LA V I E
PEINTRES
FLAMANDS,
ALLEMANDS ET HOLLANDOIS,
AVEC D ES P O RTRAITS
Grav�s en Taille-douce, une indication de leurs
principaux Ouvrages, & des R�flexions fur
leurs diff�rentes manieres.
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Par M. J. B. DESCAMPS, Pe�ntre, Membre de
t Acad�mie Royale des Sciences, Belles-Lettres & Arts de Rouen, & Profeffeurde l'�cole du Dejfein de la mime Fille. TOME SECOND.
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PARIS,
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Chez Charles-Antoine Jombert, Libraite du Roi
pour l'Artillerie & Ie G�nie, rae Dauphine, a 1'image
de Notre-Dame.
M D C C L I V.
AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DU ROI,
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JACQUES
JORDAENS,
� L E V E
D'ADAM FAN OORT. ORDAENS naquit a Anvers ■��
Ie 19 Mai 1594- («) II eut pour * Maitre, Adam van Oort CePein- tre livr� aune crapule honteufe, rebuta tous fes Eleves; mais les �armes de Cathetine van Oort fa fille 3 firent Tome II. A oublier («) La Vie de Jacquti jordaens appattient pat 1'ordre chro-
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i La Vie des Pcintres
oublier a notre jeune Artifte les vices du pere,
qui Ie r�compenfa de fa complaifance, en la lui accordant en mariage. A peine fut-il engag�, qu'il fentit vivement la perte de fa libert�, & qu'il regretta de ne pouvoir point voyager en Itali�, pour fe perfedionner: Ce regret r�pan- dit fur fa vie uneef pece d'amertume qui nefinit qu'avec elle. Il �galoit d�ja fon beau-pere; mais peu fatis-
fait de cette gloire, il voulut Ie furpafier : II recherchaenFlandreslespluspr�cieuxTableaux des grands Maitres d'Italie, pour fe former fur leur maniere. Il �tudia , il copia les Tableaux du Tit�en. Bient�t fa r�putation s'accrut : C'eft la re-
compenfe d'une �tude affidue & bien conduite. Rubens Ie rechercha; les grands hommes ne font ni envieux ni jaloux : Virgile ne Ie fut point d'Horace ni d'Ovide ; jamais Rubens ne Ie fut d'aucun grand Peintre. A peine eut-il connu Jordaens qu'il 1'aima, qu'il vanta fa belle ma- niere , qu'il lui confia quelques ouvrages , &c fur-tout des cartons en d�trempe , deftin�s au Roy d'Efpagne , pour �tre ex�cut�s en tapifle- rie fur les defTeins du jeune Rubens. Sandran a pr�tendu que ce grand Artifte en-
gagea Jordaens a peindre en d�trempe , pour lui faire perdre infeniiblement Ie gout du coloris. Loin
nologique au premier Volume de eet Ouvrage, & auroir d�
�tre plac�e apr�s celle A'Adrien de Bie, page 407. Quelques doutes fur les �v�nements particuliers de fa Vie, ainfi que fur 1'ann�e de fa mort, n'ont pu �tre �claircis que dans Ie voyage que j'ai fait fur les lieux, depuis 1'impreffion du pre- mier Tomc. |
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Flamands 3 A�lem&nds & Hollandols. 3
Loin de craindre d'�tre (�rpafle par Jordaens, Rubens lui donna des avis fi utiles, que Jordaem, X594 en imitant la. maniere de Rubens, en devint plus vigoureux &r plus parfait. On acquiertquelque- fois plus de gloire en imitant, qu'en s'effor^ant d'�tre original. Lafortune de -/ort/tfe/zifutaflezconfid�rable:
Ses Ouvrages ne furent pas pay�s Ie m�me prix que ceux de Rubens ; mais il avoit tant de raci- lit� , qu'il gagna prefqu'autant que celui qu'il prenoit pour modele, parce qu'il faifoit plus de Tabieaux. Charles GuJIavc, Hoy de Suede , lui commandadouzegrandsTableauxrepr�fentant la Pafl�on de notre Seigneur. Emilie de Solmst Douairieredu PrinceFr�d�ric-HenrideNaflau, lui fit peindre les a�tions m�morables du Prince fon �poux , en pluiieurs Tabieaux , auffi ing�- nieux par les all�gories,qu'expreflifs paria cou- leur & 1'harnnonie. Le chef d'oeuvre de ce Pein- tre eft le Tableau o� il a repr�fent� ce Prince dans un char de triomphe., tir� par quatre che- vauxblancs, entour�degrouppes fymboliques. Ces Tabieaux d�corent le fallon d'Orange a la Maifon au Bois, pres de la Haye; &: ils fuffifent pour montrer combien Sandrart s'eft tromp� , quandiladit que 7or^e«5colorioit froidement depuis qu'il avoit peinten d�trempe : Cet Ecri- vain Allemand auroit du fcavoir que Jordaens �toit jeune, quand il a peint les cartons pour 1'Efpagne, &^ que tous les Ouvrages que nous connoiflbns depuisce temsj Temportent beau- coup fur ceux de ^a premiere maniere. Les Eglifes Sc les Maifons Royales furent
enrichies de fes Ouvrages; mais,pour fed�laffer, Aa il
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4 La V�e des Peintres
il quitta fouvent les compoi�tions nobles & �le-
vees pour des fujets comiques. On eftprefque certain de r�uffir, quandon traite ce qui a rap- port a fon propre cara�tere. Son Roy boit3 auil� agr�able que fon Auteur, a �t� lou� g�n�rale- ment. Jordaens > enrichi par fes Ouvrages ,travailloit
af��dument Ie jour ; mais il alloitpafler lefoir avec fes amis, la pl�part Artiftes : Cette vie tranquille j qui ne fut jamais alt�r�e par des cha- grins domeltiques , lui procura une heureufe vieillefl�. 11 atteignit 1'age de S4 ans, lorfqu'il fut pris d'une maladie appell�e la fuette , dont il mourut a Anvers Ie 18 Octobre 1678. Sa fille Eli\abeth Jordaens d�c�da Ie m�me jour : lis furententerr�s, comme Calviniltes, dans 1'Egli- fe R�form�ede la Seigneurie &Bourgde Putte, o� �toit d�ja inhum�e Catherine van Oort fa fem- me, morte Ie 17 Avril 1659. Dans tous les Ouvrages de Jordaens , on re-
marque une grande harmonie de couleur & une belle entente du clairobfcur: Sescompofitions fonting�nieufes & abondantes, fes expreffions naturelles; mais fon delfein �toit fouvent fans gout. Il copioit la nature, fans en choifir les beaut�s &c fans en �carter les d�fauts. Ildrapoit de meilleurgo�t, mais fon principal m�rite con- fiftedans laracilit� & dans la touche de fon pin- ceau. Mal-a-propos a-t-onvoulu 1'�galer k Rubens : Ce dernier avoit bien plus de noblef�� & plus d'�l�vation. Jordaens fcavoit arrondir fes f�gures & donner Ie m�me �clata fa couleur &c peut-�tre plus de vigueur ; mais Ie premier a toujours 1'avantage dans toutes les parties de la Peinture.
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Flamands, Allcmands & Hollandois. 5
Peinture. Nous allons donner une lifte des prin-
cipaux Tableaux de ce Peintre, dont Ie grand nombre fourniroit un volume, fi nous voulions les d�crire. On voit chez Ie Duc d'Orl�ans Ie Portrait
d'un homme arm�, accompagn� de deux Pages, fur 1'un defquels il s'appuie. Chez l'Ele&eur Palatin , une Afl�mbl�e d'hommes & de fem- mes affis a table : On croit les voir boire &c manger , on croit les entendre caufer & rire. Une Fuite en Egypte, Saint Jofeph marche Ie premierj une lanterne a la main. La Fable du Satyre qui voit fouffler Ie chaud & Ie froid : Ce Tableau a toute la force &: la perfeftion du coloris, ainfi que celui de Pan & Sirinx ; les figures en font grandes comme nature : ce mor- ceau fut fait en fix jours. Dans PEglife Paroiffiale de S. Jacquesa An-
vers, la Vierge &c pluiieurs Saints fk Saintes , Tableau d'Autel de la Chapelle de la Vierge. Dans 1'Eglife des Beguines 3 un Chrift} la Mere de Dieu & S. Jean a c�t� de la croix, & au pied, la Madelaine. Plufieurs Tableaux , dont les fujets font tir�s de la Vie de notre Seigneur , font places dans 1'Eglife des Jacobins; d'autres Tableaux du m�me , dans 1'Eglife des Augu- ftins : Celui du grand Autel repr�fente Ie Mar- tyre de Sainte Apoline, Tableau capital & des plus beaux de ce Ma�tre. Dans la falle de la Confr�rie de Saint Sebaftien , fe trouve unbeau Tableau peint par Jcrdaens & Fyt: Le premier y a peint cinq figures , Diane , Neptune, & Fyt y a ajout� toutes fortes d'animaux, des chiens, des oifeaux �c beaucoup de gibier : Ce beau A j Tableau
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_____ 6 La Vie des Velntres
Tableau eft a la veille de p�rir. Un Eb�nifte
m.......,* ou Menuiiier , charg� de r�parer la bordure ,
"�""'" s'eft avif� de frotter la toile par derriere avec de
1'huile d'olive; fok 1'humidit� ou cette huilequi ne i�che point, on appercut peu de temps apr�s la couleurs'ecailler. Au lieu davoir recours aux Artiites d'Anvers j capables de Ie r�parer , on s'adreffa a un palfanr, qui allura pofleder Ie beau lecret de M. Picot (a), & en conf�quence on lui accorda 400 florius pour enlever ce Ta- bleau de deffus ia toile & Ie porter fur une toile neuve ; mais comme on exigeoit de lui une �i-reuve defix mois,c'eft a-dire j qu'il n'auroit �t� pay� que lorfque Ie Tableau n'auroitpoint d�coll� au bout de ce temps-la, il ne voulut pas Tentreprendre. Il leroit a delirer que ces Mefl�eursappellaf��nt M. Picot, pour fauver un des plus beaux Tableaux d'Anvers. On voit a Malines, dans 1'Eglife de Sainte
Catherine , Ie Tabieau d'Autel de la Chapelle de Saint Jofeph : 11 repr�f�ntela Vierge, TEn- �int J�fus & Saint Jofeph. Aux Religieufes de Leliendael; de 1'Ordre de Pr�montr� , deux Ta- bleaux, 1'un S. Pierre &r 1'autreS. Paul: Us lont tous deux places au-defliis des deux portes dans 1'Eglife. Aux Carmelites, Ie Tableau du grand Autel ; Jordaens y a peint une Sainte Familie. Dans la petite Ville de Liere , Ie Tableau du ma�tre
(a) M. Picot bien connu par te-beau fecret qu'il a trouv�
d'enlever les Tableaux fur toiie , fur cuivre, (ur bqis, fur Ja pierre, &c. Sc de les por:er fur la roijeou tel autre fond; fans alt�rer ni d�funir la couleur : Les �preuves qu'il a faites a Paris & a Verfailles. font plus que fuffifames pour m�ri- ler la confiance du Public. |
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F lamanis, Altemands & Hollandois. 7 ^^^
maitre Autel de 1'Eglife de S. Gomare, repr�- i
fente notre Seigneur crucifi�, belle & grande \ compofition de ce Maitre. La naiflance de J�fus- *"�"' Chrift, Tableau d'Autel dans 1'Eglife Paroiffiale de Dixmude. Notre Seigneur au milieu des Do&eurs j Tableau du grand Autel de 1'Eglife de S. Walburge, a Furnes; c'eft une des plus abondantes &r des plus belles produdions de Jordaens : 11 eft fouvent attribu� a Rubens ^ & il feroit honneur a ce dernier. Dans 1'Eglife Pa- roiffiale de S. Brice a Tournay, on trouve du m�me un Tableau d'Autel, repr�fentant J�fus- Chrift mort fur les genoux de ia mere : Au mi- lieu d'une gloire d'Anges, on voit S. Martin qui chafle ie demon du corps d'un poffed�: Ce Ta- bleau admirableeft dans l'�glile del'Abbayede S. Martin. |
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A 4 ANTOINE
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A N T O I N E
VAN DYCK,
�LEVE DE RUBENS.
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A VILLE d'Anvers donna Ie
jour a eet excellent Peintre, Ie 21 Mars 15 9 5>3 & felon d'autres en 1598. Houbrahen nous ap- prendquefon p�re�toitdeBois- le-Duc & qu'il peignoit fur verre. Dans la defcription de laville de Gouda, il ftfiildfildrrc^^j lequel
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1598.
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La Vie des Peintres Flamands, &c. 9
lequel avoit ( dit THiftorien Walvis) travaill� " """""
fept ans chez Weficrhout, &c dela fut a Bois-le- ] Duc, chez Ie pere d'Antoine van Dyck, bon ----"
Peinrre fur verre. 11 ajouce que la mere de notre
Peintre excellent a broder au petit point. Son pere, qui Ie fit �tudier d�s fa tendre jeunefl�, netardapasa conno�tre Ie penchanrquefonfils avoit pour la Peinture : 11 lui en donna les pre- mi�res lecons & Ie placa chez Henri van Balen, qui avoit paffe quelque temps en Itali�, fous les plus grands Maitres: Le jeune Elevc furpalfa les camarades. La r�putation de Rubens tic la vue de quelques-
uns de fes Tableaux, lui firent briguer 1'honneur de devenir fon Eleve. Rubens le recut & pr�vit en peu ce qu'il feroit dans la fuite ; il lui confia quelques�bauchesd'apr�sfesefquifles:vd« Dyck enam�mefiniquiont paffe pour �tre de Rubens : II fut d'un grand f�cours a fon Ma�tre, qui �toit furcharg�d'ouvrages. Rubens ne fit bient�tque compofer& retoucher les �ableaux d'un Eleve de ce g�nie & de cetre diitin&ion. Rubens fortoit tous les jours vers le foir, pour
prendre 1'air; les Eleves qui payoient annuelle- mentun petit tributa Valv�ken, ancien Dome- ftique de Rub ns, obtenoient la permiffiond'en- trer dans lecabinetde Rubens 3 & d'yobferver fa maniere d'�baucher & de finir. Un jour que chacun d'eux s'approchoit de plus pres, pour mieux examiner la touche du Ma�tre, Diepenb�ke poufle par un autre, tomba fur le Tableau qui �toit 1'objet de leur curiofit�, & effaca le bras de la Madelaine, & la joue & le menton de la Vierge,
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10 La Vie des Pelntres
Vierge, que Rubens venoit definir dans Ia jour-
n�e. On palit a eet accident : La crainte d'�tre ren voy�, allarma toute l'Ecole&r les d�terminoit a la fuite, lorfque Jean van Hoek prit la parole & dit: Mes chers camarades, il faut, fans per- drede temps, rifquer Ie toutpourle tout; nous avons encore environ rrois heures de jour, que Ie plus capable de nous prenne la palette , & tache de r�parer ce qui eft effac� : Pour moi je donne ma voix a van Dyck, feul de nous en �tat de Ie faire. Tous applaudirent ; van Dyck feul douta du fucc�s : Prefle par leurs prieres, ou craignant lui-m�me la colere de Rubens, il fe mit a 1'ouvrage & peignit fi bien que Ie lende- main Rubens s en examinant Ion travail de la veille, dit en pr�fence de fes Eleves qui trem- bloient, voila un bras & une t�te qui ne font pas ce que j'ai fait hier de moins bien. Plufieurs rapportent que /J«�e«.y,ayant feu rhiftoirceffa- ca tout: D'autres au contraire difent qu'il Ie faii�a dans l'�tat que van Dyck l'avoit mis. On peutvoirceque j'ai rapport� de ce Tableau,qui paffe pour un des plus beaux de Rubens ; C'eft la Defcente de Croix qui eft dans 1'Eglife de Notre-Dame d'Anvers. C'eft 1'�poque o� Ton pretend que Ruhens ,
ayant concu une jaloufie extreme contre eet il- luftre Eleve j lui confeilla de faire Ie Portran& d'abandonner 1'Hiftoire ; j'efpere d�montrer Ie contraire, par Ie t�moignagem�me de van Dyck : 11 s'adohna efFeftivement a peindre Ie Portrait ; 11 en fit plufieurs fous les yeux de Rubens , qui
�tonnerent tous les Artiftes. Mais, foit qu'il fut tent�
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Flamands, Alkmands & Hollandois. n
tent� du gain, foit par la crainte de ne jamais 7" egaler fon Ma�tre dans les Tableaux d'Hiftoire, ^ il pria Rubens de lui laifl�r pr�f�rer le Portrait, "" comme un genre qui lui plaifoit plus que les autres parties de la Peinture. On ne croira plus les Ecrivains^ qui ont
avance que van Dyck s'appercutde la jaloufe de Rubens &qu'il leretirajquandon fcauraque Rubens, en parlant lou vent a fes Eleves des beau- t�s qu'il avoit remarqu�es dans les Tableaux des grands Peintresd'Italie,leurconf�illoit,& iur- tout a van Dyck, de faire ce voyage : Ce con- feil eft plutot celui d'un Ma�trebien intentionn� pour fon Ecolier , que d'un Maltre jaloux. Van Dyck Ie crut & prit cong� de Rubens, apr�s lui avoir donn�, pour marque de reconnoiiran- ce, un Ecce homo 8c un aurre Tableau, dont le fujet eft notre Seigneur dans le Jardin des Oli- viers : Ce dernier repr�i�nte une nuit,touty eft �clair� aux flambeaux ; il eft d'une grande beaut�. Rubens le mit dans un de ks principaux appartemens & ne ceffbit de le louer, ainfi que le Portrait de fa femme , peint par le m�me. Il fit en revanche pr�ient a 1'Auteur d'un des plus beaux chevaux de fon �curie. Van Dyck quitta Anvers 8c paffa par Bruxel-
les, dans 1'intention d'aller en Itali� ; mais le penchant qu'il avoit a 1'amour, 1'arr�ta aupr�s d'une jeunePayfanne du Villagede Savelthem , pres de cette derniere Ville : II fut tellem�nt �pris des attraits de cette fille, qu'elle 1'engagea a faire deux Tableaux d'Autel pour faParoifle : Le premier repr�fente Saint Martin; il s'eft peint li�-m�mefurlechevaldont2I�tt�e7;.Ylui avoit fait pr�ient.
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12 La Vic des Peintres
~ pr�fent. L'autre repr�fente la Familie de la
**9 Vicrge (a . 11 mit dans ce dernier Ie Portrait �' de fa Ma�trefle, de ion pere & de fa mere. / Tous ceux qui ont vu ce Tableau, affiirent que / la Payfanney julUfiealfez par fa beaut� les atten-
/ tions du jeune Peintre. tiubcns attentif aux d�-
j marches de ce cher Eleve , eut peur que cette
inclination d�plac�e ne fut un obftacle a Ion
avancement. Il employa fes amis & n'�pargna rien pour Ten d�tourner : 11 r�veilla en lui Ie d�l�r de voyager, & fur-tout celui de la gloire. Si 1'amour ert quelquefois favorable aux talents, il leur eft plus fouventcontraire.Fa/zZ>ji�quitta brufquemenr fa Ma�trefle} mais avec regret: II partit accompagn� du Chevalier Nanni, 6c voya- gea par toute 1'Jtalie & s'arr�ta a Venife. Le Titien & PaulVeronefe furentceux qu'il pritpour modeles. Il copia beaucoup de leurs Ouvrages &: fit des �tudes particulieres fur leurs airs de t�tes: Cette pratique, fuivie des r�flexions ju- dicieufes, le forma dans fa maniere delicate 6c' facile. Ne travaillant que pour fe perfe�tionner } il
depenfa ce qu'il avoit aport� a cette inrention , & fut de Venife a G�nes: Ce fut-la qu'il donna des marques de la fup�riorit� de fon talent. Il ratnena lad�licatefle de fes teintes a celles qu'il voyoit dans la nature : II joignit dans fes Por- traits les perfe�lions de l'Art aux charmes de la v�rit�. La fimplicit� na�ve dont il fcavoit les orner,
(a) Le Tableau repr�fentant la Familie de la Vierge , a
�x� enlev� , (ans que 1'on fache par qui & ou il eft plat� ki |
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Flamands , Allcmands & Hollandois. i 3
orner j touchoit ceux m�mes qui en ignoroient 1'artifice. Une reifemblance frapante des traits &■ des �tofFes, faififlbit tout Ie monde : En ad- mirant fes talents, on Ie combla de richefTes. Il �toit lurcharg� d'ouvrages, & les Seigneurs duPays n'auroient pas cru Ie payer fumfam- ment, i� ades fommesconi�d�rablesilsn'avoient pas joint des marques de diltin&ion &d'amiti�. 11 ne s'�cartoit gueres de cette V�le , que pour celles o� on lui indiquoit quelques '1 ableaux dignes de fa curiofit�; mais il revenoit toujours a G�nes. Il la quitta enfin & hit a Rome, o� Ion premier ouvrage fut Ie Portrait du Cardinal de Bentivoglio : 11 i�t pour Ie m�me quelques Tableaux & plufieurs Portraits pour daurres perfbnnes. Il eut Ie d�plaifir d'entendre d�crier fes Otivrages par fes Compatnotes, parce qu'il n'avoit pas voulu embra�er leur vie libertine , a laquelle il pr�f�ra toujours 1'etude ; &: il re- tourna de nouveau a G�nes, o� il fut recu avec joie & fort employ� , tant au Portrait qu'a des Tableaux d'hiitoire. Dela il paffa en Sicile, o� il fit Ie Portrait du Prince Ph�lbert de Savoye : II quitta des Ouvrages commenc�s aPalerme, pour �viter la petle qui commencoit a s'y faire fentir. Il s^embarqua iur unegale're pour G�nes, dont il (e retira enfin pour retourner dans fa Pa- trie. Arriv� a Anvers il fit un Tableau de S. Auguftin : On Ie voit repr�fent� en extafe ; Ie refte de 1'Ouvrage eft d'une grande compofi- tion. Tous les Artiftes radmirerent & convin- rent que lc voyage que van Dyck venoit de faire avoit embelli fa maniere de peindre , &■ qu'il avoit achev� de prendre des grands Ma�tres
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14 La Vie des Pe'mtres
Ma�tres ce qui rettoit a acqu�rir.
Ilfembloit que ce grand homme fut faitpour
effliyer des difncult�s: II fut appell� aCourtray par les Chanoinesde la Collegiale , & il fit prix pour un Tableau du grand Autel de leur Eg�- fe. Il Ie peignit a Anvers&r alla lui-m�mepour Ie placer ; Ie Chapitre accourut pour Ie voir : En vain Ie Peintre dernanda-t-il jufqu'au lende- main pour Ie placer, difantque Ton en jugeroit micux. On ne Ie rendit point a tout ce qu'il put dire : On fit venir des Ouvriers; on Ie d�roula, mais quelle fut la furprile de van Dyck, quand on vit Ie Chapitre entier regarder & 1'Ouvrage ik 1'Auteur avec m�pris : On Ie traita de mil�- rablebarbouilleur;on lui ditqueleChrift avoit raird'unporte-faix,quelesautresfiguresre(Tem- bloient a des mafques ; & tous lui tournerent Ie dos. Il refta feul avec un Menuifier &-quelques Domeitiques, quicrurentle confoleren luicon- (fcillant d'emporter f on Tableau j en 1'aflurant que tout ne f�roit pas perdu &: que la toile pourroit �tre employee a faire des paravents. Il ne Ie rebuta point, il placa fon Tableau & Ie lendemainil fut de porte en porteenprier ces Meflieursde revenir ;iln'eutd'eux que de nou- velles injures : Les ignorants ont de plus que leurb�tile,leton d'�treincapablesd'unnieilleur avis. Enfin au bout dequatre ou cinq jours, il futpay�, ma�s de h mauvaife grace que toute fa vie il n'a ceffe d'en �tre indign�. Il retourna a Anvers & n'ola jamais parier de cette aven- ture, qui ne refta cependant pas fecrette. Quel- ques Amateurs, paflant par Courtray^ virent ce Tableau avec admiration Sc Ie publierent; bientot
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Flamands, A�emands & Hollandois. 15
bient�tonyvint enfoule : L'aventure futcon- nue& ne tourna pas al'honneur desChanoines. On les traita d'ignorants (�pith�te trop mod�- r�e.) Enfin ils ne purent rerui�r une eipece de r�paration: lis convoquerent unChapitre, dans lequel il fut arr�t� que Ie Tableau �toit beau , & pour conftater Ie m�rite de 1'Auteur & r�- parer leur honte, ils ajouterent qu'il falloit lui �crire & lui commander deux autres Tableaux pour differents Autels. Maisva/z Dyck leur r�- pondit f�chement qu'ils avoient afl�z de Bar- bouilleurs dans Courtray &r aux environs,qu'ils n'avoient que faire d'en faire venir d'Anvers; & que pour lui il avoit pris la r�folution de ne peindre d�formais que pour des hommes, & non pas pour des anes. On pretend que ce der- nier mot formalifa un peu Ie Chapitre, qui, pour s'en venger , ordonna a Gaf par d de Cray er lesdeuxTableauxcommand�s �vanDyck. Cray er fit Ion march� de facon qu'ils s'obligerent de prendre & payer fes'f ableaux bons ou manvais. Le Tableau de van Dyck eit place dans 1'Eglife Collegiale de Notre-�ame au grand Autel, &: repr�lente notre Seigneur attach� fur la croix , que les boureaux �leventpour la planter: Celt un des plus beaux de ce Maitre. Les deux au- tres peints par de Crayer , lont dans la m�me Eglile : L'un repr�fente la Sainte Trinit� _, &: lautre le Martyre de Sainte Catherine:Ce lont de beaux Tableaux d'Autels, mais inf�rieurs a celui de van Dyck. Houbraken dit que Rubens lui offrit en ce temps-
la fafi�e a�n�e en mariage, &r que van Dyck s'excufa fur ce qu'il avoit envie de retourner a Rome :
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iS La Vie des Pelntres
Rome : D'autres pretendent qu'il ne refufa la
fille, que parce qu'il aimoit paffionn�ment la
mere.
Van Dych eut quelque difficult� avec les Re-
ligieux Auguftins; ils 1'obligerent de changer 1'habillement du Saint, de blanc en noir. Le Tableau fini,il neput�trepay�; ilss'excuferent fur le pcude fonds qu'il y avoit dans leurs coffres; &: on lui fit entendre que, s'il faifoit pr�fent d'un Chrift de fa main , Ton ne tarderoit pas a chercher les moyens de le fatisfaire. Quoi- qu'indign� de cette mauvaife foi, fon befoin d'argent lui fit accepter cette condition: II don- na le Chrift , qui eft eftim� plus que le grand Tableau ne leur a cout�. Autant qu'il fut lou� par Rubens & les grands
Maitres, aurant fut-il critiqu� par les Peintres fes Camarades d'�tude , tels que Schilt, &rc, Ils oferent dire qu'il n'avoit qu'une peti te maniere, qu'il ne (cavoit pas manier la brofle ; qu'ils lui avoient vu peinurela poitrined'un Ange grand comme nature (dans le Tableau des Auguftins) avec un petit pinceau........&c. Ennuy� de ces
tracafleries, il abandonna d'autres Tableaux ,
quoique commenc�s, pour aller a la Cour de h'rederic de Najfau, Prince d'Orange, qui 1'en fol�citoit, & pour s'�loigner desingrats &des envieux.ennemisordinaires des grands hommes. Il pafla a la Haye^ o� il peignit en pied le Prince, la PrincerTe d'Orange Sc leurs Enfants: La beaut� de ces Portraits engagea tous les Seigneurs de cette Cour , les Ambaffadenrs, les riches N�gocians a fe faire peindre; plufieurs Etrangers y vinrent de leurs Pays, pour le m�me fujet :
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Flamands> Allemands & Hollandois. \y
fujet: Le nombredes curieux de les Tableaux u� augmentant de jouren jour, il les leur fit payer 1 *>9 ' auffi cher qu'il le voulut, fans jamais r�uffir a ~�" les en d�go�ter. L'id�e que 1'on a de la lib�ralit� des Anglois
& de leur gout pour les arts, le conduiiit en Angletene: II y fit quelques Tableaux dignes de lui; mais ce voyage ne fut pas auffi heureux qu'il auroit du 1'�tre. Il revint a Anvers, & fongea a r�parer le
temps qu'il difoit avoir perdu en Angleterre & en France; car on ne fcait pas plus par quelle fatalit� ce grand Peintre n'y e�t pas tout le fuc- c�s qu'il m�ritoit. Le premier Tableau qu'il fit a Ion retour en Flandres, fut un Crucifix pour les Capucins de Dendermonde : II paffe pour le plus beau qu'il ait fait. Il peignit auffi uneNa- tivit� pour la grande Eglile de la m�me Ville. On voit de lui un autre Ouvrage chez les
Francifcains d'Anvers, dans la Chapelle de FAbb� Scaglia , c'eit J�fus-Chrift mort (ur les genoux de la niere; quelques Anges fontaupr�s, ainli que le Portrait de eet Abb� , qui en avoit fait pr�l�nt a cette Eglife. Ce fut a peu pres dans ce tems qu'il fit le
Tableau deS. Antoinepourl'Infanted'Efpagne. Apr�s la mort de cette PrincefTe, il paffa entre les mains du fieur Jabach , qui 1'achetapour le vendre en France. Quelques portraits'de van Dyck, pafles en
Angleterre, firent repentir cette Nationdu peu. d'attention qu'elle avoit eu pour fes talents. Le Roy chercha m�me a 1'attirer a fa Cour ; mais van Dyck, m�content de la facon dont il avoit Tome II. B �t�
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i 8 La Vit des Peintres
7" �t� recu dans i\m premier voyage, n'yferoit I
I^9 " jamais retourn� fans !e Chevaiitr Digby , ion
*^?*" ami,quiryd�termina:ll remmenalui-m�me;
il Ie pr�tenta au Roy , qui Ie rec:ut avec bont� ,
lui fit pr�ient de fon Portrait garni de diamants
&■ orn� d'une chaine d'or : il y ajoutal'Ordre
du Bain & une peniion con�derable. 11 aima.
van Dyck jufqu'a defcendre dans les d�tails qui
pouvoientcontribuer afa fortune^ &alui faire
trouver Ie f�jour d'Angleterre plus agr�able. Il
taxa fes Portraits en pied a iooliv. iterlings ,
ceux a derai-corps a 50 liv. Il lui donna deux
logements j un d'hyver aBlaiforre, & celui d'�t�
a Elthein.
Van Dyck profita des bont�s du Roy, & mon-
trafareconnoiflance a l'Angleterre, en travail- lant fans reiache. 11 enrichit Ie paysde fes Por- traits & de fes admirables compolitions. Charles I. ie piaifbit a s'entretenir avec eet
Artirte : II raifoit un jour Ie Portrait dece Mo- narque, qui fe plaignoit afTez bas au Duc de Nortfo'.ckae T�tatde (�sFinances; Ie Roy ayant remarqu� que van Dyck 1'�coutoic , lui dit , en riant: Et vous, Chevalier, fca\rez-vousceque c'elt qued'avoir beioin de 5 011 6oooguin�es? 11 r�pondit, oui,Sire, un Artiftequi tient ta- b!e ouverte a les amis, &: bourfe ouverte a fes maitrefTes, ne f�nt que trop lbuventle vuide de ion cofFre fort. 11 fit nne autre r�ponfe aflez heureufe a la
Reine Margueritc de Bourbon, fille d'Henri IV. qu'il peignoit :EIie avcit des mainsadmirables. Van Dyck excelloit a rendre ces extr�mit�s: Comme il s'y arr�toit long-temps, laPrincefle s'en
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Plamands 3 Allcmands & Hollandols. 19
s'en appercut 6c lui demanda, d'un air enjou� , T" pourquoi il careflbit plus les mains que fa t�te ? *J^ C'efl, dit il, Madame, que j'efpere de ces belles ~�" mains une r�compenfe digne de celle qui les porte. Van Dyck devint fort riche, fa d�penfe pro-
digieuf�, fes�quipages brillants , fa table ou- verte atout Ie monde & fon nombreux Do- meflique , n'auroient m�me point d�rang� fa fortune, s'il avoit, comme fbn Ma�tre, m�prif� les preftiges des Alchymiftes : Jl donna dans Ie faux de cette charlatanerie. Il fit batir un labo- ratoire a grands frais, & il vit enpeu de teaips s'�vaporer par Ie creufet Tor quil avoit cr�� avec fon pinceau. Les vapeurs du charbon & Je d�plaifir de fe voir tromp� , lui cauferent beaucoup de chagrin : Epuii� d'ailleurs par fes plaifirs, il vit fa fant� diminuer avec fa fortu- ne, &Ton craignit pour fes jours. Le Duc de Bucquingham crut r�tablir cette
fant� �puif�e , en le d�robant a fes ma�trefl�s; il le maria, avec 1'agr�ment du Roy , a la fille de Milord Ruthven, Comte de Goree, Seigneur Ecoffbis. Marie Ruthven , qui �toit une des plus belles femmes de la Grande-Bretagne , ne lui apportapour dot que cette grande beaut� &rle nomd'une M ai fon illuftre ,dontladiigracedu pere avoit cauf� la ruine. Il paffa avec fa femme a Anvers, pour vifi-
ter fa familie & fes amis. D'Anvers i! alk a Paris: Le Pouffin y �tant arriv� de Rome avant lui, fut charg� de peindre la Galerie du Lou- vre, qui �toit cependantroccalion & le butdu B z voyage
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10 La Vie des Peintres
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i 98 voyaoe ^e van DyQk: H pafla deux mois a Pa-
^.., ,^, ris 6c retourna en -Angleterre. Pen apr�s, ia femme accoucha d'une fille qui
mourutrbrtjeune ;van 2)yc�neluifurv�cutpas long-temps: Epuif� de foiblefl�, ext�nu� de remedes, il tomba dans une efpecedephthilie. Le Roy en eut beaucoup de regret, il promit a Ion Medecin 300 guin�es, s'� pouvoitlegu�- rir. La nature �toit �teinte en lui, les foins des plus habiles Medecins ne purent retarder fa mort; il cefla de vivre en 1641 : II n'�toit ag� que de 41 ans; il hu enterr� avec pompedans 1'JEglife de S. Paul. On peut juger des fommes prodigieufes qu'il
avoit gagn�esj parce q�i lui relta apr�s des d�penf�s exceil�ves &: fa folie du grand oeuvre : On lui trouva cent mille rifdales ou pieces de huit. SaveuvecpoufaleChevalier Price; mais elle
ne furv�cut pas long-temps fon premier mari: Le Po�te Anglois Couwley a fait en vers 1'�pi- taphe de notre Peinrre c�l�bre. Quand on confidere le grand nombre d'ou-
vrages que nous a LxiiT�svan Dyck, �tantmortfi jeune , on ne peut nier qu'il n'ait eu la plus grande facilite dont on ait conno��Hnce. On fcait qu'il commencoit le matin apeindreune t�te ; qu'il retenoit a diner la perfonne qui fe faifoitpeindre, & qu'apr�s le d�n� il la fimiroit: Rarement avoit-il a y travailler le lendemain. Tons lesTableauxde Ion dernier temps, lont d'une n�gligence qui en diminue le prix ; on lui en fit desreproches, en comparant fes premiers Tableaux avec les derniers: J'en fcai, dit-il, la diff�rence
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Flamands, Allemands & Hollandois. 2.1
diffV'rence & je n'en luis pas �tonn�; mais fachez auffi qu'autrefoisj'ai travaili� pour ma r�puta- tion, &: qu'aujourd'hui je travaille pour ma fortune. Van Dyck avoit rait biendes Portraits en ce temps-Ia 5 qui font des modeles de finefle & de pr�cifion: 11 peignoit fes t�tes avec tant d'art & de v�rit�, qu'il n'eft guerespoiliblede Ie furpaffer: II deflinoit &. colorioit de tn�tne les mains; fes attitudes lont fimples, mais avec choix. 11 l�mble qu'on ne devroitregarder van Dyck que comme Peintre de Portraits; cepen- dant il a fouvent �gal� f on Ma�tre dans fes Ta- bleaux d'hiftoire: 11 avoit moins de g�nie &: peut-�tre moins de feu; mais tous les ouvrages n'en manquent pas. Si van Dyck e�t fait moins de Portraits & plus de Tableaux d'hiftoire, peut-�tre auroit-il �gal� Ri�ens, comme il 1'a iiirpafle dans la d�licatefle de fes teintes &: dans lafontede ks couleurs: Ce fut Ie fentiment des ennemis m�mes de van Dyck, en voyant Ie Ta- bleau qu'il rkpourrEgliiedeGand; mais com- me il ne faut pas juger�urdes conjeclures, nous dirons feulementquev^z�jt^a fiirpafl� Rubens dans lePortrait, &: qu'il lui fut inferieur dans les Tableaux d'hiftoire. Voici fes principaux ouvrages: En France,
Ie Roy a de ce grand Ma�tre, notre Seigneur en croix , un S. S�baftien, Ie Portrait de Marie de M�dlcis , lam�me dans un fauteuil; celui du Marquis d'Aytona ; une Vierge & S. Francois de Paule; uneViergeavec 1'enfant J�fus & deux figures a genoux; une autre Vierge avec la Ma- delaine & Ie Roy David; une defcente de croix ^ l'Annonciatiou copi�e d'apr�s Ie Tuien ; V�nua B 3 failant;
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ij La Vie des Peintres
" o faifant forger des armes pour En�e ; les deux
^ *' Portraitsdes Princes Palatins; celui du Duc de Z«x;celuiderinfanteElizabethen Religieufe; Ie Portrait de Rubens & de ion fils , celui de fa femme & de fa fille ; celui de van Dyck & un homme furun cheval blanc careflantun chien. Chez M. Ie duc d'Orleans, on voit une t�te d'homme, avec nne chaine d'or \ une femme avec un grand mouchoir; la Familie d'Angle- terre; Marie de M�dicis -y une femme en pied , qui tient un �ventail; un homme en pied; un Pair d'Angleterre; une Princefle veuve, tenant une canne; la PrinceiTe de Phalfbourg appuy�e fur un maure, qui tient une corbeille de fleurs; Ie Comte d'Arondel affis dans un fauteuil; Ie Peintre Snyders fa femme: la Vierge & TEnrant T r r
Jelus.
Chez lePrincedeMo/Mcojdeux Portraits de
van Dyck ; celui du Marquis de Monterofe , G�- n�ral au fervice de Charles I. Roy d'Angle- terre. Chez Ie Mar�chald'/|/�/2°7zie/2, un grand Pur-
trait de femme. Chez M. Ie Comte de Fence, une t�te du
m�me Peintre. Chez Ie Duc de Tallard, une Dame tenant
un enfant fur fesgenoux ; un homme en robe noire; la ReconnoilFance d'Achille. ChezM. de la Bo�cxiere, Fermier G�n�ral,
deux Tableauxd'un beau fini; Charles I. Roy d'Angleterre & la Reine fon�poufe, tous deux en pied; Ie fond eft un Palais d'Archite�lure, par Henri Steenwyck Ie fils; deux grands Portraits en pied, d'un homme 6c d'une femme: la fem- me |
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Flamands, Ailemands & Hollandols. 2 3
me a un enfantpr�s d'elle, & 1'homme des bu- lies de marbre & de bronfe. Chez N. de Ga�gnat, Ie Portrait du Pr�fident
Rkhaniot, Miniftre de Philippe II. avec fon fik Chez M. Ie Marquis de Foyer, Ie Btrger
Paris. Chez M. de Julienne , Chevalier de S. Michel,
un Portrait & une femme avec une lumiere. Chez feu M. Ie Marquis deLaJjay, Charles
I. Roy d'Angleterre, en pied, aca mpagn� de
fa fuite, un Ecuyer tient labride de ion che-
'< val: Tableau capital. Deux autres Portraits,
la Vierge & 1'Enfant J�fus
PrincipauxTableaux devanDyck, conferv�s
dans Iesvillesde Flandres: On trouve a An- [ vers, dans la f alle des Adminiftrateurs desPau- vres de l'Eglife de Notre-Dame } Ie Portrait duBourguemeftre Rockox ; 1'�pitaphe de Jcan Breughel, dans 1'Eglife deS, Jacques, eft orn�e du Portrait de ce Peintre par van D\ck , ainfi fjue celui de Jean Snellincks, place au-deffus de iontombeau ,dans lam�me Eglife. J�fus-Chrift mort ,1a Vierge, Saint Jean & la Madelaine , Tableau capital dans 1'Eglife des B�guines. Dans 1'Eglii� des Religieufes Annonciades, Ie Portrait du Fondateur de cette Maifon. Au Convent des Jacobines [ ou Religieufes del'Ordre de S. Dominique] notre Seigneur en croix , au bas font S. Dominique, Sainte Rofe & un Ange. Un Portement de croix , tableau d'Autel dans 1'Eglife des Dominicains. Dans 1'Eglife des R�- colets, la Vierge, l'Enfant J�fus & Sainte Ca- therine : Le Tableau d'Autel de la Chapellc B4 des
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24 La Vie des Peintres
des Douleurs repr�fente J�fus-Chrift mort fur
les genoux de fa mere : Les figures de S. Jean & de la Madelaine &c d'un Ange ent rent dans la compofitionde ce Tableau regarde comme un des plus beaux de eet admirable Peintre. Dans la Chapclle du Tiers-Ordre, eft Ie Portrait en pied d'un Eccle'liaftique. Le Tableau d'Aute� de la Congr�gation des J�fuites repr�fente* ,1a Vierge, 1'Enfant J�fus, S. Pierre, S. Paul., Sainte Rofe& des Anges. Aux Carmes D�chaufleson voit un Portrait qui d�core une �pitaphe. Dans 1'Eglife des Auguftins,le Tableau du grand Autel repr�f�nte la mort de S. Auguftin: C'eft une compofition confid�rable & d'une belle ex�cu- tion. Ce Tableau fmi, van Dyck, pour en �tre pay�, fut oblig�, comme je 1'ai dit, de faire un Chrift, qui eft place dans la Chambre du Prieur. AGand,dans TEglife paroiffiale de S. Mi-
chel, eft le Tableau de notre Seigneur attach� fur la croix ; fa mere, S. Jean, la Madelaine font au pied de la croix : On voit a eek� un Bourreauquipre'fenter�ponge au Chrift mou- rant, & de I'autre c�t� deux Cavaliers: Dans le haut font des Cherubins qui pleurent: Ce beau Tableau eft place al'Autel de Sainte-Croix. Dans la m�me Ville j chez M. le Chanoine Baut,eft le Portrait d'un enfant qui tient un faucon fur fa main. A Malines, dans 1'Eglife des R�colets, font
trois Tableaux; 1'un de Saint Antoine de Pa- doue, de S. Bonaventure, & le crucifiement de notre Seigneur place au grand Autel. AuxChartreux, aLiere, pres de Malines,
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F Iemands 3 Allemands & Hollandois. z j
Ie Portrait d'un de leurs Prieurs. A 1'H�pital de Vilvorde, uu beau Tableau
repr�f�ntant S. Antoine de Padoue, la Vierge & 1'Enfant J�fiis. A Lille , dans 1'Eglife des P»�colets , eft Ie
Tableau de notre Seigneur en croix; la Vierge & S. Jean f'onta c�t�, & la Madelaineembrai�e la croix: Ce beau Tableau eft place dans Ie ma�tre Autel. Deux autres Autels font d�cor�s par Ie m�me Peintre, un des deux repr�fente S. Antoine,quicommunie un Vieillardau mi- lieu d'une foiile de Peuple. A 1'H�pital-G�n�ral eft un tr�s-beau Tableau, 1'Adoration des Ber- gers. A Ypres, S. Martin coupe fon manteau pour
en faire part a un pauvre, & dans Ie ma�tre Autel de 1'Eglife des J�fuites , on admire la R�furredtion de notre Seigneur. A 1'H�tel de Ville de Bruxelles, on voit un
grand Tableau o� font repr�fent�s les Magi- ftrats; un Portrait qui d�core une �pitaphe dans 1'Eglife de Sainte Gudule; & dans celle des Capucins, un beau Tableau d'Autel; dans la Chapelle de S. Antoine de Padoue , on y voic ce Saint tenant 1'Enfant J�fus, au milieu d'une gloire & des Anges 5 au-deffiis de Ia porte de la Sacriftie , une delcente de Croix ; dans Ie chceur, derriere 1'Autel, huitTableaux qui re- pr�fentent des Saints de 1'Ordre de S. Francois ; & a c�t� du grand Autel, les deux portes qui s'ouvrent dans Ie chceurjfont deux toiles clou�es fur de grands chaflis, van Dyck a peint def��s deux belles figures : Ces excellents Tableaux font mutil�s & deftin�s a�treouverts & ferm�s tres-
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x6 La Vie des Peintres
T" tr�s-fouvent avec des cordes : �n les a fi peu
*9 ' m�nages, qu'on y a fait des trous pour y met-
"■~' tre des gonds 6c des clanches. Le Cabinet du
Prince Charles de Lorraine eft enrichi de douze
Tableaux de van Dych; d'un S. George , d'un
S. S�baftien, d'une T�te de Bacchus ,d'une T�-
te qui n'eit qu'une efquifledu Portraitde Dom
Jean d''Autriche, de celui de Ph'dippc II. Roy
d'Efpagne : Ces deux derniers font au Chateau
de lervure, a deux lieues de Bruxelles.
A Bruges on voitdans l'Abbaye aux Dunes
[ de l'�rdre de Saint Bernard ] trois beaux Ta- bleaux : Le premier repr�Jente notre Seigneur couronn� d'epines; ledeuxi�me la Defcente du S. Efpritfur les Ap�tres; & le troifi�me Saint Jean Baptifte & S. Jean l'Evang�lifte: Ces trois Tableaux �toient autrefois roul�s dans un gre- nier , fans qu'on cr�t m�mequ'�s m�ritafl�nt un meilleur lort. Le Procureur de l'Abbaye aux Dunes, amateur des beaux Arts, dans une de fes vacances, fe trouva dans l'Abbaye..........
en Artois; & apr�s avoir parcouru tous les
Tableaux de la Maifon , un Religieux de fes amisluidit: Si vousaimez les Tableaux, Nous en avons ici deux ou trois roul�s dans le grenier, qu'un Abb� a fait faire &: dont il faifoit cas ; mais nous ne nous connoiffbns point en Pein- ture &perfonnede nous ne les a vus. LePere Procureur obtint de l'Abb� la permiflion de les voir; il eut bien de la peine a cacher fa furpri- fe : II diflimula cependant, & demanda a les acheter. L'Abb� dit qu'il ne vouloit point d'ar- gent; mais qu'il les laiflfoit pour une piece de vin de Bourgogne. Le march� fut conclu , & les
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Flamands, A/Iemands & Jlollandois. 27
les trois Tableaux port�s a Bruges, y firent 1'ad- miration des Ariiites & des Curieux : lis font encore dans la m�me Mailbn, o� Ton en fcait mieux la valeur ; chacun de fes Tableaux a dix ou douze pieds de hauteur. On chargea van Ooft. Ie pere de les r�parer; il ne demanda rien pour les frais, li on vouloit lui permettre de les copier: Mais la premiere copiefaite, on lui payalesco- pies &■ les frais de r�paration. Les copies font dansl'Eglifede 1'AbbayeauxDunes, &lesori- ginaux dans un des appartements de 1'Abb�. Onvoitchezl'Ele&eurPaIatin,notreSeigneur
crucifi�, un Polonois a cheval, Ie temps qui cou- pe les ailes de 1'amour; Ie Portrait d'une Dame Hollandoife, habill�e en f atin blanc: elle a pres d'elleun n�gre ; un bomrae en manteau noir ; Ertvelc Peintre de Marines; une Dame ; une Princeff�delaMaifon Royale, derriere Ion fau- teuil , Milord Arondel, un nain , un fou & un chien. On voit dans Ie m�me Palais, V�nusen- dormie, d�couverte par Jupiter transform�en latyre; un grand Portrait d'hommejS. S�baftien attach� a un arbre & perc� de fl�ches (grande compoikiondansla maniere du Tit�en ;) notre Seigneur mort f ur les genoux de fa mere j J�fus- Chrift au milieu des quatre P�cheurs; la gu�ri- fonduParalytique ;leDucde Wolfgangzvecvm grand chien; refquifle de ce Portrait; Ie Portrait de Jean Breuehel, celui de van Dyck, la Vierge , 1'Enfant J�fus & S. Jean; Ie Portrait d'un hom- megrand comme nature; Ie Martyre de Saint- S�baftien attach� a un arbre; J�fus-Chrift mort; rApparitiondelaTrinit�afainteRofalie;Sainte Rofalie enlev�e au Ciel par les Anges; J�fus- Chrift
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_ x 8 La Vie des Peintres
( g" Chriftmortj&aupr�slaVierge, S. Jean & la
' Madelaine. Londres pofl�de Ie Crucifiement de notre
Seigneur, avecles douze Ap�tres ; la Familie entiere de Pembrock eft a Awitton, dans la Pro- vince de Wiltchire jlePortrait de Milord Denby eft dansleCabinet du Ducd:'Hamilton en Ecofle. Dans la Galerie duGrand-Duc de Tofcane ,
font fix Portraits, compris celui du Cardinal Bentivoglio. Chez Ie Roy d'Efpagne, a 1'Efcurial, on voit
dans Ie Chapitre Ie Martyre de Saint S�baftien ; J�fus-Chrift mort furies genoux de fa mere : Dans Ie m�meTableau font la Madelaine &S. Jean. Ona du m�me une Vierge tenant 1'Enfant J�fus, peints en demi-figures. |
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FRANgOIS VERWILT,
ELEFE DE CORNILLE DE BOIO.
VE R f i l T recut Ie jour en la Ville de
Roterdam ; Cornille de Boio lui enfeigna a peindrelePayfage , & il fut furpaff� par fon Eleve. Fcrwilt a feu rendre fes Payfagesagr�a- bles, la pl�part lont clairs 3 avec des d�brisd'Ar- chitedlurede fort bon gout: Les figures qu'il y introduiloit font dans lamaniere de Poeienburg j & trompent tous les jours, tantileftimitateuc de ce Peintre. Les Cabinets Hollandois 8c Fla- mands font orn�s des Ouvrages de ce Ma�tre. DANIEL
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Flamands, dllemands & Hollandois. 29
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DANIEL VERTANGHEN, ~
ELEFE DE POELENBURG.
VErtanghen naquit a la Haye , i! fut
Eleve de Poelenburg : Ses Payfages font dans Ie go�tde ceux decebon Peintre. il apeint des Chafl�s au vol, dei Bains de Nymphes & ) des F�tes avec des Bacchantes. On ne peut (
mieux faire fon �loge, qu'en difant qu'on Ie !
prend tres f011 vent pour fon Ma�tre. ^
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SAMUEL HOFMAN,
ELEFE DE RUB E N S.
HOfman �toit de Zurich; d�ja alTez
avance dans les principes de la Pcinture, il quitta fa Patrie pour f 111 /re 1'Ecole de Rubensy quieut pour lui une attention particuliere : H profita des leconsd'un tel Ma�tre&devint graad Peintre. 11 Ie quitta , p�n�trede reconnoiffance, & fut s'�tabliraAmfterdam. Apr�ss'�tre marie en i6z8 , & avoir travaili� quelque temps, il retourna avec route fafamillea Zurioh &: y fut forteftim�: II finit enfin par s'�tablira Franc- fort. L'Hiitoire ik Ie Portrait lui ont tait une grande r�putation; mais Ie Tableau qui lui fit !e plusd'honneur, fut celui qui e ft place dans 1'H�- tel oii s'afl�mblelc Confeil: II a beaucoup tra- vaili� |
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5 o La Vie des Peintrei
mmmT vaill�pour leDucde Milan. Apr�s de violens
* acces de goute, il en fut la vi&ime en 1640, ~~* prefqu'encore a la fleur de fon age. Apr�s fa mort, fa venve retourna avec fes
deux filles a Amfterdam, o� elles ont exerc� la Peinture avec aflez de fucc�s. |
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NICOLAS VANDER HORST,
ELEFE DE R U B E NS.
VAnder Horst, natif d'Anvers, fut
�lev� dans 1'Ecole de Rubens ; d�ja habile dansfonArt, ilparcourut l'Allemagne, laFran- ce & ritalie : II ti\aitaparfaitementl'Hiftoire& Ie Portrait. Ayant acquis la r�putation d'�tre un beau g�nie , il fe fixa a Bruxelles, o� il eut i peine letemps de peindre, tant il �toitoccup� adeffiner 6c compol�r pour les Libraires & Gra- veurs. L'Archiduc Alben Ie nomma un des prin- cipaux de fa Garde : II a exerc� eet te Charge honorabie jufqu'a famortjqui arriva aBruxelles en 1641?. Les Deff�ins de rtf/z�tr7/c>#? font moins rares que les Tableaux : lis ont de Ja finefle & delacorreclion, & font recherches par les Ama- teurs. |
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MATHIEU
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Flamands , Allemands & Uollandois 3 I
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MATHIEU KAGER
E Peintre natif d'Aufbourg , n'eft connu
hors de fon Pays que par les Eftampes que Sadeler a grav�es d'apr�s fes�uvrages : JI a de- j meiir� long-temps en Itali�. On appercoit qu'il avoit �tudi� d'apr�s 1'Antique & d'apr�s les plus l grands Ma�tres. L'FJecleur deBaviere eft celui ' quia Ie plus favoril� notre Artifte ; il Ie nomina Ion premier Peintre, avec une penlion confid�- rable. On ne fcait ce qui 1'obligeaa retournera Aufbourgj o� il eft mort tort jeune : Le fut apparemment 1'amour de la Patrie. |
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ADRIEN VAN UTRECHT
Aquit a Anvets Ie 12 Janvier 1599; Ie
hazard Ie d�termina a peir.dre des Fruits, I des Fleurs & des Animaux, & ks Ou vrages ont j m�rit� place dans les plus beaux Cabinets. Quelques Oifeaux, qu'il avoit peintspour fon
I amui�mentjlui en firent Faire un grand nombre: [ La mode vint d'en orner les appartements, tant ^ces Oifeaux paroiilbient anim�s & l�gers dans ^ leurs plumes. Encourag� par ce fucc�s, il compora des Ta-
ibleauxjo�leplus fouventil placa des Oifeaux _, i des Fleurs, des Fruits, eni�mble ou f�par�s. , Outrele m�rited'un pinceau flou &r d'une tou- ' che l�gere3fes couleurs �toientfra�ches Sc belles: Ce
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31 La Vit des Peintres
Ce qu'il a fait eftd'une grande v�rit�. Il nepef«
doi t pas de remps,&: outre fon travail auffi affida que facile j il ne put fuffire a 1'emprefTementde ceux qui vouSoient avoir de fes Ouvrages. Le R oy d'Efpagne fe faififlbit de prefque tout ce qui fortoit de fa niain: Ce Prince fut fon Prote&eur & eut fes principaux Tableaux. Il mourut riche en 1651. |
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JEAN MEEL,
ELEFE DE GUERARD SEGHERS.
COrnillc de Bie nomme ce Peintre Jcan Meel,
connn en France fous le nora de Jcan Miei : LTtaliepeut reclamer eet Artilte pour fes talents; mais la Flandre pour lui avoir donn� naiflance en 1599. Guerard Seghers fut Ion premier Mai- tre , & il �toit un de les bons Eleves , lorfqu'� p�it ie parti d'allera Rome: Quelques copies d'apr�s de beaux Tableaux j donnerent lieu a Andr� Sacchi de lerecevoir dans fon Ecole & de le faire peindre a fes propres Ouvrages. Le Ma�- tre raifoit un Tableau pour le Palais Barberin : Le fujet �toit la cavalerie du Pape; Jean Miei y mit trop du fien. Il avoit leg�nie port� auxfiijets grotelques, & fans avoir egard a la majeft� de Thiftoire , il ne fit que des b" ambochades: II ne put par cette m�priie �viter la difgrace du Ma�- tre;, qui le fit fortir de chez lui. Il peignitcependantpourAhxandreVII.dans
la Galerie deMonte.Cavallo;rhiIl:oire deMo�fe qui
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Flamands , Alkmanis & �ollandois. 3 3
qui frape Ie rocher: Ce n'�toit plus Ie Peintre de compofitions bafl�s,ilmontraqu"ilfcavoitplier fon g�nie aux diff�rents fujets qu'on exigeoit de lui. On lui confia alors de grands Ouvrages, tels que Ie Bapt�me de S. Cyrile, qu'il peignit a frailquefurlamuraille aSan-Martino-Dei-Mon- ti; une Annonciation dans l'Eglife de 1'Anima, ainfi qu'une Chapelle & la Coupole, o� il apeint a frailque la vie de S. Lambert. A S. Laurent in Lucina, Iemiracled'unenfant mort&refllifcit� par S. Antoine de Padoue, & deux autres mor- ceaux de la vie du m�me Saint. Plufieurs fujets de 1'EcritureSaintej tous a fraifque, dans une Chapelle pres de la chambre du Pape; dans Ie Palais Raggi, deux Tableaux en long : II y a repr�fent� la rue du Cours > o� fe^tiennent les Mafcarades de Rome. Tan t de preuves de capacit� m�riterent a notre
Peintre une place a 1'Acad�mie de Rome: Cette marque de diftindion lui fut accord�e en 1648, &augmenta tellement far�putation,queleDuc deSavoie Charles-E'manuel, 1'engagea apaflTera fa Cour : II Ie nomma fon premier Peintre; il Ie d�cora de 1'Ordre de S. Maurice & lui donna laCroix garnie de diamants, d'un prix confid�- rable. Il y d�buta par peindre dans les compar- timents du plafond, auChateau de laVenerie, onze fujets des m�tamorphofes & dix chafles; fcavoir, 1'afl�mbl�e des Chaff�urs, keuree3 Valler au bois, un beau payfage o� 1'on court lecerf, fix autres chafl�s de diff�rents animaux. Les honneurs & les faveurs ne purent d�tour- ner Jean Miei de 1'envie qu'il eutde revoir Ro- me : II chercha les moyens de quitter la Cour j Tome II» C mais |
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34 .La Vie des Pelntres
mais il y �toit confid�r� 8c ch�ri j 8c le Dilc n�
1599- put fe d�terminera Ie laifler retourner. On croit *S5^ qu'il en prit du chagrin , qu'il tomba malade 8c qu'il en mourut en 1664.
Quand on confidere que Jean Miei a peint
tant de beaux Ouvrages d'hiftoire 8c en grand, on a de la peine a croire que ce n'�toit ni fon genre ni des fujets propres a fon caraftere. On admire dans fes grandsTableaux, de la couleur &de rexpreffion; mais il �toit moins bonDef- finateur en grand qu'en petit: II n'avoit pas les graces ni 1'�l�vation qu'il faut dans cette belle partie de la Peinture. Il eft excellent dans les Tableaux de chevalet qu'il nous a laifles: II eft fin, piquant 8c fpirituel. Les Paftorales & les fujets de fantaifie , font les Tableaux que nous avons de lui en France. Ilparo�tquecePeintre n'a fuivi & imit� que lesOuvrages �&Bamboche : II a la m�me vigueur & la m�me force dans fa couleur. Il a peint quelquefois des fonds dans fes Tableaux, auffi clairs que ceux de Carle du Jardin ; mais quand il approche de fes premiers plans, il force les ombres toujours larges, com- me s'il n'avoit fait fes �tudes qu'en plein Soleih Nous allons ajouter aux Ouvrages que nous avons cit�s de ce Peintre, ceux qui font les plus connus en France. Le Roy poflede deux Tableaux de Jean Miei;
1'un repr�fente des gens qui boivent a la porte d'un Cabaret; 1'autre eft une Halte de Camp. AuPalaisRoyal onvoit uneVendange, avec
beaucoup de figures; un homme & une femme qui danfent j le fond eft un beau Payfage; 6c une ChalTe. Ji
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"Flamands, Allemands & Hollandois. 35
A Paris, chez M. de la Bouexiere, deux pe*:.ts Tableaux repr�fentant des Bergers.
Chez M. Ie Marquis deVoyer, une diftribution
d'aum�nes.
Chez feu M. Ie Marquis de Laffay, unPayfage
avec figures & un autre de gens a table.
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PIERRE EYKENS-,
SURNOMME' LE VIEUX.
EYkens naquit vers 1'an 1599* a Anvers;
on ne conno�t point fon Maitre: Weyermans a �crit fa vie & a indiqu� [es Ouvrages; mais tout en eft faux &c abfurde. Eykens s'eft marie fort jeune; Ie manage Ta
fix� a Anvers, o� il a beaucoup travaill�: II �toit fort bon Peintre d'hiftoire.Ses compofitions font abondantes & pleines d'efprit., fes figures ont de 1'�l�vation; unbongoutdedefl�n &: une bonne couleur j Ie feronttoujours regarder comme un grand Peintre. Il avoit un pinceau agr�able qu� aidoit a la d�licatefle de fes teintes de chairs, lorfqu'il avoit arepr�f�nter desnymphes &des enfants en petit: II peignoit tr�s-bien en camayeu des bas-reliefs & des vafes de marbre ou de pierre pour les Peintres de fleurs, & il ornoit de figures les Tableaux des Peintres Payfagiftes. Notre Peintre a eu plufieurs enfants, parm�
lefquels fe fontdiftingu�s fes deux fils, Fran^ois & Jean Eykens, dont il fera parl�. On ne fcait pas Ie temps de fa mort. Nous
C 2 allons
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$6 La Vie des Pelntres Flamands, &c.
allons indiquer fes principauxOuvrages:Onvoit dans la Cath�drale d'Anvers Ie Tableau d'Autel de la Chapelledes Fripiers, qui repr�i�nte Sainte Catherine di�putant contre lesDo&eursPa�ens. Dans 1'Eglife de S. Andr�, un beau Tableau repr�fentant la C�ne, il orne la Chapelle de la Communion; S. Jean pr�chant dans Ie d�fert, Tableau du grand Autel de 1'Eglife des Peres Bogaerde; quelques Tableaux du m�me dans 1'Eglife des Auguftins. A Malines, dans 1'Eglife des J�fuites , Saint
Xavier qui baptife un Roi idolatre; un autre Tableau o� Ie m�me Saint refliifcite un mort. |
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HUBERT JACOBS,
SURNOMME' GRIMANY.
JACOBS n� a Delft, voyagea de bonne heure
en Itali� & paffe dix ans aVenife, attach� au Doge, dont il eut Ie furnom de Grimany, qui a pafle a fes Defcendants. Son talent �toit Ie Portrait: II peignit plulieurs Anglois , & on pretend que voyant que leur impatience les emp�choit de lui donner Ie temps qu'il e�t voulu j il fe forma une maniere expeditive, qui a nui a la valeur de fes Ouvrages & a fa r�putation. Il mourut chez lui dans leBriel en i<Jz8 ou
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JEAN-
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JEANDAVID
DE HEEM, Eleve de son Pere
DAFID DE HEEM. E Pe int re naquita Utrecht -------
en 1600, d'une familie aif�e. Son 1600.
pere David de Heem peignoit bien les fleurs & les fruits, & en- feigna a fon fils Ie m�me genre, dans lequel ce fils 1'a furpaflT�: II cft vraifemblable que Ie jeune Davidn'z jamais eu d'autre Ma�tre que fon pere t qu'il ne quitta point. C 3 De |
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La Vic des Peintres
De Heem fe maria fort jeune a Utrecht; il y
fut tr�s-employ�, & chaque jour on vit multi- plier fes talents, fa fortune &c Ie nombre de fes Admirateurs : Ses Tableaux furent mis par les Connoifl�urs audeflus decequi avoitparujuf- qu'alors dans Tart de rendre les fieurs &les fruits. Ses Ouvrages furent fi recherches &r pouffes a fi hautprix, qu'il n'y eut bient�t plus que les Princes qui puffent y pretendre. On ne fait par qui il fut ennobli & nomm� Chevalier. Savietranquille, ce bienfid�fir�parceuxqu�
aimentl'�tude, ne futpointtraverf�eparaucun malheur : II fut Ie plus grand Peintre dans fon genre & Ie plus occup� defontemps. Il jouiiToit d'une fortune m�rit�e par fon afliduit� & par les talents, Mais la Guerre de 1671 & la d�- folation de fa Patrie lui firent quitter Utrecht & fon repos. Il choifit Anvers pour fa retraite: II n'y v�cut que peu d'ann�es; mais aflTez ce- pendanr pour former des�tablifl�mentshonn�- tes a fes fix enfants. Il mourut en 1674, regret- t� comme pere, comme ami& comme illuftre dans fon Art. Si de Heem n'avoit point laiflf� despreuvesde
fon. m�rite perfonnel, des Eleves tels qu'^ra- ham Mignon, Heuri Schook, fes deux fils, & fur-tout Cornille deH�em3 auroientpu 1'attefter. Le beau fini des Ouvrages de Jean-Dav�d de
Heem ne fent point Ie travail: Une touche lar- ge & l�gere termine les formes avec unart fur- prenant; la nature eftembelhe, quoiquecopi�e fid�lementj la v�rit�, la parfaite imitation, l'intelligsnce, 1'union des couleurs aufl� fraiches que naturelles, fixent radmiration. Quand il a voulu
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Flamands, Allemands & Hotlandols. $9
voulu repr�fenter des vafes d'or, d'argent, de marbre ou de criftal, il 1'a fait a tromper les yeux des Connoiireurs: II diftinguoit les lumie- res de corps polis, mats ou tranlparents jufqu'a �blouir. Il fcavoit emp�cher Ie choc des ombres dures contre des corps lumineux, par des corps oppof�s qui r�fl�chiflbient; enforte qu'il trou- voit fr�quemment dans fon art des reflburces qu'il femble que la nature ne donne fouvent que par une efpece de hazard. Les produ&ions de ce Ma�tre furent pay�es
fort cherde Ion temps & Ie font encore aujour- d'hui. Il fit un beau Tableau pour Jean vander M��r Peintre, qui pofledoit une fameufe Ma- nufa&ure de blancde plomb; il en recut 1000 florins. Vander M�er^ apr�s avoir �t� ruin� par lesGensdeGuerre, n'eutd'autrerei�burcequ'en ce pr�cieux morceau; on lui confeilla d'en faire pr�fent au Prince d'Orange Guillaume III. de- puis Roy d'Angleterre. Il fit peindre dans cette Guirlande de fleurs que repr�fentoit Ie Tableau, Ie Portrait de ce Prince, qui Ie recut avec ad- miration & 1'emporta en Angleterre : II lui donna dans laVille d'Utrecht unEmploi, pour lequelleMagiftrat lui donna la Charge de Con- troleur deiDroits du Canal qui pafl� a Vr�ef- wick & aVianen. Les Auteurs Hollandois font ladefcriptiondeplufieursTableauxoulesfleurs, les fruits, les vales d'or, d'argent de de criftal, font admirables: Ces morceaux tiennent leurs places parmi ceux des plus grands Maitres. OnvoitaParis, chezleMar�chal d'Ifenghein,
un de ces Tableaux de Jean-David de Heem, C 4 repr�-
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1600.
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4© La Vle des Peintres
l"' repr�fentant des fruits; un autre a Gand, da
l6o°' m�me, mais plus grand, & raflemblant des fruits "*--*■ de toutes efpeces; il eft chez M, Lucas deSchamps: M. Baut, Chanoine de la m�me Ville, en a un dans Ie m�me genre. On voit, avec un plaifir tonjours nouveau ,
chez Ie FrinceCharles deLorraine, deuxTableaux de la m�me main; l'un repr�fente des fleurs & des inftruments demuf�que, &c. & 1'autre, une table ou deflert de toutes fortes de fruits. Chez M. Ie Lormier, a la Haye, fept Ta-
bleaux, unquine repr�fente que des fruits, un avec des fruits, des fleurs & des vafes d'or; une montre&du fruit avec des fleurs; une guirlande de fleurs, au milieu de laquelle efl: peint Ie Por- trait du Roy Guillaume en 1699; Ie Portrait de la Reine Marie, entour� d'une guirlande de fleurs, &rdeux autres, ce font des bouquets de fleurs, la pl�part des tulipes. Chez M. van Heteren, un Tableau capital,
qni repr�fente des fruits & des fleurs. Chez M. van Br�men, une table fervie d'une
quantit� de fruits orn�s de fleurs. M. vander Linden van Slingdandt, a Dort,
poflede Ie portrait de de Heem, peint dans une rorme ovale & environn� de fruits & de fleurs. A Amfterdam , chez M. Braamkamp, un
beau bouquet de fleurs. Chez M. Leender de Neuville, des fruits &
des fleurs, Tableau qui fait pendant avec un autre de van Huiffum. A Roterdam, chez M. Leers, un Tableau de
fleurs d'un beau fini: chez M. JBiJfchop, dans la m�me
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Sj dllemands & Ho�andois. 41
m�me Ville, une guirlande compof�e de fruits & de fleurs; deux autres Tableaux de fleurs & fruits. AMidelbourg, chez M. van Cauwerven, un
Tableau o� 1'on trouve des fruits Sc des fleurs. |
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ZACHARIE PAULUTZ.
IL naquit a Amfterdam Ie 5 Novembre 1600;
il peignoit bien Ie Portrait: Ses Ou vrages font r�pandus dans la Hollande. Il fit en 1610 les Portraits de laNoblefl� & des principaux Offi- ciers des Bourgeois A rquebufiers. Huit ansapres il entreprit un grand Ouvrage, dans lequel il repr�fenta fept autres Chefs de cette Compagnie de la Ville d'Alckmar : On y voit encore les ni�mes Tableaux qui feront toujours honneur a eet Artifte. |
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GUERARD SPRONG,
ELEFE DE SON PERE.
GUerard Sprong eut fon pere pour
Ma�tre, mais il Ie furpafla : II a fait plu- fieursTableaux; il y a repr�fent� des Aflembl�es Bourgeoifes. On en voit encore dans les falles des Butes de la Ville d'Harlem, lieu de fa naif- fance: II tient fon rang parmi les bons Peintres de Portraits. HENRI
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La Vit des Pelntres
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HENRI ANDRIESSENS,
SURNOMM�
MAN C KEN HEYN.
AN'driessens naquit aAnvers; on ne
fcait pourquoi on lui donna Ie nom de Mancken Heyn , qu'il a lui-m�me quelquefois �crit lur fesTableaux, dont les fujets font pour la pl�part inanim�s: SesTableaux font faits avec choix, compof�s avec jugement & d'un beau fini. Quoiquefort employ� dans la Flandre, il pafla en Z�lande o� il «ft mort en 165 j. |
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1600.
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PIERRE GREBBER.
GR E B B E R naquit a Harlem; on ne f^ait
fi ce Peintre avoit �t� a Rome, mais on juge par fa grande maniere qu'il falloit qu'il e�t vu les grands modeles. 11 peignoit bien 1'Hiftoire & Ie Portrait. On voit dans la Ville de Harlem plufieurs de fes Tableaux places en public &: dans les Cabinets. Sa foeur, appell�e Marie Grebber, avoit une grande intelligence de l'Architedure & de la Perfpedive. Grebber a eu beaucoup a Eleves qui ont fait
honneur a fon Ecole. PAUL
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Flamands, Alkmands & Hollandois. 43
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1600.
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PAUL DE VOS.
PAul DE Vos n� a Aloft, s'efl: fait une
r�putation dans la Peinture: Son genre fut desBatailles, des Chafles &" des Animaux, o� il fait paroitre beaucoup de feu. Tous les Ani- maux qu'ilapeints font d'apr�s nature. Peude perfonnes obtinrent de fes Tableaux : L'Empe- reur, Ie Roi d'Efpagne & Ie Duc d'Arfchoty acheterent a grand prix tous fes Ouvrages: Ce dernier en a form� unCabinet. Onne fcaitrien de plus furla vie de ce Peintre, qui vivoit en- core du temps de Corn�llc de Bie, |
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H E N R I POT.
POT n� a Harlem, ent des qualit�sperfon-
nelles qui Ie firent autant aimer que les ta- lents Tont fait eftimer: II donna des preuves de facapacit� dans plufieurs Tableaux d'Hiftoire. Theodore Schreve�us fait 1'�loge d'un de fes (Ju- vrages qui reprefentoit Judith coupant la t�te d'Holopherne : Ce Tableau appartenoit a M. Hofman. Il n'a pas moins r�ufli dans lePortrait; il fit ceux du Roy & de la Reine d'Angleterre, & de la principale NoblefTe: On voit de lui a la Cour desPrinces, a Harlem, un grand Ta- bleau repr�fentantlecharde triomphe du Prin- Ce d'Orange, 8c dans lesButes des Arquebu- fiers
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4+ La Vie des Pelntres
fiersdelam�meVille, les principaux Officiers
* °°' de cette Compagnie ; Ses Portraits charment par un air de vie & de reflemblance. Bon Pein- tre & bon Deffinateur, il a m�rit� Ie fufFrage des Artiftes & des Hiftoriens. |
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JUSTE SUSTERMANS.
JUs T E n� a Anvers, eft peu connu, m�me
dans fon Pays; il paffe encore jeune en lta- lie,ou fa maniere de peindre lui donna un grand nom. Le Grand �uc de Florence 1'appella a fa Cour, le nomma fonPeintre, avec unepen- fion confid�rable. L/eftime de ce Prince alla au point qu'il ne quitta prefque jamais notre Pein- tre; il le vifita dans fon attelier; il �toitpr�fent lorfque Suficrmans compofoit & finiflbit fes Ou- vrages. On pretend que cette amiti� fut pouflee au point qu'elle infpira dela jaloufiecontreno* tre Peintre aux Courtifansj qui fe virent n�gli- g�s & qui chercherent a fe venger; mais notre Artifte eut tant d'�gard pour tout le monde, que peu a peu il acquit 1'amiti� de ceux-m�mes qiu' avoient cherch� a le perdre : II fembloit leur demander pardon, par fa modeftie, de la fup�riorit� de fon m�rite. On ne fcait rien de plus fur la vie ni la mort de Suftermans. On aflure que fes compofitions en hiftoire font belles & fpirituelles; qu'il �toit bon Deffinateur & grand Colorifte; qu'il plioit bien fes draperies, & que fes Ouvrages font d'une belle entente de clair-obfcur. IlpeignoitbienlePortrait, Scla pl�part
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Flamands, Allemands & Hollandois. 45
pl�part de fes Ouvrages font en Itali� s & par- ticulierement a Florence. |
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1600.
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CORNILLE WIERINGEN.
LA nature ne perd gueres fes droits, & mal-
gr� un�tat tout oppof�, qu'avoit embraffe Wieringen dans Harlem, lieu de fa naiflfance, un penchant invincible Ie ramena a fon vrai talent, qui �toit la Peinture. Cornille avoit voyag� plufieurs ann�es; ca-
pable de commander lui-m�me, &, en cas de befoin, de conftruire Ie Navire, on Ie vit aban- donner la mer3 pour ne plus s'occuper qu'a nous en tracer les horreurs & les dangers. Il s'appliqua d'abord a deffiner des Marines
& des VaifiTeaux de formes difF�rentes; il ren- doit fes Defleins int�reflants par 1'exaftitude des manoeuvres : II avoif une m�moire admi- rable pour repr�fenter Ie local de eet element. A peine eut-il eflay�, que fes commencements furent des fucc�s qui ne firent que s'accroitre depuis. Ce qu'il a fait dans fon bon temps, ne cede en rien aux belles productions du c�- l�bre Henri Vroom. |
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WARNARD
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l� Vit des Peintfei
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WARNARD VAN RYSEN,
ELEFE DE POELEMBURG.
1600. X �toit Eleve: II voyagea long-temps en Ita-
TTST lie, & par une ingratitude marqu�e, il quitta la Palette pour faire en Efpagne Ie conimerce
des diamants.
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FLORIS VAN DYCK.
L'HlSTOKlEN Schr�ve�tus, en citant plu-
fieurs autres Peintres a 1'huile & fiir verre, qu'il ne fait que nommer, dit: Si vous cherchez unPeintre quifcacheimiterparfaitement toutes fortesdefruits, adrell�z-vous a FlorisvanDyck: II peut, par fon Art3 tenter les friands & trom- per les oifeaux, tant il fcait bien rendre fur la toile ou fur Ie bois ce qu'il a voulu repr�fenter. Cet Ecrivain a grand tort de ne point parier des talents de ce Peintre pour 1'Hiftoire : II y a �galement r�uffi; mais la raret� de fes Ta- bleaux dans fon Pays m�me, 1'a prefque laifle dans 1'oubli en ce genre. Nous ne connoiflbns de lui en France que deux Tableaux: L'un eft Agar pr�f�nt�e a Abraham; & 1'autre, Agar chaflee. lis font tous deux a Paris, dans Ie Ca- binet de M. de Gaignat, >VILLEM
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Flamands, Allemands & Hollandols. 47
WILLEM (OU GUILLAUME)
STEENR�E, NEFEU ET ELEFE DE POELEMBURG.
QUo IQ u E Steenr�e ait eu quelque r�puta-
tion, fes Ouvrages font en fi petit nom- * 0O* Dre, qu'a peine on les conno�t. On n'en fcait ~~"~" pas plus fur 1'Auteur. |
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JEAN-BAPTISTE FRANCK.
ON croitJean-BaptiJle Franck, fils de Sebaf-
tien Franck; il fuivit la maniere de foa pere : II la corrigea d'apr�s les Ouvrages de Rubens & de van Dyck, qu'il prit pour fes mo- deles. Il peignit long-temps des fujets de 1'Ecri- ture Sainte & de 1'Hiftoire Romaine; mais dans la f ui te on vit de lui plufieurs Tableaux de che- valet, qui repr�f�ntent des Cabinets orn�s de Peintures, deBuftes &deVafes. Houbraken & Weyermans font la defcription d'un fort beau Tableau dans ce genre. Il appartenoit a M. Jean Bcfoyen a Roterdam, &repr�fentoit Rubens & van Dyck, jouant a un jeu approchant du triftrac.Une grande reflTeTnblance &. une iinefle finguliere dans la touche, ont fait regarder ce Tableau comme un des plus beaux de ce Pein- tre:
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48 La Vie des Pelntres
tre : L'appartement repr�fente un Cabinet de
Curieux, o� il y a plufieurs Tableaux, dans lefquels on diftingue parfaitement les diff�rents Ma�tres, par Ie deflein, Ia compofition & Ia couleur. Jean-Baptijle Franck a fait plufieurs Tableaux comme celui que nous venons de citer. A 1'�gard des autres Franck, tels que Maxi-
m'dien, Gabriel & Confiant�n Franck, on ne fcait rien de leur vie. Gabriel fut Directeur de 1'Aca- d�mie d'Anvers en 1634, & Confiantin en 1694. On fe trompe quelquerois fur leurs Ouvrages j leur maniere �tant a peu pres la m�me. Jean- Baptijle les a furpafles en petit, de fouvent on rnet les Tableaux des autres Franck fous fort nom pour les faire valoir. Tous les Franck ont aim� a finir leurs Ouvrages jufques dans les plus petits d�tails; on pourroit d�firer plus d'�l�gan- ce dans Ie deflein & moins d'�galite dans Ia diftribution des lumieres &C des ombres : Ce d�faut d'harmonie fe laifle appercevoir dans Ie d�tail de leurs compofitions; tout �tant �gale- ment fini & �clair�, 1'ceil n'a point o� fe repo- fer. Cependant plufieurs Tableaux de ce Mai- tre font exempts de ce d�faut. La finefle de la touche & la bonne couleur font leur principal me'rite. |
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i6oo.
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JEAN
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TFlamands, Allemands & Holtandois. 49
J E A N WILLEM (GUILLAUME) BAUER,
ELEVE DE FREDERIC BRENDEL.
BA u E R naquit a Strafbourg vers 1'ann�e ------*
i6oojEleve de Frederic Bende/, Peintre 1600. a gouafl� , il prit fa maniere , qu'il n'a jamais ■ quitt�e: II a furpafle fon Maitre, & les Ouvra-
ges ont plus de g�nie. La vogue qu'eurentfes Tableaux, ne firentqu'augmenterdanslecceur de Bauer�e d�iir de feperfe&ionner. Dans cette vue , & fur-tout de Ie fortifierdansle Delf�in , il alla a Rome bien r�folu de n'y voir perfonne, d'�tre ignor� tk d'avoir tout ion temps a lui. Il peignit une des Places de cette grande Ville & copia quelques ruines, mais en Maitre & en y ajoutant unegrandequantit�de figures} qu'il kut ni�me rendre int�reflantesparquelque trait d'hiftoire; il fit entr'autres Ie Tableau d'un triomphe, qu'il neput s'emp�cherde montrer : La reputationdece morceau lui artira un grand concours deenrieux & de connoiff�urs; & s'il gagna du c�t� de Peftime, il perdit de 1'autre ce loifir qu'il avoit cru ii n�cel�aire a fes �tudes & a fon progr�s. Bient�t tous les grands Seigneurs voulurent
avoir de fes Tableaux, il ne tut plus Ie maitre
du choix ni du temps qu'il employoit fi utile-
menta �tudier 1'Antique j mais on vouloit fur-
Tome IL D tout
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-J-L
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50 LaViedesPe�ntres
tout des copies des monuments. Il deffina les
vues, les campagnes, les paylages des environs pour les placer dans fes Tableaux & leur donner Ie m�rite qu'on leur demandoit. Le Duc dcBracciano logea notre Peintre dans
fon Palais; il Poccupa luifeul, il voulut le fixer a fon fervice: Mais Bauer aimoit fa libert� , il quitta Rome en 1637 &rfut a Venif�. L'Em- pereur Ferdinand qni venoit de monter fur le 'f hr�nej appella eet Artifle a Vienne , le nom- ina fon Peintre & lui procura un etabliflement fort avantageux. Bauer ne jouit paslong-temps de ce bonheur, il mourut a Vienne en 1640. Bauer a poufle la Peinture a Li gorame anffi
loin qu'il paro�t poffible; tout a la m�me force que les Tableaux les plus piquants a 1'huile : C'eft un Peintre de g�nie & abondant dans fes compofitions, c'eit un Artifte admirablepour la rmefle de la touche. Ses petites figures qu'oa ■ ne diftinguequ'aveclaloiipe, font vari�esavec efprit. Quand il a peintle nud il eft au-deflbus du m�diocre; fes fonds repr�fentent des rues de Romeou de Venif�, des Paylages qu'il fcuten- richir des d�brisde 1'Architect ure: Ses couleurs locales f ont vraieSjfes opofitions fcavantes.Quel donimage qu'il ne fut pas meilleur Deffinateur! Ses Ouvragesd�jachers, auroient �t�fans prix. Ila grav� quelques-unes de fescompolitions;
les plusconfid�rables forment un volume: Ce font les Fables d'Ovide. Des Sujets de I'Hiftoire Sainte, grav�s par Melchior Kujfel, font un au- tre Recueil. L'EledeurPalatin pofledetrois Tableaux de
Guillaume Bauer; 1'un repr�fente les boureaux qui
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1�00.
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Flamands , Allemands & Hollandols. 51
qui �levent la croix , f'ur laquelle eft attach� notre Seigneur: L'autre eft Ie Supplice d'un criminel roul�dansuntonneau; & Ie troifi�me eit mie Bacaille. Cornille deBie fait la defcriptionde deuxpr�-
cieux Tableaux du m�me Peintre ; ils apparte- noient a M. vander Leyen a Aiivers: L'uii repr�- lentoit 1'Arm�e vidtorieufe de �avid. On y voyoit Ablalon pendu par fes cheveux aux branches d'un arbre & perc� par Joab. L'autre �toit auffi une Bataille. On volt a Dort , chez M. vander Linden ,
van Slingelanjt , uu Tableau confid�rable de notre excellent Peintre :Le fujeteftla conftruc- tion de la tour de Babilone ; il fut peint a Rome en 1634. |
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JACQUES VAN OOST,
SU RN O MM � LE FIEUX.
JAcq�ES VAN Oos T naquit a Bruges
vers 1'an 1600 , ii�u d'une ramille tr�s- ancienne & tr�s-aif�e ; il recut dans fajeunefl� une �ducation qui a fait Ie bonheur & 1'agr�- ment du refte de fa vie. La peinture �toit la Profeffion a laquelle on Ie dellina: II negligea pour elle fes autres exercices. On ne Icait qui fut (on Maitre ; mais Ie 18 Odlobre 1611 , il fit dans Bruges fon chef-d'ceuvre: II m�rita de ce jour Ie nom de Peintre habile. Ce fucc�s n'aveug�fe-^as ce jeune Artifte : II fentit Ie be- D 2 foin
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_____ 51 La Vie des Peintres
foin de voyager en Itali� & d'aller a Rome.
^ Van Ooft y admira les grands Maitres & nou-
blia rien pour en profirer; il copia indifferem-
ment tout ce qu'il voyoit, tont lui parut utile. Mais la naturequi donneaux hommes plusou moins dedifpofitionsj leur donne auffi des go�ts diff�rents : Dela cette vari�t� dans la maniere de chaque Ma�tre, & cette difference d�pend af��z fouvent de notre temperament ou de no- tre �ducation. Celle de Rubens fut noble , fes i�ntiments paflerent dans {es compofitions. Brauwer & Craesb�he furent adonn�s a la cra- pule, &rhabitude du cabaret leu? fit peindre les iiijets bas qui les entouroient. Van Ooft fe fixa &T pris ponr guide Annibal
Carrache, qu'il �tudia avec tant de fucc�s que les compofitions devenoient des imitations de ce Ma�tre, au point qu'elles �tonnerent les Ar- tiftes dans Rome. L'amour dela Patriele rap- pella chez lui; il quitta Tltalie pour retourner a Bruges,oii malgr�le nombre de grands hom- mes que cette Ville pofledoit, il ne laiffa pas d'�rre un des premiers : II fut charg� d'entre- prifes confid�rables; Tableaux d'Autels, Por- traits, tout lui a r�uffi. Ce Peintrefut infatiga- ble au travail, & on eft furpris du grand nom- bre de Tableaux qu'il a produits : II �poufa Marie de ToHenaere d'une Familie diftingu�e, dontileut deux enfans; Jacques Van Ooft, dont il fera parl� , & Marie fa fille , morte Chanoi- neff� Reguliere en 1697 , dans 1'Abbaye de S. Tron a Bruges. Van Ooft a eu un frere, auffi bon Peintre, qui fe fit Jacobin. On voit dans rEglif�decesReligieux un Tableaudfiui; c'eft uu
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Flamands, Allemands & Hollandois. 5 5
un fujet tir� de la vie d'un Saint de fon Ordre: 16oo> Le Payfase eft peint par Achtfchelims. Le tra- , vail continueln'alt�rapoint la fant� de Van Ooft
le pere; il futoccup�jufqu'au dernier moment de fa vie: II eft mort a Bruges en 1671. Van Ooft avoit de grandes parties dans Ia
Peinture.Dans fa jeuneile il avoit copi� Rubens & van Dyck avec tant d'art, que fes copies trompenttous les jours. Voila ouilacommenc� a prendre la couleur, fa fontc & fa belle touche. Ilpeignoit 1'hiftoireen grand & onneconno�t de lui aucuns Tableaux de chevalet, except� des efquiiles qui lont faites avec peu de travail , & ne lont tont au plus qu'heurt�es; fes compo- fitions lont limples & r�fl�chies: II y introduifit peu defigures, a 1'exemple des grands Ma�tres; toutes y font n�ceflaires, &c on n'en d�fire pas davantagej mais il les pofoit avec noblefle. Ing�nieux &fimple dans leurs ornements, il les drapoit bien. Comme il n'aimoit point apeindre le Payfage, il ornoit fes fonds avec de l Archi- te�ture, qu'il entendoit tr�s-bien , ainfi que la Perfpettive. Sou deflein eft de fort bon gout, moins charg� que celui du Carrache; tout ce qu'il a fait elt cependant dans la maniere de ce Maitre: La couleur dans les chairs eft fra�che &: naturelle; il n'en eft pas de m�me de fes draperies: Des couleurs peu rompues donnent fouvent de la crudit� a les �toffes. 11 a paru vouloirquelquefois changer fa facond'operer; on voit des Tableaux peints avec une fonte de couleuradmirable: D'autres font faits avec tant d'art, que de pres il eft impoffible de pouvoir y rien aiftinguer, & qu/ils font un grand effet Dj de
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54 La Vie des Peintres
~~ de loin. A fon retour d'Italie, il avoit pour
* maxime de hacher fes lumieres, comme les blancs en deflein; il abandorma cette pratique, peu agr�able pour Ie Portrait (autre genre dans lequel il a �t� un grand homme,) II faifoit bien reffembler,&: on reconnutlePeintred'Hiftoire; dans lespof�tionscompof�es, cene font pas des Portraits froids , mais des Tableaux: On vante fur-tout un Portrait d'un Medecin &r de fa fem- me , aquile Docteilr ta te Ie pouls: L'expreflion dans 1'un marque 1'attention a �tudier Ie mal de la malade, &: dans 1'autre 1'inqui�tude avec la- quelle elle attend Sc �pie les mouvements de celui qui la doit gu�rir. On voit tr�s-bien que cette femme eft grof��; c'eft ainf� que van Ooft donnoit a fes Portraits 1'int�r�t qui manque a tant d'autres. Voici la pl�part de i�s Tableaux places en public. On voit a Bruges, dans 1'Eglile Cath�drale
de S. Donat, la R�furrection de notre Seigneur, grand Tableau qui eft: place pendant quelques mois de 1'ann�eau maitre Autel. Dans la Col- legiale de Notre-Dame j Ie Tableau de 1'Autel des Orf�vres, repr�fentant Saint Eloy. Dans FEglif� de S. Sauveur, au-deflbus de la voute, leBapt�me de notre Seigneur: Ce Tableau eft tr�s-grand & tr�s-beau. Le Martyrede Sainte Godelive ome 1'Autel de la Chapelle de cette Sainte. Le Tableau d' Au tel de la Chapelle de � S. Hubert, repr�fenteceSaintagenoux devant la Vierge & Sainte Anne qui lui donnent les ornements de 1'Epifcopat. A 1'Au tel des Char- pentiers, on voitS. Jof�ph qui admire 1'Enfant J�fusportantun petit panier avec des outils: Le fond
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Flamands , Alkmands & Hollandois. 5 5
fond eft un attelier.avec l'attirail de charpentie r. Dans la Chapelle des Douleurs.f ont deux grands Tableaux: Le premier repr�fente des Anges qui offrent a la Vierge tous les inftruments de la Paffion; &■ 1'autre notre Seigneur quittantfa mere pour aller au Calvaire. A c�t� du grand Autel, font deux figures peintes a demi-corps; 1'une eftS.Jean, &: 1'autre S. Pierre. Au deffus delaTabledes Pauvres, fontpeinreslesoeuvres de mif�ricorde en fept petits Tableaux, quatre font peintspar van Ooft, &c lestrois autres, dans la m�me maniere , parJofeph vanden Kerck Ho- ve. Dans 1'Eglif� Paroiffiale de S. Jacques, mie pr�fentation au Temple , fertde Tableau d Au- tel a la Chapelle de la Vierge. Dans 1'Eglif� Paroiffiale de S. Gilles, le Myft�rede la Sainte Trinit� , eft le Tableau du grand Autal. Dans 1'Eglife de 1'Abbaye aux Dunes, font les trois belles copies d'apr�s van Dyck : Nous en avons rendu compte dans le Catalogue de ce Peintre. L'Eglife des J�fuices pofledele chef-d'oeuvre de van Ooft: C'eitune Defcente de Croix ; les ex- preffions, le deff�in , 1'ordonnance, la couleur &l'entente du clair-obfcurdonnent ace Tableau un rang honorable parmi les plus beaux de Flandres. Chez les Jacobins , van Ooft apeint pour 1'Autel, 1'Enfant J�fus debout dans une gloire &■ ador� par plufieurs Saints. Les Reli- gieufes Jacobines ont du m�me,notre Seigneur, laVierge&S. Jeanfonta c�t�de la croix. On voitaux R�collets ,une Circoncifion: Dans Ia m�me Eglife , S. Antoinede Padoue enlev� au Ciel; pres fbn tombeau, des malades &: des eftropi�s demandent au Saint leur gu�rifon: D 4 C'eft
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1600.
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j 6 La Vie des Peintres
~~Z C'eft laqu'eft la belle copie d'apr�s Rubens, S.
