits èc les Tableaux,
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Flamands 3 Allemands & Uollandois. 117
Tableaux , ne diminua point la foule de ceux qui lui endemandoient. 100S 11 quitta Londres & pafla en France , oü l-—
malgrélenombredes habiles Artiftes de Paris, il fit plufleurs Portraits & des Tableaux qui fu- rent eilimés. Sa fortune étoit aflez conlïdérable pour lui laifTer fuivre Ie penchantqu'ilavoitde revenir dans la Patriedlquitta laFrance,malgré Ie profit & les agréments quifèmbloientdevoir 1'y retenir. Terburg alla s'établir a Deventer : II y époufa
une de fes Parentes, de laquelle il n'eut point d'enrants. Sa fageffe lui fit obtenir une place dans Ie Confeil : 11 fut Bourguemeftre de la Ville. Guillaume III. Prince d'Orange, en paf- fant par Deventer,fut fupplié par les Magiftrats de leur donner fon Portrait, comme un gage précieuxdefabonté tk un monumentdu féjour qu'il avoit fait dans leur ville : J'ai raon Por- trait , dit Ie Prince } peint pat Netfcher, & je vous en promets une copie. On lui repréfenta que Ie Maïtrede fon Peintre étoit un des Mem- bres de leur Confeil,& qu'ils Ie prioient de fe laifler peindre par lui: Le Prince y confentit. Terburg Ie peignit avec tant de luccès, qu'il fit une feconde fois fon Portrait a la Haye. Cet "excellent Artifteavécu coniidéré dans lesdiffi- rents endroits 011 il avoit pafle & dans fa Pa- trie:Ileut la prudence d'épargner ce qu'il avoit gagné ; il fcut en ufer honnêtement pendant fa vie Sc en laifler encore a fes héritiers : II mou- rut en 1681, agé de 7 3 ans ; fon corps fut porté a Zwol, lieu de (a naiflance. On ne défireroit dans les Ouvrages de Ter-
burg |
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118 La Vie des Peintres
burg quun meilleur gout de Deflein j qui eft
rond & un peu lourd : Son pinceau a quelque fois Ie même défaut -y mais il imitoit parfaite- mentles étoffes, fur-tout lesfatins. Iln'a gue- res faitde Tableaux oü il n'y aitdu fatin blanc : Sa couleur eft bonne & tranfparente; touty eft d'un beau fini, & ils fèroient lans prix s'il avoit feu embellir la nature, qu'il a quelquefois copiée trop fervilement. La quantitédes Fortraits qu'iJ afaits}nous aprivésdebeaucoup de Tableaux qu'il n'eut pas Ie temps de faire. Il prenoit, comme Gerard Douw,Mieris, &c. fes fu jets dans la vie privée. Ses Ou vrages Ion t très-recherchés, on en trouve en France dans les Cabinets choi- fis; mais il y en a plus en Hollande : Ses Por- traits font répandus danstoute 1'Europe. On voita Paris chez M. Ie Comte de Vcnce ,
unmorceau precieuxde Terburg , il repréfente un Maïtre qui donne lecon a fon Ecolier. Chez M. de Julienne,thevalier de S. Michel,
une femme qui joue de la guittare, un homme chante & un autre qui les écoute; deux Dames qui jouent aux cartes, un autre qui les re- garde. Chez M. Ie Marquis de Foyer, une Limona-
dière& deuxautres figures. Chez M. de la Bouex'ure , une Dame qui écrit
une lettre, oü presd'elle eft une jeune perfonne debout & une autre a coté ; une femme qui joue de Ia harpe. Chez M. Blondel de Cagny, une jeune fille
qui lit ; une qui écrit 8c une qui boit. Chez M. de Gaignat, un jeune homme qui
préfènte un verre de limonade a une jeune per- fonne , |
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Flamands, Allemands & Hoüandois. 119
fonne, derriere eft une vieille matröne. ADmfeldorp, la Nativité de Jéfus-Chrift;
un jeune hom me qui cherche les puces d'un chien. Chez M. van S'lingelandz, Receveur Général
de la Hollande, un üfticier pres d'une jeune femme; unTrompette entre dans l'appartemenc & préfenteune lettre. Chez bA.Fagel, un Soldac qui prenddesfruits, tandis qu'un autre Ie re- garde faire. Chez M. Lor/nier, un Officier qui dort, une femme Ie réveille pour Ie faire parier a unTrompette; une jolieperfonnedeboutprès d'un homme ÓV d'une temme aflis & qui ooi- vent du vin; une Dame qui joue de la guittare en préfence de ion Maïtre Öc d'un autre homme; une vachequi fort de 1'étable, &: une Payfanne qui tire du lait d'une autre vache. A Dort , chez M. vander Linden van Slin-
gelandt, une jolie femme affifè a une table, fur laquelle eft un deflert de fruits, un cavalier en bottes lui offre une poignée de piecesd'or, qu'elle (èmble refufer, en verfant du vin dans un vafe de vermeil: La Dame eft en habit de fatin. Chez M. Braamkamp, a. Amfterdam , un
homme & une femme qui font de la mufique; un Officier qui écrit quelques dépêches, qu'un Trompette attend \ une jeune Dame qui coupe fes ongles, une femme de chambre tient une aiguiere d'argent pour lui fervir de 1'eau a fe laver les mains-, deux Dames &r un homme jouant aux cartes. Chez M. Leender de Neu- vïlle, un concert de plufieurs perfonnes qui font delamufique; &un. Officier avec deux Dames. TomeH. I ARoter-
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i j o La Vie des Peintres Flamands, &c.
~ A Roterdam, chez M BiJJ'chop, un Officier 1 qui écrit des lettres qu'un Trompette attend: Cette compoikion eft très-ornée; il y a un beau chien auprès de fon Maitre. LeTableau Ie plus capital &: leplusprécieux
de Terburg, repréfentelesPortraitsdesMiniftres Plénipotentiaires qui étoient au Congres de Munlter : II s'y eii peint lui-même parmi les fpedareurs. 11 ne voLilut jamais lai (Ter ceTableau au dellbus de6000 florins : II a été vu par Hou- braken, chez M. Terburg, Receveur de Rentes a Deventer. Suyderhofa gravé d'après ce beau Tableau, une JÉftampe fort recherchée. |
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ADRIEN
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ADRIEN
BR AU WE R, ÊLEVE DE FRANgOIS HALS.
E PEINTRE,auflïméprifa-
ble par fa viecrapuleu/è.qu'efti- maole dans la Peinture., naquit a HaHem en 1608. Comille de Bie, Ecrivain Flamand, pretend ! qu'il eft né a Oudenarde , & Houbrakeu Hüllandois, prouve par une lettre, du Bourguemeftre Six, qu'il est né a Harlem'. Brauwer étoit né d'une familie très-pauvre, qui n'avoit pu fournir a lui donner une bonne l 2. éduca-
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^^^ i$t La Vit des Peintrcs
, g éducation : Le hafard Ie fit Peintre. Sa mere
' étoit brodeuiè & fai/èufè de modes & d'ajuf- ■—""■ tements pour les Payfannes, & le jeune Brau- wer s'occupoit a deflïner a la plume des fleurs & des oifèaux, pour broder fur la toile. Fran- cois Hals, Peintrehabile, enpaflantun jourde- vant cette boutique, vit Brauwer deffiner avec tant de facilité & de gout, qu'il s'arrêta & lui demanda s'il n'avoit point envie de devenir Peintre: 11 répondit qu'il le vouloit bien, fi fa mere Ie permettoit. Hals propofa a la mere de le prendre chez lui, de 1'inftruire &r de le nourrir. La propofition fut bien recue de la mere & du jeune homme, mais peu charitablement exé- cutée de la part da Maitre. Brauwer arrivé chez Hals, s'appliqua avec
ardeur; II fut fequeftré des autres Éleves & enfermé dans un petit grenier. Cette fépara- tion donna de 1'inquiétude ou de la curiofité a lescamarades, qui epierentle moment, pendant 1'abfence du Maitre, pour voir ce que faifoit Brauwer. Ils monterent chacun a leur tour, & par une petite fenêtre ils virent avec furprife que eet Eleve, pauvre & méprifé, étoit un P.eintre habile, qui faifoit de fort jolisTableaux. Un de ces jeunes gens lui propofa de faire les cinq fens, a quatre fols piece: 11 y réuffit fi bien qu'un autre lui commanda. les douze mois de 1'année au même prix. Brauweraccepta &r s'en tira bien. On Tengagea de cravailler quelques heures de plus, en lui prometrant d'augmenter le prix. Brauwer fetrouvoit fort heureux & re- gardoit comme une bonne fortune, la vente des perits fujets qu'il faifoit dans fss moments de loifir:
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Flamands, Alltmands & Hollandois. 13 j
loifir: Mais Ie gain que Ie maitre faifoit fur les „ Ouvrages, détermina Hals &r ia femme a 1'ob- * ° * ferver de ii pres qu'il ne lui reftoit pas un feul —~"' inftant. La furveillante, non-fatisfaite d'épuifer de travail ce miférable, Ie laiflbit mourir de faim. A peine avoit-il Ia figure d'un homme vivant, & tout jufqu'a fes habillements, prou- voit fa mifere : Cette iituation Ie mit au défef- poir. Adrien van OJlade, fon ami & Eleve du même Maïtre, touche de compaffion, tuicon- ieilladequitterla maifon &dechercherfortune ailleurs: 11 s'échappa &r parcourut toute laY ille, fans fcavoir oü il alloitj nicequ'ildeviendroit. Il s'arrêta chez un Marchand de pain d'ëpice: 11 en fit provifion ponr toute la journe'e, & fut dela feplacerfousle buffet d'orgues de la grande Eglife. Pendant qu'il cherchoit dans fon imagi- nation les moyens de fe procurer un état moins malheureux, il fut reconnu par un particulier qui alloit fouvent chez fon Maïtre, &: quide- vina, a la triftefle & a l'hsbït deBrauwer, une partie de fon inquiétude. Il lui demanda d'oü. venoit fon chagrin •> Brauwer auffi fimple qu'on peut 1'être, lui conta naïvement fon aventure: II infifta fur l'avarice excefïïve de Hals &de fa femme, qui, non contents du profit qu'ils ti- roient de fon travaiï, Ie laiflbient mourir de faim & prefque rrad. La paleur & les haillons de 1'hiftorien rendoient fonrécit plus que pro- bable : II intéreffa celui qui Técoutoit, qui lui propofa de lé ramener chez fon Maitre; & lut promit un meilteur traitement. Le pauvre garcon fuivit ce Protedeur chez
Hals x qui fiché d-'avoir eherche Brauwer par I 3. toute.
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_ 154 L& Vi£ des Peintres
1608. toute la Ville, & d'avoir craint de perdre un
Eleve ii lucratif, lui fit beaucoup de menaces. Le condutteur de Brauwer fit a Hals en parti- culier des rtmontrancesqui eurentleureffet. Le lendemain le Maitre fit des carefTes a Ion Eleve, il Thabilla de neuf ( a la fripperie tentend ;; le jeune Artifte lè trouva tres heureux par com- paraifon : 11 travailla avec plus d'ardeur, mais toujours au bénéfice de f on Hóte, qui vendoit fort cher desTablcaux qui lui coütoient fi peu. L'Auteur ignoroit feul Ion talent & les resour- ces qii'il y auroit trouvées. Brauwer en fut inftruit par fes camarades, 8c
trouva le moyen de s'échapper; il fut droit a -Amfterdam, le hazard le fit léjourner chez HemivanSoomeren Aubergifte, qui avoitelTayé ■de peindre dans fa. jeuneffèj & dont le fils pei- gnoit bien 1'Hiftoire, le païfage & les fleurs. Brauwer fut mieux nourri &moin$gêné3 &c reprit des forces & du courage. Il fit quelques petits Tableaux qui furprirent van Soomeren &C émurent fa généïofité : II fit préfent a Brauwer d'une planche de cuivre. 5/aaw^rpeignitdelTus unequerellefurvenue
au jeu entre des Soldats & desPayfans; quelques- uns le battoient, les cartes étoient difperfëes &C les tables renverïees: Ce Tableau éroit admira- ble, biendefliné, biencolorié, les expreflions en étoient fingulierement rendues.On reconnut le Peintre dont Hals avoit vendu fi cher les Ou- vrages. M. du Vermandois amateur, en cher- choitdepuis Iong-temps 1'Auteur: II marchanda le Tableau fur cuivre & en donna bien vïte le prix, qui fut fixé a cent ducatons. Brauwer -' e'tonné,
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Flamands 3 Allemands & Hollandols. 13 j
étonnéj fe frottant les yeux & craignantque ce
ne fut un longe, répandit 1'argent fur (onlit, fe rouladeirus pour rendre fonbonheur plus pal- pable : II Ie ramaffa & s'en alla lans rien dire. 11 revint quelques jours après en chantant, Sc fort gai. On lui demanda oü étoit ion argent: Dïeu Joit loué} dit il j je m'enfuis defait & m'en irouveplus heureux : II en a toujours ufé de mê- me. Ilaimoit lajoie & la diflipation; aufli ne rmiroit-on point, fi on racontoit toutes fësaven- tures: Un jour d'épouillé par des voleurs.,&: vo'é julqu'a ion dernier fol, il entra dans \x Ville d'Amfterdam, fe fit faire un habit & un man- teau de toile. Il peignit deffus des fieurs, gom- nu cette toüe, & ainfi vêtu , il fut aux prome- n.iues &: au théatre a la comédie: II attira fur- tout les yeux des Dames qui voulurent fcavoir oül'on vendoitune fi belle toile des Indes. Il prit une éponge & de l'eau , &c les fleurs de fort hdbitdifparurent;mais il lesétonnaencore plus par les propos plats qu'il tint a ce fujet. 11 en réfulte que c'eft un bon Peintre & un homme ridicule. Brauwervécvit ainfi quelque temps aAmfter-
dam, gagnantbeaucoup, diffipant tout &ne payantrien: 11 s'acquittade fesdettes en efcroc, il fortit fecrétement de la Ville &r prit la route d' Anvers. Mais comme il étoit moins au fait des interets des Princes que de ce qui fe paffbit dans les tabagies, il eut 1'imprudence de fe préfenter aux porte» d'Anvers, fans Paflèport des Etats Généraux, qui étoienten guerre avec 1'Efpagne: II fut arrêté commeefpion & mis en prifan dans la citadelle. Il y trouva heureufement Ie Duc I 4 d' Arsmberg t
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^ i j 6 La Vie des Peintres
1608 d'Aremberg, auflï détenu par ordre du Roy
mmmm d'Efpagne : II Ie prit pour Ie Gouverneur de la '~*m~ Place, te lui conta, les larmes anx yeux., ion malheur, en lui difant qu'il étoit Peintre, qu'il avoic quitte Amfterdam pour venirexercerfon talentaAnversj &:qu'iloffroitdeluiendonner la preuve, pourvu qu'il eüt une palette & des pinceaux. Le Duc envoya Ie même jour deman- der a Rubens tout ce qui étoit neceflaire, en lui faifant dire qu'il vouloit occuper un Artifte qui paroiflbit être en danger de fa vie, fi on ne s'employoit pas a 1'en retirer : On donna a. Brauwer des couleurs &r une toile. Quelques Soldats Efpagnols s'étoient mis dans la cour, , devant la lucarne du Peintre, ajouerauxcartes & aux dez : II fit une EfquiflTe de cette aflem-
blée; il y repréfenta, avec beaucoup de véritej lescaracleresdecesdiflférentsjoueurs.On voyoit derriere eux un vieux Soldat affis fur fes talons, qui étoit comme le Juge de leursdifférents: Sa phyfionomie e'toit originale, (k on entrevoyoit les deux feules dents qui lui refloient dans une bouche fort large. Le feu ordinaire que Brau- wer répandoit dans fes Ouvrages, éclatoitdans celui-ei : LeDuc, en voyant le Tableau, fit un éclat de rire & envoya prier Rubens de le venir voir, pour juger fi le Tableau de fonBar- bouilleur valoit la peine d'être confervé. Rubens arriva chez Ie Duc; a peine eut-il
jetté les yeux fur le Tableau, qu'il s'écria.: II ejl de Brauwer, lui feulpeut peindre des fujets en ce genre, avec autant de force & de beauté. Le Duc voyant/fa^wexaminer&rlouerceTableau, 1'engagea a lui en dire le prix : Ruhens en offrit |
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Flamands, Allemands & Hollandois. 137 ______
300 ryckfdaelders. Le Duc lui répondit: Vous , „
juge0ien qu'il rieft pas a vendre ; je le dejline £ —m^, mon Cabinet, autant pour la Jingularité de l'aven- ture, que pour la beauté dont il ejl. Ce Tableau fe voit encore chez les Defcen-
dants de cette illuftre Maifon : II eft un peu endommagé & écalé, parce que celui qui avoit imprimé la toile avoit donné la premiere couche avec de la craie a la colle. Rubens fut chez le Gouverneur d'Anvers,
folliciter la liberté du Peintre; il lui conta foa hiftoire & quelques traits qui caraétérifbient 1'homme : Le Gouverneur fit venirle prétendu elpion, qui avoua qu'il étoit arrivé a Anvers fans PaflTeport; mais qu'il n'avoitpas cru qu'il €Üt autrechofeay faire que d'ypeindre. Rubens cautionna Brauwer, lui procura fon élargifle- ment.rcmmena chez lui, lui donna fa table, le logea, 1'habilla pour tacher de tirer de la cra- pule un fi grand Artifte: Mais Brauwer incapa- ble de répondre a des manieres fi generen fes, le quittabrufquemenr, vendit fes nippes, dépenfa tout ce qu'il avoir, & dit que la maifon de Ru- bens lui etoit plus infupportable par fa vierégl.ee que la prifon de la Citadelle. Il fut chercher un Höte qui paroiflbit fait
pour fupporter fes défauts; auiïi fecrut-il mieux entrouvant uh fecond lui-mêmeoen laperfonne de Jofeph Craesbéke Boulanger, qui devintPein- tre, comme il fera dit dans fa vie. lis fe livre- rent a tant de débauches, que la Juftice crut que le Public y gagneroit en les féparant. Brauwer prit la route de Paris, oü il refta
qnelqnes mois dans la vie la plus déréglée : II y
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138 La Vie des Peintres
y travailla peu &r fut rorcé de retourner a An-
vers, oüileut des reflbuvenirs cuifants de Ion voyage, &mourut vers 1640, deux jours après fon arrivée dans un Hópital: 11 fut enterré avec Jes Pauvres auCimetiere des Pelliferés. Rubens apprit par un de fes Eleves la mort de
Brauwer, l'honora de fes larmes, fkretirerle corps du lieu oü il avoit e'té inhumé , & lui fit faire, dans 1'Eglife desCarmes, des obiëques dignes de fes talents: Ce grand homme n'auroit pas borné la 1'eftime qu'il avoit pour Brauwer^ puifqu'il avoit fait lui-même Ie mode'e d'un nuulolée qu'il lui deftinoit; mais la mort 1'en- leva peu ae temps après Brauwer. On ne doit pas s'étonnerlïlesOuvrages dece Peintre font faits fans choix ou avec peu d'élévation : Tont ce qu'il a peint répondoit a fon génie. S'il n'a point varié (es fujets, c'eft qu'il avoit toujours les mêmes objets devant les yeux. On trouve dans ks Tableaux, quoique petits, une vivaci- té d'expreffion, une couleur excellente, une touche large & ferme, & enfin une union de toutes ces parties, qui rend fes Ouvrages pi- quants & prefque fans prix. Voici une idee de quelques-uns de fes Ta-
bleaux : On voit chez 1'EIedeur Palatin , un Chirurgien qui bande la plaied'un blefTé; dans un autreTableau, un Chirurgientireuneépine du pied d'un jeune homme; lePortrait de Brau- wer;des Payfans yvresqui fe battent; un Payfan tenant fa pipe; un Tonnelier & une femme te- nanr un verre auprès de quelquesPayfans qui fe chaufFent; un Payfan qui fume & a cóté trois autres auprès du feu. Chez
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Flamands3 Jllemands & Hollandois. 139
Chez Ie Prince Charles, a Bruxeiles, un
homme appuyé (iir la main» uneconverlation
de Paylans; unChirurgienquiarracheunedent.
ChezM.Ba;t, aGand, uneTabagie.
A Paris, chez M. de Julienne, un Tableau
reprélentant des Buveurs. Chez M. de la Boue-
xiere, un homme qui nétoye un petit enfant.
Chez M. leComte de Fence, uneTentation de
S. Antoine.
ChezM. Fagel, a la Haye, une aflemblee
de Payfans yvres, qui (e battent au couteau. Chez M. Lormier, des Paylans qui boivent & chantenr; autres Buveurs qui célébrenrla veille desRofs; une Batterie d hommes, femmes & enfants; desLibertins dans unlieude débauche; nne Compagnie qui joue aux cartes; & trois Payfans de'bonne humeur. ChezM. van He- teren, des hommes & des femmes qui fe diver- tiflent & qui boivent. Chez M. Bikker van Zuieten, des Joueurs au tri&rac. Chez M. d'Acofla, des Payfans qui s'égorgent. Chez M. van Brémen, des Buveurs & Fumeurs. A Dort, chez M. vander Linden van Slinge-
landt, desSoldats & des Payfans qui jouentaux cartes dans un corps de garde. A Amfterdam, chez M. Braamkamp, des
Fumeurs & Buveurs dans une chambre, d'au-
tres qui chantent &r jouent adesjeuxd'hazard.
A Roterdam, chez M. Lcers, des Joueurs au
tridrac; & un Operateur.
Et a Middelbourg, chez M. Cauwerven, des
Payfans qui boivent & qui fument. JOSEPH
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JOSEPH
VA N
CRAESBÉKE,
ÉLEFE DE BRAÜWER.
RAESBEKE né a Bruxelles,
étoit Boulaneer : II fut s'établir a Anvers, ou il fit connoiflance avec Brauwer, comme il eft dit dans la vie de ce Peintre. Ayant tous deux Ie même gout pour Ie libertinage, ils furent bientót liés d'amitié. Dès que Cratfbékc avoit vuidé fonfour,il f'erendoit chez
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■La Vic des Pelntres Flamands, &c. 141
chez fon ami, oü il examinoit fa maniere d'é- ~" baucher Sc de finir fes Ouvrages. La journée finie, ils alloient enfemble boire & fumer. Cra- ^ï? esbéke eflaya de peindre : Ses elHiis plu rent a Brauwer qui 1'aida de fes lecons. Le Boulanger quitta fon premier métier, & égalaprefqu'au- tant fon Maïtre dans fes Tableaux qu'il 1'avoit imité dans les mceurs. Craesbéke avoit une femme jolie, il en devint
jaloux; &: voulant s'affiirer fi elle 1'aimoit, il avila un moyen qui ne pouvoit partir que d'une tête comme la fienne : il fe peignit fur la poi- tdne une plaie conlïdérable, & pamt avoir une chemife enfanglantée. Il mie auprès de lui fon couteau de palette, auffi rougi; alors il fit des cris épouvantables, comme quelqu'un pret a expirer: Safemmemontaenhaut, & lui donna des marques fi peu équivoques de fa douleur, qu'elle le guérit de fa jaloufie. Il embrafla fa femme & lui dit ne pleurez point: il lui avoua la fupercherie que fa paffion pour elle lui avoit fuggérée. Cette preuve de tendreflè de la part de la femme, eilt feit le bonheur d'un homme capable de fe corrigerj mais il fut toujours abandonné a fes vices. Craesbéke a peint des fujets bas & dégoütants;
il étudioit fes grimaces devant un miroir. Sou- vent il fe mettoit un emplatre fur 1'oeil en ou- vrant une bouche effroyable, &:c. c'eft ainfi qu'il a fait plufieurs fois fon Portrair. Ses Tableaux repréfentoient des Tabagies,
des Corps de gardes 3 des Querelles de gens y vres, 6cc. S'il n'a pas la fineflè & la touche auffi
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_____ T 4Z La Vie des Pelntres Flamands, &c.
1608 au^ ^arge <lue Brouwer, c'efl. du moins celui
r__„^ qui en a Ie plus approché.
On peut citer a Fans, chez M. Ie Comte de
Vence, Ie Portru.it de Craesbeke, avcc une empla- tre furl'oeil, hiiiaut la plus laide grimace. A Ari vers, dans la lalle de la Conrrairie des
Maitres en fait d'Armes, un Tableau furbois, repréfentant les Por tra lts des principaux Con- frères , &leiirsdiflférentsexercicej: C ettundes plus beaux & des plus con tets de ce Peincre. A Rouen, chez 1'Auieur de eet Ouvrage,
un Tableau capital qui ell lur bois. ^e lont des Payfansquis'égorgentdansuneguinguetre,tout yeil renverfé, tables, pois, verres, hemmes, femmes & enfants: lei un des combattants eft étendu mort, un autre tientalag >rgc celui qui Ta blefle d'un coup de couteau : Ce Tableau eft du bon temps de notre Artiite, il eil entiere- ment dans la maniere de Brauwer. A la Haye, chez M. Lormier, une femme
qui ratiflè des carottes. A Middelbourg, chez M. Cauy/erycn, un
Hermite en priere. |
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JACQUES
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JACQUES
B A C K £ R. ACKER naquit a Harlingen I(Jog
en i <Jo8, & felon d'autres en ' 1609 : Le talent de ce Peintre -----
étoit lePortrait. llavoitfurtout
une facilité incroyable. On dit _ qu'une femme étant venue de Harkm a Amiterdam, remporta fon Portrait fait jufqu'aux genoux dans la même journée. Il demeura prefque toujours a Amfterdam,
oül'on voitdelui plufieurs Tableaux d'Hiiloi- re, qui ont mérité d'être loués dans let Vers du Poëte Vondel. Backer
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144 La V'ie des Pelntres
Backer mourut Ie iy Aout 1^41. CornUle de
Bie fe trompe, en placant fa mort en 16$ 8. Backer paflè pour celui de fon temps qui deffi- noit Ie mieux une Académie, principalement Ie corps des femmes, il les deffinoit fur du pa- pier bleu, au crayon noir &blanc: Ses Defleins font tres-recherches par les Amateurs, èc fe vendent fort cher. La plüpart des Ouvrages de Backer font en
Efpagne; l'Éle&eur Palatin poflede Ie Portraic d'Adrien Brauwer peint par Backer. Dans 1'E- glife des Carmes a Anvers fe voit un Tableau capital decePeintre, c'eftle Jugement dernier; 11 eft bien compofé, bien deffiné Sc bien colorié: Ce Tableau eft place audeflus d'une épitaphe. |
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BERTRAND FOUCHIER,
ËLEFE DE FAN DYCK.
" ^^-^ Pe'ntre naquit a Berg-Op-Zoom Ie 10
11609. ^^ Février 1609 : II marqua fort jeune du
1 chez Antoine van Dyck. Sa dilpofition fous un grand Maïtre, Ie rendit en peu de temps capa- ble de bien faire un Portrait. Fouchier n'auroit jamais quitte cette École, li fon Maïtre, par trop d'occupations, n'avoitpas été dans Ie cas de négliger fes Eleves. De ce moment Fouchier quitta Anvers & fut a Utrecht: II choifit pour École, celle de Jean Billaert, chez qui il refta deux aas. Après ce temps-la il retourna chez foi»
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Flamands , Ailemands & Hollandois. 145
ion pere, pour y exercer ion talent; mais Ten- vie de voyager 1'enipêcha de fe fixer. II quitta les parents pour aller a Home : La
ïls'appliqua non-leulementaétudier les grands Maïtresjmaisil s'attachapar préférence aux Ou- vrages du Tintorec. Le mérite de Fouchier fe fit bientötconnoïtre: II auroitfait une grande for- tune fous Ie Pontificat d' Urbain VIII. qui aimoit les ArtSjfiunequereile dejean Fredéricvan Yfen~ doren, fonami, dans laquelle il prir parti, ne 1'eut obligé d'abandonner Rome. lis allerenten- femble travailler a Florence^dela a Paris,& enfia a Anvers , 011 ils fe fëparerent. Y/endoren fut au Fort de Wyck,près d'Utrecht,&T Fouchier a Berg- Op-Zoom , fa patrie : II y a exercé long-temps la Peinture a Thuile & fur verre, if s'appercut que la maniere du Tintoret ne plaifoit point aux Amateurs: II abandonna ce genre pour imker celui de Brauwcr. Ses Tableaux de converlatioa furent fort recherches de fon temps, & méri- tentencore aujourd'hui norreedimedlmourut dans fa Patrie en J674.J& eft enterré dans la principale Eglifè de Berg-Op-Zoom. |
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PIERRE VAN LINT.
VA n Lint naquit a Anvers en 1609.
On ne connoit pas fes Maïtres : on fcait feulementqu'il appritlaPeintureardgede dix- feptans.&qu'ilfut encore fort jeune en Italië. Il fatisfitd'abord fa premiere avidité,en vilitant Torn II. K ala |
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r 4-6 La Vie des Peïntres
~~ a la hate tous les chefs-d'oeuvres que cette grande
1 °9' Ville expofea la curiofité du Public;il revint eniuitea chacun pouren faire uneétude parti- culidfe.'Ils'attacha fiir-touta cequi eftvu d'aflèz pres pourêtrecopié avec la plus grande exa&i- ttide. Quelques Portraitsfirent d'abord connoi- tre ce Peintre, qui s'eft depuis ii diftingué en peignantl'Hiftoire. On a de lui des Ouvrages conhdérables, tels que la Chapelle de Sainte Croix, dans 1'Eglife de la Madona del Popoio. Le Cardinal Jcvafi, Doyen & Evêque d'Oitie * engagea Van Lint a travailler ièuiement pour lui : Une penfion coniidérable & d'autres ré- compenies Tarrêterent pendant fèpt ans au fer- vice de fon Eminence. Neuf ou dix annéesd'ab- fence fixerentle terme que notre Peintre avoit deftiné a étudier en Italië, & rien ne put Tarrê- ter plus long-temps : II retourna a Anvers, oii il débuta par quelques Tableaux en petit; il en fkauffiengrandjtous furentégalement eftimés. Le Roy de Danemarck Chrijlian IV. qui aimoit les Ouvrages de cePeintreJui en ordonna plu- fleurs & fit paflèr dans ion Royaume prefque tout ce qui ibrtoit de famain. Van Lint étoit Jaborieux , ilgagna du bien : On lecroit mort a Anvers j mai^on ignore 1'anne'e. Les Ouvrages de eet Artiite font en petit
nombre. EnFlandre, ily en a de lui quelques- uns dans 1'Eglife des Carmes d'Anvers; trois Tableaux d'Autel dans la Carhédrale d'Oitie , paflèntpour cequ'il afaitde mieux. Son prin- cipal talent étoit depeindre THiitoire ; II fai- foit égalemeat biea en grand comme en petir, a
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Flamands, J/Iemands & Hollandoïs. 147
&en détrempe. N'ayant vu que très- peu de fes Ouvrages 3 je me contenterai de Ie louer après les autres Ecrivains, qui affurent qu'il compofoit dans la maniere des grands Maïtres; que fon Deflein étoit correft Sc qu'il colorioit bien. |
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Kt HERMAN
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HERMAN
ZACHT-LEEVEN.
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ACHT-LEEVEN nSqmt
en 1601>; on ne connoït pas fon M aïtre: Ses premiers Ta- bleaux plurent autant que les derniers. Les connoifleurs aimerent dans les premiers une imitation fimple de la |
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\Go<).
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nature, &
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dans les derniers Ie beau choix
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qu'ilenfcut faire. Zacht-Leeven n'a prefque ja-
mais fait de Tableaux que de Payfagesconnus , comme des environsd'Utrecht, oü ila demeu- ré, & des bords du Rhin, dont il n'étoit pas éloigné, 11 deflinoit avec une grande intelligence, d'après
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La Vie des Pelntres Flamands, &c. 149
d'après nature &aucrayon noir : Tout lui pa- rut propre a être imitéj il copioit jufqu'aux vues les moins intéreflantes, qu'il avoit 1'art de rendre agréables. Malgré tout ce qu'il y ajou- toit, on reconnoiflbit toujours les lieux qu'il avoit voulu repréfenter. Aucun Payfagifte Flamand n'a peint avec
plusdelégeretéles Cieux& les lointains : Une couleur excellente, une intelligence fine de la perfpeftive aérienne rendent fes Tableaux pré- cieux. Il fcavoit répandre de la vapeur & du flou dans les Ouvrages, dans Ie gout de Wou- wermans & de Berghem. Zacht-Leeven a enrichi les plus beaux Cabi-
nets del'Europe de fes Tableaux , & les porte- feuilles des Connoiffeurs font remplis de fes ex - cellents Defleins: Ce Peintre eft mort a Utrecht; on ne fcait pas en quelle année ( a ). On voit chez l'Ele&eur Palatin , trois Ta-
bleauxde cePeintre,un Payfageavec beaucoup de figures; une vue du Rhin ; & Ie troifieme, une autre vue du Rhin. Chez M. Jcan-Baptijle Dubois _, a Gand, un©
vue du Rhin, avec beaucoup de figures. A Paris , chez M. Blondel de Gagny } deux
autres petits Payfages très-Piquants. AlaHaye;chez leComte de WaJJenaar, trois
Tableaux.une vue du Rhin & deux autres vues d'Hollande. Chez M. vanSlingelandt, Receveur K 3 Général
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(a ) M. d'Argtnville fixe la JïlOtt de Zacht-lecven en *<$!? i
aucun Auteur Flamand n'en a parlé , non plus que de fon voyage d'Italie: 11$ aflutent tous au contraire, qu'il n'a jamais forti de fon Fays. |
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*5° ^a Vie des Peintres
Général de la Hollande , une vue du Rhin.
9' Chez M.vü/2 5/i«^e/a/2^}Bourguemeftre de la ' Haye, deux vues différentes du Rhin.peintesen 1664. Chez M. Fagel, une vue du Rhin; autre vue de la même nviere. Chez M. Lortriier „ trois vues du Rhin : On y trpuve une variété finguliere jun Payfage oü on fait la vendange , beaucoup de figures & une riviere chargée de bateaux , un Payfage avec des rochers, une ri- viere & des bateaux , la vue du Chateau de Jutphaas, des figures , du gibier, &c. deux au- tres vues du Rhin, avec des barques&diflerents bateaux. ChezM. van He'ceren, deux vues da Rhin,dans 1'une eft un village oü on célé'bre la Fête, & 1'autre nous fait voir des Voitures d'eau, & quantité de Chariots dans les routes. Chez M. van Zwieten, deux Payfages avec fi- gures. Chez M- d'Acofta, deux belles vues Ie long da Rhin. ChezM. Ferfchuring, une vue du Rhin, oü 1'on embarque des grains ; une Moiffbn ; uae V^endange, & une autre vue du Rhin. Chez M. van Brémen , un beau Payfage oü Ton fait la vendange. A Dort, chez M. vander Linden van Slinge-
landt, une vue du Rhin, au milieu une We oü 1'on aflèmble les bois pour les faire flotter; la vue d'un Chateau, on y découvre Ie Rhin dans Ie lointain 3 des femmes qui Ie baignent dans Ie Rhin. Chez M. Braamkamp, a .Amfterdam , une
vue du Rhin, Tableau orné de figures & ani- maux. ChezM. Lubbeling , une vue du Rhin j beaucoup de bateaux & des figures. A Roterdam, chez M. Leers t un beau Pay-
fage. |
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Flamands f Atlemands & Hollandois. 151
fage. Chez M. Bijfchop, deux vues du Rhin , avec figures &: animaux. Et aMiddelbourg.chezM. Cauwerven , notre
Seigneur qui pêche iur les bords de la Mer. |
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SALOMON CONING,
E LEF E DE NI COL AS MOT ART.
IL naquit a Amfterdam en 1609 : Son pere
Pierre Coning d'Anvers, étoit fameux Jouail- ler & connoifleur en Peinture. Cette inclina- tion favorifa celle de fon fils, qui fut place a 1'age de douze ans chez David Colyn , pour y apprendre les principes du Deflèin. Il quitta ce premier Maïtre pour entrer chez Ie Peintre Francois Vernando,&i enfin chez NicolasMoyart. Plufieursannées d'étudesfousces trois Maitres, Ie mirenten état d'exercer feul fon talent: Une application conftante a imicer la nature , Ie di- itingua desArtiftes ordinaires. 11 futadmisdans Ia Société des Peincres d'Amfterdam en 1630. Coning peignoit l'Hiftoire,& Ie Portrait: Ses Tableaux d'Hiftoire repréfentent des figures de. grandeur naturelle. 11 en a fait en petit qui font également eftimés. Les Pays-Bas confervent beaucoup de fes Ouvrages: On a vu de lui, dans Ie CabinetdeM. Huyde-Kooper , un Ta- bleau repréfentant Tarquin & Lucréce; un au- tre , David & Bethzabée , chez M. Ludiek : Ce dernier fut acheté par M. 1'AmbafTadeurde Portugal, quil'envoya au Roy fon Maïtre. K 4 Coning
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151 La Vie des Peintres
------- Coninga peintdeuxautres Tableauxpour MM.
1609. Bruining &£ Jean Luyken , pour Je premier, les
■'■— ■ regrets de Judas , qui jette la boude aux pieds du Grand Prêtre : Pour Ie dernier , Salomon
qui adore les faux Dieux.
11 fit encore plufieurs grands Tableaux pour
leRoy de Danemarck: Le mérite de ce Peintre
eft très-vanté par les Artiftes & les Amateurs j
on ne fcait rien de fa morr.
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JEAN-BAPTISTE
VAN HEIL. IL eft néaBruxelles en 1609; on ne icait
rien de particulier de fa vie : Les Tableaux d'Autel dans les Eglifes, &r les Portraits cbez les Particuliers, lui ont mérité le nom de bon Peintre. ]1 e'toit frere AeDaniel van Heil, dont nousavonsparlé & de Leo; mais il eft le plus eftimé des trois. On ignorele temps de fa mort: Cornillede 5/eaffiirequ'ilvivoic encore en 1661. |
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ROBERT VAN HOECK.
CE Peintre naquit a Anvers en 1609. On
admire dans fes Ouvrages une finefle de touche, une excellente couleur, une grande corrediondeDerleinj&rdans tout cequ'ila fait, une variété /inguliére. Ses Tableaux repréfèn- tent
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Fidmands} Alletnands & Jtollandoh. 15J ^mmmm_
tent des Campementsd'Armées, des Marches , " g des Attaques, &rc. Ses figures font fort petites ; * & il fautune loupepourexaminerfesOuvrages. ~m~ \
Les plus conlidérables que j'ai vus, font dans \
Ie Cabinet de 1'AbbédeBerg S. Vinox , ainiï i
qu'un autre damleCabinetde M. Ie Comtede
Vence a Paris: lis repréfentent un Camp avec une étendue de Pays immenfe & une Armee conlidérable: Tout y eft repréfènté , les Exer- cices Militaires, les Punitions, &c. Dans 1'Eglife de la même Abbaye de S. Vi-
nox , a l'entour& endehors du chaeurj onvoit les ApötreseneiouzeTableaux, &dans Ie fond de chaque Tableau , les Martyres de ces Saints : La Flandre poflede plufieurs Ouvrages de ce Peintre qui font fort eftimés & fort chers. Van Êoeck avoit exercéla Charge de Contro-
leur des Fortifications dans toute la Flandre : On ne fcait en auelle année il ert mort. |
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JACQUES POTMA,
ELEVE BE WYBKANT DE GHEEST.
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N
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E a Workum enFrife, futElevede
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brant de Gheefiill étoitbon Peintre d'Hi- l6l°'
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ftoire, & faifoit bien Ie Portrait. -—*-"
II fut autant eftimé par fon talent que par fon
grand ufage du monde, il eut de la conduite , del'efprit, &c fut aimé des Grands. Il mourutdevant Vienne en 1684, premier
Valet de Chambre d'un Eleóteur. JEAN
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I j 4 La ^ie des Pelntres Flamands , &c*
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JEAN ET PIERRE DONKERS.
■ TEan&Pierre étoient coufins germains.
1610. J ils brillent parmi les Peintres de la Ville de
^—• Gouda, oü ils naquirent; mais Jean Donkers y
fut enlevé par la mort a la fleur de fon ige. On
peut juger de Ion talent pour Ie Portrait, par Ie
Tableau qu'il fit pour la Maifon de force de la
même Ville. Ilya repréfenté les Chefs qj.i Di-
reéteursde fon temps: Ce Tableau ne paroïtpas
1'Ouvrage d'un jeune homme, mais d'unMaï-
tre conlommé dansl'Art.
Pierre Donkers fatEleve de Jacques Jordaens :
II refta chez ce Maitre julqu'a ce qu'il fut en étatdevoyager öc d'exercer Ion talent avecdif- tindion. Il alla a Francfort pendant 1'EIedion de TEmpereur Léopold: II peignit prefque tous les Princes& Seigneurs étrangers. L'annéefui- vante il fut a Paris, oü Ie Duc de Crequi 1'engagea a Ie fuivre a Rome: Donkersy futbientöt connu & furchargé d'Ouvrage. Il demeura fept ans danscetteCapitale ;après quoi il retourna dans fa Patrie, oü ilmourut en 1668. |
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DAVID
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^. ■,'M—fc^.-- ■
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DAVID
TENIERS
L E J E U N E
ÊLEVE DE S ON P E RE.
AVID TENIERS,furnom-
mélejeune,naquitaAnversen
161ode DavdTeniers,furnom- mé Ie Vieux.dont il futEleve,& depuis ÜAdrien Brauwer. Il ne _hiutpasleconfondre avec fon frere Abraham Tenicrs^u i peignoit dans Ie même gout,
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_ ï$g La Vie des Pelntres
' gout, mais dont la touche étoit plus pefante ,
v la couleur plus grife & qui avoit moins de gé-
nie que notre Artifte. Teniers Ie vieux avoit recu des lecons du
grand Rubens, qui en donna auffi au jeune Te- niers, fur Tart de colorier & fur ['harmonie & 1'ordonnance du Tableau , dont il ne s'écarta j a- mais: Ainfi il tenoit fon génie de la nature, Ion gout de fon pere &r la perfeélion de Rubens. Ses rares talentsle firent connoitrede 1'Archi-
duc Léopold,qui fut Ie premier qui contribua a fa fortune. Il acheta les Ouvrages; il en fixa Ie prix; il Ie nommafon premier Valet de Cham- bre; il lui donna fon Portraiten medaille, avec une chaïne d'or.Il fefit honneurd'avoirauprès de lui un Peintre auffi diftingué , & il repandit dans différentes Cours del'Euiope plufieurs de fes Ouvrages. Le Roy d'Efpagne occupa feul notre Artifte
afTez long-temps. Il fit batir une galerie pour y placerlesTableaux, qu'illui commanda : Ce Prince auroit voulules pofleder tous; mais la gloire de Teniers ne devoit pas être renfermée dans les Etats de l'Empire ni de 1 E/pagne. Chriftine Reine de Suéde , en obtint quelques uns, &c ne fe contenta pas de les payer; elle ré- compenfaleur Auteur d'unemaniere plus flatteu- fe,en lui envoyant fon Portrait en medaille.avec une chaïne d'or. M. Triefl, Evêque de Gand , un des amis &: des admirateurs de Teniers,en ob- tint avec aflèz de peine quelques Tableaux. Pour fuffire a donner du moins un morceau de fa fa- con a ceux qui luien êLem&n&oïent,Teniers faifoit <ies Tableaux avec peu de figures & fi peu d'oir- vrage %
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Plamands, Allemands & Hollandols. 1J7
vrage, qu'il les achevoit dans la journée jmal- gré cette promptitude, 011 ne comprend pas comment il a pu trouver Ie temps d'en laiffer un auffi grand nombre. Occupé a étudier les grands Maïtres, dont Ie
Cabinet de Léopold étoit rempli, il s'appliqua d'abord a en faire les Copies, mais fon génie ne put s'affujettir a fuivre les idees des autres. Il compofa dans la maniere de chacun d'eux , & fes imitations tromperoient ceux mêmes qu'il a voulu imiter. Ces Tableaux , connus fous Ie nom de Pafikhes, font répandus dans les meil- leurs Cabinetsde 1'Europe. Il raflèmbla ces dif- férentes Copies, & les ayant fait graver , il ea forma un grand volume in-folio , qu'il dédia a fon iüuftre Protedteur : II imita non-fèulement les Maitresd'Italie , mais les grands Artiftes Fla- mands. On a des Tableaux de lui qui font fi bien dans legout de Rubens. de Langhen-Jan , &c. qu'on s'y méprend quelquefois. Quelque futlagloire qu'il acquit en imitant
avec génie , il 1'auroit toujours partagée avec fes modeles; mais Teniers étoit né pour acqué- rir unegloire qu'il nedevoit partager avec per- fonne&qui devoit être toute entiere a lui leul. Perfuadé qu'on nepeut prendreun plus grand
maïtre que la nature, il ie retira dans Ie Village dePerck,entreAnvers & Malines, pourlaco- pier d'après elle-même; & pour atteindre a fa naïveté , il 1'étudia dans les Kermeffes ou Fêtes de Villages:Sans s'avilir avec les Habitants des Campagnes, il fe mêla avec eux pour oblèrver leurs danfes &r leurs jeux,leurs feltins ruftiques , Jfiur joye,leur colere^leurs combats. Il faüiflöit avec
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1610.
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C53 La Vie des Pelntres
avec tant d'efprit leurs différentes attitudes ,
qu'on reci nnoïtleur age., leurs caracléres, leurs pailjons di#ërenres;& il eft f urprenantque d'un iujet li médiocre & lï ftérile en apparence , il aittire unemultitudeinnombrabledeTableaux ü admirables & (i vanés. C'eft a lui fur-tout, qu'on peutapphquer ce mot de VirgilcW acquit unegrande gloire dans un peut genre; in tenui labor: attenuis non gloria. Il a prouvé que la Peirt- turepouv<4cembraflerplusd'objetsquelaPoë- fie, 6c que ie Finceau peut rendre aimables des objets que les versrendentapeinefiipportables. Ses figures étoient toujours très-différentes,
mais lei Paylages 1'étoient pen. Ne s'étant point écarté de Ion premier endroit,il ne failoitgueres quequelnnes Maifons ou Villages dans leloin- tain: Lei ri inds n'ont de méritepour 1'ordinaire, que la vénté de 1'imitation. Sa gloire Ie fnivit jufques dans fa retraite: Sa
maifon devint une cour j oü les Gentilshommes du Prtys,lesEtrangers & une foule d'Artiftes & d'Amateurs venoient lui rendre un homma- ge , d'autantplus flatteur,qu'il ne Ie devoitqu'a lui-même. Dom Jean d Autriche fut fon Eleve 8c Ion ami, tant il eft vrai que les grands talents égalent a toutes les conditions. Le Prince vivoit familiérement avec 1'Artifte , logeoit (buvent chez lui. Pour lui marquer fa reconnoiflance d'une maniere aufli rare que diftinguée, Dom Jean d'Jutrickepeïgnit letils deTeniers, &s'ac- quitta , par le Portraitdu fils , de 1'obligatfon qu'il avoit au pere. Le Comte de Fuenfaldagne 1'engagea a paflèr
en Angleterre,pour acheter quelques Tableaux des
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l6io.
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Flamands, Allemands & Kollandoisl 159
des plus grands Maïtres d'Italie. Comme Te- niers les avoit imités & pour ainfi dire recom- °'9 pofés, perfonne n'écoit plus en état de les bien choifir: II acheta a grand prix cequllput trou- ver, & a fon retour, Ie Comte Ie combla de préfents , &: lui donna fon Portrait enrichi d'une cha^ne d'or. La f'" art des Tableaux de Teniers,m repré-
fenteiu. -es Villageois ; mais il ne portoit dansleur iociété que fon génie, & fon oeil imi- tateur,fon gout &c fon inclination Ie ramenoient toujours chez les grands & dans Ie monde , dont il fut aimé & confidéré jufqu'a la fin de favie , quiarrivaaBruxelles,le 2.5 Avril 16^90 , agé de 80 ans. Son corps fut tranfporté au Vil- lagede Perck, entre Malines & Vilvorde , oü étoitfon Chateauappelléles trois Tours , dans lequel il avoit paffe la plus grande partie de fa vie, & fut enterré dans Ie Chceur del'Eglife de Notre-Dame. Teniers fut marie deux fois,fa pre- miere femme étoit la fille de Breughel de Vlour , nommée AnaeBreughel, dont KidjcnsyRenry van. Baden Sc Cornille Schut, furent les Tuteurs. La mort de cette femme mit Teniers mala fon aif e ; fon Contrat de Manage étoit fait de maniere , qu'ilfutobligéderemettre la plus grande partie defafortunea fes enfants, lorfqu'il époula en kcondenöce IfaèelkdeFrene, filled'unConieil- lerau Confeil du Brabant. Ce Peintre dansles commencements fut fi peu connu , qu'il étoic obligé d'allerlui même a Bruxelles, pour y ven- dre ies Ouvrages Sc ceux de fes Eleves. Il eut Ie chagrin de fe voir préférer van ThHborg^Artois> van Heil ÖC d'autres qui lui étoient inférieurs. L'Archi-
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i<jO La Vie des Peintres
*------ L'Archiduc Léopold répara cette injuftice, en
ï<?1°' faifant connoïtrecet Artifte , & ce nefut que
MU-- depuis ce tempsqu'ilfortitde lamiiëre. Teniers fut nommé Directeur de 1'Académie d'Anvers en 1Ó44, mais il ne put affilter que très-rare- • ment aux aflèmblées de ce Corps. Il eut un fils Re'collet a Malines; c'eft a la priere qu'il apeintles dix-neuf Martyrs deGorcum, en au- tantde Tableaux : Chaque Saint ell entouré d'une guirlande de fleurs, qui font d'une autre main. Cette belle luite avoit été faite pour la Béatification de ces Martyrs; on latrouvedans Ie même Couvent a Malines. Unde les derniers üuvrages, fut Ie Portrait
d'un Procureur, Tableau enrichi de détails 3 de papiers, &c. Il dit a eet homme en riant, j'ai toutema vie fait ufagedenoird'ivoire , &ilar- rive que pour peindre mon Procureur, j'ai brü- lé la derniere dent qui vient de tomber de ma bouche. Il difoitquelquefois en plailantant,que pour rarTembler tous les Tableaux , il faudroit une galerie de deux lieues de longueur. Le meilleur Eleve de Teniers , fut Abshoven ,
d'Anvers, mort jeune : Hellemont, de Hont & Ertebout, furentencore du nombre de ceux qui fe font diftingués. Quoique David Teniers eut eu pour modeles
fonpere, Elsheimer, &cc. on doit Ie regarder comme 1'inventeur de fa maniere , non-feule- ment parce qu'il a furpafle les autres , mais parce qu'il a leu fè déguifèr &transformer cet- te manierefous mille formes difFe'rentes. On ade la peine a reconnoitre ce Peintre quand il a copié le BaJJan, Ie Tintoret} & fur-tout Rubens, Sec. Son
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Flamands, Alhmands & Hoüandois. 161
Son deflein eft moinsélégant que celui de ces MaïtresItaliens:Sacouleureil moins fondue 6c peut-être plus gnfè. Mais quand il a compo- f ë des Tableauxdans Ie gout de Rubens , les iu- jets ont de l'élévation, il a la couleur & la tou- che de ce Maitre.Pour être imitateur jufqu'a ce point de periection , on ooit pofléder toute la theorie & la pratique de Ion Art. 11 étoit ü liïr dans la pratiquejqu'illa changeoit a longré : II avoitapprisde Rubens , ce que celui ei avoicre- marqué dans les Tableaux du Tuien, qu'on n'a pas toujoursbeloin desgrandesoppolitionspour donnerl'eftet au Tableau. 11 en afait pluheurs oü touteft clair,8c qui lurprennent pour les ef- fets. M. leComte de Veme, a dans Ion Cabinet aParis,unTableaudansce genre; c'eltune Pê- che oü Ton voit uncielclair,ainii que 1 eau de la Mer, & la principale figure eil un homme en chemifey &c. Teniers proeve donc que ce n'eft pas tou jours par des couleurs difFérentes qu'on peut produire cette hafmonie , &que c'eft iou- vent au (èul mélange que 1'on doit 1'artifice de répandre la vapeur &de marquer lenfiblement les dégradations de différents plans; enforte que ceclairqui lert de fond a unautre clair, ne dif- fére que parcequ'on émouflece qn'il peut avoir d'éclatant, en lubftituant a eet éclat des tons bleuatres, qui tiennent de Vair ; tandis que Ton augmente la vigueur dans 1'autre clair que 1'on veut faire avancer,enya)outant des tons chauds & dorés. Cette lec,on qui eft dans la nature > comme toutes les autres , occupe Ie Peintre habile , Scparoitdans tousfesOuvrages, lorf- ' qu'il cherche a leur donner de la vérité. Tome II. L Si
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1610.
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^^^ ïSi La Vie des Pcintres
"T""" Si Tenlers avoit 1'imagination vive,il avoit la,
_ produ&ion facile. Ses ennemis répandoienc dans Ie monde, que fesïableaux n'avoientpoint de
durée,que ce n'étoit qu'un lavis d'huile coloriée, &c. Notre Peintre écouta trop cette critique: II repeignit fes Tableaux plufieurs fois; mais ils n'eurent plus, ni la même légereté3 ni la même chaleur; ils devinrent plusgris,quelquefbis plus rougeatres & généralement inférieurs a fes pre- miers. Rubens, a qui on avoit fait Ie même re- proche, ramena Teniers a fa premiere maniere: II lui confeilla de charger les lumieres autant qu'il Ie j ugeroit a propos^mais de ne jamais man- quer en peignant les ombres } de conferver les tranfparents de \'imprejjion (a) de la toile ou du panneau \ autrement la couleur de cette impref- fion feroit indifferente. (b) Teniers(ainfi que la plüpart des Peintres Fla-
mands &Hollandois) adepuis fuivi cette prati- que: Tous ks Ouvrages ont une grande légereté de couleur ; fes fonds font faits de peu , tout y eftclair: Onvoit toutjufques dans les endroits privés de lumiere. Il faififfoit fes reflets fi a pro- pos , que lesformes qu'il a voulu repréfenter fe trouvent terminées avec quelques touches qui tiennentlieude beaucoup d'üuvrage : Ses figu- resont une préciüon dans leursexpreffions; qui fixe 1'attention & qui marque la fineffe de fa tou- che. Il peignoitjd'abord tout dJunepate,toujours après
(a) VTmpreffión, ce font plufieurs couches de couleur
que 1'on met fur la toile, Ie panneau ou Ie cuivre , avant que de peindre. (b) Cette imprefiionétoit toujours blancheou d'un blanc
fale. |
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Flamands, Allemands & Hollandois, 165
aprèsavoir place les différents tons dans leur place, alorsil chargeoit les lumieres., & enfui- * te il décidoit & fouiüoit dans l'ombre. L'harmonie qu'on ad mire dans fes Ouvrages,
provient encore en partie } de ce qu'il évitoit avec (bin de fe fervir des couleurs entieres : II craignoit leur crudité j mais il ajoutoic a leur eclatpar artifice. On nepeut mieux faire ufage des couleurs locales j il comparoit tout a la na- ture , & rarement s'en eft-il écarté. Ses compo- fitions (bnt abondantes, peu variées, parce qu'il reprélèntoit toujours des Kermejfes ou Fêtes de Village, desFumeurs, des Chymiftes, &c. ce qu'il voyoit. 11 a feu dans une multitude de per- lonnages lier fes grouppes, répandre fes ombres & fes lumieres avec beaucoup d'art; les plus petits détails n'y amenent point de confunon. UnChymifteau milieu d'un Laboratoire , n'y eft point perdu aux yeuxdu Spedtateur, tout y eft fini &i mérite une attention particuliere ; 6c cependant il y regne un repos, un accord admi- rable , parce que tous ces détails n'y font que Pacceflfoire de la figure principale. Ses Payfages n'ont d'autre agrément que la
couleur; fes arbres font fans choix , mais natu- rellement repréfentés: Son feüillé eft facile; fes ciels peu variés, maispétillants & touches avec légereté : Tout paroït fait d'après nature. Sans s'écarter de la premiere Ferme ou du premier Village oü fe pafle la Scène, il ne cherchoit point aembellir les lieux , mais il les imitoitfi- delement. Teniers (utd'un grand fecours aux Payfagiftes
& aux Peintres d'Architecture, &c. Il ornoit L z leurs
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4 des Peintres
leurs Tableaux de figures & rendoit par-la leurs
Ouvrages plus précieux: II faifoit plus, il re- touchoit quelquefois leurs Tableaux d'un bout a Tautre. CJn de ceux pour qui il eut particu- lierement cette complaifance; fe nommoit JoJJe de Monper: CePayfagifte étoit fi inégal, qu'on Ie trouve tantót admirable Sc queiquefois mé- diocre. 11 étoit d'une grande facilité; fes grands Tableaux tiennent, pour la pratique , un peu de la détrempe : II eft dans fes petits prefque toujours plus fort. J'en ai vu que Teniers avoit entiérement retouches, & dans lefquels il avoit ajouté des figures. On reproche a Teniers que fes figures font
courtes;jenef$ais fice reproche eil abfolument jufte j eu égard a ceux qu'il a repréfèntés, qui joignent pour la plüpart des figures mauffades a unhabillement qui 1'eft encore plus. Etoit-ce défaut dedefleinou d'exactitude dans 1'imita- tion ? Nous avons des Tableaux de lui oü les figures font plus nobles &le Delïein plus élé- gant. Teniers n'eftpas un Deffinateur 1'ublime; mais il eft correct & fpirituel : Ses études font faites a la mine de plomb ou au crayon noir, avec peu d'ouvrage; mais il eft furprenant pour lafinefle & la juftefle des expreflïons. Il a gravé a 1'eau-forte quelques planches qui méritent 1'eftimedes Connoifleurs. Nous allons donner une courte lifte de fes principaux Ouvrages , dont Ie nombre feroit trop grand a decrire : Nous renvoyons les Amateurs au fameux Re- cueil ducélébre M. Ie Bas, qui a gravé &rgrave encore, avecbeaucoupde fuccès, les Ouvrages de ce Peintre, & qui n'altére ni 1'harmonie , ni
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Flamandsi Allemands & Boüandois. $ ___
ni la finefle. de 1'Auteur qu'il imite. 1610»
Le Roy de France a un des plus heaux Ta-
bleaux de Ten'urs; il repréfente les (Euvres de miféricorde. On voit chez M. le Duc d'Orléang , mi
Vieillarddans Vejlaminet (a), au milieu de cinq hommes autour d'unetable; un Joueurde vio- lon,trois autresqui fe chauffent; un homme en cheniife qui fume, des Fumeurs, des Joueurs & des Buveurs; un Berger jouant du flageolet, avec des moutons & deux boeufs; un homme buvant de la biere & une femme qui fume ; un Chymiftedans f on Laboratoire; des Joueurs & des Fumeurs ; un Crieur de Gazette, qui la préfente aquatre Buveurs ; le Cabaret; une jeune fille coëfféeavecun bonnet & une plume blanche: Elle joue de la guittare, & deux en- fants 1'écoutent. Dans le Cabinet de M. le Comte de Vence,
a Paris, unMedecin al'urine, avec quatre fi- ^ures pres de lui; les Philolophes Bacchiques , iix figures; deux Tableaux repréfentant des Sorcieres ; le Portrait de Teniers \ celui de fa femme; une grande Pêche; une autre Pêche ; la Femme jaloufe; Latone & lesPayfans chan- gésengrenouilles; la Devote malade ; 1'Alchy- mifte; un Payfage •, les miferes de la Guerre j grand Tableau; le Fumeur; le Forgeron, plu- fieurs figures; un Pefeurd'or; un Fumeur en robe;unevieilleFemme; unVieülard; un petit L 3 Payfage;
{») Aflemblée de Flamands pü ils fe trouvent tous les
foirs; ils y boivent, fument & jouent aux cartes: C'eft a peu pres comme les Cafés en France. |
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La Vie des Peintres
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\6io. Payfage> un Paftithe dans Ie gout du Bajjans
mt^^ il reprélente TAnge qui annonce la naiflance de """-' Jéfus-Chrilt aux Bergers. Chez M. Ie Comte de Choifeuil 3 deux Ta-
bleaux, Paylages ayec figuresrepréfentant des Fêtes de Village; la femme de Tenlers en grand, affifedevant une table, un negre lui lèrta boire: Ce Tableau eft dans Ie gout de Paul Veronèfe ; Achille reconnu par UlyfTe , dans Ie gout de Rubens. Chez feu M. Ie Marquis de Laffay 3 une Sainte
Familie. Chez M. de Voyer d'ArgenfonjUne Guinguette
avec des danfès ; uneNocede Villageenpetit; deux grands Tableaux , lesRéjouifl'ances Fla- mandes. Chez M. Ie Maréchal d'ljjenghien , deux pen-
dants reprefentant desEtables; uneFête cham- pêtre; un Co; icert»oü Ie Peintre s'eft peint avec Ja ramille ; Ie Chymifte&: les Joueurs aux dés; une grande f ête ou Kermejfe, Tableau capital. Chez Ie Frince de Monaco , une Tentation
de S. Antoine , grand Tableau. Chez M de Juli.nne, une femme repréfen-
tant la folie; une Üanfe de Village , figures de pres de neuf pouces de hauteur, Tableau capi- tal ; des Joueurs aux cartes; une Nöce &c Fête de Village ; unPayfageavecbeaucoupde figu- res; une Ménagere qui écure des chaudieres ; Ie Cliateau de Teniers &c lePayfagedesenvirons; une figure qui donne a manger aux poules. ChezM. B/ondel de ^^«yTEnfantprodigue,
Tableau rapital, danslequeirAuteurs'eftpeint & fa familie; unPayfage avec figures,on y voit dans
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Flamands 3 Allemands & Hollandois. 167
danslelointain un Village;deuxTableaux pen- dants, repréfentant des Joueurs aux quilles; deux autres, 1'un eft un Berger qui dort pres de fon troupeau, 1'autreeft un berger qui cher- che des puces afon chien; un Payfan qui eft appuyé lur fon baton; un homme qui tient une marotte; &c deux pendants, dont 1'un eft un Joueur de vielle , & 1'autre un cureur de puits. Chez M. Pafquiery Député du Commerce
pour la Ville de Rouen,une grande Tentation de S. Antoine , plufieurs figures & un grand nombre de fpe&res. Chez M. de la Live de Jully , un grand ro-
cher percé en voute, au travers duquel on dé- couvreune étendue de Pays, avec des petites figures; un Ménage de campagne ; undedans de maifon, pres d'une femme beaucoup de lé- gumes, a la porte, un homme, une étable avec des vaches; une Tabagie avec des buveurs; une femme qui tire de 1'eau d'un puits; & un Chy- mifte dans fon laboratoire. Chez M. de laBouexiefe, trois Paftiches dans
Ie gout de Rubens; deux Tableaux, 1'un appellé laBlancherie, & 1'autre eft une Guinguette. Chez M. Lempcreur, la Tentation de Saint
Antoine , petit Tableau ; les Nouvelliftes, Pay- fage & figures; les Joueurs a la boule; {on pen- dant , des Pêcheurs; &: une grande Marine. Chez M. Ie Noir, une Fête de Village ; un
Berger qui conduit fon troupeau; une femme qui trait une vache; un Chirurgienquipenfe un homme blefle a la tête. Chez M. de Faux , une Tentation de Saint
Antoine. L 4 A
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1610.
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16 8 La Vie des Peintres
A Rouen , chez M. Mane, Secrétaire du
' Roy , une femme & un hommequi jouent aux ----- carres , d'aiures tigurei qui fechaufrèntprès du
feu.
ChezM.Pigou, Confè.ller au Parlement,un
petit Paylage avec 0res. A Bruxelles, daas Ie Cabinetdu Prince Charles
deLorraine, un Tableau Tabagie, pluiïeurs ü- gures, une autre du même; un Paylage avec des figures; un Medecin auprès d'un malade; un Vieiilardjdeux Payia^esavecfigures junChaf- feur; un Payfage avec des figures; deux Por- tr<iifs; un enfant appuyé (ur une téte de mort: une converfütion , par Abraham Teniers, ainfi que 16 Tableaux dans les panneaux des lambris. A Meerbeek , village prè, de Malines , eft
ünTableau d;Autel,i-jui repréfèntela Tentation de S. Antoine,, les figures font grandes comme nature: 11 eft tnarjué DavidTemers junior fecit 6 |
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A Gand, chez M. J. B. Duhois, un beau
Payfage avec cinq figures: Ce Tableau a pres de fepr pieds de longueur iur quatre & demi de hauteur. Chez M. Ie Chanoine Baut, fept Tab'eaux:
Le principal eft une converfation , Teniers ya peint une familie entiere. On affiire qu'il étoit amoureux de la ü'Je de la maifon : II s'y est peint a cöté de cette rille ; c'eft un Tableau pré- cieux , oü rien n'eft négligé. Chez M. Baut. une Pêche, beau Tableau.