^......°' Francoisrecevant les ftigmates dans laContre-
� tabledc laChapelle duS. Sacrementil'original
eft dans 1'Eglil� des R�collets a Gand. Dans 1'Eglii�du Cou vent des Soeurs noires, on adore noire Seigneur en croix ; laVierge &: S. Jean font aux c�t�s, & la Madelaine au pied de la croix : Ce Tableau eft peint en 165o, imrn�- diatement apr�s ion retour d'ltaiie. En 1'Eglil� deNotre-Dame, appel�e Ttr-Poonerie, on ad- miredansi'Autel la naiiumce de none Seigneur; il eft entour� de bergers: Ce Tableau raflemble les plus belles parties de la Peinture. Ce m�me fujet a �c� r�p�t� par Ie m�me a 1'Autel des Religieufes de Sainte Claire : On voit des An- ges qui adorent i'enfant J�fus dans la cr�che ; c'eft un petit Tableau acot� du grand Autel des Carmes. Dans 1'Eg�fe des Auguftins,le Tableau du grand Autel repr�lenceleMylt�re de la Sainte Trinite'. Il y a du m�me, dans i'EglifederH�- pital de S. Jean s trois Tableaux. Le premier au grand Autel, on y voit la Vierge , 1'Enfant J�fus & pluheursSaints; a c�t� eft une Mere dedouieurj le Chrift mort eil fur fes genoux , &■ S Jean &c Ia Madelaine font au pied du Chrift: Ce Tableau a deux volets j fur lefquels on voit peinte la Sup�rieure de ce temps-la,& quelques- autres Re�gieufes. L'Autel de la Chapelle de Sainte Apolline efl: orn�d'un Tableau ou cette Sainte eft �lev�e au Ciel dans unegloire. Neuf Tableaux de ceMaitreenrichiflentrAbbaye de S. Tron; dans 1'Eglife, le premier repr�fente S. Martin qui coupe fon manteau pour en faire part aun pauvre. Le deuxi�me eft Sainte Ger- trude,
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Flamands, Alkmands & Hollandols. 5 7
rrude, Abbefle de eet Ordre; c'eft le Portrait -------
dela filledu Peintre, lorfqu'elle fefit Religieufe l6o°'
dans cette Maifon. Le troifi�me eft S. Tron , ^^^ Abb� & Fondareur de cette maifon, qui en exa- mine le plan qui lui eft pr�fent� : Dans le fond, on voit conftruirel'�difice. Lequatri�me eftS. Jofeph qui conduit 1'Enfant J�Tus par la main. Le cinqui�me eft S. Jean 1'Evang�lifte. Leiixi�me , S. Profper qui confond 1'ignorance des Pa�ens. Le fepti�me, S. Jean dans le d�fert. Le huiti�me, S. Auguftin qui lave les pieds de notre Seigneur, fous la forme d'un p�lerin:c'eft le Tableau d'Autel. Le neuvi�meeft furprenant pour 1'illufion & 1'ing�nieufe compolition; il m�rite bien unede(criptionparticuliere:Lefond du choeurde ces Dames eftunemuraille unie, fur laquelle il a repr�fent� un beau Portique a Tentr�e d'un Temple qui commence depuis le bas jufqu'enhaut ;l'entablementeft(butenupar quatre colonnes de marbre blanc, le refte de 1'Architedure eft de marbre blanc & noir, avec des ornements d'or : Les profils & les formes de cette Archite�hire fontadmirables. L'entr�e du Temple eft mafqu�e par un rideau noir qu'un jeune homme ouvre ( ce jeune homme eft le fils de van Ooft) : Ce rideau entr'ouvertfaitvoir le dedans de ce bel �difice , dans lequel eft re- pr�fent� le S. Efpritqui defcend fur la Vierge & furies Ap�tres. La grandelumiereque pro- duifentlesrayonsdu Cieljfoutenus parlesopo- litionsdesmarbresduPortique,enrendentlesef- fets iiirprenants: Au bas fe trouvent cinq mar- chespour monter, fur lefquelles on voit quatre Ap�tres, qui font furpris de ce qui fe pafTe en de- dans : |
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5 S La Vie des Peintrcs
dans: Un d'eux monte les marches avec pr�ci-
1600. pjtatjon &fefoutient a la premiere colonne.
^S=" Sur les marches Ie Peintreacherch�a inteirom-
preles formes froides &r�gulieres: ici c'eft un livreentr'ouvert, la font des papiers ou manuf- crits : Ce morceau trompe tous les jours les Artiftes m�mes. ^a«Oo/?s'eftpeintfous lafor- me d'undes Ap�tres qui font lur Ie pas de ren- tree ; la perfpedive y eft aufli bien obierv�e que Tharmonie de la couleur : II peignit ce grand morceau l'ann�e que ia fille fit profeffion en 1658. Une des Salles de la Jurifdiftion de Bruges
pr�fente encoredelui un Tableau d'unegrande beaut� ; tous les Magiftrats y font affembl�s & places felon leurs rangs, &c condamnenta mort un criminel, a qui on lic la fentence : Les fi- gures en font bien groupp�es & fans aucune uniformit� dans les poiitions. Ce font des Por- traits fans que la compofition fouffre de la ref- f�mblance : Ce Tableau fut fait en 1655). La Cath�drale de la Ville d'Ypres poflede
aufli de lui un fuperbe Tableau; il repr�fente les Nationsproftern�es & adorantle S. Sacre- ment : II eft place a TAutel de la Chapelle de la commimion. On ne finiroit pas, fi on fai- foit la defcription des Ouvrages de van Ooft Ie pere, & fur-rout des Portraits dont il a enrichi les diff�rentes maifons & les falles des Compa- gnies : Ce qu'on peut ajouter a la Vie de ce Peintre (ce qui fait un�logeremarquable) c'eft que fes derniers Ouvrages font les meilleurs. |
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JEAN
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Flamands } Jlllemands & Hollandois. jj
J EAN VAN HOECK,
E L E V E DE RUBENS.
JEan van HoECKa prefque �gal� fon
Ma�tre Rubens en talents & en honneurs : il naquit a Anvers vers 1'an ■� 600. Sa jeuneflefut cultiv�e avec foin; il �tudia les Sciences & les Lettres avec liicc�s , avant que de Ie d�cider pour la Peinture. Rubens !e forma dans eet Art, fans lui faire perdre 1'amour des Lettres: Ces deux go�ts r�unis dans Ie Ma�tre & 1' Lieve, les attacherent r�ciproquement 1'un a 1'autre. Ru- bens pr�voyoit d�ja que van Hoeck augmente- roit un jour la gloire de Ion Ecole. Van Hoeck deja connu pour Peinrre habile,
voulut voir, comme les autres, la grande Ecole: II traverfal'AUetnagne& vinten Itali�. Arriv� a Rome, il �tudia quelque temps fans fe faire conno�tre; ma is il ne put fecacher long -temps. Ses premiers Ouvrages Ie d�celerent; il fut re- cherche & vifit� par les Grands cV les Artiftes. Van Hoeck n'avoit �t� jufqu'alors regarde que comme Peintre , bient�t il fut admir� comme Scavant: On ne parloit que de lui. Plufieurs Cardinaux occuperentfonpinceaujles Cabinets lesplnscach�slui furent ouveits : II futadmis dans les Soci�t�s des gens de Lettres, & tout ce qui �toit dans Rome lui �toit d�vou�. Notre Artilte ne perdit pas fon temps dans
ces Soci�t�s diffe�entes : 11 �tudia de plus la Peinture & prit pour modeles les plus grands Ma�tres:
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< 60 La Vie des Peintres
1600 Ma�tres. On chercha a Ie fixer a Rome ; mais
m i'Empereur Fcrdinand II. 1'avoit d�ja engag� fous main a paflerafacour. Les fbllicitations
les plus vives ne purent 1'arr�ter, il quitta 11- talie &: fut porter fes talents a la Cour de 1'Em- pereur. Les Palais & les Eglifes furent d�cor�s de f�s Ouvrages : II peignit les Portraits des Princes & des principaux de TAllemagne. Il eut permiffion d'aller voir les Eledeurs, qui obtinrent de fes Ouvrages. Jamais Artiite ne fut plus confid�r� &c ne jouit de plus de gloire. On lui fit les ofFres lesplus capablesde 1'arr�terj & on lui propofades�tablifl�menshonorables; il les refufa tous pour retourner en faPatrie: 11 accompagna en Flandres 1'Archiduc Leopold, & fut d�cor� du titre de premier Peintre des Princes. Le i�jour de van Hoeck dans Ie Brabant n'a
point enrichi cette Province de f�s Ouvrages ; il �toit occup�pour les Princes �trangers. Auffi eftim� dans fa Patrie que dans rAllemagne &c 1'Italie, il menoit une vie agr�able & rut fort regrett�a fa mort, qui arriva en 1650. Jouir de 1'eftime publique pendant fa vie, �k merker a fa mortd'�tre regrett� , quel objet plus digne de 1'ambition d'un Artifte! Van llocck compofoit bien & deffinoit avec
finefle; fa couleur eil vigoureufe &c naturelle; fon pinceau d�licat n'affbiblit point la vigueur de f�s grands Ouvrages. Il peignoit les Portraits tr�s-reflemblans; ils approchoient aflez de la beaut� de ceux de van Dyck: Tels (bnt ceux du Duc Alben & d'Ifahei/e,dans le Cabinet du Prin- ce Charles de Lorraine, a la Cour de Bruxelles. L'Eglife
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Flamands, Allemands & Hollandois. <f i
L'Eglife deNotre-Damea Malines, pofl�de un beau Tableau de van Hoeck : II repr�fente oc J�fus-Chriftmort pres de la Vierge, S. Jean & ^~*^ la Madelaine; il d�core 1'Autel qui eft derriere Ie choeur. Dans Ie Cabinet deM. van H�teren, a la
Haye,on trouve un beau Tableau de van Hoech: LePeintre arepr�f�nt� Pallas qui embrafl� la prudence & foule fous fes pieds les vices. |
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JEAN VANDER LYS,
ELEFE DE POELENBURG,
IL doit fa naiflance a la Ville de Breda : II
devint Elevede Poelenburg, &ril imita de fort pres fa maniere. 11 y a quelques Tableaux de lui, qui, quoique peints avec moins de l�ge- ret�, �galent prefque ceux de fon Ma�tre: auffi f'ont-ils pris parlesdemi-connoifljurspourceux de Poelenburg. On voit a Roterdam } chez M. Bifichop, un
Bain de Diane, Tableau piquant par vander Lys. |
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PHILIPPES
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P HILIP PE S
VAN
CHAMPAGNE,
�LEFE DE FOUQUIERES.
AN CHAMPAGNEnaquit
aBruxellesen \6oz , deParents peualeur ai(e;d�s Ion enfance il aimoit la Peinture:ll fut place pendant quatre ans chez un bon _ Ma�tre appell� Bouii/on.Von�k peindre en petit, il entracnez JVaichelBourdcuux, qui travailloit dans Ie genre qui plaifbit a fon E leve.
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La Vie des Peintres Flamands y &c. 6$
Eleve. Fouquierei, habile , Payfagifte, qui vi- fitoit fouvent Bourdeaux, vit avec plailir les difpofitions de Champagne : II lui pr�ta de fes Delfeins qu'il copia avec fucc�s. 11 entra chez Fouquieres; il �tudiala manierede ce dernier & y r�uffit au point que Ie Ma�tre, en retouchant l�gerement les Ouvrages, les a vus confondre avec les fiens. A 1'age de i<> ans, Champagne fut a Paris ,
dans 1'intention d'y refter quelqne temps , & d'aller enfuite a Rome. Un Particulier lui fit peindre plufieurs Portraits:Ennuy� de ce genre, notre Artifte entra chez Lallemand , Peintre Lorrain ; d'o�, s'�tant appercu de fon peu de progr�s,il fortit &: cherchaa s'avancerpar lui- m�me. Quelques Portraits aflez heureuf�ment finis lui donnerent la hardiefl� d'entreprendre ce- lui du Comte de Mansfeit, qui lui fit honneur; maisfrap�de la beaut� des Ouvrages du PouJJln; qui arrivoit de Rome &: qui demeuroit dans Ie College de Laon, il prit un logement dans la m�memaiibn: lis firent connoiflance & hirent bient�t amis. LePovJj�n lui fit faire un Payfage dont il futcontenc & qu'illoua par-tout. Cham- pagne travailloit avec Duchefne au Palais du Luxembourg. Quoique fup�rieur a Duchefne, ce dernier avoit la dire�tion de cette entreprife. Le PouJJln fit quelques petits Tableaux dans Ie lambris; Champagne �toit charg� des Tableaux de Tappartementde la Reine : Cesderniers Ou- vrages augmenterent la jaloufie de Duchefnecon- treChampagne, qui, lasdecestracafTeries, fous pr�texte de quelques affaires de Familie , partic pourBruxelles. Son projet �toit d'aller dela en Itali�
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64 La Vie des Peintres
<jOi Itali� par 1'AIlemagne; mais Ie Sur-Intendant ,
_ YAbb�de S.-Ambroife, \ni manda la mort de Duchefne & Ie rappela en France: De retour
a Paris en 1628 , la Reine lui donna un loge- ment au Luxembourg, avec la dire�lion des Tableaux, & noo liv. de penfion. 11 �poufa la fille de Duchefne, & fes premiers
Ouvragesfurent fix Tableaux pour les Carm�- lites duFauxbourgS. Jacques , & un Crucifix dans la voute. Il fit, avecl'agr�ment de la Reine, plufieurs
Tableaux pour Ie Cardinal de Richelieu , a la petite galerie du Palais Royal,pour les Chateaux de Richelieu ik de Bois-le-Vicomte : II eut or- dre de travailler a la galerie de ce Palais; M, Vouct y fit plulJeurs Portraits. En 1^4411 peignit Ie D�me de la Sorbonne,
o� font repr�lent�s quatre Peres de l'Eglife dans unegloire Sc entour�s d'Anges. Ayant perdu fa femme & f on fils, il fit venir
de Bruxelles fon neveu Jean-Baptijle Champagne, aquiil enfeigna, &qui travaillaavecluiatous fes Ouvrages. Philippes fut �lu Profefleur de TAcad�mie Royale de Peinture, &rdepuis Rec- teur; il avoit �t� recu un des premiers, apr�s r�tabliflement de cette Acad�mie: Sonmorceau der�ception repr�f�nte S. Philippes en m�di- tation. Ilfit,parordredeZou« XIII. pour 1'Eglife
de Notre-Dame, un Chrift mort ; au pied de la croix, Ie Roy y eft repr�fent� offrant ce Ta- bleau en aftion de grace d'�rre �chap� de la maladie que S. M. avoit eue a Lyon en 1630. Il peignit pour l'Eglife de S. Gervais trois
Tableaux,
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Flamands, Allemands & Hollaniois. 65
Tableaux, dont les fujets font tir�s de la vie de ce Saint. Dans 1'appartement deVincennes, Ie Roy fous la figure de Jupiter : Aux Tuileries, lePortrait de Monfeigneur Ie Dauphin; 1'Edu- cation d'Achilles, & quelques-autres Tableaux qui ont �t� f�nis par fon Neveu. On dit que les Marguilliers d'une Paroifl� de
Paris, ayant demand� a. plufieurs Peintres des Efquifl�s pourunS.NicoIas, Champagne, avant que les autres Artiftes eufl�nt produit leurs Efquifl�s, placa fon Tableau dans la Chapelle: Sa promptitude donna lieu a une plaifanterie, on lui demanda combien il vendroit un cent de Saints Nicolas. A tant de talents, Champagne joignoit une
fimplicit� de moeurs & de cara&ere qui lui atti- rerent Tamiti� de tout Ie monde. Etant au fer- vice de la Reine, Ie Cardinal de Richelieu lui fit des offires confid�rables pour fe 1'attacher : II r�pondit au Premier Valet de Chambre du Cardinal (qui lui en fit la propofition) que s'il �toit poffible a Son Eminence de Ie faire plus grand Peintre, il entreroit volontiers a fon fer- vice; mais que cela �tant au-deflus du pouvoir de Son Eminence, il nedefiroitquelnonneur de fes bonnes graces. Ce refus, loin d'irriter ce Miniftre, augmenta 1'eftime qu'il avoit pour ce Peintre : 11 lui fit faire plufieurs fois fon Portrait, & d'autres Ouvrages dans la fuite. Champagnepoii�x. la modeftie & la d�licatefl�
j ufq u'au point de ne faire aucunsTableaux donc lesfigures fuflent nues. Il ne voulutm�mepoint faire Ie Portrait d'une Demoifelle qui entroit au Tome II. E Couvent
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_____ G6 La Vie des Peimres
Convent des Carm�lites, parce qu'il Ie falloic
\- OZJ faire leDimanche.
Champagne ne murmura point, lorfqu'il vit
Ie Brun, a fon arriv�e de Rome, remplir la place de premier Peintre duRoy; ilneleplai- gnit pas non plus du proc�d� deFouet, qui lui avoit enlev�, par brigues & follicitations, la galerie des Hommes illuftres qu'il avoit d�ji commenc�e. Il ne chercha qu'a fe retirer de 1'embarras du monde. Il choifit Ie Port-Royal, o� il v�cut parmi fes amis, & particulierement avec fa fille, qui �toit Penfionnaire dans Ie Couvent des Religieufes de cette Maifon. Ce repos ne dura pas long-temps, il tomba malade pendant qu'il peignoit aux Tuileries 1'apparte- ment de Monfeigneur Ie Dauphin : II ne put fmirl'Educationd'Achilles, Tableau qu'il avoit commenc�, & il mourutem674, ag� de -jt. ans, eftim� de tout Ie monde & g�n�ralement regrett�. Quoique Champagne eut une grande facilit�
a produire, les Ouvrages n'en ont pas plus de feu; trop attach� a la nature, fans en faire choix j fon modele �toit fbn unique guide, & i'es copies font quelquefois froides. Son Deflein tr�s-corre�t fe fentit fouvent du m�me d�fautj il n'avoit pas, dans Ie g�nie, la reflburce qu'ont les grands hommes, de ramener la naturea 1'art. Ses Tableaux font de bonne couleur, fans �tre brillants, bien finis, &■ particulierement f�s Portraits : II peignoit bien Ie Payfage & 1'Ar- chitedure. Voici fes principaux Ouvrages. On voit a Paris quatre Tableaux dans 1'E- glife
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Plamands, Allemands & Ho�and�is. 6y _____
glife des Carm�lites \ un Crucifix, la Vierge & , S. Jean au plafond de 1'Eglife; rAffbmption I de la Vierge, la R�furrettion duLazare, la Defcente du S. E{prit fur les Apotres. A la Sorbonne, Ie D�me & les quatre angles. Au Port-Hoyal de Paris, la C�ne, Tableau du grand Autel; une Madelaine, la Vierge & S. Jean au pied d'un Crucifix; en haut Ie Pere �rernel dans une gloire avec des Anges: Ces quatreTa- bleaux font dans 1'Eglile des Filles du Calvaire. Aux grands Auguftins, Ie Tableau desCheva- liers du S. Efprit. Dans 1'Eglife de S. Gervais» trois Tableaux, dont 1'un repr�fente les Corps des Saints que Ton d�couvre, 1'autrele moment o� on les porte en proceffion; Ie troifi�me, S. Ambroife qui les voit en fonge, Le Va-u de Louis XIII. a genoux devant la Chapelle de la Vierge, a Notre-Dame. Cinq grands Tableaux dans le Chapitre, la Naillance de la Vierge, faPr�fentation auTemple,Ton Mariage & fbn Couronnement. Aux Incurables, uneFuiteea Egypte & l'Ange Gardien aux deux Chapelles lat�rales.Une Pr�fentation auTemple, au ma�- tre Autel de 1'Eglife de S. Honor�. A Sainte Genevieve desArdens, les N�ces deCana, la Vifitation & la Mort de la Vierge. Au Chapi- tre des Chartreux , un Crucifix au ma�tre Au- tel de 1'Eglife, J�fus-Chrift parmi les Dodeurs. Dans 1'Eglife de la Culture Sainte Catherine, une belle Annonciation. Dans 1'Eglife des Peres de 1'Oratoire, derriere Ie ma�tre Autel, une Annonciation; dans une Chapelle a gauche, une Nativit� a 1'Autel; fur les panneaux des lambris, une Vifitation, S. Jofeph r�veille par E 2 l'Ange;
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68 La Vie des Peintres Flamands, &c.
l'Ange j & dans Ie plafond, l'Aflbmption de la *� Vierge. Des fujets de la vie de S. Beno�t dans �" 1'appartement de la Reine, au Val-de-Grace. S. Pnilippes en m�ditation, Tableau de r�cep- tion de Champagne a 1'Academie Royale. On connoit a Rouen dum�mePeintre, dansl'Egli- fe Cath�drale, derriere Ie Choeur, Ie Tableau d'Autel delaVierge, repr�fentantl'Enfant J�fus dans la cr�che & ador� par les Bergers. Dans une Chapelle de 1'Eglife de S. Michel,
aGandj Ie Tableau de l'Autele&de Champagne: S.Gr�goire y d�cide du plan d'une Eglife. |
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SIMON
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■tl �h-l ' Fl&JUeb Soulf).
SIMONPIERRE
TILLEMANS,
SURNOMM�
SCHENK.
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CHENK originaire de Br�-
me, pai�a plufieurs ann�es en Italie,&yfuteftim�pourfonta- lent a peindre Ie Payfage. Quoi- qu'habile dans ce genre, iltrou- _ va plus d'avantage a peindre Ie Portrait: II y r�uffit & fes Ouvrages fe fou- tiennent a c�t� de ceux des plus grands Ma�tres. E j II
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7 o La Vie des Pelntres
II a peint a Vienne en Autriche Ie Poftrait de
1'Empereur FeHinand fk de plufieurs autres Seigneurs des plus diftingue's. Sa fille a eu de la r�putation pour Ie Payfage
&r lesFleurs, qu'e�e peignoit agouafle & d'un grand fini. Schenk vivoit eneore en i6<J8 : On ne fcait point 1'ann�e de fa mort. |
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EVERT (EVERARD)
VAN AELST.
VAnAelst n�a Delft en 1G01, fut un
bon Peintre dans fon genre : II repr�f�nta avec fucc�s lesfujetsinanim�s, particulierement des oifeaux morts, &c. des cuiraifes, des caf- ques &: toutes fortes d'inftruments de guerre. Van Aelfipeignoit fouvent des oifeaux morts,
pendus a un clou fur un fond blancoutr�s-clair. Il finiflbitavec tantde foin fes �uvrages, qu'on y voyoit les plus petits d�tails rendus avec une grande v�rit�; une bonne couleur, un pinceau floufaitadmirer fesTableaux, quoiquepeuin- t�reflants; mais toujours pay�s cher & fort rares. Il mourut en 1658. 11 eut pour Eleve fon neveu Willem (Guillaume) vanAelft, qui 1'a furpaffe. M. Blondel de Gagny poflede a Paris un Ta^-
bleau de ce Peintre: C'eft une perdrix d'un pr�cieux fini. JUSTE
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Flamands, Allemands & Ho�andols. -j \
JUSTE VAN EGMONT.
VAn EgmoNT naquit a Leyde en 1602 : ~
Son Ma�tre n'eft point c�nnu. Il voyagea J de bonne heure, & fon plus long f�jour rut en ----
France. Il fut Peintre de Louis XIII. de Louis
XIV. Sc un des douze anciens, lors de 1'�tablif- fement de 1'Acad�mie Royale dePeinture &: der Sculpture de Paris Ie 20 Janvier 1648. Van Egmont fut un de ceux qui travailla Ie
plus aux entreprifes de M. Vouet: II peignoit 1'Hiftoire en grand & en petit. 11 fut confider� en fon temps, &: fur-tout a la Cour. On ne fcait ce qui engagea ce Peintre a quitter la France : II retourna a Anvers o� il mourut Ie 8 Janvier 1674; fa femme eft morte Ie 19 Juin 1685, & font tous deux enterr�s dans 1'Eglife de S. Jacques. f
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E 4 JEAN
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J E A N
VAN
BRONKHORST.
giRONKHORSTn�aUtrechc
en i<Jojj futplac�d�s 1'aged'on- ; zeans chez Jeaa Verburg, Pein- j tre fur Verre, qui donna au jeune Elere les principes du defleinrll .....S�|| eut depuis deux autresMaitres,
tnais m�diocres. En 16zo, il quitta faPatrie pour
voyager : II paflaa Arras, o� il travailla chez Pierre Mathieu, qui avoit la r�putation de bien peindre fur leVerre; il y refta 18 mois, & dela fuc |
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La Vie des Peintres Tlamanis, &c. 7 j
aParis, o� ildemeura long-temps chezChamus, habile dans ce genre. 11 retourna a Utrecht m�- content de fon talent. L'amiti� de Poelenburg Sc Fhabitude de Ie voir peindre, acheverent de Ie d�terminer a quitter la Peinture fur verre pour s'appliquer apeindreaThuile: Quelques Ouvra- ges de commande Ie d�tournerentencorequel- que temps de ce projet. Enfinen 1639, il s'ylivra entierement & fans �tre guid�par perfonne. Son ami Poelenburg �toit paue en Angleterre: Ainfi il ne dut fon avancement qu'a fon g�nie.On doit du moins s'�tonner, enexaminant fesOuvrages, des progr�s qu'il afaits fans Ie fecoursd'aucun Ma�tre. SesTableaux font recherches, fesVitres fonttr�s-belles, &fur-tout celles de la nouvelle Eglife d'Amfterdam. |
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NICOLAS KNUFER,
�LEFE D'ABRAllAM BLOEMAERT.
KN u F E R prit naiflance a Leipfic en Saxe
en 160 3: II eft du nombre de ceux dont Ie talent fe d�clare d�s Ie berceau. Son Ma�tre a �crire eut beaucoup de peine a Ie r�duire a faire des lettres au lieu de figures, dont fon papier �toit toujours rempli. Les chatiments Sc lesme- naces Tobligerent enfin a quitter Ie papier pour barbouillerlesmurailles de toutce qui luipaf- foit par 1'imagination. Son pere ne lui voyant aucune difpofition pour 1'etude, mitfousfes yeux tous les Arts & M�tiers par �crit, & lui donna
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74 I-a yiz des Peintres
'lG donna lechoix. Le jeune .KVi^rnebalanca pas,
,i il prit laFeinture. Il fut mis chez Emanud Nyfen ( Peintre iu-
connu ) o� il ne reita que deux ans : II ne put s'accommoderd'unMa�trequi de (onElevehii- loit {'on Domeitiqne. 11 s'echappa & s'en alla a Magdebourg, o� il s'occupa a faire des pinceaux pourvivre: Delailfutchezunbarbouilleur juf- qu'en 1630. Il le quitta &c vinta Utrecht : II s'adrefTa aAbraham Bloemaert, qui vit avec plai- fir 1'inclination de 1'Artifte, & ent piti� de fon �tat; il le reait chez lui, lui donna fes lecons avec amiti�, & en fit en peu un Peintre habile. Le R�"y"deDannemarck lui commanda trois Ta- bleaux repr�fentant trois Batailles gagn�es par fes Pr�d�cefTeurs. Ces produ&ions furent bien recues du Prince & des Artiftes. Campo W^eyermans fait la defcription d'unTa-
bleau de Knuferqu�l avoit achet� a laHaye: II repr�f�ntoit une Bergere couronnee defleurs & conduite par la main par un Berger. On voit, dit-il, danslaphyfionomieduBerger,unrefpe<5t qui touche autantque la pudeur&labienfe'ance de la Bergere. Il allure que ceTableau eft d'un beau deflein &c peintenMa�tre. On voit chez M. Fayel a la Haye, une jolie
femme qui eft en priere, Tableau tr�s-fin; un autre, 1'aflembl�e des Dieux, & un troifi�me-, des Enfants au milieu des fleurs. |
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JEAN
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Flamands, Allemands & Hollando�s. 7 j
JEAN COSSIERS,
�LEFE DE CORNILLE DE VOS.
COssiers naquit a Anvers en 1603, & -------
fut Eleve de CornilU de Fost fous qui il de- x6o3� vint habile. Il voyagea quelque temps: II en "----
profita, & ia r�putation pafla dans les Cours
Etrangeres. Il fit, par ordre du Roy d'Efpagne & du Cardinallnfant, plufieursTableaux d'Hif- toire, qui lui ont m�rit� 1'eftime de ces Princes, ainfi que de 1'Archiduc L�opold & d'autres Grands Seigneurs pour qui il a travaill�. Cojjiers compofoit en grand Ma�tre: Ses figu-
resfontbiendeffin�es: Ilicavoitlesgroupper, & varier leurs attitudes avec jugement. Ses fonds font riches & fur-tout quant il y reprelentoit de 1'Archite�ture. Il avoit une maniere de peindre fortlarge&facile: Sa couleur eftbonne, quel- quefois un peu jaunatre, mais ce n'eft pas tou- jours un d�faut dans fes Ouvrages. Yoici les principaux places en Public : Dans 1'Eglife des B�guines a Malines, la Paffion de notre Sei- gneur en cinq Tableaux, au defllis de 1'Autel trois Tableaux qui fe terminent a la vo�te de 1'Eglife, repr�fentant Ie Crucifiement de notre Seigneur.CnezlejReligieufes deSiecke/ieden au grand Autel, la Naiflance de notre Seigneur: Au S�minaire, Ie Tableau d'Autel repr�fente laPr�ientation auTemple, beau Tableau de ce Peintre. Il avoit rempli la place de Diredeur de 1'Acad�mie d'Anvers en 1639. PIERRE
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PIERREJEAN
VAN AS CH.
AN ASCH dut Ie jouralaVil-
I Ie de Delft en 1603; fon talent �toit a peindre lePayfage en pe- tit: II a �gal� les plus habiles. Continuellement occup� a fou- lager fon pere & fa mere qui fu- rent long temps malades 3 il ne lui reftoit que peu de temps apeindre: C'eft ce qui rend fesTa- bleaux rares & chers. Ce Peintre fut tr�s-eftim� pour fes talents & pour ihs bonnes qualit�s : II v�cut tr�s-vieux:On ne fcait ni l'annee ni Ie lieu de fa mort. SIMON
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La Vie des Peintres Flamands+ &c. 77
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SIMON DE VOS.
DE Vos naquit a Anvers en 1603. On ne
fcait rien de fa vie :Toujours occup� de fon Art, il eft un de ceux qui en a Ie plus approfondi les r�gies. Il peignoit egalement bien 1'Hiftoire en grand & en petit. On voit dans plufieurs Vil- les de Flandres des Ouvrages de famain. De Vos apeintdesChafTesavecfucc�s. Onvoitunbeau Tableau, dans cedernier genre, chez FEle�teur Palatin. |
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JEAN BYLERT.
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UTRECHT Ie vit naitre d'un Peintre fur
verre. Malgr� fonpenchantauxplaifirs& la diffipation de fa jeunefle, il devint bon Peintre d'Hiftoire. Ses Tableaux ne font ni grands ni petits, ils font de bonne couleur; & felon de Bie, ils furent en partie tranfport�s dans les Cours de 1'Europe, ce qui les rend rares chez les Particuliers. |
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DANIEL
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La Vie des Peintres
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7s
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DANIEL VANHEIL.
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VANH
II l� |
EIL naquit a Bruxelles en 1604;
fit d'abord une grande r�putationt
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1604.
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dans Ie Payfage: II quitta ce genre pour peindre
des Incendies qu'il a repr�fent�s avec tant d'art & dev�rit�,qu'on en eft effray�: Auf�� difoit-on dans Ion temps qu'il ne manquoit a f esTableaux que la chaleur. Houbrakcn diftingue parnii fes Tableauxj 1'embrafement de Sodome &c 1'in- cendie de Troye. On voit de lui a Bruxelles, dans Ie Cabinet du
Prince Charles de Lorraine, un beau Payfage, repr�i�ntant un Hyver: On peut placer ce Ta- bleau au rang de ceux des plus grands Ma�tres dans ce genre. Vanhe�l avoit une touche l�gere, colorioit vivement, fcavoit difpof�r fes plans & varier les fites dans les Payfages. |
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KRISTIAEN (CHRETIEN)
VAN KO�WENBERG,
�LEFE DE JEAN VAN ES.
KOuvenberg n� a Delft Ie 8Septem-
brei(?O4, choifit pour ma�tre Jean van Es, qu'il ne quitta que lorfqu'il fut en �tat de voyager. Il pafla en Itali� o� il �tudia long- temps
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Flamands 3 Alkmanis & Hollandols. 79
temps avec fucc�s, & retourna a Delft o� il ~~~ fit plufieursTableaux d'Hiftoireen grand, d'une l °^' belle maniere:II �toitcorre6ldanslondc(rein& ----'
excellent pour la couleur. Il peignoit tr�s-bien
lenud: On voit de fesTableaux dans lesCha- teauxdeRifwick&rauBois: II s'�ublitaColo- gne, o� il eft mort riche Ie 4 Juillet 166j. |
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PIERRE DANKERS DE RY.
DAnkers de Ry riaquit a Amfterdam
en 1605. Sontalent�toitdepeindrelePor- trait: Ilyar�iiffi, IlfutPeintred'Uladiflas, IVe. Roy de Su�de : On ne fcait rien de plus de ia vie. |
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ALRERT KUYP,
�leve de son Pere
JAC QUE S GERRITS KUYP. ALb.ERT Kuyp naquit en 1606, dans
la Yille de Dort. Son pere Jacques Gerrits Kuyp peignoit bien Ie Payfage, & fur-tout les vues des environs de Dordrecht. Il faifoit entrer dans fespetitsTableauxdesanimaux, principa- lement lesVaches, les Moutons, tkc. Son fils fut fon Eleve &?le furpafla. Ses Payfages repr�- fentent ordinairement des vues agr�ables avec des rivieres j tant�t des eaux courantes & tan- t�t tranquilleSj grn�s de bateaux, tant�t des rou- tes |
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80 La vie des Peintret
tes avecdes voitures j des prairies avec des ani-
maux. Il peignoit bienles clairs deLune: On peut juger combien il examinoit la nature par les d�- tails qu'il a feu faire. On diftingue facilement dans fes Tableaux Ie Matin, Ie Midi & Ie So- leil couchant: Tous fes Ouvrages font eftim�s; On vanteentr'autres deux Tableaux de lui, 1'un repr�fente Ie March� aux chevaux de Dort, & 1'autre un Manege: II en a peint tous leschevaux d'apr�s nature, il en fit un beau choix. SesPay- fages & fes Animaux font d*une touche fine Sc d'une bonne couleur; fes defleins font fort re- cherches : II les faifoit ordinairement a la pierre noire avec un la vis, fouvent de plufieurs teintes. On voit a Dort chez M. vander Linden van Si�ngelandt, dix Tableaux repr�fentant des vues de la Ville de Dort. Sur Ie canal font une quan- tit�deChaloupes & desBateaux orn�s & defti- n�s a une f�te ou rendez-vous deChafle pourle Prince Maurice d'Orange; deux Payfages avec un nombre de figures; �n autre vue de la Ville de Dort: Du c�te de 1'Oueft, plufieurs Vaifl�aux a la voile &r d'autres a 1'ancre, ce Tableau eft des plus agr�ables; unHyver avec une multitude dePatineursfurlaglace; unclairdeLune, c'eil une vue Ie long duRhin; une Ferme j lagrange ouverte, fait voir des uftenfiles de la Campa- gne , aupr�s des beftiaux quifontaiipaturage; une Bergerie ouverte o� 1'on voit des moutons tr�s-finis; un rendez-vous de Chafl� o� eft Ie Prince Maurice; la vue de Dort eft prefque la m�medu premierTableau ci-deffus; un nombre infini deChaloupes & Bateaux fuivant celui dans lequel fe trouve Ie Prince. PIERRE
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Flamands, Alkmanis & HoUandois. 81
PIERRE FRANgOIS,
�leve de son Pere
L U C A S FRANgOIS. |
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PlERREFRANfOlsn�a Malines le 10
O�tobre 1606 , fut inftruit d�sfa jeunefle dans la Peinture : II devint Eleve de Lucas Franco�s fon pere, qui �toit un des meilleurs Peintres de fon temps, & qui mit route fon application acultiver les difpof�tions de fonfils. Le jeune Fran^ois marchoit a grands pas fur les traces de Ion pere,lorfqu'il entra a Anvers dans 1'Ecole de Guerard S eghers: Ce fut la o� il aban- donna le grand pour travailler en petit. Plufieurs Payfagiftes habileslni firent peindre les figures dansleursTableaux^Laconfiancequ'ilsavoient en festalentsltu procurabeaucoup d'ouvrage j mais il voulut montrer cequ'il pouvoit faire fans le fecoursdesMaitres : On vitparo�tre plufieurs compofitions de fon g�nie, toujours en petit, mais fort recherches. Ses Portraits le firent re- garder d�ja comme Peintre univerfel. On a vu des Portraits de lui peu inf�rieurs a ceux de Co~ ques, & cependant mieux compof�s. Il eut Ia gloire de peindre plufieurs Princes &r Princefles, &: lebonheur de bien r�uffir, L'Archiduc Leopold 1'employa long-temps, & eut une finguliere amiti� pour notre Peintre. Sollicit� par des Seigneurs Francois, il fut a Paris, o� il a de- meur� quelque temps, & o� fes talents furent Tome IL F bien |
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81 La v'ie des Peinlres
~~~7 bienpay�s; cela ne 1'emp�cha pas de retourner
1600. j r/> t) � r ■ > ■ n- '
^ dans ia Patne. trancois etoit eftime comme
'■■ - ■ grand Peintre, 8c ch�ri comme 1'homme du
monde Ie plus eftimable dans la Soci�t�. Ilavoit Tefprit orn� de biendesconnoiflances, &d'ail- leurs il �toitbonMuficien; il jouoit de tous les inftruments. Avec tant de talents& d'heureufes qualit�s, il a joui agr�ablement de la vie jufqu'a Ia mort qui arriva Ie 11 Ao�t KJ54. Pierre Francois compofbit bien , il def��noit
avec fermet�: II regne dans fes �uvrages beau- coup de g�nie. Sa couleur qui eft bonne & beaucoup de puret�, rendent tout ce qu'il a fait f�duifant. Si fes Ouvrages en petit font recher- ches , on regrette qu'il n'ait pas eu Ie temps d'en faire beaucoup en grand, ilsauroient�t�moins rares. Les Religieufes de Bethanien a Malines, confervent dans leur Eglife deux grands Ta- bleaux de notre Peintre ; ils repr�f�ntent deux Papes &rdeux�v�quesderOrdre des Chanoi- nes R�guliers. |
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LOUIS PRIMO,
SURNOMM� GENTIL.
BR UX ELL ES vitna�trecePeintreen 1606:
II l� diftingua a Rome parmi les aytres Artiftes, par fon gout pour la parure &T par fa conduite. Toujours parmi les Grands , o� il �toit recherche pour fon talent & eftim� pour la facon de fe comporter., les Peintres luidon- nerent Ie nom de Gentil qui lui a reft�. Il
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Fldfnands, Allcmanis & Tiollandois. 83
II peignoit fur-tout Ie Portrait d'un beau fini:
Sa maniere eft belle, il fcavoit par beaucoup de foin cacher Ie travail dans les Ouv rages, il a fait Ie Portrait du Pape Alexandre VIL de plu- iieursCardinaux, & d'autres perfonnesde dif- tin&ion. Il demeura 30 ans a Rome : II vivoit encoreen 1660. On n'a rien appris de plus de fa vie. On ne fcait ce qui porta ce Peintre plus par-
ticulierementa faire lePortrait; il peignoit tr�s- bien l'hiftoireen grand & d'une maniere fi large & � vigoureufe ,qu'on a de la peine a croire que Ie Peintre d'Hiftoire {"oitle m�me que celui qui a peint Ie Portrait. L'Eglife Paroiffiale de S. Michel a Gand ,
nous offre un Tableau d'Autel de ce Ma�tre , dans la Chapelle de la Trinit� ; II repr�fente notre Seigneur attach� fur la croix , avec des Anges qui pr�fentent a Dieu Ie Pere & a la Vierge cette Vidime divine. On voit un Portrait par Gentil} a Middel-
bourg, chez M. Cauwerven: C'eft une femme envelopp�e dans une cr�pe noire, |
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V x REMBRANT
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REMBRANT
VAN R Y N.
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E GRAND Peintrequi de-
voitfon talenta fon g�nie &r fes d�fauts a fon �ducation,naquit Ie 15 Juin i6o6,entreles Villa- ges de Leyerdorp & de Kou- kerck, pres la Ville de Leyde. Il �toit fils d''Herman Gerretfc van Ryn , & de Cornelie Willems Van^uubroeck. Son Pere �toit Me�nier & occupoit un moulin fitu� fur les bordsduRhin jcequi lui adonn� lefurnomde van Ryn, fon nom de familie �tant Gerrets\. Notre
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La Vie des Peintres Flatnands, &c. 8 5
Notre Me�nier eut affez de jugement pour ■ remarquer dans fon fils plus d'efprit que dans " ceux de ion age & de fa profeffion : II trouva '��'" plus a propos d'en faire unScavant qu'un Meu- nier. Il Ie placa a Leyden , pour y �tudier Ie Latin ; Rembrant y r�uf��t peu , Ie Deflein occu- poit tous fes moments: 11 obtint fon retour ehez fon pere , qui Ie mit chez Jacques Van^waan- enburg Peintre. Le jeune van Ryn paffa trois ansdanscette Ecole. Il fit desprogr�s qui �ton- nerent fon Ma�tre. L'Eleve voulant s'ouvrir une route diff�rente, chercha quelqu'un qui put lui fervir de guide : II entra chez Pierre Lajlman a Amfterdam, il n'y demeura que fix mois 3 & quelques-autres mois chez Jacques Pinas. Les uns pretendent que Pinas fut fon premier Mai- tre; & Simon Leewen, dans fa defcription de la Ville de Leyden aflure que Georges Schooten a �t� le Ma�tre de Rembrant. Van Ryn avoit une idee de la Peinture qui
pr�fagoit bien ce qu'il feroit. Il regardoit la nature comme feule capable del'inftruire. Il ne choifit point d'autre attelier pour �tudier, que le moulin de fon pere ; Ce fut-la qu'il jetta les principes d'une maniere inimitable. Ainii �cart� du mondejil crut �treen repos & ignor�; mais on ne le perdit pas de vue : Lui f�ul ne con- noiffoit pas ce qu'il valoit d�s-lors. LesArtiftes j a 1'envi & par un proc�d� trop rare, cherche- rent a le faire conno�tre : Un Tableau qu'il ve- noit d'achever , le fit paro�tre au grand jour. Un de fes amis lui confeilla de le porter a la Haye: II lui indiqua un Amateur qui recut tr�s-bien 1'Auteur, & qui luipayafon Tableau F j ioo
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85 La Vie des Pe'mtres
' 100 florins. Cettefomme manquadefairetour-
ner la t�te au jeune Arti�te : II avoit fait le-
'��' voyage a pied; mais pour arriverplus promp-
tement chez lui &: faire part a fon pere d'une fi grande fortune, il fe mit dans Ie chariot de poite, & �vita par-la Ie fort du Correge. Tout Ie monde fbrtit, lorfque lavoiture arrivaala din�e ; Rembrant ne defcendit pointrlnquietde ion tr�for, il ne voulut point s'expofer a leper- dre. Le garcon d'�curie, en retirant 1'auge por- tative danslaquelleil avoit donn�ravoineaux chevaux, ne les avoit nid�tel�sni attach�s, ils continuerent de marcherfans qu'on put les ar- r�ter, & menerent le chariot a Leyden , o� ils entrerent dans TAuberge ordinaire: Notre Pein- tre fauta promptement de la voiture fk porta ion argent au moulin de fon pere. C'eil 1'�poque des grands fucc�s de Rembrant:
L'appas du gain le fit travailler avecencore plus d'aifiduit� & de z�!e. Il fit quelques Portraits 3ui 1'engagerent a aller plufieurs FoisaAmfter-
am , & dont la r�uflite le d�termina enfin a monter fur un grand th�atre. Ilfut s'�tablirvers KJ30 dans cette Ville.Surcharg� d'Ouvrage & d'Eleves, il loua un magafin dans lequelilpra- tiqua descabinets pour chaque Eleve ; il en fut plus tranquille& fes Eleves moins diftraits: 11 . les faifoit prefque tous commencer par le mo- d�le vivant. Rembrant ainfi recherche, & ne doutantplus
de fa fortune, �poufa par inclination une jolie Payfanne de Rarep ou Ranfdorp : II a fouvent fait fon Portrait. On la voit a c�t� de lui dans V*ne de fes Eftampes. C'efl dans ce temps aufli |
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Flamands , A'/Iemands & Hollandois. 87
que ce Peintre finiflbit les Tableaux autant que "~~" ' Mieris : Tel eft celui du Cabinet de M. de l6°6' Gaignat; la barque de S. Pierre, autrefois a M. �~ Hinloopen y Bourguemeftre d'Amfterdam; Aman & AfTuerus ; la Femme adult�re; S. Jean pr�- chantdans led�f�rt, peint en camayeu, font de fa jeuneflTe , & joignent au plus grand fini toutela force &: Ie feu de ceux qui ne femblent que heurt�s. 11 acquit depuis plus de pratique ; mais plus il gagnoit, plus la ioif infatiable de 1'or augmentoit: Ce vice, qui ne diminue ja- mais avec 1'age, vintaupointqu'il faifoitven- dre fes Eftampes par fon fils, comme fi celui-ci les e�t d�rob�es & vendues a fon infcu. Il ex- pofoit fes Eftampes dans des ventes publiques , o� il alloit lui-m�me les ench�rir pour les faire augmenterdeprix. Parunrafinement d'avarice jufqu'alors inconnu, Rembrant fitimprimerks Gravures a moiti� termin�es; on les d�bitoit, il les finiflbit enfuite, & c'�toit une nouvelle planche : Et quand elle �toit uf��, il y faifoit des changemens qui , pour la troifi�me fois, procuroient la vente de ces Eftampes, quoiqu'a peu pres les m�mes. Il connoiflbit lui-m�me fon d�faut, fans s'en
corriger , comme il fouffroit fans fe facherqne les autres en badinaflent. Plus d'une fois lts Eleves, pour tromper fon avidit� , ont peint des pieces de monnoie fur des cartes, &c Rem- brantles ramaflbit ,fans punir cesmauvaisplai- fants de tours fi d�plac�s. Rembrant �toit tr�s- fingulier de tous points: II n'avoit jamais pris perfonne pour guide;&quelquefois.>enfaifant un Tableau, il s'attachoit a finir avec Ie plus F 4 grand
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8J5 La Vie des Peintres
\6o6. gr&ndfoin lesparties les plus indifF�rentes de fa
j t compofition, &:n�gligeoitlesprincipales, qu'il marquoit a peine avec quelques trainees de brofle. Il r�pondoit a ceux qui lui en failbient des reproches, que Ie Tableau �toit fini3 lorfque rAuteur avoit rempli Ie but quil s'�toit propofe'. Il pr�tendoit quelquefoisde la meilleure foi du monde, donner pour une pratique judicieufe, ce qui n'�toit que 1'effet de fon caprice. �n jour �tantoccup�a peindre une familie
entieredans un (�ul Tableau, qui �toit prefque fini, on vint lui annoncer la mort de fon finge; Rembrant fort fenfible a cette perte, Ie fit appor- ter , & fans avoir �gard aux perfonnes qu'il ve- noit de peindre, il fit Ie Portrait de eet animal furlam�me toile : Cette figure d�plut, comme de raifon, a ceux a qui Ie Tableau �toit defti- n� ; mais il ne voulut jamais T^iFacer, & il ai- ma mieux garder Ie Tableau. On a dit que Rembrant avoit �t�a Venife vers
1'an 163 5 ou 1636; M. de Piles 1'a rapport� , & d'autres Ecrivains apr�s lui. Ceux qui 1'ont cru jont �t� tromp�s par les dates & lenom de Venife que cePeintre a mis au bas de quelques- unes de fes Eftampes; c'�toit pour les faire ven- drepluscher. Il menacoit fouvent les Hollan- doisde les quitter; tant�t il feignoitde fe dif- pofera pafler en Angleterre, tant�t en d'autres Koyaumes du Nord : On �toit toujours incer - certaindu tempsqu'ildevoit refter. Cesmene'es lui r�uffirent; on s'empreflbit a acheter ks Ef- tampes a quelque prix que ce fut. Celle oii notre Seigneur gu�rit les malades, eft connue fous 1^ nom del �ftampe dq 100 florins : C'�- toit |
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Flamands , Allemands & Hollandns, 89
toit Ie prix de ion vivant, encore falloit-il pour en obtenir, lui faire fa cour. C'�rcit une motie, c'�toitune fureurj on �toit preique ridicule, quand on n'avoit pas une �preuve de la petite Junon couronn�e & fans couronne , du petit Jofeph avec Ie vilage blanc, & du m�me avec Ie vifage noir ; de la femme avec Ie bonnet blanc aupr�s du petit poulain, &c la m�me fans bonnet, &c. "Notre Peintre ne quicta point Amfterdam
depuis 1'ann�e 1630 qu'il s'y �tablit juiqu'a fa mort. Il fut plus occup� que tous les autres Artilles enfemble : Et d'ailleurs il tiroit parti mieux que perfonne des Eleves dont il avoit grand nombre; il leur faifoit payer fort cher l'inftru&ion qu'il leur donnoit , Sc il vendoit toutes leurs copies, que quelquefois il retou- choit. Sandrart aflure que ce commerce feul lui valoit 1500 florins chaque ann�e. On peut juger de fes richefles par cette vente fi adroite- ment multipli�e d'Eftampes & de Tableaux ; qu'il mettoit a un prix exceffif, & par fon peu de d�penfe. Il ne vivoit qu'avec Ie bas Peuple & desgens bien au-deflbus de lui; s'il recher- choitles honn�tes gens,c'�toit pour les mettre a contribution , encore fe trouvoit-il toujours mal a fon aife avec eux. D�s qu'il avoit tir� leur argent il les quittoit : II difoit pouc s'en juftifier , quand je veux me d�laffer, je me garde bien de cher cher les grandeurs qui me g�nent, mais bien la libert�; & il ne la trouvoit que dans une vie obfcure & dans la crapule. Si ce Peintre avoit v�cu avec des gens d'ef-
prit, c^uelle diff�rence n'aurions-nous pas trou- v�e
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90 La Vu des Pe!n tres
vee dans fes Ouvrages! Il auroit fait un plus
beau choix de fujets, il y auroit mis plus de noblefl�; il auroit perfe&ionn�ce gout naturel, ce g�nie de Peintre 3 dont chaque touche de pinceau&depointe.d�celenten lui Ie caradere. LeBourguemefhe Six a eflay� plus d'une fois de mener Rembrant dans Ie monde3fans pouvoir jamaisTobtenir : Cet illuftre ami avoit eu la coniplaifance de fe plier au caradere du Peintre- pour acqu�rir fa confiance & Ie tirer de la mau- vaile compagnie; mais Rembrant ne changea point, iln'aimoitquefalibert�, laPeinture& J'argent: II v�cut jufqu'a 1'age de C% anjj & mourut a Amfterdam en KJ74. Rembrant n'eut point d'autres enfants quefon
�ls Titus, qui fut un de fes Eleves, mais qui a ve'cu dans la plus grande obfcurit�. Son pere lui a laifle de grands biens, un fond coni�d�- rablede Planchesgrave'es& deTableaux , &cc. Jioubraken dit que ce Peintre faifoit pen de d�- penfe dans fa maifon ; que fes repas n'�toient que d'un hareng fal� 011 d'un morceau de fro- mage; que fes Ouvrages furent vendus &: pay�s cher : Et ajoute que malgr� cela . on n'avoit jamais entendu dire qu'il eut laifle un grand bien. CetEcrivain fe contredit, & il eft certain que ce Peintre mourut tr�s-riche. Rembrant auroit �t� plus grand Peintre, fi
Rome avoit �t� fa Patrie , 011 s'il en avoit fait Ie voyage ; II n'a du fon talent qu'a la nature & a ion inftind, & il auroit appris a trouver , fans fem�prendre, lebeaudontils'efttoujours �cart�. S'il en a quelquefois approch� , c'a �t� nioins par r�flexion que par hazaxd, ce n'a �t� que
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Flamands j AlUmands & Hollandois. $l
que par la force de fon imagination & de f on afliijettifl�ment continuel a fuivrepas apas la nature,qu'ileft parvenu jufqu'auncertainpoint a la perredion. Ses fucc�s les plus d�cid�s lont
dansle Portrait. Il ne faut pas croire que n'ayant point �t� a Rome , il n'aic point connu les grands Ma�tres d'Italie : II avoit fous les yeux d'amples recueils, qui auroient du changer la maniere 3 ou du moins la corriger : mais il ad- miroit tout & ne profitoit de rien : Le genie Italien & le fien n'avoientenfembl� aucun rap- port. Il �toit perfuad�, rbrtmal-a-propos,qu'un amas d'�toffes & de quelques armnres , lui te- noit lieu de ce que Rome auroitpu lui montrer fur 1'uiage qu'en ont fait les Tuien & les Ra- phael: II croyoit les egaler en cette partie, en formant de cesvieilleries un turban ouquelque autre habillement fingulier } dont 1'arrange- ment 3 quoiqu'il ne fut que bizarre, lui coutoit beaucoup de temps. On pretend qu'il en met- toit autanta draper qu'a faire lerefle. A voirla touche hardie des Ouvrages de ce
Peintre, on eft tent� de croire qu'il travailloit promptement; mais 1'incertitude o� Ie laiffoit fur le choix des attitudes & du jet des drapenes, fon peu d'ufage & de connoiflance des belles choles, lui faifoit perdre le feu de fes idees. Il changeoit des quatre &c cinq fois la t�te d un Portrait, &r on e�t renonce a fe fairepeindre , fi la v�rit� & la force defonpinceau, n'euflent pasd�dommag� de 1'impatience quecaufoit lou- vent le Peintre. . Malgr� ces grands obftacles a la perfeftion ,
Rembrant y avoit fuppl��par un travail opinia- tl'Q
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^_^_ 91 La Vie des Peintres
~ ' tre & par fon jf�ul g�nie. Il femble qu'il e�t
I606. . \ ,, , j-f » � ir 'Tl
_ invente lArt, sil n avoit pas ete trouve : 11
' s'�toit fait des regies & une pratique f�re de la
couleur, de (on m�lange & des effets de fes diff�rents tons. Il aimoit les grandes oppolitions de la lumiere aux ombres : 11 en poull'a loin 1'intelli gence. Pour 1'acqu�rir, on croit qu'en- tr'autres tentatives, celle-ci lui avoit Ie plus r�uffi : Son attelier �toit difpof� de facon que, d'ailleurs aff�z fombre, il ne recevoit la grande lumiere que par un trou, comme dans la cham- bre noire : Ce rayon viffrappoit, au gr� de 1'Artifte, fur 1'endroit qu'il vouloit �clairer. Quand au contraire il vouloit fes fonds clairs, il paflbit derriere fon mod�le une toile de la couleur du fonds qu'il j ugeoit convenable: Cette toile �toit participante du m�me rayon qui �- clairoit lat�te & marquoit fenfiblement la d�- gradation, que lePeintre augmentoit fuivant fes principes. Rembrant �bauchoit fes Portraits avec pr�ci-
fion & une fonte de couleur qui lui �toit parti- culiere ; il revenoit fur cette pr�paration avec des touches de vigueur : II chargeoit leslumie- res d'�paifl�urs fi confid�rables , qu'il fembloit plu tot avoir voulu modeier que peindre. On cite de lui une t�te oii Ie nez �toit prefqu'au- tant laillant que celui qu'il copioit d'apr�s na- ture : Cette facon de faire Ie Portrait n'�toit pas du gout de tout Ie monde. Rembrant s'eu embarraffa fort peu; il dit un jour a quelqu'un qui approchoit de fort pres pour voir ce qu'il , peignoit, quun Tableau n'�toit pas fait pour �tre ��j & que l'oicurde la couleur n'�toit pas faine. Sej
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Flamands s Allemands & Hollandols. 9 j
Ses Portraits �toient d'une reffemblance frap- pante, il f ailif�bit Ie cara�tere de chaque phyfio- l nomie: La nature n'�toit point embellie, mais fi vraiment, fi iimplement & fi fid�lement imi- t�e , qu'il fembloit que fes t�tes s'animaff�nt 8c fortii��nt de la toile. La facon de faire de Rembrant eft une efpece
de magie. Perfonne n'a plus connu que lui les ef- fetsdes difiF�rentescouleursentr'elles; n'amieux diftingu� celles qui font amiesd'avec celles qui ne feconviennent pas. 11 placoit chaque ton ea fa place , avec tant de jufteli� &c d'harmonie , qu'il n'�toit pas oblig�de lesm�ler & d'enper- dre la fleur & la fraicheur : 11 pr�f�roit de les glacer de qnelques tons qu'il gliffbit artiftement pardeffiis pour lier les paffages des lumieres & desombres,&pouradoucir des couleurs cru�s ou tropbrillantes. Tout eft chauddans fes Ou- vrages. Il a feu,par uneententeadmirable du clair-obfcur, produire prefque toujours des ef- tets �clatans dans tous les Tableaux. Tout ce que Rembrant a compof�eft fans no-
bleff�, mais plein d'expreffion : C'eft un g�nie plein de feu qui n'avoit mille �l�vation. 11 ne connoiflbit pas plus les reflburces qu'on peut tirer de la Po�lie : L'all�gorie lui �toit tota- lement �trangere , ain(i que la connoiflance da Cojlume. Ses habillements font par-tout les m�- mes; ils nefont que bizarres &c plus refl�mblants a une mafcarade qu'a des Nations differentes qu'il avoit voulu, maisqu'il n'a point feu d�fi- gner. Il n'a pas fait au tant de Tableaux d'hiftoire quede Portraits; &ceux que nous connoiffbns fontpourlapl�partaufliridicules auxyeux des Scavants,
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94 �-a Vie des 'Peintres
, ",. Scavants, qu'ils font admir�s par les Peintres.
' Si Ton enexcepte fesPortraits., fa facon de deffiner n'eft gueres fupportable \ encore n'en faifou-il bien que les t�tes: �t il fentoit li bien fonincapacit�adeffinerles mains, qu'il les ca- choit Ie plus qu'il pouvoit. Pour �viter la diffi- cult� , j'ai vu de fes Tableaux, o� quelques tra- ces de la brofl�,qu'on ne diftingue pas tropde pres j repr�f�ntenta une certaine diitance, des mains a la v�rit� peu d�cid�es, mais qui font cependantprefqu'autantd'effet que file Peintre y avoit mis plus de foin. Ses t�tes de femmes n'ont pas allur�ment les graces du beau fexe. Quand il a eflay� des figures nues, il n'y a mis aucune corre�tion; elles fontcourtes,les forrnes outr�es ou maigres,lesemmanchements lourds, les extr�mit�s trop petitesou trop grandes: Elles manquent toutesdans les proportions. Rembrant eftenm�me-temps un deltinareur m�diocre Sc un Peintre qu'on peut egaler aux plus grands Ma�tres pour la couleur j la touche &c Ie clair- obfcur II foutenoit Tid�e de ce coloris inimitable
jufques dans fa Gravure. Commun�ment les Peintres graventa I'eau-forte leurs compofitions en hiftoirejmais fort peu ontgrav� Ie Portrait , except� vanDyckqui en adonn� quelqueseffaisr Rembrant les gravoit avec la m�me intelligence qu'il lesa peint; mais chaque trait de fa pointe �toitfpirituel & repr�f�ntoit la touche de fon pinceau. On ne pouvoit mieux r�uffir a rendre les effets du clair-obfcur : Une pointe l�gere 6c badine tracoit fes traits & fes hachures; mais avec gout 6c un air defacilit�qui porte a croire qu'il
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Flamands , Allemands & Hollandois. 9 5
311'ilfaifoitce travail fort v�te&r fans beaucoup , ,"
e peine. Rembrant ne reflemble a aucun des " autres Graveurs; les unsf� font diftingu�s par lafineff�des tailles coiich�esles unes pres des autres, lans les croif�r,en marquantles ombres par des touches refl�nties : Le m�rite des autres a �t� d'ombrer en doublant & quadruplant tres- diftin&ement les tailles croif�es les unes fur les autres. Les Bloemaert, les Audran j les le Bas, les Cochin, &c. ces excellents Ma�tres efFacent Rem- brant par 1'arrangement de leurs tailles, par la propret�deleurburin. Rembrant feul a I5U fe pafler de ce travail: II avoit rartd'empatter8c de glacer avec la pointe f�che, de faire des teintes: L'effet d'un beau tout enfemble �toit Jfon but, & il y eft parvenu. Rembrant n'a jamais voulu graver devant per-
fonne; fon fecret �toit un trelbr , & il �toit avare. On n'a jamais devin� de quelle maniere il commencoit & il finii�bit ks planches: Tout ce qu'on a feu 3 c'eft qu'a peine avoit-il fait le trait & donn� quelques ombres j qu'il fit tirec un nombre d'�preuves. Il mit de nouveau le verni fur fa planche &en augmenta le travail: Cela fe faifoit jufqu'a trois ou quatrefois:Lorf- que la planche �toit uf�e, il �bar'ooit les fonds & changeoitles efiets; enforte que la pardequi avoit �t� ombr�e devenoit claire:Cecte derniere tranfpofition ri'a pas toujours r�uffi, les �preu- ves dequelques-unesen fontgrifes,approchaa- tes de la maniere noire. 11 ne calquoit gueres fes Defl�ins, de peur d'en refroidir 1'efprit : II les deffinoit de fuite fur la planche ( II faut ce- pendanteaexcepter fes Portraits.) II ombroit Sc
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t)6 La Vie des Peintres
6c rempliflbit avec la pointe ; il fouilloit dans
1606. jes ombres} il croifoit & repaflbit fes hachures ^=5r de tout lens, autant de fois qu'il le crut n�cef- iaire:La pointe f�che lui �toit d'un grand fecours pour donner les accords & glacer par-tout. Je f vais donner une lifte de fes principaux Ouvrages. f On voit en France dans le Cabinet du Roy ,
/ deux Tableaux de ce Peintre; 1'un eft fon Por-
/ trait, 1'autre repr�fente le moment ou 1'Ange
I va difparo�tre aux yeux de Tobie.
Chez M. le Duc d'Orl�ans,un Portrait d'hom-
me avec un chapeau, celui d'une femme, celui du Bourguemeftre....... un S. Francois, une
Nuit, un Payfage avec un Moulin.
Chez M.le Comterfe Fence, douze Tableaux
du meilleurtempsdece Peintre : Son Portrait , Tableau heurt� & lurprenant; fon Portrait plus fini; Le Portrait d'un grand Seigneur Ik celui de fa femme repr�fent�s jufqu'aux genoux , de grandeur naturelle, habill�s tous d'eux d'hermi- ne, &c. Le fond du Tableau eft un Payfage. Un Dodeur qui lit, il eft peint en 1643 > un Religieux Francifcain peint en 1660 ; un Vieillard de face en 1660; unefuiteen Egypte, 1'Auteur n'avoitque 18 ansquandil fit celui-ei, Heft date de 1614; un autre Vieillard , le Por- trait de fon pere: Deux Tableaux furprenants, 1'Auteur n'avoitquez4anslorfqu'illes peignit; ils font d'un beau fini fk frapp'ants pour les efFets que produit le Soleil au travers d'une fe- n�tre, dans un Heit vout�, fous terre: Ce font des Philofophes qui �tudient. On voit par ces deux Tableaux que Remhrant fcavoit la perfpec- tive. Et un beau Payfage, o� les difF�rents plans
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Plamands s Allemands & tio�landois. 97
plans f � trouvent (�par�s par de beaux effets. On voit chez M» leComte de Choifcuil, une
Boh�mienne avec Ion enfant qui dort. Dans Ie Cabinet de M. de Jutiennc , fix Ta-
bleaux du m�me Maitre; un beau Pay Fage,deux P�rtraits en forme ovale, SainteAnnequimon- tre a lire a la Sainte Vierge, un Portrait de femme avec deux mains ; autre Portrait de femme qui a des bracelets de perles a�x bras. Chez M. Ie Marquis de Foyer, un grand Ta-
bleau repr�f�nte Ie Reniement de S. Pierre} un autre , Tobie qui rend la vue a fon pere. Chez feu M. Ie Marquis de Laffay, font deux
P�rtraits j un autre Portrait d'homme , Ver- tumne & Pomone, & les P�lerins d'Ema�s. Chez M. de la Bouexiere, deux P�rtraits eri
ovale, Ie mari &: la femme, & Ie Portrait de 1'Amiral Tromp. Chez M. Pafquier, Tobie rend la vue a fon
pere. Chez M.Blondelde Gagny, on voitune femme
couronn�e de fleurs, une autre femme appell�e la CraflTeufe. Chez M. de Gaignat^eux P�rtraits d'homme
& de femme; un Tableau d'un pr�cieux fini, une femme qui donne a tetter a Ion enfant, un hofflme qui travaille, &c. Nous en avons d�ja parl� , il appartenoit autrefois a M. Ie Mafqui* de Voyer. M de la Live de July a de ce grand Colorift�
deux P�rtraits en rond, un d'homme & 1'autre de femme. M. Ie Mar�chal d'lfenghim % Ie Portrait d'�n
Rabin. Torn. II, G M. te
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5>8 La Vle des Pe�ntres
M.Ie Prince de Monaco, Ie Portra�tde Jan-
l6°6- fenius & celui du Corfaire Barbc-Roufe. M. de Feaux, deux PortraitSj 1'un defquels
repr�fente un jeune homme en armure. Dans Ie Cabinet du Prince Charles de Lorrai-
ne, a Bruxelles, font du m�me deux figures colori�es au flambeau. A Dufl�ldorp, chez 1'Eledteur Palatin, dou-
ze Tableaux, Ie Porcrait de Rembrant, celui d'une femme , Ie Portrait d'un homme ; une R�Turre&ion: Ce Tableau eftcompof� de douze figures; Ie Portrait d'un homme avecunefraife; deux autres Portraits; une Bacchante , un Cru- cifiement, une Defcente de croix 3 la Circonci- fion & une Afcenfion. Dans Ie Palais Pamphile,a Rome,un Portrait
C�eff� d'un Turban. Dans la galerie du Grand-Duc , a Florence,
Ie Portraitde cePeintre, celui d'unhomme joi- gnant les mains. Chez Ie Duc dHamilton, en Ecofl�, leSacri-
l�ce d'Abraham. Dansle Cabinet du Prince de Heffe, uneDefc
fcente de croix j la t�te d'un Vieillardjiiotre Sei- gneur fous la forme d'un Jardinier, Ie Portrait de Rembrant,a.\itt� Portrait de Rembrant un cha- J>eau fur Ia t�tejle portrait d'une perfonneaffife dans un fauteuil,la femme de Rembrant repr�f�n- t�e jufqu'auxgenoux,elleafurfat�te un bonnet garni de plumes, Ie Portrait de Coppenol. Chez Ie Prince de Galles, la femme de Rem-
brant. Chezie Comte de Waffenaer, a Ia Haye;deux t�-
tesde vieillard$,& une troifi�me avec un bonnet. ' . Chez
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F lamanis , Al Iemands & Kollaniois. 99
Chez M. van Simgelandt, Receveur G�n�ral
de la Hollande > Ie LJortrait d'un homme , un autre d'un jeune garcon. Chez M. Ie Lormier, une Sainte familie, no-
tre Seigneur que 1'on metau �ombeau, �clair� par diff�rentes lumieres. Un Soldat arm� de fa cuirafle, Tableau vi-
goureux appartenant a M, d'Acojla* Chez M. Ferfcheuring, cinq Tableaux, deux
vieilles femmes, les trois autres des Vieillards. Une jeune fille enjou�e, chez M. van Bramen.
Chez M. vander Linden van Slingelandt, a
Dort, un Tableau capital, il repr�l�nte Ie Sa- maritain. A Amfterdam chez M. Bmamkamp, Ie Por-
trait d'un jeune homme, notre Seigneur dans la barque avecles Ap�tres, un Vieillard M�decin, & Ie Portrait d'un homme. |
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1 606.
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M O N N I X.
MONNIX naquit a Bois-Ie-Duc en i6o6t
II voyagea de bonne heure 3 dans 1'inten- tion de fuivre & d'imiter les grands Maitres. Quelques-uns de fes Ouvragesluimeriterent a Rome l'eftime du Pape, qui Ie prit a fon fervice en qualit� de fon Peintre : II y refta treize an- n�es de fuite. Sa maniere de peindre approche de celle de
Gerards: 11 aimoit a repr�fenter des converfa- tions, &c. Les Tableaux de Monn�x font ra,r,es en Flandres: On y voit quelques-uns de fes G1 Defieins
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��o La Vie des Peintr�s
Defl�ins qui font d�firer fes Tableaux. Il vint
dansfaPatrie&moufutaBois-le-Ducen i686> ag� de 80 ans. |
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C E S A R
VAN EVERDINGEN,
;� l e v E
BE JEAN VAN BRONKHORST. CE S A R. van �verdlngen n� en 1606dans la
Vilie d'Alcmaer, fut place fort jeune chez Jean vanBronkhorft : Ce Maitre habile vitbien- t�t fon Eleve furpafl�r tous ceux de fon Ecole. Il r�ul�it �galement dans le Portrait &: dans 1'Hiftoire: 11 fut de plus un des meilleurs Ar- chitedes de Ion temps. Le c�l�bre Archi tedte van Campen le choifit pour faire en relief TH�tel qu'il fit batir pour lui fur fes DefTeins. La Ville d'Alcmaer pofl�de plufieurs de fes
Tableaux, tels que les volets qui renferment le buffet d'orgue dans la grande Eglil�: II y a re- pr�fent� le triomphe de David & la d�faite de Goliath. Il a peintdans les Butes decette Ville un grand Tableau 3 o� 1'on voit la noblefl� & les Chefs des Arquebufiers de la MiliceBourgeoi- fe: Toutes ces figuresfontdegrandeur naturelle & en pied. Plufieurs autres Tableaux de ce Pein- tre fe trouvent dans la Ville 6c aux environs: II deflinoitbien&colorioitavecforcejfa touche, quoique
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Flamands j Allemands & Hollandois. 101 ^^_^
quoique fonduend d�cid�e. Il difpofoit fes fu- ' jets avec jugement, Sc i�s Tableaux d'hiftoire !
lont compof�s avec beaucoup de feu. Il mourut en 1679 , ag� de 7} ans.
Chez M. Ferfcheuring a la Haye, un Payfa-
gedans lequelon voit uneChuted'eau. Unau- tre Payfageavec des figures, chez M*BiJfchop , a Roterdam. |
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JOACHIM SANDRART>
ELEVE DE GUERARD HONTHORST.
JOachim SANDR.ART naquit a Franc-
fort fur Ie Mein, Ie 12 Mai 1 6q6 : Son pere LaurentSandran Ie placa aux Ecoles Latines, & dela chez Theodorc de Brie & Mathieu Nierian , o� il apprit a. deffiner. Ag� de 15 ans, il fut apied a Prague,pourapprendre la Gravure chez Gilles Sudeler, qui lui confeilla d'abandonnerleburin &deprendrelepinceau. Sa^/erfut�cout�&le jeune Sandrart fut a Utrecht, o� il entra chez Guerard Honthorjl, qui Ie mena avec lui en An- gleterre. Il eut occal�on dans cette Capitale de voir Sc d'�tudierdebeauxTableauXjparticulie- rement lesdouze Empereurs peintspar/c Tuien , plus grands que nature : G. Sadelcr les grava , lorlqueTEmpereur Ferdinand III. leseutache- t�s apr�s la mort du Duc de Bouquingham. Oa les a vusdepuis chez Sa Majeft� Imp�riale, dans fon Palais a Prague. La r�putation de Sandrart augtnenta au point que Ie Roy d'Angleterre lui G 3 ordoona.
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lol La Vie des Peintres
~" ordonna plnfieurs Ouvrages, qui, outre un prix
16o<?. confid�rable, lui m�riterent des pr�lents de Sa
'»�- Majeit�. Il fit pour Ie Comre d'Arondel des
copies des Portraits du Roy Henry VIII. de
Thomas Morus s d'Eraf me & de beaucoup d'au-
tres : 11 y a imit� la maniere A'Halbeen, a trom-
per. Tant d'Ouvrages fk de confid�ration n'�-
teignirent pas Ie d�fir ardent qu'il avoit de voir
1'Italie. En i6ij ils'embarquaa Londres pour
Venife, o� il fut bien recu par les Artiftes Jean
Lys & NicoUs Ringnerus : � y admira les chefs-
d'oeuvres du Tuien & de Paul Veroncfe.
11 quitta Venife pour aller a Bologne, oii fon
Parent Michelle Blond �toit pour lors: lis furent cnl�mble a Florence & dela a Rome. Sandrart ctudia dans cette grande Ecole , & fitun S. J�- r�me & une Madelaine, que Ie Cardinal Barbc- rih acheta pour Ie Roy d'Efpagne, qui lui avoit demand� douze Tableaux des plus grands Ma�- tres: Rien ne fait plus 1'�loge de ce Peintre que de Ie voir fur la m�me lifte avec Ie Gu�de 3 Ie Guerchin, Jofepin } Majjini, de Gentilefchi 3 Pietre de Cortone, Ie Valentin, Andr� Sacch�} Lanfranc, Ie Domin�qua�n, Ie Poujfin. Pendant fon f�jour a Rome, Sandrart f e Ha particulierement avec Pierre de Laer on Bamboche. Le Duc Juflinian� Tattira chez lui & le chargea de la dire�tion de la Gravure des Statues de fa galerie. Il vifita les autres Villes d'Italie; il pafla d
Naples o�il fut employ�: IIy fit plufieurs �tudes d'apr�s les environs de cette Capitale, (k parti - culierementduMontVefuve.il pafla aMalthe, o� fes Ouvrages furent autant recherches qu'il y fut eilim�. Sa r�putationnepouvoitman- quer
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Flamands, Allemands & Hollandois. ioj
querde luiattirerdesennemis .-Ilfcut i'elescon- ~ ~~ cilierparfa poluefle & ia douceur. Il voyagea par-tout avec fruit. Il deffina les Villes,les Pla- ces , les vues: Tout ce qui lui parut m�riter Tat- tention dun Artifte , enrichit fon porte-feuille. Apr�savoir parcouru ritalie&pluiieurslfles de la M�diterran�e, il retourna a Francfort, ou il �poul'a Mar'u de Milkau. Il ne refta pas long- temps dans fa Patrie qui �toit afflig�e de la fa- mine, il fut a Amfterdam o� il a laiffe de grands morceaux:On diftingue celui qui repr�fente une entree de Marie de M�dic�s. 11 fit plufieurs au- tres Tableaux pour MM. Bickers & Spieringer:, Ambafladeurs de Suede: II finit par les Portraits detoute la familie de ce dernier. Apr�s avoir demeur�quelquesann�es a Am-
fterdam,il retourna en AUemagne pour prendre pofleffion de la ierre de Stockau , pres d'Ingol- itad,dans Ie �uch� de Neubourg: II trouva eet h�ritage en partie tombe en mine, ce qui l'obli- gea aretourner a Amfterdam, pour vendre ce qu'il avoit amafle de Tableaux $c de DeflTeins, &c. M. Spieringer acheta deux volumes de fes Defleins 3500 florins : II vendit ce qui lui en reftoit 4555 florins , & la vente de fes Tableaux monta a 40566 florins : Cette fomme confid�- rable lui fervit a r�tablir Stockau , dont il jouit peu ; 1'Arm�e Francoif� y mit Ie feu : Ce mal- heur altera fa fortune, ma�s il en eut aflez pour rebatir fon Chateau. Craignant encore un pare.il d�iaftre ; il vendit cette Terre & futdemeurer a Aulbourg ^ II y fut employ� par Maximilien , Duc de Baviere, fk TEmpereur Ferdinand , de qui il recut une cha�ne d'or. Il fit dans ce temps G4 ie
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�©4 La Vie des Peintres
Ie Martyre des Saints & la d�couverte de la
vraie Croix, &c.
Reft�veufen 16yiySandrartquitta Ausbourg
$c s'�tablit a Nuremberg, o� il �poufa en deuxi�me n�ce, la fille du confeiller Gudlaume Bloemaen : II y forma , vers cetemps, une Aca- d�mie de Peinture, & mit au jour fur fon Art plufieurs Ouvrages en Allemand & en Latin , auxquels il a travaiil� jufqu'a 1'age de 77 ans. Oneftime aujourd'huiparticulierement fa Vie des Peintres: II s'eft fervi de Vafary, Ridolfi Sc van Mander. On peut lui reprocher cependant peu de corredtion, & encoreplus de partialit� : II a m�rit� la critique qu'on en a faite. (a) J'ai ibus les yeux 1'Ouvrage o� il a puif� , & j*y trouve de grandes fautes fur les faits & fur Ie cara&ere qu*il donne aux Artiftes. Sandran avoit des talents; il alaifle des Ou-
vrages dignes de la r�putation qu'il avoit ac- quife en AHemagne : On croit pourtant qu'il dut aux intrigues & aux follicitations de fes amis d'�tre en parallele avec les plus grands Ma�tres. Il avoit beaucoup d'efprit; maisl''exces de fon amour propre lefittombtr dans bien des tra- vers qui lui ont fait ton. Les grands hommes doivent fe d�fier de leur jugement, fur-tout quand il eft queftion de comparerleiir m�rite a celuides autres : lis font rarement juftes , parce qu'ils s'eftiment trop , ou parce qu'ils eftiment trop peu ce.ux qu'ils cherchent a abaiffer. EMANUEL
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( a ) Richard Terbrugghen a ctitiqu� folidement l'Hif-
tolre des Peintres par Sd |
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Flamands j Allemands & Hollandois. 105
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1607.
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EMANUEL DE WITTE,
�LEFE D'EFERARD VAN AELST.
EManuel DE Witte prit naiflance
a Alcmaeren 1607 : Sonpere �toit Ma�tre de Peniion, aflez bon Humanifte 6c aflez bon Math�maticien. L'intention de Ion pere �toit d'�lever ion fils dans les m�mes Etudes: II y fit plus de progr�s qu'aucun de ceux de fon age. Il cotnmengalaPeinture a Delft fous Everard
vanAelfofon applicationle fitbient�tdiftinguer par plufieurs Tableaux d'Hiftoire , & par des JPortraits. A peine fut il �tabli a Amfterdam, qu'il quitta l'Hiftoire pour peindre 1'Architectu- re. 11 repr�fentoit Ie dedans des �glifes avec un art &uneintelligence admirable : II fcavoit faifir les lumieres & lesdiff�rents tons de couleur, au point que perfonne ne 1'a furpaffe. On voit de lui lesprincipales �glifes d'Amfterdam repr�fent�es de diff�rents c�t�s. Il y a tant�t place un Pr�di- cateur en chaire avec un auditoire nombreux ; tant�t c'eft Ie moment o�le mondeentre ou fort del'Eglife : II tiroit un grand avantage par les oppofitionSjfoit dun buffet d'orguesoude quel- que maufol�e s Ses figures font bien coloriees , d'une touche fine & fpirituelle. On regrette un defesplusbeauxTableaux,o�ilavoitrepr�fent� Ie choeur de la nouvelle Eglife d'Amfterdam, & o� eft en marbre leTombeau de 1'Amiral Ruiter; Ce Tableau lui futcommand� par Ie Chevalier 4l
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La Vie des Peintres
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Angel Ruiter, qui mourut avant que ce Tableau
■ fut fini. LePr�aicateur Bernard Soomer, gendre de 1'Amiral Ruiter , peu fenfible a la beaut� du Tableau ,ne Ie voulutqu'a un prix plus basque celui dont on �toit convenu : 11 lui offrit zoo florins fk enfuite 300. Le Tableau refta au Pein- tre, qui ne voulut rien rabattre fur le premier march� : II fe facha contre le Pr�dicateur j & finit par un trait de folie; il coupa en pieces ce Tableau , qui a m�rit� les regrets des Arti�tes& , des Connoiflburs. Cepeintre avoit de 1'humeur & ne pouvoit
vivre avecperfonne.-Recherch�pour fon talent, il auroit eu beaucoup d'amis; mais il ne leut jamais les conferver. Le Confulde Danemarck lui fit faire ,parordredu Roy fon Ma�tre, deux Tableaux: II lui marqua a peu pres le temps ou il d�firoitlesavoir. Lorfque le Confiil fut poli- ment & avec douceur le prier d'avancer les deux Tableaux, dans la crainted'expofer leRoy fon Ma�tre a s'impatienter: De Witte lui r�pon- dit brufquement, fi le Roy des boeufs ne veut point mes Tableaux, je ne fuis pas en peine de les vendre a d'autres Amateurs. Il n'avoitque peu ou point d'amis parmi les
Artiftes. Guerard de Lairejfe �toit du nombre de ceux qui d�plaifoient a notre Peintre.-De Lairejfe �tant un foir dans un Cabaret, ne putfoutenir les bravades de Witte , qui fe vantoit fur-tout d'�tre le feul fcavant G�ometre. De Lamifje prit delacraie&luifitquelques propofitionspardes lignes trac�es fur la table. L'autre, au lieu d'y r�pondre, deffina a c�t� de ces lignes une figure desplus ind�cente, & lui dit, voici ce qui vous a fait
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Flamands j Allemands & Hollandois. 107
fait perdre votre nez: (Lairejje �toic extr�mement catnard.) Cettegrolliereinlulte en bonne com- pagnie , fut cauf� que Lair�jJ'e , avec toute fa douceur , mahraita Ie Peintre impudent, au point que Ie lendemain on ne put Ie connoitre. Quelqu'un de fa connoi�ance lui ayant de- mand� qui 1'avoit traite ainfi : C'eft , dit-il , lairejfe qui m'a hier �bauch�a la chandelle, & je Ie chet che pour qu'il me finifl� de jour. La viede eet extravaganteitrempliede traits
decetteforce \ maisjeles pafTe pour parier de fa fin malheureufe : lldevint vieux & pauvre, d�- teft� par- tout. Son H�te lui fit des reproches & imputa fes malheurs a fa conduite, ils en vinrent au point que Ie Peintre jurade ne jamais retour- ner chez lui: II fortit de la maifon , Ie d�fefpoir peintfurle vifage. Deux perfonnes ayant ap- percu 1'alt�ration de fa phylionomie , lortirent pour Ie fuivre, mais en vain , ils Ie perdirent de vue , Ia nuit �tant tr�s-obfcure. Il rut fe jeter a 1'eau & fe noya;il ne fut p�che qu'apr�sle d�gel, pres de 1'�clufe d'Harlem : On lui trouva une cordeau col,cequiafaitfoupconnerqu'il s'�toit voulupendreaupont&: quela cordes'�toit caf- f�e. Il fut enterr� au Cimetiere des peftif�r�s: il �toitag� d'environ 85 ans, & finit en \6$i. On voitchez M..SIingelandt Confeiller a la,
Cour d'Hollande un joli Tableau , repr�fen- tant 1'int�rieur d'une Eglife. A la Haye , chez M. Henri van SlmgeUmdt,
Bourguemeftre, la repr�fentation du Chceur de 1'ancienne Eglife de Delft. Ledcdansde la nouvelle Eglife d'Amfterdam,
avec beaucoup de jolies figures:CeTableau ap- partient a M. van Br�menji ia Haye, ER ASME |
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1607.
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E R A S M E
QUELLYN»
� L E VE DE R U B E N S.
IRASME QUELLYN eft
n� a Anvers Ie 19 Novembre 1607; fa premiere jeuneffe fnc 1 employee aux �tudes : II enfei- gna m�me quelque tems la Phi- I lofophie, avant de penfer a la Peinture. Comme la maifon deifotanj�toitou- vertea tousceux qui avoientdestalents,Q«c//y« y fut admis comme bel efprit & homme de Lettres:
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LaViedes Peintres Flamands, &c. 9
Lettres: C'eft alorsqu'il fentit�chauffer tous les jours fonimagination, & il voulut chereher a exprimer les idees. IlquittafaChairede Profef- feurpourdevenirlui-m�me Elevefous Ruhens. La vivacit�dug�niede Quellyn ,fon application a 1'�tude Ie reildit habile en peu d'ann�es. En homme d'efprit, notre Peincre ne vouloit rien ignorer. Pour devenir plus exad & plus int�- reflant.il�tudia 1'Architecture & laPerfpe&ive; il regardoit comme un d�faut d'�treoblig� d'a- voir recours a des mains �trangeres pour nnir fes Ouvrages : Auffi n'a-t il pas �t� m�diocre a peindre lesPa�fages dans fesTableaux d'Hiftoi- res. Comme il a r�ufli au Portrait, il a, comme van Dyck, immortalif� fon nom en p'eignant, par eftime , la pl�part des Artiftes de lbn remps. Quellyn fut encourag� par fon Ami &fon Ma�-
tre, qui vanta fes talents: II 1'obhgea lui-m�me a expofer fes Ouvrages en public. On pretend que Rubens lui a procur� Ie premier Tableau a faire: Cette amiti� qui �toit rond�e fur 1'eftime, adur� aufli long-temps qu'eux. Quellyn�wt fur- charg� d'ouvrages; la fageffe de fa conduite lui procuravin �tabliflement fort riche. Il eut plu- fieurs enfants. Son fils Jean Erafme, fon Eleve, dont il fera parl� , eft Ie feul qui a �t� Peintre. Quellyne�:mortaAnverslei iNovembre 1678, ag� de 71 ans. Cornille de Bie a �crit en vers la Vie de ce Peintre, ne pouvant 1'�galer aperfon- ne: II 1'�leve au-deflus de 1'antiquit� ; �loge de Po�te. Erafme compofoit fes fu jets en grandMa�- trejil avoit unebelle imagination qu'il fcutbor- ner par fon efprit: Tout y eft fage &: concu. Son DeflTein eft aflez correel;, fa couleur tient
de
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1607.
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mi^_^_am 11 o La Vie des Pelntfes
de 1'Ecole de fon Ma�tre : II employoft avec
\6oy- fucc�s l'Archite&ure & Ie Pa�fage dans fes Ta-
bleaux; il n'a pas ignor� 1'intelligence du clair- obfcur , Ces ombres &r fes lumieres fontdiltri- bu�es avecavantage. Voici quelques-uns de fes principaux Ouvragesen pubic : �n voit dans 1'Eglil� Paroifliale de S. Andr�a Anvers,l'Ange Gardien dans la Chapelle de cenom. A Malines,dans 1'�glile Paroifliale de Sainte
Catherine, la naiflance de notre Seigneur, beau Tableau au grand Autel. Et dans 1'Eglife Pa- roiffiale de S. Sauveur a Gand, Ie repos de la Vierge pendant qu'elle fruiten Egypte, Tableau d'Autel dans la Chapelle de S. Jof�ph. |
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ABRAHAM
VAN DIEPENB�KE,
E L E V E DE R U B E N S.
DlEPENB�KE naquita Bois-le-Duc;fon
premier Ma�tre n'eftpas connu : Ilpaflbit d�ji pour bon Peintre fur verre,& il falloit bien qu'il Ie fut, puifqu'il fut admis dans FEcole de Rubens. Alors notre jeune Artifte donna 1'eflbr a fon g�nie : 11 compofa lui-m�me ks fujets. Diepenb�ke encourag� par fes fucc�s,quitta An- vers & voyageapar toute Tltalie, o� il fut fort employ�. Malgr� fa fup�riorit� fur les autres Peintres fur verre , il quitta ce genre : Rebut� par Jesaccidentsdu feu,quid�truittrop fouvent de
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Flamands t Alkmands & Bollandols. 111
de beanx Ouvrages, dont il change les cou- ' leurs, il fe mit a la Peinture a 1'huile. Il quitta l6°7'. Rome, revint a Anvers o� il rentra de nouveau �' dans 1'Ecole deRubens : Sous ce Colorifle ini- mitableil fit de grands progr�sdanscette partie brillante de fon Art. Cependant fa trop grande facilit� a compofer
& a deffiner, ne lui lail��rentpasafi�z de temps a foigner la Peinture. Tout ce qu'il compolbit �toit agr�able: II inventoit avec g�nie & ex�cu- toit avec feu ; mais il fut trop diftrait par des compofitions faites a lahate. Il �toit liircharg� de th�fes, de maufol�es & de fujets de d�votion, & quifurent grav�s&r enlumin�s pour �tre dif- tribu�s dans les Ecoles & les Confraines. Les Libraires l'employerent fouvent a des vignettes dontils ornoienr les Livres : Celui qui a pour titre Ie Temple des Mufes , fait honneur a eet Ar- titte. Il fut nomm� Diredeur de 1'Acad�mie d'Anversen 1641 & mourut dans la m�me Ville en 1675. Le Po�te Vondel a fait des Vers pour fon Portrait, qu'il avoit peint lui-m�me. Diepenbeke eft undes bons Eleves de Rubenst
un de ceux qui avoit le plus de g�nie. Il ne fai- foit pas fbuvent degrandes compofitions \ mais par celles que nous connoiflbns, on peut juger qu'il y auroit r�ufli. Son voyage d'Italienelui a pas fait changer le gout de fon DeflTein , qui eft trop charg� & peu corred. Il a bien peint & imit� de fort pres la maniere de fon Maitre:II donnoitdela forceafesOuvrages & ils�toient foutenus d'urte belle entente de clair-obfeur. Pluf�eurs de fes v�tresfont conferv�esavec foin: La plus confid�rable eft dans la Chapelle des Pauvres
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111 La Vit des Pe'mtrts
Pauvres de la Gath�drale d'Anvers : II y a f�*
prefent� les (Euvfes de mif�ricorde & les por-1 traits des Adminilirateurs qui vivoient en ce temps la. Dans 1'Eglife des Dominicains de la m�me Vslle, font dans Ie Chceur dix belles vl- tresj o� il arepr�f�nt� la vie de S. Paul. Plu- fieurs autresdinsl'EglifedesMinitnes; &chez les m�mes Religieux aBruxelles, la vie de S. Fran^ois de Paule. |
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THEODORE
VAN THULDEN,
E L E F E DE RUBENS.
TH E o D o R E prit naifTance a Bois-le-Duc
1'an 1^07 :Il d�tfes rarestalents a Jon g�- nie &c a Rubens Ion Ma�tre,dont il tut un des plus dignes Eleves. Il fut un deceuxqui accompa- gnerent ce grand hommes Paris , &: on allure qu'ileutlagloiredetravaillerauxTableauxque ^^/2jfitpourlagalerieduLuxembnurg. Ilpei- gnit d�s 1'age de 13 ans la vie de S. Jean de Ma- tha,FondateurdesMathurins: Ces 1 ableaux fe voyent encore dans leur Eglife; ma�s ils ont ct� repeintsprefqu'enentier,ilne reftede 1'Ouvrage de notre Peintre que la compofition. Il par- courut enfuite une partie de la France: II alla at Fontainebleau deffiner d'apr�s Ie Primatice , �es Travaux d'Hercule, qu'il grava depuisa Peaii- forte. L'�tudeparticulierequ'ilaimoita faire des Tableaux d'Italie, lui fit naitre 1'envie d'aller fe per-
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Flamands, Allemands & Hollandois. 115 _____
perfe�lionner a Rome; mais les Parents Ie rap- I(j07
pellerent en Flandres, o� il fut fort employ�. r
II remplit les Eglifes & les Cabinets de fes Ou-
vrages. Il aida beaucoup les Payfagiftes 6c les
Peincres d'Archite<5hire:ll ornoit leurs Tableaux
de petites figures jolies & fpirituelles. Il fe dif-
tingua fur-tout par plufieurs Tableaux d'Hiftoi-
re. Quelque gloirequ'il s'acquitdans ce genre ,
fon g�nie Ie ramenoit cependantauxpetits lii-
jets : 11 peignit desFoires & des Kermeffes dans
Ie gout de Teniers. S'� eft piquant & ing�nieux
enpetitjileit fublime en grandiilf�mbloitavoir
dans 1'ame deux partiesextr�mementdifF�rentes,
quile rendoient capablesde ces deux genres op-
pof�s : Suivant les mouvements de gayet� ou
d'�l�vation qu'il refTentoit, il fe livroit tour a
tour aux fujets auxquels elles Ie d�terminoient.