ChezM. Charles Brauwer, une jeuneServante
quiécureunechaudiere,un Vieülardlacarefle, une Vieille les appercoit par une fenêtre, &c fait
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Flamands, Allemands & Hollandois. 169
fait des grimaces qui marquent fa jaloufie ; un autre repréfènte une femme qui joueduchalu- meau. Le Landgrave de Hejfe, poffede Ie plus beau
Tableau de Teniers &: le plus capital; on y voit reprélentés 1'Hötel de Vüled'Anvers,& la gran- de place, (iirlaquelle font en parade les diffé- rentes Confréries &: Corps de Métiers , avec leurs habits de cérémonies: Toutes les rigures principales lbntfaites d'après nature &r peintes en 1645. Ce Tableau appartenoita la Confré- rie de l'Arbalête,& fut vendu en 1750 , avec un autre de 2l',é£/z.r,repré{entantMars & Venus, &c. Guerard Hoec les a payés jooo florins de change (a),avec obligation de rournirune belle copiedu Tableau de Rubens : Cette copie pein- te par Schouman Hollandois, eft bien rendue & occupe la place del'Original, fur la cheminée, dans la falle de la même Confrérie. On y voit aulli la copie du beau Tableau de Teniers. L'Ele&eur Palatin poflede quatre Tableaux
de Teniers , une Kermejje, on y boit, mange & danfe; une autre Danfe de Payfans; un Repas de Campagne; une petite fille qui tient une tartine de pain & de beurre j Tableau douteux de ce Maïtre , &c. DansleCabinetdu Prince de Gallesfa Vierge
& pltifieursSaints & Saintes; les quatreheures du jour; le Cuifinier & la Cuifinière. Ala Haye, chez M. Braamkamp , une fem-
me qui épluche des Légumes. Chez M. van Slingelandl ,
(« ) Argent de Brabant, cela fait pres de joooo 1. argent
de France. |
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1610.
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170 La Vu des Pelntres
Slingdandt, Receveur Général de la Hollande 'y
* ' une Cuifine , avec les ufteniiles & du gibier. ---- ChezM. van Slingdandt, Confeiller , une Fête
de Village. Chez M. Fagel, un Chymifte dans
fon Laboratoire. Chez M. Lorm'ur, un grand Feftin de campagne , dans un beau Payiage ; autre repas & des Danfes dans un beau Payfa- ge , dans Ie fond un Troupeau de moutons, des Moiflbnneurs pres d'un Village; une Table fer- vie de beaucoup de mets &rentourrée d'hommes &■ de femmes; un grand Corps de garde, avec des Soldats &: des armures différentes; lededans d'uneChambreremplie deFumeurs; une aurre oü Tonjoue aux cartesjun Chirurgien qui penfe un pied malade; un Payfage oü des Payfans jouenta différents jeux ; & un Village que les Soldats pülent. Chez M. van Héteren, des Pay- fans avec leurs femmes,quiboivent & chantent au cabaret. Chez M. Bikker van Zwieten , Ie Sacrifice d'Abraham , un Payfage; une Danfe alaCampagne; des Joueurs aux quilles, une Réjouiflance &Danfes. Chez M. d'Jcqfta, deux Tableaux repréfentant des Corps de gardes. Chez M. Verfchuring, un jeune hommequijoue avec fon chien ; & un autre , une femme qui carefle fon chat. Chez M. van Brémen , cinq Tableaux repréfentant les Sens, & un autre , des Jouenrs aux cartes. A Dort, chez M. vander Linden van Slingt-
landt, les Sens en cinq Tableaux. Chez M. Braamhamp, a Amfterdam , la Tentation de S. Antoine; une maifou dans un Payfage.avec des figures; des Officiers qui jouent aux cartes dans un Corps de garde; un de même, oü un Tam- bour
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Flamands, Alkmanis & Hollandois, 171
bour bat la caiiïe ; &c des Fumeurs qui boivent , & jouent aux cartes. Chez M. Leender de Ia n^m^ Neuville, un Chymifte qui travaille au grand — (Euvre. Chez M. Lubbeimg , autre Chymifte occupé dans Ion Laboratoire; une Ferme 011 des Payfans Ie réjouiflent. Et a Roterdam , chez M. Leers , un Joueur
de flüte; les cinq Sens en autant de Tableaux; un Joueur de la flüte Allemande ; un homme & une femme qui font de la mufique. |
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J E A N T H O MAS
E L E F E DE R V B E N S.
THomas a fait honneur j par fes talents,
a la Ville d'Ypres, oü il naquit vers 1'aa 1610 : On fcait peu de chofe de fa vie. Il voya- gea avec fon ami Dïepenbeke , par toute 1'Italie. Unis par Tamitié autant que par 1'émulation , ils étudiérent enfemble d'après les grands Mai- tres, & ils mériterent tous deux Ie titre d'Ele- ves de Rubens. L'Evêque de Metz ayant invi- te Thomas de venir demeurer dans fon Palais, pour y faire plufieurs grands Ouvrages, notre Peintre quittaDiepenbeke &C paifaen Lorraine: II y travaillabeaucoup & fes Tableaux dilperfés augmenterent fa gloire. L'Empereur Leopold , quiconnoifïoit les talents de Thomas, Ie nomma fon premier Peintre en 1661 : II lui fit une pen- fion confidérable. On n'a rien appris de plus de fa vie ni de fa mort. JEAN
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La Vic des Peintres
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JEAN VAN BOCKHORST,
SURNO MMÉ
LANGHEN JAN,
ÈLEVE DE JACQUES JORDJENS. "------ éT^YLt excellent Peintrenaquit vers Pan i<Jio ,
l6l°- Kj dans la Ville de Munfter. Mu d'une très-
---- bonne familie, Ion éducation ne fut point né-
gligée; mais comme on reconnut en lui des dif-
) poiuions décidées pour la Peinture, fes talents j naiflants furent heureufement confiés a Jacques
| Jordaens. Quelques années d'études égalerent
I Bockhorjl aux meilleurs Maitres: II fat chargé
depludeurs grands Ouvrages pour des Eglifes
& des Palais. Nul Auteur , excepté Comille de Bie, ne nous a parlé exaftement de ce bon Peintre, &" on n'a rien f$u de plus de fa vie : On ignore 1'année de fa mort. On fcait que pen- dant toute favie il n'avoit portéd'autre habit que celui d'Abbé. Langhen Jan a beaucoup peint pour les Egli-
fes : II compofoit& deffinoit bien. Ses Têtes de femmes font gracieufesjfes Têtes d'hommes ont beaucoup de caraótere : Sa maniere de colorier tient, tantótdecellede Rubens, & plus fouvent elle approche de celle de van Dyck : II fondoit fes couleu rs comme Ie dernier.Ses Tableaux font vigovireux,&: dans tousfes Ouvrageson trouve une belle harmonie &une belleententedu clair- obfcur.
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Flamands , Alkmands & Hollandois. 173
obfcur. Les Portraits qu'il afaitengrand nom- bre,peuventêtre comparésaceuxdeva/z Dyck: Eloge que les Artiftes lui ont accordé en tout temps, & cru fixe Ion mérite pour la pofté- rité. Voici les principaux üuvrages places en Public. On voit dans 1'Eglife desBeguines aAnvers,
une Epitaphe ; il a peint au milieu la RéTur- rection de notreSeigneunSur un des voletsTAn- nonciation, & furl'autrevolet notre Seigneur dans Ie Ciel: Ce morceau eft aufli beau ques'Ü étoit de van Dyck & entierement dans fa manie- re. On voit dans 1'Eglife des PeresBogaerde Ie Ta- bleau d'Autel delaChapellede laSainteCroix, qui repréfente la découverte de Ia vraie Croix. A Lille , dans 1'Eglifè de S. Etienne, Ie Mar-
tyre de ce Saint, Tableau d'Autel dans la Cha- pelle de 1'Ange Gardien. Dans 1'Eglife de S. Maurice, Ie Tableau du grand Autel, oü eft peint Ie Martyre du Saint. Dans rEglilëparoiffiale de S. Michel,aGand,
Ie Tableau de 1'Autel de S. Hubert, oü ce Saint paroit profterné devant un cerfqui porte un Crucifix fur fa tête;l'Adoration du Saint Sacre- ment oü 1'Eglife eft repréfentée par un Pape. Ce Tableau eft a 1'Autel de la Communion. Dans la Chapelle de S. Yves, Ie Tableau d'Au- tel y qui repréfente David après fa Pénitence. Dans TEglife Paroiffiale deS. Jacques, Ie Mar- tyre de ce Saint, très-beau Tableau qui eft au grand Autel. Aux Annonciades, une Annon- ciation, Tableau d'Autel peint en 1664. Dans la même Ville , chez M. Lucas de Schamps , trois beaux Tableaux:Les fujets font tirésdes Fables d'Ovide.
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174 La Vie des Pelntres Tlamands3 &c.
d'Ovide. Chez M. van Tyghem, une Sainte Tri- nité, Tableau admirable. Dans la principale Eglife de la petite Ville de
Loo , Ie Tableau du grand Autel, qui repré- fente notre Seigneur en croix entre les Larrons; Au bas de la croix , font la Vierge &: S. Jean. Et dans Ie Cabinet du Prince Charles de Lor- raine , aBruxelles, Ie Martyre de S. Georges. Dans 1'Abbaye de Tongerloo, pres de Malines, Ie Martyre d'un Saintde leur ordre. A Bruges, dans l'Eglifedes Dominicains, 1'Adoration des Rois au maïtreAutel. Dans un autre Tableau d'Autel, une Gloire d'Anges , qui portent au Ciel Ie Portrait de S. Dominiqne : Ce Portrait a été peint en Efpagne, & collé lur ce grand Tableau. Et chez M. d'Acofta a la Haye, EJler devant
AJfuerus, Tableau dans la maniere de van Dyck. |
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I6io.
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ADRIEN
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ADRIEN ETISAAC
VAN
OSTADE,
ÊLEFES DE FRANgOIS HALS.
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ES deuxFreresnaquirentaLu-
beck : Adrien en 1610 &: Ifaac l6ïO- quelques années après. Adrien. —— tut place chez Francoïs Hals; il étoitcondifciple & ami intime _ defiraüwer:Cefutluiquiconfo- la Brauwerdans ièsmalheurs,&qui l'encouragea X cultiver fon Art lorfqu'il quitta ion Maïtre. OJlade
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176 La Vie des Peintres
161 o Qftaa>e 1'ainé, avoit du penchant pour Ia maniere
_ de Brauwer ; celle de Teniers Ie tentoit pour Ie moins autant, mais Brauwer 1'en détourna. Il
lui fit entendre qu'en imitant. non-lèulement, on étoit fouvent inférieur a fes modeles, mais qu'en acquérant moins.de gloire , oncourt Ie rifque de la concurrence. OJïade avoit du génie, il fe fit une maniere
quilui fut propre 5 elle rénffit & on achetales Ouvrages fort cher. Il n'étoit point forti de Harlem, quand Ie bruit de la guerre 1'allarma & 1'en fit fortir: II vendit ce qu'il avoit Ik fon- gea a retourner a Lubeck , pour y travailler lans inquiétude. Il paflbit par Amfterdamlorf- qu'un amateur appellé Conflantin Sennepcrt , Tengagea a refter chez lui: 11 lui fit entrevoir les avanrages de demeurerdans une Ville auffi confidérable, oü [es ouvrages étoient eftimés & oii il fe trouvoit un grand nombre de gens en état de les bienpayer. Ce fut vers 1'an \66i, qu'arrivé a Amfterdam , il eommenca ce grand nombre de Deilèins ; que M. Jonas Witten a de- puis achetés, avec quelques-uns de liattem, poiy Ie prix de 1300 florins. NotrePeintrecontent de fafituation, neper-
doit point de temps, &: malgré fon affiduité, il eut bien de la peine a répondrea 1'empreflement du Public. Son application continuelle lui fit beaucoup d'Ouvrages & 1'empêcha d'en laiiTer de médiocres. Pour fe délaffèr ilgravoitd'après fes deflfeins, & fes eaux-fortes en portent Ie ca- radere. Adrien atteignit lage de 75 ans: 11 eft mort aAmfterdam en 1685. - Ifaac van OJiade étoit Eleve de fon frere aïné;
• on |
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Flamands, Allemands & Hollandoïs. 177
on jugeparfesTableauxquifontbieninférieurs a ceux de Ion irere, qu'ill'auroitpeut-être fur- pafle s'ii avoit vécu auffi long temps que lui. Jdrien van OJlade n'a repréientéquedes lüjets
bas; ilavoitprefquelesmêmesidéesque Teniers. maisilfemblequ'il ayent habitédescontréesdi£ férentes,tantleshabillementslereflenib!ei)tpeu. OJlade les accommodoit a fbn gout, il copioit la naturede raconqu'il 1'aprefque toujoursenlai- die:Mais il régne par-tout dans fes figures gro- tefques tant d'e{prit,tant de fineffe Ik tantdevé- rité, qu'on oublieque ies lujets font dégoütants, pouradmirerfongénie.Quandilareprélèntédes dedansdemailonsjilvousfaitvoirdifférentsap- partements; il vous promene autour de fes fi- gures : II femble que quelquesuns de iès Ta- bleaux ioient peints en email: Tout y eil clair, tout elt chaud 6c détaillé, fbu vent mieux colorié que Teniers; c'eft-a-dire plus vigoureux & tou- joursplusiini. 7e«/erigrouppoit mieux fesfigu- res, 6c il fcavoit mieux o^x'OJlade difpofer fes plans: En effet ce dernier mettoit quelquefois Ie point de vue fihaut, que les appartements en paroitfent bizarres 3 & feroient ridicules, s'ii n'avoit feu occuper des vuides par des détails qui interrompent de temps en temps des efpaces fortgrands: Cetre petite critique ne diminue rien de la beauté desÜuvrages de eet Artifte. li pei- gnoit avec une legéreté fé Juifante; il eft tranf- parentjflou,chaud &rinimais fonDefleinn'eft nullementdechoix, &il n'e(t fupportable que fous les figures & les habiüements qu'il a trai- tes. Ses gravures a 1'eau rortefontrecherchées; elles ont 1'efprit de fes Defleins Sc les efièts de Tome II. M fes |
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178 La Vie des Peintres
~~l fesTableaux:Voiciquelques-unsdesprinc!paux.
I6I°' M. Ie Duc d'Orléans poflede deux Tableaux "•*"■' é'Adrien OJiade. Le fond du premier e(l une Chambre, unHomme fume, unautreécrit &: une femme eftaflifeauprès. Lefecondrepréfen- teun Peintre, quidans ion Attelier travaille a un Tableau de chevalet. A Paris, chez M. le Comte de Fence, on voit
quatre Tableaux d'Jdrien : des Fumeurs dans un EJlaminet, il y a fept figures : Le Grivois Flamand; un Matelot; des Joueurs de Triótrac, deux Pendants qui repréfentent des Yvrognes; par Ifaac van OJiade. Chez M. le Marquis de Foyer, une Femme
quitient fon Enfant appuyé fur une porte cou- pée; uneTabagie, il yahuit figures ycompris une femme. Chez M.de Gaignat, une Danfe Villageoife.
Chez M. Blondel de Gagny, un Payfage avec
figures; un autre de Joueurs de Triótrac. Chez M.de Juüenne,des?zy fans qui jouent aux
quilles; un Maitre d'Ecoleau milieu d'un grand nombred'enfants;uneMereavec fes enfants;un Pere & une Mere auprès de leur petite Familie. Chez M. de la Bouexiere, OJiade lui-même
peignant dans fon Attelier: Ce Tableau eft tres- fin ; le Peintre y eft vu par le dos; un Payfage d'unHyver; un Enfant qui mange fa bouillie; un Peintre dans fon Attelier; une Tabagie; Sc un autre Hy ver, Payfage. AGand, chez M.Baut, Chanoine, deux
beaux Tableaux de Tabagies. Chez 1'Eledeur Palatin, on trou ve deux mor-
ceauxd' Adrien OJiade; dans 1'un, des Pay fans qui difputent;
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Flamands, Alhmands & Hollandois. 179
difputentjdans 1'autre, des Payfans qui danfent. A la Haye , chez Ie Comte Wajjenaar , une Femme qui joue avec un Enfant, quatre autres figures qui regardent; une Familie de cinq perlbnnes quilechaufFent; des Payfans quidan- ientau cabaret; unPayfan qui courtife de pres famaïtrefle;uneFemmequi fait lalefturea deux hommes; un Payfage oü 1'onconduit plulïeurs bêtes acornes; un petit Fumeur; une Femme <\m dévidedu fil; deux Fumeurs; deux autres qui fument &c boivenr, Öc un Vieillard avec un bon- net noir. Chez M. vanSlingelandt,Receveür Gé- néral de la Hollandejpluüeurs Perfonnages pres d'une mailbn de Campagne.ChezM. van Sünge- landt Bourguemeftrea la HayeJhuitfigures dans une chambre , 6c un autre même nombre de fi- gures. ChezM. Fagel, Ie dedans d'une Cuifine avec figures: un Avocat dans fon Etude. Chez M. Lormier, une Compagnie qui joue aux car- tes, 1'intérieur d'une Ferme avec figures > quatre Fumeurs &r une Femme j une Ferme oü unJoueurdeVielle fait danferdes Enfantsjplus loin des Payfans qui boiventjfix figures dans une Chambre; une autre Chambre oüilyaplus de vingt figures; un Payfage pres d'une grande Ferme;plufieurs figures; un Hommea cheval & d'autres animaux. Chez M. van Héteren, des Payfans avec leurs Femmes qui arriventde la Chaiïe avec du gibier & leurs armes, &c trois autres Buveurs. Chez M. Half- Wajjenaar, un Payfage; on yvoitun Cabaret oü boivent des Voyageurs, d'autres qui arriventavec des Che- vaux & des Chariots, & un Joueur de Mufette quifaitdanferdesPayfans.ChezM.d'^cq/fo,une M i affemblée
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1610.
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18 o La Vie des Peintres
aflembléedePayfans&unPayfagerepréfentant
1'Hyver. Chez M. Verfchuring, desFumeursqui fe chaufrent pres d'un feu. Chez M. vanBremen, un Cochon tué & attaché fur uneéchelle,& plu- lïeurs autres détails dans une Cuifine. A Dort, chez M. vander Linden van Slin-
gelandt 3 une Tabagie avec un nombre de Bu- veurs ; contre une muraille eft un Ecriteau , fur lequel eft écrit maifon a vendre, il faut s'adref- fer a van OJlade. A Amfterdam, chez M. Braam-Kamp , une
Chambre avec plufieurs figures; un autre Ta- bleau demême; une Poiflbnnerie oü il y a plu- fieurs Marchands,Tableaufingulier;unPêcheur avec des Poiflbns qu'il portea vendresun Joueur de Violon^un Joueur de Vielle; une vieille Fem- me; desFumeurs &r Buveurs, autre de même, auffi des Fumeurs& Buveurs enfemble.ChezM. Leender de Neufville , une Compagnie de Vil- lageois dansune maifon, d'autres au dehors pres d'une ferme, & beaucoup de figures dans une Chambre. Chez M. Lubbeling, des Joueurs aux quilles pres d'un Cabaret, oc des Buveurs dans une Chambre. ChezM. Bierens, des Joueurs au trictrac & deux fpeftateurs. A Roterdam, chez M. Bijfchop, un nombre
de Figures pres d'une ferme ; une Femme qui épluchedes moules , & des enfants qui jouent avec un chien;une femme quidévidedu fil &c plufieurs Fumeurs pres d'elle; un Philofophe dans fon Cabinet d'Etude , & des Payfans qui regardent un hommequijoued'uninltrument. A Middelbourg, chez M. Cauwerven, une
aflèmblée de Payfans a la ported'un Cabaret. LEONARD
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Flamands, Allemands & Hollandois, i 81
L E O N A R D VANDER KOOGEN,
ÉLEFE DE JACQUES JORDAENS.
VAnder Koogen naquit a Harlem ——
versl'an 1610 , ifïu d'une familie d'Artif- l6l°- tes & d'amateurs ; il obtint de fes parents tout "-----'■'
cequi lui étoit néceflairepour étudier laPeintu-
re. On Ie placa a Anvers} chez Jacques Jordaens : 11 demeura long-temps dans cetteEcole:Lié par- ticuliérementavec Comille Bega, il changea de maniere; il peignoit d'aborden grand & il ade- puis peinten petit, ou en moins grand. Vander Koogen, enquittant Anvers retourna chez lui, & fit une liailon fi étroite avecBéga,cpi'on ne les voyoit prefque jamaisl'un fans l'autredls culti- vérent leur Art enfemble ; ils s'encouragérent 1'un rautre:L'uniquedifFérencequ'il y eut entre ces deuxamis, étoitque VanderKoogen , netra- vailloit que pour fon plaifir,fes parents lui ayant laifle une fortune honnête; tandisqueBe^a n'eti avoit d'autre que cellequivenoit de fes Ouvra- ges. Bega n'en étoit pas moins gaii vander Koogen étoit au contraire timide & retiré du monde: II avoit d'ailleurs des moeurs fort fages, ce qui lui occafionna une aventure aflez plaifante. Ce Peintre vivoit dans Ie célibat & demeu-
roit en penfion chez un de fes parents. Un jour vers la brune j une demoifelle fort connue fut M 3 demander
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i8i La Vie des Peintres
demander vanderKoogen; le Domeftiquel'aver-
1610, t[ten plaifantant, & luiditqu'une perfonneai- ^^—' mable venoitpour Ie demander enMariage. Le Peintre timide fut étourdi de cette plaifanterie , &n'auroit jamais forti du coindelon feu,üonne ravoitobligéavoircellequirétoitvenudeman- deriil fe raj u fta le plus promptement qu'il lui fut poflïb!e,& il allatrouverlaperfonnequil'atten- doitdansune falle. Après lescivilitésordinaires, la Demoi(èlleprépara fondifcours par quelques éloges auxquelson ne réponditque parbeaucoup d'embarras,&relle finitpar exigerdeluilefecret furfadémarche,cequ'iüuipromit;rnaisilnef$a- voit pas qu'onécoutoit toute leur converfation. Voici comme elle lui paria: >» Monfieur, ma » propofition va bien vous furprendre, puif- » qu'elle n'eft point ordinaire; peut-être la » trouverez-vous déplacée. Pour moi je n'y » trouve rien que de raifonnable; car le pro- » verbe dit bien, n'importe qui iFait lademan- » de fi elle eft convenable : vous êtes connu » & eftimé de ma familie&r de moi; vous me w connoiffez & vous fcavez qui je fuis. Vous » & moi nous vivons fort a notre aife du bien m quenos peresnousontlaifle; maisnosannées » paflènt rapidement & nous ne rajeuniflbns » pas. Nos amis meurent les uns après les au- » tres, &ce qu'il y a de plus malheureux , ce » font fouvent les meilleurs que nous perdons. ij Pour nos Parents , les uns font trop riches » pour daigner vivre avec nous, les autres font » pauvres & trouvent que nous vivons trop « long-temps : C'eft pourquoi je me fuis de- » terminée a me marier; & fi je vous conviens, » je
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F lamanis, Allemands & Hoüandois. 18 j
j» je fuisdifpoféea vous choifir pour monmari;
Le timide vander Koogen > ne put fe remettre,
il ne put répondre qu'en tremblant : Maïs,
Mademoifelle....... mais , Mademoifelle, cela me
paroit bien étrange !
» Je me fuis bien attendue a cette réponfe ,
» lui dit-elle; mais confultez-vous : Notre fi- » tuation & notre naiflance font égales, vous »> pouvezy penter. Je vous ai ouvert mon cceur, » ibndez a préfent le vötre: De quelque fa^on » que vous vous déterminiez, nousferons tou- » jours bons amis. 11 refta long-temps fans pouvoir dire autre
chofe , en bégayant : Mais 3 Mademoifelle.....
Eh, comment ? Je ne ff ai ! Me marier ! Eh bien
oui; mais cela me furprend heaucoup. La Demoi- felle vit combien fon difcours avoit déconcerté fon futur mari; mais elle tacha cependantdele remettre un peu; elle lui dit doucement qu'elle n'étoit pas venue pour terminer cette affaire , mais feulement pour la propofer } & qu'il pou- voit y penfer autant de temps qu'il le jugeroit a propos , & elle prit conge de lui. Notre amant ne fut pas plutót rentré qu'il
fut obligé d'efluyer mille plaifanteries des per- fonnes qui étoient avec lui. Quoiqu'ils euflent tout entendu , ils feignirent de ne rien fcavoir & ilsletourmenterent beaucoup ,pourappren- dre de lui ce qui s'étoit pafle : II garda le fe- cret, comme il 1'avoit promis, & ne dit pas un mot toute la foirée,tant il étoit interdit:Il paffa la nuit fans fermer 1'oeil. Ce fut cependant ce qui lui fit prendre fon parti. L'inquiétude aug- mentoit a mefure que le jour venoit , & tout M 4 d'un
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184 La Vie des Peintres
d'uncoup il s'habilla & fortitpour fe diffiper&
°' prendre J'air ; mais a peine eit-il fur la Place, 1-----" quela Demoilélle paflè devantlui; ce qui lui
parut fort extraordinaire; il chercha a léviter.
Enfin il rappelle les fens, &: fur Ie champ il approche decelle qui 1'avoit fi fortembarrafle la veüle, & lui dit: Mademoifelle, il ne fe fera rien de ce que nous avons dit hier au foir. Fort bien , Monfuur, lui dit-e!le , en lui faifant la révérence , & ils fe quitterent. Cette avanture n'a rien changé ala vie de
vander Koogen : 11 refta toujours garcon. Il eft mortaHarlem en 1681. Ses Ouvrages ne font gueres connus en France : IL me'ritent ce- pendant d être recherche's. 11 peignoir en grand & en petir avec inte'ügence : Son Deflein eft de bon gout. Il agravé a Teau-forte aiïèzdans la maniere du Currack;. |
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WILLEM (GUILLAUME)
VANDEN VELDE.
IL naquit a Leyden en \6io, & fort jeune il
fit des voyages fur mer: On ne fcaiten quel temps il apprita deffinerni quel fut ion Maitre j mais on vit tout d'un coup de beaux Defleins de fa main. Il repréfentoit fur du papier blanc toutes fortes de Vaiflèaux : II avoit étudié a fond laconitruótion & la manoeuvre de la Ma- rine. 11 s'embarquoitquand il prévoyoitquelque combat, fans autrebut que celui de reprcfènter ces objets avec plus de ve'rité. Les
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Flamands, Allemands & Hollandois. 185
Les Etats d'Hollande lui firent équiper une " petite frégate légere, avec ordre a celui qui la l6l°' commandoitdefetranfporter dansles pofitions —*-'■ que vanden Velde louhaiteroit. On vit alors un JJeffinateur s'engager dans Ie fort d'un combat naval, voltiger tour a tour vers la Flotte des Ennemis & revenir a ("on pofte. L'Amiral Op- dam fut étonné de voir un homme expofer fa vie pour acquériruneautre gloire que celle des Armes. 11 ne fcavoit pas qu'il y ades courages de toute efpece. Qu'auroit il dit, s'il eut vu nos Académiciens de Paris aller aux extrémités du monde, pour méfurerla Terre, & montrer plus d'ardeur pour éclairer les Nations, que les Con- quérants n'en ont eu pour les détruire? Notre Peintre dïna dans Ie Navire que commandoit l'Amiral Hollandois, & ce même Navire fauta en 1'airquelques heures après que notre Peintre ie fut retiré. En 1666 il fut, par ordre des Etats Géné-
raux, deffiner un autre Combat que les Anglois & Hollandois fe livrerent fous les ordres de Monck èc de Ruyter: Cette aftion dura depuis Ie 11 jufqu'au 14 Juin , aux environs du Port d'Oftende. Chaque mouvement des deux Flottes eft deffiné avec une exaftitude (urprenante. Ses Deflèins furent d'une grande utilité aux Etats Généraux, & répandirent un grand jour fur la manoeuvre & la conduite de leurs Officiers : Nouvelle preuve de 1'importance de l'Art que cultivoit notre grandDefïïnateur. Vanden Velde fut récompenfé: Son nom paflachez les Etran- gers. Le Roy d'Angleterre Charles I. 1'appella a fon lervice, & depuis la mort de ce Prince il fut
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i%6 La Vu des Peintres
• ■ - fut continue fous Ie Regne de Jacques II. Il a.
x6ia. fait pour cette Cour un grand nombre de Def- ■■ ■ feins, entre lefquels on adtnire une a&ionqu'il a repréfèntée lur mer: Tout ce que eet element a de majeftueux &c de terrible, il Ie deflinoit de cette derniere maniere fur Ie papier, avec Ie crayon ou la plume. Il deflinoit tout a la plume fur du papier
blanc, fur des toilesimpriméesenblancoufur des papiers collés fur toile. Sa facilité fe re- marque aflez dans fes Ouvrages : On ne peut manier la plume avec plus d'art 6c d'intelligence. Il effaya de peindre at'huile a la fin de fes jours; maisil ne put jamais réuffir. Il mourut leiy ou 16 Décembre 169 3, &r fut enterré dans 1'Eglife de S. Jacques a Londres. On voit a la Haye, chez M. van Slingelandt,
Receveur Général de la Hollande, uneRiviere très-calme, chargéedeBateaux.Chez M. Lor- mier, deux Tableaux repréfentant desCanaux avec des Bateaux. Chez M. Half-Waffenaar,une belle Marine avec des Vaiffèaux. Chez M. Verfekuring, deux Marines, avec plufieurs Vaif- feaux. A Dort, chez M. vander Linden van Slinge-
landt, une mer dans fon calme; uneautre ora- geufe , un navire fe brifecontre un rocher ; la vue de 1'embouchure de la Meufe. A Amfterdam, chez M. Braamkamp , Ie Lac
du Moerdyck, avec des Vaiflèaux; des Vaiflèaux qui na viguent fur une eau tranquille; un autre a peu pres de même; une Marine avec des Vaif- lèaux , en grifaille. Chez M. Leender de la Neuf- v'dle, plufieurs Vaiflèaux fur une eau tranquille; deux
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Flamands , Allemands & Hollandois. 187
deux autres Tableaux de même. Chez M. Lub- 3e/i«£,plufieurs Vaiflèaux dans une mer calme ; un autre de même, & un troifiéme avec plu- fieurs Vaiflèaux de guerre. Et chez M. Bijfchop, a Roterdam , une vue
de la Mer chargéede Vaiflèaux, & deux autres Marines avec des Vaiffeaux. |
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1610.
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ADRIEN
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:j
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ADRIEN
HANNEMAN,
ELEVE DE VAN DYCK
OUDE RAFESTEYN. ANNEMAN naquit a la Haye
en 161oou 16\ i :I1 a été un des plus habiles Peintres de fon tems. Onadelapeineadévinerfonvé- ritableMaïtre:Oncroitqu'ilfut Eleve de van Dyck , &: d'autres allurent qu'il étoicdifciplede RaveJIeyn, II paroït plus
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La Vie des Vdntres Flamandsj, &c. 189
plus vraifemblable que ce dernier ait été fon —— Maïtre, parce qu'Hanneman n'eft jamais forti de 16l0' la Haye, & que vanDych n'y a fait que quelque m^S? féjour en palfant; qu'importe au lurplus ? Il fuffit que notre Peintre ait mérité Ie titre d'ha- bile Eleve de ces deux grands Hommes, pour qu'il foit place ici parmi eux. La réputation d'Ha/meman, porta les Princes
de la maifon de Naflau a 1'occuper : II fit plu- fieurs beaux Portraits, parmi letquels on dif- tingue celui de GuïllaumcII. Prince de Naflau : II eft peint entiérement dans la maniere de van Dyck^ceTableauluien procurabeaucoupd'au- tres & Ie fit connoïtre. Il ne faifoit pas feulemenc • bienle Portrait, il traitoit avec efprit les fujets Hiftoriés. Il fuffit d'en indiquer deux ou trois pour conftater Ie mérite de leur Auteur. Le premier eft place fur la cheminée dans la
falle des Etats d'Hollande: Le fujet eft la paix défignée par une belle femme, habillée en latin blanc : Elle eft aflifefur un Thröne foutenu de deux colonnes & élevé fur trois marches. Elle tient furfes genoux unecolombe, peadantque deux Génies la couronnent de lauriers. Ce Tableau eft richement compofé & peint
avec beaucoup de force. La délicateflè de fes chairs approche de celle de vanDyc£:Quoiqu'il fut payé noblement , on aflure que les Etats d'Hollande firent préfent de 1000 florins a la per- fonne qui avoit fervi de modele, comme fi c'eütétéencore trop peu pour fesgraces, que d'êtreéterniféepar un pinceau auffi célébre. Il a peint dans la falle des Echevins,un grand
Tableau Allégorique au deffus de la cheminée , repréfen-
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p La vfe des Peinires
repréfentant Ia Juftice avec fes attributs.
Dans Ie même endroit.il a peint Ie Dien Mars
appuyé iur fes armes. Le cara&ere féroce de ce Dieu, eft aufli fiérement rendu que la dou- ceur & la gravité de la Paix &c de la Juftice. Parmi plufieursPortraits, on cite celui qu'il
a peint d'après lui-même comme un des plus beaux qu'il ait faitsjfes Tableaux font vagues & harmonieuxJlavoitunedélicateflèdansfèstein- tes de chairs qui Tont prefqu'égalé a van Dyck. Il étoit admis parmi les Maitres Peintres a la
Haye, & du nonibre des 48 qui préfentérent JeurRequête de féparationen 1655 ;ilfutnom- nié par les Magiftrats le premier Direöeur ou Doyen du Corps Académique des Artiftes en 1665 : On ne lcaitpasle temps de fa mort. Il vivoit encore en 1671. |
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1ÓIO.
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MARTIN LENGELÉ.
UN feul Tableau de ce Peintre a mérité les
recherches que 1'on a faites fur fa vie : On n'a rien découvert, que de le trouver infcrit dans les Regiftres de 1'Académie de la Haye, &: comme un des trois Recteurs de cette Acadé- mie en 1656. Le Tableau dont nous parlons,eft place dans
lagrande Salie de la Milice Bourgeoife : Ony toit repréfenté la Compagnie d'Orange avec ion Officier a Ia tlte : Ce morceau eft compofé dedix figures degrandeurnaturelle:Iltienttrès- bien fa place parmi ceuxqui font dans le même fallon. ROELANT |
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Flamands 3 Alkmands & Hollandois. 191
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ROELANT VAN LAAR.
ROelant van Laar,frerede5aOT-
boche, naquit a Laeren , pres de Naerden. On foupconne qu'il a commencé la Peinture avecfon frere Scfousle même Maïtre, qui n'eft pas connu. lis voyagerent enfemble en Italië , fansfequitter : lis peignirent tous les deux dans la même maniere & prefque également bien. Roelant eft 1'aïné & mourut encore jeune a Gê- nes: On ne nous apprend rien de plus,& fes Ou- vrages font peu connus , excepté en Italië. |
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JEAN DE REYN,
E L E V E DE F A N D Y C K.
JEan DE R E YN, que Ton allure êtrenéi
Dunkerque vers 1'an 161 o , fut élevé dans 1'Ecole de van Dyck \ ilfuivit fon Maïtre en An- gleterre, & on eft certain qu'il ne Ie quittaqu'4 fa mort. Il eft vrai que ce Peintre n'eft connu en Flandres quedepuis ce temps-la, & que fes Ou- vrages ne portent point de dates anterieures. De Reyn étoit d'une grande timidité: II n'eut
point d'autres défauts; mais celui-ei lui fit per- dre fa fortune.Le Maréchal de Grammont voulut Ie faire connoitre:Il l'emmena avec lui a Paris , Ie logea dans fon Hotel & 1 ui fit faire un Tableau pour
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191 La Vie des Peintres
pour porter a la Cour. Ce Tableau fut a peine
commencé , que de Reyn ie fauvade Paris fans rien dire,Öc jamais il ne vouluty retourner. On coutequ'un Domeftique lui ayant volé quel- ques chemifesj il avoit été trouver Ie Duc de Grammont, lui demander ion congéj &r lui dire toutefi'rayéque s'il n'écoitpointa 1'abridu vol dans une lï grande maifon, fa vie ne feroit point en fureté dans Paris. Jean de Reyn s'établit a Dunkerque; il y épou-
fa FrancoiJeHuys.lk fut tres employé a embellir les Egliies & a peindre Ie Portrait: On ne fcait rien de particulierdu refte de fa vie: on ne lui a connu qu'iinefille qui avoit cpouie'unNotaire. De Reyn mourut Ie k. Mai 1678, & eft enterré dans 1'Eglile de S. Eloi, a Dunkerque : fa fem- me Franfoife Huys eilmorte Ie 4 Juillet 16Ü6. Ce Peintren'a euqu'un Eleve nommé Corbéen. Si Jean de Reyn eft peu connu , c'eftqueies
Ouvrages font pre(que toujours pris pour ceux de fon Maïtre. Perionne nel'aapproché de plus pres, & perfonne ne 1'amieux égalé en me'rite : C'eftlamêmefonte de couleur , la méme tou- che, la même délicateiïè : Son Deflein eft auiïï correcl:, fes mains fcnt deiïïnées d'une pureté finguliere: II ttoitnobledans fes compoiitions, peut-être un peu confus jmais il avoit d'ailleurs une tres grande maniere : Ses draperies ibnt larges & bien pliées;leclair-obfcur eftbienen- tendu dans tout ce qu'il a peint. On connoitdece Peintre beaucoup de très-
beaux Portraits dilperlës dans les cabinets:Voici quelquesTableauxqui celui font pas difputés. Dans TEglife Paroiffiale de Dunkerque , Ie
Martyre
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i6io.
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Flamands, Alkmands & Hol/andois. 193
Martyre des quatre Couronnés: 11 s'y eft peint lui même avecun chapeau blanc : Ce Tableau eft au Retable de la Chapelle des Maïtres Ma- cons. Dans la Chapelle de Sainte Anne; unTa- bleau avec des volets qui fert d'Epitaphe a la familie d'Ancoir.e ClayJJens; ScuneautreEpita- pheavec des volets pour la familie d'Alexandre Leys, dans la Chapelle des Bouchers. Tousceux qui ont vu ce dernier , Tont élevé au deflus des Ouvrages de van Dyck: Le Deffein y eft des plus élégants. Dans PEglife des Dames Angloifes , le Baptême de Tori ia. Dans la (alle de la Con- ^régationauxJéliüteSjS. Pierre Apótre;S. Pierre Pape; S. Paul Apötre; S. Thomas; S. Guerard •■, S. Nicolas; S. Guillaume & S. Denis: Tous ces Tableaux font places entre les croifées , èc les figures font plus grandes que nature. Dans 1'Eglife Paroifliale de S. Martin a Ber-
gues S. Vinox, un Tableau d'Autel, repré- fentant Herodiade qui apporte a Herode la tête de S. Jean. On voit auflï quelques Tabieaux de ce Peintre dans les appartements de 1'Abbé de S, Vinox, une Sainte Scholaftique &c un Mar- tyre a qui 1'on coupe le fein, &c. |
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JURIAEN JACOBSZ,
ÉLEFE DE FRANgOIS SNEYERS.
JU R1 a E n naquit en Suifle,felond'autres,
a Hambourg, & apprit la Peinture fous Francois Sneyers, habile Peintre d'animaux a Tome 11. N Anvers. |
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m____ 194 La Vu des Pcintrès
Anvers. II fuivitla maniere de ion Maitre pen-
* lon' dant quelque temps :11 repréièntoitcomme lui, des Chaflès, des Combats d'animaux. Il choi- iït Amfterdam pour y fixer fa demeure , & quoique fort employé dans ce genre, il iè mit a peindre 1'Hiftoire: Ses iüccès en des fujets ii oppofës furprirent. M. Wolters, Négociant dans la même Ville ,
aui aimoit la Peinture & notre Artifte, lui or- annna plufieurs Tableaux d'Hiftoire : LesHol- landois font grand cas de celui qui repréfènte Vénus& Adonis : II auroit fait une grande for- tune il la mort ne 1'eüt enlevé encore jeune en 1664. Il avoit atteint de pres fon Maitre dans 1'art
de repréfenter des animaux. La même maniere dans la touche & dans lechoixde la bonne cou- leur font fouvent méprendre a leurs Ouvrages. |
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CORNILLE EVERDYCK.
COrnilleEverdyck d'unefamilie
illuftre, originaire de Tergoes , fut dans fon temps regarde comme un bon Peintre d'Hif- toire. Plufieurs de ks Tableaux fe confervent encore dans fa familie. |
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JEAN
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Flamandsj Allemands & Hollandois. 195
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JEAN DUIVEN,
É L E V E
DE WOUTER ( VAUTIER) CRABETH. NAtif de Gouda, Eleve de Vautier------
Crabeth,lk Contemporain duPeintre Hen- J ri Zorg. Jejn Duiven acquit de la réputation a peindre Ie Portrait; il fit fa fortune en peignant Ie Pere Simpernel Francifcain; il ne fut prefque employé depuis qu'a en faire des copies qu'il vendit fort cher : II mouruten 164.0. |
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JEAN VAN BAELEN,
Éleve de son Pere
H E N R I VAN BAELEN. VAn Baelen naquita Anvers en i<Jii.
Les talents & la réputation de fon pere lui donnerent de l'émulation dès fa plus tendre jeu- neflfe: C'étoit un préfage heureux que Ie pere ne négligea pas. 11 fortifia fon fils dans fa vo- cation & dans fon art. Le jeune Van Baelen éga- loit prelque fon pere , lorfqu'il le quitta pour aller voir, commelesautresjlesmerveillesque Rome offre aux Artiftes: II y parcour ut a la ha- N z te
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19$ La Fle des Peintres Flamands, &c.
te les reftes précieux des anciens & des moder- nes. Jl étudia en particulier chaque maniere : mais ilretourna toujours a celle de Ion pere qu'il n'a jamais quittée. Rappellé en Flandre, il fit dans fa Patrie quel-
ques Tableaux en grand. Son principal talent etoitcependantde peindre en petit,&fa manie- re approche tellement de celle A'Henri van Bat- len , qu'on a bien de la peine a les diftinguer. Un pinceau agréable,des couleurs vives & bril- lantes, font Ie mérite principal de fes Ouvra- ges. Ses airs de tête fontdans la maniere de l'Al- bane\ mais fon féjoura Rome n'a point rendu fon DefTein plus correct. On ne dit nulle part 1'année de fa mort. |
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CORNILLE
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CO RN IL LE
ZAFT-LÉVEN.
O R NIL L E étoit frere XHer-
man Zaft-Léven : Quelques uns ont pris Cornille pour 1'ainé de fon frere Herman, parce que fon Portrait fe trouve dans la (uite de ceux que van Dyck a hits. Cornille peignoit dans Ie gout de Brauwer & dans Ie gout de Teniers. Les Tableaux oü il excelloit, repréfentent des Corps de garde: On y voit des Officiers, desSoldatsjouanta diflfe- rents jeux dans des feftins ou parties de débau- N } ches.
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I5>8 La Vie des Peintres
~~ * ches. Les fonds de fes Tableaux étoient omes
1 ll' d'inftruments de guerre, de drapeaux, de tam-
bours, de piques , &c. Un chapeau par terre
ou croché, avec fon plumet, une ceinture bro-
dée ou unie, lont les meubles de fes Tableaux
3u'il faifoit tous d'après nature, avec autant
'intelligence que de précifion. Ses Tableaux dans Ie gout de Tenitrs, repré- fentent des dedans de maifons, des cuifines, des fermes avec des payfans. Il a cherché a fuivre Teniers : Ses Ouvrages dans ce genre ont auffi leur mérite. Cornille a beaucoup deffiné : il ma- nioit bien Ie crayon , &c il n'a rien peint fans avoir fait des études d'après nature. On trouve fes Tableaux dans les Cabinetsles pluseftimés , & fes Defleins dans les Colleókions les plus re- cherchées. Je connois a Bruxelles , dans Ie Ca- binet du Prince Charles , un très-beau Tableau de Cornille Z'aft-Léven : II repréfente une aflèm- blée de Payfans, &rc. Le temps de fa mort & Ie lieude fa fépulture fonc ignorés. |
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JEAN MEYSSENS,
É L E V E
DE NICOLAS FANDER HORST. MEYSSENS néa Bruxelles le 17 Mai
1611, eut pour premier Maitre Antoinc van Opftalj Peintre habile : II continua depuis a étudier fous Nicolas vander Horfi. Il réuffit a peindre le Portrait & l'Hiftoire. En quittant ks
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Vlamanis, Allemands & Hollandois. $$
fes Maïtres s les Ouvrages qui contribuerent Ie plus a fa réputation , furent les Portraits du Comte üenri de Najfau, de la Comteflè de Stirum , des Comtes de Benthem, & de plufieurs autres grands Seigneurs. Il faifoit fort reflembler & peignoit avec beaucoup de foin & de talent. Malgré ces avantages, il quitta la Peinture pour faire Ie commerce d'Ef- tampes & de Deflèins: II eut un fils bon Gra- veur de Portraits, appellé Cornille Meyffens, que Ton dit avoir étécaufe quefon pereabandonna la Peinture. |
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EMELRAET.
EMelraet ami & contemporain de
Meyffens, a beaucoup voyagé, & fur-tout en Italië: II demeuralong-temps a Rome. De retour en Flandre, il fe fixa a Anvers & fut fort employé pour les Eglifes Sc a peindre Ie Payfage dans les Tableaux des autres Peintres. Il paflbitpour un des meilleurs Payfagiftes Fla- mands, fur-tout en grand : Ce qu'il a fait de plus beau eftdans 1'Eglife des Carmes Déchauf- fés a Anvers ; on y voit plufieurs grands & beaux Payfagesdontles figures font d'Era/me , Quellin & d'autres habiles Peintres. |
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N 4 PIERRE
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200 La Vïc desPeintrcs F lamanis ; &c.
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PIERRE JANSSENS,
ÉLEFE DE JEAN BOCK HO RS T.
JAnssens naquit a Amfterdam en ién:
Ses Parents leplacerent a Harlem, chez Jean van Bockhorjly Peintre fur verre. Janjfensa. fuivi la maniere de fon Maïtre. On voit de lui dans les Pays-Bas, olufieurs Vitres qui ne font pas fans mérite;fes DeflTeinsfontd'aifez bon gout : II mourut en |
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i6n.
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BARTHO-
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BARTHOLOME
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V A N D E R
HELST.
ANDER HELST néa Har-
lem en 1613 , eut une grande réputation pour Ie Porrrait: Ses Tableaux font difperfés dans la Hollande&danslaFlandre. Ce- _ lui qui donne laplus haute idee de fontalent, eitdanslaChambredu Tribunal, ala Maifon de Ville d'Amfterdam : On y voit peints tous les Chefs de la Milice Bourgeoifé, de
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101 La Vu des Pclntres
de grandeur naturelle > les chairs , les étoffes 3
les vafes d'or & d'argent font imités dans une très-grande perfe&ion. Fander Helftn'aétefar- paflé que par van Dyck, & même avec tres-peil a'avantage pour Ie dernier. Knellerz toujours parlé avec éloge des talents
de vander Helft: II ne fe laffbit point, pendant fon féjour en Hollande , d'admirer Ie Tableau dont nous avons donné 1'idée. On voit du même en petit, chez M. Jean
de Graef, Seigneur de Polsbroek3 en Hollande, un Tableau repréfentant en grand les quatre Chefs des Confrairies: Ce dernier morceau eft dans les Butes du Mail. Le Portraitqu'il fit de Mademoifelle Conftance
Reïns, a été célébré par le Poëte Hollandois Jean Vos. On connoït encore de lui le Portrait d'un Officier j dans le Cabinet de I'Eleóteur Palatin. Fander Helft compofoit fes Portraits d'une
grande maniere : Les figures en font bien defli- nées, les draperieslargesjlacouleurexcellente : II joignoit a tant de talents l'art de bien faire reflèmbler. Il n'a jamais voyagé : II demeura toujours a Amfterdam, oti il eft mort. Déja avance en age, ilavoitépoufé une jeune
femme , dont il eut un fils qui devint auffi un bon Peintre de Portrait. |
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THOMAS
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Flamands, Alkmands & Hollandois. ioj
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THOMAS WILLEBORTS,
DIT BOSSCHAERT,
ÊLEFE DE GUERARD SEGHERS. BOSSCHAERT né a Berg-Op-Zoom en
1613 , eut pour Maitre Guerard Segkcrs , qui mit bientot fon Eleve en état de voyager utilement, & capable de fe perfe&ionner iur les beaux modeles d'Italie. Willebons, loin de reflèmbler a ces Artiftes
ingrats , qui abandonnent un Art qui lesa en- richis, puifadans les richefles mêmes qu'il y avoit acquilès j une nouvelle ardeur a Ie culti- ver. Il quitta les Cours étrangeres oti il avoit fait une fortunebrillante; il retournaa Anvers, comme dans la Patrie des plus grands Peintres : Ce fut laqueparmi euxil fit de nouveaux pro- grès. L'Academie en corps Ie choifit pour Di- reéteur en 1649. Ilydécédale 23 Janvier 1656 , & fut enterré aux Carmes,dans lamême Ville,, oü 1'on voit fon epitaphe. Ce Peintre mort jeune a 1'age de 4$ ans ,
promettoit de furpaffèr ceux qu'il a égalés : II a dans fes Tableaux d'Hiftoire & dans fes Por- traits, approché de van Dyck. Son pinceau eft également tendre & harmonieux ; les airs de têtes agréables; fon Deflein eft aflez corred , fes compofitions font pleines de jugement: La Flandre
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204 La Vie des Peintres Flamands, &c.
Flandre pofleJe plufieurs de les Ouvrages. Voicï ceux qui fe voyent a Anvers. Dans rEgliledesCarmes.,enfacede lachaire,
un petit Tableau repréfentant la Vierge, 1'En- fant Jéfus & Sainte Catherine. Dans Ie Tableau du grand Autel de 1'Egüfe Paroifliale de Saint Wiilebord , a un quart de lieue d'Anvers , la Sainte Vierge > 1'Enfant Jéfus , S. Jofeph &c S. Wiilebord : Ce Tableau a de tout temps paffe mal-a- propospourêtrede Rubens. Aux Annon- ciadesde la même Ville , il a peintdeux Anges qui tiennentlevoiledelaVéronique, oü laface de notre Seigneur eil enipteinte. On voit de Wilkboris , une copie admirable d'un Tableau de van Dyck , elle fait Ie Tableau d'Autel de la Chapelle de Sainte Barbe, a Notre-Dame : L'onginaleftdans 1'Eglifedes Capucins,aDen- dermonde;il repréfente notre Seigneur en croix, au bas eft un Saint Francois. En la petite Ville de Duffel, entre Malines
& Liere , eft un beau Tableau de Willeborts , e'ett l'Aflomption de la Vierge. A Tongerloo , dansl'Eglifede 1'Abbaye, eft
reprefenté notre Seigneur , un Ange y conduit la Madelaine; & 1'Enfant prodigue , Tableau d'Autel fort tftimé. Aux Capucinsde Bruxeltes , fe voit un Ta-
bleau d'Autel j oü un Saint recoitla couronne du Martyre. On regrette un excellent Ouvrage de lui qui lè voyoitdansla fallede laConfrairie du Mail, a Anvers; il y avoit reprefenté Vénus ?ui arrêteles fureurs deMars: Ce beau Tableau
ut brülé Ie Iendemain d'ün repasqui fut donné dans cette falle a 1'Envoyé d'Angleterre. OTHO
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O T H O
MARCELLIS.
jftARCELLIS naquit en
1613. On ne fcait rien de particulier de fa premiere , jeunefle : On ne Ie connoit * quedepuis fbn départ pour
ritalie. Il relta long-temps a Paris, au fervicede la Reine mere qui iui ht donner un louis d'or par jour pour quatre heures de travail, en outre la ta- ble & Ie logement. Il pafla de Paris a la Cour du grand Duc de Tofcane, ou il fit plufieurs Ta- bleaux. Il continua fa route) ufqu'a Naples & fut enfin
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lofi La Vu des Peintres Fiamands, &c.
enfin a Rome. Ses Ouvrages plurentinfiniment: Facile a produire, il gagnoit beaucoup; on Ie voyoit louvent aux environs de Rome occupé a chercherdes infe&es & des reptiles: Les bons Artiltesne négligent rien ; les Peintres Ie nom- mereht Ie hiret. Après quelque féjour dans cette Ville j il retourna dans la Patrie& fe ma- ria a Amfterdam, oü il ell mort en 167J, agé de 60 ans. MarceUïs peignoit des Infedes dans la grande
perteöion. 11 imitoitbien les plus belles plantes; il y placoic des couleuvres , des araignées j des chenilles, des papilions, &c. qu'il peignoit tous d'après nature. Ilavoit aux environs d'Amfter- dam une efpece de menagerie oü il nourriflbit ces Animaux, pour les copitr quand il en avoit befbin.LesTableaux de ce Peintretiennent leur rang dans les Cabinets les plus recherches. On voit a laHaye , chez M. Lormier , un Ta-
bleau compofé de Fleurs, de Plantes & d'In- fedes. |
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PIERRE
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PIERRE
DE LAAR
OU BAMBOCHE.
E LAAR naquha Laaren
proche la petite ville de Naar- den en Hollande , environ en 161 j. Ses parents qui étoient a leur aife 1 éleverent avec foin. _____, SoninclinationpourlaPeintu-
reTut décidée de bonne heurerll a voit tou j ours Ie
crayon a la main; il rempliflèit la maifon de fes griffonnages
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io8 La vie des Peintres
griffonnages & de Ces defleins. On ignore fes
*' Maïtres j mais il voyagea de fort bonne heure: II paria par la France, &c de!a fut a Rome. C'eil dans cette Capitale & fes environs.,que
de Laar aétudié fa belle maniere. Il fcut mettre a profit, & les difpoiitions qu'il avoit recues de la nature, &c les avis de ceux avecquiil vivoit: Ce Peintre vit acheter fts Ouvrages fort cher , & fa réputations'accroitre tous les jours. Les Italiens Ie nommérent Bamboche , parce
qu'il étoit finguliérement mal fait: II avoit les jambes fort longues, Ie corps court & la têteen- foncée dans les épaules, au point que 1'on ne lui voyoitpas de col, mais il étoit bien dédom- magé de cette difFormité par fes talents. Indé- pendamment du beau génie qu'il avoit pourla Feinture, il fediilinguoit par fon enjouement & des mceurs aimables. 11 étoit d'ailleurs un des plus grands Muficiens de fon temps; il touchoit les Inltriunentsacordes avecdiftincT:ion:Toutes ces qualités lui mériterent 1'eftime de tout Ie monde, particuliérement du Poi/jffin, de Claudc Loraïn éc de Sandran: On a vu fouvent ces qua- tre amis examiner enfèmble & étudier les en- virons de Rome. Bamboche ne laiflbit gueres pafler de jours fans imaginer quelques plaifan- teries pour divertir ceux avecqui il vivoit. Après avoirdemeuré \6 ansa Rome, fespa-
rents Ie prierent de revenir chez lui, &■ pour achever de Ie déterminer , on l'informa que chaque jour fes Ouvragesaugmentoient deprix dans fa Patrie. Il fe rendit enfin & quitta Rome avec regret: II arriva a Amfterdam en 16} 9; & dela
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Plamands j Allemands & Kollandois. xocj
de-la a Harlem chez f'on frere qui étoit Maitre de penüon. Les Tableaux qu'il a peints dans cette Ville furent achetés rort cher: On fit plus 3 on acheta ceux que Ion put avoir de lui en Italië pour les revendre en Hollande. Bamboche mourut, dit on , dechagrin, pour
avoir vu préférer les Ouvrages de Wouwermans aux flens. Voici comme Houbraken,&c quelques autres racontent ce fait. Jean de Witte , Mar- chand de Tableaux , lui en demanda un que de Laer lui fixa a zoo florins , fans vouloir en rien iliminuer. De Witte fut dans Ie même moment chez Philippes Wouwermans lui commander Ie même fujet ou Ie Peintre réuflit : Pour lors de. Witie complotala pertede Bamboche. Il invita les principaux Amateursjleur fit voirle I'ableau de Wouwermans , & leur fitobierverque les Ta- bleaux dece deinierétoientplus agréables,que fon pinceau étoit plus moëlleux & plus rlou , &c qu'il n'étoit pas néceflaire de croire qu'il n'y avoitque ceux qui avoient vu Rome qui pou- voient faire des Tableaux. On rechercha foa talent avec moins d'empreflement; cette pré- férenceportaïecoupmortel kde Laer. Il tom- ba dans l'indigence & finit en fè précipitant dans un puits. Ilparoït que cette hiftoiren'eftpoint exacte :
Houbrahen avouelui-même qu'il ne 1'a apprife que d'un Peintre qu'il rencontra en Angleterre. Weyermans, qui a écrit depuis lui, la nie. Hou- braken , dit-il, a copié F torent te Comte , qui 3 peu exaól fiir ce qu'il a écrit des Peintres JFla- mands, a donné fouvent dans des hiftoires qui ne font rien moins que vraies. Tome II. O Voici
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Aio La Vie des Peintres
~~ Voici comme Weyermans nous raconte Ia
*' mort de Laer. Parvenu a 1'age de 60 ans, fes in-
---- firmités augmentérent fi conlïdérablement,que
1'on vit renjouementnaturelde ce Peintrechan-
ger en la plus noire mélancolie. Infupportable a lui-même , il Ie devint a tout Ie monde. Sa mauvaife conftru&ion , ou la difformité de ion corps, rïitcaulèd'une oppreffion qui Ie condui- fk au tombeau en 1673 ou 1674. Bamboche avoit vu mourir deux de fesfreres
en Italië : L'aïné Roelant de Laer mourut a Ye- nife j & Ie plus jeune de fes freres, qui Tavoit accompagné dans fes voyages,périt malheureu- fementprès de Rome, en pallant fur un pont de bois d'une montagne a une autre : L'ane fur lequel il étoit monté , broncha & fe précipita avec Ie jeune de Laer dans un torrent rapide & très-profond. Pierre de Laer eft fupérieur en mérite a fes
deux freres qui travailloient dans fa maniere. Ses Tableaux repréfentent des ChaflTes, des At- taques de Voleurs, des Foires & Fêtes publi- ques, des Payfages & des Rivages de la Mer : 11 fcut enrichirfes Tableaux de débris d'Archi- te&ure. Un grand nombre de figures , de che- vaux &d'autres animaux s'y trouvent par tout agréablement difperfés;un deflein fin & corredl, une couleur vigoureufe&naturelle,une variété fingulière , font Ie mérite rare de fes Ouvrages. Cette abondance ne venoit que de fon génie : II avoit I'imaginationfi vive; qu'il lui fuffifoit de voir les objets une feule fois pour les peindre comme s'il les avoit eusdevant lui. Les Italiens difoient qu'il avoit repréfenté plus fouvent des vues
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Flamands , Allemands & Holiandois. 111
vuesdemémoire que d'après Ie naturel. Lorf- ^ que Bambochc commencoit unTableau,il reftoit *' quelque temps a penfer devant ion chevalet, "■■ •" oiuljouoitquelquesairsfur fonviolon ianspar- ler a perlonne : 11 prenoit eniuite fon crayon;& aprèsquelques traits places ca &c la, il ie mettoic apeindre avec la mêmegaieté , il fembloit que ce Tableau ne lui avoit coüté qu'un inftant a penlèr. On doit a cete heureufe facilité de fe tout repréfenter , la fécondiré & Texaótitude de fes Tableaux: Ce qu'il avoit (ur-toutd'admi- rable étoit de f^avoir rendre avec tant de pré- ciiion & de jugement, les diflérentes conftitu- tions de Tair & ce que les vapeurs qui s'y éle- vent ou ferarefient, peuvent indiquerlur Ie (o- leil levant, ion couchant ou fon midi, qu'on ne fauroit s'y méprendre. On voit de ce Peintre trois Tableaux dans
Ie Cabinet du Roy de Frauce : Le premier re- préfente un Maréchal qui ferre nn cheval pres d'une grotte; une Femme qui file auprès d'un homrae qui dort, & un Manege oü il y a un CarofTe. Chez M.leDucd'Or/ejn5,desSbyresdansun
Payiage ; ils arrétent des Enfants; une Placeoii fe tient une foire, &: un jeu d'Enfants. A Paris , chez M. Blondel de Gagny , deux
Tableaux peints fur du marbre : Ce lont des Payfages avec des figures. Chez M. Pafquier , Dépurédu Commercede
Rouen, un beau Payiage avec des ruines j vues des environs de Rome. A Duffeldorp , chez l'EJeéteur Palatin , trois
O i Tableaux;
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112 La Vu des Peintres Flatnands, &c.
Tableaux; un Vieillard affis fur les ruines du Colifëe a Rome; un jeune Homme qui tue les puces de fon chien ; la Pêche de Rome. A la Have, chez M. Lormier, la repréfenta-
tion d'un Four ii Chaux dans un Payfage avec des figures. |
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lól 3.
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NICOLAS
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N I C OL AS
D E
HELTSTOKADE,
E L E V E
DE DAFID RYCKAERT LE FIEUX.
ELT STOKADEnaquita
Nimegue en i<fij ou 1614. Sonbeau-pereDavidRyckaenle vieux futfon Maïtre; des qu'il fe crut en étatde fubfifter avec fon talentjil laifla la maifon pa- ternelle & pafla les Alpes; Rome & Venifè fu- O j rent
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4 es Peintres
rentlesendroitsoüilareftépreique toutefavie:
C'eft ce qui fait que les Tableaux font li rares dans fa Patrie.lltravailla pendant quelquetemps en France avec letitredePeintre du Roy : La Reine Chriftine de Suéde^leRoy d'Angleter- re; Ie Duc de Brandebourg , & Ie Prince d'O- range, acheterental'envi tous les üuvrages de cePeintre. 11 peignoit 1'Hiftoire en grand; fes figures font de bon gout; ion pinceau large & fabonne couleur enfont un des principaux mé- rites; fes Portraits font fort elbmés. On ne fcait riende certain fur lelieu 6c 1'année de la mort. |
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ABRAHAM WILLAERTS,
Éleve de son Pere
ET DE J E A N B Y L A E R T. |
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né a Utrecht en 1613 , étoit
fils d'Adam WiliaertsiCe futfon premier Maitre : 11 apprit aufïï quelque temps fous Jean Bylaert: II qmtta 1'un & Tautre , & fut a Paris fe perfectionner fous Simon Voüct; quel- quesannées d'érudele mirent en étatde retour- ner dans fa Patrie& d'y paroïtre avec diftinc- tion. Le Comte Maurice 1'appella a Bruxelles , pour y deffiner &c peindrediffëreats fujets. On n'a jamais bien feu ponrquoi le Comte fit embar- quer Wïllaerts fur la Flotte deftinée pour 1'Afri- que,en qualitédefimple foldat: Débarque avec les Troupesjil marcha vers la Ville de ü. Paulo en
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Flamands y Alkmands & Hollandols. 115
en Angola; cequi nousimporte , eft de fcavoir qu'il y employa Ie loifir que lui laiffa la guerre, aétudierlesmoeurs&adellinerleshabillements, les animaux &: les différentes fituations du Pays. Après cette expédition , & de retour a
Utrecht, il fut de nouveau demandé par Ie Comte Mauricc , qui ne 1'envoyaplus faire un métier qui n'étoit pas Ie fien. 11 reita & peignit long-temps chez lui. Willaerts en quittant Bruxelles, futdemeurer
aAmersfort, oü il travailla fotis la conduite de Jean van Kampen, habile Architede & grand connoiflèur. Ce Peintre vivoit encore en 1660 a Utrecht.
On n'a rien appris de plus. |
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i6i j.
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JACQUES VAN ARTOIS.
CE grand Payfagifte naquitaBruxelles en
1615 : Son Maitre n'eft pas connu , 011 foupconne feulement qu'il futEleve de Wildens. Van Artols étudia dansles campagnes les varié- tés de la naturejil obferva dans les faifons diffé- rentes, tout ce qui pouvoit contribuer a la per- fedlion de fes üuvrages. Continuellement Ie crayon a la main, il ne .lui échappa pas Ie plus petit objet; tout fut deffiné & rapporté fur la toile : Les Forêts & les Campagnes font les li- vres desPayfagiftes.-Il faut avoirdesyeux faits exprèspoury lire les le^ons, que tant d'organes communs n'y appercoivent jamais. La réputation de ce Peintre auroit rendu fa
O 4 fortune
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,_____ *}6 La Vie des Peintres
i6ih fomineconfidérable,s'ilavoitborné fon ambi-
<g— tlon a vivre en particulier; mais il ne fe conten- ta pas de perdre fon temps avec les Grands, il eutla folie de les trai ter chez lui avec profufion. 11 etoit hommed'efprir: 11 fut recherche a ce titre & pour ion talent. Il peignoit avec une iacihte finguliere : 11 a fait beaucoup de Ta- bleaux ; il les vendoit fort cher ; mais fon peu d economie Ie ruina : II mourut pauvre. On ne icait pas en quelle année. Les Payfages de van Anois font faits d'une
grande maniere:Les ciels & les lointains font lé- gers & vanés ; fes arbres ont de belles formes öcparoiflènt en mouvement dans 1'air. Ilornoit de plantes de ronces, de joncs, de moufles Ie devant de fes Tableaux qu'il rendoit riches par ces details. Tout, dans fes Tableaux, eftdiftri- bueavecunartfingulienLatouchedefonfeuillé eit des plus agréables. Temen a peint ou retou- che Jes hgures & les animaux de quelques-uns df.ces payfages. CePeintre étoit ami intime *Anois: II aimoit fa maniere depeindre , & ils travaillerent fouvent enfemble. Les Tableaux de celui xi font coloriés avec force a 1'exemple de ceux du Tuier, ■ mais beaucoup font devenus noiratres. On croit que ce défaut ne vient enpartie que de ce qu'il glacoit fouvent trois ou quatre rois les endroits qu'il vouloit colo- ner. 11 ne s'ecarta pas de la forêt de Soignies pour faire fes études; auffi n'eft-il pas fi varié cue van Uden : Ses plans ont moins d'éten- due , &■ ,1 paroït qu»,i n.a e$ cher£;hé k |
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i f . , .r-•*"* «-!" j« na ifueres cnercne a
les ennchir. On a de lui des Tableaux en grand, quel on peut egaler aceuxdesMaitres les plus vante's.
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Flamands , Allemands & Hollandóis. 117
vantés On en aauffi en petit, qui méritent d'ê- tre places dans les meilleuis Cabinets. Le Prince Charles poflede a Bruxelles 15?
Tableaux Payfages de van Artois , quelques-uns avec des figures de Teniers , d'autres de Baut, de Michau , &c. On voit a Malines dans 1'Eglife des Religieu-
fes de Leliendael, un beau Payfage Ól Artois , qui a été retouche par fon Eleve nommé Huifmans. Chez les Freres de la Charité a Gand , huit grands Tableaux dans un appartement. Chez l'Ele&eur Palatin , deux beaux Payfages. |
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GERARD
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C E uren PcL Fic/fttetSoulf
G E R A RD
DOUW,
ÉLEVE DE REMBRANT.
E PEINTRE exquis naquit
a Leyden Ie 7 Avril 1613 : Son pere appellé Douwe-Janfeoon , originaire de Frifèjétoit Vitrier. Il s'appercut de 1'inclination de fon fils pour la Peinture; il Ie placa en 162.1, chez Bartholomé Dolendo, Gra- veur , pour y apprendre Ie DefTein : Six mois après il Ie fit entrer chez Pierre Kouwhoorn , Peintre
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La f ie des Peintres Flamands, &c. 119
Peintre fur verre. En deux ans Ie jeune Douw furpafTa de beaucoup les autres Peintres fur verre. Son pere Ie retira & Ie fit travailler chez lui: Satisfait au dela de Ion efpérance du gain que lui rapportoit fon fils. il ne voulut plus l'expolèra monter auxcroifées élevées desEgli- fes , il Ie placa en i6z8 , a 1'age de 15 ans chez Rembrant, Trois années d'étude dans cette école, lui
fuffirent pour n'avoirplus befoinqued'étudier la nature , qui eft Ie maïtre des maïtres : 11 mit en pratique les lecons de Rembrant fur la cou- leur &c 1'intelligencedu clair-obfcur ; mais il y joignit la patience & la délicatefle du pinceau quedemande Ie beau fini. 11 étoit plus touche des Ouvrages de la jeunefle de Rembrant j qui étoient plus foignés, que de fes derniers Ta- bleaux qui font peints avec des épaiflèurs de couleur & une {orte de négligencequi ne furent pas du gout général. Gerard Douw fit quelques Portraits en petit
& fort reflemblants; maisce fuccès même, qui lui coütoit tant de peine & de temps , Ie dégoü- ta de ces fortes d'Ouvrages , 0O1 il y a deux difficultés a vaincre; celle de bien peindre, &: celle de faire relfembler : La premiere nuifoit a lafèconde. Attentif a Texcès a peindre , il im- patientöit ceux dont il faifoit !e Portrait; ils quittoientleurpofition,leur phyfionomie chan- geoit &c il manquoit la reÜTemblance. Que 1'on juge du temps qu'il employoit a une tête , il fut cinq jours a peindre une des mains de Ma- dame Spirings ! Que Ton juge du foin fingulier qu'il mettoit a tout préparer,il broyoit lui-même fes
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_____i io La Vu des Peintres
j^ fes couleurs; il faifoit les pinceaux ; les croife'es
| ''_ de fbn attelier étoient fermées au point que 1'air y pouvoit apeine paffer: II avoit enfermé fa- palette j Ces pinceaux, fes couleurs dans une boete bien exafte; tout ainfi difpofé pour les préierver autantqu'il eft poffible de la pouffiere. llentroitdoucementdans fbn Attelier, fè pla- $oit furfa chaife, oü après être refté immobile jufqu'a ce que Ie plus petit duvet ne fut plus en 1'air , il ouvroit fa boete, en tiroit, avec Ie moindre mouvement qu'il pouvoit} fa palette & [es pinceaux, & ie mettoit a 1'ouvrage. Quellegêne! Quelefclavage! maisquellegloire ne (uit pas ces attentions en apparence fi minu,- tieufes, quandon entire Ie partique ce Peintre délicieux en a tiré ! Gerard Douw préféra donc de quitter Ie Por-
trait a 1'utilité de travailler plus vite , tant Ie progrès &la perfediondans fon Art furenttou- jours les conhdérations qui Ie déterminérent: II lb fit de plus uneloi affiijettilTante a la vérité , maisqui conduit plus infailliblementa Tairde vérité que Ton cherche de ne jamais rien faire que d'après nature. Je ne fcais fi ce n'eft pas a lui que 1'on doit une
invention aflez ingénieufe, mais fujette pour- tant a quelques inconvénients, de réduire en un petit efpacede grandsobjets: II fe fervoitd'une efpeced'écran liir fon pied,dans lequel il avoit pratiqué & encadré un miroir concave a la hau- teurdefavue, quandil étoit affis. Cet écran étoit une forte de cloifon entre 1'objet a repré- fenter & lui: Cet objet fe tracoit en petit dans ce verre concave, & Ie Peintre n'avoit plus a en
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Flamands j Allemanis & Hoüandois.
en imker que Ie trait &r la couleur. Sacompofkionétant difpolée , il portoit fur
fa toile , divilee en plufieurs quarreaux égaux «ntr'eux , les objets dont il avoit befoin: Cette divifion étoit répétée avec des fils liir unpetit chaffisqui étoit de la grandeur de la circonfé- rence du verre concave; de facon que lorfqu'il attachoit Ie chaflïs fur Ie verre,ce chaffis repré- fentoit un quarré infcrit dans un cercle. Cette pratiquequia facommodité, menea de grands défauts; elle öte d'abord cette jufteffe de 1'ceil néceflaire pour leDeiïein, & qui ne s'acquiert J|ue par lnabitude de defllner a la feule vue &
ans ces autresfecours. D'ailleurs en amenant dans Ie Tableau j & les uns après les autres , les objets de détail dont il eft compofé; cette maniere de les y placer leur donne un air de génie fi contraire a 1'union &: a 1'élégance , & c'eft ce qu'on a quelquefois reprocbé a Gerard Douw. Tantdepetits foins poufles jufqu'au fcrupu-
le Sc qu'iln'étoitpeut-être pas bienailequeTon connüt; peut-être auffi Ie concours de villtes, qui ne faifoient que Ie diftraire , Ie rendirent aflèz difficile a en admettrerll en exceptoit pourtant les Amateurs connus & les Artiftes. Sandrart & Bamboche vinrent un jour Ie voir : lis furent fur-tout étonnés du foin 6c de la fi- ne(Te qu'il mettoit aux plus petits détails, &r il leur avoua qu'il avoit ététrois jours a peindre unmancheabalai:C'eft granddommagequ'une fi grande exaditude ne foit que trop fbuvent in- compatible avec Ie feu du génie qui eft toujours plus indépendanc. Le
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nz La Vh des Pe'mtres
.------- Le RéGdent Spieringer, un des plus zelés
"1613. Prote&eurs de Gerard Douw, aimoit tant fes
■ d'une boude de mille florins (a), pour Ie feul droit dechoix & deprétérence lur fesi'ableaux, a mefure qu'il les finiflbit, & en les payant d'ailleurs comme tout autreacheteur. L'affiduitéde Gerard Douw a fon travail, &
le prix'qu'il vendoit lesOuvrages,lefirentjouir de bonne heure d'une fortune con(idérable;mais dèsl'agedetrente ans il eut befoin delunettes:ll s'étoit affoibli la vue enpeignant continuelle- ment en petit. Gerard Douw eit mort a Leyden ; on ne Icait en quelle année : II vivoit encore en 166x , lorfque Cornille de Bie a écrit fa vie. Cet Artiite admirable elt lans contredic un
des Peintres Hollandois qui ale plus fini fes TableauxrTout yeil précieux , flou & colorié fuivant les tons de la nature. Sa couleur n'eft ni tourmentée ni refroidie par le travail; rien n'y eft farigué : Une touche fraiche,mais pleine d'art,y voile le foinle plus pénible. SesTableaux conferventautantdevigueurdeloinquedeprès: Les fu jets de fesTableaux font pris dans les occu- pationsdelavie privée. Il a fbuvent repréfente plufieurs plans dans unTableau , avec des meu- bles & de petits détails, qui ont coüté autant queTeflentiel du Tableau. Comme ce Peintre a écé laborieux & qu'il eft mort agé, il a laifle beaucoup
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(a ) Sandran rapporte cette circoflance, & P. Angels qui
a t'aitl'éloge de la Peinture, dit que Spieringer, Réfident du Roy de Suede , donnoit 500 florins a Gerard Douw , pouf avoir le choix des Ouvrages qu'il produiroit. |
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Flamands, Alkmands & Hollandois. 22; _____
beaucoup d'Ouvrages; nous allons indiquer les r
principaux. '** Houbraken fait un grand élogeduPortrait de
la familie de M. Spieringer, Réfidenta la Haye pour Ie Roy de Suéde:Ce Miniftre eft affis dans f'on Cabinet & appuyé fur une table couverte d'un tapis de Turquie, Madame Spieringer eft dans un fauteuil , a cöté de luij leur fille tient un livre qu'elle leur préfente. M. de Bïe en avoit un Tableau qui repréfen-
toit une femme avec un enfant fur {es genoux, qui fè jouoit avec une petite fille:Les Direéteurs de la Compagnie des Indes acheterent ce Ta- bleau 4000 florins, & ils en firent préfent a Charles II. lorf'qu'il paffa en Angleterre pour remonter fur Ie Thröne",d'autres pretendent que ce furentles EtatsGénéraux qui l'acheterent & Ie préfenterent au Roy en 1660. Ce Tableau fut depuis rapporté par Ie Roy Guillaume 6c place au Chateau deLoo, mais on ne fcait ce qu'il eft devenu depuis. La veuve de M. Jacques vanHouck 3 a Am-
fterdam } en pofledoit un autre qui repréfènte unappartementrichementmeubledetapifleriesi une femme jolie donne a tetter a fon enfant, pres d'elle font un berceau & quelque vaiflelle d'étain a cöté; plus loin une table couverte d'un tapis, furlaquelleeftpofée uneaiguieredever- nieil,un luftredecuivreeft fufpendu au milieu de la Chambre : On appercoit a travers une porte ouverte, la Boutique d'un Chirurgien qui fait une opération douloureufe a la tête d'un Payfan ; unepetitefemme &rquelques-autres fl- gures paroiflent effrayées des cris du malade ; au-
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114 La Vie des Peintres
au defTus de cette boutiqueon voitunCabinet
d'étude,dans lequel un Vieillard taille une plume a la chandeile : Uneautre porte entr'ou- verte lauTe voir un Maïtre d'école au milieu d'un grand nombre d'enfants qui font éclairés par des chandelies &: des lanternes. OnrrouvedansleCabinetduRoydeFrance,
une Servante tenant un coq; une Femme lilant avecdes lunettes, & un Vieillard auili avecdes lunettes. ChezM. Ie Ducd'Orléans, une Femme fur
leperron defamaifbn;un Joueur de violonjune Vieillequi file; un Vieillard tenant une pipe, pres de fa femme qui file,& la Vieille a la lampe. Chez M. Ie Comte de Vence a Paris, une
vieille Femme qui palfe du filfur undevidoir. Chez M Blondel de Gagny, les Portraits de
la familie de GerardDouwfic un Philofophe dans fon Cabinet. Chez M. Ie Comte de Choifeuil> deux pré-
cieux morceaux, 1'nn eft !a boutique d'un £pi- cier, il y a cinq figures & beaucoup de détails; 1'autreeftlemême AontHoubraken parle, &qui appartenoit a la veuvede M. van Houck : I! n'y a de difference, qu'en cequ'un Chirurgien fait dans 1'autre 1'opération,ici c'eftun Médecin qui regarde 1 urine qu'une femme lui apporte : Peut-être queladefcription de l'Ecrivain Holr landois eft fautive ; fi elle eit jufte, ces deux Tableaux font prefque répéte's. Chez M. deju/ienne , un Peintre qui deffine
d'anrès une figure de ronde bofle : C'eft un En- fant de Francois F lamand: II eft éclai ré par la lu- miered'unelampeüePortraic d'une Femme;une vieille
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Flamands, Altemands & Hollandois. 115
vieille Femme qui lit avec des lunettes dans un livre. Chez M. Ie Marquis de Voyer , Ie Portrait de
Gerard Douw; la Marchande de poiflbnjla Bou- quetiére; Ie Médecin a 1'urine, quatre figures ; la Marchande de gibier , deux ngures. Chez M. de Gaignat, une Servante qui prend
du poiflbn dans un baquet_, un petit Garcon pres d'elle tenant un livrej& trois Tableaux tort beaux &fmguliers,chacun repréfente une figu- re nue; deux Femmes comme lortant du bain; 1'autre eft un Homme aufli nud : II y a des fonds admirables & pleinsd'harmonieiCePeintren'a peut-être jamais fait d'autres Tableaux avec des ngures nues. Ceux-ci,dont Ie fini^Iatouche &: la couleur font de la beauté de fes autresOuvrages, font regretter qu'il n'en ait pas fait davantage ; un autreconnu fousIe nomde Hachisd'Oignons. Chez M. de la Bou'éxiere, une petite Fem-
me éclairée a la lueur d'une lampe ; une autre qui fait de la dentelle; un Arracheur de dents ; un Vieillard qui taille une plume; une Femme qui vend du hareng. Chez M. Ie Maréchal d'Ijfenghien 3 une jeune
Femme qui touche du Clavecin. Chezl'Electeur Palatin ., un Charlatan en-
touréde peuple ; un jeune Homme qui joue de la FKite a la lueur d'une chandelle ; une vieille Femme qui dit Ie Benedïche ; une vieille Mar- chande de harengs, de citrons, d'oignons,&:c. pres d'elle font une petite Fille qui voudroit bienefcamoter quelques fruits, & un Pauvre qui demande 1'aumöne. A Rome, dans 1'Eglife de Santa Maria della
Torn. II. P Scala,
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ii.6 LaViedesPelntres
Scala, S. Jean décollé : C'eftje crois Ie feul Ta-
bleau en grand de Gerard Douw.
Dans la Galerie de Florence, une vieille Fem-
me. Chez Ie Prince de Heffe, une Femme qui ra-
tifledes racines; pres d'elle une petite Fille & un jeune Garcon , & un Hermite dans une ca- verne, lifant ala lumiere d'une chandelle. A la Haye , chez M. Ie comte de Wajfenaar,
deux Enfants qui tiennent unpot de confitures, &unevieilleFemmequijoueavecibnchat.Chez M. van Siingelandt, ReceveurGénéraldela Hol- lande, un petit Tableau piquant; ony voit une Femme agée qui a f oin d'arranger un pota rleurs, dans lequeleft une plante d'oeillet. ChezM.va/z Süngelandt, Bourguemeftre a la Haye, Ie Por- trait de Gerard Douw fumant du tabac, peint par lui-même. Chez M Fagel, une jeune Fille ■qui donnea boire a un petit chien. Chez M.Lor- miery des Joueurs aux cartes; trois Figures éclai- rées a la chandelle;un jeune Homme coëfle d^un bonnet garni de plumes; une petite Vieille; un jeune Garcon dans une cave tenant une fburicié- re & éclairé a Ia chandellejune Servante qui écu- re une lanterne; dans Ie fond du Tableau,eft une Femme avecdeuxEnfants;un Joueur de Mulèt- te, une Femme pres delui;deuxMiniatures du même Maïtre; 1'une repréfente une Femme qui verfedu laitdans une écuelle,l'autreun Chirur- gien qui fait une opération douloureulea la tête d'une jeune fille. Chez M. van Héteren,un Hom- mequideflinefurunlivre;une Fille qui tientune lampe qui 1'éclaire. Chez M. van Zwieten , un Hermite
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Flamands , Allemands & Hollandois. j
Hermite en méditation. Chez M. d'Acofta, une jolie tête d'Enfant;deuxfïguresenprieres, Ta- bleautrès-fin & avec beaucoup de détails. Chez M. van Bremen , un philofophe appuyé iur une mappemonde. A Amfterdam, chez M. Braamkamp, une
Boutique de Chirurgien avec des figures éclai- rées a la chandelle;le dedans d'une chambre é- clairée de plulïeurs lumieres:On appercoit une Servante dans une cave a vin. Et chez M. Lub- beling, une Femme jaloufe qui épiefon mari Sc ia fervante, tous deux dans une cave, Tableau éclairé denuit; èc une Madelaine pénitente. |
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BONAVENTURE PETERS.
PEtELS naquit a Anvers en 1614 : Ses
Ouvrages n'inipirent que 1'horreur. Il pei- gnoitdes Marines, des Ouragans terribles.C'eft prefque dans tous un cielcontondu avec 1'eauy Ie tonnerre, les éclairs, des vaitfeaux prêts a être engloutis; 1'un (e brifè contre un écueil, & 1'aurre eft en feu &c (aute en 1'air : Tout ce qu'il a fait en ce genre eft précieux. Il patlbit pour Ie ineilleur Peintre de Marines de lonlie- cle, Jes iujets font remplis de petites figures touchées avec efprit & avecfinelTe. Onnefcait pas comment il a pu repréfenter tout ce qu'il a fait avec autant devéritéj elle eft au point de donner de 1'erFroi. Peters unit laPoefie a la Peinture & paffa pour
bien faire des vers. Il mourut fort jeune a An- P z vers .
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1614.
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2i8 La Vïe des Pelntres
versje 15 Juillet 1652 : II fut enterré a Hobeke 't
pres de la même Ville. On y voit 1'ou Epitaphe. Les Tableaux decePeintre font la plüpart petits& d'un beau fini: On les trouve commu- nément en Flandres. 11 y en a troisdans Ie Ca~ binet du Prince Charles de Lorraine a Bruxel- les, dont deux font de belles'Marines, èc 1'au- tre repréfente TEfplanadedu Chateaud'Anvers avec un grand nombrede figures. |
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BERTHOLET FLEMAEL.
FL E M A E L prit naiflance a Liége en 1614:
Ses parents peu riches, chercherent a tirer leur hls de la miiëre. Il avoit une jolie voix , ils s'épargnerentpourluiraireapprendrelaMu- iiquejmais (on penchantl'emporta vers laPein- ture. Un Peintre médiocre appellé Trïppes y lui donna quelques leconSj & GerardDouffleit, ar- rivé de Rome , acheva d'inftruire Bcrtholet, 8c dele mettre en état de voyager aux dépens de ion talent. Agé de 24 ans, ilparcourut 1'Italie : Rome
feule ledédommageades peines qu'il s'étoit don- nées d'aller ü loin pour apprendre. 11 fut heu- reux dans fes études. Ami des plaifirs & pro- pre a en procurer par fonenjouemei t, il chan- toitbien&jouoitdeplufieursinftruments; mais neperdantpoint de vueles occafions decopier d'après les grands Maïtres, il abandonna les compagnies oü il étoit recherche pour felivrer a uneétudeopiniatre.Onnevitplus5ert/Werqu'au lieu
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Fiamands3 Allemands & Hollandois. y _
lieu ou il pouvoit s'inftruire : Ce fut dans eet ,
intervalle qu'il pafla des plaifirs aux études de fon Art; qu'il fe forma cette grande maniere qui Ie fit admirer dans Rome & connoitre a Florence. Le grandDuc 1'appella a fa Cour, & lui marqua ion eftime , en lui confiant quelques Ouvrages pourune de les galeries. Il rut con- lidéré du grand Duc qui ie l'attachaenlecom- blant de biens. Flema'èL voulut bientöt fuivre fes Ouvrages
dansl'Europe &êtrelui-mêmeletémoin des é- logesqu'onleurdonnoit. Legrand nombred'A- mateurs &: d'Artiftes habiles, qui étoient dès- lorsenFrance,l'attira a Paris. Quelques efquii- i'esqu'il fitpour lesappartementsde Verlailles , furent approuvées par le Chancelier Seguier. Ce Miniftre qui chériiroit les Arts, voulut arrêter Benholet au fervice du Roy ; mais rien ne put 1'y retenir. Pendant ce féjour il peignit a fraif- que dans la Coupole desCarmes déchaaffés a Pa- ris,le Prophete Èlie enlevé au Ciel fur un char de feu , èc au bas Elifée qui tend les bras pour recevoir le manteau du Prophete. Il peignit une AdorationdesRois dans la Sacriitie des grands Auguftins; & malgré quantité d'autres grands Ouvrages qu'on lui propofoit, il quitta la Fran- ce&: revint dans fa Patrie vers la fin de 1'année 1647. Neuf années d'ablènce & un grand nora le rendoient cher a fes compatriotes. Il juftifia 1'idée qu'on avoit de fon talent,par un Crucifie- ment en petit avec un nombre prodigieux d'Offi- ciers & de Soldats : Ce Tableau fut place dans une Chapelle de 1'Eglife Collegiale de S. Jean. Lacraintequel'on eutd'être affiégédansia Vil- P3 le,
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230 La Vie des Peintres
~~ Ie , fit retfrer Flemaél-x Bruxelles, oü il peignit
1 '4' pour leRoydeSuédela Pénitence d'Ezechias. Dès qu'il appritque la tranquillité étoit réta-
blie a Liege, il y retourna. Il fit alors Ie beau Tableau de 1'Epiphanie pour M. Jean de Faujon, Doyen de S Denis. On ne 1'avoit pas perdu de vueen France:Pour 1'attirera Paris,on luipro- pofa delerecevoira 1'AcadémieRoyaledePein- ture , &c il en fut nommé Proteflèur; mais il n'y refta que Ie temps qu'il falloit pour placer un pla- fond qu'il avoit fait aLiegerOn Ie voitauxlui- leries dansIaChambre d'Audience duRoy. Ce plafondpeint furtoilereprélèntelaReligion qui a fur latêteunecouronne antique, elletient une bordured'attentepour y recevoir un Portrait. Plufieurs figures allégoriques font au deflus avec lesSymbo!esdelaFrance,te!s que roriflamme, laSainte Ampoule,un cafque^une épée & 1'écuf- fon desfleurs,delys: Cemorceau fut achevé vers 1'an KJ70. En arrivant chez lui, il fit Ie Portrait de Ma-
ximilienHenrydeBaviere,Evêque & Prince de Liege. LeComtedeMonterey,Gouverneur des Pays-Bas, eut auflï de fèsOuvrages. L'un & 1'autre Ie comble'rent d'honneur & de bienfaits: Le dernier lui donna fon Portrait garnide dia- mants. Tantd'Ouvrages& très-bien payés,pro- cnrerenta Bertho/et mie iortune confiderable. Il dépenfa cinquantemilleflorins abatir&raorner unetnaifon du cöté deS.Remi, fur les bords de laMeufe. Onne fcaitcequicontribuaa fa mé- lancolie. Quoique aimé Ik eflimé dans fa Patrie & dans les Etats voifins 3 fa gaieté &" fon hu- meur enjouées'altérerent tont acoup. Il fuyoit Ces
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Flamands , Allemands & Hollandois. 231
fes atnis &: les meilleures compagnies. La Pein- ture qu'il avoit tant chérie,luidevint prefqu'in- fupportable: II évitoit ceux qui cherchoient a Ie tirer de eet état, auquel enfin il fuccomba. Il mourut a Liege en 167S , agé de 60 ans: 11 fut enterré dans 1'Ëglif e des Dominicains qu'il avoit inftitué les héritiers. On a cru que Bertholet a~ voitété empoifonné par \aBnnvilliers refugiée a Liege,avec laquelle il avoit été lié d'amitié ; mais on n'a point la-deflus de preuves certaines. Ce Peintre fans avoir étudié Ie Latin , fut recu Chanoine de la Collegiale de S. Paul: 11 obtint la tonfure par une difpenle du Pape. Bertholet avoit un beau génie, beaucoup de
feu & d'exaótitude dans fes morceaux d'Hütoire, iloblèrva Ie cqftume &c connut a fond 1'antiqui- té. Architedïe habile,laplüpart de fes Tableaux font enrichis de portiques, de colonnades, &rc. Il nes'eftjamaisméprisentranfportantlesEdifices deRomechezlesGrecs,il avoit fur cela une at- tention biendigned'un Scavant : Son Deffein tient de 1'Ecole dltalie pour la correétion & Ie choix;fa couleur eftexcellente;un pinceauflou, nne fonte admirable acheverent de 1'élever au deffiis des au tres Peintres de fon pays. Le premier Peintre de 1'EvêquePrince de Liege , Renier de Lairejfe , loin d'être jaloux de Bertholet, fe fit gloire d'adopter famaniere:Iirimita,& l'auroit égalé fi fa couleur eüt été moins cruë,fa touche moins négligée, fon génie plus cultivé, Flemaél vit batir fur les DelTeins deux tres-belles Eglifes a Liege; celle des Chartreux & celle des Domi- nicains qui eft en rotonde. On a dit que ce Pein- tre avoit eu de la jaloufie du talent d'un de fes P 4 Eleves,
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13 2 /# Z7^ <ft*j Peintres
Eleves, appellé Carlier> qu'il avoit taché de Ie
1 '4- dégoüter,en Ie i éduifant au vil emploi debroyer — des couleurs, &rc. Si cela eft , Carher fe vengea de cette méchanceté ; on pre'tend qu'il peignit en cachette leMartyrede S.Denis,qui fut place dans 1'Eglife de ce nom. Ce Tableau bien co- loné, fit tant de peine a Bertholet; qu'il en jetta fes pinceaux au reu : On croit qu'il n'a plustra- vaillédepuis. Cet Eleve fitauffipour 1'Eglifede la Conception , un beau Tableau oü il a repré- fênté S. Jofeph. Parmiles Ouvrages de Berthofet,on diikingue
ceux qu'ilafaits a Liege ; uneExaltation de la Croixau grand Autel de 1'Eglife de ce nom ; rAflbmption de la Viergedans TEglifè des Do- miniczins^FIemaè'/ s'j eft peint lui même. Dans r£glifedesReligieufèsdu Val-Benoit, une Cir- concifionpourune Chapelle de la mêmeEglife; iinDieu mourant fur la croix. Chez les Dames du S. Sépulchre , la Converfion de S. Paul au grand Autel de TEglilè du même nom. Chez les Capucins du Fauxbourg de Sainte Marguerite, TAdoration des Berbers : Le plafond dans la même tnaifon quieftde fa main,ert prefque gaté. Chez les Religieufes de la Conception, une Na- rivité. En 1'Eglifè Cathédrale de S. Lambert, la Réfutredion du Lazare; une Mere de douleurs; S. Lambert entouré de fes Religienx , adorant Ia Croix , Tableau d'Autel. Au Maitre Autel de S. \Ticolas, une Vierge; un S. Auguftin avec des Religieux, autre Tableau : Et dans la cham- bre du Prieur des Chartreux, un S. Bruno. Dans Ia petite Ville d'Huy,près de Liege j un
Cürift mort fur les genoux de fa mere : Ce Ta- bleau |
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Flamands, Allemands & Hollandois. 235
bleau eft place dans la nef des Freres Minimes; un Chrift mort en croix , au bas duquel eft un Chanoine a genoux , fe voit dans la grande Eglife de la même Ville. Chez 1'Eledteur Palatin, un Chrift mort en-
vironné d'Anges; leTombeau d'Alexandre en- tr'ouvert, duquel on retire 1'Iliade d'Homere ; un Tableau bizarre , repréfentant les effets de la magie & plufieurs Magiciennes, &cc. Chez Ie Prince de Hejfe, Ia mort de Lucrece.
Et chez M. Lormïer, ala Haye , Achille blef-
fé, Tableau d'un bel efFet. |
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FRANgOIS WOUTERS,
ELE VE DERUBENS. Outers né dans la Ville de Liere en
1614, ent a peine les premiers princi- pes de la Peinture , que 1'Ecole de Rubens lui parut feule capable de lui en développer tous les myfteres. Il fit de grands progrès fous eet ha- bile Maïtre : II s'appliqua de plus a peindre Ie Payfage, oüil a réuffi. 11 enrichiffbit ordinaire- ment lesTableaux de petites figures non commu- nes & empruntées de la Fable, tantötde Vénus & d'Adonis, 011 des Nymphes avec des Satyres: Tous fes Tableaux fe reflèntoient de 1'efprit èc du gout de fon Maïtre. Ses Ouvrages lè répandirenf dans 1'Europe ,
&furentpar-toutbienrecus,particuliérementde 1'Empereur Ferdinand II. qui 1'honora du titre de Peintre de fa Cour. Il paffa avec 1'agrement de
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234 ■£<* ^ie des Peintres Flamands , &c.
dece Prince a la iuite de fon Ambafladeur en Angleterreen 1637 : Ilcommencoit aparfai- tement réuffir fur ce nouveau Théatre, lorfque la mort de 1'Empereur, peu de temps aprèsion arnvée a Londres , Ie mit dans la néceflïté de chercher un autre établiflement. Le Prince de Galles le prit a ion ièrvice, le nomma fon Pein- tre&r lui donna la Charge de fon premier Va- let de Chambre. Ces Charges ,cesPenfions, jointes auxfom-
mes coniidérables qu'il tiroit de fon talent, ne purent le retenir dans ce pays : II retourna a Liere, & dela il fe fixa a Anvers oü il travail- la jufqu'a la fin de fes jours. Ilmouruten Kj^, d'un coup de piftolet, fans qu'on ait feu par qui il fut tué. Ses Payfages font du meilleur ton de couleur. Il excelloit fur-tout a peindre des Fo- rêts &ay faire des percées a perte de vue. Wouters avoit été nommé Diredeur de 1'Aca- démie d'Anvefs en KJ48 , diftindion alors re- cherchée &r a laquelle il a Fait honneur. W^eyermans ne connoit Wouters que comme
Payfagifte : II a cependant très-bien réuffi dans Ia figure en petit: II eft affez corred dans le Deflein , Sc fa facon de colorier eft agréable. Ses Tableaux d niftoire en grand, n'ont pas le même mérite , fa couleur eft (buvent lourde & tire fur Ie jaunatre: La plupart de fes Ouvrages ibntdans les Cours Etrangeres. On voit cepen- dant a Paris, chez M. le Comte de Vence, un grand Tableau de ce Peintre : II repréfente la mort de Séneque. Il eft peint en 16jz. DAVID
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D A V I D
RYCKAERT,
L E F I L S,
ELEVE BE SON PERE. *AVID RYCKAERT naquit
■ a Anvers en 1615; il eft fils & ! Elevede DavidRyckaertJPein- tre habile. Le jeune Ryckaert peignitd'abordlePayfage&r y acquit de la réputation : Mais lorfqu'il vit le cas que l'on faifoit des Ouvrages de Teniers, de Brauwer } d'OJlade , &c ileffaya de
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La Vie des Peintres
~ de les imiter, &il futencouragéparleprixque 16 ■' 5 • lui valurent les premiers Ouvrages. L'Archiduc 1-xopold, qui airnoit les Arts , lui accorda la proteótion la plus marquée , &C Ryckaert fut bientöt généralement eftimé des Artiftes & des curieux. Il crut que ce n'e'toit pas alïëz que de peindre
pourperfeclionner fon talent; mais qu'il falloit avoir des Tableaux des grands Peintres fous les yeux : lls'enentoura&continuellementenfer- mé dans fon Cabinet, il fe mit a étudier leurs tiiftérentesmanieres. Iltrouva danscettecollec- tion lesinftruótionsque trouve un Scavantdans fa Bibliothéque : Des réflexions fur la maniere d'imiter} miles en pratique & comparées a la nature qui eft toujours Ie plus grand maïtre, mi- rent bientöt Ryckaert de niveau avec les meil- leurs Peintres de Ion temps. Il avoit été nommé a la place de DireóteurderAcadémieen 1651. Son cara&ere aimable &enjoué,lui a fait com- pofer des Iujets riants &quelques-uns élevés ; mais toujours piquants. On ne lcait ce qui put Ie porter vers l'age de 50 ans , a changer fa ma- niere decompofer;il n'a prefque fait depuis que des fujets de diablerie & dégoütants : 11 a ré- pétépluiieurs fois la Tentation de S. Antoine : Ces morceauxfont d'une imaginationpeut-être un peufiévreufe. On ne fcait comment il a pu fe plaire a terminer fes monftres horribles : Ses Tableaux de ce genre f 11 rent auffi recherches que fes autres Ouvrages. Ryckaert vécut avec les grands Seigneurs, il gagna du bien &r mou- rut eftimé ; on ne lcait en quelle année. Ses Ouvrages méritent d'être places parmi
ceux
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Flamands} Allemands & Hollandols. $j
ceux des Artittes qui ont Ie plus réulfi dans ce genre : 11 arepréfentédesTabagies, des Aflfem- blees, desChymiites, &c. Il colorioit dans Ie commencement moins bienqu'a la fin. Ses pre- miers Tableaux lont un peu gris ; mais il a de- puis colorié avec une chaleur (urprenante : II peignoitavec facilité. Ses plus beaux Tableaux nJont prefquepointd'épaiflèur de couleur : On découvrepar-tout lefo d de la toile oulepan- neau. 11 peignoir les têtesavecbeaucoup d'art, de fineflè &depréciüon ; les mains lont négli- gées, ilparoïtmême qu'il ne les faifoit que de pratiqne , au heu qu'il imitoit jufqu'auxé- toifes avec fbin d'après nature. On eït étonné de la légereté dont il terminoit avec des touches les formes qu'il a voulu défigner,comme les dé- tails decuihne, des inftruments de mufique & d'autres meubles. Ryckaerc commence a être connu enFrance; fes beaux Tableaux lont aflfez rares, même dans fa patrie. Voici une courte lifte de ceux que je connois de lui. Dans Ie beau Cabinet de M. Ie Comte de
Vence, a Paris, un Tableau très-piquant de ce Peintre , reprélènte un Yieillard qui joue avec fes enfants. Chez Ie Prince Charles , a Bruxelles , une
Femme qui chaflè Ie demon, & une converfa- tion ou aiFemblée. On voit a Gand, chez M. Charles Brauwer,
ungrand Tableau avec beaucoupde figures de plus d'un piedde haut: C'eft un Officier Géné- ral, qui, avec fa troupe, s'eft emparé d'une ri- che ferme ; on voit la cruauté qu'exercent ces gens de guerre contre ces malheureux Payfans; pa
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^ La f ie des Peintres
on en voit de pendus la rête en bas dans la
* *■** cheminée, d'autres a qui on brüle lespieds, & — Ie maicre de la maiion que Ton tient par les cheveux, Ie fabre leve pour lui couper la tête > a une table couverte de plats, des courtif annes boiventduvin &c femblent prendre plainracet horriblefpe&acle > une vie;lle femme & une jeune, avec leurs enfants} implorent la pitié de ces courtifannes & leur offrent leurs bourles &c leurs bijoux : Ce Tableau elt bien compofe , d'unebonnecouleur & eft fupérieur aux autres Tableaux d'Hiftoire qu'a voulu peindre Ry- ckaen. L'Auteur de eet Ouvrage a dans fon Cabinet
a Rouen, deux Tableaux fur bois, du même Peintre, 1'unrepréfenteun homme qui joue de laguittare j auprès de lui eft une vieille femme qui rit, elle tient unchien fur fes genoux; 1'au- tre eft un vieillard qui en contea une jeune fille , elle tient un verre de vin ; dans Ie fond du Ta- bleau font quelques figures appliqiiées a un jeu d'échecs, auprès d'une cheminée : Ces deux Tableaux font du plus beau de Ryckaerc. |
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V
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ARNAUD
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Flamands3 Allemands & Uollandoh. 139
A R N A U D VAN RAVESTEYN,
Eleve de son Pere
JEAN RAFESTEYN. |
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pere, il elt confidéré comme tin peintre habile.
ün remarquedans les Tableaux la maniere de fon pere : II peignit Ie Portrait avec beaucoup de luccès. On en voit plufieursdansla maifon de plaifance du Ptincede HeJJe-P h'rfipfdal, entre la Haye & Scheveningue , & chez quelques Particuliers. Ravefteyn fut nommé Chef ou Doyen des
Peintres-Artiltes de la Haye en 1661 & 1661 i on ne peut rien dire de bien pofitif fur fon ta- lent : Riche de la fortune de Ion pere , il paroït avoir moins cherché a brillerpar de grandsOu- vrages places dans les endroits publics. Si fon pere Ta furpafle, il eft celui de fon temps qui a plus approché de fa maniere. On raconteque la groffeurmonftrueufe dont il
étoit, fut 1'occafion d'un tour qu'on lui joua. Il fortoit d'ordinaire les foirs en manteau de 1'Académie; on dit a des Commis, que eet homrne,
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240 La Vie des Peintres Flamands , &c.
hoinme,qued'ailleursilsneconnoiflbientpoint, portoit en fraude de 1'eau-de-vie ; ils Ie faifi- rent, 1'emmenerentdans leur Bureau, &au lieu de marchandifès decontrebande, ilsdécouvri- rent un ventre enorme que Ie porteur leur au- roit volontiers laifïé pour les rrais. |
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GABRIEL
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GABRIEL
M E T Z U. IETZUfut fans contredit un
Ides plus grands Peintres de fa I Nation; c'eft en dire beaucoup fans en trop dire. Il naquit a JLeydeen 1<Ji5 ; on ne fcait qui __jfiu fon Maïtre. Il y a apparence
que les ïableaux de Gerard Douw & de Ter-
burg furent fes modeles , Sc fon genie Ie guide qui lui apprit a en profiter. Si Ton n'a pu découvrir des particularités de fa vie , ne luffit-il pas de fcavoir qu'il fe fit connoitre a Amfterdam dans la jeunefTe par les talents les Tornt II. Q plus |
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_____ 142 ' La V<-e des Peintres
1015. plus diftingués dans fon Art> Sc par les qualités
■ ■ fociables d'homme aimable, qu'il marchaa pas de géant dans la carrière d'une vie trop courte. Une étude fédentai re Sc continuelle contribue- rent peut-être a altérer fa f ante: il fut attaque de la maladie douloureufe de la pierre. On lui fit 1'opération en 1658 ; iln'avoitalorsque43 ans; on ne dit point qu'il en mourut ; on ne dit pas pluss'ilvécut long-temps après: On fcait feule- ment, qu'il eft mort a Amfterdam, Sc 1'année en eft ignorée. Au défaut de plus de circonftances, parlons de fon talent Sc de fes Ouvrages, ils éterniferont fa mémoire. Met^u a peint les mêmes fujets que Mieris,
&rc. Il a fini de même fes Ouvrages; mais il avoic un meilleur gout de Deflèin; il n'y a ni roideur dans fes figures, ni gêne ou froideur en imitant la nature. Ses fujets font choifis Sc pleins de no- blefle Sc de vérité, on s'appercoitqu'il travailloit plus facilement: Sa touche eit large Sc n'eft point peinée, elle a autant de finefle que celle de Mie- ris, Sc fa couleur moinstourmentée j approche de celle de van Dyck: il deffinoit comme ce der- nier, fes mains Sc fes têtes; fes phyfionomies font gracieufes Sc bien caradlérifees. Met-^u n'eut ja- mais befoin d'oppofer une couleur a uneautre : 11 pofledoit Tharmoniea un point eminent. On a vu dans fes Tableaux une femme habillée en rou- ge, Sc derriere el!e un lit avec des rideaux de la couleur de fon habillement, la différence dans Tune Sc 1'autre étofFe &rdans la couleur fans étre outrée,eftcependantfenfible, d'unbelaccord Sc . d'un grand effet.Ces grands principes de dégra- der chaque ton de couleur felon la moindre dif- tancej
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Flamands, J'/Iemands & Hollaniois. 2.4 5
tance, d'augmenter les couches de 1'air fuivant------■
1'efpace entre chaque objet, étcient des régies 1615.
dont il ne s'eit jamais écarté Je propole Met\u — comme Ie plus grand modele qu'ait fourni la Hollande , a tous ceux qui voudront fuivre ou imiter !e méme genre. Si Met^u 1'emporte lur fes Compatriotes ii célébres, M. Chardin (a) ne Ie ' cedede nos jours a aucun de fes contemporains. Met^u s'étoit propofë pour modeles Gerard Douw, Terburg & Alieris. On ieroit tenté de croire que M. Chardin n'auroit vu les Ouvrages de perlbn- ne, tant la facon d'imiter la nature eft a lui : C'eft d'elle uniquement qu'il femble tenir Ie 1'e- cret de la repréféntation: Ennemide cequi s'ap- pelle maniere, il n'adopteque celle de chaque ob- jet , & Ie choix fage qu'il en fait faire, ne réfroi- dit jamaisIbus fon pinceau la vivacité & Ie feu qui donnent la vie a la chofe repréfentée. Il y a peu d'années que les Ouvrages de Met-
0 font bien connus en France: lis y font rares èc finguliérement recherches. Dans lacolledion auili nombreufeque pré-
cieufè des Tableaux du Roy, on n'en trouve qu'un de cegrand Msïtre, il repréfente nne fem- me qui tientunverre et un Cavalierqui la falue. On voit a Paris, chez M. Ie Comte de Vence 3
une Cuifinière, c'eft un Tableau très-piquant. Chez M. leMarquis de Foyer, deux Marchan-
des de poiflbn , une des deux eft connue fous Ie nom deMeiiu, au chat, un Concert; une Femme qui deffine ; une autre qui tient un hareng. Q 1 Chez
(«) M. Chardin, peintre du Roy & Confeiller de 1'Academie
Royale de Peiucure &. Sculpiure a Paris. |
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144 La Vie des Peintres
Chez M. Blondel de Gagny, eft Ie marché aux
1ÖI5- herbes d'Amfterdam, Tableau capital j un autre —"**' reprélènte une jeune rille, a qui on offre un verre, &c. Chez M. de la Bouexiere, une Femme dont,
pendant qu'elle marchande un liévre , un rilou vole la boude; Ie Marché aux herbes d'Amfter- dam ; une Servante qui achete du gibier. Chez M. Ie Comte de Choyfeul, une petite
Femme appuyee fur une table & lii'ant une lettre. Chez M. Lempereur, une Dame qui donne
des bonbons a un enfant entre les bras de fa nournce ; une petite Coufeufe qui regarde par une croifëe un papillon ; une Cage attachée a la murailie, contre laquelle eft un grofeillier por- tant du fruit. Chez M. de Juliennc, Chevalier de 1'ürdre de
S. MicheU un Malade & fon Médecin qui re- garde une fiole d'urine; une Femme qui dé- jeüne, &: une qui touche du Clavecin. A DuiFeldorp, chez l'Eletteur Palatin, une
Aflemblée de Campagnards , reprélentant Ie Roy boit. En Hollande, chez M. Ie Comte de xvaffe-
naar, une Femme qui verfe a boire a un jeune homme qui fume. A la Haye, chez M. van Slingelandt, Pveceveur
Général de la Hollande , un Chafleur tenant un verre de vin; il a pres de lui fon fufil &: du gibier, &c. Chez M. Fagel, un Concert nom- breux, & une belledormeufe.Chez M.Lormïer, Un Homme & une Femme affis a table, & un Enfant debout; plufieurs Figures en converfa- tion alaporte d'une maifoa; 1'Enfant Prodigue parmi
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Flamands 3 Alhmands & Hollandois■. 245
parmilesproftituées, belle & richecompofition; uneDameafatoilette, &un jeunedomeftique qui lui iert de 1'eau avec une aiguièred'argent, & un Homme & une Femme a table. Chez M. Bikker van Zwïeten , une Couturière. Chez M. Henry Ferfchuring, une Femme qui prélèntedu vin a un Officier; une Femme qui lit a la chan- delle, & des fujets inanimés très-bien imités. A Amfterdam , chez M. Braamkamp , une
Femme en couche qni recoit des vifites, très- beau Tableau ; un Homme de diftinétion qui écrit une lettre; une jeune Femme qui lit une lettre qu'elle vient d'écrire, une fervante attend la réponfe & regarde attentivement un Tableau qui eft dans 1'appartement; une vieille Femme ; un Vieillard & la Femme & un petit chieiij un Médecin Chymifte avec des attributs de Chy- mie; une Cuifinière tenant un lièvre écorché & une volaille prête a être embrochée; Ie Por- trait de Met^u fumant fa pipe. Chez M. Lubbe- ling, une Dame fur Ie pas de fa porte préfente du vin a un cavalier, & un domeftique qui arrête Ie cheval par la bride. Chez M. Leender de Neufville, une jeune Marchande de poilTon qui vend du hareng a une vieille ; une Femme qui ecure une chaudière; une Marchande de bijoux. Chez M. Bierens, une vieille Femme a table. A Roterdam, chez M. Biffchop, une jeune
perfonne qui écrit & pres d'elle elt un cavalier de bonne mine. Voila a peu prèslesTableauxquejeconnois
de ce fameus Artifte, & j'efpere que ce qu'on Q 3 ea
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La Vic des Pe'tntres
en verra, juftifiera pleinement la haute idee que 161:f' j'ai de fes talents. |
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MATHIEU VANDEN BERG,
É L E V E DE R U B E N S.
MAthieu vanden Berg naquita
Ypres en 1615 ; il étoit fils de Jean vanden Berg, né a Alcmaer & éleve d'Henry Golt^ius. Jean vanden Berg étoit maïtre d'Ecole ; mais il avoit quitte la térule pour la palette, & après quelques années d'étude f bus Golt^ius, il s'étoit fait préfenter aRubensqui 1'encouragea. Rubens avoit pris confiance & lui avoitdonné ladireo tion de fes biens: Cet emploi obligea Jean van- den Berg a demeurer a Ypres pour étre a portee des terres de Rubens. C'eil dans ceite viile que Mathieu dont il s'a-
git prit naiffance j dèsqu'il futen age; 1'Ecolede Rubcnshü (utouverie. 11 padbientöt pour 11 n des bons Eleves de ce Maïtre, & furtout pour un des meilleursDeffinateurs. Toujours Ie crayon a la main ilcopioitla nature, ouilapprenoita 1'imi- ter d'après les ïableaux des grands Maïtres. Mais on n'acquiertpointrinvention&legéniejileut beau étudier, il neput parvenir qu'a être un ha- bile, maislérvilecopiite. Onreconnoït par-tout 1'imitation : II deffina fi bien que fes Deflfeins font en grand honneur dans les porte - feuilles des curieux. Il fut reen dans la Confrairie des Peintres a
Alcmaer
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Flamands , Allemands & Hollandois. 147
Alcmaer en 1646, &: mourut dans la même Villeen 1647. |
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THOMAS WYCK.
CE Peintre mérite dans fon genre, Ie titre
d'un des meilleurs de fon (iécle. Il excel- loit a repréfenter des Ports de Mer garnis de Vaiffeaux Sc du détail des Marines. Il -peignoir des foires, des places publiques, ornées de théa- tres de Charlatans , de faifeurs de tours, &r de Bateleurs. '.'•'. Il a bien traite Ie dedans de Maifons de Chy-
miftes, avec tous les uftenfiles des Laboratoires. Il defcendit jufqu'aux plus petits détails; fon Delfein eft correft; fa couleur eft chaude , fte {es Tableaux font bien empatés. Thomas wyck 3 a gravé al'eau-forte: Ses Ta-
bleanx & fes Eftampes font recherches. On croit que ce Peintre a vécu quelque temps en Italië : Ón ne fcaitpas oü il eft mort, ni en quel temps. Il laifla un fils dont il ferafait mention dans cec Ouvrage. Voici quelques Tableaux de ce Pein- tre confervés en Hollande. On voit chez M. Fagel, un Port de Mer rem-
plide vaifleaux, defigures, &c. ChezM. Verf- churing, un Alchymifte dans un Laboratoire , occupé de fon Arr. Chez M. van Brémen , Ie même fujet traite différemment. Q4
GOVAERT. |
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G O VA E R T
F L I N C K.
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"jLINCKnaquitaCIeves aumois
KleDécembre i<Ji<ïdeparentsri- iches: Sou pere étoit Tréforier de jfla Ville. Il n'eut d'autre but que gdeprocurerafonfilsunétatpro- *pre a augmenter ou a foutenir fa |
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1616.
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fortune : Ille mit dans lecommerce. Govaert fut
place chez un Marchand d'étoffesde foie.Legoüt qu'ileut pour la Peinturel'emportafur tous les au tres , & elle le dédommagea des peines qu'il eut a fouffrir pour elle. Le Marchand chezqui il étoit, s'appercevantque Flimk au lieu des'oc- |
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La Vie des Pelntres Flamands, &c. 249
cuper de faboutique tk de les livres de compte, ne s'amufoit qu'a griffbnner des figures d'hom- * l * mes Ik d'animaux, s'en plaignit au pere & 1'affu- "—'•? ra que fon fils feroitplutot barbou jlleur que mar- chand. Flinck pere en fut inconfolable; il ne croyoit pas qu'un peintre put prefque être hon- nête horame : II fit rimpoflïblepourle détour- ner d'une profeffion dont il faifoit fi peu de cas. Govaert n'avoit jamais défobéi a fon pere : II lui promit de fuivre fes confeils, & on 1 envoya chez un Négociant a Amfterdam. Un accident détruïfic encore les projets du pere &" découvrit de nouveau la forte inclination du fils. Le jeune Flinck avoit fait connoiflance avec
un Peintrefurverre, qui luiprêtoit desDeileins; mais nepouvant les copierde jiour, il ramaflbit lesbouts de chandelle dans la cuifine & paflbit les nuits a defïïner. Son pere le furprit& le chatia avec des menaces de le punir une autrefbis plus rigoureufement. Cette derniere contradiftion avoit bien rebu-
té le jeune homme , lorfque le prédicateur Lam- hert Jacobs, de Le warde, vint a Cleves pour y prêcher.L'éloquence & la vie exemplaire du Pré- dicateur lui donnerententree dansles meiileures niaifons. I^e pere Flinck qui étoit de la même croyance, lui fit le plus grand accueil; mais bien- tötcónverti en faveur dela peinture par Lambcrt Jacobs, qui étoit auili bon peintre que grandüra- teur , il fe détermina a lui confier fon fils &: a foufFrir qu'il fut fon éleve. Ce changement dans le perecombla de joie fon fils. Il fuivit Lamhen Jacobs a Lewarde : Son application fbus ce Maitre; uneémulation vive que lui donnoitfoa compagnon
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250 La Vic des Peintres
compagnon d'étude, nommé Backer, & fa dif-
' pofition natureHe, Ie firent devenir fort jeune ----- un aflèz bon Peintre. Parvenu au dégré de pa-
roïtre & de gagner, il quitta Lewarde , &c ac-
compagné de ion ami Backer, il s'attacherent a Rcmbrant; Flinck étudia la maniere de ce Maï- tre au point que fes Ouvrages paflbient & pal- fent encore aujourd'hui pour être de Rembrant. ]1 crut depuis que les Tableaux heurtés ne fai- foient pas une impreffion d'eftime auffi grande que les Tableaux un peu plus fondus, & il cor- rigea fa maniere , ce qui lui re'uffit. Sa réputation étant bien conh'rmée, il époufa
une riche héritiere, fille d'un des Dire&eurs de la Compagnie deslndes, qui mourut fort jeune, & ne lui laifla qu'un fils. Il la regretta fincére- ment, & ce ne fut que dans fon Cabinet, oü il avoit aflemblé les Tableaux & les marbres des grands Maitres,&qu'a forcede s'occuper, qu'il trouva fa confolation : II avoit fait venir de Romedes reliefsen platre fort curienx &: lesbuf- tes des Empereurs , &c. Une recherche longue des armures des anciens de toutes les Nations augmentoient fa colledion : Ce beau cabinet étoit bati dans Ie gout de celui de Rubens. Sa grande lumierey venoit du haut percéen forme de döme : II avoit auffi aflemblé les Defleins & les Eftampes les plus rares : Ce dernier article fut fèul vendu après fa mort 12000 flonns. Flinck étoit Hé avec les Scavants de fon fiécle
& eftimé des Grands, particulierement óeGuil- iaume j Eledeur de Brandebourg & du Duc de Cleves. Il a fait plufieurs fois Ie Portrait de ce dernier, 6c pour lui quantité de Tableaux qui furent
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Flamands} Alkmands & Hollandois. 251
furent bien pavés: II en recut de plus Ion Por- T~7"
• 1 r ,J j. ' r 1616.
trait enrichi de diamants. ^^^
Le Stathouder Matinee de Najfau honoroit "----"
fouvent Fiinck de fes vifites. Les principaux
d'Amfterdam étoient fes amis: On ne le déter- minoit gueres a fe trouver auxfeftins &r aux ai- femblées; il craignoit les exces & la perte du temps. Sa fociété la plus ordinaire étoient MM. Uyttnbogaert &rles Ëchevins , Pierrede Jean Six. Ces deruiers avoient les plus beaux Cabinets de la Hollande, & remplis de Tableaux & de Def- feins des meilleurs Maitres d'Jtalie , &c. Les Bourguemeftres d'Amfterdam , comman-
derent a Fiinck douze Tableaux pour orner la Maifon de Ville. Il avoit fini les efquifles qui avoient été très-applaudies, lorfqu'il fut faifi d'une fièvre violente & de vomiflèments, dont il mourut le 2. Décembre 1660, après 5 jours de maladie. Son fils Nicola -Antoine Fiinck a eu de la ré-
putation dans la Jurifprudence : 11 avoit le plus beau Cabinetde fon temps, & il étoit le plus riche en Deiïèins des grands Maïtres. Govaert Fiinck peignoit 1'Hiftoire & le Por-
traitprefque toujours en grand. 11 deflinoitbien &colorioit de même : Onvoir beaucoup de fes lableaux a Arnfterdam. Dans la Maifon de Ville en la Chambre des Boürguemeftres, Mar- cus Curius qui refufe les tréfors des Samnites. A la Chambre du Confeil, Salomon qui de-
mande a Dieu le don de la fagefle : il a répété ce Tableau d'une maniere moins compofée & plus en petit, & il en fit préfent aux magiftrats de
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252. La Vle des Peintres
1 de Cleves. Chez M. Leender de Neufvillc, une
1616- belle Tête d'homme.
Dans la même ville d'Amfterdam, dansles
butes du mail , on voit tin grand Tableau du même, oü fonttous les PortraitsdesPrincipaux de cette Société. On a dit que ce Peintre quitta Ie Portrait après en avoir vu quelques-uns de ceux de van Dyck; qu'après avoir vu les Ouvra- ges de Rubens, il ne voulut plus peindre & qu'il renvoyoit chez Barthohmè vander Helft y tous ceux qui s'adreflbient a lui pour lui coinman- der des Tableaux. |
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PIERRE NEDECK,
ÉLEFE DE PIERRE LASTMAN.
NEdeck naquit a Amfterdam : II étoit
Contemporain de Govacrt Flinck. Il apprit laPeinture chez Pierre Laflman : Son talent étoit Ie Payfage : II amérité reloged'habües Artilles. Je n'ai rien vu de ce Peintre: II eft mort fort agé fans avoir été marie. |
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N. LA TOMBE.
LA Tombe né auffi a Amfterdam en i G\6 ,
voyagea fort jeune & aila a Rome. Il y fut bienrecu par la Société d'EtudianrsenPeinture, (a) &C
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Flamands , A'/Iemands 6' Kollandoïs. 153
(a) & fut nommé Ie Boucheur_, parce qu'il ne lè trouvoit nulle part un initanc fans remplir fa pipe &: fumer. il peignoit des AfTemblées habillées a 1'Ita-
lienne; mais la pluparcde fes Tableaux repreien- tent des exploitations de mines, des grottes, des Tombeaux , des débris de rancienneRomerCe font les ilijets qu'il traita Ie plus fbuvent. Il les rendoit agréables par des lointains & une multi- tude de petires figiiresqu'il touchoitavecefprit. De retour dans la patrie, il y fut eitimé dans
fon Art & mourut en 16 76: II avoit un frere grand amateur de Tableaux &d'£ftampes. Rem- brant fon ami a gravé (on Portrait connu fous Ie nom de 1'Eftampe de la Tombs. |
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HANS (JEAN) JORDAENS.
JO R D A E N S prit naiflance a Delft en \6i G.
On fcait peude chofe de la vie de ce Peintre. Il quitta fort jeune ia. patrie & a paffe la plu- part (.7) Les Peintres Flamands qui étudioient laPeimure, avoient
fait une Société dans laquclle ijs recevoier.t ceux qui s'y préfen- toient de leur Naüon. Certe réception Ie Faifoir dans un cabaret de Rome au dépensduRécipiendaire. Apics quelques céicmo- nies bizarreSj on donnou Ie nom au nouveau confrere: Ce nom avoit fouvent du rapport a fa figure ou a fes défauts. Cene fete duroit toute la nuit, 8c Ie lendemain ils alloient tous ?. quel- que diflance de Rome fur Ie tombvu de Bacchus terminer la réception. On pretend que Raphacl a lui-même donné l'idée de cette fete: l.es Italiens n'.y étoient fonit adrnis comme (o- bres apparemmrnt, & c'eft unelouange; les feu!s Allemands & Flamands y étoient recvs auparemmer.t aufl) comme un pen taxés d'aimer a boire, & c'eft un trait de faiyre. Cette Société ift plus. |
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15 4 La Vie des Peintres
part de fes jonrs a Venife, a Naples, & a Rome.
II coinpoioit &c peignoit avec tant de prompti- tude, que les Italiens difoient de lui qu'il paroif- Joit ratnujjer Jes figures avec une cuiller a pot. Le nom de cuiller a pot lui fut donné par la Société de Peintres Flamands a Rome. Il eft mort a Voorburg aux environs de la
Haye : Le temps en eft ignoré. Ses Üuvrages lont rares en France & dans la Flandre. On a vu de lui un beauTableauaAmfterdarrijchezlaveuve de l'Avocat de Muis van Holj ; II repréfente le Paffage de la Mer rouge, li eft compolé & peint entierement dans la maniere de Rottenhamer. Quelques-uns pretendent que Lucas Jordaens,
connu fous Ie nom de Luc Faprefto ou du Napo- lirain , eft tils d'Hans Jordaens. Onvoit un beau Tableau de ce Peintre, chez M. van Bremtn a la Haye, il repréfente Moïfe frappant le Rocher. |
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GILLES SCHAGEN,
ÉLEFE DE SALOMON RAVESTEYN.
GILLES, fils de Pierre Schagen, naquit a
Alcmaer en \G\G : II eut pour premier Maitre Salomon van Ravejïcyn & enfuite Pierre Verbeek. L'enviedevoyager le fitquitter fes parents &
fes maïtres. Il s'embarqua en 1637 pourDant- zick, oti il vifita les peintres, M. Jofepk Brajjer le recut fortbien & voulut 1'engager a y pafler quelque temps. Il quitta cette ville pour aller a Elbing,
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Flamands , Alhmands & Uollandois. 255
Elbing, oü Strobel ( Peintre de 1'Empereur & de- puis de Staniüas Roy de Pologne), lui fit beau- 1 I , coup d'amitié. Schagen fit Ie Portrait du Roy de -----'
Pologne, Ia beauté de ce Tableau , cauia peut-
étre autant de iurprilè que de jaloufie a Strobel. Schagen prit congé de ce Peintre & retourna par Dantzick a Alcmaer. D'un caradere inquiet &r difficile a fixer, il
s'embarqna dela fur uu navire de guerre qui al- loita Dieppe. Il arriva a Paris &: a Orléans: II y refta quelques temps fort employé a peindre des portraits. M. d'Ivry 1'engagea a retourner a Paris, oü il fitplufïeurs belles copies d'après Mi- chel Ange, Rubens, &c. Il s'employa aufli quel- que temps a faire des Portraits de la familie de M. d'Ivry. Fatigué de copier &rnetrouvant pas 1'occa-
fion de faire connoïtre fon propre génie, il quitta Paris en 1639 & paffaenAngleterre.il y fitcon- noiffance avec l'Amiral Tromp , qui lui donna une petite frégate a fa difpoiition, ponr qu'il fut a portee de deflïner Ie Combat entre lui &TA- miral Efpagnol d'Oqucndo. Schagen retourna a Alcmaer, oü il fut recu
Architedle, avec la direftion des Ouvragespu- blics. Son talent, fa fortune & les autres qua- litéslui ontprocuré unevie agréable.Viiité des grands j ami de (es égaux, il mourut regretté, Ie 16 Avril 166$. |
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LUDOLF
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v
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Lavie des Pelnires
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LUDOLF DE JONG,
ÉLEVE DE JEAN BYLAERT,
------- T"\ E Jong eft né a Overfchie, entre Roter-
\6i6. _yjiin & Delft en 16 • 6. Soa pere qui e'toit
t^S"- Cordonnier, n'eut point d'autre ambition que d'élever ion fils dans Ion métier: Celui-ci ayant gatéplufieurspaires delouliersj fonpere Ie cha- tia fi cruellement avec Ie tire-pied, qu'il pritla réiblution de quitter une profetïion oü l'on Ie fert <!e pareils inftruments. La fantaifie d'ap- prendre apcindre lui vint p'utöt qu'une autre, parce qu'il lui etoit deftiné de la nature. 11 fut place chez Cornïlle Zacht-Leven : II y ap-
prit les premiers principes, &: dela entra chez Antoinc Palamedes, Peintre de Poitrait a Delft. Trop négligé par ce dernier Maïtre, de Jong Ie quitta& fut aUtrechtpoui"étudier ious JeanBy- laat; il y fit litöt de grands progrès, qu'en état de vivre de f'on talent, il quitta Utrecht en la compagnie de Francois Bacon, & paflaenFran- ce, dans 1'intention d'y travailler fous les meil- leurs Maïtres. Après avoir demenré fept ans a. Paris, fon pere Ie rappella., & déterminé par 1'é- tat languiflant de ia mere 5 il retourna chez lui avec plus detalents qua de biens, 11 s'établit aRoterdarn , oü il eut une grande
voguepourlePortrait:ilya.mairadubien.Sonaf- fiduité&f'afageflêlefirent eftimercVIuiprocure- rentun bon mariage. Iléjpoufa la fiUedeM. Mon- tagnei
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Flamands 3 Allemands & Hollandois. 257
tagne, alliée aux meilleures families de Hal- lande. 11 fut nommé Major de la Bourgeoifie de Roterdam : Cet emploi fut depuis changé en celui d'Ecoutet (ou Maire) d'Hillegersberg • il remplit cette Charge avec applaudiffèment jui- cju'a fa mort en 165)7. Ses Portraits font chez les particuliers en
grand nombre. Celui qui lui a fait Ie plus d'hon- neur, eft place dans la falle des Princes , aux butes de Roterdam: II repréfente les Officiers des Bourgeois de fon temps. |
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Tome IL R PIERRE
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_ 1.
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C. Kuren- del.
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FtctfUet scah.'.