Les Villes d'Anvers > de Gand } de Bruges ;
de Malines,&c. fe fonthonneurde ks Tableaux:
Un Couvent de Religieufes de cette derniere
Ville, nomm� Muyfen , dont fon frere �toit Ie
Diredeur, occupanotreArtiftefort long-temps.
On voit dans 1'Eglife & dans diff�rents apparte-
ments de la m�me Maifbn,un aflfez grand nom-
bre de fes Ouvrages.
J'ai cherch� inutilement pourquoi il quitta
Anverspourfe fixeraBois-le-Duc., quoiqu'An- vers fut alors Ie (�jourdes plus habilesPeintres & qu'il avoit �t� Dire�leur de TAcad�mie en 1638. Oncroit que nepouvant vivre dans une Ville o� il avoit vu mourit Rubens , il pr�fera celle de Bois-le-Duc, qui d'ailleurs �toit fa Patrie : 11 eft mort vieux , fans que Ion fcache exadement en quelle ann�e. Tom. II, H Tous
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H4 La V�e des Peintres
Tous les Ouvrages de van Thulden paroiflent
faitsavec tant de facilit�, qu'on nefoupconne- roit pasqu'il les d�t a un travail p�nible & opi- niatre : Mais on fcait qu'en Peinture, comme en Po�fie, plus un Artifte travaille difficilement, plus fon Ouvrage paroit ex�cut� avec aifance & facilit�. Les Tableaux del'Eleve approchent de fort
pres de la perfe&ion de ceux de fbn Maitre & <ie fa maniere : C'eft Ie plus grand �loge qu'on puifle donner a notre Peintre. Autant fon g�- nie paroit avoir d'�tendue dans la compofition & dans 1'ex�cution , autant fes penf�es iontno- bles & �lev�es. Moins bon Colorifte que Rubens, il pofledoit auffi parfaitement rintelligence du clair-obfcur: mais il n'�toitpas meilleurDeffi- nateur; il eit m�me moins correcl: > tant il eft vrai que les d�fauts du plus grand Maitre font toujours dangereux pour fon Eleve. Theodore gravoit bienal'eauforte; il gravoit
d'apr�s fes �tudes & celles de quelques-autres Maitres: Cequ'il afait de plusconlid�rableen ce genre, c'eft 1'entr�e de Ferdinand3 Cardinal Inrantd'Efpagne, dans la Ville d'Anvers. Bolf- wert &c Jean N�efs n'ont fait que tr�s-peu de planches de tout ce beau volume, dont Rubens avoit compof� les Deffeins pour des Arcs de triomphe, &c. 11 grava aufli la vie de S. Jean de Matha, dont il avoit lui-m�me fait les Ta- bleaux dans les formes du Choeur de TEglife des Mathurins de Paris, & les Travaux d'Her- cule d'apr�s Ie Prima�ce. Il me refte a indiquer fes principaux Ouvrages. On voit dans 1'Eglif � des Religieufes appell�es
Muyfen ,
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Flamands , Alleinands & JioUandois.
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11
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j
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Muyfen, a Malines 3 un grand Tableau peint en
1659 : 11 repr�ienre dans une gloire la Sainte Vierge qui rak couler du lak de Ion fein fur S, Bernard. Un autre repr�fente la Sainte Yicrge & 1'Enfant J�ius; un autre, Ie Roy David; un au- tre j 1'Apotre S. Paul; un autre, S. Francois d. Paulo; & d'autres, plufieurs Saints; notre Sei- gneur attach� a la colonne, ainli que Ie Martyre de S. Sebaftien & 1'enlevement de la Sainte Vierge au Ciel, lont les f ujetsde plulieurs au tres de fes Tableaux. Chezles Religieuies nomm�es Bethanien , on en voit un grand, ou lont peintes les quatre rins de 1'homme : C'eft une appari- tion a une Religieufe de la Maiibn. Dans l'Egliie Paroiffiale de S. Michel k
Gand, on ne ie laffe point de coni�d�rer Ie Mar- tyre de S. Adrien , Tableau fi beau qu'il a �t� attribu� a Rubens. Le Tableau du maitreAutel dansl'Eglife des
J�fuites aBruges, eft i� bien dans la maniere de Rubens , qu'il trompe tous les coonohTeurs: L'id�e de ce Tableau eft fublime 6c d'un beau g�nie;on y voit notre Seigneur qui recoit ia mere dans le Ciel: Heft environn� de la Cour c�lefte. Dans la m�me Ville , chez Madame la veuve
Duhamd, unbeau Tableau de 13 pieds & demi de large iiir onze pieds de haut, repr�fentant la continence de Scipion; les cara�i�res de vertu , d'admiration 6c de reconnoilFance ibnt expri- m�s furies phyfionomiesdifterentes:CeTableau qui eft enrichi d'un beau fond d'Architecture , {e conferve dans cette Familie depuis 80 ans. Il a �t� peint en 1638. H i PIERRE
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1607.
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i\G La Vie des Peintres Flamands, &c.
PIERRE VANDER WILLINGEN.
�----� f^* E Peintre naquit a Berg-Op-Zoom vers
1607. \^j i6oy ; fes Ouvrages font eftim�s : II ne
"^2? peignoit gueres que des objets inanim�s : II
imitoit tr�s-bien les vafes d'or, d'argent, de
nacre, Sec. Le temps de la mort de ce Peintre
eft ignor�.
Ses Tableaux font tous des embl�mes fur la
mort; tant�t il a repr�l�nt� un enfant qui joue avec une boule de Savon, une t�te de mort en- vironn�e de vaf�s d'argent, des inftruments de mufique, desLivreSj Sec. Il avoit 1'art Sc la patience de bien finir Sc de bien imiter ces diff�- rents fujets. |
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JEAN
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J E A N
LIEVENS,
E L E V E
BE PIERRE LASTMAN. EANLIEVENSnaquitdans -------
laVilledeLeydenle24.O&obre 1607.
i6o7:Sonpere, habile Brodeur -�- & depuis Fermier des Droits de laVille , appercevant dans fon fils une inclination d�cid�e pour la Peinture , Ie placa d'abord chez Georges van
Schooien , pour apprendrea Def��ner , &c a 1'age H 5 de
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i i' 8 La Vle des Peintres
de dix ans chez Pierre Lafiman, a Amflerdam.
1607. �^v^jdemeura chez eet habileMa�tre 1'efpace ^�"^ de deux ans: II y fit des progr�s , car d�s lage de 1 z ans on lui vit copier D�mocrite & H�- raclited'apr�s les Tableaux de Cornille vanHaer- lem; on avoitdelapeine a diftinguer ceux qu'il venoit de faire d'avec les Originaux. L'Hiftorien de la Ville de Leyden , en par-
lant de 1'e'motion populaire qui arriva dans cette Ville en 1618,lorfque les Bourguemeftres furent oblig�s d'armer les Troupes Bourgeoifes pour appaif�r ce d�fbrdre : Cet Hittorien , dis- je, remarque que pendant que tont Ie monde ie fauvoit ou prenoic les armes., Lievens feul reftadans fon cabinet a defllner; a peine fcut- il Ie danger o� il avoit �te' expofc pendantplu- fieurs jours. (a) II a fait fort jeune de beaux Portraits , en-
tr'autres celui de fa mere: II traita quelquefois 1'Hiftoire & y r�uffit. On cite de lui un Tableau f�ngulier , c'�toit un Ecolier tenant un livre , devant un feu de tourbes :La figure �toit gran- de comme nature. Le Prince d'Orange Ie fit acheter&en fit pr�fenta rAmbaffadeur d'An- gleterre, qui le pr�f�nta au Roy fon Maitre: Ce Tableau fiirprit par fa beaut�, &■ encore plus lorfque I'on fcut que 1'Auteur n'avoit pas 20 ans. Lievens apprenant le cas que 1'on faifoit de
fes
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(a ) Cette htftoire efl a peu pres femblable a celle de Pro-
togene, qui peignoit dans fon atelier, dans un des Fauxbourgs de Ia Ville de Rhodes, affi�g�e par le Roy Dcmetnus , & qui ne fut point diftrait par les Gens de guerre , ni par. le bruit de leurs machiues. |
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Flamands, Allemands & Hollandois. 119 _____
fes Ouvrages a la Cour de Londres , paf�a en I(j07>
Angleterre,o�ilfutbien recti: Ily fit les Por- _ traitsduRoy,delaReinej du Princede Galles &c de plufieurs autres Seigneurs: C�toit en 1630 , il n'avoit alors qu'environ 14 ans. Il refta trois ans en Angleterre, & delapafla
a Anvers: 11 y �poufa la fille de Michel Colins , habile Sculpteur. Iljravailla pour les Eglifes , les Couvents & les maifons des Particuliers: On voit encore aujourd'hui plufieurs de fes Ou- vrages a Anvers 6c aux environs. En 1641 Lievens fit deux grands Tableaux
d'Hiftoire pour Ie Prince d'Orange, un autre pour les Bourguemeftres de Leyden, repr�fen- tant la continence de Scipion. Il en fit un autre tres-grand pour la maifon
du Confeil d'Amfterdam �� 11 eft place entre deux Tableaux de Govart Flinck & de Ferdinand Bol, & il foutient la comparailbn. Le Po�te Vondel a c�l�br� le nom de ce Peintre dans fes vers : II y fait une mention honorable des ta- lents de ce grand Artifte , dans les Portraits du Bourguemeftre Lambert Reynfl, de Madame Alida Bikker, de l'Amiral Michel Ruiter & du Vice-Amiral Cornille Tromp. Phillippe Angels , qui a �crit 1'�loge de la.
Peinture en i�4i,parlede Lievens avec diftinc- tion : II loue fon g�nie dans les fujets d'Hiftoire, & fur-toutdans deux Tableaux, dont 1'un re- pr�fentoit le Sacrifice d'Abraham, & 1'autre David & Bethfab�e. On n'a pu d�couvrir ni le temps de fa mort ,
ni le lieu de fa f�pulture. H 4 PALA-
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iio La Vie des Peintres Flamands, &c.
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PALAMEDES STEVERS.
T Es Hollandois ont reclame ce Peintre ,
l6o7- JLjquoiqu'il foitn� a Londres en 1607. Son -----' pere �toit habile Tourneur: II avoit la r�puta-
tion d'excellera faire des vafes,des coupes de
porphyre jdejafpe, d'agate & d'autres pierres pr�cieuf�s. Il faifbit fon f�jour a Delft; Ie Roy Jacques I. 1'appella en Angleterre, o� il refta quelque temps: Ce fut alors que naquit Pala- medis. Le pere de retour en Hollande, fe rendit a Delft avecIe jeune>5^vtrj,quidevint Peintre, fans autre Maitre que les Tableaux d'Ifa�e Van- de Velde : II imita de fort pres la maniere dece Peintre; mais il fuivit fon gout dans le choix des fujets: C'�toit des batailles, des campenients & des marches de Troupes. Ce jeune Artifte avoit une idee fi jufte de la
difficult�de l'Art de IaPeinture, qu'apr�s les plus grands progr�s , il difoittoujours, enfin je vais commencer; mais il finittrop tot, il ne v�cut quejufqu'a ^zans: Jl mourutleid Mars 1638. 11 avoit un frere a�n�quilui a furv�cu : II pei- gnoit auffi le Portrait & des Tableaux repr�fen- tants des converfations. Ce dernier fut admis dans la Soci�t� des Peintres a Delft en 16$6 , & fut �lu Chefdelam�me Compagnie en 1673. |
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ANNE-
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, IIIIIIIIIIIUIIIMIIIIIIIIIIMIIIIIIMI
l�Miiiiluiiiiiiiihiiiiiiiiiii�iiill'^
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ANNE-MARIE
SCHUURMJNS.
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ES Poetes Hollandois nom-
rnent dans leurs Vers cette fille illuftre leur Sapho & leur Cor- nelie: Si elle a m�rit� les �loges de les Compatriotes, elle a auffi obtenu les fuffrages des Grands & des Scavants de 1'Europe.
Anne-Marie Schuurmans naquit a Utrecht Ie
5 Novembre \6o-jiE\\qdonna , d�s Ie berceau,
des marques de ce qu'elle deviendroit un jour.
A 1'age de trois ans elle commencoit a lire, &
a fept
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1607.
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122 La Vie des Peintres
"~l a fept ans a parier Ie Latin : Elle 1'apprit du
I6O7. a r r> ' � i> r ■ ■ 1 rr C
mim^m meme 1'receptenr qm 1 enfeignoit a les rreres.
Sa mere lui d�rendoit 1'�tude } &c la r�dui�t, comme les jeunes perfonnesde fon fexe,ades ouvrages a 1'aiguille: Cette occupationne fatis- faifant nullement fongo�tjelles'amufaa d�cou- per avec fes cifeaux;mais bientot on fut �tonn� de la voir peindre des fleurs j des oifeaux & toutes fortes d'infe&es, lans avoir eu d'autre Ma�tre que fon g�nie.Elle aimoit paffionnement T�tude j & les Arts �toient les jeux de fes heu- res de r�cr�ation. Son pere d�termin� par eet acharnement, livra eet efprit a fon eflbr, en lui donnant des Livres : II devint lui m�me fon Pr�cepteur,& fansfuivre la methode ordinair il lui fit expliquer S�neque. A 1'age de dix ans elle traduil�tplufieurs Traites de ce Philofophe en Francois &c en Flamand: Elle fit de plus y dans la Langue Grecque , des progr�squi�ton- nerent les Scavants. Mademoil�lle Schuurmans, apr�s la mort de
fon pere, fe livra a fes Etudes plus que jamais: Les Profefl�urs de 1'Univerfit� de Leyden eu- rent ordre de faire conftruire une tribune dans leurs Ecoles & dans les endroits o� Ton foute- noit lesTh�fes, afinqu'elleputaffifterpar-tout, fans �tre confondue avec les auditeurs. Lorfqu'elle eut �tudi� les Langues Grecque
& LatinejleScavant fojj�uslm enfeignal'H�- breu: Elle �crivoiten H�breu,en Syriaque, en Chald�en j en Grec, en Latin , en Efpagnol, en Italien & en Allemand. Elle faifoitdes Vers en plufieurs Langues : On peut s'en convaincre en lifant fes Ouvrages. Marie de Gon^agues, Reine
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Flamands j Allemands & Hollandois. 11 $
Reine de Pologne, ne fe contenta pas d'admirer de loin les talents de cette fcavante fille , dans Ie voyage qu'elle fit a Utrecht en 1645 , elle fut voir Marie Schuurmans: La Princeffe, apr�ss'�- tre entretenue long-temps avec elle, lui donna les marques les plus flatteufes de 1'eftime qu'elle avoit pour fon m�rite. Anne-Marie, Reine de Boh�me , & la Prin-
ceire Louife fa fille, lui �crivirent fouvent; & pluiieurs Scavants de 1'Europe chercherent par leurs lettres as'attirer quelques-unes des fiennes. Elle ne m�rite pas moins 1'�loge des Artiftes par les Ouvrages en Peinture, en Gravure au burin & a 1'eau-forte: Elle gravoit avec Ie dia- mant fur Ie criftal ; elle faif�it des figures da ronde bofTe en ivoire: Grande Muficienne.,elle jouoit tr�s-bien du luth & touchoit bien du clavecin. Pour ne point m'�carter du but principal de
ce Livre, 6c pour faire conno�tre a quel jufte titre Marie Schuurmans m�rite de tenir une place diftingu�e parmi les grands Artiftes de (on Pays & de Ion temps, je ne dois pas oublier Ie gout heureux qu'elle eut pour la Sculpture :Elle fit en ronde boffe^en bois depalmier, fon Portrait, celui de fa mere & ceux de fes freres , & on peut jugerde Texcellence de ces Ouvrages par Ie prix qu'y mit Ie Peintre Honthorft : II eftima Ie feul Portrait de cette illuftre fille a mille flo- rins d'Hollande. En fait de Religion, elle parut adopter les
fentiments A'Abadie : Elle fut Ie joindre a Al- tona,o� elle donna au Public , fur fes principes, Ie Livre intitul� Eudcria. Elle mourut dans cette derniere
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1607.
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124 La Vie des Peintres Flamands , &c.
*~ derniere Ville en 1678 , ag�e de 71 ans. Des _* °7' Scavantsdiftingu�s, tels que Vojjius ySalmafius, Kj Andreas, & M. Ie Laboureur dans fa def-
cription du voyage de la Reine de Pologne ,
ont fait la plus honorable mention de cette fille
c�le'bre.
JMous avons plufieurs de fes Portraits de fa
main, &r entr'autres un grav� a 1'eau-forte 6c
retouche au burin.
On voit au bas ces Vers Latins:
Cernitis hicpicld nojlros in imagine vulcus .*
Si negat Ars formam 3 gratia vejlra dabit. Et fous fon Portrait, qu'elle a model� en
eire, ceux-ci : Non mihi propoj�tum eji humanam eludere fortem 3
Aut vultus folid� fculpere in Are meos : H&c nojlra effigies, quam cera exprejjimus 3 eccc
Materia fragili j moxperitura } damus. |
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GERARD
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GER ARD
TERBURG,
ELEFE DE SON PERE.
ER BURG naquiten 1608 a
Zwol dans la Province d'Over- I{fel,d'une Familie ancienne& eftim�e: II apprit de fon pere qui �toit habile &c quiavoitde- _ meur�plufieursann�esaRome, les principes de la Peinture. On ne fcait quel fut fon autre Ma�tre a Harlem, qu'il quiita pour voyager : On fcait auffi que quand il par- tit fes Ouvrages �toient d�ia recherches. Il
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n6 La Vie des Peintres
Ilparcourut 1'Allemagne &rl'Italie; il y a lieu
de croire que les beaut�s de Rome ne 1'avoient pasavTezfrapp�,puilqu'il ne changea ni fbn gout de Defl�in , ni la maniere de compofer : II pa- ro�t qu'il fecontenta du grand d�bitde les Ta- bleaux, qui fut r�ellement ii conlid�rable qu'il le mit en �tat de paroitre avec magnificence au Congres de Munfter en 1648. Le Comte de Pigoranda,Amba.ffa.deur d'Eipagne, avoit char- g� fon Peintre d'un Tableau de Crucifiement j 1'entreprife �toit au-deflusde fesforces, mais il r�uflit avec le fecours de Terburg: V Amba�a.- deur furpris de la beaut� de 1'Ouvrage , foup- conna que fon Artifte ne 1'avoit pas fait feul. 11 le lui rit avouer, tk ne le punk qu'en exigeant de lui le nom du v�ritable Auteur. Terburg fit le Portrait du Comte & bient�t celui de tous les autres Ambafladeurs, & chacund'eux vou- lut l� 1'attacher. Le Comte Pigoranda promit a Terburg des honneurs & une grande tortune en Efpagne & le d�termina a le luivre. Le Roy s'�tant fait peindre par notre Artifte, le cr�a Chevalier j & ajouta acette illullration , une chaine d'or, une medaille, une riche �p�e & des �perons d'argent. Les principaux de la Cour voulurent aulli avoir leur Portrait. Les Dames trouverent fon pinceau li aimable, qu'elles dif- |
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uterent iiqui feroit peinte de la main. On afllire
ue fa figure agr�able,lba efprit,fon grand u fage umonde &ciesgalanteriesdonnerent de la ja- |
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loufie aux Efpagnols: II en �vita les fuites &c
partit lecr�tementpourLondres. Ses Ouvrages �y avoient annonce ; bient�t il fut furchar g�, &c leprix exceflif qu'il mit a fesPortraits �c les Tableaux,
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Flamands 3 Allemands & Uollandois. 117
Tableaux , ne diminua point la foule de ceux qui lui endemandoient. 100S 11 quitta Londres & pafla en France , o� l-�
malgr�lenombredes habiles Artiftes de Paris, il fit plufleurs Portraits & des Tableaux qui fu- rent eilim�s. Sa fortune �toit aflez conl�d�rable pour lui laifTer fuivre Ie penchantqu'ilavoitde revenir dans la Patriedlquitta laFrance,malgr� Ie profit & les agr�ments quif�mbloientdevoir 1'y retenir. Terburg alla s'�tablir a Deventer : II y �poufa
une de fes Parentes, de laquelle il n'eut point d'enrants. Sa fageffe lui fit obtenir une place dans Ie Confeil : 11 fut Bourguemeftre de la Ville. Guillaume III. Prince d'Orange, en paf- fant par Deventer,fut fuppli� par les Magiftrats de leur donner fon Portrait, comme un gage pr�cieuxdefabont� tk un monumentdu f�jour qu'il avoit fait dans leur ville : J'ai raon Por- trait , dit Ie Prince } peint pat Netfcher, & je vous en promets une copie. On lui repr�fenta que Ie Ma�trede fon Peintre �toit un des Mem- bres de leur Confeil,& qu'ils Ie prioient de fe laifler peindre par lui: Le Prince y confentit. Terburg Ie peignit avec tant de lucc�s, qu'il fit une feconde fois fon Portrait a la Haye. Cet "excellent Artifteav�cu coniid�r� dans lesdiffi- rents endroits 011 il avoit pafle & dans fa Pa- trie:Ileut la prudence d'�pargner ce qu'il avoit gagn� ; il fcut en ufer honn�tement pendant fa vie Sc en laifler encore a fes h�ritiers : II mou- rut en 1681, ag� de 7 3 ans ; fon corps fut port� a Zwol, lieu de (a naiflance. On ne d�fireroit dans les Ouvrages de Ter-
burg |
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118 La Vie des Peintres
burg quun meilleur gout de Deflein j qui eft
rond & un peu lourd : Son pinceau a quelque fois Ie m�me d�faut -y mais il imitoit parfaite- mentles �toffes, fur-tout lesfatins. Iln'a gue- res faitde Tableaux o� il n'y aitdu fatin blanc : Sa couleur eft bonne & tranfparente; touty eft d'un beau fini, & ils f�roient lans prix s'il avoit feu embellir la nature, qu'il a quelquefois copi�e trop fervilement. La quantit�des Fortraits qu'iJ afaits}nous apriv�sdebeaucoup de Tableaux qu'il n'eut pas Ie temps de faire. Il prenoit, comme Gerard Douw,Mieris, &c. fes fu jets dans la vie priv�e. Ses Ou vrages Ion t tr�s-recherch�s, on en trouve en France dans les Cabinets choi- fis; mais il y en a plus en Hollande : Ses Por- traits font r�pandus danstoute 1'Europe. On voita Paris chez M. Ie Comte de Vcnce ,
unmorceau precieuxde Terburg , il repr�fente un Ma�tre qui donne lecon a fon Ecolier. Chez M. de Julienne,thevalier de S. Michel,
une femme qui joue de la guittare, un homme chante & un autre qui les �coute; deux Dames qui jouent aux cartes, un autre qui les re- garde. Chez M. Ie Marquis de Foyer, une Limona-
di�re& deuxautres figures. Chez M. de la Bouex'ure , une Dame qui �crit
une lettre, o� presd'elle eft une jeune perfonne debout & une autre a cot� ; une femme qui joue de Ia harpe. Chez M. Blondel de Cagny, une jeune fille
qui lit ; une qui �crit 8c une qui boit. Chez M. de Gaignat, un jeune homme qui
pr�f�nte un verre de limonade a une jeune per- fonne , |
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Flamands, Allemands & Ho�andois. 119
fonne, derriere eft une vieille matr�ne. ADmfeldorp, la Nativit� de J�fus-Chrift;
un jeune hom me qui cherche les puces d'un chien. Chez M. van S'lingelandz, Receveur G�n�ral
de la Hollande, un �fticier pres d'une jeune femme; unTrompette entre dans l'appartemenc & pr�fenteune lettre. Chez bA.Fagel, un Soldac qui prenddesfruits, tandis qu'un autre Ie re- garde faire. Chez M. Lor/nier, un Officier qui dort, une femme Ie r�veille pour Ie faire parier a unTrompette; une jolieperfonnedeboutpr�s d'un homme �V d'une temme aflis & qui ooi- vent du vin; une Dame qui joue de la guittare en pr�fence de ion Ma�tre �c d'un autre homme; une vachequi fort de 1'�table, &: une Payfanne qui tire du lait d'une autre vache. A Dort , chez M. vander Linden van Slin-
gelandt, une jolie femme affif� a une table, fur laquelle eft un deflert de fruits, un cavalier en bottes lui offre une poign�e de piecesd'or, qu'elle (�mble refufer, en verfant du vin dans un vafe de vermeil: La Dame eft en habit de fatin. Chez M. Braamkamp, a. Amfterdam , un
homme & une femme qui font de la mufique; un Officier qui �crit quelques d�p�ches, qu'un Trompette attend \ une jeune Dame qui coupe fes ongles, une femme de chambre tient une aiguiere d'argent pour lui fervir de 1'eau a fe laver les mains-, deux Dames &r un homme jouant aux cartes. Chez M. Leender de Neu- v�lle, un concert de plufieurs perfonnes qui font delamufique; &un. Officier avec deux Dames. TomeH. I ARoter-
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i j o La Vie des Peintres Flamands, &c.
~ A Roterdam, chez M BiJJ'chop, un Officier 1 qui �crit des lettres qu'un Trompette attend: Cette compoikion eft tr�s-orn�e; il y a un beau chien aupr�s de fon Maitre. LeTableau Ie plus capital &: lepluspr�cieux
de Terburg, repr�fentelesPortraitsdesMiniftres Pl�nipotentiaires qui �toient au Congres de Munlter : II s'y eii peint lui-m�me parmi les fpedareurs. 11 ne voLilut jamais lai (Ter ceTableau au dellbus de6000 florins : II a �t� vu par Hou- braken, chez M. Terburg, Receveur de Rentes a Deventer. Suyderhofa grav� d'apr�s ce beau Tableau, une J�ftampe fort recherch�e. |
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ADRIEN
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ADRIEN
BR AU WE R, �LEVE DE FRANgOIS HALS.
E PEINTRE,aufl�m�prifa-
ble par fa viecrapuleu/�.qu'efti- maole dans la Peinture., naquit a HaHem en 1608. Comille de Bie, Ecrivain Flamand, pretend ! qu'il eft n� a Oudenarde , & Houbrakeu H�llandois, prouve par une lettre, du Bourguemeftre Six, qu'il est n� a Harlem'. Brauwer �toit n� d'une familie tr�s-pauvre, qui n'avoit pu fournir a lui donner une bonne l 2. �duca-
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^^^ i$t La Vit des Peintrcs
, g �ducation : Le hafard Ie fit Peintre. Sa mere
' �toit brodeui� & fai/�uf� de modes & d'ajuf- ■�""■ tements pour les Payfannes, & le jeune Brau- wer s'occupoit a defl�ner a la plume des fleurs & des oif�aux, pour broder fur la toile. Fran- cois Hals, Peintrehabile, enpaflantun jourde- vant cette boutique, vit Brauwer deffiner avec tant de facilit� & de gout, qu'il s'arr�ta & lui demanda s'il n'avoit point envie de devenir Peintre: 11 r�pondit qu'il le vouloit bien, fi fa mere Ie permettoit. Hals propofa a la mere de le prendre chez lui, de 1'inftruire &r de le nourrir. La propofition fut bien recue de la mere & du jeune homme, mais peu charitablement ex�- cut�e de la part da Maitre. Brauwer arriv� chez Hals, s'appliqua avec
ardeur; II fut fequeftr� des autres �leves & enferm� dans un petit grenier. Cette f�para- tion donna de 1'inqui�tude ou de la curiofit� a lescamarades, qui epierentle moment, pendant 1'abfence du Maitre, pour voir ce que faifoit Brauwer. Ils monterent chacun a leur tour, & par une petite fen�tre ils virent avec furprife que eet Eleve, pauvre & m�prif�, �toit un P.eintre habile, qui faifoit de fort jolisTableaux. Un de ces jeunes gens lui propofa de faire les cinq fens, a quatre fols piece: 11 y r�uffit fi bien qu'un autre lui commanda. les douze mois de 1'ann�e au m�me prix. Brauweraccepta &r s'en tira bien. On Tengagea de cravailler quelques heures de plus, en lui prometrant d'augmenter le prix. Brauwer fetrouvoit fort heureux & re- gardoit comme une bonne fortune, la vente des perits fujets qu'il faifoit dans fss moments de loifir:
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Flamands, Alltmands & Hollandois. 13 j
loifir: Mais Ie gain que Ie maitre faifoit fur les � Ouvrages, d�termina Hals &r ia femme a 1'ob- * ° * ferver de ii pres qu'il ne lui reftoit pas un feul �~"' inftant. La furveillante, non-fatisfaite d'�puifer de travail ce mif�rable, Ie laiflbit mourir de faim. A peine avoit-il Ia figure d'un homme vivant, & tout jufqu'a fes habillements, prou- voit fa mifere : Cette iituation Ie mit au d�fef- poir. Adrien van OJlade, fon ami & Eleve du m�me Ma�tre, touche de compaffion, tuicon- ieilladequitterla maifon &dechercherfortune ailleurs: 11 s'�chappa &r parcourut toute laY ille, fans fcavoir o� il alloitj nicequ'ildeviendroit. Il s'arr�ta chez un Marchand de pain d'�pice: 11 en fit provifion ponr toute la journe'e, & fut dela feplacerfousle buffet d'orgues de la grande Eglife. Pendant qu'il cherchoit dans fon imagi- nation les moyens de fe procurer un �tat moins malheureux, il fut reconnu par un particulier qui alloit fouvent chez fon Ma�tre, &: quide- vina, a la triftefle & a l'hsb�t deBrauwer, une partie de fon inqui�tude. Il lui demanda d'o�. venoit fon chagrin �> Brauwer auffi fimple qu'on peut 1'�tre, lui conta na�vement fon aventure: II infifta fur l'avarice excef��ve de Hals &de fa femme, qui, non contents du profit qu'ils ti- roient de fon travai�, Ie laiflbient mourir de faim & prefque rrad. La paleur & les haillons de 1'hiftorien rendoient fonr�cit plus que pro- bable : II int�reffa celui qui T�coutoit, qui lui propofa de l� ramener chez fon Maitre; & lut promit un meilteur traitement. Le pauvre garcon fuivit ce Protedeur chez
Hals x qui fich� d-'avoir eherche Brauwer par I 3. toute.
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_ 154 L& Vi� des Peintres
1608. toute la Ville, & d'avoir craint de perdre un
Eleve ii lucratif, lui fit beaucoup de menaces. Le condutteur de Brauwer fit a Hals en parti- culier des rtmontrancesqui eurentleureffet. Le lendemain le Maitre fit des carefTes a Ion Eleve, il Thabilla de neuf ( a la fripperie tentend ;; le jeune Artifte l� trouva tres heureux par com- paraifon : 11 travailla avec plus d'ardeur, mais toujours au b�n�fice de f on H�te, qui vendoit fort cher desTablcaux qui lui co�toient fi peu. L'Auteur ignoroit feul Ion talent & les resour- ces qii'il y auroit trouv�es. Brauwer en fut inftruit par fes camarades, 8c
trouva le moyen de s'�chapper; il fut droit a -Amfterdam, le hazard le fit l�journer chez HemivanSoomeren Aubergifte, qui avoitelTay� ■de peindre dans fa. jeuneff�j & dont le fils pei- gnoit bien 1'Hiftoire, le pa�fage & les fleurs. Brauwer fut mieux nourri &moin$g�n�3 &c reprit des forces & du courage. Il fit quelques petits Tableaux qui furprirent van Soomeren &C �murent fa g�n��ofit� : II fit pr�fent a Brauwer d'une planche de cuivre. 5/aaw^rpeignitdelTus unequerellefurvenue
au jeu entre des Soldats & desPayfans; quelques- uns le battoient, les cartes �toient difperf�es &C les tables renver�ees: Ce Tableau �roit admira- ble, biendeflin�, biencolori�, les expreflions en �toient fingulierement rendues.On reconnut le Peintre dont Hals avoit vendu fi cher les Ou- vrages. M. du Vermandois amateur, en cher- choitdepuis Iong-temps 1'Auteur: II marchanda le Tableau fur cuivre & en donna bien v�te le prix, qui fut fix� a cent ducatons. Brauwer -' e'tonn�,
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Flamands 3 Allemands & Hollandols. 13 j
�tonn�j fe frottant les yeux & craignantque ce
ne fut un longe, r�pandit 1'argent fur (onlit, fe rouladeirus pour rendre fonbonheur plus pal- pable : II Ie ramaffa & s'en alla lans rien dire. 11 revint quelques jours apr�s en chantant, Sc fort gai. On lui demanda o� �toit ion argent: D�eu Joit lou�} dit il j je m'enfuis defait & m'en irouveplus heureux : II en a toujours uf� de m�- me. Ilaimoit lajoie & la diflipation; aufli ne rmiroit-on point, fi on racontoit toutes f�saven- tures: Un jour d'�pouill� par des voleurs.,&: vo'� julqu'a ion dernier fol, il entra dans \x Ville d'Amfterdam, fe fit faire un habit & un man- teau de toile. Il peignit deffus des fieurs, gom- nu cette to�e, & ainfi v�tu , il fut aux prome- n.iues &: au th�atre a la com�die: II attira fur- tout les yeux des Dames qui voulurent fcavoir o�l'on vendoitune fi belle toile des Indes. Il prit une �ponge & de l'eau , &c les fleurs de fort hdbitdifparurent;mais il les�tonnaencore plus par les propos plats qu'il tint a ce fujet. 11 en r�fulte que c'eft un bon Peintre & un homme ridicule. Brauwerv�cvit ainfi quelque temps aAmfter-
dam, gagnantbeaucoup, diffipant tout &ne payantrien: 11 s'acquittade fesdettes en efcroc, il fortit fecr�tement de la Ville &r prit la route d' Anvers. Mais comme il �toit moins au fait des interets des Princes que de ce qui fe paffbit dans les tabagies, il eut 1'imprudence de fe pr�fenter aux porte» d'Anvers, fans Pafl�port des Etats G�n�raux, qui �toienten guerre avec 1'Efpagne: II fut arr�t� commeefpion & mis en prifan dans la citadelle. Il y trouva heureufement Ie Duc I 4 d' Arsmberg t
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^ i j 6 La Vie des Peintres
1608 d'Aremberg, aufl� d�tenu par ordre du Roy
mmmm d'Efpagne : II Ie prit pour Ie Gouverneur de la '~*m~ Place, te lui conta, les larmes anx yeux., ion malheur, en lui difant qu'il �toit Peintre, qu'il avoic quitte Amfterdam pour venirexercerfon talentaAnversj &:qu'iloffroitdeluiendonner la preuve, pourvu qu'il e�t une palette & des pinceaux. Le Duc envoya Ie m�me jour deman- der a Rubens tout ce qui �toit neceflaire, en lui faifant dire qu'il vouloit occuper un Artifte qui paroiflbit �tre en danger de fa vie, fi on ne s'employoit pas a 1'en retirer : On donna a. Brauwer des couleurs &r une toile. Quelques Soldats Efpagnols s'�toient mis dans la cour, , devant la lucarne du Peintre, ajouerauxcartes & aux dez : II fit une EfquiflTe de cette aflem-
bl�e; il y repr�fenta, avec beaucoup de v�ritej lescaracleresdecesdiflf�rentsjoueurs.On voyoit derriere eux un vieux Soldat affis fur fes talons, qui �toit comme le Juge de leursdiff�rents: Sa phyfionomie e'toit originale, (k on entrevoyoit les deux feules dents qui lui refloient dans une bouche fort large. Le feu ordinaire que Brau- wer r�pandoit dans fes Ouvrages, �clatoitdans celui-ei : LeDuc, en voyant le Tableau, fit un �clat de rire & envoya prier Rubens de le venir voir, pour juger fi le Tableau de fonBar- bouilleur valoit la peine d'�tre conferv�. Rubens arriva chez Ie Duc; a peine eut-il
jett� les yeux fur le Tableau, qu'il s'�cria.: II ejl de Brauwer, lui feulpeut peindre des fujets en ce genre, avec autant de force & de beaut�. Le Duc voyant/fa^wexaminer&rlouerceTableau, 1'engagea a lui en dire le prix : Ruhens en offrit |
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Flamands, Allemands & Hollandois. 137 ______
300 ryckfdaelders. Le Duc lui r�pondit: Vous , �
juge0ien qu'il rieft pas a vendre ; je le dejline � �m^, mon Cabinet, autant pour la Jingularit� de l'aven- ture, que pour la beaut� dont il ejl. Ce Tableau fe voit encore chez les Defcen-
dants de cette illuftre Maifon : II eft un peu endommag� & �cal�, parce que celui qui avoit imprim� la toile avoit donn� la premiere couche avec de la craie a la colle. Rubens fut chez le Gouverneur d'Anvers,
folliciter la libert� du Peintre; il lui conta foa hiftoire & quelques traits qui cara�t�rifbient 1'homme : Le Gouverneur fit venirle pr�tendu elpion, qui avoua qu'il �toit arriv� a Anvers fans PaflTeport; mais qu'il n'avoitpas cru qu'il ��t autrechofeay faire que d'ypeindre. Rubens cautionna Brauwer, lui procura fon �largifle- ment.rcmmena chez lui, lui donna fa table, le logea, 1'habilla pour tacher de tirer de la cra- pule un fi grand Artifte: Mais Brauwer incapa- ble de r�pondre a des manieres fi generen fes, le quittabrufquemenr, vendit fes nippes, d�penfa tout ce qu'il avoir, & dit que la maifon de Ru- bens lui etoit plus infupportable par fa vier�gl.ee que la prifon de la Citadelle. Il fut chercher un H�te qui paroiflbit fait
pour fupporter fes d�fauts; aui�i fecrut-il mieux entrouvant uh fecond lui-m�meoen laperfonne de Jofeph Craesb�ke Boulanger, qui devintPein- tre, comme il fera dit dans fa vie. lis fe livre- rent a tant de d�bauches, que la Juftice crut que le Public y gagneroit en les f�parant. Brauwer prit la route de Paris, o� il refta
qnelqnes mois dans la vie la plus d�r�gl�e : II y
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138 La Vie des Peintres
y travailla peu &r fut rorc� de retourner a An-
vers, o�ileut des reflbuvenirs cuifants de Ion voyage, &mourut vers 1640, deux jours apr�s fon arriv�e dans un H�pital: 11 fut enterr� avec Jes Pauvres auCimetiere des Pellifer�s. Rubens apprit par un de fes Eleves la mort de
Brauwer, l'honora de fes larmes, fkretirerle corps du lieu o� il avoit e't� inhum� , & lui fit faire, dans 1'Eglife desCarmes, des obi�ques dignes de fes talents: Ce grand homme n'auroit pas born� la 1'eftime qu'il avoit pour Brauwer^ puifqu'il avoit fait lui-m�me Ie mode'e d'un nuulol�e qu'il lui deftinoit; mais la mort 1'en- leva peu ae temps apr�s Brauwer. On ne doit pas s'�tonnerl�lesOuvrages dece Peintre font faits fans choix ou avec peu d'�l�vation : Tont ce qu'il a peint r�pondoit a fon g�nie. S'il n'a point vari� (es fujets, c'eft qu'il avoit toujours les m�mes objets devant les yeux. On trouve dans ks Tableaux, quoique petits, une vivaci- t� d'expreffion, une couleur excellente, une touche large & ferme, & enfin une union de toutes ces parties, qui rend fes Ouvrages pi- quants & prefque fans prix. Voici une idee de quelques-uns de fes Ta-
bleaux : On voit chez 1'EIedeur Palatin , un Chirurgien qui bande la plaied'un blefT�; dans un autreTableau, un Chirurgientireune�pine du pied d'un jeune homme; lePortrait de Brau- wer;des Payfans yvresqui fe battent; un Payfan tenant fa pipe; un Tonnelier & une femme te- nanr un verre aupr�s de quelquesPayfans qui fe chaufFent; un Payfan qui fume & a c�t� trois autres aupr�s du feu. Chez
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Flamands3 Jllemands & Hollandois. 139
Chez Ie Prince Charles, a Bruxeiles, un
homme appuy� (iir la main» uneconverlation
de Paylans; unChirurgienquiarracheunedent.
ChezM.Ba;t, aGand, uneTabagie.
A Paris, chez M. de Julienne, un Tableau
repr�lentant des Buveurs. Chez M. de la Boue-
xiere, un homme qui n�toye un petit enfant.
Chez M. leComte de Fence, uneTentation de
S. Antoine.
ChezM. Fagel, a la Haye, une aflemblee
de Payfans yvres, qui (e battent au couteau. Chez M. Lormier, des Paylans qui boivent & chantenr; autres Buveurs qui c�l�brenrla veille desRofs; une Batterie d hommes, femmes & enfants; desLibertins dans unlieude d�bauche; nne Compagnie qui joue aux cartes; & trois Payfans de'bonne humeur. ChezM. van He- teren, des hommes & des femmes qui fe diver- tiflent & qui boivent. Chez M. Bikker van Zuieten, des Joueurs au tri&rac. Chez M. d'Acofla, des Payfans qui s'�gorgent. Chez M. van Br�men, des Buveurs & Fumeurs. A Dort, chez M. vander Linden van Slinge-
landt, desSoldats & des Payfans qui jouentaux cartes dans un corps de garde. A Amfterdam, chez M. Braamkamp, des
Fumeurs & Buveurs dans une chambre, d'au-
tres qui chantent &r jouent adesjeuxd'hazard.
A Roterdam, chez M. Lcers, des Joueurs au
tridrac; & un Operateur.
Et a Middelbourg, chez M. Cauwerven, des
Payfans qui boivent & qui fument. JOSEPH
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JOSEPH
VA N
CRAESB�KE,
�LEFE DE BRA�WER.
RAESBEKE n� a Bruxelles,
�toit Boulaneer : II fut s'�tablir a Anvers, ou il fit connoiflance avec Brauwer, comme il eft dit dans la vie de ce Peintre. Ayant tous deux Ie m�me gout pour Ie libertinage, ils furent bient�t li�s d'amiti�. D�s que Cratfb�kc avoit vuid� fonfour,il f'erendoit chez
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■La Vic des Pelntres Flamands, &c. 141
chez fon ami, o� il examinoit fa maniere d'�- ~" baucher Sc de finir fes Ouvrages. La journ�e finie, ils alloient enfemble boire & fumer. Cra- ^�? esb�ke eflaya de peindre : Ses elHiis plu rent a Brauwer qui 1'aida de fes lecons. Le Boulanger quitta fon premier m�tier, & �galaprefqu'au- tant fon Ma�tre dans fes Tableaux qu'il 1'avoit imit� dans les mceurs. Craesb�ke avoit une femme jolie, il en devint
jaloux; &: voulant s'affiirer fi elle 1'aimoit, il avila un moyen qui ne pouvoit partir que d'une t�te comme la fienne : il fe peignit fur la poi- tdne une plaie conl�d�rable, & pamt avoir une chemife enfanglant�e. Il mie aupr�s de lui fon couteau de palette, auffi rougi; alors il fit des cris �pouvantables, comme quelqu'un pret a expirer: Safemmemontaenhaut, & lui donna des marques fi peu �quivoques de fa douleur, qu'elle le gu�rit de fa jaloufie. Il embrafla fa femme & lui dit ne pleurez point: il lui avoua la fupercherie que fa paffion pour elle lui avoit fugg�r�e. Cette preuve de tendrefl� de la part de la femme, eilt feit le bonheur d'un homme capable de fe corrigerj mais il fut toujours abandonn� a fes vices. Craesb�ke a peint des fujets bas & d�go�tants;
il �tudioit fes grimaces devant un miroir. Sou- vent il fe mettoit un emplatre fur 1'oeil en ou- vrant une bouche effroyable, &:c. c'eft ainfi qu'il a fait plufieurs fois fon Portrair. Ses Tableaux repr�fentoient des Tabagies,
des Corps de gardes 3 des Querelles de gens y vres, 6cc. S'il n'a pas la finefl� & la touche auffi
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_____ T 4Z La Vie des Pelntres Flamands, &c.
1608 au^ ^arge <lue Brouwer, c'efl. du moins celui
r__�^ qui en a Ie plus approch�.
On peut citer a Fans, chez M. Ie Comte de
Vence, Ie Portru.it de Craesbeke, avcc une empla- tre furl'oeil, hiiiaut la plus laide grimace. A Ari vers, dans la lalle de la Conrrairie des
Maitres en fait d'Armes, un Tableau furbois, repr�fentant les Por tra lts des principaux Con- fr�res , &leiirsdiflf�rentsexercicej: C ettundes plus beaux & des plus con tets de ce Peincre. A Rouen, chez 1'Auieur de eet Ouvrage,
un Tableau capital qui ell lur bois. ^e lont des Payfansquis'�gorgentdansuneguinguetre,tout yeil renverf�, tables, pois, verres, hemmes, femmes & enfants: lei un des combattants eft �tendu mort, un autre tientalag >rgc celui qui Ta blefle d'un coup de couteau : Ce Tableau eft du bon temps de notre Artiite, il eil entiere- ment dans la maniere de Brauwer. A la Haye, chez M. Lormier, une femme
qui ratifl� des carottes. A Middelbourg, chez M. Cauy/erycn, un
Hermite en priere. |
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■ ■;
JACQUES
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JACQUES
B A C K � R. ACKER naquit a Harlingen I(Jog
en i <Jo8, & felon d'autres en ' 1609 : Le talent de ce Peintre -----
�toit lePortrait. llavoitfurtout
une facilit� incroyable. On dit _ qu'une femme �tant venue de Harkm a Amiterdam, remporta fon Portrait fait jufqu'aux genoux dans la m�me journ�e. Il demeura prefque toujours a Amfterdam,
o�l'on voitdelui plufieurs Tableaux d'Hiiloi- re, qui ont m�rit� d'�tre lou�s dans let Vers du Po�te Vondel. Backer
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144 La V'ie des Pelntres
Backer mourut Ie iy Aout 1^41. CornUle de
Bie fe trompe, en placant fa mort en 16$ 8. Backer pafl� pour celui de fon temps qui deffi- noit Ie mieux une Acad�mie, principalement Ie corps des femmes, il les deffinoit fur du pa- pier bleu, au crayon noir &blanc: Ses Defleins font tres-recherches par les Amateurs, �c fe vendent fort cher. La pl�part des Ouvrages de Backer font en
Efpagne; l'�le&eur Palatin poflede Ie Portraic d'Adrien Brauwer peint par Backer. Dans 1'E- glife des Carmes a Anvers fe voit un Tableau capital decePeintre, c'eftle Jugement dernier; 11 eft bien compof�, bien deffin� Sc bien colori�: Ce Tableau eft place audeflus d'une �pitaphe. |
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BERTRAND FOUCHIER,
�LEFE DE FAN DYCK.
" ^^-^ Pe'ntre naquit a Berg-Op-Zoom Ie 10
11609. ^^ F�vrier 1609 : II marqua fort jeune du
1 chez Antoine van Dyck. Sa dilpofition fous un grand Ma�tre, Ie rendit en peu de temps capa- ble de bien faire un Portrait. Fouchier n'auroit jamais quitte cette �cole, li fon Ma�tre, par trop d'occupations, n'avoitpas �t� dans Ie cas de n�gliger fes Eleves. De ce moment Fouchier quitta Anvers & fut a Utrecht: II choifit pour �cole, celle de Jean Billaert, chez qui il refta deux aas. Apr�s ce temps-la il retourna chez foi»
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Flamands , Ailemands & Hollandois. 145
ion pere, pour y exercer ion talent; mais Ten- vie de voyager 1'enip�cha de fe fixer. II quitta les parents pour aller a Home : La
�ls'appliqua non-leulementa�tudier les grands Ma�tresjmaisil s'attachapar pr�f�rence aux Ou- vrages du Tintorec. Le m�rite de Fouchier fe fit bient�tconno�tre: II auroitfait une grande for- tune fous Ie Pontificat d' Urbain VIII. qui aimoit les ArtSjfiunequereile dejean Fred�ricvan Yfen~ doren, fonami, dans laquelle il prir parti, ne 1'eut oblig� d'abandonner Rome. lis allerenten- femble travailler a Florence^dela a Paris,& enfia a Anvers , 011 ils fe f�parerent. Y/endoren fut au Fort de Wyck,pr�s d'Utrecht,&T Fouchier a Berg- Op-Zoom , fa patrie : II y a exerc� long-temps la Peinture a Thuile & fur verre, if s'appercut que la maniere du Tintoret ne plaifoit point aux Amateurs: II abandonna ce genre pour imker celui de Brauwcr. Ses Tableaux de converlatioa furent fort recherches de fon temps, & m�ri- tentencore aujourd'hui norreedimedlmourut dans fa Patrie en J674.J& eft enterr� dans la principale Eglif� de Berg-Op-Zoom. |
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PIERRE VAN LINT.
VA n Lint naquit a Anvers en 1609.
On ne connoit pas fes Ma�tres : on fcait feulementqu'il appritlaPeintureardgede dix- feptans.&qu'ilfut encore fort jeune en Itali�. Il fatisfitd'abord fa premiere avidit�,en vilitant Torn II. K ala |
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r 4-6 La Vie des Pe�ntres
~~ a la hate tous les chefs-d'oeuvres que cette grande
1 °9' Ville expofea la curiofit� du Public;il revint eniuitea chacun pouren faire une�tude parti- culidfe.'Ils'attacha fiir-touta cequi eftvu d'afl�z pres pour�trecopi� avec la plus grande exa&i- ttide. Quelques Portraitsfirent d'abord connoi- tre ce Peintre, qui s'eft depuis ii diftingu� en peignantl'Hiftoire. On a de lui des Ouvrages conhd�rables, tels que la Chapelle de Sainte Croix, dans 1'Eglife de la Madona del Popoio. Le Cardinal Jcvafi, Doyen & Ev�que d'Oitie * engagea Van Lint a travailler i�uiement pour lui : Une penfion coniid�rable & d'autres r�- compenies Tarr�terent pendant f�pt ans au fer- vice de fon Eminence. Neuf ou dix ann�esd'ab- fence fixerentle terme que notre Peintre avoit deftin� a �tudier en Itali�, & rien ne put Tarr�- ter plus long-temps : II retourna a Anvers, oii il d�buta par quelques Tableaux en petit; il en fkauffiengrandjtous furent�galement eftim�s. Le Roy de Danemarck Chrijlian IV. qui aimoit les Ouvrages de cePeintreJui en ordonna plu- fleurs & fit pafl�r dans ion Royaume prefque tout ce qui ibrtoit de famain. Van Lint �toit Jaborieux , ilgagna du bien : On lecroit mort a Anvers j mai^on ignore 1'anne'e. Les Ouvrages de eet Artiite font en petit
nombre. EnFlandre, ily en a de lui quelques- uns dans 1'Eglife des Carmes d'Anvers; trois Tableaux d'Autel dans la Carh�drale d'Oitie , pafl�ntpour cequ'il afaitde mieux. Son prin- cipal talent �toit depeindre THiitoire ; II fai- foit �galemeat biea en grand comme en petir, a
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Flamands, J/Iemands & Hollando�s. 147
&en d�trempe. N'ayant vu que tr�s- peu de fes Ouvrages 3 je me contenterai de Ie louer apr�s les autres Ecrivains, qui affurent qu'il compofoit dans la maniere des grands Ma�tres; que fon Deflein �toit correft Sc qu'il colorioit bien. |
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Kt HERMAN
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HERMAN
ZACHT-LEEVEN.
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ACHT-LEEVEN nSqmt
en 1601>; on ne conno�t pas fon M a�tre: Ses premiers Ta- bleaux plurent autant que les derniers. Les connoifleurs aimerent dans les premiers une imitation fimple de la |
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\Go<).
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nature, &
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dans les derniers Ie beau choix
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qu'ilenfcut faire. Zacht-Leeven n'a prefque ja-
mais fait de Tableaux que de Payfagesconnus , comme des environsd'Utrecht, o� ila demeu- r�, & des bords du Rhin, dont il n'�toit pas �loign�, 11 deflinoit avec une grande intelligence, d'apr�s
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La Vie des Pelntres Flamands, &c. 149
d'apr�s nature &aucrayon noir : Tout lui pa- rut propre a �tre imit�j il copioit jufqu'aux vues les moins int�reflantes, qu'il avoit 1'art de rendre agr�ables. Malgr� tout ce qu'il y ajou- toit, on reconnoiflbit toujours les lieux qu'il avoit voulu repr�fenter. Aucun Payfagifte Flamand n'a peint avec
plusdel�geret�les Cieux& les lointains : Une couleur excellente, une intelligence fine de la perfpeftive a�rienne rendent fes Tableaux pr�- cieux. Il fcavoit r�pandre de la vapeur & du flou dans les Ouvrages, dans Ie gout de Wou- wermans & de Berghem. Zacht-Leeven a enrichi les plus beaux Cabi-
nets del'Europe de fes Tableaux , & les porte- feuilles des Connoiffeurs font remplis de fes ex - cellents Defleins: Ce Peintre eft mort a Utrecht; on ne fcait pas en quelle ann�e ( a ). On voit chez l'Ele&eur Palatin , trois Ta-
bleauxde cePeintre,un Payfageavec beaucoup de figures; une vue du Rhin ; & Ie troifieme, une autre vue du Rhin. Chez M. Jcan-Baptijle Dubois _, a Gand, un©
vue du Rhin, avec beaucoup de figures. A Paris , chez M. Blondel de Gagny } deux
autres petits Payfages tr�s-Piquants. AlaHaye;chez leComte de WaJJenaar, trois
Tableaux.une vue du Rhin & deux autres vues d'Hollande. Chez M. vanSlingelandt, Receveur K 3 G�n�ral
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(a ) M. d'Argtnville fixe la J�lOtt de Zacht-lecven en *<$!? i
aucun Auteur Flamand n'en a parl� , non plus que de fon voyage d'Italie: 11$ aflutent tous au contraire, qu'il n'a jamais forti de fon Fays. |
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*5° ^a Vie des Peintres
G�n�ral de la Hollande , une vue du Rhin.
9' Chez M.v�/2 5/i«^e/a/2^}Bourguemeftre de la ' Haye, deux vues diff�rentes du Rhin.peintesen 1664. Chez M. Fagel, une vue du Rhin; autre vue de la m�me nviere. Chez M. Lortriier � trois vues du Rhin : On y trpuve une vari�t� finguliere jun Payfage o� on fait la vendange , beaucoup de figures & une riviere charg�e de bateaux , un Payfage avec des rochers, une ri- viere & des bateaux , la vue du Chateau de Jutphaas, des figures , du gibier, &c. deux au- tres vues du Rhin, avec des barques&diflerents bateaux. ChezM. van He'ceren, deux vues da Rhin,dans 1'une eft un village o� on c�l�'bre la F�te, & 1'autre nous fait voir des Voitures d'eau, & quantit� de Chariots dans les routes. Chez M. van Zwieten, deux Payfages avec fi- gures. Chez M- d'Acofta, deux belles vues Ie long da Rhin. ChezM. Ferfchuring, une vue du Rhin, o� 1'on embarque des grains ; une Moiffbn ; uae V^endange, & une autre vue du Rhin. Chez M. van Br�men , un beau Payfage o� Ton fait la vendange. A Dort, chez M. vander Linden van Slinge-
landt, une vue du Rhin, au milieu une We o� 1'on afl�mble les bois pour les faire flotter; la vue d'un Chateau, on y d�couvre Ie Rhin dans Ie lointain 3 des femmes qui Ie baignent dans Ie Rhin. Chez M. Braamkamp, a .Amfterdam , une
vue du Rhin, Tableau orn� de figures & ani- maux. ChezM. Lubbeling , une vue du Rhin j beaucoup de bateaux & des figures. A Roterdam, chez M. Leers t un beau Pay-
fage. |
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Flamands f Atlemands & Hollandois. 151
fage. Chez M. Bijfchop, deux vues du Rhin , avec figures &: animaux. Et aMiddelbourg.chezM. Cauwerven , notre
Seigneur qui p�che iur les bords de la Mer. |
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SALOMON CONING,
E LEF E DE NI COL AS MOT ART.
IL naquit a Amfterdam en 1609 : Son pere
Pierre Coning d'Anvers, �toit fameux Jouail- ler & connoifleur en Peinture. Cette inclina- tion favorifa celle de fon fils, qui fut place a 1'age de douze ans chez David Colyn , pour y apprendre les principes du Defl�in. Il quitta ce premier Ma�tre pour entrer chez Ie Peintre Francois Vernando,&i enfin chez NicolasMoyart. Plufieursann�es d'�tudesfousces trois Maitres, Ie mirenten �tat d'exercer feul fon talent: Une application conftante a imicer la nature , Ie di- itingua desArtiftes ordinaires. 11 futadmisdans Ia Soci�t� des Peincres d'Amfterdam en 1630. Coning peignoit l'Hiftoire,& Ie Portrait: Ses Tableaux d'Hiftoire repr�fentent des figures de. grandeur naturelle. 11 en a fait en petit qui font �galement eftim�s. Les Pays-Bas confervent beaucoup de fes Ouvrages: On a vu de lui, dans Ie CabinetdeM. Huyde-Kooper , un Ta- bleau repr�fentant Tarquin & Lucr�ce; un au- tre , David & Bethzab�e , chez M. Ludiek : Ce dernier fut achet� par M. 1'AmbafTadeurde Portugal, quil'envoya au Roy fon Ma�tre. K 4 Coning
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151 La Vie des Peintres
------- Coninga peintdeuxautres Tableauxpour MM.
1609. Bruining &� Jean Luyken , pour Je premier, les
■'■� ■ regrets de Judas , qui jette la boude aux pieds du Grand Pr�tre : Pour Ie dernier , Salomon
qui adore les faux Dieux.
11 fit encore plufieurs grands Tableaux pour
leRoy de Danemarck: Le m�rite de ce Peintre
eft tr�s-vant� par les Artiftes & les Amateurs j
on ne fcait rien de fa morr.
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JEAN-BAPTISTE
VAN HEIL. IL eft n�aBruxelles en 1609; on ne icait
rien de particulier de fa vie : Les Tableaux d'Autel dans les Eglifes, &r les Portraits cbez les Particuliers, lui ont m�rit� le nom de bon Peintre. ]1 e'toit frere AeDaniel van Heil, dont nousavonsparl� & de Leo; mais il eft le plus eftim� des trois. On ignorele temps de fa mort: Cornillede 5/eaffiirequ'ilvivoic encore en 1661. |
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ROBERT VAN HOECK.
CE Peintre naquit a Anvers en 1609. On
admire dans fes Ouvrages une finefle de touche, une excellente couleur, une grande corrediondeDerleinj&rdans tout cequ'ila fait, une vari�t� /inguli�re. Ses Tableaux repr�f�n- tent
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Fidmands} Alletnands & Jtollandoh. 15J ^mmmm_
tent des Campementsd'Arm�es, des Marches , " g des Attaques, &rc. Ses figures font fort petites ; * & il fautune loupepourexaminerfesOuvrages. ~m~ \
Les plus conlid�rables que j'ai vus, font dans \
Ie Cabinet de 1'Abb�deBerg S. Vinox , aini� i
qu'un autre damleCabinetde M. Ie Comtede
Vence a Paris: lis repr�fentent un Camp avec une �tendue de Pays immenfe & une Armee conlid�rable: Tout y eft repr�f�nt� , les Exer- cices Militaires, les Punitions, &c. Dans 1'Eglife de la m�me Abbaye de S. Vi-
nox , a l'entour& endehors du chaeurj onvoit les Ap�treseneiouzeTableaux, &dans Ie fond de chaque Tableau , les Martyres de ces Saints : La Flandre poflede plufieurs Ouvrages de ce Peintre qui font fort eftim�s & fort chers. Van �oeck avoit exerc�la Charge de Contro-
leur des Fortifications dans toute la Flandre : On ne fcait en auelle ann�e il ert mort. |
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JACQUES POTMA,
ELEVE BE WYBKANT DE GHEEST.
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N
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E a Workum enFrife, futElevede
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brant de Gheefiill �toitbon Peintre d'Hi- l6l°'
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ftoire, & faifoit bien Ie Portrait. -�*-"
II fut autant eftim� par fon talent que par fon
grand ufage du monde, il eut de la conduite , del'efprit, &c fut aim� des Grands. Il mourutdevant Vienne en 1684, premier
Valet de Chambre d'un Ele�teur. JEAN
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I j 4 La ^ie des Pelntres Flamands , &c*
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JEAN ET PIERRE DONKERS.
■ TEan&Pierre �toient coufins germains.
1610. J ils brillent parmi les Peintres de la Ville de
^�� Gouda, o� ils naquirent; mais Jean Donkers y
fut enlev� par la mort a la fleur de fon ige. On
peut juger de Ion talent pour Ie Portrait, par Ie
Tableau qu'il fit pour la Maifon de force de la
m�me Ville. Ilya repr�fent� les Chefs qj.i Di-
re�teursde fon temps: Ce Tableau ne paro�tpas
1'Ouvrage d'un jeune homme, mais d'unMa�-
tre conlomm� dansl'Art.
Pierre Donkers fatEleve de Jacques Jordaens :
II refta chez ce Maitre julqu'a ce qu'il fut en �tatdevoyager �c d'exercer Ion talent avecdif- tindion. Il alla a Francfort pendant 1'EIedion de TEmpereur L�opold: II peignit prefque tous les Princes& Seigneurs �trangers. L'ann�efui- vante il fut a Paris, o� Ie Duc de Crequi 1'engagea a Ie fuivre a Rome: Donkersy futbient�t connu & furcharg� d'Ouvrage. Il demeura fept ans danscetteCapitale ;apr�s quoi il retourna dans fa Patrie, o� ilmourut en 1668. |
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DAVID
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^. ■,'M�fc^.-- ■
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DAVID
TENIERS
L E J E U N E
�LEVE DE S ON P E RE.
AVID TENIERS,furnom-
m�lejeune,naquitaAnversen
161ode DavdTeniers,furnom- m� Ie Vieux.dont il futEleve,& depuis �Adrien Brauwer. Il ne _hiutpasleconfondre avec fon frere Abraham Tenicrs^u i peignoit dans Ie m�me gout,
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_ �$g La Vie des Pelntres
' gout, mais dont la touche �toit plus pefante ,
v la couleur plus grife & qui avoit moins de g�-
nie que notre Artifte. Teniers Ie vieux avoit recu des lecons du
grand Rubens, qui en donna auffi au jeune Te- niers, fur Tart de colorier & fur ['harmonie & 1'ordonnance du Tableau , dont il ne s'�carta j a- mais: Ainfi il tenoit fon g�nie de la nature, Ion gout de fon pere &r la perfe�lion de Rubens. Ses rares talentsle firent connoitrede 1'Archi-
duc L�opold,qui fut Ie premier qui contribua a fa fortune. Il acheta les Ouvrages; il en fixa Ie prix; il Ie nommafon premier Valet de Cham- bre; il lui donna fon Portraiten medaille, avec une cha�ne d'or.Il fefit honneurd'avoiraupr�s de lui un Peintre auffi diftingu� , & il repandit dans diff�rentes Cours del'Euiope plufieurs de fes Ouvrages. Le Roy d'Efpagne occupa feul notre Artifte
afTez long-temps. Il fit batir une galerie pour y placerlesTableaux, qu'illui commanda : Ce Prince auroit voulules pofleder tous; mais la gloire de Teniers ne devoit pas �tre renferm�e dans les Etats de l'Empire ni de 1 E/pagne. Chriftine Reine de Su�de , en obtint quelques uns, &c ne fe contenta pas de les payer; elle r�- compenfaleur Auteur d'unemaniere plus flatteu- fe,en lui envoyant fon Portrait en medaille.avec une cha�ne d'or. M. Triefl, Ev�que de Gand , un des amis &: des admirateurs de Teniers,en ob- tint avec afl�z de peine quelques Tableaux. Pour fuffire a donner du moins un morceau de fa fa- con a ceux qui luien �Lem&n&o�ent,Teniers faifoit <ies Tableaux avec peu de figures & fi peu d'oir- vrage %
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Plamands, Allemands & Hollandols. 1J7
vrage, qu'il les achevoit dans la journ�e jmal- gr� cette promptitude, 011 ne comprend pas comment il a pu trouver Ie temps d'en laiffer un auffi grand nombre. Occup� a �tudier les grands Ma�tres, dont Ie
Cabinet de L�opold �toit rempli, il s'appliqua d'abord a en faire les Copies, mais fon g�nie ne put s'affujettir a fuivre les idees des autres. Il compofa dans la maniere de chacun d'eux , & fes imitations tromperoient ceux m�mes qu'il a voulu imiter. Ces Tableaux , connus fous Ie nom de Pafikhes, font r�pandus dans les meil- leurs Cabinetsde 1'Europe. Il rafl�mbla ces dif- f�rentes Copies, & les ayant fait graver , il ea forma un grand volume in-folio , qu'il d�dia a fon i�uftre Protedteur : II imita non-f�ulement les Maitresd'Italie , mais les grands Artiftes Fla- mands. On a des Tableaux de lui qui font fi bien dans legout de Rubens. de Langhen-Jan , &c. qu'on s'y m�prend quelquefois. Quelque futlagloire qu'il acquit en imitant
avec g�nie , il 1'auroit toujours partag�e avec fes modeles; mais Teniers �toit n� pour acqu�- rir unegloire qu'il nedevoit partager avec per- fonne&qui devoit �tre toute entiere a lui leul. Perfuad� qu'on nepeut prendreun plus grand
ma�tre que la nature, il ie retira dans Ie Village dePerck,entreAnvers & Malines, pourlaco- pier d'apr�s elle-m�me; & pour atteindre a fa na�vet� , il 1'�tudia dans les Kermeffes ou F�tes de Villages:Sans s'avilir avec les Habitants des Campagnes, il fe m�la avec eux pour obl�rver leurs danfes &r leurs jeux,leurs feltins ruftiques , Jfiur joye,leur colere^leurs combats. Il fa�ifl�it avec
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1610.
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C53 La Vie des Pelntres
avec tant d'efprit leurs diff�rentes attitudes ,
qu'on reci nno�tleur age., leurs caracl�res, leurs pailjons di#�renres;& il eft f urprenantque d'un iujet li m�diocre & l� ft�rile en apparence , il aittire unemultitudeinnombrabledeTableaux � admirables & (i van�s. C'eft a lui fur-tout, qu'on peutapphquer ce mot de VirgilcW acquit unegrande gloire dans un peut genre; in tenui labor: attenuis non gloria. Il a prouv� que la Peirt- turepouv<4cembraflerplusd'objetsquelaPo�- fie, 6c que ie Finceau peut rendre aimables des objets que les versrendentapeinefiipportables. Ses figures �toient toujours tr�s-diff�rentes,
mais lei Paylages 1'�toient pen. Ne s'�tant point �cart� de Ion premier endroit,il ne failoitgueres quequelnnes Maifons ou Villages dans leloin- tain: Lei ri inds n'ont de m�ritepour 1'ordinaire, que la v�nt� de 1'imitation. Sa gloire Ie fnivit jufques dans fa retraite: Sa
maifon devint une cour j o� les Gentilshommes du Prtys,lesEtrangers & une foule d'Artiftes & d'Amateurs venoient lui rendre un homma- ge , d'autantplus flatteur,qu'il ne Ie devoitqu'a lui-m�me. Dom Jean d Autriche fut fon Eleve 8c Ion ami, tant il eft vrai que les grands talents �galent a toutes les conditions. Le Prince vivoit famili�rement avec 1'Artifte , logeoit (buvent chez lui. Pour lui marquer fa reconnoiflance d'une maniere aufli rare que diftingu�e, Dom Jean d'Jutrickepe�gnit letils deTeniers, &s'ac- quitta , par le Portraitdu fils , de 1'obligatfon qu'il avoit au pere. Le Comte de Fuenfaldagne 1'engagea a pafl�r
en Angleterre,pour acheter quelques Tableaux des
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l6io.
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Flamands, Allemands & Kollandoisl 159
des plus grands Ma�tres d'Italie. Comme Te- niers les avoit imit�s & pour ainfi dire recom- °'9 pof�s, perfonne n'�coit plus en �tat de les bien choifir: II acheta a grand prix cequllput trou- ver, & a fon retour, Ie Comte Ie combla de pr�fents , &: lui donna fon Portrait enrichi d'une cha^ne d'or. La f'" art des Tableaux de Teniers,m repr�-
fenteiu. -es Villageois ; mais il ne portoit dansleur ioci�t� que fon g�nie, & fon oeil imi- tateur,fon gout &c fon inclination Ie ramenoient toujours chez les grands & dans Ie monde , dont il fut aim� & confid�r� jufqu'a la fin de favie , quiarrivaaBruxelles,le 2.5 Avril 16^90 , ag� de 80 ans. Son corps fut tranfport� au Vil- lagede Perck, entre Malines & Vilvorde , o� �toitfon Chateauappell�les trois Tours , dans lequel il avoit paffe la plus grande partie de fa vie, & fut enterr� dans Ie Chceur del'Eglife de Notre-Dame. Teniers fut marie deux fois,fa pre- miere femme �toit la fille de Breughel de Vlour , nomm�e AnaeBreughel, dont KidjcnsyRenry van. Baden Sc Cornille Schut, furent les Tuteurs. La mort de cette femme mit Teniers mala fon aif e ; fon Contrat de Manage �toit fait de maniere , qu'ilfutoblig�deremettre la plus grande partie defafortunea fes enfants, lorfqu'il �poula en kconden�ce Ifa�elkdeFrene, filled'unConieil- lerau Confeil du Brabant. Ce Peintre dansles commencements fut fi peu connu , qu'il �toic oblig� d'allerlui m�me a Bruxelles, pour y ven- dre ies Ouvrages Sc ceux de fes Eleves. Il eut Ie chagrin de fe voir pr�f�rer van ThHborg^Artois> van Heil �C d'autres qui lui �toient inf�rieurs. L'Archi-
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i<jO La Vie des Peintres
*------ L'Archiduc L�opold r�para cette injuftice, en
�<?1°' faifant conno�trecet Artifte , & ce nefut que
MU-- depuis ce tempsqu'ilfortitde lamii�re. Teniers fut nomm� Directeur de 1'Acad�mie d'Anvers en 1�44, mais il ne put affilter que tr�s-rare- � ment aux afl�mbl�es de ce Corps. Il eut un fils Re'collet a Malines; c'eft a la priere qu'il apeintles dix-neuf Martyrs deGorcum, en au- tantde Tableaux : Chaque Saint ell entour� d'une guirlande de fleurs, qui font d'une autre main. Cette belle luite avoit �t� faite pour la B�atification de ces Martyrs; on latrouvedans Ie m�me Couvent a Malines. Unde les derniers �uvrages, fut Ie Portrait
d'un Procureur, Tableau enrichi de d�tails 3 de papiers, &c. Il dit a eet homme en riant, j'ai toutema vie fait ufagedenoird'ivoire , &ilar- rive que pour peindre mon Procureur, j'ai br�- l� la derniere dent qui vient de tomber de ma bouche. Il difoitquelquefois en plailantant,que pour rarTembler tous les Tableaux , il faudroit une galerie de deux lieues de longueur. Le meilleur Eleve de Teniers , fut Abshoven ,
d'Anvers, mort jeune : Hellemont, de Hont & Ertebout, furentencore du nombre de ceux qui fe font diftingu�s. Quoique David Teniers eut eu pour modeles
fonpere, Elsheimer, &cc. on doit Ie regarder comme 1'inventeur de fa maniere , non-feule- ment parce qu'il a furpafle les autres , mais parce qu'il a leu f� d�guif�r &transformer cet- te manierefous mille formes difFe'rentes. On ade la peine a reconnoitre ce Peintre quand il a copi� le BaJJan, Ie Tintoret} & fur-tout Rubens, Sec. Son
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Flamands, Alhmands & Ho�andois. 161
Son deflein eft moins�l�gant que celui de ces Ma�tresItaliens:Sacouleureil moins fondue 6c peut-�tre plus gnf�. Mais quand il a compo- f � des Tableauxdans Ie gout de Rubens , les iu- jets ont de l'�l�vation, il a la couleur & la tou- che de ce Maitre.Pour �tre imitateur jufqu'a ce point de periection , on ooit pofl�der toute la theorie & la pratique de Ion Art. 11 �toit � li�r dans la pratiquejqu'illa changeoit a longr� : II avoitapprisde Rubens , ce que celui ei avoicre- marqu� dans les Tableaux du Tuien, qu'on n'a pas toujoursbeloin desgrandesoppolitionspour donnerl'eftet au Tableau. 11 en afait pluheurs o� touteft clair,8c qui lurprennent pour les ef- fets. M. leComte de Veme, a dans Ion Cabinet aParis,unTableaudansce genre; c'eltune P�- che o� Ton voit uncielclair,ainii que 1 eau de la Mer, & la principale figure eil un homme en chemifey &c. Teniers proeve donc que ce n'eft pas tou jours par des couleurs difF�rentes qu'on peut produire cette hafmonie , &que c'eft iou- vent au (�ul m�lange que 1'on doit 1'artifice de r�pandre la vapeur &de marquer lenfiblement les d�gradations de diff�rents plans; enforte que ceclairqui lert de fond a unautre clair, ne dif- f�re que parcequ'on �mouflece qn'il peut avoir d'�clatant, en lubftituant a eet �clat des tons bleuatres, qui tiennent de Vair ; tandis que Ton augmente la vigueur dans 1'autre clair que 1'on veut faire avancer,enya)outant des tons chauds & dor�s. Cette lec,on qui eft dans la nature > comme toutes les autres , occupe Ie Peintre habile , Scparoitdans tousfesOuvrages, lorf- ' qu'il cherche a leur donner de la v�rit�. Tome II. L Si
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1610.
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^^^ �Si La Vie des Pcintres
"T""" Si Tenlers avoit 1'imagination vive,il avoit la,
_ produ&ion facile. Ses ennemis r�pandoienc dans Ie monde, que fes�ableaux n'avoientpoint de
dur�e,que ce n'�toit qu'un lavis d'huile colori�e, &c. Notre Peintre �couta trop cette critique: II repeignit fes Tableaux plufieurs fois; mais ils n'eurent plus, ni la m�me l�geret�3 ni la m�me chaleur; ils devinrent plusgris,quelquefbis plus rougeatres & g�n�ralement inf�rieurs a fes pre- miers. Rubens, a qui on avoit fait Ie m�me re- proche, ramena Teniers a fa premiere maniere: II lui confeilla de charger les lumieres autant qu'il Ie j ugeroit a propos^mais de ne jamais man- quer en peignant les ombres } de conferver les tranfparents de \'imprejjion (a) de la toile ou du panneau \ autrement la couleur de cette impref- fion feroit indifferente. (b) Teniers(ainfi que la pl�part des Peintres Fla-
mands &Hollandois) adepuis fuivi cette prati- que: Tous ks Ouvrages ont une grande l�geret� de couleur ; fes fonds font faits de peu , tout y eftclair: Onvoit toutjufques dans les endroits priv�s de lumiere. Il faififfoit fes reflets fi a pro- pos , que lesformes qu'il a voulu repr�fenter fe trouvent termin�es avec quelques touches qui tiennentlieude beaucoup d'�uvrage : Ses figu- resont une pr�ci�on dans leursexpreffions; qui fixe 1'attention & qui marque la fineffe de fa tou- che. Il peignoitjd'abord tout dJunepate,toujours apr�s
(a) VTmpreffi�n, ce font plufieurs couches de couleur
que 1'on met fur la toile, Ie panneau ou Ie cuivre , avant que de peindre. (b) Cette imprefiion�toit toujours blancheou d'un blanc
fale. |
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Flamands, Allemands & Hollandois, 165
apr�savoir place les diff�rents tons dans leur place, alorsil chargeoit les lumieres., & enfui- * te il d�cidoit & foui�oit dans l'ombre. L'harmonie qu'on ad mire dans fes Ouvrages,
provient encore en partie } de ce qu'il �vitoit avec (bin de fe fervir des couleurs entieres : II craignoit leur crudit� j mais il ajoutoic a leur eclatpar artifice. On nepeut mieux faire ufage des couleurs locales j il comparoit tout a la na- ture , & rarement s'en eft-il �cart�. Ses compo- fitions (bnt abondantes, peu vari�es, parce qu'il repr�l�ntoit toujours des Kermejfes ou F�tes de Village, desFumeurs, des Chymiftes, &c. ce qu'il voyoit. 11 a feu dans une multitude de per- lonnages lier fes grouppes, r�pandre fes ombres & fes lumieres avec beaucoup d'art; les plus petits d�tails n'y amenent point de confunon. UnChymifteau milieu d'un Laboratoire , n'y eft point perdu aux yeuxdu Spedtateur, tout y eft fini &i m�rite une attention particuliere ; 6c cependant il y regne un repos, un accord admi- rable , parce que tous ces d�tails n'y font que Pacceflfoire de la figure principale. Ses Payfages n'ont d'autre agr�ment que la
couleur; fes arbres font fans choix , mais natu- rellement repr�fent�s: Son fe�ill� eft facile; fes ciels peu vari�s, maisp�tillants & touches avec l�geret� : Tout paro�t fait d'apr�s nature. Sans s'�carter de la premiere Ferme ou du premier Village o� fe pafle la Sc�ne, il ne cherchoit point aembellir les lieux , mais il les imitoitfi- delement. Teniers (utd'un grand fecours aux Payfagiftes
& aux Peintres d'Architecture, &c. Il ornoit L z leurs
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4 des Peintres
leurs Tableaux de figures & rendoit par-la leurs
Ouvrages plus pr�cieux: II faifoit plus, il re- touchoit quelquefois leurs Tableaux d'un bout a Tautre. CJn de ceux pour qui il eut particu- lierement cette complaifance; fe nommoit JoJJe de Monper: CePayfagifte �toit fi in�gal, qu'on Ie trouve tant�t admirable Sc queiquefois m�- diocre. 11 �toit d'une grande facilit�; fes grands Tableaux tiennent, pour la pratique , un peu de la d�trempe : II eft dans fes petits prefque toujours plus fort. J'en ai vu que Teniers avoit enti�rement retouches, & dans lefquels il avoit ajout� des figures. On reproche a Teniers que fes figures font
courtes;jenef$ais fice reproche eil abfolument jufte j eu �gard a ceux qu'il a repr�f�nt�s, qui joignent pour la pl�part des figures mauffades a unhabillement qui 1'eft encore plus. Etoit-ce d�faut dedefleinou d'exactitude dans 1'imita- tion ? Nous avons des Tableaux de lui o� les figures font plus nobles &le Del�ein plus �l�- gant. Teniers n'eftpas un Deffinateur 1'ublime; mais il eft correct & fpirituel : Ses �tudes font faites a la mine de plomb ou au crayon noir, avec peu d'ouvrage; mais il eft furprenant pour lafinefle & la juftefle des exprefl�ons. Il a grav� a 1'eau-forte quelques planches qui m�ritent 1'eftimedes Connoifleurs. Nous allons donner une courte lifte de fes principaux Ouvrages , dont Ie nombre feroit trop grand a decrire : Nous renvoyons les Amateurs au fameux Re- cueil duc�l�bre M. Ie Bas, qui a grav� &rgrave encore, avecbeaucoupde fucc�s, les Ouvrages de ce Peintre, & qui n'alt�re ni 1'harmonie , ni
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Flamandsi Allemands & Bo�andois. $ ___
ni la finefle. de 1'Auteur qu'il imite. 1610»
Le Roy de France a un des plus heaux Ta-
bleaux de Ten'urs; il repr�fente les (Euvres de mif�ricorde. On voit chez M. le Duc d'Orl�ang , mi
Vieillarddans Vejlaminet (a), au milieu de cinq hommes autour d'unetable; un Joueurde vio- lon,trois autresqui fe chauffent; un homme en cheniife qui fume, des Fumeurs, des Joueurs & des Buveurs; un Berger jouant du flageolet, avec des moutons & deux boeufs; un homme buvant de la biere & une femme qui fume ; un Chymiftedans f on Laboratoire; des Joueurs & des Fumeurs ; un Crieur de Gazette, qui la pr�fente aquatre Buveurs ; le Cabaret; une jeune fille co�ff�eavecun bonnet & une plume blanche: Elle joue de la guittare, & deux en- fants 1'�coutent. Dans le Cabinet de M. le Comte de Vence,
a Paris, unMedecin al'urine, avec quatre fi- ^ures pres de lui; les Philolophes Bacchiques , iix figures; deux Tableaux repr�fentant des Sorcieres ; le Portrait de Teniers \ celui de fa femme; une grande P�che; une autre P�che ; la Femme jaloufe; Latone & lesPayfans chan- g�sengrenouilles; la Devote malade ; 1'Alchy- mifte; un Payfage �, les miferes de la Guerre j grand Tableau; le Fumeur; le Forgeron, plu- fieurs figures; un Pefeurd'or; un Fumeur en robe;unevieilleFemme; unVie�lard; un petit L 3 Payfage;
{») Aflembl�e de Flamands p� ils fe trouvent tous les
foirs; ils y boivent, fument & jouent aux cartes: C'eft a peu pres comme les Caf�s en France. |
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La Vie des Peintres
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\6io. Payfage> un Paftithe dans Ie gout du Bajjans
mt^^ il repr�lente TAnge qui annonce la naiflance de """-' J�fus-Chrilt aux Bergers. Chez M. Ie Comte de Choifeuil 3 deux Ta-
bleaux, Paylages ayec figuresrepr�fentant des F�tes de Village; la femme de Tenlers en grand, affifedevant une table, un negre lui l�rta boire: Ce Tableau eft dans Ie gout de Paul Veron�fe ; Achille reconnu par UlyfTe , dans Ie gout de Rubens. Chez feu M. Ie Marquis de Laffay 3 une Sainte
Familie. Chez M. de Voyer d'ArgenfonjUne Guinguette
avec des danf�s ; uneNocede Villageenpetit; deux grands Tableaux , lesR�jouifl'ances Fla- mandes. Chez M. Ie Mar�chal d'ljjenghien , deux pen-
dants reprefentant desEtables; uneF�te cham- p�tre; un Co; icert»o� Ie Peintre s'eft peint avec Ja ramille ; Ie Chymifte&: les Joueurs aux d�s; une grande f �te ou Kermejfe, Tableau capital. Chez Ie Frince de Monaco , une Tentation
de S. Antoine , grand Tableau. Chez M de Juli.nne, une femme repr�fen-
tant la folie; une �anfe de Village , figures de pres de neuf pouces de hauteur, Tableau capi- tal ; des Joueurs aux cartes; une N�ce &c F�te de Village ; unPayfageavecbeaucoupde figu- res; une M�nagere qui �cure des chaudieres ; Ie Cliateau de Teniers &c lePayfagedesenvirons; une figure qui donne a manger aux poules. ChezM. B/ondel de ^^«yTEnfantprodigue,
Tableau rapital, danslequeirAuteurs'eftpeint & fa familie; unPayfage avec figures,on y voit dans
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Flamands 3 Allemands & Hollandois. 167
danslelointain un Village;deuxTableaux pen- dants, repr�fentant des Joueurs aux quilles; deux autres, 1'un eft un Berger qui dort pres de fon troupeau, 1'autreeft un berger qui cher- che des puces afon chien; un Payfan qui eft appuy� lur fon baton; un homme qui tient une marotte; &c deux pendants, dont 1'un eft un Joueur de vielle , & 1'autre un cureur de puits. Chez M. Pafquiery D�put� du Commerce
pour la Ville de Rouen,une grande Tentation de S. Antoine , plufieurs figures & un grand nombre de fpe&res. Chez M. de la Live de Jully , un grand ro-
cher perc� en voute, au travers duquel on d�- couvreune �tendue de Pays, avec des petites figures; un M�nage de campagne ; undedans de maifon, pres d'une femme beaucoup de l�- gumes, a la porte, un homme, une �table avec des vaches; une Tabagie avec des buveurs; une femme qui tire de 1'eau d'un puits; & un Chy- mifte dans fon laboratoire. Chez M. de laBouexiefe, trois Paftiches dans
Ie gout de Rubens; deux Tableaux, 1'un appell� laBlancherie, & 1'autre eft une Guinguette. Chez M. Lempcreur, la Tentation de Saint
Antoine , petit Tableau ; les Nouvelliftes, Pay- fage & figures; les Joueurs a la boule; {on pen- dant , des P�cheurs; &: une grande Marine. Chez M. Ie Noir, une F�te de Village ; un
Berger qui conduit fon troupeau; une femme qui trait une vache; un Chirurgienquipenfe un homme blefle a la t�te. Chez M. de Faux , une Tentation de Saint
Antoine. L 4 A
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1610.
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16 8 La Vie des Peintres
A Rouen , chez M. Mane, Secr�taire du
' Roy , une femme & un hommequi jouent aux ----- carres , d'aiures tigurei qui fechaufr�ntpr�s du
feu.
ChezM.Pigou, Conf�.ller au Parlement,un
petit Paylage avec 0res. A Bruxelles, daas Ie Cabinetdu Prince Charles
deLorraine, un Tableau Tabagie, plui�eurs �- gures, une autre du m�me; un Paylage avec des figures; un Medecin aupr�s d'un malade; un Vieiilardjdeux Payia^esavecfigures junChaf- feur; un Payfage avec des figures; deux Por- tr<iifs; un enfant appuy� (ur une t�te de mort: une converf�tion , par Abraham Teniers, ainfi que 16 Tableaux dans les panneaux des lambris. A Meerbeek , village pr�, de Malines , eft
�nTableau d;Autel,i-jui repr�f�ntela Tentation de S. Antoine,, les figures font grandes comme nature: 11 eft tnarju� DavidTemers junior fecit 6 |
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A Gand, chez M. J. B. Duhois, un beau
Payfage avec cinq figures: Ce Tableau a pres de fepr pieds de longueur iur quatre & demi de hauteur. Chez M. Ie Chanoine Baut, fept Tab'eaux:
Le principal eft une converfation , Teniers ya peint une familie entiere. On affiire qu'il �toit amoureux de la �'Je de la maifon : II s'y est peint a c�t� de cette rille ; c'eft un Tableau pr�- cieux , o� rien n'eft n�glig�. Chez M. Baut. une P�che, beau Tableau.
ChezM. Charles Brauwer, une jeuneServante
qui�cureunechaudiere,un Vie�lardlacarefle, une Vieille les appercoit par une fen�tre, &c fait
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Flamands, Allemands & Hollandois. 169
fait des grimaces qui marquent fa jaloufie ; un autre repr�f�nte une femme qui joueduchalu- meau. Le Landgrave de Hejfe, poffede Ie plus beau
Tableau de Teniers &: le plus capital; on y voit repr�lent�s 1'H�tel de V�led'Anvers,& la gran- de place, (iirlaquelle font en parade les diff�- rentes Confr�ries &: Corps de M�tiers , avec leurs habits de c�r�monies: Toutes les rigures principales lbntfaites d'apr�s nature &r peintes en 1645. Ce Tableau appartenoita la Confr�- rie de l'Arbal�te,& fut vendu en 1750 , avec un autre de 2l',�/z.r,repr�{entantMars & Venus, &c. Guerard Hoec les a pay�s jooo florins de change (a),avec obligation de rournirune belle copiedu Tableau de Rubens : Cette copie pein- te par Schouman Hollandois, eft bien rendue & occupe la place del'Original, fur la chemin�e, dans la falle de la m�me Confr�rie. On y voit aulli la copie du beau Tableau de Teniers. L'Ele&eur Palatin poflede quatre Tableaux
de Teniers , une Kermejje, on y boit, mange & danfe; une autre Danfe de Payfans; un Repas de Campagne; une petite fille qui tient une tartine de pain & de beurre j Tableau douteux de ce Ma�tre , &c. DansleCabinetdu Prince de Gallesfa Vierge
& pltifieursSaints & Saintes; les quatreheures du jour; le Cuifinier & la Cuifini�re. Ala Haye, chez M. Braamkamp , une fem-
me qui �pluche des L�gumes. Chez M. van Slingelandl ,
(« ) Argent de Brabant, cela fait pres de joooo 1. argent
de France. |
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1610.
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170 La Vu des Pelntres
Slingdandt, Receveur G�n�ral de la Hollande 'y
* ' une Cuifine , avec les ufteniiles & du gibier. ---- ChezM. van Slingdandt, Confeiller , une F�te
de Village. Chez M. Fagel, un Chymifte dans
fon Laboratoire. Chez M. Lorm'ur, un grand Feftin de campagne , dans un beau Payiage ; autre repas & des Danfes dans un beau Payfa- ge , dans Ie fond un Troupeau de moutons, des Moiflbnneurs pres d'un Village; une Table fer- vie de beaucoup de mets &rentourr�e d'hommes &■ de femmes; un grand Corps de garde, avec des Soldats &: des armures diff�rentes; lededans d'uneChambreremplie deFumeurs; une aurre o� Tonjoue aux cartesjun Chirurgien qui penfe un pied malade; un Payfage o� des Payfans jouenta diff�rents jeux ; & un Village que les Soldats p�lent. Chez M. van H�teren, des Pay- fans avec leurs femmes,quiboivent & chantent au cabaret. Chez M. Bikker van Zwieten , Ie Sacrifice d'Abraham , un Payfage; une Danfe alaCampagne; des Joueurs aux quilles, une R�jouiflance &Danfes. Chez M. d'Jcqfta, deux Tableaux repr�fentant des Corps de gardes. Chez M. Verfchuring, un jeune hommequijoue avec fon chien ; & un autre , une femme qui carefle fon chat. Chez M. van Br�men , cinq Tableaux repr�fentant les Sens, & un autre , des Jouenrs aux cartes. A Dort, chez M. vander Linden van Slingt-
landt, les Sens en cinq Tableaux. Chez M. Braamhamp, a Amfterdam , la Tentation de S. Antoine; une maifou dans un Payfage.avec des figures; des Officiers qui jouent aux cartes dans un Corps de garde; un de m�me, o� un Tam- bour
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Flamands, Alkmanis & Hollandois, 171
bour bat la caii�e ; &c des Fumeurs qui boivent , & jouent aux cartes. Chez M. Leender de Ia n^m^ Neuville, un Chymifte qui travaille au grand � (Euvre. Chez M. Lubbeimg , autre Chymifte occup� dans Ion Laboratoire; une Ferme 011 des Payfans Ie r�jouiflent. Et a Roterdam , chez M. Leers , un Joueur
de fl�te; les cinq Sens en autant de Tableaux; un Joueur de la fl�te Allemande ; un homme & une femme qui font de la mufique. |
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J E A N T H O MAS
E L E F E DE R V B E N S.
THomas a fait honneur j par fes talents,
a la Ville d'Ypres, o� il naquit vers 1'aa 1610 : On fcait peu de chofe de fa vie. Il voya- gea avec fon ami D�epenbeke , par toute 1'Italie. Unis par Tamiti� autant que par 1'�mulation , ils �tudi�rent enfemble d'apr�s les grands Mai- tres, & ils m�riterent tous deux Ie titre d'Ele- ves de Rubens. L'Ev�que de Metz ayant invi- te Thomas de venir demeurer dans fon Palais, pour y faire plufieurs grands Ouvrages, notre Peintre quittaDiepenbeke &C paifaen Lorraine: II y travaillabeaucoup & fes Tableaux dilperf�s augmenterent fa gloire. L'Empereur Leopold , quiconnoif�oit les talents de Thomas, Ie nomma fon premier Peintre en 1661 : II lui fit une pen- fion confid�rable. On n'a rien appris de plus de fa vie ni de fa mort. JEAN
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La Vic des Peintres
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JEAN VAN BOCKHORST,
SURNO MM�
LANGHEN JAN,
�LEVE DE JACQUES JORDJENS. "------ �T^YLt excellent Peintrenaquit vers Pan i<Jio ,
l6l°- Kj dans la Ville de Munfter. Mu d'une tr�s-
---- bonne familie, Ion �ducation ne fut point n�-
glig�e; mais comme on reconnut en lui des dif-
) poiuions d�cid�es pour la Peinture, fes talents j naiflants furent heureufement confi�s a Jacques
| Jordaens. Quelques ann�es d'�tudes �galerent
I Bockhorjl aux meilleurs Maitres: II fat charg�
depludeurs grands Ouvrages pour des Eglifes
& des Palais. Nul Auteur , except� Comille de Bie, ne nous a parl� exaftement de ce bon Peintre, &" on n'a rien f$u de plus de fa vie : On ignore 1'ann�e de fa mort. On fcait que pen- dant toute favie il n'avoit port�d'autre habit que celui d'Abb�. Langhen Jan a beaucoup peint pour les Egli-
fes : II compofoit& deffinoit bien. Ses T�tes de femmes font gracieufesjfes T�tes d'hommes ont beaucoup de cara�tere : Sa maniere de colorier tient, tant�tdecellede Rubens, & plus fouvent elle approche de celle de van Dyck : II fondoit fes couleu rs comme Ie dernier.Ses Tableaux font vigovireux,&: dans tousfes Ouvrageson trouve une belle harmonie &une belleententedu clair- obfcur.
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Flamands , Alkmands & Hollandois. 173
obfcur. Les Portraits qu'il afaitengrand nom- bre,peuvent�tre compar�saceuxdeva/z Dyck: Eloge que les Artiftes lui ont accord� en tout temps, & cru fixe Ion m�rite pour la poft�- rit�. Voici les principaux �uvrages places en Public. On voit dans 1'Eglife desBeguines aAnvers,
une Epitaphe ; il a peint au milieu la R�Tur- rection de notreSeigneunSur un des voletsTAn- nonciation, & furl'autrevolet notre Seigneur dans Ie Ciel: Ce morceau eft aufli beau ques'� �toit de van Dyck & entierement dans fa manie- re. On voit dans 1'Eglife des PeresBogaerde Ie Ta- bleau d'Autel delaChapellede laSainteCroix, qui repr�fente la d�couverte de Ia vraie Croix. A Lille , dans 1'Eglif� de S. Etienne, Ie Mar-
tyre de ce Saint, Tableau d'Autel dans la Cha- pelle de 1'Ange Gardien. Dans 1'Eglife de S. Maurice, Ie Tableau du grand Autel, o� eft peint Ie Martyre du Saint. Dans rEglil�paroiffiale de S. Michel,aGand,
Ie Tableau de 1'Autel de S. Hubert, o� ce Saint paroit proftern� devant un cerfqui porte un Crucifix fur fa t�te;l'Adoration du Saint Sacre- ment o� 1'Eglife eft repr�fent�e par un Pape. Ce Tableau eft a 1'Autel de la Communion. Dans la Chapelle de S. Yves, Ie Tableau d'Au- tel y qui repr�fente David apr�s fa P�nitence. Dans TEglife Paroiffiale deS. Jacques, Ie Mar- tyre de ce Saint, tr�s-beau Tableau qui eft au grand Autel. Aux Annonciades, une Annon- ciation, Tableau d'Autel peint en 1664. Dans la m�me Ville , chez M. Lucas de Schamps , trois beaux Tableaux:Les fujets font tir�sdes Fables d'Ovide.
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174 La Vie des Pelntres Tlamands3 &c.
d'Ovide. Chez M. van Tyghem, une Sainte Tri- nit�, Tableau admirable. Dans la principale Eglife de la petite Ville de
Loo , Ie Tableau du grand Autel, qui repr�- fente notre Seigneur en croix entre les Larrons; Au bas de la croix , font la Vierge &: S. Jean. Et dans Ie Cabinet du Prince Charles de Lor- raine , aBruxelles, Ie Martyre de S. Georges. Dans 1'Abbaye de Tongerloo, pres de Malines, Ie Martyre d'un Saintde leur ordre. A Bruges, dans l'Eglifedes Dominicains, 1'Adoration des Rois au ma�treAutel. Dans un autre Tableau d'Autel, une Gloire d'Anges , qui portent au Ciel Ie Portrait de S. Dominiqne : Ce Portrait a �t� peint en Efpagne, & coll� lur ce grand Tableau. Et chez M. d'Acofta a la Haye, EJler devant
AJfuerus, Tableau dans la maniere de van Dyck. |
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I6io.
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ADRIEN
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ADRIEN ETISAAC
VAN
OSTADE,
�LEFES DE FRANgOIS HALS.
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ES deuxFreresnaquirentaLu-
beck : Adrien en 1610 &: Ifaac l6�O- quelques ann�es apr�s. Adrien. �� tut place chez Franco�s Hals; il �toitcondifciple & ami intime _ defira�wer:Cefutluiquiconfo- la Brauwerdans i�smalheurs,&qui l'encouragea X cultiver fon Art lorfqu'il quitta ion Ma�tre. OJlade
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176 La Vie des Peintres
161 o Qftaa>e 1'ain�, avoit du penchant pour Ia maniere
_ de Brauwer ; celle de Teniers Ie tentoit pour Ie moins autant, mais Brauwer 1'en d�tourna. Il
lui fit entendre qu'en imitant. non-l�ulement, on �toit fouvent inf�rieur a fes modeles, mais qu'en acqu�rant moins.de gloire , oncourt Ie rifque de la concurrence. OJ�ade avoit du g�nie, il fe fit une maniere
quilui fut propre 5 elle r�nffit & on achetales Ouvrages fort cher. Il n'�toit point forti de Harlem, quand Ie bruit de la guerre 1'allarma & 1'en fit fortir: II vendit ce qu'il avoit Ik fon- gea a retourner a Lubeck , pour y travailler lans inqui�tude. Il paflbit par Amfterdamlorf- qu'un amateur appell� Conflantin Sennepcrt , Tengagea a refter chez lui: 11 lui fit entrevoir les avanrages de demeurerdans une Ville auffi confid�rable, o� [es ouvrages �toient eftim�s & oii il fe trouvoit un grand nombre de gens en �tat de les bienpayer. Ce fut vers 1'an \66i, qu'arriv� a Amfterdam , il eommenca ce grand nombre de Deil�ins ; que M. Jonas Witten a de- puis achet�s, avec quelques-uns de liattem, poiy Ie prix de 1300 florins. NotrePeintrecontent de fafituation, neper-
doit point de temps, &: malgr� fon affiduit�, il eut bien de la peine a r�pondrea 1'empreflement du Public. Son application continuelle lui fit beaucoup d'Ouvrages & 1'emp�cha d'en laiiTer de m�diocres. Pour fe d�laff�r ilgravoitd'apr�s fes deflfeins, & fes eaux-fortes en portent Ie ca- radere. Adrien atteignit lage de 75 ans: 11 eft mort aAmfterdam en 1685. - Ifaac van OJiade �toit Eleve de fon frere a�n�;
� on |
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Flamands, Allemands & Hollando�s. 177
on jugeparfesTableauxquifontbieninf�rieurs a ceux de Ion irere, qu'ill'auroitpeut-�tre fur- pafle s'ii avoit v�cu auffi long temps que lui. Jdrien van OJlade n'a repr�ient�quedes l�jets
bas; ilavoitprefquelesm�mesid�esque Teniers. maisilfemblequ'il ayent habit�descontr�esdi� f�rentes,tantleshabillementslereflenib!ei)tpeu. OJlade les accommodoit a fbn gout, il copioit la naturede raconqu'il 1'aprefque toujoursenlai- die:Mais il r�gne par-tout dans fes figures gro- tefques tant d'e{prit,tant de fineffe Ik tantdev�- rit�, qu'on oublieque ies lujets font d�go�tants, pouradmirerfong�nie.Quandilarepr�l�nt�des dedansdemailonsjilvousfaitvoirdiff�rentsap- partements; il vous promene autour de fes fi- gures : II femble que quelquesuns de i�s Ta- bleaux ioient peints en email: Tout y eil clair, tout elt chaud 6c d�taill�, fbu vent mieux colori� que Teniers; c'eft-a-dire plus vigoureux & tou- joursplusiini. 7e«/erigrouppoit mieux fesfigu- res, 6c il fcavoit mieux o^x'OJlade difpofer fes plans: En effet ce dernier mettoit quelquefois Ie point de vue fihaut, que les appartements en paroitfent bizarres 3 & feroient ridicules, s'ii n'avoit feu occuper des vuides par des d�tails qui interrompent de temps en temps des efpaces fortgrands: Cetre petite critique ne diminue rien de la beaut� des�uvrages de eet Artifte. li pei- gnoit avec une leg�ret� f� Juifante; il eft tranf- parentjflou,chaud &rinimais fonDefleinn'eft nullementdechoix, &il n'e(t fupportable que fous les figures & les habi�ements qu'il a trai- tes. Ses gravures a 1'eau rortefontrecherch�es; elles ont 1'efprit de fes Defleins Sc les efi�ts de Tome II. M fes |
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178 La Vie des Peintres
~~l fesTableaux:Voiciquelques-unsdesprinc!paux.
I6I°' M. Ie Duc d'Orl�ans poflede deux Tableaux "�*"■' �'Adrien OJiade. Le fond du premier e(l une Chambre, unHomme fume, unautre�crit &: une femme eftaflifeaupr�s. Lefecondrepr�fen- teun Peintre, quidans ion Attelier travaille a un Tableau de chevalet. A Paris, chez M. le Comte de Fence, on voit
quatre Tableaux d'Jdrien : des Fumeurs dans un EJlaminet, il y a fept figures : Le Grivois Flamand; un Matelot; des Joueurs de Tri�trac, deux Pendants qui repr�fentent des Yvrognes; par Ifaac van OJiade. Chez M. le Marquis de Foyer, une Femme
quitient fon Enfant appuy� fur une porte cou- p�e; uneTabagie, il yahuit figures ycompris une femme. Chez M.de Gaignat, une Danfe Villageoife.
Chez M. Blondel de Gagny, un Payfage avec
figures; un autre de Joueurs de Tri�trac. Chez M.de Ju�enne,des?zy fans qui jouent aux
quilles; un Maitre d'Ecoleau milieu d'un grand nombred'enfants;uneMereavec fes enfants;un Pere & une Mere aupr�s de leur petite Familie. Chez M. de la Bouexiere, OJiade lui-m�me
peignant dans fon Attelier: Ce Tableau eft tres- fin ; le Peintre y eft vu par le dos; un Payfage d'unHyver; un Enfant qui mange fa bouillie; un Peintre dans fon Attelier; une Tabagie; Sc un autre Hy ver, Payfage. AGand, chez M.Baut, Chanoine, deux
beaux Tableaux de Tabagies. Chez 1'Eledeur Palatin, on trou ve deux mor-
ceauxd' Adrien OJiade; dans 1'un, des Pay fans qui difputent;
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Flamands, Alhmands & Hollandois. 179
difputentjdans 1'autre, des Payfans qui danfent. A la Haye , chez Ie Comte Wajjenaar , une Femme qui joue avec un Enfant, quatre autres figures qui regardent; une Familie de cinq perlbnnes quilechaufFent; des Payfans quidan- ientau cabaret; unPayfan qui courtife de pres fama�trefle;uneFemmequi fait lalefturea deux hommes; un Payfage o� 1'onconduit plul�eurs b�tes acornes; un petit Fumeur; une Femme <\m d�videdu fil; deux Fumeurs; deux autres qui fument &c boivenr, �c un Vieillard avec un bon- net noir. Chez M. vanSlingelandt,Receve�r G�- n�ral de la Hollandejplu�eurs Perfonnages pres d'une mailbn de Campagne.ChezM. van S�nge- landt Bourguemeftrea la HayeJhuitfigures dans une chambre , 6c un autre m�me nombre de fi- gures. ChezM. Fagel, Ie dedans d'une Cuifine avec figures: un Avocat dans fon Etude. Chez M. Lormier, une Compagnie qui joue aux car- tes, 1'int�rieur d'une Ferme avec figures > quatre Fumeurs &r une Femme j une Ferme o� unJoueurdeVielle fait danferdes Enfantsjplus loin des Payfans qui boiventjfix figures dans une Chambre; une autre Chambre o�ilyaplus de vingt figures; un Payfage pres d'une grande Ferme;plufieurs figures; un Hommea cheval & d'autres animaux. Chez M. van H�teren, des Payfans avec leurs Femmes qui arriventde la Chai�e avec du gibier & leurs armes, &c trois autres Buveurs. Chez M. Half- Wajjenaar, un Payfage; on yvoitun Cabaret o� boivent des Voyageurs, d'autres qui arriventavec des Che- vaux & des Chariots, & un Joueur de Mufette quifaitdanferdesPayfans.ChezM.d'^cq/fo,une M i affembl�e
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1610.
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18 o La Vie des Peintres
aflembl�edePayfans&unPayfagerepr�fentant
1'Hyver. Chez M. Verfchuring, desFumeursqui fe chaufrent pres d'un feu. Chez M. vanBremen, un Cochon tu� & attach� fur une�chelle,& plu- l�eurs autres d�tails dans une Cuifine. A Dort, chez M. vander Linden van Slin-
gelandt 3 une Tabagie avec un nombre de Bu- veurs ; contre une muraille eft un Ecriteau , fur lequel eft �crit maifon a vendre, il faut s'adref- fer a van OJlade. A Amfterdam, chez M. Braam-Kamp , une
Chambre avec plufieurs figures; un autre Ta- bleau dem�me; une Poiflbnnerie o� il y a plu- fieurs Marchands,Tableaufingulier;unP�cheur avec des Poiflbns qu'il portea vendresun Joueur de Violon^un Joueur de Vielle; une vieille Fem- me; desFumeurs &r Buveurs, autre de m�me, auffi des Fumeurs& Buveurs enfemble.ChezM. Leender de Neufville , une Compagnie de Vil- lageois dansune maifon, d'autres au dehors pres d'une ferme, & beaucoup de figures dans une Chambre. Chez M. Lubbeling, des Joueurs aux quilles pres d'un Cabaret, oc des Buveurs dans une Chambre. ChezM. Bierens, des Joueurs au trictrac & deux fpeftateurs. A Roterdam, chez M. Bijfchop, un nombre
de Figures pres d'une ferme ; une Femme qui �pluchedes moules , & des enfants qui jouent avec un chien;une femme quid�videdu fil &c plufieurs Fumeurs pres d'elle; un Philofophe dans fon Cabinet d'Etude , & des Payfans qui regardent un hommequijoued'uninltrument. A Middelbourg, chez M. Cauwerven, une
afl�mbl�e de Payfans a la ported'un Cabaret. LEONARD
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Flamands, Allemands & Hollandois, i 81
L E O N A R D VANDER KOOGEN,
�LEFE DE JACQUES JORDAENS.
VAnder Koogen naquit a Harlem ��
versl'an 1610 , if�u d'une familie d'Artif- l6l°- tes & d'amateurs ; il obtint de fes parents tout "-----'■'
cequi lui �toit n�ceflairepour �tudier laPeintu-
re. On Ie placa a Anvers} chez Jacques Jordaens : 11 demeura long-temps dans cetteEcole:Li� par- ticuli�rementavec Comille Bega, il changea de maniere; il peignoit d'aborden grand & il ade- puis peinten petit, ou en moins grand. Vander Koogen, enquittant Anvers retourna chez lui, & fit une liailon fi �troite avecB�ga,cpi'on ne les voyoit prefque jamaisl'un fans l'autredls culti- v�rent leur Art enfemble ; ils s'encourag�rent 1'un rautre:L'uniquedifF�rencequ'il y eut entre ces deuxamis, �toitque VanderKoogen , netra- vailloit que pour fon plaifir,fes parents lui ayant laifle une fortune honn�te; tandisqueBe^a n'eti avoit d'autre que cellequivenoit de fes Ouvra- ges. Bega n'en �toit pas moins gaii vander Koogen �toit au contraire timide & retir� du monde: II avoit d'ailleurs des moeurs fort fages, ce qui lui occafionna une aventure aflez plaifante. Ce Peintre vivoit dans Ie c�libat & demeu-
roit en penfion chez un de fes parents. Un jour vers la brune j une demoifelle fort connue fut M 3 demander
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i8i La Vie des Peintres
demander vanderKoogen; le Domeftiquel'aver-
1610, t[ten plaifantant, & luiditqu'une perfonneai- ^^�' mable venoitpour Ie demander enMariage. Le Peintre timide fut �tourdi de cette plaifanterie , &n'auroit jamais forti du coindelon feu,�onne ravoitoblig�avoircellequir�toitvenudeman- deriil fe raj u fta le plus promptement qu'il lui fut pofl�b!e,& il allatrouverlaperfonnequil'atten- doitdansune falle. Apr�s lescivilit�sordinaires, la Demoi(�llepr�para fondifcours par quelques �loges auxquelson ne r�ponditque parbeaucoup d'embarras,&relle finitpar exigerdeluilefecret furfad�marche,cequ'i�uipromit;rnaisilnef$a- voit pas qu'on�coutoit toute leur converfation. Voici comme elle lui paria: >» Monfieur, ma » propofition va bien vous furprendre, puif- » qu'elle n'eft point ordinaire; peut-�tre la » trouverez-vous d�plac�e. Pour moi je n'y » trouve rien que de raifonnable; car le pro- » verbe dit bien, n'importe qui iFait lademan- » de fi elle eft convenable : vous �tes connu » & eftim� de ma familie&r de moi; vous me w connoiffez & vous fcavez qui je fuis. Vous » & moi nous vivons fort a notre aife du bien m quenos peresnousontlaifle; maisnosann�es » pafl�nt rapidement & nous ne rajeuniflbns » pas. Nos amis meurent les uns apr�s les au- » tres, &ce qu'il y a de plus malheureux , ce » font fouvent les meilleurs que nous perdons. ij Pour nos Parents , les uns font trop riches » pour daigner vivre avec nous, les autres font » pauvres & trouvent que nous vivons trop « long-temps : C'eft pourquoi je me fuis de- » termin�e a me marier; & fi je vous conviens, » je
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F lamanis, Allemands & Ho�andois. 18 j
j» je fuisdifpof�ea vous choifir pour monmari;
Le timide vander Koogen > ne put fe remettre,
il ne put r�pondre qu'en tremblant : Ma�s,
Mademoifelle....... mais , Mademoifelle, cela me
paroit bien �trange !
» Je me fuis bien attendue a cette r�ponfe ,
» lui dit-elle; mais confultez-vous : Notre fi- » tuation & notre naiflance font �gales, vous »> pouvezy penter. Je vous ai ouvert mon cceur, » ibndez a pr�fent le v�tre: De quelque fa^on » que vous vous d�terminiez, nousferons tou- » jours bons amis. 11 refta long-temps fans pouvoir dire autre
chofe , en b�gayant : Mais 3 Mademoifelle.....
Eh, comment ? Je ne ff ai ! Me marier ! Eh bien
oui; mais cela me furprend heaucoup. La Demoi- felle vit combien fon difcours avoit d�concert� fon futur mari; mais elle tacha cependantdele remettre un peu; elle lui dit doucement qu'elle n'�toit pas venue pour terminer cette affaire , mais feulement pour la propofer } & qu'il pou- voit y penfer autant de temps qu'il le jugeroit a propos , & elle prit conge de lui. Notre amant ne fut pas plut�t rentr� qu'il
fut oblig� d'efluyer mille plaifanteries des per- fonnes qui �toient avec lui. Quoiqu'ils euflent tout entendu , ils feignirent de ne rien fcavoir & ilsletourmenterent beaucoup ,pourappren- dre de lui ce qui s'�toit pafle : II garda le fe- cret, comme il 1'avoit promis, & ne dit pas un mot toute la foir�e,tant il �toit interdit:Il paffa la nuit fans fermer 1'oeil. Ce fut cependant ce qui lui fit prendre fon parti. L'inqui�tude aug- mentoit a mefure que le jour venoit , & tout M 4 d'un
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184 La Vie des Peintres
d'uncoup il s'habilla & fortitpour fe diffiper&
°' prendre J'air ; mais a peine eit-il fur la Place, 1-----" quela Demoil�lle pafl� devantlui; ce qui lui
parut fort extraordinaire; il chercha a l�viter.
Enfin il rappelle les fens, &: fur Ie champ il approche decelle qui 1'avoit fi fortembarrafle la ve�le, & lui dit: Mademoifelle, il ne fe fera rien de ce que nous avons dit hier au foir. Fort bien , Monfuur, lui dit-e!le , en lui faifant la r�v�rence , & ils fe quitterent. Cette avanture n'a rien chang� ala vie de
vander Koogen : 11 refta toujours garcon. Il eft mortaHarlem en 1681. Ses Ouvrages ne font gueres connus en France : IL me'ritent ce- pendant d �tre recherche's. 11 peignoir en grand & en petir avec inte'�gence : Son Deflein eft de bon gout. Il agrav� a Teau-forte ai��zdans la maniere du Currack;. |
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WILLEM (GUILLAUME)
VANDEN VELDE.
IL naquit a Leyden en \6io, & fort jeune il
fit des voyages fur mer: On ne fcaiten quel temps il apprita deffinerni quel fut ion Maitre j mais on vit tout d'un coup de beaux Defleins de fa main. Il repr�fentoit fur du papier blanc toutes fortes de Vaifl�aux : II avoit �tudi� a fond laconitru�tion & la manoeuvre de la Ma- rine. 11 s'embarquoitquand il pr�voyoitquelque combat, fans autrebut que celui de reprcf�nter ces objets avec plus de ve'rit�. Les
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Flamands, Allemands & Hollandois. 185
Les Etats d'Hollande lui firent �quiper une " petite fr�gate l�gere, avec ordre a celui qui la l6l°' commandoitdefetranfporter dansles pofitions �*-'■ que vanden Velde louhaiteroit. On vit alors un JJeffinateur s'engager dans Ie fort d'un combat naval, voltiger tour a tour vers la Flotte des Ennemis & revenir a ("on pofte. L'Amiral Op- dam fut �tonn� de voir un homme expofer fa vie pour acqu�riruneautre gloire que celle des Armes. 11 ne fcavoit pas qu'il y ades courages de toute efpece. Qu'auroit il dit, s'il eut vu nos Acad�miciens de Paris aller aux extr�mit�s du monde, pour m�furerla Terre, & montrer plus d'ardeur pour �clairer les Nations, que les Con- qu�rants n'en ont eu pour les d�truire? Notre Peintre d�na dans Ie Navire que commandoit l'Amiral Hollandois, & ce m�me Navire fauta en 1'airquelques heures apr�s que notre Peintre ie fut retir�. En 1666 il fut, par ordre des Etats G�n�-
raux, deffiner un autre Combat que les Anglois & Hollandois fe livrerent fous les ordres de Monck �c de Ruyter: Cette aftion dura depuis Ie 11 jufqu'au 14 Juin , aux environs du Port d'Oftende. Chaque mouvement des deux Flottes eft deffin� avec une exaftitude (urprenante. Ses Defl�ins furent d'une grande utilit� aux Etats G�n�raux, & r�pandirent un grand jour fur la manoeuvre & la conduite de leurs Officiers : Nouvelle preuve de 1'importance de l'Art que cultivoit notre grandDef��nateur. Vanden Velde fut r�compenf�: Son nom paflachez les Etran- gers. Le Roy d'Angleterre Charles I. 1'appella a fon lervice, & depuis la mort de ce Prince il fut
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i%6 La Vu des Peintres
� ■ - fut continue fous Ie Regne de Jacques II. Il a.
x6ia. fait pour cette Cour un grand nombre de Def- ■■ ■ feins, entre lefquels on adtnire une a&ionqu'il a repr�f�nt�e lur mer: Tout ce que eet element a de majeftueux &c de terrible, il Ie deflinoit de cette derniere maniere fur Ie papier, avec Ie crayon ou la plume. Il deflinoit tout a la plume fur du papier
blanc, fur des toilesimprim�esenblancoufur des papiers coll�s fur toile. Sa facilit� fe re- marque aflez dans fes Ouvrages : On ne peut manier la plume avec plus d'art 6c d'intelligence. Il effaya de peindre at'huile a la fin de fes jours; maisil ne put jamais r�uffir. Il mourut leiy ou 16 D�cembre 169 3, &r fut enterr� dans 1'Eglife de S. Jacques a Londres. On voit a la Haye, chez M. van Slingelandt,
Receveur G�n�ral de la Hollande, uneRiviere tr�s-calme, charg�edeBateaux.Chez M. Lor- mier, deux Tableaux repr�fentant desCanaux avec des Bateaux. Chez M. Half-Waffenaar,une belle Marine avec des Vaiff�aux. Chez M. Verfekuring, deux Marines, avec plufieurs Vaif- feaux. A Dort, chez M. vander Linden van Slinge-
landt, une mer dans fon calme; uneautre ora- geufe , un navire fe brifecontre un rocher ; la vue de 1'embouchure de la Meufe. A Amfterdam, chez M. Braamkamp , Ie Lac
du Moerdyck, avec des Vaifl�aux; des Vaifl�aux qui na viguent fur une eau tranquille; un autre a peu pres de m�me; une Marine avec des Vaif- l�aux , en grifaille. Chez M. Leender de la Neuf- v'dle, plufieurs Vaifl�aux fur une eau tranquille; deux
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J
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Flamands , Allemands & Hollandois. 187
deux autres Tableaux de m�me. Chez M. Lub- 3e/i«�,plufieurs Vaifl�aux dans une mer calme ; un autre de m�me, & un troifi�me avec plu- fieurs Vaifl�aux de guerre. Et chez M. Bijfchop, a Roterdam , une vue
de la Mer charg�ede Vaifl�aux, & deux autres Marines avec des Vaiffeaux. |
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1610.
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ADRIEN
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ADRIEN
HANNEMAN,
ELEVE DE VAN DYCK
OUDE RAFESTEYN. ANNEMAN naquit a la Haye
en 161oou 16\ i :I1 a �t� un des plus habiles Peintres de fon tems. Onadelapeinead�vinerfonv�- ritableMa�tre:Oncroitqu'ilfut Eleve de van Dyck , &: d'autres allurent qu'il �toicdifciplede RaveJIeyn, II paro�t plus
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La Vie des Vdntres Flamandsj, &c. 189
plus vraifemblable que ce dernier ait �t� fon �� Ma�tre, parce qu'Hanneman n'eft jamais forti de 16l0' la Haye, & que vanDych n'y a fait que quelque m^S? f�jour en palfant; qu'importe au lurplus ? Il fuffit que notre Peintre ait m�rit� Ie titre d'ha- bile Eleve de ces deux grands Hommes, pour qu'il foit place ici parmi eux. La r�putation d'Ha/meman, porta les Princes
de la maifon de Naflau a 1'occuper : II fit plu- fieurs beaux Portraits, parmi letquels on dif- tingue celui de Gu�llaumcII. Prince de Naflau : II eft peint enti�rement dans la maniere de van Dyck^ceTableauluien procurabeaucoupd'au- tres & Ie fit conno�tre. Il ne faifoit pas feulemenc � bienle Portrait, il traitoit avec efprit les fujets Hiftori�s. Il fuffit d'en indiquer deux ou trois pour conftater Ie m�rite de leur Auteur. Le premier eft place fur la chemin�e dans la
falle des Etats d'Hollande: Le fujet eft la paix d�fign�e par une belle femme, habill�e en latin blanc : Elle eft aflifefur un Thr�ne foutenu de deux colonnes & �lev� fur trois marches. Elle tient furfes genoux unecolombe, peadantque deux G�nies la couronnent de lauriers. Ce Tableau eft richement compof� & peint
avec beaucoup de force. La d�licatefl� de fes chairs approche de celle de vanDyc�:Quoiqu'il fut pay� noblement , on aflure que les Etats d'Hollande firent pr�fent de 1000 florins a la per- fonne qui avoit fervi de modele, comme fi c'e�t�t�encore trop peu pour fesgraces, que d'�tre�ternif�epar un pinceau auffi c�l�bre. Il a peint dans la falle des Echevins,un grand
Tableau All�gorique au deffus de la chemin�e , repr�fen-
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p La vfe des Peinires
repr�fentant Ia Juftice avec fes attributs.
Dans Ie m�me endroit.il a peint Ie Dien Mars
appuy� iur fes armes. Le cara&ere f�roce de ce Dieu, eft aufli fi�rement rendu que la dou- ceur & la gravit� de la Paix &c de la Juftice. Parmi plufieursPortraits, on cite celui qu'il
a peint d'apr�s lui-m�me comme un des plus beaux qu'il ait faitsjfes Tableaux font vagues & harmonieuxJlavoituned�licatefl�dansf�stein- tes de chairs qui Tont prefqu'�gal� a van Dyck. Il �toit admis parmi les Maitres Peintres a la
Haye, & du nonibre des 48 qui pr�fent�rent JeurRequ�te de f�parationen 1655 ;ilfutnom- ni� par les Magiftrats le premier Dire�eur ou Doyen du Corps Acad�mique des Artiftes en 1665 : On ne lcaitpasle temps de fa mort. Il vivoit encore en 1671. |
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1�IO.
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MARTIN LENGEL�.
UN feul Tableau de ce Peintre a m�rit� les
recherches que 1'on a faites fur fa vie : On n'a rien d�couvert, que de le trouver infcrit dans les Regiftres de 1'Acad�mie de la Haye, &: comme un des trois Recteurs de cette Acad�- mie en 1656. Le Tableau dont nous parlons,eft place dans
lagrande Salie de la Milice Bourgeoife : Ony toit repr�fent� la Compagnie d'Orange avec ion Officier a Ia tlte : Ce morceau eft compof� dedix figures degrandeurnaturelle:Iltienttr�s- bien fa place parmi ceuxqui font dans le m�me fallon. ROELANT |
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Flamands 3 Alkmands & Hollandois. 191
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ROELANT VAN LAAR.
ROelant van Laar,frerede5aOT-
boche, naquit a Laeren , pres de Naerden. On foupconne qu'il a commenc� la Peinture avecfon frere Scfousle m�me Ma�tre, qui n'eft pas connu. lis voyagerent enfemble en Itali� , fansfequitter : lis peignirent tous les deux dans la m�me maniere & prefque �galement bien. Roelant eft 1'a�n� & mourut encore jeune a G�- nes: On ne nous apprend rien de plus,& fes Ou- vrages font peu connus , except� en Itali�. |
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JEAN DE REYN,
E L E V E DE F A N D Y C K.
JEan DE R E YN, que Ton allure �tren�i
Dunkerque vers 1'an 161 o , fut �lev� dans 1'Ecole de van Dyck \ ilfuivit fon Ma�tre en An- gleterre, & on eft certain qu'il ne Ie quittaqu'4 fa mort. Il eft vrai que ce Peintre n'eft connu en Flandres quedepuis ce temps-la, & que fes Ou- vrages ne portent point de dates anterieures. De Reyn �toit d'une grande timidit�: II n'eut
point d'autres d�fauts; mais celui-ei lui fit per- dre fa fortune.Le Mar�chal de Grammont voulut Ie faire connoitre:Il l'emmena avec lui a Paris , Ie logea dans fon Hotel & 1 ui fit faire un Tableau pour
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191 La Vie des Peintres
pour porter a la Cour. Ce Tableau fut a peine
commenc� , que de Reyn ie fauvade Paris fans rien dire,�c jamais il ne vouluty retourner. On coutequ'un Domeftique lui ayant vol� quel- ques chemifesj il avoit �t� trouver Ie Duc de Grammont, lui demander ion cong�j &r lui dire toutefi'ray�que s'il n'�coitpointa 1'abridu vol dans une l� grande maifon, fa vie ne feroit point en furet� dans Paris. Jean de Reyn s'�tablit a Dunkerque; il y �pou-
fa FrancoiJeHuys.lk fut tres employ� a embellir les Egliies & a peindre Ie Portrait: On ne fcait rien de particulierdu refte de fa vie: on ne lui a connu qu'iinefille qui avoit cpouie'unNotaire. De Reyn mourut Ie k. Mai 1678, & eft enterr� dans 1'Eglile de S. Eloi, a Dunkerque : fa fem- me Franfoife Huys eilmorte Ie 4 Juillet 16�6. Ce Peintren'a euqu'un Eleve nomm� Corb�en. Si Jean de Reyn eft peu connu , c'eftqueies
Ouvrages font pre(que toujours pris pour ceux de fon Ma�tre. Perionne nel'aapproch� de plus pres, & perfonne ne 1'amieux �gal� en me'rite : C'eftlam�mefonte de couleur , la m�me tou- che, la m�me d�licatei�� : Son Deflein eft aui�� correcl:, fes mains fcnt dei��n�es d'une puret� finguliere: II ttoitnobledans fes compoiitions, peut-�tre un peu confus jmais il avoit d'ailleurs une tres grande maniere : Ses draperies ibnt larges & bien pli�es;leclair-obfcur eftbienen- tendu dans tout ce qu'il a peint. On connoitdece Peintre beaucoup de tr�s-
beaux Portraits dilperl�s dans les cabinets:Voici quelquesTableauxqui celui font pas difput�s. Dans TEglife Paroiffiale de Dunkerque , Ie
Martyre
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i6io.
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Flamands, Alkmands & Hol/andois. 193
Martyre des quatre Couronn�s: 11 s'y eft peint lui m�me avecun chapeau blanc : Ce Tableau eft au Retable de la Chapelle des Ma�tres Ma- cons. Dans la Chapelle de Sainte Anne; unTa- bleau avec des volets qui fert d'Epitaphe a la familie d'Ancoir.e ClayJJens; ScuneautreEpita- pheavec des volets pour la familie d'Alexandre Leys, dans la Chapelle des Bouchers. Tousceux qui ont vu ce dernier , Tont �lev� au deflus des Ouvrages de van Dyck: Le Deffein y eft des plus �l�gants. Dans PEglife des Dames Angloifes , le Bapt�me de Tori ia. Dans la (alle de la Con- ^r�gationauxJ�li�teSjS. Pierre Ap�tre;S. Pierre Pape; S. Paul Ap�tre; S. Thomas; S. Guerard �■, S. Nicolas; S. Guillaume & S. Denis: Tous ces Tableaux font places entre les croif�es , �c les figures font plus grandes que nature. Dans 1'Eglife Paroifliale de S. Martin a Ber-
gues S. Vinox, un Tableau d'Autel, repr�- fentant Herodiade qui apporte a Herode la t�te de S. Jean. On voit aufl� quelques Tabieaux de ce Peintre dans les appartements de 1'Abb� de S, Vinox, une Sainte Scholaftique &c un Mar- tyre a qui 1'on coupe le fein, &c. |
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JURIAEN JACOBSZ,
�LEFE DE FRANgOIS SNEYERS.
JU R1 a E n naquit en Suifle,felond'autres,
a Hambourg, & apprit la Peinture fous Francois Sneyers, habile Peintre d'animaux a Tome 11. N Anvers. |
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m____ 194 La Vu des Pcintr�s
Anvers. II fuivitla maniere de ion Maitre pen-
* lon' dant quelque temps :11 repr�i�ntoitcomme lui, des Chafl�s, des Combats d'animaux. Il choi- i�t Amfterdam pour y fixer fa demeure , & quoique fort employ� dans ce genre, il i� mit a peindre 1'Hiftoire: Ses i�cc�s en des fujets ii oppof�s furprirent. M. Wolters, N�gociant dans la m�me Ville ,
aui aimoit la Peinture & notre Artifte, lui or- annna plufieurs Tableaux d'Hiftoire : LesHol- landois font grand cas de celui qui repr�f�nte V�nus& Adonis : II auroit fait une grande for- tune il la mort ne 1'e�t enlev� encore jeune en 1664. Il avoit atteint de pres fon Maitre dans 1'art
de repr�fenter des animaux. La m�me maniere dans la touche & dans lechoixde la bonne cou- leur font fouvent m�prendre a leurs Ouvrages. |
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CORNILLE EVERDYCK.
COrnilleEverdyck d'unefamilie
illuftre, originaire de Tergoes , fut dans fon temps regarde comme un bon Peintre d'Hif- toire. Plufieurs de ks Tableaux fe confervent encore dans fa familie. |
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JEAN
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Flamandsj Allemands & Hollandois. 195
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JEAN DUIVEN,
� L E V E
DE WOUTER ( VAUTIER) CRABETH. NAtif de Gouda, Eleve de Vautier------
Crabeth,lk Contemporain duPeintre Hen- J ri Zorg. Jejn Duiven acquit de la r�putation a peindre Ie Portrait; il fit fa fortune en peignant Ie Pere Simpernel Francifcain; il ne fut prefque employ� depuis qu'a en faire des copies qu'il vendit fort cher : II mouruten 164.0. |
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JEAN VAN BAELEN,
�leve de son Pere
H E N R I VAN BAELEN. VAn Baelen naquita Anvers en i<Jii.
Les talents & la r�putation de fon pere lui donnerent de l'�mulation d�s fa plus tendre jeu- neflfe: C'�toit un pr�fage heureux que Ie pere ne n�gligea pas. 11 fortifia fon fils dans fa vo- cation & dans fon art. Le jeune Van Baelen �ga- loit prelque fon pere , lorfqu'il le quitta pour aller voir, commelesautresjlesmerveillesque Rome offre aux Artiftes: II y parcour ut a la ha- N z te
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19$ La Fle des Peintres Flamands, &c.
te les reftes pr�cieux des anciens & des moder- nes. Jl �tudia en particulier chaque maniere : mais ilretourna toujours a celle de Ion pere qu'il n'a jamais quitt�e. Rappell� en Flandre, il fit dans fa Patrie quel-
ques Tableaux en grand. Son principal talent etoitcependantde peindre en petit,&fa manie- re approche tellement de celle A'Henri van Bat- len , qu'on a bien de la peine a les diftinguer. Un pinceau agr�able,des couleurs vives & bril- lantes, font Ie m�rite principal de fes Ouvra- ges. Ses airs de t�te fontdans la maniere de l'Al- bane\ mais fon f�joura Rome n'a point rendu fon DefTein plus correct. On ne dit nulle part 1'ann�e de fa mort. |
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CORNILLE
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CO RN IL LE
ZAFT-L�VEN.
O R NIL L E �toit frere XHer-
man Zaft-L�ven : Quelques uns ont pris Cornille pour 1'ain� de fon frere Herman, parce que fon Portrait fe trouve dans la (uite de ceux que van Dyck a hits. Cornille peignoit dans Ie gout de Brauwer & dans Ie gout de Teniers. Les Tableaux o� il excelloit, repr�fentent des Corps de garde: On y voit des Officiers, desSoldatsjouanta diflfe- rents jeux dans des feftins ou parties de d�bau- N } ches.
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I5>8 La Vie des Peintres
~~ * ches. Les fonds de fes Tableaux �toient omes
1 ll' d'inftruments de guerre, de drapeaux, de tam-
bours, de piques , &c. Un chapeau par terre
ou croch�, avec fon plumet, une ceinture bro-
d�e ou unie, lont les meubles de fes Tableaux
3u'il faifoit tous d'apr�s nature, avec autant
'intelligence que de pr�cifion. Ses Tableaux dans Ie gout de Tenitrs, repr�- fentent des dedans de maifons, des cuifines, des fermes avec des payfans. Il a cherch� a fuivre Teniers : Ses Ouvrages dans ce genre ont auffi leur m�rite. Cornille a beaucoup deffin� : il ma- nioit bien Ie crayon , &c il n'a rien peint fans avoir fait des �tudes d'apr�s nature. On trouve fes Tableaux dans les Cabinetsles pluseftim�s , & fes Defleins dans les Colle�kions les plus re- cherch�es. Je connois a Bruxelles , dans Ie Ca- binet du Prince Charles , un tr�s-beau Tableau de Cornille Z'aft-L�ven : II repr�fente une afl�m- bl�e de Payfans, &rc. Le temps de fa mort & Ie lieude fa f�pulture fonc ignor�s. |
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JEAN MEYSSENS,
� L E V E
DE NICOLAS FANDER HORST. MEYSSENS n�a Bruxelles le 17 Mai
1611, eut pour premier Maitre Antoinc van Opftalj Peintre habile : II continua depuis a �tudier fous Nicolas vander Horfi. Il r�uffit a peindre le Portrait & l'Hiftoire. En quittant ks
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Vlamanis, Allemands & Hollandois. $$
fes Ma�tres s les Ouvrages qui contribuerent Ie plus a fa r�putation , furent les Portraits du Comte �enri de Najfau, de la Comtefl� de Stirum , des Comtes de Benthem, & de plufieurs autres grands Seigneurs. Il faifoit fort reflembler & peignoit avec beaucoup de foin & de talent. Malgr� ces avantages, il quitta la Peinture pour faire Ie commerce d'Ef- tampes & de Defl�ins: II eut un fils bon Gra- veur de Portraits, appell� Cornille Meyffens, que Ton dit avoir �t�caufe quefon pereabandonna la Peinture. |
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EMELRAET.
EMelraet ami & contemporain de
Meyffens, a beaucoup voyag�, & fur-tout en Itali�: II demeuralong-temps a Rome. De retour en Flandre, il fe fixa a Anvers & fut fort employ� pour les Eglifes Sc a peindre Ie Payfage dans les Tableaux des autres Peintres. Il paflbitpour un des meilleurs Payfagiftes Fla- mands, fur-tout en grand : Ce qu'il a fait de plus beau eftdans 1'Eglife des Carmes D�chauf- f�s a Anvers ; on y voit plufieurs grands & beaux Payfagesdontles figures font d'Era/me , Quellin & d'autres habiles Peintres. |
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N 4 PIERRE
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200 La V�c desPeintrcs F lamanis ; &c.
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PIERRE JANSSENS,
�LEFE DE JEAN BOCK HO RS T.
JAnssens naquit a Amfterdam en i�n:
Ses Parents leplacerent a Harlem, chez Jean van Bockhorjly Peintre fur verre. Janjfensa. fuivi la maniere de fon Ma�tre. On voit de lui dans les Pays-Bas, olufieurs Vitres qui ne font pas fans m�rite;fes DeflTeinsfontd'aifez bon gout : II mourut en |
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i6n.
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BARTHO-
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BARTHOLOME
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V A N D E R
HELST.
ANDER HELST n�a Har-
lem en 1613 , eut une grande r�putation pour Ie Porrrait: Ses Tableaux font difperf�s dans la Hollande&danslaFlandre. Ce- _ lui qui donne laplus haute idee de fontalent, eitdanslaChambredu Tribunal, ala Maifon de Ville d'Amfterdam : On y voit peints tous les Chefs de la Milice Bourgeoif�, de
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.- �. ^J~�
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101 La Vu des Pclntres
de grandeur naturelle > les chairs , les �toffes 3
les vafes d'or & d'argent font imit�s dans une tr�s-grande perfe&ion. Fander Helftn'a�tefar- pafl� que par van Dyck, & m�me avec tres-peil a'avantage pour Ie dernier. Knellerz toujours parl� avec �loge des talents
de vander Helft: II ne fe laffbit point, pendant fon f�jour en Hollande , d'admirer Ie Tableau dont nous avons donn� 1'id�e. On voit du m�me en petit, chez M. Jean
de Graef, Seigneur de Polsbroek3 en Hollande, un Tableau repr�fentant en grand les quatre Chefs des Confrairies: Ce dernier morceau eft dans les Butes du Mail. Le Portraitqu'il fit de Mademoifelle Conftance
Re�ns, a �t� c�l�br� par le Po�te Hollandois Jean Vos. On conno�t encore de lui le Portrait d'un Officier j dans le Cabinet de I'Ele�teur Palatin. Fander Helft compofoit fes Portraits d'une
grande maniere : Les figures en font bien defli- n�es, les draperieslargesjlacouleurexcellente : II joignoit a tant de talents l'art de bien faire refl�mbler. Il n'a jamais voyag� : II demeura toujours a Amfterdam, oti il eft mort. D�ja avance en age, ilavoit�pouf� une jeune
femme , dont il eut un fils qui devint auffi un bon Peintre de Portrait. |
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THOMAS
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Flamands, Alkmands & Hollandois. ioj
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THOMAS WILLEBORTS,
DIT BOSSCHAERT,
�LEFE DE GUERARD SEGHERS. BOSSCHAERT n� a Berg-Op-Zoom en
1613 , eut pour Maitre Guerard Segkcrs , qui mit bientot fon Eleve en �tat de voyager utilement, & capable de fe perfe&ionner iur les beaux modeles d'Italie. Willebons, loin de refl�mbler a ces Artiftes
ingrats , qui abandonnent un Art qui lesa en- richis, puifadans les richefles m�mes qu'il y avoit acquil�s j une nouvelle ardeur a Ie culti- ver. Il quitta les Cours �trangeres oti il avoit fait une fortunebrillante; il retournaa Anvers, comme dans la Patrie des plus grands Peintres : Ce fut laqueparmi euxil fit de nouveaux pro- gr�s. L'Academie en corps Ie choifit pour Di- re�teur en 1649. Ilyd�c�dale 23 Janvier 1656 , & fut enterr� aux Carmes,dans lam�me Ville,, o� 1'on voit fon epitaphe. Ce Peintre mort jeune a 1'age de 4$ ans ,
promettoit de furpaff�r ceux qu'il a �gal�s : II a dans fes Tableaux d'Hiftoire & dans fes Por- traits, approch� de van Dyck. Son pinceau eft �galement tendre & harmonieux ; les airs de t�tes agr�ables; fon Deflein eft aflez corred , fes compofitions font pleines de jugement: La Flandre
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204 La Vie des Peintres Flamands, &c.
Flandre pofleJe plufieurs de les Ouvrages. Voic� ceux qui fe voyent a Anvers. Dans rEgliledesCarmes.,enfacede lachaire,
un petit Tableau repr�fentant la Vierge, 1'En- fant J�fus & Sainte Catherine. Dans Ie Tableau du grand Autel de 1'Eg�fe Paroifliale de Saint Wiilebord , a un quart de lieue d'Anvers , la Sainte Vierge > 1'Enfant J�fus , S. Jofeph &c S. Wiilebord : Ce Tableau a de tout temps paffe mal-a- propospour�trede Rubens. Aux Annon- ciadesde la m�me Ville , il a peintdeux Anges qui tiennentlevoiledelaV�ronique, o� laface de notre Seigneur eil enipteinte. On voit de Wilkboris , une copie admirable d'un Tableau de van Dyck , elle fait Ie Tableau d'Autel de la Chapelle de Sainte Barbe, a Notre-Dame : L'onginaleftdans 1'Eglifedes Capucins,aDen- dermonde;il repr�fente notre Seigneur en croix, au bas eft un Saint Francois. En la petite Ville de Duffel, entre Malines
& Liere , eft un beau Tableau de Willeborts , e'ett l'Aflomption de la Vierge. A Tongerloo , dansl'Eglifede 1'Abbaye, eft
reprefent� notre Seigneur , un Ange y conduit la Madelaine; & 1'Enfant prodigue , Tableau d'Autel fort tftim�. Aux Capucinsde Bruxeltes , fe voit un Ta-
bleau d'Autel j o� un Saint recoitla couronne du Martyre. On regrette un excellent Ouvrage de lui qui l� voyoitdansla fallede laConfrairie du Mail, a Anvers; il y avoit reprefent� V�nus ?ui arr�teles fureurs deMars: Ce beau Tableau
ut br�l� Ie Iendemain d'�n repasqui fut donn� dans cette falle a 1'Envoy� d'Angleterre. OTHO
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O T H O
MARCELLIS.
jftARCELLIS naquit en
1613. On ne fcait rien de particulier de fa premiere , jeunefle : On ne Ie connoit * quedepuis fbn d�part pour
ritalie. Il relta long-temps a Paris, au fervicede la Reine mere qui iui ht donner un louis d'or par jour pour quatre heures de travail, en outre la ta- ble & Ie logement. Il pafla de Paris a la Cour du grand Duc de Tofcane, ou il fit plufieurs Ta- bleaux. Il continua fa route) ufqu'a Naples & fut enfin
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lofi La Vu des Peintres Fiamands, &c.
enfin a Rome. Ses Ouvrages plurentinfiniment: Facile a produire, il gagnoit beaucoup; on Ie voyoit louvent aux environs de Rome occup� a chercherdes infe&es & des reptiles: Les bons Artiltesne n�gligent rien ; les Peintres Ie nom- mereht Ie hiret. Apr�s quelque f�jour dans cette Ville j il retourna dans la Patrie& fe ma- ria a Amfterdam, o� il ell mort en 167J, ag� de 60 ans. MarceU�s peignoit des Infedes dans la grande
perte�ion. 11 imitoitbien les plus belles plantes; il y placoic des couleuvres , des araign�es j des chenilles, des papilions, &c. qu'il peignoit tous d'apr�s nature. Ilavoit aux environs d'Amfter- dam une efpece de menagerie o� il nourriflbit ces Animaux, pour les copitr quand il en avoit befbin.LesTableaux de ce Peintretiennent leur rang dans les Cabinets les plus recherches. On voit a laHaye , chez M. Lormier , un Ta-
bleau compof� de Fleurs, de Plantes & d'In- fedes. |
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PIERRE
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PIERRE
DE LAAR
OU BAMBOCHE.
E LAAR naquha Laaren
proche la petite ville de Naar- den en Hollande , environ en 161 j. Ses parents qui �toient a leur aife 1 �leverent avec foin. _____, SoninclinationpourlaPeintu-
reTut d�cid�e de bonne heurerll a voit tou j ours Ie
crayon a la main; il remplifl�it la maifon de fes griffonnages
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io8 La vie des Peintres
griffonnages & de Ces defleins. On ignore fes
*' Ma�tres j mais il voyagea de fort bonne heure: II paria par la France, &c de!a fut a Rome. C'eil dans cette Capitale & fes environs.,que
de Laar a�tudi� fa belle maniere. Il fcut mettre a profit, & les difpoiitions qu'il avoit recues de la nature, &c les avis de ceux avecquiil vivoit: Ce Peintre vit acheter fts Ouvrages fort cher , & fa r�putations'accroitre tous les jours. Les Italiens Ie nomm�rent Bamboche , parce
qu'il �toit finguli�rement mal fait: II avoit les jambes fort longues, Ie corps court & la t�teen- fonc�e dans les �paules, au point que 1'on ne lui voyoitpas de col, mais il �toit bien d�dom- mag� de cette difFormit� par fes talents. Ind�- pendamment du beau g�nie qu'il avoit pourla Feinture, il fediilinguoit par fon enjouement & des mceurs aimables. 11 �toit d'ailleurs un des plus grands Muficiens de fon temps; il touchoit les Inltriunentsacordes avecdiftincT:ion:Toutes ces qualit�s lui m�riterent 1'eftime de tout Ie monde, particuli�rement du Poi/jffin, de Claudc Lora�n �c de Sandran: On a vu fouvent ces qua- tre amis examiner enf�mble & �tudier les en- virons de Rome. Bamboche ne laiflbit gueres pafler de jours fans imaginer quelques plaifan- teries pour divertir ceux avecqui il vivoit. Apr�s avoirdemeur� \6 ansa Rome, fespa-
rents Ie prierent de revenir chez lui, &■ pour achever de Ie d�terminer , on l'informa que chaque jour fes Ouvragesaugmentoient deprix dans fa Patrie. Il fe rendit enfin & quitta Rome avec regret: II arriva a Amfterdam en 16} 9; & dela
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Plamands j Allemands & Kollandois. xocj
de-la a Harlem chez f'on frere qui �toit Maitre de pen�on. Les Tableaux qu'il a peints dans cette Ville furent achet�s rort cher: On fit plus 3 on acheta ceux que Ion put avoir de lui en Itali� pour les revendre en Hollande. Bamboche mourut, dit on , dechagrin, pour
avoir vu pr�f�rer les Ouvrages de Wouwermans aux flens. Voici comme Houbraken,&c quelques autres racontent ce fait. Jean de Witte , Mar- chand de Tableaux , lui en demanda un que de Laer lui fixa a zoo florins , fans vouloir en rien iliminuer. De Witte fut dans Ie m�me moment chez Philippes Wouwermans lui commander Ie m�me fujet ou Ie Peintre r�uflit : Pour lors de. Witie complotala pertede Bamboche. Il invita les principaux Amateursjleur fit voirle I'ableau de Wouwermans , & leur fitobierverque les Ta- bleaux dece deinier�toientplus agr�ables,que fon pinceau �toit plus mo�lleux & plus rlou , &c qu'il n'�toit pas n�ceflaire de croire qu'il n'y avoitque ceux qui avoient vu Rome qui pou- voient faire des Tableaux. On rechercha foa talent avec moins d'empreflement; cette pr�- f�renceporta�ecoupmortel kde Laer. Il tom- ba dans l'indigence & finit en f� pr�cipitant dans un puits. Ilparo�t que cette hiftoiren'eftpoint exacte :
Houbrahen avouelui-m�me qu'il ne 1'a apprife que d'un Peintre qu'il rencontra en Angleterre. Weyermans, qui a �crit depuis lui, la nie. Hou- braken , dit-il, a copi� F torent te Comte , qui 3 peu exa�l fiir ce qu'il a �crit des Peintres JFla- mands, a donn� fouvent dans des hiftoires qui ne font rien moins que vraies. Tome II. O Voici
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Aio La Vie des Peintres
~~ Voici comme Weyermans nous raconte Ia
*' mort de Laer. Parvenu a 1'age de 60 ans, fes in-
---- firmit�s augment�rent fi conl�d�rablement,que
1'on vit renjouementnaturelde ce Peintrechan-
ger en la plus noire m�lancolie. Infupportable a lui-m�me , il Ie devint a tout Ie monde. Sa mauvaife conftru&ion , ou la difformit� de ion corps, r�itcaul�d'une oppreffion qui Ie condui- fk au tombeau en 1673 ou 1674. Bamboche avoit vu mourir deux de fesfreres
en Itali� : L'a�n� Roelant de Laer mourut a Ye- nife j & Ie plus jeune de fes freres, qui Tavoit accompagn� dans fes voyages,p�rit malheureu- fementpr�s de Rome, en pallant fur un pont de bois d'une montagne a une autre : L'ane fur lequel il �toit mont� , broncha & fe pr�cipita avec Ie jeune de Laer dans un torrent rapide & tr�s-profond. Pierre de Laer eft fup�rieur en m�rite a fes
deux freres qui travailloient dans fa maniere. Ses Tableaux repr�fentent des ChaflTes, des At- taques de Voleurs, des Foires & F�tes publi- ques, des Payfages & des Rivages de la Mer : 11 fcut enrichirfes Tableaux de d�bris d'Archi- te&ure. Un grand nombre de figures , de che- vaux &d'autres animaux s'y trouvent par tout agr�ablement difperf�s;un deflein fin & corredl, une couleur vigoureufe&naturelle,une vari�t� finguli�re , font Ie m�rite rare de fes Ouvrages. Cette abondance ne venoit que de fon g�nie : II avoit I'imaginationfi vive; qu'il lui fuffifoit de voir les objets une feule fois pour les peindre comme s'il les avoit eusdevant lui. Les Italiens difoient qu'il avoit repr�fent� plus fouvent des vues
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Flamands , Allemands & Holiandois. 111
vuesdem�moire que d'apr�s Ie naturel. Lorf- ^ que Bambochc commencoit unTableau,il reftoit *' quelque temps a penfer devant ion chevalet, "■■ �" oiuljouoitquelquesairsfur fonviolon ianspar- ler a perlonne : 11 prenoit eniuite fon crayon;& apr�squelques traits places ca &c la, il ie mettoic apeindre avec la m�megaiet� , il fembloit que ce Tableau ne lui avoit co�t� qu'un inftant a penl�r. On doit a cete heureufe facilit� de fe tout repr�fenter , la f�condir� & Texa�titude de fes Tableaux: Ce qu'il avoit (ur-toutd'admi- rable �toit de f^avoir rendre avec tant de pr�- ciiion & de jugement, les difl�rentes conftitu- tions de Tair & ce que les vapeurs qui s'y �le- vent ou ferarefient, peuvent indiquerlur Ie (o- leil levant, ion couchant ou fon midi, qu'on ne fauroit s'y m�prendre. On voit de ce Peintre trois Tableaux dans
Ie Cabinet du Roy de Frauce : Le premier re- pr�fente un Mar�chal qui ferre nn cheval pres d'une grotte; une Femme qui file aupr�s d'un homrae qui dort, & un Manege o� il y a un CarofTe. Chez M.leDucd'Or/ejn5,desSbyresdansun
Payiage ; ils arr�tent des Enfants; une Placeoii fe tient une foire, &: un jeu d'Enfants. A Paris , chez M. Blondel de Gagny , deux
Tableaux peints fur du marbre : Ce lont des Payfages avec des figures. Chez M. Pafquier , D�pur�du Commercede
Rouen, un beau Payiage avec des ruines j vues des environs de Rome. A Duffeldorp , chez l'EJe�teur Palatin , trois
O i Tableaux;
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112 La Vu des Peintres Flatnands, &c.
Tableaux; un Vieillard affis fur les ruines du Colif�e a Rome; un jeune Homme qui tue les puces de fon chien ; la P�che de Rome. A la Have, chez M. Lormier, la repr�fenta-
tion d'un Four ii Chaux dans un Payfage avec des figures. |
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l�l 3.
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NICOLAS
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N I C OL AS
D E
HELTSTOKADE,
E L E V E
DE DAFID RYCKAERT LE FIEUX.
ELT STOKADEnaquita
Nimegue en i<fij ou 1614. Sonbeau-pereDavidRyckaenle vieux futfon Ma�tre; des qu'il fe crut en �tatde fubfifter avec fon talentjil laifla la maifon pa- ternelle & pafla les Alpes; Rome & Venif� fu- O j rent
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4 es Peintres
rentlesendroitso�ilareft�preique toutefavie:
C'eft ce qui fait que les Tableaux font li rares dans fa Patrie.lltravailla pendant quelquetemps en France avec letitredePeintre du Roy : La Reine Chriftine de Su�de^leRoy d'Angleter- re; Ie Duc de Brandebourg , & Ie Prince d'O- range, acheterental'envi tous les �uvrages de cePeintre. 11 peignoit 1'Hiftoire en grand; fes figures font de bon gout; ion pinceau large & fabonne couleur enfont un des principaux m�- rites; fes Portraits font fort elbm�s. On ne fcait riende certain fur lelieu 6c 1'ann�e de la mort. |
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ABRAHAM WILLAERTS,
�leve de son Pere
ET DE J E A N B Y L A E R T. |
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n� a Utrecht en 1613 , �toit
fils d'Adam WiliaertsiCe futfon premier Maitre : 11 apprit auf�� quelque temps fous Jean Bylaert: II qmtta 1'un & Tautre , & fut a Paris fe perfectionner fous Simon Vo�ct; quel- quesann�es d'�rudele mirent en �tatde retour- ner dans fa Patrie& d'y paro�tre avec diftinc- tion. Le Comte Maurice 1'appella a Bruxelles , pour y deffiner &c peindrediff�reats fujets. On n'a jamais bien feu ponrquoi le Comte fit embar- quer W�llaerts fur la Flotte deftin�e pour 1'Afri- que,en qualit�defimple foldat: D�barque avec les Troupesjil marcha vers la Ville de �. Paulo en
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Flamands y Alkmands & Hollandols. 115
en Angola; cequi nousimporte , eft de fcavoir qu'il y employa Ie loifir que lui laiffa la guerre, a�tudierlesmoeurs&adellinerleshabillements, les animaux &: les diff�rentes fituations du Pays. Apr�s cette exp�dition , & de retour a
Utrecht, il fut de nouveau demand� par Ie Comte Mauricc , qui ne 1'envoyaplus faire un m�tier qui n'�toit pas Ie fien. 11 reita & peignit long-temps chez lui. Willaerts en quittant Bruxelles, futdemeurer
aAmersfort, o� il travailla fotis la conduite de Jean van Kampen, habile Architede & grand connoifl�ur. Ce Peintre vivoit encore en 1660 a Utrecht.
On n'a rien appris de plus. |
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i6i j.
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JACQUES VAN ARTOIS.
CE grand Payfagifte naquitaBruxelles en
1615 : Son Maitre n'eft pas connu , 011 foupconne feulement qu'il futEleve de Wildens. Van Artols �tudia dansles campagnes les vari�- t�s de la naturejil obferva dans les faifons diff�- rentes, tout ce qui pouvoit contribuer a la per- fedlion de fes �uvrages. Continuellement Ie crayon a la main, il ne .lui �chappa pas Ie plus petit objet; tout fut deffin� & rapport� fur la toile : Les For�ts & les Campagnes font les li- vres desPayfagiftes.-Il faut avoirdesyeux faits expr�spoury lire les le^ons, que tant d'organes communs n'y appercoivent jamais. La r�putation de ce Peintre auroit rendu fa
O 4 fortune
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,_____ *}6 La Vie des Peintres
i6ih fomineconfid�rable,s'ilavoitborn� fon ambi-
<g� tlon a vivre en particulier; mais il ne fe conten- ta pas de perdre fon temps avec les Grands, il eutla folie de les trai ter chez lui avec profufion. 11 etoit hommed'efprir: 11 fut recherche a ce titre & pour ion talent. Il peignoit avec une iacihte finguliere : 11 a fait beaucoup de Ta- bleaux ; il les vendoit fort cher ; mais fon peu d economie Ie ruina : II mourut pauvre. On ne icait pas en quelle ann�e. Les Payfages de van Anois font faits d'une
grande maniere:Les ciels & les lointains font l�- gers & van�s ; fes arbres ont de belles formes �cparoifl�nt en mouvement dans 1'air. Ilornoit de plantes de ronces, de joncs, de moufles Ie devant de fes Tableaux qu'il rendoit riches par ces details. Tout, dans fes Tableaux, eftdiftri- bueavecunartfingulienLatouchedefonfeuill� eit des plus agr�ables. Temen a peint ou retou- che Jes hgures & les animaux de quelques-uns df.ces payfages. CePeintre �toit ami intime *Anois: II aimoit fa maniere depeindre , & ils travaillerent fouvent enfemble. Les Tableaux de celui xi font colori�s avec force a 1'exemple de ceux du Tuier, ■ mais beaucoup font devenus noiratres. On croit que ce d�faut ne vient enpartie que de ce qu'il glacoit fouvent trois ou quatre rois les endroits qu'il vouloit colo- ner. 11 ne s'ecarta pas de la for�t de Soignies pour faire fes �tudes; auffi n'eft-il pas fi vari� cue van Uden : Ses plans ont moins d'�ten- due , &■ ,1 paro�t qu»,i n.a e$ cher�;h� k |
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i f . , .r-�*"* «-!" j« na ifueres cnercne a
les ennchir. On a de lui des Tableaux en grand, quel on peut egaler aceuxdesMaitres les plus vante's.
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Flamands , Allemands & Holland�is. 117
vant�s On en aauffi en petit, qui m�ritent d'�- tre places dans les meilleuis Cabinets. Le Prince Charles poflede a Bruxelles 15?
Tableaux Payfages de van Artois , quelques-uns avec des figures de Teniers , d'autres de Baut, de Michau , &c. On voit a Malines dans 1'Eglife des Religieu-
fes de Leliendael, un beau Payfage �l Artois , qui a �t� retouche par fon Eleve nomm� Huifmans. Chez les Freres de la Charit� a Gand , huit grands Tableaux dans un appartement. Chez l'Ele&eur Palatin , deux beaux Payfages. |
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GERARD
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C E uren PcL Fic/fttetSoulf
G E R A RD
DOUW,
�LEVE DE REMBRANT.
E PEINTRE exquis naquit
a Leyden Ie 7 Avril 1613 : Son pere appell� Douwe-Janfeoon , originaire de Frif�j�toit Vitrier. Il s'appercut de 1'inclination de fon fils pour la Peinture; il Ie placa en 162.1, chez Bartholom� Dolendo, Gra- veur , pour y apprendre Ie DefTein : Six mois apr�s il Ie fit entrer chez Pierre Kouwhoorn , Peintre
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La f ie des Peintres Flamands, &c. 119
Peintre fur verre. En deux ans Ie jeune Douw furpafTa de beaucoup les autres Peintres fur verre. Son pere Ie retira & Ie fit travailler chez lui: Satisfait au dela de Ion efp�rance du gain que lui rapportoit fon fils. il ne voulut plus l'expol�ra monter auxcroif�es �lev�es desEgli- fes , il Ie placa en i6z8 , a 1'age de 15 ans chez Rembrant, Trois ann�es d'�tude dans cette �cole, lui
fuffirent pour n'avoirplus befoinqued'�tudier la nature , qui eft Ie ma�tre des ma�tres : 11 mit en pratique les lecons de Rembrant fur la cou- leur &c 1'intelligencedu clair-obfcur ; mais il y joignit la patience & la d�licatefle du pinceau quedemande Ie beau fini. 11 �toit plus touche des Ouvrages de la jeunefle de Rembrant j qui �toient plus foign�s, que de fes derniers Ta- bleaux qui font peints avec des �paifl�urs de couleur & une {orte de n�gligencequi ne furent pas du gout g�n�ral. Gerard Douw fit quelques Portraits en petit
& fort reflemblants; maisce fucc�s m�me, qui lui co�toit tant de peine & de temps , Ie d�go�- ta de ces fortes d'Ouvrages , 0O1 il y a deux difficult�s a vaincre; celle de bien peindre, &: celle de faire relfembler : La premiere nuifoit a laf�conde. Attentif a Texc�s a peindre , il im- patient�it ceux dont il faifoit !e Portrait; ils quittoientleurpofition,leur phyfionomie chan- geoit &c il manquoit la re�Temblance. Que 1'on juge du temps qu'il employoit a une t�te , il fut cinq jours a peindre une des mains de Ma- dame Spirings ! Que Ton juge du foin fingulier qu'il mettoit a tout pr�parer,il broyoit lui-m�me fes
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_____i io La Vu des Peintres
j^ fes couleurs; il faifoit les pinceaux ; les croife'es
| ''_ de fbn attelier �toient ferm�es au point que 1'air y pouvoit apeine paffer: II avoit enferm� fa- palette j Ces pinceaux, fes couleurs dans une boete bien exafte; tout ainfi difpof� pour les pr�ierver autantqu'il eft poffible de la pouffiere. llentroitdoucementdans fbn Attelier, f� pla- $oit furfa chaife, o� apr�s �tre reft� immobile jufqu'a ce que Ie plus petit duvet ne fut plus en 1'air , il ouvroit fa boete, en tiroit, avec Ie moindre mouvement qu'il pouvoit} fa palette & [es pinceaux, & ie mettoit a 1'ouvrage. Quelleg�ne! Quelefclavage! maisquellegloire ne (uit pas ces attentions en apparence fi minu,- tieufes, quandon entire Ie partique ce Peintre d�licieux en a tir� ! Gerard Douw pr�f�ra donc de quitter Ie Por-
trait a 1'utilit� de travailler plus vite , tant Ie progr�s &la perfediondans fon Art furenttou- jours les conhd�rations qui Ie d�termin�rent: II lb fit de plus uneloi affiijettilTante a la v�rit� , maisqui conduit plus infailliblementa Tairde v�rit� que Ton cherche de ne jamais rien faire que d'apr�s nature. Je ne fcais fi ce n'eft pas a lui que 1'on doit une
invention aflez ing�nieufe, mais fujette pour- tant a quelques inconv�nients, de r�duire en un petit efpacede grandsobjets: II fe fervoitd'une efpeced'�cran liir fon pied,dans lequel il avoit pratiqu� & encadr� un miroir concave a la hau- teurdefavue, quandil �toit affis. Cet �cran �toit une forte de cloifon entre 1'objet a repr�- fenter & lui: Cet objet fe tracoit en petit dans ce verre concave, & Ie Peintre n'avoit plus a en
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Flamands j Allemanis & Ho�andois.
en imker que Ie trait &r la couleur. Sacompofkion�tant difpol�e , il portoit fur
fa toile , divilee en plufieurs quarreaux �gaux «ntr'eux , les objets dont il avoit befoin: Cette divifion �toit r�p�t�e avec des fils liir unpetit chaffisqui �toit de la grandeur de la circonf�- rence du verre concave; de facon que lorfqu'il attachoit Ie chafl�s fur Ie verre,ce chaffis repr�- fentoit un quarr� infcrit dans un cercle. Cette pratiquequia facommodit�, menea de grands d�fauts; elle �te d'abord cette jufteffe de 1'ceil n�ceflaire pour leDei�ein, & qui ne s'acquiert J|ue par lnabitude de defllner a la feule vue &
ans ces autresfecours. D'ailleurs en amenant dans Ie Tableau j & les uns apr�s les autres , les objets de d�tail dont il eft compof�; cette maniere de les y placer leur donne un air de g�nie fi contraire a 1'union &: a 1'�l�gance , & c'eft ce qu'on a quelquefois reprocb� a Gerard Douw. Tantdepetits foins poufles jufqu'au fcrupu-
le Sc qu'iln'�toitpeut-�tre pas bienailequeTon conn�t; peut-�tre auffi Ie concours de villtes, qui ne faifoient que Ie diftraire , Ie rendirent afl�z difficile a en admettrerll en exceptoit pourtant les Amateurs connus & les Artiftes. Sandrart & Bamboche vinrent un jour Ie voir : lis furent fur-tout �tonn�s du foin 6c de la fi- ne(Te qu'il mettoit aux plus petits d�tails, &r il leur avoua qu'il avoit �t�trois jours a peindre unmancheabalai:C'eft granddommagequ'une fi grande exaditude ne foit que trop fbuvent in- compatible avec Ie feu du g�nie qui eft toujours plus ind�pendanc. Le
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nz La Vh des Pe'mtres
.------- Le R�Gdent Spieringer, un des plus zel�s
"1613. Prote&eurs de Gerard Douw, aimoit tant fes
■ d'une boude de mille florins (a), pour Ie feul droit dechoix & depr�t�rence lur fesi'ableaux, a mefure qu'il les finiflbit, & en les payant d'ailleurs comme tout autreacheteur. L'affiduit�de Gerard Douw a fon travail, &
le prix'qu'il vendoit lesOuvrages,lefirentjouir de bonne heure d'une fortune con(id�rable;mais d�sl'agedetrente ans il eut befoin delunettes:ll s'�toit affoibli la vue enpeignant continuelle- ment en petit. Gerard Douw eit mort a Leyden ; on ne Icait en quelle ann�e : II vivoit encore en 166x , lorfque Cornille de Bie a �crit fa vie. Cet Artiite admirable elt lans contredic un
des Peintres Hollandois qui ale plus fini fes TableauxrTout yeil pr�cieux , flou & colori� fuivant les tons de la nature. Sa couleur n'eft ni tourment�e ni refroidie par le travail; rien n'y eft farigu� : Une touche fraiche,mais pleine d'art,y voile le foinle plus p�nible. SesTableaux conferventautantdevigueurdeloinquedepr�s: Les fu jets de fesTableaux font pris dans les occu- pationsdelavie priv�e. Il a fbuvent repr�fente plufieurs plans dans unTableau , avec des meu- bles & de petits d�tails, qui ont co�t� autant queTeflentiel du Tableau. Comme ce Peintre a �c� laborieux & qu'il eft mort ag�, il a laifle beaucoup
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(a ) Sandran rapporte cette circoflance, & P. Angels qui
a t'aitl'�loge de la Peinture, dit que Spieringer, R�fident du Roy de Suede , donnoit 500 florins a Gerard Douw , pouf avoir le choix des Ouvrages qu'il produiroit. |
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Flamands, Alkmands & Hollandois. 22; _____
beaucoup d'Ouvrages; nous allons indiquer les r
principaux. '** Houbraken fait un grand �logeduPortrait de
la familie de M. Spieringer, R�fidenta la Haye pour Ie Roy de Su�de:Ce Miniftre eft affis dans f'on Cabinet & appuy� fur une table couverte d'un tapis de Turquie, Madame Spieringer eft dans un fauteuil , a c�t� de luij leur fille tient un livre qu'elle leur pr�fente. M. de B�e en avoit un Tableau qui repr�fen-
toit une femme avec un enfant fur {es genoux, qui f� jouoit avec une petite fille:Les Dire�teurs de la Compagnie des Indes acheterent ce Ta- bleau 4000 florins, & ils en firent pr�fent a Charles II. lorf'qu'il paffa en Angleterre pour remonter fur Ie Thr�ne",d'autres pretendent que ce furentles EtatsG�n�raux qui l'acheterent & Ie pr�fenterent au Roy en 1660. Ce Tableau fut depuis rapport� par Ie Roy Guillaume 6c place au Chateau deLoo, mais on ne fcait ce qu'il eft devenu depuis. La veuve de M. Jacques vanHouck 3 a Am-
fterdam } en pofledoit un autre qui repr�f�nte unappartementrichementmeubledetapifleriesi une femme jolie donne a tetter a fon enfant, pres d'elle font un berceau & quelque vaiflelle d'�tain a c�t�; plus loin une table couverte d'un tapis, furlaquelleeftpof�e uneaiguieredever- nieil,un luftredecuivreeft fufpendu au milieu de la Chambre : On appercoit a travers une porte ouverte, la Boutique d'un Chirurgien qui fait une op�ration douloureufe a la t�te d'un Payfan ; unepetitefemme &rquelques-autres fl- gures paroiflent effray�es des cris du malade ; au-
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114 La Vie des Peintres
au defTus de cette boutiqueon voitunCabinet
d'�tude,dans lequel un Vieillard taille une plume a la chandeile : Uneautre porte entr'ou- verte lauTe voir un Ma�tre d'�cole au milieu d'un grand nombre d'enfants qui font �clair�s par des chandelies &: des lanternes. OnrrouvedansleCabinetduRoydeFrance,
une Servante tenant un coq; une Femme lilant avecdes lunettes, & un Vieillard auili avecdes lunettes. ChezM. Ie Ducd'Orl�ans, une Femme fur
leperron defamaifbn;un Joueur de violonjune Vieillequi file; un Vieillard tenant une pipe, pres de fa femme qui file,& la Vieille a la lampe. Chez M. Ie Comte de Vence a Paris, une
vieille Femme qui palfe du filfur undevidoir. Chez M Blondel de Gagny, les Portraits de
la familie de GerardDouwfic un Philofophe dans fon Cabinet. Chez M. Ie Comte de Choifeuil> deux pr�-
cieux morceaux, 1'nn eft !a boutique d'un �pi- cier, il y a cinq figures & beaucoup de d�tails; 1'autreeftlem�me AontHoubraken parle, &qui appartenoit a la veuvede M. van Houck : I! n'y a de difference, qu'en cequ'un Chirurgien fait dans 1'autre 1'op�ration,ici c'eftun M�decin qui regarde 1 urine qu'une femme lui apporte : Peut-�tre queladefcription de l'Ecrivain Holr landois eft fautive ; fi elle eit jufte, ces deux Tableaux font prefque r�p�te's. Chez M. deju/ienne , un Peintre qui deffine
d'anr�s une figure de ronde bofle : C'eft un En- fant de Francois F lamand: II eft �clai r� par la lu- miered'unelampe�ePortraic d'une Femme;une vieille
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Flamands, Altemands & Hollandois. 115
vieille Femme qui lit avec des lunettes dans un livre. Chez M. Ie Marquis de Voyer , Ie Portrait de
Gerard Douw; la Marchande de poiflbnjla Bou- queti�re; Ie M�decin a 1'urine, quatre figures ; la Marchande de gibier , deux ngures. Chez M. de Gaignat, une Servante qui prend
du poiflbn dans un baquet_, un petit Garcon pres d'elle tenant un livrej& trois Tableaux tort beaux &fmguliers,chacun repr�fente une figu- re nue; deux Femmes comme lortant du bain; 1'autre eft un Homme aufli nud : II y a des fonds admirables & pleinsd'harmonieiCePeintren'a peut-�tre jamais fait d'autres Tableaux avec des ngures nues. Ceux-ci,dont Ie fini^Iatouche &: la couleur font de la beaut� de fes autresOuvrages, font regretter qu'il n'en ait pas fait davantage ; un autreconnu fousIe nomde Hachisd'Oignons. Chez M. de la Bou'�xiere, une petite Fem-
me �clair�e a la lueur d'une lampe ; une autre qui fait de la dentelle; un Arracheur de dents ; un Vieillard qui taille une plume; une Femme qui vend du hareng. Chez M. Ie Mar�chal d'Ijfenghien 3 une jeune
Femme qui touche du Clavecin. Chezl'Electeur Palatin ., un Charlatan en-
tour�de peuple ; un jeune Homme qui joue de la FKite a la lueur d'une chandelle ; une vieille Femme qui dit Ie Bened�che ; une vieille Mar- chande de harengs, de citrons, d'oignons,&:c. pres d'elle font une petite Fille qui voudroit bienefcamoter quelques fruits, & un Pauvre qui demande 1'aum�ne. A Rome, dans 1'Eglife de Santa Maria della
Torn. II. P Scala,
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ii.6 LaViedesPelntres
Scala, S. Jean d�coll� : C'eftje crois Ie feul Ta-
bleau en grand de Gerard Douw.
Dans la Galerie de Florence, une vieille Fem-
me. Chez Ie Prince de Heffe, une Femme qui ra-
tifledes racines; pres d'elle une petite Fille & un jeune Garcon , & un Hermite dans une ca- verne, lifant ala lumiere d'une chandelle. A la Haye , chez M. Ie comte de Wajfenaar,
deux Enfants qui tiennent unpot de confitures, &unevieilleFemmequijoueavecibnchat.Chez M. van Siingelandt, ReceveurG�n�raldela Hol- lande, un petit Tableau piquant; ony voit une Femme ag�e qui a f oin d'arranger un pota rleurs, dans lequeleft une plante d'oeillet. ChezM.va/z S�ngelandt, Bourguemeftre a la Haye, Ie Por- trait de Gerard Douw fumant du tabac, peint par lui-m�me. Chez M Fagel, une jeune Fille ■qui donnea boire a un petit chien. Chez M.Lor- miery des Joueurs aux cartes; trois Figures �clai- r�es a la chandelle;un jeune Homme co�fle d^un bonnet garni de plumes; une petite Vieille; un jeune Garcon dans une cave tenant une fburici�- re & �clair� a Ia chandellejune Servante qui �cu- re une lanterne; dans Ie fond du Tableau,eft une Femme avecdeuxEnfants;un Joueur de Mul�t- te, une Femme pres delui;deuxMiniatures du m�me Ma�tre; 1'une repr�fente une Femme qui verfedu laitdans une �cuelle,l'autreun Chirur- gien qui fait une op�ration douloureulea la t�te d'une jeune fille. Chez M. van H�teren,un Hom- mequideflinefurunlivre;une Fille qui tientune lampe qui 1'�claire. Chez M. van Zwieten , un Hermite
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Flamands , Allemands & Hollandois. j
Hermite en m�ditation. Chez M. d'Acofta, une jolie t�te d'Enfant;deuxf�guresenprieres, Ta- bleautr�s-fin & avec beaucoup de d�tails. Chez M. van Bremen , un philofophe appuy� iur une mappemonde. A Amfterdam, chez M. Braamkamp, une
Boutique de Chirurgien avec des figures �clai- r�es a la chandelle;le dedans d'une chambre �- clair�e de plul�eurs lumieres:On appercoit une Servante dans une cave a vin. Et chez M. Lub- beling, une Femme jaloufe qui �piefon mari Sc ia fervante, tous deux dans une cave, Tableau �clair� denuit; �c une Madelaine p�nitente. |
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BONAVENTURE PETERS.
PEtELS naquit a Anvers en 1614 : Ses
Ouvrages n'inipirent que 1'horreur. Il pei- gnoitdes Marines, des Ouragans terribles.C'eft prefque dans tous un cielcontondu avec 1'eauy Ie tonnerre, les �clairs, des vaitfeaux pr�ts a �tre engloutis; 1'un (e brif� contre un �cueil, & 1'aurre eft en feu &c (aute en 1'air : Tout ce qu'il a fait en ce genre eft pr�cieux. Il patlbit pour Ie ineilleur Peintre de Marines de lonlie- cle, Jes iujets font remplis de petites figures touch�es avec efprit & avecfinelTe. Onnefcait pas comment il a pu repr�fenter tout ce qu'il a fait avec autant dev�rit�j elle eft au point de donner de 1'erFroi. Peters unit laPoefie a la Peinture & paffa pour
bien faire des vers. Il mourut fort jeune a An- P z vers .
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1614.
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2i8 La V�e des Pelntres
versje 15 Juillet 1652 : II fut enterr� a Hobeke 't
pres de la m�me Ville. On y voit 1'ou Epitaphe. Les Tableaux decePeintre font la pl�part petits& d'un beau fini: On les trouve commu- n�ment en Flandres. 11 y en a troisdans Ie Ca~ binet du Prince Charles de Lorraine a Bruxel- les, dont deux font de belles'Marines, �c 1'au- tre repr�fente TEfplanadedu Chateaud'Anvers avec un grand nombrede figures. |
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BERTHOLET FLEMAEL.
FL E M A E L prit naiflance a Li�ge en 1614:
Ses parents peu riches, chercherent a tirer leur hls de la mii�re. Il avoit une jolie voix , ils s'�pargnerentpourluiraireapprendrelaMu- iiquejmais (on penchantl'emporta vers laPein- ture. Un Peintre m�diocre appell� Tr�ppes y lui donna quelques leconSj & GerardDouffleit, ar- riv� de Rome , acheva d'inftruire Bcrtholet, 8c dele mettre en �tat de voyager aux d�pens de ion talent. Ag� de 24 ans, ilparcourut 1'Italie : Rome
feule led�dommageades peines qu'il s'�toit don- n�es d'aller � loin pour apprendre. 11 fut heu- reux dans fes �tudes. Ami des plaifirs & pro- pre a en procurer par fonenjouemei t, il chan- toitbien&jouoitdeplufieursinftruments; mais neperdantpoint de vueles occafions decopier d'apr�s les grands Ma�tres, il abandonna les compagnies o� il �toit recherche pour felivrer a une�tudeopiniatre.Onnevitplus5ert/Werqu'au lieu
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Fiamands3 Allemands & Hollandois. y _
lieu ou il pouvoit s'inftruire : Ce fut dans eet ,
intervalle qu'il pafla des plaifirs aux �tudes de fon Art; qu'il fe forma cette grande maniere qui Ie fit admirer dans Rome & connoitre a Florence. Le grandDuc 1'appella a fa Cour, & lui marqua ion eftime , en lui confiant quelques Ouvrages pourune de les galeries. Il rut con- lid�r� du grand Duc qui ie l'attachaenlecom- blant de biens. Flema'�L voulut bient�t fuivre fes Ouvrages
dansl'Europe &�trelui-m�melet�moin des �- logesqu'onleurdonnoit. Legrand nombred'A- mateurs &: d'Artiftes habiles, qui �toient d�s- lorsenFrance,l'attira a Paris. Quelques efquii- i'esqu'il fitpour lesappartementsde Verlailles , furent approuv�es par le Chancelier Seguier. Ce Miniftre qui ch�riiroit les Arts, voulut arr�ter Benholet au fervice du Roy ; mais rien ne put 1'y retenir. Pendant ce f�jour il peignit a fraif- que dans la Coupole desCarmes d�chaaff�s a Pa- ris,le Prophete �lie enlev� au Ciel fur un char de feu , �c au bas Elif�e qui tend les bras pour recevoir le manteau du Prophete. Il peignit une AdorationdesRois dans la Sacriitie des grands Auguftins; & malgr� quantit� d'autres grands Ouvrages qu'on lui propofoit, il quitta la Fran- ce&: revint dans fa Patrie vers la fin de 1'ann�e 1647. Neuf ann�es d'abl�nce & un grand nora le rendoient cher a fes compatriotes. Il juftifia 1'id�e qu'on avoit de fon talent,par un Crucifie- ment en petit avec un nombre prodigieux d'Offi- ciers & de Soldats : Ce Tableau fut place dans une Chapelle de 1'Eglife Collegiale de S. Jean. Lacraintequel'on eutd'�tre affi�g�dansia Vil- P3 le,
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230 La Vie des Peintres
~~ Ie , fit retfrer Flema�l-x Bruxelles, o� il peignit
1 '4' pour leRoydeSu�dela P�nitence d'Ezechias. D�s qu'il appritque la tranquillit� �toit r�ta-
blie a Liege, il y retourna. Il fit alors Ie beau Tableau de 1'Epiphanie pour M. Jean de Faujon, Doyen de S Denis. On ne 1'avoit pas perdu de vueen France:Pour 1'attirera Paris,on luipro- pofa delerecevoira 1'Acad�mieRoyaledePein- ture , &c il en fut nomm� Protefl�ur; mais il n'y refta que Ie temps qu'il falloit pour placer un pla- fond qu'il avoit fait aLiegerOn Ie voitauxlui- leries dansIaChambre d'Audience duRoy. Ce plafondpeint furtoilerepr�l�ntelaReligion qui a fur lat�teunecouronne antique, elletient une bordured'attentepour y recevoir un Portrait. Plufieurs figures all�goriques font au deflus avec lesSymbo!esdelaFrance,te!s que roriflamme, laSainte Ampoule,un cafque^une �p�e & 1'�cuf- fon desfleurs,delys: Cemorceau fut achev� vers 1'an KJ70. En arrivant chez lui, il fit Ie Portrait de Ma-
ximilienHenrydeBaviere,Ev�que & Prince de Liege. LeComtedeMonterey,Gouverneur des Pays-Bas, eut aufl� de f�sOuvrages. L'un & 1'autre Ie comble'rent d'honneur & de bienfaits: Le dernier lui donna fon Portrait garnide dia- mants. Tantd'Ouvrages& tr�s-bien pay�s,pro- cnrerenta Bertho/et mie iortune confiderable. Il d�penfa cinquantemilleflorins abatir&raorner unetnaifon du c�t� deS.Remi, fur les bords de laMeufe. Onne fcaitcequicontribuaa fa m�- lancolie. Quoique aim� Ik eflim� dans fa Patrie & dans les Etats voifins 3 fa gaiet� &" fon hu- meur enjou�es'alt�rerent tont acoup. Il fuyoit Ces
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Flamands , Allemands & Hollandois. 231
fes atnis &: les meilleures compagnies. La Pein- ture qu'il avoit tant ch�rie,luidevint prefqu'in- fupportable: II �vitoit ceux qui cherchoient a Ie tirer de eet �tat, auquel enfin il fuccomba. Il mourut a Liege en 167S , ag� de 60 ans: 11 fut enterr� dans 1'�glif e des Dominicains qu'il avoit inftitu� les h�ritiers. On a cru que Bertholet a~ voit�t� empoifonn� par \aBnnvilliers refugi�e a Liege,avec laquelle il avoit �t� li� d'amiti� ; mais on n'a point la-deflus de preuves certaines. Ce Peintre fans avoir �tudi� Ie Latin , fut recu Chanoine de la Collegiale de S. Paul: 11 obtint la tonfure par une difpenle du Pape. Bertholet avoit un beau g�nie, beaucoup de
feu & d'exa�titude dans fes morceaux d'H�toire, ilobl�rva Ie cqftume &c connut a fond 1'antiqui- t�. Archited�e habile,lapl�part de fes Tableaux font enrichis de portiques, de colonnades, &rc. Il nes'eftjamaism�prisentranfportantlesEdifices deRomechezlesGrecs,il avoit fur cela une at- tention biendigned'un Scavant : Son Deffein tient de 1'Ecole dltalie pour la corre�tion & Ie choix;fa couleur eftexcellente;un pinceauflou, nne fonte admirable acheverent de 1'�lever au deffiis des au tres Peintres de fon pays. Le premier Peintre de 1'Ev�quePrince de Liege , Renier de Lairejfe , loin d'�tre jaloux de Bertholet, fe fit gloire d'adopter famaniere:Iirimita,& l'auroit �gal� fi fa couleur e�t �t� moins cru�,fa touche moins n�glig�e, fon g�nie plus cultiv�, Flema�l vit batir fur les DelTeins deux tres-belles Eglifes a Liege; celle des Chartreux & celle des Domi- nicains qui eft en rotonde. On a dit que ce Pein- tre avoit eu de la jaloufie du talent d'un de fes P 4 Eleves,
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13 2 /# Z7^ <ft*j Peintres
Eleves, appell� Carlier> qu'il avoit tach� de Ie
1 '4- d�go�ter,en Ie i �duifant au vil emploi debroyer � des couleurs, &rc. Si cela eft , Carher fe vengea de cette m�chancet� ; on pre'tend qu'il peignit en cachette leMartyrede S.Denis,qui fut place dans 1'Eglife de ce nom. Ce Tableau bien co- lon�, fit tant de peine a Bertholet; qu'il en jetta fes pinceaux au reu : On croit qu'il n'a plustra- vaill�depuis. Cet Eleve fitauffipour 1'Eglifede la Conception , un beau Tableau o� il a repr�- f�nt� S. Jofeph. Parmiles Ouvrages de Berthofet,on diikingue
ceux qu'ilafaits a Liege ; uneExaltation de la Croixau grand Autel de 1'Eglife de ce nom ; rAflbmption de la Viergedans TEglif� des Do- miniczins^FIema�'/ s'j eft peint lui m�me. Dans r�glifedesReligieuf�sdu Val-Benoit, une Cir- concifionpourune Chapelle de la m�meEglife; iinDieu mourant fur la croix. Chez les Dames du S. S�pulchre , la Converfion de S. Paul au grand Autel de TEglil� du m�me nom. Chez les Capucins du Fauxbourg de Sainte Marguerite, TAdoration des Berbers : Le plafond dans la m�me tnaifon quieftde fa main,ert prefque gat�. Chez les Religieufes de la Conception, une Na- rivit�. En 1'Eglif� Cath�drale de S. Lambert, la R�futredion du Lazare; une Mere de douleurs; S. Lambert entour� de fes Religienx , adorant Ia Croix , Tableau d'Autel. Au Maitre Autel de S. \Ticolas, une Vierge; un S. Auguftin avec des Religieux, autre Tableau : Et dans la cham- bre du Prieur des Chartreux, un S. Bruno. Dans Ia petite Ville d'Huy,pr�s de Liege j un
C�rift mort fur les genoux de fa mere : Ce Ta- bleau |
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Flamands, Allemands & Hollandois. 235
bleau eft place dans la nef des Freres Minimes; un Chrift mort en croix , au bas duquel eft un Chanoine a genoux , fe voit dans la grande Eglife de la m�me Ville. Chez 1'Eledteur Palatin, un Chrift mort en-
vironn� d'Anges; leTombeau d'Alexandre en- tr'ouvert, duquel on retire 1'Iliade d'Homere ; un Tableau bizarre , repr�fentant les effets de la magie & plufieurs Magiciennes, &cc. Chez Ie Prince de Hejfe, Ia mort de Lucrece.