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PIERRE
VANDER FAES,
SURNOMMÉ LELY,
ÉLEFE DE GREB BER. |
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E L Y naquit a Soefi en Weft-
phalie en iéiü j fonpere/ed/2 ^FCiid'If |
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p
terie , futnommé Ie Capitaine
Lefy(a), parcequ'ilnaquit ala Haye, dans une maifon dont la facade étoit ornée d'une fleur de lys. Il s'apper- cut
(«) Lely ou Lelie, en Franf ois fleur de lys. |
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La Vie des Pelntres Flamands , &c. 159 -
cut bientöt que fon fils étoic plus propre au %—~ Deflein qu'aux• Armes : II Ie placa chez P. F. l6t8- Grebber, Peintre a Harlem. En deuxans que fbn "—-~ fils paffe chez ce Maitre, il avanca au point que Grebber ne put s'empêcher dedire que Ion Eleve Ie furpalferoit : Cette prédi&ionaété juftifiée par Tévenement. Al'age de 15 ans Lely futdéja un très-grand
Peintredeportrait: llfitceuxdeplulieurs grands Seigneurs. Guïllaume II. Prinee d'Orarige, 1'em- mena avec lui en AngleÉerre , lorfqu'il y fut pour épouferlafillede Charles I. en 1645 :^efy fit les Portraits du Roy& de la Familie Royale, avec tant de fuccès, qu'il fut choiii par la Ma- jeftépour fon premier Peintre. La mort tragique de ce Prinee engagea Lely
a quitter Londres ; quelques-uns pretendent qu'il refta au lèrvice de Cromwel : il eft vrai qu'il a fait fon Portrait. A Tavenement de Charles II. il étoitencore en Angleterre: Le Roy Ie nomma Chevalier & Gentilhomme de la Chambre , avec une penfion de 4,000 florins. Cette derniere faveur mit le comble a lafor-
tune de Lely : II fe vit dans la meilleure pofi- tion , eftimé des Grands du Royaume, comme grand Peintre 6c comme hommed'efprit; caril eft vrai qu'il réuniflbit a lafupériotitédaiisfon Art, uneinfinité d'autres connoifTances. Lely faifoit une grande figure a 1'imitation
de fbn prédécefleurvan Dyck: \\ avoitunetable de douze couverts , & a cöté de fa falle a man- ger , une bonne Mufique pendant fon diner. Mais cette dépenfe , quoique confidérable, ne fut point au defllis de ce qu'il pouvoit faire , R 2 parce
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Z6o La Fie des Peintrés
1618 Parce (lu'avec autant de bien que van Dyck, il
mmmi^ eut moinsdeMaitrefles &c qu'il ne donnajamais dans les folies de FAlchymie. Ce Peintre étoit né avec un efpritd'ordre fi
propre a acquérir Sc a conferver fa fortune : Un de ks gens tenoit un journal de ceux qui fe faifoientpeindre';iln'yavoitaucunediftinction, les jours & les heures étoient marque's, & celui qui y manquoit étoit remis après les autres au bas de la liite. Il avoit la mêmeexaétitude vis- a-vis de lui-même : A neuf heures du matin il jfemettoital'ouvrage fansdifcontinuerjufqu'a quatre heures après-midi; il quittoit la palette pour fe mettre a table avec fes amis: Le refte de la journée étoit employé a quelques vilites & a faire fa cour. Jamais bas avec les Seigneurs, toujours affable avec fes égaux, il gagna 1'efti- me de tout le monde : Les Poëtes l'ont chanté dans leursVers, & fur-tout fon ami Jean Fol- lenhove. La fortune & la réputation de Lely, 1'eftime
&C Tamitié que les grands & les petits avoient pour lui, lavie agréablequ'il menoit, auroienc du le rendre le plus heureux de tous les hom- mes , & cependant ce fut au milieu de tous ces avantagesqu'iléprouvaleplusnoirchagrin. On fcait que Kneller fut adrefle a M M. Banks , Hambourgois, Négociants a Londres : II fit les Portraits de toute cette maifon , qui furent vus par le Duc de Monmouth ; ils plurent, ainfi que F Auteur, a ce Seigneur j qui prönaala Cour les talents de ce jeune Peintre , comme il fera dit plus au long dans la Vie de Kneller : Ce dernier bien inférieur a Lely, n'auroitpasdü Fin-
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Flamands j Allemands & Hollandois.
Pinquiéter ; il y avoit en tout trop de diftance entr'eux. Cependant la jaloufie cju'il en con^ut lui porta Ie coup mortel. Peu accoutumé a la moindre difgrace, & encore tnoins alarivalité, les fuccès de Kneller plongérent Lely dans la plus noire mélancolie. Son Médecin , fon ami intime, étoit très-affidu auprès de lui: 11 con- noifCoirKncHer, & chaque Fois qu.*il vifitoit Lefy, il eut la maladrefle de lui parier fans ceflTe des progrès de ce dernier venu. 11 ne s'appercutque trop tard, qu'en ordonnant des remedes pour Ie corps, ilempoifonnoit Tefprit parfesdifcours. Le malheureux Lely, mourut prefque fubite- menten 1680 } al'age de 62. ans, viftimed'une jaloufie qu'il n'ofa avouer, & du peu de con- noilTance de fon Médecin daas les maladies de 1'ame. |
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P A U D I T S,
ÉLEFE DE RE MB RA NT.
PA u D 1 T s né dans la baflTe Saxe , a mérité
le nom diftingué d'un des meilleursEleves de Rembrant: llafaitpluiïeurs beaux Tableaux pour 1'Evêque de Ratisbonne & ^o\xt Albtrt Sigifmond, Duc de Baviere. Après avoir fini ces Ouvragés, il entreprit
un Tableau au concours avec Rqjler, Peintre de Nuremberg. On donna pour fujet du Ta- bleau , un loup qui dévore un agneau. Paudits ©btint 1'avantage pour la vérité &laforcede R j 1'ex-
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^^__^ Z6i La Vie des Peintres
Texpreffion; maisquelqtiesconnoilTeurs frappés
des beautés , des recherches & du fini des poils -___-• & de la laine , donnoient la préférence au Ta-
bleau de Rqfter. Ce Jugement couta la vie a Paudits ; il mourut peu de temps après , d'un fangtournéj au grand regret des Amateurs. Ces deux exemples de 1'extrême fènfibiüté des Artiftes devroient mode'rer la fëvérité des Cri- tiques, qui pour la plüpart dccouragent plus qu'ils n'éclairent. |
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PIERRE MEERT.
ME E R T né a Bruxelles, a joui d'une
grande réputation a peindre leportrait; on nelcaitriendefavie: Plufieurs chambresou fallesde Confrairies dans la même Ville } lont ornées de fesPortraits, qui en repréfèntent les Chefs & Officiers en exercice. Cornille de Bie egale ce Peintre a van Dyck ; y a-t'il un plus grand éloge ? |
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ANTOINE WATERLOO.
LEs unsont cru ce Peintre de la Ville d'U-
trecht, d'autres pretendent qu'il étoit d'Amfterdam ; quoiqu'il en foit , il demeura toute fa vie presd'Utrecht, &: il n'a jamais fait d'autres études que les environs de cette Ville : Son talent étoit de peindre des Payfages, que jvéeninx
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Flamands} Allemands & Hollandois'. }
jrêeninx & d'aiitres ont ornés de figures & d'a-
nimaux. Ses Tableaux furent recherches defon temps & Ie font ^ncore aujourd'hui> fescieux font clairs & légers^ ainG que fes lointains, & fes arbres & fes plantes de bonne couleur 6c bien variés: II repréfentoit la nature tellequ'il la voyoit; fon génie borné ne lui a pas permis d'y rien ajouter, ni d'en faire un beau choix. Ses Tableaux, quelquefois froids, plairont cepen- dant toujours par Pexa&itude avec laquelle il faififlbit les paffages de lumiere a travers des arbres , & la réflexion des objets dans 1'eau. Un honnête patrimoine &: fes Ouvrages quoi- 3ue bien vendus, ne préferverentpasce Peintre
e mourir dans la mifere : II fut enterré dans 1'Höpital de S. Job , 011 il eft mort, pres d'U- trecht. On a de waurloo un grand nombre de def-
feins d'après nature, quifonteftimés :Ilen a gravé pluü'eursareau-forte. |
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R 4 GONZALES
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GONZALES
COQUES,
É L E V E
DE DAFID RYCKAERT LE VIEUX.
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ES auteurs Flamands & Hollan"
dois s'accordent prefque tous a placer les talentsde Gon\aks Co- ques au deflus de ce qu'on nous raconte de ceuxde 1'Antiquité : II naquit dans la Viüed'Anvers en \6\ 8. Deftiné aux plus grands honneurs par la Peinture, il dut foninftruótion a DavidRyc- kaert
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-w*~—(ffi..
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La Vle des Peintres Flamands, &c. 2,65
kaert Ie vieux, & fa perfe&ion a des difpofitions ------
qu'il fcut cultiver. Lié d'amitié avec Ryckaert ***
Ie jeune , ils étudierent la nature enfemble: ' Gon\ales fut frappe des Ouvrages de van Dyck. L'élévation qu'il remarqua dans les Tableaux de ce grand Peintre , plus conforme apparem- menta Ion génie, que toute autre maniere, lui fervit de guide : II ne perdit point de vue ce grand Maïtre qu'il a égalé dans fes petits Por- traits. Gon\ales peignoit comme Teniers , Oflade &
Ryckaert, des fujets de fantaifie; mais il fcut les rendre plus intéreflants : II eut Tart de ne point donner dejaloufieauxautres, engagnant beaucoup davantage. Un de fes premiers Ta- bleaux , & qui lui mérita une grande réputa- tion, fut fait pour M. Jacques Ie Mercier, riche Négociant d'Anvers : II y repréfenta Ie mari, la femme 6c les enfants, tous affis a ta- ble ; il s'y eft peint lui-même de profil. Cette facon de peindrele Portrait, fa belle maniere de faire, & 1'intérêt qu'il fcut répandre dans ces Cortes de morceaux , lui mériterentdès-lorsla premiere place au deflbus de van Dyck. Après ces fuccés décidés, notre Artifte fe crut a por- tee de marquer fa reconnoiflance a celui qui Tavoit inftruit par fes lecons; il époufa Caihe- rine Ryckaert, lafille de fbn Maitre : 11 lui de- voit une partiede fa gloire , il voulut partager avec lui fa fortune. Il fe livra en entier a peindre Ie Portrait en
petit; bientöt lesParticuliers ne purent prefque plus prétendre a [es Ouvrages: La familie de M. Najjoingni, qu'il venoit de peindre &c d'en- voyec
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» --^-J-*V*_—____il;__ ■- ■**■-{ '--r -1*™ __ - i ___ _____ .-. ______ --
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166 La Vie des Peintres
•------- voyer a Bruxelles, Ie fit connoïtre a la Cour.
1618. Tousles Princes, Ie Roy d'Angleterre, Ie Duc
Juan & Ie Prince d'Orange, s'emprefferent a employer fon pinceau: Ce dernier lui fit pré- fentdefon Portrait en medaille, avec une chaï- ne d'or. Le concours des Grands augmenta tellement fon crédit & fa fortune , que les plus riches de la Ville cherchérent fon alliance: II maria fa fille a M. Lonegraeve , parti très-confi- dérable. Il vivoit ainfi au milieu de fa gloire & des richefles : Cette félicité fut troublée par la mort de fa fille Gon^aline Coques , qu'il perdit le 11 O&obre i66y ; fon fils la fuivit de pres en 1670 , &c fa femme le z Juillet 1674. Pour empêcher Gon\ales de fuccomber fous
tant demalheurs,onl'engageaaun fècond ma- nage avec Catherine Rysheuvels. Il vécutencore dix ans & mourut le 18 Avril 1684:11 fut enterré fous la tombe qu'il avoitplacéepour fa familie dans la Chapelle de la Vierge , en 1'E- glife deS. GeorgesaAnvers. Notre habile Artifte avoit recu des marques
bien fenfibles de confidération du Corps Acadé- mique; il en avoit été nommé deux fois Direc- teur, la premiere en 1664. & 1'autre en 1679. Gon^ales eut un pinceau précieux , large& facile ; fes Portraits font bien deflinés: 11 colo- rioit avec une fraicheur furprenante, les têtes &: les mains; il avoit une touche peu commune dans lespetits Ouvrages.Nousravonscomparé h vanDyck, &nous necraignonspointd'avoir exagéré ; il difpofoit Ces Portraits comme ce dernier : II femble avoireu le même génie. J'ai vu
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J
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Flamands y Allemands & Hollandois. 16'7
vu de lui un Tableau furprenant : C'eft une „ familie entiere, habillée en noir, & ce Tableau ' eft fort clair. Le linge y eft d'une légéreté II tranfparente & fï mince, qu'on croit le voir agicé par 1'air; fes fonds font clairs & vagues, fes plans exa&s ó£ fimples & fans coufuiion , quoique remplis de meubles: La grandeur de fes têtes n'étoit guéres au deffus d'un pouce & demi. Il a fouventfait fon Portrait & celui de fa familie : Ses Tableaux font encore rares en Trance. M. le Comte de Vence poflede a Paris undes
premiers que 1'on y aitconnu ; ilrepréfente ce Peintre avec fes deuxfilles: Les figures font en pieds & de fonmeilleurtemps. Dans Ie Cabinet de 1'Abbé de BergS. Vinox,
1'on voit le Portrait de Coques, il eft peint juf- qu'auxgenoux. On trouve de lui dans le Cabinet du Prince
Charles , a Bruxelles., un Portrait d'une femme très-jolie ; celui d'un Officier Général; un autre Portrait de femme : deux Portraits d'homme & de remme ; celui de vander Stegen, & un au- tre Portrait de femme. A Gand , chez M. /. B. Dubois , un Tableau
plus compofë ; c'eft un homme habillé en ve- lours noir , fa femme eftenfatin noir&tient un enfant fur fes genoux. A la Haye , chez M. le Lormier, on voit un
bon Tableau de Gon-^ales, repréfentant notre Seigneur, Madelaine &r Marthe ; le fond eft riche & bien terminé , comme le refte de ce Tableau ; un autre compofë de dix figures qui examinent des curiofites dans un Cabinet bien orné ,
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■—'—......_
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La Vie des Peintres
orné , dont l'Archite&ure eft peinte par Pierre Néfi |
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ABRAHAM
VANDEN TEMPEL,
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E L E V E
DE GEORGES VAN SCHOOTEN.
NE en la Ville de Leyde , environ 1'année
1618, Tempel fut place fort jeune chez Georges van Schooien, o 11 il refta jufqu'a cequ'il put lui même chercher dans la nature ce qu'elle offre aux Artiftes éclairés : II quitta fonMaitre & Ie forma une maniere qui lui a réufli en Hiftoire & au Portrait. La Ville de Leyde pofïtde la plüpart de fes Ouvrages. On y voyoit dans Ie célébre Cabinet de M. de la Court, un Tableau repréfentant lesPortraitsd'unhomme &c de fa femme : Ce morceau eft citépar tous les Connoifleurs; les chairs & les étoffes en font traitées avec la plus grande vérité. Dans une chambre a la Halle aux Draps de
la même Ville, on voit de lui un petit Tableau aüégorique : Cette compofition eft ingénieufe & d'un beau pinceau. Dans la maifon des Orphelins de la même
Ville , il ena repréfenté les Adminiftrateurs en charge, & la grande reflemblance en eft Ie moindre mérite. Le gout du DeflTein de Tempel eft très-bon:
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Flamands, Allemands & Hollandois. 169
II colorioit bien & fa touche eft large. Ses meilleurs Eleves furent Francois Micris j de Fois> Jfaac Palling, Mïchel van Mujfcher & Charles de Moor. 11 avoit époufé Mademoifelle Catherine van
Hogmaeden : on ne fcait pas s'il a laiffé des enr fants : II mourut a Amfterdam en 16-71 , agé d'environ j |
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CORNILLE JANSENS.
ON croit Janfens : né aAmfterdam , fon
Maitre eft moins connu que la belle ma- niere de Cornille : II peignit d'abord 1'Hiftoire en grand & en petit; mais Ie gainie portak faire des Portraits. Il demeura long-temps en Angleterre, il fit les Portraits du Roy & des principaux Seigneurs de ce Royaume : II y pei- gnit quelques Tableaux d'Hiftoire. Ses Ouvrages paflèrent en France Sc en Ita-
lië : On les eitimabeaucoup, on voulut même voir TAuteur. La Yille d'Amfterdam eut la préférence; il y fut demeurer en fortant de Lon- dres: On croit qu'il y eft mort. On vante fes Portraits., fa maniere depeindre&rfabellecom- pofition : Je ne connois aucunde fes Ouvrages |
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JEAN
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270 La Vïc des Peintres Flamands, &c.
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JEAN GOEDAERI
------- /^ OedAERT néa Middelbourg en Zé-
1618. \J" iande, fut bon Peintre & habileobfèrva-
1----" reur: II peignit a gouaflê ]es oifeaux & les
infè'dtes avec une vérité &: une patiencefurpre-
nante. Non content d'imiter ces animaux , il a fait des recherches furleursrbrmations &leurs changements de vers en papillons. 'Aprèsavoir pafïe pres de 3 o ans a faire & a vérifier les re- cherches, ildivifa fon Ouvrage en troisparties & donna la premiereen 1661 , lafeconde en 166y, la troiliéme fut imprimée chez Fiertns a Middelbourg , & dédiée par la veuve de ce fcavant Artitte , au Conlèil de Zélande : Ce même Ouvrage a depuiséteimprime enLatin & en Francois, fous Ie titre de Metamorphojis naturalis, Le Portrait de 1'Auteur eft a la tête de chaque Edition, gravé par R. van Perjyn , d'après ö^i//em(Guillaume Evcrdych. Jean Gocdaen mouruten 166Ü. |
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CORNÏLLE EVERDYCK.
EVerdyck d'une familie illuftre, origi-
naire de Tergoës , fut regarde dans fon temps comme bon Peintre d'Hiik>ire:Plufieurs de fes Tableaux fe confervent encore dans fa familie. JEAN-
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é
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'«rrc/////xi.//7i> .
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JEAN-PHILIPPES
VAM-
THIELEN,
ÊLEVE DE DANIEL SEGHERS.
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E A N-Philippes van Thielen, -------
-Ecuyer , Seigneur de Couwen- 161$.
bcrch ,&c. naquita Malincsea ■__
1618 : Iflu d'une familie noble
& diftinguée, il fuc confié aux plushabilesMaitres.Dès faten- |
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drejeuneffe il eut du gout pourtouc ce qui étoit
Art ou Scieace: LeDeflèinTemporta bientöc iiir tous
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j La Vie des Peintres
tous (esautres exercices,qu'il ne continuadecul-
tiver que fous la promeflè qu'on lui laifleroit ap- prendre la Peinture. Van Thielen entradansl'E- cole de Daniel Seghers Jéfuite; Ie génie, legout, la patience &: 1'applicationduMaitre apeindre des fleurs, fe firent bientöt remarquer dans 1'E- leve : Les fuccès du dernier ne donnerent aucu- ne jaloufie a Seghers \ ils neceflerent jamais d'ê- treamis: lis firent enfembledesTabteaux, même pour des concours; &r malgré ^es éloges que Pon donnoit a van Thielen, onentendit toujours Seghers y joindre les fiens. Fan Thielen &T Seghers peignirent chacun un
Tableau pour 1'Abbaye de S. Bernard pres d'An- vers: On les voit encore dans ce Monaftere, & on ne fcait auquel decesdeuxOuvragesdonner la prérérence. Les plus qualifiés du Brabant eurent des morceaux de van Thielen ; mais la Cour de Bruxelles Sc leRoy d'Efpagne obtinrent les principaux. Van Thielen eftima & aima tant la Peinture,
qu'il la fit entrer par préférence fur les autres Arts, dans 1'éducation de Mefdemoifelles fes filles : II en eut trois} Marie - Thérefe, qui naquit Ie 17 Mars 1640, Anne - Marie nee en 1641 3 & Francoife - Catherine en 1645. Weyermans dit avoir connu un fils de notre Artifte ; mais il n'eft point digne de lui en fait de Peinture. Les trois filles ontpeint dans Ie genre du pere , & même avec diftinótion : Ellescopierentd'abord les Ouvrages, & finirent par compofer & peindre elles-mêmes d'après nature. Il n'y a qu'a montrer les Artsaux fem- mes , elles feront ce qu'on voudra qu'elles loient,
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)
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Plamands, Alltmands & Hoüandois. 27 $
ioient, ou ce qu'elles voudront être. Van Thielen mourut en. 1667, agé de49 ans; "
il fut enterré a Boeflchot, a quatre lieues de Malines. On ne peut mieux faire fbn éloge qu'en Ie comparant a Ion Maitre: Van Thielen peignoit avec la même facilité; il finifïbit &rcompofoit auffi bien, fa touche donne la même légereté 8c la même tranfparence a fes Ouvrages. Les deux feul.s Tableaux que j'ai vus de lui, me font cependant juger qu'il colorioit avec un peu. moins de vivacité que Seghers, On voit deux Tableaux de van Thielen a Ma-
lines, dans la Sacriftie des Religieufes appelées Muyfen : Ce font des guirlandes de différente» fleurs, & un grand nombre de petits inféóles très-finis, au milieu des guirlandes; dansl'une eft repréfènté S Bernard, 6c dans 1'autre» Sainte Agathe : lis fbnt peints en \66$ et en 16^5. I Campo Weyermans parle avec éloge d'unTa-
bleau de fleurs qu'il avoit de eet Arnlle; c'étoit auffi une guirlande de fleurs, au milieu dela-» quelle Poelemèurgnvok peint uneNymphe en^- dormie,qu'unvieuxSatyre cherche af urprendre» |
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JEAN SPILBERG,
ELEVE DE GÖVAERT FLINCK.
JEan Spilberg niquit a Duflèldorp Ie
;o Avril 1619, d'un affèz bon Pemrre a l'huile& furie verre, pour avoir été fucceffive- ment penfionné par Ie Duc de Guiic & par Ie Tome II. S Duc |
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J
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Z74 La Vie des Pelntres
" Duc de Wolfgang. Jean Spiiberg avoit encore un
l6l9' oncle Peintre du Royd'E(pagne : Ainü nourri
---- des lecons de fon pere, & encouragé par les
fuccès de fon oncle, après avoir fini fes études
de College, il s'adonna tout enrier a un Art de familie pour lequel il fembloit né. Tant de dif- pofition plut au Duc de Wolfgang, il voulut en hater les progrès; il envoya Spiiberg a Anvers, avec une lettre de fa main kRubens, pour 1'en- gager a prendre foin du fils de fon Peintre; mais malheureufementó'/^eAg'apprit en route la mort de eet homme célèbre: ce contre- temps nele rebutapoint,& ce courage étoitun garant bien für de fa vocation. Il fut a Amfterdam , attiré par la réputation de Govacrt Flinck, Sc dans la ferme réfolution de ne point retourner chez lui avant que d'être capable de fefaireune réputation. Il refta fept ans dans 1'EcoIe de Flïnck; plufieursTableaux d'Hiiloire&desPor- traits Ie diftinguerent au pointqu'il fut bientót en état par la vente de fes Ou vrages, &: par leur mérite de former un établiflement a cöté de la maifon de fon Maïtre : II époufa Marie Fis Ie 20 Juillet 1654. Il eut vers ce temps une occafion de fe faire
connoitre : Les Bourguemeftres d'Amfterdam eurentafaire peindre uneCompagnied'Arque- bufiers, dontleBourguemeftre Vander Pol etoit Chef; on choifitles plus habiles Artiftes, a qui onordonnadesEfquiflesparformede concours: Celle de Spiiberg fut préférée. Il s'acquitta fi bien decetOuvrage.qu'onluidonna un préfentcon- fidérablepar derfus Ie prix convenu: ce Tableau ie voyoit a Amfterdam dans la Bute fur [ejingle. Le
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Flamands , Allemdnds & Hollandois. 175
Le Duc de Wo/fcarg entendit de toutes parts —— les louanges de celui qu'ü avoit protégé, il le *' reclama &c le notnma fon premier Peintre : II ——-* lui fit faire fon Portrait, celui de la Duchefle Catherine-Charlottc fa femme, celui de l'EIëéteuc Palatin PhUippes-Guillaume} celui de l'Ele&rice &r des Princeflès dePologne: II peignit toute cette Cour. On le paya fort cher & on lui donna en marque d'honneur pluiseurs medailles d'or. LeDuc remarquant le mérite que joignoit.5/>i/- èerga fbn grand talent, 1'envoyaa Cologne pour y faire le Portrait de laPrincefle de Furfienbergy &1e fit accompagner pur un Maréchal-deCamp, chargé de demander la Princeffe en mariage. Spilberg réuffit parfaitement, recut de cctteCour des applaudiflements, &: de la Princeflè un nche prélent. La mort du Duc de Wolfgang donna la liberté
a Spilberg de retourner a Amlterdam, dont il préféroit le féjour a tout autre: mais il n'yfefta guéres: I! fut encore une fois demandé a la mêrae Cour, avec le même titre de premier Peintre, parTElecleur Palatin Phllippes-Guillaume, qui fuccéda& avoit héritédeceDuchérfeWo/^a^. Il y fit une fecondefois les Portraits du Duc, de la Duchefle, de la Princeflè aïnée, depui* Impératrice, & des perfonnes les plus dittin- guées. L'Eledeur deBrandebourg fefit peindre auffi &: fit ce qu'il put pour avoir Spilberg a fon fervice; ilneputobtenir que quelques uns de fes Ouvrages, entr'autre.'. plulieurs Tableaux pour 1'Eglife des Trinitaires a Dufleldorp, & pour le Chateau d'Amesfort: Cette entrepnfe achevée, Spilberg rerourna a Amfterdam, oü S z Ton
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x-j6 La Vie des Pelntres
*~Z Ion ne Ie laiflapas long-temps tranquille. A
1 9' 1'avénement de Jean- Guüiaume a l'ElectoratPa-
"-""*' latin, il fut de nouveau appellé: CePrinceavoit
des projets très-vaftes & bien dignes d'occuper
un aufti beau génie que celui de notre Artille.
Il eut ordre de commencer un Tableau d'Autel
pourTEglife deRoermont, & lesTravauxd'Her-
cule en tres-grand, pour Ie Chateau de Duflel-
dorp. L'Electeur eut nne envie de retenir ce
Peintre auprès de lui : 11 n'épargna ni prefents
ni honneurs. 11 offrit de faire venir la femme &
toute fa familie., depayerleurvoyage; &pour
1'attirer par fa liberalité, il envoya une medaille
d'or al'epoufe de Spilberg: Elle quitta Amlter-
dam avec regret & fut rejoindre Ion mari a
Dufleldorp en ió8i. Leur fille ainée Adtienne>
qu'elle amena, peignoitbienal'huilej maisfu-
périeurement en pajlel. Elle plut infiniment a
i'Eledtrice,quiluipropofaunétablifTementtrès-
avantageux; ^^iew/zeneracceptapoint, ellene
voulut pointprendreun engagement quieüt pu
lui faire quitter cette chere Peinture qui faifoit
fes délices & fa gloire: Elle ne changea même
jamais de fentiments qu'en faveur des Artiites.
Elle époufa en premières nocesenl684, Guïllau-
me Breckveh, qui mourut trois ans après; elle
refta veuve avec trois fils en 1^97 : Elle fema-
ria en fecondes noces a Eglon vander Neer,
Peintre habüe &: Diredeur du Cabinet de 1'E-
lefteur Palatin.
Les derniers Ouvrages de Spilberg furent la
viedeJéfus-ChrifbL'Eledeurluiavoitordonné cette grande compofition; mais il n'eut pas Ie temps de la fïnir, il celïa de vivre Ie 1 o Aoüt |
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Flamands 3 Allemands & Hollandois. 277
1690 : ce Peintre fut regretté de fa familie, de " la Cour & de ies amis. " I<?'9' Les Ouvrages de Spïlberg, ont Ie caraótere "*—
des produótions d'un beau génie; fon DefTein ell: alfez corred, fa couleur eft vraie, la touche de fon pinceau eil ferme & décidée: On ertime la maniere moëlleulè & pateufe de tous fes Ou- vrages. Houbraken cite avec éloge un Tableau dece
Maïtre, il repréfentoit la Mufe de la Mufique; plufieurs belles figures de femmey étoient agréa- blement grouppées, peintes avec gout, bien deflinées 6c de grandeur naturelle. |
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VICTOR BOUCQUET,
ÉLEVE DE SON PERE MARC BOUCQUET.
VIctor Boucquet naquit en KJ19
dans la Ville de Furnes. Il étoit fils &: Eleve de Mare Boucquet auflï Peintre 3 mais peu connu. On croit que ViÖor avoit voyagé avant de fe fixer pour toujours a Furnes: 11 y époufaMarie vander Haege; on nelcaits'ilalail- fé des enfants. Il a beaucoup travaillé pour les Villes des environs. Il eft mort Ie 11 Février KJ77, agé de 58 ans; fa femme mourut Ie 22 mai 1701. Us font tous deux enterrés dans urt Convent de Religieufes a Furnes. Ficlor Boucquet peignoit 1'Hiftoire en grand
& fort bien Ie Portrait. Ses compofitions mar- quentunbQnime de génie :EUes font abondan- S 3 tes»
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178 La Vie des Pelmres
~—-~ tes, il difpofoit bien fes grouppes: Ses fonds
1 9' lont prefque toujours ennchis d'Archite&ure : f^!T" 5on t./eflèin n'eit cepeudant pas correft; (es fi- gures louvent font courtes 6c trop pefantes; maisdamleurshabiliements,lesplisdrapésd'une beilemaniere &avecvéntéfont prelqu'onblier cesdéraiits.L'intelligeiiceduclair oblcurfutune partie que notre Peintre entendoit afrond : Elle frappe dans lesüuvrages. Il colorioitallezbien ; maïs les chairs lont un peu tourmeütées, &c fa couleur devient froide; les couleurs iocales de fesétoftès nelont pas de même, elles paroiiïènt peintes li facilement qu'on les croiroit d'une au- tremain:SesprincipauxÜuvragesfevoyentdans les villes voifines.On trouve aLoo,dansle chceur de la principale Eglife, fept de fes Tableaux, repréfentant les douleurs de la Vierge; ils ont été pesnts eniójS, 1659 &: 1660. Le Tableau d'Autel de la Chapeile de S. Roch eft remar- quable: II repréfènte ce Saint en pneres, pour obtenir la guérilon des Peftiférés. La grande Eglife de Nieuport eft ornée de
deux de les Tableaux, oü l'on voit les Trini- taires qui rachttent des Efclaves Chrétiens: II y a dans le même Temple, un Tableau d'Autel de fa main; la mort de S. Francois dans 1'Eglife des Récollets attire JesConnoiÜeurs, & ils ne doivent pasoublierd'aüervoir a 1'Hötel-de Vil- le, un grand Tableau qui occupe toute lapro- fondeur de la falle d'Audience. Boucquet y a peint le Jugement de Cambife : c'eft un des plus beaux de ce Peintre; il le fit en 1671. Onconnoït du même une Defcente de croix au grand Autel des Capucins d'Oftende. CHARLES
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Flamands t Allemands & Uollandois. 279
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CHARLES VAN SAVOYEN.
CHarles van Savoyen né a Anvers
en 1619, peignoit en petit, & prenoit pref- que tous les fujetsd'Ovide. Il fe plaifoit furtout a peindre lc nu, qu'il a moins bien deffiné que colorié : On peut lui reprocher quelquefois des fujets trop libres. Il finiflbit fes Ouvrages, & les Poëtes de fon tenips 1'ont célébré. Jean Vos a fait une defcription en vers d'Adonis, peint par Savoyen : ce Tableau appartenoit a M. Guillaume B/au, |
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WILLEM(GUILLAUME)
VAN AELST, Éleve de son Oncle
EVERARD FAN AELST. GUlLLAUME VAN AELST étoit de
Delft j & fils de Jean van AeIJi, Notai- re, neveu & E'eve d'Everard van Aelft qu'il furpafla. Il peignoit les Fleurs & les Fruits avec beaucoup d'art: Sa couleur eft belle Scvraie; fes fleurs légeres & fes fruits lont naturellement rendus. llvoyageadansfajeuneflè, paflaquatre ansenFrance & feptenltalie, oü il fut recherche S 4
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ï&o La Vie des Peïntres Ttamands, &c.
. par des Princes, des Cardinaux & autres perfon- nes de conlidération, qui employerent ion pin- ceau. Le grand Duc de Tofcane lui marquafon eftime, en lm donnant unechaïned'or avec une medaille du mêmemécal Comblé debiens, il retourna en 16 56 a Delft & depnis a Amfter- danij oü fesOuvragesfurent recherches &payés fort cher. Il époula fa fervantedelaquelleil eut plulieurs enfants; il mourut en 1679. |
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FRANgOIS WULFHAGEN,
E L E F E DE REMBRANT.
FRANCOIS WüLFHAGEN né dans 1q
DuchedeBréemen, fut Eleve de Bembrant. Quoiaue tont ce quMl a peint foit dans la ma- niere de fon Maïtre, fes Tableaux font cepen-: dant aflèz eftimés, & c'eft un éloge. |
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JURIEN
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OVENS,
ÊLEKE DE REMBRANT.
|E PEINTRE acquit de la-------
! réputationfous ce grand Maïtre. x
! Les Tableaux oü il repréfente ■■——•' des nuits, ont de la vérité & une grande force. La Maifon de ' Ville d'Amfterdam conlèrve de lui un grand Tableau qui a de la beauté : c'eft Ie moment oii Claudïus Civilus donne la nuit yn foupé au^ principaux de la principale No- blefle
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z8i La Vie des Peintres
blefle dans la Forêc ( nommée Schaker-Bofch)
& les détermine par Ion éloquence a cette fa- meu!e conjuration, oü il fut arrêté de tomber fur 1'armée Romaine a l'imprévu &c de (ecouer Ie joug de la tyrannie : CeTableau aflTire la ré- putation de fon Auteur. Il a bien fait Ie For- trait. Oveis peignoit en 1675 pour Ie Duc d'Holftein. On n'a rien appris de lui depuis ce temps-la. |
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FERDINAND BOL,
É L E V E DE REMBRANT.
A Ville de Dordrecht Ie vit niïtre. On
■jignorel'année; maisonicaitquM vintavec faramilleaAmtlerdama 1'agedetroisaiis. .-suf- li-töt qu'il put s énoncer, il lè déclara pour la Peinture. L'Ecole de Rembr >nt Kit celle oü il fe forma: Le Maïtre aimoit fon Eleve, & ceder- nier porté par inclination au mêtne genre d'étude imita la même maniere qu'il n'a jamais quittée& qu'il fuivit de i\ pres, que le Maitre ellquelque- fois confondu avec 1'Eleve: Les Hotels des Prin- ces & des Grands furent ornés de les Ouvrages. On voit de lui plufieurs beaux Tableaux a la Maifon du Confeil a Amfterdam & dans les principales Jurifdidions de la même Ville. Le Poëte Vondel vante dans fes vers un Ta-
bleau peint par Bol, pour 1'Amirauté d'Amfter- dam. Il fit beaucoup de Tableaux d'Hiftoire & im grand nombre de Portraits: La plüpart paf- ferent
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Flamand*, Allemanis & Hollandois. 18 3
ferentpotir êtrede Rembrant. J'ai vudeuxPor- traits chez Ie Baron van Male a Bruges, qui c peuvent être comparés a ceux deRembrant pour la couleur & la force. FerdinandDol mourut fort agé en 1681, fort
riche & fort eftimé. |
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AART (ARNOULT)
VAN MAAS, ÉLEFE DE DAFID TENIERS.
VA N Maas natif de Gouda , eut pour
Maitrc David Teniers , & prit de lui ce grand Art dimiter la fimple nature. Des aflem- blées de Payians, des noces de Villages font les objets des Tableaux les plus recherches de ce Peintre II voyagea quelque temps en France & en Italië, & il retourna chez lui pour y goüter Ie Fruit de les travaux & de fa réputation très- méritée: Mais il mourut prefqu'en arrivant. ^a/zAf^öjgravoitareau-forte: Ilavoitappris
eet Art fous Ie Graveur R. Perfyn : Plufieurs de fes Eftampes & de fes Detfeins a la mine de plombj tiennent leur coin dans les porte-feuilles des Curieux. |
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DIRK
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284 La Vit des Pcintres F/amands, &cl
DIRK (THIERRY)
MÉERKERCK.
r
Ty Ji E erk ERCK étoit né a Gouda: Son
1 t0' 1VJL Maïtre n'eft pas connu. Il voyagea par ■•—" toutelltalie &: reftaquelquetemp.saRome. En paflant par laFrance, l'Evêquc de Nances Tarrê- ta pres de lui: II y palFa plufieurs années a pein- dre pour orner les appartement* deTEvêché & quelques Eglifès. Il aimoit trop fa Patrie pour refter en France; mais il ne put éviter la mal- heureufe deftinée. De retour en Hollande, a peine rut-il chez lui, que, revenant un jour d'un enterrement, il tomba pres de fa maifon dans un canal oü il fe noya. |
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CORNILLE
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CORNILLE
BEGA, ÊLEVE D'ADRIEN OSTADE.
ORNILLE BÉGAnaquit
a Harlem: II eut pour pere Pierre Bégyn Sculpteur, fils de Cornillc Comelis de la même Ville. Le \euneBegynfut place ó\<ZT.Adrïen. OJlade: S'il n'égala point fon Maïtre , il tut du moins le meilleur de fes Ele- ves. Son talent étoit de repréfenter des aflèm- blées dePayfans, des converiktions & d'autres fujets
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_____ La Vie des PeintreS
1620 fuJets p^reils: Son libertinage Ie fit chaffèr de
* la maifbn paternelle. Il changea de nom 6c fe ■"""" fit appeller Bega au lieu de Bégyn, il crut obli- gerfon pereen changeantdenom &c réellement il 1'obligea : Le plus für étoit de changer de con- duite. Il mourut de la pelte aHarlemle27 Aoüt 1664.. On dit que fa Maïtreffe étant at- taquée de la pefte & abandonnée de tout le mon- de, il fut la voir malgré les Médecins &c fes pa- rents; il fut pris de la même maladie, a laquelle peu de jours après il fuccomba. Ses Tableaux fè fbutiennent a cöté de ceux des plus grands Maitres : On en trouve peu en France. Voici les plus connus. Chez le Prince de Heffe, un Alchymifte au milieu de fon Laboratoire. A la Haye, chez M. Fagel, deux Tableaux
]ui repréfentent des dedans de Maifons avec |
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de
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les figures & des Uftenlïles du ménage de la
Campagne. Chez M Lormier, une Mulicienne & un Muficien, pres d'eux plufieurs figures, &:c. une Fête de Pay fans & de Payfannes. Chez M. van Heterertj une aflèmblée de Villageois qui fe réjouilfent. Chez M. d'AcoJla, uneTabagiej 11 nautre Tableau a-peu prèsdu mêmelujetchez M. •J^erfi.huring. M. Biffchop a Rotterdam, poflede deux Ta-
bleaux de Bega, 1'un &c I'autre repréfentent des Payfans qui boivent. 0%
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WILLEM
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Flamands, Alkmands & Hollandois. 187
WILLEM (GUILLAUME)
VAN BEMMEL,
É L E V E
DE CORNILLE Z AFT-LEVEN.
VAn Bemmel naquit a Utrecht3 &
fut un des meilleurs Eleves de Cornillc Z'aft-Leven. Il voyagea de bonne heure., & choi- fit Rome & fes en virons pour faire fes études: Ses plus beauxïableaux fontdes vues d'Italie &rdes Payfages, oü il placoit avec gout des cafcades ou des chütes d'eau. Il a fuivi la methode de fon Maïtre qui étoit de copier toutd'après na- ture. Les Deflèins qu'il a faits en Italië, lui ont bien fervi a enrichir 1'Allemagne de ks r>u- vrages : II y fut en quittant 1'Italie, &ils'é- tablit a Nuremberg, oü Ton trouve Ia plus grande partie de fes compofitions. Bemmel fcavoit répandre beaucoup de vérité
dans fes Tableaux. Perfonne n'a mieux obfervé les lumières & les ombres d'après nature : Belle étude que de tres-grands Hommes ont tropfou- vent négligée. Cet Artifte avoit la réputation d'être un bel efprit: 11 fut recherche des Grands &r fort regretté a fa mort, dont Ie tempseft ignoré. On ne connoït gueres fes Ouvrages en France. PHILIPPES
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JFnyutt •!■■
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C,Zuren 3el.
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PHILIPPES
WOUWERMANS, Éleve de son Pere
E T D E WYNAN T S, ARLEM fi ferdle en grands
jPeintres vhnaitrePhiiïppes Wow {. wermans en 1610: Son pere Paul Wouwermans, Peintre fort mé^ diocre d'Hiitoirej donna les pre' e mieres lecons de Peinture a Ion fils; mais Jean Wynants , Peintre habile Ie re- cut chez lui, & lui fit changer fa methode qui étoit
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162O.
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La Vie des Peintfes Flamands , &c. Z89
étoit mauvaife. Le jeune Eleve employa bien 6 fon temps, & profitant des inllrutiions de ce ,^^* nouveau Mairre , fe vit en écat d'étudier la na- — ture fans le fecours de perfonne. Wouwermans retiré chez lui, fit de müres ré-
flexions, &T aprèsavoir comparé long-temps les lecons del'Art, il apprit que les véritables font celles de la nature : 11 ne deffina plus que d'après elle, & il fe fit en peu de temps cette belle ma- niere que nous lui connoiflbns, & qui eft aufïï agreable qu'inimitable. Ses premiers üuvrages n'eurent pas un grand fuccès. Bamboche failoit alors 1'admiration des Hollandois \ les Tableaux de cedernier onteffe&ivementplus de vigueur & plus de force que ceux du premier. Wouwer- mans , outre ce petit défavantage, avoit une ti- midité naturelle qui dans plufieurs occafions le mettoit encore au deiïbus de fa véritable valeur. Il ne put d'abord le défaire de fes Ouvrages qu'en les vendant aux Marchands qui les por- toientdansles Pays étrangers.De Witte entr'au- tres acheta au plus bas prix tout ce qu'avoit de Tableaux eet Artifte , qui eutla fimplicité de fe croire trop heureux de les vendre prefque pour rien. L'humeur difficile de Bamboche, quirebutoit
les Marchands, fit en faveur de Wouwermans ce qu'auroit du faire fon mérite. Nous avonsrapportédans la vie de Bamboche,
qu'il s'étoit obftinéa vendre un de fes Tableaux a de Witte le prix de 100 florins, fans en vouloir rien rabattre : De witte piqué, commanda le mêmefujet a Wouwermans, quiréuffitaupoint que ce dernier, peu connu julqu'alors, fut re- T cherché,
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•v
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i La Vie des Peintres
cherché, fk fes Ouvrages enfin enlevés auffitót
que fïnis. Houbraken avance que wouwermans avoitplu-
fieurs Mécènes j &ril metallëz mal-a-propos de ce nombre de vitte &c quelques autres Mar- chands j qui, felon Ie même Hiftorien &c Weyer- mans, gagnerent plus a vendre fes Ouvrages, que lui a les faire. Sont ce donc-la des Mécènes ? Le vrai eft au contraire que la candeur du Peintre, fon peu de connoiflance du monde &c leur adrelfe a lui cacher leurs tours & leurs menées, le ren- dirent prefque toujours la dupe de leur avidité : II ne iecoua le joug que peu d'années avant fa mort, & trop tard pour amaffer cette grande rortune que les mêmes Auteurs lui ont iuppo- fée, fans qu'il en ait jamais joui. CesEcrivainsHollandoisiècontredifentfou-
vent: lis viennent de dire que de witte èc les Marchands de Tableaux pilloient wouwermans & fes confrères; ils affurent après que fans ces Marchands, le plus grand nombre des meilleurs Peintres feroit refté dans la mifere &c dans 1'ob- icurité. Il me femble que je concilierois ces contradic-
tions, en difantque quelquefois le mérite le plus décidé a befoin de ces proneurs qui le font con- noïtre; mais que fbuvent auffi ils vendent bien cher aux Artiftes les louanges qu'ils leurs don- nent: Rien pour rien , n'elt ce pas-la alfez le train de la fociété ? Il refte aflèz conftant que peu connu , mal
payé , chargé d'une nombreufe familie , wou- wermans étoit obligé de travailler fans relache; mais qued'un caraöere tranquille & qui aimoit a
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■ Flamands , Alkmands & HoIIandois. % 91
h. bien faire, il n'a jamais négligé aucun de les Tableaux.Onacontéencoreafonfujetdifférents faits, dontjeneparleraiqueparcequ'ilsontrap- port a fes Ouvrages: Wouwermans, difent les uns, fit brüler fes DefTeins avant fa mort, parce qu'il ne vouloit pas que Ton vit ce qu'il avoit pillé dans ceux que de Witte acheta après la mort de Bamboche: D'autres pretendent qu'il vouloitöterafonfilsdesétudesquü'auroientem- pêché d'en faire lui même:II n'aimoit pasaflTez ion frere, ajoutent les autres, pour lui laifler ce fecoursdans les compoütions. Heubraken j fur la foi duPeintre Roeftraeten^uil'iivoi^contékMi~ chel Carré en Angleterre, a debité cette hiftoire : Tout Artifte ou tout Connoifleur en faiiira la faufTetéi perfonne d'abord ne fe dit für que Wouwermans ait brvilé fes Defleins; mais quand Wouwermans auroit eu les études de Bamboche, quand il en auroit même tiré quelqu'avantage, eft-ce a ces études qu'il devoit Ie talent d'en pro- fiter? N'auroit il pas pu s'en paffer? Les Ta- bleaux qu'il a faits avant qu'il poffedat ces Def- ieins, n'ont ils pas Ie même efprit, ou en a-t'il changé depuis ? Ne fcait-on pas de plus qu'un habile Artifte peut emprunter ians que 1'on s'en appercoive? Ce qu'il prend dun autre, ilf^ait Ie ramener a lui, quand il a du génie. Ce qu'on ne contefte point, c'eft que Wou-
wermans n'a jamais forti de la Ville d Harlem , & qu'il fut toujoursobligé de peindre pour lub- fifter , pendant que bien d'autres, avec moins de talent, ont joui de leur gloire & des bienfaits de plufieurs Princes; mais il n'eft pas Ie feul qui ait éprouvé cette injuftice. T 2. Wouwermans
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La Vie desPeintres
Trouwermans a beaucoup travaillé , &r il eft
prefqu'incroyable qu'un fèul homme air. pu fuf- fire a lamultitude & au grand fini de fes Ouvra- ges: Ses fujets les plus ordinaires étoient des Chafles, des Foires de chevaux, des Attaques de cavalerie, &c.Plulieurs defesPayfageslbntfïm- plement compofés; d'autres lont enrichis d'Ar- chiteéture : La c'eft une facade de chateau, ici une fontaine, c'eft une variété toujours nou- velle. Aucun Peintre ne 1'a furpafle dans 1'Art du Deffein en ce genre, fes chevaux, ies figures ont une grande corre&ion: Sa couleur eft excel- lente , il avoit la magie d'adoucir fans óter la force : 11 eft gras& pateux. Des touches fermes, quoiqu'avec fineffe, 1'ont rendu prefqu'impof- fible a deviner: II regne dans fesTableaux beau- coup d'harmonie &: d'entente du clair-obfcur. Ses oppofïtions font larges & la divifion de ihs plans imperceptible ; fes lointains & fes ciels , les arbres & fes plantes, tout eft une imitation exatte de la nature. On remarque que fes pre- miers Ouvrages, avec Ie même nou & la même vapeur n'avoient pas tant d'intelligence; les op- pofitions étoient trop crues : Une maffe claire fe trouvoit fubitement oppofée par une autre ombrée : II adepuis mieux ménage les paffages de lalumiere, & infenfiblementl'oeil paffe d'un ton a un autre , fans s'en appercevoir : Voila en partie en quoi confifte 1'excellence du talent de notre Hollandois. Il mourut a Harlem Ie 19 mai 1668 , agé de 48 ans; on ne lui a connu qu'un fils qui fe fit Chartreux: II a eu plufieurs Eleves qui feront nommés dans leur temps, parmi lefquels font fes deux freres, Pierre & Jean. Pierre
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Flamands j Allemands & Hollandois. 295
Pierre Wouwermans peignoit dans Ie gout de
fon frere; mais il ne Ta jamais égalé: 11 deffinoit bien les chevaux & la figure; fa couleur eft bonne & vigoureufe. Quelques-uns de les Ta- bleaux peuvent fe confondre aux yeux des mé- diocres Connoiflèurs, avec ceux de la premiere maniere de Ph'dippes ; mais on les diftingue par des finefles très-bien appercues des Artiftes ha- biles. Jean wouwermans, Ie plus jeune des trois ,
peignoit auflï Ie Payfage; fa couleur & fa touche font fort bonnes: il mourut jeune en 1666, deux ans avant fon aïné. Il nous refte peu de fes Ta- bleaux; mais ils font eftimés: Un petit Tableau de lui dans Ie Cabinet de M. vander Finne , a Harlem, fuffit pour donner une idee de fon ta- lent : Ce Payfage eft agréable, tout y eft varié &■ chaud de couleur. Les Tableaux de Ph'dippes wouwermans, les
plus connus., font apeu pres ceux qui fuivent. En France, on trouve chez Ie Roy cinq Ta-
bleaux de ce Maïtre, un Retour de chafle; des Cavaliers a la porte d'une Hötellerie; une Ecu- rie, avec quelques chevaux j une ChafTe au vol; & une Halte de chafle. Dans la colleiftion de M. Ie Duc d'Oi-léans ,
quatre Tableaux, une Chafle au vol; une Dame achevalj Toifeau fur lepoing; unDépartpour la chafle; une Dame a la. chafle avec des Chal- leurs. AParis, dans Ie Cabinet de M. Ie Marquis
de Foyer, fept Tableauxconfidérables. unPay- lage, avec un carrofle a fix chevaux; une Chafle au vol j la Fontaine du Triton; une autre Fon- T 5 taine \
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194 La Vie des Peintres
taine ; une Halte de ChaflTe ; un Manege; un
i6to' Camp. Chez M. Ie Comte deFence, trois Tableaux,
les Embarras du voyage; les Voyageurs qui fèrepofent; rApparitiondel'Ange aux Bergers. Chez feu M. Ie Marquis de Lajfay, un beau
Payfage avec figures Sc chevaux. Chez M. Ie Maréchal d'IJfengkien, un abreuvoir de chaf- feurs; des Marchands de foin ; Sc un manege. Dans Ie cabinet de M. Blondel de Gagny, cinq
Tableaux j la Charrette embourbée; Ie Départ de Ia chaflè : la Courfe de la bague; la petite chaflè; Sc les Voyageurs. Chez M. de la Bouexiere , dans fa belle Col-
ledion , deux Tableaux, une Ecurie & 1'autre la Boutique d'un maréchal. Chez M. Aved, Peintre du Roy 3 fix Ta-
bleaux , une Chaflè a 1'oifeau ; deuxautres pe- tits Payfages avec des animaux ; un Rivage de la mer oü Ton embarque des marchandifes; une Armee en marche, &: une autre Chafle a 1'oifeau. Chez M. Pafquier, député du Commerce de
la Viüe de Rouen, deux Tableaux du même Peintre, Ie Départ pour la Chaffe, & Ie Re- tour ou Halte pres dune fontaine. Chez M. d' Argenville, un Hiver, Sc un Ta-
bleau connu fous Ie nom du Colombier. Chez M. Gaignat, un Marché aux chevaux,
Tableau capital; Ie Départ de la chafle ; Ie Re- tour de la chaffe. Chez M. de Faux, une grande Chafle au
fanglier. A Rouen, chez M. Plgou 3 Confeiller au Par-
lement |
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F lamanis y Allemands & Hollandois. 295
lement de Normandie, deux Tableaux , une Bataille, &c une Forge de maréchal. Dans Ie Cabinet de l'Eleóteur Palatin, quatre
Tableaux, la Promenade dequelques Dames & Cavaliers auprès d'une fontaine; une Chaire avec une Danfe de Dames & de Seigneurs; un Payfage avec figures> un Manege avec beau- coup de figures & plufieurs beaux chevaux. Chez Ie Prince Charles, a Bruxelles, un grand
Tableau avec beaucoup de figures. A Gand, chez M. du Bois, un beau Payfage
avec des figures. Dans la même Ville, chez M. Baut, Chanoine,
1'Ange qui annonce la naiflance de Jéfus-Chrift aux Bergers : C'eft une répétition du même que poflede M. Ie Comte de Vence y a Paris. Et un autre Payfage & figures chez M. Baut, Négo- ciant dans la même Ville & frere du Chanoine. Chez Ie Prince de Heffe, lix Tableaux , une
Eglife pillée par les gens de guerre; une Chafle au vol; un Payfage avec une petitemafure; un autre dans lequel eft un cheval qui piflè; un Payfage oü eft une charrette chargée de foin ; un autre Payfage oü eft une charrette vuide. Chez Ie Comte de wajjenaér, a la Haye, un
Marché aux chevaux ; fon pendant eft un jeune garcon qui préfente un cheval a des perlonnes diftinguees. Chez M. van Slingelandt. Receveur Ge'néral delaHollande^ deux beaux Tableaux; l'un repréfente un Manege, pres duquel eftarrê- té unéquipageattelé de lix chevaux , l'autre eft uneVue delamer, avec beaucoup de figures & des chevaux Ie long du rivage. Chez M. van Slin- gelandt, Confeiller a la Cour d'Hollande3 un Pay- T 4 f
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9 La Vie des Peintres
fage avec figures & animaux. Chez M. Fagely
trois Payfages avec figures & animaux. Chez M. Lormier, vingt-deux Tableaux, un Port de mer d'Italie; un Campement d'armée; un Départ de chaflè au vol; une Collation de Chafleurs; un Retour de chafle; une Riviere chargée de ba- teaux; une Rencontre de Soldats; un petit Pay- fage avec figures &: chevaux; laBoutique du maréchal, des chevaux avec leursielles, dans Ie fond du Tableau un Camp èc des Troupes; un Manege; autre Manege & fur Ie devant une femme qui fait de la galette; une promenade a cheval & a pied; une Chafle au cerf; unCamp, ou 1'on ferre des chevaux; la mort de Pirame &deïhisbé; TAnge qui annonce aux Bergers la naiflance de Jéfus-Chrift; desBourgades en feu & des Soldats qui pillent; une Aflèmblée de Payfans qui fe préfententpour tirera la milice; une Foire aux chevaux; une Bataille fnr Ie haut d'une montagne. Chez M. van Héteren} un Ma- nege ou 1'Ecuyer donne lecon a quelques Sei- gneurs; un Village pillé , dans Ie fond du Ta- bleau on voit brüler des maifons, &c. une Ba- taille, un Moulin en feu , & un Abreuvoir avec beaucoup de chevaux. Chez M. Half- Waffenaert une Chaffè au vol, un Payfage avec des figures & des chevaux, un Départ pour la Chafle. Chez M. Verfchuring, un grand Port de mer oü 1'on décharge & embarque des marchandifes, beau Tableau & nombreux pour la compofition; la Chafle au vol, & une vue Ie long de la mer3 avec figures & chevaux. Chez M. van Brémen, un Payfage avec des figures & des animaux, & un autre repréfentant 1'Hiver. Chez
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Flamands, Allemands & Hollandois. 197
Chez M. vander Linden van Slingelandt, a Dort,
un Chaflèur a cheval, accompagué d'un chien ' to' de chafle , Ie fond eft un beau Payfage. A Amfterdam, chez M. Braamkamp , une
Bourgade incendiée &: pillée par des Soldats ; uneRencontre vived'Ofhciers; un Cavalier avec fon armure; un autre de même grandeur, une Bohémienne qui dit la bonne aventure; un Cha- riot de pofte avecfigures; une Voiturechargée de foin; un Homme & une Femme affis dans une grotte; un Paylage orné de figures & d'ani- maux , 8c un Rivage de la mer; un Chariot & plufieurs Figures qui font a prendre des rafraï- chiffements. Chez M. Lubbeling, un retour de la Chafle & un Cavalier armé. A Roterdam, chez M. Léers, la Courfe de
chevaux; des Cavaliers a cheval; uneEcolede cavalerie; une AfTemblée de Payfans, plufieurs chevaux &d'autres animaux. ChezM. Bijfchop, des chevaux que 1'on mene a 1'abreuvoir; un Campement de Troupes, & un retour de la chafle au vol. Et chez M. Cauwerven, a Middelbourg, trois
petits Tableaux très-jolis & très-piquants de ce grand Peintre. |
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HERMAN
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2.98 La Vit des Peintres
HERMAN SWANEVELT,
ÉLEFE DE CLAUDE LE LORRAIN.
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ON ne fcaiten quelleVille^r/nöw Swanevelt,
pril naiflance vers 1'an i6zo; onnefcaitpas plus quelle étoit fa familie : Les Hollandois qui ont écritlaViedes Peintres de leur PaySj n'ont point parlé de eet Artifte, Cornille de Bie, Ecri- vain Flamand, fait en général 1'éloge de ce Peintre; mais il ne nous en apprend rien de par- ticulier. On croit qu'il eut pour Maïtre Gerard Douw; ce qui eft certain, c'eft quJil alla fort jeune h Rome : II y trouva beaucoup de jeunes gens de fon pays qui étudioient comme lui la Peinture. Aulieu de les rechercher, pourperdre ion temps avec eux} il les évitoit, & ils ne pu- rent Ie voirquelecrayon a la main & deffinant des vues ou des ruines autour de Rome : Cette vie farouche &c retirée lui fit donner Ie nom d'Hermite, &c fes talents, celui d'Herman d'Ita- lië : II faut quelquefois fuir Ie monde pour lui ètre plus utile. Swanevelt étoit frappe de la beauté & des fuc-
cès des Ouvrages de Claude ULorrain : II Ie choi- iit pour fon modele & il devint fon Eleve. Les études Sc les réflexions qu'il avoit faites &: qu'il faifoit continuellement d'aptès nature, aidé & fon vent accompagné de fon Maïtre, mirentl'E- leve en réputation : II épia dans les Ouvrages de Claude Ie Lorrain cette fraïehenr & cette touche précieufe
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Flamandsy Alkmanis & Hollandois. 299
précieufe qui eft dans la nature & dans les Ta- ~— bleaux de ce grand Peintre. 1 zo> Herman fut recherche 6c vendit cher ks Ou- "——
vrages, on les porta chez 1'étranger: On croit que cette reputation infpira quelque jaloufie au Maïtre; mais ce ne pouvoit être une jaloufie baflè, puifqu'ils ne cefferent point de fe voir. Voila tout ce qu'on a pu apprendre de eet Ar- tifte: II eft mort a Rome} fans favoir en quelle année. Quant a fa maniere , il eft imitateur decelle
defonMaitre. Il nel'apas égalé dans Ie Payfage; mais il peignoit mieux que lui les figures &r les animaux. Il a gravé a l'eau-forte avec diftinc- tion. On recherche les épreuves des planches de fa main : Ses Ouvrages Ibntaflez rares, excepté en Italië. On voit chez M. Ie Duc d'Orléans 3 deux Ta-
bleaux de Swanevelt, l'un eft la vue du Campo Faccino 3 & 1'autre un payfage , dans lequel il a peint des Bergers &c des Bergeres qui font paï- tre leurs troupeaux. |
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JEAN-BAPTISTE
VAN DEYNUM, E Peintre habile en Mignature & a Gouaf-
tie, naquit a Anvers en 1620 , né de parents riches; il eut tout Ie temps d'étudier & de per- fedionner fon talent avant que de paroitre dans Ie Public. On fut furpris de voir (hs belles com- politions
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,__^ 300 La Vie des Peintres
pofitions peintes a souaffè, avec une intelti-
T gence iurprenante: II iaiioit bien Ie Portrait
dans Ie même genre. Tout ce qui étoit de ce
Peintre futenlevé pour les Cours d'Efpagne & d1 Allemagne : La Flandre a confervé peu de fes Ouvrages. Il quitta Ia charge de Capitaine des Bour-
geois a Anvers pour travailler plus tranquille- ment. On ne fcait rien de fa mort. |
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ADRIEN VERDOEL,
ÉLE FE DE REM BR AN T.
VE R D O E L naquit au dela de la Meuze :
II eut pour Maitre Rembrant: On pretend auffi qu'il avoit été Eleve de Bramer & de de Witte. Il a fuivilamanierede Rembrant: II étoit plus noble & plus fpirituel dans fes compofitions que fon Maïtre, & peut-être Deffinateur plus correól. Il avoit de grandes idees, compofoit bien & colorioit avec force. Verdoelétoit Poëte & Membre de Rhetoncd ; {a) de la Ville de Vlif- finghe : Cette Société lui adjngea Ie prix pro- pofé dans 1'année 1675. ^ avoit fait une piece en vers: On n'en dit pas Ie fu jet. Après avoir tra- vaillé long-temps avec fuccès, il quitta dans fa ■vieilleifè la Peinture pour faire Ie commerce de Tableaux. M. Ferfchuring\ la Haye, poffede un Tableau
de
(a) Société littéraire.
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Flamands, Allemanis & Jiollandois. joi
è&Vetdoel. il repréfente Jéfus-Chriftquichaiïè ~~~~ Ie demon hors du 1 emple. ^^_^ |
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BARTHO LOMÉ
BREENBERG. BReenberg., connu en France fous Ie
nom de Bartholomé, naquit a Utrecht vers 1'an 1620. On ne f$ait qui fut (on Maïtre, ni en quel temps il fut en Italië oü il a ferme ia belle maniere, & ou il a prefque toujours étudie les ruines & les beaux Payfages des environs de Rome. Les Ouvrages des grands Peintres d'Hif- toire; &ceux des meilleurs Payfagiftes ont été fes guides & les modeles. Il a joui de Ion vivant d'une grande réputation. On ne nous apprend riendeplusde favie, onfcaitqu'ileftmort jeune en 1660, fans fcavoir Ie lieu de fa fépulture. Les Ouvrages de eet Artifte font plus connus
en France qu'enFlandres &qu'enHollande, ou ils font fort rares:C'eft un Peintreprécieuxdans fes petits Ouvrages, il n'a confervé de fon Pays quelafinefle de la touche: Ses fujets &fes figures lont nobles; fon Payfage eft traite comme fes figures, avec beaucoup d'art & de vérité. Les Payfagesqu'il apeints, étoientprefque toujours embellis de débris d'Architedure ; fes figures repréfentoientaflTezfouventdesfujetsd'Hiftoire. Onen voitdans ce genre de compofés, comme ceux des plus grands Maitres. Il étoit cependant borné aux petits Tableaux. Quand il vouloit peindre
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$oi La Vie des Peintres
peindre en grand , il étoit moins correct, fa
touche n'étoit ni ü précieufe, ni auffi fpirituelle: On remarque même un vuide dans fes compo- fitions. Il voulut d'abord imiter Ie Bamboche , & il tomba dans Ie noir ; mais il a peint dans la fuite des Tableaux clairs &r vigoureux : Ces derniers ont beaucoup d'effet, & font les plus ollimés. Il grava a 1'eau-forre Ie Payfage avec la même intelligence qui fe trouve dans fes Deffeins, & on en recherche les belles épreuves, qui ne lont pas communes. Voici quelques-uns de fes Tableaux les plus connus. Dans Ie Cabinet du Roy, un Payfage, daas
lequel font repréfèntés Mercure &r Argus; un Homme qui joue du Hautbois affis dans une grotte. Au Palais Roy al, un Payfage avec de 1'Ar-
chitedure; un Cavalier fur unchévalpie, & un Homme qui garde des chévres; unPayfage; un Berger avec un troupeau de moutons &c de ché- vres ; un Payfage dans lequel eft une tour fur une élévation, des figures & des animaux; un Payfage oü paroït une montagnecouverted'ar- bres, lur Ie devant plufïeurs figures; un S. Jean qui prêche dans Ie defert. A Paris, chez M. Ie Comte de Fence, un grand
Tableau , Payfage &: Architecture avec beau- coup de figures: Le f ujet repréfènte notre Sei- gneur & Ie Centenier : C'eft une grande compo- ïition, & d'une belle exe'cution. Chez M. Blondel de Gagny, fept petits Ta-
bleaux précieux & piquants, Payfages a nu d'Architecture &r de figures. Chez M. de la Bouexïere, un Tableau capital
pour
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Flamands j Allemands & Hollandois. 303
Ie nombre de figures; on y voit Jofeph qui fait diftribuer du bied en Egypte; un autre Payfage, & une femme tire de 1'eau a un puits. Chez M. de Caignat, quatre payfages, dont
deux petits tres fins. Un petit payfage chez M. Ie Maréchal d'If-
fenghien. Et chez M. Ie Noir, un petit Payfage avec
figures Sc animaux. A la Haye, chez M. d'Acqfta, une Archi-
teéture ruinée dans un beau Payfage, & plu- iïeurs figures. Chez M. Verfchuring, une autre Ruine avec des figures. Chez M. van Brémen , des ruines de Rome avec figures. A Dort j chez M. vander Linden van Slinge-
landt, un Tableau capital, il repréfente Dio- gene qui dit a Alexandre de ne lui pas óter Ie feul bien qu'il ne peut lui donner , qui ell la lumiere du foleil. A Amfterdam, chez M. Braamkamp, Diane
au bain, & un S. Jean prêchant dans Ie défert. |
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PIERRE DE WITTE.
PIerre de Witte naquit a Anvers
environ 1'an 1610. On ne fcait Ji ce Peintre a voyagé : On ne connoït que les Ouvrages qui font des Payfages agréablement compofés, bien coloriés &: touches avec gout. On aflure qu'ils étoient payés cher de fon vivant. On les paye encore plus cher après fa mort. JEAN
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3 04 La Vie des Peintres
1610. .......
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JEAN ET ANDRÉ BOTH,
ÊLEVES D ABRAHAM BLOEMAERT.