Et chez M. Lorm�er, ala Haye , Achille blef-
f�, Tableau d'un bel efFet. |
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FRANgOIS WOUTERS,
ELE VE DERUBENS. Outers n� dans la Ville de Liere en
1614, ent a peine les premiers princi- pes de la Peinture , que 1'Ecole de Rubens lui parut feule capable de lui en d�velopper tous les myfteres. Il fit de grands progr�s fous eet ha- bile Ma�tre : II s'appliqua de plus a peindre Ie Payfage, o�il a r�uffi. 11 enrichiffbit ordinaire- ment lesTableaux de petites figures non commu- nes & emprunt�es de la Fable, tant�tde V�nus & d'Adonis, 011 des Nymphes avec des Satyres: Tous fes Tableaux fe refl�ntoient de 1'efprit �c du gout de fon Ma�tre. Ses Ouvrages l� r�pandirenf dans 1'Europe ,
&furentpar-toutbienrecus,particuli�rementde 1'Empereur Ferdinand II. qui 1'honora du titre de Peintre de fa Cour. Il paffa avec 1'agrement de
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234 ■�<* ^ie des Peintres Flamands , &c.
dece Prince a la iuite de fon Ambafladeur en Angleterreen 1637 : Ilcommencoit aparfai- tement r�uffir fur ce nouveau Th�atre, lorfque la mort de 1'Empereur, peu de temps apr�sion arnv�e a Londres , Ie mit dans la n�cefl�t� de chercher un autre �tabliflement. Le Prince de Galles le prit a ion i�rvice, le nomma fon Pein- tre&r lui donna la Charge de fon premier Va- let de Chambre. Ces Charges ,cesPenfions, jointes auxfom-
mes coniid�rables qu'il tiroit de fon talent, ne purent le retenir dans ce pays : II retourna a Liere, & dela il fe fixa a Anvers o� il travail- la jufqu'a la fin de fes jours. Ilmouruten Kj^, d'un coup de piftolet, fans qu'on ait feu par qui il fut tu�. Ses Payfages font du meilleur ton de couleur. Il excelloit fur-tout a peindre des Fo- r�ts &ay faire des perc�es a perte de vue. Wouters avoit �t� nomm� Diredeur de 1'Aca- d�mie d'Anvefs en KJ48 , diftindion alors re- cherch�e &r a laquelle il a Fait honneur. W^eyermans ne connoit Wouters que comme
Payfagifte : II a cependant tr�s-bien r�uffi dans Ia figure en petit: II eft affez corred dans le Deflein , Sc fa facon de colorier eft agr�able. Ses Tableaux d niftoire en grand, n'ont pas le m�me m�rite , fa couleur eft (buvent lourde & tire fur Ie jaunatre: La plupart de fes Ouvrages ibntdans les Cours Etrangeres. On voit cepen- dant a Paris, chez M. le Comte de Vence, un grand Tableau de ce Peintre : II repr�fente la mort de S�neque. Il eft peint en 16jz. DAVID
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D A V I D
RYCKAERT,
L E F I L S,
ELEVE BE SON PERE. *AVID RYCKAERT naquit
■ a Anvers en 1615; il eft fils & ! Elevede DavidRyckaertJPein- tre habile. Le jeune Ryckaert peignitd'abordlePayfage&r y acquit de la r�putation : Mais lorfqu'il vit le cas que l'on faifoit des Ouvrages de Teniers, de Brauwer } d'OJlade , &c ileffaya de
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La Vie des Peintres
~ de les imiter, &il futencourag�parleprixque 16 ■' 5 � lui valurent les premiers Ouvrages. L'Archiduc 1-xopold, qui airnoit les Arts , lui accorda la prote�tion la plus marqu�e , &C Ryckaert fut bient�t g�n�ralement eftim� des Artiftes & des curieux. Il crut que ce n'e'toit pas al��z que de peindre
pourperfeclionner fon talent; mais qu'il falloit avoir des Tableaux des grands Peintres fous les yeux : lls'enentoura&continuellementenfer- m� dans fon Cabinet, il fe mit a �tudier leurs tiift�rentesmanieres. Iltrouva danscettecollec- tion lesinftru�tionsque trouve un Scavantdans fa Biblioth�que : Des r�flexions fur la maniere d'imiter} miles en pratique & compar�es a la nature qui eft toujours Ie plus grand ma�tre, mi- rent bient�t Ryckaert de niveau avec les meil- leurs Peintres de Ion temps. Il avoit �t� nomm� a la place de Dire�teurderAcad�mieen 1651. Son cara&ere aimable &enjou�,lui a fait com- pofer des Iujets riants &quelques-uns �lev�s ; mais toujours piquants. On ne lcait ce qui put Ie porter vers l'age de 50 ans , a changer fa ma- niere decompofer;il n'a prefque fait depuis que des fujets de diablerie & d�go�tants : 11 a r�- p�t�pluiieurs fois la Tentation de S. Antoine : Ces morceauxfont d'une imaginationpeut-�tre un peufi�vreufe. On ne fcait comment il a pu fe plaire a terminer fes monftres horribles : Ses Tableaux de ce genre f 11 rent auffi recherches que fes autres Ouvrages. Ryckaert v�cut avec les grands Seigneurs, il gagna du bien &r mou- rut eftim� ; on ne lcait en quelle ann�e. Ses Ouvrages m�ritent d'�tre places parmi
ceux
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Flamands} Allemands & Hollandols. $j
ceux des Artittes qui ont Ie plus r�ulfi dans ce genre : 11 arepr�fent�desTabagies, des Aflfem- blees, desChymiites, &c. Il colorioit dans Ie commencement moins bienqu'a la fin. Ses pre- miers Tableaux lont un peu gris ; mais il a de- puis colori� avec une chaleur (urprenante : II peignoitavec facilit�. Ses plus beaux Tableaux nJont prefquepointd'�paifl�ur de couleur : On d�couvrepar-tout lefo d de la toile oulepan- neau. 11 peignoir les t�tesavecbeaucoup d'art, de finefl� &depr�ci�on ; les mains lont n�gli- g�es, ilparo�tm�me qu'il ne les faifoit que de pratiqne , au heu qu'il imitoit jufqu'aux�- toifes avec fbin d'apr�s nature. On e�t �tonn� de la l�geret� dont il terminoit avec des touches les formes qu'il a voulu d�figner,comme les d�- tails decuihne, des inftruments de mufique & d'autres meubles. Ryckaerc commence a �tre connu enFrance; fes beaux Tableaux lont aflfez rares, m�me dans fa patrie. Voici une courte lifte de ceux que je connois de lui. Dans Ie beau Cabinet de M. Ie Comte de
Vence, a Paris, un Tableau tr�s-piquant de ce Peintre , repr�l�nte un Yieillard qui joue avec fes enfants. Chez Ie Prince Charles , a Bruxelles , une
Femme qui chafl� Ie demon, & une converfa- tion ou aiFembl�e. On voit a Gand, chez M. Charles Brauwer,
ungrand Tableau avec beaucoupde figures de plus d'un piedde haut: C'eft un Officier G�n�- ral, qui, avec fa troupe, s'eft empar� d'une ri- che ferme ; on voit la cruaut� qu'exercent ces gens de guerre contre ces malheureux Payfans; pa
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^ La f ie des Peintres
on en voit de pendus la r�te en bas dans la
* *■** chemin�e, d'autres a qui on br�le lespieds, & � Ie maicre de la maiion que Ton tient par les cheveux, Ie fabre leve pour lui couper la t�te > a une table couverte de plats, des courtif annes boiventduvin &c femblent prendre plainracet horriblefpe&acle > une vie;lle femme & une jeune, avec leurs enfants} implorent la piti� de ces courtifannes & leur offrent leurs bourles &c leurs bijoux : Ce Tableau elt bien compofe , d'unebonnecouleur & eft fup�rieur aux autres Tableaux d'Hiftoire qu'a voulu peindre Ry- ckaen. L'Auteur de eet Ouvrage a dans fon Cabinet
a Rouen, deux Tableaux fur bois, du m�me Peintre, 1'unrepr�fenteun homme qui joue de laguittare j aupr�s de lui eft une vieille femme qui rit, elle tient unchien fur fes genoux; 1'au- tre eft un vieillard qui en contea une jeune fille , elle tient un verre de vin ; dans Ie fond du Ta- bleau font quelques figures appliqii�es a un jeu d'�checs, aupr�s d'une chemin�e : Ces deux Tableaux font du plus beau de Ryckaerc. |
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V
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ARNAUD
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Flamands3 Allemands & Uollandoh. 139
A R N A U D VAN RAVESTEYN,
Eleve de son Pere
JEAN RAFESTEYN. |
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pere, il elt confid�r� comme tin peintre habile.
�n remarquedans les Tableaux la maniere de fon pere : II peignit Ie Portrait avec beaucoup de lucc�s. On en voit plufieursdansla maifon de plaifance du Ptincede HeJJe-P h'rfipfdal, entre la Haye & Scheveningue , & chez quelques Particuliers. Ravefteyn fut nomm� Chef ou Doyen des
Peintres-Artiltes de la Haye en 1661 & 1661 i on ne peut rien dire de bien pofitif fur fon ta- lent : Riche de la fortune de Ion pere , il paro�t avoir moins cherch� a brillerpar de grandsOu- vrages places dans les endroits publics. Si fon pere Ta furpafle, il eft celui de fon temps qui a plus approch� de fa maniere. On raconteque la groffeurmonftrueufe dont il
�toit, fut 1'occafion d'un tour qu'on lui joua. Il fortoit d'ordinaire les foirs en manteau de 1'Acad�mie; on dit a des Commis, que eet homrne,
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240 La Vie des Peintres Flamands , &c.
hoinme,qued'ailleursilsneconnoiflbientpoint, portoit en fraude de 1'eau-de-vie ; ils Ie faifi- rent, 1'emmenerentdans leur Bureau, &au lieu de marchandif�s decontrebande, ilsd�couvri- rent un ventre enorme que Ie porteur leur au- roit volontiers laif�� pour les rrais. |
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GABRIEL
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GABRIEL
M E T Z U. IETZUfut fans contredit un
Ides plus grands Peintres de fa I Nation; c'eft en dire beaucoup fans en trop dire. Il naquit a JLeydeen 1<Ji5 ; on ne fcait qui __jfiu fon Ma�tre. Il y a apparence
que les �ableaux de Gerard Douw & de Ter-
burg furent fes modeles , Sc fon genie Ie guide qui lui apprit a en profiter. Si Ton n'a pu d�couvrir des particularit�s de fa vie , ne luffit-il pas de fcavoir qu'il fe fit connoitre a Amfterdam dans la jeunefTe par les talents les Tornt II. Q plus |
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_____ 142 ' La V<-e des Peintres
1015. plus diftingu�s dans fon Art> Sc par les qualit�s
■ ■ fociables d'homme aimable, qu'il marchaa pas de g�ant dans la carri�re d'une vie trop courte. Une �tude f�dentai re Sc continuelle contribue- rent peut-�tre a alt�rer fa f ante: il fut attaque de la maladie douloureufe de la pierre. On lui fit 1'op�ration en 1658 ; iln'avoitalorsque43 ans; on ne dit point qu'il en mourut ; on ne dit pas pluss'ilv�cut long-temps apr�s: On fcait feule- ment, qu'il eft mort a Amfterdam, Sc 1'ann�e en eft ignor�e. Au d�faut de plus de circonftances, parlons de fon talent Sc de fes Ouvrages, ils �terniferont fa m�moire. Met^u a peint les m�mes fujets que Mieris,
&rc. Il a fini de m�me fes Ouvrages; mais il avoic un meilleur gout de Defl�in; il n'y a ni roideur dans fes figures, ni g�ne ou froideur en imitant la nature. Ses fujets font choifis Sc pleins de no- blefle Sc de v�rit�, on s'appercoitqu'il travailloit plus facilement: Sa touche eit large Sc n'eft point pein�e, elle a autant de finefle que celle de Mie- ris, Sc fa couleur moinstourment�e j approche de celle de van Dyck: il deffinoit comme ce der- nier, fes mains Sc fes t�tes; fes phyfionomies font gracieufes Sc bien caradl�rifees. Met-^u n'eut ja- mais befoin d'oppofer une couleur a uneautre : 11 pofledoit Tharmoniea un point eminent. On a vu dans fes Tableaux une femme habill�e en rou- ge, Sc derriere el!e un lit avec des rideaux de la couleur de fon habillement, la diff�rence dans Tune Sc 1'autre �tofFe &rdans la couleur fans �tre outr�e,eftcependantfenfible, d'unbelaccord Sc . d'un grand effet.Ces grands principes de d�gra- der chaque ton de couleur felon la moindre dif- tancej
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Flamands, J'/Iemands & Hollaniois. 2.4 5
tance, d'augmenter les couches de 1'air fuivant------■
1'efpace entre chaque objet, �tcient des r�gies 1615.
dont il ne s'eit jamais �cart� Je propole Met\u � comme Ie plus grand modele qu'ait fourni la Hollande , a tous ceux qui voudront fuivre ou imiter !e m�me genre. Si Met^u 1'emporte lur fes Compatriotes ii c�l�bres, M. Chardin (a) ne Ie ' cedede nos jours a aucun de fes contemporains. Met^u s'�toit propof� pour modeles Gerard Douw, Terburg & Alieris. On ieroit tent� de croire que M. Chardin n'auroit vu les Ouvrages de perlbn- ne, tant la facon d'imiter la nature eft a lui : C'eft d'elle uniquement qu'il femble tenir Ie 1'e- cret de la repr�f�ntation: Ennemide cequi s'ap- pelle maniere, il n'adopteque celle de chaque ob- jet , & Ie choix fage qu'il en fait faire, ne r�froi- dit jamaisIbus fon pinceau la vivacit� & Ie feu qui donnent la vie a la chofe repr�fent�e. Il y a peu d'ann�es que les Ouvrages de Met-
0 font bien connus en France: lis y font rares �c finguli�rement recherches. Dans lacolledion auili nombreufeque pr�-
cieuf� des Tableaux du Roy, on n'en trouve qu'un de cegrand Ms�tre, il repr�fente nne fem- me qui tientunverre et un Cavalierqui la falue. On voit a Paris, chez M. Ie Comte de Vence 3
une Cuifini�re, c'eft un Tableau tr�s-piquant. Chez M. leMarquis de Foyer, deux Marchan-
des de poiflbn , une des deux eft connue fous Ie nom deMeiiu, au chat, un Concert; une Femme qui deffine ; une autre qui tient un hareng. Q 1 Chez
(«) M. Chardin, peintre du Roy & Confeiller de 1'Academie
Royale de Peiucure &. Sculpiure a Paris. |
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144 La Vie des Peintres
Chez M. Blondel de Gagny, eft Ie march� aux
1�I5- herbes d'Amfterdam, Tableau capital j un autre �"**' repr�l�nte une jeune rille, a qui on offre un verre, &c. Chez M. de la Bouexiere, une Femme dont,
pendant qu'elle marchande un li�vre , un rilou vole la boude; Ie March� aux herbes d'Amfter- dam ; une Servante qui achete du gibier. Chez M. Ie Comte de Choyfeul, une petite
Femme appuyee fur une table & lii'ant une lettre. Chez M. Lempereur, une Dame qui donne
des bonbons a un enfant entre les bras de fa nournce ; une petite Coufeufe qui regarde par une croif�e un papillon ; une Cage attach�e a la murailie, contre laquelle eft un grofeillier por- tant du fruit. Chez M. de Juliennc, Chevalier de 1'�rdre de
S. MicheU un Malade & fon M�decin qui re- garde une fiole d'urine; une Femme qui d�- je�ne, &: une qui touche du Clavecin. A DuiFeldorp, chez l'Eletteur Palatin, une
Aflembl�e de Campagnards , repr�lentant Ie Roy boit. En Hollande, chez M. Ie Comte de xvaffe-
naar, une Femme qui verfe a boire a un jeune homme qui fume. A la Haye, chez M. van Slingelandt, Pveceveur
G�n�ral de la Hollande , un Chafleur tenant un verre de vin; il a pres de lui fon fufil &: du gibier, &c. Chez M. Fagel, un Concert nom- breux, & une belledormeufe.Chez M.Lorm�er, Un Homme & une Femme affis a table, & un Enfant debout; plufieurs Figures en converfa- tion alaporte d'une maifoa; 1'Enfant Prodigue parmi
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Flamands 3 Alhmands & Hollandois■. 245
parmilesproftitu�es, belle & richecompofition; uneDameafatoilette, &un jeunedomeftique qui lui iert de 1'eau avec une aigui�red'argent, & un Homme & une Femme a table. Chez M. Bikker van Zw�eten , une Couturi�re. Chez M. Henry Ferfchuring, une Femme qui pr�l�ntedu vin a un Officier; une Femme qui lit a la chan- delle, & des fujets inanim�s tr�s-bien imit�s. A Amfterdam , chez M. Braamkamp , une
Femme en couche qni recoit des vifites, tr�s- beau Tableau ; un Homme de diftin�tion qui �crit une lettre; une jeune Femme qui lit une lettre qu'elle vient d'�crire, une fervante attend la r�ponfe & regarde attentivement un Tableau qui eft dans 1'appartement; une vieille Femme ; un Vieillard & la Femme & un petit chieiij un M�decin Chymifte avec des attributs de Chy- mie; une Cuifini�re tenant un li�vre �corch� & une volaille pr�te a �tre embroch�e; Ie Por- trait de Met^u fumant fa pipe. Chez M. Lubbe- ling, une Dame fur Ie pas de fa porte pr�fente du vin a un cavalier, & un domeftique qui arr�te Ie cheval par la bride. Chez M. Leender de Neufville, une jeune Marchande de poilTon qui vend du hareng a une vieille ; une Femme qui ecure une chaudi�re; une Marchande de bijoux. Chez M. Bierens, une vieille Femme a table. A Roterdam, chez M. Biffchop, une jeune
perfonne qui �crit & pres d'elle elt un cavalier de bonne mine. Voila a peu pr�slesTableauxquejeconnois
de ce fameus Artifte, & j'efpere que ce qu'on Q 3 ea
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La Vic des Pe'tntres
en verra, juftifiera pleinement la haute idee que 161:f' j'ai de fes talents. |
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MATHIEU VANDEN BERG,
� L E V E DE R U B E N S.
MAthieu vanden Berg naquita
Ypres en 1615 ; il �toit fils de Jean vanden Berg, n� a Alcmaer & �leve d'Henry Golt^ius. Jean vanden Berg �toit ma�tre d'Ecole ; mais il avoit quitte la t�rule pour la palette, & apr�s quelques ann�es d'�tude f bus Golt^ius, il s'�toit fait pr�fenter aRubensqui 1'encouragea. Rubens avoit pris confiance & lui avoitdonn� ladireo tion de fes biens: Cet emploi obligea Jean van- den Berg a demeurer a Ypres pour �tre a portee des terres de Rubens. C'eil dans ceite viile que Mathieu dont il s'a-
git prit naiffance j d�squ'il futen age; 1'Ecolede Rubcnsh� (utouverie. 11 padbient�t pour 11 n des bons Eleves de ce Ma�tre, & furtout pour un des meilleursDeffinateurs. Toujours Ie crayon a la main ilcopioitla nature, ouilapprenoita 1'imi- ter d'apr�s les �ableaux des grands Ma�tres. Mais on n'acquiertpointrinvention&leg�niejileut beau �tudier, il neput parvenir qu'a �tre un ha- bile, maisl�rvilecopiite. Onreconno�t par-tout 1'imitation : II deffina fi bien que fes Deflfeins font en grand honneur dans les porte - feuilles des curieux. Il fut reen dans la Confrairie des Peintres a
Alcmaer
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Flamands , Allemands & Hollandois. 147
Alcmaer en 1646, &: mourut dans la m�me Villeen 1647. |
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THOMAS WYCK.
CE Peintre m�rite dans fon genre, Ie titre
d'un des meilleurs de fon (i�cle. Il excel- loit a repr�fenter des Ports de Mer garnis de Vaiffeaux Sc du d�tail des Marines. Il -peignoir des foires, des places publiques, orn�es de th�a- tres de Charlatans , de faifeurs de tours, &r de Bateleurs. '.'�'. Il a bien traite Ie dedans de Maifons de Chy-
miftes, avec tous les uftenfiles des Laboratoires. Il defcendit jufqu'aux plus petits d�tails; fon Delfein eft correft; fa couleur eft chaude , fte {es Tableaux font bien empat�s. Thomas wyck 3 a grav� al'eau-forte: Ses Ta-
bleanx & fes Eftampes font recherches. On croit que ce Peintre a v�cu quelque temps en Itali� : �n ne fcaitpas o� il eft mort, ni en quel temps. Il laifla un fils dont il ferafait mention dans cec Ouvrage. Voici quelques Tableaux de ce Pein- tre conferv�s en Hollande. On voit chez M. Fagel, un Port de Mer rem-
plide vaifleaux, defigures, &c. ChezM. Verf- churing, un Alchymifte dans un Laboratoire , occup� de fon Arr. Chez M. van Br�men , Ie m�me fujet traite diff�remment. Q4
GOVAERT. |
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G O VA E R T
F L I N C K.
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"jLINCKnaquitaCIeves aumois
KleD�cembre i<Ji<�deparentsri- iches: Sou pere �toit Tr�forier de jfla Ville. Il n'eut d'autre but que gdeprocurerafonfilsun�tatpro- *pre a augmenter ou a foutenir fa |
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1616.
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fortune : Ille mit dans lecommerce. Govaert fut
place chez un Marchand d'�toffesde foie.Lego�t qu'ileut pour la Peinturel'emportafur tous les au tres , & elle le d�dommagea des peines qu'il eut a fouffrir pour elle. Le Marchand chezqui il �toit, s'appercevantque Flimk au lieu des'oc- |
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La Vie des Pelntres Flamands, &c. 249
cuper de faboutique tk de les livres de compte, ne s'amufoit qu'a griffbnner des figures d'hom- * l * mes Ik d'animaux, s'en plaignit au pere & 1'affu- "�'�? ra que fon fils feroitplutot barbou jlleur que mar- chand. Flinck pere en fut inconfolable; il ne croyoit pas qu'un peintre put prefque �tre hon- n�te horame : II fit rimpofl�blepourle d�tour- ner d'une profeffion dont il faifoit fi peu de cas. Govaert n'avoit jamais d�fob�i a fon pere : II lui promit de fuivre fes confeils, & on 1 envoya chez un N�gociant a Amfterdam. Un accident d�tru�fic encore les projets du pere &" d�couvrit de nouveau la forte inclination du fils. Le jeune Flinck avoit fait connoiflance avec
un Peintrefurverre, qui luipr�toit desDeileins; mais nepouvant les copierde jiour, il ramaflbit lesbouts de chandelle dans la cuifine & paflbit les nuits a def��ner. Son pere le furprit& le chatia avec des menaces de le punir une autrefbis plus rigoureufement. Cette derniere contradiftion avoit bien rebu-
t� le jeune homme , lorfque le pr�dicateur Lam- hert Jacobs, de Le warde, vint a Cleves pour y pr�cher.L'�loquence & la vie exemplaire du Pr�- dicateur lui donnerententree dansles meiileures niaifons. I^e pere Flinck qui �toit de la m�me croyance, lui fit le plus grand accueil; mais bien- t�tc�nverti en faveur dela peinture par Lambcrt Jacobs, qui �toit auili bon peintre que grand�ra- teur , il fe d�termina a lui confier fon fils &: a foufFrir qu'il fut fon �leve. Ce changement dans le perecombla de joie fon fils. Il fuivit Lamhen Jacobs a Lewarde : Son application fbus ce Maitre; une�mulation vive que lui donnoitfoa compagnon
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250 La Vic des Peintres
compagnon d'�tude, nomm� Backer, & fa dif-
' pofition natureHe, Ie firent devenir fort jeune ----- un afl�z bon Peintre. Parvenu au d�gr� de pa-
ro�tre & de gagner, il quitta Lewarde , &c ac-
compagn� de ion ami Backer, il s'attacherent a Rcmbrant; Flinck �tudia la maniere de ce Ma�- tre au point que fes Ouvrages paflbient & pal- fent encore aujourd'hui pour �tre de Rembrant. ]1 crut depuis que les Tableaux heurt�s ne fai- foient pas une impreffion d'eftime auffi grande que les Tableaux un peu plus fondus, & il cor- rigea fa maniere , ce qui lui re'uffit. Sa r�putation �tant bien conh'rm�e, il �poufa
une riche h�ritiere, fille d'un des Dire&eurs de la Compagnie deslndes, qui mourut fort jeune, & ne lui laifla qu'un fils. Il la regretta finc�re- ment, & ce ne fut que dans fon Cabinet, o� il avoit aflembl� les Tableaux & les marbres des grands Maitres,&qu'a forcede s'occuper, qu'il trouva fa confolation : II avoit fait venir de Romedes reliefsen platre fort curienx &: lesbuf- tes des Empereurs , &c. Une recherche longue des armures des anciens de toutes les Nations augmentoient fa colledion : Ce beau cabinet �toit bati dans Ie gout de celui de Rubens. Sa grande lumierey venoit du haut perc�en forme de d�me : II avoit auffi aflembl� les Defleins & les Eftampes les plus rares : Ce dernier article fut f�ul vendu apr�s fa mort 12000 flonns. Flinck �toit H� avec les Scavants de fon fi�cle
& eftim� des Grands, particulierement �eGuil- iaume j Eledeur de Brandebourg & du Duc de Cleves. Il a fait plufieurs fois Ie Portrait de ce dernier, 6c pour lui quantit� de Tableaux qui furent
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Flamands} Alkmands & Hollandois. 251
furent bien pav�s: II en recut de plus Ion Por- T~7"
� 1 r ,J j. ' r 1616.
trait enrichi de diamants. ^^^
Le Stathouder Matinee de Najfau honoroit "----"
fouvent Fiinck de fes vifites. Les principaux
d'Amfterdam �toient fes amis: On ne le d�ter- minoit gueres a fe trouver auxfeftins &r aux ai- fembl�es; il craignoit les exces & la perte du temps. Sa foci�t� la plus ordinaire �toient MM. Uyttnbogaert &rles �chevins , Pierrede Jean Six. Ces deruiers avoient les plus beaux Cabinets de la Hollande, & remplis de Tableaux & de Def- feins des meilleurs Maitres d'Jtalie , &c. Les Bourguemeftres d'Amfterdam , comman-
derent a Fiinck douze Tableaux pour orner la Maifon de Ville. Il avoit fini les efquifles qui avoient �t� tr�s-applaudies, lorfqu'il fut faifi d'une fi�vre violente & de vomifl�ments, dont il mourut le 2. D�cembre 1660, apr�s 5 jours de maladie. Son fils Nicola -Antoine Fiinck a eu de la r�-
putation dans la Jurifprudence : 11 avoit le plus beau Cabinetde fon temps, & il �toit le plus riche en Dei��ins des grands Ma�tres. Govaert Fiinck peignoit 1'Hiftoire & le Por-
traitprefque toujours en grand. 11 deflinoitbien &colorioit de m�me : Onvoir beaucoup de fes lableaux a Arnfterdam. Dans la Maifon de Ville en la Chambre des Bo�rguemeftres, Mar- cus Curius qui refufe les tr�fors des Samnites. A la Chambre du Confeil, Salomon qui de-
mande a Dieu le don de la fagefle : il a r�p�t� ce Tableau d'une maniere moins compof�e & plus en petit, & il en fit pr�fent aux magiftrats de
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252. La Vle des Peintres
1 de Cleves. Chez M. Leender de Neufvillc, une
1616- belle T�te d'homme.
Dans la m�me ville d'Amfterdam, dansles
butes du mail , on voit tin grand Tableau du m�me, o� fonttous les PortraitsdesPrincipaux de cette Soci�t�. On a dit que ce Peintre quitta Ie Portrait apr�s en avoir vu quelques-uns de ceux de van Dyck; qu'apr�s avoir vu les Ouvra- ges de Rubens, il ne voulut plus peindre & qu'il renvoyoit chez Barthohm� vander Helft y tous ceux qui s'adreflbient a lui pour lui coinman- der des Tableaux. |
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PIERRE NEDECK,
�LEFE DE PIERRE LASTMAN.
NEdeck naquit a Amfterdam : II �toit
Contemporain de Govacrt Flinck. Il apprit laPeinture chez Pierre Laflman : Son talent �toit Ie Payfage : II am�rit� reloged'hab�es Artilles. Je n'ai rien vu de ce Peintre: II eft mort fort ag� fans avoir �t� marie. |
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N. LA TOMBE.
LA Tombe n� auffi a Amfterdam en i G\6 ,
voyagea fort jeune & aila a Rome. Il y fut bienrecu par la Soci�t� d'EtudianrsenPeinture, (a) &C
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Flamands , A'/Iemands 6' Kollando�s. 153
(a) & fut nomm� Ie Boucheur_, parce qu'il ne l� trouvoit nulle part un initanc fans remplir fa pipe &: fumer. il peignoit des AfTembl�es habill�es a 1'Ita-
lienne; mais la pluparcde fes Tableaux repreien- tent des exploitations de mines, des grottes, des Tombeaux , des d�bris de rancienneRomerCe font les ilijets qu'il traita Ie plus fbuvent. Il les rendoit agr�ables par des lointains & une multi- tude de petires figiiresqu'il touchoitavecefprit. De retour dans la patrie, il y fut eitim� dans
fon Art & mourut en 16 76: II avoit un frere grand amateur de Tableaux &d'�ftampes. Rem- brant fon ami a grav� (on Portrait connu fous Ie nom de 1'Eftampe de la Tombs. |
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HANS (JEAN) JORDAENS.
JO R D A E N S prit naiflance a Delft en \6i G.
On fcait peude chofe de la vie de ce Peintre. Il quitta fort jeune ia. patrie & a paffe la plu- part (.7) Les Peintres Flamands qui �tudioient laPeimure, avoient
fait une Soci�t� dans laquclle ijs recevoier.t ceux qui s'y pr�fen- toient de leur Na�on. Certe r�ception Ie Faifoir dans un cabaret de Rome au d�pensduR�cipiendaire. Apics quelques c�icmo- nies bizarreSj on donnou Ie nom au nouveau confrere: Ce nom avoit fouvent du rapport a fa figure ou a fes d�fauts. Cene fete duroit toute la nuit, 8c Ie lendemain ils alloient tous ?. quel- que diflance de Rome fur Ie tombvu de Bacchus terminer la r�ception. On pretend que Raphacl a lui-m�me donn� l'id�e de cette fete: l.es Italiens n'.y �toient fonit adrnis comme (o- bres apparemmrnt, & c'eft unelouange; les feu!s Allemands & Flamands y �toient recvs auparemmer.t aufl) comme un pen tax�s d'aimer a boire, & c'eft un trait de faiyre. Cette Soci�t� ift plus. |
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15 4 La Vie des Peintres
part de fes jonrs a Venife, a Naples, & a Rome.
II coinpoioit &c peignoit avec tant de prompti- tude, que les Italiens difoient de lui qu'il paroif- Joit ratnujjer Jes figures avec une cuiller a pot. Le nom de cuiller a pot lui fut donn� par la Soci�t� de Peintres Flamands a Rome. Il eft mort a Voorburg aux environs de la
Haye : Le temps en eft ignor�. Ses �uvrages lont rares en France & dans la Flandre. On a vu de lui un beauTableauaAmfterdarrijchezlaveuve de l'Avocat de Muis van Holj ; II repr�fente le Paffage de la Mer rouge, li eft compol� & peint entierement dans la maniere de Rottenhamer. Quelques-uns pretendent que Lucas Jordaens,
connu fous Ie nom de Luc Faprefto ou du Napo- lirain , eft tils d'Hans Jordaens. Onvoit un beau Tableau de ce Peintre, chez M. van Bremtn a la Haye, il repr�fente Mo�fe frappant le Rocher. |
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GILLES SCHAGEN,
�LEFE DE SALOMON RAVESTEYN.
GILLES, fils de Pierre Schagen, naquit a
Alcmaer en \G\G : II eut pour premier Maitre Salomon van Ravej�cyn & enfuite Pierre Verbeek. L'enviedevoyager le fitquitter fes parents &
fes ma�tres. Il s'embarqua en 1637 pourDant- zick, oti il vifita les peintres, M. Jofepk Brajjer le recut fortbien & voulut 1'engager a y pafler quelque temps. Il quitta cette ville pour aller a Elbing,
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Flamands , Alhmands & Uollandois. 255
Elbing, o� Strobel ( Peintre de 1'Empereur & de- puis de Stani�as Roy de Pologne), lui fit beau- 1 I , coup d'amiti�. Schagen fit Ie Portrait du Roy de -----'
Pologne, Ia beaut� de ce Tableau , cauia peut-
�tre autant de iurpril� que de jaloufie a Strobel. Schagen prit cong� de ce Peintre & retourna par Dantzick a Alcmaer. D'un caradere inquiet &r difficile a fixer, il
s'embarqna dela fur uu navire de guerre qui al- loita Dieppe. Il arriva a Paris &: a Orl�ans: II y refta quelques temps fort employ� a peindre des portraits. M. d'Ivry 1'engagea a retourner a Paris, o� il fitpluf�eurs belles copies d'apr�s Mi- chel Ange, Rubens, &c. Il s'employa aufli quel- que temps a faire des Portraits de la familie de M. d'Ivry. Fatigu� de copier &rnetrouvant pas 1'occa-
fion de faire conno�tre fon propre g�nie, il quitta Paris en 1639 & paffaenAngleterre.il y fitcon- noiffance avec l'Amiral Tromp , qui lui donna une petite fr�gate a fa difpoiition, ponr qu'il fut a portee de defl�ner Ie Combat entre lui &TA- miral Efpagnol d'Oqucndo. Schagen retourna a Alcmaer, o� il fut recu
Architedle, avec la direftion des Ouvragespu- blics. Son talent, fa fortune & les autres qua- lit�slui ontprocur� unevie agr�able.Viiit� des grands j ami de (es �gaux, il mourut regrett�, Ie 16 Avril 166$. |
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LUDOLF
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v
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Lavie des Pelnires
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LUDOLF DE JONG,
�LEVE DE JEAN BYLAERT,
------- T"\ E Jong eft n� a Overfchie, entre Roter-
\6i6. _yjiin & Delft en 16 � 6. Soa pere qui e'toit
t^S"- Cordonnier, n'eut point d'autre ambition que d'�lever ion fils dans Ion m�tier: Celui-ci ayant gat�plufieurspaires delouliersj fonpere Ie cha- tia fi cruellement avec Ie tire-pied, qu'il pritla r�iblution de quitter une profet�ion o� l'on Ie fert <!e pareils inftruments. La fantaifie d'ap- prendre apcindre lui vint p'ut�t qu'une autre, parce qu'il lui etoit deftin� de la nature. 11 fut place chez Corn�lle Zacht-Leven : II y ap-
prit les premiers principes, &: dela entra chez Antoinc Palamedes, Peintre de Poitrait a Delft. Trop n�glig� par ce dernier Ma�tre, de Jong Ie quitta& fut aUtrechtpoui"�tudier ious JeanBy- laat; il y fit lit�t de grands progr�s, qu'en �tat de vivre de f'on talent, il quitta Utrecht en la compagnie de Francois Bacon, & paflaenFran- ce, dans 1'intention d'y travailler fous les meil- leurs Ma�tres. Apr�s avoir demenr� fept ans a. Paris, fon pere Ie rappella., & d�termin� par 1'�- tat languiflant de ia mere 5 il retourna chez lui avec plus detalents qua de biens, 11 s'�tablit aRoterdarn , o� il eut une grande
voguepourlePortrait:ilya.mairadubien.Sonaf- fiduit�&f'afagefl�lefirent eftimercVIuiprocure- rentun bon mariage. Il�jpoufa la fiUedeM. Mon- tagnei
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Flamands 3 Allemands & Hollandois. 257
tagne, alli�e aux meilleures families de Hal- lande. 11 fut nomm� Major de la Bourgeoifie de Roterdam : Cet emploi fut depuis chang� en celui d'Ecoutet (ou Maire) d'Hillegersberg � il remplit cette Charge avec applaudiff�ment jui- cju'a fa mort en 165)7. Ses Portraits font chez les particuliers en
grand nombre. Celui qui lui a fait Ie plus d'hon- neur, eft place dans la falle des Princes , aux butes de Roterdam: II repr�fente les Officiers des Bourgeois de fon temps. |
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Tome IL R PIERRE
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_ 1.
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C. Kuren- del.
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FtctfUet scah.'.
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PIERRE
VANDER FAES,
SURNOMM� LELY,
�LEFE DE GREB BER. |
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E L Y naquit a Soefi en Weft-
phalie en i�i� j fonpere/ed/2 ^FCiid'If |
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terie , futnomm� Ie Capitaine
Lefy(a), parcequ'ilnaquit ala Haye, dans une maifon dont la facade �toit orn�e d'une fleur de lys. Il s'apper- cut
(«) Lely ou Lelie, en Franf ois fleur de lys. |
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La Vie des Pelntres Flamands , &c. 159 -
cut bient�t que fon fils �toic plus propre au %�~ Deflein qu'aux� Armes : II Ie placa chez P. F. l6t8- Grebber, Peintre a Harlem. En deuxans que fbn "�-~ fils paffe chez ce Maitre, il avanca au point que Grebber ne put s'emp�cher dedire que Ion Eleve Ie furpalferoit : Cette pr�di&iona�t� juftifi�e par T�venement. Al'age de 15 ans Lely futd�ja un tr�s-grand
Peintredeportrait: llfitceuxdeplulieurs grands Seigneurs. Gu�llaume II. Prinee d'Orarige, 1'em- mena avec lui en Angle�erre , lorfqu'il y fut pour �pouferlafillede Charles I. en 1645 :^efy fit les Portraits du Roy& de la Familie Royale, avec tant de fucc�s, qu'il fut choiii par la Ma- jeft�pour fon premier Peintre. La mort tragique de ce Prinee engagea Lely
a quitter Londres ; quelques-uns pretendent qu'il refta au l�rvice de Cromwel : il eft vrai qu'il a fait fon Portrait. A Tavenement de Charles II. il �toitencore en Angleterre: Le Roy Ie nomma Chevalier & Gentilhomme de la Chambre , avec une penfion de 4,000 florins. Cette derniere faveur mit le comble a lafor-
tune de Lely : II fe vit dans la meilleure pofi- tion , eftim� des Grands du Royaume, comme grand Peintre 6c comme hommed'efprit; caril eft vrai qu'il r�uniflbit a lafup�riotit�daiisfon Art, uneinfinit� d'autres connoifTances. Lely faifoit une grande figure a 1'imitation
de fbn pr�d�cefleurvan Dyck: \\ avoitunetable de douze couverts , & a c�t� de fa falle a man- ger , une bonne Mufique pendant fon diner. Mais cette d�penfe , quoique confid�rable, ne fut point au defllis de ce qu'il pouvoit faire , R 2 parce
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Z6o La Fie des Peintr�s
1618 Parce (lu'avec autant de bien que van Dyck, il
mmmi^ eut moinsdeMaitrefles &c qu'il ne donnajamais dans les folies de FAlchymie. Ce Peintre �toit n� avec un efpritd'ordre fi
propre a acqu�rir Sc a conferver fa fortune : Un de ks gens tenoit un journal de ceux qui fe faifoientpeindre';iln'yavoitaucunediftinction, les jours & les heures �toient marque's, & celui qui y manquoit �toit remis apr�s les autres au bas de la liite. Il avoit la m�meexa�titude vis- a-vis de lui-m�me : A neuf heures du matin il jfemettoital'ouvrage fansdifcontinuerjufqu'a quatre heures apr�s-midi; il quittoit la palette pour fe mettre a table avec fes amis: Le refte de la journ�e �toit employ� a quelques vilites & a faire fa cour. Jamais bas avec les Seigneurs, toujours affable avec fes �gaux, il gagna 1'efti- me de tout le monde : Les Po�tes l'ont chant� dans leursVers, & fur-tout fon ami Jean Fol- lenhove. La fortune & la r�putation de Lely, 1'eftime
&C Tamiti� que les grands & les petits avoient pour lui, lavie agr�ablequ'il menoit, auroienc du le rendre le plus heureux de tous les hom- mes , & cependant ce fut au milieu de tous ces avantagesqu'il�prouvaleplusnoirchagrin. On fcait que Kneller fut adrefle a M M. Banks , Hambourgois, N�gociants a Londres : II fit les Portraits de toute cette maifon , qui furent vus par le Duc de Monmouth ; ils plurent, ainfi que F Auteur, a ce Seigneur j qui pr�naala Cour les talents de ce jeune Peintre , comme il fera dit plus au long dans la Vie de Kneller : Ce dernier bien inf�rieur a Lely, n'auroitpasd� Fin-
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Flamands j Allemands & Hollandois.
Pinqui�ter ; il y avoit en tout trop de diftance entr'eux. Cependant la jaloufie cju'il en con^ut lui porta Ie coup mortel. Peu accoutum� a la moindre difgrace, & encore tnoins alarivalit�, les fucc�s de Kneller plong�rent Lely dans la plus noire m�lancolie. Son M�decin , fon ami intime, �toit tr�s-affidu aupr�s de lui: 11 con- noifCoirKncHer, & chaque Fois qu.*il vifitoit Lefy, il eut la maladrefle de lui parier fans ceflTe des progr�s de ce dernier venu. 11 ne s'appercutque trop tard, qu'en ordonnant des remedes pour Ie corps, ilempoifonnoit Tefprit parfesdifcours. Le malheureux Lely, mourut prefque fubite- menten 1680 } al'age de 62. ans, viftimed'une jaloufie qu'il n'ofa avouer, & du peu de con- noilTance de fon M�decin daas les maladies de 1'ame. |
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P A U D I T S,
�LEFE DE RE MB RA NT.
PA u D 1 T s n� dans la baflTe Saxe , a m�rit�
le nom diftingu� d'un des meilleursEleves de Rembrant: llafaitplui�eurs beaux Tableaux pour 1'Ev�que de Ratisbonne & ^o\xt Albtrt Sigifmond, Duc de Baviere. Apr�s avoir fini ces Ouvrag�s, il entreprit
un Tableau au concours avec Rqjler, Peintre de Nuremberg. On donna pour fujet du Ta- bleau , un loup qui d�vore un agneau. Paudits ©btint 1'avantage pour la v�rit� &laforcede R j 1'ex-
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^^__^ Z6i La Vie des Peintres
Texpreffion; maisquelqtiesconnoilTeurs frapp�s
des beaut�s , des recherches & du fini des poils -___-� & de la laine , donnoient la pr�f�rence au Ta-
bleau de Rqfter. Ce Jugement couta la vie a Paudits ; il mourut peu de temps apr�s , d'un fangtourn�j au grand regret des Amateurs. Ces deux exemples de 1'extr�me f�nfibi�t� des Artiftes devroient mode'rer la f�v�rit� des Cri- tiques, qui pour la pl�part dccouragent plus qu'ils n'�clairent. |
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PIERRE MEERT.
ME E R T n� a Bruxelles, a joui d'une
grande r�putation a peindre leportrait; on nelcaitriendefavie: Plufieurs chambresou fallesde Confrairies dans la m�me Ville } lont orn�es de fesPortraits, qui en repr�f�ntent les Chefs & Officiers en exercice. Cornille de Bie egale ce Peintre a van Dyck ; y a-t'il un plus grand �loge ? |
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ANTOINE WATERLOO.
LEs unsont cru ce Peintre de la Ville d'U-
trecht, d'autres pretendent qu'il �toit d'Amfterdam ; quoiqu'il en foit , il demeura toute fa vie presd'Utrecht, &: il n'a jamais fait d'autres �tudes que les environs de cette Ville : Son talent �toit de peindre des Payfages, que jv�eninx
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Flamands} Allemands & Hollandois'. }
jr�eninx & d'aiitres ont orn�s de figures & d'a-
nimaux. Ses Tableaux furent recherches defon temps & Ie font ^ncore aujourd'hui> fescieux font clairs & l�gers^ ainG que fes lointains, & fes arbres & fes plantes de bonne couleur 6c bien vari�s: II repr�fentoit la nature tellequ'il la voyoit; fon g�nie born� ne lui a pas permis d'y rien ajouter, ni d'en faire un beau choix. Ses Tableaux, quelquefois froids, plairont cepen- dant toujours par Pexa&itude avec laquelle il faififlbit les paffages de lumiere a travers des arbres , & la r�flexion des objets dans 1'eau. Un honn�te patrimoine &: fes Ouvrages quoi- 3ue bien vendus, ne pr�ferverentpasce Peintre
e mourir dans la mifere : II fut enterr� dans 1'H�pital de S. Job , 011 il eft mort, pres d'U- trecht. On a de waurloo un grand nombre de def-
feins d'apr�s nature, quifonteftim�s :Ilen a grav� plu�'eursareau-forte. |
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R 4 GONZALES
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GONZALES
COQUES,
� L E V E
DE DAFID RYCKAERT LE VIEUX.
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ES auteurs Flamands & Hollan"
dois s'accordent prefque tous a placer les talentsde Gon\aks Co- ques au deflus de ce qu'on nous raconte de ceuxde 1'Antiquit� : II naquit dans la Vi�ed'Anvers en \6\ 8. Deftin� aux plus grands honneurs par la Peinture, il dut foninftru�tion a DavidRyc- kaert
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-w*~�(ffi..
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La Vle des Peintres Flamands, &c. 2,65
kaert Ie vieux, & fa perfe&ion a des difpofitions ------
qu'il fcut cultiver. Li� d'amiti� avec Ryckaert ***
Ie jeune , ils �tudierent la nature enfemble: ' Gon\ales fut frappe des Ouvrages de van Dyck. L'�l�vation qu'il remarqua dans les Tableaux de ce grand Peintre , plus conforme apparem- menta Ion g�nie, que toute autre maniere, lui fervit de guide : II ne perdit point de vue ce grand Ma�tre qu'il a �gal� dans fes petits Por- traits. Gon\ales peignoit comme Teniers , Oflade &
Ryckaert, des fujets de fantaifie; mais il fcut les rendre plus int�reflants : II eut Tart de ne point donner dejaloufieauxautres, engagnant beaucoup davantage. Un de fes premiers Ta- bleaux , & qui lui m�rita une grande r�puta- tion, fut fait pour M. Jacques Ie Mercier, riche N�gociant d'Anvers : II y repr�fenta Ie mari, la femme 6c les enfants, tous affis a ta- ble ; il s'y eft peint lui-m�me de profil. Cette facon de peindrele Portrait, fa belle maniere de faire, & 1'int�r�t qu'il fcut r�pandre dans ces Cortes de morceaux , lui m�riterentd�s-lorsla premiere place au deflbus de van Dyck. Apr�s ces fucc�s d�cid�s, notre Artifte fe crut a por- tee de marquer fa reconnoiflance a celui qui Tavoit inftruit par fes lecons; il �poufa Caihe- rine Ryckaert, lafille de fbn Maitre : 11 lui de- voit une partiede fa gloire , il voulut partager avec lui fa fortune. Il fe livra en entier a peindre Ie Portrait en
petit; bient�t lesParticuliers ne purent prefque plus pr�tendre a [es Ouvrages: La familie de M. Najjoingni, qu'il venoit de peindre &c d'en- voyec
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» --^-J-*V*_�____il;__ ■- ■**■-{ '--r -1*� __ - i ___ _____ .-. ______ --
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166 La Vie des Peintres
�------- voyer a Bruxelles, Ie fit conno�tre a la Cour.
1618. Tousles Princes, Ie Roy d'Angleterre, Ie Duc
Juan & Ie Prince d'Orange, s'emprefferent a employer fon pinceau: Ce dernier lui fit pr�- fentdefon Portrait en medaille, avec une cha�- ne d'or. Le concours des Grands augmenta tellement fon cr�dit & fa fortune , que les plus riches de la Ville cherch�rent fon alliance: II maria fa fille a M. Lonegraeve , parti tr�s-confi- d�rable. Il vivoit ainfi au milieu de fa gloire & des richefles : Cette f�licit� fut troubl�e par la mort de fa fille Gon^aline Coques , qu'il perdit le 11 O&obre i66y ; fon fils la fuivit de pres en 1670 , &c fa femme le z Juillet 1674. Pour emp�cher Gon\ales de fuccomber fous
tant demalheurs,onl'engageaaun f�cond ma- nage avec Catherine Rysheuvels. Il v�cutencore dix ans & mourut le 18 Avril 1684:11 fut enterr� fous la tombe qu'il avoitplac�epour fa familie dans la Chapelle de la Vierge , en 1'E- glife deS. GeorgesaAnvers. Notre habile Artifte avoit recu des marques
bien fenfibles de confid�ration du Corps Acad�- mique; il en avoit �t� nomm� deux fois Direc- teur, la premiere en 1664. & 1'autre en 1679. Gon^ales eut un pinceau pr�cieux , large& facile ; fes Portraits font bien deflin�s: 11 colo- rioit avec une fraicheur furprenante, les t�tes &: les mains; il avoit une touche peu commune dans lespetits Ouvrages.Nousravonscompar� h vanDyck, &nous necraignonspointd'avoir exag�r� ; il difpofoit Ces Portraits comme ce dernier : II femble avoireu le m�me g�nie. J'ai vu
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Flamands y Allemands & Hollandois. 16'7
vu de lui un Tableau furprenant : C'eft une � familie entiere, habill�e en noir, & ce Tableau ' eft fort clair. Le linge y eft d'une l�g�ret� II tranfparente & f� mince, qu'on croit le voir agic� par 1'air; fes fonds font clairs & vagues, fes plans exa&s � fimples & fans coufuiion , quoique remplis de meubles: La grandeur de fes t�tes n'�toit gu�res au deffus d'un pouce & demi. Il a fouventfait fon Portrait & celui de fa familie : Ses Tableaux font encore rares en Trance. M. le Comte de Vence poflede a Paris undes
premiers que 1'on y aitconnu ; ilrepr�fente ce Peintre avec fes deuxfilles: Les figures font en pieds & de fonmeilleurtemps. Dans Ie Cabinet de 1'Abb� de BergS. Vinox,
1'on voit le Portrait de Coques, il eft peint juf- qu'auxgenoux. On trouve de lui dans le Cabinet du Prince
Charles , a Bruxelles., un Portrait d'une femme tr�s-jolie ; celui d'un Officier G�n�ral; un autre Portrait de femme : deux Portraits d'homme & de remme ; celui de vander Stegen, & un au- tre Portrait de femme. A Gand , chez M. /. B. Dubois , un Tableau
plus compof� ; c'eft un homme habill� en ve- lours noir , fa femme eftenfatin noir&tient un enfant fur fes genoux. A la Haye , chez M. le Lormier, on voit un
bon Tableau de Gon-^ales, repr�fentant notre Seigneur, Madelaine &r Marthe ; le fond eft riche & bien termin� , comme le refte de ce Tableau ; un autre compof� de dix figures qui examinent des curiofites dans un Cabinet bien orn� ,
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La Vie des Peintres
orn� , dont l'Archite&ure eft peinte par Pierre N�fi |
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ABRAHAM
VANDEN TEMPEL,
r
E L E V E
DE GEORGES VAN SCHOOTEN.
NE en la Ville de Leyde , environ 1'ann�e
1618, Tempel fut place fort jeune chez Georges van Schooien, o 11 il refta jufqu'a cequ'il put lui m�me chercher dans la nature ce qu'elle offre aux Artiftes �clair�s : II quitta fonMaitre & Ie forma une maniere qui lui a r�ufli en Hiftoire & au Portrait. La Ville de Leyde pof�tde la pl�part de fes Ouvrages. On y voyoit dans Ie c�l�bre Cabinet de M. de la Court, un Tableau repr�fentant lesPortraitsd'unhomme &c de fa femme : Ce morceau eft cit�par tous les Connoifleurs; les chairs & les �toffes en font trait�es avec la plus grande v�rit�. Dans une chambre a la Halle aux Draps de
la m�me Ville, on voit de lui un petit Tableau a��gorique : Cette compofition eft ing�nieufe & d'un beau pinceau. Dans la maifon des Orphelins de la m�me
Ville , il ena repr�fent� les Adminiftrateurs en charge, & la grande reflemblance en eft Ie moindre m�rite. Le gout du DeflTein de Tempel eft tr�s-bon:
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Flamands, Allemands & Hollandois. 169
II colorioit bien & fa touche eft large. Ses meilleurs Eleves furent Francois Micris j de Fois> Jfaac Palling, M�chel van Mujfcher & Charles de Moor. 11 avoit �pouf� Mademoifelle Catherine van
Hogmaeden : on ne fcait pas s'il a laiff� des enr fants : II mourut a Amfterdam en 16-71 , ag� d'environ j |
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CORNILLE JANSENS.
ON croit Janfens : n� aAmfterdam , fon
Maitre eft moins connu que la belle ma- niere de Cornille : II peignit d'abord 1'Hiftoire en grand & en petit; mais Ie gainie portak faire des Portraits. Il demeura long-temps en Angleterre, il fit les Portraits du Roy & des principaux Seigneurs de ce Royaume : II y pei- gnit quelques Tableaux d'Hiftoire. Ses Ouvrages pafl�rent en France Sc en Ita-
li� : On les eitimabeaucoup, on voulut m�me voir TAuteur. La Yille d'Amfterdam eut la pr�f�rence; il y fut demeurer en fortant de Lon- dres: On croit qu'il y eft mort. On vante fes Portraits., fa maniere depeindre&rfabellecom- pofition : Je ne connois aucunde fes Ouvrages |
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JEAN
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270 La V�c des Peintres Flamands, &c.
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JEAN GOEDAERI
------- /^ OedAERT n�a Middelbourg en Z�-
1618. \J" iande, fut bon Peintre & habileobf�rva-
1----" reur: II peignit a gouafl� ]es oifeaux & les
inf�'dtes avec une v�rit� &: une patiencefurpre-
nante. Non content d'imiter ces animaux , il a fait des recherches furleursrbrmations &leurs changements de vers en papillons. 'Apr�savoir paf�e pres de 3 o ans a faire & a v�rifier les re- cherches, ildivifa fon Ouvrage en troisparties & donna la premiereen 1661 , lafeconde en 166y, la troili�me fut imprim�e chez Fiertns a Middelbourg , & d�di�e par la veuve de ce fcavant Artitte , au Conl�il de Z�lande : Ce m�me Ouvrage a depuis�teimprime enLatin & en Francois, fous Ie titre de Metamorphojis naturalis, Le Portrait de 1'Auteur eft a la t�te de chaque Edition, grav� par R. van Perjyn , d'apr�s �^i//em(Guillaume Evcrdych. Jean Gocdaen mouruten 166�. |
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CORN�LLE EVERDYCK.
EVerdyck d'une familie illuftre, origi-
naire de Tergo�s , fut regarde dans fon temps comme bon Peintre d'Hiik>ire:Plufieurs de fes Tableaux fe confervent encore dans fa familie. JEAN-
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'«rrc/////xi.//7i> .
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JEAN-PHILIPPES
VAM-
THIELEN,
�LEVE DE DANIEL SEGHERS.
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E A N-Philippes van Thielen, -------
-Ecuyer , Seigneur de Couwen- 161$.
bcrch ,&c. naquita Malincsea ■__
1618 : Iflu d'une familie noble
& diftingu�e, il fuc confi� aux plushabilesMaitres.D�s faten- |
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drejeuneffe il eut du gout pourtouc ce qui �toit
Art ou Scieace: LeDefl�inTemporta bient�c iiir tous
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j La Vie des Peintres
tous (esautres exercices,qu'il ne continuadecul-
tiver que fous la promefl� qu'on lui laifleroit ap- prendre la Peinture. Van Thielen entradansl'E- cole de Daniel Seghers J�fuite; Ie g�nie, legout, la patience &: 1'applicationduMaitre apeindre des fleurs, fe firent bient�t remarquer dans 1'E- leve : Les fucc�s du dernier ne donnerent aucu- ne jaloufie a Seghers \ ils neceflerent jamais d'�- treamis: lis firent enfembledesTabteaux, m�me pour des concours; &r malgr� ^es �loges que Pon donnoit a van Thielen, onentendit toujours Seghers y joindre les fiens. Fan Thielen &T Seghers peignirent chacun un
Tableau pour 1'Abbaye de S. Bernard pres d'An- vers: On les voit encore dans ce Monaftere, & on ne fcait auquel decesdeuxOuvragesdonner la pr�r�rence. Les plus qualifi�s du Brabant eurent des morceaux de van Thielen ; mais la Cour de Bruxelles Sc leRoy d'Efpagne obtinrent les principaux. Van Thielen eftima & aima tant la Peinture,
qu'il la fit entrer par pr�f�rence fur les autres Arts, dans 1'�ducation de Mefdemoifelles fes filles : II en eut trois} Marie - Th�refe, qui naquit Ie 17 Mars 1640, Anne - Marie nee en 1641 3 & Francoife - Catherine en 1645. Weyermans dit avoir connu un fils de notre Artifte ; mais il n'eft point digne de lui en fait de Peinture. Les trois filles ontpeint dans Ie genre du pere , & m�me avec diftin�tion : Ellescopierentd'abord les Ouvrages, & finirent par compofer & peindre elles-m�mes d'apr�s nature. Il n'y a qu'a montrer les Artsaux fem- mes , elles feront ce qu'on voudra qu'elles loient,
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Plamands, Alltmands & Ho�andois. 27 $
ioient, ou ce qu'elles voudront �tre. Van Thielen mourut en. 1667, ag� de49 ans; "
il fut enterr� a Boeflchot, a quatre lieues de Malines. On ne peut mieux faire fbn �loge qu'en Ie comparant a Ion Maitre: Van Thielen peignoit avec la m�me facilit�; il finif�bit &rcompofoit auffi bien, fa touche donne la m�me l�geret� 8c la m�me tranfparence a fes Ouvrages. Les deux feul.s Tableaux que j'ai vus de lui, me font cependant juger qu'il colorioit avec un peu. moins de vivacit� que Seghers, On voit deux Tableaux de van Thielen a Ma-
lines, dans la Sacriftie des Religieufes appel�es Muyfen : Ce font des guirlandes de diff�rente» fleurs, & un grand nombre de petits inf��les tr�s-finis, au milieu des guirlandes; dansl'une eft repr�f�nt� S Bernard, 6c dans 1'autre» Sainte Agathe : lis fbnt peints en \66$ et en 16^5. I Campo Weyermans parle avec �loge d'unTa-
bleau de fleurs qu'il avoit de eet Arnlle; c'�toit auffi une guirlande de fleurs, au milieu dela-» quelle Poelem�urgnvok peint uneNymphe en^- dormie,qu'unvieuxSatyre cherche af urprendre» |
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JEAN SPILBERG,
ELEVE DE G�VAERT FLINCK.
JEan Spilberg niquit a Dufl�ldorp Ie
;o Avril 1619, d'un aff�z bon Pemrre a l'huile& furie verre, pour avoir �t� fucceffive- ment penfionn� par Ie Duc de Guiic & par Ie Tome II. S Duc |
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J
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Z74 La Vie des Pelntres
" Duc de Wolfgang. Jean Spiiberg avoit encore un
l6l9' oncle Peintre du Royd'E(pagne : Ain� nourri
---- des lecons de fon pere, & encourag� par les
fucc�s de fon oncle, apr�s avoir fini fes �tudes
de College, il s'adonna tout enrier a un Art de familie pour lequel il fembloit n�. Tant de dif- pofition plut au Duc de Wolfgang, il voulut en hater les progr�s; il envoya Spiiberg a Anvers, avec une lettre de fa main kRubens, pour 1'en- gager a prendre foin du fils de fon Peintre; mais malheureufement�'/^eAg'apprit en route la mort de eet homme c�l�bre: ce contre- temps nele rebutapoint,& ce courage �toitun garant bien f�r de fa vocation. Il fut a Amfterdam , attir� par la r�putation de Govacrt Flinck, Sc dans la ferme r�folution de ne point retourner chez lui avant que d'�tre capable de fefaireune r�putation. Il refta fept ans dans 1'EcoIe de Fl�nck; plufieursTableaux d'Hiiloire&desPor- traits Ie diftinguerent au pointqu'il fut bient�t en �tat par la vente de fes Ou vrages, &: par leur m�rite de former un �tabliflement a c�t� de la maifon de fon Ma�tre : II �poufa Marie Fis Ie 20 Juillet 1654. Il eut vers ce temps une occafion de fe faire
connoitre : Les Bourguemeftres d'Amfterdam eurentafaire peindre uneCompagnied'Arque- bufiers, dontleBourguemeftre Vander Pol etoit Chef; on choifitles plus habiles Artiftes, a qui onordonnadesEfquiflesparformede concours: Celle de Spiiberg fut pr�f�r�e. Il s'acquitta fi bien decetOuvrage.qu'onluidonna un pr�fentcon- fid�rablepar derfus Ie prix convenu: ce Tableau ie voyoit a Amfterdam dans la Bute fur [ejingle. Le
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Flamands , Allemdnds & Hollandois. 175
Le Duc de Wo/fcarg entendit de toutes parts �� les louanges de celui qu'� avoit prot�g�, il le *' reclama &c le notnma fon premier Peintre : II ��-* lui fit faire fon Portrait, celui de la Duchefle Catherine-Charlottc fa femme, celui de l'EI��teuc Palatin PhUippes-Guillaume} celui de l'Ele&rice &r des Princefl�s dePologne: II peignit toute cette Cour. On le paya fort cher & on lui donna en marque d'honneur pluiseurs medailles d'or. LeDuc remarquant le m�rite que joignoit.5/>i/- �erga fbn grand talent, 1'envoyaa Cologne pour y faire le Portrait de laPrincefle de Furfienbergy &1e fit accompagner pur un Mar�chal-deCamp, charg� de demander la Princeffe en mariage. Spilberg r�uffit parfaitement, recut de cctteCour des applaudiflements, &: de la Princefl� un nche pr�lent. La mort du Duc de Wolfgang donna la libert�
a Spilberg de retourner a Amlterdam, dont il pr�f�roit le f�jour a tout autre: mais il n'yfefta gu�res: I! fut encore une fois demand� a la m�rae Cour, avec le m�me titre de premier Peintre, parTElecleur Palatin Phllippes-Guillaume, qui fucc�da& avoit h�rit�deceDuch�rfeWo/^a^. Il y fit une fecondefois les Portraits du Duc, de la Duchefle, de la Princefl� a�n�e, depui* Imp�ratrice, & des perfonnes les plus dittin- gu�es. L'Eledeur deBrandebourg fefit peindre auffi &: fit ce qu'il put pour avoir Spilberg a fon fervice; ilneputobtenir que quelques uns de fes Ouvrages, entr'autre.'. plulieurs Tableaux pour 1'Eglife des Trinitaires a Dufleldorp, & pour le Chateau d'Amesfort: Cette entrepnfe achev�e, Spilberg rerourna a Amfterdam, o� S z Ton
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x-j6 La Vie des Pelntres
*~Z Ion ne Ie laiflapas long-temps tranquille. A
1 9' 1'av�nement de Jean- Gu�iaume a l'ElectoratPa-
"-""*' latin, il fut de nouveau appell�: CePrinceavoit
des projets tr�s-vaftes & bien dignes d'occuper
un aufti beau g�nie que celui de notre Artille.
Il eut ordre de commencer un Tableau d'Autel
pourTEglife deRoermont, & lesTravauxd'Her-
cule en tres-grand, pour Ie Chateau de Duflel-
dorp. L'Electeur eut nne envie de retenir ce
Peintre aupr�s de lui : 11 n'�pargna ni prefents
ni honneurs. 11 offrit de faire venir la femme &
toute fa familie., depayerleurvoyage; &pour
1'attirer par fa liberalit�, il envoya une medaille
d'or al'epoufe de Spilberg: Elle quitta Amlter-
dam avec regret & fut rejoindre Ion mari a
Dufleldorp en i�8i. Leur fille ain�e Adtienne>
qu'elle amena, peignoitbienal'huilej maisfu-
p�rieurement en pajlel. Elle plut infiniment a
i'Eledtrice,quiluipropofaun�tablifTementtr�s-
avantageux; ^^iew/zeneracceptapoint, ellene
voulut pointprendreun engagement quie�t pu
lui faire quitter cette chere Peinture qui faifoit
fes d�lices & fa gloire: Elle ne changea m�me
jamais de fentiments qu'en faveur des Artiites.
Elle �poufa en premi�res nocesenl684, Gu�llau-
me Breckveh, qui mourut trois ans apr�s; elle
refta veuve avec trois fils en 1^97 : Elle fema-
ria en fecondes noces a Eglon vander Neer,
Peintre hab�e &: Diredeur du Cabinet de 1'E-
lefteur Palatin.
Les derniers Ouvrages de Spilberg furent la
viedeJ�fus-ChrifbL'Eledeurluiavoitordonn� cette grande compofition; mais il n'eut pas Ie temps de la f�nir, il cel�a de vivre Ie 1 o Ao�t |
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Flamands 3 Allemands & Hollandois. 277
1690 : ce Peintre fut regrett� de fa familie, de " la Cour & de ies amis. " I<?'9' Les Ouvrages de Sp�lberg, ont Ie cara�tere "*�
des produ�tions d'un beau g�nie; fon DefTein ell: alfez corred, fa couleur eft vraie, la touche de fon pinceau eil ferme & d�cid�e: On ertime la maniere mo�lleul� & pateufe de tous fes Ou- vrages. Houbraken cite avec �loge un Tableau dece
Ma�tre, il repr�fentoit la Mufe de la Mufique; plufieurs belles figures de femmey �toient agr�a- blement groupp�es, peintes avec gout, bien deflin�es 6c de grandeur naturelle. |
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VICTOR BOUCQUET,
�LEVE DE SON PERE MARC BOUCQUET.
VIctor Boucquet naquit en KJ19
dans la Ville de Furnes. Il �toit fils &: Eleve de Mare Boucquet aufl� Peintre 3 mais peu connu. On croit que Vi�or avoit voyag� avant de fe fixer pour toujours a Furnes: 11 y �poufaMarie vander Haege; on nelcaits'ilalail- f� des enfants. Il a beaucoup travaill� pour les Villes des environs. Il eft mort Ie 11 F�vrier KJ77, ag� de 58 ans; fa femme mourut Ie 22 mai 1701. Us font tous deux enterr�s dans urt Convent de Religieufes a Furnes. Ficlor Boucquet peignoit 1'Hiftoire en grand
& fort bien Ie Portrait. Ses compofitions mar- quentunbQnime de g�nie :EUes font abondan- S 3 tes»
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178 La Vie des Pelmres
~�-~ tes, il difpofoit bien fes grouppes: Ses fonds
1 9' lont prefque toujours ennchis d'Archite&ure : f^!T" 5on t./efl�in n'eit cepeudant pas correft; (es fi- gures louvent font courtes 6c trop pefantes; maisdamleurshabiliements,lesplisdrap�sd'une beilemaniere &avecv�nt�font prelqu'onblier cesd�raiits.L'intelligeiiceduclair oblcurfutune partie que notre Peintre entendoit afrond : Elle frappe dans les�uvrages. Il colorioitallezbien ; ma�s les chairs lont un peu tourme�t�es, &c fa couleur devient froide; les couleurs iocales de fes�toft�s nelont pas de m�me, elles paroii��nt peintes li facilement qu'on les croiroit d'une au- tremain:Sesprincipaux�uvragesfevoyentdans les villes voifines.On trouve aLoo,dansle chceur de la principale Eglife, fept de fes Tableaux, repr�fentant les douleurs de la Vierge; ils ont �t� pesnts eni�jS, 1659 &: 1660. Le Tableau d'Autel de la Chapeile de S. Roch eft remar- quable: II repr�f�nte ce Saint en pneres, pour obtenir la gu�rilon des Peftif�r�s. La grande Eglife de Nieuport eft orn�e de
deux de les Tableaux, o� l'on voit les Trini- taires qui rachttent des Efclaves Chr�tiens: II y a dans le m�me Temple, un Tableau d'Autel de fa main; la mort de S. Francois dans 1'Eglife des R�collets attire JesConnoi�eurs, & ils ne doivent pasoublierd'a�ervoir a 1'H�tel-de Vil- le, un grand Tableau qui occupe toute lapro- fondeur de la falle d'Audience. Boucquet y a peint le Jugement de Cambife : c'eft un des plus beaux de ce Peintre; il le fit en 1671. Onconno�t du m�me une Defcente de croix au grand Autel des Capucins d'Oftende. CHARLES
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Flamands t Allemands & Uollandois. 279
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CHARLES VAN SAVOYEN.
CHarles van Savoyen n� a Anvers
en 1619, peignoit en petit, & prenoit pref- que tous les fujetsd'Ovide. Il fe plaifoit furtout a peindre lc nu, qu'il a moins bien deffin� que colori� : On peut lui reprocher quelquefois des fujets trop libres. Il finiflbit fes Ouvrages, & les Po�tes de fon tenips 1'ont c�l�br�. Jean Vos a fait une defcription en vers d'Adonis, peint par Savoyen : ce Tableau appartenoit a M. Guillaume B/au, |
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WILLEM(GUILLAUME)
VAN AELST, �leve de son Oncle
EVERARD FAN AELST. GUlLLAUME VAN AELST �toit de
Delft j & fils de Jean van AeIJi, Notai- re, neveu & E'eve d'Everard van Aelft qu'il furpafla. Il peignoit les Fleurs & les Fruits avec beaucoup d'art: Sa couleur eft belle Scvraie; fes fleurs l�geres & fes fruits lont naturellement rendus. llvoyageadansfajeunefl�, paflaquatre ansenFrance & feptenltalie, o� il fut recherche S 4
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�&o La Vie des Pe�ntres Ttamands, &c.
. par des Princes, des Cardinaux & autres perfon- nes de conlid�ration, qui employerent ion pin- ceau. Le grand Duc de Tofcane lui marquafon eftime, en lm donnant unecha�ned'or avec une medaille du m�mem�cal Combl� debiens, il retourna en 16 56 a Delft & depnis a Amfter- danij o� fesOuvragesfurent recherches &pay�s fort cher. Il �poula fa fervantedelaquelleil eut plulieurs enfants; il mourut en 1679. |
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FRANgOIS WULFHAGEN,
E L E F E DE REMBRANT.
FRANCOIS W�LFHAGEN n� dans 1q
DuchedeBr�emen, fut Eleve de Bembrant. Quoiaue tont ce quMl a peint foit dans la ma- niere de fon Ma�tre, fes Tableaux font cepen-: dant afl�z eftim�s, & c'eft un �loge. |
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JURIEN
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OVENS,
�LEKE DE REMBRANT.
|E PEINTRE acquit de la-------
! r�putationfous ce grand Ma�tre. x
! Les Tableaux o� il repr�fente ■■���' des nuits, ont de la v�rit� & une grande force. La Maifon de ' Ville d'Amfterdam conl�rve de lui un grand Tableau qui a de la beaut� : c'eft Ie moment oii Claud�us Civilus donne la nuit yn foup� au^ principaux de la principale No- blefle
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z8i La Vie des Peintres
blefle dans la For�c ( nomm�e Schaker-Bofch)
& les d�termine par Ion �loquence a cette fa- meu!e conjuration, o� il fut arr�t� de tomber fur 1'arm�e Romaine a l'impr�vu &c de (ecouer Ie joug de la tyrannie : CeTableau aflTire la r�- putation de fon Auteur. Il a bien fait Ie For- trait. Oveis peignoit en 1675 pour Ie Duc d'Holftein. On n'a rien appris de lui depuis ce temps-la. |
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FERDINAND BOL,
� L E V E DE REMBRANT.
A Ville de Dordrecht Ie vit ni�tre. On
■jignorel'ann�e; maisonicaitquM vintavec faramilleaAmtlerdama 1'agedetroisaiis. .-suf- li-t�t qu'il put s �noncer, il l� d�clara pour la Peinture. L'Ecole de Rembr >nt Kit celle o� il fe forma: Le Ma�tre aimoit fon Eleve, & ceder- nier port� par inclination au m�tne genre d'�tude imita la m�me maniere qu'il n'a jamais quitt�e& qu'il fuivit de i\ pres, que le Maitre ellquelque- fois confondu avec 1'Eleve: Les Hotels des Prin- ces & des Grands furent orn�s de les Ouvrages. On voit de lui plufieurs beaux Tableaux a la Maifon du Confeil a Amfterdam & dans les principales Jurifdidions de la m�me Ville. Le Po�te Vondel vante dans fes vers un Ta-
bleau peint par Bol, pour 1'Amiraut� d'Amfter- dam. Il fit beaucoup de Tableaux d'Hiftoire & im grand nombre de Portraits: La pl�part paf- ferent
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Flamand*, Allemanis & Hollandois. 18 3
ferentpotir �trede Rembrant. J'ai vudeuxPor- traits chez Ie Baron van Male a Bruges, qui c peuvent �tre compar�s a ceux deRembrant pour la couleur & la force. FerdinandDol mourut fort ag� en 1681, fort
riche & fort eftim�. |
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AART (ARNOULT)
VAN MAAS, �LEFE DE DAFID TENIERS.
VA N Maas natif de Gouda , eut pour
Maitrc David Teniers , & prit de lui ce grand Art dimiter la fimple nature. Des aflem- bl�es de Payians, des noces de Villages font les objets des Tableaux les plus recherches de ce Peintre II voyagea quelque temps en France & en Itali�, & il retourna chez lui pour y go�ter Ie Fruit de les travaux & de fa r�putation tr�s- m�rit�e: Mais il mourut prefqu'en arrivant. ^a/zAf^�jgravoitareau-forte: Ilavoitappris
eet Art fous Ie Graveur R. Perfyn : Plufieurs de fes Eftampes & de fes Detfeins a la mine de plombj tiennent leur coin dans les porte-feuilles des Curieux. |
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DIRK
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284 La Vit des Pcintres F/amands, &cl
DIRK (THIERRY)
M�ERKERCK.
r
Ty Ji E erk ERCK �toit n� a Gouda: Son
1 t0' 1VJL Ma�tre n'eft pas connu. Il voyagea par ■��" toutelltalie &: reftaquelquetemp.saRome. En paflant par laFrance, l'Ev�quc de Nances Tarr�- ta pres de lui: II y palFa plufieurs ann�es a pein- dre pour orner les appartement* deTEv�ch� & quelques Eglif�s. Il aimoit trop fa Patrie pour refter en France; mais il ne put �viter la mal- heureufe deftin�e. De retour en Hollande, a peine rut-il chez lui, que, revenant un jour d'un enterrement, il tomba pres de fa maifon dans un canal o� il fe noya. |
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CORNILLE
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CORNILLE
BEGA, �LEVE D'ADRIEN OSTADE.
ORNILLE B�GAnaquit
a Harlem: II eut pour pere Pierre B�gyn Sculpteur, fils de Cornillc Comelis de la m�me Ville. Le \euneBegynfut place �\<ZT.Adr�en. OJlade: S'il n'�gala point fon Ma�tre , il tut du moins le meilleur de fes Ele- ves. Son talent �toit de repr�fenter des afl�m- bl�es dePayfans, des converiktions & d'autres fujets
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_____ La Vie des PeintreS
1620 fuJets p^reils: Son libertinage Ie fit chaff�r de
* la maifbn paternelle. Il changea de nom 6c fe ■"""" fit appeller Bega au lieu de B�gyn, il crut obli- gerfon pereen changeantdenom &c r�ellement il 1'obligea : Le plus f�r �toit de changer de con- duite. Il mourut de la pelte aHarlemle27 Ao�t 1664.. On dit que fa Ma�treffe �tant at- taqu�e de la pefte & abandonn�e de tout le mon- de, il fut la voir malgr� les M�decins &c fes pa- rents; il fut pris de la m�me maladie, a laquelle peu de jours apr�s il fuccomba. Ses Tableaux f� fbutiennent a c�t� de ceux des plus grands Maitres : On en trouve peu en France. Voici les plus connus. Chez le Prince de Heffe, un Alchymifte au milieu de fon Laboratoire. A la Haye, chez M. Fagel, deux Tableaux
]ui repr�fentent des dedans de Maifons avec |
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de
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les figures & des Uftenl�les du m�nage de la
Campagne. Chez M Lormier, une Mulicienne & un Muficien, pres d'eux plufieurs figures, &:c. une F�te de Pay fans & de Payfannes. Chez M. van Heterertj une afl�mbl�e de Villageois qui fe r�jouilfent. Chez M. d'AcoJla, uneTabagiej 11 nautre Tableau a-peu pr�sdu m�melujetchez M. �J^erfi.huring. M. Biffchop a Rotterdam, poflede deux Ta-
bleaux de Bega, 1'un &c I'autre repr�fentent des Payfans qui boivent. 0%
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WILLEM
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Flamands, Alkmands & Hollandois. 187
WILLEM (GUILLAUME)
VAN BEMMEL,
� L E V E
DE CORNILLE Z AFT-LEVEN.
VAn Bemmel naquit a Utrecht3 &
fut un des meilleurs Eleves de Cornillc Z'aft-Leven. Il voyagea de bonne heure., & choi- fit Rome & fes en virons pour faire fes �tudes: Ses plus beaux�ableaux fontdes vues d'Italie &rdes Payfages, o� il placoit avec gout des cafcades ou des ch�tes d'eau. Il a fuivi la methode de fon Ma�tre qui �toit de copier toutd'apr�s na- ture. Les Defl�ins qu'il a faits en Itali�, lui ont bien fervi a enrichir 1'Allemagne de ks r>u- vrages : II y fut en quittant 1'Italie, &ils'�- tablit a Nuremberg, o� Ton trouve Ia plus grande partie de fes compofitions. Bemmel fcavoit r�pandre beaucoup de v�rit�
dans fes Tableaux. Perfonne n'a mieux obferv� les lumi�res & les ombres d'apr�s nature : Belle �tude que de tres-grands Hommes ont tropfou- vent n�glig�e. Cet Artifte avoit la r�putation d'�tre un bel efprit: 11 fut recherche des Grands &r fort regrett� a fa mort, dont Ie tempseft ignor�. On ne conno�t gueres fes Ouvrages en France. PHILIPPES
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JFnyutt �!■■
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C,Zuren 3el.
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PHILIPPES
WOUWERMANS, �leve de son Pere
E T D E WYNAN T S, ARLEM fi ferdle en grands
jPeintres vhnaitrePhii�ppes Wow {. wermans en 1610: Son pere Paul Wouwermans, Peintre fort m�^ diocre d'Hiitoirej donna les pre' e mieres lecons de Peinture a Ion fils; mais Jean Wynants , Peintre habile Ie re- cut chez lui, & lui fit changer fa methode qui �toit
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162O.
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La Vie des Peintfes Flamands , &c. Z89
�toit mauvaife. Le jeune Eleve employa bien 6 fon temps, & profitant des inllrutiions de ce ,^^* nouveau Mairre , fe vit en �cat d'�tudier la na- � ture fans le fecours de perfonne. Wouwermans retir� chez lui, fit de m�res r�-
flexions, &T apr�savoir compar� long-temps les lecons del'Art, il apprit que les v�ritables font celles de la nature : 11 ne deffina plus que d'apr�s elle, & il fe fit en peu de temps cette belle ma- niere que nous lui connoiflbns, & qui eft auf�� agreable qu'inimitable. Ses premiers �uvrages n'eurent pas un grand fucc�s. Bamboche failoit alors 1'admiration des Hollandois \ les Tableaux de cedernier onteffe&ivementplus de vigueur & plus de force que ceux du premier. Wouwer- mans , outre ce petit d�favantage, avoit une ti- midit� naturelle qui dans plufieurs occafions le mettoit encore au dei�bus de fa v�ritable valeur. Il ne put d'abord le d�faire de fes Ouvrages qu'en les vendant aux Marchands qui les por- toientdansles Pays �trangers.De Witte entr'au- tres acheta au plus bas prix tout ce qu'avoit de Tableaux eet Artifte , qui eutla fimplicit� de fe croire trop heureux de les vendre prefque pour rien. L'humeur difficile de Bamboche, quirebutoit
les Marchands, fit en faveur de Wouwermans ce qu'auroit du faire fon m�rite. Nous avonsrapport�dans la vie de Bamboche,
qu'il s'�toit obftin�a vendre un de fes Tableaux a de Witte le prix de 100 florins, fans en vouloir rien rabattre : De witte piqu�, commanda le m�mefujet a Wouwermans, quir�uffitaupoint que ce dernier, peu connu julqu'alors, fut re- T cherch�,
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i La Vie des Peintres
cherch�, fk fes Ouvrages enfin enlev�s auffit�t
que f�nis. Houbraken avance que wouwermans avoitplu-
fieurs M�c�nes j &ril metall�z mal-a-propos de ce nombre de vitte &c quelques autres Mar- chands j qui, felon Ie m�me Hiftorien &c Weyer- mans, gagnerent plus a vendre fes Ouvrages, que lui a les faire. Sont ce donc-la des M�c�nes ? Le vrai eft au contraire que la candeur du Peintre, fon peu de connoiflance du monde &c leur adrelfe a lui cacher leurs tours & leurs men�es, le ren- dirent prefque toujours la dupe de leur avidit� : II ne iecoua le joug que peu d'ann�es avant fa mort, & trop tard pour amaffer cette grande rortune que les m�mes Auteurs lui ont iuppo- f�e, fans qu'il en ait jamais joui. CesEcrivainsHollandoisi�contredifentfou-
vent: lis viennent de dire que de witte �c les Marchands de Tableaux pilloient wouwermans & fes confr�res; ils affurent apr�s que fans ces Marchands, le plus grand nombre des meilleurs Peintres feroit reft� dans la mifere &c dans 1'ob- icurit�. Il me femble que je concilierois ces contradic-
tions, en difantque quelquefois le m�rite le plus d�cid� a befoin de ces proneurs qui le font con- no�tre; mais que fbuvent auffi ils vendent bien cher aux Artiftes les louanges qu'ils leurs don- nent: Rien pour rien , n'elt ce pas-la alfez le train de la foci�t� ? Il refte afl�z conftant que peu connu , mal
pay� , charg� d'une nombreufe familie , wou- wermans �toit oblig� de travailler fans relache; mais qued'un cara�ere tranquille & qui aimoit a
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■ Flamands , Alkmands & HoIIandois. % 91
h. bien faire, il n'a jamais n�glig� aucun de les Tableaux.Onacont�encoreafonfujetdiff�rents faits, dontjeneparleraiqueparcequ'ilsontrap- port a fes Ouvrages: Wouwermans, difent les uns, fit br�ler fes DefTeins avant fa mort, parce qu'il ne vouloit pas que Ton vit ce qu'il avoit pill� dans ceux que de Witte acheta apr�s la mort de Bamboche: D'autres pretendent qu'il vouloit�terafonfilsdes�tudesqu�'auroientem- p�ch� d'en faire lui m�me:II n'aimoit pasaflTez ion frere, ajoutent les autres, pour lui laifler ce fecoursdans les compo�tions. Heubraken j fur la foi duPeintre Roeftraeten^uil'iivoi^cont�kMi~ chel Carr� en Angleterre, a debit� cette hiftoire : Tout Artifte ou tout Connoifleur en faiiira la faufTet�i perfonne d'abord ne fe dit f�r que Wouwermans ait brvil� fes Defleins; mais quand Wouwermans auroit eu les �tudes de Bamboche, quand il en auroit m�me tir� quelqu'avantage, eft-ce a ces �tudes qu'il devoit Ie talent d'en pro- fiter? N'auroit il pas pu s'en paffer? Les Ta- bleaux qu'il a faits avant qu'il poffedat ces Def- ieins, n'ont ils pas Ie m�me efprit, ou en a-t'il chang� depuis ? Ne fcait-on pas de plus qu'un habile Artifte peut emprunter ians que 1'on s'en appercoive? Ce qu'il prend dun autre, ilf^ait Ie ramener a lui, quand il a du g�nie. Ce qu'on ne contefte point, c'eft que Wou-
wermans n'a jamais forti de la Ville d Harlem , & qu'il fut toujoursoblig� de peindre pour lub- fifter , pendant que bien d'autres, avec moins de talent, ont joui de leur gloire & des bienfaits de plufieurs Princes; mais il n'eft pas Ie feul qui ait �prouv� cette injuftice. T 2. Wouwermans
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La Vie desPeintres
Trouwermans a beaucoup travaill� , &r il eft
prefqu'incroyable qu'un f�ul homme air. pu fuf- fire a lamultitude & au grand fini de fes Ouvra- ges: Ses fujets les plus ordinaires �toient des Chafles, des Foires de chevaux, des Attaques de cavalerie, &c.Plulieurs defesPayfageslbntf�m- plement compof�s; d'autres lont enrichis d'Ar- chite�ture : La c'eft une facade de chateau, ici une fontaine, c'eft une vari�t� toujours nou- velle. Aucun Peintre ne 1'a furpafle dans 1'Art du Deffein en ce genre, fes chevaux, ies figures ont une grande corre&ion: Sa couleur eft excel- lente , il avoit la magie d'adoucir fans �ter la force : 11 eft gras& pateux. Des touches fermes, quoiqu'avec fineffe, 1'ont rendu prefqu'impof- fible a deviner: II regne dans fesTableaux beau- coup d'harmonie &: d'entente du clair-obfcur. Ses oppof�tions font larges & la divifion de ihs plans imperceptible ; fes lointains & fes ciels , les arbres & fes plantes, tout eft une imitation exatte de la nature. On remarque que fes pre- miers Ouvrages, avec Ie m�me nou & la m�me vapeur n'avoient pas tant d'intelligence; les op- pofitions �toient trop crues : Une maffe claire fe trouvoit fubitement oppof�e par une autre ombr�e : II adepuis mieux m�nage les paffages de lalumiere, & infenfiblementl'oeil paffe d'un ton a un autre , fans s'en appercevoir : Voila en partie en quoi confifte 1'excellence du talent de notre Hollandois. Il mourut a Harlem Ie 19 mai 1668 , ag� de 48 ans; on ne lui a connu qu'un fils qui fe fit Chartreux: II a eu plufieurs Eleves qui feront nomm�s dans leur temps, parmi lefquels font fes deux freres, Pierre & Jean. Pierre
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Flamands j Allemands & Hollandois. 295
Pierre Wouwermans peignoit dans Ie gout de
fon frere; mais il ne Ta jamais �gal�: 11 deffinoit bien les chevaux & la figure; fa couleur eft bonne & vigoureufe. Quelques-uns de les Ta- bleaux peuvent fe confondre aux yeux des m�- diocres Connoifl�urs, avec ceux de la premiere maniere de Ph'dippes ; mais on les diftingue par des finefles tr�s-bien appercues des Artiftes ha- biles. Jean wouwermans, Ie plus jeune des trois ,
peignoit aufl� Ie Payfage; fa couleur & fa touche font fort bonnes: il mourut jeune en 1666, deux ans avant fon a�n�. Il nous refte peu de fes Ta- bleaux; mais ils font eftim�s: Un petit Tableau de lui dans Ie Cabinet de M. vander Finne , a Harlem, fuffit pour donner une idee de fon ta- lent : Ce Payfage eft agr�able, tout y eft vari� &■ chaud de couleur. Les Tableaux de Ph'dippes wouwermans, les
plus connus., font apeu pres ceux qui fuivent. En France, on trouve chez Ie Roy cinq Ta-
bleaux de ce Ma�tre, un Retour de chafle; des Cavaliers a la porte d'une H�tellerie; une Ecu- rie, avec quelques chevaux j une ChafTe au vol; & une Halte de chafle. Dans la colleiftion de M. Ie Duc d'Oi-l�ans ,
quatre Tableaux, une Chafle au vol; une Dame achevalj Toifeau fur lepoing; unD�partpour la chafle; une Dame a la. chafle avec des Chal- leurs. AParis, dans Ie Cabinet de M. Ie Marquis
de Foyer, fept Tableauxconfid�rables. unPay- lage, avec un carrofle a fix chevaux; une Chafle au vol j la Fontaine du Triton; une autre Fon- T 5 taine \
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194 La Vie des Peintres
taine ; une Halte de ChaflTe ; un Manege; un
i6to' Camp. Chez M. Ie Comte deFence, trois Tableaux,
les Embarras du voyage; les Voyageurs qui f�repofent; rApparitiondel'Ange aux Bergers. Chez feu M. Ie Marquis de Lajfay, un beau
Payfage avec figures Sc chevaux. Chez M. Ie Mar�chal d'IJfengkien, un abreuvoir de chaf- feurs; des Marchands de foin ; Sc un manege. Dans Ie cabinet de M. Blondel de Gagny, cinq
Tableaux j la Charrette embourb�e; Ie D�part de Ia chafl� : la Courfe de la bague; la petite chafl�; Sc les Voyageurs. Chez M. de la Bouexiere , dans fa belle Col-
ledion , deux Tableaux, une Ecurie & 1'autre la Boutique d'un mar�chal. Chez M. Aved, Peintre du Roy 3 fix Ta-
bleaux , une Chafl� a 1'oifeau ; deuxautres pe- tits Payfages avec des animaux ; un Rivage de la mer o� Ton embarque des marchandifes; une Armee en marche, &: une autre Chafle a 1'oifeau. Chez M. Pafquier, d�put� du Commerce de
la Vi�e de Rouen, deux Tableaux du m�me Peintre, Ie D�part pour la Chaffe, & Ie Re- tour ou Halte pres dune fontaine. Chez M. d' Argenville, un Hiver, Sc un Ta-
bleau connu fous Ie nom du Colombier. Chez M. Gaignat, un March� aux chevaux,
Tableau capital; Ie D�part de la chafle ; Ie Re- tour de la chaffe. Chez M. de Faux, une grande Chafle au
fanglier. A Rouen, chez M. Plgou 3 Confeiller au Par-
lement |
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F lamanis y Allemands & Hollandois. 295
lement de Normandie, deux Tableaux , une Bataille, &c une Forge de mar�chal. Dans Ie Cabinet de l'Ele�teur Palatin, quatre
Tableaux, la Promenade dequelques Dames & Cavaliers aupr�s d'une fontaine; une Chaire avec une Danfe de Dames & de Seigneurs; un Payfage avec figures> un Manege avec beau- coup de figures & plufieurs beaux chevaux. Chez Ie Prince Charles, a Bruxelles, un grand
Tableau avec beaucoup de figures. A Gand, chez M. du Bois, un beau Payfage
avec des figures. Dans la m�me Ville, chez M. Baut, Chanoine,
1'Ange qui annonce la naiflance de J�fus-Chrift aux Bergers : C'eft une r�p�tition du m�me que poflede M. Ie Comte de Vence y a Paris. Et un autre Payfage & figures chez M. Baut, N�go- ciant dans la m�me Ville & frere du Chanoine. Chez Ie Prince de Heffe, lix Tableaux , une
Eglife pill�e par les gens de guerre; une Chafle au vol; un Payfage avec une petitemafure; un autre dans lequel eft un cheval qui pifl�; un Payfage o� eft une charrette charg�e de foin ; un autre Payfage o� eft une charrette vuide. Chez Ie Comte de wajjena�r, a la Haye, un
March� aux chevaux ; fon pendant eft un jeune garcon qui pr�fente un cheval a des perlonnes diftinguees. Chez M. van Slingelandt. Receveur Ge'n�ral delaHollande^ deux beaux Tableaux; l'un repr�fente un Manege, pres duquel eftarr�- t� un�quipageattel� de lix chevaux , l'autre eft uneVue delamer, avec beaucoup de figures & des chevaux Ie long du rivage. Chez M. van Slin- gelandt, Confeiller a la Cour d'Hollande3 un Pay- T 4 f
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9 La Vie des Peintres
fage avec figures & animaux. Chez M. Fagely
trois Payfages avec figures & animaux. Chez M. Lormier, vingt-deux Tableaux, un Port de mer d'Italie; un Campement d'arm�e; un D�part de chafl� au vol; une Collation de Chafleurs; un Retour de chafle; une Riviere charg�e de ba- teaux; une Rencontre de Soldats; un petit Pay- fage avec figures &: chevaux; laBoutique du mar�chal, des chevaux avec leursielles, dans Ie fond du Tableau un Camp �c des Troupes; un Manege; autre Manege & fur Ie devant une femme qui fait de la galette; une promenade a cheval & a pied; une Chafle au cerf; unCamp, ou 1'on ferre des chevaux; la mort de Pirame &de�hisb�; TAnge qui annonce aux Bergers la naiflance de J�fus-Chrift; desBourgades en feu & des Soldats qui pillent; une Afl�mbl�e de Payfans qui fe pr�fententpour tirera la milice; une Foire aux chevaux; une Bataille fnr Ie haut d'une montagne. Chez M. van H�teren} un Ma- nege ou 1'Ecuyer donne lecon a quelques Sei- gneurs; un Village pill� , dans Ie fond du Ta- bleau on voit br�ler des maifons, &c. une Ba- taille, un Moulin en feu , & un Abreuvoir avec beaucoup de chevaux. Chez M. Half- Waffenaert une Chaff� au vol, un Payfage avec des figures & des chevaux, un D�part pour la Chafle. Chez M. Verfchuring, un grand Port de mer o� 1'on d�charge & embarque des marchandifes, beau Tableau & nombreux pour la compofition; la Chafle au vol, & une vue Ie long de la mer3 avec figures & chevaux. Chez M. van Br�men, un Payfage avec des figures & des animaux, & un autre repr�fentant 1'Hiver. Chez
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Flamands, Allemands & Hollandois. 197
Chez M. vander Linden van Slingelandt, a Dort,
un Chafl�ur a cheval, accompagu� d'un chien ' to' de chafle , Ie fond eft un beau Payfage. A Amfterdam, chez M. Braamkamp , une
Bourgade incendi�e &: pill�e par des Soldats ; uneRencontre vived'Ofhciers; un Cavalier avec fon armure; un autre de m�me grandeur, une Boh�mienne qui dit la bonne aventure; un Cha- riot de pofte avecfigures; une Voiturecharg�e de foin; un Homme & une Femme affis dans une grotte; un Paylage orn� de figures & d'ani- maux , 8c un Rivage de la mer; un Chariot & plufieurs Figures qui font a prendre des rafra�- chiffements. Chez M. Lubbeling, un retour de la Chafle & un Cavalier arm�. A Roterdam, chez M. L�ers, la Courfe de
chevaux; des Cavaliers a cheval; uneEcolede cavalerie; une AfTembl�e de Payfans, plufieurs chevaux &d'autres animaux. ChezM. Bijfchop, des chevaux que 1'on mene a 1'abreuvoir; un Campement de Troupes, & un retour de la chafle au vol. Et chez M. Cauwerven, a Middelbourg, trois
petits Tableaux tr�s-jolis & tr�s-piquants de ce grand Peintre. |
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HERMAN
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2.98 La Vit des Peintres
HERMAN SWANEVELT,
�LEFE DE CLAUDE LE LORRAIN.