CEs deux freres naquirent a Utrecht: lis
commencerent Ie Deflèin fous leur pere 3 qui peignoit fur verre j mais ils furent confiés a Abraham Bloemaert, qui les mit en état de voya- ger fur Ie produit de leurs Ouvrages. Ils partirent enfemble, quoique jeunes, étroi-
tement lies, & ils ne fe qukterent qu'a la mort. Ils traverferent la France & s'arrêterent a Ro- me. Jean Both prit Claude Ie Lorrain pour mo- dc'e : II étudia fa maniere, recherchée pour la fraïcheur & 1'intelligence, & André s'attacha a ia maniere de Bamboche. On vit dans Rome ces deux freres peindre
enfemble avecdiftin&ion. Jea/zpeignit Ie Payfa- ge, & Andréles figures & les animaux: II fem- ble que leur union ie foit répandue dans leurs Ouvrages. On ne foupconne jamais que leurs Tableaux foient raits par deux mains difFérentes. Les figures ne détruifent point Ie Payfage, & Ie Payfagiite a fouvent facrifié quelques parties pour faire valoir les figures. La figure dans les Tableaux de Both avoit plus de mérite que dans les Ouvrages de Claude Ie Lorrain; & ceux de ce grand Maitre n'empêcherent pas que 1'on ne cherchat a en avoir de ces deux freres. Leur amitié conftante ne pouvoit être inter-
rompue par un accident plus funefte que ce- lui- |
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Flumands } Allemands & Hollando'is. 3 o $
lui-ci a Vende. Comme il venoient de fouper avec quelques-uns de Ieurs amis, Andrétomba dans un canal, oü il fe noya en 16 50. Jean Both ne put refter dans un pays, oü il avoit perdu un rrere qui lui étoit extrêmement cher: II quit- ta l'Jtalie & retourna a Utrecht, toujours frap- pe de la mort de fon frere auquelil ne furvécut que fort peu de temps. Leurs Ouvrages font plus répandus en Italië que
dans leur pays : lis étoient recherches de leur temps, & n'ont rien perdu depuis de cette efti- me due aux belles chofes. Leur Payfage eft frais &r piquant, d'une belle entente ; les pafftges de lumieres au travers des forêts ibnt étincelants & frappés avec jugement 5 tout ce qu'ils ont peint eft dïin beau fini: On reconnoit aifémentla gran- de facilité qu'ils avoient a opérer. Les figures d'André ont la finefTe, Ie Deflein
& la couleur de ceux de Bamboche qu'il a bien ïmités. On reproche a Jean Both d'avoir tanné fa couleur, en touchant Ie feuillé de (es arbres avec un Jaunatre un peu lafFran : Ce défaut n'eft point général: 11 s'est corrigé, & plufieurs Ta- bleaux en font exempts & lui ont acquis Ie nom de Both d'Italie. Comme la plupart de leurs Ouvrages font en
ce pays , il s'en trouve peu en France, II y en a trois dans Ie Cabinet de 1'Eledeur Palatin; un Argus endormi par les fons de la flute de Mer- cure ; un autre Payfage avec des figures, oü 1'on voit encore Argus , Junon &Mercure, & un troifiéme Payfage par Ie même. Mais Ie plus beau &: Ie plus capital, connu fous Ie nom du teftament de Both, fe voyoit chez M. de Jode Tome II. V a
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i La Vit des Veïntrcs
a Ia Haye : II avoit iïx pieds de haut & large a
proportion : II repréfènte un beau Payfage, les figures font un Mercure qui trompe Argus, il n'y a rien a déiirer dans ce morceau : La couleur, 1'intelligence, la correction & la finellè dansles figures Ie rendent fupérieur a tout ce que ce Maï- tre a fait. C'eft Ie fèntiment de tous les Artiltes qui ont parlé de ce Tableau. On connoït encore quelques Tableaux de Jean
& i'André Both , dans les Cabinets d'Hollande. A la Haye , chez M. Ie Comte de Waffenaar, un Payiage avec des troupeaux d'animaux. Chez M. Fagel, une grotte & unevue d'Italie avec quelques Payfans. Chez M. éCAcofta, un Payfa- ge avec des figures yxrPoekmburg; des Oifeaux morts et d'autre gibier. Chez M. van Brémen , deux Payfans qui chantent, par André Both. A Dort , chez M. vander Linden van Sün~
gelande, trois Payfages avec des figures &c ani- ïnaux , par André Both. A Amfterdam , chez M. Braamkamp, deux
Payfages avec figures. A Roterdam , chez M. Léers , plufieurs En-
fants qui fuivent un Joueur de Mufette, par An- dré Both. Et chez M. Bijfchop , de Payfans qui jouent aux cartes, par Ie même. |
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N. L U Y K S.
VAn Hoogstraeten nous fait
connoïtre ce Peintre dans une de fes let- tres date'e de Yienne Ie 9 Aoüt j<Jji. Voici fes termes
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Tlatnands, Alkmands & Hollandois. 307
termes. On nous (Lnnonce un Sandrart Ie plus célè- bre des Ptintres d'Allemagne\: Son arrivée fait du ' biuit. 11 vient che^ FEmpereur pour y acquérirde ~*^Z*
■lagloireifans doute quilcherchera ctfnrpajjerlëpre- mier Peintre de SaMajeJlé; Ce premier Peintreeft Luycks.Nous fcavons qu'il étoitPeintre d'Hiftoi- re & de Portrait; mais nous ne pouvons aflurer |
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qu'il fut plus habile q ue Sandrart: Nous n'avons
rien vu de lui. Fan Hoogjlraeten n'en parle plus |
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dans aucun de fes Ecrits.
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j
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ü
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•,
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». *
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JEAN
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Fuxjuct- tf
JEAN-BAPTISTE
WÉENINX,
É L E V E
D'ABRAHAM BLOEMAERT. ÉENINX né a Amfterdam en
16 z i, étoit fils ds Jean weeninx bon Architede, connu fous Ie oom de Jean, avec Ie talent. 11 perdit de bonne heure fon pere, fans avoir pu profiter de les Ie- coni-^LpalIionpourlaleduredéterminafamere b {'es tuteurs a Ie placer chez un Libraire pour
lui
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,
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La Vie des Peintres Flamands, &c. 309
lui faire apprendre Ie commerce de livres; mais Wéeninx abandonna la leóture & les livres pour gri ffonner & defliner des figures & des animaux; les remontrances du Libraire ne purent Ie fai- re changer: On Ie renvoyachez lui, &: on Ie pla- ca chez un Marchand Drapier, oü il ne réuflit pas mieux que chez Ie Libraire: II deflinoit tou- jours , & fi 1'on exigeoit autre chofe de lui, il Ie faifoitde mauvaife grace & avec dégoüt. En- fin fa mere quiraimoitbeaucoup ,déféraau pen- chant de fon fils , & Ie mit chez Jean Mkker, Peintre médiocre , oü il ne refta que jufqu'a ce qu'il eüt 1'occafion d'entrer chez Abraham Bloe- maert: II s'y appliqua a 1'étude de fon Art. Il ne perdit pas un inftant a defliner d'après nature, des Ruines, des vieux Chateaux , des Mafures, des Granges; tout ce qui lui parut pidorefque fut rendu avec inteltigence fur Ie papier. Ses eflais plurent a fon Maïtre & aux ConnoilFeurs qui prédirent, fi c'eft-la deviner, qu'il feroit un jour un grand homme. En quittant cette Eco- le , il paflTa encore deux ans dans celle de Ni- colas Moyaert. La maniere de ce dernier lui pint beaucoup ; il la fcut imiter de fi pres, que Ton ne put diftinguer 1'Eleve d'avec Ie Maïtre. Il Ie quitta bientöt pour travailler feul : Ce ne fuc point la témérité d'un jeune homme, il fit plu- fieurs Tableaux qui furent bien payés. Wéenïnx pour lors agé de 18 ans, pen fa a un
établiflement, 1'amour y eut beaucoup de part. Ildemandaen manage la fillede Gl/lesHondekoe- ter, Pay fagifte, (grand pere du Peintre du même nom, qui a excetlé a peindre des oifeaux), elle lui fut accordée; mais cette paffion fatisfaite eut V j bientöt
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51 o La f ie des Pelntres
_«— bientöt a combattre celle qu'il avoft toüjours
i6tl' d'aller a Rome. Enfin au bout de quatre ans, & ~—-' laréfiftance éroit honnête, il céda al'enviequ'ü avoit depafler les Alpes. Sans prendre congé , il quitta fa femme §c fon fils agé de quatorze mois. Sa femme fit chercher inutilement fon mari ; elle fe fouvint de Tavoirentendu parier {buvent du voyage de Rome. Elle en fit part a fes parents; on fut après lui par des routes différentes, & on Ie trouva a Roterdam. 11 retourna auprès de fa femme. On fit quelques tentatives pour ta- cher de Ie détourner de fon dellèin , mais fans fruit. On convint enfin de part & d'autre que ''" Ie voyage d'Italie auroit lieu , moyennant pro- mefle de quitter Rome & de fe rendre chez lui après quatre mois d'abfence. Wéeninx s'em- barqua & arriva dans cette Capitale fi défirée. Il vit a la hate toutes les merveilles des anciens & des modernes: II fut infcrit fur la lifte Acadé- mique, & furnommé Ie Hoeker, parce qu'il par- loit avec un fon de voix aigre. Il travaillaavec Ie plus grand 1'uccès. Les principaux de Rome rechercherent ks Ouvrages. Le Cardinal Pam- j'ki'e 1'attira chez lui, ilfe 1'attacha, le nom- ina fon Peintre, lui fit une penfion outre le prix qu'il lui paya de fes Tableaux. Il lui procura la conduite de plufieurs Ouvrages pour le Pape.' Quatre années s'écoulerentainfi, fans qu'il put obtenir fon congé. Les lettres de fa femme en- fin le toucherent: Un defir aufli fort que celui Su'il avoit eu de revenir le prefla de retourner. e Cardinal vouloit qu'il engageatfa femme a 0afler en Italië avec fon fils, lui promettant de fe charger de procurer a ce fils un état honora- ble
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Flamands „ Allemands & Hollandois. 311
ble dans 1'Eglife. rréeninx écrivit, preiTa la fem- me de p3rtir : Enfin elle y confentit. Elle don- na avis dè f on départ ik de la route qu'elle comp- toit prendre. Cette nouvelle fut recue avec joie', il en fit part a Ion protecteur, qui écrivit de la part du Pape a tous les Nonce*qui étoient f ur la route de recevoir & traiter Madame jvéerimx avec diftin&ion , de la faire conduire jufqu'a Rome fans qu'il lui en coütat rien. wéeninx attendoit a chaque inftant fa femme
aRome; mais les parentsdelafemmequi étoient Proteftants, la determinerent a ne point faire ce voyage, en lui repréfentant Ion mari infidele, peut-être, &: leur fils, fous prétexte de conver- (ion enfermépour jamais dans quelque College, & elle dans quelque Couvent. Ces idees 1'effrayerent &r elle écrivit a fon ma-
ri , qu'elle nepouvoit f e réfoudre aquitter fa Pa- trie & fa familie , qu'elle Ie conjuroit de reve- nir, & que s'il n'avoit aucune amitié pour elle, il devoit tout a fon enfant. Cette derniere lettre pleine de tendrefle, determina wéenïnx a partir de Rome. Il laiffa dans fa chambre une lettre pour Ie Cardinal: II lui faifoit iesexcufes,&lui promettoit de retourner au bout de trois mois. Il arriva a Amfterdam. Les amateurs de cette grande Ville, ayant vu
des Tableaux de rréeninx, s'emprefTerent pour en obtenir. Les trois mois pafTerent &. autant d'années, &c ne finirenc pas fes occupations re- naiflantes. Notre Peintre recut des lettres pref- fantes de Rome; mais fa femme , fes amis & fon beau frere qui demeuroita Utrecht, I'enga- gerent a refter &: a aller demeurer a Utrecht. V 4 La
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; 12 La V[e des Veintres
~~ La fituation agréable &: faine de cette Ville 1'y
1 %1' détermina : II fut également employé. Les Sei- "—-~ gneurs Ie vifiterent, & ragrément de fon efprit Ie fit autant rechercher que fon talent. Il vécut ainfi long-temps dans 1'intention de revoir Ro- me j mais a la fin il abandonna ce projet. S'é- tant appercu que les vifites des grands ne font tout au plus propres qu'a détourner les Ar- tiftes de leur étude , il fe retira au Chateau de Huys-Termeyen , pres du Bourg d'Hoor, a deux lieues d'Utrecht, oü il regretta Ie temps qu'il avoit perdu aveceux, & fe livra.entiérement ;i Tétiide de fon Art. Il jouit peu de cette tranquillité, il mourut trois ans après en 166o, fort jeune : il n'avoit que 39 ans. On ne peutprefque donner une idee jufte de
la maniere de ce Peintre; il eft regarde comme Ie feul qui ait également entendu tous les gen- res , 1'Hiftoire , Ie Payfage , Ie Fortrait, les Animaux , les Rivieres chargées de bateaux , les marines & des fonds meublés de Bourgs & de Villages, &:c. On fut un jour étonné de Ie voir peindre un Tableau de défi avec Ie cé- lébre van Aalft, qui repréfentoit comme lui, des Animaux morts, &: avec Emanuelde Witte, habüe a peindre 1'Architecture &■ fcavant en Perfpedive: On ne décida rien en faveur de ces trois Aitiftes; mais on donna Tavantage a. wée- ninx, parce qu'il réunifToit les talents des deux autres. 11 eft étonnant a quel point ce Peintre entendoit la theorie & la pratique de fon Art; auffi entreprenoit-il tout, & 1'exécution avoit toujours un grand fuccès. On a vu de lui un Portrait peint avec les doigts qui avoit beau- coup
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Flamands, Allemands & Hollandois. 313
coup de force, de fraïcheur & de reflemblan- ~ ce. wéenïnx excelloit dans chaque genre com- 1K me ceux qui ne s'étoient diftingués que dans un ^^ï* feul. Pluüeurs de fes Tableaux en petit font très-finis : Onlesprendquelquefoispourêtrede Mïerïs ou de Gerard Douw. Dans Ie Cabinet de M. Davïd Amori en Hollande, fè voyoit en ce genre 1'Enfant Prodigue livré aux plaifirs, &c un autre non moins précieux a Amfterdam, dans Ie beau Cabinet des héritiers de M. wiltfchat: II a peint aflez fouvent en petit; mais ces Ta- bleaux font di fperlës chez les Etrangers; c'eft ce qui fait qu'ils font li rares dans fa Patrie, II pré- féroit par gout de peindre en grand; & fes grands tableaux lont plus communs. Quand on louoit les talents, il répondoit qu'il s'en fal- loit bien qu'il eüt rendu fur ld toile tout cc qu'il avoit dans Fefprit. Les Tableaux de wécninx tiennent un rang honorable dans les plus beaux Cabinets. On voit de lui a. Paris , chez M. de la Boue-
•xiere, un grand Tableau avec des animaux : II eft des meilleurs de wécninx & de fon bon temps. Chez M. Blondeldc Gagny, un beau Payfage,
dans lequel il y a un Berger qui fait remarquer a une Bergere des animaux qui font 1'amour , & un retour de chafle. Chez M. de Julienne > un Tableau oü font
grouppés, avec une grande intelligence des ani- maux tués, un Lièvre, un Paon , &rc. Ie fond eft un Paylage avec de 1'Architedure. Chez TEledeur Palatin, une jeune Fille en-
dormie, auprès d'elle eft un chien; deux autres Tableaux
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314 La Vle des "Peintres Flamands, &c.
* ""■ Tableaux qui repréfentent des Oifeaux morts; 1 zl' deux autres encore d'Oifeaux & de Gibier & "•■"■r quelques chiens de chaflTe; dans un autre , un Chafleur & Jon chien qui garde fon gibier; dans un autre, une Femme endormie fur les bords de la Mer, & un chien auprès d'elle qui femble la veiller. A la Haye, chez M. Lormier, une vue
desenvirons de Rome,des débris d'Architectu- re & des figures; dans un autre, des Perfonnes qui marchandent du gibier; dans un autre, un Port de mer d'Italie, des Figures & des Animaux qui font de Berghem, & un Payfage avec ruines & des figures de Berghem. A Dort, chez M. vander Linden van Slinge-
landt, un Port d'Italie & une belle Architedu- re de ruines, Tableau capital de ce Peintre. A Amfterdam , chez M. Braamkamp , un
Lièvre & un Coq & d'autre Gibier &: une Oie qu'un chien tient par Ie col. Chez M. Leender, plufieurs Oifeaux morts. Chez M. Lubbeüng , un Lièvre mort entouré de gibier & des attributs de la ChaflTe; des Oifeaux morts de toute efpece , &■ un autre de même grandeur oü font auffi des Oifeaux morts. A Roterdam , chez M. Leers, un grand Ta-
bleau repréfentant un marché d'Italie , oü Ton vend toutes fortes de volailles &" de gibier. Et chez M. Cauwerven a Middelbourg} une
belle vne de Rome, avec les ruines les plus re- marquables. |
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DAVID
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C F. :,;■:: D
D A VID
BEEK,
ÉLEFE D'ANTOINE VAN DYCK.
E L O N Cornille de Bie, Beek
naquitl Delft,IezyMaiiiïzi; il eüt pour Maitre Antoine van Z)yc/(::I!devintundesmeilleurs Eleves de cette Ecole, & dans la fuite un des plus heureux. Beek gagna 1'eftime des Grands & de Charles I. Roy d'Angleterre. Il fut choifi pour enfei- gner Ie Defleia au Prince de Galles , aux Ducs
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3 16 La Vïe des Pelntres
' ' t Ducs d'Yorck , de Glocejler & au Prince Robert.
_ Après avoir vécu quelque temps a la Cour de Londres, il paffe fucceflivement a cellesde Fran-
ce, de Dannemarck & de Suède. La Reine Chriftïnt Ie recut avec diftin&ion ; elle lui fit des préfènts coniidérables avec une penfion an- nuelle, & Ie nomma f on premier Valet de Cham- bre. Beek recut de la Reine une Commiflïon hono-
rable &c qui lui procura de grandes richeflès. Il eut ordre d'aller dans toutes les Cours de 1'Europe, pour y peindre des Rois , des Prin- ces &c d'autres perfonnes dignes de 1'attention de cette grande Princeflè. Le Peintre portoit vin grand nombre de Portraits de la Reine qu'il avoit peints, & doat il fit préfent a plufieurs Princes. Après avoir paffe dans les Cours de France ,
d'Italië , d'Allcmagnè &c du Nord, il retourna en Suède, oü on lui fit le meilleur accueil, & on le loua de fa conduite. Outre les lettres écri- tes a fa gloire par toutes les Cours , oü il avoit exercé Ion talent 3 il avoit recu plufieurs riches préfènts j &c entr'autres neuf chaïnes d'or avec autant de medailles. La Reine lui en avoit don- né une avant fon départ. Il lui arriva une aventureen paflant par 1'Al-
lemagne , on ne nomme pas la Ville. Beek ie trouva fi mal dans fon Auberge, qu'on le crut mort; on le deshabiila , il fut mis fur la paille. Ses laquais donnerent des marques de la plus grande douleur de la perte de leur maitre; mais pour fè confoler apparemment, i!s te mirenta boire. Un d'eux , déja ivre , prit un verre de vin,
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Flamands, Allemands & Hollandois. 3 17
vin, & dit a fbn camarade, je vais faire boire un coup a notre Maitre , il aimoit bien Ie vin lorfqu'il étoit vivant. En même temps il leve la tête du prétendu mort, 1'odeur du vin & quelques gouttes qu'il avoit avalées lui firent ouvrir les yeux ; Ie Domeftique ivre , oubliant que fon Maïtre étoit mort, lui fit avaler ce qui reftoit dans Ie verre : Peu a peu Beek revint a lui, & de mort il Ie leva & parfaitement guéri. On ne fcait pas pourquoi il demanda la per-
miffion de fè retirer dans fa Patrie : La Reine la lui refufa ; mais loccafion du voyage que eette Princeffe fit en France , enhardit Beek a. folliciter encore fon voyage en Hollande. 11 obtint enfin un congé pour quelques femaines avec promefle de fa part de ne point pafiTer Ie temps prefcrit. Il partit bien réfolu de ne pas revenir. La Reine lui écrivit pour Ie rappeller a Paris. Beek ne fit point de réponfe & fut demeurer a la Haye, oü il vécut peu de temps. Il mourut fubitement Ie zo Décembre 1656. Les Auteurs Hollandois foupconnent qu'il rut empoifonné. Beek a peint Ie Portrait dans Ie gout de fon
Maitre, dont il a fouvent fort approché. Il avoit une fi grande facilité, que Ie Roi Charles I. lui dit un jourenfefaifantpeindre; nparbleu Beek , » je crois que vous peindrie^ h cheval & en courant n la pofte «. Danslesvoyagesqu'ilfitparordredelaReine
de Suèdej il paflfa quelque temps a Rome. Il fut infcrit dans la bande Académique& nom- mé, (a caufe de fa magnificence) Ie Sceptre dor. Ses
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318 La Vie des Pelntres Flamands, &c.
Ses Portraits font connus prefque dans toute
1 2Ij 1'Europe, & fur-tout dans les maifons Royales. |
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GASPARD DE WITTE.
GASp A RD naquit vers 1'an 1611, dans la
Ville d'Anvers, On Ie croit frere de Pïer~ re de jvitte. Gafpard voyagea en Italië : II y demeura long-temps. Il vint en France, fon ta- lent y fut également eftimé : II retourna a An- vers, oü il mourut fans qu'on fache en quelle année. Gafpard peignoit Ie Payfage en petit; fupé-
rieur a Pierrede tr'ute, il ornoit fes fonds de dé- bris d'Architeéture; il colorioit bien & fcavoit repandre de la vapeur dans fes Tableaux qui font très-finis. |
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ADAM
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uk m.
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ADAM
PYNAKER.
E PEINTRE prit naiflance
en i6ii , dans Ie Bourg de Py- naker> entre Schiedam Sc Delft; fes premiers Maïtresfontincon- nus: On fcaitqu'ilallafort jeune a Rome, oü non-content d'ad- mirer fenlement les Ouvrages des grands hom- mes , il copia leurs plus beaux Tableaux. Trois anne'es furent employe'es a peindre & a deffiner d'après nature &: d'après 1'Antique : llretourna enfuite chez lui &r y donna des preuves des ta- leats qu'il avoit acquis dans fes voyages. L'ufage
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1611.
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j 20 La Vie des Peintres Flamands , &c.
L'ufage de ce temps-la étoit de meubler les
appartements de grands Tableaux : 11 en orna les principales maiions; mais au grand regret des Amateurs, la mode a Fait pafftr au grenier ces toiles que 1'Art rendoit fi gracieufes , pour yfubftituerdemauvailesTapiflèriesou deslam- bris : On n'a pu fauver que les petits Tableaux de chevalet de ce grand JYlaïtre: lis font répan- dus dans les Cabinets des Cuneux. Le plus beau Tableau & Ie plus capital de
Pynaker, étoit dans Ie Cabinet de M. Pierre de la Court vander Voort, a Leyden : 11 repréfente un Payfage d'une étendue de Pays immenfe; on voit fur une riviere une barque de tranfport, avec une multitude de figures difFérentes, bien grouppées, bien deffinées, d'une excellente cou- leur , & touchées avec fineflè. Le talent de Pynaker étoit de peindre le Pay-
fage ; il fcavoit faire diftinguer les difiérents ar- bres,tous variés de forme & de couleur: Ses loin- tains & ks cieux font vaporeux, fes oppofitions &fesdégradationsautantdetraitsdeMaïtre. Pynaker momut en 1673 , dans une grande
réputation. Voici quelques-uns de fes Tableaux con-
fervés dans les Cabinets de Hollande. A la Hayej chez M. d'Jcofia, deux grands Pay-
fages avec des animaux. Chez M. van Brémeu , deux Payfages très-piquans, avec des animaux. A Dort, chez M. vander Linden van Slinge-
/rf/2£/r,unPayfagedanslequellePeinrreatrès-bien repréfente unPays défert &:quelques animaux. Le Prince deHeJfe a de la même main un très-
beau Payfage. ALDERT
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1621.
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ALD ËRT
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EFERDINGËN,
É L Ë V E
DÉ PIERRE MOLYN. LDERT van Everdingen, fe-
cond frere de Cefar3 naquit a Alcmaer en i Si i, & commenca a s'appliquer a la Peintüre foüs Roelant Savery, & dëpuis il fut chez Pierre Molyn : II avanea a grands pas dans la carrière & fit de fi grands Tomc IL X progrès |
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I
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322 La Vie des Pelntres
progrès fous ces deux Maïtres, qu'il les égak
&louventlesfurpafTa.Ilétoitprelqu'univerfel; quoique Ie Payfage qu'il ornoit de figures & d'animaux, ait écé fa plus forte partie , il pei- gnoit des Marines &c des Tempêtes, dónt la vérité fait horreur: La les vagues lè confondent avec Ie ciel, ici elles fe brilent contre des ro- chers qui fèmblent éclater & s'écrouler. Aucun Peintre n'a feu repréfenter 1'eau comme lui; les vagues fe rencontrent& fe brilent, 1'eau s'élan- ce en 1'air, fe reduit en brouillard : On croit voir briller Ie feu répandu dans fes ciels orageux. Quelquefois fes Payfages font agréables; il a
repréfenté des Forêts oü la vue fe perd dans les lointains : Une Forêt épaifle oü Ie Soleil a de la peine a percer, ne laiiïe qu'une échappée de vue qui s'étend fur un horizon, & un beau ciel aufli bien colorié que léger. Il a fouvent fait des Payfages oü les fapins & les chütes d'eau faifoient 1'admiration des ConnoifTeurs: Un voyage qu'il fit fur la mer Baltique, lui donna occafion dedefliner plulïeurs vues du Nord: II y ptofita du temps que Pon employoit a remettre en état un navire qui avoit manqué d'être en- glouti avec ceux qui Ie montoient. On doit a fes voyages 1'admirable variété qui regne dans fes Tableaux. Everdingen peignpit avec facilité; aflidu &
prompt, il a rait beaucoup de Tableaux qui font eftimés : Sa couleur eft excellente, les ü- gure.s& les animaux d'un bon gout de Deflein; il tr^yailloit tout d'après nature. Ses Defleins & fes études coloriées font très-recherchés. M. Tonnemans Hollandois, en pofledoit plufieurs dans
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Flamandsj Attetnands & Mol/andols. jj
dans fa belle Collection. Ce Peintre étoit d'une conduite fage & reglée, & avoit de 1'efprit: Ses bonnes mceurs & fa piété lui ont mérité une ——'' place de Diacre dans l'Eglüe Réformée. Il mourut dans fa Patrie au mois de Novembre 167 S : II laifla trois fibj dont deux ont été des Peintres afTez célébres. Voici quelques-um de fes Tableaux. A la Haye, chez M. Ferfckuring, deux Payfa-
ges; dans un des deux on voit une chüte d'eau. Et a Rotterdam, chez M. Bijfchop, un beau
Payfage avec des figures & des animaux. |
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. ,
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X x HENRT
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C. TZLren. TJeL
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Ficauet ocatpX
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HENRI
R O K E S,
SURNOMME ZORG,
ÊLEVE DE DAFID TENIERS. O R G eft né k Roterdam en
i6l\\ fon pere Martin Rokes, étoitVoiturier d'eau: II condui- foitlabarquedeftinéeatranfpor* ter les marchandifes de Roter- dam a Dort. L'attention qu'il avoit dans la Profefïïon, & les foins qu'ildon- noit aux commiffions dont on Ie chargeoit, lui firent
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La Vu des Pelntres Ftamanisy &c, 3 ij
firent donner Ie furnom de Zorg (foin ou foi- gneux): Le nom pafla au fils & lui a refté. Henri devint Eieve de David Teniers ; ilcon-
ferva la maniere de ce grand Maitre: 11 travailla depuis chez Wülem [ GuilUume) Buytenweg3 qui peignoitaflez bien des liijets plus relevés 6c ce qu'on appelle des Converfations. Zorg prit la couleur admirable de 1'un & un peu de la cotn- pofition de 1'autre. Zorg peignit tanrör dans Te gout de fon premier Makre, & qiieiquefois dans celui du dernser ou de Brauwer. On cite de lui fur-toi.it deuxTableaux: Le premier repréfente une Foire a 1'ltalienne ; on y voit un grand nornbre de figures : Sur le devant une femme qui étale ia boutique\ remplie de plulieurs oi-' feaux, poulets, t;ibier, &c. Le fecond eft un Marche au PoiiTon avec des figures en grand nombre. On appercoit facilement que tout eft; peint d'après nature : Ces deux Tableaux &C plufieurs antres de lui fe voyoient chez fon ne- veu Henri Zorg, Courtier a Amlterdam. Les Ou v rages de ce Peintre fe foutiennentau-
près -ie ceux de Teniers: II eft étonnant qu'avec tant de talents, il ait abandonné la Peinture pour remplacer fonpere dans la profeffion deVoitu- rier. 11 eft vrai qu'il ne laifla pas de peindre dans fes moments perdus jufqu'a fa mort en 1681 :. Il étoit agé de 61 ans. M; le Comte de Vence poflède a Paris un
Tableau de Zorg, c'èft uneTabagie affèz dans la maniere de Brauwer. A la Haye, chez M. Fageij on voit un Ta-
bleau deZorgj c'eft uneConverfationagréable- ment traitée. Chez M. Lormier, une Aflemble'e. X 3 d%
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31(> La Vie des Peintres
dePayfans&runefemmequi fait cuiredupoif-
fbn dans une chaudiere. Chez M. iAcofia, une Fête de Payfans. Chez M. van Brémen, 1'inté- rieur d'une chambre meublée avecgoüt, &c trois figures. A Amfterdarn, chez M. Braamkamp, un joli
Tableau repréfentant un Repas de Payfans. |
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CORNILLE DE MAN.
DE Man né a Delft en 1621 , eut de
bonne heure 1'envie de voyager : II alla d'abord a Paris, oü il refta un an; mais 1'Italie lui tenoit trop a cceur pour demeurer plus long- temps dans cette Capitale. Il paflfa par Lyon & par la Lombardie : 11 s'arrêta deux ans a Florence a travailler pour un Seigneur richequi 1'auroit garde plus long-temps, li Rome n'avoit pastoujoursété fon but. Arrivédans cette Ville fi abondante en chefs-d'aeuvresde tous genres, de Man y étudia plufieurs années fans relache, &: il ne quitta Rome que pour aller a Venife., oü il ne manqua ni de Protefteursj ni d'ouvra- ge ; mais pour pouvoir étudier particuliere- ment Ie Tuien & les autres grands Artiftes , il évita pendant quelque temps 1'affluence de ceux qui Ie rechercherent. Il pafla. neuf années au- dela des Alpes, fans perdre de vue un feul inf- tantj ce qui pouvoit contribuer a fon avance- ment. Au bout de ce temps il penfa férieufè- mentaretourner chez lui: II fe fixadans lelieu de fa naiflance, oü il a travaillé avec afliduité jufqu'a
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Flamands, Allemands & Hollandois. 317
jufqu'a fa mort, qui arriva en 1706. Un feul Tableau de de Man fuffit pour 1'im-
mortalifer, il eft place dans la falle des Chirur- giens de la Ville de Delft : 11 y a repréfenté les Chirurgiens & les Medecins vivants de !a même Ville. Ce Tableau eft fort dans Ie gout & la maniere du Tuien, excellent guide pour ceux qui veulentpeindrelePortrait. DeMan colorioit très-bien & difpofoit bien fes fujets. Il a auflï peint des Tableanxdes modes du temps. On en voitquelques unschezdesParticuliers a Delft, qui font défirer que Ie nombre en fut plus grand. |
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1611,
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X 4 GERBRANT
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GERBRANT
VANPEN
EECKHOUT,
ÉLEVE DE REMBRANT.
p ECKOUTniquit a Amfterdam
II Ie 19 Aoüt 1621 : Son amour pourlaPeinturefutfecondépar les lecons deRetnbrant, qui lere- cutcnez lui & qui eut Ie plaifir ____________bienfatisfaifantpourunMaitre
de voir ion Eleve faire les plus grands progrès
dans f on Ecole. Eechhqut
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La Vit des Peintres Flamands, &c. 319 _____
Eeckkout la quitta& fe livra au Public, qui 777T
r r\ >-i l • ' 611.
Stima les Ouvragcs, parce qu us approchoient ^^^
de ceux de Rembrant. Il fit un grand nombre i-^~*~ de Portraits en grand&en pied,très-relïèmblants & d'une grande force de couleur : Celui de ion pere qui étoit Orfevre, étonna Rembrant lui- même. Ce genre plaifoit moins a notre jeune Artifte
que celui de 1'Hiftoire; il en counoiflbit les dé- goüts : II n'yeutquelegainquil'engageaquel- quefois as'y livrer : II peignoit 1'Htltoire avec iuccès: Ses compofitions font riches & remplies de jugement. Il iurpafla tous ceux de fon temps dans Te rare talent de marquer les diiFérents ca- rafteres fur les phyfionomies. Deux de fes plus beauxTableauxd'Hiftoire fe voyenten Hollan- de : Le premier repréfente notre Seigneur au milieu des Doöeurs \ & 1'autre 1'Enrant Jéfus entre les bras du vieillard Siméon: Ce dernier eft chez M, Jacques Hinlopen. Ce Peintre a été fidele imitateur de Rembrant;
perfonne n'en a approché de fi pres, il en avoic les perfedions & les défauts, Texpreffion & la force ducoloris; mais Ie peu de correftion dans Ie Deflèiu 6^ d'gxaólitude du coftume. Il chan- gea fa maniere comme avoit fait fonMaitre: En peignant fes fonds, il les faifoit beaucoup plus clairs que le premier. Il mourut le 2.2 Juület 1674, lans s'être marie. I/Éle&eur Palatin a de lui ee Tableau de
notre Seigneur au milieu des Do&eurs. M. Lormïer, a laHaye, unTableau dont le fu jet
eft Abraham qui renvoie Agar & Ifmaël. Chez M, Bikker van Zwieten, fevoit rjotre Seigneur parmi
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3 jo La Vie des Peifitres
parmi les Dofteurs. Chez M. Half-Wajfenaar,
la Continence deScipion. Chez M. van Br«men} une Femme qui cherche lespuces de fonchjen. Chez M. Leender de Neufville, a Amfterdam, uneTroupe de gens qui ie réjouiiïent dans un Corps de garde. |
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JORIS (GEORGES)
VAN S O N. GEORGES VAN Son, habile Peintre de
Fruits & deFleurs, naquit aAnversea : fes Tableaux font recherches &c en grand nombre: II laifïïi un fils qui peignit dans ia ma- niere & qui ne fut pas au-deflbus de lui, quoi- qu'il fut ion Eleve. Le Prince Charles poflède a Bruxelles trois
Tableaux de vanSon; run eft unCartouche en- touré de fleurs: Les deux autres ibnt des rleurs & des fruits. |
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1611.
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EMANUEL MURANT,
ELEFEDEPHILIPPES JTOUITERMJNS.
MUrant doit fa naiflance a la Ville
d'Amfterdam; il y naquit le iz üéceni- brei<ïzz: Heureux dans le choix qu'il fit en prenant Phïiïppe Wouwermans pour Maïtre, il fcut
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Flamands , Alkmands & Hollandois. 331
fcutmettre a profit fes difpofitions naturelles & les lecons de cetce excellente Ecole, dont il fortic habile quoiqu'encore jeune. En éuit de paroïtre par lui-même, il voyagea
fur-tout en France, oü il a beaucoup peint: II paroitqu'ilavoitencoreparcouruquelquesPro- vinces, lans fè fixer. Il retourna dans ia Patrie & fut s établir a Lewarde en Frifè, oü fon ta- lent fut fort recherche &r oü il mourut en 1700. Tous les Tableaux de Murant repréfentent des
Bourgs, dei Villages & des Vues de Hollande, des Mafures, des Chateaux ruines; toutcequ'il a peint furprend pour Ie fini: On peut, avec la loupe,compterlespierres &lesbriques. Il égala. en patience Ie célébre vander Heyden : Ce fini o'eitpoint aux dépens de 1'accord des couleurs; les teintes différentes, grifes & rougeatres, pla- cées avec art, donnent a fes Tableaux des tons chauds 6c pétillants. Le temps qu'il mettoit a faire unTableau, en rend le nombre petit & fort rare; on n'en voit que chez les Princes & les Riches. Son frere Davïd Murant avoit chez lui a Amfterdam, la meilleure partie de fes Ouvra- ges: On les voyoit aifément; mais il n'étoit pas aifé de les acquérir. M. vander Linden van Slin- gelandt pofTéde a Dort un Tableau de notre Artifte, c'eft la vue d'un Bourg de Hollande; fur le devant eft une maifon; rien n'eftplus fini que ce morceau. |
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WALLERANT
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WALLERANT
VAILLANT,
ÊLEVE D'ERASME QUELLYN.
AI L L AN T ainfi que fes qua-
trefreresj naquit kLilie en Flan- dre eni62j. 11 quitta Ie lieu de fa naiflance pour chercher uu Maïtre a Anvers, Ville alors fi _ renommee par Ie grand nombre de les habilesArtiftes; il y choifit Era/me Quel- lyn. Re$u dans cette Ecole, il s'attacha a tout ce qui pouvoit 1'inftruire; feeondé par la nature il
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JLa Fïe des Peïntres Plamandst &c. 335 _____
i'1 devint bon Deflïnateur &: grand Peintre. Le ,<j2,
Portrait lui parut plus propre a lui procurer une „ ■ Fortune rapide : II commenca & il réuffit. Ses fuccès porterent fes amis & fon maïtre a lui confêiller d'aller a Franckfort pendant le cou- ronnement del'Empereur Léopold: On fcavoic combien • ette augufte cérémonie y attireroit de Princes Etrangers &c d"autres perfonnes de dif- tindion. WallerantVaillant partitj&yfut fans pourtant
ofer fe flater de touslesavantages qu'il y trouva; ileut 1'honneurdepeindre fEmpereur; Ce Por- trait auffi reflemblant que bien peintlui procu- fa de faire les Portraits de la plüpartxdes grands Seigneurs,des Ambafladeurs &d'uneinfinitéde particuliers. Il fut accablé de travail & n'auroit jamais fini, fi le Maréchal de Grammont ne 1'a- voit engagé a pafler avec lui a la CourdeFran- ce. Il f ui vit ce Seigneur qui le préfenta a la Reine: Elle lui fit faire fon Portrait, celui de la Reine mere & celui du Duc d'Orléans. Il réuffit, &C toute la Cour fe fit peindre. Il pafla quatre années fort occupé; comblé de ricnefles, il re- tourna fixer fa demeure a Amfterdam oii il eft mort en 1677. Vaillant 1'ainé eft le premier qui ait gfavé
en maniere noire. Le Prince Robert, grand Amiral d'Angleterre, qui a trouvé ce fecret, lui en fit préfent, foüs promeflè qu'il ne le com- muniqueroit a perfonne. L'Artifte promit & garda fa promeflè, & fans une aventurequi lui arriva, nous ferions peut-êtreencoreobligésde le chercher. Vaillant fe fervit d'un pauvre vieillard pour
hacher
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3 J4 ï-a P"ie ^s Peintres Plamandst &c*
"~~. hacher ou préparer fes planches de cuivre. La 1 charité du Peintre alla jufqu'a prendre chez lui '---- Ie fils du bon homme en qualité de Dorneftique.
Celui-ci vit fon perecacher jüfqu'auxoutilsqu'il
employoita fes cuivres, dans lacrainte que Tori nes'appercut de fa manoeuvre &c de peur d'in- qniéter un Maïtre a qui il avoit tant d'obliga- tion. Le fils moins délicat, n'eut pas de peine aüiccomberaux offresqued'autres lui failoient pour apprendre ce lecret. 11 prit un jour fon pere a part, &r après quelqnes menacesj il lui ditqu'il alloitpartir pour ne jamais revenir; le vieillard fcavoit combien Ion fils étoit Hbertin, il voulut éviter de plus grands dansers : 11 crai- gnoic que ce fils ne fe perdit, il lui montra tous les outils&leurs ufages. Celui-ci ne tarda pas a vendre fon fecret a tout le monde; il gagna beaucoup, & ce gain, au lieu de 1'enrichir, le conduifitaunedébaucheexceffive,& enfin a la derniere mifere. Cette gravure romba pour lors entre les mainsdesArtiftes médiocres, &nes'eft releve'e quedepuis Smith Anglois, qui 1'a pouf- iëe a fa perfe&ion. |
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JACQUES
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JA C Q UES
VA N D E R
DOES,
É L E V E
DE NICOLAS MOYAERT. ANDER DOES étoit né k
Amfterdam Ie 4 Janvier, & fe- lon d'autres Ie 4 Mars de 1'année i62 3,d'une familie aifée&dif- ringuée. Son grand pere avoit .__f rempli laplacedepremierSécre-
taire&ionpere celle de Sécrétaire de la Chambre
des
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j_____ $3 La P"ie des Peinires
des Aflurances. Trop de bonté ruina fön perêf
1 2*' II lè fit la caution d'un particulier qui man-
qua. Cet accident ayanc été linvi de la mort du pere, il fut arrêté dans la familie de donner aux pupilesdes Maïtrespourleur enfeigner des Arts honnêtes. Jacques vander Does fut place pendant quelques années chez Ie Peintre NicolasMoyaerti qui Ie mit enétatde voyager furie revenu defon talent. A 1'agede 21 ans, vander Does quitta Ia Hol-
lande 3 rut a Paris, & dela a Rome. En entrant dans cetteCapitale, les premières perlonnes qu'il rencontra, furentde jeunes Peintres., dontquel- ques-uns qui étoient de Ion pays, Ie reconnu- rent &: Ie forcerent d'entrer dans un cabaret. La rencontre étoitheureufè; il n'avoitpaslefol,& dansla craintede mourirdefaimil ailoi t s'engager danslesTroupesduPape.Cetteréfolurionfitécla- ter de rire toute la troupe: lis l'en détournerent & luipromirentderiepointrabandonner.Ilrutinitié Ie méme jour dans la Société Académiquej quï |
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l
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,q
eue de s'enröler, & a caufe de la médiocrité de fa taille.On fit un foupergras qui lui fit oublier tou- tes fes peines. Il commenca dès Ie lendemain 3 regier les études & a fuivre^ Ie crayon a la main» les beautés du dedans èc des dehors de Rome. Plufieurs années s'ëcoulerent ainfi fans ralentir fon atdeur. Les Ouvrages de Bamboche lui plu- rent : II s'attacha particulierement a la maniere de ce Peintre. Il fut heureux dans ce choix , puifqu'il approcha de fort pres du talent de ce Maïtre. Il auroit bien fait de prendre en même- t«mps Ie caradere en;oué 6^ doux de celui qu'il chercuoit
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Flamands, Alkmands & Hollandois. 337
cherchoita imker en Peinture. Il devintinlup- portablea fesmeilleursamispar fonhumeurbi- zarre & mélancolique: Non feulement il eut Ie tort de fuir les camarades; mais ilv s'appercurent quec'étöitparlajaloufiequ'ilavoitdeleursfuc- cès.Ilentravailloitdavantagepouriesfurpjfïèr: But très-eltimable quaud on ne paifepas lesbor- nes de 1'émulation; mais il i'a pouflbit jufqu'a Ia liaine contre ceux qu'il croyoit plus habiles que lui. Enfin abandonné & dételté de tous ceux qui Ie connoilfoient., il fut obligé de retourner dans la Patrie. La mort de fa mere Ie de'tacha d'Amfter-
dam : II fut demeurer a la Haye avec fa foeur qui eut foin de lui j jufqu'a ce qu'il eüt époufé la Demoifelle Marguer'ue Boorjers. Cette fïlie riche , aimoit fort la Peinture, elle deffinoit très-bien , & lui donna quatre garcons. Elle mourut peu de temps après en \66i. La perte de cette femme eltimable lui caufa L eaucoup de chagrin. Veuf avec quatre petits enfants, & la perte de 700 florins de rente viagere qui celFe- rent avec ia remme, il eut recours a fa foeur qui retourna chez lui pour élever fes neveux. Rien ne put confcler notre Artifte. Après quatre k années d'une efpece de langueur qui dégénéra en une inadion prefque totale, fa familie crai- gnit, avec raifon , qu'elle ne Ie conduifit a la mort 011 a la mifère; on chercha al'occuper pour Ten garantir.On obtint pour lui la place deSécré- taire a Slooten pres d'Amfterdam. Il eut honte de fe voir reduit a eet emploi, pendant qu 'il pou- voit vivreindépendanten cultivant fon Art: II fe ranima, il ramafla la palette dans la poufïïere, Tornt II. Y &
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338 La Vie des Peintres
& fe mi t a finir un Tableau qu'il avoit commeti-
cé lept ans auparavant,8e depuis il travailla avec la même ardeur qu'il avoit eue avant la perte de fa femme. Un fecond manage lui fit oublier Ie premier.
11 s'enrichit encore unefois avecfanou veile épou- fe : II en eut un fils; mais elle mourut jeune peu de temps après. Il fe retira&r demeura veuf Ie refte de fes jours. Il travailla jufqu'a ia mortqui arriva Ie ïyNovembre 1673. L'humeur mélancolique de vander Does lui
donna peu de gout pour la Société. Carle du Jardin étoit Ie feul qui put fuporter les dégoüts de fon humeur & vivre avec lui. Ces deux Pein- tres , différents de caraótere, 1'étoient encore en talent. Du Jardin aimoit les Tableaux clairs & riants. Vander Does aimoit les tons bruns: Ses Ouvrages fe fentoient un peu du fombre de fa trifteffe. Il peignoit Ie Payfage avec une grande intelligencerSes petites figures font biendefïinées & d'une jolie touche. Il peignoit les Moutons & les Chévres avec tant d'art, que peu de Peintres 1'ont égalé dans ce genre. |
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THEODORE
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Flamands 3 Allemands & Hollandois. 339
THÉODORE HELMBRÉKER.
ÉLEFE DE GREBBER.
HElmbréker dut fa naiffance a la Vil-
Ie d'Harlem en 162.4, fils d'un Organif- te, il fut d'abord deftiné par Ion pere a étudier la muliquej maisentraïnépar une forte inclina- tion pour la Peinture, il marqua ledégoüt qu'il avoit pour 1'art que (on pere cultivoit. Grebber, Peintre de la même ville , fut choifi pour Ion Maïtre. Jidmbréker fe lia étroitement d'amitié avec Pierre vander Faes, connu jous Ie nom de Lely: L'un & 1'autre firent de grands progrès» leurs Ouvrages furent eftimés par les meilleurs Artiftes. La route qu'ils prirent étoit differente, 1'un fut Peintre de Portraits 6c Tautre de Payfa- ges, de Foires &r de Figures en petit; mais tout deux furent de grands Artiftes, chacun dans leur genre. Après la mort de Grebber, Helmbréker ri''eut
plus de guide que les Ouvrages des grands Maï- tres; ils lui ferviretit de pieces de comparaifbn, &ayantapprisd'euxcommentrArtdevoitrendre la nature., il s'enhardit &compofaquelques Ta- bleauxqui furent recherchés:Ses fuccès augmen- teren,tparfonapplication. Aprèsla mort de f on pe- re il paflaen Italië: VenifefutlapremiereVilleoü il s'arrêta-Le Sénateur Lorédano Ie recut fort bien y 1 lui
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340 La Vic des Peintres
lui fit faire plufieurs petits Tableaux qui porte-
rent fa réputation dans toute 1'Italie. 11 fut aRo- me oü fon nom étoit déja avant lui par ies Ou- vrages. Les Jéfuitesoccuperent ce Peintre pen- dant deux ans: 11 logea dans leur maifon , & ne les quitta que pour voir Naples & Florence, oü il travailla quelque temps. La mort de la mere Ie ramena en Hollande 5
maïs on tenta vainement de 1'y fixer : 11 acheta fon congé de partir, des plus empreffës a Ie re- tenir , en leur laiflant quelques-uns de les Ta- bleaux , & il retourna en Italië, en paflfant par la France. Il fit quelque lëjour a Turin, oü il travailla; mais il partit pour Rome : 11 y fut recu avec joie. Son abfence, quoique courte , augmenta 1'eftime & Ie prix de les Ouvrages; on les compara a ceux de Bamkoche, & ils rurent également recherches. La bonne conduite de ce Peintre fit autant eftimer l'homme de fociété que 1'Artifte : 11 mouruta Rome en 1694, agé de 70 ans. La maniere d'Helmbréher tient quelquefois de
celle de Bamboche: 11 a peint auffi dans un gout plus clair, fur-tout dans Ion dernier temps. Il a peint en grand; mais il n'y réufltflbit pas fi bien que dans les petits Tableaux : II regne un accord de couleur &r de clairobicur dans tout ce qu'il a peint. La nature y paroït reprélentée avec vé- rité ; fon Paylage a la touche, la variété &: Ie choix : Ses figures font bien deffinées, touchées avecbeaucoup d'efprit & difpofées avec art. Tantöt il peignit des fujets faints, tantöt des
Foires, des Marchés, & des Payfages: II réuffit en tout ik il s'eft fait un grana nom en Italië, oü
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1614.
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«».____■—
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Flamands , Allemands & Hollandois. 341
oü font la plupart de fes Ouvrages. Us lont rares, même dans ia Patrie j Ie peu qu'on en a confervé ie trouve dans les plus nchesCabinets. En voici quelques-uns des plus conntis. A Rome trois grands Tableaux aux Jéfuites,
un Payf age oü eft la Tentation de notre Seigneur dans Ie defert. Dans la Sacriftie Ddla Pace , la Viergeen contemplationdevant ion fils. A Saint Julien des Flamands, ce Saint eft repréfenté en habit de cavalier, & pleurant fon crime. A Na- ples , dans Ie Réfeótoire des Jéluites , on voit une Priere au Jardin des Olives; uo Portement de croix & Ie Crucifiement. A Florence j les quatre Saifons, la Nativité,
1'Adoration des Rois; plufieiirs Tableaux de caprice, des Muiiciens , des Bohe'miens & des Buveurs; une Ecole, Ie Maïtre eft au milieu de neufenfants,ilenchatieunquieft a les genoux. A DulFeldorp , chez 1'Eletteur Palatin, une
Converfation de Dames de de Pay fans aux envi- rons de Frefiati; dans un autre , un Payian daniè avec urt Payfanne jJéfus-Chriftdansunnuage, tenant d'une main la croix & de 1'autre !e calice. A Paris, dansle Cabinet de feu M. leMarquis
de LaJJay, un Marché avec beaucoupde figures très-variéesiunThéatrede charlatans entouré de beaucoup de peuple. Un de fes plus beaux, peint en 1681 , repré-
fente un Couvent a 1'Italienne : On y voit une grande quanrité d'hommes, de femmes, d'en- fants, & des Pélerins a qui un Religieux Fran- ciicain diftribue de la foupe : Ce Tableau eft a Amfterdam chez M. Pierre Kloek. Un autre d'une grande beauté étoit a Gand,
Y 3 dans
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34 La Vie des Peintres
dans Ie fameux Cabinet de M. Vandenberg't
' Echevin de la Ville :I1 repréfèntoit un Marché a 1'Italienne j oii un nombre coniidérable de jo- lies figures bien deffine'es & également bien co- loriées,étoit dillribuéavecun artinfiniengroup- pes difpolésavec tantd'iütelligence,qu'ily avoit multitude fans confulion. |
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NICOLAS BERGHEM,
Éleve de son Pere
PIERRE FAN HAERLEM. |
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B
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E R gh E m a fait honneur a Ia Ville d'Har-
lem, oüil naquken 1624. Son pere Pierre |
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van Haerlem, Artirtemédiocre, nepeignoitque
des Poillbns, des Deiïèrts, des Sucreries , des Confitures, & quelques Vales d'argent ou de porcelaine. Berghem commenca la Peinture fous fon pere;
mais plus heureux dans la fuite, il eutpour Maï- tres Jean van Goyen , Nico/as Moyart , Pierre Grebber&c Jean-Baptifte ïf^éeninx,qu'il afurpafles & a qui il n'a laifle que la gloire de 1'avoir eu pour Eleve & de travailler qnelquefois avec lui. Son nom de familie étoit van Haerlem ; nous nous en tiendrons fur ce changement de nom a ce qu'en dit Ie Chevalier Charles de Moor : II rapporte que Ie jeune Nicolas, pendant qu'ilétu- dioit la Peinture chez van Goyen , fut un jour pourfuivi jufqueschez Con Maitre par fon pere, qui
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V
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Flamands 3 Allemands & Boltandois. 343
qui vouloit Ie maltraiter ; mais van Goyen qui ~~" aimoit eet Ecolier, arrêta Ie pere & dit aux au- tres Eleves, berg-hem, ce qui iïgnifie , cache^-le: -----
Ce nom lui refta.
Berghem encore jeune & déja regardécomme
un prodige,n'eutplusbefoin d'autre inftru&ion que de celle de la pratiqne & de ks réflexions: II fe retira & voulut être en fon particulier. Après !a mort de fon pere il époufa la fille de Jean Wil/is}un de (es Maïtres & Payfagifte ha- bile: Cette femme étoit d'une avarice extreme; ce ne fut pas aflfez pour elleque Ion mari ne for- tit point du matin au foir de fon Cabinet, il falloit qu'il travaillat fans difcontinuer un feul inftant. Quand ellenepouvoitêtredanslemême endroit,eUefemettoitdanslacharnbreaudeirous de fon Attelier, Sc lorfqu'elle ne 1'entendoit ni remuer ni chanter, danslacraintequ'il ne perdit un moment, ou qu'il ne s'endormït, elle frappoic contre Ie plancher pour Ie réveiller: Cette léfine fut pouflee au point qu'elle s'empara de ce qu'il gagnoit Sc qu'elle ne lui laifla pas un fol a fa difpodtion. 11 s'eft trouvé plus d'une fois dans Ie casd'em-
prunter de fes Eleves pour acheter des Defleins ou des Eftampes qui Ie tentoient: Ces tentations devenoient peut- être eneore plus vives par les obftacles qu'on leur oppofoit; il n'avoitpoint de repos qu'il n'en futen poireffion. Sa paffion pour ces fortes de morceaux, alla jufqu'a donner 60 florins du Maflacre des Innocents de Raphaèl, gravé par Mare Antoine. Après fa mort , fa Colledion fut ample & vendue fort cher. 11 ne trouva de moyen pour tromper lavigilance de Y4 fa
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344 La Vie des Peintres
1614. fafemme &contenterfongout,quederetenir&
n m de lui voler quelques piitoJes fur Ie prix des Ta- b'eaux qu'il vendoit. Ün lui en failbic des plai- fantenes dont il rioit lui même, & dont il fe confoloit en reprenant fes pinceaux. Son feul plaifir étoit de peindre, &r il difoiten badmant, que 1'argentétoitinutileaqui fcaits'occuper, & que toiu au contraire de tant de gens qui perdent Ie plus ïbu vent leur argent& leur temps en occu- pations frivoles , il Icavoit mettre a profit les heures &c gagner du bien en s'amufant: II inC- pira cetre facon de pen f er a prelque tous fes Eleves, 6c c'étoit encore une bonne lecon j il vivoit d'ailleurs avec eux comme un pere avec fes enfants. Le mérite encouragé s'accroït; nous ne nous laflerons point d'en donner des exem- ples: Us lervent a ranimer le courage & 1'ému- lation des Artütes, Sc a exciter le'zéle de leurs Protedeurs. M. vander Huik , Bourguemeftre de la Ville
de Dordrecht, ordonna en forme de concours, deux Tableaux ; un a Berghem & 1'autre a Jean Boih: Le prix fut fixé a 800 florins, avec encore de plus un préfentpour celui qui auroit 1'avan- |
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tage.
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Berghem fit un Tableau qui paffe pour un chef-
d'oeuvre:C'eftunPay{agemontagneux,couvert d'une infinité d'animaux de difFerentes elpeces, de vaches, de boeufs, de moutons, de chévres, &rc. les arbres, les plantes , les terraffes, touc étoit furprenant. Celui dtBoth e'toitauffi admi- rable. Les deux Concurrents pre'fenterent leurs Ouvrage«, voiciladéciHon du Jusre, quipenfoit autant qu'il étoit connoifleur:» Meffieurs, vous « ne
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Flamands, J [Iemands & Hollandois. 345
» ne m'avez point laiflë la hberté du choix, & » voiis méritez tous deux Ie préfent qui a été l »> promis, puifque rons deux vous avez atteint "":—-~ » au plushautbutde 1'Art «. üe pareils juge- ments lont trop rares & font également honneur aceux qui les rendent & aceux qui les recoivent. Les Tableaux de Berghem étoient qjjelquefois
vendus même avant que d'être commencés ; il travaiüoitaflïdumentdèsquatreheuresdumatin, en Eté, ju(qu'au foir, 6: avecautantde facil té que de variété. Ju/ie van Huijfum , un de les Hleves, rapporte qu'il lèmbloit (e joueren opé- rant &: qu'i! 1'a vu compofer & peindre ïes Ta- bleaux en chantant , comme s'U ne luieneütpas couté la plus légere application. ]1 a travailléquelquetempspourun Seigneur
qui lui payoit ioflorinspar jour ;mais il yper- doit, tant en un jour il dépêchoit d'ouvrage ! 11 gagna plus en retournant chez lui travailler pour Ie Public. Il mourut a Harlem Ie 18 Fé- vrier 1683, agé de $9ans, & fut inhumé Ie Z3 (uivant dansl'EglileOccidentaledelamême Ville. La maniere de Berghem eftexcellente, il opé-
roit avec uneracilitélurprenante: Heureux dans Ie choix de les compofitions qu'il a feu varier a 1'infini ;on ne peut aller plus loin quant a la cou- leur, la touche & rinteliigence de la lumiere & des ombres: Ce lont par-tour de grandes mafles oü les détails n'interrompent point les accords. Il ne négligeoit rien, un caillou écoit finicomme les objets les plus intéreOanrs. Avec une touche large & pédllante il tiroit des tons de couleur dans les malles d'ombres qu'il refiétoit,foit par 1'eau
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_____ La F ie des Peintres
"~~ 1'eau ou d'autres corps lumineux qui rendent
,......,.' fes Tableaux clairs &c tranfparents, quoique
bruns en apparence ; ies figures & les animaux
font d'un Deflèin correól, coloriés &: touches avec une grande fineflè. Enfin on ne voit rien de médiocre de cePeintre; fes études en Defleins lè fèntentde fa grande facilité; quelques-uns ne paroillènt que foufflés, Ie crayon n'a que froifle légerement Ie papier: 11 lavoit que'quefois furie crayon avecl'encrede la Chine ou Ie biure. 11 en a terminé qui font pre'cieux, telsque Ie Cha- teau de Benthem, qu'il a deffiné & peint plulïeurs fois, dans Ie temps qu'il y demeuroit. SesTableaux riennent leur rang panni les plus
beaux dans les Cabinetschoifis, & malgréleur grand noiribre,ilsdeviennentaufli rares&auili chers que s'ils n'étoient pas communs. En Franceonen voit deux admirables, dans
la riche Colleclion du Roy; 1'un efl; une Femme qui fort du bain dans un beau Payfage avec des animaux; Tautre eft une Bergere avec des ani- maux dans un Payfage. Chez M. de Foyer quatre Tableaux, un Pay-
fage avec une fontaine a la Romaine, ornée de figures &rd'animaux; dans un autre, lePaffage d'un petit marais; deux Payfages avec des figu- res 'èc des animaux. Chez M. Ie Comte de Fence,xm Hyveravec
de petites figures, ik un Abreuvoir avec des figures & des animaux. Chez M. Ie Comte de Choyfiuil, un Port de
nier^ on y voit err.barquer&débarquer des ani- maux de toutes les efpeces: Sur Ie devant, une femme qui tient un pot au lait3 & eft accom- pagnée
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Flamands , A/Iemands & Hollandou. 3 47
pagnée de plufieurs figures; fon Pendantrepré- ~~ fente un Tranfport de bagage dans un défilé , ces genscotoyentune grande nviere,iurlaquelle ----
on appercoit plufieurs petites ifles. Les figures
en font habilléesnoblement: Ce font deux très- beaux Tableaux & forts clairs. Chez M. de Julienne , un grand Pay fage, deux
figures & desanimaux , une Femme qui donne a téter a fon enfant; un autre Payfage enrichi d'Architecture & d'animaux; un Payfage avec ■ beaucoup de figures & des animaux ; des figu- res & des animaux dans un autre Payfage ; un Port de mer 011 font plufieurs vaiflèaux &: un grand nombre de figures; Payfage, figures èc animaux, Ie fujet la Vache Io. M. de Gaignat poflede deux Payfages remplis
de figures & d'animaux : Ces morceaux font très-finis. ChezM. Ie Maréchal dIjfengkien, deux Ta-
bleaux ; 1'un eft la Cafcade de Tivoli; 1'autre unChartier avec fa charrette, dans un Paylage. Chez M. Lempereur, un Payfage avec des fi-
gures &des animaux qui defcendent un pont. Chez M. Blondel de Gagny, un grand Payfage
avec figures & animaux; une Chafle au cerravec un grand nombre de figures &:d'animaux; un grand Payfage, oü eft une Vue du Chateau de Benthem pres d'Utrecht, il y a beaucoup de fi- gures , une defquelles joue du tambour de baf- que ; il y a auffi avec des animaux , un autre Payfage avec figures, &c. Chez M. de la Bouexiere, un Tableau furpre-
nant & fort grand : C'eft un Paylage avec trois figures 6c des animaux de grandeur naturelle. Chez
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348 La Vie des Pcintres
Chez Ie même un autre Payfage avec figures &
1 z^' animaux : 11 repréfente une Pêche.
"---- Chez M. Le Noir , un beau Payfage, dans
lequel des bergers conduifent un troupeau de
difterents animaux; autre Tableau reprélentant une Femme richementhabillée & qui traite du rachat d'un efclave} le fond eft un Port de mer5 un autre Payfage avec figures & animaux. A Duflèldorp , chez l'Eletieur Palatin , les
ruines du Coliiee , avec pluiieurs figures & des animaux; une Femme affifè fur unchevalblanc, avec d'autres animaux ; Jupiter allaité par une chévre; unPaylage, un Aneattachéaunechar- rette; un Soleü couchant, beau Payfage avec des figures &c des animaux ; une Bataille dans unepïaine fortétendue. ABruxelles, chezlePrince Charles, unbeau
Payfage avec des figures & des animaux. Un Tableau remarquabledeZ?er^e/w} repré-
fente la vocation de 1'Apötre S. Mathieu. wèe- ninx y peignit des oifeaux &c du gibier ; Piqué par 1'étnulation detravailler avec fon Maïtre , Berghcm s'y eft furpafledansl'Architeciure &: le grand nombre de figures : Ce Tableau eft undes plus confidérables&des plus beauxqu'ilaitfaitsj il appartenoit a M. Lambert van Haeren, a Dorr. On voita la Haye , chez M. Fagel, un beau Payfage du même Auteur. Chez M. Lormier , un Payfage avec des figures & des animaux \ un autrePayiageavecdesfigures&ungrand nombre d'ani ma ux; une Chafle au cerf;un Payfage avec desaniinauxqnipaiflentlelongd'unemontagne, plufieurs figures, une femme qui tient un pot au lait j un Payfage avec beaucoup de figures ; une
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JL.
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Flamands y Alkmands & Hollandols. 3 49
une Compagnie de Chaffeurs & de plufieurs ~~~ Femmes; un Payfage montagneux , avec des x li figures & des animaux. Chez M. van Héteren , ----'
deux beaux Payfages, dans un desdeuxlePein-
tre a repréfenté Ruth qui eft profternée devant Boozfon Maitre. ChezM. d'Jtcofta, un Payfage avec des animaux. Chez M. Verjchuring , un grand Tableau, c'eftun Payfage avec des débris d'Architeclure, une riviere, un pont oü paflent des figures & des animaux; trois autres Payfages fort ornés d'animaux Sc de quelques figures. A Dort, chez M. vander Linden van Sünge-
landt, un Paylage avec des figures, la principale ell Antiochus qui confulte les Oracles; une Vue de Rome, des rochers &c une chüte d'eau , pres delaquêlleietrouventdesCavaliers&rdesDames en habit de chaffe ; Ie Lever du Soleil 6c un Couchant, avec des figures &r des animaux. A Amfterdam , chez M. Braamkamp , un
Payfageavecfigures&animaux; uae Chaflè au vol; Payfage avec des animaux ; un autre de même ; une jeune fillequi tire du lait d'une ché- vre ; un Payfage avec un Cavalier , pres de lui des moutons, des chévres, &c. Chez M.Léender, un Payfage avec des bergers cV des troupeaux. Cbez M. Lubbeling, la Chafie au cerf \ un Port de mer , un cheval a la charrue, quelques ani- maux , &c un Payfage montagneux; on y voit toutes fortes d'animaux & des figures. Chez M. Bierens , deux Payfages avec des figures & des animaux. A Roterdam , chez M. Bifchop, trois beaux
Payfages avec des figures & toutes fortes d'ani- maux. JEAN
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La Vic des Peintres
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JEAN PIETERS.
JEan PlETERS, frere de Bonavtnture Pie-
ters, de qui nous avons déja parlé , étoient tous deux de la même Ville, &" tous deux onc f iiïvi la même maniere & Ie même genre. Bona- venture naquit a Anvers en 1614 & Jean Pïe- ters en 1625. Son talent étoit d'imiter & de re- préfenter les horreurs d'une mer agitée de tem- pêtes. lei on voit Ia foudre briier un rocher élevé dans les nues: La un navire englouti dans 1'abïme d'une mer en furie. Il a peint auffi des Combats Air mer avec une vérité & une exac- titude furprenante. On neconcoitpascomment la mémoire a pu lui fournir, 011 Ie génie lui inf- pirer tant de détails différents. La vérité de les Tableaux fait prefque frémir. Une intelügen- ce de couleur, & une vapeur qui régne dans fes Ouvrages egale la fineflede fa touche : Ses figu- res bien deüinées , ne cedent en rien a la per- fedion du refte. Jean Pieters e'toit aimable & recherche dans
la Société. On ne fcait point 1'annéedefainort. Ses Tableaux font dans les plus beauxCabinets: II y en a plus en Flandres qtrailleurs. |
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162.5.
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PIERRE
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Flamands 3 Alhmands & Hollandols. 351
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PIERRE BOEL.
CET excellent Peintre de Fleurs &r d'Ani-
maux., naquit a Anvers en 1615. On ne fcait fous qui il a appris la Peinture: On croit que Snayers lui a donné des lecons , &c que les Ta- bleauxdecehü-ciontfervideguideaformerfabel- le maniere de peindre les Animaux & les Fruits. Animé par les progrès de les camarades, qui
avoient été puilèr la perfeclionde leurs Ouvra- ges dans ceux des grands Maïtres, il alla a Ro- me, a Venife&r dans les principales Villes d'ka- lie : II y acquit beaucoup de gloire. En retour- nant en Flandres , il paffa a Paris, 011 il auroit vécuavecdiltinftion^'ilavoitpu ie fixer ; mais Anvers eut pour lui tant d'attraits, qu'il quitta des Ouvrages commencésa Paris, pour fe ren- dre dans fa Patrie. Il y fut très-occupé juiqu'a ia mort: Nous en ignorons i'année. Les Tableaux de Boel font égalés a ceux des
plushabiles dans fon genre. Il peignoit en grand & tout d'après nature : Une belle touche , une couleur vraie&vigoureufe (e trouventdanstous fes Ouvrages. Quatre grands Tableaux de ce Peintre , {les
quatreEléments) fevoyoientautrefoisaAnvers |
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Chaque Tableau repréfentoit les animaux, les
fruits, les fleurs & les plantes convenables a dé- figner les difFérents Eléments. On trouve en Flandres plufieurs autres Ta-
bleaux |
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5 S *• La Vie des Pcintres Flamands , &c,
bleaux de Boel en grand & petit, toujours re- cherchés & diftingués. On en voit deux a Pa- ris, chez M. de Feaux : lis repréTentent des Ani- maux 6c des Ui feaux. |
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J E A N
VAN ÉVERDINGEN. JEan van Everdi n g e n étoit né a
Alcmaer, & frere cadet de Céfari duquel on croit qu'ij apprit la Peinttire. Il excelloir apein- dre des objets inanimés. Ses Tableaux forit en petit nombre, parce qu'il ne peignoit que pour ion plaiür , & n'en font pas moins eftimés : II pafloit pour Ie meilleur Procureur de la Ville. Son inclination pour la Chicane lui fit négliger la Peinture, oü il auroit plus acquis de bien & peut-être plus d'eftime. |
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PAUL
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PAUL
POTTER,
Éleve dé son Pere
PIERRE POTTER. AUL POTTER étoit iffu de
la maifon^'^/nonrpar fagrande- mere. Son grand-pere étoit Rece- veur de la haute &c bafle S valu- es-e. Ses ancêtres avoient rempli ___________les Charges les plus honorables
de la Ville d'Enkhuiflèn j oü il niquit ea
i<jz j de Pierre Poteer: Ce Pierre, Peintre mé-
Tome II, Z diQcre,
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\6x<.. diocrej s'étoit établi a Amtterdam, oü il acquit
mmmmmr Ie droit de Bourgeoifie Ie 14 Oótobre 1631 > & oü il elt mort en 1692. Le jeune Potter n'eut d'autre Maitre que fon
pere qu'il furpaffa des qu'il eüt appris les pre- miers principesdelonArt: Ce futunprodigedont il n'y a peut-êtrepoint d'exemple dans le nom- bre de ceux dont nous rapportons 1'Hiitoire; 11 fut dès 14 a 15 ans un Ma'ure habile. Ses Ou- vrages même de ce temps-la figurentau milieu de ceux des plus grands Hommes. Avant quitte Ion pere pour avoir plus de Ii-
berte a fe former lui- même, ou par quelqu'autre xnotif, il fut demeurer a la Haye &c prit un lo- gement^ cöté de celui de 1'Architecte Nkolas 5a//tcncnde:Ilfeliad'amitiéaveclui.NotreVitru. ve Hollandois, avoit une fille très-belle, aïnée de dix enfants; Pottertn devint amoüreux & fut af- fez heureux pour infpirer les mêmes ièntiments a cette aimable fille. Ne croyant trouver aucun obftade, il en fit Ia
demande au pere: Mais celui-ci, peu flatté du ta- lent de Potter, dont il ne connoiflbit pas le méri- te , crutfottementqu'«« homme quine peignoir, que des bêtes & non des hommes , éto'u trop peu pour la fille d'un Architecle. Potter ne fe rebuta point: H employa les Principaux de la Ville , qui, plus: juftes eftimateurs du génie de Potter, pronon- cerentque Balkenende devoit fe trouver honoré de la recherche d'un pareil gendre. Balkenende avoua fa méprife , & larépara. En 1650 il ac- cordaa Potter AdrienneBalkenende fa fille: Bien- tpt le beau - pere pröna ce gendre, & ce gendre fitvaloir lebeau-pere. Balkenendeétoït 1'Archi- tede
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Flamands 3 Allemands & Hollandols. 355
teéle Ie pins accrédité & Ie plus répandu dans legrand monde, 6c Pocter Ie Peintre Ie plus ef- time : Ainii leurs réputations Ie fervirent réci- proquement. Potter fut furchargé 'd'üuvrages; régie dans fa conduite 3 aimable, amuiant & parlant bien, on trouvoit en lui 1'homme de fo- ciété & Ie grand Artifte. Il fut plus d'une fois viiité par Maunce Prince d'Orange, qui aimoit a Ie voir peindre & a 1'entendre parier. Les Ambafladeurs &r les plus grands Seigneurs ve- noient louvent chez lui. II pofledoit iï bien fon Art, il avoit tant de facilité qu'il fcavoit en mêa me temps fuffire a la converlation 6c a fon tra- vail, & il fembloit moinsopérerques'amufer & fe divertii". Dans ce temps Ia Pnncejïè fcmilie ± Douairiere & Ccmteile de Zoims, lui comman- da un grand Tableau pour fon appartemenr.Por- ter voulut ie furpaflèr lui- mêttie: Mais un Cour- tifan rapportaa laPrinceflequerobjet principal du Tableau repréiéntoit üne Vache qui piiTe , & que Ie (ujet étoit auffi indécent qu'indigne d'être mis dans Ia place Tionorablequ'on lui dellinoit; cette critique eut fon efFet. On fe débarrafla hon- nêtement du Tableau: On 1'a vu plufieurs an- nées dans la familie de M. Mujfart, Echevin de ]a Ville d'Amiterdam , &delachez M. vanBie- fum, Marchand de Tableaux, qui Ie vendit 2000 florins a M. JacquesvanHoek; ce Curieux qui en faifoit Ie plus grand cas, Ie placa dans fon Ca- binet vis-a-vis Ie Tableau cap'tal de Gerard Douw. Ce morceau de Potter eft connu fous Ie nom de la petite Vache qui p/jffei Potter avoit trop de talents pour pouvoir
échapper a 1'envie. XI fuf perfécuté ; quelques Z, 2 chagrins
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IÓZJ.
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35e La Vïe des Peïntrts
chagrins Ie déterminerent a répondreauxvives
inftances de M, Tulp, Bourguemeftre d'Amfter- dam. Il quitta la Haye & fut denieurer en 1651 dans cette grande Ville. Il y peignic de grands & de pecits Tableaux que M. Tulp lui comman- da: Ce fut cette occafion qui lui fit pofleder prei- que tous les Ouvrages de ce grand Peintre. Pot- ter étoit infatigable : II travailloit tout Ie jour fans relache &c Ie foir a la chandelle. Il gravoit a 1'eau forted'après les études dont il s'étoit fer- vi a peindre. Les épreuves de fes eaux - fortes font fakes de rien: Une pointe badine ,pleinede fineiïe & d'art les rend aujourd'hui auffi précieu- fes aux yeux des Artitles, qu'elles 1'étoient de fon temps. Les leuls moments de diffipation que Potter Ie permettoitjétoientlapromenade; en- core la rendoitil utile par des études j il portoit touj ours unp etit livre de papier blanc dans fa po- che, & dès qu'il appercevoit quelque chofe qui lefrappoit, il en faifoit uncroquis: Arbres,plan- tes , animaux, figures, rien n'échappoita Ion Hecueil. Plufieurs de fes livrts de Uefleins & d'Etudes , font 1'ornement des colle&ions des Amateurs. Cette application continuelle altera fa fanté.
Il mourut d'une maladie de langueur, au mois de Janvier 1654 , n'ayant pas encore 19 ans complets. Il fut enterré dans la grande Cha- pelle d'Amfterdam. Il ne laifla après lui que fa veuve & une petite fille de trois ans & demi ; mais un grand nombre d'Ouvrages qui aflurent fa réputation. Potter a fait plufieurs beaux Tableaux en
grand} mais il eft fupérieur en petit: II eft égal en
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Flamands } Alkmands & Uollandois. % $ 7
en ce genre , aux plus grand' Maïtres de fa Na- ~~ tion. 11 deflipoir les figures, les chevaux &c tous _^mm les autres animaux dans la plus grande perfec- '----
tion. Ses Tableaux ontle fltau &: la couleur de
Wouwermans & de Carles du Jardin : La touche de f'on pinceau eft fine 8c moëlleufe; fes fonds font agréables& piquants par 1'intelligence du clair-obfcur; les gravures hl'eau-fortedefamain, font recherchées par les plus Connoiflèurs. Ses Tableaux font encore rares en France ,
eu égard a ceux des autres Maïtres. En voici quelques-uns qui Ie trouventdans les Cabinets de Paris. Chez M. ie Comte de Choïfeuil., on voit un
petit Tableau très-piquant , il repréfente un Bccufblanc, pres d'un tronc d'arbre; Ie fond eft un Pay fa ge. Chez M. de la Bouexiere , trois Tableaux ;
óes Vaches 6c des Chevaux dans des Payfages fort clairs. Chez M. \e Comte de Fenctj des Vaches dans
un Pay fage. Chez M. de Gaignat, deux Tableaux: Cefont
aufïï des Animaux. Chez Ie Prince de Hejffe, une Vache qui pif-
fe , Ie fond eft un Payfage; dans un autre, plu- iieurs Animaux, fujet tiré des Fables d'Elbpe j un Moulin & des Animaux auprès. A la Haye, chez M. Ie Comte de ïrajjcnaart
des Animaux dans une Prairie. Chez M. van SRngelandt, Receveur Général
de la Hollande, un Payfage avec un grand nom- bre cie vaches, de moutons, de chevres ; &c. un Payfage avec un ciel orageux , des boeufs Z j &
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_^__ 558 La Vie des Pe'intres
0 &des cochons qui broutent dans un Pré; un,
wmm2^ autre Payfage avcc des figures &: quelques ani-
""""""' maux Chez M. Fagel, un Payfage avec plu- fieurs figures , qui gardent des vaches & des moutons. Chez M. Lormier, dans un Payfage, Orphée qui attire les animaux au ion de fa ly- rejdes Vachesquiboiventdanslecourantd'une fource; plufieurs Chevaux &: des Vaches a la porte d'une écurie > & un Payfage oii des figures danfent, plufieurs animaux font auprès d'eux. Chez M. d'Aco/la, une Courfe de chevaux, plu- fieurs figures font les ipe&ateurs; des Yaches dans un Payfage. A Dort , chez M. vander Linden van Slinge-
landr, laVue d'un grand chemin de RyfVyk ala Haye,avec lamaifonde/?/«X:Z!ciry?; uneGrange ouverte , un rayon de foleil éclaire Ie dedans, on y voit des animaux , au dehors une jeune Fille qui fait rentrer des poules. A Amfterdam, chez M. Braamkamp, un Pay-
fage avec des chevaux & des vaches; des Ca- valiers qui exercent leurs chevaux ; 6c des Va- ches , Bocufs & Moutons dans un Payfage. A Roterdanij chez M. Léers , une Maifon
de fermier avec des attirails d'une bafle-cour& plufieurs animaux. Chez M. van Biffchop, un Troupeau de Boeufs que Ton conduit au mar- ché ; un autre a peu pres Ie même: Ce dernier eft fingulier par les effets de la lumière du So-? leil qui paffe entre des nuages &: va éclairer les animaux &les figures. |
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HERCULE
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Flamands , Altemands & Holtandois. 359
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HERCULE ZEGERS
CEt excellent Payfagifle fut toute fa vie
Ie jouet de la fortune. Il étoit Contem- porainde Potter, & peut-être auffi habile dans f on genre, mais bien plus malheureux. Samuel van Hoogjlracten qui nous a laifle la vie de Ze- gers , ne parle point avec certitude du lieu de fa naiflance. Il rapporte que ce Peintre avoit Ie génie Ie plus aboadant: Ce Peintre , dit-il, paroifïbit accoucher des Provinces entieres. Ses Tableaux fort riches de compofition , font tous variés; on ne concoit pas comment il a pu ima- giner tant de fituations qui font répandues dans fes Ouvrages. Ses lointains repréfentent une étendue immenfè. Les plain.es font interrom- pues par des cóteaux, des oppofitions de cou- leurs, des lumieres & des ombres: Des formes choiiies dans fes arbres, un. feuillis touche avec art; toutes cesqualités réunies méritoient bien les egards des Amateurs. On ne daignoit pas les regarder , il vit préférer les produótions des Peintres médiocres a fes plus beaux Ouvrages. Il grava a 1'eau forte : Tout ce qu'il fit dans ce nouveau genre , n'eut pas plus de fuccès. Il compofa , il grava nuit & jour,. & fes Eftam- pes furent portées chez les Epiciers & chez les- Beurrieres. Il trouva Ie fecret d'imprimer des Payfages en couleur fur toile : Cette nouvelle découverte auffi ingénieufe que belle, ne lui valut pas davantage > tant 1'injuftice de fon (ié- Z4 cle
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360 La Vie des Peintres
c!e fut acharne'e contre lui. Il fit un derniex
efTort: il n'épargna ni foin, ni temps a graver un paylage admirable ; il en porta la planche chez un Marchand d'Eftampes j qui n'eut pas de honte de lui en ofFrir la valeur du cuivre, &r de lui confeiller de faire faire de fes planches des boïces a mettre du tabac a rümer. Zegers outré de dépit, reprit fa planche & dit en co- lere, qu'un jour chaque Eftatnpe feroiE vendue plus de ducats iqu'il n'en oftroit pour la plan- che. Cette prédi&ion a eu lieu : Chaque épreu^ ve a été vendue après fa mort , feize ducats. 11 avoit tiré peu d'Eftampes de cette dtrniere planche , & 1'avoit brifée. Cemalheureux Artiite perdit tout courage ,
& incapable de foutenir plus long temps 1'aveu- gtement injufte de fes Contemporains, il fe Ik vra au vin avec tant d'excès, qn'on ne Ie vit plus depuis qu'ivre. Un jour en entrant chez lui dans eet e'tat, il tomba dans fbn efcalier » & cette chute mit fin a fes malheurs: 11 mou- rut peu d'heures après, |
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JEAN VAN HECK.
JEan van Heck, Contemporain de
Boel, naquit au Bourg de Quaremonde, pres d'Oudenarde. Il voyagea de bonne heure, &■ refta plufieurs années de fuite a Rome , oü Ie Duc de Braccino fut fon Proteóteur &c 1'em- ploya long-temps. Plufieurs autres Princes & Cardinaux, rechercherent tout ce qui fortoit d# ft
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Tlamands, Allemands &Hollandois. 3
fa mam ; mais quoiqu'il trouvat en Italië plus d'ouvrage qu'il n'en pouvoit faire, il retourna a Anvers , oü il vivoit encore en 1660. Van Heek n étoit pas borné a peindre des
Fleurs Sc des Fruits dun beau fini; il peignoit auifile Payiage & la figure en petit , des va- fes d'argent, de bronze, de porphyre éc de mar- bre. Ses compofitions font agréables & faites avec choix. Les Italiens en font grand cas. |
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GASPARD VAN EYCK.
GASpARD VAN Eyckj étoit d'Anvers:
11 peignoit biendes Marines ;prefqne tous fes Tabieauxrepréfentent des Combats entre les ïures & les Chrétiens. Ses figures lont bien deffinées & touchées avec finelfe: II imitoit ad- mirablement Ie feu & la fuméedu canon. Le Prince Charles poflede a Bruxelles, deux
Tableaux de van Eyck, ce font des Ports de mer. |
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JEAN SIBRECHTS.
SI B R E C H T s fut bon Peintre de Payfages ,
Berghem & Carle du Jardin ont été fes gui- des. Son plus grand éloge, eft de dire que beau- coup de fes Tableaux font pris pour des Ou- vrages de Berghem OU de Carle du Jardin , & pafl^nt pour des originaux de la main de ce^ grands.
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3 La Vie des Pelntres
grands Peintres qu'il n'a faitqu'imiter. Sibrechts
naquit a Anvers. On ne lcait s'il y eft mort, ni aucune particularité de ia vie. |
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NICOLAS VAN EYCK.
ON peut croire queNkolas étoit frere de
Gafpardvan Eyck; ils naquirent tous deux a Anvers, & ils vivoient dans Ie même temps. Nico/as peignoit des Batailles, des rencontres 6c des Attaques avec beaucoup de feu. Il eut une grande réputation. 11 ctoit Capitaine de la Milice Bourgeoife d'Anvers, oü il eft mort , fans qu'on fache en quelle année. |
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PHILIPPES FRUITIERS.
Hilippes Fruitiers e'toit d'An-
vers. Il quitta la Peinture a 1'huile pour peindre en Mignatnre & a Gouafle. Il a ex- cellé en ce genre , & il a peut-être furpafle en DeflTein , tous ceux qui ont peint dans fa ma- niere : Ilcompofoitbien&facilement; fes airs de têtes font gracieux, fes draperies amples, èV les plis de bon gout. Il fut tres - eftimé par Rubens. Fruitiers a peint ce grand homme & toute fa fa- milIe:Onadmiredans ceTableau une belle com- pofition , des pofitions aifées & la couleur telle que Rubens même ne 1'auroit point défavoue. Les autres Tableaux de ce Peintre ont Ie mê-> me
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Flamands , Allemanis & Hollandols. 363
01e mérite. Weyermans a vu cette familie de ~ Rubens, & il parle de ce morceau avec éloge. |
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ANTOINE GOEBOUW.
GO EBO U w né a Anvers de parents ri-
ches qui lui procurerent toutes les eom- mudués & tous les avantages qui pouvoient fervir a Ion avancement, alla de bonne heure a Rome, oü il reita long-temps a étudier les grands Maïtxes. Il en revintPeintred'Hiftoire, bon Deffinateur & grand Colorifte. Goebouw a peint auifi des Tabïeaux en petit dans Ie gout iïOftade. Sa couleur dans ce genre, eft un pea noire &r moins dorée qne dans fes grands üu- vrages. Il a fait de bons Eleves. M. Half- TVaJfenaar a la Haye, pofTédedeuxTa-
bleaux de Goebouw, 1'un repréiente desPayfans qui danfènt au fon de la Mufètte; 1'autre des SolJats qui jouent aux cartes fous une tente. |
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FRANgOIS DE NEVE.
E N £ v E auffi natif d'Anvers, e'tudia,
d'après les ïableaux de Rubens 8c de van Dych. On reconnut dans fa maniere celle qu'il avoit cherché aimiter; munidefiheureux com- mencements, il alla a Rome, oü Raphaël & rAntiqueroccuperententierement.Noncontent de réfléchir fur toutes ces beautés, il les copia plufieurs
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3 ^4 La Vie des Peintres
' ~* plufieurs fois. Il retourna a Anvers oü il mérita
1 z 5 • la réputation de bo;< Peintre dans h iatrie des
**^^™' plus grands M,ditr.es. 11 débuta p..r qutlques
morceaux d'Hilioire 3 & bientót il put a peine
fuflire aux Ouvrages de commande. La Ville
d'Anvcrs conlerve la plüpart de ies Tabieaux.
On en voit un grand nombre au Jardinde Leytn,
mailontie plailanceprès decette Ville. De Seve
compofoitavec feu , colorioit bien Scdeffinoit
avec beaucoup d'elégance.
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J E A N FYT.
JE A N F Y T efl un des meilleurs Peintres
dans fon genre ,qu'ait produit la Ville d'An- vers; fon talent étoit au plus hautpoint3lorfqu'il repréfentoit des animaux morts, des liévres & d^s fangliers. 11 a auffi réuffi a peindre toutes fortes d'animaux vi vants, des fleurs ik des fruits, 11 imitoit bien toutes fortes de vafes &r des bas- reliefs en pierre & en marbre. 11 deffinoit bien tout cequ'il repréfentoit; fa couleur ett vraie& fiere; fa touche, tantöt légere, tantot l\ar Jie, eft pleine de feu. Il a peint les fleurs avec fraïeheur: La plume, la lame & les poils de fes animaux , ious fon pinceau3fontafurprendre:fèsOn vrages forteftimés, font en grand nombredanslti Pays- Bas. Il a peint de concert avec les plus grands Maïtres, Rubens , Jordaens , &c. M. van Bremen, a la Haye, pofledeun Tableau de notre Peintre t il reprélènte un Chien qui garde du gibier. PIERRE
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Flamands, Allemands & Hollandois. 365
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PIERRE TYSSENS.
YsSENSnéa Anvers , fut un de fes plus
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JL grands Artiftes. Sa réputation a peindre Ig25<
1'Hütoire , 1'égaloit prefqu'a celle de Rubensi ' L'amour du gain & quelques fuccès Ie porterent
a faire Ie Portrait. Il étoit recherche & em- ployé par les principaux du paysj jufqu'alors il n'avoit eu aucun dégotit; mais quelques Por- traits qu'il venoit de raire, furentcritiqués avec la chaleur que donne l'envie : 11 en eut tant de chagrin , qu'il quitta Ie Portrait pour repren- dre 1'Hiftoire. On doit a cette efpece de capri- ce de la part du public , tant de beaux Ouvra- ges qu'il nous a laifles. Les fuccès de TyJJens ne firent que redonbler fon application. Son Tableau de 1'Aflbmption de la Vierge, qu'il placa fur 1'Autel de la Vierge dans TÉglife de S. Jacques a Anvers, augmenta tellement Ie nombre de les Admirateurs, qu'on ne fcavoit prefque plus a qui Ie comparer. Il peignit plu- fieurs Tableaux pour être places entre les croi- fëes dans 1'Eglil'e des Carmes. On fcaittroppeu de chofes de la vie de ce Peintre que Ton croit mort a Anvers, fans fcavoir en quelle année. On trouve dans les Regiftres de TAcadémie qu'il en avoit été Directeuren 1661. On arendu jufticea TyJJens, en Ie mettant au
nombre des premiers de fa Nation. Il étoit grand Deffinateur: Ses compofitions ont beaucoup de feuj
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_____ $ La Vic des Peïnires
i6zc. ^eu> ^a couleur & fa maniere eft vigoureufe: II
^„„^ traitoit fes fonds en grand Maïtre, avecdes por»
tiques ou des colonnades d'Archneclure.
Il y a peu de Villes en Flandres qui n'ayent
quelquesmorceaux de fa main. DansleCouvent des Religieufés de LdkndaeL a Malines , Ie Ta- bleau du grand Autel. oü font repréientées dans Ie Ciel la Sainte Trinité &c Ia Vierge, eft de lui. Au bas du Tableau , font quelques Saints &c quelques Saintes de 1'Ürdre de ces Religieufés , qui eft des Prémontrés. Dans 1'églife Collegiale dé S. Martin a Aloft,
on voit un beau Tableau de TyJJ'en* 3 c'eft Ie Martyre de Saiflte Catherine. Aux Religieux Guilklmites, S. Guillaume eft en extafe; on voit auprès de lui la Vierge & d'autres Saintes. A Paris, chez M. Ie Comte de Fence , une
Tête très-bien peinte} eft de la même main. |
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ALEXANDRE ADRIAENSEN.
ADrïaensen, grand Imitateur de la
nature, fe mit a peindre des fruits Ik des fleurs, des vafes de marbre & des bas - reliëfs. Quelquefois ces vafes font remplis de fleurs & entourés de guirlandes jettées avec gout. Quelquefois des vafès de criftal, avec un bou- quet de fleurs choifies , caradérifent fes com- pofitions. Il a bien réuffi a repréfenter des poif- fons: Une bonne couleur;des fleurs légérement toudiées, & une belle entente de clair-obfcur, rendent
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Plamdnds 3 Alkmands & Hollandois. 367
rëndent précieux tout ce qu'il a peint. Nous fcavons qu'il eft né a Anvers , mais on ne fcait en quel heu, ni en quelle année il eft mort.' |
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JEAN ET FRANgOIS
EYCKENS,
jÉleves de leur Pere
PIERRE EYCKENS. CES deux freres nés a Anvers , & fils de
Pierre Eyckens, furnommé Ie Vieux, appri- rent a peindre de leur pere. Jean commenca par être Sculpteur , & il coupoit déja afïèz heureu* fement Ie marbre, loriqu'il troqua Ie cifeau &: Ie maillet contre la palette & Ie pinceau : Us ont peint tous deux des fleurs & des fruits, & leurs Tableaux font affez eftimés. |
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CHARLES CRÉETEN.
CR É E T E N étoit contemporain & ami de
Guillaume Bauer; ils voyagerent Sc demeu- rerent enfemble aRome. Créeten futappellé par la Bande Acadérnique , 1'Efpadron : On aimoit en Italië fa maniere de peindre Ie Portrait &r celle decompoferrHiftoire.Onrengageaaretourner a Prague, lieu de fa aaiflance, oü il a joui d'une grande
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^ ______ _____^y_r____________________ .*__J.___ _ - — - - ------
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3Ö8 La Vic des Peintres
grande réputation: Onnef$aits'ilyeftmort,ni
enqueltemps.
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PIERRE VANDER BORGHT.
VAnder BorghtnaquitaBruxelles:
II écoit Peintre d Hiftoire. Je ne fcais fi l'étudedesévenements& des paffions fi néceflai- res aux Artiftes qui veulentexcellcr en .e genre, Ie dégoiita, &: fi plus de facilité, plus de promp- titude dans Ie travail Ie déterminerent a s'appli- quer au Payfage; mais il Ie préféra & y fit les plus grands progrès: II a laifle beauconp de cette derniere forte d'Ouvrages en Flandres, & ils y fbnt vus avec diftinólion. |
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PIERRE DE WITTE.
PlERREDEWlTTEdutle jour a la Ville
d'Anvers, fi célébre par la naiflance detant d'autresgrands Peintres: IIs'adonnafur-toutau Payfage , & il fut, dans ce genre, un des pre- miers Artiftes de fon temps. Il travailla beaucoup dans cette grande Ville; fes Tableaux qui lont en grand nombre, font répandus dans toute la Flandre & dans tous les Paysv |
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jQUERARP
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Flamands> Allemands & Hollandols.
• .ii , ....... ..
G U E R A R D
VAN HOOGSTAD.
GUeülard van HooGSTADnéa
Bruxelles , peignit d'abord Ie Portrait avec fuccès :llpaffabientöta uneplus grande maniere &devint bon Peintre d'Hi ftoire.Plufieurs grands Tableaux d'Autels a Bruxelles &c dans Ie Bra- bant, dépofent encore aujourd'hui en faveur de ion talent. Il entendoit bien les fujets faints: II a traite plufieurs fois & de plus d'une maniere, la Paffion de notre Seigneur, Sc des Martyres de Saints: La compofition d'Hoogftad étoit ingé- ziieu fe Sc réfléchie, Ik f'on Deflein aflèz corred;. |
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GYSBRECHT THYS.
CEt habile Peintre naquit a Anvers; Fes Por-
traits ont mérité quelquefois d'être compa- rés a ceux de van Dyck: Avec tant de talents il fut malheureux. Jene fcaiss'ilyeut defafaute, ouli ce futparinconrtance;maisilerradeVille en Ville,pourychercherde 1'emploi. Deux de fes Portraits &r qui font fort cönnus, méritent 1'admiration des plus Connoi(Teurs:Cefontcelui de Jean van KeJfelSc celui de fa femme, repré- lentés jufqu'auxgenoux. La force de la couleur, 1'élégance du DeflTeinj 1'union du tout enfemble Tome II. A a rendent |
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37 la Vie des Pelntréi
rendent ces deux Tableaux très-recommanda-
bles.
La Ville de Breda & quelques autres Villes
deHolIande& de Flandres, conferventencore plufieurs de fes Portraits,& plus d'unefois dans les Pays étrangers on les a vu pafTer pour être de la main même de van Dyck. Ce Peintre faifoit avec beaucoup d'intelli-
gence &c de facilité Ie Payfage & les animaux. Le Prince Charles poflède a Bruxelles deux
Payfages de ce grand Peintre 3 ou il y a des fig ures. |
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NICOLAS LOYER.
LO Y E R. avoit a un dégré aflez eminent les
qualités d'un bon Peintre d'Hiftoire : II y a beaucoup de fes Ouvrages dans les Cours étrangeres ,pour lefquelles il a travailléprefque toute fa vie. lis font tres-rares en Flandres} & même dans la Ville d'Anvers, quoiqu'il y eüt pris naiflance. |
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GUILLAUME GABRON.
LEs Tableaux de ce Peintre font recherches ;
fon talentparticulier étoit de repréfenter des vafes d'or.d'argent & de porcelai ne: II y mettoit tantde vérité que 1'ceil fouvent étoit trompé. Il peignoit des fleurs & des fruits dans Ia grande perfection.
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Flamands , Allemands & Hóllandois. j 71
jperfeftion. Il avoit long-temps voyagéen Italië; II refta pendant un temps très-coniidérable de fa vie aRome. Ses Ouvrages fiuent fouvent rete- nus & payés avant que d'être finis: II revint ce- pendant a Anvers fa patrie , oü il mourut. |
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ARTUS WOLFAERTS.
OLFAERTSeft connu dans la Ville
d'Anvers, lieu de fa naiffance, comme un Peintre habile, ingénieux &; fpirituel; il s'eft diftingué dans les fujets d'Hiftoire, &: principa- lement dans ceux qu'il a pris dans les Aétes des Apötres &: dans 1'Ècnture Sainte : II fembloit que fon imagination prit des ailes pour s'élever jufqu'a la hauteur de l'événement qu'il ofoit traiter, toujours en affoiblifToit-il moins qu'un autre la noblelle & Ia vraifemblance. Ses com- pofitions font fimples, mais grandes; ies fonds ornés d'une belle Architedure ou de Payfages qu'il ne faifoit jamais de caprice : Le coftume y étoit obfèrvé jufqu'arepréfenter les lieux tels qu'ils font exprimés dans le texte. wolfaens avoit 1'efprittrès-orné; il neconnoif-
foit pas moins la Mythologie que 1'Hiftoire: II a peint des fujets allégoriques,oü l'homme d'el- prit brille autantquelePeintrehabile. ünaauffi de luiquelques lableaux aflez plaifants, dans le gout de Teniers : C'étoient les amufèments de les quarts d'heure perdus & de fa récréation. Il deffinoit bien & colorioit naturellement : On ignore 1'année de fa mort. Aa 2. FRANgOIS
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37* £<* Vu des Peintres
FRANgOIS DU CHATEL,
Éleve de david teniers le jeune.
DU CHATELeft unPeintreingénieuxque
1'on peut egaler a Goniales Coques & a Te- 1 niers : Bruxelles rut le lieu de fa naiiïance. Sou Maitre David Teniers lui trouva tant de confor-
mité&: de rapport avec fon génie,qu'il 1'adopta comme (on nis: II ent des attentions diftinguées pour eet Eleve 3 Sc c'elt celui qui a fait le plus d'honneur a ce grand Maitre & a fon Ecole. Malgré les recherches que Ton afaites dans le
Pays, on n'apu rien découvrir de certain fur la vie de du Chatel; fa fortune a du être confidéra- ble, fi nous en jugeons par le nombre de fes Ou- vrages Sc par le prix confidérable qu'il en rece- voit. Du Chatel a peint li exadement dans la maniere de fon Maitre,que 1'on peut aifément s'y tromper: II avoit cependant plus de noblefle dans fes fujets. On prend auffi aflez fouvent fes Tableaux pourceuxde Gon^ales: Ilpeignoit, en fortant d'avec Teniers, des Tabagies., des Corps de garde, &rc. & dans la fuite il éleva fon gé- nie '6c ne peignit plus que des Converfations, des Aflemblées , des Bals & des Portraits de familie. Quelques-uns de fes Tableaux fontfi abondants & fi bien cornpofés qu'on eftprefque tenté de le placer au deflus de fon maitre: Son Deflein eft corredl, fa couleur excellente , fa touche fine, & il entendoit tres- bien la perfpec- tive
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Flamands, Allemands & HollanJols. 373
tive &: l'mtelligenceduclair-obfcur. Il ne pei- ' gnoit gueres fes figures que de la hauteur a'un "*'
pied: Elles font toutes habillées fuivant la mode — du temps. Le Tableau Ie plus confidérable que j'aye vu de ce Peintre , eft place dans la falle de la C'avalcade a 1'Hötel de ville de Gand: II repré- fente le Roy d'Ef pagne qui recoit le ferment de üdélité des Ëtats du Brabant Sc de laFlandre en 1666 : Le fond du Tableau repréfente une des principa'es places de la Ville. On y voit des arcs de triomphe , des amphithéatre.s, la Nob'eflè, les Corps de Métiers & la Bourgeoifieen para- de; on y compte plus de mille figures : Ce Ta- bleau eft frappant , d'une beauté admirable & d'une variété finguliere. Les grouppes en font bien lies &■ lesplanspartagés habilement & fans confufion: Les figures fur le devant ont tin pied de hauteur. Bien des gens £e font mépris a ce Tableau & 1'ont crtvde la main de Coques : Sa longueur eft d'environ vingtpieds fiirquatorze de hauteur. On ne fcait point 1'année de la mort de ce
Peintre. |
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Aa j JEAN
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J E A N
LINGELBAC.
INGELBAC naquit a Franc-
fort furie Mei n en 1625, Onne fcaitde qui il futEleve.IIfe trou- va jeune a Amfterdam , d'oü il partitpourParisen 1641. Deux ans aprèsilquittalaFrance,pour parcounrlltalie. Rome lui fournit cantde mo- deles qu'il ne penfa plus a aller ailleurs. Six an-- nées y furent employees a admirer & a étudier aflidument les beautés dont il étoit environné. eft un exemple pour ceuxqui cherchent |
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La Vie des Peintres F/amandsy &c. 375 _____
& s'inftruire. Il deffina ce qu'il vit, & il Ta dei- t .
iiné avec autant de génie que d'exa&itude ; il a _ feu Ie mettre a profit dans fes Ouvrages : lis font
variés, amufants & toujoursnouveaux. Après avoir copié prefque toutcequ'il putapprocher, il emporta deBome eet amas de richeflès Ie 8 Mai 1650: 11 ne fit que pafler par 1'Allemagne pour retourner a Amlterdam, oü il fixa Ion éta- bliflemenr. Lingelbac ne tarda gueres a donner des preu ves
de fon talent;on s'appercutdes progrèsqu'il avoit fait dans fonvoyage. Les Amateurs avoienttrop efpérédefadiipoiitionheureuJepourn'avoirpas fur lui les yeuxouverts,&: il avoit pafleleurs ei- pérances \ on ne lui lailïa plus Ie temps de finir ïèsTableauXjilsfurenttousretenusd'avance :I1 peignoit Ie plus ordinairement des Ports de mer dltalie, & fur Ie devant un nombre infini de pe- tites figures,auffiexpreffivesquevariees.il met- toit fur Ie premier plan & pour f èrvir de repoujfoir tantöt une grande porte ou un are de triomphe d'une belle Architedure un peu endommagée par Ie temps, quelquefois une fontaine avec des figures de bronze ou de marbre } qu'il placoit dans des niches ou fur des piedeftaux : II fca- voit que meubler fes Tableaux , c'eft les enri- chir & les rendre piquants. Quant il a repréfen- té des Foires ou des Marchés publics dltalie , il y a prefque roujours fixé i'ceil par un grand objet, par un théatre de charlatans, de joueurs de gobelets ou d'autres farceurs: II s'y trouvoit des figures, des chevaux & d'autres animaux, des marchands & marchandes de fruits & légu- mes, &c. Il a raflèmblé avec efprit dans fes Aa 4 Ouvrages
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376 La V'ie des Pelntres
Ouvrages , tout ce qu'on peut peindre : Les
traits de fon pinceau lont toujours ingénieux & quelquefois critiques & malins. 11 caradérife Ie charlatan &c Ie peuple qui 1'entoure: Uncertain air impofant& fourbe eit répandu fur la figure de l'Eiculape, & l'ironie ou 1'admiration lur Ie vifage de quelques figures plus frappantes de l'auditoire. Lingelbac peignoit fes ciels & fes lointains
avcc une couleur vaporée & aërienne , qui rendoit parfaitement la chofe imitée : II avoit une attention extreme a habiller, fuivant leurs ufages3toutes les nations qu'il vouloit repréïèn- ter dans fes Ports de mer. Le gout exquis de fa maniere, la touche fine, fes beaux tons de cou- leur j feront toujours rechercher ks Tableaux, qui font encore en petit nombre en France. On en trouve dans pluiieurs Cabinets de Hollande & de Flandres. A la Haye, chezM. van Slingelandt, Confeit>
ler a la Cour d'Hollande , une Foire Italienne : Ce Tableau eft plein de jolis détails. Chez M, van Slingelandt, Bourguemeftre a la Haye, un Tableau de Fête a. 1'Italienne ou de Carnaval. Chez M. Fagel, une Fête de Village. Chez M. lormier, une Foire aux chevaux; une Architec- ture, plufieurs figures qui danfent au fon d'une mufette ; des débris des environs de Rome , avecdes figures d 1'Italienne. ChezM.van Hé- teren , un Port de Mer chargé de VaifTeaux ; & Ie Carnaval de Venifè. Chez M. Ferfchuring, un Port de mer. Chez M. van Brémen , un Dé- part pour la Chaflè. A, Amfterdam, chez M. Braamkamp , un.
P
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Flamands 3 Allemands & Bollandois. $yj
Payfage,oü 1'on voitunchariot chargé de foin, plulieurschevaux&cdesfigures.ChezNl.Leender i6l5' de la Neufvüle , uu Port de mer d'Italie; &c un —•" Payfageavec des figures &c des animaux. Chez M. Lubbeling , un Marché d'Italie, Tableau pré- cieux peint a Rome; & 1'enlevement des Sabines. A Roterdam, chez M. Leers _, trois diflferents
Ports de mer d'Italie. Et chez M. Bijfchop, un Marché d'Italie, oü 1'on voit un Operateur en- vironné d'une foule de fpe&ateurs ; Ie même fujet autrement repréfentc; & une Vue Ie long d'une riviere, avecun grand nombre de figures & des animaux, &c. On ne fcait pas Ie temps de la mort de Lin-
gclbac. |
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GILLES VAN TILBORGH.
TIlborgh étoit contemporain de du
Chatel; tous deux étoient de la Ville de Bruxelles, & tous deux imitateurs de la maniere de Brauwer & de Teniers. Tilborgh peignoit des fujets bas3desA(TembIées
de Paylans, des Cabarets & des Corps de garde; fa couleur eft bien approchante de celle de Brau- wer , mais il eftmoins fpirituel dans la touche : Un des me'rites de fes Tableaux eft la grande variété; i!s font bien coloriés & aflèz bien deffi- nés. Il avoit, comme tous ceux de (on Pays , 1'intelligence du clair-obicur ; la couleur eft vi- goureuiè, mais unpeu noire : Ce n'eft pas ce- pendant Ie défaut général de tous fes Tableaux; ils
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57S La Vie des Pc'intreS
ils font recherches en Hollande &: en Flandres;
16Z5. 11 s'en trouve auffi quelques-uns en France. *. .... ■ M. Ie Comte de Vence en poflede un a Paris ; c'eft un Eftaminet de Payfans, il eft peint en
KJ58.
On voit du même , chez M. de la Live óiE-
pinay , un Roy boit Flamand 3 il eft linguliere-
ment compofé.
A Gand , chez M. Deyne, Seigneur van Lie-
verghem, deux bonsTableaux du même Tilborgh.
L'annéedelamort de cePeintre eftignorée.
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JEAN WORST.
JEanWorst étoit rintimeami & Ie com-
pagnon de voyage de Jean Lingelbac : Ils ont toujours étudié enfemble a Rome. Worftpeignit bien des Vues & des Payfages d'Italie ; mais fa grande facilite a deffiner fut caufe qu'il peignit peu :Ilvendoit fes Defleins prefque amefurequ'il les avoit finis; il ne faifoit gueres autre chofe. Quoiqu'il en ait fait un grand nombre, on en trouve cependant fort peu & ils font très-chers j C'eft une preuve qu'ils font fort bons. |
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WILLEM
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Flamands 3 Allemands & Hollandois, 3 79
WILLEM (GUILLAUME)
VAN DRILLENBURG, ÉLEFE D'ABRAHAM BLOEMAERT.
VAn DnjLLENBURGnaquita Utrecht vers
KJ25 ' ü étoit de bonne familie : Encore fort jeune il apprit la Peinture, par amufement, chez Abraham Bloemaert. 11 en fit bientöt une étude. Au bout de quelques années il quitta ce Maïtre & fa maniere , ik devint Payfagifte & dans Ie gout de Jean Both ; il Fauroit même éga- lé , fi fa couleur avoit été aufli naturelle & fa touche aufli facile que celle de ce bon Peintre. Drillenburg ( dit Houbraken Ion Eleve) écoit
laborieux; il ébauchoit en hyver h la chandelle, de petits Tableaux qu'il finiflbit Ie jour. Il étoit fouvent un mois fans fortir : Dès que cette vie fëdentaire 1'ennuyoit , il s'habilloit, il entroit dans Ie premier Cabaret & paflbit quelquefois trois ou quatre jours & autant de nuits, fans rentrer chez lui. Il fut demeurer en 1668 ou 69 a Dordrecht; il avoit alors 43 a 44_ans: C'eft dans cetemps-laqu'//o«/;ra/{:e«pritde feslecons. Il ne nous apprend rien de plus de fon Maïtre. |
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JACQUES
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380 La Vlc des Peintre?
JACQUES LA VECQ,
É L E F E DE R E M B' R A N T.
TAcques LA V E c q né a Dordrecht en
162.5. J Hollande j eut pour Maïtre Rembiant : II qu'on peut Ie tromper a lenrs Ouvrages. Une fortune honnête , aprèsla mort de fon pere, Ie détermina a voyager : 11 pafla par Paris j oü il étudia& changea la premiere maniere. Ilaban- donna 1'Hiftoire pour peindre Ie Portrait : II attrapa très-bien la refllmblance. Se$ Portraits iont dans Ie gout de ceux de Jean de Baen ; fes derniers Ouvrages, duns ce genre, font fort in- férieurs a ceux qu'il a faits en f ortant de 1'licole de Rembrant: 11 avoit alors la force & la touche de ce grand ColoriÜe, & fes prenvers Tab'eaux augmentent Ie nombre de ceux qui font réelle- ment de Rembrant. La Vecq a fon retour de Paris, 011 il avoit vécu dans Ie plaifir, rnena une vie très-languiflantejufqu'ala mort, qui arriva au commencement de KJ74 : II avoit été admis parmi les Peintres de Dordrecht en i6j 5. Houbraken qui étoit entre chez la Vecq après
la mort de Drillenburg, nous rapporte une aven- ture arrivée a la Vecq : II avoit été appellé a Sedan , pour y peindre Ie Portrait dun vieil Eccléfiaftique fortriche, celui-ci dit au Peintre qu'il s'étoitautrefoisfaitpeindreparunFlamand, mais que Ie Tableau lui avoit tant déplu qu'il 1'avoit
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Flamands 3 Aüemands & Hollandois. j 81
l'avoit faitmettre au grenier. La Fecq demanda a Ie voir ; mais quelle rut fa lurprile,quand en 1 Z5' ayantefïliyélapouffiere,ilreconnutunedesplus '•—*" belles têtesque van Dyck eüt jamais peintes. Il craignit fort, & avec raifon,pour Iefien,mais, grace a 1'ignorance de rEccléiiaftique , Ie Ta- bleau de van Dyck retourna au grenier &r celui de la Fecq fut place dans Ie plus bel apparte- ment de la maifbn. Que de Laïcs ne jugent pas mieux que ce Prêtre ! |
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JEAN
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J E A N
VAILLANT,
ÉLEVE
DE SON FRERE AINÉ.
EAN VAILLANT Eleve
de fon frere wallcrant , paroit avoir eu plus de diipofkion pour la Peinture, que dinclina- tion pour 1'exercer : Déja con- _ nupardesTablèauxquilefai- foient diftinguer parmi lesArtillesordinaires, il quitta la Peinture, il époufa une Demoifelle ri- che a Francfort j öc fè mit dans Ie Commerce. JEAN
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La Fie des Peintres Flamands, &c. 3S3
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JEAN VAN KËSSEL.
VAn Kessel, felon Comilte de Bie & _____
TTeyermans} naquit a Anvers en 1616 : Sa 1616* maniere approche de celle de BreughcldeVlour: ■ infe&es3des fleurs&des plantes.Il devoit tout a la nature, dont il étoit Ie fidele copiite de fes plus grandes beautés. Ildeflïnoitavecprécifion.,colo- rioit avec intelligence 6c finifïbitavecgoüt. Le prix enorme de les Tableaux les mettoithorsde la portee de qui n'étoit pas très-riche. Le Roy d'Efpagne en acheta une grande quantité; plu- fieurs Gouverneurs des Pays-Bas, & quelques grands Seigneurs en eurent auffi quelques- uns. Il regnedans tout ce qu'a fait Kejfel, une dé- licatefle & un précieux qui égalent prefque fes Tableaux a ceux de Breughelde Vlourèc a ceux de David de Heem. On en voit dans les plus beaux Cabinets : Trois fur-tout en Angleterre, dans le Comté d'Yorck,fbntremarquables chez le Comte de Carlïlle. Chacun de ces Tableaux a fix pieds de long fur cinq pieds dehaut. II eft furprenanta quelpointlePeintre afcu imiter les fleurs, les plantes, les chardons & les reptiles : Ces trois morceaux ne laiflfent rien a défirer. Un choixdanslesfleurs, unecouleurvi ve&brillante, les garantitbien dureprochedeféchereffequ'on a fait,avec aflèz de juftice, a fes autres Ouvrages. On vante auffi fes quatre Eléments} qui paflent fouvent
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384 La Vie des Peintres Flamands ,&c'.
•*"----- fouvent même parmi des Connoiflèufs 3 pout
1616- êtfe du Breughel.
»—J Fan KeJJ'el avoit pour maxime de faire des
études dans les faifons differentes: II lesdeffinoit, il les peignoit auffi ; mais Ie plus fouvent il les modeloit. Ainfi quandil vouloit faire quelques Tableaux j il avoit recours a fes études, dont il avoit üne ample colledion :Ces mêmes fources ont beaucoup lervi a fon dlsFcrdinandvan Kejfel, dont nous parlerons dans la fuite. Quoique Ie fils n'aitpoint égalé fbn pere, il Ta (uivi de bien pres. jean van Keffel mourut a Anvers, on ne fcait en quelle année. M. d'AcoflaalaHaye, pofTedeunTableau in-
téreflantde ce Peintre : II repréfènte une Forge ou une Fabrique d'armures. |
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SAMUEL
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S A M U E L
VAN
HOOGSTRAETEN,
ÉLEVE DE RE MB RA NT.
L naquit a Dordrecht en 1627Ï ——-
fan pere Tkéodorevan Hoogftrae- 1617. ten ,1'initia dansles principes de la ■ & fe perfedionna fous Rembranu En quittant ce Maitre il en em- portala maniere; mais il en profita moins qu'ii n'auroit pu, parce qu'il s'adonna tout entier k Tvme II. B b peindre |
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j la Vie des Peintres
peindrê Ie Portrait & que Ie ton fort Sc brun de
Rembrant, n'étoitpas, dans Ie Portrait, du gout
c}u pius grand nombre : Avec ces attentions ,
Samuelplut, & fut fort employé a la Haye & a
Dordrecht.
Van Hoogfiraeten avoit une émulation aufli
conftante que vive , qui lui fit faire de grands progrès. S'il vifitoit tous les Artiftes, c'étoit pour tacher de les egaler. S'il voyoit quelque Payfagifte j quelque Peintre d'animaux, defleurs ou de rruits, auflï-töt il étudioit Ie même genre j & en tous il n'a jamais été médiocre. Ilalla a Vienne en Autriche; il montra fes Ouvrages a 1'Empereur, en prélénce de l'Impératrice , du Roy d'Hongrié & de 1'Archevêque de Vienne: II préfenta trois Tableaux, Ie Portrait d'ua Gentilhomme , Ie Couronnement d'épine de notre Seigneur & uneimitation de fujetsinani- més. Les deux premiers plurent beaucoup; Ie dernier fit plus 3 il fit illufion a 1'Empereur : Foila., ditcePrincej Ie premierPeintre quï m'ait feu tromper 3 & pour l'en punir, je garde fon Ta- bleau. On devine qu'il fut bien payé. Fan Hoog- firaeten fit encore quelques morceaux de cette e(pece, qui furent vendus cher; mais ce talent étoit trop borné pour fon génie : II fe remit a 1'Hifloire & au Portrait. L'Empereur Ie grati- fia d'une chaine d'or avant fon departpour Ro- me, oü ilétoitmoins allé pour fe perfedionner , que pour fe guérir d'une inclination dont il ne pouvoit fe défaire que par la fuite. Rome & les beautés de PArt fixerent quelque temps toute l'attention d'un fi grand Artifte ; mais par des vues d'intérêt ou de curiolité, il pafla dela en Angle-
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Flamands, Allemands & Hollandois. 387
Angleterre, ou il travaillautilement, &retour- ha a Dordrecht enrichi de biens & de talents : l6z7 II y a vécu fort conf idéré, chargé d'ouvrages &c entouré d'Eleves. Houbraken qui fut du nombre , rapporte que perfbnnen'étoit plus capabled'en- feigner : Outre fa capacité il avoit une patience extreme a montrer & une douceur charmante qui tempéroit l'amertume de la corre&ion. Il expliquoit 1'Hiftoire a fes Eleves en homme d'efprit; il leur faifoit connoïtre Ie dangerd'in- troduire fans beaucoup de précaution & de ré- ferve, des figuies qui ne lont pas abfolumentdu fujet, & que 1'on appelle épiiodiques: Toutes les lecons qu'il donna en Public (fondées fur les regies établies par la raifon &: par la nature ] fe-, ronten touttempsdesloixpourles plus habiles. Van Eoogflraettn étoit Thomme de fon temps
Ie plus lettre & Ie meilleur Poete. Son IVaité fur la Peinture eft fort recherche, ainfi que les deux Livres intitulés Ie Monde éclairé & Ie Mon- de aveugle. Plufieurs pieces de vers détachés , fon Voyage d'ltalie, &c. font admirer en lui autant de jugementque d'efprit. Toutes fesheures furentreglées :La Peinture
faifoit fon étude capitale, & les Belles-Lettres remplirent fes moments de récréation. Il fut critiqué par quelques Peintres jaloux de fa ré- putatton; mais il y répondit fenfément, enref^- pedant la critiqué &: confondant 1'ignorance & la calomnie. Il étoit ami de toutle monde > & mourut regretté a Dordrecht Ie 19 Odobre |
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J'ai déja dit qu'il peignoit bien dans chaque
genre. Ilordonnoit avec jugement. Son Deflein B b z eft
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3 la vie'des Peintret
_ eft aflèz correól:; fa couleur fondue n'a encorfc
,f rien perdu de fa fraïcheur. Il tomba cependant lui-même dans undéfautqu'ilavoitcondamné dans fonTraite-, c'eft celui de peindre cruement: Ses couleurs entieres lentent un peu trop la palette. Il s'exoufa fur Ie petit nombre de Con- noifleursaquiildevoitjdiloit-iljautantparcom- plaifance qu'a ceux pour qui il avoit travaillé , en fe fatisfaisant lui-même. On voit de lui un beau Tableau a la Monnoie de Dordrecht, il re- préfente les Officiers qui en avoient la diredion danscetemps-la. TousIèsPortraits fontreflèm' blants , & les Tableaux d'Hütoires compofés avec elprit & d'une belle entente de lumiere. M. vander Linden van Slingelandt, poffède un Tableau d'Hoog/iraeten, il repréfènteunHomme habillé finguliérement qui écrit; on croit que c'eft un Portrait. |
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BERNARD VAÏLLANT,
Éleve de son Frere.
WALLERANT VAÏLLANT. BERNARD fut Eleve de fon frère ainé: ils
voyagerenttou jours enfemble. Bemardquit- talepinceaupourlecrayon : Ufe fit une grande réputation a deffinerlePortrait;illefaifoittrès- reflemblant, avec une touche & un travail fin- gulier. Etant a Francfort avec fon frère , pen- dant Ie couronnement de I'Empereur, 1'aïné peignoic
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Flamands, Athmands & Hbllandois.
peignoit ce Prince avec des couleurs, & Ie cadet Ie faifoit au crayon. Bernard fut s'établira Ro- terdam, ou il a été tres eftimé & fort employé. Une mort fubite l'arrêta dans un voyage qu'il fit a Leyden, ou il mourut: L'année ne nouseft pas connue. Son attachement a fa Religion &c fes bonnes moeurs lui ont mérité , ainiï qu'a fon frere Wallerant, la place de Diacre dans 1'Eglife Wallonne de Roterdam. |
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N. OSSENBÉECK.
OSsenbéeck néa Roterdam, s'arrêta
en Italië pendant plufïeurs années; Ie plus grand nombre de fesOuvrages y eft rerté, on en trouve cependant quelques-uns dans les Cabinets d'Hollande : Sa maniere approche aflèz de cello de Bamboche. Il peignoit Ie Pay fage avec des figu- res,deschevaux & autres animaux. Ses Tableaux font agréablement compofés : Onvoitdans les unsdesgrottesj deschutesd'eau & des cafcades; dans les autres, des ruines de temples&r des dé- brisd'autresmonuments, Ilafouventrepréfenté desManéges &desFoires,pouravoir plus d'oc- cafionde placer aproposdifférenteselpecesd'a- nimaux,qu'il deffinoit & peignoit auffi bien que fes petites figures; fes Tableaux ont toute la force des Italiens & Ie fini des Flamands. Les Flam- ands,en parlantd' OJfenbéeck, difoient qu'il avoit rapporté Rome dans les Pays Bas: Et cela fe pou- voit direenplusd'unfens j caroutre legout de peindre de 1'Ecole Romaine, il n'a jamais fait do Bb 3 Tableaux
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39° La Vic des Peintres
Tableaux fans y met tre des Etudes de Rome;
On ne fcait s'il eft mort dans fa patrie.
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MATHIEU WITHOOS;
Éleve
DE JACQUES FAN KAMPEN. "\\^ IT H o o S doit fa naiflance a Amers-
\fv fort en 1'année 1617. Il fut décidé Pein- tre dès Ie berceau, & fans Maitre on Ie vit def- finer avec intelligence. Le célébre Jacques van Kampen, Peintre & Architede, fut Ie premier qui découvrit les grandes difpofitions du jeune Withoos. Il s'offrit lui-même a rinftruire,& 1'ad- mit dans fon Ecole. Après fix années il fut en état de changer de Maitre , & Ie feul qu'il prit fut la naturerDans ce vafte attelier,il choifit tout cequipouvoit faire brillerfongénie Letalentde peindre de Withoos 1'auroit pu difpenfer de voir Rome ; mais entraïné par plufieurs jeunes Pein- tres,dont étoient Ot hoMarceltis,Henri Grauw,Scc. ils paflèrent tous enfemble les Alpes t Un de la troupemourut en chemin. Ils arriverenta Ro- me , oü chacun d'enx chercha un Maitre & des modeles pour s'inftruire. Withoos fut recherche par le Cardinal de Médicis, qui fut frappe de fes Ouvrages. Cet illuftre curieux retint tout cequi fortoit de fa mainSdepayafortchennotrepein- tre ne refta que deux ans a Rome : il retourna chez lui accompagné de Marcel/is; il y revint en
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f lamanis , Attetnanis & Hollandbis. 3
en 1650. Son deflèin d'établiflèment a Amers- fort, fut changé par la crainte qu'il eut de 1'Ar- 1617. mée Francoife , qui approchoit a grandes jour- » néesd'Utrecht En 1672. il pafTadans la Northol- lande, & choifit la ville de Hoorn pour y vivre tranquillemenuil y afait plufieurs Tableaux di- gnes des plus beaux Cabinets. Il fut encore en- tourage par Ie prix de fes Ouvrages; il recevoit jufqu'a 500 & 600 florins pour un Tableau de Chevakt. Les plus payés furent faits avec beau- coup plus de loin :Les autres quoique moins finis, font encore précieux&rfont aufli tres recherches. Ce peintre avoit d'excellentes qualités: Pere ten- dre & ami zelé, il évitoit lesgrandes compagnies & ne fe plaifoit qu'a vivre dans fa familie & dans une fociété choifie, dont il faifoit les délices. Quelques années avant fa mort, il fut cruelle- ment tourmenté d'unegoutte qui duroit quel- quefois 3 & 4 mois de 1'anne'e , & qui 1'empê- choit de peindrerElle lui öta même a Ia fin 1'ufa- ge des rnains & par confequent du pinceau. Il mourut a Hoorn en 1703, agé de 76 ans. Mathïeu Wuhoos laiffa trois fils Peintres 8c
quatre filles: La plus jeune Alida Withoos^ pei- gnoit des fleurs,des fruits &des infedesen dé- trempe&al'huile; fon talent efteftimé, fes Ou- vrages ont de la finefle & une bonne couleur.. Withoos Ie pere peignoit toutes fortes de plan-
tesj des fleurs, des ferpents & d'autres infedes.y avec autantde véritéquede forcerUn grand fini fait un des principaux mérites de fon pinceau. Les Héritiers de M. de Moor, Bourguemeftre de Hoorn j pofledoient fes meilleur.s Ouvrages. Bb 4 HENRI
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3 £2 La Vle des Pelntref
HENRI GRAUW,
ÈLEFE DE JACQUES FAN KAMPEN.
TTenri Graut naquit a Hoorn dans
l6z7- 11 Ie Nord de la Hollande, environ 1'aa ■*——•" 1627 ; fa familie aflTez riche crut devoir fuivre jfon incUnation, & Ie deftina a la PeinturerPiem: Grebberlui en donna les premières lecons. Grauw. entradela chez Jacques van Kampendl y demeura- buit ans. La réputation de premier Eleve de cette Ecole, qu'il acquit, lui procura de grands Ouvrages. Le Prince Maurice de Najfau lui or- donna quatre ïableaux du plafond de la gran- de voute ou coupole de la Maifon du Bois,près de la Haye : Grauw les entreprit fous la direc- tion de Pierre Grebber, fon premier Maitre. Ce fut-la fon début & ce qui le fit connoïtre; les applaudiflements qull en recut & d'autres Ou- vrages qu'on lui commanda, ne purent cepen- dant 1'arrêter: II voulut voir Rome Sc fes mer- veilies. En 1648 il s'embarqna pour Livourne , & fut dela a Rome : II y deffina d'après 1'Anti- que, & chercha avec fuccès a réformer la ma- niere de fon Pays. Après une longue fk. utile ap- plication auDeflfein, il peignit &il copia les plus beaux Tableaux; il s'occupoit uniquement de fon talent, & on ne le vit gueres que le pin- ceau ou le crayon a la main. Ün jour le Pouffia ayant pris quelque temps plaifir a le voir copier un beau Tableau, lui frappa fur 1'épaule &r lui dat
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Flamands,'AlIemands & Hollandóis. J
dit en Italien, jamais je n'ai vu d'Hollandois qui promit tant : Ce fuffrage augmenta encore Ie zéle du jeune Peintre. Il pafla trois ans a Rome, au bout delquels, enrichi des plus grands prin- cipes de fon Art & d'un amas d'études curieu- fes, il remporta fes tréfors dans fa Patrie. Il demeura alternativement a Amfterdam 8c
a Utrecht jufqu'a 1'année 1672 , qu'il futs'éta- blir a Hoorn , & dela a Alcmaer, oü il mourut garcon 3 après y avoir féjourné huit a dix ans. Henri Grauw étoit jaloux de fa réputation ,
comme on Ie doit être, en tachant de plus en plus de la mériter. Il ne fortoit gueres de fon Attelier ; mais il étoit poltron .• Il fuyoit bientót d'une ville , dont il apprenoit que 1'armée en- nemie approchoit. Il parloit peu , excepté de la Peinture , dont il parloit en Maitre. Sa maniere de compofereft grande 8c noble;
facile a produire & fage dans l'ordonnance,fes draperies font larges} Ie nud d'un beau choix, & fa couleur fort bonne. Le Peintre Bronkhorjl lui ordonna plufieurs fujets d'hiftoire : Grauw en fit des efquifles fur des papiers coloriés. Cha- cun de ces croquis contenoit huit feuilles de papier collées enfemble; de ce nombre de fujets étoient 1'Education de fiacchus, le Triomphe de Jules-Céfar, &c. Tous fes Defïëins faits au crayon , ont été admirés par les plus habiles Artiftes 3 ainfi que la plüpart des autres Ou- vrages de ce bon Peintre. |
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N.
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La Vu des Peintres
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N. ROESTRAETEN,
ÉLEFE DE FRANgOIS HALS.
ROestraeten né a Harlem en 1617,
apprit la Peinture fous Fran^ois Hals , ha- ----■ bile Peintre de Portrait. Roeftraeten parvint a
une grande réputation dans la maniere de fon
Maitre, & devint fon gendre : II commencoit a être tres diftingué en Hollande, lorfqu'attiré paria grande fortunede fon ami Lely, ilvoulut tenter li Ie Pays étranger lui feroitauflifavora- ble. Il pafla en Angleterre , oü il fut recu avec joie par Pierre Lely, qui étoit au milieu de fa plus grande profpérite j mais cette joie ne fuc pas longue &: ne fut que Ie premier mouvement de 1'amitié: La jaloulie lui iucceda, & Lely ne put voir fans inquiétudeun Peintre qui put 1'é- galer dans fon genre. Il ne fè voulutpas cepen- dantbrouiller nvecRoeJlraeten, fans lui propo- fer avant un accommodement : « Vous avez , » dit Lely au Peintre d'Harlem, plufieurs gen- »> res dans lefquels vous excellez, Ie Portraiteft » Ie feul qui puifle foutenir mon nom & ma »s fortune : Ainfi pournepas nous nuire, aban- » donnez Ie Portrait & peignez d'ailleurs tout « ce qu'il vous plaira, nous ferons amis au lieu »> d'être rivaux. Je vous promets que connu » comme je Ie fuis ici, je vanterai vos Ouvra- « ges&jevouslesferaivendfeungrandprix. « La propofition fut acceptée & fuivie de part &
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Flamands, Allemands & Hollandols. 3 9 y
&d'autre des plus finceres procédés. Roejlraeten moyennant les éloges de ie/j 3 fut tres employé; ïlvendit fes Tableaux quarante &cinquanteli- vresfterling, & quelquefois davantage : II de- vint riche &rvécut honorablement. Après quel- que temps de veuvage jilépoufa, quoique fort agé, une jeune femme, & ne tarda pas a fuivre fa premiere: II mourut a Londres en 1698. La jaloufie de Lety nous a privé des beaux
Portraits qu'eut fait Roeftraeten : II les deffinoit bien & les colorioit a merveille ; mais nous en fommes dédommagés par ces autres Tableaux qu'il a laiffes. Il y repréfentoit des vafes d'or , d'argent, de nacre Sc de porcelaine, des bas- reliefs de marbre, & 1'illufion alloit jufqu'4 tromper les plus connoiflTeurs: L'Angleterre ne fe laiffè volontiers enlever les Ouvrages de ce Peintre; ilsfonttrès-eftimés dansce.Royaume. |
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HENRI
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HENRI
FERSCHUURING,
ÉLEFE DE JEAN BOTH.