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ON ne fcaiten quelleVille^r/n�w Swanevelt,
pril naiflance vers 1'an i6zo; onnefcaitpas plus quelle �toit fa familie : Les Hollandois qui ont �critlaViedes Peintres de leur PaySj n'ont point parl� de eet Artifte, Cornille de Bie, Ecri- vain Flamand, fait en g�n�ral 1'�loge de ce Peintre; mais il ne nous en apprend rien de par- ticulier. On croit qu'il eut pour Ma�tre Gerard Douw; ce qui eft certain, c'eft quJil alla fort jeune h Rome : II y trouva beaucoup de jeunes gens de fon pays qui �tudioient comme lui la Peinture. Aulieu de les rechercher, pourperdre ion temps avec eux} il les �vitoit, & ils ne pu- rent Ie voirquelecrayon a la main & deffinant des vues ou des ruines autour de Rome : Cette vie farouche &c retir�e lui fit donner Ie nom d'Hermite, &c fes talents, celui d'Herman d'Ita- li� : II faut quelquefois fuir Ie monde pour lui �tre plus utile. Swanevelt �toit frappe de la beaut� & des fuc-
c�s des Ouvrages de Claude ULorrain : II Ie choi- iit pour fon modele & il devint fon Eleve. Les �tudes Sc les r�flexions qu'il avoit faites &: qu'il faifoit continuellement d'apt�s nature, aid� & fon vent accompagn� de fon Ma�tre, mirentl'E- leve en r�putation : II �pia dans les Ouvrages de Claude Ie Lorrain cette fra�ehenr & cette touche pr�cieufe
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Flamandsy Alkmanis & Hollandois. 299
pr�cieufe qui eft dans la nature & dans les Ta- ~� bleaux de ce grand Peintre. 1 zo> Herman fut recherche 6c vendit cher ks Ou- "��
vrages, on les porta chez 1'�tranger: On croit que cette reputation infpira quelque jaloufie au Ma�tre; mais ce ne pouvoit �tre une jaloufie bafl�, puifqu'ils ne cefferent point de fe voir. Voila tout ce qu'on a pu apprendre de eet Ar- tifte: II eft mort a Rome} fans favoir en quelle ann�e. Quant a fa maniere , il eft imitateur decelle
defonMaitre. Il nel'apas �gal� dans Ie Payfage; mais il peignoit mieux que lui les figures &r les animaux. Il a grav� a l'eau-forte avec diftinc- tion. On recherche les �preuves des planches de fa main : Ses Ouvrages Ibntaflez rares, except� en Itali�. On voit chez M. Ie Duc d'Orl�ans 3 deux Ta-
bleaux de Swanevelt, l'un eft la vue du Campo Faccino 3 & 1'autre un payfage , dans lequel il a peint des Bergers &c des Bergeres qui font pa�- tre leurs troupeaux. |
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JEAN-BAPTISTE
VAN DEYNUM, E Peintre habile en Mignature & a Gouaf-
tie, naquit a Anvers en 1620 , n� de parents riches; il eut tout Ie temps d'�tudier & de per- fedionner fon talent avant que de paroitre dans Ie Public. On fut furpris de voir (hs belles com- politions
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,__^ 300 La Vie des Peintres
pofitions peintes a souaff�, avec une intelti-
T gence iurprenante: II iaiioit bien Ie Portrait
dans Ie m�me genre. Tout ce qui �toit de ce
Peintre futenlev� pour les Cours d'Efpagne & d1 Allemagne : La Flandre a conferv� peu de fes Ouvrages. Il quitta Ia charge de Capitaine des Bour-
geois a Anvers pour travailler plus tranquille- ment. On ne fcait rien de fa mort. |
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ADRIEN VERDOEL,
�LE FE DE REM BR AN T.
VE R D O E L naquit au dela de la Meuze :
II eut pour Maitre Rembrant: On pretend auffi qu'il avoit �t� Eleve de Bramer & de de Witte. Il a fuivilamanierede Rembrant: II �toit plus noble & plus fpirituel dans fes compofitions que fon Ma�tre, & peut-�tre Deffinateur plus corre�l. Il avoit de grandes idees, compofoit bien & colorioit avec force. Verdoel�toit Po�te & Membre de Rhetoncd ; {a) de la Ville de Vlif- finghe : Cette Soci�t� lui adjngea Ie prix pro- pof� dans 1'ann�e 1675. ^ avoit fait une piece en vers: On n'en dit pas Ie fu jet. Apr�s avoir tra- vaill� long-temps avec fucc�s, il quitta dans fa ■vieilleif� la Peinture pour faire Ie commerce de Tableaux. M. Ferfchuring\ la Haye, poffede un Tableau
de
(a) Soci�t� litt�raire.
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Flamands, Allemanis & Jiollandois. joi
�&Vetdoel. il repr�fente J�fus-Chriftquichai�� ~~~~ Ie demon hors du 1 emple. ^^_^ |
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BARTHO LOM�
BREENBERG. BReenberg., connu en France fous Ie
nom de Bartholom�, naquit a Utrecht vers 1'an 1620. On ne f$ait qui fut (on Ma�tre, ni en quel temps il fut en Itali� o� il a ferme ia belle maniere, & ou il a prefque toujours �tudie les ruines & les beaux Payfages des environs de Rome. Les Ouvrages des grands Peintres d'Hif- toire; &ceux des meilleurs Payfagiftes ont �t� fes guides & les modeles. Il a joui de Ion vivant d'une grande r�putation. On ne nous apprend riendeplusde favie, onfcaitqu'ileftmort jeune en 1660, fans fcavoir Ie lieu de fa f�pulture. Les Ouvrages de eet Artifte font plus connus
en France qu'enFlandres &qu'enHollande, ou ils font fort rares:C'eft un Peintrepr�cieuxdans fes petits Ouvrages, il n'a conferv� de fon Pays quelafinefle de la touche: Ses fujets &fes figures lont nobles; fon Payfage eft traite comme fes figures, avec beaucoup d'art & de v�rit�. Les Payfagesqu'il apeints, �toientprefque toujours embellis de d�bris d'Architedure ; fes figures repr�fentoientaflTezfouventdesfujetsd'Hiftoire. Onen voitdans ce genre de compof�s, comme ceux des plus grands Maitres. Il �toit cependant born� aux petits Tableaux. Quand il vouloit peindre
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$oi La Vie des Peintres
peindre en grand , il �toit moins correct, fa
touche n'�toit ni � pr�cieufe, ni auffi fpirituelle: On remarque m�me un vuide dans fes compo- fitions. Il voulut d'abord imiter Ie Bamboche , & il tomba dans Ie noir ; mais il a peint dans la fuite des Tableaux clairs &r vigoureux : Ces derniers ont beaucoup d'effet, & font les plus ollim�s. Il grava a 1'eau-forre Ie Payfage avec la m�me intelligence qui fe trouve dans fes Deffeins, & on en recherche les belles �preuves, qui ne lont pas communes. Voici quelques-uns de fes Tableaux les plus connus. Dans Ie Cabinet du Roy, un Payfage, daas
lequel font repr�f�nt�s Mercure &r Argus; un Homme qui joue du Hautbois affis dans une grotte. Au Palais Roy al, un Payfage avec de 1'Ar-
chitedure; un Cavalier fur unch�valpie, & un Homme qui garde des ch�vres; unPayfage; un Berger avec un troupeau de moutons &c de ch�- vres ; un Payfage dans lequel eft une tour fur une �l�vation, des figures & des animaux; un Payfage o� paro�t une montagnecouverted'ar- bres, lur Ie devant pluf�eurs figures; un S. Jean qui pr�che dans Ie defert. A Paris, chez M. Ie Comte de Fence, un grand
Tableau , Payfage &: Architecture avec beau- coup de figures: Le f ujet repr�f�nte notre Sei- gneur & Ie Centenier : C'eft une grande compo- �ition, & d'une belle exe'cution. Chez M. Blondel de Gagny, fept petits Ta-
bleaux pr�cieux & piquants, Payfages a nu d'Architecture &r de figures. Chez M. de la Bouex�ere, un Tableau capital
pour
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Flamands j Allemands & Hollandois. 303
Ie nombre de figures; on y voit Jofeph qui fait diftribuer du bied en Egypte; un autre Payfage, & une femme tire de 1'eau a un puits. Chez M. de Caignat, quatre payfages, dont
deux petits tres fins. Un petit payfage chez M. Ie Mar�chal d'If-
fenghien. Et chez M. Ie Noir, un petit Payfage avec
figures Sc animaux. A la Haye, chez M. d'Acqfta, une Archi-
te�ture ruin�e dans un beau Payfage, & plu- i�eurs figures. Chez M. Verfchuring, une autre Ruine avec des figures. Chez M. van Br�men , des ruines de Rome avec figures. A Dort j chez M. vander Linden van Slinge-
landt, un Tableau capital, il repr�fente Dio- gene qui dit a Alexandre de ne lui pas �ter Ie feul bien qu'il ne peut lui donner , qui ell la lumiere du foleil. A Amfterdam, chez M. Braamkamp, Diane
au bain, & un S. Jean pr�chant dans Ie d�fert. |
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PIERRE DE WITTE.
PIerre de Witte naquit a Anvers
environ 1'an 1610. On ne fcait Ji ce Peintre a voyag� : On ne conno�t que les Ouvrages qui font des Payfages agr�ablement compof�s, bien colori�s &: touches avec gout. On aflure qu'ils �toient pay�s cher de fon vivant. On les paye encore plus cher apr�s fa mort. JEAN
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3 04 La Vie des Peintres
1610. .......
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JEAN ET ANDR� BOTH,
�LEVES D ABRAHAM BLOEMAERT.
CEs deux freres naquirent a Utrecht: lis
commencerent Ie Defl�in fous leur pere 3 qui peignoit fur verre j mais ils furent confi�s a Abraham Bloemaert, qui les mit en �tat de voya- ger fur Ie produit de leurs Ouvrages. Ils partirent enfemble, quoique jeunes, �troi-
tement lies, & ils ne fe qukterent qu'a la mort. Ils traverferent la France & s'arr�terent a Ro- me. Jean Both prit Claude Ie Lorrain pour mo- dc'e : II �tudia fa maniere, recherch�e pour la fra�cheur & 1'intelligence, & Andr� s'attacha a ia maniere de Bamboche. On vit dans Rome ces deux freres peindre
enfemble avecdiftin&ion. Jea/zpeignit Ie Payfa- ge, & Andr�les figures & les animaux: II fem- ble que leur union ie foit r�pandue dans leurs Ouvrages. On ne foupconne jamais que leurs Tableaux foient raits par deux mains difF�rentes. Les figures ne d�truifent point Ie Payfage, & Ie Payfagiite a fouvent facrifi� quelques parties pour faire valoir les figures. La figure dans les Tableaux de Both avoit plus de m�rite que dans les Ouvrages de Claude Ie Lorrain; & ceux de ce grand Maitre n'emp�cherent pas que 1'on ne cherchat a en avoir de ces deux freres. Leur amiti� conftante ne pouvoit �tre inter-
rompue par un accident plus funefte que ce- lui- |
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Flumands } Allemands & Hollando'is. 3 o $
lui-ci a Vende. Comme il venoient de fouper avec quelques-uns de Ieurs amis, Andr�tomba dans un canal, o� il fe noya en 16 50. Jean Both ne put refter dans un pays, o� il avoit perdu un rrere qui lui �toit extr�mement cher: II quit- ta l'Jtalie & retourna a Utrecht, toujours frap- pe de la mort de fon frere auquelil ne furv�cut que fort peu de temps. Leurs Ouvrages font plus r�pandus en Itali� que
dans leur pays : lis �toient recherches de leur temps, & n'ont rien perdu depuis de cette efti- me due aux belles chofes. Leur Payfage eft frais &r piquant, d'une belle entente ; les pafftges de lumieres au travers des for�ts ibnt �tincelants & frapp�s avec jugement 5 tout ce qu'ils ont peint eft d�in beau fini: On reconnoit aif�mentla gran- de facilit� qu'ils avoient a op�rer. Les figures d'Andr� ont la finefTe, Ie Deflein
& la couleur de ceux de Bamboche qu'il a bien �mit�s. On reproche a Jean Both d'avoir tann� fa couleur, en touchant Ie feuill� de (es arbres avec un Jaunatre un peu lafFran : Ce d�faut n'eft point g�n�ral: 11 s'est corrig�, & plufieurs Ta- bleaux en font exempts & lui ont acquis Ie nom de Both d'Italie. Comme la plupart de leurs Ouvrages font en
ce pays , il s'en trouve peu en France, II y en a trois dans Ie Cabinet de 1'Eledeur Palatin; un Argus endormi par les fons de la flute de Mer- cure ; un autre Payfage avec des figures, o� 1'on voit encore Argus , Junon &Mercure, & un troifi�me Payfage par Ie m�me. Mais Ie plus beau &: Ie plus capital, connu fous Ie nom du teftament de Both, fe voyoit chez M. de Jode Tome II. V a
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i La Vit des Ve�ntrcs
a Ia Haye : II avoit i�x pieds de haut & large a
proportion : II repr�f�nte un beau Payfage, les figures font un Mercure qui trompe Argus, il n'y a rien a d�iirer dans ce morceau : La couleur, 1'intelligence, la correction & la finell� dansles figures Ie rendent fup�rieur a tout ce que ce Ma�- tre a fait. C'eft Ie f�ntiment de tous les Artiltes qui ont parl� de ce Tableau. On conno�t encore quelques Tableaux de Jean
& i'Andr� Both , dans les Cabinets d'Hollande. A la Haye , chez M. Ie Comte de Waffenaar, un Payiage avec des troupeaux d'animaux. Chez M. Fagel, une grotte & unevue d'Italie avec quelques Payfans. Chez M. �CAcofta, un Payfa- ge avec des figures yxrPoekmburg; des Oifeaux morts et d'autre gibier. Chez M. van Br�men , deux Payfans qui chantent, par Andr� Both. A Dort , chez M. vander Linden van S�n~
gelande, trois Payfages avec des figures &c ani- �naux , par Andr� Both. A Amfterdam , chez M. Braamkamp, deux
Payfages avec figures. A Roterdam , chez M. L�ers , plufieurs En-
fants qui fuivent un Joueur de Mufette, par An- dr� Both. Et chez M. Bijfchop , de Payfans qui jouent aux cartes, par Ie m�me. |
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N. L U Y K S.
VAn Hoogstraeten nous fait
conno�tre ce Peintre dans une de fes let- tres date'e de Yienne Ie 9 Ao�t j<Jji. Voici fes termes
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Tlatnands, Alkmands & Hollandois. 307
termes. On nous (Lnnonce un Sandrart Ie plus c�l�- bre des Ptintres d'Allemagne\: Son arriv�e fait du ' biuit. 11 vient che^ FEmpereur pour y acqu�rirde ~*^Z*
■lagloireifans doute quilcherchera ctfnrpajjerl�pre- mier Peintre de SaMajeJl�; Ce premier Peintreeft Luycks.Nous fcavons qu'il �toitPeintre d'Hiftoi- re & de Portrait; mais nous ne pouvons aflurer |
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qu'il fut plus habile q ue Sandrart: Nous n'avons
rien vu de lui. Fan Hoogjlraeten n'en parle plus |
3
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dans aucun de fes Ecrits.
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j
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�
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�,
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». *
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JEAN
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Fuxjuct- tf
JEAN-BAPTISTE
W�ENINX,
� L E V E
D'ABRAHAM BLOEMAERT. �ENINX n� a Amfterdam en
16 z i, �toit fils ds Jean weeninx bon Architede, connu fous Ie oom de Jean, avec Ie talent. 11 perdit de bonne heure fon pere, fans avoir pu profiter de les Ie- coni-^LpalIionpourlaledured�terminafamere b {'es tuteurs a Ie placer chez un Libraire pour
lui
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,
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La Vie des Peintres Flamands, &c. 309
lui faire apprendre Ie commerce de livres; mais W�eninx abandonna la le�ture & les livres pour gri ffonner & defliner des figures & des animaux; les remontrances du Libraire ne purent Ie fai- re changer: On Ie renvoyachez lui, &: on Ie pla- ca chez un Marchand Drapier, o� il ne r�uflit pas mieux que chez Ie Libraire: II deflinoit tou- jours , & fi 1'on exigeoit autre chofe de lui, il Ie faifoitde mauvaife grace & avec d�go�t. En- fin fa mere quiraimoitbeaucoup ,d�f�raau pen- chant de fon fils , & Ie mit chez Jean Mkker, Peintre m�diocre , o� il ne refta que jufqu'a ce qu'il e�t 1'occafion d'entrer chez Abraham Bloe- maert: II s'y appliqua a 1'�tude de fon Art. Il ne perdit pas un inftant a defliner d'apr�s nature, des Ruines, des vieux Chateaux , des Mafures, des Granges; tout ce qui lui parut pidorefque fut rendu avec inteltigence fur Ie papier. Ses eflais plurent a fon Ma�tre & aux ConnoilFeurs qui pr�dirent, fi c'eft-la deviner, qu'il feroit un jour un grand homme. En quittant cette Eco- le , il paflTa encore deux ans dans celle de Ni- colas Moyaert. La maniere de ce dernier lui pint beaucoup ; il la fcut imiter de fi pres, que Ton ne put diftinguer 1'Eleve d'avec Ie Ma�tre. Il Ie quitta bient�t pour travailler feul : Ce ne fuc point la t�m�rit� d'un jeune homme, il fit plu- fieurs Tableaux qui furent bien pay�s. W�en�nx pour lors ag� de 18 ans, pen fa a un
�tabliflement, 1'amour y eut beaucoup de part. Ildemandaen manage la fillede Gl/lesHondekoe- ter, Pay fagifte, (grand pere du Peintre du m�me nom, qui a excetl� a peindre des oifeaux), elle lui fut accord�e; mais cette paffion fatisfaite eut V j bient�t
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51 o La f ie des Pelntres
_«� bient�t a combattre celle qu'il avoft to�jours
i6tl' d'aller a Rome. Enfin au bout de quatre ans, & ~�-' lar�fiftance �roit honn�te, il c�da al'enviequ'� avoit depafler les Alpes. Sans prendre cong� , il quitta fa femme §c fon fils ag� de quatorze mois. Sa femme fit chercher inutilement fon mari ; elle fe fouvint de Tavoirentendu parier {buvent du voyage de Rome. Elle en fit part a fes parents; on fut apr�s lui par des routes diff�rentes, & on Ie trouva a Roterdam. 11 retourna aupr�s de fa femme. On fit quelques tentatives pour ta- cher de Ie d�tourner de fon dell�in , mais fans fruit. On convint enfin de part & d'autre que ''" Ie voyage d'Italie auroit lieu , moyennant pro- mefle de quitter Rome & de fe rendre chez lui apr�s quatre mois d'abfence. W�eninx s'em- barqua & arriva dans cette Capitale fi d�fir�e. Il vit a la hate toutes les merveilles des anciens & des modernes: II fut infcrit fur la lifte Acad�- mique, & furnomm� Ie Hoeker, parce qu'il par- loit avec un fon de voix aigre. Il travaillaavec Ie plus grand 1'ucc�s. Les principaux de Rome rechercherent ks Ouvrages. Le Cardinal Pam- j'ki'e 1'attira chez lui, ilfe 1'attacha, le nom- ina fon Peintre, lui fit une penfion outre le prix qu'il lui paya de fes Tableaux. Il lui procura la conduite de plufieurs Ouvrages pour le Pape.' Quatre ann�es s'�coulerentainfi, fans qu'il put obtenir fon cong�. Les lettres de fa femme en- fin le toucherent: Un defir aufli fort que celui Su'il avoit eu de revenir le prefla de retourner. e Cardinal vouloit qu'il engageatfa femme a 0afler en Itali� avec fon fils, lui promettant de fe charger de procurer a ce fils un �tat honora- ble
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Flamands � Allemands & Hollandois. 311
ble dans 1'Eglife. rr�eninx �crivit, preiTa la fem- me de p3rtir : Enfin elle y confentit. Elle don- na avis d� f on d�part ik de la route qu'elle comp- toit prendre. Cette nouvelle fut recue avec joie', il en fit part a Ion protecteur, qui �crivit de la part du Pape a tous les Nonce*qui �toient f ur la route de recevoir & traiter Madame jv�erimx avec diftin&ion , de la faire conduire jufqu'a Rome fans qu'il lui en co�tat rien. w�eninx attendoit a chaque inftant fa femme
aRome; mais les parentsdelafemmequi �toient Proteftants, la determinerent a ne point faire ce voyage, en lui repr�fentant Ion mari infidele, peut-�tre, &: leur fils, fous pr�texte de conver- (ion enferm�pour jamais dans quelque College, & elle dans quelque Couvent. Ces idees 1'effrayerent &r elle �crivit a fon ma-
ri , qu'elle nepouvoit f e r�foudre aquitter fa Pa- trie & fa familie , qu'elle Ie conjuroit de reve- nir, & que s'il n'avoit aucune amiti� pour elle, il devoit tout a fon enfant. Cette derniere lettre pleine de tendrefle, determina w�en�nx a partir de Rome. Il laiffa dans fa chambre une lettre pour Ie Cardinal: II lui faifoit iesexcufes,&lui promettoit de retourner au bout de trois mois. Il arriva a Amfterdam. Les amateurs de cette grande Ville, ayant vu
des Tableaux de rr�eninx, s'emprefTerent pour en obtenir. Les trois mois pafTerent &. autant d'ann�es, &c ne finirenc pas fes occupations re- naiflantes. Notre Peintre recut des lettres pref- fantes de Rome; mais fa femme , fes amis & fon beau frere qui demeuroita Utrecht, I'enga- gerent a refter &: a aller demeurer a Utrecht. V 4 La
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; 12 La V[e des Veintres
~~ La fituation agr�able &: faine de cette Ville 1'y
1 %1' d�termina : II fut �galement employ�. Les Sei- "�-~ gneurs Ie vifiterent, & ragr�ment de fon efprit Ie fit autant rechercher que fon talent. Il v�cut ainfi long-temps dans 1'intention de revoir Ro- me j mais a la fin il abandonna ce projet. S'�- tant appercu que les vifites des grands ne font tout au plus propres qu'a d�tourner les Ar- tiftes de leur �tude , il fe retira au Chateau de Huys-Termeyen , pres du Bourg d'Hoor, a deux lieues d'Utrecht, o� il regretta Ie temps qu'il avoit perdu aveceux, & fe livra.enti�rement ;i T�tiide de fon Art. Il jouit peu de cette tranquillit�, il mourut trois ans apr�s en 166o, fort jeune : il n'avoit que 39 ans. On ne peutprefque donner une idee jufte de
la maniere de ce Peintre; il eft regarde comme Ie feul qui ait �galement entendu tous les gen- res , 1'Hiftoire , Ie Payfage , Ie Fortrait, les Animaux , les Rivieres charg�es de bateaux , les marines & des fonds meubl�s de Bourgs & de Villages, &:c. On fut un jour �tonn� de Ie voir peindre un Tableau de d�fi avec Ie c�- l�bre van Aalft, qui repr�fentoit comme lui, des Animaux morts, &: avec Emanuelde Witte, hab�e a peindre 1'Architecture &■ fcavant en Perfpedive: On ne d�cida rien en faveur de ces trois Aitiftes; mais on donna Tavantage a. w�e- ninx, parce qu'il r�unifToit les talents des deux autres. 11 eft �tonnant a quel point ce Peintre entendoit la theorie & la pratique de fon Art; auffi entreprenoit-il tout, & 1'ex�cution avoit toujours un grand fucc�s. On a vu de lui un Portrait peint avec les doigts qui avoit beau- coup
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Flamands, Allemands & Hollandois. 313
coup de force, de fra�cheur & de reflemblan- ~ ce. w�en�nx excelloit dans chaque genre com- 1K me ceux qui ne s'�toient diftingu�s que dans un ^^�* feul. Plu�eurs de fes Tableaux en petit font tr�s-finis : Onlesprendquelquefoispour�trede M�er�s ou de Gerard Douw. Dans Ie Cabinet de M. Dav�d Amori en Hollande, f� voyoit en ce genre 1'Enfant Prodigue livr� aux plaifirs, &c un autre non moins pr�cieux a Amfterdam, dans Ie beau Cabinet des h�ritiers de M. wiltfchat: II a peint aflez fouvent en petit; mais ces Ta- bleaux font di fperl�s chez les Etrangers; c'eft ce qui fait qu'ils font li rares dans fa Patrie, II pr�- f�roit par gout de peindre en grand; & fes grands tableaux lont plus communs. Quand on louoit les talents, il r�pondoit qu'il s'en fal- loit bien qu'il e�t rendu fur ld toile tout cc qu'il avoit dans Fefprit. Les Tableaux de w�cninx tiennent un rang honorable dans les plus beaux Cabinets. On voit de lui a. Paris , chez M. de la Boue-
�xiere, un grand Tableau avec des animaux : II eft des meilleurs de w�cninx & de fon bon temps. Chez M. Blondeldc Gagny, un beau Payfage,
dans lequel il y a un Berger qui fait remarquer a une Bergere des animaux qui font 1'amour , & un retour de chafle. Chez M. de Julienne > un Tableau o� font
groupp�s, avec une grande intelligence des ani- maux tu�s, un Li�vre, un Paon , &rc. Ie fond eft un Paylage avec de 1'Architedure. Chez TEledeur Palatin, une jeune Fille en-
dormie, aupr�s d'elle eft un chien; deux autres Tableaux
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314 La Vle des "Peintres Flamands, &c.
* ""■ Tableaux qui repr�fentent des Oifeaux morts; 1 zl' deux autres encore d'Oifeaux & de Gibier & "�■"■r quelques chiens de chaflTe; dans un autre , un Chafleur & Jon chien qui garde fon gibier; dans un autre, une Femme endormie fur les bords de la Mer, & un chien aupr�s d'elle qui femble la veiller. A la Haye, chez M. Lormier, une vue
desenvirons de Rome,des d�bris d'Architectu- re & des figures; dans un autre, des Perfonnes qui marchandent du gibier; dans un autre, un Port de mer d'Italie, des Figures & des Animaux qui font de Berghem, & un Payfage avec ruines & des figures de Berghem. A Dort, chez M. vander Linden van Slinge-
landt, un Port d'Italie & une belle Architedu- re de ruines, Tableau capital de ce Peintre. A Amfterdam , chez M. Braamkamp , un
Li�vre & un Coq & d'autre Gibier &: une Oie qu'un chien tient par Ie col. Chez M. Leender, plufieurs Oifeaux morts. Chez M. Lubbe�ng , un Li�vre mort entour� de gibier & des attributs de la ChaflTe; des Oifeaux morts de toute efpece , &■ un autre de m�me grandeur o� font auffi des Oifeaux morts. A Roterdam , chez M. Leers, un grand Ta-
bleau repr�fentant un march� d'Italie , o� Ton vend toutes fortes de volailles &" de gibier. Et chez M. Cauwerven a Middelbourg} une
belle vne de Rome, avec les ruines les plus re- marquables. |
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DAVID
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C F. :,;■:: D
D A VID
BEEK,
�LEFE D'ANTOINE VAN DYCK.
E L O N Cornille de Bie, Beek
naquitl Delft,IezyMaiii�zi; il e�t pour Maitre Antoine van Z)yc/(::I!devintundesmeilleurs Eleves de cette Ecole, & dans la fuite un des plus heureux. Beek gagna 1'eftime des Grands & de Charles I. Roy d'Angleterre. Il fut choifi pour enfei- gner Ie Defleia au Prince de Galles , aux Ducs
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3 16 La V�e des Pelntres
' ' t Ducs d'Yorck , de Glocejler & au Prince Robert.
_ Apr�s avoir v�cu quelque temps a la Cour de Londres, il paffe fucceflivement a cellesde Fran-
ce, de Dannemarck & de Su�de. La Reine Chrift�nt Ie recut avec diftin&ion ; elle lui fit des pr�f�nts coniid�rables avec une penfion an- nuelle, & Ie nomma f on premier Valet de Cham- bre. Beek recut de la Reine une Commifl�on hono-
rable &c qui lui procura de grandes richefl�s. Il eut ordre d'aller dans toutes les Cours de 1'Europe, pour y peindre des Rois , des Prin- ces &c d'autres perfonnes dignes de 1'attention de cette grande Princefl�. Le Peintre portoit vin grand nombre de Portraits de la Reine qu'il avoit peints, & doat il fit pr�fent a plufieurs Princes. Apr�s avoir paffe dans les Cours de France ,
d'Itali� , d'Allcmagn� &c du Nord, il retourna en Su�de, o� on lui fit le meilleur accueil, & on le loua de fa conduite. Outre les lettres �cri- tes a fa gloire par toutes les Cours , o� il avoit exerc� Ion talent 3 il avoit recu plufieurs riches pr�f�nts j &c entr'autres neuf cha�nes d'or avec autant de medailles. La Reine lui en avoit don- n� une avant fon d�part. Il lui arriva une aventureen paflant par 1'Al-
lemagne , on ne nomme pas la Ville. Beek ie trouva fi mal dans fon Auberge, qu'on le crut mort; on le deshabiila , il fut mis fur la paille. Ses laquais donnerent des marques de la plus grande douleur de la perte de leur maitre; mais pour f� confoler apparemment, i!s te mirenta boire. Un d'eux , d�ja ivre , prit un verre de vin,
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Flamands, Allemands & Hollandois. 3 17
vin, & dit a fbn camarade, je vais faire boire un coup a notre Maitre , il aimoit bien Ie vin lorfqu'il �toit vivant. En m�me temps il leve la t�te du pr�tendu mort, 1'odeur du vin & quelques gouttes qu'il avoit aval�es lui firent ouvrir les yeux ; Ie Domeftique ivre , oubliant que fon Ma�tre �toit mort, lui fit avaler ce qui reftoit dans Ie verre : Peu a peu Beek revint a lui, & de mort il Ie leva & parfaitement gu�ri. On ne fcait pas pourquoi il demanda la per-
miffion de f� retirer dans fa Patrie : La Reine la lui refufa ; mais loccafion du voyage que eette Princeffe fit en France , enhardit Beek a. folliciter encore fon voyage en Hollande. 11 obtint enfin un cong� pour quelques femaines avec promefle de fa part de ne point pafiTer Ie temps prefcrit. Il partit bien r�folu de ne pas revenir. La Reine lui �crivit pour Ie rappeller a Paris. Beek ne fit point de r�ponfe & fut demeurer a la Haye, o� il v�cut peu de temps. Il mourut fubitement Ie zo D�cembre 1656. Les Auteurs Hollandois foupconnent qu'il rut empoifonn�. Beek a peint Ie Portrait dans Ie gout de fon
Maitre, dont il a fouvent fort approch�. Il avoit une fi grande facilit�, que Ie Roi Charles I. lui dit un jourenfefaifantpeindre; nparbleu Beek , » je crois que vous peindrie^ h cheval & en courant n la pofte «. Danslesvoyagesqu'ilfitparordredelaReine
de Su�dej il paflfa quelque temps a Rome. Il fut infcrit dans la bande Acad�mique& nom- m�, (a caufe de fa magnificence) Ie Sceptre dor. Ses
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318 La Vie des Pelntres Flamands, &c.
Ses Portraits font connus prefque dans toute
1 2Ij 1'Europe, & fur-tout dans les maifons Royales. |
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GASPARD DE WITTE.
GASp A RD naquit vers 1'an 1611, dans la
Ville d'Anvers, On Ie croit frere de P�er~ re de jvitte. Gafpard voyagea en Itali� : II y demeura long-temps. Il vint en France, fon ta- lent y fut �galement eftim� : II retourna a An- vers, o� il mourut fans qu'on fache en quelle ann�e. Gafpard peignoit Ie Payfage en petit; fup�-
rieur a Pierrede tr'ute, il ornoit fes fonds de d�- bris d'Archite�ture; il colorioit bien & fcavoit repandre de la vapeur dans fes Tableaux qui font tr�s-finis. |
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ADAM
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uk m.
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ADAM
PYNAKER.
E PEINTRE prit naiflance
en i6ii , dans Ie Bourg de Py- naker> entre Schiedam Sc Delft; fes premiers Ma�tresfontincon- nus: On fcaitqu'ilallafort jeune a Rome, o� non-content d'ad- mirer fenlement les Ouvrages des grands hom- mes , il copia leurs plus beaux Tableaux. Trois anne'es furent employe'es a peindre & a deffiner d'apr�s nature &: d'apr�s 1'Antique : llretourna enfuite chez lui &r y donna des preuves des ta- leats qu'il avoit acquis dans fes voyages. L'ufage
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1611.
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j 20 La Vie des Peintres Flamands , &c.
L'ufage de ce temps-la �toit de meubler les
appartements de grands Tableaux : 11 en orna les principales maiions; mais au grand regret des Amateurs, la mode a Fait pafftr au grenier ces toiles que 1'Art rendoit fi gracieufes , pour yfubftituerdemauvailesTapifl�riesou deslam- bris : On n'a pu fauver que les petits Tableaux de chevalet de ce grand JYla�tre: lis font r�pan- dus dans les Cabinets des Cuneux. Le plus beau Tableau & Ie plus capital de
Pynaker, �toit dans Ie Cabinet de M. Pierre de la Court vander Voort, a Leyden : 11 repr�fente un Payfage d'une �tendue de Pays immenfe; on voit fur une riviere une barque de tranfport, avec une multitude de figures difF�rentes, bien groupp�es, bien deffin�es, d'une excellente cou- leur , & touch�es avec finefl�. Le talent de Pynaker �toit de peindre le Pay-
fage ; il fcavoit faire diftinguer les difi�rents ar- bres,tous vari�s de forme & de couleur: Ses loin- tains & ks cieux font vaporeux, fes oppofitions &fesd�gradationsautantdetraitsdeMa�tre. Pynaker momut en 1673 , dans une grande
r�putation. Voici quelques-uns de fes Tableaux con-
ferv�s dans les Cabinets de Hollande. A la Hayej chez M. d'Jcofia, deux grands Pay-
fages avec des animaux. Chez M. van Br�meu , deux Payfages tr�s-piquans, avec des animaux. A Dort, chez M. vander Linden van Slinge-
/rf/2�/r,unPayfagedanslequellePeinrreatr�s-bien repr�fente unPays d�fert &:quelques animaux. Le Prince deHeJfe a de la m�me main un tr�s-
beau Payfage. ALDERT
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1621.
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ALD �RT
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EFERDING�N,
� L � V E
D� PIERRE MOLYN. LDERT van Everdingen, fe-
cond frere de Cefar3 naquit a Alcmaer en i Si i, & commenca a s'appliquer a la Peint�re fo�s Roelant Savery, & d�puis il fut chez Pierre Molyn : II avanea a grands pas dans la carri�re & fit de fi grands Tomc IL X progr�s |
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I
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322 La Vie des Pelntres
progr�s fous ces deux Ma�tres, qu'il les �gak
&louventlesfurpafTa.Il�toitprelqu'univerfel; quoique Ie Payfage qu'il ornoit de figures & d'animaux, ait �c� fa plus forte partie , il pei- gnoit des Marines &c des Temp�tes, d�nt la v�rit� fait horreur: La les vagues l� confondent avec Ie ciel, ici elles fe brilent contre des ro- chers qui f�mblent �clater & s'�crouler. Aucun Peintre n'a feu repr�fenter 1'eau comme lui; les vagues fe rencontrent& fe brilent, 1'eau s'�lan- ce en 1'air, fe reduit en brouillard : On croit voir briller Ie feu r�pandu dans fes ciels orageux. Quelquefois fes Payfages font agr�ables; il a
repr�fent� des For�ts o� la vue fe perd dans les lointains : Une For�t �paifle o� Ie Soleil a de la peine a percer, ne laii�e qu'une �chapp�e de vue qui s'�tend fur un horizon, & un beau ciel aufli bien colori� que l�ger. Il a fouvent fait des Payfages o� les fapins & les ch�tes d'eau faifoient 1'admiration des ConnoifTeurs: Un voyage qu'il fit fur la mer Baltique, lui donna occafion dedefliner plul�eurs vues du Nord: II y ptofita du temps que Pon employoit a remettre en �tat un navire qui avoit manqu� d'�tre en- glouti avec ceux qui Ie montoient. On doit a fes voyages 1'admirable vari�t� qui regne dans fes Tableaux. Everdingen peignpit avec facilit�; aflidu &
prompt, il a rait beaucoup de Tableaux qui font eftim�s : Sa couleur eft excellente, les �- gure.s& les animaux d'un bon gout de Deflein; il tr^yailloit tout d'apr�s nature. Ses Defleins & fes �tudes colori�es font tr�s-recherch�s. M. Tonnemans Hollandois, en pofledoit plufieurs dans
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Flamandsj Attetnands & Mol/andols. jj
dans fa belle Collection. Ce Peintre �toit d'une conduite fage & regl�e, & avoit de 1'efprit: Ses bonnes mceurs & fa pi�t� lui ont m�rit� une ��'' place de Diacre dans l'Egl�e R�form�e. Il mourut dans fa Patrie au mois de Novembre 167 S : II laifla trois fibj dont deux ont �t� des Peintres afTez c�l�bres. Voici quelques-um de fes Tableaux. A la Haye, chez M. Ferfckuring, deux Payfa-
ges; dans un des deux on voit une ch�te d'eau. Et a Rotterdam, chez M. Bijfchop, un beau
Payfage avec des figures & des animaux. |
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. ,
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X x HENRT
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C. TZLren. TJeL
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Ficauet ocatpX
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HENRI
R O K E S,
SURNOMME ZORG,
�LEVE DE DAFID TENIERS. O R G eft n� k Roterdam en
i6l\\ fon pere Martin Rokes, �toitVoiturier d'eau: II condui- foitlabarquedeftin�eatranfpor* ter les marchandifes de Roter- dam a Dort. L'attention qu'il avoit dans la Profef��on, & les foins qu'ildon- noit aux commiffions dont on Ie chargeoit, lui firent
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La Vu des Pelntres Ftamanisy &c, 3 ij
firent donner Ie furnom de Zorg (foin ou foi- gneux): Le nom pafla au fils & lui a reft�. Henri devint Eieve de David Teniers ; ilcon-
ferva la maniere de ce grand Maitre: 11 travailla depuis chez W�lem [ GuilUume) Buytenweg3 qui peignoitaflez bien des liijets plus relev�s 6c ce qu'on appelle des Converfations. Zorg prit la couleur admirable de 1'un & un peu de la cotn- pofition de 1'autre. Zorg peignit tanr�r dans Te gout de fon premier Makre, & qiieiquefois dans celui du dernser ou de Brauwer. On cite de lui fur-toi.it deuxTableaux: Le premier repr�fente une Foire a 1'ltalienne ; on y voit un grand nornbre de figures : Sur le devant une femme qui �tale ia boutique\ remplie de plulieurs oi-' feaux, poulets, t;ibier, &c. Le fecond eft un Marche au PoiiTon avec des figures en grand nombre. On appercoit facilement que tout eft; peint d'apr�s nature : Ces deux Tableaux &C plufieurs antres de lui fe voyoient chez fon ne- veu Henri Zorg, Courtier a Amlterdam. Les Ou v rages de ce Peintre fe foutiennentau-
pr�s -ie ceux de Teniers: II eft �tonnant qu'avec tant de talents, il ait abandonn� la Peinture pour remplacer fonpere dans la profeffion deVoitu- rier. 11 eft vrai qu'il ne laifla pas de peindre dans fes moments perdus jufqu'a fa mort en 1681 :. Il �toit ag� de 61 ans. M; le Comte de Vence pofl�de a Paris un
Tableau de Zorg, c'�ft uneTabagie aff�z dans la maniere de Brauwer. A la Haye, chez M. Fageij on voit un Ta-
bleau deZorgj c'eft uneConverfationagr�able- ment trait�e. Chez M. Lormier, une Aflemble'e. X 3 d%
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31(> La Vie des Peintres
dePayfans&runefemmequi fait cuiredupoif-
fbn dans une chaudiere. Chez M. iAcofia, une F�te de Payfans. Chez M. van Br�men, 1'int�- rieur d'une chambre meubl�e avecgo�t, &c trois figures. A Amfterdarn, chez M. Braamkamp, un joli
Tableau repr�fentant un Repas de Payfans. |
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CORNILLE DE MAN.
DE Man n� a Delft en 1621 , eut de
bonne heure 1'envie de voyager : II alla d'abord a Paris, o� il refta un an; mais 1'Italie lui tenoit trop a cceur pour demeurer plus long- temps dans cette Capitale. Il paflfa par Lyon & par la Lombardie : 11 s'arr�ta deux ans a Florence a travailler pour un Seigneur richequi 1'auroit garde plus long-temps, li Rome n'avoit pastoujours�t� fon but. Arriv�dans cette Ville fi abondante en chefs-d'aeuvresde tous genres, de Man y �tudia plufieurs ann�es fans relache, &: il ne quitta Rome que pour aller a Venife., o� il ne manqua ni de Protefteursj ni d'ouvra- ge ; mais pour pouvoir �tudier particuliere- ment Ie Tuien & les autres grands Artiftes , il �vita pendant quelque temps 1'affluence de ceux qui Ie rechercherent. Il pafla. neuf ann�es au- dela des Alpes, fans perdre de vue un feul inf- tantj ce qui pouvoit contribuer a fon avance- ment. Au bout de ce temps il penfa f�rieuf�- mentaretourner chez lui: II fe fixadans lelieu de fa naiflance, o� il a travaill� avec afliduit� jufqu'a
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Flamands, Allemands & Hollandois. 317
jufqu'a fa mort, qui arriva en 1706. Un feul Tableau de de Man fuffit pour 1'im-
mortalifer, il eft place dans la falle des Chirur- giens de la Ville de Delft : 11 y a repr�fent� les Chirurgiens & les Medecins vivants de !a m�me Ville. Ce Tableau eft fort dans Ie gout & la maniere du Tuien, excellent guide pour ceux qui veulentpeindrelePortrait. DeMan colorioit tr�s-bien & difpofoit bien fes fujets. Il a aufl� peint des Tableanxdes modes du temps. On en voitquelques unschezdesParticuliers a Delft, qui font d�firer que Ie nombre en fut plus grand. |
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1611,
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X 4 GERBRANT
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GERBRANT
VANPEN
EECKHOUT,
�LEVE DE REMBRANT.
p ECKOUTniquit a Amfterdam
II Ie 19 Ao�t 1621 : Son amour pourlaPeinturefutfecond�par les lecons deRetnbrant, qui lere- cutcnez lui & qui eut Ie plaifir ____________bienfatisfaifantpourunMaitre
de voir ion Eleve faire les plus grands progr�s
dans f on Ecole. Eechhqut
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La Vit des Peintres Flamands, &c. 319 _____
Eeckkout la quitta& fe livra au Public, qui 777T
r r\ >-i l � ' 611.
Stima les Ouvragcs, parce qu us approchoient ^^^
de ceux de Rembrant. Il fit un grand nombre i-^~*~ de Portraits en grand&en pied,tr�s-rel��mblants & d'une grande force de couleur : Celui de ion pere qui �toit Orfevre, �tonna Rembrant lui- m�me. Ce genre plaifoit moins a notre jeune Artifte
que celui de 1'Hiftoire; il en counoiflbit les d�- go�ts : II n'yeutquelegainquil'engageaquel- quefois as'y livrer : II peignoit 1'Htltoire avec iucc�s: Ses compofitions font riches & remplies de jugement. Il iurpafla tous ceux de fon temps dans Te rare talent de marquer les diiF�rents ca- rafteres fur les phyfionomies. Deux de fes plus beauxTableauxd'Hiftoire fe voyenten Hollan- de : Le premier repr�fente notre Seigneur au milieu des Do�eurs \ & 1'autre 1'Enrant J�fus entre les bras du vieillard Sim�on: Ce dernier eft chez M, Jacques Hinlopen. Ce Peintre a �t� fidele imitateur de Rembrant;
perfonne n'en a approch� de fi pres, il en avoic les perfedions & les d�fauts, Texpreffion & la force ducoloris; mais Ie peu de correftion dans Ie Defl�iu 6^ d'gxa�litude du coftume. Il chan- gea fa maniere comme avoit fait fonMaitre: En peignant fes fonds, il les faifoit beaucoup plus clairs que le premier. Il mourut le 2.2 Ju�let 1674, lans s'�tre marie. I/�le&eur Palatin a de lui ee Tableau de
notre Seigneur au milieu des Do&eurs. M. Lorm�er, a laHaye, unTableau dont le fu jet
eft Abraham qui renvoie Agar & Ifma�l. Chez M, Bikker van Zwieten, fevoit rjotre Seigneur parmi
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3 jo La Vie des Peifitres
parmi les Dofteurs. Chez M. Half-Wajfenaar,
la Continence deScipion. Chez M. van Br«men} une Femme qui cherche lespuces de fonchjen. Chez M. Leender de Neufville, a Amfterdam, uneTroupe de gens qui ie r�jouii�ent dans un Corps de garde. |
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JORIS (GEORGES)
VAN S O N. GEORGES VAN Son, habile Peintre de
Fruits & deFleurs, naquit aAnversea : fes Tableaux font recherches &c en grand nombre: II laif��i un fils qui peignit dans ia ma- niere & qui ne fut pas au-deflbus de lui, quoi- qu'il fut ion Eleve. Le Prince Charles pofl�de a Bruxelles trois
Tableaux de vanSon; run eft unCartouche en- tour� de fleurs: Les deux autres ibnt des rleurs & des fruits. |
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1611.
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EMANUEL MURANT,
ELEFEDEPHILIPPES JTOUITERMJNS.
MUrant doit fa naiflance a la Ville
d'Amfterdam; il y naquit le iz ��ceni- brei<�zz: Heureux dans le choix qu'il fit en prenant Ph�i�ppe Wouwermans pour Ma�tre, il fcut
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- -- ,
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Flamands , Alkmands & Hollandois. 331
fcutmettre a profit fes difpofitions naturelles & les lecons de cetce excellente Ecole, dont il fortic habile quoiqu'encore jeune. En �uit de paro�tre par lui-m�me, il voyagea
fur-tout en France, o� il a beaucoup peint: II paroitqu'ilavoitencoreparcouruquelquesPro- vinces, lans f� fixer. Il retourna dans ia Patrie & fut s �tablir a Lewarde en Frif�, o� fon ta- lent fut fort recherche &r o� il mourut en 1700. Tous les Tableaux de Murant repr�fentent des
Bourgs, dei Villages & des Vues de Hollande, des Mafures, des Chateaux ruines; toutcequ'il a peint furprend pour Ie fini: On peut, avec la loupe,compterlespierres &lesbriques. Il �gala. en patience Ie c�l�bre vander Heyden : Ce fini o'eitpoint aux d�pens de 1'accord des couleurs; les teintes diff�rentes, grifes & rougeatres, pla- c�es avec art, donnent a fes Tableaux des tons chauds 6c p�tillants. Le temps qu'il mettoit a faire unTableau, en rend le nombre petit & fort rare; on n'en voit que chez les Princes & les Riches. Son frere Dav�d Murant avoit chez lui a Amfterdam, la meilleure partie de fes Ouvra- ges: On les voyoit aif�ment; mais il n'�toit pas aif� de les acqu�rir. M. vander Linden van Slin- gelandt pofT�de a Dort un Tableau de notre Artifte, c'eft la vue d'un Bourg de Hollande; fur le devant eft une maifon; rien n'eftplus fini que ce morceau. |
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WALLERANT
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WALLERANT
VAILLANT,
�LEVE D'ERASME QUELLYN.
AI L L AN T ainfi que fes qua-
trefreresj naquit kLilie en Flan- dre eni62j. 11 quitta Ie lieu de fa naiflance pour chercher uu Ma�tre a Anvers, Ville alors fi _ renommee par Ie grand nombre de les habilesArtiftes; il y choifit Era/me Quel- lyn. Re$u dans cette Ecole, il s'attacha a tout ce qui pouvoit 1'inftruire; feeond� par la nature il
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JLa F�e des Pe�ntres Plamandst &c. 335 _____
i'1 devint bon Defl�nateur &: grand Peintre. Le ,<j2,
Portrait lui parut plus propre a lui procurer une � ■ Fortune rapide : II commenca & il r�uffit. Ses fucc�s porterent fes amis & fon ma�tre a lui conf�iller d'aller a Franckfort pendant le cou- ronnement del'Empereur L�opold: On fcavoic combien � ette augufte c�r�monie y attireroit de Princes Etrangers &c d"autres perfonnes de dif- tindion. WallerantVaillant partitj&yfut fans pourtant
ofer fe flater de touslesavantages qu'il y trouva; ileut 1'honneurdepeindre fEmpereur; Ce Por- trait auffi reflemblant que bien peintlui procu- fa de faire les Portraits de la pl�partxdes grands Seigneurs,des Ambafladeurs &d'uneinfinit�de particuliers. Il fut accabl� de travail & n'auroit jamais fini, fi le Mar�chal de Grammont ne 1'a- voit engag� a pafler avec lui a la CourdeFran- ce. Il f ui vit ce Seigneur qui le pr�fenta a la Reine: Elle lui fit faire fon Portrait, celui de la Reine mere & celui du Duc d'Orl�ans. Il r�uffit, &C toute la Cour fe fit peindre. Il pafla quatre ann�es fort occup�; combl� de ricnefles, il re- tourna fixer fa demeure a Amfterdam oii il eft mort en 1677. Vaillant 1'ain� eft le premier qui ait gfav�
en maniere noire. Le Prince Robert, grand Amiral d'Angleterre, qui a trouv� ce fecret, lui en fit pr�fent, fo�s promefl� qu'il ne le com- muniqueroit a perfonne. L'Artifte promit & garda fa promefl�, & fans une aventurequi lui arriva, nous ferions peut-�treencoreoblig�sde le chercher. Vaillant fe fervit d'un pauvre vieillard pour
hacher
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3 J4 �-a P"ie ^s Peintres Plamandst &c*
"~~. hacher ou pr�parer fes planches de cuivre. La 1 charit� du Peintre alla jufqu'a prendre chez lui '---- Ie fils du bon homme en qualit� de Dorneftique.
Celui-ci vit fon perecacher j�fqu'auxoutilsqu'il
employoita fes cuivres, dans lacrainte que Tori nes'appercut de fa manoeuvre &c de peur d'in- qni�ter un Ma�tre a qui il avoit tant d'obliga- tion. Le fils moins d�licat, n'eut pas de peine a�iccomberaux offresqued'autres lui failoient pour apprendre ce lecret. 11 prit un jour fon pere a part, &r apr�s quelqnes menacesj il lui ditqu'il alloitpartir pour ne jamais revenir; le vieillard fcavoit combien Ion fils �toit Hbertin, il voulut �viter de plus grands dansers : 11 crai- gnoic que ce fils ne fe perdit, il lui montra tous les outils&leurs ufages. Celui-ci ne tarda pas a vendre fon fecret a tout le monde; il gagna beaucoup, & ce gain, au lieu de 1'enrichir, le conduifitauned�baucheexceffive,& enfin a la derniere mifere. Cette gravure romba pour lors entre les mainsdesArtiftes m�diocres, &nes'eft releve'e quedepuis Smith Anglois, qui 1'a pouf- i�e a fa perfe&ion. |
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JACQUES
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'9-
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JA C Q UES
VA N D E R
DOES,
� L E V E
DE NICOLAS MOYAERT. ANDER DOES �toit n� k
Amfterdam Ie 4 Janvier, & fe- lon d'autres Ie 4 Mars de 1'ann�e i62 3,d'une familie aif�e&dif- ringu�e. Son grand pere avoit .__f rempli laplacedepremierS�cre-
taire&ionpere celle de S�cr�taire de la Chambre
des
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j_____ $3 La P"ie des Peinires
des Aflurances. Trop de bont� ruina f�n per�f
1 2*' II l� fit la caution d'un particulier qui man-
qua. Cet accident ayanc �t� linvi de la mort du pere, il fut arr�t� dans la familie de donner aux pupilesdes Ma�trespourleur enfeigner des Arts honn�tes. Jacques vander Does fut place pendant quelques ann�es chez Ie Peintre NicolasMoyaerti qui Ie mit en�tatde voyager furie revenu defon talent. A 1'agede 21 ans, vander Does quitta Ia Hol-
lande 3 rut a Paris, & dela a Rome. En entrant dans cetteCapitale, les premi�res perlonnes qu'il rencontra, furentde jeunes Peintres., dontquel- ques-uns qui �toient de Ion pays, Ie reconnu- rent &: Ie forcerent d'entrer dans un cabaret. La rencontre �toitheureuf�; il n'avoitpaslefol,& dansla craintede mourirdefaimil ailoi t s'engager danslesTroupesduPape.Cetter�folurionfit�cla- ter de rire toute la troupe: lis l'en d�tournerent & luipromirentderiepointrabandonner.Ilrutiniti� Ie m�me jour dans la Soci�t� Acad�miquej qu� |
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eue de s'enr�ler, & a caufe de la m�diocrit� de fa taille.On fit un foupergras qui lui fit oublier tou- tes fes peines. Il commenca d�s Ie lendemain 3 regier les �tudes & a fuivre^ Ie crayon a la main» les beaut�s du dedans �c des dehors de Rome. Plufieurs ann�es s'�coulerent ainfi fans ralentir fon atdeur. Les Ouvrages de Bamboche lui plu- rent : II s'attacha particulierement a la maniere de ce Peintre. Il fut heureux dans ce choix , puifqu'il approcha de fort pres du talent de ce Ma�tre. Il auroit bien fait de prendre en m�me- t«mps Ie caradere en;ou� 6^ doux de celui qu'il chercuoit
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Flamands, Alkmands & Hollandois. 337
cherchoita imker en Peinture. Il devintinlup- portablea fesmeilleursamispar fonhumeurbi- zarre & m�lancolique: Non feulement il eut Ie tort de fuir les camarades; mais ilv s'appercurent quec'�t�itparlajaloufiequ'ilavoitdeleursfuc- c�s.Ilentravailloitdavantagepouriesfurpjf��r: But tr�s-eltimable quaud on ne paifepas lesbor- nes de 1'�mulation; mais il i'a pouflbit jufqu'a Ia liaine contre ceux qu'il croyoit plus habiles que lui. Enfin abandonn� & d�telt� de tous ceux qui Ie connoilfoient., il fut oblig� de retourner dans la Patrie. La mort de fa mere Ie de'tacha d'Amfter-
dam : II fut demeurer a la Haye avec fa foeur qui eut foin de lui j jufqu'a ce qu'il e�t �pouf� la Demoifelle Marguer'ue Boorjers. Cette f�lie riche , aimoit fort la Peinture, elle deffinoit tr�s-bien , & lui donna quatre garcons. Elle mourut peu de temps apr�s en \66i. La perte de cette femme eltimable lui caufa L eaucoup de chagrin. Veuf avec quatre petits enfants, & la perte de 700 florins de rente viagere qui celFe- rent avec ia remme, il eut recours a fa foeur qui retourna chez lui pour �lever fes neveux. Rien ne put confcler notre Artifte. Apr�s quatre k ann�es d'une efpece de langueur qui d�g�n�ra en une inadion prefque totale, fa familie crai- gnit, avec raifon , qu'elle ne Ie conduifit a la mort 011 a la mif�re; on chercha al'occuper pour Ten garantir.On obtint pour lui la place deS�cr�- taire a Slooten pres d'Amfterdam. Il eut honte de fe voir reduit a eet emploi, pendant qu 'il pou- voit vivreind�pendanten cultivant fon Art: II fe ranima, il ramafla la palette dans la pouf��ere, Tornt II. Y &
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338 La Vie des Peintres
& fe mi t a finir un Tableau qu'il avoit commeti-
c� lept ans auparavant,8e depuis il travailla avec la m�me ardeur qu'il avoit eue avant la perte de fa femme. Un fecond manage lui fit oublier Ie premier.
11 s'enrichit encore unefois avecfanou veile �pou- fe : II en eut un fils; mais elle mourut jeune peu de temps apr�s. Il fe retira&r demeura veuf Ie refte de fes jours. Il travailla jufqu'a ia mortqui arriva Ie �yNovembre 1673. L'humeur m�lancolique de vander Does lui
donna peu de gout pour la Soci�t�. Carle du Jardin �toit Ie feul qui put fuporter les d�go�ts de fon humeur & vivre avec lui. Ces deux Pein- tres , diff�rents de cara�tere, 1'�toient encore en talent. Du Jardin aimoit les Tableaux clairs & riants. Vander Does aimoit les tons bruns: Ses Ouvrages fe fentoient un peu du fombre de fa trifteffe. Il peignoit Ie Payfage avec une grande intelligencerSes petites figures font biendef�in�es & d'une jolie touche. Il peignoit les Moutons & les Ch�vres avec tant d'art, que peu de Peintres 1'ont �gal� dans ce genre. |
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THEODORE
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Flamands 3 Allemands & Hollandois. 339
TH�ODORE HELMBR�KER.
�LEFE DE GREBBER.
HElmbr�ker dut fa naiffance a la Vil-
Ie d'Harlem en 162.4, fils d'un Organif- te, il fut d'abord deftin� par Ion pere a �tudier la muliquej maisentra�n�par une forte inclina- tion pour la Peinture, il marqua led�go�t qu'il avoit pour 1'art que (on pere cultivoit. Grebber, Peintre de la m�me ville , fut choifi pour Ion Ma�tre. Jidmbr�ker fe lia �troitement d'amiti� avec Pierre vander Faes, connu jous Ie nom de Lely: L'un & 1'autre firent de grands progr�s» leurs Ouvrages furent eftim�s par les meilleurs Artiftes. La route qu'ils prirent �toit differente, 1'un fut Peintre de Portraits 6c Tautre de Payfa- ges, de Foires &r de Figures en petit; mais tout deux furent de grands Artiftes, chacun dans leur genre. Apr�s la mort de Grebber, Helmbr�ker ri''eut
plus de guide que les Ouvrages des grands Ma�- tres; ils lui ferviretit de pieces de comparaifbn, &ayantapprisd'euxcommentrArtdevoitrendre la nature., il s'enhardit &compofaquelques Ta- bleauxqui furent recherch�s:Ses fucc�s augmen- teren,tparfonapplication. Apr�sla mort de f on pe- re il paflaen Itali�: VenifefutlapremiereVilleo� il s'arr�ta-Le S�nateur Lor�dano Ie recut fort bien y 1 lui
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340 La Vic des Peintres
lui fit faire plufieurs petits Tableaux qui porte-
rent fa r�putation dans toute 1'Italie. 11 fut aRo- me o� fon nom �toit d�ja avant lui par ies Ou- vrages. Les J�fuitesoccuperent ce Peintre pen- dant deux ans: 11 logea dans leur maifon , & ne les quitta que pour voir Naples & Florence, o� il travailla quelque temps. La mort de la mere Ie ramena en Hollande 5
ma�s on tenta vainement de 1'y fixer : 11 acheta fon cong� de partir, des plus empreff�s a Ie re- tenir , en leur laiflant quelques-uns de les Ta- bleaux , & il retourna en Itali�, en paflfant par la France. Il fit quelque l�jour a Turin, o� il travailla; mais il partit pour Rome : 11 y fut recu avec joie. Son abfence, quoique courte , augmenta 1'eftime & Ie prix de les Ouvrages; on les compara a ceux de Bamkoche, & ils rurent �galement recherches. La bonne conduite de ce Peintre fit autant eftimer l'homme de foci�t� que 1'Artifte : 11 mouruta Rome en 1694, ag� de 70 ans. La maniere d'Helmbr�her tient quelquefois de
celle de Bamboche: 11 a peint auffi dans un gout plus clair, fur-tout dans Ion dernier temps. Il a peint en grand; mais il n'y r�ufltflbit pas fi bien que dans les petits Tableaux : II regne un accord de couleur &r de clairobicur dans tout ce qu'il a peint. La nature y paro�t repr�lent�e avec v�- rit� ; fon Paylage a la touche, la vari�t� &: Ie choix : Ses figures font bien deffin�es, touch�es avecbeaucoup d'efprit & difpof�es avec art. Tant�t il peignit des fujets faints, tant�t des
Foires, des March�s, & des Payfages: II r�uffit en tout ik il s'eft fait un grana nom en Itali�, o�
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1614.
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«».____■�
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Flamands , Allemands & Hollandois. 341
o� font la plupart de fes Ouvrages. Us lont rares, m�me dans ia Patrie j Ie peu qu'on en a conferv� ie trouve dans les plus nchesCabinets. En voici quelques-uns des plus conntis. A Rome trois grands Tableaux aux J�fuites,
un Payf age o� eft la Tentation de notre Seigneur dans Ie defert. Dans la Sacriftie Ddla Pace , la Viergeen contemplationdevant ion fils. A Saint Julien des Flamands, ce Saint eft repr�fent� en habit de cavalier, & pleurant fon crime. A Na- ples , dans Ie R�fe�toire des J�luites , on voit une Priere au Jardin des Olives; uo Portement de croix & Ie Crucifiement. A Florence j les quatre Saifons, la Nativit�,
1'Adoration des Rois; plufieiirs Tableaux de caprice, des Muiiciens , des Bohe'miens & des Buveurs; une Ecole, Ie Ma�tre eft au milieu de neufenfants,ilenchatieunquieft a les genoux. A DulFeldorp , chez 1'Eletteur Palatin, une
Converfation de Dames de de Pay fans aux envi- rons de Frefiati; dans un autre , un Payian dani� avec urt Payfanne jJ�fus-Chriftdansunnuage, tenant d'une main la croix & de 1'autre !e calice. A Paris, dansle Cabinet de feu M. leMarquis
de LaJJay, un March� avec beaucoupde figures tr�s-vari�esiunTh�atrede charlatans entour� de beaucoup de peuple. Un de fes plus beaux, peint en 1681 , repr�-
fente un Couvent a 1'Italienne : On y voit une grande quanrit� d'hommes, de femmes, d'en- fants, & des P�lerins a qui un Religieux Fran- ciicain diftribue de la foupe : Ce Tableau eft a Amfterdam chez M. Pierre Kloek. Un autre d'une grande beaut� �toit a Gand,
Y 3 dans
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34 La Vie des Peintres
dans Ie fameux Cabinet de M. Vandenberg't
' Echevin de la Ville :I1 repr�f�ntoit un March� a 1'Italienne j oii un nombre coniid�rable de jo- lies figures bien deffine'es & �galement bien co- lori�es,�toit dillribu�avecun artinfiniengroup- pes difpol�savec tantd'i�telligence,qu'ily avoit multitude fans confulion. |
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NICOLAS BERGHEM,
�leve de son Pere
PIERRE FAN HAERLEM. |
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B
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E R gh E m a fait honneur a Ia Ville d'Har-
lem, o�il naquken 1624. Son pere Pierre |
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van Haerlem, Artirtem�diocre, nepeignoitque
des Poillbns, des Dei��rts, des Sucreries , des Confitures, & quelques Vales d'argent ou de porcelaine. Berghem commenca la Peinture fous fon pere;
mais plus heureux dans la fuite, il eutpour Ma�- tres Jean van Goyen , Nico/as Moyart , Pierre Grebber&c Jean-Baptifte �f^�eninx,qu'il afurpafles & a qui il n'a laifle que la gloire de 1'avoir eu pour Eleve & de travailler qnelquefois avec lui. Son nom de familie �toit van Haerlem ; nous nous en tiendrons fur ce changement de nom a ce qu'en dit Ie Chevalier Charles de Moor : II rapporte que Ie jeune Nicolas, pendant qu'il�tu- dioit la Peinture chez van Goyen , fut un jour pourfuivi jufqueschez Con Maitre par fon pere, qui
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V
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Flamands 3 Allemands & Boltandois. 343
qui vouloit Ie maltraiter ; mais van Goyen qui ~~" aimoit eet Ecolier, arr�ta Ie pere & dit aux au- tres Eleves, berg-hem, ce qui i�gnifie , cache^-le: -----
Ce nom lui refta.
Berghem encore jeune & d�ja regard�comme
un prodige,n'eutplusbefoin d'autre inftru&ion que de celle de la pratiqne & de ks r�flexions: II fe retira & voulut �tre en fon particulier. Apr�s !a mort de fon pere il �poufa la fille de Jean Wil/is}un de (es Ma�tres & Payfagifte ha- bile: Cette femme �toit d'une avarice extreme; ce ne fut pas aflfez pour elleque Ion mari ne for- tit point du matin au foir de fon Cabinet, il falloit qu'il travaillat fans difcontinuer un feul inftant. Quand ellenepouvoit�tredanslem�me endroit,eUefemettoitdanslacharnbreaudeirous de fon Attelier, Sc lorfqu'elle ne 1'entendoit ni remuer ni chanter, danslacraintequ'il ne perdit un moment, ou qu'il ne s'endorm�t, elle frappoic contre Ie plancher pour Ie r�veiller: Cette l�fine fut pouflee au point qu'elle s'empara de ce qu'il gagnoit Sc qu'elle ne lui laifla pas un fol a fa difpodtion. 11 s'eft trouv� plus d'une fois dans Ie casd'em-
prunter de fes Eleves pour acheter des Defleins ou des Eftampes qui Ie tentoient: Ces tentations devenoient peut- �tre eneore plus vives par les obftacles qu'on leur oppofoit; il n'avoitpoint de repos qu'il n'en futen poireffion. Sa paffion pour ces fortes de morceaux, alla jufqu'a donner 60 florins du Maflacre des Innocents de Rapha�l, grav� par Mare Antoine. Apr�s fa mort , fa Colledion fut ample & vendue fort cher. 11 ne trouva de moyen pour tromper lavigilance de Y4 fa
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344 La Vie des Peintres
1614. fafemme &contenterfongout,quederetenir&
n m de lui voler quelques piitoJes fur Ie prix des Ta- b'eaux qu'il vendoit. �n lui en failbic des plai- fantenes dont il rioit lui m�me, & dont il fe confoloit en reprenant fes pinceaux. Son feul plaifir �toit de peindre, &r il difoiten badmant, que 1'argent�toitinutileaqui fcaits'occuper, & que toiu au contraire de tant de gens qui perdent Ie plus �bu vent leur argent& leur temps en occu- pations frivoles , il Icavoit mettre a profit les heures &c gagner du bien en s'amufant: II inC- pira cetre facon de pen f er a prelque tous fes Eleves, 6c c'�toit encore une bonne lecon j il vivoit d'ailleurs avec eux comme un pere avec fes enfants. Le m�rite encourag� s'accro�t; nous ne nous laflerons point d'en donner des exem- ples: Us lervent a ranimer le courage & 1'�mu- lation des Art�tes, Sc a exciter le'z�le de leurs Protedeurs. M. vander Huik , Bourguemeftre de la Ville
de Dordrecht, ordonna en forme de concours, deux Tableaux ; un a Berghem & 1'autre a Jean Boih: Le prix fut fix� a 800 florins, avec encore de plus un pr�fentpour celui qui auroit 1'avan- |
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tage.
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Berghem fit un Tableau qui paffe pour un chef-
d'oeuvre:C'eftunPay{agemontagneux,couvert d'une infinit� d'animaux de difFerentes elpeces, de vaches, de boeufs, de moutons, de ch�vres, &rc. les arbres, les plantes , les terraffes, touc �toit furprenant. Celui dtBoth e'toitauffi admi- rable. Les deux Concurrents pre'fenterent leurs Ouvrage«, voicilad�ciHon du Jusre, quipenfoit autant qu'il �toit connoifleur:» Meffieurs, vous « ne
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Flamands, J [Iemands & Hollandois. 345
» ne m'avez point laifl� la hbert� du choix, & » voiis m�ritez tous deux Ie pr�fent qui a �t� l »> promis, puifque rons deux vous avez atteint "":�-~ » au plushautbutde 1'Art «. �e pareils juge- ments lont trop rares & font �galement honneur aceux qui les rendent & aceux qui les recoivent. Les Tableaux de Berghem �toient qjjelquefois
vendus m�me avant que d'�tre commenc�s ; il travai�oitafl�dumentd�squatreheuresdumatin, en Et�, ju(qu'au foir, 6: avecautantde facil t� que de vari�t�. Ju/ie van Huijfum , un de les Hleves, rapporte qu'il l�mbloit (e joueren op�- rant &: qu'i! 1'a vu compofer & peindre �es Ta- bleaux en chantant , comme s'U ne luiene�tpas cout� la plus l�gere application. ]1 a travaill�quelquetempspourun Seigneur
qui lui payoit ioflorinspar jour ;mais il yper- doit, tant en un jour il d�p�choit d'ouvrage ! 11 gagna plus en retournant chez lui travailler pour Ie Public. Il mourut a Harlem Ie 18 F�- vrier 1683, ag� de $9ans, & fut inhum� Ie Z3 (uivant dansl'EglileOccidentaledelam�me Ville. La maniere de Berghem eftexcellente, il op�-
roit avec uneracilit�lurprenante: Heureux dans Ie choix de les compofitions qu'il a feu varier a 1'infini ;on ne peut aller plus loin quant a la cou- leur, la touche & rinteliigence de la lumiere & des ombres: Ce lont par-tour de grandes mafles o� les d�tails n'interrompent point les accords. Il ne n�gligeoit rien, un caillou �coit finicomme les objets les plus int�reOanrs. Avec une touche large & p�dllante il tiroit des tons de couleur dans les malles d'ombres qu'il refi�toit,foit par 1'eau
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_____ La F ie des Peintres
"~~ 1'eau ou d'autres corps lumineux qui rendent
,......,.' fes Tableaux clairs &c tranfparents, quoique
bruns en apparence ; ies figures & les animaux
font d'un Defl�in corre�l, colori�s &: touches avec une grande finefl�. Enfin on ne voit rien de m�diocre de cePeintre; fes �tudes en Defleins l� f�ntentde fa grande facilit�; quelques-uns ne paroill�nt que fouffl�s, Ie crayon n'a que froifle l�gerement Ie papier: 11 lavoit que'quefois furie crayon avecl'encrede la Chine ou Ie biure. 11 en a termin� qui font pre'cieux, telsque Ie Cha- teau de Benthem, qu'il a deffin� & peint plul�eurs fois, dans Ie temps qu'il y demeuroit. SesTableaux riennent leur rang panni les plus
beaux dans les Cabinetschoifis, & malgr�leur grand noiribre,ilsdeviennentaufli rares&auili chers que s'ils n'�toient pas communs. En Franceonen voit deux admirables, dans
la riche Colleclion du Roy; 1'un efl; une Femme qui fort du bain dans un beau Payfage avec des animaux; Tautre eft une Bergere avec des ani- maux dans un Payfage. Chez M. de Foyer quatre Tableaux, un Pay-
fage avec une fontaine a la Romaine, orn�e de figures &rd'animaux; dans un autre, lePaffage d'un petit marais; deux Payfages avec des figu- res '�c des animaux. Chez M. Ie Comte de Fence,xm Hyveravec
de petites figures, ik un Abreuvoir avec des figures & des animaux. Chez M. Ie Comte de Choyfiuil, un Port de
nier^ on y voit err.barquer&d�barquer des ani- maux de toutes les efpeces: Sur Ie devant, une femme qui tient un pot au lait3 & eft accom- pagn�e
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Flamands , A/Iemands & Hollandou. 3 47
pagn�e de plufieurs figures; fon Pendantrepr�- ~~ fente un Tranfport de bagage dans un d�fil� , ces genscotoyentune grande nviere,iurlaquelle ----
on appercoit plufieurs petites ifles. Les figures
en font habill�esnoblement: Ce font deux tr�s- beaux Tableaux & forts clairs. Chez M. de Julienne , un grand Pay fage, deux
figures & desanimaux , une Femme qui donne a t�ter a fon enfant; un autre Payfage enrichi d'Architecture & d'animaux; un Payfage avec ■ beaucoup de figures & des animaux ; des figu- res & des animaux dans un autre Payfage ; un Port de mer 011 font plufieurs vaifl�aux &: un grand nombre de figures; Payfage, figures �c animaux, Ie fujet la Vache Io. M. de Gaignat poflede deux Payfages remplis
de figures & d'animaux : Ces morceaux font tr�s-finis. ChezM. Ie Mar�chal dIjfengkien, deux Ta-
bleaux ; 1'un eft la Cafcade de Tivoli; 1'autre unChartier avec fa charrette, dans un Paylage. Chez M. Lempereur, un Payfage avec des fi-
gures &des animaux qui defcendent un pont. Chez M. Blondel de Gagny, un grand Payfage
avec figures & animaux; une Chafle au cerravec un grand nombre de figures &:d'animaux; un grand Payfage, o� eft une Vue du Chateau de Benthem pres d'Utrecht, il y a beaucoup de fi- gures , une defquelles joue du tambour de baf- que ; il y a auffi avec des animaux , un autre Payfage avec figures, &c. Chez M. de la Bouexiere, un Tableau furpre-
nant & fort grand : C'eft un Paylage avec trois figures 6c des animaux de grandeur naturelle. Chez
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348 La Vie des Pcintres
Chez Ie m�me un autre Payfage avec figures &
1 z^' animaux : 11 repr�fente une P�che.
"---- Chez M. Le Noir , un beau Payfage, dans
lequel des bergers conduifent un troupeau de
difterents animaux; autre Tableau repr�lentant une Femme richementhabill�e & qui traite du rachat d'un efclave} le fond eft un Port de mer5 un autre Payfage avec figures & animaux. A Dufl�ldorp , chez l'Eletieur Palatin , les
ruines du Coliiee , avec pluiieurs figures & des animaux; une Femme affif� fur unchevalblanc, avec d'autres animaux ; Jupiter allait� par une ch�vre; unPaylage, un Aneattach�aunechar- rette; un Sole� couchant, beau Payfage avec des figures &c des animaux ; une Bataille dans unep�aine fort�tendue. ABruxelles, chezlePrince Charles, unbeau
Payfage avec des figures & des animaux. Un Tableau remarquabledeZ?er^e/w} repr�-
fente la vocation de 1'Ap�tre S. Mathieu. w�e- ninx y peignit des oifeaux &c du gibier ; Piqu� par 1'�tnulation detravailler avec fon Ma�tre , Berghcm s'y eft furpafledansl'Architeciure &: le grand nombre de figures : Ce Tableau eft undes plus confid�rables&des plus beauxqu'ilaitfaitsj il appartenoit a M. Lambert van Haeren, a Dorr. On voita la Haye , chez M. Fagel, un beau Payfage du m�me Auteur. Chez M. Lormier , un Payfage avec des figures & des animaux \ un autrePayiageavecdesfigures&ungrand nombre d'ani ma ux; une Chafle au cerf;un Payfage avec desaniinauxqnipaiflentlelongd'unemontagne, plufieurs figures, une femme qui tient un pot au lait j un Payfage avec beaucoup de figures ; une
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JL.
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Flamands y Alkmands & Hollandols. 3 49
une Compagnie de Chaffeurs & de plufieurs ~~~ Femmes; un Payfage montagneux , avec des x li figures & des animaux. Chez M. van H�teren , ----'
deux beaux Payfages, dans un desdeuxlePein-
tre a repr�fent� Ruth qui eft proftern�e devant Boozfon Maitre. ChezM. d'Jtcofta, un Payfage avec des animaux. Chez M. Verjchuring , un grand Tableau, c'eftun Payfage avec des d�bris d'Architeclure, une riviere, un pont o� paflent des figures & des animaux; trois autres Payfages fort orn�s d'animaux Sc de quelques figures. A Dort, chez M. vander Linden van S�nge-
landt, un Paylage avec des figures, la principale ell Antiochus qui confulte les Oracles; une Vue de Rome, des rochers &c une ch�te d'eau , pres delaqu�lleietrouventdesCavaliers&rdesDames en habit de chaffe ; Ie Lever du Soleil 6c un Couchant, avec des figures &r des animaux. A Amfterdam , chez M. Braamkamp , un
Payfageavecfigures&animaux; uae Chafl� au vol; Payfage avec des animaux ; un autre de m�me ; une jeune fillequi tire du lait d'une ch�- vre ; un Payfage avec un Cavalier , pres de lui des moutons, des ch�vres, &c. Chez M.L�ender, un Payfage avec des bergers cV des troupeaux. Cbez M. Lubbeling, la Chafie au cerf \ un Port de mer , un cheval a la charrue, quelques ani- maux , &c un Payfage montagneux; on y voit toutes fortes d'animaux & des figures. Chez M. Bierens , deux Payfages avec des figures & des animaux. A Roterdam , chez M. Bifchop, trois beaux
Payfages avec des figures & toutes fortes d'ani- maux. JEAN
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La Vic des Peintres
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JEAN PIETERS.
JEan PlETERS, frere de Bonavtnture Pie-
ters, de qui nous avons d�ja parl� , �toient tous deux de la m�me Ville, &" tous deux onc f ii�vi la m�me maniere & Ie m�me genre. Bona- venture naquit a Anvers en 1614 & Jean P�e- ters en 1625. Son talent �toit d'imiter & de re- pr�fenter les horreurs d'une mer agit�e de tem- p�tes. lei on voit Ia foudre briier un rocher �lev� dans les nues: La un navire englouti dans 1'ab�me d'une mer en furie. Il a peint auffi des Combats Air mer avec une v�rit� & une exac- titude furprenante. On neconcoitpascomment la m�moire a pu lui fournir, 011 Ie g�nie lui inf- pirer tant de d�tails diff�rents. La v�rit� de les Tableaux fait prefque fr�mir. Une intel�gen- ce de couleur, & une vapeur qui r�gne dans fes Ouvrages egale la fineflede fa touche : Ses figu- res bien de�in�es , ne cedent en rien a la per- fedion du refte. Jean Pieters e'toit aimable & recherche dans
la Soci�t�. On ne fcait point 1'ann�edefainort. Ses Tableaux font dans les plus beauxCabinets: II y en a plus en Flandres qtrailleurs. |
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162.5.
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PIERRE
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Flamands 3 Alhmands & Hollandols. 351
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PIERRE BOEL.
CET excellent Peintre de Fleurs &r d'Ani-
maux., naquit a Anvers en 1615. On ne fcait fous qui il a appris la Peinture: On croit que Snayers lui a donn� des lecons , &c que les Ta- bleauxdeceh�-ciontfervideguideaformerfabel- le maniere de peindre les Animaux & les Fruits. Anim� par les progr�s de les camarades, qui
avoient �t� puil�r la perfeclionde leurs Ouvra- ges dans ceux des grands Ma�tres, il alla a Ro- me, a Venife&r dans les principales Villes d'ka- lie : II y acquit beaucoup de gloire. En retour- nant en Flandres , il paffa a Paris, 011 il auroit v�cuavecdiltinftion^'ilavoitpu ie fixer ; mais Anvers eut pour lui tant d'attraits, qu'il quitta des Ouvrages commenc�sa Paris, pour fe ren- dre dans fa Patrie. Il y fut tr�s-occup� juiqu'a ia mort: Nous en ignorons i'ann�e. Les Tableaux de Boel font �gal�s a ceux des
plushabiles dans fon genre. Il peignoit en grand & tout d'apr�s nature : Une belle touche , une couleur vraie&vigoureufe (e trouventdanstous fes Ouvrages. Quatre grands Tableaux de ce Peintre , {les
quatreEl�ments) fevoyoientautrefoisaAnvers |
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,
Chaque Tableau repr�fentoit les animaux, les
fruits, les fleurs & les plantes convenables a d�- figner les difF�rents El�ments. On trouve en Flandres plufieurs autres Ta-
bleaux |
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!
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5 S *� La Vie des Pcintres Flamands , &c,
bleaux de Boel en grand & petit, toujours re- cherch�s & diftingu�s. On en voit deux a Pa- ris, chez M. de Feaux : lis repr�Tentent des Ani- maux 6c des Ui feaux. |
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J E A N
VAN �VERDINGEN. JEan van Everdi n g e n �toit n� a
Alcmaer, & frere cadet de C�fari duquel on croit qu'ij apprit la Peinttire. Il excelloir apein- dre des objets inanim�s. Ses Tableaux forit en petit nombre, parce qu'il ne peignoit que pour ion plai�r , & n'en font pas moins eftim�s : II pafloit pour Ie meilleur Procureur de la Ville. Son inclination pour la Chicane lui fit n�gliger la Peinture, o� il auroit plus acquis de bien & peut-�tre plus d'eftime. |
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PAUL
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PAUL
POTTER,
�leve d� son Pere
PIERRE POTTER. AUL POTTER �toit iffu de
la maifon^'^/nonrpar fagrande- mere. Son grand-pere �toit Rece- veur de la haute &c bafle S valu- es-e. Ses anc�tres avoient rempli ___________les Charges les plus honorables
de la Ville d'Enkhuifl�n j o� il niquit ea
i<jz j de Pierre Poteer: Ce Pierre, Peintre m�-
Tome II, Z diQcre,
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\6x<.. diocrej s'�toit �tabli a Amtterdam, o� il acquit
mmmmmr Ie droit de Bourgeoifie Ie 14 O�tobre 1631 > & o� il elt mort en 1692. Le jeune Potter n'eut d'autre Maitre que fon
pere qu'il furpaffa des qu'il e�t appris les pre- miers principesdelonArt: Ce futunprodigedont il n'y a peut-�trepoint d'exemple dans le nom- bre de ceux dont nous rapportons 1'Hiitoire; 11 fut d�s 14 a 15 ans un Ma'ure habile. Ses Ou- vrages m�me de ce temps-la figurentau milieu de ceux des plus grands Hommes. Avant quitte Ion pere pour avoir plus de Ii-
berte a fe former lui- m�me, ou par quelqu'autre xnotif, il fut demeurer a la Haye &c prit un lo- gement^ c�t� de celui de 1'Architecte Nkolas 5a//tcncnde:Ilfeliad'amiti�aveclui.NotreVitru. ve Hollandois, avoit une fille tr�s-belle, a�n�e de dix enfants; Pottertn devint amo�reux & fut af- fez heureux pour infpirer les m�mes i�ntiments a cette aimable fille. Ne croyant trouver aucun obftade, il en fit Ia
demande au pere: Mais celui-ci, peu flatt� du ta- lent de Potter, dont il ne connoiflbit pas le m�ri- te , crutfottementqu'«« homme quine peignoir, que des b�tes & non des hommes , �to'u trop peu pour la fille d'un Architecle. Potter ne fe rebuta point: H employa les Principaux de la Ville , qui, plus: juftes eftimateurs du g�nie de Potter, pronon- cerentque Balkenende devoit fe trouver honor� de la recherche d'un pareil gendre. Balkenende avoua fa m�prife , & lar�para. En 1650 il ac- cordaa Potter AdrienneBalkenende fa fille: Bien- tpt le beau - pere pr�na ce gendre, & ce gendre fitvaloir lebeau-pere. Balkenende�to�t 1'Archi- tede
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Flamands 3 Allemands & Hollandols. 355
te�le Ie pins accr�dit� & Ie plus r�pandu dans legrand monde, 6c Pocter Ie Peintre Ie plus ef- time : Ainii leurs r�putations Ie fervirent r�ci- proquement. Potter fut furcharg� 'd'�uvrages; r�gie dans fa conduite 3 aimable, amuiant & parlant bien, on trouvoit en lui 1'homme de fo- ci�t� & Ie grand Artifte. Il fut plus d'une fois viiit� par Maunce Prince d'Orange, qui aimoit a Ie voir peindre & a 1'entendre parier. Les Ambafladeurs &r les plus grands Seigneurs ve- noient louvent chez lui. II pofledoit i� bien fon Art, il avoit tant de facilit� qu'il fcavoit en m�a me temps fuffire a la converlation 6c a fon tra- vail, & il fembloit moinsop�rerques'amufer & fe divertii". Dans ce temps Ia Pnncej�� fcmilie ± Douairiere & Ccmteile de Zoims, lui comman- da un grand Tableau pour fon appartemenr.Por- ter voulut ie furpafl�r lui- m�ttie: Mais un Cour- tifan rapportaa laPrinceflequerobjet principal du Tableau repr�i�ntoit �ne Vache qui piiTe , & que Ie (ujet �toit auffi ind�cent qu'indigne d'�tre mis dans Ia place Tionorablequ'on lui dellinoit; cette critique eut fon efFet. On fe d�barrafla hon- n�tement du Tableau: On 1'a vu plufieurs an- n�es dans la familie de M. Mujfart, Echevin de ]a Ville d'Amiterdam , &delachez M. vanBie- fum, Marchand de Tableaux, qui Ie vendit 2000 florins a M. JacquesvanHoek; ce Curieux qui en faifoit Ie plus grand cas, Ie placa dans fon Ca- binet vis-a-vis Ie Tableau cap'tal de Gerard Douw. Ce morceau de Potter eft connu fous Ie nom de la petite Vache qui p/jffei Potter avoit trop de talents pour pouvoir
�chapper a 1'envie. XI fuf perf�cut� ; quelques Z, 2 chagrins
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I�ZJ.
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35e La V�e des Pe�ntrts
chagrins Ie d�terminerent a r�pondreauxvives
inftances de M, Tulp, Bourguemeftre d'Amfter- dam. Il quitta la Haye & fut denieurer en 1651 dans cette grande Ville. Il y peignic de grands & de pecits Tableaux que M. Tulp lui comman- da: Ce fut cette occafion qui lui fit pofleder prei- que tous les Ouvrages de ce grand Peintre. Pot- ter �toit infatigable : II travailloit tout Ie jour fans relache &c Ie foir a la chandelle. Il gravoit a 1'eau forted'apr�s les �tudes dont il s'�toit fer- vi a peindre. Les �preuves de fes eaux - fortes font fakes de rien: Une pointe badine ,pleinede finei�e & d'art les rend aujourd'hui auffi pr�cieu- fes aux yeux des Artitles, qu'elles 1'�toient de fon temps. Les leuls moments de diffipation que Potter Ie permettoitj�toientlapromenade; en- core la rendoitil utile par des �tudes j il portoit touj ours unp etit livre de papier blanc dans fa po- che, & d�s qu'il appercevoit quelque chofe qui lefrappoit, il en faifoit uncroquis: Arbres,plan- tes , animaux, figures, rien n'�chappoita Ion Hecueil. Plufieurs de fes livrts de Uefleins & d'Etudes , font 1'ornement des colle&ions des Amateurs. Cette application continuelle altera fa fant�.
Il mourut d'une maladie de langueur, au mois de Janvier 1654 , n'ayant pas encore 19 ans complets. Il fut enterr� dans la grande Cha- pelle d'Amfterdam. Il ne laifla apr�s lui que fa veuve & une petite fille de trois ans & demi ; mais un grand nombre d'Ouvrages qui aflurent fa r�putation. Potter a fait plufieurs beaux Tableaux en
grand} mais il eft fup�rieur en petit: II eft �gal en
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Flamands } Alkmands & Uollandois. % $ 7
en ce genre , aux plus grand' Ma�tres de fa Na- ~~ tion. 11 deflipoir les figures, les chevaux &c tous _^mm les autres animaux dans la plus grande perfec- '----
tion. Ses Tableaux ontle fltau &: la couleur de
Wouwermans & de Carles du Jardin : La touche de f'on pinceau eft fine 8c mo�lleufe; fes fonds font agr�ables& piquants par 1'intelligence du clair-obfcur; les gravures hl'eau-fortedefamain, font recherch�es par les plus Connoifl�urs. Ses Tableaux font encore rares en France ,
eu �gard a ceux des autres Ma�tres. En voici quelques-uns qui Ie trouventdans les Cabinets de Paris. Chez M. ie Comte de Cho�feuil., on voit un
petit Tableau tr�s-piquant , il repr�fente un Bccufblanc, pres d'un tronc d'arbre; Ie fond eft un Pay fa ge. Chez M. de la Bouexiere , trois Tableaux ;
�es Vaches 6c des Chevaux dans des Payfages fort clairs. Chez M. \e Comte de Fenctj des Vaches dans
un Pay fage. Chez M. de Gaignat, deux Tableaux: Cefont
auf�� des Animaux. Chez Ie Prince de Hejffe, une Vache qui pif-
fe , Ie fond eft un Payfage; dans un autre, plu- iieurs Animaux, fujet tir� des Fables d'Elbpe j un Moulin & des Animaux aupr�s. A la Haye, chez M. Ie Comte de �rajjcnaart
des Animaux dans une Prairie. Chez M. van SRngelandt, Receveur G�n�ral
de la Hollande, un Payfage avec un grand nom- bre cie vaches, de moutons, de chevres ; &c. un Payfage avec un ciel orageux , des boeufs Z j &
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_^__ 558 La Vie des Pe'intres
0 &des cochons qui broutent dans un Pr�; un,
wmm2^ autre Payfage avcc des figures &: quelques ani-
""""""' maux Chez M. Fagel, un Payfage avec plu- fieurs figures , qui gardent des vaches & des moutons. Chez M. Lormier, dans un Payfage, Orph�e qui attire les animaux au ion de fa ly- rejdes Vachesquiboiventdanslecourantd'une fource; plufieurs Chevaux &: des Vaches a la porte d'une �curie > & un Payfage oii des figures danfent, plufieurs animaux font aupr�s d'eux. Chez M. d'Aco/la, une Courfe de chevaux, plu- fieurs figures font les ipe&ateurs; des Yaches dans un Payfage. A Dort , chez M. vander Linden van Slinge-
landr, laVue d'un grand chemin de RyfVyk ala Haye,avec lamaifonde/?/«X:Z!ciry?; uneGrange ouverte , un rayon de foleil �claire Ie dedans, on y voit des animaux , au dehors une jeune Fille qui fait rentrer des poules. A Amfterdam, chez M. Braamkamp, un Pay-
fage avec des chevaux & des vaches; des Ca- valiers qui exercent leurs chevaux ; 6c des Va- ches , Bocufs & Moutons dans un Payfage. A Roterdanij chez M. L�ers , une Maifon
de fermier avec des attirails d'une bafle-cour& plufieurs animaux. Chez M. van Biffchop, un Troupeau de Boeufs que Ton conduit au mar- ch� ; un autre a peu pres Ie m�me: Ce dernier eft fingulier par les effets de la lumi�re du So-? leil qui paffe entre des nuages &: va �clairer les animaux &les figures. |
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HERCULE
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Flamands , Altemands & Holtandois. 359
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HERCULE ZEGERS
CEt excellent Payfagifle fut toute fa vie
Ie jouet de la fortune. Il �toit Contem- porainde Potter, & peut-�tre auffi habile dans f on genre, mais bien plus malheureux. Samuel van Hoogjlracten qui nous a laifle la vie de Ze- gers , ne parle point avec certitude du lieu de fa naiflance. Il rapporte que ce Peintre avoit Ie g�nie Ie plus aboadant: Ce Peintre , dit-il, paroif�bit accoucher des Provinces entieres. Ses Tableaux fort riches de compofition , font tous vari�s; on ne concoit pas comment il a pu ima- giner tant de fituations qui font r�pandues dans fes Ouvrages. Ses lointains repr�fentent une �tendue immenf�. Les plain.es font interrom- pues par des c�teaux, des oppofitions de cou- leurs, des lumieres & des ombres: Des formes choiiies dans fes arbres, un. feuillis touche avec art; toutes cesqualit�s r�unies m�ritoient bien les egards des Amateurs. On ne daignoit pas les regarder , il vit pr�f�rer les produ�tions des Peintres m�diocres a fes plus beaux Ouvrages. Il grava a 1'eau forte : Tout ce qu'il fit dans ce nouveau genre , n'eut pas plus de fucc�s. Il compofa , il grava nuit & jour,. & fes Eftam- pes furent port�es chez les Epiciers & chez les- Beurrieres. Il trouva Ie fecret d'imprimer des Payfages en couleur fur toile : Cette nouvelle d�couverte auffi ing�nieufe que belle, ne lui valut pas davantage > tant 1'injuftice de fon (i�- Z4 cle
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360 La Vie des Peintres
c!e fut acharne'e contre lui. Il fit un derniex
efTort: il n'�pargna ni foin, ni temps a graver un paylage admirable ; il en porta la planche chez un Marchand d'Eftampes j qui n'eut pas de honte de lui en ofFrir la valeur du cuivre, &r de lui confeiller de faire faire de fes planches des bo�ces a mettre du tabac a r�mer. Zegers outr� de d�pit, reprit fa planche & dit en co- lere, qu'un jour chaque Eftatnpe feroiE vendue plus de ducats iqu'il n'en oftroit pour la plan- che. Cette pr�di&ion a eu lieu : Chaque �preu^ ve a �t� vendue apr�s fa mort , feize ducats. 11 avoit tir� peu d'Eftampes de cette dtrniere planche , & 1'avoit brif�e. Cemalheureux Artiite perdit tout courage ,
& incapable de foutenir plus long temps 1'aveu- gtement injufte de fes Contemporains, il fe Ik vra au vin avec tant d'exc�s, qn'on ne Ie vit plus depuis qu'ivre. Un jour en entrant chez lui dans eet e'tat, il tomba dans fbn efcalier » & cette chute mit fin a fes malheurs: 11 mou- rut peu d'heures apr�s, |
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JEAN VAN HECK.