ERSCHUURING naquit
a Gorcum en 1627; fon pere étoit Capitaine d'Infanterie au fervice des Etats Généraux , & vit avec une efpece de chagrin 1'incapacité de fon fils pour le Métier des Armes : II étoit trop foible. Le pere ne fcavoit a quoi deftiner un enfant fi délicat; mais la nature voulut 1'en dédommager
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taVie desPe'mtrês Ftamands , &c. ty}
dédommager : II vit ce fils, agé a peine de huit ans, lui demander a apprendre 1'Art de la f ein- ture. Thierry Govert^Veintre de Portrait,fut fon Maïtre de DefTein jufqu'a lage de 13 ans. Alors plus décidé pour Ie genre qui devoit un jour Ie rendre illultre , 1'Eleve quitta Govert% & pafla a Utrecht dans 1'Ecole de Jean Both > il y refta fix années: Ses progrès augmenterent fes défirs comme fes connoiflances. il demanda a aller a Rome, & il 1'obtint : II arriva dans cetrecapi- tale des Arts encore plus que du Monde. Il fui- vit d'abord les heures de 1'Académie & y fit des études régulieres: II pafla. dela aux ftatues & aux bas-relieFs. Les débris d'Architeéture, monu- mentsanciens &rmodernes, ne lui échapperent pas & lui parurentcapablesde Ie perfe&ionner. On Ie vit, Ie crayon a la main, errant aux environs de la Ville & dans les Campagnes: II fit pareille moiffon a Florence & a Venife, oü il fut fort employé. Sa conduite & fon ta- lent lui attirerent une eftime générale; mais on fut fort étonné de voir Verfihuuringc^m s'é- toit appliqué jufques-laavec tant de fuccès aux grandes parties de la Peinture, abandonner tout d'un coup 1'Hiftoire pour peindre des Ba- tailles : II fe mit a faire une étude particuliere deschevaux; & après avoir parcouru Tltalie pendant pres de cinq ans, il reprenoit la route de fa Patrie, en paflant par la Suiflê & par la France, quand Ie hazard lui fit rencontrer pen- dant fon lëjour a Paris, Ie fils du Bourguemeftre Marfevéen, qui partoit pour 1'Italie : Ce Com- patriote fit ce qu'il put pour fe procurer un pa- reil compagnon j &l'engageaa retourner fur fes pas.
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59 des PeintreS
pas. Verfchuuring revint avec plaifif a Rome j
qu'il avoit quittee avec regret: II y refta encore trois ans & n'y fut pas oilif. 11 en partit enfin pour laHollande &r pour jouir tranquillement de fes travaux 6c de fes talents, dans Ie lieu de fa naiflance : II y arriva en 165 5 , fes Üuvrages y plurent comme ils Ie méritoient. Il fe livra tout entier a peindre des Batailles; il n'eut que tropd'occafions d'étudier un genre qu'il aimoit tant. En 1671 ilalla alafuitederArméed'Hol- lande &: deffina journellement les Campements, les Armées enbatailleSj les Attaques, les Siégesj les horreurs d'une armee en déroute : II a ex- primé dans les Tableaux tous les moments qu'il avoit fi exactement copiés fur les lieux. Il fga- voit la manoeuvre & les évolutions des di'ffé- rents corps : II en a peint a étonner jufqu'aux moindres particularités. Ce Peintre mérita par la folidité de fon ef-
prit & par fes mceurs, la confidération de fes Concitoyens : II fut élevé a la Charge de Bour- guemeftre de Gorcum. Son application a eet emploi n'empêcha pas qu'il ne travaillat a fon Art autant qu'auparavant : Ce ne fut même qu'a cette feule condition qu'il accepta 1'hon- neur d'être Ie premier Magiftrat du lieu de fa naiflance. Sa mort qui arriva Ie 16 Avril 1630, attira
les regrets d'un Peuple dont il étoit Ie pere par fa bonté & 1'ornement par fes talents : II avoit été obligé de faire un voyage par eau ; un orage terrible fit périrle navire qui Ie portoit, a deux lieues au plus de la Ville de Dordrecht: Perfunne n tchappa du naufrage. Verfihuuring
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Flamaiids, Allemands & Êollandois. 399
V-erfchuuring a beaucoup travaiJlé ; il avoit tane imagination très-vive &c féconde: Tous les 7' Tableaux ie ièntent des études qu'il a faites en —* Italië; il s'en fervoit dans la plüpart de {ks com- pofitions. On voyoit un debris d'Archite&ure Sc des fontaines oü venoient boire des chevaux Sc d'autresanimaux. Il a peint auffi des Foires d'Italie; mais il réuflïflbit mieux a peindre des Batailles, des attaques de voleurs &des Villa- ges pillés pat des Soldats: C'eft dans ce genre oü Ton reconnoït particulierement la vivacité de ce Peintre. Les figures &c les animaux Tont deffinés corre&ement & touches avec efprit dans tous fes Tableaux : II joignit chaque jour lies études nouvelles au nombre prodigieux des anciennes qu'il avoit, de figures & d'animaux. Peu de Peintres ont plus deflïné : II ne fortoit jamais fans porter un cahier de papier, fur le- quel il deffinoit au crayon , a la plume & a 1'encre de la Chine. On voit grand nombre de fes deffeins compofés comme des Tableaux & qui paroiflènt faits avec autant d'intelligence que de promptitude. La plüpart des Ouvrages de ce Peintre font
en Hollande. M. van Aalft, a Dordrecht pofle- doit Ie Tableau Ie plus capital que Ferfihuuring ait jamais fait: C'eft un parti bleu qui pille un chateau; Ie maïtre de ce chateau eft lié & gar- rotté comme un criminel; plufieurs chariots fuivent avec des meubles , la Dame leur offre fonargenterie&fèsbijouxpourfauverfonmari. Le Peintre a fini tous ces détails avec autant d'art que de vérité : II a feu émouvoir le fpec- tateur par 1'intérêt qu'il a répandu dans ce Ta- bleau. |
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4OO Ld Fie des VeintreS
*~~ bleau. La fcene eft fur Ie rivage de Ia mer ; uil
^ 7' nombre infini de figures difperfëes avec intel- *— ligence, rendent ce morceau admirable. A la Haye, chez M. cCJcqfta , on voit du
même uneBataille. Chez M. Verft huring, une vue de Rome avec beaucoup de figures &c des chevaux; une Place publique de Rome avec des figures; une autre vue de la même Ville, avec des figures en grand nombre; un Payfage tres étendu avec des animaux & des figures ; une Aflèmbléede beau monde; uneMuficienne & les Pottraits d'une familie entiere. |
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JACQUES VANDER ULFT.
V ANDER. Ulft s'eft rendu aulli utile a
fa Patrie par Ie premier emploi qu'il y a éxercé , que par 1'excellence de fon talent en Peinture. Jacques vander £///rnaquita Gorcum vers 1'année 1Ö27. On ne fcait pas précifément chez qui il apprit fon Art; mais on fcait certai- nement qu'il n'a faitaucun voyage en Italië, ce qui paroït extraordinaire a ceux qui connoif- lent fes Ouvrages qui repréïentent deslujetsdes environs de Rome & de la Ville même. Fander Vlft ne fe contcnta pas d'un talent oü il a excel- lé , il fe diftingua dans les Sciences: La Chy- mie lui a fourni des couleurs fur verre, appro- chantes beaucoup par leur vivacité de celles des deux freres Crabetk. On voit de lui pluueurs belles vitres dans la Ville de Gorcum &r dans Ie Pays de Gueldres j fon efprit &: fes moeurs Ie firent
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Flamands j Allemands & Hollandois. '40 i
frrent admirer dans ia Patne: 11 en fut élu d'unè voix unanime Bourguemeftre. Capable de con- I r' duire les affaires publiques, il s'y livra lans ce- pendant perdre aucun desmoments qu'il confa- croit a la Peinture : Excellent Peintre, Juge intégre ,< ce lont les titres que Ia poftérité lui accorde. L'année de fa mort eft inconnue. Vander Vlft peut être place parmi les plus ha-
biles Peintres Hollandois, quoiqu'il n'ait fait que copier d'après l'eftampe ce que Rome 8c 1'Antique ont produit de plus beau ; même en copiant il fcavoit être original, & on doute qu'il eüt mieux fait s'ilavoit travaillé d'après les ob- j ets mêmes qu'il repréfentoit. Il f aififloit les belles formes d'ArchitecWe en homme éclairé , & il avoit Ie gout d'embellir par 1'acceflbire, des fu- jets froids& peu intéretfants. Lesdébrisdes an- ciens monuments font rendüs dans fesTableaux avec un art infini. Les tons de couleur y fonc ménages & produifent des effets furprenants : Un grand nombredefigures y caraólerilent pair kurs habillements &r leur maintienj les diverfes nations & les états difFérents. Ses figures font d'un bon gout de deflTein & bien coloriées: Une touche fine & légere y met de 1'efprit. Il les gfouppoit en Maïtre & tiiroit !e plus grand avan, tage du clair-obfcur: 11 a fouvent repréfenté des promenades, des places de Rome & quelque» fois des fujets dé 1'Hiftoire Romaine. 11 n'eft connüen Franceqüedepuispeu d'an-
nées. On trouve de lui un beau Tableau a PariSj dans Ie Cabinet de M. Blondel de Gagny , c'eft un fond riche d'Archite&ure., avec un grand norhbre de figures de différentes nations^ Tome ïh Cq O«
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^___ 402, La Vie des Pe'mtres
t617. (-)n trouve de ce Peintre, a la Haye, chez M.
- Fagel, une Vue d'Italie. Chez M. Lormier, la VuedelaVilledeGorcurtijla riviere eft chargée
de Vaiflèaux. Chez M. van Heteren , une Vue ou font repréfentés quelques monuments de Rome & des figures a 1'Italienne ; une autre Vue, ce font pour la plüpart des ruines pres de cette Capitale. Chez M. Half- WaJJenaar, un Port de mer d'Italie ; on y charge & décharge des marchandifes: II y a beaucoup deVaiffèraix & des figures. Chez M. Verfchuring , la repré- fentation du campement d'une armee , & 1'en- trée d'un perfonnage illuftre dans Rome. Chez M. van Brémen, la conilrudfcion de 1'Hótel de Ville d'Amfterdam : On y voit ce qu'il y a de plus intéreirant pres de ce batiment j & deux Ports de mer d'Italie. A Dort j chez M. vander Linden van Slinge-
landt, une Entree triomphaledans Rome j c'eft un Tableau capital & d'un beau fini. |
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THEODORE
VANDER SCHUUR,
ÉLEFE DE BOURDON.
V Ander Schuur naquit a la Haye
en 16z8 : Son premier Maitre eft inconnu. Il quitta fort jeune fa Patrie & alla a Pans, oü il fut recu dans 1'Ecole de Sebaftien Bourdon : Sous unti bon Maitre , vander Schuur marcha a
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Flctmands, Allemands & Hollandois. 40 3
a. grands pas dans la carrière de la theorie &; de " ~~ la pratique de Ion Art. Par venu capable de pro- l6x*>- fiter en etudiant les chefs-d'ocuvres d'Italie , il ^^" quitta Paris & fut droit a Rome: C'eft-la que Ie jeune Peintre réfléchiflant, au milieu de tant de beautés, fur les lecons de fon Maitre, il apprit a fe former lui-rhême &c a devenir un grand homrae. 11 s'appliqua particulierement a defliner d'apfès Raphaël & Jules Romain : Ce choix lui réuffit.Quelques-uns de fes Tableaux firent du bruit dans Rome; la Reine thriftine de Suede fut celle qui 1'encouragea Ie plus : La maniere de vander Schuur plüt a cette Prin- eefle , elle lui comriianda pluiieurs Tableaux qu'elle paya avec la généroiué d'une grande Reine. De retour en Hollande, il a dit plufieurs fois que les encouragernents dont cette protec- trice illuftre des Arts 1'honora , 1'avoient leuls fait ce qu'il étoit 3 tant il eft vrai qu'il faut des Mécènes pour former des Virgiles. Il profka des lecours &c des avantages que lui procura Cbiftine, & ne perdit pas un inftant de vue fes études. Continuellement occupé a defliner tout ce que cette Capitale renferme, il fe fit la plus grande manierede compofer& de peindre : II rréquentoit les Académies & parvint au point de joindre dans fon Deiïein une grande correc- tion a beaucoup de facilité : Son Deflein ne tient pas trop de fon Pays. 11 paUbitainfi dans Rome une vie bien agréar
biementmêléed'üntravailutile&deplaifirsfans iremords; car il vivoitavec les Artiftes feseompa- triotes les plus {ages, dequi il failoitlesdélices, & a il julle titre qu'on Ie nomma dans la Bande C c x Acadé-
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404 La Vie des Peintrëi
Académique tAmitié. Tout autre que liïi eüt
fini fes jours dans un lieu ori il étoit chéri, très- employé & bien récompenfé : La deftinée en ordonna autrement. Rien ne put le détourner d'un défir violent de revoir fa Patrie : II y céda &r-quitta un bonbeur po-ur un autre qui ne fut que fort équivoque. Il rafTernbla les études , quitta Rome & fa
tranquillité3& revint dans ia familie lei 1 Juillet 1665 : Recu dans la Société Académique des Peintres de la Have., il débuta par plulieurs grandsTableaux, entr'autres par le plafond de la falle des Bourguemeftres a la Mailbn de Ville. Cettegrandecompofitionltüfitbeaucoupd'hon- neur : 11 y a repréfenté avec une très-belle or- donnance, la Juftice, la Modération & la Force. Un autre Tableau qui contient les Portraits
des Officiers des Bourgeois, portant la date de 11675 , eft place dans les Butes de cette Ville. Ilfitencore quelques grands Tableaux pour
la Maifon de Ville de Maftricht. Tant de travaux diftingués par les places ou
1'on les mettoit, lui ouvroient le chemin d'une gloire durable : Le prix confidérable qu'il en recevoit, lui donnoit les moyens d'y marcher avec la lenteur & lelbinfinéceflaires ,quandon veut parvenir jufqu'au bout de la carrière. Il aima mieux borner fa fortune a 1'efpérance mal entendue de la faire plus promptement dans un autre métier. Fander Schuur obtint la place de Tréforier
des Troupes > il s'engagea encore dans quelques autres entreprifes, quoiqu'il fut peu au fait des finances &c de toutes efpeces d'afFaires. Des éyénements
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Flamands, Allemands & Hollandois. 405
événements facheux renverferent fes projets de 1(- g fortune 6c détruiiirent celle qu'il avoit acquife par fes talents , &■ il fe vit, par fon ïmpruden- ce j reduit au point que ies créanciers firetit vendre fon bien.& fes meubles. Ses Tableaux furent achetés par la familie de Schuyknberg, oü Ion en voitencore la plus grande partie. Chargé d'une himille nombreufe j il perdit
dan> Ie même tetnps fa femme : Veut 3 accablé de remords &c d'infortunes, il eut recours a fon talent, & fit d'autres grands Üuvrages } tels que la coupole ou Ie plafond du ialon de la Treve , autrement nommé Salie d'Aflemblée des Etats généraux, Ce grand morceau repré- fente les fept Provinces, déiignées par leurs ar- moiries tk repréfentées par des femmes, & un grand nombre de génies ik d'autres figures al-. légoriques : 11 finit ce plafond en 1698. llapeint furies volets du buffet d'orgue de la
nouvelle Eglife ; fat l'un David compofe fes Pfeaumes, lur 1'autre Zacharieforjtdu Temple: Sur les petits volets, la Vibtation de la Vierge &£ la Préfentation au Temple : Ces morceaux font compofés- & peints avec beaucoup de ju- gement&d'art. Iletlfurprenantqu'un homme- déja ii agé , ait éié capable de faire de fi grands Ouvrages, &c de les finir avec autant de loin: Rien n'y eft négligé. Il aimoit paffionnément fon Art, puifque juf-
qu'a la fin de fes jours, il a frequente PAcadémie & qu'il y deflinoit affidument; qu'il y corri- geoitles DefleinsdesEleves, lesencourageoit& leur donnoit avecdouceiirdesleconspleines de gout & d'intqlligence : Ce font les temoignages Cc 3 que
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406 La Vu des Peintres Flamands , &c.
que lui rendent ceux qui ont frequente 1'EcoIf de fon temps. VanderSchuur^zSz. ainfi fa vie en travaillant.
Son afikiuité au travail a rê*paré en partie les, pertes que les autres enrrepriieslui avoient cau- fées. Il mourut a la Haye en 170 j , agéde 77 ans , après avoir été plufieurs fois Directeur & Doyen de 1'Académie. Tous (es Ouy rages tien- nent plus du gout Italien que de celui de fon pays : II abeaucoup delïiné , de fes Deffeins les plus eftimés paroiflent faits de rien. Ilentendoit bien la Perfpedive Sc 1'Architecture : Les fonds de ks Tableaux (ont intéreflants, 011 y voit des, reftes de 1'ancienne Gréce, qu'il traitoit en S%- vant & en Peintre. |
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JACQUES
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JACQUES
VAILLANT,
Éleve de son Frere
WALLERANT FAILLANT. ACQUESVAILLANT,auffi
Elevedefon frere ainé>oyagea
en Italië:IlreftadeuxansaRo' me , oü il fut nommé par la Bande Académique fJlouette. _JJ Ses études affidues, jointesafa facHitéJe firent entrer aufervicede 1'Eledeur de Brandebourg: Ce Prince lui ordonna plufieurs C c 4 grands
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40 8 La Wi6 des Pelntres Flamands , &c.
grands fujets d'Hiftoire qui réiiflirent & qu§ ■ firent honneur a 1'Auteur. L'Eledenr l'envoya enfuite a la Cour de Yienne, oü il fit pour fon MaïtrelePortrait de 1'Empereur, qui lui donna, üne chaïne&r une médaiüe d'or. Vaillant de retour a Berlin , préfenta a 1'E-,
lefteur Ie Portrait de 1'Empereur : Ce Tableau fut généralement applaudi. Notre Artiftealloie jouir de fa gloire, lorfque la mort 1'enleva fort jeune : il laifla après lui, comme Peintre d'Hif- toire , une grande réputation acquife en un pe-* tït nombre d'années» |
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JEAN
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JEA'N
VAN
HOOGSTRAETEN.
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L étoit frere de Samuel van "
Hoogjlraeten, qui étoit fon ainé. l &l° • Ilsvoyagerentenfemble, &ils --—- travaillerent tous deux a la Cour de Vienne : On ne fcait rien de particulier de fa vie. Il fut recu parmi les Peintres en I(j49J; c'eft a peu pres |
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de Dordrecht
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tout ce que nous en apprend Houbraken. Ou
conte que cePeintre,étant chargé de peindreun Saint Pierre , dans Ie moment qu'il renia notre Seigneur,
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41 o La Vic des Peintres
Seigneur } fut chercher dans la place quelque
pauvre, dont la tête a demi-chauve , put con- venir a fon fujet. Il trouva apeuprès lecarac- tere qu'il cherchoit dans un vieillard, aqui il promit récompenfe, <k 1'emmena avec lui: II Ie fit entrer dans fon Attelier, oü il Ie laiffa feul un' moment. Ce pauvre entouré de figures de platre, de bras &: de jambes détachées, de têtes de mort, d'écorchés & de fquéjettes, ne douta plus qu'il nefüt a fon dernier moment: 11 fe fi- guraqu'on ne Pavoit amené que pour lui faire un très-mauvais parti, comme on avoit fait a tant d'autres, dont il yoyoit les membres épars. La porte étoit entr'ouverte., il prend la fuite. SamuelvanHoogftraetea venoit rendre vi- Jite a fon frere,ö< redoublalapeur de notrefn- gitif, qui d'un faut franchit Ie rede de 1'efcalier. Les cris & les pleurs de ce bon homrae attire- rentlapopulace, au milieu de laquelle il fe mit- a genoux pour les prier tous de Ie fecourir. Quand ilseurent entendu Ie fujet de fa terreur, ils Ie rafïurerent , & Jean van Hoogfiraeten qui avoit couru après j Ie paya d'avance & Ie ra- mena. Il trouva dans Ie vifa'ge coniterné de ce pauvre, une partie de 1'expreifion dont il avoit befoin , il faifit bien vïte ce moment heureux, & fit un Tableau admirable. Jeanvan TJoogjlraeten peignoitbien 1'Hiftoire:
II futeftimé de 1'Empereur , &r mourut encore jeune a Yienne. Un Sculpteur de fes amis, éleva a fa mémoire un Tombeau de marbre : II eft place dansl'EglifedeSainteCroix: Ony voit un enfant avec des emblêmes fur Ia fin de Thomme. JEAN
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Flamands, Allemanis & Hoüandois. 411
JEAN TEUNISZ
(ANTOINE ) BLANKHOF, É L E V E
DE CÊSAR FAN EFERDINGEN. Lankhofnaquit a Alcmaer, au Nord'--------
'de la Hollande , en iéz8. Il fut regarde i<Sz8,
dès fa jeunefle comme Peintre né. Les premières L * lecons lui furentdonnées par Arnold Téer/ingfte, par PierreScheynburg,deux Peintresmédiocres, qui étoient trop foibles eux-mémes pour fe- \j conderde figrandes difpofitions. Céfar van Ever- \\
dingen eut leul la gloire d'en montrer Ie che-
min a un tel Eleve : Ce chemin étoit celui de Rome, oü Teunifi vola en difant adieu a fou Maïtre. : Auffi-tót qu'il fut arrivé dans cette Capita- ;
Ie , fa premiere démarche fut de voir ïes com- |
patriotes: lis Ie firent recevoir dans leur Société )
dès Ie même jour, & Ie nommerent Jcan Maet,
parce qu'il ne difoit jamais deux mots de fuite |
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qg
/p de fon objet, renonca a toute diffipa- 1
tion, pour fe donner tout entier a 1'étude des )
beaux modeles. Ses Tableaux firent plaifir & fu-
rentbientóttrès-recherchés.-Ilpaflapendetemps a Rome 6c retonrna chez lui; il n'y refta pas |
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davantage.
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_ 41'1 Ea Vlc des Pèintres
1.618. davantage. Son inconftance Ie fic long-temps
■^«-r aller de pays en pays fans (e fixer : on compte
trois voyages de iuite d'Hollande a Rome. Èn-
fin trouvant cette route trop battuë , il s'em-
barqua iiir la fiotte deitinée pourCandie : Ce
voyage hit pour. lui plus prontable., pjuÜqu'il
y deflina des Vaifleaux , des Rivages, des Vues
de difrërenrs climats, des Tempêtes, & la Mer.
dans f on calme.
Il devint depuis Ie plus habile Peintre de Ma-
rines •, rien ne lui échappa dts agrès des vaiHeaux ik de la manoeuvre des matelots: 11 obferva les ciels orageux, les flots écumeux d'une mer en furie, & apprit a faire frémir d'une tempête & de ks (unes funeftes. Ses Tableaux lont ii bien coloriés, li bien entendus pour les effets, qu'on croic emendre fiffler les vonts &c gronder la fou- dre au milieu des orages qiul reprélente. On. doit faire une diftinólion dans les Tableaux de ce Peintre : Quand il a voulii les ftnif avec trop deloin ,il en adiminué Ie mérite, ilsontmoins de feu, 1'efprit en eft, pour ainfidire, émoufle; iemblable a certains Ecrivains , qui a force de. limer teurs ouvrages, en altérent la foi-ce. Un des plus beaux Tableaux de ce Peintre ,
fepréfentant Ie Rivage de la Mer . fe voyoit a. Alcmaer,chez GuerardvanSteur, Peintre : Oa en trouve dans pkifieurs Cabinets; ils font fort eftimés des Hollandoiv. jff/ö«c/(rAo/termina fa vietumultueufe & auflï
inconftantequel'Elementqu'il a repréfenté en- viron en 1670 : La Ville d'Hambourg & celte d'Amfterdam k difputent 1'honneur de confer- v£-r les c&ndres de eet Artiile. BERNARD
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Flamands 3 Allemands & Hollandols. 413
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BERNARD GRAAT.
GRAAT naquit en 161%, dans la Ville
d'Amlterdam, & fut confié fort jeune aux lecons de fon oncle, qui étoit un aflez bon Pein- tre , &c connu (ons Ie nom de Maïtre Jean. Le jeune Difciple intérefla ce parent par fon affiJui- té & par (es progrès; 11 le demanda a fa mere > &: le recutchez lui comme ion enfant. Des que le jeune Graat n'eut plus a contenter que Ion oncle , & qu'il lè vit débarraflë de la férule des autres Maïtres, il ne penfa plus qu'au Deflein, &s'y appliqua aupointqu'on n'eut plus acrain- dre qu'une étude pouflee trop loin & qui lui fit mal. Il fallut lui retrancher la lumiere , pour le forcer a prendre du moins la nuit nn repos né- ceffaire. Comme Era/me alloit le foir dans les marchés ramafler les bouts de chandelles que les Poiflbnnieres avoient jettés, & s'en fervoit pour pafler les nuits a étudier , le jeune Graat entroitle foir dans les Eglifes a la fin des Offi- ces , &: voloit, quand il pouvoit, des reftes de cierges, avec lefquels il paflbit les nuits a defli- ner. Cet emportement vers un Art, annonce toujours un grand talent & de grands fuccès. Quand Graat fut aflez fort dans le Deflein ,
pour peindre 3 fon Makre lui donna quelques Tableaux a copier; c'eft la route ordinaire & lente des Commencants : Elle parut longue a Graat, & il devina bien vïte que cette imita- tion
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414 I-a Vle des Peintres
------- tion de 1'Art, n'ell qu'un paflage qui méne &
1628. TEtudede la nature même. On Ie vit, Ie porte-
», ' feuille ious Ie bras j aller dès la pointe du jour chercher dans les campagnes les objets riants de 1'aurore & du retour des gens de travail 6c des animaux: C'eft a ce lpe&acle ü varié & toujours nouveau , qu'un Artifte, né avec des yeuxfaits pour remarquer 3 f aifu ces beautés fines , dont ne L'itiltruiront jamais, ni iitöt, ui ii biea les pliu profondes méditations du Cabinet.ni même la contemplation des chefs-d'oeuvres des plus grands Maïtres. II faut voir foi même les ciels 11 diftërents, lafraïcheur Vaporeuiedumatinj Ie fee brülant du milieu du jour, les rayons purs & trainés d'uncoucherdu loleil, les accidents li divers de la lumiere Air les Images & a tra- vers Ie teuillis des arbres. II en raut etudier les beautés & la bizarrerie des difterenteslïtuations, d'une plaine étendue , oü les objets fe perdenc dans un lointain & fè confondent avec 1'hori- zon; d'une vue plus bornée , oü les objets plus voifins, font plus marqués: II en faut rtmar- quer les variétés, felon les difFérentes failbns. Le Printemps ofFre un verd naiilant , VEté des campagnes couvertes de moirTons, 1'Autom ie des rruits & la vendage , l'Hyver des fontaines & des eaux fufpendues en glacons, des arbres lans feuiiles & écrafés Ibtis les frimats & la nei- ge. 11 faut plus, il faut donner de la vie a ces fepréfentations, en les peuplant d'êtres anime's. Il faut que Pacceflbire rende le principal inté- feflant j en iatroduifant a propos &c avec con- Venance , des animaux &c des figures. C étoit la 1'ordre des études de Graat: II rap-
portoit
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Flamands, Alkmands & tïollandois. 4.15
portoit chez lui de& idees fraïches des objets; il rapportoit des croquis pleins d'efprit & de feu, d'un laboureur, d'une bergere, des animaux & fur-tuut des thevaux 6c des moutons deflïnés avec Ie plus grand foin: Plein, & comme enco- re enivré, il prenoit la palette , 6c rendoit fur la toileavec la vérité du naturel, cequ'il venoit d'oblerverfur la nature. Rieu n'eutéchappé au laborieux(?ra^r,dece
qui pouvoit Ie mener a la perfe&ion de Ion Art, f 1 des circoultances malheureufes, 6c auxquelles il ne donna pas lieu, ne reuifentretardé dans fes progrès. Maïire Jean fon oncle, quitta la Pein- ture , 6c la tante les loins de fbn ménage, pour fuivre Ie fanatifme de controveriiites. lis Ie fu- rent eux-mêmes, ils abandonnerent la conduite de leur naai fon, dont Graat fut obligé de fe char- ger, & même jufqu'aux plus vils détails de la cuiline. On ne peut être Peintre 6c marmiton ; il prit donc fans manquer a la reconnoiflance qu'il devoit a fon oncle, il prit Ie parti de Ie quitter 6c de retourner chez fa mere. Ce fut pour lors qu'on Ie vit avancer a grands
pas dans Ion Art, unic^iement livré a fes réfle- xionsjquiétoientfoutenuesd'unepratiqueconf- tante. Toujours guidépar la nature, il en devint un fi fidele imitateur, que fesTableaux paflerent par - tout pour ceux de Bamboche : Houbra- ken 6c Weyermans, rapportent qu'un de fes Ta- bleaux fut vendu & reconnu par des Connoif- feurs pour être de Bamboche ; & que 1'Acheteur trouva quelque temps après dans un coin de ce Tableau, B„ Graat ficit. 11 n'eft donné qu'aux plus
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416 'La Vic des Peintres
plus grands Artiites de pouvoir ainfi tromper lè
bir F
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Des fuccès fi inconteftables , récompenfés
par des éloges tres - mérités, éleverent lè cou- rage de Cmat: 11 cultiva avec autant de lom que de reconnoiflance Ie taient de Payfagifte éc de Peintre d'animau-x , qui 1'avoit fait con- noitre fi avantageufement; mais il ne Ie regar- da pas comme Ie terme qui dut fixer ia gloi- re. 11 prit Ie vol plus haut &: tenta de travail- •ler en Hiitoire : Cet efiai lui fit connoitre ks forces; les fuccès 1'enhardirentafuivrece gen- re au-dela duquel il n'y en a point en Peinture. 11 forma Ie projet d'aller a Rome pour y pui- Ier dans 1'Antique , la corredion & Ie gout. Il avoit déja vendu fes études 3 fes Tableaux èc tout ce qui lui étoit inutile, &: il étoit pret a partir, quand les inquiétudes de la mere &c de fes parents fur fon éloignenient, & plusencore les charmes de Marie Boom , jeune veuve de Jean van Bellen , qu'on lui propofa pour fem- me , changerent tout d'un coup fa réfblution. Son mariage avec cette vtuve aimable , Ie fixa dans fa familie. 11 fembla que fa Patrie voulut Ie payer du
facrifice du voyage de Rome. On Ie chargea d'Ouvrages, & chacun de fes Tableaux recut la diftinélion honorable d'être expofë aux ap- piaudillementspublicsde fescompatriotes. Lui fèul (entoit Ie befbin qu'il avoit eu de voir l'I- talie. Pour y fuppléer , il ramaffa tout ce qu'il put de Deflèins&d'Eftampesd'après ces grands hommes: Nouvelle étude & nouveaux progrès. |
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Flamands flAllemands & Hollandois. 417
II inftitua chez lui une Ecole, a 1'imitation de 1'Académie Royale de Peinture de Paris, & deux fois par lemaine on y deffina publiqüe- ment d'après Ie modele. Vingt des plus habiles Peintres d'Amlterdam , s'aflbcierent a Graat, pour y partager Ie lbin & la gloire de fè per- rècfronner en inftruifant les autres. On y deffi- noit avec application, on y corrigeoit avec bonté, on s'y foumettoit avec docihté, & on, finiflbit chaque jourpar uneefpece de conféren- ce. Cette Société , bien digned'être louée, dura quinze ans, &: ne fut interrompue que par la mort de Graat, qui arriva Ie 4 Novembre 1709J II étoit agé de 8 1 ans. Graat a peu fait d'EIeves: II difoit a tous ceuX
qui lui en propofoient, fakes apprendre un mé- tier a vos enfants -, au lïeu d'un Art, puifqu'ils ne fontpoint ajfurés de devcnir des Peimres habiles • en apprenant un métier 3 'ds ne feront pointdumoins expofés a la mifere. Le titre d'habile lui avoit coüté tantde peines a acquérir, qu'il craignoit que fon exemple ne fut pas toujours fuivi. Il eut pourtant la gloire de farmer Jean-Henri Roos, excellent Peintre d'Hiftoire, de Portraits & d'Animaux. Celui-ci, retiré a Francfort 4 envoya par reconnoiflance a fonMaitre (on Por- trait & trois petits volumes d'animaux gravés a 1'eau-forte de la main. Le mérite de Bernaert, eft égaldans plufieurs
genres. Sa premiere maniere approcha de celle de Bamboche : II faifoit bien les animaux & par- ticulierement les moutons, les chevres, &c. Sa couleur etl vigoureufe & pétillante , & il régne dans tous fes Ouvrages, un accord qui Tome II. Dd féduit
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418 La Vie des Peintres Flamands, &c.
-----~ fëduit 1'oeil : II peignoit avec Ie même fuccès
1 ' 1'Hiftoire &c Ie Portrait: Ses compofkions en
"^^ Hiftoire, donnent une haute idee de fon efprit. Les Auteurs Hollandoi» , toujours prolixes , font une longue defcription d'un Deflein de Graat, pour Ie Tableau deftiné a être place dans une des falles du Conieil d'Amfterdam : Ón y voitle temps qui découvre la Ve'rité: Les vertus & les vices y font perfbnnifiés. Cette compofitioneftpleine d'efprit, & fait 1'éloge de celui de fon Auteur. Les Poëtes D. Schelte 8c G. Bid/o ont chanté ce
PeintredansleursversHoUandois. Ledernier fait une belle defcription d'un Tableau peint par Graat} dont Ie lujetétoit David&cBethfabée. Son Deflein ell correct dans ks Ouvrages: On
recherche beaucoup fes études d'après nature. Les Tableaux de ce Peintre font en grand nom- bre en Hollande, 8c peu connusen France. |
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VINCENT
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VINCENT
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V A
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D E R
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VINNE,
ÉLEVE DE FRANCOIS HALS.
ANDER VINNE naquit i6t9.
dans la Ville d'Har'em en \6iy, ^-^y dèsl'enfanceils'adonnaalal'ein- ture : II n'eüt long remps d'autre Maitreque lui-même. Il copioit avecleplusgrand foindes Defleins & des Eltampes: On remarque da nsce premier travail, cette grande facilité que donnefeule la D d i nature ,
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410 La Vie des Peintres
nature, & ainfi que ce gout qu'elle n'accorde
qU'a fes favoris. Levoifinage de Francois Hals , habile Peintre, lui procura la connoiflance de les fils : II eut pour eux plus de complaifance que pour (es autres camarades , peut-êtreparce qu'il prévoyoit que cette amitiéluiprocureroit celle de leur pere. Hen pariavivement afes pa- rents, qui Ie placerent enfin chez Francois Hals, qui fut étonné de voir eet Eleve li avance fans Ie fecours d'aucun Maïtre : II 1'encouragea , & bien loin de ralentir ce feu qui dominatou- jours depuis dans fes Ouvrages, &dont il de- voit être jaloux, il 1'excita par ces paroles ; » Broflèz toujours de la couleur 3 la propreté si viendra d'elle-mêrne. Vander Vinne avanca fi promptement qu'il fe
vit en état de voyager iurle produit de lès üuvra- ges. EnquittantIon Maïtre, vander Vinne^zKn par 1*AUemagne, par la Suifle 6c vint eniuite a Paris : Par-tout il trouva a exercer Ion talent. Cette vie errante lui convenoit plusqu'aaucun autre ; fa gaieté naturelle Ie mettoit a Ion aife dans tous les endroits : II s'y trouvoit comme chez lui. Ilavoit voyagé jeune, ilretournaen- core jeune dans fa Patrie vers 16^5. Arrivé a Harlem ^ il peignitdes Plafonds ^ desPaylages, des Portraits, &c des Enfeignes: II ne faut point s'y méprendre, fon habileté ne fut point humi- liée par ces Ouvrages vils dans d'autres Pays; car la ville d'Harlem fe diftinguoit dans ce temps-la par fes belles enfeignes, comme celle d'Anvers par celles de Rubens , &:c. Ce qui fit dire au Peintre de Berkheyde que vander Vinnc étoit IeRapha'él d'Harlem pour peindre des en- enfeignes.
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Flamands > Allemands & Hollandois. 411
feignes. Cet Artifte perdit effeétivementbiendu temps a faire ces Ouvrages qui font trop expo- fés pour durer, & il nous en a moins laifle de Tableaux de Cabinet. Ilavoit efprit & génie : s'il avoit enjouement & feu fur la toile, il en a auflï laifle des traces brillantes fur Ie papier. Il a écrit en vers & en profe desemblêmes ingé- nieux. Ses Ouvrages en ce genre ont Ie même mérite que fes allégories pittorefques. Il femble cependant que vaader Vinne ne penfoit plus fur fa fin qu'a gagner de 1'argent ; c'ell un défaut qui dépare fes derniers Ouvrages ; mais on y reconnoit encore une facilité étonnante & une grande imitation de la nature. Il faifoit 1'Hif- toire, Ie Portrait, Ie Payfage , les animaux en grand & en petit, tantót finis & plus fou- vent heurtés & pleins de feu. Il a peint & écrit jufqu'a la fin de ïes jours , excepté fept a huit ans avant fa mort, qu'il fut affligé par une elpèce d'épilepfie qui éteignit fon imagination : II mourut d'apoplexie en 1701, agé de 73 ans. Il laifla trois fils, Laurent , Jean &C Ifaac } tous trois Peintres médiocres. Le Prince Charles a dans fon magnifique Ca-
binet a Bruxelles, fix Tableaux de vander Vinne, dont quatre font des Portraits, le cinquiéme un Port de Hier, & le fixiéme un Éjentifle. |
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D d 3 JEAN
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La Vie des Peintres
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JEAN-ERASME
Q U E L L Y N,
r
Eleve de son Pere
E RA S M E Q U E L L Y N. JEan-Erasme Quellyn né a Anvers 1'an
16X9, étoit Fils &c Eleve d'un Artifte diftin- ■'----" gué , qui avoit appris dans 1'Ecole de liubens
la theorie & Ia pratique de fon Art. Jean Quel-
lyn recut de Ion pere les mêmes principes, & il fit biencöt fous lui les plus grands progrès. Il avoit fouvent entendu fon pere regretter de n'avoir pointvu les Ouvrages des grands Maï- tres a Rome : il obtint aifëment de lui la per- miffion d'y aller étudier. Jean Quellyn parcourut 1'Italie : II avoit un
heureux génie qu'il forma fur les plus beaux modeles. Il fut employé a de grands Ouvrages a Rome, a Venife , a Naples & a Florence: Ce furent des occafïons de fe diftinguer , qui por- terent fa réputation jufques dans fa Patrie. Il y envoya quelques Tableauxde fa main, qui juftifierent ce qu'en avoitpublié lai-enommée , & qui prouverent les fuccès qu'il avoit eus en Italië. Son pere Ie rappella; il voulut avoir Ie plaifir de voir fon fils jouirdans fa Patried'une réputation qui augmenta dans la fuite & a me- fure qu'il eut les moyens de fe produire. Quellyn
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_J
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Flamands, Jllemands & JJollandois. 413
Queilyn obéit; en arrivant a Anvers, il eut ordre de peindre quelques Tableaux qui lui procurerent aufli tot de tres grands Ouvrages dans toute la Flandre. Toutes les Villes s'em- preflerent d'avoir de lui des Tableaux pour la décorationde leurs Eglifes. Queilyn Ie pere étoit lui - même un très-bon Peintre & avoit du génie : II en eut aflez pour connoitre Ie mérite de fon nis, & aflez de raifon &r de tendrefle pour avoir la plus grande joie de les fuccès. Jean Erafme a joui long-temps de fa gloire au milieu d'une foule d'Artiftes habiles : II eft mort a An- vers Ie 11 Mars 1715. Le jeune Queilyn peut être regarde comme
un des meilleurs Peintres Flamands, après Ru- bens. Quelques-uns de fes Tableaux peuvent être comparés a ceux de Paul Veronèfe : II avoit étudié la maniere de ce Maïtre, & toutes fes grandes compofitions font dans fon gout. Son Deflein eft corred; il drapoit fes figures avec noblefle, {es fonds font la plupart d'une belle Architedure : C'étoit une des parties qu'il en- tendoit le mieux. On voitdans toutce qu'il a fait rhomme de génie; fescompofitions font d'une belle ordonnance} bien concues, & aucune de fes figures n'y eft placée fans néceflité : Les ex- preflions en font 11 vivement rendues, que les perfonnages même dufecondordreattirentl'at- tention. La bonté de fa couleur & Tintelligence parfaite du clair-obfcurfont un effèt intéreflant dans fes Ouvrages : Nous allons donner une lifte des plus beaux , dont la plüpart ont été mal-a-propos attribués a fon pere. OnvoitaAnvers, dansFEglifeParoiffialede
D d 4 Saint
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44 des Pe'mtres
Saint Walburge, lé Tableau d'Autel de Ia Cha-
1629. pelle du S.SacrementrllrepréfenteJéfus-Chrift: ■' dans Ie moment que les Pélerins d'Emaüs Ie reconnoiflent. Dans 1'Eglife de 1'Abbaye de S Michel, un
Tableau qui occupe toute lalargeur de la croi- fée de 1'Eglife &r qui fe termine au centre de la voute; les figuresen font beaucoup plus grandes que nature: C'eft notre Seigneur qui guérit des malades. Cette belle &" vafte compofition efl; fï bien dans la maniere de Paul Vcronefe, qu''on la pourroitattribuer aceMaitre, fans lui faire in- jure: II y a un fond d'Architeóture admirable , une variété amufante dans les parties, & nulle confufion malgré legrand nombrede figures : Ce Tableau peut pafferpour Ie plus beau de no- tre Artifte. Le Réfecloire dé cette Abbaye eft décoré de fa main : C'eft un beau Cabinet de Peinture. Les Tableaux occupent tous les tru- meaux depuis la voute jufqu au plancher : Ce font les quatre repas principaux dont parle 1'E- criture Sainte, On y voit, comme dans fes au- tres Ouvrages, une belle maniere de difpofer fes fujets & beaucoup de génie. Il a fauvé fi adroitement les inégalités de eet édifice gothi- que, que letout enfèmble eft parfaitement d'ac- Cord & ne paroït être qu'un feul Tableau. Cinq autres Tableaux places dans 1'Eglife ,
font voir les Martyrs de Gorcum; 1'Adoration des Roys, autre très-beau Tableau, efl: place dan? la Chapelle de Sainte Urfule , dans 1'Eglife de Notre-Dame. Dans 1'Eglife Collegiale de Notre-Dame, a
Malines , Ie grand Autel eft décoré par notre Peintre 3
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Flamands , A'[Iemands & Hollandoïs. 415 _
Peintre; il y arepréfenté la Céne: C'eft un mor- ceau fort eftimé. * ' Le Tableau du grand Autel de 1'Eglife des '~"~**'
Auguftins, repréfente Madelaine pénitente aux pieds du Sauveur : II eft a table chez Siméon. Dans 1'Eglife des Béguines, cinq Tableaux de
la vie de S. Charles Boromée. Dans 1'Eglife des Jéfuites ,cinq Tableaux; Saint Fran$ois Xavier conduit par un Ange; S. Xavier prêchant au Japon; S. Xavier qui retire un Crucifix des pinces d'une écreviflej Saint Xavier voyageant nuds pieds dans les neiges; S. Xavier qui recoit une Bulle du Pape; &c enfin S. Xavier qui ca- théchife les enfants. ABruges, le Tableau d'Autelde la Chapelle
de la Vierge, dans 1'Eglife des Jéfuites, repré- fente une Aflomption. A 1'Eglife des Domini- cains, un Saint de eet Ordre eft retiré de la pri- fon par les Anges : C'eft un Tableau d'Autel pres de la Sacriftie. Dans la Bibliothéque des Auguftins, d'un cöté les quatre Evangéliftes, & de Tautre quatreDodeurs de 1'Eglife; cinq Portraits de Religieux de eet Ordre; dix Ta- bleaux oü font repréfentés les Sciences & les Arts: Dans le Réfedoire , une Annonciation, u ne Madelaine pénitente ,S. Pierre,David jouant de la harpe, Ananie & Saphire, S. Auguftin en habit d'Evêque, Jéfus-Chrift en Pélerin pres de S, Auguftinj S.Auguftinméditantle Myftérede la Trinité, fur lesbords de la mer; la Conver- fion de ceSaint, quieftaffis fous un figuier; S. Ambroife en habit pontifical; les quatre Vertus théologales. Dans la Chambre d'hötes, Saint Jean prêchant dans le défert; Loth fortant de Sodome
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426 La Vie des Pelntres
~- Sodome avec fa femme & {'es filles; Ie Publi-
1619. cajn ^ ie Phari/ien ; Ie Déluge ; les lnquiétu- ■ des de la bonne confcience; & les quatre Sai- fons : Tous ces Tableaux font peints en 1666, 1667 &■ 1668. |
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ANDRÉ VAILLANT,
ÊIEVE DE JTJLLERANT SON FRERE.
ANdré , Ie plus jeune des cinqfreres, apprit
Ie Deflein fous wallerant fon frere aïné : II prit Ie parti de la Gravure & choiüt unMaï- tre habile a Paris, chez qui il étudia pendant deux années. Dès qu'il fe fentit capable de tra- vailler feul, il fut trouver fon frere qiu étoit établi a Berlin ; mais il y mourut peu de temps après fon arrive'e. |
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HENRI BERCKMANS,
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É L E V E
DE JACQUES JORDAENS. |
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B
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Erckmans a montré fon difcernement
dans Ie choix qu'il a fait de fes Maitres : II |
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commenca fous Philïppes wouwermans, il étudia
enfuite ibus Thomas willeborts , & en dernier lieu fous Jacquesjordaens. Berckmans doitle jour |
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Flamands } Aüemands & Hollandois. 427
a Clunder , pres de Willemftadt, en 1619. Né pour être un grand Peintre , il pafla dans dif- * 29' FéreotesEcoles, pour , après avoir eflayéles dif- ——°" férentes maniëres , en prendre une en connoif- fance de caufe. Il choifit celle de la nature : II peignoit déja bien 1'Hiftoirej mais quelques Portraitsrnalheureufementluiréuflïrenr&ilne Ut prefque plus d'autres Tableaux. Le Comte Eenri deNaJJau, Gouverneur d'Hulft, fe 1'étoit attaché;& il nefut prelque plus poffible pendant ce temps, d'obtenir aucun Ouvrage de ce Pein- tre. A la mort du Comte , Berckmans alla s'éta- blir a Middelbourg en Zélande : La Hollande avoit pour lors de tres-grands Artiftes, le nötre y tint un rang diftingué. Le Portrait de 1'Ami- ral Ruyter & celuideJean Even/en, furenttrou- vés fi beaux, que les principaux de Hollande, voulurent avoir le leur. Ce fut dans ce temps qu'ilpeignitles Compagnies des Archers&des Arquebufiers, que 1'on voyoit dans les Butes de Middelbourg & dans celle de Vliffingue. Berckmans rendit fa fortune auffi confidérable que faréputation. On ne nous a point marqué 1'année ni le lieu de fa mort : II pafla généra- lement pour avoir eu un bon gout de DeflTein , pour avoir fait des Portraits bien coloriés & d'une grande relfèmblance. |
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THÉÖDORE
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<*fe~a#>
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418 La Vïe des Peintres
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THÉODORE VAN LOON.
------* T 7~ANLooNfutunexcellentPeintre; taVille
'if>1-(>- V de Bruxelles lui donna la naiflance, fans
*^=r qu'on fache exaótement 1'année qu'il vint au monde, ni Ie nom de fon Maïtre. On fcait qu'il étudia long-temps en Italië: Rome & Florence, confèrvent de fes Tableaux d'Hiftoire, qui or- nent des Eglifes &c des Palais. Théodore fut lié avec Carlo Maratti, dont il aimoit la maniere ; ils puiferenc enfemble d'après les Ouvrages de Raphaël, les beautés que 1'on admire dans leurs Tableaux. Fan Loon ne quitta Rome qu'a re- gret, &c retourna a Bruxelles, oü il a travaillé avec réputation : On allure qu'il y eft mort , mais on ne fcait pas en quel temps. Tont ce que nous connoiflöns de Théodore ,
approche de la maniere de Maratti : Même caradere de Deflein, même noblefTe dans les phyfionomies, mêmeélévationdansla maniere de compofer; on reconnoit a fes Ouv rages 1'E- cole d'Italie : II colorioit aflez bien; mais quel- ques-unsde fes Tableaux ont Ie défaut de tirer fur Ie noir : Les ombres en font quelquefois lourdes & grifes. On voit de lui dans TEglife des Carmelites , k
Bruxelles, deux Tableaux d'Autel; plufieurs- Tableaux en petit dans 1'Eglife de S.Gaugeric. A Malines,dansrEglifedesBéguines, deux grands Tableaux pres du makre Autel, l'un repréfente FAdoration des MageSjl'autre la Vifitationdela Vierge.
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Flamands, Allemands & Ho'landois. 419
Vierge. Dans 1'Eglife des Jéfuites, S. Xavier prollerné dtvant la Vierge & 1'Enfant Jéiüs ; derriere Ie Saint, on voit fuir des demons &c des forciers, &rc. |
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MARIE
VAN OOSTERWYCK,
É JL E V E
DE D A VI D DE HEEM.
MARIE VAN OOSTERVYCK doit
être a jnftetirre, au nombre des fem- mes illuftres de la Hollande : Elle naquit au Bourg de Nootdorp, pres de Delft, Ie 20 Aoüt 1630. Son pere Jacques van Oqftcrwyck étoit Prédicateur de 1'Egüferéformée : II avoit de 1'efprit, & chercha a cultiver celui de fa fille. Il remarqua la vive inclination qu'elle avoit pour la Peinture , & fon dégoüt infur- montablepourlesOuvrages de bagatelles,aux- quels on reduit fi injuftement fon fexe. Elle avoit lans cefle Ie crayon a la main 5 c'étoit ap- peller & mériter un Maïtre. Jean de Heem , peintre célébre d'Utrecht,
fut choiü, & il reent chez lui cette Eleve ai- mable; il n'y eut prefque point d'intervaile entre fes premiers eflais & les Ouvrages, qni lui ont attiré tant d'éloges. Ayant quitte fon Maïcre , elle vit paffer fes Tableaux de TEcole dont elle fortoit ,
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43 o La Vie des Peintres
iortoit, dans les Cours étrangeres} &rfaire 1'ad-
miraticn des Artiftes. Elle s'attacha a copier la nature, en luivant les principes de de Heem, & ie iervit de les inilruótions jufqu'au point de balancer Ion mérite Sc de devenir lanvale, Louis XIV. fut Ie premier des Souverains de PEurope qui Thonoradelon augufte fuflFrage,enplacant un de fes Tableaux parmi la riche collection qu'il amaiïbit. L'Empereur Léopold Sc Plm- pératrice lui demanderent un de fes Tableaux, & Ie placerent dans Ie rang diftingué des rare- te's qu'ils poflëdoient en ce genre, lis envoye- rent a 1'Auteur leurs Portraits enrichis de dia- mants, commedes gagesde leur eftime. Guillau- mc III. Roy d'Angleterre, eut d'elle un Tableau qu'il fit payer 900 florins : 11 fembloit que tous les Princes de l'Europevouloient,arenvi,con- tribucr a lacélébrité decetteadmirable fille. Le RoydePologne fit acheter trois de fesTableaux 2400 florins : Ces fommes furent toujours pa- yées au dela de la convention & avec tant de générofké 8c de diftindtion , qu'elles eurent plütöt Pair de prefents que de payements. Au milieu de tant d'honneurs j autant dus a
fes talents qu'a fon efpritcharmant, ellemena une viepaihble, fans vouloir jamais s'allier par aucun engagement. Si elle aimoit a vivre dans la bonne compagnie, a qui elle convenoit b'en, elle étoitinfatigableau travail, & c'étoit dans fon Cabinet, oü Pon étoit le plus für de la trou- ver. Pour avoir plus de temps a donner a la Peinture , elle s'étoit retirée a Delft chez fon grandpere. Guillaume van Aelft y chercha Poe- calion de la voir & de lui parier d'amour, fous le
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1630.
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Flamands 3 Allemands & Kollandois. 431
Ie prétexte de voulotr connoïcre ies Ouvrages: II la vnquciquefois, & enfin il lui rit fa décla- ration ; mais notre illuilre Artute ne pouvoit plusrece v oir les voeux de 1'himen. LaDeeiTè Ho- re a Iaquelle ei Ie s'étoii dévouée, la retenoir dans de premiers engagemenrs, qu'elle ne rotnpit de fa vie : £lie étuit d'aüleurs dun caradere trop oppoféacelui du Peintre pourl'écouter ; autanc elleétutt fage&laborieuie, autantil étoit dé- bauché & parefleux. ilnetravailloaquepar be- foin : Elle voulut cependant bien ne pas Ie ren- voyer durement; niais elle mie adroitement au mariagequ'il iuipropofbit, unecondicionpréa- lable, qu'ellefedoutüit bien qu'il n'exécuceroit point. Êlle lui prepofa 1'épreuve de travailler dix heures chaquejourpendant une année. Fan Aelft crut être iür uobrenir fa maïtrerTe: II pro- mit; mais il n'eut pas!a rorce de tenir fa parole. Son Arreher étoit vis a-vis de celui de Made- moifelle Ooflerwyck^tWe nemanquapas de mar- quer avec de la craie fur Ie chaflis de fa croifée , les jours qae van Aeijlne travailloit pas. Il vint au bout de 1'année plus amoureux que jamais: » Vous m'avez Jégagé vous-même de ma pro- » meflè, lui dit-elle , en lui moncrantles jours » d'oiiiveté, qu'elle avoitexadement mis en » écrit. L'amant confbndu n'eut pas Ie mot a n répondre & ne 1'étourdit plus. M ïne Ooilenvyck a peint les fleurs d'un beau
fini & d'une grande propreté. Elle avoit appris de (on Maïtre a rendre (es Tableaux agréables par 1'aflbrtiment plein degoütdes fleurs, &rpar 1'art d'imiter leur fraicheur de de les groupper : Elle
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4$ t.a Vie des Peintres Flatftdnds, &c.
Elle en oppofoit habilement de différentes cou^
leurs, & fcavoit en faire un tout enfemble , délicieux & plein d'harmonie. Quelque labo- rieufe qu'ellefut, fesOuvrages font rares a caufe de la longueur du temps qu'elle employoita les finir. Cette aimable Artifte vécut jufqu'a 1'age de 63 ans, & elle finit fes jours en 1693, chez ion neveü Jacques van JJfendelft , Prédicateur a Eutdam en Hollande. |
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WILLEM
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f I1LEM
(GUILLAUME)
KALF,
ÉLEFE D'HENRI POT.
ALFnatifd'Amfterdam, futcon- ____
temporain de Marie Oojlerwyck. ""!
Ses premières années fe pafferent 1 dans YULcoled'Henri Pot 5Peintre '-----'
d'Hiftoire&-dePortraits; mais,
foit faute de difpofition, foit par une inclination particuliere,en quittant fon maï- tre, il quitta fa maniere, & s'adonna a peindre des Tome II. Ee fruits |
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4J4 La Vk des Pclntrei
fruits, des vafes d'or, d'argent &c de nacre, &C,
Ses Tableaux plurent, & fes partifants éleve- rent fes Ouvrages au deffus de ceux des autres Artiftes: &c il méritoit aflez cette préféance; on fcait que ces lortes de Tableaux , peu intéref- fantspar eux-mêmes, ne Ie deviennent qu'au- tant qu'on y voit la nature imitée avec choix, difpolée avec goütj & rendue avec la plus grande vérité. On trouve fouvent tous ces mé- rites dans les Tableaux de Kalf; & c'eft par cette raifon qu'on les a recherches, & qu'ils Ie font encore. Kalf etoit d'une fïgureaiirubleaf- fez inftruit pour être amufant dans la fociété ; il imaginoit des hiftoriettes & les contoit plai- famment: 11 fcavoit fe rendre propres celles des autres par cette même tournure. S'il aimoit a conter , on aimoit a 1'entendre, & il paflbit quelquefois des nuits a faire oubiier a fes amis Ie fommeil, auquel elles font deftinées. 11 mou- rut Ie 30 Juin 1693 , d'une chütequ'il fit en paf- fant furun pont. Teus les Tableaux de Kalf, font d'un très-
bon ton de couleur: lis font touches avec force & bien coloriés. Le plus beau morceau de ce Maïtre, étoit dans le Cabinet de M. de la Court, aLeyde: II repréfente des Vafès & un Melon coupé en deux : On ne peut rien voir de mieux peint & de mieux imité. On trouve beaucoup de fes Ouvrages en Hollande & enFlandre. |
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CORNILLE
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f lamanis, Allemahds & Hollandois. 43
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CORNILLE BISSCHOP.
BISSCHOP né a Dort Ie 12 Février 1630, I(j2O.
commenca la Peinture f bus Ferdmand Bol. ' ^ II quitta Ion Maïtre ponr fe former lui - même d'apiès la nature : II avoit réuffi a 1'Hiftoire & au Portrait; mais il borna Ton talent a peindre des figures fur bois, qu'on découpoit & qu'on placoitdans des niches, dans des appartements, &c. Quelque bien qu'il eüt fait ces fortes d'Ou- vrages, c'ell un trop petit genre pour mériter les eloges , que lui ont prodigué fes Compa- triotes : II a fait de bons Portraits & quelques Tableaux d'Hiftoire. L'envie de gagner lui a fait faire des chofes médiocres II mourut en 16741 & laifla onze enfants, deux Peintres 3 Jacques & Abraham: Ce dernier a réufli a repré- fènter des Oifèaux. |
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PIERRE
VAN BREDAEL
VAn Bredael naquit en 1630, dans
la Ville d'Anvers. On ne fcait qui fut fon Maïtre, & on n'eft pas plus certain j'il a été a Rome. Il paffa quelques anneés a la Courd'Ef- pagne, oü fes Payfagesfurent recherches :Rien E
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43 £a Vie des PelntreS
ne put 1'y retenir. Il retourna a Anvers , oü il
1630. fut Diredeur de 1'Académie en 1689 ; ilyeft *' ■' mort fans que Ton fache en quelle année. Le talent de van Bredael conliftoit a bien pein-
dre le Payfage. Quelques-uns (ont de la maniere de Jtan Breughel, &c difputent en mérite a ceux de ce Maitre : On croit volontiers qu'il a pafle quelque temps en Italië en voyant les lujets , qu'il a repréléntés. Les Payfages qu'il nous a laifles, font enrichis de fonds d'Architecture, desenvironsdeRome, des grottes,descirques, des fontaines: Toutes ces ruines paroiflent fai- tes d'après nature: Ses Tableaux lont de bonne couleur: II polfédoit la partie de 1 'harmonie: Des figures & des animaux bien deflinés & touches avec fineflTe , peuplent aflèz ordinairement fes Payfages : lis font encore rares en France. Ua des plus beaux ds van Bredael, fe voit a Gand dans le Cabinet de M..Hamerünclc. On en voit trois autres chez M. Lormier, ïx
la Haye; il y a des figures & des animaux bien peints. Et chez M. van Brémen, quatre repré- fentent les Saifons. |
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WILLEM (GUILLAUME)
DOUDYNS.
CE T Habile Peintre naquit a la Haye Ie der-
nier de Décembre 1630. Son pere étoit Bourguemeftre & Colonel des Arquebufiers de ce Bourg célébre. L'éducation de fon fils fut convenable
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Flamandï , Allemandi & Hollandois. 437
eonvenableafbnétat;mais la Peinture 1'empor- ra fur fes autres Etudes,& il obtint un Maitre: Ce talent fut d'abord regarde comme un amu- fement; mais il devint bientót Ie feul objet de 1'application de Willem* Alexandre Petit, Pein- tre peu connn, lui donna des lecons & en au- roic bien pu recevoir de fon Eleve qui Ie quitta pour alleren Italië. Doudyns parcourutavide- ment tout ce qui fe voit dans Rome , & il y reftadouzeansaétudier d'après les grands Mal- tres: II y acquit la belle maniere qui a rendu jon nom fi célébre.CetArtifteauroitfansdoute fini fes jours au milieu des beautés de cette Ca- pitale : II y trouvoit de grands modeles, & la confidération qu'il méritoitj comme un des meilleursPeintres de fon temps: Mais fa famil- ie qui Ta voit demandéplufieurs fois,lui fit tant d'inftances qu'il fe rendit. On Ie recut avec joie a la Haye ; fes parents & les Artiftes lui mar- querent enfèmble Ie pkifir qu'ils avoient de Ie revoir, & il fut un de ceux qui s'employerent Ie plus a élever 1'Académie de Peinture a ia Haye en 166ï. Hen futplufieurs foisDirecteur, non par égard pour fon rang ou fa naiflance ; mais comme Ie remarque fort bien Weyermans^o\xt fon mérite &r pour fon talent: Diltindlion qui peut feule flatter un Académicien. Notre Diomede ( c'eft Ie nom qu'il eut dans
la Bande Académiqued'Italie,) travaillaen Hol- 1'andeavec Ie plus grand fuccèsa plufieursgrands Ouvrages ; il y mena une vie agréable jufqu'i l-'agede 67 ans. Il mourut en 1697. Doudyns avoit une grande maniere de compo-
fer} il deflinoit Ie nud avec corredion & avec £e j fineffe z.
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16 to.
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4 3 8, La Vu des Peintm Flamands, <Sr»
finefle : Ses draperies font bien jetées & facou- ieur eft fort bonne. 11 avoitun talent particulier a peindre des plafonds, &c il en afaitplufieursA quel'onvoitencorearHöteldeVilledelaHaye. 11 y a dans Ie même Bourg, chez M. van Hété- ren, deux bons Tableaux de Doudyns, 1'un re- préfente Ie Temps, qui decouvrela vérité & la diffimulation , avec cette devife, Sol & tempus yeritatem detegunt ; 1'autre eft la Sageflè qui Ésule a fespieds Tivrognerie & les vices; on y lit encore, vina, dapes onerant ariunum, fapïentia uutrït. Chez M. Kalf-Waffmaar, une Léda. Et chez M, Cauwerven, a Middelbourg , un jeun© homme qui lit. |
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JEAN
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JE AN-HENRY
ROOS,
ÉLEVE
DE JULIEN DU JARDIN ENRI ROOS naquit en 163i,a. ____
OtterbergdanslebasPalatinat. kj, t,
11 ne dut point fon éducation a ■ fa naiffance, fon pere étoit un pauvre Tifl'erand & hors d'état deprocurerafonfils lesMakre& qui lui étoient nécelFaires.lullen du /a/ï#/z,peintre d Hittoirea Amfterdam, engagea Ie jeune Roos Ee 4 pouc
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44° La Vie des Peintres
~~~ ~ pour fept années^d'apprentiflagejC'étoitea 1640,
' il n'avoit alors que neuf ans: On ne f$ait quels furent fes progrès; mais il paroit qu'il dut fes talents a Adrien de Bie, chez lequel il fut pour fe perfe&ionner en quittant du Jardin. Roos peignoit Ie Payfage &c les Animaux, fur-
tout les chevaux, les vaches, les moutons & les chevres : C'étoit Ie talent dominant, auquel il étoit porté ,par fon génie. Il fit cependant des Portraits avec fuccès; celui de TElefteur de Mayenceétonna toute laCour; il lui valut Ie pré- fent d'une chaine d'or,au bas de laquelle pendoit Ie Portrait de l'Ele&eur dans une medaille. Roos peignit les principaux de la Cour. Cet honneur en amena d'autres : 11 fit les Portraits de plu- lïeurs Princes, qui Ie payerent en Princes & qui Ia plüpart Ie gratifierent de chalnes d'or. - Ces fuccès&: cettefortunen'empêcherentpas
'Hoos de reprendre Ie Payfage & les animaux. I/amour du gain céda au plaifir de fuivre la ma- niere que la natureluiavoitindiquée: II allas'é- tablir a Francfort, 011 il étoit heureufement a portee de fè faire connoirre. On acheta fes Ou- vrages fort cher: 11 pafla en France, en Angle- terre & en Italië, 8cc. Il jouiflbit d'une fort une confidérable , fruit de fon travail & de fon ta- lent ; il périt miférablement en tachant de fau- ver ce qu'il avoit amafFé. En 1685 , ily euc unincendie confidérable aFrancfort:Lamaifon de Roos ne fut point exemte de cet accident, el- le fut enveloppée dans les flammes, &c tous les effets de notre infortuné Peintre y furent enve- loppés, il vouloit en rechapper quelques-uns des plus précieux 3 & emportoit une coupe de porcelaine,
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Flamands, Alkmands & Hollandois. 441
porcelaine , dont il ramaflbic Ie couvercle qui étoit d'or; untourbillonde fumée & de feu lui fit perdre connoiflance; il tomba :Quelques amis s'expoferent avec un courage qui faitl éloge de leur attachement; ilJie retirerentdes flammes; mais il mourutlelendemain 6c laifla quatre fils Sc une fille, qui tous ont fuivi la proreflion de leur pere. Roos a bien peint Ie Payfage : Une couleur
vigoureufe; des arbres, dont les formes font de choix, une touche décidée, legrand gout de Deflèin, avec lequel il a traite les animaux, font Ie mérite principal de fes Ouvrages. |
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ADRIEN
VANDER KABEL, É L E V E
DE FAN G O T E ft. VAnder Kabel naquitem^i, a Ry&
wiek, pres de la Haye. Il apprit a peindre chez Jean van Goyen, Payfagifte habile: Ses pro- grès furent rapides. Il n'attendoic que Ie temps de pouvoir vivre de fon talent pour voyager: Son projet étoit d'aller en Italië; mais il n'a ja- mais été plus loin que Lyon , oü il eft mort. On aimoiten FrancefesPayiages,fes Mannes
& les Animaux qu'il deflinoit & colorioit avec force. Il auroit vécu honorablement, s'il eüt été
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441 La Vi€ des Peintres
été tnoins crapuleux. Malgré Ie gain confidé-
rable que lui procuroit fon talent,il étoittrop> fouvent reduit a emprunter ;ce peu deconduite & (on ivrognerie 1'ont expofé a plulieurs aven- tures, queiquefois dangereufes, &: toujours. honteuies. 11 fut mis en prifon & n'en fórtit qu'a force d'argent Voila la vie de ce Peintre ou plutötl'hiftoire abrégée de fes vices; nous en paflbns les détails, qui ne font ni intéreflants , ni exemplaires. Il mourut a Lyon en 1695, agé de 64 ans: II laiflaaprès lui un fils naturel,qui fut Peintre , &r peut-être fonEleve. Il eft étonnant que vander Kabel zit fait tant
d'Ouvrages, ayant auffi peu réglé fon temps: 11 eft vrai qu'il n'eft pas toujours égal. On ap- percoit dans plufieurs de fes Tableaux t beau- coup trop de promptitude a les faire 3 & la né- ceffité oü il fè trouvoit de les livrer. Il eut en vue la maniere de deux bons Artiftes: Celle de Benedetto Caftiglione & celle de SalvatorRofa. It atrès-bien imité Ie premier. Weyermans avoue luimêmeen avoirvu qui trompoient. Vander ISTflée/deffinoit de fort bon gout la figure&les ani- maux: II avoit une touche très-libre& une facon depeindre belle & large: Ilcherchoit a colorier dans Ie gout du Carrache. Il donna trop dans la maniererembrunie, que 1'on attribue tres mal a propos aux mauvaifes couleurs qu'il a pu em- ployer. Il avoit Pexcellente maxime de ne rien faire que d'après nature : II deffinoittout, figu- res, animauXjPayfages, avant que de les porter furlatoile. OnvoitdesDefleinsdefamain,faits avec une facilité Sc une fineffe ünguliere. Quel- ques Tableaux de vander Kabel méritent d'être places
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Flamands, Allemands & Eollandols. 443
places au rang de ceux des bons Artiftes. Son " ' Payfage touche de bon gout, n'ade défagréable * que d'être trilte par la couleur fombre qui ré- -——~ gne par-tout. Il a gravé a 1'eau-forte quelques Payf ages d'après fes Defleins, qui méritent bien d'être recherches. |
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JEAN VAN ASSEN.
Van Assen de la Villed'Amfterdam,
méritoit dans ion temps Ie titre de bon Peintred'Hiftoire&dePayfagerOnreftimeen- core ; mais on s'eft appercu qu'ilétoit plagiaire. Les Ecrivains Hollandois anlirent que la plu- part de fes compofitions , étoient d'après les £f- tampes ó!Antoine Tempejle. Comme il faifoitdes envois de fes Ouvrages aux grandes jlndes, il ne fe donnoit pas la peine de compofer, il prenoic les compofitions des autres Peintres pour aller plus vïte. Van Affen eft mort a Amfterdam: On ne nous marque pointen quelle année. Ce Peiri- tre avoitbeaucoup de feu dans 1'exécution : Ses Tableaux ne font que heurtés; mais avec ju- gement: Us ont de 1'effetd'une certaine diftan- ce; il tient plus de 1'Ecole d'Italie que de celle de fon pays. |
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LOUIS
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LOUIS
BAKHUYSEN,
É L E V E
UALDERT FAN EFERDINGEN. AKHUYSEN eft né aEmbden
en 1631: Ilétoit fils d'un Secré- taire des Etats & petit-fils d'un Prédicateureftimé.Lejeune5^>t- huyfen tint la plume fous fon pere H julqu'a Tage de 18 ans: II quitta Embden &r fut a Amfterdam, oü fabelleécritu- re & fon habilete a tenir les Livres de comptes Ie
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La Vie des Peintrès Flamands, &c. 445
Ie firent entrer chez M. Barthelot fameux Né- gociant. A 19 ans il fit quelques eflais de Deflèin : II
copia a la plume des vaüTeaux d'après ceux qu'il voyoitdans Ie Port. Il eft étonnantquen'ayant jamais vu deffiaer, il ait pu y réuffir auffi bien : II eft vrai qu'il ne fit rien que d'après nature. La nature eft certaiiiement Ie plus fcavant des Maïtres; mais on aprefcpefoujours befoin des lecons de 1'Art avant que d'arriver jufqu'a elle. Il n'eft pas moins furprenant que les eflais de Bakhuyfen trouvaflent des Acheteurs emprefles & hardis: II demandoit dix, vingt &: cent flo- rins pour un DeflTein, même plus 3 Sc tous fu- rent vendus. Quelques amis lui confeillerentd'apprendrea
peindre &r de faire enforte de colorier a 1 huile ce qu il faifoit fi bien avec fa plume : II fut d'a- bord effrayé, ne fcachant comments'y prendre. A. van Everdingen Ie prit chez lui & lui mit la palette en main. A force de peindre &: d'efïacer, Bakhuyfen parvint a finir tant bien que mal, un Tableau qu'il venditpourtant neufa dix flo- rins : Ce début heureux 1'encouragea. Il vifita aflidument les Artiftes; il ne quitta plus leurs Atteliers. Il devinaprefquelesfecretsdelaPein- ture , qu'il a mis depuis en pratique avec tant de fucces. Ce prodige fit du bruit; on parloitpar-tout
de Bakhuyfen : Bien loin que cette réputation naiflante 1'éblouit, il crut qu'elle ne faifoit que robligerd'avantageatacherdelamériterdeplus en plus par fon application. Le genre qu'il avoit choifi Texpofoit fouvent a de grands dangers: Plus
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A
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446 t.a Vic des Peintres
lj6 Plus d'une fois au milieu d'une tempête s'eft-il
^^^ embarqué dans une chaloupe& s'eft-il fait me- ~~ ner loin du rivage : II vouloit d'une certaine diftance obferver ce fracas horrible des vagues, qui, après s'être élevées jufqu'aux nues , vien- nent fe brifer > en écumant, contre les cötes. Il obfervoit Ie choc & Ie débris des vaiffèaux qui échouoient contre un rocher , Ie travail & Ie trouble des matelots épouvantés; lui ieul pret a partager leur malheur, n'en étoit point ef- frayé : Attentif & de fang froid au milieu de 1'orage , fur une frêle barque il faifoit les ef- quifles. Les matelots les plus intrépides, faifis d'eflroi, 1'ont plus d'une fois ramene a terre malgré lui: II ne connoiflbit de danger que ce- lui de refter ignorant. A peine débarqué, il cou- roit a fon Attelier, fans parier a perlonne &c fans fe diftraire > il peignoit promptement ce qu'il venoit devoir, & il Ie rendoit fi vivement que Ie fpeftateur en étoit faifi de crainte. Les Óuvrages de Bakhuyfen eurent tant de
vogue, que les Princes les firent acheter fort cher •, plus d'un honora ce Peintre de fa préfen- ce : Le Roy de Pruflè , l'Ele&eur de Saxe , Ie Grand-Duc de Tofcane & le Czar Pierre le vifi- terent. Ce dernier, ce créateur de fa Nation, fut même fon écolier: CePrince lui fit deffiner a la mine de plomb & a 1'encre de la Chine, les vaifleaux les plus connus , & il fuivit fous ks lecons , la fcience de la conftruéUon des vaif- feaux , qu'il avoit fi a coeur d'apprendre. Les Bourguemeftres d'Amfterdam comman-
derent a Bakhuyfen une grande Marine, qu'ils lui payerent treize cent florins, 6c de plus une gratifi- cation
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Plamanis , Allemands & HoÜandois. 447
cation confidérable : Ce beau Tableau fut en- voyéenpréfèncaLouisXIV.en 1665. Un grand nombredes Tableauxde ce grand Artilte, fii- rent enlevés dans les Pays les plus éloignés: On neconcoit pas comment, occupé comme il étoit a enfeigner aux principaux d'Amfterdam, 1'Art d'écrire, il put trouver Ie temps de faire tant de Tableaux. Sa haute perfedion dans 1'écriture, lui fufcitoit cette importunité: Ilétoitlui-même 1'inventeur d'une nouvelle methode qui ferten- core de regie. Ilaimoirpaffionnément la poéfie, & il avoit pour arnis les plus cclébres Poëtes & les Scavants de fon temps: Ses moeurs& fa vie tranquille lui ont donné acces dansles meilleu- res compagnies. On rapporte un trait aflèz fingulier de fon
fang froid: Un ulage aflfez établi a Amfterdam, eft ofe préfenter un verre de vin a ceux qui fbnt priés d'affifter aux enterrements;5^^A^yf/z,peu avant de mourir, avoitétéchezfon Marchand de Vin goüter du meilleur: 11 en avoit fait met- tre en bouteilles , qu'il fcella de fon cachet. Il prefcrivit par fon Teftament, qu'il fut confervé & que ce qui f uit fut exécuté : II avoit mis dans une bourfe autant de pieces de monnoie ( dela valeur d'un florin) qu'il avoit vécu d'années. Il avoit encore fait une lifte des amis qu'il invi- toit a fon enterrement: II les prioit de dépenfer avec joie 1'argent qu'il leur laiflbitj &r de boire ion vin d'auffi bon cceur qu'il Ie leur donnoit: C'étoit-la fa derniere volonté. Cettegaieté caraftérife uneamecourageufe,
&r elle elt d'autant plus furprenante qu'il foufr- froit depuis long-temps des maux bien aigus dela gravelle
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448 1*& V'ie des PeintreS
gravelle & de la pierre: II y fuccomba & moü»
rut Ie 7 Novembre 1709 , agé de 78 ans.
Tous les Ouvrages de ce Peintre ontle mérite
d'une grande vérité: Mérite d'autant plus admi- rable, qu'on n'a pas aflèz long-temps devant les yeux fes modeles pour les copier exa&ement. Les orages & les tempêtes qu'il a repréfentés , font comme la nature: il falloit avoirautant de "vivacité qu'il en avoit pour faifir des effets fi paflagers. Sa couleur eft excellente & fa touche très-propre a imiter les eaux 6c leur agitation : Tl fcavoit a fond la conftrudtion des vaiffeaux & les manoeuvres différentes. Ses ciels font lé- gers & variés a 1'infini. En un mot, c'eft un Peintredont les Ouvrages feront eftimés en tout temps, comme ils Ie furent pendant fa vie. On voit de lui chez M. Lormierya. la Haye ,
une Vue d'Amfterdam, avec beaucoup de vaif- feaux & des figures; & une autre Vue d'un cö- té de la mer. Chez M. Verfchuring, une Mer calme & la Vue d'Amfterdam ; une Mer agitée avec des vaiflèaux de la Ville de Roterdamj &c deux autres Marines. Chez M. van Brémen, une Mer agitée , chargée de vaiflèaux. A Dort, chez M. vander Linden van Slinge-
landt, des Vaiflèaux fur une mer orageufe, pres de Roterdam; une Vue du Rhin, un beau Pay- fage avec des figures. Chez M. Braamkamp, a Amfterdam , des
Vaiflèaux dans Ie péril du naufrage, pres de la CÖte. Chez M. Leender de Neufville, deux Ma- rines , dont une eft; un ouragan furieux. Chez M. Lubbelïng , la Vue de la Douanne
d'Amfterdam, oü fe chargent 5c fe déchargent plufteurs
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Flamands, Allemands & Hollandois. 449
plufieurs vaiflèaux. ChezM. Bierens , deux JVia- '------
rines , Tune d'une mer agitée, & rautred'une 1<53I-
mer dans ion calme. '^^M Et chez M. Bijjchop, a Roterdam, deux belles
Marines avec un nombre de vaiflèaux. |
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BENJAMIN BLOCK,
Éleve de son Pere
BENJAMIN BLOCK. BLOCK étoit fils de Benjamin Block, aufli
Peintre, ik probablement Ie premier de qui il recut des lecons. Block Ie pere étoitoriginaire d'Utrecht; il eut Ie malheur de perdre tout ion bien par Ie feu : 11 mourut dechagrin, & laifla quatre fiis. Emanuel, Adolj &T Benjamins z.don.- nerent a la Peintuie : Ce dernier eft Ie feul qui nous Ibitconnu; il etoit Ie plus jeune de fes fre- res &: naquit a Lubeck en 1631. Frederk AdoljDucdeMeckelbourg,pritfous
fa protedion Ie jeune Block: Illeplaca chez un Maïtre , oü il vit avec plaifir que celui dont il cherchoitravancement,profitoitdejourenjour. Al'age de feize ans, Benjamin eflaya de deffiner a la plume Ie Portrait de fon Bienfaiteur : II réuffit au point que toute Ia Cour fut frappée de la reflemblance & de la fineflede Ia touche. Ce f uccès 1'encouragea, on lui confia de fuite d'au- tres Ouvrages ; il peignit les Portraits du Duc & de la Duchefle de Saxe: Tous les principaux de la Cour fe firent aufli peindre. Tome II. Ff II
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&
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_r>v ..
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45° La Vie des Peintfes
II obtint la permiflion de voyager; il étoit né
| heureux : Arrivé en Hongrie il fut protégé par un Seigneur qu'il nomme Ie Comte Francois. Ce Seigneur lui rit peindre des Tableaux d'Hiftoire & des Tableaux d'Autel, que les Peintres ont beaucoup loués. En 16591e Seigneur Hongroisdonnades let-
tres de recommandation a ion Peintre , avec lefquelles il 1'envoya en Italië : Rome , Naples & Venife font les endroits oü il s'arrêta. 11 y trouva des amis auxquels il étoit recommandé, & qui lui procurerent 1'entrée des Cabinets & la liberté d'y étudier&r d'y copier les Tableaux des grands Maïtres. 11 chercha a fe faire con- noïtre &: il y réuffit par quelques Pcrtraits: Ces morceaux furent eftimés & lui en firent faire d'autres. Le Portrait du Peie Kirckerjéihite, donna 1'envie auxprincipaux Seigneurs d'Italie de fè faire peindre: II acquéroit du bien & de la gloire, & il ne tenoit qu'a lui de vivre avec dif- tinction dans Rome ou dans quelqu'autre Ville d'ltalie; mais il voulut faire part a fa Patrie de fa gloire & de fesOuvrages ; il prit la route de fonPayspar 1'Allemagne, oüilépoufaen 1664 la célébre Anm-Catherine Fifcher, fille de Jean- Thomas Fifcher de Nuremberg : Cette femme aimable peignoit très-bien dexfleurs a l'huile &c en détrempe ; fes Ouvrages font eftimés. Ces deuxépoux n'eurentde démêlé entr'eux que 1'é- mulation eftimable qui mene a la perfèdion : Ilsyparvinrentl'un &l'autre, & on place leurs Ouvrages au rang des grands Maitres. On ne fcait rien de la mort de Block, ni en quel lieu iffinit fa carrière. CHRISTOPHE
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FUmands _, Allcm.mds & Hoüundois. 451
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CHRISTOPHE PIERSON,
ÈLEVE DE ME Y BURG.
PIerson naquit a la Hayele 19 Mai 163 1 :
II apprit d'abord les Langues Latine & Francoile : 11 étudioit Ie Deflèin dans les heures de loiiir. Il en fit bientot la fèule occupation ; mais avant de pouvoir s'y livrer a ion gré, il fut place malgré lui clans unComptoircommeClerc ou Commis : 11 quitta brnlquement les Livres de crédit &r de compre pour profiter de la bon- ne volonté Sc des lecons de Banholomé Meyburg, qui n'avoit guéres que trois on quatre ans de plus que Ion Eleve. Pierfon quitta au bout d'un an fon jeune Maïtre & Ie hazarda a peindre des Tableaux d'Hiftoire & des Portraits, qui eu- rent alfèz de (uccès pour lui mettre en tête de s'établir a Schiedam. Meyburg , qui étoit aimable & attaché a
Pierfon , lui fit entendre qu'avant que de s'en rapporter trop a fes propres lumieres, il falloit voyager quelque temps 3 & qu'il apprendroit plus en voyant &: en copiant les Ouvrages des autres Maïtres, qu'en reftant abandonné a lui- même. Cet avis toucha Ie jeune Peintre, ilfui- vit Meyburg en 165 3. Dans Ie voyage qu'il fit en Allemagne, il n'eut en cette démarche, que Ie tort d'abandonner fa femme , qu'il venoit d'époufer üx mois auparavant. On fera furpris, que 1'année d'après} ayant
Ff 2 quitte
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451 La Vie des Peintres
quitte L'Allemagne, oü ils travailloient, ils fe
tronvaflenc en état par ce peu de temps d'étude, de faire les Portraits des principaux Officiers de 1'Armée de Suéde , 011 ils arriverent. Le Gene- ral Wrangel fut fi latisfait du fien, qu'il voulut engager les deux jeunes Peintres, a aller a la Cour de Suéde. Il leurpromit des lettres de re- commandation pour la Reine Chriftine , avec 1'afliirance qu'en arrivantj ils jouiroientdutitrë de premiers Peintres de la Cour : lis refulèrent. Pierfon , après truis ans d'abfence , retourna a Schiedam, del'a fut avec fa femme demeurera Gouda. Il n'avoit pour lors qu'une très-petite fortunej mais il avoitplusde talent, ilfitbeau- coup de Portraits & plufieurs Tableaux d'Hif- toire qui furent eflimés. Malgré la dillinclion que PHiftoire & le Por-
trait avoient procuré a Pierfon, il eut l'ingrati- tude de quitter ces genres, a la feule vue d'un Tableau de Leemans: Ce Peintre ne repréfentoit que des objets inanimés , des cors de chafle , des fufils, des filets & les autres inftruments de la chafle. Pierfon eut bientöt lurpafle celui qu'il n'a- voit eu que 1'ambition d'imiter : Ses Tableaux furent du même génie que ceux de Leemans. Les Bourguemeltres de Gouda chargerent Pierfon de deffiner les belles vitres peintes par les freres Crabeth : Elles étoient placées dans difterentes Eglifes: II s'en acquitta bien , &: on conferve ces beauxdeffèinsal'Hótelde Villede Gouda. Pierfon venoit de perdre fa femme : II fe re-
maria & fut enccre une fois s'établir a Schie- dam en 1679; mais ilrevint enfin fefixera Gou- da: II y fut tres - occupé jufqu'a fa mort qui ar- riva
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Flamands, Allcmands & Hollandois. 4 5 3
riva Ie 11 Aout 1714, il étoit agé de 83 ans. Pierfon étoit né Peintre: II a mérité d'être place au nombredes bons Artilles. Sans avoir eu de — grands modeles, la nature & fon génie Ie firent bien deflïner èc bien colorier :Ses Portraits font eftimés; mais lesTableauxqu'il afaitsenfon der- nier temps, lont infiniment fupérieurs, quoique dans unpluspetitgenre: lis imitentparfaitement les objets. Les attributs de la chnfle, qu'il amis dansfesmorceaux, fbntbiencoloriés, biengroup- pés&bienentendus,&fontleplusgrandefFetpar ladiftributionravantedelalumiere&desombres. |
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MADEMOISELLE ROZÉE.
MAdemoifelle Ro\ée qui naquit en 1631 j
dans la Ville de Leyde, mérite, par Ia fingularité de fon talent, d'être placée parmi les Artilles illuftres en Peinture. Au lieu d'em- ployer descouleursai'huiieoua lagomme, elle fe lervoit d'une quanrité de foie de toutes les nuances, qu'elle avoit eu grand foin d'éplucher & de iéparer dans des boetes particulieres. On n'imagine point comment elle pouvoit appli- quer ces brins prefqu'imperceptibles, 6c imiter la couleur de chair, fondre & mêler les tons les plus délicats. Elle a peint de cette maniere Ie Portrait, Ie Payfage &TArchitecture. Michel Carré, qui a vu beaucoup de ces Ta-
bleaux de Mademoifelle Ro^ee , parle d'un Por- trait qui étoit d'une grande reflèmblance. Il af- ure qu'il étoit colorié, & que la foie étoit fi Ff 3 artiftement
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454 La Vic des Peintres
artiftement mêlée & apliquée , qu'il falloit ap»
procher de pres pour (e convaincre que cette Peinture n'étoit point faire au pinceau. Weyermans cite de la même un petit Tableau
qui fut vendu 500 florins : II ne repréfentoit que Ie tronc d'un vieil arbre chargé de mouffe & de petits feuillages. Au haut du tronc, une arai- gnée avoit fait Ion nid & formé la toüe. Le fond étoit un lointain & un ciel, qui ne lail- foient rien a délirerpour la couleur &c la vénté. Le grand Duc de Tolcane acheta un de fes
plus beuux Ouvrages : 11 eü: encore conlervé parmi les chefs-d'oeuvresqui compolentlaCol- lecbon de ce Prince. Mademoifelle Ro\ée n'a jamais été mariée :
Elle a vécu 50 ans très-eitimée. Elle eitmorte en |
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WILLEM (GU1LLAUME)
SCHELLINKS. SChellinks étoit déja bon Peintre , lorf-
qu'ü parcourut 1'Angleterre , la France , 1'ltalie &c la Suiire. 11 étudiad'après les Ouvra- ges des grands Maitres, & il fit des obierva- tions fur les fingularitésde l'antiquité. De retour dans ion pays , on le reconnut a
la maniere de fes premiers Tableaux,quoiqu'il 1'eüt bien perfeclionnée : il ne pouvoit luffire a faire aflfez d'Ouvrages pour tous ceux qui lui en demandoient \ les plus beaux Cabinets en fu- renc
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Flamands , Allemands & Hollandois. 45 5 _____
rent ornés. M. Jonas W'afen a pofledé un Ta- ^
bleau capital de Schellinks : II repréfentoit Tem - '* barquement de Charles II. Roy d'Anglererre , lorfqu'il retournoit a Londres: La fcene etl Ie long du rivage : On y voyoit un nombre infini de gens du peuple &c pluiieurséquipagesatcelés de chevaux de couleurs difFérentes. Les group- pes font places avec jugement, & il y regne beaucoup de choix dans la variété des figures: On appercoit dans Ie lointain , uneflotte def- tinée a efcorter Ie Prince dans f on pafTage. Ce Peintre tres -eftüné fut fort employé juf-
qu'a fa mort qui arriva Ie 11 Oftobre 1678. Gu'Ulaume avoit un frere appellé Danïel Schei- links , quiavoit la réputation de bon Peintre de Payfages. 11 mourut Ie 18 Septembre 1701. Guïllaume Schellïnks compofoit en grand
Maïtre : Son DefTein eft correct 6c plein de fi- nefle. Tous fes Tableaux font en petit; mais d'un grand fini. Sa maniere &r fa couleur ap- prochent fort de celle de Carle du Jardin ; les fonds de fes Payfages font comme ceuxde/<?#/z Lingelbac; mais il terminoit avec plus d'artque ce dernier. |
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NICOLAS MAAS,
ÉLEFE DE RËMBRANT.
NIcolas Maas, de la Ville de Dort,
naquit en 1^32 : Son premier Maïtre étoit un Peintre médiocre. Il Ie quitta pour en- Ff 4 trer
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4 5 6 La Vie desPeintres
trer fous la conduite de Rembrant; cefut avec
lui qu'il tacha de réparer Ie temps qu'il avoit perdu chez Ie premier : Mais il quitta par un vil intérêt la maniere de Rembrant, pours'adon- ner a faire Ie Portrait qui lui valoic davantage; &rilenfutd'autantplusinexcuiableque les pre- miers Tableaux avoient été plus goütés que ceux des meilleurs Peintres en Hiiloire, fes contem- porains. Il avoit montré dans ce grand genre , un pinceau flou, &une couleur vigoureufe &c franche. Il eft vrai qne d'un autre cöié, il avoit encore une hnguliere racilité a faire reflembler; il peignoit fort vite , & ion déraut étoit de ne fias ie donner Ie temps de mieux faire. La cau-
e unique de fa fortune , hit 1'art qn'il avoit de faire retfembler & de flatter en même-temps} fes Tableaux lont clairs : Ii évitoit les grandes ombres; fes Tableaux malgré cela font un très- grand efFet. Maas fut fi occupé, qu'il n'ent plus Ie loifir
de peindre 1'Hiftoire. 11 étoit livré tout entier aux Portraits , &c pour avoir 1'occaiion d'en faire un p'us grand nombre , il alla demeurer k Amlterdam : ce fut une fureur que de fe faire peindre par notre Artifte; mais on n'obtenoit cette faveur , qu'en la payant fort cher. Il ne perdit pas un inllant pour profiter de ce moment tavorable de mode : II connoiflbit Ie caprice des hommes; on doit lui fcavoir gré, avec des vues ii inte'refTées, d'avoir toujours rendu juf- tice a fon Maïtre, & d'avoir hainementpublié, que les Ouvrages de Rembrant valoient beau- coup mieux que les fiens. Une facon aiiëe dans Ie monde , fa polirefle,
fon
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F Iemands 3 Allemanis & Hollando'is. 457
fon efprit & Ion enjouementaugmenterenten- ~Z ' core Ie concours de ceux qui fe faifoient pein- mm m* dre : 11 fe fit amfi en pen de temps une réputa- tion&unefortuneconüdérable. L'envielui pric alors d'aller voir les grands Artiltes d'Anvers. Ce petit voyage, qni lui lervoit de délafie- ment, lui hit encore profkable; a la vue des Ouvrages de Rubau , de van Dyck , &c. il fe fortifia dans la partie du coloris. Un jour en vi- iitant Jordaens , il fut introduit dans un fallon rempli de Tableaux qull eut Ie temps de par- courir, en atcendant que Ie Maïtre de la maifon arrivat. Ce!ui-ci avoit remarqué, au travers d'un trou de la porte, que Maas s'attachoitaux plus beaux. Je me fuis appercu , dit Jordaens a Maas, que vous êtes grand connoiffeur ou Pein- tre \ car vous avez relté plus long-temps a exa- miner certains Tablcaux que d'autres. Je fuis Feintre de Portrait, lui dit Maas. En ce cas la, lui répondit Jordaens , je vous plains; vous êtes donc encore un de ces martyrs de la Peinture , qui méritent bien notre commifération. Nous ne donnons cette converfation que d'après Jloulrahen &T J^cyermans. Les meines Ecrivains aiTurent que Maas étant un jour occupé a pein- dre une Dame fort laide, &: qui avoit Ie vi- fage rempü de coutures de perite véro!e,el!e fe leva tout d'un coup pour voir rébauche de fa tête , qui étoit fi frappante, qu'eüe en fut ef- frayée. Elleditau Peintre, quelie figure imagi- nez-vouslaPCenefontpasmestraits: Elleefthi- deufe,elle fait peur, tachezdelachanger,oü je meretire, pourneplusrevenir Maasconnoifloit trop bien fbn monde, pour ne pas lui dire vous avez
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458 La Vie des Pelntres
avez raifon. Je vais travailler a la reiïemblan-
ce : il ne la regarda plus; il n'avoit plus beloin d'elle. 11 inventa un joli minois, une bouche riante , de beaux yeux, & un teint de lys & de rofes : II n'oubliapoint les contourscharmants d'une belle gorge. Il pria la Dame de Ih lever &c de voir fonPortrait , qui n'étoit pourtant point Ie lien. Elle Ie trouva très-reflemblant, elle Ie fit emporter, & paya généreufement. Cette hif- toire de Weyermans , n'eft-elle pas celle de tous les fiecles ? Flatez , & avec ce talent de peindre Ie Portrait, vous êtes für de faire fortune. Maas en fit une confidérable ; mais il fut a la fin de fa vie cruellement tourmenté de la goutte, & il en mourut au mois de Décembre en 165)3 » agé de 61 ans. Maas n'eil connu que comme bon Peintre de
Portrait ; on doit cependant regretter de ne pas avoir plus de fes Tableaux de Cabinet, qu'il faiioit en fortant de chez Rembrant: II les compofoit ingénieufement & les colorioit avec beaucoup de force. M. Ie Comte de Vence , poflede a Paris Ie
feul que nous connoiffbns en France : II repré- fente une Femme qui fait d,es reproches a fon mari; une jolie fervante eft au bas de 1'elcalier oü elle écoute cette converfation vive , a la- qnelle elle paroït prendre quelque intétêt. |
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1631.
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JüRIAAN
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Flamandsy Allemands & Hollandois. 45 9
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JURIAAN VAN STRÉECK.
VAn StrÉECK naquit en 1651 : II ~~
avoit un talent bien lingulier pour pein- 1 ï dre des objets inanimés , des inltruments de '— mufique &: des livres; on voit fouvent dans les Tabieaux, une tête de mort, une boule de la- von, ik une lampe lëpulchtale. II a marqué prefque tous /es Öuvrages de ces emblêmes lur la mort. La grande vérité , la bonne couleur & une belle entente de clair-obfcur, fonc re- chercher les Tabieaux quoique d'ailleurs lort .tnltes. |
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OTTOMAR ELGER,
É L E V E
DE D A N I E L S E G II E R S.
EL G E R, flls d'un Médecin habile , naquit
a Gottembourg Ie 18 Septembre \6\3, ie- Ion Houbraken, &en 1631, ielon WeyeTtnans. Toutes les vues du pere d'O:tcmar, étoient de faire de ion tiïs unScavant: II avoit remarqué en lui beaucoup de lagacité Ii lui fitapprendre les Langues lous les plus cëlébres Prorelfeurs. On s'appercutbientöt que fes progrès dans toutes les autres inftrudions qu'on lui propofüit, Ie ralen- tiflbient
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4<Jo La Vie des P e in tres
tiflbient a mefure que fon gout fe de'veloppoit
pour la Peinture : 11 deflinoit jufques dans fes clafles. Les chatiments même ne l'en corrige- rent point malgré 1'opiniatreté de famere, a ne point lè relacher fur eet Artifte. Un hazard heureux tira notre jeune homme
de cette gêne. Un jour un pauvre derrvanda a parieren particulier au Médecin :Cemendiant lui expola fon extreme milère en differentes langues. La femme du Médecin , prélënte a cette converiation , dit a fon mari , puifqu'il ie trouve des Scavants aufli indigents que des Peintres , il m'eft indifferent quel état prendra mon fils: 11 faut Ie laifTer fe fatisfaire. Cette aventure a enrichi la Peinture d'un Ar-
tifte habile , & de beaux Tableaux. Elger fut place a Anvers dans 1'Ecole de Danïel Seghers , frere Jéfuite : 11 y apprit a bien peindre des fleurs & des fruits : 11 égala fon Maitre. 11 fut appellé a la Cour de Berlin, oü Ton fit grand cas de fon talent. L'EIefteur Frédéric Guillaume Thonora de la qualité de fon Peintre. Ce Prince s'amu- foit tant de la converfation & des réparties vi- vesd'£7£d/",qu>il luifaifoitdefréquentes vifites. Cette vie agréable, mêlée de confidérations & d'aifance, ne cefla qu'a fa mort. On ne fcait en quelle année. Etger fut un tres-bon Peintre dans ce genre,
Stfes Ouvrages font auffi recherches que ceux de fon Maïtre. La plüpart font en Allemagne , oü on les conferve avec Ie plus grand foin. |
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CHARLES
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Flamands y Allemands & Hollandois. 461
CHARLES
EMANUEL BISET. |
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Is ETprit naiflancedans Malines en 1653 •'
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B
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On ne fcait qui a été fbn Maïtre. Encore 1 <?33-
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jeune , il eut de la réputation ; fes Ouvrages __r
plurent en France, il alla a Paris, il fut occu-
pé a peindre pour la Cour &: pour quelques Seigneurs: Jl aima mieux cependant retourner dans fa Patrieque de refter dans un Royaume, oü l'eftime qu'on avoit pour fon talent, lui étoit un garant aflez füre d'une grande fortune. Le Comte de Montery, Gouverneur des Pays- Bas, le nomina fon Peintre Peu de temps après il fut s'établir a Anvers, oü il fe maria, 6c oü il fut Diredeur de 1'Académie en 1674. Ses Tableaux hirent recherches, & ce Pein-
tre auroit amalïe un bien honnête , s'il n'étoit point tombe dans une crapule , qui eft 1'écueil de bien des talents, Weyermans raconte mille traits qui font peu d'honneur a Bifet : 11 étoit parelfeux a 1'excès, & fon inconduite Ie fit raou- nr milërable a Breda. Il avoit époufé fa fer- vante en fecondes nöces; il eut de fa premiere femme un fils appellé Jean Bapüjle Bifet , qui fut auffi Peintre. Les Tableaux d'Emanuel, dont il s'agit, re-
préfentent des bals, des alfemblées galantes, des jeux, des toilettes & des concerts; fes com- politions font abondantes & fpirituelles, mais fouvenc
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4 La Vie des PeintreS
iou vent troplibres: Son DeflTein eft afïèz corred;
fon pinceau Hou , fa touche fine & Ja couleur aflTez Bonne, quoique cependant un peu grilè. Le Tableau Ie plus conf idérable de Bifet efta Anvers j dans la Salie de la Confrérie des Arba- lécriers : 11 y a repréfenté la céle'breHiftoirede Guillaume Thell, qui fut forcé d'abattre d'un coup de rle'che une pomme pofëe fur la tête de fon fïIs. Les Doyens tk les principaux Officiers de cttte Compagnie y font repréfèntés; !e fond eft une belle Architecture , peinte par Herder- bergh : Le Payfage ell d'Emelract. |
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N. S P I E R I N G S.
SPierings, Pay fagifte habile , étoit ami
& contemporain de Dij et : II a travaillé a Paris, a Lyon &r en Italië. Louis XIV. fit pein- dre plulïeurs 1'ableaux par Spierings : Ce Pein- tre avoit une belle maniere de compoler fes Pay'ages 3 fes arbres font bien deffinés, les for- mes choiiies , fa touche légere & la couleur eft naturelle:II enricbiflbit fes devantsde plantes, qu'il peignoit d'après nature : 11 donnoit beau- toup d'efR.t a tous fes Ouvrages. Spierings avoit une facilité furprenante a co-
pier Ia maniere des autres Peintres, fur-tout de Sa/vator Roofe , de Roetaert, &rc. 11 a trompé les Connoiflèurs plus d'une fois par fès imita- tions. On ne fcait rien de plus de fa vie; on ignore oüil mourut. On voit un beau Payfage de Spierings , dans
1'Eglife
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Flamands , Allemands & Hollandols. 463
I'Eglife des Carmes d'Anvers. La figure unique
de ce Tableau repréfente Elie, a qui un corbeau
apporce un pain : Cette figure eit peinte par
ychens Ie pere; Ie refte efl: de Spierings.
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JEAN DE BAAN.
É L 2 V E
DE JACQUES DE BACK ER. LA Ville d'Harlem eft la Patrie de Jean de
Baan; il naquit Ie 10 Février 1635. La mort de Ion pere & de la mere , qu'ü perdic n'ayant encore que trois ans, Ie mit lous la tu- telle du Peintre Piemans qui étoit ion oncle, & qui 1'inftruifoit dans 1'Art de la Peinture. Il avoit remarqué que c'étoit l'inclination domi- nante de (on neveu : II voyoit fans cefle entre [es mains, la Vie des Peintres de Carle van Man- der. De Baan eut Ie malheur de perdre eet on- cle ; mais , pour lors agé de 13 ans, il étoit plus en état de chercher & detrouver un autre Maitre. 11 fut a Amlterdam pour travailkr ious Jacques de Backer, Peintre de Portrait: II y refta jufqu'a ce qu'il fut capable de faire feul des Ouvrages qui puflent lui donner quelque noin dans Ie monde. Agé de 18 ans, üquitta Backer : Et Ie voile libre de choiiïr la maniere de peindre qui lui plairoit d'avantage. Celle de de van Dyck étoit forteftimée , celle de Rcm- brant avoit fès partifants. Les Ouvrages de van Dyck
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;.^„^,^.. ,
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44 La ïrie des Pebitres
JDyck !e féduifirent : lis étoientplus agréables,
1633. plus approchants de la nature ordinaire & plus "T^T- du gout général, & lur-tout de notie Eleve. bur des traces iidiftinguées de Baan marchoit
agrands pas vers Li tortune , qui lui a été fa- vorable , lorfqu'en 1660, un Amateur Tenga- gea d'aller avec lui a la Haye : II 1'y luivit & y fut très-bien recu. Il commenca par peindre les grands de cette Cour, & entr'autres Ie Com- te d'Hoorn, Ie Prince de Tarente, Sec. On vanta, on porta fes Portraits par-tont : On les trouva fi beaux en Angkterre , que Ie Roy Ie rit pafler a fa Cour , ou il. peignit la Reine &c plulieurs Seigneurs. Houbruken aflureqoele Peintre Lely eut de l'ombrage de lts fuccès & qu'il fut fort aife d'apprtndre que de Baan étoitretourné a la Haye. Aulli-rót après (on retour en Hollande , il fit Ie Portrait de la Ducheiïè de Cel6c celui du grand Duc deTofcane; il fit préfent de (on Por- trait au grand Duc , qui lui donna en échange 100 ducats , & placa celui du i'emtre parmi les Airiites dans fa galerie. Lorfquei.c)&.\rXr//.eut fait la conquêted'une
partie de la Hollande, ce grand Roy fndeman- der de Baan pour l'aller peindre a Utrecht : II lui fit avojr les palTe ports néceOaires pour y al- ler en liberté I "*e Baan fut très-fènfible a la de- mande de ce Prince ; mais il lui repréfenta les liiitesfuneftesquepourroient avo'rcettedémar- che dans 1'efpnt de fes compairiores. Ce refus ne diminua rien de Teilime du Roy pour de Baan : II loua fa prudence &c Ie choifitquelque temps après pour confeil, lorfqu'il donna ordre a foa Ambafladeur M. d'Jvaux, d'acheter des Tableaux
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Flamands, Allemands & Hollandois. 465
Tableaux des meilleurs Peintres Hollandois. ~Z " De Baan peignit plufieurs fois 1'Electeur de * ***
Brandebourg , Frédérïc Guillaume 3 & ce Prince ■ lui envoya une Patente , datée du 13 Juillet 1671?, par laquelle il 1'inftituoit fon premier Peintre & Ie nommoitSur-Intendant & Direc- teur de l'Académie de Prufïe, avec une penfion de fix mille florins. Il eut encore Ie courage de refufer ces honneurs Sc ces bienfaits a la lbllici- tation de fa femme, qui aimoit la tranquilliré" & qui craigrioit les cabales de la Cour. 11 pro- pofa Jean van Swéel fon neveu , Ie plus habile de fes Eleves, qui fut recu a cette dignite' avec une penfion de deux mille florins, fa table payée & un cheval entretenu aux dépens du Prince. Le Prince d'Orange, depuis Roy d'Angle-
terre, fe fit peindre avec la Princeflè fon épou- ïe. De Baan a peint cent fois ce Prince en dif- férents temps, ainfi que le Duc d'Yorck dans fon paflage en Hollande. On ne finiroit pas, fi on vouloit citer le nombre des Portraits qu'si fait de Baan; pen d'Artiltesonteu 1'honneur da peindre tant de Perfonnages illuftres. Il gagna tjeaucoup de bien , il tenoit table oüverte chez lui pour les amis, & fur-tout pour fes confrères. Il étoit eftimable pour fa conduite & rempli d'érudition ; une grande mémoire & de la vi- vacité , une converfation pleine d'agrément & de faiüies, 1'ont fait rechercher par les premiers de fon fiecle. Cette félicité fut troublée par des envieux de
fon mérite & de fon bonheur, qui eflayerent de noircir fa réputation; mais ks mceurs puresj fes talentsbrillants confondirent ces ingrats:Nepou- Tome II Gg vant
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^ La Vie des PeintreS
vant avoir de prife fur fon honneur, lis atteii-
163 5* terent a les jours, &r il auroit fuccombé fans la ~— proteftion de la Providence qui veille pour les honnêtes gens. Houbraken dit que de Baan fut demandé a la
Cour de Frife pour y peindre les Portraits du Prince 6c de la Princefle. Le premier Peintre de la Cour ( que 1'on ne nomme pas) vit avec chagrin arriver eet Artifte célébre : 11 chercha a lui tendre quelques piéges > mais il ne put y réuflïr , enforte qu'il feignit dès-lors d'être fon amiintimerCeftlareflburcedesfourbesadroits. Il trompa aifément de Baan, qui ne s'étoit pas appercu de fes complots ,ouqui fcavoit les par- donner. A peine de Baan fut-il retourné a la Haye, que le faux ami de Frife s'y rendit in- cognito : 11 y épia la marche de notre Peintre , & un foir qu'il fortoit, il 1'alloit percer, lorlque le chien de de Baan, qui le fuivoit par - tout, cria fk fauva fon Maitre. L'inconnu s'évada ; mais le lendemain il alla voir de Baan j qui le recut avec beaucoup d'amitié , lui montra fes Ouvrages: Dans 1'inltant qu'il eut le dos tourné pour remettre quelqnesTableaux , 1'aflaffin tira de deflbus fon manteau un poignard dont il l'al- loit frapper, quand M. Bruninhs, fon ami inti- me, entra & fit un cri. De Baan s'étant retour- né j vit encore fon cher ami, le Peintre de la Cour de Frife, le bras élevé & armé d'un poi- gnard contre lui. L'aflaffin prit la fuite &" on n'a jamais depuis entendu parier de lui. De Baan quelque temps après échappa encore une fois des mains de ceux qui en vouloient a fa vie : 11 y perdit le doigt du milieu de fa main droite. En
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Flatnands j Allemands & Hollandois. 467
En 1691 fès en vieux n'ayant pu lui arracher
la vie, tacherent de lui öter fa réputation : lis publierent que de Baan avoit perdu la vue: Cette nouvelle patfa chez les Etrangers & lui auroit Fait grand torc, comme on fe Ie propofoit, fi lePrince d'' Anfpach-Brandebourg ,qui s'en infor- ma &: qui fcut la faufleté de ce bruit, n'eüt voulu lui-même achever de Ie détruire. 11 avoit déja été peint par de Baan , il fe fit peindre en- core une fois & rendit par ce fait authentique, la vue & la continuation de fon commerce au Peintre Hollandois. De Baan avoit une familie nombreufe; il a vóit
fix enfants : 11 fut affligé de ce cöté-la, il perdit fon fils Jacques de Baan , a 1'age de 27 ans : II étoit auffi Peintre & donnoit les plus grandes efpérances. De Baan après avoir vécu avec dif- tindion 6c avec une fortune honnête, mourut a la Haye en 1701, regretté des Grands, des connoifleurs & des honnétes gens. Ce Peintre eft dans fon genre tin des bons
qu'ait produit la Hollande : II eft inférieur a van D'uk & a Lely j mais il a eu lagloire, com- me prefque tous ies grands hommes, d'avoir été perfécuté. Il y a peu de Cours qüi n'ayent quelques Portraits de lui: Voici les principaux, connus en Hollande, &rc. A Amfterdam , un grand Tableau repréfen-
tant les Portraits des Adminiltrateurs de la Mai- fon de force : On Ie voit place dans une des grandes falles. A Leyde , dans la falle du Corps des Mar-
chands Drapiers , les Portraits de quatre des- principaux d'entr'eux: II eftpeinten 1675. Ggz Dans
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4^8 La Vie des Peintres
~J Dans les nouvelles Butes a la Haye , il pei-
gnit les Bourguemeftres, les Echevins & les
"•—" Secrétaires dans un même Tableau : On lui en paya ioooducatons. On voit du même a Hoorn, un Tableau re-
préfèntant les Dire&eurs de la Compagnie des Indes; &: un autre, ou il a reprélenté des Offi- ciers fubalternes. Le chef- d'ceuvre de fa main eft le Portrait
du Prince Maurice de Naffau-Ziegen : Ce Prince vint a 1'Attelier du Peintre 'amant de fois qu'il le vouloit; il prenoit autant de plailïr a contri- buer a la gloire de celui qui le faifbit, qu'a la perfedion de fon Portrait. Le Prince avant de mourir, fit préfent de ce Tableau a fon Auteur, qui depuis ne voulut jamais le vendre, quelque» inftances & quelques offres qu'on lui en fit. Sa fille préfentace beau Tableau au Roy de PrufTe, peu de temps après la mort de fon pere, & elle en recut 400 Rifdales. |
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WILLEM (GUILLAUME)
VANDE VELDE, ÉLEFÉ DE VLIEGER.
/^UlLLAUME VANDE VELDE,qui
V-T a excellé a peindre des Marines, naquit a Amfterdam en \6$ 3 : II étoit fils de Guillaume vande Velde, qui s'étoit fait aufli une grande ré- puution a defllner des Marines : II donna les principes
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Ftamands, Allemands & Hollandois. 4.69
principes de Deflèin a ion fils,&rlorfqu'il pafla a la Cour d'Angleterre, il confia avant fon dé- part, ce fils aux lecons du iieur Vlieger, Peintre dans Ie méme genre & très-eftimé. Le Maïtre vit bientöt Ion Eleve en état de fe paiïer de lui. Quelques Marines que le jeune vande Velde en- voyaa ion pere , 1'etonnerent : II les fit voir a la Cour de Londres. Le Roy Jacques II. en fut iï content qu'il fit venir ce jeune Artifte a fa Cour, & il lui donna, pour 1'encourager , une penlionconu'dérable. Vande Velde arrivé en An- gleterre , n'eut pas befoin de perdre du remps a ie faire connoïrre; fon pere 1'avoit annonce & fes Üuvrages Tavoient fait défirer. Il travailla fffi& |
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//. Les adions les plus mémorables que fit fur la
merlaFlottedecetteNation,furentrepréfente'es & les ïableaux places dans les Maifons Royales: II a fait auffi quelques Tableaux pour les Ama- teurs, & il fut dès-lors regarde comme un des plus grands Peintres de Marines, connus jufqu'a lui. Sa fortune devint très^confïdérable: II avoit travaillé fans relache & fait payer fes Ouvrages fort cher. Il mourut a Londres le 6 Avril 1707. Les Anglois non contents de pofleder 1'Artifte §^la plüpart de fes plus beaux Tableaux, firent acheter a grand prix ceux qui fe trouvoient en Hollande & ailleurs: lis devinrent li rares qu'ils coüterentj dansl'efpace d'un an , le doublé de ce qu'on les avoit achetés. On eftime en ce Pein- tre le tranfparent de fa couleur , qui eft dore'o 6c vigoureufe: Ses vaiifeaux font deffinés avec précilion ; fes petites figures font touchées avec efprit. Il fcavoit fur-tout repréfenter Tagitation Gg 3 des
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470 La Vie des Peintres
des vagues & leurs brifements : Ses ciels font
clairs; les nuages très-variés femblent pafleren 1'air. On trouve encore, malgré la recherche des Anglois, quelques morceaux devande Velde, qui font rornement des Cabinetslesplus curieux. On voit a la Haye , chez M. van Slïngelandt,
Receveur General de la Hollande , une belle Marine , avec un grand nombre de vaifleaux. Chez M. Lormier, deux Marines. Chez M. Half Waffenaar, une Marine. Chez M. Verjchuring 3 deux Tableaux de la mer en (on calme. A Dort j chez M. vander Lienden van Slinge-
landt, une Mer calme; un autre oragenle , &c une Vuede la Mer a 1'embouchure du Rhin. Chez M. Braamkamp , a Amfterdam , la Vue
du Mourdych, & trois autres Marines. Chez M, Lubbeling, trois Marines 3 dans 1'une eft repré- fente'eune Flotte nombreufe, 1'autre eft 1'appro- che de la terre, oü on voitbeaucoup de figures. Et chez M. Bijffchop,a. Roterdam, une Flotte
en mer ; & deux Marines oü la mer eft calme, |
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FREDERIC MOUCHERON,
ÉLEFE D'ASSELIN.
MOucheron né a Embden en 16j3 ,
marqua la plus vive inclination pour la Peinture : il ne trouvaheureufement nulobfla- cledu cöté de fa familie, au contraire, elle lui procuratousles moyensdes'avancer.Ilfutplacé chez^//è/i/2.-CethabilePayfagifteluimontrale DefTein
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Flamands > Aüemands & Hollandois. 471
DefTein &rla Peinture; & pour abréger la route deTinftruótion, il lui paria raifon &: Ie traita dès-lors comme un bon Peintre déja formé. Ajfelin entretenoit fes Eleves du gout de la Na- tionFrancoiie,dunombred'habilesgensqu'elle produifoit, &de 1'agrément qu'il avoit eu pen- dant Ie i'éjour qu'il avoit fait a Paris & a Lyon. Moucheron fe fentit la plus grandeen vie d'aller
dans un Pays dont fon Maï'tre lui avoit fait de fi grands éloges.11 partit pour Paris, oü il eutle bonefpritdene point fe laiilëremporter par les plaifirs que préfente a chaque pas cette grande Ville: Lefienconliftoit dans 1'étude de la nature. Il deifina, il peignoit dans les environs, des ar- bres, des plantes, des fabriques, & quelquefois. des vues entieres.Sonapplication fut récompen- fée, fes pay fages furent recherches & fa maniere pint aux Connoiflèurs:/fe//n^/"e'^ersIétoit char- gé de faire pour lui les figures & les animaux. Moucheron refta plufieurs années en France : II s'y perfedlionna dans fon Art, en firéquentant les Artiites, en voyant les Tableaux, & fur-tout en étudiant la nature. Le défir de revoir fon Pays 1'emporta cependant fur les agréments de Ia France,& Amfterdam eut la préférence fur Paris; Moucheron s'y établit & vit acheter fes Ouvrages un affez bon prix ; Adrien vande Feldelm rendit en Hollande , le même office qu'Helmbréker lui avoit rendu a Paris; des figures & des animaux bien deflinés & bien peintSj augmenterent l'ar grément des Tableaux de notre Payfagifte. Il mourut a Amfterdam en 1686, agé de
5 %. ans. Le mérite perfonnel des Ouvrages de ce Pein-
G
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_____ 471 La Vie dei Peintres F Iemands, &c.
I(J tre, confifte dans un bon ton de couleur, dans
* des arbres deffinés avec liberté &r d'une belle fortne : Son feuillé eft facilement touche , ks ciels & fes lointains font vaporeux & très-variés: Un cours d'eau divifè aflez communément fes differents plans. Il donnoit beaucoup de force au devant de fes Tableaux. Sans être au rang des premiers Payfagiftes Flamands, Moucheron a obtenu de voir placer {es Ouvrages dans les Cabinets les plus diftingues d'Hollande & de Flandre. |
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Fin dufecond Tome,
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++++++«t+++++++f+*++♦+++++♦+++++++++++++J*M
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%
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TABLE
DES
P E I N T R E S
AFEC PORTRAIT.
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A
|
SCH, Pierre-Jean
van , Page 76 |
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W Hampa°ne, Philip-
pes van, 61
Coques,Gonzales, 264
Craesbéke, Jofeph van,
140
D
|
|||||||||||||||||||
B
Acker , Jacques,
14?
Ludolf |
|||||||||||||||||||
B
|
|||||||||||||||||||
JLSOes, Jacques van-
|
|||||||||||||||||||
Bakh
|
|||||||||||||||||||
(Louis) 444 der» 35 5
Bamboche, ou Pierre de Douw j Gerard , 218
Laar, 207 Dyck 3 Antoine van, 8
Bega, Cornille, 285
Beek s David ,315 E
Brauwer, Adrien ,131 T?
Bronkhorft, Jean van , jLj Eckhout,Gerbrant
72 vandqn., 328
Everdingen,
|
|||||||||||||||||||
^i__________
|
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T A B L E.
Everdingen , Aldert Bamboche, 207
van , 321 Lely , Pierre vander Faes, furnommé,
F 158
T7 Lievens , Jean , 117
X Linck , Govaert, Lingelbac, Jean, 374
248
Faes , Pierre vander , M
furnommé Lely , ~\A[
258 1 VA. Arcellis , Otho ,
H 205 TT Met^u, Gabriel, 241
JL x Anneman,Adrien,
188 O
Heem, Jean-David de 3 f\
37 K^yStade , Adrien &
#<;//?,Bartholomévan- Ifaac van , 175 der, 101 Ovens, Jurien, 281 Hoogflraeten , Samuel
van , 385 P
Hoogjiraeten,lfxn van, T)
405) ± Otter , Paul, 3 5 3
J Pynaker, Adam , 319. |
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/■
|
Ordaens , Jacques,
1 K |
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108
|
|||||||||||||
A Alf Willem (Guil- R
laume) 433 T)
X\Embran
L 84 |
|||||||||||||
JJ439
jAar, Pierre de, ou Ryckaert, David, 2 3 j |
|||||||||||||
T A B L E,
Ryn j Rembrant van , Vadlant, Jean, 381
84 Vadlant, Jacques,4O7
S Verjchuuring , Henri ,
c
|
||||||||||
Kj Chuurmans, Anne- Vinne, Vincent van-
Marie, 121 der, 419 Stokade , Nicolas de
Helt,, zi j W
|
||||||||||
7' fT Eeninx , Jean-
Eniers, David Ie Baptifte, 308
jeune , 155 Wouwermans , Philip-
Terburg j Gerard, 115 pes , 288
Thielen, JeanPhilippes van, 271 Z
7'diemans , Simon- ^ Pierre, furnommé /LjiAcht-Leeven,Her- Schenk , 69 man , 148 Zaft-Léven , Cornille, V 197
T/~ Zorg-> Henri Rokes ,
f Aillant , Walle- ( furnornmé), 3 Z4
rant, 331 |
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Fin de la Tablc des Portrahs.
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TABLE
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T A B L E
ALPHABETIQUE
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DES N Q
|
||||||||||||||||||||
DES PEINTRES
|
||||||||||||||||||||
CONTENUS
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DANS CE SECOND VOLUME.
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Bega , Cornille , z8y
Beek, David, 31 j-
Bemmel, Willem, Guil-
lautne , van 287
Berckmans, Henri, 426
Berg j Mathieu vanden ,
246
Berghem, Nicolas , 34a
Biffchop , Cornille , 43 5
Bifet} Charles-Lm.anu.tl ,
461
Block Benjamin., 449
Blankhof, Jean Teunifc,
(Antoine), 411
Bockhoril, Jean van on
Langhen Jan 3 171
Boel , Pierre , 3 f I
Bol, Ferdinand , 281
Borght j Pierre vander , 368 Boflchaert, Thomas Wil- leborts , ( dit ) , 203
Both , Jean & André , 304
Boucquet, Victor , 277
Brauwer j Adrien , 131
Bredael ,
|
||||||||||||||||||||
.DRIAENSEN ,
Alexanire, $66
Aelft, Even , Everard,
van 70
Aelil, Wilkm, Guillau-
me, van, xj9
Andrieflens , Henri, fur-
nommé Mancken Heyn,
Artois , Jacques van, aiy
Afch , Pierre Jeanvan , 76 Affen j Jean van y 443 |
||||||||||||||||||||
B
|
||||||||||||||||||||
B
|
f Aan , J-ean de,
|
|||||||||||||||||||
Backer , Jacques ,
|
143
|
|||||||||||||||||||
Baelen , Jean van , 9^
Bakhuifen , Louis, 444 Bamboche, ou Pierre de Laar, 107
Bauer , Willem , Guillau-
me, 49
|
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——
|
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B L E.
Emelraet, igg
Everdingen , Ccfar van,
100
Everdingen , Adert van , 311
Everdingen , Jean van , Everdyck, Cornille, 194
Eyck , Gafpard\an, 361 Eyck , Nicolas van , y6i Eyckens } Jean ScFranfois, 367 Eyckens, Pierre, 3ƒ |
|||||||||||||||||||||
T A
Bredael, Pierre van, 43 f
Bréenberg , Bartholomé ,
301
Bronkhoiftj Jean van, 72
Bylert, Jean, 77 |
|||||||||||||||||||||
VjHarnpagné, Philippes
van 6%
Chatel, Franfois du, 372
Conirtg, Salomon, Ijl
Coques , Gon^alts, 264
Coflïers . Jean , 75
Craefbéke , Josepk van ,
140
Créeten, Charles, 367
D
'lepenbéke, Abraham
van , 110 Deynum , Jean-Baptifte
van , 299 Does , Jacques vander, 3 3 ƒ
Donkers , Jean & Pierre Doudyns, Willem , Guil-
laume j 436 Douw, Gerard, 218 Drillenburg , Willem , Guillaume j va«, 379 Duiven, Jean, 195 Dyck , Antoine van , 8 Dyck j JFVo/w van , 46 |
|||||||||||||||||||||
Aes 3
|
|||||||||||||||||||||
vander ou
|
|||||||||||||||||||||
Flemael , Bertholet , 228
Flinck , Govaert, 248 Fouchierj Bertrand, 144 Franck , Jean - Baptifte t 47
Franfois, Pierre, 8t Fruitiers, Philippes , 362
Fytj Jean , 364 |
|||||||||||||||||||||
VXAbron , Guillaume ,
370 Gentil , Louis Primo, fur-
nomméj 8i Goebouw , Antoine, 365
Goedaert, Jean , 270 Graat, Bernard, 413 Grauw , Henri, 392 Grebber, Pierre , 42
|
|||||||||||||||||||||
X!L Eckhout , Qerbrant
vanden, 3i8 Egmont, Ju/Ie van , 71
Elger, Ottomar, 459
|
|||||||||||||||||||||
H
|
|||||||||||||||||||||
H
|
|||||||||||||||||||||
Anneman, Adr'un ,
|
|||||||||||||||||||||
TAB
188 Heek , Jean. van , 360
Heem , Jean Dayid de , 37
Heil, Daniel van , 78
Heil j Jean-Baptijie Van , IJ*
Helmbréker ,, Tkéodore ,
339
Helft , Bartholomé vander, 101
Hoerk , Jean van , 59
Hoeck , Roben van., 1J2 Hofman , Samuel, 29 Hoogftraeten , Jean van , 409
Hoogftraeten j Samuel van 3^
Hooftad , Guerard van , 369
Horft , Nicolas vander , ,0
J Acobs , Huierl s fur-
nommé Grimany y 36
Jacobzs , Juriaen , 193
Janffens , Pierre , 200
Janflens, Comille , i6<)
Jong , Ludolfde , aj6
|
L E.
Köogen , Ltonard vander $
181 Kouwenberg, Kriftiaen ,
( Chretien ) , van, 78
Kuyp , Atbert , 79
|
||||||||||||||
■ ' Aar , Roelant van ^
191
Laar , Pierre de , ou Bam-
boche , ioy
Langhen Jan , Jean van
Bockhorjl, furnommé ,
172
Lely , Pierre vander Faes ,
furnommé, 258
Lengelé , Martin , 190
Lievens, Jean , 117 Lingelbac, Jfan, 374
Lint j P/fr<£ van , 14 ƒ Loon , Théodore van, 4Z8 Loyer j Nicolas j 370 Luyks, N. 30Ó Lys j Jean vander, 61
|
|||||||||||||||
M
i.VLAas, Aert t Arnoult,
van , 283 Maas, Nicolas , 4Jƒ
Man , Comille de , 326 Marcellis, Otho , 20 f Meel, Jean Miei, ou , 32 Meerkerck, D»V*, Thier- ty, 284 Meert, Pierre , 262
Metzu, Gabriel, 241
Meyffens, Jean, 198 Miei j Jean Miei, ou, 32 Monnix, 99 Moucheron , Frederic ,
470 |
|||||||||||||||
j q ,
Jordaens , Hans , Jean , |
|||||||||||||||
K
|
|||||||||||||||
K
|
j Airien vander,
44»
Kager, Mathieu, 31 Kalf, Wilkm, Guillau-
me, 453
Keffel j J<!ü« van , 383
Knufer, Nicolas , 73
|
||||||||||||||
T A
470
Milrant > Emanuel, 330
N ±S Edeck, Pierre , 2y2
Neve, Franfcis de , 563 |
|||||||||||||||||
B L E.
|
|||||||||||||||||
Roeftraeten, N.
|
394
|
||||||||||||||||
Roos , Jean-Henri }
Rozée j, Mademoifelle 3 453
Ry , Pierre Dankers de 3 79
Ryckaert, David , 23 5- Ryfen , Warnard van , 46
|
|||||||||||||||||
__ Oft , Jacquesvan, ƒ!
Ooilerwytk , Marie van 3
429 Offenbéeck , N. 389
Oilade , Adrien & Ijaac
van , I7J
Ovens j Juntnt z8i
P
MT Aulutz j Zacharie, 41
Paudics, z6i Peters , Bonaventure, 227
Pierfon , Chriftopke , 4/1 Pieters , Jean , 3 jt> Pot, Hemi , 43
Potma j Jacques 3 I ƒ 3
Potter, /^aü/, 3f3 Primo, Louis , 82
Pynaker , Adam, 319
QQ
Uellyn, Erafme , i©8 (^uellyn, Jean-Erafme, 422
Jlv Avefteyn , Arnaud
van 239
Kembrant, vanRyn, 84
Reyn, J«a« «"«, " 191
|
|||||||||||||||||
Andrart, Joachim, ioi
Savoyen , Charles van t Schagen , Gilles, 254
Schellinks, Willem.GuW- l |
|||||||||||||||||
j 4^4
Schenk , Simen-Pierre Til-
lemans , 69 Schuur, Theodore vander y
402 Schuurrnans, AnrwMarie,
121 Sibrechts , Jean , 361
Son, Joris, GeorgeSj van , 33°
Spienngs, AT. 462
Spilbergj Jean, 273
Sprong, Guerard, 41
Steenrée , Willem , Guil- laume, 47 Stevers , Palamedes , 120
Stokade, Nicolas de Helt , 2I3
Stréeck, Juriaan van , 4J9
Suftermans3 Jufte, 44
Swanevelt, Herman, 298 |
|||||||||||||||||
JL Empelj Abraham van-
den , 268 Teniers, |
|||||||||||||||||
J
|
||||||||||||||||||||||||||
T A
Teniers, David, Ie jeune ,
lS5 Terburg, Gerard, .. izj
Thielen , Jean - Philippes
van j 271
Thomas, Jean , iji
Thulden, Theoiort -van ,
112
Thys , Gysbrecht, 569
Tilborghj Gilles van, $jy
Tillemans, Simon-fierre ,
69
Tombe, N. la ^ 25a
Tyffens , Pierre , 6 |
||||||||||||||||||||||||||
B L E.
|
||||||||||||||||||||||||||
u
|
||||||||||||||||||||||||||
U.
|
||||||||||||||||||||||||||
ft , Jacques vander ,
|
||||||||||||||||||||||||||
400
Utrecht , Adrien van , ji W
Aterloo , Antoïne ,
262
Wéeninx, Jtan-Baptifte y 308
Wieringen, Cornille, 4J
Willaerts , Abraham, 214 Willingen , Pierre vander , 116
Withoos . Mathieu , 390
Witte , Emanuel de , 10ƒ WirtS, Pierre de , 503 Witte, Gafpard de , 318 Wolfaerts, Anus , $ji Woril, Jean , 378 Wouters , Franpois , 23}
Wouwermansj Philippes , 288
Wouwermans, Pierre, iy$ Wulf hagen, Franfois, 280
Wyck, Thomas , 247 |
||||||||||||||||||||||||||
Aillant, Wallerant ,
Vaillant ,Jean, 382
Vaillant , Bcrnard, 388
Vaillant , Jacques , 407 Vaillant, André 3 416 Vecc[, Jacques , la 380 Velde y Wilhm, Guillau- me j vande , 468
Velde, Willem, Guillau-
rne, vanden , 184
Verdoel, Adrien, 3go
Verfchuuring , Henri ,
396
Vertanghen , Daniil, 29
Verwik , Franfois , 28
Vinne , Vincent vander ,
419
Vos, Paul de , 43
Vos, Simon de 3 77
|
||||||||||||||||||||||||||
1 Acht-Leeven , Her-
|
||||||||||||||||||||||||||
man
|
148
|
|||||||||||||||||||||||||
Zaft-Léven, Cornille, 197
Zegers , Hercule , 359 Zorg, Henri Rokes , 324 |
||||||||||||||||||||||||||
Fin de Ia Table.
|
||||||||||||||||||||||||||
A ROUEN j de rimpumerie de Viret fils.
|
||||||||||||||||||||||||||
J
|
||||||||||||||||||||||||||