JEan van Heck, Contemporain de
Boel, naquit au Bourg de Quaremonde, pres d'Oudenarde. Il voyagea de bonne heure, &■ refta plufieurs ann�es de fuite a Rome , o� Ie Duc de Braccino fut fon Prote�teur &c 1'em- ploya long-temps. Plufieurs autres Princes & Cardinaux, rechercherent tout ce qui fortoit d# ft
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Tlamands, Allemands &Hollandois. 3
fa mam ; mais quoiqu'il trouvat en Itali� plus d'ouvrage qu'il n'en pouvoit faire, il retourna a Anvers , o� il vivoit encore en 1660. Van Heek n �toit pas born� a peindre des
Fleurs Sc des Fruits dun beau fini; il peignoit auifile Payiage & la figure en petit , des va- fes d'argent, de bronze, de porphyre �c de mar- bre. Ses compofitions font agr�ables & faites avec choix. Les Italiens en font grand cas. |
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GASPARD VAN EYCK.
GASpARD VAN Eyckj �toit d'Anvers:
11 peignoit biendes Marines ;prefqne tous fes Tabieauxrepr�fentent des Combats entre les �ures & les Chr�tiens. Ses figures lont bien deffin�es & touch�es avec finelfe: II imitoit ad- mirablement Ie feu & la fum�edu canon. Le Prince Charles poflede a Bruxelles, deux
Tableaux de van Eyck, ce font des Ports de mer. |
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JEAN SIBRECHTS.
SI B R E C H T s fut bon Peintre de Payfages ,
Berghem & Carle du Jardin ont �t� fes gui- des. Son plus grand �loge, eft de dire que beau- coup de fes Tableaux font pris pour des Ou- vrages de Berghem OU de Carle du Jardin , & pafl^nt pour des originaux de la main de ce^ grands.
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3 La Vie des Pelntres
grands Peintres qu'il n'a faitqu'imiter. Sibrechts
naquit a Anvers. On ne lcait s'il y eft mort, ni aucune particularit� de ia vie. |
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NICOLAS VAN EYCK.
ON peut croire queNkolas �toit frere de
Gafpardvan Eyck; ils naquirent tous deux a Anvers, & ils vivoient dans Ie m�me temps. Nico/as peignoit des Batailles, des rencontres 6c des Attaques avec beaucoup de feu. Il eut une grande r�putation. 11 ctoit Capitaine de la Milice Bourgeoife d'Anvers, o� il eft mort , fans qu'on fache en quelle ann�e. |
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PHILIPPES FRUITIERS.
Hilippes Fruitiers e'toit d'An-
vers. Il quitta la Peinture a 1'huile pour peindre en Mignatnre & a Gouafle. Il a ex- cell� en ce genre , & il a peut-�tre furpafle en DeflTein , tous ceux qui ont peint dans fa ma- niere : Ilcompofoitbien&facilement; fes airs de t�tes font gracieux, fes draperies amples, �V les plis de bon gout. Il fut tres - eftim� par Rubens. Fruitiers a peint ce grand homme & toute fa fa- milIe:Onadmiredans ceTableau une belle com- pofition , des pofitions aif�es & la couleur telle que Rubens m�me ne 1'auroit point d�favoue. Les autres Tableaux de ce Peintre ont Ie m�-> me
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Flamands , Allemanis & Hollandols. 363
01e m�rite. Weyermans a vu cette familie de ~ Rubens, & il parle de ce morceau avec �loge. |
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ANTOINE GOEBOUW.
GO EBO U w n� a Anvers de parents ri-
ches qui lui procurerent toutes les eom- mudu�s & tous les avantages qui pouvoient fervir a Ion avancement, alla de bonne heure a Rome, o� il reita long-temps a �tudier les grands Ma�txes. Il en revintPeintred'Hiftoire, bon Deffinateur & grand Colorifte. Goebouw a peint auifi des Tab�eaux en petit dans Ie gout i�Oftade. Sa couleur dans ce genre, eft un pea noire &r moins dor�e qne dans fes grands �u- vrages. Il a fait de bons Eleves. M. Half- TVaJfenaar a la Haye, pofT�dedeuxTa-
bleaux de Goebouw, 1'un repr�iente desPayfans qui danf�nt au fon de la Muf�tte; 1'autre des SolJats qui jouent aux cartes fous une tente. |
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FRANgOIS DE NEVE.
E N � v E auffi natif d'Anvers, e'tudia,
d'apr�s les �ableaux de Rubens 8c de van Dych. On reconnut dans fa maniere celle qu'il avoit cherch� aimiter; munidefiheureux com- mencements, il alla a Rome, o� Rapha�l & rAntiqueroccuperententierement.Noncontent de r�fl�chir fur toutes ces beaut�s, il les copia plufieurs
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3 ^4 La Vie des Peintres
' ~* plufieurs fois. Il retourna a Anvers o� il m�rita
1 z 5 � la r�putation de bo;< Peintre dans h iatrie des
**^^�' plus grands M,ditr.es. 11 d�buta p..r qutlques
morceaux d'Hilioire 3 & bient�t il put a peine
fuflire aux Ouvrages de commande. La Ville
d'Anvcrs conlerve la pl�part de ies Tabieaux.
On en voit un grand nombre au Jardinde Leytn,
mailontie plailancepr�s decette Ville. De Seve
compofoitavec feu , colorioit bien Scdeffinoit
avec beaucoup d'el�gance.
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J E A N FYT.
JE A N F Y T efl un des meilleurs Peintres
dans fon genre ,qu'ait produit la Ville d'An- vers; fon talent �toit au plus hautpoint3lorfqu'il repr�fentoit des animaux morts, des li�vres & d^s fangliers. 11 a auffi r�uffi a peindre toutes fortes d'animaux vi vants, des fleurs ik des fruits, 11 imitoit bien toutes fortes de vafes &r des bas- reliefs en pierre & en marbre. 11 deffinoit bien tout cequ'il repr�fentoit; fa couleur ett vraie& fiere; fa touche, tant�t l�gere, tantot l\ar Jie, eft pleine de feu. Il a peint les fleurs avec fra�eheur: La plume, la lame & les poils de fes animaux , ious fon pinceau3fontafurprendre:f�sOn vrages forteftim�s, font en grand nombredanslti Pays- Bas. Il a peint de concert avec les plus grands Ma�tres, Rubens , Jordaens , &c. M. van Bremen, a la Haye, pofledeun Tableau de notre Peintre t il repr�l�nte un Chien qui garde du gibier. PIERRE
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Flamands, Allemands & Hollandois. 365
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PIERRE TYSSENS.
YsSENSn�a Anvers , fut un de fes plus
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JL grands Artiftes. Sa r�putation a peindre Ig25<
1'H�toire , 1'�galoit prefqu'a celle de Rubensi ' L'amour du gain & quelques fucc�s Ie porterent
a faire Ie Portrait. Il �toit recherche & em- ploy� par les principaux du paysj jufqu'alors il n'avoit eu aucun d�gotit; mais quelques Por- traits qu'il venoit de raire, furentcritiqu�s avec la chaleur que donne l'envie : 11 en eut tant de chagrin , qu'il quitta Ie Portrait pour repren- dre 1'Hiftoire. On doit a cette efpece de capri- ce de la part du public , tant de beaux Ouvra- ges qu'il nous a laifles. Les fucc�s de TyJJens ne firent que redonbler fon application. Son Tableau de 1'Aflbmption de la Vierge, qu'il placa fur 1'Autel de la Vierge dans T�glife de S. Jacques a Anvers, augmenta tellement Ie nombre de les Admirateurs, qu'on ne fcavoit prefque plus a qui Ie comparer. Il peignit plu- fieurs Tableaux pour �tre places entre les croi- f�es dans 1'Eglil'e des Carmes. On fcaittroppeu de chofes de la vie de ce Peintre que Ton croit mort a Anvers, fans fcavoir en quelle ann�e. On trouve dans les Regiftres de TAcad�mie qu'il en avoit �t� Directeuren 1661. On arendu jufticea TyJJens, en Ie mettant au
nombre des premiers de fa Nation. Il �toit grand Deffinateur: Ses compofitions ont beaucoup de feuj
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_____ $ La Vic des Pe�nires
i6zc. ^eu> ^a couleur & fa maniere eft vigoureufe: II
^��^ traitoit fes fonds en grand Ma�tre, avecdes por»
tiques ou des colonnades d'Archneclure.
Il y a peu de Villes en Flandres qui n'ayent
quelquesmorceaux de fa main. DansleCouvent des Religieuf�s de LdkndaeL a Malines , Ie Ta- bleau du grand Autel. o� font repr�ient�es dans Ie Ciel la Sainte Trinit� &c Ia Vierge, eft de lui. Au bas du Tableau , font quelques Saints &c quelques Saintes de 1'�rdre de ces Religieuf�s , qui eft des Pr�montr�s. Dans 1'�glife Collegiale d� S. Martin a Aloft,
on voit un beau Tableau de TyJJ'en* 3 c'eft Ie Martyre de Saiflte Catherine. Aux Religieux Guilklmites, S. Guillaume eft en extafe; on voit aupr�s de lui la Vierge & d'autres Saintes. A Paris, chez M. Ie Comte de Fence , une
T�te tr�s-bien peinte} eft de la m�me main. |
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ALEXANDRE ADRIAENSEN.
ADr�aensen, grand Imitateur de la
nature, fe mit a peindre des fruits Ik des fleurs, des vafes de marbre & des bas - reli�fs. Quelquefois ces vafes font remplis de fleurs & entour�s de guirlandes jett�es avec gout. Quelquefois des vaf�s de criftal, avec un bou- quet de fleurs choifies , carad�rifent fes com- pofitions. Il a bien r�uffi a repr�fenter des poif- fons: Une bonne couleur;des fleurs l�g�rement toudi�es, & une belle entente de clair-obfcur, rendent
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Plamdnds 3 Alkmands & Hollandois. 367
r�ndent pr�cieux tout ce qu'il a peint. Nous fcavons qu'il eft n� a Anvers , mais on ne fcait en quel heu, ni en quelle ann�e il eft mort.' |
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JEAN ET FRANgOIS
EYCKENS,
j�leves de leur Pere
PIERRE EYCKENS. CES deux freres n�s a Anvers , & fils de
Pierre Eyckens, furnomm� Ie Vieux, appri- rent a peindre de leur pere. Jean commenca par �tre Sculpteur , & il coupoit d�ja af��z heureu* fement Ie marbre, loriqu'il troqua Ie cifeau &: Ie maillet contre la palette & Ie pinceau : Us ont peint tous deux des fleurs & des fruits, & leurs Tableaux font affez eftim�s. |
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CHARLES CR�ETEN.
CR � E T E N �toit contemporain & ami de
Guillaume Bauer; ils voyagerent Sc demeu- rerent enfemble aRome. Cr�eten futappell� par la Bande Acad�rnique , 1'Efpadron : On aimoit en Itali� fa maniere de peindre Ie Portrait &r celle decompoferrHiftoire.Onrengageaaretourner a Prague, lieu de fa aaiflance, o� il a joui d'une grande
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^ ______ _____^y_r____________________ .*__J.___ _ - � - - ------
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3�8 La Vic des Peintres
grande r�putation: Onnef$aits'ilyeftmort,ni
enqueltemps.
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PIERRE VANDER BORGHT.
VAnder BorghtnaquitaBruxelles:
II �coit Peintre d Hiftoire. Je ne fcais fi l'�tudedes�venements& des paffions fi n�ceflai- res aux Artiftes qui veulentexcellcr en .e genre, Ie d�goiita, &: fi plus de facilit�, plus de promp- titude dans Ie travail Ie d�terminerent a s'appli- quer au Payfage; mais il Ie pr�f�ra & y fit les plus grands progr�s: II a laifle beauconp de cette derniere forte d'Ouvrages en Flandres, & ils y fbnt vus avec diftin�lion. |
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PIERRE DE WITTE.
PlERREDEWlTTEdutle jour a la Ville
d'Anvers, fi c�l�bre par la naiflance detant d'autresgrands Peintres: IIs'adonnafur-toutau Payfage , & il fut, dans ce genre, un des pre- miers Artiftes de fon temps. Il travailla beaucoup dans cette grande Ville; fes Tableaux qui lont en grand nombre, font r�pandus dans toute la Flandre & dans tous les Paysv |
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jQUERARP
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Flamands> Allemands & Hollandols.
� .ii , ....... ..
G U E R A R D
VAN HOOGSTAD.
GUe�lard van HooGSTADn�a
Bruxelles , peignit d'abord Ie Portrait avec fucc�s :llpaffabient�ta uneplus grande maniere &devint bon Peintre d'Hi ftoire.Plufieurs grands Tableaux d'Autels a Bruxelles &c dans Ie Bra- bant, d�pofent encore aujourd'hui en faveur de ion talent. Il entendoit bien les fujets faints: II a traite plufieurs fois & de plus d'une maniere, la Paffion de notre Seigneur, Sc des Martyres de Saints: La compofition d'Hoogftad �toit ing�- ziieu fe Sc r�fl�chie, Ik f'on Deflein afl�z corred;. |
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GYSBRECHT THYS.
CEt habile Peintre naquit a Anvers; Fes Por-
traits ont m�rit� quelquefois d'�tre compa- r�s a ceux de van Dyck: Avec tant de talents il fut malheureux. Jene fcaiss'ilyeut defafaute, ouli ce futparinconrtance;maisilerradeVille en Ville,pourychercherde 1'emploi. Deux de fes Portraits &r qui font fort c�nnus, m�ritent 1'admiration des plus Connoi(Teurs:Cefontcelui de Jean van KeJfelSc celui de fa femme, repr�- lent�s jufqu'auxgenoux. La force de la couleur, 1'�l�gance du DeflTeinj 1'union du tout enfemble Tome II. A a rendent |
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37 la Vie des Pelntr�i
rendent ces deux Tableaux tr�s-recommanda-
bles.
La Ville de Breda & quelques autres Villes
deHolIande& de Flandres, conferventencore plufieurs de fes Portraits,& plus d'unefois dans les Pays �trangers on les a vu pafTer pour �tre de la main m�me de van Dyck. Ce Peintre faifoit avec beaucoup d'intelli-
gence &c de facilit� Ie Payfage & les animaux. Le Prince Charles pofl�de a Bruxelles deux
Payfages de ce grand Peintre 3 ou il y a des fig ures. |
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NICOLAS LOYER.
LO Y E R. avoit a un d�gr� aflez eminent les
qualit�s d'un bon Peintre d'Hiftoire : II y a beaucoup de fes Ouvrages dans les Cours �trangeres ,pour lefquelles il a travaill�prefque toute fa vie. lis font tres-rares en Flandres} & m�me dans la Ville d'Anvers, quoiqu'il y e�t pris naiflance. |
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GUILLAUME GABRON.
LEs Tableaux de ce Peintre font recherches ;
fon talentparticulier �toit de repr�fenter des vafes d'or.d'argent & de porcelai ne: II y mettoit tantde v�rit� que 1'ceil fouvent �toit tromp�. Il peignoit des fleurs & des fruits dans Ia grande perfection.
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Flamands , Allemands & H�llandois. j 71
jperfeftion. Il avoit long-temps voyag�en Itali�; II refta pendant un temps tr�s-coniid�rable de fa vie aRome. Ses Ouvrages fiuent fouvent rete- nus & pay�s avant que d'�tre finis: II revint ce- pendant a Anvers fa patrie , o� il mourut. |
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ARTUS WOLFAERTS.
OLFAERTSeft connu dans la Ville
d'Anvers, lieu de fa naiffance, comme un Peintre habile, ing�nieux &; fpirituel; il s'eft diftingu� dans les fujets d'Hiftoire, &: principa- lement dans ceux qu'il a pris dans les A�tes des Ap�tres &: dans 1'�cnture Sainte : II fembloit que fon imagination prit des ailes pour s'�lever jufqu'a la hauteur de l'�v�nement qu'il ofoit traiter, toujours en affoiblifToit-il moins qu'un autre la noblelle & Ia vraifemblance. Ses com- pofitions font fimples, mais grandes; ies fonds orn�s d'une belle Architedure ou de Payfages qu'il ne faifoit jamais de caprice : Le coftume y �toit obf�rv� jufqu'arepr�fenter les lieux tels qu'ils font exprim�s dans le texte. wolfaens avoit 1'efprittr�s-orn�; il neconnoif-
foit pas moins la Mythologie que 1'Hiftoire: II a peint des fujets all�goriques,o� l'homme d'el- prit brille autantquelePeintrehabile. �naauffi de luiquelques lableaux aflez plaifants, dans le gout de Teniers : C'�toient les amuf�ments de les quarts d'heure perdus & de fa r�cr�ation. Il deffinoit bien & colorioit naturellement : On ignore 1'ann�e de fa mort. Aa 2. FRANgOIS
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37* �<* Vu des Peintres
FRANgOIS DU CHATEL,
�leve de david teniers le jeune.
DU CHATELeft unPeintreing�nieuxque
1'on peut egaler a Goniales Coques & a Te- 1 niers : Bruxelles rut le lieu de fa naii�ance. Sou Maitre David Teniers lui trouva tant de confor-
mit�&: de rapport avec fon g�nie,qu'il 1'adopta comme (on nis: II ent des attentions diftingu�es pour eet Eleve 3 Sc c'elt celui qui a fait le plus d'honneur a ce grand Maitre & a fon Ecole. Malgr� les recherches que Ton afaites dans le
Pays, on n'apu rien d�couvrir de certain fur la vie de du Chatel; fa fortune a du �tre confid�ra- ble, fi nous en jugeons par le nombre de fes Ou- vrages Sc par le prix confid�rable qu'il en rece- voit. Du Chatel a peint li exadement dans la maniere de fon Maitre,que 1'on peut aif�ment s'y tromper: II avoit cependant plus de noblefle dans fes fujets. On prend auffi aflez fouvent fes Tableaux pourceuxde Gon^ales: Ilpeignoit, en fortant d'avec Teniers, des Tabagies., des Corps de garde, &rc. & dans la fuite il �leva fon g�- nie '6c ne peignit plus que des Converfations, des Aflembl�es , des Bals & des Portraits de familie. Quelques-uns de fes Tableaux fontfi abondants & fi bien cornpof�s qu'on eftprefque tent� de le placer au deflus de fon maitre: Son Deflein eft corredl, fa couleur excellente , fa touche fine, & il entendoit tres- bien la perfpec- tive
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Flamands, Allemands & HollanJols. 373
tive &: l'mtelligenceduclair-obfcur. Il ne pei- ' gnoit gueres fes figures que de la hauteur a'un "*'
pied: Elles font toutes habill�es fuivant la mode � du temps. Le Tableau Ie plus confid�rable que j'aye vu de ce Peintre , eft place dans la falle de la C'avalcade a 1'H�tel de ville de Gand: II repr�- fente le Roy d'Ef pagne qui recoit le ferment de �d�lit� des �tats du Brabant Sc de laFlandre en 1666 : Le fond du Tableau repr�fente une des principa'es places de la Ville. On y voit des arcs de triomphe , des amphith�atre.s, la Nob'efl�, les Corps de M�tiers & la Bourgeoifieen para- de; on y compte plus de mille figures : Ce Ta- bleau eft frappant , d'une beaut� admirable & d'une vari�t� finguliere. Les grouppes en font bien lies &■ lesplanspartag�s habilement & fans confufion: Les figures fur le devant ont tin pied de hauteur. Bien des gens �e font m�pris a ce Tableau & 1'ont crtvde la main de Coques : Sa longueur eft d'environ vingtpieds fiirquatorze de hauteur. On ne fcait point 1'ann�e de la mort de ce
Peintre. |
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Aa j JEAN
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J E A N
LINGELBAC.
INGELBAC naquit a Franc-
fort furie Mei n en 1625, Onne fcaitde qui il futEleve.IIfe trou- va jeune a Amfterdam , d'o� il partitpourParisen 1641. Deux ans apr�silquittalaFrance,pour parcounrlltalie. Rome lui fournit cantde mo- deles qu'il ne penfa plus a aller ailleurs. Six an-- n�es y furent employees a admirer & a �tudier aflidument les beaut�s dont il �toit environn�. eft un exemple pour ceuxqui cherchent |
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La Vie des Peintres F/amandsy &c. 375 _____
& s'inftruire. Il deffina ce qu'il vit, & il Ta dei- t .
iin� avec autant de g�nie que d'exa&itude ; il a _ feu Ie mettre a profit dans fes Ouvrages : lis font
vari�s, amufants & toujoursnouveaux. Apr�s avoir copi� prefque toutcequ'il putapprocher, il emporta deBome eet amas de richefl�s Ie 8 Mai 1650: 11 ne fit que pafler par 1'Allemagne pour retourner a Amlterdam, o� il fixa Ion �ta- bliflemenr. Lingelbac ne tarda gueres a donner des preu ves
de fon talent;on s'appercutdes progr�squ'il avoit fait dans fonvoyage. Les Amateurs avoienttrop efp�r�defadiipoiitionheureuJepourn'avoirpas fur lui les yeuxouverts,&: il avoit pafleleurs ei- p�rances \ on ne lui lail�a plus Ie temps de finir ��sTableauXjilsfurenttousretenusd'avance :I1 peignoit Ie plus ordinairement des Ports de mer dltalie, & fur Ie devant un nombre infini de pe- tites figures,auffiexpreffivesquevariees.il met- toit fur Ie premier plan & pour f �rvir de repoujfoir tant�t une grande porte ou un are de triomphe d'une belle Architedure un peu endommag�e par Ie temps, quelquefois une fontaine avec des figures de bronze ou de marbre } qu'il placoit dans des niches ou fur des piedeftaux : II fca- voit que meubler fes Tableaux , c'eft les enri- chir & les rendre piquants. Quant il a repr�fen- t� des Foires ou des March�s publics dltalie , il y a prefque roujours fix� i'ceil par un grand objet, par un th�atre de charlatans, de joueurs de gobelets ou d'autres farceurs: II s'y trouvoit des figures, des chevaux & d'autres animaux, des marchands & marchandes de fruits & l�gu- mes, &c. Il a rafl�mbl� avec efprit dans fes Aa 4 Ouvrages
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376 La V'ie des Pelntres
Ouvrages , tout ce qu'on peut peindre : Les
traits de fon pinceau lont toujours ing�nieux & quelquefois critiques & malins. 11 carad�rife Ie charlatan &c Ie peuple qui 1'entoure: Uncertain air impofant& fourbe eit r�pandu fur la figure de l'Eiculape, & l'ironie ou 1'admiration lur Ie vifage de quelques figures plus frappantes de l'auditoire. Lingelbac peignoit fes ciels & fes lointains
avcc une couleur vapor�e & a�rienne , qui rendoit parfaitement la chofe imit�e : II avoit une attention extreme a habiller, fuivant leurs ufages3toutes les nations qu'il vouloit repr���n- ter dans fes Ports de mer. Le gout exquis de fa maniere, la touche fine, fes beaux tons de cou- leur j feront toujours rechercher ks Tableaux, qui font encore en petit nombre en France. On en trouve dans pluiieurs Cabinets de Hollande & de Flandres. A la Haye, chezM. van Slingelandt, Confeit>
ler a la Cour d'Hollande , une Foire Italienne : Ce Tableau eft plein de jolis d�tails. Chez M, van Slingelandt, Bourguemeftre a la Haye, un Tableau de F�te a. 1'Italienne ou de Carnaval. Chez M. Fagel, une F�te de Village. Chez M. lormier, une Foire aux chevaux; une Architec- ture, plufieurs figures qui danfent au fon d'une mufette ; des d�bris des environs de Rome , avecdes figures d 1'Italienne. ChezM.van H�- teren , un Port de Mer charg� de VaifTeaux ; & Ie Carnaval de Venif�. Chez M. Ferfchuring, un Port de mer. Chez M. van Br�men , un D�- part pour la Chafl�. A, Amfterdam, chez M. Braamkamp , un.
P
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Flamands 3 Allemands & Bollandois. $yj
Payfage,o� 1'on voitunchariot charg� de foin, plulieurschevaux&cdesfigures.ChezNl.Leender i6l5' de la Neufv�le , uu Port de mer d'Italie; &c un ��" Payfageavec des figures &c des animaux. Chez M. Lubbeling , un March� d'Italie, Tableau pr�- cieux peint a Rome; & 1'enlevement des Sabines. A Roterdam, chez M. Leers _, trois diflferents
Ports de mer d'Italie. Et chez M. Bijfchop, un March� d'Italie, o� 1'on voit un Operateur en- vironn� d'une foule de fpe&ateurs ; Ie m�me fujet autrement repr�fentc; & une Vue Ie long d'une riviere, avecun grand nombre de figures & des animaux, &c. On ne fcait pas Ie temps de la mort de Lin-
gclbac. |
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GILLES VAN TILBORGH.
TIlborgh �toit contemporain de du
Chatel; tous deux �toient de la Ville de Bruxelles, & tous deux imitateurs de la maniere de Brauwer & de Teniers. Tilborgh peignoit des fujets bas3desA(TembI�es
de Paylans, des Cabarets & des Corps de garde; fa couleur eft bien approchante de celle de Brau- wer , mais il eftmoins fpirituel dans la touche : Un des me'rites de fes Tableaux eft la grande vari�t�; i!s font bien colori�s & afl�z bien deffi- n�s. Il avoit, comme tous ceux de (on Pays , 1'intelligence du clair-obicur ; la couleur eft vi- goureui�, mais unpeu noire : Ce n'eft pas ce- pendant Ie d�faut g�n�ral de tous fes Tableaux; ils
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57S La Vie des Pc'intreS
ils font recherches en Hollande &: en Flandres;
16Z5. 11 s'en trouve auffi quelques-uns en France. *. .... ■ M. Ie Comte de Vence en poflede un a Paris ; c'eft un Eftaminet de Payfans, il eft peint en
KJ58.
On voit du m�me , chez M. de la Live �iE-
pinay , un Roy boit Flamand 3 il eft linguliere-
ment compof�.
A Gand , chez M. Deyne, Seigneur van Lie-
verghem, deux bonsTableaux du m�me Tilborgh.
L'ann�edelamort de cePeintre eftignor�e.
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JEAN WORST.
JEanWorst �toit rintimeami & Ie com-
pagnon de voyage de Jean Lingelbac : Ils ont toujours �tudi� enfemble a Rome. Worftpeignit bien des Vues & des Payfages d'Italie ; mais fa grande facilite a deffiner fut caufe qu'il peignit peu :Ilvendoit fes Defleins prefque amefurequ'il les avoit finis; il ne faifoit gueres autre chofe. Quoiqu'il en ait fait un grand nombre, on en trouve cependant fort peu & ils font tr�s-chers j C'eft une preuve qu'ils font fort bons. |
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WILLEM
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Flamands 3 Allemands & Hollandois, 3 79
WILLEM (GUILLAUME)
VAN DRILLENBURG, �LEFE D'ABRAHAM BLOEMAERT.
VAn DnjLLENBURGnaquita Utrecht vers
KJ25 ' � �toit de bonne familie : Encore fort jeune il apprit la Peinture, par amufement, chez Abraham Bloemaert. 11 en fit bient�t une �tude. Au bout de quelques ann�es il quitta ce Ma�tre & fa maniere , ik devint Payfagifte & dans Ie gout de Jean Both ; il Fauroit m�me �ga- l� , fi fa couleur avoit �t� aufli naturelle & fa touche aufli facile que celle de ce bon Peintre. Drillenburg ( dit Houbraken Ion Eleve) �coit
laborieux; il �bauchoit en hyver h la chandelle, de petits Tableaux qu'il finiflbit Ie jour. Il �toit fouvent un mois fans fortir : D�s que cette vie f�dentaire 1'ennuyoit , il s'habilloit, il entroit dans Ie premier Cabaret & paflbit quelquefois trois ou quatre jours & autant de nuits, fans rentrer chez lui. Il fut demeurer en 1668 ou 69 a Dordrecht; il avoit alors 43 a 44_ans: C'eft dans cetemps-laqu'//o«/;ra/{:e«pritde feslecons. Il ne nous apprend rien de plus de fon Ma�tre. |
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JACQUES
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380 La Vlc des Peintre?
JACQUES LA VECQ,
� L E F E DE R E M B' R A N T.
TAcques LA V E c q n� a Dordrecht en
162.5. J Hollande j eut pour Ma�tre Rembiant : II qu'on peut Ie tromper a lenrs Ouvrages. Une fortune honn�te , apr�sla mort de fon pere, Ie d�termina a voyager : 11 pafla par Paris j o� il �tudia& changea la premiere maniere. Ilaban- donna 1'Hiftoire pour peindre Ie Portrait : II attrapa tr�s-bien la refllmblance. Se$ Portraits iont dans Ie gout de ceux de Jean de Baen ; fes derniers Ouvrages, duns ce genre, font fort in- f�rieurs a ceux qu'il a faits en f ortant de 1'licole de Rembrant: 11 avoit alors la force & la touche de ce grand Colori�e, & fes prenvers Tab'eaux augmentent Ie nombre de ceux qui font r�elle- ment de Rembrant. La Vecq a fon retour de Paris, 011 il avoit v�cu dans Ie plaifir, rnena une vie tr�s-languiflantejufqu'ala mort, qui arriva au commencement de KJ74 : II avoit �t� admis parmi les Peintres de Dordrecht en i6j 5. Houbraken qui �toit entre chez la Vecq apr�s
la mort de Drillenburg, nous rapporte une aven- ture arriv�e a la Vecq : II avoit �t� appell� a Sedan , pour y peindre Ie Portrait dun vieil Eccl�fiaftique fortriche, celui-ci dit au Peintre qu'il s'�toitautrefoisfaitpeindreparunFlamand, mais que Ie Tableau lui avoit tant d�plu qu'il 1'avoit
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Flamands 3 A�emands & Hollandois. j 81
l'avoit faitmettre au grenier. La Fecq demanda a Ie voir ; mais quelle rut fa lurprile,quand en 1 Z5' ayantef�liy�lapouffiere,ilreconnutunedesplus '��*" belles t�tesque van Dyck e�t jamais peintes. Il craignit fort, & avec raifon,pour Iefien,mais, grace a 1'ignorance de rEccl�iiaftique , Ie Ta- bleau de van Dyck retourna au grenier &r celui de la Fecq fut place dans Ie plus bel apparte- ment de la maifbn. Que de La�cs ne jugent pas mieux que ce Pr�tre ! |
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JEAN
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J E A N
VAILLANT,
�LEVE
DE SON FRERE AIN�.
EAN VAILLANT Eleve
de fon frere wallcrant , paroit avoir eu plus de diipofkion pour la Peinture, que dinclina- tion pour 1'exercer : D�ja con- _ nupardesTabl�auxquilefai- foient diftinguer parmi lesArtillesordinaires, il quitta la Peinture, il �poufa une Demoifelle ri- che a Francfort j �c f� mit dans Ie Commerce. JEAN
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La Fie des Peintres Flamands, &c. 3S3
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JEAN VAN K�SSEL.
VAn Kessel, felon Comilte de Bie & _____
TTeyermans} naquit a Anvers en 1616 : Sa 1616* maniere approche de celle de BreughcldeVlour: ■ infe&es3des fleurs&des plantes.Il devoit tout a la nature, dont il �toit Ie fidele copiite de fes plus grandes beaut�s. Ildefl�noitavecpr�cifion.,colo- rioit avec intelligence 6c finif�bitavecgo�t. Le prix enorme de les Tableaux les mettoithorsde la portee de qui n'�toit pas tr�s-riche. Le Roy d'Efpagne en acheta une grande quantit�; plu- fieurs Gouverneurs des Pays-Bas, & quelques grands Seigneurs en eurent auffi quelques- uns. Il regnedans tout ce qu'a fait Kejfel, une d�- licatefle & un pr�cieux qui �galent prefque fes Tableaux a ceux de Breughelde Vlour�c a ceux de David de Heem. On en voit dans les plus beaux Cabinets : Trois fur-tout en Angleterre, dans le Comt� d'Yorck,fbntremarquables chez le Comte de Carl�lle. Chacun de ces Tableaux a fix pieds de long fur cinq pieds dehaut. II eft furprenanta quelpointlePeintre afcu imiter les fleurs, les plantes, les chardons & les reptiles : Ces trois morceaux ne laiflfent rien a d�firer. Un choixdanslesfleurs, unecouleurvi ve&brillante, les garantitbien dureprochedef�chereffequ'on a fait,avec afl�z de juftice, a fes autres Ouvrages. On vante auffi fes quatre El�ments} qui paflent fouvent
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384 La Vie des Peintres Flamands ,&c'.
�*"----- fouvent m�me parmi des Connoifl�ufs 3 pout
1616- �tfe du Breughel.
»�J Fan KeJJ'el avoit pour maxime de faire des
�tudes dans les faifons differentes: II lesdeffinoit, il les peignoit auffi ; mais Ie plus fouvent il les modeloit. Ainfi quandil vouloit faire quelques Tableaux j il avoit recours a fes �tudes, dont il avoit �ne ample colledion :Ces m�mes fources ont beaucoup lervi a fon dlsFcrdinandvan Kejfel, dont nous parlerons dans la fuite. Quoique Ie fils n'aitpoint �gal� fbn pere, il Ta (uivi de bien pres. jean van Keffel mourut a Anvers, on ne fcait en quelle ann�e. M. d'AcoflaalaHaye, pofTedeunTableau in-
t�reflantde ce Peintre : II repr�f�nte une Forge ou une Fabrique d'armures. |
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SAMUEL
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S A M U E L
VAN
HOOGSTRAETEN,
�LEVE DE RE MB RA NT.
L naquit a Dordrecht en 1627� ��-
fan pere Tk�odorevan Hoogftrae- 1617. ten ,1'initia dansles principes de la ■ & fe perfedionna fous Rembranu En quittant ce Maitre il en em- portala maniere; mais il en profita moins qu'ii n'auroit pu, parce qu'il s'adonna tout entier k Tvme II. B b peindre |
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j la Vie des Peintres
peindr� Ie Portrait & que Ie ton fort Sc brun de
Rembrant, n'�toitpas, dans Ie Portrait, du gout
c}u pius grand nombre : Avec ces attentions ,
Samuelplut, & fut fort employ� a la Haye & a
Dordrecht.
Van Hoogfiraeten avoit une �mulation aufli
conftante que vive , qui lui fit faire de grands progr�s. S'il vifitoit tous les Artiftes, c'�toit pour tacher de les egaler. S'il voyoit quelque Payfagifte j quelque Peintre d'animaux, defleurs ou de rruits, aufl�-t�t il �tudioit Ie m�me genre j & en tous il n'a jamais �t� m�diocre. Ilalla a Vienne en Autriche; il montra fes Ouvrages a 1'Empereur, en pr�l�nce de l'Imp�ratrice , du Roy d'Hongri� & de 1'Archev�que de Vienne: II pr�fenta trois Tableaux, Ie Portrait d'ua Gentilhomme , Ie Couronnement d'�pine de notre Seigneur & uneimitation de fujetsinani- m�s. Les deux premiers plurent beaucoup; Ie dernier fit plus 3 il fit illufion a 1'Empereur : Foila., ditcePrincej Ie premierPeintre qu� m'ait feu tromper 3 & pour l'en punir, je garde fon Ta- bleau. On devine qu'il fut bien pay�. Fan Hoog- firaeten fit encore quelques morceaux de cette e(pece, qui furent vendus cher; mais ce talent �toit trop born� pour fon g�nie : II fe remit a 1'Hifloire & au Portrait. L'Empereur Ie grati- fia d'une chaine d'or avant fon departpour Ro- me, o� il�toitmoins all� pour fe perfedionner , que pour fe gu�rir d'une inclination dont il ne pouvoit fe d�faire que par la fuite. Rome & les beaut�s de PArt fixerent quelque temps toute l'attention d'un fi grand Artifte ; mais par des vues d'int�r�t ou de curiolit�, il pafla dela en Angle-
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Flamands, Allemands & Hollandois. 387
Angleterre, ou il travaillautilement, &retour- ha a Dordrecht enrichi de biens & de talents : l6z7 II y a v�cu fort conf id�r�, charg� d'ouvrages &c entour� d'Eleves. Houbraken qui fut du nombre , rapporte que perfbnnen'�toit plus capabled'en- feigner : Outre fa capacit� il avoit une patience extreme a montrer & une douceur charmante qui temp�roit l'amertume de la corre&ion. Il expliquoit 1'Hiftoire a fes Eleves en homme d'efprit; il leur faifoit conno�tre Ie dangerd'in- troduire fans beaucoup de pr�caution & de r�- ferve, des figuies qui ne lont pas abfolumentdu fujet, & que 1'on appelle �piiodiques: Toutes les lecons qu'il donna en Public (fond�es fur les regies �tablies par la raifon &: par la nature ] fe-, ronten touttempsdesloixpourles plus habiles. Van Eoogflraettn �toit Thomme de fon temps
Ie plus lettre & Ie meilleur Poete. Son IVait� fur la Peinture eft fort recherche, ainfi que les deux Livres intitul�s Ie Monde �clair� & Ie Mon- de aveugle. Plufieurs pieces de vers d�tach�s , fon Voyage d'ltalie, &c. font admirer en lui autant de jugementque d'efprit. Toutes fesheures furentregl�es :La Peinture
faifoit fon �tude capitale, & les Belles-Lettres remplirent fes moments de r�cr�ation. Il fut critiqu� par quelques Peintres jaloux de fa r�- putatton; mais il y r�pondit fenf�ment, enref^- pedant la critiqu� &: confondant 1'ignorance & la calomnie. Il �toit ami de toutle monde > & mourut regrett� a Dordrecht Ie 19 Odobre |
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7
J'ai d�ja dit qu'il peignoit bien dans chaque
genre. Ilordonnoit avec jugement. Son Deflein B b z eft
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-■ �._
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3 la vie'des Peintret
_ eft afl�z corre�l:; fa couleur fondue n'a encorfc
,f rien perdu de fa fra�cheur. Il tomba cependant lui-m�me dans und�fautqu'ilavoitcondamn� dans fonTraite-, c'eft celui de peindre cruement: Ses couleurs entieres lentent un peu trop la palette. Il s'exoufa fur Ie petit nombre de Con- noifleursaquiildevoitjdiloit-iljautantparcom- plaifance qu'a ceux pour qui il avoit travaill� , en fe fatisfaisant lui-m�me. On voit de lui un beau Tableau a la Monnoie de Dordrecht, il re- pr�fente les Officiers qui en avoient la diredion danscetemps-la. TousI�sPortraits fontrefl�m' blants , & les Tableaux d'H�toires compof�s avec elprit & d'une belle entente de lumiere. M. vander Linden van Slingelandt, poff�de un Tableau d'Hoog/iraeten, il repr�f�nteunHomme habill� finguli�rement qui �crit; on croit que c'eft un Portrait. |
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BERNARD VA�LLANT,
�leve de son Frere.
WALLERANT VA�LLANT. BERNARD fut Eleve de fon fr�re ain�: ils
voyagerenttou jours enfemble. Bemardquit- talepinceaupourlecrayon : Ufe fit une grande r�putation a deffinerlePortrait;illefaifoittr�s- reflemblant, avec une touche & un travail fin- gulier. Etant a Francfort avec fon fr�re , pen- dant Ie couronnement de I'Empereur, 1'a�n� peignoic
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Flamands, Athmands & Hbllandois.
peignoit ce Prince avec des couleurs, & Ie cadet Ie faifoit au crayon. Bernard fut s'�tablira Ro- terdam, ou il a �t� tres eftim� & fort employ�. Une mort fubite l'arr�ta dans un voyage qu'il fit a Leyden, ou il mourut: L'ann�e ne nouseft pas connue. Son attachement a fa Religion &c fes bonnes moeurs lui ont m�rit� , aini� qu'a fon frere Wallerant, la place de Diacre dans 1'Eglife Wallonne de Roterdam. |
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N. OSSENB�ECK.
OSsenb�eck n�a Roterdam, s'arr�ta
en Itali� pendant pluf�eurs ann�es; Ie plus grand nombre de fesOuvrages y eft rert�, on en trouve cependant quelques-uns dans les Cabinets d'Hollande : Sa maniere approche afl�z de cello de Bamboche. Il peignoit Ie Pay fage avec des figu- res,deschevaux & autres animaux. Ses Tableaux font agr�ablement compof�s : Onvoitdans les unsdesgrottesj deschutesd'eau & des cafcades; dans les autres, des ruines de temples&r des d�- brisd'autresmonuments, Ilafouventrepr�fent� desMan�ges &desFoires,pouravoir plus d'oc- cafionde placer aproposdiff�renteselpecesd'a- nimaux,qu'il deffinoit & peignoit auffi bien que fes petites figures; fes Tableaux ont toute la force des Italiens & Ie fini des Flamands. Les Flam- ands,en parlantd' OJfenb�eck, difoient qu'il avoit rapport� Rome dans les Pays Bas: Et cela fe pou- voit direenplusd'unfens j caroutre legout de peindre de 1'Ecole Romaine, il n'a jamais fait do Bb 3 Tableaux
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39° La Vic des Peintres
Tableaux fans y met tre des Etudes de Rome;
On ne fcait s'il eft mort dans fa patrie.
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MATHIEU WITHOOS;
�leve
DE JACQUES FAN KAMPEN. "\\^ IT H o o S doit fa naiflance a Amers-
\fv fort en 1'ann�e 1617. Il fut d�cid� Pein- tre d�s Ie berceau, & fans Maitre on Ie vit def- finer avec intelligence. Le c�l�bre Jacques van Kampen, Peintre & Architede, fut Ie premier qui d�couvrit les grandes difpofitions du jeune Withoos. Il s'offrit lui-m�me a rinftruire,& 1'ad- mit dans fon Ecole. Apr�s fix ann�es il fut en �tat de changer de Maitre , & Ie feul qu'il prit fut la naturerDans ce vafte attelier,il choifit tout cequipouvoit faire brillerfong�nie Letalentde peindre de Withoos 1'auroit pu difpenfer de voir Rome ; mais entra�n� par plufieurs jeunes Pein- tres,dont �toient Ot hoMarceltis,Henri Grauw,Scc. ils pafl�rent tous enfemble les Alpes t Un de la troupemourut en chemin. Ils arriverenta Ro- me , o� chacun d'enx chercha un Maitre & des modeles pour s'inftruire. Withoos fut recherche par le Cardinal de M�dicis, qui fut frappe de fes Ouvrages. Cet illuftre curieux retint tout cequi fortoit de fa mainSdepayafortchennotrepein- tre ne refta que deux ans a Rome : il retourna chez lui accompagn� de Marcel/is; il y revint en
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f lamanis , Attetnanis & Hollandbis. 3
en 1650. Son defl�in d'�tablifl�ment a Amers- fort, fut chang� par la crainte qu'il eut de 1'Ar- 1617. m�e Francoife , qui approchoit a grandes jour- » n�esd'Utrecht En 1672. il pafTadans la Northol- lande, & choifit la ville de Hoorn pour y vivre tranquillemenuil y afait plufieurs Tableaux di- gnes des plus beaux Cabinets. Il fut encore en- tourage par Ie prix de fes Ouvrages; il recevoit jufqu'a 500 & 600 florins pour un Tableau de Chevakt. Les plus pay�s furent faits avec beau- coup plus de loin :Les autres quoique moins finis, font encore pr�cieux&rfont aufli tres recherches. Ce peintre avoit d'excellentes qualit�s: Pere ten- dre & ami zel�, il �vitoit lesgrandes compagnies & ne fe plaifoit qu'a vivre dans fa familie & dans une foci�t� choifie, dont il faifoit les d�lices. Quelques ann�es avant fa mort, il fut cruelle- ment tourment� d'unegoutte qui duroit quel- quefois 3 & 4 mois de 1'anne'e , & qui 1'emp�- choit de peindrerElle lui �ta m�me a Ia fin 1'ufa- ge des rnains & par confequent du pinceau. Il mourut a Hoorn en 1703, ag� de 76 ans. Math�eu Wuhoos laiffa trois fils Peintres 8c
quatre filles: La plus jeune Alida Withoos^ pei- gnoit des fleurs,des fruits &des infedesen d�- trempe&al'huile; fon talent efteftim�, fes Ou- vrages ont de la finefle & une bonne couleur.. Withoos Ie pere peignoit toutes fortes de plan-
tesj des fleurs, des ferpents & d'autres infedes.y avec autantde v�rit�quede forcerUn grand fini fait un des principaux m�rites de fon pinceau. Les H�ritiers de M. de Moor, Bourguemeftre de Hoorn j pofledoient fes meilleur.s Ouvrages. Bb 4 HENRI
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3 �2 La Vle des Pelntref
HENRI GRAUW,
�LEFE DE JACQUES FAN KAMPEN.
TTenri Graut naquit a Hoorn dans
l6z7- 11 Ie Nord de la Hollande, environ 1'aa ■*���" 1627 ; fa familie aflTez riche crut devoir fuivre jfon incUnation, & Ie deftina a la PeinturerPiem: Grebberlui en donna les premi�res lecons. Grauw. entradela chez Jacques van Kampendl y demeura- buit ans. La r�putation de premier Eleve de cette Ecole, qu'il acquit, lui procura de grands Ouvrages. Le Prince Maurice de Najfau lui or- donna quatre �ableaux du plafond de la gran- de voute ou coupole de la Maifon du Bois,pr�s de la Haye : Grauw les entreprit fous la direc- tion de Pierre Grebber, fon premier Maitre. Ce fut-la fon d�but & ce qui le fit conno�tre; les applaudiflements qull en recut & d'autres Ou- vrages qu'on lui commanda, ne purent cepen- dant 1'arr�ter: II voulut voir Rome Sc fes mer- veilies. En 1648 il s'embarqna pour Livourne , & fut dela a Rome : II y deffina d'apr�s 1'Anti- que, & chercha avec fucc�s a r�former la ma- niere de fon Pays. Apr�s une longue fk. utile ap- plication auDeflfein, il peignit &il copia les plus beaux Tableaux; il s'occupoit uniquement de fon talent, & on ne le vit gueres que le pin- ceau ou le crayon a la main. �n jour le Pouffia ayant pris quelque temps plaifir a le voir copier un beau Tableau, lui frappa fur 1'�paule &r lui dat
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Flamands,'AlIemands & Holland�is. J
dit en Italien, jamais je n'ai vu d'Hollandois qui promit tant : Ce fuffrage augmenta encore Ie z�le du jeune Peintre. Il pafla trois ans a Rome, au bout delquels, enrichi des plus grands prin- cipes de fon Art & d'un amas d'�tudes curieu- fes, il remporta fes tr�fors dans fa Patrie. Il demeura alternativement a Amfterdam 8c
a Utrecht jufqu'a 1'ann�e 1672 , qu'il futs'�ta- blir a Hoorn , & dela a Alcmaer, o� il mourut garcon 3 apr�s y avoir f�journ� huit a dix ans. Henri Grauw �toit jaloux de fa r�putation ,
comme on Ie doit �tre, en tachant de plus en plus de la m�riter. Il ne fortoit gueres de fon Attelier ; mais il �toit poltron .� Il fuyoit bient�t d'une ville , dont il apprenoit que 1'arm�e en- nemie approchoit. Il parloit peu , except� de la Peinture , dont il parloit en Maitre. Sa maniere de compofereft grande 8c noble;
facile a produire & fage dans l'ordonnance,fes draperies font larges} Ie nud d'un beau choix, & fa couleur fort bonne. Le Peintre Bronkhorjl lui ordonna plufieurs fujets d'hiftoire : Grauw en fit des efquifles fur des papiers colori�s. Cha- cun de ces croquis contenoit huit feuilles de papier coll�es enfemble; de ce nombre de fujets �toient 1'Education de fiacchus, le Triomphe de Jules-C�far, &c. Tous fes Def��ins faits au crayon , ont �t� admir�s par les plus habiles Artiftes 3 ainfi que la pl�part des autres Ou- vrages de ce bon Peintre. |
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N.
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La Vu des Peintres
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N. ROESTRAETEN,
�LEFE DE FRANgOIS HALS.
ROestraeten n� a Harlem en 1617,
apprit la Peinture fous Fran^ois Hals , ha- ----■ bile Peintre de Portrait. Roeftraeten parvint a
une grande r�putation dans la maniere de fon
Maitre, & devint fon gendre : II commencoit a �tre tres diftingu� en Hollande, lorfqu'attir� paria grande fortunede fon ami Lely, ilvoulut tenter li Ie Pays �tranger lui feroitauflifavora- ble. Il pafla en Angleterre , o� il fut recu avec joie par Pierre Lely, qui �toit au milieu de fa plus grande profp�rite j mais cette joie ne fuc pas longue &: ne fut que Ie premier mouvement de 1'amiti�: La jaloulie lui iucceda, & Lely ne put voir fans inqui�tudeun Peintre qui put 1'�- galer dans fon genre. Il ne f� voulutpas cepen- dantbrouiller nvecRoeJlraeten, fans lui propo- fer avant un accommodement : « Vous avez , » dit Lely au Peintre d'Harlem, plufieurs gen- »> res dans lefquels vous excellez, Ie Portraiteft » Ie feul qui puifle foutenir mon nom & ma »s fortune : Ainfi pournepas nous nuire, aban- » donnez Ie Portrait & peignez d'ailleurs tout « ce qu'il vous plaira, nous ferons amis au lieu »> d'�tre rivaux. Je vous promets que connu » comme je Ie fuis ici, je vanterai vos Ouvra- « ges&jevouslesferaivendfeungrandprix. « La propofition fut accept�e & fuivie de part &
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Flamands, Allemands & Hollandols. 3 9 y
&d'autre des plus finceres proc�d�s. Roejlraeten moyennant les �loges de ie/j 3 fut tres employ�; �lvendit fes Tableaux quarante &cinquanteli- vresfterling, & quelquefois davantage : II de- vint riche &rv�cut honorablement. Apr�s quel- que temps de veuvage jil�poufa, quoique fort ag�, une jeune femme, & ne tarda pas a fuivre fa premiere: II mourut a Londres en 1698. La jaloufie de Lety nous a priv� des beaux
Portraits qu'eut fait Roeftraeten : II les deffinoit bien & les colorioit a merveille ; mais nous en fommes d�dommag�s par ces autres Tableaux qu'il a laiffes. Il y repr�fentoit des vafes d'or , d'argent, de nacre Sc de porcelaine, des bas- reliefs de marbre, & 1'illufion alloit jufqu'4 tromper les plus connoiflTeurs: L'Angleterre ne fe laiff� volontiers enlever les Ouvrages de ce Peintre; ilsfonttr�s-eftim�s dansce.Royaume. |
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HENRI
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J�/.r,vz ('si .
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HENRI
FERSCHUURING,
�LEFE DE JEAN BOTH.
ERSCHUURING naquit
a Gorcum en 1627; fon pere �toit Capitaine d'Infanterie au fervice des Etats G�n�raux , & vit avec une efpece de chagrin 1'incapacit� de fon fils pour le M�tier des Armes : II �toit trop foible. Le pere ne fcavoit a quoi deftiner un enfant fi d�licat; mais la nature voulut 1'en d�dommager
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taVie desPe'mtr�s Ftamands , &c. ty}
d�dommager : II vit ce fils, ag� a peine de huit ans, lui demander a apprendre 1'Art de la f ein- ture. Thierry Govert^Veintre de Portrait,fut fon Ma�tre de DefTein jufqu'a lage de 13 ans. Alors plus d�cid� pour Ie genre qui devoit un jour Ie rendre illultre , 1'Eleve quitta Govert% & pafla a Utrecht dans 1'Ecole de Jean Both > il y refta fix ann�es: Ses progr�s augmenterent fes d�firs comme fes connoiflances. il demanda a aller a Rome, & il 1'obtint : II arriva dans cetrecapi- tale des Arts encore plus que du Monde. Il fui- vit d'abord les heures de 1'Acad�mie & y fit des �tudes r�gulieres: II pafla. dela aux ftatues & aux bas-relieFs. Les d�bris d'Archite�ture, monu- mentsanciens &rmodernes, ne lui �chapperent pas & lui parurentcapablesde Ie perfe&ionner. On Ie vit, Ie crayon a la main, errant aux environs de la Ville & dans les Campagnes: II fit pareille moiffon a Florence & a Venife, o� il fut fort employ�. Sa conduite & fon ta- lent lui attirerent une eftime g�n�rale; mais on fut fort �tonn� de voir Verfihuuringc^m s'�- toit appliqu� jufques-laavec tant de fucc�s aux grandes parties de la Peinture, abandonner tout d'un coup 1'Hiftoire pour peindre des Ba- tailles : II fe mit a faire une �tude particuliere deschevaux; & apr�s avoir parcouru Tltalie pendant pres de cinq ans, il reprenoit la route de fa Patrie, en paflant par la Suifl� & par la France, quand Ie hazard lui fit rencontrer pen- dant fon l�jour a Paris, Ie fils du Bourguemeftre Marfev�en, qui partoit pour 1'Italie : Ce Com- patriote fit ce qu'il put pour fe procurer un pa- reil compagnon j &l'engageaa retourner fur fes pas.
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59 des PeintreS
pas. Verfchuuring revint avec plaifif a Rome j
qu'il avoit quittee avec regret: II y refta encore trois ans & n'y fut pas oilif. 11 en partit enfin pour laHollande &r pour jouir tranquillement de fes travaux 6c de fes talents, dans Ie lieu de fa naiflance : II y arriva en 165 5 , fes �uvrages y plurent comme ils Ie m�ritoient. Il fe livra tout entier a peindre des Batailles; il n'eut que tropd'occafions d'�tudier un genre qu'il aimoit tant. En 1671 ilalla alafuitederArm�ed'Hol- lande &: deffina journellement les Campements, les Arm�es enbatailleSj les Attaques, les Si�gesj les horreurs d'une armee en d�route : II a ex- prim� dans les Tableaux tous les moments qu'il avoit fi exactement copi�s fur les lieux. Il fga- voit la manoeuvre & les �volutions des di'ff�- rents corps : II en a peint a �tonner jufqu'aux moindres particularit�s. Ce Peintre m�rita par la folidit� de fon ef-
prit & par fes mceurs, la confid�ration de fes Concitoyens : II fut �lev� a la Charge de Bour- guemeftre de Gorcum. Son application a eet emploi n'emp�cha pas qu'il ne travaillat a fon Art autant qu'auparavant : Ce ne fut m�me qu'a cette feule condition qu'il accepta 1'hon- neur d'�tre Ie premier Magiftrat du lieu de fa naiflance. Sa mort qui arriva Ie 16 Avril 1630, attira
les regrets d'un Peuple dont il �toit Ie pere par fa bont� & 1'ornement par fes talents : II avoit �t� oblig� de faire un voyage par eau ; un orage terrible fit p�rirle navire qui Ie portoit, a deux lieues au plus de la Ville de Dordrecht: Perfunne n tchappa du naufrage. Verfihuuring
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Flamaiids, Allemands & �ollandois. 399
V-erfchuuring a beaucoup travaiJl� ; il avoit tane imagination tr�s-vive &c f�conde: Tous les 7' Tableaux ie i�ntent des �tudes qu'il a faites en �* Itali�; il s'en fervoit dans la pl�part de {ks com- pofitions. On voyoit un debris d'Archite&ure Sc des fontaines o� venoient boire des chevaux Sc d'autresanimaux. Il a peint auffi des Foires d'Italie; mais il r�ufl�flbit mieux a peindre des Batailles, des attaques de voleurs &des Villa- ges pill�s pat des Soldats: C'eft dans ce genre o� Ton reconno�t particulierement la vivacit� de ce Peintre. Les figures &c les animaux Tont deffin�s corre&ement & touches avec efprit dans tous fes Tableaux : II joignit chaque jour lies �tudes nouvelles au nombre prodigieux des anciennes qu'il avoit, de figures & d'animaux. Peu de Peintres ont plus defl�n� : II ne fortoit jamais fans porter un cahier de papier, fur le- quel il deffinoit au crayon , a la plume & a 1'encre de la Chine. On voit grand nombre de fes deffeins compof�s comme des Tableaux & qui paroifl�nt faits avec autant d'intelligence que de promptitude. La pl�part des Ouvrages de ce Peintre font
en Hollande. M. van Aalft, a Dordrecht pofle- doit Ie Tableau Ie plus capital que Ferfihuuring ait jamais fait: C'eft un parti bleu qui pille un chateau; Ie ma�tre de ce chateau eft li� & gar- rott� comme un criminel; plufieurs chariots fuivent avec des meubles , la Dame leur offre fonargenterie&f�sbijouxpourfauverfonmari. Le Peintre a fini tous ces d�tails avec autant d'art que de v�rit� : II a feu �mouvoir le fpec- tateur par 1'int�r�t qu'il a r�pandu dans ce Ta- bleau. |
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4OO Ld Fie des VeintreS
*~~ bleau. La fcene eft fur Ie rivage de Ia mer ; uil
^ 7' nombre infini de figures difperf�es avec intel- *� ligence, rendent ce morceau admirable. A la Haye, chez M. cCJcqfta , on voit du
m�me uneBataille. Chez M. Verft huring, une vue de Rome avec beaucoup de figures &c des chevaux; une Place publique de Rome avec des figures; une autre vue de la m�me Ville, avec des figures en grand nombre; un Payfage tres �tendu avec des animaux & des figures ; une Afl�mbl�ede beau monde; uneMuficienne & les Pottraits d'une familie entiere. |
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JACQUES VANDER ULFT.
V ANDER. Ulft s'eft rendu aulli utile a
fa Patrie par Ie premier emploi qu'il y a �xerc� , que par 1'excellence de fon talent en Peinture. Jacques vander �///rnaquita Gorcum vers 1'ann�e 1�27. On ne fcait pas pr�cif�ment chez qui il apprit fon Art; mais on fcait certai- nement qu'il n'a faitaucun voyage en Itali�, ce qui paro�t extraordinaire a ceux qui connoif- lent fes Ouvrages qui repr��entent deslujetsdes environs de Rome & de la Ville m�me. Fander Vlft ne fe contcnta pas d'un talent o� il a excel- l� , il fe diftingua dans les Sciences: La Chy- mie lui a fourni des couleurs fur verre, appro- chantes beaucoup par leur vivacit� de celles des deux freres Crabetk. On voit de lui pluueurs belles vitres dans la Ville de Gorcum &r dans Ie Pays de Gueldres j fon efprit &: fes moeurs Ie firent
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Flamands j Allemands & Hollandois. '40 i
frrent admirer dans ia Patne: 11 en fut �lu d'un� voix unanime Bourguemeftre. Capable de con- I r' duire les affaires publiques, il s'y livra lans ce- pendant perdre aucun desmoments qu'il confa- croit a la Peinture : Excellent Peintre, Juge int�gre ,< ce lont les titres que Ia poft�rit� lui accorde. L'ann�e de fa mort eft inconnue. Vander Vlft peut �tre place parmi les plus ha-
biles Peintres Hollandois, quoiqu'il n'ait fait que copier d'apr�s l'eftampe ce que Rome 8c 1'Antique ont produit de plus beau ; m�me en copiant il fcavoit �tre original, & on doute qu'il e�t mieux fait s'ilavoit travaill� d'apr�s les ob- j ets m�mes qu'il repr�fentoit. Il f aififloit les belles formes d'ArchitecWe en homme �clair� , & il avoit Ie gout d'embellir par 1'acceflbire, des fu- jets froids& peu int�retfants. Lesd�brisdes an- ciens monuments font rend�s dans fesTableaux avec un art infini. Les tons de couleur y fonc m�nages & produifent des effets furprenants : Un grand nombredefigures y cara�lerilent pair kurs habillements &r leur maintienj les diverfes nations & les �tats difF�rents. Ses figures font d'un bon gout de deflTein & bien colori�es: Une touche fine & l�gere y met de 1'efprit. Il les gfouppoit en Ma�tre & tiiroit !e plus grand avan, tage du clair-obfcur: 11 a fouvent repr�fent� des promenades, des places de Rome & quelque» fois des fujets d� 1'Hiftoire Romaine. 11 n'eft conn�en Franceq�edepuispeu d'an-
n�es. On trouve de lui un beau Tableau a PariSj dans Ie Cabinet de M. Blondel de Gagny , c'eft un fond riche d'Archite&ure., avec un grand norhbre de figures de diff�rentes nations^ Tome �h Cq O«
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^___ 402, La Vie des Pe'mtres
t617. (-)n trouve de ce Peintre, a la Haye, chez M.
- Fagel, une Vue d'Italie. Chez M. Lormier, la VuedelaVilledeGorcurtijla riviere eft charg�e
de Vaifl�aux. Chez M. van Heteren , une Vue ou font repr�fent�s quelques monuments de Rome & des figures a 1'Italienne ; une autre Vue, ce font pour la pl�part des ruines pres de cette Capitale. Chez M. Half- WaJJenaar, un Port de mer d'Italie ; on y charge & d�charge des marchandifes: II y a beaucoup deVaiff�raix & des figures. Chez M. Verfchuring , la repr�- fentation du campement d'une armee , & 1'en- tr�e d'un perfonnage illuftre dans Rome. Chez M. van Br�men, la conilrudfcion de 1'H�tel de Ville d'Amfterdam : On y voit ce qu'il y a de plus int�reirant pres de ce batiment j & deux Ports de mer d'Italie. A Dort j chez M. vander Linden van Slinge-
landt, une Entree triomphaledans Rome j c'eft un Tableau capital & d'un beau fini. |
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THEODORE
VANDER SCHUUR,
�LEFE DE BOURDON.
V Ander Schuur naquit a la Haye
en 16z8 : Son premier Maitre eft inconnu. Il quitta fort jeune fa Patrie & alla a Pans, o� il fut recu dans 1'Ecole de Sebaftien Bourdon : Sous unti bon Maitre , vander Schuur marcha a
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Flctmands, Allemands & Hollandois. 40 3
a. grands pas dans la carri�re de la theorie &; de " ~~ la pratique de Ion Art. Par venu capable de pro- l6x*>- fiter en etudiant les chefs-d'ocuvres d'Italie , il ^^" quitta Paris & fut droit a Rome: C'eft-la que Ie jeune Peintre r�fl�chiflant, au milieu de tant de beaut�s, fur les lecons de fon Maitre, il apprit a fe former lui-rh�me &c a devenir un grand homrae. 11 s'appliqua particulierement a defliner d'apf�s Rapha�l & Jules Romain : Ce choix lui r�uffit.Quelques-uns de fes Tableaux firent du bruit dans Rome; la Reine thriftine de Suede fut celle qui 1'encouragea Ie plus : La maniere de vander Schuur pl�t a cette Prin- eefle , elle lui comriianda pluiieurs Tableaux qu'elle paya avec la g�n�roiu� d'une grande Reine. De retour en Hollande, il a dit plufieurs fois que les encouragernents dont cette protec- trice illuftre des Arts 1'honora , 1'avoient leuls fait ce qu'il �toit 3 tant il eft vrai qu'il faut des M�c�nes pour former des Virgiles. Il profka des lecours &c des avantages que lui procura Cbiftine, & ne perdit pas un inftant de vue fes �tudes. Continuellement occup� a defliner tout ce que cette Capitale renferme, il fe fit la plus grande manierede compofer& de peindre : II rr�quentoit les Acad�mies & parvint au point de joindre dans fon Dei�ein une grande correc- tion a beaucoup de facilit� : Son Deflein ne tient pas trop de fon Pays. 11 paUbitainfi dans Rome une vie bien agr�ar
biementm�l�ed'�ntravailutile&deplaifirsfans iremords; car il vivoitavec les Artiftes feseompa- triotes les plus {ages, dequi il failoitlesd�lices, & a il julle titre qu'on Ie nomma dans la Bande C c x Acad�-
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404 La Vie des Peintr�i
Acad�mique tAmiti�. Tout autre que li�i e�t
fini fes jours dans un lieu ori il �toit ch�ri, tr�s- employ� & bien r�compenf� : La deftin�e en ordonna autrement. Rien ne put le d�tourner d'un d�fir violent de revoir fa Patrie : II y c�da &r-quitta un bonbeur po-ur un autre qui ne fut que fort �quivoque. Il rafTernbla les �tudes , quitta Rome & fa
tranquillit�3& revint dans ia familie lei 1 Juillet 1665 : Recu dans la Soci�t� Acad�mique des Peintres de la Have., il d�buta par plulieurs grandsTableaux, entr'autres par le plafond de la falle des Bourguemeftres a la Mailbn de Ville. Cettegrandecompofitionlt�fitbeaucoupd'hon- neur : 11 y a repr�fent� avec une tr�s-belle or- donnance, la Juftice, la Mod�ration & la Force. Un autre Tableau qui contient les Portraits
des Officiers des Bourgeois, portant la date de 11675 , eft place dans les Butes de cette Ville. Ilfitencore quelques grands Tableaux pour
la Maifon de Ville de Maftricht. Tant de travaux diftingu�s par les places ou
1'on les mettoit, lui ouvroient le chemin d'une gloire durable : Le prix confid�rable qu'il en recevoit, lui donnoit les moyens d'y marcher avec la lenteur & lelbinfin�ceflaires ,quandon veut parvenir jufqu'au bout de la carri�re. Il aima mieux borner fa fortune a 1'efp�rance mal entendue de la faire plus promptement dans un autre m�tier. Fander Schuur obtint la place de Tr�forier
des Troupes > il s'engagea encore dans quelques autres entreprifes, quoiqu'il fut peu au fait des finances &c de toutes efpeces d'afFaires. Des �y�nements
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Flamands, Allemands & Hollandois. 405
�v�nements facheux renverferent fes projets de 1(- g fortune 6c d�truiiirent celle qu'il avoit acquife par fes talents , &■ il fe vit, par fon �mpruden- ce j reduit au point que ies cr�anciers firetit vendre fon bien.& fes meubles. Ses Tableaux furent achet�s par la familie de Schuyknberg, o� Ion en voitencore la plus grande partie. Charg� d'une himille nombreufe j il perdit
dan> Ie m�me tetnps fa femme : Veut 3 accabl� de remords &c d'infortunes, il eut recours a fon talent, & fit d'autres grands �uvrages } tels que la coupole ou Ie plafond du ialon de la Treve , autrement nomm� Salie d'Aflembl�e des Etats g�n�raux, Ce grand morceau repr�- fente les fept Provinces, d�iign�es par leurs ar- moiries tk repr�fent�es par des femmes, & un grand nombre de g�nies ik d'autres figures al-. l�goriques : 11 finit ce plafond en 1698. llapeint furies volets du buffet d'orgue de la
nouvelle Eglife ; fat l'un David compofe fes Pfeaumes, lur 1'autre Zacharieforjtdu Temple: Sur les petits volets, la Vibtation de la Vierge &� la Pr�fentation au Temple : Ces morceaux font compof�s- & peints avec beaucoup de ju- gement&d'art. Iletlfurprenantqu'un homme- d�ja ii ag� , ait �i� capable de faire de fi grands Ouvrages, &c de les finir avec autant de loin: Rien n'y eft n�glig�. Il aimoit paffionn�ment fon Art, puifque juf-
qu'a la fin de fes jours, il a frequente PAcad�mie & qu'il y deflinoit affidument; qu'il y corri- geoitles DefleinsdesEleves, lesencourageoit& leur donnoit avecdouceiirdesleconspleines de gout & d'intqlligence : Ce font les temoignages Cc 3 que
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406 La Vu des Peintres Flamands , &c.
que lui rendent ceux qui ont frequente 1'EcoIf de fon temps. VanderSchuur^zSz. ainfi fa vie en travaillant.
Son afikiuit� au travail a r�*par� en partie les, pertes que les autres enrrepriieslui avoient cau- f�es. Il mourut a la Haye en 170 j , ag�de 77 ans , apr�s avoir �t� plufieurs fois Directeur & Doyen de 1'Acad�mie. Tous (es Ouy rages tien- nent plus du gout Italien que de celui de fon pays : II abeaucoup del�in� , de fes Deffeins les plus eftim�s paroiflent faits de rien. Ilentendoit bien la Perfpedive Sc 1'Architecture : Les fonds de ks Tableaux (ont int�reflants, 011 y voit des, reftes de 1'ancienne Gr�ce, qu'il traitoit en S%- vant & en Peintre. |
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JACQUES
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JACQUES
VAILLANT,
�leve de son Frere
WALLERANT FAILLANT. ACQUESVAILLANT,auffi
Elevedefon frere ain�>oyagea
en Itali�:IlreftadeuxansaRo' me , o� il fut nomm� par la Bande Acad�mique fJlouette. _JJ Ses �tudes affidues, jointesafa facHit�Je firent entrer aufervicede 1'Eledeur de Brandebourg: Ce Prince lui ordonna plufieurs C c 4 grands
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40 8 La Wi6 des Pelntres Flamands , &c.
grands fujets d'Hiftoire qui r�iiflirent & qu§ ■ firent honneur a 1'Auteur. L'Eledenr l'envoya enfuite a la Cour de Yienne, o� il fit pour fon Ma�trelePortrait de 1'Empereur, qui lui donna, �ne cha�ne&r une m�dai�e d'or. Vaillant de retour a Berlin , pr�fenta a 1'E-,
lefteur Ie Portrait de 1'Empereur : Ce Tableau fut g�n�ralement applaudi. Notre Artiftealloie jouir de fa gloire, lorfque la mort 1'enleva fort jeune : il laifla apr�s lui, comme Peintre d'Hif- toire , une grande r�putation acquife en un pe-* t�t nombre d'ann�es» |
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JEAN
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JEA'N
VAN
HOOGSTRAETEN.
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L �toit frere de Samuel van "
Hoogjlraeten, qui �toit fon ain�. l &l° � Ilsvoyagerentenfemble, &ils --�- travaillerent tous deux a la Cour de Vienne : On ne fcait rien de particulier de fa vie. Il fut recu parmi les Peintres en I(j49J; c'eft a peu pres |
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de Dordrecht
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tout ce que nous en apprend Houbraken. Ou
conte que cePeintre,�tant charg� de peindreun Saint Pierre , dans Ie moment qu'il renia notre Seigneur,
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41 o La Vic des Peintres
Seigneur } fut chercher dans la place quelque
pauvre, dont la t�te a demi-chauve , put con- venir a fon fujet. Il trouva apeupr�s lecarac- tere qu'il cherchoit dans un vieillard, aqui il promit r�compenfe, <k 1'emmena avec lui: II Ie fit entrer dans fon Attelier, o� il Ie laiffa feul un' moment. Ce pauvre entour� de figures de platre, de bras &: de jambes d�tach�es, de t�tes de mort, d'�corch�s & de fqu�jettes, ne douta plus qu'il nef�t a fon dernier moment: 11 fe fi- guraqu'on ne Pavoit amen� que pour lui faire un tr�s-mauvais parti, comme on avoit fait a tant d'autres, dont il yoyoit les membres �pars. La porte �toit entr'ouverte., il prend la fuite. SamuelvanHoogftraetea venoit rendre vi- Jite a fon frere,�< redoublalapeur de notrefn- gitif, qui d'un faut franchit Ie rede de 1'efcalier. Les cris & les pleurs de ce bon homrae attire- rentlapopulace, au milieu de laquelle il fe mit- a genoux pour les prier tous de Ie fecourir. Quand ilseurent entendu Ie fujet de fa terreur, ils Ie raf�urerent , & Jean van Hoogfiraeten qui avoit couru apr�s j Ie paya d'avance & Ie ra- mena. Il trouva dans Ie vifa'ge conitern� de ce pauvre, une partie de 1'expreifion dont il avoit befoin , il faifit bien v�te ce moment heureux, & fit un Tableau admirable. Jeanvan TJoogjlraeten peignoitbien 1'Hiftoire:
II futeftim� de 1'Empereur , &r mourut encore jeune a Yienne. Un Sculpteur de fes amis, �leva a fa m�moire un Tombeau de marbre : II eft place dansl'EglifedeSainteCroix: Ony voit un enfant avec des embl�mes fur Ia fin de Thomme. JEAN
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Flamands, Allemanis & Ho�andois. 411
JEAN TEUNISZ
(ANTOINE ) BLANKHOF, � L E V E
DE C�SAR FAN EFERDINGEN. Lankhofnaquit a Alcmaer, au Nord'--------
'de la Hollande , en i�z8. Il fut regarde i<Sz8,
d�s fa jeunefle comme Peintre n�. Les premi�res L * lecons lui furentdonn�es par Arnold T�er/ingfte, par PierreScheynburg,deux Peintresm�diocres, qui �toient trop foibles eux-m�mes pour fe- \j conderde figrandes difpofitions. C�far van Ever- \\
dingen eut leul la gloire d'en montrer Ie che-
min a un tel Eleve : Ce chemin �toit celui de Rome, o� Teunifi vola en difant adieu a fou Ma�tre. : Auffi-t�t qu'il fut arriv� dans cette Capita- ;
Ie , fa premiere d�marche fut de voir �es com- |
patriotes: lis Ie firent recevoir dans leur Soci�t� )
d�s Ie m�me jour, & Ie nommerent Jcan Maet,
parce qu'il ne difoit jamais deux mots de fuite |
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qg
/p de fon objet, renonca a toute diffipa- 1
tion, pour fe donner tout entier a 1'�tude des )
beaux modeles. Ses Tableaux firent plaifir & fu-
rentbient�ttr�s-recherch�s.-Ilpaflapendetemps a Rome 6c retonrna chez lui; il n'y refta pas |
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davantage.
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_ 41'1 Ea Vlc des P�intres
1.618. davantage. Son inconftance Ie fic long-temps
■^«-r aller de pays en pays fans (e fixer : on compte
trois voyages de iuite d'Hollande a Rome. �n-
fin trouvant cette route trop battu� , il s'em-
barqua iiir la fiotte deitin�e pourCandie : Ce
voyage hit pour. lui plus prontable., pju�qu'il
y deflina des Vaifleaux , des Rivages, des Vues
de difr�renrs climats, des Temp�tes, & la Mer.
dans f on calme.
Il devint depuis Ie plus habile Peintre de Ma-
rines �, rien ne lui �chappa dts agr�s des vaiHeaux ik de la manoeuvre des matelots: 11 obferva les ciels orageux, les flots �cumeux d'une mer en furie, & apprit a faire fr�mir d'une temp�te & de ks (unes funeftes. Ses Tableaux lont ii bien colori�s, li bien entendus pour les effets, qu'on croic emendre fiffler les vonts &c gronder la fou- dre au milieu des orages qiul repr�lente. On. doit faire une diftin�lion dans les Tableaux de ce Peintre : Quand il a voulii les ftnif avec trop deloin ,il en adiminu� Ie m�rite, ilsontmoins de feu, 1'efprit en eft, pour ainfidire, �moufle; iemblable a certains Ecrivains , qui a force de. limer teurs ouvrages, en alt�rent la foi-ce. Un des plus beaux Tableaux de ce Peintre ,
fepr�fentant Ie Rivage de la Mer . fe voyoit a. Alcmaer,chez GuerardvanSteur, Peintre : Oa en trouve dans pkifieurs Cabinets; ils font fort eftim�s des Hollandoiv. jff/�«c/(rAo/termina fa vietumultueufe & aufl�
inconftantequel'Elementqu'il a repr�fent� en- viron en 1670 : La Ville d'Hambourg & celte d'Amfterdam k difputent 1'honneur de confer- v�-r les c&ndres de eet Artiile. BERNARD
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Flamands 3 Allemands & Hollandols. 413
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BERNARD GRAAT.
GRAAT naquit en 161%, dans la Ville
d'Amlterdam, & fut confi� fort jeune aux lecons de fon oncle, qui �toit un aflez bon Pein- tre , &c connu (ons Ie nom de Ma�tre Jean. Le jeune Difciple int�refla ce parent par fon affiJui- t� & par (es progr�s; 11 le demanda a fa mere > &: le recutchez lui comme ion enfant. Des que le jeune Graat n'eut plus a contenter que Ion oncle , & qu'il l� vit d�barrafl� de la f�rule des autres Ma�tres, il ne penfa plus qu'au Deflein, &s'y appliqua aupointqu'on n'eut plus acrain- dre qu'une �tude pouflee trop loin & qui lui fit mal. Il fallut lui retrancher la lumiere , pour le forcer a prendre du moins la nuit nn repos n�- ceffaire. Comme Era/me alloit le foir dans les march�s ramafler les bouts de chandelles que les Poiflbnnieres avoient jett�s, & s'en fervoit pour pafler les nuits a �tudier , le jeune Graat entroitle foir dans les Eglifes a la fin des Offi- ces , &: voloit, quand il pouvoit, des reftes de cierges, avec lefquels il paflbit les nuits a defli- ner. Cet emportement vers un Art, annonce toujours un grand talent & de grands fucc�s. Quand Graat fut aflez fort dans le Deflein ,
pour peindre 3 fon Makre lui donna quelques Tableaux a copier; c'eft la route ordinaire & lente des Commencants : Elle parut longue a Graat, & il devina bien v�te que cette imita- tion
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414 I-a Vle des Peintres
------- tion de 1'Art, n'ell qu'un paflage qui m�ne &
1628. TEtudede la nature m�me. On Ie vit, Ie porte-
», ' feuille ious Ie bras j aller d�s la pointe du jour chercher dans les campagnes les objets riants de 1'aurore & du retour des gens de travail 6c des animaux: C'eft a ce lpe&acle � vari� & toujours nouveau , qu'un Artifte, n� avec des yeuxfaits pour remarquer 3 f aifu ces beaut�s fines , dont ne L'itiltruiront jamais, ni iit�t, ui ii biea les pliu profondes m�ditations du Cabinet.ni m�me la contemplation des chefs-d'oeuvres des plus grands Ma�tres. II faut voir foi m�me les ciels 11 dift�rents, lafra�cheur Vaporeuiedumatinj Ie fee br�lant du milieu du jour, les rayons purs & train�s d'uncoucherdu loleil, les accidents li divers de la lumiere Air les Images & a tra- vers Ie teuillis des arbres. II en raut etudier les beaut�s & la bizarrerie des difterentesl�tuations, d'une plaine �tendue , o� les objets fe perdenc dans un lointain & f� confondent avec 1'hori- zon; d'une vue plus born�e , o� les objets plus voifins, font plus marqu�s: II en faut rtmar- quer les vari�t�s, felon les difF�rentes failbns. Le Printemps ofFre un verd naiilant , VEt� des campagnes couvertes de moirTons, 1'Autom ie des rruits & la vendage , l'Hyver des fontaines & des eaux fufpendues en glacons, des arbres lans feuiiles & �craf�s Ibtis les frimats & la nei- ge. 11 faut plus, il faut donner de la vie a ces fepr�fentations, en les peuplant d'�tres anime's. Il faut que Pacceflbire rende le principal int�- feflant j en iatroduifant a propos &c avec con- Venance , des animaux &c des figures. C �toit la 1'ordre des �tudes de Graat: II rap-
portoit
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Flamands, Alkmands & t�ollandois. 4.15
portoit chez lui de& idees fra�ches des objets; il rapportoit des croquis pleins d'efprit & de feu, d'un laboureur, d'une bergere, des animaux & fur-tuut des thevaux 6c des moutons defl�n�s avec Ie plus grand foin: Plein, & comme enco- re enivr�, il prenoit la palette , 6c rendoit fur la toileavec la v�rit� du naturel, cequ'il venoit d'oblerverfur la nature. Rieu n'eut�chapp� au laborieux(?ra^r,dece
qui pouvoit Ie mener a la perfe&ion de Ion Art, f 1 des circoultances malheureufes, 6c auxquelles il ne donna pas lieu, ne reuifentretard� dans fes progr�s. Ma�ire Jean fon oncle, quitta la Pein- ture , 6c la tante les loins de fbn m�nage, pour fuivre Ie fanatifme de controveriiites. lis Ie fu- rent eux-m�mes, ils abandonnerent la conduite de leur naai fon, dont Graat fut oblig� de fe char- ger, & m�me jufqu'aux plus vils d�tails de la cuiline. On ne peut �tre Peintre 6c marmiton ; il prit donc fans manquer a la reconnoiflance qu'il devoit a fon oncle, il prit Ie parti de Ie quitter 6c de retourner chez fa mere. Ce fut pour lors qu'on Ie vit avancer a grands
pas dans Ion Art, unic^iement livr� a fes r�fle- xionsjqui�toientfoutenuesd'unepratiqueconf- tante. Toujours guid�par la nature, il en devint un fi fidele imitateur, que fesTableaux paflerent par - tout pour ceux de Bamboche : Houbra- ken 6c Weyermans, rapportent qu'un de fes Ta- bleaux fut vendu & reconnu par des Connoif- feurs pour �tre de Bamboche ; & que 1'Acheteur trouva quelque temps apr�s dans un coin de ce Tableau, B� Graat ficit. 11 n'eft donn� qu'aux plus
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416 'La Vic des Peintres
plus grands Artiites de pouvoir ainfi tromper l�
bir F
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Des fucc�s fi inconteftables , r�compenf�s
par des �loges tres - m�rit�s, �leverent l� cou- rage de Cmat: 11 cultiva avec autant de lom que de reconnoiflance Ie taient de Payfagifte �c de Peintre d'animau-x , qui 1'avoit fait con- noitre fi avantageufement; mais il ne Ie regar- da pas comme Ie terme qui dut fixer ia gloi- re. 11 prit Ie vol plus haut &: tenta de travail- �ler en Hiitoire : Cet efiai lui fit connoitre ks forces; les fucc�s 1'enhardirentafuivrece gen- re au-dela duquel il n'y en a point en Peinture. 11 forma Ie projet d'aller a Rome pour y pui- Ier dans 1'Antique , la corredion & Ie gout. Il avoit d�ja vendu fes �tudes 3 fes Tableaux �c tout ce qui lui �toit inutile, &: il �toit pret a partir, quand les inqui�tudes de la mere &c de fes parents fur fon �loignenient, & plusencore les charmes de Marie Boom , jeune veuve de Jean van Bellen , qu'on lui propofa pour fem- me , changerent tout d'un coup fa r�fblution. Son mariage avec cette vtuve aimable , Ie fixa dans fa familie. 11 fembla que fa Patrie voulut Ie payer du
facrifice du voyage de Rome. On Ie chargea d'Ouvrages, & chacun de fes Tableaux recut la diftin�lion honorable d'�tre expof� aux ap- piaudillementspublicsde fescompatriotes. Lui f�ul (entoit Ie befbin qu'il avoit eu de voir l'I- talie. Pour y fuppl�er , il ramaffa tout ce qu'il put de Defl�ins&d'Eftampesd'apr�s ces grands hommes: Nouvelle �tude & nouveaux progr�s. |
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Flamands flAllemands & Hollandois. 417
II inftitua chez lui une Ecole, a 1'imitation de 1'Acad�mie Royale de Peinture de Paris, & deux fois par lemaine on y deffina publiq�e- ment d'apr�s Ie modele. Vingt des plus habiles Peintres d'Amlterdam , s'aflbcierent a Graat, pour y partager Ie lbin & la gloire de f� per- r�cfronner en inftruifant les autres. On y deffi- noit avec application, on y corrigeoit avec bont�, on s'y foumettoit avec dociht�, & on, finiflbit chaque jourpar uneefpece de conf�ren- ce. Cette Soci�t� , bien digned'�tre lou�e, dura quinze ans, &: ne fut interrompue que par la mort de Graat, qui arriva Ie 4 Novembre 1709J II �toit ag� de 8 1 ans. Graat a peu fait d'EIeves: II difoit a tous ceuX
qui lui en propofoient, fakes apprendre un m�- tier a vos enfants -, au l�eu d'un Art, puifqu'ils ne fontpoint ajfur�s de devcnir des Peimres habiles � en apprenant un m�tier 3 'ds ne feront pointdumoins expof�s a la mifere. Le titre d'habile lui avoit co�t� tantde peines a acqu�rir, qu'il craignoit que fon exemple ne fut pas toujours fuivi. Il eut pourtant la gloire de farmer Jean-Henri Roos, excellent Peintre d'Hiftoire, de Portraits & d'Animaux. Celui-ci, retir� a Francfort 4 envoya par reconnoiflance a fonMaitre (on Por- trait & trois petits volumes d'animaux grav�s a 1'eau-forte de la main. Le m�rite de Bernaert, eft �galdans plufieurs
genres. Sa premiere maniere approcha de celle de Bamboche : II faifoit bien les animaux & par- ticulierement les moutons, les chevres, &c. Sa couleur etl vigoureufe & p�tillante , & il r�gne dans tous fes Ouvrages, un accord qui Tome II. Dd f�duit
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418 La Vie des Peintres Flamands, &c.
-----~ f�duit 1'oeil : II peignoit avec Ie m�me fucc�s
1 ' 1'Hiftoire &c Ie Portrait: Ses compofkions en
"^^ Hiftoire, donnent une haute idee de fon efprit. Les Auteurs Hollandoi» , toujours prolixes , font une longue defcription d'un Deflein de Graat, pour Ie Tableau deftin� a �tre place dans une des falles du Conieil d'Amfterdam : �n y voitle temps qui d�couvre la Ve'rit�: Les vertus & les vices y font perfbnnifi�s. Cette compofitioneftpleine d'efprit, & fait 1'�loge de celui de fon Auteur. Les Po�tes D. Schelte 8c G. Bid/o ont chant� ce
PeintredansleursversHoUandois. Ledernier fait une belle defcription d'un Tableau peint par Graat} dont Ie lujet�toit David&cBethfab�e. Son Deflein ell correct dans ks Ouvrages: On
recherche beaucoup fes �tudes d'apr�s nature. Les Tableaux de ce Peintre font en grand nom- bre en Hollande, 8c peu connusen France. |
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VINCENT
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VINCENT
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V A
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D E R
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VINNE,
�LEVE DE FRANCOIS HALS.
ANDER VINNE naquit i6t9.
dans la Ville d'Har'em en \6iy, ^-^y d�sl'enfanceils'adonnaalal'ein- ture : II n'e�t long remps d'autre Maitreque lui-m�me. Il copioit avecleplusgrand foindes Defleins & des Eltampes: On remarque da nsce premier travail, cette grande facilit� que donnefeule la D d i nature ,
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410 La Vie des Peintres
nature, & ainfi que ce gout qu'elle n'accorde
qU'a fes favoris. Levoifinage de Francois Hals , habile Peintre, lui procura la connoiflance de les fils : II eut pour eux plus de complaifance que pour (es autres camarades , peut-�treparce qu'il pr�voyoit que cette amiti�luiprocureroit celle de leur pere. Hen pariavivement afes pa- rents, qui Ie placerent enfin chez Francois Hals, qui fut �tonn� de voir eet Eleve li avance fans Ie fecours d'aucun Ma�tre : II 1'encouragea , & bien loin de ralentir ce feu qui dominatou- jours depuis dans fes Ouvrages, &dont il de- voit �tre jaloux, il 1'excita par ces paroles ; » Brofl�z toujours de la couleur 3 la propret� si viendra d'elle-m�rne. Vander Vinne avanca fi promptement qu'il fe
vit en �tat de voyager iurle produit de l�s �uvra- ges. EnquittantIon Ma�tre, vander Vinne^zKn par 1*AUemagne, par la Suifle 6c vint eniuite a Paris : Par-tout il trouva a exercer Ion talent. Cette vie errante lui convenoit plusqu'aaucun autre ; fa gaiet� naturelle Ie mettoit a Ion aife dans tous les endroits : II s'y trouvoit comme chez lui. Ilavoit voyag� jeune, ilretournaen- core jeune dans fa Patrie vers 16^5. Arriv� a Harlem ^ il peignitdes Plafonds ^ desPaylages, des Portraits, &c des Enfeignes: II ne faut point s'y m�prendre, fon habilet� ne fut point humi- li�e par ces Ouvrages vils dans d'autres Pays; car la ville d'Harlem fe diftinguoit dans ce temps-la par fes belles enfeignes, comme celle d'Anvers par celles de Rubens , &:c. Ce qui fit dire au Peintre de Berkheyde que vander Vinnc �toit IeRapha'�l d'Harlem pour peindre des en- enfeignes.
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Flamands > Allemands & Hollandois. 411
feignes. Cet Artifte perdit effe�tivementbiendu temps a faire ces Ouvrages qui font trop expo- f�s pour durer, & il nous en a moins laifle de Tableaux de Cabinet. Ilavoit efprit & g�nie : s'il avoit enjouement & feu fur la toile, il en a aufl� laifle des traces brillantes fur Ie papier. Il a �crit en vers & en profe desembl�mes ing�- nieux. Ses Ouvrages en ce genre ont Ie m�me m�rite que fes all�gories pittorefques. Il femble cependant que vaader Vinne ne penfoit plus fur fa fin qu'a gagner de 1'argent ; c'ell un d�faut qui d�pare fes derniers Ouvrages ; mais on y reconnoit encore une facilit� �tonnante & une grande imitation de la nature. Il faifoit 1'Hif- toire, Ie Portrait, Ie Payfage , les animaux en grand & en petit, tant�t finis & plus fou- vent heurt�s & pleins de feu. Il a peint & �crit jufqu'a la fin de �es jours , except� fept a huit ans avant fa mort, qu'il fut afflig� par une elp�ce d'�pilepfie qui �teignit fon imagination : II mourut d'apoplexie en 1701, ag� de 73 ans. Il laifla trois fils, Laurent , Jean &C Ifaac } tous trois Peintres m�diocres. Le Prince Charles a dans fon magnifique Ca-
binet a Bruxelles, fix Tableaux de vander Vinne, dont quatre font des Portraits, le cinqui�me un Port de Hier, & le fixi�me un �jentifle. |
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D d 3 JEAN
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La Vie des Peintres
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JEAN-ERASME
Q U E L L Y N,
r
Eleve de son Pere
E RA S M E Q U E L L Y N. JEan-Erasme Quellyn n� a Anvers 1'an
16X9, �toit Fils &c Eleve d'un Artifte diftin- ■'----" gu� , qui avoit appris dans 1'Ecole de liubens
la theorie & Ia pratique de fon Art. Jean Quel-
lyn recut de Ion pere les m�mes principes, & il fit bienc�t fous lui les plus grands progr�s. Il avoit fouvent entendu fon pere regretter de n'avoir pointvu les Ouvrages des grands Ma�- tres a Rome : il obtint aif�ment de lui la per- miffion d'y aller �tudier. Jean Quellyn parcourut 1'Italie : II avoit un
heureux g�nie qu'il forma fur les plus beaux modeles. Il fut employ� a de grands Ouvrages a Rome, a Venife , a Naples & a Florence: Ce furent des occaf�ons de fe diftinguer , qui por- terent fa r�putation jufques dans fa Patrie. Il y envoya quelques Tableauxde fa main, qui juftifierent ce qu'en avoitpubli� lai-enomm�e , & qui prouverent les fucc�s qu'il avoit eus en Itali�. Son pere Ie rappella; il voulut avoir Ie plaifir de voir fon fils jouirdans fa Patried'une r�putation qui augmenta dans la fuite & a me- fure qu'il eut les moyens de fe produire. Quellyn
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_J
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Flamands, Jllemands & JJollandois. 413
Queilyn ob�it; en arrivant a Anvers, il eut ordre de peindre quelques Tableaux qui lui procurerent aufli tot de tres grands Ouvrages dans toute la Flandre. Toutes les Villes s'em- preflerent d'avoir de lui des Tableaux pour la d�corationde leurs Eglifes. Queilyn Ie pere �toit lui - m�me un tr�s-bon Peintre & avoit du g�nie : II en eut aflez pour connoitre Ie m�rite de fon nis, & aflez de raifon &r de tendrefle pour avoir la plus grande joie de les fucc�s. Jean Erafme a joui long-temps de fa gloire au milieu d'une foule d'Artiftes habiles : II eft mort a An- vers Ie 11 Mars 1715. Le jeune Queilyn peut �tre regarde comme
un des meilleurs Peintres Flamands, apr�s Ru- bens. Quelques-uns de fes Tableaux peuvent �tre compar�s a ceux de Paul Veron�fe : II avoit �tudi� la maniere de ce Ma�tre, & toutes fes grandes compofitions font dans fon gout. Son Deflein eft corred; il drapoit fes figures avec noblefle, {es fonds font la plupart d'une belle Architedure : C'�toit une des parties qu'il en- tendoit le mieux. On voitdans toutce qu'il a fait rhomme de g�nie; fescompofitions font d'une belle ordonnance} bien concues, & aucune de fes figures n'y eft plac�e fans n�ceflit� : Les ex- preflions en font 11 vivement rendues, que les perfonnages m�me dufecondordreattirentl'at- tention. La bont� de fa couleur & Tintelligence parfaite du clair-obfcurfont un eff�t int�reflant dans fes Ouvrages : Nous allons donner une lifte des plus beaux , dont la pl�part ont �t� mal-a-propos attribu�s a fon pere. OnvoitaAnvers, dansFEglifeParoiffialede
D d 4 Saint
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44 des Pe'mtres
Saint Walburge, l� Tableau d'Autel de Ia Cha-
1629. pelle du S.Sacrementrllrepr�fenteJ�fus-Chrift: ■' dans Ie moment que les P�lerins d'Ema�s Ie reconnoiflent. Dans 1'Eglife de 1'Abbaye de S Michel, un
Tableau qui occupe toute lalargeur de la croi- f�e de 1'Eglife &r qui fe termine au centre de la voute; les figuresen font beaucoup plus grandes que nature: C'eft notre Seigneur qui gu�rit des malades. Cette belle &" vafte compofition efl; f� bien dans la maniere de Paul Vcronefe, qu''on la pourroitattribuer aceMaitre, fans lui faire in- jure: II y a un fond d'Archite�ture admirable , une vari�t� amufante dans les parties, & nulle confufion malgr� legrand nombrede figures : Ce Tableau peut pafferpour Ie plus beau de no- tre Artifte. Le R�fecloire d� cette Abbaye eft d�cor� de fa main : C'eft un beau Cabinet de Peinture. Les Tableaux occupent tous les tru- meaux depuis la voute jufqu au plancher : Ce font les quatre repas principaux dont parle 1'E- criture Sainte, On y voit, comme dans fes au- tres Ouvrages, une belle maniere de difpofer fes fujets & beaucoup de g�nie. Il a fauv� fi adroitement les in�galit�s de eet �difice gothi- que, que letout enf�mble eft parfaitement d'ac- Cord & ne paro�t �tre qu'un feul Tableau. Cinq autres Tableaux places dans 1'Eglife ,
font voir les Martyrs de Gorcum; 1'Adoration des Roys, autre tr�s-beau Tableau, efl: place dan? la Chapelle de Sainte Urfule , dans 1'Eglife de Notre-Dame. Dans 1'Eglife Collegiale de Notre-Dame, a
Malines , Ie grand Autel eft d�cor� par notre Peintre 3
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Flamands , A'[Iemands & Hollando�s. 415 _
Peintre; il y arepr�fent� la C�ne: C'eft un mor- ceau fort eftim�. * ' Le Tableau du grand Autel de 1'Eglife des '~"~**'
Auguftins, repr�fente Madelaine p�nitente aux pieds du Sauveur : II eft a table chez Sim�on. Dans 1'Eglife des B�guines, cinq Tableaux de
la vie de S. Charles Borom�e. Dans 1'Eglife des J�fuites ,cinq Tableaux; Saint Fran$ois Xavier conduit par un Ange; S. Xavier pr�chant au Japon; S. Xavier qui retire un Crucifix des pinces d'une �creviflej Saint Xavier voyageant nuds pieds dans les neiges; S. Xavier qui recoit une Bulle du Pape; &c enfin S. Xavier qui ca- th�chife les enfants. ABruges, le Tableau d'Autelde la Chapelle
de la Vierge, dans 1'Eglife des J�fuites, repr�- fente une Aflomption. A 1'Eglife des Domini- cains, un Saint de eet Ordre eft retir� de la pri- fon par les Anges : C'eft un Tableau d'Autel pres de la Sacriftie. Dans la Biblioth�que des Auguftins, d'un c�t� les quatre Evang�liftes, & de Tautre quatreDodeurs de 1'Eglife; cinq Portraits de Religieux de eet Ordre; dix Ta- bleaux o� font repr�fent�s les Sciences & les Arts: Dans le R�fedoire , une Annonciation, u ne Madelaine p�nitente ,S. Pierre,David jouant de la harpe, Ananie & Saphire, S. Auguftin en habit d'Ev�que, J�fus-Chrift en P�lerin pres de S, Auguftinj S.Auguftinm�ditantle Myft�rede la Trinit�, fur lesbords de la mer; la Conver- fion de ceSaint, quieftaffis fous un figuier; S. Ambroife en habit pontifical; les quatre Vertus th�ologales. Dans la Chambre d'h�tes, Saint Jean pr�chant dans le d�fert; Loth fortant de Sodome
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426 La Vie des Pelntres
~- Sodome avec fa femme & {'es filles; Ie Publi-
1619. cajn ^ ie Phari/ien ; Ie D�luge ; les lnqui�tu- ■ des de la bonne confcience; & les quatre Sai- fons : Tous ces Tableaux font peints en 1666, 1667 &■ 1668. |
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ANDR� VAILLANT,
�IEVE DE JTJLLERANT SON FRERE.
ANdr� , Ie plus jeune des cinqfreres, apprit
Ie Deflein fous wallerant fon frere a�n� : II prit Ie parti de la Gravure & choi�t unMa�- tre habile a Paris, chez qui il �tudia pendant deux ann�es. D�s qu'il fe fentit capable de tra- vailler feul, il fut trouver fon frere qiu �toit �tabli a Berlin ; mais il y mourut peu de temps apr�s fon arrive'e. |
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HENRI BERCKMANS,
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� L E V E
DE JACQUES JORDAENS. |
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B
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Erckmans a montr� fon difcernement
dans Ie choix qu'il a fait de fes Maitres : II |
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commenca fous Phil�ppes wouwermans, il �tudia
enfuite ibus Thomas willeborts , & en dernier lieu fous Jacquesjordaens. Berckmans doitle jour |
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Flamands } A�emands & Hollandois. 427
a Clunder , pres de Willemftadt, en 1619. N� pour �tre un grand Peintre , il pafla dans dif- * 29' F�reotesEcoles, pour , apr�s avoir eflay�les dif- ��°" f�rentes mani�res , en prendre une en connoif- fance de caufe. Il choifit celle de la nature : II peignoit d�ja bien 1'Hiftoirej mais quelques Portraitsrnalheureufementluir�ufl�renr&ilne Ut prefque plus d'autres Tableaux. Le Comte Eenri deNaJJau, Gouverneur d'Hulft, fe 1'�toit attach�;& il nefut prelque plus poffible pendant ce temps, d'obtenir aucun Ouvrage de ce Pein- tre. A la mort du Comte , Berckmans alla s'�ta- blir a Middelbourg en Z�lande : La Hollande avoit pour lors de tres-grands Artiftes, le n�tre y tint un rang diftingu�. Le Portrait de 1'Ami- ral Ruyter & celuideJean Even/en, furenttrou- v�s fi beaux, que les principaux de Hollande, voulurent avoir le leur. Ce fut dans ce temps qu'ilpeignitles Compagnies des Archers&des Arquebufiers, que 1'on voyoit dans les Butes de Middelbourg & dans celle de Vliffingue. Berckmans rendit fa fortune auffi confid�rable que far�putation. On ne nous a point marqu� 1'ann�e ni le lieu de fa mort : II pafla g�n�ra- lement pour avoir eu un bon gout de DeflTein , pour avoir fait des Portraits bien colori�s & d'une grande relf�mblance. |
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TH��DORE
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<*fe~a#>
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418 La V�e des Peintres
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TH�ODORE VAN LOON.
------* T 7~ANLooNfutunexcellentPeintre; taVille
'if>1-(>- V de Bruxelles lui donna la naiflance, fans
*^=r qu'on fache exa�tement 1'ann�e qu'il vint au monde, ni Ie nom de fon Ma�tre. On fcait qu'il �tudia long-temps en Itali�: Rome & Florence, conf�rvent de fes Tableaux d'Hiftoire, qui or- nent des Eglifes &c des Palais. Th�odore fut li� avec Carlo Maratti, dont il aimoit la maniere ; ils puiferenc enfemble d'apr�s les Ouvrages de Rapha�l, les beaut�s que 1'on admire dans leurs Tableaux. Fan Loon ne quitta Rome qu'a re- gret, &c retourna a Bruxelles, o� il a travaill� avec r�putation : On allure qu'il y eft mort , mais on ne fcait pas en quel temps. Tont ce que nous connoifl�ns de Th�odore ,
approche de la maniere de Maratti : M�me caradere de Deflein, m�me noblefTe dans les phyfionomies, m�me�l�vationdansla maniere de compofer; on reconnoit a fes Ouv rages 1'E- cole d'Italie : II colorioit aflez bien; mais quel- ques-unsde fes Tableaux ont Ie d�faut de tirer fur Ie noir : Les ombres en font quelquefois lourdes & grifes. On voit de lui dans TEglife des Carmelites , k
Bruxelles, deux Tableaux d'Autel; plufieurs- Tableaux en petit dans 1'Eglife de S.Gaugeric. A Malines,dansrEglifedesB�guines, deux grands Tableaux pres du makre Autel, l'un repr�fente FAdoration des MageSjl'autre la Vifitationdela Vierge.
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Flamands, Allemands & Ho'landois. 419
Vierge. Dans 1'Eglife des J�fuites, S. Xavier prollern� dtvant la Vierge & 1'Enfant J�i�s ; derriere Ie Saint, on voit fuir des demons &c des forciers, &rc. |
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MARIE
VAN OOSTERWYCK,
� JL E V E
DE D A VI D DE HEEM.
MARIE VAN OOSTERVYCK doit
�tre a jnftetirre, au nombre des fem- mes illuftres de la Hollande : Elle naquit au Bourg de Nootdorp, pres de Delft, Ie 20 Ao�t 1630. Son pere Jacques van Oqftcrwyck �toit Pr�dicateur de 1'Eg�fer�form�e : II avoit de 1'efprit, & chercha a cultiver celui de fa fille. Il remarqua la vive inclination qu'elle avoit pour la Peinture , & fon d�go�t infur- montablepourlesOuvrages de bagatelles,aux- quels on reduit fi injuftement fon fexe. Elle avoit lans cefle Ie crayon a la main 5 c'�toit ap- peller & m�riter un Ma�tre. Jean de Heem , peintre c�l�bre d'Utrecht,
fut choi�, & il reent chez lui cette Eleve ai- mable; il n'y eut prefque point d'intervaile entre fes premiers eflais & les Ouvrages, qni lui ont attir� tant d'�loges. Ayant quitte fon Ma�cre , elle vit paffer fes Tableaux de TEcole dont elle fortoit ,
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43 o La Vie des Peintres
iortoit, dans les Cours �trangeres} &rfaire 1'ad-
miraticn des Artiftes. Elle s'attacha a copier la nature, en luivant les principes de de Heem, & ie iervit de les inilru�tions jufqu'au point de balancer Ion m�rite Sc de devenir lanvale, Louis XIV. fut Ie premier des Souverains de PEurope qui Thonoradelon augufte fuflFrage,enplacant un de fes Tableaux parmi la riche collection qu'il amai�bit. L'Empereur L�opold Sc Plm- p�ratrice lui demanderent un de fes Tableaux, & Ie placerent dans Ie rang diftingu� des rare- te's qu'ils pofl�doient en ce genre, lis envoye- rent a 1'Auteur leurs Portraits enrichis de dia- mants, commedes gagesde leur eftime. Guillau- mc III. Roy d'Angleterre, eut d'elle un Tableau qu'il fit payer 900 florins : 11 fembloit que tous les Princes de l'Europevouloient,arenvi,con- tribucr a lac�l�brit� decetteadmirable fille. Le RoydePologne fit acheter trois de fesTableaux 2400 florins : Ces fommes furent toujours pa- y�es au dela de la convention & avec tant de g�n�rofk� 8c de diftindtion , qu'elles eurent pl�t�t Pair de prefents que de payements. Au milieu de tant d'honneurs j autant dus a
fes talents qu'a fon efpritcharmant, ellemena une viepaihble, fans vouloir jamais s'allier par aucun engagement. Si elle aimoit a vivre dans la bonne compagnie, a qui elle convenoit b'en, elle �toitinfatigableau travail, & c'�toit dans fon Cabinet, o� Pon �toit le plus f�r de la trou- ver. Pour avoir plus de temps a donner a la Peinture , elle s'�toit retir�e a Delft chez fon grandpere. Guillaume van Aelft y chercha Poe- calion de la voir & de lui parier d'amour, fous le
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1630.
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Flamands 3 Allemands & Kollandois. 431
Ie pr�texte de voulotr conno�cre ies Ouvrages: II la vnquciquefois, & enfin il lui rit fa d�cla- ration ; mais notre illuilre Artute ne pouvoit plusrece v oir les voeux de 1'himen. LaDeeiT� Ho- re a Iaquelle ei Ie s'�toii d�vou�e, la retenoir dans de premiers engagemenrs, qu'elle ne rotnpit de fa vie : �lie �tuit d'a�leurs dun caradere trop oppof�acelui du Peintre pourl'�couter ; autanc elle�tutt fage&laborieuie, autantil �toit d�- bauch� & parefleux. ilnetravailloaquepar be- foin : Elle voulut cependant bien ne pas Ie ren- voyer durement; niais elle mie adroitement au mariagequ'il iuipropofbit, unecondicionpr�a- lable, qu'ellefedout�it bien qu'il n'ex�cuceroit point. �lle lui prepofa 1'�preuve de travailler dix heures chaquejourpendant une ann�e. Fan Aelft crut �tre i�r uobrenir fa ma�trerTe: II pro- mit; mais il n'eut pas!a rorce de tenir fa parole. Son Arreher �toit vis a-vis de celui de Made- moifelle Ooflerwyck^tWe nemanquapas de mar- quer avec de la craie fur Ie chaflis de fa croif�e , les jours qae van Aeijlne travailloit pas. Il vint au bout de 1'ann�e plus amoureux que jamais: » Vous m'avez J�gag� vous-m�me de ma pro- » mefl�, lui dit-elle , en lui moncrantles jours » d'oiiivet�, qu'elle avoitexadement mis en » �crit. L'amant confbndu n'eut pas Ie mot a n r�pondre & ne 1'�tourdit plus. M �ne Ooilenvyck a peint les fleurs d'un beau
fini & d'une grande propret�. Elle avoit appris de (on Ma�tre a rendre (es Tableaux agr�ables par 1'aflbrtiment plein dego�tdes fleurs, &rpar 1'art d'imiter leur fraicheur de de les groupper : Elle
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4$ t.a Vie des Peintres Flatftdnds, &c.
Elle en oppofoit habilement de diff�rentes cou^
leurs, & fcavoit en faire un tout enfemble , d�licieux & plein d'harmonie. Quelque labo- rieufe qu'ellefut, fesOuvrages font rares a caufe de la longueur du temps qu'elle employoita les finir. Cette aimable Artifte v�cut jufqu'a 1'age de 63 ans, & elle finit fes jours en 1693, chez ion neve� Jacques van JJfendelft , Pr�dicateur a Eutdam en Hollande. |
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WILLEM
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f I1LEM
(GUILLAUME)
KALF,
�LEFE D'HENRI POT.
ALFnatifd'Amfterdam, futcon- ____
temporain de Marie Oojlerwyck. ""!
Ses premi�res ann�es fe pafferent 1 dans YULcoled'Henri Pot 5Peintre '-----'
d'Hiftoire&-dePortraits; mais,
foit faute de difpofition, foit par une inclination particuliere,en quittant fon ma�- tre, il quitta fa maniere, & s'adonna a peindre des Tome II. Ee fruits |
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4J4 La Vk des Pclntrei
fruits, des vafes d'or, d'argent &c de nacre, &C,
Ses Tableaux plurent, & fes partifants �leve- rent fes Ouvrages au deffus de ceux des autres Artiftes: &c il m�ritoit aflez cette pr�f�ance; on fcait que ces lortes de Tableaux , peu int�ref- fantspar eux-m�mes, ne Ie deviennent qu'au- tant qu'on y voit la nature imit�e avec choix, difpol�e avec go�tj & rendue avec la plus grande v�rit�. On trouve fouvent tous ces m�- rites dans les Tableaux de Kalf; & c'eft par cette raifon qu'on les a recherches, & qu'ils Ie font encore. Kalf etoit d'une f�gureaiirubleaf- fez inftruit pour �tre amufant dans la foci�t� ; il imaginoit des hiftoriettes & les contoit plai- famment: 11 fcavoit fe rendre propres celles des autres par cette m�me tournure. S'il aimoit a conter , on aimoit a 1'entendre, & il paflbit quelquefois des nuits a faire oubiier a fes amis Ie fommeil, auquel elles font deftin�es. 11 mou- rut Ie 30 Juin 1693 , d'une ch�tequ'il fit en paf- fant furun pont. Teus les Tableaux de Kalf, font d'un tr�s-
bon ton de couleur: lis font touches avec force & bien colori�s. Le plus beau morceau de ce Ma�tre, �toit dans le Cabinet de M. de la Court, aLeyde: II repr�fente des Vaf�s & un Melon coup� en deux : On ne peut rien voir de mieux peint & de mieux imit�. On trouve beaucoup de fes Ouvrages en Hollande & enFlandre. |
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CORNILLE
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f lamanis, Allemahds & Hollandois. 43
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CORNILLE BISSCHOP.
BISSCHOP n� a Dort Ie 12 F�vrier 1630, I(j2O.
commenca la Peinture f bus Ferdmand Bol. ' ^ II quitta Ion Ma�tre ponr fe former lui - m�me d'api�s la nature : II avoit r�uffi a 1'Hiftoire & au Portrait; mais il borna Ton talent a peindre des figures fur bois, qu'on d�coupoit & qu'on placoitdans des niches, dans des appartements, &c. Quelque bien qu'il e�t fait ces fortes d'Ou- vrages, c'ell un trop petit genre pour m�riter les eloges , que lui ont prodigu� fes Compa- triotes : II a fait de bons Portraits & quelques Tableaux d'Hiftoire. L'envie de gagner lui a fait faire des chofes m�diocres II mourut en 16741 & laifla onze enfants, deux Peintres 3 Jacques & Abraham: Ce dernier a r�ufli a repr�- f�nter des Oif�aux. |
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PIERRE
VAN BREDAEL
VAn Bredael naquit en 1630, dans
la Ville d'Anvers. On ne fcait qui fut fon Ma�tre, & on n'eft pas plus certain j'il a �t� a Rome. Il paffa quelques anne�s a la Courd'Ef- pagne, o� fes Payfagesfurent recherches :Rien E
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43 �a Vie des PelntreS
ne put 1'y retenir. Il retourna a Anvers , o� il
1630. fut Diredeur de 1'Acad�mie en 1689 ; ilyeft *' ■' mort fans que Ton fache en quelle ann�e. Le talent de van Bredael conliftoit a bien pein-
dre le Payfage. Quelques-uns (ont de la maniere de Jtan Breughel, &c difputent en m�rite a ceux de ce Maitre : On croit volontiers qu'il a pafle quelque temps en Itali� en voyant les lujets , qu'il a repr�l�nt�s. Les Payfages qu'il nous a laifles, font enrichis de fonds d'Architecture, desenvironsdeRome, des grottes,descirques, des fontaines: Toutes ces ruines paroiflent fai- tes d'apr�s nature: Ses Tableaux lont de bonne couleur: II polf�doit la partie de 1 'harmonie: Des figures & des animaux bien deflin�s & touches avec fineflTe , peuplent afl�z ordinairement fes Payfages : lis font encore rares en France. Ua des plus beaux ds van Bredael, fe voit a Gand dans le Cabinet de M..Hamer�nclc. On en voit trois autres chez M. Lormier, �x
la Haye; il y a des figures & des animaux bien peints. Et chez M. van Br�men, quatre repr�- fentent les Saifons. |
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WILLEM (GUILLAUME)
DOUDYNS.
CE T Habile Peintre naquit a la Haye Ie der-
nier de D�cembre 1630. Son pere �toit Bourguemeftre & Colonel des Arquebufiers de ce Bourg c�l�bre. L'�ducation de fon fils fut convenable
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Flamand� , Allemandi & Hollandois. 437
eonvenableafbn�tat;mais la Peinture 1'empor- ra fur fes autres Etudes,& il obtint un Maitre: Ce talent fut d'abord regarde comme un amu- fement; mais il devint bient�t Ie feul objet de 1'application de Willem* Alexandre Petit, Pein- tre peu connn, lui donna des lecons & en au- roic bien pu recevoir de fon Eleve qui Ie quitta pour alleren Itali�. Doudyns parcourutavide- ment tout ce qui fe voit dans Rome , & il y reftadouzeansa�tudier d'apr�s les grands Mal- tres: II y acquit la belle maniere qui a rendu jon nom fi c�l�bre.CetArtifteauroitfansdoute fini fes jours au milieu des beaut�s de cette Ca- pitale : II y trouvoit de grands modeles, & la confid�ration qu'il m�ritoitj comme un des meilleursPeintres de fon temps: Mais fa famil- ie qui Ta voit demand�plufieurs fois,lui fit tant d'inftances qu'il fe rendit. On Ie recut avec joie a la Haye ; fes parents & les Artiftes lui mar- querent enf�mble Ie pkifir qu'ils avoient de Ie revoir, & il fut un de ceux qui s'employerent Ie plus a �lever 1'Acad�mie de Peinture a ia Haye en 166�. Hen futplufieurs foisDirecteur, non par �gard pour fon rang ou fa naiflance ; mais comme Ie remarque fort bien Weyermans^o\xt fon m�rite &r pour fon talent: Diltindlion qui peut feule flatter un Acad�micien. Notre Diomede ( c'eft Ie nom qu'il eut dans
la Bande Acad�miqued'Italie,) travaillaen Hol- 1'andeavec Ie plus grand fucc�sa plufieursgrands Ouvrages ; il y mena une vie agr�able jufqu'i l-'agede 67 ans. Il mourut en 1697. Doudyns avoit une grande maniere de compo-
fer} il deflinoit Ie nud avec corredion & avec �e j fineffe z.
X
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16 to.
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4 3 8, La Vu des Peintm Flamands, <Sr»
finefle : Ses draperies font bien jet�es & facou- ieur eft fort bonne. 11 avoitun talent particulier a peindre des plafonds, &c il en afaitplufieursA quel'onvoitencorearH�teldeVilledelaHaye. 11 y a dans Ie m�me Bourg, chez M. van H�t�- ren, deux bons Tableaux de Doudyns, 1'un re- pr�fente Ie Temps, qui decouvrela v�rit� & la diffimulation , avec cette devife, Sol & tempus yeritatem detegunt ; 1'autre eft la Sagefl� qui �sule a fespieds Tivrognerie & les vices; on y lit encore, vina, dapes onerant ariunum, fap�entia uutr�t. Chez M. Kalf-Waffmaar, une L�da. Et chez M, Cauwerven, a Middelbourg , un jeun© homme qui lit. |
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JEAN
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JE AN-HENRY
ROOS,
�LEVE
DE JULIEN DU JARDIN ENRI ROOS naquit en 163i,a. ____
OtterbergdanslebasPalatinat. kj, t,
11 ne dut point fon �ducation a ■ fa naiffance, fon pere �toit un pauvre Tifl'erand & hors d'�tat deprocurerafonfils lesMakre& qui lui �toient n�celFaires.lullen du /a/�#/z,peintre d Hittoirea Amfterdam, engagea Ie jeune Roos Ee 4 pouc
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44° La Vie des Peintres
~~~ ~ pour fept ann�es^d'apprentiflagejC'�toitea 1640,
' il n'avoit alors que neuf ans: On ne f$ait quels furent fes progr�s; mais il paroit qu'il dut fes talents a Adrien de Bie, chez lequel il fut pour fe perfe&ionner en quittant du Jardin. Roos peignoit Ie Payfage &c les Animaux, fur-
tout les chevaux, les vaches, les moutons & les chevres : C'�toit Ie talent dominant, auquel il �toit port� ,par fon g�nie. Il fit cependant des Portraits avec fucc�s; celui de TElefteur de Mayence�tonna toute laCour; il lui valut Ie pr�- fent d'une chaine d'or,au bas de laquelle pendoit Ie Portrait de l'Ele&eur dans une medaille. Roos peignit les principaux de la Cour. Cet honneur en amena d'autres : 11 fit les Portraits de plu- l�eurs Princes, qui Ie payerent en Princes & qui Ia pl�part Ie gratifierent de chalnes d'or. - Ces fucc�s&: cettefortunen'emp�cherentpas
'Hoos de reprendre Ie Payfage & les animaux. I/amour du gain c�da au plaifir de fuivre la ma- niere que la natureluiavoitindiqu�e: II allas'�- tablir a Francfort, 011 il �toit heureufement a portee de f� faire connoirre. On acheta fes Ou- vrages fort cher: 11 pafla en France, en Angle- terre & en Itali�, 8cc. Il jouiflbit d'une fort une confid�rable , fruit de fon travail & de fon ta- lent ; il p�rit mif�rablement en tachant de fau- ver ce qu'il avoit amafF�. En 1685 , ily euc unincendie confid�rable aFrancfort:Lamaifon de Roos ne fut point exemte de cet accident, el- le fut envelopp�e dans les flammes, &c tous les effets de notre infortun� Peintre y furent enve- lopp�s, il vouloit en rechapper quelques-uns des plus pr�cieux 3 & emportoit une coupe de porcelaine,
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Flamands, Alkmands & Hollandois. 441
porcelaine , dont il ramaflbic Ie couvercle qui �toit d'or; untourbillonde fum�e & de feu lui fit perdre connoiflance; il tomba :Quelques amis s'expoferent avec un courage qui faitl �loge de leur attachement; ilJie retirerentdes flammes; mais il mourutlelendemain 6c laifla quatre fils Sc une fille, qui tous ont fuivi la proreflion de leur pere. Roos a bien peint Ie Payfage : Une couleur
vigoureufe; des arbres, dont les formes font de choix, une touche d�cid�e, legrand gout de Defl�in, avec lequel il a traite les animaux, font Ie m�rite principal de fes Ouvrages. |
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ADRIEN
VANDER KABEL, � L E V E
DE FAN G O T E ft. VAnder Kabel naquitem^i, a Ry&
wiek, pres de la Haye. Il apprit a peindre chez Jean van Goyen, Payfagifte habile: Ses pro- gr�s furent rapides. Il n'attendoic que Ie temps de pouvoir vivre de fon talent pour voyager: Son projet �toit d'aller en Itali�; mais il n'a ja- mais �t� plus loin que Lyon , o� il eft mort. On aimoiten FrancefesPayiages,fes Mannes
& les Animaux qu'il deflinoit & colorioit avec force. Il auroit v�cu honorablement, s'il e�t �t�
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441 La Vi� des Peintres
�t� tnoins crapuleux. Malgr� Ie gain confid�-
rable que lui procuroit fon talent,il �toittrop> fouvent reduit a emprunter ;ce peu deconduite & (on ivrognerie 1'ont expof� a plulieurs aven- tures, queiquefois dangereufes, &: toujours. honteuies. 11 fut mis en prifon & n'en f�rtit qu'a force d'argent Voila la vie de ce Peintre ou plut�tl'hiftoire abr�g�e de fes vices; nous en paflbns les d�tails, qui ne font ni int�reflants , ni exemplaires. Il mourut a Lyon en 1695, ag� de 64 ans: II laiflaapr�s lui un fils naturel,qui fut Peintre , &r peut-�tre fonEleve. Il eft �tonnant que vander Kabel zit fait tant
d'Ouvrages, ayant auffi peu r�gl� fon temps: 11 eft vrai qu'il n'eft pas toujours �gal. On ap- percoit dans plufieurs de fes Tableaux t beau- coup trop de promptitude a les faire 3 & la n�- ceffit� o� il f� trouvoit de les livrer. Il eut en vue la maniere de deux bons Artiftes: Celle de Benedetto Caftiglione & celle de SalvatorRofa. It atr�s-bien imit� Ie premier. Weyermans avoue luim�meen avoirvu qui trompoient. Vander ISTfl�e/deffinoit de fort bon gout la figure&les ani- maux: II avoit une touche tr�s-libre& une facon depeindre belle & large: Ilcherchoit a colorier dans Ie gout du Carrache. Il donna trop dans la maniererembrunie, que 1'on attribue tres mal a propos aux mauvaifes couleurs qu'il a pu em- ployer. Il avoit Pexcellente maxime de ne rien faire que d'apr�s nature : II deffinoittout, figu- res, animauXjPayfages, avant que de les porter furlatoile. OnvoitdesDefleinsdefamain,faits avec une facilit� Sc une fineffe �nguliere. Quel- ques Tableaux de vander Kabel m�ritent d'�tre places
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Flamands, Allemands & Eollandols. 443
places au rang de ceux des bons Artiftes. Son " ' Payfage touche de bon gout, n'ade d�fagr�able * que d'�tre trilte par la couleur fombre qui r�- -��~ gne par-tout. Il a grav� a 1'eau-forte quelques Payf ages d'apr�s fes Defleins, qui m�ritent bien d'�tre recherches. |
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JEAN VAN ASSEN.
Van Assen de la Villed'Amfterdam,
m�ritoit dans ion temps Ie titre de bon Peintred'Hiftoire&dePayfagerOnreftimeen- core ; mais on s'eft appercu qu'il�toit plagiaire. Les Ecrivains Hollandois anlirent que la plu- part de fes compofitions , �toient d'apr�s les �f- tampes �!Antoine Tempejle. Comme il faifoitdes envois de fes Ouvrages aux grandes jlndes, il ne fe donnoit pas la peine de compofer, il prenoic les compofitions des autres Peintres pour aller plus v�te. Van Affen eft mort a Amfterdam: On ne nous marque pointen quelle ann�e. Ce Peiri- tre avoitbeaucoup de feu dans 1'ex�cution : Ses Tableaux ne font que heurt�s; mais avec ju- gement: Us ont de 1'effetd'une certaine diftan- ce; il tient plus de 1'Ecole d'Italie que de celle de fon pays. |
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LOUIS
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LOUIS
BAKHUYSEN,
� L E V E
UALDERT FAN EFERDINGEN. AKHUYSEN eft n� aEmbden
en 1631: Il�toit fils d'un Secr�- taire des Etats & petit-fils d'un Pr�dicateureftim�.Lejeune5^>t- huyfen tint la plume fous fon pere H julqu'a Tage de 18 ans: II quitta Embden &r fut a Amfterdam, o� fabelle�critu- re & fon habilete a tenir les Livres de comptes Ie
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La Vie des Peintr�s Flamands, &c. 445
Ie firent entrer chez M. Barthelot fameux N�- gociant. A 19 ans il fit quelques eflais de Defl�in : II
copia a la plume des va�Teaux d'apr�s ceux qu'il voyoitdans Ie Port. Il eft �tonnantquen'ayant jamais vu deffiaer, il ait pu y r�uffir auffi bien : II eft vrai qu'il ne fit rien que d'apr�s nature. La nature eft certaiiiement Ie plus fcavant des Ma�tres; mais on aprefcpefoujours befoin des lecons de 1'Art avant que d'arriver jufqu'a elle. Il n'eft pas moins furprenant que les eflais de Bakhuyfen trouvaflent des Acheteurs emprefles & hardis: II demandoit dix, vingt &: cent flo- rins pour un DeflTein, m�me plus 3 Sc tous fu- rent vendus. Quelques amis lui confeillerentd'apprendrea
peindre &r de faire enforte de colorier a 1 huile ce qu il faifoit fi bien avec fa plume : II fut d'a- bord effray�, ne fcachant comments'y prendre. A. van Everdingen Ie prit chez lui & lui mit la palette en main. A force de peindre &: d'ef�acer, Bakhuyfen parvint a finir tant bien que mal, un Tableau qu'il venditpourtant neufa dix flo- rins : Ce d�but heureux 1'encouragea. Il vifita aflidument les Artiftes; il ne quitta plus leurs Atteliers. Il devinaprefquelesfecretsdelaPein- ture , qu'il a mis depuis en pratique avec tant de fucces. Ce prodige fit du bruit; on parloitpar-tout
de Bakhuyfen : Bien loin que cette r�putation naiflante 1'�blouit, il crut qu'elle ne faifoit que robligerd'avantageatacherdelam�riterdeplus en plus par fon application. Le genre qu'il avoit choifi Texpofoit fouvent a de grands dangers: Plus
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A
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446 t.a Vic des Peintres
lj6 Plus d'une fois au milieu d'une temp�te s'eft-il
^^^ embarqu� dans une chaloupe& s'eft-il fait me- ~~ ner loin du rivage : II vouloit d'une certaine diftance obferver ce fracas horrible des vagues, qui, apr�s s'�tre �lev�es jufqu'aux nues , vien- nent fe brifer > en �cumant, contre les c�tes. Il obfervoit Ie choc & Ie d�bris des vaiff�aux qui �chouoient contre un rocher , Ie travail & Ie trouble des matelots �pouvant�s; lui ieul pret a partager leur malheur, n'en �toit point ef- fray� : Attentif & de fang froid au milieu de 1'orage , fur une fr�le barque il faifoit les ef- quifles. Les matelots les plus intr�pides, faifis d'eflroi, 1'ont plus d'une fois ramene a terre malgr� lui: II ne connoiflbit de danger que ce- lui de refter ignorant. A peine d�barqu�, il cou- roit a fon Attelier, fans parier a perlonne &c fans fe diftraire > il peignoit promptement ce qu'il venoit devoir, & il Ie rendoit fi vivement que Ie fpeftateur en �toit faifi de crainte. Les �uvrages de Bakhuyfen eurent tant de
vogue, que les Princes les firent acheter fort cher �, plus d'un honora ce Peintre de fa pr�fen- ce : Le Roy de Prufl� , l'Ele&eur de Saxe , Ie Grand-Duc de Tofcane & le Czar Pierre le vifi- terent. Ce dernier, ce cr�ateur de fa Nation, fut m�me fon �colier: CePrince lui fit deffiner a la mine de plomb & a 1'encre de la Chine, les vaifleaux les plus connus , & il fuivit fous ks lecons , la fcience de la conftru�Uon des vaif- feaux , qu'il avoit fi a coeur d'apprendre. Les Bourguemeftres d'Amfterdam comman-
derent a Bakhuyfen une grande Marine, qu'ils lui payerent treize cent florins, 6c de plus une gratifi- cation
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Plamanis , Allemands & Ho�andois. 447
cation confid�rable : Ce beau Tableau fut en- voy�enpr�f�ncaLouisXIV.en 1665. Un grand nombredes Tableauxde ce grand Artilte, fii- rent enlev�s dans les Pays les plus �loign�s: On neconcoit pas comment, occup� comme il �toit a enfeigner aux principaux d'Amfterdam, 1'Art d'�crire, il put trouver Ie temps de faire tant de Tableaux. Sa haute perfedion dans 1'�criture, lui fufcitoit cette importunit�: Il�toitlui-m�me 1'inventeur d'une nouvelle methode qui ferten- core de regie. Ilaimoirpaffionn�ment la po�fie, & il avoit pour arnis les plus ccl�bres Po�tes & les Scavants de fon temps: Ses moeurs& fa vie tranquille lui ont donn� acces dansles meilleu- res compagnies. On rapporte un trait afl�z fingulier de fon
fang froid: Un ulage aflfez �tabli a Amfterdam, eft ofe pr�fenter un verre de vin a ceux qui fbnt pri�s d'affifter aux enterrements;5^^A^yf/z,peu avant de mourir, avoit�t�chezfon Marchand de Vin go�ter du meilleur: 11 en avoit fait met- tre en bouteilles , qu'il fcella de fon cachet. Il prefcrivit par fon Teftament, qu'il fut conferv� & que ce qui f uit fut ex�cut� : II avoit mis dans une bourfe autant de pieces de monnoie ( dela valeur d'un florin) qu'il avoit v�cu d'ann�es. Il avoit encore fait une lifte des amis qu'il invi- toit a fon enterrement: II les prioit de d�penfer avec joie 1'argent qu'il leur laiflbitj &r de boire ion vin d'auffi bon cceur qu'il Ie leur donnoit: C'�toit-la fa derniere volont�. Cettegaiet� caraft�rife uneamecourageufe,
&r elle elt d'autant plus furprenante qu'il foufr- froit depuis long-temps des maux bien aigus dela gravelle
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448 1*& V'ie des PeintreS
gravelle & de la pierre: II y fuccomba & mo�»
rut Ie 7 Novembre 1709 , ag� de 78 ans.
Tous les Ouvrages de ce Peintre ontle m�rite
d'une grande v�rit�: M�rite d'autant plus admi- rable, qu'on n'a pas afl�z long-temps devant les yeux fes modeles pour les copier exa&ement. Les orages & les temp�tes qu'il a repr�fent�s , font comme la nature: il falloit avoirautant de "vivacit� qu'il en avoit pour faifir des effets fi paflagers. Sa couleur eft excellente & fa touche tr�s-propre a imiter les eaux 6c leur agitation : Tl fcavoit a fond la conftrudtion des vaiffeaux & les manoeuvres diff�rentes. Ses ciels font l�- gers & vari�s a 1'infini. En un mot, c'eft un Peintredont les Ouvrages feront eftim�s en tout temps, comme ils Ie furent pendant fa vie. On voit de lui chez M. Lormierya. la Haye ,
une Vue d'Amfterdam, avec beaucoup de vaif- feaux & des figures; & une autre Vue d'un c�- t� de la mer. Chez M. Verfchuring, une Mer calme & la Vue d'Amfterdam ; une Mer agit�e avec des vaifl�aux de la Ville de Roterdamj &c deux autres Marines. Chez M. van Br�men, une Mer agit�e , charg�e de vaifl�aux. A Dort, chez M. vander Linden van Slinge-
landt, des Vaifl�aux fur une mer orageufe, pres de Roterdam; une Vue du Rhin, un beau Pay- fage avec des figures. Chez M. Braamkamp, a Amfterdam , des
Vaifl�aux dans Ie p�ril du naufrage, pres de la C�te. Chez M. Leender de Neufville, deux Ma- rines , dont une eft; un ouragan furieux. Chez M. Lubbel�ng , la Vue de la Douanne
d'Amfterdam, o� fe chargent 5c fe d�chargent plufteurs
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Flamands, Allemands & Hollandois. 449
plufieurs vaifl�aux. ChezM. Bierens , deux JVia- '------
rines , Tune d'une mer agit�e, & rautred'une 1<53I-
mer dans ion calme. '^^M Et chez M. Bijjchop, a Roterdam, deux belles
Marines avec un nombre de vaifl�aux. |
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BENJAMIN BLOCK,
�leve de son Pere
BENJAMIN BLOCK. BLOCK �toit fils de Benjamin Block, aufli
Peintre, ik probablement Ie premier de qui il recut des lecons. Block Ie pere �toitoriginaire d'Utrecht; il eut Ie malheur de perdre tout ion bien par Ie feu : 11 mourut dechagrin, & laifla quatre fiis. Emanuel, Adolj &T Benjamins z.don.- nerent a la Peintuie : Ce dernier eft Ie feul qui nous Ibitconnu; il etoit Ie plus jeune de fes fre- res &: naquit a Lubeck en 1631. Frederk AdoljDucdeMeckelbourg,pritfous
fa protedion Ie jeune Block: Illeplaca chez un Ma�tre , o� il vit avec plaifir que celui dont il cherchoitravancement,profitoitdejourenjour. Al'age de feize ans, Benjamin eflaya de deffiner a la plume Ie Portrait de fon Bienfaiteur : II r�uffit au point que toute Ia Cour fut frapp�e de la reflemblance & de la fineflede Ia touche. Ce f ucc�s 1'encouragea, on lui confia de fuite d'au- tres Ouvrages ; il peignit les Portraits du Duc & de la Duchefle de Saxe: Tous les principaux de la Cour fe firent aufli peindre. Tome II. Ff II
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45° La Vie des Peintfes
II obtint la permiflion de voyager; il �toit n�
| heureux : Arriv� en Hongrie il fut prot�g� par un Seigneur qu'il nomme Ie Comte Francois. Ce Seigneur lui rit peindre des Tableaux d'Hiftoire & des Tableaux d'Autel, que les Peintres ont beaucoup lou�s. En 16591e Seigneur Hongroisdonnades let-
tres de recommandation a ion Peintre , avec lefquelles il 1'envoya en Itali� : Rome , Naples & Venife font les endroits o� il s'arr�ta. 11 y trouva des amis auxquels il �toit recommand�, & qui lui procurerent 1'entr�e des Cabinets & la libert� d'y �tudier&r d'y copier les Tableaux des grands Ma�tres. 11 chercha a fe faire con- no�tre &: il y r�uffit par quelques Pcrtraits: Ces morceaux furent eftim�s & lui en firent faire d'autres. Le Portrait du Peie Kirckerj�ihite, donna 1'envie auxprincipaux Seigneurs d'Italie de f� faire peindre: II acqu�roit du bien & de la gloire, & il ne tenoit qu'a lui de vivre avec dif- tinction dans Rome ou dans quelqu'autre Ville d'ltalie; mais il voulut faire part a fa Patrie de fa gloire & de fesOuvrages ; il prit la route de fonPayspar 1'Allemagne, o�il�poufaen 1664 la c�l�bre Anm-Catherine Fifcher, fille de Jean- Thomas Fifcher de Nuremberg : Cette femme aimable peignoit tr�s-bien dexfleurs a l'huile &c en d�trempe ; fes Ouvrages font eftim�s. Ces deux�poux n'eurentde d�m�l� entr'eux que 1'�- mulation eftimable qui mene a la perf�dion : Ilsyparvinrentl'un &l'autre, & on place leurs Ouvrages au rang des grands Maitres. On ne fcait rien de la mort de Block, ni en quel lieu iffinit fa carri�re. CHRISTOPHE
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FUmands _, Allcm.mds & Ho�undois. 451
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CHRISTOPHE PIERSON,
�LEVE DE ME Y BURG.
PIerson naquit a la Hayele 19 Mai 163 1 :
II apprit d'abord les Langues Latine & Francoile : 11 �tudioit Ie Defl�in dans les heures de loiiir. Il en fit bientot la f�ule occupation ; mais avant de pouvoir s'y livrer a ion gr�, il fut place malgr� lui clans unComptoircommeClerc ou Commis : 11 quitta brnlquement les Livres de cr�dit &r de compre pour profiter de la bon- ne volont� Sc des lecons de Banholom� Meyburg, qui n'avoit gu�res que trois on quatre ans de plus que Ion Eleve. Pierfon quitta au bout d'un an fon jeune Ma�tre & Ie hazarda a peindre des Tableaux d'Hiftoire & des Portraits, qui eu- rent alf�z de (ucc�s pour lui mettre en t�te de s'�tablir a Schiedam. Meyburg , qui �toit aimable & attach� a
Pierfon , lui fit entendre qu'avant que de s'en rapporter trop a fes propres lumieres, il falloit voyager quelque temps 3 & qu'il apprendroit plus en voyant &: en copiant les Ouvrages des autres Ma�tres, qu'en reftant abandonn� a lui- m�me. Cet avis toucha Ie jeune Peintre, ilfui- vit Meyburg en 165 3. Dans Ie voyage qu'il fit en Allemagne, il n'eut en cette d�marche, que Ie tort d'abandonner fa femme , qu'il venoit d'�poufer �x mois auparavant. On fera furpris, que 1'ann�e d'apr�s} ayant
Ff 2 quitte
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451 La Vie des Peintres
quitte L'Allemagne, o� ils travailloient, ils fe
tronvaflenc en �tat par ce peu de temps d'�tude, de faire les Portraits des principaux Officiers de 1'Arm�e de Su�de , 011 ils arriverent. Le Gene- ral Wrangel fut fi latisfait du fien, qu'il voulut engager les deux jeunes Peintres, a aller a la Cour de Su�de. Il leurpromit des lettres de re- commandation pour la Reine Chriftine , avec 1'afliirance qu'en arrivantj ils jouiroientdutitr� de premiers Peintres de la Cour : lis reful�rent. Pierfon , apr�s truis ans d'abfence , retourna a Schiedam, del'a fut avec fa femme demeurera Gouda. Il n'avoit pour lors qu'une tr�s-petite fortunej mais il avoitplusde talent, ilfitbeau- coup de Portraits & plufieurs Tableaux d'Hif- toire qui furent eflim�s. Malgr� la dillinclion que PHiftoire & le Por-
trait avoient procur� a Pierfon, il eut l'ingrati- tude de quitter ces genres, a la feule vue d'un Tableau de Leemans: Ce Peintre ne repr�fentoit que des objets inanim�s , des cors de chafle , des fufils, des filets & les autres inftruments de la chafle. Pierfon eut bient�t lurpafle celui qu'il n'a- voit eu que 1'ambition d'imiter : Ses Tableaux furent du m�me g�nie que ceux de Leemans. Les Bourguemeltres de Gouda chargerent Pierfon de deffiner les belles vitres peintes par les freres Crabeth : Elles �toient plac�es dans difterentes Eglifes: II s'en acquitta bien , &: on conferve ces beauxdeff�insal'H�telde Villede Gouda. Pierfon venoit de perdre fa femme : II fe re-
maria & fut enccre une fois s'�tablir a Schie- dam en 1679; mais ilrevint enfin fefixera Gou- da: II y fut tres - occup� jufqu'a fa mort qui ar- riva
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16$ I
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Flamands, Allcmands & Hollandois. 4 5 3
riva Ie 11 Aout 1714, il �toit ag� de 83 ans. Pierfon �toit n� Peintre: II a m�rit� d'�tre place au nombredes bons Artilles. Sans avoir eu de � grands modeles, la nature & fon g�nie Ie firent bien defl�ner �c bien colorier :Ses Portraits font eftim�s; mais lesTableauxqu'il afaitsenfon der- nier temps, lont infiniment fup�rieurs, quoique dans unpluspetitgenre: lis imitentparfaitement les objets. Les attributs de la chnfle, qu'il amis dansfesmorceaux, fbntbiencolori�s, biengroup- p�s&bienentendus,&fontleplusgrandefFetpar ladiftributionravantedelalumiere&desombres. |
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MADEMOISELLE ROZ�E.
MAdemoifelle Ro\�e qui naquit en 1631 j
dans la Ville de Leyde, m�rite, par Ia fingularit� de fon talent, d'�tre plac�e parmi les Artilles illuftres en Peinture. Au lieu d'em- ployer descouleursai'huiieoua lagomme, elle fe lervoit d'une quanrit� de foie de toutes les nuances, qu'elle avoit eu grand foin d'�plucher & de i�parer dans des boetes particulieres. On n'imagine point comment elle pouvoit appli- quer ces brins prefqu'imperceptibles, 6c imiter la couleur de chair, fondre & m�ler les tons les plus d�licats. Elle a peint de cette maniere Ie Portrait, Ie Payfage &TArchitecture. Michel Carr�, qui a vu beaucoup de ces Ta-
bleaux de Mademoifelle Ro^ee , parle d'un Por- trait qui �toit d'une grande refl�mblance. Il af- ure qu'il �toit colori�, & que la foie �toit fi Ff 3 artiftement
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454 La Vic des Peintres
artiftement m�l�e & apliqu�e , qu'il falloit ap»
procher de pres pour (e convaincre que cette Peinture n'�toit point faire au pinceau. Weyermans cite de la m�me un petit Tableau
qui fut vendu 500 florins : II ne repr�fentoit que Ie tronc d'un vieil arbre charg� de mouffe & de petits feuillages. Au haut du tronc, une arai- gn�e avoit fait Ion nid & form� la to�e. Le fond �toit un lointain & un ciel, qui ne lail- foient rien a d�lirerpour la couleur &c la v�nt�. Le grand Duc de Tolcane acheta un de fes
plus beuux Ouvrages : 11 e�: encore conlerv� parmi les chefs-d'oeuvresqui compolentlaCol- lecbon de ce Prince. Mademoifelle Ro\�e n'a jamais �t� mari�e :
Elle a v�cu 50 ans tr�s-eitim�e. Elle eitmorte en |
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WILLEM (GU1LLAUME)
SCHELLINKS. SChellinks �toit d�ja bon Peintre , lorf-
qu'� parcourut 1'Angleterre , la France , 1'ltalie &c la Suiire. 11 �tudiad'apr�s les Ouvra- ges des grands Maitres, & il fit des obierva- tions fur les fingularit�sde l'antiquit�. De retour dans ion pays , on le reconnut a
la maniere de fes premiers Tableaux,quoiqu'il 1'e�t bien perfeclionn�e : il ne pouvoit luffire a faire aflfez d'Ouvrages pour tous ceux qui lui en demandoient \ les plus beaux Cabinets en fu- renc
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Flamands , Allemands & Hollandois. 45 5 _____
rent orn�s. M. Jonas W'afen a pofled� un Ta- ^
bleau capital de Schellinks : II repr�fentoit Tem - '* barquement de Charles II. Roy d'Anglererre , lorfqu'il retournoit a Londres: La fcene etl Ie long du rivage : On y voyoit un nombre infini de gens du peuple &c pluiieurs�quipagesatcel�s de chevaux de couleurs difF�rentes. Les group- pes font places avec jugement, & il y regne beaucoup de choix dans la vari�t� des figures: On appercoit dans Ie lointain , uneflotte def- tin�e a efcorter Ie Prince dans f on pafTage. Ce Peintre tres -eft�n� fut fort employ� juf-
qu'a fa mort qui arriva Ie 11 Oftobre 1678. Gu'Ulaume avoit un frere appell� Dan�el Schei- links , quiavoit la r�putation de bon Peintre de Payfages. 11 mourut Ie 18 Septembre 1701. Gu�llaume Schell�nks compofoit en grand
Ma�tre : Son DefTein eft correct 6c plein de fi- nefle. Tous fes Tableaux font en petit; mais d'un grand fini. Sa maniere &r fa couleur ap- prochent fort de celle de Carle du Jardin ; les fonds de fes Payfages font comme ceuxde/<?#/z Lingelbac; mais il terminoit avec plus d'artque ce dernier. |
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NICOLAS MAAS,
�LEFE DE R�MBRANT.
NIcolas Maas, de la Ville de Dort,
naquit en 1^32 : Son premier Ma�tre �toit un Peintre m�diocre. Il Ie quitta pour en- Ff 4 trer
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4 5 6 La Vie desPeintres
trer fous la conduite de Rembrant; cefut avec
lui qu'il tacha de r�parer Ie temps qu'il avoit perdu chez Ie premier : Mais il quitta par un vil int�r�t la maniere de Rembrant, pours'adon- ner a faire Ie Portrait qui lui valoic davantage; &rilenfutd'autantplusinexcuiableque les pre- miers Tableaux avoient �t� plus go�t�s que ceux des meilleurs Peintres en Hiiloire, fes contem- porains. Il avoit montr� dans ce grand genre , un pinceau flou, &une couleur vigoureufe &c franche. Il eft vrai qne d'un autre c�i�, il avoit encore une hnguliere racilit� a faire reflembler; il peignoit fort vite , & ion d�raut �toit de ne fias ie donner Ie temps de mieux faire. La cau-
e unique de fa fortune , hit 1'art qn'il avoit de faire retfembler & de flatter en m�me-temps} fes Tableaux lont clairs : Ii �vitoit les grandes ombres; fes Tableaux malgr� cela font un tr�s- grand efFet. Maas fut fi occup�, qu'il n'ent plus Ie loifir
de peindre 1'Hiftoire. 11 �toit livr� tout entier aux Portraits , &c pour avoir 1'occaiion d'en faire un p'us grand nombre , il alla demeurer k Amlterdam : ce fut une fureur que de fe faire peindre par notre Artifte; mais on n'obtenoit cette faveur , qu'en la payant fort cher. Il ne perdit pas un inllant pour profiter de ce moment tavorable de mode : II connoiflbit Ie caprice des hommes; on doit lui fcavoir gr�, avec des vues ii inte'refT�es, d'avoir toujours rendu juf- tice a fon Ma�tre, & d'avoir hainementpubli�, que les Ouvrages de Rembrant valoient beau- coup mieux que les fiens. Une facon aii�e dans Ie monde , fa polirefle,
fon
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F Iemands 3 Allemanis & Hollando'is. 457
fon efprit & Ion enjouementaugmenterenten- ~Z ' core Ie concours de ceux qui fe faifoient pein- mm m* dre : 11 fe fit amfi en pen de temps une r�puta- tion&unefortunecon�d�rable. L'envielui pric alors d'aller voir les grands Artiltes d'Anvers. Ce petit voyage, qni lui lervoit de d�lafie- ment, lui hit encore profkable; a la vue des Ouvrages de Rubau , de van Dyck , &c. il fe fortifia dans la partie du coloris. Un jour en vi- iitant Jordaens , il fut introduit dans un fallon rempli de Tableaux qull eut Ie temps de par- courir, en atcendant que Ie Ma�tre de la maifon arrivat. Ce!ui-ci avoit remarqu�, au travers d'un trou de la porte, que Maas s'attachoitaux plus beaux. Je me fuis appercu , dit Jordaens a Maas, que vous �tes grand connoiffeur ou Pein- tre \ car vous avez relt� plus long-temps a exa- miner certains Tablcaux que d'autres. Je fuis Feintre de Portrait, lui dit Maas. En ce cas la, lui r�pondit Jordaens , je vous plains; vous �tes donc encore un de ces martyrs de la Peinture , qui m�ritent bien notre commif�ration. Nous ne donnons cette converfation que d'apr�s Jloulrahen &T J^cyermans. Les meines Ecrivains aiTurent que Maas �tant un jour occup� a pein- dre une Dame fort laide, &: qui avoit Ie vi- fage remp� de coutures de perite v�ro!e,el!e fe leva tout d'un coup pour voir r�bauche de fa t�te , qui �toit fi frappante, qu'e�e en fut ef- fray�e. Elleditau Peintre, quelie figure imagi- nez-vouslaPCenefontpasmestraits: Elleefthi- deufe,elle fait peur, tachezdelachanger,o� je meretire, pourneplusrevenir Maasconnoifloit trop bien fbn monde, pour ne pas lui dire vous avez
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458 La Vie des Pelntres
avez raifon. Je vais travailler a la rei�emblan-
ce : il ne la regarda plus; il n'avoit plus beloin d'elle. 11 inventa un joli minois, une bouche riante , de beaux yeux, & un teint de lys & de rofes : II n'oubliapoint les contourscharmants d'une belle gorge. Il pria la Dame de Ih lever &c de voir fonPortrait , qui n'�toit pourtant point Ie lien. Elle Ie trouva tr�s-reflemblant, elle Ie fit emporter, & paya g�n�reufement. Cette hif- toire de Weyermans , n'eft-elle pas celle de tous les fiecles ? Flatez , & avec ce talent de peindre Ie Portrait, vous �tes f�r de faire fortune. Maas en fit une confid�rable ; mais il fut a la fin de fa vie cruellement tourment� de la goutte, & il en mourut au mois de D�cembre en 165)3 » ag� de 61 ans. Maas n'eil connu que comme bon Peintre de
Portrait ; on doit cependant regretter de ne pas avoir plus de fes Tableaux de Cabinet, qu'il faiioit en fortant de chez Rembrant: II les compofoit ing�nieufement & les colorioit avec beaucoup de force. M. Ie Comte de Vence , poflede a Paris Ie
feul que nous connoiffbns en France : II repr�- fente une Femme qui fait d,es reproches a fon mari; une jolie fervante eft au bas de 1'elcalier o� elle �coute cette converfation vive , a la- qnelle elle paro�t prendre quelque int�t�t. |
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1631.
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J�RIAAN
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Flamandsy Allemands & Hollandois. 45 9
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JURIAAN VAN STR�ECK.
VAn Str�ECK naquit en 1651 : II ~~
avoit un talent bien lingulier pour pein- 1 � dre des objets inanim�s , des inltruments de '� mufique &: des livres; on voit fouvent dans les Tabieaux, une t�te de mort, une boule de la- von, ik une lampe l�pulchtale. II a marqu� prefque tous /es �uvrages de ces embl�mes lur la mort. La grande v�rit� , la bonne couleur & une belle entente de clair-obfcur, fonc re- chercher les Tabieaux quoique d'ailleurs lort .tnltes. |
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OTTOMAR ELGER,
� L E V E
DE D A N I E L S E G II E R S.
EL G E R, flls d'un M�decin habile , naquit
a Gottembourg Ie 18 Septembre \6\3, ie- Ion Houbraken, &en 1631, ielon WeyeTtnans. Toutes les vues du pere d'O:tcmar, �toient de faire de ion ti�s unScavant: II avoit remarqu� en lui beaucoup de lagacit� Ii lui fitapprendre les Langues lous les plus c�l�bres Prorelfeurs. On s'appercutbient�t que fes progr�s dans toutes les autres inftrudions qu'on lui propof�it, Ie ralen- tiflbient
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4<Jo La Vie des P e in tres
tiflbient a mefure que fon gout fe de'veloppoit
pour la Peinture : 11 deflinoit jufques dans fes clafles. Les chatiments m�me ne l'en corrige- rent point malgr� 1'opiniatret� de famere, a ne point l� relacher fur eet Artifte. Un hazard heureux tira notre jeune homme
de cette g�ne. Un jour un pauvre derrvanda a parieren particulier au M�decin :Cemendiant lui expola fon extreme mil�re en differentes langues. La femme du M�decin , pr�l�nte a cette converiation , dit a fon mari , puifqu'il ie trouve des Scavants aufli indigents que des Peintres , il m'eft indifferent quel �tat prendra mon fils: 11 faut Ie laifTer fe fatisfaire. Cette aventure a enrichi la Peinture d'un Ar-
tifte habile , & de beaux Tableaux. Elger fut place a Anvers dans 1'Ecole de Dan�el Seghers , frere J�fuite : 11 y apprit a bien peindre des fleurs & des fruits : 11 �gala fon Maitre. 11 fut appell� a la Cour de Berlin, o� Ton fit grand cas de fon talent. L'EIefteur Fr�d�ric Guillaume Thonora de la qualit� de fon Peintre. Ce Prince s'amu- foit tant de la converfation & des r�parties vi- vesd'�7�d/",qu>il luifaifoitdefr�quentes vifites. Cette vie agr�able, m�l�e de confid�rations & d'aifance, ne cefla qu'a fa mort. On ne fcait en quelle ann�e. Etger fut un tres-bon Peintre dans ce genre,
Stfes Ouvrages font auffi recherches que ceux de fon Ma�tre. La pl�part font en Allemagne , o� on les conferve avec Ie plus grand foin. |
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CHARLES
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Flamands y Allemands & Hollandois. 461
CHARLES
EMANUEL BISET. |
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Is ETprit naiflancedans Malines en 1653 �'
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B
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On ne fcait qui a �t� fbn Ma�tre. Encore 1 <?33-
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jeune , il eut de la r�putation ; fes Ouvrages __r
plurent en France, il alla a Paris, il fut occu-
p� a peindre pour la Cour &: pour quelques Seigneurs: Jl aima mieux cependant retourner dans fa Patrieque de refter dans un Royaume, o� l'eftime qu'on avoit pour fon talent, lui �toit un garant aflez f�re d'une grande fortune. Le Comte de Montery, Gouverneur des Pays- Bas, le nomina fon Peintre Peu de temps apr�s il fut s'�tablir a Anvers, o� il fe maria, 6c o� il fut Diredeur de 1'Acad�mie en 1674. Ses Tableaux hirent recherches, & ce Pein-
tre auroit amal�e un bien honn�te , s'il n'�toit point tombe dans une crapule , qui eft 1'�cueil de bien des talents, Weyermans raconte mille traits qui font peu d'honneur a Bifet : 11 �toit parelfeux a 1'exc�s, & fon inconduite Ie fit raou- nr mil�rable a Breda. Il avoit �pouf� fa fer- vante en fecondes n�ces; il eut de fa premiere femme un fils appell� Jean Bap�jle Bifet , qui fut auffi Peintre. Les Tableaux d'Emanuel, dont il s'agit, re-
pr�fentent des bals, des alfembl�es galantes, des jeux, des toilettes & des concerts; fes com- politions font abondantes & fpirituelles, mais fouvenc
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4 La Vie des PeintreS
iou vent troplibres: Son DeflTein eft af��z corred;
fon pinceau Hou , fa touche fine & Ja couleur aflTez Bonne, quoique cependant un peu gril�. Le Tableau Ie plus conf id�rable de Bifet efta Anvers j dans la Salie de la Confr�rie des Arba- l�criers : 11 y a repr�fent� la c�le'breHiftoirede Guillaume Thell, qui fut forc� d'abattre d'un coup de rle'che une pomme pof�e fur la t�te de fon f�Is. Les Doyens tk les principaux Officiers de cttte Compagnie y font repr�f�nt�s; !e fond eft une belle Architecture , peinte par Herder- bergh : Le Payfage ell d'Emelract. |
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N. S P I E R I N G S.
SPierings, Pay fagifte habile , �toit ami
& contemporain de Dij et : II a travaill� a Paris, a Lyon &r en Itali�. Louis XIV. fit pein- dre plul�eurs 1'ableaux par Spierings : Ce Pein- tre avoit une belle maniere de compoler fes Pay'ages 3 fes arbres font bien deffin�s, les for- mes choiiies , fa touche l�gere & la couleur eft naturelle:II enricbiflbit fes devantsde plantes, qu'il peignoit d'apr�s nature : 11 donnoit beau- toup d'efR.t a tous fes Ouvrages. Spierings avoit une facilit� furprenante a co-
pier Ia maniere des autres Peintres, fur-tout de Sa/vator Roofe , de Roetaert, &rc. 11 a tromp� les Connoifl�urs plus d'une fois par f�s imita- tions. On ne fcait rien de plus de fa vie; on ignore o�il mourut. On voit un beau Payfage de Spierings , dans
1'Eglife
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Flamands , Allemands & Hollandols. 463
I'Eglife des Carmes d'Anvers. La figure unique
de ce Tableau repr�fente Elie, a qui un corbeau
apporce un pain : Cette figure eit peinte par
ychens Ie pere; Ie refte efl: de Spierings.
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JEAN DE BAAN.
� L 2 V E
DE JACQUES DE BACK ER. LA Ville d'Harlem eft la Patrie de Jean de
Baan; il naquit Ie 10 F�vrier 1635. La mort de Ion pere & de la mere , qu'� perdic n'ayant encore que trois ans, Ie mit lous la tu- telle du Peintre Piemans qui �toit ion oncle, & qui 1'inftruifoit dans 1'Art de la Peinture. Il avoit remarqu� que c'�toit l'inclination domi- nante de (on neveu : II voyoit fans cefle entre [es mains, la Vie des Peintres de Carle van Man- der. De Baan eut Ie malheur de perdre eet on- cle ; mais , pour lors ag� de 13 ans, il �toit plus en �tat de chercher & detrouver un autre Maitre. 11 fut a Amlterdam pour travailkr ious Jacques de Backer, Peintre de Portrait: II y refta jufqu'a ce qu'il fut capable de faire feul des Ouvrages qui puflent lui donner quelque noin dans Ie monde. Ag� de 18 ans, �quitta Backer : Et Ie voile libre de choii�r la maniere de peindre qui lui plairoit d'avantage. Celle de de van Dyck �toit forteftim�e , celle de Rcm- brant avoit f�s partifants. Les Ouvrages de van Dyck
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44 La �rie des Pebitres
JDyck !e f�duifirent : lis �toientplus agr�ables,
1633. plus approchants de la nature ordinaire & plus "T^T- du gout g�n�ral, & lur-tout de notie Eleve. bur des traces iidiftingu�es de Baan marchoit
agrands pas vers Li tortune , qui lui a �t� fa- vorable , lorfqu'en 1660, un Amateur Tenga- gea d'aller avec lui a la Haye : II 1'y luivit & y fut tr�s-bien recu. Il commenca par peindre les grands de cette Cour, & entr'autres Ie Com- te d'Hoorn, Ie Prince de Tarente, Sec. On vanta, on porta fes Portraits par-tont : On les trouva fi beaux en Angkterre , que Ie Roy Ie rit pafler a fa Cour , ou il. peignit la Reine &c plulieurs Seigneurs. Houbruken aflureqoele Peintre Lely eut de l'ombrage de lts fucc�s & qu'il fut fort aife d'apprtndre que de Baan �toitretourn� a la Haye. Aulli-r�t apr�s (on retour en Hollande , il fit Ie Portrait de la Duchei�� de Cel6c celui du grand Duc deTofcane; il fit pr�fent de (on Por- trait au grand Duc , qui lui donna en �change 100 ducats , & placa celui du i'emtre parmi les Airiites dans fa galerie. Lorfquei.c)&.\rXr//.eut fait la conqu�ted'une
partie de la Hollande, ce grand Roy fndeman- der de Baan pour l'aller peindre a Utrecht : II lui fit avojr les palTe ports n�ceOaires pour y al- ler en libert� I "*e Baan fut tr�s-f�nfible a la de- mande de ce Prince ; mais il lui repr�fenta les liiitesfuneftesquepourroient avo'rcetted�mar- che dans 1'efpnt de fes compairiores. Ce refus ne diminua rien de Teilime du Roy pour de Baan : II loua fa prudence &c Ie choifitquelque temps apr�s pour confeil, lorfqu'il donna ordre a foa Ambafladeur M. d'Jvaux, d'acheter des Tableaux
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Flamands, Allemands & Hollandois. 465
Tableaux des meilleurs Peintres Hollandois. ~Z " De Baan peignit plufieurs fois 1'Electeur de * ***
Brandebourg , Fr�d�r�c Guillaume 3 & ce Prince ■ lui envoya une Patente , dat�e du 13 Juillet 1671?, par laquelle il 1'inftituoit fon premier Peintre & Ie nommoitSur-Intendant & Direc- teur de l'Acad�mie de Pruf�e, avec une penfion de fix mille florins. Il eut encore Ie courage de refufer ces honneurs Sc ces bienfaits a la lbllici- tation de fa femme, qui aimoit la tranquillir�" & qui craigrioit les cabales de la Cour. 11 pro- pofa Jean van Sw�el fon neveu , Ie plus habile de fes Eleves, qui fut recu a cette dignite' avec une penfion de deux mille florins, fa table pay�e & un cheval entretenu aux d�pens du Prince. Le Prince d'Orange, depuis Roy d'Angle-
terre, fe fit peindre avec la Princefl� fon �pou- �e. De Baan a peint cent fois ce Prince en dif- f�rents temps, ainfi que le Duc d'Yorck dans fon paflage en Hollande. On ne finiroit pas, fi on vouloit citer le nombre des Portraits qu'si fait de Baan; pen d'Artiltesonteu 1'honneur da peindre tant de Perfonnages illuftres. Il gagna tjeaucoup de bien , il tenoit table o�verte chez lui pour les amis, & fur-tout pour fes confr�res. Il �toit eftimable pour fa conduite & rempli d'�rudition ; une grande m�moire & de la vi- vacit� , une converfation pleine d'agr�ment & de fai�ies, 1'ont fait rechercher par les premiers de fon fiecle. Cette f�licit� fut troubl�e par des envieux de
fon m�rite & de fon bonheur, qui eflayerent de noircir fa r�putation; mais ks mceurs puresj fes talentsbrillants confondirent ces ingrats:Nepou- Tome II Gg vant
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^ La Vie des PeintreS
vant avoir de prife fur fon honneur, lis atteii-
163 5* terent a les jours, &r il auroit fuccomb� fans la ~� proteftion de la Providence qui veille pour les honn�tes gens. Houbraken dit que de Baan fut demand� a la
Cour de Frife pour y peindre les Portraits du Prince 6c de la Princefle. Le premier Peintre de la Cour ( que 1'on ne nomme pas) vit avec chagrin arriver eet Artifte c�l�bre : 11 chercha a lui tendre quelques pi�ges > mais il ne put y r�ufl�r , enforte qu'il feignit d�s-lors d'�tre fon amiintimerCeftlareflburcedesfourbesadroits. Il trompa aif�ment de Baan, qui ne s'�toit pas appercu de fes complots ,ouqui fcavoit les par- donner. A peine de Baan fut-il retourn� a la Haye, que le faux ami de Frife s'y rendit in- cognito : 11 y �pia la marche de notre Peintre , & un foir qu'il fortoit, il 1'alloit percer, lorlque le chien de de Baan, qui le fuivoit par - tout, cria fk fauva fon Maitre. L'inconnu s'�vada ; mais le lendemain il alla voir de Baan j qui le recut avec beaucoup d'amiti� , lui montra fes Ouvrages: Dans 1'inltant qu'il eut le dos tourn� pour remettre quelqnesTableaux , 1'aflaffin tira de deflbus fon manteau un poignard dont il l'al- loit frapper, quand M. Bruninhs, fon ami inti- me, entra & fit un cri. De Baan s'�tant retour- n� j vit encore fon cher ami, le Peintre de la Cour de Frife, le bras �lev� & arm� d'un poi- gnard contre lui. L'aflaffin prit la fuite &" on n'a jamais depuis entendu parier de lui. De Baan quelque temps apr�s �chappa encore une fois des mains de ceux qui en vouloient a fa vie : 11 y perdit le doigt du milieu de fa main droite. En
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Flatnands j Allemands & Hollandois. 467
En 1691 f�s en vieux n'ayant pu lui arracher
la vie, tacherent de lui �ter fa r�putation : lis publierent que de Baan avoit perdu la vue: Cette nouvelle patfa chez les Etrangers & lui auroit Fait grand torc, comme on fe Ie propofoit, fi lePrince d'' Anfpach-Brandebourg ,qui s'en infor- ma &: qui fcut la fauflet� de ce bruit, n'e�t voulu lui-m�me achever de Ie d�truire. 11 avoit d�ja �t� peint par de Baan , il fe fit peindre en- core une fois & rendit par ce fait authentique, la vue & la continuation de fon commerce au Peintre Hollandois. De Baan avoit une familie nombreufe; il a v�it
fix enfants : 11 fut afflig� de ce c�t�-la, il perdit fon fils Jacques de Baan , a 1'age de 27 ans : II �toit auffi Peintre & donnoit les plus grandes efp�rances. De Baan apr�s avoir v�cu avec dif- tindion 6c avec une fortune honn�te, mourut a la Haye en 1701, regrett� des Grands, des connoifleurs & des honn�tes gens. Ce Peintre eft dans fon genre tin des bons
qu'ait produit la Hollande : II eft inf�rieur a van D'uk & a Lely j mais il a eu lagloire, com- me prefque tous ies grands hommes, d'avoir �t� perf�cut�. Il y a peu de Cours q�i n'ayent quelques Portraits de lui: Voici les principaux, connus en Hollande, &rc. A Amfterdam , un grand Tableau repr�fen-
tant les Portraits des Adminiltrateurs de la Mai- fon de force : On Ie voit place dans une des grandes falles. A Leyde , dans la falle du Corps des Mar-
chands Drapiers , les Portraits de quatre des- principaux d'entr'eux: II eftpeinten 1675. Ggz Dans
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4^8 La Vie des Peintres
~J Dans les nouvelles Butes a la Haye , il pei-
gnit les Bourguemeftres, les Echevins & les
"��" Secr�taires dans un m�me Tableau : On lui en paya ioooducatons. On voit du m�me a Hoorn, un Tableau re-
pr�f�ntant les Dire&eurs de la Compagnie des Indes; &: un autre, ou il a repr�lent� des Offi- ciers fubalternes. Le chef- d'ceuvre de fa main eft le Portrait
du Prince Maurice de Naffau-Ziegen : Ce Prince vint a 1'Attelier du Peintre 'amant de fois qu'il le vouloit; il prenoit autant de plail�r a contri- buer a la gloire de celui qui le faifbit, qu'a la perfedion de fon Portrait. Le Prince avant de mourir, fit pr�fent de ce Tableau a fon Auteur, qui depuis ne voulut jamais le vendre, quelque» inftances & quelques offres qu'on lui en fit. Sa fille pr�fentace beau Tableau au Roy de PrufTe, peu de temps apr�s la mort de fon pere, & elle en recut 400 Rifdales. |
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WILLEM (GUILLAUME)
VANDE VELDE, �LEF� DE VLIEGER.
/^UlLLAUME VANDE VELDE,qui
V-T a excell� a peindre des Marines, naquit a Amfterdam en \6$ 3 : II �toit fils de Guillaume vande Velde, qui s'�toit fait aufli une grande r�- puution a defllner des Marines : II donna les principes
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Ftamands, Allemands & Hollandois. 4.69
principes de Defl�in a ion fils,&rlorfqu'il pafla a la Cour d'Angleterre, il confia avant fon d�- part, ce fils aux lecons du iieur Vlieger, Peintre dans Ie m�me genre & tr�s-eftim�. Le Ma�tre vit bient�t Ion Eleve en �tat de fe pai�er de lui. Quelques Marines que le jeune vande Velde en- voyaa ion pere , 1'etonnerent : II les fit voir a la Cour de Londres. Le Roy Jacques II. en fut i� content qu'il fit venir ce jeune Artifte a fa Cour, & il lui donna, pour 1'encourager , une penlionconu'd�rable. Vande Velde arriv� en An- gleterre , n'eut pas befoin de perdre du remps a ie faire conno�rre; fon pere 1'avoit annonce & fes �uvrages Tavoient fait d�firer. Il travailla fffi& |
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//. Les adions les plus m�morables que fit fur la
merlaFlottedecetteNation,furentrepr�fente'es & les �ableaux places dans les Maifons Royales: II a fait auffi quelques Tableaux pour les Ama- teurs, & il fut d�s-lors regarde comme un des plus grands Peintres de Marines, connus jufqu'a lui. Sa fortune devint tr�s^conf�d�rable: II avoit travaill� fans relache & fait payer fes Ouvrages fort cher. Il mourut a Londres le 6 Avril 1707. Les Anglois non contents de pofleder 1'Artifte §^la pl�part de fes plus beaux Tableaux, firent acheter a grand prix ceux qui fe trouvoient en Hollande & ailleurs: lis devinrent li rares qu'ils co�terentj dansl'efpace d'un an , le doubl� de ce qu'on les avoit achet�s. On eftime en ce Pein- tre le tranfparent de fa couleur , qui eft dore'o 6c vigoureufe: Ses vaiifeaux font deffin�s avec pr�cilion ; fes petites figures font touch�es avec efprit. Il fcavoit fur-tout repr�fenter Tagitation Gg 3 des
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470 La Vie des Peintres
des vagues & leurs brifements : Ses ciels font
clairs; les nuages tr�s-vari�s femblent pafleren 1'air. On trouve encore, malgr� la recherche des Anglois, quelques morceaux devande Velde, qui font rornement des Cabinetslesplus curieux. On voit a la Haye , chez M. van Sl�ngelandt,
Receveur General de la Hollande , une belle Marine , avec un grand nombre de vaifleaux. Chez M. Lormier, deux Marines. Chez M. Half Waffenaar, une Marine. Chez M. Verjchuring 3 deux Tableaux de la mer en (on calme. A Dort j chez M. vander Lienden van Slinge-
landt, une Mer calme; un autre oragenle , &c une Vuede la Mer a 1'embouchure du Rhin. Chez M. Braamkamp , a Amfterdam , la Vue
du Mourdych, & trois autres Marines. Chez M, Lubbeling, trois Marines 3 dans 1'une eft repr�- fente'eune Flotte nombreufe, 1'autre eft 1'appro- che de la terre, o� on voitbeaucoup de figures. Et chez M. Bijffchop,a. Roterdam, une Flotte
en mer ; & deux Marines o� la mer eft calme, |
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FREDERIC MOUCHERON,
�LEFE D'ASSELIN.
MOucheron n� a Embden en 16j3 ,
marqua la plus vive inclination pour la Peinture : il ne trouvaheureufement nulobfla- cledu c�t� de fa familie, au contraire, elle lui procuratousles moyensdes'avancer.Ilfutplac� chez^//�/i/2.-CethabilePayfagifteluimontrale DefTein
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Flamands > A�emands & Hollandois. 471
DefTein &rla Peinture; & pour abr�ger la route deTinftru�tion, il lui paria raifon &: Ie traita d�s-lors comme un bon Peintre d�ja form�. Ajfelin entretenoit fes Eleves du gout de la Na- tionFrancoiie,dunombred'habilesgensqu'elle produifoit, &de 1'agr�ment qu'il avoit eu pen- dant Ie i'�jour qu'il avoit fait a Paris & a Lyon. Moucheron fe fentit la plus grandeen vie d'aller
dans un Pays dont fon Ma�'tre lui avoit fait de fi grands �loges.11 partit pour Paris, o� il eutle bonefpritdene point fe laiil�remporter par les plaifirs que pr�fente a chaque pas cette grande Ville: Lefienconliftoit dans 1'�tude de la nature. Il deifina, il peignoit dans les environs, des ar- bres, des plantes, des fabriques, & quelquefois. des vues entieres.Sonapplication fut r�compen- f�e, fes pay fages furent recherches & fa maniere pint aux Connoifl�urs:/fe//n^/"e'^ersI�toit char- g� de faire pour lui les figures & les animaux. Moucheron refta plufieurs ann�es en France : II s'y perfedlionna dans fon Art, en fir�quentant les Artiites, en voyant les Tableaux, & fur-tout en �tudiant la nature. Le d�fir de revoir fon Pays 1'emporta cependant fur les agr�ments de Ia France,& Amfterdam eut la pr�f�rence fur Paris; Moucheron s'y �tablit & vit acheter fes Ouvrages un affez bon prix ; Adrien vande Feldelm rendit en Hollande , le m�me office qu'Helmbr�ker lui avoit rendu a Paris; des figures & des animaux bien deflin�s & bien peintSj augmenterent l'ar gr�ment des Tableaux de notre Payfagifte. Il mourut a Amfterdam en 1686, ag� de
5 %. ans. Le m�rite perfonnel des Ouvrages de ce Pein-
G
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_____ 471 La Vie dei Peintres F Iemands, &c.
I(J tre, confifte dans un bon ton de couleur, dans
* des arbres deffin�s avec libert� &r d'une belle fortne : Son feuill� eft facilement touche , ks ciels & fes lointains font vaporeux & tr�s-vari�s: Un cours d'eau divif� aflez commun�ment fes differents plans. Il donnoit beaucoup de force au devant de fes Tableaux. Sans �tre au rang des premiers Payfagiftes Flamands, Moucheron a obtenu de voir placer {es Ouvrages dans les Cabinets les plus diftingues d'Hollande & de Flandre. |
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Fin dufecond Tome,
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++++++«t+++++++f+*++♦+++++♦+++++++++++++J*M
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%
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TABLE
DES
P E I N T R E S
AFEC PORTRAIT.
|
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A
|
SCH, Pierre-Jean
van , Page 76 |
||||||||||||||||||
W Hampa°ne, Philip-
pes van, 61
Coques,Gonzales, 264
Craesb�ke, Jofeph van,
140
D
|
|||||||||||||||||||
B
Acker , Jacques,
14?
Ludolf |
|||||||||||||||||||
B
|
|||||||||||||||||||
JLSOes, Jacques van-
|
|||||||||||||||||||
Bakh
|
|||||||||||||||||||
(Louis) 444 der» 35 5
Bamboche, ou Pierre de Douw j Gerard , 218
Laar, 207 Dyck 3 Antoine van, 8
Bega, Cornille, 285
Beek s David ,315 E
Brauwer, Adrien ,131 T?
Bronkhorft, Jean van , jLj Eckhout,Gerbrant
72 vandqn., 328
Everdingen,
|
|||||||||||||||||||
^i__________
|
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T A B L E.
Everdingen , Aldert Bamboche, 207
van , 321 Lely , Pierre vander Faes, furnomm�,
F 158
T7 Lievens , Jean , 117
X Linck , Govaert, Lingelbac, Jean, 374
248
Faes , Pierre vander , M
furnomm� Lely , ~\A[
258 1 VA. Arcellis , Otho ,
H 205 TT Met^u, Gabriel, 241
JL x Anneman,Adrien,
188 O
Heem, Jean-David de 3 f\
37 K^yStade , Adrien &
#<;//?,Bartholom�van- Ifaac van , 175 der, 101 Ovens, Jurien, 281 Hoogflraeten , Samuel
van , 385 P
Hoogjiraeten,lfxn van, T)
405) ± Otter , Paul, 3 5 3
J Pynaker, Adam , 319. |
|||||||||||||
/■
|
Ordaens , Jacques,
1 K |
||||||||||||
108
|
|||||||||||||
A Alf Willem (Guil- R
laume) 433 T)
X\Embran
L 84 |
|||||||||||||
JJ439
jAar, Pierre de, ou Ryckaert, David, 2 3 j |
|||||||||||||
T A B L E,
Ryn j Rembrant van , Vadlant, Jean, 381
84 Vadlant, Jacques,4O7
S Verjchuuring , Henri ,
c
|
||||||||||
Kj Chuurmans, Anne- Vinne, Vincent van-
Marie, 121 der, 419 Stokade , Nicolas de
Helt,, zi j W
|
||||||||||
7' fT Eeninx , Jean-
Eniers, David Ie Baptifte, 308
jeune , 155 Wouwermans , Philip-
Terburg j Gerard, 115 pes , 288
Thielen, JeanPhilippes van, 271 Z
7'diemans , Simon- ^ Pierre, furnomm� /LjiAcht-Leeven,Her- Schenk , 69 man , 148 Zaft-L�ven , Cornille, V 197
T/~ Zorg-> Henri Rokes ,
f Aillant , Walle- ( furnornm�), 3 Z4
rant, 331 |
||||||||||
Fin de la Tablc des Portrahs.
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TABLE
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T A B L E
ALPHABETIQUE
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DES N Q
|
||||||||||||||||||||
DES PEINTRES
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||||||||||||||||||||
CONTENUS
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DANS CE SECOND VOLUME.
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Bega , Cornille , z8y
Beek, David, 31 j-
Bemmel, Willem, Guil-
lautne , van 287
Berckmans, Henri, 426
Berg j Mathieu vanden ,
246
Berghem, Nicolas , 34a
Biffchop , Cornille , 43 5
Bifet} Charles-Lm.anu.tl ,
461
Block Benjamin., 449
Blankhof, Jean Teunifc,
(Antoine), 411
Bockhoril, Jean van on
Langhen Jan 3 171
Boel , Pierre , 3 f I
Bol, Ferdinand , 281
Borght j Pierre vander , 368 Boflchaert, Thomas Wil- leborts , ( dit ) , 203
Both , Jean & Andr� , 304
Boucquet, Victor , 277
Brauwer j Adrien , 131
Bredael ,
|
||||||||||||||||||||
.DRIAENSEN ,
Alexanire, $66
Aelft, Even , Everard,
van 70
Aelil, Wilkm, Guillau-
me, van, xj9
Andrieflens , Henri, fur-
nomm� Mancken Heyn,
Artois , Jacques van, aiy
Afch , Pierre Jeanvan , 76 Affen j Jean van y 443 |
||||||||||||||||||||
B
|
||||||||||||||||||||
B
|
f Aan , J-ean de,
|
|||||||||||||||||||
Backer , Jacques ,
|
143
|
|||||||||||||||||||
Baelen , Jean van , 9^
Bakhuifen , Louis, 444 Bamboche, ou Pierre de Laar, 107
Bauer , Willem , Guillau-
me, 49
|
||||||||||||||||||||
��
|
|||||||||||||||||||||
B L E.
Emelraet, igg
Everdingen , Ccfar van,
100
Everdingen , Adert van , 311
Everdingen , Jean van , Everdyck, Cornille, 194
Eyck , Gafpard\an, 361 Eyck , Nicolas van , y6i Eyckens } Jean ScFranfois, 367 Eyckens, Pierre, 3� |
|||||||||||||||||||||
T A
Bredael, Pierre van, 43 f
Br�enberg , Bartholom� ,
301
Bronkhoiftj Jean van, 72
Bylert, Jean, 77 |
|||||||||||||||||||||
VjHarnpagn�, Philippes
van 6%
Chatel, Franfois du, 372
Conirtg, Salomon, Ijl
Coques , Gon^alts, 264
Cofl�ers . Jean , 75
Craefb�ke , Josepk van ,
140
Cr�eten, Charles, 367
D
'lepenb�ke, Abraham
van , 110 Deynum , Jean-Baptifte
van , 299 Does , Jacques vander, 3 3 �
Donkers , Jean & Pierre Doudyns, Willem , Guil-
laume j 436 Douw, Gerard, 218 Drillenburg , Willem , Guillaume j va«, 379 Duiven, Jean, 195 Dyck , Antoine van , 8 Dyck j JFVo/w van , 46 |
|||||||||||||||||||||
Aes 3
|
|||||||||||||||||||||
vander ou
|
|||||||||||||||||||||
Flemael , Bertholet , 228
Flinck , Govaert, 248 Fouchierj Bertrand, 144 Franck , Jean - Baptifte t 47
Franfois, Pierre, 8t Fruitiers, Philippes , 362
Fytj Jean , 364 |
|||||||||||||||||||||
VXAbron , Guillaume ,
370 Gentil , Louis Primo, fur-
nomm�j 8i Goebouw , Antoine, 365
Goedaert, Jean , 270 Graat, Bernard, 413 Grauw , Henri, 392 Grebber, Pierre , 42
|
|||||||||||||||||||||
X!L Eckhout , Qerbrant
vanden, 3i8 Egmont, Ju/Ie van , 71
Elger, Ottomar, 459
|
|||||||||||||||||||||
H
|
|||||||||||||||||||||
H
|
|||||||||||||||||||||
Anneman, Adr'un ,
|
|||||||||||||||||||||
TAB
188 Heek , Jean. van , 360
Heem , Jean Dayid de , 37
Heil, Daniel van , 78
Heil j Jean-Baptijie Van , IJ*
Helmbr�ker ,, Tk�odore ,
339
Helft , Bartholom� vander, 101
Hoerk , Jean van , 59
Hoeck , Roben van., 1J2 Hofman , Samuel, 29 Hoogftraeten , Jean van , 409
Hoogftraeten j Samuel van 3^
Hooftad , Guerard van , 369
Horft , Nicolas vander , ,0
J Acobs , Huierl s fur-
nomm� Grimany y 36
Jacobzs , Juriaen , 193
Janffens , Pierre , 200
Janflens, Comille , i6<)
Jong , Ludolfde , aj6
|
L E.
K�ogen , Ltonard vander $
181 Kouwenberg, Kriftiaen ,
( Chretien ) , van, 78
Kuyp , Atbert , 79
|
||||||||||||||
■ ' Aar , Roelant van ^
191
Laar , Pierre de , ou Bam-
boche , ioy
Langhen Jan , Jean van
Bockhorjl, furnomm� ,
172
Lely , Pierre vander Faes ,
furnomm�, 258
Lengel� , Martin , 190
Lievens, Jean , 117 Lingelbac, Jfan, 374
Lint j P/fr<� van , 14 � Loon , Th�odore van, 4Z8 Loyer j Nicolas j 370 Luyks, N. 30� Lys j Jean vander, 61
|
|||||||||||||||
M
i.VLAas, Aert t Arnoult,
van , 283 Maas, Nicolas , 4J�
Man , Comille de , 326 Marcellis, Otho , 20 f Meel, Jean Miei, ou , 32 Meerkerck, D»V*, Thier- ty, 284 Meert, Pierre , 262
Metzu, Gabriel, 241
Meyffens, Jean, 198 Miei j Jean Miei, ou, 32 Monnix, 99 Moucheron , Frederic ,
470 |
|||||||||||||||
j q ,
Jordaens , Hans , Jean , |
|||||||||||||||
K
|
|||||||||||||||
K
|
j Airien vander,
44»
Kager, Mathieu, 31 Kalf, Wilkm, Guillau-
me, 453
Keffel j J<!�« van , 383
Knufer, Nicolas , 73
|
||||||||||||||
T A
470
Milrant > Emanuel, 330
N ±S Edeck, Pierre , 2y2
Neve, Franfcis de , 563 |
|||||||||||||||||
B L E.
|
|||||||||||||||||
Roeftraeten, N.
|
394
|
||||||||||||||||
Roos , Jean-Henri }
Roz�e j, Mademoifelle 3 453
Ry , Pierre Dankers de 3 79
Ryckaert, David , 23 5- Ryfen , Warnard van , 46
|
|||||||||||||||||
__ Oft , Jacquesvan, �!
Ooilerwytk , Marie van 3
429 Offenb�eck , N. 389
Oilade , Adrien & Ijaac
van , I7J
Ovens j Juntnt z8i
P
MT Aulutz j Zacharie, 41
Paudics, z6i Peters , Bonaventure, 227
Pierfon , Chriftopke , 4/1 Pieters , Jean , 3 jt> Pot, Hemi , 43
Potma j Jacques 3 I � 3
Potter, /^a�/, 3f3 Primo, Louis , 82
Pynaker , Adam, 319
QQ
Uellyn, Erafme , i©8 (^uellyn, Jean-Erafme, 422
Jlv Avefteyn , Arnaud
van 239
Kembrant, vanRyn, 84
Reyn, J«a« «"«, " 191
|
|||||||||||||||||
Andrart, Joachim, ioi
Savoyen , Charles van t Schagen , Gilles, 254
Schellinks, Willem.GuW- l |
|||||||||||||||||
j 4^4
Schenk , Simen-Pierre Til-
lemans , 69 Schuur, Theodore vander y
402 Schuurrnans, AnrwMarie,
121 Sibrechts , Jean , 361
Son, Joris, GeorgeSj van , 33°
Spienngs, AT. 462
Spilbergj Jean, 273
Sprong, Guerard, 41
Steenr�e , Willem , Guil- laume, 47 Stevers , Palamedes , 120
Stokade, Nicolas de Helt , 2I3
Str�eck, Juriaan van , 4J9
Suftermans3 Jufte, 44
Swanevelt, Herman, 298 |
|||||||||||||||||
JL Empelj Abraham van-
den , 268 Teniers, |
|||||||||||||||||
J
|
||||||||||||||||||||||||||
T A
Teniers, David, Ie jeune ,
lS5 Terburg, Gerard, .. izj
Thielen , Jean - Philippes
van j 271
Thomas, Jean , iji
Thulden, Theoiort -van ,
112
Thys , Gysbrecht, 569
Tilborghj Gilles van, $jy
Tillemans, Simon-fierre ,
69
Tombe, N. la ^ 25a
Tyffens , Pierre , 6 |
||||||||||||||||||||||||||
B L E.
|
||||||||||||||||||||||||||
u
|
||||||||||||||||||||||||||
U.
|
||||||||||||||||||||||||||
ft , Jacques vander ,
|
||||||||||||||||||||||||||
400
Utrecht , Adrien van , ji W
Aterloo , Anto�ne ,
262
W�eninx, Jtan-Baptifte y 308
Wieringen, Cornille, 4J
Willaerts , Abraham, 214 Willingen , Pierre vander , 116
Withoos . Mathieu , 390
Witte , Emanuel de , 10� WirtS, Pierre de , 503 Witte, Gafpard de , 318 Wolfaerts, Anus , $ji Woril, Jean , 378 Wouters , Franpois , 23}
Wouwermansj Philippes , 288
Wouwermans, Pierre, iy$ Wulf hagen, Franfois, 280
Wyck, Thomas , 247 |
||||||||||||||||||||||||||
Aillant, Wallerant ,
Vaillant ,Jean, 382
Vaillant , Bcrnard, 388
Vaillant , Jacques , 407 Vaillant, Andr� 3 416 Vecc[, Jacques , la 380 Velde y Wilhm, Guillau- me j vande , 468
Velde, Willem, Guillau-
rne, vanden , 184
Verdoel, Adrien, 3go
Verfchuuring , Henri ,
396
Vertanghen , Daniil, 29
Verwik , Franfois , 28
Vinne , Vincent vander ,
419
Vos, Paul de , 43
Vos, Simon de 3 77
|
||||||||||||||||||||||||||
1 Acht-Leeven , Her-
|
||||||||||||||||||||||||||
man
|
148
|
|||||||||||||||||||||||||
Zaft-L�ven, Cornille, 197
Zegers , Hercule , 359 Zorg, Henri Rokes , 324 |
||||||||||||||||||||||||||
Fin de Ia Table.
|
||||||||||||||||||||||||||
A ROUEN j de rimpumerie de Viret fils.
|
||||||||||||||||||||||||||
J
|
||||||||||||||||||||||||||